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Aménagement de la colline parlementaire
(Seize heures trente-six minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
Les représentants du Groupe du Faubourg sont-ils
arrivés?
Vous êtes arrivés. Nous allons vous entendre d'abord, parce
que vous êtes venus hier et que vous avez patienté. Je vous
inviterais à venir prendre place, s'il vous plaît!
M. Joseph Villeneuve.
Des Voix: C'est un vote.
Note de l'éditeur:
Les travaux de la commission furent aussitôt suspendus pour une
quinzaine de minutes, afin de permettre aux députés d'aller
prendre part à un vote enregistré à l'Assemblée
nationale.
Reprise de la séance
(Seize heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission élue permanente des transports, des travaux publics
et de l'approvisionnement est réunie pour étudier les
mémoires concernant l'aménagement de la colline
parlementaire.
Aujourd'hui, nous entendrons les mémoires du Groupe du Faubourg,
de l'Ecole d'architecture de l'Université Laval, du Mouvement
Saint-Gabriel, de Keops Construction et de la Commission...
M. Guay: Construction est un terme français, M. le
Président, Keops Construction.
M. Bertrand: C'est québécois.
Le Président (M. Marcoux): J'accepte vos remarques... des
écoles catholiques de Québec.
Les membres de cette commission sont: M. Boucher
(Rivière-du-Loup), remplacé par M. Bertrand (Viau)...
M. Bertrand: Vanier.
Le Président (M. Marcoux): M. Brassard... Viau!
Excusez-moi, Vanier. MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Caron (Verdun),
remplacé par M. Verreault (Shefford); MM. Dussault (Châteauguay),
Gratton (Gatineau), remplacé par M. Marchand (Laurier); MM. Grenier
(Mégantic-Compton), Guay (Taschereau), Lefebvre (Viau), remplacé
par M. de Belleval (Charlesbourg); MM. Lessard (Saguenay), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), rem- placé par M. Léonard
(Laurentides-Labelle); MM. Mailloux (Charlevoix), Michaud (Laprairie),
Ouellette (Beauce-Nord), Perron (Duplessis), Rancourt (Saint-François),
Russell (Brome-Missisquoi), remplacé par M. Goulet (Bellechasse); MM.
Samson (Rouyn-Noranda), Vaillancourt (Orford).
Je demanderais au Groupe du Faubourg, en la personne, entre autres, de
M. Joseph Villeneuve, d'abord, de nous présenter ses collègues,
ensuite, de nous présenter son mémoire le plus brièvement
possible, en une quinzaine de minutes au maximum pour la présentation,
pour permettre une quinzaine de minutes de questions aux membres de la
commission.
Procédez.
Présentation de mémoires Groupe du
Faubourg
M. Rioux (Yvon): On voudrait spécifier tout de suite que
M. Villeneuve a été empêché de se présenter.
Je suis Yvon Rioux et je suis délégué à sa place
pour faire la présentation du mémoire.
J'ai, à mes côtés, Maurice Pleau, qui est un citoyen
ordinaire, de même que Reynald Gadoury, qui, lui aussi, réside
dans le quartier Saint-Jean-Baptiste et est un citoyen ordinaire.
M. de Belleval: Comme nous, d'ailleurs.
M. Rioux: Oui.
Le Groupe du Faubourg se sent particulièrement visé par le
plan d'aménagement de la colline parlementaire non seulement parce qu'on
est à proximité de la colline parlementaire, mais parce qu'on en
fait partie dans une partie de notre territoire, c'est-à-dire le secteur
entre les rues Saint-Jean, Turnbull, l'autoroute Dufferin et le boulevard
Saint-Cyrille.
Dans notre mémoire, les secteurs qui nous touchent
particulièrement sont justement ceux-là et aussi, par le fait
même, il nous est difficile de dissocier le reste du quartier,
c'est-à-dire jusqu'à la falaise qui sépare la haute-ville
de la basse-ville.
Depuis quinze ans, le Quartier Saint-Jean Baptiste s'est vu
confronté à une situation nouvelle, soit les démolitions
massives 1239 logements sont disparus à la suite de l'érection du
complexe G et s'est vu confronté à un nouveau
phénomène urbain toujours incontrôlé par la
population et cette population s'est vu touchée par l'aménagement
d'un centre-ville sur lequel elle n'a rien eu à dire, mais elle en a
subi les conséquences.
Alors, la majorité de la population a été
chassée près de la moitié, peut-être plus, et
c'est discutable; cela dépend des territoires qu'on veut bien accorder
soit par la construction d'axes routiers nouveaux ou encore la
construction d'édifices en hauteur, de sorte que le quartier Saint-Jean
Baptiste souffre aujourd'hui d'une situation de ghetto.
Alors, pour nous, pour que le quartier vive, il est important de
s'assurer d'une manière définitive et certaine que, dans
l'aménagement de la colline parlementaire, on verra à
l'amplification de la fonction résidentielle et en même temps,
pour donner une valeur et pour marier l'ensemble, c'est-à-dire colline
parlementaire et quartier Saint-Jean Baptiste, dans un avenir, voir à
une restauration du quartier Saint-Jean Baptiste. Je crois qu'on ne peut pas
faire des aménagements nouveaux, embellir un petit coin en en laissant
détériorer un autre tout près.
Alors, on sait que l'aménagement du centre-ville n'est pas
quelque chose qui part d'éléments naturels. Ce sont des choses
créées de toutes pièces.
Je passe rapidement l'historique de l'aménagement de la colline
parlementaire à partir du 20 juillet 1960 alors que M. Jean Lesage
ressuscite la Commission d'embellissement de Québec qui est devenue par
la suite, en 1961, la Commission d'aménagement de Québec avec un
membre ex-officio, le président de la Chambre de commerce de
Québec, et le maire de la ville de Québec.
En 1963, il y a le rapport Fiset qui arrive avec M. Ludger Gagnon,
ingénieur de la ville. Ce qui nous intéresse
particulièrement ici, c'est qu'en refaisant l'historique, on veut vous
montrer qu'au point de départ, le gouvernement du Québec a eu un
rôle moteur. Il a quand même eu le rôle de commencer un
projet, de lancer une idée qui a eu des effets d'entraînement
jusqu'à ce qu'on connaît aujourd'hui.
Déjà, dans le rapport Pratte commandé par M. Jean
Lesage, on mettait en évidence les différents niveaux
d'intervention de l'aménagement d'une colline parlementaire, d'une
cité parlementaire.
Textuellement: "Nous comprenons qu'il ne peut être question pour
le secteur public d'effectuer lui-même, dans toutes ses phases, le
réaménagement de l'aire 3 c'est-à-dire la
haute-ville ; la construction et l'exploitation d'édifices
seront, dans une large mesure, laissées à l'intérêt
privé. Il en découle que le plan de réaménagement
de l'aire 3 doit être établi de façon à permettre la
participation de l'entreprise privée." On continue avec les
critères de rentabilité qu'on veut mettre en évidence par
cette référence qui n'est pas de nous. Ce n'est pas du
composé. Vous pouvez le retrouver dans les écrits du gouvernement
de l'époque. Alors, visuellement, clairement, on mettait en place la
participation d'intérêts privés. On connaît
maintenant les conséquences d'une telle participation, du moins, et il
nous semble de plus en plus évident que le gouvernement provincial,
après avoir lancé quelque chose qui semblait très
intéressant à l'époque, en a perdu vite le contrôle.
La preuve, c'est qu'aujourd'hui on est obligé de s'arrêter et
revoir ce qui a été fait, de quelle manière les divers
intérêts ont su profiter de ce qui se présentait.
On sait que ces pouvoirs je parle toujours du gouvernement, du
Progrès civique de la ville de Québec, ensuite l'appui des gros
financiers québécois et étrangers ont amené
un développe- ment administratif et commercial en passe de rivaliser
avec les grands centres déficitaires de Montréal et les
mégalopoles américaines. Tout cela a eu pour effet d'exproprier
des familles et on a tenté, dans un timide effort, de les relocaliser
dans des HLM. Je passe tous les commentaires à ce sujet. On a ensuite
créé des emplois de valets à bon marché. Ici, je me
réfère à cette idée qu'on allait créer
beaucoup d'emplois. Oui, peut-être pour la construction un certain temps
et on se pose des questions sur les revenus que de tels aménagements
apportent à la ville de Québec, des revenus au salaire minimum
à des conditions de travail impossibles. On peut mettre plusieurs points
d'interrogation. C'est sans gêne qu'on dit que cela a créé
des emplois de valets à bon marché, ce qui entraîne
derrière eux... La construction d'hôtels, l'aménagement de
la colline parlementaire ont entraîné des constructions qui sont
pour nous une honte architecturale et qui défigurent la ville et aussi
le quartier Saint-Jean-Baptiste.
Naturellement, la spéculation a suivi. Il y a eu la
surenchère des terrains qui entraîne aussi l'abandon. Lorsqu'on
sait que l'on va faire de l'argent sur un terrain, on n'est pas
intéressé de réinvestir sur une maison qui va être
démolie ou qu'on aimerait bien voir démolie.
C'est la situation du logement dans le quartier Saint-Jean-Baptiste.
Cela va toujours en se détériorant; pour nous, ça devient
évident que c'est une conséquence de ce qui a été
fait jusqu'à présent. Il y a des terrains dont la valeur a plus
que décuplé en quelque temps. Ce qu'on reproche aussi dans tout
ça, c'est qu'on doit constater que la population a été et
est encore le pion qu'on manipule au profit d'intérêts qu'on ne
cerne pas toujours assez rapidement, comme si, dans l'aménagement d'un
territoire, ce qui importe, ce sont les investissements qu'on fait en pensant
à l'argent qu'on va retirer à l'autre bout.
En fait, la circulation automobile amenée dans le centre-ville
gruge passablement le quartier Saint-Jean-Baptiste, et ça au
détriment des constructions à logements et de
l'aménagement de l'espace vert. Les arbres, c'est une chose rare et
inconnue dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Il n'y en a pas davantage
lorsqu'on s'approche des nouveaux aménagements ou de ceux qui sont plus
récents.
Il ne faut pas se leurrer, tout nouvel aménagement d'aires de
stationnement n'a que pour effet d'encourager la venue d'un plus grand nombre
d'automobiles; ça va recongestionner les artères, ça va
nécessiter de nouvelles routes, de nouveaux stationnements, ainsi de
suite. On comprend maintenant qu'il faut rentabiliser ce qui a
été fait, mais on croit que cette rentabilisation de l'autoroute
Dufferin ou de l'espace au centre-ville aura des répercussions
néfastes sur le quartier Saint-Jean-Baptiste, parce qu'on a cette belle
manie, la minute qu'il y a un petit coin de libre, d'y placer une
automobile.
Nous savons qu'il y a plusieurs facteurs d'inégalité
morale qui ont fait entrer l'automobile dans nos moeurs quotidiennes. Nous
pensons que
lorsqu'on veut construire une société à partir de
l'homme et non à partir de la rentabilité et de
l'efficacité, il faut travailler à transformer les
mentalités. De notre côté, c'est ce que nous essayons de
faire. Il n'est pas trop tard, mais presque. Tenant compte de l'avenir de
l'aménagement de la colline parlementaire, selon que ce sera fait ou
non, il y aura peut-être des espoirs pour le quartier
Saint-Jean-Baptiste.
Les aménagements aussi de la colline parlementaire, du
centre-ville, ne comportent en rien un lien étroit avec ce qui fait
l'originalité, la différence de la ville de Québec en
Amérique du Nord.
Si c'est ce que pensent plusieurs de ces gens qui ont l'occasion de se
pencher sur de grandes théories architecturales, moi, simple citoyen du
quartier Saint-Jean-Baptiste, j'ai de la misère à trouver, dans
toute ma candeur, ma naïveté, un lien entre ces constructions
nouvelles, l'harmonie qu'il semble y avoir, cette beauté, ce lien, ce
respect de ce qui entoure ces constructions nouvelles. En elles-mêmes, je
ne vois rien dans ces constructions.
Loin de là, on pense qu'elles reproduisent des schémas qui
nous amèneront peut-être un jour à faire, au prix de grands
efforts financiers, des réaménagements, des restaurations du
style Place Royale. Peut-être que, dans 100 ans, on se dira: Le quartier
Saint-Jean-Baptiste, on serait peut-être mieux de le restaurer, il avait
une valeur dans le temps. Mais cela ne sera plus à notre portée,
et cela, pour retrouver nos origines, nos particularités.
Aussi a-t-on laissé faire des aménagements, croyant plaire
aux touristes, sans penser à leur proposer autre chose que ce qu'ils
connaissent déjà. Peut-être que c'est ce qu'ils
désirent. Ce qu'on leur a proposé, actuellement, c'est
peut-être cela qu'ils désirent. On se pose la question suivante:
Est-ce qu'on a seulement pensé, nous, du Québec, de la ville de
Québec, qui nous semble différente en Amérique du Nord,
à leur proposer quelque chose qui nous ressemblerait et non pas quelque
chose qui ressemble à ce qu'on retrouve partout aux Etats-Unis, dans les
grandes villes, qui sont des copies, des New-York en miniature? Est-ce qu'on a
eu seulement la finesse de se creuser un petit peu le ciboulot pour essayer de
trouver une originalité dans ce qu'on fait? J'ose espérer et
j'espère que ce qui a été fait jusqu'à
présent est plutôt le reflet d'une erreur. On dira: Dans notre
évolution, il nous est arrivé de nous tromper.
On a déjà eu peur de ce qu'on était, on a
déjà eu peur de notre différence, on a déjà
eu peur de la différence que représentait Québec en
Amérique du Nord.
Est-ce qu'on a le droit de sacrifier l'héritage laissé par
les générations précédentes au profit
d'idées nouvelles et cela, sans consulter la population qui a
hérité? Pour nous, la ville appartient d'abord aux citoyens et
c'est elle qui doit déterminer ce qu'elle veut offrir aux touristes.
On sait que les centre-ville du type de ceux qui nous ont
été proposés, ici à Québec, ont pour effet
de chasser la population et de créer des es- paces urbains qui
favorisent la criminalité, des déserts. Bien sûr, la
colline parlementaire, ce n'est pas encore rendu un coin dangereux...
Le Président (M. Marcoux): Afin de terminer la
présentation de votre mémoire, d'ici 17 h 10, dans cinq minutes,
je vous suggérerais peut-être d'aller à vos recommandations
plus rapidement.
M. Rioux: Je vais procéder très rapidement. Ce que
nous voulons éviter, c'est que le centre-ville soit un milieu vide la
nuit et où afflue une population grouillante, une circulation dense le
jour.
On se pose aussi des questions sur la spécificité,
l'aménagement d'un centre-ville. Nous pensons qu'il est temps de mettre
un terme à la manipulation qu'on fait de la population
c'est-à-dire en disant où tu vas aller travailler, où tu
vas aller dormir, où tu vas aller manger, où tu dois aller te
récréer, etc.
On demande au gouvernement du Québec de voir à ce que les
quartiers, surtout les plus défavorisés, possèdent leur
équipement communautaire, leur terrain de verdure et les
aménagements selon les désirs et les besoins de la population de
ces quartiers. On sait que ce ne sera pas facile. On vous demande, avant de
vous poser la question à savoir combien cela va coûter et comment
on va y arriver, d'abord, d'y croire et de voir à ce que
l'aménagement urbain soit contrôlé et au service de la
population, que ce soit pour vous une préoccupation et une
priorité.
Nous voulons un avenir résidentiel pour la colline parlementaire,
à cause de l'isolement qui a été créé. On
parlait de la situation de ghetto. L'autoroute Dufferin, en fait, nous coupe
d'un lien étroit avec le Quartier du Vieux-Québec. Le boulevard
Saint-Cyrille constitue en soi un obstacle qui rend difficile l'accès
à la paroisse Saint-Coeur-de-Marie et aux Plaines d'Abraham. Ensuite,
l'aménagement actuel de la colline parlementaire a amené des
démolitions massives qui ont fait disparaître des services, comme
une piscine, un gymnase, au Pa-tro Saint-Vincent-de-Paul, une école qui
est disparue, l'unité sanitaire Champlain qui s'en va et, en plus, cela
a entraîné un sous-emploi de l'équipement existant, ce qui
reste. Parce que la population diminue, il y a des choses qui deviennent
sous-utilisées.
Ensuite, nous voyons que l'aménagement actuel de la colline
parlementaire a amené un déferlement d'un plus grand nombre
d'automobiles dans les rues du quartier, de sorte que le quartier
Saint-Jean-Baptiste est devenu un transit, un corridor d'entrée et de
sortie pour l'automobile qui vient au centre-ville. Cela a
entraîné la spéculation et l'aménagement, du moins,
d'un espace vacant en terrain de stationnement.
Pour sortir le quartier Saint-Jean Baptiste de cette situation de ghetto
que je tente de vous décrire très rapidement, nous proposons que
le gouvernement du Québec prenne immédiatement les mesures
nécessaires à ce qu'aucune démolition ou construction ne
soit entreprise sur la colline parlementaire jusqu'à l'adoption d'un
plan final
d'aménagement. On dit bien: "...prenne les mesures
nécessaires à ce qu'aucune démolition...". On sait bien
que la ville entre en cause, mais si on ne veut pas être obligé de
recommencer ou de faire des pas en arrière qu'immédiatement on
limite, on arrête toute démolition et toute construction. Qu'on
fasse aussi immédiatement en sorte qu'aucun bâtiment ou
édifice actuel de la colline parlementaire ne change de fonction
jusqu'à l'adoption d'un plan final d'aménagement. Qu'il n'y ait
pas de résidences qui vont se changer en commerce ou l'inverse, que les
fonctions actuelles restent les mêmes, qu'on gèle le centre-ville
tel quel jusqu'à ce qu'un plan soit adopté, qu'on mette fin
à la centralisation des bureaux sur la colline parlementaire et qu'on
renonce à ériger la Place de la Justice, à cause des
effets d'entraînement. Quoique, si 2000 à 3000 fonctionnaires
arrivent là, peut-être plus, nous avons peine à croire que
ces gens voudront bien prendre l'autobus. Alors, inévitablement, on aura
des autos qui déferleront dans le quartier. Les rues deviendront
insuffisantes. Comme solution, on n'aura d'autres choix que de démolir
à nouveau pour élargir certaines rues.
On recommande aussi que le gouvernement du Québec prévoie
dans l'aménagement futur de la colline parlementaire la
prédominance de la fonction résidentielle familiale, parce qu'on
croit que seul un milieu où peuvent résider des familles, peut
permettre à un quartier de se régénérer. Qu'on
respecte aussi le gabarit du quartier Saint-Jean-Baptiste, la hauteur des
immeubles existants la moyenne, c'est-à-dire trois à
quatre étages et qu'on réserve à des fins
résidentielles les emplacements suivants: Place Berthelot, entre les
rues Berthelot, Saint-Patrice, la Chevrotière et Saint-Cyrille, les
terrains vacants qui donnent sur Saint-Joachim, juste derrière l'Auberge
des Gouverneurs et Place Québec. Qu'on conserve aussi le couvent des
soeurs du Bon-Pasteur et les terrains avoisinants, entre les rues Saint-Amable,
Claire-Fontaine, Saint-Cyrille et la Chevrotière. De même, le
couvent des soeurs Franciscaines et les terrains qui sont compris entre
Claire-Fontaine et Grande-Allée, Turnbull et Saint-Amable ainsi que le
quadrilatère du département de la Sûreté du
Québec, voir à le conserver.
On recommande aussi à la commission parlementaire et au
gouvernement du Québec de mettre sur pied les mécanismes
nécessaires à une large et sérieuse et
sérieuse consultation de la population avant l'adoption d'un plan
final. Les consultations, il reste quinze jours pour se prononcer.
Qu'on prévoie de concert avec la ville de Québec, dans les
étapes d'aménagement de la colline parlementaire, un programme de
restauration du quartier Saint-Jean-Baptiste. Puis, pour mettre fin à la
surenchère des terrains du centre-ville en légiférant
sévèrement en matière de spéculation
foncière cela, c'est un tour de force qu'on contribue
à restreindre la circulation automobile au centre-ville en appuyant
financièrement les services de transport en commun.
Je note que les chiffres et les tableaux que vous avez dans les
dernières pages ne sont pas composés par nous. Ils sont
tirés de rapports qui ont déjà été faits,
d'analyses qui ont déjà été faites. Ils ne sont
là qu'à titre consultatif. Ce sont des chiffres qui, pour nous,
parlent par eux-mêmes. J'espère que vous y avez jeté un
coup d'oeil.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je remercie le Groupe du
Faubourg de sa contribution à cette commission parlementaire. Nous
constatons que plusieurs de ses recommandations rejoignent... C'est fatigant,
ça...
M. Guay: Le "G" est dans le chemin.
M. Lessard: Oui, c'est le "G" qui est dans le chemin.
Je constate que plusieurs de ces recommandations rejoignent celles qui
nous ont été présentées par d'autres groupes. Nous
avons eu l'occasion, je pense, d'en discuter un certain nombre. Pour ma part,
je n'ai pas de questions précises, sinon de leur dire que l'objet de
cette commission était justement d'en arriver à une plus grande
consultation populaire et nous espérons pouvoir la continuer dans
l'avenir.
Merci!
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, à l'instar du
ministre, comme j'ai déjà entendu passablement les arguments qui
viennent d'être invoqués, je passe la parole à un
autre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Egalement, c'est un rapport dont plusieurs
recommandations sont les mêmes que celles d'autres rapports qui ont
été produits devant la commission. Je n'ai pas de
commentaires.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. A la page D, dans les
chiffres que vous donnez, en ce qui a trait aux totaux à la fin, est-ce
que vous pourriez me dire en quelle année ces chiffres, en ce qui a
trait au prix du pied carré, ont été publiés?
M. Rioux: En 1960.
M. Perron: Je parle des chiffres au bas de la page, $13.82,
$10.54, $14.22, ainsi de suite.
M. Villeneuve (Joseph): Si vous remarquez, le détail de
ces chiffres est inscrit au haut de votre page. A ce moment-là, vous
avez Place de la Colline, en 1965 et 1966, les chiffres datent de ces
années. L'acquisition par la ville de Québec, c'est en 1966, dans
le milieu de la page, et l'acquisition de Place Saint-Cyrille, c'est en 1964.
Ce sont ces to-
taux que vous retrouvez à la fin, dans le bas. Ce sont les
années 1964, 1965, 1966.
M. Perron: Une question additionnelle, M. le Président, si
vous permettez. Aujourd'hui, quel serait le coût du pied carré, en
ce qui a trait aux lots vacants qui existent actuellement?
M. Gadoury: Vous allez avoir quand même un groupe qui va
présenter un mémoire, qui s'appelle le Groupe de la rue
Saint-Gabriel, qui va vous amener des chiffres très précis,
d'ailleurs, de la valeur des terrains, parce qu'ils ont été
taxés en conséquence, mais cela varie autour de $20 à $40
le pied carré présentement.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Je voudrais remercier effectivement le Groupe du
Faubourg de sa contribution et, comme l'ont noté le ministre, le
député de Charlevoix et le député de
Mégantic-Compton, si les recommandations vont dans le sens de nombreuses
autres recommandations, j'ose en déduire qu'il commence à se
dégager un consensus en vue de l'aménagement futur de la colline
parlementaire.
Il y a un chiffre qui est particulièrement impressionnant parmi
beaucoup d'autres qui sont impressionnants dans le document et c'est le fait
que 88% des propriétés du quartier Saint-Jean-Baptiste
n'appartiennent pas à des résidents du quartier
Saint-Jean-Baptiste et, s'il y a un chiffre qui témoigne parmi d'autres
de la nécessité urgente d'adopter une loi pour contrer la
spéculation foncière dans les municipalités au
Québec et, en particulier dans la ville de Québec, c'est bien un
chiffre comme celui-là. C'est pourquoi j'espère et je sais
d'ailleurs que le gouvernement compte donner suite prochainement à sa
promesse faite lors de la période électorale sur cette question
et qui est contenue, de toute façon, dans le programme politique du
Parti québécois.
Il y a quelques petites questions sur des propositions précises
que vous faites. Je pense, par exemple cela rejoint un peu, d'ailleurs,
ce que l'Ecole d'architecture va nous proposer tantôt au
quadrilatère de la Sûreté du Québec et aussi au
quadrilatère des soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie... Vous
proposez de la construction, en particulier, chez les soeurs Franciscaines
Missionnaires de Marie, à cet endroit c'est déjà,
d'ailleurs, un projet qui a été soumis, mais qui est très
différent, celui de Charlebec pour vous, n'y a-t-il pas lieu de
conserver cet espace? Il y a unanimité, au moins, entre le Groupe du
Faubourg et Charlebec sur le fait qu'au fond, cet espace vert est superflu et
qu'on peut aussi bien l'utiliser à des fins résidentielles ou
autres.
M. Gadoury: Quand il est dit là-dedans de réserver
ces espaces pour la construction, c'est qu'il y a différents types de
construction. On ne discutera pas de la maquette, mais, si on enlève les
murs de béton présentement et si on récupère cet
espace pour en faire un espace de verdure et si, à côté, on
est "densifié" d'une certaine façon par de l'habitation, il est
sûr qu'il est logique de garder l'espace comme endroit vert.
Par contre, si on veut donner une densité qui soit beaucoup plus
élargie, qui soit moins grosse, on peut tout simplement retrouver la
trame, parce qu'une trame comme telle et un gabarit, ce n'est pas seulement
dans la hauteur et la largeur des maisons, mais aussi par les maisons qui
bordent. On ne détruirait presque pas d'arbres, même,
peut-être qu'on en détruirait aucun, on retrouverait des maisons
qui borderaient ce carré et vous venez de remettre de l'habitation, mais
de l'habitation beaucoup moins dense qu'aller faire un bâtiment et
retrouver 80 logements dedans.
Ce qui se ferait et doit se faire sûrement pour des endroits comme
le trou de Saillant, l'ancienne place Berthelot, ces endroits... Il ne s'agit
pas de mettre des masses d'habitations là-dedans, mais tout simplement
de refaire à peu près la structure qui existait dans le
quartier.
M. Guay: Une dernière petite question, M. le
Président, sur une recommandation sur laquelle je suis en accord en
principe. Quand vous dites qu'il faudrait faire un programme de restauration du
quartier Saint-Jean-Baptiste... Comme vous le savez, la restauration des
anciens quartiers, jusqu'à maintenant, a donné lieu à un
exode de la population parce que cela a provoqué, par
l'amélioration des propriétés, une hausse de loyer et, par
conséquent, l'éviction des gens qui y habitaient et qui n'avaient
plus les moyens de payer les loyers ainsi augmentés.
Le Groupe du Faubourg a-t-il pu se pencher sur ce problème et en
arriver à une réflexion ou une solution à cette
espèce de dilemme, rénovation-éviction des citoyens?
M. Gadoury: Oui. D'ailleurs, on l'a écrit et on l'a
envoyé à la ville de Québec. Pour nous, la question de
restauration, on peut l'envisager de différentes manières. C'est
tout à fait jeune ici au Québec, ce phénomène de
rénovation et on s'y est pris suivant des exemples de restauration
historique et de reconstitution historique; c'est-à-dire la
reconstitution qu'on a faite de places historiques, on a pris cet
exemple-là pour le transposer dans des quartiers. Je pense que ces
exemples sont plus ou moins justes pour faire de la rénovation dans les
quartiers. Cette rénovation dans les quartiers peut se faire en y
injectant, peut-être des sommes, mais pour des réparations
globales, c'est-à-dire un quartier. Pourquoi prendre une maison et
complètement la transformer, la remettre à neuf quasiment, quand
on sait qu'il n'y a pas beaucoup de propriétaires dans le quartier qui
peuvent le faire avec de l'argent? On pourrait peut-être investir des
sommes pour, je ne sais pas, je vous donne des exemples, tout simplement
transformer les systèmes électriques qui sont absolument
désuets, refaire des sorties de secours et toute la question de secours,
de sécurité dans les quartiers, des trottoirs. On fait des bouts
de trottoirs ici et là, de
temps en temps. Il y a des programmes qui pourraient se faire
complètement. Cela génère nécessairement en soi la
rénovation. La rénovation ne veut pas dire: On injecte de
l'argent et venez puiser dans notre paquet d'argent, vous autres qui avez
déjà de l'argent d'avance, mais dire: Cette année, on fait
je lance cela toutes les toitures. On donne une bonne
rénovation pour refaire les toitures pour ne pas que cela s'effondre,
parce qu'il y a des maisons qui s'effondrent régulièrement... de
temps en temps. On pourrait, dans ce sens, ne pas injecter de grandes sommes,
mais injecter des sommes qui vont faire un bien direct sur un problème
qui est vraiment crucial. Là, tout le monde va pouvoir y participer,
parce que cela n'engage pas des sommes énormes.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le Président, c'était pour souligner
le fait des 88% des propriétaires qui n'habitent pas le quartier, mais
le député de Taschereau l'avait fait, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: Une seule question. Si ma mémoire est bonne,
je pense que l'Ecole d'architecture avait déjà
préparé, en collaboration avec votre groupe, une exposition l'an
dernier. J'aimerais savoir ce qui était sorti de cette exposition qui
avait permis au public du coin d'aller voir un peu quel genre
d'aménagement pouvait être imaginé pour votre secteur. Je
voudrais que vous nous disiez ce qui s'était déroulé,
à ce moment-là, et quelle perception les gens avaient eu du type
de développement qu'on pourrait faire chez eux.
M. Rioux: En fait, il n'y a pas d'idée globale ou une
unité, on n'a pas senti une idée globale ou une réflexion
globale dans la population. Il reste que cela a eu l'effet un peu d'un beau
rêve, une chose à laquelle on aspirerait, mais à laquelle
on ne croit pas encore, du moins cela semble un peu difficile à imaginer
qu'on puisse en arriver un jour à rendre le quartier viable.
M. Bertrand: Est-ce à partir de ces propositions de
maquettes en gros que les gens avaient...
M. Rioux: Non.
M. Bertrand: C'était autre chose.
M. Rioux: C'était autre chose. C'était quand
même de l'aménagement d'un quadrilatère, comme on pouvait
rendre plus agréable un quadrilatère en faisant disparaître
les arrière-cours, en utilisant l'espace que représentent les
rues pour y vivre.
M. Gadoury: II y avait trois types à peu près.
C'est-à-dire qu'il y avait un projet qui rénovait tout un
quadrilatère on appelle cela un pâté de mai- sons
il y avait un autre projet qui prenait des entrepôts, un
édifice qui ne possède pas le caractère d'habitation et on
l'a transformé en caractère d'habitation et il y avait la
construction complète sur un certain terrain.
C'étaient trois approches qui avaient été faites
pour que les gens puissent, en fin de compte, apprivoiser tranquillement et
s'approcher des interventions qui pourraient être faites. Parce qu'il
reste que c'est un peu dur de tomber en pleine face dans un aménagement
global. Il faut tranquillement pouvoir connaître les différents
types d'interventions. On les connaît par un type très
précis. C'est sûr, comme l'a dit mon confrère, que cela a
créé une espèce de rêve, d'espoir qui n'a pas
été réalisé, mais qui aurait été
réalisable.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Châteauguay, dernière question.
M. Dussault: M. le Président, je pense que le groupe a des
recommandations fort valables et on sent le souci total de ces gens, ils sont
dans le milieu, ils savent de quoi ils parlent. Je pense aussi qu'ils
réalisent qu'on part d'une situation difficile. M. le
présentateur du mémoire, en parlant de la surenchère des
terrains du centre-ville, a dit à un moment donné que sur la
question de légiférer ce serait un tour de force. Je suppose
qu'ils sont conscients que c'est passablement dégradé et à
ce point, que de revenir en arrière, même sur cette question,
c'est peut-être un peu rêver. Est-ce que c'est cela que ça
voulait dire?
M. Villeneuve: Ce qu'on veut dire, surtout à
l'intérieur de notre document, c'est qu'on veut au moins que quelqu'un
prenne la décision de faire cesser la démolition. Aussitôt
que cette décision sera prise, à partir de là, on pourra
commencer à reconstruire. Tant que la décision n'a pas
été prise, ça continue, l'onde de choc s'étend
régulièrement, la valeur des terrains augmente, la valeur des
bâtisses baisse, partout dans le quartier.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie les membres du
Groupe du Faubourg de nous avoir présenté ce mémoire.
J'inviterais maintenant l'Ecole d'architecture de l'Université Laval, en
la personne de M. Joseph Baker, à s'approcher pour nous présenter
son mémoire. Le mémoire 2M.
La parole est à vous, M. Baker.
Ecole d'architecture de l'Université
Laval
M. Baker (Joseph): M. le Président, avant de commencer la
présentation qui sera audiovisuelle, c'est-à-dire un commentaire
avec les diapositives, j'aimerais faire quelques remarques. Ce projet a
commencé, comme vous le savez peut-être, après la
contestation faite par le groupe de la sauvegarde. Après quelques mois
de protestations et de contestations, nous avons réussi à avoir
accès au couvent des soeurs du Bon-Pasteur pour inspecter
l'édifice. A ce moment-là, j'ai rencontré M. Richard Guay,
le député, à l'intérieur du couvent du Bon-Pasteur,
et nous avons discuté un peu de l'avenir de ce secteur.
Je lui ai suggéré qu'on aurait dû faire une
étude du secteur et lui ai dit que si la ville de Québec ou si le
gouvernement du Québec ne faisaient pas une étude, nous, à
l'Ecole d'architecture, nous ferions appel aux énergies et à
l'imagination de nos étudiants pour donner à la population une
image de ce que peut être la colline parlementaire.
Pendant les audiences auxquelles j'ai assisté, j'ai entendu,
à plusieurs reprises, des députés demander: Vous,
urbanistes et architectes, qu'envisagez-vous dans ce secteur? Jusqu'à
maintenant, je pense que personne n'a donné une réponse,
même si les arguments sont très valables. Je dois dire que nous
appuyons fortement ces arguments.
Mais il reste que la population, de même que les
députés, ont besoin d'une image des possibilités, pas
nécessairement un plan bidimensionnel, mais des images qui expliquent
les possibilités de ce quartier.
Au début de l'année, avec l'aide de quinze
étudiants de la quatrième année de l'Ecole d'architecture
dont les noms sont inscrits dans le mémoire, nous avons commencé
une étude. Cela a été un travail acharné, je pense
qu'ils ont terminé cette partie à six heures ce matin, pour vous
présenter cette maquette et aussi les images, les dessins qui sont
exposés en arrière de nous.
Je vous invite à examiner ces dessins, parce qu'ils expliquent en
détail certaines des propositions que nous allons présenter.
L'an dernier, nous avons exposé au musée le travail de
l'Ecole d'architecture dans une exposition qui avait pour titre: architecture,
avec un petit a. Dans le manifeste que nous avons publié à ce
moment-là, nous avons écrit: Ici, vous ne trouverez ni projet
spectaculaire, ni concept de magnitude olympique; parer au délabrement
d'un îlot de logis anciens; remettre en état des
arrière-cours insalubres, voilà ce qui ressemble un peu à
l'image traditionnelle qu'on se fait de l'architecture.
Pour nous, cependant, des milliers de gestes semblables dans nos villes
vaudront mieux que les prouesses monumentales isolées et aberrantes
qu'on commet au nom de l'architecture. Je pense que les propositions que nous
faisons aujourd'hui suivent cette direction et cette philosophie.
J'aimerais remercier d'abord les étudiants qui ont assisté
à cette présentation et qui sont dans la salle. Maintenant,
j'aimerais vous présenter le mémoire et les diapos, les images.
Si on peut éteindre les lumières.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut
éteindre les lumières, s'il vous plaît? Vous pouvez
commencer, parce que, même lorsque les lumières sont
allumées, on voit assez bien.
M. Baker: On voit très peu si les lumières ne sont
pas éteintes.
Note de l'éditeur:
L'intervenant poursuit son exposé à l'aide de diapositives
qu'il commente.
M. Baker: La mise en question de la construction du nouveau
palais de justice sur la colline parlementaire, le moratoire sur la
démolition du couvent des soeurs du Bon-Pasteur ont offert au
gouvernement et à la population une excellente occasion pour
reconsidérer à fond l'avenir de la vocation ultime de ce secteur.
Il reste encore à s'assurer que les intéressés sont munis
de véritables options quant à l'environnement bureaucratique
jusqu'à ce jour prévu.
Il y a quelques années que la décision a été
prise de remplacer la prédominante occupation résidentielle par
des édifices à bureaux ainsi que par des complexes commerciaux ou
culturels. Cette décision est le résultat direct de la
philosophie en vogue à l'époque, ceile de la rénovation
urbaine et selon laquelle les secteurs délabrés feraient place
aux constructions à plus haute densité et, par conséquent,
de plus grande valeur économique. Tandis que les critères sur
lesquels la désignation des secteurs de rénovation furent bien
fondés, à savoir le délabrement sévère, le
surpeuplement et les occupations du sol en non-conformité, leurs
applications se sont avérées trop souvent boiteuses. Avec trop
peu de discernement, des quartiers résidentiels et tout à fait
viables se sont vus dévalorisés puis condamnés, et ce
malgré toutes les plaintes formulées par les indigènes.
Les urbanistes, ainsi que d'autres professionnels, n'accordaient que peu
d'importance aux portées sociales de leurs gestes; le déplacement
des communautés entières, la destruction de leur réseau
social ont fait le sujet de nombreuses thèses sur la sociologie urbaine.
De l'effacement total de la population du West End à Boston à la
destruction en vrac à Philadelphie et à Détroit,
jusqu'à l'arrachement des résidents montréalais de leurs
foyers pour céder la place à l'Autostade ou au complexe de
Radio-Canada, ces histoires se sont répétées à un
rythme croissant et inquiétant. A chaque instant, des gens au revenu
modique, des édifices, à l'exception de ceux de grande valeur
architecturale, et pas toujours dans ces cas non plus, se sont retrouvés
ensevelis dans l'oubli. A leur place, des projets prestigieux ont
été réalisés, qui sont en théorie d'une
valeur économique irréprochable.
Avec l'indifférence aux valeurs sociales manifestée par
les avocats de la rénovation urbaine, on constate une insouciance
semblable à l'égard du rattachement psychologique que manifestent
les citadins pour les points de repère bien connus: édifices ou
lieux qui, en raison d'une signification soit visuelle, soit culturelle,
fournissent au paysage urbain un système de structure et d'orientation.
Nombreuses sont les études qui démontrent que c'est en faisant
constamment référence à ces éléments que les
résidents d'un secteur donné se dotent d'une image perceptuelle
de la ville selon laquelle ils ordonnent leurs mouvements et tracent leurs
routes. La perte d'une trame ou des édifices majeurs aboutit souvent
à une désorientation et à un sentiment d'angoisse.
Ce n'est qu'au cours de ces années récentes que l'art du
design urbain a adopté une attitude de
faire table rase. A d'autres époques, et à l'exception des
catastrophes naturelles, le processus s'exprimait d'une façon plus
évolutive et la richesse visuelle que nous constatons pour les villes
d'antan est largement due aux diverses traces qu'ont laissées les
générations successives. C'est cette qualité qui distingue
le véritable environnement urbain des banalités contemporaines
dont le summun est le centre d'achats.
On doit considérer les édifices que nous ont
laissés nos prédécesseurs comme des ancres,
psychologiquement parlant, ainsi que le mentionne M. Kewin Lynch, professeur et
urbaniste américain, dans son livre qui a pour titre interroga-tif "What
time is this place?" et qui accorde une importance à la quatrième
dimension de l'espace urbain. De plus, il prétend que la transformation
est dotée de succès lorsque nous sommes en mesure de garantir
simultanément une continuité tout au moins partielle.
Victime de la rénovation urbaine, la colline parlementaire
possède encore un bon nombre de ces ancres (les couvents,
l'hôpital Jeffery Hale, etc.) et nos études préliminaires
nous persuadent que non seulement il faut les préserver, mais que leur
présence servira comme point de départ pour la restructuration du
secteur; restructuration qui accorderait un plus grand respect aux
activités quotidiennes et au mouvement des piétons qu'aux axes
monumentaux et à la circulation automobile.
A la suite des interventions du Groupe de la sauvegarde du couvent des
soeurs du Bon-Pasteur et du député, M. Richard Guay,
auprès du ministère des Travaux publics, ainsi que l'accueil
favorable du ministre, l'Ecole d'architecture a désiré apporter
sa contribution pour mieux éclairer plusieurs des aspects d'une
politique de développement. L'étude amorcée est
nécessairement limitée, mais nous trouvons cependant essentiel de
fournir une optique d'alternative de développement, sous la forme la
plus concrète possible, et tout en respectant les principes de
continuité, de conservation et de l'esprit communautaire. Les images et
les propositions qui ressortent de cette étude sont loin d'être
une solution unique ou finale. Ce sont des aperçus d'un avenir plus
modeste que proposent les plans des grands ensembles.
L'étude a commencé avec un inventaire des biens
résidentiels, commerciaux, industriels, culturels et naturels qui se
trouvaient dans le secteur. Dans chaque cas, leur importance a
été évaluée sur les plans régional et local
en vue du caractère et de la situation spéciaux de ce
secteur.
Nous avons examiné les systèmes de circulation automobile
et piétonnière, autour et à l'intérieur du secteur,
avec pour but de cerner les points en conflit et d'éliminer les ennuis
de ceux qui y demeurent ou y travaillent.
Selon leur accessibilité, nous avons évalué des
édifices et des regroupements des édifices du secteur
d'après les critères d'aménagement, d'adaptation et de
construction et d'entretien.
Mais notre étude préliminaire a accordé une
importance égale aux caractéristiques visuelles et perceptuelles
des édifices, des rues et d'autres espaces dont le secteur se compose:
la hauteur et la grandeur, le degré de définition, les
changements de niveaux, les chemins naturels, les points de repère, les
percées et les vues intéressantes. C'est à partir de ces
particularités que tout processus de design sensible doit
déboucher.
Parallèlement, nos études se penchaient sur les
caractéristiques positives que manifestent les centres urbains favoris
pour encadrer la vie active: les places publiques, les rues commerciales, les
marchés, la verdure, les parcs, l'effet des silhouettes, les textures et
les surfaces pavées, la forme des toits, les vues cachées, les
arcades et colonnades, la convergence des styles ancien et contemporain.
L'objectif de cette étude a été de découvrir le
riche vocabulaire que l'homme a rassemblé pour la construction des
villes à une véritable échelle humaine.
Nous n'avons fait aucun effort pour produire un plan d'ensemble dans le
sens accepté du terme. Avec le ministre Parizeau, nous sommes des
fervents de la philosophie de M. Schumacher: "Small is beautiful". Nous nous
sommes contentés de faire un certain nombre d'interventions ponctuelles,
relatives à quelques édifices et terrains. Ainsi, nous
espérons démontrer qu'un environnement riche, varié et
accueillant ne résulte pas d'un seul concept sublime, mais plutôt
de la collaboration de plusieurs esprits créatifs.
Un élément qui est primordial à tout environnement
urbain est la présence, en nombre suffisant, d'une population
résidente. Or, au sud du boulevard Saint-Cyrille et à l'est de la
rue Turnbull, on constate une absence quasi totale de cet
élément. Les bureaux gouvernementaux cessent d'être un
centre d'activités après dix-sept heures. Le Grand
Théâtre attire le monde seulement aux heures des spectacles. Seule
l'habitation peut assurer de l'activité, le va-et-vient dans les rues,
sur un horaire plus large. Donc, la recréation d'un tissu
résidentiel devient prioritaire.
Les terrains vides, en avant et autour du Grand Théâtre,
une partie des terrains de l'ancien hôpital Jeffery Haie, ainsi que ceux
du couvent des Franciscaines, se prêtent à la construction de
nombreuses unités d'habitation nouvelle, pour une population
variée en termes d'âge, de composition familiale et de classe
sociale.
Basée sur les valeurs soufflées des terrains, l'habitation
dans les secteurs du centre des villes modernes, penche trop souvent vers les
densités extrêmement fortes et se construit en hauteur. Ce genre
d'habitation peut offrir un type de logements d'aspect banal qui fait appel
à une clientèle très limitée. Croyant que le
centre-ville doit fournir les possibilités d'habitation familiale autant
pour les couples que pour les célibataires, nous avons proposé la
construction à moyenne densité qui ne doit pas dépasser
six ou sept étages en hauteur.
Toute restructuration cohérente doit accorder un rôle
majeur aux grands édifices déjà implantés dans le
secteur. C'est le Grand Théâtre, le couvent et les terrains du
couvent des Franciscaines, l'ancien hôpital Jeffery Hale, le couvent des
soeurs du
Bon-Pasteur ainsi que le couvent Sainte-Geneviève,
l'église Saint-Coeur-de-Marie et, à ce groupe, on peut ajouter
des monuments de date plus récente: le complexe G et l'annexe au
complexe de la Laurentienne.
Isolé, selon un plan pavillonnaire, chacun de ces édifices
n'apporte aucune contribution à la réalisation d'un
véritable environnement urbain. Avec raison, ce secteur mérite
l'appellation de la "colline monumentale". Nous proposons leur
intégration à une matrice d'habitation et leur revalorisation
comme points de repère dans une communauté vivante. D'ailleurs,
dans le cas où leur degré d'utilisation est faible ou
transitoire, nous proposons leur réaffectation à des occupations
nouvelles et vitales et ils deviendront les générateurs d'une
activité communautaire, la source d'une animation dans les rues et sur
les places des alentours.
On peut citer des exemples d'adaptation et de recyclage des anciens
édifices dans tout le continent nord-américain et en Europe: les
gares de chemin de fer, les marchés, les églises, les
entrepôts et on peut même citer une gamme de fonctions imaginatives
qui, maintenant, se logent convenablement à l'intérieur de leurs
murs retapés.
Pendant des années, on a accepté, et, sans se poser de
questions, la prééminence de l'automobile dans toute
décision relative à la modification de l'environnement urbain,
avec les dégâts et les effets néfastes qu'on vit
quotidiennement. De plus en plus, cette attitude est contestée et une
considération tout à fait encourageante est accordée aux
droits du piéton. Dans des zones entières, aux centres des villes
importantes (à Copenhague, à Bruxelles, à Munich, et plus
récemment à Québec), on a fermé ou limité
l'accès aux véhicules et, par conséquent, on a
donné un nouveau sens de sécurité et de
réjouissance à ceux qui se promènent, qui font des
emplettes, qui flânent, qui restent ou s'assoient dans la rue. Cette
liberté doit s'étendre à l'intérieur de la ceinture
formée par les artères principales du secteur la
Grande-Allée et le boulevard Saint-Cyrille et sauf pour quelques rues
qui donneraient accès aux véhicules de services ou aux garages
souterrains, nos propositions envisagent la colline parlementaire comme le
premier réseau de piétons au Québec.
Le climat rigoureux auquel la haute-ville et ce secteur en particulier
s'exposent exige une réponse beaucoup plus intelligente que celle
fournie par l'urbanisme de nos jours. Nos ancêtres se sont montrés
infiniment plus sensibles à cet égard. Les rues étroites
situées dans le Vieux-Québec ou dans le quartier Saint-Jean ont
évolué pour neutraliser les effets d'un vent impitoyable.
Après des millénaires de civilisation et malgré de
nombreux exemples, la meilleure solution qu'a apportée notre
époque est le passage souterrain, dont les administrations des villes et
des institutions sont fières: à Place Ville-Marie, à
Montréal, à Place Québec et même à
l'Université Laval, on trouve ces passages souterrains. D'autres
sociétés ont intégré la colonnade à leurs
édifices en offrant au piéton un corridor extérieur, mais
protégé, et qu'il peut utiliser pour traverser le secteur d'un
bout à l'autre. Il n'en tiendrait qu'à un simple règlement
municipal pour doter la ville d'un réseau de colonnades en exigeant que
toute construction nouvelle cède un espace de dix pieds à
l'intérieur de son enveloppe au niveau du trottoir. La ville de Bologne
s'est prévalue d'une telle loi il y a 600 ans.
Suite à nos études historiques, nous nous sommes rendu
compte du caractère harmonieux et verdoyant du secteur avant
l'élargissement et le prolongement du boulevard Saint-Cyrille et on ne
peut que regretter le manque de sensibilité et l'absence de
compétence de la part des responsables de cette opération
brutale.
Le mot boulevard suscite de vives images de grandes rues majestueuses,
bordées et couronnées d'arbres splendides, animées autant
par les allées et venues des piétons que par la circulation
automobile et le son des klaxons: les Champs-Elysées à Paris, le
Cours Mirabeau à Aix ou l'avenue Commonwealth à Boston. Sans
aucun effort d'imagination, peut-on appliquer le mot boulevard à ce
triste morceau d'autoroute qui déchire en deux le secteur entre la rue
Turnbull et les murs du Vieux-Québec. Pour maîtriser
l'écart qui existe inévitablement entre le quartier
Saint-Jean-Baptiste et celui qui, un jour, se construira au sud de
Saint-Cyrille, il faudra apporter des modifications majeures, quitte à
transformer une barrière en épine dorsale dont les
résidents des deux côtés pourraient se réjouir: Un
arrêt aux constructions des tours qui accélèrent la
vélocité des vents; la construction de l'habitation des deux
côtés avec des commerces aux rez-de-chaussée,
intégrés aux colonnades; l'élargissement des trottoirs
pour permettre la plantation d'arbres de grande taille; la réduction du
nombre de voies de circulation rapide pour faciliter la traverse des
piétons; l'élimination des surfaces aveugles par la
récupération de certains espaces à l'heure actuelle
consacrés au stationnement.
Trop souvent, les dessins et les maquettes des professionnels en
aménagement représentent la fin d'un processus. Ce que nous
présentons devant la commission n'est qu'une tentative, un premier
constat de quelques possibilités. D'autres citoyens et groupes vous
apporteront une manifestation tout à fait adéquate des besoins en
termes de services, d'hébergement ou d'espaces récréatifs
car ils connaissent bien ces besoins qui semblent, d'emblée,
urgents.
Nous espérons qu'ils se serviront de ce travail
préliminaire pour préciser leurs propres perceptions de ce que
doit être la forme future de la colline parlementaire. C'est d'une telle
participation que surgira un jour un quartier, non seulement
rénové, mais renaissant.
Le Président (M. Marcoux): La lumière s'il vous
plaît. On va attendre la lumière. M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je pense que je n'ai pas
besoin de vous dire combien nous vous
félicitons pour nous avoir présenté ce
mémoire puisque les membres de cette commission, de même que les
autres personnes qui y assistent, ont applaudi immédiatement
après cette présentation.
Je tiens quand même, M. Baker, ainsi que les étudiants,
à vous dire merci de cette présentation. Vous nous avez
démontré qu'il était certainement possible
d'aménager une colline parlementaire sans pour autant tout
détruire.
C'est un apport considérable à cette commission
parlementaire que vous avez fait. Parce que vous avez concrétisé
ce que d'aucuns nous avaient donné abstraitement. La conception que vous
précisez dans votre mémoire est probablement la conception qui
prévaut ici chez les membres de la commission parlementaire.
Nous espérons que les travaux que vous avez faits depuis de
nombreux mois puissent nous être d'une très grande utilité
pour élaborer un plan d'aménagement de la colline parlementaire.
Nous souhaitons avoir même votre collaboration dans ce sens.
J'aurais simplement une question à vous poser, une question bien
pratique. Si nous devions conserver cela se dégage à cette
commission parlementaire le couvent du Bon-Pasteur, est-ce que, M.
Baker, vous auriez une solution concernant Place de la Justice? Nous devrons
envisager de donner au ministère de la Justice et aux membres du
Barreau, comme à toute la population, des services qui s'avèrent
absolument nécessaires.
J'aimerais avoir des précisions à ce sujet. Comment
voyez-vous cela, la nouvelle Place de la Justice?
M. Baker: II faudra peut-être un autre trois mois
d'étude, un autre module d'atelier à l'Ecole d'architecture. Je
peux vous dire qu'il y a plusieurs solutions. Il y a d'autres endroits dans la
ville où le développement n'est pas déjà
passé. Il y a un certain nombre de terrains vacants, de grands terrains
vacants, par exemple, près de la rivière Saint-Charles. Je sais
que la ville de Québec travaille à un projet Kabir Kouba, elle
aimerait avoir une espèce de moteur, un générateur de
développement dans ce secteur. Peut-être que c'est un endroit
possible à considérer.
Le schéma d'aménagement a parlé de divers
pôles dans sa proposition. Le centre-ville de Québec, Sainte-Foy,
Le Bourgneuf, étaient d'autres pôles d'attraction, où, je
crois que cela aurait du bon sens d'implanter ces générateurs
économiques, d'avoir tous les fonctionnaires concentrés dans un
endroit de la ville, mais cela n'aurait pas de bon sens pour les gens qui
vivent tout autour. A cause de la circulation, mais aussi à cause du
fait qu'il y a des restaurants, des commerces, dans d'autres parties de la
ville, qui pourraient profiter de l'implantation de d'autres
générateurs économiques.
Il y a aussi ia possibilité de réaménager les
locaux existants. J'ai lu dans les journaux que les juges et d'autres hommes de
loi n'aimeraient pas leurs locaux dans le Vieux-Québec; mais, ils re-
gardent ce qui existe, ils ne regardent pas les possibilités.
On peut trouver, dans les villes comme Boston, Philadelphie ou partout,
des exemples d'édifices restaurés complètement qui gardent
leur cachet historique, mais dans des espaces qui ne sont pas possibles
aujourd'hui. Je crois que cela prendrait une étude. Cela n'a
commencé que depuis le mois d'octobre où nous avons
contesté la démolition du palais de justice. Le ministère
des Travaux publics ou le ministère de la Justice n'a pas demandé
une étude des édifices existants. A ma connaissance, il n'existe
pas un dessin du couvent des soeurs du Bon-Pasteur, sauf le dessin que nous
avons fait. Peut-être qu'il n'existe pas non plus de dessin pour les
bâtiments du Vieux-Québec. Je suggère que cette
étude soit faite pour peut-être trouver qu'on peut satisfaire
toutes les exigences des juges et de la justice à l'intérieur des
murs anciens.
M. Lessard: M. le Président, je tiens à remercier
M. Baker ainsi que le groupe. Je ne puis que souhaiter que nous n'ayons pas
à nous rendre, dans quelques années, dans les pays d'Europe pour
retrouver la nostalgie du passé et nous espérons, grâce
à votre mémoire et à ceux qui nous ont été
présentés depuis le début de cette commission
parlementaire, que nous pourrons préparer un schéma
d'aménagement qui corresponde aux véritables besoins humains de
la population. Merci!
Le Président (M. Marcoux): Le député
de...
M. Baker: II faudrait renommer le coin; ce n'est pas la colline
parlementaire, c'est le quartier parlementaire maintenant.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense avoir
déjà exprimé certaines observations sur la première
présentation qu'avait faite M. Baker, ici devant la commission, de
même que ceux qui l'accompagnaient. Je ne voudrais pas revenir sur les
remarques que j'avais faites à ce moment. Je ne pense pas que M. Baker
s'imagine que je veuille endosser catégoriquement les recommandations
qu'il fait devant la commission.
J'ai bien compris, à écouter ce mémoire et le
précédent, qu'il y avait un jugement très
sévère de porté sur tous les gestes qui ont
été posés dans le passé et que tout le travail qui
a été présenté vise principalement à
corriger des erreurs ou à tâcher de faire en sorte qu'on puisse
marier à la colline parlementaire un aménagement
différent.
De toute façon, on me permettra de dire que si je félicite
l'Ecole d'architecture d'avoir fait un travail de tous les instants, un travail
certain, qui permet aux membres de la commission de voir de visu, et devant
leurs yeux, le mariage qu'on pourrait y greffer à la colline
parlementaire, je pense que, comme membre de la commission, j'associe
mes félicitations à celles du ministre des Transports pour
permettre un meilleur éclairage des décisions que le parti
gouvernemental aura à prendre à l'avenir.
M. le Président, je pense que j'aurai d'autres circonstances
où il me sera possible de dire que si nous entendons ici, devant la
commission, une certaine philosophie se développer, qui rejoint
certaines préoccupations gouvernementales, il y a d'autres écoles
de pensée aussi qui se sont fait entendre et qui pourraient se faire
entendre, qui justifieraient peut-être certains des gestes qui ont
été posés. Le ministre des Transports, qui est à
mes côtés, s'apercevra que quant au jugement lapidaire qu'on a
fait sur certaines artères de communication dont on dit qu'elles ont
complètement sectionné la ville de Québec, quand il aura
passé quelques années à ce ministère, il entendra
de la part des mêmes groupements ou d'autres groupements une pression
constante sur les services qu'il devra offrir à la population devant le
modernisme que tout le monde a peut-être subi, mais pour lequel on doit
également satisfaire à certaines exigences.
Alors, je veux laisser à l'équipe ministérielle le
soin de poser toutes les questions qu'elle voudra poser pour éclairer
les décisions données. Je réitère les
félicitations que j'adresse à l'Ecole d'architecture, et si je ne
partage pas en entier les idées et la philosophie que vous
développez, vous avez quand même permis aux membres de la
commission de voir de quelle façon un réaménagement
pourrait être greffé aux horreurs que vous avez déjà
décrites, d'ailleurs, mais où le mariage, quand il sera
complété, si jamais le gouvernement peut concrétiser les
projets que vous avancez, parce que dans le passé, j'ai toujours
constaté que les erreurs qu'on a pu reprocher à l'équipe
qui nous avait précédés, il a fallu, nous autres, alors
qu'elles étaient commencées, les terminer, et j'ai dû,
comme le ministre des Travaux publics, parachever ce qui était
commencé. S'il faut qu'on fasse une modification profonde à la
colline parlementaire, je dis maintenant à l'équipe
ministérielle qu'avant qu'elle se soit décidée, il est
possible qu'elle ne soit pas en mesure également de la
concrétiser et qu'une autre devra terminer l'ouvrage.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Brièvement, je pense qu'on dépense
notre temps. Je veux simplement féliciter l'équipe de travail de
l'Ecole d'architecture de l'Université Laval, qu'on vient de rencontrer
ici. Je n'en ai pas l'habitude et, par nature, je pleure rarement sur le
passé. C'est sûr qu'on voit se marier ici l'utile à
l'agréable dans le centre-ville de Québec. Il est sûr qu'un
groupement comme le vôtre peut regretter ces monuments de béton
que vous venez de nous faire visionner, mais, comme on l'a signalé ici,
du côté de l'Opposition, il est bien clair que si on veut
procéder à partir de maintenant, ce que vous venez de nous donner
nous donne cer- tainement un éclairage correct pour l'avenir.
Maintenant, est-ce que le gouvernement fera siennes vos recommandations en
entier, est-ce qu'il ne devra pas marier aussi ce qui existe avec ce qui s'est
fait dans le passé? C'est le gouvernement qui aura à
décider. Une chose certaine, c'est que ce que vous donnez aujourd'hui,
c'est un document, à mon sens, important pour le gouvernement. Soyez
sûrs que nous, notre groupe, on sera là pour appuyer toute
proposition logique que le gouvernement voudra bien avancer dans ce
domaine.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Personnellement, je vous remercie de votre
présentation. J'aimerais vous poser une question précise. Est-ce
que vous avez fait une étude sur les places de stationnement,
présentement, dans le quartier? Si ce projet se réalise, combien
de stationnements prévoyez-vous ou en prévoyez-vous d'autres?
M. Baker: Nous avons fait un relevé très bref des
stationnements existants. Il y a, je crois, une planche là-bas qui doit
montrer les endroits où le stationnement existe. Peut-être
avons-nous un chiffre exact, mais je n'ai pas le chiffre en tête.
Nous avons fait un calcul du nombre de logements et, comme vous voyez,
la plus grande partie de la conception nouvelle, c'est le logement. Nous avons
calculé et ce chiffre peut varier entre 1500 et 2000 logements. Le
projet, comme vous voyez, contient 1500 logements. Cela peut être des
logements à deux pièces, trois pièces, une pièce,
cela ferait une différence. On peut dire que, selon les
règlements normaux, on aura besoin d'une automobile pour chaque
logement. Mais nous, nous considérons qu'on peut adopter une autre
optique, à savoir que c'est une situation que celle du centre-ville, et
on n'a pas besoin d'automobile si on demeure dans le centre-ville c'est
une possibilité ou on garde une automobile ailleurs, ou on dit
qu'une grande partie de la population qui va demeurer dans ces nouveaux
édifices se compose peut-être des mêmes gens qui travaillent
dans le quartier, peut-être les fonctionnaires qui travaillent dans le
complexe G ou dans d'autres édifices.
A ce moment, peut-être ces gens diront-ils qu'ils peuvent se
permettre, avec un transport en commun amélioré, de se
débarrasser d'une automobile. Quant à l'autre histoire, je pense
que c'est le député de Charlevoix qui a dit qu'à un
certain moment, on a pensé donner des subventions aux gens qui
laisseraient leur automobile chez eux. Peut-être, d'une certaine
façon, y a-t-il une subvention ici parce que si, dans le financement de
ce projet, on abandonne l'idée que ces terrains valent $20 ou $30 ou $40
le pied carré, il y a une subvention. Alors, peut-être
donnera-t-on une subvention d'une certaine façon aux gens qui vivent
dans ce secteur s'ils sont prêts à cesser d'utiliser leur
automobile. Peut-être n'aura-t-on pas besoin d'aménager 1000
places de garage, mais il y a d'autres possibilités.
II y a une partie du boulevard Saint-Cyrille et du boulevard Dufferin
qui n'est pas terminée et où il y a l'espace pour peut-être
construire un garage souterrain. Il y a aussi la possibilité
d'aménager un certain nombre de places pour les automobiles un
garage souterrain, dans ce secteur aussi nous n'avons pas encore
calculé le nombre exact et nécessaire de places, mais c'est
important. C'est une autre optique vers l'avenir.
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Une des raisons pour lesquelles je me suis souvent
penché sur la question de l'aménagement de la colline
parlementaire et de la ville de Québec d'une façon plus
générale, c'est que, sans vouloir engager de débat avec
l'Opposition, j'avais toujours trouvé que ce qui avait été
fait était étranger à l'âme nationale
québécoise dans ce sens que ces édifices et les
aménagements qui les entourent étaient pour moi le symptôme
d'une mentalité colonisée, c'est-à-dire qu'on allait
puiser ailleurs aux Etats-Unis ou à Calgary ou à Houston une
fausse image du progrès.
Dans un rapport qu'il a écrit sur l'aménagement des
édifices anciens, un des grands commis de l'Etat français, M.
Simon Nora, a commencé son document en disant qu'il n'y a pas de
civilisation sans mémoire; or, c'est justement ce qu'on a fait avec des
édifices comme cela, on a oublié le génie
québécois là-dedans. On a oublié toute la trame
architecturale de l'évolution des villes québécoises,
comme l'a souligné M. Baker, et, en ce sens, on n'a sûrement pas
fait oeuvre de civilisation.
Ce que nous propose l'Ecole d'architecture aujourd'hui, et c'est une des
raisons pour lesquelles je trouve cela particulièrement exceptionnel,
c'est précisément de nous rappeler un certain nombre de
données qui sont propres au génie québécois et en
même temps, de nous démontrer que ce génie
québécois, en 1977, peut, tout en s'inspirant du passé,
s'ouvrir résolument sur l'avenir sans nécessairement
détruire ce qui est notre patrimoine collectif à tous. En ce
sens, au moment où le gouvernement propose aux Québécois
une véritable renaissance nationale, il est extrêmement opportun
que l'Ecole d'architecture et M. Baker en tête, nous propose
précisément aussi une véritable renaissance de l'urbanisme
et de l'architecture québécoise. Et, l'aménagement qui est
proposé là, sans entrer dans tous les détails, parce qu'on
pourrait évidemment en discuter longuement, est une inspiration, je
pense, pour la commission dans la décision qu'elle aura à prendre
et à l'instar du ministre je souhaite, M. le Président, que
l'Ecole d'architecture puisse être associée aux
développements qui suivront l'étude par la commission.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. On se doit de
féliciter les Québécois qui ont participé à
cela et aussi les Québécoises qui ont participé à
la présentation de cette maquette et de ce document. Je remarque que la
tour de 35 étages du projet de Trizec que nous a présenté
M. Wiseman hier n'est pas sur votre maquette. Est-ce que c'est intentionnel ou
si c'est parce que vous ne voulez pas qu'une telle tour s'en vienne à
l'endroit que nous a précisé justement M. Wiseman, hier?
M. Baker: C'est évident, M. le Président, qu'il y a
des limites aux grandeurs de la maquette. On n'a pas mesuré l'espace au
centre de votre table, mais on a été chanceux que la maquette
puisse entrer. Il y a aussi des limites à nos capacités à
l'école. On n'a pas mis, par exemple, la tour de la Place de la Capitale
à l'autre bout parce qu'il n'y avait pas d'espace et ici nous avons
éliminé, pour les fins de la maquette, Le Hilton. Mais même
si nous avions eu l'espace, c'est certain que nous n'aurions pas construit une
tour de 35 étages pas encore acceptée par le peuple de cette
ville. Tant qu'il y a un doute sur la construction soit d'une autoroute, soit
d'une bâtisse comme une tour de 35 étages, nous ne le mettrons pas
dans le plan d'aménagement. Nous proposons les choses que nous
approuvons, pas les choses qui sont néfastes.
C'est évident que, si nous considérons que la construction
de tours n'est pas nécessaire pour avoir une forte densité, qu'on
peut avoir une forte densité sans construire de tours, c'est
évident que nous n'accepterons pas de construire une autre tour.
J'espère profondément que la commission parlementaire utilisera
tous ses pouvoirs pour nier le droit de construire un tel objet maintenant. Il
faut que nous acceptions certaines choses qui existent, elles deviennent nos
points de repère, comme les tours d'antan, comme maintenant il y a
l'Auberge des Gouverneurs, le complexe G, Place de la Capitale et la silhouette
de Québec est connue par ces tours, pour le bon ou pour le mauvais.
Mais ajoutez-en une autre, c'est évident que nous n'approuverons
pas une telle démarche.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je pense qu'on en est rendu
à un point de nos réflexions où on se rend compte que
l'Opposition a perdu tout intérêt. Elle est
représentée actuellement...
M. Mailloux: M. le Président, je n'ai pas l'habitude de
soulever de point de règlement, mais je pense que, depuis le
début de la commission, je n'ai pas un seul instant laissé le
travail de la commission. Peut-être que l'Opposition était moins
nombreuse que le parti ministériel et a d'autres tâches à
remplir alors qu'il est six heures et qu'elle n'est pas obligée de
donner son consentement à la poursuite des travaux. Je n'accepte pas
qu'on porte un reproche à des collègues d'un
autre parti qui étaient ici et qui, pour d'autres raisons...
Je pense, M. le Président, que je ne peux pas laisser passer une
réflexion semblable.
Le Président (M. Marcoux): Je demanderais, pour le bon
climat de tous nos travaux qui ont si bien commencé, qui se sont bien
poursuivis et qui vont se terminer probablement ce soir, de s'en tenir au sujet
abordé par nos invités.
M. Dussault: Cela n'était pas une déclaration de
guerre, M. le Président, c'est que j'ai constaté, à mesure
que les jours passaient qu'effectivement, l'intérêt tombait du
côté de l'Opposition.
M. Mailloux: M. le Président, je regrette. Jusqu'à
6 heures, au moment où on devait arrêter la commission, les
membres de l'Opposition ont été ici. Ce n'est que par
collaboration, pour éviter que ceux qui sont ici aient à se
produire en soirée, que nous avons accepté de dépasser
l'heure. Je pense qu'on ne peut pas faire un reproche aux membres de
l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): Je demande au
député de Châteauguay d'en venir aux commentaires
pertinents au mémoire ou aux questions pertinentes au
mémoire.
M. Dussault: Je vais cesser de choquer notre Opposition. Ce qui
me plaît énormément dans ce qui s'est passé dans les
dernières minutes, c'est le goût de la vie qui caractérise
les gens qui sont venus nous expliquer leur mémoire. Je pense que
jusqu'à maintenant le développement de la colline parlementaire
s'est fait de la façon suivante: On a créé, pour des
besoins bien spécifiques, des objets et maintenant on voudrait, à
l'intérieur de ces objets, mettre de la vie.
C'est la question qu'on s'est posée, jusqu'à ce qu'on
apporte ici un point de vue social de la question. Je pense qu'au contraire, il
faut que la vie modèle les objets qui nous environnent. Je pense que
c'est le grand message que j'ai compris à travers ce que vous nous avez
expliqué ici aujourd'hui.
Une autre chose qui me frappe, c'est le rôle que
l'université par vous autres joue dans la
société québécoise. On se demande toujours ce que
devrait être l'université par rapport à la
société. Je constate qu'il y a peut-être là un
modèle à explorer, davantage aller chercher auprès des
étudiants d'université, ceux qui vont peut-être
façonner le monde de demain, une vision des choses.
J'ai beaucoup d'espoir à la suite de ce que j'ai entendu ici cet
après-midi. On a parlé de mariage pour la colline parlementaire.
L'Opposition a parlé de cela. Je m'excuse d'employer l'expression
"Opposition". L'Opposition a parlé de cela et je me demande si c'est
possible, un mariage, lorsque la chicane est déjà bien
évidente.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: Une seule remarque, M. le Président, pour
dire à M. Baker et aux étudiants de l'Ecole d'architecture que
lorsque je suis arrivé à Québec, il y a de cela dix ans,
onze ans maintenant, j'arrivais de la région de Montréal et j'ai
adopté Québec immédiatement. Mais en 1966, il faut se
rappeler ce qu'était la ville de Québec et ce qu'était la
colline parlementaire. J'y suis venu pour la différence. La
différence s'est estompée avec les années et j'ai
l'impression de retourner à Montréal progressivement en voyant le
type de développement qu'on a fait sur la colline.
C'est simplement en regardant un peu l'espoir que font naître des
projets comme ceux-là qui, dans le fond, sont sans prétention,
j'ai l'impression que vous le faites en toute modestie, en sachant fort bien
que tout cela mérite d'être évalué, analysé,
étudié très en détail.
Mais plus je le regarde, plus je retrouve le goût de Québec
pour paraphraser certaines expressions qu'on a déjà eues. Si
c'est vers cela qu'on s'en va, je pense que, assurément, on est
engagé dans la bonne voie de rééquilibrer tout
l'aménagement de la colline parlementaire. Et, ne serait-ce que pour
cela et je pense que c'est énorme vous nous donnez
à nous les membres du côté gouvernemental, les
députés ministériels et le ministre, sans doute, le
goût de nous mettre au travail dès que cette commission
parlementaire aura fini ses travaux et d'accoucher le plus rapidement possible
de décisions qu'aucun autre gouvernement après nous, dût-il
venir dans quatre ans au pire, ne pourrait altérer.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie M. Baker ainsi que
les membres de l'Ecole d'architecture qui ont bien voulu l'accompagner. Je
pense que les membres de la commission apprécient l'intérêt
que vous avez manifesté pour leurs travaux et qu'ils vous le rendent
bien.
M. Baker: M. le Président, est-ce qu'on pourrait...
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le député
de Charlevoix.
M. Mailloux: Est-ce qu'on me permettrait une réflexion?
Etant donné que j'ai dû terminer certains travaux commencés
dans les années antérieures, que je n'ai pas
décidés, mais que j'ai dû terminer, je formulerais un voeu,
après l'expérience que j'ai connue. C'est que les
élèves de l'Ecole d'architecture gardent la pureté de
pensée et d'intentions et la philosophie qui les animent actuellement,
parce que ceux avec qui j'ai eu affaire dans le passé, quand ils sont
sur le marché du travail et à leur propre compte, la philosophie
dont vous parlez, malheureusement, on l'oublie trop vite.
M. Baker: M. le Président, est-ce que je peux faire une
brève remarque?
Le Président (M. Marcoux): Un instant, s'il vous
plaît! M. Baker veut avoir le mot de la fin.
M. Baker: Oui, j'aimerais simplement répéter que ce
que nous avons proposé, ce n'est pas un plan d'ensemble, ce n'est pas un
plan qu'on peut interpréter et exécuter demain matin, c'est une
idée, c'est une image, mais il y a certains projets là-dedans qui
sont très concrets.
Je crois qu'on ne doit pas attendre des années maintenant pour
faire d'autres études et d'autres plans d'aménagement ainsi que
d'autres études maîtresses, mais plutôt commencer
immédiatement, même si c'est un projet très mineur,
commencer à construire, comme j'ai dit l'autre soir, commencer à
restaurer le couvent des soeurs du Bon-Pasteur, de l'aménager soit pour
les personnes âgées ou les familles et construire quelque chose de
nouveau sur la colline parlementaire, l'habitation, pour indiquer aux gens de
Saint-Jean-Baptiste ou d'ailleurs que vous êtes sérieux et qu'il y
aura une autre forme de construction sur la colline.
Pour ce qui est de l'université et de son engagement dans la
société, j'espère que le gouvernement va profiter des
ressources qui existent à l'université et va donner à nos
étudiants la possibilité de travailler sur des projets valables,
imagina-tifs et créatifs. L'université est prête à
collaborer avec le gouvernement et aussi avec les citoyens. Il reste à
créer les mécanismes afin qu'elle puisse faire son métier
d'une façon respectable. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Vos souhaits sont
enregistrés au journal des Débats, et probablement, dans l'esprit
des membres de la commission. Je vous remercie une fois de plus. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 23)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
J'inviterais le Mouvement Saint-Gabriel, en la personne de M. Alphonse
Dorion, à s'approcher et à nous présenter le
mémoire de son groupe.
Je vous invite à nous présenter d'abord vos
collègues et, ensuite, comme la commission siège
déjà depuis plusieurs jours, il y a des éléments,
sûrement, dans votre rapport, au niveau des diagnostics surtout, qui ont
souvent été posés devant cette commission. Si vous
pouviez, au niveau de la présentation, insister sur les points qui
différencient votre rapport et spécialement sur les
recommandations que vous faites à la commission, je pense que cela vous
permettrait de restreindre votre présentation du mémoire à
une quinzaine de minutes pour permettre une période de questions un peu
substantielle.
Vous avez la parole, M. Dorion.
Mouvement Saint-Gabriel
M. Dorion (Alphonse): En février 1976, est né un
nouveau comité de citoyens dans la ville de Québec.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez nous
présenter vos collègues, s'il vous plaît?
M. Dorion: J'ai ici, Pierre... M. Bernier (Pierre):
Bernier.
M. Dorion: Je ne connais que les prénoms, excusez-moi.
M. Jasmin (Claude): Jasmin, Claude.
M. Dorion: Claude Jasmin, Lucie Bilodeau et moi, je suis Dorion.
Cela va bien, monsieur...
Le Président (M. Marcoux): Parfait, pas de
problème!
M. Dorion: Pas de problème! Bon!
En février 1976, est né un comité de citoyens dans
la ville de Québec. Dès le début, il groupe des citoyens
du quartier Saint-Jean-Baptiste, plus précisément, des
résidants de la rue Saint-Gabriel et de la rue Saint-Patrice, qui vivent
une situation commune. En effet, la ville de Québec a acheté, une
à une, la majorité des maisons de la rue Saint-Gabriel et
quelques-unes dans la rue Saint-Patrice dans le but avoué de les
démolir afin d'y construire un boulevard parallèle à la
rue Saint-Cyrille.
En voulant protéger nos logements, nous avons pris conscience de
tout ce qui menace notre quartier et de l'influence que nous pouvons exercer
sur son devenir lorsque nous agissons collectivement.
C'est pourquoi nous, du Comité de citoyens Saint-Gabriel, avons
accepté avec optimisme l'in-
vitation de la commission parlementaire. Dans le mémoire que nous
déposons, nous expliquons sommairement la situation dans le secteur
Saint-Gabriel: la déportation des citoyens et la taudifica-tion. Puis
nous abordons le problème du zonage et celui de la confirmation du
caractère résidentiel du secteur, problèmes très
liés à l'évaluation foncière. Enfin, nous
exprimerons la volonté de tous les résidents de notre secteur
sous la forme de quelques recommandations à la commission
parlementaire.
Situation de fait. Selon la résolution CM-75-634 adoptée
lors d'une séance du conseil municipal tenue le 27 mars 1975, "la ville
acquiert des personnes dont les noms suivent... certains immeubles
situés sur le côté sud de la rue Saint-Gabriel, en vue de
l'élargissement éventuel de cette rue entre les rues
Sainte-Geneviève et Claire-Fontaine".
Avec les données du bureau d'enregistrement, la ville a
effectivement procédé à l'échat dans le secteur
Saint-Gabriel de vingt maisons rue Saint-Gabriel, trois sur Saint-Patrice, une
rue Scott, ce qui implique au total quatre-vingt-six logements. La ville a fait
des offres d'achat sans succès jusqu'à maintenant pour les deux
dernières maisons encore propriétés privées sur la
rue Saint-Gabriel je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire,
ce sont deux propriétés qu'on n'a pas voulu vendre entre
Sainte-Geneviève et Claire-Fontaine, ce qui impliquerait encore d'autres
logements. Selon nos compilations, sur chaque contrat d'achat, toujours
à même les données du bureau d'enregistrement, la ville a
investi jusqu'à maintenant $978 751 sans compter les échanges de
terrains (quatre sur Saint-Gabriel plus d'autres sur les rues avoisinantes)
qu'elle a effectués avec certains propriétaires immobiliers. Dans
le budget des dépenses capitales 1975/78, la ville de Québec
avait d'ailleurs prévu $900 000 concernant ce secteur.
Depuis mars 1975, la ville de Québec utilise différents
moyens pour décourager les habitants du secteur: refus d'informer les
citoyens sur les projets concernant le secteur, barricadements de logements
encore habitables, transformation de baux annuels en baux mensuels... Cela est
vrai. On peut évaluer à deux cents personnes le nombre de ceux
qui sont constamment sous la menace de la déportation.
La taudification ou l'enrichissement du sol. Le concept
d'aménagement de la colline parlementaire qui a prévalu
jusqu'à maintenant risque non seulement d'entraîner encore une
centaine de démolitions dans le secteur Saint-Gabriel, mais il provoque
dans le secteur environnant des effets désastreux.
La spéculation foncière provoquée par ce type
d'aménagement oblige les usagers à vivre dans des conditions de
logement de plus en plus pitoyables: détérioration du
bâtiment en faveur de la plus-value du terrain. Avec la
généralisation par le gouvernement du Québec du rôle
d'évaluation qui maintenant établit l'évaluation à
100% de la valeur marchande, notre secteur a vu, dans certains cas,
décupler la valeur du terrain de 1975 à 1976, tandis que la
valeur des maisons diminuait. La hausse de taxes a triplé. D'une part,
les petits propriétaires se voient forcés de partir; d'autre
part, les locataires doivent supporter les hausses importantes de loyer, compte
tenu de cette hausse de taxe, alors que par ailleurs leur logement en perd en
qualité.
Voici des exemples. Evaluation de 1975, sur la rue Saint-Gabriel,
cadastre 3920-1 : terrain, $2 930; bâtisse, $17 670; total, $20 600. En
1976: terrain, $32 000; bâtisse, $23 000: $55 000.
Saint-Patrice, 3886-P, toujours le cadastre: terrain, $4 780;
bâtisse, $18 020; total, $22 800. En 1976: $40 360 pour le terrain et les
bâtisses, $12 340. Total, $52 700.
La Chevrotière, cadastre 3957: terrain, $15 590; bâtisse,
$39 410. Total: $55 000. En 1976: terrain, $108 240; bâtisse, $24 760.
Total: $129 000.
Ces quelques faits illustrent comment le développement d'une
ville favorise une minorité de spéculateurs au détriment
de la très grande majorité des citoyens pour qui le logement est
bien d'usage essentiel comme l'alimentation et la santé.
Zonage. Dans la lettre d'invitation que nous avons reçue de la
présente commission parlementaire, on faisait état du souci du
gouvernement actuel de consulter la population sur l'avenir de la colline
parlementaire. C'est pourquoi dans le même sens, le Mouvement
Saint-Gabriel souhaite que le Parlement amende la charte de la ville de
Québec et cesse de dispenser la ville de Québec de la
procédure de référendum en cas d'amendement au
règlement de zonage initial.
Depuis juin dernier, la ville de Québec a
décrété un règlement municipal qui consacrait notre
secteur zone résidentielle. Le règlement municipal devrait
être suivi bientôt d'un projet de zonage.
Dans un quartier comme Saint-Jean-Baptiste où 89% de la
population est locataire, il est inadmissible et antidémocratique que
l'aménagement d'un quartier soit décidé en l'absence de
90% de sa population. Toutefois, aussi longtemps que la ville peut tripoter le
zonage par une simple résolution en conseil, les citoyens n'ont aucune
garantie.
A court terme, il faut donc que les électeurs
propriétaires concernés par un amendement au zonage puissent
avoir un référendum et être en mesure de se prononcer sur
le projet d'amendement. A moyen terme, il faudrait que la procédure du
référendum soit accessible non sur la base de la
propriété financière, mais sur la base de la
résidence, c'est-à-dire accessible aux locataires.
Le Mouvement Saint-Gabriel rejoint en cela d'ailleurs une
résolution du programme du parti au pouvoir qui s'est engagé
à revaloriser le pouvoir local "en démocratisant la Loi du
référendum au même titre que les autres lois
électorales".
Consécration de la fonction résidentielle. Composition
sociale. La composition sociale du quartier Saint-Jean-Baptiste est à
forte prédominance de locataires (88,8%). Les statistiques du
recensement fédéral de 1971 (secteur 14, 18, 19) confirment que
ceux qui y vivent sont des gens à
faible et moyen revenu. Le taux de loyer moyen, par exemple,
était de $75 par mois et le revenu moyen d'un chef de famille est de
$4428 par année, c'est-à-dire $3000 de moins que celui d'un chef
de famille de la région métropolitaine. Une des priorités
dans un quartier de ce type est le logement. Il est essentiel que les personnes
âgées et que les familles à faible revenu puissent
accéder à un logement à prix modique.
Le Comité de citoyens de Saint-Gabriel veut que le logement
demeure accessible à la population du secteur Saint-Gabriel. Même
si la ville de Québec est capitale nationale et qu'elle contient
beaucoup d'éléments de patrimoine québécois, elle
est avant tout notre ville. On pourrait rénover de façon luxueuse
et nous serions obligés de déménager parce que nous
n'aurions pas les moyens de nous payer ce type de logement.
Il n'y a qu'à regarder le cas de la Place Royale. Ce type de
rénovation a le même effet que le bulldozer. Le Comité de
citoyens de Saint-Gabriel veut que le secteur soit consacré
résidentiel selon la capacité de payer des gens qui y habitent.
Le Comité de citoyens de Saint-Gabriel, après avoir fait le tour
des diverses alternatives existantes, étudie la possibilité
d'utiliser la formule coopérative pour le rachat des maisons dont la
ville est propriétaire dans le secteur Saint-Gabriel. C'est le seul
moyen pour nous, locataires, de nous assurer une sécurité et des
logements convenables peu coûteux. Le gouvernement PQ s'est
déjà prononcé à maintes reprises tant dans son
programme que publiquement pour favoriser le système
coopératif.
Nous croyons que c'est une priorité en matière de
logement.
Mais pour ce faire, il est nécessaire que la valeur des terrains
diminue dans le secteur. Comme nous l'avons vu à la page deux du
présent document, une coopérative ne pourrait les acquérir
lorsqu'ils sont destinés à des fins commerciales. Nous avons
besoin de l'aide de la Société d'habitation du Québec sous
forme de subventions pour la formation de coopératives. D'ailleurs, nous
sommes d'accord avec le Parti québécois lorsqu'il veut
accroître les responsabilités de la SHQ et lui confier notamment
le mandat d'assurer une partie importante des prêts hypothécaires,
prêts personnels, offices municipaux, coopératives, organismes
à but non lucratif.
Pour conserver ce secteur résidentiel, nous demandons que les
constructions futures soient limitées à trois ou quatre
étages et qu'elles répondent à un besoin de logements
à coût modique, HLM, Coop d'habitation ou toute
société sans but lucratif. Nous voulons que ce caractère
résidentiel soit accompagné de services connexes primordiaux
à une vie sociale tels une garderie, des épiceries du coin, des
écoles et des parcs.
Conservation de la garderie Saint-Jean-Baptiste.
La garderie Saint-Jean-Baptiste se situe à l'extrême sud du
quartier Saint-Jean-Baptiste, dans un arrondissement que nous croyons
saturé d'édifices gouvernementaux, hôtels ou autres. La
créa- tion du boulevard Saint-Cyrille, ayant entraîné la
fracturation du quartier Saint-Jean-Baptiste constitue une menace à la
survie de la garderie. Nous insisterons sur l'importance de cette garderie
parce qu'elle se situe dans les derniers espaces conformes à sa raisons
d'être. Voir le mémoire présenté par la garderie
Saint-Jean-Baptiste.
Considérant que le sud du quartier Saint-Jean-Baptiste, au-dessus
de la rue Saint-Jean, est un secteur en péril, nous ne pouvons
qu'insister sur l'importance de sa préservation.
Le Mouvement Saint-Gabriel appuie sans condition la Garderie
coopérative Saint-Jean-Baptiste dans sa lutte pour sa survie. Le combat
de la garderie populaire s'inscrit dans la ligne de pensée du Mouvement
Saint-Gabriel qui s'est toujours battu contre la démolition d'immeubles
encore habitables.
Nous nous opposons aux intérêts spéculatifs qui
mettent en danger un service aussi essentiel qu'une garderie, au même
titre que nous combattons pour conserver nos logements.
Compte tenu que la population locale se compose de petits
salariés et de gens à faible revenu, on ne peut qu'insister sur
l'importance d'une garderie à frais réduits pour les
résidents.
La garderie constitue un élément essentiel au bon
fonctionnement du quartier, un besoin primordial de l'enfant dans ses droits.
Elle dénote une qualité de vie dans le quartier et une forme
d'épanouissement nécessaire.
Evaluation des terrains. A plusieurs reprises, le Parti
québécois de la région de Québec a eu à se
prononcer sur le développement plus ou moins heureux de la vieille
capitale. Par exemple, lors de son congrès régional tenu en mars
1976, on a discuté du sort réservé à la rue
Saint-Gabriel, rue condamnée à être démolie pour
faire place à un boulevard. C'est dans des termes de "la priorité
aux droits des citoyens du quartier...", "l'aménagement favorisant ceux
qui y habitent (le quartier)...", "hausser la qualité de la vie... dans
l'intérêt supérieur des habitants de la capitale",
qu'était encadré le texte préparé par
l'exécutif régional du Parti québécois de la
région de la capitale nationale. On y déplorait en outre la
démolition d'immeubles de deux à six étages au
centre-ville, parce que jugés peu rentables par les autorités en
place d'alors: le gouvernement libéral et le Progrès civique. On
insistait sur le fait que ce phénomène de non-rentabilité
au centre-ville était tout à fait relatif puisque "on laisse
construire bien pire en banlieue où les maisons ont moins
d'étages et, règle générale, ne sont pas
cordées, utilisant infinement plus d'espace par individu". Le texte se
terminait par: "...la rue Saint-Gabriel, peut-être plus que quelques
logements à sauver ou à démolir. Elle peut être le
moment du refus où les Québécois qui le sont
décident de sauver leur capitale".
En ce sens, les citoyens de la rue Saint-Gabriel et des rues
avoisinantes veulent faire respecter leurs droits réunis autour du
Mouvement Saint-Gabriel pour confronter les problèmes qui les touchent
directement. Par exemple, suite à la
nouvelle évaluation municipale de 1976, les terrains du secteur
compris entre les rues Saint-Jean et Sainte-Claire, d'est en ouest, ont subi un
bond foncier de 800% par rapport à leur valeur antérieure
à la confection de ce nouveau rôle d'évaluation. Depuis
1960 que toutes sortes de gros travaux d'infrastructures, autoroutes et de
structures, édifices gouvernementaux, hôtels, ont cours dans les
secteurs avoisinant celui de Saint-Gabriel. Comme le secteur Saint-Gabriel est
résidentiel, moyenne-forte densité, la valeur des terrains
était demeurée stable à $2 le pied carré, comme
l'indique notre tableau ci-joint sur le rôle de l'évaluation 1975,
jusqu'en 1975. C'est alors que la ville de Québec achète en masse
les maisons de la rue Saint-Gabriel pour soi-disant faire un boulevard. La
ville s'assure que son achat aura un effet spéculatif en payant un prix
élevé pour ces maisons. Elle donne une valeur accrue au terrain,
puisque, pour la ville, c'est le terrain qu'elle achète, les maisons
étant un embarras, on les démolira. Cela aura pour effet de
transférer la valeur totale de chaque propriété acquise
sur la valeur du terrain.
Ce phénomène, lié à la nouvelle loi de
l'évaluation municipale mise en vigueur par la confection du rôle
d'évaluation 1976, a entraîné une hausse
généralisée de l'évaluation des terrains dans le
secteur Saint-Gabriel à un niveau de près de $15 le pied
carré.
On peut vous donner un exemple, si vous voulez: Le numéro de
cadastre, 589 Saint-Gabriel, 3887-A; superficie de terrain, 1510 pieds
carrés; évaluation 1975 du terrain, $2720; valeur au pied
carré du terrain, $1,80; en 1976, évaluation du terrain, $21 140;
valeur du terrain, $15. Je peux vous en donner d'autres, si vous le voulez.
Après plus de quinze années de statu quo sur la valeur des
propriétés du secteur Saint-Gabriel, après plus de quinze
années de reconnaissance des droits acquis des propriétaires et
des locataires du secteur comme ceux du quartier en général,
voilà qu'on nous pénalise sauvagement parce qu'on demeure entre
la rue Saint-Jean et Saint-Cyrille, puisque les propriétés sises
plus au nord de Saint-Jean subissent, à cette même période,
une très légère baisse d'évaluation. Voilà
pourquoi nous dénonçons l'arbitraire de cette situation,
l'illogisme des mécanismes des lois qui permettent de telles situations.
Peut-on juger que cette situation est normale, que les droits des citoyens ont
été respectés?
D'autre part, on pourrait expliquer la situation en analysant les effets
de la construction projetée du boulevard sur la rue Saint-Gabriel. Ce
supposé projet du boulevard venait sectionner encore une fois le
quartier résidentiel Saint-Jean-Baptiste en reculant la frontière
au nord de la rue Saint-Jean, créant ainsi une nouvelle zone de
développement, donc de spéculation entre le boulevard
Saint-Cyrille et le boulevard Saint-Gabriel (projeté, voir annexe VI).
Mais voilà que le boulevard n'existe pas encore et n'existera jamais (si
cela n'en tient qu'à nous et à vous, nous l'espérons).
D'ailleurs, s'il devait jamais exister, cette zone de spéculation
finirait par s'étendre à tout le quartier. Nous éva- luons
de 350 à 400 logements ou environ 1000 personnes la composition du
secteur Saint-Gabriel. Cette population est nécessaire à la
survie des équipements paroissiaux et à ceux du quartier. Comme
les résidents du quartier Saint-Jean-Baptiste, en général,
et les résidents du secteur Saint-Gabriel veulent conserver leur droit
d'habiter leur logement, ce droit est menacé par la hausse de
l'évaluation foncière en 1976 qui entraîne et
entraînera une hausse des taxes, et par conséquent, une hausse de
loyers.
Cette hausse d'évaluation doit, d'une manière ou d'une
autre, ne plus intervenir ou disparaître pour la survivance du quartier
en général.
On doit aussi conserver les limites de la nouvelle loi de
l'évaluation municipale. Cette loi est basée sur la valeur
marchande des propriétés. Le logement est donc défini
comme une valeur marchande. Pour le petit propriétaire, pour le
locataire, comme ceux du secteur Saint-Gabriel, le logement n'est pas une
marchandise, c'est un bien d'usage à caractère assez
permanent.
Cette loi considère que le propriétaire est un type qui
envisage constamment les possibilités de vendre sa
propriété au prix du marché le plus haut, comme un
vulgaire spéculateur, alors que le petit propriétaire est d'abord
l'usager d'un logement avec son confort relatif et permanent et non pas un
commerçant itinérant. Voilà pourquoi il importe, pour
l'avenir du secteur, de reconsidérer l'évaluation
exagérée qui touche les propriétés du secteur
Saint-Gabriel, qui brime les résidents dans leurs droits au logement,
dans l'aménagement du secteur selon leurs priorités et leurs
désirs et qui entraîne une détérioration de la
qualité de la vie non seulement pour les gens du secteur, mais pour tous
les citoyens de la capitale.
Conclusion et recommandations générales.
Par conséquent, le Mouvement Saint-Gabriel recommande: 1- Que les
gens à faible revenu conservent le droit de rester dans le secteur de la
rue Saint-Gabriel, peu importe l'avenir de la colline parlementaire; 2- Que
soit confirmée la vocation résidentielle de ce secteur et que
soient conservés et améliorés les services essentiels;
3-Que cesse immédiatement toute démolition de logements dans ce
secteur; 4- Que tout programme de rénovation de quartier favorise
l'accessibilité des logements aux gens à faible et moyen revenu
résidant actuellement dans le secteur Saint-Gabriel; 5- Que tous
puissent habiter des logements sains, équipés de
commodités essentielles à la vie moderne; 6- Que ces mêmes
résidents puissent jouir d'un environnement conforme à cette
vocation résidentielle; 7- Qu'on arrête les constructions en
hauteur telles que le Hilton, l'Auberge des Gouverneurs; 8- Que la charte de la
ville de Québec soit amendée afin de permettre l'accès aux
électeurs propriétaires à la procédure du
référendum; 9- Que les lois municipales soient
corrigées
afin que la procédure du référendum en cas
d'amendement au plan de zonage soit accessible à tous les citoyens
résidents, propriétaires ou locataires.
Recommandations spécifiques:
Le Mouvement Saint-Gabriel recommande: 1- Que les évaluations
soient ramenées au même niveau que le reste du quartier
Saint-Jean-Baptiste; 2- Qu'il soit prévu un mécanisme d'aide aux
citoyens qui sont pénalisés par la spéculation; 3- Qu'il y
ait un amendement à la loi de l'évaluation dans des cas
semblables à Saint-Gabriel, c'est-à-dire dans beaucoup de
centre-ville de la province; 4- Que la Garderie Saint-Jean-Baptiste conserve
ses locaux de la rue Saint-Amable; 5-Que la fonction résidentielle dans
le secteur de la garderie soit renforcée à la fois dans les zones
construites et dans celles rasées; 6- Que la Société
d'habitation soit investie de nouveaux pouvoirs qui lui permettraient
d'être plus efficace au niveau du logement destiné aux
coopératives d'habitation sans but lucratif; 7- Que la ville vende les
maisons de la rue Saint-Gabriel aux résidents réunis sous forme
de coopératives; 8-Que nos recommandations soient
écoutées. C'est tout.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie de la lecture
que vous avez faite. Je dois avouer que vous l'avez faite très
rapidement. Je vous remercie beaucoup. Je vais en profiter pour souhaiter la
bienvenue aux personnes qui vous accompagnent, si j'ai bien compris le sens des
applaudissements. Cela nous fait plaisir de recevoir les membres de votre
groupe qui vous accompagnent. M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je tiens à remercier
le Mouvement Saint-Gabriel de nous avoir présenté ce
mémoire qui démontre, d'ailleurs, son attachement à son
petit coin de pays, à savoir son quartier. C'est aussi comme ça
qu'on développe un pays. On commence à faire notre ménage
à l'intérieur, chez nous, dans la maison et, après
ça, cela s'agrandit. Le nationalisme commence là.
Des choses qui sont vraiment désarmantes, ce sont les chiffres,
en particulier, que vous nous donnez concernant l'augmentation
considérable...
M. Dorion: Excusez, M. le Président...
M. Lessard: ...des prix des terrains et les gens en arrivent au
point où ils n'ont plus le choix. Ils sont obligés de s'en aller
laissant ainsi la place aux spéculateurs.
M. Dorion: Oui.
M. Lessard: Nous prenons connaissance de vos recommandations,
recommandations encore une fois qui rejoignent d'autres recommandations qui ont
été faites. Il y a une chose qu'on peut vous dire. Nous avons
l'intention de prendre en consi- dération ces recommandations.
Naturellement, on ne peut pas tout prendre, mais vos recommandations, comme
vous le dites à 8, seront écoutées. On les prendra
sérieusement en considération. Particulièrement, il y a
certaines recommandations qui doivent être transmises au ministre des
Affaires municipales, à savoir les taxes et que l'évaluation soit
ramenée au même niveau que le reste du quartier
Saint-Jean-Baptiste, etc. Ce sont des recommandations que nous devrons
transmettre au ministre des Affaires municipales.
Je n'ai pas d'autres commentaires. Je suis convaincu que mes
collègues auront des questions spécifiques à vous poser.
Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: A l'instar d'autres mouvements populaires qui sont
venus ici à la barre, cela rejoint assez les préoccupations dont
on nous a déjà fait part. Je constate, par contre, qu'aux
recommandations huit et neuf, il y a quelque chose de nouveau puisqu'on parle
des amendements qu'il faudrait apporter à la Loi de la ville de
Québec quant au référendum. Je ne me rappelle pas s'il en
est fait état dans d'autres mémoires, mais j'ai l'impression que
c'est la première fois qu'il est fait mention de tels amendements qu'il
serait souhaitable d'apporter pour atteindre les fins qu'on
décèle dans le mémoire.
Je constate forcément que cela rejoint également la
condamnation assez sévère que des groupes semblables ont
apportée sur tout ce qui a été fait jusqu'à
maintenant et je constate également qu'il y a un rappel à des
promesses qui ont été faites par le parti qui gouverne
actuellement le Québec.
Alors, je laisse au côté ministériel le soin de
poser les questions qui permettraient au Mouvement Saint-Gabriel de faire
respecter les engagements que ce parti a pu prendre durant la période
électorale.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président. A la page quatre de
votre mémoire, vous avez l'air d'attacher beaucoup d'importance à
la formule coopérative pour régler une partie de vos
problèmes relativement à la colline parlementaire. Est-ce
seulement au niveau des intentions ou avez-vous fait des études
suffisamment avancées sur cette question pour déjà
commencer à vous organiser si on vous laissait aller?
M. Bernier: C'est-à-dire qu'à ce niveau, cela fait
déjà plus d'un an qu'on étudie les possibilités de
s'approprier les maisons. La formule coopérative est une des
possibilités qu'on a étudiées. On l'a
étudiée sous forme de comité, en groupe et on en est rendu
à un point où on a décidé que c'était la
formule idéale, la formule qui rendrait l'accessibilité au
logement aux gens du secteur, aux gens
qui habituellement ne peuvent devenir propriétaires parce qu'ils
n'en ont pas les moyens.
M. Dussault: Compte tenu du fait qu'on veut favoriser le
coopératisme c'est assez clair dans notre programme vous
pensez qu'on pourrait vous aider dans ce sens aussi, je suppose. Vous parlez
à un certain moment, à la page huit, d'une baisse
d'évaluation pour certains propriétaires. Avez-vous des exemples
pour qu'on puisse évaluer dans quel ordre ce problème se
pose?
M. Jasmin (Claude): Un exemple bien simple, comme chez moi.
J'appelle hier pour contester une hausse de loyer qui, pour le
propriétaire, est bien normale parce qu'en fait, pour la période
1975-76, 1976-77, la taxation entière passe de $1500 à $2400.
C'est plus que cela, je pense.
C'est aux environs de $1200 à $2400. C'est le double. A ce
moment-là, cela devient très difficile de faire face...
Mme Bilodeau (Lucie): Pour ajouter à cela, cela se
comprend facilement quand on regarde les hausses d'évaluation qu'il y a
eu dans le secteur depuis 1976. Le petit propriétaire n'a pas le choix
et, pour les propriétaires, les taxes sont au moins doublées ou
triplées. Cela veut dire que, dans ce cas-là, c'est bien concret.
Le propriétaire n'a pas le choix. Ou il hausse les loyers ou il vend sa
maison. Il la vend à qui? A ceux qui ont les moyens de l'acheter et ceux
qui ont les moyens de l'acheter, ce sont des promoteurs comme le Hilton ou
l'Auberge des Gouverneurs ou des gens qui ont le moyen, ce qui fait que cela
cause une détérioration des logements et qu'on laisse
détériorer les logements. C'est la situation qui se vit dans tout
le secteur en haut de Saint-Jean jusqu'à Saint-Cyrille.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, c'est toujours
agréable de se faire rappeler à travers plusieurs textes les
engagements et les promesses du Parti québécois, c'est flatteur
en même temps qu'engageant pour l'avenir, et Dieu sait que quand
l'Opposition nous rappelle qu'on a dit beaucoup, on serait effectivement
obligé de tenir beaucoup et, en même temps, je suis par contre
extrêmement intéressé par la façon dont vous
êtes en train de souligner qu'il est possible de développer une
vie de quartier et l'équivalent de ce que pourraient devenir,
éventuellement, dans une réforme de la vie municipale, les
éventuels conseils de quartier si jamais on aboutissait à ce
genre de projet. J'aurais, en conséquence avec cela, quatre questions
très précises, si vous pouvez me répondre par des
chiffres, si c'est possible, ou des choses brèves. Quel est le
pourcentage de rénovation, d'après les évaluations que
vous avez faites, qui devrait être entreprise dans l'ensemble de votre
quartier? Pour l'ensemble des 400 ou 500 logements qui existent à
l'heure actuelle, est-ce que vous avez une évaluation?
M. Bernier: C'est très varié, mais on peut dire
que, présentement, les maisons les plus détériorées
demanderaient un type de rénovation qu'on peut considérer comme
étant de gros travaux. Ce sont les maisons les plus avariées.
Elles sont assez peu nombreuses. Il y a la moitié des maisons, à
l'heure actuelle, dans le secteur, qui sont très bien entretenues, qui
demanderaient une rénovation qu'on peut considérer comme un
minimum et, entre les deux, il y a des maisons qui sont, comme je le disais
tout à l'heure, très avariées et il y en a d'autres qui
sont entre les deux. Je ne peux pas situer un pourcentage approximatif, mais,
pour la rue Saint-Gabriel elle-même, dans le cas des 24 ou 26 maisons que
la ville a achetées, on a fait un relevé l'année
dernière, on a fait le tour des logements et on a des chiffres assez
précis là-dessus. Si vous êtes intéressés, je
peux...
M. Bertrand: Est-ce que ce serait très long, parce qu'on
pourrait vous demander de déposer le document à la commission
parlementaire en faisant des photocopies?
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de
dépôt de documents à la commission parlementaire, mais ceux
qui présentent le mémoire peuvent en transmettre, par le service
d u secrétariat, des copies à tous les membres de la
commission.
M. Bertrand: Sur les 24 ou 26 maisons, avez-vous une
approximation de la rénovation qui devrait être faite?
M. Bernier: II y a, en gros, une ou deux maisons qui sont en
mauvais état, en assez mauvais état, et il y a à peu
près, attendez un peu, disons qu'il y a plus de 50% des maisons qui
demanderaient une rénovation qu'on peut considérer comme
étant normale pour le quartier Saint-Jean-Baptiste, plus de 50% des
maisons.
M. Bertrand: Et si on ne l'effectuait pas, éventuellement,
on pourrait penser que ce serait amené à disparaître?
M. Bernier: Sûrement.
M. Bertrand: Deuxième question. Est-ce que vous savez dans
quel secteur de la ville de Québec, d'une façon
générale est-ce que vous avez fait des études de
cela aussi se sont rendus les gens qui ont été
amenés à quitter le quartier?
Mme Bilodeau: On n'a pas fait d'étude là-dessus,
mais on...
M. Bertrand: Je m'excuse, la tour de l'Auberge des Gouverneurs me
cache, mais je vous entends. Cela va.
Mme Bilodeau: Nous n'avons pas fait d'étude sur les gens
qui ont été délogés du quartier Saint-Jean-Baptiste
ou qui en sont partis. Il y en a eu beaucoup. Je pense qu'il y a eu à
peu près 800 logements qui ont été démolis depuis
1963. à peu
près. A ce qu'on pense, ceux qui ont été
obligés de s'en aller ne sont sûrement pas allés dans le
centre-ville de Québec, parce que cela a été le cas dans
tous les quartiers du centre-ville, cela a été démoli.
Alors, ils sont allés en banlieue. En banlieue, ça peut
être aussi bien à Sainte-Foy, Charlesbourg ou Duberger, et
là, ils payaient des logements c'est le phénomène
des gens qui s'en vont du quartier Saint-Jean-Baptiste, qui sont à
faible et moyen revenu ils payaient des logements $120. Dans notre coin,
cela existe encore des logements à $120; ils vont payer des logements de
$200 ou $250 en banlieue et ils n'ont pas les moyens. Ils vont s'appauvrir
là, ils sont plus loin encore de leur travail.
M. Bertrand: Je vous posais la question pour savoir s'il y avait
eu des expressions qui avaient été faites chez ces gens, une
volonté de revenir éventuellement dans le quartier, ou s'ils
étaient maintenant trop éloignés ou trop installés
dans leur nouveau milieu pour songer à revenir. Vous n'avez aucune
idée de ça?
M. Dorion: Moi, j'en connais une couple... M. Bertrand:
Une couple.
M. Dorion: Une couple, je dis ça comme ça, mais je
sais qu'il y en a plusieurs qui sont partis de là, étant
donné que la ville achetait les maisons. Ils ont dit: Aujourd'hui pour
demain, dehors, je vais louer ailleurs. Ils sont rendus dans Charlesbourg,
Limoilou...
M. Bertrand: Un peu partout.
M. Dorion: ...ils regrettent et voudraient revenir, mais ils ne
savent pas où ils vont. Plus que ça, je viens de le savoir
aujourd'hui, pas tellement loin de chez nous, il y a une famille qui
déménage parce que ces gens ont peur. C'est une personne
âgée qui est malade et c'est ça qui la rend malade. C'est
ce que je n'aime pas dans ce quartier, ce que la ville nous a fait. On a
demandé à la ville, on a demandé au maire, même M.
Guay qui est là, on lui a demandé et il est venu nous voir. Je
vais répéter encore la même chose. On l'a invité
à une assemblée qu'on a faite à la salle paroissiale
Saint-Jean-Baptiste, nous étions au-delà de 400 personnes. Je n'y
étais pas parce que je travaillais ce soir-là, mais mon
confrère en arrière était là. Le maire, ma
secrétaire l'a appelé; il a répondu: Je n'ai pas affaire
à vous, j'ai affaire au président.
J'appelle d'où je travaillais et le maire m'a fait comme
réponse qu'il n'était pas en moyen de me répondre, ni de
répondre à personne. Qu'est-ce que ça veut dire,
ça? Quand un maire n'est pas capable de répondre à des
gens de sa ville, ça ne vaut pas grand-chose, entre vous et moi. Je ne
veux pas faire de politique, mais je dis la vérité ce soir.
M. Bertrand: Je reçois votre opinion quand même.
M. Dorion: Je peux le dire et je suis prêt à
l'assermenter devant n'importe qui.
M. Bertrand: Dernière question; M. Dorion, je crois?
M. Dorion: Oui, Dorion.
M. Bertrand: Est-ce que l'ex-conseiller municipal de la ville de
Québec, M. Robitaille, habitait dans votre coin?
M. Dorion: Oui, il demeurait dans notre coin.
M. Bertrand: Quel est le conseiller municipal qui l'a
remplacé à la ville de Québec?
M. Dorion: On ne le sait pas. C'est un mystère, c'est un
mystère, M. Bertrand. On est capable de rien savoir de là. On a
demandé des choses, tout ce que vous voudrez, c'est toujours un
mystère. N'essayez pas. Peut-être que vous allez l'avoir, sur une
autre branche, mais pas avec nous. On s'est fait dire qu'on était des
"chialeux" de rue. C'est bien simple, quand vous voyez les maisons qui se
déboîtent. Au coin de la côte SaintGeneviève et
Saint-Gabriel je ne sais pas si vous êtes passé par
là les premiers temps, c'était une vraie "dump". J'ai
chialé, j'ai parlé même à Radio-Canada. Depuis ce
temps, ce n'est pas la question que c'est moi qui ai parlé, j'ai dit:
Les rues sont pleines de trous, essayez donc d'arranger notre rue. Au coin,
c'est une "dump" et lâchez donc les vieillards tranquilles, qu'ils
meurent en paix.
Le maire m'a fait la réponse: N'ayez pas peur, monsieur, on va
vous avertir d'avance. Bien oui, avertir d'avance, quand ça fait 50 ans
ou 25 ans que vous êtes chez vous, que le bulldozer arrive, qu'est-ce que
vous allez faire, vous? Lui, il a des beaux trottoirs; moi, je n'ai pas des
beaux trottoirs. Cela, je suis capable de vous l'assurer. Venez avec moi ce
soir ou demain, je vais vous montrer les trottoirs et les rues qu'on a.
C'est épouvantable, ils nous prennent, le gang du sud, pas du
nord, du sud, comme des vrais fous. Même, il y a un propriétaire
qui m'a dit: Si j'avais su ça, je n'aurais jamais vendu ma maison. Je ne
peux pas nommer de nom, mais je vous le donnerai tout à l'heure et
même à M. Guay.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Dorion: Oui, n'ayez pas peur. On a manqué perdre notre
Dominion. N'ayez pas peur, on l'a eu et on sait par qui. Prenez la rue
Saint-Jean. Qu'est-ce que c'est la rue Saint-Jean aujourd'hui? Je ne dirai pas
le nom, je le garde pour moi, mais pensez-y comme il faut. On passe à
dix heures sur la rue Saint-Jean et c'est comme si c'était à
trois heures du matin.
Les trottoirs, prenez donc les trottoirs, on marche plutôt dans la
rue que sur les trottoirs. Le maire, on est capable de rien savoir. Les autres
ont essayé pareil, mais ils nous prennent pour un gang de fous. Que
voulez-vous?
Je le dis ce soir. C'est malheureux, mais c'est comme cela.
M. Bertrand: C'est la place pour le dire.
Une Voix: Cela fait longtemps que vous avez hâte de le
dire.
M. Dorion: Je suis fait comme cela. Une chance que je ne suis pas
un politicien, parce qu'il y en a quelques-uns qui en mangeraient.
M. Bertrand: Vous seriez bon, vous. Vous feriez un bon
député de Taschereau.
M. Dorion: Je vous le dis.
M. Guay: M. le Président, j'invoque une question de
privilège.
Le Président (M. Marcoux): Tenez-vous-en au sujet
abordé dans le mémoire.
M. Guay: Je vous ferai remarquer, M. le Président, que M.
Dorion habite dans le comté de Jean-Talon et qu'il ferait un très
bon député de Jean-Talon, c'est sûr.
M. Dorion: Je n'ai pas peur de le dire non plus.
M. Guay: C'est dommage que le député de Jean-Talon
ne soit pas ici pour entendre ses électeurs, parce qu'il aurait des
choses à apprendre. Enfin, qu'y peut-on?
A vous entendre parler du maire, il y a des journalistes qui en
tireraient une conclusion que cela prend un autre maire.
M. Mailloux: C'est d'ailleurs l'atmosphère... ce soir,
oui.
Une Voix: C'est l'atmosphère, ce soir?
M. Mailloux: C'est une lutte municipale et cela presse,
semble-t-il.
M. Guay: Vous pensez cela? M. Mailloux: Continuez.
M. Guay: D'abord, j'aimerais que vous nous expliquiez, M. Dorion,
pour le bénéfice de la commission, quels sont actuellement
vous avez parlé des rapports avec le maire, en ce sens que le maire
n'est pas venu à l'assemblée en question les rapports, la
façon dont... En d'autres mots, la ville est propriétaire des
maisons.
M. Dorion: A part deux.
M. Guay: A part deux. Cela fonctionne comment? Comment se
comporte le propriétaire face à ses locataires?
M. Dorion: Je vais vous dire une chose.
Voulez-vous que je commence par le commencement?
M. Guay: C'est un bon endroit généralement.
M. Dorion: On va commencer par le commencement. Quand la ville a
acheté les maisons, elle nous a envoyé un avis qu'on appartenait
à la ville. Nos baux ont été corrects. Cela allait bien,
les loyers n'ont pas été augmentés.
Mais l'année passée, ces gens sont arrivés et nous
ont envoyé un avis qu'ils nous enlevaient tous nos baux, tout le
côté sud. Là, cela ne marchait plus. Nous sommes
allés à la Régie des loyers. A la Régie des loyers,
il y avait le juge, il y avait des "stools", comme toujours; ensuite, il y
avait des représentants de l'hôtel de ville. Au lieu de nous faire
des baux de douze mois, ils nous ont fait des baux de dix mois. Mais on
était pris, donc on a accepté à dix mois.
On a gagné notre cause. Ensuite de cela, on a demandé pour
les rues. Ils ont passé juste une couche bien mince, pour montrer que
cela était beau. On demande quelque chose à la ville et c'est
non.
Encore dernièrement, j'ai dit à un gars: Vas-tu me donner
un gallon de peinture pour peinturer ma porte? Il me dit: La ville n'a plus
d'argent. La ville n'a plus d'argent et elle est capable d'aller en
prêter à l'Anglo. Je ne comprends pas cela. Comment se fait-il
qu'une ville n'a plus d'argent et qu'elle va en prêter à l'Anglo
pour la vapeur? Deux et deux, cela ne fait pas cinq avec moi, deux et deux font
quatre. Je vous dis ce qu'il en est.
M. Guay: Est-ce que toutes les maisons dont la ville est
propriétaire, si vous le permettez, M. le Président, sont
occupées à l'heure actuelle?
M. Dorion: II y en avait qui étaient occupées. On a
barricadé cela. Nous avons marché et on mettait des annonces dans
les portes: Logement à louer, tant d'appartements, adressez-vous
à l'hôtel de ville. Maintenant, tout est loué, c'est
drôle. C'est nous qui avons fait cela. Eux, ils ne voulaient pas avant.
Pourquoi?
M. Guay: Est-ce que...
M. Dorion: Oui, ils ont loué à part une.
Celle-là, elle va peut-être être louée prochainement.
Mais les autres ont toutes été louées.
M. Guay: Est-ce qu'ils ont loué pour dix mois ou douze
mois?
M. Dorion: Je ne le sais pas, je ne l'ai pas demandé et
vous n'êtes pas capable de rien savoir de l'hôtel de ville, M.
Chose, je vous l'ai dit tout à l'heure.
Mme Bilodeau: Je pense que c'est au mois qu'ils ont
loué...
M. Guay: Au mois.
Mme Bilodeau: Comme tout le reste. Plusieurs locataires sont au
mois.
M. Dorion: Bien pire que cela, je vais vous le dire, M. Guay. Il
y a une personne qui est allée à l'hôtel de ville il y a
à peu près deux mois pour louer. Ces gens ont dit: Oui, à
une condition, que tu loues la maison. S'il y a un locataire ou deux, tu
t'organiseras avec cela. Nous, on loue la maison. Tu t'occuperas du chauffage
et de l'électricité. Paie-nous et occupe-toi de la balance. C'est
comme cela que ça marche.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie le Mouvement
Saint-Gabriel, je vous remercie, M. Dorion, de votre participation aux travaux
de cette commission.
J'inviterais maintenant Keops Construction, représenté par
M. Carol Moisan, à venir présenter son mémoire. Le
député de Duplessis.
Keops Construction
M. Perron: M. le Président, en ce qui regarde Keops
Construction Inc., je ne l'ai pas en main. Je pense qu'il y a une couple de mes
collègues qui ne l'ont pas non plus. Est-ce que je pourrais en avoir une
copie?
Le Président (M. Marcoux): Nous allons prendre des
dispositions pour que... C'est le document 21 M. M. Moisan. Le
député de Laprairie.
M. Michaud: En attendant le prochain groupe, j'aimerais faire une
proposition à la commission. Si c'était possible d'organiser un
genre de visite de la colline parlementaire, c'est-à-dire visiter
certains édifices dont on a parlé, comme le couvent des soeurs,
pour voir dans quel état physique il est ou d'autres bâtisses, ce
serait peut-être enrichissant pour les membres de la commission.
Le Président (M. Marcoux): C'est une suggestion ou une
motion? C'est une suggestion?
M. Michaud: Une suggestion qui pourrait devenir une motion.
Le Président (M. Marcoux): Comme suggestion, je pense bien
que le ministre en prendra bonne note.
M. Lessard: M. le Président, j'en prends bonne note. Je
pense qu'il n'y a aucun problème, il s'agit de trouver le temps
nécessaire. Toute personne d'ailleurs qui a voulu visiter le couvent des
soeurs du Bon-Pasteur a communiqué avec le ministère des Travaux
publics et obtient la permission, mais pour autant qu'elle est
accompagnée. Si le groupe en manifeste le désir, il n'y a aucun
problème, il s'agirait d'organiser une tournée ou une visite et
de déterminer les éd if ices dont on parle.
M. Michaud: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): M. Moisan. Veuil- lez nous
présenter votre collègue. Vous avez tout au plus douze à
quinze minutes pour présenter le mémoire, pour permettre la
période des questions. Je devrai être vraiment strict sur le
temps, parce que notre temps est compté aujourd'hui. Vous avez la
parole.
M. Moisan (Carol): M. le Président, je vous
présente mon compagnon, c'est Paul Larochelle, étudiant à
l'Université Laval. Je voudrais tout de suite faire une rectification.
Je présente le mémoire en mon nom personnel, bien que je
travaille pour la compagnie Keops Construction. Je suis un résident d'un
quartier voisin, mon compagnon également est un résident d'un
quartier voisin.
Nous avons eu des rencontres avec des citoyens de toute la ville et je
pense que le mémoire reflète un peu, si ce ne sont pas leurs
idées une par une, du moins la philosophie de leur pensée sur le
développement de la colline.
D'autre part, je voudrais vous dire que je suis également
administrateur du Grand Théâtre; j'ai été, de 1967
à 1971, membre de la Commission d'urbanisme de la ville de Québec
et je suis directeur général de la compagnie Keops Construction
qui construit présentement l'édifice la Lauren-tienne. Afin qu'il
n'y ait pas de...
Le Président (M. Marcoux): II n'y a personne qui a
proposé de détruire le Grand Théâtre jusqu'à
maintenant.
M. Moisan: Pardon?
Le Président (M. Marcoux): II n'y a personne qui a
proposé de détruire le Grand Théâtre jusqu'à
maintenant.
M. Moisan: Non, mais je ne voulais pas qu'il n'y ait aucune de
mes erreurs de jeunesse qui reste cachée. C'est pour cela que je les
nomme toutes.
M. Lessard: Tant qu'on ne parlera pas des erreurs de
vieillesse.
M. Moisan: Cela reste à venir. Je vais peut-être
sauter la deuxième partie, le bilan de la situation existante, parce
qu'il y a plusieurs personnes qui en ont parlé. J'aimerais vous parler
de mon préambule et des autres parties, peut-être les lire. Elles
sont assez brèves, je crois. Je pense que cela ne prendra pas trop le
temps de la commission.
Les objectifs du gouvernement, en créant cette commission
parlementaire et en étudiant l'implantation des édifices
gouvernementaux et des services qui sont rendus, sont multiples, sans doute,
mais nous en voyons trois qui nous semblent plus évidents:
A) Assurer le meilleur rendement possible de l'appareil gouvernemental
par la facilité de liaison entre les différents services;
B) Procéder de façon judicieuse dans l'implantation des
édifices et des équipements gouvernementaux, afin de ne pas
détruire ou mettre en danger le fonctionnement de la ville existante
et des organismes qui assurent la vie communautaire;
C) Utiliser le levier économique que constitue l'implantation des
groupes de fonctionnaires dans les différents milieux économiques
comme outil de développement dans les secteurs choisis.
Nous allons nous restreindre à étudier le deuxième
de ces aspects, celui qui consiste à étudier les effets
d'implantation telle que conçue dans les années passées de
la cité parlementaire avec les prévisions sur les effets à
venir.
Dans le bilan de la situation existante, nous décrivons
évidemment le tableau, tel qu'il vous a été décrit
très bien, je pense, par la Commission des monuments historiques. Il
n'est pas nécessaire d'insister. Je pense qu'elle l'a fait beaucoup
mieux que je pourrais le faire.
Cependant, je voudrais citer un extrait du rapport Castonguay sur
l'urbanisation qui concerne, je pense, un verdict sur le travail qui a
été fait par les administrations précédentes sur la
ville de Québec. C'est à la page 51: Transformation du
centre-ville de Québec, deuxième paragraphe. "La décision
du gouvernement provincial de localiser la cité parlementaire dans le
centre-ville déclenche, par ailleurs, un processus similaire à
celui déjà observé à Montréal c'est
à la page 3 du mémoire destruction d'un nombre
considérable d'habitations modestes et construction des grandes
artères. Cette partie de la ville devient alors particulièrement
intéressante et les complexes d'hôtellerie, d'un centre de
congrès et le Grand Théâtre viennent rapidement s'y
installer. Des tours d'habitations destinées à loger une
population à revenu supérieur surgissent à
proximité, et des voies rapides conçues pour assurer
l'accessibilité du centre-ville aux personnes qui y travaillent et qui
habitent en banlieue, surtout des fonctionnaires, viennent compléter la
boucle. "Ces transformations véhiculent les mêmes avantages et
inconvénients que nous avons signalés dans le cas de
Montréal: déplacement d'une population moins favorisée,
équilibre de quartiers modestes rompu, la construction d'autoroutes et
ainsi de suite. Mais ce que le renouveau urbain de la ville de Québec
illustre de façon particulière, si on le compare à celui
de Montréal, c'est que les pouvoirs publics se sont comportés
sensiblement de la même façon que les agents du secteur
privé, les aspects négatifs de ce renouveau urbain, en somme,
manifestent le peu de sensibilité d'une époque à certaines
valeurs..."
A la lumière de ce texte, qui constitue un jugement beaucoup plus
lapidaire que des milliers de mots ne pourraient le faire sur l'administration
et le développement de la colline parlementaire, nous croyons qu'il faut
maintenant s'interroger sur les valeurs qu'il faudrait protéger et
promouvoir au moment de faire de nouveaux choix dans l'implantation des
édifices gouvernementaux, et dans le développement de la colline
parlementaire. Et nous croyons juste à ce titre de signaler qu'il n'y a
pas d'opposition fondamentale entre l'efficacité des services
gouvernementaux et le maintien des qualités de vie dans les quartiers
servant à abriter des édifices gouvernementaux.
Nous désirons insérer ici une nouvelle citation du
même rapport à la page 50: "Ce qu'il faut en tout cas
éviter, c'est de donner au centre-ville une vocation unique aux
dépens de toutes les autres. Il faut faire en sorte d'y conserver ce qui
est lié à l'histoire et ce qui fait partie du patrimoine commun,
tant sur le plan de l'architecture que de l'héritage culturel en
général. Par conséquent, il ne faudrait pas tarder
à prendre les moyens requis pour assurer la préservation de ce
qui en demeure."
Les principes directeurs. Il nous semble que les gouvernements
antérieurs ont importé bien naïvement des formules de
développement qui avaient été utilisées ailleurs.
Les succès mitigés qui ont été constatés
dans d'autres villes, aussi bien que les constatations que nous avons pu faire
pour la ville de Québec, nous amènent à soumettre
respectueusement à la commission que le gouvernement devrait, dans les
décisions qu'il doit prendre pour l'avenir, respecter de nouvelles
valeurs, non seulement pour le bien-être de la population de la ville
même, mais pour le meilleur fonctionnement de l'appareil
gouvernemental.
Premièrement, il doit éviter la destruction graduelle des
quartiers limitrophes à la zone de la colline parlementaire, et pour ce
faire, il faut restreindre la pression qui est exercée sur les quartiers
limitrophes par l'addition d'autres bâtiments administratifs,
jusqu'à ce que la situation se soit normalisée, et que l'on
puisse évaluer les effets de la structure actuelle sur les quartiers
voisins.
Deuxièmement, il doit prendre des mesures pour ramener sur la
colline parlementaire même une population permanente qui permettra de
redonner à ce quartier de la ville son caractère humain avec
toutes les fonctions qui en découlent: écoles, petits commerces,
etc.
Troisièmement, il doit veiller à conserver les organismes
et les investissements communautaires qui ont pu survivre aux effets
désastreux du dépeuplement du centre-ville.
Quatrièmement, cette solution permettra de maintenir
l'activité humaine après les heures de bureau et tout au cours de
la journée, elle créera ainsi un milieu favorable au travail des
personnes qui ont leurs bureaux sur la colline parlementaire.
Cinquièmement, nous croyons qu'il faut maintenant relâcher
un peu la pression sur les moyens de transport, autonomes ou communautaires,
qui doivent amener la population travailleuse à la colline
parlementaire.
Sixièmement, il faut, je crois, adopter des mesures qui visent
à favoriser davantage les citoyens qui résident sur la colline,
plutôt que les organismes qui ont choisi de la transformer par
l'imposition de développement de type nord-américain.
Nous désirons signaler a ce sujet que la ville de Paris, au
début du siècle, a refusé après un très long
débat d'accepter un type de développement sectoriel qui localise
les édifices administratifs dans un coin particulier de la capitale,
considéré de type anglo-saxon, et a choisi d'étaler,
à la grandeur de la capitale, les édifices administratifs.
Nous croyons que ce type de décision est tout à fait
transférable et tout aussi rentable pour la
capitale du Québec qu'il l'a été pour la capitale
de la France.
Recommandations: En vue des objectifs qui ont été
établis précédemment, nous croyons justifié de
faire les recommandations qui suivent: 1-Comme il l'a déjà
été fait pour la partie de la ville située à
l'intérieur des murs, nous proposons d'arrêter toute construction
d'édifices à bureaux dans le secteur allant jusqu'à
Salaberry pour une période de cinq ans. 2- II faudra permettre la
construction résidentielle de façon prioritaire sur les terrains
de la colline parlementaire, transformer les édifices existants qui sont
propres à cet usage, et viser à faciliter l'accès au
logement à la clientèle du quartier. 3- Prendre des mesures pour
favoriser le transport en commun à court terme et à long terme. A
court terme, ces mesures pourraient prendre la forme d'une hausse du coût
du stationnement, de nouveaux réseaux de transport par autobus et
d'autres qui seraient à établir.
A long terme, il faudra considérer un transfert d'investissements
du secteur routier au secteur du transport en commun. Il faudrait viser des
moyens de transport pouvant accomoder des larges quantités d'usagers, du
type utilisé dans la capitale de l'Ontario, les GoTrains. 4- La question
du palais de justice actuel présente un problème plus difficile
à résoudre. Il semble, d'une part, que le bâtiment actuel
ne réponde pas aux besoins de la justice et aux moyens modernes qu'elle
désire utiliser. Il semble bien que les possibilités futures
soient également fort restreintes. La circulation dans le quartier
présente un obstacle majeur à l'accès à la justice
pour les justiciables de la région.
Il faudra, sans doute, se résoudre à déplacer la
justice vers l'ouest en restant dans le quartier, afin de ne pas
déplacer les bureaux d'avocats qui se trouvent dans le secteur et qui
apportent aux commerces un achalandage considérable. Nous proposons un
déplacement du centre de gravité vers l'ouest. Le terrain de la
Sûreté du Québec présente, me dit-on, des avantages
considérables et serait à ce titre acceptable.
Je veux signaler, à ce sujet, que je sais que la Commission
d'aménagement de la Communauté urbaine considère aussi
l'emplacement de la Gare du Palais, qui semble, à mon avis, avoir aussi
des avantages et des inconvénients. Parmi les inconvénients, il y
a sûrement celui de la circulation, c'est-à-dire qu'il faudra
amener toute la clientèle du palais de justice à travers toute la
ville, dans tous les secteurs. Tandis qu'en se déménageant vers
l'ouest, on s'amène quand même vers les voies de
dégagement, le boulevard Charest et les côtes qui y conduisent.
Parce que, pour aller au palais de justice, il faut passer par le quartier
Saint-Roch. Il faut passer par Limoilou, pour aller au palais de justice, s'il
est situé à la place de la Gare du Palais.
Le palais de justice actuel pourrait servir de musée. Il semble
que nous en ayons un pressant besoin. Il serait, d'ailleurs, bien situé,
dans le Vieux-Québec, et pourrait probablement empêcher les
statues de se fissurer.
Si nous faisons cette proposition, apparemment opposée aux
recommandations précédentes, c'est que la justice est
déjà établie dans le secteur et fait partie du
centre-ville.
En plaçant le palais de justice à la place de la
Sûreté, on n'augmente pas la circulation actuelle dans le
centre-ville et on dégage également la pression sur la fonction
résidentielle dans le Vieux-Québec. Je pense qu'il est important.
C'est une valeur qu'il faut considérer. En tout cas, ce sont certains
des éléments qui nous ont poussés à faire cette
recommandation.
En ce faisant, nous n'entraînons pas plus de circulation dans le
secteur, elle y est déjà. Et de plus, il semble que la justice
soit un apanage important du centre-ville et qu'il serait mauvais de le
transporter dans une partie excentrique. 5- Quant à l'organisme
chargé d'administrer les décisions prises par le gouvernement
pour le développement de la colline, je crois que la ville de
Québec est l'autorité légale et compétente en cette
matière, et, en accord avec le rapport Cas-tonguay sur l'urbanisation,
nous croyons qu'il n'y a pas lieu de lui en substituer une autre. Nous
désirons signaler, en effet, à ce sujet que le
développement de la colline, tel qu'il a été fait, n'a pas
été pensé, décidé et dirigé par la
ville de Québec, mais bien, jusqu'à maintenant, par les
administrations provinciales qui vous ont précédés. La
ville en ce domaine a toujours été le fidèle serviteur des
directives du gouvernement.
On pourrait penser, cependant, à modifier les pouvoirs de la
Commission d'urbanisme de la ville de Québec et de sa composition. Il
faudrait, je crois, redonner à la population le pouvoir d'approuver ou
de désapprouver les changements apportés aux règlements de
zonage. Cette simple mesure permettrait d'empêcher la modification
arbitraire des aires de zonage sur la colline sans autre corps
régulatoire.
Je crois qu'il faut faire confiance à la population, si les
projets apportés par les gouvernements ne sont pas dans
l'intérêt de la population, elle saura bien prendre les moyens
pour les faire avorter.
Conclusion: Nous avons, évidemment, considéré les
avantages et désavantages du développement en ce qui concerne la
ville qui les reçoit. Nous croyons que le gouvernement du Québec,
comme bien d'autres gouvernements, pourrait très bien s'accommoder d'une
dispersion des services administratifs.
Les moyens de communication modernes permettent de tenir ces services en
constante relation sans qu'ils soient nécessairement situés dans
des édifices voisins.
Nous espérons que ces remarques vous permettront d'orienter vos
décisions dans le meilleur intérêt de la ville
elle-même, du gouvernement et du Québec.
Le Président (M. Marcoux): Le ministre des Transports, des
Travaux publics et de l'Approvisionnement.
M. Lessard: M. le Président, je pense que M.
Moisan a très bien identifié les objectifs que nous
poursuivions lorsque nous avons décidé de créer cette
commission parlementaire. En même temps, nous constatons qu'il y a un
certain consensus qui se dégage de plus en plus concernant
l'aménagement de la colline parlementaire, à savoir que la
situation actuelle a créé un déséquilibre entre les
édifices à bureaux et les habitations résidentielles, mais
cela rejoint aussi une préoccupation que nous avons ici à cette
commission parlementaire, à savoir où situer Place de la
Justice.
On a les mêmes préoccupations, à savoir si on doit
déplacer la justice, qui a été traditionnellement dans le
Vieux-Québec, à l'extérieur de la colline parlementaire.
Par ailleurs, vous nous proposez l'utilisation de l'édifice actuel de la
Sûreté du Québec. Cela nous pose des points
d'interrogation, mais je vais vous poser une question. Etant donné qu'il
y a déjà eu certaines décisions qui ont détruit ou
qui ont brisé le paysage de la ville de Québec par la
construction du Hilton et de l'Auberge des Gouverneurs et que M. Wiseman nous
annonçait hier qu'il avait l'intention de continuer la construction d'un
édifice de 35 étages, est-ce que le site de cet édifice de
35 étages ne pourrait pas être utilisé pour construire
Place de la Justice étant donné que, de toute façon, le
gaspillage est fait?
M. Moisan: Je pense que ce n'est pas une mauvaise suggestion. Je
n'y avais pas pensé. Cela me prend un peu par surprise. Il me semble
qu'il y a peut-être des contre-indications, parce que les informations
que j'ai, c'est qu'au ministère de la Justice, on veut avoir un
édifice vraiment fonctionnel particulièrement en ce qui concerne
l'administration de la justice criminelle, par exemple pour l'accès des
prisonniers.
Je pense que si vous placez cela dans une tour qui est située
dans un tel complexe, vous ne serez pas capables, par exemple, d'amener les
prisonniers en voiture directement dans le palais de justice. A part cela, il y
a les fonctions de la justice, par exemple, la garde des documents, et ces
choses qui doivent être accessibles au public à certaines
conditions, à certaines heures, ce qui serait difficilement conciliable
avec une tour à bureaux située à Place Québec.
M. Lessard: Mais j'entends qu'il faudrait modifier
substantiellement les plans actuels. Il faudrait modifier
considérablement les plans, parce qu'en nous proposant d'utiliser
l'édifice qui est actuellement occupé par la Sûreté
du Québec, vous nous dirigez encore vers la construction d'un
édifice en hauteur et on contribue au déséquilibre alors
que, de toute façon, à l'endroit disons que c'est
seulement une idée qu'on lance comme cela où Trizec devait
construire, d'ailleurs, c'est déjà gaspillé et
peut-être qu'une troisième tour, puisque le plan prévoyait
une troisième tour, peut-être qu'une troisième tour
permettrait d'améliorer le paysage, alors que votre proposition nous
amènerait à nous diriger encore vers la construction d'un
édifice en hauteur et de contribuer encore au déséquilibre
existant, parce que Place de la Justice, telle que demandée, c'est 700
000 pieds carrés, donc c'est à peu près ce qu'on a
à l'édifice G.
M. Moisan: A l'édifice La Laurentienne, il y a 400 000
pieds carrés sur huit étages et l'emplacement est moins grand que
celui de la Sûreté du Québec.
M. Lessard: Huit étages?
M. Moisan: Huit.
M. Lessard: Cela en prendrait donc seize.
M. Moisan: Oui, mais le gabarit pourrait être plus
considérable. L'espace de terrain est beaucoup plus considérable
à la Sûreté du Québec.
A l'oeil, cela doit être au moins 400 sur 400. Alors, cela fait
160 000 pieds carrés par étage, à peu près. Alors,
pour moi, avec un gabarit qui ressemble à celui du Grand
Théâtre... Pour ces choses-là, je pense à la
justice, ce n'est pas nécessaire de décider immédiatement.
C'est une planification qui peut se faire sur quelques années, je pense.
A la justice, c'est vrai que, présentement, c'est une situation qui
n'est pas acceptable, si vous voulez, mais elle peut encore être
tolérée quelques années. Dans notre rapport, nous disons
qu'il ne faut pas brusquer les choses; c'est cela qui est important. La
planification doit se faire sur une plus longue échelle. La vie des
villes, vous savez, est longue. Un an, deux ans, dans la vie d'une ville, ce
n'est pas important. Le parlement est ici depuis 100 ans. Si on prend deux ans
de plus pour déplacer le palais de justice et pour prendre la
décision, ce n'est pas important.
Je pense qu'il faut viser à ces choses-là. On peut penser
à cela, on peut planifier dans ce sens-là, quitte à
prendre note peut-être du développement résidentiel qui se
ferait sur la colline. Si vous prenez une décision dans le sens de
privilégier le développement résidentiel et si vous
commencez dans les espaces qui sont déjà libérés et
qui doivent, par exemple, dans le quartier Saint-Gabriel, être
rénovés, et à l'arrière du couvent du Bon-Pasteur,
vous allez déjà amorcer une situation, un retour à la
fonction résidentielle. Si on voit que cela réussit, que cela va
bien, peut-être qu'à ce moment-là, le palais de justice, on
pourra l'amener plus loin, peut-être qu'il pourra aller au boulevard
Charest, au coin de Marie-de-l'Incarnation, parce que je pense que cela, c'est
vraiment le centre-ville. On peut considérer qu'à ce
moment-là, il y a d'autres choses qui peuvent être
considérées. Je pense que ce qu'on ferait dans ce sens, c'est
qu'on s'éloignerait trop du centre-ville; on déménage les
bureaux d'avocats et là, on va créer un creux, un vide dans le
Vieux-Québec. Je pense qu'il faut enlever la pression sur le
Vieux-Québec, mais pas s'en aller trop loin. Il faut rester à
proximité pour que les bureaux qui sont là puissent encore
être desservis, mais pas amener de nouveaux bureaux d'avocats dans le
Vieux-Québec, afin que les maisons restent à la fonction
résidentielle. C'est pour cela que je pensais à cet
emplacement-
là. Pour ce qui est de Place Québec, je réserverais
mon opinion pour le moment.
M. Lessard: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ce n'était pas mon
intention d'apporter des commentaires, parce que cela fait quand même
plusieurs mémoires qui se rejoignent passablement. Il y a certaines
observations qui sont faites par M. Moisan qu'on peut rejoindre et, je pense,
accepter. Par contre, il y en a d'autres sur lesquelles nous sommes en
complète contradiction. On vient justement de signaler une contradiction
parmi ceux qui se sont présentés à la barre des
témoins. M. Moisan nous dit, si c'est souhaitable, pour les fins de la
justice, qu'on tente d'organiser les constructions qui sont nécessaires
dans un délai raisonnable. Quand on a entendu ceux qui sont
préoccupés et je pense que tout le monde est
préoccupé par l'administration de la justice on a
présenté à la commission des délais qui sont
beaucoup plus courts que ceux-là. Ce sera une des contradictions sur
lesquelles devra se pencher avec attention le gouvernement. Je conviens qu'il y
a peut-être plusieurs terrains sur lesquels le gouvernement aura à
se pencher, mais je ne sache pas, pour l'expérience, qu'après
l'étude du dossier des problèmes de la justice, cela puisse
attendre aussi loin que ce que vient de mentionner M. Moisan.
Je vous félicite quand même d'avoir présenté
votre opinion devant les membres de la commission. Je crois beaucoup à
la liberté d'expression, même si je ne vous rejoins pas sur
l'ensemble de la présentation de votre mémoire. Je pense que
c'est votre droit quand même, et très strict, d'éclairer la
commission. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, considérant mon
arrivée tardive, je n'émettrai pas de commentaire pertinent au
rapport de M. Moisan, bien que je le félicite de s'être
présenté à cette commission.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, merci. Mis à part le
fait que vous dites, à un moment donné, dans votre document, que
la ville de Québec était plutôt contrôlée par
les administrations provinciales qui nous ont précédés, je
constate deux choses. La première, c'est que je pense qu'au niveau de
cette commission, c'est la première fois qu'on fait mention de faire du
palais de justice un musée, au niveau de la commission elle-même,
je crois.
La deuxième chose que je remarque aussi je crois qu'il
serait important que la commission se penche là-dessus pour transmettre
ça au ministre des Affaires municipales c'est le fait d'apporter
des amendements à la charte de la ville de Québec pour faire en
sorte que le référendum soit obligatoire si justement la
population le veut, en d'autres mots pour que la population puisse s'impliquer
directement, dans le cas de l'aménagement de la colline parlementaire.
Ce sont les commentaires que je voulais faire et je vous félicite
d'avoir présenté votre document.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, le mémoire
m'apparaît presque être, jusqu'à la page 9 en tout cas, une
conclusion, au fond, des travaux de la commission puisqu'il rassemble un peu
les témoignages que nous avons entendus et dégage les lignes de
force. Il n'a certainement pas été conçu pour ça,
mais c'est symbolique à la fin des audiences, ou presque à la fin
des audiences, qu'on en arrive là.
La question du palais de justice, jusque là, je vous suis, mais
rendu au palais de justice, moins. Vous dites qu'il ne faudrait pas que la
fonction judiciaire quitte complètement le Vieux Québec. Mais si
vous le mettez au coin de la rue Turnbull et du boulevard Saint-Cyrille, si on
se fie à la maquette, compte tenu que le Vieux Québec, c'est
à peu près où vous êtes, ça fait quand
même une singulière distance. Il me semble que le déplacer
de cette distance aurait pour effet de créer une pression aux alentours
d'un palais de justice éventuel pour qu'on construise
précisément des édifices à bureaux pour y loger des
avocats.
Je me demande s'il n'est pas préférable dans les
circonstances et compte tenu de l'espace vacant qui y existe, de le loger...
S'il fallait choisir entre les deux sites, je ne vous dis pas que c'est un
choix que je fais, parce qu'à mon avis, la question est loin
d'être tranchée... Mais les arguments que vous apportiez
tantôt, sinon contre, pour exprimer des réserves à
l'endroit du site de la Gare du Palais, j'avoue que ces arguments me semblent
exister là aussi. Les moyens de communication ne sont pas meilleurs
là qu'ils ne le sont dans le coin de la Gare du Palais, compte tenu
qu'on est pris avec l'autoroute Dufferin et qu'il faut qu'elle serve à
quelque chose, aussi bien qu'elle serve à amener des gens là.
C'est pour ça que je ne comprends pas très bien; qu'on le
déplace, je veux bien, mais pourquoi le déplacer si à
l'ouest? Pourquoi est-ce qu'on ne le déplacerait pas plus à
proximité, le long du bassin Louise peut-être, près de la
Gare du Palais ou tout simplement encore que j'aie des réserves
là aussi dans le bout du Hilton? Ce que le ministre
évoquait sur les tours, que ce soit une, deux, trois ou quatre tours de
plus, n'importe quelle tour de plus, quant à moi, va déparer
davantage le paysage urbain de Québec.
C'est plutôt une observation qu'une question que je voulais faire,
à moins que vous ayez des commentaires à faire à ce
sujet.
M. Moisan: Je sais que j'ai discuté avec des gens de la
commission d'aménagement de l'emplacement de la Gare du Palais.
Peut-être que ce sont des souvenirs de difficultés de
circulation,
parce que cela a été vraiment le coeur des embouteillages
de la ville de Québec. En dégageant vers le nord, en partant de
ça pour aller immédiatement au quartier Limoilou, vous avez
seulement le pont Samson, c'est une voie qui est surchargée. Si on place
le palais de justice à cet endroit, à 5 heures vous allez avoir
des gens qui vont essayer de partir par là, partir par le boulevard
Charest; évidemment, par le boulevard Champlain aussi.
Québec est fait un peu comme ça en pointe avec le cap ici,
on est dans la pointe, dans la pire place, tout le monde se dirige là.
Qu'on l'éloigne comme ça si possible, mais si on le
déplace comme ça, il reste dans le bout de l'entonnoir. Il y
avait un problème de circulation. A présent, ça demande
à être étudié.
Vous savez, je ne voudrais vous laisser croire qu'on a
étudié tous les problèmes, ce sont des réflexions
personnelles et s'il n'y a pas de problème de circulation, je pourrais
me rallier à cette recommandation, si c'était possible. Je ne
suis pas absolument contre l'emplacement de la Gare du Palais.
M. Guay: Une dernière question, soit à vous ou
à M. Larochelle, sur la question du référendum, pas du
référendum, je m'excuse, des référendums ou d'un
il ne faut surtout pas partir de débat avant le temps des
référendums. Sur les questions de zonage, dans votre esprit,
parce qu'on a eu plusieurs recommandations sur des conseils de quartier qui
auraient un pouvoir ou des pouvoirs, d'après vous, qui aurait ce pouvoir
d'initier les référendums? Est-ce que ce sont les citoyens dans
le quartier même qui est visé ou les citoyens à la grandeur
de la ville ou un conseil de quartier ou les deux? Quels pourraient être
en l'occurrence les pouvoirs d'un hypothétique conseil de quartier,
à supposer que ça rejoigne vos options?
M. Larochelle: Je crois que la question du
référendum a été apportée par un grand
nombre de groupes, cela a l'air d'intéresser tout le monde. Je pense que
Québec commence à être mûr pour qu'on parle du
référendum. Quant à qui doit mettre en branle le
référendum, je pense que le maire Lamontagne est venu le dire, je
ne sais pas s'il l'a dit, il s'oppose au référendum parce que,
dans son esprit, pour avoir un référendum, il faut faire voter
toute la ville pour une modification dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Dans
Les Saules, Vanier, Charlesbourg, tout le monde va voter.
Mais, dans notre esprit, un processus de référendum doit
toucher les gens qui sont visés par la modification au zonage,
être mis de l'avant par eux et rien d'autre. Donc, il ne s'agit pas d'un
processus qui s'étend à toute la grandeur de la ville.
Dans le cas de la colline parlementaire, les gens des quartiers
touchés pourraient être amenés à voter sur les
modifications. Mais, de là à étendre les processus de
référendum pour un quartier très précis à la
grandeur de la ville, à notre idée, ce serait très inutile
et ce serait un processus extrêmement lourd et pénible pour ceux
qui auront à l'administrer.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier, très brièvement.
M. Bertrand: M. le Président, je ne reviendrai pas sur le
palais de justice, on a l'impression qu'il faudrait presque organiser un
concours populaire à ce stade-ci pour trouver sa localisation
éventuelle.
Vous êtes administrateur au Grand-Théâtre, vous avez
travaillé sur le projet de la Laurentienne au cours des derniers mois.
Vous avez donc vécu dans le coeur même de la colline parlementaire
et vous proposez qu'on mette l'accent prioritairement sur l'habitation, sur le
côté résidentiel, au cours des prochaines années,
autour du Grand Théâtre et autour de la Laurentienne.
Quels sont les choix que vous feriez quant au stationnement qui est face
au Grand Théâtre, deuxièmement, quant au couvent des soeurs
du Bon-Pasteur et, troisièmement, quant au couvent des soeurs
Franciscaines?
M. Moisan: Le but de mon travail était de dégager
un peu les grandes lignes. Je pense que le couvent du Bon-Pasteur peut
être transformé dans une large mesure, que la plupart des parties
du couvent peuvent être transformées pour faire de l'habitation.
Cela a été réussi, par exemple, au pavillon
Jacques-Cartier, à Sainte-Foy, et c'est une très belle
réussite.
Le stationnement du Grand Théâtre, je ne suis pas d'accord
avec cela, pas du tout, parce qu'il y a déjà plusieurs
stationnements dans les environs qui peuvent être utilisés. Je
sais qu'il a été question plus tôt, dans le mémoire
qui a été présenté par la Garderie
Saint-Jean-Baptiste, d'avoir des voies d'accès entre le nord et le sud.
Si ces voies d'accès se répandent un peu, elles pourraient
accrocher le stationnement de la Laurentienne et desservir le Grand
Théâtre. Il y a déjà eu un projet qui a
été fait dans ce sens-là et qui a été
présenté par le député de Jean-Talon, qui n'est pas
nécessairement mauvais. Il y a là des choses qui peuvent
être considérées.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie. Vous auriez
un commentaire à ajouter? D'accord.
M. Larochelle: Comme les autres ont tiré certaines lignes
ou certains points vers la fin de cette commission, j'en aurais un à
apporter. Si la population de Québec avait été
impliquée dans le débat sur le développement de la colline
parlementaire comme elle l'est actuellement, on n'aurait pas les tours qu'on a
dans le moment. Et si la population de Québec est impliquée dans
un processus légal dans le futur développement, dans les choix
que vous allez faire, je ne crois pas qu'on s'amène vers d'autres
erreurs. A ce moment-là, ce seront les choix de la population, et si la
population est impliquée, à ce moment-là, j'espère
qu'elle respectera ses propres choix.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie d'avoir
participé aux travaux de cette commission.
J'inviterais maintenant la Commission des écoles catholiques de
Québec, représentée par M. Dennis Dawson, à venir
présenter son mémoire.
Selon nos habitudes, je vous demanderais de présenter vos
collègues qui vous accompagnent. Comme votre mémoire est assez
bref, je crois que vous avez le temps de le lire au complet, à moins que
vous jugiez préférable de le résumer.
Commission des écoles catholiques de
Québec
M. Dawson (Dennis): Notre groupe comprend M. Charles-Henri
Fortin, directeur du service élémentaire de la CECQ, M. Fernand
Paradis, directeur général de la CECQ, Mme Louise Charest,
présidente du comité exécutif, et M. Charles Bro-chu, du
comité exécutif, ainsi que moi-même.
Dans le cadre de la consultation que vous poursuivez sur
l'aménagement de la colline parlementaire, vous avez invité la
population et les divers organismes intéressés à vous
faire part de leurs commentaires et réflexions.
Laissant à d'autres groupes le soin d'aborder le sujet sous des
angles tels l'aspect culturel, l'aspect sociologique ou l'aspect
économique, la Commission des écoles catholiques de Québec
désire intervenir dans une double perspective
D'abord pour mettre en évidence les implications sur le plan
scolaire, des transformations qui ont été opérées
jusqu'à maintenant;
En deuxième lieu, pour émettre des recommandations afin
que les responsables de l'aménagement puissent atténuer, dans les
prochaines étapes, les effets fâcheux qu'ont dû subir les
populations concernées.
Bref historique. Directement ou indirectement, c'est-à-dire par
les démolitions, le développement des grands axes routiers et la
construction d'édifices à vocation administrative ou commerciale
qu'il a entraînés, l'aménagement de la colline
parlementaire a eu des effets négatifs sur l'organisation scolaire d'une
bonne partie du territoire de la CECQ.
Ce secteur comprend:
Les paroisses Saint-Coeur-de-Marie, Notre-Dame-de-Québec,
Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Dominique à la haute
ville, ainsi que les paroisses Notre-Dame-de-la-Paix, Notre-Dame-des-Victoires
et Notre-Dame-de-la-Garde à la basse ville.
Il y a dix ans, en 1966/67, les cinq paroisses de la haute ville que
nous venons de mentionner comptaient 1519 élèves de la maternelle
à la sixième année, répartis dans cinq
établissements scolaires. Aujourd'hui, on ne compte plus que 609
élèves de la maternelle à la sixième année
sur ce territoire, ce qui représente une diminution de la
clientèle de 59,9%.
Trois des cinq écoles ont dû fermer leurs portes et il nous
a fallu effectuer des regroupements en chaîne. Permettez-nous de
souligner le cas des enfants de Notre-Dame-de-Québec qui ont subi deux
regroupements en l'espace de trois ans, une première fois à
l'école Saint-Vincent-de-Paul, en septembre 1970, et, une
deuxième fois, à Saint-Jean-Baptiste, en septembre 1973, suite
à la fermeture de Saint-Vincent-de-Paul.
Pendant ce temps, à la basse ville, les paroisses
Notre-Dame-de-la-Paix, Notre-Dame-des-Victoires et Notre-Dame-de-la-Garde
perdaient 81% de leurs effectifs, de la maternelle à la sixième
année, passant de 589 élèves, en 1966/67 à 108
élèves seulement pour l'année scolaire en cours.
Deux des trois écoles de ce secteur ont été
fermées et une bonne partie des élèves de
Notre-Dame-des-Victoires ont connu le sort des enfants de
Notre-Dame-de-Québec, subissant à deux ans d'intervalle des
regroupements successifs à Notre-Dame-de-la-Paix et à
Notre-Dame-de-la-Garde.
Ainsi Notre-Dame-de-la-Paix qui a été littéralement
vidée de sa communauté humaine par la construction de l'autoroute
Dufferin, à Notre-Dame-de-la-Garde, la pointe est de Québec, ne
compte plus qu'un seul établissement élémentaire,
l'école Notre-Dame-de-la-Garde qui est actuellement menacée de
disparition, faute de population scolaire suffisante.
Les effets de la chute de population se sont également fait
sentir au secondaire, particulièrement dans le secteur qui nous concerne
à la haute ville. Les deux écoles qui y dispensaient
l'enseignement secondaire, Notre-Dame-de-Québec et Saint-Jean-Baptiste,
ont été fermées tour à tour de sorte qu'il n'existe
plus aucune école secondaire publique sur ce territoire où l'on
compte par ailleurs deux institutions privées offrant l'enseignement
secondaire des niveaux I à V.
Autres conséquences. Malgré la baisse dramatique de la
clientèle dans le secteur touché par les transformations de la
colline parlementaire, il existe encore des zones résidentielles
importantes pour lesquelles la compression du réseau des écoles a
constitué et constitue encore une sérieuse diminution des
services en un temps où les coûts de l'éducation exigent un
effort de plus en plus grand des contribuables.
De plus, l'organisation du transport pour quelque 86 enfants occasionne
des dépenses additionnelles que l'Etat refuse d'autoriser aux fins de
subvention de l'équilibre budgétaire et que la CECQ doit assumer
à même le revenu des taxes prélevées dans le public.
Les dépenses à ce chapitre s'élèvent à plus
de $11 000, annuellement.
Les causes. Bien que l'aménagement de la colline parlementaire ne
soit pas l'unique cause de la désorganisation des services scolaires
à l'est de la haute ville et dans la zone limitrophe de la basse ville,
il en constitue sûrement l'un des facteurs déterminants. Nous
convenons que la dénatalité a joué, là comme
ailleurs, un rôle important dans la diminution des effectifs
scolaires.
Cependant l'exode de la population qui représente plus de 40% des
pertes de la clientèle, dans l'ensemble de la ville, a été
indéniablement plus marqué dans le secteur touché par
l'aménagement de la colline parlementaire où des
pâtés complets
d'habitation ont été rasés pour faire place au
complexe gouvernemental, à de larges boulevards et à tout un
ensemble d'édifices commerciaux.
En outre, l'incertitude concernant l'ampleur des projets
d'aménagement a eu des répercussions bien au-delà du
secteur immédiat de la colline parlementaire. La migration des familles
s'est étendue à l'ensemble de la haute ville qui a vu
disparaître quatre de ses huit écoles élémentaires
en 1970 et 1973. L'une des écoles restantes, Saints-Martyrs, ne compte
même pas suffisamment d'élèves pour avoir droit à
une direction libérée à plein temps.
Nous attirons l'attention de cette commission sur le fait que le
réseau des écoles publiques francophones à la haute ville
est actuellement en infériorité numérique par rapport au
réseau privé. Ce dernier, en effet, compte cinq institutions au
niveau secondaire et autant au niveau élémentaire, en comparaison
de deux écoles secondaires publiques et quatre de niveau
élémentaire.
Les recommandations. Face au tableau que nous venons de tracer, nous
croyons nécessaire d'émettre les recommandations suivantes: Nous
recommandons que l'aménagement de la colline parlementaire soit
planifié de façon à assurer, non seulement le maintien des
populations existantes, mais aussi l'afflux de nouvelles familles dans ce
secteur. A cette fin, nous croyons que le gouvernement devrait donner suite au
projet de relocalisation des quartiers généraux de la
Sûreté du Québec pour favoriser un développement
résidentiel sur le terrain devenu vacant. De toute façon, les
quelques espaces restants devraient être réservés au
renforcement de la zone résidentielle. Nous recommandons que l'Etat
assume sa juste part des coûts additionnels de transport scolaire
causés par la fermeture d'écoles dans la zone touchée par
le réaménagement de la colline parlementaire. Nous recommandons
que le gouvernement favorise la mise en place de services scolaires convenables
pour les populations concernées, dût-il, pour cela, accorder
à la CECQ des normes spéciales, tant en ce qui concerne
l'organisation pédagogique qu'en ce qui a trait à
l'administration des écoles.
Nous vous remercions, MM. les membres de la commission, de votre
obligeante attention. Nous osons croire que nos recommandations sur
l'aménagement de la colline parlementaire recevront un accueil favorable
tant par la commission parlementaire que par le ministère de
l'Education.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je voudrais remercier la
Commission des écoles catholiques d'avoir bien voulu venir indiquer
à cette commission quel a été l'impact, sur son
fonctionnement, son déroulement, de ce qui s'est passé dans la
ville de Québec depuis un certain nombre d'années et, en
même temps, de nous faire une recommandation qui me paraît centrale
et qui recoupe en cela un certain nombre de recommandations, la plupart des
recommandations qui ont été faites à cette commission,
c'est-à-dire que nous devrions viser, par l'aménagement de la
colline parlementaire, non seulement à maintenir la vocation
résidentielle de ce qui reste, c'est-à-dire du quartier
Saint-Jean-Baptiste tel qu'il est à l'heure actuelle, mais, en
même temps, à chercher par tous les moyens à ramener, en
quelque sorte, dans le secteur de la colline parlementaire, une fonction
résidentielle, de façon que les équipements scolaires qui
sont des investissements publics, des investissements qui ont été
faits par l'Etat, dans le passé, et même assez récemment,
que ces équipements puissent servir dans la mesure du possible, sinon
à pleine capacité, en tout cas à meilleur escient que ce
n'est le cas à l'heure actuelle. Je n'ai pas de question précise.
Je voulais simplement faire ce commentaire et en même temps en profiter
pour remercier les auteurs du mémoire et les personnes qui ont bien
voulu se déplacer pour venir nous le présenter.
Mme Charest: Je pense qu'on pourrait examiner le problème
dans deux sens. D'une part, vous dites qu'il faudrait ramener les zones
résidentielles. D'autre part, je dis qu'il faudrait maintenir les
écoles si vous voulez que les zones résidentielles,
effectivement, soient habitées par des familles, et non pas uniquement
par des célibataires ou des gens qui n'ont pas d'intérêt
à avoir des écoles, parce que c'est une constante qu'un secteur
où il n'y a pas d'école n'attire pas les familles.
M. Guay: C'est un peu la poule et l'oeuf, si je comprends
bien.
Mme Charest: Pardon?
M. Guay: C'est un peu la poule et l'oeuf, ce qui fait...
Mme Charest: Cela veut dire au fond que, dans le moment, nos
écoles sont dans une situation précaire. On vous l'a d'ailleurs
exposé à plusieurs reprises et on vous le
répète.
Si la chute de population continue et si la planification aux autres
paliers de gouvernement ne se précise pas dans un laps de temps
très court, et, évidemment, il y a toujours les temps de
réalisation, mais entre la période de décision et la
période de réalisation, si on ne nous aide pas d'une façon
bien précise, il nous sera très difficile de maintenir ces
services dont vous avez besoin, en fait, pour réactiver ces secteurs en
termes de zones résidentielles.
M. Paradis: Si vous me permettez, j'ajouterais un
élément. Si on attend qu'il y ait des populations pour ouvrir des
écoles, on peut attendre longtemps. Dans la comparaison que vous
utilisiez tout à l'heure afin de savoir si c'est la poule ou l'oeuf, je
vous dis carrément: II faut ouvrir des écoles pour attirer la
population, parce que, si nous attendons qu'elle soit là, on risque
d'attendre très longtemps. Nous avons, dans le passé, soutenu que
telle école durerait pendant quatre, cinq, dix ans. Mais les
démolitions se faisaient à une allure
tellement rapide qu'à peine deux ans après avoir
donné des garanties de fonctionnement pendant cinq ans, il nous fallait
fermer les écoles.
Il faudrait essayer d'inverser ce mouvement, accepter que, pendant deux
ou trois ans, avec le concours du gouvernement, ces écoles fonctionnent
possiblement au ralenti, mais cela aurait certainement un effet
d'entraînement, un effet positif pour amener la clientèle.
M. Guay: Mais, si je ne m'abuse, M. Paradis, les écoles
sont là, à l'heure actuelle. Dans certains cas, elles sont
peut-être fermées, mais les édifices, les espaces sont
là et, en particulier, en ce qui concerne la colline parlementaire, au
sens peut-être plus large que le sens strictement légal de la
colline parlementaire, mais dans tout ce secteur, en l'étendant
jusqu'à Saints-Martyrs inclusivement, les équipements
existent.
M. Paradis: Nous avons, par exemple, l'école
Notre-Dame-de-Québec, qui appartient toujours à la CECQ, qui peut
contenir quelque 250 élèves, mais qui est actuellement
louée à la ville de Québec. C'est un équipement
scolaire qui n'est pas utilisé, et si cet équipement scolaire
était ouvert, s'il était utilisé, si l'école
était ouverte avec support... Parce qu'il faut se rappeler que la
Commission des écoles catholiques de Québec, qui comptait, en
1969, tout près de 33 000 élèves, en aura à peine
20 000 à la rentrée de septembre 1977, et ces pertes de
population continueront vraisemblablement jusqu'en 1983, s'il n'y a pas des
facteurs de redressement.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je m'excuse d'avoir
écouté d'une oreille distraite le mémoire de la Commission
des écoles catholiques de Québec, malgré que j'en avais
pris connaissance préalablement.
Je constate quand même, par les recommandations qui sont faites,
que la Commission des écoles catholiques de Québec a
sûrement été l'une de celles qui, avec la population, a
dû subir les effets de la charcuterie de certains quartiers à la
suite de gestes que plusieurs mémoires ont décrits durant cette
commission.
Il appartient au gouvernement de dire ce qu'il pense des suggestions que
vous préconisez pour apporter des remèdes aux maux dont vous vous
plaignez, mais je pense qu'on peut facilement accepter les trois
recommandations qu'on constate à la fin de votre mémoire.
Je vous félicite moi-même d'avoir participé au
travail de la commission parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Seulement un point: M.
Dawson, lorsque vous mentionnez le fait évident de la diminution de la
clientèle scolaire et du regroupement scolaire, je suis à me
deman- der quel pourcentage est attribuable au réaménagement de
la colline parlementaire. C'est général dans toute la province.
La diminution de la clientèle scolaire et le regroupement, c'est un fait
partout, et nous n'avons pas à plusieurs endroits le
réaménagement de la colline parlementaire.
Je me demande, personnellement et au nom de la commission, quel
pourcentage de considération devrait-on prendre suite à cet
argument quant au réaménagement de la colline parlementaire?
M. Paradis: Nous avons un taux de décroissance d'environ
91/2%. C'est environ le taux qu'on peut observer en ville. En ce qui a trait
à la haute ville, la partie de la colline parlementaire, on cite dans le
mémoire un taux de diminution de 59% et dans le cas du bas de la ville,
80%.
Il y a donc là un écart attribuable à des
démolitions pour élargir des boulevards ou construire des
édifices à vocation multiple. C'est donc cet écart qui
serait attribuable à cette intervention assez nocive.
M. Goulet: Je comprends les chiffres, mais le déplacement
à l'intérieur de la ville de Québec équivaut
peut-être à un mille ou deux milles ou trois milles, parce que
nous avons cela dans les comtés ruraux. Nous avons le problème
actuellement. Le déplacement équivaut parfois à 50 milles
ou 60 milles. Alors, je me demande quel pourcentage de considération on
devrait... C'est cela ma question.
M. Dawson: Ils changent de commission scolaire, à toutes
fins pratiques, et la CECQ... Si le déplacement de la population se
faisait à l'intérieur de la CECQ, qu'on éloignait des
élèves du centre-ville et qu'ils allaient dans des quartiers
comme Limoilou, la CECQ aurait encore le même montant de subventions
annuelles, sauf que ce dégagement se fait à l'extérieur de
la ville de Québec, à l'extérieur de la commission
scolaire, ce qui fait que nos subventions diminuent et on garde des
écoles comme Notre-Dame-de-Québec, plusieurs bâtisses,
comme l'a dit M. Guay, qui sont encore sur place, mais ne sont pas
utilisées pour des fins scolaires. On doit payer le chauffage, payer
l'électricité, payer les réparations pour ces
bâtisses en espérant qu'un jour il y aura des élèves
pour habiter ces écoles.
M. Goulet: Mais j'aurais aimé que vous donniez des
chiffres comparatifs concernant d'autres secteurs de la ville de Québec
où il n'y a pas de colline parlementaire. J'imagine que le pourcentage
de diminution doit être plus haut que 9% dans certaines régions
parce que les nouveaux quartiers résidentiels n'existent pas seulement
à Québec, mais existent un peu partout.
Je me demandais à quel pourcentage la commission devrait tenir
compte de cet argument. C'était là tout simplement le point que
je voulais soulever.
Mme Charest: Dans d'autres secteurs, si je peux me permettre,
comme cela a été dit tout à
l'heure, il y a une diminution annuelle régulière à
la suite du vieillissement du quartier, de la dénatalité, etc.,
mais dans des secteurs, comme par exemple, la paroisse Saint-Coeur-de-Marie ou
la paroisse Notre-Dame-de-la-Paix, à cause de la construction de
l'autoroute, on a exproprié, je ne peux pas vous dire le nombre de
maisons, mais la ville pourrait sûrement vous fournir ces statistiques.
Alors une école où il y avait 250 enfants ou 300 enfants au mois
de mai, les gens se font exproprier, il y a la démolition et il reste 30
enfants ou 40 enfants dans le secteur l'année suivante. Alors, on
né peut plus parler de dénatalité. C'est vraiment un
phénomène excessif pour un secteur donné. Cela joue pour
les gens qui habitent ce secteur. C'est le cas pour la haute ville, la partie
concernée, la partie Notre-Dame-de-la-Paix qui est la prolongation de
l'autoroute Dufferin où il reste quand même il reste
peut-être peu de gens une population assez importante qui
mérite des services et qui les reçoit de moins en moins parce que
des écoles ont fermé et qu'on l'a éloignée de son
lieu de résidence pour recevoir les services scolaires.
Alors même si la population de la commission scolaire dans son
ensemble diminue un peu comme partout dans la province, il y a des secteurs
où c'est vraiment une amputation majeure et les gens qui restent en
subissent les conséquences et il y a toujours cette histoire: On part.
On pourrait fermer un quartier complètement à la
résidence, mais on ne le fait pas. On est ni chair ni poisson.
On construit des édifices en hauteur, on change la vocation du
quartier, mais en même temps on laisse quelques rues où les gens
restent et ils n'ont pas les moyens d'aller ailleurs On est dans une
drôle de situation.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Paradis: Si vous me permettez, j'ajouterais au
mémoire...
Le Président (M. Marcoux): Oui, allez.
M. Paradis: Cette tour de quelques étages. Il y a d'abord
eu le phénomène d'exode vers la banlieue qui a été
le plus important. Le deuxième phénomène en importance
c'est le taux de dénatalité et il y a un troisième
élément qui s'est ajouté, où la population avait
des institutions privées qui demeuraient, là où les
écoles publiques fermaient leurs portes. Ce troisième
phénomène a ajouté à la dépopulation de nos
écoles. Le principal fut l'exode vers la banlieue. C'est une
constatation d'ordre général, mais il est clair que sur la
colline parlementaire et les autoroutes pour libérer le centre-ville,
là la dépopulation s'est fait sentir à cause de
démolitions pour des conciergeries ou encore l'élargissement de
boulevards. M. Fortin pourrait ajouter des précisions
particulièrement sur l'aspect que vous avez soulevé.
M. Fortin: J'aimerais attirer l'attention de cette commission sur
des problèmes pédagogiques à titre de directeur de
services d'enseignement, c'est un aspect qui me préoccupe
particulièrement. A mesure qu'on voit les diminutions de populations
scolaires, apparaissent certains problèmes d'ordre pédagogique;
par exemple, on voit la multiplication des classes à deux divisions. Or,
dans notre école Saint-Dominique, par exemple, on a une classe à
deux divisions où la très grande majorité des
élèves sont dans une classe à deux divisions pour la
troisième année consécutive. Je considère que c'est
véritablement un problème pédagogique. Du
côté de Notre-Dame-de-la-Garde, par exemple, tous les enfants de
quatrième, cinquième et sixième année sont dans une
classe à deux divisions et ce, pour la troisième année
consécutive. On peut parler également du problème de
l'absence d'une direction libérée à plein temps. Pour
nous, la présence d'un directeur qui joue le rôle de responsable
de la supervision, de l'animation et de l'organisation de l'enseignement, c'est
important qu'on ait une présence de direction dans une école. Or,
on sait qu'à moins de 225 élèves, une école n'a pas
droit à une direction libérée à plein temps. Or, le
cas de l'école Notre-Dame-de-la-Garde est un cas flagrant; cela fait au
moins cinq ans qu'elle n'a pas le droit à un directeur
libéré à plein temps. L'école Saint-Dominique, cela
va être son cas, peut-être dans un an ou deux.
On parle également d'un troisième problème d'ordre
pédagogique, c'est la question des services complémentaires. Il y
a certains services, je parle en particulier du dénombrement flottant,
qui est une mesure de pédagogie corrective. On ne peut pas instaurer de
dénombrement flottant dans les écoles où les effectifs
sont trop faibles. C'est une autre conséquence pédagogique. De
même aussi la présence d'une infirmière ou d'un psychologue
scolaire. Dans les écoles à faibles effectifs, on ne peut pas se
permettre ce luxe. Je tenais à attirer l'attention de la commission sur
cet aspect de la question.
Le Président (M. Marcoux): M. Dawson. M. Paradis.
M. Paradis: Je voudrais soulever aussi le fait que nos
établissements scolaires ont été bâtis pour des
populations qui s'étendaient de la première à la
neuvième année; la réorganisation du système
scolaire nous amène à y loger des populations de la maternelle
à la sixième année et nous avons des taux d'occupation qui
sont devenus faibles et difficilement rentables. On peut situer le taux
général d'occupation entre 50% et 60%, ce qui fait que, sur le
plan financier, nous avons à supporter un réseau scolaire qui est
assez coûteux.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Durant la tenue de
cette commission parlementaire, la grande majorité des groupements a
exprimé le désir de voir arrêter ces fameuses
démolitions dont
on parle tant. Je crois qu'on n'a qu'à regarder les alentours du
parlement lui-même pour le constater. Parmi les écoles primaires
et secondaires que vous avez mentionnées tout à l'heure qui
étaient fermées, vous avez aussi mentionné qu'il y en
avait qui avaient été démolies. Est-ce que vous pourriez
me dire combien de ces écoles ont été démolies et
quelles sont les écoles qui ont été démolies?
M. Dawson: Dans le cas de la colline parlementaire,
l'édifice de Place Québec est construit en bonne partie sur un
terrain qui appartenait à la CECQ, soit l'école
Saint-Vincent-de-Paul. C'est la seule concernée directement qui a
été démolie pour faire place à des édifices
ou des stationnements. Il y a seulement cet édifice.
Mme Charest: II y avait deux écoles Saint-Coeur-de-Marie,
il y en a une qui est toujours là, mais qui sera libérée
prochainement pour réaffecter les enfants ailleurs. C'est un centre
psychopédagogique, alors les enfants viennent d'un peu partout et on les
déplacera, l'école sera libérée et à vendre
aux intéressés.
M. Dawson: Annonce publicitaire pour la vente d'une école
libre.
Mme Charest: Soit dit en passant, ce n'est pas loin de la
garderie, dans les parages. Il y avait deux écoles Saint-Coeur-de-Marie
et il y en a eu une autre qui a été démolie
récemment parce qu'il n'y avait pas de réutilisation possible.
Cela a agrandi la cour de l'école voisine.
M. Paradis: On pourrait ajouter, si vous permettez,
l'école Notre-Dame-de-Québec, une école secondaire qui
n'existe plus.
M. Perron: Donc, sur les cinq écoles qui ont
été fermées, d'après votre rapport, à ce
moment-là, il en resterait quatre. Non, il en resterait plutôt
trois.
M. Dawson: Qui sont encore debout. Mme Charest: Qui sont
encore debout.
M. Perron: Qui sont encore debout. Est-ce que vous avez toujours
juridiction sur ces écoles ou est-ce qu'elles ont été
vendues?
M. Dawson: Dans certains cas, elles sont louées à
la ville de Québec; dans un autre cas, c'est le Barreau, et il y en a
une qui a été réutilisée par la commission
scolaire, non pas pour des enfants de la haute ville, mais pour des enfants qui
sont regroupés au niveau de l'enfance inadaptée.
M. Paradis: Pour ajouter, si on ne parle pas uniquement de la
haute ville, mais aussi du bas de la ville, Notre-Dame-de-la-Paix est
utilisée par l'école de la marine. C'est une école
paroissiale qui est occupée, mais par un autre réseau scolaire
que le nôtre.
M. Perron: Si j'ai posé la question, M. le
Président, c'est qu'on a parlé beaucoup ici de faire en sorte de
construire des appartements, des logements pour les gens. A ce
moment-là, il faudrait tenir compte, savoir si la construction est
toujours bonne, si on entend rapatrier des gens dans le secteur de la colline
parlementaire.
M. Dawson: Le problème qui se pose en ce moment, c'est
qu'elles sont vides et que c'est la CECQ qui doit, par le biais des taxes
supplémentaires chez les contribuables, les garder en état de
fonctionnement. Nous avons fait une demande et il me fait plaisir de souligner
à nouveau à M. Guay et à M. Bertrand que nous n'avons pas
encore reçu de réponse du ministère de l'Education
concernant la situation particulière de la CECQ vis-à-vis de
l'occupation des bâtisses qui sont vides, mais qui sont en attente, un
jour, qui espèrent recevoir une clientère ou qui fonctionnent,
comme celle de NotreDame-de-la-Garde, avec moins de cent élèves
à l'intérieur de la bâtisse, pour une bâtisse qui
était prévue pour 509.
Cela nous amène des coûts supplémentaires qui, en ce
moment, sont payés par les contribuables de la ville de Québec
pour des opérations qui ont été menées souvent par
le gouvernement provincial.
M. Perron: Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. le député de Duplessis a posé
toutes les questions.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, de tous les effets qui ont
été avancés jusqu'à maintenant à cause des
déménagements et des démolitions, j'ai l'impression qu'on
a sûrement oublié un effet qui a dû exister,
c'est-à-dire celui d'un problème qui s'est posé au niveau
des enseignants.
Je suppose que vous avez dû, à la suite de cela, avoir des
problèmes de mutation, mais habituellement il y en a,
particulièrement à cause de la dénatalité un peu
partout. Je suppose que vous avez dû en connaître de ce
côté-là aussi.
Mme Charest: C'est-à-dire que les problèmes sont
venus plus tôt, du fait que les enseignants qui partaient d'une
école devaient changer globalement d'école, quand l'école
était fermée, mais en termes du nombre global d'enseignants,
comme c'est déterminé au niveau de la commission scolaire, les
déménagements d'enfants n'avaient pas d'influence sur le nombre
d'enseignants.
Par contre, la diminution rapide de la clientèle jouait sur ce
problème qui est très fort chez nous, qui est effarant.
M. Dussault: Mais l'enseignant qui arrive dans une autre
école n'est pas toujours reçu...
M. Dawson: II perd sa séniorité.
M. Dussault: ... aussi bien qu'il serait souhaitable.
Mme Charest: II y a des périodes d'adaptation. S'il y en a
pour les enseignants, j'aime à vous dire qu'il y en a aussi pour les
enfants qui se font... et pour les familles dont les enfants aussi partent
d'une école. Cela va pour une première fois, dans deux ou trois
cas qu'on vous a soulignés, deux ans après il fallait quitter de
nouveau l'école. Ils venaient à peine d'apprendre à y
vivre et ils se retrouvaient encore dans une nouvelle école. Ce qui est
le plus grave, c'est toujours dans des quartiers où comme on ne
connaît pas l'avenir, comme on ne sait pas où les projets vont
s'étendre et ce qui va se produire, c'est toujours dans une
instabilité, c'est toujours dans une atmosphère
d'insécurité et d'instabilité.
M. Dussault: Le service forcément des enseignants peut
être un peu diminué.
Mme Charest: Je pense que la plupart des enseignants sont
consciencieux et qu'ils cherchent à offrir les meilleurs services
possible, mais...
M. Dussault: Je veux dire que ce serait bien involontairement, je
suis...
Mme Charest: ... il reste que c'est une perturbation que toute la
population subit. Ce sont des perturbations qui ont leur importance sur le
climat scolaire.
M. Dawson: Les écoles qui n'ont que des classes à
deux divisions, ce ne sont pas nécessairement les classes où les
enseignants sont toujours pressés à aller enseigner. On a donc
des difficultés de recrutement pour ces écoles, parce que ce sont
des problèmes plus difficiles que dans une école avec une
clientèle stable d'une année seulement dont les enfants n'ont pas
été transportés en autobus le matin ou des choses du
genre. On a un peu de difficultés à recruter les enseignants pour
ces écoles.
Mme Charest: II y a des choses un peu curieuses qui se passent
quand même. Il y a des plans qui émanent du ministère de
l'Education, concernant les milieux défavorisés où on
propose de créer une école communautaire qui soit au centre du
milieu, qui appartienne au milieu.
D'une main, on veut injecter des millions là-dedans et je ne suis
pas contre, au contraire, mais, d'une autre main, on dirait qu'on s'efforce de
créer des milieux défavorisés ou de défavoriser des
milieux qui étaient bien stables et bien normaux pour en faire des
milieux défavorisés. Il y avait des communautés qui
existaient, une vie d'école, une vie de quartier et on chambarde tout
cela. Après cela, il faudra remettre des millions pour ramener un peu de
stabilité dans tout cela, si possible.
M. Dussault: C'est donc une facette dont il faut tenir compte. Ce
qui s'est passé ici devrait servir d'exemple. Dans d'autres milieux, si
on était tenté de déménager des populations comme
cela, il faudrait y penser par deux fois.
Mme Charest: Je pense que...
Le Président (M. Marcoux): Avant de passer la parole au
député de Vanier, j'aimerais souligner que si j'étais
membre de la commission, j'aimerais dire qu'à vous entendre, je croirais
qu'on entend parler des commissaires d'écoles de la Gaspésie ou
du Bas-Saint-Laurent, parce que vous parlez de fermeture de tout, d'absence
d'enfants, etc.
M. Dawson: C'est le même genre de problèmes, mais de
dimension différente. Lorsqu'on ferme la dernière école
d'une paroisse, telle la paroisse Notre-Dame-de-la-Garde, c'est la même
chose que de fermer la seule et unique école d'un village. Ce sont les
gens qui perdent leur milieu où ils se sont retrouvés,
l'église n'ayant plus la signification qu'elle avait auparavant,
l'école avait encore cette signification. Lorsqu'on la ferme, cela cause
des problèmes.
Le Président (M. Marcoux): Comme je ne suis pas membre de
la commission, je ne ferai pas cette remarque. Je voudrais céder la
parole au député de Vanier.
M. Bertrand: Alors, pour enchaîner avec votre
préoccupation, M. le Président, on pourrait peut-être dire
maintenant que la colline parlementaire, c'est la Gaspésie de
Québec.
Je voudrais simplement souligner à quel point les gens de la
Commission des écoles catholiques de Québec sont à
l'avant-garde un petit peu dans le domaine de l'éducation,
peut-être parce qu'ils n'ont pas suivi à la lettre les
recommandations du rapport Parent et ont tenté de maintenir ce qu'on
pourrait appeler véritablement la vie de quartier au niveau des
écoles primaires surtout, mais au niveau des écoles secondaires
aussi. Ils sont en train de payer très cher aujourd'hui le respect d'un
certain nombre de valeurs et le rapprochement de l'école du milieu de
vie des citoyens de chacun des quartiers, de telle sorte que lorsque nous les
avons reçus, nous avons été, bien sûr, très
sensibles à leurs dossiers que nous avons acheminés au ministre
de l'Education qui en a pris bonne note, mais qui nous a souligné, du
même souffle: Oui, mais l'argent? Vous n'êtes pas sans savoir
à quel point les crédits budgétaires de l'Education ont
été réduits dans le dernier exercice financier pour
l'année 1977/78.
Il y a une question que je veux vous poser. Vous semblez
connaître, vous autres, vers où se sont dirigées les
populations, à partir des étudiants, qui résidaient dans
les quartiers couverts par la colline parlementaire. Vous dites à
l'extérieur de la juridiction de la Commission des écoles
catholiques. Plus précisément, avez-vous une idée des
secteurs géographiques où se sont dirigées
ces populations? Deuxièmement, c'est peut-être une question
personnelle que je vous pose. D'où viendront, à votre point de
vue, les gens à qui on offrira dans les prochaines années, au
cours des prochaines années, des logements sur la colline parlementaire?
Est-ce qu'à votre avis, ce seraient les gens qui l'ont quittée ou
si on va assister à une arrivée d'un certain type de population
qui, jusqu'à maintenant, pour toutes sortes de raisons peut-être
songeait à quitter des milieux de banlieue, mais qui ne l'avait jamais
fait, faute de logement?
Mme Charest: Ecoutez, je vis dans le quartier, et je n'ai jamais
vécu ailleurs. Alors, je vois les mouvements qui se produisent. Ce que
l'on voit autour de nous peut-être que c'est ce qui va se produire
plus amplement s'il y a des logements à nouveau c'est le retour
de gens qui, peut-être, jeunes, ont vécu dans ces quartiers, qui
sont allés en banlieue avec leur famille, qui travaillent au complexe G
ou qui travaillent aux alentours de la colline parlementaire, au centre-ville
et qui en ont assez de voyager matin et soir; alors ils cherchent à
revenir pour être plus près du bureau.
Il y a aussi l'environnement, les plaines d'Abraham, etc., qui font que
c'est un quartier qui, avec un petit peu d'aide, est encore agréable
à vivre. Moi, j'ai l'impression que ce sera peut-être un univers
de fonctionnaires finalement ou d'employés qui, dans les
édifices... La majorité des gens qui travaillent dans le secteur
de la colline parlementaire pourraient vouloir habiter le quartier à
nouveau. C'est en termes de retour; et en termes de disparition, je pense que
vous avez peut-être plus de précisions que moi
là-dessus.
M. Paradis: En ce concerne les départs excusez-moi
la ville de Québec, et de façon plus précise,
Jocelyn Breton, de la ville de Québec a établi les courants
migratoires. On peut, par exemple, être à peu près certain
que les gens de la haute ville, s'ils déménagent hors de
Québec, iront vers Sainte-Foy, alors que ceux de Limoilou iront vers
Beauport. Ceux de Vanier pourraient aller vers Duberger ou possiblement vers
Charlesbourg, alors que du côté de Saint-Albert, c'est
carrément vers Charlesbourg. Il y a des taux qui ont été
établis, des routes, et le service de la ville pourrait vous donner des
précisions là-dessus. Nous ne nous sommes pas attardés sur
ce phénomène, parce que c'étaient des gens qui partaient.
On cherchait à en retenir un certain nombre et on mettait à peu
près toutes nos énergies pour essayer de maintenir nos
écoles ouvertes ou même, parfois, on en fermait au grand
désespoir de la population. Mais cette étude a été
faite par la ville de Québec et, en prenant contact avec Jocelyn Breton,
vous auriez des précisions là-dessus.
Mme Charest: Est-ce que je pourrais me permettre? Vous avez fait
une réflexion au sujet du fait qu'il n'y avait plus d'argent. Je pense
qu'on est pas mal conscient que les années de vaches grasses sont un peu
terminées. Seulement, je voudrais faire remarquer que les plans, comme
vous disiez tout à l'heure, parce que la CECQ a voulu se conformer aux
désirs de la population, a refusé de faire des polyvalentes
très grandes, etc.. Pendant qu'on se faisait refuser les plans qu'on
faisait etc., de l'argent, on n'en dépensait pas pour les gens de la
CECQ et les citoyens de Québec continuaient à payer leurs taxes
à la province, ce qui fait que, en sorte, les plans qu'on vous a
présentés... Cela déborde un petit peu la colline
parlementaire, mais quand même il y a des projets pour maintenir les
écoles de quartiers qui ne demandent pas des sommes excessives. Les
problèmes qu'on a viennent en partie des problèmes que les autres
paliers de gouvernement nous ont créés en développant,
disons, de façon intempestive dans certains coins, la ville. D'autre
part, au niveau secondaire, ce sont des plans de réaménagement.
Nous ne demandons pas de sommes formidables pour construire des belles
écoles neuves.
Nous demandons des équipements adéquats pour donner des
services, ce qui n'est plus le cas dans la majorité des cas. Alors, on
demande de l'argent, mais on en demande fort peu. Au fond, pour tout notre
réseau, on demande ce que vaut une polyvalente neuve ailleurs et qu'on
construit ailleurs occasionnellement.
Le Président (M. Marcoux): A quel coût? Mme
Charest: $11 millions.
M. Dawson: La CECQ a refusé depuis 1967/68 peut-être
l'équivalent de $20 millions à $30 millions parce que la CECQ ne
voulait pas construire de polyvalentes de 2000, 2500 ou 3000
élèves. Je crois qu'au maximum, dans une de nos écoles, on
a possiblement 1100 élèves. Je pense que, comparativement aux
autres commissions scolaires, on offre un service plus adéquat, mais, au
point de vue financier, cela nous a causé des problèmes d'avoir
refusé certaines recommandations du rapport Parent.
D'un autre côté, je voudrais vous souligner que, depuis
1965 ou 1966, la CECQ a dû fermer 28 de ses écoles. Dans certaines
paroisses, cela se prêtait bien. Il y avait deux bâtisses l'une
à côté de l'autre, l'une secondaire, l'autre
élémentaire. Il y a eu des regroupements, mais on en est rendu au
point et c'est pour cela que je le répète où
on est obligé de fermer la seule et unique école dans une
paroisse, et si on n'a pas une aide du ministère de l'Education
c'est drôle qu'on soit obligé de dire cela au ministère des
Travaux publics on va possiblement être obligé de fermer
des écoles.
Mme Charest: Cela va plus loin. Ce n'est plus une école de
paroisse. Etant donné ce qui s'est passé, il y a des
écoles qu'on peut appeler des écoles de quartier, qui regroupent
deux et trois paroisses et qui, elles aussi, seront menacées à
court terme s'il n'y a pas d'intervention pour changer le cours des
événements.
M. Brochu (Charles): Pour répondre à une question
de M. Bertrand, je demeure dans le quartier Limoilou. Dans le quartier
Limoilou, il y a en-
core autant de monde qu'il y en avait il y a dix ans, mais la population
a vieilli, et les jeunes qui y demeuraient, qui y sont nés se sont
mariés. Il n'y a pas eu d'addition de logements. Qu'ont-ils fait? Ils
sont rendus à Charlesbourg, à Vanier, à Duberger, à
Beauport. Il y a moins de population étudiante. La population est plus
vieille et, dans dix ans, Charlesbourg, les premières paroisses, vous
aurez le même problème que Limoilou a. Il y aura trop
d'écoles dans le milieu parce que la population sera plus loin. C'est le
phénomène qui s'explique.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Durant les derniers
jours, on a parlé de beaucoup de choses ici à cette commission,
On a parlé de garder nos vieux édifices qui racontent pas mal
l'histoire de notre Québec. On a parlé aussi d'une chose
et je voudrais vous poser une question par la suite qui concernait
beaucoup de documents qui nous étaient présentés en ce qui
a trait aux édifices en hauteur et aux édifices bas.
Je voudrais savoir ce que vous penseriez, soit d'édifices
à appartements ou d'édifices à bureaux en hauteur, comme
l'Auberge des Gouverneurs ou les autres qui existent actuellement, ce que vous
pensez de cela. Est-ce que vous préférez ne pas en avoir ou si
vous préférez en avoir, ou quoi?
Mme Charest: Moi, j'ai envie de vous dire qu'on
n'élève pas des familles dans vingt étages. C'est un
réflexe de mère de famille, mais on ne court pas les enfants dans
les ascenseurs. C'est mieux de les courir sur la terre ferme. Je ne veux pas
dire par là qu'il faut que ce soient tous des bungalows, parce que le
secteur ici doit être concentré, mais il y a quand même un
bon nombre d'édifices en hauteur qui ont été construits,
résidentiels, relativement luxueux dans les parages et on en a
dénombré parce qu'on dessert... Dans un édifice comme le
Champlain, il y a sept enfants qui viennent dans nos écoles, dans le
Saint-Laurent il y en a dix, les bonnes années, etc. Ce ne sont pas des
endroits... On peut aller avec des adolescents, ce sont des endroits où
on peut aller avec une famille qui vieillit, mais ce n'est pas la population
qui va alimenter nos écoles qui va habiter une tour, fort
exceptionnellement.
M. Dawson: Dans certains cas, étant donné le prix
de ces loyers, habituellement c'est une.clientèle qui est dirigée
vers les écoles privées, assez souvent. Dans le cas du
Samuel-Holland, dans le cas du Saint-Laurent, dans le cas de Place
Méricis, ce sont des clientèles qui sont souvent orientées
vers les institutions privées de la région; on l'a
expliqué au début, il y en a plus sur le territoire de la haute
ville que d'écoles publiques.
M. Perron: Donc, dans la construction domiciliaire, vous
préféreriez des édifices bas, cinq ou six étages,
ou autour de cela.
Mme Charest: Ou encore d'édifices où les premiers
étages auraient des logements qui seraient accessibles à des
familles, des logements assez grands pour que des familles y habitent et
peut-être que les ascenseurs pourraient commencer seulement à
partir du troisième ou quatrième étage ou quelque chose du
genre, pour éviter les problèmes avec les enfants;
réserver le bas à des familles et des bachelors je ne sais
pas comment cela se dit en français pour les autres
étages, si vous voulez les combler.
M. Dawson: Ce n'est pas tout à fait notre
spécialité.
M. Brochu (Charles): II y a un autre facteur. Prenez un HLM,
à Marie-de-l'Incarnation, je ne sais pas le nombre exact, mais il y a
très peu d'enfants dans ces bâtisses et il y a un paquet de
logements. Je pense que le directeur de l'enseignement pourrait nous dire que
ce n'est pas tellement. Il y a un petit autobus qui voyage les enfants et
combien y a-t-il de logements là-dedans? Je pense qu'il y en a tout
près de 200, à Marie-de-l'Incarnation, et il n'y a pas d'enfants
là-dedans, dans le comté du député de Vanier, et je
pense que cela n'aide pas la population. Je pense que si on rénovait les
logements existants qui sont encore bons, dans la partie haute de la ville,
autour de la colline parlementaire et si on faisait des logements
décents à un prix abordable pour les gens qui demeuraient
là dans le temps, peut-être qu'ils aimeraient cela revenir et
peut-être qu'on élèverait d'autres familles dans ces
lieux-là et que nos écoles seraient viables.
Le monde serait heureux à Québec. Je pense que c'est
ça qu'on devrait essayer de faire.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie, au nom des membres
de la commission, la Commission des écoles catholiques de Québec,
spécialement tous ceux qui se sont présentés à
cette table, spécialement M. Dawson qui, malgré ses nombreuses
occupations, qui vont peut-être l'amener à s'occuper d'une autre
capitale nationale ou d'une autre cité parlementaire...
Une Voix: ...
Le Président (M. Marcoux): On ajoute de façon
éphémère. Je tiens quand même à souligner, au
nom des membres de la commission, qu'il faut noter le fait de votre
participation malgré vos nombreuses tâches.
M. Bertrand: Est-ce que le fait qu'il existe plus d'écoles
privées que d'écoles publiques dans la haute ville a quelque
chose à voir avec le fait que ce soit le député de
Jean-Talon actuel qui en soit le député? Cela n'a rien à
voir.
M. Dawson: Absolument aucune idée.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie beaucoup.
Avant de céder la parole au ministre, je pense que c'est le moment, du
moins au nom du président de la commission, de remercier tous les
groupes qui ont participé à cette commission de la bonne
collaboration qu'ils m'ont accordée dans cette tâche de
présider cette commission où il y avait beaucoup
d'intérêt et beaucoup de questions. C'était difficile de
trancher et de limiter le temps des débats, mais je peux affirmer que
j'ai eu la collaboration de tous ceux qui sont venus présenter des
mémoires. M. le ministre.
Conclusions M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, je voudrais, assez
brièvement, essayer de résumer un peu ce que nous désirons
entreprendre d'ici les quelques mois et les quelques années que nous
aurons à administrer, d'ici la prochaine élection, ce que nous
entrevoyons faire. Mais avec vous, M. le Président, je voudrais d'abord,
au terme de ces travaux, remercier tous les individus, tous les groupes qui ont
apporté une excellente contribution à cette commission
parlementaire. Je pense en particulier aux vingt personnes et groupes qui se
sont présentés devant nous et je tiens aussi à remercier
tous les membres de cette commission parlementaire, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, de l'ouverture
d'esprit dont ils ont fait preuve au cours de ces
délibérations.
Je pense que nous avons atteint les objectifs que nous poursuivions.
Disons que nous avions fixé deux objectifs au début de cette
commission parlementaire.
Tout d'abord, il s'agissait de répondre à une promesse
électorale qui avait été faite par les
députés de la région et qui avait été
reprise au moment où nous étions dans l'Opposition, par les
députés qui étaient membres de l'Opposition à ce
moment-là, alors que nous avions eu à critiquer des projets ou
à intervenir sur des projets qui nous étaient annoncés et
que nous percevions comme non fonctionnels par rapport à
l'aménagement de la colline parlementaire.
Nous voulions entendre le plus grand nombre de personnes possible. J'ai
eu l'occasion de constater, avec bonheur d'ailleurs, que des groupes populaires
ont réussi à se faire entendre à cette commission et que
ce ne furent pas seulement des individus ou des spéculateurs qui sont
intervenus.
Nous nous en réjouissons au plus haut point, d'abord parce qu'il
est toujours fructueux de travailler dans un climat de collaboration
plutôt que d'affrontement, surtout lorsqu'il s'agit d'étudier une
question qui nous apparaît fondamentale et qui est intimement liée
aux aspirations de notre collectivité, à savoir celle de
l'aménagement de notre colline parlementaire, qui a retenu notre
attention au cours de ces délibérations.
Il nous appartient maintenant, comme gouvernement, de prendre position
et il est certain que nous devrons le faire dans les plus brefs délais,
de concert avec tous les intéressés, bien sûr, avec la
ville de Québec et la Communauté urbaine de Québec, avec
les différents groupes qui se sont fait entendre et avec les
députés de la région de Québec.
Je tiens à remercier particulièrement M.
Jean-François Bertrand, député de Vanier, et M. Richard
Guay, député de Taschereau, qui ont démontré dans
ce dossier un intérêt marqué et bien antérieur au 15
novembre dernier.
Avec plusieurs de mes collègues du Conseil des ministres, dont
MM. Jacques Léonard, ministre d'Etat à l'aménagement,
Marc-André Bédard, ministre de la Justice, Guy Tardif, ministre
des Affaires municipales, Denis de Belleval, ministre de la Fonction publique,
et Louis O'Neill, ministre des Affaires culturelles, nous devrons prendre des
décisions, et avec tous ceux aussi qui ont manifesté leur
intérêt à cette commission parlementaire.
Les décisions qui seront prises, à brève
échéance, seront de deux ordres: D'une part, nous devrons mettre
en branle la préparation d'un schéma général
d'aménagement et, d'autre part, il faudra instaurer des structures qui
seront nécessaires à la réalisation de ce schéma
d'aménagement.
Sur ces deux points, de nombreuses et intéressantes suggestions
ont été faites à cette commission.
Il appartient maintenant au gouvernement d'en disposer, sans
précipitation, mais sans se perdre non plus dans les dédales des
comités qui, pour plusieurs, en fait, peuvent apparaître
quelquefois comme des pertes de temps.
Il importe donc de savoir rapidement ce que nous devrons faire et
quelles seront les intentions du gouvernement d'ici les prochains mois.
Sur le schéma d'aménagement, je dirai trois choses qui
représentent d'ailleurs, je pense, le sentiment unanime de cette
commission, des membres, des personnes ou des groupes qui sont venus à
cette commission parlementaire.
La première c'est que nous pouvons et, surtout, que nous devons
faire quelque chose afin de redonner à la colline parlementaire un
visage beaucoup plus humain, beaucoup plus vivant qui pourra faire la
fierté de tous les Québécois, non seulement des
Québécois de la région de Québec, mais de tous les
Québécois, au lieu d'apparaître un peu, comme le soulignait
le député de Vanier au début de cette commission
parlementaire, comme une véritable bêtise dans le paysage urbain
de Québec.
La deuxième remarque, c'est qu'il faut conserver ce qui reste du
quartier Saint-Jean-Baptiste et lui permettre de s'épanouir normalement,
avec et pour la population qui y habite, sans qu'elle n'ait à craindre
que d'autres projets ne viennent l'évincer, que ce soit sous le fait de
la spéculation ou de la démolition.
La troisième découle naturellement des deux
premières. Nous devons redonner à l'habitation une place beaucoup
plus significative que celle qui avait été prévue
jusqu'ici.
Pour le reste, plusieurs avenues s'offrent à nous. Il faudra
assez brièvement faire des choix. Les questions sont nombreuses. Dans
quelle mesure la construction de nouveaux édifices à bureaux
est-elle compatible avec l'orientation que je
viens d'esquisser? Quelle réponse allons-nous donner à
Trizec, à Atlific, à Charlebec, etc.? L'idée de conserver
le couvent Bon-Pasteur a fait son chemin au cours de cette commission
parlementaire et a reçu, je crois un accueil unanime de la part des
membres de cette commission, mais faut-il conserver intacts tous les
bâtiments de ce complexe ou seulement quelques-uns? A quelle fin vont-ils
servir? Quelle formule de gestion allons-nous retenir? Quel montant
pouvons-nous consacrer à leur restauration?
Les mêmes questions se posent d'ailleurs dans le cas du site
présentement occupé par la Sûreté du Québec.
Qu'allons-nous décider du boulevard Saint-Cyrille? Quelle solution
allons-nous retenir afin de permettre au pouvoir judiciaire d'exercer
adéquatement son rôle?
Toutes ces questions, et bien d'autres, devront recevoir une
réponse. Il faut que nous nous mettions à la tâche sans
tarder.
Ceci m'amène à mon deuxième point, à savoir
les structures que nous devons mettre en place afin de donner suite aux travaux
de cette commission. A ce sujet, il m'apparaît important de faire la
distinction entre, d'une part, les dispositions que nous devrons prendre a
l'intérieur de l'appareil gouvernemental, et d'autre part, la mise en
place de structures consultatives et décisionnelles avec nos deux
interlocuteurs privilégiés, la ville de Québec et le
Communauté urbaine de Québec, tout en s'assurant, cependant, de
la participation de la population, puisque nous avons eu l'occasion de
constater à cette commission parlementaire que les groupes populaires
voulaient s'exprimer et voulaient être consultés dans des
décisions qui engagent leur avenir.
Sur le premier point, je me suis entendu avec mon collègue,
Jacques Léonard, ministre d'Etat à l'Aménagement pour que
le comité ministériel permanent, qu'il préside, apporte
aux dossiers de la colline parlementaire, une attention toute
particulière. Je profite, d'ailleurs, de l'occasion pour le remercier de
l'intérêt qu'il a porté aux travaux de cette commission et
au cours de laquelle il a eu à me remplacer quelquefois.
Par ailleurs, afin de poursuivre les consultations et de préparer
les dossiers qui permettront au comité d'aménagement et aussi au
Conseil des ministres puisque ce dossier me paraît assez important
pour le soumettre au Conseil des ministres de prendre des
décisions, c'est mon intention de nommer, dans les plus brefs
délais, un haut fonctionnaire chargé du dossier de la colline
parlementaire. Je tiens, d'ailleurs, à souligner que c'est là le
premier geste concret que j'entends poser afin de bien marquer ma
préoccupation de mieux intégrer les actions du ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement dans leur contexte urbain. En
effet, aujourd'hui, nous avons eu à discuter de la région de
Québec, mais il y aura d'autres régions qui seront
touchées par des investissements du ministère des Travaux
publics, que ce soit Trois-Rivières, Sherbrooke, Hull, etc.
Les interventions de mon ministère ont souvent un impact
structurant en milieu urbain et il importe, à mon sens, d'en tenir
compte davantage que nous ne l'avions fait dans le passe.
Pour ce qui est des structures consultatives et décisionnelles
qu'il nous faudra mettre en place afin d'assurer la participation de la ville
et de la Communauté urbaine de Québec, je compte d'abord informer
mon collègue des Affaires municipales, M. Tardif, des nombreuses
suggestions qui ont été faites devant cette commission. Je suis
sûr qu'il leur apportera toute son attention.
Cela ne devrait pas, toutefois, nous dispenser, d'ici à ce que
des décisions soient prises à cet égard, de travailler en
étroite collaboration avec la ville et la Communauté urbaine de
Québec sur la foi des interventions qui ont été faites
devant nous par ces deux interlocuteurs privilégiés, je ne doute
d'ailleurs pas un instant que nous pouvons compter sur leur entière
collaboration.
Nos consultations, bien sûr, devront être poursuivies avec
tous ceux qui, à un titre ou à un autre, s'intéressent
à l'avenir de la colline parlementaire, que ce soient associations,
groupes de citoyens, promoteurs, commissions scolaires ou autres.
Là-dessus, je n'ai aucune proposition formelle à formuler, mais
je peux vous assurer que c'est la volonté bien arrêtée du
gouvernement actuel de gouverner avec la population, et je pense que
l'expérience de cette commission parlementaire nous le prouve. En effet,
l'expérience que nous venons de connaître m'a d'ailleurs appris,
encore davantage, que ces consultations s'avèrent toujours très
positives.
En terminant, je voudrais, M. le Président, vous remercier du
tact et de l'habileté que vous avez démontrés à
diriger ces délibérations, et aussi, je voudrais remercier MM.
Careau et Mont-petit, respectivement sous-ministre et sous-ministre adjoint au
ministère des Travaux publics, qui ont suivi avec grand
intérêt les délibérations de cette commission, et
qui, certainement, seront heureux de s'associer au ministre et à ses
différents collègues pour faire en sorte que cette commission
parlementaire puisse avoir des suites.
Alors, à chacun d'entre vous, merci, et espérons que la
collaboration que vous nous avez démontrée se continuera dans
l'avenir.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, je viens de réaliser,
peut-être pour la première fois depuis que j'ai quitté la
charge d'un ministère qu'occupe aujourd'hui mon collègue qui est
à votre droite, que, en même temps écouter les
mémoires et tâcher de répondre, même partiellement
aux arguments qui sont avancés, de même que tâcher de
préparer un court sommaire durant ce même laps de temps, il y a
loin des recherchistes et de tous ceux qui accompagnent et qui sont capables de
proposer des suggestions au ministre.
Tantôt, en écoutant mon collègue de Saguenay, quand
il a dit que l'Opposition avait été la
plus objective possible dans ses remarques, je dois vous confesser que
cela a pris à l'Opposition une dose de courage assez forte parce que
dans l'ensemble des mémoires, au moins pour la majorité des
mémoires, il y avait une drôle de charge contre des gouvernements
antérieurs. Je me suis senti visé. Je ne sais pas si mon
collègue de Vanier a pu se sentir visé également.
De toute façon, nous avons, le 15 novembre, cédé
l'administration de la province à ceux qui sont à votre droite.
Il leur appartient maintenant de donner des réponses à tous les
mémoires qui ont été présentés sur le
problème de la colline parlementaire.
Je vais vous livrer les quelques commentaires qu'à écouter
les derniers mémoires j'ai mis sur quelques feuilles. Cela rejoint une
partie des préoccupations de ce qui se dégage des mémoires
qu'on a entendus. Cela traite également de certaines raisons qui ont
motivé des gestes qu'on a pu reprocher et cela parle également
des projets d'avenir.
Alors, de l'ensemble des mémoires qui ont été
présentés à la commission parlementaire, il se
dégage, je pense, deux écoles de pensée dont les buts se
rejoignent difficilement.
La ville de Québec, où est située la colline
parlementaire, a largement favorisé la concentration des édifices
gouvernementaux près du parlement. Ceux qui ont connu sa situation
financière depuis une quinzaine d'années, avec l'exode de son
commerce vers la banlieue ou vers les villes de banlieue, l'exode des citoyens
qui ont suivi la tendance vers les grands espaces verts qu'offre la
périphérie, ajoutés à ceux qui ont
été délogés, de telles raisons invitaient la ville
à rechercher la contrepartie de revenus perdus et à satisfaire
à des besoins financiers toujours plus grands que sollicite sa
population.
Je pense que cela rejoignait également et c'est assez
facile à comprendre les vues de promoteurs qui sont là
pour la recherche de revenus escomptés d'un investissement.
Une telle concentration a obligé la construction de voies
d'accès qui pourraient satisfaire à un nombre beaucoup plus grand
d'employés qui devaient s'y rendre, quelques dizaines de milliers qui
ont eu à travailler depuis quelques années sur la colline
parlementaire.
On ne peut nier que, pour satisfaire à de tels impératifs,
des quartiers ont été lourdement amputés pour ne pas dire
évincés. On ne peut nier non plus que certains édifices en
hauteur, de même que l'architecture que l'on y retrouve, respectaient
fort peu le cadre dans lequel ils étaient placés. De là,
par contre, à identifier les cicatrices profondes qu'ont subies la
colline parlementaire ou sa périphérie à une ville
bombardée, tel que l'a fait un mémoire dont on a entendu parler,
je suis poli en disant que c'est charrier.
Peut-on satisfaire, malgré l'état de la colline et ses
abords, aux souhaits et demandes successives des mouvements, des groupements
qui se sont succédé ici à la barre.
A propos de la préoccupation d'un aménagement pour fins
domiciliaires principalement, fins culturelles, récréatives et
autres, peut-on avoir assez d'imagination, d'esprit de créativité
pour penser davantage aux piétons qu'aux automobilistes? Tous les
intervenants ont avancé quantité de suggestions dont plusieurs,
je pense, méritent d'être réellement approfondies. J'avais
moi-même, avant de laisser la charge de ministre des Travaux publics,
recommandé qu'aucune autre construction d'importance ne soit permise aux
abords de la colline parlementaire, pour des fins gouvernementales,
après la décision de La Laurentienne. Malgré des erreurs
importantes de parcours, je suis de ceux qui croient qu'un mariage est encore
très possible entre les vocations qu'on retrouve sur la colline
parlementaire et celles qu'on veut privilégier dans l'avenir. Si vous
n'aimez pas le mot mariage, on peut parler de cohabitation très
possible. En réduisant les revenus que la ville est en droit
d'espérer d'investissements qui rapportent le meilleur rendement
financier, je dis au ministre des Travaux publics que le gouvernement, dans le
choix qui sera le sien, devra adopter une attitude semblable.
Comme porte-parole de l'Opposition officielle, je dis qu'il est
souhaitable de rechercher les formules qui permettraient aux résidents
déracinés de certains quartiers d'y revenir. On devra y mettre
beaucoup d'imagination si l'on veut que ceux qui y reviendraient ne soient pas
victimes d'une déception plus grande encore. Je note également
que personne n'a fait allusion au phénomène que les abords de la
colline parlementaire sont pourvus des plus grands espaces verts qu'une ville
puisse espérer et, ici, je fais référence aux Plaines
d'Abraham. On a beaucoup critiqué les voies d'accès,
Saint-Cyrille, Dufferin-Montmorency. Je ne pense pas être responsable de
leur conception. J'ai déjà dit devant cette commission que loin
de moi étaient ces préoccupations. On a beaucoup parlé des
voies d'accès qui répondaient à des besoins et que des
secteurs non moins importants de la population ont sollicitées.
A écouter M. Baker qui répondait cet après-midi aux
préoccupations d'un député qui s'informait des besoins de
stationnements nouveaux qu'apporterait la venue de constructions à des
fins domiciliaires aux abords de la colline parlementaire, M. Baker pourra me
rappeler à l'ordre si j'ai mal perçu sa réaction, j'ai cru
déceler une réserve de M. Baker en ce sens qu'il souhaite le
retour des citoyens déracinés, dans son esprit, ce n'est pas tant
le retour des automobilistes qui était sa principale
préoccupation. Lors d'une visite à Paris, en pensant à
l'aménagement dont on parlait cet après-midi, de quartiers et de
rues assez étroites qui respecteraient les impératifs des
piétons, en visitant de tels quartiers, dans les abords de la ville de
Paris, principalement la nuit, ceux qui s'y sont rendus, il n'y a pas de
terrain de stationnement ou s'il y en a, on les découvre
difficilement.
Mais on constate que les gens qui vivent dans le quartier qu'on voudra
apporter sur la colline
parlementaire, ils auront également des automobiles ces
gens-là, pour la plupart. A Paris, on les retrouve, ils occupent le
trottoir au complet. Et cela apporte d'autres problèmes que ça
pourra apporter ici également.
Ceci pour conclure que de nouveaux modes d'aménagement
apporteront d'autres problèmes et si on veut éviter les reproches
que les partis d'Opposition ont adressés durant cette commission,
ça prendra une réflexion profonde de l'actuel gouvernement et
pourtant, le moment d'arrêt ne peut se prolonger longtemps.
M. le Président, je vous remercie de la facilité avec
laquelle vous avez accueilli les intervenants et la largesse d'esprit avec
laquelle vous avez donné le droit de parole.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Merci M. le Président, le hasard faisant
drôlement les choses, notre parti n'est ni gouvernement, ni l'Opposition
officielle, mais un troisième parti. Si les recherchistes sont rares
pour l'Opposition officielle, pas besoin de vous dire qu'ils sont encore plus
rares pour l'Union Nationale.
M. Lessard: On n'avait pas de problème nous autres.
M. Grenier: Ah bon!
M. Lessard: Quand on était dans l'Opposition, on faisait
tout ça.
M. Grenier: Vous étiez l'Opposition officielle. Je me
souviens d'avoir visité les lieux et d'avoir vu le nombre de
fonctionnaires qu'il y avait sur l'étage et qui faisaient le travail
pour l'Opposition officielle du temps. Le hasard a continué de faire
drôlement les choses, c'est qu'avec la moitié des votes que le
gouvernement a obtenu, se faire élire avec 71 députés, on
n'en a obtenu que 11, il reste qu'à cause de ça, les
responsabilités sont multiples pour chacun de nos députés
et j'ai de la difficulté à suivre tous les documents
déposés.
Mais, déjà, un comité, chez nous, est en marche
pour venir répondre à la suggestion que faisait tout à
l'heure le ministre, à savoir qu'il pourrait y avoir un fonctionnaire
nommé, et s'il y avait un fonctionnaire responsable du dossier, bien
sûr qu'on demanderait qu'il y ait un comité j'imagine que
c'est déjà dans l'intention du ministre et que des partis
d'Opposition y soient représentés afin de faire avancer ce
dossier.
Je voudrais remercier, au nom de notre parti, ces 20 groupes qui sont
venus ici témoigner devant les députés, afin de nous
donner les renseignements dont on a besoin pour mieux administrer. Les
consensus sont très difficiles, c'est un domaine où
l'unanimité n'est à peu près pas faisable. On s'est quand
même rendu compte que, dans tous ces dépôts de documents et
dans ces discussions, il y a quand même des lignes maîtresses qui
se sont dégagées et de nature à diriger les actions de
l'actuel gouvernement.
En ce qui nous concerne, je pense que ce n'est pas le rôle de
l'Opposition que de prendre les devants, mais les décisions et
l'orientation que prendra le gouvernement dans l'éventuel
développement de la colline parlementaire vont certainement trouver bon
écho chez nous. Soyez sûrs que dans toute décision qui sera
dans l'intérêt des gens qui habitent Québec et des gens qui
veulent venir à la colline parlementaire et se sentir, comme on l'a dit
si souvent, chez eux, soyez sûrs qu'on sera là pour appuyer des
mesures de ce genre.
Je veux remercier le président pour sa collaboration qui nous a
permis de nous exprimer, de faire valoir largement nos opinions, à nos
représentants qui sont venus ici.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui souhaitent faire quelques commentaires très
brefs?
C'est à mon tour de remercier tous les membres de la commission
de la collaboration qu'ils m'ont offerte, puisque c'était la
première commission que j'avais l'occasion de présider. Je vous
avoue avec grand plaisir que cela me fut fort agréable. Je dois dire que
j'ai eu cette collaboration de la part de tous les membres de la commission, de
tous les partis, quoique la tâche me fut peut-être un peu plus
difficile du côté des députés ministériels.
C'était probablement dû à leur implication dans le sujet et
à la proximité des problèmes qu'ils ressentaient au plus
profond d'eux-mêmes.
La commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement, qui a siégé sur l'aménagement de la
colline parlementaire, ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 22 h 37)