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(Neuf heures cinquante-six minutes)
Le Président (M. Lafrance): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je constate que nous avons le quorum. J'aimerais donc déclarer
cette vingt et unième séance de travail ouverte, en vous
rappelant, à tous et à toutes, le mandat de notre commission qui
est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 125, Code civil du Québec. Mme la secrétaire,
est-ce que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: II y a un remplacement, M. le
Président. Mme Bleau (Groulx) est remplacée par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata).
Le Président (M. Lafrance): Merci. Avant de reprendre nos
travaux, est-ce qu'il y aurait des commentaires de début de
séance, s'il vous plaît? Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: M. le Président, il y a une information qui
m'est communiquée à l'effet que Me Frenette pourrait être
parmi nous cet après-midi et ce soir, si tant est que nous en arrivions
à compléter, peut-être pas à terminer, mais tout au
moins à compléter l'examen du chapitre Des assurances et du
chapitre Du jeu et du pari qu'il nous reste pour ce matin. Si tant est que Me
Frenette venait, je pense bien qu'il faudrait, comme nous en avions
déjà convenu, entendre d'abord les experts du ministère
sur toute la question des registres et de l'informatisation. Alors, on pourrait
peut-être procéder à cet examen-là cet
après-midi et ce soir plutôt que demain matin.
M. Rémillard: M. le Président, je vais
vérifier les disponibilités, mais je crois qu'il n'y aurait pas
de problème à ce que nos experts du ministère soient ici
cet après-midi.
Mme Harel: Cet après-midi.
M. Rémillard: On va les appeler immédiatement et
leur demander s'ils peuvent intervenir. On va essayer...
Mme Harel: Bon. Alors, si c'est possible tout de suite de le
vérifier, comme cela, ça permettrait à Me Rousseau de
communiquer avec François Frenette qui est en... Comment dit-on
"stand-by"?
Une voix: En disponibilité.
Le Président (M. Lafrance): En disponibilité.
Mme Harel: En disponibilité, et qui attend, finalement,
une confirmation. Je ne sais pas s'il est à Québec ou à
Montréal.
Une voix: II est à Québec.
Des contrats nommés Des assurances
(suite)
Le Président (M. Lafrance): Merci. S'il n'y a pas d'autres
commentaires d'ouverture, j'aimerais donc vous référer là
où nous avions laissé hier soir, c'est-à-dire à la
page 402 du projet de loi et en particulier aux articles qui traitent des
déclarations et engagements du preneur en assurance terrestre, en vous
rappelant que nous avions appelé les articles 2393 à 2398
inclusivement et que M. le ministre avait demandé qu'on laisse l'article
2394 en suspens. Je pense que nous en étions à la partie des
commentaires et discussions. Est-ce qu'il y a des membres qui auraient des
commentaires à soulever concernant ces articles, donc 2393 à 2398
inclusivement?
Mme Harel: M. le Président, donc, 2394 est suspendu. C'est
bien cela. À 2398, je crois comprendre que le droit actuel a
été modifié. Je veux faire écho au mémoire
du Bureau d'assurance du Canada, à la page 54, qui considère
difficile de faire une preuve testimoniale relativement à des
suggestions, puisqu'on retrouve comme formulation à 2398: "Lorsque les
déclarations contenues dans la proposition d'assurance y ont
été inscrites ou suggérées par le
représentant de l'assureur ou par tout courtier d'assurance..." Alors,
je voudrais, simplement pour les fins de nos travaux, M. le Président,
qu'on puisse nous donner, du côté ministériel, les
explications qui ont amené le législateur à maintenir
cette formulation telle qu'énoncée à 2398.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Actuellement,
dans l'article 2491... donc l'article est fort semblable, excepté que
nous avons ajouté, à 2398, l'expression "ou
suggérées". On dit, lorsque c'est déjà
prévu, "lorsque les déclarations contenues dans la proposition
d'assurance y ont été inscrites ou suggérées par le
représentant de l'assureur..." On l'a fait, M. le Président,
à la suite de beaucoup d'interventions d'assurés qui nous ont
dit: Écoutez, peut-être que ça n'a pas été
inscrit directement par l'assureur, mais il nous l'a suggéré.
C'est lui qui nous a dit de mettre ça dans la police. Par
conséquent, on a dit: Écoutez, "suggérées",
ça veut dire autant que "inscrites", parce que la suggestion
amène le conseil. En fait, suggérer, c'est conseiller. Alors,
si l'assureur a conseillé, qu'il l'ait donc inscrite
lui-même ou qu'il ait conseillé de l'inscrire, on
considère, à ce moment-là, que la situation est la
même dans les deux cas et que ça devrait donc être couvert
par l'article 2398. C'est comme ça qu'on est arrivé avec le
raisonnement. Peut-être que je peux demander à M. le professeur
Pineau, M. le Président, avec votre permission, s'il a quelque chose
à ajouter.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Merci, M. le ministre.
Alors, Me Pineau.
M. Pineau (Jean): Je n'ai pas grand-chose à ajouter
à ce que vient de dire le ministre. En effet, ce sont ces
intermédiaires qui conseillent les futurs assurés et qui leur
suggèrent certaines choses, et c'est la pratique habituelle. Mais il n'y
a aucune connotation de méfiance à l'égard de ces
intermédiaires. Il ne faut pas prendre pour acquis que l'on
présume une quelconque malhonnêteté de la part de
l'intermédiaire. Son rôle est de conseiller, de suggérer
des solutions, effectivement, et donc il est normal, dans ces conditions, de
prévoir que la preuve testimoniale puisse être
acceptée.
Mme Harel: À ce moment-là, le ministre convient
cependant que la preuve testimoniale va être plus difficile à
faire.
M. Pineau: Dans certains cas, elle peut être difficile et,
dans d'autres cas, elle peut être facile, comme toute preuve
testimoniale.
M. Rémillard: Plus facile, peut-être même
aussi plus, je dirais, disponible, souvent.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'elle est élargie,
finalement...
M. Pineau: Oui. M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: ...mais, d'un autre côté, elle peut
être plus difficile dans le sens que ce sera parole pour parole.
M. Rémillard: Elle est plus difficile comme
élément de probabi... Comment dites-vous ça?
M. Pineau: Probabilité, oui.
M. Rémillard: Aidez-moi! Comment dites-vous,
professeur?
M. Pineau: Ah!
M.. Rémillard: Comme un élément de... En
tout cas, bref...
Une voix: "Probity"!
M. Rémillard: "Probity"!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pineau: Ce n'est pas exactement...
M. Rémillard: Mais elle est plus large...
M. Pineau: II s'agit de convaincre le juge.
M. Rémillard: ...dans la possibilité, donc, de
faire la preuve. Il s'agit de convaincre le juge, bien sûr.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Pineau. M. le
député de Westmount.
M. Holden: Oui, merci, M. le Président. Comme le dit la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, ça va devenir une
question de crédibilité si l'un dit: On m'a suggéré
de marquer ça dans l'application, et si l'autre dit: Non, non, non, je
ne l'ai pas fait. Ça, c'est une question d'appréciation.
M. Rémillard: Remarquez que, quand on dit aussi "y ont
été inscrites", c'est la même chose. On ajoute
"suggérées". Probablement que la suggestion va être plus
difficile à démontrer, au point de vue preuve, que l'inscription.
L'inscription, on dit: Écoutez, ça a été inscrit et
c'est son écriture, c'est cette personne-là qui l'a écrit
ou y a mis ses initiales. Donc, l'inscription est certainement plus facile
à démontrer parce qu'à la preuve testimoniale se lie une
preuve d'écriture.
M. Holden: Ça va devenir une question... Si on dit: Oui,
je l'ai marqué comme ça, mais c'est lui qui me l'a
suggéré, là, toute la question de prouver contrairement
à ce qu'on a écrit, ça devient un problème.
M. Rémillard: Ça devient un problème. Il va
falloir démontrer à la satisfaction du juge que, si on a fait
telle inscription et si on a fait cette déclaration-là, c'est
parce qu'on nous a dit de faire cette déclaration-là.
M. Holden: C'est ça.
M. Rémillard: Alors, manifestement, prouver la suggestion
va être plus difficile que prouver l'inscription.
M. Holden: Je trouve que c'est bien d'avoir la suggestion dans
l'article.
M. Rémillard: Oui. Puis le juge va apprécier.
M. Holden: C'est ça. Parce que, autrement,
on ferait face à une objection à la preuve de suggestion
tout de suite.
M. Rémillard: Exactement. M. Holden: C'est
ça.
M. Rémillard: Et, pour nous, l'élément, pas
responsabilité, mais implication est aussi important dans l'inscription
que dans la suggestion. L'élément de preuve, par contre, sera
différent pour démontrer au tribunal l'implication.
M. Holden: Vos rédacteurs ont bien fait, M. le
ministre.
M. Rémillard: Ils font un très bon travail, M. le
député de Westmount.
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Si on n'avait pas la provision que la preuve
testimoniale est admise, à ce moment-là, il y aurait une
difficulté de preuve. Il ne serait pas possible, dans le cours normal,
de faire cette preuve-là.
M. Rémillard: C'est ça. Et c'est un
élément très important. À ce moment-là, on
serait limité à une preuve écrite strictement.
M. Kehoe: Parce que dans le quotidien, les deux personnes qui
sont là, pour les déclarations, quand les déclarations
sont faites, c'est le courtier d'assurances ainsi que probablement
l'assuré, puis peut-être son épouse ou sa conjointe. Il y
aurait deux ou trois personnes présentes normalement quand ces
déclarations seront faites. Puis là, c'est une question de
preuve, la preuve testimoniale qui sera admise.
M. Rémillard: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): S'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 2393 est adopté tel quel, l'article 2394 est
laissé en suspens et les articles 2395, 2396, 2397 et 2398 sont donc
adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler l'article 2399 qui
traite du sujet spécifique Disposition particulière.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, nous aurions un
amendement à proposer à 2399 qui serait modifié: 1°
par le remplacement du premier alinéa par le suivant: "Toute clause d'un
contrat d'assurance terrestre qui accorde au preneur, à l'assuré,
à l'adhérent, au bénéficiaire ou au titulaire du
contrat moins de droits que les dispositions du présent chapitre est
nulle."; 2° par le remplacement, à la première ligne du
second alinéa, des mots "Même en ce cas est" par les mots "Est
également".
M. le Président, ces amendements modifient la rédaction de
l'article de façon à éliminer une ambiguïté
d'interprétation du texte proposé. L'article exprime maintenant
clairement qu'en assurance terrestre il est possible de déroger à
certains articles de ce chapitre, mais qu'il n'est jamais permis par convention
de réduire les droits accordés par la loi aux preneurs, aux
assurés, aux adhérents, aux bénéficiaires, etc. En
raison de ces amendements, l'article 2399 se lirait comme suit: "Toute clause
d'un contrat d'assurance terrestre qui accorde au preneur, à
l'assuré, à l'adhérent, au bénéficiaire ou
au titulaire du contrat moins de droits que les dispositions du présent
chapitre est nulle. "Est également nulle la stipulation qui
déroge aux règles relatives à l'intérêt
d'assurance ou, en matière d'assurance de responsabilité,
à celles protégeant les droits du tiers lésé."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y aurait des commentaires concernant cet article 2399 tel
qu'amendé? Oui, Me Masse.
M. Masse (Claude): M. le Président, on notera que le
législateur, s'il adopte l'article 2399 tel qu'amendé, change
substantiellement de stratégie par rapport à l'article 2500 du
Code civil actuel. La stratégie du Code civil actuel, c'est de
déterminer, identifier précisément les articles que les
assureurs ne peuvent modifier sous couvert de liberté contractuelle.
Cependant, une des craintes que le BAC, le Bureau d'assurance du Canada, a et
que nous entretenons également, c'est la notion de "moins de droits"
à l'article 2399. Que se passe-t-il quand les parties contractantes,
l'assuré et l'assureur, même éclairées par un
courtier, modifient les règles, mais n'accordent pas
nécessairement moins ou plus de droits, mais modifient les règles
du jeu? Est-ce que la notion de "moins de droits" n'est pas un carcan qui
pourrait véritablement empêcher les gens menacés d'une
interprétation jurispruden-tielle ou judiciaire qui leur serait
défavorable de contracter librement?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Je vais demander à M. le professeur
Pineau, M. le Président, si vous le permettez, de faire des
commentaires.
Le Président (M. Lafrance): Me Pineau.
M. Pineau: M. le Président, dans l'article 2500,
alinéa 2, nous pouvons lire: "Sauf dans la mesure où elle est
plus favorable au preneur ou au bénéficiaire, est sans effet
toute stipulation qui déroge..." patati, patata, à tels articles.
C'est cette même idée qui est reprise ici. Il me semble
que l'expression "dans la mesure où elle est plus favorable au
preneur, est sans effet" correspond à la terminologie, à la
formulation qui est utilisée dans l'article 2399. On ne peut pas
accorder moins de droits que les dispositions du présent chapitre. A
contrario, on peut leur en accorder plus.
M. Masse: Mais, dans la mesure, M. le professeur, où on
déclare qu'il est interdit de modifier le contenu de telle ou telle
règle en particulier, il est clair, à ce moment-là, que la
prohibition est - il me semble, en tout cas - plus évidente que celle
où on n'empêche pas de modifier, mais d'accorder moins de droits.
Encore une fois, que se passe-t-il lorsque les parties au contrat
réaménagent les droits et les obligations réciproques
qu'elles ont au contrat d'assurance, mais où on n'accorde pas
nécessairement moins de droits? Ça peut être un facteur
extrêmement arbitraire de savoir si on accorde moins ou plus de droits.
Et, de ce côté-là, à toutes fins pratiques, les
parties sont remises à la discrétion pratiquement absolue du
tribunal.
Mme Harel: Parce qu'il y a à la fois les dispositions
imperatives, là, qui sont d'ordre public et auxquelles on ne peut pas
déroger. Il y a aussi ces autres dispositions que l'on peut modifier
uniquement si c'est pour accorder, finalement, plus de droits. Mais le Code
actuel faisait la distinction entre les deux, ce que ne fait plus actuellement
le projet de loi.
M. Rémillard: Excusez-moi, qui fait la distinction
entre...
Mme Harel: Le Code actuel, à 2500, au premier
alinéa, établit la liste de tous les articles d'ordre public.
Ça, on ne peut pas les modifier. Au deuxième alinéa, il
établit, finalement, la liste d'articles que l'on peut modifier si c'est
dans un sens plus favorable au preneur. Tandis que, maintenant, ça ne
fait plus cette distinction.
M. Rémillard: En fait, la technique utilisée, c'est
que 2399, c'est le principe général.
Mme Harel: On ne retrouvera plus de lisie, de toute
façon.
M. Rémillard: Et il n'y a plus de liste comme telle. C'est
le principe général. Maintenant, on peut faire des conventions
qui respectent le principe général, mais qui peuvent venir
compléter à différents niveaux.
Mme Harel: Oui, mais le principe général, est-ce
que c'est, justement, de ne pas en faire lorsqu'elles sont contraires à
l'ordre public, ce qui est une chose, ou c'est ne pas en faire quand elles sont
contraires à l'ordre public et qu'elles accordent moins de droits? C'est
une deuxième chose.
M. Rémillard: Bon, on va demander à M. Pineau.
M. Pineau: Dans le droit actuel, dans l'hypothèse
où les stipulations dérogeant aux prescriptions des articles
énumérés sont favorables au preneur ou au
bénéficiaire, ces stipulations sont valides, alors qu'elles sont
sans effet si elles dérogent à ces articles et sont moins
favorables. C'est ce que nous dit le deuxième alinéa de 2500.
Donc, il y a une appréciation subjective qui est...
Mme Harel: Mais on peut les modifier dans le cas du
deuxième alinéa de 2500 et non pas dans le premier.
M. Pineau: Vers la hausse, mais non vers la baisse.
Mme Harel: Oui. Alors, au premier alinéa, on ne peut pas
les modifier.
M. Pineau: C'est exact.
Mme Harel: Au deuxième alinéa, on peut les
modifier. Et la question...
M. Pineau: C'est cela. M. Rémillard: À la
hausse. Mme Harel: À la hausse.
M. Pineau: Avec appréciation subjective, à la
hausse.
Mme Harel: Ou bien les modifier à l'égalité,
c'est-à-dire...
M. Pineau: Oui.
Mme Harel: ...qu'on peut modifier quand ça ne diminue pas,
mais que, pour autant, ça n'augmente pas, mais que ça modifie.
(10 h 15)
M. Pineau: C'est exact.
M. Rémillard: Et ça maintient... M. Pineau:
C'est ça.
Mme Harel: Oui. Tandis que là, avec la formulation de
2399...
M. Pineau: Je pense que c'est au même effet. Il y a la
même appréciation subjective. Est-ce que ça accorde plus ou
moins de droits? Est-ce que c'est plus ou moins favorable au
preneur ou au bailleur? Ce que nous devons peut-être ajouter,
c'est que n'est pas reproduite la liste des articles parce que a
été adoptée une politique générale, dans le
projet du Code complet, n'est-ce pas? de ne pas précisément
renvoyer à des articles.
Le Président (M. Lafrance): S'il n'y a pas d'autres
commentaires, cet article 2399 est donc adopté tel qu'amendé.
J'aimerais maintenant appeler les articles 2400 à 2402 inclusivement,
articles qui parlent des assurances de personnes et, de façon plus
particulière, du contenu de la police d'assurance.
Des assurances de personnes
M. Rémillard: II n'y a pas de modifications, M. le
Président.
Mme Harel: Faut-il comprendre essentiellement que c'est une
reformulation du droit actuel que l'on retrouve?
M. Rémillard: Essentiellement.
Mme Harel: Y a-t-il du droit nouveau? Je ne pense pas, mais je
voudrais me le faire confirmer.
M. Pineau: II y a quelques petits éléments nouveaux
qui sont dispersés dans toute la...
Mme Harel: Dans cette section?
M. Pineau: Non, dans tout le chapitre Des assurances, mais il n'y
a pas de différence fondamentale.
Mme Harel: Mais au niveau de la section II? M.
Rémillard: Ces deux-là... M. Pineau: Non.
M. Rémillard: En ce qui regarde, M. le Président,
ce chapitre Des assurances, il faut bien comprendre qu'il y a très peu
d'éléments nouveaux. On vient de discuter un article qui apporte
un élément complémentaire, si je peux dire. Il y a
quelques éléments nouveaux sur lesquels on va insister, mais
très très très peu. C'est le droit actuel qui est repris,
quelquefois reformulé pour que ce soit plus clair. Mais il n'y a pas
d'éléments nouveaux.
Mme Harel: Et je comprends donc que, de toute façon,
là où il y a vraiment élément nouveau, nous avons
convenu hier de suspendre pour échange plus approfondi.
M. Rémillard: Bien, peut-être pas dans tous les
éléments nouveaux parce que nos experts se sont vus sur certains
éléments nouveaux aussi où il y a des discussions que nous
pouvons avoir...
Mme Harel: Les plus percutants.
M. Rémillard: ...mais sur certains points très
importants où ça demande une réflexion, je crois, plus
approfondie, oui, on a suspendu et on va suspendre encore.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous
désirez, M. le ministre, apporter une précision
supplémentaire avant que nous adoptions ces articles?
M. Rémillard: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Ça va. Donc, les
articles 2400, 2401 et 2402 sont adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler les articles 2403 et 2404 qui traitent de
l'intérêt d'assurance.
M. Rémillard: II n'y a pas de modifications, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, il n'y a aucun
amendement touchant ces deux articles?
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendements, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
est-ce qu'il y a des commentaires? Donc, les articles 2403 et 2404 sont
adoptés tels quels.
Mme Harel: On comprend bien, "conjoint" est utilisé,
à l'article 2404... Je veux juste bien vérifier dans quel sens
est utilisé le mot "conjoint". Jusqu'à maintenant, il m'a
semblé qu'on l'utilisait dans le mariage.
M. Rémillard: Le terme "conjoint" utilisé dans le
Code civil est en fonction du mariage.
Mme Harel: Pourtant, il faut bien comprendre que, je pense, ici
même à l'Assemblée nationale, MM. les députés
de Chapleau et de Westmount, nous avons...
M. Rémillard: Oui, c'est ce que je voulais quand
même préciser, M. le Président. Je connais toute la
préoccupation de la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve...
Mme Harel: La police d'assurance... M. Rémillard:
Oui.
Mme Harel: ...de l'Assemblée nationale, mon
intérêt pour...
M. Rémillard: Oui, mais tout ce qui regarde
les conjoints de fait et leurs droits. Le deuxième alinéa
de l'article 2404: "Elle a aussi un intérêt dans la vie et la
santé de ses préposés et de son personnel, ou des
personnes dont la vie et la santé présentent pour elle un
intérêt moral ou pécuniaire." Donc, là, on a une
disposition qui nous permet de comprendre des conjoints de fait et c'est
nouveau. Ça, c'est un aspect du droit nouveau.
Mme Harel: Oui, c'est ça.
M. Rémillard: Je dis... bien sûr, je parle de
conjoints de fait, mais ça peut être d'autres personnes. Pas
besoin que ce soient des conjoints défait.
Mme Harel: Oui, oui.
M. Rémillard: Absolument pas. Ça peut être
beaucoup plus large, mais ça peut comprendre ça.
Une voix: Un associé, par exemple.
Mme Harel: Oui, ça pourrait être un associé,
à ce moment-là?
M. Rémillard: Oui, associé ou quelqu'un qui nous
est proche par la famille.
Mme Harel: C'est excellent. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Ça va? Donc, je
confirme l'adoption de l'article 2403 et de l'article 2404 tels quels.
J'appelle les articles 2405 à 2409 inclusivement qui touchent la
question de la déclaration de l'âge et du risque.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Nous avons deux
amendements, si vous permettez.
Tout d'abord, l'article 2405 est modifié par le remplacement,
à la fin du premier alinéa, des mots "qu'il aurait dû
percevoir" par les mots "qui aurait dû être perçue".
M. le Président, cet amendement constitue une modification
purement formelle. En raison de cet amendement, l'article 2405 se lirait comme
suit: "La fausse déclaration sur l'âge de l'assuré
n'entraîne pas la nullité de l'assurance. Dans ce cas, la somme
assurée est ajustée suivant le rapport de la prime perçue
à celle qui aurait dû être perçue. "Toutefois, si
l'assurance porte sur la maladie ou les accidents, l'assureur peut choisir de
redresser la prime pour la rendre conforme aux tarifs applicables à
l'âge véritable de l'assuré."
M. le Président, l'article 2406 est modifié par le
remplacement, à la fin du second alinéa, des mots "après
que l'erreur soit venue à la connaissance de l'assureur" par les mots
"de la connaissance de l'erreur par l'assureur".
Cet amendement est purement formel. En raison de cet amendement,
l'article 2406 se lirait comme suit: "L'assureur est fondé à
demander la nullité du contrat d'assurance sur la vie lorsque
l'âge de l'assuré se trouve, au moment où se forme le
contrat, hors des limites d'âge fixées par les tarifs de
l'assureur. "Ce dernier est tenu d'agir dans les trois ans de la conclusion du
contrat, pourvu qu'il le fasse du vivant de l'assuré et dans les
soixante jours de la connaissance de l'erreur par l'assureur."
Ça, M. le Président, il s'agit du droit actuel;
finalement, on précise le droit actuel.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Dans la note additionnelle que l'on retrouve à
la page 843 des commentaires du ministère, on dit: "II faut distinguer
la déclaration fausse de la déclaration frauduleuse ou
mensongère. La déclaration fausse peut simplement résulter
d'une erreur." Elle peut résulter d'une erreur, mais elle peut aussi
résulter d'une omission volontaire. Quand on fait cette distinction,
est-ce qu'il faut comprendre que la déclaration fausse ne comprend pas
la déclaration mensongère?
M. Rémillard: Elle ne comprend pas la déclaration
mensongère, mais elle comprend la déclaration inexacte. Fausse,
c'est qu'on a fait cette déclaration-là, mais on a cru que
c'était comme ça ou on ne l'avait pas vérifiée,
peut-être, mais, en tout cas, on n'avait pas l'intention de mentir ou de
cacher quelque chose, alors qu'en ce qui regarde la fraude ou le mensonge c'est
donc cette intention de l'assuré de cacher quelque chose.
Mme Harel: À l'article 2409, on retrouve donc le concept
de fraude, de fausse déclaration et celui de réticence. Donc, il
s'agirait de trois concepts différents portant sur le risque, hein?
M. Rémillard: Oui.
Mme Harel: Donc, en quoi la réticence est-elle
différente de la fausse déclaration?
M. Rémillard: Oui, alors...
Mme Harel: Parce qu'à l'article 2409, dans le commentaire,
on ne retrouve aucune précision concernant la réticence. Il
faudrait peut-être revoir le commentaire.
M. Rémillard: Oui, la remarque est juste, parce que c'est
un concept qui... Est-ce qu'il arrive avant? Oui, on en parie, à
l'article 2408, de la réticence. Alors, on a peut-être... On
en
parle aussi...
Mme Harel: C'est comme un peu plus que la fausse
déclaration et un peu moins que la fraude, hein?
M. Rémillard: Oui, en fait, ce qu'il faut comprendre,
c'est que la fausse déclaration, c'est la déclaration qui n'est
pas exacte, mais qui n'implique pas l'intention de l'assuré de cacher
quelque chose. Ça, on s'entend pour la fausse déclaration. La
réticence, c'est des éléments qui n'ont pas
été communiqués non pas pour faire un mensonge, mais on
n'a pas voulu donner toute cette information-là par retenue en ce qui
regarde la vie privée, en ce qui regarde différents
éléments qu'on a préféré taire, ne pas
donner par pudeur ou je ne sais trop quel...
M. Holden: "Concealment" qui est la notion de...
Réticence, c'est différent de "concealment".
M. Rémillard: Oui, mais ce n'est pas qu'on l'a
caché, mais c'est qu'on avait des réticences à dire sans
probablement avoir l'intention de toucher à la nature du risque ou de
cacher quelque chose pour l'évaluation du risque par l'assureur. Alors
que la fraude, évidemment, on sait ce qu'elle signifie. C'est le
mensonge ou c'est la fraude. Le mensonge, on sait ce que ça signifie; la
fraude aussi, on l'a vu tout à l'heure. Mais une chose est certaine, M.
le Président, c'est que le concept de réticence devrait
apparaître dans les commentaires avec cette précision. Je peux
peut-être demander à Me Denise McManiman de venir nous
préciser. Me McMani-man est notre spécialiste légiste dans
le domaine des assurances et, si vous me permettez, M. le Président, je
lui demanderais de commenter cet article 2409 en fonction, donc, des concepts
utilisés, surtout du concept de réticence.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Maître, bienvenue parmi nous. La parole est à vous.
Mme McManiman (Denise): Je ne pourrai pas tellement ajouter aux
propos que vous avez déjà tenus, M. le ministre, parce que,
effectivement...
M. Rémillard: ...brillante carrière.
Mme McManiman: Ha! Ha! La différence entre le... La fausse
déclaration, c'est lorsqu'un individu va déclarer un
élément, mais ne sachant peut-être même pas qu'il
fait une fausse déclaration; c'est une erreur commise, même de
bonne foi. La déclaration mensongère, elle, il est conscient
qu'il commet un mensonge, tandis que la réticence, c'est lorsque vous
donnez certains éléments, mais que vous ne donnez pas tout
à fait tous les éléments que vous devriez dévoiler
à votre assureur. Alors, à ce moment-là, c'est le concept
de réticence; c'est lorsque vous ne dévoilez pas, finalement,
tout ce que, en fouillant, vous auriez pu peut-être... Et nous sommes
dans la section de l'assurance de personnes; donc, vous pouvez penser aux
déclarations sur l'âge qui, parfois, sont difficiles pour
certaines personnes. Mais c'est quelque chose que l'on reprend; on reprend
presque textuellement le droit actuel là-dessus. On n'apporte rien de
nouveau. (10 h 30)
Mme Harel: À l'article 2409, on prévoit que, si le
contrat a été en vigueur depuis deux ans, en l'absence de fraude
évidemment, "la fausse déclaration ou la réticence ne peut
fonder la nullité ou la réduction de l'assurance qui a
été en vigueur pendant deux ans". Alors, c'est un délai de
deux ans. À l'article 2406, le délai, qui est de cinq ans en
droit actuel, a été réduit à trois ans pour
permettre à l'assureur d'annuler, de demander la nullité du
contrat lorsque l'âge de l'assuré dépasse les limites
fixées par l'assureur, et on invoque, dans le commentaire de l'article
2406, l'harmonisation des délais pour raccourcir le délai actuel
de cinq à trois ans. Est-ce qu'il y a une raison qui fonde, à
l'article 2409, d'avoir retenu un délai de deux ans qui, dois-je
comprendre, se distingue des délais qu'on va retrouver dans le Code, les
délais habituels qu'on va retrouver dans le Code? Alors, ce délai
de deux ans vient, finalement, faire bande à part. Il y a
peut-être des raisons, que j'aimerais connaître.
M. Rémillard: M. le Président, avec votre
permission, je demanderais à Me... McManiman, excusez-moi.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me Denise... McManiman, pardon. C'est un nom, effectivement, qu'on n'est pas
habitués à prononcer. Alors, la parole est à vous, en
m'excusant.
M. Rémillard: Excusez-moi. C'est vraiment...
Mme Harel: C'est irlandais?
M. Rémillard: C'est écossais.
Mme McManiman: Irlandais.
M. Rémillard: Irlandais? Écossais? ou...
Mme McManiman: Irlandais.
Le Président (M. Lafrance): Irlandais?
Mme McManiman: La raison pour laquelle nous avons gardé le
délai de deux ans à l'article 2409, c'est qu'il faut comprendre
que nous l'avions déjà en droit actuel et cet article a pour
effet de rendre, en quelque sorte, la police
incontestable après deux ans. C'est un avantage important...
Mme Harel: Pour l'assuré.
Mme McManiman:... en assurance de personnes pour l'assuré.
Alors, on ne voulait pas, sous prétexte d'uniformiser, l'étirer
d'un an.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. M.
Rémillard: Merci, Me McManiman.
M. Holden: Peut-être qu'on pourrait demander à Me
McManiman si "concealment" équivaut à "réticence".
D'après vous?
Mme McManiman: Je ne pourrais pas vous répondre. Je ne
suis pas assez au fait des traductions. Je ne pourrais pas vous répondre
là-dessus.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 2405 est adopté tel qu'amendé et
l'article 2406 est également adopté tel qu'amendé. Les
articles 2407, 2408 et 2409 sont donc adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler les articles qui touchent la question de la prise d'effet de
l'assurance, soit les articles 2410 et 2411.
M. Rémillard: II n'y a pas de modifications, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires touchant ces deux articles? Ça va? Donc, les
articles 2410 et 2411 sont adoptés tels quels. J'appelle maintenant les
articles 2412 à 2419 inclusivement qui touchent la question des primes,
des avances et de la remise en vigueur de l'assurance.
M. Rémillard: M. le Président, il y a un
amendement. Le deuxième alinéa de l'article 2418 est
remplacé par le suivant: "II peut, pour tout contrat d'assurance
individuelle, retenir le montant de la prime due sur les prestations qu'il doit
verser. "
M. le Président, cet amendement permet de faire disparaître
une ambiguïté. En effet, il n'y a jamais de droit d'action pour le
recouvrement de la prime en assurance-vie individuelle et la formulation de cet
article, notamment par l'emploi du mot "aussi", au second alinéa de
l'article, pouvait créer un doute à ce sujet. Il s'agit donc
d'une modification formelle. En raison de cet amendement, l'article 2418 se
lirait comme suit: "L'assureur peut exiger le paiement des primes échues
lorsqu'il s'agit d'exécuter un contrat d'assurance collective sur la vie
ou un contrat d'assurance contre la maladie ou les accidents. "Il peut, pour
tout contrat d'assurance individuelle, retenir le montant de la prime due sur
les prestations qu'il doit verser. "
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Est-ce que je dois comprendre que le commentaire va
rester le même, même si l'amendement est introduit?
M. Rémillard: Non, il faut retoucher le commentaire,
refaire le commentaire.
Mme Harel: Qu'est-ce qui est introduit par l'amendement comme
changement, et à 2418 et au droit actuel?
M. Rémillard: Je vais demander au professeur Pineau, M. le
Président, de répondre à cette question.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Pineau.
M. Pineau: À 2418, M. le Président, contrairement
au droit actuel, le droit pour l'assureur de retenir le montant de la prime due
à même les prestations qu'il doit verser est désonnais
limité à l'exécution du contrat d'assurance individuelle.
Voilà ce que nous dit le commentaire sous 2418.
Mme Harel: Et ça reste vrai?
M. Pineau: Et cela reste vrai. Il peut retenir le montant de la
prime due sur les prestations qu'il doit verser, effectivement.
Mme Harel: Alors, qu'est-ce qui serait modifié au
commentaire? En fait, l'amendement vient simplement préciser...
M. Pineau: Préciser...
Mme Harel:... l'intention du législateur qui était
la même.
M. Pineau: Exactement, parce que le deuxième alinéa
de 2418, tel qu'il était libellé, pouvait donner lieu à
une interprétation erronée.
Mme Harel: On retrouve aussi le délai de deux ans à
2416. Donc, est-ce qu'il faut comprendre que c'était, justement, le
délai en vigueur? C'est le délai en vigueur actuellement?
M. Pineau: Oui, il n'y a rien de changé.
Mme Harel: À cette section qui porte sur les primes, les
avances et la remise en vigueur de l'assurance, 2412 à 2419...
M. Pineau: II n'y a pas de changement.
Mme Harel: ...il n'y a pas de changement, il faut comprendre?
M. Pineau: Non.
Mme Harel: Sauf à 2418, en ce qui concerne...
M. Pineau: C'est cela, et à 2413, deuxième
alinéa. "Lorsque le paiement est fait au moyen d'une lettre de change,
il est réputé fait si la lettre est payée dès la
première présentation." Et, deuxième alinéa: "II
l'est également si le défaut de paiement est attribuable au
décès de celui qui a émis la lettre de change, sous
réserve du paiement de la prime." C'est ce deuxième alinéa
qui vient compléter l'article 2522.
Mme Harel: Alors, donc, c'est l'exception du décès
qui intervient à ce moment-là...
M. Pineau: C'est ça.
Mme Harel: ...pour faire valoir que le paiement est
réputé comme fait. C'est ça?
M. Pineau: C'est cela. "Lorsque le paiement est fait au moyen
d'une lettre de change."
Mme Harel: Est-ce que ça viendrait simplement introduire
dans le Code de la jurisprudence actuelle en cette matière ou si c'est
vraiment de droit nouveau?
M. Pineau: L'Office de révision le proposait. M. le
Président, si la lettre de change est émise et que
l'émetteur vienne à décéder et qu'elle n'a pas
été encaissée, elle ne peut plus l'être. Donc, le
deuxième alinéa permet l'encaissement.
Mme Harel: D'accord. Très bien. Merci.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles 2412
à 2417 inclusivement sont donc adoptés tels quels, l'article 2418
est adopté tel qu'amendé et l'article 2419 est adopté tel
quel. J'aimerais maintenant appeler les articles 2420 à 2429 qui
traitent de l'exécution du contrat d'assurance.
M. Rémillard: II y a un amendement, M. le
Président. L'article 2426 est modifié par le remplacement, aux
deuxième et troisième lignes, des mots "une clause d'exclusion"
par les mots "l'exclusion".
M. le Président, cet amendement est purement formel. En raison de
cet amendement, l'article 2426 se lirait comme suit: "L'assureur ne peut
refuser de payer les sommes assurées en raison du suicide de
l'assuré, à moins qu'il n'ait stipulé l'exclusion de
garantie expresse pour ce cas. Même alors, la stipulation est sans effet
si le suicide survient après deux ans d'assurance ininterrompue."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. La
discussion est donc ouverte concernant ces articles 2420 à 2429
inclusivement.
Mme Harel: M. le Président, la Chambre des notaires,
à 2420, souhaitait qu'au deuxième alinéa les mots "dans
l'année du sinistre" soient remplacés par "dans les délais
impartis après que la personne a recouvré sa capacité
d'agir", faisant valoir que l'impossibilité d'agir peut durer plus d'un
an et ne comprenant pas pourquoi les droits pourraient se perdre dans ce
contexte où l'impossibilité d'agir pourrait durer plus d'un an.
Alors, y a-t-il des explications qui justifient le fait que le ministre ait
maintenu le deuxième alinéa tel que rédigé?
M. Rémillard: Oui, on a évidemment bien
analysé cette observation de la Chambre des notaires et notre analyse,
c'est que, dans l'éventualité où une personne serait
incapable d'agir pendant une si longue période, les règles du
livre premier Des personnes devraient alors s'appliquer et permettre à
une autre personne d'agir pour le compte de celle qui en est
empêchée. Il me semble donc que, de par le livre premier, donc ce
que nous avons en fonction des personnes, tout doit se lire dans son ensemble
et que ça ne poserait pas de difficulté.
Si vous me permettez, M. le Président, je demanderais à Me
Pineau de commenter.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Pineau.
M. Pineau: M. le Président, effectivement, si cette
personne n'a pas la capacité d'agir, elle sera soumise à un
régime, éventuellement, de tutelle ou de curatelle ou de conseil,
où il y aura peut-être eu un mandat dans
l'éventualité de l'inaptitude. Donc, quelqu'un pourra agir
à titre de représentant à sa place.
Le Président (M. Lafrance): Oui, M. le
député de Westmount.
M. Holden: Oui, M. le Président. M. Pineau, est-ce que,
normalement, celui qui aurait une réclamation aurait deux ans pour la
faire? C'est une espèce de prescription qu'on applique indirectement au
réclamant en l'obligeant à envoyer l'avis. Je trouve que deux
ans, ce serait plus juste qu'un an. Je n'ai pas lu le commentaire des notaires,
mais est-ce que c'était pour étendre le délai?
M. Rémillard: Non.
M. Pineau: Non. Au lieu de l'année du
sinistre", la Chambre des notaires propose "les délais impartis
après que la personne a recouvré sa capacité d'agir".
M. Holden: Ah bon!
M. Pineau: Donc, on laisserait le temps à la personne de
recouvrer sa capacité et le délai commencerait à courir
à ce moment-là. Donc, la prescription serait suspendue à
ce moment-là.
M. Holden: Ce serait étendu. M. Pineau: C'est
ça.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Terrebonne. (10 h 45)
Mme Caron: Oui, M. le Président. L'article 2427 me
ramène à certaines préoccupations majeures concernant la
vente itinérante des préarrangements funéraires, parce
qu'on sait que certains vendeurs itinérants utilisent les contrats
d'assurance, font des rachats, etc. Et ça me ramène à
l'engagement du ministre de régler ce problème dans les meilleurs
délais, et à peut-être lui demander s'il entend nous
apporter une législation d'ici la fin de la présente session.
M. Rémillard: Évidemment, ici, à 2427, on ne
fait que reprendre ce qui était déjà prévu au Code
et il y a une loi particulière sur les frais funéraires. Mme la
députée est évidemment au courant que nous sommes à
rencontrer les différents intervenants dans ce dossier-là. Je ne
pense pas arriver avec une modification législative avant les
fêtes parce qu'on a un programme législatif, en ce qui regarde la
Justice, très chargé. Et, d'autre part, ce n'est pas la raison.
La raison, c'est qu'il faut faire les consultations. Manifestement, il y a un
problème, alors il va falloir le régler, et à la session
prochaine.
Mme Caron: J'avoue, M. le Président, que j'ai bien
hâte que le ministre de la Justice cesse d'analyser et de consulter sur
ce dossier parce que ça fait deux ans que je le harcèle sur ce
sujet.
M. Rémillard: C'est du harcèlement juridique, M. le
Président...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...ce qui est permis, mais ce qui, en droit
parlementaire, cause certaines discussions.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Masse.
M. Masse: M. le Président, de façon un peu
ironique, on peut remarquer que le législateur, à 2427, propose
l'abolition d'une réglementation, d'un contrat qui n'est pas très
fréquent, c'est le contrat de tontine. Est-ce que les légistes
pourraient nous indiquer pourquoi le contrat de tontine a été
abandonné et si d'autres aspects du projet vont réglementer cet
aspect de contrat qui est une espèce de spéculation sur le
décès?
M. Rémillard: Alors, M. le Président, de fait,
comme M. le professeur Masse vient de le dire, nous avons retiré du Code
civil une expression très originale et un concept aussi très
original. Est-ce que je peux demander à Me Denise McManiman de venir
nous préciser un petit peu ce que ça signifie?
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Alors,
Me McManiman.
Mme McManiman: Merci, M. le Président. La tontine,
peut-être pour rafraîchir la mémoire de certains, c'est un
contrat par lequel, finalement, on pariait un peu sur la vie d'autrui. On se
plaçait en groupe, puis on investissait dans un fonds commun certaines
sommes et, au décès de chacun, le montant investi se reportait
sur la tête des survivants jusqu'à ce qu'un dernier survive et
remporte la cagnotte.
M. Masse: Ça peut être déguisé sous
forme de frais funéraires.
Mme Harel: On pourrait faire ça pour la
longévité politique.
Des vote: Ha, ha, ha!
M. Masse: Vous êtes bien placée pour parier.
Mme McManiman: En fait, on peut se demander, d'ailleurs, ce que
cette disposition-là faisait au contrat d'assurance parce que ce n'est
pas, comme tel, de l'assurance, c'est du pari, c'est du jeu. Et, comme les
articles du projet sur le jeu et le pari ne prévoient pas
expressément que la tontine est permise, elle est donc interdite par le
nouveau droit, comme elle l'est actuellement, sauf qu'on ne la retrouve plus au
chapitre du contrat d'assurance parce que, en fait, ce n'est pas de
l'assurance.
Mme Harel: À 2420 - j'ai bien compris, en fait, que
l'action que l'assuré peut intenter peut se faire dans un délai
de trois ans - c'est simplement l'avis du sinistre pour permettre une
enquête qui doit l'être dans l'année où y est
survenu. Alors, c'est donc trois ans, malgré tout, pour intenter
l'action en recouvrement.
M. Holden: S'il n'avait pas fait l'avis, il n'y aurait pas
d'action après, là.
Mme Harel: En recouvrement. Une voix: Oui.
Mme Harel: Par ailleurs, il faut que l'enquête se fasse.
Par exemple, si ça prend 8 mois, ou 9 mois, ou 10 mois pour envoyer un
avis à l'effet qu'il y a eu un incendie ou que votre maison a
été incendiée, les délais peuvent rendre plus
difficiles les enquêtes.
M. Holden: Oui, ça, je comprends. Je pensais plutôt
aux questions de santé, aux polices de santé.
M. Rémillard: Mais il s'agit de l'assurance de personnes
ici.
Mme Harel: Oui, c'est ça. M. Holden: C'est
ça.
M. Rémillard: On est dans l'assurance de personnes.
Mme Harel: C'est l'assurance-vie, en fait, qui est en cause.
L'assurance-maladie, plutôt.
M. Holden: Maladie et vie, oui. Mme Harel: Oui, c'est
ça.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie pour ces
précisions.
Mme Harel: Par exemple, ça pourrait être les
héritiers.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que des problèmes se sont
déjà présentés du fait, par exemple, que des
héritiers n'avaient pas pu donner l'avis dans l'année du
décès, ou... Il n'y a pas de jurisprudence?
M. Pineau: II ne semble pas, M. le Président, qu'il y ait
de problème à cet égard.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles 2420
à 2425 sont donc adoptés tels quels, l'article 2426 est
adopté tel qu'amendé et les articles 2427, 2428 et 2429 sont
adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles 2430
à 2437 inclusivement, articles qui touchent la question de la
désignation des bénéficiaires et des titulaires
subrogés, en particulier des conditions de la désignation.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendements,
M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires touchant ces articles 2430 à 2437 inclusivement? Oui,
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le ministre peut-il nous
indiquer les quelques éléments de droit nouveau qui sont
introduits dans cette section qui traite de la désignation des
bénéficiaires et des titulaires subrogés,
particulièrement des conditions de la désignation?
M. Rémillard: Alors, M. le Président,
essentiellement, c'est le droit actuel, mais il y a du droit nouveau. De fait,
il y a quelques éléments de droit nouveau. Je vais demander
à M. le professeur Pineau de nous les mentionner.
M. Pineau: M. le Président, le troisième
alinéa de l'article 2430 a été ajouté. Il mentionne
que "la police d'assurance-vie ne peut être payable au porteur", mais
c'était une règle qui était déjà
établie et respectée dans la pratique. L'article 2431 est
conforme au droit actuel. L'article 2432 reprend en un seul article les
articles 2543 et 2544 du Code civil du Bas Canada. L'article 2433 reprend le
droit actuel, ajoute une précision; désormais, si l'assuré
décède ab intestat et sans héritier au degré
successible, le bénéficiaire sera réputé avoir
survécu à l'assuré, de façon à éviter
que la somme assurée ne soit versée à l'État, au
détriment, donc, de la succession du bénéficiaire.
L'article 2434 reprend le droit actuel. L'article 2435 reprend le droit actuel,
sauf la restriction de la fin du deuxième alinéa de 2435:
"...à moins que le testament ne mentionne la police d'assurance en cause
ou que l'intention du testateur à cet égard ne soit
évidente." L'article 2436 reprend le droit actuel. L'article 2437 est
conforme au droit actuel. Voilà, nous en avons terminé avec ce
paragraphe.
Mme Harel: Je pense bien que c'est une excellente modification
qui est introduite à l'article 2433 permettant de considérer le
bénéficiaire comme ayant survécu à l'assuré
pour ne pas soustraire...
M. Pineau: C'est le fameux problème des comourants.
Mme Harel: C'est ça, pour ne pas soustraire, finalement,
aux héritiers du bénéficiaire l'avantage des sommes qui
seraient versées. À l'article 2434, c'est la question du
bénéficiaire conjoint. Alors, dès qu'il y a une
désignation autrement que par testament, par exemple dans une police,
c'est ça qu'il faut comprendre, c'est le droit actuel qui va
subsister.
M. Pineau: Exact.
Mme Harel: Donc, dès que, dans une police, il y a une
désignation du conjoint, c'est considéré comme
irrévocable, irréfragable. C'est ça?
M. Pineau: Sauf stipulation contraire. C'est le droit
d'aujourd'hui.
Mme Harel: Même si ça ne stipule pas que c'est
irrévocable, ça l'est...
M. Pineau: C'est irrévocable.
Mme Harel: C'est irrévocable. C'est présumé
irrévocable. Les gens le savent, ça, selon vous? Je ne suis pas
convaincue que c'est assez dit, en fait, comme information.
M. Holden: Mais les compagnies d'assurances le savent, puis c'est
ça qui est important, quand il s'agit de payer.
Mme Harel: Mais l'assuré, lui? En fait, ce serait plus
important que ce soit lui qui le sache étant donné que c'est lui
qui décide, non?
M. Pineau: Le principe général, M. le
Président, c'est la révocabilité, sauf stipulation
contraire. Mais dans l'hypothèse où le bénéficiaire
est le conjoint, le principe est inversé; le principe, c'est
l'irrévocabilité, sauf stipulation contraire.
Mme Harel: Les parties peuvent renoncer, par exemple au moment du
divorce. Le bénéficiaire, le conjoint bénéficiaire
peut renoncer à ce moment-là, au moment du divorce?
M. Rémillard: À l'article 2444, deuxième
alinéa, M. le Président, on dit bien: "Le divorce ou la
nullité du mariage rend caduque toute désignation du conjoint
à titre de bénéficiaire ou de titulaire
subrogé."
Mme Harel: Ce n'est même pas, en fait... Il n'y a
même pas renonciation. C'est la caducité de la stipulation, de la
désignation du conjoint.
M. Rémillard: Mais, par convention, ils peuvent aller
autrement.
Mme Harel: Donc, tant que le mariage dure, le conjoint
désigné est irrévocable.
M. Pineau: C'est ça. M. Rémillard: C'est
ça.
Mme Harel: C'est ça. C'est le droit actuel, hein?
M. Pineau: C'est le droit actuel.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles
2430...
Mme Harel: II y a l'article 2435 je pense, qui Introduit
également une sorte de précision.
M. Rémillard: Oui, Me Pineau l'a souligné tout
à l'heure, M. le Président, mais je peux lui demander de refaire
le point sur ce nouvel aspect du droit.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me Pineau.
M. Pineau: Oui, ça assouplit une exigence du droit actuel
relativement à la nécessité pour le testateur d'identifier
correctement, dans son testament, la police d'assurance dont il entend changer
le bénéficiaire.
Mme Harel: Ça assouplit finalement. M. Pineau:
C'est cela.
Mme Harel: II n'aura plus besoin d'avoir cette
précision-là si son intention s'est manifestée assez
clairement. C'est cela?
M. Pineau: C'est cela.
Le Président (M. Lafrance): Les articles 2430 à
2437 inclusivement sont donc adoptés tels quels. À ce stade-ci,
je remarque que nous sommes à mi-temps pour le temps dont nous avions
convenu ce matin. Alors, j'aimerais peut-être suggérer une petite
pause de 10 minutes. Je suspends donc les travaux pour 10 minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 1 )
(Reprise à 11 h 24)
Le Président (M. Lafrance): Alors, je demanderais, s'il
vous plaît, à tous les membres de bien vouloir prendre place. Nous
allons donc reprendre nos travaux en vous référant à la
sous-section qui traite des effets de la désignation. J'aimerais donc
appeler les articles 2438 à 2445 inclusivement.
M. Rémillard: II y a un amendement, M. le
Président. L'article 2441 est modifié en remplaçant,
à la quatrième ligne du premier alinéa, les mots "du
patrimoine" par les mots "de la succession". M. le Président, cet
amendement, purement formel, a pour seul objectif de clarifier l'article. En
raison de cet amendement, l'article 2441 se lirait comme suit: "L'assurance
payable à la succession ou aux
ayants cause, héritiers, liquidateurs ou autres
représentants légaux d'une personne, en vertu d'une stipulation
employant ces expressions ou des expressions analogues, fait partie de la
succession de cette personne. "Les règles sur la représentation
successorale ne jouent pas en matière d'assurance, mais celles sur
l'accroissement au profit des légataires particuliers s'appliquent entre
cobénéficiaires et entre cotitulaires subrogés."
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des commentaires touchant cette sous-section Des effets de la
désignation et, en particulier, sur les articles qui s'y retrouvent -
2438 à 2445 inclusivement?
Mme Harel: À 2441, au deuxième alinéa, on
retrouve du droit nouveau. Est-ce que le ministre peut nous préciser
l'effet que cette nouvelle formulation aura?
M. Rémillard: M. le Président, ce second
alinéa est de droit nouveau. Il a pour objectif de préciser,
comme nous l'avait suggéré d'ailleurs l'Office de révision
du Code civil... On nous avait suggéré alors que les
règles sur la représentation successorale ne s'appliquent pas en
assurance. Mais on avait suggéré que celles sur l'accroissement
au profit des légataires particuliers s'y appliquent. C'est strictement
cette suggestion que nous reprenons de l'Office de révision du Code
civil qui, comme on le sait, a déposé son rapport en 1978 et qui
est le fondement de cette réforme du Code civil.
Mme Harel: La Chambre des notaires proposait que ce second
alinéa à l'article 2441 se retrouve plutôt comme
deuxième paragraphe de l'article 2440. À 2440, au premier
alinéa, on retrouve ceci: "La somme assurée payable à un
bénéficiaire ne fait pas partie de la succession de
l'assuré. De même, le contrat transmis au titulaire subrogé
ne fait pas partie de la succession du titulaire précédent".
Donc, c'est là le principe à l'effet que les règles sur la
représentation successorale ne s'appliquent pas en assurance, avec
l'exception qui est le deuxième alinéa, pour l'accroissement au
profit des légataires particuliers. Est-ce qu'il y a une raison qui
amène le ministre à souhaiter le maintien à 2441
plutôt qu'à 2440, comme le suggère la Chambre des
notaires?
M. Rémillard: Le deuxième alinéa
découle directement de 2441, pas simplement en fonction d'une
dérogation à la règle de 2440, mais en fonction directe de
2441. Je pourrais peut-être demander à M. le professeur Pineau ou
à Mme McManiman...
M. Pineau: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Me Pineau.
M. Pineau: ...ce second alinéa est resté sous
l'article 2441 plutôt que sous l'article 2440 pour simple raison
d'opportunité. Je pense que la situation de ce second alinéa se
défend aussi bien sous 2441 que sous 2440 car sous 2441, il est question
d'assurance payable à la succession. Il y a cette exception des
règles sur la représentation successorale qui ne jouent pas dans
le cadre de l'assurance alors que la règle sur l'accroissement, elle,
joue. Je pense que c'est une question d'opportunité. Donc, ça n'a
pas de conséquence. Les deux positions se défendent, et le
maintien sous 2441 est aussi valable que le report sous 2440.
Mme Harel: Alors, dans cette section qui porte sur les effets de
la désignation, mis à part le deuxième alinéa de
2441 qui est de droit nouveau, est-ce que l'ensemble des autres règles
ne vient que reconduire le droit actuel?
M. Rémillard: Dans son essence, oui, M. le
Président. Je vais demander à Me Pineau s'il y a des
éléments nouveaux.
M. Pineau: M. le Président, 2438, c'est la règle du
droit actuel. 2439, c'est la règle du droit actuel. L'article 2440 est
conforme au droit actuel. À 2441, le premier alinéa reprend le
droit actuel et le second alinéa, comme nous venons de le dire, est de
droit nouveau. Il ne fait que confirmer une interprétation doctrinale.
2442 reprend le droit actuel, 2443 également. 2444 reprend le droit
actuel, de même que 2445.
Mme Harel: À 2443, c'est donc la même règle
que celle qui prévaut présentement à l'effet que, s'il y a
stipulation d'irrévocabilité, ça a pour effet de rendre
insaisissables les droits conférés autant au titulaire, au
bénéficiaire qu'à l'adhérent. C'est ça qu'il
faut comprendre. Alors, en rendant...
M. Pineau: C'est exactement au même effet que l'article
2554, Bas Canada.
Mme Harel: Comment se fait la modification? On peut
révoquer l'irrévocabilité si ce n'est pas dans le cas d'un
conjoint. C'est ça qu'il faut comprendre? On peut révoquer...
M. Pineau: Dans la police...
Mme Harel: ...le bénéficiaire
irrévocable.
M. Pineau: ...on peut insérer une clause de
révocabilité.
Mme Harel: Oui, d'un bénéficiaire
irrévocable. Non?
M. Pineau: Non. Le principe, c'est que toute stipulation est
révocable, sauf si on stipule l'irrévocabilité.
Mme Harel: Oui.
M. Pineau: Maintenant, si l'on songe à la police en faveur
d'un conjoint, la règle est inversée. C'est tout à fait
autre chose.
Mme Harel: C'est autre chose. Donc, si la stipulation
d'irrévocabilité... c'est-à-dire hors le cas du conjoint.
Mais, s'il y a désignation irrévocable d'un
bénéficiaire, cette désignation-là n'est pas
révocable.
M. Pineau: Ne peut pas être changée - exact -
"même si le bénéficiaire désigné n'en a pas
connaissance", comme nous le dit 2443. C'est exactement le droit d'aujourd'hui,
2554, Bas Canada.
Mme Harel: Alors, on peut, à ce moment-là,
considérer qu'à 2443 c'est, finalement, un avantage qui est
conféré, le fait que cette stipulation
d'irrévocabilité rend les droits insaisissables. Mais la
stipulation n'a pas pour objet de se soustraire à la
saisissabilité parce qu'elle-même n'est pas révocable.
C'est-à-dire que, quand on stipule, c'est pour toujours,
l'irrévocabilité.
M. Rémillard: C'est vraiment ça? M. Pineau:
Oui, c'est cela.
M. Rémillard: Avec le consentement, il est toujours
possible.
Mme Harel: C'est ce qu'on avait vu dans une autre section. S'il y
a consentement du bénéficiaire.
M. Pineau: II n'y a plus de problème, mais c'est parfois
difficile de l'obtenir.
Le Président (M. Lafrance): Les articles 2438, 2439 et
2440 sont adopté tels quels. L'article 2441 est adopté tel
qu'amendé. Les articles 2442, 2443, 2444 et 2445 sont adoptés
tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles 2446 et 2447 qui
traitent de la cession et de l'hypothèque d'un droit résultant
d'un contrat d'assurance.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'il serait beaucoup
plus prudent, compte tenu de la suspension pour une étude plus
approfondie de toutes les dispositions relatives à l'hypothèque
mobilière, et compte tenu que ces deux articles 2446 et 2447 concernent
la cession et l'hypothèque d'un droit résultant d'un contrat
d'assurance, définitivement, il serait plus prudent de suspendre ces
deux articles. Nous aurons certainement à les examiner lors de l'examen
de l'ensemble de l'hypothèque mobilière.
M. Rémillard: Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Les articles 2446 et 2447 sont
donc laissés en suspens. Nous arrivons à la section III, De
l'assurance de dommages. J'aimerais appeler les article 2448, 2449 et 2450 qui
traitent des dispositions communes à l'assurance de biens et de
responsabilité et du caractère indemnitaire de l'assurance.
De l'assurance de dommages
M. Rémillard: M. le Président, à l'article
2449, nous proposons un amendement pour que cet article soit remplacé
par le suivant: "L'assureur est tenu de réparer le préjudice
causé par une force majeure ou par la faute de l'assuré, à
moins qu'une exclusion ne soit expressément et limitativement
stipulée dans le contrat. Il n'est toutefois jamais tenu de
réparer le préjudice qui résulte de la faute
intentionnelle de l'assuré. En cas de pluralité d'assurés,
l'obligation de garantie demeure à l'égard des assurés qui
n'ont pas commis de faute intentionnelle. "Lorsque l'assureur est garant du
préjudice que l'assuré est tenu de réparer en raison du
fait d'une autre personne, l'obligation de garantie subsiste quelles que soient
la nature et la gravité de la faute commise par cette personne."
M. le Président, cet amendement est nécessaire pour bien
préciser que seul l'auteur de la faute intentionnelle est visé
par cette exclusion légale. L'article met ainsi fin à une
controverse doctrinale et jurisprudentielle sur le caractère personnel
ou non d'une faute intentionnelle. Les autres modifications apportées
à l'article sont purement formelles. En raison de cet amendement,
l'article 2449 se lirait comme suit: "L'assureur est tenu de réparer le
préjudice causé par une force majeure ou par la faute de
l'assuré, à moins qu'une exclusion ne soit expressément et
limitativement stipulée dans le contrat. Il n'est toutefois jamais tenu
de réparer le préjudice qui résulte de la faute
intentionnelle de l'assuré. En cas de pluralité d'assurés,
l'obligation de garantie demeure à l'égard des assurés qui
n'ont pas commis de faute intentionnelle. "Lorsque l'assureur est garant du
préjudice que l'assuré est tenu de réparer en raison du
fait d'une autre personne, l'obligation de garantie subsiste quelles que soient
la nature et la gravité de la faute commise par cette personne."
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires touchant ces
trois articles: 2448, 2449 et 2450?
Mme Harel: À 2449, la Chambre des notaires avait
proposé le commentaire suivant: II y aurait lieu d'ajouter, à la
fin du premier alinéa, les mots "et subi par l'auteur de cette faute".
Évidemment, c'était à la fin du premier alinéa de
2449, tel que rédigé, de façon à ce que le premier
alinéa se lise comme suit:
Toutefois, il n'est jamais tenu de réparer le préjudice
qui résulte d'une faute intentionnelle de l'assuré et subi par
l'auteur de cette faute."
La Chambre ajoutait: Nous croyons qu'il faut limiter l'exclusion
légale de la faute intentionnelle à l'auteur de cette faute,
particulièrement en raison du caractère éminemment
personnel de cette faute.
M. Rémillard: On y répond, peut-être en
partie, avec la dernière phrase du premier alinéa de 2449
lorsqu'on dit: "En cas de pluralité d'assurés, l'obligation de
garantie demeure à l'égard des assurés qui n'ont pas
commis de faute intentionnelle." Alors, ceux qui n'ont pas commis de faute
intentionnelle n'ont pas à subir les conséquences
néfastes, évidemment, que l'assuré qui a commis cette
faute aura à subir. On se réfère évidemment,
toujours, à ce concept de faute de l'assuré. Alors, la faute de
l'assuré lie l'assureur, mais la faute intentionnelle ne lie pas
l'assureur. Elle n'oblige pas, par contre, les autres assurés
d'être pénalisés au même titre que celui qui a commis
la faute comme assuré. Peut-être que M. le professeur Pineau, M.
le Président, peut apporter d'autres commentaires.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Me
Pineau.
M. Pineau: M. le Président, prenons la dernière
phrase du premier alinéa: "En cas de pluralité d'assurés,
l'obligation de garantie demeure à l'égard des assurés qui
n'ont pas commis de faute intentionnelle." Supposons que deux personnes
copropriétaires indivises d'un immeuble soient assurées.
Supposons que l'une de ces personnes, intentionnellement, détruise le
bien en question - intentionnellement, je dis bien. Celui qui n'a pas commis de
faute intentionnelle récupérera sa part d'indemnité tandis
que l'autre n'aura rien.
Dans le cadre du deuxième alinéa, l'obligation de garantie
subsiste quelle que soit la nature et la gravité de la faute commise par
la personne dont répond l'assuré. Pensons à la personne
qui travaille pour l'assuré et qui, effectivement, viendrait à
détruire le bien ou faire subir un préjudice. L'assurance
couvrirait, effectivement, cette perte, ce dommage, même si la faute
commise par cette personne est une faute intentionnelle. En d'autres termes,
l'assuré ne subirait pas un préjudice du fait de la faute
intentionnelle commise par cette personne qui a commis la faute
intentionnelle.
M. Rémillard: Évidemment, M. le Président,
ce que la Chambre des notaires nous suggérait, c'était que
l'assureur puisse dédommager le tiers de la faute intentionnelle commise
par l'assuré. À mon avis, ça va trop loin. On ne peut pas
demander à l'assureur de payer pour une faute intentionnelle qui a
été faite. Par contre, ce qu'on trouvait juste, c'est que les
coassurés ne subissent pas les conséquences d'une faute
intentionnelle de l'un des leurs.
M. Holden: M. le Président
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Westmount.
M. Holden: Je suis d'accord avec le ministre mais je signale, en
passant, que même la faute intentionnelle est couverte quant il s'agit de
notre Société de l'assurance automobile. C'est en dehors des
questions d'assurance, mais quand même. Je trouve, d'ailleurs, que
l'article tel que rédigé doit effrayer un peu les compagnies
d'assurance. C'est très large comme notion.
M. Rémillard: Ce n'est pas trop large. En fait, ça
élargit, certainement, d'une certaine façon. Mais je pense que...
Quand on dit: Chercher un juste équilibre...
M. Holden: Oui, c'est raisonnable.
M. Rémillard: ...le principe est là. Si plusieurs
assurés ont une police d'assurance et qu'un de ces coassurés fait
une faute intentionnelle, il ne faut pas pénaliser les coassurés
qui ont agi de bonne foi, et qui n'ont pas fart de faute intentionnelle.
M. Holden: Mais l'exemple du professeur Pineau, si un
associé met le feu à la maison, c'est quand même... l'autre
est chanceux de collecter même sa moitié. Je crois que c'est un
élargissement de la notion.
M. Rémillard: Ça se peut qu'il soit chanceux.
Ça se peut qu'il soit moins chanceux aussi. Ça dépend des
circonstances. On pense toujours qu'un feu, c'est de la grosse chance. C'est
pareil comme les gens, dans le temps, qui disaient: On est exproprié,
c'est fantastique. Organisez-vous pour être exproprié.
C'était le pactole parce qu'on était exproprié.
Maintenant, être exproprié, je veux dire, c'est la
calamité. Il faut voir cas par cas.
Mme Harel: Pour voir un peu l'effet de ça... Donc, le
principe, c'est l'obligation de garantie. Ce principe-là est
écarté lorsqu'il y a une faute intentionnelle. L'exemple qu'on
pourrait peut-être prendre, c'est celui d'un propriétaire de
bateau
qui s'assure, ou de plusieurs assurés qui sont
propriétaires d'un même bateau. Il y a une faute intentionnelle
qui est commise par l'un d'eux, les autres assurés sont
remboursés. Mais fa victime - par exemple, ça peut être un
tiers qui est la victime - des effets de cette faute intentionnelle, elle ne
pourrait recourir que contre l'assuré qui a commis cette faute
intentionnelle. (11 h 46)
M. Rémillard: II faudrait peut-être prendre un autre
exemple parce que là, dans le cas de l'assurance maritime, c'est
vraiment spécifique. Il y a des dispositions particulières dans
ce cas-là, pour le bateau. Mais l'exemple peut peut-être se situer
au niveau d'une maison, des copropriétaires d'une maison.
Mme Harel: Un locataire par exemple. Plusieurs assurés
sont propriétaires d'une même maison. L'un d'entre eux met le feu,
pour reprendre l'exemple. Les autres assurés, à ce
moment-là, ne seraient pas exclus de la garantie de réparation du
préjudice. Mais le locataire, lui, n'aurait de recours que contre
l'assuré qui a fauté.
M. Rémillard: Dans ce cas-là, comme on ne peut pas
diviser... on ne peut pas dire que tant d'appartements appartenaient à
celui qui a fait une faute intentionnelle, puis que tel autre appartenait
à des gens qui n'ont pas fait de faute intentionnelle, donc ils sont
couverts. Si c'est l'ensemble de la maison, ils reçoivent le montant
pour les dommages faits dans la maison.
Mme Harel: Seulement la part de l'assuré, à ce
moment-là.
M. Rémillard: Alors, il y a juste la part de
l'assuré. Donc, les tiers n'en subissent pas de conséquences.
Mme Harel: Mais l'assuré ne recevrait pas la pleine
indemnité.
M. Rémillard: Lui, ne recevrait pas son indemnité.
Il perdrait une partie de son indemnité.
Mme Harel: Même celui qui n'a pas agi de façon
fautive, il ne recevrait pas la pleine indemnité.
M. Rémillard: Bien, il ne serait pas
pénalisé parce que lui il est propriétaire et qu'il y a
des dommages à la maison. Alors, par le fait même, ça
serait réparé.
M. Holden: Mais je crois que le tiers va avoir ses recours contre
l'assurance sans diminution à cause de la faute intentionnelle. Il me
semble que... C'est comme ça que j'interprète l'article, en tout
cas, parce qu'on ne parle pas de tiers là-dedans. On parle...
Mme Harel: Seulement de l'assuré. Alors, comme on ne parle
pas de tiers, le tiers n'a aucun droit.
M. Rémillard: Oui.
M. Holden: Non, non. Moi, je dirais que le tiers a des
droits.
M. Rémillard: Ah oui, ah oui, le tiers. En matière
de responsabilité, il y a toujours la responsabilité de quelqu'un
qui a fait une faute.
Mme Harel: Ah, oui. M. Rémillard: Donc...
Mme Harel: Oui, je veux dire, mais pas à l'égard de
l'assureur.
M. Rémillard: Pas à l'égard de
l'assureur.
Mme Harel: Pas à l'égard de l'assureur. C'est ce
que pense le député de Westmount. C'est que le tiers pourrait
toujours avoir un droit de poursuite contre l'assureur.
M. Holden: Non, mais si on est brûlé, si un tiers
est brûlé dans le feu, je dirais qu'il aurait une
réclamation contre l'assureur de l'édifice.
M. Rémillard: S'il y a un lien. Il faut qu'il y ait un
lien entre l'assureur et le locataire, le tiers. Alors, si son lien c'est en
fonction de l'assuré, à ce moment-là, c'est une faute
intentionnelle. Donc, il n'y a pas de lien juridique qui se communique à
ce moment-là. Son lien pourrait tout simplement être au niveau de
la responsabilité.
M. Holden: Mais c'est une négligence. Que ce soit
intentionnel ou pas intentionnel, c'est une négligence. Alors, si le
genre d'assurance c'est une assurance pour protéger les tiers, je dirais
qu'il aurait une réclamation.
Mme Harel: Ça, c'est très très important
pour moi parce que je comprends 2449 dans le sens suivant. Il y a un incendie
criminel, l'auteur en est le propriétaire qui paie la prime d'assurance,
puis sa faute est prouvée. À ce moment-là, l'assureur
n'est tenu à aucune garantie, puis le locataire, lui, n'aurait qu'un
recours contre l'auteur de l'incendie qui peut être insolvable. Mais il
ne pourrait pas, même s'il a tout perdu, s'il a pensé que son
propriétaire avait une police d'assurance, s'il y a une faute... On
pourrait mettre ça dans un condominium, par exemple, ou n'importe. Le
voisin, par exemple, d'un appartement en unité de
copropriété met le feu. Ça peut provoquer des dommages.
S'il y a une faute
intentionnelle, il n'y a pas, à ce moment-là, de
possibilité de réclamer à l'assureur.
M. Rémillard: Oui, bien, écoutez. Je ne sais pas si
je vous comprends bien, mais on me reprendra si je fais erreur. Je vais essayer
de comprendre. Ça aussi, c'est un point important.
Il y a, disons, trois propriétaires d'un immeuble qui comprend
une dizaine d'appartements, et un de ces copropriétaires - donc
coaccusé - met le feu intentionnellement - donc faute intentionnelle. La
police d'assurance ne dédommagerait pas ce coaccusé, mais elle va
dédommager les deux autres assurés. Donc, il y aura les deux
tiers probablement comme tel. Or, si on se réfère maintenant
à la situation...
Mme Harel: Oui, mais s'il était seul? Prenez simplement
l'exemple d'un seul propriétaire...
M. Rémillard: ...propriétaire. Mme Harel:
...un seul assuré.
M. Rémillard: Oui. Ah, O.K! D'un seul. Là, je
comprends. La seule possibilité, c'est au niveau de la
responsabilité ou de sa propre assurance.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Parce que, comme locataire, il faut avoir
une assurance. Il y a des locataires qui n'ont pas d'assurance, qui peuvent
causer des dommages comme locataire, par exemple. On devrait conseiller
absolument à tous les locataires d'avoir des polices d'assurance.
Mme Harel: Mais ça vaut souvent, ça couvre leurs
biens, là.
M. Rémillard: Ça couvre tous les biens pour le feu,
pour les dommages qui peuvent se passer. Là, la police d'assurance
qu'ils ont, eux, bien, si c'est l'assuré propriétaire de
l'immeuble qui a fait une faute, non pas intentionnelle, c'est sa police
d'assurance à lui qui va payer. Mais un locataire devrait toujours avoir
une police d'assurance. En copropriété, on sait que c'est
obligatoire, mais pas pour quelqu'un comme ça qui...
Mme Harel: C'est louable de dire "devrait toujours avoir une
police d'assurance", sauf que ce n'est pas nécessairement toujours
accessible, pas simplement parce que financièrement ça ne l'est
pas, mais aussi parce qu'il y a certains quartiers où, finalement, les
possibilités d'assurance sont très réduites, étant
donné les risques.
M. Rémillard: Je dirais réduites, non seulement
pour les locataires...
Mme Harel: Pour les propriétaires.
M. Rémillard: ...mais pour les propriétaires aussi.
Il y a des propriétaires qui vont avoir deux ou trois... qui ont des
chambreurs, etc., et qui n'ont pas d'assurance, ou qui ont une assurance
extrêmement réduite et non conforme à la
réalité du risque. Ça, c'est un problème.
Évidemment, on ne peut pas régler tous ces
problèmes-là ici, mais je crois que c'est d'essayer de trouver le
juste équilibre. Il me semble que ça reflète la
réalité de la situation.
Mme Harel: Pour que le deuxième alinéa prenne
effet, est-ce qu'il aurait fallu que l'assuré, en fait, dénonce
à l'assureur les personnes qui relèvent de lui?
M. Rémillard: Attendez là, je vais vous le dire.
Vous me permettez, M. le Président, de demander à Me
McManiman?
Le Président (M. Lafrance): Oui, merci M. le ministre.
Alors, Me McManiman?
Mme McManiman: Merci, M. le Président. Non, le
deuxième alinéa est simplement là pour que le
critère de la faute intentionnelle, on ne puisse pas l'opposer à
l'assuré si ce n'est pas lui qui a commis cette faute intentionnelle
mais, par exemple, son préposé, et que lui en répond comme
commettant, son enfant, et que lui est parent. Même si l'enfant a commis
une faute intentionnelle, le parent va pouvoir quand même
bénéficier de la couverture. C'est ce que l'article vient dire
tout simplement.
Mme Harel: Ça vaut alors pour le tuteur, le curateur, le
mandataire.
Mme McManiman: C'est ça.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Masse.
M. Masse: À cet effet, on remarquera que la modification
de l'article 2449, deuxième alinéa, est à l'effet de
permettre à l'assuré de ne pas être empêché de
toucher l'assurance ou de payer la compensation si une personne dont il est
responsable a commis une faute intentionnelle. Là-dessus on change de
stratégie. L'article 2564 du Code civil actuel permet ces
situations-là dans le cas des personnes visées à l'article
1054, essentiellement dans le cas du préposé, du commettant et de
l'aliéné mental par rapport au tuteur ou au curateur. L'article
2449, deuxième alinéa, se lit de la façon suivante:
"L'assureur qui est garant du préjudice que l'assuré est tenu de
réparer, en raison du fait d'une autre personne, est tenu de
l'obligation de réparer quelles que soient la nature et la
gravité de la faute de cette personne." Donc, on ne limite pas le champ
d'application de l'alinéa 2, M. le Président, aux
personnes visées à l'article 1054. Partant de ce
changement de champ d'application, de l'exclusion de l'alinéa 2, le
Bureau d'assurance du Canada craint que, dorénavant, on puisse invoquer
cette responsabilité pour le fait d'autrui dans le cas des relations,
non seulement entre parent et enfant, entre maître et commettant ou entre
préposé et employeur, mais également entre mandant et
mandataire, et entre contracteur et sous-contracteur. Il m'apparaftrait assez
étonnant que ce principe-là ait une application entre
sous-contracteur et contracteur général. J'aimerais qu'on
précise un peu le champ d'application de cette exception.
Le Président (M. Lafrance): Me McManiman.
Mme McManiman: La responsabilité entre contractant et
sous-contractant devrait, je pense, être analysée dans le contexte
de commettant et préposé. Pour ce qui est du mandataire et du
mandant, effectivement, l'article va permettre d'aller chercher le mandataire
et le mandant. Il y a même, je crois, un article dans le projet de loi
125 qui établit, au chapitre du mandat, que le mandant est responsable
des actes commis par son mandataire.
M. Masse: Au même titre qu'en vertu du Code civH
actuel?
M. Rémillard: Oui.
M. Masse: Est-ce qu'en vertu de la modification il y a d'autres
situations qui seraient visées que la situation mandataire-mandant,
d'autres situations qui sont visées en dehors des articles 1455 à
1459 du projet de loi 125?
Mme McManiman: Outre le mandat, je ne vois pas...
M. Masse: Vous n'en voyez pas.
Mme McManiman: ...quel autre pourrait tomber sous cet
article.
M. Holden: Quelle a été la réponse pour le
contracteur et le sous-contracteur?
Mme McManiman: Je pense que ça dépend des cas.
C'est vraiment un cas qui doit être analysé en regard des faits
spécifiques. Pour que le contracteur soit responsable des actes du
sous-contracteur, il doit avoir établi entre eux une relation de
mandant-mandataire ou de commettant-préposé. Mais simplement de
contractant et de sous-contractant, entre entreprises indépendantes, il
n'y a pas de responsabilité normalement, à moins que des
relations particulières n'aient été prises entre eux.
M. Holden: Normalement, les deux ont leur assurance propre, le
sous-contracteur a son assurance.
Mme McManiman: Les deux, habituellement, ont leurs propres
assurances, effectivement.
Mme Harel: Donc, doit-on comprendre que c'est le droit existant
qui est reconduit et qu'il n'y a pas d'élargissement dans la formulation
du deuxième alinéa de l'article 2449?
Mme McManiman: En quelque sorte, parce que, si on regarde
l'article 1054 actuel, ça recouvre déjà le titulaire de
l'autorité parentale, les tuteurs, les personnes chargées de
garder un majeur, l'instituteur, l'artisan, maître et commettant, c'est
en fait simplement...
Mme Harel: Les articles 1455, 1456, 1457 - Du fait ou de la faute
d'autrui - qui sont actuellement suspendus.
Le Président (M. Lafrance): Merci, maître. Donc,
l'article 2448 est adopté tel quel. L'article 2449 est adopté tel
qu'amendé. L'article 2450 est adopté tel quel. J'aimerais
maintenant appeler les articles 2451, 2452 et 2453 qui traitent de
l'aggravation du risque. (12 heures)
M. Rémillard: M. le Président, il y a trois
amendements. L'article 2451 du projet est modifié: 1° par le
remplacement, à la deuxième ligne du premier alinéa, du
mot "stipulées" par le mot "stipulés". Alors, il s'agit de
"stipulées" avec "es" par le mot "stipulés" avec un simple "s".
2° M. le Président, en supprimant, à la troisième
ligne du premier alinéa, le mot "celles".
M. le Président, ces amendements visent à retrancher de
cet article la possibilité pour un assureur de préciser dans la
police les circonstances aggravantes particulières dont il veut
être informé en cours de contrat, ce type de clause n'étant
pas d'usage dans l'industrie de l'assurance. En raison de ces amendements,
l'article 2451 se lirait comme suit: "L'assuré est tenu de
déclarer à l'assureur, promptement, les circonstances qui
aggravent les risques stipulés dans la police et qui résultent de
ses faits et gestes si elles sont de nature à influencer de façon
importante un assureur dans l'établissement du taux de la prime,
l'appréciation du risque ou la décision de maintenir l'assurance.
"Lorsque l'assuré ne remplit pas cette obligation, les dispositions de
l'article 2396 s'appliquent, compte tenu des adaptations
nécessaires."
Cet amendement nous avait été suggéré par le
BAC, le Bureau d'assurance du Canada.
M. le Président, l'article 2452 est modifié par le
remplacement, à la deuxième ligne du deuxième
alinéa, des mots "qu'un sinistre ait eu lieu" par les mots "un
sinistre". Cet amendement effectue une correction purement formelle. En
raison de cet amendement, l'article 2452 se lirait comme suit:
"L'assureur qui est informé des nouvelles circonstances peut
résilier le contrat ou proposer, par écrit, un nouveau taux de
prime, auquel cas l'assuré est tenu d'accepter et d'acquitter la prime
ainsi fixée, dans les trente jours de la proposition qui lui est faite,
à défaut de quoi la police cesse d'être en vigueur.
"Toutefois, s'il continue d'accepter les primes ou s'il paie une
indemnité après un sinistre, il est réputé avoir
acquiescé au changement qui lui a été
déclaré."
M. le Président, l'article 2453 est modifié en
remplaçant, à la fin du second alinéa, les mots "d'une
durée de moins de trente jours" par les mots "d'une durée d'au
plus trente jours". Cet amendement a pour seul objectif d'uniformiser les
délais prévus à cet article. En raison de cet amendement,
l'article 2453 se lirait comme suit: "L'inoccupation d'une résidence ne
constitue pas une aggravation du risque lorsqu'elle ne dure pas plus de trente
jours consécutifs ou que l'assurance porte sur une résidence
secondaire désignée comme telle. "Ne constitue pas, non plus, une
aggravation du risque le fait d'y laisser entrer des gens de métier pour
effectuer des travaux d'entretien ou de réparation d'une durée
d'au plus trente jours."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des commentaires touchant ces trois articles qui sont tous les trois
amendés?
Mme Harel: Est-ce qu'on doit comprendre que ce sont là
trois articles conformes au droit actuel, sauf l'article 2453 qui Introduirait
une sorte de généralisation de la règle jusqu'à
maintenant applicable aux assurances de dommages, comme l'indique le
commentaire? C'est ça? Jusqu'à maintenant, l'inoccupation d'une
résidence ne constituait pas une aggravation du risque si ça
durait moins de trente jours. Ça ne valait que pour
l'assurance-incendie. C'est bien ça qu'il faut comprendre? Maintenant,
c'est élargi à toute l'assurance de dommages. Ça vaut
aussi pour les gens de métier qui viennent effectuer des travaux pendant
que les gens sont absents. Ça valait aussi pour l'assurance-incendie, et
là vous proposez que ça vaille pour toutes les sortes
d'assurances-dommages.
M. Rémillard: Oui. C'est ça, M. le
Président, le commentaire est assez clair à ce sujet. L'article
reprend ainsi le droit actuel, mais généralise l'application de
ces règles à toutes les assurances de dommages, contrairement au
droit actuel et à la proposition de l'Office de révision du Code
civil, qui confinent ces règles à l'assurance contre l'incendie
seulement.
Mme Harel: Quels sont les motifs qui ont présidé au
fait d'introduire cet élargissement?
M. Rémillard: On s'aperçoit, M. le
Président, que le même principe doit s'appliquer. Il n'y a pas de
raison pour que le principe ne s'applique pas dans les domaines du dommage
comme il doit s'appliquer dans le domaine de l'incendie. Les principes sont
exactement les mêmes. On ne voit pas pourquoi, dans le cas du dommage,
ça ne s'appliquerait pas.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Une question bien terre à terre, M. le
Président. Dans les fonctions que nous occupons, il arrive souvent, si
nous n'avons pas de commission parlementaire, qu'on ne siège pas en
janvier et février. Donc, on risque d'Inoccuper notre résidence
plus de 30 jours. Est-ce qu'automatiquement, vu que c'est finalement une
deuxième maison, c'est considéré comme une
résidence secondaire?
M. Rémillard: Si vous l'avez déclarée comme
telle, je crois.
Mme Caron: II faut qu'elle soit déclarée comme
telle.
M. Rémillard: II faut qu'elle sort déclarée
comme telle. Mais écoutez, je ne voudrais pas m'aventurer... Il faudrait
peut-être demander... Il y a des assurances, mais... Normalement, je
crois que le principe, c'est qu'on déclare une résidence
secondaire dans le contrat d'assurance quand vous assurez une maison. Il y a
une principale, il y a une secondaire et vous le déclarez comme tel. Si
c'est secondaire, ce sont les règles qui... C'est, à ce
moment-là, l'assureur qui établit.
Mme Caron: Merci.
Mme Harel: Mais il y a moyen de contourner cette règle
d'inoccupation, il me semble, si tant est qu'il y a un concierge ou... Est-ce
que c'est l'inoccupation comme telle de l'appartement ou...
M. Rémillard: Écoutez, je pense que c'est difficile
de rentrer dans les considérations des contenus des polices directement,
mais ce qui est important, c'est de respecter la règle. Donc, si c'est
inoccupé, il faut le déclarer. S'il y a quelqu'un qui y va
régulièrement, qui va vérifier dans l'appartement, c'est
autre chose. Mais le principe, c'est l'inoccupation.
Le Président (M. Lafrance): Donc, les articles 2451, 2452
et 2453 sont adoptés tels qu'amendés. J'aimerais maintenant
appeler l'article 2454 qui traite de la question du paie-
ment de la prime.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Mme Harel: C'est une disposition qui reprend le droit actuel,
faut-il comprendre?
M. Rémillard: C'est ça, essentiellement, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 2454 est donc
adopté tel quel. J'aimerais maintenant appeler les articles 2455
à 2459 inclusivement, qui touchent la question de la déclaration
de sinistre et du paiement de l'indemnité.
M. Rémillard: M. le Président, nous aimerions
suspendre deux articles, l'article 2457 et l'article 2459. Il y aurait aussi un
amendement, l'article 2456 qui est modifié par le remplacement, à
la fin du premier alinéa, des mots "ceux-ci" par les mots "celles-ci".
Cet amendement effectue une correction qui est strictement grammaticale, M. le
Président. En raison de cet amendement, l'article 2456 se lirait comme
suit: "À la demande de l'assureur, l'assuré doit, le plus
tôt possible, faire connaître à l'assureur toutes les
circonstances entourant le sinistre, y compris sa "clause" probable, la nature
et l'étendue des dommages, l'emplacement du bien, les droits des tiers
et les assurances concurrentes; il doit aussi lui fournir les pièces
justificatives et attester, sous serment, la véracité de
celles-ci. "Lorsque l'assuré ne peut, pour un motif sérieux,
remplir cette obligation, il a droit à un délai raisonnable pour
l'exécuter. "À défaut par l'assuré de se conformer
à son obligation, tout intéressé peut le faire à sa
place."
Sa "cause" probable. Alors, M. le Président, on me souligne de
fait qu'il y a une erreur dans le texte. Je reprends donc la lecture de 2456.
"À la demande de l'assureur, l'assuré doit, le plus tôt
possible, faire connaître à l'assureur toutes les circonstances
entourant le sinistre, y compris sa cause probable, la nature et
l'étendue des dommages, l'emplacement du bien, les droits des tiers et
les assurances concurrentes; il dort aussi lui fournir les pièces
justificatives et attester, sous serment, la véracité de
celles-ci. "Lorsque l'assuré ne peut, pour un motif sérieux,
remplir cette obligation, il a droit à un délai raisonnable pour
l'exécuter. "À défaut par l'assuré de se conformer
à son obligation, tout intéressé peut le faire à sa
place."
Une voix: ...peut... peur.
M. Rémillard: Oui, quelquefois, on peut avec peur, mais,
quand même, ce sont des mots différents.
Le Président (M. Lafrance): II ne faut pas avoir peur de
pouvoir.
M. Rémillard: Le pouvoir ne vous fait pas peur, vous, M.
le Président.
Mme Caron: Comme c'est vrai!
Le Président (M. Lafrance): Pouvoir dans le sens de
capacité, là. Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Moi, je vais devoir
quitter pour les dernières minutes de notre séance et Mme la
députée de Terrebonne va poursuivre. Je dois donc comprendre
qu'au retour on ne pourra pas immédiatement entendre les experts sur la
question de l'informatisation puisqu'on n'a pas complété. Il
reste environ 200 articles, dois-je comprendre, pour nous rendre au chapitre
dix-septième, c'est-à-dire à 2615?
M. Rémillard: L'article 2615... Nous en sommes
à...
Mme Harel: L'article 2457. Alors, 150 articles, à peu
près.
M. Rémillard: II reste 150 articles.
Mme Harel: Est-ce que les experts seront avec nous ce soir
également?
M. Rémillard: Cet après-midi même, ils vont
être en disponibilité.
Mme Harel: Oui. Ce soir également? M. Rémillard:
Ce soir également.
Mme Harel: C'est simplement pour ne pas demander à Me
Frenette - qui est occupé autant qu'on peut l'être quand on est un
expert - de venir nous rejoindre parce que cet après-midi - je le dis
là, mais c'est un secret - nous fêtons 7 des nôtres qui sont
au Parlement depuis maintenant 15 ans. La cérémonie aura lieu...
C'est une cérémonie privée qui est organisée
à leur insu...
Une voix: Ça surprend!
Mme Harel: Ça a lieu à 18 heures. Alors, on est
censés tous être là avant qu'ils entrent, eux, pour leur
faire la surprise. Alors, il faudra-Une voix: Est-ce qu'on...
Mme Harel: Ha, ha, ha! Ça a lieu au Parlementaire.
Une voix: Donc, 20 heures, 20 h 5...
Mme Harel: C'est ça. Donc, je dis à Me Frenette,
peut-être, de venir nous rejoindre vers 17 heures?
M. Rémillard: Oui. Ils vont être ici, les gens du
ministère de la Justice. Donc, nos experts vont être ici, cet
après-midi, en cas, quelquefois... si on a à aborder... à
la fin de l'après-midi, ils seront là. Mais, de toute
façon, on a besoin d'un bon temps pour faire le point. Alors, ce soir,
ils seront là pour que nous puissions... qu'ils nous fassent la
présentation ce soir, dans la soirée.
Le Président (M. Lafrance): Si on pouvait obtenir, Mme la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, l'autorisation, votre
consentement, tout de suite après la période des questions,
d'annoncer notre sous-commission, alors, on pourrait procéder
peut-être un peu plus rapidement cet après-midi.
Mme Harel: Je me suis informée de cette
possibilité-là, au moment de notre intermission. La
difficulté que ça présente, c'est la suivante: il y a
beaucoup de motions qui sont présentées. Une des façons de
garder sous contrôle ces motions, c'est justement de retarder le
début des commissions parlementaires sinon, la crainte du leader, c'est
que c'est exponentiel, les motions. Là, il n'y a plus aucun anniversaire
au Québec... Comme il le disait, il n'y a plus un légume qui n'a
pas sa journée. On en est à des motions incessamment. Alors, il
faudrait peut-être que le leader parle au leader. Ça va
dépendre du nombre de motions. S'il y a encore une demi-douzaine de
motions... C'est une manière de circonscrire le nombre, l'augmentation,
paraît-il, phénoménale du nombre de motions. Mais on pourra
peut-être s'en reparler en Chambre.
M. Rémillard: Peut-être s'en reparler et se donner
rendez-vous...
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: ...après la période de
questions, ici.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Alors, est-ce qu'on peut se donner
rendez-vous ici après la période de questions?
Mme Harel: Non.
Une voix: Ce n'est pas ici, je pense.
Le Président (M. Lafrance): Je pense, M. le ministre, que
c'est prévu à la salle Papineau.
Mme Harel: Papineau. Alors...
M. Rémillard: Alors, on s'entend pour 15 h 30.
Mme Harel: C'est ça.
M. Rémillard: On se donnerait rendez-vous.
Mme Harel: À moins que nos leaders ne trouvent pas
matière à règlement.
M. Rémillard: À règlement.
Mme Harel: On va se voir en Chambre.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Alors, est-ce qu'il y a
des commentaires touchant ces articles 2455 à 2459 inclusivement? Oui,
Me Masse.
M. Masse: Les articles 2457, M. le Président, et 2459 sont
deux très importantes dispositions dont on propose la suspension pour le
moment. Mais nous voulions signaler les problèmes que nous avons
à l'égard de ces deux dispositions. D'abord, à
l'égard de l'article 2457, il est question des fraudes, pour
l'essentiel, des assurés, lorsqu'ils déclarent un sinistre. Par
exemple, c'est le cas - qui, malheureusement, semble devenir de plus en plus
classique - de la personne qui, lors d'un incendie, déclare avoir eu des
biens qu'elle n'avait pas. Le droit actuel fait en sorte que, dans le cas
où l'assureur - c'est une preuve difficile à faire -
démontre la fraude, l'assuré perd le droit à toute
réclamation. (12 h 15)
M. Rémillard: M. le Président, peut-être...
Excusez-moi, M. le professeur. Simplement, je pense que j'ai oublié de
dire que nous suspendons 2457 et 2459.
Le Président (M. Lafrance): Vous l'avez bien dit, M. le
ministre.
M. Rémillard: Ah! Je l'ai mentionné.
Le Président (M. Lafrance): Oui, mais Me Masse
désire, je pense, quand même commenter, donner son point de vue
sur ces deux articles.
M. Masse: Dans la proposition qui est faite, dans un cas de
fraude, l'assuré dont il a été prouvé qu'il a
commis une fraude perdrait son droit aux réclamations des biens du
même type de sorte que, si la réclamation frauduleuse portait sur
des biens mobiliers, il perdrait la réclamation de ces biens mobiliers.
Mais si, par exemple, c'est un incendie qui affecte également son
habitation, il garderait son droit à sa réclamation pour
l'habitation. S'il s'agit d'une fraude sur une réclamation de biens
profession-
nels et qu'il a, en même temps, déclaré ou
réclamé des biens personnels, il perdrait son droit de
réclamation pour une partie ou le type de bien qui fait l'objet de la
fraude seulement.
Il s'agit là d'une modification importante. Je pense qu'on ne
peut pas avoir une décision péremptoire là-dessus, mais il
est clair que le problème que ça pose, c'est le problème
de l'encouragement à la fraude. Les informations que l'on a - il y aura
même un colloque ou une conférence à l'Université de
Montréal, au début de l'année 1992, sur le problème
des fraudes en matière d'assurance - posent ce problème de
l'encouragement indirect à la fraude en vertu de l'article 2457.
Le problème posé par l'article 2459 qui déclare que
"l'assureur ne peut jamais être subrogé contre les personnes qui
font partie de la maison de l'assuré" - dans un cas de faute, notamment
- est un problème tout aussi important. C'est une disposition
substantiellement semblable qui existe dans le Code civil actuel. Cependant,
les tribunaux supérieurs - la Cour d'appel, notamment, et la Cour
suprême dans un cas - ont interprété la maison de
l'assuré comme étant tellement large qu'à toutes fins
pratiques l'assureur se met à couvrir ou ne pas avoir de recours
subrogatoire contre, par exemple, un voisin qui vient donner un coup de main et
le reste. Ça nous pose des problèmes. Cependant, nous devons
signaler que nous ne voudrions pas voir écartées, de la
protection de l'assurance d'un assuré, des personnes comme des
gardiennes d'enfants qui pourraient venir à la maison occasionnellement,
commettre un dommage à la suite de leur faute, et qui se verraient
poursuivies à leur tour par l'assureur. Donc, de ce
côté-là, les deux dispositions en question, 2457 et 2459,
font problème. Nous avons bonne confiance de les régler, du moins
d'arriver à une entente avec les légistes du gouvernement, d'ici
une semaine ou deux.
M. Rémillard: M. le Président, je comprends que M.
le professeur parle au nom de la commission, en se référant
à "nous".
M. Masse: Non, je parle...
M. Rémillard: Pour qui parlez-vous?
M. Masse: Je m'excuse, je retire le "nous", M. le
Président. Je parlais de l'Opposition officielle, à tort, je le
regrette.
M. Rémillard: Ah boni Écoutez, parce que,
finalement... Non, ce n'est pas à tort. Je veux lui dire que ce n'est
pas à tort. Nous avons suspendu ces deux articles parce qu'on a aussi
les mêmes questions à se poser. Donc, ce n'est pas à tort
du tout. Je croyais qu'il parlait pour la commission, parce qu'on aurait pu
tenir le même langage. Alors, de fait, c'est pour ça qu'on suspend
et qu'on va bien peser tout ça et continuer nos consultations pour
revenir sur ces deux articles un peu plus tard. On est parfaitement d'accord
sur les interrogations qui se posent à ce niveau-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Donc, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 2455 est adopté tel quel, 2456 est adopté
tel qu'amendé, 2457 est laissé en suspens, 2458 est adopté
tel quel, 2459 est laissé en suspens. J'aimerais maintenant appeler les
articles 2460 et 2461 qui traitent de la cession de l'assurance.
M. Rémillard: II n'y a pas de modification. Mme Caron:
Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Donc, les articles 2460 et
2461 sont adoptés tels quels. J'aimerais appeler les articles 2462, 2463
et 2464 qui touchent la question de la résiliation du contrat.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, il y a un
amendement. L'article 2462 du projet est modifié par l'ajout du
troisième alinéa suivant: "Les assurés nommés dans
la police peuvent toutefois confier à un ou plusieurs d'entre eux le
mandat de recevoir ou d'expédier l'avis de résiliation."
M. le Président, cet amendement prévoit
expressément la possibilité, pour un groupe d'assurés, de
mandater l'un ou plusieurs d'entre eux pour recevoir ou envoyer l'avis de
résfliation de la police. En raison de cet amendement, l'article 2462 se
lirait comme suit: "L'assureur peut résilier le contrat moyennant un
préavis qui doit être envoyé à chacun des
assurés nommés dans la police. La résiliation a lieu
quinze jours après la réception du préavis par
l'assuré à sa dernière adresse connue. "Le contrat
d'assurance peut aussi être résilié sur simple avis
écrit donné à l'assureur par chacun des assurés
nommés dans la police. La résiliation a lieu dès la
réception de l'avis. "Les assurés nommés dans la police
peuvent toutefois confier à un ou plusieurs d'entre eux le mandat de
recevoir ou d'expédier l'avis de résiliation."
C'est le Bureau d'assurance du Canada, M. le Président, qui nous
avait fait le commentaire et suggéré d'ajouter ce
troisième alinéa.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le ministre.
J'avais pris une petite note, moi, ici, entre l'article 2463 et l'article 2464.
Un nouvel article venant de l'article 2784, lequel article 2784 avait
été supprimé. Peut-être que je m'étais
trompé. En tout cas... Mme...
M. Rémillard: On n'oserait pas dire que vous vous
êtes trompé, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): J'ai fait erreur.
M. Rémillard: Comme vous l'avez si bien dit, de fait, il y
a eu des articles de suspendus, mais probablement que c'étaient les deux
articles que nous venons de suspendre précédemment, 2457 et 2459,
qui ont pu être confondus.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Je pense qu'il y aurait
lieu peut-être de suspendre l'article 2463, compte tenu que nous sommes
toujours en réflexion sur l'hypothèque mobilière et qu'il
y a des liens avec cet article. Concernant cette hypothèque
mobilière, je m'étais engagée, hier, à transmettre
un message au ministre, ayant participé en début de soirée
aux travaux de la commission des institutions concernant la protection de la
vie privée. L'ACEF du nord de Montréal déposait son
mémoire et cernait tout le problème des redresseurs financiers.
De plus en plus de personnes se spécialisent et encouragent les
consommateurs à faire des faillites même s'il n'y a pas lieu,
parfois juste pour un prêt étudiant, ce qui est tout à fait
inconcevable.
En parlant de l'endettement, ils suggéraient au ministre, qui se
proposait d'instaurer l'hypothèque mobilière, de passer une
semaine à l'ACEF du nord de Montréal pour connaître
l'endettement des familles. Le taux est très élevé. Ils
s'inquiétaient également, pour la même raison que
l'Opposition, de l'importance du nouveau registre qui permettrait, finalement,
de nuire encore à la protection de la vie privée. Alors, le
message est transmis, et je demande à la commission, si c'est possible,
de suspendre l'article 2463.
M. Rémillard: M. le Président, oui, nous allons
suspendre l'article 2463 parce que ça se réfère à
l'hypothèque mobilière que nous avons à discuter. Je
prends bonne note de l'aimable invitation de l'ACEF du nord de Montréal
et je sais que c'est de l'excellent travail qu'ils font. Alors, vous pouvez
être certain, M. le Président, que lorsque nous prendrons nos
décisions, comme commission parlementaire, sur l'hypothèque
mobilière, on pèsera tous ces avantages et inconvénients,
trouvant toujours le juste équilibre.
Le Président (M. Lafrance): Alors merci, M. le ministre.
Donc, l'article 2462 est adopté tel qu'amendé. L'article 2463 est
laissé en suspens et l'article 2464 est adopté tel quel.
J'aimerais maintenant appeler l'article 2465 qui traite des assurances de biens
et du contenu de la police.
M. Rémillard: II n'y a pas de modification, M. le
Président.
Mme Caron: Ça ne pose pas problème, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): L'article 2465 est donc
adopté tel quel. J'aimerais maintenant appeler les articles 2466, 2467,
2468 et 2469 qui traitent de l'intérêt d'assurance.
M. Rémillard: M. le Président, nous aimerions
suspendre l'article 2469 pour continuer nos discussions, nos consultations.
Nous avons un amendement à l'article 2468. Cet article serait
remplacé par le suivant: "L'assurance de biens peut être
contractée pour le compte de qui il appartiendra. La clause vaut, tant
comme assurance au profit du titulaire de la police que comme stipulation pour
autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de
ladite clause. "Le titulaire de la police est seul tenu au paiement de la prime
envers l'assureur; les exceptions que l'assureur pourrait lui opposer sont
"légalement" opposables au bénéficiaire du contrat, quel
qu'il soit."
M. le Président, cet amendement reprend l'article 2468 du projet,
mais précise les règles applicables à l'assurance
contractée pour le compte de qui il appartiendra. Il reconnaît un
type de couverture d'assurance déjà utilisé au
Québec et sa rédaction s'inspire du Code civil français.
C'est un article nouveau du Code civil. En raison de cet amendement, l'article
2468 se lirait comme suit: "L'assurance de biens peut être
contractée pour le compte de qui il appartiendra. La clause vaut, tant
comme assurance au profit du titulaire de la police que comme stipulation pour
autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de
ladite clause. "Le titulaire de la police est seul tenu au paiement de la prime
envers l'assureur; les exceptions que l'assureur pourrait lui opposer sont
"légalement" opposables au bénéficiaire du contrat, quel
qu'il soit."
M. le Président, c'est le Bureau d'assurance du Canada qui nous a
fait la suggestion d'un tel amendement.
Mme Caron: Sur l'amendement, M. le Président, j'aurais une
question. Aux deux lectures que le ministre en a fait, autant dans l'amendement
proposé que dans la lecture de l'article, il a toujours mentionné
"légalement" et nous avons comme texte "également" opposables,
dans le deuxième alinéa, deuxième ligne.
M. Rémillard: C'est une erreur que j'ai faite, M. le
Président. Je m'en excuse, c'est moi qui suis en faute. Le texte, c'est
vraiment "sont également". J'ai vu un "I" où il n'y en a pas.
Déformation professionnelle, voilà.
Mme Caron: Puisque cet article est de droit
nouveau, est-ce qu'on pourrait avoir quelques explications sur cet
article?
M. Rémillard: Je vais demander à Me Pineau, si vous
me permettez, de faire les commentaires.
M. Pineau: M. le Président, cette assurance
contractée pour le compte de qui il appartiendra est très
fréquemment utilisée. Je pense, en particulier, au domaine du
transport des marchandises et plus particulièrement au transport
maritime lorsque la marchandise est mise à bord du bateau, au port
d'expédition. On peut ne pas savoir exactement, à ce
moment-là, qui deviendra le propriétaire de la marchandise au
port de destination. Cette marchandise peut, pendant qu'elle navigue, faire
l'objet de plusieurs transactions grâce au connaissement
négociable, de sorte que l'expéditeur va pouvoir assurer la
marchandise pour la durée du voyage et le bénéficiaire de
cette assurance sera, dans l'hypothèse où la marchandise arrive
endommagée au port de destination, celui qui viendra prendre livraison
de cette marchandise, le destinataire de cette marchandise,
c'est-à-dire, dans l'hypothèse d'un connaissement
négociable, le dernier endosseur du connaissement. Donc, c'est le
mécanisme de la stipulation pour autrui qui est bien connu dans notre
droit.
Ha, ha, ha! J'ai reçu un petit papier: "Nous ne sommes pas en
assurance maritime. " Il ne s'agit pas...
Mme Caron:... vous poser la question. Je venais de la poser
à notre expert: Est-ce qu'il n'y a pas un chapitre pour l'assurance
maritime?
M. Pineau: II ne s'agit pas d'assurance maritime, il s'agit bel
et bien de l'assurance de marchandises, n'est-ce pas? Donc, ce n'est pas
particulier à l'assurance maritime, c'est une assurance de dommages.
Alors, je ne sais plus très bien où j'en
étais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pineau: Mais, enfin, le détenteur du connaissement qui
retirera la marchandise, si celle-ci est endommagée,
bénéficiera de l'assurance. Il est bénéficiaire
d'une stipulation pour autrui. Le bénéficiaire de cette
stipulation au départ n'était pas déterminé, mais
il était déterminable. Voilà.
Mme Caron: Je vous remercie.
Le Président (M. Lafrance): L'article 2466 est donc
adopté tel quel, de même que l'article 2467. L'article 2468 est
adopté tel qu'amendé. L'article 2469 est laissé en
suspens.
Il est 12 h 30 et j'aimerais vous rappeler que nous avions prévu
nous réunir cet après-midi - tentativement - à compter de
15 h 30, à la salle Papineau. N'ayant pas reçu d'ordre formel, je
dois, en tant que président, suspendre ces travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Lafrance): Je constate que nous avons
quorum. J'aimerais donc déclarer la reprise de nos travaux; la
séance est ouverte. Est-ce qu'il y aurait des déclarations de
début de séance à faire? Sinon, j'aimerais vous
référer à la page 416.
Nous en étions toujours aux questions d'assurances, à la
page 416, de façon plus précise à la sous-section qui
traite de l'étendue de la garantie. J'aimerais donc appeler les articles
contenus à cette sous-section, soit les articles 2470 à 2474
inclusivement.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre.
Mme Harel: Alors, dans cette section qui porte sur
l'étendue de la garantie, dois-je comprendre que les changements les
plus importants se retrouvent à 2471, 2472 et 2473, en ce sens qu'il y a
élargissement de ce qui, jusqu'à maintenant, était
applicable seulement à l'assurance contre l'incendie et qui va,
dorénavant, s'appliquer à tous les risques? C'est bien ça,
hein?
J'imagine que le ministre et les légistes qui l'accompagnent ont
pris connaissance des commentaires que l'on retrouve dans le mémoire du
Bureau d'assurance du Canada, à la page 57, où il est dit que
l'expression "réparer le préjudice" que l'on retrouve aux
alinéas 1 et 2 de l'article 2470 et l'expression "préjudice" que
l'on retrouve aux articles 2474 et 2481 sont erronées dans le contexte
d'assurance contre l'incendie. Comme à l'article 2590 actuel, ajoute le
BAC, il faut se référer à "dommage" qui exprime mieux le
contexte de dommage matériel. D'ailleurs, l'expression juste
"réparer le dommage" est utilisée à l'article 2472. Alors,
on retrouve donc "réparer le dommage" à 2472 et "le
préjudice" à 2471 et à 2470. Peut-on nous indiquer les
suites que le légiste a données à ce commentaire qui lui
avait certainement été communiqué?
M. Rémillard: M. Pineau, M. le Président, pourrait
faire le commentaire.
Le Président (M. Lafrance): Me Pineau.
M. Pineau: M. le Président, dans tout le projet de Code,
le mot "dommage" a été mis de côté toutes les fois
qu'il signifiait "préjudice". Et cela tout simplement pour éviter
de confondre ce qu'on appelle le dommage et les dommages-intérêts,
dommages-intérêts étant un montant d'argent, le mot
"dommage" étant synonyme de "préjudice".
Mme Harel: Le mot "dommage" étant synonyme de
"préjudice", c'est ce que vous nous dites? C'est ça?
M. Pineau: C'est ça.
Mme Harel: Et pourquoi utiliser l'un ou l'autre
indifféremment? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'harmoniser, à
ce moment-là, l'usage?
M. Pineau: Dans les premiers articles, par exemple, en assurance,
à 2448 il est bien dit: "L'assurance de dommages oblige l'assureur
à réparer le préjudice subi"; et à 2449:
"L'assureur est tenu de réparer le préjudice causé par
force majeure".
Mme Harel: Prenons le cas de 2471 qui stipule: "L'assureur n'est
pas garant du préjudice causé par une guerre
étrangère ou civile, par une émeute ou un mouvement
populaire, par une explosion nucléaire ou la contamination radioactive
en résultant, ou encore par une éruption volcanique, un
tremblement de terre ou un autre cataclysme." Dans le commentaire on dit ceci:
"Actuellement applicable à l'assurance contre l'incendie seulement,
cette règle s'étendra désormais à tous les risques
couverts par une assurance de biens." Prenons, par exemple, les
événements survenus à Oka à l'été
1990. On se rappelle que les personnes qui ont été parmi les
victimes - je pense en particulier à celles qui étaient
propriétaires de maisons enclavées sur le territoire qui
était réclamé par la communauté Mohawk - ont
dû protester lorsque la couverture de leurs dommages leur avait
été refusée pour le motif qu'il s'agissait d'une
émeute, je pense, d'une insurrection, plutôt. Maintenant, en vertu
du Code civil, une règle générale va venir étendre,
finalement, tout genre de couverture, tout genre de risques, plutôt.
M. Pineau: À 2471, M. le Président, on nous dit que
l'assureur n'est pas garant de ce préjudice, de ce dommage causé
par une émeute ou un mouvement populaire. Cela n'empêche pas les
personnes de s'assurer, si elles le souhaitent, pour des préjudices
causés par une guerre, par une émeute ou un mouvement
populaire.
Mme Harel: Vraiment, c'est une notion très large le
"mouvement populaire". C'est encore beaucoup plus large qu'Insurrection".
Ça pourrait être, par exemple, une grève? Un mouvement
populaire... En tout cas...
M. Pineau: J'en doute, j'en doute.
Mme Harel: Peut-être, mais vous ne pouvez pas confirmer que
ça ne comprend pas, par exemple, une grève dans la fonction
publique, ou encore je ne sais quel autre mouvement populaire. Qu'est-ce qu'on
entend par "mouvement populaire"?
M. Pineau: Comme dresser des barricades... Mme Harel: Une
insurrection, alors. M. Pineau: Une insurrection ou... Mme Harel:
Parlons d'insurrection.
M. Rémillard: Un mouvement populaire n'est pas
nécessairement une insurrection.
M. Pineau: Pas nécessairement. Mme Harel:
Justement.
M. Rémillard: Un mouvement populaire peut être...
C'est en fonction de l'ensemble de la population, ce n'est pas en fonction d'un
secteur particulier, spécifique, que ce soit le domaine du travail, le
domaine professionnel, le domaine patronal, je ne sais pas trop quoi. Parce
que, à ce moment-là, une grève n'est pas un mouvement
populaire, mais c'est une manifestation qui est déjà
prévue dans le cadre d'une loi comme telle. Ce que je pense qui est
signifié dans ce cas-ci, c'est le mot "populaire" dans le sens d'"un
ensemble de la population", qui se situe dans le contexte d'un ensemble de la
population.
Mme Harel: C'est très large, hein.
M. Rémillard: Ça ne veut pas dire que les
commentaires ne devraient pas être plus précis et circonscrire
davantage cette notion-là, mais je vois difficilement comment on
pourrait faire la relation avec une grève, par exemple,
difficilement.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que ça pourrait
comprendre, M. le ministre, une manifestation, ou encore un carnaval, un
festival populaire dans les rues d'une ville?
M. Rémillard: Un carnaval, un festival, oui, plus. Une
manifestation, oui; je pense que oui, ça peut être une
manifestation.
Mme Harel: Hum, vraiment, là...
M. Pineau: On pourrait peut-être, M. le Président,
signaler les mouvements qui ont eu lieu lors de grèves de policiers et
qui ont
provoqué des réactions de la part d'une certaine partie de
la population. Mais cette expression est utilisée dans 2592, Bas
Canada.
Mme Harel: Oui, effectivement. Mais cette expression que l'on
retrouve, justement, à 2592 ne s'applique qu'à l'assurance contre
l'incendie. Tandis que, maintenant, on l'élargit à tous les
risques?
M. Pineau: Oui.
Mme Harel: Alors, c'était dans le cas précis,
là, où il y avait des dommages causés par l'incendie ou
les explosions.
M. Rémillard: Alors, ce qu'on pourrait faire, M. le
Président, on pourrait peut-être suspendre cet article et revoir
cette expression-là.
Le Président (M. Lafrance): Alors, l'article 2470 est donc
adopté tel quel, l'article 2471 est laissé en suspens et les
articles 2472, 2473 et 2474sont adoptés tels quels.
J'aimerais maintenant appeler les articles 2475 à 2478
inclusivement, série d'articles qui touchent la question du montant
d'assurance.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Mme Harel: Alors, sur ces articles, M. le Président, il
n'y a du droit nouveau qu'à l'article 2478?
M. Rémillard: C'est exactement ça. C'est bien
important de comprendre...
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: ...qu'il n'y a pas de droit nouveau
excepté à l'article 2478, où il y a un
élément nouveau.
Mme Harel: C'est ça. Alors, peut-être, pour les fins
de notre compréhension à tous, peut-on nous indiquer quelles
conséquences ce droit nouveau peut avoir sur notre droit.
Le Président (M. Lafrance): Me Pineau.
M. Pineau: M. le Président, 2478 se lit ainsi: "L'assureur
ne peut, pour la seule raison que le montant de l'assurance est
inférieur à la valeur du bien, refuser de couvrir le risque. En
pareil cas, l'assureur est libéré par le paiement du montant de
l'assurance, s'il y a perte totale, ou d'une indemnité proportionnelle,
s'il y a perte partielle." À supposer que j'aie un immeuble dont la
valeur est de 100 000 $ et que je ne l'aie assuré que pour 60 000 $ et
qu'il y ait perte totale, l'assureur ne pourra prétendre ne rien
indemniser, mais il devra indemniser pour le montant assuré,
c'est-à-dire, je crois avoir dit 60 000 $. Et, si la perte n'est pas
totale, il appliquera la règle proportionnelle. Donc, cela permet,
contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, d'assurer un bien pour une
valeur inférieure à sa valeur marchande, à sa valeur
réelle. Ce qui peut se comprendre parfaitement dans l'hypothèse
où, effectivement...
Mme Harel: II vaut mieux avoir une partie, tout au moins, que
rien, n'est-ce pas?
M. Pineau: ...on assure une partie des risques.
Mme Harel: Alors, lorsqu'il y a perte totale, donc, l'assureur
doit verser l'indemnité complète à l'assuré
jusqu'au montant du risque assuré, puis s'il y a perte partielle, alors,
c'est en proportion.
M. Pineau: En proportion, c'est ça.
Mme Harel: Donc, s'il y a la moitié de la perte et que
l'assurance ne portait que sur la moitié de la valeur, ce serait la
moitié de la moitié.
M. Pineau: Exact.
Mme Harel: C'est ça. Très bien.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, les articles 2475 à 2478 inclusivement sont donc
adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles 2479
à 2482 inclusivement, articles qui traitent de la question du sinistre
et du paiement de l'indemnité.
M. Rémillard: M. le Président, il y a un
amendement, c'est l'article 2482 qui est modifié par: 1° la
suppression, dans les première et deuxième lignes du premier
alinéa, des mots "pour un bien grevé d'une sûreté";
2° le remplacement, à la deuxième ligne du premier
alinéa, des mots "titulaires d'une priorité" par le mot
"prioritaires"; 3° l'insertion, à la deuxième ligne du
premier alinéa, après le mot "ou" des mots "aux créanciers
titulaires".
M. le Président, ces amendements visent à éviter,
en raison de l'emploi de l'expression "grevé", que l'on qualifie la
priorité de droit réel. En raison de ces amendements, l'article
2482 se lirait comme suit: "Les indemnités dues à l'assuré
sont attribuées aux créanciers prioritaires ou aux
créanciers titulaires d'une hypothèque sur le bien
endommagé, suivant leur rang et sans délégation expresse,
moyennant une simple dénonciation et justification de leur part,
malgré toute disposl-
tion contraire. "Néanmoins, les paiements faits de bonne foi par
l'assureur, avant la dénonciation, sont libératoires."
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires concernant cette série d'articles, incluant 2482 tel
qu'on vient de proposer de l'amender? (16 heures)
Mme Harel: Alors, ces articles qui portent sur le paiement de
l'indemnité reconduisent, je pense, du droit actuel, sauf à 2481
et peut-être également, en partie, en tout cas, à 2482.
Alors, est-ce que nous pourrions obtenir une explication sur les modifications
qui sont introduites à 2481 et 2482 en partie?
M. Rémillard: M. le professeur Pineau, s'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Me Pineau.
M. Pineau: M. le Président, par rapport à l'article
2585, Bas Canada, l'article 2481 du projet vient permettre aux assureurs de
convenir entre eux d'une répartition définitive qui est
différente de celle qui est prévue par la loi, et cet article
rend inopposable à l'assuré toute clause de la police qui
viendrait suspendre l'exécution du contrat lorsque nous avons plusieurs
polices qui couvrent un sinistre identique, un même sinistre.
Mme Harel: On dit donc que, contrairement au droit actuel,
l'article permet aux assureurs de convenir entre eux d'une répartition
définitive différente de celle prévue par la loi.
M. Pineau: Oui. Ce sont les assureurs qui se débrouillent
entre eux.
Mme Harel: Celle qui est prévue par la loi, c'est celle
qui est au choix de l'assuré. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Excusez-moi, pouvez-vous répondre? Je
n'ai pas compris.
Mme Harel: La répartition qui est prévue par la
loi, est-ce qu'il faut comprendre que c'est celle qui est au choix de
l'assuré?
M. Pineau: Non, non. L'assuré peut se faire indemniser par
te ou les assureurs de son choix. C'est ce que nous dit le premier
alinéa.
Mme Harel: Donc, c'est au choix de l'assuré.
M. Pineau: C'est au choix de l'assuré. Mme Harel:
C'est ça le principe de la loi?
M. Pineau: C'est ça. Mais, après cela, les
assureurs, entre eux, vont pouvoir...
Mme Harel: Se répartir.
M. Pineau: ...se répartir comme ils l'entendent. Donc,
c'est une disposition qui permet aux assureurs de s'entendre.
Mme Harel: Et, actuellement, ils ne peuvent pas le faire au
Québec, mais ils peuvent en Ontario.
Une voix: Ils le faisaient quand même.
M. Pineau: C'est cela. C'est inspiré en partie par
l'article 27, effectivement, de la loi ontarienne.
Mme Harel: Par exemple, la toile du Stade olympique. Ça
suppose plusieurs assureurs qui ont de l'estomac. Ha, ha, ha! Et puis qui
mettent un bâillon au ministre du Tourisme. Ha, ha, ha! Le principal
risque du Stade, c'est lui. Enfin... Je n'ai rien dit.
Le Président (M. Lafrance): Revenons au Code civil.
Mme Harel: Je vois que le ministre n'est pas... Est-ce qu'il y a
un Conseil des ministres aujourd'hui?
M. Rémillard: Oui. Il va commencer dans quelques
secondes.
Mme Harel: Vous ne pourrez pas être là pour
défendre mon Stade.
M. Rémillard: Je vais y être pour un petit bout de
temps tout à l'heure. Je ne sais pas si je vais défendre votre
Stade. Je ne sais pas si on va en parler. Je ne suis pas au courant si on va
parler de ces choses-là.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, donc, les articles 2479, 2480, 2481 sont adoptés tels
quels et l'article 2482 est adopté tel qu'amendé. J'aimerais
maintenant appeler les articles 2483 à 2489 inclusivement, articles qui
traitent des assurances de responsabilité.
M. Rémillard: M. le Président, on suspendrait
l'article 2488 pour plus de discussion, et il n'y a pas d'amendement.
Mme Harel: Ces dispositions reprennent, en très grande
partie, le droit actuel, je crois, hein? Sauf peut-être à
2487?
M. Pineau: C'est cela.
Mme Harel: Puisque l'on dit dans les commentaires qu'il s'agit de
droit nouveau qui s'inspire du droit français et qui établit
qu'à compter du sinistre les faits qui surviennent et qui sont
susceptibles d'affecter la garantie ne peuvent pas être opposés
à la victime du dommage, l'assureur devra indemniser le tiers
lésé et exercer ensuite, s'il y a lieu, une action
récur-soire contre l'assuré pour le non-respect de ses
obligations. Vous avez pris connaissance du commentaire du mémoire du
Bureau d'assurance du Canada concernant 2487. Le BAC craint un encouragement
à la collusion. Peut-on connaître le point de vue des
légistes du ministère sur cette question?
M. Rémillard: M. le Président, je me permets de
dire que, sur 2481, l'amendement que nous avons apporté...
Mme Harel: 2487.
M. Rémillard: Oui, mais sur 2481, je m'excuse, je voulais
simplement dire, pour les fins de l'enregistrement, que c'était à
la demande du BAC, le Bureau d'assurance du Canada. Excusez-moi, M. le
Président.
Mme Harel: C'est à 2482 que l'amendement a
été introduit?
Le Président (M. Lafrance): Oui, c'est 2482 qui a
été amendé.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Selon mon registre à
moi.
M. Rémillard: C'est une erreur, c'est 2482. On s'excuse,
M. le Président.
Mme Harel: Très bien. Alors, je comprends que ce
n'était pas le cas à 2487. Alors, j'aimerais en connaître
les motifs.
M. Pineau: M. le Président, c'est une mesure qui est
destinée à favoriser la victime, tout simplement, ce qui
n'enlèvera pas tout recours a l'assureur, qui pourra ensuite essayer de
récupérer de l'assuré. Mais, quant à la collusion
possible, la collusion est évidemment possible dans tous les cas et, si
elle est démontrée, effectivement, elle entraîne des
conséquences.
Mme Harel: En fait, ça vient trancher une controverse
jurisprudentielle, je crois, cette disposition nouvelle? Il y avait des
jugements contradictoires sur cette question-là.
M. Pineau: Sur cette question-là, oui, je pense que oui,
c'est cela. Effectivement, il y avait des opinions divergentes. Cela me
paraît assez logique, car ce sont des faits qui surviennent après
que le sinistre est arrivé, de sorte qu'au moment où le sinistre
arrivait, effectivement, le dommage était couvert. Il ne faudrait pas,
compte tenu de la survenance de faits nouveaux postérieurs, priver la
victime de son droit à l'indemnisation.
Le Président (M. Lafrance): Donc, les articles 2483
à 2487 inclusivement sont adoptés tels quels. L'article 2488 est
laissé en suspens, et l'article 2489 est adopté tel quel. Nous en
arrivons maintenant à la section IV. Nous allons quitter les assurances
terrestres pour naviguer dans les questions de l'assurance maritime. J'aimerais
appeler les articles 2490 à 2495 inclusivement, articles qui traitent
donc des dispositions générales de l'assurance maritime.
De l'assurance maritime
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président. Il n'y a pas d'éléments de droit nouveau non
plus. C'est la confirmation du droit actuel.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des membres qui aimeraient soulever des commentaires relativement
à ces articles? Oui, Me Masse.
M. Masse: M. le Président, on a vu il y a quelques
semaines la désuétude d'un bon nombre de règles que vous
avez adoptées en matière d'affrètement, de contrats de
transport maritime, notamment. On peut dire également que la
réalité des choses fait en sorte que toutes nos règles sur
l'assurance maritime, même actuelles, dans le Code civil, sont à
peu près inappliquées ou même inapplicables. Les parties
contractantes, transporteurs, assureurs, optent, dans l'immense majorité
des cas, pour des adaptations de la loi anglaise. Donc, de ce
côté-là et sans nier l'importance de l'assurance maritime,
on ne peut que déplorer qu'il s'agisse, pour des raisons historiques ou
conjoncturelles, d'un droit qui n'est pas appliqué dans la
réalité des choses. Essentiellement, également, à
cause du caractère supplétif de ces dispositions: il y a
très peu de dispositions en droit maritime qui ont un caractère
d'ordre public, contrairement à la plupart des dispositions que l'on a
vues en matière d'assurance contre l'incendie, d'assurance de dommages
et d'assurance de personnes.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre, est-ce que...
Oui, Me Pineau.
M. Rémillard: Me Pineau peut faire des commentaires, M. le
Président.
M. Pineau: M. le Président, il est vrai que
ces dispositions seront sans doute d'application très
réduite, compte tenu du fait qu'en vertu d'une décision de la
Cour suprême, d'un arrêt de la Cour suprême, l'assurance
maritime est de compétence fédérale. Maintenant, il faut
signaler peut-être que certaines provinces ont déjà
adopté une législation sur l'assurance maritime, qui est
d'ailleurs généralement la loi anglaise, peut-être avec
quelques modifications de forme. Et probablement qu'un de ces jours la Cour
suprême aura à trancher la question de savoir si elle doit
appliquer, compte tenu de sa jurisprudence, la jurisprudence que nous
connaissons maintenant, la loi anglaise telle qu'elle est ou la loi de la
province où elle est.
Mme Harel: On sera bien "gréés", M. le
Président, quand...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance):
...équipés...
Mme Harel: On sera bien équipés quand viendra le
temps d'appliquer notre propre loi en matière d'assurance maritime. On
sera prêts.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci. S'il n'y a pas
d'autres commentaires, donc, les articles 2490 et...
Mme Harel: Et puis, M. le Président, je le déplore
très très gentiment, mais, pour cette question maritime qui
intéresse tellement le député de Westmount, je ne sais pas
si ça lui avait été communiqué que nous allions
aborder ces questions-là cet après-midi.
M. Kehoe: J'en ai parlé, de ça, justement, et il
avait d'autres obligations.
Mme Harel: Alors, il sait que ça ne s'appliquera pas avant
longtemps. Lui, il espère que ça ne s'appliquera pas pour tout le
temps. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Donc, les articles 2490
à 2495 inclusivement sont adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler les articles 2496 et 2497 qui touchent les questions de
l'intérêt d'assurance et de la nécessité de
l'intérêt.
M. Rémillard: II n'y a pas d'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Donc, ces deux articles, 2496
et 2497, sont adoptés tels quels.
Mme Harel: C'est essentiellement de la codification du droit
actuel.
M. Pineau: C'est la traduction...
Mme Harel: Moderne.
M. Pineau: ...moderne de la loi d'Angleterre.
Mme Harel: Sauf 2499, je crois, mais ça reprend une
règle déjà respectée en droit actuel, c'est
ça.
Le Président (M. Lafrance): Alors, puisque vous vous
référez à l'article 2499, j'aimerais appeler, donc, ces
trois articles, 2498, 2499 et 2500 qui traitent des cas d'intérêt
d'assurance.
M. Rémillard: II n'y a pas de modification, M. le
Président.
M. Pineau: M. le Président, c'est nouveau au Code civil,
mais ça ne fait que reprendre les règles déjà
existantes.
Mme Harel: Et, à 2500, ça élargit au salaire
des matelots l'assurance déjà possible pour une série
d'autres situations.
M. Pineau: C'est une liste qui n'est pas limitative.
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre. (16 h 15)
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais
m'absenter pour une demi-heure pour le Conseil des ministres. M. l'adjoint
parlementaire, le député de Chapleau, est là, et je veux
signifier aussi qu'il est toujours discret mais très présent.
Le Président (M. Lafrance): Très assidu. M.
Rémillard: Assidu, toujours.
Mme Harel: Ah oui! Vous êtes chanceux, hein?
M. Rémillard: Oui, parce qu'il fait un travail
remarquable. Je veux souligner le travail remarquable que fait le
député de Chapleau à cette commission, M. le
Président. Des raisons humanitaires l'ont probablement retenu pour
quelques secondes à l'extérieur. Alors, il va être de
retour dans quelques secondes et moi, je serai de retour dans une demi-heure.
Ce que je veux dire à cette commission, M. le Président, c'est
que tous les gens du ministère de la Justice sont prêts, lorsque
la commission le jugera bon, pour venir nous présenter l'état de
la situation en ce qui regarde les registres. Alors, je serai de retour - ce ne
sera pas bien long - dans une demi-heure.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. S'il
n'y a pas d'autres commentaires touchant ces articles, les articles 2498, 2499
et 2500 sont donc adoptés tels quels.
J'avais appelé les article 2501 et 2502 qui traitent de
l'étendue de l'intérêt d'assurance.
M. Kehoe: II n'y a pas de modification, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles 2501 et
2502 sont donc adoptés tels quels. J'aimerais appeler les articles 2503
et 2504 qui touchent les questions de la détermination de la valeur
assurable des biens.
M. Kehoe: Encore une fois, il y a zéro modification, M. le
Président. C'est rare.
Le Président (M. Lafrance): Alors, ces deux articles 2503
et 2504 sont donc adoptés tels quels.
Mme Harel: On peut vraiment dire qu'il s'agit d'articles vierges
qui n'ont jamais trouvé application, même si c'est la reconduction
du droit actuel.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Alors, j'aimerais en
conséquence peut-être appeler tous les articles qui traitent de la
question Du contrat et de la police. Les articles 2505 à 2518
inclusivement. Est-ce qu'il y a des amendements touchant ces articles?
M. Kehoe: II n'y a pas d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Aucun amendement. Alors, la
discussion est donc ouverte, s'il y en a qui ont des commentaires touchant ces
questions maritimes du contrat et de la police. Alors, les articles 2505
à 2518 inclusivement sont donc adoptés. J'aimerais appeler
maintenant les articles 2519 à 2529, articles qui touchent les questions
des droits et obligations des parties relativement à la prime.
M. Kehoe: Encore une fois, M. le Président, il n'y a pas
d'amendement.
Le Président (M. Lafrance): Aucun amendement. Merci, M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y aurait des commentaires
touchant ces questions des droits et obligations des parties relativement
à la prime?
Mme Harel: En fait, tous ces articles reprennent le droit actuel,
même s'ils n'étaient pas déjà contenus au Code
civil, je crois.
M. Pineau: Absolument. Il y avait le choix entre la traduction
proposée par Desmet et la traduction proposée par le
législateur du Nou-veau-Brunswick, et c'est la traduction de Desmet qui
a été privilégiée, à la demande des
armateurs.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Pineau. Les articles
2519 à 2529 sont donc adoptés tels quels. J'aimerais maintenant
appeler les articles qui traitent des déclarations, soit les articles
2530 à 2537 inclusivement.
M. Kehoe: Encore une fois, M. le Président, il n'y a pas
d'amendement.
Le Président (M. Lafrance): Alors, ces articles 2530
à 2537 inclusivement sont donc adoptés comme tels. J'aimerais
maintenant appeler les articles 2538 à 2549 inclusivement, série
d'articles qui traite des engagements.
M. Kehoe: Encore là, il n'y a pas d'amendement, M. le
Président, mais ça s'en vient.
Le Président (M. Lafrance): Pardon?
M. Kehoe: II n'y a pas d'amendement dans ce secteur-là,
mais il y en a qui s'en viennent.
Le Président (M. Lafrance): Je n'en doute pas. Pour
d'autres articles, je n'en doute pas.
M. Kehoe: Ne vous découragez pas!
Le Président (M. Lafrance): De toute façon, on est
rendu à combien d'amendements à date, Mme la
secrétaire?
La Secrétaire: 628.
Le Président (M. Lafrance): 628.
M. Kehoe: Ce n'est pas si pire.
Mme Harel: Adopté. Il y a seulement, je pense, à
2546 que l'on retrouve une disposition qui, nous dit-on, contredit une
règle énoncée au Code civil du Bas Canada. Alors,
l'article 2546 se lit comme suit: "Dans un contrat de durée, il n'y a
pas d'engagement implicite que le navire est en bon état de
navigabilité.
Toutefois, lorsque, au su de l'assuré, le navire prend la mer en
état d'innavigabilité, l'assureur n'est pas tenu des pertes et
des dommages qui en résultent."
Je crois comprendre que, actuellement, le Code civil impose un bon
état de navigabilité à tout navire qui prend la mer, qu'il
soit couvert par une police au voyage ou par une police de durée. Donc,
dorénavant, il n'y aurait plus cette obligation lorsqu'il s'agit d'un
contrat de durée. C'est ça qu'il faut comprendre? Pourquoi avoir
modifié cette disposition en particulier?
M. Pineau: C'est ça, oui, parce que c'est une disposition,
M. le Président, qui date proba-
blement de 1866, alors que 2546 reprend tout simplement la loi
anglaise.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles 2538
à 2549 inclusivement sont donc adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler les articles qui touchent la question du voyage, soit les
articles 2550 à 2559 inclusivement, articles qui traitent du
départ, du changement de voyage, du déroutement, du retard, des
retards et des déroutements excusables.
M. Kehoe: On commence avec le départ.
Le Président (M. Lafrance): Ce qui est très
logique, même.
M. Kehoe: Avec le départ, il n'y a pas d'amendement.
Ça commence avec le déroutement.
Le Président (M. Lafrance): J'ai appelé tous les
articles de cette question du voyage, les articles 2550 à 2559.
M. Kehoe: L'article 2553 est modifié par le remplacement,
dans la deuxième ligne du premier alinéa, des mots "lorsqu'aucun"
par les mots "lorsque aucun". Cet amendement vient effectuer une certaine
correction grammaticale. En raison de cet amendement, l'article 2553 se lirait
comme suit: "II y a déroutement lorsque le navire s'écarte
effectivement de l'itinéraire indiqué au contrat ou, lorsque
aucun itinéraire n'étant indiqué, il s'écarte de
l'itinéraire habituel. "L'assureur est libéré de ses
obligations, dès qu'il y a déroutement sans excuse
légitime, que le navire ait ou non repris son itinéraire avant le
sinistre." J'ai mon voyage!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y aurait des
commentaires touchant ces articles? Moi, j'aurais peut-être une question.
Est-ce qu'on touche la question des détournements? Je me
réfère en particulier à un navire qu'on avait
détourné en Méditerrannée. Est-ce que c'est
cette...
M. Kehoe: M. Pineau.
M. Pineau: Ce serait un déroutement.
Le Président (M. Lafrance): Ça serait un
déroutement, là? M. le député de Sherbrooke?
M. Hamel: M. le Président, je dis: Je comprends votre
intérêt pour la Méditerranée aujourd'hui, mais notre
adjoint parlementaire, ça l'a complètement
déboussolé.
M. Kehoe: C'est pour ça que je demande au professeur
Pineau son opinion sur la question.
M. Pineau: M. le Président, je crois qu'on pourrait
prétendre qu'il y a déroutement...
Le Président (M. Lafrance): C'est un acte de terrorisme,
en fait.
M. Pineau: ...mais il y aurait une excuse légitime.
Mme Harel: Mais est-il permis de vous redemander votre exemple,
M. le Président?
Le Président (M. Lafrance): De quoi?
Mme Harel: Votre exemple. Est-il permis de vous demander de nous
le répéter?
Le Président (M. Lafrance): C'est parce que Me Masse a dit
au début que ça ne touchait pas les intérêts,
normalement, du public en général, ces questions de transport
maritime. Mais je me souviens que, en Méditerranée, il y avait eu
un détournement d'un navire de plaisance avec plusieurs centaines de
voyageurs, et qu'il y avait même eu, je pense, une personne qui
était décédée. Je voulais simplement, par
curiosité, demander la question.
Mme Harel: Me Masse n'avait pas indiqué que ça ne
concernait pas le public, mais simplement que c'étaient là des
dispositions qui ne trouvaient pas application étant donné que
les lois fédérales trouvaient matière à application
et que c'était de la législation qui reposait comme La Belle au
bois dormant en attendant qu'un prince charmant vienne, d'un coup de baguette
magique, la mettre en vigueur. En fait, c'est ce que je peux...
M. Masse: C'est ce que j'ai dit, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci. Me Pineau.
M. Pineau: M. le Président, si vous le permettez, je vais
apporter une correction à ce que j'ai déclaré tout
à l'heure. La situation sur laquelle vous nous interrogiez est couverte
par l'article 2492. Ce ne serait pas un déroutement, ce serait un
péril de la mer. En vertu de 2492, les périls de la mer sont
notamment ceux qui sont connexes à la navigation, qui en
découlent comme les fortunes de mer, le fait des écumeurs de mer,
les contraintes, le jet à la mer, la baraterie, ainsi que la prise, la
contrainte, la saisie ou la détention du navire ou des autres biens
assurables par un gouvernement.
Le Président (M. Lafrance): Merci. S'il n'y a pas d'autres
commentaires, donc, les arti-
des 25...
Mme Harel: Les écumeurs de mer, est-ce qu'on fait
référence aux boucaniers, non? Les écumeurs de mer? Aux
pirates?
M. Pineau: Ce sont les pirates ou les corsaires.
Mme Harel: Et les fortunes de mer, ça fait
référence à quoi?
M. Pineau: Les fortunes de mer, c'est le risque de tempête,
véritablement le risque maritime.
Mme Harel: Le jet à la mer, c'est
littéralement...
M. Pineau: II s'agit de jeter les marchandises.
Mme Harel: Et la baraterie?
M. Pineau: C'est la révolte des matelots.
Mme Harel: On m'explique la différence entre un pirate et
un corsaire en me spécifiant que le corsaire est un pirate qui travaille
pour le compte du roi, tandis que le pirate travaille pour son propre compte,
et que c'est la différence entre la police et la mafia.
M. Kehoe: Est-ce qu'il y en a encore? Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Lafrance): Alors, les articles 2550, 2551
et 2552 sont donc adoptés tels quels. L'article 2553 est adopté
tel qu'amendé et les articles 2554 à 2559 inclusivement sont donc
adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles qui
touchent les questions de la déclaration du sinistre, des pertes et des
dommages, soit les articles 2560 à 2571 inclusivement.
M. Kehoe: Pas d'amendement, M. le Président. (16 h 30)
Mme Harel: II y a quand même des modifications, je pense,
dans cette section à l'égard du droit actuel, que ce soit celui
contenu au Code ou dans les lois en vigueur. À 2561 notamment, où
on signale qu'alors que le Code civil du Bas Canada libère l'assureur de
l'obligation d'indemnisation lorsque l'assuré commet une
grossière négligence l'article 2561 n'établit pas une
pareille distinction.
M. Kehoe: Professeur Pineau.
M. Pineau: C'est exact, M. le Président.
C'est un principe qui se trouve... Nous avions une règle dans le
Code civil du Bas Canada, donc antérieure à la loi anglaise de
1906, et qui est donc remplacée dans l'article 2561 par la règle
que l'on trouve dans la loi anglaise de 1906.
Mme Harel: Ah, c'est déjà la règle dans la
loi anglaise?
M. Pineau: Oui, oui.
Mme Harel: Est-ce qu'il en est de même à l'article
2565? Lorsque le...
M. Pineau: C'est cela. C'est cela. Mme Harel: ...navire a
disparu en mer?
M. Pineau: C'est cela, car les règles du Code civil du Bas
Canada sont antérieures à la loi anglaise.
Le Président (M. Lafrance): S'il n'y a pas d'autres
commentaires, ces articles 2560 à 2571 inclusivement sont donc
adoptés tels quels. J'aimerais maintenant appeler les articles 2572
à 2580qui traitent des questions du délaissement.
M. Kehoe: II n'y a pas d'amendements, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Donc, ces articles 2572
à 2560 sont adoptés tels quels.
J'aimerais appeler maintenant les articles qui traitent des
espèces d'avaries, soit les articles 2581 à 2588
inclusivement.
M. Kehoe: II n'y a pas d'amendements, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Donc, ces articles 2581
à 2588 inclusivement sont adoptés tels quels. J'aimerais
maintenant appeler les articles qui traitent du calcul de l'indemnité,
soit les articles 2589 à 2604.
M. Kehoe: M. le Président, il y a quatre amendements dans
ce secteur. L'article 2597 est modifié par le remplacement, à la
troisième ligne du second alinéa, du mot "déduit" par le
mot "déduite". Cet amendement effectue une correction grammaticale. En
raison de cet amendement, l'article 2597 se lirait comme suit: "L'assuré
appelé à contribuer aux pertes par avarie commune a droit
à une indemnité pour le montant total de la contribution, si le
bien est assuré pour sa pleine valeur contributive. S'il n'est pas ainsi
assuré ou s'il n'est assuré qu'en partie, l'indemnité est
réduite en proportion de la sous-assurance. "La somme attribuée
en compensation du préjudice subi par l'assuré, en raison de
cette avarie particulière garantie par l'assureur et
déductible de la valeur contributive, doit être
déduite de la valeur assurée, afin d'établir le montant de
la contribution qui incombe à l'assureur. "Ces règles
s'appliquent également pour calculer les frais de sauvetage que
l'assureur est tenu de rembourser."
Il y a un deuxième amendement. L'article 2598 est modifié
par le remplacement, à la deuxième ligne, des mots "le montant
payé" par les mots "la somme payée". Cet amendement est purement
formel. En raison de cet amendement, l'article 2598 se lirait comme suit:
"L'indemnité exigible en vertu d'une assurance de responsabilité
civile est la somme payée ou payable aux tiers, jusqu'à
concurrence du montant de l'assurance."
Un troisième amendement. L'article 2602 est modifié par le
remplacement, à la fin du second alinéa, des mots
"été réparée ou indemnisée" par les mots
"fait l'objet de réparations ou de remplacement". Cet amendement corrige
une erreur de rédaction qui a pour effet de modifier la portée de
cette disposition. En effet, que l'avarie ait été
indemnisée n'a aucune importance; ce qui est par contre
déterminant, dans l'application de cette règle, c'est le fait
pour l'assuré d'avoir déjà épuisé
l'indemnité pour réparer ou remplacer son bien. En raison de cet
amendement, l'article 2602 se lirait comme suit: "Sous réserve des
dispositions du présent paragraphe, l'assureur est garant des sinistres
successifs, même si le montant total des pertes et des dommages
dépasse la somme assurée.
Toutefois, lorsque des avaries sont suivies d'une perte totale,
l'assuré ne peut, en vertu d'un même contrat, recouvrer que
l'indemnité due pour la perte totale, à moins que l'avarie n'ait
déjà fait l'objet de réparations ou d'un remplacement.
"Les obligations de l'assureur, en vertu de la clause sur les mesures
conservatoires et préventives, demeurent."
L'article 2604 est modifié par l'ajout, à la
deuxième ligne de l'article, après le mot "mesures", du mot
"raisonnables". Cet amendement précise le texte et corrige une erreur
grammaticale. En raison de cet amendement, l'article 2604 se lirait comme suit:
"II est du devoir de l'assuré et de ses représentants de prendre,
dans tous les cas, les mesures raisonnables afin d'éviter ou de limiter
les pertes et les dommages."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y aurait des commentaires
touchant ces articles, incluant ceux qui ont été amendés?
Donc, les articles 2589 à 2596 inclusivement sont adoptés tels
quels. Les articles 2597 et 2598 sont adoptés tels qu'amendés.
Les articles...
Mme Harel: M. le Président... Ah, d'accord.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Non, très bien, très bien. Allez, vous
avez raison.
Le Président (M. Lafrance): Les articles 2599, 2600 et
2601 sont adoptés tels quels. L'article 2602 est adopté tel
qu'amendé; l'article 2603 est adopté tel quel et l'article 2604
est adopté tel qu'amendé.
J'aimerais maintenant appeler les articles qui traitent des dispositions
diverses, soit les articles 2605 à 2613 inclusivement.
M. Kehoe: M. le Président, il y a un amendement. L'article
2613 est remplacé par le suivant: "Les articles 2485 à 2489,
relatifs à l'action directe du tiers lésé, s'appliquent
à l'assurance maritime. Toute stipulation qui déroge à ces
règles est nulle."
Cet amendement a pour objet d'uniformiser, dans notre droit des
assurances, les règles relatives à l'action directe du tiers
lésé, contre l'assureur de l'auteur du dommage, qu'il s'agisse
d'une assurance terrestre ou d'une assurance maritime. En raison de cet
amendement, l'article 2613 se lirait comme suit: "Les articles 2485 à
2489, relatifs à l'action directe du tiers lésé,
s'appliquent à l'assurance maritime. Toute stipulation qui déroge
à ces règles est nulle."
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le
député de Chapleau. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le commentaire que l'on retrouve
déjà à 2613 sera différent? Est-ce que c'est un
amendement qui est au même effet que l'article actuel, à savoir
qui accorde un droit d'action direct à la victime d'un dommage?
Le Président (M. Lafrance): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Juste en passant, cet amendement a été
demandé par le Barreau. Spécifiquement pour répondre
à votre question, je demande au professeur Pineau.
Le Président (M. Lafrance): Oui, alors, Me Pineau.
M. Pineau: Oui. M. le Président, il s'agit d'uniformiser
ce recours, cette action directe du tiers lésé, de l'uniformiser
en assurance maritime et en assurance terrestre et d'en faire une règle
d'ordre public. Alors, c'est en ce sens que cela diffère du droit
Tanguay. Donc, nous avons dans ce chapitre, cette section sur l'assurance
maritime, une disposition qui renvoie aux dispositions
du projet en matière d'assurance terrestre.
Mme Harel: Je croyais que, habituellement, vous ne souhaitiez pas
utiliser la technique du renvoi.
M. Pineau: II y a toujours un principe et une exception à
la règle.
Mme Harel: Et 2613, d'ailleurs, est une exception à tout
ce chapitre...
M. Pineau: Oui.
Mme Harel: ...cette section plutôt de l'assurance maritime
puisque 2613 diffère et du droit anglais et des dispositions
actuellement en vigueur.
M. Pineau: C'est un double traitement exceptionnel.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Pineau. Donc, ces
articles 2605 à 2612 inclusivement sont adoptés tels quels. Et
l'article 2613 est adopté tel qu'amendé. Nous quittons maintenant
le chapitre des assurances pour en arriver au chapitre seizième qui
traite de la question du jeu et du pari. J'aimerais peut-être demander
à M. le député de Sherbrooke de lire le texte
d'introduction au chapitre seizième.
Du jeu et du pari
M. Hamel: Merci, M. le Président. Chapitre
seizième: Du jeu et du pari, articles 2614 à 2615. Le projet
maintient les règles générales du droit actuel quant
à la licéité ou l'illicéité du contrat de
jeu et de pari. Ce chapitre ne contient que deux articles qui posent le
principe et l'exception du contrat de jeu et de pari. Malgré la
brièveté de ce chapitre, la variété et la
complexité des problèmes qui naissent du jeu et du pari en font
quand même une législation importante qui a toujours attiré
l'attention de la doctrine et des tribunaux.
On pose donc le principe de la licéité des contrats de jeu
et de pari lorsqu'ils sont expressément autorisés par la loi.
Dans les autres cas, on refuse l'action en paiement au gagnant et l'action en
répétition de l'indu au perdant, à moins que la somme
payée ne soit excessive ou qu'il n'y ait eu fraude ou supercherie. Ces
dispositions, tout en ne favorisant pas le développement du jeu et du
pari, permettent de protéger les citoyens contre l'exploitation de leur
incapacité à résister à la tentation. Per omnia
saecula saeculorum.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: Ça me fait plaisir.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais donc appeler les
articles contenus à ce chapitre seizième, soit les articles 2614
et 2615.
M. Kehoe: II y a un amendement, M. le Président. L'article
2615 est modifié par la suppression du troisième alinéa.
L'amendement supprime cette règle, tirée des propositions de
l'Office de révision du Code civil, qui faisait intervenir une notion de
lésion dans un contrat à caractère aléatoire; il ne
paraît pas souhaitable de maintenir une telle possibilité vu
l'absence, en contrepartie, du droit de réclamer une dette de jeu. En
raison de cet amendement, l'article 2615 se lirait comme suit: "Lorsque le jeu
et le pari ne sont pas expressément autorisés, le gagnant ne peut
exiger le paiement de la dette et le perdant ne peut répéter la
somme payée.
Toutefois, il y a lieu à répétition dans les cas de
fraude ou de supercherie, ou lorsque le perdant est un mineur ou un majeur
protégé ou non doué de raison."
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci M. le
député de Chapleau. Est-ce qu'il y aurait des commentaires
touchant ce chapitre?
M. Masse: M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Masse.
M. Masse: Au titre de la définition du jeu et du pari, on
doit signaler une modernisation des règles prévues par le nouveau
Code. Notamment, je signale ce fait historique, à l'article 1928 du Code
civil, on permettait les jeux et les paris qui portaient sur les
habiletés dans l'usage des armes à feu, dans la course des
chevaux et la course à pied. Il est étonnant que le
législateur de 1866 ait conservé cette
possibilité-là, mais il était souhaitable que le
législateur d'aujourd'hui le supprime.
Maintenant, la principale objection que nous avions, et elle porte cette
fois-ci sur une question de fond, c'est à l'alinéa trois de
l'article 2615 qui permettait, dans le projet lui-même, à une
personne qui aurait fait des jeux illégaux mais qui aurait perdu de
fortes sommes, dans le cas où ces sommes apparaissent excessives, de
réclamer ces sommes de la personne qui les a gagnées, par le
biais de l'intervention du tribunal. Il s'agissait là, vraiment, d'une
situation caractérisée de la notion de lésion et on
poussait vraiment le concept de façon abusive, de sorte qu'en accord
avec les légistes le troisième alinéa a été
supprimé.
Le Président (M. Lafrance): Merci, Me Masse, pour ces
commentaires. Est-ce que vous aimeriez ajouter des commentaires
additionnels?
Mme Harel: II faut donc comprendre, à 2615
que même s'il s'agit de jeux et de paris qui ne sont pas
expressément autorisés, s'il y a fraude, supercherie ou s'il
s'agit d'un mineur ou d'un majeur protégé, il peut y avoir une
action...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Pineau.
M. Pineau: Ce qui est supprimé, c'est le troisième
alinéa qui accordait la possibilité d'une...
Mme Harel: ...lésion.
M. Pineau: ...restitution partielle dans l'hypothèse
où l'engagement paraîtrait excessif. C'est donc l'introduction de
la notion de lésion. Or, il y a un principe qui veut que l'aléa
chasse la lésion. Il n'y a pas de contrat plus aléatoire qu'un
contrat de jeu ou de pari. Et, en conséquence, il est tout à fait
anormal qu'on ne puisse invoquer, dans ce contexte-là, la lésion,
surtout, effectivement, dans le cas d'un jeu ou d'un pari qui n'a pas
été autorisé, qui est donc illégal.
Quant à l'article 1928, M. Masse faisait référence
à l'usage des armes à feu. Ça impliquait aussi l'usage des
armes blanches.
Mme Harel: C'était l'époque des duels. M.
Pineau: C'était l'époque des duels.
Mme Harel: Pour bien peu. Pour une femme... On ne se bat plus
beaucoup pour les femmes.
Me Giguère dit que c'est plutôt l'inverse maintenant.
Le Président (M. Lafrance): Alors, s'il n'y a pas d'autres
commentaires, l'article 2614 est donc adopté tel quel et l'article 2615
est adopté tel qu'amendé.
Nous en arrivons maintenant au chapitre dix-septième et je pense
que nous avions été saisis de tous les articles de ce chapitre,
de même que le chapitre dix-huitième. Ce qui termine le livre
cinquième. Pour ce qui est du livre sixième qui suit, je pense
que cette commission avait été saisie de tous les articles de ce
livre sixième.
Étant donné l'heure, j'aimerais peut-être vous
suggérer une pause humanitaire jusqu'à 17 heures. D'accord? Alors
je suspends les travaux pour 10 minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 17 h 9)
Le Président (M. Lafrance): Alors, nous allons reprendre
nos travaux. Nous avions donc terminé le livre sixième et
j'aimerais peut-être laisser la parole à M. le ministre.
De la publicité des droits
M. Rémillard: Oui, M. le Président, tel que
convenu, nous abordons maintenant le livre neuvième De la
publicité des droits. Et, pour bien nous situer dans le contexte de ce
livre, nous avions convenu que nous pourrions entendre les responsables, au
ministère de la Justice, des différentes mesures de
publicité, les différents registres qui seront donc mis en place
pour faire en sorte que toutes ces nouvelles dispositions que nous aurons, en
ce qui regarde la publicité des droits, puissent avoir un soutien
technique adéquat.
M. le Président, ces gens sont avec nous maintenant. Je ne sais
pas comment vous aimeriez procéder, M. le Président. Il y a le
registre des raisons sociales et c'est M. André-Gaétan
Comeau...
Une voix: Corneau. M. Rémillard: Corbeau. Une
voix: Corneau.
M. Rémillard: Excusez-moi, M. Corneau, qui est avec nous;
le registre foncier, avec Mme Carole McMurray et Réal Côté,
le registre des droits personnels et réels mobiliers, Mme Suzanne
Potvin-Plamondon, le registre de l'état civil...
Mme Harel: Foncier, c'est qui, M. le ministre?
M. Rémillard: Régime foncier, oui.
Mme Harel: Mme Dury?
M. Rémillard: Mme McMurray.
Mme Harel: McMurray et monsieur... i
M. Rémillard: Réal Côté. |
Mme Harel: Merci.
M. Rémillard: Registre des droits personnels et
réels mobiliers, Mme Suzanne Potvin-Plamondon; le registre de
l'état civil, M. Guy Lavigne, le fonds de registre du ministère
de la Justice, M. Jean Gauvin et la Direction des systèmes
informatiques, M. Simon Cantin et Guy St-Onge. M. le Président, M. le
sous-ministre, Clément Ménard, sous-ministre associé,
responsable, donc, de ce secteur d'activité au ministère de la
Justice, est avec nous.
Nous pouvons procéder à votre guise, M. le
Président, selon les voeux de cette commission. Ces gens sont ici avec
nous et peuvent donc répondre à nos questions. Nous pouvons
procéder
de deux façons: Ou bien nous les entendons, dans un premier
temps, de façon complète, sans se référer
directement aux articles du livre, ou bien nous abordons le livre et, au fur et
à mesure, nous entendons ces personnes.
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Alors, M. le Président, je crois que
tout le monde serait d'accord pour dire qu'il vaut mieux les entendre - et ils
sont tous ici - pour les libérer le plus tôt possible. Nous
pourrions procéder, comme ordre, peut-être simplement dans l'ordre
que j'ai déjà présenté. Tout d'abord, avec M.
Corneau, le registre des raisons sociales. Peut-être que M. Corneau, M.
le Président, pourrait être invité à venir nous
présenter le registre.
Mme Harel: C'est M. Corneau? Bon. Peut-être, avant
que...
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'on peut avoir encore
une fois votre prénom, M. Corneau?
M. Corneau (André-Gaétan):
André-Gaétan.
Le Président
(M. Lafrance):
André-Gaétan.
Et vous êtes... le registre des raisons sociales.
Est-ce qu'on désire questionner M. Corneau tout de suite?
M. Rémillard: Son titre officiel, M. le Président,
on me dit que c'est: chargé de projet.
Le Président (M. Lafrance): Chargé de projet.
D'accord. Est-ce qu'on désire entendre tout d'abord M. Corneau ou le
questionner?
Mme Harel: M. le Président, je me demande, avant que nous
entendions successivement M. Corneau et ses collègues qui ont la
responsabilité de l'un ou de l'autre des registres, ce qui est une
excellente façon de faire, et j'espère que nous le ferons, s'il
ne serait pas utile, auparavant, que M. Clément Ménard nous donne
un portrait, un aperçu général de l'ensemble des objectifs
qui sont poursuivis, des coûts d'implantation de l'opération, des
incidences diverses, autant sur le coût de formation du personnel,
etc.
M. Rémillard: Oui. M. le Président, je suis
accompagné de M. Jacques Chamberland, le sous-ministre en titre au
ministère de la Justice. Tout à l'heure, M. Ménard pourra
intervenir d'une façon bien ponctuelle dans les dossiers; je pense qu'il
connaît parfaitement bien toute la technique de ces dossiers. Mais je
crois que, quant aux questions que vient de soulever Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, M. le sous-ministre Chamberland
pourrait nous faire la présentation générale de tous ces
registres.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le ministre. M. le
sous-ministre.
M. Chamberland (Jacques): Merci, M. le Président. Pour
essayer de brosser un tableau le plus clair possible, évidemment, on a
ici affaire à quatre registres. Dans certains cas, les registres ne sont
pas tout à fait nouveaux, par exemple, le registre foncier.
Évidemment, il y en a déjà un registre foncier. En vertu
du nouveau Code civil, le registre va être considérablement
transformé, mais le vocable n'est quand même pas étranger
à notre vocabulaire actuel. De la même manière, le registre
des raisons sociales est également un registre qui, dans une certaine
mesure, existe déjà un peu; on ne part pas de zéro
complètement.
Par contre, il y a deux registres qui, eux, sont plus nouveaux, si on
veut, le registre de l'état civil dont vous avez déjà eu,
je crois, un aperçu quand M. Guy Lavigne était ici au moment
où vous traitiez de ces articles du projet de loi 125, et le registre
des droits personnels et réels mobiliers.
Alors, évidemment, l'effort de modernisation que vous avez
remarqué dans le vocabulaire et dans la présentation du projet de
loi 125 ne s'arrête pas aux mots du projet de loi 125. Ça se
traduit également dans la nature, dans les registres que nous allons
mettre en place. Donc, d'emblée, ce sont des registres modernes que nous
mettons en place, c'est-à-dire sur soutien informatique. Il faut
toujours avoir ça à l'esprit quand on décrit les quatre
registres en question.
Au niveau du registre des raisons sociales, on l'appelle comme ça
aujourd'hui, mais il n'a pas de nom encore. Il n'a pas été
baptisé officiellement. On pourrait l'appeler le registre des
associations, sociétés. Il n'y a pas de nom précis, mais
on va s'entendre entre nous. Je l'appellerai registre des raisons sociales. Ce
registre est fait, est mis sur pied en collaboration avec l'Inspecteur
général des institutions financières. En ce sens, l'aspect
monétaire le plus important de la mise en place de ce registre
relève de l'Inspecteur général des institutions
financières plutôt que du ministère de la Justice.
Quant au ministère de la Justice, en fait, c'est un registre qui
ne coûtera à peu près rien à mettre en place. On
évalue à un coût net de 160 000 $, c'est-à-dire - et
j'arrive à ce chiffre de la façon suivante: Nous pourrons
épargner cinq postes, abolir cinq postes quand le registre sera en
place, ce qui représente 145 000 $. Par contre, nous devrons acheter des
équipements informatiques, de la quincaillerie informatique pour un
montant de 300 000 $, ce qui fait un coût net de 160 000 $. Par la suite,
une fois le système en place - et ça, M. Corneau pourra vous
donner tous les détails que vous souhaitez avoir et j'ai demandé
aux gens de la Direction
des systèmes informatiques d'être à votre
disposition également - tout ce que le ministère de la Justice
devra assumer comme coût, c'est le coût du lien informatique entre
nos appareils et l'ordinateur central qui est à l'Inspecteur des
institutions financières. C'est un lien informatique qui nous
coûtera environ 120 000 $ par année. Donc, si on le regarde en
termes purement budgétaires pour le ministère de la Justice,
ça nous coûte 145 000 $ actuellement, les cinq postes qu'on va
abolir. Ça va nous coûter 120 000 $ plus tard. Donc, on
économise quelques milliers de dollars avec la mise en place du registre
des raisons sociales.
Au niveau de l'Inspecteur général des institutions
financières, il aura, lui, des coûts également à
absorber qui sont évalués, au moment où je vous parte,
à 3 200 000 $. Maintenant, c'est peut-être ce que Je me
contenterais de vous dire pour l'Instant concernant ce registre des raisons
sociales pour vous décrire ensuite, au niveau des coûts, l'autre
registre, le registre de l'état civil.
Le registre de l'état civil, je diviserais les coûts en
trois catégories: les coûts d'implantation, les coûts
d'exploitation et les coûts de réaménagement d'espaces
locatifs. Au niveau de l'implantation, je diviserais encore en deux
catégories: l'équipement informatique et le volet communications.
L'équipement informatique, c'est 1 300 000 $ et les communications, 500
000 $, pour un total, au niveau de l'implantation, de 1 800 000 $. Au niveau de
l'exploitation maintenant, c'est-à-dire le roulement quotidien du
registre de l'état civil, il faudra, vous le savez probablement
déjà, compter sur 159 personnes pour faire fonctionner ce
registre, c'est-à-dire 96 personnes de plus que le personnel qui
s'occupe déjà de fonctions semblables au ministère de la
Justice, ce qui représente un coût de 3 000 000 $. Et il y a des
dépenses de fonctionnement, de téléphonie, de
déplacement, de papeterie, de photocopies, etc., de 1 400 000 $, pour un
total de dépenses d'exploitation de 4 400 000 $.
Mme Harel: Excusez-moi, je n'ai pas compris.
M. Chamberland: Je disais qu'au-delà du personnel qui
devra faire fonctionner il y a, évidemment, les dépenses de
fonctionnement. C'est une catégorie budgétaire qui est
décrite comme cela et ça couvre les frais de déplacement,
la téléphonie, les photocopies, etc. Ce sera 1 400 000 $ par
année, pour un total de 4 400 000 $ en frais d'exploitation annuelle.
Les coûts de réaménagement des locaux
s'élèvent à 250 000 $ et vous avez là l'ensemble
des coûts reliés au registre de l'état civil, tels qu'on
les évalue aujourd'hui. Évidemment, vous savez, c'est un domaine
où ça peut toujours varier un peu, mais c'est, grosso modo, assez
précis.
Mme Harel: Ça, ce sont les prévisions pour quelle
année?
M. Chamberland: Ce sont des prévisions pour... Qu'est-ce
que vous voulez dire par quelle année?
Mme Harel: Les coûts, par exemple, 159 personnes au total,
vous nous dites qu'il y en aurait 96 de plus que maintenant. Donc, ça
signifie qu'il y en a actuellement 63...
M. Chamberland: C'est ça, oui.
Mme Harel: ...qui sont actuellement à l'emploi du
ministère.
M. Chamberland: Oui. Par exemple, vous savez, on a un service de
changement de nom où on traite déjà toutes les demandes de
changement de nom. On a du personnel qui est là. Il y a un directeur, il
y a des employés. Donc, ces gens-là, on n'aura pas à les
engager. On va tout simplement les coiffer d'un nouveau titre, si on veut, mais
ils sont déjà à l'emploi. Maintenant, dans les palais de
justice, il y a aussi des gens qui s'occupent de fournir des copies d'actes de
naissance. Ces gens-là vont changer de chapeau, ils vont changer de
titre, mais ils sont déjà employés par le ministère
de la Justice. Il y en a déjà de répartis partout sur le
territoire de la province, soit 63.
Mme Harel: 63.
M. Chamberland: II y en a 63; il faudra en ajouter 96.
Mme Harel: Mais vous prévoyez cet ajout en quelle
année?
M. Chamberland: Le registre dont je vous parle, si tout est
adopté à temps et si tout va normalement, pourra être en
place en 1993. Donc, on les engagera au moment où on aura l'assurance
que c'est en place.
Mme Harel: Le registre de l'état civil. M. Chamberland:
C'est ça.
Mme Harel: C'est ça. Donc, ça signifie que vous
allez devoir aller chercher 3 000 000 $. Les 3 000 000 $ sont-ils
calculés au coût d'aujourd'hui, pour 96 personnes de plus, ou au
coût de 1993?
M. Chamberland: Pour les 3 000 000 $, je ne devrais
peut-être pas m'aventurer sur ce terrain-là et demander à
Guy Lavigne. Les chiffres que j'ai sont les chiffres de décembre 1990,
et il y a peut-être eu quelques petites modifications, évidemment,
l'inflation, si vous
voulez, mais c'étaient les coûts en décembre
1990.
Mme Harel: En décembre 1990.
M. Chamberiand: Au moment où le ministre s'est
adressé au Conseil des ministres.
Mme Harel: D'accord. Évidemment, à ce
moment-là, il va falloir les actualiser, sachant qu'en 1993, pour un
ministre qui va s'adresser au Conseil du trésor, les coûts
pourraient être différents de ceux-là.
M. Chamberiand: Oui, mais en principe on ne prévoit pas de
difficultés. On a un accord de principe, on a un mode de financement qui
est déjà convenu et tout est bien attaché de ce point de
vue là.
Mme Harel: Au niveau du registre de l'état civil.
M. Chamberiand: Oui. Je ne m'attends pas à des
difficultés du tout.
Mme Harel: Et le mode de financement qui est bien attaché
est celui...
M. Chamberiand: Dans chacun des cas... Mme Harel: ...de la
hausse des tarifs? Non?
M. Chamberiand: Dans chacun des cas, on vise, évidemment,
à autofinancer le service qu'on fournit, c'est-à-dire à
même les revenus qui sont générés.
Évidemment, à l'état civil, il y a des revenus qui sont
déjà générés. Par exemple, les changements
de nom. Quand vous demandez un changement de nom, vous devez payer un timbre.
Alors, ces revenus-là serviront à implanter le registre et
à assurer son fonctionnement. Tous ces revenus-là transiteront
par un fonds qui a été créé - vous l'avez
passé au crible de votre analyse quand il a été
présenté à l'Assemblée nationale. Le fonds des
registres du ministère de la Justice a été
créé exprès pour ça, pour permettre aux revenus de
transiter par le fonds et aux dépenses d'être prises à
même les revenus.
Nous avons une entente avec le ministère des Finances pour que
des sommes d'argent nous soient prêtées en attendant que le fonds
génère les revenus nécessaires à son
fonctionnement. Tout est assez bien attaché de ce point de vue
là. Je ne crois pas que le ministre ait des pépins de ce
côté. Je le souhaite.
Mme Harel: Ça, ça comprend donc l'exploitation et
puis le réaménagement de l'espace, des locaux. Et, pour ce qui
est de l'implantation...
M. Chamberiand: Oui.
Mme Harel: ...je ne crois pas qu'on ait eu les chiffres.
M. Chamberiand: Oui. Il y a deux catégories de
dépenses à ce niveau-là. Il y a le logiciel et
l'équipement, c'est-à-dire les dépenses en informatique, 1
300 000 $, et les dépenses en communications, de 500 000 $.
Mme Harel: D'accord.
M. Chamberiand: Les deux autres registres...
Mme Blackburn: M. le Président..
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi, je vais devoir, de par le
règlement, demander le consentement afin que vous puissiez vous adresser
aux membres de cette commission...
Mme Harel: Mme la députée...
Le Président (M. Lafrance): ...étant donné
que vous n'êtes pas formellement sur la commission. Est-ce qu'il y
a....
Mme Harel: Je. vais vous expliquer peut-être la motivation
qui l'amène parmi nous. Elle m'avait indiqué à quel point
ses concitoyens du Saguenay-Lac-Saint-Jean, plus particulièrement les
personnes qui travaillent avec le Dr Bouchard, je pense, un ensemble de
recherches généalogiques sur la région et de recherches
génétiques, sont intéressés à cette question
des registres, et elle souhaitait être des nôtres au moment
où nous en discuterions.
Le Président (M. Lafrance): Alors, bienvenue parmi nous.
Si je comprends bien, il y a consentement. Nous vous écoutons, Mme la
députée de Chicoutimi.
Informatisation du registre de l'état civil et
autres registres
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je ne pense pas...
Je ne sais pas s'il serait utile de présenter, actuellement, la position
qui a été défendue auprès de moi - on m'a
mandatée pour vous en faire part - par les gens de chez nous, mais
particulièrement par rapport à la question qui a
été soulevée par la députée de Maison-neuve.
J'aimerais savoir comment vont être répartis les nouveaux emplois.
Actuellement, on retrouve des registres, les états civils dans quelque
43 palais de justice au Québec. Dans le réaménagement que
vous envisagez faire, comment vont être distribués ces emplois et
comment ça va demeurer, comment ça va être réparti
à travers les régions et dans les différents palais de
justice? (17 h 30)
M. Chamberland: Si vous me permettez, madame, je demanderais
à Guy Lavigne, qui est directeur de l'état civil, qui travaille
à ce projet depuis un bon moment déjà, de répondre
à vos questions. Je ne sais pas si le niveau de nos travaux est aussi
précis pour nous permettre de répondre aux questions que vous
posez, mais, s'il y en a un qui a la réponse, c'est lui. Alors, si les
membres de la sous-commission le permettent, je demanderais à M. Guy
Lavigne de répondre à cette question.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. le sous-ministre en
titre. Alors, M. Guy Lavigne.
M. Lavigne (Guy): Bonjour. Pour répondre de façon
précise à votre question, je pense qu'il y a lieu de vous
dessiner rapidement le portrait de la situation actuelle.
Effectivement, il y a des registres d'état civil dans 42 - mais
non pas 43 - points de service du ministère de la Justice et, dans ces
42 points de service, il y a des personnes qui sont affectées à
la gestion de ces registres d'état civil. Mais il est important de
préciser que ce n'est qu'à Québec et à
Montréal qu'il y a des ressources affectées à temps
complet à la gestion de ces registres d'état civil. Si bien que,
dans les autres points de service du ministère, les personnes qui
donnent les services en matière d'état civil le font à
temps partiel ou à quelques dixièmes de temps, si vous voulez, ce
qu'on appelle dans notre jargon des dixièmes d'hommes-année, si
on veut. Ce qui fait que, globalement, sur l'ensemble du territoire du
Québec, on peut dire qu'il y a environ 39 personnes d'affectées
à la gestion de l'état civil du Québec au ministère
de la Justice. De ces 39 personnes, il y en a 20 qui sont affectées
à temps complet à Québec et à Montréal. Pour
les autres points de service, ce ne sont que des parties d'emplois, si on veut,
qui sont affectées à ces registres, qui varient de quelques
dixièmes de pourcentage à une demi-personne-année, si on
veut.
Mme Blackburn: La répartition des nouveaux emplois se
ferait exclusivement parce que...
M. Lavigne: La répartition des emplois se fera en fonction
du nouveau mode d'organisation de la gestion de l'état civil, mode de
gestion qui a été arrêté de la façon
suivante: La Direction de l'état civil assumera son mandat à
partir de deux points de service, là où sont actuellement
affectées des ressources à temps complet, à Québec
et Montréal. Comme, à l'extérieur de ces deux points de
service, il n'y a pas de personnes affectées à temps complet, il
n'y aura pas nécessairement de déplacement d'individus, si on
veut, de ces différents points de service là pour aller
travailler à Québec ou à Montréal.
Mme Blackburn: Alors, M. le Président, avec l'autorisation
du président et sans vouloir m'imposer auprès des membres de
cette commission, je vais vous expliquer un peu ce qui m'amène ici. Nous
avons le plaisir, le bonheur et l'honneur d'avoir à l'Université
du Québec à Chicoutimi un centre interuniversitaire de recherche
sur les populations. Ce centre de recherche travaille en étroite
collaboration avec l'Université Laval, McGill et l'Université de
Montréal. Ils avaient aussi une affiliation avec une université
européenne, française, mais on parle de ces universités
sur le territoire du Québec.
Des recherches ont été initiées, d'abord, par le
chercheur, le professeur Gérard Bouchard; elles auront permis à
la région, en partant de la génétique humaine,
d'établir, par rapport au bassin génétique
régional, l'origine de maladies héréditaires.
C'était le premier objectif de cette recherche. Les travailleurs de
SOREP, les chercheurs de SOREP utilisent très souvent les associations
généalogiques avec lesquelles ils travaillent en collaboration,
parce que, des fois, les recherches sont déjà en partie
réalisées, alors ils ne veulent pas les refaire inutilement.
Alors, l'inquiétude de la Fédération des
associations généalogiques est de deux ordres. Le premier, c'est
la centralisation de tous les actes civils à Québec et à
Montréal. Il y a, chez nous, une espèce de tradition, j'allais
dire une espèce de culture qui fait qu'on est tous un peu à la
recherche de nos origines. Et le fait d'avoir les actes civils dans les
régions, ça fait partie, selon nous, du patrimoine. Pour l'heure
et pour le moment, il nous semblait et il semblait à ces gens qu'il
n'était pas souhaitable qu'on s'en aille dans une centralisation de ces
services, ce qui, finalement, vide les régions, encore une fois.
À part la poussière et quelques chercheurs dans ces
dossiers-là... Il nous semblait que c'était important que
ça demeure dans les régions. Alors, les gens, chez nous... pas
seulement les gens de chez nous mais toutes les sociétés de
généalogie s'inquiètent de cette centralisation à
Québec et à Montréal parce qu'ils estiment que c'est un
pillage du patrimoine régional. À moins de raisons qui seraient,
sans contredit, incontournables, il n'apparaît pas aux régionaux
que ce soit souhaitable. Ça, c'est la première raison.
La seconde, c'est la définition des termes "personnes
intéressées": les personnes qui justifient leur
intérêt; c'est le terme qui est utilisé. Faute d'une
définition, il est clair que, pour les sociétés de
généalogie, ce n'est pas évident qu'ils auront la
même facilité qu'ils ont actuellement pour avoir accès
à ces registres-là.
Il s'est établi au cours de l'histoire, vous le savez mieux que
moi, une espèce de rapport entre ces sociétés-là et
les palais de justice et puis, ça se fait. Je pense que personne
à ce jour, à ma connaissance, n'a porté plainte parce
qu'on avait porté atteinte à des droits ou à la vie
privée. Alors, il s'est établi des façons de faire
entre les sociétés de généalogie et les
palais de justice, qui sont certainement un peu variables selon les
régions mais qui étaient à la satisfaction de ces
sociétés. Et moi, je sais que la question a déjà
été soulevée ici et je me demandais si on pouvait
requestionner cette décision. D'autant qu'il m'apparait, à
l'évidence, que ça va être un peu plus coûteux et je
ne sais pas si ça sera plus efficace. Il faudrait voir les raisons qui
amènent à la centralisation.
La deuxième raison, c'est que ça va nécessairement
affecter la qualité et la capacité de travail des
sociétés de généalogie, mais ça va avoir
aussi un effet, disons-le, sur le personnel, éventuellement, ceux qui
travaillent dans ces sociétés, ceux qui travaillent au centre de
recherche. Alors, c'était l'ensemble de ces questions que je voulais ici
soumettre.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, la réponse a
été donnée. Il n'y aura pas de changement au niveau des
régions.
Mme Blackburn: C'est-à-dire que tous les états
civils vont demeurer en région? Il n'y aura ici qu'une centralisation
faite sur la base de l'informatique?
M. Rémillard: L'accessibilité va être autant
garantie qu'elle l'est maintenant au niveau des régions, même
probablement plus.
Mme Harel: Avec les terminaux?
Mme Blackburn: Avec les terminaux, mais ça veut dire que
les documents officiels vont être centralisés a Québec et
à Montréal, je comprends. Est-ce que c'est ça?
M. Rémillard: Est-ce qu'on peut dire ça? M.
Lavigne: Effectivement, madame.
Mme Blackburn: Parce que c'est ça qui préoccupe les
gens. Au nom de quel principe, pensez-vous, est-il utile... Moi, je comprends
un peu l'informatique. On veut informatiser le système. Je suis
allée chercher un acte de naissance au presbytère de la paroisse
et j'ai constaté que c'est fait par ordinateur. Il y a là-dedans
des progrès incontestables. Mais ce que les gens souhaitent, c'est avoir
le droit d'accès aux documents, et que ces documents demeurent dans les
régions. On se bat constamment pour conserver notre patrimoine en
région. Je pense aux collections Dubuc, récemment, et on va faire
la même chose, j'imagine, j'espère, pour la collection Lavalin,
tantôt, pour tout le Québec. On ne peut pas continuer à
vider les régions, ici, sans avoir de bonnes raisons.
M. Rémillard: Les bonnes raisons, M. le Président,
c'est évidemment qu'il faut se mettre à la modernité, et
la modernité va assurer l'accessibilité la plus complète
à ces données et aussi une meilleure protection à ces
données, la complète sécurité. Mais je vais
demander qu'on complète les commentaires.
Le Président (M. Lafrance): M. Lavigne.
M. Lavigne: Je voudrais peut-être apporter des commentaires
sur deux volets en ce qui concerne la conservation des registres d'état
civil dans les régions, parce qu'il est bon de vous donner l'information
suivante. C'est que les Archives nationales du Québec ont des
dépôts régionaux en neuf points de service au
Québec, dans lesquels on retrouve les registres d'état civil, les
actes d'état civil des citoyens du Québec qui ont
été enregistrés avant 1900, 1900 et plus vieux. Ces
registres-là sont déposés dans ces régions, donc
accessibles, et ils sont conservés, bien entendu, en fonction de leur
lieu de tenue qui est la région. Donc, à ce niveau-là i
y a au moins cet élément important qui doit être
considéré.
L'autre élément aussi, c'est que les registres qui sont
centralisés sont ceux que nous considérons actifs,
c'est-à-dire depuis les derniers 90 ans, et pour lesquels les personnes,
avec l'espérance de vie des citoyennes et des citoyens du Québec,
sont en mesure d'avoir des considérations particulières et aussi
des renseignements personnels privilégiés. Ces registres actifs,
ce sont ceux-là qui, de façon prioritaire, seront
déplacés aux lieux d'archivage de Québec et de
Montréal parce que nous aurons à les manipuler et à
valider de l'information de façon quotidienne en vertu de dispositions
de la loi, qui nous obligent à faire les liens entre les
événements d'état civil les uns par rapport aux autres et
ce, de façon centralisée.
Deuxième volet. J'aimerais peut-être mentionner, au niveau
des personnes intéressées, qui justifient de leur
intérêt aussi... Vous avez fait mention tout à l'heure du
Dr Bouchard et de l'organisation SOREP. Il est bon de vous indiquer, madame,
que M. Bouchard est en communication avec le service chez nous, et nous avons
eu l'occasion de discuter déjà à plusieurs reprises. Et
encore récemment nous avons convenu de nous rencontrer au début
de janvier pour convenir de modes d'action pour être capables de leur
fournir les informations et l'accessibilité à de l'information
pour leur permettre de faire leurs travaux.
De la même façon, nous avons eu l'occasion de discuter et
de rencontrer la Fédération des sociétés de
généalogie du Québec. J'ai eu l'occasion moi-même,
de façon particulière, de m'exprimer à leur
congrès, il y a environ un mois, pour leur expliquer les principes de la
réforme. Et, de façon plus particulière, j'ai des
discussions et des rencontres avec l'exécutif de la
Fédération, qui a justement comme objectif de nous rencontrer
pour être capable de convenir de ces modes de partage d'informations,
avec lequel, évidemment, nous voulons communiquer et transiger.
M. Rémillard: Mais l'accès à ces
données, M. le Président, va être encore plus facile, parce
que ça va être entré sur ordinateur. Donc, ça va
être encore plus accessible, et plus facile, et plus complet, et plus
secure aussi quant à la protection de ces données-là.
Mme Blackburn: J'imagine que, certainement, ça n'a pas
été fait sans mûre réflexion, mais est-ce qu'il y a
une bonne raison pour qu'on puisse exiger la centralisation des actes civils
à Québec et à Montréal? Et est-ce qu'on n'aurait
pas pu, à partir de terminaux dans les régions - ça existe
dans les deux sens, l'informatique - assurer la mise à jour des
informations et des données inscrites aux registres civils?
La philosophie qui préside à la réorganisation de
ce service, c'en est une de centralisation. Ce que les régionaux
souhaitent, pourquoi n'aurait-on pas pu le faire en région? A-t-on perdu
tant d'informations que ça justifie une telle décision? Et, avec
l'informatique, je vous le rappelle, on n'a plus besoin, pour assister, pour
participer à des échanges de données, d'être assis
dans le même bureau. Alors, pourquoi est-ce qu'on n'a pas conçu la
réorganisation de ce service-là en respectant les régions?
J'ai beaucoup de difficultés à vous suivre, d'autant qu'il ne me
semble pas y avoir de grosses économies.
Et, à présent, est-ce qu'on a perdu tant de registres
civils en les laissant dans les palais de justice? Et, à présent,
est-ce qu'il y a tant de cas qui nous permettent de penser que la vie
privée n'a pas été respectée au moment de la
consultation des registres d'état civil? Je voudrais comprendre. Je
voudrais comprendre, et les régionaux veulent comprendre.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: Oui, madame, les questions que vous posez touchent de
façon directe le fondement même de la réforme en
matière de gestion de l'état civil. Le concept que le projet de
loi 125 met de l'avant est le suivant: il établit qu'il n'y a plus qu'un
seul fonctionnaire de l'état civil et plus qu'un seul registre
d'état civil. Évidemment, ce concept-là est un virage
très important par rapport à celui que l'on connaît
actuellement qui est basé sur le système confessionnel,
c'est-à-dire la tenue de registres par les prêtres et aussi par
les officiers municipaux et les secrétaires-trésoriers ou
greffiers de municipalités, qui sont disséminés sur le
territoire du Québec. Je dois vous mentionner qu'il y a 3600 personnes
différentes qui déposent chaque année plus de 5000
registres auprès des protonotaires de chacun de nos districts
judiciaires.
Donc, à la base même, il y a un virage important qui est
indiqué par les dispositions du projet de loi 125. La réforme
établit qu'il n'y a plus qu'un seul registre et qu'un seul fonctionnaire
de l'état civil. Pourquoi, maintenant, rapatrier les registres à
Québec et à Montréal? Il y a d'autres dispositions dans le
projet de Code civil qui établissent qu'on doit faire des annotations et
des liens entre les événements civils. Je peux vous donner, par
exemple, le fait que lorsqu'il y aura un mariage nous devrons faire des
annotations aux actes de naissance des deux époux. Donc, pour pouvoir
faire ces annotations, il faut avoir les registres en main pour, de
façon efficace, être capable de faire les liens. Parce que le
registre est tenu, c'est bon de le préciser, en vertu des dispositions,
je crois, de l'article 105, en deux exemplaires. Il y a deux registres, l'un
qui est manuscrit et l'autre qui est informatisé. Et, s'il y avait
divergence entre les deux versions, c'est le manuscrit qui primerait. Donc,
bien que nous soyons dans une société moderne, avec un outil
merveilleux qui est l'informatique, l'assise juridique du Code civil est
toujours le manuscrit. Et c'est la raison pour laquelle nous devons toujours
privilégier l'annotation et la tenue du registre manuscrit de la
façon la plus fidèle et la plus efficace possible pour être
capables de valider, si on veut, la version informatisée qui, elle, va
permettre une accessibilité rapide et efficace à l'ensemble des
citoyens du Québec. (17 h 45)
Mme Harel: Si on pousse votre logique...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Justement, en poussant votre logique jusqu'au point
ultime, alors, pourquoi ne pas avoir décidé, par exemple, que ce
registre n'allait être qu'à Montréal? Pourquoi
Québec et Montréal, à ce moment-là? Ça
aurait pu n'être qu'à Montréal, et puis pourquoi
Québec, alors? Est-ce qu'il y a des motifs qui justifient Québec,
à ce moment-là?
M. Rémillard: C'est essentiellement, M. le
Président, en fonction du rayonnement de ces deux villes, de
l'agglomération des gens autour et de la possibilité de toucher
toutes les régions. Donc, par conséquent, il faut insister...
Mme Harel: Oui, mais tout va se faire par terminaux.
M. Rémillard: Pardon?
Mme Harel: Ça va se faire par terminaux, de toute
façon.
M. Rémillard: Oui, ça va se faire par terminaux,
mais pour avoir accès, pour tout problème, c'est normal qu'au
point de vue efficacité on puisse le faire en fonction de deux
pôles. On a choisi deux pôles, les deux pôles qui seraient
les plus susceptibles de toucher l'ensemble des régions. Alors, par le
fait même, il y a Québec et Montréal qui s'Imposent
d'eux-mêmes.
C'est un principe. Tous les principes ont été
acceptés, on le sait, dans le projet de loi 20 qui a été
présenté en décembre 1985; ce n'est pas... Pardon? En
1982, dis-je, pas 1985, 1982. Ce n'est donc pas quelque chose de nouveau qui
arrive aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on avait décidé et
bien planifié et qui s'impose.
Mme Harel: C'est-à-dire que le principe, c'est un seul
registre et un seul registrateur.
M. Rémillard: C'est ça.
Mme Harel: Mais ça aurait pu, à ce
moment-là, être décidé qu'il y aurait une seule
localité.
M. Rémillard: Ça aurait pu être une seule
localité.
Mme Blackburn: Si vous me le permettez, ça aurait pu
être un seul registre et un seul responsable de registre, mais avec 10
points de service plutôt qu'un. Parce que là j'imagine que celui
qui est responsable des registres va être ici, à Québec,
sans doute, et alors... Dans le fond, l'approche que vous choisissez est
blessante - et là je vous écoutais - dans le fond, elle est
blessante pour les régionaux. Vous dites: Parce que ça a un
rayonnement, on va en mettre un à Montréal. Il y a comme un
rayonnement aussi à Rimouski; il y en a comme un aussi à
Sherbrooke; il y en a comme un aussi à Trois-Rivières et à
Chicoutimi, pour ne pas le nommer.
Alors, comme il n'y a pas vraiment d'économie et comme vous nous
dites que les registres d'état civil manuscrits vont être tous...
j'imagine qu'ils vont être tous centralisés à Québec
et à Montréal, de quel droit est-ce qu'on prend des
décisions qui viennent enlever une partie du patrimoine des
régions? On m'a expliqué que, dans les archives nationales, on
retrouvait les actes civils d'avant 1900. Bon, je m'en réjouis et
j'espère qu'un jour on ne décidera pas d'avoir les archives
nationales seulement à Québec et que, alors, on ramènera
tout ça ici.
Parce que je ne vois pas vraiment la logique qui préside à
ça, et ce n'est pas parce que le principe a été
accepté en 1983 que ça devient parole d'évangile On avait
accepté d'autres principes et vous ne les avez pas parfaitement
endossés.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre, il n'y
a pas de commentaire?
M. Rémillard: Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Mme Harel: Moi, j'aimerais revenir sur...
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a d'autres
membres qui aimeraient commenter à ce stade-ci? Non? Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Blackburn: II y a d'autres régionaux, dans le coin?
Sherbrooke.
Mme Harel: La question des... Le député de
Sherbrooke a déjà fait connaître ses inquiétudes
lors d'une séance antérieure. Moi, j'aimerais savoir quand est
prévue, justement, l'implantation des terminaux. Est-ce qu'ils sont
couverts par les coûts de 1 300 000 $ que vous nous transmettiez?
M. Chamberiand: Oui, ils sont couverts et, comme je vous le
disais tantôt, tout va bien au niveau du cheminement législatif du
projet de loi 125 et de la loi d'application. Ça peut être en
place en 1993, y compris les terminaux dans chacune des régions.
Mme Harel: Et comment va se faire le paiement, à ce
moment-là?
M. Chamberiand: Encore une fois, je vais demander à M.
Lavigne de préciser de quelle façon il a pensé à la
facturation des services qui seraient fournis par le directeur de l'état
civil.
Le Président (M. Lafrance): Oui, merci, M. le
sous-ministre en titre. M. Lavigne.
M. Lavigne: Oui, madame. Le paiement des services,
évidemment, sera fait en fonction du mode d'accessibilité que le
citoyen voudra bien utiliser. Actuellement, ce qui est privilégié
dans les modes d'accessibilité, ce sont les formulaires écrits
par lesquels les citoyens demandent des extraits de naissance et avec lesquels
ils joignent un montant qui est prévu par le tarif correspondant au
service qui leur est fourni. C'est ce mode-là que nous allons continuer
à privilégier. Par contre, on a aussi essayé d'aller un
petit peu plus loin et de permettre encore, pour une plus grande
accessibilité, que, par téléphone, on puisse aussi donner
du service et être capable de répondre aux besoins du citoyen.
À ce moment-là, on sera en mesure de fournir des extraits en
raison de ce mode d'accessibilité aussi. C'est l'avantage,
évidemment, d'avoir le système centralisé.
Mme Harel: Par téléphone, ça supposerait
qu'il y ait une facturation après que le service a été
donné.
M. La vigne: Pas nécessairement. La facturation pourrait
se faire directement si la personne ou le citoyen concerné a la
possibilité de nous fournir une indication de paiement comme, par
exemple, une carte de crédit ou une carte de débit.
Mme Harel: Et, à défaut d'une carte de
crédit ou d'une carte de débit, il ne pourrait pas y avoir la
rapidité du service par téléphone; c'est ça qu'il
faut comprendre?
M. Lavigne: Au moment où on se parle, on n'a pas
examiné cette alternative-là de façon très
poussée. Nous l'examinons. Il y a des modalités de gestion qui
nous sont données, évidemment, en fonction des règles de
gestion budgétaire, administrative, financière, gouvernementale,
avec lesquelles nous devons composer, mais nous examinons cette
possibilité-là au moment où on se parle.
Mme Harel: Tantôt, vous nous avez parlé de 3600
personnes qui déposent 5000 registres. Pour un total de combien
d'actes?
M. Lavigne: Annuellement, je peux vous mentionner qu'il y a
environ entre 185 000 et 190 000 actes, en moyenne, d'événements
nouveaux concernant l'état civil. Évidemment, cela fluctue en
fonction du taux de natalité, des naissances bien entendu, des
décès aussi, des mariages, le taux de mariage, mais on peut dire,
en moyenne, environ 185 000 ou 190 000 nouveaux actes à chaque
année.
Mme Harel: Combien de copies d'actes sont demandées?
M. Lavigne: Des informations que nous possédons,
c'est-à-dire sur lesquelles nous avons le contrôle le plus
précis, ce sont les extraits qui nous sont demandés via les
palais de justice. Nous en avons émis l'an dernier 215 000. Je ne suis
pas en mesure de vous donner le volume qui est fourni ou qui pourrait
être comptabilisé concernant les émissions données
par les détenteurs de registres, c'est-à-dire les paroisses
religieuses ou les municipalités.
Mme Harel: Grosso modo, les pensez-vous à peu près
du même ordre?
M. Lavigne: Nous avons fait des évaluations et, en
fonction des expériences vécues dans les autres provinces
canadiennes, en fonction d'une population, en faisant des ratios demandes
d'extraits versus population et en fonction aussi de certains paramètres
que nous avions mis de l'avant, nous anticipons des demandes de l'ordre de 450
000 à 500 000 par année.
Mme Harel: Alors, vous nous parlez donc de 185 000 à 190
000 actes d'événements nouveaux. Ce ne sont pas là que des
actes enregistrés dans les palais de justice. Ils le sont
également par les autres détenteurs de registres. C'est quoi, la
proportion?
M. Lavigne: Actuellement, je dois vous mentionner que les palais
de justice n'enregistrent pas d'actes, sauf ceux qui concernent les mariages
civils. Les registres que nous avons dans les palais de justice sont ceux qui
sont déposés par les personnes autorisées à les
tenir, mais à la fin de l'année civile, dans les 45 jours qui
suivent la fin de l'année civile. Ce qui fait que, pour l'année
de la tenue du registre, nous n'émettons pas, dans les palais de
justice, parce que nous n'avons pas les registres, des copies pour ces
années-là. Donc, nous, dans les palais, nous n'enregistrons pas
d'actes du tout, sauf ceux des mariages, qui sont à peu près de
l'ordre de 15 000 ou 20 000.
Mme Harel: Donc, ces événements nouveaux sont
enregistrés par d'autres détenteurs que les palais de
justice.
M. Lavigne: Partout, dans les différents points de
service.
Mme Harel: II y a donc une accessibilité sur le territoire
dans ces différents points de service, puisqu'il y a 3600 personnes
détentrices de registres, que la majorité des actes
d'événements nouveaux, nous dites-vous, sont enregistrés
par elles et non pas dans les palais de justice. Il y a donc actuellement une
grande accessibilité sur le territoire, n'est-ce pas? Là,
ça va être centralisé. Doit-on comprendre que, dès
le départ, le service se donnera dans les palais de justice, avec les
terminaux, dès le départ? C'est ça qu'il faut comprendre
ce soir?
M. Lavigne: Pas tout de suite, madame. Mme Harel: Pas tout
de suite?
M. Lavigne: Je crois qu'on l'avait déjà
exprimé.
Mme Harel: Oui, mais tantôt on disait dès 1993.
M. Lavigne: Oui, en 1993. C'est ça. En 1993, nous mettrons
en place l'organisation administrative qui va mettre en place la
réforme.
Mme Harel: Oui.
M. Lavigne: Pour valider à la fois l'organisation et la
gestion de ce nouveau mode de gestion des actes d'état civil, nous nous
donnons trois années...
Mme Harel: Oui.
M. La vigne: ...de validation, et nous avons comme objectif de
fournir aux autorités du ministère, au sous-ministre et au
ministre, au 31 décembre 1995, une évaluation et une
reconsidération de tout le mode de gestion.
Mme Harel: Oui. Aïe! C'est-à-dire que ce n'est pas
avant le 1er janvier 1996 que vous envisagez des terminaux en
région?
M. Lavtgne: Pas nécessairement, madame. Ce que je vous
mentionne, c'est que, d'ici le 31 décembre 1995, nous examinons
évidemment une redéfinition ou une validation du système
de gestion que nous mettons en place.
Mme Harel: Ça veut dire quoi? Écoutez, là.
Nous examinons...
M. Lavigne: II pourrait peut-être s'avérer important
d'avoir la possibilité de mettre en place des terminaux dans certaines
capitales régionales avant 1995, comme ça ne s'avérerait
pas nécessairement important de le faire.
Mme Harel: Ça veut dire qu'au moment où on se parle
il n'y a pas de décision de prise de le faire? Pardon?
M. Lavigne: C'est que, actuellement, nous avons
arrêté, comme organisation, une organisation Québec et
Montréal pour pouvoir assimiler la transition, qui est quand même
très importante; on passe d'un système qui a plus de 300 ans
d'histoire a un nouveau système. Et nous envisageons de façon
très importante et très sérieuse cette
déconcentration et cette décentralisation. Mais assumer en
même temps le passage, la transition de l'ancien système au
nouveau système tout en faisant une déconcentration et une
décentralisation à la fois, pour nous, pour deux années ou
deux années et demie ou trois années, maximum, cela nous
apparaît un risque vraiment trop important pour nous permettre de faire
les deux en même temps.
Mme Harel: Donc, la décision, c'est Québec et
Montréal, point?
M. Lavigne: Pour l'instant seulement, mais avec la
considération d'aller plus loin.
Mme Harel: Oui, pour l'instant, là, ça peut vouloir
dire jusqu'au 31 décembre 1995?
M. Lavigne: Maximum.
Mme Harel: Bon. C'est-à-dire que jusqu'au 31
décembre 1995, là, la décision actuelle, c'est
Québec et Montréal. Et j'ai bien compris que vous "envisagez";
donc, la décision n'est pas prise. Vous envisagez possiblement dans les
régions, et pas nécessairement dans toutes les régions,
peut-être dans certaines régions. Mais la décision n'est
pas prise. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Lavigne: Je...
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Vous me permettez de l'interroger, moi
aussi?
Mme Harel: Oui.
M. Rémillard: Vous voulez nous dire que les terminaux dans
les régions ne seront pas en place au moment où le nouveau
système va s'appliquer? Pourtant, j'ai pris la décision de mettre
en place ces terminaux-là dans chacune des régions.
M. Lavigne: Oui. Vous avez raison, M. le ministre. Cette
décision-là est liée, sur le plan fonctionnel, à
des considérations qui, sur le plan de la capacité des
systèmes à fournir le service, nous limitent pour la
première année, le tout début. Le système de
gestion informatisé a été conçu pour être
opérationalisé sur l'ordinateur central du ministère qui,
lui, a un système - comment dire ça - d'accessibilité
très décentralisé sur tout le territoire du Québec.
C'est-à-dire qu'il est possible, à partir du système qui
est développé, de pouvoir mettre en place partout sur le
territoire des terminaux qui nous permettront d'avoir cette
accessibilité-là.
Le Président (M. Lafrance): Alors, il y a Mme la
députée de Chicoutimi qui m'a demandé la parole.
Mme Harel: Oui. Il est possible, dites-vous, mais la
décision n'est pas prise de le faire à ce moment-ci; c'est
ça qu'il faut comprendre. Vous avez dit que la décision est prise
pour Québec et Montréal et que vous envisagez... Mais, si j'ai
bien compris, la décision, donc, les 1 300 000 $ du support informatique
dont nous parle le sous-ministre Chamberland, ce n'est que pour Québec
et Montréal. Est-ce que c'est ça qu'il faut comprendre?
M. Rémillard: Non. La décision, M. le
Président, la décision est prise de mettre ces terminaux en
région; ce qu'on nous explique, c'est la capacité technique du
procédé, essentiellement.
Mme Harel: Oui, et le financement. (18 heures)
M. Rémillard: Non, c'est autre chose. Mais ce qu'on vient
de nous expliquer, c'est l'aspect technique de la capacité d'adapter des
systèmes.
Et là il faut comprendre qu'il faut un certain temps. La
décision est prise d'avoir les terminaux dans les régions. La
décision est prise d'assurer une plus grande accessibilité
à ces documents que celle qui peut exister présentement.
Ça va être plus rapide d'avoir, par exemple, son état civil
que ça ne l'est maintenant. Ça va être plus accessible.
Ça va être d'autant plus efficace. C'est ça le
principe.
Mme Harel: Est-ce que la décision...
M. Rémillard: Le principe est d'être plus
efficace...
Mme Harel: ...est autorisée par le Conseil du
trésor?
M. Rémillard: ...puisque... Oui. Nous avons le...
Mme Harel: La décision d'implanter des terminaux dans les
régions, est-ce qu'elle a été évaluée par le
Conseil du trésor, et pour quelle année?
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le sous-ministre en
titre.
M. Chamberland: La précision que je voudrais apporter
à ce que je disais tantôt, c'est que Guy Lavigne me précise
que les logiciels et équipements de 1 300 000 $ dont je vous parlais
tantôt, c'est effectivement à cause des problèmes
techniques d'implantation qui ont été mentionnés. C'est
pour Montréal et Québec uniquement. Cette partie-là de la
mise en place du registre d'état civil a fait l'objet de discussions au
Conseil du trésor et a été acceptée. Ça ne
sera pas remis en question. Quant au développement...
Mme Harel: Parlez-vous de Montréal et de
Québec?
M. Chamberland: Je parle des 1 300 000 $, là, qui sont
autorisés.
Mme Harel: Oui. Qui concernent Montréal et
Québec.
M. Chamberland: Oui. Maintenant, le Conseil du trésor sait
également l'intention sous-jacente à l'implantation du registre,
c'est-à-dire l'implantation dans chacune des régions, dans chacun
des points de service du ministère de la Justice, en fait, des terminaux
nécessaires pour que les gens des régions, comme les autres,
aient accès à l'information. Alors, ils connaissent le
modèle que nous souhaitons mettre en place. Ils n'ont peut-être
pas le détail des chiffres en ce moment, mais ils connaissent le
modèle, ils l'ont approuvé et je ne prévois pas de
difficultés.
Mme Harel: Alors, vous nous dites que le
Conseil du trésor a approuvé. C'est ça qu'il faut
comprendre. Le Conseil du trésor a donc approuvé la
dépense pour régionaliser le service.
M. Chamberland: Le Conseil du trésor a approuvé le
modèle qu'on veut mettre en place.
Les chiffres précis ne lui ont pas été soumis
encore.
Mme Harel: Ah bon, bon, bon. Alors, vous-même, est-ce que
vous les détenez, ces chiffres?
M. Chamberland: Pas moi-même, non.
Mme Harel: Quelqu'un d'autre au ministère, sur le
coût du système?
M. Chamberland: Je vais demander à M. Lavigne s'il a
l'information.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. le
sous-ministre en titre. M. Lavigne.
M. Lavigne: L'information précise que vous demandez,
madame, si je comprends bien, c'est de connaître les coûts exacts
de la déconcentration sur le territoire de l'informatisation. Ils ne
sont pas établis au moment où on se parle.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Alors, j'aimerais laisser
la parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce que je comprends de la dernière
intervention m'inquiète. Il y a une espèce de, j'allais dire
"euphémisme", quand vous parlez de déconcentration de
l'information sur le territoire; elle était déjà
déconcentrée. C'est un geste de centralisation qui veut ensuite
rendre accessible l'information, éventuellement, dans les
régions. Mais, lorsque le sous-ministre nous dit l'intention
sous-jacente au ministère et qui a dû être comprise comme
telle au Trésor, c'est que, au Conseil des ministres, on voudra avoir
des terminaux dans les régions, mais si on n'a pas établi le
coût d'implantation de ce réseau de terminaux dans les
régions, moi, ça m'inquiète parce que quand j'entre dans
un palais de justice, actuellement, ce que les juges me disent, c'est: On
manque d'outils élémentaires en matière d'informatique
dans les palais de justice. Alors, si on n'est pas capable de fournir aux juges
ce qu'il faut pour faciliter la préparation des jugements, ou encore un
certain nombre de documents qui leur apparaissent élémentaires et
essentiels, ça m'étonnerait un peu qu'on trouve tout à
coup les moyens de passer rapidement à l'installation de terminaux dans
les régions pour rendre ces services accessibles, d'autant que, et
là je le rappelle, ça n'avait pas été
planifié
comme tel. On est incapable de nous dire aujourd'hui ce qu'il en
coûterait pour décentraliser l'activité. C'est
inquiétant, vous l'admettrez avec moi.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui. Alors, M. le Président,
écoutez. Avec toute cette discussion, là, j'aimerais bien, quand
même, qu'on comprenne une chose. Le système qu'on met en place va
être tellement plus efficace que ce que nous avons présentement:
efficace parce qu'il va garantir la sécurité des documents,
efficace parce qu'il va garantir l'accessibilité. Or, cette
accessibilité, M. le Président, elle se retrouve par les deux
pôles Québec et Montréal, oui, mais en fonction de
terminaux qui seront dans les régions. Et ça, là-dessus,
M. le Président, je voudrais bien qu'on me comprenne très
clairement. Il y a des terminaux qui seront dans toutes les régions et
ça, c'est très clair. Il y a des terminaux dans les
régions, et chaque région aura un accès par ses terminaux
directement à la banque, au niveau de Québec, au niveau de
Montréal, définitivement. Le principe est accepté. La
décision politique est arrêtée, et c'est ce qui est
pensé comme tel.
Donc, M. le Président, qu'on comprenne bien que le système
qu'on va mettre en place va être tellement plus efficace pour tout le
monde, pour tous les Québécois, ceux qui demeurent dans les
régions les plus éloignées comme ceux qui demeurent dans
les régions de Québec et de Montréal. Quelqu'un qui veut
avoir son état civil va l'avoir tellement plus efficacement et
rapidement, qu'il demeure n'importe où sur le territoire du
Québec, que ça n'est le cas présentement.
Le Président (M. Lafrance): Alors, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, je veux juste me faire confirmer ce qu'on nous
avait dit au moment où on a fait l'étude de ce
chapitre-là. Les contacts téléphoniques pour les gens des
régions, est-ce qu'ils seront sans frais, comme on nous l'avait dit
à ce moment-là?
M. Rémillard: Oui. C'est prévu, sans frais.
Mme Caron: Non, non. Le contact téléphonique.
M. Rémillard: Le contact téléphonique.
Mme Harel: M. le Président...
M. Rémillard: Le contact téléphonique, j'ai
dit que c'était sans frais. Je vous confirme que c'est sans frais.
Mme Harel: On reviendra sur toute cette importante question, mais
vous savez sans doute que nous avons une fête pour souligner le 15e
anniversaire parmi nous de sept de nos collègues députés.
Alors, nous avions convenu d'ajourner à 18 heures. J'ai peur que nous
arrivions après les jubilaires. Alors, nous pourrions peut-être
reprendre à 20 heures, comme il était prévu.
Le Président (M. Lafrance): Alors, est-ce qu'il y aurait
des commentaires de fin de séance? M. le ministre, est-ce qu'on
désire reprendre avec ce sujet ce soir?
M. Rémillard: Je souhaite aux membres de cette commission
de très très bien fêter. Comme ça, nos travaux
reprendront avec beaucoup beaucoup d'efficacité à 20 heures, M.
le Président.
Le Président (M. Lafrance): Je vais suspendre les travaux
jusqu'à 20 heures ce soir, en vous rappelant que nous avons convenu de
nous réunir ce soir au salon du Conseil législatif. Alors, la
séance de nos travaux est suspendue jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 8)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Lafrance): S'il vous plaît,
veuillez prendre place afin que nous puissions reprendre nos travaux.
J'aimerais souhaiter bonsoir à tout le monde pour cette troisième
séance de travail aujourd'hui, dans une troisième salle
différente, mais là on a vraiment le summun des salles.
M. Rémillard: C'est une salle qui vous va bien, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Ne me faites pas dire des
choses que je regretterais. Alors, j'aimerais déclarer cette
séance de travail ouverte en vous demandant, peut-être, M. le
ministre, si vous avez des remarques d'ouverture.
M. Rémillard: Non, M. le Président, on peut
continuer nos travaux où nous en étions.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci. Nous en
étions donc à cette question d'informatisation des services et
des registres, en particulier de l'état civil. Est-ce qu'il y aurait des
remarques supplémentaires? Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Quand nous nous sommes laissés, M. le
Président, le ministre nous indiquait qu'il croyait - en fait, je crois
que c'était formulé de façon encore plus affirmative,
là - qu'il y aurait des terminaux dans les
régions. Mais finalement, après 11 ans dans ce Parlement,
j'ai commencé à distinguer l'intention louable, si vous voulez,
de la décision comme telle. Donc, je conclus simplement que le Conseil
du trésor a pour tout de suite un document dont il a pris connaissance
sur l'intention sous-jacente, mais il n'y a pas de plan. Ce n'est pas un plan
triennal ou quinquennal; le sous-ministre n'a pas pu nous indiquer les
coûts qui résulteraient d'une évaluation qui actualiserait
les chiffres qui datent quand même de 1990, donc d'il y a
déjà un an. Ce système serait mis en place pour
Montréal et Québec en 1993. Tout de suite, on peut
déjà faire des projections par rapport au coût qu'il nous
mentionnait un peu plus tôt, c'est-à-dire ce coût de 4 400
000 $. On peut déjà, donc, faire les projections qui s'imposent
et ça, ça vaut pour Montréal et Québec.
Ce que l'on peut prendre en considération... Vous savez que
chaque année budgétaire est une année différente.
On m'a appris le principe qu'un ministre ne peut pas s'engager pour
l'année budgétaire autre que celle dans laquelle il exerce son
activité. Alors, si j'ai bien compris, l'autorisation, à date,
ça ne porte que sur l'implantation du système à
Montréal et à Québec. Pour le reste, c'est encore en
discussion au niveau des coûts; au niveau des décisions, le
Conseil du trésor n'a encore rien approuvé. Je ne pense pas que
le ministre puisse maintenant - si c'est le cas, bien, tant mieux - nous
déposer une évaluation des coûts de l'implantation dans les
régions, nous déposer ce qu'il aurait déposé au
Conseil du trésor pour obtenir l'approbation, parce que je connais assez
la dictature du Conseil du trésor pour savoir qu'ils n'ont pas tendance
à être d'accord avec quelque chose qui n'est pas encore
évalué. Donc, il faut prendre, finalement, les paroles du
ministre pour ce qu'elles sont, en fait, une intention du ministre de faire en
sorte que le système soit régionalisé. Mais on ne peut pas
induire que cette intention-là va nécessairement être
soutenue, appuyée, retenue, si vous voulez, par le Conseil du
trésor.
D'autre part, je souhaiterais pouvoir obtenir peut-être une
information en ce qui a trait à ce qui se passe avec le ministère
de la culture. Je crois comprendre qu'il y a en place, au ministère de
la culture, des registres dans les régions. Je ne sais pas si
l'évaluation a été faite de ces registres ni quelle
collaboration il peut peut-être s'inférer de ce qui est
déjà en place dans les régions au niveau du
ministère des Affaires culturelles. Est-ce que le ministère a des
contacts avec les Affaires culturelles sur l'implantation du système du
ministère des Affaires culturelles?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Tout d'abord,
je voudrais bien expliquer une chose. Comme M. Lavigne nous le disait tout
à l'heure, il y a présentement plus de 3600 intervenants qui sont
partout au Québec et qui reçoivent, donc, les certificats de
naissance, qui enregistrent les naissances, entre autres. C'est donc dire, M.
le Président, que c'est un système qui est archaïque, qui
n'offre pas la sécurité quant aux registres. Parce que ces
registres qui sont tenus un peu partout peuvent brûler, peuvent
être détruits. Il peut arriver n'importe quoi. Il y a aussi le
fait qu'ils soient tenus par des gens qui peuvent bien être
compétents, mais on ne sait pas, on ne peut pas garantir la façon
dont ils vont le faire. En fait, pour mille et une raisons, M. le
Président, on a fonctionné jusqu'à présent avec un
système qui était peut-être le meilleur dans les
circonstances, mais qui, maintenant, doit être revu complètement.
On a donc décidé, dès 1982, qu'il y aurait un registre, un
fonctionnaire. On a dit: II y a deux centres: Québec, Montréal.
À partir de là, il y aura - et c'est ce que nous avons
décidé - des terminaux dans les régions, dans les bureaux
d'enregistrement.
La façon dont on va les mettre en place, c'est - ce que M.
Lavigne nous disait tout à l'heure - des questions de technique. Et je
vais lui donner la parole tout à l'heure pour parler de
l'expérience au niveau des Affaires culturelles, expérience que
nous connaissons. Donc, il y a des questions de technique à
régler. Mais il faut bien comprendre, M. le Président, que ces
terminaux, ils vont servir pour enregistrer sur place mais pas pour recevoir
l'information. L'information, elle, peut être reçue... Pas pour
enregistrer, excusez-moi, c'est le contraire. Mais, par le
téléphone, il y a la possibilité aussi d'avoir
l'information et d'avoir une information, comme je l'ai déjà
mentionné, par un système gratuit d'appels
téléphoniques. Et il y aura des frais ensuite en fonction - comme
c'est le cas présentement si vous voulez avoir un acte de naissance - du
service que vous demandez.
Alors, M. le Président, je veux simplement dire que le
système qui est mis en place est de beaucoup supérieur à
ce qui existe présentement. Et, d'autre part, il sera beaucoup plus
accessible, beaucoup plus secure que le système que nous avons
maintenant et ce, pour l'ensemble de la population du Québec, peu
importe où on demeure. Quant à l'expérience concernant les
Affaires culturelles, je vais demander à M. Lavigne de nous faire ses
commentaires sur cet aspect-là. (20 h 15)
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: Merci. Les Archives nationales du Québec
possèdent neuf dépôts régionaux qui se situent,
évidemment, dans neuf régions au niveau du Québec. Dans
ces dépôts sont conservés des registres d'état civil
qui ont été tenus dans ces régions au Québec. Et
ces registres ont été versés jusqu'à l'année
1900 inclusivement, en vertu d'une entente tacite entre les Archives
nationales et le ministère chez nous, le protonotaire
étant toujours responsable de ces registres-là. Et, dans
l'organisation que nous mettons en place, il est déjà
arrêté qu'à chaque cinq années nous allons continuer
de faire ces versements aux Archives nationales pour pouvoir continuer à
placer dans les régions les registres qui ont été tenus
dans ces régions-là. Et les registres inactifs que je mentionnais
tout à l'heure sont déjà conservés dans les
régions où les registres ont été tenus.
Mme Harel: Et à tous les cinq ans vous allez verser dans
ces registres...
M. La vigne: C'est ça.
Mme Harel: ...l'information qui...
M. Lavigne: Les registres eux-mêmes seront versés
aux Archives nationales pour être acheminés dans ces
dépôts régionaux.
M. Rémillard: M. le Président, M. le sous-ministre
aimerait ajouter un commentaire.
Le Président (M. Lafrance): M. le sous-ministre en
titre.
M. Chambeiiand: Si vous permettez, c'est pour la
préoccupation de la députée de Chicouti-mi tantôt.
Il y a un exemple qui me revient à l'esprit, qui peut peut-être la
rassurer. Évidemment, le nombre de dépositaires de registres en
ce moment donne l'impression d'une très grande accessibilité.
C'est une impression parce que, imaginons, je ne sais pas, moi, un citoyen
né à Chicoutimi mais qui déménage travailler en
Abrtibi. C'est bien beau de dire qu'il y avait un curé à
Chicoutimi qui a enregistré sa naissance, mais, quand il faut obtenir
son certificat de naissance, il n'y a pas d'autre alternative que de se rendre
à Chicoutimi pour l'obtenir. Tandis qu'avec le nouveau système la
personne qui est en Abrtibi, ou n'importe où dans la province, va
communiquer avec un numéro - M. Lavigne en a témoigné
tantôt - et à partir de ce simple numéro va pouvoir obtenir
son certificat de naissance, qu'elle soit née n'importe où dans
la province. Et on sait qu'il y a quand même beaucoup de mobilité
de la part des gens. Ce n'est pas tout le monde qui est né à
côté de la paroisse, qui demeure là toute sa vie et qui,
pour obtenir son certificat, n'a tout simplement qu'à traverser la rue
et aller à la paroisse. La plupart des gens se déplacent,
voyagent beaucoup. Alors, je pense que c'est un élément important
parce qu'il y a un peu de la poudre aux yeux du fait qu'il y a 3600 personnes
qui tiennent des registres. Je voulais apporter cet exemple-là, qu'on
peut multiplier. Il y en a plein. Ça peut être la même chose
pour l'acte de mariage, etc.
Quant à la question du Conseil du trésor, je le
répète parce que c'est important de le mentionner, je suis
évidemment optimiste parce qu'on a créé, grâce
à la collaboration des membres de l'Assemblée nationale, un fonds
spécial des registres du ministère de la Justice. Ce qui nous
donne, en termes de fonction publique, de gestion des fonds publics, beaucoup
plus de souplesse, beaucoup plus de liberté pour obtenir des postes,
pour faire des innovations technologiques. On n'est pas encarcanés comme
les ministères le sont, évidemment, il va falloir qu'on justifie
notre démarche auprès du Conseil du trésor, mais, comme je
vous l'ai mentionné, il connaît l'intention du ministre que les
gens en région ne soient pas pénalisés du fait que le
directeur de l'état civil, lui, se trouve à Québec et
à Montréal. Alors, je pense que c'était important de
souligner ça. Je pense que tout est en place pour nous permettre d'y
arriver de façon harmonieuse.
Le Président (M. Lafrance): Oui, il y a madame...
Mme Harel: Votre exemple est judicieux.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que c'est en
additionnelle...
Mme Harel: Je termine, oui.
Le Président (M. Lafrance): ...parce qu'il y a Mme la
députée de Terrebonne qui m'a demandé...
Mme Blackburn: Non, ça va, je vais laisser terminer
madame, je vous reviendrai.
Le Président (M. Lafrance): Vous pouvez terminer si c'est
sur... Alors, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'aimerais avoir des
informations concernant les coûts pour le citoyen consommateur,
finalement. On nous parte pour l'implantation, l'exploitation, le
réaménagement; ça donne environ 6 500 000 $ et vous nous
avez dit tantôt que vous comptez, bien sûr, sur l'utilisation pour
aussi répondre aux frais d'exploitation. Est-ce que vous avez
calculé à peu près à combien ça pourrait
revenir pour un consommateur?
M. Chamberland: Oui, on a fait des calculs. Je vais laisser M.
Lavigne répondre et M. Gauvin aussi, qui est ici, qui est disponible
pour répondre à ce type de question.
M. Lavigne: Effectivement, nous avons fait des évaluations
concernant les coûts, bien entendu, et aussi la façon de pouvoir
générer des revenus suffisants pour amortir ces coûts en
question. On a dans notre organisation - ça a
été un des facteurs déterminants, bien entendu -
mis en place une organisation la moins lourde possible pour être la plus
efficace possible compte tenu de cette contrainte importante d'autofinancement.
Et en considérant les coûts d'implantation, qui sont quand
même non récurrents mais représentent une seule
dépense l'année de l'implantation et, après coup, les
coûts d'exploitation, on est en mesure d'évaluer de façon
relativement précise aujourd'hui ces coûts en vous disant qu'ils
devraient se trouver sensiblement au même niveau, si on veut, que ce qui
se fait ailleurs au Canada, dans les provinces, avec une différence
particulière pour le Québec, ici, parce qu'il y a deux
systèmes de publicité. Il y a celui qui est tenu par les
communautés religieuses et celui qui est tenu par le ministère de
la Justice, comme je l'expliquais tout à l'heure au niveau des
protonotaires qui émettent des certificats. À ce niveau-ci, au
niveau des protonotaires, la tarification, à ce moment-ci, je crois
qu'elle est de 10 $, à toutes fins pratiques, le certificat. Au niveau
des communautés religieuses, cela varie d'une paroisse à l'autre.
Mais, d'après nos informations, les coûts varient de 5 $ à
6 $ jusqu'à 10 $ à 12 $, tout dépendant des
communautés concernées. Ce qui fait que nos tarifs devraient se
situer... En considérant, évidemment, l'implantation nouvelle, la
nouvelle organisation et le service carrément différent, avec une
efficacité qu'on anticipe déjà beaucoup plus grande que
celle qui est considérée aujourd'hui, nous devrions être
capables d'avoir des coûts, à l'émission des certificats,
qui seraient de l'ordre de 12 $ à 14 $ à peu près, au
maximum, au gros maximum, ce qui serait déjà, à ce
niveau-là, je dois vous le mentionner, inférieur à la
moyenne canadienne. Il y a des provinces qui sont au delà de 20 $ par
émission, ou 17 $. En Ontario, je crois que c'est 12 $ ou 14 $,
déjà.
Mme Caron: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Lafrance): Mme la députée
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Je voulais aborder cette question parce que,
là, vous me dites 12 $ à 14 $. Je suis allée
récemment, il y a deux ou trois semaines, chercher un certificat de
naissance pour ma fille et ça m'a coûté 5 $. C'était
sur ordinateur; au presbytère, c'est organisé, pas de
problème. Ça fait un peu moins sérieux que du temps
où on avait un tampon du presbytère, et tout ça, mais,
bon, c'était 5 $. Là, vous me dites que ça va être
entre 12 et 14 $. Ça veut dire une augmentation de 100% à 120%
et, comme on connaît les gouvernements, ça ne s'arrêtera pas
là. Ça, c'est ma première réflexion.
Ma deuxième, c'est combien vous coûtent actuellement les
3600 intervenants au ministère de la Justice? Est-ce qu'il y a des
frais? Parce qu'on se pose la question très sérieusement. Eux,
ils ont l'obligation de faire enregistrer les actes de naissance, de mariage,
ainsi de suite. Ils sont obligés de les envoyer pour conservation au
palais de justice et au protonotaire et, en même temps, est-ce qu'ils
sont payés à l'acte là-dessus?
Le Président (M. Lafrance): M. Lavigne.
M. Lavigne: Actuellement, il n'y a aucune forme de contribution
qui est versée par le ministère de la Justice aux
dépositaires des registres d'état civil. C'est-à-dire
qu'ils assument le coût d'acquisition des deux registres qu'ils tiennent
à chacune des années et, par contre, ils
bénéficient de l'ensemble des frais des émissions qu'ils
font à partir de ces registres, qui absorbent, évidemment, les
coûts d'acquisition et de fonctionnement des registres actuellement.
Mme Blackburn: Bien. Je pense à la remarque que nous
faisait tout à l'heure, avec justesse, le sous-ministre M. Chamberland,
à l'effet que les régionaux, les gens, de toute façon, se
déplaçaient sur le territoire et que ce n'est pas vrai que, parce
qu'on avait été baptisé à Chicoutimi,
nécessairement, on resterait à Chicoutimi. J'en sais quelque
chose. Et, comme méchante régionale, je vais vous dire que c'est
comme ça qu'on a vidé toutes les régions. Moi, je suis
née en Gaspésie, à Bonaventure. Et,
régulièrement, quand j'ai besoin de faire renouveler mon
passeport - qui est encore canadien, mais il serait québécois et
ça serait la même chose - chaque fois que j'en ai besoin, j'ai
besoin d'écrire et j'écris. Quand je n'ai pas le temps, je
téléphone mais, généralement, j'écris, je le
demande, je mets mon petit 5 $ puis ils me l'envoient.
Alors, je me dis que ça fonctionne comme ça - et vous avez
des enfants qui ne sont pas tous nés dans la même paroisse; en
tout cas, moi, c'est mon cas - et puis, finalement, ça ne m'a jamais
posé le problème que vous soulevez là. Moi, la question
fondamentale que je me pose, c'est est-ce qu'on avait à ce point des
problèmes qu'on se croit obligé, parce qu'on respecte les
orientations qui auraient été adoptées en 1983 - mais je
me rappelle qu'on en avait pris d'autres et que vous n'êtes pas
obligés de les respecter - est-ce qu'il y a vraiment des raisons qui
nous amènent à penser qu'il est important de centraliser? Je peux
le comprendre, je peux le comprendre. Mais, en même temps, est-ce que
vous avez envisagé une autre façon de faire, c'est-à-dire
de faire entrer dans vos terminaux régionaux les données et de
les brancher, de les connecter sur un central qui peut être à
Québec ou à Montréal? Il pourrait être n'importe
où; il pourrait être quelque part à Ottawa que ça ne
dérangerait pas, dans le fond, le terminal. Parce que ça aurait
été une façon,
aussi, d'aborder la question.
Le Président (M. Lafrance): M. Chamber-land, sous-ministre
en titre.
M. Chambeiiand: Tantôt, quand M. Lavigne a expliqué,
vous a donné l'exemple du certificat de mariage qui doit être
porté à l'acte de naissance des deux personnes, bon, imaginons
qu'une jeune fille de Chicoutimi s'est mariée avec - j'imagine qu'on
permet les mariages interrégions, là - quelqu'un né
à Amos.
Mme Blackburn: C'est tout à fait l'exemple.
M. Chamberiand: Alors, le responsable du bureau d'enregistrement
à Amos, où le mariage a eu lieu, serait pas mal
embêté d'inscrire à l'acte de naissance qui se trouve
à Chicoutimi l'acte de mariage. D'où, d'un point de vue
administratif - parce qu'on a évalué d'autres scénarios -
ce qui nous a semblé la meilleure décision, c'était de
centraliser l'information à un endroit pour que le responsable ait sur
place les deux actes de naissance, à la fois celui de la personne
née à Chicoutimi et celui de la personne née à
Amos, de telle sorte qu'il puisse y inscrire facilement les données
qu'il doit inscrire.
C'est pour l'efficacité. Ça nous semble être le
meilleur système, le plus efficace, tant au niveau des coûts qu'au
niveau du service à la population. Maintenant, j'imagine qu'il y a
d'autres scénarios. Quelqu'un peut prétendre qu'un autre
scénario aurait été valable. On a cru avoir choisi le
meilleur.
Mme Harel: Une chose qui me vient à l'esprit, là,
suite aux propos du sous-ministre, c'est quel usage vous allez donner aux
terminaux régionaux? Est-ce que ça va permettre l'entrée,
justement, de l'enregistrement?
M. Chamberiand: Comme je vous le disais, comme M. Lavigne le
disait tantôt, au tout début, le registre, le système est
installé de telle sorte qu'il soit à Montréal et à
Québec. Et, au fil des ans - il a mentionné jusqu'au 31
décembre 1995 - des évaluations vont se faire sur la meilleure
façon d'installer les équipements qui doivent être
installés en région.
Il n'y a pas, en tout cas en autant que les dossiers sont rendus
à mon niveau, de décision d'arrêtée sur la
façon de le faire, ni sur le moment de le faire. Ce qu'on connaît,
c'est l'intention du ministre de le faire.
Mme Harel: D'accord. Mais, je vais poser la question au
ministre.
M. Chamberiand: Alors, quant au reste, vous savez, on rentre dans
la... C'est de la très grande cuisine qu'on va être appelés
à faire au cours des années qui viennent. Vous savez, on est
très préoccupés par l'adoption, par la loi d'application,
le droit transitoire, l'implantation et la mise en vigueur. On n'est pas encore
rendus où vous êtes rendue dans vos questions. Peut-être que
M. Lavigne veut ajouter quelque chose.
Mme Harel: Mais à quoi ils vont servir, les terminaux
régionaux?
M. Rémillard: C'est ça qui est ouvert. Alors,
peut-être que M. Lavigne peut parier. Ils peuvent servir à entrer
les données, comme ils peuvent servir aussi à recevoir les
données. Autant à enregistrer qu'à recevoir
l'information.
Mme Harel: Mais, s'ils servent à entrer les
données, est-ce que le problème décrit par le
sous-ministre ne restera pas le même? C'est-à-dire un mariage qui
serait contracté à Chicoutimi, avec quelqu'un d'Amos...
M. Rémillard: Non, non.
Mme Harel: ...et qui serait enregistré à partir de
Chicoutimi. (20 h 30)
M. Rémillard: II peut être enregistré
à partir de Chicoutimi, mais il s'en va dans une banque centrale. Alors,
si vous êtes, vous, à Amos, vous communiquez avec la banque
centrale et vous l'avez instantanément.
Mme Harel: Donc, ça n'empêche pas... M. Lavigne a
des explications à nous donner et je pense qu'il a l'impression qu'on
est bien néophytes.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais laisser la parole,
peut-être, à Me Frenette qui aimerait...
Une voix: Je pense que M. Lavigne peut terminer la
réponse.
Le Président (M. Lafrance): Oui? Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: Oui. Je voudrais, si vous permettez, revenir aux
principes fondamentaux de cette réforme. Quand on parle du registre de
l'état civil, du futur registre de l'état civil, il y a deux
façons de considérer son mode de fonctionnement: le premier mode
de fonctionnement, c'est que la vocation de ce registre et le rôle du
directeur de l'état civil est de dresser les actes de l'état
civil, de les dresser, de les modifier et, évidemment, d'en
émettre des copies ou certificats. Pour dresser les actes de
l'état civil, le concept même qui est prévu dans le projet
de Code civil est de dresser des actes à partir de deux documents
d'information distincts, acheminés par des personnes différentes,
le constat de
naissance - prenons l'exemple de la naissance - doit être
acheminé sans délai au directeur de l'état civil par
l'accoucheur; celui qui assiste la femme lors de l'accouchement doit acheminer
un document, le constat, en vertu duquel il établit que madame X a
donné naissance ce jour, à tel endroit, à un enfant de tel
sexe, c'est-à-dire un constat objectif d'un événement
précis. À l'intérieur du délai imparti par le Code,
c'est-à-dire 30 jours, la mère ou le père, ou la
mère et le père, tout dépendant du statut marital des
personnes, doivent faire parvenir au directeur de l'état civil une
déclaration qui est attributive des prénoms et du nom à
l'enfant.
À ce moment-là, le directeur de l'état civil, pour
pouvoir dresser l'acte, dort faire l'apparie-ment de deux informations
différentes pour s'assurer qu'il n'y a pas confusion ou mauvaise
interprétation, quant à la personne visée, pour
éviter de léser, de constituer un dossier qui ne soit pas le
reflet de la réalité ou de la volonté des parents et qui
causerait un préjudice à l'enfant concerné, en ayant
toujours comme objectif l'enfant. Ce qui fait que cet enregistrement, pour
pouvoir le dresser, il faut que le directeur de l'état civil soit en
mesure de faire l'appariement de ces événements-là, avec
les documents qui lui seront transmis par les personnes concernées, soit
l'accoucheur, soit les parents. Et ça, l'acheminement... et c'est le
fondement de la réforme, c'est fait auprès du seul fonctionnaire
qui est le directeur de l'état civil, et c'est là tout
l'élément central du fonctionnement de l'enregistrement.
Quant au mode de publicité, ce qui est une autre chose, le projet
de Code prévoit de façon très précise l'encadrement
en vertu duquel le directeur de l'état civil peut rendre public ou
publiciser l'information qu'il conserve concernant les individus. Il faut
toujours se rappeler que ce projet de Code est situé dans une approche
bien particulière qui fait que, au niveau de la transmission de
l'information concernant les personnes, il y a quand même des limites
précises qui sont données au directeur de l'état civil en
vertu des articles du projet de Code, ce qui fait que, des trois modes de
publicité que le Code prévoit, il n'y en a que deux qui peuvent
être rendus publics à qui que ce soit, alors qu'il y a un mode de
publicité qui est la copie qui ne peut être rendue publique qu'aux
personnes qui sont mentionnées à l'acte et à celles qui
justifient de leur intérêt, pour faire référence
à ce que madame mentionnait tout à l'heure. Ce qui fait que
l'accessibilité de l'information qui pourrait être donnée
en région via un terminal devrait être de la nature de celle qu'on
retrouve accessible au public en général, soit de la nature du
certificat d'état civil, et non pas celle de la copie qui est la
représentation intégrale de l'acte. Je ne sais pas si ça
répond à votre question quant à la façon de
rendre...
Le Président (M. Lafrance): Oui. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. Je reviens toujours, vous allez me le
permettre, avec l'exemple de M. Chamberland. Il y aura deux registres: un
à Montréal, un à Québec. Est-ce à dire
qu'une fille de Montréal ne pourra pas marier un gars de Québec?
À présent, l'autre. C'est que moi, je suis née dans une
région, j'ai épousé un gars d'une autre région, mes
filles sont dans d'autres régions. Ça ressemble à toutes
les régions, d'ailleurs, et ça ne pose pas vraiment
problème. Mais on n'a pas vraiment répondu à ma question
quant au besoin de centralisation. Comme il y aura deux registres, on me dit un
à Québec et un à Montréal, pourquoi n'y en
aurait-il pas 10, c'est-à-dire dans chacune des régions, dans
lesquels on entre les données, et qui sont reçues dans un fichier
central? Ça, je comprends ça, et n'importe quel programmeur est
capable de vous organiser ça demain matin, et ça ne pose aucune
difficulté - je pense, aucune difficulté - on est capable de vous
faire ça.
Et j'ai encore de la difficulté à comprendre ce qui
justifie la centralisation. Vous allez me dire que c'est probablement par
atavisme; je ne vois pas vraiment les avantages de la centralisation. Alors,
une question. La SOREP m'a informée que vraisemblablement ça ne
poserait pas de difficultés insurmontables pour ce centre de recherches,
qu'on est en train de voir comment on pourrait fonctionner avec les
sociétés de généalogie. Est-ce qu'on leur a
indiqué combien il en coûterait pour avoir accès à
ces banques de données, à ces registres - parce que ça va
finir par être des banques de données - comparativement à
ce qu'il en coûte aujourd'hui pour aller consulter ces documents qui sont
manuscrits la plupart du temps, qu'on retrouve dans les gros registres?
Le Président (M. Lafrance): M. Lavigne.
M. Lavigne: Parfait. En ce qui concerne le coût de la
publicité via des organismes particuliers comme la SOREP peut en
être un, le coût n'a pas été établi. Il y aura
effectivement un coût, mais le coût n'a pas été
établi. Évidemment, on n'est pas en mesure, au moment où
on se parle, de définir de façon très précise ce
coût parce que le développement du système informatique est
à se faire, au moment où on se parle, et on ne sera pas en mesure
de connaître de façon très précise les
éléments sur lesquels on doit s'asseoir pour pouvoir
établir le coût avant le printemps prochain.
Mme Blackburn: Donc, si je comprends bien, on s'embarque dans une
opération dont on ne connaît pas les coûts. On ne
connaît donc pas ce qu'il en coûtera à l'usager et puis on
sait cependant que tout ça va être centralisé. J'ima-
gine que toutes les régions, ça va se retrouver à
Québec, le reste à Montréal; je ne sais pas trop comment
vous allez fonctionner, là, pour les documents manuscrits, les actes
manuscrits. On est en train d'établir tout un système
sophistiqué, sans doute plus accessible, sans doute plus efficace, je
n'en doute pas, mais on ne s'est pas demandé les coûts de
l'efficacité et jusqu'à quel point les régions acceptaient
ce genre de modification qui vient profondément modifier les cultures
régionales. Et on est distinct ou on ne l'est pas. Il y en a qui nous
vantent ça depuis... Ça fait déjà quoi? Six ans que
je suis en Chambre et que j'entends ça. Alors, il me semble que
ça doit avoir une signification et là, pour moi, ce n'est pas
clair et ça ne semble pas, loin de là, être un avantage
pour les régions.
Et pour moi, pour avoir été obligée à
maintes reprises d'écrire ou de communiquer pour avoir un certificat, je
n'ai jamais trouvé que c'était un handicap tel que je demanderais
la centralisation et que j'accepterais de payer 15 $ plutôt que d'en
payer 5 $. J'ai une difficulté à comprendre pourquoi on n'a pas
envisagé un système inverse où on laisse les documents en
région. Ils sont entrés par le biais d'un programme - ça
existe; en tout cas, si ça n'existe pas, ça se fait - dans votre
centrale qui est ici, à Québec. Vous évitez tout
l'entreposage à un endroit. Là, vous parlez de la
sécurité de ces documents-là. Je veux bien qu'ils soient
conservés dans des voûtes mais, si ça saute, c'est toute
l'histoire du Québec qui saute.
Vous seriez peut-être aussi bien de les laisser un petit peu
éparpillés dans les régions, ce n'est pas tout qui
brûlerait. Moi, je prétends que la centralisation, c'est un peu
comme quand, nationalement, on a décidé qu'on imposait dans
toutes les écoles du Québec la méthode Cuisenai-re pour
enseigner le français. Je ne sais pas combien il y avait
d'élèves. Mettons qu'en première année il y en
avait 80 000, 100 000 à peu près, parce que c'est à peu
près ça qu'on a. En fait, ça a fait 100 000 erreurs. Il
serait peut-être intéressant qu'on s'interroge sur les vertus de
la centralisation. Il me semble qu'un peu partout on est en train de
décentraliser. Dans ce sens-là, quand vous me dites que vous
allez nous retourner dans les régions, après 95 ans... Parce que
c'est ça, 5 ans. On part en l'an 1900 et on dit: 5 ans, en 1905. On va
tous les retourner dans les régions, 95 ans plus tard. Je ne suis pas
sûre que ce soit une bonne décision. Je ne suis pas encore
convaincue et je me demande encore s'il n'est pas temps de revoir à tout
le moins, même si j'accepte l'idée qu'il y ait un directeur du
registre, ce qui ne me déplaît pas plus que ça - moi, je ne
monterais pas dans les rideaux pour ça - il peut y avoir un lieu
où on rassemble les données du Québec mais il me semble
qu'on devrait laisser l'entrée de données dans les régions
et les documents manuscrits dans les régions. Parce que je me dis qu'on
n'a probable- ment pas vraiment envisagé cette hypothèse,
tellement elle me semble, un, plausible avec l'informatique et, deux, beaucoup
moins dérangeante par rapport à notre culture et à nos
valeurs. Et puis elle ne vide pas les régions.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce qu'il y a
d'autres questions?
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette, est-ce que vous
aimeriez apporter des commentaires? Vous m'avez fait signe tout à
l'heure.
Mme Blackburn: Bien, moi, je voudrais réagir. Je comprends
la fatigue du ministre, ça fait plusieurs semaines qu'il est en
commission, mais ça ne veut pas dire qu'on puisse traiter les avis des
députés en cette Chambre, qui représentent l'avis de
régionaux, comme si on n'avait rien dit. Je trouve ça
désagréable, pour ne pas dire carrément
déplacé.
Le Président (M. Lafrance): Me Frenette.
M. Frenette (François): Merci, M. le Président.
Peut-être s'il était possible d'obtenir du ministre ou du
sous-mlnistre en titre ou de M. Lavigne certaines précisions sur les
chiffres qui ont été avancés, de manière à
mesurer certaines choses. Lorsqu'il a été question des
coûts d'exploitation pour le système, on a mentionné qu'il
y avait 63 personnes actuellement, au service du ministère, qui
s'occupaient déjà de travailler en rapport avec les registres de
l'état civil. Dois-je comprendre que ces 63 personnes comprennent ceux
qui, dans les 42 centres, s'occupent d'émettre des copies, etc.? Bon!
Merci.
M. Chamberland: La réponse, c'est oui.
M. Frenette: Oui. Dans ces 42 centres, il n'y a que de la
conservation de registres et de l'émission de copies.
M. Chamberland: C'est exact.
M. Frenette: Par conséquent, les 96 personnes qui seraient
nouvellement engagées, sur le chiffre avancé de 159, seraient
destinées à remplacer les 3650 personnes qui s'occupent de faire
les 190 000 entrées. Est-ce que c'est essentiellement ça qui
va...
M. Chamberland: Si vous voulez. Évidemment, les gens
auront d'autres fonctions. Par exemple, de porter des inscriptions de mariage
sur les actes de naissance, d'aller porter l'inscription de décès
sur le même acte de naissance. Il y a des gestes qui s'ajouteront
à ce que les gens, dans les différentes communautés
religieuses, font, mais, essentiellement, vous avez raison.
Entre autres, ils feront une partie de ce qui est fait actuellement dans
les...
M. Frenette: Donc, on remplace de fait 3650 personnes par 96
personnes, si je comprends bien. À peu près, là.
M. Chamberland: C'est un peu délicat parce que,
évidemment, le curé qui tient...
M. Frenette: II n'est pas à plein temps.
M. Chamberland: ...11 va faire ça peut-être... Une
semaine, ça va être une demi-heure; la semaine suivante, ça
va être une heure et demie. Alors, c'est difficile de dire qu'ils
remplacent. Ils vont effectivement tenir le rôle que ces gens-là
tiennent actuellement. Maintenant, je ne serais pas présomptueux au
point de dire qu'on fait une économie de 3500 personnes qui consacrent
leur temps à l'état civil.
M. Frenette: Non, non. Mais ces 3600 personnes-là, si j'ai
bien compris tout à l'heure, ne coûtent rien au trésor
public à l'heure actuelle.
M. Chamberland: Pas pour l'instant, mais j'ai été
mis au courant que ces gens-là, évidemment, se posaient la
question de savoir pendant combien de temps ils feraient ça encore
gratuitement. Parce que, pour eux, ça représente
évidemment du temps. Ça représente des
déboursés et les communautés religieuses sont beaucoup
plus conscientes aujourd'hui des coûts qu'elles l'étaient
peut-être il y a 100 ans. Alors, il n'est pas certain qu'on aurait pu
continuer longtemps sur l'erré d'aller. À un moment donné,
je pense qu'on aurait fait face à une facture de la part de ces
gens-là. Maintenant, je ne sais pas quand. Peut-être que je
n'aurais pas été vivant au moment où on aurait reçu
la facture. Mais je sais qu'ils voient d'un très bon oeil ce que l'on
fait parce que, pour eux, ça va leur permettre de se consacrer à
ce pourquoi ils sont allés en communauté religeuse, le sacerdoce.
C'est comme ça qu'ils voient ça.
M. Frenette: Peut-être une dernière question
d'information. C'est que, essentiellement, si je comprends bien aussi, les 96
personnes qui feraient ça à plein temps viseraient notamment
à corriger un certain nombre d'erreurs qu'on pourrait retrouver lors de
la confection des registres de l'état civil. Est-ce qu'on pourrait,
peut-être pour l'information de tous, signaler un certain nombre de ces
erreurs-là, en termes d'exemples?
M. Chamberland: Je vais laisser M. Lavigne répondre
à la question, en précisant que c'est 159 personnes: 63 qui sont
déjà à notre emploi plus 96.
M. Frenette: Ah oui! Tout le monde mis ensemble, oui.
M. Chamberland: 96 nouvelles, oui.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: J'aimerais peut-être que vous précisiez
votre dernière question, s'il vous plaît. (20 h 45)
M. Frenette: C'est qu'un des arguments avancés pour la
tenue d'un registre centralisé - l'idée d'un registre
centralisé m'apparaît excellente - c'est qu'on évitera
à l'avenir un certain nombre d'erreurs qu'on peut retrouver à
l'heure actuelle. On passera la main, à l'avenir, sur des erreurs de
tenue de registre. Est-ce qu'on pourrait signaler les erreurs les plus
fréquentes dans la tenue de ces registres et des erreurs qui sont telles
de par leur nombre qu'elles semblent militer en faveur d'un nouveau
système?
M. Lavigne: Oui, je pourrais vous donner rapidement quelques
exemples. Le fait qu'il y ait actuellement un double système
d'enregistrement de prévu: celui qui peut être tenu par des
officiers religieux, dans les paroisses religieuses, et celui des
municipalités. On constate depuis plusieurs années le
phénomène du double enregistrement qui fait que, lorsque l'enfant
vient au monde, les parents, pour pouvoir bénéficier d'avantages
sociaux comme les allocations familiales ou la carte d'assurance-maladie, se
dépêchent d'aller faire un enregistrement à la
municipalité. Mais on constate que quelques mois plus tard, soit
pressions familiales ou sociales, il y a baptême. Et on constate que bien
des fois il y a modification des prénoms, ce qui fait qu'on retrouve
aujourd'hui des personnes qui ont deux actes de naissance légalement
constitués en vertu du système actuel. Il y a aussi plusieurs
naissances qui ne sont pas déclarées, surtout dans
l'agglomération de Montréal entre autres, parce que les gens ne
sont pas sensibilisés au système très particulier de
gestion de l'état civil du Québec, les immigrants entre autres.
On constate, avec les statistiques que nous avons du Bureau de la statistique
et ce que nous avons de registres chez nous sur l'île de Montréal,
qu'il peut y avoir jusqu'à 1000 et 1500 naissances qui ne sont pas
déclarées dans une année. Il y a des erreurs de nom, des
erreurs d'épellation, il y a beaucoup de phénomènes qu'on
constate comme ceux-là, effectivement, qui seront atténués
énormément.
M. Frenette: Peut-être une dernière question. Tout
en ayant le registre informatisé et le registre informatisé
central, je reprendrais peut-être la question de Mme Blackburn pour
savoir, sur le plan des coûts, si inverser l'information,
c'est-à-dire l'information venant de la région
acheminée vers Québec ou vers Montréal, tout en
gardant un support matériel en région, est-ce qu'en termes de
coûts vous avez évalué ce système-là par
rapport à celui que vous proposez?
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: Ce système a été effectivement
examiné et n'a pas été retenu pour les raisons suivantes:
Sur environ 100 000 naissances au Québec, on constate que, pour
l'ensemble de ces naissances, l'événement se produit à
99,8 % dans les centres hospitaliers. La majorité de ces naissances
surviennent dans peu de centres hospitaliers régionalisés, bien
entendu, bien que la localité d'origine de la personne ne soit pas
à l'endroit où l'hôpital se trouve. On constate, au niveau
des coûts que ça aurait pu occasionner, que pouvoir mettre en
place un service qui nécessite l'appariement des
événements que je vous mentionnais tout à l'heure au
niveau documentaire était vraiment énorme par rapport au volume
de travail que cela nécessiterait. Puis, toujours en ayant à
l'esprit l'indication qui a été donnée d'autofinancer le
système, évidemment, si on veut réduire les coûts
pour qu'en bout de piste les coûts d'émission des certificats
soient les plus bas possible, il faut examiner des façons de faire qui
soient les moins onéreuses possible aussi. Et c'est dans ce
sens-là qu'on a mis de côté cette approche qui, bien
qu'elle soit possible, est tellement onéreuse qu'à toutes fins
pratiques elle est impensable.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, peut-être pour clore l'étude de ce
registre et avant d'aborder les autres, ce soir, là, vous mentionnez
donc que ce système serait mis en place à Québec et
à Montréal pour le 1er janvier 1993. Cela devra donc supposer que
dans le cadre du prochain budget, qui est le budget de 1992-1993, il y ait les
sommes d'argent budgétées au ministère de la Justice pour
mettre en place les ressources suffisantes à Montréal et à
Québec. Alors, est-ce qu'il faut comprendre que vous avez cette
garantie-là? C'est la première question.
La deuxième. J'ai fait sortir par le service informatique de
l'Opposition, puisqu'on n'a pas eu l'occasion de l'examiner plus à fond
lors des engagements financiers, depuis le 1er janvier 1989, la liste de toutes
les dépenses effectuées par le ministère au titre de
l'informatisation d'un service ou de l'autre en 1989, en 1990, en 1991. En
fait, le total, pour ces trois années donne une somme de 14 000 000 $,
plus précisément 14 224 227 $ donc, pour ces trois
dernières années. En comparaison - parce que finalement ça
ne dit pas grand-chose si on ne peut pas faire une sorte d'ordre de grandeur de
ce qui peut se faire dans d'autres ministères - un organisme comme la
CSST, cette année, vous voyez, a déboursé, pour son
support informatique, 12 846 759 $. Il s'agit donc, des dépenses
réelles de 1990. Les 14 000 000 $ dont je parlais pour le
ministère de la Justice couvrent trois années. Pour la CSST,
donc, pour uniquement 1990, il s'agissait d'un montant totalisant 12 846 000 $.
Au point même où, pour les cinq prochaines années, la CSST
a décidé d'investir une somme estimée à 121 000 000
$; alors, 121 000 000 $ pour les cinq prochaines années en termes de
support informatique.
C'est un organisme du gouvernement parmi d'autres, me dira-t-on, mais
peut-être une comparaison qui vaut encore plus, ce sont tout simplement
les dépenses effectuées par la Sûreté du
Québec elle-même. Les dépenses effectuées par la
Sûreté pour les années 1989-1990-1991, couvertes au
ministère de la Justice, totalisent 7 000 000 $. On voit, finalement,
des dépenses considérables parce qu'il y a du rattrapage à
faire, j'en conviens, dans bon nombre de ministères. J'arrête
là pour tout de suite mes comparaisons. Je dois donc comprendre qu'il va
y avoir un effort assez important que le ministère de la Justice va
devoir faire. Est-ce que je dois comprendre que, pour le registre de
l'état civil comme pour les autres registres qu'on va examiner,
l'ensemble des coûts d'implantation devrait être assumé par
te fonds des registres? C'est ça que je dois comprendre des
réponses obtenues jusqu'à maintenant?
M. Chamberiand: La réponse, c'est oui. Et peut-être
pour ajouter à la réponse, pour la compléter, si vous
voulez, bon, j'ignore les chiffres des autres ministères et des autres
organismes, j'en al plein les mains de m'occuper des chiffres du
ministère de la Justice. Ce que je peux vous assurer, c'est que,
effectivement, le Trésor nous a autorisés à
dépenser ce qu'il faut dépenser pour que le développement
informatique, les équipements soient disponibles en 1993 pour le
registre de l'état civil. D'ailleurs, les travaux sont en cours en ce
moment. Vous savez, on est déjà avancé; si on voulait
arriver pour 1993, il fallait commencer. Alors, c'est déjà
engagé, c'est autorisé. Il n'y aura pas de surprise de ce
côté-là. Et... Bien, c'est tout, c'est tout ce que je
voulais dire.
Mme Harel: Bien, on va revenir, parce qu'on va devoir, à
la fin de la soirée, évidemment, faire le total de l'ensemble des
sommes qui seraient engagées. Le journaliste de la Presse canadienne
chiffrait, dans un quotidien de fin de semaine, à 53 000 000 $
l'arrivée du nouveau Code civil. C'était là un calcul qui,
vérification faite auprès de lui, l'aurait été
à partir du mémoire soumis au Conseil des ministres seulement;
donc, c'est 53 000 000 $, des chiffres de
1990. Ce sont donc des chiffres qui doivent être actualisés
pour 1991-1992. Il faut donc comprendre que c'est l'augmentation des tarifs
qui, notamment... c'est-à-dire l'ensemble des sommes
prélevées par le fonds des registres du ministère de la
Justice, soit l'enregistrement des actes de l'état civil, des droits
personnels, des droits réels mobiliers, des droits réels
immobiliers et de tous les autres documents dont la loi prévoit
l'inscription. Mais sur quelle échelle ça va-t-il se faire?
Évidemment, ce n'est pas le coût d'implantation dans
l'année, à ce moment-là, qui serait financé par le
fonds?
M. Chamberland: D'abord, sur la question de tarification, on va
être en mesure de répondre à vos questions. Vous avez
déjà eu une partie de l'équation quand M. Lavigne vous a
dit qu'on évaluait à entre 12 $ et 14 $ les frais qu'on demandera
pour les certificats et que ça correspond à peu près
à une moyenne canadienne, un total légèrement
inférieur à la moyenne canadienne. On pourra vous donner aussi
les informations au niveau de la tarification pour les autres frais
reliés aux différents registres. Maintenant, effectivement, tout
ne se paiera pas la première année. Donc, on a amorti sur une
période de sept ans, de façon à ce que ce soit
raisonnable. Il y a des avances du ministère des Finances. Comme vous
avez vu dans le projet de loi, il est possible pour le ministère des
Finances d'avancer des sommes au fonds, ce qui est prêt, ce qui a
été discuté. Les documents sont prêts pour
l'entrée en place du fonds des registres, le 1er janvier 1992. Alors,
notre affaire est assez bien attachée, je dois vous dire. Comme je vous
le disais tantôt, on est dans un monde où il peut toujours
survenir des surprises, mais je ne pense pas qu'il y en ait. Tantôt,
à la fin de la soirée, quand vous ferez le total des chiffres que
je vous ai mentionnés, vous verrez que le journaliste de la Presse
canadienne était bien informé, effectivement. Il est
allé à la bonne source, il a pris le document du ministre,
semble-t-il.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée de Hochelaga-Mai-sonneuve?
Mme Harel: Pour tout de suite, oui.
Le Président (M. Lafrance): Parce que vous avez dit que
c'était pour clore le sujet. Mme la députée de Chicoutimi,
peut-être, pour une dernière question.
Mme Blackburn: Oui. Je pense que j'aurais besoin de mieux
comprendre. En tout cas, pour moi, ce n'était pas clair. Deux questions
sur la complexité de l'appariement de deux documents, l'un qui viendrait
des hôpitaux ou de l'accoucheur, ou encore de la sage-femme, faudrait-il
dire, parce que ça va venir, et l'autre du parent, la mère, le
père ou les deux, et le rôle et les fonctions des terminaux
régionaux. Est-ce que j'ai bien compris, lorsque vous parlez de terminal
régional, qu'il s'agit en fait d'un modem qui va permettre d'aller
consulter la banque centrale? Ensuite, j'aurais une seconde question. Il ne
s'agirait pas de faire entrer, par cet appareil, des données
régionales?
Le Président (M. Lafrance): M. Lavigne.
M. Lavigne: II m'est difficile, madame, de vous donner plus
d'informations que je ne vous en ai donné tout à l'heure, vous
savez. À ce niveau-là, au niveau de l'appariement des
informations, il faut faire l'exercice que je vous mentionnais tout à
l'heure. Quant à l'utilisation d'équipement technologique en
région, je vous ai mentionné tout à l'heure - et M. le
sous-ministre et le ministre de la Justice vous l'ont aussi indiqué -
qu'actuellement le développement du système informatique est
à se compléter. Il est vraiment difficile pour moi d'aller d'une
façon aussi précise que vous voulez obtenir la
réponse.
Mme Blackburn: Ce n'est pas compliqué. Ce que je veux
savoir, c'est si le modem en région va simplement servir à
consulter la banque centrale ou le registre central ou s'il va aussi servir
à entrer des données. Il me semble que la question est claire.
J'imagine que vous y avez réfléchi...
M. Lavigne: Parfait!
Mme Blackburn:... puisque vous nous dites qu'il va y en avoir
dans les régions. Si vous dites qu'il y en a dans les régions,
vous devez savoir à quoi ça va servir. Je m'excuse, là. Il
me semble ne pas l'avoir entendu. (21 heures)
M. Lavigne: Tout à l'heure, je vous mentionnais - et je
vais vous répondre très clairement là-dessus - que, comme
responsabilité, la loi nous donne des indications très claires,
au niveau de l'enregistrement et aussi au niveau de la publicité. Nous
avons écarté, pour l'enregistrement, la possibilité de le
faire sur des terminaux à l'extérieur du central. Donc, il y aura
possibilité d'avoir de l'information, éventuellement, en
région, sur la publicité, la consultation, mais de la
consultation en fonction des limites que le projet de loi 125 donne, et ce sont
celles que vous retrouvez aux dispositions prévues à cet
effet.
Mme Blackburn: Les terminaux seraient utilisés pour
ça. C'est bien ce que je comprends quand vous parlez de terminal
régional, c'est exclusivement pour aller consulter?
M. Lavigne: En effet.
Mme Blackburn: Bien. Deuxième chose: Vous palliez des
problèmes d'appartement pour justifier qu'on ne pouvait pas faire
ça dans les régions. J'aurais aimé, aussi là-dessus
- j'imagine que vous n'êtes pas informaticien mais, quand même, je
voudrais comprendre - savoir pourquoi ça pose des problèmes en
région et que ça n'en poserait pas au central de faire
l'appartement.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. le sous-ministre en
titre.
M. Chamberland: Je voudrais laisser M.
Lavigne répondre. Maintenant, pour la députée
de
Chicoutimi, si la réponse relève du domaine de
l'informatique, on a des informaticiens ici qui peuvent peut-être
ajouter. Je ne sais pas si la réponse relève du domaine de
l'informatique ou du domaine de l'organisation du travail.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne, est-ce que
vous désirez ajouter un commentaire?
M. Lavigne: L'appariement ne se fait pas à l'informatique.
C'est un appariement physique de deux documents écrits.
Mme Blackburn: De deux documents. C'est ce que j'avais compris.
La difficulté repose dans le fait d'harmoniser, d'intégrer ces
deux documents, parce qu'il y a des noms qui ne correspondent pas. Celui, par
exemple, qu'on a donné à l'hôpital et celui que les parents
décident de donner trois mois plus tard. Ça, j'ai bien compris.
Mais pourquoi est-ce que ça poserait un problème plus
insurmontable si c'était traité en région plutôt
qu'ici à Québec?
M. Lavigne: C'est parce que l'information qui va nous parvenir du
milieu de la santé, du milieu hospitalier va être acheminée
directement - comment Je vous l'exprimerais, donc? - doit être
acheminée à un point en particulier qui n'est pas
nécessairement le même que les parents peuvent avoir. Une personne
qui réside, par exemple, sur la rive sud de Québec peut venir
donner naissance à un enfant à Québec même et,
à ce moment-là, on achemine l'information à quel endroit?
Une personne peut résider au même endroit, sur la rive sud de
Québec, et donner naissance à un enfant à Montmagny.
Comment va-t-on acheminer les documents? Parce que les documents sont
acheminés par des sources différentes.
Mme Blackburn: Oui, ça je comprends.
M. Lavigne: Et l'appariement, pour en faciliter la gestion, c'est
tout simplement au niveau de l'organisation même du travail qu'on veut
canaliser cette information-là à un seul endroit, pour faciliter
l'appariement. Il faut que toute l'information arrive à la même
place parce que ça n'arrivera pas nécessairement en même
temps.
Mme Blackburn: Oui, mais ce serait relativement simple à
surmonter; du moment où le médecin est informé du lieu
où il doit adresser son document, est-ce que je sais? sur la rue
Saint-Georges à Rimouski ou sur la rue Racine à Chicoutimi ou sur
la rue - à Rouyn-Noranda, comment s'appelle la rue principale? je ne
m'en rappelle plus - du moment où le médecin qui fait
l'accouchement le sait, je ne pense pas que ce soit un argument suffisamment
insurmontable pour justifier la centralisation.
Moi, là-dessus, j'aurais terminé. Je vous remercie, M. le
Président, de m'avoir permis d'intervenir à cette commission.
Comme j'ai été élue par les gens de mon comté pour
défendre les intérêts de mon comté, c'est dans cette
perspective que je fais ces interventions. Mais je le fais aussi,
assurée que je suis que les propos que j'ai tenus ici, ce sont les
propos que tout régional ou régionaliste tiendrait en les
circonstances.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Harel: D'ailleurs, M. le Président, un système
comme celui que nous décrit M. Lavigne aurait très bien pu, par
exemple, un peu comme pour l'impôt à Shawinigan, être
établi à Chicoutimi. C'est un système dont le support
informatique aurait pu être établi n'importe où au
Québec, c'est ça qu'il faut comprendre, du moment que toute
l'information qui est acheminée est centralisée. Est-ce que je
comprends bien le dispositif?
Le Président (M. Lafrance): Ça aurait même pu
être à Iberville.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Mais je comprends le dispositif, en fait. Le principe,
c'est que c'est centralisé, on facilite I "appareillement", comme on
dit, des informations et on réduit le personnel le plus possible, parce
que le volume n'est pas suffisant pour que dans chacune des régions il y
ait un personnel qui gère cet appariement. Alors, ça aurait pu
être installé n'importe où au Québec, c'est
ça qu'il faut comprendre. Un peu comme, par exemple, pour l'impôt.
C'est bien ça?
Mme Blackburn: Bien sûr, il y a un centre de données
fiscales canadien à Jonquière.
Mme Harel: "On peut te l'enlever." Ah! d'accord. Je reçois
une petite note: On peut me l'enlever à Montréal. Ha, ha, ha!
Une voix: On peut l'enlever de Montréal,
pas de problèmes!
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est ça, le problème...
Mme Caron: C'est la première fois que j'entends la
députée de Hochelaga-Maisonneuve vouloir enlever quelque chose
à Montréal.
Mme Harel: Je veux qu'on considère Montréal aussi
comme une région. Mais, en fait, c'est ça que je comprends. Le
principe autour de ce dispositif-là, c'est de centraliser.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il va y en avoir un à
Québec et à Montréal? C'est ça que je veux savoir.
Les parents vont avoir le même problème. Si vous me dites qu'il y
a deux lieux où on recueille les données, où on les
comptabilise et on conserve les documents manuscrits, je m'excuse, ça
veut dire qu'il va y en avoir un à Montréal et un à
Québec. Vous éprouverez donc les mômes
difficultés.
Mme Harel: C'est parce qu'ils vont diviser le Québec en
deux, par exemple.
Mme Blackburn: Oui, oui, mais peu importe.
Mme Harel: Mais le volume va être suffisant.
Mme Blackburn: Ça va causer le même problème
pour ceux qui vont être aux frontières: Est-ce que je l'envoie
à Montréal ou à Québec?
M. Lavigne: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Lavigne.
M. Lavigne: J'aimerais peut-être apporter une
précision parce qu'il paraît y avoir une certaine confusion. Il
n'y aura pas deux registres. Il n'y aura qu'un seul registre tenu centra-lement
à Québec et à Montréal. À Québec et
à Montréal, on retrouvera les éléments suivants.
Montréal aura en archives des registres d'état civil pour les
actes déjà enregistrés avant l'entrée en vigueur de
la réforme pour 12 districts judiciaires qui sont dans les environs
immédiats de Montréal. À Québec, on retrouvera les
registres pour les actes déjà enregistrés avant
l'entrée en vigueur de la réforme pour les 23 autres districts du
Québec.
Mais l'enregistrement des nouveaux actes de l'état civil ne se
fera qu'à Québec. Et la publicité des registres et des
actes d'état civil, qu'ils soient passés, futur ou nouveaux,
pourra se faire indépendamment de Québec ou de Montréal
à partir de la même source d'information.
Mme Blackburn: Si vous pouvez le faire pour Montréal -
moi, c'est ce que je dis - vous pouvez avoir une banque de données
centrale, ça ne pose aucune difficulté, sauf que vous pourriez
faire pour les régions ce que vous faites pour Montréal.
Mme Harel: Je sais que ma collègue de Chicoutimi doit nous
quitter, elle me l'avait dit cet après-midi, mais je veux qu'elle sache
que nous allons tenter de transmettre sa préoccupation lors de
l'étude des autres registres parce que, par exemple...
Mme Blackburn: II y a un problème.
Mme Harel: ...à l'égard du registre des droits
réels mobiliers, des droits personnels, ça va d'autant plus
s'imposer qu'il puisse y avoir des terminaux en région.
Mme Blackburn: Le registre financier.
Mme Harel: Ça va valoir pour l'ensemble aussi des
autres...
Mme Blackburn: Le registre financier.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais donc remercier Me
Jacques Chamberland, sous-ministre en titre à la Justice. Est-ce que
vous désirez ajouter un dernier commentaire?
Mme Harel: II ne veut pas nous quitter, je pense.
M. Chamberland: Je pense qu'on va vouloir m'entendre sur le
registre foncier et le registre des droits personnels et des droits
réels mobiliers.
Mme Harel: Oui, peut-être la raison sociale,
M. Corneau, parce que M. Corneau, on l'a un peu évincé en
abordant tout de suite le registre de l'état civil.
Le Président (M. Lafrance): Alors, je remercie Me Guy
Lavigne, de la Direction générale de l'enregistrement.
M. Chamberland: Est-ce que je comprends que vous voulez poser des
questions à André-Gaétan Corneau avant qu'on passe au
registre foncier et au registre des droits personnels?
Mme Harel: Non. Allez-y. Excusez-moi, M. Corneau, on va entendre
le sous-ministre, vous avez raison. On va le laisser terminer
complètement sa présentation et on pourra tout de suite aborder
la raison sociale après. Vous avez raison, on est mieux de
compléter avec vous la présentation. Vous êtes mieux de
nous présenter tout l'ensemble du projet.
M. Rémillard: Oui, mais, avec les raisons sociales, on
présenterait l'ensemble du projet.
Mme Harel: C'est ça.
M. Chamberland: Tantôt, je vous ai mentionné les
coûts de la mise en place du registre des raisons sociales en autant que
le ministère de la Justice est concerné. Je suis à votre
disposition. Si vous préférez poser les questions que vous avez
à poser concernant le registre des raisons sociales, ça nous
permettra d'en terminer. Je suis vraiment à votre disposition. C'est
comme vous voulez.
Mme Harel: II vaudrait mieux faire un portrait d'ensemble
peut-être à ce moment-ci.
M. Rémillard: Alors, on ferait venir, à ce
moment-là, le...
M. Chamberland: O.K.
Mme Harel: À ce moment-là, on peut tout de suite
examiner la raison sociale. Ce n'est pas le registre qui présente le
plus de difficultés, à moins que vous en ayez, vous, à
nous faire part. Non?
M. Rémillard: Alors, on pourrait peut-être aborder
lé registre foncier.
Mme Harel: Le foncier, peut-être.
M. Chamberland: Pour le registre foncier, le ministre vous a
mentionné tantôt que la personne responsable du projet est Mme
Carole McMurray. Elle est ici, alors elle sera disponible pour répondre
à vos questions. Pour le registre des droits personnels et des droits
réels mobiliers, la chargée de projet est Mme Suzanne
Potvin-Plambndôn. Elle est également ici pour répondre
à vos questions.
Maintenant, quant aux coûts, vous étiez
intéressée à la question des coûts. Je me suis
posé la question à savoir quelle serait la meilleure façon
de vous présenter les coûts sans dévier trop souvent de la
ligne droite et j'ai regroupé les deux registres ensemble: le registre
foncier et le registre des droits personnels et réels mobiliers sous les
mêmes titres de chapitre que j'avais mentionnés tantôt,
c'est-à-dire implantation, exploitation et réaménagement.
Implantation et exploitation; dans ce cas-là, je vous parlerai
également des frais de réaménagement.
Alors, au niveau de l'implantation des deux registres - là, je
parle des deux registres dans la présentation - il y a trois
éléments au niveau de l'implantation: il y a le
développement de l'informatique et les équipements; il y a,
deuxièmement, la formation du personnel et, troisièmement, le
réaménagement des locaux. Alors, les trois rubriques sont sous le
chapitre implanta- tion.
Sous la première rubrique, c'est-à-dire
développement et équipement informatique, le registre foncier
impliquera des dépenses évaluées en décembre 1990
à 8 870 000 $ environ. Pour le registre des droits personnels et
réels mobiliers, on prévoit des coûts de
développement et d'équipement de 6 400 000 $. En fait, c'est 6
433 000 $ mais j'ai arrondi les chiffres pour vous épargner des calculs
complexes.
Au niveau de la formation du personnel - parce qu'évidemment il
faut comprendre que ces registres et la nouvelle façon de fonctionner
vont changer les méthodes de travail, il y a donc un aspect important de
formation de personnel - en salaire, nous évaluons les frais de
formation du personnel à 2 170 000 $. En frais de déplacement...
Parce que, évidemment, on a un réseau très
décentralisé, comme vous le savez, on offre des services dans
toute la province. Alors, il va falloir déplacer ces gens-là
à certains endroits pour assurer leur formation ou que les formateurs se
déplacent en région. À tout événement, on
prévoit des coûts de 940 000 $ en frais de déplacement.
Maintenant, la troisième rubrique sous les frais d'implantation,
c'est le réaménagement des locaux. On a 62 bureaux qui devront
être réaménagés, plus celui de Montréal qui
est le 63e, si vous voulez. Pour les 62 bureaux, on évalue à 6
200 000 $ les frais de réaménagement et, pour le bureau de
Montréal, on évalue à 700 000 $ les frais de
réaménagement.
Alors, si je faisais le sommaire des coûts d'implantation
prévus, pour le registre foncier, ça totalise 14 970 000 $ et,
pour le registre des droits personnels et réels mobiliers, 10 479 650 $.
Ça, c'est pour les frais d'implantation. (21 h 15)
Maintenant, les frais de fonctionnement annuels, si on veut, j'ai
divisé ça sous trois rubriques: salaires, entretien des
systèmes informatiques et loyer et autres dépenses de
fonctionnement. Au niveau des salaires, le registre foncier implique qu'il
faudra 488 personnes pour faire fonctionner le nouveau système,
c'est-à-dire 100 de plus que les postes que nous avons actuellement,
pour un coût additionnel de 3 500 000 $. Pour le registre des droits
personnels et réels mobiliers, évidemment, c'est nouveau, alors,
on n'a pas de personnel, il faudra prévoir 296 postes, pour un
coût de 10 360 000 $. Au niveau de l'entretien des systèmes, le
registre foncier impliquera des coûts d'entretien de 3 322 000 $. Le
registre des droits personnels et réels mobiliers impliquera des
coûts annuels de 3 021 000 $. En loyer et autres dépenses de
fonctionnement, je n'ai pas le chiffre précis, mais il faut compter
environ 3 000 000 $.
Si je fais le sommaire des coûts d'exploitation, maintenant, de la
même façon que j'ai fait
tantôt le sommaire des coûts d'implantation, pour le
registre foncier, II faut ajouter environ 8 000 000 $ aux 15 000 000 $ qu'on
dépense déjà, donc, à peu près 23 000 000 $
en frais d'exploitation. Pour le registre des droits personnels et réels
mobiliers, le sommaire des coûts nous permet d'arriver au chiffre de 16
952 000 $. ! Mme Harel: Pour un total de 26 000 000 $?
M. Chamberland: Au niveau du sommaire, le registre foncier,
ça donne à peu près 23 000 000 $, et le registre des
droits personnels, c'est 16 000 000 $; 17 000 000 $ disons, arrondissons
à 17 000 000 $.
Mme Harel: Pour l'exploitation.
M. Chamberland: Pour l'exploitation.
Mme Harel: Donc, avec les coûts d'implantation, c'est
à peu près 27 000 000 $.
M. Chamberland: En fait, les coûts d'implantation... Si on
additionne les coûts des deux registres, on arrive à plus de 25
000 000 $ pour l'implantation. Si on regarde les frais d'exploitation, on est
autour de 31 000 000 $ par année, tel que ça avait
été évalué en décembre 1990, au moment
où nous avons obtenu les autorisations du Trésor et tout ce qu'il
faut pour ce type de dossier.
Mme Harel: Et est-ce que ce sont toujours les fonds, soit celui
des registres ou encore du cadastre, qui financent...
M. Chamberland: Pas le fonds du cadastre.
Le fonds du cadastre, c'est autre chose, un autre dossier. En fait,
c'est le fonds des bureaux d'enregistrement qui envoie chaque année
environ 4 000 000 $ au fonds du cadastre, qui est un autre dossier
complètement. Alors, ce sont deux fonds séparés.
Mme Harel: Évidemment, la réforme du cadastre a
à voir avec le registre foncier.
M. Chamberland: Effectivement, le cadastre est un outil de base
du système d'enregistrement, oui.
Mme Harel: J'y reviendrai, parce que je pensais inscrire une
question au feuilleton, justement, sur la question du cadastre. Alors, comme
elle est déjà prête aujourd'hui, je pourrai vous la
transmettre. De toute façon, elle devrait être au feuilleton
demain.
M. Rémillard: Sur le cadastre?
Mme Harel: Oui. En fait, les informations que je souhaitais
obtenir étaient relatives à la réforme du cadastre: le
bilan des travaux réalisés dans le cadre de la
réforme.
M. Rémillard: Ce n'est pas moi.
Mme Harel: C'est la ministre de l'Énergie et des
Ressources. Vous êtes sans doute au courant qu'il semble y avoir des
problèmes qui se présentent actuellement. Vous êtes
informés de ça? Il semble que ce soit comme en suspens,
l'implantation.
M. Chamberland: Écoutez, nous on a travaillé...
Mme Harel: Vous regardez ça de près ou de loin?
M. Chamberland: On a travaillé avec eux dans le cadre de
la réforme du Code civil mais, évidemment, c'est le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui est responsable du
cadastre, responsable de la rénovation cadastrale.
Mme Harel: Elle est suspendue, présentement, la
rénovation cadastrale.
M. Chamberland: Ce n'est pas à moi à
répondre à ça.
Mme Harel: Est-ce que le ministre est au courant?
M. Rémillard: Non, je ne suis pas au courant.
Mme Harel: Peut-être que Mme McMurray le serait ou M.
Côté?
M. Rémillard: Ce n'est pas notre responsabilité, je
ne pense pas que...
Mme Harel: Mais ça aura un impact, malgré tout.
Est-ce que ce serait possible de pouvoir échanger avec M.
Côté et Mme McMurray?
M. Chamberland: Absolument, ils sont ici à votre
disposition. Je peux peut-être demander à Mme McMurray de
s'avancer.
Le Président (M. Lafrance): Alors, j'aimerais souhaiter la
bienvenue à notre table de travail à Me Carole McMurray et
à M. Réal Côté du registre foncier, à la
Direction générale de l'enregistrement.
Mme Harel: Alors, bienvenue. Est-ce qu'on va encore parler de
l'enregistrement d'un acte ou bien s'il s'agira maintenant uniquement de
l'inscription d'un droit ou des deux? Où en êtes-vous dans vos
travaux?
M. Côté (Réal): À quel niveau votre
ques-
tion? Est-ce une réquisition d'inscription ou une inscription de
droit?
Mme Harel: Oui, c'est-à-dire qu'actuellement on enregistre
un acte, tandis qu'avec le projet on inscrira un droit.
M. Côté (Réal): C'est ça.
Mme Harel: Alors, vous en êtes où dans vos travaux
présentement?
Le Président (M. Lafrance): Mme McMurray.
Mme McMurray (Carole): Oui, M. le Président. Le principe
du registre foncier repose dans la foi qu'on va accorder au registre et aux
inscriptions portées au registre. Ainsi, seules les inscriptions, et
telles qu'elles seront faites dans le registre foncier,
bénéficieront des effets de la publicité. Alors,
contrairement à l'index des immeubles, qui constitue un registre de
référence à des documents, le registre foncier constituera
un registre d'inscription de droits. Et ces droits seront inscrits par
l'officier de la publicité et puisés à même la
réquisition d'inscription qui devra qualifier les droits. C'est donc le
rédacteur d'actes qui devra, dans sa réquisition d'inscription,
qualifier les droits qu'il veut voir dénoncer au registre foncier.
Mme Harel: Et vous êtes prêts à implanter ce
registre pour quand?
Mme McMurray: Par rapport au registre foncier, qui repose aussi
sur un outil informatique, il y a une... Il faut absolument connaître
tout le droit qui s'y applique. Et, comme vous le savez, nous avons une
infrastructure de publicité aujourd'hui où il y a 73 bureaux
d'enregistrement qui correspondent aux divisions d'enregistrement et il faut
voir à la transition du régime juridique de publicité et
de l'organisation des bureaux d'enregistrement. Alors, la date d'implantation
du registre foncier dépend des modalités de transition de l'index
des immeubles vers le registre foncier.
Mme Harel: Est-ce que la rénovation cadastrale doit
être terminée, à votre point de vue, avant que cela soit
mis en place, avant que le registre soit mis en place?
Mme McMurray: Le projet de loi 125 ne concerne pas et ne vise pas
seulement les lots à rénover. Le projet de loi 125 précise
que tous les plans, qui vont évidemment concerner des lots nouveaux, qui
seront déposés après la mise en vigueur de la
réforme du Code civil amèneront l'ouverture de fiches
immobilières.
En ce qui concerne les lots présentés ou
déposés et qui existaient déjà avant la
réforme du Code civil, c'est la loi d'application qui déterminera
le champ d'application du registre foncier.
Mme Harel: Donc, vous ne serez pas prêts pour le 1 er
janvier 1993.
Mme McMurray: Pour le registre foncier, il a une
difficulté pour 1993 en raison du fait que la loi d'application doit
être adoptée pour pouvoir préciser les modalités
d'implantation.
Mme Harel: Vous évaluez quel délai
nécessaire pour ensuite mettre en vigueur le registre une fois la loi
d'application adoptée?
Mme McMurray: il est difficile de le dire à ce moment-ci
parce que, comme le droit n'est pas entièrement connu, on ne peut donc
pas arrêter le modèle organisationnel.
Mme Harel: Donc, ce modèle organisationnel va venir une
fois la loi d'application adoptée.
Mme McMurray: Oui quant à sa précision. On peut
dès maintenant imaginer des scénarios, mais, quant à sa
formalisation, sa concrétisation, il faut attendre de connaître le
droit entièrement.
Mme Harel: Une question peut-être à laquelle devrait
répondre le ministre, étant donné que ça suppose
une décision de sa part: A-t-il l'intention de maintenir les 73 bureaux
d'enregistrement qui offrent ces services présentement à l'index
des immeubles?
Le Président (M. Lafrance): M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai toujours dit
que je favorisais l'accessibilité à la Justice et la meilleure
qualité de services aussi. Alors, c'est dans cette perspective-là
qu'on administre les bureaux d'enregistrement, comme les palais de justice;
alors, c'est dans ce cadre-là qu'on va continuer à
administrer.
Mme Harel: Dans quel cadre? Dans le cadre du maintien des 73
bureaux?
M. Rémillard: Dans le cadre de l'efficacité et de
la qualité.
Mme Harel: Ça, c'est la langue de coton, là.
M. Rémillard: Qu'est-ce que c'est cette nouvelle
expression de "langue de coton"?
Mme Harel: C'est une nouvelle expression, je crois, qui nous
vient de Mme Cresson.
M. Rémillard: Ah!
Mme Harel: II y avait auparavant la langue
de bois, mais le régime Brejnev étant terminé,
maintenant, pour qualifier les nouveaux intellectuels, on parle de la langue de
coton.
M. Rémillard: Oh!
Mme Harel: Mais je vous pose la question sur les 73 bureaux
d'enregistrement. On peut tourner autour du pot, mais la question c'est:
Avez-vous l'intention d'offrir les services dans ces 73 bureaux?
M. Rémillard: Le scénario d'implantation tel que
prévu dans le mémoire est prévu en fonction de 73
bureaux.
Mme Harel: Donc, le registre foncier ne pouvant pas être
mis en vigueur au 1er janvier 1993, il ne le sera qu'après un certain
délai qui suivra...
M. Rémillard: La loi d'application.
Mme Harel: ...d'option de la loi d'application. On peut croire
raisonnable un délai d'un an, deux ans?
M. Rémillard: C'est ça qui nous amène
à procéder quand même avec une certaine
célérité, c'est-à-dire qu'après la loi 125
adoptée, donc, dans les prochaines semaines on a dit qu'on se mettait
sur les commentaires pour terminer les commentaires. Pendant ce
temps-là, on a déjà la loi d'application, c'est fait,
c'est prêt.
Mme Harel: Elle est prête?
M. Rémillard: À quelques retouches, on y travaille
encore.
Mme Harel: Pourquoi ne pas la déposer au printemps
prochain, alors?
M. Rémillard: C'est ce qu'on vise, de fait.
Mme Harel: La semaine passée vous m'avez dit à
l'automne.
M. Rémillard: Oui. Eh bien, je me garde des marges de
manoeuvre des fois. Je me garde des marges de manoeuvre, mais c'est de
l'adoption...
Mme Harel: Pour quelqu'un de pressé, vous n'aviez pas
l'air vraiment pressé.
M. Rémillard: Non, non. C'est parce qu'il faut faire
attention. C'est que j'ai dit que je la déposerais au printemps, mais
l'adoption... C'est une loi quand même importante. Écoutez, je
vais vous dire, il va y avoir, combien? 1300 articles, je pense. Alors, on va
la déposer ou je voudrais viser la déposer au printemps, mais
l'adopter au printemps, je vais vous dire, si on peut le faire, bon, on va le
faire.
Mme Harel: Ça dépend s'il y a un
référendum d'Ottawa. (21 h 30)
M. Rémillard: Ah! d'Ottawa. Ah! bon. Ça, ce n'est
pas grave. Mais, à ce moment-là, il faut que la loi d'application
soit adoptée le plus tôt possible. Alors, il ne faut pas que
ça dépasse le début de... En parlant de
référendum, vous m'avez mêlé
d'échéancier. Alors...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Rémillard: ...il ne faut pas que ça
dépasse l'automne. C'est ça qui est important parce que, sans
ça, on ne peut pas compléter les éléments
d'information. Mais notre intention, c'est de déposer la loi
d'application au printemps. Ça, c'est l'intention. L'adopter, je ne
pense pas que... Il y a des consultations, des droits transitoires
là-dedans. Le Barreau, la Chambre des notaires vont vouloir la regarder.
Ils sont fort justifiés de la regarder. Alors, vous savez,
l'étape qu'on fait avec l'adoption du Code lui-même, c'est une
première étape, mais il ne faut pas oublier le travail qui nous
attend après, avant que ça soit en vigueur. On a encore un bon
bout de temps à travailler ensemble.
Mme Harel: C'est pour ça qu'on est mieux de s'endurer,
hein? Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lafrance): À l'ordre!
Mme Harel: Dans le mémoire que vous soumettiez au Conseil
des ministres, à la page 63, vous souligniez que le registre foncier a
intérêt pour une bonne part à cheminer de concert avec le
programme de rénovation cadastrale. Compte tenu que ce programme de
rénovation cadastrale serait suspendu, est-ce que vous considérez
que ça peut occasionner des difficultés pour réorganiser
tout le registre foncier?
M. Rémillard: Si vous voulez...
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me McMurray.
Mme McMurray: Dans son mémoire, M. le ministre avait
mentionné le fait qu'on s'interrogeait sur l'applicabilité des
essais du registre foncier à l'égard des parties de lot et non
pas à l'égard des lots entiers. Alors, le scénario
plausible, mais il reste quand même des études à
approfondir, serait de donner le plus grand champ d'application possible au
registre foncier en examinant l'éventualité de maintenir l'index
des immeubles à l'égard des parties de lot, le temps soit que la
rénovation cadastrale divise le territoire, soit que, par une
intervention volontaire du ou des propriétaires, on demande une
officialisation de l'identification de l'immeuble, ce qui est toujours
possible et ce qui permettrait au propriétaire de faire le passage
à l'index des immeubles quant à ces titres au registre
foncier.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
M. Frenette: Merci, M. le Président. Dois-je comprendre
qu'en mettant les choses au mieux pour la loi d'application vous avez quand
même prévu un scénario donné en termes
d'implantation du nouveau registre foncier, mais il ne s'appliquerait, si j'ai
bien compris, qu'aux lots immatriculés, donc aux lots entiers. Il y
aurait pendant un certain temps deux systèmes de publicité des
droits?
Mme McMurray: C'est une possibilité que l'étude de
la loi d'application et donc du droit transitoire permettra d'arrêter et
on examine quand même la possibilité de donner le plus grand champ
d'application possible au registre foncier. Mais, comme à l'égard
des parties de lot l'objet n'est pas bien identifié, ça peut
peut-être présenter plus de difficultés juridiques
qu'autrement, de sorte qu'on peut envisager de maintenir le régime
d'opposabilité aux tiers qu'on connaît actuellement dans le cadre
de l'index des immeubles à l'égard des parties de lot.
M. Frenette: Bref, pour les parties de lot, nous aurions le
système de l'enregistrement des actes et, pour les lots
immatriculés, le système de l'enregistrement des droits.
Mme McMurray: Bien, il faut faire une distinction en ce qui
concerne les règles de présentation, les règles
d'attestation, les règles d'inscription et les effets de la
publicité, d'autre part. A l'égard de notre clientèle, si
on devait maintenir des effets différents selon qu'on est sous le coup
de l'index des immeubles ou sous le coup du registre foncier, il y aurait tout
intérêt à uniformiser, par ailleurs, les règles de
présentation, d'attestation et d'inscription.
Alors, ce qu'on envisage, c'est de pouvoir maintenir l'index des
immeubles, mais de la même manière qu'on tient le registre
foncier. Alors, rien ne s'oppose à ce qu'on puisse
décréter que l'index des immeubles soit un registre d'inscription
de droits, mais en conservant les effets qu'on connaît aujourd'hui, qui
sont les effets de l'opposabilité. Ainsi, on facilite la tâche de
la clientèle qui voit les règles de présentation et, donc,
d'accès à la publicité uniformisées. Mais ce
scénario reste à préciser, et ces études seront
faites dans le cadre de la loi d'application.
M. Frenette: Mais est-ce que ça veut dire également
que, pendant des années - il faut quand même parler en termes
d'années - le type de garantie que le nouveau système de
publicité des droits donnerait, notamment à cause de la force
probante des inscriptions, ne vaudrait que pour une fraction de la
population?
Mme McMurray: Eh bien, les propriétaires qui
détiennent des titres sur des parties de lots auraient toujours la
possibilité de faire subdiviser leur propriété et ainsi de
pouvoir bénéficier des effets du registre foncier. Mais je ne
sais pas si le gouvernement irait jusqu'à imposer au propriétaire
l'obligation de subdiviser. En laissant ainsi la faculté au
propriétaire de subdiviser ou non, les citoyens ont le choix de
bénéficier des effets qu'on connaît aujourd'hui de l'index
des immeubles ou de bénéficier des effets du nouveau registre
foncier.
M. Frenette: Est-ce qu'on a établi le nombre de parties de
lot qu'il y aurait à transformer en lots entiers, si je puis dire, et
les coûts associés à ça, dans l'hypothèse
où la chose se ferait de façon forcée plutôt que
volontaire?
Mme McMurray: Bien, à ma connaissance, on n'a pas
envisagé de le faire de façon forcée.
M. Frenette: Mais en termes de coûts, simplement, a-t-on...
À l'heure actuelle, le processus de la rénovation, chemin
faisant, a aidé à ce que les gens qui avaient des parties de lot
puissent profiter de l'occasion pour... Bon, le processus va continuer. A-t-on
idée de l'enveloppe budgétaire nécessaire pour terminer le
processus?
Mme McMurray: Non. Comme M. le ministre l'a mentionné tout
à l'heure, le programme de rénovation cadastrale dépend du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Mme Harel: Est-ce que vous travaillez en collaboration avec le
ministère de l'Énergie et des Ressources?
Mme McMurray: Étroitement.
Mme Harel: Quel est le lien organique? Avez-vous des
comités conjoints?
Mme McMurray: Oui, nous avons des comités conjoints. Nous
analysons avec le ministère de l'Énergie et des Ressources les
nouvelles exigences du projet de loi 125 en ce qui regarde les
opérations cadastrales et les informations nécessaires qui
doivent être inscrites sur les plans pour qu'elles puissent être
portées au registre foncier. Nous examinons aussi les modalités
de la rénovation cadastrale parce que, lors du dépôt d'un
plan de rénovation, l'officier de la publicité a de nouvelles
obligations à rencontrer et des contrôles à exercer.
Mme Harel: Vous n'êtes pas au courant de
la suspension de la rénovation cadastrale qui aurait eu lieu?
Mme McMurray: Oui, nous sommes au courant qu'actuellement il y a
un moratoire concernant le programme de rénovation, depuis
déjà quelques années.
Mme Harel: Et vous êtes au courant du moment où ce
moratoire sera levé?
Mme McMurray: Du moment? Non, je ne suis pas au courant.
Mme Harel: Et l'évaluation a été faite,
à Énergie et Ressources, des coûts afférents
à cette subdivision de parties de lot?
Mme McMurray: Je le suppose, mais là...
Mme Harel: Ça ne vous a jamais été
communiqué?
Mme McMurray: ...il faudrait le leur demander.
M. Rémillard: Évidemment, c'est des questions dont
nous, on n'a pas les réponses ici. Ça regarde vraiment
Énergie et Ressources, qui a ces réponses-là.
Mme Harel: Oui, je le comprends, mais je m'étonne, par
ailleurs, qu'on ne puisse pas avoir une idée d'ensemble de ce qui, de
toute façon, va être exigé par la réforme. Par
exemple, dans le projet de loi 125, aux articles 3008 et suivants, au titre
quatrième, qui porte sur l'immatriculation des immeubles, et au chapitre
premier sur le plan cadastral, on aura à répondre à
certaines de nos questions. Alors, si ce n'est pas ce soir, ce sera un peu plus
tard, mais ça devra certainement... ces questions devront être
répondues avant que nous complétions l'examen du projet de loi.
Alors, si ce n'est pas vous, je le comprends, on va inviter, à ce
moment-là, l'équipe du ministère de l'Énergie et
des Ressources à venir répondre à nos questions.
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me McMurray.
Mme McMurray: Les dispositions du projet de loi 125 ne sont pas
reliées à des opérations de rénovation cadastrale.
Les opérations d'immatriculation des immeubles concernent les
règles générales d'opération cadastrale. Ce n'est
pas lié au programme spécifique de rénovation cadastrale,
et nous sommes en mesure de répondre à vos questions.
Mme Harel: Mais il demeure que, pour les citoyens du
Québec, c'est l'ensemble... ou encore, pour un de nos collègues,
par exemple, qui s'intéresse à toutes ces questions
financières et qui est le chef de l'Opposition, là, ça
l'intéresse d'avoir une idée de l'ensemble de ce que va, par
exemple, coûter la réforme. Ça l'intéresse d'avoir
un portrait le plus exact possible de ce qu'il va en coûter, pas
seulement pour l'État, mais de ce qu'il va en coûter pour les
citoyens, également. Je ne crois pas qu'on puisse avoir ce portrait
d'ensemble sans qu'on ait une idée d'où en est rendue la
rénovation cadastrale. Je comprends, en regard de votre
responsabilité à vous, là, mais en regard de ma
responsabilité à moi ou de celle de mes collègues, comme
parlementaires... Vous savez, la population, elle, ne dit pas: Bien, ça,
c'est à l'Énergie et Ressources, pas à la Justice. La
population dit: Donnez-nous des réponses sur ce qui s'en vient.
M. Rémillard: Alors, voici... M. le Président,
là-dessus, je voudrais bien dire qu'il s'agit de deux dossiers
complètement différents. Le projet de loi 125 s'applique sans
aucune relation avec le projet de rénovation cadastrale. Donc, il peut y
avoir des problèmes, des retards ou je ne sais trop quoi. Je ne suis pas
au courant, je vous l'avoue. Mais 125, notre projet de loi que nous
étudions dans cette commission, n'est pas soumis dans son application
à la rénovation cadastrale telle que prévue à
Énergie et Ressources. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas
poser des questions à Énergie et Ressources. On peut le faire en
Chambre, on peut le faire à d'autres niveaux. Mais ce que je veux vous
dire, M. le Président, c'est que, pour les fins de l'application de 125,
c'est complètement différent.
Le Président (M. Lafrance): Oui. Je comprends, M. le
ministre. D'ailleurs, le mandat de cette commission est d'étudier
article par article le projet de loi, et nul doute que ces questions sont
très importantes et, évidemment, afférentes, mais elles
peuvent sûrement être touchées aussi dans les étapes
ultérieures dans notre législation en Chambre.
Mme Harel: Avant de terminer cet aspect-là, M. le
Président, et de laisser à Me Frenette le soin de poser des
questions sur le service de support informatique qui serait disponible dans les
bureaux d'enregistrement, il faut quand même bien comprendre qu'un
propriétaire d'une partie de lot va devoir procéder à une
subdivision. Ou bien, vous-même, vous nous parliez tantôt d'un
enregistrement, du maintien de l'index des immeubles, hein?
Mme McMurray: Possibilité.
Mme Harel: Alors, on ne peut pas dire que ça n'a pas de
conséquences, tout ça. Ça a des conséquences, vous
allez me dire, sur la loi d'application, mais la main droite ne peut pas
ignorer ce que fait la main gauche. Alors, c'est
important de connaître l'intention du législateur. Est-ce
que, là, on... Par exemple, ce soir, on sait que vous, vous ne
travaillez pas sur le fait que ça pourrait être obligatoire,
n'est-ce pas? Alors ça pourrait être... Ce serait
entièrement laissé à la volonté, en fait, du
propriétaire, auquel cas vous aménageriez une façon de
faire pour qu'il y ait l'index des immeubles et qu'il y ait, en même
temps, le registre foncier. C'est ça qu'on comprend, ce soir. Ce sont
des informations nouvelles qui ne nous avaient pas encore été
transmises. Alors, on verra, en fonction de ces nouvelles informations, ce qui
nous manque pour avoir un portrait complet. (21 h 45)
Le Président (M. Lafrance): Alors, Me McMurray.
Mme McMurray: La réforme du droit de la publicité
foncière modifie substantiellement le régime juridique actuel, de
sorte qu'il est normal qu'on doive faire certains aménagements de
transition avant d'être capable de s'en remettre entièrement aux
nouvelles dispositions.
Mme Harel: L'aménagement de transition... parce que
l'objectif, si j'ai bien compris, c'est qu'il n'y a plus l'enregistrement de
l'acte. Ça va être une inscription d'un droit, n'est-ce-pas? C'est
la fiche, là, avec le droit et, comme vous le disiez, l'inscription va
faire la preuve du droit. C'est bien ça? Alors, ceci dit, ça ne
vaut que pour des lots, non plus pour des parties de lot. Alors, ultimement, la
période de transition va-t-elle durer le temps que va se finaliser la
rénovation cadastrale?
Mme McMurray: Comme on l'a mentionné, soit que les parties
de lot disparaissent au moyen de la rénovation cadastrale, soit au moyen
de l'action volontaire des propriétaires qui demanderaient la division
et l'officialisation de l'identification de leur immeuble, ce qui se fait
actuellement...
Mme Harel: C'est ça. À leurs frais, à ce
moment-là?
Mme McMurray: ...comme ça se fait actuellement..
Mme Harel: Et ça, ça peut s'échelonner sur
des dizaines d'années, peut-être plus.
Mme McMurray: Ce rythme-là sera probablement réduit
par le fait que de plus en plus de municipalités imposent, dans leurs
règlements de construction, la division obligatoire des immeubles. Il y
a quand même une tendance nette vers la réduction des parties de
lot au profit de l'officialisation des identifications.
Mme Harel: Pour de nouveaux aménagements urbains. Mais
là où c'étaient des lignes de division autour d'un arbre
ou d'un ruisseau, tout ça est encore à faire, si je comprends
bien?
Le Président (M. Lafrance): Oui, Me Fre-nette.
M. Frenette: Une question d'ordre un peu général,
M. le Président. Est-ce que Mme McMurray ou quelqu'un d'autre pourrait
préciser, même dans ses grandes lignes, le rôle qu'on entend
accorder à l'informatique en rapport avec le registre foncier? On le
perçoit peut-être plus facilement pour le registre des droits
personnels et mobiliers, un droit réel mobilier, mais pour le
bénéfice de tous, pour le registre foncier, pourriez-vous juste
donner les grandes lignes?
Mme McMurray: Oui. Vous savez sans doute qu'actuellement, dans
les bureaux d'enregistrement de Montréal et de Laval, on utilise
déjà la technique informatique depuis 1980. Alors, à
l'égard du registre foncier, ce qui est établi comme plan de
travail, c'est que nous allons développer un système informatique
pour tenir le registre foncier, donc, pour faire l'inscription des droits au
registre foncier et aussi pour exercer un certain contrôle dans la mesure
où l'outil informatique peut nous aider, peut aider l'officier pour
faire certains contrôles qui sont imposés à l'officier de
la publicité.
Alors, on pense notamment au contrôle de l'effet relatif et ce
genre de fonction devrait être mécanisé. L'outil
informatique sera évidemment utilisé pour la diffusion du
registre foncier et pour rémission des états
certifiés.
M. Frenette: Est-ce qu'une communication entre les bureaux est
prévue?
Mme McMurray: Ce serait souhaitable. Comme le modèle
organisationnel et technologique n'est pas encore arrêté... Mais
cela fait partie de nos objectifs de relier les registres fonciers des
divisions entre elles pour que les clients, partout sur le territoire, puissent
accéder, en consultation, à l'information du registre foncier.
C'est un objectif qu'on poursuit.
M. Frenette: Est-ce que l'implantation du nouveau
système... Une fois en place, il est censé lui aussi devenir
autosuffisant comme pour le registre de l'état civil? Je pense qu'en
faisant le calcul on arrive à voir et à retrouver confirmation
des chiffres qui ont été avancés. Est-ce que le prix du
timbre d'inscription arrivera à couvrir la plupart des frais ou
si...
Mme McMurray: Le financement est visé pour le registre
foncier.
M. Frenette: II est visé. Oui, oui.
Mme McMurray: Oui, il sera obtenu moyennant la tarification
adéquate et en proportion.
M. Frenette: Est-ce que la tarification est envisagée en
rapport avec l'importance de la transaction ou uniquement avec le type de
transaction?
Mme McMurray: Actuellement, l'assiette tarifaire ne fait pas ce
genre de nuance et il faudra examiner différents scénarios
d'assiette de tarification pour voir quelle serait la solution la plus
équitable pour la clientèle. Ce n'est pas arrêté
à ce moment-ci.
Mme Harel: Ni arrêté ou examiné ou si
ça a déjà été examiné?
Mme McMurray: C'est un scénario qui est imaginé,
imaginé, oui, mais sur lequel il n'y a pas de décision et sur
lequel il y a encore des études à faire.
Mme Harel: Alors, peut-être pouvons-nous vous remercier,
également M. Côté qui vous accompagne, et puis inviter Mme
Suzanne Potvin-Plamondon, qui est chargée du projet de registre des
droits personnels et réels mobiliers.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais remercier
également Me Carole McMurray et Me Réal Côté pour
leur contribution et donc inviter Me Suzanne Potvin-Plamondon, de la Direction
générale de l'enregistrement.
Mme Harel: Ça va vous faciliter les choses, Me Plamondon.
Nous avons pu obtenir le document d'information que vous aviez
préparé pour les clientèles que vous consultez, je pense,
présentement, et qui s'intitule: Projet d'informatisation du registre
des droits personnels et réels mobiliers à l'intention des
utilisateurs externes. Qui sont ces utilisateurs externes pour qui vous
prépariez ce document?
M. Rémillard: ...déposer le document
peut-être.
Mme Harel: Oui, mais j'en ai parlé à Julienne,
votre adjointe, avant l'intermission du repas, pour que ça puisse
même être distribué aux membres de la commission, puis elle
m'avait dit qu'elle en ferait faire des copies. Me Plamondon, je ne vous prends
pas de court. Vous savez à quel document je me réfère?
Mme Potvin-Plamondon (Suzanne): Oui, je sais. C'est un document
qu'on avait préparé dans le cadre d'une consultation avec la
future clientèle du registre des droits personnels et réels
mobiliers, un document de support pour les situer dans l'environnement de la
réforme du Code civil et leur donner des notions générales
quant à l'hypothèque mobilière.
Mme Harel: Dans ce cas, c'est un bon document pédagogique.
Je peux vous dire, en tout cas, que ça m'a fait comprendre bien des
choses. Où est-ce que c'en est rendu actuellement, tout ce projet de
registre des droits personnels et réels mobiliers?
Mme Potvin-Plamondon: Actuellement, nous sommes dans la phase
qu'on appelle de la conception administrative, qui doit définir
différentes hypothèses de fonctionnement et recommander une
hypothèse, là, qui sera évaluée en termes de
coûts et en termes de faisabilité.
Mme Harel: Alors, vous en êtes toujours là où
vous en étiez, finalement, au moment où vous écriviez dans
ce document: Aucune décision quant à la nature organisationnelle
et technologique du registre n'a encore été prise. Le processus
de consultation a justement pour but d'éclairer notre choix et
d'apprécier vos demandes spécifiques pour obtenir la meilleure
adéquation possible.
Est-ce qu'il est terminé, ce processus de consultation, ou s'il
se poursuit?
Mme Potvin-Piamondon: La première étape de ce
processus est maintenant terminée en termes de cueillette d'information.
Nous sommes à la rédaction du rapport en ce moment.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a plusieurs étapes
ultérieures qui sont prévues?
Mme Potvin-Plamondon: Le processus de consultation auprès
de la clientèle externe est prévu jusqu'à la fin du
projet, c'est-à-dire jusqu'en 1993.
Mme Harel: En 1993, vous voulez dire la fin du projet en
début ou à la fin 1993?
Mme Potvin-Plamondon: Dépendamment des résultats de
la conception administrative, il est difficile de planifier d'avance toute la
phase de réalisation parce qu'on ne connaît pas encore
actuellement les résultats de la conception administrative, de sorte que
la période nécessaire à la réalisation peut varier.
Alors, c'est difficile, là, de donner une date précise.
Évidemment, on fait des planifications, mais c'est toujours sujet
à changement.
Mme Harel: Alors, vos planifications, là, vous
amènent à prévoir la mise en vigueur du registre à
quel moment?
M. Rémillard: Je voudrais peut-être préciser
qu'il faut vraiment réaliser que c'est plus vers la fin qu'au
début de 1993. Je ne pense pas que... Les six premiers mois de 1993 vont
être un peu
difficiles. En tout cas, je ne voudrais pas... Je pense que je peux dire
ça, là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chamberland: II faut dire qu'on a un ministre qui nous pousse
pour 1993, mais c'est plus... On pense plutôt à la fin 1993, parce
qu'il y a non seulement le travail de préparation des systèmes,
mais il y a la formation du personnel et il y a aussi... Faut laisser le temps
au milieu sociojuridico-économique de se préparer. Alors, on va
plutôt... On pense plutôt fin 1993. Mais ce sera en 1993.
M. Rémillard: Je parle de l'automne.
Mme Harel: Vous attendez aussi l'adoption de la loi d'application
pour connaître le contexte organisationnel, là, dans lequel vous
aurez à implanter le registre?
Mme Potvin-Plamondon: Dans le cas du registre mobilier, le droit
transitoire, finalement, est une partie du droit qui n'est pas absolument
essentielle au développement des systèmes. Il est souhaitable
d'avoir la loi le plus rapidement possible, évidemment, pour prendre en
considération le droit transitoire dans la conception des solutions,
mais le droit transitoire pour les droits mobiliers, les droits personnels ne
représente pas de problématique spécifique sur le plan de
l'organisation ou du développement des systèmes. Le pire qui
pourrait arriver, c'est qu'on voudrait, par exemple, développer un
système transitoire, c'est-à-dire avant la mise en vigueur du
projet de loi 125, par exemple, pour faire une récupération des
sûretés actuelles, là, sous forme de renouvellement. Donc,
c'est certain que... Mais ça peut être développé par
après.
Mme Harel: Vous prévoyez un volume estimé à
environ 5000 avis d'inscription par jour. C'est bien le cas?
Mme Potvin-Plamondon: Évidemment, ce qui est
mentionné dans ce document n'est que des estimés. Il est
très difficile, à ce moment-ci et même à une date
ultérieure, de préciser exactement les volumes, parce qu'avec le
projet de loi 125 il y a toute une partie des sûretés qui ne sont
pas actuellement publicisées. On a fait une consultation auprès
des différentes clientèles pour essayer de connaître le
plus possible les volumes des transactions, mais on se rend compte, finalement,
que les institutions bancaires, en termes d'institutions, en termes de
systèmes d'information de gestion, ne sont pas très
développées, contrairement à ce qu'on pourrait penser, et
il est très difficile d'avoir des précisions à ce
niveau-là, de sorte qu'on va toujours rester avec des estimations.
Mme Harel: Alors, cette estimation, elle est de 5000 avis
d'inscription par jour. Elle est le fruit de diverses consultations ou
études que vous avez conduites?
Mme Potvin-Plamondon: Concernant les 5000, il y en a une partie
qui est non questionnable, qui vient des transactions sur les automobiles.
C'est le reste des transactions, le reste du volume, là, qui peut
être plus questionnaire. Ça peut varier entre 1000 à 1500
par jour.
Mme Harel: Combien y a-t-il d'inscriptions, là, pour
l'automobile par jour, sur les 5000?
Mme Potvin-Plamondon: C'est à 4000, environ.
Mme Harel: 4000 sur 5000? Mme Potvin-Plamondon: Oui.
Mme Harel: Eh bien...
Mme Potvin-Plamondon: Si le 5000 est bon. Comme je vous dis, ce
sont des estimations. Et encore là...
Mme Harel: À 4000, le nombre d'avis d'inscription par
jour?
Mme Potvin-Plamondon: Et, encore là, le 4000 dépend
aussi de comment les concessionnaires automobiles ou les financiers en
matière automobile décideront d'utiliser les
sûretés. S'ils procèdent par voie de vente à
tempérament, de cession, comme c'est le cas actuellement, parce qu'il y
a différentes façons de financer un véhicule automobile...
Nous, on s'est basé sur les façons dont ils procèdent
actuellement. Si les types de financement devaient changer, ça pourrait
changer les volumes aussi.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie, Me
Plamondon. Nous approchons 22 heures. Peut-être une dernière
question très, très rapidement.
Mme Harel: On va devoir poursuivre.
M. Rémillard: M. le Président, est-ce que c'est
possible de poursuivre quelque peu pour qu'on puisse entendre le plus
complètement possible madame...
Le Président (M. Lafrance): Certainement, M. le ministre,
s'il y a consentement.
Mme Harel: Mais j'ai bien peur qu'on ne puisse pas terminer ce
soir, parce qu'on a plusieurs autres registres quand même à
examiner.
M. Rémillard: Quel autre registre resterait-il? Ce serait
le dernier registre puis ensuite, ce qu'on peut faire, M. le Président,
c'est que, s'il y a des questions spécifiques qui se présentent
pour la publicité, on pourrait faire revenir ces gens au fur et à
mesure que les problèmes vont se poser.
Mme Harel: Vous voyez, M. le Président, on entame à
peine, là, l'examen du registre des droits réels mobiliers.
M. Rémillard: Si on terminait ce registre et que, demain,
on commençait la publicité, je pourrais demander aux gens
d'être libres au fur et à mesure, et on pourrait toujours les
avoir. Je pense que ça va s'imposer, d'ailleurs, pour la
publicité. Je ne pense pas qu'on puisse se contenter de ce qu'on a fait
ce soir. Je pense qu'on va arriver puis on peut se poser des questions.
Ça va être bon de les avoir avec nous. Ce que je proposerais
à cette commission, c'est de faire les études et de pouvoir les
consulter au fur et à mesure que nous aurons besoin de les
consulter.
Mme Harel: Parce que, vous voyez, ma collègue de
Terrebonne a participé à la commission parlementaire qui
étudie la protection des renseignements personnels à
l'égard des tiers et elle avait un certain nombre de questions à
poser concernant la confidentialité, l'étanchélté,
en fait, des informations du registre. On pourrait y revenir,
effectivement.
M. Rémillard: M. le Président, si vous me
permettez, on pourrait considérer ce soir comme un premier
aperçu. On a vu un tableau général, là-dessus, les
aspects financiers, administratifs, techniques, et à partir de
là, demain, on aborde la publicité, et on a nos gens avec nous.
Au fur et à mesure qu'on se pose des questions, ils sont là pour
pouvoir répondre.
Le Président (M. Lafrance): Alors, d'accord. Mme Harel:
Oui.
Le Président (M. Lafrance): J'aimerais remercier Me
Suzanne Potvin-Plamondon.
Mme Harel: Je voudrais remercier toutes les personnes,
d'ailleurs, qui ont participé à nos travaux.
M. Rémillard: M. le Président, je me joins à
vos remerciements pour remercier tous ces gens qui font un travail
remarquable.
Le Président (M. Lafrance): Ainsi que Me Jacques
Chamberland de leur contribution, et vous rappeler que nous avons convenu de
nous réunir demain, 21 novembre, ici même, à la salle du
Conseil législatif, à compter de 9 heures 30 jusqu'à 12
heures 30. S'il n'y a pas de remarques de fin de séance, j'aimerais donc
ajourner nos travaux à demain.
(Fin de la séance à 22 h 3)