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Etude du projet de loi no 22 Loi modifiant la Loi des
travaux publics
(Dix heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs!
Puisque nous avons quorum, nous allons commencer immédiatement
les travaux de la commission élue permanente des transports, des travaux
publics et de l'approvisionnement. Nous allons faire l'étude,
après la deuxième lecture, article par article, du projet de loi
no 22, loi modifiant la Loi des travaux publics.
Sont membres de la commission: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace M. Caron (Verdun), M. Gratton (Gatineau), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Guay (Taschereau), M. Lefebvre (Viau), M.
Lessard (Saguenay), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord), Mme
Ouellette (Hull) ministre des Travaux publics, M. Perron (Duplessis), M.
Rancourt (Saint-François), M. Dubois (Huntingdon) remplace M. Russell
(Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt (Orford).
Nous devons d'abord nommer un rapporteur, est-ce que quelqu'un veut
proposer un membre de la commission comme rapporteur de la commission?
M. Michaud: Je proposerais M. Ouellette, député de
Beauce-Nord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission est
d'accord pour cette proposition?
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. Ouellette (Beauce-Nord)
devient rapporteur de la commission.
M. Ouellette: Merci.
Le Président (M. Dussault): Je vais, au départ,
laisser la parole à Mme le ministre des Travaux publics sur le projet de
loi et nous ferons ensuite l'étude du projet de loi, article par
article.
Exposé sommaire du ministre
des Travaux publics et de l'Approvisionnement
Mme Jocelyne Ouellette
Mme Ouellette: Je pense qu'on peut dire, M. le Président,
d'une façon générale, que l'abrogation des articles 8 et 9
fait tout simplement suite au passage de la Loi de l'administration
financière et à son application, tout particulièrement
à l'article 49 de cette loi. En effet, M. le Président, l'article
49 a prévu que le lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des
règlements touchant les contrats; alors cette loi, votée en 1970,
par l'As- semblée nationale, a été pilotée
si ma mémoire est fidèle par M. Raymond Garneau. Or, les
articles 8 et 9 sont devenus, à toutes fins pratiques,
inopérants, compte tenu du rôle exercé par le
lieutenant-gouverneur et le Conseil du trésor sur les matières
contractuelles.
On sait que depuis 1971, divers règlements concernant ces
matières ont été passés. On peut en fait affirmer
qu'il s'agit d'un oubli et que le gouvernement précédent avait
mis en branle les mécanismes législatifs pour corriger cette
anomalie et qu'il n'a pas eu de temps, en raison des événements
que l'on connaît, pour finaliser cette opération. Le Conseil du
trésor du temps avait fait la demande au lieutenant-gouverneur de
procéder à l'abrogation des articles 8 et 9 à sa
séance du 29 octobre 1975. Les préoccupations des membres de
l'Opposition lors du dépôt en deuxième lecture du projet de
loi 22, c'est évident que, sur les dépenses publiques, je les
partage tout à fait. Cependant, je me permets de leur indiquer que tel
n'était pas l'objet de la présente loi car, vous le savez, M. le
Président, le contrôle de l'Assemblée nationale et des
élus sur les deniers publics et les dépenses publiques s'effectue
d'une manière très schématique et de la façon
suivante que je me permets de décrire très brièvement.
1er) l'Assemblée nationale vote, de fait, les crédits, et les
affecte selon les divers programmes. 2e) Par le biais de la commission des
engagements financiers, elle effectue un suivi dans les cas qui
représentent un certain intérêt de cette opération.
3e) Le législateur a prévu qu'au moment d'effectuer toute
dépense, le contrôleur doit confirmer qu'il existe un
crédit tel que voté par l'Assemblée nationale. Le
Vérificateur général a justement pour mandat d'agir au nom
de l'Assemblée nationale pour s'assurer que les dépenses se sont
effectuées correctement. Enfin, le Conseil du trésor et le
lieutenant-gouverneur en conseil, selon leur juridiction respective, exercent
eux aussi un contrôle sur les dépenses et ne peuvent agir que dans
le cadre voté par l'Assemblée nationale.
Vous voyez qu'il ne s'agit pas du tout de cette question dans le
présent projet relaté par les membres de l'Opposition lors du
dépôt en deuxième lecture, bien au contraire. Le niveau et
le rythme des dépenses n'est pas du tout affecté par cet article,
d'autant plus que ces matières sont déjà visées par
les actions du lieutenant-gouverneur et sur recommandation
générale du Conseil du trésor.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
Remarques de l'Opposition M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, je remercie le ministre
d'avoir précisé quelque peu sa pensée. On aurait
souhaité qu'elle le fasse au moment de son discours en réplique
aux discours des députés, en deuxième lecture.
L'Opposition s'est effectivement
demandée s'il y avait d'autres dispositions législatives
que les articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics qui assureraient aux
députés, à l'Assemblée nationale comme telle, le
contrôle sur les dépenses des deniers publics dans le domaine des
travaux publics. C'est là que l'on retrouve l'essence même de
l'opposition du Parti libéral, en particulier, et je pense qu'elle est
partagée par l'Union Nationale. Quand on parle des contrôles
et le ministre vient de faire état d'un certain nombre de
processus qui sont à la disposition des députés pour
assurer ce contrôle et qu'on les examine un à un, on se
rend compte que ce ne sont pas nécessairement les députés,
l'Assemblée nationale dans son ensemble, mais bien des façons
indirectes... Bien entendu, les députés peuvent intervenir, mais
le contrôle n'est pas aussi absolu que lorsque qu'il y a obligation de
procéder par soumission publique pour des travaux de plus de $25 000.
Ils doivent être soumis par le mode de l'amendement à une loi
à l'Assemblée nationale. Donc, la possibilité que la
population soit mieux informée existe encore plus.
Si on reprend les arguments qu'a invoqués le ministre, par
exemple, le vote des crédits en commission parlementaire, on sait fort
bien qu'à ce moment-là il s'agit de discussions plutôt
globales de l'ensemble des crédits d'un ministère donné.
Le comité dont je fais partie avec d'autres députés, y
compris des députés ministériels, sur la réforme
parlementaire, nous indiquent d'ailleurs qu'il y a lieu d'améliorer
notre façon d'étudier les crédits. Mais le fait demeure
qu'au moment de l'étude des crédits, cela arrive d'abord une fois
par année, on est effectivement placé devant un ensemble de
crédits que l'Assemblée nationale doit voter et on n'est pas
nécessairement exposé à discuter des modalités, des
critères à partir desquels le ministère des Travaux
publics, ou tout autre ministère, peut accorder des contrats, faire des
achats et ainsi de suite. Le seul fait de devoir se limiter à une
intervention par année, c'est-à-dire au moment de la discussion
du budget et du vote des crédits en commission parlementaire, à
mon avis, ne constitue pas un contrôle suffisant. Il est bien entendu que
chaque engagement financier vient devant la commission des engagements
financiers, mais il faut bien se rendre compte que cela vient après le
fait. L'engagement est déjà fait, la dépense, à
l'occasion, est même déjà consommée. Finalement, ce
n'est pas nécessairement l'endroit où on peut, en tant que
député, être informé des procédures
administratives du ministère. On est bien plus informé des
résultats de ces procédures. Le contrôleur, qui doit
confirmer qu'il existe des crédits, n'est pas le député,
c'est le contrôleur. On peut toujours l'interroger en commission
parlementaire, mais il me semble que ce n'est sûrement pas le même
genre d'exercice que nous faisons au moment où, comme aujourd'hui, nous
sommes appelés à modifier les règles du jeu dans
l'adjudication des contrats. On est devant une commission parlementaire qui
s'adresse spécifiquement à une intention du gouvernement qui est
de changer les règles du jeu.
Je suis loin de prêter des intentions au gouvernement actuel
à ce propos. Le ministre l'a d'ailleurs dit en deuxième lecture
et l'a répété ce matin: II s'agit d'un projet de loi qui
est essentiellement le même que celui que le gouvernement
antérieur avait présenté. J'ai d'ailleurs
déjà expliqué dans mon intervention de deuxième
lecture que le gouvernement précédent avait effectivement
présenté exactement le même projet de loi. J'avais fait
valoir que la deputation ministérielle du moment était largement
divisée sur la question et même plusieurs membres du cabinet, qui
ne le sont plus maintenant, bien entendu, m'ont avoué ne pas avoir
trouvé tous les arguments valables pour faire accepter cela, sauf les
motifs de solidarité ministérielle.
Je dirai simplement au ministre que si l'ancien gouvernement
était en train de commettre une bévue, ce n'est sûrement
pas une justification suffisante pour que le gouvernement actuel, qui est quand
même très conscient de l'image qu'il a d'un gouvernement
transparent, ouvert et tout cela, il me semble que le gouvernement ne devrait
pas s'embarquer dans le genre d'erreurs que l'ancien gouvernement
s'apprêtait à commettre.
Je dirai, à la décharge de l'ancien gouvernement que, tout
au moins, on n'a pas dépassé le dépôt du projet de
loi en première lecture. Ce sont sûrement, en partie, les
événements qu'on connaît qui ont empêché le
projet de suivre le cours normal des choses, mais le fait demeure qu'on ne l'a
pas voté et, en tant que député libéral, j'en suis
fort aise.
Le ministre a mentionné le travail du Vérificateur
général. Dans son rapport sur l'exercice, je pense que
c'était de 1973 ou de 1974, le rapport du Vérificateur
général fait allusion aux difficultés administratives et
aux accrocs qu'on fait aux articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics. Il
s'agit, en fait, du rapport pour l'année financière
terminée le 31 mars 1974. Il fait allusion aux difficultés
administratives et fait même la recommandation d'amender les articles 8
et 9 de la Loi des travaux publics. Ce qu'il est important de souligner, c'est
que le Vérificateur général ne s'est pas avisé de
recommander au gouvernement d'abroger les articles en question et de les
remplacer par des règlements, mais bien d'amender la loi. J'imagine que
c'était, à ce moment-là, par souci de ce contrôle
qu'on désire que l'Assemblée nationale garde sur la
dépense des deniers publics. Enfin, quant au Conseil du trésor et
au lieutenant-gouverneur en conseil qui ont effectivement des
prérogatives, des droits, par le biais de l'article 49 de la Loi sur
l'administration financière, j'en conviens. Encore là, je ne
prête d'intention ni au Conseil du trésor actuel ni au Cabinet des
ministres, mais le ministre devra admettre qu'il s'agit là d'organismes
ou de structures qui ne relèvent pas de l'Assemblée nationale
comme telle, qui sont des instruments du parti au pouvoir et qui exposent le
parti au pouvoir et le gouvernement actuel à toutes sortes
d'interprétations sur ses intentions. il me semble que ce qu'il y a de
fondamental dans tout cela, c'est que, d'abord, à moins que je
ne me trompe et le ministre pourra me corriger si je me trompe
il n'existe pas d'autres dispositions législatives nulle part,
dans aucune loi, sauf aux articles 8 et plus précisément à
l'article 8 des travaux publics, qui créent l'obligation de
procéder par soumissions publiques pour des contrats de plus de $25 000,
dans des cas qui ne sont pas urgents, etc. Si l'article 8 fait ces distinctions
pour les travaux qui sont estimés à moins de $25 000 ou pour les
travaux d'urgence ou même pour les travaux qu'on considère qu'il
est préférable d'exécuter en régie, c'est justement
pour tâcher de ne pas imposer un carcan administratif trop lourd au
ministre.
J'aimerais interroger le ministre ce matin on pourra passer
à cela après les remarques des autres députés de
l'Opposition, à l'article 1 sur les difficultés
administratives qui sont rencontrées. A ma connaissance, il s'agit
surtout de difficultés qu'on rencontre lors de travaux qu'on a à
exécuter dans des édifices loués par le gouvernement. Si
le ministre me donnait des exemples d'autres sortes de travaux qui
présentent les mêmes difficultés administratives, je
pourrais peut-être accepter un peu plus facilement qu'on procède
strictement par réglementation plutôt que par législation,
tel que c'est le cas présentement dans l'article 8. Mais s'il ne s'agit
que d'une question qui concerne les travaux dans des édifices
loués, plutôt que d'abroger l'article 8, je suggérerais
plutôt qu'on l'amende pour faire exception des travaux
exécutés dans des édifices loués. De cette
façon, on ne soustrairait pas de l'attention et du contrôle des
députés de l'Assemblée nationale, de quelque parti que ce
soit, les mécanismes, les critères à partir desquels les
contrats sont adjugés par le gouvernement.
On pourra sûrement, sous forme de questions et réponses au
ministre, obtenir ces clarifications. Quant à nous, nous entreprenons
l'étude du projet de loi avec la plus grande ouverture d'esprit. Je
pense que, bien que le ministre ait interprété certaines de nos
interventions en deuxième lecture comme un faux débat, pour nous,
c'est important, c'est fondamental que les députés de
l'Assemblée nationale, l'Assemblée nationale dans son ensemble
conserve le contrôle sur l'adjudication des contrats, pas dans les cas
spécifiques, mais sur les règles qui régissent
l'adjudication de ces contrats. Si le ministre peut nous convaincre qu'il y a
d'autres difficultés administratives qui empêchent le
ministère d'agir en respectant les articles 8 et 9, peut-être nous
rendrons-nous à cette évidence.
Mais l'argumentation selon laquelle des règlements adoptés
par le Conseil des ministres, en vertu de l'article 49 de la Loi de
l'administration financière, sont suffisants, sont aussi garants du
contrôle de l'Assemblée nationale sur les dépenses des
deniers publics qu'un article d'une loi qui doit nécessairement
être amendée... J'espère que le député de
Charlevoix pourra venir, un peu plus tard, nous dire ce qu'il a dit en
deuxième lecture, de quelle façon il s'y prenait pour amender les
règlements AF-1 et AF-2 adoptés en vertu de l'article 49. On sait
qu'il les a fait amender à plusieurs occasions, et que les raisons,
comme il le disait lui- même, sont toujours très valables pour en
arriver à changer les règles du jeu. Lorsque c'est seulement le
cabinet des ministres qui le fait, c'est soustrait à l'attention des
députés. Là-dessus, M. le Président, on
procédera, quant à nous, à partir de questions au moment
où l'article 1 sera appelé.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Est-ce que
le représentant de l'Union Nationale veut intervenir?
M. Claude Dubois
M. Dubois: S'il vous plaît, oui. Merci, M. le
Président. Mme le ministre, nous, de l'Union Nationale, voulons nous
assurer premièrement que les membres de l'Assemblée et leurs
droits seront respectés. C'est notre première
préoccupation. On remarque, dans la Loi de l'administration
financière, à l'article 49, on dit que le lieutenant-gouverneur
en conseil peut faire des règlements touchant les conditions des
contrats. Alors, quelle loi domine? Est-ce l'article 49 ou les articles 8 et 9?
Parce que c'est contradictoire à ce moment-là. La loi 49 ouvre la
porte à toutes sortes de règlements qui pourraient être
faits par le lieutenant-gouverneur en conseil et le Conseil des ministres. Je
voudrais savoir sur laquelle des deux lois, soit celle de l'administration
financière, à l'article 49, ou aux articles 8 et 9?
Mme Ouellette: Je peux répondre tout de suite. C'est que
le gouvernement a fait des règlements, et ce qui arrive c'est que, entre
les règlements et l'article 8 de la loi, il y a un manque de
concordance. On se marche sur les pieds inutilement. C'est la raison pour
laquelle, entre autres, dans le temps, le Conseil du trésor avait
demandé d'abroger les deux articles 8 et 9.
M. Dubois: Mais aux articles 8 et 9, vous devez passer devant
l'Assemblée nationale pour effectuer des changements?
Mme Ouellette: Je pense qu'à ce stade-ci il est important
de souligner on y a fait allusion tantôt très sommairement
le Vérificateur général est quand même
nommé par l'Assemblée nationale. Il a donc non seulement le
devoir mais l'obligation de remettre un rapport par le ministre des Finances
qui dépose son rapport financier, l'évaluation des
dépenses à la fin de l'année financière ou au 31
décembre ou, si l'Assemblée nationale ne siège pas
à ce moment-là, dans les quinze jours suivant l'ouverture de la
séance. Il y a également je pourrais peut-être en
même temps me permettre de répondre au député de
Gatineau il y a également le Vérificateur
général, le contrôleur des finances, le Conseil du
trésor. Quand, tantôt, le député de Gatineau disait:
Oui, mais comment, nous... Je peux peut-être partager les craintes du
député de Gatineau, sauf que je pense que ce n'est pas ici,
à cette commission, c'est à une autre commission, celle des
engagements financiers, qu'on devra, quand on parle de l'administration
financière, discuter de la question. Vous avez peut-être raison,
mais ce n'est pas ici, c'est dans une
autre salle, à une autre commission parlementaire, qu'il y aurait
lieu de discuter de ces possibles amendements à la Loi de
l'administration financière.
M. Gratton: M. le Président, me permettriez-vous...
M. Dubois: J'avais une autre question.
M. Gratton: Sur une question de règlement, j'aimerais...
J'avais l'impression qu'on procédait d'abord aux commentaires d'ordre
général pour ensuite passer à la période de
questions. Si on est engagé dans la période de questions, on va y
aller.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, c'est que
depuis le début je constate que les échanges se sont
particulièrement faits sur l'article 1. A toutes fins pratiques, nous
sommes en train de discuter de l'article 1. J'aimerais quand même
laisser, puisque chacun a eu le droit de le faire, le député de
Huntingdon terminer son intervention, quitte même à ce que Mme le
ministre réponde à ses questions et en venir le plus vite
possible à l'article 1 puisque c'est vraiment là-dessus qu'on
tient à parler.
M. Dubois: Comme autre remarque, Mme le ministre, en abrogeant
les articles 8 et 9, c'est l'article 49 de la Loi de l'administration
financière qui donne des pouvoirs au lieutenant-gouverneur. A ce
moment-là, le maximum de $25 000 peut tomber n'importe quand sans aller
devant l'Assemblée nationale. Cela pourrait être $100 000, $200
000... A ce moment-là, si l'Assemblée nationale n'a plus rien
à dire au niveau du maximum pour une soumission, cela peut être
$100 000, $500 000, sans que vous alliez devant l'Assemblée nationale.
Je pense que nos préoccupations se situent...
Mme Ouellette: Je pense que vous pouvez débattre les
règlements, mais je signalerai également que les
règlements du lieutenant-gouverneur sont quand même publiés
dans la Gazette officielle.
M. Dubois: Je suis d'accord, mais vous n'avez pas besoin d'aller
devant l'Assemblée nationale pour faire amender, de $25 000 à
$100 000 ou $200 000, par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Mme Ouellette: C'est la Loi de l'administration
financière. C'est pour cette raison que, tantôt, je me permettais
également de raccrocher cela aux propos du député de
Gatineau qui disait: Oui, mais il y aurait peut-être lieu de... Je disais
que je n'étais pas en désaccord avec le principe qui était
soulevé, sauf qu'encore une fois ce n'est pas ici que cela doit
être discuté; c'est dans une autre commission parlementaire, dans
une autre salle.
M. Dubois: C'est l'article 49 de la Loi de l'administration
financière qui devrait alors changer.
Mme Ouellette: Oui, mais ce n'est pas ici que cela doit
être discuté; c'est ça l'affaire.
M. Dubois: Je suis d'accord, mais il reste qu'il y a une
contradiction; les articles 8 et 9 nous obligeaient à aller devant
l'Assemblée nationale; en abrogeant ces articles, vous n'avez plus
besoin d'aller devant l'Assemblée nationale pour amender les $25 000 et
aller à $100 000 ou $200 000; alors, si on veut respecter les droits des
membres de l'Assemblée nationale, il faudrait retourner à
l'article 49 et amender cet article. On sait que ce n'est pas vous qui allez le
changer, mais il reste quand même que le problème se situe
là.
Mme Ouellette: En vertu de cet article 49, nous avons fait de la
recherche, parce qu'on se posait des questions et on voulait vraiment voir,
à partir justement des observations qui avaient été
soulevées lors du dépôt du projet de loi en deuxième
lecture. On s'est dit: Peut-être que les membres de l'Opposition
officielle ou les membres de l'Union Nationale ont raison; on va le regarder
à nouveau, on va vraiment y travailler, tel qu'il nous avait
été suggéré par le député de Gatineau
entre autres; on ne veut pas non plus se fourvoyer là-dessus, c'est
important.
On l'a regardé à nouveau et on s'est rendu compte,
après l'avoir fouillé encore, quant à la Loi de
l'administration financière, à l'article 49, un règlement
concernant les contrats du gouvernement, pour la location d'immeubles en
particulier, a été adopté par un arrêté en
conseil, no 2266-77, publié dans la Gazette officielle du 10 août
1977. L'article 5, entre autres, dudit arrêté en conseil, impose
le processus des soumissions. Mais dans l'état actuel des choses, je me
permettrai de vous dire que le ministre, comme tel, n'est pas tenu de garder ou
de retenir le plus bas soumissionnaire, ni aucun des soumissionnaires. C'est
là le problème.
M. Dubois: Je remarquais, lors du discours de l'ancien ministre
des Transports, M. Mailloux, qu'il devait venir devant l'Assemblée
nationale, il a discuté au niveau du pavage, du béton bitumineux
dont le prix augmentait de façon épouvantable. En 1974, je crois,
il est venu devant l'Assemblée nationale pour avoir le privilège
de transiger des contrats. En fait, c'était la teneur de son discours.
Il a présenté le sujet à l'Assemblée nationale,
sans nécessairement en faire un projet de loi. Il s'est
présenté devant les membres de l'Assemblée nationale et
leur a dit: Pour des raisons bien spécifiques, il serait important de
transiger directement au lieu de s'astreindre à la loi de $25 000.
Mme Ouellette: C'est un règlement.
M. Dubois: C'est un règlement, mais quand même il
l'a présenté à l'Assemblée nationale à ce
moment. Est-ce qu'on peut s'attendre à...
Mme Ouellette: Bien sûr, le gouvernement peut faire cela;
c'est la seule façon.
M. Dubois: Vous n'êtes pas obligé de le faire quand
même, d'accord, mais...
Mme Ouellette: Non. Une Voix:...
Mme Ouellette: C'est juste, ce règlement n'a pas
été adopté par l'Assemblée nationale, il a
été publié dans la Gazette officielle.
Etude article par article
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, je vais
appeler immédiatement l'article 1. De toute façon, on en parle
depuis quelques minutes, il faudra vraiment encadrer cette discussion pour en
venir à un vote. Je soumets donc l'article 1 à l'adoption.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Vous avez bien raison d'appeler l'article 1, parce
que toute la discussion qu'on a faite et que l'on fera ne portera que sur cet
article qui abroge les articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics. Quant aux
articles 2, 3 et 4, nous sommes prêts à les adopter, à
moins qu'on ne nous apporte des éléments d'information que nous
ne possédons pas; il s'agit strictement de cuisine par rapport à
une possibilité que le ministère puisse acquérir des
servitudes.
Mais, sur l'article 1, M. le Président, il me semble qu'on doit
reconnaître la différence fondamentale qu'il y a de créer
une obligation ou de définir des critères, à partir
desquels on accorde des contrats, la différence fondamentale qu'il y a
d'avoir cette obligation inscrite dans un règlement plutôt que
dans un texte de loi parce que, si on réfère à l'article
49 de la Loi de l'administration financière, à partir duquel on a
adopté les règlements AF-1, AF-2 et combien d'autres
règlements, quant à la location d'édifices, quant à
des contrats d'achats, contrats de services, etc., on se rend compte que,
finalement, la réglementation est un outil dont le contrôle ne
relève strictement que du cabinet des ministres. Un règlement
peut être adopté par le Conseil des ministres sans être, au
préalable, soumis à l'attention des députés. C'est
à partir de cela qu'on dit qu'il est bien évident que si on
abroge l'article 8 en particulier, on soustrait à l'attention des
députés le contrôle des dépenses de deniers publics
en matière de travaux publics. C'est à cela qu'on s'en
ressent.
Il serait peut-être utile, M. le Président, de lire
l'article 49 de la Loi de l'administration financière et je cite: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements touchant les
conditions des contrats faits au nom de sa Majesté et il peut
déterminer en quels cas ces contrats sont soumis à l'approbation,
soit du lieutenant-gouverneur en conseil, soit du Conseil du trésor". Le
fait à retenir c'est que le lieutenant-gouverneur peut, il ne doit pas,
et si, effectivement, on n'a pas créé l'obligation, pour le
lieutenant-gouverneur en conseil ou pour le conseil des ministres, de faire des
règlements, c'est justement parce que l'obligation de procéder
par soumissions publiques, dans les cas qui ne sont pas sujets aux exceptions
déjà prévues à l'article 8 de la Loi des travaux
publics, existait déjà à l'article 8 et à l'article
9 de la Loi des travaux publics. Mais, à partir du moment où, par
le projet de loi no 22, on abroge les articles 8 et 9 de la Loi des travaux
publics, il n'y a plus un seul endroit, dans un texte de loi, où on
décrit l'obligation de procéder par soumissions publiques.
Je ne m'interroge pas sur la façon que le gouvernement va
continuer à utiliser pour faire des achats, pour adjuger des contrats;
ce n'est pas aux montants que je m'en prends, c'est au fait que
présentement le gouvernement est obligé, par la loi des travaux
publics par l'article 8 de cette loi de procéder par
soumissions publiques, dans tous les cas où les travaux sont
estimés à plus de $25 000, où il n'y a pas une urgence qui
empêche les ministères d'aller en soumissions publiques et
où il n'est pas jugé qu'il serait moins onéreux, moins
coûteux et plus efficace de faire faire ces travaux par le personnel du
ministère plutôt que par l'entreprise. En fait, il y a trois
exceptions à la demande d'une soumission publique: le ministère
n'est pas obligé d'aller en soumissions publiques si les travaux sont
estimés à moins de $25 000, il n'est pas obligé d'aller en
soumissions publiques si c'est un cas patent d'urgence qui ne permet pas les
délais que l'on connaît pour aller en soumissions publiques et il
n'est pas obligé d'aller en soumissions publiques s'il est jugé,
par les fonctionnaires et par le ministre responsable, qu'on peut
exécuter ces mêmes travaux en régie selon le
termec'est-à-dire par le personnel et avec l'équipement du
ministère concerné.
Donc, l'obligation d'aller en soumissions publiques pour tous les autres
cas est inscrite à un seul endroit, dans un seul texte
législatif, c'est à l'article 8 de la Loi des travaux publics que
le projet de loi no 22, que nous étudions ce matin, nous demande
d'abroger. Le ministre nous dit: II n'y a pas de raison de s'en faire avec cela
parce qu'effectivement on a les règlements AF-1 et AF-2, qui ont
été adoptés en vertu de l'article 49 de la Loi de
l'administration financière lequel article on a cité
tantôt qui confèrent au lieutenant-gouverneur en conseil le
pouvoir de faire des règlements; il n'a pas le devoir d'en faire. Si on
avait voulu lui créer le devoir d'en faire on aurait dit: "doit faire
des règlements", mais on a dit "peut". Je présume que la raison
pour laquelle on a dit "peut" plutôt que de dire "doit" que, justement,
l'article 8 de la Loi des travaux publics a créé l'obligation
parce que l'article 8 dit: "doit procéder par soumissions publiques
"dans les cas qui ne sont pas soumis aux exceptions dont on a parlé
tantôt.
Il y a une différence fondamentale et je comprends fort bien
pourquoi le ministre... D'ailleurs ce n'est pas le ministre actuel qu'on doit
viser par nos propos et ce n'est même pas le ministre qui l'a
précédé, le député de Saguenay; ce n'est
pas, non plus, l'ancien député de Notre-
Dame de Grâce, M. Tetley, qui était ministre avant ces deux
derniers. En fin de compte, on sait qu'il y a des difficultés
administratives qu'ont fait valoir les fonctionnaires du ministère et
c'est ce à quoi on viendra tantôt, à savoir quelles sont
ces difficultés administratives, dans quels cas on s'impose un carcan en
gardant l'article 8; mais, fondementalement, la discussion qu'on fait ce matin,
porte, par exemple, sur le rôle du député dans tout cela.
Il s'agit de se rappeler, M. le Président, le mémoire que la
Chambre de commerce du Québec était venue présenter
je pense que c'était en 1974 ou en 1975 et qui portait
exclusivement sur les pouvoirs délégués,
c'est-à-dire les pouvoirs qui échappent à l'attention des
députés de quelque parti que ce soit à
l'Assemblée nationale parce qu'on le fait par législation
déléguée, par réglementation. Je pense bien qu'on
n'a pas besoin de faire de longs discours pour faire accepter, à
l'ensemble des membres de cette commission, qu'un règlement n'est pas
adopté de la même façon qu'une loi et qu'un amendement
à un règlement n'est pas discuté non plus de la même
façon qu'un amendement à une loi. Lorsque le ministre disait
tantôt que c'est à une autre commission qu'on doit faire cette
discussion, je m'excuse, c'est que le projet de loi no 22, qu'on étudie
ce matin, vient dire: On abroge l'article 8. A notre avis et je pense
qu'il faut le reconnaître à moins qu'on vienne me dire que
dans une autre loi il existe quelque chose de semblable à l'article 8,
et ce n'est sûrement pas à l'article 49 de la Loi sur
l'administration financière si cela n'existe pas ailleurs,
l'article 8 est la pierre angulaire du contrôle de l'Assemblée
nationale, du Parlement, sur les dépenses des deniers publics en
matière de travaux publics. A ce moment, la discussion qu'on fait ce
matin, si le projet de loi no 22 est adopté tel quel, c'est la
dernière fois qu'on va la faire. On pourra bien, aux engagements
financiers, devant le Vérificateur général je vois
des députés sourire, c'est peut-être ce que vous souhaitez,
qu'on n'en discute pas, mais on parle de principes qui m'apparaissent
fondamentaux on pourra bien faire ces discussions devant le ministre
vice-président du Conseil du trésor aux engagements financiers,
mais ce n'est pas lui qui va modifier les règlements, ce sera le conseil
des ministres et à quel moment sera-ce soumis à l'attention de
l'Assemblée nationale? Si, dans la réforme parlementaire, on
m'assurait que toute la réglementation va être soumise à
l'attention et surtout à la discussion des députés de
l'Assemblée nationale, je dirais: C'est peut-être une façon
d'assurer qu'on garde un contrôle à l'Assemblée nationale.
Mais ce n'est pas le cas présentement et avant que ce ne le soit, il me
semble qu'il faut s'interroger sur les arguments qui font qu'on veuille abroger
ce qui, je le répète, constitue la pierre angulaire du
contrôle du Parlement sur l'administration des fonds publics.
La Chambre de commerce faisait valoir que le gouvernement du
Québec et ce n'est pas le gouvernement actuel, c'était
l'ancien gouvernement évitait, trop souvent, de soumettre ses in-
tentions à l'Assemblée nationale et préférait
plutôt procéder par règlements parce que les
règlements sont adoptés par les membres du conseil des ministres
sans la présence des députés de l'Opposition, entre autres
je ne veux pas dire par là, Mme le ministre, que je souhaiterais
siéger au conseil des ministres avec vous, loin de là mais
je pense qu'il est important de réaliser qu'à partir du moment
où le projet de loi no 22 sera adopté, tel que proposé, ce
sera la dernière fois qu'on aura fait la discussion ouvertement, avec
des députés de tous les partis à l'Assemblée
nationale, sur la réglementation, sur les critères d'adjudication
des contrats.
J'en reviens, M. le Président, à la question de la
revalorisation du rôle du député. Si, encore une fois, on
s'en va dans la direction de limiter, le plus possible, les questions qu'on
soumet à l'attention des députés, à la seule
attention des ministres du Conseil du trésor, il me semble que cela va
diamétralement à l'opposé des principes qu'on a
évoqués pendant combien de temps et qu'on évoque toujours
sur le rôle du député et son rôle de
législateur.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, j'aimerais, en
particulier, que le ministre nous dise... J'ai fait allusion, en
deuxième lecture, au fait que, selon moi, la principale raison de
vouloir abroger l'article 8, mis à part le fait qu'on dise que c'est
inclus dans les règlements AF-1 et AF-2... Je pense que je n'ai pas
besoin de revenir sur la distinction que je fais entre un règlement et
une loi. Est-ce que les difficultés administratives on est
d'accord que le ministre n'ait pas à subir ces difficultés
administratives surviennent surtout des problèmes qu'on a au
moment où on veut exécuter des travaux dans les édifices
loués ou s'il y a d'autres cas que ceux-là?
Mme Ouellette: C'est le cas, par exemple, des travaux qui, sans
être nécessairement urgents, ne peuvent faire l'objet de plans et
devis précis décrivant la nature et la portée exacte des
travaux; je pense que ceci peut particulièrement se produire dans le cas
des vieux immeubles par exemple.
Pour revenir à votre deuxième question ou votre
première question, je pense que vous devriez demander un débat
sur la Loi de l'administration qui a quand même été
votée par l'Assemblée nationale. Je pense que ce n'est pas ici,
encore une fois je le répète, quand c'est publié dans la
Gazette officielle... On se rend compte également... Je veux ouvrir une
parenthèse. C'est que le législateur je l'avais
souligné également lors du dépôt en deuxième
lecture est allé beaucoup plus loin que les articles 8 et 9. Je
me dis, à ce stade-ci, que si, par exemple, on n'a pas confiance ou on
se pose des questions, vous avez tout à fait le droit et le
privilège de vous poser des questions sur le lieutenant-gouverneur en
conseil, ou sur le Conseil du trésor ou sur le Vérificateur
général, ou sur le contrôleur des finances... A ce
moment-là, je pense, encore une fois, que ce n'est pas ici qu'on doit
discuter de la question, c'est à une réunion où vous
pourriez demander des modifications de la
Loi de l'administration financière et, on verra. D'ici ce temps,
vous qui ne voulez pas qu'on s'enfarge inutilement dans les fleurs du tapis, je
pense qu'il est important de souligner encore que c'est susceptible d'arriver
si on garde l'article 8, dans le cas entre autres de la restauration des vieux
immeubles. Vous n'êtes pas sans savoir qu'on a l'intention de faire de la
restauration et, particulièrement, dans le cadre de l'aménagement
de la colline parlementaire.
C'est dans ce sens que nous autres on présentait et qu'on
souscrivait d'ailleurs à cette abrogation qui avait été,
comme vous l'avez souligné tantôt, proposée par l'ancien
gouvernement.
Le Président (M. Dussault): D'abord, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Mme le ministre, j'aimerais savoir si oui ou non la
Loi de l'administration financière régit la Loi des travaux
publics, en premier lieu. C'est cela.
Mme Ouellette: Ce qu'on me disait, c'est qu'en pratique, c'est
une des séquelles. C'est la raison pour laquelle il faut amender la
loi.
M. Dubois: II n'y a pas de quoi discuter sur les articles 8 et 9,
si c'est le règlement 49 qui régit les articles 8 et 9 qui sont
présentement là, et que vous voulez enlever.
Mme Ouellette: Voilà.
M. Dubois: A ce moment-là, il faudrait discuter avec le
ministre des Finances pour faire changer le règlement 49 qu'on n'aime
pas.
Mme Ouellette: C'est exactement cela qu'on essayait, en
deuxième lecture, de faire comprendre. Vous touchez le point; le bobo,
c'est cela, vous l'avez.
M. Dubois: Même si les articles 8 et 9 restent là,
cela ne vous empêche pas de travailler sur l'article 49 qui donne quand
même tous les droits au lieutenant-gouverneur en conseil.
Mme Ouellette: On s'enfarge inutilement, à ce
moment-là, dans les fleurs du tapis.
M. Dubois: Cela veut dire que c'est là pour rien, c'est
tout. C'est bien cela?
Mme Ouellette: C'est cela, dans le moment, c'est
inopérant.
M. Dubois: II reste quand même que le règlement 49
devrait être changé, parce qu'il laisse la porte ouverte à
tout.
Mme Ouellette: Vous pouvez avoir raison, à ce
moment-là, mais encore une fois, c'est la raison pour laquelle je le
répète pour la quatrième fois, ce n'est pas ici qu'on doit
débattre la question, c'est ailleurs.
M. Dubois: Je suis d'accord sur le règlement 49,
mais...
Mme Ouellette: Vous avez la liberté de demander un
débat sur cette question.
M. Dubois: Les articles 8 et 9 n'ont aucune valeur, étant
donné que c'est le règlement 49 qui régit les articles 8
et 9.
Mme Ouellette: Je vous en ai parlé.
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse. On peut bien
dire oui du côté ministériel, mais il me semble que la loi
vient avant les règlements.
Mme Ouellette: Bien oui.
M. Gratton: C'est clair. Dans le moment, à moins qu'on me
dise que dans la Loi de l'administration financière...
M. Dubois: C'est un règlement d'une loi. M. Gratton:
Pardon? M. Dubois: C'est un règlement d'une loi. Mme
Lavoie-Roux: ...
M. Gratton: Un règlement, ce n'est pas une loi.
M. Dubois: Non, mais c'est un règlement de la loi ici.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, s'il vous plaît, j'aimerais qu'on suive un certain ordre. Je ne
voudrais pas être trop directif dans la façon de diriger les
débats. Comme le député de Huntingdon n'a pas
terminé son intervention, je lui demanderais de continuer.
M. Dubois: Non, j'ai eu ma réponse. Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Bon. Mme le
député de L'Acadie m'avait demandé la parole.
Mme Lavoie-Roux: J'appuie évidemment les remarques du
député de Gatineau, mais ma préoccupation, j'ai
essayé de la transmettre lors du débat en deuxième lecture
et j'ai indiqué la raison pour laquelle j'étais intervenue en
deuxième lecture. Ce n'était pas une planification à long
terme. Ce sur quoi vous tentez de nous rassurer, par exemple, à savoir
qu'il y a tel ou tel mécanisme de contrôle, que, d'abord, il y a
l'acceptation des crédits, qu'il y a le vérificateur, qu'il y a
le Conseil du trésor, etc., je ne m'en inquiète pas.
Peut-être y aurait-il lieu, mais, en temps et lieu. Au départ,
non. Ce qui m'inquiète, c'est qu'on va quand même laisser un
pouvoir discrétionnaire au lieutenant-gouverneur en conseil et, dans les
cas pratiques, au ministre, de décider si on va demander des soumissions
publiques ou non pour les
soumissions de $25 000 et plus. C'est cela ma préoccupation. Vous
avez tout à l'heure, dans vos arguments, développé le fait
que, de toute façon, vous n'êtes obligé de prendre ni la
soumission la plus basse, ni aucune des soumissions. A ce moment, je sais
et ceci est une prévision que tous les organismes ont que
le gouvernement n'est jamais obligé d'accepter la plus basse soumission.
C'est dans le but de protéger l'organisme ou le gouvernement local,
municipal ou provincial, dans l'hypothèse où elle ne serait pas
acceptée, contre des poursuites possibles de la part du soumissionnaire
qui a la plus basse soumission. C'est cela le but d'introduire cette
disposition dans tout le roulement des demandes de soumissions. Même
à ce moment, je vous poserais peut-être une question à
laquelle je devrais connaître la réponse, mais je ne la connais
pas. Quand, par exemple, à l'intérieur d'un ministère, on
n'accepte pas la plus basse soumission, quelle est la procédure suivie?
Je sais fort bien, par exemple, que, dans des organismes publics, quand on
arrive en haut d'un certain ordre de grandeur et que la plus basse soumission
n'est pas acceptée, un pouvoir qui est ordinairement celui de
l'exécutif, devient un pouvoir du conseil d'administration pour
justement assurer qu'il ne se glisse pas d'erreur. Je comprends que c'est un
élément que j'apporte à côté du débat,
mais c'est quand même montrer quelle valeur il faut accorder à
cette question d'accepter ou de ne pas accepter la plus basse soumission. Ma
préoccupation demeure le fait que, par un pouvoir
discrétionnaire, parce que cela demeure un pouvoir
discrétionnaire, ce sont des règlements qu'on peut changer,
même s'ils sont dans la Gazette officielle. Je ne sais pas jusqu'à
quel point chacun fait le suivi quotidien, à savoir que tel
règlement a été adopté pour tel cas particulier.
C'est cela, le danger, à mon point de vue, de soustraire les contrats de
$25 000 et plus à cette obligation générale que fait la
loi de demander des soumissions publiques. C'est cela ma préoccupation.
Ce n'est pas sur le mécanisme. J'assume, au départ, que c'est
bon, que c'est efficace. Si ce ne l'est pas, c'est un autre
problème.
Mme Ouellette: Mme le député de L'Acadie, dans le
système actuel, c'est évident que le ministre a la
discrétion, comme vous le mentionnez à bon droit, d'allouer le
contrat, mais finalement, il n'est pas tenu d'allouer le contrat au plus bas
soumissionnaire, ni à aucun des soumissionnaires, sauf que, dans le
système actuel, s'il ne l'accorde pas au plus bas soumissionnaire, il
est tenu de se présenter au Conseil du trésor pour en avoir
l'approbation.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Ouellette: Règle générale, on l'accorde
au plus bas soumissionnaire, à défaut de quoi, il faut aller
devant le Conseil du trésor encore une fois.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, au moment d'accorder le contrat,
quand on dit qu'on n'est pas obligé de demander des soumissions
publiques, quels sont les mécanismes de protection que vous avez pour
qu'on ne tombe pas, au départ, sous le coup de mauvaises intentions.
Ordinairement, les arguments qu'on utilise, c'est toujours que c'est urgent,
qu'il y a telle particularité. Vous mentionniez un exemple qui m'a un
peu frappée. Le gouvernement a l'intention comme le gouvernement
antérieur, de faire de la restauration, en particulier sur la colline
parlementaire. Il faut se souvenir des débats qui ont entouré la
restauration d'endroits historiques, comme la Place royale et tout cela,
à ce moment, j'étais un citoyen comme les autres pour se
dire que c'est bien un endroit où il faut exercer une prudence. Ce n'est
pas la première fois que de la restauration est faite.
On a fait la restauration de vieilles écoles, d'hôtels de
ville, etc. S'il y a un endroit, justement, où il ne faudrait passer
à côté de cette disposition de la soumission publique,
c'est bien dans un cas comme celui-là.
Mme Ouellette: Non, Mme le député de L'Acadie, on
n'a pas non plus l'intention de passer outre aux soumissions publiques. Le
règlement nous oblige, d'ailleurs à demander des soumissions
publiques, sauf et je veux citer les articles comme je les ai
cités tantôt, et je pense que le député de Gatineau
les a soulignés également lorsqu'il y a une urgence telle
que les travaux soient exécutés, sinon, que tout retard serait
préjudiciable à l'intérêt public, comme vous l'avez
souligné tantôt. Cela survient aussi lorsque les travaux peuvent
être exécutés plus rapidement et plus économiquement
par les employés des ministères concernés et,
troisièmement, lorsque le coût estimatif des travaux est
inférieur à $25 000. Je pense que vous soulignez exactement le
même point de vue, sauf que, encore une fois je le
répète, parce que, nous aussi, on s'est posé des questions
là-dessus dans le système actuel, ce n'est pas nous, c'est
un règlement, il y a une loi, quand même, de l'administration
financière, et c'est là, je pense, si vous avez des modifications
à apporter à cette loi, qui nous régit, qui édicte
les règlements qu'on suit, c'est là, je pense, qu'il faut
demander un débat sur la question pour apporter les modifications que
vous jugerez opportun d'apporter, mais on est tenu de demander des soumissions
publiques, sauf...
M. Gratton: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Par règlement uniquement, par
règlement, pas par la loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau.
Mme Ouellette: C'est une loi quand même, la Loi des
institutions financières, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais les règlements, vous pouvez les
modifier.
M. Gratton: Est-ce que, dans la Loi sur l'administration
financière, on peut me citer un article qui oblige le ministre à
procéder par soumissions publiques? Non, dans la loi, est-ce qu'il y a
une disposition, un article de la Loi sur l'administration financière
qui oblige le gouvernement à procéder par soumissions
publiques?
Mme Ouellette: Non, pas dans la loi. C'est un
règlement.
M. Gratton: Bon! Il n'en existe pas.
Mme Ouellette: Non, c'est ça. C'est ce que je vous
disais.
M. Gratton: II en existe une, présentement, à
l'article 8 de la Loi des travaux publics.
Mme Ouellette: Mais le règlement tient lieu de loi
à ce moment.
M. Gratton: Oui, un instant! Moi non plus, je ne veux pas
être obligé de répéter pour la quatrième fois
qu'il y a une différence entre un règlement et une loi. Bon! Si
on admet qu'il n'y a aucune disposition dans la Loi de l'administration
financière qui oblige, par un texte de loi, le ministre à
procéder par soumissions publiques, à ce moment-là, si on
fait sauter l'article 8 de la Loi des travaux publics, il n'existera plus
d'article de loi, nulle part, dans l'ensemble des lois de la province de
Québec, qui obligera le ministre à demander des soumissions
publiques. Est-ce que je me trompe en disant cela?
Mme Ouellette: C'est qu'à ce moment-là, il va
falloir modifier la Loi de l'administration financière.
M. Gratton: Bon! A ce moment-là, M. le Président,
si c'était le cas, si, ce matin, le ministre nous donnait l'assurance et
allait même plus loin et faisait déposer par le ministre des
Finances, un projet de loi amendant la Loi de l'administration
financière pour créer cette obligation, on aurait fini
l'étude du projet de loi no 22 il y a longtemps. C'est bien sûr
que nous, ce n'est pas le fait que ce soit dans une loi ou dans l'autre, ce qui
importe, pour nous, c'est que ça soit quelque part. Il me semble que
ça saute aux yeux que si on veut abroger la seule obligation
légale de demander des soumissions publiques, la seule qui existe
présentement, c'est l'article 8 de la Loi des travaux publics, la
première chose à faire, c'est de modifier la Loi de
l'administration financière, de rassurer les députés qu'il
n'est pas dans l'intention du gouvernement de procéder strictement par
réglementation et votre loi 22, on va l'adopter pas mal plus vite que
l'autre loi 22 qu'on avait adoptée en 1974, soit dit en passant.
Moi, c'est tout et, en fait, si on pouvait s'entendre
là-dessus... Lorsque le ministre nous dit: Demandez un débat, je
m'excuse, mais, je le dis avec un sourire, les demandes de débat qu'on
fait, nous, de l'Opposition, ne sont pas toujours agréées
très rapidement par le gouvernement. Il me semble qu'il relève de
l'initiative du gouvernement finalement de rassurer non seulement les
députés de l'Opposition, parce que, finalement, ça vaut ce
que ça vaut, ce qu'on se dit entre nous ici, mais de rassurer la
population, parce que, en fin de compte... Moi, il me semble, en tout cas, que
si j'étais membre du gouvernement, je m'interrogerais
sérieusement sur la pertinence d'aller éliminer une obligation
légale qui existe présentement, sans donner l'assurance, par un
autre projet de loi, que la même obligation va être incluse quelque
part ailleurs.
Je donne un exemple. J'aurais préféré qu'il soit
ici pour le faire lui-même, mais le député de Charlevoix
faisait allusion, en deuxième lecture, au fait qu'à un certain
moment, il a fait amender, par ses représentations au Conseil du
trésor et au Conseil des ministres, le règlement Af-1 qui
réglementait l'adjudication des contrats pour le pavage. Je pense que
là, le maximum au-dessus duquel il fallait procéder par
soumission publique était de $100 000. Il l'a fait porter, je pense,
à $300 000, parce que, justement, il y avait des raisons administratives
très valables de le faire. Le ministre avait pris soin de déposer
cela à l'Assemblée nationale et les députés de
l'Opposition d'alors, membres du Parti québécois, avaient
donné leur assentiment à ce changement parce qu'ils disaient:
Effectivement, cela nous coûte plus cher de procéder par
soumission publique, surtout quand on sait à l'avance qu'il n'y en a
qu'un qui est susceptible de présenter une soumission. Donc, ils avaient
accepté cela.
Tout le monde sait qu'un règlement se modifie et on a toujours
d'excellentes raisons de le faire. Il est bien sûr que le ministre est
conseillé par ses fonctionnaires et que les fonctionnaires j e ne
leur prête pas d'intention, eux non plus... Mais c'est pas mal plus
facile pour eux d'administrer à partir de règlements. Au moment
où il y a une difficulté administrative qui surgit, on fait un
mémo au Conseil du trésor et jon fait un mémo au conseil
de la législation je ne sais pas comment on procède
ou au Conseil des ministres et on dit: Amendez donc le règlement AF-1 ou
AF-2 pour porter le montant de $25 000 à $35 000 parce que notre
étude des contrats qu'on a accordés depuis quelques années
nous démontre que $25 000, ce n'est pas raisonnable. On ne donne plus de
contrat en bas de $25 000. Le ministre se sent tout à fait
justifié de proposer cela au Conseil des ministres et, même si je
n'y ai jamais été, je suis bien sûr qu'au Conseil des
ministres, on ne s'enfargera pas bien longtemps dans les fleurs du tapis, comme
dit le ministre, pour porter la limite de $25 000 à $35 000.
Mme Ouellette: Avant de prendre une décision, on scrute
à la loupe, mais, en tout cas...
M. Gratton: Pardon?
Mme Ouellette: Vous pouvez continuer.
M. Gratton: Avant de prendre une décision semblable, en
supposant que le Conseil des ministres surveille très
étroitement, je comprends mal qu'il ait accepté de
présenter ce projet de loi parce qu'effectivement, on vient d'admettre
du côté du ministre que l'obligation légale n'existe nulle
part et, à partir du moment de l'adoption du projet de loi 22 dont on
discute ce matin, il n'y aura plus d'obligation légale.
On va s'inspirer strictement de l'article 49 de la Loi de
l'administration financière. Je m'excuse. Je ne m'entends pas parler
ici.
On va s'inspirer strictement de l'article 49 qui, comme je l'ai dit
tantôt on l'a lu tantôt dit que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements, mais je ne
vise pas le ministre actuel. C'est peut-être un autre gouvernement
le gouvernement n'est pas éternel, on le sait, et les ministres non plus
qui pourra s'arroger des droits à partir d'une simple
réglementation.
Qu'est-ce qui empêcherait le ministre, demain matin, le ministre
actuel, ministre qui le remplacera ou un autre gouvernement de dire tout
simplement: L'article 49 dit qu'on peut faire des règlements. On abroge
tous les règlements parce que c'est un maudit paquet de troubles sur le
plan financier et sur le plan administratif et on procédera par
arrêté en conseil pour chaque cas individuel. Il est sûr
qu'il n'y a personne qui va faire cela. Cela ne pourrait pas fonctionner, mais
la loi n'entraverait pas un tel projet, et c'est à partir de ce moment
que je ne comprends pas.
Lorsque le ministre nous dit à nous, députés de
l'Opposition: Allez demander au ministre des Finances d'amender la Loi de
l'administration financière, je suggère, très
respectueusement, que le ministre des Travaux publics devrait peut-être
le lui demander. Elle aurait plus de chances que nous d'avoir une
réponse favorable. A ce moment, il est bien sûr que le projet de
loi 22, à toutes fins pratiques, vous l'avez. Il est adopté parce
que, finalement...
En fait, ce qu'on prétend ce matin et on le dira
tantôt de façon plus claire ce n'est pas de laisser
l'article 8 tel quel, ni l'article 9. On suggère plutôt de
l'amender pour régler les difficultés administratives auxquelles
le ministère fait face présentement dans le cas des
déficits loués et on pourrait même le faire dans le cas de
la restauration de vieux édifices.
Mme Ouellette: Dans l'état actuel des choses, M. le
député de Gatineau et je vais vous le souligner encore
pour la nième fois c'est que les règlements actuels vont
beaucoup plus loin et, à ce moment, vous me permettrez de vous expliquer
que, par règlement, à partir du 1er mars, entre autres, il y aura
un nouveau système, c'est-à-dire un genre de fichier quant
à l'octroi des contrats aux professionnels où on a l'intention,
comme gouvernement, de dépolitiser la machine. A cet égard, je
vous dirai, encore une fois, qu'en 1970, le 19 décembre, c'est quand
même M. Garneau qui a procédé à l'amendement et
à l'adoption de la nouvelle loi qui datait quand même de
longtemps.
Peut-être que vous auriez pu consulter M. Garneau et lui demander
il connaît bien, je pense, la Loi des institutions
financières pourquoi il a procédé de cette
façon, mais, dans le moment, je dois vous souligner encore une fois
ceci: Les règlements, à moins qu'on ne fasse pas confiance au
lieutenant-gouverneur en conseil, au Conseil du trésor, au
Vérificateur général, au contrôleur des finances,
à ce moment, si on n'a pas confiance en eux, on peut demander un
amendement à la Loi des institutions financières, mais dans le
moment on est régi par cela. Encore une fois et vous l'avez
souligné pour la première fois tantôt l'article 8 et
l'article 9 ne vont pas suffisamment loin, alors que les règlements vont
beaucoup plus loin.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas cela le fond du
problème.
M. Gratton: Amendez les articles 8 et 9 pour qu'ils aillent aussi
loin que les règlements et vous n'aurez plus de problème. C'est
ce qu'on vous dit. Bien sûr que le gouvernement a l'intention de faire
bien des choses et j'accepte la bonne foi du gouvernement qui veut faire tout
cela. Je dis simplement que vous admettez qu'il n'y aura plus de dispositions
législatives nulle part, à part l'article 49 de la Loi sur
l'administration financière, mais ce n'est même pas une obligation
législative, c'est un pouvoir qu'on donne au lieutenant-gouverneur en
conseil. Il y a une marge entre un pouvoir et une obligation.
Mme Ouellette: C'est un article contenu dans la Loi de
l'administration financière qui est votée par l'Assemblée
nationale.
M. Gratton: Oui, la loi est votée, mais on n'a pas besoin
d'amender la Loi de l'administration financière présentement pour
faire quoi que ce soit. Si vous faites sauter l'article 8 supposons que
la loi 22 est votée en troisième lecture aujourd'hui
demain matin, le conseil des ministres pourra porter de $25 000 à $500
000 la limite à partir de laquelle et au-dessus de laquelle il faudra
procéder par soumission publique, par un simple arrêté en
conseil. Est-ce vrai, oui ou non?
La Loi de l'administration financière n'empêchera pas le
conseil des ministres de le faire. Etes-vous d'accord avec cela?
Mme Ouellette: Oui, mais étant donné, M. le
député de Gatineau, que vous avez souligné tantôt
je vous donne raison que le gouvernement actuel, le gouvernement
québécois, est transparent, vous savez bien que cela se saurait
immédiatement et il y aurait un débat de tous les diables
à l'Assemblée nationale. Quand même, on est ouvert!
M. Gratton: Oui, il me semble, la transparence... Vous êtes
tellement ouverts... M. le Président, on est tellement ouvert que la
transparence va jusqu'à à abroger la seule disposition
législa-
tive, la seule garantie qui existe présentement à
l'article 8 de la Loi des travaux publics. Il n'y en a pas d'autre. En fait, en
nous suggérant de demander l'amendement à la Loi de
l'administration financière, vous reconnaissez qu'il y a lieu que ce
soit inscrit quelque part cette obligation de procéder par soumissions
publiques. Si cela a été inscrit en 1964, par le gouvernement
Lesage, on n'a pas besoin de retourner 30 ans en arrière pour savoir
comment on procédait avant 1964 pour l'adjudication des contrats. Un
gouvernement transparent doit s'attendre...
Je suis bien prêt à accepter tout ce que vous me dites,
mais je me mets à la place d'une partie de la population qui, elle, ne
sait pas trop où s'y retrouver. La population sait que c'est à
partir de lois qu'on pose des gestes à l'Assemblée nationale. A
partir du moment où il y a une obligation qui est créée
par un article de la Loi des travaux publics qui est l'article 8
que cette obligation oblige le ministre à procéder par soumission
publique, on sait que pour changer cela il faut retourner devant
l'Assemblée nationale avec la tribune de la presse si elle est
là le journal des Débats et l'attention que les
députés de tous les partis vont lui accorder. Mais à
partir du moment où vous abrogez l'article 8, vous n'avez plus
l'obligation de soumettre cela à personne. La population va savoir
comment, au moment où on va examiner les engagements financiers. Vous
savez les cahiers qu'on étudie, en l'espace de deux heures, aux
engagements financiers. Ce n'est pas là qu'on va inculquer des principes
à l'administration financière.
Dites-moi, Mme le ministre...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, s'il vous plaît, je voudrais à mon tour vous faire part
de mon ouverture et de ma transparence! Le règlement prévoit 20
minutes par article, par intervenant. J'ai fait beaucoup d'acrobaties pour
faire le calcul, mais je suis sûr d'être juste en vous disant que
vous avez largement dépassé les 20 minutes qui vous sont
accordées.
NI. Gratton: ... prêtez-moi votre règlement.
Le Président (M. Dussault): Je vous donnerai quand
même la possibilité de conclure si vous voulez, à l'article
160, les questions de...
Mme Lavoie-Roux: On l'a assez vécu, je pense, que...
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie sait très bien de quoi je parle parce qu'on a travaillé
là-dessus ensemble à plusieurs reprises. Je n'ai pas d'objection,
cependant, à vous voir conclure et ensuite passer la parole à
quelqu'un d'autre. Mais Mme le ministre voulait prendre la parole.
Mme Ouellette: Je peux ajouter ceci. Ce sont quand même des
lois et notamment la Loi des institutions financières qui prépare
la réglementation.
On est soumis à cela, comme je le soulignais au
député de L'Acadie, tantôt. On est tenu d'aller en
soumission et si on n'alloue pas le contrat, notamment au plus bas
soumissionnaire, on est tenu, dans le système actuel, à aller le
faire adopter ou le faire sanctionner par le Conseil du trésor.
M. Gratton: Ce n'est pas le Parlement.
Mme Ouellette: Dans la réglementation actuelle, encore une
fois, la loi qui régit l'administration financière, c'est quand
même... Les règlements tiennent compte de la loi et la loi, de
toute façon, prévoit des règlements. On est, dans
l'état actuel des choses, soumis à ces règlements.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je crois que suite à tous ces débats, il
est assez clair qu'on peut quand même outrepasser les règlements 8
et 9 de la Loi des travaux publics par l'article 49. Alors, si on peut
l'outrepasser n'importe quand, je ne vois pas pourquoi on tient tellement
à ce que les articles 8 et 9 soient là, puisqu'en tout temps on
peut passer à côté. Je me demande quelle garantie cela nous
donne de les laisser là. Je me pose la question et j'aimerais bien avoir
une réponse concrète.
Mme Ouellette: C'est pour épurer la loi, comme je le
soulignais tantôt. En passant, je pourrais peut-être ajouter que
tous les autres ministères donnent des contrats selon l'article de la
loi 49 de l'administration financière. Ils n'ont pas ces articles 8 et 9
dans lesquels, bien sûr, ils s'enfargent et ils ont toujours
demandé des soumissions.
M. Dubois: Je peux vous dire que ce n'est pas rassurant quand
même, pour les membres de l'Assemblée nationale, de s'apercevoir
qu'on peut outrepasser les articles 8 et 9 peu importe le moment. Ce n'est pas
rassurant du tout. C'est là qu'il faut revenir.
Mme Ouellette: De toute façon, quant aux autres articles,
vous l'avez souligné tantôt et c'est là que je vous ai dit
comme je l'ai dit au député de Gatineau au début
que vous aviez peut-être raison, mais le débat doit se
faire ailleurs, dans une autre commission parlementaire.
M. Dubois: En ce qui me concerne, je n'ai rien à
ajouter.
M. Gratton: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Gratton: Je conviens avec vous que le droit de parole d'un
député est limité à 20 minutes sur un sujet
donné, mais je vous référerais à l'article 160,
paragraphe 3 qui dit: "Lorsqu'un projet de loi modifie une loi, le mot
"article" comprend les arti-
cles de cette loi qui sont modifiés ou qui sont ajoutés."
Au premier paragraphe, on dit: "Lorsqu'une commission étudie un projet
de loi ou des crédits, un député peut prendre la parole
sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition
de ne parler plus de 20 minutes en tout sur un même article, un
même paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre
ou de règlement."
M. le Président, l'article 1 du projet de loi propose
l'abrogation de deux articles. A partir de cela, je pourrais me
prévaloir de l'article 160 paragraphe 3 pour parler au moins 40 minutes.
Mais si je veux faire le décompte du nombre de paragraphes, dans les
articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics, cela me donnerait un temps
presque illimité. On pourrait faire le décompte ensemble et en
arriver, peut-être, à deux heures. Je n'ai pas l'intention
d'éterniser les débats, M. le Président, mais quand
même, vous conviendrez qu'on a un rôle à jouer de ce
côté-ci et que si on n'obtient pas satisfaction, il y a lieu de
revenir sur un sujet donné.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, je comprends très bien votre point de vue. Je ne peux pas
être d'accord sur l'interprétation que vous faites de l'article
160, paragraphe 3. Je vais revenir là-dessus. Je tiens à vous
dire tout de suite, cependant, qu'avant même d'entreprendre la discussion
sur l'article 1, vous avez eu énormément de temps pour vous
prononcer; les mêmes arguments, d'ailleurs, vous avez pu les reprendre
aussi lors de l'étude de l'article 1. A mon point de vue, je manquerais
à mes responsabilités en continuant à vous donner la
parole sur l'article 1.
M. Gratton: Voyons donc!
Le Président (M. Dussault): Quant à l'article 160,
paragraphe 3, on dit que "le mot article " comprend les articles de cette loi
qui sont modifiés ou qui sont ajoutés." C'est donc inclus dans la
notion d'article. Alors, je ne peux pas, sur cette question, vous donner
raison.
M. Gratton: M. le Président, je ne conteste pas votre
décision, mais je vous suggérerais fortement d'aller consulter le
président de l'Assemblée nationale et de consulter les
précédents qui existent là-dessus. Si vous voulez que je
procède par motion d'amendement à l'article 1, je vais vous en
faire une série de sept ou huit et vous n'aurez pas sauvé une
simple minute, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau...
NI. Gratton: Donc, si on veut jouer à la procédure,
on peut le faire. Ce n'est pas notre intention de ce côté-ci
d'éterniser les débats, on veut simplement avoir des informations
et faire réaliser au gouvernement qu'il est en train de s'embourber dans
un pétrin en présentant le projet de loi 22, c'est tout.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, si j'avais voulu vous provoquer et prendre le risque que vous vous y
preniez avec des motions d'amendement, etc, il y a longtemps que je vous aurais
arrêté de parler sur cet article 1 du projet de loi. Je m'excuse,
j'ai rendu ma décision là-dessus, je pense qu'elle est juste. Si
un autre député veut prendre la parole, je suis prêt
à la lui donner.
M. Gratton: Vous voulez dire... M. le Président, une
directive... Est-ce que vous me dites que je n'ai plus droit de parole sur
l'article 1?
Le Président (M. Dussault): Sur l'article 1, comme tel,
vous n'avez plus le droit de parole. Vous avez pris largement vos vingt
minutes, plus le préambule que nous avons fait.
M. Gratton: Puis-je vous dire que vous en avez pour longtemps
à présider la commission, M. le Président? Je peux vous
dire ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, je pense...
M. Gratton: Ecoutez...
Le Président (M. Dussault):... qu'un président de
commission doit s'habituer à la possibilité de recevoir des
ultimatums ou quelque forme de chantage que ce soit; alors, je me suis
préparé mentalement à ça. J'ai quand même
rendu ma décision et je cède la parole à un autre
député; sinon, j'appelle l'adoption de l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait bien étonnant que vous puissiez
en faire du pareil. M. le Président...
M. Gratton: M. le Président, je m'excuse, sur une question
de règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Vous allez m'expliquer, parce que je suis
peut-être dense un peu...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, je tiens à vous rappeler que tout ce que vous me dites,
pour revenir sur ma décision, est une façon de contester ma
décision. Vous savez que le règlement de l'Assemblée
nationale ne vous le permet pas.
M. Gratton: Puis-je vous suggérer, M. le Président,
de suspendre les travaux de la commission quelque cinq minutes pour
éviter de très longs débats de procédure et de
consulter le président de l'Assemblée nationale au sujet de votre
décision. C'est clair, dans mon esprit, les précédents
existent depuis des années, j'ai moi-même vécu des
situations semblables pendant au moins deux ans à titre de
président de commission et c'est la première fois que j'entends
une interprétation semblable de l'article 160 de notre
règlement.
Quand on va parler d'abrogation, M. le Président, et vous me
permettrez très brièvement de vous dire...
Le Président (M. Dussault): Vous permettez que je vous
coupe immédiatement, je pense que ce serait faire preuve de sagesse de
ma part que d'interrompre les travaux pendant quelques minutes pour me faire
confirmer l'interprétation que je fais de l'article 160,3.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Je suspends le débat
pour quelques minutes et je vais faire une vérification de
l'interprétation possible.
(Suspension de la séance à 11 h 53)
Reprise de la séance à 11 h 56
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Les avis que je suis allé chercher sur
l'interprétation de l'article 160.3 me confirment
l'interprétation que j'avais faite sur cet article et je maintiens ma
décision. Je considère en plus que le temps de parole de Mme le
député de L'Acadie n'est pas écoulé. Il lui reste
encore quatorze minutes, ce qui, je pense, ne lèse en aucune
façon les droits de l'Opposition officielle. Je laisse maintenant la
parole à un autre député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne reviendrai pas sur
les arguments qui ont été utilisés de part et d'autre. Il
y a une chose qui reste très claire, et je pense que même le
ministre l'admet. Dans la loi 49, il n'y a pas d'obligation d'aller en
soumission publique. Même si on dit qu'elle a priorité sur la Loi
des travaux publics qu'on veut amender, il reste que le problème demeure
entier. On peut soustraire, à n'importe quel moment, par
règlement, la nécessité d'aller en soumission
publique.
De toute façon, si on recommence cette discussion, on va
répéter les mêmes arguments qui se répètent
depuis la deuxième lecture. Le ministre semble reconnaître, qu'il
y a un trou quelque part.
Mais nous, nous ne sommes certainement pas prêts à abroger
avant qu'une garantie réelle soit obtenue, d'autre part. Même si
cette garantie n'est pas celle qu'on voudrait, je pense que ce serait
absolument ridicule de dire: Allez-y pour la loi 22 et, en temps et lieu, si
c'est le bon gré du gouvernement, on prévoira quelque chose dans
la loi 49.
Je voudrais faire un amendement. On veut faire un amendement, parce
qu'on n'est pas venu ici simplement pour passer le temps, M. le
député de Laprairie. On trouve que la question est assez
importante et qu'elle mérite un amendement.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, le président ne vous prête pas de mauvaise foi.
Motions d'amendements Mme Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Nous proposons que l'article 1 de la loi 22 soit
abrogé et qu'un deuxième alinéa soit ajouté
à l'article 8 de la Loi des travaux publics, qui se lirait comme suit:
"Le premier alinéa ne s'applique pas dans les cas de travaux
d'aménagement à l'intérieur d'un édifice,
propriété de Sa Majesté ou loué par cette
dernière". Je vous en remets copie.
Le Président (M. Dussault): J'apprécierais recevoir
le texte, s'il vous plaît! Je relis l'amendement proposé par Mme
le député de L'Acadie, qui dit ceci: Ajouter un deuxième
alinéa à l'article 8 je suppose de la Loi...
Mme Lavoie-Roux: Des travaux publics.
Le Président (M. Dussault): ... des travaux publics... "Le
premier alinéa ne s'applique pas dans le cas de travaux
d'aménagement à l'intérieur d'un édifice,
propriété de Sa Majesté ou loué par cette
dernière". C'est maintenant ce texte...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais ajouter, en premier lieu je
m'en excuse, M. le Président abroger l'article 1 du projet de loi
22, parce qu'il y a quand même d'autres articles sur lesquels on est
d'accord dans le projet de loi 22 et qui ne présentent pas de
problèmes.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît! Si je comprends bien Mme le député de L'Acadie, elle
est en train de me dire que, pour soumettre son amendement, elle demande donc,
avant, d'abroger l'article 1 du projet de loi 22. Est-ce que c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, en fait, c'est une...
Le Président (M. Dussault): Je voudrais savoir si c'est
sur la recevabilité de l'amendement que vous voulez parler.
M. Gratton: Non, ce serait une demande de directive que
j'aimerais vous faire, à la lumière de la décision que
vous avez rendue tantôt. L'article 1 du projet de loi 22 abroge les
articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics. Mme le député de
L'Acadie, exerçant ses vingt minutes très rigoureusement, s'avise
de proposer un amendement à l'article 8 de la Loi des travaux publics
qui est visé par l'article 1. Je pense que, sur la recevabilité,
il n'y a pas de problème, sauf que, pour être
conséquent,
il faut également qu'on propose un amendement de concordance
à l'article 9 qui traite d'une autre question, qui traite, en fait, de
la signature du contrat, des cautionnements. A ce moment-là, le
député de L'Acadie, de façon à ne pas perdre son
droit de parole, doit-elle présenter les deux amendements en même
temps, compte tenu de la décision que vous avez rendue qu'on est
limité à vingt minutes au total sur l'article 1? Ne pourrait-on
pas faire de proposition d'amendement, à l'article 9 de la Loi des
travaux publics, une fois qu'on aura écoulé le temps de parole
que vous nous donnez si généreusement sur la motion d'amendement
présentée à l'article 8?
Le Président (M. Dussault): Pour éclairer les
membres de cette commission sur les intentions de Mme le député
de L'Acadie, au cas où son amendement serait accepté, reçu
et ensuite adopté, j'accepterais que Mme le député puisse
nous lire le second amendement, mais je vous préviens
immédiatement que je ne le recevrai pas immédiatement...
M. Gratton: Ecoutez...
Le Président (M. Dussault): ... pour la raison que la
commission, selon nos règlements, doit étudier un amendement
à la fois et adopter un amendement à la fois. Je ne vois pas
d'objection à ce que Mme le député de L'Acadie nous en
fasse lecture, mais, comme je vous dis, il faudra qu'elle nous le lise une
autre fois, après que nous aurons disposé de son premier
amendement.
M. Gratton: M. le Président, si l'amendement venait de moi
et non pas de Mme le député de L'Acadie il est bien
possible qu'il y ait un amendement qui vienne de l'autre côté ou
de l'Union Nationale également à ce moment, est-ce que
moi, n'ayant plus le droit de parole sur l'article 1, je ne pourrais pas faire
l'amendement? Mme le député de L'Acadie ayant terminé son
intervention...
Le Président (M. Dussault): Je vous arrête
immédiatement, M. le député de Gatineau. A partir du
moment où j'accepterai, je recevrai cet amendement je ne l'ai pas
encore reçu vous auriez le droit d'intervention pendant vingt
minutes sur cet amendement. C'est ce que dit l'article 160 de notre
règlement.
M. Gratton: Je ne pourrais quand même pas présenter
une autre motion d'amendement avant qu'on ait disposé de celle-là
par un vote de la commission.
Le Président (M. Dussault): Quand on aura disposé
de cet amendement, si je le reçois, vous pourrez à nouveau parler
sur un autre amendement pendant vingt minutes. C'est ce que dit le
règlement à l'article 160.
M. Gratton: M. le Président, j'ai...
Le Président (M. Dussault): Je me base, M. le
député de Gatineau, sur un précédent,
puisqu'à la commission parlementaire sur la langue, sur la loi 101, cela
a été la ligne de conduite du président de la commission
pendant tout le temps qu'ont duré les travaux sur la loi 101.
M. Gratton: Dois-je comprendre la directive dans le sens que vous
allez me permettre d'intervenir sur l'article 1 à nouveau?
Le Président (M. Dussault): Ce ne serait pas, à ce
moment-là, sur l'article 1, mais sur l'amendement, si je le
reçois.
M. Gratton: M. le Président, je ne comprends pas. Si vous
recevez l'amendement et que vous me donnez mon droit de parole sur
l'amendement, je n'aurai pas la chance de proposer un autre amendement.
Le Président (M. Dussault): Je pense, M. le
député de Gatineau, que nous allons interrompre
immédiatement cet échange et je vais d'abord statuer sur la
recevabilité de l'amendement de Mme le député de L'Acadie.
Il se peut fort bien qu'après avoir statué là-dessus, la
question ne se pose même plus.
M. Gratton: Vous nous dites d'avance que vous la déclarez
irrecevable?
Le Président (M. Dussault): Non, je ne dis pas d'avance
que je la déclare irrecevable. Je vais vous dire, cependant, que je vais
entendre un représentant de chaque parti quelques minutes sur cette
question de recevabilité avant de la trancher.
M. Gratton: M. le Président, sur la recevabilité de
l'amendement proposé par le député de L'Acadie,
étant donné que vous nous invitez à la plaider, puisqu'il
semble exister des doutes dans votre esprit sur la possibilité que vous
la déclariez receva-ble...
On a discuté depuis le début des travaux de la commission
parlementaire de la distinction fondamentale qu'on doit faire entre un texte de
loi et un règlement qui n'est pas soumis à l'attention des
députés de l'Assemblée nationale. L'article 1 du projet de
loi no 22 propose d'abroger l'article 8 de la Loi des travaux publics, et de
l'aveu même du ministre des Travaux publics, c'est à l'article 8
exclusivement qu'on retrouve une obligation législative de
procéder par soumission publique, à part certains cas
d'exception.
Le ministre nous a dit, de plus, très clairement, que les
difficultés administratives qui militent ou qui motivent ce projet de
loi, la présentation de ce projet de loi et l'abrogation de l'article 8,
ces difficultés administratives sont surtout affrontées dans deux
cas, le cas des travaux à être exécutés dans les
édifices loués par le gouvernement et dans une mesure moindre, le
cas de restauration d'anciens édifices.
Or, ce que tente de faire le député de L'Acadie par la
présentation de sa motion d'amendement,
c'est de surseoir à l'abrogation de l'article 8 tel que
proposé dans le projet de loi et de prévoir plutôt un
amendement à l'article 8 pour faire un cas d'exception des travaux
exécutés dans les édifices loués par le
gouvernement. Ceci, de l'avis de tous, en tout cas de ce côté,
éliminerait les difficultés administratives auxquelles fait face
le ministère dans l'exécution de travaux dans des édifices
loués, sans pour cela abroger l'article 8, donc, abroger la seule
obligation législative qui existe présentement dans quelques
textes de loi, de procéder par soumission publique dans des cas
quelconques.
Or, M. le Président, si la motion du député de
L'Acadie est irrecevable, je me demande très sincèrement de
quelle façon, nous, en tant que députés membres de la
commission, on peut éveiller l'attention de la population, tout au moins
transmettre nos désirs, puisque c'est par des motions qu'un
député doit exprimer une intention. La seule façon pour
nous, sauf faire des discours que vous limitez à 20 minutes et
j'aurais préféré de loin qu'on puisse continuer de
façon plus informelle et peut-être bien qu'on aurait fini beaucoup
plus rapidement mais la seule façon, à part les remarques
qu'on peut faire pendant une durée de 20 minutes, c'est à un
moment donné de traduire nos intentions, nos interrogations par une
motion d'amendement. On dit: Au lieu d'abroger l'article 8 cela nous
paraît dangereux, pour le gouvernement, pour le principe du
contrôle de l'administration des deniers publics par l'Assemblée
nationale on suggère, et notre seule moyen de suggérer de
façon formelle, c'est de faire une motion d'amendement au projet de loi
tel qu'il est présenté. Malheureusement, on n'a pas d'autres
façons que de proposer l'abrogation de l'article 1, pour ensuite
proposer que l'article 1 soit rédigé de façon que
l'article 8 de la Loi des travaux publics soit plutôt amendé
qu'abrogé.
Vous me direz que normalement une commission a le pouvoir de rejeter un
article de la loi, et ensuite, d'en proposer un nouveau. Dans le cas actuel,
l'article 1 du projet de loi abroge deux articles de la Loi des travaux
publics, deux articles qui portent, bien entendu, sur le même sujet, mais
sur des modalités différentes.
Dans le cas de l'article 8, il s'agit de l'obligation du
ministère de procéder par soumissions publiques dans le cas de
travaux dont les coûts sont estimés à plus de $25 000,
où il n'y a pas d'urgence et où le ministère ne juge pas
préférable de procéder en régie.
Dans le cas de l'article 9 par contre, on parle plutôt de la bonne
et suffisante caution en faveur du gouvernement qui doit être obtenue
pour des contrats de travaux publics que le gouvernement confie à
l'entreprise. Donc, M. le Président, notre seule façon d'exprimer
notre désir de ne pas voir abrogés les articles 8 et 9 de la Loi
des travaux publics, surtout qu'on n'a aucune assurance que la Loi de
l'administration financière sera amendée pour remplacer cette
obligation législative, c'est de présenter la motion que vient de
présenter le député de L'Acadie.
Si vous la déclarez irrecevable, je vous demande
respectueusement, si un député on se dit
législateur, ici, c'est à se demander jusqu'à quel point
on y croit au rôle de député comme législateur,
lorsqu'on soustrait à son attention le contrôle de
l'administration des deniers publics en abrogeant l'article 8 je le dis
entre parenthèses, M. le Président il pourrait s'agir d'un
député ministériel, sauf qu'on ne les a pas entendus
encore ce matin, j'espère qu'à un moment donné, quelqu'un
va s'insurger contre ça, qui voudrait faire en sorte qu'on n'abroge pas
l'article 8, qu'on n'abolisse pas cette obligation législative de
procéder par soumissions publiques, mais simplement qu'on règle
les problèmes d'ordre administratif qui existent présentement
pour des travaux exécutés dans des édifices loués,
qu'on les règles en amendant l'article 8, comment pourrait-il le faire
sans le consentement de la commission?
M. le Président, quelle que soit la lettre du règlement
je m'excuse d'y revenir la décision que vous avez rendue
quant à la portée des discussions, la durée sur un article
donné, on a un autre amendement à proposer à l'article 9
de la Loi des travaux publics. On n'a aucune façon, suite à votre
décision, de le présenter convenablement. J'espère qu'on
pourra, à un moment donné, y revenir. Je constate qu'on est en
train, pour le moment, de s'interroger sur la recevabilité de la motion
d'amendement que vient de proposer le député de L'Acadie. Si vous
deviez la déclarer irrecevable, je vous invite à m'indiquer de
quelle façon un député, à l'Assemblée
nationale, peut exprimer ses intentions si ce n'est par une motion?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau, d'abord pour répondre à votre première
question... Si vous permettez, je ne vais répondre qu'à la
première question et je vais quand même vous entendre ensuite sur
la recevabilité.
Pour répondre à la première question que vous
m'avez posée, à savoir si vous pourriez faire une motion
d'amendement si on en disposait défavorablement, je tiens à vous
préciser qu'ayant épuisé votre droit de parole, vous ne
pourriez pas intervenir pour faire un amendement. Voilà pour la
première question.
Quant à la recevabilité, je suis prêt à
écouter M. le député de Huntingdon, brièvement,
s'il vous plaît, plus brièvement que ce que l'on vient d'entendre,
en tout cas.
M. Dubois: Je ne veux pas tellement discuter sur la
recevabilité de l'amendement, mais je vois quand même qu'il n'y a
pas d'utilité à l'amender, puisqu'on ne règle pas le
problème fondamental. Même avec l'amendement suggéré
par Mme le député de L'Acadie, il restera toujours que le
règlement 49 aura prédominance, même après
l'amendement suggéré par le député de L'Acadie. En
deuxième lecture, on aurait dû demander le rapport de
l'étude du règlement 22, afin de savoir jusqu'où on aurait
pu amender le règlement 49 de la Loi de l'administration
financière. Je pense
qu'on aurait dû le faire en deuxième lecture, plutôt
que de se livrer à cette longue discussion qui ne mène absolument
à rien présentement.
C'est une petite étape qui a manqué en deuxième
lecture. C'est tout ce que j'avais à mentionner, M. le
Président.
Enfin, je voudrais quand même qu'on sache que nous voulons que le
législatif prime l'exécutif et c'est une grande
préoccupation de notre part.
Motions jugées irrecevables
Le Président (M. Dussault): Alors, est-ce que quelqu'un,
du parti ministériel, veut prendre la parole sur la question de la
recevabilité?
Alors, je vais rendre ma décision. Je considère que
l'amendement qui a été fait par Mme le député de
L'Acadie était d'ajouter un deuxième alinéa à
l'article 8 en disant: "Le premier alinéa ne s'applique pas dans le cas
de travaux d'aménagement à l'intérieur d'un
édifice, propriété de Sa Majesté ou loué par
cette dernière". Ensuite, Mme le député de L'Acadie a pris
la peine de me faire remarquer qu'il faudrait d'abord abroger l'article 1. Je
pense que Mme le député de L'Acadie m'a elle-même
donné les raisons pour lesquelles il faudrait que je juge irrecevable
son amendement parce qu'effectivement le seul amendement, pour le moment, que
je pourrais considérer sur la question de la recevabilité serait
celui pour savoir si l'on doit abroger l'article 1 ou pas. Pour cette seule
raison, ne devant pas aller plus loin, je considère l'amendement soumis
comme étant irrecevable.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Gratton: Non.
Mme Lavoie-Roux:... mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Que les articles 8 et 9 de la Loi des travaux
publics soient amendés de la façon suivante: En ajoutant un
deuxième alinéa dont vous avez le texte entre les mains.
Le Président (M. Dussault): Pourriez-vous, s'il vous
plaît, répéter le début de votre amendement?
Mme Lavoie-Roux: Qu'à l'article 1, les articles 8 et 9 de
la Loi des travaux publics, statuts refondus, soient modifiés en
ajoutant vous avez le texte entre les mains, je ne l'ai plus...
Le Président (M. Dussault): Oui, mais
j'apprécierais quand même, Mme le député de
L'Acadie, que vous me remettiez un texte, sinon, nous allons nous fourvoyer
à coup sûr.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Gratton: On l'est
déjà assez...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Huntingdon, j'attends patiemment que nos amis de l'Opposition officielle me
fassent parvenir le texte de leur amendement de façon que je puisse
juger de la recevabilité de l'amendement. Oui, M. le
député de Laprairie.
M. Michaud: En attendant, on pourrait peut-être profiter de
l'occasion pour vous souhaiter bonne fête?
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Laprairie, je vous remercie beaucoup.
M. Michaud: Ce n'est pas pour le 15 novembre, comme les autres le
pensent, c'est pour votre anniversaire personnel.
Le Président (M. Dussault): Je sais. J'avais bien compris
que vous ne faisiez pas allusion à un autre anniversaire
célèbre, mais bien au mien. Je vous remercie encore.
M. Dubois: M. le Président, étant donné que
les travaux ne sont pas suspendus, je crois que le député de
Laprairie a profité de l'occasion pour que ce soit inscrit au journal
des Débats.
Le Président (M. Dussault): Je vous donne raison
là-dessus et, évidemment, j'en resterai flatté. Alors,
nous continuons dans le sens de ce qui est prévu à cette
commission.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous lire l'amendement: "Que l'article 1
soit amendé en remplaçant le mot "abrogé" par le mot
"amendé", en ajoutant un deuxième alinéa à
l'article 8 disant: "Le premier alinéa ne s'applique pas dans les cas de
travaux d'aménagement à l'intérieur d'un édifice
propriété de Sa Majesté ou loué par cette
dernière", et qu'à l'article 9 soient insérés,
à la troisième ligne, après le mot "entreprise", les mots
"après demande de soumissions par annonce publique", et en ajoutant un
deuxième alinéa: "Le ministre peut toutefois, dans les cas
d'extrême urgence, autoriser le commencement de l'ouvrage avant que le
contrat ne soit signé par les parties".
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de me
remettre le texte. Mme le député de L'Acadie, j'ai beau avoir
été dans l'enseignement et avoir pris l'habitude de lire beaucoup
d'écriture, j'avoue que j'ai un peu de difficulté.
M. Michaud: Est-ce qu'il y a des fautes de français?
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de fautes de français.
Si vous m'aviez donné plus de temps, je l'aurais mieux écrit, M.
le Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, je pense que les membres de la commission, en le disant d'une autre
façon, ont laissé entendre tout à l'heure, que vous
preniez déjà beaucoup de temps.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'était pas un reproche que je vous
faisais, M. le Président, c'est simplement pour expliquer...
Le Président (M. Dussault): Ma remarque ne doit pas
être interprétée non plus comme un reproche. L'amendement
dit ceci, "que l'article 1", je suppose ici qu'il s'agit de l'article 1 du
projet de loi no 22?
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
Le Président (M. Dussault): "Soit amendé en
remplaçant les mots...
Mme Lavoie-Roux: Le mot, "abrogé".
Le Président (M. Oussault): Excusez-moi, il y a eu des
mots effacés. "Le mot "alinéa" par le mot "amendés" en
ajoutant...
M. Gratton: Le mot "abrogé".
Mme Lavoie-Roux: Le mot "abrogé".
Le Président (M. Dussault): C'est écrit ici,
"amendé". Je reviens à la remarque que je faisais, ce n'est pas
facile à lire. Je reprends, "que l'article 1 soit amendé...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas fait intentionnellement.
Le Président (M. Dussault): ... en remplaçant le
mot "abrogé" par le mot "amendé", en ajoutant un deuxième
alinéa à l'article 8 disant", c'est ça? "Le premier
alinéa ne s'applique pas dans le cas de travaux d'aménagement
à l'intérieur d'un édifice propriété de Sa
Majesté ou loué par cette dernière. Et à l'article
9, que soient insérés à la troisième ligne,
après le mot "entreprise", les mots "après demande de
soumissions, par examen public", je ne sais pas, je...
M. Gratton: Par annonce publique.
Le Président (M. Dussault): Après les mots "demande
de soumissions", "par annonce publique" et en ajoutant au deuxième
alinéa...
M. Gratton: Un deuxième alinéa.
Le Président (M. Dussault): "Un deuxième
alinéa", je m'excuse encore une fois, "le ministre peut...
M. Gratton: Toutefois.
Le Président (M. Dussault): ... toutefois, dans les cas
d'extrême urgence, autoriser le commencement de...
M. Gratton: L'ouvrage.
Mme Lavoie-Roux: De l'ouvrage.
Le Président (M. Dussault): ... de l'ouvrage avant que le
contrat ne soit signé par les parties".
Je vais faire des remarques préliminaires et il se peut fort bien
que je n'aie pas à vous consulter sur la recevabilité ou pas de
cet amendement.
D'abord... Oui, Mme le ministre des Travaux publics.
Mme Ouellette: Je veux m'informer auprès du
député de L'Acadie, si ce qu'elle veut dire enlèverait
l'obligation pour le ministre des Travaux publics d'aller en soumissions dans
l'aménagement dans les édifices de Sa Majesté ou dans les
édifices que le ministère loue?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est la difficulté administrative
que vous aviez soulignée, si je me souviens bien.
Mme Ouellette: Parce que nous, on s'en tenait simplement aux
immeubles loués.
Mme Lavoie-Roux: Ah ça, écoutez, il n'y a rien qui
empêche de limiter; je pense que si on discute de l'amendement, on peut
le faire dans ce sens, je n'ai pas... Ce que vous vouliez, c'est vous sentir
plus à l'aise pour fonctionner au plan administratif et ne pas
être coincée entre ce qui pouvait apparaître comme une
certaine contradiction, alors si vous voulez le limiter uniquement aux
édifices loués, c'est aussi simple que ça, on peut le
limiter aux édifices loués.
M. Gratton: M. le Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: C'est qu'on a inclus les édifices
propriétés de Sa Majesté, pour éviter que le
ministre doive revenir dans deux mois nous dire: On a les mêmes
difficultés administratives qu'on avait dans les édifices
loués. On les a également dans les édifices du
gouvernement. On suppose que si le ministre veut continuer à
procéder par soumissions publiques dans le cas des édifices
loués, elle fera ce qu'elle nous dit qu'elle fait depuis le
début, c'est-à-dire qu'elle s'inspirera du règlement AF-1
et AF-2. Cela prouve bien qu'on ne veut pas en-carcaner le ministre, d'aucune
façon, en présentant notre amendement, on veut lui donner toute
la latitude voulue, sauf qu'on voudrait bien conserver l'article 8, si c'est
possible.
Le Président (M. Dussault): Je vais d'abord lire l'article
154 qui traite de l'amendement possible d'un article d'un projet de loi. On
dit: "La commission peut amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne
soit pas étranger à l'objet du projet et qu'il ne s'oppose pas
aux principes affirmés en deuxième lecture".
Si on prend maintenant le projet de loi no 22, à l'article 1,
où on dit: "Les articles 8 et 9 de la Loi des travaux publics, Statuts
refondus 1964, chapi-
tre 138, sont abrogés", nous avons là et vous l'avez
vous-mêmes, les membres de la commission, fait remarquer à
plusieurs reprises dans les discussions qui ont
précédé.
Vous avez, dans cet article, le principe lui-même avancé
par le projet de loi et voté à l'Assemblée nationale.
Comme président de commission, je dois me préoccuper de faire en
sorte que rien ne vienne contredire ce principe qui, lui, déjà, a
été accepté par l'Assemblée nationale.
J'apprécierais, de la part des membres de la commission, et
brièvement, tout au plus, dix minutes pour l'ensemble des
représentants des partis, qu'on me dise en quoi l'amendement
n'écarte pas le principe de cette loi, principe qui a été
voté par l'Assemblée nationale.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau. Brièvement s'il vous plaît!
M. Gratton: Sur la recevabilité. Je vais essayer
d'être aussi bref que possible; j'ai assez de difficulté à
me faire comprendre, M. le Président, mais je vais tâcher
d'être complet quand même.
M. le Président, le principe en cause est celui de
l'administration des deniers publics en matière de travaux publics. Je
pense que, indépendamment des mots qu'on emploie à l'article 1,
il s'agit, pour le ministre qui présente le projet de loi, de
tâcher d'éliminer le plus possible les difficultés
administratives que le ministère rencontre dans l'adjudication de
contrats à l'entreprise pour des travaux, travaux qui, de l'aveu
même du ministre, concernent surtout les édifices loués par
le gouvernement, et d'une façon additionnelle, la restauration des
anciens immeubles.
La façon que propose le ministre de résoudre ces
difficultés administratives, c'est d'abroger l'article 8 de la Loi des
travaux publics, lequel article spécifie que le ministre doit
procéder par soumissions publiques. Le ministre nous dit
qu'effectivement, on peut abroger l'article 8, parce que les mêmes
dispositions, les mêmes qui vont plus loin, se retrouvent aux
règlements AF-1 et AF-2, adoptés en vertu de l'article 49 de la
Loi sur l'administration financière.
Le principe en cause, c'est de faire en sorte que le ministre puisse
agir dans la légalité la plus complète lorsqu'elle fait
effectuer des travaux dans les édifices loués. Il y a deux
façons d'atteindre cet objectif: La première façon, c'est
celle que propose le ministre, d'abroger l'article 8 et de se limiter
strictement aux dispositions de la réglementation adoptée en
vertu de l'article 49 de la Loi de l'administration financière.
L'autre façon d'arriver à cet objectif, de rejoindre le
principe, si c'est de cela qu'on parle, c'est celle qu'on propose, dans notre
motion d'amendement, qui est d'amender l'article 8 et l'article 9, pour faire
la concordance, pour que le ministre ne soit plus obligé, par la loi,
d'aller en soumissions publiques pour des contrats exécutés dans
les édifices loués, que si elle y est obligée de quelque
façon, qu'elle y soit obligée par le règlement
adopté en vertu de l'article 49.
C'est une question de modalité. L'objectif visé par le
projet de loi est de régler les difficultés administratives. Le
moyen suggéré par le gouvernement est l'abrogation de l'article
8. Le moyen suggéré par l'Opposition, à partir de
l'amendement qu'on vient de déposer, c'est l'amendement des articles 8
et 9, plutôt que leur abrogation pure et simple.
On pourrait bien dire que le principe en cause est le contrôle du
Parlement sur l'administration des deniers publics en matière de travaux
publics. Ce principe est respecté, bien plus par la motion d'amendement
que l'Opposition présente, que par le projet de loi lui-même qui,
lui, abroge la seule disposition législative qui existe
présentement dans l'ensemble des lois du Québec, qui oblige le
ministre à procéder par soumissions publiques.
C'est donc, à mon avis, très évident que la motion
d'amendement proposée par le député de L'Acadie est tout
à fait recevable. Il s'agit strictement d'un moyen différent que
propose l'Opposition des moyens suggérés par le ministre à
l'article 1.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que d'autres membres de
la commission, représentants de parti, veulent prendre la parole sur la
question de la recevabilité?
Mme Lavoie-Roux: ... je ne peux pas faire mieux que cela.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, Mme le
député de L'Acadie. Je constate que vous avez une application
assez extraordinaire le dimanche. Cela va m'aider.
Si vous permettez, je vais prendre quelques secondes pour relire le
texte, ne serait-ce que pour être sûr qu'il correspond à la
lecture qu'on en a faite tout à l'heure.
Pourriez-vous me remettre la première feuille que vous m'aviez
fournie au départ?
Vous aurez compris que j'ai pris la question en
délibéré pendant quelques secondes, quelques minutes.
A l'ordre, s'il vous plaît! Dans un projet de loi qui amende un
autre projet de loi, quand l'Assemblée nationale statue clairement sur
le fait d'abroger des articles de loi, l'Assemblée nationale, à
ce moment-là, fait voir clairement une volonté ferme de changer
fondamentalement ce qui existait dans le projet de loi. J'irais même
jusqu'à dire change du tout au tout ce qui est écrit dans le
projet de loi aux articles concernés. J'ai un doute très grand
à savoir que ce que l'on propose comme amendement soit une très
petite exception à ce que prévoit le projet de loi no 22 à
l'article 1. J'ai même une très grande certitude que l'amendement
proposé par Mme le député de L'Acadie contredit
fondamentalement le principe qui a été avancé par
l'Assemblée nationale à l'article 1 et, pour cette raison, je
déclare cet amendement non recevable.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau. Il me semble...
M. Gratton: ... je vous avoue que vous nous déboutez
complètement.
Le Président (M. Dussault): C'est votre droit, M. le
député.
M. Gratton: Vous allez quand même me laisser terminer. Il
me semble, M. le Président, que si... En tout cas, ma conception du
rôle d'un président de commission, ce n'est pas d'améliorer
l'efficacité et de faire en sorte qu'on finisse en dedans d'un temps
record; ce n'est pas non plus de se substituer au gouvernement qui ne voudrait
pas adopter une façon de faire les choses qui soit différente de
celle qu'il propose. Si le gouvernement n'est pas d'accord avec la motion
d'amendement qu'on a faite, il n'a qu'à voter contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: M. le Président, je voudrais terminer en vous
disant...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Gatineau! A l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Gatineau!
M. Gratton:... que je n'ai pas l'intention d'être partie
à une telle fourberie.
Le Président (M. Dussault): Je vous demanderais, s'il vous
plaît, de respecter l'institution que représente le
président d'une commission.
M. Gratton: M. le Président, j'ai toujours respecté
les décisions respectables. Dans le cas actuel, je m'excuse, si le
gouvernement veut adopter sa loi à la vapeur...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, M. le
député de Gatineau!
M. Gratton: ... si le gouvernement n'est pas prêt à
répondre à nos questions...
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, pour la
troisième fois, M. le député de Gatineau!
M. Gratton: M. le Président, vous pouvez m'expulser, je
n'ai pas l'intention de rester, le gouvernement peut saboter la loi qu'il
voudra. Pour autant que je suis concerné, il n'est pas ouvert, il n'est
pas transparent, il veut "réroder", qu'il "rérode" tout seul, je
ne resterai pas là comme témoin.
M. Michaud: II continue.
M. Gratton: Je vous remercie infiniment de votre
compréhension, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Je tiens à dire
à cette commission que, quand un président de commission a
à trancher une question comme celle-là, il a toujours à
l'esprit qu'il ne faut pas qu'il tranche la question pour la commission. Je le
pense et c'est le minimum d'honnêteté qu'on doit prêter
à un président de commission. C'est cela que le
député de Gatineau remet en doute et je trouve cela
antiparlementaire et inacceptable.
M. Gratton: Vous avez complètement raison, je mets tout
cela en doute, M. le Président.
M. Michaud: De la très mauvaise comédie.
Le Président (M. Dussault): Je trouve triste que les
événements...
M. Gratton: Je trouve cela bien plus triste ce que vous
êtes en train de faire.
Le Président (M. Dussault): ... tournent de cette
façon. Je pense que le président a expliqué pourquoi il
jugeait irrecevable...
M. Michaud: L'option Canada, c'est cela?
Le Président (M. Dussault): ... l'amendement du
député de L'Acadie, qui n'est pas le député de
Gatineau.
M. Michaud: L'option Canada.
Le Président (M. Dussault): C'est quand même le
député de L'Acadie qui a fait un amendement à cet article
1. Ayant jugé irrecevable cette proposition d'amendement, je pose la
question: Est-ce que l'article 1 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux:... question de directive. Je ne suis pas venue
ici ce matin pour m'amuser, pas plus que personne d'entre nous, j'imagine. Je
trouvais qu'il y avait un principe fondamental en cause qui est celui de la
soumission publique. Je ne remets pas en question votre décision, mais
je voudrais quand même que vous m'indiquiez par quel mécanisme on
peut corriger... Au moins, si le gouvernement avait voté contre, c'est
le gouvernement, c'est la majorité. Il a voté contre, il n'est
pas d'accord, cela va. Je me soumets au vote de la majorité. Mais
comment peut-on faire valoir une question de principe dont le bien-fondé
a été, jusqu'à un certain point, admis par le ministre
lui-même? Elle n'est pas d'accord sur la façon dont on peut
procéder pour le corriger. On ne peut pas parce qu'évidemment,
c'est un projet de loi qui va abroger des articles d'une autre loi. C'est
l'article 1. Une fois que l'article 1 est accepté tel quel, toute
intervention devient inutile. Je vous le demande en toute
honnêteté. Je trouve qu'on est vraiment dans un cul-de-sac pour
essayer, de
bonne foi, d'améliorer ou de défendre un principe que l'on
juge important. Pourriez-vous me donner une directive là-dessus?
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, je reconnais avec vous que la marge de manoeuvre dans ce type de
projet de loi qui amende, qui, en fait, modifie une autre loi, dans un article
où on parle d'abrogation, je suis d'accord avec vous pour dire que la
marge de manoeuvre est peu considérable et que, à un principe
déjà accepté clairement le projet de loi n'est pas
considérable; en termes de texte, c'est assez court il est
difficile effectivement d'ajouter ou de retrancher, à un principe
reconnu de cette façon par l'Assemblée nationale.
Jusqu'à maintenant, je ne saurais vous dire vraiment quelle
technique vous pourriez utiliser pour en arriver à amender ce principe,
si vous croyez important de le faire. Je m'en excuse. Oui, Mme le ministre.
Mme Ouellette: Est-ce que je peux ajouter ceci? On a parlé
de l'aménagement, de la construction, mais ces contrats touchent
également l'entretien ménager, le gardiennage,
l'approvisionnement alimentaire, et tout cela est réglementé par
la Loi de l'administration financière. Ce que je veux, c'est me
conformer à cette loi, parce que les règlements qui sont dans la
Loi de l'administration financière vont beaucoup plus loin que les
articles 8 et 9, que, tôt ou tard, on devra, de toute façon,
enlever, parce qu'ils ne cadrent pas à l'heure actuelle avec la loi
actuelle telle qu'on la vit. C'est aussi simple que cela, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas, on n'est
peut-être pas dans les règles du jeu, et ce ne sera pas un long
débat, je ne parle jamais 25 minutes, vous n'avez pas à vous
inquiéter.
Le Président (M. Dussault): Seulement une petite minute.
Si c'est pour continuer dans le sens où Mme le ministre était
allée, je considère que nous reprenons la discussion sur le fond
de la question à l'article 1. Je vais commencer à compter votre
temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je voulais simplement répondre au
ministre que je comprends la difficulté dans laquelle elle se trouve; il
semble même qu'on agisse dans l'illégalité, dans le fond.
Pour éviter d'agir dans l'illégalité, ce que je ne
comprends pas, c'est qu'on ouvre la porte à quelque chose
d'extrêmement dangereux. Le fond du problème serait vraiment, et
je pense que la suggestion est peut-être même venue de vous, que le
gouvernement présente un projet de loi qui, justement, n'ouvre pas cette
brèche ou évite d'ouvrir cette brèche par l'abolition des
articles 8 et 9. Une fois ce palliatif apporté à la Loi de
l'administration publique, à ce moment, qu'on abroge les articles 8 et
9. Or, en ce moment, on nous dit de les abroger avant même qu'aucune
garantie ne soit donnée et que ce soit corrigé, d'autre part. Je
comprends votre souci d'agir dans la légalité, qu'il n'y ait pas
de contradiction entre les deux, je saisis cette chose. Vous nous demandez
quand même de vous donner d'une certaine façon un chèque en
blanc. Ce n'est pas vous. Ce ne sont pas toutes les personnes qui sont avec
vous ou toutes celles qui constituent l'exécutif, mais il reste que,
devant la population, on a la responsabilité d'assurer à la
population que toutes les garanties soient données. On ne juge pas les
personnes, on juge les situations dans lesquelles les personnes peuvent se
trouver. C'est le sens de notre intervention de ce matin. C'est cela, notre
sujet d'interrogation.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le ministre?
Mme Ouellette: Dans l'état actuel des choses et de la loi,
c'est un débat de fond que vous soulevez, Mme le député de
L'Acadie, en ce qui a trait au rôle du législatif et de
l'administratif. Dans le moment, je veux suivre la Loi de l'administration
financière, qui prévoit des règlements, Mme le
député de L'Acadie, encore une fois, qui vont beaucoup plus loin
que les articles 8 et 9 qui ne cadrent pas avec la loi actuelle. C'est
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je le saisis.
Mme Ouellette: Aucun autre ministère, soit dit en passant,
n'est régi par des règlements qui traînent, qui ont
été laissés de côté, faute de temps, par
l'ancien gouvernement. Je me souviens, encore une fois, que c'était
l'ancien ministre, M. Garneau, qui avait présenté le 19
décembre 1970 cette loi qui portait sur les institutions
financières. Je veux me conformer à cette loi, et pas fonctionner
encore une fois avec des articles qui sont désuets, qui ne cadrent plus
avec la loi actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, d'une certaine façon, on
est dans un dialogue de sourds, et que, d'une autre façon, on n'est pas
dans un dialogue de sourds. C'est sur la façon de procéder qu'on
ne s'entend pas. Je pense que vos préoccupations, je les comprends, je
les partage. Je me dis qu'il ne faut pas, en même temps qu'on veut
régulariser une situation, parce que c'est cela que vous voulez
vraiment, fonctionner à l'intérieur de la loi telle qu'elle
est...
Mme Ouellette: ... Mais...
Mme Lavoie-Roux: II reste qu'en la régularisant, il
faudrait s'assurer que ce que j'appellerais le garde-fou soit également
dans cette loi. Peut-être qu'on régularise votre façon de
procéder, certainement qu'on la régulariserait à
l'intérieur de la Loi de l'administration publique, mais, par la
même opération, sans le vouloir, on enlève la seule
garantie qui existe à l'égard de la soumission publique.
C'est dans ce sens, en voulant corriger une lacune, que je suis
prête à reconnaître avec vous...
Et c'est pour ça que je dis que, d'une façon, c'est un
dialogue de sourds et, d'une autre façon, ce n'en est pas un. Mais on ne
s'entend pas sur le mécanisme qu'il faut ou sur la façon de
procéder ou les étapes à franchir pour arriver au
résultat que vous voulez avoir et avec lequel on est d'accord.
Mme Ouellette: C'est ce que je vous soulignais, M. le
Président, au tout début. C'est que ce débat, qui porte
essentiellement sur la loi qui régit les institutions
financières, l'administration financière, c'est ailleurs que ce
débat doit avoir lieu. Dans le moment, moi, je me conforme aux
règlements et je veux continuer, dans l'état actuel des choses,
à me conformer aux règlements qui proviennent de la Loi de
l'administration financière. Il n'y a, encore une fois, aucun autre
ministère qui est aux prises avec des choses qui ne tiennent même
plus compte de la réalité et qui vont même moins loin que
les règlements actuels. On s'en-farge dedans inutilement. J'aurais
préféré, M. le Président, soit dit en passant, que
le député de Gatineau soit enflammé, du temps où la
loi a été adoptée et où on a parlé de la
réglementation de l'administration financière. Là, pour
toutes sortes de raisons qu'on peut imaginer... Et j'ai l'impression,
d'ailleurs, que le député de Gatineau sait très bien de
quoi on parle parce qu'il était là dans le temps.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, qu'il est
toujours difficile d'imputer des motifs surtout aux absents. De toute
façon, ma préoccupation, peu importe le gouvernement qui est
là, celui qui était là avant ou celui qui viendra
après, c'est vraiment un souci que la population soit assurée que
cette garantie existe quelque part; et je me dis: Est-ce qu'à ce
moment-ci il ne vaudrait pas mieux suspendre l'adoption de ceci, faire la
correction nécessaire, apporter la garantie nécessaire à
la Loi de l'administration financière et, après ça, mon
Dieu, ce sera une formalité.
Mme Ouellette: A la première question, M. le
Président, non, et à la deuxième question, nous l'avons,
la garantie.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous ne l'avez pas, la garantie. Pas
dans la loi. Vous l'avez dans les règlements. Vous l'avez dans les
règlements et non pas dans la loi.
M. Ouellette: M. le Président...
Mme Ouellette: Dans la législation actuelle, Mme le
député.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Ouellette: Nord, correction, M. le Président.
J'aimerais, si vous me le permettez, poser une question au député
de L'Acadie. Je comprends très bien le souci d'honnêteté et
de protection du public que vous mettez de l'avant dans votre argumentation;
mais, compte tenu que les articles 8 et 9 dont on parle ici ne s'appliquent
qu'à un seul ministère qui est appelé à faire des
appels d'offres, jusqu'où va votre souci justement de cette
honnêteté et de protection du public quand on parle des autres
ministères qui, eux, ne dépendent que de l'article 49?
Mme Lavoie-Roux: Bon! Ecoutez! Je vais répondre
très simplement. Il y a une plus grosse lacune que celle que je pensais
qui existait. C'est aussi simple que ça; cette lacune que vous me
signalez, si elle est à l'intérieur de tous les autres
ministères, elle devrait également être corrigée
à l'intérieur des autres ministères. Je pense qu'elle
pourrait l'être en apportant cette garantie. A ce moment-là, je
comprends que les autres ministères pourraient y être soumis
également. Mais, dans le cas des Travaux publics, évidemment,
cela a certainement dû être, dans le domaine des soumissions, le
ministère le plus sensible, parce que j'imagine que le...
Mme Ouellette: Non, cela a été, comme je l'ai
mentionné je m'excuse, M. le Président depuis le
début, un oubli. Cela avait été inscrit sous l'ancien
gouvernement, et c'est de cette loi-là qu'on parle aujourd'hui et, faute
de temps, à cause de vous savez ce qui s'est passé
ils n'ont pas eu le temps de le présenter en deuxième lecture.
C'est un oubli. Il faut nettoyer ça. On aurait
préféré, soit dit en passant, et comme ministre des
Travaux publics, je vous avouerai bien honnêtement que j'aurais
préféré présenter un projet de loi plus
étoffé, ce qui va venir avant longtemps. Mais là, ce sont
des questions d'ordre administratif qu'il faut nettoyer et que l'ancien
gouvernement aurait dû faire. Ils l'ont fait pour les autres, ils ne
l'ont pas fait pour celui-là. C'est simplement ça.
M. Ouellette: Je voudrais revenir...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord, vous aviez la parole.
M. Ouellette: ... avec une deuxième remarque qui suit la
première. Ne vaut-il pas mieux uniformiser la situation dans tous les
ministères, dans un premier temps, quitte à revenir avec un
nouveau projet de loi qui donnera des garanties additionnelles de protection
pour la population en amendant la Loi de l'administration
financière?
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, j'ai l'impression qu'on est sur
la même longueur d'ondes quant au problème principal qui est en
cause. Mais je répondrais non à votre question. Je trouve que
vous procédez à l'envers. Vous dites: Etendons plutôt cette
situation qui ne prévoit pas cette garantie de soumissions publiques
à tout le monde pour uniformiser et ensuite on reviendra avec les
garanties. Je pense qu'il faut faire l'inverse.
M. Ouellette: II y a un ministère sur douze
peut-être qui est actuellement enfargé dans ces articles 8 et 9.
Mme le ministre propose qu'on uniformise si le terme est bon la
situation et qu'on revienne ensuite considérer l'article 49 pour
chapeauter l'ensemble des ministères qui peuvent être
concernés par cet article. Mme le ministre a répété
à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'un oubli qui a été
fait par le ou les anciens gouvernements et elle vient, dans ce projet de loi
22, demander à l'Assemblée nationale de régulariser la
situation, quitte à reconsidérer le tout dans un autre projet de
loi. Ce qui me paraît tout à fait logique et...
Mme Lavoie-Roux: Je pense...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît. Si ce n'est pas une question que M. le député de
Beauce-Nord pose à Mme le député de L'Acadie, et que son
intervention est terminée, M. le député de Huntingdon
avait demandé la parole.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Suite aux propos du
ministre, tout à l'heure, j'ai encore des doutes au niveau du respect
que le législatif aura en Chambre. Vous avez avoué tout à
l'heure que l'article 49 de la Loi de l'administration financière avait
préséance sur les articles 8 et 9. Si on prend le
règlement AF-1, à la section 3 où on indique, sous
réserve de l'article 8 de la Loi des travaux publics: "Aucun contrat de
construction ne peut être conclu, à moins que des soumissions
publiques n'aient été sollicitées conformément au
présent règlement, sauf..." et là, on nomme trois cas
où on peut faire sauter cela, je pense qu'on a le droit de revenir sur
des positions, l'amendement proposé par le député de
L'Acadie pouvait quand même faire suite aux articles a), b) et c) comme
quatrième article. Cela se tenait quand même. Cela réglait
votre problème présentement. On fait disparaître
complètement l'article 8 et il reste quand même qu'à AF-1
on avait trois cas où on pouvait faire sauter l'article 8. Mais
là il disparaît. C'est quand même une préoccupation
importante que le législatif soit respecté.
Mme Ouellette: C'est juste. On est constamment obligé
d'aller en dérogation. Le lieutenant-gouverneur en conseil autorise
régulièrement des dérogations à cet article quand
on est obligé d'aller dans la location d'édifices publics, etc.
C'est ridicule. C'est encore un palier administratif désuet qui ne fait
que retarder non seulement les travaux, mais les baux de location.
M. Dubois: Mais remarquez bien qu'à la section 3 du
règlement AF-1, il aurait pu y avoir l'article d), après a), b)
et c), qui dirait que pour les édifices loués par le gouvernement
il y a telle prévision.
Mme Ouellette: C'est exactement ce qu'on veut faire, parce que
c'est dans le règlement.
M. Dubois: D'accord, mais vous n'aviez pas besoin de faire sauter
l'article 8. Vous n'auriez eu qu'à ajouter une autre clause.
Mme Ouellette: On ne peut pas le faire. Il ne cadre pas avec la
législation. Il ne cadre plus. Il est désuet. C'est pour cette
raison qu'il faut le nettoyer. Et, encore une fois, pour répondre au
député de L'Acadie, M. le Président je pense que
cela fait douze fois que je le répète c'est à une
autre commission parlementaire, à un autre endroit, dans un autre lieu,
où il y aura lieu de discuter de la Loi de l'administration
financière.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement d'abord il n'y a
pas de question de privilège qui se soulève en commission
parlementaire, on a appris cela ...
Le Président (M. Dussault): Vous l'avez bien appris, Mme
le député, dans cette commission de la langue.
Mme Lavoie-Roux: II reste que le ministre et le
député de Beauce-Nord ont indiqué que le parti qui a
précédé avait l'intention de faire cela, il ne l'avait pas
fait à cause de l'élection du 15 novembre on ne l'a pas
dit, mais c'est ce qu'on a assez clairement laissé entendre je
crois. Je voudrais quand même faire une rectification.
Il est vrai que ce projet de loi avait été
préparé sous l'ancien gouvernement. Mais la raison que les gens
semblent interpréter comme étant la raison majeure qui a fait que
le projet de loi n'a pas été adopté est l'élection
du 15 novembre, alors que les avis qui ont été donnés,
dont j'ai pris connaissance, à l'ancien gouvernement étaient
justement de ne pas adopter cette loi parce qu'elle ouvrait trop grande la
porte à des abus possibles et elle soumettait, une fois de plus, le
législatif à l'exécutif dans l'administration des biens
publics. Alors, simplement cette correction... C'est trop facile de dire: Ce
n'est pas passé parce qu'il y a eu le 15 novembre. C'est une
interprétation logique, je l'admets, mais je dois quand même vous
dire que j'ai aussi vu des avis qui ont été donnés dans un
sens contraire, pour les raisons qu'on invoque depuis le début de cette
discussion.
Mme Ouellette: M. le Président...
Le Président (M. Dessault): Oui, Mme le ministre, quelques
secondes.
Mme Ouellette: ... me permettez-vous d'ajouter une petite note?
Je pense que le député de L'Acadie n'était pas ici au
début quand j'ai expliqué qu'à sa séance du 29
octobre 1975, le Conseil du trésor s'était déjà
montré favorable à ce que les articles 8 et 9 de la Loi des
travaux publics soient abrogés et que le problème de droit
posé on en
a parlé tantôt et vous étiez d'accord avec
cela à l'article 11 soit également abrogé pour
régulariser la situation.
Mme Lavoie-Roux: II est 13 heures.
Le Président (M. Dussault): Je vous demande, avant de
suspendre les travaux, si l'article 1 est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'ajournement des travaux, il est 13
heures, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Cela aurait été
un bout de chemin de fait, mais si vous le voulez ainsi...
Mme Lavoie-Roux: Les autres vont passer automatiquement, M. le
Président, qu'est-ce que vous voulez, il n'y a rien dans les autres!
Le Président (M. Dussault):... nous ajournons les travaux
de cette commission, sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une Voix: Est-ce que nous avons quorum?
Le Président (M. Dussault): J'ai le regret de vous dire
qu'il y avait quorum juste avant que vous arriviez, mais vous êtes quand
même apprécié.
Nous sommes à nouveau en commission élue permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement, pour l'étude,
après la deuxième lecture article par article du projet de loi no
22, Loi modifiant la Loi des travaux publics.
Sont membres de la commission à cette séance: M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace M. Caron (Verdun);
moi-même; M. Gratton (Gatineau), M. Dubois (Huntingdon) remplace M.
Grenier (Mégantic-Compton); M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplace M. Guay
(Taschereau); M. Lefebvre (Viau), M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix), M. Michaud
(Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord), Mme Ouellette (Hull), M. Martel
(Richelieu) remplace... j'efface et je recommence pour ce dernier. M. Marquis
(Matapédia) remplace M. Perron (Duplessis); M. Rancourt
(Saint-François), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Sam-son
(Rouyn-Noranda) et M. Vaillancourt (Orford).
Lors de l'ajournement sine die de ce matin, nous en étions
à l'article 1 du projet de loi no 22, et nous en sommes toujours
à une motion d'adoption de cet article.
Mme Lavoie-Roux: J'avais demandé l'ajournement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie, effectivement, avait demandé l'ajournement des travaux. Mme le
député de L'Acadie, à qui il restait cinq minutes
en étant généreux dans le comptage de parole sur
l'article no 1.
Vous avez la parole, Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire, M. le Président, que j'ai
aussi l'impression que vous avez été généreux dans
le comptage, et je vous en remercie. D'ailleurs, je ne prendrai pas cinq
minutes. Je voudrais simplement demander au ministre ceci. J'ai eu
l'impression, à tort ou à raison, qu'elle était
peut-être ouverte à l'amendement que vous avez refusé;
peut-être que, si elle acceptait, et que c'était accepté
à l'unanimité, on pourrait en faire la discussion. On pourrait
peut-être trouver là une porte de sortie assez rapide aux
problèmes qui, dans le fond, la confrontent présentement.
Mme Ouellette: Je dois dire, M. le Président, que le
député de L'Acadie a une prétention qui n'existe pas. Non,
je n'étais pas ouverte. Je l'ai mentionné ce matin. Je continue
à croire, étant donné, encore une fois et vous
m'obligez à le
répéter à nouveau, Mme le député de
L'Acadie que la réforme, ou ce que vous voulez apporter comme
amendement, ne touche pas cette commission parlementaire; c'est une autre
commission. A ce moment, encore une fois, je vous l'avais souligné
également à plusieurs reprises, c'est un débat de fond que
vous soulevez. A ce moment, il serait bon que vous le souleviez ailleurs,
à une autre commission parlementaire, dans un autre local.
Le Président (M. Dussault): Vous permettez? Je remercie
Mme le ministre, parce que j'avoue que, comme président, j'aurais
été dans l'embarras de voir Mme le ministre accepter un
amendement que le président avait jugé irrecevable. Voulez-vous
garder la parole, Mme le député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Puisqu'il me reste quatre minutes.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, c'est l'article 1 que nous
discutons, et mon temps de parole sera épuisé après. Je
veux simplement répéter même si pour nous aussi
c'est peut-être la nième fois que nous le faisons que je
regrette que le gouvernement ne montre pas d'ouverture à l'égard
des représentations que nous faisons, lesquelles ne relèvent pas
du caprice mais vraiment d'un souci d'une saine administration et de ce qui
devrait être normalement la façon de se comporter dans une
administration publique, à savoir qu'on n'enlève jamais
l'obligation d'aller en soumissions publiques, sauf si des clauses
particulières peuvent le prévoir dans des conditions
spéciales.
Ce matin, l'argument soulevé par le député de
Beauce-Nord, indiquant que dans le fond, ce qu'on voulait faire, c'était
uniformiser, puisque dans les autres ministères, ce n'était pas
requis. Je pense que ceci n'est pas un bon argument. Peut-être que
ça n'est pas requis dans les autres ministères, mais si on devait
modifier quelque chose, ce serait dans le sens que les autres ministères
soient soumis aux mêmes obligations d'aller en soumissions publiques pour
$25 000 et plus. Il ne faut pas oublier que si l'obligation est restée
pour les travaux publics, il faut peut-être se demander si ce n'est pas
le fait que justement les montants impliqués et la fréquence des
soumissions possibles dans le secteur des travaux publics est probablement de
beaucoup supérieure à tous les autres ministères.
S'il y avait une modification à apporter, ce ne serait pas dans
le sens de rendre le ministère des Travaux publics uniforme aux autres
qui n'ont pas cette obligation, sauf dans des règlements qui peuvent
être modifiés, mais vraiment dans le sens d'une loi ou
d'amendements qui obligeraient tous les autres ministères à
être soumis aux mêmes conditions.
C'est tout ce que je voulais dire, c'est le point que je voulais
soulever. Je regrette, encore une fois, la fermeture du gouvernement à
cet égard. Je pense que c'est prendre inutilement des risques. Je crois
qu'il est de notre devoir de le porter à l'attention de la
population.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais d'abord dire mon
regret de n'avoir pu être ici ce matin. Quand on connaît les neiges
hâtives de Charlevoix... Cela m'a empêché malheureusement
d'être ici aussi tôt que je l'aurais voulu.
De toute façon, l'argumentation unique que je voudrais apporter
à l'article 1, puisque c'est l'essence même du projet de loi qu'on
retrouve à cet article... Je ne pense pas devoir le
répéter, j'espère pouvoir apporter les arguments que je
voulais apporter devant cette commission, à l'intérieur du temps
qui m'est alloué.
Le ministre actuel des Travaux publics a dit à juste titre, avec
raison, qu'en fait, elle ne voulait être astreinte qu'à la
même réglementation qui régit l'ensemble des
ministères gouvernementaux, donc tous les autres ne doivent
procéder que par la réglementation de la Loi de l'administration
financière, les règlements AF-1 et AF-2. Je me rappelle
pertinemment qu'au moment où un de mes collègues a apporté
cette même mesure législative qui n'a pas franchi plus que la
première lecture, j'avais apporté les mêmes arguments
à l'endroit de mon collègue en disant que si on voulait
uniformiser les politiques administratives des ministères, c'est dans le
sens inverse qu'on devrait procéder, comme le disait tantôt mon
collègue. Chacun des ministères qu'il y a à construire au
Québec, qui a à donner des soumissions ou des contrats, devrait
le faire avec les mêmes obligations que la Loi des travaux publics donne
par les règlements 8 et 9; pour chacun des ministères,
éducation, santé ou ailleurs, ça devrait être la
même obligation.
On me dira tantôt que la Loi de l'administration
financière, par les règlements AF-1 et AF-2, est une protection
suffisante qui oblige l'ensemble des ministères à procéder
suivant cette réglementation et je dis oui. Il n'y a absolument rien que
je voudrais contredire dans ces propos.
La démonstration que je voudrais faire, j'en ai été
moi-même témoin. Si, dans la loi de chacun des ministères,
il y avait l'obligation qui est faite aux articles 8 et 9, pour amender ces
articles, pour les justifier devant le Parlement, il faudrait revenir devant le
Parlement et indiquer pour quelles raisons ces contraintes ne sont pas
acceptables pour l'évolution d'une société, il faudrait le
faire.
Je me rappelle pertinemment qu'alors que j'étais ministre des
Transports et soumis, non pas à la Loi des travaux publics, mais soumis
à la Loi de l'administration financière, comprenant les
contraintes qu'on rencontrait, face, je donnerai un domaine particulier, au
cartel qui s'établissait dans le Québec dans le domaine des
revêtements bitumineux. Ce cartel s'établissait par une compagnie
qui, dans le tiers du Québec, monopolise
l'administration et la possession d'un secteur d'activités
important pour lequel on dépense plusieurs dizaines de millions.
Afin de contrer l'établissement de ce cartel dans tout le
Québec, j'avais fait valoir, devant l'Opposition du temps qui
était le Parti québécois, l'obligation que j'avais de
recommander, après discussion avec le Conseil du trésor, au
conseil des ministres, les modifications souhaitables qui permettaient que le
montant de $100 000 à l'intérieur duquel on devait aller
dans des négociations soit porté à $300 000
et je ne voudrais pas errer, les fonctionnaires pourront informer valablement
le ministre et je pense qu'en deuxième ressort, je l'ai fait
porter à $500 000 dans certains cas, dans des territoires aussi
éloignés que ceux du comté de Duplessis.
Comment est-ce arrivé? Je me rappelle qu'il a fallu persuader,
difficilement, le Conseil du trésor très très
difficilement et, pendant que je parle, j'ai souvenance de
l'hésitation qu'avait chacun des membres du Conseil du trésor qui
siègent face au cinq parlementaires qui sont là. Je conviens
qu'il est assez difficile pour ces fonctionnaires, malgré les arguments
qu'ils apportent à l'appui, la sauvegarde des règlements qu'on
doit conserver dans l'administration financière... A un moment
donné, c'est le pouvoir politique qui décide, ce ne sont pas les
fonctionnaires du Conseil du trésor; c'est le pouvoir politique qui,
à un moment donné, exprime des voeux. J'ai réussi, par la
suite, à faire accepter au Conseil des ministres, par le
lieutenant-gouverneur en conseil comme le ministre pourra le faire
à l'avenir de l'augmenter à $300 000 et $500 000.
Peut-être que les raisons, à ce moment, étaient
justifiables, qu'il était tout à fait justifié d'aller
dans ce sens.
M. le Président, je vous dirai que le ministre ne sait pas dans
quelle position il se place. Quand on parle de transparence, après avoir
fait modifier les deux règlements moi-même, je me rappelle la
sollicitation dont j'ai été victime de la part de
collègues ministres, de la part de fonctionnaires et de la part de
patroneux qui, pour toutes sortes de raisons, meilleures les unes que les
autres, m'invitaient à aller, non pas en soumissions publiques, mais
à aller vers la négociation. Je dis au ministre, maintenant, que,
quoi qu'il arrive dans l'avenir, pour toutes sortes de raisons, des gens
influents, près de l'administration ou dans l'administration, trouveront
des raisons assez valables pour que la soumission publique disparaisse
d'année en année. Je me demande même, si c'était
à refaire aujourd'hui, si je poserais de nouveau les gestes que j'ai
posés dans les mêmes circonstances, sachant la pression qui a
été mise par la suite. Je me rappelle que, dans un comté
comme celui des Iles-de-la-Madeleine, où il n'y a pas une
dualité, il n'y a pas une pluralité d'entrepreneurs... Même
pour certains travaux, comme politicien et comme ayant à défendre
un geste public, j'avais l'impression qu'on aurait dû aller à la
soumission publique, même si les entrepreneurs venaient de
Montréal ou d'ailleurs. On m'a laissé entrevoir que, cer-
tainement, il y aurait des retards dans les travaux, le déplacement des
machineries, etc., et on est allé en soumissions
négociées.
Le ministre sera pris dans des conditions semblables ou, pour toutes
sortes de raisons, on lui indiquera que ça presse, que l'urgence est
telle qu'il faut absolument aller en dehors de la soumission publique. Ayant
vécu cela pendant quelques années, il n'y a personne, dans le
gouvernement actuel, qui me convaincra que, dans l'avenir, on ne trouvera pas
des raisons pour justifier qu'on se serve, dans un avenir très prochain,
de manière très générale, de la soumission
publique, mais qu'à différentes occasions, on trouvera les
moyens, au ministère des Travaux publics, à l'avenir, comme aux
Transports, comme je l'ai fait, comme ailleurs, et l'on verra que
quantité de contrats, pour des raisons probablement défendables
et pour des raisons justifiables, mais qui ne sont pas toujours faciles
à expliquer publiquement... Quand il faut amender une loi, revenir en
Chambre et expliquer une décision devant tous les partis, c'est pas mal
plus difficile que de convaincre, par le lieutenant-gouverneur en conseil, de
changer les règlements AF-1 et AF-2. On a affaire à des
collègues ministres et, quand le ministre est assez influent, il est
bien rare qu'on puisse contredire la position qu'il défend devant le
Conseil exécutif.
C'est à peu près, M. le Président, ce que j'avais
à dire. J'ai toujours eu l'impression que le Parti
québécois, qui avait appuyé les modifications que j'ai
apportées dans ce temps-là parce que les raisons étaient
suffisamment valables et je sais que mon successeur se sert des
mêmes raisons pour justifier son action...
Je ne le conteste pas, mais je pense que dans ce domaine, il a raison
d'agir ainsi, autrement on assisterait à la mise en place d'un cartel
que personne ne veut, pas plus le Parti québécois que
moi-même. Mais il ressort que c'est une porte large ouverte et si vous
avez fait une campagne disant au public que tout devrait être fait
à la lumière, si chacun des ministères était
astreint à la même loi à laquelle a toujours
été astreint le ministère des Travaux publics par les
articles 8 et 9, je pense que la clarification et la transparence seraient
protégées partout avec les règlements de l'administration
financière. Vous aurez exactement la même possibilité
qu'ont les ministères de l'Education, des Transports et d'autres
ministères, mais vous aurez également la possibilité et de
fortes tentations qui, pour toutes sortes de raisons, pourront paraître
très justifiées et possiblement justifiables, mais qu'on pourra
vous reprocher, dans un avenir très prochain, s'il y a des anomalies qui
se sont produites et pour lesquelles vous aurez à payer.
C'étaient, M. le Président, les quelques commentaires que
je voulais apporter. Ce n'est pas mon intention d'intervenir sur les autres
articles, d'aucune façon, puisque que ce ne sont que des articles de
concordance. Je dis simplement au gouvernement, en terminant, que, s'il voulait
apporter de la concordance, comme a voulu en ap-
porter mon collègue M. Bill Tetley, il aurait fallu que chacun
des ministères du gouvernement soit astreint à la Loi des travaux
publics qui, elle, était une loi très claire et dont on ne
pouvait dévier par un pouvoir de réglementation. Depuis quinze
jours, j'assiste simplement à l'érosion du pouvoir
législatif, dans la loi 19, dans celle-là; c'est simplement par
pouvoir de réglementation que le gouvernement actuel semble vouloir
aller de l'avant. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Ouellette: D'abord, je tiens à remercier le
député de Charlevoix pour ses bons conseils.
Maintenant, vous savez comme moi que c'est M. Garneau qui a signé
cette loi, le 19 décembre 1970 et, quand vous disiez, par exemple, que
c'est difficile de défaire des cartels, vous savez comme moi que ce
n'est pas par soumissions publiques, finalement, qu'on peut décourager
ces cartels que vous décriviez tantôt. Egalement, quand vous
étiez député de Charlevoix, responsable du
ministère, ministre des Transports, vous n'aviez aucune
impossibilité d'aller en soumissions publiques, vous pouviez y aller. Je
ne peux pas faire autrement que de saisir l'occasion vous me la
fournissez, vous m'ouvrez la porte de vous dire que, d'une part, on n'a
pas l'intention de procéder par négociations et, d'autre part,
c'est la première fois et je pense que, quand vous soulignez la
transparence du gouvernement qu'un gouvernement est libre de toute
attache en coulisses, on ne doit rien à personne, sauf à la
population qui a contribué, par ses deniers, à nos campagnes de
financement du Parti québécois. A ce moment il est beaucoup plus
facile pour nous pour répondre, suite à ce que vous disiez
tantôt de dire non et de suivre exactement les règlements
qui sont édictés par la Loi de l'administration
financière.
M. Mailloux: M. le Président, comme il me reste quelques
minutes, je voudrais quand même dire ceci au ministre: Ce n'est pas un
blâme sur des gestes qu'elle a déjà posés que j'ai
porté, puisqu'elle ne fait que commencer l'administration d'un
ministère, je pense qu'elle est au début de son travail, mais je
dois ajouter que l'ensemble des contrats où, comme titulaire des
Transports, j'ai eu à passer en dehors des soumissions publiques pour
aller à la négociation, en tout temps, sont entre les mains de
mon successeur et je suis en mesure d'en défendre les raisons en tout
temps, quels que soient les contrats qui ont été accordés.
Si, par hasard, une erreur s'était glissée qui
n'était pas venue d'une recommandation que j'aurais faite et que
j'aurais endossée j'en prendrai la totale responsabilité.
Ce que j'ai voulu dire au ministre ne faisait peut-être pas
référence à l'ensemble des souscripteurs possibles des
partis politiques; tant mieux si vous n'en avez pas qui sont près
d'importantes organisations, mais il y aura bien d'autres raisons, que les
souscriptions à un parti politique, qui vous inviteront ou inviteront
vos collègues à aller en dehors des soumissions publiques. Je
répète au ministre que, dans un avenir prochain, elle devra,
comme d'autres de ses collègues, surveiller toutes les raisons, qu'on
trouve aussi justifiées les unes que les autres, pour suivre simplement
le règlement de l'administration financière et parfois
éviter les soumissions publiques.
Mme Ouellette: Je tiens à ajouter ceci, M. le
Président sauf quelques exceptions dont on a fait état au cours
de la journée, nous sommes tenus d'aller en soumissions publiques. A ce
moment, vous savez que, si on n'accorde pas, au plus bas soumissionnaire, la
soumission, on est tenu d'aller selon les règlements qui nous
régissent, selon la Loi de l'administration financière au
Conseil du trésor et d'expliquer pourquoi, à ce moment, on
n'alloue pas le contrat au plus bas soumissionnaire.
M. Mailloux: Je pourrais aimablement dire au ministre qu'ayant
moi-même été deux ans aux Travaux publics et pendant
quelques années aux Transports, j'ai dû suivre cette
procédure. Mais cela n'élimine d'aucune façon le fait que
lorsque c'est le pouvoir de réglementation qui peut permettre au
ministre d'un ministère donné de faire modifier le
règlement, parce que ce n'est plus une législation qui fait
apporter une modification à un règlement qui est connu de tout le
monde, c'est simplement le pouvoir du lieutenant-gouverneur en conseil. A ce
moment, le Parlement n'a plus aucune autorité sur une décision de
l'exécutif de la province de Québec.
Mme Ouellette: C'est également ce que je soulignais ce
matin, M. le député de Charlevoix; je disais: Si, par exemple, on
ne fait pas confiance c'est votre plein droit au
lieutenant-gouverneur, au Conseil du trésor, au vérificateur des
finances et au Vérificateur général, à ce moment,
ce débat encore une fois, je le soulignais au début
est un débat de fond et vous devrez aller en discuter c'est votre
plein droit et apporter ou suggérer des modifications à
une autre commission parlementaire, pas celle-
M. Mailloux: M. le Président, je suis bien obligé
de dire au ministre que, malheureusement, ce débat de fond qui fait
l'objet de la modification que l'on rencontre à l'article 1... C'est
effectivement à ce seul ministère que l'on rencontre une telle
mesure législative qui faisait obligation à ce ministère
d'aller simplement par soumissions publiques et non pas par les
règlements AF-1 et AF-2.
De toute façon, M. le Président, je n'ai pas envie de
convaincre le ministre, il me semble que son lit est fait, elle n'a
forcément qu'à s'y placer à l'horizontale. Mes
collègues de l'Opposition et moi, nous nous opposons.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Huntingdon avait demandé la parole.
M. Dubois: Merci, M. le Président. En ce qui nous
concerne, je crois que les raisons qui amènent le ministre à
demander l'abrogation de ces deux règlements... J'imagine que le
ministre est de bonne foi, je suppose la bonne foi du ministre. Mais il reste
que l'appareil législatif est laissé de côté et je
le déplore énormément. Il y a quand même une
question que je me pose, c'est que le gouvernement libéral, de 1970
à 1976, a quand même vécu avec ces règlements. Je
sais que, à la fin du terme, on est arrivé avec le projet de
loi... je ne sais pas comment il s'appelait dans le temps mais on
a quand même soumis en première lecture un changement
équivalent...
Mme Ouellette: C'était le projet de loi 222, à ce
moment.
M. Dubois: Alors, je me pose une question: Comment a pu vivre le
gouvernement libéral, pendant sept ans, soumis aux mêmes
règles qui existent présentement...
Mme Ouellette: Le gouvernement précédent n'a pas
vécu avec cela.
M. Dubois: Non? Avec quoi a-t-il vécu alors? Une
Voix: II a vécu, mais pas survécu.
Mme Ouellette: II a vécu, justement, avec le
règlement.
M. Dubois: Oui, vous voulez dire avec le règlement 49; il
est toujours là.
Mme Ouellette: La Loi des institutions financières, c'est
cela.
M. Dubois: Mais pourquoi est-il impossible de vivre
présentement avec le règlement 49, comme le gouvernement
libéral a vécu pendant sept ans? C'est quand même une
question que je me pose.
Mme Ouellette: Encore une fois, je l'ai expliqué et je
l'ai répété à plusieurs reprises, j'ai beaucoup de
patience et cela me fait plaisir de le répéter...
M. Dubois: Oui, d'accord, il faut être patient!
Mme Ouellette: C'est que la plupart... Et on mentionnait des
ministères où des séquelles qui traînaient ont
été nettoyées. C'est pour cela que le parti qui formait le
gouvernement, dans le temps, a oublié ou n'a pas eu le temps de nettoyer
ces séquelles. Encore une fois, je le disais ce matin, parce que ce
projet d'abrogation avait quand même été
déposé par l'ancien gouvernement, également sur
recommandation du Conseil du trésor, comme je le mentionnais ce matin,
le Conseil du trésor du temps. Je veux ajouter ceci, au profit du
député de Charlevoix; il n'est pas sans connaître ces
articles de la Loi 49 qui ont quand même été
amendés, qui ont beaucoup plus de dents et qui vont beaucoup plus loin
que les articles 8 et 9 de la loi 22.
Il me fait également plaisir de répéter, pour le
profit du député de Charlevoix, qu'en vertu de cet article de la
Loi de l'administration financière, vous savez qu'il y a un
règlement concernant les contrats du gouvernement pour la location, par
exemple, d'immeubles, un règlement qui a été adopté
par l'arrêté en conseil no 2267-77, qui a également
été publié dans la Gazette officielle du 10 août
1977 et l'article 5 dudit arrêté en conseil impose le processus de
soumissions. Il y a aussi d'autres règlements concernant les contrats
d'achats du gouvernement qui ont été adoptés
également par l'arrêté en conseil no 2591-77, qui a
également été publié dans la Gazette officielle le
14 septembre 1977, l'article 10 dudit règlement ou dudit
arrêté en conseil impose également le processus des
soumissions. Egalement, un autre règlement concernant les contrats du
gouvernement pour la location des biens meubles a été
adopté par l'arrêté en conseil no 2597-77...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des règlements. Ce n'est pas une
loi.
Mme Ouellette: Ce sont des règlements parce que je suis
régie, encore une fois, par l'administration financière; c'est
quand même une loi qui est votée, encore une fois, par
l'Assemblée nationale.
M. Dubois: Mme le ministre, on peut changer les règlements
tous les jours...
Une Voix: C'est cela.
M. Dubois: ... mais une loi ne se change pas comme cela; il faut
passer par l'Assemblée nationale. C'est là que se situe le
problème, au niveau des réticences de l'Opposition et
remarquez qu'on a beaucoup de réticences et, en ce qui me concerne, je
pense qu'il est impossible d'accepter l'article 1 tel quel parce que
l'appareil législatif n'est même plus consulté et qu'on
arrive avec des amendements aux règlements existants à tous les
jours, si l'on veut, possiblement. Je pense que vous êtes d'accord.
Mme Ouellette: Oui, mais vous comprenez, M. le
député de Huntingdon, quand on regarde l'article 8 et l'article 9
et quand on regarde aussi les divers changements ou améliorations qui
ont été apportés à l'article 49 de la loi, on voit
que ces amendements vont beaucoup plus loin que les deux articles 8 et 9 qui,
de toute façon, n'ont plus de dents, ils ne donnent plus rien...
M. Dubois: Je suis d'accord pour dire qu'ils n'ont plus de
dents.
Mme Ouellette: On ne va pas suffisamment loin avec cela. Alors,
on garderait finalement ces règlements ils sont par-dessus de
toute façon et, tôt ou tard, on serait en retard sur la loi
actuelle; il faudrait les abroger.
M. Dubois: Mais je pense qu'on met quand même la charrue
devant les boeufs, il faudrait réviser l'appareil au complet avant d'en
arriver à quelque chose.
Mme Ouellette: Oui, mais, M. le député de
Huntingdon...
Le Président (M. Oussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a des conciliabules qui se tiennent et qui rendent vraiment
l'audition difficile. Je vous prierais, s'il vous plaît, d'être
à l'écoute.
Mme Ouellette: Ce que je voulais ajouter, M. le Président,
au député de Huntingdon, c'est que, à moins que vous ne
vouliez retourner plusieurs années en arrière parce que ces
deux articles sont dépassés...
M. Dubois: On retourne 20 ans en arrière.
Mme Ouellette: Mais il faut aller de l'avant, je pense, au
Québec, maintenant en 1977, on s'en va vers 1978; il faut surtout aller
de l'avant si on veut construire quelque chose et c'est dans ce sens que je
vous dis et que je vous souligne que la réglementation actuelle, qui
nous régit, de par la loi, va beaucoup plus loin que ces deux
articles.
M. Dubois: Ce qui veut dire qu'il faudrait laisser à
l'appareil administratif tous les pouvoirs, sans passer par le
législatif...
Mme Ouellette: Non, mais c'est pour cela...
M. Dubois: ... mais c'est ce qui s'en vient, quand même; on
s'en va vers cela.
Mme Ouellette: C'est pour cela, M. le Président
vous me permettez de le souligner à nouveau au député de
Huntingdon? que je vous disais: Ce que vous soulignez, c'est tout le
débat de fond du législatif par rapport à l'administratif
et ce n'est pas ici qu'il faut que l'on discute de cela...
M. Dubois: Je suis d'accord, mais il reste que...
Mme Ouellette: Je comprends votre préoccupation...
M. Dubois: On ne peut pas faire autrement qu'être
préoccupé.
Mme Ouellette: ... et je vous disais ce matin: Vous avez
peut-être raison, mais ce n'est pas ici, ce n'est pas le lieu, ce n'est
pas à la commission parlementaire qu'il faut en discuter.
M. Dubois: Oui, mais tous les ministères peuvent se
présenter en commission parlementaire avec un amendement...
Mme Lavoie-Roux: C'est ici que le problème se pose, je
regrette.
M. Dubois: ... et on ne réglera jamais le problème.
Il y a quand même un problème à régler.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on ne discutera pas du projet de loi.
Mme Ouellette: Oui, mais quand l'article 8 et l'article 9 sont
désuets et que, par-dessus cela, il y a une réglementation qui va
beaucoup plus loin, qui est plus moderne, je me dis, à ce moment: Je
préfère me soumettre à la Loi de l'administration
financière, on va pouvoir aller de l'avant et, Bon Dieu, construire;
c'est le temps.
M. Dubois: Aller de l'avant en laissant tomber le
législatif! C'est une formule, remarquez bien, c'est une formule pour
donner au ministre toute la possibilité de demander au
lieutenant-gouverneur en conseil ou au Conseil du trésor d'amender
n'importe quel règlement, n'importe quel jour, et on recule au lieu
d'avancer. Si on regarde le principe lui-même, on recule. C'est pas mal
difficile à accepter.
M. Vaillancourt (Orford): On revient à l'ancienne loi de
l'Union Nationale.
M. Dubois: Ou du libéral...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une épopée
glorieuse.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dubois: En ce qui me concerne, je pense que les discussions
sont finies. On connaît votre point de vue. On peut quand même
garder notre point de vue. En ce qui me concerne, je vais garder mon point de
vue vis-à-vis du projet. Remarquez qu'il n'est plaisant pour aucun
membre de l'Assemblée nationale, ce projet de loi. Il n'est pas
acceptable en principe.
Mme Lavoie-Roux: Le débat, cela se fait à
l'occasion de choses comme celle-là. Qu'est-ce que vous voulez, c'est
dans l'application.
Mme Ouellette: C'est un débat de fond que vous soulevez
depuis ce matin. Ce n'est quand même pas ici que cela doit être
discuté.
Mme Lavoie-Roux: C'est un article de fond.
M. Dubois: On sait pertinemment une chose, c'est qu'il va
être voté, parce que c'est 71 contre 37.
M. Vaillancourt (Orford): Etant donné qu'on ne peut rien
gagner, cela ne nous donne rien de discuter toute la veillée, perdre
notre temps.
M. Dubois: Merci, M. le Président, j'ai fini.
M. Vaillancourt (Orford): Pour ma part, je voulais parler du
projet de loi en question, mais je vais
accepter les explications qui ont été données par
mes collègues.
Le Président (M. Dussault): Alors, est-ce que
l'article...
Mme Ouellette: J'aimerais ajouter ceci, par ailleurs, M. le
Président. A la suite de certaines interrogations soulevées par
certains membres de l'Opposition qui manifestent des inquiétudes face
aux modifications apportées à la Loi des travaux publics, j'ai
cru quand même opportun d'apporter les précisions suivantes.
D'abord, encore une fois, vous me permettrez d'indiquer à nouveau qu'il
s'agit d'un projet de loi proposé par le gouvernement
précédent et qui s'inscrit dans le cadre de la Loi de
l'administration financière dont je n'ai pas la responsabilité
ministérielle. Après en avoir fait état à maintes
reprises ce matin, et tantôt également, vous conviendrez que
l'ensemble de la réglementation qui a suivi la sanction de la Loi de
l'administration financière en 1970, et plus particulièrement les
règlements récents, ont consacré, d'une façon
évidente, ce principe d'équité.
Ceci signifie que, pour l'octroi des contrats, le gouvernement
procède par voie de soumissions publiques et ce chaque fois, sauf
on l'a mentionné ce matin et je le répète à nouveau
lorsqu'il y a une urgence telle que les travaux doivent être
exécutés et que tout retard serait préjudiciable à
l'intérêt public; lorsque les travaux peuvent être
exécutés plus rapidement et économiquement par les
employés du ministère intéressé ou, lorsque le
coût estimatif des travaux est inférieur à $25 000.
Enfin, M. le Président, je m'engage à demander au ministre
des Finances, de qui relève l'application de la Loi de l'administration
financière, d'examiner l'opportunité et la possibilité
d'introduire éventuellement, dans la Loi de l'administration
financière, une disposition qui consacrerait le principe suivant: D'une
façon générale, les contrats du gouvernement sont
octroyés par voie de soumissions publiques sous réserve toutefois
des conditions et des limites prescrites par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Gratton: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Alors nous allons prendre le
vote enregistré.
M. Dubois: M. le Président, si Mme le ministre changeait
le mot général par absolu, j'aimerais mieux cela.
Le Président (M. Dussault): Excusez-moi, je n'ai pas
entendu.
M. Dubois: J'aimerais mieux que Mme le ministre change le mot
"général" pour "absolu" parce que général,
remarquez que c'est pas mal flou et cela n'a pas de dents non plus.
Mme Ouellette: C'est un principe de toute façon.
M. Dubois: D'accord, c'est un principe.
Le Président (M. Dussault): Cela ne faisant pas partie de
l'article en question, nous allons passer au vote enregistré.
M. Dubois: Non, ce n'est pas l'article en question, mais c'est
quand même sur l'exposé du ministre.
Vote sur l'article 1
Le Président (M. Dussault): A l'ordre s'il vous
plaît. Nous allons passer au vote enregistré, tel que
demandé. M. Brassard (Lac Saint-Jean)? Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Gratton (Gati-neau)?
M. Gratton: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Bordeleau
(Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Lessard (Sa-guenay)? M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Mailloux (Charlevoix).
M. Mailloux: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Michaud (La-prairie).
M. Michaud: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette (Beauce-Nord): Pour.
Le Président (M. Dussault): Mme Ouellette (Hull).
Mme Ouellette: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Marquis (Matapédia),
M. Rancourt (Saint-François), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaillancouri (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Contre. Mme Lavoie-Roux:
Adopté!
Le Président (Dussault): Résultat du vote: Pour,
six; contre, cinq. Cet article no 1 est donc adopté.
Nous passons à l'article suivant qui se lit comme suit:
"L'article 11 de ladite loi est modifié par l'insertion...
M. Gratton: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... dans la quatrième
ligne, après le mot "immobilières", de ce qui suit: "ainsi que de
tout droit réel immobilier". Est-ce que cet article est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Cet article est
adopté.
Article 3?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Article 4: La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Est-il
adopté?
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le député de Orford.
M. Vaillancourt (Orford): J'étais pour dire que,
étant donné que les articles 2, 3 et 4 sont de concordance, c'est
le même vote.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettrez quand
même de dire que c'est bien entendu que le projet de loi, pour nous,
n'était pas acceptable, à partir du contenu de l'article 1. Je
trouve regrettable que des vices de procédure nous aient
empêchés de présenter une motion d'amendement qui aurait
été je le savais d'avance rejetée par le
gouvernement, mais il me semble, M. le Président, que c'est là la
seule façon pour un parti ou pour un gouvernement, aussi bien que pour
une Opposition, de s'exprimer, c'est-à-dire en votant pour ou contre les
motions qui seront présentées devant une commission ou devant
l'Assemblée nationale.
J'accepte volontiers l'engagement que nous a fait le ministre de
demander au ministre des Finances d'étudier la possibilité
d'inscrire des obli- gations quelconques dans la Loi de l'administration
financière. On avait encore cela de plus avant d'adopter le principe de
ce projet de loi. Je n'insisterai pas sur le fait qu'un règlement, ce
n'est pas une loi, que ça s'amende, ça s'adopte de façon
bien différente, mais je maintiens, M. le Président, qu'en
adoptant le projet de loi no 22 contre le gré de l'Opposition, on vient,
à toutes fins pratiques, d'abolir ce qui constitue la pierre angulaire
du contrôle du Parlement sur l'administration des derniers publics, en
matière de travaux publics.
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Gatineau.
Cette commission parlementaire ayant le mandat d'étudier le
projet de loi article par article, il me semble actuellement que tout
commentaire serait superflu puisqu'en dehors du mandat de cette commission. Je
tolérerai quand même que quelques remarques soient faites pour
terminer les travaux de cette commission, mais je vous demanderais, s'il vous
plaît, de les faire très brièvement.
M. Gratton: Je vous remercie infiniment, M. le Président,
de votre grande condescendance.
Si les députés ministériels, de l'autre
côté de la table, avaient été aussi loquaces que
vous l'avez été, M. le Président, on serait encore ici
dans trois jours.
Je voudrais, en terminant, M. le Président, vous remercier de
votre grande ouverture d'esprit, remercier aussi les collègues
ministériels de leur contribution à l'adoption de ce projet de
loi par leur mutisme et les féliciter, surtout, d'avoir
contribué à revaloriser le rôle du député en
acceptant, encore une fois, qu'on confie a l'exécutif des pouvoirs qui,
à notre avis, appartiennent au législatif.
Sur ce, M. le Président, je vous demanderais de noter que je
voterai contre l'adoption de l'article 4 du projet de loi.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement indiquer, M. le
Président, que j'appuie les remarques de mon collègue de
Gatineau, en ajoutant: Comme c'est étrange de voir comme il y a deux
poids et deux mesures.
La semaine dernière, j'étais à la commission des
affaires municipales et on était fort soucieux, d'ailleurs,
j'étais d'accord que, au niveau municipal, on conserve le plus de
pouvoirs possible au conseil municipal et que l'exécutif, dans des
domaines particuliers, comme celui des soumissions publiques qu'on se
rappelle la loi 82, avant le mois de décembre n'échappe
pas au conseil municipal.
Quand on arrive et qu'on est soi-même concerné, les
règles du jeu changent. C'est vraiment deux poids deux mesures, et je le
regrette beaucoup.
Le Président (M. Dussault): Avant de demander l'adoption
de l'article 4, je tiens à préciser à M. le
député de Gatineau que, dans mon esprit, au moment où je
suis intervenu pour lui dire qu'il fallait parler brièvement, il
était clair que l'article 4 était adopté. Je constate que
dans votre esprit, c'était différent. Je m'en excuse. S'il
était de votre volonté de continuer à parler sur l'article
4, je me ferais un plaisir de vous laisser la parole.
M. Gratton: Je vous remercie, M. le Président, mais je
trouve qu'il est un peu tard.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Michaud: Adopté. M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Dussault): Les travaux de cette
commission...
M. Michaud: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, je voudrais vous remercier
d'avoir mené cette assemblée d'une main de maître. Vous
avez respecté le règlement et nous en sommes très
fiers.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député de Laprairie.
M. Michaud: Votre fugue d'adolescence est terminée? Votre
crise d'adolescence?
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Huntingdon et ensuite, Mme le
ministre.
M. Michaud: S'il y avait moyen de cogner la porte, vous le
feriez.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Les travaux de la commission ne sont pas encore
terminés.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier
Mme le ministre de sa patience, d'avoir bien voulu nous écouter, et
aussi, de nous avoir apporté ses objections à notre refus de
l'article no 1. Je comprends très bien sa position.
Mais il reste que si nous avions eu plus d'assurance et plus de
garanties, les membres du gouvernement, les membres de l'Assemblée
nationale, auraient pu faire valoir leur opinion sur des changements au niveau
administratif, au niveau de l'administration financière. Je pense que
cela aurait été valable quand même.
La seule raison qui nous amène à refuser l'article no 1,
ou à ne pas voter pour, c'est le manque d'assurance et de garanties.
Mais il reste que vous avez quand même souligné le fait que le
ministre des Finances pourrait apporter un amendement à l'article 49 de
l'administration financière, mais ceci n'apporte pas beaucoup plus de
garanties, parce qu'un règlement peut aussi être amendé par
le lieutenant-gouverneur en conseil, n'importe quand. Cela ne renforce pas
tellement la position que vous avez prise. Je ne pense pas, en tout cas.
C'est pour ces raisons que nous avons voté contre ce
règlement. Je vous remercie quand même de votre ouverture d'esprit
et de la franche discussion qu'on a eue.
Mme Ouellette: Merci.
Le Président (M. Dussault): Mme le ministre.
Mme Ouellette: M. le Président, je tiens à rassurer
le député de Huntingdon. Je vais continuer à suivre la Loi
de l'administration financière et je peux également assurer le
député de Huntingdon, les députés de Gatineau et de
L'Acadie, que nous allons continuer à être un gouvernement
transparent et à fonctionner par soumissions publiques. Encore une fois,
je peux leur dire qu'à cause du fait que le gouvernement n'est pas
attaché en coulisses, par aucune ficelle, je peux assurer les
députés de l'Opposition que nous allons continuer, dans notre
transparence, à bien administrer les deniers que les contribuables nous
confient.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme le ministre. Le
rapporteur de cette commission fera rapport à l'Assemblée
nationale. J'ajourne dès maintenant les travaux de cette
assemblée. Merci.
(Fin de la séance à 21 heures)