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(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Lafrance): À l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Nous allons
commencer nos travaux. Je constate que nous avons le quorum, et j'aimerais donc
déclarer cette vingt-deuxième séance de travail ouverte en
rappelant à tous les membres le mandat de notre commission
parlementaire, qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 125, Code civil du Québec.
Nous avons prévu ce matin de nous réunir jusqu'à 12
h 30. Comme vous le savez, hier soir, à notre dernière
séance de travail, nous avons entendu des experts de la Direction
générale de l'enregistrement qui nous ont apporté des
précisions relativement à l'informatisation des registres, ceci
afin de nous guider dans l'étude détaillée des articles de
loi contenus au livre neuvième. Avant que nous ne commencions nos
travaux ce matin, est-ce qu'il y aurait des remarques d'ouverture? M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je constate
avec plaisir que nous sommes toujours dans la même salle. Hier, oui, nous
avons eu une séance de travail particulièrement
intéressante avec nos responsables des différents registres, qui
sont toujours avec nous pour pouvoir intervenir si besoin est lors des
discussions que nous ferons sur les articles concernant le livre sur la
publicité.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements pour cette
séance?
La Secrétaire: Un seul remplacement, M. le
Président. Mme Bleau (Groulx) est remplacée par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata).
De la publicité des droits (suite)
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, nous en sommes
donc au livre neuvième, De la publicité des droits. Permettez-moi
de vous lire les informations d'introduction contenues à ce livre
neuvième. Le livre neuvième, De la publicité des droits,
apporte une réforme profonde à l'enregistrement des droits
réels qu'on trouve au Code civil actuel. Il institue un registre des
droits personnels, un registre des droits réels mobiliers; il transforme
aussi l'index des immeubles, actuellement documentaire, en un registre foncier
où les droits sont inscrits.
D'une manière générale, ce livre vise à
mettre davantage en lumière, que ne le fait le Code civil du Bas Canada
et que ne le faisait le projet de l'Office de révision du Code civil, la
valeur probante des inscriptions sur le registre approprie. Il précise
aussi que l'effet de l'inscription ne porte que sur les droits. Le livre
neuvième comprend cinq titres traitant respectivement: du domaine de la
publicité; des effets de la publicité; des modalités de la
publicité; de l'immatriculation des immeubles et de la radiation.
Il est à souligner que non seulement le système
d'enregistrement a été revu en profondeur, mais aussi la
terminologie juridique qui le traduit: l'un et l'autre portaient la marque de
la législation initiale de 1840 sur le sujet.
Sur un autre plan, le projet formule une théorie de la
publicité des droits plus simple et mieux structurée que celle
que renferme le Code civil actuel. Des objectifs poursuivis, il vaut de faire
ressortir les suivants: 1° l'introduction de registres sûrs: toute
personne pourra se fier aux registres tels qu'ils apparaissent à un
moment donné, en pouvant croire que ce qui y est inscrit est vrai, que
rien d'autre que ce qui y est inscrit ne lui est opposable et que rien de ce
qui y sera inscrit dans la suite ne pourra avoir priorité ou emportera
quelque effet préjudiciable sur ce qui est déjà
publié; 2° la conservation à jour constante du cadastre et du
registre foncier: l'interdiction de publier des droits sur une partie du lot
entraîne l'obligation d'immatriculer simultanément la partie
aliénée et la partie résiduelle du lot; l'entrée en
vigueur de lots cadastraux nouveaux oblige à actualiser la fiche
immobilière par le report des droits subsistants qui concernent
l'immeuble; 3° la mise en place d'un registre des droits personnels et d'un
registre des droits réels mobiliers regroupés au même
endroit; 4° la simplification et l'harmonisation des modalités
d'inscription ou de suppression d'un droit sur le registre
approprié.
Ceci termine les propos d'introduction au livre neuvième.
Quelqu'un aimerait peut-être lire les propos d'introduction au titre
premier, celui qui touche les questions du domaine de la publicité. M.
le député de Chapleau.
Du domaine de la publicité
M. Kehoe: Du domaine de la publicité. Les articles 2918
à 2924. Le titre premier traite du domaine de la publicité et se
divise en deux chapitres. Le premier concerne des dispositions
générales, telles que l'effet de l'inscription d'un droit sur le
registre, la possibilité pour une personne de requérir une
inscription, de la
renonciation ou restriction au droit de publier un droit et, enfin, du
renouvellement de la publicité d'un droit.
Le deuxième chapitre traite des droits soumis à la
publicité. Il identifie les modalités des droits réels
immobiliers qui sont soumises à la publicité, détermine
les droits personnels et les droits réels mobiliers soumis à la
publicité et précise les restrictions au droit de disposer, ainsi
que les droits d'extinction éventuelle d'un droit, qui sont soumis
à la publicité; enfin, il traite de certains transferts
d'autorité relatifs à des immeubles.
L'objectif poursuivi est de passer du système actuel
d'enregistrement de documents à un véritable système de
publicité des droits qui résulte de l'inscription qui en est
faite sur le registre approprié. Afin d'obtenir le résultat
recherché, le projet circonscrit avec précision les droits et les
modalités de ceux-ci qui sont soumis ou admis à la
publicité.
Le Président (M. Lafrance): Permettez-moi maintenant de
vous lire les propos au chapitre premier qui traite des Dispositions
générales. Le chapitre des dispositions générales
est un chapitre fondamental applicable à toute publicité d'un
droit. Il a pour but d'énoncer les règles de base du
fonctionnement de la publicité des droits et, de ce fait, fournit un
cadre de référence aux diverses dispositions qui existent dans
les lois particulières.
Outre d'importantes modifications dans la terminologie utilisée,
telles que l'abandon des mots ou expressions "enregistrement", "enregistrement
par dépôt ou par bordereau" et "dépôt pour radiation"
au profit des mots "publicité", "publication", "inscription" et
"réquisition", le projet, suivant en cela la recommandation de l'Office
de révision du Code civil, innove, dans ce premier chapitre, sur deux
points: 1° la publicité des droits résulte de l'inscription
qui en est faite sur le registre foncier, sur le registre des droits
réels mobiliers ou sur le registre des droits personnels. Ce faisant, la
personne qui consulte un registre n'est tenue de se reporter à la
pièce justificative de l'inscription que dans la mesure où ce
peut être nécessaire pour compléter les indications du
registre; 2° toute renonciation ou restriction au droit de publier un droit
soumis à la publicité, ainsi que toute clause pénale qui
s'y rapporte, sont sans effet: la publicité des droits est d'ordre
public. On se réfère ici à Samson contre Décary,
1921-1922, no 63 du rapport de la Cour suprême, 11, page 20; on ne peut
valablement y renoncer ou l'assortir de conditions.
Avant d'appeler les premiers articles, j'aimerais, techniquement,
suspendre tous les articles... Je pense qu'on a convenu de passer par-dessus
les livres septième et huitième. Alors, je me dois donc de
suspendre tous les articles contenus au livre septième qui traite De la
preuve et au livre huitième qui traite De la prescription, soit les
articles 2790 à 2917 inclusivement.
Alors, j'aimerais donc appeler les articles contenus au chapitre premier
qui traite des dispositions générales, soit les articles 2918
à 2921 inclusivement.
M. Rémillard: Alors, nous avons deux amendements, M. le
Président. L'article 2918 est modifié par le remplacement, dans
le premier alinéa, des mots "foncier, sur le registre des droits
réels mobiliers ou sur le registre des droits personnels" par les mots
"des droits personnels et réels mobiliers ou sur le registre foncier".
M. le Président, le fusionnement du registre des droits réels
mobiliers et du registre des droits personnels évite de surcharger
inutilement le système par l'établissement de deux fiches pour
une même personne. En plus de faciliter l'épuration des droits
n'ayant plus d'effet, il permet des économies sur la conception et le
fonctionnement du registre. En raison de cet amendement, l'article 2918 se
lirait comme suit: "La publicité des droits résulte de
l'inscription qui en est faite sur le registre des droits personnels et
réels mobiliers ou sur le registre foncier, à moins que la loi ne
permette expressément un autre mode. "L'inscription profite aux
personnes dont les droits sont ainsi rendus publics."
L'article 2920 est modifié par le remplacement des mots "droit
soumis à la publicité" par les mots "droit soumis ou admis
à la publicité". Ajout d'une précision d'ordre technique
visant à éviter que la disposition ne soit
interprétée comme ne s'appliquant pas aux droits admis à
la publicité. En raison de cet amendement, l'article 2920 se lirait
comme suit:
Toute renonciation ou restriction au droit de publier un droit soumis ou
admis à la publicité, ainsi que toute clause pénale qui
s'y rapporte, sont sans effet."
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires touchant, donc, ces quatre articles? Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. le Président, dès le premier
article, à 2918, nous entrons au coeur de la réforme. Alors, je
demanderais au ministre si nous pouvons poursuivre l'échange que nous
avions hier avec Me Suzanne Plamondon sur l'impact et les composantes du
registre mobilier?
M. Rémillard: Mme Suzanne Plamondon.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Suzanne
Potvin-Plamondon, de la Direction générale de l'enregistrement.
Alors, Mme Plamondon. Me Plamondon, pardon.
Mme Harel: Non, Me Frenette. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Frenette.
M, Frenette (François): Merci, M. le Président. Mme
Potvin-Plamondon, hier, au sujet du registre qui est sous votre
responsabilité, vous avez mentionné, en réponse à
une question concernant le scénario technologique qui est
envisagé, 5000 inscriptions par jour. Et vous aviez
précisé que 4000 de ces inscriptions-là auraient trait
à des ventes de véhicules automobiles ou auraient trait à
des véhicules automobiles. Est-ce que vous avez tenu compte, dans les
1000 qui restent... Êtes-vous capable de disséquer, dans les 1000
inscriptions qui restent, la part qui reviendrait à l'hypothèque
du vendeur impayé si on enlevait les véhicules automobiles? (10
heures)
Mme Potvin-Plamondon (Suzanne): L'hypothèque légale
du vendeur?
M. Frenette: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: À ce moment-ci, c'est bien difficile
parce que, comme je l'expliquais tout à l'heure, il est évident
que l'hypothèque légale sera publiée, c'est obligatoire.
Maintenant, ça concerne plutôt les biens de consommation. Donc,
dans quelle mesure... On n'a pas de statistiques actuellement, et semble-t-il
qu'il est impossible d'en obtenir, des statistiques assez précises sur
la vente à la consommation, qui pourraient générer une
hypothèque légale en faveur du vendeur.
M. Frenette: Mais vous avez quand même une idée de
ce que peuvent couvrir les dernières 1000 inscriptions qui
apparaissent.
Mme Potvin-Plamondon: Oui. M. Frenette: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: Ce sont les sûretés
nommées actuelles qui sont publiées. Vous avez les nantissements
commerciaux, les nantissements agricoles, les nantissements forestiers, les
garanties qui sont consenties en vertu de la loi sur les pouvoirs
spéciaux, ensuite les différentes garanties en vertu de la loi
sur les cessions de biens en stock.
M. Frenette: Alors, si je comprends bien, vous n'avez, en fait,
pas tenu compte du tout, parce qu'if est impossible de l'évaluer, de
l'hypothèque légale du vendeur impayé, à part le
vendeur d'automobiles.
Mme Potvin-Plamondon: Mais comme je vous le disais, les volumes
d'activité dont on parle actuellement ne sont que des estimations. On va
savoir exactement seulement une fois que le registre sera implanté
quelles seront les pratiques qui seront développées par les
commerçants ou tous les intervenants impliqués au niveau des
nouvelles sûretés. Alors, il y a une marge d'erreur, c'est
certain.
M. Frenette: Mais est-ce qu'on doit comprendre aussi que, si les
1000 inscriptions sur les 5000 qui restent concernent ce qu'on connaît
à l'heure actuelle pour les nantissements sous toutes formes, la
proportion des inscriptions qui excéderait les 5000 se rapporterait
forcément à l'hypothèque légale du vendeur et
accroîtrait de la sorte ou, en tout cas, on verrait dans des proportions
de 90 % le registre des droits réels se rapporter à
l'hypothèque mobilière?
Mme Potvin-Plamondon: II y a les ventes à
tempérament, il y a toutes les restrictions au droit de disposer. Je ne
sais pas si on peut être aussi catégorique. Je ne croirais
pas.
Mme Harel: II faut donc comprendre que les 5000 actes
d'inscription que vous estimez, cette prospective est faite à partir de
ce qui est nécessité par l'état du droit actuel,
c'est-à-dire l'enregistrement dans le cas de l'automobile et l'ensemble
des autres sûretés mobilières qu'on connaît
présentement. Ça couvre les 5000 estimations.
Mme Potvin-Plamondon: Les sûretés actuelles qui
deviendront des hypothèques mobilières et aussi comment
réagiront les institutions financières. Est-ce qu'on continuera
à faire du prêt personnel comme on le fait actuellement ou est-ce
qu'on utilisera l'hypothèque mobilière? Ils ne sont pas en mesure
de nous le dire actuellement. Ça fait que c'est bien difficile à
évaluer.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Même sur la
base des scénarios que vous avez et même en tenant compte des
incertitudes, il apparaît évident que si on n'avait pas
l'hypothèque mobilière, on aurait un système
forcément très léger à supporter en termes de
coût.
Mme Potvin-Plamondon: Non, parce qu'il y a toutes les
restrictions au droit de disposer, comme je vous le disais. Le financement
automobile, dans le droit actuel, procède par vente à
tempérament, ce qui représente la plus grande partie du volume
avec le futur système. Il ne procède pas par... Mais ça
n'existe pas actuellement, ils ne peuvent pas le faire.
Mme Harel: Alors, le...
Mme Potvin-Plamondon: Et semble-t-il... Mme Harel: C'est
ça.
Mme Potvin-Plamondon: ...qu'ils continueront à
procéder par vente à tempérament.
Mme Harel: En maintenant le droit actuel, en le formulant
différemment, en appelant sûretés mobilières les
hypothèques, bon... En le reformulant, vous avez besoin d'un support
informatique pour à peu près 5000 avis d'inscription par jour.
C'est ça qu'il faut comprendre?
Mme Potvin-Plamondon: C'est le volume qui est estimé au
moment où on se parle.
Mme Harel: En fonction du droit actuel.
Mme Potvin-Plamondon: Évidemment, ça va varier.
Mme Harel: Parce que pour le reste, vous ne pouvez pas
prévoir les comportements.
Mme Potvin-Plamondon: Ce n'est pas en fonction du droit actuel,
parce que les ventes à tempérament ne sont pas publiées
actuellement.
Mme Harel: C'est vrai.
Mme Potvin-Plamondon: Dépendamment, comme je le disais
hier, du type de financement qu'adoptera le domaine de l'automobile, le nombre
d'inscriptions peut varier. Il y a à peu près une dizaine de
façons différentes de financer un véhicule automobile et
il n'y a pas deux compagnies de financement qui fonctionnent de la même
façon actuellement.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci. Alors, est-ce à dire que les chiffres
que vous avez donnés hier, au niveau des coûts, ne touchent que
ces éléments?
Mme Potvin-Plamondon: Excusez-moi! Est-ce que vous pouvez
répéter la question?
Mme Caron: Est-ce à dire que les chiffres que vous nous
avez donnés hier pour le registre des droits personnels réels
mobiliers ne touchent que ces catégories? Donc, on risque de se
retrouver avec des coûts qui ne sont aucunement prévus pour toutes
les nouvelles inscriptions d'hypothèques mobilières, sauf les
automobiles.
Mme Potvin-Plamondon: Non, ça ne changera pas les
coûts parce qu'on développe le système en tenant compte de
cette donnée imprécise au niveau du volume d'activité.
Ça, c'est bien évident. Disons qu'on se donne une marge d'erreur
de 5000 à 8000, c'est-à-dire 3000 inscriptions, parce qu'il y a
aussi des périodes de pointe, dans le financement automobile
particulièrement, où, certaines journées, on peut
connaître le double du volume, finalement, que durant une période
courante. Alors, le système est développé pour absorber
des volumes plus gros, c'est certain. Ça ne coûte pas plus
cher.
Mme Caron: Au niveau du fonctionnement, même si les
inscriptions étaient doublées - parce qu'on ne parle que des
automobiles et de ce qui existe déjà - si on a une
hypothèque mobilière sur tous les autres biens, c'est
évident que les inscriptions risquent peut-être même de
doubler. Ça n'amène pas de poids additionnel?
Mme Potvin-Plamondon: Non. Au niveau du traitement des
données ou des systèmes informatiques, ça n'amène
pas de coûts additionnels. C'est prévu dans le
développement du système, parce qu'on ne développe pas un
système seulement pour une ou deux années. Il faut être en
mesure d'avoir un système qui va être capable d'absorber les
variations dans le volume selon la croissance économique.
Mme Caron: Puisque ces coûts ont été
évalués, avez-vous évalué le coût pour le
consommateur qui a à faire inscrire son bien au registre?
Mme Potvin-Plamondon: La politique tarifaire n'est pas
établie actuellement, parce que nous ne sommes pas assez avancés
dans nos travaux pour, finalement, stabiliser les coûts de façon
précise. Ce n'est qu'à partir de ce facteur-là que les
tarifs seront établis éventuellement. Alors, ça, ça
vient plus tard dans le projet.
Mme Caron: Mais puisque vous venez de me dire que même si
le nombre d'inscriptions augmente, ça ne change pas les coûts de
base qu'on nous a donnés hier, est-ce qu'on a fait une évaluation
à partir de ces coûts-là?
Mme Potvin-Plamondon: Des tarifs? Mme Caron: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: On va en faire une, c'est certain, mais les
politiques tarifaires sont revues presque annuellement. Ça change,
ça aussi, dans le temps. On a un objectif d'autofinancement.
Mme Caron: Mais on pourrait avoir un premier montant de base,
là.
Mme Potvin-Plamondon: Oui, oui, mais ça change dans le
temps et il y a aussi d'autres sources de financement que les tarifs. Quand le
système sera finalement conçu dans sa première
étape, on va être en mesure de dégager de cette
étude différentes sources de financement, dont celle des tarifs.
C'est pour ça qu'on ne peut pas, actuellement, établir des
tarifs.
Mme Caron: Les biens seront inscrits au nom des personnes. Vous
savez que, présentement, il y a une commission qui se penche sur la
protection de la vie privée, où tous les intervenants sont venus
dire que nous devions faire de gros changements de ce
côté-là, que la vie privée n'était plus
protégée et qu'il devrait y avoir des lois pour le faire.
L'inscription des biens au nom des personnes, est-ce que ça ne vient pas
contre cette demande de respect de la protection de la vie privée,
puisque à partir du nom d'une personne, finalement, tout le monde pourra
connaître les hypothèques mobilières de cette personne?
Mme Potvin-Plamondon: Oui. Ça ne vient pas contre, je
pense, la protection des renseignements personnels puisque nos registres sont
publics. Maintenant, évidemment, il y a des combinaisons de
données. C'est que toutes les données seront entrées dans
le système, et il y aura des mécanismes qui feront en sorte que
toutes les politiques en matière de protection des renseignements
personnels seront respectées. Ça, c'est bien évident qu'on
n'ira pas à rencontre des législations ou des politiques
gouvernementales existantes.
Mme Caron: Quelles mesures de protection seront mises en
application?
Mme Potvin-Plamondon: C'est tout ce qu'on appelle la
sécurité informatique, entre autres, et si vous regardez à
l'article 3006, on fait référence au règlement
d'application qui définira toutes les modalités de consultation
au registre. Alors, ces modalités seront définies au niveau du
règlement d'application.
Mme Caron: Quelles seront ces modalités qui seront
définies au règlement d'application?
Mme Potvin-Plamondon: On peut penser qu'une personne pourra
consulter au nom d'une autre personne à partir d'Identifiants"
très précis pour être certain que la personne contre qui on
fait la recherche soit bien individualisée et qu'on ne donne pas
d'information sur d'autres personnes.
Mme Caron: Présentement, les redresseurs financiers -
c'est le terme qu'on utilise pour les personnes qui se spécialisent
auprès des consommateurs qui ont des problèmes d'endettement et
à qui on suggère de faire des faillites personnelles - utilisent
tous les moyens qui sont à leur disposition actuellement, toutes les
banques de données pour aller chercher ces personnes-là. Le
registre des droits personnels réels mobiliers serait un outil
extrêmement précieux pour ces redresseurs financiers. Ne
croyez-vous pas?
Mme Potvin-Plamondon: C'est tout le domaine de la
sécurité informatique, comme je vous le disais tout à
l'heure. Tout le monde ne pourra pas accéder à notre banque de
données. Il y a des principes et des politiques gouvernementales qui
existent sur la sécurité informatique concernant la
sécurité qu'on appelle physique, donc, l'accès aux
ordinateurs, etc., ou concernant l'accès logique, c'est-à-dire la
manipulation des données à l'intérieur de la machine, si
vous voulez.
Il y a des mécanismes de sécurité à tous les
niveaux, et il est bien évident que nous sommes en présence de ce
qu'on appelle, dans le langage technique, des données corporatives,
c'est-à-dire des données juridiques qui ont des impacts au niveau
des droits des personnes. De sorte que ça nécessite une
sécurité beaucoup plus accrue encore.
Mme Caron: Est-ce que vous pensez que dans les registres
actuellement nous avons cette sécurité?
Mme Potvin-Plamondon: Dans les registres actuels? On a au
ministère ce qu'on appelle le programme Top Secret", où toute
personne qui entre dans le système doit s'identifier. Les "identifiants"
sont changés périodiquement. On garde trace de toute personne qui
accède au système. On garde trace de tout ce qui est
imprimé, extrait des imprimantes. On peut savoir qui a commandé
telle donnée, à quel endroit, à quelle heure. Tout est
gardé dans le système sous forme de rapport. (10 h 15)
Mme Caron: Malgré toutes ces mesures de
sécurité, on nous a clairement démontré à la
commission de la protection des renseignements de la vie privée que les
données sont constamment utilisées par toutes sortes de personnes
contre les consommateurs actuellement. Et même les redresseurs financiers
en font partie aussi. Les travaux de la commission et les dépôts
de mémoires, principalement celui de Mme Plamon-don au service des
consommateurs, ont clairement démontré à quel point on
utilisait les données pour intervenir dans la vie privée des gens
malgré ces mesures de sécurité.
Et aujourd'hui on nous dit qu'il y aura des modalités
d'application, qu'il y aura des mesures de sécurité, mais on est
incapable de nous dire lesquelles alors que le système devrait avoir
davantage de protection et qu'à t l'heure actuelle, on nous
dit qu'il y a des mesures de sécurité et que, finalement, on
s'aperçoit que concrètement, dans la vie, elles sont
inefficaces.
L'enregistrement des automobiles au nom des personnes, j'avoue avoir
travaillé un petit
peu sur ce dossier au niveau des automobiles. On sait que ça pose
problème régulièrement au niveau des consommateurs. Il y
a, d'ailleurs, plusieurs personnes qui se spécialisent au niveau des
transferts d'automobiles, etc. Est-ce que vous pensez que l'enregistrement au
nom des personnes plutôt qu'aux biens, soit l'automobile, soit
véritablement une solution puisqu'on s'aperçoit que, finalement,
le problème, c'est le bien et non le nom par rapport aux
automobiles?
Mme Potvin-Plamondon: Vous me dites que le problème, c'est
le bien?
Mme Caron: Présentement, partout au Québec, vous
avez des personnes qui se spécialisent dans la vente et la revente et
dans le refinancement des automobiles. En ayant un registre aux noms, ça
ne règle aucunement ce problème-là, à mon avis.
Est-ce que vous pensez qu'il n'y aurait pas eu lieu de s'interroger sur un
autre système qui aurait pu régler le véritable
problème qui est de connaître vraiment à qui appartient le
bien, identifier le bien comme tel, enregistrer le bien et non le nom?
Mme Potvin-Plamondon: Dans le cas de l'automobile, il y aura une
publicité au bien; il y aura une publicité sur le bien
également, au nom et au bien.
Mme Caron: Comment se fera cette publicité au bien?
Mme Potvin-Plamondon: À partir d'un "identifiant" qui,
finalement, individualise le bien, qui peut être la marque de la voiture,
le numéro de série, l'année, etc. Toutes les
sûretés qui seront consenties sur cette automobile se retrouveront
à ce qu'on appelle une fiche descriptive du bien. Alors, cela a les
mêmes propriétés, la publicité sur le bien, que
l'hypothèque immobilière qu'on peut connaître
actuellement.
Mme Harel: Est-ce qu'il y aura d'autres biens que les automobiles
qui seront enregistrés aux biens?
Mme Potvin-Plamondon: Aujourd'hui, où on en est rendu dans
notre réflexion, c'est finalement tout ce qui roule, tout ce qui flotte,
tout ce qui voie. Il se peut qu'il y en ait d'autres, dépendamment des
résultats des études qui sont en cours.
Mme Harel: C'est-à-dire roule...
Mme Potvin-Plamondon: Mais il faut que le bien...
Mme Harel: ...flotte, vole, vous voulez dire un avion, un bateau,
un bateau de navigation ou un bateau de plaisance?
Mme Potvin-Plamondon: Tout ce qui est en dehors de l'application
de la Loi sur la marine marchande tombe dans le registre des droits personnels
et réels mobiliers.
M. Holden: Donc, tout ce qui a un numéro de série.
On pourrait l'étendre jusque là?
Mme Potvin-Plamondon: C'est qu'on est à faire des
études, actuellement, pour voir si le numéro de série avec
un autre identifiant va bien individualiser le bien, pour s'assurer qu'il n'y a
pas de possibilité de confondre avec un autre bien. Les études ne
sont pas terminées encore.
M. Holden: Les téléviseurs, etc.
Mme Potvin-Plamondon: Ça peut être un
téléviseur, ça peut être un système de son.
Bon, il y a plusieurs biens qui, actuellement, ont un numéro de
série, mais ce ne sont pas tous les biens possédant un
numéro de série qui seront individualisés en tant que
tels. Il faut faire très attention à ça. Les études
ne sont pas terminées encore; on commence, on est en conception
administrative.
Mme Caron: Est-ce que...
Mme Potvin-Plamondon: J'aimerais bien pouvoir répondre
à toutes vos questions. Peut-être que dans un an, j'aurai plus de
réponses.
Mme Harel: D'accord. Mais, ma chère dame, je vous
comprends parfaitement, j'apprécie votre collaboration, votre
participation ce matin. Je comprends que vous êtes en conception
administrative, mais nous, on est dans la phase de l'adoption. Pensez
qu'à 2963, ce qu'on nous propose, c'est un registre aux personnes; alors
nous, on aura tantôt à disposer de 2963. Avec les informations
qu'on a maintenant à l'effet que tout ça est en voie de
conception, on ne sera pas prêts à adopter ça,
définitivement pas. C'est parce qu'on ne peut pas nous demander
d'être entièrement d'accord avec un système qu'on nous fera
connaître tout prochainement, c'est impossible, ça.
Mme Potvin-Plamondon: Mais vous comprendrez qu'on ne peut pas
développer le système avant d'avoir la loi non plus.
M. Holden: The chicken and the egg". Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: C'est ça qui est la grande... Si vous
me permettez, M. le Président, je voudrais insister sur ce que vient de
dire Mme Vadeboncoeur, c'est qu'on ne peut pas... Mme Potvin, dis-je. On ne
peut pas en arriver à une
conclusion quant au système définitif si le droit n'est
pas arrêté comme tel. Alors, c'est ça; c'est qu'on ne peut
pas, quand même, demander aux fonctionnaires de faire des
scénarios fictifs. Il faut qu'ils puissent vraiment faire ce qu'ils ont
à faire avec les données que nous, nous allons leur donner comme
législateurs. Alors, c'est pour ça qu'on doit se pencher
là-dessus et trouver la meilleure façon de procéder pour
qu'ils aient l'information le plus vite possible et qu'ils puissent
procéder. Mais s'ils n'ont pas l'information, ils attendent d'avoir la
dernière information et dans ce cas-là, même la loi
d'application est importante.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je comprends donc que
le seul scénario...
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
J'aimerais juste préciser que vous avez dit Mme Vadeboncoeur. Je pense
que vous avez commis un lapsus. C'est Mme Potvin-Plamondon, n'est-ce pas?
M. Rémillard: Oui, excusez-moi, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Non, c'est pour les fins du
registre.
M. Rémillard: Oui, excusez-moi. Mme Harel: À
qui pensez-vous?
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, et ensuite M. le sous-ministre.
Mme Harel: En fait, le seul scénario que l'on nous propose
ce matin, c'est le scénario qui prévoit le registre aux personnes
nommées dans les réquisitions d'inscription. Alors, ce que je
dois constater, c'est que vous nous dites: On est en train de faire des
études de faisabilité sur l'enregistrement des biens
individualisés. Vous nous avez dit que ce serait possible, donc, pour
l'automobile. C'est ça qu'il faut comprendre. Donc, il n'y aura pas
qu'un enregistrement aux personnes nommées dans les réquisitions.
Il y aura aussi - c'est ce que vous nous apprenez; c'est une information de
plus qu'on a ce matin - une inscription pour l'automobile. Pour les autres
biens individualisés, vous nous dites: On est en train d'examiner la
faisabilité. Mais le seul scénario qu'on nous offre, c'est la
désignation des personnes nommées dans la réquisition.
Nous, ce qu'on pense, c'est que, là, on va établir un
système général qui va offrir à toute personne qui
le souhaite d'obtenir une vue d'ensemble de la situation financière de
quiconque dans notre société. C'est ce qu'on croit, là,
parce que vous ne nous avez pas encore décrit les modalités de la
sécurité informatique que vous envisagez. Pour nous, c'est
détermimant de savoir avec qui vous travaillez. Est-ce que les firmes de
consultants qui devaient être choisies par appel d'offres l'ont
été jusqu'à maintenant, celles qui doivent effectuer une
analyse des besoins juridiques, organisationnels et technologiques pour la mise
en place du registre? Est-ce que cette firme de consultation est en place
présentement?
Mme Potvin-Plamondon: D'abord, j'aimerais revenir sur vos
énoncés premiers qui disaient qu'on n'offre qu'un système
aux noms.
Mme Harel: Dans la loi, dans le projet de loi 125.
Mme Potvin-Plamondon: Je vous ferai remarquer qu'à
l'article 2963 on se réfère au règlement d'application et
il y a un article qui mentionne bien que le registre est tenu par fiches
nominatives et descriptives. Là, c'est parce que je ne le retrouve pas.
Attendez un petit peu. C'est ça. Vous avez, à 2963: "Le registre
des droits réels mobiliers et celui des droits personnels sont
constitués de fiches tenues par ordre alphabétique,
alphanumérique ou numérique, sous la désignation des
personnes nommées dans les réquisitions d'inscription ou selon
tout autre mode prescrit par les règles d'application du présent
livre." Alors, c'est au règlement d'application qu'on retrouvera les
biens qui feront l'objet d'une publicité par le biais d'une fiche
descriptive, donc une publicité aux biens.
Mme Harel: Mais ce règlement d'application, nous ne le
connaissons pas. Alors, nous, madame, ce que nous connaissons, c'est ce que
l'on nous a proposé, c'est-à-dire des dispositions de la loi.
Alors, c'est important d'avoir le point de vue du législateur sur ce
qu'il entend faire, mais de toute façon, dois-je comprendre qu'il n'y
aura pas de système général d'identification des biens
meubles? Le système général est conçu comme un
système d'identification des personnes.
Mme Potvin-Plamondon: C'est ça. En matière de
sûreté mobilière, nulle part au monde on n'a, finalement,
une identification de tous les biens meubles. C'est tout à fait
impossible. Même dans les régimes des provinces avoisinantes ou
aux États-Unis, la publicité aux biens se retrouve surtout en
matière de ce que je vous disais tout à l'heure: c'est sur les
véhicules à moteur principalement, ou sur des grosses
pièces de machinerie, tout ce qui est vraiment "individuali-sable". Pour
le reste des sûretés, ce n'est publié qu'au nom. Alors,
dans ce sens-là, on s'harmonise avec le courant nord-américain.
Et, en général, ce sont des systèmes qui fonctionnent
assez bien.
Mme Harel: En général. Et en particulier,
madame, quels problèmes présentent-ils?
Mme Potvln-Plamondon: En particulier, il est évident qu'il
n'y a pas un système qui soit parfait, dans le sens que si on prend le
registre des droits personnels et réels mobiliers, c'est un registre
où on va retrouver seulement des sûretés. On ne retrouve
pas le type d'acquisition des biens meubles. Ce serait, finalement, un
système tellement gros que ça n'aurait pas de sens. On ne peut
pas soumettre à la formalité de la publicité les
aliénations sur les biens meubles. Alors, il est évident que
ça comporte certains pendants, dans le sens que si on regarde aux
États-Unis, la publicité de la sûreté est une
publicité "dénonciative" des liens qui affectent une personne ou
un bien, selon le cas. Mais c'est une publicité "dénonciative"
seulement. Ça ne certifie pas le titre. Ça certifie qu'il y a
effectivement un lien entre deux personnes, mais ce n'est qu'une
présomption, et il faut retourner aux contrats pour les cas où
ça peut être contesté. Mais c'est mieux que de ne pas avoir
de système du tout. Actuellement, la publicité des droits
mobiliers est une publicité, finalement, complètement
éparse qui met en danger la sécurité des transactions
commerciales et qui comporte aussi des dangers pour le consommateur qui va se
présenter pour acheter une voiture, qui ne connaît pas les liens
sur les voitures et qui peut se faire déposséder par son
financier.
M. Rémillard: M. le Président, si vous me
permettez, j'aimerais insister sur cet aspect. Ce nouveau registre va
améliorer considérablement la situation et aussi, comme vient de
le dire très bien Mme Plamondon, en ce qui regarde les droits des
consommateurs, de connaître la réalité des transactions sur
les biens mobiliers qu'ils s'apprêtent à acquérir. Et je
dois dire que ce que nous avons présentement sera un régime qui,
si on le compare aux autres provinces canadiennes ou à plusieurs
États américains, partout, sera vraiment à la fine pointe
du développement et permettra une plus grande accessibilité, mais
aussi une plus grande sécurité pour le consommateur. Et
ça, c'est un aspect très important.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Je
pense que Me Jacques Chamberland, vous aimeriez ajouter... Ça va? O. K.
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais poser une question
sur la firme de consultants. Alors, je souhaiterais avoir une réponse,
si c'était possible, avant qu'on aborde une autre question. Vous parliez
donc de la nécessité de procéder à une étude
de faisabilité qui n'est pas... Est-ce qu'elle est en cours
présentement, cette étude de faisabilité?
Mme Potvin-Plamondon: Elfe est en cours.
Mme Harel: Est-ce que la firme de consultants a été
choisie? Laquelle est-ce, si c'est le cas, et quel est le processus de
consultation qui est prévu?
Mme Potvin-Plamondon: La firme de consultants est en poste depuis
le 23 septembre dernier. Elle travaille de concert avec les
représentants de notre Direction des systèmes informatiques au
ministère et avec l'équipe de projet sur l'étude qu'on
appelle "la conception administrative". C'est la firme Roy, Bourassa et
associés de Montréal.
Mme Harel: Vous disiez que la firme de consultation aura, parmi
ses objectifs, à consulter les clients pour déterminer les
besoins des utilisateurs externes, tant organisationnels que technologiques. Le
rapport final de la firme devra mettre en relief différentes
orientations de concrétisation du registre. Pour quand est prévu
ce rapport final de la firme? À quelle date l'appel d'offres? Quelles
dates sont prévues pour la fin du contrat de cette firme et la remise du
rapport? (10 h 30)
Mme Potvin-Plamondon: Ce à quoi vous venez de faire
référence, c'est l'étude. C'est parce que l'étude
comporte différentes étapes et ce que vous venez de mentionner
est le rapport sur les orientations technologiques et organisa-tionnelles
à partir d'une consultation des différents clients. Ensuite, il y
a l'étape de ce qu'on appelle le bilan de la situation actuelle et les
alternatives de concrétisation. Le rapport complet devrait être
disponible à la fin de février 1992.
Mme Harel: Vous voulez dire le rapport final de la firme, c'est
ça qu'il faut comprendre?
Mme Potvin-Plamondon: De la conception administrative.
Mme Harel: Quand vous parliez dans votre document du rapport
final de la firme pour mettre en relief différentes orientations, c'est
ce qu'il faut attendre pour février 1992?
Mme Potvin-Plamondon: Non, ça, c'est le rapport sur la
consultation.
Mme Harel: Et vous le prévoyez pour quand?
Mme Potvin-Plamondon: La fin de novembre.
Mme Harel: De 1992 également.
Mme Potvin-Plamondon: Non, non, de 1991.
Mme Harel: 1991. Alors, ça sera très bientôt
à ce moment-là.
Mme Potvin-Plamondon: Oui, c'est imminent. Ils sont en train de
faire l'analyse.
Mme Harel: Dans le commentaire du livre neuvième sur la
publicité, on pouvait lire ceci à la page 1: "L'introduction de
registres sûrs: toute personne pourra se fier aux registres tels qu'ils
apparaissent à un moment donné, en pouvant croire que ce qui est
inscrit est vrai, que rien d'autre que ce qui y est inscrit ne lui est
opposable et que rien de ce qui y sera inscrit dans la suite ne pourra avoir
priorité..."
Par ailleurs, dans le cas des tiers en matière de droit mobilier,
les tiers qui voudront avoir accès à l'information pourront-ils
avoir cette confiance décrite comme donnant totalement... Pensez-vous
que le tiers pourra se fier au registre du droit mobilier au point où
c'est décrit dans ce commentaire, puisque, finalement, il n'y aura pas
eu de dépossession et le bien ne pourra pas être suivi une fois
que l'inscription sera faite?
Mme Potvin-Plamondon: Là, je vois deux choses
différentes dans votre question. Vous parlez du droit de suite, mais
auparavant vous parliez de la force probante du registre.
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: Je répondrai donc à la
première en disant que tous les mécanismes sont mis en place pour
publier l'information à partir du moment où elle sera certaine
par un système de certification et de mise à jour à partir
de la date, heure, minute de la présentation des réquisitions
d'inscription. Alors, c'est certain que dans les limites et dans le cadre du
projet de loi 125 - ça peut faire appel à plusieurs notions
d'ordre juridique dans les différents livres, entre autres, celui des
sûretés - pour une inscription qui est portée aux
registres, la publicité sera certaine.
Mme Harel: Et pour le droit de suite?
Mme Potvin-Plamondon: Pour le droit de suite, ça fait
appel à certaines notions comprises au livre des sûretés.
Je ne sais pas si c'est le moment d'en discuter ici. Pour le droit de suite, il
faut différencier selon qu'on se retrouve en présence de biens
destinés à la vente ou de biens aliénés en dehors
du cours normal des activités d'une entreprise. En ce qui concerne les
biens destinés à la vente, c'est l'article 2658, je crois, qui
prévoit que l'hypothèque tombe et soit reportée sur les
biens acquis en remplacement. D'accord? Maintenant, il y a des amendements qui
ont été proposés qui vont permettre d'affecter le bien de
remplacement à partir du moment où il y aura un avis de
porté sur le bien remplaçant.
Donc, on donne aux sûretés toute la force de la
publicité. C'est qu'il faut joindre le chapitre des sûretés
avec les effets de la publicité pour que toute sûreté
devienne opposable à partir de la date, heure, minute, de sa
présentation au bureau de la publicité.
Mme Harel: Et dans l'autre cas?
Mme Potvin-Plamondon: Pour les biens aliénés en
dehors des activités d'une entreprise, c'est l'article 2684 qui
mentionne que lorsque le créancier est avisé de
l'aliénation, il doit produire au bureau de la publicité un avis
de conservation au nom du nouvel acquéreur. Donc, ça permet de
suivre le bien. C'est une solution qui a été importée du
Personal Property Security Act, principalement celui de l'Ontario où
ça fonctionne assez bien, en général.
Dans le cas de biens meubles, comme on ne peut pas enregistrer les
titres sur les biens meubles, il appartient au débiteur de s'informer de
la chaîne des différents possesseurs et de consulter au registre
au nom de ces personnes-là pour être en mesure de voir tous les
créanciers sur le bien.
Mme Harel: Donc, c'est au nom que cette information-là va
être produite.
Mme Potvin-Plamondon: Tout dépend du bien. Dans le cas des
biens qui font l'objet d'une fiche descriptive, il faut comprendre qu'il n'y a
aucun problème. On va toujours tout voir au registre.
Mme Harel: À date, ces biens-là, qui feraient
l'objet d'une fiche descriptive, seraient ceux qui roulent, qui volent ou,
disiez-vous, qui flottent.
Mme Potvin-Plamondon: II peut y en avoir d'autres, comme je vous
dis. Nos études ne sont pas terminées. Il y en aura
sûrement d'autres. Je ne suis pas en mesure de vous le dire
aujourd'hui.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Merci, Me
Plamondon. Il y a d'autres membres qui m'ont demandé la parole,
mais je ne sais pas dans quel ordre. Peut-être qu'on pourrait laisser la
parole à M. le député de Westmount.
M. Holden: Merci, M. le Président. Madame, je
présume que les experts - Roy, etc. - sont en contact avec les experts
ailleurs en Amérique du Nord. Vous avez dit que c'est un système
qui va ressembler... Est-ce qu'il y a une sorte d'intégration des
systèmes en dehors? Évidemment, les autos et les avions et tout
ça, ça s'en va partout. Est-ce qu'il y a une espèce
d'intégration quelque part ailleurs. Est-ce qu'on étudie une
espèce d'intégration ou est-ce qu'il faut faire affaire avec
chaque juridiction individuellement
pour savoir si un tel véhicule est là ou ici? Quel est le
système actuel?
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, il n'y a pas
véritablement d'intégration. Je sais qu'il existe ou existait un
projet pour unifier toutes les législations des provinces canadiennes,
principalement les provinces de "common law", mais je ne sais pas exactement
où c'est rendu.
Il faut voir... Dans chaque province ou dans chaque État
américain, ils adoptent leurs propres lois et, dépendamment du
contexte ou des circonstances, on retrouve des systèmes
différents.
M. Holden: Je présume que notre système va
être en langue française.
Mme Potvin-Plamondon: Notre système sera en langue
française et, j'espère, un des meilleurs systèmes en
Amérique du Nord.
M. Holden: Sans doute, madame. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Westmount. Mme la députée de
Ter-rebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Pour ce qui a trait aux
automobiles, il est bien évident qu'il n'y aura aucune
amélioration si l'inscription est uniquement au nom des personnes. Il y
aura amélioration si l'inscription se fait aussi aux biens. Est-ce que
vous avez prévu une valeur minimale pour les biens qui pourraient
être inscrits dans ce registre?
Mme Potvin-Plamondon: On fonctionne avec le projet de loi 125 et
il n'y a aucun article qui donne une valeur minimale. Ce sont les droits qui
sont inscrits. Quels que soient les montants en cause, les droits sont les
mêmes.
Mme Caron: L'article 2999 du projet de loi 125, le
législateur a jugé bon dans cet article d'indiquer, concernant le
registre foncier, et je cite la fin de l'article: "... aucune recherche dans le
registre foncier effectuée à partir du nom d'une personne n'est
admise, à moins que la loi ou le tribunal ne l'autorise". Est-ce que
vous avez évalué la possibilité d'indiquer la même
chose pour le registre des droits réels personnels mobiliers?
Mme Harel: C'est intéressant, vous savez, parce qu'il y a
une interdiction en matière d'immeubles et là, vous allez ouvrir
la porte en matière de meubles.
Le Président (M. Lafrance): Oui. M. le sous-ministre en
titre.
M. Chamberland (Jacques): Évidemment, toute cette
question, dans le cas du registre des droits personnels et réels
mobiliers a été traité différemment, comme vous le
savez. Quand vous regardez l'article 3007, vous voyez qu'il n'y a pas
d'interdiction formelle comme à 2999, mais on fait
référence à des modalités de consultation qui vont
être déterminées par le ministre de la Justice. Je sais -
et vous ne l'avez peut-être pas encore devant les yeux - qu'on va
proposer tantôt un amendement à l'article 3007 pour envoyer ce
pouvoir de déterminer les modalités de consultation à
l'article 3006, de telle sorte que ça soit par règlement du
gouvernement que des modalités de consultation des registres puissent
être établies.
Alors, par rapport à ce que vous dites, on pourrait donc, en
théorie, arriver au même résultat. Dans un cas on l'aurait
cerné dans la loi, à l'article 2999, dans l'autre on pourrait
cerner le droit d'accès au niveau du règlement. Maintenant il ne
m'appartient pas de dire quelle est la meilleure méthode. Ce que je
voudrais ajouter peut-être relativement à cette question
d'accès c'est qu'évidemment, comme l'a dit Mme Potvin-Plamondon
tantôt, la politique n'est pas encore établie. On va attendre de
voir c'est quoi la loi avant d'établir la politique qui va en
découler, mais je peux vous dire tout de suite à l'avance que
l'on va élaborer une politique qui tiendra compte des lois
québécoises en matière d'accès à
l'information, qui va tenir compte du droit à la vie privée, que
vous avez raison de soulever, mais qui va tenir compte aussi de la
finalité des registres.
Dans le fond, il faut chercher un équilibre entre les trois.
C'est bien de protéger la vie privée, mais en même temps il
faut se souvenir que le registre est là pour permettre au
créancier ou permettre au prêteur de savoir si le bien qu'il
s'apprête à acquérir ou si le bien sur lequel il veut
obtenir une hypothèque n'est pas déjà
hypothéqué. Alors, vous savez il y a une question
d'équilibre dans tout ça que l'on va chercher à atteindre
et qu'on atteindra sûrement au moment de l'élaboration de la
politique d'application.
Mme Caron: Comment peut-on nous parler d'équilibre quand
dans le projet de loi lui-même on précise, on cerne les mesures
par rapport au registre foncier alors qu'on ne le fait pas pour le registre des
droits personnels et réels mobiliers? Comment peut-on nous parler
d'équilibre?
M. Chamberland: Je vous en parle.
Mme Caron: Mais dans les faits, il n'y a pas d'équilibre.
On peut en parler, mais il faudrait peut-être que ce soit dans le projet
de loi aussi.
M. Chamberland: Comme je vous ai dit sur cette question-là
il ne m'appartient pas de
déterminer quelle est la meilleure façon d'atteindre
l'objectif. Je vous dis tout simplement qu'on peut atteindre l'équilibre
d'une manière ou d'une autre, c'est tout.
Mme Caron: Au moment où on se parle, nous ignorons le
nombre d'inscriptions possibles outre les inscriptions actuelles et les
automobiles. Nous ignorons le coût pour les consommateurs. Nous ignorons
le pourcentage d'augmentation de l'endettement pour les familles
québécoises. Nous ignorons les mesures de sécurité
qui seront appliquées pour le registre des droits personnels
réels mobiliers. Nous ignorons les modalités d'application de ce
registre. Nous ignorons s'il y aura une valeur minimale pour les biens. On nous
dit que la politique n'est pas encore établie et on nous demande de nous
prononcer sur une législation. Je vous avoue, M. le Président,
que je suis loin d'être prête à me prononcer sur cette
législation.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Je reviendrai, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Westmount. (10 h 45)
M. Holden: M. le Président, j'ai fait la mention, je ne
sais pas si l'enregistrement l'a pris, mais on appelle ça, en anglais,
"the chicken and the egg". Évidemment, l'Opposition dit qu'elle n'est
pas prête à légiférer tant que la politique n'est
pas faite. Et le gouvernement dit qu'elle ne peut pas être faite avant
que la législation soit adoptée. Au fond, il s'agit, pour
l'Opposition, je crois, de décider si oui ou non elle accepte le
principe de l'hypothèque mobilière. Si elle ne l'accepte pas,
qu'elle le dise, mais si elle l'accepte, il va falloir adopter la
législation et, ensuite, attendre la politique. La politique, ça
peut changer certainement chaque année. Ils vont faire des
études, des règlements. La politique, ça se change
beaucoup plus facilement que le Code civil. Le Code civil, on attend 35 ans.
J'ai été très fortement impressionné par
maître... pas Me Vadeboncoeur, Me Potvin?
Le Président (M. Lafrance): Plamondon. M. Holden:
Plamondon.
Le Président (M. Lafrance): Potvin aussi, en fait,
Potvin-Plamondon.
M. Holden: Oui, oui. Quand elle nous dit que ce qu'on essaie,
c'est de s'harmoniser avec le reste de l'Amérique du Nord, moi, je
trouve que c'est ça qu'il faut faire. Il faut qu'on commence à
s'harmoniser, pas à s'isoler. Ça, ça va dans beaucoup
d'autres domaines, mais je parle maintenant de l'hypothèque
mobilière. Qu'on s'harmonise avec le reste de l'Amérique du Nord
et qu'on décide une fois pour toutes qu'on va être comme le reste
du monde raisonnable et ne pas avoir notre propre système à nous.
C'est ma thèse, M. le Président.
Je trouve que l'Opposition doit prendre une décision, doit faire
un choix. Ne me parlez pas de demander toutes sortes de détails avant
d'établir le principe. Dites-nous: Acceptez-vous le principe ou non? Si
c'est non, on va le débattre, si c'est oui, on va adopter la loi et on
va voir, par la suite, si ce gouvernement-là peut le faire comme il faut
ou s'il faut changer le gouvernement pour que la politique soit mieux faite.
Mais, au moins, décidez-vous. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, habituellement,
j'apprécie les commentaires du député de Westmount. Il y
aura une exception à la règle.
M. Holden: Pas aujourd'hui.
Mme Harel: C'est-à-dire que je ne peux pas souscrire
à l'idée que ça peut changer chaque année. Si on
n'apprécie pas la manière dont ça s'est engagé, on
aura tout simplement à changer les choses. Le système
général d'identification, lui, ne pourra pas être
changé. La grande question, c'est: Étant donné que le
système général d'identification qu'on nous propose est
aux personnes désignées...
M. Holden: Pas tout à fait. Ce n'est pas ça que
madame a dit.
Mme Harel: C'est-à-dire que c'est ça que la loi
dit.
M. Holden: Non, même pas. Lisez donc la loi.
Mme Harel: C'est-à-dire que la loi dit qu'il pourrait y
avoir autre chose qu'on ne nous dit pas.
M. Holden: Bon!
Mme Harel: Alors, moi, je n'ai pas l'habitude de me
réjouir quand on m'invite à légiférer sur une sorte
de coquille législative vide, en me disant que, de toute façon,
elle sera bien remplie. J'aime autant savoir...
M. Holden: C'est parce que vous n'avez pas confiance en ce
gouvernement.
Le Président (M. Lafrance): On va laisser,
si vous permettez, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve
terminer.
M. Holden: M. le Président, c'est que Mme la
députée a dit qu'elle n'aimait pas ce que je disais ce matin.
Mme Harel: Oui, oui, vous avez raison, ce n'est pas grave.
Le Président (M. Lafrance): Ce sont des choses qui
arrivent. Mme la députée de Hochela-ga-Maisonneuve.
Mme Harel: Non, mais sur cette sorte de législation
déléguée, compte tenu de l'importance que ça peut
présenter, je crois très très important que nous ayons le
point de vue de la Commission d'accès à l'information sur toute
cette question. J'ai personnellement demandé à Me Rousseau de
contacter la Commission d'accès à l'information et les personnes
qu'elle a contactées n'étaient pas informées.
Peut-être y en a-t-il d'autres. Le ministre pourra peut-être
m'indiquer si l'ensemble de ce projet de publicité a été
transmis à la Commission d'accès à l'information. Est-ce
qu'il y a un avis qui a été émis? On me disait hier que la
Commission d'accès devait aujourd'hui même nous fournir un avis
sur cette question.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
Mme Harel: Alors, M. le Président, nous avons
déjà très publiquement fait connaître notre
objection à introduire une hypothèque mobilière qui, en
principe, provoquerait une augmentation du niveau d'endettement des familles
québécoises. Et j'ai déjà, d'ailleurs,
déposé ici même un bulletin savant du Mouvement Oesjardins
qui nous démontre le très haut niveau d'endettement des familles
au Québec. Alors, moi, je suis prête à regarder ce qui en
est en Ontario, quelle sorte d'accès au crédit ils ont, quelles
sont les réserves de biens non hypothécables, réserves
très, très imposantes. Je suis prête à regarder
ça. Mais on ne nous engagera pas, les deux yeux bandés en nous
disant que ça ne fera pas mal. Non. J'aime autant savoir avant quel
effet ça aura. Je ne joue pas à l'apprenti sorcier ici, moi, M.
le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, je n'ai pas
l'intention que cette commission se transforme en apprentis sorciers.
Absolument pas. Ce n'est pas ça qu'on a fait jusqu'à
présent. On ne le fera pas non plus jusqu'à la fin de notre
étude du Code civil.
M. le Président, il est bien clair que de par l'article 2963 il
s'agit d'un registre des droits réels mobiliers. Il s'agit des droits
personnels. Il est évident que dans un Code civil on a les grands
principes. On n'a pas toutes les modalités d'application, ça ne
se peut pas, ce n'est pas possible. On l'a vu pour plusieurs autres
aspects.
Mme Harel: On va les prendre, même si vous nous les donnez
à côté. Ce qu'on demande, c'est d'avoir les
scénarios que vous envisagez.
M. Rémillard: Ce qui doit nous guider comme
législateurs, M. le Président, lorsqu'on parle
d'hypothèque mobilière, qu'on en parlera - d'ailleurs, ce n'est
pas ce sujet-là que nous discutons ce matin, mais par incidence; parce
qu'on parle de ce registre, on est amenés un peu à parler de
l'hypothèque mobilière - lorsque nous en discuterons au fond,
nous allons en discuter avec tous ses aspects, avec toutes les implications que
peut avoir cette nouvelle possibilité que nous offrons, oui, aux
consommateurs et, oui, aussi aux marchands.
Les avantages, les inconvénients... On se souvient que ce n'est
pas une idée nouvelle. Ça a été proposé par
la Commission de réforme du droit en 1978 qui la proposait simplement au
niveau de l'acquisition des biens, afin qu'on puisse hypothéquer
lorsqu'on fait l'acquisition des biens. Le Barreau, par la suite, a
demandé d'ouvrir pour que ce soit même lorsqu'on possède ce
bien et qu'on veut avoir un crédit supplémentaire, donc une
hypothèque. Finalement, le projet de loi propose une hypothèque
mobilière. Moi, j'ai dit, comme ministre, que nous étions
toujours à peser le pour et le contre et à trouver le moyen le
plus susceptible de représenter ce juste équilibre que nous
cherchons continuellement.
Alors, dans ce contexte-là, M. le Président, ce qui nous
amène ici dans ce registre à être bien certain que
l'hypothèque mobilière dont nous aurons à discuter, dans
le cas de ce registre, il y a définitivement, peu importe en fonction de
l'hypothèque mobilière commerciale ou personnelle, une
amélioration considérable par rapport à ce qui existe
présentement. Ça, c'est déjà un point
extrêmement important.
Quant au respect de la vie privée, de fait, il y a eu des
consultations qui ont été menées avec la Commission
d'accès à l'information. Nous travaillons d'ailleurs, au niveau
de la Justice, en étroite collaboration avec la Commission. Il y a des
rencontres qui ont eu lieu entre des légistes de la Commission à
plusieurs reprises et nous attendons un avis plus formel de la Commission, on
me dit dans les prochaines heures, si ce n'est dans les prochains jours, dans
les prochaines étapes.
Alors donc, M. le Président, tous les moyens sont
utilisés. Maintenant, je suis très sensible, comme ministre de ta
Justice, aussi au respect de la vie privée, aux moyens de respecter la
vie privée. Si des membres de cette
commission voient des moyens qu'on peut prendre pour resserrer encore
plus ce respect de la vie privée, eh bien, nous on a cru prendre tous
les moyens nécessaires pour que cette vie privée soit
respectée au maximum, protégeant aussi, évidemment,
l'efficacité qu'on doit donner à ces registres. Alors, là
encore on a trouvé le moyen terme qui nous permettait, d'une part, de
protéger le public et les tiers et, d'autre part - parce qu'il s'agit
d'information; s'il existe un registre c'est pour informer - pour le respect de
cette vie privée.
Alors, M. le Président, pour moi, en conclusion, c'est que ce que
nous présentons dans le projet de loi 125, c'est les principes de base,
le fondement, ensuite, on verra à l'application de ça. C'est sur
ces principes qu'on doit se décider et qu'on doit bien comprendre dans
leurs réelles perspectives.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, si ce sont des principes de
base, comment se fait-il qu'à la page 17 du document d'information, qui
est largement diffusé à l'extérieur et au ministère
de la Justice pour faire connaître ce projet de registre des droits
personnels et réels mobiliers, on y lit ceci, en termes de
modalités d'application - c'est à la page 17: "En ce qui concerne
l'individu qui n'exploite pas une entreprise, il pourra hypothéquer,
sauf exception - sans les préciser - tous les biens meubles qu'il
acquiert ou qu'il possède déjà sans en perdre la
possession. Les biens à usage ménager ne pourront être
hypothéqués qu'en faveur de la personne qui lui vend ce bien ou
en faveur de celle qui lui prête l'argent pour l'acquérir ou le
réparer. Par contre, les biens de grande valeur pourront être
hypothéqués sans tenir compte de ces restrictions, même
s'ils sont à usage ménager." Alors, on comprend que, là,
on en est à dire: le droit dans ces modalités d'application.
M. Rémillard: Ce n'est pas ça du tout. Mme
Harel: Bien oui!
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre.
Mme Harel: M. le Président, ce n'est pas ça. Je lis
textuellement la page 17 d'un document qui est préparé par
l'équipe mobilière.
M. Rémillard: Mais, si on regarde le projet de loi
lui-même, c'est dans 2653 qu'on doit lire, bien sûr, avec 2632 et
2633. Alors, dans 2653: "L'hypothèque ne peut grever ni des biens
insaisissables ni la partie saisissable des aliments, des salaires ou d'autres
rémunérations résultant d'un contrat de travail. Elle ne
peut non plus grever les biens qui peuvent être soustraits à la
saisie, si ce n'est pour le paiement des sommes dues à leur vendeur ou
à celui qui aura prêté pour les acheter ou les
réparer; les biens meubles de grande valeur sont exceptés de
cette règle." Ensuite, vous avez...
Mme Harel: Exactement. Les biens meubles de grande valeur...
M. Rémillard: Sont exceptés de la règle.
Mme Harel: ...pourront être hypothéqués sans
tenir compte de ces restrictions...
M. Rémillard: Oui. Alors, c'est là
directement...
Mme Harel: ...même s'ils sont à usage
ménager, comme vous l'indiquiez dans votre document.
M. Rémillard: On va le voir, M. le Président.
Peut-être que quand on va arriver à cet article-là, on
pourrait le voir et le situer vraiment parce que c'est un petit peu difficile
de prendre un article comme cela et de l'isoler. Si c'était possible, M.
le Président, de pouvoir étudier les articles dans leur ensemble,
article par article, on pourrait, à ce moment-là, bien sûr,
avoir une perspective plus grande. Mais il faut aussi lire en fonction de 2632
et de 2633 qui, eux aussi, sont importants pour comprendre toute la
portée.
Le Président (M. Lafrance): Je reconnais, M. le ministre,
qu'il y a beaucoup de concordance là, mais nous en sommes
néanmoins aux dispositions générales. J'aimerais vous
rappeler que nous en sommes, d'ailleurs, à l'étude
détaillée des articles que j'ai appelés,
spécifiquement, les articles 2918 et 2921. Alors, je peux comprendre que
ces articles touchent les dispositions générales, comme je l'ai
dit, de tout le titre premier, mais j'aimerais peut-être vous ramener
vers ces articles précis. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, est-ce que vous désirez apporter un commentaire
supplémentaire?
Mme Harel: Donc, tout simplement, je vous transmettais ce dont je
prenais connaissance dans un document d'information rédigé au
ministère. Je veux simplement, par là, illustrer que nous
n'adoptons pas que des principes dans ce Code. Nous n'adoptons pas que des
principes. Remarquez que c'est déjà beaucoup, mais nous adoptons
aussi une façon d'appliquer ces principes. Alors, le ministre ne peut
pas s'étonner que nous nous interrogions sur la manière dont les
principes vont trouver matière à application, M. le
Président, parce que, voyez-vous, tout ça ne vaut pas que le
papier sur lequel c'est écrit. Ça aura quelque impact dans la vie
de tous les
jours de nos concitoyens.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a d'autres
membres qui aimeraient apporter des commentaires supplémentaires
concernant ces articles 2918 à 2221? Oui, Me Frenette. (11 heures)
M. Frenette: Merci, M. le Président. S'il était
possible une seconde de revenir sur 2999. 2999, in fine, est libellé de
la sorte parce qu'on comprend bien que l'identification du bien devrait suffire
et, en matière d'immeubles, comme on ne peut pas maquiller, si je peux
dire, la désignation d'un immeuble, on est toujours certain que, en
donnant la description du bien, on aura l'information requise et les
créanciers ou les ayants droit auront l'information, et la
réserve s'explique.
Dans le cas du registre des droits mobiliers et des droits personnels,
la base même, c'est le nom. Alors, il faut, tout en acceptant que la
réglementation à venir va donner les détails concernant
l'accès, avez-vous imaginé quelque méthode permettant de
croire que... Comme l'accès y sera fondamentalement ou non, avez-vous
Imaginé des moyens permettant de protéger cette
sécurité-là? Donnez-nous peut-être juste quelques
exemples démontrant que c'est possible de le faire.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: On a défini une politique
d'orientation concernant la sécurité des ressources
informationnelles - j'espère que je suis bien dans l'objet de la
question - qui nous amène à établir certains principes
selon lesquels l'accès, c'est-à-dire la sécurité
qu'on appelle l'accès logique qui est finalement tout l'accès aux
données informatiques, sera protégé par différents
mécanismes autant pour les employés du bureau de la
publicité... donc autant l'accès à partir de l'interne que
l'accès à partir de l'externe.
À partir de l'interne, je peux vous donner un exemple. Comme je
le disais tout à l'heure, on aura un journal des accès qui va
nous donner tous les postes et toutes les transactions qui seront
effectuées par un employé. L'employé ne peut
accéder aux données qu'avec son mot de passe, lequel est
contrôlé périodiquement. Ensuite, ce mot de passe permet
à cette seule personne ou aux seules personnes de la publicité...
Les mesures de sécurité interne permettent aux seules personnes
du bureau de la publicité d'effectuer des inscriptions, des
modifications, des mises à jour, des radiations, donc tout ce qui peut
affecter le traitement ou les droits des personnes.
Maintenant l'accès à partir de l'externe sera aussi
excessivement contrôlé par un journal des accès qui garde
trace de toute personne qui tente de contacter nos banques de données ou
qui, dans les faits, les contacte. Donc, il y aura des utilisateurs
autorisés seulement - c'est assez technique - soit via ce qu'on appelle
un réseau qui existe déjà - on appelle ça via un
canal - selon des protocoles d'entente et des mots de passe, ainsi que tous les
contrôles qui sont assortis à ce type de sécurité,
ou via un modem qu'on appelle, par des lignes téléphoniques.
Donc, la plupart de nos gros clients auraient des logiciels à diffusion
restreinte avec mots de passe et protocole aussi.
M. Frenette: Dois-je comprendre... Prenons un cas particulier
d'une personne qui aurait accordé des sûretés sur des biens
meubles. Un nouveau créancier se présente au bureau de la
publicité et désire obtenir de l'information relativement
à certains biens. Il doit donner le nom de la personne. Est-ce que le
responsable du bureau ne lui transmettra que l'information pertinente ou
relative au bien qui l'inquiète ou qui fait l'objet de la demande et
qu'il refusera de donner ou de répondre à la question
générale: Dites-moi et donnez-moi tout ce que vous avez au nom de
telle personne?
Mme Potvin-Plamondon: Si je comprends bien votre question, vous
me demandez: Si quelqu'un se présentait au bureau de la
publicité...
M. Frenette: Un créancier.
Mme Potvin-Plamondon: ...est-ce qu'il aurait accès au
registre par l'intermédiaire d'un employé?
M. Frenette: Est-ce que c'est oui? Est-ce que c'est
lui-même ou...
Mme Potvin-Plamondon: Bon. Ça, c'est dans la
définition de l'organisation du travail. Je comprends l'idée, la
question au niveau de la protection des renseignements. Toutes les
possibilités peuvent être envisagées. Si on voit
d'après les rapports de la commission qu'on ne peut pas donner
accès directement à un créancier, il est évident
qu'on mettra du personnel pour filtrer l'information. Comme on disait tout
à l'heure, toute la politique en termes d'accès n'est pas
complètement arrêtée. C'est que toutes les données
sont dans le système et il est possible de tout faire.
M. Frenette: Oui, c'est la préoccupation.
Mme Potvin-Plamondon: II est possible de tout faire, donc de tout
restreindre aussi si c'est nécessaire, mais, évidemment, y faut
toujours rester dans notre mission. Il ne faut pas l'oublier. C'est un registre
qui donne les sûretés sur les biens meubles d'un débiteur
ou aux biens
d'une personne.
M. Frenette: Oui. Je pense que la préoccupation est
légitime. Un nouveau créancier est en droit de savoir si le bien
qu'il doit recevoir comme sûreté est déjà
affecté d'autres sûretés. Ça, c'est un droit qui
m'apparaît sacré. L'étape qui semble faire
difficulté c'est comment obtien-dra-t-il cette information sans, en
même temps, pouvoir glaner des choses qui n'ont pas rapport au bien? Si
on nous dit que... On a envisagé le scénario.
Mme Potvin-Plamondon: Si la demande fait l'objet d'une fiche
descriptive, il y aura toute l'information, c'est certain. Si c'est un bien qui
n'a pas fait l'objet d'une fiche descriptive, à ce moment-là, on
interroge le système par le nom de la personne contre qui il pense que
la garantie a été consentie. Ce sont les sûretés qui
ont été consenties au nom de cette personne-là qui,
normalement, devraient apparaître. C'est l'objet de notre registre. C'est
d'ailleurs mentionné à l'article 3000. C'est le but du
système, sinon notre système ou le nouveau régime de la
publicité des droits ou même l'hypothèque mobilière,
qui est l'élargissement des sûretés consenties sans
dépossession, n'a aucun sens.
M. Frenette: Merci.
Mme Harel: Voilà. C'est bien dit, M. le Président.
Donc, première question: La personne qui se présente devra-t-elle
faire reconnaître sa qualité de créancier? Y aura-t-il un
tamisage pour vérifier l'intérêt de la personne?
Mme Potvin-Plamondon: Votre question se situe au niveau des
modalités de consultation et comme on vous l'a dit
précédemment, ces modalités sont reportées au
règlement d'application. On doit définir les bases du
système, on doit avoir une loi adoptée, on doit avoir des
principes votés avant de définir les modalités.
Mme Harel: Le principe étant, comme vous nous le
mentionniez, qu'il n'y a pas de dépossession et qu'il y a une
inscription à la personne désignée et s'il n'y a pas une
fiche descriptive, c'est l'ensemble qui va apparaître sur le modem.
Mme Potvin-Plamondon: C'est-à-dire pas l'ensemble. C'est
la garantie...
Mme Harel: C'est la garantie.
Mme Potvin-Plamondon: ...que cette personne-là a consenti
et...
Mme Harel: C'est la fiche de la personne au complet. Ce n'est pas
la fiche au... Ce que vous nous avez dit, s'il n'y a pas une fiche descriptive,
ça va être... La fiche qui va apparaître, elle va être
à la personne, par exemple, Gil Rémillard.
Mme Potvin-Plamondon: Dans les orientations dont je vous
mentionnais tout à l'heure, il y a une orientation qui est à
l'effet qu'on va voir un seul enregistrement à la fois. On ne verra pas
tous les enregistrements. Vous savez comment c'est fait un écran
cathodique.
Mme Harel: Oui.
Mme Potvin-Plamondon: C'est grand comme ça.
Mme Harel: On peut mettre beaucoup, beaucoup de choses même
si c'est tout petit comme ça.
Mme Potvin-Plamondon: II faut quand même que ce soit
convivial. On a des objectifs de convivialité aussi. Comme je le
mentionnais, on va voir un enregistrement à la fois concernant le nom de
la personne, le nom du débiteur contre qui la sûreté a
été consentie.
M. Rémillard: M. le Président, si vous me
permettez, il faut toujours revenir au principe que Me Frenette disait tout
à l'heure. Au départ, pourquoi avons-nous un tel registre? C'est
pour pouvoir informer, donc donner une garantie d'information à un
créancier face à une créance qu'il voudrait avoir. Il veut
voir dans quel état elle pourrait être par un état d'un
bien qui serait affecté par la créance.
Alors, à partir de là, M. le Président, ce que nous
devons faire, c'est que ce registre soit accessible et soit le plus complet
possible et, d'autre part, qu'il soit, pour le consommateur et le
débiteur, aussi susceptible de donner l'information nécessaire au
créancier, mais avec les limites. C'est ce que nous disons
présentement. Ce que vient de dire Mme Plamondon c'est que lorsqu'une
demande va être faite par un créancier et qu'il demandera - sur
tel bien: Je veux savoir quel est l'état de ce bien appartenant à
tel monsieur ou telle madame, eh bien, il va recevoir tel bien avec telle
créance et non pas tous les biens hypothéqués qui
appartiennent à cette personne.
Mme Harel: J'aimerais croire le ministre, mais il vient
contredire exactement ce que Me Suzanne Plamondon s'efforce de nous faire
comprendre depuis une heure. D'abord, comment allez-vous vérifier la
qualité de créancier? C'est une question qui est restée
sans réponse. Comment vérifier la qualité de
créancier et écarter les inopportuns? Comment cela va-t-il se
faire? À ça, on n'a pas encore de réponse, et la plupart
des biens ne seront pas identifiables. Le ministre nous dit: Ça va
être tel bien. Comment allez-vous pouvoir l'identifier? Il n'est pas
enregistré, sauf s'il y a une fiche descriptive, mais le bien,
dans la plupart des cas, il ne sera pas Identifiable. Alors, ça va donc
être au nom de la personne. Première question: Comment
vérifier la qualité du créancier? Deuxième
question: Comment identifier des biens qui ne sont pas identifiables? Comment
va apparaître l'information? Elle n'apparaîtra pas au bien, elle va
apparaître à la personne sur l'écran. Est-ce que le
créancier ou, en fait, la personne qui veut obtenir l'information va
avoir accès directement à l'écran ou si c'est un membre du
personnel qui va lui transmettre l'information?
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais dire
tout d'abord que Mme Plamondon n'a pas dit le contraire de ce que j'ai dit.
Elle a dit...
Mme Harel: Non, non, c'est vous qui dites le contraire.
M. Rémillard: Ah! peut-être que vous vouliez mettre
ça à ce niveau-là, mais je peux vous dire qu'on dit
exactement la même chose. Elle nous dit, Mme Plamondon, que tout est
possible dans te système, mais que pour nous, ce qui est important,
c'est en fonction des principes qu'on vient d'établir, à partir
du principe général auquel nous référait Me
Frenette il s'agit, bien sûr, de composer les règles en
conséquence. Je vous en ai donné une règle qui est
établie dans notre projet - c'est ce qu'on veut: Lorsqu'il y a
information sur un bien, il n'y a pas communication d'informations sur
l'ensemble des biens. Ça c'est clair.
Mme Harel: C'est évident. S'il n'y a pas d'information sur
un bien?
M. Rémillard: S'il n'y a pas d'information, il ne l'aura
pas. Ça veut dire que s'il n'y a pas l'information, si le bien n'est pas
hypothéqué, il ne l'aura pas. Ça va autant...
Mme Harel: Non, non, M. le ministre. Pour moi, on ne se comprend
pas sur le système. Le bien peut être hypothéqué,
mais l'inscription ne sera pas faite en désignant ce bien. L'inscription
va se faire au nom de la personne. Et il n'y a que quelques biens. Pour tout de
suite, c'est ce qui flotte, c'est ce qui roule et c'est ce qui vole. C'est
tout.
M. Rémillard: Les biens qui peuvent être
identifiés séparément, c'est-à-dire avec leur
propriété par un numéro de série, etc., par le fait
même, on peut penser certainement qu'ils peuvent être
identifiés comme biens directement. Cependant, où ce n'est pas
possible d'avoir une telle identification, il faut penser à un autre
système et l'autre système, c'est en fonction du
propriétaire. Ça, c'est très clair. C'est
évident.
Mme Harel: C'est-à-dire que le sytème,
actuellement, est en fonction de la personne désignée et il
pourrait y avoir des exceptions qu'on ne nous confirme pas, peut-être
dans un règlement d'application. On nous dit qu'on travaille,
actuellement, sur la faisabilité de ce qui vole, roule et flotte...
M. Rémillard: C'est en fonction des deux.
Mme Harel: ...et peut-être la faisabilité d'autres
biens, mais des biens individualisés qui pourraient être
désignés. Ça, si vous voulez, c'est comme en annexe d'un
système général d'enregistrement qui, lui, est
conçu à la personne désignée.
M. Rémillard: Non, c'est conçu pour les deux. Je
veux être bien clair là-dessus. C'est conçu pour les
deux.
Mme Harel: C'est conçu pour les deux.
M. Rémillard: C'est conçu pour les deux, autant
pour les biens que pour les personnes. Même comme vient de me dire Mme
Plamondon, l'un ne va pas sans l'autre. Je vais lui demander de
compléter, mais je veux bien qu'on s'entende là-dessus. M. le
Président, c'est que le système est fait pour les deux: pour les
biens et au niveau des personnes propriétaires.
Le Président (M. Lafrance): Me Plamondon, vous
désirez apporter des précisions complémentaires?
Mme Potvin-Plamondon: Dans le cas du registre, les principes
établis au projet de loi 125 seront complétés par le
règlement d'application. L'article 2963 vous réfère au
règlement d'application pour la tenue du registre, les modalités
d'application du registre. Alors, quand un bien sera "individualisable", le
règlement va prévoir comment on devra désigner ce
bien-là et comment sera tenue la fiche descriptive. Lorsqu'une garantie
sera présentée au bureau de la publicité, elle sera
portée à la fois sur le nom, et à la fois sur le bien.
L'un ne va pas sans l'autre. Alors, il n'y a pas de système
général...
Mme Harel: Quand les biens seront "indi-viduaHsables", c'est bien
ça? Vous nous avez dit tantôt...
Mme Potvin-Plamondon: Tout dépend du sens...
Mme Harel: ...que les biens identifiables sont en nombre
limité. Vous nous avez dit que vous étiez en train de
compléter des études de faisabilité, que vous ne le saviez
pas encore. Alors, là il faudrait savoir ce qui en est.
M. Rémillard: Écoutez, M. le Président,
simplement, si vous me permettez. On vérifiera. Très bien. Je ne
veux pas vous interrompre, M. le Président, si vous avez quelque chose
à dire.
Le Président (M. Lafrance): Allez-y, M. le ministre,
j'allais tout simplement peut-être... Je sais qu'il y a M. le
député de Westmount aussi qui a demandé la parole.
J'aimerais peut-être aussi, quand vous aurez terminé,
suggérer une pause de peut-être une dizaine de minutes.
M. Rémillard: Oui, l'humanité a ses besoins.
Le Président (M. Lafrance): Humanitaires, oui.
M. Rémillard: M. le Président, ce que je voudrais
dire, c'est que Mme Plamondon nous a dit depuis le début que le
système au départ est autant pour les biens que pour les
personnes. Pour les biens, ça se réfère à des biens
qui sont identifiables. Les biens identifiables, ils sont en fonction de
catégories limitées. Exactement, M. le Président. C'est
exactement ça qui a été fait.
Alors, on a cité des exemples des biens identifiables par des
numéros de série, par d'autres façons. Ça peut
même être un cheval pur sang qui est identifiable par son tatouage.
M. le Président, il est vrai qu'il y a des biens qui ne peuvent pas
être identifiables de cette façon. Donc, on se
référera à la personne. Or, si un créancier se
présente et veut savoir l'état d'un bien qui n'est pas
identifiable par une entité spécifique, comment
procède-t-il? Il demande l'état de ce bien et la façon de
chercher sera par la personne.
Là, on peut imaginer différents scénarios
possibles. On pourrait, par exemple, exiger qu'avant de faire une telle
recherche on ait l'accord du débiteur. Ça, c'est une façon
qu'on pourrait faire. Donc, on ne pourrait pas donner l'information au
créancier par le nom si ce n'était avec l'information, avec la
permission du débiteur. Ça, c'est une possibilité. C'est
un scénario qui est envisagé.
M. le Président, c'est difficile pour le moment de faire tous ces
scénarios possibles. Ce qui nous guide, c'est la sécurité
qui doit accompagner ce registre tant pour donner au tiers l'information sur
l'état de ce bien et, d'autre part, le respect aussi de la vie
privée. C'est les deux éléments. Quand on se
réfère à l'article 3006, M. le Président, il est
clair que le gouvernement peut, par règlement, prendre toute mesure
nécessaire à la mise en application du présent livre. Il
peut notamment établir les normes de présentation des
réquisitions d'inscription et en déterminer la forme et le
contenu. Il peut déterminer également la forme et le contenu des
documents, avis, attestations et déclarations qui ne sont pas
régis par la loi. Le gouvernement peut déterminer en outre la
forme, le support et la teneur de tous registres et fiches tenus par un
officier de la publicité, le support de conservation des
réquisitions, le mode de renumérotation de toute fiche
immobilière, la manière de faire les différentes
inscriptions sur les registres ainsi que les abréviations qui peuvent
être utilisées dans les désignations d'un bien meuble. Il
fixe aussi les jours et les heures d'ouverture et les services des bureaux, les
modalités des consultations des registres et les formalités de
délivrance des relevés ou des certificats.
M. le Président, c'est, évidemment, l'amendement que je
vais proposer. Je pense que vous êtes informé de cet
amendement-là. C'est l'amendement que nous allons proposer à la
suite des discussions que nous avons eues. Par cet amendement, donc, je crois
qu'on vient de couvrir toute l'ampleur du champ que nous devons avoir devant
nous, qui n'est pas facile par l'aspect technique, mais qui doit nous amener
quand même à nous référer aux principes qu'on doit
adopter ici. Ce sont les principes et les modalités de l'application.
Nous les verrons par règlement.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
Avant de vous laisser la parole, j'aimerais peut-être suggérer une
pause de 10 minutes. Alors, je suspends nos travaux pour 10 minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 44)
Le Président (M. Lafrance): Si vous voulez prendre place,
s'il vous plaît, nous allons reprendre nos travaux. Je déclare
donc cette séance de travail réouverte.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: ...me permettez-vous? C'est qu'il semble y
avoir un accord de la commission qu'on puisse poursuivre nos travaux
jusqu'à 13 heures. Est-ce que ça vous cause des
embêtements?
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Harel: M. le Président, qu'est-ce que le ministre
entend faire cet après-midi?
M. Rémillard: Bien, cet après-midi, je crois qu'il
n'y a pas d'experts de disponibles.
Mme Harel: Non, c'est ça.
M. Rémillard: Alors, on ne peut pas travail-
1er cet après-midi. C'est ça le problème.
Mme Harel: C'est ça. D'accord. Alors, jusqu'à 13
heures, consentement.
Le Président (M. Lafrance): II y a consentement
jusqu'à 13 heures. D'accord.
Dispositions générales
Alors, je vais appeler les articles 2918 à 2921. Nous en
étions donc à des discussions relativement aux dispositions
générales. Je laisse la parole à M. le
député de Westmount.
M. Hokfen: Merci, M. le Président. Mme Plamondon, on
parlait des biens non identifiables. Qu'est-ce qu'on fait dans les autres
juridictions au sujet de biens non identifiables? Parce qu'il me semble que,
souvent, quelqu'un va nantir ses biens meubles en général, des
fois, pour avoir un emprunt, alors on ne peut pas Identifier chaque item.
Disons, une oeuvre d'art, comment fait-on? On la décrit ou quoi?
Qu'est-ce qu'on fait dans les autres juridictions?
Mme Potvin-Plamondon: À ma connaissance, ce qui est fait,
c'est qu'on complète un avis, qu'on appelle, où il y a la
désignation du bien, de la façon dont le créancier entend
le désigner. C'est produit pour enregistrement et la publicité
est portée au nom seulement.
M. Holden: Dans le cas d'une demande de quelqu'un, d'un
créancier ou d'un acheteur ou de je ne sais qui, on l'identifie comme
ça, on n'a pas de problème à...
Mme Potvin-Plamondon: II n'y a aucun problème au niveau de
l'accès; il n'y a pas de restriction en tant que telle au niveau de
l'accès. L'accès se fait à partir du nom seulement.
M. Holden: Avez-vous dans vos études... Est-ce qu'on est
rendu au point... Parce que, naturellement, il va y avoir beaucoup de notaires
et d'avocats qui vont être appelés à faire enquête.
Comment va-t-on identifier la personne qui aurait le droit de demander des
renseignements? Est-ce que vous êtes rendu là encore?
Mme Potvin-Plamondon: Non. M. Holden: Non.
Mme Potvin-Plamondon: Non, on n'est pas rendu là. Comme le
disait le ministre tout à l'heure, c'est au niveau du règlement
d'application qu'on va définir toutes ces modalités de
consultation et d'accès au registre.
M. Holden: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Westmount. Mme la députée de
Ter-rebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Au niveau du principe
général de l'hypothèque mobilière, on sait...
M. Rémillard: De l'hypothèque mobilière?
Mme Caron: Oui. M. Rémillard: Commerciale, hein? Mme
Caron: Oui.
M. Rémillard: Parce que l'autre, on va en discuter
à fond un peu plus tard.
Mme Caron: Individuelle. Mme Harel: Personnelle. M.
Rémillard: Personnelle? Mme Caron: Personnelle.
M. Rémillard: C'est parce que je veux simplement qu'on
s'entende, M. le Président.
Mme Harel: C'est la personne qui n'exploite pas une
entreprise.
M. Rémillard: Est-ce qu'on fait la discussion sur
l'hypothèque mobilière immédiatement? J'aimerais quand
même bien préciser...
Mme Harel: ...à l'hypothèque.
M. Rémillard: C'est parce que le registre va intervenir et
il y a des incidences, d'une certaine façon. Cependant, je me
permettrais de dire à la commission que je vais avoir des informations
encore cette semaine et j'aimerais pouvoir informer cette commission de tous
ces aspects concernant l'hypothèque mobilière personnelle.
J'aimerais donc, M. le Président, si c'était possible, qu'on ne
discute pas, aujourd'hui, du fond de l'hypothèque mobilière sur
les biens meubles au niveau personnel parce qu'on va y revenir, je pense
dès la semaine prochaine. Je présenterai, à ce
moment-là, tous les éléments d'information que nous aurons
pour prendre une décision.
Mme Caron: Au niveau du registre, M. le Président, par
rapport à l'hypothèque mobilière, on sait que la
Fédération des ACEF et la FNACQ s'étaient
prononcées à l'effet que l'enregistrement des biens serait
acceptable si c'étaient des biens de valeur. Donc, on pariait
d'automobiles, de maisons mobiles, de bateaux, un petit peu ce que vous nous
disiez tantôt, ce qui roule, ce qui
flotte. Est-ce que vous avez étudié cette
hypothèse-là, de limiter l'enregistrement à ces
biens-là? Tantôt, vous m'avez dit que vous ne teniez pas compte de
la valeur des biens, mais la demande précise des associations de
consommateurs était sur ce sujet-là, sur la valeur des biens.
Est-ce que vous avez fait des évaluations quand même?
Le Président (M. Lafrance): Me Plamondon.
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, les hypothèses de
travail sont faites à partir du projet de loi 125 actuel. Dans
l'éventualité où il y aurait des modifications par rapport
à l'hypothèque mobilière quant au montant pour lequel un
consommateur ou une autre personne à caractère commercial
pourrait consentir une hypothèque mobilière, s'il devait y avoir
des modifications, à ce moment-là, il est évident qu'on en
tiendra compte. Le système de publicité arrive en bout de ligne.
Il faut bien comprendre, ça ne crée pas de droits, ça ne
fait qu'opposer les droits au tiers. Alors, on ne pourrait pas, de notre propre
chef, décider que l'enregistrement se limite aux biens d'une certaine
valeur.
M. Rémillard: M. le Président, oui, pour continuer
dans ces propos que vient de nous tenir Mme Plamondon. Lorsque nous
étudierons, la semaine prochaine, l'hypothèque mobilière,
il y a différents scénarios qu'on pourra étudier. Un de
ces scénarios, c'est les biens qui seraient hypothécables, les
biens de valeur, le bateau, les biens qui ne sont pas en relation directe avec
l'utilisation normale ou la vie normale d'un ménage. En fait, il y a
différents scénarios. Ça, ça en est un. L'autre
scénario, c'est que ce soit seulement les biens qui sont identifiables,
celui qui a le numéro de série ou le tatouage. On pourrait parler
des chevaux. On pourrait parler peut-être aussi des tableaux
identifiables par un peintre, etc., les actes d'authenticité. Ça,
c'est un autre scénario. L'autre scénario aussi, c'est que ne
seraient hypothécables que les biens... au moment où vous les
achetez; ensuite, ils ne sont plus hypothécables.
Il y a différents scénarios et je pense que ces
scénarios-là, j'aimerais pouvoir les identifier et dire: Bien,
voici les avantages, les inconvénients et ce qu'on propose. Mais il
demeure que, dans le projet que nous avons, ça va dépendre de la
décision de cette commission, ce qu'on fera. Quand on va s'arrêter
et qu'on va dire: Bien, très bien, l'hypothèque mobilière,
voici comment elle va s'appliquer et sur quoi elle va s'appliquer, à
partir de là, par la réglementation, on va réglementer en
fonction de ça. Et ce que nous pourrions faire, M. le Président,
c'est qu'à ce moment-là, quand on aura pris notre
décision, les principes sont ici, mais le règlement, on pourrait
l'étudier en commission parlementaire. Ce n'est pas souvent que
ça arrive, ça, mais je le propose à cette commission.
Comme c'est du droit nouveau et c'est important, puis qu'il y a un
élément de vie privée, il y a un élément de
protection du tiers, du créancier, et c'est un élément
important, je propose tout simplement à cette commission... Je sais que
ça ne se fait pas souvent et je ne veux pas faire de
précédent, mais je le fais parce que je trouve que les travaux
ici se situent dans un cadre non partisan, non politique et que, par
conséquent, je pense que le sujet est de cette importance. On pourrait
arriver ici avec un avant-projet et, dans la suite de l'article avec la
modification que je fais à 3006 où on parle d'un
règlement, ce règlement, je prendrais l'engagement de venir en
discuter en commission parlementaire.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, nous apprécions,
évidemment, puisque nous l'avons fait, notamment, lors de l'examen du
règlement concernant le Tribunal des droits de la personne, ici
même en commission parlementaire. Alors, ce serait, oui, une
façon, finalement, aussi de donner une sorte de régime de
publicité à ce règlement d'application et d'en permettre
un examen parlementaire plus approfondi.
M. Rémillard: Dans ce cadre-là, M. le
Président, ce que je me permets de dire, c'est qu'il faut qu'on prenne
nos décisions le plus tôt possible pour qu'on se mette à la
rédaction, parce que, là aussi, il ne faudrait pas retarder, et
que je puisse présenter ce règlement en commission parlementaire
dans les prochains mois, qui vont suivre.
Mme Harel: Vous comprenez, M. le Président, que le
registre des droits réels ne porte que sur les sûretés,
finalement. Alors, c'est difficile de l'étudier en mettant de
côté l'hypothèque mobilière. Et, dans ce
sens-là, je pense bien qu'un des scénarios qui, pour nous, du
côté de l'Opposition officielle, est le scénario qui
retiendrait notre assentiment, nous semblerait plus prudent, c'est celui de
convenir d'un registre pour enregistrer les droits réels mobiliers
seulement pour les biens identifiables dans le cas des personnes qui
n'exploitent pas d'entreprises, évidemment tous les biens lorsque les
personnes exploitent une entreprise. C'est ce qui nous apparaît, à
ce moment-ci, être une façon assez prudente de nous engager dans
la voie où on nous invite à aller, de manière à
évaluer, au fur et à mesure, l'implantation du système
lui-même, puis, s'il y a lieu, d'allonger, d'élargir la liste des
biens qui peuvent être enregistrés.
M. Rémillard: M. le Président, je prends bonne note
de ce que vient de dire Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Attendons la
semaine prochaine qu'on fasse ce débat sur le fond, et qu'on ait
toutes les interventions, les gens qui sont encore en discussion avec nous. Je
vais en informer cette commission et je pense que nous sommes tous ici
très conscients des problèmes que ça peut soulever et
aussi des avantages. Je lisais ce matin dans La Tribune, et c'est le
député de Sherbrooke, membre de cette commission, membre assidu
de cette commission, qui me donnait cette coupure de journal de La Tribune,
Sherbrooke, ce matin 21 novembre... Le titre: "Le prêt sur gage, un
signal d'alarme, l'ACELF. Et on s'aperçoit que le prêt sur gage
est de plus en plus populaire. C'est un signe d'appauvrissement, oui, mais,
lorsqu'on compare le prêt sur gage, lorsqu'on compare les cartes de
crédit avec le taux d'intérêt énorme des cartes de
crédit, énorme, M. le Président, des cartes de
crédit, qu'est-ce qu'on doit faire?
D'une part, les cartes de crédit, le prêt sur gage qui
dépossède ou, en ce qui regarde une possibilité au point
de vue de l'hypothèque mobilière, ce sont des questions qu'on
devrait voir la semaine prochaine. Mais je répète, M. le
Président, pour qu'on puisse continuer nos travaux et
accélérer dans ce domaine de la publicité, j'offre donc
à cette commission de venir en commission parlementaire présenter
un avant-projet concernant ce registre. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve me mentionnait que ça avait déjà
été fait dans le cas de la Commission des droits et
libertés de la personne, la loi que nous avons faite, mais je dois dire
que, dans ce cas-là, c'est une obligation de par la loi, alors que moi,
c'est un engagement que je prends comme ministre et ça ne se fait pas
souvent, parce qu'il y a l'administratif et il y a l'exécutif qui
administre. Je le fais sans causer de précédent, je le fais parce
qu'il s'agit d'une situation tout à fait exceptionnelle concernant
l'administration de la justice dans un contexte qui est tout à fait
particulier. Donc, il ne s'agit pas de créer une règle ou un
élément de précédent, M. le Président, je
veux bien insister là-dessus, mais, étant donné
l'importance du sujet, j'offre à cette commission de procéder en
commission parlementaire avec un avant-projet de règlement.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve sur cette proposition.
Mme Harel: Deux remarques rapides, M. le Président. La
première, c'est qu'il faut aussi faire en sorte que le remède
qu'on voudrait appliquer à ces taux exorbitants de crédit assorti
d'une carte n'assomme pas, non plus, le cheval. Il y a des remèdes qu'il
faut examiner de près parce que, finalement, peut-être que le
meilleur remède, ce serait d'obtenir la juridiction pour
légiférer nous-mêmes sur les taux d'intérêt.
Évidemment, ce n'est pas ici qu'on va examiner ça. Mais je pense
que, cet après-midi, il y a la commission parlementaire sur la
souveraineté qui se réunit. Ce serait peut-être une
occasion d'en discuter.
Plus sérieusement, M. le Président, je remercie le
ministre de cette offre qu'il fait à cette commission d'examiner le
règlement d'application. Ce n'est pas vraiment un
précédent, il ne faut pas qu'il s'en Inquiète, son
collègue, le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité
du revenu et de la Formation professionnelle a soumis à l'examen de la
commission parlementaire le règlement, notamment en matière de
sécurité du revenu. Il en a été de même pour
son collègue, le ministre de l'Éducation, pour les prêts et
bourses. Disons qu'il n'y a pas à s'inquiéter. En fait, c'est
même une manière de faire qui était réclamée
par l'Opposition libérale qui avait juré que, lorsqu'elle
prendrait le pouvoir, y y aurait moins de législation
déléguée où les législateurs ne devenaient
que bons à cautionner, finalement, des lois qui donnaient à
l'Exécutif le pouvoir de faire des règlements. Je vois que c'est
dans un même esprit, puis on apprécie la proposition qui nous est
faite.
Le Président (M. Lafrance): Merci. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce qu'on peut,
à ce moment-là, procéder à...
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: ...l'appel des articles pour qu'on puisse
procéder? (12 heures)
Mme Harel: D'accord. Je veux bien vérifier une chose, M.
le Président, en regard de la Commission d'accès à
l'information. Hier, Me Rousseau communiquait, à ma demande, avec le
contentieux de la Commission d'accès à l'information et lui
faisait parvenir l'ensemble des documents traitant de la publicité, des
modalités de la publicité. Est-ce à dire que le
ministère avait déjà communiqué avec le contentieux
de la Commission d'accès à l'information?
M. Rémillard: II y a déjà des discussions
informelles qui ont eu lieu.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut nous indiquer si c'est le
contentieux de la Commission d'accès, parce que nous avons dû
nous-mêmes leur faire parvenir toute la documentation relative à
la publicité, aux modalités.
M. Rémillard: Au niveau du ministère des
Communications, le ministre responsable de la Commission, le ministre des
Communications, a déjà le projet. Des discussions formelles ont
pu avoir lieu sur certains aspects, mais on me dit que la Commission
d'accès aussi, en ce qui regarde différentes autres
étapes, était impliquée
en ce qui regarde la réglementation... Mme Harel:
Impliquée?
M. Rémillard: ...a été consultée...
Impliquée dans le sens de consultée.
Mme Harel: II n'ont pas l'air d'être au courant, en tout
cas.
M. Rémillard: C'est ce que Mme Plamondon m'a
confirmé tout à l'heure.
Mme Harel: Je ne sais pas. Je ne crois pas avoir entendu Mme
Plamondon le confirmer.
M. Rémillard: C'est ce qu'elle m'a confirmé. C'est
ça? Que la Commission était impliquée dans les
différentes étapes pour la réglementation?
Une voix: ...la consultation à une...
Mme Harel: Sur l'hypothèque mobilière et les
modalités de la publicité.
Mme Potvin-Plamondon: Oui, à une étape
ultérieure.
Mme Harel: Ultérieure? Ah!
Le Président (M. Lafrance): Oui. Me Plamondon va nous
apporter ces précisions, s'il vous plaît.
Mme Harel: D'accord.
Mme Potvin-Plamondon: Dans le processus de consultation, il y a
plusieurs phases de prévues aussi, dont une au niveau de la phase
réalisation et c'était prévu.
Mme Harel: De les rencontrer? Mme Potvin-Plamondon:
Oui.
Mme Harel: C'est ce qui explique pourquoi ils ne sont pas
informés présentement.
Mme Plamondon: C'est ça.
Mme Harel: Bon. D'accord. Alors, merci beaucoup. Pour nous, vous
savez, c'est important d'avoir l'expertise de la Commission d'accès
à l'information. Après leur avoir fait parvenir les documents
hier, nous nous sommes assurés qu'au plus tôt nous pourrions
obtenir un point de vue, en tout cas, rapide, mais certainement utile sur ce
chapitre que nous voyons.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. Bien, il y avait quelqu'un ici qui
suivait nos travaux. Même hier, quelqu'un de la Commission était
ici dans la salle et suivait nos travaux, hier.
Mme Harel: Nous avons communiqué avec eux, alors,
ça ne m'étonnerait pas qu'ils aient envoyé quelqu'un. Mais
je pense que c'était la première fois.
M. Rémillard: En tout cas, cette personne était
ici. C'est quelqu'un de très compétent...
Mme Harel: Ah! certainement.
M. Rémillard: ...qui travaille au niveau de la Commission
et a toute information qu'ils peuvent nous donner. Cependant, il faut se
référer à la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, ou
à la Commission, qui dit, à l'article 2, que la présente
loi ne s'applique pas aux actes et registres de l'état civil. C'est
textuel. Cependant, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas
bénéficier de l'expertise qu'on peut avoir de la Commission.
S'ils peuvent nous faire valoir leur expertise, tant mieux. Il n'y a pas de
problème là-dessus.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Donc,
nous allons continuer avec l'étude article par article. Je vais donc
appeler les articles 2918 à 2921 inclusivement, en vous rappelant que
deux amendements avaient été proposés par M. le ministre,
soit à l'article 2918 et à l'article 2920.
Mme Harel: L'autre mode expressément prévu par la
loi, tel que formulé à 2918, au premier alinéa, c'est la
détention, c'est-à-dire lorsqu'il y a dépossession. C'est
ce qu'il faut comprendre? C'est le seul autre mode qui est prévu par la
loi?
M. Rémillard: Oui, c'est ce qu'il faut comprendre. C'est
ce qu'il faut comprendre, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires touchant ces articles, l'article 2918 est adopté tel
qu'amendé, l'article 2919 est adopté tel quel, l'article 2920 est
adopté tel qu'amendé et l'article 2921 est adopté tel
quel.
Des droits soumis à la publicité
J'aimerais maintenant vous référer au chapitre
deuxième qui traite des droits soumis à la publicité.
Permettez-moi de vous lire le texte d'introduction à ce chapitre
deuxième.
Le chapitre Des droits soumis à la publicité est aussi
fondamental que celui des conditions générales: il
précise, par deux dispositions générales, les droits qui
sont soumis ou admis à
la publicité et les modalités de ces droits qui sont aussi
soumises à la publicité. Le Code civil actuel ne contient pas de
dispositions générales équivalentes, quoique plusieurs de
ses articles aient cet effet cumulatif.
Le chapitre deuxième formule, par deux règles
générales, la teneur et la portée de diverses
règles particulières, même d'ordre général,
qu'on trouve éparpillées au Code civil actuel. L'innovation ne se
situe pas au plan des principes; elle se situe au plan de la formulation des
principes. Le chapitre deuxième innove, cependant, sur un autre point:
il admet à la publicité certains transferts d'autorité
relatifs à des immeubles, ce qui permettra à la personne qui
aurait un droit ou une réclamation à faire valoir de savoir
rapidement et facilement à qui elle doit s'adresser.
M. Rémillard: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: ...est-ce que vous avez appelé les
articles? Je m'excuse...
Le Président (M. Lafrance): Non, j'allais le faire.
M. Rémillard: Excusez-moi.
Le Président (M. Lafrance): Alors, j'appelle donc les
articles 2922 à 2924 inclusivement.
M. Rémillard: Oui, nous avons trois amendements, M. le
Président.
L'article 2922 est modifié: 1° par le remplacement, dans le
deuxième alinéa, des mots "des acquêts ou de la valeur" par
les mots "de la valeur des acquêts ou"; 2° par l'ajout, dans le
même alinéa, après les mots "patrimoine familial", des mots
", ainsi que le jugement qui annule la renonciation"; 3e par
l'ajout, dans le troisième alinéa, après la
première phrase, de la phrase suivante: "La modification ou l'extinction
d'un droit ainsi publié est soumise à la publicité."
M. le Président, le remplacement est de concordance avec
l'article 480 qui prévoit que le partage des acquêts s'effectue
sur la valeur. Par ailleurs, bien que les droits personnels et les droits
réels mobiliers ne soient soumis à la publicité que par
disposition ou autorisation expresse de la loi, il convient, lorsque semblable
prescription existe, de prévoir que la modification ou l'extinction d'un
droit ainsi publié soit aussi publiée. En raison de ces
amendements, l'article 2922 se lirait comme suit: "Sont soumises à la
publicité, l'acquisition, la constitution, la reconnaissance,
l'extinction, la modification et la transmission d'un droit réel
immobilier. "Le sont aussi la renonciation à une succession, à un
legs, à une communauté de biens, au partage de la valeur des
acquêts ou du patrimoine familial, ainsi que le jugement qui annule la
renonciation. "Les autres droits personnels et les droits réels
mobiliers sont soumis à la publicité dans la mesure où la
loi prescrit ou autorise expressément leur publication. La modification
ou l'extinction d'un droit ainsi publié est soumise à la
publicité."
L'article 2923 est modifié: 1° par l'insertion, à
l'avant-dernière ligne, après les mots "droit soumis", des mots
ou admis"; 2° par l'insertion à la dernière ligne,
après le mot "soumises", des mots "ou admises"; 3° par l'ajout,
à la fin, après les mots "soumjses à la publicité",
des mots ". de même que la cession ou la transmission de ces droits".
M. le Président, le premier ajout est de concordance avec
l'article 2920. Le second vise à couvrir la cession de droits
résultant de certains contrats lorsque les droits résultant de
ces contrats ont été publiés. En raison de cet amendement,
l'article 2923 se lirait comme suit: "Les restrictions au droit de disposer qui
ne sont pas purement personnelles, ainsi que les droits de résolution,
de résiliation ou d'extinction éventuelle d'un droit soumis ou
admis à la publicité, sont aussi soumises ou admises à la
publicité, de même que la cession ou la transmission de ces
droits."
L'article 2924 est modifié par l'insertion, dans le
troisième alinéa, après le mot "avis", des mots "qui
désigne l'immeuble visé, précise l'étendue de
l'autorité transférée, ainsi que la durée du
transfert, et".
M. le Président, ajout de précisions techniques visant
à assurer une publicité suffisante du transfert d'autorité
et du contenu de celui-ci pour l'information des tiers. En raison de cet
amendement, l'article 2924 se lirait comme suit: "Les transferts
d'autorité relatifs à des immeubles par le gouvernement du
Québec en faveur du gouvernement du Canada, et inversement, sont admis
à la publicité. "Il en est de même des transferts
d'autorité par le gouvernement du Canada ou par le gouvernement du
Québec en faveur de personnes morales de droit public, et inversement.
"L'inscription du transfert est requise par la présentation d'un avis
qui désigne l'immeuble visé, précise l'étendue de
l'autorité transférée, ainsi que la durée du
transfert, et qui indique la loi en vertu de laquelle le transfert est
fait."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires touchant ces trois articles tels
qu'amendés? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Au
sujet de l'article 2924, s'il vous plaît. Les transferts
d'autorité dont il est fait état à cet article, le
commentaire indique bien qu'il ne s'agit pas de droits réels en
question. On mentionne également dans le commentaire que c'est pour
faciliter la vie des personnes qui n'auraient pas été au courant
du transfert d'autorité. D'une part, est-ce qu'il ne peut s'agir donc
que de locataires relativement à ces immeubles et, s'il ne s'agit pas de
droits réels, est-ce que le transfert d'autorité ne veut dire,
franchement, qu'un transfert de gestion d'un immeuble?
M. Rémillard: Mme Longtin, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Longtin.
Mme Longtin (Marie-José): En fait, M. le Président,
d'une part, ici, ce qui est visé, c'est un peu plus que la gestion. On
peut penser ici, par exemple, à des tronçons de route dont le
transfert se fait entre une municipalité et le gouvernement, ou à
un parc, qui peut avoir lieu entre deux gouvernements, enfin n'importe quel
type de terrain. Pendant que ces transferts-là ont lieu, le gouvernement
ou la personne morale qui a la responsabilité de l'immeuble peut faire
sur cet immeuble différents types d'actes. Je crois qu'on doit aller
beaucoup plus loin que strictement se référer à un concept
de gestion qui est un concept plus fonctionnel et quotidien, plus terre
à terre, si on veut.
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette: Un complément d'information, s'il vous
plaît. Donc, de fait, lorsqu'on requiert que l'inscription précise
l'étendue de l'autorité, c'est cette étendue
d'autorité qui nous permettra de vérifier vraiment la
capacité, par exemple, en termes des droits qui pourront être
transférés aux personnes qui transigeront avec l'autorité
en question.
Mme Longtin: C'est effectivement le cas.
Donc, ça permettrait aux gens d'être bien au courant de qui
doit être leur interlocuteur par rapport à tel type de
contrat.
M. Frenette: Est-ce que cette autorité pourrait aller
jusqu'à permettre un transfert de propriété,
d'après vous?
Mme Longtin: Je ne crois pas. Je pense que c'est régi par
une autre dynamique que celle-ci.
Mme Harel: C'est essentiellement une disposition qui va
bénéficier au tiers? C'est ce qu'il faut comprendre?
Mme Longtin: Essentiellement, oui. C'est une question de
faciliter l'accès à l'information, enfin de savoir à qui
la personne doit s'adresser lorsque survient un événement eu
égard à tel immeuble. On peut penser que ça appartient
à telle personne, tel gouvernement ou telle municipalité, alors
qu'en fait, tout le contrôle de l'immeuble a été
transféré à un autre gouvernement.
M. Rémillard: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le ministre.
M. Rémillard: II faudrait que je relise l'amendement
à l'article 2924 parce qu'il semblerait qu'il y avait deux versions, une
qui datait... Je n'ai donc pas lu la bonne version de l'amendement que nous
proposons. Si vous me permettez, je vais donc reprendre. En haut, on peut lire,
à droite: "Imprimé le 20 novembre 1991". (12 h 15)
Le Président (M. Lafrance): Alors, si je comprends bien,
vous désirez retirer l'amendement tel qu'il a été
proposé à l'article 2924.
M. Rémillard: À l'article 2924, et je vais en
proposer un autre qu'on va lire. Alors, l'article 2924 est modifié, dans
le troisième alinéa: 1° par le remplacement des mots "est
requise" par les mots "s'obtient"; 2° par l'insertion, après le mot
"avis", des mots "qui désigne l'immeuble visé, précise
l'étendue de l'autorité transférée, ainsi que la
durée du transfert, et".
M. le Président, c'est un ajout de précisions techniques
visant à assurer une publicité suffisante du transfert
d'autorité et du contenu de celui-ci pour l'information des tiers. En
raison de cet amendement, l'article 2924 se lirait comme suit: "Les transferts
d'autorité relatifs à des immeubles par le gouvernement du
Québec en faveur du gouvernement du Canada, et inversement, sont admis
à la publicité. "Il en est de même des transferts
d'autorité par le gouvernement du Canada ou par le gouvernement du
Québec en faveur de personnes morales de droit public, et inversement.
"L'inscription du transfert s'obtient par la présentation d'un avis qui
désigne l'immeuble visé, précise l'étendue de
l'autorité transférée, ainsi que la durée du
transfert, et qui indique la loi en vertu de laquelle le transfert est
fait."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Frenette.
M. Frenette: Une dernière question, toujours à
propos de l'article 2924. Si la disposition vise à faciliter la vie de
ceux qui ont à transiger avec la nouvelle autorité responsable de
certains
immeubles, pourquoi la publicité n'est-elle pas obligatoire
plutôt que simplement admise?
Le Président (M. Lafrance): Me Longtin.
Mme Longtin: M. le Président, d'une part, parce que, comme
on le verra au premier alinéa, il y a les transferts d'autorité
qui sont faits entre le gouvernement du Canada en faveur du gouvernement du
Québec, et vice versa, et on ne peut, dans la législation
québécoise, forcer un gouvernement autre à respecter ces
dispositions, de sorte que le gouvernement, enfin, la couronne du chef
fédéral peut se prévaloir des lois provinciales et donc
agir en conséquence et auquel cas elle se soumet volontairement, mais on
ne peut la forcer à le faire, d'où l'admission, en fait.
M. Rémillard: M. le Président, on connaît ces
règles de droit administratif à l'effet qu'une loi
fédérale lie la couronne provinciale, mais qu'une loi provinciale
ne lie pas la couronne fédérale.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre, pour
ces précisions. Me Frenette.
M. Frenette: Est-ce que je dois comprendre que, si le
gouvernement fédéral était propriétaire d'un
immeuble au Québec, il n'aurait pas besoin de soumettre son droit
à la publicité pour l'opposer au...
M. Rémillard: En théorie... M. Frenette: En
théorie.
M. Rémillard: ...comme, par exemple, le gouvernement
fédéral peut décider de construire un immeuble de 50
étages en plein quartier résidentiel s'il est propriétaire
du terrain et il n'est pas sujet au zonage dans une municipalité.
Ça, c'est de la théorie. La pratique, évidemment, c'est
différent. L'immatriculation des voitures, le Code de la route, etc.
Mais en théorie, c'est ce qui existe de par la jurisprudence.
Maintenant, la réalité fait que la couronne
fédérale se plie aux lois provinciales d'application
générale susceptibles de protéger le bien public et
l'intérêt public.
Des effets de la publicité
Le Président (M. Lafrance): Alors, ces trois articles,
2922, 2923 et 2924, sont donc adoptés tel qu'amendés. Nous en
arrivons au titre deuxième qui traite des effets de la publicité.
Je demanderais à ma collègue, Mme la députée de
Kamouraska-Témiscouata, si elle veut bien nous lire le texte
d'introduction à la page 17 du livre qui contient les commentaires
détaillés sur les dispositions du projet de loi.
Mme Dionne: Oui, M. le Président. Des effets de la
publicité, articles 2925 à 2953. Le titre deuxième traite
des effets de la publicité et se divise en cinq chapitres. Le premier
concerne l'opposabilité des droits à l'égard des tiers,
l'effet, entre les parties, des droits non publiés, l'effet du
renouvellement de la publicité, la réputation de connaissance
d'un droit publié et la force probante qui s'attache à une
inscription sur un registre.
Le chapitre deuxième qui traite du rang précise le moment
où s'établit le rang d'un droit; il énonce aussi les
règles respectivement applicables à deux acquéreurs qui
tiennent leur titre d'un même auteur, à l'inscription
simultanée de droits de même nature concernant le même bien,
à l'inscription d'une hypothèque immobilière, à
l'hypothèque qui porte sur une universalité d'immeubles ou de
meubles, à l'hypothèque du vendeur pour le paiement du prix de
vente d'un bien meuble, à l'hypothèque qui porte sur un meuble
subséquemment incorporé à un immeuble, aux
hypothèques légales en faveur des personnes qui ont
participé à la construction ou à la rénovation d'un
immeuble, aux hypothèques grevant des meubles qui ont été
transformés, mélangés ou unis, de telle sorte qu'un meuble
nouveau en est résulté, à l'hypothèque
mobilière sur le meuble d'autrui ou sur un meuble futur, à
l'hypothèque ouverte et, enfin, à la cession de rang entre
créanciers hypothécaires.
Le chapitre troisième traite de certains autres effets
résultant de la publicité. À cette fin, ce chapitre
précise l'effet de la prescription sur la publicité des droits,
l'effet de la publication d'un droit après l'inscription d'une saisie ou
du préavis d'exercice d'un recours, l'effet de l'inscription d'une
saisie ou du préavis d'exercice d'un recours et l'effet de l'inscription
d'une hypothèque sur les intérêts ou d'un droit de rente
sur les redevances; le chapitre troisième traite aussi de la
conservation du surplus des intérêts échus ou des
arrérages et de l'inscription de la substitution à l'égard
des biens acquis en remploi ou substitués.
Le chapitre quatrième qui traite de la protection des tiers de
bonne foi énonce les conditions du maintien dans son droit de la
personne qui acquiert un droit réel; il précise aussi les
conséquences du défaut de publicité et la condition de la
rectification ou de la radiation d'une inscription.
Le chapitre cinquième qui traite de la préinscription d'un
droit précise les conditions de l'inscription d'une demande en justice
ou d'un droit qu'une personne prétend lui résulter d'un
testament; il détermine aussi les conditions de l'effet
rétroactif de l'inscription qui fait suite à la
préinscription.
De l'opposabilité Le Président (M. Lafrance):
Merci, Mme la
députée. Permettez-moi maintenant de vous lire le texte
d'introduction au chapitre premier qui traite de l'opposabilité.
Le chapitre premier énonce l'objet général de la
publicité des droits tant mobiliers qu'immobiliers, reprend, en les
précisant, des règles du droit actuel dont certaines deviennent
fondamentales dans le système proposé et innove sur deux points:
premièrement, l'élimination de la notion de "bonne foi"
fondée sur le seul fait de s'être abstenu de consulter les
registres publics; deuxièmement, la force probante attachée
à une inscription sur les registres.
J'aimerais donc appeler les articles contenus à ce chapitre
premier, soit les articles 2925 à 2928 inclusivement.
M. Rémillard: M. le Président, il y a deux articles
que nous aimerions suspendre, 2927 et 2928, et nous avons un amendement
à 2926.
L'article est modifié par le remplacement des mots ", fait selon
la forme prescrite aux règles d'application du présent livre,"
par les mots "se fait par avis, de la manière prescrite par les
règlements pris en application du présent livre; ce
renouvellement".
M. le Président, l'amendement apporte une modification
rédactionnelle qui permet d'éliminer le mot "forme" qui donne au
pouvoir réglementaire une portée très limitée, de
mieux préciser ia forme du renouvellement et d'habiliter plus clairement
le gouvernement à réglementer pleinement le renouvellement d'un
droit. En raison de cet amendement, l'article 2926 se lirait comme suit: "Le
renouvellement de la publicité d'un droit se fait par avis, de la
manière prescrite par les règlements pris en application du
présent livre; ce renouvellement conserve à ce droit son
caractère d'opposabilité à son rang initial."
Du rang des droits
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires sur ces articles 2925 à 2928, en vous
rappelant que M. le ministre a demandé que 2927 et 2928 soient
laissés en suspens? Ça va. Donc, l'article 2925 est adopté
tel quel, l'article 2926 est adopté tel qu'amendé et les articles
2927 et 2928 sont laissés en suspens.
Nous en arrivons au chapitre deuxième qui traite du rang des
droits et permettez-moi de vous lire le texte d'introduction.
Le chapitre deuxième qui traite du rang des droits reprend
plusieurs règles du droit actuel, mais contient de nombreuses
innovations que justifie le nouveau droit des sûretés, ou le
comblement d'omissions dans le droit actuel. Ces innovations concernent le
moment précis où la publicité est complète, le
remplacement du registre de présentation, les réquisitions
simultanées d'inscription de droits de même nature ou
contradictoires sur un même bien, l'hypothèque qui porte sur une
universalité de meubles, l'hypothèque du vendeur pour le paiement
du prix de vente d'un bien meuble, l'hypothèque qui porte sur un meuble
subséquemment incorporé à un immeuble, les
hypothèques légales en faveur des personnes qui ont
participé à la construction ou à la rénovation d'un
immeuble, les hypothèques grevant des meubles qui ont été
transformés, mélangés ou unis, de telle sorte qu'un meuble
nouveau en est résulté, l'hypothèque mobilière sur
le meuble d'autrui ou sur un meuble futur et l'hypothèque ouverte.
Alors, j'appelle les articles contenus à ce chapitre
deuxième Du rang des droits, les articles 2929à 2941
inclusivement. (12 h 30)
M. Kehoe: M. le Président, il y a trois articles dont on
demande la suspension, soit 2934, 2935 et 2937. Il y a neuf amendements.
Le premier amendement est à l'article 2929. L'article 2929 est
modifié par le remplacement, dans le deuxième alinéa, des
mots "ont rang" par les mots "prennent rang".
Modification rédactionnelle de concordance avec l'article 2932.
En raison de cet amendement, l'article 2929 se lirait comme suit: "À
moins que la loi n'en dispose autrement, les droits prennent rang suivant la
date, l'heure et la minute inscrites sur le bordereau de présentation,
pourvu que les inscriptions soient faites sur les registres appropriés.
"Lorsque la loi autorise ce mode de publicité, les droits prennent rang
suivant le moment de la remise du bien ou du titre au créancier."
L'article 2930 est modifié: 1° par l'insertion, après
le mot "acquéreurs", des mots "d'un immeuble"; 2° par le
remplacement, à la fin de la première ligne, des mots "d'un" par
le mot "du".
Commentaire. Ajout d'une précision technique: en matière
immobilière, l'opposabilité aux tiers du titre d'acquisition
résulte de l'inscription qui en est faite sur le registre foncier; par
contre, en matière mobilière, de deux acquéreurs qui
tiennent leur titre d'un même auteur, le droit est acquis au premier qui
est mis en possession du bien. En raison de cet amendement, l'article 2930se
lirait comme suit: "De deux acquéreurs d'un immeuble qui tiennent leur
titre du même auteur, le droit est acquis à celui qui, le premier,
publie son droit."
L'article 2931 est modifié par la suppression des mots "; si ces
droits sont exclusifs les uns des autres, l'inscription est sans effet".
La probabilité de l'inscription simultanée de droits
exclusifs l'un de l'autre est quasi inexistante, cette inscription concernant
essentiellement le droit de propriété. La suppression de la fin
de la disposition paraît justifiée. En raison de cet amendement,
l'article 2931 se lirait comme suit: "Lorsque des inscriptions concernant
le
même bien et des droits de même nature sont requises en
même temps, les droits viennent en concurrence."
L'article 2932 est remplacé par le suivant: "L'hypothèque
immobilière ne prend rang qu'à compter de l'inscription du titre
du constituant, mais après l'hypothèque du vendeur
créée dans l'acte d'acquisition du constituant. "Si plusieurs
hypothèques ont été inscrites avant le titre du
constituant, elles prennent rang suivant l'ordre de leur inscription
respective."
Commentaire. Remplacement d'ordre technique. Dans la disposition
originale, les mots "fa date, l'heure et la minute" étaient cause de
confusion, puisque selon l'article 2129 les inscriptions rétroagissent
au moment de la présentation de la réquisition. Par ailleurs, le
premier alinéa de l'article 2932 pouvait être
interprété comme allant à rencontre du deuxième
alinéa de l'article 2925. En raison de cet amendement, l'article 2932 se
lirait comme suit: "L'hypothèque immobilière ne prend rang
qu'à compter de l'inscription du titre du constituant, mais après
l'hypothèque du vendeur créée dans l'acte d'acquisition du
constituant. "Si plusieurs hypothèques ont été inscrites
avant le titre du constituant, elles prennent rang suivant l'ordre de leur
inscription respective."
L'article 2933 est modifié par l'ajout, après le
deuxième alinéa, de l'alinéa suivant. "Toutefois, si
l'hypothèque n'a pas été publiée au bureau de la
circonscription foncière où se trouve l'immeuble acquis
postérieurement, l'inscription de l'hypothèque s'obtient par le
moyen d'un sommaire de l'acte constitutif, qui contient la désignation
de l'immeuble acquis."
Ajout technique précisant la manière d'agir lorsque
l'hypothèque n'a pas été publiée au bureau de la
publicité dans le ressort duquel se trouve l'immeuble acquis
postérieurement. En pareille hypothèse, l'avis est
remplacé à un sommaire de l'acte constitutif de
l'hypothèque désignant l'immeuble, car il importe de publier
l'hypothèque et de grever simultanément l'immeuble nouvellement
acquis.
En raison de cet amendement, l'article 2933 se lirait comme suit:
"L'hypothèque qui grève une universalité d'immeubles ne
prend rang, à l'égard de chaque immeuble, qu'à compter de
l'inscription de l'hypothèque sur chacun d'eux. "L'inscription de
l'hypothèque sur les immeubles acquis postérieurement s'obtient
par la présentation d'un avis désignant l'immeuble acquis,
faisant référence à l'acte constitutif d'hypothèque
et indiquant la somme déterminée pour laquelle cette
hypothèque a été consentie. "Toutefois, si
l'hypothèque n'a pas été publiée au bureau de la
circonscription foncière où se trouve l'immeuble acquis
postérieurement, l'inscription de l'hypothèque s'obtient par le
moyen d'un sommaire de l'acte constitutif, qui contient la désignation
de l'immeuble acquis."
L'article 2936 est remplacé par le suivant: "L'hypothèque
qui grevait un immeuble incorporé ultérieurement à un
immeuble et devenue immobilière ne peut être opposée aux
tiers qu'à compter de son inscription sur le registre foncier. "Entre
l'hypothèque qui grevait un immeuble ultérieurement
incorporé à un immeuble et l'hypothèque immobilière
qui concerne le même immeuble, la priorité de rang est acquise
à la première hypothèque inscrite sur le registre foncier.
"L'inscription sur le registre foncier de l'hypothèque qui grevait le
meuble s'obtient par la présentation d'un avis désignant
l'immeuble visé, faisant référence à l'acte
constitutif d'hypothèque, à l'inscription de celle-ci sur le
registre des droits personnels et réels mobiliers et indiquant la somme
déterminée pour laquelle cette hpothèque a
été consentie."
Les deux premiers alinéas de l'article 2936 original sont
reformulés pour clarifier la disposition, laquelle est liée aux
articles 900 à 902 tels qu'amendés, et à l'article
2783.
Dans le troisième alinéa, on précise la
manière d'obtenir l'inscription sur le registre foncier de
l'hypothèque qui grevait un meuble incorporé à un
immeuble. Après incorporation du meuble à l'immeuble,
l'hypothèque qui grevait celui-là étant devenue
immobilière (article 901), elle s'exerce sur la totalité de
l'immeuble. En raison de ce remplacement, l'article 2936 se lirait conmme suit:
"L'hypothèque qui grevait un meuble incorporé
ultérieurement à un immeuble et devenue immobilière ne
peut être opposée aux tiers qu'à compter de son inscription
sur le registre foncier. "Entre l'hypothèque qui grevait un meuble
ultérieurement incorporé à un immeuble et
l'hypothèque immobilière qui concerne le même immeuble, la
priorité de rang est acquise à la première
hypothèque inscrite sur le registre foncier. "L'inscription sur le
registre foncier de l'hypothèque qui grevait le meuble s'obtient par la
présentation d'un avis désignant l'immeuble visé, faisant
référence à l'acte constitutif d'hypothèque,
à l'inscription de celle-ci sur le registre des droits personnels et
réels mobiliers et indiquant la somme déterminée pour
laquelle cette hypothèque a été consentie."
L'article 2938 est modifié par le remplacement, à la fin
de la disposition, après les mots "valeur respective des", du mot
"créances" par les mots "meubles ainsi transformés,
mélangés ou unis". Ajout d'une précision technique
limitant la réclamation à la valeur du meuble effectivement
utilisé pour la formation d'un meuble nouveau Cet article est lié
à l'article 2657.
Note complémentaire. Voici un exemple qui illustre le
fonctionnement de la règle. A détient une hypothèque de
5000 $ sur un diamant, B, une
hypothèque de 1000 $ sur une perle et C, une hypothèque de
10 000 $ sur un lingot d'or. D, joaillier, utilisant 10 % du lingot, fabrique
une bague dans laquelle il insère le diamant et la perle.
L'hypothèque respective de A et B est reportée sur la bague en
proportion de la valeur effective du diamant et de la perle utilisés.
Par contre, l'assiette de l'hypothèque de C est divisée. C
conserve une hypothèque de 9000 $ sur le résidu du lingot; il
acquiert aussi une hypothèque sur la bague en proportion de la valeur de
l'or effectivement utilisé. La nouvelle règle empêche un
créancier de réclamer plus que la valeur effective du meuble qui
a servi à former le meuble nouveau.
En raison de cet amendement, l'article 2938 se lirait comme suit: "Les
hypothèques grevant des meubles qui ont été
transformés, mélangés ou unis, de telle sorte qu'un meuble
nouveau en est résulté, prennent le rang de la première
hypothèque qui a été publiée sur l'un des biens qui
ont servi à former le meuble nouveau, pourvu que la publicité de
l'hypothèque grevant le meuble qui a été
transformé, mélangé ou uni ait été
renouvelée sur le meuble nouveau; ces hypothèques viennent alors
en concurrence, proportionnellement à la valeur respective des meubles
ainsi transformés, mélangés ou unis."
L'article 2939 est modifié par le remplacement des mots ",
résultant du titre du constituant" par les mots "créée
dans l'acte d'acquisition du constituant si cette hypothèque est
publiée dans les quinze jours de la vente."
Ajout technique précisant qu'il s'agit de l'hypothèque du
vendeur créée dans l'acte d'acquisition du constituant et de
concordance avec l'article 2935 en ce qui concerne le délai
d'inscription de l'hypothèque du vendeur. En raison de cet amendement,
l'article 2939 se lirait comme suit: "L'hypothèque mobilière qui,
au moment où elle a été acquise, l'a été sur
le meuble d'autrui ou sur un meuble à venir, prend rang à compter
du moment où elle a été publiée, mais, le cas
échéant, après l'hypothèque du vendeur
créée dans l'acte d'acquisition du constituant si cette
hypothèque est publiée dans les quinze jours de la vente".
L'article 2940 est modifié: 1° par le remplacement du premier
alinéa par le suivant: "L'inscription de l'avis de clôture
détermine le rang de l'hypothèque ouverte"; 2° par la
suppression, dans le deuxième alinéa, des mots "la date, l'heure
et la minute de" et par le remplacement, dans le deuxième alinéa,
des mots "aux dates d'" par les mots "à I"1.
Une voix: L apostrophe.
M. Kehoe: "à I apostrophe". Les deux amendements visent
à mieux tenir compte de la règle générale
exprimée à l'article 2939. En raison de ces amendements,
l'article 2940 se lirait comme suit: "L'inscription de l'avis de clôture
détermine le rang de l'hypothèque ouverte. "Si plusieurs
hypothèques ouvertes ont fait l'objet d'un avis de clôture, elles
prennent rang suivant leur inscription respective, sans égard à
l'inscription des avis de clôture."
Mon Dieu! Mon Dieu!
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci M. le
député de Chapleau.
Mme Harel: De le lire... et de l'écouter! Ha, ha, ha!
M. Kehoe: Je comprends tout.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires sur ces articles 2929 à 2941 inclusivement, en vous
rappelant que nous avons convenu de laisser en suspens 2934, 2935 et 2937? Oui,
Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Au sujet de l'article
2931, est-ce que, pour le bénéfice de tous, il pourrait
être précisé quand, dans quelles circonstances on peut se
trouver face à l'hypothèse envisagée par 2931? Mme
Longtin, s'il vous plait.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Longtin.
Mme Longtin: En fait, M. le Président, l'hypothèse
qui est visée à 2931 est une hypothèse qui est
théoriquement possible, où deux inscriptions se présentent
au même moment, visent le même objet et la même fin. Alors,
ce serait, théoriquement, disons... Un vendeur a pu vendre son immeuble
à deux personnes différentes. Les deux se présentent pour
faire inscrire leurs droits au même moment. (12 h 45)
M. Frenette: Donc, c'est l'hypothèse de 2292 qui est
envisagée ici. C'est la survenance de 2292, entre autres. Est-ce qu'on
pourrait imaginer que, par exemple, en vertu du deuxième alinéa
de 2292, suivant la proposition, à tout le moins qui serait... alors
qu'une série de droits seraient présentés en même
temps, en dehors des heures ou pendant les heures, qui seraient
réputés être parvenus au même moment devront donc
venir en concurrence et que, là, on aurait quand même... Je crois
qu'on a examiné la chose, mais peut-être qu'on l'a examinée
trop vite. Finalement, il pourrait y avoir des droits qui sont exclusifs les
uns par rapport aux autres.
Mme Longtin: Je comprenais 2292, ce que je cherchais
désespérément. Ha, ha, ha! En fait, il
est toujours possible, théoriquement, comme on le mentionne. Ici,
en fait, il faut dire une chose: c'est une inscription... Deux
hypothèques qui sont présentées au même moment, ce
n'est pas drama-matique. Il s'agirait donc de droits qui viennent en
concurrence, qui s'excluent. Donc, ce seraient deux droits de
propriété sur un même bien. Ça ne peut pas, quand
même, se présenter quant au registre mobilier puisque dans le
registre mobilier, on n'y inscrit pas les droits de propriété.
Donc, ça suppose une inscription sur le registre foncier. Vous soulevez
la possibilité que si le vendeur a vendu à deux acquéreurs
le même immeuble et que les deux personnes se présentent le
même jour ou se présentent en dehors des heures du service, un
vendredi soir, que le lundi matin, ils seraient tous les deux
réputés avoir inscrit à 10 heures. En fait, c'est
théoriquement possible.
La question qui se pose, à ce moment-là, c'est de voir si
le risque théorique est suffisant pour mettre en oeuvre un
système de contrôle très lourd, par ailleurs, sur
l'entrée de l'information. A 2931, la question de l'inscription est sans
effet. Dans le texte proposé du projet de loi 125, on nous a fait
valoir, à bon droit... Je crois que, pour un tiers, c'était
excessivement difficile de vérifier cette chose-là, si le droit
avait un effet. Donc, à ce moment-là, on aurait deux droits de
propriété inscrits au même moment, sur un même bien.
Il faudrait donc, par une autre technique, déterminer qui est le
véritable propriétaire dans ce cas-là.
M. Frenette: Merci. En effet, je sais que nous avons eu des
échanges, des discussions sur ça, sauf que le doute m'a envahi
à nouveau lors de la relecture aujourd'hui et... Puisqu'on laisse, sans
règlement en vue, le problème de ceux qui seraient visés
par une hypothèse de droits exclusifs les uns des autres, est-ce qu'il
ne serait peut-être pas plus sage d'essayer de trouver une solution,
même à ce cas un peu rare, plutôt que d'adopter
l'article?
Mme Longtin: En fait, M. le Président, il est toujours
possible d'essayer d'imaginer une solution. Remarquez qu'il y a quand
même... Les règles générales du droit des
obligations sont applicables en la circonstance, et les deux personnes ont
quand même des recours contre leur vendeur sauf que, évidemment,
il s'agit d'une question à vérifier. À part la question de
données sans effet, ou on inscrit ou on n'inscrit pas. Mais si on
n'inscrit pas, ça veut dire que la personne qui a charge de recevoir les
documents et de faire les inscriptions se porte juge de la...
M. Frenette: Bref, il serait peut-être plus
intéressant d'adopter l'article tel qu'amendé, quitte à
rajouter un autre article avant que nous ayons terminé pour tenter de
solutionner l'autre problème. On verra.
Mme Longtin: On peut examiner la chose, certainement.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, Me Frenette, concernant d'autres articles?
M. Frenette: S'il vous plaît, M. le Président, 2932.
J'aimerais simplement signaler que... expliquer peut-être pourquoi il n'y
a pas suspension de cet article-là. Effectivement, il s'agit de
l'hypothèque du vendeur résultant de l'acte d'acquisition, telle
que visée par 2932 et non pas de l'hypothèque légale du
vendeur à propos de laquelle les articles demeurent encore à
être examinés.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Donc, les articles 2929
à 2933 inclusivement sont adoptés tel qu'amendés. 2934 et
2935 sont laisses en suspens. 2936 est adopté tel qu'amendé. 2937
est laissé en suspens. 2938, 2939 et 2940 sont adoptés tels
qu'amendés. 2941 est adopté tel quel.
De certains autres effets
Nous en arrivons maintenant au chapitre troisième qui traite de
certains autres effets. Permettez-moi de vous lire le texte d'introduction. Le
chapitre troisième, qui traite de certains autres effets de la
publicité des droits, reprend, dans son ensemble, des règles du
droit actuel, mais s'écarte, en ce qui concerne la prescription, de la
proposition de l'Office de révision du Code civil, telle
qu'énoncée au deuxième alinéa de l'article 83 de
son projet voulant que la publication de tout acte translatif d'un droit
immobilier interrompe la prescription à l'égard de ce droit. En
cette matière, une règle qui soit en harmonie avec tes principes
du droit nouveau de la publicité a paru préférable
(article 2918 et article 2927).
Le chapitre troisième innove aussi sur un deuxième point:
il étend, au créancier hypothécaire qui a publié un
préavis d'intention d'exercer un recours, la règle concernant
l'inopposabi-lité des droits publiés après l'inscription
du procès-verbal de saisie.
J'aimerais appeler les articles de ce chapitre troisième, donc
les articles 2942 à 2946 inclusivement.
M. Rémillard: M. le Président, nous avons deux
amendements. L'article 2942 est modifié par le remplacement, dans le
deuxième alinéa, des mots "d'un droit réel immobilier
concernant" par les mots "du droit de propriété dans". M. le
Président, il s'agit d'une modification rédaction nelle de
concordance avec le deuxième alinéa de l'article 2928 et
l'article 2902 qui ne vise que le droit de propriété. En raison
de cet amendement, l'article 2942 se lirait comme suit:
"La publicité n'interrompt pas le cours de la prescription.
"Néanmoins, tant qu'elle subsiste, la publicité du droit de
propriété dans un immeuble qui a fait l'objet d'une
immatriculation interrompt la prescription acquisitive de ce droit."
L'article 2943 est modifié: 1° par le remplacement, dans le
premier alinéa, du mot "bien" par le mot "immeuble"; 2° par la
suppression du dernier alinéa.
M. le Président, on ne peut étendre à la saisie
mobilière la procédure de notation des ordonnances
subséquentes de saisie-exécution d'un immeuble. Par ailleurs, en
matière mobilière, au cas de pluralité d'ordonnances de
saisie, la loi préfère le plus diligent dans l'exécution
de l'ordonnance. La suppression du deuxième alinéa s'explique par
le fait que chacun des recours hypothécaires est précisé
dans le détail au Livre sixième, Des priorités et des
hypothèques. En raison de cet amendement, l'article 2943 se lirait comme
suit: "Le créancier qui saisit un immeuble ne peut se voir opposer les
droits publiés après l'inscription du procès-verbal de
saisie, pourvu que celle-ci soit suivie d'une vente en justice."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires relativement à ces articles 2942
à 2946 inclusivement? Oui, Me Frenette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Pour l'article 2942,
on mentionne que l'amendement est pour opérer une concordance avec 2928
qu'on a suspendu. Bien que l'article ait été suspendu, est-ce
qu'on pourrait peut-être nous donner plus de détails sur la
disparition des termes "d'un droit réel immobilier" pour le remplacement
par "droit de propriété"? Étant donné qu'il n'y a
eu aucune discussion antérieure, ça nous éclairerait
davantage.
M. Rémillard: Me Longtin, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Me Longtin.
Mme Longtin: Oui, M. le Président. Tels qu'ils se lisent
dans le projet de loi 125, tant l'article 2928 que l'article 2942 portent sur
les droits réels immobiliers en général, ce qui inclut
évidemment non seulement le droit de propriété, mais les
démembrements du droit de propriété tels l'usufruit,
l'emphytéose, la servitude, ainsi de suite. Il est apparu, à la
réflexion, qu'il était préférable, compte tenu de
la portée de la règle, de la limiter au droit de
propriété puisque c'est dans le suivi des chaînes de
titres. C'est ce qui est vraiment fondamental.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre- nette.
M. Frenette: Est-ce que je me trompe, en devançant un
petit peu, de noter, par exemple, que pour le droit d'emphytéose, il y
aura une fiche complémentaire où la chaîne de titres va
être aussi importante?
Mme Longtin: Effectivement, pour certains démembrements,
telle l'emphytéose, puisque c'est un droit relativement stable, il est
prévu d'ouvrir des fiches complémentaires pour les
opérations juridiques qui pourraient avoir lieu sur le droit à
l'emphytéose de l'emphytéote. Donc, évidemment, la fiche
principale porte sur la propriété entière et on ouvre
aussi sur le droit de l'emphytéote. Cependant, ici, il s'agit quand
même d'un article qui est relatif à la prescription acquisitive,
et il nous apparaît que lorsqu'on veut interrompre cette prescription,
c'est vraiment pour la totalité du droit de propriété.
M. Frenette: Si je comprends bien, vous voulez dire que
l'emphytéote n'aurait pas intérêt à ce qu'on indique
aussi que l'enregistrement de son droit interrompt la prescription acquisitive
de ce droit par quelqu'un d'autre.
Mme Longtin: Pour l'emphytéote, ce qui résulterait
de cette proposition, c'est que la seule publicité ne se trouverait pas
à bloquer la possibilité d'une prescription acquisitive de son
droit. Alors, s'il ne fait aucun acte relatif à l'exercice de ce droit
sur le bien, il pourrait, effectivement, faire l'objet d'une prescription
acquisitive par un tiers.
M. Frenette: Est-ce que je me trompe en croyant qu'en enlevant
les mots "d'un droit réel immobilier" et en les remplaçant par
"droit de propriété" qu'on traite avec défaveur ceux qui
ont un démembrement de la propriété, usufruit ou
usage?
Mme Longtin: II ne s'agit peut-être pas d'un traitement de
défaveur comme de ne pas profiter de la faveur que le registre foncier,
effectivement, veut donner au titre de propriété puisqu'il
ressort des différentes dispositions du projet qu'il y a une certaine
garantie du droit de propriété qui résulte de
l'inscription et, après un certain temps, donc, ce droit-là
devient incontestable. Il ressort que ce degré de certitude qu'on peut
peut-être accorder au titre de propriété est quand
même relativement différent lorsqu'on traite de
démembrements qui sont des démembrements qui peuvent prendre fin,
entre autres, par le non-usage alors que le titre de propriété a
un caractère, actuellement, perpétuel, ce que n'a pas le
démembrement.
M. Frenette: Normalement, l'ayant droit
d'un usufruitier, par exemple, ne devrait pas s'attendre à la
même protection que celle que lui accordent les registres quant à
l'auteur de ses propres droits, que quelqu'un qui ferait l'acquisition d'un
droit de propriété.
Mme Longtin: Ça sort quand même du livre, la
publicité, que l'ayant droit profite de certaines choses. Il y a des
présomptions qui s'attachent à la publicité du droit. Il y
a certaines garanties. Les droits sont attestés. Donc, il ressort, pour
l'ayant cause du titulaire d'un démembrement, une protection
certainement accrue, je pense, par rapport à la protection qu'on ne peut
offrir au registre foncier aujourd'hui, sauf que le caractère du
démembrement étant temporaire dans son essence, on n'y attache
pas le même absolu dans l'effet de la publicité.
M. Frenette: Est-ce qu'on ne pourrait pas dire, en conclusion,
que sous-jacent à l'amendement, finalement, les hypothèses de
prescription acquisitive des démembrements sont pratiquement
inexistantes?
Mme Longtin: Dans les faits, on peut prescrire acquisitivement un
démembrement, mais c'est quelque chose de plus théorique que
réel, effectivement.
M. Frenette: Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Longtin. Donc, les
articles 2942 et 2943 sont adoptés tels qu'amendés. Les articles
2944, 2945 et 2946 sont adoptés tels quels. Nous en sommes à
l'heure convenue, 13 heures. Avant d'ajourner nos travaux, j'aimerais
procéder à l'avis de fin de séance suivant. La
sous-commission parlementaire des institutions veut témoigner toute son
appréciation aux professeurs Monique Ouellette et Jean Pineau à
l'occasion du lancement de leurs ouvrages respectifs aux Éditions
Thémis.
À l'occasion des travaux portant sur la révision du Code
civil du Québec, la sous-commission a pu bénéficier de
l'excellente collaboration et de l'expertise de ces deux juristes
éminents. Nous leur souhaitons donc tout le succès possible.
M. Rémillard: M. le Président..
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: ...je me joins à vos propos.
Malheureusement, je ne pourrai pas être là - je suis retenu ici
à Québec - pour le lancement de ces livres. On lira attentivement
ces ouvrages et on verra que M. le professeur Pineau n'est pas conseiller du
gouvernement dans tous les domaines - c'est un domaine où il ne l'est
pas - et que Mme Monique Lauzon-Ouellette aussi... Ils ont dans leur vie
universitaire une vie très remplie qui permet donc de publier ces
documents. Je les félicite, comme universitaires, de publier ainsi.
Voilà qui montre le travail que font nos professeurs de droit.
M. le Président, vous me permettrez, en terminant, de dire que je
voudrais remercier Me Jacques Chamberland, le sous-ministre en titre de la
Justice; Me Guy Lavigne, le directeur général de
l'enregistrement, pour le registre de l'état civil; Me Carole McMurray
pour la Direction générale de l'enregistrement, le registre
foncier; elle est accompagnée de Me Réal Côté, Me
Suzanne Potvin-Plamondon, de la Direction générale de
l'enregistrement pour le registre des droits personnels et réels
mobiliers, de même que Me André-Gaétan Corneau, de la
Direction générale des services judiciaires qui était
aussi avec nous, et tous les gens de leur équipe qui ont
été ici présents avec nous, M. le Président, et
hier dans la soirée, et ce matin. Je veux les remercier pour leur
très grande compétence, et leur disponibilité.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président. Je souscris
à cette motion de clôture, M. le Président, et
j'espère qu'elle pourra être transmise à l'éditeur
de nos deux éminents collaborateurs, pour qu'elle leur soit
communiquée publiquement et de vive voix dès cet
après-midi Je dois vous dire, M. le Président, que le professeur
Pineau m'avait fait le plaisir de m'offrir son importante étude sur le
patrimoine familial. Je dois vous dire que j'ai l'intention d'en faire mon
livre de chevet. Je ne sais pas si ça m'inspirera pour regretter ce que
j'ai déjà fait.
Je veux vous faire savoir à quel point je suis contente qu'une
motion de clôture comme celle-ci soit présentée.
J'apprécie beaucoup le travail qui se fait d'un côté comme
de l'autre par les juristes et les légistes. Ça va me permettre,
également, de remercier les personnes de la Direction de
l'enregistrement - est-ce que c'est comme ça qu'on l'appelle? - du
ministère qui nous ont fait part des travaux qu'ils sont à
réaliser.
Je veux leur dire que, vraiment, j'espère que l'Opposition n'a
pas terrorisé personne par son insistance à poser
certaines questions. Je veux qu'elles sachent qu'on apprécie beaucoup le
travail qu'elles font. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. J'aimerais informer tous les
membres, qu'en principe, nous devrions reprendre nos travaux mardi prochain, le
26 novembre, après la période
des affaires courantes, soit vers 15 h 30. Il va de soi que c'est sujet
à l'avis officiel de la Chambre. Sur ce, j'aimerais souhaiter bonne fin
de journée à tout le monde. J'ajourne donc nos travaux sine
die.
(Fin de la séance à 13 h 6)