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Commission de la voirie
Crédits du ministère
Séance du 5 mai 1969
(Seize heures trente-quatre minutes)
M. ROY (président de la commission de la Voirie): A l'ordre,
messieurs!
Bienvenue à la discussion des crédits du ministère
de la Voirie. Je demanderais à tous et chacun sa collaboration et de
discuter dans l'atmosphère qui a prévalu l'an dernier. Tout le
monde se trouvera plus informé et plus satisfait à la suite de
cettte attitude. Merci.
M. LAFONTAINE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez commencer par une discussion
générale?
M. PINARD: Avec votre permission, j'aimerais faire des remarques d'ordre
général avant d'en arriver à la discussion, article par
article.
J'aimerais traiter au tout début, des aspects économique
et financier d'une véritable politique routière. L'occasion m'en
est fournie par la discussion que nous ferons du budget présenté
par le ministère de la Voirie pour l'exercice financier 69/70.
J'aimerais souligner que les moyens de communication sont, dans notre
monde moderne, les principaux auxiliaires de la mise en exploitation des
richesses qu'il recèlent car ils facilitent et développent
l'ouverture de nouveaux débouchés et la création de
marchés. Ce qui a pour résultat d'augmenter la consommation, de
stimuler l'Industrie et de transformer les modes de vie.
Le réseau routier est, sans contredit, la base même du
transport par voie de terre. La route prend, avec le nombre toujours croissant
de véhicules automobiles, une place prépondérante dans
l'économie quelle que soit l'Importance des autres moyens de
communication.
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, le trafic routier des
marchandises et des voyageurs s'accroît annuellement dans de plus fortes
proportions que le trafic ferroviaire. Donc, importance primordiale, à
notre avis, d'attribuer au ministère de la Voirie des budgets toujours
de plus en plus considérables et plus susceptibles de lui permettre de
faire face aux besoins croissants.
La route est à la fois l'instrument irremplaçable de la
mise en valeur des pays sous-développés ou des parties de
territoires qui sont sous-développés et la route est aussi le
rouage essentiel qui concourt à la vie économique des
régions en pleine expansion. Elle suscite, au prix d'investissements
réduits, le démarrage économique des pays neufs en reliant
les lieux de production ou d'extraction aux points de consommation ou
d'exportation.
C'est dans les pays en voie d'Industrialisation, comme c'est le cas pour
le Québec, que les qualités d'un bon réseau routier
peuvent être les plus efficaces. En effet, sa construction beaucoup moins
onéreuse que celle des chemins de fer ne donne pas lieu, dès sa
création, à des investissements trop importants ou hasardeux, et
on peut commencer, après étude du courant de trafic, par
établir le tracé d'une simple piste, puis celui d'une voie
modeste, pour aboutir enfin et c'est là l'ultime étape
à la mise en chantier d'une route aux caractéristiques les
plus modernes.
Dans certaines parties du territoire québécois, nous en
sommes au tout début d'une véritable politique routière.
Dans la région métropolitaine de Montréal, je pense que le
ministère a rattrapé le temps perdu par une politique vigoureuse
vers les années 1960 à 1966, et les grands travaux amorcés
à cette époque se continuent. J'espère que cet élan
donné à la politique routière du Québec, à
l'époque, se poursuivra et que cette partie du territoire
québécois qu'est la grande métropole de Montréal
trouvera, dans un réseau moderne, sécuritaire et rapide, les
voies de communication qui sont absolument nécessaires pour continuer de
jouer le rôle de métropole économique du Québec,
sans pour cela mettre en danger la réalisation des ambitions
légitimes des autres parties du territoire québécois qui
ont besoin elles aussi d'Investissements considérables en matière
de réseaux routiers, de façon à obtenir la
déconcentration économique et industrielle absolument essentielle
à leur développement.
Dans les pays évolués, la route complète les moyens
de communication existants, constitue un pôle de développement
autonome et, pour le cas particulier du Québec, se trouve à
l'origine de précieuses rentrées de revenus nouveaux. En effet,
d'une part, les transports routiers sont préférables aux autres
pour le transport rapide des denrées alimentaires et pour celui des
marchandises de détail; d'autre part, les lignes de chemin de fer
doivent être complétées par des voies routières sur
lesquelles elles trouvent des points d'éclatement.
Ce n'est pas un hasard de constater que de plus en plus le trafic du
camionnage est à la hausse parce que c'est là le moyen le
meilleur et le plus rapide de servir d'une façon satisfaisante les
régions les plus éloignées parce que les fabricants de
denrées alimentaires, les exportateurs et les producteurs
préfèrent avoir recours à ce moyen de transport parce
qu'il est le moins coûteux, le plus rapide et surtout le plus
rentable.
Productrice, créatrice de richesses, la route est aussi
consommatrice et, comme telle, stimulant de l'économie. Elle provoque
ainsi tout le long de son parcours une activité, un
développement, une concentration d'offres et de demandes qui favorisent,
dans les régions desservies par elle, la fondation de marchés,
points de départ d'industries nouvelles, génératrices
d'expansion et de déplacement démographique. Enfin, elle assure
à ses riverains une sécurité incontestable en leur
permettant de se sentir beaucoup plus proche du monde extérieur.
En outre, elle entraîne un fort courant d'activités. En
effet, son administration et son entretien requièrent une main-d'oeuvre
locale importante et sa présence donne une sérieuse impulsion
à l'industrie et au commerce régionaux. Grâce à
elle, toute une population d'ingénieurs, de techniciens, de conducteurs
de travaux, sans parler des garagistes, des pompistes, des hôteliers et
des restaurateurs, cesse d'être à la charge de l'économie
rurale, pour bénéficier d'un pouvoir d'achat provenant de villes
plus ou moins éloignées, qui régénère
à son tour le commerce local et favorise le peuplement des abords de la
voie. Enfin, une bonne route concourt à la déconcentration
démographique en permettant aux travailleurs d'habiter loin des centres
industriels, et d'habiter dans des territoires relativement plus paisibles
où le repos est plus facile dans une civilisation, où la
compétition est toujours de plus en plus forte, où la tension au
travail augmente sans cesse et dans un monde où il faut de plus en plus
consacrer des heures de loisir reposantes pour permettre aux travailleurs
d'être productifs à l'usine et dans les différents emplois
où ils ont à travailler.
Les travaux routiers d'entretien, de réparation et de
construction tiennent dans l'économie générale du
Québec une place importante comme en témoignent les chiffres
budgétaires qui sont élevés chaque année
graduellement et de façon considérable, sous le régime
libéral à partir de l'exercice financier 60/61, pour atteindre,
en 1966, la somme brute de $294 mil- lions à titre de budget global des
dépenses ordinaires et des dépenses en immobilisation.
Cela, sans compter le budget de l'Office des autoroutes du Québec
qui était en moyenne de $40 millions annuellement et qui a permis de
créer les grandes artères routières dans la région
des Cantons de l'Est entre Sherbrooke, Granby et Montréal, et de
prolonger l'autoroute des Laurentides jusqu'à Sainte-Adèle et de
créer de toute pièce une nouvelle autoroute à péage
du côté nord du Saint-Laurent entre Montréal et
Berthier.
Nous espérons que le budget du ministère de la Voirie,
cette année, permettra, entre autres, de continuer ces grands travaux
routiers notamment, du côté nord du Saint-Laurent, de continuer
cette autoroute de la rive nord jusqu'à Trois-Rivières, qu'elle
traversera la rivière Saint-Maurice pour servir le comté de
Champlain et qu'elle sera terminée éventuellement jusqu'à
Québec, pour être raccordée aux grands réseaux
routiers du Québec métropolitain. Qu'elle ira pousser une pointe
dans la partie nord du Québec métropolitain avec raccordement
aussi par le nouveau pont sur le Saint-Laurent, à Québec, avec le
réseau de la région sud de la province pour se continuer,
grâce à la route trans canadienne, jusqu'aux frontières du
Nou-veau-Brunswick. Il y a tout à gagner à avoir des
communications plus faciles avec cette province: cela accentuera les
échanges industrielles et commerciales à tout point de vue.
Dès le retour de l'Union Nationale au pouvoir en 1966
c'est une constatation que je fais, M. le Président, je ne veux pas en
faire une critique acerbe ou mesquine, mais les faits sont les faits; c'est
peut-être tout simplement l'effet du hasard. Le budget global du
ministère de la Voirie a commencé à décroître
considérablement puisqu'il est tombé au montant de $237 millions
pour l'exercice financier 67/68, alors que le budget brut total, global de la
province était, pour cette année, de $2,636 millions. Ces
chiffres ne tiennent pas compte des crédits supplémentaires et
des mandats spéciaux qui ont pu être demandés et
accordés au ministère de la Voirie par la Législature.
Mais je crois que cela reste très sensiblement dans l'ordre de grandeur
et aussi dans les cadres de la vérité.
Pour l'exercice financier 69/70, donc pour cette année, le budget
des dépenses, c'est-à-dire le budget brut total de la province de
Québec si je me fie au cahier des estimations budgétaires
de 69/70, que nous avons tous devant nous est de $3,375, millions. La
part
du ministère de la Voirie ne sera cette année que de $290
millions.
Ceci indique un fléchissement considérable dans l'ordre
des priorités des dépenses gouvernementales, surtout si l'on
tient compte de la somme de $32,400,000 qui est prévue pour la
construction des ponts qui relève maintenant du ministère de la
Voirie à la suite de l'intégration du secteur «
construction de ponts » qui était autrefois la
responsabilité du ministère des Travaux publics, au
ministère de la Voirie; ceci accentue davantage la diminution des
crédits directement affectés à la construction des
routes.
Il y a là, à mon avis et à l'avis des membres de la
commission, du côté de l'Opposition, un déséquilibre
inquiétant entre le secteur des dépenses productives comme celles
de la voirie et des travaux publics et le secteur des dépenses
improductives comme celles du bien-être social, des affaires culturelles
et des autres dépenses à caractère de prestige.
Il n'est donc pas surprenant que le chômage ait monté en
flèche dans le Québec pour atteindre un niveau de 8.5%, ce qui
est une proportion record du taux de chômage dans l'histoire du
Québec; c'est aussi le plus fort taux de chômage connu au
Québec depuis plusieurs années. Cela est la preuve
évidente d'un manque de leadership au ministère de la Voirie,
dans l'ensemble des activités gouvernementales, et cela est dû au
fait que le ministre de la Voirie...
UNE VOIX. Il ne connaît pas cela!
M. PINARD: ... Non, malheureusement et Je le déplore
est trop souvent absent de son ministère...
M. LAFONTAINE: Ah non!
M. PINARD: ... et n'est pas en mesure de convaincre le premier
ministre...
M. LAFONTAINE: Est-ce que je peux dire... M. PINARD: ... et le ministre
des Finances.
M. LAFONTAINE: Est-ce que Je peux dire au député de
Drummond qu'hier J'ai quitté mon bureau, au ministère de la
Voirie, après avoir signé des documents pour le ministère
de la Voirie, exactement à minuit moins quart, accompagné de mon
secrétaire, M. Bélanger et du chauffeur. Un dimanche soir!
M. PINARD: Je n'aimerais pas qualifier le travail que le ministre fait
ou n'accomplit pas...
M. LAFONTAINE: Continuez, mais Je trouve que...
M. PINARD: Je n'aimerais, non plus, qualifier...
M. LAFONTAINE: Je trouve mesquine, pour employer l'expression du
député de Drummond, l'allusion qu'il vient de faire.
M. PINARD: ... les heures de travail pendant lesquelles le ministre de
la Voirie travaille. Je dis que, malheureusement, pour des raisons de
santé fort probablement, il est trop souvent absent de son
ministère et que l'administration du ministère s'en ressent. Cela
occasionne une diminution au plan de la motivation des hauts fonctionnaires qui
ont à travailler avec lui à l'administration du ministère.
Surtout, cela a eu pour effet direct de ne pas permettre au ministre de la
Voirie de convaincre le premier ministre et le ministre des Finances de la
nécessité et des avantages de placer les dépenses de la
voirie dans le secteur des dépenses prioritaires du gouvernement.
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que vous permettez...
M. PINARD: ... susceptibles d'accélérer le renouveau
économique du Québec et de participer vigoureusement à
l'aménagement du territoire.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: Alors que, dans la province de l'Ontario, le gouvernement
Robarts...
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond me permettrait-il une
question?
M. PINARD: ... accorde encore cette année un statut prioritaire
au ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... avec un budget global de $483 millions...
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond me
permettrait une question?
M. PINARD: Après. Ce qui prouve qu'en dépit d'un budget
d'austérité...
M. LAFONTAINE: Je pourrais lui dire immédiatement que l'ancien
gouvernement...
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais garder la parole. Le
ministre répondra...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: C'est une fausseté que vous venez de dire.
M. PINARD: Ne m'Interrompez pas! Le ministre me répondra s'il le
faut.
M. LAFONTAINE: C'est une fausseté. Si c'est une
déclaration...
M. PINARD: J'aimerais que la discussion se déroule dans l'ordre
le plus parfait possible.
M. LAFONTAINE: S'il tente de m'expllquer que la province a
commencé à exister en 1960...
M. PINARD: Que le ministre me laisse terminer ma déclaration
préliminaire et je permettrai au ministre de me répondra sans
l'interrompre.
M. LAFONTAINE: Je dois assurer le député de Drummond que
je ne le suivrai pas sur la voie qu'il est en train d'élaborer.
M. PINARD: Je disais donc, M. le Président, que le gouvernement
Robarts accorde, encore cette année, un statut prioritaire au
ministère de la Voirie...
M. LAFONTAINE: On est loin des crédits du ministère de la
Voirie.
M. PINARD: ... avec un budget de $483 millions. Ce qui prouve qu'en
dépit d'un budget d'austérité beaucoup plus
sévère que celui du Québec, le cabinet Robarts juge encore
que les dépenses de voirie sont productrices, créatrices de
richesses et que la route est aussi consommatrice et, comme telle, stimulante
de l'économie dans des secteurs multiples.
M. le Président, vous allez peut-être me demander la preuve
de ce que je viens d'avancer. J'ai ici le cahier des estimations
budgétaires du gouvernement d'Ontario pour l'exercice financier 69/70.
Le budget global du gouvernement ontarien est sensiblement inférieur au
budget global demandé par le gouvernement du Québec pour le
même exercice financier.
Le trésorier de la province, l'honorable McNaughton,
déclare dans le discours du budget qu'il a prononcé devant la
Législature d'Ontario qu'il a réussi à cause du
régime d'austérité à maintenir l'augmentation des
dépenses gouver- nementales à un taux de 7.5%, tandis qu'au
Québec, alors que nous vivons un régime
d'austérité, le gouvernement n'a pu faire mieux que de maintenir
l'augmentation de ses dépenses globales à un taux
inférieur à 13.6%, tout près de 14%, et pourtant, nous
vivons dans le même régime d'austérité. Je dirais
même que la province d'Ontario est plus riche que la province de
Québec, compte tenu de son industrialisation plus poussée, de la
richesse des citoyens plus forte per capita de la province d'Ontario.
Mais, M. le Président, la province d'Ontario a peut-être
une autre philosophie de la dépense publique que celle qui
prévaut actuellement au gouvernement du Québec. C'est qu'il y a
déjà 30 ans, 35 ans, le ministère de la Voirie, en
Ontario, est allé percer des grandes artères routières aux
frontières mêmes des Etats riches des Etats-Unis qui
étaient fortement industrialisés, avec le résultat que, en
très peu de temps, le territoire ontarien s'est industrialisé
grâce à l'influx de capitaux considérables. L'industrie de
l'automobile est allée s'implanter dans la province d'Ontario. Les
industries de l'acier sont également allées s'implanter dans la
province d'Ontario.
Le gouvernement de l'époque a vu juste en adoptant, il y a
déjà 30 ans, une politique routière agressive, vigoureuse.
C'est grâce à cette politique que la province d'Ontario est
passée au premier rang parmi les provinces du Canada et qu'elle a la
plus forte industrialisation de toutes les provinces du pays.
J'admettrai cependant qu'il est vrai que la province d'Ontario est mieux
située géographique ment que ne l'est le Québec. Je suis
prêt à concéder ça. Mais du fait que nous sommes
moins bien servis géographiquement que la province d'Ontario, n'est-ce
pas là une raison additionnelle de se montrer plus agressif en
matière de voirie, en augmentant chaque année les budgets pour
être en mesure de mieux servir les besoins qui nous sont
déclarés non seulement par les représentants du peuple,
mais par tous les conseils économiques régionaux à qui on
fait appel sur le plan du dialogue, pour mieux faire connaître les
besoins des populations des territoires sous-développés sur le
plan industriel, sur le plan économique, sur le plan des services
sociaux, sur le plan des services culturels?
Je me dis donc que si ces raisons ont prévalu en Ontario, elles
devraient prévaloir davantage dans le Québec et que, loin de
diminuer les crédits affectés directement ou indirectement au
réseau routier, il faudrait maintenir le niveau des dépenses qui
a été relevé très
sensiblement alors que le parti libéral était au pouvoir
de 1960 à 1966, et qu'il y a encore de nombreuses régions au
Québec où le réseau routier est insuffisant. D'ailleurs,
il s'agit de lire les nombreux mémoires qui sont soumis annuellement par
les chambres de commerce, par les conseils économiques régionaux,
par les associations professionnelles de constructeurs pour se rendre compte
qu'il y a encore beaucoup de retard à rattraper et que nous n'avons pas
fait ce qui devrait être fait dans ce domaine.
J'ai parlé jusqu'ici des aspects économiques et financiers
d'une politique routière. Je pense qu'il est bon également de
dire un mot du rôle social que doit jouer la route pour l'organisation du
territoire, pour l'aménagement ou le réaménagement du
territoire. Evidemment, je serai amené à faire des
considérations qui relèveront sans doute du domaine touristique.
Je crois que ces politiques doivent être intimement reliées, qu'il
doit y avoir une meilleure coordination entre les différents
ministères de sorte que le gouvernement puisse, à l'occasion,
faire les investissements les plus productifs et les plus susceptibles de
donner les services demandés par la population.
Il est plus vrai que jamais d'affirmer que la route est devenue le
moyen, pour le citadin, de fuir l'agglomération où il travaille,
d'aller respirer l'air des campagnes et, pour tous, de connaître des
régions jusqu'alors ignorées, de vivre sous d'autres climats et
de découvrir d'autres horizons. L'habitude est maintenant entrée
dans les moeurs de se déplacer au volant d'une voiture un mois par an
car c'est presque la durée des vacances qui sont prévues
maintenant dans les conventions collectives ou de s'évader
à l'occasion d'un week-end, grâce à un réseau
particulièrement dense et bien « roulant ». On utilise la
route au maximum, on en connaît les moindres ressources et, sans elle,
bien des monuments, bien des églises, bien des musées de
province, sans parler de sites incomparables resteraient la part d'un petit
nombre d'élus. Au surplus, dans un pays comme le nôtre où
les richesses touristiques sont abondantes et attirent chaque année un
nombre considérable de voyageurs étrangers, des routes plus
modernes, plus rapides et plus sécuritaires doivent représenter
un élément dont il faut tenir compte dans l'apport de nouveaux
revenus pour l'Etat, si tant il est vrai que l'industrie touristique au
Québec est, je crois, la deuxième industrie par ordre
d'importance au chapitre du rendement des dépenses faites par les
touristes. Je pense que c'est là une des sources de revenus des plus
importantes de l'Etat québécois.
M. GARDNER: Quelle est la première?
M. PINARD: ... et c'est peut-être la première; je n'ai pas
les statistiques suffisamment précises, parce qu'elles datent de 1960 ou
1961. Alors, je ne voudrais pas risquer de donner un rang qui ne serait pas
appuyé par des statistiques précises émanant du
ministère de l'Industrie et du Commerce que je n'ai pas en ma possession
malheureusement.
Si l'industrie touristique au Québec ne connaît pas un
essor plus considérable, c'est qu'il faut bien constater que, faute de
crédits suffisants et continus, le développement de la
circulation routière est plus rapide que l'aménagement des
réseaux qui sont déjà très congestionnés et
qui sont incapables de conduire les touristes là où ils
voudraient aller.
M. le Président, il s'agissait de remarques préliminaires.
J'aimerais quand même appuyer un peu plus fortement sur la diminution
sensible des crédits du budget de la Voirie depuis 1966.
Le chef de l'Opposition, dans la réponse au discours du budget du
ministre des Finances, pour l'exercice 67/68, avait, à l'aide d'un
tableau, prouvé que la construction et la réfection des routes et
des autres immeubles totalisaient $173,210,000 en 66/67. En 67/68, la
dépense prévue n'a été que de $122,279,000, ce qui
a donné une diminution nette de $51 millions.
C'était à l'article 6 du cahier des estimations
budgétaires pour l'exercice financier 67/68.
A l'article 7 de ce même cahier des estimations budgétaires
pour l'exercice financier 67/68, les crédits pour la route
transcanadienne n'ont été que de $55,576,000 par rapport à
la somme de $98,479,000 que le ministère de la Voirie avait
demandée de voter dans l'exercice financier 66/67.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond peut me
répéter ces chiffres?
M. PINARD: Ce qui a donné une diminution de $43 millions.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond veut me
citer les chiffres?
M. PINARD: A l'article 7 du cahier des estimations budgétaires
pour l'exercice financier 67/68...
M. LAFONTAINE: ... 67/68...
M. PINARD: Oui... le ministère de la Voi-
rie a demandé des crédits de $55,576,000, alors qu'en
66/67 des crédits pour la route transcanadienne ont été de
$98,479,000, ce qui a donné la diminution de $43 millions. La diminution
totale a été de $94 millions brut.
Si l'on soustrait de la dépense globale, dans tous les cas, les
contributions et remboursements pour savoir quelle est la diminution du
coût au trésor québécois, on en arrive à une
diminution nette de $63 millions. C'est la dépense globale dont il faut
tenir compte pour évaluer la diminution dans l'ampleur des travaux.
Ce tableau, dont je viens de faire mention, le chef de l'Opposition s'en
est servi à l'époque dans son discours en réponse au
discours du budget. Je ne crois pas que nous ayons à faire des
démentis aux chiffres qu'il a cités à l'époque.
Je tiens pour acquis qu'ils restent vrais et que, depuis 1967, il y a
véritablement une diminution du budget de la voirie et que c'est pour
cela que nous assistons à une montée en flèche du
chômage dans le secteur de la construction. C'est tellement vrai que la
situation est bien celle que je viens de décrire que l'Association des
constructeurs de routes et des grands travaux de Québec, dans un
mémoire qu'elle a présenté tout récemment au
premier ministre de la province et au ministre des Finances, a fait état
de cette diminution considérable dans les crédits de la voirie.
Diminution qui affecte dangereusement l'équilibre et la
rentabilité de l'industrie de la construction routière au
Québec Diminution qui a provoqué une hausse assez aiguë du
chômage et qui a obligé les entrepreneurs routiers à donner
congé à un très grand nombre d'employés de la
construction dans les divers corps de métiers.
Je pourrais donner un pourcentage représentatif sur le plan du
nombre de personnes qui ont dû quitter l'entreprise de la construction.
Cela représenterait environ 30% de la main-d'oeuvre qui était,
jusque là, employée, c'est-à-dire durant les années
de pointe, durant les années des grands travaux, à
l'époque de 1965 et 1966, travaux préparatifs, dans la
région de Montréal, à l'ouverture de l'Exposition
universelle.
Il est évident que cette diminution considérable dans le
volume des travaux et dans les crédits affectés à la
construction routière a affecté très sensiblement
plusieurs entrepreneurs routiers et a provoqué même chez certains
d'entre eux des faillites assez retentissantes dont la plupart ne sont pas
capables de se relever.
C'est autant d'entreprises qui disparaissent du champ de la
compétition du secteur de la construction et c'est autant
d'employés qui sont obligés d'aller ailleurs, dans d'autres
secteurs de l'Industrie pour tenter de trouver preneur, pour se trouver un
emploi rémunérateur et stable. Dans certaines régions de
la province, cette situation est très aiguë parce que je suis
moi-même témoin de l'expérience vécue par des
ouvriers qualifiés dans la construction, spécialistes dans la
construction de viaducs, de ponts, des infrastructures routières qui
sont obligés de s'expatrier en dehors du Québec pour tenter de se
trouver un emploi dans d'autres provinces, dans des chantiers comme ceux de
Churchill Falls et dans d'autres gros chantiers qui sont actuellement
réalisés dans d'autres provinces du pays et notamment dans
l'Ouest où il y a la construction de barrages et des travaux de
construction pour les compagnies qui exploitent les richesses naturelles, en
particulier dans le domaine de l'industrie du pétrole.
Alors, M. le Président, l'Association des constructeurs de routes
et grands travaux du Québec s'est montrée particulièrement
sévère à l'endroit du gouvernement. La réponse du
premier ministre et du ministre des Finances a été
peut-être cinglante, mais elle a peut-être aussi trahi la
réalité de ce que j'ai exprimé tantôt. C'est qu'il
était vrai qu'aux yeux du gouvernement actuel la voirie n'était
plus et ne devait plus être considérée comme étant
prioritaire. C'est le premier ministre lui-même qui l'a dit en
réponse aux revendications de l'Association des constructeurs de routes
et grands travaux du Québec.
M. LAFONTAINE: Quand nous parlons de priorité, nous parlons
toujours de priorité relative, évidemment de priorité
d'éducation, de santé et de bien-être social. Je pense bien
que le député de Drummond s'entendra avec tout le monde pour dire
qu'il y a présentement dans le Québec je pense bien que
c'est son gouvernement qui a lancé l'opération 55. En
parlant de priorité éducationnelle, le gouvernement actuel
continue...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: ... c'est parce que nous tombons à l'ordre des
priorités et, quand nous parlons de priorité, il faut toujours
comparer avec les autres ministères.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de Drummond
a demandé la parole pour faire un exposé général et
le ministre de
la Voirie aura toute latitude de répondre à l'honorable
député de Drummond à la fin de son exposé.
M. LAFONTAINE: Si M. le président me permet d'ajouter seulement
ceci, c'est que dans le passé il a toujours été admis de
part et d'autre que, lorsque certains avancés que je n'ai pas
l'intention de relever viennent peut-être en contradiction avec
l'entendement général bien compris, je pense bien que nous
pouvons faire, M. le Président, sauf respect, les remarques voulues.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Drummond.
M. PINARD: De toute façon, M. le Président, la situation
qui a été expliquée par le mémoire de l'Association
des constructeurs de routes et grands travaux du Québec est, à
mon avis, très réaliste.
D'ailleurs, les chiffres cités à l'appui de ce
mémoire sont difficilement contestables. Je pense que cette association
est bien représentative de l'industrie de la construction. Comme elle a
été très souvent consultée dans le passé par
le ministère de la Voirie, par les autorités gouvernementales, je
vois mal que le même gouvernement, aujourd'hui, parce que cela ne fait
plus son affaire ne tienne pas compte davantage des représentations de
cette association. C'est une association véritablement professionnelle
qui groupe le plus grand nombre des entrepreneurs routiers et des grands
travaux au Québec. C'est une association qui est devenue de plus en plus
professionnelle au fur et à mesure que les budgets de la Voirie ont
été augmentés.
Cela a été plus facile aux autorités de
l'époque de demander aux membres de l'association de se discipliner, de
s'intégrer dans le cadre de l'association professionnelle de
façon à mieux faire valoir leurs revendications, à mieux
faire valoir leurs propositions et de façon aussi à travailler
plus étroitement avec les autorités du ministère en
matière de planification routière.
Un des grands reproches faits par l'association, dans son
mémoire, concerne la disparition à toutes fins pratiques, du
système de soumissions publiques,...
M. LAFONTAINE: C'est faux, M. le Président, c'est faux. Il y a
tout de même une limite.
M. PINARD: ... compte tenu du volume des travaux...
M. LAFONTAINE: Voyons doncl
M. PINARD: ... qui ont été accordés par le
ministère de la Voirie et les autres ministères, aux
entrepreneurs qui faisaient partie de l'association. De quelle façon s'y
est-on pris, M. le Président, pour battre en brèche le
système de soumissions publiques qui a été instauré
et appliqué par l'ancien gouvernement? C'est que, depuis le 5 juin
1966,...
M. LAFONTAINE: C'est faux.
M. PINARD: ... le ministère de la Voirie s'est mis à
accorder plus d'importance à la réalisation des travaux routiers
qu'on appelle des travaux faits en régie, censément faits par
l'entreprise gouvernementale, alors qu'en réalité ces travaux
sont réalisés par des petits entrepreneurs dans les comtés
de qui on loue l'outillage, à qui on demande de fournir les
matériaux de construction, de fournir la main-d'oeuvre. Ces travaux
n'étant pas imputés au budget des dépenses de construction
proprement dites, cela permet au ministère, au lieu de grouper tous ces
petits travaux qui, individuellement, pourraient être
évalués à moins de $4,000 ou $5,000 ou peut-être
davantage aussi, au lieu de les grouper pour en faire des travaux d'une plus
grande envergure de façon à obliger le ministère de la
Voirie à faire préparer des plans et devis et à demander
des soumissions publiques pour en arriver à un coût plus
économique au plan de la construction, eh bien, on divise les projets
pour les rendre les plus petits possibles sur le plan du coût estimatif
pour, en sorte, passer à côté du système
établi et pour réaliser une série de petits travaux qui,
reliés les uns aux autres, dépassent
considérablement...
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond est plus
sérieux que ça! Voyons donc.
M. GARDNER: Avez-vous des preuves à l'appui?
M. LAFONTAINE: Des affirmations gratuites, une après l'autre.
M. PINARD: M. le Président, c'est une situation que l'on vit dans
chacun de nos comtés...
M. LAFONTAINE: Voyons donc!
M. PINARD: ... et surtout dans les comtés ruraux. Je ne parle pas
des grands projets routiers comme les projets de la route 6 et les projets de
la route transcanadienne...
M. LAFONTAINE: Le député sait qu'il faut
faire des soumissions publiques lorsque le montant de l'estimation
dépasse $5,000. Il n'est pas question de déjouer la loi. Tout ce
que le ministère de la Voirie a fait est parfaitement légal. Si
le député de Drummond a une accusation précise à
lancer, qu'il la lance donc!
M. PINARD: L'année dernière, j'ai interrogé le
ministre pour savoir si effectivement il avait augmenté le volume des
travaux exécutés en régie ou faits à la
journée, comme on se plaît à le dire...
M. LAFONTAINE: Je vais lui répondre, s'il le veut, avec les
chiffres. On peut parler pendant des heures et des heures, dire un grand nombre
de faussetés, M. le Président, et cela n'avance pas les travaux
de la commission.
M. PINARD: Alors, si je m'en tiens aux déclarations qui ont
été inscrites au journal des Débats durant la
séance de la commission des crédits de la Voirie des 30 et 31 mai
1968, à la page 546 et suivantes, il appert que le ministre de la Voirie
a admis que c'était vrai qu'il avait augmenté le volume des
travaux routiers réalisés à la journée ou faits en
régie.
M. GARDNER: Le volume des petits travaux a augmenté.
M. PINARD: Et que cela s'est traduit aussi par l'augmentation non
seulement du volume des travaux mais aussi par une augmentation de la
dépense au plan budgétaire. Il a cité des chiffres, M.
Lafontaine...
M. LAFONTAINE: M. le député de Drummond...
M. PINARD: M. Lafontaine...
M. LAFONTAINE: J'ai des chiffres ici que je peux vous donner, M. le
Président...
M. PINARD: A la page 547, a répondu: « Disons ici qu'en
67/68, des contrats: $39,608,000, à la Journée, en régie,
parce que lorsque nous... »
M. LAFONTAINE: M. le Président, je m'oppose à la
façon de procéder du député de Drummond. Il est en
train de sauter d'article en article et ce ne sont plus des
considérations générales. Je regrette, je n'ai pas son
texte, je ne pourrai pas lui répondre point par point. Il va
falloir...
M. PINARD: Le ministre peut toujours commencer par regarder les
réponses qu'il a données l'année dernière, à
la séance des 30 et 31 mal 1968.
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond vient d'entamer
peut-être 50 sujets différents, comment veut-il que je lui
réponde d'une façon logique cet après-midi? Lorsqu'il fait
une affirmation...
M. PINARD: Le ministre a des fonctionnaires que je n'ai pas.
M. GARDNER: Tenez-vous-en à des questions
générales.
M. LAFONTAINE: Je vais lui donner tout de suite ce qu'il vient de
mentionner des chiffres, des pourcentages établis par mon service, cela
lui exemptera peut-être 15 minutes de péroraisons pour ne rien
dire.
M. PINARD: Ce n'est certainement pas dans le rapport annuel de la Voirie
que je vais trouver des renseignements que le ministre voudrait me donner.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond veut
blâmer le ministre de la Voirie du décès d'un de ses
fonctionnaires qui normalement s'occupait...
M. PINARD: Ce n'est pas notre fonctionnaire, c'était le
fonctionnaire du ministre de la Voirie...
M. LAFONTAINE: Mais, par contre, le député de Drummond va
admettre que je lui al fait transmettre le plus tôt possible...
M. PINARD: C'est un incident que le ministre devrait oublier.
M. LAFONTAINE: Je pense que le discours que le député de
Drummond est en train de faire est un accident...
M. PINARD: Si le ministre a à reprendre les déclarations
qu'il m'a faites l'an passé, en réponse à des questions
précises, libre à lui de le faire et je l'admettrai. Il faudra
quand même qu'il contredise les chiffres qu'il a lui-même
cités et qui sont inscrits au journal des Débats.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond est rendu au poste budgé-
taire no 7, article 1. Ce n'est plus une considération
générale, c'est le poste budgétaire no 7, article 1, que
le député de Drummond est en train de discuter.
M. PINARD: M. le Président, je pense qu'au poste
budgétaire 1; Administration, il est permis de faire une discussion
générale, avant d'en arriver à une discussion
spécifique, article par article. Je pense que vous m'en aviez
accordé le droit tantôt. D'ailleurs, c'est mon droit strict de
commencer par faire des remarques d'ordre général. C'est le droit
strict des membres de la commission du budget de la Voirie de faire des
remarques d'ordre général, qui relèvent des
problèmes qui sont soumis à leur attention, à leur
responsabilité.
M. LAFONTAINE: Si ce sont des remarques générales, M. le
Président, j'accepte, mais nous entrons là dans des
détails.
M. PINARD: Nous ne voulons, en aucune façon, être
limités dans la discussion du budget que nous allons faire. Je voudrais
que le ministre de la Voirie soit serein, soit calme.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond admet que
le point qu'il soulève présentement peut être
discuté au poste budgétaire 7, article 1? Et ceci, d'une
façon beaucoup plus complète et objective et plus logique qu'il
ne le fait présentement.
M. PINARD: J'admets cela, je l'ai dit tantôt. Mais j'ai le droit
de faire une discussion générale de l'administration du
ministère. Si un système de soumissions publiques ne fait partie
intégrale d'un système d'administration au ministère de la
Voirie, je ne sais pas de quoi le ministre de la Voirie veut parler.
M. LAFONTAINE: Mais de quoi le député de Drummond se
plaint-il sur le système de soumissions?
M. PINARD: Alors, article par article, tantôt, nous pourrons en
arriver à la discussion...
M. LAFONTAINE: Mais de quoi se plaint-il, le député de
Drummond?
M. PINARD: ... de points spécifiques. Et je crois que j'ai
l'occasion de discuter de points d'ordre général et c'est bien
mon intention de continuer à le faire, indépendamment de ce que
peut penser le ministre, que ça lui fasse plaisir ou non.
M. LAFONTAINE: De quoi se plaint le député de Drummond sur
le système des soumistions publiques?
M. PINARD: Je dis que le ministre de la Voirie cherche à
contourner...
M. LAFONTAINE: Je ne contourne pas.
M. PINARD. Il a été question du système de
soumissions publiques, qui a été appliqué par l'ancienne
administration libérale et il s'efforce, de plus en plus, de donner des
petits contrats...
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président.
M. PINARD: ... sous le couvert de travaux exécutés en
régie, 3. la journée.
M. LAFONTAINE: Je proteste, M. le Président. Nous ne donnons pas
de contrats d'au-delà de $5,000 sur l'article immobilisation, sans aller
en soumissions publiques.
Je demanderais au député de Drummond d'avoir la
gentilhommerie de l'admettre. Il le sait lui-même.
M. PINARD: Nous donnerons des exemples tantôt, et cela permettra
au ministre de la Voirie, à l'aide des exemples que nous lui
donnerons...
M. LAFONTAINE: II y a une différence...
M. PINARD: ... le ministre nous expliquera le fonctionnement de son
nouveau système d'adjudication de contrats.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas un nouveau système. Nous faisons,
présentement, au ministère de la Voirie, des travaux que nous
appelons en régie. Les travaux que nous faisons en régie,
l'ancien gouvernement libéral en faisait des travaux en
régie.
M. PINARD: M. le Président..
M. LAFONTAINE: Dans son temps, il y avait 29.1% du budget de la Voirie,
au poste 7, article 1, immobilisation, dépensé en régie:
29.1% du budget.
M. PINARD: Vous parlez d'avant 1960?
M. LAFONTAINE: Depuis 66/67 jusqu'à 68/69, nous avons une moyenne
de 25.1%.
M. PINARD: M. le Président, f aimerais que la discussion...
M. LAFONTAINE: Cela veut dire que, depuis que le gouvernement de l'Union
Nationale est au pouvoir, il y a moins, en pourcentage, de travaux de voirie
faits en régie que du temps où le député
était ministre de la Voirie.
M. LACROIX: Vous êtes sérieux? M. PINARD: M. le
Président...
M. LAFONTAINE: Je suis sérieux et j'ai les chiffres ici.
M. PINARD: Je serais peut-être prêt à concéder
cela au ministre de la Voirie s'il admet cependant que, vu la diminution des
crédits du ministère de la Voirie, les choses étant...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... proportionnelles à ce moment-là...
M. LAFONTAINE: Cela prouve que nous sommes loin du poste
budgétaire 1, article 1.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Nous sommes rendus au poste budgétaire 7, article
1.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Je crois que nous devrions...
M. LAFONTAINE: Je demanderais au député de Drummond de
revenir à l'administration et à des considérations
générales, M. le Président, au lieu d'entrer dans des
détails.
M. PINARD: M. le Président, je pense que vous devez être
solidaire de la décision qui a été prise tantôt par
celui qui...
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Certainement.
M. PINARD: ... est président de la commission pour l'étude
du budget de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Cela ne veut pas dire, par exemple...
M. PINARD: Alors que vous êtes simplement son représentant
lorsqu'il est absent, vous devriez faire en sorte de faire respecter la
décision qu'il a prise alors qu'il a déclaré que le
député de Drummond et tous les membres de la commission avaient
le droit de faire des remarques d'ordre général au poste «
administration », avant d'en venir à une discussion
spécifique du budget poste par poste.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: Je n'ai pas terminé ces remarques d'ordre
général. Mes confrères ont certainement des remarques
à faire aussi au poste « administration », et je voudrais
que vous nous donniez l'occasion de nous exprimer librement, de façon
calme, de façon sereine et de rappeler le ministre de la Voirie à
l'ordre pour que le bon ordre règne ici aux séances de la
commission.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si vous me permettez un
commentaire, je ne crois pas que le président de la commission ait
permis à l'ancien ministre de la Voirie, le député de
Drummond, de discuter pêle-mêle des budgets de la Voirie, partant
d'un poste, revenant à un autre.
Il a permis des considérations générales sur
l'administration de la Voirie et nous sommes entrés dans des
détails, des détails je l'ai prouvé tout à
l'heure par des questions sur l'étude du poste budgétaire
7, article 1. Ce ne sont pas des considérations générales
mais un poste. Le député de Drummond aura tout le loisir, lorsque
nous arriverons à l'étude du poste budgétaire 7, de faire
valoir ses idées. Je serai en mesure, à ce moment-là, de
lui répondre d'une façon appropriée.
Mais si vous permettez au député de Drummond d'embarquer
dans tous les sujets possibles qui touchent à la Voirie, je me demande
où l'étude des crédits de la Voirie s'en val
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Je crois bien qu'il faudrait s'en tenir
à des considérations d'ordre général, quitte
ensuite à revenir à chacun des postes et faire des
considérations générales sur le poste en question, avant
chacun des articles.
M. LACROIX: Si vous permettez, M. le Président, c'est qu'au poste
budgétaire 1, le règlement permet la discussion
générale sur le budget qui est à l'étude. Il est de
règle, également, que le poste budgétaire 1 soit
réservé et, quand nous retournons à l'Assemblée
nationale, les députés qui n'ont pas participé à la
discussion en commission peuvent le faire.
Si le poste budgétaire 1 était restreint, comme vous le
mentionnez, il serait très facile d'adopter en bloc tous les postes, en
réserver un, retourner à l'Assemblée nationale et tout
reprendre de A à Z. Depuis que les commissions existent, il est admis,
il est accepté qu'au poste budgétaire 1 la discussion soit
générale. L'on peut discuter de tous les problèmes qui
concernent la Voirie au poste budgétaire 1. Si cela peut prolonger la
discussion sur le poste budgétaire 1, il reste tout de même que,
lorsque nous arriverons à l'étude des crédits poste par
poste, la discussion générale s'étant engagée au
poste budgétaire 1, la discussion est moins longue.
Mais assurément, au poste budgétaire 1, il est permis de
discuter de tous les problèmes concernant la Voirie. De toute
façon, Je voudrais signaler à ce moment-ci que le poste
budgétaire 1 ne sera pas adopté. Il sera réservé
pour permettre à ceux de nos collègues qui ne peuvent assiter ici
à la commission de pouvoir eux-mêmes participer à
l'étude des crédits du ministère de la Voirie, s'ils le
Jugent à propos.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Alors, il est...
M. LAFONTAINE: Si vous me permettez, M. le Président, simplement
pour répodre au député des Iles-de-la-Madeleine lorsqu'il
affirme et là, je vous donne un exemple de toutes les
affirmations que le député de Drummond a faites tout à
l'heure le député des Iles-de-la-Madeleine vient de dire
ceci: II est de mise et d'usage que nous réservions, à chaque
année, lorsque nous étudions les crédits du
ministère de la Voirie, un poste: le poste budgétaire no 1,
administration.
Or, j'ai ici les Débats de l'Assemblée législative
du 31 mai 1968 où le président dit: « Alors, le budget du
comité de la Voirie a été adopté avec
réserve de l'article 8 pour discussion en Chambre. Je remercie tous les
membres de leur collaboration. » Voici exactement une de ces
demi-vérités. Il est exact que nous réservons un article,
mais c'est avec entente avec l'Opposition que nous le faisons. L'article
réservé l'an passé n'a pas été l'article 1,
mais l'article 8.
M. LACROIX: M. le Président, je vous ferai remarquer
qu'ordinairement c'est l'article numéro 1 qui est réservé
parce que...
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): A l'ordre!
M. LACROIX: Si le ministre de la Voirie avait été
présent en Chambre, il aurait pu se rendre compte...
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): A l'ordre!
M. LACROIX: ... que vendredi, lorsque le député de
Frontenac a déposé le rapport de la commission d'étude des
crédits du ministère de l'Education, il a bien mentionné
que c'est l'article numéro 1 qui a été
réservé. Normalement, c'est l'article numéro 1 parce
que...
M. LAFONTAINE: Je relève tout simplement une fausseté du
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): A l'ordre!
M. LACROIX: ... rendu à la Chambre vous pourriez, à ce
moment-là...
M. LAFONTAINE: Je relève une fausseté du
député des Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Le député des Iles-de-la-Madeleine est plus
souvent en Chambre que le député du comté de Labelle, et
peut-être qu'il est plus au courant de ce qui se passe.
M. LAFONTAINE: Le député des Iles-de-la-Madeleine n'a pas
besoin de se fâcher.
M. LACROIX: Si on réseryait un autre poste budgétaire que
le poste 1, l'Assemblée nationale, par sa majorité, pourrait
restreindre les discussions à ce seul poste budgétaire.
M. LAFONTAINE: Le voici rendu expert en droit constitutionnel!
M. LACROIX: Le poste budgétaire numéro 1 ouvre la
discussion sur tout le budget.
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): A l'ordre! A l'ordre! Je considère
l'incident clos. Il faudrait, selon moi, que le député de
Drummond s'en tienne à des considérations d'ordre
général pour le moment, quitte à revenir à d'autres
considérations d'ordre général avant chacun des postes
budgétaires.
M. PINARD: Ah, bon!
M. LE PRESIDENT (M. Gardner): Mais pour le moment, des
considérations d'ordre général.
Il ne faudrait pas entrer dans des points de détail. Le
député de Drummond.
M. PINARD: Au moment où j'ai été interrompu par le
ministre de la Voirie, j'étais à faire des remarques d'ordre
général sur le malaise qui existe dans l'industrie de la
construction. Je me suis référé au contenu du
mémoire soumis au premier ministre et au ministre des Finances, la
semaine dernière ou il y a à peine quinze jours, par
l'Association des constructeurs de routes et des grands travaux du
Québec. A la page 4 du rapport, je lis ceci: « Dès 1963
notre association recommandait au gouvernement l'adoption d'un système
de pré-qualification des entrepreneurs. »
M. LAFONTAINE: Quelle page? M. PINARD: Page 4.
M. PINARD: « Tel qu'en vigueur en Ontario... »
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond me le permet,
est-ce qu'il pourrait commencer par le dernier paragraphe de la page 3?
M. PINARD: Ah, oui!
M. LAFONTAINE: Les deux dernières lignes. « De 1960
à 1963. 42% des entrepreneurs routiers... »
M. PINARD: Mais oui, mais laissez-moi lire. Je peux le lire.
M. LAFONTAINE: « ... à cause de faillites ou de
liquidations. »
M. PINARD. Il est évident que lorsqu'un gouvernement inaugure
pour la première fois dans l'histoire de la province de Québec,
au ministère de la Voirie du moins, un système de soumissions
publiques, même si la mesure était bonne en principe...
M. LAFONTAINE: Elle n'était certainement pas bonne, pour faire
disparaître 43% des entrepreneurs du Québec entre 1960 et 1963.
Elle était certainement boîteuse.
M. PINARD: Laissez-moi le dire! Il était évident qu'au
départ les mêmes entrepreneurs qui n'étaient pas familiers
avec le système des soumissions publiques n'étalent pas non plus
familiers avec...
M. LAFONTAINE: Peut-être, l'ancien ministre de la Voirie
n'était-il pas familier avec l'administration de la Voirie?
M. PINARD: ... le système du calcul du coût de leurs
travaux, alors qu'ils étaient payés à l'époque,
sous l'ancien régime, sur production de la facture. Cela a causé
un peu de commotion dans l'entreprise de la construction routière et
cela a pris un peu de temps avant qu'ils s'ajustent...
M. LAFONTAINE: Voici une autre affirmation gratuite, une autre
administration gratuite...
M. PINARD: ... par le ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas l'intention de laisser le
député de Drummond se servir de la commission de la voirie comme
tribune électorale. Que je l'entende à la
télévision faire ses grandes sorties...
M. LACROIX: Vous ne voulez pas qu'on fasse ce que vous avez fait de 1960
à 1966, vous!
M. LAFONTAINE: Je regrette! Je regrette!
M. PINARD: Alors!
M. LACROIX: Vous avez la mémoire courte!
M. LAFONTAINE: Est-ce que c'était dans le temps où le
député des Iles-de-la-Madeleine envoyait des chaussures pour
gagner l'élection fédérale...
M. LACROIX: Pour un ministre de la Voirie, cela prouve son ignorance des
faits. Essayer de détourner notre attention...
M. LAFONTAINE: Ce n'étaient pas des bottines qu'il...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAFONTAINE: ... c'étaient des « claques »!
M. LACROIX: ... plutôt que de partir en peur avec des choses que
vous ne connaissez même pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: J'aimerais connaître le fond du
problème.
M. LACROIX: Je n'ai pas peur d'aller discuter. Vous viendrez aux
Iles-de-la-Madeleine pour en discuter avec moi, à part ça.
M. LAFONTAINE: C'est parce que j'ai vu un programme de
télévision qui en parlait!
M. LACROIX: Ah, Seigneur! C'étaient des « bleus »
comme vous. Des gens qui étaient bornés.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais reprendre la parole et
continuer les remarques que j'avais à faire. Pour être de bon
compte avec le ministre de la Voirie, je vais citer le contenu de la page
trois. Cela va lui faire plaisir. Je veux l'admettre. « Une
compétition dé-raisonnée au point de départ de
l'application du système de soumissions publiques fit descendre les prix
de la construction à un point où elle devint déficitaire.
» « De 1960 c'est l'association de la construction qui
parle, ce n'est pas moi à 1963, 42% des entrepreneurs routiers
disparurent à cause de faillite ou de liquidation...
M. LAFONTAINE: C'est épouvantable!
M. PINARD: Je viens d'expliquer pourquoi...
M. LAFONTAINE: Pour l'économie d'une province c'est
épouvantable, c'est grave.
M. PINARD: Cette situation s'est corrigée sensiblement à
partir de 1964 lorsque des travaux intensifs furent entrepris, comme
l'autoroute des Cantons de l'Est, l'autoroute de la Rive-Nord, les travaux de
la route transcanadienne, les voles périphériques de la
métropole et les voies d'accès au site de l'Expo 1967 et j'aurais
pu ajouter aussi les voies périphériques du Québec
métropolitain. Dès 1963, notre association recommandait au
gouvernement l'adoption d'un système de préqualification des
entrepreneurs, pour faire suite à l'application d'un système de
soumissions publiques, ceci c'est moi qui l'ajoute là tels
qu'en vigueur en Ontario et dans 39 états américains. J'ajoute
encore que si c'est bon dans l'Ontario et que si c'est bon dans 39 Etats
américains, ça doit être bon pour le Québec aussi.
Ce système a pour but de classifier annuellement les entrepreneurs selon
leur capacité, leur compétence et leur efficacité et
assure au gouvernement que les soumissionnaires sont aptes à bien
exécuter les travaux. En 1965, le gouvernement de l'époque, le
ministre de l'époque était aussi soucieux que le ministre
d'aujourd'hui, fort probablement...
M. LAFONTAINE: II faudrait bien admettre que ça fait
au-delà de...
M. PINARD: ... de planifier le système de fusion publique...
M. LAFONTAINE. Il faudrait admettre que ça fait au-delà
d'une heure qu'il parle.
M. PINARD: M. le Président, je n'ai pas de limite.
M. LAFONTAINE: Je comprends, mais si le député de Drummond
veut me dire qu'il va parler pendant trois heures.
M. PINARD: II ne viendra pas me dire ce qu'il a à faire avant la
discussion du budget de la Voirie, article par article. En 1965, notre
association organisait...
M. LAFONTAINE: Mais voyons donc!
M. PINARD: ... un symposium conjointement avec le ministère de la
Voirie, à l'Estérel,dans les Laurentides, et y invitait les
experts des autres provinces afin qu'ils nous informent des avantages que nous
procureraient un tel système. A la suite de cette réunion, le
ministère de la Voirie confiait à la Société Wood
à Gordon l'étude d'un projet qui pourrait s'appliquer à la
province de Québec. En 1966, un nouveau gouvernement fut élu. Le
rapport Wood à Gordon déposé depuis quelques mois fut mis
aux oubliettes c'est l'Association des entrepreneurs routiers du
Québec qui parle, ce n'est pas le député de Drummond
le ministère de la Voirie nous invita alors à
présenter notre propre mémoire, notre propre système.
Après une étude intensive de la part d'experts retenus par
notre association, ce mémoire fut remis en avril 1967. Malheureusement
nous devons constater que rien n'a été entrepris pour
établir un tel système, mesures que nous estimons essentielles et
urgentes. La réduction des budgets depuis 1966 ce dont j'ai
parlé au début de mes remarques a replongé notre
industrie dans le marasme et la concurrence déraisonnée,
engendrée par l'absence de préqualification et continue de faire
ses ravages en décourageant les entrepreneurs sérieux, solvables
et compé-
tents qui, devant le rythme incessant de faillites, se demandent ce que
leur réserve l'avenir.
Vous avez remarqué que ces remarques contenues dans le rapport de
l'association rejoignent de façon assez réaliste les remarques
que J'ai faites tantôt sur la situation qui prévaut à ce
moment au ministère de la Voirie et surtout dans l'entreprise de la
construction routière au Québec.
Je continue à lire le contenu du mémoire, à la page
5: « Afin de pallier les vicissitudes de notre industrie le gouvernement
devrait, par législation et décision ministérielles,
corriger cette grave situation et, par conséquent, nous recommandons
l'adoption immédiate des mesures suivantes: 1) l'adoption d'une loi
régissant la qualité professionnelle des entrepreneurs en
construction; 2) l'établissement d'un système de
préqualification des entrepreneurs en construction de routes et des
grands travaux; 3)l'accep-tation d'un projet de corporation pour les
entrepreneurs en construction de routes et de grands travaux.
M. le Président, j'ai dit un mot tantôt du système
des soumissions publiques et l'association a quelque chose à dire elle
aussi. C'est contenu à la page 6 du mémoire soumis au premier
ministre et au ministre des Finances.
Un comité spécial a été institué pour
analyser les avantages et les inconvénients du système de
soumissions publiques présentement en usage. Après de nombreuses
séances et de multiples recherches, le comité a conclu que le
système de soumissions publiques devait être maintenu car il
constitue la seule manière de protéger le contribuable en
l'assurant que les crédits consacrés au réseau routier
seront dépensés de la façon la plus économique. Ce
système est généralement utilisé partout en
Amérique du Nord. Cependant, ces bienfaits économiques ne seront
réels que s'il existe parallèlement une procédure de
préqualification des entrepreneurs, tel que précédemment
recommandé. Toutefois notre comité est d'avis que, pour
l'adjudication des contrats d'asphalte dans les comtés ruraux, cette
mesure engendre de nombreuses difficultés. Nous recommandons au
gouvernement et c'est la recommandation no 4 que le
système de soumissions publiques soit maintenu pour tous les travaux
d'immobilisation, c'est-à-dire pour toutes les dépenses capitales
relatives à la construction des routes.
Recommandation no 5: Que le ministère de la Voirie trouve une
formule plus rationnelle pour ses contrats d'asphaltage et procède
à un aménagement logique de la régionalisation afin de
sauvegarder les investissements locaux.
J'ai dit tantôt un mot des contrats qui sont accordés par
le ministère et qui sont exécutés en régie. Il faut
savoir ce que cela signifie.
Il y en a qui disent des travaux faits à la journée.
D'autres, des travaux faits en régie. Moi, j'ai toujours compris, alors
que j'étais au ministère de la Voirie, que les travaux faits
à la journée c'étaient les petits travaux que l'on appelle
communément, les travaux de voirie rurale qui sont
exécutés soit par les forces même du ministère de la
Voirie avec son propre équipement, mais qui étaient aussi,
à l'époque, exécutés parfois par de petits
entrepreneurs de qui le ministère louait l'équipement, achetait
des matériaux. Le plus souvent, c'était quand même le
ministère qui fournissait les matériaux en indiquant les sources
d'emprunt de matériaux granulaires, etc. Le ministère payait en
quelque sorte les employés qui étaient mis sur des listes de
paie. Peut-être qu'il est temps d'en venir à une définition
plus exacte des termes « contrats en régie » et «
travaux faits à la journée ».
Contrat en régie, cela veut dire quoi?
DES VOIX: Cela n'existe pas.
M. PINARD: Peut-être que ce n'est pas l'appellation exacte. Parce
que contrat en régie, je ne connais pas ça.
DES VOIX: II n'y en a pas de contrat...
M. PINARD: Alors, ces travaux exécutés en régie ou
travaux faits à la journée signifient travaux faits à la
journée.
J'ai dit tantôt que c'étaient des travaux routiers qui
étaient de plus en plus populaires depuis un certain temps et qui
augmentaient non seulement en volume mais aussi sur le plan de la
dépense budgétaire. Parce que je constate qu'il y a de plus en
plus de millions qui sont consacrés à ce genre de travaux dans
les comtés du Québec, depuis la dernière partie de
l'année 1966 à venir jusqu'à aujourd'hui. Cela n'avait pas
été démenti l'année dernière et je pense que
le ministre aura de la difficulté à nous prouver que les
crédits affectés à ce genre de travaux ont
été diminués plutôt qu'augmentés, compte tenu
de l'ensemble du budget, compte tenu du volume des prévisions
budgétaires, compte tenu des millions consacrés aux grands
travaux. Tout est relatif, si le budget est de $400 millions, c'est clair que
le ministre pourra me répondre comme il l'a fait tantôt que 29%,
à l'époque de 1965 où le budget était de $265
millions, eh bien que la proportion était plus grande que si
c'était 25%
d'un budget de $400 millions, ou d'un budget de $367 millions, ou d'un
budget, comme c'est le cas cette année, de $290 millions. Il faut quand
même tenir compte des proportions pour étayer la thèse que
l'on veut faire.
Mais je retiens quand même que les remarques contenues à la
page 7 du mémoire de l'association...
M. DEMERS: M. le député de Drummond...
M. PINARD: ... représente la réalité. Depuis
quelques années, dit l'association, nous...
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais poser une question, M. le
Président?
M. PINARD: ... constatons une augmentation inquiétante de travaux
d'immobilisation exécutés en régie, c'est-à-dire
à l'heure ou à la journée soit par les équipements
du ministère de la Voirie, soit par l'embauchage à l'heure
d'entrepreneurs ou de particuliers. Cette coutume constitue la manière
la plus dispendieuse d'exécuter des travaux, et nous affirmons que ces
contrats pourraient être effectués par soumissions publiques par
l'entreprise privée avec des économies allant jusqu'à
50%.
Cela m'impressionne, cette affirmation, de l'Association des
constructeurs de routes du Québec qui doivent s'y connaître quand
même en matière de construction et qui ont certainement
été en mesure d'établir le coût, le prix
coûtant des travaux, plus le bénéfice légitime qui
doit être fait par l'entreprise si elle veut rester en affaires, si elle
veut rester dans la compétition.
Peut-être que le ministre me répondra que l'association a
tort et que le député de Drummond a tort; mais moi, cela
m'impressionne quand même et, à moins qu'il ne nous arrive avec
des statistiques bien précises pour réfuter carrément ces
affirmations de l'association, je maintiens que ces prétentions de
l'association représentent la réalité. Je suis
porté à faire davantage confiance à ceux qui sont dans
l'entreprise de la construction routière qu'à ceux qui, en leur
qualité de ministre de la Voirie, ont un régime à
défendre, ont des décisions à défendre face
à l'opinion publique et aussi face aux contribuables qui, en somme, font
les frais d'un système plus que dispendieux.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond se fait
présentement le défenseur des entrepreneurs routiers du
Québec?
M. PINARD: Je ne me fais pas le défenseur des entrepreneurs
routiers du Québec, mais je me fais le défenseur d'un
système de soumissions publiques qui, jusqu'ici...
M. LAFONTAINE: Quel intérêt a-t-il de réciter ou de
lire en tout ou en partie, le mémoire présenté pour
l'Association des entrepreneurs routiers? Pour autant que je suis
concerné, la voirie doit être un service que nous donnons au
public voyageur et non pas un service que nous donnons aux entrepreneurs du
Québec.
M. PINARD: Je suis d'accord avec le ministre, mais je voudrais que le
ministre ajoute à ses remarques que c'est un service qui doit être
donné aux contribuables du Québec au meilleur coût
possible.
M. LAFONTAINE : C'est ce que nous faisons présentement. C'est la
meilleure administration jamais vue depuis quelque temps.
M. PINARD: Ce n'est pas prouvé. Au contraire, c'est
affirmé par les remarques contenues dans le mémoire de
l'association.
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond se fait le
défenseur des thèses de l'association des constructeurs de routes
du Québec.
M. PINARD: S'il arrive que l'association défende les
thèses que j'ai défendues alors que j'étais ministre de la
Voirie, alors que j'ai accepté...
M. LAFONTAINE: Dans le temps où il y avait 43% des entrepreneurs
qui ont fait faillite.
M. PINARD: ... de soumettre aux autorités gouvernementales de
l'époque un système de soumissions publiques qui a
été accepté par les députés, qui a
été accepté d'emblée par l'opinion publique, qui a
fait ses preuves, qui a permis de réaliser des économies
substantielles et qui a permis au ministère de la Voirie de
l'époque de faire plus de travaux que jamais il ne s'en était
faits dans l'histoire du Québec. Je dis que le système est bon et
qu'il mérite d'être continué. S'il est bon dans 39 Etats
américains, s'il est bon dans la province de l'Ontario, c'est
certainement bon pour le Québec.
M. LAFONTAINE: C'est justement la politique que le ministère de
la Voirie applique présentement. C'est le système des soumissions
publiques et le système des travaux en
régie que le député de Drummond défendait
tout à l'heure. Et le député de Drummond, lorsqu'il
était ministre de la Voirie, en faisait pour 29.1% de son budget; nous
en avons fait 25.1% en moyenne, depuis que nous avons pris le pouvoir.
M. PINARD: Tenez compte du volume des budgets.
M. LAFONTAINE: Tout à l'heure le député de Drummond
a dit que c'était relatif. Un pourcentage est toujours relatif à
quelque chose.
M. PINARD: M. le Président, il est absolument essentiel que le
ministre répartisse bien les dépenses qui sont imputées au
budget d'entretien et les dépenses qui doivent être directement
imputées au budget de la construction, de façon à ne pas
fausser ses statistiques et de façon à nous dire la
vérité exacte.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: C'est ce que l'Association des constructeurs de routes a
dévoilé, et de la bonne façon.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais à tous les membres du
comité de se tenir dans les cadres du règlement. Si vous regardez
votre livre de règlements, à l'article 285, 19e...
M. PINARD: C'est un truc administratif ou un truc de
comptabilité.
M. LE PRESIDENT: Je demanderais, à l'honorable
député de Drummond de lire l'article 285, 19e...
M. PINARD: Lisez-le, c'est votre tâche, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: ... « d'imputer directement ou indirectement des
motifs indignes ou. des intentions mauvaises à un député
ou à un ministre ou de lui attribuer des motifs, des intentions ou des
propos inavoués. » On ne peut pas faire directement ou
indirectement l'inverse. Alors, je demande à tout le monde de rester
objectif. Je veux bien être impartial...
M. PINARD: M. le Président, je voudrais me plier à votre
mise au point. Je retire le mot « truc » pour dire qu'il s'agit
là d'une méthode comptable qui est pour le moins discutable.
M. LAFONTAINE: M. le Président, un pourcentage est toujours un
pourcentage, quels que soient les montants concernés.
M. PINARD: C'est une autre méthode comptable qui est
discutable.
M. LAFONTAINE: Encore un autre truc.
M. DEMERS: Pour faire des pourcentages, c'est la meilleure.
M. PINARD: Alors, l'association dit, à titre de recommandation:
« Afin d'employer les budgets le plus économiquement possible,
donc pour sauver des sommes d'argent aux contribuables, nous recommandons
c'est la recommandation no 6 une réduction
considérable des travaux exécutés en régie ou
à l'heure. »
Recommandation no 7: « Une réduction graduelle des
immobilisations en équipement effectuées par le ministère
de la Voirie. »
J'admets que nous pouvons discuter assez longuement sur cette
recommandation no 7.
Le ministre questionné, il y a deux ans, et questionné de
nouveau l'année dernière relativement...
M. LAFONTAINE: J'ai hâte d'être questionné, M. le
Président, pour répondre au député de Drummond
parce que présentement ce ne sont pas des questions que le
député de Drummond me pose...
UNE VOIX: C'est un monologue.
M. LAFONTAINE: C'est un monologue long et fastidieux, M. le
Président.
M. PINARD: Disons, M. le Président, que je laisse tomber les
remarques relatives à la recommandation no 7 parce que j'admets que je
pourrai y revenir lors de la discussion d'un autre poste budgétaire.
Maintenant, de quelle façon l'association voit-elle la protection
légitime de ses membres tout en permettant au ministère de
réaliser ses politiques sur le plan administratif et sur le plan de
l'équipement du territoire en matière routière?
L'association, et je pense que c'est là une excellente
suggestion, voudrait que la régiona-
lisation, au plan de l'adjudication des contrats, soit repensée
et restructurée. Je crois qu'il y a là une suggestion qui
mérite d'être étudiée attentivement et qui
mérite aussi, soit de façon partielle, soit de façon
globale, une application. Nous avons essayé à l'époque un
système de régionalisation qui, je l'admets, n'a pas
été capable de donner des résultats identiques sur le plan
de l'efficacité partout où cela a été
essayé. Je l'admets, c'était une tentative. Nous avons
corrigé la situation...
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Drummond admet
qu'à l'heure actuelle le ministère de la Voirie fonctionne avec
la même régionalisation qui a été mise en place du
temps que le député de Drummond était ministre de la
Voirie?
M. PINARD: Oui, à titre d'essai.
M. LAFONTAINE: Alors, elle est boiteuse...
M. PINARD: A titre d'essai.
M. LAFONTAINE: ... je l'admets. Elle sera toujours boiteuse et j'en
donne la raison au député de Drummond.
M. PINARD: Voyez-vous...
M. LAFONTAINE: C'est parce que, lorsque nous arrivons avec des
soumissions publiques, nous mettons à ce moment-là tout le monde
sur le même pied. Mais lorsque nous arrivons avec la
régionalisation, nous venons de freiner un peu le principe des
soumissions publiques. Autrement dit, la régionalisation et les
soumissions publiques, ce sont deux thèses opposées que nous
essayons de faire cohabiter sous le même toit. Et la
régionalisation, quelle qu'elle soit, faite sous n'importe quel
gouvernement, sera toujours boiteuse. Le député de Drummond vient
de l'admettre. Leur régionalisation est la même que celle que le
ministre actuel applique dans le territoire du Québec. Mais elle
était boiteuse du temps que le député de Drummond
était ministre de la Voirie. J'admets, M. le Président, qu'elle
est encore boiteuse. Mais je demande au député de Drummond de
m'apporter le remède parce que je ne vois pas de remède à
la situation à moins de repenser le tout avec les soumissions
publiques.
Nous ne pouvons pas protéger des entrepreneurs locaux, comme le
député de Drummond le disait tout à l'heure, dans une
région donnée et en même temps permettre à toute
l'entreprise de la construction routière de soumissionner.
S'il fallait que nous levions la régionalisation, nous nous
réveillerions, M. le Président, au bout de deux ans, avec une
entreprise de la construction contrôlée par une, deux ou trois
grandes entreprises; et tous les entrepreneurs locaux, ceux qui font la force
de l'économie québécoise à cause de la
décentralisation, à cause du pôle d'attraction que sont les
grands centres urbains tels que Montréal et Québec
disparaîtraient. Il est évident que si nous faisions sauter la
régionalisation, nous aboutirions peut-être, à trois ou
quatre gros monstres industriels ou de construction. A ce moment-là, la
thèse que le député de Drummond défendait tout
à l'heure serait elle-même attaquée dans les faits.
M. PINARD: Là, nous entrons dans le détail du
système. C'est qu'à l'époque nous avions envisagé
de mettre en place un système de régionalisation, mais
greffé sur un système de préqualification. Alors, à
ce moment-là, il y aurait eu beaucoup plus de chance que le
système fonctionne bien à la fois pour les grosses entreprises de
construction routière et pour les plus petits qui auraient trouvé
un volume suffisant de travaux pour s'employer une bonne partie de
l'année...
M. LAFONTAINE: Mais la préqualification basée
simplement...
M. PINARD: Cela leur permettrait de monter dans les échelons du
système de préqualification au fur et à mesure...
M. LAFONTAINE: La préqualification, telle que proposée,
est basée exclusivement sur la capacité financière des
entreprises.
M. PINARD: Oui, c'est ce que je dis...
M. LAFONTAINE: C'est justement cela qui est le noeud gordien du
problème.
M. PINARD: Je comprends, le ministre admet que je discute
honnêtement du sujet...
M. LAFONTAINE: Oui, pour une fois...
M. PINARD: ... en faisant des concessions...
M. LAFONTAINE: Ce ne sont pas des concessions.
M. PINARD: ... et en lui faisant part des expériences que nous
avons tentées à l'époque...
M. LAFONTAINE: Qui n'ont pas réussi.
M. PINARD: ... de façon temporaire, quitte à les modifier
mais en mettant dans le coup ceux qui seront le plus directement
concernés dans la construction des routes et ce sont les entrepreneurs.
On ne peut pas constamment les rabrouer et leur dire que le mémoire
contient...
M. LAFONTAINE: Ce que je voudrais dire au député de
Drummond, c'est...
M. PINARD: Je pense qu'il faut accepter leur collaboration, surtout
lorsqu'elle est sincère, surtout quand elle représente des
recommandations qui sont réalistes et applicables.
M. LAFONTAINE: Ce que je voulais dire au député de
Drummond, c'est ceci: II est évident que les entrepreneurs routiers des
grands travaux du Québec, et pas simplement les entrepreneurs
routiers,...
M. PINARD: II y a des petits entrepreneurs qui font partie de
l'Association des constructeurs de route du Québec.
M. LAFONTAINE: 600 tous les entrepreneurs se plaignent, M. le
Président...
M. PINARD: II y en des petits, de moyens entrepreneurs qui sont
intégrés...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas dit les grands entrepreneurs, M. le
Président, si le député de Drummond veut au moins me
laisser répondre à tous les sujets qu'il soulève comme un
tempête...
M. PINARD: J'aimerais dire au ministre de la Voirie que c'est moi qui ai
la parole, et qu'il aura tout le temps de répondre aux remarques que
j'ai faites. Je le laisserai parler. Autrement c'est impossible de faire une
discussion ordonnée, c'est impossible d'être serein...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas d'objection.
M. PINARD:... et cela va amener des conflits qu'on a déjà
vécus ici même à cette commission, et la discussion va
tourner...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je n'ai pas d'objection, mais je
voudrais bien que le député de Drummond comprenne que
l'étude des crédits de la voirie n'est pas simplement un long
monologue, fastidieux du député de Drummond, mais elle doit
être un échange de vues, et, lorsque le député de
Drummond, s'il veut être sincère vis-à-vis de lui et
vis-à-vis de la commission, pose certaines questions, qu'il laisse au
moins le titulaire du ministère de la Voirie répondre. Sans cela
je ne vois pas ma place ici à la commission, M. le Président,
lorsque Je dis qu'il est en train de lire des extraits d'un rapport
présenté par l'Association des constructeurs de routes et des
grands travaux du Québec, je n'ai pas dit que c'étaient des
grands entrepreneurs, ce sont des entrepreneurs qui font partie de cette
association, et tout de suite le député de Drummond m'interrompt
en disant: II y a des petits entrepreneurs. C'est évident, mais
l'association s'appelle l'Association des constructeurs de routes et des grands
projets du Québec, même si des petits entrepreneurs font partie de
l'association.
Alors, je dis ceci: II est évident que les entrepreneurs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: J'arrive à ma réponse au point que le
député de Drummond a soulevé...
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au ministre de la Voirie de laisser
continuer l'honorable député de Drummond qui fera son
exposé général, et le ministre de la Voirie aura le loisir
de lui répondre lors de sa réplique.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si vous me permettez une
observation, c'est que le député de Drummond est en train de lire
ici à la commission un mémoire qui a été soumis au
conseil des ministres, qui a reçu toute la publicité voulue dans
les journaux, et je vois mal pourquoi le député de Drummond
revient, à la commission pour l'étude des crédits du
ministère de la Voirie, pour relire...
M. PINARD: Le ministre de la Voirie n'a pas été à
même de donner sa version...
M. LAFONTAINE: Je regrette, M. le Président, les sous-ministres
de la Voirie étaient là et j'ai personnellement
présenté au premier ministre un mémoire sur le
mémoire de l'Association des constructeurs de route.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Drummond.
M. PINARD: Cela importe peu!
M. LAFONTAINE : Je sais que cela importe peu, C'est simplement la
publicité qui importe pour le parti libéral.
M. PINARD: Je voudrais savoir du ministre de la Voirie comment il se
fait qu'il ait pu être aussi passif et qu'il ait laissé le
comité ministériel du budget ou le comité du budget couper
aussi dangeureusement les crédits de son ministère alors que les
besoins sont encore très grands dans la province, qu'il faut
accélérer le mouvement, accélérer la
réalisation ou la terminaison des grands travaux qui ont
été commencés à l'époque de 1960-66...
M. LAFONTAINE: Est-ce que c'est une question du député de
Drummond?
M. PINARD: II faut de toute urgence créer des réseaux
routiers de dégagement dans les grands centres, dans les centres
moyens...
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond a dit: Je voudrais savoir. Est-ce que j'aurais le droit de parole pour
lui répondre?
M. PINARD: J'aimerais savoir si le ministre de la Voirie fait partie du
conseil du trésor, d'abord, et s'il fait également partie du
comité ministériel du budget comme c'était le cas à
l'époque de son prédécesseur, de façon à
pouvoir faire valoir, de façon convaincante et vigoureuse...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... les besoins du ministère...
M. LAFONTAINE: ... l'espace d'une minute, le député de
Drummond m'a posé trois questions. Je n'ai pas eu le loisir de lui
répondre.
M. PINARD: ... de façon à ce qu'il puisse sensibiliser les
autres membres du conseil des ministres et en particulier le ministre des
Finances...
M. LAFONTAINE: Je ne m'attarderai pas. Je ne tomberai pas dans le
même sentier!
M. PINARD: ... sur la planification établie au ministère
de la Voirie à partir de 1962, planification qui, je le crois, a
été bien faite et qui exige, sur le plan des réalisations,
une politique dynamique.
Je conçois mal que le ministre de la Voirie, agressif comme il
l'est...
M. LAFONTAINE: Ce n'est plus une question, cet argument-là, c'est
du commentaire!
M. PINARD: ... et soucieux d'accorder un caractère prioritaire,
un ordre prioritaire à son ministère, n'ait pas combattu
davantage pour faire valoir son point de vue, alors que l'on constate que, dans
le budget global du gouvernement pour l'exercice financier 69/70, les
crédits de son ministère sont tombés dangeureusement en
sixième ou en septième place et que, si je fais des proportions,
c'est que le budget global de la Voirie représente à peine 9% ou
9% et une fraction de la dépense globale prévue par le
gouvernement.
M. LAFONTAINE: Pour vous...
M. PINARD: ... alors qu'en Ontario, où il y a aussi un
régime d'austérité, comme je l'ai souligné
tantôt, le gouvernement ontarien accorde au service des « highways
» $483 milmions, ce qui représente un pourcentage beaucoup plus
élevé dans l'ordre des dépenses prévues par le
gouvernement.
Et le ministre admettra avec moi que le réseau routier, en
Ontario, est certainement aussi avancé sinon davantage...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je ne peux pas admettre, je ne
peux même pas répondre à cette question.
M. PINARD: ... que dans le Québec et que ç'a
été en Ontario un facteur d'industrialisation,
d'aménagement du territoire et de déconcentration
économique très...
M. LAFONTAINE: Déconcentration culturelle.
M. PINARD: Oui, à tout point de vue. Alors, je vois mal comment
le ministre de la Voirie pourrait nous dire aujourd'hui...
M. LAFONTAINE: Mettez vos lunettes, peut-être pourrez-vous mieux
voir!
M. PINARD: ... que son absence que je ne lui reproche pas sur le plan
personnel parce que je sais qu'il a sans doute des raisons personnelles
d'être absent, mais, qu'il n'ait pas jugé bon de préparer
d'autres personnes pour prendre la relève, pour l'aider et qu'il n'ait
pas demandé aux économistes qui travaillent pour le gouvernement,
à ses hauts fonctionnaires de continuer cette étroite
coordination qui a été faite à l'époque et qui
faisait que le ministre de la Voirie arrivait au conseil des ministres ou au
comité ministériel du budget ou au
conseil du trésor avec tous les projets bien
établis...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je proteste, je pense bien
que...
M. PINARD: ... bien qualifiés...
M. LAFONTAINE: ... les dires du député de Drummond. M. le
Président, est-ce que vous m'accordez la parole?
M. PINARD: ... et allait chercher un bon pourcentage des crédits
budgétaires...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: A l'ordre, M. le Président, je proteste. Je
soulève un point d'ordre, M. le Président.
M. PINARD: ... dans le budget global du gouvernement.
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond est en train de faire
une charge à fond de train contre la personne du ministre. Je pense bien
qu'il n'y a rien à voir avec l'étude des crédits du
ministère de la Voirie. Je lui demanderais de revenir à des
considérations générales sur la Voirie et non pas à
des considérations personnelles sur le ministre de la Voirie.
M. PINARD: M. le Président, je n'ai pas attaqué la
personne du ministre.
M. LAFONTAINE: Voyons donc!
M. PINARD: J'ai pris bien garde de lui dire...
M. LAFONTAINE: J'ai été hospitalisé deux fois.
M. PINARD: Oui, M. le Président, je sais que c'est vrai.
M. LAFONTAINE: Je souhaite au député de Drummond de ne pas
aboutir à l'hôpital.
M. LACROIX: Ce n'est pas ça qu'il vous reproche.
M. LAFONTAINE: Je vais être plus charitable.
M. PINARD: Je souhaite au ministre de la Voirie, et c'est très
sincère, une meilleure santé. Mais, je souhaite aussi qu'il se
donne les instruments de travail dont il a absolument besoin pour faire une
besogne plus efficace et une besogne rapide...
M. LAFONTAINE: Peut-être que, si j'avais pris un ministère
plus en ordre, je n'aurais pas abouti à l'hôpital.
M. PINARD: ... de façon que les décisions ne
traînent pas et qu'elles se prennent rapidement et de façon aussi
que tous ses collègues au conseil des ministres et surtout ceux qui sont
chargés de la coordination sur le plan des dépenses et aussi de
la coordination dans le système de planification générale
du gouvernement soient plus sensibilisés sur ce point et autres points
routiers du Québec.
M. LAFONTAINE: Le discours que le député de Drummond est
en train de faire présentement devrait se faire lors de l'étude
du budget, lors de son discours sur le budget en Chambre, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT. Il est six heures. La Chambre reprend ses travaux
à quelle heure?
M. LAFONTAINE: A huit heures et quart. M. PINARD: A huit heures et
quart.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est ajournée à ce
soir à huit heures quinze.
Reprise de la séance à 20 h 16
M. ROY (président de la commission de la Voirie): La
séance continue.
M. LOUBIER: Adopté?
M. LE PRESIDENT: Peut-on considérer la discussion
générale comme terminée de la part de l'honorable
député de Drummond?
M. PINARD: Je pense que j'avais terminé mes remarques avec
l'entente que la parole était laissée au ministre de la Voirie.
Il a tellement voulu me répondre cet après-midi, c'est à
son tour.
M. LAFONTAINE: Pardon?
M, PINARD: A moins qu'il veuille changer les rôles.
M. LAFONTAINE: J'avais pratiquement l'intention de demander au
député de Drummond de reformuler sa question dans un temps
beaucoup plus court. Disons que je ne voudrais pas relancer le débat tel
qu'il était amorcé, à le député de Drummond
n'a pas d'objection, nous pourrions peut-être commencer à
l'article 1, questions et réponses. Je pense bien que tout ce qu'il a
soulevé va obtenir une réponse à chacun des articles.
M. PINARD: Toujours sujet à l'entente que les membres de la
commission, quels qu'ils soient je parle pour les membres de la
commission de notre côté, à moins que mes collègues
aient des remarques à faire relativement à des problèmes
qu'ils voudraient soulever ici...
M. LACROIX: II aurait tout de même été
intéressant d'entendre le ministre de la Voirie nous dire quels sont les
grands projets de son ministère pour la prochaine année
fiscale.
M. LAFONTAINE: Cela viendra au fur et à mesure, au poste
budgétaire 7, article 1.
M. LACRODX: Je crois qu'au fur et à mesure le ministre va nous
donner les réponses aux questions qu'on va lui poser, mais...
M. LAFONTAINE: Certainement.
M. LACROIX: ... ça ne donnera pas une vue d'ensemble des projets
que le ministère de la Voirie entend réaliser au cours de
l'année.
M. LAFONTAINE: Cela se fera au poste budgétaire 7, article 1.
M. LOUBIER: Quand il va arriver au poste budgétaire 7, article 1,
pour tous les projets d'immobilisation, il va être obligé de dire
pourquoi...
M. LACROIX: II n'y a pas seulement des projets d'immobilisation, il y a
aussi des projets d'entretien, la politique générale du
ministère...
M. LOUBIER: Même chose.
M. LAFONTAINE: Quelle est la politique générale du
ministère? A chaque article, j'y répondrai.
MR. BROWN: Mr. Chairman, in regard to the administration, we have a
collection of excellent engineers and experts on different matters of a general
nature. With the number 1, we are dealing with generalities and policy making.
In dealing with bugetary post 7, item 1, we are with specific matters of
actualities, and à certainly would like to discuss a few of the general
ideas under administration ahead of going to 7-1.
Is there anybody else who would like to speak?
MR. PINARD: Just go on speaking generally and à will go on.
MR. BROWN: From the rural sections of the problems that à have
been in contact with, there are some questions in regards to long range policy
that are very very important, we feel, in these rural counties. à think
it is little different between rural counties and urban counties. They split up
roughly into snow roads and grants to municipalities.
In our area, we are particularly interested in the autoroute, long
range...
MR. LAFONTAINE: In what?
MR. BROWN: In the autoroute, Cantons de l'Est, and of much more
importance than anything else dealing with long range thinking on roads. The
size of roads that are accepted by the Government, built in conjunction with
the municipality or built by the municipality.
Today, we have laid down a policy, not only for the last couple of years
but the last five or six years that, generally speaking, a municipality that
receives grants or consideration towards the Government taking over the
roads
are required to furnish a right of way of fifty feet and a road bed of
thirty-two feet. It is so expansive for these roads that it is impossible to
build them.
Now, à would like to hear the long range thinking of the
administration of these subjects on a general nature, not what they are going
to do in Brome or what they are going to do in Drummond or some other counties,
but à would like to hear roughly what the thinking of the administration
is on these four subjects.
M. LAFONTAINE: Disons, que, pour répondre assez brièvement
au député de Brome, le nombre d'automobiles en 1917 était
à peine 250. En 1968, le nombre d'automobiles avait grimpé
à 2 millions. Il est évident que le ministère de la Voirie
tente de donner, au fur et à mesure que le nombre d'automobiles
augmente, plus de routes, plus de commodités. Je pense bien que la
planification se fait en rapport avec le nombre d'automobiles.
MR. BROWN: In regards to slow roads...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Brome admettrait
que les questions qu'il a à poser sont pertinentes à quelque
poste spécifique, à savoir au poste budgétaire? Est-ce que
le député de Brome veut faire une discussion
générale et au cours de cette discussion prendre l'article. Il
vient de mentionner que c'était le poste budgétaire 7, article
1.
M. BROWN: Ah, oui! Si vous êtes capables d'écouter le
« long range filing » ou les idées du gouvernement sur des
sujets aussi importants, je suis bien prêt à discuter poste par
poste.
MR. LAFONTAINE: The long range policy in planning construction of roads
is budgetary post 7, item 1.
Si vous voulez parler d'entretien, à ce moment-là, c'est
le poste budgétaire d'entretien. Au point de vue de planification, M. le
Président, nous ne pouvons pas soustraire l'entretien du quotidien, la
planification du quotidien, que ce soit sur l'entretien ou sur la construction
des routes.
Je pense bien que si le député veut parler de
planification relativement à la construction des routes, nous pouvons
parler de la planification des routes dans Montréal, Québec,
Trois-Rivières, Chicoutimi, Brome, les Cantons de l'Est, partout. C'est
un morcellement qui fait un tout. Nous pourrions parler durant des semaines et
des semaines de ce sujet. Que le député précise ses
questions à mesure que nous discuterons de chacun des postes. Je pense
bien que le gouvernement a été assez chic vis-à-vis de
l'Opposition. Nous avons discuté avec beaucoup d'intérêt
l'exposé sommaire fait par le député de Drummond,
évidemment pour l'enregistrement des Débats...
MR. BROWN: We are discussing a matter of administration which is taking
up $7,870,000 of the tax payers' money. Now, if this administration item that
we are now speaking of is not worth talking about, we might as well get rid of
it and put it on to budgetary post 7, item 1...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
MR. BROWN: ... and do things out of the administration over into
budgetary post 7, item 1. If à may, Mr. Chairman, we are not building
roads now the same as McAdam did in 1700 and the thing that à want to
find out is: Does the administration mean to do exactly the same thing as they
have done in the past or do they have more modern ideas to eliminate some of
the problems we have in the Province of Quebec? If they do not have and if the
administration does not want to be discussed, we might as well get rid of may
be 200 or 300 civil servants and put it on to budgetary post 7, item 1.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si vous me permettez,...
M. LE PRESIDENT: J'aimerais quand même avoir le droit de
répondre à l'honorable député de Brome puisque
c'est mon intervention qu'il... Je suis bien d'accord pour dire que $7,800,000
méritent qu'on se penche sur cette question en tant que
représentant des intérêts des contribuables.
Je demande à l'honorable député de Brome s'il ne
trouverait pas raisonnable de s'en tenir à un poste budgétaire
particulier, s'il veut parler de particularités, mais s'il veut parler
de l'ensemble de la politique générale au ministère de la
Voirie, qu'il ne prenne pas un poste budgétaire en particulier. Qu'il
discute de la politique générale de la Voirie, absolument
d'accord. Maintenant, vous êtes libre d'agir comme vous voulez, mais il
est de coutume que l'on s'entende au départ et les commissions existent
pour raccourcir les débats et pour tenir les débats à la
hauteur d'hommes et non pas d'enfants. Je pense que l'on doit procéder
comme des hommes.
Alors, si vous voulez faire une discussion générale, libre
à vous. Et si vous voulez faire une
discussion, point par point, c'est le devoir et c'est le droit de chacun
des membres de cette commission.
Alors, vous êtes le juge. Je fais simplement un appel au bon
sens.
M. BROWN: Si je suis capable de poser toutes les questions que je
désire, c'est la même chose.
M. LAFONTAINE: Oui. M. le Président,...
M. BROWN: Mais, je ne comprends pas pourquoi, M. le Président,
nous avons les gars de l'administration avec nous. Ce groupe de gars...
MR. GARDNER: Item number one. M. BROWN: ... magnigique...
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense bien que, pour
répondre assez succintement au député de Brome, c'est que
dans sa question tout à l'heure, il a posé des questions sur la
planification routière, c'est-à-dire sur la construction qui va
au poste budgétaire 1, article 1, et en plus de ça il a
posé une question sur l'entretien des chemins l'hiver, plus une autre
question sur les droits de passage à 50 pieds. Alors, là on tombe
sur la construction, sur l'entretien et après ça sur les normes
de construction de routes. Sa question est un petit peu mélangée,
mais s'il parle...
M. LOUBIER: C'est parce qu'on peut y aller poste budgétaire par
poste budgétaire.
M. LAFONTAINE: Et on peut y revenir. Mais s'il veut parler de
planification en général, j'aurais pu, tout à l'heure,
relever les propos que tenait le député de Drummond relativement
à la planification lorsqu'il a dit: Bien nous avons fait ci, nous avons
fait ça.
J'ai ici en main le rapport progressif du comité d'étude
des problèmes de la Voirie provinciale, daté 18 décembre
1956, remis à l'honorable Maurice Duplessis. On va recommencer à
parler de planification.
A la page 4, M. le Président, on disait: Voici la liste des
projets prioritaires à faire, évidemment dans un certain nombre
d'années. Cela a pris dix ans pour le faire. L'autoroute des
Laurentides, plan directeur d'un réseau routier pour la rive sud de la
région de Montréal; autoroute Montréal, frontière
de l'Etat de New York, la nouvelle autoroute 15; l'autoroute
Montréal-Québec via la rive nord qui est commencée;
l'autoroute Montréal-Cantons de l'Est, M. le Président. Cela,
c'est en 1956. Vous avez ici un autre rapport, daté du mois 1953 et
1959; M. le Président, projet d'aménagement du réseau
routier, région métropolitaine de Québec. Vous en avez un
autre ici: projet d'aménagement de Québec et de sa région,
rapport Gréber qu'on a appelé Québec 1956.
Si on veut retomber dans le temps, en voulant dire qu'il n'y a pas de
planification au ministère de la Voirie, je n'ai pas l'intention de
faire porter le débat de la Voirie sur des sujets, M. le
Président, qui à leur face même, démontrent qu'il y
a toujours eu une planification au ministère de la Voirie.
Le gouvernement qui a été élu en 1960 n'a fait que
continuer la planification du gouvernement qui était en place avant
1960. Nous tentons à l'heure actuelle de donner le meilleur possible aux
contribuables du Québec qui paient des taxes, soit avec leurs licences,
soit des taxes sur l'essence, pour donner ce qu'il y a de meilleur en
planification routière parce que, dans notre esprit, la route doit
être un service au public voyageur, au public des contribuables, M. le
Président.
M. MAILLOUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: ... je voudrais demander la parole. Je voudrais avoir une
directive de votre part avant de commencer la discussion des postes
budgétaires. Comme c'était mon intention de donner de brefs
commentaires sur une partie de l'argumentation qui a été
apportée cet après-midi par le député de Drummond,
quand il a parlé de la partie des travaux de la Voirie qui
étaient faits en régie et les autres parties à contrat,
comme cette discussion-là va m'entraînier sur différents
postes budgétaires, soit la construction des routes, la Transcanadienne,
les subventions, si le président me dit: Je suis prêt à
attendre, pour autant que le président ne me rappellera pas à
l'ordre en me disant: Cet article-là est passé...
M. LAFONTAINE: M. le Président, sur ce que le
député est en train de dire, il a du remarquer tout à
l'heure que je n'ai pas relevé les propos du député de
Drummond, parce que je sais pertinemment que les propos tenus doivent se
discuter au poste budgétaire 7, article 1. S'il veut les chiffres pour
répondre au député de Drummond, je peux lui dire par
exemple, simplement pour vous montrer que je ne
néglige pas de donner les renseignements, j'ai des renseignements
ici: Travaux exécutés sans l'utilisation du système de
soumissions publiques, l'année 62/63, pour une valeur de $15 millions
globalement; 63/64, $13 millions; 64/65, fut la plus forte année, $19
millions; 65/66, $2 millions; 66/67, $2 millions, 67/68, $4 millions. Mais
disons qu'on attendrait à l'article voulu, le poste budgétaire 7,
article 1.
M. MAILLOUX: Si le président nous assure qu'à cet
article-là, nous pourrons discuter de la question...
M. LACROIX: M. le Président, j'aurais aimé faire quelques
remarques très brèves et des plus objectives concernant le budget
mis à la disposition du ministre de la Voirie cette année. Je
constate que le budget total est de $290 millions. Je comprends très
bien que cette année nous vivons une période
d'austérité et que le ministre des Finances a ses propres
problèmes financiers. Mais il reste un fait tout de même, c'est
que les automobilistes participent au budget de la province dans l'ordre de
$440 millions et, naturellement, quand nous avons une province aussi vaste que
la province de Québec, on comprend que, si l'on veut parler de
planification et de décentralisation économiques, il est
important et même essentiel que le réseau routier soit
développé de telle façon que l'on puisse avoir des
communications par routes rapides du nord au sud, de l'est à l'ouest de
la province afin de favoriser le développement de toutes les
régions de la province de Québec.
A l'heure actuelle, avec le budget du ministre de la Voirie,
étant donné les besoins qui se font sentir dans chaque
comté de la province, uniquement pour l'entretien du réseau
routier, je doute fort que le ministre puisse disposer de sommes
considérables pour permettre de développer le réseau
routier en général dans la province. Il faut considérer
également un problème, je pense que le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche sera parfaitement d'accord, c'est que, si l'on
veut développer le tourisme dans la province de Québec, il est
essentiel que nous développions le réseau routier des
régions touristiques dans le plus bref délai, comme par exemple
dans la Gaspésie. Il y a des projets de développement
touristiques qui sont fort intéressants autant par le gouvernement
provincial que par le gouvernement fédéral, mais est-ce que le
réseau routier actuel répond aux besoins de la circulation
automobile de 1969? Je crois que le mi- nistre le premier admettra que non.
Mais la route 6 est une route qu'il faut améliorer en faisant
disparaître le nombre incalculable de...
UNE VOIX: De traverses à niveau.
M. LACROIX: De traverses à niveau qu'il y a
particulièrement dans les comtés de Matapédia, de
Bonaventure et de Gaspé-Sud, et aussi faire en sorte que ceux qui
veulent visiter la Gaspésie puissent avoir un réseau routier plus
approprié...
M. LAFONTAINE: Ce que le député est en train de faire,
c'est le poste budgétaire 7, article 1, immobilisations, et il y a aussi
un article pour la route 6, une entente fédérale-provinciale, je
ne voudrais pas que cela revienne...
M. LACROIX: Si le ministre veut me laisser terminer. C'est une
considération générale...
M. LAFONTAINE : Le député de Charlevoix a dit tout
à l'heure: Est-ce que je peux revenir sur le sujet? J'ai dit oui. Mais
si lui peut revenir et que les autres embarquent sur le même sujet du
poste budgétaire 7, article 1, nous allons en finir avec 7, 1
immédiatement, M. le Président, je n'ai aucune objection à
le vider immédiatement.
Je n'accepterai pas de discuter du poste budgétaire 7, article 1
immédiatement...
M. LACROIX: Je demandais bien humblement, bien poliment, si le ministre
ne consentirait pas à nous dire, dans la politique
générale de son ministère, ce qu'il entend faire dans le
développement routier de la province de Québec pour cette
année. Il nous parle des projets 56, 59, 60.
M. LAFONTAINE: Je parle de la planification dont nous avons
discuté tout à l'heure.
M. LACROIX: Ce sont de beaux projets sur papier. Je me souviens, en
1959, avoir entendu le ministre...
M. LAFONTAINE: Ce ne sont pas de beaux projets...
M. LACROIX: ... de la Voirie du temps parler de ses petits plans dans le
grand plan et, apparemment, cela vient de ses grands livres. Mais cela n'a pas
apporté un développement routier approprié dans la
province de Québec.
A l'heure actuelle, nous étudions les crédits
du ministère de la Voirie et la chose importante, c'est non pas
de savoir si le ministre a trop d'argent à sa disposition, mais si le
ministre utilise bien de la meilleure façon les sommes qui sont mises
à sa disposition, étant donné qu'il n'en a pas
suffisamment pour répondre à tous les besoins et à toutes
les demandes.
Est-ce que, par exemple, le système de soumissions publiques ne
pourrait pas être amélioré de façon que le maximum
des sommes qui sont à la disposition du ministre...
M. LAFONTAINE: Tout est perfectible, sur terre, M. le
Président.
M. LACROIX: ... puisse être certainement utile pour pouvoir faire
plus de travaux?
En fait, avec le même montant, avec un système de
soumissions publiques satisfaisant cela permettrait de faire plus de travaux.
Et ce ne serait qu'à l'avantage de la province de Québec. Je
pense que c'est une chose, à l'heure actuelle, à laquelle on
assiste, malgré ce qu'a dit cet après-midi le ministre. Je crois
que de plus en plus, les travaux se font en régie. Je pense que les
travaux qui sont faits à la journée...
M. LAFONTAINE: C'est faux! M. GARDNER: Je pense que...
M. LACROIX: Si vous voulez, le député d'Arthabaska, vous
parlerez tantôt. Quant à moi, j'ai l'intention de faire mon
intervention. Je n'ai pas l'intention de me laisser guider par vous. Ce que je
veux dire au ministre...
M. GARDNER: ... vous auriez besoin d'un guide.
M. LACROIX: ... quand on parle, par exemple, des pourcentages, dans le
budget, cette année, vous avez un montant assez
considérable...
M. LAFONTAINE: M. le Président, nous discutons
présentement du poste budgétaire 7, article 1.
M. LACROIX: ... qui représente la construction de ponts. Ce
montant est totalement... Les travaux sont exécutés après
demande de soumissions publiques.
Si vous déduisez du montant de $290 millions les montants qui
sont affectés pour la construction des ponts, vous réaliserez
alors que pour le montant des travaux en régie, strictement pour les
travaux de voirie, le pourcenta- ge est plus élevé que ce que le
ministre nous dit, parce que les chiffres, naturellement, on peut les
interpréter de différente façon.
M. LAFONTAINE: Vous vous écoutez parler, nous nous en rendons
compte.
M. LACROIX: De toute façon, les travaux en régie, le
ministre admettra tout de même que cela coûte plus cher à
exécuter que...
M. LAFONTAINE: Non, je n'admets pas.
M. LACROIX: ... que des travaux par soumissions.
M. LAFONTAINE: Inexact, je n'admets pas.
M. LACROIX: Je n'admets pas la théorie du ministre non plus. Au
cours de la discussion, nous essayerons de faire la preuve de cela.
M. LAFONTAINE: Vous la ferez!
M. LACROIX: Ce que je voulais soumettre au ministre, c'est que le
montant des sommes que les automobilistes paient en taxes, soit les taxes sur
l'essence, les taxes d'immatriculation des véhicules...
M. LAFONTAINE: C'est le ministère du Revenu, M. le
Président, non pas le ministère de la Voirie.
M. LACROIX: De toute façon, les automobilistes déboursent
$440 millions de taxes et je pense qu'il est normal qu'ils aient les meilleures
routes possibles pour circuler.
M. LAFONTAINE: Tout le monde est d'accord.
M. LACROIX: C'est pourquoi l'on voudrait que dans la politique
générale du ministère les sommes soient le mieux
dépensées possible. Je crois que le ministre admettra qu'il n'est
pas heureux du montant qui a été mis à sa disposition car,
dans le mémoire qui a été soumis par l'Association des
constructeurs de routes et des grands travaux du Québec...
M. LAFONTAINE : Une chance que vous l'avez, ce mémoire!
M. LACROIX: Oui, mais il est tout de même mentionné, dans
ce mémoire, il y a des choses qui sont...
M. LAFONTAINE: Où il y avait 43% des entrepreneurs qui ont fait
faillite...
M. LACROIX: ... valables, là-dedans.
Si le ministre veut parler des 43%des entrepreneurs qui ont fait
faillite, un grand nombre de ces gens n'étaient pas des entrepreneurs au
sens strict du mot. Avant 1960, ils exécutaient des travaux à
« cost plus » et ils n'avaient aucune notion des coûts de
production. Quand ils ont été obligés de soumissionner
pour obtenir des contrats, naturellement, cela les a placés dans une
situation très difficile.
Je pense que c'est là une des raisons. Ce n'est peut-être
pas le seul facteur, mais c'est certainement un des facteurs importants qui a
mené plusieurs entrepreneurs à la faillite. Je pense que c'est
une des considérations que l'on doit juger à son
mérite.
De toute façon, je demande au ministre de faire l'impossible,
dans les travaux qu'il exécutera cette année, pour prévoir
l'exécution de travaux pour développer la voirie,
particulièrement dans la région du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine pour permettre aux touristes de
visiter la région de façon plus profitable. Il ne faut pas
oublier que des touristes qui visitent une région et qui ne sont pas
satisfaits sont des touristes qui ne reviennent pas et qui, dans bien des cas,
en empêchent d'autres de venir.
Je pense que le ministre du Tourisme fait trop d'efforts pour amener
chez nous des touristes et pour essayer d'améliorer la situation
touristique pour que son collègue de la Voirie détruise son
travail en ne donnant pas un réseau routier approprié à la
province de Québec.
M. LAFONTAINE: M. le Président, pour répondre succintement
au député des Iles-de-la-Madeleine, disons que je viens
d'apprendre qu'il est en faveur des bonnes routes. J'ai toujours trouvé
que mon prédécesseur était en faveur de bonnes routes. Je
pense bien que je peux l'assurer de mon concours dans la construction de bonnes
routes dans la province de Québec.
M. PINARD: Est-ce que vous pouvez en faire la preuve?
M. LAFONTAINE: Maintenant, oui, je peux faire la preuve, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordrel
M. GARDNER: C'est nous qui les avons payées aussi!
M. LAFONTAINE: ... vu ce que vient de dire le député et
qui touche un peu à ce que disait le député de Drummond,
je vais lui dire que le budget de la Voirie est au quatrième rang. Le
député de Drummond, cet après-midi, prétendait que
le budget du ministère de la Voirie était au sixième ou
septième rang. Il est au quatrième rang, après
l'Education, la Santé, Famille et Bien-Etre social.
M. LACROIX: Il est au septième rang en ce qui concerne les
dépenses ordinaires.
M. LAFONTAINE: On se plaît à dire que les budgets du
ministère de la Voirie dans la province de Québec sont
coupés. J'ai ici un article: « The cut back in Federal aid highway
funds », où il est dit que le gouvernement fédéral
américain a coupé de $700 millions son budget d'aide aux
différents Etats. Alors, ce n'est pas simplement un contexte propre au
Québec mais un contexte propre au monde entier. Autrement dit, quand on
parle de priorité, comme le député de Drummond m'en
parlait et c'est un peu ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine tente de faire ce soir c'est toujours relatif
à autre chose, et tout le monde va admettre, je pense bien, le
député des Iles-de-la-Madeleine le premier, que,
présentement, nous devons donner la priorité à
l'éducation et à la santé.
Quant à ce qui regarde le développement des routes, pour
favoriser le tourisme au Québec, je pense bien que le
député va admettre que les relations entre le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la pêche et le ministre de la Voirie sont
assez intimes sur le plan administratif.
M. LACROIX: Si c'était le ministre des Affaires culturelles, ce
serait inquiétant.
M. LAFONTAINE: J'ai bien mentionné, M. le Président, sur
le plan administratif...
M. LOUBIER: C'est la première fois que j'entends parler de
ça!
M. LAFONTAINE: Nous faisons tout notre possible pour donner les routes
nécessaires à amener les touristes dans la province de
Québec.
On parle des chemins comme étant importants pour le tourisme. Je
pourrais continuer en disant que les chemins sont primordiaux pour
l'éducation, pour la santé. Le chemin est, disons, un outil qui
sert à 100% la population. Il n'y a pas une personne qui ne se sert pas
d'un chemin dans une journée donnée.
Nous savons tous que ce que le ministère de la Voirie
dépense provient en partie des taxes
que les gens paient et en partie des emprunts. Mais le
député ne fait pas la différence: lorsque nous entretenons
les chemins, l'argent que nous dépensons pour les entretenir entre dans
les dépenses ordinaires c'est-à-dire des entrées de taxes;
et, lorsque nous construisons un chemin, nous faisons de l'immobilisation. A ce
moment-là l'argent vient d'emprunts et non pas de recettes
ordinaires.
M. LACROIX: Je le sais parfaitement, mais que ça vienne
d'emprunts ou de...
M. LAFONTAINE: Si le député se donne la peine de se
relire, il verra que tout à l'heure dans son exposé il a
mélangé les taxes dans la construction de routes. La construction
de routes se fait avec des emprunts payables avec des taxes dans le futur
tandis que l'entretien se fait avec des taxes payables dans l'année
courante, c'est la grande différence.
M. LACROIX: C'est du pareil au même.
M. LAFONTAINE: C'est du pareil au même, mais est-ce que le
député des Iles-de-la-Madeleine demande au gouvernement
d'augmenter les taxes à l'heure actuelle? C'est ce que le
député voudrait que le gouvernement fasse?
M. LACROIX: Non, là n'est pas la question.
M. LAFONTAINE: Ou est-ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine ne trouve pas, qu'à l'heure actuelle, le
contribuable québécois est assez surchargé?
M. LACROIX: C'est ce que vous disiez en 1966, vous n'avez pas
contribué à améliorer la situation des routes.
M. LAFONTAINE: M. le Président, vu qu'on mentionne 1966 et qu'on
tente de faire porter au ministre de la Voirie tous les péchés
d'Israël, je lui dirai que j'ai ici une lettre qui vient d'un haut
fonctionnaire du gouvernement, d'une régie, de l'Office des autoroutes,
dans laquelle le président qui était nommé, du temps de
nos amis d'en face, lorsque ces gens étaient au pouvoir, M. Poliquin:
« Or, à cause d'un manque de fonds, l'office à dû
contraindre l'entrepreneur à suspendre complètement ses travaux,
le ou vers le 31 janvier 1966. » A ce moment-là c'était le
gouvernement libéral qui était au pouvoir. Ils ont suspendu les
travaux de l'autoroute sur la rive nord.
Le gouvernement n'imprime pas l'argent, le gouvernement libéral
n'imprimait pas l'argent.
Qu'on arrête, M. le Président, de tenter de mettre sur le
dos du gouvernement actuel tout le marasme financier qui peut exister, ou
apparence de marasme financier qui peut exister suivant l'opinion de ces gens.
Si les travaux ont été arrêtés sur l'autoroute de la
rive-nord, ce n'est pas le ministre actuel qui les a arrêtés, mais
l'ancien gouvernement. On a blâmé, cet après-midi, le
ministre de la Voirie de ne pas faire partie du conseil de la
trésorerie. Je vais demander au député des
Iles-de-la-Madeleine de juger un ministre qui faisait partie du conseil de la
trésorerie et qui était ministre de la Voirie, qui avait, d'un
côté, autorisé le ministère de la Voirie à
dépenser des fonds, qui avait signé un contrat, et ensuite, comme
membre du conseil de la trésorerie, avait rejeté les fonds au
ministère de la Voirie. Je demande au député de le juger
à ce moment-là.
M. LACROIX: M. le Président, si le ministre veut nous
entraîner sur ce terrain, je lui dirai tout de même que, de 1960
à 1966, le ministre de la Voirie qui faisait partie du conseil de la
trésorerie a toujours obtenu des fonds suffisants pour continuer
à faire plusieurs milles sur l'autoroute des Laurentides, à
réaliser l'autoroute des Cantons de l'Est, à faire commencer les
travaux de l'autoroute de la rive nord, et à faire tous les travaux
routiers qui ont été réalisés en vue de l'Expo sur
l'île de Montréal ainsi que l'autoroute transcanadienne. Je pense
que le ministre de la Voirie du temps, qui siégeait au conseil de la
trésorerie, a tout de même réussi à convaincre ses
collègues que le développement routier de la province de
Québec était une des priorités, si on voulait en arriver
à la décentralisation industrielle...
M. HAMEL: Oui, avec des terrains non payés.
M. LACROIX: ... si on voulait arriver à amener le
développement du réseau routier en fonction du tourisme...
M. HAMEL. Il y a des gens qui ne sont pas encore payés depuis
1962.
M. LACROIX: Je pense que le ministre de la Voirie du temps a
réalisé au contraire des choses très
appréciables.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Et je demanderais tantôt au député de
Rouville et au député d'Arthabaska d'émettre leurs points
de vue pour essayer de blâmer le ministre du temps pour avoir
réalisé toutes ces choses.
M. LAFONTAINE: M. le Président,...
M. LACROIX: ... ils n'ont jamais été bien
favorables...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Vu que le député des Iles-de-la-Madeleine
plonge dans l'histoire ancienne, je vais être obligé de lui donner
les chiffres des dépenses, année par année, à
partir de 58/59, jusqu'à 68/69. Ce sont des chiffres officiels du
ministère de la Voirie. En 58/59, il y a eu $62 millions en
dépenses d'immobilisation dans la province. Je donne les chiffres ronds.
En 59/60: $70 millions; en 60/61: $80 millions; en 61/62: $53 millions, un
retrait en 62/63: $57 millions, un retrait; en 63/64: $54 millions, retrait;
64/65, à cause de l'Expo qui venait, augmentation, $67 millions; 65/66,
$98 millions; 66/67...
UNE VOIX: L'élection
M. LAFONTAINE: ... l'année de l'élection et, en plus,
l'année de l'Expo, $101 millions; 67/68, $67 millions, le même
montant qu'en 64/65; 68/69, $97 millions.
M. LACROIX: C'est extraordinaire avec le peu d'argent dont le ministre
disposait d'avoir fait autant de travail.
M. LAFONTAINE: Ah! je lui laisse son jugement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Ces dépenses, évidemment, ne comprennent
pas la transcanadienne. Si on veut « embarquer » sur la
transcanadienne, il y a un article qui lui revient dans le budget, mais je peux
continuer là-dessus.
M. LACROIX: Pourquoi ne pas discuter article par article?
M. LAFONTAINE: Mais, si on commençait article par article, je
pense que cela satisferait la curiosité légitime du
député. Je pense bien qu'à la fin des crédits, il
applaudira le ministre des déclarations qu'il aura faites.
M. LOUBIER: Pourquoi ne pas commencer article par article, au lieu de
parler d'immobilisation ou de n'importe quoi?
M. PINARD: II reste qu'à l'article adminis- tration, à mon
avis, c'est l'endroit et l'occasion choisis pour discuter de l'administration
générale du ministère et des différentes
procédures administratives. Evidemment il y a des réformes qui
sont faites au ministère de la Voirie. Il y en a qui se sont faites
probablement après mon départ. Il y a eu des recommandations
spécifiques faites par la firme Woods Gordon, au point de vue
administratif, au point de vue des structures. Il y a eu des rapports
d'enquêtes techniques faites par la firme Les Cadres professionnels.
Cette firme a fait des recommandations bien spécifiques aussi.
Alors je veux savoir du ministre si on a donné suite aux
principales recommandations contenues dans ces rapports d'études. Si
oui, quelles ont été les recommandations mises en application.
Dans la négative, pourquoi ne l'ont-elles pas été?
Je crois que c'est l'occasion de discuter d'administration
générale, et cela rentre précisément dans le cadre
de ces discussions.
M. LAFONTAINE: L'an dernier, le député de Drummond m'a
posé exactement la même question. Je lui ai répondu dans
les termes suivants, qu'au ministère de la Voirie, nous avions
formé un comité de hauts fonctionnaires sous la présidence
du ministre, comité qui se réunissait pratiquement une fois par
semaine, qu'on avait passé au crible le rapport Woods Gordon, qu'on
avait passé au crible le rapport des Cardres professionnels, qu'on avait
retenu certaines des recommandations, qu'on était allé plus loin
que Woods Gordon parce que j'ai toujours pensé qu'au ministère de
la Voirie les gens connaissaient leur métier. Je pense bien que nous
pouvons recevoir des conseils en administration de firmes inépendantes
je n'y vois aucun mal mais tout de même il faut donner
aussi aux gens qui sont en place, qui connaissent le milieu, il faut tout de
même reconnaître que ces gens-là sont des gens
compétents.
De toutes ces réunions, nous avons fini par former ce qu'on
appelle la grande direction générale de la recherche. Et la
direction générale de la recherche a été
formée il y a environ quinze mois et est active. Elle comprend trois
services que nous avons maintenant structurés, l'informatique dont
l'organisation est établie par un personnel de quinze analystes et
programmeurs... C'est nouveau, ça! Cela n'existait pas dans le
passé.
DES VOIX: C'est ça.
M. LAFONTAINE: Le service dispose, de-
puis quelques semaines, d'un ordinateur IBM 1130 avec 30,000 positions
de mémoire acquis à la suite de représentations de la
direction générale. Cet ordinateur IBM peut aussi devenir,
à un moment donné, une console pour la transmission de
renseignements en langage COBOL au centre des données du gouvernement,
le C.T.E.D.
A l'heure actuelle, le langage de la machine électronique est le
fortran 2, mais elle est capable de transposer le fortran 2 en COBOL...
M. LOUBIER: Comprenez-vous ça? M. LAFONTAINE: D'accord?
M. PINARD: Nous écoutons le ministre pour voir les
résultats à la fin.
M. LAFONTAINE: Disons que, lorsque j'entends parler l'Opposition, ces
gens-là parlent en fortran 1, tandis que nous, nous parlons en
COBOL.
M. LACROIX: Ce n'est pas surprenant que vous soyez mêlés,
vous ne vous comprenezpas.
M. LAFONTAINE: Les activités de l'informatique:
mécanisation des sphères de travail suivantes: la gestion,
analyse des coûts et interventions sur l'outillage du ministère de
la Voirie; deuxièmement, analyse des stocks en inventaire dans les
magasins et les différents garages, organisation et méthodes,
analyse de l'outillage possédé par le ministère,
étude de la répartition du matériel dans les divisions
la commission est à l'oeuvre.
Production d'un rapport sur un rajeunissement du matériel routier
(Etude Gauthier). Compilation des activités types d'une division sur le
réseau en vue d'une rationalisation des prévisions
budgétaires à l'entretien. Cela est l'expérience de
Saint-Lambert, division 9-1. Analyse du processus des sorties
budgétaires en vue d'un contrôle mécanisé
amélioré. Analyse de la mécanisation du fichier des
expropriations. Analyse sur ordinateur des résidus de terrain
appartenant au ministère au long du réseau routier. Etude de la
dispersion des types de véhicules entre les différentes
régions du Québec. Etablissement des données principales
d'une banque d'information. Evaluation scientifique des immeubles à
exproprier.
Ce sont toutes des choses qui ne se faisaient pas, M. le
Président.
En technique: Calcul structural de ponts et viaducs. Calcul de
déblais-remblais pour les services techniques et les districts.
Dévelop- pement d'un système intégré de «
design » automatisé de routes. Calcul des dévers. Calcul de
courbes dans les échangeurs. Simulation des conditions d'arrivée
des véhicules aux intersections, pour fins d'étude de
capacité.
M. PINARD: Sur ordinateur? J'ai réussi à prendre des
courbes assez vite sur la Transcanadienne et...
M. LAFONTAINE: Non, pas avec des ordinateurs électroniques, c'est
avec les ingénieurs-conseils que le ministre l'a fait dans le temps.
M. PINARD: Oui, et j'ai une bonne auto.
M. LAFONTAINE: Calcul des diagrammes de temps-espace pour la
synchronisation des feux lumineux. Compilation et traitement des études
d'origine et de destination réalisées par les services techniques
spécialisés du ministère.
Le service se propose de faire l'utilisation de l'information partout
où cela est possible au ministère. Il dispose maintenant des
ressources humaine et mécanique pour ce faire.
Deuxièmement: Service des études et analyses:
La Direction générale de la recherche a regroupé au
service des études et analyses plusieurs professionnels
expérimentés provenant de différents secteurs,
c'est-à-dire sols et matériaux, laboratoire, circulation,
districts, industrie privée.
Ces professionnels sont pour la plupart ingénieurs, mais la
direction générale se propose d'insister prochainement pour jouir
des services d'un économiste.
Les principaux travaux réalisés par ce service ont
été des travaux intensifs faits par le ministère sur les
taux d'outillage, la possibilité d'établir un système
d'analyses scientifiques des accidents routiers, les effets économiques
de l'application du rapport Lippé, la répartition d'un
système rationnel de pesées des charges lourdes sur les routes,
une étude de la disposition des véhicules abandonnés,
l'utilisation des produits pour bandes à démarcation, les causes
principales des glissements de terrain, l'utilisation accentuée des
pneus à crampons et leur effet sur la chaussée, utilisation et
traitement des quantités de bois acheté annuellement par les
différentes unités administratives du ministère.
Troisièmement: Système et méthode.
Dans cette section où oeuvrent deux ou trois fonctionnaires
expérimentés provenant de l'administration des districts, on a
collaboré à un organigramme inventoriel des effectifs au ni-
veau des divisions, districts et services. On a participé avec la
Direction générale de l'administration et du personnel à
la description des taches de certaines fonctions; on a exploré la
possibilité d'implantation d'un système de comptabilisation des
activités types d'une division en relation avec le réseau
routier; collaboration à la production d'un rapport sur les
dépenses d'entretien pour les prochains cinq ou dix ans.
Perspectives.
La Direction générale de la recherche a, on le voit, une
dimension de travail très large qui va depuis la mécanisation des
procédés administratifs jusqu'à l'émission
d'opinions sur certaines techniques en passant par l'évaluation de
procédés et de politique administrative. Groupant au-delà
d'une vingtaine de personnes, la direction générale s'efforce de
collaborer avec les autres directions générales dans la solution
de problèmes actuels.
Cependant, ses principaux représentants, directeur
général, adjoint au directeur général et agents de
recherche sont plus qu'à leur tour demandés pour faire partie de
comités d'étude sur les questions d'administration, de personnel
et même de relations extérieures. Le directeur
général lui-même oeuvre au niveau de l'Association
canadienne des bonnes routes et de l'institut des ingénieurs, au niveau
de la circulation, et de l'organisation du cinquième congrès
mondial de la route, comme représentant substitut du ministère
auprès de la Commission interministérielle de planification et
comme répondant à certains comités, districts, au niveau
de l'Office de développement de l'Est du Québec.
La perspective immédiate de la direction générale
est au moins l'implantation de l'informatique dans tous les secteurs du
ministère. En ce faisant, il faudra nécessairement faire
étude des procédés administratifs et alors il devient
facile à certains recherchistes de collaborer avec les principaux
intéressés à la revision des dits modes
administratifs.
Il faut entrevoir de plus une accentuation du rôle de
coordonnateur de la Direction générale de la recherche avec les
principaux services techniques appelés à diriger ou à
évaluer les différentes méthodes de construction et
d'entretien utilisées par le ministère.
La direction générale agit comme répondante
à certains points de vue à des groupes d'études
chargés par l'Exécutif de rapporter sur les questions des
politiques de personnel, d'organisation de l'appareil gouvernemental et
d'informatique.
M. LOUBIER: Formidable. Ils sont estomaqués.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Fabre.
M. HOUDE: M. le Président, j'avais demandé la parole il y
a plusieurs minutes. Je pense que le ministre a répondu en grande partie
à la question que j'allais poser. Dans tous les postes
budgétaires, il n'y avait pas un poste spécifique concernant la
recherche. Ma question était à savoir si, au ministère,
vous aviez là je le sais un service de la recherche.
Maintenant, dans la longue énumération que vous avez
faite, est-ce que il y en a eu tellement, vous lisiez très vite
on cherche vraiment, à trouver des moyens d'améliorer la
construction avec des matériaux...
M. LAFONTAINE: Je l'ai dit exactement tout à l'heure, M. le
Président, c'est là que l'ancien ministre m'a dit: Bien, nous
aussi, nous en faisions des recherches pour améliorer la technique. Nous
tentons d'améliorer la technique dans le calcul structural des ponts et
viaducs en nous servant de plus en plus de machines électroniques,
calculs de déblais-remblais, pour les services techniques et les
districts, développement d'un système intégré de
« design automatisé », calculs des dévers et calculs
de coupe dans les échangeurs. On sait qu'à l'heure
actuelle...
M. PINARD: Vous n'avez plus rien à faire depuis ce
temps-là.
M. LAFONTAINE: Bien, j'aimerais tellement ça être capable
de composer un ministère à boutons pour qu'on ait seulement i
peser sur un bouton et que tout se règle.
M. HOUDE: Combien y a-t-il de...
M. LAFONTAINE: Je pense bien que le futur ministre de la Voirie, dans
cinq ou six ans, sera peut-être le ministre...
M. PINARD: Va-t-il marcher de jour ou de nuit?
M. HOUDE: Combien d'employés au service de la recherche?
M. LAFONTAINE: Présentement, il y en a 21. Il y a 15
analystes.
UNE VOIX: Bon.
M. LAFONTAINE: Maintenant, nous avons ouvert un poste pour un
économiste. Nous sentons le besoin d'avoir un économiste.
M. PINARD: Au centre de larecherche? M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: Hyena combien d'économistes au service du
ministère de la Voirie?
M. LAFONTAINE: Bien, disons, j'ai comme secrétaire particulier,
M. Pierre Tremblay, qui est un diplômé des sciences sociales,
économiques et politiques. Nous en avons un autre diplômé
des sciences économiques et politiques au service de l'information.
D'économistes, attachés au centre de recherche, par exemple... je
crois que nous n'en avons pas.
M. PINARD: Vous n'en avez pas?
M. LAFONTAINE: Non.
M. LOUBIER: Il va y en avoir un.
M. PINARD: Est-ce que le ministre ne trouve pas que ce serait
passablement le temps?
M. LAFONTAINE: Absolument, M. le Président, le poste est
créé.
M. PINARD: Pour pourvoir à l'engagement d'économistes,
pour permettre une...
M. LAFONTAINE: Je comprends.
M. PINARD: ... meilleure planification et aussi...
M. LAFONTAINE: Certainement.
M. PINARD: ... une meilleure coordination de la...
M. LAFONTAINE: Certainement.
M. PINARD: ... recherche à la Voirie...
M. LAFONTAINE: Mais le député de Drummond va admettre que
lorsque j'ai pris sa succession...
M. PINARD: ...et dans d'autres ministères...
M. LAFONTAINE: ... qui était très lourde, j'en ai fait
beaucoup.
M. PINARD: ... qui peuvent avoir des activités connexes.
M. LOUBIER: Nous n'avons pas eu le temps de tout faire, c'est pour
ça que nous allons être réélus. Laissez-nous le
temps.
M. PINARD: Alors, le ministre nous a parlé de la machine de
traitement des données, de la machine électronique. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire si la procédure pour l'adjudication des
contrats...
M. LAFONTAINE: La quoi?
M. PINARD: La procédure quant à l'adjudication des
contrats...
M. LAFONTAINE: Oui.
M. PINARD: ... et quant à la présentation des documents au
conseil de la trésorerie va se trouver allégée et surtout
si les délais vont être réduits sensiblement? Parce qu'une
plainte qui a été faite souvent à l'époque, et qui
est encore faite, c'est contenu, encore une fois, dans le mémoire
de l'Association des constructeurs de routes du Québec c'est que
le délai entre la publication des appels d'offres dans les journaux,
l'étude des soumissions présentées par les entrepreneurs
et la recommandation de l'adjudication au conseil de la trésorerie prend
beaucoup trop de temps, ce qui entraîne des retards considérables
et, bien souvent, les travaux commencent très tard dans la saison. Ce
qui fait que la saison des travaux est raccourcie et que, bien souvent, les
crédits engagés par le ministère ne sont effectivement pas
dépensés et que les projets ne sont pas réalisés
dans le délai qui avait été prévu. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il peut faire suite aux suggestions faites par
l'association des constructeurs de routes et s'il peut alléger la
procédure et surtout la rendre plus rapide.
M. LAFONTAINE: M. le Président, disons que nous procédons
pour l'adjudication des contrats, suivant les arrêtés
ministériels passés le 20 décembre 1960, lorsque le
député de Drummond était ministre de la Voirie, de
l'arrêté ministériel du 5 juin 1961 et aussi en vertu de
l'arrêté ministériel toujours modifié du 4 mars
1965. Or, nos normes pour l'adjudication de nos contrats sont les mêmes
que celles que le gouvernement libéral avait avant le 5 juin 1966.
Deuxièmement: Est-ce que le ministre de la Voirie tente
d'accélérer l'adjudication des contrats? Je dis oui. Et je pense
bien que le député de Drummond peut se fier à la parole du
ministre des Finances, lorsque celui-ci a répondu à l'Association
des constructeurs de routes que le ministère de la Voirie était
le seul à avoir
un traitement préférentiel auprès du conseil de la
trésorerie. Le conseil de la trésorerie siège le mercredi.
Nous envoyons 50 CT, arrêtés du conseil de la trésorerie ou
projets préparés au ministère de la Voirie. Quand je donne
l'assurance que tout est bien conforme, nous les passons dans la même
journée. Nous avons du conseil de la trésorerie une
coopération sans égale. Personnellement, je vous dis, M. le
Président, que je n'ai rien à me reprocher. Peut-être que
si les crédits étaient votés plus tôt au printemps,
peut-être que si l'on s'éternisait un peu moins cela donnerait une
semaine de plus aux entrepreneurs.
M. PINARD: Il faudrait que le ministre comprenne que ce n'est pas une
raison pour empêcher les membres de la commission d'étude des
budgets de la Voirie de faire leur devoir et de questionner le ministre aussi
longtemps qu'ils le jugeront à propos. Le défaut est dans la
procédure même.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: C'est précisément l'objet de mes questions.
Comment s'êcoule-t-il de temps entre le moment...
M. LAFONTAINE: Nous avons fait passer un arrêté
ministériel malheureusement je ne l'ai pas avec mol pour
raccourcir les délais dans les soumissions publiques. Au lieu de prendre
trois semaines, nous prenons 15 jours par exemple. Cela va évidemment
avec l'importance des projets, suivant les montants. Je m'excuse je n'ai
pas...
M. PINARD: Cela me paraît avoir du bon sens.
M. LAFONTAINE: Nous avons raccourci les délais dans les demandes
de soumissions publiques pour tenter de donner plus de
célérité...
M. PINARD: Comment se fait-il que l'association des entrepreneurs
revienne à la charge...
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond endosse toutes les
demandes et les critiques des constructeurs de routes du Québec, libre
à lui. Mais je ne le suivrai pas sur ces terrains-là. A ce
moment-là, il apparaîtra aux yeux de la province comme
étant le représentant des entrepreneurs au sein du Parlement
duQuébec.
M. PINARD: Le ministre prétendra ce qu'il voudra, cela m'importe
peu. Je suis au courant qu'il y a des retards très considérables
avant l'adjudication finale d'un contrat.
M. LAFONTAINE. Il y a aussi des retards dans la marche des travaux;
ainsi nous signons un contrat, et deux ans après certains travaux ne
sont pas finis.
M. PINARD. Il y a des signatures qui doivent être apposées
sur des documents et elles ne le sont pas. A ce moment-là, c'est parce
que des personnes sont absentes. Je ne sais pas s'il y a une
délégation de pouvoirs qui permet une rapidité accrue dans
la procédure.
M. LAFONTAINE: C'est une accusation générale, et je
demanderais au député de Drummond de spécifier sur quel
document les signatures sont en retard, M. le Président.
M. PINARD; Sur le contrat d'adjudication. Sur le document qui
prévoit l'adjudication d'un contrat.
M. LAFONTAINE: Lesquels en particulier?
M. PINARD: II faut que le ministre signe le contrat. J'imagine que le
ministre ne permet pas le début des travaux avant d'avoir apposé
sa signature.
M. LAFONTAINE: Je n'ai jamais retardé de signer semaine par
semaine les documents qui m'étaient apportés.
M. PINARD: Alors, comment se fait-il que l'Association des entrepreneurs
de routes?...
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond veut se porter
garant de l'Association des entrepreneurs de routes de la province de
Québec, qu'il leur demande où ils ont pris cette affirmation.
M. LOUBIER: Demandez-le à eux.
M. LAFONTAINE: Ce sont eux les responsables, ce n'est pas le ministre de
la Voirie.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est favorable
à l'une des recommandations contenues dans le mémoire soumis par
l'Association des constructeurs de routes? Pour accélérer les
travaux, elle recommandait de considérer la possibilité de
procéder aux appels d'offres durant l'hiver en inscrivant une clause
à l'effet que les contrats ne seront octroyés qu'une fois les
crédits votés.
Est-ce que le ministre ne serait pas d'accord? Cela pourrait
accélérer beaucoup l'émission des contrats et le
début des travaux.
M. LAFONTAINE: C'est à l'étude. Ce que le
député tente de me faire déterminer, c'est une politique
globale du conseil des ministres. Si le député a lu la Loi de la
Voirie, je pense qu'en vertu de l'article 21 il est loisible au
lieutenant-gouverneur en conseil d'autoriser le ministre de la Voirie à
bâtir une route.
Je ne sais pas si le député le sait, il vient de
s'attaquer à la Loi de la Voirie et il demande au ministre de la Voirie
de répondre pour le conseil des ministres.
M. LACROIX: Si le ministre est d'accord avec cette recommandation,
probablement qu'il pourrait demander d'apporter un amendement à la Loi
de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Je suis en train de dire au député des
Iles-de-la-Madeleine que le problème est à l'étude.
M. LACROIX: Les études se poursuivront pendant combien
d'années, pensez-vous?
M. LAFONTAINE: Je me souviens, si le député des
Iles-de-la-Madeleine avait été présent en Chambre en 1960,
il se serait aperçu que le premier ministre du temps, après le 22
juin 1960, blâmait l'Union Nationale d'accorder des contrats par
anticipation, un an avant, pour obtenir de la célérité
dans les travaux. Parce que c'est là que le premier ministre du temps a
institué son conseil de la trésorerie, et le ministre de la
Voirie, dans l'adjudication des contrats, est subordonné,
premièrement, au conseil des ministres et, deuxièmement, au
conseil de la trésorerie. Cela, d'après une grande politique
émise en 1960 par l'honorable Jean Lesage, alors premier ministre de la
province.
M. LACROIX: N'y avait-il pas, dans ce temps-là, des travaux en
exécution alors que le contrat n'était même pas
signé?
M. LOUBIER: Comme cela s'est fait il y a deux ans, trois ans, quatre ans
et cinq ans, même sous votre temps.
M. LACROIX: Ah, cela!
M. LOUBIER: J'en ai chez nous.
M. LACROIX: Je me demande jusqu'à quel point cela peut
être... Est-ce que le ministre pourrait donner bien des cas comme
cela?
M. LOUBIER: Oui, seulement au ministère, chez nous, je peux en
nommer cinq ou six. Entre autres, dans le bout de la Gaspésie, à
Fort-Daniel ou Saint-Daniel, le contrat est terminé et il n'avait jamais
été signé par le gouvernement.
M. LAFONTAINE: Disons qu'en étant assermenté...
M. LACROIX: C'est l'exception qui peut confirmer la règle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, après l'assermentation du
5 juin 1966, je dois dire au député des Iles-de-la-Madeleine que
le ministre de la Voirie qui parle en ce moment a été
obligé de signer peut-être 50 à 60 documents
régularisant certains contrats de pavage qui avaient été
accordés sans la signature du ministre de la Voirie.
M. LOUBIER: Recommençons à discuter des postes
budgétaires parce que cela va aller mal!
M. PINARD: Affirmation gratuite!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE; Ce n'est pas une affirmation gratuite. Il y en avait dans
le comté de Deux -Montagnes.
M. LACROIX: De 50 à 60 cas, et il n'a qu'un comté!
M. LAFONTAINE: Non, j'en donne un. Il y -en avait au moins 50 ou 60.
M. LACROIX: Le ministre vient de nous dire que c'est une affirmation
très gratuite.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Poste budgétaire 1, adopté?
M. LAFONTAINE: C'est son affirmation qui est gratuite.
M. LOUBIER: Poste budgétaire 1, adopté?
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire...
M. GRENIER: Ils n'ont pas fait cela pendant six ans, cela n'a pas de bon
sens!
M. PINARD: Est-ce qu'il aurait un tableau pour nous expliquer le montant
global des crédits qui, effectivement, ne sont pas
dépensés dans le cours de l'exercice financier pour lequel ils
ont été votés?
M. LAFONTAINE: Dans le passé, avant le gouvernement actuel,
l'ancien gouvernement le député de Drummond doit le savoir
parce qu'à ce moment-là, il était membre du conseil de la
trésorerie on ne suivait pas la Loi du conseil de la
trésorerie.
M. PINARD: Quoi?
M. LAFONTAINE: Le ministre de la Voirie du temps, membre de la
trésorerie, avait autorisé en 1962 des engagements
supérieurs à $12 millions, si je me souviens bien au budget qui
avait été voté par les Chambres.
Or, la Loi du conseil de la trésorerie défend au conseil
de la trésorerie d'autoriser des montants supérieurs aux montants
qui sont votés par les Chambres.
M. PINARD: Je n'ai jamais dépassé mes budgets! Jamais!
M. LAFONTAINE: Ah oui, mais cela ne fait rien. La loi est là et
la loi défend au conseil de la trésorerie d'autoriser aucun
ministère à engager plus que les budgets qui leur sont
votés par les Chambres.
On m'a obligé à suivre la loi et j'en suis très
fier.
M. PINARD: Est-ce que le ministre serait en mesure de dire que son
prédécesseur a dépassé le budget voté par
les Chambres?
M. LAFONTAINE: Pardon?
M. PINARD: Est-ce que le ministre est en mesure d'affirmer que son
prédécesseur a dépassé les budgets votés par
les Chambres?
M. LAFONTAINE: Non. Non, je n'ai pas dit que le ministre avait
dépassé. Mais il reste une chose. Lorsqu'il se faisait voter par
le conseil de la trésorerie $12 millions de plus en 1962, année
d'élection, il allait à l'encontre de la loi. Ils avaient
prêché la vertu dans toute la province et ils pratiquaient le
vice. Parce qu'on disait: Contrôle budgétaire. Ces gens ont
composé la loi, l'ont fait voter par les Chambres en disant:
Aucun ministère ne doit engager plus que le budget voté
par les Chambres. Et le ministre de la Voirie, qui était en même
temps membre du conseil de la trésorerie, à ce moment-là,
passe à côté de la loi et se fait accorder un petit montant
de $12 millions de plus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. GRENIER: En 1962. N'est-ce pas une année
d'élection?
M. PINARD: M. le Président, au contraire, le ministre de la
Voirie de l'époque, pour avoir plus d'efficacité, engageait de
$12 millions à $15 millions en surplus des crédits votés
par les Chambres...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: ... avec la permission du conseil de la trésorerie et
aussi avec l'entente à l'effet que, sur la fin de l'année,
certains travaux seraient ralentis pour récupérer les sommes
engagées en surplus. Cela prouve une chose, c'est que les travaux
étaient adjugés plus à bonne heure et qu'ils se
poursuivaient sur une plus longue saison. C'est pourquoi nous avons posé
la question tantôt au ministre de la Voirie à savoir s'il avait
accéléré sa procédure d'adjudication des contrats?
S'il avait tenté de mettre en vigueur, sur une base plus
générale, l'expérience faite par son
prédécesseur de faire paraître dans les journaux au cours
de l'hiver des appels d'offres de façon que des grands projets soient
mûrs pour réalisation de très à bonne heure au
printemps, avec la condition cependant que les contrats qui pourraient
être signés seraient sujets, évidemment, à la
votation des crédits nécessaires, par les Chambres, de
façon à respecter la loi, les directives du conseil de la
trésorerie.
M. LOUBIER: Oui, mais la loi ne le permet pas.
M. PINARD: Alors, il en a été question tantôt...
M. LAFONTAINE: A ce moment-là le député de Drummond
est en train de critiquer une loi, et le député de Drummond qui
est avocat sait qu'on ne peut pas critiquer une loi sans en demander le rappel.
Alors je lui demanderais de demander le rappel de la loi du conseil de la
trésorerie...
M. PINARD: C'est de la technique législa-
tive, et cela n'entre pas du tout en ligne de compte avec ce que je
discute présentement.
M. LAFONTAINE: Je regrette, M. le Président, le
député n'a pas le droit de critiquer la Loi du conseil de la
trésorerie sans en demander le rappel.
M. LACROIX: On peut parler de l'améliorer.
M. PINARD: Au moins moi, j'y allais au conseil de la trésorerie
et ça fonctionnait. Le ministre n'y va jamais, lui.
M. LOUBIER: Ah, ce n'est pas gentil, ça! Vous ne le savez
pas!
M. PINARD: II n'y va jamais, jamais.
M. LOUBIER: Vous ne le savez pas! Voyons donc! Qui vous a dit ça,
vous?
M. PINARD: J'ai de bonnes informations. M. LOUBIER: Affirmation
gratuite!
M. PINARD. Il ne fait pas partie du comité
interministériel du budget, il ne fait pas partie du conseil de la
trésorerie.
M. HAMEL. Il s'occupe de son affaire à la Voirie.
M. PINARD: Alors, il n'est pas surprenant que, dans le mémoire de
l'Association des constructeurs de routes, on ait autant de plaintes et autant
de revendication.
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, M. le Président, vous venez de vous
rendre compte que le député de Drummond est encore en train de
faire glisser le débat qui devrait se tenir au niveau de la Voirie sous
le niveau personnel du ministre de la Voirie. A ce moment-là, je
pourrais peut-être dire au député de Drummond qu'il y a une
rumeur qui circule dans les cercles de la voirie du Québec et à
Québec même...
M. PINARD: Dans les cercles, dites-vous?
M. LAFONTAINE: Dans les cercles qui touchent à la voirie, et que
le député de Drummond a participé à la
rédaction du mémoire des constructeurs de routes du
Québec.
M. PINARD: Ah! Elle est bonne!
M. LAFONTAINE: Et il s'en fait l'avocat, M. le Président, devant
le comité.
M. PINARD: Elle est bonne!
M. LAFONTAINE: Le mémoire des constructeurs de routes du
Québec devient la bible du député de Drummond. Mais
lorsque le député de Drummond dit que le ministre de la Voirie ne
va pas au conseil de la trésorerie, je dois lui dire, à titre de
ministre de la voirie, que j'y vais au conseil de la trésorerie lorsque
j'ai des problèmes à régler avec le conseil de la
trésorerie. Mais je ne fais pas partie du conseil de la
trésorerie et je n'ai pas l'intention d'en faire partie.
M. PINARD: C'est ce que je voulais vous faire dire.
M. LAFONTAINE: Je calcule que le ministre des Finances et le ministre
des travaux publics et le ministre d'Etat au Bien-Etre social et le ministre
d'Etat aux Affaires municipales sont assez renseignés sur les
problèmes gouvernementaux, ils ont leur tâche à faire et je
m'applique à accomplir mon devoir à titre de ministre de la
Voirie. Je n'ai pas de leçon à recevoir du député
de Drummond sur l'utilisation de mon temps.
UNE VODX: Cela ne le regarde même pas! M. LOUBIER: Poste
budgétaire 1, adopté.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait répondre à la
question que je lui ai posée tantôt à savoir combien de
crédits ont été engagés par son ministère et
n'ont pas été dépensés effectivement?
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Drummond n'a qu'à faire...
M. PINARD: Oui, bien en 67/68...
M. LAFONTAINE: Pour 68/69, les livres ne sont pas fermés.
M. PINARD: On aurait vu tout ça dans le rapport annuel du
ministère de la Voirie, fort probablement, si nous l'avions eu.
M. LOUBIER: Pour 1967, vous l'avez.
M. LAFONTAINE: Disons que cela peut peut-être varier d'un
pourcentage...
M. PINARD: Non, cela n'apparaît pas dans les rapports annuels.
M. LAFONTAINE: En 65/66, j'ai ici, dans le
mémoire préparé par l'Association des constructeurs
de routes du Québec, avec un bon avocat comme conseiller juridique, il y
a eu $302 millions de crédits votés. Il y aeu$280 millions de
dépensés. Montant voté non dépensé, $21
millions. En 65/66.
M. LOUBIER: On n'avait rien dans Bellechasse.
M. LAFONTAINE: Pour 66/67, $349 millions moins $299 millions, $49
millions. Pour 67/68, $274 millions de votés, $272 millions de
dépensés. Montant voté non dépensé $2
millions.
UNE VOIX: Formidable. M. PINARD: En 68/69?
M. LAFONTAINE : Bien, continuez, vous avez le mémoire.
M. PINARD: Non, non, dites-le.
M. PINARD: C'est vous qui le lisez.
M. LAFONTAINE: Je le lis pour vous, vous l'avez.
M. PINARD: Alors, en 68/69: $33,763,000.
M. LAFONTAINE: Pourquoi poser la question si le député est
renseigné?
M. PINARD: Je veux savoir si le ministre est en mesure de contredire ces
chiffres-là. Toutes les statistiques présentées dans le
rapport de l'Association des constructeurs de routes...
M. LAFONTAINE: Présentement le député de Drummond
est en train de se servir du mémoire soumis au conseil des ministres et
pose les mêmes questions qui ont été soulevées au
conseil des ministres. Prenez donc les comptes publics, prenez donc le budget
et discutez donc du budget.
M. PINARD: Soyons de bon compte. Les choses dont on discute concernent
le ministère de la Voirie, non l'administration générale
de la province. Il est assez normal que nous posions des questions au ministre
de la Voirie, qui doit répondre aux membres de la commission. Je demande
au ministre s'il est en mesure de contredire les chiffres qui sont
rapportés dans le rapport.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'attirerais l'attention du
député de Drummond pour lui dire que le mémoire qui a
été soumis n'a pas été soumis au ministre de la
Voirie, mais au conseil des ministres de la province de Québec.
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Les constructeurs de routes pensaient que le
mémoire qu'ils présentaient s'adressait en bloc au conseil des
ministres et non pas au ministre de la Voirie. Je demanderais, si le
député de Drummond, comme il le disait tout à l'heure,
voulait être de bon compte... C'est une expression qui est à la
mode ce temps-ci, tout le monde veut être de bon compte. Si on veut
être de bon compte, qu'on commence donc l'étude des crédits
du ministère de la Voirie. Article par article je tenderai de mon mieux
de lui donner toutes les réponses qui sont pertinentes a ses
questions.
M. PINARD: Le ministre a ajouté cet après-midi à
certaines de mes remarques relativement...
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas voulu relever toutes les remarques.
M. PINARD: ... au mémoire de l'Association qu'il avait fait un
contre-rapport au premier ministre et au ministre des Finances pour
répondre à certaines accusations qui sont contenues dans le
rapport de l'association. Je lui demande s'il...
M. LAFONTAINE: C'est dans le courrier confidentiel entre le premier
ministre et le ministre de la Voirie.
M. PINARD: Ce n'est pas confidentiel quant aux membres de la
commission.
M. LAFONTAINE: Non, non.
M. PINARD: Le ministre est-il en mesure de contredire les chiffres qui
apparaissent à la page 14 du mémoire relativement aux
crédits non dépensés?
M. LAFONTAINE: Le député de Drummond est-il en train de me
demander de faire l'étude du document soumis par l'Association des
constructeurs de routes au conseil des ministres, ou le député de
Drummond veut-il étudier les crédits du ministère de la
Voirie?
M. PINARD: M. le Président, nous voulons étudier les
crédits du ministère de la Voirie. Avant de voter des
crédits additionnels, des crédits nouveaux au...
M. LAFONTAINE: A ce moment-là, si je tombe...
M. PINARD: ... ministre de la Voirie, je voudrais savoir si le ministre
de la Voirie, qui nous a demandé des crédits pour tel montant
l'année dernière, l'a effectivement et efficacement
dépensé? C'est notre devoir comme membre de la Chambre et comme
député de l'Opposition. C'est la question que je pose au
ministre. Il me semble qu'il devrait avoir la décence de
répondre, et ce n'est pas un drame...
M. LAFONTAINE: J'ai répondu, mais je dois faire comprendre au
député de Drummond que, si je le suivais sur son terrain,
n'importe quel député de l'Opposition pourrait arriver avec tous
les éditoriaux, toutes les nouvelles, même fausses, et les
pseudo-nouvelles parues dans tous les journaux, et me demander: Est-ce vrai ou
n'est-ce pas vrai, ça? Je demanderais au député de
Drummond de procéder dans l'ordre, article par article. Si, à un
article donné, il veut se servir du mémoire soumis, dans un poste
mentionné, à ce moment-là j'y répondrai. Je n'ai
pas l'intention de faire deux débats, un sur le mémoire soumis
par l'Association des constructeurs de routes du Québec et l'autre sur
les estimations budgétaires du ministère de la Voirie.
M. PINARD: Le ministre peut-il nous dire s'il a totalement...
M. LAFONTAINE: Maintenant pour y répondre...
M. PINARD: ... dépensé le budget qu'il a demandé
l'année dernière pour l'exercice financier 68/69?
M. LAFONTAINE: Pour l'année 68/69 je n'ai pas répondu,
parce que les chiffres qui sont marqués ici sont une estimation.
L'estimation donne $33,760,000; d'après les estimations du
ministère de la Voirie jusqu'à maintenant ce serait
peut-être $18 millions, c'est-à-dire à peu près la
moitié. C'est pour ça tout à l'heure que je ne l'a pas
mentionné au député de Drummond. Je me suis dit: S'il veut
le lire qu'il le lise. Je ne veux pas me laisser entraîner dans une
critique ni destructive ni exhaus- tive du mémoire soumis par
l'Association des constructeurs de routes du Québec. Je laisse
l'Association des constructeurs de routes du Québec avec sa
conscience.
M. PINARD: Raison de plus pour admettre que j'avais raison de poser la
question au ministre pour rétablir la situation, s'il y avait lieu.
M. LAFONAINE: Oui, mais peut-on commencer le budget de la Voirie, poste
budgétaire 1?
M. PINARD: Les chiffres mentionnés à la page 40 du rapport
m'apparais salent, disons, passablement soufflés.
M. LAFONTAINE: Exagérés.
M. PINARD: Bon. J'essaie de savoir de quelle façon...
M. LAFONTAINE: Soufflés, le député de Drummond a
raison et c'est pour ça que je ne voudrais pas en faire une critique
exhaustive.
M. PINARD: Si le ministre ne veut pas nous renseigner ne puis-je pas
savoir qui, parmi les membres de la commission, pourrait le dire? C'est le
ministre qui a toutes les données entre les mains...
M. LAFONTAINE: Oui, mais le chiffre que nous avons à la Voirie
est encore préliminaire parce que les livres ne sont pas fermés.
Ce n'est que lorsque le ministère des Finances aura fermé ses
livres, équilibré ses chiffres avec les chiffres du
ministère de la Voirie que nous pourrons avoir une réponse
définitive. Mais disons que $33 millions c'est exagéré.
Mais peut-être je ne veux pas prêter de mauvaises intentions
à qui que ce soit ça paraissait peut-être bien dans
le mémoire de l'Association des constructeurs de routes du Québec
de dire qu'il y a eu pour $33 millions de crédits
périmés...
M. PINARD: Oui.
M. LAFONTAINE: Cela paraissait bien! Cela faisait une belle critique!
Cela pouvait faire des éditoriaux de journaux! Cela faisait critiquer le
gouvernement actuel! C'était peut-être dans l'Intérêt
des constructeurs de routes. Mais ce n'est peut-être pas la
vérité. C'est pour cela que je demande au député de
Drummond ce n'est pas un document officiel du ministère de la
Voirie de s'en tenir donc aux documents officiels.
M. PINARD: Oui, mais raison de plus pour que le ministre donne les
renseignements lui-même, des renseignements les plus exacts
possibles.
M. LAFONTAINE: Mon Dieu Seigneur! Voltaire a déjà dit,
dans le passé: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose!
M. PINARD: C'est sûr que nous n'avons pas toujours accès
à tous les renseignements comme le ministre peut y avoir
accès.
M. LAFONTAINE: Quand Je regarde certaines affirmations du rapport, Je
pense à Voltaire: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque
chose!
M. PINARD: Se pourrait-il que...
M. LAFONTAINE: C'était un libéral du temps!
M. PINARD: ... que les montants inscrits comme étant des
crédits non dépensés soient la somme globale des
crédits pour les dépenses ordinaires et pour les dépenses
en immobilisation?
M. LAFONTAINE: Non, Je pense que, normalement, cela devrait être
dans l'immobilisation, parce que dans les dépenses ordinaires, ce sont
les salaires, l'entretien des routes, l'équipement.
M. PINARD: Oui, mais l'entretien pourrait jouer un rôle assez
important dans le montant global des crédits non
dépensés...
M. LAFONTAINE: Oui, mais normalement, il est assez rare que nous
remettons au ministère de la Voirie même lorsque le
député de Drummond était le ministre de la Voirie, je
pense que ce n'est Jamais arrivé c'est tout le contraire, nous
sommes toujours un peu...
M. PINARD: Alors le ministre a donné un chiffre de $18 millions
comme crédits non dépensés...
M. LAFONTAINE: C'est une estimation.
M. PINARD: ... alors c'étaient des chiffres relatifs au budget
des dépenses en immobilisation? Les $18 millions étaient, en
somme,...
M. LAFONTAINE: ... imputables à l'immobilisation et aux
dépenses ordinaires.
M. PINARD: Imputables à l'immobilisation.
M. LOUBIER: Adopté?
DES VOIX: Un instant!
M. LOUBIER: Article 2?
M. PINARD: Un instant!
M. LOUBIER: Article 3?
M. PINARD: Un instant! Un instant! On ne discute pas les crédits
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche...
M. LOUBIER: Non, vous ne discutez même pas ceux du
ministère de la Voirie actuellement.
M. PINARD: Nous pouvons éviter de vous questionner.
M. GRENIER: Vous auriez des réponses, probablement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: On discute d'un rapport depuis le début.
M. MAILLOUX: Au sous-article 1, traitements et indemnités, de
l'article 1, administration, relativement au nombre d'employés
surnuméraires, disons que cela revient au sous-article 1 de l'article 2
où le ministre demande également 197 employés de plus. Ce
que je voudrais savoir du ministre c'est suite à une affirmation
déjà faite par l'ancien premier ministre, M. Johnson, quand il a
parlé d'une banque de fonctionnaires en réserve qui devaient
être redistribués dans les ministères qui pouvaient en
avoir besoin est-ce que c'est son intention de se servir de ces
effectifs pour combler les vacances ou si ce sont de nouveaux fonctionnaires
qui seront engagés?
M. LAFONTAINE: Disons que c'est peut-être pour plusieurs raisons
je n'ai pas les noms, parce que le député se rendra compte
qu'il y en a 232 c'est probablement une intégration du poste
ouvrier à fonctionnaire. Aussi il y a peut-être une autre
explication parce que, évidemment, il y a des gens qui quittent et
d'autres qui arrivent. Ce n'est pas une chose qui est statistique mais
dynamique. Alors de 217 à 232, pour une des explications, c'est
l'intégration des cadres ouvriers aux cadres de fonctionnaires et
aussi du nouveau personnel pour le service général de la
recherche.
M. MAILLOUX: II ne s'agit pas de nouveaux employés à ce
moment-là...
M. LAFONTAINE: II s'agirait de nouveaux employés lorsqu'il s'agit
de la Direction générale de la recherche. Il y en a quelques
nouveaux.
M. MAILLOUX: ... qui sont déjà à l'emploi du
gouvernement, dans un autre service?
M. LAFONTAINE: Pas nécessairement. Nous sommes allés
chercher les analystes ailleurs. Parce qu'il y a un besoin immense dans tous
les services du gouvernement, en ce qui concerne les analystes.
M. MAILLOUX: En ce qui concerne les analystes, je pense bien qu'il ne
faut pas chicaner le ministre parce que j'imagine que le ministère a
besoin de ces gens-là. Alors il faut qu'il en fasse la demande.
Là où je voulais en venir, c'est que si vous avez besoin de
fonctionnaires dont les capacités sont relativement sommaires, je me
demandais si le ministère de la Voirie comme d'autres ministères
pouvait piger à même ces effectifs-là...?
M. LAFONTAINE: Oui, nous avons eu quelques mutations d'autres
ministères. D'ailleurs, il y a aussi, ce qu'on appelle les concours
d'avancement à la Fonction publique. Chacun des fonctionnaires du
gouvernement peut participer à un concours interministériel, et
être muté d'un ministère à l'autre. Il y a
mobilité.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LACROIX: II y a eu, à un certain moment certaines
difficultés entre le personnel et les cadres du syndicat. Est-ce que ces
difficultés sont aplanies actuellement?
M. LAFONTAINE: Oui, pas de difficultés. Evidemment, ce sont des
relations de travail et comme dans tous secteurs industriels ou commerciaux, il
y a toujours des difficultés qui surgissent, il s'agit de
s'entendre.
M, LACROIX: Je ne suis pas à même d'évaluer la
valeur des critiques qui ont été formulées, mais votre
directeur du personnel a été pris à partie assez
sévèrement à un certain moment et je me demandais si c'est
parce qu'il prenait...
M. LAFONTAINE: II prenait son rôle à coeur et il prenait
aussi l'intérêt du ministère de la Voirie.
M. LACROIX: Ce n'est pas un reproche que je fais. Je demande au ministre
si, à l'heure actuelle, entre ses fonctionnaires et le ministère,
les relations sont bonnes.
M. LAFONTAINE: Non, il n'y a pas de problème entre les
fonctionnaires et le directeur général de l'administration.
M. LOUBIER: Cela va très bien.
M. LACROIX: Nous en parlerons à M. Breuleux prochainement
M. LAFONTAINE: II n'est plus fonctionnaire à ce moment-là,
il est président du syndicat.
M. MAILLOUX: En étudiant le poste budgétaire 1, vous y
allez avec tous les sous-articles, j'imagine.
M. LAFONTAINE: Non, sous-article par sous-article.
M. LE PRESIDENT: Alors, administration...
M. HOUDE: Est-ce que les 21 recherchistes de votre direction de la
recherche sont inclus dans les 232?
M. LAFONTAINE: Je vois venir le député là. Entre
217 et 232, il n'y a pas tout à fait 21, excepté qu'il y a des
gens qui sont partis du ministère de la Voirie et d'autres qui sont
décédés, d'autres ont pris leur pension, d'autres vont
partir.
M. HOUDE: Ce n'est pas pour attraper, c'est surtout pour essayer de
savoir si ce bureau de la recherche dépend d'un directeur particulier.
Est-ce qu'ils ont un immeuble à eux? Est-ce qu'ils ont un laboratoire
à eux?
M. LAFONTAINE: Je vous présente Jacques Charland qui est ici,
j'aimerais qu'il se lève.
M. LOUBIER: Un chic petit bonhomme.
M. HOUDE: Est-ce appelé aussi à grossir en importance et
en nombre?
M. LAFONTAINE: Oui. Evidemment, c'est parce que nous tentons, si le
député se souvient...
Voici, je disais en terminant ici: II faut entrevoir de plus une
accentuation du rôle de coordon-nateur de la direction
générale. La perspective immédiate de la direction
générale est l'implantation au moins de l'informatique dans tous
les secteurs du ministère. Nous vivons à l'ère
électronique. Ce que nous tentons pour expliciter ma
pensée en deux mots à l'heure actuelle, peut-être
dans deux ou trois ans, d'avoir un contrôle quasi quotidien sur
l'expropriation, par exemple, d'avoir au ministère de la Voirie un
inventaire des pièces de machinerie, par l'informatique.
M. HOUDE: Mais M. le Ministre, vous allez peut-être me trouver
extrêmement terre à terre, je voudrais quand même aller au
fond de ma pensée. Est-ce que ce service de la recherche pourra,
à un moment donné, sortir de la question technique et tenter, par
exemple, des recherches sociologiques?
M. LAFONTAINE: Certainement, c'est même déjà
commencé.
M. HOUDE: Je m'explique. Il y a un argument que nous entendons souvent
et là je parle du peuple et des gens bien modestes et je me
considère comme un de ceux-là pourquoi y a-t-il tant de
gens sur le bien-être social? Pourquoi tant de gens reçoivent des
montants d'argent du gouvernement? Parce qu'ils ne travaillent pas ou peu
importent les raisons. Souvent les gens nous disent qu'au lieu de leur donner
de l'argent à ne rien faire, pourquoi ne leur ferions-nous pas faire des
bouts de route ou...?
M. LAFONTAINE: Faire des travaux en régie.
M. HOUDE: Est-ce que cela peut faire partie d'une recherche de ce
service-là? Est-ce qu'on a déjà calculé, par
exemple, combien coûtent un ou deux milles de route? Vous le savez
combien cela coûte; combien cela prendrait-il de gens sur le
bien-être. Il y a peut-être une possibilité de trouver
efficacement et scientifiquement que ce serait valable de faire travailler des
gens plutôt que de leur donner des sommes d'argent dont ils ont besoin,
mais dont ils sont drôlement frustrés de recevoir, comme cela,
à ne rien faire.
M. LAFONTAINE: Disons que c'est une expérience qui est
tentée présentement par le ministère des Terres et
Forêts et nous attendons, au ministère de la Voirie, les
résultats, con- cluants je l'espère, de l'expérience
tentée par le ministère des Terres et Forêts, pour le
commencer plus à fond, au point où le député vient
de le développer.
M. MAILLOUX: Est-ce qu'on pourrait inviter le ministre à tenter
l'expérience sur les travaux en régie?
M. LAFONTAINE: Je ne comprends pas l'allusion du
député!
M. MAILLOUX: Je veux dire que les travaux en régie coûtent
déjà assez cher relativement à des travaux à
contrat.
M. LAFONTAINE: C'est une affirmation gratuite, M. le Président,
il faudrait un peu s'entendre. Lorsque nous serons rendus au poste
budgétaire 7, article 1, je permettrai...
M. MAILLOUX: Disons que pour répondre...
M. LAFONTAINE: Je pourrais peut-être vous sortir un paquet de
contrats donnés, bien signés, avec des ajoutés et tout ce
que vous voulez...
M. MAILLOUX: M. le Président, pour répondre...
M. LAFONTAINE: ... des travaux qui ont été estimés
à $1 million par contrat et qui ont peut-être été
terminés au coût de $3 millions.
Alors qu'on ne vienne pas dire que les travaux en régie
coûtent plus cher, M. le Président, c'est bien difficile de
l'établir.
M. MAILLOUX: Excusez, sans vouloir répondre immédiatement
au ministre...
M. LAFONTAINE: J'ai bien l'impression que, dans bien des cas, les
travaux en régie coûtent moins cher...
M. MAILLOUX: ... je me réserve le droit de répondre pour
prouver que des travaux en régie coûtent normalement beaucoup plus
cher que les travaux à contrat.
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas l'intention de changer l'esprit qui anime le
député de Charlevoix, ni de changer ses convictions. Mais j'ai la
conviction profonde que les travaux en régie ne coûtent pas plus
cher que les travaux à contrat, M. le Président.
M. MAILLOUX: Je vais attendre au poste budgétaire 7.
M. LAFONTAINE : C'est parce qu'à ce moment-là, ce serait
un vote de non-confiance à l'endroit de tous les officiers et
divisionnaires dans les divisions. Je ne suis pas prêt à le
penser.
M. MAILLOUX: Je pense que je ferai le partage des choses à ce
moment-là, M. le Président.
M. LAFONTAINE: D'accord, on verra.
M. MAILLOUX: Poste budgétaire 2, article 2.
M. LE PRESIDENT: Alors, au poste budgétaire 1: Administration,
les articles 1, traitements et indemnités; 2: frais de voyage, 3 :frais
de bureau et autres dépenses, 4: matériel, articles de bureau,
impressions et abonnements, et 5: publicité et information, sont tous
acceptés.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 2, service d'entretien et de
construction de routes, article 1 : Traitements, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Frais de voyage?
M. MAILLOUX: Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est qu'on constate
que l'an dernier il y avait des dépenses de voyage de $462,000; cette
année, il y a une réduction à $300,000. Mais à
l'article précédent, on constatait une augmentation des
dépenses de voyage, et là, malgré qu'il y ait quelque 150
fonctionnaires de plus, il y a diminution de $162,000 pour les voyages. Est-ce
que cela concerne le litige du syndicat des fonctionnaires, pour les
dépenses de voyage?
M. LAFONTAINE: Non, c'est une estimation dans la réorganisation
des cadres dans chacune des divisions. Je ne voudrais pas recommencer mon
plaidoyer du service de la recherche. Mais disons que le député
de Fabre, tout à l'heure, y a touché un peu, mais il s'en est
éloigné en parlant du chômage. Nous avons
présentement, dans la division de Saint-Lambert, je pense,
créé une division pilote. Nous allons tenter de la faire aussi
à Québec pour équilibrer; nous voudrions arriver un matin
du ministère de la Voirie, en di- sant ceci: Comment se fait-il, par
exemple, que pour faire un accotement dans telle division, ça
coûte tant et dans telle autre division ça coûte un chiffre
bien différent. L'écart est un peu grand. Alors, nous tentons de
comprimer...
M. MAILLOUX: Mais ce n'est pas une compression ordinaire. Cela part de
$462,000, et ça tombe à $300,000.
M. LAFONTAINE: Oui, c'est une contraction de $162,000.
M. MAILLOUX. Il n'y a pas d'autres explications que vous pouvez
donner?
M. LAFONTAINE : Je ne dis pas que nous allons réussir, nous
tentons de réussir.
M. MAILLOUX: Pour autant que ce n'est pas fait sur le dos des
fonctionnaires.
M. LAFONTAINE: S'il nous manque de l'argent, nous reviendrons devant la
Chambre, et nous demanderons de l'aide additionnelle. Mais je crois que nous
allons être capables de passer avec $162,000 de moins.
UNE VOIX: Bravo!
M. LE PRESIDENT: Alors, poste budgétaire 2, article 2?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3: Frais de bureau et autres
dépenses?
M. HAMEL: Adopté.
M. MAILLOUX: Savez-vous quel montant il y a?
M. LAFONTAINE: Oui, $385,000.
M. PINARD: Si vous me permettez, j'aimerais revenir au poste
budgétaire 2, article 1, intitulé « traitements ».
Alors le ministre demande cette année $15,241,700 par rapport à
$13,152,500 qui avaient été demandés l'année
dernière.
Mais le poste budgétaire est intitulé: Service d'entretien
et de construction de routes. Alors combien, dans le montant de $15,241,700,
est imputable à la construction par rapport au montant qui est imputable
au service d'entretien?
M. LAFONTAINE: Disons pour commencer que l'augmentation du montant de
$13 millions à $15 millions, est imputable à deux causes;
premièrement l'augmentation de 2,022 à 2,199 employés et,
deuxième cause, augmentation des traitements.
Maintenant, la répartition c'est parce qu'ici nous l'avons
en général nous tenons compte après l'article 6, de
la page 205, moins: imputations « less: Charges ». Le total de tous
les traitements s'établit à $20,199,500 moins les imputations.
Alors, pour l'administration il y a $6,297,300, l'entretien des routes,
$690,200, l'entretien des constructions de ponts, $423,700, ensuite sur le
poste budgétaire 7, 1, pour la construction, $11,634,000, constructions
de ponts, $509,000, la Transcanadienne, $645,000, pour un total de
$20,199,500.
M. PINARD: Dans les traitements qui sont payés au personnel
placé à l'équipe de construction de routes, il s'agit de
quels travaux? Quelle est la nature des travaux exécutés par le
personnel qui est payé?
M. LAFONTAINE: Cela atteint $11,634,000.
M. PINARD: Ces salaires-là sont payés à du
personnel, à des hommes qui travaillent avec des équipes de
construction.
M. LAFONTAINE: Non, ce sont pour les fonctionnaires, pour les
traitements des fonctionnaires.
M. LACROIX: Ce sont seulement les employés qui sont au
ministère, ce ne sont pas les employés qui travaillent dans les
comtés?
M. LAFONTAINE: Ce sont tous les fonctionnaires, cela comprend les
divisionnaires, cela comprend les commis.
M. LACROIX: Ce sont les fonctionnaires permanents.
M. LAFONTAINE: Un fonctionnaire est toujours permanent.
M. PINARD. Il s'agit du personnel administratif réparti dans
toute la province?
M. LAFONTAINE: Oui, ici à Québec et partout, tout ce qui
regarde le ministère de la Voirie.
M. PINARD: Les employés régis par la Fonction
publique.
M. LACROIX: C'est la différence entre traitements et salaires. Le
contrat de travail qui est intervenu pour tous les fonctionnaires, est-ce qu'il
échoit cette année?
M. LAFONTAINE: II échoit, je pense, en 1971.
M. LACROIX: Cela n'est pas sûr. Il y en a en 1966 qui disaient
qu'ils seraient encore là et ils ne le sont pas.
M. LAFONTAINE: Etiez-vous de ceux-là?
M. LACROIX: On va dire que le député de Champlain, comme
le député de Charlevoix vous le rappelait tantôt. Il y a
des petites nouvelles pour vous autres.
M. LE PRESIDENT: Frais de bureau et autres dépenses,
adopté. Matériel, articles de bureau, impressions et abonnements,
adopté?
M. LOUBIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3, sous-article 1: Traitements,
adopté.
M. LACROIX: Au service d'entretien, à l'article 1, on
réduit le personnel parce qu'il y a moins de travaux?
M. LAFONTAINE: Non, c'est à cause de l'intégration des
ponts au ministère de la Voirie, il y a eu du personnel qui a
été affecté à d'autres...
M. LACROIX: Polyvalent.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté? Article 2: Frais de bureau et
autres dépenses.
M. LOUBIER: Aucun problème.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Matériel, articles de bureau,
impressions, abonnements, adopté.
M. LACROIX: On a diminué l'autre de $5,000 et on augmente
celui-là de $5,000.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, article 4: Service de la
route transcanadienne; 1, traitements.
M. PINARD: Ces traitements-là sont payés à quelle
catégorie de fonctionnaires ou d'employés?
M. LAFONTAINE: C'est le groupe de construction qui s'occupe de la
transcanadienne.
M. PINARD: Ce sont des ingénieurs.
M. LAFONTAINE: Ce sont des équipes mobiles qui suivent la
Transcanadienne, comme d'ailleurs le député de Drummond va s'en
rendre compte qu'il y a le même nombre d'employés, 85-85, et il y
augmentation de traitements.
M.LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2: Frais de bureau, autres dépenses,
adopté. Matériel, articles de bureau, impressions, abonnements,
adopté.
Article 5, sous-article 1.
M. MAILLOUX: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Oui. Service des expropriations, sous-article 1.
M. MAILLOUX: Je voudrais d'abord savoir du ministre quel est
actuellement le taux d'intérêt payé par le gouvernement
M. LAFONTAINE: C'est 5%.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre ne considère pas que devant
les taux aujourd'hui...
M. LAFONTAINE: C'est le taux légal. Cela dépasse la
volonté du ministre de la Voirie.
M. LOUBIER: Le code civil.
M. LAFONTAINE: C'est le code civil qui dit qu'on doit payer 5%.
M. LOUBIER: Comme cela, ils sont payés plus vite.
M. MAILLOUX: Je ne m'adresse pas à mon collègue de
Bellechasse.
M. LAFONTAINE: Non, mais c'est exact.
M. MAILLOUX: Si le code civil prévoit cela, ne pourrait-il pas
être modifié de telle sorte que les gens, disons, qui subissent
une expropriation...
M. LAFONTAINE: Disons qu'à ce moment-là, c'est encore ce
que je disais tout à l'heure, on ne peut pas critiquer une loi sans en
deman- der le rappel. Le code civil n'est pas sous la tutelle du ministre de la
Voirie.
Le problème que le député soulève est
présentement à l'étude.
M. LOUBIER: Voyez-vous, on étudie!
M. MAILLOUX: II demeure quand même un fait: C'est qu'actuellement,
devant des taux de 9% et 91/4%, il n'est pas réaliste de verser aux
expropriés, souvent dans des règlements qui retardent parfois des
années...
M. LAFONTAINE: Je comprends. M. MAILLOUX: ... un taux de 5%.
M. LAFONTAINE: Je comprends l'idée du député de
Charlevoix, mais le ministre de la Voirie est obligé de payer 5%, qui
est le taux légal. Je dois lui dire ce que je lui disais tout à
l'heure, que le problème est à l'étude. Si jamais une
législation était apportée, il me ferait plaisir de voir
le député de Charlevoix voter en faveur de la
législation.
M. MAILLOUX: Une question supplémentaire. Est-ce que, dans tous
les cas d'expropriation, qu'elle se fasse dans un court délai ou qu'elle
retarde dans son règlement pour des questions que je voudrais pas
expliciter, est-ce que, dans tous les cas, le gouvernement paie toujours
l'intérêt à compter de la date où il prend
possession d'un terrain ou d'une bâtisse? A compter du moment où
il s'en empare? Dans tous les cas?
Je pose cette question pour la raison suivante: Nous avons souvent des
plaintes à l'effet qu'à une personne qui n'est pas tellement au
courant de la loi on ne verse pas d'intérêt, alors qu'à
d'autres...
M. LAFONTAINE: Nous payons toujours de l'intérêt à
partir du moment de la prise de possession physique de l'immeuble.
M. MAILLOUX: Antérieure au dépôt...?
M. LAFONTAINE: Non. Lorsque nous prenons possession physique de
l'immeuble, nous payons de l'intérêt à partir de ce
moment-là. Si la prise de possession physique de l'immeuble est
antérieure au dépôt légal, nous payons
antérieurement au dépôt légal, parce que cela peut
arriver, dans certains cas. Mais si la prise de possession vient après
le dépôt légal...
M, LACROIX: Est-ce que le ministre a fait
une recommandation au conseil des ministres pour modifier l'article 1056
c du code civil de façon que le taux d'intérêt soit
augmenté?
M. LAFONTAINE: J'aimerais bien répondre au député
des Iles-de-la-Madeleine, mais il doit savoir que je suis lié par le
secret professionnel. J'ai fait...
UNE VOIX: Serment.
M. LAFONTAINE: ... serment. Je pense bien que ce n'est pas le
député des Iles-de-la-Madeleine qui me reprochera de respecter
mon serment.
M. LACROIX: Je pensais que c'est parce que vous ne connaissiez pas
l'article 1056 c du code civil. Peut-être que le député de
Bellechasse ne le connaît pas lui non plus!
M. HOUDE: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
m'expliquer, brièvement, quelle est la procédure lorsque le
ministère exproprie un pâté de maison? Comment fait-on
après pour se défaire de ces maisons-là? Je fais allusion
au boulevard Leblanc, prolongement pour la construction du pont Papineau.
M. LAFONTAINE: Nous exposons les plans faits par les
arpenteurs-géomètres avec une description technique. Les gens
sont informés que le ministère doit prendre possession le ou vers
telle date. Nous donnons, normalement, amplement de temps aux gens pour se
reloger à l'extérieur. Lorsque vient le temps de la
démolition, le service des expropriations procède, soit au
déménagement des maisons ou à la revente des maisons par
soumissions pour achat de maisons ou pour la démolition de maisons de
sorte que le terrain soit déblayé à temps lorsque nous
venons pour faire les travaux.
M. HOUDE: Mais dans le cas spécifique du prolongement du futur
pont Papineau, une fois que le ministère...
M. LAFONTAINE: Oui.
M. HOUDE: ... a acheté des maisons, est-ce qu'il y a eu des
soumissions publiques pour revendre ces maisons-là?
M. LAFONTAINE: Oui, cela a été fait.
M. LACROIX: Est-ce que le gouvernement a l'intention de mettre à
profit les recommandations du rapport Alary qui recommandait la re- fonte de
toutes les lois qui régissent l'expropriation?
M. LAFONTAINE: Disons qu'il y a eu cet après-midi une question
posée en Chambre par le député de Drummond. Je pense bien
que le premier ministre a répondu qu'en temps et lieu il donnera
l'information en Chambre.
M. LACROIX: Mais ce rapport...
M. LAFONTAINE: II ne faut pas oublier aussi que le rapport Alary est un
rapport qui a été présenté au conseil des ministres
et non pas au ministre de la Voirie.
M. LACROIX: Je comprends, mais il reste que le ministère de la
Voirie est fort intéressé dans les lois qui concernent
l'expropriation...
M. LAFONTAINE: D'ailleurs comme le ministère des Travaux publics
et comme les 332 corporations ou corps publics qui ont des droits
d'expropriation dans la province de Québec. Les décisions...
M. LACROIX: Le rapport Alary a tout de même été
déposé il y a déjà deux ans.
M. LAFONTAINE: Oui, il a été déposé et il a
été remis. C'était, à ce moment-là, un
rapport préliminaire. Il a été remis au conseil des
ministres et non pas au ministre de la Voirie.
M. LACROIX: De toute façon le système d'expropriation...
tous ceux qui sont soumis à ces lois sont loin d'en être
satisfaits parce qu'il y a des délais très considérables
et...
M. LAFONTAINE : Disons, pour dérider le député des
Iles-de-la-Madeleine, lorsqu'en 1966 j'ai été assermenté
comme ministre, j'ai reçu une lettre d'un contribuable qui avait
été exproprié avant 1960. Il avait écrit en 1960 au
ministre du temps, le député de Drummond, une lettre ainsi
rédigée: « Monsieur le Ministre. Enfin un gouvernement
honnête qui va s'occuper de nos affaires ». Mais, en 1966, il
m'écrivait aussi et me disait: « Enfin un gouvernement
honnête qui va s'occuper de mes affaires ». Alors pendant six
ans...
M. LACROIX: Je suis certain qu'il n'est pas encore
réglé.
M. LAFONTAINE: Oui, il est réglé celui-là.
M. LACROIX: C'est le seul.
M. LOUBIER. Il n'est pas satisfait, mais il est réglé.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouville.
M. HAMEL: Nous avons une région de voirie à laquelle
j'appartiens. Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité qu'il y ait
continuellement un attaché du service des expropriations? Je vais vous
dire pourquoi. C'est que chez nous, nous avons eu, dans le comté et dans
les comtés de Chambly et de Verchères des plaintes de la fameuse
autoroute des Cantons de l'Est où des expropriations avaient
été faites en 1962. Le gouvernement est arrivé là
et il s'est emparé des plus belles terres de la province.
M. GRENIER: Ah, Seigneur!
M. HAMEL: Comparativement à Frontenac, oui monsieur! Voyez-vous,
le gouvernement est arrivé là je ne fais pas de politique
indépendamment des gouvernements je dis que le
gouvernement est arrivé et il s'est emparé des terres. Les
propriétaires de ces terres, les plus belles de la province... en
1962.
Quand nous sommes arrivés au pouvoir en 1966, combien de cas
n'avaient pas été réglés? Les gens.. Pardon?
Très peu? Je vais vous donner les chiffres.
M. MAILLOUX: Ils ne le sont pas encore.
M. HAMEL: Je pense que les gens qui occupent de belles fermes depuis
très longtemps, si, du jour au lendemain elles sont sectionnées
en deux, il y a perte de rendement. Il serait d'Intérêt public.
Ces gens-là sont chez eux. Quand le gouvernement arrive et qu'il
s'empare des terres donnant comme raison que c'est pour le bien commun,
pour le bien général je pense que ce serait
d'intérêt public qu'on installe dans la région, à la
Voirie chez moi c'est Sainte-Hyacinthe un agent estimateur. Avant
de tracer des routes, qu'on envoie quelqu'un pour l'expropriation.
Comprenez-vous?
M. LAFONTAINE: M. le Président, je dois répondre au
député de Rouville que...
M. HAMEL: C'est bien amélioré maintenant!
M. LAFONTAINE: Disons que j'ai tenté de faire comme ministre de
la Voirie...
M. LACROIX: II a exploité ça « au coton ».
Il nous a promis...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Un de mes premiers soucis, à titre de ministre de
la Voirie, a été de tenter d'intégrer le service
d'expropriation au ministère de la Voirie, et cela pour une raison bien
simple. Lorsqu'un exproprié avait à se plaindre dans la province,
il se plaignait continuellement soit au sous-ministre de la Voirie, ou soit
à un député en particulier. Mais lorsqu'un
député recevait une plainte d'un de ses commettants ayant
été exproprié, le député faisait toujours
appel au ministre, auprès du service d'expropriation, ou auprès
du sous-ministre pour servir de contact avec le service d'expropriation. J'ai
eu la collaboration de M. Adam. Nous avons tenté de
décentraliser, nous avons essayé d'attacher à chacun des
districts des agents d'expopriation. Nous avons, dans certains cas,
nommé aussi certains agents expropriateurs auprès de certaines
divisions. Nous avons aussi nommé ce qu'on appelle des comités de
revision pour certaines régions pour des cas d'expropriation qui
pourrissaient sur les tablettes. Je ne dis pas que ce que nous avons fait a
réglé tous les problèmes dans la province de
Québec, mais j'ai l'impression que plusieurs problèmes qui
avaient été soulevés... Je donne un exemple; Disons que
dans un comté une personne avait été expropriée en
1958, je pense...
UNE VOIX: Quel comté?
M. LAFONTAINE: ... et cette personne demandait, je crois $1,700, et le
ministère offrait $1,500. La personne demandait en plus deux
barrières. Le ministère de la Voirie était prêt
à lui accorder deux barrières mais face à face; la
personne voulait les avoir de biais. Nous avons, avec un de ces comités
de revision, dans le comté, accepté les $1,700, et accordé
les deux barrières vis-a-vis. Le cas est présentement
réglé.
UNE VOIX: Formidable.
M. LAFONTAINE: Ce cas qui traînait depuis dix ans au
ministère de la Voirie avait coûté cher en tenue de
dossiers, en correspondance, en frais de voyages de fonctionnaires pour aller
revérifier à cause d'une nouvelle intervention soit d'un
député, soit d'un maire, soit à cause d'une lettre qu'ils
avaient reçue. Je crois bien que nous avons fait oeuvre de pionnier dans
cette sphère. Nous avons tenté
d'améliorer les structures qui existaient, et Je dois prolonger
ce travail à l'avenir.
Nous avons demandé au conseil de la trésorerie d'affecter
certaines sommes à la Direction générale de la recherche
afin de permettre un contrôle quasi quotidien de l'expropriation. Je
pense bien qu'à ce moment-là cela rejoint non seulement les dires
du député de Rouville mais aussi la pensée de tous les
députés de l'Opposition.
Je pense que le problème qui survient en expropriation, ce n'est
pas un problème, disons et je n'ai pas l'intention de le
politiser de politique, c'est un problème humain. J'ai toujours
considéré et je pense bien que l'ancien ministre de la Voirie va
me suivre sur ce terrain-là, qu'il est pratiquement, malgré que
le bien commun commande parfois quand nous voyons des cas d'expropriation qui
ne sont pas réglés et qui traînent pendant dix, onze ou
douze ans. Même pendant deux ans, parce que je calcule qu'une
expropriation qui n'est pas réglée après six mois, cela
commence à faire pitié.
Je dis, à ce moment-là, que l'expropriation est immorale
et amorale.
M. HAMEL: Je parlais pour le futur parce que parmi les 150 cas qui
traînaient depuis 1962, depuis 1966, il y en a 146
réglés.
M. LOUBIER: Formidable! C'est formidable!
M. LAFONTAINE: Alors, je remercie le député de
Rouville.
M. PINARD: J'espère que le député admet que le
comité chargé de faire la révision des cas est là
pour travailler et pour les régler.
M. HAMEL: Oui, ça traînait depuis 1962, dans votre
temps.
M. PINARD: Oui, ils datent de 1962. C'est ce que le député
me dit...
M. HAMEL: Oui, c'est entendu.
M. PINARD: Les travaux de groupe ont été effectués
en 1962...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Le député de
Frontenac.
M. GRENIER: Pour illustrer, il y a une question qui est toujours
restée en suspens chez nous, c'est qu'à l'occasion de travaux qui
se sont faits, je me suis toujours posé la question: Qu'est-ce qu'il y a
de fondé ou qu'est-ce qui ne l'est pas?
Une terre était sectionnée et passait dans un pacage, par
exemple. Alors, la personne requérante s'est entendue. Une fois, lorsque
l'arrangement a été fait, elle aurait voulu avoir un ponceau pour
faire traverser ses vaches.
Alors l'officier du ministère est venu là et a dit que le
ministère n'était pas autorisé à construire des
ponceaux. Alors il a fait sa demande et il a eu ensuite un montant additionnel
pour construire un ponceau. On a bâti la route. Il n'a pas demandé
qu'on construise son ponceau, à ce moment-là. Une fois qu'il a eu
son montant, il disait dans la région qu'il avait eu un montant
insuffisant pour le tort qu'on lui avait fait. Mais on a découvert
à ce moment-là qu'on avait donné un montant additionnel
pour se construire un ponceau qu'il n'avait pas fait construire en
réalité. Est-ce que c'était dans la politique du
ministère d'agir comme ça?
M. LAFONTAINE: Voici, je pense que la ligne de pensée du
ministère...
Est-ce que le député veut continuer?
M. GRENIER: C'est parce qu'à ce moment-là, on lui a
répondu cela et on a fait revenir les gens du ministère pour
savoir ce qu'il y avait de fondé là-dedans. Parce qu'il disait
à des gens qui étaient de ses amis: Je suis bien content, si je
pouvais retirer encore un peu plus que cela, je serais content. Alors il est
allé voir l'ingénieur et puis là, il voulait retirer de
l'argent pour se construire un ponceau, les ingénieurs lui ont dit: Nous
te l'avons payé et nous ne te donnerons pas un cent de plus.
La il a essayé de nous faire entendre qu'il y avait de l'eau et
qu'il y avait une grosse montée d'eau le printemps et il aurait voulu
avoir un ponceau de cinq pieds pour être capable de faire passer ses
vaches, après avoir eu l'argent pour le construire et qu'il ne l'eut pas
fait. Alors, finalement, l'ingénieur lui a répondu: Nous t'avons
payé ton ponceau, il n'y a pas de grosse montée le printemps,
nous allons te mettre un ponceau de trois pieds et tes maudites vaches, tu les
passeras à genoux la-dedans.
Alors, nous nous sommes rendu compte que c'était un rouge.
M. LAFONTAINE. Il est dix heures.
UNE VOIX: Moins cinq.
M. MAILLOUX: Est-ce que le ministre peut répondre à
l'article 5: Service des expropriations?
M. PINARD: C'est une histoire du député de Frontenac.
M. GRENIER: L'histoire a été vécue chez nous, et
c'était un rouge de Saint-Sébastien, je peux le nommer. Alors,
son ponceau il ne l'a pas eu parce qu'il avait été payé
une fois, et ses vaches il les passe dans un ponceau de trois pieds, c'est
bas!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: II est dix heures moins cinq. Nous voulons monter en haut
avant dix heures.
M. LAFONTAINE: M. le Président, parce que nous voulions parler
d'expropriation, j'ai voulu être large d'esprit. La question des
expropriations allait au poste budgétaire 7, article 1. Ici, ce sont
seulement les traitements des fonctionnaires. Là, je l'ai permis ce
débat, mais nous allons recommencer.
M. MAILLOUX: Nous sommes d'accord, si nous pouvons recommencer à
parler d'expropriation plus tard.
M. LAFONTAINE: A ce moment-là, le poste budgétaire 7,
article 1.
M. MAILLOUX: Nous ne parlerons pas d'expropriation?
M. PINARD: Nous terminons à ce moment-là.
M. LAFONTAINE: D'accord.
M. PINARD: Relativement au paiement des indemnités, je pense que
nous avons raison de faire la discussion générale du service
d'expropriation à l'article 5, parce que nous avons affaire à la
procédure en vigueur et au travail du personnel.
M. LAFONTAINE: Je l'ai accepté. Pouvons-nous continuer?
M. MAILLOUX: M. le Président, ce que je voulais demander au
service d'expropriation, en ce qui concerne les travaux sur des routes
très secondaires je ne parle pas de routes
numérotées ou de grandes routes c'est que le
ministère n'a jamais voulu payer de droits d'expropriation pour les
terrains que le ministère occupe. Quand le ministère demande aux
municipalités d'avoir les droits de passage, s'il y a un blocage de la
part d'un individu, je pense que, à différentes occasions, il est
obligé de payer quand même. Mais cela crée quand même
une injustice pour ceux qui, bénévolement, ont donné une
largeur supplémentaire pour permettre au ministère de la Voirie
de construire un chemin. Est-ce que nous ne devrions pas, une fois pour toutes,
dire: II y a un prix minimal peut-être, mais que tout le monde soit sur
le même pied. Parce qu'on paye dans la ville de Montréal et pour
des routes secondaires et, quand nous arrivons dans le milieu extrêmement
rural...
M. LAFONTAINE: Pour répondre au député, je calcule
que le citoyen qui professe un bon civisme, qui est cultivateur, qui donne par
exemple cinq pieds de terrain tout le long de sa terre pour que le gouvernement
lui bâtisse un chemin, le pave afin de lui enlever de la
poussière, ce citoyen se doit de donner son terrain au gouvernement afin
que le gouvernement améliore et donne une valeur accrue à la
terre.
Maintenant, il y a des gens qui ne veulent pas coopérer, assez
souvent. Je me souviens, par exemple, dans un chemin, une région, un
député je ne le nommerai pas, mais c'est un
député fédéral tous les gens avaient
donné le droit de passage, personne n'a demandé un sou et le
monsieur en question a dit: Oh, ça va coûter cher pour passer chez
nous.
Alors, le Service des expropriations a déposé un plan pour
une somme de $16 et quelque chose si ma mémoire est fidèle
ou $12 et quelque chose, relativement à la valeur qu'on lui
enlevait: Nous allons déposer le plan et nous allons continuer les
travaux...
M. MAILLOUX: II y a un autre problème qui se pose, c'est
que...
M. LAFONTAINE: Cela, c'est un manque de civisme.
M. MAILLOUX: ... combien de fois, dans le milieu rural, vous arrivez sur
un trait carré alors que les terres qui ne sont pas tellement larges
arrivent évidemment sur un côté du chemin, on prend une
largeur de 200 pieds ou 300 pieds. Mais sur l'autre côté, la terre
est sur l'autre sens. On exige, évidemment, qu'un cultivateur, dans une
bonne terre arable, cède une largeur de 10 ou 15 pieds, souventes fois,
pour plus que des arpents de longueur, parfois un mille. Je pense qu'à
ce moment-là on exige un peu trop des gens qui, quand même ont
payé ces fonds de terre-là.
M. LAFONTAINE: Non, si c'est l'avis du député, je le
respecte mais ce n'est le mien.
M. LACROIX: Cela arrive assez souvent que le ministère
achète et paie. C'est assez rare...
M. LAFONTAINE: Oui, oui.
M. LACROIX: ... que les gens consentent tous à donner...
M. LAFONTAINE: Lorsque nous arrivons, M. le Président, dans un
tracé de chemin où, par exemple, le propriétaire terrien
nous donne une largeur de cinq pieds et qu'il n'y a aucun bâtiment, nous
acceptons les cinq pieds de terrain qui nous sont donnés. Mais lorsque
nous avons affaire à une maison et que nous sommes obligés de
déplacer l'édifice, la maison ou la grange ou encore
rebâtir, c'est évident que nous payons pour les dommages
réels. Je pense bien qu'une personne qui donne son terrain pour la
construction d'une route qui va le sortir beaucoup mieux, dans le fond,
à ce moment-là, il est du devoir de la personne de nous donner le
terrain.
M. GRENIER: Je pense, M. le Président, à part ça,
que généralement pour les routes qui sont plus que secondaires,
il arrive souvent que ces routes relèvent du ministère de la
Colonisation et lui n'a pas autorité pour exproprier. Alors, les terres
sont toujours données...
M. MAILLOUX: Nous parlions des travaux du ministère de la Voirie
et non de la Colonisation.
UNE VOIX: Oui, oui. UNE VOIX: Adopté.
UNE VOIX: Le poste budgétaire 5, article 1, adopté?
M. LACROIX: Bien, il est passé dix heures, M. le
Président, nous aurons d'autres questions.
M. LOUBIER: Très bien.
M. LAFONTAINE: Maintenant est-ce que l'Opposition veut faire tout le
débat sur l'expropriation au poste budgétaire 5, article 1? Je
n'ai pas d'objection du tout à vider le problème.
M. PINARD: C'est-à-dire, en Chambre, cet après-midi, avant
de descendre en commission, j'ai soulevé le problème du rapport
Alary. Le premier ministre m'a répondu le ministre était
présent, il doit s'en souvenir qu'il serait possible de discuter
des principales recommandations contenues dans le rapport préliminaire.
S'il ne nous est pas possible de discuter des recommandations contenues dans le
rapport final, le premier ministre a même dit qu'il serait possible, pour
les fins de la discussion en commission, de déposer...
M. LAFONTAINE: J'ai entendu le premier ministre dire que mercredi, au
conseil des ministres, il était censé être question du
rapport Alary. Je n'ai pas compris que le premier ministre ait dit qu'il le
déposerait en Chambre.
M. PINARD: II faudrait vérifier au journal des Débats.
M. LAFONTAINE: Le premier ministre a répondu a ce
moment-là qu'il le déposerait en temps et lieu.
M. PINARD: Alors, reportons la discussion a demain. J'aurais des
remarques à faire sur l'administration et le service des
expropriations.
M. LAFONTAINE: Est-ce que nous pourrions continuer, parce que nous
sommes entrés dans certains détails, afin de terminer
complètement l'expropriation?
M. LE PRESIDENT: Alors, à demain.
(Fin de la séance; 22 h 2)