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Etude du projet de loi no 214
Loi concernant Alliance Sécurité
Blindé
(Division Québec) Ltée
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! La
commission permanente des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement est réunie pour étudier, article par article,
le projet de loi privé no 214, intitulé Loi concernant Alliance
Sécurité Blindé, Ltée.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
les suivants: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun), M. Burns (Maisonneuve) remplace M.
Dussault (Châteauguay); M. Gratton (Gatineau)...
M. Blank: C'est moi qui remplace M. Gratton (Gatineau).
Le Président (M. Clair): M. Blank (Saint-Louis) remplace
M. Gratton (Gatineau). S'il y avait d'autres changements, j'aimerais que vous
m'en préveniez au fur et à mesure. Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Guay (Taschereau), M. Lefebvre (Viau), M. Lessard (Saguenay), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Michaud (Laprairie), M. Vaillancourt (Jonquière) remplace M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Perron (Duplessis), M. Rancourt (Saint-François), M.
Russell (Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Vaillancourt
(Orford)...
M. Russell: M. le Président, M. Grenier étant
absent à cause de maladie, il sera remplacé par M. Fontaine.
Le Président (M. Clair): M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)
remplace M. Grenier. C'est cela?
M. Russell: C'est cela.
Le Président (M. Clair): II y aurait maintenant lieu de
désigner un rapporteur; M. Michaud (Laprairie) agirait comme
rapporteur.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Adopté. Le
Président (M. Clair): M. le ministre.
Exposé du ministre, M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, avant le début de
cette commission parlementaire, je voudrais très brièvement
préciser dans quel sens nous avons accepté de discuter de ce
projet en commission parlementaire. D'abord, nous sommes conscients qu'il
s'agit d'une procédure très exceptionnelle. En effet, il existe
une Commission des transports qui doit normalement décider de
l'émission de tel permis. Je dois aussi souligner que c'est la
deuxième fois que ce projet de loi est présenté en moins
d'un an, c'est-à-dire que c'est la deuxième fois qu'il est
présenté, mais, la première fois, il n'a pu être
discuté en commission parlementaire.
Si j'ai accepté, comme ministre des Transports, de discuter de ce
projet de loi très exceptionnel, c'est en vue de permettre à une
compagnie qui se sent lésée dans ses droits par un organisme
judiciaire de se faire entendre devant les parlementaires, non pas que nous
voulions créer un précédent et permettre à chaque
firme qui sera mécontente des décisions de la Commission des
transports de se faire entendre en commission parlementaire, mais à
cause de la nature même des activités de ce secteur, à
savoir le transport de l'argent. Nous croyons que nous devons entendre Alliance
Sécurité, puisque nous constatons que, dans ce secteur, il n'y a,
en fait, que deux firmes qui sont actuellement reconnues par la Commission des
transports, à savoir la Brink's et Wells Fargo.
Cependant, M. le Président, Alliance Sécurité
allègue, dans le projet de loi no 214, que, contrairement aux autres
entreprises effectuant du transport par camions blindés, elle est la
seule à qui on refuse l'autorisation d'effectuer du transport par
camions blindés sur tout le territoire du Québec pour le public
en général et pour les institutions financières et
commerciales.
Il appartiendra donc à Alliance Sécurité de faire
la preuve en nous faisant l'historique des demandes de permis devant la
Commission des transports que, véritablement, il y aurait eu refus, de
la part de la Commission des transports, de leur accorder le permis qu'ils
demandent aujourd'hui.
D'autre part, Alliance Sécurité allègue qu'il est
dans l'intérêt public, comme dans celui d'Alliance
Sécurité, qu'elle puisse effectuer du transport par camions
blindés sur tout le territoire du Québec d'une façon non
restrictive et au même titre que les entreprises concurrentes.
J'attends donc qu'Alliance Sécurité fasse non seulement la
preuve qu'elle a été lésée devant la Commission des
transports, mais qu'elle fasse aussi la preuve, devant les parlementaires,
qu'il est dans l'intérêt public d'accepter ce projet de loi.
Voilà les quelques mots, M. le Président, que j'avais
à dire avant le début de cette commission parlementaire, et il
est sûr que, je pense, devant une telle commission, le fardeau de la
preuve relève d'Alliance Sécurité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Charlevoix.
Remarques de l'Opposition
M. Raymond Mailloux M. Mailloux: J'aurais hésité
à intervenir dans
le débat, étant donné que c'est la première
fois que je dois agir comme avocat populaire dans un Bill privé. De
toute façon, comme mon vis-à-vis est placé dans la
même situation et qu'il est aidé par son voisin de droite, je
tâcherai de donner la position de l'Opposition officielle, de même
que les arguments à l'appui de cette position.
J'espère que tous ceux qui sont du côté
minisériel, malgré que je parlerai, non pas en termes
égaux, mais en termes populaires, comprendront quand même les
arguments que je vais invoquer.
Le ministre des Transports a raison de dire que c'est un
précédent que s'apprête à poser la commission qui
étudie le projet de loi 214 parce qu'Alliance Sécurité,
qui plaide devant la Commission des transports pour obtenir un permis que lui a
refusé la Commission des transports... Quand on regarde le projet de loi
214, le motif principal on le retrouve je pense au troisième
alinéa quand il est dit: "Que ladite compagnie est la seule dans ce
secteur d'activités qui soit propriété
d'intérêts du Québec", c'est un peu le motif principal
qu'invoque le parti ministériel à l'appui de la
présentation d'un tel projet de loi.
Je ne sache pas qu'il y ait de précédent au geste que
s'apprête à poser l'équipe ministérielle. Cela sera
d'autant plus remarquable que c'est le premier projet de loi privé que
l'équipe ministérielle présentr et c'est un désaveu
complet du jugement rendu par la Commission des transports, c'est une mise en
tutelle de la Commission des transports, si je peux m'exprimer ainsi.
Alliance Sécurité s'est présentée
déjà à deux reprises pour obtenir un tel permis avec tous
les arguments à l'appui de sa requête. Il y a une troisième
demande qui est actuellement pendante également devant la Commission des
transports, elle sera étudiée, je pense, au cours de
l'été.
C'est un telle intrusion du législatif dans le judiciaire que je
me demande comment un précédent de cette sorte pourrait permettre
à la Commission des transports de continuer à siéger,
d'avoir une crédibilité quelconque dans l'opinion publique si,
chaque fois que l'on fait face à un problème particulier, il faut
que les intéressés viennent devant la Commission des bills
privés et demandent que la commission se substitue au tribunal
dûment constitué.
C'est inconcevable dans mon esprit. Il m'est arrivé, comme
ministre des Transports d'avoir une opinion différente de certaines
décisions que rendait la Commission des transports. Je voudrais
peut-être évoquer certains exemples. Quand il y a eu le transfert
d'intérêts québécois à des
intérêts étrangers dans le cas de Chalut Transport, on en a
discuté, je pense, assez longuement sur la place publique; la Commission
des transports avait devant elle une demande d'une compagnie qui
désirait vendre à des intérêts étrangers.
Elle était habilitée à se prononcer, il n'y avait pas de
politique gouvernementale établie lui refusant le droit de se prononcer.
Elle l'a fait. Elle s'est prononcée en faveur du transfert des permis.
Cela ne répondait pas aux vues gouvernementales. Nous n'avons pas
voté de bill privé.
Je me suis présenté devant le Conseil des mi- nistres et
je pense, si ma mémoire m'est fidèle, avoir fait changer la
réglementation qui me permettait, par la suite, par le
lieutenant-gouverneur en conseil, de soustraire à l'étude de la
Commission des transports toute demande de transfert de permis de transporteurs
québécois à des intérêts
étrangers.
Il n'y a pas eu de demande depuis ce temps-là, parce qu'on a bien
compris l'intention gouvernementale. Il ressort quand même qu'il n'y a
pas eu intrusion du législatif dans le judiciaire. Il y a eu un
amendement aux règlements, et actuellement, le ministre des Transports
pourrait amender ses règlements, s'il juge à propos, en nous
motivant la raison principale qu'il invoque, qu'un transporteu'"
d'intérêts québécois fait face actuellement à
des transporteurs qui ont une charte canadienne, mais qui appartiennent
à des intérêts étrangers, qu'il y va de
l'intérêt des Québécois que la Commission des
transports connaisse la politique gouvernementale et qu'on amende les
règlements.
Je ne sais pas si j'erre en loi, les avocats pourront me le dire
tantôt, mais il ressort qu'il faut absolument que la Commission des
transports connaisse la position gouvernementale si elle doit agir
différemment de ce qu'elle fait maintenant.
M. le Président, je suis un peu surpris, parce qu'on pourra
peut-être me répéter tantôt que j'ai amené un
précédent quand j'ai demandé à la Chambre, par voie
législative, de se prononcer sur COGEMA. Cependant, quand j'ai
demandé à la Chambre, par un bill public, de se prononcer sur le
permis qu'avait obtenu la compagnie COGEMA de la Commission des transports, je
pense que le débat avait été assez public, qu'il y avait
des intérêts gouvernementaux, toute la société et le
gouvernement s'étaient prononcés à savoir qu'il fallait
joindre les deux rives du Saint-Laurent. C'était une politique
gouvernementale établie et la Commission des transports avait
accordé le permis à COGEMA. Ce permis, par la suite, a
été contesté par les opposants devant les tribunaux. Le
gouvernement a voulu se soustraire à la décision des tribunaux
d'appel et a voté une mesure législative, non pas en
contradiction avec la décision rendue par la Commission des transports,
mais en accord avec la décision qu'avait rendue la Commission des
transports, et non pas en désaccord.
Je pense que ce n'est pas un précédent qui
été établi par le gouvernement précédent,
parce que nous avions eu l'accord à ce moment-là des oppositions.
Je pense que c'était une politique gouvernementale bien établie.
Nous ne voulons pas que des fonds déjà dépensés
soient mis en danger alors qu'on aurait pu se retrouver devant deux ou trois
tribunaux d'appel.
Mais ce n'était pas un précédent comme
celui-là, c'était en confirmation de la décision rendue
par la Commission des transports.
M. le Président, je comprends mal que le gouvernement,
malgré qu'on puisse être sympathique au motif qu'il invoque, que
l'équipe ministérielle ne cherche pas, par voie de
règlement ou autrement, à se prononcer sur une politique
gouvernementale, de quelle façon la Commission des transports, pourrait
à l'avenir, juger. Mais je vois mal
que dans la situation présente, on dise, parce qu'il y a eu refus
à deux reprises: c'est une injustice qu'on veut corriger. Je voudrais
ajouter ceci, M. le Président, quand un requérant de services
s'adresse à la Commission des transports, il y a et le requérant
de services et les opposants qui peuvent se faire entendre et qui sont entendus
par des experts en la matière.
Je ne sache pas que la commission parlementaire des transports a, parmi
ses membres, quantité d'experts en la matière qui peuvent
étudier le bien-fondé d'une requête, les difficultés
que cela peut entraîner pour ceux qui possèdent déjà
certains permis, la rentabilité de telles entreprises et dans le cas
particulier qui nous occupe, d'autres incidences sur lesquelles doit se pencher
également la Commission des transports, étant donné qu'il
y a une sécurité accrue à accorder, étant
donné la valeur des marchandises transportées.
Je pense que la commission des transports qui étudie actuellement
le projet de loi 214 n'est pas habilitée comme peut le faire la
Commission des transports avec tous les experts qu'elle possède et qui
peut se prononcer sur toute l'argumentation qui lui est apportée.
M. le Président, dans l'esprit de l'Opposition officielle, ce que
je voulais dire en deux mots, c'est que nous contestons largement le droit au
gouvernement de se prononcer par voie législative sur des
décisions de la Commission des transports et ce précédent
sera perçu par le grand public comme le désaveu d'un tribunal qui
avait autorité pour se prononcer; il l'a fait à deux reprises et
il doit entendre prochainement également une requête semblable qui
sera étudiée au cours de l'été. Je pense qu'il
aurait mieux valu que le gouvernement agisse de façon différente,
précise sa politique quant à un tel système de transport
et que la cause soit entendue de nouveau devant la Commission des transports et
non pas devant le tribunal qui n'est pas une commission des bills privés
en l'absence d'experts qui ne sont pas à nos côtés.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, je ne voudrais pas abuser du
temps de cette commission, mais je veux d'abord établir un peu la
position du parti que je représente. Evidemment, le ministre l'a admis,
l'Opposition officielle l'a aussi exprimé, il s'agit d'un
précédent très exceptionnel. C'est un cas bien
particulier. Je voudrais plutôt réserver mes commentaires et
laisser les avocats du requérant nous faire la preuve que la commission
a réellement manqué quelque part, parce qu'il s'agit de mettre la
commission en tutelle, si nous passons par-dessus la commission. C'est un
précédent très dangereux. Je ne voudrais pas
préjuger des faits qui ont forcé les requérants à
venir devant la commission, ce qui est leur droit. Le gouvernement a
certainement examiné la situation avant de permettre que cette
commission siège.
De toute façon, nous allons examiner la situation de très
près. Nous allons entendre les requérants et, à la suite
de leur exposé, nous tâcherons de porter un jugement aussi juste
que possible, afin de donner justice à ceux qui voudraient que justice
soit faite, s'il y a eu un manque quelque part.
Vous me permettrez de m'abstenir de commentaires. Plus tard, je
demanderai peut-être la permission de faire d'autres remarques.
Discussion générale
M. Burns: II y a d'ailleurs un vieil adage qui dit que la loi
peut tout faire, excepté changer un homme en femme et, avant longtemps,
vous allez peut-être vous rendre compte que même cela, on peut le
faire. Il ne faut pas s'inquiéter qu'à un moment donné, un
requérant s'adresse à nous en nous disant: On a un certain nombre
de choses.
Je suis d'accord avec le député pour dire qu'on devrait
entendre les requérants, pour voir exactement ce qu'ils ont à
nous dire là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je n'ai aucune objection à entendre les
requérants, je pense même que cela serait dans
l'intérêt de la commission de les entendre. Mais ce à quoi
je m'opposerais, c'est que cette commission rende un jugement sur un projet de
loi.
Comme le député de Charlevoix l'a dit, si le gouvernement
n'est pas satisfait de la décision du tribunal ou d'une régie
comme celle-ci, il peut changer les règles du jeu, mais changer les
règles du jeu en général, pas en particulier.
C'est-à-dire que si, après avoir entendu des
témoins ou des avocats, on en vient à la conclusion qu'il y a
quelque chose qui ne marche pas dans ces affaires, qu'on donne des permis
à des étrangers ou à des gens qui n'y ont pas
nécessairement droit, on lèse les droits des autres, mais faites
une loi, un règlement général pour couvrir tous les cas
et, après cela, la Commission des transports sera en position de rendre
le jugement suivant la politique générale du gouvernement. C'est
nous qui avons le droit d'adopter des lois, des règlements, de donner
des directives aux tribunaux et aux régies, mais, juger les cas
particuliers, je trouve cela très injuste, non pas seulement pour ces
gens ici, mais pour la communauté "at large", parce que nous deviendrons
le tribunal d'appel de n'importe quelle régie. M. Jos. Bleau à
qui on aura refusé un restaurant avec permis d'alcool dans le petit
village de Saint-Louis-du-Ha! Ha! viendra ici en disant: Moi, j'ai
été lésé dans mes droits. Peter Smith, l'a eu,
c'est un Anglais; je suis Canadien français d'un village
français. Je suis lésé dans mes droits. Je veux un permis.
Il vient devant la commission de la justice demander un permis d'alcool. C'est
à cela qu'on ouvre la porte.
A part cela, dans ce cas particulier, cela a été
refusé une fois. La Commission des transports a rejeté l'appel.
La deuxième fois, les requérants ont
gagné la moitié du cas, mais, pour une raison ou une
autre, ils ne sont pas allés en appel. Pourquoi? Je ne le sais pas.
Après, ils ont fait des démarches et, actuellement,
à ce moment-ci, il y a requête devant ce tribunal, devant la
Commission des transports. Ce cas doit être entendu cet
été. Aujourd'hui, on nous prend pour des régisseurs, des
commissaires de la Commission des transports, des experts en transport et on va
rendre un jugement sur un cas particulier.
Comme j'ai dit avant, je n'ai aucune objection à entendre les
plaintes des requérants. Peut-être qu'ils ont raison. S'ils ont
raison, je serai le premier à appuyer le gouvernement pour changer les
règlements et les lois en général, mais pas dans un cas
particulier, parce qu'on ouvre la porte à n'importe quel abus.
Je peux répéter des mots que le député de
Maisonneuve a déjà dits, en 1972 et 1973. Je ne me souviens pas
exactement de la date, la fameuse affaire Dasken. C'est exactement semblable
ici. A ce moment, le cas était devant la Cour suprême.
M. Burns: Ce n'est pas le cas de Dasken, M. le
Président.
M. Blank: Oui, c'est exactement le même cas. M. Burns:
Ah non!
M. Blank: La cité de Hull voulait adopter une loi
rétroactive pour changer une décision d'un tribunal. C'est
exactement cela. Ici, on veut adopter une loi, non pas rétroactive, mais
on veut adopter une loi pour changer un jugement d'un tribunal. C'est
exactement la même chose.
Le député de Maisonneuve, avec ses collègues de
l'époque, a fait du bruit pendant des semaines et des mois, dans les
journaux; ils ont fait les manchettes, il y a eu des manifestations, tout.
C'est exactement le même principe. Aujourd'hui, on est de l'autre
côté de la Chambre, tout est changé.
M. Russell: Oui, ils étaient tapageurs dans ce
temps-là.
M. Blank: Même le gouvernement a appuyé le conseil
de révision et a retiré le bill. Après avoir entendu ces
témoins, j'espère que le gouvernement fera exactement la
même chose, si ces gens ont raison, changera les règlements
généraux, changera la loi générale et retournera le
tout au tribunal. C'est le tribunal qui va rendre la décision, pas nous
autres.
Le Président (M. Clair): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Si c'est possible, en étant assez bref, je
trouve qu'on essaie encore de se gargariser avec l'intrusion du
législatif dans le judiciaire, et ainsi de suite. Je crois qu'il n'est
pas question de mettre en tutelle d'après moi la Commission des
transports du Québec. Si un député a jugé bon de
présenter, de parrainer un bill privé, d'après moi, c'est
normal qu'on l'étudie en toute connaissance de cause. On peut entendre
les requérants, on peut exactement faire le travail qu'on a à
faire en toute conscience. Si on rétablit la justice, ou si on fait
quelque chose de bien, je pense que c'est notre rôle de
législateur.
M. Blank: Le parrain n'est pas ici?
M. Burns: Je tiens à dire, d'ailleurs, au nom du
député de Sainte-Marie qui a présenté ce bill,
qu'il est sans doute actuellement dans les airs entre Montréal et
Varsovie...
M. Blank: Varsovie? Une Voix: Le chanceux!
M. Burns: Oui. C'est vraiment regrettable qu'il ne soit pas ici.
Ce n'est pas un signe qu'il ne parraine pas ce bill. Comme vous savez, M. le
député de Saint-Louis, ce n'est pas nécessaire que le
parrain du bill soit ici.
M. Blank: Même le parrain n'est pas lié au bill.
Notre règlement dit cela. Le fait que quelqu'un parraine un bill ne veut
rien dire, il peut être contre le bill, mais c'est son devoir, comme
député, de le présenter.
M. Burns: C'est une méthode pour introduire un projet de
loi et il faut passer par un député.
M. Mailloux: On a un cousin du parrain. M. Burns:
Pardon?
M. Mailloux: On a un cousin du parrain! M. Burns: Un
cousin du parrain, à présent!
Le Président (M. Clair): Après avoir entendu les
représentants des différents partis, je pense que je serais en
mesure de faire la suggestion suivante: II semble qu'il n'y ait pas tellement
de discussion sur le fait d'entendre les représentants de la
requérante et les opposants. Quant à savoir cr que la commission
décidera de faire, des initiatives qu'elle entendra prendre après
avoir entendu ces gens, je pense qu'il serait inutile de le débattre
immédiatement. Les gens sont ici. Je propose qu'on les entende. Nous
pourrons commencer avec...
M. Blank: J'ai quelque chose à demander au
député de Maisonneuve... Est-ce que ce n'est pas sub judice,
devant le tribunal, à présent?
M. Burns: Cela se pourrait.
M. Blank: Cela se pourrait. Est-ce qu'on a le droit de discuter
suivant le règlement?
M. Burns: Je suis prêt à ce qu'on entende...
M. Lessard: C'est exactement la même chose que pour
COGEMA.
M. Burns: COGEMA, c'était sub judice en bonguienne, je
peux vous dire cela.
M. Blank: Dommage, ce n'est pas le même tribunal.
M. Burns: C'était sub judice devant un tribunal plus
élevé qu'un tribunal quasi judiciaire.
M. Blank: Oui, mais je demande si le président va
déclarer qu'on a le droit de parler. Je ne veux pas qu'on m'accuse de
mépris de cour.
M. Burns: II n'y a pas de danger de mépris de cour ici. Je
pense que le député de Saint-Louis a assez d'expérience
pour savoir qu'on a l'immunité totale et entière, même
à l'endroit des tribunaux, pour ce qui se passe ici.
M. Blank: Oui.
M. Burns: Je préférerais, cependant, qu'on puisse
entendre le plus rapidement possible les requérants et les opposants,
qu'ils nous disent exactement où en est la situation. Peut-être
qu'ils vont nous éclairer sur certaines questions que se pose le
député de Saint-Louis.
Le Président (M. Clair): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Etant donné qu'on a fait
référence à l'immunité parlementaire, est-ce que je
fais erreur en disant que, lors de l'étude du projet de loi confirmant
le permis de COGEMA, nous avions l'immunité parlementaire, mais que ceux
qui étaient à la barre des témoins pouvaient être
pris avec le problème de... Ils n'ont pas l'immunité
parlementaire.
M. Lessard: A ce moment-là, nous avions dû, je
pense, adopter une résolution, une motion je le souligne, parce
que ça me vient pour que les témoins soient aussi soumis
à l'immunité parlementaire.
M. Burns: Moi, j'ai l'impression, en tout cas je ne suis
peut-être pas le plus grand expert dans ce domaine j'ai l'humble
opinion, je l'émets, et je l'avais émise, d'ailleurs, dans le cas
de COGEMA, à ce moment-là, que notre immunité
parlementaire s'étend aux personnes qui viennent devant nous.. C'est
d'ailleurs pour nous éclairer que ces gens sont ici et c'est à
notre demande, dans le fond, qu'ils sont ici, même si ce sont eux qui
sont à l'origine de la procédure. Mais, à ma
connaissance... Peut-être que Me Gaul ou Me Vé-zina pourrait nous
dire s'ils ont reçu, comme dans le cas de COGEMA, des injonctions...
M. Gaul (Irving): Non, M. le Président, et, d'ailleurs,
dès 10 heures, ce matin, heure où devait commencer cette
commission, des désistements ont été produits à la
Commission des transports.
M. Burns: Ah bon! Alors, ça répond à la
question du député de Saint-Louis.
M. Mailloux: Sur l'appel de la dernière demande.
M. Gaul: Oui, M. Mailloux.
Le Président (M. Clair): Etant donné qu'il semble y
avoir consentement et qu'il y a effectivement consentement pour qu'on entende
immédiatement, en vertu de l'article 154, les représentants de
l'Alliance Sécurité Blindé Ltée, j'inviterais
immédiatement les gens qui se trouvent à la table en face de moi
à bien vouloir se présenter et à se faire entendre.
Audition des témoins
M. Gaul: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, mon nom est Irving Gaul. Je suis le procureur de la
compagnie Alliance Sécurité. Je suis accompagné de Me
Louis Vézina et de M. Maurice Babeu, le président de la
compagnie.
Avant de commencer ma présentation, vous me permettrez de tenter
de disposer de certaines remarques qui ont été formulées
par cette honorable commission. Je pense, du moins pour celui qui vous parle et
pour ceux qu'il représente, qu'une commission parlementaire
formée de législateurs est revêtue de toutes les
capacités tant qualitatives que quantitatives pour disposer de n'importe
quel problème qui touche les contribuables du Québec, tant dans
le domaine du transport, dans le domaine de la justice, dans le domaine des
affaires municipales, les experts, à mon sens, sont ici. Vous êtes
appelés quotidiennement à étudier des projets de loi
beaucoup plus complexes que celui dont cette commission est saisie ce matin, et
je pense que ce que nous avons entendu ce matin constitue véritablement
un précédent, en ce sens que des députés
prétendent qu'ils ne sont pas qualifiés pour entendre un projet
de loi.
Je pense que ce que nous voulons demander ce matin aux premiers
responsables de l'administration du Québec, c'est de disposer de notre
demande, parce que nous n'avons pas pu obtenir la reconnaissance de nos droits
devant des organismes normalement habilités à disposer de ces
problèmes.
Disons immédiatement que notre demande ne constitue en aucune
façon une motion de blâme ou de non-confiance envers la Commission
des transports du Québec. Au contraire. Et c'est ce que nous allons
tenter de vous démontrer ce matin.
C'est pour éviter la perpétuation d'un
précédent qui a été créé à son
corps défendant par la Commission des transports que nous nous adressons
à vous. Ce que nous demandons par ce bill,
et le ministre des Transports l'a clairement établi, c'est
d'obtenir pour Alliance Sécurité l'autorisation de faire du
transport par camion blindé d'argent et d'autres objets de valeur dans
tout le territoire du Québec.
En d'autres mots, nous demandons d'être traités sur le
même pied que les autres entreprises oeuvrant dans le même secteur.
Il s'agit et vous l'avez tous dit ce matin d'une compagnie
totalement québécoise qui, depuis une dizaine d'années,
exploite un service de blindés, mais avec un permis très
restreint. En fait, la compagnie Alliance Sécurité ne peut que
transporter de l'argent et des objets de valeur pour l'Office des autoroutes du
Québec et les caisses populaires et avec une autre restriction,
très importante, en ce sens que la compagnie Alliance
Sécurité ne peut faire de transport dans la région de
Montréal. En d'autres mots, la compagnie Alliance Sécurité
peut transporter des valeurs partout dans la province, sauf à
Montréal, et, comme l'a déjà dit son président, on
lui a donné un permis suicide parce qu'avec seulement deux clients et
une route aussi restreinte, il est absolument impossible, économiquement
et financièrement, de survivre.
La situation actuelle dans le domaine du blindé est unique et je
dirais unique non seulement au Canada, mais en Amérique du Nord. En
effet, dans un territoire donné, tout le secteur du transport par camion
blindé est desservi par deux entreprises étrangères, la
compagnie Brink's et la compagnie Wells Fargo.
La compagnie Wells Fargo dessert Montréal, Hull, en particulier,
même si elle a un permis l'autorisant à faire affaires dans toute
la province de Québec, mais, dans les faits, à l'exception de
Montréal et de Hull, le reste du territoire québécois est
exclusivement desservi par la compagnie Brink's.
Je vous disais au début que ce que nous tentons de faire, c'est
d'empêcher qu'un précédent soit créé et non
de créer un précédent. Ce précédent a
été créé, messieurs les membres de la commission,
à cause de l'interprétation que fait, à tort ou à
raison, la commission de la Loi du transport et des règlements sur le
transport. En particulier, dans le règlement sur le camionnage, à
l'article 51, on demande à un requérant qui désire obtenir
un permis de faire la preuve qu'il dispose de l'équipement
adéquat et d'une main-d'oeuvre spécialisée. Mais il a
été créé également un principe qui guide la
commission dans l'exercice de sa discrétion, parce que la commission a
un pouvoir discrétionnaire pour émettre ou refuser un permis. Or,
en appliquant cet article 51, qui oblige le requérant à faire la
preuve qu'il a l'équipement et la main-d'oeuvre
spécialisés, on l'oblige également à faire une
preuve de nécessité. Ce principe est appliqué par la
commission dans tout le domaine du transport, que ce soit le
déménagement, le transport de véhicules automobiles, le
transport général, ce principe s'applique. Je ne dis pas qu'il
est totalement non fondé, mais qu'est-ce qui arrive dans le secteur du
transport par camions blindés?
Alliance Sécurité, à plusieurs reprises, et je
pense que personne ne nie ce fait-là, a prouvé, à la
satisfaction de la Commission des transports, qu'elle avait l'équipement
suffisant et la main-d'oeuvre spécialisée; mais, à chaque
occasion où elle s'est présentée devant la commission, les
deux compagnies Wells Fargo et Brink's se sont opposées en disant: Nous
avons l'équipement nécessaire pour répondre à la
demande du public; et la commission, constatant que Brink's et Wells Fargo,
avec leur capacité économique et financière,
étaient évidemment capables d'acheter le nombre de camions
blindés qu'elles voulaient, a dit: II y a deux compagnies, cela suffit
à la demande. Et c'est là le précédent qui a
été créé, que l'on ne retrouve dans aucun autre
domaine du transport au Québec non plus, à savoir que, tant et
aussi longtemps que deux compagnies étrangères auront la
capacité de répondre à la demande, aucune compagnie,
fût-elle québécoise, ne pourra avoir une part du
gâteau dans ce domaine du transport.
Je pense que c'est là le précédent. Je pense qu'il
est inacceptable et injuste, non seulement pour la compagnie requérante
ici ce matin, mais pour tous les citoyens du Québec, qu'un secteur de
l'économie lui soit totalement fermé parce que la commission est
obligée d'appliquer un principe qu'elle a établi pour toutes les
demandes en général et qu'elle ne peut pas la commission
faire un cas d'exception pour Alliance Sécurité.
Je pense, messieurs les membres de la commission, que nous ne voulons
pas créer un précédent, mais nous voulons que vous
tranchiez une situation inacceptable et injuste créée à
cause de la fidélité de la commission à suivre son
principe généralement établi. C'est seulement par un
projet de loi que l'on peut régler ce problème. On ne peut pas
demander à la Commission des transports de faire un cas d'exception pour
Alliance Sécurité.
Je ne voudrais pas, messieurs les membres de la commission, entrer dans
tous les détails et faire toute la chronologie des
péripéties qui ont accompagné les différentes
demandes de Alliance Sécurité devant la Commission des
transports.
Qu'il nous suffise de mentionner seulement que, durant les nombreuses
enquêtes qui se sont tenues relativement à ce dossier, il y a eu
une preuve abondante déposée, tant écrite que verbale, par
les caisses populaires, par des commerces, démontrant,
premièrement, qu'à l'extérieur de Montréal, par
exemple, la situation du transport par blindé était un
quasi-monopole, que la majorité des commerçants demandait que
d'autres entreprises concurrentes entrent dans ce marché. Les services
gouvernementaux en ont fait eux-mêmes la remarque devant la commission.
Mais encore une fois, compte tenu du principe déjà établi
par la commission selon lequel tant que une ou deux entreprises pourront
suffire à la demande, elle refusera toute demande de permis. Il n'a
jamais été possible d'obtenir satisfaction.
Lors de différentes demandes, nous étions prêts
également à faire la preuve d'une enquête menée par
les caisses populaires relativement à la qualité du service
qu'elles ont, quant à la langue par exemple, quant à la
disponibilité, quant aux
routes; nous avons le rapport, ici, mais cette preuve nous fut
refusée devant la Commission des transports, parce que selon elle cela
constituait du ouï-dire alors que nous savons que devant les commissions,
on peut accepter des preuves de ouï-dire.
La compagnie Alliance Sécurité n'a pas toujours
été en appel des décisions de la commission et c'est
exact. Mais je ferai remarquer à M. Blank qui a soulevé ce point
qu'en vertu de la Loi des transports, l'appel n'est permissible que sur des
questions de droit. Or, évidemment, lorsqu'on fait la preuve de
nécessité ou la preuve de l'équipement, il ne s'agit pas
de questions de droit, donc l'appel ne peut être accepté. Durant
ces années où ces demandes ont été
formulées, vous n'ignorez pas que la juridiction du tribunal du
transport était contestée devant les tribunaux supérieurs,
et à ce moment-là, aucun appel n'était possible. Cette
juridiction est encore contestée, incidemment.
En conclusion, M. le Président, MM. les membres de la commission,
je pense qu'Alliance Sécurité ne dispose que d'un seul recours
pour résoudre la situation dans laquelle elle est, et ce recours, c'est
une loi spéciale. Elle ne désire pas, par cette loi, passer
par-dessus la Commission des transports. Au contraire, je pense qu'elle
désire éviter à la Commission des transports de
créer un précédent en refusant à une compagnie
québécoise de concurrencer des compagnies
étrangères.
La compagnie Alliance-Sécurité n'en veut pas aux
compagnies étrangères, elle ne veut pas enlever le permis
à ces deux compagnies; ce qu'elle veut, c'est sa place au soleil avec
les mêmes droits et privilèges que ses deux concurrents. Je ne
pense pas que la commission, en étudiant ce projet, sera coupable
d'intrusion dans l'administratif ou le judiciaire, au contraire, elle
légiférera dans un domaine, un trou ou un cul-de-sac qui ne peut
pas être tranché par un tribunal quasi judiciaire comme la
commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Clair): Me Gaul, je vous remercie pour
votre exposé bref et concis.
M. Burns: J'aurais peut-être une ou deux questions à
poser à Me Gaul.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on pourrait passer
justement à une période de questions?
M. Burns: Avant que les opposants...
Le Président (M. Clair): Avant que les opposants ne se
fassent entendre?
M. Burns: D'accord, si c'est votre voeu, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): C'est mon voeu. Allez-y.
M. Burns: Avec la permission du ministre des Transports. Si je
comprends bien, Me Gaul, vous l'avez inféré dans votre
exposé, ce que vous de- mandez, dans le fond, ce n'est pas un permis que
vous n'avez pas. C'est une extension d'un permis que vous avez
déjà, si je comprends bien.
M. Gaul: C'est cela.
M. Burns: Vous avez fait mention de l'Office des autoroutes, qui
est client de la compagnie Alliance Sécurité. Est-ce que ce
client, l'Office des autoroutes, bénéficie des services de votre
cliente à vous depuis... récemment? Ou est-ce que...
M. Gaul: Non, M. Burns. Elle bénéficie de nos
services depuis 1969.
M. Burns: Depuis 1969?
M. Gaul: Oui.
M. Burns: Sans interruption?
M. Gaul: Sans interruption.
M. Burns: Maintenant... Pardon?
M. Blank: J'ai dit que mes amis, ici, ont accordé ce
contrat.
M. Burns: Oui. Et vos amis à vous l'ont maintenu,
apparemment, et mes amis à moi le continuent.
M. Blank: C'est général.
M. Lessard: Cela fait toute une "gang" d'amis!
M. Burns: Une chose que j'aimerais savoir. Tout le monde sait
que, pendant une certaine période de temps je ne me souviens pas
de la date exacte il y a eu grève des employés de la
compagnie Brink's. Est-ce qu'il n'est pas exact que, durant cette grève
des employés de la Brink's, votre cliente s'est vu demander de rendre
des services à des clients réguliers de la Brink's?
M. Gaul: Si vous me le permettez, M. le Président, M.
Burns, je demanderais à Me Vézina de répondre
complètement à cette question.
M. Vézina (Louis): M. le Président, effectivement,
lorsqu'il y a eu ce problème de difficultés de relations de
travail à la maison Brink's, nous nous sommes présentés
devant la Commission des transports du Québec pour obtenir ce qu'on
appelle un permis spécial.
Mais, étant donné et c'est cet argument de base
qu'il faut retenir que la commission applique exactement aux
blindés sa jurisprudence, que ce soit en matière de permis
permanent ou spécial, la commission refuse, dans le cas de grève,
de prendre ce prétexte de la grève pour donner des permis
spéciaux. En d'autres termes, j'ai pu comprendre, par la jurisprudence
de la commission, que celle-ci ne veut pas devenir un agent briseur de
grève, si on peut s'exprimer ainsi.
Nous avons eu des demandes de sociétés importantes, de
plusieurs services gouvernementaux, du ministère du Revenu, de certains
services du gouvernement qui transportent des bons d'obligations ou des bons
d'épargne, ou de l'argent comptant, etc., des sociétés
importantes, des commerces locaux, etc. Nous n'avons jamais pu, sauf une fois,
sauf erreur, pour la maison Steinberg, je pense, pour un voyage ou deux,
obtenir ce permis spécial.
A plusieurs reprises, nous sommes revenus. Précisément ce
pourquoi vous ne faites pas une intrusion dans le judiciaire, c'est que, dans
la loi qui a été votée en 1972 par les savants
députés du temps, parce que je suis certain qu'ils étaient
tous savants à ce moment-là, cette loi a un trou, a ce trou que
personne n'avait vu à ce moment-là. Malgré toute la bonne
foi et du personnel de soutien et des membres de l'Assemblée nationale,
ce trou est apparu de lui-même. C'est le domaine du blindé.
En fait, ce qu'on vous demande ce matin, c'est de compléter la
loi de 1972. Il y a un trou dans la loi. Complétez la loi, parce que, si
vous ne permettez pas ce cas précis, la commission sera toujours
liée par sa jurisprudence. En acceptant le projet de loi qu'on vous
soumet, vous donnez à la commission un nouveau guide.
Il ne faut pas, dans le domaine du droit quasi judiciaire, faire une
analogie trop forte avec les tribunaux de droit commun. Ce sont des
émanations directes de l'Assemblée nationale et, même au
point de vue administratif, il y a des interventions
régulières.
Je pense qu'il vous appartient justement pour répondre
exactement à votre question, M. le leader du gouvernement de
constater que, quelle que soit la situation actuelle, il n'y aurait aucun
service de blindé dans la province de Québec, à cause de
difficultés de travail, vu la jurisprudence, vu les règlements de
la commission. On ne pourrait même pas avoir de permis
spécial.
C'est la situation en cas de conflit de travail.
M. Blank: Ce ne sont pas des "scabs".
M. Paquette (Adrien): Je m'excuse, mais je représente
Wells Fargo et, dans ce domaine...
M. Burns: Me Paquette, je crois? Pour les fins du journal des
Débats.
M. Paquette (Adrien): Oui, Adrien Paquette. Je voudrais
simplement répondre à cette dernière partie où on
dit que, s'il y avait grève chez Brink's et s'il y avait grève
chez Wells Fargo, on ne pourrait pas obtenir un permis. C'est totalement faux,
parce que l'article 33, tel que libellé dans le moment dans la loi du
transport, permet l'émission de permis et, contrairement à ce
qu'on vous a expliqué tout à l'heure je vous l'expliquerai
quand ce sera mon tour je voulais simplement répondre que c'est
totalement faux qu'on ne puisse pas, dans un cas de grève, obtenir
actuellement un permis spécial.
Si, dans le temps, il n'y a pas eu de permis spécial, c'est que
Wells Fargo, qui est une entreprise qui tente encore de s'implanter au
Québec, a pu remplir justement la place que la Brink's prenait.
M. Lessard: Elle tente difficilement de s'implanter, mais elle
n'a jamais eu trop de difficulté.
M. Paquette (Adrien): C'est vrai que c'est difficilement, parce
que cela ne fait pas longtemps qu'elle a son permis, cela ne fait pas dix
ans.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! A l'ordre,
messieurs, s'il vous plaît!
M. Paquette (Adrien): La compagnie Wells Fargo, tous ceux qui
regardent les films de "cowboys" vont la reconnaître, c'est la compagnie
qui a remplacé le Pony Express américain. Quand on voit cela sur
les wagons ou les "buggies", c'est encore la même compagnie qui continue
à exister, aux Etats-Unis, avec 231 succursales; mais, ici au
Québec, franchement, la compagnie Wells Fargo est très petite
comparée à la Brink's. C'est une puce. Ce que je voulais vous
dire, c'est que la puce était là quand même, cette fois,
pour prendre la place. Me Vézina a charrié quand il a dit que
c'était impossible. C'est seulement cela que je vais répondre
dans ce cas-ci.
M. Lessard: La puce est-elle capable de donner tous les services
que donnait la Brink's avant?
M. Paquette (Adrien): Sûrement pas tout le service.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: J'ai une dernière question soit pour Me Gaul ou
Me Vézina et, après cela...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Maisonneuve, si vous permettez auparavant, je pense qu'il serait bon
d'établir clairement que nous entendons présentement des
requérants. Il vaudrait peut-être mieux que les opposants
conservent tous leurs arguments pour le moment où ils seront entendus,
afin d'éviter de mener le débat sur tou les fronts à la
fois. Je remercie Me Paquette pour la précision qu'il a bien voulu
apporter, mais je le prierais, ainsi que les autres opposants, dans la mesure
du possible, de retenir leurs commentaires et les rétractations qu'ils
voudraient apporter, s'ils le jugent opportun. Ils auront tout le loisir de le
faire, lorsqu'ils seront entendus. M. le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Merci, M. le Président. J'ai simplement une
dernière question. Je ne sais pas si je l'adresse soit à Me Gaul
ou à Me Vézina. Vous avez fait référence, dans
votre intervention, à l'équipement que votre cliente
possède. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire exactement
combien d'employés vous avez, combien de camions votre compagnie
possède?
M. Vézina: On a quinze camions blindés actuellement
qui sont la propriété de la requérante. Le
président de la compagnie m'informe à l'instant que cela
représente un investissement d'environ $250 000 à $300 000.
Pour votre information, notre cliente construit elle-même ces
camions, à partir évidemment, excusez le mot anglais, du "body",
qu'elle achète chez des fournisseurs de camions. Elle construit
elle-même, suivant les normes reconnues, approuvées et
acceptées par les assureurs, ces camions blindés, créant
ainsi, il faut l'admettre, une nouvelle petite industrie qui crée
à son tour de l'emploi.
M. Burns: II y a combien d'employés qui, directement,
à la compagnie Alliance Sécurité Blindé, sont
affectés à ce travail, actuellement?
M. Vézina: Vous voulez dire au transport? M. Burns:
Au transport, oui.
M. Vézina: Nous avons actuellement, à
l'intérieur du permis que nous détenons, soixante employés
pour répondre aux exigences, mais deux jours par semaine.
M. Burns: Je présume que ce nombre de soixante
employés, si jamais votre permis était élargi, si vous
voulez, serait augmenté de façon importante?
M. Vézina: Ils commenceraient d'abord par travailler cinq
jours par semaine. Ce serait déjà pour eux une augmentation au
point de vue du revenu. Evidemment, ils sont payés à l'heure. Ce
sont des gens au taux horaire. Ils travaillent deux jours par semaine, parce
qu'on ne dessert pas une caisse populaire tous les jours, c'est une fois par
semaine qu'elle a besoin de "cash-flow", enfin de monnaie, de billets de
banque, de ramener des coupons d'obligations, des coupons
d'intérêt des déposants. D'abord et avant tout, ce
personnel serait invité à s'intégrer complètement
à la compagnie et à y travailler cinq jours par semaine, 52
semaines par année, moins sa période de vacances.
M. Burns: Dois-je comprendre aussi que l'équipement ne
fonctionne que deux jours par semaine?
M. Vézina: Exactement. Actuellement, nous avons dans la
"cour", de trois jours à trois jours et demi par semaine, pour $300 000
d'équipement; si nous n'exploitons pas le permis que nous avons
actuellement, c'est grave d'avoir obtenu un permis de la commission et de ne
pas l'exploiter. On peut le perdre complètement et on ne peut plus faire
la preuve de notre bonne foi, de notre capacité, soit ici, soit devant
la commission, soit devant n'importe quoi. C'est pour cela qu'une fois obtenu
le permis, nous avons dû investir ces centaines de milliers de dollars
ici à Montréal, plus précisément, ils sont
construits à Verchères et bâtir une flotte qui
permette de répondre aux exigences de la clientèle des Caisses
populaires que nous desservons actuellement.
M. Gaul: Dois-je ajouter que même si la compagnie
n'opère que deux jours par semaine, elle est quand même
obligée de payer ses assurances pour cinq jours par semaine?
M. Vézina: Les locaux, enfin, le comptage d'argent,
etc.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Clair): Le député de
Charlevoix, pour l'Opposition officielle.
M. Mailloux: Je voudrais faire quelques observations sur les
remarques que vient de faire M. Gaul, qui représente Alliance
Sécurité. Cependant, je ne voudrais pas que mes remarques
m'éloignent du principe que j'ai voulu défendre dans mes
remarques préliminaires. M. Gaul, je pense, que c'est de bonne guerre, a
voulu donner aux membres de la commission une habilité que je leur
reconnais peut-être, mais en partie. Je ne sache pas, pour moi, à
peine de mésestimer mes collègues de l'Opposition, que nous ayons
ici, à nos côtés, tous les experts, recherchistes, avocats
qui sont en mesure d'éclairer la commission des transports ou n'importe
quel tribunal qui a à se prononcer sur une cause, comme ne peut le faire
une commission parlementaire d'un bill privé.
Tantôt, vous avez dit dans vos remarques que la Commission des
transports était complètement fermée à toute
émission de permis supplémentaires, en ce sens qu'en dehors du
monopole exercé par Brink's et Wells Fargo, il n'y avait aucune
possibilité. Il y a quand même eu une ouverture de la Commission,
parce que dans le refus de voir Alliance Sécurité desservir les
territoires de Montréal, il y a quand même eu un accord pour la
province, nonobstant le territoire de Montréal qui n'a pas
été accordé à Alliance Sécurité. Vous
pourrez me dire tantôt: D'accord, cette ouverture a été
faite, mais ce n'est pas la plus payante. Cela laisse les équipements,
la compagnie dans une position de non-rentabilité.
M. le Président, je ne voudrais pas aller dans des détails
que la Commission des transports a pu invoquer pour rendre le jugement qu'elle
a rendu, mais il ressort quand même qu'on n'a pas affaire à une
quelconque matière à transporter dans la province de
Québec; elle a besoin de soins très particuliers. Je ne voudrais
pas faire référence aux recommandations qui ont été
faites par le contentieux du ministère des Transports et le contentieux
du ministère de la Justice sur la précaution particulière
qu'on doit apporter au transport de devises quelles qu'elles soient.
Tantôt, on a fait référence à
l'impossibilité qu'avait le tribunal des transports de se prononcer sur
ces matières. Elle ne peut, en réalité, que se prononcer
en droit. Elle ne peut se prononcer sur les faits.
M. Vézina: Sur permission seulement.
M. Mailloux: Oui. Je me rappelle qu'à plusieurs occasions,
le juge du tribunal des transports a insisté avec vigueur pour
être habilité par le gouvernement, par le ministère des
Transports à se prononcer et en droit et en fait. Le ministre pourra
regarder les différentes interventions qui ont été faites
par le tribunal des transports et il verra... C'est une des solutions et une
des avenues qui pourraient permettre également au gouvernement d'aller
plus loin dans le dossier et habiliter le tribunal des transports, à
moins que son inconsti-tutionnalité dont parlent ce matin certains media
d'information, soit prouvée. C'est quand même une des avenues qui
aurait pu permettre au gouvernement d'aller plus à fond dans le
dossier.
M. le Président, je ne voudrais pas paraître c'est
pour cela que je m'en tiens au principe que j'ai voulu défendre ce matin
être à la défense des intérêts
importants que sont Brink's et Wells Fargo, parce que quand, comme profane,
étant titulaire du ministère des Transports, on m'a envoyé
la copie du jugement qui ne permettait pas à Alliance
Sécurité de desservir le territoire de Montréal, et
qu'à un certain alinéa, j'ai constaté que Wells Fargo
après avoir soumissionné, se retirait, il est passé de
drôles d'impressions dans mon esprit. C'est indiscutable que comme tout
profane, j'ai été en mesure de me poser la question. Ce qui
revient à dire que peut-être ultérieurement, voulant
favoriser une compagnie québécoise, j'aurais agi, non pas comme
le fait le gouvernement ce matin, par le biais d'un bill privé, mais en
amendant les règles du jeu.
Ce que je veux dire, finalement, ce n'est pas de la manière dont
on agit ce matin, alors qu'on ne peut pas apporter tous les
éléments de preuves dont une commission ou dont une régie
a besoin pour émettre un permis tel que le sollicite Alliance
Sécurité, parce qu'il faut quand même avoir un jugement
éclairé à fond dans ce dossier...
Si c'était une matière à transporter, une
quelconque matière, je dirais: Que la commission qui étudie cette
demande se prononce, mais elle n'a pas tous les éléments de
preuve à l'appui de la requête qui lui est présentée
par Alliance Sécurité. Tantôt, quand on a dit que la
Commission de transports... C'était un circuit fermé, le
transport des devises, mon collègue me faisait simplement remarquer que,
dans tous les secteurs d'activités, la Commission des transports, quand
elle juge les circuits qui sont actuellement desservis, c'est indiscutable que
si, demain matin, un transporteur public à Montréal qui
s'appelle, quoi...
M. Blank: Murray Hill.
M. Mailloux: ... Murray Hill, faisait une demande de transport
partout dans le Québec contre Voyageur ou d'autres circuits existants,
la Commission devrait évidemment regarder ce que ça donnerait
dans le portrait des permis déjà existants. En ajoutant un tel
circuit, qu'est-ce qui arriverait dans tout le domaine interurbain?
M. le Président, nonobstant les remarques qui ont
été faites par celui qui représente les
intérêts d'Alliance Sécurité, je ne dis pas que je
suis contre le fait que des intérêts québécois
puissent vouloir accéder aux mêmes avantages qu'ont des
intérêts étrangers au Québec, en partie, mais il
ressort que c'est par des voies normales qu'on aurait dû agir en
changeant les règles du jeu pour que la Commission des transports sache
ce que le gouvernement voulait dans un tel système de transport.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi, avant d'entamer la liste des députés qui ont
manifesté le désir de poser des questions, avez-vous, en tant que
représentant de l'Union Nationale, des commentaires
généraux ou des questions immédiates?
M. Russell: En tant que membre de cette commission, comme je n'ai
pas eu le plaisir de lire le jugement qui a été rendu je
n'ai pas de copie; peut-être devrais-je en avoir mais il y a des
doutes dans mon esprit. Je voudrais savoir si, dans le jugement, on a mis en
doute la solvabilité de la compagnie? Est-ce qu'on a mis en doute la
valeur de l'équipement qu'utilisait la compagnie, parce qu'on a dit tout
à l'heure que la compagnie faisait sa propre construction? Si je voulais
être méchant, je pourrais peut-être demander si elle en
fabrique pour Brink's, de l'équipement?
M. Vézina: On est disposé à prendre d'autres
clients.
M. Russell: Vous n'en faites pas?
M. Vézina: Voici, pour répondre à votre
question, M. le député, il n'a jamais été question
dans les jugements, d'aucune façon, ni directement, ni indirectement, de
mettre en doute la solvabilité de la requérante, ce matin. Au
contraire vous avez sûrement une expérience des affaires
qui vous aidera à comprendre ce que je vais affirmer nous
possédons actuellement des assurances pour le transport d'argent
vous avez une idée comment ça peut être difficile d'obtenir
des assurances dans ce domaine des assurances tous risques, pour la
voûte, le cargo, le fameux transit entre, l'endroit qui est desservi et
le camion, de $15 mi lions pour la voûte. Nous sommes assurés
jusqu'à $15 millions pour la voûte et $5 millions pour le cargo,
pour le transit, c'est-à-dire de la caisse populaire X jusqu'au camion,
$500 000, mais nous transportons à la fois un maximum de $500 000 et, en
plus, nous avons $1 million d'assurance-responsabilité comme
propriétaire des véhicules et un autre million de dollars de
responsabilités civiles complexes. Ne me demandez pas de définir
l'expression "responsabilités civiles complexes". Je crois comprendre
qu'il s'agit, par exemple, d'un agent qui, évidemment, porte une arme,
avec le permis du ministère de la Justice et qui, faisant preuve d'un
mauvais jugement, tuerait ou blesserait quelqu'un, je pense que c'est... Parce
qu'on a notre expert en assurances ici, avec nous, M. Pierre Roy. Ce sont ces
faits et gestes qui sont
couverts par ces polices. Et pour obtenir de tels cautionnements ou de
telles polices d'assurance, vous devinez qu'il faut déposer des bilans,
il faut montrer patte blanche, si je peux dire, devant les compagnies. C'est
sur le plan international que se fait la couverture de ces risques. Alors, le
seul fait que nous puissions vous affirmer ce matin nous avons fait
venir notre expert en assurances notre assureur exactement pour cette raison
que ces polices existent et sont en vigueur, M. Roy peut en
témoigner dans ce sens.
M. Gaul: Puisque la Commission a émis un permis restreint
quand même pour Alliance Sécurité, lui permettant de
desservir les Caisses populaires et l'Office des autoroutes, je présume
que la Commission était d'avis que l'équipement d'Alliance
Sécurité et le personnel était suffisamment
qualifiés et sécuritaires pour desservir ces gens. Alors, si nous
sommes capables de desservir les Caisses populaires, nous devrions être
capables de desservir les autres aussi.
M. Russell: M. le Président, il y a une autre question. Je
m'excuse de mon ignorance d'avance. Est-ce que les taux de transport de ces
sommes d'argent ou de ces services qui sont rendus sont établis par la
Commission ou si c'est un monopole qui est...
M. Vézina: En vertu de la loi actuelle de la Commission
des transports, tout transporteur doit déposer et faire approuver ses
taux par la Commission. Mais, de facto, quand vous êtes le seul qui jouez
de la musique dans la fanfare, vous jouez la note que vous voulez. Elle est
toujours bonne. Quand il faut s'accorder aux autres, donc, quand il y a de la
concurrence, c'est là qu'on commence à voir les bons joueurs de
musique et les moins bons.
M. Russell: Quoique la commission ait le droit de refuser les
tarifs.
M. Vézina: Oui.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai écouté
avec beaucoup d'attention ce que nous a dit le procureur de la
requérante et je comprends qu'elle s'adresse à la commission
parlementaire d'après le principe de la souveraineté du Parlement
qui peut, en fait, par une loi, régler une situation bien
précise.
Mais la question que je me pose... C'est un inconvénient
juridique. La Loi des transports dit que c'est la Commission des transports qui
accorde les permis de transport. Or, à ce moment, malgré la
souveraineté du Parlement, comment pouvez-vous concilier cette loi
privée qui viendrait accorder un permis sans, d'autre part, amender
cette loi générale qui donne le pouvoir exclusif à la
Commission des transports de donner le permis?
Autrement dit je vous pose une question à titre d'avocat
n'y aurait-il pas lieu...
M. Blank: Déformation professionnelle!
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, peut-être...
d'amender la Loi des transports pour faire en sorte que, dans des cas où
il y a réellement déni de justice... Il me semble et je
vous le dis y avoir un déni de justice dans ce cas. N'y aurait-il
pas lieu de faire en sorte que la loi générale soit
modifiée de telle façon que, dans les cas de déni de
justice, le ministre des Transports ou un autre organisme quelconque pourrait,
dans ces cas où la preuve lui est apportée, intervenir pour
apporter un correctif à la situation?
La question que je me pose est strictement juridique et non pas
basée sur les faits parce que je dois vous dire que, sur les faits, je
suis entièrement en faveur de votre demande, mais j'aimerais que vous
m'expliquiez comment on peut faire cela c'est une opinion personnelle,
évidemment sans dénier le pouvoir exclusif qui est
accordé par une loi générale à une commission?
M. Gaul: En premier lieu, l'article 2 du projet prévoit
que l'autorisation qui serait donnée par l'Assemblée nationale a
la même valeur qu'un permis émis par la Commission des transports,
en ce sens, soumettant Alliance Sécurité à toute la
réglementation de la Commission des transports quant aux tarifs,
etc.
Deuxièmement, évidemment, je ne veux quand même pas
m'introduire dans le rôle des législateurs. Si le
législateur veut prévoir un moyen d'intervention directe dans le
cas des dénis de justice, d'une façon générale,
libre à lui, mais nous ne voulons pas régler tous les cas du
Québec. C'est notre problème particulier et, comme je disais tout
à l'heure, je pense que la situation dans laquelle nous sommes et le
trou qui nous cause du préjudice, comme Me Louis Vézina le disait
tout à l'heure, est un cas tellement exceptionnel qu'il est difficile de
prévoir un autre cas. Je ne pense pas que, dans le domaine du transport
de passagers, par exemple, il y ait un secteur où il n'y a absolument
aucune entreprise québécoise. Il y a des dizaines d'entreprises
québécoises là-dedans. Le secteur du transport par camion
blindé est le seul où les Québécois, les
entreprises québécoises sont totalement absentes ou n'ont pas les
mêmes droits et privilèges que les autres.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que je vous comprends
bien lorsque vous dites que la Commission des transports n'accorde pas des
autorisations, mais des permis, mais que vous, en demandant dans la loi une
autorisation qui aurait la même valeur qu'un permis, vous vous trouvez
à enlever l'argument que je vous ai soulevé tout à
l'heure?
M. Gaul: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. Je vous suis.
Le Président (M. Clair): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. J'aimerais poser une
question. Votre compagnie a été constituée en 1969. A
cette époque, vous avez eu un permis restrictif d'accord?
pour deux contrats spéciaux, si je comprends bien. Vous parlez souvent
de l'Office des autoroutes et des caisses populaires.
M. Vézina: Excusez-moi. Au début, ce n'était
que l'Office des autoroutes et c'est un permis qu'on appelait un permis par
contrat. Nous n'avions le droit de desservir qu'un seul client qui était
l'Office des autoroutes, une agence du gouvernement du Québec.
M. Michaud: Parce que les autres compagnies ne pouvaient pas
donner le service ou est-ce simplement pour des raisons qu'on...
Une Voix: ... soupçonne.
M. Michaud: ... soupçonne et qu'on devrait
connaître?
M. Vézina: C'est à la suite de négociations
qui ont eu lieu entre les responsables de l'administration de cette agence,
à ce moment, qui ont trouvé plus avantageux de négocier
avec différentes personnes pour en arriver au meilleur prix possible, le
tout, évidemment, sujet à obtenir un permis de la commission,
à l'époque, la Régie des transports du Québec et le
président de ma cliente m'informe qu'ayant pu faire ses calculs et
soumettre le meilleur prix, c'est après qu'il a eu le permis de la
Régie du transports du Québec d'alors, mais un permis de
transport par contrat, c'est-à-dire un seul transporteur, un seul
client.
M. Michaud: D'accord. Cela a été pour l'Office des
autoroutes; pour les caisses populaires, cela a été un peu le
même principe, je crois.
M. Vézina: Cela a été le même principe
l'an passé, sauf erreur.
M. Michaud: D'accord. J'aimerais commenter un peu votre
présentation. Vous parlez de la situation du blindé au
Québec. C'est une situation unique en Amérique du Nord,
peut-être au monde. Mais j'aimerais faire un commentaire
supplémentaire. Cela reflète un peu l'image de bien des choses au
Québec où il y a des monopoles étrangers et où on
laisse des miettes, quelques miettes autour pour certaines compagnies locales,
mais pas plus qu'il ne faut. Je pense que cela vaut réellement la peine
d'y penser et j'aimerais relever un commentaire du député de
Saint-Louis qui disait que si un Canadien français se sent
lésé par un
Canadien anglais, on va voter un bill spécial. Je dis que ce
n'est absolument pas cela. C'est de la démagogie. C'est tout simplement
une compagnie d'intérêts du Québec, c'est-à-dire
propriété d'intérêts du Québec... Que ce soit
des intérêts italiens, italo-québécois,
anglais-québécois, français-québécois, il
s'agit tout simplement de rétablir une situation de compétition
pour éviter qu'on ait des monopoles afin que cette
société, même sur la base commerciale, soit beaucoup plus
juste. C'est un commentaire que je voulais ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: J'ai trouvé dans les paroles de Me Gaul et Me
Vézina une confirmation de mes propos d'avant. Après, si je peux
comprendre Me Gaul, même s'il fait la preuve aujourd'hui, il va faire
exactement la même preuve qu'il a déjà faite devant la
Commission des transports et avec cette preuve, suivant la loi actuelle, la
jurisprudence ou le principe qui se trouve dans la loi actuelle ou dans le trou
de la loi, comme M. Vézina a dit, on en arrivera à la même
conclusion.
Cela veut dire qu'on nous demande, à la commission des transports
de l'Assemblée nationale, de faire une exception en disant: Nonobstant
la loi, nonobstant la jurisprudence, nonobstant tout, il y a deux compagnies
qui font l'affaire maintenant, on va en mettre une troisième. Me Gaul a
dit: Ce n'est pas une exception, ce n'est pas un précédent, mais
qu'est-ce que cela va faire si maintenant nous disons: On met la loi de
côté. Il y en a deux, il va y en avoir trois. Qu'est-ce qui se
produira si demain une quatrième arrive? Une quatrième va dire:
Je veux avoir les mêmes droits. Je dis que vous avez peut-être
raison. Il y a peut-être place pour trois, quatre ou cinq, mais suivant
la loi actuelle, la commission a raison de ne pas vous accorder votre demande
et vous-même avez confirmé cela en n'allant pas en appel. Parce
que vous savez, avec ces faits, la commission a eu raison.
Cela veut dire qu'aujourd'hui, la chose qu'on doit faire, c'est changer
la loi ou les règlements pour donner une chance à des gens comme
votre client d'avoir un permis. On a déjà fait cela devant une
autre régie, devant la Régie des alcools. Pour chaque demande de
permis, on devait prouver l'utilité publique de ce permis. On a
constaté que cela a fait tort à de petits épiciers. Il y
avait dans un petit village trois épiciers qui avaient des permis et on
a toujours refusé ces permis au quatrième ou cinquième
parce qu'on ne pouvait pas prouver qu'il y avait utilité publique. On a
changé la loi pour les épiciers. On a dit: Maintenant si vous
remplissez les normes, ce n'est pas "peut", mais la commission doit vous donner
un permis.
Si on change les règlements ou la loi pour des véhicules
blindés disant que si une compagnie ou une personne suit ces normes, la
commission doit donner le permis, cela va couvrir votre cas et tous les autres
cas. Cela voudra dire que le trou dans la loi sera comblé ou le principe
que la commission a
déjà accepté va être changé. A ce
moment-ci, la commission suit la même règle dans toutes les
affaires de transport de la province, elle ne veut pas avoir trop de
concurrence dans les services. A un moment donné, s'il y a trop de gens
qui font la même chose, le service va se détériorer. Il y a
des gens qui perdront de l'argent et quand ils commencent à perdre de
l'argent, ils ne donnent pas de service.
C'est la raison de base dans la question de transport de matériel
et des personnes, mais peut-être que, dans votre cas, le transport de
l'argent, des certificats, des obligations, c'est un peu différent. Ce
n'est pas la même chose. Mais changez les règlements et ça
vous donnera la chance. Mais pas nous autres, nous ici si on entend toute la
preuve que vous avez déjà donnée devant la commission, un
jour, deux jours, je ne sais pas combien de jours ça va prendre pour
faire exactement la même preuve, parce qu'il faut que l'on voie cette
même preuve avant de décider. On doit vous montrer qu'on doit
remplir au moins les normes de base, la question de concurrence n'entrerait
peut-être même pas en cause. Si vous arrivez avec la preuve et que
vous faites la preuve, on ira contre la loi et contre les principes
déjà établis par la commission.
Je dis qu'on n'a pas ce droit de faire ça dans des cas
particuliers. On doit amender la loi générale. Une autre chose
que je trouve curieuse, très curieuse, dans les derniers propos de Me
Gaul; il dit que le fait qu'il n'y avait pas d'entreprise
québécoise dans certains domaines donne un droit automatique
à un permis. Vous créez deux classes de personnes qui font
affaires au Québec, des Québécois et des
non-Québécois, c'est-à-dire qu'un immigrant qui arrive ici
n'aura pas le même droit que son voisin.
Du moment que quelqu'un fait des affaires ici et fait un profit, il y a
quelque chose de bon, du fait qu'un Québécois vient ici,
automatiquement, il a droit à ça, nonobstant toute loi. Je trouve
ça très dangereux. Si c'est le programme gouvernemental, si le
gouvernement veut faire deux classes d'hommes d'affaires, dites-le en public,
mais pas en cachette avec des bills privés. Si le gouvernement veut dire
que les étrangers n'ont pas les mêmes droits que les
Québécois qui font affaires à Québec, dites-le.
Mais qu'il ne se cache pas derrière une loi privée pour le
faire.
M. Gaul: M. le Président, M. Blank, actuellement, Brink's
et Wells Fargo ont le droit de faire le transport d'argent et d'objets de
valeur dans toute la province de Québec sans restriction et continuent
de l'avoir. Alliance Sécurité a un permis pour transporter de
l'argent pour les Caisses populaires et l'Office des autoroutes, à
l'exception du territoire de Montréal. Est-ce que nous créons par
ce projet de loi deux classes? Au contraire, je pense que nous voulons, comme
entreprise québécoise, avoir la même classe, être
dans la même catégorie que les autres. La multiplication de la
concurrence n'a jamais, à mon sens, diminué la qualité du
service; au contraire, c'est un des principes que l'on nous apprend dans une
société li- bérale, libérale au point de vue
économique, en ce sens que, plus il y a de concurrence, meilleurs sont
les services et meilleurs sont les prix. Comme Me Vézina le disait tout
à l'heure, nous ne voulons pas, par ce bill, inviter chaque personne qui
a un cas particulier comme le nôtre à venir devant vous. Ce que Me
Vézina disait, c'est que l'Assemblée nationale, en adoptant son
projet de loi, créerait une nouvelle ligne directrice pour le
bénéfice de la Commission des transports et lui permettrait,
prise ou saisie d'un cas comme celui-ci, de se baser sur cette décision
pour étudier le permis. C'est un élément
supplémentaire. Comme on disait au début, il n'y a rien, ni dans
la loi, ni dans les règlements, qui oblige la Commission des transports
à exiger une preuve de nécessité publique. La commission
elle-même a établi ce principe. C'est tout simplement un guide
supplémentaire que nous demandons ici.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, comme l'ont dit le
député de Jonquière, tout à l'heure, et d'autres
membres de la commission, je suis très favorable à la demande
présentée par les requérants, mais je pense qu'il
s'agirait là d'une solution de béquille. Parce qu'en fin de
compte, on dit que les requérants ont subi un déni de justice
devant la commission en ne pouvant obtenir un permis. Je ne sais pas s'il y
aurait une solution législative publique qui pourrait être
apportée à ça, mais je pense que oui, soit en donnant au
Tribunal des transports un droit d'appel sur ces décisions ou
peut-être même en changeant toute la question de la
nécessité publique qui a été établie par la
jurisprudence de la commission. Je pense qu'il y aurait lieu de procéder
par un bill public pour amender la loi de 1972.
Comme l'a dit Me Vézina tout à l'heure, il s'agirait de
compléter la loi de 1972. Je me pose beaucoup de questions quant
à l'opportunité d'adopter une loi spéciale, une loi
privée, pour régler le cas particulier qui attire ma sympathie,
mais qui, d'un autre côté, me semble assez difficile à
régler.
Je pense qu'on en a eu l'expérience, en décembre dernier,
lorsque le ministre des Affaires municipales a voulu faire adopter un projet de
loi pour régler un cas particulier, celui de Val-Martin, dans le cas de
la Loi pour prolonger la Loi de conciliation entre locataires et
propriétaires. On a vu les résultats que cela a donnés. Il
a été obligé de revenir pour amender sa loi et elle n'est
pas encore satisfaisante.
Je pense que, chaque fois qu'on veut régler un cas particulier
par une loi, c'est assez difficile de réussir à favoriser tout le
monde en même temps. Je soumets humblement à la commission que
nous devrions songer, que le ministre des Transports devrait songer à
proposer un amendement à la loi publique.
M. Gaul: Avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Me Gaul.
M. Gaul: M. le Président, ce n'est pas l'intention de ceux
que je représente ici de se faire faire un nouveau coup de la Brink's.
On n'a pas envie de servir de cobaye et de se faire remettre aux calendes
grecques, d'attendre un projet de loi public qui peut prendre le temps qu'il
faut pour l'étudier.
Nous sommes en train de mourir à petit feu, parce que nous avons
un permis qui nous fait nous promener dans les pacages, qui nous fait aller
chercher de l'argent deux jours par semaine, d'une caisse populaire à
l'autre. C'est impossible, économiquement, de vivre avec cela. Mais nous
sommes obligés d'agir, si on veut garder le petit peu qu'on a.
Nous demandons aujourd'hui véritablement justice. Nous n'avons
rien contre des amendements à la loi générale. Mais, pour
le moment, nous vous demandons d'adopter ce projet de loi en attendant les
amendements que le ministère des Transports et l'Assemblée
nationale jugeront bon d'apporter éventuellement.
Je pense que c'est toujours comme cela que la législation
évolue. Dans le domaine municipal, vous avez, chaque année, des
municipalités qui demandent des pouvoirs spéciaux, qui demandent
donc de créer des cas exceptionnels dans leur cas et, quand cette
même demande arrive à plusieurs reprises, à ce
moment-là, le législateur amende sa loi générale,
pour appliquer ces dispositions exceptionnelles à toutes les
municipalités.
Nous sommes les premiers à demander de régler un cas
particulier. Si, dans l'avenir, d'autres personnes vous apportent des cas
identiques, l'Assemblée nationale jugera peut-être
approprié d'apporter une législation générale. Si
nous n'étions pas justifiés, en conscience, de vous demander de
vous pencher sur ce cas particulier, nous ne serions même pas ici
aujourd'hui. Nous aurions attendu des démarches pour amender la loi
générale. Mais nous ne sommes plus capables d'attendre et c'est
une compagnie québécoise qui demande tout simplement d'être
traitée sur le même pied que les autres et c'est urgent.
Le Président (M. Clair): M. le ministre des
Transports.
M. Lessard: M. le Président, je suggérerais qu'on
entende les opposants. Par la suite, j'aurai une suggestion à faire,
à la suite aussi des remarques qui seront faites par les opposants. Nous
pourrons envisager, peut-être, ce serait une solution... Il y a une
chose. Je ne suis pas avocat, mais il y a une coutume qui est établie
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire où
on étudie les bills privés. Lorsqu'il n'y a pas ce fut le
cas pour Dasken unanimité, le projet de loi, on peut le
déposer, quitte à trouver une solution pour régler le
problème dans des périodes assez brèves, s'il y a vraiment
intérêt public et urgence.
Je pense qu'il est tout à fait normal que nous puissions entendre
les parties et, selon les remarques qui nous seront faites, on pourra
délibérer en commission parlementaire et prendre une
décision.
Le Président (M. Clair): Avant que je vous fasse
connaître mon opinion sur votre suggestion, M. le ministre, M. le
député de Jonquière désire poser une toute
dernière question. Brièvement, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une
dernière question, c'est un commentaire. Tout à l'heure, j'ai
demandé à Me Gaul si la Commission des transports accordait des
permis et vous, vous demandez une autorisation. Ne pensez-vous pas qu'à
ce moment, vous demandez en fait à l'Assemblée nationale de faire
indirectement, par une subtilité juridique, un changement de terme, de
faire quelque chose que la loi nous défend de faire directement,
c'est-à-dire la Loi des transports, qui a seule le pouvoir, en vertu
d'une loi générale, d'accorder les permis? C'est surtout la
valeur d'un prédécent que cela peut avoir, parce que l'exemple
que M. Ciaccia donnait sur la Société des alcools est vrai. On
sait que la Commission de contrôle des permis d'alcool du Québec
est le seul organisme habilité à émettre des permis
d'alcool.
Supposons qu'une personne de la ville de Jonquière
présente une requête à la commission pour obtenir un permis
d'épicerie, se voit refuser le permis et prétend qu'il y a
déni de justice. J'ai peur, si cette affaire est accordée et que
cette personne de Jonquière se présente devant une commission
parlementaire ayant trait aux alcools, prouve le déni de justice, et
demande qu'on fasse exception à cette loi générale, qu'il
y ait peut-être des solutions que le ministre va vous proposer. Quand on
aura prouvé le fondement juridique de cette affaire, comment
l'Assemblée nationale peut-elle dévier de la loi qui a
été adoptée en 1972 où on dit que c'est la
Commission des transports qui a seule le pouvoir d'émettre des
permis?
Quand on me dit qu'une autorisation équivaut à un permis,
je me dis que c'est demander de faire indirectement... Là-dessus, je le
rejoins un peu et je prends un peu acte de ce qu'a dit Me Vézina,
lorsqu'il parlait tantôt de la nécessité de changer la loi
de 1972, qui accorde le pouvoir exclusif à la Commission des transports.
Il a fait là non seulement une porte de sortie, mais en sorte des
suggestions, et il donnait l'impression que, légalement parlant, c'est
le moyen qu'il envisageait lui aussi pour régler le problème.
Peut-être pas à Iong terme, mais à court terme, il y a sans
doute d'autres moyens, en attendant que cette loi soit modifiée.
J'aimerais avoir le fondement juridique. Qu'est-ce que vous avez à
répondre, légalement, au fait que la loi de 1972 accorde un
pouvoir exclusif à une commission? Je ne parle pas ici de mise en
tutelle, je demande juridiquement parlant, quel est votre fondement pour
demander cela, parce que, dans les faits, je vous le dis, je suis d'accord avec
vous autres, cent milles à l'heure?
M. Gaul: Monsieur, je ne sais pas si je dois vous appeler M. le
député ou cher confrère.
M. Vaillancourt (Jonquière): Confrère.
M. Gaul: C'est établi qu'une loi spéciale a pour
effet non pas de modifier la loi générale dans
son ensemble, mais de faire une exception pour un cas particulier. C'est
une loi qui est postérieure à la loi générale. Pour
tous ceux qui ont lu le volume du juge Pigeon, l'on sait que c'est permis, que
ce n'est pas anticonstitutionnel, que c'est prévu par la loi, et le
législateur fait quotidiennement de ces lois, particulièrement en
matière municipale, par exemple. Cette loi constitue un permis au sens
de la Loi des transports et va être soumise à toutes les
réglementations. Tout ce que nous demandons, c'est de dire: II y a un
cas particulier ici, La loi et la jurisprudence créent un
préjudice sérieux et irréparable à Alliance
Sécurité et le seul recours, c'est un bill privé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Où est l'amendement
à la loi générale?
M. Blank: Je veux ajouter un mot et contester ce que vous avez
dit des commentaires du juge Pigeon. Le juge Pigeon le dit dans son livre et
c'est dans la coutume ici cela fait un peu de temps que je suis ici
les lois privées sont pour régler des cas particuliers;
oui, nous faisons cela, quand il n'y a pas d'autre recours; mais ici il y a un
tribunal. On vient souvent ici pour changer des testaments ou des contrats. La
première chose qu'on se dit: Est-ce qu'il y a un tribunal quelconque qui
peut donner justice à ces personnes? S'il n'y en a pas, nous autres,
nous prenons notre responsabilité, mais s'il y en a, on n'y touche pas.
Ici, il y a un tribunal et une loi qui couvrent cette affaire, on doit aller
devant ce tribunal, avec cette loi, à moins qu'on la change. C'est la
même chose avec les municipalités, ce que vous dites. On fait des
exceptions pour les municipalités, mais ce n'est pas une cour qui peut
donner ce droit à une municipalité et ce n'est pas une cour qui
refuse ce droit aux municipalités. On donne des cas d'exception pour des
municipalités et, après cela, on fait cela dans la loi
générale, mais ce n'est pas comme ce cas-ci, comme le cas Dasken
ou comme le cas COGEMA.
M. Gaul: Nous nous sommes présentés à
plusieurs reprises devant la Commission des transports. Nous n'avons pas eu
satisfaction. Nous avons démontré, par exemple, que, dans
certains cas... M. Mailloux faisait allusion à Trois-Rivières, Si
la caisse populaire de Trois-Rivières demande des soumissions pour le
transport d'argent. La compagnie Wells Fargo défait une soumission de la
Brink's et elle obtient le contrat, parce qu'elle a soumissionné plus
bas. Dès que Wells Fargo apprend cela, elle retire sa soumission et
Brink's, qui est la seule autre compagnie, arrive et donne le prix qu'elle veut
bien donner. Nous avons prouvé cela devant la commission. La commission
l'a noté dans son jugement et, pourtant, elle n'est pas intervenue.
Nous avons été une autre fois devant la commission. La
personne qui nous jugeait avait des intérêts antérieurs
dans cette affaire. Nous avons pris un bref d'évocation
là-dedans. Nous l'avons retiré par la suite pour d'autres motifs.
Nous sommes allés à plusieurs reprises devant la commission. Nous
avons établi ce que nous avons établi aujourd'hui. Nous n'avons
pas obtenu justice. Allez-vous nous demander, MM. les membres de la commission,
de retourner de nouveau? Dans quelle situation allons-nous être? Il ne
faut pas seulement que justice soit rendue, il faut également que la
justice semble être rendue. Dans la situation où nous sommes, nous
ne pourrons pas avoir une audition qui puisse paraître juste, quelle que
soit la décision qu'elle va rendre, à cause des différents
incidents qui sont survenus là-dedans. Alors, notre seul recours, c'est
un bill privé qui va nous permettre d'agir comme les autres. On ne
demande pas le ciel. On demande d'être sur un pied
d'égalité avec les autres.
Le Président (M. Clair): Sur la suggestion du ministre des
Transports, celle d'entendre immédiatement les opposants à ce
bill privé, je souligne simplement au ministre et aux membres de la
commission qu'en vertu d'une entente qui est intervenue entre les
différents partis représentés à l'Assemblée
nationale, le mercredi, les commissions suspendent leurs travaux à midi.
Alors, M. le ministre, rappelant ce fait à votre connaissance, est-ce
que vous jugez bon de modifier votre suggestion?
M. Lessard: Ecoutez, à ce moment... M. Blank:
Demandez le...
M. Burns: Est-ce qu'on peut vous demander, sans vouloir vous
bousculer, Me Paquette et Me Nadeau, parce que le ministre des Transports et
moi-même devons aussi être présents au Conseil des ministres
qui siège actuellement, est-ce qu'on pourrait vous demander d'être
très succincts, sans vouloir vous bousculer?
Le Président (M. Clair): Alors, je remercie Me Gaul et ses
assistants. Je pense que, maintenant, nous allons entendre Me Richard
Nadeau...
M. Nadeau (Richard): Pour la Brink's.
Le Président (M. Clair): ... pour la Brink's Canada Ltd.
Je vous invite immédiatement à vous faire entendre et à
présenter les personnes qui pourraient vous accompagner, s'il y a
lieu.
M. Nadeau (Richard): J'ai avec moi M. Jack Walsh, qui est le
président de la compagnie Brink's Canada, qui est né au
Québec et qui est tout aussi bilingue que la majorité d'entre
nous ici. Je n'ai que quelques remarques à faire du strict point de vue
légal. Notre position et la raison pour laquelle nous sommes ici ce
matin, c'est pour exposer à la commission parlementaire le fait que nous
croyons que ce n'est pas par le biais d'une loi privée qu'on devrait
amender la Loi des transports. La Loi des transports est divisée en
trois parties; l'une dans laquelle on donne le pouvoir au lieutenant-gouverneur
en conseil de créer des règlements, de déterminer les
critères sur lesquels la commission, qu'on crée également
dans la loi, doit rendre ses jugements, ce qu'elle doit considé-
rer, etc., et, dans une troisième partie, on crée un
tribunal d'appel qui, il est vrai, n'a juridiction que dans les cas d'appels de
droit et d'autres cas particuliers.
Notre proposition à cette assemblée, c'est que le
gouvernement, par le biais du lieutenant-gouverneur en conseil, pourrait
adopter un règlement, s'il croit qu'il y a déni de justice dans
le cas de l'Alliance, pour dire que, dans le cas des transports d'argent, on
permet ou on ouvre le champ d'application ou on suggère à la
commission, ou on ordonne à la commission de laisser tout le monde se
faire libre concurrence, ce qui, remarquez, irait, dans un sens, à
l'encontre de la politique de la Commission des transports du Québec,
qui est chargée, par la loi, de contrôler l'émission des
permis, de contrôler l'application des règlements qui sont faits
par le lieutenant-gouverneur en conseil, d'empêcher la
prolifération des permis dont le but ultime serait que des gens feraient
faillite inévitablement parce qu'il y aurait trop de permis, trop de
concurrence et les prix seraient coupés.
D'une part, donc, il pourrait y avoir amendement ou création d'un
nouveau règlement, et, à titre d'exemple, je regarde le
règlement 17A, adopté le 28 novembre 1973, qui s'appelle comme
ceci: Transport par autobus en cas d'interruption de services de traversiers.
C'est un cas bien particulier, et le lieutenant-gouverneur en conseil a
décider d'adopter un règlement.
Il y en a un autre ici sur les transporteurs étrangers, 17A. Un
autre sur les voyages spéciaux ou à charte-partie. Il y a une
série de règlements. Il y a, jusqu'à maintenant, à
moins que mes informations soient mauvaises, au moins 23 règlements dont
une dizaine qui visent des cas bien particuliers, un peu comme celui qui est
devant vous ce matin.
L'autre point de vue que nous faisons valoir à cette commission,
comme l'a suggéré, je pense, M. Mailloux, c'est qu'il pourrait y
avoir élargissement des pouvoirs du tribunal d'appel s'il est
déclaré constitutionnel pour que, dorénavant, il puisse
réviser des décisions non seulement sur le droit, mais
également sur les faits.
En somme, la position de la Brink's là-dessus, légalement,
si vous voulez, c'est que c'est très dangereux d'outrepasser ou de
passer à côté d'une décision de la Commission des
transports qui s'est penchée non pas deux fois, mais trois fois sur la
question d'Alliance et qui, chaque fois, incidemment, lui en a donné un
peu, parce que chaque fois, Alliance prouvait que les autres ne donnaient pas
un service adéquat dans tel ou tel domaine. La commission parlementaire,
je pense, devrait référer l'étude du tout au ministre des
Transports, qui verra à faire les recommandations qui s'imposent au
cabinet, s'il croit et peut-être qu'Alliance a raison qu'il
y a déni de justice.
Pour terminer, parce que le temps nous presse, vous me permettrez
simplement de vous brosser un tableau des activités et des avoirs de la
Brink's qu'on qualifie, depuis le matin, de compagnie étrangère
et de monopole qui constitue un précédent, etc.
La Brink's est au Canada et au Québec depuis 50 ans. Son
siège social au Canada est à Montréal; son bureau
régional de l'Est canadien est à Montréal. Elle emploie au
Québec 575 personnes. Elle paie en salaires annuellement au-delà
de $5 millions. Parmi les employés de Montréal, en 1976, il y en
a à peu près 160 qui ont gagné au-dessus de $15 000, dont
20 au-dessus de $20 000. Les messagers, chauffeurs et gardiens, en 1977, ont
une garantie salariale, qu'ils travaillent ou qu'ils ne travaillent pas, d'au
moins $300 par semaine. Il y a cinq succursales au Québec et ces
succursales couvrent un territoire qui dessert des centaines de villes et
villages au Québec.
Certaines villes et villages du Québec sont desservis à
même les succursales d'Ottawa et de Timmins. Il y a 70 camions
blindés qui ont tous été fabriqués au
Québec, à Saint-Jean d'ailleurs. Il y a quinze automobiles. Il y
a entre 800 et 1000 clients qui ont environ 1000 emplacements à faire
desservir et qui sont desservis. Vous regarderez toutes les décisions de
la Commission des transports. Il n'y en a pas une où la preuve ait
été faite que Brink's n'offrait pas un bon service. Tout le monde
est satisfait des services de la Brink's, sauf que peut-être il y a,
effectivement, une situation qui ressemble à un monopole.
Enfin, dernier commentaire. La Brink's a pour au-delà de $3
millions d'investissement dans la province de Québec et tout le monde,
et je dis tout le monde, du président jusqu'au dernier employé
est ou bien francophone ou bien bilingue.
Le Président (M. Clair): Me Nadeau, je vous remercie. Je
suggère à la commission de faire un seul bloc de l'audition des
opposants et d'entendre immédiatement le procureur de Wells Fargo, Me
Paquette.
M. Paquette (Adrien): Messieurs, je me félicite d'avoir
pris la peine de préparer un mémoire parce que ce que je ne
pourrai pas vous dire, vous l'y trouverez. Je l'espère.
A tout événement, les faits et les éléments
que j'avais disséqués en trois sections, la première
section, ce sont les remarques du ministre; la deuxième section, ce sont
les remarques de l'ancien ministre et, par hasard, c'est comme cela et je ne
les ai pas consultés à ce que je sache. Finalement, concernant la
litispendance, on vous a dit qu'elle avait disparu. Théoriquement, elle
n'a pas encore disparu, parce que cela prend une ordonnance de la commission
pour retirer la cause devant elle. Mais on n'insistera pas
là-dessus.
Quand je parlais de la litispendance, j'allais un peu plus loin. Je...
disais: Qu'est-ce qui va arriver à l'avenir aussi? On a
réglé le cas particulier de la litispendance d'aujourd'hui, mais
qu'est-ce qui va arriver à l'avenir?
A tout événement, comme je n'ai pas beaucoup de temps, je
voulais surtout... Je vais essayer de vous prouver parce que tout le monde ici
a été impressionné par ce qu'on a voulu appeler une
injustice...
La première approche de la compagnie Alliance lorsqu'elle a fait
une demande auprès de
l'Office des autoroutes, n'a pas fait de demande autre qu'à
l'Office des autoroutes... Il y aurait peut-être lieu que vous ayez
devant vous ce qu'on appelle le dossier maître de cette compagnie pour
réaliser qu'elle n'a pas toujours eu des nons à la
commission.
La première fois, elle l'a demandé auprès de
l'Office des autoroutes, et à ce moment, elle n'était pas aussi
bien équipée que Me Gaul a voulu le dire en vertu de l'article 51
qui, incidemment, se rapporte non pas aux blindés c'est l'article
52 mais au transport par meuble de ménage, autrement dit, les
camions qu'on voit habituellement arrangés de façon
spéciale. Il vous a cité l'article 52 et si vous lisez l'article
1, vous verrez qu'on ne parle pas de cela. Les blindés, c'est à
l'article 52. Ceci dit, la première fois qu'ils sont venus, ils ont eu
un oui. La deuxième fois qu'ils sont venus, ils ont eu un non. La
troisième fois, il y a eu un spécial en vertu des
règlements que le ministre lui-même a faits, en vertu de l'article
33 qui permet à la Commission, dans des cas d'exception et quand
personne ne peut donner le service; or, ils ne l'ont pas eu.
La quatrième fois, et c'est le seul dont on a le jugement ici
aujourd'hui, ils l'ont eu en partie, mais en se basant, si vous lisez le
jugement, sur la preuve offerte. Il y a seulement un employé de la
Banque Provinciale qui est venu dire: Nous, cela ne nous fera rien. Tant mieux,
plus il y en a, mieux cela sera. Mais si vous regardez, par contre, le permis
de Wells Fargo, qui a été obtenu du temps de la Régie des
transports, il y a environ une dizaine d'années, nous avions, à
ce moment-là, toutes les caisses populaires, toutes les centrales des
caisses populaires et toutes les banques à charte du Canada. Dans ce
temps-là, il y en avait dix, et évidemment l'industrie
privée, comme Steinberg, etc. C'est donc dire que nous avions environ
une trentaine de témoins pour présenter notre cause. Ceci dit, et
comme je vois que midi approche, je vous dis qu'à mon avis il n'y a pas
eu tant d'injustice. Il y a peut-être eu une erreur d'un juge, une erreur
de droit, mais ce n'est pas à la Chambre de régler tous ces
problèmes. Vous ne pourrez jamais, dans la province de Québec, au
moyen de bills privés, régler toutes les erreurs que les juges
rendent quotidiennement, en incluant les miens que je rendrai ce soir comme
juge municipal d'Outremont. Je vais probablement me tromper, il m'en passe 150
par soir. Je ne peux pas être bon chaque fois, mais c'est pour cela aussi
que les bills privés, ce sont des instruments. C'est comme une
mitrailleuse, cela se répand plus loin qu'on veut parfois, les impacts
de cela.
M. Lessard: C'est un outrage au tribunal.
M. Paquette (Adrien): Dans mon tribunal, en tout cas, et il n'y
en a pas d'autre pour me condamner. La dernière chose que je veux dire,
parce qu'il reste une minute, j'ai pensé à la situation de la
compagnie en question devant l'article 35 de la loi et, pour ceux qui n'ont pas
lu toute la Loi des transports, je dis que l'article 35 permet à la
Commission des transports, sur preuve qu'une compagnie a été
condamnée par un tribunal de droit commun, ou qu'elle a commis un acte
criminel dans l'exercice de son permis, d'annuler le permis. Comment est-ce que
vous verriez la Commission des transports annuler l'effet d'un bill
privé, qui est une loi du Parlement, qui est intouchable à mon
sens autrement que par le Parlement? Dès ce moment-là, on peut
dire que la vapeur serait renversée et qu'eux auraient une
immunité parlementaire un peu comme celle que vous m'avez donnée
l'année passée quand personne ne voulait que je parle. Je pense
qu'ils seraient dans une situation tellement privilégiée
remarquez que cela ne donne pas des clients, cela ne vous donne pas
automatiquement la Banque Royale, le fait de pouvoir avoir un permis, et je
peux vous dire que Wells Fargo essaie d'avoir la Banque Royale. On a un
problème, c'est qu'on n'a pas les véhicules et que, pour avoir
les véhicules, comme effectivement ces véhicules sont faits
à Saint-Jean, ce sont des véhicules un peu comme les
véhicules de pompiers qui sont faits un après l'autre, il faut
attendre son tour, parce que, là aussi, il y a un monopole. Mon dernier
point, c'est de détruire l'argument qu'il n'y a personne et on a
suscité le transport de passagers au Canada qui soit toujours
tout seul dans une route donnée.
Je vous fais seulement penser à la route Montréal-New
York. Essayez donc de prendre un autre autobus que Greyhound pour vous rendre
à New York!
Le Président (M. Clair): Pour ne pas me rendre coupable
d'outrage au Président de la Chambre qui nous a donné des
instructions très strictes pour les séances du mercredi, je
demanderais si on veut continuer et entendre le dernier représentant
d'un groupe d'opposants, Me André Noreau, s'il y a consentement pour
continuer nos travaux même si le coup de midi est tombé.
M. Mailloux: M. le Président, il y a consentement, sauf
que la seule question que je voudrais poser, c'est que monsieur vient de parler
d'un mémoire à déposer, est-ce que c'est le seul
mémoire ou il y a d'autres mémoires à déposer?
M. Burns: II nous a été remis au début de la
séance.
M. Mailloux: D'accord.
Le Président (M. Clair): Je comprends qu'il y a
consentement unanime pour prolonger de quelques minutes les auditions, la
séance?
Alors Me André Noreau conseiller juridique et directeur
exécutif pour la région de Québec, de l'Association du
camionnage du Québec, je vous incite à être bref.
M. Noreau: M. le Président, MM. les membres de la
commission, je serai très bref. La seule chose que je veux rappeler, ce
sont un peu les mêmes termes que M. Mailloux a rappelés tout
à l'heure concernant le domaine du transport rou-
tier. Au Québec, le domaine du transport routier est
réglementé depuis de nombreuses années. En 1972, je
répète la Loi des Transports a été adoptée
et créait la Commission des transports. Cette commission des transports
a des règlements, des façons d'agir qui ont été
dictés par la loi. A notre avis, nous de l'Association du camionnage du
Québec, mettre de côté cette façon, ces
règlements et cette Loi des transports créerait un dangereux
précédent.
Tout l'aménagement économique des transports au
Québec, dans le domaine du transport routier, est déjà
contrôlé depuis de nombreuses années par l'ancienne
Régie des transports et la Commission des transports. S'il doit y avoir
des changements, je soumets à cette commission d'autres moyens de
procéder. D'autres moyens de procéder qui ont été
aussi employés au niveau fédéral, j'ai des exemples de
commissions fédérales qui agissent sur avis ministériel ou
sur avis du Conseil fédéral des ministres.
Vous avez, entre autres, l'Office fédéral de
l'énergie qui fonctionne de cette manière et au niveau des
communications. Je pense que c'est un processus qu'on a mis en place et qui a
pris un certain temps. Il a été précédé
d'une commission d'étude, parce qu'on ne peut pas changer les
règles de la Commission des transports du Québec de façon
très hâtive, il faut quand même y penser. Ce que nous
suggérons, c'est que, s'il doit y avoir un amendement à la Loi
des transports, comme nous le suggérons, à ce moment, il devrait
être étudié au préalable de façon à ne
pas trop toucher le fonctionnement actuel de la Commission des transports qui
est habituée de canaliser ces cas-là.
Une dernière remarque, M. le Président, concerne le bill
comme tel, la loi privée qu'on veut présenter. Je me demande,
comme Me Paquette... Cette loi qu'on veut présenter a trois articles. On
ne prévoit pas, dans ça tous les mécanismes de la
Commission des transports qui existent actuellement au niveau du rejet d'un
permis, la révision d'un permis. Actuellement, un permis est
donné pour une année, révisable chaque année par la
Commission des transports, c'est un permis qui donne un privilège
temporaire, qui dit quel est tout l'aménagement juridique de ce permis.
C'est la question que je pose.
M. Burns: Vous l'avez à l'article 2, votre réponse.
"Cette autorisation a la même valeur qu'un permis au sens de la Loi des
transports." Cela veut dire que s'il était émis ici, je
présume que la commission aussi, à partir de ce moment-là,
a le droit de le retirer. On pourrait peut-être discuter bien longtemps
là-dessus.
M. Noreau: D'accord, M. Burns. M. Burns: Je vous le
mentionne.
M. Noreau: Mais je pense que cet article 2, je l'ai lu tout
à l'heure, devrait être fait de manière à
prévoir explicitement que la Loi des Transports s'appliquerait dans ce
cas-là, ce qui n'est pas sûr actuellement, à cause de la
façon dont c'est dirigé.
M. Burns: Peut-être que le ministre des Transports a une
autre solution.
M. Noreau: Merci, c'est tout.
Le Président (M. Clair): Le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, j'ai bien indiqué, au
début de cette commission parlementaire, que j'étais bien
conscient qu'il s'agissait d'une procédure très très
exceptionnelle et je n'ai pas ajouté mais j'aurais pu ajouter
que je m'interrogeais énormément sur les
conséquences possibles d'un tel projet de loi, comme ministre des
Transports.
J'ai aussi indiqué que, si j'ai accepté d'entendre les
différentes parties, c'était en vue de permettre à une
firme, qui se croyait lésée par la Commission des transports, de
faire valoir ses points.
Cependant, nous avons entendu et c'est là l'objectif d'une
commission parlementaire non seulement l'avocat de Alliance
Sécurité Blindé ainsi que les avocats qui s'opposaient
à cette demande, mais nous avons aussi entendu des membres de cette
commission parlementaire qui, très informés de la loi, nous
indiquent qu'il peut y avoir des problèmes juridiques qui pourraient se
poser, à la suite de ce projet de loi.
Je pense en particulier aux permis qui sont émis concernant le
transport en vrac; je pense, comme le disait le député de...
M. Blank: De Saint-Louis.
M. Lessard: ... Saint-Louis, à la possibilité, pour
des requérants qui voudraient obtenir un permis d'alcool, de se
présenter ici, devant cette commission parlementaire. Je pense que cela
pose un problème qui peut avoir des conséquences très
importantes.
Par ailleurs, je l'ai souligné tout à l'heure, lorsque, en
général, un projet de loi n'obtient pas l'unanimité,
lorsqu'il s'agit d'un projet de loi privé, en commission parlementaire,
on peut s'interroger sur le bien-fondé de ce projet de loi.
Je prends acte des objections de droit et je prends acte aussi des
informations qui ont été données par le
député de Charlevoix, à savoir qu'il est possible de
régler le problème, non pas par une loi spéciale, mais par
une modification à la loi générale.
Je pense que, considérant ces informations qui ont
été données à la fois par des conseillers
juridiques qui connaissent parfaitement la loi et aussi par des gens qui ont
une expérience, comme le député de Charlevoix qui a eu
l'expérience du ministère des Transports et de la Commission des
transports, je pense que je proposerais d'ajourner cette commission sine die,
en conservant ce projet de loi pour étude postérieure, s'il y a
lieu, mais, entre-temps, comme ministre des Transports, j'envisagerai un
certain nombre et cela, à brève période de
solutions qui ont été évoquées ici, à cette
commission parlementaire, par exemple, en
suivant le précédent dont faisait mention le
député de Charlevoix concernant le Transport Chalout.
Si, véritablement, le gouvernement du Québec juge qu'il y
a intérêt public à étendre le permis d'Alliance
Sécurité, je pense qu'il est possible, pour le Conseil des
ministres, de trouver une solution à très brève
échéance dans ce sens.
Le Président (M. Clair): Cette motion d'ajournement sine
die des travaux de la commission parlementaire des transports, des travaux
publics et de l'approvisionnement est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Les travaux de la
commission sont donc ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)