Symboles
L'hôtel du Parlement, où siègent les députés de l'Assemblée nationale, est un lieu chargé d’histoire, riche de traditions et de symboles d’origines diverses. Certains sont plus particulièrement reliés au parlementarisme de type britannique, système politique en vigueur au Québec depuis 1791.
Les 2 chambres
Les plus importants symboles sont sans contredit les 2 chambres situées au cœur du parlement. L’existence et les fonctions de la salle de l’Assemblée nationale et celle du Conseil législatif relient nos institutions parlementaires à celles de Londres, la capitale britannique.
La salle du Conseil législatif
La salle du Conseil législatif accueille aujourd’hui les séances des commissions parlementaires et des événements spéciaux, telles les assermentations des députés et les cérémonies de prestation de serments des membres du Conseil des ministres. Elle offre un décor où prédomine le rouge, couleur traditionnellement associée à l’aristocratie anglaise.
Autrefois, les conseillers législatifs y siégeaient, formant un corps de non-élus équivalant à la Chambre des lords britannique ou au Sénat canadien. Le Conseil législatif a été aboli en 1968.
La salle de l’Assemblée nationale
Les députés élus par la population québécoise siègent dans la salle de l’Assemblée nationale depuis 1886. Jusqu’en 1978, ses murs étaient verts, couleur probablement associée au peuple, comme ceux de la Chambre des communes du Parlement de Westminster. Elle a été repeinte en bleu pour les besoins de la télédiffusion des débats parlementaires.
La disposition rectangulaire des sièges dans la Chambre est une autre caractéristique héritée de la tradition parlementaire britannique. Elle place face à face le gouvernement et la « loyale opposition ». Dans plusieurs pays, comme la France, c’est plutôt l’hémicycle (construction en forme de demi-cercle) qui prévaut.
En 1968, une importante réforme modernise les institutions parlementaires québécoises. Dans la foulée, on francise plusieurs termes parlementaires qui étaient des emprunts à l’anglais. À titre d’exemple,
- l’Assemblée législative (« Legislative Assembly ») devient l’Assemblée nationale
- l’orateur (« Speaker ») devient le président
- le greffier (« Clerk ») devient le secrétaire général.
Les greffiers adjoints sont maintenant connus sous le nom de secrétaires adjoints.
Les objets et installations
Dans la salle de l’Assemblée nationale, plusieurs objets et installations sont de véritables symboles du parlementarisme.
La masse
La masse représente le pouvoir de se réunir pour légiférer conféré à l’Assemblée par le roi ou la reine ainsi que l’autorité de la présidence de l’Assemblée. De grande dimension et faite d’or travaillé, la masse symbolise également le pouvoir de faire respecter les droits constitutionnels de l’Assemblée et des parlementaires contre toute menace extérieure, rôle confié au sergent ou à la sergente d'armes.
Lors de chaque séance, le président ou la présidente de l’Assemblée fait son entrée, suivi du sergent ou de la sergente d’armes, qui porte la masse jusqu’à la table des greffiers. Lors des travaux parlementaires, pour que les lois adoptées soient valides, la masse doit rester sur cette table tant que le président ou la présidente demeure à son siège.
L’orientation de la masse sur la table a varié selon les époques. Aujourd’hui, sa tête couronnée est tournée vers le gouvernement, à la droite de la présidence.
Le fauteuil de la présidence
Le fauteuil de la présidence est l’endroit à partir duquel le président ou la présidente arbitre les débats parlementaires en vertu du Règlement de l’Assemblée.
Dans la salle de l’Assemblée nationale, on donne le nom de « trône » à l’ensemble composé du fauteuil et de la structure contre laquelle il est adossé. Tout comme la masse, le trône symbolise le pouvoir de la présidence, qui dérive du pouvoir royal. C’est pourquoi on désigne par la même expression le lieu où prennent place le roi ou la reine et le président ou la présidente.
Le sommet du fauteuil est surmonté d’une couronne en bois sculpté qui rappelle le lien avec la monarchie britannique. À la droite du fauteuil, le drapeau québécois, présent depuis 1976, symbolise le fait que l’Assemblée nationale du Québec évolue dans un système différent de celui de Westminster, où il n’y a pas de drapeau.
La table des greffiers
Située au centre de la salle de l’Assemblée nationale, devant la présidence, la table des greffiers porte ce nom pour évoquer l’ancien titre attribué aux fonctions de secrétaire général et de secrétaires adjoints. Elle occupe depuis toujours le centre du décor parlementaire. Le secrétaire général et ses adjoints y reçoivent tous les documents déposés officiellement lors des travaux de l’Assemblée. La table sert également à recevoir la masse, qui y repose sur un coussin lors des séances.
La première table des greffiers, utilisée de 1886 à 2007, est désormais classée bien patrimonial. Elle est exposée à l’hôtel du Parlement.
La nouvelle table intègre de manière harmonieuse et ergonomique les outils technologiques employés aujourd’hui par les secrétaires adjoints. Elle a été inaugurée à l’automne 2007.
Le débat sur les langues de Charles Huot
Cette œuvre du peintre Charles Huot est installée au-dessus du fauteuil de la présidence depuis 1913. Elle illustre l’une des premières séances du Parlement du Bas-Canada, en janvier 1793, où il fut décidé que le français aurait droit de cité en Chambre. Ce moment fort évoque l’une des premières luttes de la majorité francophone pour adapter à sa réalité un parlementarisme importé d’une mère patrie de langue anglaise.
La galerie de la Tribune de la presse
La galerie de la Tribune de la presse surplombe le parquet de la salle de l’Assemblée nationale. Les journalistes parlementaires qui y ont pris place ont joué un rôle important dans l’histoire en étant pendant longtemps les seuls à rendre compte de la vie démocratique québécoise.
Rituels parlementaires
Le déroulement de la session parlementaire est empreint de rituels provenant en droite ligne de la tradition britannique.
À l’époque de la création de la Confédération canadienne, en 1867, l’Assemblée législative du Québec adopte les mêmes règles de fonctionnement, rituels et coutumes que le Parlement de Westminster. Fruit de l’histoire et des traditions, ces règles seront en vigueur près d’un siècle avant d’être modernisées.
Aujourd’hui, quelques-uns de ces rituels et coutumes demeurent et symbolisent clairement le régime de la monarchie constitutionnelle de type britannique.
Le rôle du lieutenant-gouverneur
La présence occasionnelle en Chambre du lieutenant-gouverneur du Québec, le représentant du roi ou de la reine, rappelle l’époque où le souverain partageait son autorité avec les élus.
L’abolition du Conseil législatif en 1968 a réduit considérablement le cérémonial entourant la présence du lieutenant-gouverneur lors des sessions parlementaires. Pendant longtemps, l’arrivée du représentant de la couronne était soulignée par des coups de canon et par une fastueuse cérémonie à la salle du Conseil législatif. Par souci d’efficacité et de modernisation, ces traditions à forte saveur britannique ont été abolies en 1968.
Aujourd’hui, le premier ministre et son Conseil des ministres détiennent la quasi-totalité du pouvoir exécutif, qu’ils partagent avec le lieutenant-gouverneur. Celui-ci prononce à chaque début de session une allocution d’ouverture, sanctionne les lois adoptées et, au moment déterminé par le premier ministre, procède à la prorogation de la session.
Le moment de recueillement
Depuis 1976, un moment de recueillement est observé au début de chaque séance parlementaire. Auparavant, cette coutume prenait la forme d’une prière, dont les origines remontent à 1922. Plus ancienne encore, une autre prière était lue au Conseil législatif à partir de 1792 et se voulait fidèle aux coutumes parlementaires de Westminster.
Les lumières de la tour centrale du parlement
Quand l’Assemblée siège, on peut voir briller 4 lumières sur le campanile de la tour centrale du parlement. Cette tradition a cours depuis 1908, tant le jour que la nuit.
À l’origine, les lumières faisaient partie d’un ensemble décoratif installé pour les fêtes du tricentenaire de la Ville de Québec en 1908. On les a finalement laissées en place pour témoigner de la présence des députés en Chambre. Depuis plus d’un siècle, elles sont allumées par le sergent d’armes quand les députés siègent dans la salle de l’Assemblée nationale.