Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures onze minutes)
Le Président (M. Lafrenière): La sous-commission
des affaires sociales reprend ses travaux afin de poursuivre la consultation
particulière sur le projet de loi 53, Loi sur le bâtiment.
Sont membres de cette sous-commission: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton): MM. Bordeleau (Abitibi-Est), Gravel (Limoilou),
Lafrenière (Ungava), Laplante (Bourassa), Middlemiss (Pontiac),
O'Gallagher (Robert Baldwin) et Rochefort, ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. Est-ce qu'on a des remplacements?
La Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement pour la
séance.
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre du
jour, le mercredi 5 juin 1985, après la période des affaires
courantes, il y aura la Fédération de la construction du
Québec et l'Ordre des ingénieurs du Québec suivra.
À 15 heures, il y aura la FTQ-Construction, l'Ordre des architectes du
Québec et l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec.
En soirée, à 20 heures, nous aurons l'Association de la
construction de Montréal et du Québec, l'Ordre des technologies
des sciences appliquées du Québec, la Corporation des
maîtres électriciens du Québec et l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec.
Je tiendrais à vous rappeler qu'on voudrait que vous vous
conformiez à peu près à 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire; 20 minutes pour le
côté ministériel et 20 minutes pour le côté de
l'Opposition quant aux interventions.
Je demanderais aux invités de se présenter et de
présenter les personnes qui les accompagnent.
FCQ
M. Nolet (Robert): M. le Président, M. le ministre et
membres de la commission, je voudrais vous présenter le groupe de
travail de la FCQ en commençant par mon extrême droite: M. Pierre
Gauvin de la direction technique, M. René Lafontaine de Henri Paquet
Inc., membre du comité d'étude, Me Michel Paris du service
juridique, M. Robert Linteau de De Foy construction, président du
comité d'étude, M. Michel Girard, directeur du plan de garantie
à la FCQ et moi-même, Robert Nolet, de Robert Nolet et fils
Ltée, président de la Fédération de la construction
du Québec.
En commençant, on désire vous informer que la FCQ
s'inscrit en faux contre la présence de l'AECQ à cette commission
dont l'objet est d'étudier un projet de loi qui n'a rien à voir
avec la négociation d'une convention collective. Le mandat de l'AECQ, de
par sa loi, est de s'occuper exclusivement de relations du travail et sa
présence ici outrepasse son mandat légal.
Compte tenu du fait que vous ayez accepté d'entendre l'AECQ sur
le projet de loi 53, on vous demanderait de nous accepter lors de la prochaine
négociation d'une convention collective de travail dans notre industrie
au nom du même principe pour lequel vous avez accepté l'AECQ.
Ceci étant dit, je laisserais la parole à M. Linteau qui
est président du groupe de travail.
M. Linteau (Robert): M. le Président, distingués
membres de cette sous-commission, la Fédération de la
construction du Québec traitera, au cours de cette audition, de
différents aspects du projet de loi 53, soit la Loi sur le
bâtiment, projet de loi qui fait l'objet de cette sous-commission.
Pour vous situer la Fédération de la construction du
Québec, disons que je représente ici 4000 entreprises de
construction, de tous les métiers et de toutes les régions de la
province, de la Gaspésie à Hull et du Lac-Saint-Jean à la
Beauce dans l'autre direction. Étant moi-même entrepreneur
général depuis au-delà de quinze ans, j'ai
participé personnellement à l'étude de ce projet de loi
depuis le mois d'août 1984. La fédération est donc une
partenaire de première importance dans le milieu de la construction,
étant l'organisme le plus représentatif de l'industrie.
Au chapitre des principes et objectifs du projet de loi par rapport
à la philosophie de la FCQ, nous comprenons, à la lecture du
projet de loi, que la réforme proposée vise à atteindre
les objectifs de responsabilisation du milieu, de simplification et
d'unification de la législation. La fédération a eu
l'occasion d'exprimer aux représentants du gouvernement son accord et
son appui à la poursuite ou à la réalisation des objectifs
visés, mais à certaines conditions.
Nous avons pu constater que le projet de loi à l'étude
reprend en partie, et je dis bien en partie cependant, certaines suggestions et
recommandations faites par la FCQ à la suite de l'étude du
document de travail qui nous avait été soumis en juillet dernier.
Nous devons souligner que le projet de loi a été bonifié
au chapitre de l'obligation maintenant faite à tout constructeur, y
compris le constructeur-propriétaire, de se conformer aux mêmes
normes que l'entrepreneur.
Nous ne pouvons passer sous silence également
l'élimination de la fameuse retenue de 5 % du prix de vente ou du
coût des travaux qui était initialement accolée à la
transmission de l'attestation de conformité. Nous sommes heureux de
constater que le législateur ait abandonné l'idée du fonds
d'indemnisation qui nous avait été présenté aussi
à l'époque. Certains autres ajustements que nous avions alors
proposés ont été transportés dans le projet de loi
53 et nous remercions le législateur de l'écoute attentive qu'il
a su porter à nos observations. Toutefois, nous devons, en toute
honnêteté, vous manifester encore aujourd'hui de sérieuses
réserves à l'égard de certaines orientations
législatives et des objectifs visés par la réforme en
conformité avec la philosophie du principal acteur de notre secteur
d'activité économique, soit l'entrepreneur en construction.
Voici donc nos objections et recommandations traitant sur les points
essentiels suivants, soit sept points principaux: premièrement, la
Commission du bâtiment, sa composition, son administration;
deuxièmement, son financement; troisièmement, les garanties
financières ou plans de garantie; quatrièmement, la
qualification; cinquièmement, la notion d'entrepreneur;
sixièmement, une loi d'ordre public et, septièmement,
l'attestation de conformité.
Je commence au point un, soit la Commission du bâtiment. Le projet
de loi prévoit la constitution d'une commission du bâtiment
administrée par un conseil d'administration d'au plus quinze membres.
À plusieurs reprises, nous avons fait des représentations pour
obtenir que les entrepreneurs en construction du Québec siègent
de façon majoritaire au sein du conseil d'administration, mais nous
devons constater encore une fois que le projet de loi ne reprend pas cette
revendication des entrepreneurs. Il est essentiel et de toute première
importance que nous soyons l'âme dirigeante de cette nouvelle commission,
pas demain, aujourd'hui, dans ce projet de loi. Pour plus de précisions,
nous demandons de plus au législateur de reconnaître les
associations représentatives dans ce même texte de loi.
Dans l'industrie de la construction, le gouvernement est toujours
à la recherche de partenaires. Au moment où nombre d'associations
représentatives ont collaboré avec le gouvernement à
l'atteinte de nombreux objectifs qu'il avait lui-même fixés, nous
demandons que celui-ci reconnaisse, une fois pour toutes, ses partenaires. Nous
devons ici insister sur le fait que les entrepreneurs en construction doivent
absolument siéger de façon majoritaire au sein du conseil
d'administration de cette future commission. Ce serait, à notre point de
vue, une grave erreur pour le gouvernement de tenter de faire du conseil
d'administration d'un organisme gouvernemental un genre de forum de discussion
sur l'ensemble des domaines visés par le projet de loi.
Si le gouvernement désire constituer un lieu de rencontre et de
discussion au sein duquel on pourrait y retrouver, par exemple, des
entrepreneurs, des représentants du gouvernement, des
municipalités, des consommateurs, des syndiqués, etc., nous lui
disons que le conseil d'administration de la Commission du bâtiment n'est
pas l'instance appropriée. Un tel comité, cependant, devrait
exister, mais à titre consultatif auprès de la commission afin de
lui donner un canal d'intervention par lequel il puisse, formellement, se faire
entendre à la commission et la surveiller.
Évidemment, si nous avions immédiatement l'assurance
législative que la Commission du bâtiment sera
véritablement administrée et dirigée par les entrepreneurs
en construction, notre approche serait sûrement différente, mais
tel n'est pas encore le cas, malheureusement.
Au point deux, le financement de la commission. Les entrepreneurs en
construction sont d'accord pour assurer l'autofinancement des activités
de la commission pour autant que leurs obligations financières
correspondent, d'une part, à des services qu'ils reçoivent ou
à des obligations qu'ils doivent assumer et, d'autre part, qu'ils aient
un pouvoir effectif de contrôle sur l'administration de cette
commission.
Nous nous opposons formellement, par contre, au financement basé
sur un pourcentage de la masse salariale ou sur un prélèvement
horaire. Toute forme d'augmentation horaire est rejetée d'emblée.
Si nous voulons assurer un sain contrôle des sommes utilisées et
une gestion rationnelle de nos investissements ou dépenses, nous devons
avoir constamment à l'esprit le coût occasionné à
l'entrepreneur et ce coût doit être clairement identifiable.
Nous privilégions une formule basée sur une somme fixe
exigible, somme cependant variable, d'une part, en fonction du volume
d'affaires ou des heures travaillées de l'entrepreneur et, d'autre part,
en fonction du type d'activité de chaque entreprise
(catégorie ou sous-catégorie). Cette Commission du
bâtiment ne doit pas devenir une nouvelle CSST tentaculaire et
incontrôlable. Tout le monde sait de quoi on veut parler.
Plusieurs questions se posent et elles sont demeurées, jusqu'ici,
sans réponse. Par exemple, à quel moment entreront en vigueur les
articles 267 et 268? Quelle sera l'importance du personnel
transféré? Aux articles 267 et 268, c'est le personnel qui est
transféré automatiquement à la commission. Comment se fera
le partage des coûts entre le gouvernement et la commission? La
durée de la période transitoire? Ces questions demandent des
réponses précises car elles ont une influence directe sur
l'autonomie de cette commission, sur son fonctionnement et sur son financement,
bien entendu.
Troisièmement, les garanties financières.
Évidemment, la FCQ souscrit à l'objectif d'accorder au
consommateur des protections en matière de travaux de construction.
D'ailleurs, dans la poursuite de cet objectif, nous gérons
déjà un plan de garantie de maisons neuves approuvé par le
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur ainsi que par la
5ociété canadienne d'hypothèques et de logement.
Le projet de loi, pour sa part, élargit la notion de garantie
jusqu'à l'exécution des obligations contractuelles et à la
conformité des travaux au Code de la construction. La
fédération ne peut évidemment que souscrire à
l'élargissement des protections actuellement accordées pour faire
en sorte que, dorénavant, la conformité des travaux au code soit
couverte par les plans de garantie.
Quant au deuxième volet de l'élargissement de la
protection de base portant sur la garantie de l'exécution des
obligations contractuelles, nous ne pouvons aucunement souscrire à une
telle prolongation des garanties. Nous devons faire en sorte que
l'élargissement de ces protections actuellement disponibles sur le
marché n'entraînent pas une augmentation des coûts si
considérable qu'elles deviennent financièrement
inaccessibles.
Nous devons cependant insister pour que le gouvernement consulte
préalablement les administrateurs des plans de garantie actuels afin de
profiter de leur expertise et de leur expérience dans le domaine. C'est
très important.
Nous sommes nécessairement prêts à collaborer afin
de débroussailler tout ce qui est visé par la notion de ces
garanties. En ce sens, nous proposons la mise sur pied d'un comité
conjoint composé de représentants du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur et de représentants des
plans de garantie actuels. Nous croyons que la diligence du travail de cette
équipe permettrait ia mise en oeuvre des contrats de garantie bien avant
le 1er juillet 1987 et ce, pour le plus grand bénéfice de la
protection des intérêts des consommateurs. C'est pourquoi, nous
demandons l'abolition du deuxième alinéa de l'article 281.
L'entrée en vigueur de la présente loi et l'entrée en
vigueur des articles 71 et 72 pourra se faire par proclamation à la
Gazette officielle du Québec.
La qualification. Nous pensons que c'est dès maintenant et ce,
dans la loi et non par règlement ou par entente subséquente,
qu'il doit être prévu que le milieu lui-même se
réglemente et se discipline. Nous croyons que seules les associations
vraiment représentatives, lesquelles ont déjà
été reconnues dans la réglementation et la
législation, devraient pouvoir être aptes à exercer la
responsabilité de qualifier les entrepreneurs en construction.
Nous désirons attirer l'attention des membres de cette commission
sur le fait qu'une telle délégation de la qualification ne peut
se faire non plus à chaque association d'entrepreneurs existant
présentement. Il y aurait alors danger d'interprétation et
d'application différentes des normes de qualification et de marchandage
de permis.
Pour pallier ce problème majeur, nous vous suggérons de
prévoir dans la loi la création d'un comité de
normalisation, de surveillance et d'appel en matière de qualification.
Un tel comité, dirigé par l'industrie privée, aurait
probablement l'avantage d'être plus efficace et d'engendrer des
coûts inférieurs à ceux que l'industrie de la construction
connaît présentement. La tendance actuelle est au regroupement,
les entrepreneurs se voyant déjà dans l'obligation
d'adhérer à un trop grand nombre d'associations pour l'obtention
de la gamme complète et nécessaire des services dont ils ont
besoin.
La notion d'entrepreneur. Nous avons, à plusieurs occasions
depuis septembre 1982, dénoncé auprès des ministres
concernés le fait qu'un hôpital - pour ne pas le nommer, le Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke - se soit fait octroyer par la
Régie des entreprises de contruction du Québec un permis
d'entrepreneur en construction pour la catégorie 4270, qui est celle
d'entrepreneur spécialisé en construction d'ascenseurs - est-ce
possible? -ou d'escaliers mécaniques, monte-charges, escaliers et
trottoirs roulants, et cela, en vertu des dispositions actuelles de la Loi sur
la qualification professionnelle des entrepreneurs.
Nous espérons aujourd'hui que le législateur saura
profiter de l'occasion qui lui est donnée par le projet de loi 53 pour
mettre fin à cette pratique d'octroyer à des corporations
publiques des permis d'entrepreneurs leur permettant de
soumissionner pour l'obtention de contrats de d'autres institutions et
de concurrencer l'industrie qui, elle, n'est pas subventionnée.
La solution serait de faire en sorte qu'il soit expressément
mentionné dans le texte de loi que les propriétaires
d'édifices publics, au sens de la Loi sur la sécurité dans
les édifices publics, ne puissent obtenir de permis de
constructeurs-propriétaires pour des travaux de construction autres que
d'entretien ou de réparation.
Aussi, en cas de faillite d'un entrepreneur, nous ne voyons pas non plus
pourquoi la loi permettrait à la Commission du bâtiment
d'émettre un permis d'entrepreneur au nom du syndic. Il ne faudrait pas
que le législateur, par le biais de la Loi sur le bâtiment,
introduise un nouvel intervenant extérieur au secteur de la construction
pour continuer des travaux de construction. Ainsi, donc, nous demandons
l'abolition pure et simple de l'article 70 du projet de loi 53. (11 h 30)
Une loi d'ordre public. Le document de travail qui nous avait
été remis en juillet dernier comprenait un article mentionnant
que les dispositions de cette future Loi sur le bâtiment seraient d'ordre
public. Nous avions alors mentionné notre satisfaction devant
l'intention manifestée par le gouvernement de faire de cette loi une loi
d'ordre public, même si cela impose des contraintes additionnelles et
fait supporter des risques importants aux entrepreneurs. Nous croyons que pour
assainir le milieu, c'est peut-être le prix qu'il faut payer.
Malheureusement, nous devons constater à regret que le projet de
loi 53 ne contient aucune disposition équivalente à cet article 8
de l'avant-projet. Or, l'absence d'un article rendant la loi 53 d'ordre public
aura pour effet, nous en sommes "convaincus, d'introduire dans les
différents contrats liant l'entrepreneur et le consommateur une
multitude de clauses libérant l'entrepreneur de suivre les règles
du code en raison du prix demandé et payé. En fait, c'est ouvrir
ta porte au marchandage de la qualité des travaux au détriment
même du consommateur et de l'entrepreneur soucieux de construire en
conformité des règles du code de construction et peut-être,
aussi, sanctionner la poursuite du travail au noir depuis si longtemps
dénoncé.
Dans l'intérêt de tous et comme entrepreneurs
sérieux, désireux de pro-fessionnaliser encore plus notre
industrie, nous désirons que cette loi ait des dents suffisamment
longues pour nous permettre d'éliminer ceux qui se font un point
d'honneur de contourner la loi ou les règlements et de mépriser
le consommateur.
Le point 7 et le dernier: L'attestation de conformité. Les
remarques qui suivent sont tributaires du fait que la loi soit ou ne soit pas
déclarée d'ordre public. Si cette loi n'est pas
déclarée d'ordre public, il sera toujours possible pour les
ingénieurs ou les architectes de stipuler dans les documents de
soumission ou dans les contrats, comme c'est de pratique assez courante
actuellement, que l'entrepreneur sera responsable même s'il y a erreur
dans les plans et devis.
Nous proposons au législateur d'introduire une procédure
similaire à celle qui existe actuellement aux articles 9 et 10 de la Loi
sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment. Seul
l'ingénieur ou l'architecte émet l'attestation de
conformité des travaux s'il a préparé les plans et devis
et s'il en a surveillé l'exécution. Pour sa part, l'entrepreneur
devrait émettre l'attestation de conformité s'il a
exécuté des travaux dont les plans et devis avaient
été préparés par un professionnel qui n'en avait
toutefois pas assuré la surveillance. Encore là, pour les
attestations de conformité, nous ne voulons pas de paperasse
supplémentaire ou de formulaire particulier à remplir.
En conclusion, M. le Président, nous voudrions faire comprendre
que la Fédération de la construction du Québec est
favorable à l'adoption rapide du projet de loi sur le bâtiment en
tenant compte de ces points majeurs et essentiels. L'esprit d'ouverture qui a
guidé les consultations préliminaires et les modifications que
nous avons déjà pu obtenir nous incitent à croire que le
gouvernement du Québec est sérieux lorsqu'il parle de
responsabiliser le milieu mais qu'il devrait l'écrire parce que cela se
lit beaucoup mieux.
Nous nous sommes efforcés, chaque fois que nous avons
dénoncé une partie de la loi d'indiquer une solution alternative
au législateur. Je crois qu'il est difficile d'être plus positif.
Les entrepreneurs en construction sont prêts à relever le
défi de la responsabilisation du milieu et cela fait longtemps qu'ils le
demandent. Si le gouvernement est prêt à conclure une association
sérieuse avec les entrepreneurs, nous lui disons: Allez-y et rapidement,
l'industrie de la construction et le consommateur québécois n'en
seront que mieux servis. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je veux remercier les
dirigeants de la Fédération de la construction du Québec
de leur présence parmi nous, non seulement du mémoire et des
représentations qu'ils nous font aujourd'hui mais de la très
étroite collaboration qu'ils nous ont accordée depuis
au-delà de deux ans et demi dans les différents travaux que nous
avons menés visant à en arriver au dépôt du projet
de loi sur le bâtiment. Le mémoire qui nous est
présenté contient un bon nombre de choses importantes. Je
vais faire des efforts pour me limiter aux contraintes que vous m'avez
données, M. le Président, mais... Je vous promets de faire des
efforts quitte à me faire rappeler à l'ordre.
Le premier point qui est abordé par la FCQ concerne la Commission
du bâtiment. Dans un premier temps, je dois dire que je suis conscient
des nombreuses demandes qui m'ont été faites quant à
l'importance de la représentation qui doit être accordée
aux entrepreneurs en construction au conseil d'administration de la Commission
du bâtiment. Je crois qu'on doit même dénoter qu'il y a une
constante quant à la demande de faire en sorte que ces gens soient
majoritaires au conseil d'administration.
Je vais vous dire qu'effectivement cela fait partie des choses qui sont
envisagées actuellement. Nous sommes conscients, comme je l'ai dit
à quelques reprises au cours de la journée d'hier, que nous
devrons apporter des précisions dans le texte de loi quant à la
composition du conseil d'administration, compte tenu des différentes
représentations qui ont été faites jusqu'à
maintenant, ce qui est, quant à moi, acquis à l'heure où
nous nous parlons. Quant au reste, vous comprendrez que je crois qu'il faut
permettre à la commission de terminer ses travaux avant de tirer des
conclusions finales sur l'ensemble des grandes questions qui ont
été abordées, et la question de ta composition de la
Commission du bâtiment, on doit le reconnaître, est une des grandes
questions qui ont été abordées par les différents
intervenants et qui le seront au cours des travaux que nous mènerons
d'ici à la fin de cette journée.
Quant aux conclusions qu'on peut tirer maintenant, aux décisions
qui sont déjà claires et que j'ai annoncées hier, je le
répète, et il est évident que nous allons apporter des
corrections au projet de loi visant à préciser à quelles
associations d'entrepreneurs nous faisons référence, tant au
niveau de la représentation à la Commission du bâtiment
qu'au niveau de - je pense que ce sont les deux points importants - la
participation ou de la consultation qui doit être faite auprès des
associations les plus représentatives quant aux différents
règlements qui seront élaborés par le gouvernement.
Je vais vous dire que ce dont on veut s'inspirer, c'est effectivement
les textes auxquels vous avez fait référence, qui touchent,
identifient clairement les quatre associations les plus représentatives
et les deux corporations de métiers qui sont déjà, par
exemple, présentes à la RECQ par la présence de
régisseurs-conseils.
Il est clair que c'est notre intention de procéder de cette
façon quant aux précisions à apporter. Je veux simplement
attirer aussi votre attention sur le fait suivant. Sans ouvrir un débat
large, quand vous dites: Si nous ne sommes pas majoritaires au sein du conseil
d'administration, on considère qu'il s'agit là d'un net recul
quant à la situation qui prévaut à la Régie des
entreprises en construction, vous me permettrez de diverger un peu d'opinion
avec vous, compte tenu du fait qu'il faut bien voir que, oui, il y a la
présence d'un régisseur-conseil provenant de chacune des
associations les plus représentatives et des deux corporations de
métiers à la Régie des entreprises en construction, mais
ils n'ont pas les pouvoirs dont la Commission du bâtiment est
dotée par le projet de loi.
Je pense que là-dessus il y a quand même une distinction
à établir entre les deux, ce qui, quant à moi, n'infirme
pas la pertinence du fond de la représentation que vous lui faites. Sur
l'idée du forum, effectivement, tel que vous semblez le voir, il est
évident que je partage votre point de vue. Ce n'est pas une table pour
jaser, de temps en temps, autour d'un bon verre où on demanderait
à tous les intervenants d'être présents. Dans ce sens, il
est évident que pris comme cela, notre intention n'est pas de
créer un forum de tous les agents qui interviennent directement ou
indirectement dans le monde de la construction ou le monde du bâtiment au
conseil d'administration de la Commission du bâtiment.
Toutefois, je vous dirai que nous voulons tout de même nous
assurer que ceux et celles qui ont une participation importante, un rôle
direct dans le monde de l'industrie du bâtiment au Québec y soient
présents dans la mesure du possible et je pense que, à terme,
tout le monde aura à gagner d'une telle situation.
On a pris l'exemple du monde municipal, hier. Je pense qu'on
reconnaît -cela a fait partie, dès les débuts, des travaux
qui ont été menés autour du projet -que toute la question
des normes équivalentes, c'est un gros problème pour les
entrepreneurs en construction et pour les professionnels du bâtiment. Je
pense qu'on a réussi, après des démarches qui ont
été très laborieuses, à faire en sorte qu'on
franchisse un pas important avec le monde municipal.
Il reste la question des normes supérieures qu'on a eu l'occasion
de débattre hier soir avec les deux unions des municipalités, qui
sont des questions beaucoup soulevées par la plupart des associations,
par les différents intervenants, les professionnels, tout ça. Je
pense que ce n'est pas en ayant une attitude où on dirait: Bon, on vous
verra peut-être à un conseil consultatif, ou on ira vous consulter
formellement, qu'on réussira à les faire embarquer encore plus
dans une démarche qui aurait pour but, dans la mesure du
possible, de faire en sorte que ce pouvoir qui leur restera au niveau
des normes supérieures soit utilisé avec rigueur et avec minutie
pour s'assurer, effectivement, que ça n'engendre pas un emballement et
une situation où on revivrait les problèmes qu'on voulait
abolir.
D'autre part, dans la mesure où le projet de loi autorisera
éventuellement la Commission du bâtiment, par exemple, à
déléguer à des municipalités, en totalité ou
en partie, l'application des codes, je pense qu'on a avantage à ce que
ces gens soient à la table pour qu'on puisse vraiment avoir une bonne
dynamique avec eux plutôt qu'une simple rencontre à l'occasion
où on ira leur dire: Oui, je pense qu'on s'en vient avec ceci ou
cela.
En ce sens, je partage un peu le sens que vous donnez à la notion
de forum. Je partage vos points de vue, mais, en contrepartie, je pense qu'il
faut qu'un certain nombre d'intervenants qui ne sont pas des entrepreneurs en
construction soient aussi présents au conseil d'administration. Pas
parce qu'il ne faut pas que vous soyez tout seuls. Ce n'est pas une
façon de dire: On ne veut pas vous laisser cela à vous tout
seuls. C'est une façon de dire: II y en a d'autres qui ont des choses
à faire dans le sens des préoccupations et des revendications que
vous avez mises de l'avant jusqu'à maintenant et qui, quant à
moi, devraient donc, en conséquence, être présents à
la commission.
Sur la question de la consultation des associations qui devront à
être représentées au conseil d'administration, là
aussi, nous avons l'intention d'apporter un amendement au projet de loi pour
que, formellement, il soit prévu un mécanisme de consultation.
C'est évident qu'on pense à quelque chose qui pourrait être
un peu dans le sens de ce qu'on retrouve dans la loi de la RECQ qui fait en
sorte que, oui, il y a un mécanisme formel de consultation, mais,
évidemment, que le ministre, à l'occasion, peut demander
d'ajouter des mots. C'est à peu près le sens de l'article de la
loi de la RECQ, de façon à faire en sorte que, en fin de compte,
la personne soit là aussi comme membre à part entière du
conseil d'administration, et non seulement comme déléguée
d'une association. Je pense que, là-dessus, on a eu l'occasion d'en
discuter et qu'on s'était bien compris.
Sur la question de l'article 177, effectivement, c'est une erreur; il y
a une correction en préparation.
Quant au financement de la Commission du bâtiment, là aussi
je crois que vous nous apportez des propositions qui sont très
intéressantes. D'abord, il est important de rappeler que la raison pour
laquelle on retrouve un article, un alinéa qui permettrait d'aller du
côté de la masse salariale pour en arriver au financement des
coûts générés par un secteur d'activité de la
Commission du bâtiment, c'est qu'on voulait s'assurer que, dans le projet
de loi, il y ait vraiment l'ensemble de la gamme des moyens possibles pouvant
être retenus par un secteur d'activité pour payer sa quote-part,
au fond, les coûts générés par l'activité de
son milieu, de son secteur. À un point tel qu'il y a quand même la
Corporation des maîtres électriciens du Québec qui, en
partie, paie les coûts qu'elle génère à la Direction
générale de l'inspection par un prélèvement sur la
masse salariale.
C'était vraiment dans ce sens, mais ce n'était pas
l'intention du gouvernement d'imposer à un secteur d'activité
d'utiliser cette formule plutôt qu'une autre ou d'imposer à tous
les secteurs d'activité d'y aller par la masse salariale puisque, de
toute façon, c'est au niveau de la Commission du bâtiment que
seront définis les modes d'autofinancement, j'imagine, en consultation
avec les secteurs d'activité.
Cela dit, je pense que la proposition que vous nous faites est
extrêmement intéressante et pourrait peut-être même
permettre d'éliminer carrément du projet de loi la disposition
à laquelle je faisais référence et que vous avez en
tête aussi. D'une part, une somme fixe pour chacune des catégories
de licences, il y a déjà des dispositions dans le projet de loi
qui y font référence. C'est un peu la pratique, actuellement, et
je pense qu'elle doit être maintenue.
D'autre part, quand vous parlez d'une somme variable en fonction du
volume d'affaires et des heures travaillées des entrepreneurs, cela nous
permet justement d'aller chercher tout ce qu'il faut aller chercher. Je pense
notamment aux artisans. C'est évident qu'il faudra qu'ils y contribuent
aussi, comme l'ensemble des autres. Je m'engage à regarder très
sérieusement ta proposition que vous nous faites et je vous
répète que la masse salariale ne fait pas partie de mes fixations
avant de me coucher le soir. C'est plutôt les outils qu'on voulait mettre
à la disposition de la commission pour financer ses activités,
d'autant plus que déjà, comme je le disais tantôt, au moins
un groupe utilise en partie cette façon pour financer les coûts
qu'il engendre à la Direction générale de l'inspection.
(11 h 45)
Quant à la question du personnel, il est clair que dans notre
esprit... Évidemment, on devra le préciser en cours de route,
mais j'imagine que les transferts ne pourront pas se faire avant au moins qu'on
ait créé le conseil d'administration de la Commission du
bâtiment et qu'il se soit un peu installé. Cela fera justement
partie des premiers sujets de discussion parce qu'il y aura une interrelation
extraordinaire, entre la Commission du bâtiment et le ministre de
l'Habitation, qui sera presque hebdomadaire. Il faudra qu'on se voie, surtout
dans les
premiers temps. Cela fera partie des premiers sujets que l'on devra
discuter, à savoir à quel moment la commission se sentira
prête à accueillir les fonctionnaires de la Régie des
entreprises en construction et de la Direction générale de
l'inspection.
Il est clair dans mon esprit qu'au départ, mises à part
peut-être les situations où on se retrouve avec tel personnel de
secrétariat qui pourrait faire les mêmes jobs, quant au reste,
tout le monde devra s'en aller à la Commission du bâtiment, parce
qu'il est évident aussi à terme, il est possible, dis-je, que la
Commission du bâtiment nous dise que, compte tenu des succès
vérifiés et observés sur le terrain des programmes
d'autocontrôle, des attestations de conformité, des plans de
garantie, de toute la responsabilisation du milieu, effectivement on a atteint
une plus grande qualité des travaux de construction et une plus grande
sécurité des édifices publics. Si, à ce
moment-là, on nous dit et on pense qu'effectivement il y a moyen de
rationaliser les équipes qui effectuaient le travail, évidemment,
je pense qu'on pourra l'envisager ensemble, mais il est évident qu'au
départ, cela ne doit pas être un objectif en soi tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas atteint l'objectif fondamental qui est vraiment de
s'assurer d'une bonne qualité des travaux de construction et d'une bonne
sécurité du public qui fréquente les édifices
publics. Je pense que cela ne peut pas venir avant, compte tenu de choses qui,
quant à moi, relèvent de l'évidence naturelle.
Quant au délai pour l'autofinancement de la loi, compte tenu,
entre autres, de ces facteurs-là, c'est mon intention d'ajouter un
amendement à l'article 141 où on dit: "La commission finance ses
activités à même les revenus qu'elle perçoit. "
Donc, au fond, c'est l'article qui ouvre la voie à l'autofinancement de
la commission. C'est mon intention d'apporter un amendement qui
prévoirait une période de cinq ans. Donc il s'agirait d'inscrire
formellement au niveau législatif que ce n'est pas du jour au lendemain,
ou qu'en tout temps le gouvernement pourrait dire: Appliquez l'article 141. Il
serait prévu un délai jugé satisfaisant pour en arriver
là, compte tenu de toutes les discussions qu'on a eues là-dessus
et qu'on aura, j'imagine bien.
Quant au coût particulier que pourrait engendrer, par exemple,
l'administration de la Loi sur la fonction publique, eu égard à
la question des mises en disponibilité, dans la mesure où
à terme on en arrivera là, il est clair qu'il devra y avoir des
discussions avec la Commission du bâtiment. Dans la mesure où le
gouvernement dirait: Non, il ne doit pas y avoir de mises en
disponibilité, une décision comme celle-là impliquera une
participation évidente du gouvernement au coût qu'engendrerait une
telle décision, mais je pense qu'on sera en mesure de voir cela rendu
là, compte tenu qu'on se donne une période de cinq ans pour
vraiment vivre cela graduellement.
Sur la question des garanties financières... Sur la question de
l'exécution des obligations contractuelles, on est d'accord avec vous.
Effectivement, le texte de loi est écrit de cette façon, nous
disent les légistes, parce que cela fait référence
à l'article qui nous autorise à adopter un règlement. Ce
qui fait donc que le règlement pourrait être plus restrictif que
l'article qui ouvre la porte au plan de garantie. Mais moi, depuis les tout
débuts, chaque fois que je le lis, je dis: Non, ce n'est pas ce que l'on
veut. Alors, on va essayer de le baliser de nouveau, de façon à
avoir l'assurance, non seulement au niveau du discours mais au niveau
législatif, qu'on ne vise d'aucune façon que les plans de
garanties couvrent jusqu'à l'exécution des obligations
contractuelles, notamment, compte tenu des représentations que vous nous
avez faites.
Quant à l'idée qu'il faudra, évidemment, une
consultation du milieu, notamment de ceux et celles qui offrent
déjà des plans de garantie, en ce qui concerne
l'élaboration du règlement, cela me semble aller de soi. Je pense
qu'il y en a eu une préalable avant qu'on autorise ces plans pour
Corvée-habitation et on n'a pas l'intention d'essayer de
réinventer le bouton à quatre trous. On pense qu'il y en a qui
ont trouvé un peu comment cela pouvait être fait, un bouton
à quatre trous. Si vous voulez des plans de garantie, je pense que c'est
avec vous qu'on devra le faire, d'autant plus que, par la suite, vous serez
responsables d'appliquer ces règlements. Je pense que c'est vraiment
ensemble qu'il faudra le faire. 5ur la question du 1er juillet 1987, encore une
fois, je suis heureux d'entendre les intervenants me dire qu'il y a moyen
d'arriver bien avant cela à la conclusion d'un règlement,
puisque, de toute façon, quant à moi, c'est une coquille. J'ai
toujours demandé le 1er juillet 1986. C'est donc une coquille contenue
au projet de loi; ce dernier, par l'introduction d'un papillon, sera
corrigé pour que ce soit le 1er juillet 1986. Je pense qu'un an, c'est
suffisant pour qu'on réussisse, compte tenu de l'expérience qu'on
a en la matière. C'est suffisant pour qu'on en arrive à adopter
un règlement sur les plans de garantie, d'autant plus que je pense qu'il
est important qu'on y arrive. Deux ans, j'ai l'impression que ce serait le
genre de chose où on se dirait: "on a du temps devant nous" et qu'on
reporterait toujours au lendemain. Finalement, après deux ans, on n'y
serait pas encore arrivé. Je pense qu'un an, ce sera suffisant; Donc, je
suis heureux des remarques que vous me faites.
Sur la question de la qualification, j'avoue que là il y a un
certain nombre de
questions très intéressantes qui sont soulevées par
votre organisme. D'une part, dans la mesure où vous seriez vous, les
entrepreneurs, associations et corporations de métiers, majoritaires
à la Commission du bâtiment, est-ce qu'il est utile de
recréer un sous-comité pour s'occuper de qualification? J'avoue
que je m'interroge là-dessus. Je réfléchis un peu à
haute voix avec vous. Finalement, on recréerait un genre de RECQ dans la
Commission du bâtiment; je ne suis pas sûr que ce serait vraiment
un pas en avant. En tout cas, je pense que c'est une des questions qu'il faut
se poser.
Quant è la délégation à une association
unimétier, hier, on a eu les représentations de la Corporation
des maîtres en réfrigération du Québec qui sont
venus nous demander, éventuellement, que la commission leur
délègue la qualification de leurs membres. Évidemment,
j'ai soulevé des objections qui sont contenues dans votre
mémoire. Un élément qui me frappe toutefois dans la
représentation qu'ils nous font, c'est qu'ils sont les seuls à
avoir un code de sécurité particulier parmi ceux qui ne sont pas
compris dans les quatre associations et les deux corporations de
métiers. Je ne sais pas quelle est votre réaction quant à
cela et si vous maintenez votre position.
Sur la notion d'entrepreneur, évidemment, je pense que vos
représentations quant aux cas soulevés sont pertinentes. Il faut
toutefois s'assurer qu'on va réussir a bien baliser cela
législativement, sans aller au-delà de ce qu'on veut faire. Il ne
faut pas oublier, par exemple, qu'il y a des organismes importants qui agissent
comme constructeurs-propriétaires pour leurs propres travaux. Je pense
que l'objet de votre demande n'est pas de les empêcher, dans la mesure
où ils se qualifient, de le faire. C'est vraiment de faire en sorte de
trouver une solution à la situation que vous dénoncez, à
savoir qu'un corps public qui n'a pas comme principal but de faire de la
construction se voit autorisé à aller en faire ailleurs que chez
eux. Ce n'est peut-être pas simple à régler, mais on
partage les mêmes préoccupations.
Pour ce qui est du syndic, vous proposez aussi 90 jours. Cela nous a
été proposé hier. Idéalement, vous proposez que ce
ne soit pas possible pour le syndic de fonctionner par lui-même. J'avoue
que, de toute façon, il me semble que cela doive aller de soi qu'il doit
engager un entrepreneur qualifié. Ce n'est pas lui avec ses deux mains
qui va aller terminer les travaux. Qu'il y ait une mesure de balise quant
à la période de temps où il y a une période de
flottement, c'est peut-être intéressant. En tout cas, on va
essayer de regarder cela pour trouver une solution qui nous permette de
répondre a vos préoccupations et à celles des autres, qui
sont partagées essentiellement par nous aussi.
En ce qui regarde l'ordre public, je comprends votre point de vue. Vous
avez eu l'occasion de me le présenter, de le défendre avec
beaucoup d'éloquence, comme tous les autres jusqu'à maintenant.
Hier, j'ai évoqué une possibilité auprès de la
CMMTQ. Je crois qu'on pourrait, au minimum, compte tenu des
inconvénients que pourrait créer l'introduction d'une notion
d'ordre public, point à la ligne, au minimum, on pourrait
peut-être envisager une mesure semblable à celle que l'on retrouve
pour la loi de l'Office de la protection du consommateur. On l'adopterait, pas
au mot à mot, mais au fond pour qu'elle dise que si le consommateur
demande la nullité, évidemment, s'il n'avait pas son permis, il
pourrait le faire.
Une des craintes qu'on a, on l'a évoquée avec les juristes
de la CMMTQ hier. Si, par exemple, un entrepreneur ne remet pas l'attestation
de conformité, n'importe quel tribunal, à un moment donné,
peut automatiquement annuler le contrat. On considère que c'est une
grosse sanction pour l'entrepreneur. Hier, on m'a donné une
réponse affirmative, mais à ce moment, voyant que le contrat va
être annulé, il va émettre l'attestation de garantie, mais
il y a un délai prévu dans la loi quant au temps requis pour
remettre l'attestation de conformité. Un jour, il va être trop
tard pour poser le geste qui corrigera ce qui pourrait créer
l'annulation du contrat. C'est de la même façon en ce qui concerne
les déclarations de travaux. En tout cas, c'est seulement que je veux
être sûr qu'on diminue les inconvénients que pourrait
créer une telle chose. On regarde cela sérieusement et on tente
de trouver une solution.
Sur la question des attestations de conformité, on est en train
d'essayer de regarder cela. Je pense qu'il y a déjà quand
même un certain nombre de choses dans le projet de loi, notamment
à l'article 181 qui dit qu'un entrepreneur
constructeur-propriétaire ne peut être - oui, j'ai fini, M. le
Président - reconnu coupable d'avoir contrevenu au Code de construction
s'il démontre que la non-conformité du bâtiment à ce
code résulte des plans et devis préparés par un architecte
et un ingénieur. L'entrepreneur constructeur-propriétaire ne peut
se prévaloir du premier alinéa si les plans et devis contenaient
une erreur manifeste qu'il aurait dû constater. Il me semble que cela va
quand même dans le sens des préoccupations que vous
évoquez. Je suis prêt à essayer de regarder cela, compte
tenu, d'autant plus, du petit mot que me transmet le président.
Voici les points importants sur lesquels je voulais réagir
auprès de vous, vous donner des indications, vous faire connaître
nos
intentions compte tenu des représentations que vous nous avez
faites. J'ai regardé rapidement, il y a quelques minutes, le document
complémentaire que vous avez soumis quant à des points techniques
sur un certain nombre d'articles. On va regarder cela, quitte à un
moment donné à ce que nos gens contactent les vôtres pour
essayer de comprendre des choses s'il y a lieu.
En concluant, je vous remercie encore de toute la collaboration que vous
nous avez accordée et de l'appui que vous réaffirmez au projet de
loi dans le mémoire que vous avez déposé ce matin. Je veux
vous indiquer que nous avons l'intention de poursuivre dans la voie sur
laquelle nous avons travaillé au cours des deux dernières
années. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que vous avez
des commentaires à la suite des propos du ministre?
M. Linteau: Oui. Est-ce que mes collègues ont des choses
à ajouter?
M. Paris (Michel): M. le Président, au chapitre du
financement de la Commission du bâtiment, on voudrait tout simplement
attirer l'attention de cette commission sur la possibilité è
l'article 142 où on mentionne expressément la masse salariale,
qui est l'article habilitant en ce qui concerne les cotisations, le
prélèvement des cotisations futures. Il est possible, compte tenu
de la rédaction actuelle du paragraphe 3 de l'article 142, que dans
l'avenir le règlement ne puisse pas sous-catégoriser, comme on
veut le faire, les prélèvements des cotisations pour le
financement de la commission.
Également, dans les notes complémentaires, on ajoute une
disposition qui en abroge une sur la perception des amendes. Lorsque les
poursuites en vertu de la Loi sur le bâtiment seront intentées par
le Procureur général, on demande que ces amendes aillent au fonds
consolidé du revenu. Cela va, mais lorsque ce sera la Commission du
bâtiment qui entreprendra les recours, on voudrait que les amendes
perçues ou les sommes perçues aillent au fonds de la Commission
du bâtiment.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques, rapidement?
M. Rochefort: M. le Président, là-dessus,
effectivement, vous avez raison quant au contenu de l'article 142. Comme je
pensais avoir été clair, je vais le réaffirmer. On est en
train d'essayer de le baliser, mais compte tenu des discussions qu'on a eues
avec vous et qu'on aura, on a un bon mémoire sur la question du
financement de l'ACRGTQ qu'on discutera cet après-midi, peut-être
que même cela pourra sauter. Dans notre cas, il est clair que nos
intentions sont celles que j'ai exprimées et on le balisera si on devait
le maintenir. D'autre part, il ne faut pas oublier aussi l'article 174, 32e
alinéa, deuxième paragraphe qui dit: "Un règlement
adopté en vertu des paragraphes 18 à 20 + ceux de
l'autofinancement - tient compte des coûts occasionnés à la
commission par le type d'activités exercées par les
différents entrepreneurs propriétaires de bâtiment,
d'équipement... ". Alors, c'est quand même là un sens.
Là aussi, je pense, il faut le baliser. (12 heures)
Quant aux amendes, je pense qu'on a eu l'occasion d'en discuter hier.
Vous étiez peut-être présent. Nous avions mis initialement
dans notre projet de loi que les amendes devraient aller à la commission
quand cela ferait suite à des poursuites intentées par la
commission. On nous dit, au comité de législation, que la
pratique à partir de maintenant - je ne sais pas quand était le
maintenant, en tout cas - à partir de maintenant, que tout cela s'en
aille au fonds consolidé, compte tenu de beaucoup de
représentations qui ont été faites disant que c'est
souvent une façon de s'autofinancer et que, finalement, cela oriente la
façon d'entreprendre les poursuites. On va essayer de revoir comment on
pourrait faire en sorte d'au moins en garder une portion. On est ouvert, on
trouve cela intéressant comme formule. On va essayer de voir comment on
pourrait convaincre le comité de législation de...
M. Paris: Un autre point, M. le Président, si vous me le
permettez, concernant le conseil d'administration de la future Commission du
bâtiment. Effectivement, on est bien heureux d'entendre ce qui a
été dit tout à l'heure. Seulement, on voudrait mettre en
garde également le fait qu'il ne faut absolument pas que les
entrepreneurs en construction du Québec soient noyautés à
l'intérieur de la future Commission du bâtiment. Je pense que cela
s'en va dans le sens contraire, ce qui est heureux. Seulement, on
mentionne...
M. Rochefort:... attention à cet effet-là.
M. Paris: C'est cela. Seulement, compte tenu des pouvoirs que la
commission aura en matière de surveillance d'émission de permis,
de cotisation, etc., il n'est pas nécessaire en vertu de ce qu'on lit
sur les administrations publiques que ces organismes à fonctions
régulatrices reprennent à l'intérieur de leur conseil
d'administration tous les intérêts socio-économiques des
intervenants, des différents intervenants qui seraient visés par
le projet de loi.
En ce qui concerne les plans de
garantie, il n'y a rien dans le projet de loi présentement qui
les reconnaît entre la date d'entrée en vigueur des futurs plans
de garantie qui reprendraient les termes des articles 71 et 72
rebalisés. On aimerait que les plans de garantie existants soient
reconnus, qu'il n'y ait pas de moratoire concernant les plans de garantie, que
la situation actuelle soit reconnue dans la loi comme mesure transitoire.
M. Rochefort: On sait que ces plans ont été
autorisés et utilisés pleinement au cours de
Corvée-habitation. Deuxièmement, la pratique découlant de
ce qu'on a vécu dans Corvée-habitation fait en sorte que,
j'imagine, vous continuez à accréditer bon nombre de vos
constructions comme j'imagine que c'est le cas à l'APCHQ aussi,
même depuis la fin de Corvée-habitation. On a toujours
indiqué qu'il n'était pas de notre intention d'intervenir dans
les plans de garantie avant, justement, qu'on en arrive au règlement. Il
faut bien voir que si on commence à les reconnaître et à
dire: Oui, mais compte tenu de quelques expériences qu'on a
vécues dans Corvée-habitation, on va apporter tout de suite une
ou deux précisions, un ou deux ajouts, je trouve qu'on commence à
y aller à la pièce et cela me semble dangereux pour les plans que
vous avez actuellement, potentiellement pour les consommateurs et aussi quant
aux règlements qu'on veut adopter.
Je pense que, compte tenu, entre autres, de l'ouverture d'esprit que
vous avez manifestée tantôt, de la correction de la coquille qu'il
y a au projet de loi, si on peut en arriver rapidement dans les prochains mois
à un règlement sur les plans de garantie, eh bien, mon Dieu, la
période transitoire n'aura pas été trop longue. De toute
façon, vos plans continuent d'être utilisés pleinement dans
la mesure où vos entrepreneurs et les gens pour qui ils construisent des
maisons souhaitent les utiliser.
M. Paris: Je demande une dernière fois, M. le
Président, s'il y aurait lieu que, dans la loi, on oblige, comme on va
vouloir le faire pour l'avenir, les entrepreneurs qui seront tenus de donner un
plan de garantie, de participer, d'adhérer immédiatement au plan
de garantie actuel.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je remercie le
groupe de la Fédération de la construction du Québec pour
son intéressant mémoire. Je suis convaincu que les petites
flèches qui ont été lancées au tout début
n'étaient pas envers le bon ministre, mais probablement envers le
méchant porte-parole de l'Opposition.
Cela dit, je voudrais vous dire que, comme législateur, on ne
peut pas se refuser d'entendre des gens qui peuvent nous apporter un
éclairage avant l'adoption d'un projet de loi aussi important. Il est
aussi important aux entrepreneurs en construction.
Maintenant je passerai aux questions. Je pense que la partie la plus
importante de ce projet de loi est la Commission du bâtiment. Est-ce que,
comme fédération, dans le domaine de la construction, vous
trouvez que le nombre de membres de quinze est suffisant ou trop grand?
M. Linteau: Compte tenu que les entrepreneurs ont
été habitués au fait que cela fonctionne, il faut que ce
soit actif, je pense qu'un conseil d'administration de quinze est
déjà imposant. C'est dans ce sens qu'on ne voulait pas augmenter
le nombre d'administrateurs, mais plutôt former un genre de comité
consultatif. Il faut que les décisions se prennent et que cela soit
efficace. Je pense que quinze est un maximum en ce qui nous concerne.
M. Middlemiss: D'autres associations qui ont été
entendues hier ont suggéré neuf membres? Est-ce que vous croyez
que le nombre neuf serait suffisant pour que la Commission du bâtiment
accomplisse le rôle qu'on veut lui donner?
M. Linteau: En fonction de ce qui nous a été
présenté comme document de travail et du nombre de personnes qui
devaient faire partie du conseil d'administration, je crois que neuf, ce n'est
pas suffisant. Â un moment donné, on a fait le décompte des
personnes qui devaient être présentes au conseil d'administration
et on en comptait un minimum de sept. Cela voulait dire qu'il restait deux
places pour l'entrepreneur si vous partez du calcul de neuf. Dans le sens
où le projet de loi va nous garantir la majorité au sein du
conseil d'administration, les entrepreneurs de construction, je pense que le
nombre est en fonction de tout cela. On veut être assuré
d'être majoritaires, parce qu'on veut responsabiliser le milieu. Je pense
que cela commence là. Le nombre va être en fonction de tout
cela.
M. Middlemiss: Maintenant, puisque le bureau de direction va
prendre les décisions ou responsabiliser, est-ce que vous croyez que
chaque membre qui va faire partie de cette commission devrait cotiser à
l'autofinancement de la commission elle-même?
M. Linteau: Vous voulez dire chaque participant, par exemple,
s'il y a un syndiqué qui représente le monde syndical qui aurait
une part de cotisation? Je ne pense pas que
ce serait bon de le faire. C'est une chose sur laquelle on a
discuté. Nous croyons que la commission peut s'autofinancer avec les
formules qui sont suggérées sans pour ainsi dire que si nous
allons chercher un consommateur et que nous sommes conscients que le
consommateur est impliqué dans ce projet, il doive nécessairement
y participer et surveiller la commission. Je vois très mal comment lui
faire payer une contribution. Je pense que le système de financement
qu'on propose est assez large et englobe tout cela.
M. Middlemiss: La commission, c'est pour vous responsabiliser et
vous faire prendre les décisions d'ordre économique. Alors...
M. Linteau: Et économique.
M. Middlemiss:... si les participants n'ont pas tous une
responsabilité financière dans leurs décisions, est-ce que
cela crée un climat de vouloir être économique?
M. Linteau: On part du principe qu'on est majoritaire. Donc, si
on est majoritaire, la commission va s'autofinancer mais à un coût
accessible pour tout le monde. J'aimerais pouvoir vous donner des exemples mais
on n'en a pas. Ce n'est sûrement pas avec la régie qu'on peut vous
donner un exemple parce que d'ailleurs, on en parle, pour nous, c'est un net
recul parce que les entrepreneurs qui sont là n'ont pas le droit de
parole, alors, ils n'ont pas le droit de vote. Est-ce bien cela, M.
Lafontaine?
M. Lafontaine (René): Sauf sur la
réglementation.
M. Linteau: Sauf sur la réglementation. C'est pour cela
qu'on dit que les coûts vont être en fonction des décisions
qui vont être prises et si les entrepreneurs, majoritairement, sont
là, les coûts vont être en fonction. On n'est pas
intéressé de payer plus cher qu'on paie actuellement.
M. Middlemiss: D'accord. Quant au poste de président, cela
va être une personne qui ne peut pas être du domaine de la
construction à cause de la possibilité du conflit
d'intérêts. De quel milieu, croyez-vous, devrait provenir le
président?
M. Linteau: Si vous calculez qu'au Québec il y a environ
15 000 entreprises de construction, il y a sûrement des entrepreneurs qui
ont atteint un certain degré de satisfaction ou qui veulent modifier
leur carrière qui pourraient assumer la présidence d'une
commission comme celle-ci et qui seraient issus du domaine de la construction.
Vous savez combien est vaste le domaine de la construction. Nous croyons qu'il
faut nécessairement que ce soit un type du milieu. Je suis convaincu
que, demain matin, vous pourriez avoir une liste de sujets qui serait
drôlement intéressante avec des bonshommes compétents.
M. Middlemiss: On va aborder le financement.
M. Linteau: On voit mal un professeur être président
de la Commission du bâtiment. J'ai dit un professeur mais j'aurais pu
dire un ministre ou un député.
M. Middlemiss: J'espère que ce n'est pas la même
chose pour un ingénieur.
M. Linteau: Non.
M. Middlemiss: Merci.
M. Linteau: La plupart sont associés au domaine de la
construction.
M. Rochefort: C'est quand même un vent de pessimisme, M. le
député de Pontiac que vous pensiez à un ingénieur
par référence au ministre.
M. Middlemiss: Non, je ne parlais pas de vous.
M. Rochefort: Peut-être que vous croyez que vous allez
avoir besoin de trouver un emploi après l'élection?
M. Middlemiss: Non, pas du tout.
M. Rochefort: Vous êtes pessimiste ce matin.
M. Middlemiss: M. le ministre, je peux bien
réintégrer la fonction que j'ai accomplie pendant 20 ans avant de
venir en politique.
M. Rochefort: Je n'en doute pas. M. Middlemiss: Sans
problème.
M. Rochefort: Mais c'est le vent de pessimisme qui
m'inquiète.
M. Middlemiss: Avec les résultats de lundi dernier...
M. Rochefort: C'est cela.
M. Middlemiss:... on est bien optimistes. Décidez-vous,
vous verrez. Sur le financement qui est très important, est-ce que vous
avez une idée de ce que sera le coût de cette Commission du
bâtiment?
M. Linteau: C'est un gros point d'interrogation. D'ailleurs vous
remarquerez que dans nos revendications depuis le début,
soit depuis un an et demi, c'est notre problème majeur. Je crois
que le gouvernement est dans la même situation, c'est complètement
nouveau et c'est assez difficile de mettre des chiffres au bout de tout cela,
compte tenu de ce qui existe actuellement et de ce qui viendra. On tient bon
compte de ce qui est proposé comme réglementation:
l'autocontrôle, les attestations de conformité. Ce sont toutes des
choses qui vont faire disparaître un paquet d'inspecteurs, un paquet de
paperasses, de demandes et de dépenses superflues qu'actuellement on est
obligé d'assumer. Cela va sûrement compenser et il y a moyen de
trouver une formule mais la formule est à étudier et c'est pour
cela qu'on est ouvert dans le projet et qu'on a des suggestions, mais cela fait
peur à tout le monde.
M. Middlemiss: Donc, sans réellement savoir, vous
êtes convaincu que cela ne se traduira pas par une augmentation des
coûts dans le domaine de la construction?
M. Linteau: II ne faut pas.
M. Middlemiss: Je suis parfaitement d'accord qu'il ne faut pas,
mais même sans le savoir, vous êtes convaincu que cela n'est pas le
cas.
M. Linteau: Non, je ne suis pas convaincu.
M. Middlemiss: Vous n'êtes pas convaincu.
M. Linteau: Mais c'est ce vers quoi il va falloir tendre.
M. Middlemiss: Si par hasard il y a un coût additionnel,
qui va le payer?
M. Linteau: Je pense que le projet de loi l'a dit assez
clairement. La commission doit s'autofinancer.
M. Middlemiss: Donc, cela veut dire en d'autres mots que si cela
en coûte plus cher aux entrepreneurs pour fonctionner, le consommateur en
fin de compte va être obligé d'absorber ces coûts. C'est
normal; ce n'est pas méchant, ce que je vous dis.
M. Linteau: Je pense que vous êtes réaliste. En fin
de compte, que vous preniez n'importe quoi ou n'importe quelle loi, c'est
toujours le consommateur à la fin qui va payer. De toute façon
actuellement c'est l'entrepreneur et le consommateur qui paient aussi.
L'inspection qui se fait actuellement et qui coûte les yeux de la
tête, c'est le consommateur qui paie aussi. D'une façon, nous
prétendons que si nous administrons cette commission, cela va
s'administrer à des coûts palpables et contrôlables. C'est
là le gros du projet de loi. (12 h 15)
M. Middlemiss: Vous avez mentionné qu'actuellement on a
énormément d'inspecteurs, etc. Est-ce que la Commission du
bâtiment ne deviendra pas responsable des employés qui travaillent
présentement è la RECQ et la partie des inspections du
ministère de l'Habitation?
M. Linteau: Oui, c'est peut-être le point qui nous
chatouille le plus. Écoutez, demain matin c'est 800 à 900,
peut-être 1000 fonctionnaires qui vont être gérés par
l'entreprise privée parce que le conseil d'administration,
majoritairement, va être composé d'entrepreneurs. Cela va
créer, je ne sais pas... Je pense que c'est une première mais
c'est peut-être bon. 5auf que, comme le ministre le disait tout à
l'heure, en tout cas, j'imagine, ce n'est pas écrit dans le projet de
loi qui sera transféré dans la Commission du bâtiment,
c'est le personnel. Il y a certaines personnes qui vont devoir être
réintégrées dans la fonction publique ailleurs que dans la
Commission du bâtiment, je n'ai aucun doute là-dessus. Dans le
projet de loi on dit que les inspecteurs, on veut les éliminer ou les
diminuer de 50 %. Alors, si on fait transférer 100 %, l'autre 50 %
qu'est-ce qu'on fait avec? Je pense que cela va dans la cuisine du projet de
loi et c'est dans ce sens que nous, on l'a vu. Il ne faut pas que demain matin,
on prenne ce qui existe actuellement et qu'on administre cela, je pense que
c'est assez clair.
M. Middlemiss: Je pourrais peut-être poser la question au
ministre. Selon le projet de loi, est-ce que ce sont tous les employés
de ces deux unités qui sont transférés directement
à la Commission du bâtiment?
M. Rochefort: Comme j'ai eu l'occasion de le dire tantôt
dans mes commentaires à la suite des représentations de M.
Linteau, il est clair qu'au départ, mis à part peut-être un
certain nombre de postes que je considère être très peu
nombreux où, vraiment, compte tenu de la fusion des deux organismes en
un seul, il peut possiblement y avoir du chevauchement, mis à part les
cas qui seraient concernés par ce type de chevauchement, au
départ, il est évident que tout le personnel de la RECQ et de la
DGI va s'en aller à la Commission du bâtiment.
Comme je l'ai dit et je le répète, je pense que ce serait
irresponsable de la part de tout le monde, qu'avant même que les
programmes d'autocontrôle, que le fonctionnement de l'attestation de
conformité, que les plans de garantie, donc que tout le mécanisme
de responsabilisation du milieu donne ses effets véritables sur le
terrain, tout le monde qui nous regarderait, commencerait à dire
qu'on va faire moins d'inspection, qu'on va faire moins de contrôle. On
nous dirait: Vous êtes irresponsables. Il va y avoir un vide à un
moment donné parce qu'il ne faut pas oublier que ce dont on parle quand
on parle du projet de loi 53, c'est de la qualité des constructions qui
s'effectuent au Québec et on parle de la sécurité qui
existe dans les édifices publics.
Je pense qu'an a tous intérêt à s'assurer que cette
qualité et cette sécurité, non seulement soient maintenues
mais que dans la mesure du possible - c'est l'objectif du projet de loi - nous
réussissions à l'améliorer non pas par une augmentation de
contrôles gouvernementaux et par une augmentation du nombre des
inspecteurs mais bien plus par une plus grande responsabilisation du milieu,
les programmes d'autocontrôle, etc.
Je dis qu'à terme, il est fort possible que compte tenu des
résultats que nous aurons observés, concrètement
vérifiés sur le terrain, au niveau de l'amélioration de la
qualité et de la sécurité des édifices publics,
là on en arrive à la conclusion que tous ces mécanismes de
responsabilisation peuvent maintenant prendre le pas sur des mécanismes
de contrôle et d'inspection.
C'est un petit peu le sens de la réponse que je fournissais
à M. Linteau. C'est ce qui explique que pour nous on ajoute un
amendement qui dit que l'autofinancement va être sur cinq ans pour se
donner le temps de le prendre graduellement. Deuxièmement, ce que j'ai
dit, c'est que si jamais on devait arriver à cette conclusion, il y a du
personnel dont les services ne sont plus requis compte tenu de
l'efficacité et de l'efficience des différents
éléments qui découlent de la responsabilisation du milieu,
il est clair que le gouvernement verra à prendre ses
responsabilités, à la fois à l'endroit de la Commission du
bâtiment mais aussi à l'endroit de ceux et celles qui ont
assumé ces responsabilités d'inspecteur au cours des
années et dont le Québec a pu profiter pleinement des services.
On verra ce que c'est au niveau de la réaffectation ou
différentes choses comme celles-là. Il est clair que tout cela
devra se faire correctement à l'endroit de tout le monde et ultimement
à l'endroit du public qui se fait construire ou qui fréquente les
édifices publics.
M. Middlemiss: Cette transition va...
M. Rochefort: M. le député, on m'apporte une
précision importante. Il est clair que toute la responsabilité
qui incombe au gouvernement et qui est maintenue au gouvernement au sujet de la
normalisation, de l'adoption des codes, reste au gouvernement; ce ne sont pas
des pouvoirs réglementaires de la Commission du bâtiment, ce sont
des pouvoirs réglementaires qui appartiennent au gouvernement pour
lesquels la commission sera consultée et auxquels elle sera
associée.
Il est clair qu'en conséquence, on devra garder au
ministère du personnel de la Direction générale de
l'inspection, dès le départ, lequel n'ira jamais à la
Commission du bâtiment, mais restera au ministère pour continuer
de remplir les fonctions sur le plan de la normalisation.
M. Middlemiss: Cette période de transition entre
l'autofinancement et l'aide au financement va prendre combien de temps? Est-ce
que j'ai pu comprendre peut-être cinq ans?
M. Rochefort: On va mettre un amendement dans le projet de loi
141, je ne sais pas quelle est l'expression, qui parle de cinq ans. On verra
à l'usage comment cela fonctionne.
M. Middlemiss: Donc, pendant une période de cinq ans, la
Commission du bâtiment ne sera pas totalement autonome. C'est
après cette période de temps qu'on va regarder si on a trop de
personnel, si on a trop d'inspecteurs et ainsi de suite, ou est-ce qu'on va
faire ce déblayage dès le début? Parce que si cela prend
cinq ans avant l'autofinancement... Je pense que ces milieux veulent se rendre
responsables. Je pense que le financement, c'est le bâton qu'il se garde:
Si tu ne t'occupes pas de ton affaire, cela va te coûter cher.
Mais si, déjà, on croit qu'il y a trop d'inspecteurs, mais
qu'on va être pris pour une période de temps avec ces mêmes
inspecteurs, cela veut dire que la commission ne commencera réellement
à faire son boulot qu'après la période de transition.
M. Rochefort: C'est une bonne question. Je pense que cela nous
permet de faire vraiment te point. À l'heure où nous nous
parlons, M. le Président, je ne considère pas qu'il y a trop
d'inspecteurs à la Direction générale de l'inspection ou
qu'il y a trop de trop de travaux qui se font à la Régie des
entreprises en construction. Ce que je dis, c'est que l'objectif du projet de
loi est d'améliorer la qualité des constructions et
d'améliorer la sécurité des édifices publics au
Québec.
Le choix, le moyen retenu est de dire: On ne le fait pas en augmentant
les contrôles gouvernementaux, donc le nombre d'inspecteurs; on le fait
en augmentant la responsabilisation du milieu. Ce que je dis, c'est que plus
vite le milieu va se responsabiliser, plus tôt il mettra en
application l'ensemble des mesures qui découlent de cette
nouvelle responsabilisation, plus vite on sera en mesure d'observer
concrètement, dans les faits, sur le terrain, cette amélioration
de la qualité et de la sécurité des édifices
publics; et, en conséquence, on pourra voir dans quelle mesure on peut
revoir ce qu'il y a qui fait double emploi entre les inspections et les
contrôles gouvernementaux et les mesures d'autocontrôle.
Mais il est clair qu'on ne peut pas prétendre, ce matin, qu'on va
couper cela et qu'on attendra que les programmes de responsabilisation aient
donné des résultats. Car ce que cela pourrait créer comme
situation, c'est qu'il y ait une période où nous en arriverons
à une diminution de la sécurité des édifices
publics au Québec. Je pense que personne ne souhaite qu'on en arrive
à une telle situation.
Donc, c'est vraiment une démarche graduelle sur le plan des
mentalités, des habitudes. Par exemple, hier, on a eu une bonne
discussion avec la CORPIQ, la Corporation des propriétaires immobiliers
du Québec, qui ont une part importante des activités qui sont
assumées actuellement par la Direction générale de
l'inspection, et qui nous ont décrit les problèmes qu'ils
rencontrent. Alors, ce n'est pas en diminuant les activités, demain
matin, de la Direction générale de l'inspection qu'on va
régler leurs problèmes et qu'on va accroître la
sécurité du public dans leurs édifices. C'est par une
meilleure responsabilisation et une plus grande prise en charge.
Leur présentation, hier, manifestait non seulement de
l'ouverture, mais des disponibilités à poser des gestes dans ce
sens. Mais il est clair qu'il faut que, d'aucune façon, on se retrouve
dans une période où on reculerait quant aux standards de
qualité et de sécurité qu'on a réussi à
atteindre par les méthodes actuelles. Ce qu'on dit, c'est que les
méthodes actuelles nous ont permis d'atteindre cela pour aller plus
loin.
Ce n'est pas par les méthodes actuelles, c'est par la
responsabilisation du milieu, c'est par une plus grande implication, une plus
grande reconnaissance du rôle et du professionnalisme du milieu, par
l'implantation de programmes d'autocontrôle, d'attestation de
conformité, par le jeu des plans de garantie et, donc, par le processus
continu de qualification que crée ce projet de loi plutôt
qu'uniquement la qualification de départ, que tout cela nous permettra
d'atteindre ces objectifs, et, en conséquence, de peut-être
réviser ce qui crée double emploi sur le plan de la
qualité des constructions et de la sécurité des
édifices, quant au rôle traditionnellement confié à
la DGI et les succès obtenus par les programmes
d'autocontrôle.
M. Middlemiss: Je suis loin de vouloir réduire la
sécurité, parce que dans ma profession, la première chose,
c'est la sécurité au meilleur prix. Donc, je suis loin de le
vouloir. Mais ce n'est pas moi qui ai dit qu'il y avait trop d'inspecteurs.
C'est M. Linteau, qui croyait que présentement on a trop d'inspecteurs.
Cela représente un coût; cela coûte de l'argent. Et on veut
rendre l'opération de la Commission du bâtiment plus
économique. Si on est pris avec le même personnel et qu'on croit
qu'on en a trop, est-ce que cela va se traduire par une économie?
M. Linteau: C'est sûr qu'au début, aux transferts,
ce sont justement les programmes d'autocontrôle, c'est tout cela qui va
faire que l'inspection va diminuer. Elle va être peut-être plus
raffinée, mais c'est tout cela, je pense, qui est important dans le
projet.
M. Middlemiss: D'accord. Mon temps tire à sa fin, en
concluant, je pense que le projet de loi ou la partie qui intéresse
réellement les gens du milieu de la construction, c'est qu'à
cette fin ce projet de loi regroupe et uniformise les nombreuses lois qui
prévoient actuellement l'adoption de normes de construction ou de
sécurité. Il diminue les contrôles gouvernementaux dans le
domaine du bâtiment et instaure certains mécanismes
destinés à permettre aux personnes qui y oeuvrent d'assumer des
responsabilités plus grandes. Je pense que c'est cela. Si je prends les
conclusions de votre mémoire, vous avez soulevé des points
majeurs. Si ces points majeurs ne sont pas corrigés, est-ce que vous
voulez le projet de loi tel quel et immédiatement?
M. Linteau: Non, je pense que les points qu'on a soulevés
sont, comme je t'ai mentionné, majeurs et essentiels et, avec la
remarque de M. le ministre, on peut conclure aujourd'hui que les points que
nous avons soulevés sont en partie, je dirais à 90 %
assurés. Donc, pour nous, tout ce qui va changer, améliorer la
situation actuelle, parce que vous avez vu, au début du document de
travail, le paquet de lois qu'on est obligé de respecter, le paquet de
ministères qui sont impliqués dans le domaine de la construction,
le paquet de permis d'inspecteurs... C'est un fouillis et il faut que cela
change, il faut que ce soit amélioré.
Dans le sens où c'est parti, je pense que cela améliore
déjà, mais c'est essentiel que les points que nous avons
soulevés soient pris en considération, parce qu'on ne
responsabilise pas le milieu si on ne lui donne pas le pouvoir. C'est de
là que part tout le processus.
M. Middlemiss: Entre autres, il serait
intéressant de savoir combien cela pourrait coûter. Vous
m'avez dit tout à l'heure que vous ne saviez pas combien allait
coûter...
M. Linteau: Non.
M. Middlemiss:... le fonctionnement. Ce serait quelque chose
qu'il serait important de savoir.
M. Linteau: C'est sûr, mais je pense que c'est impossible
de l'avoir au départ, étant donné les nombreux
intervenants.
M. Middlemiss: C'est important, impossible, mais on est
prêt quand même à dire: Oui, on y va. On verra plus tard si,
réellement, cela nous coûte plus cher ou non.
M. Linteau: Je pense qu'on est prêt à faire le saut,
on est assez mûr pour cela.
M. Middlemiss: D'accord. Cela veut dire aussi que, si vous faites
le saut, vous vivrez avec les conséquences.
M. Linteau: Oui.
M. Middlemiss: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez le faire
rapidement afin qu'on puisse...
M. O'Gallagher: Très rapidement. À la page 10 de
votre mémoire, vous parlez des garanties financières et vous
mentionnez que votre association gère déjà un plan de
garanties des maisons neuves, approuvé par le ministre. Est-ce que ce
plan est obligatoire ou facultatif pour vos membres? Combien cela
coûte-t-il? De quelle façon est-ce payé? Est-ce par une
assurance et cela coûte combien?
M. Linteau: Vous embarquez dans le domaine technique. Je vais
vous référer à Michel Girard, qui s'occupe effectivement
des données au plan de garanties à la
fédération.
M. Girard (Michel): D'accord, merci. Effectivement, on offre un
plan de garanties dont le détail des protections est annexé au
mémoire. Il n'est pas obligatoire d'y adhérer pour les membres de
la fédération. En fait, l'adhésion ou non à notre
plan n'est nullement fonction du membership de l'association,
c'est-à-dire qu'on peut avoir des membres de notre plan qui ne soient
pas membres de nos associations affiliées et d'autres qui le soient.
À ce moment, il y a une légère différence au niveau
des coûts d'accréditation.
Vous avez mentionné tout à l'heure que vous
désiriez avoir quelques indications à ce sujet. L'entrepreneur
adhérent paie un coût initial pour son accrédidation de 300
$ ou de 250 $, s'il est membre d'une association affiliée. Chaque
année, pour maintenir son dossier à jour, il y a des frais de
renouvellement de 200 $ pour un non-membre et de 150 $ pour un membre. Par la
suite, l'entrepreneur est obligé d'enregistrer toutes les unités
neuves qu'il construit et à ce moment-là, il est sujet à
une tarification par unité qui peut varier selon que ce soit du
condominium, selon la valeur de l'unité entre 200 $ et 350 $ environ.
(12 h 30)
M. O'Gallagher: Cela couvre le coût de la bâtisse. Il
est couvert pour le prix de l'édifice?
M. Girard: C'est-à-dire dépendamment de quelle
protection on parle. Par exemple, pour les acomptes résidentiels, c'est
jusqu'à concurrence de 20 000 $; dans le condominium c'est
jusqu'à 50% de la valeur du prix d'achat de l'unité et quand aux
autres couvertures, le vice caché est un an et le vice de construction
c'est jusqu'à la valeur du prix d'achat de l'unité.
M. O'Gallagher: Alors dans la nouvelle garantie qu'on
prévoit dans la loi, voyez-vous cela comme une assurance obligatoire ou
facultative comme le laisse entendre l'article 71?
M. Girard: II faut bien s'entendre sur les mots "obligatoire" ou
"facultative". Est-ce que vous voulez dire concernant l'entrepreneur ou pour le
consommateur?
M. O'Gallagher: Pour l'entrepreneur.
M. Girard: Pour ce qui est de l'entrepreneur on verrait une
obligation de l'entrepreneur d'offrir de telles garanties tels que les articles
71 et 72 le laissent sous-entendre. Par contre, on respecte le choix du
consommateur de pouvoir y renoncer de façon spécifique, mais dans
la façon d'y renoncer il faut que ce soit présenté d'une
façon très claire pour que le consommateur sache quel risque il
assume s'il renonce à ces garanties.
M. O'Gallagher: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Alors je vous
remercie beaucoup.
M. Rochefort: Merci.
L'Ordre des ingénieurs du Québec
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle
donc maintenant le groupe suivant qui est l'Ordre des ingénieurs
du Québec.
Alors, c'est M. Arsenault, je présume.
M. Arsenault (Rémy): C'est exact.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez bien nous
présenter les gens qui sont avec vous.
M. Arsenault: Je vous remercie, M. le Président.
Permettez-moi tout d'abord de vous présenter M. Christian Dagenais, qui
est à ma droite, syndic et directeur des services juridiques de l'Ordre
des ingénieurs et aussi M. Jacques Roy, qui est à ma gauche,
président du comité de la législation de l'ordre.
M. le Président, mesdames et messieurs de la sous-commission,
nous tenons d'abord à vous remercier pour nous donner aujourd'hui
l'opportunité d'exprimer publiquement le point de vue de l'Ordre des
ingénieurs du Québec - comptant plus de 25 000 membres que nous
représentons ici - sur le projet de loi sur le bâtiment.
Permettez-moi aussi de saluer le président de la régionale
de Québec, M. Georges Lemieux, qui représente plus de 3000
membres dans la région de Québec et dont deux des membres sont
d'ailleurs membres de la commission parlementaire.
Cette nouvelle loi, par la refonte ou l'abolition de certaines autres,
devrait, nous en sommes persuadés, clarifier, simplifier et moderniser
l'ensemble des activités reliées au domaine de la construction et
de l'habitat sans négliger l'importance des installations et des
équipements qui s'y retrouvent comme élément principal ou
accessoire. En ce sens, l'Ordre des ingénieurs du Québec ne peut
que se réjouir de cette initiative et se déclarer nettement en
faveur des principes qui la sous-tendent.
En ce qui concerne l'implication déjà prévue de
notre ordre professionnel dans les objectifs et le domaine d'application de
cette loi, nous croyons nécessaire de vous soumettre les
considérations qui suivent et qui n'ont d'autre but que de nous
permettre de mieux atteindre celui fixé par le législateur
à l'article 23 du Code des professions, à savoir assurer la
protection du public.
Rappelons brièvement que cette protection est assurée
d'abord par l'admission comme membres, des seules personnes qui ont
démontré le minimum de formation et d'expérience requis
par les hauts standards de la profession d'ingénieur, hauts standards
qui étaient reconnus récemment par le Conseil des
universités dans un avis sur la formation professionnelle; puis, par la
préoccupation dévolue au comité d'inspection
professionnelle et au service qui en dépend, de voir au maintien et
à l'amélioration de l'exercice de la profession; finalement, par
le contrôle sous la responsabilité du syndic de l'application des
règlements relatifs à la conduite des membres et, en particulier,
du code de déontologie.
Le rôle de l'ordre, cependant, dans le contexte de sa loi propre,
ne se limite pas seulement aux trois responsabilités que nous venons de
décrire. L'Ordre des ingénieurs manquerait gravement,
croyons-nous, à ses obligations s'il n'intervenait pas activement
auprès des personnes qui enfreignent les prescriptions de la Loi sur les
ingénieurs, que ce soit par l'abus du titre et de la pratique
illégale ou des travaux exécutés par des
propriétaires ou des entrepreneurs sans plans ou avec des plans non
conformes à cette loi.
C'est à ce dernier niveau, en fait, que notre ordre croit devoir
soumettre à votre considération certains éléments
d'amélioration sur le plan juridique, qui permettraient au gouvernement
d'obtenir l'assurance préalable que la protection du public sera, sinon
totalement garantie, ce qui demeurera toujours du domaine de l'idéal, au
moins mieux assurée dès la conception des projets sans avoir
à attendre qu'ils aient été mis en oeuvre physiquement,
comme la jurisprudence l'a clairement établi dans le passé. En
effet, la Loi sur les ingénieurs ne peut recevoir d'application au
chapitre de la construction qu'à la condition que les travaux aient
débuté dans chacun des éléments suivants: fondation
et charpente, électricité et mécanique du bâtiment.
Ces dispositions s'appliquent à tout édifice dont le coût
excède 100 000 $ et aux édifices publics définis dans la
Loi sur la sécurité dans les édifices publics. Cette
dernière loi limitera d'ailleurs à la liste des édifices
actuellement énumérés dans son article 2, selon ce qui est
proposé dans le projet de loi $3.
Nous avons donc deux remarques à vous soumettre à cet
égard. La première concerne la nécessité pour
l'ordre de pouvoir intervenir avant le fait pour empêcher
l'érection de structures qui ne rencontrent pas les exigences de la Loi
sur les ingénieurs. Nous ne croyons pas qu'il faille rappeler
l'effondrement de la maison en construction, rue France-Prime à
Samte-Foy, le 5 août 1983. Nous éviterons d'en parler, la question
faisant encore l'objet de poursuites devant les tribunaux. Mais un fait
demeure, au sens de notre loi, il fallait que les travaux aient commencé
avant que l'ordre puisse entamer toute poursuite.
Notre comité sur la législation se penche sur cette
question dans l'étude qui est présentement faite de la Loi sur
les ingénieurs en vue de sa révision globale. Cependant,
l'exercice de cette responsabilité nous serait grandement
facilité si la Loi sur le bâtiment prévoyait la
nécessité pour les municipalités de n'accorder des permis
de
construction qu'à condition que les plans et devis soumis
à cette fin soient conformes à la Loi sur les ingénieurs,
c'est-à-dire signés et scellés lorsque requis par des
ingénieurs.
Dès 1973, il y a donc maintenant douze ans, l'Ordre des
ingénieurs, appuyé en cela par l'Ordre des architectes,
s'était fortement exprimé en faveur d'amendements à
apporter aux lois municipales à la suite de l'effondrement de
l'aréna de Saint-Éphrem-de-Beauce. Deux ans plus tard, le 11
décembre 1975, l'ordre suggérait dans son mémoire à
la commission, de refondre des lois municipales: "Aucun permis de construction
pour des travaux de génie, tels que décrits dans la Loi sur les
ingénieurs, ne peut être délivré sans que les plans
et devis ne soient signés et scellés conformément aux
dispositions de l'article 29 de cette même loi. "
L'argument avancé en 1975 est encore valable aujourd'hui. Si les
municipalités accordent des permis sur présentation de plans et
devis qui sont contraires aux lois existantes au Québec, la protection
du public est certainement mise en cause. Il nous apparaît que Je
législateur, premier gardien de la santé, de la
sécurité et de la protection du public, comme celle des
travailleurs, doit s'impliquer directement au niveau d'une loi
générale et non de lois particulières, même si elles
sont reconnues d'utilité publique dans le domaine du bâtiment, des
constructions civiles ou des équipements. Le législateur devrait
insérer dans la loi qui fait l'objet de la présente étude
un mécanisme d'intervention avant le fait, tel que mentionné
ci-dessus.
Nous admettons que la loi exigera des entrepreneurs qu'ils
présentent des attestations de conformité au Code du
bâtiment quant aux travaux qui seraient exécutés sans plans
et devis d'ingénieurs, mais lorsqu'il s'agit de travaux tombant dans le
champ d'application de la Loi sur les ingénieurs, ne serait-il pas
logique de ne pas permettre leur réalisation avant que cette même
loi n'ai été préalablement observée plutôt
que de prendre le risque que de nouvelles catastrophes se produisent? S'il est
vrai que certaines municipalités ont adopté des règlements
prévoyant l'obligation de n'accorder des permis de construction que si
les plans et devis soumis portent les sceaux et signatures d'ingénieurs,
l'Ordre des ingénieurs pourrait exercer ses responsabilités avec
une efficacité accrue, si cette pratique était rendue obligatoire
et générale.
Quant à la question des édifices publics proprement dits,
qu'il nous soit permis de réitérer également une demande
déjà soumise au ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, d'ajouter à la liste apparaissant à
l'article 2 de la Loi sur les édifices publics qui semble devoir
être conservée dans la Loi sur le bâtiment, les deux types
de bâtiments suivants, c'est-à-dire les restaurants et
condominiums ou édifices en copropriété. Ces
édifices ne sont actuellement pas couverts, condominiums et maisons de
rapport n'étant pas, semble-t-il, synonymes au point de vue juridique,
mais civiquement, ce sont des bâtisses identiques.
Nous sommes conscients, cependant, que cette loi générale
sera précisée, sinon complétée par des
règlements et des codes particuliers. Il faudra toutefois éviter
l'écueil trop fréquent que la réglementation complique, et
même dépasse, l'application qu'en prévoyait le
législateur. C'est pourquoi nous insistons aujourd'hui sur l'importance
à donner d'abord à la loi, avant d'établir des
règlements qui, eux, ne seront plus soumis à l'Assemblée
nationale. Prévenir plutôt que corriger est un principe sur lequel
on ne saurait trop insister.
Dans cet ordre d'idées, qu'il nous soit permis de proposer,
finalement, qu'un membre de notre ordre, bien au fait de ces questions, soit
appelé par le gouvernement à siéger en permanence à
la commission que la Loi sur le bâtiment va créer. L'implication
constante et l'intérêt soutenu des ingénieurs, dans le
domaine de la construction et des équipements, en font à la fois
des observateurs privilégiés et des intervenants de marque.
Tout en vous réitérant notre accord de principe quant aux
objectifs et à l'application de la future loi 53, permettez-moi de vous
résumer comme suit l'essentiel de nos recommandations.
Premièrement, que soit insérée dans la loi l'obligation
pour les municipalités de s'assurer du respect avant le début des
travaux sur la Loi sur les ingénieurs, et nous proposons à
nouveau le texte suivant: "Aucun permis de construction pour des travaux de
génie, tels que décrits à la Loi sur les
ingénieurs, ne peut être délivré sans que les plans
et devis ne soient signés et scellés conformément aux
dispositions de l'article 24 de cette même loi. " Deuxièmement,
que la liste des édifices publics couverts par la loi soit
complétée en y ajoutant les restaurants et les condominiums et
troisièmement, qu'un membre de l'Ordre des ingénieurs soit
nommé parmi les membres de la Commission sur le bâtiment
instituée à l'article 83 et le suivant du chapitre VI, section I
de la loi.
Espérant que votre commission accueillera favorablement ces
recommandations, nous vous réitérons nos remerciements ainsi que
l'assurance de notre appui dans la poursuite des objectifs mis de l'avant dans
ce projet de loi. Merci. (12 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier le
président de l'Ordre des
ingénieurs du Québec et les gens qui l'accompagnent de
leur présence devant nous ce matin, du travail et de la bonne
collaboration qu'ils nous ont accordés, eux aussi, tout au long de
l'élaboration du projet de loi et des appuis importants qu'ils viennent
apporter au projet de loi qui est présentement à l'étude
devant cette commission.
Trois points particuliers sont abordés dans le mémoire
soumis par l'Ordre des ingénieurs et résumés dans sa
conclusion. Quant au premier, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire en
aparté ce matin, nous avons eu l'occasion, tel que je m'y étais
engagé devant vous et devant aussi les représentants de l'Ordre
des architectes, lors de notre dernière ronde de consultation, d'aborder
cette question avec les représentants de l'Union des
municipalités du Québec et de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec hier soir. L'Union des
municipalités du Québec s'est dite d'accord pour inclure de
telles dispositions au projet de loi sur le bâtiment comprenant
très bien les objectifs visés par une telle démarche et
partageant les préoccupations qui sont vôtres et qui sont
nôtres en ce sens.
Quant à l'Union des muncipalités régionales de
comté, elle nous a fait part de sa très bonne ouverture d'esprit
quant à une telle demande sauf que, compte tenu que le sujet n'avait pas
formellement été abordé au conseil d'administration ou
j'imagine au comité exécutif de l'union, elle nous a
demandé quelques jours, sinon quelques heures pour avoir au moins
l'occasion d'en discuter entre elles. Je peux vous dire que je sais que le
président de l'union est un membre de votre ordre. J'imagine qu'il y
sera sensible. Connaissant très bien les situations
problématiques, les dispositions actuelles des différentes lois
peuvent créer, je pense qu'il serait peut-être utile que vous ayez
l'occasion d'en rediscuter ensemble de façon qu'une décision
puisse être prise avant la prochaine étape de l'étude du
projet de loi. Je pense que cette préoccupation chemine très bien
et devrait normalement arriver à une conclusion satisfaisante quant aux
préoccupations que vous avez évoquées depuis un certain
temps au sujet de cette disposition de votre loi et du régime des
municipalités à cet égard.
Sur la deuxième demande, d'apporter des amendements à la
liste des édifices publics couverts par les lois, je vous dirai que nous
avons voulu mettre dans le projet de loi une référence directe
à la Loi sur les ingénieurs et à la Loi sur les
architectes de façon à n'intervenir d'aucune façon dans le
processus de révision qui est actuellement en cours à l'Office
des professions des différentes dispositions concernant architectes,
ingénieurs et technologues, dont nous a fait part M. Desgagnés,
la semaine dernière, et pour laquelle il nous a dit qu'il s'attendait
à aller en consultation formelle avec les principaux intervenants dont
vous trois dans les prochaines semaines.
Notre position, de concert avec l'Office des professions, est de dire:
Notre projet de loi sera rédigé de façon telle à
pouvoir accueillir et s'ajuster automatiquement aux amendements et aux
changements qui pourraient être apportés à cet égard
ou à d'autres égards de vos lois constitutives et qui sont
concernées par le projet de loi sur le bâtiment. Pour l'instant
nous souhaitons ne pas intervenir à la pièce et poser des gestes
qui pourraient poser des problèmes quant au processus plus
général de révision dont nous a fait part M.
Desgagnés et auquel vous serez associés, nous a-t-il dit, dans
les prochaines semaines.
Quant à votre demande d'un siège au conseil
d'administration de la Commission du bâtiment, je vous dirai que cela
enlève une question au député de Pontiac. Je sais que cela
fait partie de ses préoccupations - qui sont aussi les miennes,
comprenons-nous bien - et je vous dirai sur cela que je prends bonne note de
votre demande. Je crois que vous étiez probablement dans ta salle ce
matin. Vous avez vu un peu quelles étaient nos considérations
quant à la composition de la Commission du bâtiment. Je pense que
nous devrions être en mesure d'apporter un certain nombre de
précisions au cours de l'étude en deuxième lecture ou
article par article du projet de loi. Nous allons tenter justement de
constituer un conseil d'administration de la Commission du bâtiment qui
permette vraiment à ceux et à celles qui jouent directement un
rôle d'avoir une voix, de façon que cette commission puisse
vraiment donner l'ensemble des résultats que nous nous attendons de son
travail, notamment quant à l'ensemble de l'application du projet de loi
sur le bâtiment.
J'aurais peut-être une question à vous poser, M. le
Président, vous allez me le permettre, en ce qui concerne
l'autofinancement. On sait qu'actuellement il y a le processus de
vérification obligatoire des plans et devis qui doit être faite
par la Direction générale de l'inspection du ministère, et
pour laquelle tout autant les membres de votre ordre que ceux de l'Ordre des
architectes du Québec ne sont pas appelés à
défrayer les coûts. Dans la mesure où vous avez pu voir des
dispositions du projet de loi, d'abord, vous devrez certifier conformes vos
plans et vos devis au code, mais on maintiendra - à la demande justement
un peu du milieu - un système de vérification volontaire des
plans et devis à la Direction générale de l'inspection.
J'imagine que vous serez d'accord que, dans la mesure où des membres de
votre ordre feraient appel à ce service, ils devront financer les
coûts que générerait la vérification de ces
plans et de ces devis.
M. Arsenault: Écoutez, je crois que l'autofinancement...
De toute façon en fin de compte quelle que soit la forme de financement
que l'on prend, ce sera le client qui paiera. Je trouve qu'une saine
comptabilité requiert qu'on impute directement les frais là
où ils doivent l'être plutôt que de camoufler des frais.
Donc, s'il y a des frais d'inspection, ce sera ajouté au coût de
chacun des projets qui seront concernés.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. J'aimerais
remercier le président de l'ordre et ses collègues pour leur
mémoire très explicite. Le ministre m'a volé la question
à savoir si vous voulez avoir... et vous avez répondu
directement. Selon le projet de loi, la composition est au nombre de quinze.
Pour que cela puisse être efficace, est-ce que vous croyez que le nombre
de quinze c'est un nombre adéquat ou est-ce qu'on devrait le
considérer à la hausse ou à la baisse?
M. Arsenault: L'Ordre des ingénieurs est dirigé par
un bureau de 24.
M. Fortier: Il y a un bon président.
M. Arsenault: Le nombre de quinze me semble un chiffre assez
raisonnable, premièrement parce que cela est impair, donc, c'est
toujours plus facile' lorsqu'on vote. Je pense que le nombre a peut-être
plus ou moins d'importance. Ce qui est très important c'est que les
membres de cette commission aient eu une expérience de ce qui se passe
sur des chantiers de construction, sachent comment cela s'y déroule et
quels sont les jeux officiels et les jeux de coulisse qui peuvent se passer. Il
serait très important aussi que ce conseil ne soit pas noyauté
par une partie plutôt qu'une autre. Je fais peut-être
référence à certains intervenants qui nous ont
précédés qui préféraient de beaucoup que ce
soit un conseil d'entrepreneurs. Je pense que ce serait très malheureux
que ce soit un conseil d'entrepreneurs et je crois que ce serait très
malheureux que ce soit un conseil de travailleurs. Je pense que ce conseil doit
balancer un peu les différentes opinions des gens qui oeuvrent dans ce
domaine, autant des clients que des travailleurs que des constructeurs et des
professionnels oeuvrant dans le domaine. C'est très important de garder
dans la formation de cette commission ce ballant de façon à avoir
une réglementation probablement plus juste et non pas partielle
vis-à-vis un des groupes.
M. Middlemiss: La raison que la RECQ, le groupe qui vous a
précédés, voulait avoir la majorité des membres
c'est que le financement de la Commission du bâtiment va être
prélevé à partir des entrepreneurs. Ils ont dit: Donc,
pour s'assurer qu'on peut gérer cela de façon économique,
on devrait avoir la majorité. De l'autre côté, je vous
poserais la même question que j'ai posée à d'autres: Est-ce
que tous les membres qui feront partie de la Commission du bâtiment
devraient, eux aussi, se responsabiliser du côté financier, parce
qu'en gardant toujours la sécurité comme numéro 1, les
décisions qu'ils vont prendre auront des effets sur l'augmentation des
coûts?
M. Arsenault: II faut faire très attention lorsqu'on a un
groupe qui s'autogère d'une certaine façon et qui n'a pas les
mécanismes pour se financer de façon adéquate. Je vais
peut-être faire référence à un cas que je connais
bien, celui de l'Ordre des ingénieurs et de toutes les corporations
professionnelles. Nous vivons, en tant que professionnels dans une corporation,
une forme d'autofinancement; mais la loi nous permet, en tant qu'entité,
en tant que conseil d'administration, d'augmenter unilatéralement les
cotisations pour, justement, appliquer les obligations de la loi. Même si
ce comité est représenté en majorité par une des
parties qui se trouve à être une partie payante, elle va quand
même être obligée de mettre les mécanismes en place.
Là-dessus, il faudrait être certain que les mécanismes
protègent le public. Je pense que c'est le but qui est visé par
la loi et la commission.
M. Middlemiss: Vous mentionnez dans votre mémoire qu'il
faudrait étendre la liste des édifices publics aux restaurants et
condominiums. Est-ce qu'il y a des raisons très spéciales pour
que vous insistiez sur cela?
M. Arsenault: Oui, il y a deux raisons. Premièrement, les
restaurants sont des édifices publics qui sont absents actuellement.
L'autre raison c'est qu'il y a une jurisprudence au sujet des condominiums: On
a décidé qu'un condominium, si chacune des unités
était en bas de 100 000 $ dans un édifice, quelle que soit sa
grandeur, sa largeur, sa hauteur et sa conception, c'était exclu de la
loi, et que la même unité, si elle était louée au
lieu d'être vendue, est soumise à la même
réglementation.
Pour nous, c'est une définition qui est très légale
ou légaliste; mais en soi, un bâtiment comme tel, je veux dire la
structure, l'alimentation électrique, la mécanique du
bâtiment, c'est exactement la
même chose. À ce moment-là, entre une maison de
rapport et un condominium, il ne devrait pas y avoir de différence.
Là, on vous parie d'un problème qui a surgi devant les tribunaux
et où ils ont donné une interprétation qui
différencie ces deux unités. Je peux concevoir qu'il y a des
différences lorsqu'on fait des actes notariés ou qu'on regarde
d'autres aspects de la loi, mais au niveau de la construction comme telle, il
n'y a aucune différence.
M. Midllemiss: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. La parole sera au
député de Bourassa et ensuite à M. le député
d'Outremont, mais je voudrais quand même demander le consentement des
membres pour continuer encore quelques minutes. M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Les articles 14, 15, 16, 164 et 181, ce sont des
articles où l'on reconnaît à un moment donné les
devis d'architectes. Cela porte un peu à confusion dans les ordres
professionnels. Seriez-vous d'accord pour que ces articles soient plutôt
amendés par l'expression "professionnels du bâtiment", mais
qu'après cela, ce soit réglementé pour définir les
professionnels du bâtiment là-dedans? Cela me paraît
restrictif - je ne parle pas au nom du ministre, rien de cela - dans le sens
que si je pense à d'autres professions qui...
Le Président (M. Bordeleau}: M. Arsenault ou un de vos
collègues.
M. Arsenault: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. Dagenais.
M. Dagenais (Christian): En ce qui nous concerne,
évidemment, la loi prévoit des professionnels qui sont inscrits
comme professionnels, je veux dire dans le cas des professions, les
ingénieurs et les architectes. Il y a également d'autres
catégories de professionnels comme les technologues des sciences
appliquées, bien sûr. On sait déjà que dans la loi
actuelle sur l'Ordre des ingénieurs, le travail. dans le champ des
sciences appliquées est permis à d'autres comme exception
à notre propre loi. Je crois que c'est une question
d'interprétation de la part du gouvernement de déterminer quels
sont vraiment les professionnels. Si dans la Loi sur les ingénieurs, on
permet en vertu de l'article 5b, en particulier, aux technologues des sciences
appliquées du Québec, selon leur formation et selon leur
compétence d'après leurs lettres patentes, et à condition
qu'ils observent des normes et des standards reconnus, d'exercer dans le
domaine du bâtiment, je ne vois. pas personnellement qu'on devrait
nécessairement limiter l'interprétation de la loi ou la
portée de la loi aux seuls ingénieurs et architectes.
C'est mon opinion personnelle, mais c'est la situation réelle qui
se produit. Il y a d'autres intervenants dans le domaine de la construction,
dans le domaine du bâtiment qui, en vertu de la Loi sur les
ingénieurs, ont le droit de faire des actes que peuvent aussi faire des
ingénieurs. (13 heures)
M. Laplante: Comme cela, vous ne seriez pas contre le fait qu'on
élargisse cette notion d'ingénieur actuellement, soit à en
faire une référence à votre code, au Code des
ingénieurs qui dirait, en somme, par la loi - pas votre loi à
vous - qui impliquerait les technologues dedans...
M. Arsenault: Dans les termes qu'on utilise normalement, on parle
d'ingénieurs et d'architectes, ce sont les termes utilisés dans
le Code civil sur le plan de la responsabilité dans le domaine. Notre
loi, qui est la Loi sur les ingénieurs, prévoit des provisions
pour d'autres professionnels qui oeuvrent dans le champ de pratique
décrit ici en partie; mais on a tout un champ de pratique beaucoup plus
complet dans la Loi sur les ingénieurs. Nous avons des exceptions dans
ce champ de pratique qui permettent aux technologues en sciences
appliquées, aux maîtres électriciens, aux maîtres
mécaniciens et à toute une série de gens, les chimistes,
entre autres -mais cela touche moins le bâtiment d'oeuvrer dans le
domaine, en fonction de leur compétence.
M. Laplante: Je vous remercie de votre ouverture.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, en premier, je voudrais
m'excuser, parce que j'ai assisté, bien sûr, à la
commission parlementaire, hier, mais ce matin, je devais m'absenter parce que
le président de l'Assemblée m'avait demandé de participer
à une réunion avec les parlementaires européens pour
discuter de développement technologique et de chômage, en
particulier, créé par le développement technologique. Cela
m'aurait fait plaisir d'entendre la présentation faite par M. Arsenault,
accompagné par MM. Roy et Dagenais que je salue.
J'ai pris connaissance du mémoire et une des inquiétudes
que nous avons en créant cette nouvelle commission, quoiqu'il s'agirait,
semble-t-il, d'une nécessité, c'est qu'elle devienne aussi
importante, comme quelqu'un l'a dit hier, que la CSST et que les coûts
n'en soient plus contrôlés.
La question que j'aimerais poser tient au fait d'une pratique qui existe
en Europe,
en particulier, en ce qui a trait à l'examen des plans et devis
pour les vaisseaux sous pression ou les plans et devis pour la protection
contre le feu. Comme vous le savez, présentement, ces plans et devis
doivent aller à votre ministère. Il y a des fonctionnaires qui
vont approuver ces plans et il peut arriver, à l'occasion, qu'il y ait
une accumulation de travail qui en retarde l'approbation. Tandis qu'en Europe,
ce qu'on permet, c'est qu'il y ait certains bureaux spécialisés
qui pourraient être, disons, au Québec, certains bureaux de
génie-conseil qui seraient spécialisés dans ce domaine et
qui pourraient être utilisés pour approuver ces mêmes plans
et devis.
L'avantage de cela, dans une certaine mesure, c'est qu'on pourrait
réduire le fonctionnarisme et peut-être qu'il y aurait lieu
d'accréditer certains bureaux spécialisés plus
pertinemment dans le domaine que je mentionne, les vaisseaux sous pression et
de protection contre le feu, parce qu'en Europe, ces bureaux, très
souvent, sont associés à des compagnies d'assurances et lorsque
ces bureaux spécialisés donnent leur accréditation, la
compagnie d'assurances s'engage à assurer tel édifice à
tel taux. C'est un peu comme les "underwriters", ici, au Québec. Je me
demandais si l'ordre s'était penché sur cette possibilité,
parce qu'on prévoit dans la loi une possibilité de
délégation. Il y aurait peut-être lieu de considérer
si on veut, d'une part, diminuer les coûts d'administration et, d'autre
part, le nombre d'employés de la fonction publique, de prévoir
une telle possibilité et de demander à certains bureaux et
très probablement, ce ne serait pas de grands bureaux, ce serait de
petits bureaux d'ingénieurs spécialisés dans ces domaines.
Comme il pourrait y en avoir plus d'un, on pourrait en avoir, d'ailleurs, dans
toute la province, ce qui ferait qu'on pourrait décentraliser
l'approbation de ces plans et devis, ce qui permettrait de diminuer le nombre
de fonctionnaires.
Alors, je me demande si l'ordre a examiné cette
possibilité. S'il ne l'a pas examinée, est-ce que le
président pourrait s'engager à l'examiner, quitte à nous
faire rapport un peu plus tard pour que l'on puisse, ou que le ministre puisse
en prendre connaissance, ou que les membres de la commission puissent en
prendre connaissance''
Le Président (M. Bordeleau: M. Arsenault.
M. Arsenault: Spécifiquement comme tel, dans le cadre de
l'étude qu'on a faite sur ce projet de loi, on n'a pas abordé
cette question-là, sinon dans un contexte un peu plus global. Pour nous,
il est essentiel de responsabiliser les intervenants. C'était d'ailleurs
une des choses que l'on visait. On demande au professionnel d'attester la
conformité au Code du bâtiment. Cela nous semble très
restrictif, en ce sens que le Code du bâtiment est peut-être bon
aujourd'hui, mais il ne sera peut-être pas bon l'année prochaine
ou dans une situation bien particulière. Il peut avoir des choses
différentes du Code du bâtiment. D'ailleurs, le Code du
bâtiment a lui-même certaines provisions pour dévier un peu
du code tout en gardant la sécurité du public bien en vue. Un
autre aspect qui nous préoccupe aussi c'est que les professionnels
ingénieurs, qu'ils soient conseils, qu'ils travaillent pour un
gouvernement ou qu'ils travaillent pour un organisme de vérification,
pour nous, sont aussi compétents les uns que les autres. Donc, on trouve
malheureux d'une certaine façon de devoir soumettre des projets pour une
approbation technique. Ce à quoi vous faites référence
plus particulièrement c'est le système que l'on appelle le
système Véritas en France. Je vous dis qu'on l'a abordé
indirectement en ce sens que la commission Quesnel sur l'écroulement du
pont de la rivière Sainte-Marguerite à Sept-îles, dans ses
possibilités de recommandation au gouvernement à la suite de
l'enquête, regarde aussi d'établir un superbureau
d'accréditation ou d'agrément ou de vérification
calqué un peu sur le système Véritas qui est le
système français. Là-dessus, je pourrais peut-être
demander à notre syndic d'intervenir parce qu'il participe aux travaux
de la commission Quesnel et il a abordé cet aspect-là.
M. Fortier: Juste avant que M. Dagenais réponde, je
voudrais dire dans un premier temps que je n'ai jamais mis en doute la
compétence des ingénieurs qui étaient soit dans la
fonction publique ou dans le secteur privé. J'abordais la question dans
le sens d'une meilleure utilisation des ressources humaines. Ce que j'ai
compris de votre réponse, c'est que vous dites: Dans la mesure où
un bureau de génie-conseil aurait la responsabilité de
préparer les plans et devis pour un édifice public, vous
préféreriez que ce bureau assume lui-même la
responsabilité de respecter les normes gouvernementales, sans avoir
à présenter ses propres plans et devis à une autre
autorité qui, dans le moment, est au gouvernement. C'est bien ce que
j'ai compris. Ma question était dans le sens que dans la mesure
où le gouvernement insisterait pour que les plans et devis, que ce soit
pour les vaisseaux sous pression ou les plans et devis pour la protection
contre le feu ou pour un pont peut-être, soient approuvés par un
bureau d'ingénieurs, ne pourrait-on pas prévoir qu'un bureau
d'ingénieurs tiers, qui n'est pas impliqué dans la
préparation des plans et devis, puisse assumer cette
responsabilité?Mais j'ai cru comprendre de votre
réponse
que sur la question de principe, vous préféreriez la
première solution, à savoir que le bureau de
génie-conseil, qui a la responsabilité première, assume
lui-même cette responsabilité, mais je serais
intéressé à entendre ia réponse de M. Dagenais.
M. Arsenault: Je vous remercie d'avoir apporté cette
précision. Mon intervention n'était pas pour douter de la
compétence d'un vis-à-vis de l'autre, mais pour dire qu'ils
étaient pour nous de compétence équivalente.
M. Fortier: D'accord, moi aussi. On est complètement
d'accord là-dessus.
M. Arsenault: C'est très clair. Là-dessus on est
d'accord. L'autre aspect est qu'un ingénieur est responsable de ce qu'il
fait. Donc, un ingénieur qui signe et scelle ses plans et devis porte
l'entière responsabilité et porte aussi la responsabilité
de se conformer au code existant, quant à nous, et s'il ne s'y conforme
pas, cela fait pour nous un cas de discipline aussi simple que cela et il peut
être suspendu.
Sur l'aspect des Veritas, on peut demander au syndic...
M. Fortier: Mais juste pour poursuivre ce point-là, je
crois qu'en tant que législateur - je suis ingénieur, mais je
suis législateur avant tout et, bien sûr, j'ai les mêmes
préoccupations que mes collègues - et tous, tant que nous sommes,
ingénieurs, nous savons qu'un ingénieur seul est assez
limité. Il ne peut pas être universel et avoir les
compétences dans tout. On sait pertinemment que la Baie James n'a pas
été faite par un ingénieur, que la Baie James a
été faite par des groupes d'ingénieurs, mais on sait
pertinemment que lorsqu'il s'agit de faire une structure aussi importante qu'un
pont, il faut la collaboration d'un ingénieur en mécanique des
sols, d'un ingénieur en structure, d'un ingénieur en analyse et
que, finalement, la compétence ou la confiance que le public va avoir va
se refléter dans la confiance ou dans la compétence d'une
équipe d'ingénieurs où se regroupent plusieurs
spécialistes.
Cela m'amène à poser la question parce que dans la loi -
je n'ai pas la loi devant moi - on disait qu'on demanderait à ceux qui
construisent les maisons de se donner des contrôles de qualité. On
sait pertinemment, que ce soit dans le domaine de l'aviation, pour prendre un
exemple, ou que ce soit dans le domaine du génie nucléaire,
qu'avant de donner des contrats, on exige de ceux qui vont tenir ces contrats
de déterminer dans quelles mesures ils se sont donné
eux-mêmes des contrôles de qualité. Alors, c'est
plutôt de l'assurance-qualité, le propriétaire ne fait que
s'informer si Pratt & Whitney s'est lui- même donné un
programme d'assurance-qualité.
Comme alternative, peut-être, aux solutions que j'évoquais
tout à l'heure, pourquoi l'Ordre des ingénieurs ne
s'assurerait-il pas que les bureaux - si on parle de bureaux de
génie-conseil, en particulier - qui doivent faire ce genre de travaux,
si je prends une structure comme un pont, que les bureaux qui font le dessin de
vaisseaux sous pression, que les bureaux qui préparent des plans et
devis pour un édifice... Pourquoi l'ordre n'exigerait-il pas de ces
bureaux qu'ils se donnent eux-mêmes un programme
d'assurance-qualité pour pouvoir donner l'assurance au gouvernement et
au public que, indépendamment de la qualité d'un
ingénieur, en particulier, l'ordre aura reconnu qu'un groupe
d'ingénieurs s'est donné les moyens de se contrôler les uns
les autres en sachant pertinemment que dans un ouvrage important, c'est
plutôt la collaboration de plusieurs ingénieurs et non pas la
compétence d'un ingénieur en particulier qui est mise en
cause?
M. Arsenault: C'est une excellente idée. On ne l'a pas
abordé actuellement, sauf ce qui fait... J'aimerais peut-être
mentionner qu'une de nos préoccupations actuellement, c'est la pratique
en groupe. On a parlé enfin en coulisses, à ce stade-ci, c'est un
avant-projet, d'une certaine forme d'attestation de spécialité
par firme ou par boîte. Cela fait partie d'une étude globale ou
d'une réflexion globale que l'on fait sur notre pratique comme telle,
actuellement.
M. Fortier: Peut-être que M. Dagenais pourrait
répondre, sûrement.
M. Dagenais: Voici, dans le domaine d'organisme et de
contrôle externe, je dois dire que l'ordre, comme l'a signalé le
président, M. Arsenault, tout à l'heure, favorise en tout premier
lieu une vérification interne et non pas par un organisme
extérieur, justement pour empêcher la déresponsabilisation
de l'ingénieur. Mais par contre, nous sommes quand même d'avis
qu'un bureau d'ingénieurs pourrait, sur une base volontaire, un peu
comme cela a été signalé tout à l'heure, je crois,
par M. le ministre ou par M. le député de Bourassa... Certains
ingénieurs-conseils voudraient se donner l'assurance additionnelle que
ce qu'ils ont fait a été bien fait, surtout dans le cas des
petits bureaux. Dans le cas des gros bureaux, il existe déjà -
c'est peut-être encore à l'état embryonnaire, mais cela se
développe très rapidement - des programmes
d'assurance-qualité à l'intérieur des gros bureaux. Nous
avons eu, à l'occasion de l'enquête de la commission sur
l'effondrement du pont de la rivière Sainte-Marguerite, des
témoignages de gros bureaux
d'ingénieurs-conseils qui ont signalé la chose. Nous avons
ensuite rencontré des ingénieurs qui sont
spécialisés dans certains gros bureaux, dans la
vérification des plans pour avoir une assurance-qualité absolue,
aussi absolue que possible.
Maintenant, je rejoins également ce que M. Arsenault vient de
dire quant à l'exercice de la profession et l'assurance que l'ordre
devrait se donner, que les bureaux d'ingénieurs, surtout ceux qui
pratiquent en génie-conseil, évidemment, qui sont plus autonomes
que les ingénieurs qui travaillent au sein d'organismes gouvernementaux
ou autres... Là aussi, l'inspection professionnelle qui relève de
mon collègue, M. Jean-Paul Dagenais, se penche sur la question,
justement, d'inciter les ingénieurs-conseils, sinon d'exiger à ce
stade-ci qu'ils se constituent, soit un groupe interne pour établir des
programmes d'assurance-qualité, soit qu'ils consultent d'autres
organismes comme double vérification à leurs propres travaux.
C'est dans l'objectif de l'ordre.
M. Fortier: J'aimerais rappeler, M. le Président, que la
recommandation... Je crois que le programme d'assurance-qualité pourrait
être aussi valable pour les grands bureaux que pour les petits bureaux
parce que, pour un petit bureau, cela pourrait justement vouloir dire que dans
le programme d'assurance-qualité, à supposer que le
ministère des Transports donnerait à un petit bureau la
responsabilité de construire un pont, le programme
d'assurance-qualité dirait spécifiquement qu'il devrait y avoir
un autre expert pour vérifier les calculs du premier expert. Donc, le
programme d'assurance-qualité est aussi valable pour un petit bureau que
pour un grand bureau; justement, il permet d'identifier... Dans le bureau
où j'étais, on n'admettait jamais que ce soit le même
ingénieur qui approuve ses propres calculs. Donc, cela vaut pour les
grands et les petits bureaux.
J'aimerais revenir sur ma proposition. Si vous insistez et si le
ministre pouvait considérer avec bienveillance la recommandation que je
fais, cela diminuerait considérablement les coûts dans la mesure
où l'ordre demanderait spécifiquement à des bureaux de se
donner des programmes d'assurance-qualité, dans la même mesure, je
crois que ce serait plus facile pour l'autorité civile d'absoudre ou de
ne pas exiger de ces mêmes bureaux, qui se seraient donné un
programme d'assurance-qualité, que leurs plans et devis soient
approuvés par des fonctionnaires ou par un tiers bureau, comme je le
disais tout à l'heure. Il ne faudrait pas oublier que ma recommandation
était dans un désir non seulement d'assurer la
sécurité du public, mais également dans un objectif de
réduire les coûts de cette future commission, qui pourrait devenir
une autre CSST si on ne prend pas les moyens qui s'imposent.
Le Président (M. Bordeleau): Merci...
M. Fortier: C'étaient les recommandations que j'avais, M.
le Président, je vous remercie de m'avoir écouté.
Le Président (M. Bordeleau):... M. le député
d'Outremont. Je veux remercier également les gens de l'Ordre des
ingénieurs du Québec. La commission suspend donc ses travaux
jusqu'à 15 heures.
M. Fortier: J'aimerais souligner que la semaine prochaine, M. le
Président, ce sera la Semaine de l'ingénieur. L'Ordre des
ingénieurs a une semaine extrêmement bien organisée. Il y
aura une exposition au complexe Desjardins. Je suis sûr que tous et
chacun d'entre nous avons reçu des invitations pour aller visiter cette
exposition afin de reconnaître le travail que fait l'ingénieur au
Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Bordeleau): Merci pour le commanditaire.
La commission reprendra à 15 heures, avec la FTQ-Construction.
(Suspension de la séance à 13 h 17)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La sous-commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
poursuivre la consultation particulière sur le projet de loi 53.
J'appelle la FTQ-Construction et je demanderais au porte-parole de s'identifier
et d'identifier les personnes qui l'accompagnent, s'il vous plaît!
FTQ-Construction
M. Lavallée (Jean): M. le Président, M. le
ministre, membres de cette commission, cela nous fait plaisir d'avoir
été demandés pour faire des représentations devant
cette commission.
J'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. A mon
extrême gauche, M. Gaston Pageau, représentant des
charpentiers-menuisiers, suivi de M. Louis-Marie Cloutier,
vice-président de la FTQ-Construction; à ma droite, M. Jean-Paul
Rivard, directeur général de la FTQ-Construction, ainsi que
moi-même, Jean Lavallée, président de la
FTQ-Construction.
Le projet de loi 53 constitue, à n'en pas douter, un pas
important dans le domaine du bâtiment au Québec. Nous ne pouvons
nous rappeler d'une loi qui ait eu comme effet d'en abroger huit et d'en
modifier
quinze autres. Sans vouloir jeter la pierre à personne, noua
sommes tentés de dire que ceux qui critiquent le trop grand nombre et la
trop grande complexité des lois et règlements du Québec
ont un peu raison et nous espérons que l'exemple fera boule de
neige.
Nous tenons à vous dire que nous sommes d'accord avec la plupart
des dispositions du projet de loi. Cependant, nous continuons de dire que le
gouvernement va trop loin dans la confiance qu'il semble manifester envers
certains groupes et que l'autocontrôle, l'auto-inspection,
l'autoqualification n'auront pas comme résultat de responsabiliser les
intervenants comme l'espère le gouvernement dans sa surdose de
confiance.
Quant au domiciliaire, nous croyons percevoir qu'il glisse de plus en
plus hors de toute surveillance et que les tentatives de certains groupes de
l'exclure de l'industrie de la construction traditionnelle trouvent leur
corollaire dans le projet de loi par la grande latitude gouvernementale
à décider, par règlement, ce qui est couvert et ce qui ne
l'est pas.
Loin de nous l'intention de prétendre que certains des beaux
principes énoncés ne sont pas des buts à atteindre, mais
tout le monde sait que la réglementation qui existe présentement
existe justement parce que les hommes sont les hommes et que les abus l'ont
rendue nécessaire.
Le présent mémoire se veut une recherche sereine d'un
juste milieu et une critique constructive de certaines dispositions du projet
de loi en espérant être écoutés afin d'éviter
les erreurs qu'un empressement trop grand, même motivé par le
désir de bien faire, pourrait amener le gouvernement à commettre.
C'est donc pourquoi nous soulevons certains articles, posons des points
d'interrogation et soumettons des propositions d'amendement.
Je vous ferai grâce du résumé. On a un projet qui
est assez volumineux. On va passer immédiatement à la page 5.
M. Rivard (Jean-Paul): À la page 5, nous commençons
avec les travailleurs de la construction. Dans le cadre d'un projet de loi
comme celui qui nous est présenté sur l'habitation, il est
pertinent de faire une mise au point relative aux conditions dans lesquelles
évoluent les travailleurs de la construction du Québec.
Le pluralisme syndical ainsi que l'obligation pour tout salarié
de la construction d'appartenir à une association de salariés de
son choix est établie par la loi 290 depuis décembre 1968; c'est
la Loi des relations du travail dans l'industrie de la construction.
Pour faire suite à cette loi, "les parties se sont entendues pour
prévoir un régime de sécurité syndicale
reconnaissant le pluralisme syndical et l'atelier fermé. " Nous citons
le rapport de la commission d'enquête sur l'exercice de la liberté
syndicale. Cet état de fait a entraîné un régime
particulier dans les négociations collectives de l'industrie de la
construction au Québec. "Auparavant, l'industrie de la construction
était régie par le Code du travail. On y retrouvait des
accréditations, des conventions collectives et des décrets
régionaux et, dans certains cas, provinciaux. " C'était le cas,
plus spécifiquement, des monteurs de ligne.
La raison majeure de l'application de la loi 290 était
d'établir un mécanisme de réglementation de relations du
travail dans l'industrie de la construction. Cette loi soustrayait le secteur
de la construction du champ d'application du Code du travail. Ce modèle
s'inspirait du modèle européen, basé sur la
négociation sectorielle.
Du côté syndical, le gain majeur fut d'établir de
bons salaires pour l'ensemble des membres des associations syndicales et ce,
pour les hommes d'un même métier, à travers toute la
province. Cela a favorisé surtout les travailleurs de métiers
généraux et des régions extérieures de
Montréal qui ont fait un rattrapage considérable.
Cela signifie qu'au Québec, peu importe l'éloignement du
chantier, la taille du chantier et le type de travaux de construction qu'on y
effectue, tant résidentiel, commercial ou industriel, tous les
travailleurs d'un même métier gagnent le même salaire
horaire "à l'exception - je cite le décret de la construction -
des travaux dans les chantiers éloignés et dans le projet de la
Baie James. "
Dans une certaine mesure, cet état de fait était un
palliatif aux particularités du secteur de la construction qui font que
chaque lieu de travail, conséquemment chaque emploi, a une durée
limitée. Quand l'ouvrage est fini, on plie bagage et on recommence
ailleurs. Dans la construction, la majorité des ouvriers travaillent
généralement pour plusieurs employeurs au cours d'une même
année. L'emploi y est occasionnel. Ainsi, le rattachement d'un
employé à l'industrie de la construction ne se fait pas par
l'intermédiaire de son employeur; il se fait bien plus par
l'intermédiaire de son syndicat.
On doit souligner aussi la grande étendue géographique
couverte par l'industrie de la construction dans la province de Québec
ainsi que la souplesse requise de la part des travailleurs afin de se
déplacer d'un chantier de construction à un autre. On note donc
la grande importance pour l'ensemble des travailleurs de la construction de
faire partie intégrante du décret qui régit l'ensemble du
secteur de la construction au Québec, afin d'uniformiser leurs
conditions de travail.
Appliqués comme prévu dans le projet de loi 53, certains
articles, (exemple: l'article 20) auraient pour effet d'éliminer le
secteur de la construction domiciliaire de la législation du
bâtiment. Le secteur domiciliaire - cela deviendrait le petit secteur
domiciliaire - se restreindrait à l'énumération de la loi
53, article 25, soit: "une maison unifamiliale, un bâtiment totalement
résidentiel de moins de trois étages ou moins de neuf logements
ou encore un bâtiment d'une catégorie exclue par règlement
du gouvernement en raison de son usage et de sa superficie. " Cette mesure
d'exclusion aurait pour effet de mettre de côté le secteur
domiciliaire afin d'en faciliter par la suite son expulsion du décret de
la construction.
M. Lavallée: Je pense que c'est important. Il ne faudrait
pas oublier que, tout récemment, encore une fois, le gouvernement
faisait l'éloge du programme Corvée-habitation. C'est grâce
au président de la FTQ qui avait lancé l'idée au sommet de
Québec et, par la suite, les centrales, dont la FTQ-Construction, ont
été aussi les grands artisans de ce programme
Corvée-habitation qui fait en sorte qu'on a mis 0, 125 $ l'heure. Les
chiffres sont là, le prouvent aujourd'hui et c'est grâce à
cela si on a pu, dans le creux de la crise, maintenir un nombre
appréciable de constructions domiciliaires.
Nos gars du secteur industriel payaient et ce n'est pas
nécessairement eux qui bénéficiaient du programme
Corvée-habitation. Nous, c'est une crainte qu'on a dans le projet de
loi, étant donné que le gouvernement pourrait réglementer
que le domiciliaire nous quitte. On tient à coeur à avoir le
domiciliaire même si certains pensaient que, pour nous, ce n'était
pas important. Ce sont des travailleurs de la construction et ils
méritent d'être traités sur le même pied que les
autres travailleurs de la construction.
M. Rivard: Cette nouvelle orientation de la loi pourrait
être une réponse aux attentes des associations d'entrepreneurs qui
aimeraient baisser le niveau de salaire des travailleurs de la construction -
quand je dis le mot "associations" au pluriel, après en avoir
cherché plusieurs, il faudrait peut-être mettre le mot
"association" au singulier -diminuer le ratio des compagnons comparativement
à celui des apprentis, décloisonner les métiers relatifs
à la construction et, finalement, ouvrir toutes grandes les portes du
secteur de la construction à ceux qui aimeraient y entrer.
On retournerait ainsi à la situation qui existait dans les
années soixante-dix, alors que n'importe qui pouvait entrer dans
l'industrie de la construction. La moyenne des heures de travail
s'élevait à 900 dans des années d'abondance de
construction et les gens n'étaient pas encore capables d'y trouver un
revenu continuel et décent dans l'industrie.
Cette attente des entrepreneurs est clairement exprimée dans un
document publié par l'APCHQ en mai 1982 et qui s'intitule "Le
régime des relations du travail dans l'industrie de la construction et
son impact sur le secteur de la construction résidentielle. "
Je cite: "Pour la prochaine ronde de négociations, les
entrepreneurs - il faudrait dire: du résidentiel, "brokers", promoteurs
de toutes sortes - ne veulent ni plus ni moins que les conditions de travail
devant s'appliquer aux entrepreneurs en construction résidentielle
(quatre étages et moins) soient négociées et
approuvées uniquement par ces derniers. "
À cette époque, l'APCHQ voulait négocier, voulait
faire des relations du travail et, aujourd'hui, elle invoque le fait qu'on soit
un organisme de relations du travail - et l'AECQ aussi - pour dire qu'on n'a
pas d'affaires à la Commission du bâtiment. Mais ils voulaient en
faire, des relations du travail quand cela faisait leur affaire.
Je continue. "Les entrepreneurs « de ce secteur ont fini
d'être les otages des gros entrepreneurs, des gouvernements, des gros
propriétaires, en résumé, des donneurs d'ouvrage. " Pour
observer l'importance du secteur résidentiel que le projet de loi 53
menace, il importe de vérifier certaines données statistiques
relatives à l'industrie de la construction au Québec.
Afin de bien connaître ce que représente le fait de
travailler dans le secteur de la construction au Québec, il est
important d'inclure dans ce mémoire certaines données concernant
les travailleurs eux-mêmes. On note que ces informations sont valables
pour l'ensemble de la construction au Québec. On note aussi que ces
informations, ces statistiques, viennent de l'Office de la construction du
Québec qui est, au Québec, le seul organisme qui rassemble,
ramasse et collige ce genre de statistiques. Plus loin, on vous dira
jusqu'à quel point on pense que l'OCQ est important dans le domaine de
la construction.
Vous avez les tableaux pour les années 1982 et 1983. Le document
officiel n'est pas disponible pour 1984, en ce qui concerne le nombre de
salariés et les heures travaillées dans l'industrie de la
construction. Cependant, pour 1984, les heures travaillées ont
été de 73 700 000 et le nombre de salariés, 75 800, pour
une moyenne de 972 heures de travail. Grâce à
Corvée-habitation encore, en 1984, on a eu une reprise de la
construction qui a fait en sorte que la moyenne d'heures de travail a
été plus
élevée pour les travailleurs de la construction.
On se rend compte, rapidement, que la situation des travailleurs n'est
pas si belle. En effet, ils n'ont travaillé, en moyenne, que 920 heures
en 1983, ce qui représente grossièrement environ six mois de
travail, tandis que leur salaire moyen se situait aux environs de 16 127 $
annuellement. Il est évident que cette situation n'entraîne pas
des conditions de vie excellentes.
Le tableau suivant nous fournit des indications relatives aux
charpentiers-menuisiers exclusivement. On a pris ce métier, parce que
c'est celui, dans le secteur résidentiel, qui est le plus répandu
et le plus touché, nécessairement, par ce qui pourrait arriver
avec le projet de loi 53. Alors, vous avez un tableau qui vous donne le nombre
de salariés qualifiés, la moyenne d'heures de travail par
compagnon et par apprenti et la moyenne des deux.
Dans le cas précis des charpentiers-menuisiers, on
s'aperçoit que les compagnons sont dans la moyenne
générale des travailleurs de la construction, tandis que les
apprentis sont nettement en retrait. Il en est de même pour les salaires
respectifs de ces deux groupes de travailleurs.
Lorsque l'on s'interroge sur le nombre de régions où les
travailleurs doivent être actifs afin d'assurer leur salaire moyen,
l'Office de la construction du Québec nous fournit encore les
données suivantes. C'est un tableau qui nous dit le nombre de personnes,
en 1983, qui ont travaillé dans leur région de domicile, avec les
apprentis et les compagnons; cela couvre tous les travailleurs de la
construction. Il y a 40 800 travailleurs qui ont travaillé dans leur
région seulement. Il y en a 18 000 qui ont travaillé dans plus
d'une région, y compris leur région. Il y a 13 738 travailleurs
qui ont travaillé exclusivement dans d'autres régions que leur
région de travail, ce qui veut donc dire que le fait que tu es couvert
par le décret de la construction, le fait que tu es un travailleur de la
construction fait en sorte que tu as des priorités d'emploi dans des
régions autres que chez vous. On ne te laisse pas crever dans ta
région quand il y a du travail ailleurs et qu'on manque de main-d'oeuvre
dans une région.
On note donc que le salaire annuel moyen est faible, mais que les
travailleurs parviennent éventuellement à l'augmenter en
acceptant de se déplacer au sein de plusieurs régions
géographiques. On remarque dans le tableau précédent que
le salaire des personnes qui vont travailler à l'extérieur est
légèrement plus élevé que celui des persones qui
restent seulement chez elles.
Selon les données de l'Office de la construction du
Québec, le salaire varie aussi en fonction du statut professionnel et de
l'âge des travailleurs. Dans le tableau qui suit, j'aimerais attirer
votre attention sur les personnes qui commencent à avoir de l'âge,
parce qu'on parle de l'âge des travailleurs. De 40 à 44 ans, on
voit que le salaire commence à baisser, 13 800 $; après, de 45
à 49 ans, 12 200 $; puis, de 50 à 54 ans, 10 000 $ et cela baisse
jusqu'à 65 ans et plus. C'est peut-être normal qu'il n'y en ait
pas beaucoup qui travaillent et que la moyenne soit assez basse, mais cela fait
dire que, dans l'industrie de la construction, si tu n'as pas quelque chose qui
te protège comme travailleur, plus tu es âgé, moins tu es
un travailleur de course, moins tu es apte à être fouetté
et moins tu as des chances d'emploi.
On constate donc, grâce aux données qui
précèdent, que vu sous l'angle des travailleurs le secteur de la
construction ne favorise pas particulièrement les gens qui y oeuvrent.
Il semble que la réputation de salaires mirobolants que gagnent les
salariés de la construction soit surfaite, si on le prend sur une base
annuelle.
Pour faire suite à ceci, nous recommandons de protéger les
lois pouvant conserver le secteur de la construction domiciliaire dans le
décret de la construction, afin de sauvegarder les acquis des
travailleurs qui ne feraient que chuter en dehors du décret. Les
associations ou l'association patronale qui veut sortir les travailleurs du
décret, ce n'est pas pour le bien des travailleurs. Je suis sûr de
cela et vous aussi, d'ailleurs.
Dans le deuxième chapitre, il importe de tracer d'abord un
tableau de ce qu'est le secteur domiciliaire de l'habitation pour en arriver
par la suite à observer comment le consommateur peut se protéger
lors de transactions.
Des données statistiques relatives au secteur de la construction
au Québec. Dans ce chapitre, nous mettrons en évidence certaines
données statistiques concernant principalement les habitations
domiciliaires, secteur qui, à notre avis, risque d'être mis de
côté par le présent projet de loi. À cet effet, nous
retiendrons les catégories de données se rapprochant le plus de
l'enumération au projet de loi 53 relatif au secteur domiciliaire, soit:
"une maison unifamiliale, un bâtiment totalement résidentiel de
moins de trois étages ou de moins de neuf logements ou un bâtiment
d'une catégorie exclue par le règlement du gouvernement en raison
de son usage et de sa superficie. "
Les investissements. Dans un premier temps, il importe de situer la
valeur globale investie au Québec dans des travaux de construction. Pour
les années 1983 et 1984, Statistique Canada nous donne certains chiffres
relatifs à la construction neuve et aux réparations. Dans le
tableau qui suit, quand on parle de la valeur des travaux de
construction et de réparation au Québec, on dit que le
total de la construction de bâtiments par rapport au total des travaux de
génie est de 4 946 000 000 $, soit 57 % de tous les travaux de
constructions neuves effectuées au Québec. On parle de 1983.
En ce qui concerne la réparation, c'est 1 747 000 000 $, soit 73
% de tout l'argent qui a été dépensé en
réparations. On pense que c'est assez important. C'est à peu
près la même chose en 1984. Je n'ai pas besoin de citer les
chiffres. Ce qui nous fait dire que le secteur de la construction neuve et de
la réparation ou rénovation, si vous voulez, est très
important en ce qui concerne les travailleurs au Québec et les profits
de tout le monde, y compris les taxes de l'État.
On observe donc que près de 60 % des travaux de construction qui
ont été effectués au Québec en 1983 et en 1984
l'ont été dans la construction et la réparation de
bâtiments. Ceci représente presque la moitié de la valeur
globale du secteur d'activité et la somme de 7 183 000 000 $. Le reste
fut investi dans des travaux de génie qui se divisaient en plusieurs
catégories comme le génie maritime, l'installation de gaz et de
pétrole, les barrages, etc.
Afin de raffiner les données connexes à l'habitation,
Statistique Canada met à notre disposition les informations suivantes:
On parle de la valeur globale des travaux de construction achetés,
construction neuve et réparations dans l'habitation en 1000 dollars en
1983 et en 1984. On prend 1983 comme exemple: le total de la construction de
bâtiments au bas du tableau est de 4 946 000 000 $, soit 63 %, et 55 % en
1984.
On se rend compte que le secteur de l'habitation retient à lui
seul environ 60 % des investissements faits au Québec dans la
construction et la réparation de bâtiments en 1983 et 1984 et
représente la somme de 4 171 000 000 $ au lieu de 14 000 000 000 $ - je
vous demande de corriger votre document; un petit montant de 10 000 000 000 $
comme cela, il n'y a rien là - et 4 078 000 000 $ en 1984, sommes non
négligeables pour l'économie de la province de Québec.
Advenant que le projet de loi soit accepté tel quel et la
possibilité pour une certaine association patronale qui oeuvre dans le
résidentiel, les salaires attachés à ces statistiques
risquent de disparaître dans les statistiques.
Les mises en chantier. L'Office de la construction du Québec nous
fournit un autre niveau de statistiques. Celles-ci concernent le nombre de
mises en chantier par unités de logement effectuées en 1982, 1983
et 1984 au Québec. Nous les retrouvons ici divisées en deux
grandes catégories, soient unifamiliales et multifamiliales (deux
logements et plus). C'est regrettable, les statistiques ne nous fournissent pas
les immeubles résidentiels de moins de neuf logements et de moins de
trois étages. On n'a pas ce genre de statistiques.
Alors, les mises en chantier au Québec dans la construction
domiciliaire, en 1982, 1983 et 1984. Le nombre d'unités apparaît:
9999 en 1982 et Corvée-habitation commence à avoir de l'effet,
soit 22 167 en 1983, et cela se poursuit en 1984, 20 180. On parle de logement
unifamilial seulement. Quand on parle du multifamilial, 13 493 en 1982, la
vague Corvée-habitation est là, soit 18 151 en 1983 et 21 722 en
1984. On voit que le multifamilial, c'est une nouvelle mode qui se
développe et Corvée-habitation a été vraiment
efficace dans ce domaine.
On se rend compte que dans la catégorie de logement
multifamilial, il y a une partie des logements domiciliaires qui nous
intéresse, soit les bâtisses de moins de neuf logements. On ne
peut la définir à cause du manque de finesse des données.
Nous laisserons cette catégorie de côté.
Par contre, au sens du projet de loi 53, les mises en chantier des
unités unifamiliales nous concernent pleinement et on observe qu'elles
regroupent à elles seules près de la moitié des mises en
chantier sauf pour 1982, l'année où un creux économique
accentué a touché le Québec. Même en oubliant la
portion inconnue des mises en chantier qui couvre les bâtisses de moins
de neuf logements, on se rend compte que le secteur unifamilial
représente une grosse part, sinon la plus grosse part des
activités de construction résidentielle.
Il aurait été intéressant de comparer la
totalité des mises en chantier du secteur domiciliaire avec l'ensemble
des activités de construction au Québec, mais ces données
ne sont pas disponibles. Des statistiques relatives à la
rénovation et à la réparation ne sont pas disponibles non
plus. Par surcroît, les investissements dans ce secteur d'activité
sont ardus à déterminer car on éprouve une certaine
difficulté au niveau des termes "rénovations" et
"réparations", les champs d'application de chacun n'étant pas
clairs pour l'ensemble des consommateurs chez qui on fait la cueillette des
données.
Après la lecture de ces données, il importe de retenir la
part importante de l'industrie de la construction qui représente le
secteur domiciliaire au Québec.
Pour faire suite à ceci, il est opportun de
réfléchir sur ce que signifie la somme de 4 078 000 000 $
investie au Québec en 1984 par l'ensemble des consommateurs, acheteurs
de maisons neuves ou de réparations et de voir quelles sont les
protections relatives à ces investissements.
La protection du consommateur. Certains dispositifs sont mis à la
portée des consommateurs afin de les protéger dans
l'éventualité où ils se sentiraient lésés.
Il est intéressant de voir en quoi cela consiste.
Les recours actuels. Il y a présentement certains organismes qui
offrent des services pouvant aider les consommateurs en cas de besoin. La
plupart sont gouvernementaux ou bien subventionnés par les
gouvernements, comme l'ACEF, si vous voulez.
Afin de vérifier le type de recours que chacun peut donner, nous
avons communiqué avec ces organismes pour connaître quels sont les
services dont ils disposent. Voici les résultats de cette
démarche.
L'Office de la protection du consommateur. Cet office fonctionne
à partir de la Loi sur la protection du consommateur. Dans cette loi,
l'article 6b exclut "la vente, la location ou la construction d'un immeuble".
Donc, la loi ne protège pas encore le consommateur pour les achats
immobiliers, neufs ou usagés.
Par contre, la situation est différente pour ce qui est des
réparations, de l'entretien ou de l'amélioration d'un immeuble.
C'est ce qu'on nous dit lorsque nous appelons. En principe, ces aspects de la
construction sont exclus à l'article 6d qui se lit comme suit et qui
n'est pas promulgué: "La prestation d'un service pour la
réparation, l'entretien ou l'amélioration d'un immeuble ou
à la fois la prestation d'un tel service et la vente d'un bien
s'incorporant à l'immeuble"... Cependant, actuellement, cet article
n'est pas en vigueur, ce qui signifie que la réparation serait couverte
par la Loi sur la protection du consommateur.
Cette loi prévoit aussi une protection pour les gens qui signent
des contrats à la maison. Ce sont les articles 55 à 65 qui
couvrent ceci grâce aux dispositions face à la vente
itinérante. Cependant, le règlement no 7 en restreint l'usage
à la vente de portes et fenêtres, de couverture, d'isolant
thermique et de revêtement extérieur ainsi qu'au louage de
services relativement à de tels biens. (15 h 30)
La Régie des entreprises. Comme mesure à envisager en cas
de préjudice, la régie recommande au consommateur ayant des
difficultés avec l'entrepreneur d'envoyer une lettre recommandée
à l'entrepreneur. Si celui-ci ne réagit pas, le consommateur
devrait envoyer à la RECQ une copie de la lettre expédiée
précédemment à l'entrepreneur, ainsi qu'une copie du
contrat liant les deux parties en cause.
La régie procédera ultérieurement à une
inspection des travaux et effectuera, s'il y a lieu, des pressions sur
l'entrepreneur. La régie a surtout un poids moral face à
l'entrepreneur, puisque c'est elle qui émet les permis des
entrepreneurs. Comme ultime recours, elle pourrait, éventuellement,
canceller le permis de l'entrepreneur. Ici, je ferai un commentaire.
Moi-même, j'étais au téléphone demandant des
informations. Quand on parle de canceller - c'est le terme dont je me suis
servi - la personne nous répond: Oui, mais il va falloir que vous ayez
des maudites bonnes preuves. Je veux dire que ce n'est plus personne d'autre
que moi qui doit faire la preuve. C'est moi, comme consommateur, qui dois faire
la preuve.
L'aide juridique. L'aide juridique peut devenir intéressante
lorsqu'il y a poursuite contre un entrepreneur. Cependant, seulement les gens
à faible revenu, gagnant moins de 170 $ brut par semaine, et les
assistés sociaux y ont accès. Ceci donne à penser que peu
de gens auront recours à t'aide juridique pour des cas concernant
l'achat et la réparation de maisons, étant donné que leurs
faibles revenus les empêcheront probablement d'être
propriétaires.
La Cour des petites créances. On en a parlé hier avec
l'Association pour la protection des consommateurs. On est couvert seulement
jusqu'à 1000 $. Les gens qui ont des réparations ou des
rénovations à faire faire ou de la construction neuve, c'est
toujours pour beaucoup plus de 1000 $.
L'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec, l'APCHQ. L'APCHQ est une association de 1500 entrepreneurs
généraux en construction du Québec. Elle offre certains
programmes pouvant protéger les consommateurs qui ont contracté
avec des entrepreneurs membres de l'APCHQ, et ceci pour la construction neuve
et la réparation.
On souligne que les constructeurs ne sont pas tenus de faire partie de
cette association et que les programmes de garantie sont surtout
intéressants en cas de maisons neuves possédant des vices majeurs
pouvant entraîner la perte de la bâtisse. C'est ce qu'on nous dit,
des vices majeurs qui peuvent entraîner la perte partielle ou totale de
l'édifice. Cependant, malgré ces lacunes, c'est la meilleure
protection qui existe actuellement pour le consommateur. II faut bien
l'admettre, ce n'est pas grand-chose en ce qui nous concerne, mais c'est mieux
que rien, parce que rien c'est encore moins que pas grand-chose.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce qu'on pourrait
accélérer, on a déjà 24 minutes
d'écoulées dans la lecture? Est-ce qu'on pourrait
abréger?
M. Rivard: Je vais essayer de lire plus vite. Il semble donc que
même si certains organismes peuvent, éventuellement,
protéger les consommateurs, l'ensemble de ces derniers ont peu de
recours pouvant les assurer de faire respecter leurs droits.
La dernière procédure à laquelle ils pourraient
avoir recours serait de poursuivre en justice l'entrepreneur en vertu du Code
civil. Par contre, ceci amène beaucoup de frais et, bien souvent, les
gens décident
d'endurer les vices de leur maison, de vivre avec plutôt que de
poursuivre.
Les recours avec le projet de loi 53. Le projet de loi 53 se donne comme
visées sociales de responsabiliser les intervenants et d'assurer une
meilleure protection des consommateurs. Pour y parvenir, il inclut dans ce
projet de loi le système de plan de garantie.
Le gouvernement se réserve le droit d'obliger
éventuellement tout entrepreneur à adhérer à un
plan de garantie. Ce plan de garantie serait dans la lignée de ceux
déjà offerts par l'APCHQ et par la FCQ. Il est possible aussi que
ce soit ces mêmes plans de garantie qui deviennent obligatoires.
Le gouvernement instaure également la notion
d'autocontrôle, par lequel les constructeurs seraient plus autonomes tout
en devant rendre compte de leurs activités sur demande de la Commission
du bâtiment. Ceci aurait pour effet de diminuer de façon
importante le nombre d'inspections des bâtiments en construction.
Ces aspects de la loi nous semblent être aléatoires pour la
protection des consommateurs qui perdraient ainsi quelques-unes de leurs
protections. L'inclusion de la notion d'autocontrôle dans le but de
responsabiliser risque de faire souffrir un consommateur qui achète d'un
constructeur possédant un faible degré de responsabilité
et qui a déjà vu diminuer le nombre d'inspections le
concernant.
De plus, en ce qui a trait au plan de garantie, les constructeurs
deviendraient à la fois juge et partie, puisqu'ils émettraient
possiblement eux-mêmes les plans de garantie aux consommateurs. C'est ce
qui se fait, d'ailleurs, à l'heure actuelle.
À notre avis, il semble que la Loi sur le bâtiment pourrait
inclure des mesures plus précises afin de protéger le
consommateur, comme un fonds d'indemnisation, par exemple. Nous en parlons de
façon plus élaborée dans les pages suivantes. Là,
je voudrais noter qu'en ce qui concerne ce plan de garantie, l'APCHQ, dans son
mémoire, n'est pas tout à fait d'accord pour que certaines
données concernant la régie de ce plan deviennent publiques,
à un moment donné. On est bien prêt à ce que le
ministre et la loi obligent les entrepreneurs à en faire partie, mais il
ne faudrait pas que trop de choses soient publiques. Cela nous laisse un peu
songeurs.
Ici, nous faisons l'énumération des articles et nos
commentaires aux articles du projet de loi. La définition du
constructeur-propriétaire et le libellé de l'article 22 nous
semblent être une porte ouverte à des entreprises ou à des
personnes qui ne sont pas des entreprises de construction pour effectuer des
travaux de construction dans des domaines qui sont présentement du
ressort exclusif des entrepreneurs et salariés de la construction. Nous
pensons plus particulièrement à l'électricité et
à la plomberie. Nous ne croyons pas que les dispositions des articles
221 et 241, amendant respectivement l'article 21 de la Loi sur les
maîtres électriciens et l'article 20 de la Loi sur les
maîtres mécaniciens en tuyauterie, soient suffisantes pour
alléger nos craintes. Il faudra donc s'assurer que le remplacement de la
licence A-2 n'aura pas d'effet adverse sur les acquis actuels.
De plus, à cause de tous les problèmes survenus et qui
continuent de survenir avec les entrepreneurs spécialisés, nous
demandons que les définitions des mots
"constructeur-propriétaire" et "entrepreneur" se lisent ainsi.
"Constructeur-propriétaire": une personne qui, pour son propre compte,
exécute à l'aide de salariés - les mots soulignés
sont les ajouts - ou fait exécuter des travaux de construction par des
salariés. On pourrait ajouter aussi "ou des entrepreneurs".
"Entrepreneur": une personne qui, pour autrui, exécute à l'aide
de salariés ou fait exécuter par des salariés des travaux
de construction ou fait ou présente des soumissions, personnellement ou
par personne interposée, dans le but d'exécuter ou de faire
exécuter, à l'aide de salariés, à son profit de
tels travaux.
Nous voulons ajouter la définition du mot "salarié" qui se
lirait comme suit: personne détenant un certificat de qualification
émis en vertu de la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de !a main-d'oeuvre et/ou un certificat de classification
émis par l'Office de la construction du Québec.
Là, on réglerait, selon nous, les problèmes du
travail au noir qu'un autre ministre, le ministre du Travail, semble vouloir
régler. Ce sont les dispositions qu'il faudrait avoir dans la loi pour
les régler une fois pour toutes. Il faut arrêter ce genre de
travail au noir et les portes ouvertes à ce genre de travail au noir. On
a beau dire, à un moment donné, que c'est le marché. C'est
le marché à cause des profits ou de la volonté de faire
des profits. On crée artificiellement un régime à
côté d'un régime établi et négocié
depuis de longues années.
Article 20. Nous interprétons cet article comme signifiant qu'un
constructeur-propriétaire pourrait construire des maisons unifamiliales
en série et à longueur d'année sans jamais avoir à
élaborer et mettre en oeuvre un programme de contrôle de la
qualité. Nous comprenons que le plan de garantie existe, et ce plan de
garantie, c'est le "check-off" de l'APCHQ, à moins que le gouvernement
n'exclue le résidentiel, comme le projet de loi le lui permet, mais nous
ne comprenons pas le pourquoi de cette exclusion quand on sait que le
résidentiel est
le secteur de prédilection pour les aventuriers de toutes sortes.
Quand on veut protéger les consommateurs, je pense qu'il faut vraiment
encadrer le résidentiel.
Nous pensons qu'aucune construction, quelle qu'elle soit - je ne parle
pas du petit cabanon à l'arrière de la maison - ne devrait
être entreprise à moins qu'elle ne soit exécutée
selon des plans et devis signés par un architecte ou un ingénieur
membre de sa corporation professionnelle. On a des organismes, ces personnes
sont membres de corporations professionnelles et doivent être
accréditées.
Le Président (M. Lafrenière): M.
Rivard, est-ce qu'on pourrait résumer? Les mémoires ont
été lus. Si vous pouviez faire un résumé des points
qui restent à toucher.
M. Rivard: M. le Président, cela fait presque deux jours
que je suis ici et j'ai vu des organisations qui sont venues, des associations
qui ne se sont pas fait pousser tant que cela quant au temps. Je veux bien
croire qu'il y a des limites. On nous avait dit qu'il y avait trois jours
d'audition et on est rendu maintenant à deux jours. Chaque fois que vous
m'interrompez, vous allongez...
Le Président (M. Lafrenière): Je comprends, mais on
est déjà rendu à 32 minutes.
M. Rivard: Dix minutes et cela va aller.
Une voix: Comme quelqu'un nous a déjà dit: Un petit
deux minutes de démocratie.
M. Rivard: L'article 25. Nous sommes d'accord pour que certains
bâtiments ne soient pas couverts par le Code de sécurité,
mais il faudrait s'assurer que dans le résidentiel, en tout cas, les
normes, pour ce qui est des codes de construction, soient
respectées.
M. Lavallée: Article 44. On retrouve encore à cet
article une ambiguïté quant aux travaux que peut effectuer le
constructeur-propriétaire. Il semble, à la lecture de cet
article, qu'il ne sera plus nécessaire au détenteur d'une licence
de constructeur-propriétaire d'être qualifié en
électricité ou en plomberie pour effectuer ces travaux ou
embaucher des salariés. Même si les articles 52. 1 et 62
pourraient permettre un certain filtrage, nous nous demandons si nous ne sommes
pas devant une déréglementation de ces secteurs
d'activité.
On le mentionne à la page 33. Notre philosophie est qu'il faut
que ce soit fait par des salariés de la construction. Ce n'est pas parce
que je représente aussi les électriciens, que je connais bien la
Corporation des maîtres électriciens, mais c'est quand même
un organisme qui a fait ses preuves à venir jusqu'à maintenant.
On maintient, ainsi que pour la Corporation des plombiers, que ce soit maintenu
et que ce soient ces organismes qui représentent les gens.
Dans le document de consultation du 17 avril dernier, on peut lire que
le cautionnement de 5000 $, offrant une couverture trop limitée, ne
serait pas maintenu. Voilà donc un raisonnement à rebours. Si le
cautionnement n'est pas assez élevé, on ne réglera rien en
le faisant disparaître. La logique impose qu'on en exige un plus
élevé. La disparition de ce cautionnement, alliée à
la qualification des entrepreneurs par certaines associations d'entrepreneurs,
est le début de la fin pour le secteur résidentiel
syndiqué. Depuis longtemps une association patronale regroupant des
entrepreneurs en résidentiel, ayant à sa direction plusieurs des
plus importants "brokers" du secteur, réclame que ce secteur cesse
d'être assujetti au décret de la construction. Ce n'est pas parce
que l'APCHQ a des divergences d'opinions avec l'AECQ qu'il va falloir, par ce
projet de loi, que l'APCHQ crée son propre petit secteur. Même
avec les problèmes qu'on a pu avoir avec l'AECQ, on a quand même
réussi à établir des salaires uniformes et c'est important
pour nous autres que le secteur domiciliaire demeure à
l'intérieur du décret de la construction avec tout ce que cela
comporte.
Cette même association, lors de la mise sur pied du programme de
relance domiciliaire de Corvée-habitation, au mépris de l'entente
avec les associations syndicales - entente qui stipulait que les logements
seraient construits par des salariés de la construction à
l'emploi d'employeurs de la construction - émettait une directive
à ses membres sur la façon de tricher le programme et de
contourner l'entente. Par téléphone on expliquait clairement que
la Régie des entreprises en construction du Québec
émettrait des licences d'entrepreneurs spécialisés aux
entrepreneurs artisans qui en feraient la demande, les artisans étant
exclus du programme. Il est bon aussi de stipuler que même si les
artisans étaient exclus, plusieurs "brokers" et entrepreneurs ne se sont
pas formalisés outre mesure de cette exclusion et ont embauché
des artisans à tour de bras.
M. Rivard: C'était sa façon de tricher le programme
à un moment donné parce qu'en engageant des artisans, des
entrepreneurs spécialisés qui ne déclaraient par leurs
heures à l'OCQ, qui ne payaient pas les 0, 125 $ l'heure,
c'étaient les gros entrepreneurs de l'industriel, d'autres secteurs de
ta construction qui, eux, devaient payer les 0, 125 $. À un moment
donné quand
l'APCHQ dit qu'elle veut cesser d'être l'otage des gros
entrepreneurs, cela ne lui fait rien par exemple que les gros entrepreneurs
paient à sa place pour financer le programme de Corvée-habitation
pendant qu'elle triche ce même programme.
J'ai ici un article de journal de l'an dernier qui dit: Le prix du bois
de sciage a baissé de 30 % en trois mois. Avez-vous vu, vous autres, les
maisons baisser de 30 % parce que le bois de sciage avait baissé? Non,
on s'attaque continuellement aux salaires et la raison pour laquelle on veut le
sortir, c'est à cause, suppose-t-on, des salaires.
M. Lavallée: Comme le passé est garant de l'avenir
et que le dossier de cette association patronale n'est pas des plus reluisants,
nous pouvons d'ores et déjà voir la longue file de travailleurs
de ta construction aux portes de cette association, venant prendre possession
de leur licence d'entrepreneurs spécialisés et abandonner leur
statut de salariés sous la contrainte des promoteurs,
constructeurs-propriétaires, entrepreneurs et autres donneurs d'ouvrage.
Le rêve depuis longtemps caressé par cette association est sur le
point de se réaliser, et ce avec l'aide consciente ou inconsciente -nous
n'en savons rien - du gouvernement au préjugé favorable pour les
travailleurs.
C'est donc pourquoi nous nous opposons de toutes nos forces à
l'élimination du cautionnement pour l'obtention d'une licence. Nous
exigeons que ce cautionnement soit porté à 50 000 $. Une telle
disposition inciterait beaucoup plus les entrepreneurs à se
responsabiliser que la pléiade de voeux pieux contenus dans le projet de
loi. Quant à la qualification, nous en reparlerons plus loin.
M. Rivard: Articles 54 et 55. Nous nous permettons de souligner
que le sixième paragraphe de l'article 54 et le deuxième
paragraphe de l'article 55 sont beaucoup plus cléments à
l'endroit des entrepreneurs que ne l'est l'article 26 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction envers les
représentants syndicaux et les délégués de
chantiers.
Nous demandons que ces articles soient modifiés en enlevant les
mots "et qui est relié aux activités que la personne entend
exercer dans l'industrie de la construction" apparaissant aux deux paragraphes
mentionnés ci-haut.
Dans l'industrie de la construction, pour être représentant
syndical, il ne faut avoir de dossier d'aucune sorte. Si moi-même ou des
personnes qui sont ici, aujourd'hui, ont par malheur une bagarre dans une
taverne pour n'importe quelle raison et que des charges criminelles sont
émises contre elles, qu'elles sont trouvées coupables, elles sont
exclues de leur poste de représentant. On les empêche de gagner
leur vie dans ces postes-là pendant cinq ans.
Pour un entrepreneur, cela pourrait être n'importe qui qui a
fraudé n'importe qui, mais si ce n'est pas dans le secteur de la
construction, il n'y a pas de problème, il peut être entrepreneur
lui. Alors, ce qui est bon pour pitou est bon pour minou.
M. Lavallée: Suspension, annulation, refus de
renouvellement d'une licence. Nous demandons que le fait de servir de
prête-nom soit également un motif d'application de l'article
64.
M. Rivard: Les garanties financières. À l'article
65 de l'avant-projet de loi du 11 juillet 1984, le gouvernement entrevoyait la
constitution d'un fonds d'indemnisation financé par les entrepreneurs.
Nous avions applaudi à cette initiative qui avait trop tardé.
Quelle ne fut pas notre consternation de voir qu'en plus de la disparition du
fonds, le gouvernement s'engage à défrayer les coûts
occasionnés par des entrepreneurs incompétents et peu scrupuleux.
Ce n'est pas la majorité mais il y en a. Tout ce que la commission
pourra faire sera de refuser le renouvellement des licences de ces personnes,
et cela seulement si elle n'a pas délégué ses pouvoirs en
ce domaine à une association patronale qui pourrait avoir tendance
à ignorer ces "péchés véniels" envers le
consommateur-citron. L'article 180 prévoit bien une amende de 500 $
à 1000 $, mais nous doutons fort que cette menace ait un effet de
dissuasion si jamais des poursuites étaient intentées.
C'est donc pourquoi nous demandons que le fonds d'indemnisation
financé par les entrepreneurs et servant à indemniser tous les
consommateurs victimes d'entrepreneurs ou de faux entrepreneurs devienne une
réalité et que le projet de loi soit amendé en
conséquence.
Afin de décourager des personnes à poser en entrepreneurs,
nous vous ferons des suggestions à l'article 180.
Je sais que les entrepreneurs ne sont pas d'accord. Ils disent: Nous on
paie tout pour le fonds d'indemnisation. Dans une collectivité, la
collectivité de tous les contribuables au Québec paie pour ceux
qui fraudent l'assurance-chômage, paie pour ceux qui fraudent le
bien-être social. Il est normal que la collectivité des
entrepreneurs paie pour les mauvais entrepreneurs qui fraudent les clients. (15
h 45)
Constitution et organisation de la Commission du bâtiment. Cela
est très important. Les préoccupations que nous manifestons tout
au long de notre mémoire ne sauraient avoir de sens si nous n'exigions
pas de faire partie du conseil d'administration de la commission et
d'exprimer notre avis sur la présidence et les postes de
vice-présidents.
Lors de la journée de consultation du 24 avril dernier, le sujet
de notre participation au conseil d'administration avait été
soulevé et avait suscité une levée de boucliers de la part
de certaines associations patronales. Nous avons peine à comprendre une
telle réaction. Â une époque où le syndicalisme
évolue rapidement, il est surprenant de voir une attitude aussi
sclérosée des associations patronales.
Se pourrait-il que ces associations, après avoir
bénéficié de nos initiatives et profité du
régime de retraite des travailleurs de la construction pour relancer
leurs entreprises tout en refilant leur part des coûts aux clients, nous
considèrent maintenant comme des parias qu'il faut éviter
d'impliquer dans les choses importantes?
Se pourrait-il que ces associations s'imaginent que la commission est
leur "bébé" et qu'on doive empêcher le mouvement ouvrier de
voir ce qui s'y passe et de donner son avis? Cela est tellement vrai qu'hier,
en m'adressant à une partie patronale, à une association
patronale, pour lui demander quel était son opinion - je n'avais pas lu
son mémoire où elle se prononçait contre notre
participation - on m'a dit: Qu'est-ce que tu penserais si on demandait
d'être présents au conseil d'administration de la
FTQ-Construction? -Cela en était rendu au point où la commission
n'est pas encore créée et c'est leur "bébé". C'est
un "bébé patronal" et les syndicats n'ont pas à être
là. Je pense que le ministre ne devrait pas embarquer dans ce genre de
jeu. Il y a quand même des choses qu'on fait dans la
société aujourd'hui. On a un rôle social à jouer, on
a un rôle économique à jouer et on est prêt à
l'accepter de plus en plus. Je crois que le gouvernement devrait accepter cela
aussi.
Si tel est le cas, notre société dite démocratique
en prend un coup. La prétention patronale que le conseil
d'administration de la commission est là pour administrer et que les
syndicats sont là pour faire des relations du travail seulement va
à l'encontre de l'évolution que connaît le syndicalisme
depuis quelques années. Que fait-on de Corvée-habitation et du
Fonds de solidarité de la FTQ? Que fait-on de la participation syndicale
à la CSST et à l'OCQ aussi? À l'OCQ où on
s'aperçoit que les entrepreneurs ne veulent pas qu'on voie leur bilan
financier à la commission. À l'OCQ, je siège au conseil
d'administration et je vois le bilan financier des entreprises en faillite ou
les employés qui viennent se faire payer par le fonds d'indemnisation
que nous administrons à l'Office de la construction. Là, on voit
leur bilan financier mais seulement quand elles sont en faillite. Ces
associations devraient être au courant les nominations de syndicalistes
à différents organismes tels que la Commission des droits de la
personne, la Caisse de dépôt et placement, le Conseil consultatif
de l'environnement, CIDEM, la Commission d'initiative et de
développement économique de Montréal, la commission
d'enquête Marsan sur le toit olympique, le Conseil supérieur de
l'éducation etc.
M. Lavallée: Tout dernièrement, rappelez-vous, avec
ce qu'on appelle la table de l'emploi dont le ministre responsable est Bob
Dean, c'est toute cette idée de concertation qu'on doit avoir. Je
siège présentement à cette table comme représentant
de la FTQ, les autres centrales syndicales y siègent, le Conseil du
patronat y siège, l'Association canadienne des manufacturiers y
siège. On est là pour essayer de trouver des solutions à
l'emploi. Quand on parle de siéger â des conseils d'administration
ce n'est pas pour les bloquer, c'est pour essayer de les faire avancer. On en a
eu la preuve avec Corvée-habitation. Je pense que cela a
été relativement bien à l'intérieur du conseil
d'administration. Il y a des membres du conseil qui sont ici présents.
On a réussi à se parler et à régler des choses. Je
siège à un autre conseil d'administration qui s'appelle la
Commission de la santé et de la sécurité du travail
où même quand on a des divergences d'opinions on réussit
à en arriver à des ententes et des règlements.
Vous en avez ta preuve avec le virage que la FTQ a pris avec le fonds de
solidarité. On a été critiqué mais on peut voir
aujourd'hui qu'on a réussi à sauver des entreprises, qu'on a
réussi à maintenir des emplois tout dernièrement dans le
cas de Pierre Thibault, dans le cas de la Scierie des Outardes. Pour nous,
comme le dit souvent le président de la FTQ, les profits ne nous ont
jamais fait peur. S'il n'y avait pas de profits il n'y aurait pas d'employeurs
et il n'y aurait pas de travailleurs qui seraient engagés par ces
employeurs. On tient à siéger à ce conseil
d'administration pour faire en sorte que tout ce qu'il y a comme principes dans
cette loi, il y ait. quelqu'un pour en discuter avec les entrepreneurs. On
appelle cela, aussi, de la concertation.
M. Rivard: Je voudrais même vous dire que certains de ces
entrepreneurs qui s'opposent à notre présence ne se gênent
pas pour m'appeler à un moment donné pour essayer de faire lever
des charges contre eux à l'OCQ afin de sauver 20 % d'amende sur les
montants réclamés.
L'industrie de la construction est un secteur syndiqué à
100 % et il n'est que normal que nous soyons présents dans une instance
aussi importante que la Commission
du bâtiment. Le refus patronal de nous voir à cet endroit
nous raffermit dans notre détermination de ne pas les laisser seuls,
sans surveillance, à un endroit aussi stratégique. L'affaire
Corvée-habitation est encore fraîche à notre
mémoire.
C'est donc pourquoi nous exigeons d'être consultés sur le
choix du président afin de nous assurer de sa neutralité; de
pouvoir soumettre des candidatures parmi lesquelles un vice-président
sera choisi; de nommer des personnes au conseil d'administration; et, enfin,
cela découle de tout cela, d'être consultés sur toute la
réglementation qui découlera de la loi en vertu du chapitre
VIII.
Ici, je voudrais souligner le sens de la responsabilité d'une
association qui est venue ce matin et qui, dans son mémoire, semble
tenir pour acquis que le mouvement ouvrier sera au conseil d'administration de
la commission. Quand elle énumère les organismes qui devraient
être là, elle dit -je parle de la FCQ - que quant aux associations
patronales, elles sont déjà définies dans la loi, à
l'article 28 de la Loi sur les relations du travail. Je voudrais lever mon
chapeau à cette association qui est un peu beaucoup plus moderne que
l'APCHQ et certaines autres associations.
Les employeurs disent qu'ils ne veulent pas nous voir là parce
que la qualification des entrepreneurs va se discuter là. La
qualification des entrepreneurs, cela va se faire par des technocrates et je ne
pense pas que cela vienne souvent au conseil d'administration. Si cela se fait
à la commission, cela va se faire selon des normes établies qui
sont dans la loi à l'heure actuelle. Il n'y a rien de bien dangereux
à ce que nous soyons là.
On se dit aussi que si les entrepreneurs ont un mot à dire sur la
qualification et la formation professionnelle des salariés qui sont nos
membres, pourquoi n'aurions-nous pas un mot à dire sur la qualification
professionnelle des employeurs qui vont nous embaucher et qui vont
peut-être, dans certaines circonstances, nous faire casser la gueule sur
les chantiers de construction? Parce que ce sont eux qui ont fait le
gâchis qui existe à l'heure actuelle. S'il y a 11 % des accidents
du travail qui viennent de la construction quand la construction compte 5 % de
la main-d'oeuvre, c'est parce qu'il y a des choses qui se passent là. Je
pense que le syndicalisme, ou en tout cas la FTQ-Construction, dans tous les
domaines, y compris la sécurité au travail, fait beaucoup
là-dedans pour l'éducation de ses membres et peut-être pour
l'éducation des entrepreneurs aussi.
La délégation de pouvoirs. Nous croyons imprudent de la
part du gouvernement de limiter la délégation de ses pouvoirs aux
seules associations d'entrepreneurs dans le domaine de la qualification de
leurs membres. On ne s'oppose pas... Je crois que c'est la Corporation des
maîtres électriciens...
M. Lavallée: On ne s'oppose pas non plus à ce que
la Corporation des maîtres électriciens fasse la qualification des
entrepreneurs. On a vécu dans le passé des qualifications qui
étaient données, selon les situations, par les métiers ou,
dans d'autres cas, par les corporations. Dans notre cas, nous,
électriciens, on avait des tests, notre carnet d'apprenti était
émis par le ministère et, par le suite, les licences
étaient émises par le ministère. Louis-Marie Cloutier peut
vous parler de la façon dont cela se passait dans le cas des
charpentiers-menuisiers, à l'époque.
M. Cloutier (Louis-Marie): Dans ce temps-là,
c'étaient les associations syndicales qui émettaient les cartes
de compétence. Il y avait le comité paritaire de l'industrie qui
exemptait le membre travailleur d'être membre d'un syndicat ou la carte
de l'union qui était la carte de qualification. C'étaient les
deux moyens de se qualifier, à ce moment-là. On a connu comment
cela a tourné avec la multitude de cartes qui ont été
émises de toutes les façons; il n'y avait pas de
contrôle.
M. Rivard: On ne s'oppose pas non plus à ce que la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie fasse ses
qualifications. Même si elle ne veut pas nous voir au conseil
d'administration, on ne veut pas être mesquin, on ne s'oppose pas
à ce qu'elle soit là. Elle a beau faire la qualification de ses
membres. Le passé étant garant de l'avenir, ces gens ont toujours
fait "une bonne job" dans le passé et on voudrait qu'ils nous donnent
aussi l'occasion de faire "une bonne job".
Nous nous opposons surtout à une association, celle qui a fait le
gâchis de la construction, surtout de la construction
résidentielle, qui a fait ce qui est aujourd'hui. M. Cloutier pourrait
vous parler des "brokers", des sous-contrats, des contrats, des
sous-sous-contrats à des sous-contractants, etc.
Il est pour le moins étrange qu'on veuille donner le
contrôle presque absolu de l'industrie à des associations dont
certaines en ont fait le gâchis qui existe actuellement. L'article 73
donne, à toutes fins utiles, l'adhésion obligatoire des
entrepreneurs à leurs associations. Il serait exagéré de
leur donner également le droit de qualifier des braconniers nouvelle
vague, le tout avec financement par le gouvernement. C'est trop fort!
Qu'on se rappelle l'intervention gouvernementale qui a mis fin à
l'émission
de certificats de qualification à des travailleurs de la
construction par les parties. Le système avait
dégénéré à un tel point que les certificats
de qualification sortaient comme de la manche d'un magicien. On dit souvent que
l'histoire se répète mais elle devrait aussi nous servir
d'exemple.
À l'article 104. 3, la possibilité est là pour la
commission de déléguer des pouvoirs par le biais d'ententes
administratives avec l'Office de la construction du Québec. Le
désir manifesté par certaines associations patronales de tenir
l'office à l'écart d'une réforme aussi importante nous
laisse un tantinet songeur quand on connaît son rôle dans
l'inspection. De plus, l'office est présentement chargé de
vérifier les licences des entrepreneurs sur les chantiers dans le cadre
d'une entente avec la régie. Il est aussi chargé de percevoir les
contributions des employeurs et des travailleurs dans le cadre de
corvée. Il a déjà le personnel et l'équipement
nécessaires pour mener à bien toute tâche qu'on voudrait
bien lui confier. Toute opposition patronale à l'utilisation de cet
organisme déjà subventionné par le gouvernement jette une
ombre sur leurs intentions. Il y aurait lieu qu'elle s'explique.
Le projet de loi leur livre le secteur de la rénovation sur un
plateau d'argent. II faut s'assurer qu'elles ne seront pas les promotrices d'un
nouveau genre de travail au noir, c'est-à-dire institutionnalisé
par la loi. J'ai ici un article de journal qui parle d'une étude que
l'APCHQ a fait faire et pour accéder à la rénovation. Les
constructeurs d'habitations réclament la fin du braconnage et du
cloisonnement des métiers. Ils viennent demander la fin du braconnage.
La fin du braconnage qu'eux ne contrôlent pas. Le plan de garantie dans
la rénovation que. le projet de loi leur donne va leur permettre de
capturer les entrepreneurs qui sont là-dedans, de passer par eux. Une
fois que vous serez membres de notre association, à ce moment-là,
vous pourrez faire du braconnage. Une fois que vous aurez votre licence
émise par nous, ce sera votre licence pour faire du braconnage. Ils en
ont contre le braconnage qu'ils ne contrôlent pas! Et nous, nous sommes
contre cela.
De plus, l'article 124 permet à la commission de
déléguer à une association patronale les fonctions qui
découlent de l'application des articles 12, 14, 15, 18, 19 et 21. Nous
nous demandons comment les dirigeants permanents d'une association patronale,
fussent-ils tous de bonne foi, vont faire mettre au pas ceux qui leur paient
leur salaire. Nous répétons que seul l'Office de la construction
du Québec offre des garanties de sérieux et de neutralité
nécessaires à une mise en application judicieuse de la loi
à défaut de la commission de vouloir le faire elle-même. La
commission le fait elle-même, c'est son travail, elle devrait le faire.
Sinon, qu'elle délègue cela à un organisme dans la
construction. D'ailleurs, à l'article 122 de la loi, vous vous servez de
l'Office de la construction pour avoir des données sur les travailleurs
de la construction, les entrepreneurs de la construction. Pourquoi ne pas aller
un peu plus loin à un certain moment et dire, avec l'office, on va
s'asseoir, il y a peut-être moyen, par le système que vous avez
déjà en place, de faire vraiment un travail pour mettre en
vigueur et faire appliquer la Loi sur le bâtiment, dans la
construction.
Le financement, à l'article 142. Le gouvernement semble mettre
beaucoup d'emphase sur les sommes qui pourraient servir à financer les
activités de la commission provenant de la masse salariale. Nous en
profitons pour vous dire de ne pas compter sur ces revenus si le projet de loi
est adopté tel quel et que les associations patronales se font
responsabiliser par une délégation de pouvoir de la commission.
Sachez qu'une de ces associations patronales songe déjà - je ne
la nommerai pas, si ce n'est pas déjà fait - à regrouper
les sous-contracteurs, entrepreneurs spécialisés (sans
salariés en majorité) en association. C'est donc dire que dans
peu de temps il n'y aura presque plus de salaires versés à des
personnes ayant le statut de salariés. Ce régime fait perdre des
sommes fantastiques à l'État par le biais du travail au noir.
Dispositions pénales. Lorsque nous avons suggéré de
maintenir l'idée du fonds d'indemnisation pour indemniser même les
victimes de personnes posant comme entrepreneurs, et ce en violation des
articles 42 et 43, nous avions également en tête d'en faire une
infraction tellement grave que la pénalité ferait en sorte que
ces personnes seraient sorties du circuit à tout jamais. Je fais encore
là référence à la page 18 du mémoire de la
FCQ qui veut que la loi ait des dents afin de punir ceux qui veulent contourner
la loi et, nécessairement, détrousser certains consommateurs.
Nous avons ici un article de journal faisant suite à une enquête
qu'a faite la FTQ-Construction qui a été publié en
manchette dans le Journal de Montréal et qui dit: "Le constructeur leur
livre une maison inhabitable. " Et: "21 000 $ de réparations sur une
maison de 38 000 $. " C'étaient des gens - je ne peux pas blâmer
l'APCHQ, ils n'étaient membres d'aucun organisme - mais c'étaient
des gens qui posaient en entrepreneurs et qui n'avaient absolument rien pour
protéger ces personnnes qui sont ruinées aujourd'hui par toutes
les procédures qu'elles ont dû entreprendre pour se faire
défendre.
C'est donc pourquoi nous suggérons qu'une telle infraction soit
passible d'une amende de 5000 $ pour la première offense
et du double de la dernière amende pour chaque récidive.
On pourra alors dire que le public est protégé et que les
entrepreneurs sont responsabilisés. Je voudrais dire que lorsqu'on parle
de 5000 $ d'amende et du double de la dernière amende, permière
amende 5000 $, deuxième 10 000 $, troisième 20 000 $,
quatrième 40 000 $, il ne faut pas se casser la tête avec cela,
quand cela s'applique au syndicat qui viole des lois d'urgence, ce ne sont pas
des grosses amendes. Mais, cela devrait aussi s'appliquer pour certains
entrepeneurs.
De plus, à l'article 64, nous demandons que le fait d'avoir servi
de prête-nom soit une raison suffisante de suspension, d'annulation ou de
refus de renouvellement de permis. Nous demandons également que le
chapitre 9 en fasse une infraction passible de l'amende prévue à
l'article 185. (16 heures)
M. Lavallée: Conclusion. Comme vous pouvez le constater,
ce projet de loi, même si nous n'en contestons pas l'opportunité,
demande des corrections majeures à notre sens, au niveau de la lettre,
tout au moins. Il s'agit d'un projet qui répond à plusieurs
attentes au niveau de la protection du public et au niveau de
l'épuration de l'industrie des aventuriers sans scrupule.
Cependant, que la loi devienne vraiment fonctionnelle. Il faut
absolument que la future commission exerce tous ses pouvoirs elle-même,
du moins quelques années. Le président-directeur
général ne devra pas être une personne issue du milieu et
ce, afin de nous assurer que les premiers pas de la commission ne seront pas
des faux pas et que ses premières décisions ne seront pas
teintées de l'ancienne allégeance de son président. Nous
ne voulons pas non plus que ce président soit une personne qui a
déjà manifesté son opinion à savoir que le mode de
fonctionnement des promoteurs était le marché et que nous ne
pouvions rien y faire. Nous avons manifesté la crainte que le secteur
résidentiel soit en train de devenir l'affaire des sous-traitants et des
entrepreneurs spécialisés, braconniers nouvelle vague sous la
gouverne de leur association.
Notre avis. Nous nous en retrouvons à des indications, entre
autres, aux articles 20, 32, 44, 71, 75 et 171. 7. Le gouvernement peut, par le
biais d'un règlement, décider d'exclure ou d'accorder des
avantages à "une catégorie" de bâtiment. Nous avons
l'impression, en espérant nous tromper, que la toile se tisse autour du
secteur résidentiel, surtout l'unifamilial et les bâtiments
totalement résidentiels de moins de trois étages ou de moins de
neuf logements. Nous espérons que l'acheteur de logement recevra la
même protection que celle qu'on veut accorder au public. Après
tout, n'en fait-il pas partie? À cette fin, l'article 75 n'a pas sa
raison d'être. Il devrait être interdit de faire renoncer un client
au plan de garantie.
M. Rivard: Alors, on va finir avec les recommandations. Je donne
le résumé pour tout le monde, même ceux qui n'ont pas eu
notre mémoire.
Alors, les recommandations et demandes sont les suivantes: 1. a) Que la
définition du constructeur propriétaire stipule clairement qu'il
ne peut effectuer des travaux d'électricité et de plomberie
à moins qu'il ne soit qualifié dans ces domaines. b) Que les
définitions de constructeurs-propriétaires et entrepreneurs
soient modifiées afin de leur faire l'obligation de leur faire
exécuter les travaux de construction par des salariés de
l'industrie de la construction. c) Que l'on ajoute la définition de
salarié à l'article 6. 2. Que toute construction fasse l'objet de
plan et devis approuvés par des professionnels. Que le gouvernement
s'assure que le Code de construction contiendra les normes spécifiques
pour le résidentiel. Que le cautionnement de 5000 $ exigé par la
régie soit porté à 50 000 $. Que les articles 54 et 55
soient modifiés pour que le dossier criminel d'une personne demandant un
permis soit considéré de la même façon qu'il l'est
pour un représentant syndical. Que l'effet pour un détenteur de
permis d'avoir servi de prête-nom soit un motif suffisant de suspension,
d'annulation ou de refus de renouvellement. Qu'un fonds d'indemnisation
financé par les entrepreneurs soit mis sur pied afin d'indemniser toutes
les victimes d'entrepreneurs ou de faux entrepreneurs.
Que la FTQ-Construction puisse: a) être consultée sur le
choix du président de la commission; b) obtenir la nomination d'un
vice-président de la commission; c) nommer des personnes au conseil
d'administration; finalement d) être consultée sur toute la
réglementation découlant de la loi.
Que la commission renonce à la délégation de
pouvoirs aux associations patronales tel que prévu à l'article
124 et délègue ses pouvoirs à l'Office de la construction
à défaut de les exercer elle-même. Que le fait de servir de
prête-nom ou de poser comme entrepreneur soit considéré
comme une infraction passible d'une forte amende.
Là, on vous a donné un extrait du mémoire qu'on a
présenté l'an dernier en ce qui concerne le travail au noir et
l'artisan. On parle d'un tas de choses là-dedans. Je vous fait
grâce de la lecture de ces pages. J'espère que vous allez en
prendre connaissance parce que les données qui sont là-dedans
existent encore aujourd'hui. Il y a une donnée très importante
que je veux répéter. Chaque fois que les taux
d'intérêt montent de 5/8 %, cela fait plus mal au consommateur
ordinaire acheteur de maison qu'une augmentation de 10 % des salaires
des travailleurs de la construction. Vous devez savoir que cela fait
déjà une mèche qu'on n'a pas eu d'augmentation de 10 %
dans la construction.
M. Lavallée: Nous vous remercions. Cela a bien
été. Nous avons réussi à nous en sortir en 40
minutes.
M. Rivard: Mais comme nous sommes la seule association syndicale
qui soit venue, on se permet de prendre du temps de tout le monde.
M. Rochefort: C'est à mon tour. M. Rivard:
Allez-y.
Une voix: C'est à votre tour, M. le ministre.
M. Rochefort: M. le Président...
M. Rivard: Je répondrai à vos questions une
à une.
M. Fortier: M. le Président, c'est vous qui
présidez. C'est rendu que c'est le syndicat qui dit au ministre de
parler. J'aimerais que le président préside.
Le Président (M. Lafrenière): Ils ont dit qu'il
pouvait parler. J'accorde la parole au ministre.
M. Fortier: J'aimerais bien que ce soient les parlementaires qui
dirigent les travaux.
Le Président (M. Lafrenière): Merci. Je pense que
c'est cela.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier les gens
de la FTQ pour le mémoire qu'ils nous présentent, aussi pour le
temps qu'ils ont mis quant à la collaboration que nous avons
demandée à leur organisme durant la préparation du projet
de loi. Je veux souligner aussi, malgré l'importance des remarques
qu'ils nous font, qu'il y a quand même, au niveau de l'introduction, un
appui très formel aux grandes orientations contenues dans ce projet de
loi, lequel je reçois avec satisfaction.
Compte tenu du temps que nous avons, j'essaierai de limiter mes
commentaires aux sujets les plus importants qui ont été
abordés et qui ont retenu le plus l'attention de la FTQ dans sa
présentation. D'abord, dans un premier temps, je veux qu'il soit
clairement établi qu'il n'est d'aucune façon de notre intention
d'intervenir, d'une façon ou d'une autre, dans ce qui existe, en termes
de cadre de relations du travail, actuellement dans l'industrie de la
construction par le projet de loi sur le bâtiment. Je reconnais vos
préoccupations à ce sujet. Vous savez -vous en avez d'ailleurs
parlé, c'est là que cela va se régler - que le ministre du
Travail poursuit, actuellement, une réflexion, des consultations avec
les différents intervenants concernant les changements possibles qui
pourraient intervenir au cadre législatif et réglementaire qui
réglemente les relations du travail dans l'industrie de la construction.
Mais le projet de loi sur le bâtiment n'intervient d'aucune façon
dans ce qui existe actuellement et dans ce qui est connu tant de la part de la
partie syndicale que de la partie patronale en ce qui concerne les relations du
travail.
Donc, en conséquence, d'aucune façon il n'est de notre
intention de créer une dynamique à partir du projet de loi sur le
bâtiment qui, par exemple, ferait en sorte que cela faciliterait
éventuellement la sortie du secteur domiciliaire résidentiel du
décret de la construction. Il est juste de dire -effectivement, nous en
parlons dans le livre vert sur l'habitation - qu'il y a, actuellement - vous en
avez apporté, encore aujourd'hui, une preuve très
éloquente - un bon débat autour de cette question dans notre
société. J'ai eu l'occasion d'entendre différents points
de vue, notamment au cours de la consultation que j'ai tenue au cours des mois
de mars et d'avril derniers sur le livre vert sur l'habitation. Mais il est
évident que d'aucune façon des décisions n'ont
été prises à ce sujet. Les décisions qui seront
prises de statu quo ou de changements, changements X, Y ou Z, se feront sous la
responsabilité du ministre du Travail, dans le cadre des
réflexions qu'il fait actuellement et dans le cadre des consultations
qu'il mène auprès de vous comme auprès des autres
organismes syndicaux ou des autres organismes patronaux qui interviennent dans
le monde de la construction.
Quant à un élément qui, peut-être, a pu vous
faire croire que le projet de loi pourrait sortir progressivement le domaine
résidentiel du décret de la construction, je veux vous assurer
que, d'abord, de permettre à quelqu'un de construire lui-même sa
maison, lorsqu'on parle d'unifamiliate, cela existe depuis longtemps, depuis
toujours; cela existait hier, cela existe aujourd'hui, cela existera donc
après le projet de loi 53. Je pense que d'aucune façon il ne faut
remettre en question ce droit qu'ont les citoyens de construire eux-mêmes
leur maison.
Deuxièmement, quant à l'article 25 qui concerne le Code de
sécurité publique, là aussi, si le petit bâtiment
résidentiel en est exclu, c'est le statu quo qui existe à l'heure
où nous nous parlons, c'est-à-dire avant que le projet de loi 53
n'ait été adopté. Quant au Code de construction, qui ne
couvre pas le petit bâtiment résidentiel, il est effectivement
prévu par le projet de loi que, éventuellement, il le couvrira.
C'est donc un
progrès par rapport à la situation qui existe
actuellement. Donc, je pense que cela devrait être de nature à
vous confirmer qu'il n'est pas de notre intention, par des articles qu'on
passerait ici et là dans le projet de loi, de commencer à ouvrir
ce qui existe au niveau du secteur résidentiel quant à sa
couverture par le décret de la construction
Je vais aller assez rapidement. Je pense qu'il y a des points
techniques, vous verrez, en cours de route, même si on ne les aborde pas
maintenant, qu'on les aura corrigés. Par exemple, en ce qui concerne les
licences A-2 pour la CMMTQ et pour la CMEQ, notre intention là aussi est
de maintenir le statu quo. On est conscient que cela ne ressort pas avec toute
l'évidence qu'on souhaiterait dans le projet de loi, à l'heure
actuelle; on est en train d'essayer de refaire des libellés d'articles
de loi, mais l'intention du gouvernement, donc du législateur, est de
maintenir la situation qui prévaut à l'heure actuelle et que vous
semblez accepter, compte tenu des remarques que vous avez faites
tantôt.
Quant au cautionnement qui existe actuellement en ce qui concerne la loi
de la RECQ, là aussi nous reconnaissons que le texte de l'article 82 du
projet de loi est rédigé d'une façon qui peut prêter
à confusion, qui pourrait même donner une portée beaucoup
plus importante que celle qu'on souhaitait lui donner, de la même
façon qu'on est conscient que dans les documents de consultation qui
vous ont été transmis, il avait été retiré
avec ce que cela pouvait représenter. Nous sommes à
préparer un amendement où nous réintroduirons le
cautionnement qui existe à l'heure actuelle selon la loi de la RECQ
avec, donc, les correctifs que vous souhaitez.
Pour ce qui est des remarques que vous faites aux articles 54 et 55
quant aux dossiers criminels, nous allons regarder cela. Pour l'article 64,
c'est la même chose. On va essayer de voir ce qui peut être fait.
En ce qui a trait aux plans de garantie, ceux-ci devront être totalement
financés par les entrepreneurs en construction. Cela, c'est clairement
établi dans le projet de loi. L'article qui prête à
confusion à cet effet est un article qui prévoit que le
gouvernement, dans le cas où il déciderait d'utiliser les
dispositions législatives qui lui permettrait de mettre en place des
plans de garantie - on se rappellera les précisions que j'ai
apportées ce matin et encore hier, on va même baliser cet article
- notre intention n'est pas de mettre en place un plan gouvernemental de
garanties financières, mais on veut se donner les possibilités de
le faire dans le projet de loi, dans la mesure où, à un moment
donné, les associations souhaiteraient peut-être se retirer de ce
secteur d'activité. Il faut donc avoir des provisions
législatives en conséquence.
Dans la mesure où on se rendrait là -ce dont je doute - ce
qui est prévu, c'est que le ministre des Finances pourrait faire une
mise de fonds de départ au plan de garantie géré par le
gouvernement pour lui permettre de se mettre en branle. Ces sommes devraient
être remboursées au ministre des Finances dès que le plan
de garantie fonctionnera. D'aucune façon il n'est prévu et il
n'est de notre intention de participer au financement, d'une façon ou de
l'autre, des plans de garantie. Ceux-ci fonctionnent sans l'aide
financière de l'État actuellement. Vous êtes bien
placés pour avoir été en mesure d'en observer le
fonctionnement dans le cadre de Corvée-habitation puisque vous
êtes, M. Rivard, membre du conseil d'administration de
Corvée-habitation. Notre intention est que cela fonctionne uniquement
à même les deniers des entrepreneurs en construction.
Sur la question de la qualification, je vous dis tout de suite que je ne
veux pas laisser miroiter d'aucune façon la possibilité que nous
acceptions éventuellement votre proposition. Il n'est en aucune
façon de notre intention de confier éventuellement la
qualification des entrepreneurs en construction à l'Office de
construction du Québec. Or, en ce sens, il n'y a aucune disposition du
projet de loi qui nous p'ermette de le faire et il n'est pas de notre intention
d'ajouter des dispositions au projet de loi qui nous permettraient,
éventuellement, de te faire. Nous pensons que la qualification devra se
faire par la Commission du bâtiment, qu'elle devra être
encadrée par la Commission du bâtiment dans
l'éventualité où elle serait déléguée
à des associations ou à des groupes d'associations
d'entrepreneurs. Dans le cas des deux corporations de métiers, elle ne
leur est pas déléguée; elle leur est confiée
législativement. Évidemment, la Commission du bâtiment
devra faire en sorte qu'on s'assure, par un certain nombre de mécanismes
qui sont prévus, que le processus de qualification se fait bien. On ne
se débarrasse pas du processus de qualification en le confiant aux deux
corporations de métiers comme les dispositions du projet de loi qui nous
permettraient, éventuellement, de déléguer la
qualification à une association ou à un groupe d'associations. On
n'a pas pour but de nous laver les mains de ce processus d'aucune façon,
sauf qu'on pense que le milieu pourrait sûrement être en mesure de
bien assumer de telles responsabilités.
Pour terminer rapidement, compte tenu du temps qui m'est alloué,
ce sont tes principales remarques que je souhaitais faire à la suite de
la présentation du mémoire de la Fédération des
travailleurs du Québec, je sais qu'au moins un ou deux de mes
collègues du groupe ministériel souhaitent intervenir. Alors, je
vais essayer de réduire d'autant le
temps que je vais prendre,
M. Rivard: M. le ministre...
M. Rochefort: Oui, j'imagine que vous avez des réactions.
C'est cela?
M. Rivard:... j'aimerais faire des commentaires à vos
commentaires, ce qui vous ouvrira la porte à des commentaires.
M. Rochefort: Oui.
M. Rivard: Je pense que le but du projet de loi n'est pas
d'intervenir dans les relations du travail, cela je le comprends, ni de sortir
le secteur résidentiel de la construction, mais par le biais, comme on
l'a expliqué, de la qualification aux entrepreneurs du
résidentiel. On va arrêter de parler de bien des associations, on
va parler d'une, on ne la nommera plus. (16 h 15)
M. Rochefort: Vous me permettrezl On ne fera pas le procès
de personne ici.
M. Rivard: Non, mais le passé étant garant de
l'avenir, on connaît son passé et on n'en parle pas beaucoup ici
aujourd'hui, on peut vous dire cela.
Par le biais de la qualification donnée à une association
d'employeurs, l'élimination du cautionnement, c'est changé mais
ils pourraient prendre n'importe qui et dire: D'accord, maintenant on
s'émet des licences d'entrepreneurs spécialisés.
Vous pouvez dire qu'il y a des critères dans la loi. Bien oui, il
y a des critères dans la loi. Je suis assez vieux, assez grand
garçon pour savoir que parfois les lois, les critères c'est
souple un petit peu ces choses-là et cela se négocie en tout cas.
Des entrepreneurs spécialisés pourraient surgir sur le
marché du travail dans la construction sans vraiment remplir tous les
critères et sans être de vrais entrepreneurs. Pour nous, un
entrepreneur, c'est un employeur, c'est comme cela qu'on voit que la
construction devrait se faire.
En ce qui me concerne, c'est la qualification qui pourrait être
donnée aux associations d'entrepreneurs. Donnez-nous la
définition d'entrepreneur, du constructeur-propriétaire et du
salarié dans la loi. Il n'y a absolument aucun problème,
donnez-la, la qualification des entrepreneurs, on aura protégé le
secteur résidentiel.
Par le biais de la loi vous entrez, vous vous immiscez, sans le vouloir,
je veux bien croire que vous ne le voulez pas, mais sans le vouloir vous vous
immiscez dans les relations du travail et vous évacuez tout un secteur
syndiqué dans la construction. C'est la possibilité que cela peut
se faire parce que lors du programme de Corvée-habitation on a vu ce qui
s'est passé. Les entrepreneurs spécialisés apparaissaient
comme des mouches à un moment donné. Assez qu'il a fallu faire
des menaces d'abandonner Corvée-habitation, d'abandonner le conseil
d'administration, de commencer à protester contre
Corvée-habitation et c'était nous qui l'avions mis sur pied avec
l'entente très explicite que ce serait des logements bâtis par des
salariés à l'emploi d'entrepreneurs de la construction. Ce n'est
plus ça qui a été fait, une fois qu'ils ont eu la main sur
notre argent. On ne veut pas que ce genre de situation se répète.
Quant au plan de garantie, on ne demande pas que les plans de garantie soient
financés totalement par les entrepreneurs, cela l'est, cela va de soi,
c'est leur "check off" patronal avec lequel ils vont forcer tous les employeurs
et ils vont capturer la rénovation; ils vont être
là-dedans. Il n'y a rien de mal à cela, on l'a notre "check off",
c'est qu'on dit: Ce plan de garantie n'est pas suffisant, à notre point
de vue, pour vraiment rencontrer tous les problèmes qu'on peut
rencontrer dans une maison, c'est pour les vices majeurs. Il faut un fonds
d'indemnisation qui va aussi comprendre la protection des consommateurs qui ne
sont pas couverts par ces plans de garantie. L'article 75 donne le droit
à un entrepreneur de dire à un consommateur: Pour 300 $ de moins,
il n'y a pas de garantie parce que concernant les vices majeurs, on pourrait
dire: Que vienne le temps, dans une chambre de bain ou n'importe où, de
poser de la tuile céramique, si les murs ne sont pas au niveau, c'est un
vice de construction et on n'est pas capable de poser de la tuile.
M. Rochefort: Je voudrais juste, M. le Président, apporter
une précision là-dessus quant à l'article 75. On a eu
différentes représentations qui nous ont été faites
jusqu'à maintenant et nous avons l'intention de retirer cet article,
donc d'enlever la possibilité pour un consommateur de refuser de se
prévaloir des plans de garantie.
Deuxièmement, les plans de garantie qui existent actuellement
sont ceux qu'on connaît. Dans l'élaboration du règlement
qui devra être rédigé au cours de l'année, il est
clair que des discussions quant à des couvertures - est-ce qu'on doit
élargir les couvertures minimales de base ou des choses comme cela - se
feront parce qu'il y aura un règlement gouvernemental qui encadrera
l'existence et la gestion des plans de garantie. Or, il n'est pas exclu que des
choses soient revues avec le milieu, compte tenu des expériences qu'on a
vécues.
M. Lavallée: Dernier point, M. le ministre. Comme vous le
disiez au début de votre intervention, nous sommes d'accord avec le
principe du projet de loi, c'est effectivement le cas. Toutefois, il y a un
dernier point sur lequel on n'a pas répliqué,
c'est la question de la Commission du bâtiment. On vous dit dans
notre document qu'on est d'accord pour que les licences soient émises
par l'OCQ ou la commission mais dans notre document on vous dit aussi qu'on est
prêt à faire la concertation et on veut siéger au conseil
d'administration. On n'a pas d'objection à ce que la commission ait ces
pouvoirs, mais quand on prend tout le document on s'aperçoit... On veut
en faire de la concertation, on veut contribuer à arriver avec des
programmes qui vont fonctionner mais on veut siéger au conseil
d'administration.
M. Rivard: La FTQ qui regroupe quand même plus de 4000
entrepreneurs, beaucoup plus gros que la PCHQ, ne prend pas position contre
notre présence là. Ce sont des choses dont i) faudrait tenir
compte aussi. On est capable de jouer un rôle très utile comme on
a joué un rôle utile à un tas d'endroits et comme on joue
un rôle utile lorsque des personnes nous appellent parfois en certaines
circonstances.
M. Rochefort: J'en prends bonne note.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier les membres de la FTQ pour avoir pris le temps de venir nous
présenter un mémoire - présenté de façon
très colorée -
Une voix: De couleur rouge.
M. Middlemiss: C'est bien.
M. Lavallée: De la FTQ, peut-être...
M. Middlemiss: Très belle couleur. Normalement, à
ceux qui ne disent pas qu'ils aimeraient avoir une place au sein de la
Commission du bâtiment, je pose cette question. Votre organisme a
déjà demandé d'avoir une place et, en plus, d'avoir
quelque chose à dire dans la nomination du président et du
vice-président.
Présentement, on prévoit quinze membres à cette
Commission du bâtiment. Est-ce que vous croyez que le nombre quinze est
suffisant ou si on pourrait le réduire pour atteindre à une
meilleure efficacité?
M. Rivard: II y a un tas d'associations et d'entreprises qui sont
venues nous dire que c'était un peu gros. La plupart de ces entreprises
voulaient un président, deux vice-présidents et six personnes des
associations. Il semblerait que cela clôt la patente, mais ce n'est pas
cela. La Commission du bâtiment découle d'un ministère qui
touche aussi la protection du consommateur. Il va se passer un tas de choses
là-dedans: les édifices publics, le Code de
sécurité, dans les édifices publics, etc. Je pense que
c'est important qu'il n'y ait pas seulement des entrepreneurs. S'il y a
seulement des entrepreneurs au conseil d'administration de la Commission du
bâtiment, il y aura conflit d'intérêts. Dans un endroit
où il se prend des décisions qui concernent toute l'industrie de
la construction, où les entrepreneurs seuls seraient présents
pour prendre les décisions, il y aurait conflit d'intérêts
et là, on va crier. Qu'on en fasse non pas un organisme paritaire comme
tel, mais un organisme qui va nous donner la chance d'être
présents et de pouvoir à temps élever la voix pour
empêcher certaines choses. On n'a pas besoin de dire qu'on contrôle
la commission; on ne veut pas contrôler la commission. Pour nous,
l'idéal aurait été un président neutre - je ne sais
s'il y a quelqu'un qui peut être neutre sur la planète, mais en
tout cas - et un nombre égal de personnes venant des milieux syndical et
patronal. Est-ce qu'on peut faire place aux associations de consommateurs et
à diverses associations? Le ministre prendra une décision.
À défaut d'avoir une commission paritaire, on pourrait quand
même avoir une commission où il y a délégation des
groupes importants de la société. On se considère un
groupe important quand on commande un mouvement syndical qui représente
un million de travailleurs. Cela commence à être quelque chose. On
veut être une présence.
Quant au nombre de membres au conseil d'administration, on n'a pas de
recommandation à faire. Qu'il y en ait quinze ou neuf, quand les
conflits vont survenir, cela va se faire entre deux groupes bien distincts. Il
va toujours y avoir de ces personnes qui vont être là et qui
peuvent ralentir les travaux de la commission. Ce n'est pas dans cet esprit
qu'on veut y aller. On veut être là pour surveiller les
intérêts de l'industrie de la construction et principalement des
travailleurs de la construction. Il y a des intérêts à
protéger pour les travailleurs de la construction qui ne sont pas
nécessairement des intérêts de relations du travail.
M. Lavallée: Comme mon confrère le directeur
général le mentionne, l'idéal, ce serait que ce soit un
comité paritaire, en tout cas que ce soit paritaire syndical-patronal.
On voudrait être certain que ce sont réellement des entrepreneurs
qui siègent à cette commission et non avoir des personnes
interposées qui vont siéger au nom de..., d'avoir des "brokers",
justement, qui nous arriveraient à ce conseil d'administration.
Je siège au sein de divers conseils, entre autres un qui a
été discuté à plusieurs occasions, soit en
commission parlementaire
ou ailleurs, à la CSST. Je peux vous dire qu'on est un
comité paritaire: sept - sept. Si on ne s'entend pas, c'est le
président qui tranche. Même s'il y a souvent eu des accusations
selon lesquelles il n'y avait pas d'entente, le président n'a pas eu
à trancher souvent. La plupart du temps, on a réussi à
trouver des compromis et à s'entendre. C'est une façon pour nous
d'essayer de faire de la concertation. Je siège à la table de
l'emploi, ce n'est pas rendu loin encore, mais on avance. J'ai confiance que,
tout à l'heure, il va se dégager de cette table de l'emploi des
propositions intéressantes. Cela nous fait une place pour dialoguer.
J'ai pu apporter des sujets de discussion à la table de l'emploi,
concernant les négociations de la construction, dont les
différentes parties patronales présentes n'avaient jamais entendu
parler. Je pense que c'est un lieu de dialogue et que c'est un place qui va
faire en sorte qu'on va pouvoir mieux se connaître et réussir
à arriver à quelque chose.
Vous en avez la preuve flagrante avec Corvée-habitation. Je pense
que même s'il y a eu des trous dans la question de
Corvée-habitation - on disait au départ que c'étaient des
employeurs avec des salariés de la construction qui auraient fait les
travaux, cela n'a pas été tout à fait cela - on peut dire
une chose, par exemple, qu'au fur et à mesure qu'on a avancé dans
le plan cela s'est amélioré et, finalement, en dernier, il y a
quand même un bon nombre de travailleurs de la construction et des
employeurs qui ont réellement réussi à oeuvrer dans ce
domaine. C'est dans ce sens qu'on veut être au sein du conseil
d'administration. Quant au nombre, on est quatorze à la C5ST. Il y a
d'autres commissions où ils sont dix, d'autres où ils sont sept.
C'est sûr que plus il y a de gens autour d'une table, cela dépend
de. la façon dont on veut la mettre sur pied. Le chiffre de quinze est
quand même réaliste en ce sens qu'il y a aussi plusieurs
associations qui peuvent être là.
M. Middlemiss: Le projet de loi a pour but d'assurer la
sécurité dans les bâtiments et dans la construction,
d'assurer que le consommateur soit protégé. On veut
responsabiliser les entrepreneurs dans le domaine de la construction et
l'industrie de la construction elle-même. Pour la responsabiliser, il
faut aussi lui donner des pouvoirs. Vous ne voyez donc pas que les
entrepreneurs de la construction devraient avoir une majorité au sein de
la commission?
Une autre façon de responsabiliser les gens est de leur faire
payer la facture. Donc, est-ce que toutes les personnes qui vont faire partie
de la Commission du bâtiment devraient - parce que, quand on ne paie pas,
c'est facile de prendre les décisions, si on n'en subit pas les
conséquences financières, et il y a un ordre économique
dans tout cela, après qu'on s'est assuré de la
sécurité - devraient, dis-je, elles aussi, pour se
responsabiliser dire: Si je commets un geste qui va nous coûter de
l'argent, qu'on ne gère pas cela de la façon la plus efficace qui
soit, il y a des conséquences à nos gestes?
M. Rivard: La Commission du bâtiment est un organisme ni
patronal ni syndical. C'est un organisme qui appartient au gouvernement, qui
appartient à l'État, qui est le protecteur des biens publics. Je
ne vois pas pourquoi il y aurait des décisions, des lois, qui
découleraient des recommandations de la commission qui seraient prises
parce qu'il y a une majorité d'entrepreneurs qui siègent au
conseil d'administration. Il y a continuellement des groupes
d'intérêts. On forme un groupe d'intérêts, les
entrepreneurs forment un groupe d'intérêts et il y aurait un seul
groupe d'intérêts qui déciderait. Je ne pense pas que cela
soit correct. Si c'était un organisme paritaire et qu'on acceptait que
les entrepreneurs aient le gros bout du bâton, ce serait correct, on
l'aurait accepté. Mais, qu'il y ait six entrepreneurs et cinq
syndicalistes ou dix syndicalistes et deux entrepreneurs, ce n'est pas cela qui
est important. Ce qui est important, c'est que la Commission du bâtiment
soit une table où on peut émettre des opinions, donner des
conseils et faire des recommandations. Quand on ne s'entendra pas sur une
recommandation, le ministre fera comme de coutume, il tranchera. Et si vous
voulez qu'elle soit paritaire, faites-la paritaire et on aura un
président qui tranchera, et quand il ne tranchera pas de notre
côté, on criera après lui comme dans n'importe quel
organisme.
M. Middlemiss: D'accord. Cela nous amène maintenant
à la partie portant sur le financement. Vous avez dit que le
prélèvement sur le salaire n'est peut-être pas la bonne
façon de faire. Est-ce que vous avez regardé quel pourrait
être le coût total, lorsque cette commission devra
s'autofinancer?
M. Rivard: Je pense que si quelqu'un pouvait nous donner cela,
cela devrait être quelqu'un qui a planifié la formation de la
commission depuis des années et qui a toutes les données. Cela
veut dire... Je ne peux pas vous répondre à cette question. Je
sais que cela va coûter cher. Mais on n'a pas dit que ce n'était
pas une façon de financer en vertu de la masse des salaires payés
dans l'industrie, ce n'est pas ce qu'on a dit. On a dit: Ne fondez pas trop
d'espoir là-dessus parce que si cela va comme on croit que cela peut
aller, ce qui va être identifié comme salaire n'existera plus dans
pas grand
temps. Parce qu'il en existe de moins en moins dans le
résidentiel. Tout se fait sous la table. Pas tout! Mais la grosse partie
se fait sous la table. Â un moment donné, il y a des "jobines" et
des contrats, les gens travaillent la nuit pour se cacher et ne pas se faire
prendre par les inspecteurs de l'OCQ. C'est comme cela que cela marche dans le
résidentiel à l'heure actuelle. Si vous ne me croyez pas, je vais
vous traîner avec moi en fin de semaine et vous allez ouvrir les
yeux.
M. Lavallée: Une chose est certaine, c'est qu'on peut vous
dire que si cette commission fonctionnait bien, et qu'on réussissait
à régler le problème du travail au noir et à
s'entendre pour faire en sorte que ce soient des travailleurs de la
construction avec des employeurs de la construction qui soient là, si
tout va bien, je suis convaincu que je n'aurais pas trop de difficulté
à convaincre le monde chez nous de se trouver une façon de se
financer, une fois qu'on serait certain que ce sont les gars qui vivent de ce
secteur. Jusqu'à présent, on ne peut pas dire: Oui, on est
prêt à le faire, parce qu'on sait que ce secteur nous
échappe en partie. Le matin où on pourrait se comprendre et
s'entendre, où on verrait que cela va bien, que, réellement, on
travaille de part et d'autre et qu'il y a une confiance mutuelle qui
règne et qu'on conclurait des ententes, je suis convaincu que je serais
capable d'aller voir le monde et de leur dire: Regardez ce qu'on a
récupéré avec cela. On va s'occuper de notre
commission.
M. Rivard: On ne dit pas que la totalité des
dépenses de la commission devrait être financée par les
entrepreneurs ou par le biais des frais de licences et tout cela. L'État
est là et a un mot à dire là-dedans; il fait des choses,
il paie à certains endroits. Il est aussi là pour protéger
le citoyen. Il y a peut-être des coûts à cela que toute la
société devrait absorber. Nous disons que ce qui devrait surtout
être payé par les entrepreneurs, c'est l'indemnisation de leurs
victimes. Pas les victimes de la totalité, il y a de bons entrepreneurs.
Il y a des pommes pourries partout, il y en a chez nous, il doit y en avoir
chez les entrepreneurs. Les pommes pourries qui coupent des coûts, c'est
eux, les entrepreneurs qui vont payer pour cela. (16 h 30)
M. Middlemiss: On dit qu'un jour il va y avoir un
autofinancement, que cela va coûter de l'argent. Vous dites que cela va
coûter cher. Est-ce que cela pourrait coûter plus cher que cela
coûte présentement? II ne faut pas se le cacher, si cela
coûte plus cher que présentement, en fin de compte, c'est le
consommateur qui va payer. II n'y a pas à en sortir. C'est cela que je
vous demande. Vous dites: On est prêt, oui, je pense que cela va
coûter cher. On ne sait pas comment cela va coûter. Mais, en fin de
compte, on ne pourra jamais s'en sortir, c'est le consommateur qui paie. Tous
les salariés doivent être bien payés et l'entrepreneur qui
est là devrait avoir un retour comme tout le monde le cherche. Mais qui
paie en fin de compte? Je crois que c'est le consommateur. Je me dis: Avant de
se lancer dans des choses comme cela, n'est-ce pas une chose importante de
savoir si cela va nous coûter plus cher, parce qu'à la fin, c'est
le consommateur qui va payer?
M. Rivard: Je ne crois pas que cela nous coûtera plus cher,
parce qu'on prend huit lois et on les élimine, des lois qui, en
certaines circonstances, amenaient des coûts à bien du monde pour
s'administrer, par exemple la Régie des entreprises en contruction.
Finalement, les coûts d'exploitation d'un entrepreneur vont être
moindres, je crois. De toute façon, il va y avoir moins de coûts
d'administration d'organismes. Enfin, c'est toujours le consommateur qui paie.
Quand on prend Corvée-habitation, les 0, 125 $ l'heure, cela aurait
été demander beaucoup d'altruisme aux entrepreneurs de leur dire:
Oublie complètement que tu paies 0, 125 $ l'heure ici et ne le charge
à personne. On savait très bien qu'il le passerait au
consommateur. Nous ne pouvions pas le passer, notre fonds de retraite,
c'est-à-dire que nous ne pouvions pas négocier 0, 125 $ de plus
avec l'entrepreneur qui l'aurait encore passé au consommateur. Nous
l'avons perdu, mais nous étions prêts à le faire au
début; c'est toujours le consommateur qui éventuellement paie la
note, que voulez-vous! C'est un bien qui est vendu, c'est un service qui est
vendu et il coûte tant. Ce sera toujours comme cela. S'il y a des
coûts de la commission qui sont payés par le gouvernement, ce sera
la société en général parce que la
société en général va être
protégée. Lorsque quelqu'un va aller dans un édifice
public, quand quelqu'un va aller dans un manège quelque part, il y aura
des coûts que la société aura déboursés pour
les rendre sécuritaires. C'est normal que Ti-Clin, qui n'a jamais
travaillé dans la construction, que Ti-Clin, qui n'a pas
d'édifice et qui ne paie pas et qui n'a pas de licence et qui ne paie
rien, quand il va dans un manège, le coût pour y passer sa
soirée se répercute nécessairement...
M. Middlemiss: Donc, en finissant, vous ne savez pas combien cela
va coûter? En assumant que vous sauriez que cela coûte plus cher
aujourd'hui et que cela coûterait plus cher avec le système qu'on
veut instaurer avec le projet de loi 53, est-ce que vous croyez que c'est la
direction à prendre et qu'il faut la prendre immédiatement et
vivre avec les conséquences?
M. Rivard: Comme je vous le mentionnais, c'est encore une
question hypothétique, c'est qu'on veut voir exactement comment on va y
arriver et quel genre de consensus on va avoir à l'intérieur de
cette commission? Une fois qu'on a réussi à obtenir cela, le
ministère doit être beaucoup mieux placé que moi pour vous
dire, puisque nous n'avons pas fait les études, ce que cela va
coûter, mais j'imagine que le ministère doit avoir fait des
études et, à ce moment, même si cela coûtait plus
cher, si on a atteint l'objectif de réussir à trouver les
façons de travailler dans le bâtiment et à se trouver des
programmes concrets et d'éviter ce travail au noir et faire en sorte que
ce soient des employeurs de la construction avec des salariés de la
construction, on va être certainement prêt à regarder le
financement, même si ça coûte plus cher.
M. Middlemiss: Donc, vous dites, que même si cela
coûte plus cher, ce n'est pas important, sachant fort bien que...
M. Rivard: Ce n'est pas ce qu'on dit. On dit: II y a un paquet de
lois qui vont être...
M. Middlemiss: Vous dites: Même si cela coûte plus
cher.
M. Rivard:... modifiées.
M. Middlemiss: Une minute! Vous avez bien dit...
M. Rivard: On dit que si cela bonifiait le système actuel
et qu'on avait une meilleure qualité de construction et une meilleure
protection pour les consommateurs, même si cela coûtait un peu plus
cher, on est prêt à regarder cela. Vous regarderez dans cela ici,
la femme qui a eu... Cela a passé.
M. Middlemiss: La protection du consommateur...
M. Rivard: C'est pour protéger ces gens, cela se paie
aussi.
M. Middlemiss: Si vous aviez suivi ce que j'ai fait pour
protéger le consommateur dans le domaine de la construction, vous ne me
poseriez pas cette question. Je vous dis -et vous l'admettez - qu'en fin de
compte, c'est le consommateur. Mais si le système doit nous coûter
plus cher, on ne sait pas, et moi, j'ai l'habitude, avant de plonger dans une
piscine, de vérifier s'il y a de l'eau ou non.
M. Rivard: Mais nous, on ne pense pas que cela va...
M. Middlemiss: C'est pourquoi je pose ces questions.
M. Rivard:... nous coûter plus cher. M. Middlemiss:
D'accord.
M. Rivard: On pense qu'en éliminant plusieurs lois et
qu'en faisant une loi-cadre, cela va régler plusieurs problèmes
et enlever de la paperasse. C'est un peu ce genre de
déréglementation à laquelle plusieurs s'opposent, on le
dit dans notre document. Mais on pense que, dans ce cas, cela devrait
coûter moins cher. C'est ce qu'on pense.
M. Middlemiss: Cela me surprendrait, parce que en partant, il va
y avoir du financement de la part du gouvernement, pour une période de
cinq ans peut-être, mats il faut prendre tous les employés qui
sont déjà à la REQ et aussi dans la partie du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Ces gens
vont devoir être payés avec les salaires qui leur sont dus. Il y
en a qui disent qu'il y a trop d'inspecteurs. Peut-être qu'il n'y en a
pas trop, peut-être qu'il n'y en a pas assez. En tout cas, tout cela,
c'est le même montant. Le ministre dit qu'il n'y en a pas assez, d'autres
disent qu'il y en a trop. Bien sûr, c'est le coût de tout cela.
Comment peut-on réellement économiser et responsabiliser le
milieu? Et cela nous coûte plus cher.
M. Rivard: M. le député, je pense que vous aimeriez
qu'on dise: Oui, cela va coûter plus cher et il ne faudrait pas que cela
passe.
M. Middlemiss: Non.
M. Rivard: Lorsqu'on regarde les droits qui vont
disparaître, la Loi sur les appareils sous pression, Loi sur la
distribution du gaz, la Loi sur l'économie de l'énergie dans le
bâtiment, la Loi sur les installations de tuyauterie, la Loi sur les
installations électriques, tout cela, il y a des personnes qui paient
des inspections à un moment donné. Parlons de
l'électricité, le BAE disparaît. Il y a des inspecteurs qui
y vont. Comment peut-on dire que cela peut coûter plus cher? Je ne peux
pas calculer, je ne sais pas comment cela coûte. Si le gouvernement ne le
sait pas, comment puis-je le savoir? Combien cela va-t-il coûter? Je ne
le sais pas. Mais comment peut-on dire que cela va coûter plus cher quand
un inspecteur qui va aller sur un chantier va pouvoir inspecter la Loi sur les
appareils sous pression, faire les inspections sur le gaz, l'économie de
l'énergie, tout cela, parce
qu'il va devenir probablement plus polyvalent? Au lieu peut-être
d'avoir cinq ou six inspecteurs qui passent un en arrière de l'autre, on
va avoir un inspecteur de la commission. Je pense que cela va réduire
les coûts ou que cela va augmenter la productivité de ces
inspecteurs, s'ils ne sont pas tous mis à pied ou
transférés ailleurs, je ne sais pas. Le but de cela, ce n'est pas
de créer des emplois, d'après ce que je peux voir. Mais, on est
d'accord avec le projet de loi, si le projet de loi doit avoir comme effet, par
le biais de la qualification aux entrepreneurs à une association en
particulier d'entrepreneurs, et par l'élimination du
cautionnement...
Même si vous dites qu'il va rester à 5000 $, c'est encore
des "pinottes", n'importe qui est capable de trouver un cautionnement de 5000 $
aujourd'hui, parce que c'est une assurance et que cela ne coûte pas 5000
$, pas besoin de sortir 5000 $ de ses poches. Ce n'est pas suffisant. Par le
biais de cette facilité qu'on aurait à faire des entrepreneurs
spécialisés, si c'est pour avoir cela comme but final, on dit:
Déchirez tout cela et restons comme on est là, parce qu'on a des
acquis à protéger.
Le ministre nous assure que l'idée ce n'est pas cela. Si ce n'est
pas l'idée, si ce n'est pas cela, concrétisez-le dans la loi en
acceptant nos recommandations au palier des définitions de
constructeurs-propriétaires, d'entrepreneurs et de salariés.
Là, on sera protégé et on sera sûr que nos acquis,
l'acquis des travailleurs de la construction, pas nécessairement des
relations du travail, les acquis sont là, ils sont
protégés. Là, on pourra peut-être parler de
qualification aux entrepreneurs. Envoyez fort, il n'y a rien là, parce
qu'un entrepreneur, cela doit être quelqu'un qui embauche des
salariés. Il n'y a absolument aucun problème.
M. Middlemiss: Donc, en d'autres mots, si le ministre peut
accepter les appréhensions que vous avez, le mettre clair et
précis, vous êtes prêt à accepter le projet de
loi.
M. Rivard: On est absolument d'accord avec le projet de loi.
M. Middlemiss: Sinon...
M. Rivard: Sinon, si c'est pour avoir comme effet, pas s'il
n'accepte pas, si c'est pour avoir comme effet de sortir les travailleurs du
secteur de la construction et d'en faire le champ d'activité des
braconniers nouvelle vague, qu'il déchire le projet de loi et mette cela
à la poubelle.
M. Middlemiss: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Oui, M. le Président. Je vous remercie. Je
veux tout simplement relever un point qui me chicotait un peu dans votre
mémoire à la page 34, article 20. Vous dites, je vous lis: "Nous
pensons que toute construction, quelle qu'elle soit, ne devrait pas être
entreprise à moins qu'elle ne soit exécutée selon des
pians et devis signés par un architecte ou un ingénieur, membre
de sa corporation professionnelle respective. " En fait, ce que vous proposez,
c'est un élargissement du cadre qui existe dans la profession
d'architecte et d'ingénieur. Ce que je me demandais, c'est si vous
étiez au courant qu'il existait aussi une autre corporation, un ordre,
en fait, qui s'appelle l'Ordre des technologues des sciences appliquées
du Québec, qui peut faire certains travaux, en bas de 100 000 $, tout
cela, et dont vous ne faites pas mention?
M. Rivard: Je pense qu'il fait partie du "Jos Public". Je connais
les architectes, les ingénieurs. Je ne connais pas toutes les autres
organisations qui sont dans le domaine. Je suis habitué lorsque je veux
me bâtir une maison à aller me chercher des plans. Un architecte
me fait des plans. Lorsque ce sont des travaux de génie civil, il y a
des architectes, des ingénieurs là-dedans, on a fonctionné
comme cela. S'il y a d'autres associations qui sont capables de faire la
même chose, elles auront probablement l'occasion de venir se
défendre ici.
Ce que nous essayons de dire, ce que toute construction - je dis quelle
qu'elle soit - je ne parle pas, comme j'ai dit tout à l'heure, du petit
cabanon à côté de la maison, ce n'est pas de cela que je
parle, je dis que l'entrepreneur qui bâtit des maisons, que ce soit en
série ou non, qu'il ait des plans signés par des architectes pour
au moins une maison, s'il en fait dix semblables, il n'a peut-être pas
besoin de payer un architecte pour chaque maison, elles sont pareilles. Mais au
moins, qu'il ait des plans d'architecte parce que cet architecte - et ce n'est
pas notre copain plus que n'importe quel autre - fait partie d'une corporation
professionnelle. Là, il y a des lois plus strictes qui les gouvernent
et, au moins, il y a des recours. C'est grave pour un architecte ou un
ingénieur de se faire expulser de son ordre, comme c'est grave pour un
avocat ou pour un médecin; c'est sa vie. Tandis que, pour un
entrepreneur, c'est plus ou moins grave. Il repart sous un autre nom, il a un
prête-nom. Il repart sous une autre raison sociale, il n'a pas trop de
problèmes. Je sais que la loi veut contrer cela. Mais, à l'heure
actuelle, il y a des dispositions dans la Loi sur la qualification
professionnelle des entrepreneurs en construction et il en passe quand
même.
M. Bordeleau: D'accord. Alors, si vous me dites... Je comprends
que vous ne connaissiez pas nécessairement l'ensemble des ordres, leur
juridiction et tout cela, mais est-ce à dire que vous n'auriez pas
d'objection à ce que ce ne soit pas nécessairement limité
aux architectes et aux ingénieurs, mais limité aux professionnels
qui sont reconnus par l'Office des professions, donc qui ont une
juridiction...
M. Rivard: Je veux dire...
M. Bordeleau:... et un cadre de protection conséquent?
M. Rivard: On ne s'oppose à aucun autre organisme qui peut
remplir "la job", qui peut faire "la job" et qui est reconnu. Je veux dire
qu'il n'y a absolument rien là. Nous connaissons les ingénieurs
et les architectes et on dit "un ingénieur ou un architecte membre de sa
corporation professionnelle".
M. Bordeleau: D'accord. Cela répond à ma question,
merci.
M. Rivard: Êtes-vous technologue?
M. Bordeleau: Pardon?
M. Rivard: Êtes-vous technologue?
M. Bordeleau: Oui. Mais je veux dire...
M. Laplante: Juste une courte...
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Bourassa.
M. Bordeleau: Pour le moment, je suis d'abord législateur
et je suis aussi membre de l'Ordre des technologues.
M. Laplante: Vous parlez beaucoup de la protection du
consommateur. Vous avez fait un long historique là-dessus. Pensez-vous
que l'élargissement de la juridiction de la protection du consommateur
dans la loi... Vous n'avez pas parlé de cela. Pensez-vous que
c'est...
M. Rivard: On devait avoir ici avec nous, cet après-midi -
on ne peut pas être qualifié dans tous les domaines - notre
procureur, lequel n'a pas pu venir, pour discuter de la Loi sur la protection
du consommateur. Ce qu'on peut dire, c'est que la loi - ce n'est pas un recul -
est une amélioration pour la protection du consommateur. Maintenant,
est-ce qu'on pourrait faire plus? On peut toujours faire plus quelque part.
Mais il y a un début. Nous ne rejetons pas du revers de la main les
dispositions qui sont là quant au consommateur. Il y a eu l'Office de la
protection du consommateur du Québec, qui est venu hier; il nous a fait
part de son point de vue et il semble que le projet de loi n'est pas suffisant.
Je suis bien prêt à dire qu'il a peut-être raison, il est
là pour protéger les consommateurs. Si ce n'est pas suffisant, ce
n'est pas suffisant. Mais je pense que je ne connais pas assez le domaine pour
vous donner des explications sur toute la Loi sur la protection du
consommateur. Par contre, le projet de loi nous semble un pas en avant.
M. Laplante: Oui. Mais que ce soit administré par l'Office
de la protection du consommateur, que cela fasse partie de sa
juridiction...
M. Rivard: À l'heure actuelle, je crois que l'Office de la
protection du consommateur a un tas de mandats ou de fonctions à remplir
en ce qui concerne la relation consommateur-vendeur. Que ces mêmes
fonctions s'appliquent en ce qui touche l'achat d'une maison, la
rénovation ou la réparation, je pense que c'est bien que l'Office
de la protection du consommateur ait un mot à dire là-dedans,
qu'il intervienne et qu'il y accorde toute la protection qu'il accorde à
d'autres genres de consommateurs acheteurs.
M. Laplante: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): On vous remercie
beaucoup.
M. Lavallée: Nous vous remercions aussi de nous avoir
entendus et on espère que nos commentaires seront retenus par le
ministre.
M. Rivard: On vous remercie pour votre patience.
OAQ
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle l'Ordre des
architectes du Québec. Je demanderais au porte-parole de s'identifier,
ainsi que les personnes qui l'accompagnent. (16 h 45)
M. Chamberland (Hubert): M. le Président, merci. M. le
ministre, qui êtes juste derrière depuis deux secondes, madame,
messieurs, je voudrais d'abord vous remercier de nous avoir invités
à présenter notre position. J'aimerais présenter les gens
qui m'accompagnent. À votre gauche, M. Michel Bégin, qui est le
président de l'Association des architectes en pratique privée du
Québec; à côté de moi, M. Bertrand Jodoin, un ancien
président de l'Association des architectes en pratique privée et
membre du conseil de l'ordre; à votre extrême droite, M. Claude
Letarte, qui est le directeur général de l'Association des
architectes en
pratique privée, M. Serge Lavoie, qui est le directeur
administratif de l'Ordre des architectes du Québec, M. Bertrand
Pelletier, qui en est le vice-président, et moi, je suis le
président sortant de l'Ordre des architectes du Québec, Hubert
Chamberland.
Si vous n'avez pas d'objection, je vais lire certains passages de notre
mémoire que j'estime importants et j'ajouterai des commentaires pour
ensuite répondre à vos questions.
Le Président (M. Lafrenière): C'est bien,
merci.
M. Chamberland: D'abord, dans les grandes lignes, je dois vous
dire que l'Ordre des architectes du Québec voit d'un bon oeil une telle
loi. Je dis bien dans les grandes lignes, parce que, dès qu'on s'y
attarde, nous avons beaucoup de commentaires et de réaménagements
à vous proposer.
Je pense que le principe de responsabilisation des intervenants - et je
devrais insister sur les mots "tous les intervants" - doit être
l'assiette sur laquelle toutes nos discussions doivent être entreprises
cet après-midi.
Nous croyons que, dans le domaine de la construction, chaque intervenant
a des responsabilités bien précises que la présente loi,
toutefois, ne respecte pas et confond alors qu'elle devrait en faire son
élément primordial. Plus précisément, la loi
devrait formuler les principes suivants. Si vous voulez me suivre, je suis
à la première colonne, vers la fin, vers le bas à
gauche.
Tout travail de construction doit être assorti de
l'émission d'un permis de construire. À notre avis, ce permis est
une autorisation de construire et il est remis, à ce moment, sur un
document que l'on considère conforme.
Aucun permis, à notre avis, n'est accordé sans plan
d'architecture ou d'ingénierie chacun selon sa compétence. En
apposant sa signature ou son sceau l'ingénieur ou l'architecte - sur un
tel document, atteste sa volonté de conformité à la
réglementation existante, c'est-à-dire au Code du bâtiment
ou tout autre règlement qui viendrait s'ajouter par la suite.
L'entrepreneur doit attester avoir suivi les plans et devis de
l'architecte, à ce moment, pour être conforme, puisque le permis a
été émis sur un dossier de conformité. Nous croyons
que l'entrepreneur devrait émettre une attestation à cette
conformité qui a été faite par l'ingénieur ou
l'architecte et qui a été aussi sanctionnée par un permis.
Nous croyons aussi que l'autre partie du dossier, la qualification des
ouvriers, est importante, car on a beau attester une conformité à
des règlements, émettre des prescriptions qualitatives, avoir un
bon entrepreneur, si on n'a pas des ouvriers qualifiés, en fin de
compte, on risque d'avoir une construction de mauvaise qualité.
Je m'empresse de dire ici qu'il y a une définition des
professionnels de la construction. On parle d'architectes et
d'ingénieurs, bien sûr, mais lorsqu'on lit le Code civil,
l'article 1688 dit que l'architecte et l'ingénieur sont conjointement et
solidairement responsables, avec l'entrepreneur en construction, s'ils font
aussi la surveillance. Donc, le Code civil prescrit, au départ, que
l'architecte et l'ingénieur, d'une part, et l'entrepreneur sont
responsables de la construction pendant cinq ans après la fin des
travaux, que les lois respectives des architectes et des ingénieurs
déterminent un titre et un champ d'exercice exclusif aussi. Que la Loi
sur les ingénieurs ouvre une porte à ce que certains technologues
fassent des travaux en sciences appliquées, je pense que c'est le cas,
là, il n'y a aucun problème, mais il faudrait que la
définition du professionnel, à notre avis, soit très
clairement identifiée dans la loi, comme il en a été
question tantôt, et qu'elle respecte les prescriptions du Code civil et
des lois des professionnels qui existent actuellement.
L'attestation de conformité. Lorsqu'un architecte ou un
ingénieur produit des dessins et devis, ces documents sont parfaitement
identifiés, surtout s'ils sont porteurs, comme c'est normalement le cas,
de la signature et du sceau de l'architecte ou de l'ingénieur, bien
sûr. En publiant ces documents, le professionnel atteste implicitement
mais clairement sa volonté de respecter la réglementation
existante et notamment le Code du bâtiment ou toute autre
réglementation. C'est, à notre avis, pour le consommateur, une
protection essentielle pour s'assurer que tous les documents qui vont
régir le contrat d'exécution des travaux ont été
faits par un concepteur qui a tenu compte de l'adaptation et de l'application
surtout des codes et des règlements. C'est dans ce sens qu'on
répond à notre devoir, qui est imposé par le Code des
professions, de protéger le public.
Exiger en plus une attestation formelle ne peut, pour le gouvernement
aussi bien que pour le professionnel, qu'accroître le fardeau
administratif, ce qui n'est certainement pas le but visé par le
législateur. À ce moment-là, une attestation
supplémentaire et toute l'administration que cela implique pourrait,
évidemment, augmenter les coûts. Donc, on parlait tantôt de
coûts, on en reparlera peut-être. Il faudrait peut-être
commencer par voir si certains gestes sont essentiels et s'ils ne sont pas une
augmentation de coûts indue ou non nécessaire.
Quant à l'entrepreneur, il nous semble approprié que le
législateur exige de lui une attestation de conformité aux plans
et devis
et non au Code de construction. C'est une nuance importante parce qu'au
dire de plusieurs entrepreneurs - s'ils ne vous l'ont pas dit ici, ils nous
l'ont dit à nous - ils ne veulent pas s'embourber dans l'application des
codes et ils jugent à propos et approprié que ce soit
l'ingénieur et l'architecte qui, eux, de par leur profession et leur
métier de concepteurs, s'occupent de régler les problèmes
du client, dans le domaine du bâtiment, en conformité avec les
codes. Eux n'auraient comme mandat que la gestion du chantier et de voir
à ce que leur chantier, leur bâtiment, leur "ouvrage" respecte les
plans et devis qui, eux, seraient faits en conformité avec les
codes.
Donc, il y a peut-être un danger quand on lit dans la loi que
l'entrepreneur doit faire une construction en conformité avec les codes.
Cela veut dire qu'il pourrait construire sans plans ni devis et avoir comme
obligation d'être conforme au code. Je demande, au nom des architectes:
Où peut-on assurer la protection du consommateur à ce
moment-là, surtout dans le cas le plus fréquent où la
surveillance des travaux n'est pas faite par un ingénieur ou un
architecte? On retrouve cela à quel moment pour les petits et moyens
projets, où l'entrepreneur ou le propriétaire ne juge pas
spontanément à propos que les travaux soient surveillés
par un architecte ou un ingénieur? Si tel est le cas, Il serait tout
à fait normal pour sa protection, que tout au moins les plans et devis
soient faits par un ingénieur ou un architecte. À ce
moment-là, l'attestation de conformité de la part de
l'entrepreneur vient simplement confirmer auprès du consommateur, qui
n'a pas eu des professionnels pour faire la surveillance - si ce n'est pas la
volonté du législateur d'imposer l'engagement d'un architecte ou
d'un ingénieur pour faire la surveillance - au moins que l'entrepreneur
dise: Je me suis fié à un professionnel qui a la
compétence, qui m'a émis des documents; je les ai
respectés à la lettre. Je n'ai fait que mettre les
matériaux et engager les personnels et j'ai rempli mon mandat. Les
problèmes de conformité professionnelle, voyez cela avec vos
spécialistes de la conception. Surtout que les lois sur les architectes
et les ingénieurs n'obligent pas de faire la surveillance des travaux.
Les architectes et les ingénieurs, au Québec, ne sont pas
obligés par une loi de faire la surveillance. Ce sont seulement les
donneurs de gros ouvrages qui jugent, vu la complexité des travaux,
qu'il est important, pour leur propre protection et leur propre garantie, que
des architectes et des ingénieurs fassent la surveillance des
travaux.
Les petits consommateurs - "petits" parce que, en masse, ils sont
nombreux; on parle de maisons unifamiliales ou de quelques logements - ne
connaissent pas ce jargon. Nous croyons que la notion de responsabilisation de
tous les intervenants devient importante dans cette loi et nous la saluons pour
autant que l'on donne la balle à l'autre et qu'il continue à
protéger le consommateur et non pas pour que, une fois que l'architecte
et l'ingénieur ne sont plus là, il dise: J'ai les coudées
franches, je peux faire ce que je veux, et le consommateur, qui ne
connaît rien à la construction, je l'attends au détour, je
fais des substitutions de matériaux, je lui dis que l'architecte ou
l'ingénieur a été trop exigeant, qu'il n'est pas si bon
que cela, qu'il voulait avoir des honoraires plus élevés, en tout
cas, toutes sortes d'argumentations possibles. Souvent, le consommateur ne sait
pas trop. Il est petit et il n'a pas de mécanismes pour se
protéger et, finalement, il se retrouve peut-être dans une
situation de juge et partie, où l'entrepreneur est celui qui
achète les matériaux et les installe. Il peut dire au
consommateur: Je te propose cette substitution-là. Bien, le consommateur
n'a pas un tiers neutre, donc le professionnel peut lui dire: Est-ce que je
peux, moi, me fier à la présentation de tel entrepreneur? Ou
encore dans la main-d'oeuvre, de substituer de la main-d'oeuvre de
qualité par de la main-d'oeuvre qu'on appelle "au noir", le travail au
noir, et de la main-d'oeuvre qui n'a peut-être pas la compétence
pour faire tel ou tel travail.
À ce niveau-là, je pense que si l'entrepreneur émet
une attestation de conformité aux plans et devis de l'ingénieur
et de l'architecte, il est obligé, pour installer certains
matériaux, d'utiliser de la main-d'oeuvre de qualité et il est
obligé d'utiliser des matériaux de norme minimale prescrite par
les codes; autrement il ne peut pas émettre ce certificat. S'il
émet ce certificat à défaut, à ce moment-là
la garantie économique vient prendre force si un mois, un an, deux ans
après, on retrouve des erreurs dans la construction après
l'inspection. Là, on peut demander à l'entrepreneur, avec son
dépôt de garantie: Viens réparer ta non-conformité
puisque tu nous a émis un certificat de garantie parce que ce n'est pas
conforme aux plans et devis.
Tout cela pour vous dire, qu'à notre avis, il devrait y avoir
dans la construction trois types de volets qui doivent transparaître dans
ce projet de loi et qui, à notre avis, ne transparaissent pas. D'abord
la conception du bâtiment, ensuite la réalisation du
bâtiment et, en troisième Heu, la qualification de la
main-d'oeuvre qui va assurer que tel ou tel matériau est mis en place
selon les règles de l'ordre. À notre avis, chapeaute tout cela la
protection du consommateur. Si on veut vraiment avoir la volonté de
protéger le consommateur, il faut tenir compte de ces trois volets du
domaine de la construction et non pas se dire: Bien,
c'est la chasse-gardée de un, de deux ou d'une partie de tel ou
tel intervenant. À notre point de vue, ce sont les trois volets de base
et aussi, assis nécessairement sur l'utilisateur d'un tel bâtiment
qui sera l'acheteur, le locataire ou le propriétaire d'un tel
bâtiment. Je reviendrai là-dessus en conclusion.
Le comité d'interprétation. Dans la loi on parle d'un
comité d'interprétation du code ou des règlements.
À notre avis, il serait intéressant que dans la loi, on
précise que les interprétations d'un tel comité soient
inscrites par écrit afin qu'une certaine jurisprudence se fasse et afin
que le message soit clairement compris par tout le monde et qu'il ne soit pas
que verbal. On sait que les paroles s'envolent mais que les écrits...
À un moment donné, lorsque le dossier se poursuit plus loin, si
on peut se référer à un dossier précis où
les commentaires à telle date, en telle année ont
été écrits, on pourra dire que les règles du jeu
avaient été établies à telle date même si
elles ont été changées plus tard. Il y a un danger que le
comité d'interprétation puisse émettre des
interprétations tout simplement sans les écrire. Nous on
précise qu'il serait de bon aloi que ces interprétations soient
écrites.
La qualification de l'entrepreneur. Je vous lis le texte: Si la
compétence et même l'excellence de beaucoup d'entrepreneurs ne
font pas de doute, il reste que la qualification de l'ensemble de ce secteur
comporte encore beaucoup de failles. À cet égard, l'Ordre des
architectes appuie la création d'un organisme de contrôle de la
qualification des entrepreneurs, article 104, alinéa 2. Il serait tout
à fait normal de mettre en place un régime similaire à
celui qui prévaut dans le milieu des professions,
caractérisé par l'existence d'un code et de l'Office des
professions ainsi que de règlements divers et spécialement d'un
code de déontologie.
À notre avis, ce n'est pas uniquement une garantie
financière que l'entrepreneur doit émettre, c'est aussi une
éthique professionnelle, s'il se dit un professionnel de l'ouvrage, de
la mise en oeuvre, et il devrait se doter d'un code de déontologie, il
devrait se doter de mécanismes. Je pense que la commission devrait faire
en sorte que les entrepreneurs au Québec se regroupent et fassent en
sorte qu'on arrive à avoir un ensemble de constructeurs qui suivent les
mêmes règles. Qu'on mette de la brique ou du 2 x 4 pour une
unifamiliale, pour un plusieurs logements ou pour un gratte-ciel -j'entends de
la brique - je pense que c'est la même brique, ce sont les mêmes
règles de l'art et c'est la même déontologie qui doit
chapeauter tout cela. Ce n'est pas parce que l'on construit de la petite maison
qu'on doit avoir des coudées franches, alors que lorsqu'on construit un
bâtiment, on est soumis à certaines rigueurs. À notre avis,
la qualité du cadre bâti demande d'être chapeauté par
la même déontologie pour tous les intervenants. Chez nous, les
architectes qui interviennent dans le domiciliaire unifamilial ou la petite
construction ou dans les gratte-ciel et les stations de métro sont
soumis à la même déontologie. C'est la même chose
chez les ingénieurs et nous croyons qu'il devrait en être de
même chez les entrepreneurs. (17 heures)
Au sujet du contrôle de la compétence des entrepreneurs,
nous tenons à signaler que des garanties financières ne nous
paraissent pas nécessairement suffisantes pour que l'on soit
assuré de la compétence de l'entrepreneur. À notre avis,
donc, la qualité de performance, la déontologie est le
deuxième volet qui n'est pas apparent dans cette loi et qui devrait
être important. Ce n'est pas parce que quelqu'un a de l'argent en banque
ou en remise ou en assurance qu'il est nécessairement compétent,
qu'il est nécessairement une personne qui va faire des travaux de
qualité. Pour nous, cela est très clair. C'est toujours en
fonction de la protection du consommateur en fin de compte.
On ajoute un nouveau volet qui pourrait être discrètement
inscrit dans la loi et qui pourrait être laissé à la
discrétion de la commission, c'est la responsabilisation des fabricants
de matériaux. Même si vous avez de bons ingénieurs ou de
bons architectes, même si vous avez d'excellents entrepreneurs, et
même si vous avez des ouvriers de qualité qui travaillent sur un
chantier, si vos matériaux n'ont pas des normes de qualité et de
la performance qui les accompagnent, quand on les choisit... En fin de compte,
là encore, le matériau étant le vocabulaire, si je peux me
permettre cette expression, de base de la construction, je pense que le
matériau devrait être aussi soumis à des normes et à
des directives que la commission pourrait recommander ou approuver, je ne sais
trop, pour permettre aux ouvriers, aux entrepreneurs et aux concepteurs du
bâtiment d'avoir des matériaux minimums de base dont on est
sûr de la norme minimale pour mettre dans un bâtiment.
Délégation de pouvoirs aux municipalités. Je pense
que sur cela, on ne peut que se rendre à une certaine évidence.
C'est qu'il y a des municipalités ou des municipalités
régionales de comté qui pourront avoir les moyens ou le
désir d'appliquer les prescriptions de la commission et, si la
commission après entente avec un tel organisme peut le faire, je crois
qu'il n'y a aucun problème à utiliser un gouvernement qui est
près du citoyen. Il faut tenir compte qu'il y a des municipalités
qui n'ont pas les moyens, et à ce moment-là, la commission
devra trouver un aménagement pour les petites
municipalités qui n'ont pas les moyens d'offrir ce service. Je crois,
qu'à ce moment, nous ne nous opposons pas du tout; au contraire, dans
certains cas c'est pertinent de le faire. Par contre, il y a toujours la
question de l'obligation d'émettre des permis. Je ne veux pas revenir
sur ce que j'ai dit tantôt, mais cela tient toujours. Ce n'est pas parce
qu'une ville aurait le pouvoir délégué qu'elle pourrait se
soustraire aux obligations de la loi, tout au contraire.
La constitution de la commission. Bien sûr, comme à peu
près tout le monde, on vient vous dire que les architectes et les
ingénieurs devraient en faire partie, mais ce n'est pas parce qu'on veut
avoir une argumentation émotive. Je veux simplement me baser sur le
scénario de tantôt et je reviendrai dans la conclusion parce que
cela va être plus clair sur les membres qui doivent faire partie de la
commission.
La notion des édifices publics. Vous reportez un article de la
Loi sur les édifices publics avec une mention de bâtiment qui
n'est pas mis à jour. L'Ordre des ingénieurs dans un
mémoire ce matin, mentionnait quelques bâtiments. Nous avons
refusé de faire un inventaire et de vous soumettre une nomenclature de
nouveaux bâtiments parce qu'il y en a trop. On trouve que c'est une
approche qui prête le flanc, à chaque semaine ou à chaque
année, à un réaménagement parce qu'il y a de
nouveaux bâtiments et il y a de nouveaux usages qui surgissent et il y a
de nouvelles fonctions. Nous pensons à la bureautique, à
l'informatique qui pourraient amener des changements radicaux; parce que cela
ne serait pas clairement identifié dans cette liste ce serait hors loi,
donc on pourrait faire ce que l'on veut avec ces bâtiments. Nous trouvons
que ce n'est pas une approche intelligente. Nous disons tout simplement, comme
certains intervenants: Écoutez, si vous voulez que cela protège
le consommateur, carrément que tout permis soit remis pour des projets
qui ont des plans et devis faits par des professionnels, notamment les
architectes et les ingénieurs et s'il y a des technologues membres de
l'Ordre des ingénieurs qui ont des champs d'exercice exclusifs bien
sûr, nous n'avons pas d'objection, mais que ce soit clair à ce
niveau. C'est cela. Si on émet un tel principe dans la loi, je pense que
la Loi sur les édifices publics devient totalement caduque parce qu'on
couvre le tout bâti d'une façon générale. Ou encore,
s'il n'y a pas de volonté - et ce serait très malheureux - de
faire que tout bâtiment qui a un permis soit scellé et
signé par un architecte et un ingénieur et qu'on revienne avec la
Loi sur les édifices publics, il faudrait trouver un mécanisme
pour mettre cette définition à jour, et j'ai l'impression qu'on
va être obligés de la mettre à jour presque tous les mois -
sans vouloir faire un jeu de mots - il va y avoir des discussions à n'en
plus finir sur ce qu'est un garage de telle sorte, ce qui est un condo et ce
qui n'en est pas un. À ce moment-là, est-ce qu'on veut
protéger le consommateur, dans la construction, ou est-ce qu'on ne veut
pas le protéger? C'est la question qu'il faut se poser; ce n'est pas de
savoir si un condominium est sujet à des plans et devis, ou si un
entrepreneur ou un constructeur a le choix de faire ce qu'il veut avec un condo
ou non. Je ne pense pas que ce soit là les questions qu'il faut se
poser. Les législateurs ne devraient pas - surtout le ministère
de l'Habitation et de la Protection du consommateur - commencer à jouer
sur la corde raide à ce sujet, à mon avis.
En conclusion, si vous votez une telle loi et remettez tout à la
commission, il faudra que cette commission travaille, fasse des consultations
et commence tout doucement à préparer les règlements. Nous
proposons des états généraux sur le cadre bâti, ou
l'économie du cadre bâti, qui pourraient se tenir à
l'automne ou tôt l'hiver prochain et qui pourraient réunir tous
les partenaires de la construction et ainsi être un forum pour, vraiment,
discuter de ce qu'est la situation dans le domaine de la construction et faire
des recommandations à la commission qui pourra, éventuellement,
rédiger ou raffermir ces règlements.
Nous suggérons aussi la formation d'un conseil consultatif du
bâtiment. À la commission, on parle de quinze membres: qu'il y en
ait neuf, qu'il y en ait vingt, il n'y en aura jamais assez de toute
façon pour représenter l'ensemble du cadre bâti. Nous
croyons qu'un conseil consultatif comme dans le domaine de l'éducation,
comme dans le domaine des professions avec le CIQ, le Conseil
interprofessionnel, pourrait être un organisme tampon entre les
intervenants et les utilisateurs et la commission, et ce conseil pourrait
être un organisme qui donne des avis et des commentaires à une
telle commission. Il pourrait regrouper à ce moment-là autant les
financiers que les prêteurs hypothécaires, il pourrait regrouper
les assureurs, les fabricants de normes, les fabricants de matériaux,
les laboratoires de recherche et aussi tous les intervenants importants:
entrepreneurs, gros clients, gros donneurs d'ouvrage, architectes,
ingénieurs, technologues. Â ce moment-là, ce conseil aurait
une voix au chapitre des suggestions et aussi au chapitre des commentaires sur
les règlements qui seraient faits par la commission.
En bout de ligne, je vous dis tout simplement, au nom des architectes,
que l'objectif spécifique de la responsabilisation du projet de loi
devrait être assis, à notre avis, sur un objectif global qui est
la
protection du public consommateur d'habitations, je devrais dire de
bâtiments construits au Québec; de tendre, une fois pour toutes -
cela fait plusieurs années que l'Ordre des architectes le dit au
législateur; on l'a dit dans un mémoire qu'on a
présenté il y a trois ans au premier ministre sur la
qualité du cadre bâti - à rendre le bâtiment
essentiel au Québec comme étant une valeur qui est
achetée, consommée et revendue continuellement au Québec.
Qu'on assure donc qu'il y ait une qualité minimum. S'il y a cette
volonté de non seulement responsabiliser les entrepreneurs, mais aussi
d'assurer la protection du public, on devrait donner à cette
responsabilisation une crédibilité en assoyant la transparence de
la représentation des principaux acteurs au sein de la commission. Les
acteurs, je les ai définis tantôt. Je vous dis qui ils sont. Ce
sont d'abord et avant tout les utilisateurs, ceux qui forment le public qu'on
veut protéger. Ils sont tantôt propriétaires, tantôt
locataires, tantôt acheteurs de bâtiments. Si on a la
prétention de travailler sur la qualité du bâtiment au
Québec sans entendre ces gens-là et sans collaborer avec eux,
notre affaire est bidon. C'est très clair!
Deuxièmement, j'ai mentionné qu'il y avait trois
étapes importantes dans le domaine de la construction et cela est la
réalité depuis qu'on construit toujours au Québec. Il y a
la conception du bâtiment, ceux qui font les aménagements
d'espaces, ceux qui choisissent les matériaux, confirment la
conformité au Code de construction et aux règlements; ce sont les
professionnels, les concepteurs. Il y a les bâtisseurs d'ouvrage, les
entrepreneurs, ceux qui construisent selon la conception qui a
été traduite en plans et devis. Il y a aussi l'ouvrier
qualifié.
Quant à nous, ces quatre pôles importants devraient
être, à notre avis, l'assiette de la commission. Si tout le monde
ne trouve pas son lot dans la commission, je pense qu'avec le conseil
consultatif on pourrait, ceux qui sont moins intéressés à
l'ordonnancement du quotidien de la construction mais qui ont des
intérêts précis - je pense aux assureurs, financiers,
prêteurs hypothécaires, quitte à me répéter
comme tantôt - on pourrait se retrouver avec les principaux acteurs au
sein d'un conseil consultatif.
Je dis, en terminant, que le bâtiment, ce n'est pas le
bébé d'un intervenant, mais c'est plutôt le résultat
d'une concertation globale entre les principaux intervenants qui sont, à
mon avis, le premier touché, le public qui jouit, je devrais dire qui
subit le bâtiment, le concepteur qui travaille en équipe avec
l'entrepreneur qui construit l'ouvrage et qui, en bout de ligne, assure la
qualité de la mise en oeuvre, si ce n'est pas l'ouvrier qualifié.
Quand on aura compris que l'assiette repose sur ces quatre volets, on aura
peut-être compris qu'on tendra vers une excellence de cadres bâtis
au Québec. Je pense que ce projet de loi devrait être l'occasion
inespérée pour qu'au Québec, une fois pour toutes, on
dise: On veut avoir de la construction qui se tient plus qu'une couple
d'années et non pas construire des taudis à moyen ou à
court terme. À ce moment-là, l'inquiétude des coûts,
c'est sûr que de...
Je finis sur une question bête: Est-ce qu'on doit payer 2000 $ de
plus ou 150 $ de plus au moment de construire, alors qu'on s'assure d'une
construction qui a du sens et qui a une valeur pour plusieurs années? Le
prêteur hypothécaire va y regagner, celui qui y consent va y
regagner, tout le monde va y regagner, et c'est l'affaire de tout le monde. Je
vous propose un travail d'équipe, une concertation globale et je vous
dis: Faites attention, il n'y a pas que les entrepreneurs, il n'y a pas que les
architectes, il n'y a pas que le consommateur et il n'y a pas que les ouvriers.
C'est tout le monde ensemble. Et je pense que comme cela... Cela a
été la base de Corvée-habitation, cela devrait être
la base de cette loi aussi qui, en ce qui a trait à la qualité de
vie... Combien de temps vivons-nous dans un bâtiment? Qua. nd on compte
qu'on y dort, qu'on y mange et qu'on va travailler dans un autre, c'est une
bonne partie des 24 heures. Alors, prenons cela au sérieux. Je termine
là-dessus. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M.
Chamberland.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier M.
Chamberland et les gens qui l'accompagnent de leur participation à cette
commission. Je les remercie de toute la collaboration qu'ils nous ont
accordée chaque fois qu'on a fait appel à eux depuis deux ans et
demi dans l'élaboration de ce projet de loi. Je veux souligner aussi ma
satisfaction, encore une fois, de l'appui que ce groupe nous accorde quant aux
buts, objectifs et principales orientations du projet de loi. Quant aux
réserves qui sont énumérées, M. le
Président, je pense que, sauf peut-être un ou deux points, on va
bien s'entendre et rapidement.
Sur un des points fondamentaux qui sont abordés dans votre
mémoire, celui d'étendre dans les faits votre champ de pratique
à tout ce qui se construit en termes d'unités d'habitation, je
pense que le plaidoyer que vous faites est loin d'être à
côté de la piste. Je pense qu'il y a beaucoup de fondement dans la
démonstration que vous avez faite. Toutefois, tant sur cette question
précise que sur d'autres questions qui concernent directement la Loi sur
les architectes ou la Loi sur les ingénieurs du Québec, nous
avons eu des
communications avec l'Office des professions du Québec, qui nous
a informé qu'elle était effectivement à mettre en place
des dispositions pour consulter l'ensemble des intervenants, donc vous autres
au premier chef, les ingénieurs, et les autres concernés, pour
réaliser une certaine révision des lois qui concernent votre
activité professionnelle directement. En conséquence, il n'est
évidemment pas de notre intention d'ouvrir à la pièce des
choses qui concernent directement les lois qui sont sous la
responsabilité de l'Office des professions. (17 h 15)
Donc, il est évident que nous ne pouvons souscrire aujourd'hui,
à ce moment-ci, à la demande que vous nous faites de faire en
sorte que pour émettre un permis de construction - un permis sera
nécessaire pour toute unité - il faille automatiquement,
obligatoirement qu'il y ait des plans fournis par des architectes ou des
ingénieurs. Je pense qu'il s'agit là d'une discussion qui devra
se faire dans le cadre des travaux que mène l'Office des professions
à l'heure actuelle à l'interne et qu'il compte justement ouvrir
à une consultation des ordres professionnels directement
concernés au cours des prochaines semaines, tel que nous l'a
indiqué M. Desgagnés, le président de l'Office des
professions.
Quant aux autres demandes que vous nous faites en ce qui concerne
l'attestation de conformité elle-même, que votre sceau soit
suffisant, effectivement, on est d'accord pour dire qu'il ne doit pas y avoir
un papier additionnel. On pense que cela pourrait se faire automatiquement par
la présence du sceau de l'architecte ou de l'ingénieur quant au
fait que les plans et devis qu'il nous a préparés sont conformes
au Code de construction. Quant au fait que l'entrepreneur doive remettre une
attestation de conformité aux plans et devis lorsqu'il y a
présence de ceux-ci, effectivement, l'article 14, deuxième
alinéa, prévoit cela; on s'entend bien là-dessus.
L'article 14, deuxième alinéa dit: "Toutefois, l'entrepreneur
atteste uniquement de la conformité des travaux aux plans et devis d'un
architecte ou d'un ingénieur pour les travaux qui ont fait l'objet de
plans et devis. " Je pense que là-dessus, c'est un point additionnel
d'entente.
Pour ce qui est de votre demande, à savoir que les avis
émis par le comité d'interprétation soient par
écrit, nous n'avons aucune objection de principe. Peut-être que
certains nous diront que cela crée de la paperasse additionnelle, une
certaine bureaucratie. Mais, je pense que la démonstration que vous avez
faite tantôt est convaincante. Je pense que si vous voulez quand
même aller chercher des avis d'un comité d'interprétation
et qu'ensuite vous devez attester que vos plans et devis sont conformes, il est
évident que pour éviter des situations qui pourraient être
problématiques, aussi pour faciliter justement la constitution d'une
certaine jurisprudence à ce comité d'interprétation, je
pense que votre demande est très bien fondée. Il n'y a pas de
problème, nous sommes d'accord avec cela.
Quant à l'affirmation que vous faites, à savoir qu'il y a
des garanties financières qui ne sont pas suffisantes pour assurer la
compétence des entrepreneurs, nous partageons votre opinion. Il n'est
pas de notre opinion que les plans de garantie financière suffisent
à eux seuls à assurer toute la compétence requise.
Effectivement, je pense que le projet de loi met en place une dynamique qui
devrait donner tout ce qu'on recherche, tous et chacun de nous, en cette
matière.
Pour ce qui touche la responsabilisation des fabricants de
matériaux, là aussi, d'une part, il y a un appui; il y a une
préoccupation aussi pour les produits importés. Je vous
référerai à l'article 171, 13 et 14°, qui fait
allusion à la vente et à la location; non seulement à la
fabrication des matériaux, mais à la vente et à la
location. Donc, cela couvre aussi les produits importés.
Je prends bonne note aussi de votre position quant à la
délégation de pouvoirs aux municipalités. Effectivement,
l'intervention que vous faisiez à ce chapitre est conforme à nos
préoccupations et à l'état de nos réflexions
là-dessus. On ne pense pas que toutes les municipalités du
Québec souhaitent ou sont en mesure d'appliquer les codes, et c'est pour
cette raison que nous avons choisi d'y aller par protocole d'entente entre la
commission et chacune des municipalités qui demandera et qui satisfera
aux conditions de la commission.
Vos remarques sur la composition de la commission elle-même, j'en
prends bonne note et on les ajustera aux réflexions que nous devrons
faire là-dessus.
Quant à la définition d'édifice public et tout
cela, effectivement, je suis d'accord avec une des affirmations que vous
faites. Vous dites que cela prend une harmonisation entre la Loi sur le
bâtiment et la Loi sur les architectes. Je pense qu'il faut y arriver,
notamment dans le cadre des travaux que l'Office des professions va
réaliser avec vous au cours des prochains mois. Ce qu'on souhaite,
finalement, c'est que notre loi puisse accueillir ces ententes qui auront pu
être conclues entre vous tous dans le cadre de cette révision,
donc, dans la nouvelle loi qui régira votre profession.
Finalement, quant à l'idée d'états
généraux sur l'économie générale du cadre
bâti, je trouve que c'est une idée intéressante qui sera
sûrement regardée positivement à la fois au
ministère et aussi,
j'imagine, à la Commission du bâtiment. Je pense que la
concertation a pu donner des résultats importants dans beaucoup de
domaines de la société québécoise, notamment en
matière d'éducation. Je pense que de tenir ce genre
d'états généraux, de sommets de tous ceux et celles qui
sont concernés par le cadre bâti ne peut sûrement pas nuire.
Au contraire, je pense que c'est une idée qui doit être bien
reçue.
Quant à l'idée du conseil consultatif, avec la description
que vous en avez faite sommairement, je pense que cela cadre très bien
avec une des propositions d'action contenues au livre vert sur l'habitation "Se
loger au Québec" qui conclut notamment en fonction des succès que
nous avons rencontrés au cours de Corvée-habitation et aussi
compte tenu de la présence d'un nombre très grand d'intervenants
dans le domaine de l'habitation au Québec et de la responsabilité
qui doit être partagée par tous et chacun de nous et des
interrelations qui doivent exister dans les interventions, dans les actions de
chacun de ceux et de celles qui sont associés au monde de l'habitation
au Québec, je pense au monde du bâtiment et de l'habitation. Je
pense que l'idée d'un conseil consultatif est une façon
très intéressante de, peut-être, rencontrer cette
préoccupation qu'on retrouve au livre vert. Je peux vous assurer, quant
à moi, qu'elle sera regardée très attentivement.
Quant à une dernière préoccupation -après
cela, j'aurai une question technique très courte - quant à votre
demande concernant le monde municipal, c'est-à-dire que le monde
municipal, quand il accorde ses permis de construction, dans les cas
prévus à vos lois, où c'est nécessaire d'avoir des
plans et devis, s'assure que ces plans et devis portent le sceau d'un membre de
votre ordre ou de l'Ordre des ingénieurs du Québec, comme j'ai pu
le dire ce matin, je crois, nous avons eu l'accord, hier, de l'Union des
municipalités du Québec. Quant à l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec, elle
nous a demandé quelques heures pour consulter son conseil
d'administration ou au moins son comité exécutif puisqu'ils
n'avaient pas eu l'occasion d'aborder cette question entre eux. On devrait
avoir des nouvelles d'ici à quelques heures. D'après les
indications que j'ai eues, normalement, il semble que leur réaction
serait positive à votre demande qui était aussi une demande de
l'Ordre des ingénieurs du Québec. En conséquence, il n'y
aura évidemment pas de problème afin que nous ajoutions des
dispositions pour satisfaire à cet objectif dans le projet de loi afin
d'éviter le genre de situation très problématique qui a
été décrite, qui a été vécue.
J'ai une question très courte. C'est vraiment très
technique. Comment situer cela? Au quatrième paragraphe de votre
première colonne à gauche, au troisième tiret, vous dites:
En apposant sa signature et son sceau sur ses dessins, l'architecte ou
l'ingénieur identifie son oeuvre et atteste sa volonté de
conformité à la réglementation. Qu'est-ce que vous
entendez par "atteste sa volonté"? On s'entend bien que de ce fait
même, il atteste que ses travaux sont conformes au code.
M. Chamberland: Le mot "volontaire"...
M. Rochefort: C'est cela, c'est d'accord.
M. Chamberland:... quant à moi, c'est très
clair.
M. Rochefort: D'accord. J'imagine que vous avez des commentaires
à apporter à la suite de ceux que je viens de faire.
M. Chamberland: J'en aurais un, M. le ministre, avec votre
autorisation.
M. Rochefort: Vous les avez toutes, le président va vous
les donner.
M. Chamberland: J'aimerais l'adresser à l'ensemble des
membres de la commission parce que je pense que c'est le dernier recours. Je
n'ai pas l'impression d'être, avec mes collègues, à une
commission sur l'Office des professions sur le réaménagement de
la Loi sur les architectes. Pendant un an et demi qu'on a discuté avec
les fonctionnaires, avec M. Tardif et ensuite vous-même, on a toujours
essayé de savoir pourquoi le ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur refusait systématiquement, comme vous venez
de le faire encore, de dire qu'il y a une qualité de bâtiment au
Québec et que les concepteurs du bâtiment devraient être mis
de la partie, d'une part, autant que les entrepreneurs. Quand vous me dites que
c'est par souci de ne pas intervenir dans une autre loi, je pense que vous me
dites - et je voudrais savoir si j'ai raison de comprendre cela - que vous
n'avez pas la volonté politique d'établir que le consommateur de
petits bâtiments ou de cette zone de bâtiments soit
protégé pour son cadre bâti. Est-ce que c'est exact quand
je comprends cela? Sinon, si ce n'est pas exact, sur quoi vous appuyez-vous
pour me répondre comme cela?
M. Rochefort: Je pense que je vais répéter
l'explication que j'ai faite sur une autre disposition beaucoup plus
restreinte, lors de la présentation de l'Ordre des ingénieurs, ce
matin. Je pense que vous connaissez tout aussi bien que moi le rôle que
joue actuellement au Québec, depuis sa mise en place, l'Office des
professions, quant à toutes les questions qui concernent les
champs de pratique. Pour l'ensemble des professions, justement - je ne
sais pas comment on appelle cela dans ce secteur d'activité - qui sont
soeurs, en tout cas près les unes des autres et qui ont des
problèmes de précision ou de partage du champ de pratique, cela
se fait - bien oui, les comptables et un certain nombre d'autres -par l'Office
des professions, à partir de mécanismes bien établis et
bien reconnus de tous et dans lesquels, aussi, intervient le Conseil
interprofessionnel du Québec, où, j'imagine, vous êtes
aussi présents.
Il est clair que l'intention du gouvernement, c'est que, effectivement,
nous sommes conscients que les questions que vous soulevez sont pertinentes et
doivent être abordées. Nous n'avons pas l'intention, comme
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, de nous
désintéresser de cette question, bien au contraire, sauf que,
jusqu'à nouvel ordre, ce genre de travaux, ce genre de révision
des lois professionnnelles se fait sous la responsabilité de l'Office
des professions et non sectoriellement. En conséquence, ce n'est pas mon
intention, ni l'intention du gouvernement, de changer la pratique habituelle
dans le monde de l'habitation, de l'industrie et des professionnels du
bâtiment.
M. Chamberland: Si vous me permettez, sans vouloir ouvrir un
débat parallèle dont ce n'est pas nécessairement l'objet
ici mais qui y touche sérieusement, cela fait six ans que je
siège au Conseil interprofessionnel et j'ai rencontré des gens de
l'office assez régulièrement et, quand vous me dites que vous ne
voulez pas entrer dans le domaine du partage des compétences, vous avez
parfaitement raison. On dit toujours: Architectes et ingénieurs, c'est
toujours selon leur compétence et selon leur loi. À part cela, en
chapeautant tout cela, si on dit que les concepteurs du bâtiment sont
ceux qui sont capables d'adapter les codes et de les impliquer dans un concept
architectural du bâtiment, on vient de dire qu'on met à profit
leur savoir-faire, de façon que les entrepreneurs, quand ils
construisent, ils construisent toujours, dans tout bâtiment, selon une
conception qui est conforme à la réglementation en place. On ne
vient pas parler de champ d'exercice. Si j'ai des problèmes, comme
architecte, avec un ingénieur, c'est à l'office que vais les
régler pour savoir: Lui place tel morceau et moi, tel autre? - est-ce
que j'ai le droit de faire cela? Ce n'est pas cela qu'on dit ici. On dit que,
pour la protection du consommateur, le bâtiment devrait être
conçu par les professionnels de la construction, selon leur champ de
pratique. Laissez à l'office et au ministère de
l'Éducation duquel dépend l'office le soin de régler les
champs d'exercice mais affirmez donc dans une loi, à un moment
donné, comme gouvernement, que le consommateur d'habitations ou de
bâtiments sera protégé parce qu'on veut que la conception
soit faite par les spécialistes de la conception et non par les
bâtisseurs, les "metteurs en place de matériaux". C'est cela, le
problème. En faisant cela, on éviterait plein de poursuites.
J'arrête là-dessus: Corvée-habitation, c'est
extraordinaire, mais, à ce jour, les architectes sont employés
à faire des expertises à fond de train parce que c'est mal
construit dans certains projets. On n'ouvrira pas le débat mais ce que
je n'aime pas, c'est que, quand on dit que la loi doit mettre à profit
les concepteurs du bâtiment, dans l'ensemble de la construction au
Québec, on se fait presque dire qu'on vient défendre un monopole.
Notre loi, on va s'en occuper avec l'Office des professions. On a un dossier,
on est prêts, les ingénieurs aussi. On se parle ensemble; c'est en
marche. On est très conscients de cela.
Ici, on dit qu'une loi sur le bâtiment devrait reconnaître
qu'il y a des intervenants à chacune des étapes dans le processus
de construction et qu'on doit affirmer que l'on protège ou non certains
consommateurs. C'est drôle, les gros consommateurs sont
protégés d'emblée. Ils ne demandent pas notre loi, ils
nous engagent, les ingénieurs et les architectes. Ils veulent avoir
des... Ceux qui ne connaissent pas cela, ce sont eux qui ont besoin
d'être protégés, vous devez le savoir et ce sont eux que
vous ne protégez pas en disant que tout le bâtiment devra
être fait par des ingénieurs ou des architectes. Vous ne
protégez pas ceux qui en ont le plus besoin. C'est cela, le drame, quant
à moi. Je pense que, venant du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, c'est une coquille, une incohérence
inacceptable pour une société comme la nôtre. (17 h 30)
J'arrête là-dessus, je n'en parle plus. Cela fait un an et
demi que je défends ce dossier et à chaque fois on me dit: Allez
parler de cela avec l'office. L'office nous dit: On ne parlera pas de la
construction ici. On va vous parler de l'aménagement administratif de
vos deux professions. Qui va s'occuper de la qualité de la construction
et qui va s'occuper de la qualité du cadre bâti, au bout de la
ligne, si ce n'est pas l'office et si ce n'est pas le ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur?Le
ministère des Affaires culturelles? Dites-le-nous tout de suite. On va
aller voir Clément Richard! Le premier ministre?Dites-le-nous tout de suite, je vais aller le voir, s'il est encore
là.
Non, mais c'est sérieux. Je ne blague pas. L'Ordre des
ingénieurs et l'Ordre des architectes travaillent depuis plusieurs
années à ce dossier et on se fait toujours répondre:
C'est l'office. Et l'office dit: Mais non, ce n'est pas nous. Nous
aménageons administrativement vos corporations pour que vos deux champs
d'exercice puissent composer harmonieusement ensemble. Ici, vous me dites:
Réglez cela avec l'office. Attention! II faudrait qu'on s'entende
à un moment donné. Nous sommes prêts à respecter un
article du Code des professions qui dit qu'on doit protéger le public.
Ce n'est pas comme membre corporatif, comme tenancier du monopole des
professionnels que je viens discuter ici. Je viens tout simplement assumer
l'obligation que le Code des professions nous a donnée en 1974 de
protéger le public. Je pense que, si les ingénieurs sont dans la
salle, ils peuvent dire à peu près la même chose, en des
mots différents, probablement. Mais je pose la question: Qui s'occupe de
la protection du public? Nous sommes prêts à relever le
défi, mais faites donc en sorte qu'on puisse le faire. C'est cela, ma
question. Envoyez-nous à d'autres. On va aller voir les autres. Mais le
consommateur fait construire pendant ce temps-là et il a des
problèmes. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rochefort: Juste un dernier commentaire, je veux bien qu'on se
comprenne: Je n'ai pas restreint la demande que vous nous faites à une
question de précision qui doit se faire à l'Office des
professions entre votre champ d'exercice et celui des ingénieurs. J'ai
dit que, dans le cadre des travaux qui sont menés actuellement et qui se
feront à l'extérieur à partir des prochaines semaines avec
les principaux intéressés, je pense que c'est là que cela
doit se faire, compte tenu aussi des conséquences que cela doit avoir.
Je veux bien qu'on soit corrects l'un envers l'autre. Est-ce qu'il se produit
que des amendements aussi importants que ceux-là soient apportés
à votre loi sans être discutés à l'Office des
professions du Québec?
M. Chamberland: Je dois vous dire qu'aucun amendement n'a
été apporté à notre loi depuis 1974.
M. Rochefort: Je vous dirai que les amendements qui concernent
toutes les professions au Québec passent par l'Office des
professions.
M. Chamberland: C'est évident!
M. Rochefort: Ce n'est donc pas notre intention de changer cette
pratique...
M. Chamberland: On ne demande pas un amendement à notre
loi, on vous demande simplement de consacrer dans une Loi sur le bâtiment
qu'il y a une volonté d'assurer une qualité dans le
bâtiment.
M. Rochefort: Écoutez. Vous me dites que vous ne demandez
pas un amendement à votre loi. Est-ce possible de faire ce que vous
demandez sans que votre loi soit retouchée?
M. Chamberland: Oui, certainement. Voyons donc!
M. Rochefort: Votre loi parle de travaux de 100 000 $ et plus,
oui ou non?
Une voix: C'est le champ de pratique exclusif.
M. Chamberland: C'est le champ de pratique exclusif. Cela veut
dire qu'en bas de 100 000 $ tout le monde peut faire des travaux.
M. Rochefort: C'est cela. Mais, là, c'est vraiment de le
faire de...
M. Chamberland: Auprès de certains, tu peux avoir des
recours et auprès d'autres tu n'en as pas.
M. Rochefort: Ce serait de le faire de façon
réservée.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Pontiac?
M. Middlemiss: Merci beaucoup, M. te Président. Je dois
remercier les membres de l'Ordre des architectes qui ont présenté
un mémoire qui est très clair. Je vois le problème. Je
pense que vous avez été très clairs. C'est que, pour
assurer la protection du consommateur, il faut partir du bon pas. Donc, la
conception est très importante, ensuite, la réalisation de cette
conception. Que cela soit fait par des gens qualifiés, je pense que
c'est l'idéal. Vous avez touché ce point. Vous avez dit: On le
fait pour ceux qui construisent de gros bâtiments, mais pour les petits,
peut-être pas en nombre, pour la maison individuelle, je pense que vous
voulez que les entrepreneurs dans le domaine domiciliaire, que cette conception
soit faite par des ingénieurs et des architectes qualifiés. On
vient de partir du bon pas. C'est un peu comme les syndicats qui se plaignent
du travail au noir fait par des gens qui ne sont pas reconnus par l'OCQ. C'est
la même chose qui se produit dans la conception par des gens qui ne sont
pas architectes et qui ne sont pas ingénieurs. Je pense que ce champ
devrait être réservé à des professionnels, je le
comprends très bien.
Vous avez été aussi clairs dans le domaine de la
Commission du bâtiment. Vous avez identifié quels devaient
être les
intervenants. Vous avez aussi mentionné qu'il faudrait s'assurer
que le législateur crée quelque chose qui va bien fonctionner,
qui ne sera pas lourd. Le nombre de quinze qu'on a dans le projet de loi,
trouvez-vous qu'il est adéquat? Quelle serait, à votre avis, la
répartition des différents intervenants que vous avez
mentionnés?
M. Chamberland: J'ai identifié quatre volets importants:
l'utilisateur, le concepteur, le bâtisseur, l'ouvrier. Je pense qu'on
pourrait avoir un conseil exécutif composé d'un président
qui chapeauterait quatre vice-présidents. Ces quatre
vice-présidents pourraient ne pas nécessairement être
à temps plein au niveau des budgets, etc. On pourrait ajouter une
dizaine de personnes représentatives des milieux et on aurait quinze
membres. Pourquoi arrêter à quinze, ou à onze, ou à
dix-sept? Je ne le sais pas. Mais, au niveau de l'administration d'un conseil
d'administration, les chiffres 15, 14 ou 16 me paraissent un nombre respectable
pour un certain contrôle lors des assemblées. Un conseil
exécutif de cinq personnes qui, elles, auraient un boulot énorme
à faire et qui, ensemble, en tenant compte de cela... On pourrait avoir
un président qui ne vient pas du milieu, mais qui préside et
quatre intervenants représentés dans un conseil exécutif
et dix autres nominations à faire. Je pense que cela se tient, que cela
se défend, tant au niveau du nombre que de la
représentativité à la suite de l'argument que j'ai
invoqué, bien sûr.
Pour devancer une question subsidiaire sur le financement, je pense que
les architectes n'ont pas objection à y collaborer sous forme de
mini-taxes ou d'inspections obligatoires qu'on aurait à faire, etc. Si
on admet - et on revient encore au même problème - que cette loi a
pour but de protéger le consommateur, pensez-vous que le consommateur
qui, actuellement, paie 10 $, 15 $ ou 20 $ pour un permis n'accepterait pas de
payer 100 $ ou 150 $ pour un permis de construction pour sa résidence,
s'il sait qu'en fin de compte il n'aura plus de problème? S'il y en a,
par erreur ou par omission, comme tout est possible, il a un plan de garantie
et une assurance professionnelle d'un architecte et d'un ingénieur qui
vient le protéger. Seigneur, il va les payer, les 150 $1 Les quatre
intervenants devraient financer à la commission: les entrepreneurs, les
concepteurs, les ouvriers et l'utilisateur. L'utilisateur qui se fait
construire devrait payer sa taxe de construction comme tous les autres qui
paient des taxes mais en plus parce qu'il construit. S'il ne veut pas
construire, il va se loger à loyer. Mais il va la payer de toute
façon par un loyer. C'est-y pas fin comme schéma? Cela implique
tout le monde et c'est encore l'approche globale.
Nous, on est prêt à collaborer et on dit qu'il n'y a pas de
solution dans le domaine du bâtiment sans que tout le monde mette la main
à la pâte et sans que tout le monde soit honnête en disant:
On veut non seulement protéger le consommateur, mais avoir une
qualité de construction. Quand on construit mal, qu'est-ce qui arrive?
On est obligé de mettre des programmes Équerre, des programmes de
ceci ou de cela, pour rénover, quatre, cinq, six, dix ans après,
les bâtiments qui tombent. Je dis: Construisons solidement tout de suite,
ayons un sérieux dans la construction et on va régler le
problème à long terme. On ne taxera pas indûment nos
citoyens, on n'hypothéquera pas indûment nos citoyens et le
prêteur hypothécaire qui va financer un bâtiment va
être plus à l'aise que quand il dit: Mon taux d'hypothèque,
je suis obligé de l'augmenter, parce que je ne suis pas sûr que -
ce n'est pas juste la fluctuation du marché - ce bâtiment est un
bon investissement. Mais je le fais parce qu'il n'y a pas mieux sur le
marché. Si je veux placer mon argent pour faire des revenus pour les
membres de la caisse ou de la banque, il faut que je le fasse comme cela. Je
vous dis tout simplement, au nom des architectes: Ayez donc le souci d'une
approche globale et arrêtez donc de tourner les coins ronds et de dire:
Cela, on ne veut pas y toucher. Si on a une volonté, on va le faire et
c'est comme cela. Nous, on est encore prêt à s'asseoir à
n'importe quelle table que vous allez créer pour régler ce
problème et parler avec tout le monde. On est prêt à parler
à tout le monde, on le fait depuis le début. On n'a d'antipathie
contre personne. On pense qu'en fin de compte c'est un bâtiment de
qualité dont le propriétaire, le locataire ou l'acheteur va jouir
et non pas qu'il devra subir. C'est cela, un point, c'est tout.
M. Jodoin (Bernard): Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Lafrenière): Oui, monsieur.
M. Jodoin: Je voudrais simplement relever un petit point sur la
question de la qualité des matériaux. M. le ministre nous a
répondu qu'il y a un article qui précise que les matériaux
importés doivent correspondre à une certaine qualité. Je
suis bien d'accord, c'est la moindre des choses. Mais il ne faut pas être
chauvin au point de penser que tout ce qui est produit au Québec est de
première qualité. Tous les matériaux mis en vente en vue
de la construction devraient porter une étiquette donnant la norme
à laquelle répond ce matériau, ce qui permettrait une
saine concurrence. On pourrait écrire dans nos devis que telle brique,
tel matériau, tel isolant doit répondre
à telle norme. Actuellement, sur le marché, il y a toutes
sortes de produits qui sont là aujourd'hui mais qui ne seront pas
là demain. Il faut que tous les matériaux soient
étiquetés et certifiés comme répondant à une
norme donnée.
M. Rochefort: M. le Président, si vous me le permettez,
sur cette question... Bien, écoutez, est-ce qu'on est ici pour essayer
de se comprendre et de s'éclairer?
M. Middlemiss: D'accord, mais je m'en allais dans ce sens, moi
aussi, M. le ministre.
M. Rochefort: Oui, mais il y a une erreur d'interprétation
d'un article de la loi. Je veux juste faire avancer le débat, M. le
Président, si vous me le permettez. Je veux bien qu'on se comprenne.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre, je
pense que la parole est au député de Pontiac. Est-ce que vous ne
pourriez pas revenir après?
M. Rochefort: Si vous voulez maintenir la confusion cinq minutes
de plus, je vais attendre cinq minutes, ce n'est pas grave.
Le Président (M. Lafrenière}: M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Si le ministre veut éclaircir un point du
projet de loi, s'il y a une mauvaise interprétation, qu'il le fasse et
on continuera après sur les normes des matériaux.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rochefort: J'ai parlé des produits importés.
Dans votre document, vous concluez le chapitre "Responsabilisation des
fabricants de matériaux" en disant: "Nous considérerions
même comme approprié que l'on exige de ces fabricants qu'ils
identifient clairement à quelle norme leurs produits se conforment, tant
pour ce qui est des produits locaux que des produits importés. " J'ai
dit que, même pour les produits importés, c'est couvert. Je vous
réfère à l'article 171. 13 qui dit que la commission peut,
par règlement, prohiber la vente ou la location de matériaux ou
d'accessoires dont l'utilisation dans les travaux de construction d'un
bâtiment, d'un équipement destiné à l'usage du
public ou d'une installation non rattachée à un bâtiment
n'est pas approuvée par une personne reconnue par la commission. On
couvre tout, incluant les produits importés. Ce n'est pas une
manifestation de chauvinisme; au contraire, c'est qu'on veut que tous les
matériaux soient sur un pied d'égalité et correspondent
à des normes de qualité qui sont celles que nous souhaitons
retrouver sur les constructions.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci. N'y a-t-il pas présentement
l'Association canadienne des standards ou le BNQ qui contrôle la
qualité des matériaux acceptables? Qu'est-ce qui arrive? On ne
les utilise pas ou s'ils ne couvrent pas tous les matériaux de
construction?
M. Jodoin: La très grande partie des matériaux qui
sont en vente ne portent pas d'étiquette disant qu'ils répondent
à telle norme. Alors, on ne sait pas... Par exemple, quand on demande un
matériau et que l'entrepreneur nous propose d'y substituer un autre
matériau, on n'a aucun document nous permettant de savoir si cet autre
matériau répond aussi aux normes parce qu'il n'a pas
d'étiquette, il n'a pas subi d'essai. La plupart du temps, il n'a
même pas subi d'essai. Le fabricant ne se préoccupe pas de cela,
il le met sur le marché et tout le monde en achète. Bien souvent,
ce sont des matériaux d'une autre catégorie ou qui ne
répondent à aucune catégorie parce que c'est un
matériau de mauvaise qualité. C'est vendu tant et aussi longtemps
que personne ne s'aperçoit que ce n'est pas bon et que tout le monde a
des problèmes avec cela. Cela veut dire cinq, six ou dix ans, parfois,
avant que ce soit banni du marché. De bouche à oreille, tout le
monde vient à savoir que tel produit n'est pas bon; il n'y a aucune
identification, c'est vendu comme cela. Il devrait être obligatoire que
tout matériau porte une identification, que des essais soient faits sur
tout matériau de construction, peu importe la catégorie, et que
soit clairement identifié sur l'étiquette à quelle norme
il correspond.
M. Middlemiss: Je dois dire que les architectes exigent
présentement sur tout chantier de construction des matériaux
approuvés ou l'équivalent. Vous pouvez être certain qu'ils
ont été vérifiés, qu'ils ont subi des essais et
qu'ils sont acceptables.
M. Jodoin: On essaie, mais il y a certaines catégories de
matériaux qui ne portent aucune étiquette. On ne le sait pas et
on ne peut le savoir. On demande des essais, des tests mais ils n'en ont pas
fait. Cela prend six mois avant d'avoir le résultat d'un essai et le
chantier est fini. Si, déjà, avant de le mettre sur le
marché, l'essai est fait et qu'il y a une certification d'un laboratoire
que ce matériau satisfait à une norme, on saura à quoi
s'en tenir avant de commencer.
M. Middlemiss: N'êtes-vous pas tenu, au préalable,
d'avoir l'acceptation avant qu'il ne soit posé?
M. Jodoin: Absolument pas.
M. Middlemiss: Dans le devis, on spécifie un certain
matériau ou l'équivalent.
M. Jodoin: Comment fait-on pour juger de
l'équivalence?
M. Middlemiss: J'ai bien l'impression qu'on s'assure que
l'équivalent respecte les normes avant de l'utiliser. (17 h 45)
M. Jodoin: Oui, mais, actuellement, on n'a aucun moyen de le
vérifier, c'est pour cela qu'on le demande. Actuellement, on n'a pas les
outils nécessaires pour juger de cette équivalence; c'est pour
cela qu'on le demande.
M. Middlemias: Je comprends le point de vue mais...
M. Jodoin: On peut faire faire des essais mais cela prend six
mois. Vous voyez donc le retard sur le chantier. Il faut absolument que ce soit
pré-évalué, pré-essayé avant même de
le mettre sur le marché pour qu'on sache à quoi s'en tenir afin
d'éviter des délais et afin aussi de ne pas pénaliser un
bon produit qui n'a simplement pas été évalué mais
qui peut être bon, on ne le sait pas. Il y en a beaucoup sur le
marché.
M. Middlemiss: Une dernière question. Peut-être me
direz-vous: Non, on n'a pas eu le temps. Est-ce que vous avez
évalué le coût de transfert de ce que fait
présentement le gouvernement à la Commission du bâtiment,
la raison d'être du projet de loi?
M. Jodoin: Du tout.
M. Middlemiss: Toutefois, coûte que coûte, vous
croyez que ce projet de loi, pour autant qu'on tente de retenir toutes les
recommandations qui ont été faites de part et d'autre pour le
bonifier, même s'il coûtait un peu plus cher, au point de vue de la
protection du consommateur, au point de vue de la sécurité des
bâtiments, etc., serait un pas dans la bonne direction?
M. Chamberland: Oui. Je pense que les premiers à saluer
une telle action seraient les consommateurs eux-mêmes. C'est l'avis des
gens autour de la table ici. C'est pour cette raison-là qu'on se donne
la peine de donner nos commentaires au gouvernement depuis un an et demi et
qu'on est ici aujourd'hui.
M. Middlemiss: Concernant le Code national du bâtiment
qu'on a adopté depuis un an, est-ce que vous trouvez qu'on est mieux de
continuer dans cette direction-là ou de tenter de créer notre
propre code du bâtiment?
M. Chamberland: La position de l'ordre a toujours
été, surtout au moment où on a créé le Code
du bâtiment du Québec, un an après il était
désuet ou même six mois après il était
désuet... On a fait un mémoire là-dessus il y a quelques
années. On a dit à M. Tardif qui est venu nous l'annoncer
l'année dernière à notre congrès que c'était
le Code national du bâtiment. Les gens se sont levés dans la salle
et ont applaudi. Pourquoi cela'? Parce qu'il y a une autorité de
construction au Canada. Il faut penser aux fabricants de matériaux
aussi. Il faut penser aux entrepreneurs et il faut penser à tout le
monde. Si on a trop de règles du jeu différentes, à un
moment donné, on ne se comprend plus et l'autre dit: Je pensais que
c'était tel code... Il y a déjà une équipe et des
budgets énormes au fédéral pour mettre à jour le
Code national du bâtiment et faire les essais nécessaires dont
parlait mon confrère. Des comités ou des ingénieurs, des
architectes, des entrepreneurs, des fabricants de matériaux
siègent périodiquement selon des strates de matériaux et
des sphères d'activités. Il y a une structure organisée.
Je ne vois pas pourquoi on refuserait de prendre le Code national du
bâtiment et ses amendements. Le code est refait et révisé
à tous les cinq ans. Quand il y a des amendements trop importants, on
fait une émission spéciale à ce moment-là. Je ne
vois pas pourquoi on dérogerait à cela.
Par contre, je sais très bien - il ne faut pas avoir des
oeillères - qu'il peut y avoir dans certains secteurs, certaines parties
de notre territoire des aménagements particuliers et, à ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi on pourrait admettre cela. De
là à dire qu'on fait un autre code, la question que je pose et
qu'il faut se poser est celle-ci: Avons-nous les mécanismes pour
vérifier les prescriptions de ce nouveau code? Si on n'a pas le budget
de plusieurs milliards de dollars, ne le faisons pas parce que cela coûte
de l'argent, cela va coûter plus cher que la commission. Quand on
prescrit quelque chose dans un code, il faut avoir fait les études
préalables, les essais préalables et avoir fait les calculs
nécessaires pour s'assurer que cela fonctionne et ensuite avoir les
mécanismes pour vérifier si cela fonctionne ou si c'est une bonne
chose. Il est déjà en place au niveau fédéral, ce
n'est pas une question de juridiction, c'est une question qu'on le paie par nos
taxes. Il est là; pourquoi ne pas le prendre, pourquoi ne mettons-nous
pas nos énergies et nos sommes d'argent sur autre chose que cela?
Je pense que l'Ordre des. architectes du Québec a toujours
défendu qu'on ne devrait adopter qu'un seul code. On a même dit
que le code 1900 de la ville de Montréal devait être
enlevé, que ce sera le Code national du bâtiment. Si la ville de
Montréal, pour des raisons particulières de métropole ou
de grande ville, a des aménagements supplémentaires, elle pourra
les faire en accord avec la commission, mais qu'il n'y ait qu'un code pour
faciliter la conception du bâtiment et la construction, encore une fois,
pour faciliter les règles du jeu.
M. Jodoin: II y a quelques années on nous a annoncé
effectivement que le Code national 1980 avait été adopté.
Il est déjà périmé. Celui de 1985 est sorti et
publié. Nous revoilà encore avec deux codes et on nous demande de
certifier nos plans comme quoi ils sont conformes au code. Se tenir à la
fine pointe des nouvelles exigences des codes, c'est tout un travail, je vous
assure. C'est un travail de spécialiste. Il faut toujours se tenir
à l'affût. Si on travaille encore avec deux codes, c'est la
pagaille totale dans nos bureaux. Les gens qui font les plans ne savent plus
à quoi s'en tenir. Dans un contrat qui relève uniquement du code
provincial, on va travailler avec celui de 1980, et dans un autre chantier
parce que le client le désire, on va travailler aussi avec le code
national 1985. Parfois, ils peuvent être contradictoires. On vous demande
d'adopter le Code national, point, pas avec une date...
Une voix: Et ses amendements.
M. Jodoin:... et ses amendements quitte à apporter
certaines précisions dans certains cas, comme cela a été
fait d'ailleurs quand le gouvernement a adopté le code de 1980. Ils ont
dit: 5auf qu'on permet telle chose, telle chose, ou on défend telle
chose, telle chose. Cela a pris trois pages et c'était clair. Mais cela
peut se faire automatiquement et on sera toujours avec un seul code. Si vous
voulez qu'on respecte le code, s'il vous plaît, éliminez-en.
M. Chamberland: Quand on dit cela, ce n'est pas seulement pour
faciliter le travail des entrepreneurs, mais aussi des constructeurs et des
ouvriers. Tout le monde ensemble.
M. Jodoin: Et des inspecteurs. M. Chamberland: Aussi, bien
sûr.
M. Middlemiss: J'aurais une dernière question à
poser au ministre. Est-ce que vous avez l'intention d'adopter le Code du
bâtiment 1985 pour remplacer celui de 1980?
M. Rochefort: Je croyais qu'on avait eu l'occasion d'aborder
cette question hier. Je pensais même que cela avait été
fait à votre satisfaction.
M. Middlemiss: On dit que maintenant on est encore sur le code
1980. Le code 1985...
M. Rochefort: Comprenons-nous bien, M. le Président. Ce
qu'on a adopté l'an dernier, le code 1980, on l'adoptait avec ses
amendements de 1983, 1984. Il n'est pas cinq ans en retard. On l'a
adopté là où il était rendu. Ce que j'ai fait...
Oui ou non?
Une voix: Oui.
M. Rochefort: Ce n'est pas vous, c'est un autre. D'ailleurs, je
ne vois personne. Je ne comprends plus. Ce qu'on dit, effectivement, le code
1985, on est conscient évidemment comme tout le monde qu'il vient de
sortir. Ce que j'ai dit hier, compte tenu de certaines modifications
très mineures qui doivent y être apportées, j'imagine que
le milieu souhaitera qu'on consulte un peu justement quant à la nature.
Je pense que cela se fait un peu à ce moment-ci. Il faut peut-être
voir s'il n'y aurait pas lieu de consulter la Commission du bâtiment
rapidement lorsqu'elle sera créée pour qu'on commence à
prendre de bonnes habitudes dès ce moment, que le code soit
adopté et que par la suite, ce soit une procédure
fréquente, régulière, habituelle, chaque fois que le code
est revu au niveau national qu'il soit rediscuté un peu rapidement entre
nous pour qu'on le remette en vigueur. Les municipalités,
évidemment.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Si vous ne comprenez pas, c'est ce qu'on appelle
préserver l'autonomie provinciale. C'est cela que ça veut dire en
termes politiques.
M. Rochefort: II faut aussi penser qu'on a des dispositions, M.
le député, qui concernent notamment l'accessibilité aux
édifices publics pour les handicapés économie
d'énergie...
M. Fortier: Oui, c'est sûr. Je voulais écouter M. le
ministre simplement. Mon opinion, c'est qu'il est possible de couvrir ces
points tel que les architectes viennent de le dire en adoptant le code et avec
les amendements tels qu'ils viennent au fur et à mesure si la loi le
disait comme tel. Le commentaire que j'aimerais faire en ce qui concerne la
protection du consommateur -j'ai écouté avec beaucoup d'attention
vos recommandations - je crois qu'il serait temps
qu'une fois pour toutes on n'attende pas toujours les décisions
de l'Office des professions qui tardent continuellement. Même si on
s'attaquait maintenant à un renouveau des différents champs de
pratique, l'histoire nous apprend que cela prend énormément de
temps et on n'est pas sûr d'arriver au bout de la route d'ici six mois,
ou d'ici deux ans ou d'ici cinq ans. Il y a toutes sortes de pressions
politiques qui s'exercent dans un sens ou dans l'autre. Si on attend que
l'Office des professions ait terminé son travail, on risque de faire en
sorte que l'objectif du projet de loi qui est devant nous ne soit pas atteint
dans l'immédiat.
Je suis d'accord avec le ministre que cette commission n'est pas le lieu
pour essayer de tirer la couverture pour une profession ou pour une autre
profession et dans une certaine mesure ce soir on aura a discuter d'un champ de
pratique de l'Ordre des technologues par rapport à celui des
ingénieurs. À mon avis, c'est le genre de débat qu'on ne
doit pas faire ici. Je crois qu'on est ici pour défendre la protection
du consommateur et c'est l'intérêt que nous avons tous en tant que
parlementaires et tous ceux qui viennent nous faire des recommandations. J'ose
croire, sans entrer dans le dédale des champs de pratique de chacun des
ordres, qu'il serait possible, dans ce projet de loi, de couvrir, d'accepter
les recommandations ou certaines des recommandations que vous avez faites.
C'est mon opinion personnelle.
En ce qui concerne certaines autres recommandations que vous avez
faites, je vais vous poser la même question que j'ai posée aux
représentants de l'Ordre des ingénieurs. Quand un architecte ou
un ingénieur reçoit son diplôme, quand il est membre de
l'Ordre des ingénieurs ou de l'Ordre des architectes,
théoriquement il doit tout savoir. Théoriquement il doit
être un expert dans tous les domaines de son champ de pratique. On sait
pertinemment qu'au jour le jour, en pratique, il travaille avec des
collègues et les bureaux qui sont les mieux équipés. Les
bureaux bien organisés, ont des ingénieurs ou des architectes qui
couvrent différents champs de pratique et, collégialement, ils
peuvent assurer ainsi la protection du public. L'ingénieur travaillant
seul, l'architecte travaillant seul peut être un très bon expert
dans un domaine donné, mais il y a un risque, s'il ne connaît pas
lui-même ses propres limites, de mettre en danger la
sécurité du public. Là où je tique un peu, c'est
lorsque vous dites - je lis votre texte, deuxième tiret,
troisième paragraphe -"en apposant sa signature et son sceau sur ses
dessins, l'architecte ou l'ingénieur identifie son oeuvre et atteste sa
volonté de conformité à la réglementation existante
et, notamment, au Code du bâtiment. " On a parlé des
ingénieurs tout à l'heure et je crois que cela s'appliquerait
aussi pour les architectes. Si on adoptait cela à la lettre, il y aurait
le danger que pour un architecte travaillant seul qui mettrait son sceau et sa
signature, cela serait bien plus une signature de convenance qu'une attestation
véritable. La question que j'ai posée aux représentants de
l'Ordre des ingénieurs et que je vous pose est la suivante: Dans quelle
mesure l'Ordre des architectes accepterait-il de collaborer avec
l'autorité civile, qui est le gouvernement ou la Législature,
pour donner l'assurance que les groupes d'ingénieurs ou les groupes
d'architectes, du moins ceux qui pratiquent en groupes, aient des normes, des
plans d'assurance-qualité qui assureraient, lorsqu'un ingénieur
ou un architecte travaillant dans un bureau aura mis en pratique ce programme
d'assurance-qualité, une protection plus grande qu'une personne
travaillant seule et qui ne ferait que mettre son sceau et sa signature
simplement parce que la loi l'exige?
M. Chamberland: Avant de donner la parole à quelques
collègues qui pourront répondre...
Le Président (M. Lafrenière): Un instant, s'il vous
platt!
M. Chamberland: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): Il est 18 heures et
un consentement unanime est requis pour continuer.
M. Fortier: J'ai presque terminé. Consentement pour
quelques minutes, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): Pour une
réponse? Consentement. Allez-y, monsieur.
M. Chamberland: Merci. Concernant la question de
compétence professionnelle, quand un architecte ou un
diplômé en architecture devient membre chez nous, il passe par les
mêmes canaux que tout le monde et on atteste, en émettant un
sceau, qu'il est compétent. Ce n'est pas pour rien qu'aujourd'hui
l'ordre se présente en compagnie des représentants de
l'Association des architectes en pratique privée dont ces derniers
regroupent l'ensemble des bureaux d'architectes praticiens. Nous avons aussi la
possibilité d'obliger une assurance-responsabilité
professionnelle qui est une protection supplémentaire pour le
consommateur. Cela ne veut pas dire que l'architecte ne peut pas, à un
moment donné, mettre son sceau sur des choses dont il n'a pas la
connaissance, mais règle générale,
chez nous, quand un architecte seul a un projet qui dépasse ses
compétences, il fait en sorte de s'associer à un autre
collègue, à une autre entreprise ou à un autre bureau. Ce
n'est pas parce qu'un architecte est fonctionnaire, travaillant dans les
secteurs public ou parapublic, qu'il n'est pas compétent. Il ne faudrait
pas dire cela aux architectes d'Hydro-Québec. Il ne faudrait pas dire
cela aux architectes du ministère de l'Habitation. Il y a aussi notre
service d'inspection qui, continuellement, visite les bureaux en question et
donne des directives pour que, le cas échéant, un architecte
s'ajuste. En deux mots, l'exemple de la loi sur la conservation de
l'énergie a été pour les architectes un nouveau champ
d'exercice, si vous voulez, une préoccupation à
l'intérieur de son champ d'exercice. On a mis sur pied, avec l'aide du
gouvernement, des cours d'appoint pour sensibiliser tout le monde, sur ce
sujet: comment appliquer les règlements, etc. Je ne peux pas vous dire
autre chose. Si jamais on demande une telle exigence, notre premier devoir de
protection du public est de s'assurer que tous les membres qui apposent leur
sceau ont la compétence de le faire. (18 heures)
Déjà, dans notre projet de loi pour refondre notre loi
professionnelle, on propose qu'il y ait un sceau d'architecte praticien.
M. Fortier: Vous me donnez une réponse légaliste et
je ne vous demandais pas une réponse légaliste. Je suis
ingénieur, j'ai pratiqué et ce que vous me dites, c'est qu'un
architecte qui gradue et qui devient membre de l'ordre, en théorie,
devrait tout savoir, comme un ingénieur qui gradue...
M. Chamberland: II ne sait pas tout, on le sait...
M. Fortier:... et qui est membre de l'Ordre des ingénieurs
devrait tout savoir. En pratique, on sait que c'est un peu de la foutaise et
que cela prend un certain nombre d'années avant qu'un ingénieur
ou un architecte puisse connaître les rudiments du métier. Comme
on n'est pas ici pour défendre l'Ordre des ingénieurs, ni l'Ordre
des architectes mais pour défendre l'intérêt du public,
vous et moi qui avons fait de la pratique privée, savons pertinemment
qu'une personne pratiquant seule ou qui n'oeuvre pas à
l'intérieur d'une équipe où il y a des gens qui ont plus
d'expérience, si cette équipe ne possède pas les
méthodes de contrôle de qualité qui s'imposent, il arrive
des cas où la protection du public peut être mise en danger.
Je sais que l'Office des professions met beaucoup l'accent sur le
recyclage des individus. Je crois qu'elle fait fausse route. Je crois qu'on
devrait parler du recyclage des équipes parce qu'il est certain
qu'après X années, un architecte ou un ingénieur, dans de
grands bureaux, a surtout des responsabilités de management et qu'il
doit s'assurer que sous lui il y a des gens compétents pour faire le
travail; il n'y a absolument rien de mal à cela. S'attendre que le
président d'Hydro-Québec ou le président du conseil, s'il
est ingénieur, soit encore capable de faire des plans et devis, c'est
rêver en couleur. Ce n'est pas du tout, à mon avis, l'objectif
qu'on doit rechercher. C'est la raison pour laquelle je repose ma question:
Est-ce que l'Ordre des architectes accepterait d'organiser, pour donner une
plus grande assurance au législateur et au ministre de l'Habitation et
de la Protection du consommateur qui verra à ce que la loi soit
appliquée, en contrepartie du fait que le législateur pourra
décider qu'il n'y a pas de tierce personne qui approuve ces plans et
devis et pour permettre au législateur d'avoir l'assurance qu'il y a
justement des programmes d'assurance-qualité qui font que les plans et
devis sont vérifiés par un autre ingénieur et par un autre
architecte compétent et que ces normes sont mises en pratique... Est-ce
que l'Ordre des architectes considérerait cette approche d'une
façon favorable pour qu'on puisse... Que ces architectes soient en
pratique privée ou à Hydro-Québec, cela ne change
absolument rien. Je crois que la norme serait que les groupes d'architectes
oeuvrant collectivement puissent avoir des normes d'assurance-quahté qui
feraient que le législateur, le gouvernement ou le ministre responsable
serait réconforté en sachant que ce ne serait pas un individu
seul mais un individu entouré, qui aurait pris des conseils ou qui
aurait fait en sorte que ses plans et devis soient vérifiés par
d'autres personnes. Le programme d'assurance-qualité pourrait dire cela
d'une façon très explicite.
M. Chamberland: Cela va aussi avec la réponse que je
donnais au député de Pontiac tantôt, je crois, sur le
financement. Je pense que notre collaboration à la commission, ce serait
de former des équipes qui vérifieraient l'ensemble de la pratique
des architectes mais, plus précisément, quand on a une loi qui
nous l'impose. À ce moment-là, on serait bienvenus de le faire.
Je ne vois pas pourquoi l'ordre refuserait, premièrement, de rendre
obligatoire l'assurance responsabilité professionnelle et,
deuxièmement, de s'assurer que périodiquement, certains membres
qui exercent dans la pratique privée ont la compétence pour le
faire.
Le Président (M. Lafrenière): Oui, monsieur.
M. Jodoin: Je voudrais savoir de la part du député
d'Outremont qui mentionnait
assurance-qualité et non assurance professionnelle... Je pense
qu'il y a confusion dans la conversation.
M. Fortier: Quand on parle d'assurance-qualité, telle que
je la pratiquais au bureau où j'étais, c'est que les
procédures prévoyaient que les calculs d'une personne
étaient vérifiés par un supérieur, que les plans et
devis étaient vérifiés par une autre personne. Si, dans le
bureau même, on n'avait pas l'expert qu'il fallaitt, on allait le
chercher ailleurs. Tout cela était prévu et quand on avait un
grand projet, il était écrit noir sur blanc quelle était
la procédure à suivre pour que les contrôles soient mis en
oeuvre pour s'assurer que les différents codes de construction, les
différentes exigences de la loi ou des calculs tout simplement, soient
revus d'une façon très explicite. C'est pour cela qu'on appelle
cela assurance-qualité, pour s'assurer que, finalement, il n'y ait pas
d'erreur, pour éviter le plus d'erreurs possible, pour éviter des
incidents comme ceux qui peuvent arriver lorsqu'une personne pratique seule. Ce
que j'essaie de dire, c'est qu'en contrepartie, vous demandez - et les
ingénieurs ont demandé la même chose -lorsqu'un
ingénieur appose son sceau que le législateur dise: C'est
parfait, nous n'imposerons pas une vérification externe. Je prenais
l'exemple des vaisseaux sous pression, avec les ingénieurs. Dans le
moment, comme vous le savez, un ingénieur, même s'il met son
sceau, doit envoyer ses plans et devis à une autre autorité pour
qu'elle vérifie si c'est bien vrai que c'est acceptable. L'Ordre des
ingénieurs disait: Nous voulons responsabiliser l'ingénieur qui
applique son sceau, donc, une fois qu'il a appliqué son sceau, cela
devrait s'arrêter là. C'est la raison pour laquelle je disais que
si on veut que cela s'arrête là, il faudrait que le
législateur, l'autorité gouvernementale, ait une certaine
assurance que vous avez à l'intérieur de vos bureaux des
équipes d'ingénieurs ou d'architectes qui assurent un certain
contrôle de la qualité. L'ingénieur qui gradue, en
théorie, doit tout savoir, mais on sait fort bien que ce n'est pas le
cas. C'est la même chose pour l'architecte.
M. Jodoin: Ce n'était pas le sens de notre recommandation.
C'était simplement que le projet de loi dit actuellement qu'on doit
émettre une attestation. On voulait simplement éliminer ce papier
qu'on trouve superflu. On dit: Quand l'ingénieur ou l'architecte met son
sceau, c'est cela qu'il dit. On voulait éliminer ce papier-là.
Cela ne répond pas à vos préoccupations, mais le but de
cette remarque était d'éliminer un papier qu'on juge de trop.
Pour ce qui est de l'assurance-qualité du travail des
bureaux-groupes, à ce moment-là, il faudrait s'assurer aussi que
les contrats d'importance soient accordés à ces groupes parce
que, autrement, on tourne en rond. Cela ne sert à rien d'assurer que les
bureaux-groupes aient une assurance-qualité si, ensuite, les contrats
sont donnés à n'importe qui à qui c'est le tour.
M. Fortier: Vous avez raison et, d'ailleurs, la recommandation
que je ferais serait qu'à l'article 19, où on dit:
"L'entrepreneur ou le fabricant d'un bâtiment usiné doit, dans les
cas prévus par règlement de la commission, élaborer et
mettre en oeuvre un programme de contrôle de qualité... " Je
verrais un article exactement semblable à cela pour que, avant de
commencer un projet important, soit exigé du bureau qui obtient le
contrat qu'il mette en oeuvre un programme d'assurance-qualité à
l'intérieur même de son bureau pour exécuter le
contrat.
M. Jodoin: Et qu'il démontre sa qualification pour
exécuter un tel projet!
M. Fortier: C'est cela. Mais, plus que cela, un programme
d'assurance-qualité qui démontrerait qui va faire les
vérifications des calculs, qui va attester, de quelle façon cela
va être fait à l'intérieur du bureau et s'il faut aller
à l'extérieur, que cela soit écrit de façon
spécifique. Ce serait le pendant de l'article 19 pour les
ingénieurs et les architectes.
M. Jodoin: De tels programmes existent, évidemment. Ils ne
peuvent pas exister à l'intérieur d'un bureau où il y a un
seul architecte. Mais, tout comme vous l'avez affirmé tantôt au
sujet d'un certain gros bureau dont vous faisiez partie, je peux vous assurer,
parce que je fais partie d'un gros bureau d'architecte, que la même
procédure existe. Mais il fallait inclure cela dans la loi!
Le Président (M. Lafrenière): Merci, messieurs.
Avant que la commission ajourne ses travaux, je voudrais vous faire part d'un
petit changement à l'horaire, si on a le consentement, bien entendu. On
entendrait l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec à la reprise des travaux, ensuite l'Association de la
construction de Montréal et du Québec, l'Ordre des technologues
des sciences appliquées du Québec, l'Association des
entrepreneurs en construction du Québec et la Corporation des
maîtres électriciens du Québec. Ce changement est dû
à une demande de la Corporation des maîtres électriciens du
Québec. Il y a une autre demande aussi. Est-ce qu'on pourrait avoir le
consentement pour commencer à 19 h 30?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Lafrenière): Consentement?
Une voix: Plein consentement.
Le Président (M. Lafrenière): La commission suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30 ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise à 19 h 36)
Le Président (M. Lafrenière): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La sous-commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
poursuivre la consultation particulière sur le projet de loi 53, Loi sur
le bâtiment.
J'appelle l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec. Je demanderais à son représentant de s'identifier
et de présenter les personnes qui l'accompagnent, s'il vous
plaît!
ACRGTQ
M. Théberge (Pierre): M. le Président, M. le
ministre, messieurs et madame, membres de la sous-commission, l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec tient à vous
remercier d'avoir bien voulu l'inviter à donner les commentaires des
entrepreneurs en construction de génie civil et des grands ouvrages sur
le projet de loi 53, Loi sur le bâtiment. Je voudrais vous
présenter ceux à qui les membres ont confié leurs
représentations à cette commission. À mon extrême
gauche, M. Claude Brulotte, régisseur à la Régie des
entreprises de construction du Québec et vice-président de Paul
Dubé & Fils, de Laval; M. Carol Wagner, directeur
général de notre association; M. Gabriel Richard,
président du comité ad hoc sur le projet de loi 53 et directeur
de la construction chez Janin, de Montréal. À ma droite, M.
Jacques Guay, directeur général adjoint de l'ACRGTQ, et M.
Fernand Houle... Il est absent.
M. Houle (Fernand): Je suis arrivé.
M. Théberge: M. Fernand Houle est président sortant
de notre association et président de Les Entreprises Bon Conseil
Ltée, de Québec.
Mon nom est Pierre Théberge. Je suis le président du
conseil d'administration de l'association et président de J. -R.
Théberge Ltée, à Chicoutimi.
La lecture de notre mémoire sera faite par le directeur
général adjoint, M. Jacques Guay. Ensuite, les membres qui
m'accompagnent se feront un plaisir, M. le Président et membres de la
sous-commission, de répondre à vos questions. J'inviterais M.
Jacques Guay à nous lire le mémoire.
M. Guay (Jacques): M. le Président, l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec regroupe sur une
base volontaire quelque 600 membres oeuvrant dans le domaine des travaux de
génie civil dont ils exécutent environ 90 % du volume total
octroyé au secteur privé.
Parmi les donneurs d'ouvrage importants, notons Hydro-Québec, le
ministère des Transports, le ministère de l'Environnement, le
ministère de l'Agriculture, la Société
québécoise d'assainissement des eaux, les communautés
urbaines, les municipalités, etc. La grande majorité des contrats
obtenus par les entrepreneurs le sont par le biais de soumissions publiques et
sont exécutés, dans la totalité des cas, selon des plans
et devis approuvés par des ingénieurs et des architectes.
Nos commentaires porteront principalement sur les aspects du projet de
loi qui concernent le conseil d'administration de la Commission du
bâtiment, le financement de l'organisme, de même que sur certains
détails plus techniques du libellé de ce projet de loi.
En ce qui concerne d'abord la composition du conseil d'administration de
la Commission du bâtiment, l'association déplore le fait que le
projet de loi prévoit que les membres de la commission soient
nommés par le gouvernement, sans faire mention du mode de nomination.
À cet effet, l'association considère extrêmement important
que la loi contienne des dispositions à l'égard des propositions
suivantes: 1° Ceux que l'on entend responsabiliser par cette
réforme, c'est-à-dire les entrepreneurs en construction, doivent
être majoritairement représentés au sein du conseil de la
commission; 2° Un mécanisme de consultation des associations
traditionnelles de la construction doit être prévu pour assurer la
représentation de chacune au conseil; 3° Les autres secteurs de la
construction qui seront représentés au conseil doivent être
déterminés et inclure en particulier l'Ordre des
ingénieurs et l'Ordre des architectes; 4° Enfin, si la commission
institue un comité spécial chargé de la qualification, les
membres de ce comité spécial devront être des entrepreneurs
provenant des asociations traditionnelles concernées et devront se voir
déléguer tous les pouvoirs nécessaires à leur
mandat de qualification, et non des pouvoirs limités comme ceux que
détiennent les actuels régisseurs de la Régie des
entreprises de construction du Québec.
Par ailleurs, l'association suggère fortement que, pour des
raisons d'efficacité, le conseil d'administration soit limité
à onze membres.
Enfin, l'association s'oppose fortement à ce que des
représentants de syndicats de travailleurs prennent place au conseil
d'administration de la commission puisque cette dernière sera
chargée de la qualification des entrepreneurs et que, à cette
fin, elle aura accès aux états financiers et à d'autres
renseignements confidentiels qui n'ont pas à être divulgués
à des représentants de travailleurs.
En ce qui concerne maintenant le financement des activités de la
commission, l'association veut faire connaître ici sa vive opposition
à toute méthode de financement global de la commission à
partir des salaires versés par les entrepreneurs ou à partir des
heures travaillées. L'association s'oppose, par exemple, à ce que
la commission finance par ce moyen ses frais généraux et ses
frais d'administration.
Le pouvoir réglementaire dévolu à la commission
pour assurer son financement prévoit à juste titre que les
règlements adoptés concernant le financement devront tenir compte
des coûts occasionnés à la commission par le type
d'activités exercées par les différents entrepreneurs.
Nous croyons cependant que le législateur doit être encore plus
explicite à ce sujet.
Voilà pourquoi l'association considère que la Loi sur le
bâtiment doit contenir des dispositions à l'égard des
points suivants:
Chaque service, fonction ou direction -selon le nom qu'on lui donnera -
de la commission doit être financé séparément en y
incluant sa juste part des frais généraux et administratifs de la
commission ainsi que tous les services connexes s'y rattachant (études,
recherches, etc. ). Le tableau suivant a été dressé pour
mieux faire voir ce que l'association entend par là.
D'abord, une direction de l'administration générale qui
comprendrait tous les coûts reliés à l'administration: les
frais généraux et le loyer, par exemple. Les autres frais qui ne
pourraient pas être reliés à une activité
spécifique de la commission doivent être répartis au
prorata des budgets d'opération de chacune des autres directions
concernées. En conséquence, nous demandons qu'aucun financement
direct ne soit fait à ce sujet.
Deuxièmement, direction de la qualification. Tous les coûts
reliés aux activités de qualification de la commission plus une
part des coûts d'administration générale au prorata du
budget spécifique des activités de qualification doivent
être répartis uniformément entre tous les entrepreneurs, ce
qui pourrait se faire par un montant fixe exigé de tous les
entrepreneurs, comme c'est le cas actuellement à la Régie des
entreprises de construction du Québec.
La direction de l'inspection. S'il s'agit d'édifices publics, les
coûts reliés aux inspections de ces édifices publics, plus,
encore là, la part des frais d'administration globale, tous ces frais
devraient être répartis selon un mode équitable et
payés par les propriétaires ou les occupants.
Quant aux plans et devis, tous les coûts reliés à
l'approbation des plans et devis - je fais une parenthèse - qui n'ont
pas été émis par des architectes ou des ingénieurs,
donc approuvés par eux, ceux qui n'ont pas été
approuvés par les ingénieurs et les architectes doivent
être défrayés par les utilisateurs de ce service.
Enfin, en ce qui concerne l'inspection des équipements et des
installations électriques, mécaniques, etc., encore là,
les coûts de ce service plus sa part des frais administratifs, doivent
être financés selon un mode équitable par les entrepreneurs
concernés. (19 h 45)
Enfin, cela n'apparaît pas sur ce tableau, mais je tiens à
vous le dire, si jamais il y avait une direction de la normalisation à
l'intérieur de la commission -on a compris tout à l'heure que
c'était en dehors - on voulait, bien entendu, que ce soit
défrayé par le gouvernement. Il est probable que
l'autofinancement de chaque direction ne sera effectif qu'après quelques
années, comme nous le verrons plus loin.
Toujours à propos du financement de la commission, l'association
a esquissé un tableau des coûts et des revenus prévisibles
de la commission à moyen terme, en tenant compte d'une
décroissance des coûts obtenue selon les intentions du
gouvernement par la plus grande responsabilisation des intervenants et d'une
augmentation graduelle de l'autofinancement. Le tableau que vous avez là
est justement un scénario que l'on a qualifié de très
optimiste et qui a été bâti à partir des chiffres
qui nous ont déjà été montrés par le
sous-ministre. Comme on le voit, sur cinq ans, en millions de dollars
constants, on estime - sans tenir compte de l'inflation - que les revenus
pourraient être aux environs de 15 000 000 $. Les coûts, cependant,
si on additionne ceux encourus actuellement à la DGI, à la
régie et aussi à l'inspection du gaz, etc., pourront monter, dans
une première année, à 33 700 000 $ et
décroître tranquillement si, effectivement, on a l'autofinancement
qu'on vise et une décroissance des effectifs causée par
l'autocontrôle de la construction, à 14 700 000 $ dans cinq ans.
Cela voudrait dire qu'on atteindrait l'équilibre dans cinq ans. Le
déficit prévu de 19 000 000 $, 14 300 000 $, 9 500 000 $ et 4 700
000 $ pour les quatre premières années avant l'autofinancement
total monte à 47 500 000 $. À la lumière de ce
tableau,
l'association demande que le gouvernement s'engage, dans la loi,
à subventionner chaque année, de façon
décroissante, le déficit total prévu de 47 500 000 $ entre
les coûts estimés de fonctionnement et les revenus de la
commission.
Enfin, l'association suggère fortement que l'article 196 du
projet concernant les amendes de la commission soit amendé. En effet,
puisqu'on peut raisonnablement s'attendre que l'autofinancement de la
commission ne survienne, dans le meilleur des cas, qu'après quatre ans
de fonctionnement, il serait souhaitable que les amendes recouvrées pour
une infraction à la loi appartiennent à la commission,
contrairement aux dispositions actuelles du projet de loi.
Autres aspects techniques du projet de loi. Attestation de
conformité. L'association est heureuse qu'on ait retenu, pour les
travaux exécutés selon les plans et devis d'un architecte ou d'un
ingénieur, le principe que l'entrepreneur ou le sous-entrepreneur n'ait
à attester que la conformité des travaux aux plans et devis.
Cependant, l'association suggère fortement que la loi
prévoie en plus que tout litige entre l'entrepreneur, ou le
sous-entrepreneur, et l'architecte et l'ingénieur, au sujet de la
conformité des travaux exécutés aux plans et devis d'un
architecte ou d'un ingénieur, doive être soumis à une
procédure d'arbitrage à la demande d'une des parties.
Plans et devis. L'association demande qu'il soit reconnu dans la loi que
les plans et devis d'un architecte ou d'un ingénieur ne
nécessitent pas pour l'entrepreneur une seconde approbation par la
commission.
Essais et analyses. L'article 107 donne à la commission le
pouvoir d'exiger d'un entrepreneur - et d'ailleurs le texte devrait
prévoir ici la même exigence pour un sous-entrepreneur - qu'il
effectue ou fasse effectuer un essai, une analyse ou une vérification
d'un matériau, d'un équipement ou d'une installation afin de
s'assurer de sa conformité à la présente loi.
À ce sujet, l'association considère comme
extrêmement important que la loi prévoie une exception à
cette exigence. En effet, dans le cas où les matériaux,
l'équipement ou l'installation sont conformes aux spécifications
des plans et devis d'un architecte ou d'un ingénieur, l'obligation de
l'article 107 doit incomber à l'architecte ou à
l'ingénieur et, probablement, par ricochet, au manufacturier des
équipements, s'il y a lieu.
Contravention au Code de construction. En vertu de l'article 181, un
entrepreneur ou un constructeur-propriétaire ne peut être reconnu
coupable d'avoir contrevenu au Code de construction s'il démontre que la
non-conformité du bâtiment à ce code résulte des
plans et devis préparés par un architecte ou un ingénieur,
à moins - ainsi qu'on le dit dans un deuxième paragraphe - d'une
erreur manifeste qu'il aurait dû constater.
L'association suggère qu'en toute équité le texte
de cet article fasse en plus référence au sous-entrepreneur.
En conclusion, l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec voudrait passer en revue comment les entrepreneurs de
génie civil se conforment déjà dans leurs activités
à la plupart des exigences de la réforme, et ce, à cause
des dispositions des devis généraux normalisés du Bureau
de normalisation du Québec, dont l'association a été
l'instigatrice, ou des plans et devis des donneurs d'ouvrage publics,
parapublics et privés.
Nous voudrions vous dire ce qui se passe dans les faits,
indépendamment de la future loi. Premièrement, les travaux
exécutés dans notre secteur d'activité sont toujours
exécutés selon les plans et devis d'un ingénieur ou d'un
architecte. L'association ne voit pas le besoin pour ses membres d'une
deuxième approbation par la commission de ces plans et devis.
Deuxièmement, chaque soumission doit toujours être
accompagnée d'un cautionnement de soumission. Cette exigence constitue
une qualification supplémentaire, faite par les compagnies de
cautionnement, qui s'ajoute à la qualification exigée par la loi.
Ce cautionnement témoigne aussi de la solvabilité de
l'entrepreneur parce qu'il garantit la capacité financière de
l'entrepreneur à exécuter les travaux pour lesquels il
soumissionne. On a d'ailleurs inclus en annexe le genre de cautionnement, de
soumission, qui est demandé par les donneurs d'ouvrage.
Troisièmement, chaque contrat entrepris par un entrepreneur de
notre secteur doit toujours être assorti d'un cautionnement
d'exécution, d'un cautionnement d'obligation d'entrepreneur pour gages,
matériaux et services, et même, dans certains cas, d'un
cautionnement additionnel d'entretien, ce qui constitue dans les faits un
sévère programme de garantie dépassant de beaucoup les
exigences prévues au projet de loi pour les entrepreneurs contractant
avec le consommateur. Bien entendu, nous contractons avec des donneurs
d'ouvrage publics, privés et parapublics assez importants.
Quatrièmement, les plans et devis des donneurs d'ouvrage ou les
devis normalisés du Bureau de normalisation du Québec contiennent
tous des dispositions concernant l'inspection des travaux, des matériaux
et des installations, et leur approbation par le donneur d'ouvrage. Ces travaux
ne doivent en aucun cas nécessiter une deuxième approbation de la
commission dont les
entrepreneurs de notre secteur d'activité feraient les frais.
L'association a voulu, par ce mémoire, bien faire connaître
sa position sur le projet de loi dans son ensemble et sur certaines
dispositions particulières. Certaines représentations sont des
suggestions à cette commission et au ministre, et elles ont
été identifiées comme telles. D'autres, par contre,
peuvent être qualifiées de primordiales pour les membres de notre
association. Elles ont d'ailleurs été qualifiées de telles
dans notre mémoire.
Voilà pourquoi, même si nos membres reconnaissent dans le
projet de loi un effort louable pour refondre et simplifier une kyrielle de
lois, ils ne pourront accorder leur appui sans réserve tant et aussi
longtemps que le législateur n'aura pas inclus des dispositions pour
tenir compte des représentations que nous considérons comme
essentielles. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. Guay. M. le
ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier les
représentants de l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec de leur présence parmi nous, de la
présentation du mémoire qu'ils nous livrent ce soir et de
l'étroite collaboration qu'ils nous ont accordée tout au long de
la préparation du projet de loi qui nous réunit ici ce soir.
Il y a un certain nombre de points que je veux aborder à la suite
de la présentation du mémoire. Le premier a trait au conseil
d'administration. Je crois qu'on a eu l'occasion, ce matin, d'apporter un
certain nombre de précisions, de faire part d'un certain nombre
d'intentions quant aux précisions qui doivent être
apportées, selon nous, au projet de loi en ce qui a trait au conseil
d'administration. Je répète que, quant au poids qui devrait
être accordé au sein du conseil d'administration de la Commission
du bâtiment aux entrepreneurs en construction, nous prenons bonne note de
la position qui est énoncée par l'ACRGTQ qui reprend des
positions qui ont été exprimées par bon nombre
d'intervenants. Nous réfléchissons actuellement à cette
question et nous ferons connaître nos intentions dans les
différents amendements qui seront apportés au projet de loi
à cet égard. Je dirai simplement, pour l'instant, qu'il n'est
évidemment pas question pour nous que les entrepreneurs soient les
parents pauvres et qu'ils se retrouvent en petit nombre au conseil
d'administration. Bien au contraire.
Quant au mécanisme de consultation des associations
traditionnelles préalablement aux nominations qui devront être
faites, nous voulons aussi le reconnaître dans le projet de loi. Je
prends aussi bonne note du fait que vous souhaitez que d'autres soient
présents au conseil d'administration, notamment les professionnels du
bâtiment. Quant à la qualification, évidemment, dans la
mesure où il est prévu au projet de loi que c'est la Commission
du bâtiment qui sera responsable de la qualification, vous avez bien pu
voir qu'il s'agit là de pouvoirs fort différents de ceux qu'ont
par exemple les régisseurs-conseils actuellement à la RECQ. Ils
seront confiés aux membres du conseil d'administration de la commission
et, dans la mesure, par exemple, où les entrepreneurs se retrouveraient
majoritairement au sein de la Commission du bâtiment, j'imagine que vos
préoccupations en ce sens seraient satisfaites.
Quant à votre proposition du chiffre onze, c'est une proposition
originale. Depuis le début des travaux de la commission, on se promenait
entre le chiffre quinze qui est au projet de loi et le chiffre neuf qui avait
été avancé par un certain nombre d'intervenants. Je vous
dirai que c'est une proposition qui mérite d'être regardée
attentivement. 5ans que mon collègue de Pontiac se sente frustré
en aucune façon, j'ai le goût de vous demander qui sont les
autres, selon vous, si vous souhaitez être majoritaires et faire aussi
une place aux ingénieurs et aux architectes. Cela serait
intéressant que vous nous fassiez part de vos réflexions
là-dessus. Cela alimentera sûrement les nôtres! Vous pouvez
peut-être répondre maintenant à la question ou
préférez-vous... Écoutez! Je vais faire mes commentaires
généraux et, après cela, je vous écouterai
attentivement.
Sur la question du financement, comme sur l'ensemble des autres
questions, je veux notamment souligner ma très grande satisfaction
devant le mémoire que vous nous soumettez. Je crois qu'il est
très stimulant, très constructif, quant à la question du
financement de la commission. On voit que vous avez le pris le temps d'analyser
l'ensemble des coûts générés actuellement par les
différents secteurs d'activité qui interviennent dans le monde de
la construction ou de la sécurité des édifices publics.
Vous avez tenté de préciser comment tout cela pourrait
fonctionner. Je dois vous dire que je trouve cela extrêmement
intéressant et cela mérite d'être regardé
attentivement par le gouvernement et, évidemment, par moi-même en
particulier avant d'apporter les différents amendements que nous avons
déjà prévu apporter au projet de loi.
En ce qui concerne les principes qu'on retrouve dans vos commentaires
sur la question du financement, je pense qu'on se retrouve très bien.
Vous avez pu prendre connaissance des remarques que j'ai faites ce matin
à l'occasion de la présentation de la FCQ notamment. Il est
évident pour nous qu'il n'est pas dans notre intention que la
commission fasse de l'argent au-delà des coûts qui sont
engendrés par les différents secteurs d'activité. De plus,
il est important de réaffirmer, particulièrement à
l'occasion de votre présentation devant la commission, que, pour nous,
il est bien évident que chaque secteur d'activité doit assumer
les coûts qu'il génère. Donc, il est évident que, vu
que vous êtes peut-être ceux qui serez les moins concernés
par l'ensemble de l'application du projet de loi puisque, finalement, ce qui
vous concerne surtout c'est le processus de la qualification, il n'est pas
question que les coûts générés par d'autres secteurs
d'activité concernés par l'application générale de
la Loi sur le bâtiment soient imputés à votre association
ainsi qu'à vos membres. Je pense qu'il faut le réaffirmer
très clairement.
En ce qui a trait à la qualification, vous parliez là
aussi de répartir uniformément par un montant fixe. Je voudrais
vous poser une question. Pensez-vous que cela doit s'appliquer de la même
façon à tous les entrepreneurs? Il y a quand même de
très petits entrepreneurs et de très très gros
entrepreneurs. Je pense qu'il serait peut-être intéressant que
vous précisiez votre pensée à ce sujet. (20 heures)
Pour ce qui est des plans et devis, évidemment, vous comprendrez
que ce qui est prévu au projet, contrairement à ce qui existe
actuellement - la vérification obligatoire des plans et devis - c'est la
vérification volontaire des plans et devis pour les architectes et les
ingénieurs qui souhaiteraient pouvoir demander à la commission de
vérifier leurs plans, toujours sur un plan volontaire. Ce n'est pas
touché par votre mémoire, mais j'imagine que vous serez d'accord,
dans la mesure où c'est volontaire, qu'ils assument les coûts que
cela générerait.
Quant au point 3, concernant les équipements et les installations
électriques et mécaniques, je pense qu'il faut quand même
séparer l'électricité des autres éléments
mécaniques, puisque ce sont quand même des secteurs
d'activité plus spécifiques qu'ils n'en ont l'air, finalement. Il
y a un point qui est absent, c'est l'activité d'inspection que la DGI a
sur les bâtiments qui sont en construction. Je pense que là aussi
il faudrait peut-être essayer de prévoir cela.
Je veux quand même répéter que, quant à nous,
les revenus additionnels du gouvernement, donc, de la commission, à
partir du moment où on lui demande de s'autofinancer par rapport
à la situation que nous connaissons actuellement, c'est, finalement,
tous ceux et toutes celles qui génèrent des coûts, soit
à la RECQ, mais surtout à la Direction générale de
l'inspection, et pour lesquels ils n'assument pas l'autofinancement des
coûts qu'ils ' génèrent. C'est vraiment l'intention du
gouvernement, dans cette disposition du projet de loi qui parle de
l'autofinancement des activités de la Commission du bâtiment.
Donc, selon nous, l'ensemble des revenus additionnels proviendra
essentiellement de ces secteurs d'activité, évidemment.
Je répète que, en ce qui vous concerne, vu que le projet
de loi ne touche d'aucune façon aux travaux de génie civil outre
que par la qualification, je pense que cela répond un peu aux objectifs
que vous exprimez quant à vos préoccupations de l'autofinancement
et des balises que vous souhaitez voir apporter.
Les amendes, on a eu l'occasion d'en discuter à plusieurs
reprises depuis le début de nos travaux. Je vous répète
que nous allons tenter de revenir è la charge pour ce qui est du
comité de législation et que nous partageons, pour l'essentiel,
votre vision de la solution qui devrait être trouvée. On va tenter
de rediscuter de ces choses, évidemment, en tenant compte du
régime régulier et nouveau que veut établir le
comité de législation en la matière.
Quant aux quatre ou cinq points techniques - l'aspect technique, comme
vous le mentionniez - que vous abordez aux pages 9 et 10 de votre
mémoire, votre proposition de procédure d'arbitrage au point 1
est intéressante. Je pense qu'il faudrait peut-être essayer de
voir dans quelle mesure on pourrait refléter cette préoccupation
dans le projet de loi.
Pour ce qui est du point 2, je vous rappelle qu'à l'article 174,
7°, on ne prévoit pas d'approbation, mais bien la possibilité
de demander une transmission, dans certains cas, de ces plans et devis. Je
pense que cet éclaircissement peut probablement répondre à
votre préoccupation là aussi.
Au point 3, en conclusion, vous dites: "En effet, dans le cas où
le matériau, l'équipement ou l'installation sont conformes aux
spécifications des plans et devis d'un architecte ou d'un
ingénieur, l'obligation de l'article 107 doit incomber à
l'architecte ou à l'ingénieur. " Je trouve qu'il s'agit là
d'une proposition intéressante qui mérite sûrement
d'être regardée.
C'est la même chose, finalement, pour le point 4, les
contraventions au Code de construction, quand vous suggérez qu'en toute
équité le texte de l'article devrait en plus faire
référence au sous-entrepreneur. Je pense que, là aussi, il
y a un souci de cohérence quant à l'économie
générale du projet de loi.
Quant aux quatre points qui sont en conclusion, notamment au point A, je
répète que, vu que les travaux de génie civil ne sont pas
couverts, je pense que cela relève un peu de l'évidence.
Globalement, ce sont les commentaires que, à première vue,
je voulais faire à la
suite de la présentation de votre mémoire. Il y a
peut-être deux ou trois questions que j'ai soulevées au cours de
mon intervention pour lesquelles je souhaiterais peut-être une
réponse et en plus, évidemment, si vous avez des commentaires qui
découlent de ceux que j'ai faits.
Le Président (M. Lafrenière): M. Guay.
M. Guay (Jacques): Vous avez demandé, je pense, quels
étaient les autres qu'on pouvait suggérer en ce qui concerne le
conseil d'administration. Je vais laisser la parole à M. Houle.
M. Houle: Avant de répondre directement à cette
question, j'aimerais faire certains commentaires généraux. On a
entendu dire à quelques reprises que, comme association, comme
groupement, on est peut-être les moins concernés, les moins
impliqués, dans le sens qu'on serait affectés surtout par la
qualification de nos membres. Nous savons ce que cela nous coûte
actuellement. Ce n'est pas, disons, 250 $ chacun. Notre inquiétude vient
de ce que nous prévoyons ce que cela va nous coûter à la
fin de l'année. Nous sommes certains que cela va nous coûter plus
cher que 250 $ chacun. Dans le mémoire, on a même mentionné
que nous étions prêts à payer une partie des frais
d'administration qu'on n'aurait pas autrement. Alors, on est d'accord. Les 250
$ ou un multiple, le double, le triple, le quintuple, peu importe le
multiplicateur, cela nous inquiète.
On a beaucoup parlé de la responsabilisation des intervenants
dans le milieu. Nous sommes entièrement d'accord avec ce principe,
tellement d'accord que nous voudrions que cette responsabilisation se continue
au conseil d'administration et non pas qu'on mette en place une structure qui
soit pratiquement l'exemple de l'irresponsabilité. Quand je parle de
l'irresponsabilité, je pense surtout à l'irresponsabilité
financière. Si on regarde l'histoire, au début de la colonie, au
temps du Haut-Canada et du Bas-Canada, on parlait beaucoup d'un certain
principe. On disait: "No taxation without representation". En tout cas, on ne
devrait pas partir ce leitmotiv, mais plutôt dire: "No representation
without taxation", parce que tout le monde demande à être
présent au sein du conseil d'administration. Notre principe, c'est qu'en
vertu de la responsabilisation des intervenants, ceux qui ont à
décider paient la note. On ne veut pas d'une structure du genre CSST
où une partie paie tout et l'autre partie demande. Il n'y a jamais rien
de trop beau. Nous sommes pour la sécurité. Tout le monde est
pour la sécurité, mais il faut vivre selon ses
possibilités, selon ses moyens. On a connu depuis 1960 une aventure. De
1960 à 1982, cela allait bien. Depuis ce temps, qu'est-ce qu'on fait? On
gère une décroissance et c'est ce que la commission devra faire,
gérer une décroissance dans un budget de 33 000 000 $ à 14
700 000 $. Il faut que ce soient les gens qui paient qui décident et non
pas les gens qui ne paient pas la note.
On a parlé du chiffre onze. 11 est certain qu'on dirait que ce
sont les entrepreneurs. Si ce sont eux qui paient, nous savons très bien
qu'il y en aura d'autres qui seront appelés à payer en plus des
entrepreneurs. Qui sont ces gens-là? On ne le sait pas, mais il y en
aura. Ce qu'on veut, c'est que ce soient les gens qui vont payer leur
quote-part, qui contribueront au financement de l'avoir qui soient au conseil
d'administration. Si on veut trouver une place à d'autres... On n'aurait
pas d'objection, si c'était à un conseil de onze ou à un
conseil de quinze, qu'il y ait une personne ou qu'il y en ait deux, mais que ce
ne soient pas par ces gens-là, par un concours de circonstances ou une
majorité très simple, avec un renversement de un et qu'une
personne ne soit pas là, en fin de compte, que les décisions se
prennent et que ce soit par d'autres que ceux qui contribueraient.
C'est le principe fondamental de nos revendications. C'est l'objection
majeure au projet de loi, parce qu'il est entendu que, dans l'ensemble du
projet de loi, il y a une foule d'articles sur lesquels nous sommes d'accord.
La simplification des multiples lois qui concernent la construction, c'est
évident qu'on est d'accord. Ce qui nous apparaît grave et ce qui
n'apparaît pas dans le projet de loi - c'est là qu'on aurait voulu
le voir -c'est la composition du conseil d'administration et le mode de
financement. On a parlé du mode de financement et le ministre semble
d'accord avec tout ce qu'il y a, mais ce n'est pas dans le projet de loi. Ce
sera apporté plus tard par réglementation. Si la
réglementation n'est pas déterminée par les membres du
conseil qui sont là et qui décident, on a des craintes. C'est un
peu comme la composition du conseil. Le président, on dit que c'est le
ministre qui va le nommer, comme le ministre nomme tous les administrateurs.
Nous voudrions, nous aimerions bien que le président de la commission
soit nommé par le conseil d'administration. On ne demande pas de le
nommer, mais qu'il soit nommé par le conseil d'administration. Que le
ministre le désigne et que, en fin de compte, le ministre le nomme s'il
veut, qu'il ratifie la nomination, mais qu'il soit mis en nomination, en fin de
compte, que le conseil d'administration en suggère... J'aimerais mieux
qu'il le nomme directement, qu'il le choisisse lui-même, mais, si le
ministre veut garder ce privilège, qu'il le choisisse parmi
des gens qui sont nommés par le conseil d'administration et que
les décisions, en fin de compte, soient prises par le conseil.
On dit: Onze, qui voulez-vous là? Pour nous, c'est difficile de
vous dire: On veut l'utilisateur, que ce soit le propriétaire
immobilier, disons, qui paie, qui va contribuer pour 5 000 000 $ sur le budget
de 33 000 000 $ qu'on va réduire, idéalement, à 14 700 000
$. Il faudrait que cette personne soit au conseil d'administration. C'est
certain qu'on ne peut pas tous les nommer, mais ce qu'on voudrait, c'est que
les gens qui sont au conseil, ce soient des gens qui contribuent au budget de
la commission. Je ne sais pas si...
M. Rochefort: Je pense que votre position est très claire
au niveau des positions de principe. Je ferais peut-être deux
commentaires: Vous dites que, essentiellement, on devrait retrouver au conseil
d'administration des gens qui vont participer à payer la note et, en
même temps, dans votre mémoire, vous proposez formellement la
présence des architectes et des ingénieurs. Dans la mesure
où ils n'auront plus l'obligation de faire vérifier leurs plans
et devis à la Direction générale de l'inspection, leur
participation à l'autofinancement de la commission est beaucoup moins
évidente qu'elle ne l'aurait été si on avait maintenu, par
exemple, cette obligation.
Deuxièmement, il y a quand même le monde municipal. Je
soulève la question avec vous et, finalement, on réfléchit
ensemble. Le monde municipal, d'abord, a fait un pas important et vous l'avez
abordé aussi à votre façon en disant: Oui, c'est une bonne
chose, la simplification et l'uniformisation, etc. On souhaite que le monde
municipal franchisse un deuxième pas, notamment dans les normes
supérieures. 11 est prévu dans le projet de loi que la commission
pourra éventuellement déléguer à des
municipalités, en totalité ou en partie, l'application des codes,
etc. Si, dans les faits, ne générant pas de coûts, elles ne
participeront pas, j'imagine, directement, de façon importante en tout
cas, à l'autofinancement de la commission, est-ce que vous les englobez
quand même dans le principe que vous avez énoncé?
Le deuxième commentaire que je veux faire: Hier matin, un
représentant de l'APCHQ nous disait: Finalement, la Commission du
bâtiment, cela va être notre corporation professionnelle à
nous. Effectivement, dans les corporations professionnelles, en
général, on retrouve d'autres gens que des professionnels membres
de l'ordre professionnel concerné directement. Je veux voir s'il y a
quand même une certaine ouverture d'esprit de ce côté.
Quant au président, je vous dirai qu'il me semble absolument
essentiel que, effectivement, il soit nommé par le gouvernement, mais, *
chose tout aussi essentielle, après une consultation très
serrée des différents partenaires avec qui il devrait travailler
au conseil d'administration. Il est clair que, si ce président n'est pas
bien reçu par ceux et celles avec qui il sera appelé à
travailler, ce serait, dès le départ, vouer la Commission du
bâtiment à un échec; ce n'est pas ce que nous souhaitons,
personne. Ce sont peut-être un peu les commentaires que me
suggère...
M. Moule: À ce sujet, nos craintes viennent d'une
structure que tout le monde connaît actuellement: un
éléphant blanc incontrôlable. Vous avez eu des commissions,
vous en avez entendu parler. Vous avez un président - disons
Sauvé - qui mène la CSST. C'est sûr que c'est une structure
paritaire. Quand on met en place une structure, vous nommez le président
et vous avez des gens du conseil d'administration qui siègent; c'est
certain que notre travail, c'est dans nos compagnies. Quand on va, disons une
fois par semaine, par quinze jours ou par mois siéger au conseil
d'administration, ce qui est important, c'est le travail qui est fait par les
permanents de... Dans ce cas-ci, c'est la commission. Vous allez avoir un
président et deux vice-présidents qui sont des permanents, des
salariés payés par le gouvernement -c'est défrayé
par nous - toujours nommés par le ministre. C'est ce qu'on aurait voulu,
que ce soit le conseil d'administration qui nomme ces gens. On a la question de
gérer une décroissance de 33 000 000 $ à 14 700 000 $;
c'est une besogne. Le conseil pourra le faire s'il a la possibilité de
le faire, s'il a les coudées franches et s'il a les pouvoirs de le
faire. (20 h 15)
Maintenant, disons que ces gens-là, quand on parlait du monde
municipal... On n'aurait pas d'objection à ce qu'il y ait un
représentant du monde municipal. On a même parlé de l'Ordre
des architectes et de l'Ordre des ingénieurs. On n'aurait pas
d'objection à ce que ces gens-là soient présents, mais
à la condition qu'ils soient fortement minoritaires dans le conseil
d'administration, surtout s'ils ne contribuent pas au financement de la
commission. En tant qu'ingénieur, j'ai été bien
désappointé ce soir quand on m'a dit que l'Ordre des
ingénieurs prônait une structure paritaire, que les membres du
syndicat soient au conseil d'administration, qu'ils décident, en fin de
compte, de l'octroi des licences aux entrepreneurs en construction. Si
c'était pour des positions semblables, cela nous inquiéterait.
Par contre, qu'il y ait un représentant de l'Ordre des
ingénieurs, de l'Ordre des architectes ou du monde municipal, à
la condition que ces
représentations soient fortement minoritaires... Ou, si on ne
veut pas les mettre au conseil d'administration, on peut toujours les mettre au
conseil consultatif. Mais, si on tient absolument à les mettre au
conseil d'administration, qu'ils soient minoritaires ou représentent un
point de vue comme au sein des corporations où vous avez un
représentant. Vous en avez un à un conseil d'administration de
douze, quinze ou vingt personnes. 11 ne faut pas que vous en ayez pratiquement
la moitié.
M. Rochefort: Un dernier commentaire, M. le Président,
compte tenu du rappel à l'ordre que vous m'avez transmis
discrètement. Je veux bien avouer... Je veux juste corriger une chose. A
moins que je n'aie mal compris le sens de la proposition des ingénieurs
pour une représentation paritaire syndicale-patronale...
M. Middlemiss: L'Ordre des architectes a dit un
salarié.
M. Rochefort: Ah boni En tout cas, ce n'était pas, de
toute façon, une proposition d'une représentation paritaire.
M. Middlemiss: L'Ordre des architectes! M. Fortier:...
M. Rochefort: Rapidement, je veux quand même attirer
l'attention des gens qui sont devant nous et même de tous les membres de
la commission sur une chose: Dans un premier temps, je n'ai pas l'intention
qu'on fasse le procès de la CSST en l'absence des principaux
intéressés. Je pense que c'est normal qu'on procède ainsi.
Il faut aussi quand même que nous prenions conscience que, dans le projet
de loi, justement, le président de la Commission du bâtiment n'a
aucun pouvoir qui lui soit expressément donné par la loi. Les
pouvoirs qu'il aura, les responsabilités qu'il assumera, les fonctions
qui seront les siennes seront celles que la Commission du bâtiment lui
donnera. Il faut quand même prendre conscience de cette différence
fondamentale qui existe entre ce que contient le projet de loi quant aux
responsabilités, aux rôles et aux mandats du président de
la commission et ce qu'on retrouve dans d'autres commissions. Je voudrais quand
même attirer votre attention là-dessus. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. J'aimerais à
mon tour remercier l'Association des constructeurs de routes et grands travaux
du Québec pour son mémoire. Je dois dire que c'est un très
bon mémoire. Pour commencer, ma question est: Est-ce que vous
désirez une place à la Commission du bâtiment? C'est
très clair. Mais, vous parlez de onze membres. Comment, d'après
vous, onze membres seraient-ils plus efficaces et moins coûteux que
quinze membres?
M. Houle: Onze membres seraient moins coûteux que
quinze.
M. Middlemiss: Que quinze, oui. Pourquoi vous êtes-vous
arrêtés à onze plutôt qu'à quinze comme dans
le projet de loi?
M. Houle: Remarquez bien que ce n'est pas une position de
principe absolu. C'est uniquement par souci d'efficacité. Un conseil
trop nombreux nous apparaît toujours prendre les décisions plus
difficilement. Nous estimons qu'un conseil d'administration de onze membres
serait suffisant. Ce n'est pas une question de principe. Ce n'est pas
là-dessus qu'on achoppe. Qu'on ait onze ou quinze entrepreneurs qui
contribuent, ou onze ou quinze contribuants au régime, à la
commission qui décident de son fonctionnement, de la décroissance
du budget de 33 000 000 $ à 15 000 000 $, ce n'est pas une question
fondamentale.
M. Middlemiss: Lorsque vous ditez onze contribuants, est-ce onze
personnes contribuant financièrement au fonctionnement de la
commission?
M. Houle: Oui.
M. Middlemiss: D'accord, Le mode de financement que vous
suggérez, la façon dont c'est séparé, ceci
n'engendrerait-il pas un genre de bureaucratie complexe qui serait
peut-être coûteuse à gérer?
M. Houle: C'est une imputabilité, en fin de compte, par
service. Comme efficacité administrative, avec toute l'informatique
d'aujourd'hui, je pense que c'est simple. Chaque utilisateur paie le coût
réel. Par exemple, la licence des entreprises, la qualification des
entrepreneurs, on saura combien cela coûte. On sait actuellement ce que
cela nous coûte et on va savoir à la fin de l'année combien
cela va nous coûter. Je pense qu'il est bon qu'on le sache d'année
en année, surtout pour passer d'un budget de 33 000 000 $ à 15
000 000 $ si on ne veut pas que ce soit une farce. Je pense qu'il est
très important de le savoir. Avec l'informatique d'aujourd'hui, je ne
pense pas que ce soit prohibitif.
M. Middlemiss: D'accord. Dans votre tableau, quelle est la source
des coûts d'opération, des revenus de 14 700 000 $, avec un
coût total de 33 700 000 $? D'où viennent ces chiffres?
M. Guay (Jacques): M. le Président, je vais
répondre. D'abord, les coûts. On est parti du principe des
coûts approximatifs actuels des trois organismes qui,
éventuellement, seront regroupés, la DG1, la régie et une
partie de la régie du gaz et des entreprises. Les salaires des
fonctionnaires qui y travaillent, les quelque 850 à 1000 fonctionnaires
qui pourraient être impliqués, coûtent actuellement à
la province environ 33 700 000 $. Les revenus sont actuellement ceux qui sont
perçus soit par la DGI ou par la régie. Ce sont les deux seules
sources de revenus. On les a mis en dollars constants sur cinq ans. On sait
bien que l'inflation va entrer en ligne de compte, mais on a actuellement des
revenus qui sont assurés. On les voit, on peut les palper. On les a mis
en dollars constants d'année en année sauf l'inflation.
Concernant les coûts, puisque l'intention du législateur, c'est de
rationaliser, responsabiliser et assurer un autocontrôle de chacun des
intervenants -d'ailleurs, le ministre l'a souligné - on croit que cela
devrait aboutir, dans un certain nombre d'années, à ce que les
inspections se fassent moins souvent, sur une base moins systématique
et, si les entrepreneurs sont conscients que les travaux doivent être
exécutés conformément à des codes, etc., ils vont
s'y conformer sans attendre que ce soit vérifié.
Éventuellement, on pense qu'on peut en arriver - c'est une
arrivée optimiste - à une décroissance des coûts.
C'est important que cette commission gère une décroissance des
coûts, comme M. Houle le disait. C'est basé sur cela. Bien
entendu, la réalité pourra probablement, et peut-être,
être tout autre. C'est l'avenir qui le dira.
M. Middlemiss: On voit que les coûts vont en
décroissant. Comment va-t-on en arriver à cette
décroissance? Par la réduction du nombre d'employés? De
quelle façon?
M. Houle: Évidemment, quand un gouvernement veut
équilibrer un budget, il y a deux solutions: augmenter les impôts
-dans ce cas-ci, augmenter les contributions -ou gérer une
décroissance, soit diminuer le nombre des fonctionnaires de 1000 environ
à 200.
M. Middlemiss: Vous avez mentionné que le ministre
trouvait qu'il y aurait moins d'inspection, qu'il a mentionné qu'avec le
temps il y aurait moins d'inspection. Ce que j'ai entendu, c'est qu'il y aurait
des inspecteurs polyvalents. Ce que le ministre a dit, c'est qu'il n'y aurait
pas suffisamment d'inspecteurs. 11 y en a qui ont dit qu'il y en avait trop et
il disait: Peut-être qu'il n'y en a pas assez. Mais je ne l'ai jamais
entendu dire qu'avec le temps, au fur et à mesure que la commission va
se responsabiliser, cela voudrait dire qu'il y aurait moins d'inspection sur
les chantiers.
Une voix: Je vais laisser au ministre le soin de
répondre.
M. Rochefort: La question m'est-elle adressée?
M. Middlemiss: Non. Je pense qu'on a fait un commentaire que je
ne vous ai pas entendu dire. Je ne viens pas à votre défense.
M. Rochefort: Vous dites que j'aurais dit que...
M. Middlemiss: Ce n'est pas vous qui l'avez dit.
M. Rochefort: Ah bon!
M. Middlemiss: On aurait dit que vous aviez
répété que, avec le temps, il y aurait moins d'inspection.
J'ai dit: Je ne vous ai jamais entendu dire cela dans le sens qu'il y aurait
moins d'inspection.
M. Houle: Est-ce que je pourrais faire un commentaire
là-dessus?
Une voix: Oui.
M. Houle: II faut faire attention pour ne pas mêler la
question de l'inspection de sécurité sur les chantiers de
construction et la sécurité dont il est question ici. Ce ne sont
pas les mêmes problèmes. Quand on parle de la Direction
générale de l'inspection, ce n'est pas l'inspection de la CSST.
Ce sont deux...
M. Middlemiss: C'est dans le bâtiment avec des inspecteurs,
soit des installations de plomberie, etc. Ce n'est pas confus pour moi, dans ce
sens; je comprends la différence entre les deux. Il me semblait que ce
matin, lorsqu'un organisme nous a mentionné ici que, d'après lui,
il y avait trop d'inspecteurs et qu'il faudrait réduire le nombre
d'inspecteurs, le commentaire du ministre, à ce moment-là,
n'était pas totalement sur une réduction des inspections dans ce
domaine. On voudrait s'assurer de toujours avoir cette sécurité
et d'avoir des inspections. C'est ce qui me surprend, le fait de dire que, avec
le temps, il va y avoir moins d'inspections. C'est peut-être dans le sens
que, si les plans et devis sont préparés par les
ingénieurs, ils ne doivent plus être soumis à l'inspection
d'autres ingénieurs au ministère, comme cela se fait aujourd'hui.
C'est dans ce sens.
M. Houle: C'est évident que, si on part d'un budget de 33
000 000 $ et qu'on veut
descendre à 14 000 000 $, il ne faut pas augmenter, il faut
couper.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député...
M. Middlemiss: Attendez une minute. Est-ce que j'ai le droit de
continuer?
Le Président (M. Lafrenière): Oui, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci. Donc, on peut s'assurer que, pour
réussir, on va être obligé de réduire le nombre
d'employés. M. le ministre, pour ces employés qui vont être
transférés pendant cette période de temps, est-ce qu'on
tient à ce que ces employés -sauf ceux qui prendraient leur
retraite -soient placés dans un autre ministère au
gouvernement?
M. Rochefort: M. le Président, je suis heureux que le
député me pose la question. Cela me permettra de corriger
certaines impressions qui semblent se dégager de mon intervention de ce
matin. Ce que j'ai dit ce matin et que je répète ici, c'est qu'on
ne peut pas partir avec un objectif de réduire le nombre d'inspections,
donc, nos activités d'inspection et de contrôle. Ce que nous
disons, c'est que nous mettons en place un cadre législatif, un cadre de
travail dans lequel le milieu, en général, sera beaucoup plus
responsabilisé de ses propres actions. On met en place des programmes
d'autocontrôle, des systèmes d'attestation de conformité,
des plans de garantie. Le député d'Outremont a même fait
des suggestions en ce qui concerne les ingénieurs et les architectes,
etc. À terme, normalement, l'ensemble de ces actions de
responsabilisation et d'autocontrôle devrait nous permettre, non
seulement de maintenir, mais d'accroître la qualité de nos
constructions et la sécurité de nos édifices publics. Une
fois que nous serons certains que nous avons atteint ce maintien et cette
amélioration de la qualité des constructions et de la
sécurité des édifices publics, il est évident que
nous tirerons peut-être tous ensemble la conclusion que nous sommes
maintenant en mesure de réduire de façon responsable le nombre
d'employés qui seront sous la responsabilité de la Commission du
bâtiment.
Je répète ce que j'ai dit ce matin et qui me semble
être une position qui, d'après moi, doit faire l'unanimité
dans la société. On ne peut pas demain matin, le lendemain de
l'adoption du projet de loi, dire: On coupe d'un pourcentage X le nombre
d'employés de la DGI, donc, le nombre de nos activités de
contrôle, de vérification et d'inspection et on met en place
progressivement l'ensemble de nos programmes de responsabilisation et
d'autocontrôle et, même s'il y a un vide entre les deux et qu'on se
retrouve tout à coup devant le fait que la qualité de la
construction et la sécurité des édifices publics diminuent
de façon importante entre les deux, puisqu'un jour on rattrapera cela
par la responsabilisation, ce n'est pas trop grave. (20 h 30)
Je dis: Non, ce n'est pas possible, de façon responsable, de
procéder de la sorte. Je répète: L'objectif, ce n'est pas
de diminuer le personnel. L'objectif, c'est d'améliorer la
qualité des constructions et la sécurité des
édifices publics. Pour ce faire, ce que nous disons, c'est: Non, on
n'ajoutera pas aux contrôles gouvernementaux qui existent, nous
n'ajouterons pas à l'importance, quantitativement, des inspections qui
sont effectuées par notre personnel. On va plutôt y aller dans le
sens d'une plus grande responsabilisation du milieu, des programmes
d'autocontrôle et l'ensemble de ces choses. Quand tout cela nous aura
donné des résultats, pas des impressions à partir
d'intuitions ou de sentiments, mais des résultats vérifiables, il
est clair qu'on pourra, d'un commun accord, amorcer un processus qui nous
permettra de remettre en question le nombre de personnes qui sont à la
Commission du bâtiment et le style et le nombre d'inspections qu'on fait,
de façon à ne jamais perdre de vue la qualité des travaux
de construction et la sécurité des édifices publics. C'est
fondamental. C'est d'ailleurs pour cela, tel que je l'ai
répété ce matin, qu'on va mettre des dispositions dans la
loi, un amendement, afin que l'autofinancement se fasse sur au moins une
période de cinq ans et un certain nombre de choses comme cela, de
façon à s'assurer qu'on va se donner le temps de façon
responsable d'atteindre les objectifs et de voir ensuite quels sont les moyens
qui peuvent être touchés. Est-ce que ça va?
M. Middlemiss: Oui, d'accord, ça va. Mais, si je regarde
le scénario que nous présentent les messieurs ici, on a 4 700 000
$ qui devaient être coupés durant la première année.
Est-ce que cela veut dire qu'on va garder tout l'effectif et que le
gouvernement va compenser pour ce montant? C'est un peu cela, je pense. On nous
dit qu'on veut responsabiliser, rendre cela plus efficace et que, pour le
faire, cela prend une réduction, cette réduction, ce chiffre de 4
700 000 $ pour la première année, ensuite, cinq autres millions
dans la deuxième année. Vous voulez dire qu'au bout de cinq ans
on va s'apercevoir qu'on n'a pas besoin de tant de personnel, mais je pense que
ce n'est pas là le but. Ce tableau démontre - et monsieur l'a
dît - qu'on va réduire dans le personnel qu'on va avoir et dans
d'autres choses, d'autres services pour atteindre ces 4 700 000 $. Est-ce
que
j'interprète bien votre tableau que, pour arriver à
réduire de 4 700 000 $ durant la première année, c'est une
réduction, mais sans enlever la qualité?
M. Houle: C'est que, pour la première année, il
faut que le gouvernement éponge un déficit de 19 000 000 $ et un
déficit de 14 000 000 $ pour la deuxième année. Qu'il
laisse au conseil les pouvoirs de gérer la décroissance et on
connaît des budgets qui augmentent d'année en année parce
qu'il faut que les salaires augmentent avec l'inflation qu'on connaît.
Les salaires doivent augmenter, l'inflation est là. Il peut se retrouver
avec 19 000 000 $ la première année et même plus de 19 000
000 $ la deuxième année s'il ne laisse pas une
décroissance s'opérer. Sinon, quelle est l'autre solution? C'est
d'augmenter les cotisations.
M. Middlemiss: C'est comme cela que j'ai compris votre...
M. Guay (Jacques): On demande tout simplement au gouvernement
d'éponger le déficit. On a un scénario optimiste, mais on
a dit qu'il pouvait y en avoir d'autres. Si, à chaque année, il y
a un déficit de 19 000 000 $ sur cinq ans, on leur dit: C'est correct,
vous voulez que les gens qui ont des emplois les gardent, il faudra tout
simplement payer la facture.
M. Middlemiss: Donc, dans ce contexte, vous ne pourrez pas
commencer à vous responsabiliser immédiatement.
M. Houle: II faudrait le faire à la condition que le
conseil ait les pouvoirs de le faire. On disait tout à l'heure que le
président n'a pas de pouvoirs. Je suis d'accord avec le ministre quand
il dit que le président de la nouvelle commission exécute, prend
ses décisions de la commission. C'est beau, on a dit tout à
l'heure qu'on ne voulait pas faire le procès de la CSST. Mais, c'est la
même chose à la CSST. Le président ne décide pas. On
dit qu'il a décidé très peu durant les dernières
années; on nous a dit cela, n'est-ce pas? C'était toujours
décidé et, tout à coup, il a eu à se prononcer,
à trancher. Combien de fois - je pense que c'est cinq ou sept fois - on
a dû... C'est certain qu'il a moins de pouvoirs qu'à la
Régie des entreprises de construction. Le président avait les
pouvoirs. Les régisseurs qui étaient là aussi avaient
seulement des pouvoirs consultatifs. Si on l'intègre dans une Commission
du bâtiment, qu'est-ce que cela va donner? On verra. C'est certain que
les administrateurs ont plus de pouvoir que ceux de la régie pouvaient
en avoir. Ils n'en avaient pas. C'est pour cela qu'on voulait, qu'on tenait
à ce que le président soit désigné - on ne dit pas
nommé - par le conseil d'administration. C'est parce que c'est une
opération sérieuse et qui porte à conséquence.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Middlemiss: Merci.
M. Fortier: J'aimerais avoir certaines confirmations, si
c'était possible. Dans ce tableau-ci concernant les revenus, M. le
ministre - si les chiffres ne peuvent pas nous être donnés
aujourd'hui, est-ce qu'on pourra les avoir, le cas échéant? - ces
revenus proviennent de la perception des droits que le gouvernement
perçoit et qui sont payés au fonds consolidé de la
province présentement. Est-ce qu'il y a des droits qui sont
perçus par ces différentes autorités?
M. Rochefort: La Régie des entreprises de construction
s'autofinance à l'heure où nous nous parlons.
M. Fortier: D'accord. Est-ce que vous avez les chiffres? C'est
combien?
M. Rochefort: Pour la RECQ, actuellement, les revenus sont de
plus de 6 000 000 $ et les coûts réels sont d'à peu
près 4 400 000 $.
M. Fortier: La deuxième autorité, c'est quoi?
M. Rochefort: Le reste, c'est la Direction générale
de l'inspection.
M. Fortier: La Direction générale de
l'inspection.
M. Rochefort:... du ministère qui s'autofinance à
environ 9 500 000 $, pour des coûts globaux d'un peu plus de 29 000 000
$.
M. Fortier: Excusez-moi. Pour des revenus de combien?
M. Rochefort: Pardon?
M. Fortier: Pour des revenus de combien?
M. Rochefort: 9 500 000 $ è peu près, pour des
coûts d'un peu plus de 29 000 000 $.
M. Fortier: 29 000 000 $. Alors là, ce sont les vaisseaux
sous pression, la protection contre le feu, enfin, tout. Quelles sont les
différentes fonctions de la DGI?
M. Rochefort: L'inspection de
l'électricité, l'inspection dans le domaine de la
tuyauterie. Prenons là un exemple.
M. Fortier: Je voulais juste connaître la liste des
fonctions.
M. Rochefort: Oui, mais je veux quand même...
M. Fortier: Oui, d'accord.
M. Rochefort: Je pense que c'est une belle occasion.
Actuellement, toute l'inspection qu'on fait dans le domaine de
l'électricité génère des coûts globaux
d'environ 15 000 000 $ pour lesquels nous allons chercher - on parle du budget
1983-1984 - des revenus du milieu de près de 9 000 000 $, alors que,
dans le domaine de la tuyauterie, on a des coûts globaux qui sont
d'environ 3 300 000 $ pour lesquels nous n'allons chercher qu'environ 500 000 $
de revenus. Là, il y a un problème d'équité.
Comment justifier cela? Je pense que les tuyauteurs ont été
très clairs ce matin ou hier matin à la commission
parlementaire.
M. Fortier: D'accord.
M. Rochefort: Pour les appareils sous pression...
M. Fortier: Est-ce que vous avez une feuille que vous pourriez
nous remettre, M. le ministre?
M. Rochefort: Oui, j'imagine que cette feuille pourrait vous
être transmise.
M. Fortier: J'essaie de voir quels sont les revenus et les
dépenses. En fait, il y a trois directions, il y a trois bureaux...
M. Rochefort: II y en a plus que cela.
M. Fortier:... il y a la régie des entreprises, il y a la
Direction générale de l'inspection, avec différents
services...
M. Rochefort: C'est cela.
M. Fortier:... et il y a l'inspection du gaz, qui était
autrefois la Régie de l'électricité et du gaz.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Fortier: Est-ce que vous avez tout le tableau sur cette
feuille?
M. Rochefort: Ce qui vient de la Régie de
l'électricité et du gaz, compte tenu que c'est le tableau de
1983-1984, ce n'est pas incorporé à cela.
M. Fortier: Si on se réfère aux crédits, on
ne dissocie pas, à la Régie de l'électricité et du
gaz, les coûts entre la fonction spécifique de régie et la
fonction d'inspection.
M. Rochefort: J'imagine que ce serait possible de réussir
à mettre la main dessus.
M. Fortier: En tout cas, est-ce que vous pourriez nous distribuer
cette feuille...
M. Rochefort: Oui,
M. Fortier:... et peut-être avoir le pendant de
l'information en ce qui concerne les revenus et les coûts de la
Régie de l'électricité et du gaz, du moins en ce qui
concerne le service de l'inspection?
M. Rochefort: Je vais tenter de les obtenir.
M. Fortier: Avec la promesse d'obtenir l'information. Je pense
que c'est un sujet important. Je souscris en tout point à ce que vous
avez dit sur l'objectif fondamental, à savoir qu'il s'agit de
responsabiliser le milieu des entrepreneurs, les professionnels et tout cela,
et qu'il n'est pas question de le faire d'une façon abrupte pour que,
pendant un certain temps, il y ait un vacuum d'inspection. Pour ma part, j'y
souscris totalement. Comme de raison, cela pose des problèmes pratiques
et le groupe qui est ici pose des questions pertinentes. Il faut bien
comprendre que les gens qui sont soit à la Régie de
l'électricité et du gaz ou à la Direction
générale de l'inspection font partie de la fonction publique. Je
n'ai pas étudié le projet de loi à fond, mais il me semble
que je n'ai pas vu de dispositions, parce que, s'il y avait une disposition
comme celle qu'on a vue lorsqu'on a créé la Société
immobilière du Québec...
M. Rochefort: Non, ces gens vont demeurer fonctionnaires.
M. Fortier: Est-ce qu'il y a une provision?
M. Rochefort: Ils demeurent fonctionnaires, ce n'est pas comme
pour la SIQ.
M. Fortier: Non, mais, si la nouvelle direction de cette
commission décidait qu'il y avait un surplus de personnel et que le
gouvernement s'engageait à les prendre ailleurs au gouvernement, cela
serait du pareil au même. Les personnes qui perdraient leur permanence...
Il y aurait des ajustements pénibles de fonction, peut-être, mais
la responsabilité financière incomberait au gouvernement.
M. Rochefort: Cela, c'est clair, je suis d'accord avec cela.
M. Fortier: Si on n'a pas de provision comme celle-là, je
crois que l'objectif qui est visé, d'une part, de responsabiliser le
milieu et l'autre objectif, de s'autofinancer, si on n'a pas les dispositions
de transfert de personnel, cela devient aléatoire. Ce qui va arriver,
c'est exactement le scénario que vous avez décrit: vous allez
garder tout le personnel avec tous les droits acquis et vous allez être
obligé d'augmenter les contributions et même l'objectif de
responsabilisation du milieu ne se fera pas, parce qu'il est bien certain - on
en a discuté avec les ingénieurs, les architectes et même
les entrepreneurs - à mon avis, que, si un bureau d'ingénieurs se
donnait un contrôle de qualité et si le gouvernement ou la
commission était satisfaite de ce contrôle de la qualité
à l'intérieur de ce bureau d'ingénieurs, lorsqu'ils
approuvent les différents plans de vaisseaux sous pression, les plans
d'électricité, les plans de protection contre le feu, et si la
commission était satisfaite et que tel ou tel bureau qui a soumis un
programme de contrôle de qualité répond aux exigences,
à ce moment, il ne serait plus nécessaire, pour ces
ingénieurs, de présenter les plans et devis à la nouvelle
commission et, par le fait même, il y aurait un surplus de personnel.
Donc, si c'est cela qui est l'objectif, le problème qui est
soulevé, il va falloir qu'il soit prévu dans le projet de loi
parce que sans cela on n'y arrivera d'aucune façon.
M. Rochefort: Effectivement, il y avait déjà des
dispositions au projet de loi qui indiquaient nos intentions. Comme je l'ai
indiqué à une ou deux reprises, nous avons l'intention d'ajouter
encore plus de précisions quant à la préoccupation
très spécifique que vous venez d'évoquer,
c'est-à-dire qu'on assumera particulièrement les coûts que
générerait une telle situation.
M. Fortier: Je n'ai pas eu de contact avec les gens de la
fonction publique, mais je suis certain qu'ils nous écoutent
présentement, il y en a peut-être ici dans la salle et je pense
bien que, s'ils venaient témoigner, ils seraient les premiers à
exiger d'avoir des garanties. C'est sûr que certains techniciens,
certains technologues, certains ingénieurs qui travaillent à la
DGI veulent savoir ce qui va leur arriver une fois que cette nouvelle loi va
être adoptée. Si on n'a pas les réponses à cela,
d'une part, ce n'est pas équitable pour les employés qui sont au
gouvernement présentement et ce n'est pas équitable pour ceux qui
vont payer la note parce que, éventuellement, vous allez être
obligé, peut-être, d'augmenter les contributions pour pouvoir
payer le surplus de personnel vu que l'objectif qui est poursuivi -tout le
monde est pour la vertu - c'est d'éliminer les contrôles qui sont
superflus. Je demeure convaincu que, si on prend l'exemple des bureaux
d'architectes ou d'ingénieurs qui approuvent des plans et devis en ce
qui concerne les vaisseaux sous pression ou l'inspection électrique et
que, s'il y a un mécanisme de contrôle à l'intérieur
même de ce bureau, à ce moment, il y a un dédoublement
qu'on doit cesser de perpétuer. Si on s'entend là-dessus, il va
falloir prendre les moyens. Je pense que la discussion porte surtout sur les
moyens d'en arriver à l'objectif général que le ministre a
défini tout à l'heure et que vous avez soulevé. Je vous
remercie de l'avoir fait, je pense que votre message a été
entendu.
M. Rochefort: Positivement.
M. Fortier: Si le ministre peut nous donner, demain ou
après-demain, l'information désirée, je
l'apprécierais beaucoup.
M. Rochefort: II n'y a pas problème car je pense que, de
toute façon, cela fait partie des éléments importants qui
sont discutés.
M. Fortier: Merci.
M. Laplante: Seulement quelques remarques. Quand vous parlez du
coût de l'organisme, si, après cinq ans, vous gérez environ
14 000 000 $ là-dedans, je trouve drôle que vous compariez cela
à la CSST qui gère un budget d'environ 1 000 000 000 $ avec 300
000 accidentés.
Il y a d'autres choses sur lesquelles il faudrait
réfléchir: le coût de l'organisme tout comme le coût
de la CSST. Les coûts dépendent aussi des membres et, à la
CSST, les patrons et les syndicats agissent comme administrateurs. S'il n'y a
pas plus de coopération comme c'est le cas de la sécurité
actuellement avec la CSST de la part des patrons... Vous, vous êtes de
ces patrons sur la route. Quand vous effectuez des travaux de réfection
sur la route à certains endroits et qu'il n'y a même pas
d'enseigne pour avertir qu'il y a des travaux qui se font ou seulement un petit
drapeau et que les camions sont tous là, cela fait partie du coût
de la CSST quand il y a des accidents.
Il y a une sensibilisation à faire dans le nouvel organisme qui
serait là par la loi, s'il n'observe pas les règles du nouveau
Code national de la construction, à partir des ingénieurs, etc.
Par exemple, s'ils sont obligés de se faire suivre par des inspecteurs
parce qu'ils sont toujours en dehors de la loi, c'est un coût
additionnel. Le coût qui se fait là-dedans, c'est un coût
qui n'est pas défrayé par vous, c'est toujours le consommateur
qui
le pale parce que c'est pris à l'intérieur...
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Bourassa, si vous avez une question.
M. Laplante: Oui. C'est pris à l'intérieur de vos
prix. Je trouve la comparaison boiteuse - peut-être qu'il y a une petite
haine à l'égard de la CSST - de comparer un organisme de 1 000
000 000 $ à un autre de 14 000 000 $. C'est la remarque que je voulais
faire, M. le Président.
M. Fortier:... un organisme de 1 000 000 000 $.
Le Président (M. Lafrenière): Oui, monsieur. (20 h
45)
M. Houle: Je suis déçu parce qu'il y a un certain
milieu, c'est certain, qui essaie de faire passer les patrons pour des
irresponsables. Je voudrais corriger pour qu'on ne véhicule pas une
opinion semblable. C'est nous qui payons la note. Que ce soit la CSST, on est
conscient de la responsabilité, mais, de là à dire que
cela nous prendrait un inspecteur et des chiens de garde tout le temps autour
de nous, ce sont nos employés, c'est nous qui payons la note, et pour ne
pas se soucier de la sécurité et payer indéfiniment, il
faudrait qu'on soit irresponsable. Je n'ai pas à faire la
démonstration de la responsabilité. Habituellement, quand on met
en place un système où ce sont les gens qui paient qui
administrent la boîte, vous avez un système responsable. Je crois
qu'il y en a qui devraient peut-être aller vivre en. Californie pour voir
ce qu'implique le règlement 13.
Pour ce qui est de couper dans le personnel, c'est certain que ce n'est
pas toujours intéressant. On ne le veut pas, mais, comme on le disait
tout à l'heure, cela prend une entente avec le ministère
concerné. Si vous avez 1000 personnes à 20 000 $ chacune, cela
fait 20 000 000 $. Quand on dit que ce sont des gens qui vont relever de la
fonction publique, c'est sûr que nous ne pouvons pas les mettre dehors
comme cela, il y a une sécurité d'emploi. Alors, cela prend
quelqu'un, cela prend une entente et cela prend un programme. C'est pour cela
que le financement de tout ce programme nous apparaît tellement
important, le financement et le conseil d'administration.
C'est facile de mettre en place des structures où c'est quelqu'un
qui paie. Comme on dit, c'est le consommateur qui paie. Mais, c'est justement,
notre responsabilité, on la pousse plus loin, en ce sens qu'on ne veut
pas repasser la facture au consommateur. C'est évident que, pour la
facture qui est là, on dit: Au lieu de coûter 250 $, cela nous
coûte 2500 $ à la fin de l'année. Il y en a qui s'imaginent
que les 2500 $, nous les mettons dans notre poche. Nous ne les mettons pas dans
notre poche. Cela nous coûte 2500 $, alors il faut refiler à
quelqu'un cette facture. C'est le consommateur qui paie. Donc, notre
responsabilisation va jusqu'au point qu'on ne veut pas refiler cela et on
voudrait rendre tout le monde conscient qu'il faut arrêter de
dépenser, qu'il faut arrêter de monter les prix.
Le Président (M. Lafrenière): M. Houle, pouvez-vous
conclure, s'il vous plaît?
M. Houle: Je croîs avoir terminé. Le
Président (M. Lafrenière): Merci. M. Rochefort: Merci
à tout le monde. ACMQ
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle
l'Association de la construction de Montréal et du Québec.
Je demanderais au porte-parole de s'identifier, s'il vous plaît,
et d'identifier les personnes qui l'accompagnent.
M. Théoret (Jacques): M. le Président, Madame, M.
le ministre, MM. les membres de la commission, nous sommes heureux d'être
ici pour vous livrer nos commentaires sur cette loi.
J'ai avec moi, à ma gauche immédiate, M. Marc
Décarie, président de l'Association de la construction de
Montréal et du Québec; à sa gauche, M. André Morin,
secrétaire honoraire de l'Association de la construction de
Montréal et du Québec. Mon nom est Jacques Théoret,
directeur général de cet organisme.
L'Association de la construction de Montréal et du Québec,
organisme sans but lucratif fondé à Montréal en 1897,
représente actuellement environ 1950 entreprises de construction,
principalement des entrepreneurs généraux et des entrepreneurs
spécialisés, mais également des entreprises de fabrication
et de fourniture de matériaux et d'équipement de construction qui
oeuvrent dans tout le Québec.
Les activités de ces entreprises s'étendent, bon an mal
an, à une proportion d'environ 40 % en valeur des travaux de
construction exécutés au Québec dans tous les domaines
d'intervention du bâtiment et de la construction d'ouvrage de
génie civil tant du côté résidentiel
qu'institutionnel ou commercial.
Rappelons, et nous croyons que c'est important à retenir, que la
construction exécutée au Québec a une valeur annuelle
de
plus de 11 000 000 000 $ et qu'on y voit d'une année à
l'autre entre 70 000 000 et 150 000 000 d'heures exécutées
à pied d'oeuvre seulement.
M. Fortier: Vous avez un mémoire de 33 pages et, comme le
temps avance, je me demandais si le président pourrait vous
suggérer de...
Une voix: De l'abréger.
M. Fortier:... ne pas lire les 33 pages parce qu'on va être
ici jusqu'à 2 heures du matin.
M. Théoret: C'est notre intention, M. le Président,
et peut-être aurais-je dû rassurer la commission sur ce point. Nous
avons à notre corps défendant, évidemment, coupé
dans notre mémoire avant de nous présenter ici ce soir pour ne
pas retarder indûment les travaux de la commission.
Avant de nous attarder au contenu lui-même du projet de loi, il
nous paraît essentiel de passer en revue les objectifs qui avaient
été exprimés par le Conseil des ministres. Par sa
décision du 10 novembre 1982 qu'on a annexée pour nous rassurer
et pour être sûrs que tout le monde l'avait bien en mémoire,
le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur se voyait
confier le soin de préparer un projet de loi portant sur la
création d'un nouvel organisme autonome d'inspection, de qualification
et de normalisation dans le domaine du bâtiment.
Le gouvernement visait donc principalement par cette réforme
à permettre une responsabilisation plus accentuée du milieu de la
construction, à simplifier toute la réglementation et
l'administration dans le secteur du bâtiment et à rationaliser les
activités de qualification et d'inspection. Personne, au départ,
ne pouvait se dissocier d'objectifs aussi louables.
La décision du Conseil des ministres précisait
également que ce nouvel organisme autonome devait refléter, dans
ses structures et ses orientations générales, un juste
équilibre entre les intérêts légitimes des
principaux intéressés.
Nous reprenons par la suite, M. le Président, les notes
explicatives du projet de loi 53 que nous avons - vous l'aurez vu dans le
mémoire - classées par numéro pour être capables d'y
référer plus facilement au cours de notre exposé qui
suit.
Tout d'abord, disons que nous sommes d'accord en principe avec les six
premiers objectifs du projet de loi énumérés ci-haut. Ils
répondent, selon nous, aux objectifs originaux élaborés
dans la décision du Conseil des ministres. Reste à savoir si les
moyens prévus dans le projet de loi y sont conformes ou permettent de
les atteindre.
En second lieu, nous soutenons que tous les mécanismes
nécessaires à l'atteinte des objectifs originaux indiqués
dans la décision du Conseil des ministres existent actuellement et qu'il
n'est besoin que de les rationaliser et de les améliorer. De plus, si
l'utilité d'un seul organisme central nous était
démontrée, celui qui est décrit dans le projet de loi ne
répond certes pas aux objectifs de l'ACMQ quant à ce qu'il
devrait être. En effet, cet organisme ne répond pas, du moins de
façon évidente, à l'objectif de favoriser une plus grande
participation des entrepreneurs et de leurs associations dans l'application de
la loi, objectif avec lequel, évidemment, nous sommes d'accord.
Notre troisième conclusion est que nous sommes en complet
désaccord avec le libellé du huitième objectif qui se lit
comme suit: Permettre aux personnes qui oeuvrent dans l'industrie du
bâtiment d'assumer des responsabilités plus grandes.
À la lecture du texte de la décision du Conseil des
ministres, l'on peut constater que l'intention du conseil était de
"mettre - nous citons - davantage l'accent sur la responsabilité de tous
les intervenants plutôt que sur un système d'inspections
systématiques" et, autre citation, "de rationaliser davantage les
activités de qualification et d'inspection... tout en examinant la
possibilité de diminuer la fréquence des interventions. " Nulle
part dans cette décision n'autonse-t-on ou ne parle-ton d'une
augmentation des contrôles ou des responsabilités.
L'autre objectif indiqué dans le projet de loi est justement de
diminuer les contrôles gouvernementaux dans le domaine du bâtiment.
Ceci répond bien, encore là, aux objectifs déjà
cités de la décision du conseil puisque ceci laisse sous-entendre
l'élaboration de méthodes de responsabilisation du milieu par
lui-même, c'est-à-dire sinon la prise en charge par ce dernier des
mécanismes existants aux fins de rencontrer les différents
objectifs, du moins une plus grande participation dans leur élaboration
et leur mise en application. Or, le libellé de ce huitième
objectif n'est pas exactement conforme à l'objectif original en ce qu'on
y parle d'une augmentation des responsabilités, sans plus.
La lecture du projet de loi nous fournit la réponse à la
question: Est-ce qu'on parle ici d'une augmentation du rôle du milieu
dans l'élaboration des mécanismes ou d'un accroissement des
responsabilités légales? Ainsi que nous le verrons plus tard, il
se caractérise par une pléthore de pouvoirs d'inspection, de
pouvoirs de surveillance, de contrôles et de rapports à être
faits par les entrepreneurs. Où est la logique derrière tout
cela? Où est le bon sens? Où est passée l'intention de
déréglementation et de responsabilisation des intervenants? Nous
l'ignorons. Tout ce que nous pouvons constater, c'est
qu'entre le mandat original et le produit qui nous est maintenant
soumis, il existe, à notre avis, une contradiction, une discordance et
un illogisme qui procèdent d'une méconnaissance dangereuse de
l'industrie de la construction et qui, à eux seuls, justifieraient le
rejet du projet de loi ou, a défaut, son report pour étude et
consultation.
Le projet de loi 53 constitue une loi cadre qui, à certains
égards, va à peine plus loin qu'un livre vert ou un livre blanc,
si l'on veut être conciliant, en ce qu'il énonce en pratique des
hypothèses de solutions, nombreuses et fort générales, qui
ne sont même pas, à proprement parler, des énoncés
de politique, tout en s'attachant, d'autre part, à des détails
fort utiles au demeurant pour l'administration future, mais qui contrastent
étrangement avec la généralité des autres
dispositions du projet et en soulignent, par le fait même,
l'insuffisance.
Ainsi, quant au code de construction, aux attestations de
conformité et aux programmes, on lit, à l'article 11 du projet:
"Le gouvernement adopte un code de construction qui vise à assurer que
les travaux de construction offrent une qualité et une
sécurité satisfaisantes pour le public. " De quel code de
construction est-il question ici? Par une décision ministérielle
récente, l'on avait adopté comme norme pour le Québec le
Code national du bâtiment de 1980 et ses mises à jour. Mais il
existe désormais une nouvelle version à ce code, publiée
il y a deux mois, et dont le gouvernement du Québec n'a pas encore pris
acte.
À l'occasion des consultations de la fin d'avril, le
ministère n'a pas même voulu nous assurer que le code de
construction dont il est question à l'article 11 du projet de loi serait
Je Code national du bâtiment. Il nous apparaîtrait
rétrograde que le Code national du bâtiment,
développé par une autorité reconnue en la matière
et en consultation avec des organismes dont l'expertise ne peut être mise
en doute, soit mis de côté ou ne soit pas adopté à
la faveur d'un code québécois qui ne pourrait être qu'une
réinvention inutile de la roue.
En tout état de cause, l'article 11 ouvre la porte à la
discrétion en cette matière et, à ce titre, nous nous
opposons à son libellé. D'autant plus que l'article 163 du projet
de loi n'a rien pour nous rassurer puisque la nomenclature qu'on y trouve des
normes que le code de construction pourrait contenir n'est même pas
limitative.
Ce code de construction, dont on ne sait pas ce qu'il contiendra,
l'entrepreneur ou le sous-entrepreneur devra s'y conformer, selon l'article 12,
et automatiquement transmettre une attestation de la conformité de ses
travaux au code de construction. Il pourrait s'agir là d'une obligation
lourde, tracassière, souvent inutile et pouvant avoir des effets fort
déplorables pour l'industrie et ceux qui y oeuvrent.
De toute façon, s'est-on seulement demandé si tous les
entrepreneurs sont actuellement en mesure de donner une telle attestation, si
on peut l'exiger d'eux de façon réaliste, alors que les
concepteurs eux-mêmes ne sont pas en mesure de le faire quant à
leurs plans et devis?
Pour les fins de l'argument, pensons simplement, du point de vue
administratif, à la paperasse supplémentaire que cela imposera
aux entrepreneurs et aux sous-entrepreneurs et à la justification ou
prétexte qu'y trouveront assurément certains pour remettre
à plus tard le versement d'un paiment dû. Pourquoi cette
période de cinq ans pendant laquelle l'on devrait conserver copie de
l'attestation?
Nous sommes également d'avis que l'obligation faite aux
entreprises de fournir l'attestation en question serait, souvent bien
inutilement, génératrice de poursuites tracassières et
déraisonnables, ou d'autres plaintes, parce que tout immeuble est
assujetti à des dérogations apparentes, même si elles n'ont
aucun effet négatif, aux normes générales.
Quant au programme de contrôle de la qualité des travaux en
vue d'en assurer la conformité au code, dont parle l'article 19 et
l'article 20, cette obligation pourrait également se
révéler fort onéreuse, sinon impossible à assumer,
et pas strictement du point de vue financier, selon le contenu du code
proposé, toujours, la nature du programme qui pourrait être
exigé, et les cas dans lesquels la commission pourrait le faire. Encore
ici, nous nageons dans l'inconnu quant aux intentions du législateur ou
quant aux exigences éventuelles de la commission. (21 heures)
Quant à la sécurité du public, l'article 25
contient une définition du bâtiment résidentiel qu'il
pourrait être intéressant de retenir comme définition
clé de ce qu'est le secteur résidentiel, même aux fins
d'autres lois et règlements. Mais notre enthousiasme s'arrête
là à l'égard du chapitre sur la sécurité du
public, non pas que nous en ayons contre le public, s'il est besoin de le dire,
mais le libellé de plusieurs articles de ce chapitre a de quoi, encore
une fois, nous inspirer de graves craintes.
Sur la qualification et son principe, nous nous y reconnaissons mieux,
puisque nous avons vécu la régie des entreprises depuis ses
débuts et, bien avant cela, les nombreuses représentations que
nous avions faites aux autorités depuis 1960 au moins sur la
nécessité d'établir des contrôles qualitatifs
valables et de les appliquer aux entreprises qui veulent oeuvrer dans
l'industrie québécoise de la construction.
Nous reviendrons sur ce principe dans la conclusion de notre
mémoire. Il y a,
cependant, à partir de l'expérience vécue et
à l'analyse de certains des articles du chapitre sur la qualification,
certaines notes que nous aimerions ajouter au débat.
Premièrement, outre qu'à notre avis le libellé de
l'article 38 soit erroné, nous tirons un certain réconfort de ne
pas trouver dans la liste des exclusions que comporte cet article le
gouvernement, ses ministères et les organismes qui en sont mandataires,
lesquels, dit l'article 5 du projet, seraient liés par la
présente loi.
Mais nous aimerions être assurés que l'on fait aussi
référence ici à des institutions parapubliques
subventionnées telles la SQAE, les institutions du réseau des
affaires sociales et celles du réseau de l'éducation. Nous
pensons évidemment au problème de cet hôpital universitaire
de Sherbrooke qui avait sa petite licence d'entrepreneur d'ascenseur, de
même qu'à tous les autres organismes para, péri ou
pseudo-gouvernementaux qui profitent, directement ou indirectement, de la
bienveillance du gouvernement.
Nous sommes également fort perplexes à l'égard du
caractère discrétionnaire de l'article 52 et de l'article 54
quant aux "autres qualités... conditions... renseignements... que la
commission pourra exiger par règlement. " À ce même titre,
l'article 64 du projet nous laisse également trop peu renseignés
sur les critères que la commission pourra utiliser pour évaluer
la gratuité ou la fréquence des infractions à la Loi sur
la protection du consommateur, à la Loi sur la santé et la
sécurité du travail ou à toute disposition de la Loi sur
le bâtiment comme justification de la suspension, de l'annulation ou du
refus de renouvellement d'une licence.
La Commission du bâtiment serait l'élément
déterminant de l'efficacité de la loi proposée et
posséderait à ce titre des pouvoirs énormes pour la
réalisation d'objectifs fort complexes et parfois difficiles à
concilier. Pourtant, l'on n'a pas cru utile de préciser dans le projet
la composition de la commission, les qualités que devraient avoir ses
membres ou la liste des organismes dont ils devront provenir. Tout ce que l'on
sait, c'est que la commission aura au plus quinze membres et qu'ils seront
nommés par le gouvernement.
N'est-ce pas là de la part du gouvernement se réserver un
contrôle fort important, compte tenu des vastes pouvoirs qu'auront les
membres de la commission, alors que les notes explicatives du projet de loi
parlent de diminuer les contrôles gouvernementaux dans le domaine du
bâtiment? Est-il plausible que des entreprises de construction
sérieuses ou les associations qui les représentent soient
prêtes, d'emblée, à se soumettre à une telle
autorité et à des pouvoirs quasi illimités, sans aucune
garantie de sa composition ou de la représentativité des membres
de la commission proposée?
Passons maintenant à la délégation. L'article 124
prévoit la délégation éventuelle par la commission
à une association ou à un groupe d'associations d'entrepreneurs
des fonctions relatives à la qualification des entrepreneurs, aux
attestations de conformité et aux programmes de contrôle de la
qualité des travaux.
De quelles associations ou groupes parle-t-on ici? Des quatre
groupements dits traditionnels qui demeurent, une fois exclues les deux
corporations, vu les dispositions très spéciales du projet de loi
à l'égard de ces dernières? De l'une ou l'autre des seize
-dix-sept maintenant, paraît-il - associations affiliées à
la Fédération de la construction du Québec? De toutes ou
plusieurs des régionales de l'APCHQ? Des multiples regroupements
techniques et/ou spécialisés qui gravitent autour de l'industrie
québécoise de la construction? De nouveaux organismes qui ne
manqueraient pas de se découvrir une mission et de se former à la
faveur ou dans le but de profiter de la loi proposée?
Même si l'on restreignait aux quatre grandes associations
restantes, comme cela devrait être, à notre avis, la
délégation prévue à l'article 124, il n'est pas
avéré qu'elles auraient au départ des approches, ou
même des conceptions conciliables des intérêts de
l'industrie ou des moyens à prendre pour arriver à l'objectif
proposé ici. Ce n'est pas un texte législatif vague qui, à
lui seul, pourra l'assurer ou garantir les changements de mentalités
requis à ce titre. De fait, dans sa formulation actuelle, l'article 124
pourrait être générateur d'un plus grand
éparpillement des forces patronales, sinon de divisions profondes et
irréversibles. Ce serait le fléau, que nous ne voulons pas, du
bien que nous veut le gouvernement.
Il faudrait, au minimum, nous accorder un délai suffisant pour
nous concerter, pour dégager les implications du projet, en analyser les
coûts et autres conséquences et formuler, à la faveur d'une
aide technique essentielle, des plans d'action qui pourraient être
communs ou parallèles et, par surcroît, aussi peu mercantiles que
possible.
Sur le financement, la commission finance ses activités, dit
l'article 141 du projet de loi, à même les revenus qu'elle
perçoit. Il faut lire cet article, quant à nous, avec, entre
autres, les articles 267 et 268, en vertu desquels le personnel actuel de la
Régie des entreprises de construction du Québec deviendra le
personnel de la commission, ainsi qu'une bonne partie des effectifs du
ministère, ceux qui occupent des fonctions dans les domaines
dévolus à la Commission du bâtiment.
Dans un document de travail, remis en novembre 1984 par le ministre de
l'époque à
bon nombre d'organismes concernés, l'on déclarait que les
coûts combinés de la Régie des entreprises de construction
du Québec et de la Direction générale de l'inspection
représentaient, en mars 1984, 33 700 000 $ pour des effectifs de
890.
L'objectif gouvernemental déclaré est l'autofinancement
complet de la Commission du bâtiment. Cet autofinancement devrait
être assuré à même les revenus perçus des
entrepreneurs, architectes, ingénieurs et propriétaires.
Lors d'une session d'information, organisée par le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur le 24
avril 1985, nous avons compris que les projections de coûts et
d'effectifs requis qu'avançait le document ministériel de 1984 ne
tenaient plus; mais l'on n'a pas su nous dire ce que le projet de loi 53
coûterait à l'industrie. Si on le peut maintenant, nous aimerions
bien en être avisés. Quant à nous, il nous est impossible
de le calculer; nous serions surpris, cependant, que la note ne soit pas
très importante.
De toute façon, l'on admettra que les pouvoirs donnés
à la commission de choisir son mode de financement et de
déterminer annuellement les cotisations des entrepreneurs et des
propriétaires en conséquence. Les sommes qu'elle pourrait exiger
à cette fin selon l'article 142, ont de quoi faire peur aux plus calmes
de nos membres!
Quels seront les coûts sociaux de tout ce projet:
réglementation accrue, fardeaux administratifs et autres,
augmentés et complexes, à être assumés par les
entreprises de construction, leurs associations, les concepteurs et les
propriétaires? Quelles en seront les répercussions sur
l'économie du Québec et sur les marchés qui s'offriront
à l'industrie de la construction? Ce ne sera que difficilement qu'on
pourra, à l'égard du financement, nous rassurer quant à
l'ampleur des besoins éventuels et aux coûts directs et indirects
qui en découleront.
Si le temps nous l'avait permis, M. le Président, nous aurions
aimé traiter aussi d'autres questions, dont, en particulier, la
délégation aux municipalités et le code de
sécurité, ou les pouvoirs qui seraient accordés à
la commission en matière de vérification de matériaux ou
des méthodes de construction. Le dépôt de notre
mémoire, cependant, nous rassure un peu. Nous continuerons maintenant
avec notre conclusion.
Ce n'est pas d'hier que l'Association de la construction de
Montréal et du Québec prône certains principes que reprend,
en filigrane, le projet de loi qui nous occupe ici. Ainsi, nous sommes depuis
toujours d'avis que seules des personnes dont la compétence est
avérée doivent pouvoir exercer la profession d'entrepreneur de
construction.
Mais c'est aussi notre conviction la plus profonde que l'association
devrait participer directement à l'établissement de
critères objectifs et à l'application des contrôles
qualitatifs requis en matière de qualification professionnelle des
entrepreneurs. Notre association voit constamment, par l'organisation de
nombreux cours et séminaires, à ce que l'entreprise de
construction acquière les connaissances nécessaires pour
répondre à des critères maximaux de qualification
permanente, qu'elle maintienne cette qualification durant l'exercice de la
profession et qu'elle améliore ses connaissances, compte tenu des
besoins changeants de l'industrie.
Nous croyons aussi que, comme législateur, l'État a le
devoir de tenir compte de l'importance de l'industrie de la construction dans
l'économie et, en conséquence, de veiller à la
stabilité et à l'épanouissement de ce secteur.
À ce titre seulement, nous affirmons devant cette commission
notre conviction que nous pourrons, en collaboration, s'il le veut bien, avec
le gouvernement, faire petit à petit quelque chose de plus pour et de
l'industrie de la construction. Il faut, outre la vieille maxime selon laquelle
"patience et longueur de temps font plus que force ni que rage", retenir aussi,
comme la tortue ou le lièvre de la fable, que "rien ne sert de
courir".
Comme nous l'avons dit dans notre mémoire d'aujourd'hui, le
projet de loi n'établirait qu'un cadre outrageusement large qui ne
remplit pas toujours les objectifs premiers, tout en donnant lieu à la
réalisation d'autres objets qui vont, à notre avis, beaucoup plus
loin par leurs conséquences que les intentions originales du Conseil des
ministres.
Il en résulterait potentiellement une mise en tutelle pure et
simple de l'industrie, et c'est cette dernière qui devrait par
surcroît financer l'opération, à la faveur d'une loi qui a
la prétention, par l'expression des hypothèses formulées
dans certains articles, de modifier en profondeur les structures que s'est
données l'industrie québécoise de la construction et les
mentalités qui l'animent, sans que de telles modifications soient
toujours essentielles.
Par ailleurs, la démarche annoncée de responsabilisation
des entreprises - que l'on ne peut pas, à notre avis, espérer
réaliser par l'exercice d'une autorité suprême où de
contrôles tracassiers et coûteux et souvent inutiles - est assez
peu présente, c'est le moins qu'on puisse dire, dans le projet de
loi.
Comme nous l'avons dit ailleurs, nous nageons dans l'inconnu le plus
complet quant aux intentions du législateur ou aux exigences
éventuelles de l'organisme central proposé, que ce soit sur le
contenu du code
de construciton proposé, la teneur des nombreux règlements
que pourraient édicter le gouvernement lui-même et la Commission
du bâtiment, la composition même de la commission en question et
bien d'autres éléments du projet de loi.
Le projet de loi 53 comporte donc trop de lacunes sérieuses pour
que nous puissions raisonnablement l'endosser.
Comme nous l'avions déjà dit à M. le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur, dans notre mémoire de
novembre 1984: Les objectifs de la réforme proposée ne devraient
pas tous être recherchés en même temps. C'est pourquoi nous
proposons une approche nouvelle qui, même si elle implique que l'on
renvoie le projet à ses auteurs, nous semblerait plus adaptée
à la situation. Nous proposions à cette fin au ministre
responsable d'envisager séparément, pour atteindre les objectifs
recherchés, trois fonctions principales: la fonction professionnelle, la
fonction de la sécurité du public et la fonction de la protection
du public acheteur de construction.
Cette solution, que nous avions quelque peu élaborée dans
notre mémoire de l'époque, nous la prônons toujours. Et
nous voulons assurer le ministre et votre commission que nous serions fort
heureux de contribuer activement à une révision fondamentale en
ce sens.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M.
Théoret. M. le ministre.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je veux remercier le
président, le directeur général et le secrétaire de
l'Association de la construction de Montréal et du Québec de leur
présence parmi nous, du mémoire qu'ils nous soumettent et de
l'intérêt qu'ils ont porté au projet de loi jusqu'à
ce jour.
Je dirai, M. le Président, que, s'il est vrai que rien ne sert de
courir, il faut partir au bon moment, je pense que, effectivement, nous n'avons
pas couru très fort au cours des deux dernières années et
demie, mais que nous avons travaillé d'un pas sûr et d'un pas qui
nous a permis d'atteindre des résultats qui, jusqu'à maintenant,
ont été jugés, dans l'ensemble, très satisfaisants
par l'ensemble des intervenants du milieu qui se sont présentés
devant nous à ce jour et aussi par des groupes qui, d'ailleurs, ont
choisi - c'est ce qui explique que nous tenons la commission sur deux jours
plutôt que sur trois jours - de ne pas se faire entendre par la
commission, compte tenu de leur satisfaction quant aux différentes
dispositions contenues au projet de loi.
Je dirai aussi que bon nombre des représentations qui nous ont
été faites jusqu'à maintenant, au-delà des accords
qui nous avaient été donnés par les différents
intervenants et des demandes additionnelles qu'ils nous ont faites au cours de
la commission, ont été, je pense, à ce jour, assez bien
solutionnnées et ont connu des réponses jugées par ces
mêmes intervenants satisfaisantes. Il est évident que nous ne nous
limiterons pas aux discours. Les engagements que nous avons pris depuis le
début de la commission seront tout aussi bien remplis que tous ceux que
nous avions pris depuis le début des travaux entourant la
préparation du projet de loi et qui ont été
intégrés, jusqu'à ce jour, au projet de loi 53. (21 h
15)
Je dirai donc, M. le Président, que je pense que, dans la mesure
où l'on souhaite, effectivement, atteindre les objectifs qui sont les
nôtres et qui sont ceux partagés par l'ensemble des intervenants
du milieu, la démarche à laquelle nous en sommes rendus devrait
plutôt nous permettre de creuser les points qui posent encore des
problèmes, qui nécessitent des précisions, des balises
additionnelles, de façon que nous ne passions pas tout notre temps
à nous préparer, à réfléchir et à
discuter, mais que finalement, un jour, l'ensemble de cette législation
voie le jour, compte tenu de l'importance, du temps, des énergies et de
la contribution que chacun des intervenants y a mis jusqu'à
maintenant.
En tout cas, en ce qui me concerne, je dirais qu'un des points
fondamentaux qui se retrouvent en trame de fond pour beaucoup des
représentations qui sont contenues au mémoire de l'ACMQ tourne
autour de qui sera à la Commission du bâtiment. Dans la mesure des
précisions, je crois, que j'ai déjà apportées et
des précisions additionnelles auxquelles je me suis
référé jusqu'à maintenant, je pense qu'il y a de
bonnes chances qu'on puisse revoir un certain nombre de positions. Par exemple,
j'ai le goût de poser une question immédiatement aux gens qui sont
devant nous. Dans la mesure où on reconnaîtrait formellement dans
le projet de loi que la Commission du bâtiment serait dirigée par
un conseil d'administration composé majoritairement de
représentants, de gens qui sont issus des associations les plus
représentatives, est-ce que toute cette expectative, toutes ces
craintes, ces appréhensions quant aux décisions de la commission
- parce que c'est bien de cela qu'on parle dans l'essentiel du mémoire,
ce sont des craintes quant aux décisions de la Commission du
bâtiment -dans la mesure, dis-je, où il serait reconnu
formellement que la majorité des membres de la commission proviendrait
des associations les plus représentatives, est-ce que vous maintenez
l'ensemble de vos appréhensions?
M. Théoret: Cela serait bien, évidemment, qu'on
nous rassure et que le
texte qui nous a été présenté - parce qu'il
faut bien comprendre quand même que le mémoire qu'on a
présenté à cette commission, nous l'avons
préparé sur le contenu du texte de loi tel qu'il nous a
été présenté - cela serait évidemment bien,
dis-je, que nous soyons au moins rassurés par le texte sur la
composition de cette commission.
Il reste qu'il y a d'autres éléments qui nous
inquiètent. Même si nous n'en avons pas traité de
façon très détaillée ce soir, la question du
coût de toute cette entreprise, si on peut dire, nous inquiète
énormément. Nous sommes un peu moins optimistes, si vous voulez,
que nos prédécesseurs à cette tribune quant à ce
que pourra éventuellement coûter cette commission aux entreprises
de construction, au consommateur dans les cas où nous avons affaire
à lui, mais aussi, de façon - nous l'avons dit quelques fois
-inutile si les règlements à venir n'étaient pas
très précis là-dessus, à des entrepreneurs qui
n'ont, ma foi, pas tellement souvent affaire au consommateur, pas tellement
à donner, en plus de toutes les garanties qu'ils donnent
déjà et qu'ils sont appelés à donner à des
propriétaires sur la conformité de leurs travaux au code de
construction, des programmes de garantie, des attestations de
conformité, etc.
Il demeure que l'industrie de la construction on a beaucoup parlé
de résidentiel depuis hier matin - représente, d'une année
à l'autre, entre 25 % et 30 % du volume des travaux de construction qui
se font au Québec. Tout le reste, c'est du commercial, de l'industriel,
de l'institutionnel qui implique très peu le consommateur et encore
moins dans le cas des travaux de génie civil.
Donc, comment est-ce que ce sera redivisé, redistribué aux
entreprises? Nos membres ont - et nous ne sommes pas les premiers à le
dire ici - des expériences fort malheureuses avec l'augmentation
galopante des coûts, par exemple, à la CSST, et c'est fort
inquiétant pour nous toute cette question de l'autofinancement dont on
parle dans le projet de loi.
Il faudra certainement qu'il y ait des précisions fort nombreuses
pour que nous soyons vraiment d'accord avec le projet, ce qui n'implique pas,
évidemment, que nous ne continuerons pas à suivre
l'évolution de ce dossier. On l'a assuré à M. le ministre
et è cette commission en terminant notre mémoire; nous essaierons
de collaborer le plus possible, mais nous avons des opinions et nous aimerions
bien qu'elles soient respectées et entendues.
M. Décarie (Marc): Je pourrais peut-être expliciter
cela davantage.
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
M. Décarie: La question, à l'origine, était
de savoir si le gouvernement nous disait que le conseil d'administration...
M. Rochefort: Si on l'incluait dans le projet de loi.
M. Décarie: Oui. Disons que, si c'était fait... Il
est évident que nous, on prône, si on veut nous responsabiliser,
le contrôle du conseil d'administration par les entrepreneurs. La
majorité du rapport s'inquiète du fait qu'aucune des stipulations
qu'on nous propose d'amener par la suite par règlement n'est vraiment
explicitée. Il est évident que, si vous tenez compte de chacune
de ces appréhensions et que vous les qualifiez, que vous les inscrivez
dans le projet de loi d'une façon très claire, toute la teneur de
notre rapport change, à ce moment-là. On prend ce que vous nous
dites et on l'analyse, c'est-à-dire qu'on prend ce que vous nous
écrivez et on l'analyse sur ce qu'on perçoit être sa
valeur. Ce qu'on a tenté de vous exprimer ici, c'est notre
inquiétude vis-à-vis d'un projet de loi qui, en fait, à
notre avis, est trop large, trop vague. C'est un peu le problème qui a
été exprimé récemment tors d'une réunion
d'un comité du Parlement; je crois que cela dépendait de M.
Vaugeois à l'époque. C'est presque un modèle de ce qu'il
ne faut pas faire, à notre avis, quand on rédige un projet de
loi. J'avoue qu'on n'y connaît pas grand-chose, mais on a semblé
déceler dans les études faites récemment qu'on
déplorait, au gouvernement et dans l'Opposition, la manie de plus en
plus grandissante d'écrire des projets de loi qui laissent le plus de
latitude possible à la réglementation ultérieure. On n'a
pas une bonne expérience de ce côté.
M. Rochefort: M. le Président, je compléterai,
compte tenu des réponses qui me seront faites, les commentaires que le
mémoire suscite chez moi. Pour ce qui est de la Commission du
bâtiment, je pense que je n'ai pas à revenir sur des choses que
j'ai répétées plusieurs fois aujourd'hui. Je sais que M.
Théoret, entre autres, a assisté religieusement à nos
travaux et je pense qu'il est au courant des positions que j'ai
énoncées jusqu'à maintenant. Quant au financement, on a eu
une discussion fort constructive avec les gens qui vous ont
précédés. J'ai indiqué, là aussi, quelles
étaient les intentions du gouvernement, notamment à la suite de
questions du député d'Outremont.
Concernant la qualification, vous nous dites, entre autres, dans votre
mémoire que j'ai relu pendant que vous le lisiez: Écoutez, au
minimum, il va falloir nous donner des délais pour qu'on ait le temps de
travailler ensemble et de se concerter. Effectivement, le projet de loi ne
prévoit pas que l'article
qui autorise la commission à déléguer la
qualification entrera en vigueur le lendemain de son adoption.
Concernant le pouvoir réglementaire que vous avez abordé,
je vous dirai, d'une part, que vous vous amuserez, dans vos moments de loisir,
si jamais c'est un sujet qui vous préoccupe particulièrement,
comme vous semblez l'indiquer, à essayer de dénombrer le nombre
de règlements qu'autorisent actuellement les dix lois réunies
dans cette nouvelle Loi sur le bâtiment. Vous verrez qu'il y a là
non pas un grand pas en avant, mais quasiment une révolution en termes
quantitatifs, quant à la différence. Deuxièmement,
l'ensemble de ces règlements, il faut bien le comprendre, ce ne seront
pas des règlements du gouvernement, mais, pour la plupart, des
règlements qui seront établis par la Commission du
bâtiment. Compte tenu, je le répète, des discussions qu'on
a eues quant à sa composition, j'imagine que le milieu doit faire
confiance au milieu; j'imagine, en tout cas.
J'aurais peut-être une question... Sur le code, je pense que j'ai
été clair aussi là-dessus aujourd'hui, à savoir
quel code on prendra. La décision qui a été prise l'an
dernier d'adopter le Code national du bâtiment n'a pas pour but
d'être une bonne idée sur une période de dix ou vingt ans.
C'est qu'on voulait inscrire qu'à partir de ce moment c'était
là que nous logions au niveau des codes, que c'était comme cela
que nous avions l'intention de fonctionner. Le nouveau code est entré en
vigueur. J'ai indiqué à d'autres organismes, au cours de la
journée, les raisons qui font qu'il n'est pas encore automatiquement
entré en vigueur. Le député d'Outremont y est même
allé avec une suggestion qui, je pense, mérite d'être
considérée là-dessus. Il est évident qu'il faudra
toujours se garder la possibilité, le temps de le regarder avec le
milieu et de voir quels sont ces amendements, tout aussi mineurs qu'ils soient,
que nous souhaiterions tous ensemble y apporter.
Sur la question des attestations de conformité, des programmes
d'autocontrôle, j'ai une seule question à vous posers Est-ce que
vous êtes d'accord, oui ou non, pour que les entrepreneurs soient
responsables de réaliser des travaux qui sont conformes au code?
M. Théoret: C'est sûr.
M. Rochefort: Si vous me dites oui, en conséquence,
comment y arriver si on n'y arrive pas, entre autres, ou bien par un
système serré beaucoup plus considérable que celui que
nous connaissons actuellement de contrôle et d'inspection
gouvernementale, ou bien par des programmes d'autocontrôle, notamment par
l'attestation de conformité et ces choses-là?
M. Théoret: M. le Président, en réponse
à cette question, je voudrais peut-être revenir un peu à la
distinction que j'ai tenté de faire par les chiffres entre les
différents secteurs de la construction. Il est clair que, dans tout ce
qui s'appelle travaux de bâtiments institutionnels, de bâtiments
commerciaux, même de petites usines, dès lors qu'il y a
intervention d'un professionnel, d'abord on peut quand même se fier un
peu au contenu des plans qui sont présentés. De toute
façon, les propriétaires n'attendent pas qu'il y ait des
programmes de conformité établis, uniformes, avec des
attestations et tout le bataclan. Ils en sont fort conscients et, dans leurs
devis, dans leur conditions générales de marché, etc., ils
exigent également des garanties financières de la part des
entrepreneurs avant, pendant et après.
C'est cette espèce de généralité de la loi,
par rapport à des cas qu'il nous semble inutile de toucher par d'autres
réglementations, que nous contestons peut-être un peu; la
nécessité, dans bien des cas de travaux de construction qui se
réalisent au Québec chaque année, d'exiger des
attestations de conformité, des programmes de garantie, etc. Je sais
bien, encore une fois, que c'est dans tes cas déterminés par
règlement qu'on pourra faire ces demandes. Seulement, le projet de loi
ne nous le dit pas de façon très précise, encore une fois,
et c'est un autre caveat que nous avons voulu lancer devant cette commission,
tout simplement.
M. Rochefort: M. le Président, dans la réponse que
vous nous faites, vous semblez vous interroger, sauf erreur, vous avez
peut-être même affirmé que les plans de garantie, il ne faut
pas que cela couvre trop de choses. Je pense que la loi est assez claire au
sujet du type de bâtiments qui seront couverts par les plans de garantie.
J'imagine que vous ne vous êtes pas opposés à l'existence
des plans de garantie pour les cas qui sont prévus au projet de loi.
M. le Président, en conclusion, compte tenu du temps, je dirai
deux dernières choses. D'abord, on dit qu'on augmente les
responsabilités des entrepreneurs. Les responsabilités des
intervenants sont toujours les mêmes, sauf que nous souhaitons que, par
un processus d'une plus grande responsabilisation, ces responsabilités
restent au niveau de ceux et celles qui ont à les assumer plutôt
que de remonter dans un processus de contrôle et d'inspection. (21 h
30)
Finalement, quant à un des éléments importants de
votre mémoire, vous dites que, pour les objectifs, on devrait
peut-être y aller un à un plutôt que d'y aller globalement.
Je vous dirai deux choses qui ont été très bien
démontrées par un des
groupes qui se sont présentés devant nous aujourd'hui.
C'est que ces objectifs sont très intimement interreliés les uns
aux autres. Je crois que c'est entre autres ce que le projet de loi affirme,
mais en même temps nous sommes conscients qu'il ne s'agit pas d'une
réforme qui doit être mise en place et réalisée du
jour au lendemain. Les différents objectifs seront atteints
graduellement. C'est un peu ce qui explique que nous y allons par une loi
générale, une loi-cadre comme on dit dans le jargon du
métier, plutôt que par une succession de lois qui viendraient les
unes à la suite des autres, compte tenu de l'évolution qu'aurait
connue le milieu.
M. le Président, ce sont les principaux commentaires que je
voulais faire quant au mémoire qui nous a été
présenté. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Même si vous
concluez que vous ne croyez pas que le projet de loi devrait être
adopté immédiatement, vous avez démontré que vous
êtes certainement concernés par la Commission du bâtiment.
Dans le projet de loi, on suggère quinze membres. En mettant de
côté votre position, est-ce que vous croyez que quinze membres
c'est suffisant? Ou est-ce que vous croyez que cela devrait être un plus
petit nombre?
M. Théoret: M. le Président, à cette
question, je répondrai d'abord qu'étant donné que,
lorsqu'on partira d'ici ce soir, on aura entendu 18 groupes et que certains ont
même prévu vouloir nommer plus d'un membre à la commission,
on va certainement se retrouver avec une commission de 25 ou de 30 membres,
sans compter ceux qui ne sont pas intervenus parce qu'ils étaient
satisfaits du projet, comme l'a dit M. le ministre tout à l'heure.
Sur une note un peu plus sérieuse, il nous semblait - et
c'était la solution que nous avions proposée au ministre, en
novembre 1984 - que, si on utilisait les outils, la Direction
générale de l'inspection par exemple ou la régie de
entreprises ou l'Office de la protection du consommateur qui sont
déjà des structures en place, et qu'on se servait de ces
véhicules pour atteindre les trois objectifs principaux sans
nécessairement créer cet organisme central -à moins que ce
ne soit un organisme de supervision et alors la composition pourrait en
être un peu différente - il nous semblait donc que cela rendrait
moins importante la Commission du bâtiment si on conservait les
organismes en place. À quinze membres, il me semble que
l'expérience veut que ce soit "gérable", si vous voulez. La
question est de savoir toujours de quoi sera faite la commission et de qui sera
composée la commission. J'ai bien entendu les assurances que M. le
ministre nous a faites tout à l'heure ou, enfin, sous forme de question,
il nous a dit: Si la commission était majoritaire, est-ce que vous
seriez pîus d'accord avec le projet de loi? Majoritairement, donc,
composée de personnes qui viennent de l'industrie de la construction. Il
nous semble que oui. Le nombre de quinze membres, quant à nous, cela ne
nous fait ni chaud ni froid.
M. Décarie: Pour aller un peu plus loin dans ce sens, on
m'a rappelé un peu plus tôt ce soir que notre conseil
d'administration à l'ACMQ se compose de seize membres. On pense qu'on
s'administre assez bien. Alors, quinze membres, cela ne nous semble pas
particulièremet mauvais comme nombre, c'est aussi bon que seize
probablement.
M. Middlemiss: À part avoir une majorité qui
provient du domaine des entrepreneurs en construction - il y en a qui nous ont
dit, comme l'Ordre des ingénieurs, l'Ordre des architectes, que
quelqu'un pourrait représenter les consommateurs et même on est
allé jusqu'à dire un salarié - la composition, la
voyez-vous différemment?
M. Décarie: Disons que, si l'on veut vraiment créer
un conseil d'administration -je crois que le point a déjà
été fait par d'autres organismes qui ont fait des
représentations - cela ne doit pas être un forum. Ce n'est pas
pour dire qu'un forum n'est pas une bonne chose; il y en a qui ont
suggéré de créer un forum à l'intérieur de
l'organisme pour permettre à tous les intervenants possibles de
s'exprimer. Certainement que, si le conseil d'administration doit administrer,
il ne faut pas que ce soit un fardeau, il ne faut pas que les gens se battent
entre eux et essaient de faire triompher leur philosophie personnelle, sociale,
politique ou administrative. Il y a probablement lieu de créer un forum
dans ce sens-là; mais, à mon avis, et je pense à
l'organisation que je représente, ce n'est pas au conseil
d'administration qu'il faut faire cela. Le conseil d'administration doit
gérer, il doit donc être composé de gens dont les vues
sont, du moins au point de vue administratif, assez semblables.
M. Middlemiss: Est-ce que vous êtes un peu d'accord avec la
position des gens qui vous ont précédés, l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec, qui avaient la
même appréhension sur le fonctionnement et aussi le coût de
cette Commission du bâtiment?
M. Décarie: Sur le coût, on a de graves
appréhensions, de très graves appréhensions.
M. Théoret: II nous semble même - et ça, je
pense que c'est venu du ministère -que les projections auxquelles ont
référé nos prédécesseurs à cette
table, M. le Président - d'ailleurs, je pense qu'on l'a mentionné
aussi dans notre mémoire - ne pouvaient plus valoir. Ce que nous
craignons, j'ai tenté de l'exprimer tout à l'heure, c'est que les
33 700 000 $ dont on parlait en mars 1984 ne deviennent très rapidement
50 000 000 $, 60 000 000 $ ou 70 000 000 $, compte tenu de toutes les fonctions
qu'aura è assumer la commission, peut-être graduellement, mais
éventuellement, lorsqu'on pense à la surveillance de la
délégation, par exemple, quand on pense à ce que cela
pourrait représenter comme coût au point de vue de
l'administration de ces délégations seulement; il nous semble que
cela peut devenir énorme.
M. Middlemiss: D'accord. Durant vos questions au ministre - je
pense qu'il n'a pas donné de réponse - vous avez mentionné
que, lors d'un "briefing" organisé par le ministère de
l'Habitation, le 24 avril 1985, vous avez compris que les projections de
coûts et d'effectifs requis qu'avançait le document
ministériel de 1980 ne tenaient plus... Est-ce que le ministre
pourrait... D'accord. Nous avons compris que les projections de
coûts...
M. Rochefort: À quelle page êtes-vous, ce serait
peut-être plus facile à suivre.
M. Middlemiss: Page 30. "... et d'effectifs requis
qu'avançait le document ministériel de 1984 ne tenaient plus,
mais l'on n'a pas su nous dire ce que le projet de loi 53 coûterait
à l'industrie. ". Est-ce que vous avez des projections de coûts
qui sont plus à jour que les 33 000 000 $ dont s'est servi l'ACMQ?
M. Rochefort: C'est toujours la même chose, M. le
Président, ce sont les mêmes documents d'ailleurs et je me suis
engagé auprès du député d'Outremont à les
remettre à jour, notamment en fonction de la Régie de
l'électricité et du gaz. Ce qui peut être différent
dans la façon et dans l'impression que les divers documents de
consultation qui ont circulé peuvent avoir créé, c'est
qu'on tenait pour acquis qu'automatiquement il y aurait à peu
près 50 % des effectifs des deux organismes qui seraient réduits
sur une période de cinq ans.
Moi, ce que je dis - je n'ai pas besoin de le répéter, je
l'ai déjà dit deux fois aujourd'hui - ce que je dis, c'est qu'on
va mettre en place l'ensemble du cadre que crée le projet de loi 53 et,
selon les évaluations qui seront faites quant à la performance au
niveau de la qualité des travaux et de la sécurité des
édifices publics, nous évaluerons dans quelle mesure justement on
peut y aller par de la rationalisation, en assumant pleinement comme
gouvernement les responsabilités qui nous incombent quant, notamment,
aux rigueurs de la Loi sur la fonction publique, la sécurité
d'emploi, etc. II est clair que cela ne doit pas devenir un objectif de
départ. L'objectif, ce n'est pas cela; l'objectif, c'est la
qualité, c'est la sécurité.
M. Middlemiss: Mais cette appréhension, elle devait
être basée sur un document. Quelles étaient ces projections
qu'on avait en 1984, cela devait être basé sur des chiffres?
M. Théoret: M. le Président, on avait un tableau
qu'on n'a pas relu ce soir devant la commission, mais on avait reproduit
effectivement le tableau qui avait été produit dans un document
de consultation l'automne dernier. Vous le retrouverez probablement è la
page 27.
Mais les prémisses de ces projections, on ne les a jamais
vraiment connues. On nous indiquait qu'il y aurait réduction. On
arrivait à 100 % d'autofinancement, mais sur des coûts
sensiblement réduits par rapport aux 33 000 000 $ qui existent
présentement. D'ailleurs, le ministre semble le confirmer. Cela nous
semble difficile de penser à une réduction de coûts
semblable sur les cinq ans avec tous les pouvoirs, parce que le projet de loi
que nous avons présentement est, dans certains cas, beaucoup plus large
et implique beaucoup plus de mesures de surveillance, par exemple, de
délégations, de contrôles, etc., que ce qui était
prévu à l'époque.
Cela nous semble fort optimiste même de penser que ces coûts
resteront les mêmes ou augmenteront simplement de 3 % ou 4 % d'inflation
au cours des cinq ou dix prochaines années.
M. Middlemiss: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, le mémoire
présenté par l'Association de la construction de Montréal
et du Québec nous fait réfléchir. C'est peut-être
une bonne chose d'avoir un mémoire un peu négatif, mais qui nous
porte à réfléchir pour remettre en question ce que les
autres mémoires nous ont apporté.
Une première question que j'aurais, c'est que vous semblez faire
une distinction - je me réfère à la page 13 ou à la
page 14 - entre certains secteurs de la construction qui auraient amené
la nécessité d'une législation plus serrée pour la
protection du public. Vous faites référence à la
construction résidentielle. Vous semblez évoquer que votre
association regroupe des gens qui travaillent dans un domaine autre.
Ce que j'aimerais savoir, c'est quel est le genre de construction
pratiqué par vos membres. Est-ce que vous représentez des membres
qui travaillent uniquement sur des contrats du type de Pechiney, des grands
travaux? Est-ce que vous pourriez définir, pour ma compréhension
de vos allégations et de vos représentations, le type de
construction fait par vos membres, puisque vous semblez évoquer que vous
ne faites pas de la petite construction résidentielle, vous faites
d'autre chose? Que faites-vous?
M. Théoret: Le "membership" de l'association est
composé d'environ 650 entrepreneurs généraux et d'un peu
plus de 1000 entrepreneurs spécialisés. Il faut bien comprendre
que ces entrepreneurs font vraiment de tout, et dans une proportion moindre,
évidemment, de l'unifamilial. Mais, par exemple, j'ai discuté
avec M. Morin, qui est ici, du partage de ses travaux de construction et il m'a
dit que, bon an mal an, il travaille à peu près dans les quatre
secteurs d'intervention, c'est-à-dire résidentiel, commercial,
génie civil et industriel, à peu près à parts
égales. 11 s'agit d'un sous-traitant.
Nous avons, parmi les membres de l'association, environ 50 % de
très petites et petites entreprises. Des entreprises qui
déclarent des valeurs annuelles de travaux de 250 000 $ ou 300 000 $, ce
n'est pas encore le Pérou. Par ailleurs, nous avons également,
comme membres de l'association, de très grandes entreprises comme, si
vous voulez, Janin ou des entreprises que vous verrez sur le chantier de
Pechiney ou que vous avez vues à la Baie James et qui font tant du
commercial que de l'industriel et du génie civil; c'est
extrêmement difficile de dire dans quelles proportions parce que, les
marchés étant ce qu'ils sont, les entreprises bien
structurées vont chercher le travail où il est. (21 h 45)
M. Fortier: La raison pour laquelle je posais la question, M. le
Président, c'est qu'il est bien certain que, sur les grands projets, si
on parle de la Baie James ou de Pechiney, des projets auxquels j'ai
été impliqué personnellement, ces contrôles - les
contrôles dont on parle - existent dans le moment par la force des devis
qui sont préparés par les grands bureaux de génie-conseil.
Et même, les bureaux de génie-conseil se retrouvent comme
gérants et ingénieurs résidents sur le chantier, à
l'approbation des plans et devis, au suivi des progrès des travaux.
Enfin, je pense que la totalité de ce qui est demandé dans le
projet de loi est couverte. Donc, ceux qui travaillent sur les très
grands travaux ne seront pas surpris de voir certaines des exigences qui sont
ici. Si vous me dites que ce n'est pas non plus, ou que vos membres pratiquent
moins souvent... Vous venez de me dire que certains le font dans le secteur
résidentiel, alors c'est dans le milieu. C'est pourquoi j'essayais de
savoir de quelle façon vos membres se démarquaient du genre de
problème qu'on essaie de corriger, parce que vous avez semblé
évoquer que... Moi, je suis très sensible aux arguments que vous
pourriez apporter.
Il est certain qu'il faudrait faire attention de ne pas tuer une mouche
avec une massue; si le projet de loi était trop considérable pour
l'objectif véritable que l'on devrait poursuivre, je serais le premier
à recommander à mes collègues de le reconsidérer,
quoique je n'aie aucunement participé à sa préparation et
que, pour le moment, mes collègues de l'Opposition et moi, ce soit la
première fois que l'on prend connaissance du projet de loi, que nous
l'étudions. Donc, nous sommes en commission parlementaire pour
l'étudier. C'est la raison pour laquelle je soulève ces
questions, parce que, si nous n'avons pas la connaissance que le ministre a ou
que le ministre qui était là avant a pu avoir par des
consultations privées, nous arrivons à l'étude de ce
projet de loi tout à fait "cold", tout à fait ingénus, et
nous essayons de saisir la réalité des choses et de nous poser la
question, à savoir si le projet de loi répond bien à une
réalité qui est vécue, quoique nous sachions que, dans
certains secteurs, il y ait des correctifs à apporter.
Je ne crois pas que vous en ayez fait la démonstration, quoique
vous vous en inquiétiez. Je crois que l'on doit s'inquiéter du
fardeau additionnel que cela va représenter parce que, même si on
diminue le nombre de fonctionnaires, à supposer que ce soit possible, si
les coûts étaient transposés et si les
ingénieurs-conseils ou les architectes étaient impliqués
davantage, il y aurait quand même un coût pour quelqu'un. Je veux
dire qu'il y a des coûts qui seront absorbés par des clients ou
peut-être par les entreprises elles-mêmes. Je crois que l'on doit
s'inquiéter de ces coûts additionnels. Il n'y a personne qui sera
insensible aux coûts additionnels qui seront payés par quelqu'un
quelque part.
Mais votre mémoire est très critique du projet de loi.
Quant à moi, cela m'a permis de me poser des questions. J'aimerais que
vous essayiez de démontrer davantage votre point de vue, peut-être
en nous parlant de ce à quoi vous faites allusion à la page 36,
où vous avez recommandé au ministre un projet de loi ou une
façon de procéder qui serait plus squelettique. Vous dites: Nous
avons recommandé que, pour atteindre les objectifs recherchés,
trois fonctions principales devraient être retenues, la fonction
professionnelle, la fonction de la sécurité du public et la
fonction de la protection du public acheteur de
construction. Autrement dit, vous semblez reconnaître qu'il y a
des besoins de ce côté-là et que, si on s'orientait de ce
côté-là, il y aurait possibilité d'avoir un projet
de loi beaucoup moins lourd que celui qui est devant nous pour s'attaquer
à ces trois aspects. Pourriez-vous expliciter quelque peu votre
pensée là-dessus?
M. Théoret: Ce que nous avions à proposer,
c'était un mémoire en réponse à un document de
consultation du ministère. C'était qu'on se serve des organismes
existants pour favoriser, si vous voulez, les atteintes des objectifs
proposés, en commençant par la fonction professionnelle, et c'est
ce que le projet de loi qu'on a devant nous appelle la qualification en
particulier. Et pour cela, nous croyons encore que la Régie des
entreprises de construction, avec certaines lacunes dont elle souffre, et nous
l'avons mise au courant, pourrait être l'organisme qui pourrait favoriser
une meilleure qualification professionnelle des entrepreneurs avec la
collaboration des associations. Nous n'excluons même pas dans notre
mémoire, à certaines conditions évidemment, la
délégation de pouvoirs quant à la formation et au
perfectionnement des entreprises de construction.
Nous avions par ailleurs cru opportun de suggérer que la fonction
de la sécurité du public - établissement, mise à
jour des normes, surveillance de leur respect pourrait s'exercer par
l'intermédiaire d'une direction générale qui pourrait
être la direction générale qui existe présentement,
faisant partie du ministère, avec évidemment la collaboration
active des associations que nous sommes.
Pour le côté de la protection du public, de l'acheteur de
construction, enfin, c'est peut-être trop simpliste comme solution, mais
on disait: L'Office de la protection du consommateur existe. Dans le temps, il
n'avait pas été question, à notre connaissance en tout
cas, d'amender la Loi sur la protection du consommateur. Mais, on aurait pu,
par la loi qu'on proposait, assigner certaines fonctions à l'Office de
la protection du consommateur, ou peut-être à un bureau
spécialisé de l'Office de la protection du consommateur, avec
lequel, à ce moment-là, les associations, qui représentent
vraiment, des entreprises qui ont à traiter d'affaires avec le
consommateur, tel que défini dans la loi, c'est-à-dire la
personne physique qui a besoin de cette protection, pourraient travailler, sans
que cela implique nécessairement en haut toute une structure à
laquelle tout le monde devrait participer pour régler des
problèmes qui sont, finalement, différents. C'était un peu
notre approche.
M. Fortier: Je vous remercie. Nous allons continuer notre
réflexion, en prenant note très sérieusement de vos
commentaires. Je vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M.
Théoret. J'appelle l'Ordre des technologues des sciences
appliquées du Québec. On demanderait au porte-parole de
s'identifier ainsi que ceux qui l'accompagnent, s'il vous plaît!
Ordre des technologues des sciences appliquées
du Québec
M. Dubois (Denis J. ): Merci, M. le Président. Je suis
Denis Dubois, le président de l'Ordre des technologues des sciences
appliquées du Québec; à ma gauche, M. Guy Leclerc, qui est
le vice-président; à ma droite, Me André Bélanger,
le conseiller juridique; M. Clément Filteau, un membre qui a
travaillé au comité et a préparé notre
mémoire.
Le Président (M. Lafrenière): Merci.
M. Dubois (Denis J. ): M. le Président, M. le ministre,
madame et MM. les députés, avant d'entrer dans le vif du sujet,
nous croyons qu'il est important d'expliquer brièvement ce qu'est
l'Ordre des technologues des sciences appliquées du Québec et ce
que sont les technologues des sciences appliquées.
L'Ordre des technologues des sciences appliquées du Québec
est la 39e corporation professionnelle reconnue par le Code des professions et
ce, depuis septembre 1980. Comme toutes les corporations professionnelles,
l'ordre a comme mission principale de protéger le public. Pour accomplir
ce mandat, l'ordre vérifie la formation de ses nouveaux membres, assure
la qualité des services de ses membres par le processus d'inspection
professionnelle et fait respecter son Code de déontologie. Quoique
l'ordre ne soit pas aussi connu que certaines autres corporations
professionnelles, il a les mêmes devoirs et obligations que celles-ci.
L'ordre des technologues fonctionne selon les principes de l'autogestion et de
l'autocontrôle, ces mêmes principes étant mis de l'avant
dans le projet de loi sur le bâtiment pour responsabiliser les divers
intervenants. Le champ de pratique des membres est défini dans les
lettres patentes de l'ordre: "Effectuer, sous réserve des lois
régissant les corporations professionnelles d'exercice exclusif, des
travaux de nature technique dans le domaine des sciences appliquées
relevant de sa compétence, selon des procédés, des
méthodes et des normes reconnues, ou selon des plans, devis ou
spécifications et utiliser les instruments requis pour effectuer ces
travaux. "
Et, indirectement, par l'article 5 b de
la Loi sur les ingénieurs: "Rien dans la présente loi -
celle des ingénieurs - ne doit infirmer les droits des membres de
l'Ordre des technologies des sciences appliquées du Québec ou
empêcher l'exécution par un membre de cette corporation de tout
travail effectué en vertu de la formation qu'il a reçue... en
vertu de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel. "
Les technologues des sciences appliquées sont tous des personnes
qui possèdent au moins un diplôme d'études
collégiales professionnelles ou l'équivalent dans un des 24
secteurs technologiques reconnus par l'ordre. Les technologues des sciences
appliquées ont tous reçu une fomation spécialisée
dans leur technologie.
Il est important de savoir que 25 % des membres de l'ordre exercent leur
profession dans le domaine du bâtiment et des travaux publics. Les
technologues des sciences appliquées sont spécialisés dans
l'une des disciplines suivantes: les techniques de l'architecture, du
génie civil, de la mécanique du bâtiment et de l'estimation
et l'évaluation foncière.
Les technologues des sciences appliquées interviennent à
divers niveaux dans le domaine du bâtiment. Ils conçoivent des
plans et devis, ils surveillent les travaux, ils font de la gérance de
projets, de l'inspection de bâtiments, de l'estimation, de
l'évaluation ainsi que de nombreuses autres fonctions techniques et
administratives. Les technologues des sciences appliquées sont donc des
intervenants très importants dans le secteur du bâtiment et,
pourtant, on semble souvent les oublier.
Tout ce qui précède nous conduit au projet de loi 53 et
explique clairement pourquoi l'ordre des technologues se devait d'intervenir
dans ce dossier. Les technologues des sciences appliquées sont des
intervenants importants, en ce sens que la société les a
formés à cet effet et ils doivent, selon leur mandat, faire part
d'opinions informées dans l'intérêt commun, qu'ils soient
touchés ou non par les changements aux lois et règlements du
bâtiment.
Au départ, l'ordre des technologues appuie les objectifs du
projet de loi 53. Nous considérons que les objectifs sont louables et
qu'ils tiennent compte de la vague de déréglementation qui touche
actuellement le monde industrialisé.
Toutefois, nous désirons apporter des commentaires sur certains
articles du projet de loi. Comme vous pourrez le constater, les commentaires
suivants sont positifs et vont dans le sens des objectifs principaux du
projet.
De plus, nous recommandons des solutions car ce que nous voulons
accomplir dans notre démarche, c'est une critique constructive et non
une série de revendications stériles.
Commentaire premier: Le libre choix du professionnel. Le libre choix
d'utiliser un professionnel plutôt qu'un autre est un des
éléments fondamentaux de la protection du public, surtout lorsque
l'un ou l'autre de ces professionnels peut rendre un service de qualité
à des coûts différents.
Dans le présent projet de loi, aux articles 14, 15, 16, 164 et
181, on fait uniquement référence aux ingénieurs et aux
architectes. On oublie les autres professionnels, au sens du Code des
professions. Pourtant, ces autres professionnels peuvent aussi rendre des
services similaires, entre autres, la conception de plans et devis.
À titre d'exemple, on mentionne à l'article 14 que les
entrepreneurs attestent uniquement de la conformité des travaux aux
plans et devis d'un architecte ou d'un ingénieur. Donc, on suppose que
seuls les ingénieurs et les architectes ont la compétence de
concevoir des plans et devis conformes au Code de la construction car on donne
à eux seuls la responsabilité de s'assurer de la
conformité. De plus, le seul fait de ne citer que les ingénieurs
et les architectes, dans plusieurs autres articles, amènera les
entrepreneurs et le public à n'utiliser que ces deux types de
professionnels, au détriment des autres professionnels. Cette situation
peut même conduire la commission, dans sa réglementation, à
obliger l'utilisation de ces deux types de professionnels pour des actes qui ne
seraient pas exclusifs à ces deux mêmes types de professionnels,
allant même en contradiction avec les champs de pratique de toutes les
corporations professionnelles concernées par le domaine du
bâtiment. Par exemple, les technologues des sciences appliquées
pourraient se voir limités dans leurs droits d'exercice malgré
que l'article 5b de la Loi sur les ingénieurs leur accorde des
droits.
Il ne faut pas oublier que la mission principale de toutes les
corporations professionnelles est de protéger Je public et que, pour ce
faire, elles pratiquent l'autogestion et l'autocontrôle.
Nous suggérons de changer les articles du projet de loi où
il est fait mention des ingénieurs et des architectes pour les remplacer
par l'expression "professionnel du bâtiment". Il faudrait cependant
définir l'expression "professionnel du bâtiment" comme
étant tout professionnel au sens du Code des professions qui
possède la compétence en matière de bâtiment.
De cette façon, la Loi sur le bâtiment concorderait
toujours avec les lois professionnelles et ne nécessiterait pas de
modifications, si d'autres corporations professionnelles venaient à
être reconnues ou si les champs de pratique venaient à changer.
D'ailleurs, l'Office des professions
est en train d'évaluer tous les champs de pratique du
génie et de l'aménagement et des changements importants qui
pourraient survenir sous peu. La solution proposée ne demande pas au
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur de régler
les champs de pratique professionnelle, mais lui demande seulement de
reconnaître le fait qu'il y a actuellement d'autres professionnels dans
le domaine du bâtiment, et de laisser au consommateur le libre choix de
son professionnel. Si le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur ne désire pas intervenir dans la juridiction des lois
professionnelles alors, pourquoi en nommer deux types seulement, bien qu'il en
existe déjà un autre, les technologues? Présentement,
selon le projet, il y a intervention dans le partage des champs de pratique
professionnelle, donc, préjudice grave aux technologues. La
compétition honnête, sans qu'elle ne soit biaisée
indirectement par une loi, n'est-elle pas un des éléments
importants de la protection du public? (22 heures)
Deuxième commentaire: Attestation de conformité
obligatoire pour toute construction. Il ressort à l'article 20 et
indirectement à l'article 44 que, lorsqu'une personne physique construit
ou rénove pour elle-même une maison unifamiliale destinée
à son usage personnel ou à celui de sa famille, cette personne
n'a pas le devoir d'obtenir une attestation de conformité au Code de la
construction. Pourtant, ces personnes sont souvent les moins informées
sur les normes du bâtiment. Or, le bâtiment autoconstruit pourra
être revendu et souvent le nouvel acquéreur n'aura pas les
connaissances pour vérifier la qualité de la construction. Nous
croyons que c'est une atteinte grave au principe de la protection du public car
l'autoconstructeur et l'acheteur d'une maison autoconstruite n'ont souvent pas
la compétence pour bien juger des situations où une construction
pourrait être dangereuse.
Recommandation: II serait nécessaire d'inclure dans le projet de
loi que l'autoconstructeur doit obtenir une attestation de conformité
par un professionnel du bâtiment, du mois en ce qui a trait à la
structure, à l'isolation, au drainage, à
l'imperméabilité et à l'étanchéité.
Cette mesure aurait l'avantage d'assurer au nouvel acquéreur un minimum
de qualité et de sécurité.
Troisième commentaire: Réglementation
supplémentaire par les municipalités. Un des objectifs du projet
de loi est de diminuer les contrôles gouvernementaux et de simplifier
l'ensemble des lois relatives au bâtiment. Pourtant, l'article 179 ne
limite en rien le pouvoir des municipalités de réglementer plus
sévèrement que ne le stipule le Code de la construction. Ne
risquons-nous pas de tomber dans la multiplication des codes de construction et
des normes? La situation actuelle, qui est un problème, ne
s'améliorera donc pas.
Il serait important d'uniformiser les normes et les codes de
construction et de sécurité en changeant l'article 179. Ce
faisant, l'inspection de l'application des normes et des codes serait par
ailleurs aussi rationalisée. Nous recommandons de changer l'article 179
de façon que les organismes municipaux, locaux ou régionaux ne
puissent pas réglementer pour restreindre ou augmenter la portée
des normes présentes dans les codes ou les règlements.
Il est évident que ce problème est épineux, car les
municipalités ont des droits acquis dans ce domaine. Toutefois, le
principe des droits acquis doit-il aller jusqu'à brimer les droits du
gouvernement de légiférer à sa guise pour le bien commun
de toute la population? Nous ne répondrons pas à cette question;
cependant, permettez-nous de la soulever.
Quatrième commentaire: Formation du conseil d'administration de
la commission. La formation du conseil d'administration est très
importante car l'utilisation des pouvoirs de la commission fera que cette loi
sera efficace ou non. En effet, les pouvoirs sont très grands car le
projet de loi est rempli de: "la commission peut" et ce sont donc les
règlements qui détermineront le succès ou l'échec
du projet de loi. Nous faisons ici particulièrement
référence à l'article 174 qui contient 32 paragraphes. Ce
fait étant connu, la composition du conseil d'administration devrait
représenter les intérêts du public et des intervenants du
milieu.
Il serait important que l'on ne retrouve pas qu'un seul type
d'intervenants au conseil d'administration car, sans vouloir mal faire, ce seul
type d'intervenants pourrait, dans sa réglementation, négliger
certains aspects. Il faut aussi éviter que le conseil d'administration
soit majoritairement composé de non-spécialistes du
bâtiment. Une telle situation compromettrait sérieusement
l'efficacité de la commission.
Pour éviter les situations précédentes, la
composition du conseil d'administration pourrait être fixée dans
le projet de loi. Par exemple, il pourrait se composer du groupe suivant: trois
délégués d'association de consommateurs; quatre
délégués d'association de constructeurs et
d'entrepereneurs; un délégué de la Corporation des
maîtres électriciens; un délégué de la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec; un délégué de l'Ordre des ingénieurs
du Québec; un délégué de l'Ordre des architectes du
Québec; un délégué de l'Ordre des technologues du
Québec. Ici, on doit ajouter le président et les deux
vice-présidents qui doivent être nommés par le gouvernement
pour porter le total à quinze.
Cinquième commentaire: Obligations et
devoirs de la commission. L'article 64 du projet de loi stipule que la
commission peut suspendre, annuler ou refuser de renouveler une licence dans
sept cas. Nous croyons que le projet de loi devrait être plus
spécifique lorsque les préjudices sont graves. Nous comprenons la
volonté du gouvernement de vouloir prévoir tous les cas possibles
d'infractions et de ne pas obliger la commission à suspendre, annuler ou
refuser de renouveler une licence. Toutefois, dans l'intérêt de la
protection du public, le projet de loi devrait obliger la commission à
suspendre, annuler ou refuser de renouveler une licence dans certains cas. Le
domaine de la construction étant une jungle, nous croyons qu'il est
temps que cette situation cesse. Pour ce faire, le projet de loi devrait
être plus coercitif.
Nous proposons de diviser l'article 64 en deux parties: La
première phase traiterait des cas où la commission doit annuler,
suspendre ou refuser de renouveler et une deuxième partie dans laquelle
la commission pourrait le faire. Par exemple, l'article 64a): La commission
doit suspendre, annuler, refuser de renouveler une licence lorsque le
titulaire: Premièrement, a été reconnu coupable ou s'est
avoué coupable d'une infraction à la présente loi,
à la Loi sur la protection du consommateur ou à la Loi sur la
santé et la sécurité du travail si la gravité le
justifie selon la commission; deuxièmement, ne remplit plus les
conditions requises par la présente loi pour obtenir une licence;
troisièmement, a faussement déclaré ou
dénaturé des faits relatifs à la demande de la licence;
quatrièmement, n'a pas donné suite, à la satisfaction de
la commission, à une ordonnace délivrée en vertu de
l'article 115 en enjoignant de se conformer au Code de la construction;
cinquièmement, a abandonné ou a interrompu sans motif
légitime des travaux de construction causant ainsi un préjudice
aux personnes intéressées.
L'article 64b): La commission peut suspendre, annuler ou refuser de
renouveler une licence lorsque le titulaire, premièrement, voit sa
solvabilité compromise par la faillite d'un de ses dirigeants;
deuxièmement, a exécuté ou fait exécuter des
travaux de construction pour lesquels une indemnisation a été
accordée en vertu d'un plan de garantie visé à l'article
74 sans que ce titulaire n'ait remboursé l'administrateur du plan.
Nous croyons que le gouvernement doit montrer, dans sa
législation, la volonté ferme d'assainir le milieu de la
construction. Sinon, les contrevenants seront contents de payer les amendes
prescrites aux dispositions pénales du projet et continueront à
faire des profits au risque de mettre en danger la protection du public.
Sixième commentaire: Consultation avant la publication d'un
règlement de la commission. L'article 177 dit que le ministre doit,
avant la publication d'un règlement, consulter la commission et les
associations les plus représentatives des organismes municipaux, locaux
ou régionaux. Nous croyons que cet article devrait aussi inclure les
principales associations et corporations professsionnelles qui interviennent
dans le milieu. Car ces derniers auront à vivre avec les
règlements et leur intervention ne pourrait être que
bénéfique.
De plus, nulle part il n'est fait mention que la commission doit
consulter les associations et les corporations professionnelles
concernées avant de publier un règlement ou un code.
Nous croyons que, pour les mêmes raisons qui sont citées au
paragraphe antérieur, la commission devrait consulter les associations
et les corporations concernées.
Recommandation: Le ministre ou la commission doit, avant la publication
d'un avis suivant les articles 175 et 169 consulter la commission, si tel est
le cas, les associations les plus représentatives des organismes
municipaux, locaux ou régionaux, les associations et corporations
professionnelles concernées sur le contenu d'un code ou d'un
règlement.
Septième commentaire: Règlement du gouvernement. L'article
171 permet au gouvernement d'exempter de l'application de la présente
loi ou de certaines de ses dispositions des catégories de personnes,
d'entrepreneurs, de constructeurs-pro- priétaires, etc. Nous comprenons
mal pourquoi le gouvernement légifère pour dire dans sa propre
législation qu'il peut exempter quelqu'un de l'application d'une de ses
lois. Le gouvernement peut changer les lois et les règlements à
sa guise. Alors, pourquoi le mentionner dans une de ses lois? Si le
gouvernement avait l'intention d'exempter certaines catégories de
personnes, pourquoi ne les nommerait-il pas tout de suite dans le projet de
loi?
Nous recommandons d'enlever le premier paragraphe de l'article 171 ou de
le modifier pour inclure une nomenclature des catégories de personnes
qu'il désire exempter de la présente loi ou de certaines de ses
dispositions.
Huitième commentaire: Autogestion et autocontrôle. Ce
commentaire ne vise pas un article en particulier du projet de loi. Il ressort
de ce projet de loi que le gouvernement veut responsabiliser les intervenants
du milieu de la construction. Nous sommes pour cette responsabilisation.
Toutefois, pour être efficace cette responsabilisation doit comporter des
mesures claires et précises qui permettront aux responsabilisés
de vraiment s'autogérer et de s'autocontrôler
II serait impératif que les associations ou les corporations
concernées rendent
compte au gouvernement du contrôle qu'elles exercent auprès
de leurs membres. Il faudrait aussi que ces organismes publient le nom des
personnes radiées de leur organisme, de façon que le public soit
informé. Malgré tous les devoirs et les obligations contenus dans
le Code des professions plusieurs personnes se demandent si le contrôle
exercé par les corporations professionnelles est suffisant et efficace.
Si on est rendu au point de se poser cette question, il ne faudrait
sûrement pas exiger moins des organismes et des associations que ce que
l'on exige des corporations professionnelles.
En guise de conclusion, nous vous rappelons que l'Ordre des technologues
des sciences appliquées du Québec appuie les objectifs du projet
de loi. De plus, nous résumons ici l'ensemble de nos
recommandations:
Premièrement, le changement des mots "ingénieur" et
"architecte" pour l'expression "professionnel du bâtiment".
Deuxièmement, l'attestation de conformité au Code de
construction obligatoire pour tous les bâtiments.
Troisièmement, l'uniformisation des normes et des codes de
construction avec la consultation préalable des municipalités et
des intervenants.
Quatrièmement, la détermination de la provenance des
membres du conseil d'administration de la commission.
Cinquièmement, l'obligation de suspension, d'annulation ou de
refus de renouvellement d'une licence dans certains cas.
Sixièmement, la consultation obligatoire des associations et des
corporations professionnelles concernées avant la publication d'un
règlement ou d'un code.
Septièmement, l'inclusion d'une nomenclature des
catégories de personnes exemptées par la présente loi.
Huitièmement, l'obligation pour les organismes qui jouiront de
l'autogestion et de l'autocontrôle de rendre compte des résultats
de leur programme de contrôle.
Nous espérons que vous prendrez en considération les
recommandations du présent mémoire car elles vont toutes dans le
sens des objectifs du projet de loi.
Nous vous remercions de nous avoir permis de présenter ce
mémoire à la commission parlementaire. Nous vous remercions, M.
le Président et M. le ministre.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. Dubois.
M. le ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier à
leur tour les représentants de l'Ordre des technologues des sciences
appliquées du Québec de l'intérêt qu'ils ont
marqué quant au projet de loi et de leur participation à cette
commission parlementaire et de l'ensemble des représentations qu'ils
nous font ce soir, de même que de la bonne collaboration qu'ils ont, eux
aussi, accordée au ministère dans la préparation du projet
de loi.
Je dirai que le mémoire est un mémoire intéressant
qui soulève aussi des questions intéressantes dont un certain
nombre ont déjà été abordées. Je ferai le
tour en terminant avec la question plus litigieuse. (22 h 15)
Quant à vos représentations au niveau de l'attestation de
conformité, il faut bien voir que l'attestation de conformité est
conçue pour faire en sorte que ce soit un constructeur ou un
entrepreneur qui remette cela à son client. Dans la mesure où on
a affaire à un constructeur-propriétaire, ce n'est pas du tout la
même dynamique, mais je comprends tout de même la
préoccupation qui est vôtre, que tout le monde, dans la mesure
où cette maison sera revendue ultérieurement à quelqu'un
qui n'a pas participé à sa construction, soit muni de bonnes
garanties, de bonnes assurances que cette maison est conforme au code. Dans la
mesure où les attestations de conformité, ce pourquoi elles sont
prévues dans le projet de loi, vont commencer à exister et les
dispositions à être appliquées, donc, à se
répandre, j'ai le sentiment que de deux choses l'une: quand on va
acheter une maison qui vient d'être construite quelques années
auparavant, on va demander une attestation de conformité; dans le cas du
constructeur-propriétaire, on va lui demander quelque chose de
particulier pour nous assurer doublement de la qualité des travaux de
construction qu'il a effectués, de leur conformité au code. J'ai
l'impression qu'il va y avoir un phénomène d'autocontrôle,
d'autorégulation qui va intervenir au niveau de la relation consommateur
acheteur, et, finalement, vendeur. Je partage votre préoccupation, mais
je pense qu'on peut difficilement aller plus loin. Je ne vois pas tellement
comment on pourrait faire pour les forcer à se la remettre à
eux-mêmes, parce qu'elle n'est pas encore vendue cette maison-là.
Il est possible qu'ils gardent longtemps une attestation de conformité.
Je pense que cela pourrait créer une dynamique particulière un
peu.
Au niveau du monde municipal, mon Dieu! je reprendrai une argumentation
que j'ai développée à plusieurs reprises. Je pense qu'il
faut reconnaître très sincèrement le pas important franchi
à la suite des concessions consenties par le monde municipal, dans le
cadre du projet de loi, quant à l'effort de simplification,
d'uniformisation et d'élimination des chevauchements qui existent
actuellement et
qui sont nos préoccupations. Au niveau des normes
supérieures - on a eu d'ailleurs de bons témoignages des
représentants des deux unions de municipalités hier - je crois
qu'avec leur participation, la consultation formelle qu'on devrait faire du
monde municipal à l'étape de l'élaboration des codes
devrait, quant à moi, nous permettre de nous assurer qu'on ne
connaîtra pas d'emballement - si vous me passez l'expression - au niveau
des normes supérieures. Au contraire, on va probablement créer
une dynamique, un cadre qui va faire en sorte que le monde municipal va
vraiment mettre le paquet pour que cela soit le plus possible, dans la mesure
où cela semble vouloir se répandre, inclus dans les normes
minimales que seront les codes.
D'autre part, un peu comme j'ai eu l'occasion de le dire, je pense que
le monde municipal, notamment, par sa participation à la commission, par
son rôle plus large au niveau des délégations possibles va
être plus en contact qu'il ne l'est, même s'il l'est
déjà beaucoup, avec le monde de la construction, les
entrepreneurs professionnels. Je pense que cela devrait permettre de franchir
la deuxième étape, si, effectivement, nous convenions tous
ensemble par la suite que cette deuxième étape doit être
franchie. Indépendamment de cela, il est clair dans notre esprit que les
intervenants devront être consultés au niveau de
l'élaboration des codes. Là-dessus, on se rejoint très
bien.
Quant à vos remarques concernant la composition du conseil
d'administration de la commission, sauf erreur, je pense que j'ai
déjà eu l'occasion de vous les faire et je me rends compte que
nous avons eu antérieurement, notamment, quant à l'absence du
monde municipal ou des propriétaires d'édifices publics qui
seront directement concernés par des parties importantes du projet de
loi quant à son application, quant aux coûts que leur secteur
d'activité génère, il me semble que votre proposition ne
leur fait pas place à tous deux. Il serait intéressant d'entendre
vos commentaires sur cela tantôt.
Quant à l'idée de rendre obligatoire et automatique dans
un certain nombre de cas la suspension, l'annulation ou le refus de
renouvellement des licences, il me semble que la rédaction actuelle du
projet de loi est préférable à cette obligation qu'on
donnerait à la commission. Il faudra toujours que, dans chacune des
situations où la commission sera appelée à intervenir de
cette façon-là, la commission ait à évaluer la
gravité des conséquences, des justifications des gestes qui
pourraient amener la suspension, ou l'aliénation, ou le refus de
renouvellement. 11 faudra que la commission soit toujours dans la position
où elle a le loisir d'évaluer cette gravité; sinon, je
pense qu'on pourrait tomber dans des situations un peu trop absolues qui, avec
raison, ont été abordées par d'autres intervenants avant
vous qui manifestaient des inquiétudes si ces différentes
situations devaient être rendues obligatoires et, donc, automatiques.
Quant à la consultation obligatoire des associations et des
corporations professionnelles concernées avant la publication des
règlements ou des codes, d'abord, bon nombre seront faits par la
commission elle-même où le milieu sera représenté.
Au-delà de cela, je pense qu'il doit y avoir une bonne consultation.
Tout ce qui va en découler en termes de réglementation devra
vraiment se faire le plus possible, non seulement en consultation, mais en
concertation avec les intervenants, avec le milieu. Vos remarques à cet
égard, vos préoccupations tombent à point.
Quant à votre demande en ce qui concerne l'article 171, c'est
justement pour mettre un élément de souplesse et permettre
à la réglementation d'avoir un peu plus de souplesse plutôt
que chaque fois revenir avec ce qu'implique le processus législatif.
C'est un peu comme cela qu'il faut le voir.
Votre dernière remarque est aussi très
intéressante, et j'en prends bonne note, quant à l'idée
que les organismes qui jouiront d'autogestion, d'autocontrôle, de choses
comme celles-là, aient à rendre des comptes, donc, à faire
rapport un peu pour que l'on voie tout cela évoluer. C'est
Intéressant et on doit en prendre bonne note.
Je vois le président qui me regarde du coin de l'oeil. Un dernier
point sur votre demande sûrement la plus importante. Je
répéterai ce que j'ai dit à quelques reprises aujourd'hui:
je suis conscient, et vous l'êtes aussi, vous l'avez dit à la fin
de votre présentation... L'Office des professions s'est engagé
dans un processus de révision des champs de pratique, notamment, dans
les domaines auxquels les ingénieurs, les architectes et
vous-mêmes êtes impliqués. Ces gens doivent sortir de chez
eux et aller à l'extérieur, donc, aller auprès de vous
tous dans les prochaines semaines, ce que M. Desgagnés a
mentionné au sous-ministre du ministère, M. Chapdelaine. J'avoue
que je ne voudrais d'aucune façon poser un geste qui pourrait orienter
les travaux qui se feront à l'Office des professions quant à la
demande spécifique que vous faites et qui, quant à moi, risque de
toucher plus fortement que vous ne semblez l'indiquer les champs de pratique,
mais j'aimerais quand même vous entendre préciser votre position
ou votre demande quant à cette préoccupation qui est la mienne et
qui est celle du gouvernement actuellement.
Cela fait le tour de mes commentaires. Donc, deux questions: il y en
avait une sur la Commission du bâtiment, notamment, quant au monde
municipal et aux propriétaires immobiliers, et, deuxièmement, la
plus importante, j'aimerais vraiment que
vous précisiez dans quelle mesure cela n'interviendrait d'aucune
façon dans les réflexions qui sont actuellement menées et
auxquelles vous serez associés incessamment par l'Office des professions
en ce qui concerne les champs de pratique.
M. Dubois (Denis-J. ): Rapidement, je voudrais poser la question
de l'attestation de conformité. Le but que nous recherchons en faisant
cette recommandation est de tenter d'assurer une meilleure protection du public
tout simplement. Écoutez, l'autoconstructeur n'est certainement pas
celui qui est le plus averti dans le domaine de la construction. Tout ce qu'on
recherche, c'est de lui demander d'investir 150 $ ou 200 $
supplémentaires pour nous assurer que ce qu'il fait est conforme au
code, comme vous l'y obligez dans le projet de loi. À l'heure actuelle,
on crée cette obligation et la personne n'a pas, à notre sens,
les moyens de s'assurer elle-même qu'elle est conforme. On a cette
inquiétude et elle est d'autant plus grave que, dans beaucoup de cas, il
y a revente de propriétés autoconstruites.
En ce qui a trait à la question du monde municipal, j'ai
effectivement entendu hier une certaine ouverture d'esprit, comme vous l'avez
bien mentionné, de la part de l'Union des municipalités du
Québec et de l'Union des MRC du Québec. Vous avez
également très bien porté à leur attention le fait
que, si elles participaient non pas à la rédaction, mais à
la consultation avant l'adoption des codes et des normes, il resterait pas mal
moins de places où leur intervention deviendrait nécessaire. Je
me rappelle qu'un des membres de la commission leur a demandé pourquoi
elles voyaient cette nécessité et les représentants des
deux unions n'ont pu nous expliquer trop clairement pourquoi c'était
nécessaire, sinon pour conserver leur autonomie. Je m'interroge sur
cette nécessité, sur le plan de la protection du public, à
ce niveau.
Pour en venir à notre demande principale, la première,
qui, dites-vous, vous inquiète, en ce sens que cela vous donnerait
l'impression d'intervenir dans le processus qui s'engage présentement,
de révision des champs de pratique des corporations professionnelles
dans les domaines du génie et de l'aménagement, j'aimerais vous
dire que c'est effectivement à cause de cette préoccupation que
nous soulevons la question. Les lois présentes, au niveau professionnel,
font que nous avons un certain champ d'activité, une certaine
introduction ou permission à l'intérieur du champ
d'activité des ingénieurs. Il existe, vis-à-vis de la Loi
sur les architectes, un certain domaine où nous pouvons agir. Comme
professionnels, nos services sont disponibles à la population en tant
que troisième professionnel dans le domaine. En n'en mentionnant que
deux, comme vous le faites, vous créez un préjudice et vous
limitez indirectement ce libre choix auprès du public. Vous me direz
sans doute que, tel que c'est rédigé, non, mais les juristes
comprennent cela clairement. Pour les gens qui ont à vivre et à
appliquer les règlements dans le domaine municipal et ailleurs, le fait
de constamment lire et répéter: "ingénieurs et
architectes", cela crée une habitude, une tendance. Cela fait qu'il y en
a un autre qui est déjà là et on oublie de mentionner
qu'il peut rendre des services à la population. C'est ce respect des
lois existantes dont on voudrait que le projet de loi tienne compte tout
simplement.
M. Bélanger (André-J. ): Si vous me le permettez,
j'aimerais relever le point fondamental du mémoire de l'ordre et
développer un peu ce que vient de dire le président. Pour
reprendre vos mots, je dirais et j'affirmerais, comme juriste, que les textes
de certains articles que l'on retrouve dans la loi ont pour effet d'orienter
les travaux de l'Office des professions ou de tenir pour acquis des
réalités qui ne sont pas actuellement les réalités
législatives. Je veux juste vous donner comme exemple le deuxième
paragraphe de l'article 14 qui dit: "Toutefois, l'entrepreneur atteste
uniquement de la conformité des travaux aux plans et devis d'un
architecte ou d'un ingénieur pour les travaux qui ont fait l'objet de
plans et devis. " (22 h 30)
Or, je voudrais vous rappeler que les technologues des sciences
appliquées, en vertu de leur loi constitutive, de leurs lettres patentes
et en vertu de l'article 5b, entre autres, de la Loi sur les ingénieurs,
ont effectivement la compétence et le pouvoir de préparer des
plans et devis jusqu'à un certain seuil et dans certains secteurs.
L'article 14 nie cette réalité en présumant que seuls les
architectes et les ingénieurs ont ce pouvoir et cette capacité de
préparer des plans et devis. Ce que nous demandons simplement à
la commission, c'est de reconnaître cette réalité qui est
celle que nous connaissons actuellement dans les lois professionnelles et, de
cette façon, de ne pas préjuger des orientations que pourrait
prendre l'office dans la révision qu'il fait des champs de pratique des
divers professionnels qui oeuvrent dans ce champ.
Nous allons un peu plus loin. La formule que nous vous proposons
permettrait que la loi soit tout aussi harmonieuse, indépendamment des
résultats que pourraient connaître les travaux de l'Office des
professions. Il y a d'autres professionnels qui sont susceptibles dans l'avenir
d'entrer dans ce champ de pratique. Il ne sera pas nécessaire de
modifier la loi pour que la loi s'ajuste à ces nouvelles
réalités, si une formule, comme celle qui est proposée
par
l'Ordre des technologues des sciences appliquées du
Québec, était adoptée, c'est-à-dire une
définition qui se réfère à l'ensemble des lois
professionnelles plutôt qu'une définition qui essaie, à son
tour, de définir ou qui tient pour acquis des champs de pratique qui ne
sont pas ceux que l'on connaît en réalité dans le domaine
professionnel.
Alors, ce que nous vous soumettons, simplement, et ce que nous vous
demandons, c'est d'ajuster cette loi aux lois professionnelles qui
régissent les technologues, les ingénieurs, les architectes et,
éventuellement, d'autres professionnels.
M. Rochefort: Je prends bonne note de vos commentaires.
M. Dubois (Denis-J. ): M. le Président...
Le Président (M. Lafrenière): Oui, monsieur.
M. Dubois (Denis-J. ):... est-ce que vous me permettez?
J'aimerais seulement ajouter, à titre d'exemple, que nous avons eu
l'occasion, avec les représentants de l'Ordre des ingénieurs, de
discuter de cette question dernièrement au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Les deux corporations
ont convenu, avec le contentieux du ministère, de modifier certaines
réglementations où, présentement, il est question de
subventions pour permettre l'octroi de subventions à partir de plans
préparés par des ingénieurs membres de l'ordre ou des
technologues membres de l'ordre. Dans la question qui était
soulevée, les technologues ont une compétence et l'Ordre des
ingénieurs l'a reconnue devant l'autorité en question. C'est
déjà un exemple de tout simplement constater ce qui est
déjà dans des lois existantes.
Le Président (M. Lafrenière): Merci. M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. J'aimerais
remercier les membres de l'Ordre des technologues des sciences
appliquées du Québec pour le mémoire qu'ils nous ont
présenté ce soir. En passant, combien avez-vous de membres?
M. Dubois (Denis-J. ): Environ 6000... M. Middlemiss:
6000.
M. Dubois (Denis-J. ):... sur un potentiel d'une cinquantaine de
mille si on avait l'obligation d'appartenir à l'ordre.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il y en a plusieurs qui travaillent dans
des bureaux de technologues-conseils et qui offrent des services?
M. Dubois (Denis-J. ): En pratique privée, nous en avons
environ 800.
M. Middlemiss: D'accord. Maintenant, vous êtes certainement
bien placés pour parler de la composition de la Commission du
bâtiment. Est-ce que vous avez abordé un peu le coût que
pourrait représenter le fonctionnement de cette commission?
M. Dubois (Denis-J. ): Écoutez, je n'ai pu faire
autrement, pour avoir assisté, au cours des deux derniers jours,
à la commission, de connaître un peu l'intention,
c'est-à-dire la question que vous posez. Tout ce temps-là m'a
amené à réfléchir et à me demander quel
était le mandat qu'on cherchait à donner à cette
commission. Si on demande aux intervenants qui siégeront à la
commission de participer au financement par le truchement de leur association,
est-ce que ces administrateurs ne deviendront pas des
délégués de leur association à laquelle ils devront
rendre compte de l'utilisation de leurs fonds plutôt que de s'en tenir
à une préoccupation de protection du public et d'avoir, en ce
sens, un mandat complètement indépendant de
représentativité et de regarder tout l'ensemble des devoirs et
obligations de la commission avec un oeil de protection du public? C'est
là mon interrogation. Est-ce que les membres de la commission pourront
servir deux maîtres?
M. Middlemiss: En d'autres mots, le coût de fonctionnement
de cette nouvelle commission, pour vous, n'est pas important.
M. Dubois (Denis-J. ): Bien, voici...
M. Middlemiss: Si on part de la base qu'on veut protéger
le consommateur, qu'on veut s'assurer de la sécurité et de toutes
ces choses, on dit au milieu: Vous allez devenir responsable, vous allez
gérer ces choses et il y a un autofinancement qui y est attaché.
Je pense qu'une façon de responsabiliser quelqu'un, c'est de lui dire:
Fais bien ton travail ou bien il y aura des conséquences
pécuniaires au bout de tout cela. C'est dans ce but que je pose la
question.
M. Dubois (Denis-J. ): Oui, je comprends très bien, M. le
député, cela existe présentement dans toutes les
corporations, ainsi qu'à la nôtre; nos membres paient pour faire
contrôler leur exercice et c'est le même principe qui est
présentement à l'intérieur du projet de loi. Les membres
des associations paieront pour obtenir un permis, pour appartenir à
l'association et ainsi de suite. Maintenant, pour la participation à
l'organisme qui va surveiller les délégations qui vont en
découler, quoique, comme vous le dites, il y aura des coûts
qui vont y être rattachés, comme il y en a d'ailleurs pour
l'Office des professions du Québec à l'heure actuelle, j'ai de la
difficulté à voir comment avoir un représentant, il
faudrait que cette association paie un montant à la commission. Qu'il y
ait des coûts pour ceux qui vont chercher des permis, des licences, et
ainsi de suite, dans ce sens, tout ce processus doit s'autofinancer, oui.
Maintenant, on parle des consommateurs, on parle d'autres gens qui voudraient
siéger à la commission. Je reconnais que c'est une question
très légitime de la part de ces associations, mais est-ce qu'on
demandera également aux associations de consommateurs de payer pour
être là?
M. Mïddlemiss: Je n'avais pas posé la question,
à savoir si tous les membres de la commission devaient payer. Ce n'est
pas la question que j'ai posée; j'ai demandé le coût total.
En fin de compte, si cela coûte plus cher, c'est comme vous-même si
vous étiez dans l'entreprise privée et que vous gériez
votre bureau, il y a des coûts additionels. Vous êtes
obligé...
M. Dubois (Denis-J. ): Effectivement.
M. Middlemiss:... de passer cela et qui paie? Votre client.
M. Dubois (Denis-J. ): En fin de compte, c'est le
consommateur.
M. Middlemiss: D'accord. C'est pour cela que c'est important. Ce
n'est pas de ' vouloir demander de l'argent au consommateur et à tous
ceux qui sont là, c'est de dire: On s'embarque dans quelque chose et
cela va nous coûter combien. Qui, en fin de compte, va payer?
Certainement qu'on va améliorer la protection du consommateur, la
qualité des bâtiments et ainsi de suite, mais à quel prix.
C'est cela. Que cela coûte un peu plus cher, je pense, comme l'Ordre des
architectes le disait cet après-midi, et j'espère que vous
êtes un peu d'accord que, si on donne la conception aux gens qui sont
qualifiés pour le faire - et je n'élimine pas votre domaine - que
l'entrepreneur est compétent, que le travailleur est qualifié lui
aussi, le consommateur va avoir un produit qui va être... C'est le
premier pas. En d'autres mots, il vaut mieux prévenir que guérir.
Si on franchit toutes ces étapes en commençant par la bonne, on
ne sera pas obligé de faire des corrections ensuite. Je pense que c'est
un peu dans ce sens.
M. Dubois (Denis-J. ): Je suis totalement d'accord avec ce que
vous dites, qu'il vaut mieux prévenir que guérir, dans le sens
où vous soulevez la question en mentionnant la position que,
effectivement, l'Ordre des ingénieurs et l'Ordre des architectes a prise
en ce sens. Il est évident que nous sommes totalement d'accord avec
cette approche, mais cela ne m'empêche pas de vous dire que j'ai un peu
de difficulté à concevoir cette chose, à moins qu'il n'y
ait des actions précises, par délégation de la commission,
un peu comme semblait le dire l'Ordre des architectes, cet après-midi,
où, à ce moment-là, il pourrait y avoir des sommes qui
seraient versées. Dans cet ordre d'idées, oui, je suis
d'accord.
M. Middlemiss: Tout ce que je veux dire, c'est que je pense
qu'une personne qui est obligée de prendre la responsabilité
financière de ses gestes est portée à être plus
efficace et à s'assurer qu'il n'y a pas de gaspillage. C'est un peu dans
ce sens parce que c'est facile de se demander si, en fin de compte, on ne paie
pas pour cela.
M. Dubois (Denis-J. ): En d'autres mots, "put your money where
your mouth is".
M. Middlemiss: Probablement. Seulement un petit commentaire. Vous
faites une recommandation à la page 9. Vous dites: "II serait
nécessaire d'inclure dans le projet de loi que l'autoconstructeur doit
obtenir une attestation... " Vous touchez certaines choses. Seulement un
commentaire: l'élément le plus important de tout cela, ce sont
les fondations, parce que vous pouvez construire un palais, mais si les
fondations ne sont pas bonnes, la structure ne durera pas longtemps.
M. Dubois (Denis-J. ): Oui, c'est exactement l'objectif qu'on
recherche, M. le député. Ce sont les fondations; c'est la
structure; c'est le drainage; c'est l'imperméabilisation; c'est
l'étanchéité; c'est tout ce qui touche la longueur de vie
d'un bâtiment.
M. Middlemiss: Concernant le domaine des municipalités,
étiez-vous ici, hier soir, lorsque l'Union des municipalités a
demandé certains changements à la baisse, un peu du
côté pratique? Je vois ici que vous dites qu'il ne faudrait pas
leur permettre cela, mais ne trouvez-vous pas que, du côté
pratique, l'exemple qu'a donné le président, à ce
moment-là, était bon en ce sens que, si la cuisine devait avoir
200 pieds carrés, il n'y aurait pas de place pour une salle de bains?
Pour autant que la sécurité du public soit garantie, ne
trouvez-vous pas qu'il y aurait possibilité de laisser cela se faire
sous contrôle pour qu'on puisse utiliser les bâtiments qui sont
là?
M. Dubois (Denis-J. ): Si c'était si simple que cela, M.
le député, on pourrait
discuter de ce type d'exemples parce que beaucoup de nos membres
oeuvrent dans l'Association des agents de bâtiment du Québec, qui
font l'inspection dans les municipalités et qui, au cours des
années, ont eu parfois à appliquer certaines mesures et ils ont
tenté de faire comprendre aux élus que cela n'apportait
absolument rien sinon que d'ajouter des coûts, dans certains cas, au
constructeur. Souvent, dans certains cas, cela entraînait même des
coûts sociaux et c'était plus ou moins justifié. On ne
savait pas trop pourquoi, mais on devait les appliquer.
La tendance à la baisse, si c'était comme vous le
disiez... Je ne crois pas qu'à un moment donné, le code ira dans
le sens de mentionner qu'une cuisine pourrait avoir X pieds carrés, par
exemple. En tout cas, je trouve l'approche un peu simpliste, mais il faudrait
quand même faire attention de ne pas aller trop à la baisse si on
veut réellement assurer une qualité au domaine bâti. Leur
permettre d'aller davantage à la hausse, je me pose la question pourquoi
le citoyen québécois qui a choisi de vivre, pour fins d'exemple,
à Chicoutimi au lieu de Hull aurait à subir des lois ou des
règlements beaucoup plus sévères que l'autre è un
autre endroit. Ensuite, les entrepreneurs et tous les professionnels qui
acceptent des travaux dans différents endroits de la province n'ont
jamais affaire aux mêmes critères et aux mêmes balises, ce
qui rend tout le temps plus compliquée l'application de tous ces codes,
de toutes ces lois. C'est tout simplement cela qu'on croit que l'on devrait
tenter d'éviter.
M. Middlemiss: Donc, je peux conclure que les membres de la
Commission du bâtiment ne devraient pas être cotisés. Il
devrait y avoir un autofinancement, mais ce n'est pas tous les membres qui
devraient être responsabilisés au point de vue de la cotisation.
(22 h 45)
M. Dubois (Denis-J. ): Je crois...
M. Middlemiss: Que ce soit fait par le gouvernement dans le cas
du consommateur et ainsi de suite, mais réellement si c'est fait par le
gouvernement, cela ne le rend pas plus responsable. C'est quelqu'un d'autre qui
paie.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outrernont.
M. Fortier: M. le Président, il est déjà
tard, je vais essayer de faire très rapidement, je vais demander au
président de répondre très succinctement. C'est juste par
acquit de conscience que je voudrais avoir l'information. Je pense que le
ministre et mon collègue ont posé des questions très
pertinentes.
En ce qui concerne l'ordre, je pense que je m'étais
mépris, il s'agit de l'Ordre des technologues des sciences
appliquées donc, cela n'a rien à faire avec les
diplômés de l'École de technologie. Est-ce que j'ai raison
de dire que votre ordre, tel que reconnu, ne vous donne qu'un titre
réservé et que vous n'avez pas de champ de pratique
réservé dans votre loi constitutive.
M. Dubois (Denis-J. ): Si vous me le permettez, M. le
Président, je passerai la parole à Me Bélanger pour
répondre à M. le député.
M. Bélanger: Au sens du Code des professions, c'est
d'abord une corporation à titre réservé seulement vous
pourrez vous livrer à votre propre exercice quand l'article 5b de la Loi
sur les ingénieurs dit: Rien dans la présente loi n'a pour effet
d'infirmer les droits des technologues, etc.
M. Fortier: De la façon dont j'interprète cela,
c'est que tout ce qui n'est pas réservé aux ingénieurs est
permis. C'est comme dire: Tout ce qui n'est pas défendu est permis.
M. Bélanger: Ce n'est pas. ce que dit l'article 5b, M. le
député.
M. Fortier: Étant donné que tous les
bâtiments de plus 100 000 $ ou tous les édifices de plus de 100
000 $ sont du ressort de l'ingénieur, est-ce qu'on doit conclure que,
comme la loi dit, ou implique que tout ce qui est moins de 100 000 $ peut
être fait par d'autres?
M. Dubois (Denis-J. ): Tout ce qui est de moins de 100 000
$...
M. Fortier: Cela s'applique à toute personne, pas
seulement à vous, qui pourrait faire des travaux de moins de 100 000
$.
M. Bélanger: Si on applique ce raisonnement - c'est
soutenu par bien des personnes - vous savez comme moi que le législateur
ne parle pas pour rien dire -j'espère - et quand le législateur a
ajouté et précisé, dans le cas des technologues, l'article
5b de la Loi sur les ingénieurs, c'est qu'il a certainement voulu dire
plus que cela et quelque chose en particulier.
M. Fortier: Loin de moi de sous-estimer votre contribution. Je
dois vous dire que, quand j'avais la direction d'un bureau de
génie-conseil, il y avait dans nos membres plusieurs technologues qui
remplissaient des services très éminents. J'ai toujours cru,
quant à moi, qu'il était impossible d'avoir un bon bureau de
génie-conseil sans avoir de très nombreux technologues qui
faisaient
quelquefois des travaux mieux que les ingénieurs dans certains
cas précis,
Si je pose la question, c'était juste par acquit de conscience
parce que ici on essaie de définir très clairement. Comme je l'ai
dit, le législateur fait une loi pour être explicite, quand il le
peut, et je crois que la loi qui est devant nous c'est pour préciser les
responsabilités surtout dans le domaine de la sécurité. Je
crois que le texte devrait, si c'est possible, être clair, ce serait
préférable qu'il soit clair plutôt que abscons. De toute
façon, je parle de grands travaux faits par Lavalin ou SNC, où on
retrouve de très nombreux technologues. Je suis certain que si on va au
chantier de Pechiney, en ce moment, on va trouver de très nombreux
technologues.
Donc, il est faux de dire, comme vous dites à la page 6, que,
lorsqu'on dit que certains travaux qui doivent être faits par des
ingénieurs, cela exclut nécessairement les technologues. Dans les
faits, lorsque l'ingénieur - je parle d'un bureau d'ingénieurs -
obtient des contrats, il y a de très nombreux technologues qui sont
impliqués dans ces travaux.
M. Bélanger: Effectivement, c'est une
réalité qu'on ne nie pas. Sauf qu'il y a aussi des technologues
qui agissent comme entrepreneurs privés ou professionnels privés,
qui préparent des plans et devis et qui, bien qu'ils appartiennent
à une corporation à titre réservé au départ
comme principe général, jouissent, en vertu de certaines
dispositions législatives dont l'article 5b de droits et
privilèges qui leur sont bien propres.
M. Fortier: D'une façon générale, vous
êtes d'accord avec moi que ce serait pour les travaux de moins de 100 000
$.
M. Bélanger: Actuellement, c'est une
réalité, c'est dans ce champ-là. Évidemment, il
sera possible à l'avenir... Il ne faut pas oublier que le montant de 100
000 $ date de plus de 30 ans et qu'il n'a jamais été
indexé. Il faut s'attendre que, dans la révision que va faire
l'Office des professions, ce chiffre va probablement être indexé
et correspondre à une réalité plus contemporaine.
M. Fortier: Cela répond à ma question, je vous
remercie.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: M. le Président, d'abord, je veux remercier
l'Ordre des technologues des sciences appliquées du Québec comme
l'ont fait mes collègues tantôt. J'ai un commentaire concernant
les modifications à l'article 14 et autres portant sur la modification
de plutôt utiliser l'expression "professionnel du bâtiment". Je me
réjouis de voir l'ouverture d'esprit du ministre et, quant à moi,
je crois qu'effectivement sans changer quoi que ce soit de fondamental, cela
permettra de laisser cela ouvert et de permettre aux corporations
professionnelles qui ont des choses à voir dans le bâtiment de
pouvoir être impliquées dans la loi sans que l'on spécifie
des ordres directement. J'imagine qu'on aura l'occasion d'en discuter de
nouveau avec le ministre.
M. Rochefort: Sûrement.
M. Bordeleau: Pour le moment, l'ouverture du ministre me
satisfait.
M. le député de Pontiac a parlé un peu de ce que je
voulais parler concernant le pouvoir réglementaire des
municipalités. Comme je viens d'une région non pas nordique, mais
un peu plus au nord que les grands centres, je comprends vos interrogations de
ne pas voir des petits codes se multiplier un peu partout. Ne
considérez-vous pas qu'il y a des particularités
régionales et que, dans la loi, il devrait y avoir une ouverture pour
permettre une certaine norme supérieure dans certains cas -je comprends
qu'il faudrait limiter - à cause des différentes régions
du Québec, ne croyez-vous qu'il y a lieu de laisser une ouverture aux
municipalités à ce sujet?
M. Dubois (Denis-J. ): Il y aurait effectivement, à un
moment donné, certaines nécessités. Que l'on pense
seulement à l'aspect climatique, mais si on regarde les codes comme le
Code national du bâtiment, il y a des zones de déterminées
pour la question des charges de neige, de l'isolation et autres. Si vous me le
permettez, à cet effet, je passerai la parole à M. Filteau, qui
pourra peut-être vous apporter des précisions.
M. Filteau (Clément): En fait, un code uniforme pourrait
tenir compte des particularités régionales au même titre
que le code canadien actuel va tenir compte des régions climatiques
différentes du pays. Je ne vois pas pour quelle raison un code
provincial ne tiendrait pas compte de ces particularités. Lorsqu'on
demande de restreindre le pouvoir des municipalités en ce qui a trait
aux amendements susceptibles d'être apportés au code provincial du
bâtiment, c'est qu'on parle d'objectif de rationaliser l'inspection, on
parle de rationaliser les normes, mais, en même temps, si on permet
à chacune des municipalités d'apporter son petit amendement, des
codes du bâtiment uniformes et universels, il n'y en aura pas. Je vois un
code de construction comme une espèce de code de la route. Est-ce que
les municipalités ont le droit d'intervenir dans le Code de la route
pour changer les modes de
signalisation ou pour changer toute une série de dispositions? Je
ne pense pas. En fait, c'est le côté excessif à ce jour qui
existe dans bien des municipalités. Il faudrait au moins que la
commission ait le droit de regarder ce qui se passe au chapitre des
amendements.
M. Bordeleau: D'accord. Une dernière courte question. Vers
la fin de votre mémoire, vous parlez du contrôle des corporations
professionnelles et vous laissez perler certains doutes concernant justement ce
contrôle. Est-ce que vous auriez des suggestions à faire pour
améliorer l'image des corporations professionnelles auprès du
public et leur capacité d'assurer une meilleure protection aussi?
M. Dubois (Denis-J. ): L'intention, lorsqu'on a mentionné
cet élément, faisait suite à des conclusions tirées
lors du colloque sur le système professionnel. Il y avait beaucoup
d'intervenants qui disaient qu'ils posaient des questions sur
l'efficacité. Ce n'est pas notre propre jugement qu'on fait, mais on dit
qu'il y a beaucoup d'intervenants qui se posent des questions sur le
système et ce qu'on tente de soulever, c'est qu'on se dit que, si l'on
veut que cela fonctionne dans le domaine du bâtiment, il ne faudrait pas
que les modes de contrôle soient moins sévères que ceux qui
existent dans le système professionnel, car on semble dire qu'il y a
déjà de la difficulté avec ceux qui existent dans le
système professionnel.
M. Bordeleau: Vous n'avez rien de particulier ou de précis
en tête pour raffermir ces contrôles?
M. Dubois (Denis-J. ): On pourrait engager une conversation qui
pourrait être probablement être assez longue, M. le
député.
M. Bordeleau: De toute façon, si vous étiez
éventuellement membre de la commission -ou que vous en faisiez partie,
vous auriez peut-être votre mot à dire là.
M. Dubois (Denis-J. ): Je l'espère!
Le Président (M. Lafrenière): Monsieur, on vous
remercie beaucoup de votre participation.
M. Dubois (Denis-J. ): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): J'appelle
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec. Je
demanderais au porte-parole de s'identifier et d'identifier les personnes qui
l'accompagnent.
AECQ
M. Dion (Michel): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, excusez si je me présente en premier. Mon nom
est Michel Dion. J'ai à ma gauche le président de l'association,
M. Franco Fava, c'est lui qui va faire l'exposé; à ma droite, M.
Luc Letellier, adjoint à l'AECQ; ce dernier va effectivement pouvoir
coopérer avec nous à la période des questions.
On a effectivement, M. le Président, essayé de faire le
maximum pour transmettre notre documentation le plus rapidement possible. Je
regrette qu'on n'ait pu la transmettre quelques heures avant. Vous connaissez
les raisons pour lesquelles on n'a pas pu le faire. On vient de remettre une
vingtaine de copies du mémoire, c'est tout ce dont on pouvait disposer
pour l'instant. J'espère que cela peut être suffisant. Si jamais
vous aviez besoin de copies supplémentaires, on se chargera de
vous les transmettre.
Le Président (M. Lafrenière): Merci.
M. Fava (Franco): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, madame. Certains pourraient s'étonner du fait
que l'Association des entrepreneurs en construction du Québec ait
demandé à être entendue devant la présente
commission du fait qu'effectivement le principal de notre mandat réside,
à toutes fins utiles, dans les relations du travail.
Cependant, je pense qu'il faut retenir que tous les employeurs en compte
dans l'industrie de la construction sont membres chez nous et,
évidemment, aux fins de la qualification des entrepreneurs en
construction, ils sont tous détenteurs d'une licence
délivrée actuellement par la Régie des entreprises de
construction.
Serait-il anormal ou surprenant que chacune des centrales syndicales
demande une voix au chapitre lors de l'étude d'un projet de loi sur la
syndicalisation? Le projet de loi que vous avez devant vous ne vise-t-il pas,
en plus de la sécurité du public, les conditions et les
modalités en vertu desquelles une personne peut devenir entrepreneur en
construction et, conséquemment, ne décide-t-il pas qui seront les
futurs membres de l'AECQ?
En juin 1975, il y a exactement dix ans, était adoptée une
loi créant l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Cette loi donnait le mandat aux six associations de
l'époque de s'entendre sur les statuts et règlements de l'AECQ.
Comme s'il fallait à tout prix donner raison à la commission
Cliche, qui avait constaté leurs querelles incessantes, le
désaccord entre les six fut total et le
gouvernement dû imposer des statuts lui-même. Les relents de
ce désaccord subsistent dix ans plus tard et nous ne pouvons que le
regretter, puisque ce n'est sûrement pas dans l'intérêt de
notre industrie et de ses composantes, pas plus que de rechercher à
limiter l'action et le rôle de l'AECQ. Nous crayons cependant que notre
apport peut faire évoluer le débat et c'est dans cet esprit que
nous voulions être entendus par cette commission.
Le projet de loi 53 a donné lieu a de nombreuses consultations
avec divers organismes et maintes hypothèses ont été
envisagées. L'AECQ a suivi, autant que faire se peut, la progression du
dossier, mais n'a jamais été parmi ceux qui ont pu, au gré
des documents qui ont circulé depuis deux ans, aider à en
façonner le contenu.
Le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur a choisi
en effet de ne retenir comme interlocuteurs privilégiés que les
membres des six associations traditionnelles. Nous devons utiliser le terme
"membre", car il peut être difficile, à certains égards, de
parler uniquement d'entrepreneurs en construction. (23 heures)
Nous ne reprendrons pas ici les points déjà
énoncés en août 1984 lors de la commission parlementaire du
travail où, soit dit en passant, les représentants de certains
organismes à vocation professionnelle se sont fait entendre sans
restriction de notre part.
Nous avions, à cette occasion, soulevé les
difficultés de la législation actuelle, ses
ambiguïtés, ses incohérences et ses lacunes, en somme les
besoins d'une révision en profondeur. Nous assistons depuis quelques
années à une détérioration de notre industrie et
nous croyons qu'en grande partie, les problèmes sont conséquents
à une surréglementation et/ou à une réglementation
inadéquate.
Rappelons, entre autres, que la récession a fait en sorte que les
heures enregistrées à l'Office de la construction par les vrais
employeurs et les vrais travailleurs de la construction ont baissé de
moitié. Par ailleurs, les augmentations incessantes de coûts, dans
lesquelles l'abondance de règlements de toutes sortes joue un rôle
important, ont fait en sorte que le travail au noir s'est
développé de façon dangereuse, au point d'accaparer plus
de 25 % du marché.
De toutes parts, les employeurs - nos membres - se plaignent du travail
illégal et du peu d'effet qu'ont les lois et règlements mis en
place pour contrôler ce phénomène. L'industrie de la
construction se plaint d'être surréglementée, mais elle se
trouve en même temps dans une position paradoxale puisqu'elle constate
que les contrôles actuels sont déficients.
L'entrepreneur en construction fait face à de nombreuses
responsabilités réglementaires, à un point tel qu'on se
demande parfois comment on peut encore évoluer dans notre industrie sans
avoir constamment à ses côtés des ingénieurs, des
comptables et des avocats. En ce sens, on ne peut qu'appuyer les intentions du
projet de loi 53 que sont la rationalisation des lois et règlements et
le regroupement de divers organismes en un seul.
Comme bon nombre de lois adoptées ces dernières
années, le projet de loi 53 contient un nombre impressionnant de
pouvoirs réglementaires. Nous sommes donc dans la position de devoir
juger le contenant sans connaître le contenu.
Sur ce dernier point, celui du pouvoir réglementaire, qu'il nous
soit permis une remarque: l'industrie de la construction a vécu et vit
encore avec une loi, la Loi sur la santé et la sécurité du
travail, qui accordait des pouvoirs réglementaires énormes
à la commission qu'elle créait. Nous nous débattons depuis
lors avec une machine à réglementer, un monstre tel qu'on n'a pas
idée encore des coûts que la loi peut finalement engendrer. Qu'en
sera-il aussi du financement de la commission? Les règlements nous le
diront et bien d'autres choses encore, puisque nous avons compté pas
moins de 48 pouvoirs réglementaires différents dans le projet de
loi 53.
Le projet de loi sur le bâtiment se propose de rationaliser une
partie des lois et règlements qui régissent l'industrie de la
construction et un Code du bâtiment. Fort bien! Qui pourrait s'opposer
à de si nobles intentions, surtout dans une industrie aussi
réglementée que l'est celle de l'industrie de la construction au
Québec? Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. S'il s'agissait
de regrouper huit lois de 60 pages chacune en un code de construction de 500
pages, il n'y aurait pas lieu de faire tant de tapage. Que le Code de
plomberie, par exemple, devienne un chapitre d'un éventuel code de
construction, que les terminologies différentes soient rendues
compatibles, tant mieux, puisque le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur affirmait lui-même, pas plus tard que samedi
dernier, devant les membres de la Corporation des maîtres
mécaniciens en tuyauterie, que son projet de loi entendait
éliminer fouillis et incohérences dans les lois actuelles et
mettre à jour plusieurs dispositions de certaines lois qui
étaient parfois devenues tout à fait désuètes et
même incompréhensibles.
Il faut cependant se garder de créer des problèmes plus
graves en tentant de régler ceux qui existent. À cet
égard, il y a lieu de se poser certaines questions. Le projet de loi 53
donne à la future Commission du bâtiment des pouvoirs
étendus dans bien des domaines. Cette commission pourra notamment
pénétrer dans un chantier de construction, y prélever des
échantillons,
y prendre des analyses, exiger des vérifications de
matériaux, d'équipements ou d'installations, faire des essais,
installer des appareils de mesure, émettre des avis de correction,
etc.
La commission aura également le pouvoir d'approuver au
préalable une méthode de conception, un procédé de
construction, etc. Le gouvernement a créé, il n'y a pas si
longtemps, une Commission de la santé et de la sécurité du
travail investie de tous les pouvoirs - et Dieu sait qu'ils sont énormes
-pour faire tout cela. L'entrepreneur en construction doit déjà
faire parvenir à cette commission ses procédés de
construction, faire approuver ses plans et devis, donner des avis d'ouverture
et de fermeture de chantiers, préparer des programmes de
prévention et quoi encore! Bref, il doit nager à travers une mer
de paperasse avant de poser les pieds sur un chantier. Faut-il qu'il recommence
avec une nouvelle Commission du bâtiment, sous prétexte qu'elle ne
relève pas du même ministère? Une CSST suffit, merci.
Le projet de loi 53 délègue d'office aux deux
corporations, celle des maîtres électriciens et des maîtres
tuyauteurs, les pouvoirs d'inspection que pourrait détenir la Commission
du bâtiment. En plus, il permettrait à la Commission du
bâtiment de déléguer, après entente, ses pouvoirs
d'inspection à d'autres associations. À la limite, nous pourrions
fort bien nous retrouver avec six catégories d'inspecteurs, une pour
chacune des associations traditionnelles, et pourquoi pas les inspecteurs de la
Commission du bâtiment pour policer les entrepreneurs qui ne sont pas
membres de l'une ou l'autre et surveiller les inspecteurs des associations.
Belle rationalisation!
Qu'arrivera-t-il lorsqu'un inspecteur responsable des
électriciens, par exemple, sera en désaccord sur un point ou un
autre avec un inspecteur de la commission, compte tenu de ce que l'entrepreneur
électricien sera tenu de fournir à l'entrepreneur
général, une attestation de conformité? Aussi bien
prévoir tout de suite dans le projet de loi un chapitre sur la
façon de trancher les différends qui ne manqueront pas de
survenir.
Qu'il nous soit permis, au passage, une remarque générale
sur la rationalisation. En 1976, lorsqu'il s'agissait de formation et de
qualification de la main-d'oeuvre, de l'octroi de licences d'entrepreneurs, de
relations du travail, de la santé et de la sécurité du
travail, d'inspection de l'électricité, du gaz, etc., les
entrepreneurs en construction avaient un interlocuteur au sein du gouvernement,
à temps partiel il est vrai, le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Aujourd'hui, cependant, l'industrie de la construction au
Québec ne relève en dernière analyse d'aucun ministre en
particulier. Le ministre du Travail s'occupe du volet des relations du travail
et de la santé et de la sécurité; le ministre de la
Main-d'Oeuvre, de la formation et de la qualification des travailleurs; le
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur a
hérité de la Régie des entreprises et, un peu plus tard,
de la Direction générale de l'inspection qui faisait auparavant
partie du ministère du Travail. Soit dit en passant, lorsque le Conseil
des ministres confia cette direction générale - plus de 700
employés permanents - au ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, le titulaire du portefeuille à
l'époque, M. Guy Tardif, avait clairement indiqué que la DGI
était en transit à son ministère en attendant qu'il
réalise une rationalisation de la réglementation. Force nous est
de constater que ce transit pourrait prendre fin au ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Mais force nous est de constater aussi que la rationalisation est loin
d'être accomplie. On a suvent l'impression que c'est au gouvernement
même qu'elle devrait débuter, car depuis quelques années le
nombre des intervenants gouvernementaux n'a cessé de croître. Le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a été
scindé, puis la régie et la DGI sont passées à un
nouveau ministère, de sorte que l'on se retrouve aujourd'hui avec plus
d'incohérence que jamais. Nous avons un ministre qui s'occupe à
la fois de l'habitation et de la protection du consommateur, qui contrôle
l'organisme chargé d'émettre les licences d'entrepreneurs,
fût-ce pour la construction de routes ou de barrages, et qui propose dans
le projet de foi 53 de dédoubler certaines tâches accomplies
présentement par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail ou par l'Office de la construction.
Il n'est donc pas surprenant que, de façon
régulière, un organisme ou un autre dans la construction
réclame la création d'un ministère de la construction
où on pourrait enfin regrouper les lois et les juridictions qui touchent
les entrepreneurs.
Le système que mettrait en place la loi 53 tend vers la
protection du consommateur plutôt que vers la protection des vrais
entrepreneurs contre les chevaliers de l'industrie. Si l'habitation est un
produit essentiel dans la confection et l'achat duquel le consommateur doit
être protégé, nous soumettons que la construction est aussi
une industrie essentielle è l'économie du Québec, une
industrie qui ne peut indéfiniment être renvoyée d'un
ministère ou d'un fonctionnaire à l'autre.
L'industrie de la construction fait sans doute vivre plus
d'employés de l'État que toute autre industrie
québécoise, mai9 il ne faudrait pas penser que c'est là sa
principale raison d'être. L'incohérence, le fouillis des
intervenants gouvernementaux dans la construction se paie à
chaque jour par tous les citoyens du Québec. Un jour, il faudra bien en
arriver à traiter la construction comme une industrie à part
entière et lui donner un porte-parole au sein du gouvernement.
Le projet de loi permettra aussi à la commission de
prélever des cotisations sur les masses salariales des employeurs de la
construction et obligera l'Office de la construction à coopérer.
Nous reviendrons plus loin sur l'aspect financier du projet de loi 53 mais,
puisque nous en sommes à la rationalisation, qu'il nous soit permis de
souligner que l'Office de la construction applique un décret qui existe
en vertu de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, une loi, qui, au hasard des amendements, a exclu beaucoup de gens
de son champ d'application, au fil des ans. Ces exclusions ne sont pas celles
du projet de loi 53, si bien qu'on pourrait fort bien obliger, demain, les
entreprises de construction, à tenir des registres pour les fins de
l'office et d'autres pour celles de la future Commission du bâtiment.
Certains salariés se retrouveront dans l'un mais pas dans l'autre. La
seule chose qui sera rationalisée, ce sera le payeur, ce sera toujours
l'entrepreneur en construction.
En plus, la Commission du bâtiment se réserverait le droit
d'exiger une estimation des salaires bruts qu'il entend verser à ses
salariés pour chaque période qu'elle détermine, comme si
l'entrepreneur en construction pouvait prévoir à l'avance quel
contrat il décrochera. La CSST a fait de cette façon de faire un
cauchemar pour les employeurs de la construction parce que ses fonctionnaires
n'ont pas encore compris que 80 % de l'industrie de la construction fonctionne
sur une base de contrat accordé au plus bas soumissionnaire.
Verrons-nous un jour des entreprises de construction refuser des contrats en
novembre sous prétexte qu'elles n'avaient pas deviné qu'elles les
auraient en octobre.
Bien que le projet de loi soit muet sur certains aspects relatifs
à l'émission des licences, il nous énonce quand même
les principes de délégation de pouvoirs qui permettraient
à des organismes de remplir le rôle de qualificateur. Le
morcellement que cette délégation de pouvoirs peut engendrer nous
apparaît un peu étrange, mais il est rassurant de constater qu'au
moins certains groupes auront ainsi l'assurance que ce sont les entrepreneurs
qui jugeront des entrepreneurs.
Il est malheureux que le projet de loi n'ait pas inscrit clairement que
tous auront cet avantage, puisqu'il nous dit seulement que la future Commission
du bâtiment aura quinze administrateurs nommés par le
gouvernement. Il ne dit pas d'où ils viendront, et la rumeur veut que
les représentants des entrepreneurs de la construction y auront peu de
place. La rumeur veut aussi que certains syndicats voudraient bien y
être, et on les comprend car un organisme de cette ampleur et qui a
accès aux livres des employeurs est un outil bien tentant pour eux.
Il est évident que l'AECQ ne pourrait en aucune façon
être d'accord avec la présence de représentants syndicaux
à ce niveau. Selon nous, la commission doit être majoritairement
composée d'entrepreneurs en construction. Ce sont eux qui ont la
capacité de juger de leurs pairs et d'évaluer
généralement la sécurité d'une oeuvre de
construction.
Le principe de base qui sous-tend toute la réforme contenue dans
le projet de loi 53 est celui de l'autofinancement. Or, selon des informations
provenant d'un document du ministère de l'Habitation et de la Protection
du consommateur, le gouvernement a consacré, pour l'exercice financier
1982-1983, près de 27 000 000 $ pour le financement des activités
de main-d'oeuvre reliées au secteur de la construction, soit environ 23
000 000 $ pour la Direction générale de l'inspection, qui
relevait alors du ministère du Travail, et 4 000 000 $ pour celle de la
Régie des entreprises de construction du Québec. Ce montant
semblait déjà élevé, compte tenu de la
qualité des services offerts par ces organismes.
Considérant cependant que la RECQ, semble-il,
s'autofinançait par certaines de ses activités et que certaines
activités de la DGI généraient aussi des revenus de
l'ordre de 12 000 000 $, il y avait à cette époque un manque
è gagner de l'ordre de 15 000 000 $.
Puisque le principe de base de la future Commission du bâtiment
est qu'elle devra s'autofinancer, on peut se demander d'où proviendront
ces 15 000 000 $ qui, déjà en 1982, constituaient un manque
à gagner pour les différents services d'inspection du
gouvernement affectés au secteur de la construction. (23 h 15)
Qu'adviendrait-il du surplus de quelque 500 inspecteurs et
fonctionnaires que cette nouvelle approche législative va engendrer?
Conserveront-ils leur emploi? Les entrepreneurs auront-ils à payer pour
une forme déguisée de bien-être social? Que sera le budget
de cette commission?
Une chose est sûre, le projet de loi 53 prévoit des moyens
très efficaces d'autofinancement dont les droits sur la
délivrance, les modifications ou le renouvellement des permis, les frais
d'examens, les sommes exigées des entrepreneurs provenant des
prélèvements basés sur une somme fixe, un pourcentage des
salaires versés à ces salariés ou les deux
à la fois. À souligner que l'une des sources passibles de
financement est un pourcentage du total des salaires que l'employeur verse
à ses salariés. Encore une fois, ce sont les employeurs qui vont
payer la note, c'est-à-dire les entrepreneurs généraux et
les sous-traitants qui ont des salariés. Encore une fois, semble-t-il,
on veut protéger les promoteurs, les "brokers". On peut également
prévoir qu'une des associations qui regroupent provincialement quelque
300 gros entrepreneurs paiera plus que sa part. Est-ce là une
façon efficace d'encourager la véritable industrie de la
construction, qui est composée d'employeurs et de salariés, qui
trouvent leur gagne-pain en permanence, et qui ne sont pas, ceux-là, des
chevaliers de l'industrie?
Enfin, nous avons noté que le projet de loi donne mandat à
la future Commission du bâtiment de chercher à unifier les
déclarations des travaux et la perception des sommes exigées en
vertu de l'une ou l'autre des lois applicables à l'industrie de la
construction. C'est là un mandat important auquel nous ne pouvons que
souscrire. Il apparaît cependant étrange que ce soit le ministre
de l'Habitation et de la Protection du consommateur qui en soit le maître
d'oeuvre alors qu'il s'agit de l'ensemble de la construction, à moins
que l'on persiste à faire des employeurs de notre industrie des vaches
à lait qui paient pour les autres au lieu de considérer enfin
l'industrie de la construction comme une composante vitale de notre
économie.
Conclusion. Si, en principe, l'objectif est de rationaliser, de
déréglementer, de corriger les lacunes et de mettre en place des
structures adéquates, nous croyons que l'objectif est louable. Mais, le
projet comme tel donnera-t-il ces résultats? Ce sont, finalement, les
règlements qu'adopteront le gouvernement et la future Commission du
bâtiment qui détermineront, en dernière analyse, la valeur
du projet de loi. Tel qu'il est, sans cette réglementation essentielle,
le projet de loi contient autant de promesses que de pièges. Ces
remarques n'ont pour but que d'assurer une saine évolution de notre
industrie et de ses participants. Loin de nous l'idée de nous immiscer
dans des domaines qui ne sont pas de notre ressort: c'est une règle que
l'AECQ sait respecter. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. Fava. M. le
ministre.
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
M. Dion: Si vous voulez m'excuser...
M. Rochefort: Pardon?
M. Dion: Si vous voulez m'excuser...
M. Rochefort: Ah oui! Excusez.
M. Dion:... juste une seconde, je voudrais qu'on prenne
conscience aussi qu'on dépose en même temps un extrait de notre
mémoire du mois d'août, je pense à la page 116, qui traite
de la Régie des entreprises de construction; on ne le lira pas, mais on
le donne à titre de document d'appoint.
Le Président (M. Lafrenière): Merci.
M. Fava: C'est une partie de notre mémoire du mois
d'août 1984.
M. Rochefort: De 1984. M. Fava: De 1984.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier les
dirigeants de l'AECQ pour la présentation du mémoire qu'ils
viennent de nous faire. Je soulignerai qu'on y trouve, entre autres, un appui
aux pages 4 et 5 quant aux efforts de rationalisation en ce qui concerne les
lois et les règlements et à l'idée du regroupement des
divers organismes en un seul. Donc, je prends bonne note de cet appui, de cette
position exprimée.
Rapidement, je ferais - un certain nombre de commentaires, M. le
Président, compte tenu que bon nombre - je comprends bien que,
évidemment, vous ne pouviez pas passer vos deux jours avec nous - des
points sur lesquels j'aurais eu l'intention d'intervenir ont été
abordés avec d'autres organismes. Nous avons eu l'occasion, je pense,
d'apporter bon nombre de précisions, d'affirmer aussi nos intentions
quant aux amendements à venir, sur lesquels je n'ai pas l'intention de
revenir longuement.
Quant au pouvoir réglementaire que vous abordez, je veux rappeler
que, lorsque nous faisons le décompte de ce que peut et de ce
qu'engendre, dans les faits, en termes de pouvoir réglementaire, donc de
règlements, l'ensemble des lois qui seront réunies dans cette
seule Loi sur le bâtiment, on atteint un chiffre beaucoup plus
considérable que celui auquel nous amène le projet de loi sur le
bâtiment. Deuxièmement, il faut voir que bon nombre des
règlements qui sont prévus au projet de loi sur le bâtiment
seront élaborés, conçus par la Commission du
bâtiment sur lequel les intervenants du milieu se retrouveront. Donc, je
pense qu'il s'agit là d'une dynamique fort différente de celle
que nous connaissons à l'heure actuelle.
Deuxièmement, au sujet des remarques contenues à la page 7
de votre mémoire, vous dites que le projet de loi donne à la
Commission du bâtiment des pouvoirs étendus dans bien des
domaines. Cette commission pourra notamment pénétrer dans un
chantier, y prélever des échantillons, y prendre des
analyses, exiger des vérifications et tout le reste. Vous dites
plus loin que l'entrepreneur en construction doit déjà faire
parvenir à la commission ses procédés de construction,
faire approuver... Je vous dirai qu'il s'agit là de ce qui existe,
à l'heure où nous nous parlons, avant que le projet de loi 53
soit adopté, plus, évidemment, un pouvoir qui existe pour
l'inspecteur, qui est confié à la commission, de laquelle
relèvera éventuellement l'inspecteur en question.
Donc, ce n'est pas une inflation de pouvoirs, de responsabilités
nouvelles, ce sont des choses qui existent, auxquelles vous êtes
confrontés, avec lesquelles vous vivez chaque jour. On ne vient pas
ajouter des choses. C'est, évidemment, à partir du moment
où vous donnez votre appui è cette notion qu'on regroupe deux
organismes. Il est évident qu'il faut donner à ce nouvel
organisme tout ce qui relevait des autres organismes et qui doit être
maintenu.
Sur la question du financement, je pense qu'il y avait au moins un de
vos représentants qui a pu, peut-être, prendre connaissance des
discussions très importantes que nous avons eues, notamment avec les
représentants de l'ACRGTQ, à qui on a effectivement
indiqué clairement qu'on a l'intention d'apporter un certain nombre de
balises au projet de loi pour donner plus d'assurances au milieu quant à
la méthode d'application de l'autofinancement, à savoir qu'on
veut que ce soit chaque secteur d'activité qui contribue au coût
qu'il génère à la Commission du bâtiment.
Deuxièmement, nous n'avons pas fait le choix, justement, que cela doive
se faire à partir de la masse salariale. Nous avons mis cette'
disposition avec quatre autres, en ce qui concerne l'autofinancement de la loi,
parce que déjà, à l'heure où nous nous parlons,
notamment du côté de la CMEQ, il y a une partie de sa
contribution, quant au coût que son secteur d'activité
génère à la DGI, qu'elle assume par un
prélèvement sur la masse salariale, au fond, toujours de
façon à donner à la Commission du bâtiment les
outils dont elle a besoin pour être en mesure d'assumer cette
responsabilité de défrayer les coûts
générés par les différents secteurs
d'activités. Là-dessus, on verra notamment les
représentations de la CMEQ, mais on n'y tient pas
particulièrement. On est prêt à apporter d'autres
modifications là-dessus.
Pour ce qui est de la Commission du bâtiment, je pense qu'on a
apporté aussi un certain nombre de clarifications quant aux amendements
que nous voulons apporter pour préciser, notamment, les modes de
nomination qu'on croit devoir être faits, évidemment, après
consultation des associations les plus représentatives au plan des
intérêts professionnels des entrepreneurs en construction du
Québec. Au sujet de la qualification, que vous abordez à la page
13... Il me semblait que j'avais vu quelque chose. Vous faites allusion au
morcellement que la délégation pourrait créer.
D'abord, je vous rappelle que le projet de loi, outre qu'il confie
dès le départ la qualification aux deux corporations de
métiers pour des raisons, je pense, que vous connaissez tout aussi bien
que moi, quant aux associations professionnelles le présent projet de
loi met en place un article qui permettra éventuellement à la
Commission du bâtiment de déléguer la qualification
à une association ou à un groupe d'associations. Je pense que
c'est faire preuve un peu d'un manque de confiance aux décisions que
pourront prendre ces entrepreneurs qui siégeront à la commission
quant à la délégation et quant à la façon
que, une fois cette qualification déléguée, les
entrepreneurs pourraient assumer une telle responsabilité. J'avoue que,
là-dessus, je considère que votre position est fort
différente de celle des membres que vous représentez, lesquels
sont venus, par l'intermédiaire de leur association professionnelle,
nous indiquer qu'ils étaient heureux d'être en mesure de
participer beaucoup plus qu'ils ne le font actuellement et même d'assumer
totalement la responsabilité, dans certains cas, de cette
qualification.
Voilà les principaux commentaires que je voulais faire
rapidement, sans reprendre un bon nombre des interventions que j'ai faites au
cours de la journée, pour ne pas étirer plus qu'il ne le faut les
travaux de la commission. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): Monsieur, est-ce que
vous avez des commentaires?
M. Fava: En fait, peut-être juste un commentaire ou une
remarque face au dernier commentaire du ministre.
Évidemment, vous soulignez le fait que, effectivement, ce sera la
commission, à laquelle siégeront un certain nombre
d'entrepreneurs, qui décidera de cette délégation. C'est
un peu dans cet esprit qu'on se posait la question, puisqu'on ne savait pas
d'où viendraient les quinze personnes qui siégeraient au conseil
d'administration. Si on l'avait su ou si on nous avait dit que,
majoritairement, les membres de cette commission viendraient du monde patronal
de la construction, je pense bien que certaines de nos inquiétudes se
seraient dissipées. Je pense que, si tel est le cas, c'est
peut-être une mesure qui ne posera pas de problème.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais
remercier les membres
de l'AECQ d'avoir pu nous présenter un mémoire avec un si
court préavis, mémoire qui est très objectif en soi. Je
pense qu'il efface un peu les préoccupations que d'autres auraient pu
avoir quant à votre présence ici. Vous mentionnez la Commission
du bâtiment; on parle de quinze membres. Est-ce que vous avez eu le temps
d'analyser cela? En présumant que le projet de loi devienne une
réalité, est-ce qu'un conseil d'administration de quinze membres
vous semble assez gros, trop gros? Est-ce que vous avez des idées
là-dessus?
M. Fava: Écoutez, je pense que, si on en juge par les
conseils d'administration avec lesquels on a l'habitude de travailler... Qu'on
songe, par exemple, à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, où on se retrouve avec un conseil
d'administration, je pense, de quatorze membres plus le président, on a
quinze membres à ce conseil. À l'office, on en a cinq, on a
vingt-et-un membres au conseil d'administration de l'AECQ, actuellement... Cela
va dépendre, je pense, de quelle façon vont se diviser les
délégations. Si on se retrouve un peu avec une structure comme il
existe à la CSST, où on a, à toutes fins utiles, deux
votes plus le vote du président, puisqu'on a le vote si l'on veut
patronal qui, en général, se rallie quand même à une
position commune, et on a le vote qui vient de la partie syndicale, et souvent,
malheureusement, le président doit trancher... À toutes fins
utiles, malgré qu'on parle de quinze membres à un conseil, on
parle essentiellement de trois votes. Si la composition du conseil se divisait
selon une lignée semblable ou un module semblable, je pense que cela
pourrait possiblement ne pas causer de problème. Mais je pense que cela
va largement dépendre de quelle façon ce conseil va être
composé.
M. Middlemiss: D'accord.
M. Dion: Si vous me permettez, M. le Président, je pense
que je vais juste en même temps faire une petite parenthèse.
L'allusion est à la page 13, quand on parle de la délivrance des
permis, où on fait allusion à un qualificateur, etc. Notre
préoccupation n'est pas nécessairement sur le nombre de gens qui
peuvent composer la commission, comme elle ne l'est pas non plus sur la
question de délégation de pouvoirs d'émettre ces permis.
Je pense qu'il ne faut pas retenir notre mémoire dans ce sens-là.
Il faut le retenir dans le sens que notre préoccupation, c'est qu'on
viserait une loi qui qualifie les entrepreneurs par des entrepreneurs; c'est
plus à cela qu'on veut faire allusion dans toutes nos remarques. On n'a
pas de donnée - on n'a pas pu en profiter - sur la composition de la
commission. Mais on nous a dit que c'était une très petite
minorité d'entrepreneurs qui pourrait composer la commission. Il y a eu
un avant-projet où, semble-t-il, on parlait de deux entrepreneurs et
là c'était toute une série d'autres intervenants. (23 h
30)
Évidemment, ils peuvent avoir un aspect d'intérêt
dans l'organisation, mais cela nous apparaît une commission qui va
effectivement qualifier les entrepreneurs et on se dit: C'est un peu comme une
corporation professionnelle. Les avocats sont qualifiés par des avocats,
les comptables par des comptables. Effectivement, je suppose que si un jour on
qualifiait les députés, ils seraient qualifiés par des
députés. Finalement, si on qualifie les entrepreneurs, il me
semble qu'ils devraient être qualifiés par des entrepreneurs. Il
est possible qu'à l'occasion, on pense devoir faire intervenir, mais
cela ne devrait pas être une règle qui fait qu'ils ont une
majorité au conseil comme cela. Or, que le conseil soit de 30
personnes... D'ailleurs, je dois vous avouer, je voyais le président
aller, nous sommes 21 chez nous à l'heure actuelle, on a un projet de
statut et on espère que les gens vont coopérer pour le faire
passer parce que c'est pour le bien-être de l'industrie. Ce conseil
passera de 21 à 31. C'est une question
d'homogénéité. C'est 31 employeurs - M. Rochefort a bien
compris mon message, j'espère - c'est un conseil d'administration qui
nécessite tout simplement ce qu'on vit, soit une
homogénéité de gens qui ont les mêmes pensées
et les mêmes besoins, qui visent les mêmes buts. Que ce soit 31
entrepreneurs ou 15, cela n'a pas tellement d'importance, quant à nous,
dans notre projet à l'heure actuelle.
M. Fava: C'est que pour nous, M. le député, cela
peut créer certains problèmes. Voyez-vous dans quelle situation
on se retrouverait s'il siégeait au conseil d'administration de cette
commission des représentants du monde syndical à qui, à
toutes fins utiles, si on suit les mêmes critères qui existent
actuellement, pour renouveler ou obtenir nos permis de la régie, on doit
soumettre nos états financiers et un paquet de documents finalement qui
sont confidentiels à l'entreprise. Alors, ces syndicats auraient
accès, je pense, à toute une gamme de renseignements que, quant
à nous, ils n'ont pas d'affaire à savoir. C'est dans ce
sens-là qu'on dit: La qualification, s'il doit y avoir qualification,
doit être faite par des entrepreneurs. C'est pour cela qu'on souhaite
qu'à cette commission, ils soient majoritaires au moins.
M. Middlemiss: Vous dites: Loin de nous l'idée de nous
immiscer dans ces domaines. Est-ce que je peux conclure de cela que l'AECQ ne
tient pas à avoir un siège à la
Commission du bâtiment pour autant que la majorité vienne
des entrepreneurs en construction qu'on veut responsabiliser?
M. Fava: Deux commentaires rapides là-dessus. Je sais que c'est
une inquiétude qui existe dans l'industrie qu'on veuille accaparer
davantage de juridiction à l'exclusion des autres. Ce n'est pas notre
idée fondamentale. À l'heure actuelle, on ne siège pas
à la Régie de la construction et on n'a jamais prétendu
vouloir obtenir des sièges à cette commission. À ma
connaissance, en tout cas, je suis à la présidence de l'AECQ
depuis deux ans et demi et je suis au conseil depuis au moins six ans et, que
je sache, cela n'a jamais été une prétention de l'AECQ,
sauf que vous comprendrez qu'on insistait quand même pour
présenter nos commentaires à cette commission puisqu'on a 5000
membres qu'on ne retrouve pas dans les autres associations dans l'industrie. Il
fallait quand même, je pense, qu'on représente ces membres qui ne
sont pas représentés par d'autres associations. C'est dans ce
sens-là qu'on fait les commentaires qu'on a faits. Alors, si vous me
posez la question: Est-ce que l'AECQ prétend ou exigerait d'avoir un
poste à cette commission, je vous dirais directement non. Ce qui
m'importe, c'est de savoir qu'il y a des entrepreneurs qui siègent
à ce conseil.
M. Dion: M. le Président, nous avons un mandat exclusif en
relations du travail. On a le mandat de négocier le décret de la
construction. Effectivement, lorsqu'on est en période de
négociation ou même en dehors des périodes de
négociation, on va revendiquer notre mandat exclusif de
négociation et on va le revendiquer contre toute autre association car
la loi nous l'a donné. Par contre, il y a d'autres associations qui
parlent de relations du travail et pour autant, je ne pense pas qu'il y ait de
coups de fusil dans l'industrie de la construction.
Or, sans être obligé et sans pour cela... L'AECQ peut
réclamer des postes à la régie, à la Commission du
bâtiment, sans faire penser aux gens qu'on voudrait accaparer une partie
de ce mandat. Je pense qu'il n'y a rien de ridicule et d'illogique à ce
qu'on émette nos points de vue sur ces choses et qu'on fasse savoir ce
qu'on pense qui peut faire évoluer l'industrie. Il faut que vous
remarquiez une chose, c'est qu'il y a 15 000 employeurs membres de l'AECQ.
Quand je parle de 15 000 employeurs, il y en a 5000 qui ne sont dans aucune
association. Mais les 15 000 sont des entrepreneurs licenciés de la
régie. Or, on a un intérêt, peut-être pas
directement, mais un intérêt indirect à ce que ces gens
soient des gens professionnels et qualifiés. C'est notre recherche. Ce
n'est pas la recherche d'un siège à la Commission du
bâtiment et ces choses-là. On en a suffisamment des relations du
travail.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Je veux remercier M. Fava et M. Dion d'avoir
présenté ce mémoire et de vous exprimer aussi clairement.
Ce que j'aimerais, parce que vous êtes la deuxième association ce
soir àprésenter un point de vue plein
d'appréhensions, je dirais, j'aimerais savoir, vu que vous dites que
vous seriez satisfait si le conseil d'administration était
majoritairement composé de gens venant du monde patronal, si vous croyez
qu'une telle exigence devrait être satisfaite simplement par une
déclaration d'intention du ministre ou s'il est préférable
que cette exigence qui, semble-t-il, vient du monde patronal de la
construction, soit dans la loi même. Il faut que ce soit bien clair que
ce serait une commission dirigée par le monde patronal de la
construction.
M. Fava: Un des objectifs que le ministre vise dans le projet de
loi c'est de déresponsabiliser les parties. Le projet de loi
prévoit que le ministre va nommer des gens. On voit cela comme
étant un peu contradictoire. Il est clair que pour nous, ce serait
beaucoup plus souhaitable que ce soit inclus dans le projet de loi. C'est un
peu le problème que l'on a à la Commission de la santé et
de la sécurité du travail. Le ministre nomme en vertu de la loi
les "associations les plus représentatives" qui doivent se retrouver
là, puis chaque fois que les mandats sont renouvelés, il y a une
bagarre épouvantable pour savoir qui va s'arracher les sept
sièges du côté patronal. Alors, je pense que si le projet
de loi était beaucoup plus clair et plus précis là-dessus,
cela éviterait cette espèce de débat qui se fait tous les
deux ans à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Je ne connais pas encore les périodes ou la durée des
mandats des membres de cette commission, mais je pense que ce serait beaucoup
plus souhaitable que ce soit clairement indiqué dans le projet de loi
pour dissiper justement une partie des appréhensions qu'on a face
à ce projet de loi. Pour nous, il est absolument essentiel qu'on
s'assure qu'il n'y ait pas de représentant du monde syndical qui
siège à cette commission, parce que pour nous, cela devient
presque une association ou une commission de régie interne en quelque
sorte puisque c'est elle qui va qualifier notre "membership", qui va
délivrer les licences et c'est elle qui va finalement avoir accès
à un bagage de renseignements qui sont confidentiels aux entreprises et
qu'on voudrait garder confidentiels.
M. Fortier: Et l'autre appréhension fondamentale que vous
avez a trait au financement. Quel genre d'information ou quel genre de
déclaration de la part du gouvernement...
M. Fava: Pour nous...
M. Fortier:... serait nécessaire pour que le programme
dans son ensemble... La réglementation n'est pas définie, on ne
sait pas exactement. Il y a une association qui a demandé que le
gouvernement s'engage à payer tous les déficits pendant cinq ans.
Finalement, quel genre d'information ou de dispositions feraient que le projet
de lot serait acceptable en général au monde patronal?
M. Fava: Là-dessus j'ai pu obtenir certains renseignements
sur les commentaires qui ont été faits là-dessus par
l'ACRGTQ et d'autres associations. Je sais, étant moi-même membre
de la l'ACRGTQ, puisque comme entreprise je fais partie de son membership,
qu'une des inquiétudes qu'on a évidemment c'est la cotisation
basée sur les heures de travail. Vous comprendrez que dans l'industrie
il y a quatre grands secteurs et certains secteurs évidemment, en termes
de nombre d'heures travaillées, déclarent un volume beaucoup plus
important d'heures à l'Office de la construction. Cela ne se
reflète pas nécessairement au niveau du nombre des entreprises.
Alors, pour nous, si ce projet de loi est orienté vers une cotisation
sur une base horaire, cela ferait en sorte que possiblement 700, 800 ou 900
entrepreneurs paient peut-être 80 % de la note. Cela nous semble
carrément déséquilibré.
Une des choses que l'on constate dans l'industrie de la construction,
c'est que souvent, ce ne sont pas ces entreprises qui ont le plus besoin
d'être inspectées et vérifiées. Alors, c'est un peu
contradictoire puisque ceux qui, finalement, vont payer la plus grosse partie
de la note, ce sont ceux qui ont peut-être le moins besoin de
surveillance. Dans ce sens-là, le projet de loi aurait avantage à
clarifier cet aspect du financement de cette commission. C'est toujours facile.
Vous vous souvenez, durant l'étude des crédits de la Commission
de la santé et de la sécurité du travail, on a
essayé de refiler la facture de 30 000 000 $ pour l'inspection à
la commission. À l'Office de la construction à l'heure actuelle
on veut refiler la facture de 6 000 000 $ qui est le coût de
l'application du règlement de placement. Plutôt que par le
système de subventions qui existe actuellement où le gouvernement
subventionne l'office de l'ordre de 6 000 000 $ pour appliquer ce
règlement, aujourd'hui on voudrait qu'on paie la note de ce
règlement. C'est un peu tout cela qui nous rend inquiets face à
un projet de lot comme celui-ci qui, à toutes fins utiles, est un projet
de loi-cadre et ces projets de loi nous rendent toujours un petit peu nerveux
puisque, finalement, on ne sait jamais où cela va aboutir tant qu'on ne
connaîtra pas la réglementation.
C'est dans ce sens, je pense, dans la mesure où on pourra
préciser certaines choses dans le projet de loi, que cela va dissiper
certaines inquiétudes qu'on a à l'heure actuelle.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour enchaîner sur la question de mon
collègue, le député d'Outremont, vous parlez de la
répartition des coûts et vous exprimez certaines
inquiétudes en ce qui concerne la méthode de paiement. Qui va
payer? Est-ce que vous exprimez aussi certaines inquiétudes en ce qui
concerne la totalité des coûts? Sans parler de la
répartition - cela, c'est un problème - est-ce que vous avez des
inquiétudes en ce qui concerne la totalité des coûts?
Est-ce que vous avez une idée des coûts globaux que la commission
peut engendrer? Est-ce que vous avez quelques commentaires en ce qui concerne
les limites possibles ou s'il n'y a pas de limite du tout? Est-ce que les
coûts possibles de la commission sont connus aujourd'hui?
M. Fava: Si vous me le permettez, M. le député, je
vais vous répondre par analogie. Quand on nous a vendu le projet de loi
17, on parlait d'un coût d'inspection à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail de l'ordre de 17 000
000 $ ou de 18 000 000 $ si ma mémoire est bonne.
Aujourd'hui, on se ramasse avec une facture de plus de 90 000 000 $ pour
financer ces mêmes services d'inspection. Au moment où le projet
de loi a été accepté, on nous avait dit que cela
coûterait environ 16 000 000 $. On s'est réveillé avec une
boîte qui, en 1978, coûtait environ 360 000 000 $; la CSST nous
coûte 1 000 000 000 $ aujourd'hui.
Quand on crée, je pense, des commissions semblables avec un
pouvoir de réglementer comme tel, avec 550 fonctionnaires en partant, je
pense qu'on a toutes les raisons de craindre que cela devienne un monstre
administratif qui ait tendance à vouloir grossir par lui-même.
C'est clair que, pour nous, c'est une grosse inquiétude, ce projet de
loi. Ce n'est pas tellement en termes de la modalité de la perception de
ce financement, mais c'est aussi dans l'ordre de grandeur de ce
financement.
Je pense que dans l'industrie, on a été drôlement
échaudé par ce genre de boîte qui a tendance à
vouloir grossir d'une année à l'autre. Vous savez, à
l'Office de la construction, on a un budget de plus de 30 000 000 $ par
année; à la régie, on parle de 4 000 000 $ ou 5 000 000 $.
La CSST nous coûte 140 000 000 $ par année, alors où va
aboutir tout cela?
M. Ciaccia: Qui paie pour tout cela éventuellement? Qui va
être obligé de payer la note?
M. Fava: Éventuellement, on pourrait jouer à
l'hypocrite et dire que nous payons, mais je pense bien qu'il faut être
réaliste. Éventuellement, c'est le consommateur qui paie à
l'autre bout. Je pense qu'en fin de compte, tout ce qu'on prélève
sur notre masse salariale, que ce soit d'une façon ou d'une autre, en
dernier ressort, c'est le consommateur ou c'est l'acheteur de nos produits qui
paie la note. On n'a qu'à penser encore aux 9 % qui viennent
d'être imposés dernièrement sur les primes d'assurance. En
quelque sorte, on l'absorbe aussi à l'office parce qu'on a un plan
d'avantages sociaux qui existe pour les travailleurs de la construction, mais
ce plan vient de nous coûter 240 000 000 $ de plus à cause de ces
9 %. C'est un peu cela. Qui va absorber la note, finalement? Je pense,
ultimement, que c'est toujours le consommateur qui paie la note.
M. Ciaccia: Savez-vous... M. Fava: Excusezl
M. Ciaccia: Savez-vous, dans les autres provinces, s'il y a
l'équivalent de cette commission? Qu'est-ce qu'on fait dans les autres
provinces au point de vue de votre industrie? Est-ce qu'il y a des mesures
semblables?
M. Fava: Je ne peux pas honnêtement vous répondre
là-dessus, M. le député. Je ne suis vraiment pas au
courant...
M. Ciaccia: Je voulais simplement savoir.
M. Fava:... si cela existe dans les autres provinces.
M. Ciaccia: C'est tout, merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai trois commentaires. Un
premier qui s'ajoute aux deux autres que je voulais faire et qui fait suite
à une réponse très loin de notre sujet, qui fait
plutôt caractère de message publicitaire. Est-ce que j'ai bien
compris que vous nous dites que les 9 % de taxe sur les assurances
représentent 240 000 000 $ de coûts additionnels?
M. Fava: Non, 2 400 000 $, excusez.
M. Rochefort: Ah! Mon Dieu, excusez-nous.
Une voix: II y a eu une correction.
M. Rochefort: C'est le système de son, j'imagine, qui
fonctionne mal. On n'avait pas compris cela.
M. Dion: C'est parce que la correction est venue un petit peu
après, M. le ministre.
M. Rochefort: Je vous dirai, en terminant, que j'ai deux
commentaires. D'abord, la rumeur à laquelle vous faites allusion et sur
laquelle vous dites avoir basé l'essentiel de vos représentations
comme quoi sur quinze membres, il a déjà été
envisagé par le gouvernement qu'il y ait seulement deux postes au
conseil d'administration qui soient accordés à des entrepreneurs.
Vous me l'apprenez et j'avoue que...
M. Dion: C'était dans votre livre vert, le livre de M.
Tardif, je pense.
M. Rochefort: Pardon?
M. Dion: Ce n'est pas dans le livre vert de M. Tardif?
M. Rochefort: Non, ce n'est moi qui l'ai piloté une fois
qu'il a eu fini de le rédiger et je l'ai lu au moins huit fois.
M. Dion: On a pris cela dans un livre d'un avant-projet.
M. Rochefort: Écoutez, je vous dis que pour la partie que
j'ai vue, je n'ai pas vu cela. Je le demande à mon sous-ministre qui est
au dossier depuis le début qui, lui non plus, n'a pas vu cela. Mais,
indépendamment, je vous dis donc que c'est, comme souvent, une rumeur
non fondée, une chose qui n'existe pas.
M. Dion: Je ne voudrais pas vous induire en erreur avec nos
informations; c'est un document préliminaire de 1982.
M. Rochefort: Oui, mais, effectivement, mon sous-ministre qui est
au dossier depuis ce temps, non plus, ne se souvient pas de cela. Je pense que
les indications que le gouvernement a données là-dessus n'ont
jamais été dans ce sens, d'aucune façon, je
le répète. Quant au message publicitaire que vous m'avez
transmis, je vous dirai que je l'ai bien compris et que j'imagine que
l'ensemble des associations professionnelles et des corporations de
métiers l'ont aussi compris, quant au règlement de l'AECQ. Je
vous remercie.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, messieurs.
M. Ciaccia: J'ai juste un point. Excusez-moi, M. le Président,
mais il n'y a rien dans le projet de loi qui dit que les commissaires, les
représentants de la commission du côté patronal vont
être plus que deux. Le projet de loi ne dit rien sur... Alors, ils
peuvent être deux et...
Le Président (M. Lafrenière): On demanderait
à la Corporation des maîtres électriciens du Québec
de prendre place, s'il vous plaît!
Une voix: Pourrait-on suspendre deux minutes?
Le Président (M. Lafrenière): Oui, on va suspendre
pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 45)
(Reprise à 23 h 51)
Le Président (M. Lafrenière): La commission reprend
ses travaux pour poursuivre la consultation particulière sur le projet
de loi 53. Nos intervenants sont la Corporation des maîtres
électriciens du Québec. On demanderait au porte-parole de
s'identifier, s'il vous plaît, et d'identifier les personnes qui
l'accompagnent.
CMEQ
M. Gagnon (Claude): Merci, M. le Président. Je voudrais
commencer par vous présenter les membres qui ont travaillé au
comité. À ma droite, vous avez le directeur
général, M. Yvon Guilbault, qui est directeur de la Corporation
des maîtres électriciens du Québec depuis six ans; M. Jean
Keable, avocat externe à la corporation; M. Roger Gosselin, entrepreneur
électricien et directeur au comité exécutif de la
Corporation des maîtres électriciens, section de Québec; M.
André Dion, directeur au comité exécutif de la Corporation
des maîtres électriciens et entrepreneur électricien de la
section des Laurentides. À ma gauche, M. Jacques Côté,
directeur du service juridique à la Corporation des maîtres
électriciens du Québec; M. Jean-Louis Auger, entrepreneur
électricien et exprésident de la Corporation des maîtres
électriciens du Québec, demeurant à Saint-Hyacinthe; M.
Richard Lavergne, ex-président de la Corporation des maîtres
électriciens, demeurant à Hull; M. Robert Bérubé,
entrepreneur électricien, section de Rimouski, et moi-même, Claude
Gagnon, président provincial de la corporation et en provenance de la
section d'Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Lafrenière): Monsieur, avant de
commencer, j'aimerais demander à la commission le consentement pour
dépasser l'heure de minuit.
Des voix: Oui, oui.
Le Président (M. Lafrenière): Vous pouvez
procéder, monsieur.
M. Gagnon (Claude): Très bien. M. Fortier: Vous
êtes bien gentil.
M. Gagnon (Claude): La prochaine demande, c'est 2 heures ou 3
heures.
M. Fortier: Non, parce qu'après minuit, nous, c'est temps
double.
Une voix: On tombe sur le même salaire.
M. Gagnon (Claude): M. le Président, M. le ministre,
madame et MM. les députés et membres de la commission, en
premier, je voudrais vous remercier d'avoir accédé à ma
requête de déplacer l'horaire de notre présentation
à la commission ici ce soir parce que mon directeur
général n'était pas revenu d'Italie à l'heure
prévue. Finalement, tout est rentré dans l'ordre et nous sommes
tous ici. On va vous parler de cela au cours de notre présentation.
Juste un à-côté. Vous avez écouté
religieusement les doléances de l'AECQ tout à l'heure, sur le
projet de loi 53. D'ailleurs, j'ose espérer que les recommandations de
cette association n'effaceront pas la réalité connue que l'AECQ
n'a aucun intérêt dans ce dossier, car le mandat qui est bien
décrit dans la loi est strictement relié aux relations du
travail. D'ailleurs, nous, les membres de la Corporation des maîtres
électriciens du Québec, ne lui reconnaissons pas, non plus, le
droit de parler au nom des entrepreneurs électriciens. Depuis deux ans,
la CMEQ consulte ses membres et les représente à peu près
à tous les niveaux. Elle représente tous les entrepreneurs
électriciens sans exception. D'ailleurs, la juridiction sur le sujet est
établie. Il serait dommage que les parlementaires se laissent influencer
à la dernière minute par une organisation dont le mandat sur le
sujet est inexistant. Il faut quand même se dire une chose: S'il y avait
eu une consultation auprès de ses membres,
je suis convaincu que l'AECQ n'aurait pas eu besoin d'être
présente ici ce soir, étant donné que les membres de
l'AECQ ont quand même été représentés par
leurs propres associations qui sont passées devant vous hier et
aujourd'hui et qui ont eu à sa prononcer en faveur du projet.
D'ailleurs, je peux vous dire que je suis assez à l'aise pour en parler
parce que, depuis sept ans, je siège au conseil d'administration de
l'AECQ.
Je remercie la commission de nous avoir fourni l'occasion de
présenter l'opinion de la CMEQ sur le projet de loi 53. La Corporation
des maîtres électriciens du Québec, qui a
déjà 35 années d'existence, qui regroupe tous les
entrepreneurs électriciens du Québec, soit quelque 2500 membres
répartis dans 17 sections régionales, en vertu de la Loi sur les
maîtres électriciens du Québec, est heureuse, ce soir, de
s'associer aux grandes orientations qui se dégagent du projet de loi sur
le bâtiment.
C'est sans équivoque que la CMEQ maintient aujourd'hui son appui
aux orientations contenues dans le projet de loi 53. Cet appui de la
corporation se manifeste de façon aussi solide parce que la corporation
a eu l'occasion d'être associée à divers comités
d'étude préparatifs. Cette association n'a pas été
le seul lot de la CMEQ. Les autres intervenants, y compris l'ACM, ont aussi
été associés étroitement aux travaux
préliminaires.
Au cours de cette période de consultation, nous avons
apprécié une volonté d'étude et de
compréhension remarquable. Pour nous, cette marque d'appréciation
est également méritée par M. le ministre Tardif et
vous-même, M. le ministre Rochefort. Nos remerciements s'adressent de
façon aussi sentie au sous-ministre, M. Chapdelaine, et aux autres
fonctionnaires du ministère associés aux diverses études
menées à ce jour. Nous sommes certains que les intervenants de la
construction ont trouvé les interlocuteurs attentifs et silencieux... et
consciencieux. C'est pas pire?
Dès juin 1983, la CMEQ présentait un mémoire au
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Ce mémoire
portait sur la qualification, l'inspection et la normalisation dans l'industrie
de la construction. Deux grandes demandes législatives s'en
dégagent: premièrement, la nécessité d'amendements
législatifs pour favoriser la déréglementation de
l'industrie de la construction et la responsabilisation de cette
dernière; deuxièmement, la nécessité d'amendements
législatifs pour mettre sur pied un plan d'assurance-qualité
susceptible de fonctionner efficacement.
De façon générale, le projet de loi 53 reprend ces
orientations et les traduit en termes législatifs. Pour nous,
l'instrument est fort valable, mais nous désirons suggérer aux
membres de la commission d'améliorer encore la législation
projetée. Nous sommes convaincus que nos demandes seront
considérées avec l'ouverture d'esprit qui a
caractérisé le travail de la commission.
D'ailleurs, la présentation de nos commentaires particuliers sera
faite, en premier lieu, par notre directeur général, M. Yvon
Guilbault, et en second lieu par notre avocat externe, M. Jean Keable. Je
cède la parole à M. Guilbault.
M. Guilbault (Yvon): M. le Président et messieurs les
membres de la commission, il n'est pas de notre intention de faire une lecture
du mémoire que vous avez entre les mains. Ceux qui en ont pris
connaissance ont pu se rendre compte que nos commentaires étaient
surtout d'ordre technique. La déclaration préalable du
président de la corporation en dit long sur la position de la
corporation face au projet de loi lui-même.
On s'est borné, pour le moment - il y aura d'autres commentaires
par la suite - à trouver, ce qu'on peut appeler des coquilles dans le
projet de loi, des choses susceptibles d'être améliorées.
Vous allez peut-être, après tous les commentaires qui ont
été entendus, trouver les nôtres très terre à
terre. Effectivement, ils le sont puisqu'ils se rattachent surtout, sur le pian
des opérations, à l'assurance-qualité, à la
protection du consommateur et à la qualification des entreprises.
La corporation a une grande expérience dans le domaine de la
qualification et aussi dans le domaine de la protection du consommateur. C'est
pour cette raison que ce projet de loi l'intéresse tellement et qu'elle
a mis tant d'efforts dans ses consultations avec les ministres Tardif et
Rochefort et leurs principaux fonctionnaires pour en arriver à ce projet
de loi qui est entre vos mains aujourd'hui.
J'aimerais attirer votre attention sur trois points particuliers: le
premier, à la page 6 du mémoire, parle du plus grand rattachement
de la personne habilitante. Très brièvement, vous savez qu'une
entreprise est qualifiée en technique, en sécurité et en
administration. Â l'heure actuelle, pour qu'une personne puisse
être considérée comme personne habilitante d'une
entreprise, elle doit rencontrer un des deux critères suivants: soit
détenir 20 % des actions de l'entreprise ou encore être
considérée comme un employé à temps plein.
Or, dans la législation actuelle ou dans le projet de loi actuel,
la personne habilitante qui est employée à temps plein n'a aucune
responsabilité à l'endroit de l'entreprise en cas de faillite ou
de manquement à ses devoirs, entre autres, à l'égard d'un
consommateur. Notre suggestion est de rattacher - le terme est exact - la
personne habilitante à l'entreprise - en proposant un amendement
à l'article 31 du
projet de loi qui est sous considération aujourd'hui - en
considérant la personne habilitante comme un dirigeant. Cela fait qu'en
cas de failiite ou de manquement au devoir de l'entreprise à l'endroit
de la clientèle, à ce moment, la personne habilitante pourrait
être considérée. C'est un peu technique, mais c'est une
mention extrêmement importante étant donné qu'il y a des
personnes habilitantes d'entreprises qui en font pratiquement un commerce
aujourd'hui. On qualifie une entreprise, elle peut faire faillite, on retrouve
la même personne le lendemain dans une autre entreprise. C'est un trou
dans la législation actuelle qui est exploité par plusieurs
spécialistes. Au lieu de l'article 31 du projet de loi, c'est l'article
41.
La deuxième remarque concerne la juridiction du
constructeur-propriétaire en matière d'installation
électrique. Ce sont des considérations qui ont déjà
été faites aux fonctionnaires du ministère et à M.
Rochefort concernant le constructeur-propriétaire en matière
d'installation électrique. Elles visent spécifiquement ceux qu'on
appelle aujourd'hui les détenteurs de licence A-2. Pour votre
information, les détenteurs de licence A-2 dans les édifices
publics sont responsables des installations électriques en cas de
réfection, de modification et de réparation et pour tout ce qui
concerne l'entretien général. Si précision n'est pas
faite, il y aurait risque, évidemment, que les
constructeurs-propriétaires en matière d'installation
électrique, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, puissent
effectuer toute la construction de l'édifice concerné
plutôt que seulement la réparation, l'entretien et la
réfection. C'est un élément extrêmement important.
Comme il est mentionné à la page 7 de notre mémoire, il y
aurait lieu d'ajouter une note à savoir que la licence de
constructeur-propriétaire en matière d'installation
électrique vise les travaux de réfection, de modification et de
réparation sur des installations électriques existantes tout
simplement pour éviter que les constructeurs-propriétaires
d'édifices publics n'en viennent à devenir eux-mêmes des
constructeurs, (minuit)
Le troisième point touche la question de la
délégation aux municipalités. C'est un sujet qui, depuis
deux ans, a été amplement discuté. Je répète
souvent que, depuis tant d'années, la corporation s'y intéresse.
Il y a eu tellement de consultations depuis deux ans sur ce sujet. Sur la
question de la délégation et de l'inspection des installations
électriques aux municipalités, la corporation a fait de
nombreuses représentations pour exclure de cette
délégation possible aux municipalités l'inspection des
installations électriques. La raison est toute simple.
Déjà, le fonctionnement de l'inspection des installations
électriques marche très bien. Il est provincialise et il
répond du Code de l'électricité, les inspecteurs en
électricité sont formés. Alors, on dit qu'au lieu
d'améliorer la situation cela pourrait être une
détérioration. On demanderait que cette délégation
sur les installations électriques soit exclue.
Pour le moment, ces trois commentaires sont dans le "day to day
operation", comme on dit, en termes de fonctionnement. Au-delà des
grands principes peut-être qu'on pourrait faire des déclarations
de 15 à 20 minutes à la fin; c'est toujours très facile de
parler des grands principes, mais quand on arrive à administrer les
choses très terre à terre, c'est autre chose - pour le moment, ce
sont ces trois points sur lesquels je voulais attirer votre attention.
Je vais passer la parole è Me Keable qui a d'autres commentaires
à faire sur ce projet de loi.
M. Keable (Jean): M. le Président, madame et MM. les
membres de la commission, je voudrais à mon tour insister sur trois
points particuliers du projet de loi.
Le premier point touchera certaines dispositions générales
du projet de loi sur le bâtiment. Le deuxième point se rapportera
à certaines dispositions particulières concernant la Corporation
des maîtres électriciens et le troisième point touchera une
question qui a été soulevée à maintes reprises au
cours des débats de cette commission, soit la question du financement de
la Commission du bâtiment.
Je reprends donc la première question qui est celle des
dispositions générales du projet de loi. Au chapitre I, nous
désirons appuyer très fortement les représentations qui
ont été faites par de nombreux organismes pour demander au
ministère de suggérer au gouvernement de rendre d'ordre public le
projet de loi proposé. Nous vous référons sur ce sujet aux
pages 5 et 6 du mémoire qui a déjà été
déposé. Je ne compte pas reprendre l'argumentation qui a
déjà été soumise par de nombreux organismes. Je
terminerai simplement sur cette question en mentionnant que nous trouvons, bien
sûr, heureuse l'ouverture présentée par le ministre
d'inclure à ce projet de loi une disposition analogue à celle de
l'article 322 de la Loi sur la protection du consommateur, mais nous
considérons, néanmoins, que le public serait mieux
protégé par une disposition très claire indiquant que la
loi est d'ordre public.
Au chapitre I toujours, à l'article 7, qui est un article
très important, le projet de loi définit la personne qui est
présumée être un entrepreneur. L'on sent très bien
que celui qui est visé par la présomption est, à toutes
fins utiles, le développeur. On vise à
l'exclure par l'article 7, premier alinéa, en couvrant la vente
et l'échange des bâtiments. Il nous semble que devrait
également être couverte par la présomption la situation de
location. Par exemple, celui qui offre en vente, en échange ou en
location un bâtiment devrait être couvert par la
présomption, à moins, évidemment, qu'il ne puisse s'en
dégager dans les conditions déjà prévues pour ceux
qui offrent les bâtiments en vente ou en échange.
Nous suggérons également d'étendre la
période prévue à l'article 7. 2°. Selon cet article,
à l'heure actuelle, "est présumée être un
entrepreneur la personne qui entreprend de nouveaux travaux de construction
moins d'un an à compter de la fin des premiers travaux. " Nous
considérons que cette période est trop courte pour les fins
recherchées par le projet de loi. Une période de trois ans nous
semblerait plus appropriée.
Je passe maintenant au chapitre IV du projet de loi sur le
bâtiment, le chapitre de la qualification. Les représentants de la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie ont
déjà eu l'occasion d'attirer l'attention des membres de la
commission sur la rédaction de l'article 39 du projet de loi. Bien
sûr qu'il peut être soutenu aisément que cet article doit
être complété dans le cas des maîtres
électriciens par l'article 215. 13° ou enfin qu'on ajoute un nouvel
article 13 à la Loi sur les maîtres électriciens. À
notre opinion, il y aurait lieu de clarifier l'article 215. 13 de la Loi sur
les maîtres électriciens.
Tous conviennent, selon notre compréhension, que l'esprit du
projet de loi et sa réelle volonté est de transférer
à la corporation tout le domaine de la qualification. Â ce moment,
nous craignons, par le sens des mots "compte tenu des adaptations
nécessaires" contenus à l'article 215, que la Corporation des
maîtres électriciens du Québec ne puisse être
affectée par une réglementation adoptée par la Commission
du bâtiment en matière de qualification. Également, dans le
chapitre de la qualification, nous attirons l'attention des membres de la
commission sur l'article 51. Cet article prévoit que la licence est
délivrée pour une période d'un an. Comme nous l'exprimons
au mémoire de la corporation, à la page 9, nous
considérons que cette période est trop courte et qu'elle devrait
être étendue, à toutes fins utiles, à deux ans,
quitte à ce qu'elle puisse également être moindre dans
certains cas.
J'ajoute également une autre remarque sur l'article 64. Pour
notre part, nous jugeons parfaitement adéquat l'article 64. 1°, qui
précise de façon réaliste le pouvoir de suspendre,
d'annuler ou de refuser de renouveler une licence lorsque le titulaire se
trouve en situation d'infraction. Il ne serait pas souhaitable que ce pouvoir
soit automatique et la discrétion qui est accordée à la
commission en raison de la gravité ou de la fréquence des
infractions nous apparaît parfaitement justifiable.
Cependant, l'article 64. 7° laisse à la commission le pouvoir
de suspendre, d'annuler ou de refuser de renouveler une licence lorsque le
titulaire est dans la situation de non-remboursement au plan de garantie
constitué. Nous estimons que la protection du public serait mieux servie
par une révocation automatique en pareille circonstance. En pratique,
nous suggérons donc que le septièmement de l'article 64 soit
transformé en sixièmement de l'article 65 et entraîne la
révocation automatique lorsque le plan n'est pas remboursé. (0 h
15)
Je passe maintenant au chapitre V du projet de loi: Garanties
financières. Nous désirons appuyer les représentations de
l'APCHQ concernant l'article 75 du projet de loi. Nous considérons que
devrait être absolument prohibée la possibilité de renoncer
au contrat de garantie même par écrit.
Le chapitre VIII traite de la réglementation. Nous
désirons également apporter notre appui à une
représentation faite par l'APCHQ concernant l'article 164. Nous avons,
d'ailleurs, dans notre mémoire des représentations au même
effet. Sur l'article 177, nos représentations rejoignent
également les préoccupations énoncées par une autre
intervention. Nous croyons que la consultation avant la publication des avis de
la commission devrait obligatoirement viser la Corporation des maîtres
électriciens et, évidemment, d'autres organismes
concernés. Il ne suffit pas, à notre avis, que la Commission du
bâtiment soit consultée, mais que les associations les plus
représentatives des organismes municipaux le soient. Les corporations
les plus directement impliquées dans le domaine devraient l'être
tout autant et de façon formelle.
Ceci termine la première partie de mon court exposé qui
traitait des remarques générales sur la loi. De façon plus
précise maintenant, je compte effectuer certains commentaires sur les
amendements proposés à la Loi sur les maîtres
électriciens. D'abord, nous avons noté avec intérêt,
hier matin, les propos du ministre qui indiquait à la CMMTQ que les
pouvoirs disciplinaires adéquats seraient accordés aux
corporations de métiers. Ces pouvoirs sont absolument essentiels
à un fonctionnement réaliste et adéquat en matière
disciplinaire.
L'argumentation est succincte, mais elle est complète et vous la
retrouverez aux pages 7 et 8 de notre mémoire. Les
responsabilités en matière de qualification,
d'assurance-qualité ou de plan de garantie sont les mêmes que
celles assumées par la
Commission du bâtiment. Il serait juste et réaliste que la
Corporation des maîtres électriciens possède les
mêmes pouvoirs.
Également, lorsque vous considérez la possibilité
de révision ou, encore, la possibilité d'appel par la Cour
provinciale, vous devez remarquer que le projet de loi prévoit que la
Cour provinciale étudie le dossier tel que transmis. Comme la Commission
du bâtiment, il ne serait donc que parfaitement raisonnable que la
corporation soit astreinte aux mêmes règles et qu'elle puisse
transmettre au pouvoir judiciaire un dossier sérieux constitué
sur les règles administratives et judiciaires les plus sûres. Pour
des références plus précises à ce sujet, je vous
renvoie encore une fois au mémoire qui est déposé.
Une question accessoire à la matière disciplinaire est
celle des amendes. Nous en avons traité à la page 8 de notre
mémoire. Nous revendiquons de façon très forte que les
amendes soient la propriété de la Commission du bâtiment
lorsque c'est elle qui entreprend les poursuites ou, encore, de la Corporation
des maîtres électriciens, lorsque cette dernière poursuit.
Les dispositions que l'on retrouve à ce sujet dans le projet de loi sont
complètement discriminatoires par rapport au régime prévu
au Code des professions. L'article 190 du Code des professions laisse aux
organismes dits professionnels le bénéfice des poursuites ou de
leurs résultats lorsque ces organismes entreprennent des poursuites. 11
n'y a donc pas de raison pour que le régime soit différent pour
le domaine de la construction.
Il a été fait mention, à quelques occasions, de
recherches du Comité de législation pour parvenir è une
certaine uniformité. Il est possible que les informations que nous avons
obtenues soient inexactes, mais, si elles sont exactes, il semblerait
plutôt que le Comité de législation veuille d'abord, dans
un premier temps, renvoyer au fonds consolidé les amendes qui sont
perçues par des organismes gouvernementaux ou des ministères.
Comme la Commission du bâtiment n'est pas un organisme
gouvernemental, il n'y a pas de raison pour que ces amendes soient
affectées par la politique générale que le
ministère de la Justice serait en train de préparer ou
d'examiner. De toute façon, quels que soient les désirs
éventuels de cette politique générale, il n'y a, encore
une fois, aucune raison de déroger au régime
général du Code des professions.
Il reste, avant de terminer, sur la question de la Loi sur les
maîtres électriciens, d'autres précisions qui ont
été soumises aux membres de la commission dans notre
mémoire. Je fais référence en particulier aux pages 12 et
13 concernant les modalités d'élection au comité
exécutif et la date de la production du rapport annuel. Je n'insiste pas
sur ce point, car nous estimons qu'à moins de questions ou
d'interventions particulières des membres de la commission ces questions
devraient être réglées à la satisfaction de la
corporation.
Il me reste à aborder une dernière question qui est celle
du financement. C'est une question que j'aborderai, au nom de la corporation,
d'une façon un peu différente de celle qui a été
traitée par certains intervenants précédents. Disons, tout
d'abord, que les propos du ministre aujourd'hui sont rassurants. II est sans
doute très rassurant d'entendre dire que l'article 141 sera
modifié et que c'est sur une période de cinq ans que le taux de
financement devra être atteint. Cette assurance n'est, cependant, pas
complète pour les milieux de la construction. Elle doit être
bonifiée, parce que l'attitude du milieu ne suffit pas. Le milieu a
déjà indiqué par plusieurs de ses intervenants qu'il
était prêt à se prendre en main et qu'il était
prêt dans une certaine mesure à courir le risque de la diminution
des frais.
Nous avons, cependant, au départ, un héritage. La question
a été soulevée par M. le député d'Outremont
et elle mérite peut-être que l'on identifie de façon rapide
les articles de loi qui déterminent notre héritage. Il y a, par
exemple, l'article 102 du projet de loi qui indique que "le secrétaire
et les membres du personnel de la commission sont nommés et
rémunérés conformément à la Loi sur la
fonction publique. " Les parlementaires en connaissent la signification.
Dans notre héritage, nous trouvons également les articles
86, 88, 95 et 96 concernant la composition de la Commission du bâtiment.
En résumé, le gouvernement nomme le président de la
commission et nomme également deux vice-présidents en vertu des
articles 86 et 88. Selon l'article 95, le gouvernement fixe le traitement et
les autres conditions de travail de chacun des membres du conseil et des
vice-présidents. Pourtant, selon l'article 96, les traitements et autres
conditions de travail, de même que les dépenses de fonctionnement
de la commission sont à la charge de cette dernière. Selon notre
compréhension, nous avons, dans notre héritage, les
employés de la commission qui sont régis par la Loi sur la
fonction publique, les commissaires qui sont nommés et
rémunérés par le gouvernement.
Mais ce n'est pas tout. Nous avons également, pour
compléter notre butin, ce qui nous est légué par l'article
267 du projet de loi- Vous retrouverez, à l'article 267, la transmission
du personnel du ministère de l'Habitation qui occupe des fonctions dans
les domaines dévolus à la Commission du bâtiment. Nous
acquérons également le personnel de la Régie des
entreprises de construction, en vertu de l'article 268. Nous
acquérons également un volume de dossiers, en vertu de
l'article 269. Les affaires pendantes à la régie sont
continuées et décidées par la Commission du bâtiment
(article 270). Finalement, nous avons, en vertu de l'article 273, l'acquisition
des droits et obligations de la Commission du bâtiment. Et pour
compléter le tout, évidemment, la transmission par
équivalence législative des mêmes droits et obligations de
la Régie de l'électricité et du gaz, en vertu de l'article
274. C'est, pour employer une expression, notre passif au départ.
Heureusement que la loi nous donne un certain actif et vous le retrouvez
à l'article 277 où nous avons un transfert de crédits
accordés au ministère de l'Habitation pour les matières
dévolues à la Commission du bâtiment. Nous savons, de toute
façon, d'après les chiffres dévoilés par le
ministère et mis en lumière par certains intervenants, qu'il y a,
à court terme, un déficit. Il y a un manque à gagner,
à tout le moins, pour un temps. Comme personne ne désire que ce
projet de loi soit une taxation indirecte ou un transfert de frais au monde de
la construction, il y a donc lieu que les intentions ministérielles
exprimées aujourd'hui soient complétées par des mesures
plus substantielles.
Des avenues ont été, à l'occasion,
soulignées au cours du travail de la commission. Celle mentionnée
par le député d'Outremont en est une, soit de prévoir que
le personnel éventuellement licencié ou mis de côté
par la réduction des effecitfs soit assumé par le gouvernement
dans d'autres secteurs de l'administration publique.
Il y a également d'autres avenues qui sont constituées,
par exemple, par le versement de subventions ou d'octrois jusqu'au moment
où l'autofinancement puisse réellement se réaliser selon
les objectifs énoncés.
On pourrait également songer à d'autres méthodes
qui ont été élaborées au cours de commissions
parlementaires plus tumultueuses. Je pense, entre autres, aux subventions de
fusion accordées dans le cas de la fusion de Baie-ComeauHauterive.
Je ne veux pas pousser l'analogie plus loin parce que le climat de cette
commission est tout à fait différent de celui qui
prévalait à l'époque.
Quoi qu'il en soit, si le bilan de la succession est fait, nous devons
reconnaître que la bonne volonté du monde de la construction est
évidente. Le désir de se prendre en main existe et la conviction
qu'il y a aura éventuellement une réduction des coûts est
certaine. Il reste, cependant, un purgatoire avant d'arriver à cette
situation qu'il nous faut passer avec les "indulgences" et les gratifications
du Trésor public. Nous espérons que, sur cette question, les
intentions du ministre trouveront des suites par des législations ou des
textes de loi plus précis.
Je vous avais annoncé trois points, mais, au fond, une
dernière intervention qui a été faite me donne
l'idée de traiter d'un quatrième, soit celui des propos qui ont
été tenus pas l'Association de la construction de Montréal
et du Québec. J'ai remarqué l'intérêt d'un des
membres de la commission pour ce qu'il a appelé une certaine note
discordante. C'est toujours intéressant de remarquer
l'originalité dans un débat. C'est toujours intéressant de
remarquer si, finalement, celui qui déroge un peu à la ligne
commune n'a pas un peu raison.
Sur le fond de l'intervention de l'association de la construction, il
faut remarquer qu'il y avait deux points: le problème de la composition
de la commission et le problème du financement. Supposons, pour les fins
de l'hypothèse, que le problème de la composition de la
commission est réglé. Le ministre l'a déjà dit, il
ne suffit que de le traduire en termes législatifs et cela n'est pas
compliqué. Admettons également que le problème du
financement est réglé. Que reste-t-il? Dans son mémoire,
vous ne trouverez absolument rien de substantiel. Vous retrouverez, bien
sûr, des propos, à l'occasion peut-être agressifs,
inspirés par la vigueur que la défense de son point de vue lui
commandait peut-être. Mais, au niveau de la substance législative,
vous ne trouverez pas grand-chose. Vous trouverez même des affirmations
qui étonnent un peu. Je vous réfère au
résumé de son mémoire déposé devant la
commission où vous pourrez lire ceci, à la page 1: "Entre le
mandat original et le produit prétendument fini que nous présente
le projet de loi 53, il existe des contradictions, une discordance et un
illogisme qui nous semblent procéder d'une méconnaissance
dangereuse de l'industrie de la construction. "
Dans un communiqué de presse diffusé par Telbec, vous
retrouverez la même idée, c'est-à-dire que le projet de loi
a été préparé par des personnes qui sont
étrangères au monde de la construction et qu'il serait
inspiré de la pire tradition politique. Ce sont là des
affirmations qui sont lourdes et qui devraient porter les membres de la
commission à s'interroger très sérieusement sur les faits
qui sous-tendent ces affirmations. (0 h 30)
En effet, au cours des deux derniers jours, l'ensemble des intervenants
de la construction, qui avaient intérêt dans le débat,
s'est prononcé pour le projet de loi. S'il fallait soutenir la position
de l'ACMQ, devrait-on conclure que tous ces gens directement impliqués
dans le domaine de la construction sont aussi étrangers au domaine de la
construction? Devrait-on conclure que ces intervenants favorables au projet de
loi
ont une méconnaissance dangereuse de l'industrie de la
construction, qu'ils ont été amenés à partager avec
les auteurs du projet de loi?
En somme, c'est un peu l'histoire du Canadien dans l'armée. Il
est seul à avoir le pas. Vous vous demanderez donc, avant de donner
suite aux représentations de l'ACMQ, si cette opinion isolée
mérite la considération que l'éclat et le tapage du
mémoire pourraient permettre à première vue de lui
accorder. Nous pensons que ce mémoire, sur le fond, n'est pas soutenu et
que les affirmations qui y sont contenues sont gratuites et
exagérées.
Comme dernier exemple sur cette question, on a tenté de se
reprendre - je termine là-dessus, M. le Président, si vous me le
permettez - avec l'espèce de litanie habituelle sur les lois trop vastes
et les pouvoirs réglementaires trop généreux. On
suggérait de remettre le tout à plus tard. Cette suggestion
étonne. Depuis deux ans, les consultations sont suivies et l'ACMQ y a
elle-même participé. Pourquoi retarder encore des décisions
qui peuvent être prises dans l'intérêt commun? Il n'y a
vraiment aucune raison.
Finalement, ces aspects étant touchés, je laisserai M. Je
président de la corporation conclure sur certains points qu'il reste
encore à traiter.
M. Gagnon (Claude): Je vais essayer d'être très
bref...
Le Président (M. Lafrenière): Très bref,
s'il vous plaît!
M. Gagnon (Claude):... de façon à ne pas prolonger,
on sait que l'heure avance. Juste pour terminer en ce qui concerne la masse
salariale, vous êtes sans doute au courant que nos membres, soit les
entrepreneurs électriciens, sont à peu près les seuls
à payer une redevance pour un service d'inspection qui est basé
sur la masse salariale. Remarquez que nous l'avons toujours payée parce
que ces frais nous étaient imposés par une loi, mais sachez que
cela ne signifie pas que nous étions toujours d'accord. Vous savez que
payer un montant de 8 000 000 $ pour un service dont d'autres
bénéficient gratuitement, c'était pour nous inacceptable.
Nos revendications ont toujours été dans le sens que ces frais,
s'ils avaient été partagés entre les utilisateurs sur une
base équitable, auraient sûrement été plus
acceptables pour nous.
C'est pourquoi, aujourd'hui, on peut déceler dans le projet une
volonté de partage de ces coûts. On ne peut qu'y être
favorables. De plus, on constate un point, c'est que le
constructeur-propriétaire semble absent de cette participation, en
référence aux troisième et quatrième paragraphes de
l'article 142. Je pense qu'il pourrait y avoir un partage des coûts. Il
devrait peut-être y avoir une correction apportée à ce
sujet.
Je veux juste vous mentionner le travail que les membres de mon
comité ont fait pour apporter un appui à ce projet. Il faut
souligner que, dès septembre 1982, la CMEQ présentait è
ses membres réunis en congrès les résultats d'une
étude sur le système d'inspection des installations
électriques et sur la Direction générale de l'inspection.
Cette étude devait paver la voie à des recommandations
précises consignées dans un mémoire que la commission
soumettait au ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur le
23 juin 1983, portant sur la qualification, l'inspection et la normalisation
dans l'industrie de la construction.
Je dois aussi vous souligner, ce soir, la présence au sein du
comité de trois anciens présidents, MM. Jean-Louis Auger, Richard
Lavergne et Jean-Baptiste Deschênes, présidents de la CMEQ, qui
ont apporté un bagage d'expérience et de situations
vécues. Ils ont permis au comité de faire des
représentations très avant-gardistes et, à mon avis,
très positives pour l'élaboration de ce projet de loi 53. Les
membres du comité n'ont pas tenu compte des heures consacrées
à cet ouvrage, conscients qu'on devait dorénavant fonctionner
dans un nouveau cadre de travail et que les mentalités avaient besoin
d'être changées.
En terminant, nous espérons que la commission parlementaire
permettra d'améliorer le projet de loi 53 dont nous souhaitons vivement
l'adoption dans les prochains jours. Cette loi deviendrait une illustration de
la possibilité pour l'Assemblée nationale de traduire en termes
législatifs modernes les objectifs de déréglementation et
de responsabilisation maintes fois énoncés par tous les
intervenants politiques. Je vous remercie de votre bonne attention.
Le Président (M. Lafrenière): Merci, M. le
président. M. le ministre.
M. Rochefort: M. le Président, je veux remercier, à
leur tour, les dirigeants de la Corporation des maîtres
électriciens du Québec de leur présence parmi nous, de
leur patience parce qu'il commence à se faire tard. Le mémoire
qu'ils nous présentent est un mémoire fouillé, à
l'image de ceux qui nous ont été transmis tout au cours de cette
consultation et des travaux qui ont mené à l'élaboration
du projet de loi. Je veux aussi les remercier pour l'excellente contribution
qu'Ils ont apportée à l'élaboration du projet de loi,
à chacune des phases de consultation qui ont été
menées par les gens du ministère, par mon
prédécesseur ainsi que par moi-même. Je pense que le type
de mémoire qu'ils nous présentent illustre
jusqu'à quel point nous avons réussi à
réaliser ensemble un projet de loi qui, je pense, correspond aux
attentes et aux particularités de la Corporation des maîtres
électriciens du Québec.
Je suis conscient - je l'étais déjà et le
mémoire nous permet d'en prendre conscience une fois de plus - qu'il y a
un certain nombre de demandes additionnelles de la part de la Corporation des
maîtres électriciens du Québec. Je vous dirai que, vu
l'heure et la liste assez importante de vos demandes, pour bon nombre des
demandes que vous nous faites, ou bien on a eu l'occasion d'exprimer nos vues
qui, je pense, vont dans le sens de vos revendications, ou bien on a eu
l'occasion d'en discuter. Je peux peut-être en rappeler un certain nombre
rapidement et, après cela, j'essaierai d'aborder un autre point ou
deux.
Au sujet de l'ordre public, je prends bonne note de votre voix qui
s'ajoute au concert auquel nous avons eu droit à cet égard
jusqu'à maintenant. Je pense que cela ajoute du poids à cette
demande qui semble faire vraiment consensus dans le milieu. Quant à la
question de la personne habilitante, donc de tenir compte plutôt d'une
notion de dirigeant, oui, nous sommes prêts à revoir le projet de
loi en conséquence. Sur la question de la fameuse licence à deux,
sur tout cela, je répète que notre intention est de maintenir la
situation qui prévaut à l'heure où nous nous parlons, et
en conséquence, on va tenter de trouver la rédaction qui serait
satisfaisante à ce sujet, même s'il aurait peut-être
été souhaitable de le faire par règlement. En tout cas, je
pense qu'il faut réaffirmer et trouver le moyen de vous rassurer
là-dessus. Quant au niveau des pouvoirs d'enquête qui devraient
être confiés à la corporation en matière
disciplinaire, cela va.
Quant aussi à la recommandation originale que vous nous faites de
porter la durée des licences à deux ans, je crois que cela
mérite d'être étudié attentivement et qu'un peu dans
le sens de différentes préoccupations qui ont été
mises de l'avant par des intervenants, par des députés de
l'Opposition ou de notre côté, je pense qu'il y a peut-être
là, justement, un élément qui pourrait diminuer des
coûts importants. On voit que c'est une pratique qu'on essaie de
répandre dans un certain nombre d'organismes; je pense notamment
à l'Office de la protection du consommateur, par exemple, à la
Loi sur les agents de voyages. On a justement des intentions de cette nature et
on pense que cela peut nous permettre de faire des économies en soi,
d'autant plus que, par le projet de loi, on aura maintenant un processus
continu de qualification. Donc, je pense que cela ne remettrait en question
d'aucune façon la qualité de la qualification des
entrepreneurs.
Sur la question de la consultation à laquelle vous souhaitez que
nous nous engagions quant aux nominations qui doivent être faites
à la commission, je répète ce que j'ai dit à
plusieurs reprises. Un point important aussi que je veux repréciser,
c'est qu'évidemment on s'entend très bien sur le fait qu'il n'est
pas question - et on l'a dit aussi au monde municipal - de
déléguer aux municipalités l'application de la partie du
code portant sur l'électricité. Je pense que cela faisait
consensus et je pense que cette demande est bien fondée.
Sur un certain nombre de dispositions concernant les nominations et la
présence au conseil d'administration de gens de l'extérieur de
votre corporation, on prend bonne note de cela, et je pense qu'il y a moyen d'y
arriver. Je pense que cela fait le tour rapidement.
Sur la question des amendes, je prends bonne note du plaidoyer
additionnel que vous faites là-dessus. On en a parlé à
l'article 75 au sujet des plans de garanties. J'ai déjà
annoncé notre intention de retirer cet article, compte tenu de certaines
représentations qui semblent de plus en plus faire consensus et qui nous
ont convaincus là-dessus.
Sur la question du financement, finalement, je dirais, M. le
Président, que c'est peut-être vous qui reprenez la
préoccupation première, l'intention première du
gouvernement quand on parle d'autofinancement des coûts
générés par l'administration de cette loi. Vous dites que
vous avez assumé une bonne partie ou presque la totalité des
coûts générés par votre secteur d'activité
à la Direction générale de l'inspection, ce qui n'est pas
le cas d'autres qui, eux aussi, ont généré des
coûts. Je pense que l'intention première du gouvernement, c'est de
faire en sorte que tout le monde, par souci, justement, d'équité,
contribue comme vous le faites aux coûts générés par
son secteur pour des activités à la fois de contrôle,
d'inspection ou d'autre nature. Il ne s'agit pas d'ajouter des coûts
nouveaux qui n'existent pas à l'heure où nous nous parlons, en
aucune façon, mais il s'agit de s'assurer que tous les secteurs
d'activité qui génèrent des coûts qui seront
transférés à la Commission du bâtiment participent
aussi au financement de ces coûts.
Votre conseiller juridique a abordé la question des contraintes
que peut apporter l'application de la Loi sur la fonction publique, je vous
dirai qu'au sujet du président, du vice-président ou du
secrétaire de la commission, je pense que ce n'est pas cela qui va faire
monter de façon vertigineuse les coûts d'administration de la
commission. D'autre part, en ce qui a trait à la rigueur, notamment
quant à la protection de la sécurité d'emploi que
pourrait, éventuellement, poser l'autofinancement de la
loi, une fois - je répète - une fois que l'ensemble de ce
qui découlera de la responsabilisation, incluant les programmes
d'autocontrôle, nous aura permis d'atteindre les résultats qu'on
souhaite, si on doit revoir le volume, le nombre de postes qui auront
été transférés à la Commission du
bâtiment, il est évident que le gouvernement assumera pleinement
ses responsabilités, à la fois à l'endroit de la
Commission du bâtiment et, évidemment - je pense qu'il n'est pas
inutile de le rappeler encore une fois - à l'endroit des employés
qui seraient concernés. Il n'est pas de notre intention de traiter
quiconque injustement, surtout pas des gens qui nous donnent un service
extrêmement satisfaisant, qui participent pleinement, justement, a cette
préoccupation d'une meilleure qualité des travaux de
construction, d'une plus grande sécurité des édifices
publics. Je pense qu'il faudra qu'eux aussi soient traités de
façon convenable.
Je dirais que c'est probablement l'ensemble des points que je souhaitais
aborder rapidement, compte tenu du temps qui nous est accordé, sur les
sujets que vous avez touchés. Je vous dis immédiatement qu'il
n'est pas exclu que nous recommuniquions avec vous pour préciser un
certain nombre de points d'ordre plus technique de façon à
être bien certains qu'on ne commette pas d'erreurs, pas plus sur ces
points que sur ceux que vous avez abordés jusqu'à maintenant.
Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Est-ce que vous avez
des commentaires aux propos du ministre? M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je déplore
la critique faite à l'endroit de l'AECQ qu'on n'aurait pas dû
entendre. Elle est, en fait, une critique de la commission qui a
décidé d'entendre l'AECQ, ce qui était son
privilège. Cela a été fait dans la même
objectivité, messieurs, que celle de négocier, à la suite
de votre demande, la décision de vous laisser passer en dernier lieu
avec quasiment la garantie que ce n'était pas votre but. Un chat
échaudé a peur de l'eau froide, ensuite. Je vous remercie pour la
préparation de votre mémoire et les efforts que vous y avez mis.
Vous avez touché la question du financement. Est-ce que votre organisme
a fait une étude détaillée des coûts possibles?
Sinon, est-ce que vous êtes d'accord avec les autres intervenants qui
nous ont présenté des coûts possibles d'administration de
la Commission du bâtiment? (0 h 45)
M. Gagnon (Claude): Je ne saisis pas le sens de votre question.
Est-ce que vous pourriez...
M. Middlemiss: Après l'autofinancement, combien pourrait
coûter l'administration de la Commission du bâtiment? Il y en a qui
nous ont dit 33 000 000 $ présentement et, sur une période de
quatre ans, avec des déficits de 4 000 000 $ à 5 000 000 $, on
pourrait éventuellement, au bout de quatre ans, arriver à un
autofinancement de l'ordre de 14 700 000 $. Est-ce que vous avez fait un
exercice de ce genre, à savoir combien cela va coûter?
M. Guilbault: M. le Président, vous comprendrez que nos
remarques concernant l'AECQ n'ont voulu, d'aucune façon, dénoter
un manque de respect envers la commission. Si vous l'avez saisi de cette
façon, nous nous en excusons, ce n'était pas l'objet de nos
propos.
M. Middlemiss: Excusez-moi, monsieur, mais je dois dire que
lorsqu'on m'a demandé d'intervenir auprès de la commission pour
que vous soyez entendus à 23 heures au lieu de 22 heures, une des
premières questions que j'ai posées à votre
représentant était: Est-ce que votre but est de critiquer ce que
l'AECQ va nous dire? On m'a assuré que non. Avec une grande
objectivité, la même qu'on a eue lorsqu'on a voulu entendre
l'AECQ, j'ai dit oui pour qu'on puisse vous entendre parce qu'il semblait que
vous seriez en retard. Dans ce contexte, je me dis: Un chat
échaudé a peur de l'eau froide.
M. Gagnon (Claude): Si vous le permettez, M. le
député, c'est moi qui vous ai demandé d'intervenir pour
faire les modifications. Soyez assuré que, lorsque vous m'avez
demandé si c'était pour parler contre l'AECQ ou dire quoi que ce
soit, je vous ai dît que le motif n'était pas pour cela.
Même si vous nous aviez entendus avant l'AECQ, les représentations
que j'ai faites dans ce sens, je pense, n'ont pas été pour
discréditer l'AECQ, mais seulement pour remettre les choses dans le
contexte où elles doivent être.
Soyez assuré, M. le député, que je n'ai pas
profité du privilège que vous m'avez accordé, que vous
avez accordé à ma corporation, de pouvoir se faire entendre en
dernier. Lorsque je vous l'ai demandé, c'était dans le but de m'
assurer que mon directeur général, qui était à
l'extérieur, soit ici pour le début de la commission parce que
nous avions quelque chose à finir de composer et je voulais m'assurer
qu'il soit ici pour qu'on puisse faire un consensus.
Les choses qui ont été dites concernant l'AECQ, c'est
moi-même qui les ai rédigées et elles étaient
rédigées au moment où je vous ai demandé le report
parce qu'elles ont été rédigées cet
après-midi. Ce n'était pas dans le but de détruire l'AECQ
parce que l'AECQ, c'est une association à laquelle moi et mon
association croyons beaucoup. Par
contre, il faut qu'elle soit située dans le contexte pour lequel
elle a été formée en vertu d'une loi. C'est simplement
cela et si vous regardez l'intervention que j'ai faite, cela n'a pas
été pour critiquer l'AECQ dans le but de détruire les
revendications qu'elle a faites.
M. Keable: M. le Président, si vous me permettez d'ajouter
ceci à l'intention du député de Pontiac qui soulève
la question. Tout en respectant le travail de la commission et tout en
respectant parfaitement l'autonomie de la commission quant aux
représentants qu'elle admet devant elle, je pense qu'un intervenant a
quand même le droit de faire valoir son opinion quant à ce qui
est, à son propre avis, l'état des lois du Québec. Entre
autres, par une loi sanctionnée le 27 juin 1975, l'AECO a
été créée et l'association a pour mandat, selon
l'article 34 de cette loi, de s'occuper exclusivement de relations du travail
dans l'industrie de la construction.
Notre opinion est que les employeurs qui font partie de l'AECQ sont
tenus d'y adhérer et que l'AECQ doit se confiner exclusivement au
domaine des relations du travail. Les associations existantes qui ont servi
à la constitution de l'AECQ ont déjà comparu devant vous
pour vous dire qu'elles étaient favorables au projet de loi. Nous
respectons la position de la commission, mais nous voulons que la nôtre
soit également comprise parce que nous estimons qu'elle est parfaitement
conforme aux lois du Québec qui existent depuis 1975. Ceci, sur le
premier point.
Le deuxième point, M. le député, la question du
financement. J'ai repris dans mon exposé certaines questions qui avaient
déjà été soulevées. Des études
effectuées par la Corporation des maîtres électriciens, il
n'y en a pas. Les données disponibles sont celles du ministère.
Ce qui est certain, c'est la chose suivante: si les différents
intervenants politiques croient vraiment aux réalités
véhiculées quant aux possibilités de diminuer les
coûts par la remise des décisions à l'entreprise
privée, c'est le moment de passer à l'action et c'est le moment
de le démontrer. Sinon, nous devrons croire que ceux qui tiennent des
discours sur la déréglementation et la responsabilisation du
milieu ne sont pas prêts à faire autre chose que des discours et
vont refuser de passer à l'action lorsque le moment sera venu. Sur cette
question, il n'y a pas d'autres études que les chiffres du
ministère. Nous avons demandé - nous le réitérons
aujourd'hui - que des compensations quelconques soient données pendant
la période d'ajustement transitoire de façon qu'il n'y ait pas un
déficit ou un fardeau financier trop lourd. Sur ce point, nous
épousons vos propos sans aucun doute, M. le député.
M. Middlemiss: Un autre commentaire. Nous ne sommes pas des
membres d'un jury pour nous faire dire par un juge ce que nous devrions
retenir. On prendra notre décision de l'accepter ou de le rejeter. J'ai
senti un peu, à un moment donné, qu'on voulait nous dire: II y a
un certain mémoire qui a été présenté, il
n'a pas de contenu, il n'y a pas ci, il n'y a pas ça. Je pense qu'on a
été élus ici par des représentants et on devra
répondre de ces choses. C'est présumer, avant qu'on ait pris une
décision, qu'on n'a pas la capacité de juger. Je trouve que c'est
un peu osé dans ce contexte.
M. Keable: Ce n'est pas du tout ce qui a été fait.
Si vous me le permettez, lorsque nous lisons des commentaires comme ceux que
j'ai cités, disant que le projet de loi est fait par des gens qui sont
extérieurs au monde de la construction, que le projet de loi
résulte de la pire tradition politique, c'est tout à fait dans le
débat de le commenter, M. le député. C'est un
communiqué de presse public qui résulte d'un mémoire ou
d'un document déposé devant la commission. C'est la seule
position qui s'oppose au projet de loi, M. le député.
Vous avez parfaitement le droit d'avoir l'opinion que vous avez, mais
j'ai également le droit d'avoir la mienne.
M. Middlemiss: C'est sûr et certain.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Sur cette question de l'AECQ, son
président, tout juste avant que vous présentiez votre
mémoire, a dit que l'AECQ représente environ 15 000 entrepreneurs
en construction et qu'un tiers ou 5000 de ses membres ne sont
représentés par aucune des associations qui sont venues
présenter un mémoire ici. Est-ce exact?
M. Gagnon (Claude): Je vais vous dire qu'il y a un certain nombre
d'entrepreneurs qui appartiennent seulement à l'AECQ parce qu'ils sont
obligés d'y appartenir, étant donné qu'ils ont des
employés et qu'ils ont à appartenir à cette association
par une loi. Par contre, ces 5000 entrepreneurs qui sont mentionnés - le
chiffre est peut-être extrapolé un peu, mais je ne suis pas ici
pour le commenter - je peux vous dire qu'à mon avis ils ont choisi de ne
pas faire de représentations puisqu'ils ne se sont pas
présentés ici à la commission. Pour moi, il n'y a aucun
doute sur cela. Donc, on peut présumer qu'ils étaient d'accord
avec le projet de loi.
M. O'Gallagher: II y en a d'autres qui
ont le droit de présumer autre chose.
M. Gagnon (Claude): Oui, effectivement. Par contre, s'ils ne se
sont pas présentés ici, on peut présumer qu'ils ont
accepté !e projet de loi ou qu'ils n'ont pas trouvé
d'interlocuteur valable. Comme je vous l'ai mentionné tout à
l'heure et en toute sincérité, je suis très à
l'aise pour parler de l'AECQ parce que cela fait sept ans que je siège
au conseil d'administration et jamais on n'a eu une demande de la part de ces
entrepreneurs de faire quelque représentation que ce soit ici à
cette commission parlementaire. C'est pour cela que je dis que, s'il y avait eu
une consultation de faite au prélable, je pense que l'AECQ n'aurait pas
eu besoin de se présenter. Je n'ai pas dit que j'étais contre le
fait que l'AECQ soit ici, etc. J'ai simplement situé les choses dans le
contexte où elles devaient être.
Le Président (M. Lafrenière): Y a-t-il d'autres
commentaires ou d'autres questions? En conclusion, M. le ministre.
M. Rochefort: Voilà, M. le Président, en ce qui
concerne la Corporation des maîtres électriciens du Québec
je n'ai pas d'autres commentaires à faire, sauf de la remercier de
s'être présentée devant nous et de nous avoir
accompagnés jusqu'à la fin de nos travaux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lafrenière): En conclusion, M. le
député.
Conclusions
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: En guise de conclusion, M. le Président, je
serai bref, mais il me semble tout de même très important de
rappeler au ministre un certain nombre de points portés à notre
attention au cours de ces deux jours d'audiences.
Selon ce que l'on constate, un consensus se dégage autour de la
nécessité d'adopter le projet de loi qui est devant nous.
Pourtant, on remarque qu'un nombre considérable d'éléments
qui y sont contenus soulèvent des problèmes. Nous croyons que le
ministre devra leur apporter des réponses et des éclaircissements
supplémentaires au moment de l'adoption du principe du projet de
loi.
À titre d'exemple, j'en mentionnerai quelques-uns parmi les plus
importants. En ce qui concerne la Commission du bâtiment, on a, entre
autres, discuté abondamment de l'ampleur que pourrait prendre cette
commission, du nombre de membres qui composeront le conseil d'administration,
de sa composition, de son financement et, finalement, des coûts
qu'engendrera son fonctionnement.
Quant aux autres aspects du projet de loi, des indications devront nous
être fournies quant aux intentions du ministre vis-à-vis des
règles du dédit d'un contrat établi dans le domaine de la
construction, de la possibilité de déclarer la loi d'ordre
public, des modes de délégation de pouvoirs de la commission, des
pouvoirs des corporations d'entrepreneurs vis-à-vis de leurs propres
membres, des mécanismes d'application des plans de garanties, de la
responsabilité à la base des entrepreneurs quant aux travaux
qu'ils veulent réaliser, etc.
Je pourrais m'étendre encore longtemps sur les nombreuses
questions qui ont été soulevées dans les mémoires.
Les commentaires de chaque organisme ont été riches en
informations et en précisions de toutes sortes. Comme je l'ai
mentionné au début de cette commission parlementaire, mon
objectif était, avant tout, d'écouter attentivement tous les
groupes afin que nos connaissances soient les plus complètes possible
lorsque viendra le moment de discuter ensemble du projet de loi.
Avant de conclure, M. le ministre, j'aimerais vous demander si vous
déposerez les amendements au moment de la deuxième lecture ou si
vous attendrez à l'étude détaillée pour le faire.
Je remercie, donc, tous les intervenants pour leur collaboration et je les
assure de notre plus grande vigilance afin de rendre le projet de loi le plus
conforme aux besoins du milieu du bâtiment et des consommateurs.
Merci.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, M. lé Président, moi aussi, je
veux y aller de quelques brèves remarques en conclusion de nos travaux.
À l'ouverture des travaux de cette commission, j'avais souligné
combien l'étape que nous amorcions, qui était celle de la
commission parlementaire pour entendre les différents organismes qui
avaient demandé à être entendus, était une
étape importante, voire déterminante dans le cheminement du
projet de loi 53.
J'avais indiqué que cette commission, que cette étape
s'inscrivait dans la foulée de toutes les étapes qu'avait
franchies, jusqu'à maintenant, le projet de loi sur le bâtiment et
que celle-ci était marquée de la même préoccupation
de ma part, de notre part, qui a toujours prévalu dans l'ensemble des
travaux que nous avons menés tout au long de l'élaboration du
projet de loi.
Je dirai que les résultats de cette commission sont très
positifs. Je crois qu'on doit conclure que les auditions que nous avons tenues
sont fructueuses, qu'elles ont permis de retrouver, d'entendre
réaffirmer à
nouveau ce large consensus d'accord à l'endroit des principes,
des objectifs et des grandes orientations du projet de loi 53 et qu'elles nous
ont permis aussi d'identifier un certain nombre de précisions ou de
sujets de préoccupation. Donc, ces audiences nous ont permis d'atteindre
aussi notre objectif qui en était un de bonification du projet de loi
qui avait été déposé le 15 mai dernier.
Je vous dirai, M. le Président, quant à moi, que c'est
avec beaucoup d'ouverture d'esprit que j'ai participé activement
à ces deux journées de travaux en commission parlementaire et que
c'est cette même ouverture d'esprit que je tiens à manifester
quant aux autres étapes que franchira le projet de loi: la
deuxième lecture, l'étude article par article et la
troisième lecture.
Je veux dès ce soir tendre la main aussi au député
de Pontiac et à sa formation politique concernant les propositions et
les recommandations qu'il souhaiterait faire au gouvernement quant aux
modifications souhaitées par son parti, par l'Opposition officielle, de
façon que nous puissions les étudier le plus sérieusement
du monde, tout aussi sérieusement que nous avons réalisé
le mandat que l'Assemblée nationale nous avait confié pour les
deux jours qui se terminent ce soir.
M. le Président, je veux, d'ailleurs, vous remercier pour la
façon dont vous avez mené nos travaux. Je veux remercier tous les
députés qui ont participé aux travaux des deux
côtés, particulièrement le député de Pontiac,
le porte-parole de son parti en matière d'habitation, donc responsable
aussi du dossier de la Loi sur le bâtiment, pour l'aspect très
constructif de ses remarques et de ses questions. Je peux dire, M. le
Président, qu'à partir d'aujourd'hui c'est sans aucune
réserve que je recommanderai au Conseil des ministres d'aller de l'avant
avec le projet de loi sur le bâtiment. Nous nous retrouverons donc, au
cours des prochains jours, à l'étude en deuxième lecture
des grands principes et des grandes orientations du projet de loi à
l'Assemblée nationale et, par la suite, en commission parlementaire pour
l'étude article par article.
Évidemment, je répète ce que je n'ai pas
cessé de dire depuis deux jours: Bon nombre d'amendements seront
apportés encore au projet de loi. Nous avions indiqué notre
ouverture d'esprit pour le faire et la commission a effectivement
justifié que des amendements soient apportés. Alors, il est de
mon intention d'essayer de faire la compilation de ceux qui seront
apportés au moment de l'étude article par article. Quant aux
grands sujets de préoccupation - je pense, notamment à la
Commission du bâtiment et è un certain nombre de choses concernant
le financement - dans la mesure où le calendrier nous le permettra - le
calendrier établi entre les deux leaders parlementaires - oui, il est de
mon intention d'évoquer dans mon discours de deuxième lecture un
certain nombre d'amendements qu'on souhaite apporter parmi les plus importants.
Quant aux autres, je pense qu'on a qu'à relever au Journal des
débats l'ensemble des engagements que j'ai pris tout au cours de ces
deux jours pour voir ceux qui seront apportés au moment de
l'étude article par article en commission parlementaire.
M. le Président, je conclus en disant que cette commission me
permet de considérer que le projet de loi 53, même s'il n'est pas
parfait, est meilleur que le statu quo. Je dirai qu'à la suite de cette
consultation particulière j'arrive à la conclusion qu'il est bien
meilleur que le statu quo qui prévaut actuellement dans l'industrie de
la construction. Il faut donc permettre à cette industrie très
importante pour le Québec de prendre plus ses responsabilités,
d'avoir un cadre de travail simplifié et modernisé et lui
reconnaître son rôle de partenaire à part entière du
gouvernement par un meilleur équilibre, un meilleur partage des
responsabilités quant à l'intérêt du public au
niveau de la qualité des travaux de construction et au niveau de la
sécurité des édifices publics.
Alors, je vous remercie, M. le Président. Je vaudrais
également remercier le personnel de la commission et aussi les
fonctionnaires qui nous ont entourés pendant ces deux journées de
travaux et qui continueront de participer pleinement aux travaux que nous
mènerons tous ensemble. Merci.
M. Middlemiss: La réglementation vient quand?
M. Rochefort: Comme je l'ai dit, M. le Président, il y a
de la réglementation, j'imagine, pour un bon mandat de deux ou trois ans
à la Commission du bâtiment. Alors, évidemment, je pense
que cela ira au rythme que connaîtra la Commission du bâtiment,
avec les processus de consultation et ultimement, évidemment, les
processus de prépublication et de publication par le gouvernement de
façon qu'on atteigne les objectifs et aussi nos préoccupations de
bien encadrer le pouvoir réglementaire.
Le Président (M. Lafrenière): La sous-commission
des affaires sociales ayant accompli son mandat, les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 1 h 5)