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Aménagement de la colline parlementaire
(Dix-sept heures cinq minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement se réunit pour entendre les mémoires sur
l'aménagement de la colline parlementaire.
Aujourd'hui, nous entendrons les mémoires de Trizec Corporation
Limited et le mémoire du Groupe du Faubourg.
Les membres de la commission sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
remplacé par M. Bertrand (Vanier); MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Caron
(Verdun), remplacé par M. Verreault (Shefford); MM. Dussault
(Châteauguay), Gratton (Gatineau), remplacé par M. Marchand
(Laurier); MM. Grenier (Mégantic-Compton), Guay (Taschereau), Lefebvre
(Viau), remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg); MM. Lessard
(Saguenay), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), remplacé
par M. Léonard (Laurentides-Labelle); MM. Mailloux (Charlevoix), Michaud
(Laprairie), Ouellette (Beauce-Nord), remplacé par M. Tardif
(Crémazie); MM. Perron (Duplessis), Rancourt (Saint-François),
Russell (Brome-Missisquoi), Samson (Rouyn-Noranda) et Vaillancourt
(Orford).
J'inviterais les représentants de Trizec Corporation à
s'approcher et M. Jack Wiseman à nous présenter son
mémoire, mais, auparavant, à nous présenter ses
collègues qui l'accompagnent.
Compte tenu du temps qui nous est imparti, à la suite des travaux
de l'Assemblée nationale, je vous donnerai au maximum quinze minutes
pour nous présenter les grandes lignes de votre mémoire. Je vous
demanderai, en conséquence, d'en résumer les grandes lignes.
Ensuite suivra une période de questions d'au plus quinze minutes.
M. Wiseman, vous avez la parole.
Mémoire de Trizec Corporation
M. Wiseman (Jack): Je peux m'asseoir, oui?
M. le Président, messieurs les députés, je vous
présente, à ma gauche, M. André Carrière, directeur
des opérations de Place Québec; M. Jacques Plante,
vice-président et directeur général de Place
Québec; Mme Nicole Bertrand, directrice des centres commerciaux et des
relations publiques de Place Québec; M. Jacques de Blois, notre
consultant et architecte du Centre municipal des congrès de Place
Québec, et M. Rodrigue Bédard, membre de l'exécutif de
l'Association des marchands de Place Québec et aussi président
des hommes d'affaires du Vieux Québec.
Moi, je suis président de Place Québec et je suis aussi
vice-président senior de Trizec pour la planification des
édifices de tous nos nouveaux développements. Je vais lire mon
mémoire. Je vais essayer de le terminer en quinze minutes.
Impliqués en tant que promoteurs et propriétaires fonciers
sur la colline parlementaire, nous nous faisons un devoir de faire
connaître notre point de vue devant cette commission dont nous souhaitons
la consultation bénéfique à l'ensemble de la
communauté.
La compagnie Place Québec Inc., est une filiale
contrôlée à 100% par Trizec, une compagnie canadienne ayant
son siège social à Montréal, promoteur de Place
Ville-Marie et de plusieurs autres multicomplexes réalisés ou en
voie de réalisation dans des villes canadiennes allant de Halifax
à Vancouver.
L'expérience que nous avons acquise depuis la formation de la
compagnie, en 1960, nous a rendus aptes à évaluer les besoins
humains et économiques de renouvellement d'un centre-ville tout en
respectant les valeurs attachées au passé de cette même
ville. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut réviser
périodiquement les schémas de développement en fonction
des variations pouvant survenir au niveau des besoins, des programmes ou du
style de vie d'une population.
C'est aussi pour cette raison que nous saluons cette consultation
populaire qui saura, nous l'espérons, donner à tous les
créateurs, urbanistes, ingénieurs, architectes, promoteurs, le
pouls de la vie, sans lequel les plus efficaces plans d'aménagement, les
plus grandioses projets de construction ne veulent rien dire.
Permettez-nous avant d'aller plus loin, de faire quelque peu
l'historique de Place Québec et de nous reporter vers le début
des années soixante alors que l'emplacement actuel était connu
sous le nom de Place Saint-Cyrille Ltée. Cette époque est
reconnue, le rapport Martin et l'enquête Sylvestre le confirment, comme
en étant une de véritable marasme tant au point de vue humain
qu'économique.
C'est l'époque de l'exode massif des populations, des commerces,
des services, de l'université vers les banlieues favorisées par
des lois et des programmes financiers, assimilant n'importe comment cette
petite mine d'or et donnant lieu aujourd'hui à une véritable
anarchie. Québec était une ville dévitalisée, se
cherchant désespérément une vocation susceptible de lui
apporter les finances et l'énergie nécessaires pour compenser les
lacunes accumulées par de longues années d'incompétence.
Pas de route de ceinture, pas de transport en commun adéquat, pas de
planification à long terme, Québec était vouée au
pic des démolisseurs et économiquement, à une mort lente.
Cette situation provoqua bientôt auprès du public un vif mouvement
de protestation et c'est alors que finalement intervint l'action
gouvernementale.
Tout ceci pour dire que lorsque Place Saint-Cyrille Ltée s'est
établie à Québec, vers 1963, elle était une filiale
d'un groupe appelé MonDev Corporation réunissant deux hommes
d'affaires de Montréal, MM. Léonard et Ranson ainsi que la
Société Montreal Trust. Ce terrain, appartenant à
Place Saint-Cyrille Ltée, était quasiment un vaste champ
de vase faisant difficilement oublier aux Québécois la
rangée de belles maisons aux toits pointus qui s'y élevaient
naguère. Depuis plusieurs années, MonDev essayait
désespérément d'y implanter un hôtel en vue d'Expo
67. Ils avaient échoué. Québec, ne pouvant répondre
aux besoins d'une nouvelle industrie touristique dont tout le monde
commençait à découvrir les possibilités, criait
par-ci, par-là, à l'aide. Le Château était toujours
là, les belles anciennes maisons familiales du Vieux Québec
devenaient d'horribles maisons de chambres et les boîtes carrées
érigées en hâte le long des routes devenaient des motels en
périphérie de Québec. D'importantes associations
nationales et internationales auraient aimé tenir leurs congrès
à Québec, seule ville à pouvoir offrir histoire et joie de
vivre en Amérique, mais Québec devait refuser, faute
d'hôtels et d'aires d'expositions adéquats.
C'est alors, en 1969 plus précisément, que nous risquons
le tout pour le tout, sachant à l'avance la difficulté
d'introduire un nouvel équilibre dimensionnel dans une
agglomération urbaine déjà profondément malade.
Mais c'est un défi que nous nous plaisons à relever et c'est
alors que nous nous mettons immédiatement à l'ouvrage, en
collaboration avec les trois paliers gouvernementaux, soit municipal,
provincial et fédéral. C'est en tenant compte de leurs
recommandations, souhaits et exigences que nous aboutissons à notre plan
directeur, approuvé par la suite, la conception du projet étant
à cette époque conforme aux exigences et normes
énoncées dans le rapport LaHaye. Et il est important de garder
ceci à la mémoire puisque, dès le début, je vous ai
précisé que nous croyons nécessaire de
réévaluer périodiquement les plans de
réaménagement urbain selon l'évolution d'une ville.
Ce plan directeur respectait les cheminements piétonniers. Il
était organisé de façon à raccorder les grands
générateurs de la colline parlementaire, atouts majeurs pour la
revitalisation du secteur. Il tenait aussi compte de la présence
éventuelle des autoroutes adjacentes et des conditions climatiques.
C'est pourquoi il a alors été convenu avec le ministre de
la Voirie de la province et la ville de Québec qu'une passerelle ou un
tunnel franchirait l'autoroute Dufferin en vue de raccorder les réseaux
piétonniers avec le carré d'Youville et son stationnement.
Nous estimions alors, et le temps l'a prouvé, que les grands
générateurs de piétons et de vie étaient les
suivants: les réseaux de piétons de la colline parlementaire, le
Centre municipal des congrès, les deux hôtels: l'Auberge des
Gouverneurs et le Québec Hilton, le carré d'Youville, le
Vieux-Québec, le centre commercial de Place Québec,
l'édifice à bureaux de place Haute-Ville et Place
Québec.
Bref, c'est en toute bonne foi et confiant en l'avenir de la capitale
qu'après avoir obtenu tous les permis et l'approbation requise, nous
commencions les travaux en 1970 et qu'en 1974, les deux premières phases
étaient terminées.
Québec se dotait du même coup d'un Centre municipal des
congrès, de l'hôtel Québec-Hilton avec 700 chambres, d'un
stationnement pour 1000 voitures, d'un édifice à bureaux et d'une
galerie de boutiques, le tout alliant le modernisme fonctionnel et une nouvelle
dimension architecturale.
Tous les Québécois fiers et sensibles à la
revitalisation de leur ville débordent alors d'enthousiasme devant la
satisfaction d'avoir obtenu un outil susceptible de répondre à
leurs besoins économiques. Enfin, nous pourrons recevoir dignement
visiteurs et congressistes. Enfin, nos chambres d'hôtels...
Le Président (M. Marcoux): M. Wiseman, je pense que vous
seriez mieux de résumer des parties de votre mémoire, si vous
voulez que les membres de la commission puissent vous poser des questions,
compte tenu du temps à leur disposition; résumez les grandes
lignes, car les membres de la commission ont lu votre mémoire avant la
commission, alors, ils pourront vous poser des questions pertinentes, j'en suis
convaincu.
M. Wiseman: Combien de temps?
Le Président (M. Marcoux): Les membres de la commission
disent que vous pouvez continuer à lire, mais le plus rapidement
possible.
M. Wiseman: Le plus rapidement possible.
Québec prenait sa place sur la carte des villes à attrait
touristique et nous pouvions relever la tête devant la curiosité
parfois amusée des visiteurs. Désormais, Québec offrait
l'image d'une ville dynamique, sachant s'adapter à son temps.
Laissant les Québécois à la découverte des
premières images de l'avenir de leur ville, nous continuons à
travailler sur le projet de construction des Phases III et IV dont le
basilaire, comportant les assises et les services mécaniques ont
été prévus dans la première étape en
fonction des implantations et des volumes indiqués au plan directeur. Il
s'agissait de l'édifice de 35 étages situé à
l'intérieur du complexe et de l'édifice de 15 étages
implanté le long de l'autoroute Dufferin, coin Saint-Joachim. Le plan
directeur était intégralement respecté en volume.
Connaissant les grandes lignes de ce plan directeur, le gouvernement
provincial nous demandait alors une soumission vers le début des
années 1975 en vue de loger les bureaux du ministère des
Transports dans les 600 000 pieds carrés de l'édifice central.
Les plans sont alors corrigés, révisés, approuvés.
Le bail est proposé, négocié, accepté par les deux
parties. Le permis est obtenu et les travaux débutent le 6 avril 1976.
Quelques semaines plus tard, les travaux sont interrompus à cause de la
grève de la construction et il est décidé de reporter la
marche des travaux au printemps 1977.
Il importe ici de souligner que le schéma d'aménagement de
la CUQ recommande la consolidation du centre-ville. Or, parallèlement
à cette consolidation, on exige que cesse la démolition des
quartiers résidentiels du centre-ville en faveur
de leur réhabilitation. S'il nous apparaît logique de
considérer les constructions en hauteur comme une solution valable, on
comprend d'autre part qu'un contrôle soit nécessaire et nous
abondons en ce sens. Il convient de soigner l'implantation de ces
édifices de façon à ne pas créer de vacuum au
niveau du sol et il est important que les basilaires soient ramenés
à l'échelle humaine de façon à créer des
microclimats dont l'existence est indispensable à notre latitude. Or,
nous sommes conscients d'avoir tenu compte de ces impératifs au moment
de l'élaboration de notre plan directeur, même si, depuis,
certains facteurs peuvent nécessiter une révision dans leur mise
en application.
Nous désirons réaliser notre plan tel que prévu en
vertu des impératifs suivants:
Nous avons acquis les terrains conditionnellement à la
réalisation d'un rapport plancher et terrain co'nvenu et accepté
par la ville de Québec.
Nous avons investi les budgets appropriés dans les services tels
que les stationnements en fonction du projet total.
La rentabilité du centre commercial a été
établie en fonction de l'achalandage prévu par la présence
des édifices des phases III et IV et les équipements en place ne
sont pas présentement utilisés à leur pleine mesure.
D'autre part, nous sommes disposés à entreprendre toute
discussion constructive avec l'interlocuteur ou l'organisme qui sera
chargé de la nouvelle planification de la colline parlementaire.
Cet organisme aurait le devoir et la responsabilité
d'établir des normes et des règles de jeux qui devront permettre
à l'entreprise privée d'évaluer le potentiel de sa
participation, de même que son rôle dans l'aménagement et la
réalisation de la colline parlementaire, avec un recul tel qu'il
favorisera, comme il se doit, la réalisation des projets par
étapes successives prévues dans les plans directeurs
approuvés.
Nous suggérons également que les planificateurs repensent
l'échelle, le mobilier et le paysagisme, de même que les
aménagements de l'autoroute Dufferin ainsi que du boulevard
Saint-Cyrille. Nous croyons que ces espaces sont hors d'échelle dans un
tel milieu urbain et qu'ils constituent une barrière physique entre la
colline parlementaire, la Place d'Youville, le Vieux-Québec et le
Quartier Saint-Jean-Baptiste. Ils représentent un grand danger pour les
piétons qui osent s'y aventurer et cette situation s'est aggravée
depuis l'ouverture partielle, en décembre dernier, de l'autoroute
Dufferin jusqu'à la rue d'Estimauville. Il est à prévoir
que ce danger s'accentuera lorsque l'autoroute sera reliée
jusqu'à la jonction de l'île d'Orléans et du boulevard
Métropolitain.
Pour ces mêmes raisons, les usagers de la colline parlementaire
représentent une clientèle qui alimente les équipements
hôteliers de la Grande-Allée, tandis que ceux de la rue
Saint-Jean, de Place d'Youville et du Vieux Québec sont hors d'atteinte
pour les piétons de la colline. Nous suggérons que les boulevards
Saint-Cyrille et Dufferin soient réaménagés pour obvier
à cette situation.
C'est pourquoi nous nous permettons d'insis- ter sur la
nécessité et l'urgence de réaliser et de compléter
ce réseau piétonnier jusqu'à Place d'Youville. Dans ce
même ordre d'idée, les employés de la colline parlementaire
et ceux du Vieux Québec pourraient circuler librement si la poterne
à l'arrière de l'Office municipal du tourisme était
ouverte aux piétons en direction de la rue d'Au-teuil.
Il importe aussi d'humaniser l'ensemble de la colline à
l'échelle du piéton et c'est notre intention de continuer
à ajuster ou modifier nos équipements en fonction des projets
voisins ou connexes à Place Québec, ou à tout autre
élément nouveau dans notre entourage. C'est pourquoi nous avons
consenti, à l'automne 1975, à raccorder l'édifice Place
Haute Ville, l'Auberge des Gouverneurs jusqu'au Centre municipal des
congrès via Place Québec.
D'autre part, dans notre voisinage immédiat, l'îlot
Saint-Augustin, Saint-Jean, Dufferin et Saint-Joachim est appelé
à devenir un carrefour piétonnier majeur reliant les plus grands
générateurs du centre-ville, de même que les réseaux
de transport en commun. Aussi la réhabilitation de cet îlot
doit-elle se planifier avec la participation de tous les corps publics,
nous-mêmes et les voisins immédiats.
Nous croyons indispensable de ramener vers le centre-ville une partie du
monde des affaires, des loisirs et de l'habitation depuis trop longtemps
attirés vers les banlieues impersonnelles.
Nous nous permettons aussi de faire remarquer l'apport économique
que représente pour les établissements connus du Vieux
Québec, les touristes et congressistes résidant en nos murs,
apport financier qu'il faut protéger et pour la venue duquel le
gouvernement provincial déploie d'innombrables efforts.
N'oublions pas aussi que nous croyons que l'ancien peut très bien
côtoyer le moderne et que l'un peut valoriser l'autre à condition
d'offrir une image esthétiquement intéressante et non pas celle
de maisons taudifiées et branlantes. Si l'on veut vraiment
protéger la vie d'un quartier, qu'on lui donne alors la
possibilité physique de rester vivant en éliminant les
spéculateurs immobiliers parmi lesquels les premiers coupables, sont
souvent les propriétaires étouffés par un taux de taxe
escaladant.
Que l'on ne perde pas de vue aussi ces nombreux petits
commerçants impliqués directement ou non à Place
Québec. Plusieurs de ces Québécois ont investi en toute
confiance dans un projet d'envergure, assurés qu'ils étaient de
l'approbation générale. Ils ont osé miser sur le renouveau
québécois et pas toujours seulement en fonction de la piastre.
Les centres commerciaux de banlieue sont envahis par des magasins à
chaîne. Place Québec a essayé d'être
différente, d'être représentative du milieu
québécois auprès d'une clientèle en partie
touristique. Il y a des lacunes à combler, mais est-il nécessaire
de dire ici combien il est difficile de se trouver une identité?
Nous sommes conscients de nous intégrer de plus en plus à
la vie de notre quartier et tous nos efforts tendent à consolider notre
centre comme
une sorte d'équipement communautaire où le public peut
trouver l'espace nécessaire à de multiples manifestations
socio-culturelles, artistiques et commerciales.
Nous croyons que nous sommes de plus en plus perçus comme tel et
désirons continuer cette intégration. Nous sommes, il va sans
dire, disposés à participer ou encourager les projets
d'habitation avec la participation du domaine public et notre entière
collaboration est acquise à cette commission.
Bref, nous sommes des promoteurs désireux d'achever leur projet
mais nous sommes aussi des êtres humains conscients de leur devoir envers
la société. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie beaucoup, M.
Wiseman. M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je ne veux pas discuter
très longuement, étant donné notre temps, mais je voudrais
quand même relever deux affirmations, soit l'une à la page 2,
où vous nous dites que "l'expérience que nous avons acquise
depuis la formation de la compagnie en 1960 nous a rendus aptes à
évaluer les besoins humains et économiques de renouvellement d'un
centre-ville, tout en respectant les valeurs rattachées au passé
de cette même ville".
Bon! Je dis: Peut-être selon vos intérêts et vos
préoccupations à vous autres, mais pas nécessairement
selon les préoccupations de la communauté. C'est la remarque que
je voulais faire. Et quand vous nous dites, à la page 5: "Tous les
Québécois fiers et sensibles à la revitalisation de leur
ville débordent alors d'enthousiasme devant la satisfaction d'avoir
obtenu un outil susceptible de répondre à leurs besoins
économiques", vous me permettrez d'en douter, M. Wiseman, étant
donné que nous sommes justement à discuter actuellement de
l'aménagement de la colline parlementaire et nous recevons des
témoignages de citoyens qui ne démontrent pas cet enthousiasme
dont vous parlez dans votre mémoire.
Nous avons donc des conceptions qui sont différentes,
particulièrement quand vous parlez un peu de maisons taudifiées,
branlantes. Je vous avoue, là, qu'on s'éloigne, en fait, de
l'aménagement d'un complexe humain...
Mais je voudrais vous poser des questions particulièrement sur
deux points, d'abord le contrat que vous avez négocié avec le
gouvernement provincial antérieur et l'annonce que vous avez faite, en
tout cas, qui paraît dans le journal Le Soleil du mercredi 30 mars, selon
laquelle vous présenteriez ou vous auriez décidé de
continuer vos projets.
Première question: Vous dites, à la page 6, de votre
mémoire, que les plans concernant la location avec le ministère
des Travaux publics sont alors corrigés, révisés,
approuvés, que le bail est proposé, négocié,
accepté par les deux parties.
Voici la question que je vous pose... Je comprends que ça devient
des dédales administratives ou politiques, mais j'aimerais j e
pense que vous avez votre avocat à côté de vous
qu'on me précise très bien ce qu'on veut dire là-dedans.
Quand vous dites que le bail est accepté par les deux parties, est-ce
que vous voulez dire que le bail est accepté par Trizec et le
responsable politique du gouvernement du Québec, à savoir le
ministre du temps qui, lui, aurait dû normalement le ministre est
là, il pourra répondre, non, l'ancien ministre, c'était M.
Tetley, je pense se faire confirmer d'abord par un CT, en fait, un
mandat du Conseil du trésor, et, deuxièmement, par un
arrêté en conseil. Enfin, est-ce qu'il y avait d'abord le mandat
du Conseil du trésor? Deuxièmement, est-ce qu'il y avait
l'arrêté en conseil et, troisièmement, est-ce que le
ministre avait non pas signé, mais, comme ministre, avait donné
son accord.?
M. Wiseman: Je n'ai pas d'avocat avec moi. Je vais quand
même essayer de répondre à vos questions, parce que c'est
moi et mes associés qui avons négocié avec le
gouvernement. En disant que les plans étaient corrigés,
révisés, approuvés, on a travaillé depuis presque
un an avec les architectes, avec les employés du ministère des
Transports pour réviser les plans pour répondre aux besoins et
les plans étaient approuvés, signés, initia-lés par
tout le monde.
M. Lessard: Les plans?
M. Wiseman: Les plans. Deuxièmement, on a travaillé
à un bail de quelques mots et on a soumis notre bail. Par la suite, on a
fait beaucoup de corrections et on a discuté du prix des loyers; on a
discuté de tous les détails et, un vendredi soir, on a
travaillé tard et tout le monde était d'accord. C'est allé
au Conseil du trésor et j'ai reçu un appel
téléphonique à peu près vers midi, disant que tout
était approuvé par le Conseil du trésor, mais il fallait
avoir un arrêté en conseil dans l'après-midi, parce qu'il y
avait un Conseil des ministres et c'est à ce Conseil des ministres que
ce fut arrêté, pour une ou deux semaines disait-on, et cela n'a
jamais été conclu.
M. Lessard: Cet arrêt a-t-il été
confirmé par lettre?
M. Wiseman: Non.
M. Lessard: II faut souligner qu'il y a quand même eu deux
projets semblables où cela a été très près.
Il y a eu le projet de Le Bourgneuf de M. Adams et il y a votre projet. Dans le
cas de Le Bourgneuf, je pense que c'est encore plus loin que cela, mais la
question que je vous pose est la suivante: Etant donné que le bail n'est
pas signé vous comprenez que, comme gouvernement, nous devons
respecter les ententes qui ont été prises par l'ancien
gouvernement, mais qui sont prises légalement... Si nous étions
obligés d'assumer des ententes qui ne sont pas légales, on se
ramasserait je ne sais où, mais dans ce cadre, étant donné
que le bail n'était pas signé et, comme je vous connais,
c'est-à-dire que j'ai l'impression que vous êtes un homme
d'affaires qui
ne se laisse pas prendre aussi facilement, aviez-vous une compensation
financière prévue au cas où le gouvernement et
signée, naturellement déciderait de ne pas louer les
locaux prévus?
M. Wiseman: On avait une lettre dans ce sens. Oui.
M. Lessard: Une lettre qui venait de qui?
M. Wiseman: Elle était de M. Trudeau, je pense,
l'ancien...
M. Lessard: ... sous-ministre.
M. Wiseman: Oui. Sous-ministre, c'est cela. Roger Trudeau.
M. Lessard: Pourriez-vous nous expliquer la proposition qui
était faite concernant cette compensation financière?
M. Wiseman: Pour aller au fond des choses, nous avions un plan
comme phase IV Place Québec. Le gouvernement nous a demandé de
faire une soumission et, après plusieurs rendez-vous avec les
différents paliers de gouvernement, ils ont exigé que nous
changions nos plans. On leur a dit: Si on change expressément pour vous
autres, on va dépenser de nouveaux taux d'architecture pour vos besoins
et on ne sait pas si, à cette date, vous louerez les espaces et il fut
convenu à ce moment qu'on changerait les plans si le gouvernement nous
envoyait une lettre disant qu'il nous paierait tant si les affaires ne
marchaient pas.
M. Lessard: Le ministre du temps ne vous avait-il pas
indiqué qu'il était d'accord pour louer, mais dans un
édifice de seize étages et non pas dans un édifice de 32
étages?
M. Wiseman: C'est une histoire qui est venue après.
Premièrement, quand on a su que notre proposition serait
présentée au Conseil du trésor, le ministre a
appelé notre président et lui a dit: Je suis d'accord sur votre
projet et je vais le présenter. Il a changé d'idée
après. Il y avait d'autres...
M. Lessard: Promoteurs?
M. Wiseman: Pas des promoteurs, je pense que ce sont des citoyens
qui pensaient qu'un édifice de 35 étages était trop haut.
A ce moment-là, il a changé d'idée, mais c'est lui qui a
appuyé notre proposition au commencement.
M. Lessard: J'aurais une dernière question en ce qui me
concerne, concernant votre mémoire. Vous aviez donc décidé
de retarder le projet parce que le gouvernement du Québec avait
décidé de ne pas louer les locaux qui avaient été
négociés ou partiellement négociés. Dans le journal
Le Soleil du mercredi 30 mars 1977, dans la chronique Québec, sous la
signature de M. Yves Bernier, nous lisons: Place Québec présente
un projet do- miciliaire. On nous indique que vous auriez l'intention de
continuer vos projets, cette fois non pas sous forme d'espaces de bureaux, mais
sous forme d'un édifice d'appartements. Est-ce que vous pourriez nous
donner des explications? Est-ce que vous avez l'intention de continuer? Est-ce
que vous avez le permis de la ville de Québec pour continuer?
Pourriez-vous nous donner des explications à ce sujet?
M. Wiseman: Je ne sais pas où M. Bernier a pris ses
renseignements. Il faudrait peut-être lui demander cela. Oui, nous avons
l'intention de continuer. Nous avons eu notre permis pour la construction de
l'édifice, il a été approuvé et on parle justement
de se préparer pour continuer.
M. Lessard: Vous avez eu un permis pour l'édifice
concerné?
M. Wiseman: Oui.
M. Lessard: A quelle date avez-vous obtenu ce permis?
M. Wiseman: Premièrement, nous avons eu le permis pour
l'excavation, je pense que c'était dans le mois d'avril, et il
était nécessaire de faire envoyer d'autres plans à
l'hôtel de ville.
M. Lessard: Vous parlez d'excavation pour l'ancien édifice
qu'on voit du haut de l'Auberge des Gouverneurs, à l'intérieur
des tours.
M. Wiseman: Oui.
M. Lessard: Mais, pour le projet tel que modifié, parce
que vous avez modifié votre projet?
M. Wiseman: Pas encore.
M. Lessard: Pas encore? Vous construisez exactement... Vous avez
l'intention de construire 35 étages, tel que prévu, sans vous
préoccuper si le gouvernement va louer ou pas. En tout cas, je vous
indique que le ministère des Travaux publics n'a pas l'intention de
louer. Alors, vous avez donc l'intention de continuer tel que prévu.
M. Wiseman: M. le ministre. Il y a une chose que je pense que
beaucoup de gens oublient, c'est que nous étions prêts à
continuer la phase IV de Place Québec. Nous avions des plans pour
continuer, avant que l'ancien gouvernement ne vienne nous voir pour louer
l'espace.
Parce qu'on avait un plan de 35 étages, pour la phase IV, mais
c'est dans le temps où le gouvernement est venu nous voir pour nous
demander de lui faire une soumission qui a retardé notre projet. On sait
que dans une ville comme Québec, ça prend un peu de l'industrie
privée, un peu du gouvernement pour réussir un édifice de
600 000 pieds carrés. On a pensé à faire ça par
étapes aussi parce que nos premiers plans étaient prévus
pour monter 17 étages et 17 étages. C'était toujours
planifié ainsi pour suivre le marché.
M. Lessard: Est-ce que vous avez l'intention de faire recommencer
les travaux bientôt?
M. Wiseman: Je suis en train de travailler à un rapport
pour le soumettre, ensuite à mes directeurs pour avoir leur approbation.
On travaille pour avoir des hypothèques, des choses comme ça.
J'espère qu'on va commencer bientôt.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne pense pas avoir
moi-même, pas plus comme ministre des Travaux publics que ministre des
Transports, rencontré ceux qui sont à la barre de la compagnie
Trizec. Si je comprends bien, les discussions qui se sont situées sur
une période assez éloignée, assez étendue, le
ministère des Transports ou d'autres ministères du gouvernement,
vous saviez qu'ils étaient à la recherche de certains espaces
à bureaux, à louer... vous avez offert au ministère des
Travaux publics la location d'espaces possibles dans le projet dont on parle.
Ce sont des discussions qui se sont poursuivies, j'imagine, avec le
sous-ministre responsable, M. Trudeau et, dans la discussion, j'imagine
également que le locateur éventuel qui pouvait être le
ministère des Transports, ou M. Rouleau ou ses officiers étaient
également partie de la discussion.
Je voudrais revenir sur la citation que vous faites à la page 6
de votre mémoire: "Les plans sont alors corrigés,
révisés, approuvés. Le bail est proposé,
négocié, accepté par les parties." Je sais qu'en cours de
route, l'utilisateur possible vous aurait demandé d'apporter certaines
modifications aux plans originaux. Ce qui a été fait.
Est-ce que je me tromperais en disant que si le Conseil du trésor
n'a jamais donné le feu vert pour la location qui était en
discussion, il y aurait eu une proposition qui vous aurait été
faite, possiblement par le Conseil du trésor et par le ministère
des Travaux publics, le sous-ministre en titre, à l'effet qu'advenant
que le gouvernement décide de ne pas donner suite, après que
toutes les étapes soient franchies jusqu'à celle du Conseil des
ministres... relativement aux plans qu'on avait pu vous demander de corriger,
le gouvernement s'engagerait possiblement à les racheter selon une
compensation pécunière.
Je pense que c'était ça la discussion, advenant que
ça ne vienne pas à un contrat signé en bonne et due forme.
Est-ce que c'était ça?
M. Wiseman: Dans ce sens-là, je ne me rappelle pas
exactement les mots, mais c'était...
M. Mailloux: Qu'on paierait environ 40% ou 50% de la
préparation des plans professionnels.
M. Wiseman: A peu près.
M. Mailloux: C'est à peu près cela. Le conseil des
ministres a refusé d'entériner la proposition de location et n'a
jamais donné suite avec un contrat signé en bonne et due forme.
Il n'y a jamais eu de contrat de signé?
M. Wiseman: Non.
M. Mailloux: J'aimerais que vous me disiez, M. Wiseman... J'ai eu
connaissance que, par la suite, mon successeur au ministère des Travaux
publics, M. Tetley, s'il acceptait certaines locations à la place
où vous vouliez construire, avait quand même recommandé
qu'aucune location ne serait acceptable à moins que la construction
n'ait au-delà de seize étages, alors que la ville recommandait
que, possiblement, 20 étages seraient acceptables par son plan
d'urbanisme. Est-ce que ce serait l'avis émis et par la ville et par le
ministère des Travaux publics? Seize et vingt?
M. Wiseman: Non, avec la ville, on n'a jamais discuté d'un
édifice de 20 étages. Après toute cette histoire, dans le
mois de septembre ou octobre, j'ai eu une rencontre avec l'ancien ministre
Tetley et on a discuté des moyens d'avoir le gouvernement comme
locataire. Il me disait que et c'était annoncé dans la
Presse également le gouvernement ne louerait pas des espaces dans
un édifice plus haut que seize étages.
M. Mailloux: M. Wiseman, est-ce que je dis la
vérité en affirmant que le gouvernement ne vous a jamais garanti
aucun remboursement des fondations qui sont faites actuellement?
M. Wiseman: Excusez, je n'ai pas compris.
M. Mailloux: II n'y a jamais eu aucune promesse de remboursement
des travaux qu'avait commencés la compagnie Trizec sur les fondations
mêmes qui sont à côté de l'Auberge des
Gouverneurs?
M. Wiseman: Jamais.
M. Mailloux: II n'y a jamais eu aucune...
M. Wiseman: Jamais.
M. Mailloux: Une dernière question. Dans le projet auquel
se réfère un journal dont on vient de parler, que ce soit exact
ou non que vous vouliez aller de l'avant, advenant que vous ayez les permis
nécessaires, est-ce que, dans votre esprit, si le gouvernement n'est pas
utilisateur de locaux que vous mettriez en disponibilité, doit-on
comprendre que ce serait à d'autres fins qu'une construction
éventuelle serait érigée, non pas pour des espaces
à bureaux mais pour de multiples usages, condominium, etc.? Est-ce que
c'est dans votre idée ou si c'est un secret que vous voulez garder
advenant que vous ayez un permis?
M. Wiseman: Non, ce n'est pas un secret. On pense toujours
à construire des édifices à bureaux dans ce plan directeur
dont on parle. Il faut comprendre que, quand on a commencé à
Place
Québec, c'était moi qui travaillais sur toute la
planification, la construction et j'ai mis tout ce projet en marche.
Dans ce temps-là, le gouvernement n'avait pas besoin d'espace; il
était à construire les complexes H et G et notre plan directeur
était fait en tenant compte de cela, en tenant compte qu'il y avait tant
de pieds carrés par année que l'industrie privée pourrait
prendre et que, peut-être, si on était chanceux, on pourrait en
louer un peu au gouvernement. On n'a pas voulu avoir tout un édifice
pour le gouvernement. Un projet, cela prend un mélange. Un bon projet,
c'est si vous avez et le gouvernement et l'industrie privée, c'est cela
qu'on prévoit ici.
M. Mailloux: M. Wiseman, quand il a été
affirmé, je ne me rappelle pas par quelle source, qu'advenant que vous
n'ayez pas la possibilité de construire un édifice assez
élevé, il n'y aurait pas de rentabilité sur les phases
précédentes, est-ce que c'est la compagnie qui a avancé
une telle chose? Est-ce que c'est la compagnie qui a dit, à un moment
donné, qu'advenant que vous n'ayez pas la possibilité, les permis
pour construire sur la place actuelle, il n'y aurait pas de rentabilité
pour l'ensemble des phases que vous avez mises en place?
M. Wiseman: Est-ce qu'on parle des boutiques qui sont
déjà en place?
M. Mailloux: Vous avez plusieurs...
M. Wiseman: On a...
M. Mailloux: D'accord, laissez faire. Merci!
M. Wiseman: Je ne comprends pas.
M. Lessard: Si vous ne construisez pas, par exemple,
l'édifice de 35 étages, est-ce qu'il est exact que les deux
autres tours ne seraient pas rentables ou que ce qui est investi actuellement
ne serait pas rentable?
M. Wiseman: Oui, parce qu'à ce moment, on a encore
à peu près 20 000 pieds vacants dans le centre commercial. Le
stationnement ne fonctionne pas comme il le faut, les restaurants non plus,
parce que, dans un projet comme cela, on prévoit beaucoup et on
espère que, dans le temps, tout va venir en complétant notre
projet.
M. Mailloux: Est-ce que vous voulez dire par là qu'au
moment de la phase initiale, la ville de Québec, la commission
d'urbanisme ou d'autres organismes vous auraient assuré que l'ensemble
des phases pourrait se réaliser?
M. Wiseman: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une brève remarque peut-être. Notre
parti n'a pas été le gouvernement pendant vos phases de
développement, il peut le devenir. Je peux vous dire que j'ai une simple
remarque, je n'ai pas de questions aussi techniques qu'en avaient le ministre
ou l'ex-ministre, mais, à la page 10, vous dites que l'ancien style peut
facilement coudoyer le nouveau style. Je peux vous dire que je n'ai pas le
scandale facile de ce côté-là. Je me réjouis fort de
ce développement qui est arrivé au centre de Québec ici.
Malgré tous les mouvements d'opposition qu'il peut y avoir eu ici et
tout ce qui peut s'êtredit à cette table c'est tout de
même assez incroyable tout ce qui peut s'être dit sur ces grands
développements je peux vous dire que vous rendez service, que
vous avez rendu service, par vos développements, à des centaines
de milliers de touristes. Je pense bien que dans le centre de la ville de
Québec, ce sont des besoins importants. Cela va peut-être prendre
un autre style, je suis bien d'accord là-dessus.
M. Lessard: Selon que tout cela change, est-ce que la position
change, selon le député?
M. Bertrand: Est-ce que vous représentez l'Union
Nationale?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre!
M. Lessard: Est-ce que la position de l'Union Nationale change
selon les députés qui la représentent?
M. Grenier: Non, je ne pense pas, il y a peut-être des
édifices gouvernementaux qu'on peut critiquer, je suis d'accord, notre
ancien ministre en a parlé, je le pense bien, jusqu'à
maintenant.
M. Bertrand: M. le député de
Mégantic-Compton, est-ce que votre...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, le
député de Vanier!
M. Bertrand: J'espère qu'on n'a pas terminé, M. le
Président.
M. Grenier: Non, il vous reste un quart d'heure.
Le Président (M. Marcoux): A moins que la commission en
décide autrement, l'audition de ce mémoire est
terminée.
M. Bertrand: Non, je m'excuse. C'est un projet d'une importance
considérable. On l'a devant nous en ce moment. Ce n'est pas un projet
qu'on peut...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission désirent continuer à discuter de ce
mémoire?
M. Mailloux: On a raison de...
Le Président (M. Marcoux): Alors, dans l'ordre, les
députés de Vanier, Duplessis, Laprairie et Taschereau.
M. Bertrand: Avant mon intervention...
Le Président (M. Marcoux): Je ne permettrai que des
questions et aucun commentaire. Les représentants des partis ont eu le
loisir, c'est normal, de faire des commentaires plus détaillés.
Maintenant, je demanderais que les députés ne s'en tiennent
qu'à des questions à nos invités.
M. Bertrand: M. le Président, vous comprendrez tout de
même qu'il est dans nos droits d'élargir un peu la question et
d'émettre un certain nombre de commentaires. Cela fait partie de nos
fonctions de députés, même les simples
députés ont droit à cela. Je me demandais tantôt si
le silence du député de Mégantic-Compton n'était
pas en même temps lié à cette espèce d'entente dont
on avait entendu parler entre les branches, que l'Union Nationale pourrait
devenir locataire au Hilton d'une salle...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! M. le
député de Vanier.
M. Grenier: Ce n'est pas une éventualité, c'est une
réalité qui se concrétisera le 27 avril.
M. Bertrand: On comprend un peu mieux.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre à
l'aménagement.
M. Grenier: Ce ne sera pas déplaisant.
M. Bertrand: On comprend un peu mieux l'intervention du
député de Mégantic-Compton. Bon, ces choses étant
maintenant claires...
Le Président (M. Marcoux): Je croyais que c'était
votre question et que...
M. Bertrand: Non. C'était simplement pour essayer de
comprendre. On est ici pour essayer de comprendre.
Le Président (M. Marcoux): Venez-en vite à votre
question, sinon vous allez perdre votre tour...
M. Bertrand: D'accord, M. le Président. Je ne peux pas,
effectivement, à l'instar de M. le ministre des Transports et des
Travaux publics... Il y a un certain nombre de phrases que je trouve assez
surprenantes dans le rapport. "Enfin, nos chambres d'hôtels ne
ressembleront plus à celles de la vieille Europe, sujettes à tant
de blagues et de frustrations." Je vous jure que je trouve cela drôle.
"Québec prenait sa place sur la carte des villes à attrait
touristique et nous pouvions relever la tête devant la curiosité
parfois amusée des visiteurs. Désormais, Québec offrait
l'image d'une ville dynamique, sachant s'adapter à son temps. Laissant
les Québécois à la découverte des premières
images de l'avenir de leur ville..." Plus loin, on se posait des questions sur
la difficulté... "Il y a des lacunes à combler, mais est-il
nécessaire de dire ici combien il est difficile de se trouver une
identité?"
Alors qu'on est justement dans une ville qui a trouvé son
identité par l'histoire et qui était justement en train d'essayer
de la maintenir et qui est en train d'essayer de la perdre... On est ici pour
empêcher que cela se poursuive.
M. le Président, je voudrais demander concrètement au
président, M. Wiseman, que je félicite, par contre, d'avoir
présenté lui-même son rapport...
Le Président (M. Marcoux): Formulez votre question ou vos
questions, M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que vous allez tout
de même, dans le contexte que vous savez, que vous connaissez, même
si vous avez obtenu le permis et même si vous avez phase III et phase IV
à réaliser... en l'absence de toute possibilité d'obtenir
des contrats de location du gouvernement, et en sentant que le gouvernement n'a
pas l'intention de développer la colline parlementaire davantage vers
des édifices à bureaux, avez-vous tout de même l'intention
de poursuivre les phases III et IV, et d'en faire des édifices à
bureaux qui seraient loués par l'entreprise privée?
M. Wiseman: Pour commencer. Place Québec, ou anciennement
Place Saint-Cyrille, après de longues études, on savait toujours
qu'il y avait une demande pour les espaces à bureaux. On savait aussi
qu'il y avait des demandes pour des habitations. Jusqu'à maintenant, on
a fait louer le premier édifice à bureaux, qui comprend presque
200 000 pieds carrés, peut-être qu'on a un petit édifice
fédéral chez nous, mais le reste de l'édifice comprend
entièrement de l'industrie privée.
Jusqu'à ce jour, on perd des locataires. M. Plante, notre
gérant général, peut vous dire ça, parce qu'on n'a
plus d'espace dans la phase I de Place Québec. On sait que toutes les
entreprises s'agrandissent et n'ont pas de place chez nous. Pour pouvoir
desservir cette clientèle, on pense toujours à ajouter des
espaces à bureaux.
Je voudrais dire aussi, pour ceux qui ne le savent peut-être pas,
qu'on a déjà aussi acheté ou qu'on a sous notre
contrôle d'autres terrains à côté de Place
Québec. Oui, c'est en arrière de la phase I. Cela se trouve en
face du cimetière, où il y a un stationnement maintenant,
à côté de l'Auberge des Gouverneurs. Les plans ne sont pas
concrétisés, et je n'ai rien dit à M. Bernier, qui lui
permette d'écrire ces choses dans les journaux, mais c'est toujours
prévu d'ajouter une autre étape, qui n'est pas encore
approuvée, mais grâce à laquelle on agrandirait le
stationnement, et aussi notre centre de boutiques et en mettant aussi des
habitations par-dessus. Cela, c'est un plan à venir. C'est dans ce sens
qu'on parle dans notre mémoire.
Je pense que tout le monde le sait, on appelle ça un "mixed-use
development". Il faut essayer que cela vive jour et nuit, avec l'hôtel,
avec le Centre municipal des congrès, avec les édifices à
bureaux, de concert avec tous les services qui sont déjà
là. Moi, je suis convaincu que Québec va s'agrandir et va avoir
besoin d'espaces à bureaux,
pour le gouvernement et l'entreprise privée, et on espère,
si nos loyers sont compétitifs que les gens vont louer chez nous.
Le Président (M. Marcoux): Le ministre d'Etat à
l'aménagement.
M. Léonard: A la suite des questions de tout à
l'heure du député de Charlevoix, je voudrais savoir, si c'est
possible pour vous de répondre, si le complexe actuel est rentable.
M. Wiseman: Non.
M. Léonard: II n'est pas rentable.
M. Wiseman: Non.
M. Grenier: Dans combien de temps pourra-t-il être
rentable?
M. Wiseman: C'est une très bonne question. Dans notre
rapport annuel, vous pouvez lire que les hôtels ne vont pas bien de ce
temps-ci. A Québec, il y a trop d'hôtels qui sont venus dans le
même temps.
M. Léonard: Mais, d'après vous, ce serait seulement
en construisant un édifice d'une trentaine d'étages qu'on
pourrait le rentabiliser?
M. Wiseman: On a dépensé tant de millions de
dollars en investissements pour les édifices des phases III et IV. Cet
argent ne donne pas de rendement.
M. Léonard: J'entends que ce sont des investissements non
terminés, mais ce qui est déjà terminé est-ce
rentable?
M. Wiseman: Non, parce que des investissements ont
déjà été faits pour les troisième et
quatrième phases.
M. Léonard: L'autre question que je voudrais vous poser
est la suivante: Vous dites à la fin que vous assurez la commission de
votre entière collaboration. Par ailleurs, il a été dit
dans le journal, vrai ou faux, que même vous, aviez confirmé
jusqu'à un certain point que vous étiez décidé
d'aller de l'avant avec ce projet.
Si le ministre des Transports et des Travaux publics ou une commission
décidait qu'il n'y avait plus de construction en hauteur dans ce
secteur, sur la colline parlementaire, quelle attitude prend riez-vous?
M. Wiseman: Comme le dit notre mémoire, nous en
discuterons. Nous sommes prêts à discuter.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Duplessis.
M. Perron: M. Wiseman, lorsque vous avez construit les phases I
et II, qui sont existantes ac- tuellement, pourriez-vous nous dire si vous
aviez eu une entente avec la ville de Québec, section des plans,
d'urbanisme et tout cela, les gens qui s'occupent d'émettre les permis,
quant à ce qui allait arriver avec les phases III et IV? Y a-t-il eu
entente comme quoi vous obtiendriez des permis pour les phases III et IV?
M. Wiseman: En principe, oui. M. Perron: En principe.
M. Wiseman: Pour avoir tous nos permis, on avait toujours notre
plan directeur... on donnait en conséquence...
M. Perron: Actuellement, M. Wiseman, vous avez le permis de
construction pour les phases III et IV?
M. Wiseman: On a le permis pour la phase III. M. Perron:
Seulement la phase III? M. Wiseman: Oui.
M. Perron: Mon autre question et la dernière, M. le
Président, vous écrivez dans votre rapport à la page 7,
à la huitième ligne, cela m'intéresse
énormément et probablement que cela intéresse aussi les
autres membres de la commission, surtout suite à ce que nous avons
entendu de la part des autres personnes et des autres groupements qui nous ont
présenté des mémoires: "II convient de soigner
l'implantation de ces édifices de façon à ne pas
créer de vacuum au niveau du sol et il est important que les basilaires
soient ramenés à l'échelle humaine de façon
à créer des microclimats..."
J'aimerais savoir, en vos propres mots, parce que je voudrais faire des
comparaisons avec ce que les autres personnes qui ont présenté
des mémoires nous ont dit, j'aimerais savoir, dis-je, ce que vous
entendez par là, en parlant de vacuum et de microclimats.
M. Wiseman: Prenons comme exemple ce qui est arrivé
à Montréal avec la construction de la gare Centrale, avec la
Place Ville-Marie, avec la Place Bonaventure et tous les réseaux
piétonniers pour donner une bonne circulation. C'est ce qu'on veut dire.
Je pense que j'ai répondu à votre question.
M. Perron: Disons à peu près, mais pas dans le sens
que je voulais. Je voudrais comprendre ce que vous voulez dire vraiment par
vacuum et microclimats, parce qu'il y a tout de même une
différence entre les deux mots. Il y a une énorme
différence. C'est à la page 7, huitième ligne.
M. Wiseman: Oui. Je vais le lire tranquillement. Puis-je demander
à M. deBlois d'expliquer cela?
M. Perron: Oui.
M. deBlois (Jacques): En général, il y a certaines
commissions, certains mémoires auxquels vous faites allusion qui ont
condamné l'échelle, appelons cela l'échelle
soviétique. J'illustrerais mon exemple par ce programme. Prenons
l'exemple de la Place Rouge, où il y a des espaces hors échelle.
Il n'y a pas de point de repère. Il n'y a pas de paysagiste.
Ou encore, je pourrais illustrer par certains autres exemples qui sont
plus près de nous. Citons simplement le complexe G. On a
reproché, par exemple, au complexe G d'avoir fait le vacuum, d'avoir
vidé ou d'avoir siphonné une partie de la Grande-Allée,
d'avoir siphonné l'espace qui était meublé par des
anciennes maisons qui ont été rasées à l'endroit
où vous avez ce qu'on connaît maintenant comme le pigeonnier,
où se trouvent ces cages à pigeons. Il se crée un espace
qui est tellement grand, tellement vaste et l'édifice est tellement haut
et large que cela provoque des courants d'air, cela provoque des rafales et
vous vivez l'expérience d'être emporté par la rafale dans
ces grands espaces à proximité de ces très grands
édifices.
Je reviens à l'exemple de Place Ville-Marie où vous avez
ces grandes tours. Remarquez que c'est assez paradoxal. Cela va être
votre problème de vous prononcer là-dessus. Si vous vous promenez
à Place Ville-Marie, il y a plusieurs édifices qui sont
très élevés, mais, à cause de la densité, de
la composition des volumes avec les bâtiments de IBM, de Esso, l'espace
est refermé, les courants d'air sont moins violents, les espaces sont
ramenés à l'échelle du piéton par la
présence d'arbres, de banquettes, de mobilier urbain, mais on n'a pas
cette espèce, ce qu'on appelle le vacuum de la Place Rouge, par exemple,
où vous vous sentez complètement perdu, vous avez l'impression
que vous pouvez être happé par le courant d'air. Ce sont des
notions d'urbanisme, cela fait partie de la philosophie de l'urbaniste, de la
philosophie de l'aménagement. Il y a beaucoup de sémantique, de
sentimentalité dans ces termes qui sont des termes difficiles. Souvent,
ceux qui s'y aventurent peuvent se casser le cou, mais j'essaie de vous
expliquer un peu ce qu'on voulait dire par la fausse échelle, la grande
échelle d'espaces qui sont trop grands, où le piéton se
sent complètement dominé, comme ce qui vous arrive lorsque vous
traversez Dufferin-Montmorency; vous avez l'impression d'être encore plus
en danger que si vous étiez au Vietnam.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: M. Wiseman, dans votre mémoire, il y a des
commentaires que je trouve pour le moins ridicules et même choquants pour
l'intelligence des Québécois. Je vous demanderais: Avez-vous
toujours l'impression d'avoir mis la ville de Québec au monde ou si vous
voulez essayer de nous en convaincre?
M. Wiseman: Est-ce que vous pourriez poser encore cette question?
Je n'ai pas compris le sens de votre question.
M. Michaud: Simplement, il y a des commentaires que je trouve
choquants pour l'intelligence des Québécois quand vous dites que
nos chambres d'hôtels ne ressembleront plus à ceci ou cela, et que
nous allons être maintenant fiers du Québec nouveau. Est-ce que
vous avez toujours l'impression, depuis 1970, d'avoir mis la ville de
Québec au monde ou si vous essayez de nous en convaincre
nous-mêmes ici?
M. Wiseman: Je pense que c'est une réaction
générale, à mon avis, des gens avec qui j'ai
discuté de cela, par les études que nous avons faites avant de
commencer Place Québec. On a parlé à beaucoup
d'hôteliers ici, à presque tous les grands hôteliers. On a
parlé aux bureaux de tourisme, pas seulement à Montréal,
mais on a fait le tour de tous les centres de congrès du Canada, des
Etats-Unis.
On leur demandait pourquoi et ils parlaient des chambres et disaient:
D'accord, vous avez le Château, mais où est-ce qu'on va loger le
monde? Est-ce qu'on va le loger... peut-être que les mots ne sont pas
à votre goût, mais c'est la vérité.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Vous avez évoqué tantôt, M. Wiseman,
le fait que vous déteniez un permis de la ville de Québec en vue
de construire la phase III, n'est-ce pas?
Je dis que vous avez évoqué tantôt le fait que vous
déteniez un permis de construction de la ville de Québec pour la
phase III de Place Québec. Ce permis a été émis au
mois d'avril dernier, si je ne m'abuse, il me semble que j'ai lu ça
quelque part là-dedans. Ce permis est de quelle durée? Quelle en
est la durée? Quand on émet un permis de construction, est-ce que
c'est pour l'éternité ou si cela a une limite dans le temps?
M. Wiseman: Ce n'est pas pour l'éternité. Je ne
peux pas vous dire exactement jusqu'à quelle date le permis est bon.
Mais on a eu deux permis; premièrement, pour commencer en avril et,
ensuite, on a eu le permis pour toute la bâtisse. Parce que tous les
paliers de gouvernement nous ont demandé de leur envoyer plus de
renseignements à cause du sauvetage, des choses comme ça; tout a
été envoyé. Je pense qu'on a eu notre permis final en juin
ou juillet... en juillet.
M. Guay: Est-ce que vos collaborateurs peuvent répondre
à la question, peut-être? Est-ce qu'il y a une limite?
M. Wiseman: Un an.
M. Guay: Un an. Ce qui veut dire que si vous ne commencez pas les
travaux au mois de juin ou juillet de cette année, le permis est
périmé.
M. Wiseman: On peut le faire renouveler. On a le droit de
demander un renouvellement.
M. Guay: Ce serait l'hôtel de ville, qui a donné son
aval à tout votre vaste projet, qui devrait donner un nouveau permis,
renouveler le permis.
M. Wiseman: De renouveler, oui.
M. Guay: A quelle date, dans l'état actuel des choses,
prévoyez-vous commencer vos travaux, puisque vous nous parlez de
poursuivre les choses selon leur cheminement normal? Avez-vous une date du
début des travaux?
M. Wiseman: Je ne suis pas en position de vous répondre
maintenant. Parce que je fais une soumission à mes directeurs. On a une
assemblée à la fin d'avril.
M. Guay: Vous avez une assemblée à la fin
d'avril.
M. Wiseman: Oui.
M. Guay: A ce moment-là, est-ce que vous avez
déterminé...
M. Wiseman: Je vais donner mes recommandations.
M. Guay: En ayant une assemblée à la fin d'avril,
est-ce qu'il est possible, quelle que soit votre recommandation, que les
travaux, effectivement, puissent commencer avant le 15 juillet?
M. Wiseman: Cela peut commencer tout de suite, les plans sont
faits, on a des plans...
M. Guay: Les contrats sont-ils accordés?
M. Wiseman: II y a quelques contrats qui sont
accordés.
M. Guay: Déjà!
M. Wiseman: Oui. On a de l'acier qui se trouve chez Structal,
ici, à Québec. On nous attend pour la faire livrer; c'est
déjà fabriqué.
M. Guay: Vous dites, d'autre part, dans votre document, à
la page 11: "Si l'on veut vraiment protéger la vie d'un quartier, qu'on
lui donne alors la possibilité physique de rester vivant en
éliminant les spéculateurs immobiliers parmi lesquels les
premiers coupables sont souvent les propriétaires étouffés
par un taux de taxe escaladant".
Il est précisément question de protéger la vie d'un
quartier, en l'occurrence le quartier Saint-Jean-Baptiste, en éliminant
les spéculateurs immobiliers, et parmi lesquels les propriétaires
étouffés par un taux de taxe qui escalade. Est-ce que votre
présence, et surtout le projet d'expansion que vous avez, n'est pas de
nature à provoquer précisément, parmi les
propriétaires environnants, une escalade aditionnelle des coûts,
et Dieu sait pourtant qu'ils en subissent déjà une... est-ce que
votre projet, phase III et phase IV, ne serait pas de nature, non pas à
protéger la vie du quartier Saint-Jean-Baptiste, mais à la
détruire décidément et complètement une fois pour
toutes?
M. Wiseman: Pas nécessairement. M. Guay: Mais
peut-être.
M. Wiseman: Cela dépend, comme j'ai essayé de
l'expliquer dans le mémoire que nous avons présenté, si on
fait la planification et qu'on sait les limites, les besoins ou les
idées des urbanistes. Quand nous avons commencé à Place
Québec, on n'est pas venu ici pour rien. Il y avait une demande. On peut
dire qu'un groupe de citoyens, aujourd'hui, exigent de ne pas démolir
cela, de ne pas faire cela et cela.
M. Guay: M. Wiseman, est-ce que vous voulez nous dire que vous
êtes venu à Québec par philanthropie?
M. Wiseman: Pardon?
M. Guay: Vous semblez nous dire que vous êtes venu à
Québec un peu par philanthropie, pour combler un besoin, qu'au fond, on
est allé vous chercher et que vous, vous étiez
intéressé en la matière.
M. Wiseman: Non, je suis venu comme homme d'affaires.
M. Guay: Très intéressé.
NI. Wiseman: Comme homme d'affaires, oui.
M. Guay: Bon; donc, bien intéressé.
M. Wiseman: Oui.
M. Guay: C'est parfait, d'accord. A ce moment-là, de
quelle façon peut-on concilier protection... C'est parce que cela
commençait à avoir l'air d'une oeuvre philanthropique. Comment
peut-on concilier la construction de la phase III et la protection du Quartier
Saint-Jean-Baptiste et de la population actuelle du quartier
Saint-Jean-Baptiste?
M. Wiseman: Comment est-ce qu'on peut? M. Guay: Oui.
M. Wiseman: Les exigences, les demandes changent, les besoins
changent. Si on fait un grand plan directeur, si on dit que ces endroits sont
réservés pour des édifices commerciaux, ces endroits pour
des fins résidentielles, ces endroits pour des besoins gouvernementaux,
cela donne de la valeur. Les promoteurs savent ce qu'ils peuvent faire.
Une Voix: Ce qui n'est pas le cas présentement.
M. Wiseman: Si les promoteurs savent ce qu'ils peuvent faire et
qu'il y a une bonne organisation qui suit le plan directeur et savent qu'ici,
on peut faire construire des édifices à un étage ou des
logements à un étage, cela donne une valeur au terrain, cela
hausse le terrain. Mais si on ne sait pas exactement ce qu'on peut faire dans
un quartier...
Le Président (M. Marcoux): Je remercie M. Wiseman au nom
des membres de la commission. Je m'excuse que nous n'ayons pu entendre
aujourd'hui le Groupe du Faubourg. Alors, demain, nous entendrons les
mémoires 2M, Ecole d'architecture de l'Université Laval, 4M,
Mouvement Saint-Gabriel, 21 M, Keops Construction Inc. 10M, c'est le
mémoire de la CECQ, également le mémoire du Groupe du
Faubourg.
Vous avez un dernier mot, oui.
M. Wiseman: M. Bédard voudrait avoir un dernier mot.
M. Bédard (Rodrigue): J'aimerais attirer votre
attention...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez prendre
le micro, s'il vous plaît, pour que ce soit enregistré au journal
des Débats?
M. Bédard (Rodrigue): J'aurais voulu attirer votre
attention ici. Lorsque ces projets sont venus, dans les années soixante,
il faut tout de même se placer dans le contexte de ces années.
L'environnement de ce secteur laissait vraiment à désirer.
Le Président (M. Marcoux): Monsieur, je m'excuse de vous
interrompre, mais je crois que vous entrez dans l'ensemble du débat de
toute la commission, depuis le début.
M. Bédard (Rodrigue): Seulement une seconde.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a une
information?
M. Bédard (Rodrigue): Non.
Le Président (M. Marcoux): Vous devriez vous limiter
à des informations supplémentaires que vous croyez
essentielles.
M. Bédard (Rodrigue): Je vais couper au plus court. On
parle de rentabilité. M. Guay et M. Bertrand semblaient oublier aussi
qu'il y a quand même des boutiquiers qui sont là, qui ont tout de
même investi de fortes sommes d'argent. M. Guay semblait vouloir
protéger les résidents; je suis bien d'accord avec lui, mais, par
contre, il ne faudrait pas oublier quand même que ce sont, pour la
plupart, des Québécois qui ont investi dans ces boutiques. Ces
Québécois vont atteindre le taux de rentabilité de leur
boutique seulement lorsque les phases III et IV seront terminées. Si les
gens, les boutiquiers avaient pu soupçonner que les phases III et IV
n'auraient pas été réalisées, il n'y en a pas un
"mosus" qui aurait investi un sou là. Je me demande, si ces phases III
et IV ne se réalisent pas, lorsque ces baux seront terminés, dans
encore sept ans à venir, ce qu'ils vont faire avec tout ce secteur.
C'est seulement cela que je voulais ajouter.
Le Président (M. Marcoux): Je dirais que...
M. Guay: Là-dessus, je voulais simplement dire ceci...
Le Président (M. Marcoux): Simplement pour signifier que
la question que vous avez posée, c'est précisément le
mandat de cette commission qui est de s'interroger sur la question, ou de
trouver des hypothèses de réponses à la question que vous
venez de soulever. C'est la raison pour laquelle nous entendons tous ces
mémoires.
Je remercie à nouveau les représentants de Trizec Corp. Je
vous informe que la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 17)