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Aménagement de la colline parlementaire
(Seize heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Les membres de la
commission sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup) remplacé par M.
Bertrand (Vanier); M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun)
remplacé par M. Verreault (Shefford); MM. Dussault (Châteauguay),
Gratton (Gatineau), Grenier (Mégantic-Compton), Guay (Taschereau),
Lefebvre (Viau) remplacé par M. de Belleval (Charlesbourg); MM. Lessard
(Saguenay), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata) remplacé par
M. Léonard (Laurentides-Labelle); MM. Mailloux (Charlevoix), Michaud
(Laprairie), Ouellette (Beauce-Nord) remplacé par M. Tardif
(Crémazie); MM. Perron (Duplessis), Rancourt (Saint-François),
Russell (Brome-Missisquoi), Samson (Rouyn-Noranda), Vaillancourt (Orford).
Aujourd'hui, nous entendrons les organismes suivants: Projet Atlific,
Charlebec, Groupe de sauvegarde du couvent des soeurs du Bon-Pasteur, Claude
Dubé, urbaniste, ainsi que Mme Andrée Gendreau.
La commission va siéger jusqu'à dix-huit heures et
reprendra ses travaux à vingt heures quinze, comme à l'habitude,
jusqu'à vingt-trois heures. J'inviterais...
Convocation de la ville de Québec
M. Guay: M. le Président, question de règlement.
Hier, au moment où nous avons ajourné la séance, on a
laissé entendre, ou il s'ensuivit automatiquement que le
témoignage de la ville de Québec était terminé. Je
voudrais faire une motion auprès de cette commission afin de convoquer
à nouveau, à tout le moins, le directeur du service d'urbanisme
de la ville de Québec, à la fin des auditions de la
présente commission, comme dernière comparution, parce que les
cinq scénarios que la ville de Québec a présentés
hier, à mon avis, demande à être explicités
davantage. Il y a une série de questions qui se posent et, une fois que
nous aurons entendu tous les intervenants, j'aimerais, à tout le moins
avec le directeur du service d'urbanisme de la ville de Québec, pouvoir
passer en revue ces cinq sénarios, à la lueur des interventions
que nous aurons eues. Pour l'information de la commission, il s'agit là
d'une démarche essentielle.
Le Président (M. Marcoux): Je crois que la motion est
recevable. Est-ce qu'on pourrait vous suggérer de ne pas inclure
à la motion le fait que ce soit nécessairement à la fin?
Si, par rapport à d'autres organismes, cela créait des
problèmes, simplement de proposer qu'il soit convoqué à
nouveau. Est-ce que la motion...
M. Mailloux: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que, si le député a d'autres questions à poser
à certains spécialistes de la ville de Québec, il puisse
le faire au moment où la commission le jugera à propos, mais je
me demande si, en même temps, on ne devrait pas inviter les
représentants de la ville de Québec à accompagner leur
urbaniste.
M. Guay: Ma motion, c'était à tout le moins le
directeur du service d'urbanisme. Si le maire veut comparaître,
évidemment, cela nous fera plaisir.
M. Mailloux: Quant à nous, il n'y a pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): La motion est-elle
adoptée? La motion est adoptée. J'inviterais maintenant Me Guy
Pinsonnault à nous présenter le mémoire du projet Atlific
ainsi que la personne qui l'accompagne. Vous pouvez rester assis.
Projet Atlific
M. Pinsonnault: Seulement pour la présentation, si vous
permettez. M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, la personne qui m'accompagne est M. André Gingras, de la
compagnie Atlific, actionnaire et copropriétaire de la compagnie. C'est
pourquoi j'ai demandé, au nom des propriétaires, qu'il soit
présent pour la session de cette commission. Si vous permettez, je
terminerai, assis, avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Nous ne sommes pas à la
cour. Vous pouvez rester assis.
M. Pinsonnault: Non, mais pour la présentation, la
politesse est là.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais on s'en
vient sur la procédure que vous nous présentiez autant que
possible votre mémoire dans une vingtaine de minutes, au maximum trente
minutes, pour donner le plus de temps possible pour la période des
questions, parce que nous voulons, autant que possible, terminer votre
mémoire avant l'heure du souper.
M. Pinsonnault: Je vais autant que possible le résumer
tout simplement. Au départ, deux précisions. La compagnie, pour
le bénéfice de tout le monde, voudrait apporter une
précision. La compagnie Atlific, qui exploite et possède des
hôtels Holiday Inn, ne doit pas être confondue avec une autre
compagnie, qui s'appelle Commonwealth, qui possède et exploite
également dans le Canada et ailleurs, tout probablement, des
hôtels du nom de Holiday Inn. La compagnie que nous avons l'honneur de
représenter, la compagnie Atlific, possède 16 ou 17
établissements Holiday Inn dans le Canada et exploite ces
hôtels.
Par exemple, le Holiday Inn du centre-ville appartient à
Commonwealth et est exploité par cette compagnie. Celui de Sainte-Foy
est possédé et exploité par Atlific. Atlific en exploite
également à Montréal, Place Dupuis, centre-ville, etc.,
Côte-de-Liesse, et il y en a d'autres dans tout le Canada. La compagnie
Atlific est une compagnie possédée et exploitée par des
Canadiens français de la région de Montréal.
Je voudrais également, M. le Président, rectifier un
détail. Je remercie la représentante deTéié 4 qui
m'a fait remarquer qu'il y avait une petite erreur dans mon plan, annexe A du
mémoire, quant à la localisation que vous voyez indiquée
par une flèche, la localisation est légèrement à
gauche. Je m'en excuse, c'est le terrain voisin. Là où est la
flèche, c'est l'immeuble de l'Auberge des Gouverneurs. Ce ne sont pas
les urbanistes qui ont fait l'erreur, c'est moi, en indiquant cette
flèche et en faisant un photostat du plan. Pardon?
M. Mailloux: Vers l'est?
M. Pinsonnault: Vers l'ouest. A droite, à l'est, vous avez
Place Québec, vous avez ensuite l'immeuble de l'Auberge des
Gouverneurs.
M. le Président, MM. les membres de la commission, j'attire votre
attention sur la photo que vous avez là-bas, que vous avez devant vous.
Cette photo n'indique pas l'Auberge des Gouverneurs. Elle n'indique que la base
de l'Auberge des Gouverneurs, et non pas l'auberge construite. Ceci va avoir
une certaine importance tout à l'heure, parce que j'imagine qu'on va
mentionner... on est le terrain immédiatement voisin et on va parler de
hauteur. J'attire votre attention. Voilà, c'est très bien, je
vous remercie, M. Bertrand. J'attire l'attention de la commission sur ce fait.
Il ne faudrait pas croire que cette photo, c'est la photo de ce qui existe
présentement. L'Auberge des Gouverneurs actuellement a trente
étages environ.
M. Léonard: ... qu'hier...
M. Pinsonnault: Oui. Au début, je voudrais donc remercier
le gouvernement, le ministre de l'Environnement, M. Léonard et M. le
ministre Lessard, d'avoir accepté de procéder ainsi. Nous y
voyons un signe de grande démocratie: consultation, etc.
Personnellement, cela m'impressionne et j'aime beaucoup qu'on procède
ainsi. Le mandat de la commission, à notre sens, tel que nous l'avons
compris, c'est l'élaboration d'un type d'aménagement pour ce
secteur unique du territoire québécois. C'est dans ce sens que
nous le concevons. C'est dans ce sens que nous disons qu'il est unique, parce
qu'il n'y a pas deux capitales et il n'y a pas deux centres de la capitale, il
n'y en a qu'un. Donc, il y a un seul secteur qui s'appelle le secteur
parlementaire ou la colline parlementaire. Nous avons voulu axer le
mémoire sur cette réalité. Vous êtes assurés,
M. le Président, et MM. les membres de la commission, de la
collaboration totale.
Nous avons souligné, dans le mémoire, la collaboration
active de la compagnie Atlific, et celle-ci se présente comme
propriétaire du terrain, également comme promoteur d'un projet
qui date de trois ou quatre ans et en est rendu à sa toute
dernière phase. C'est pourquoi, dans l'historique du projet, je vous ai
mentionné qu'ils sont propriétaires d'un terrain de 77 000 pieds
carrés situé immédiatement voisin de l'Auberge des
Gouverneurs actuelle et que ce projet date déjà de trois ou
quatre ans et a subi, pas dans le sens péjoratif du mot, mais a
traversé toutes les périodes, tous les stades normaux de
l'élaboration d'un tel projet. Au début, le projet était
plus élevé. La ville de Québec a demandé de le
réduire. Les services d'urbanisme de la ville de Québec ont
examiné le projet, ils ont examiné les services
spécialisés, par exemple, la circulation, etc., il y a un
boulevard, des problèmes de circulation... Toutes ces étapes sont
terminées. On en était rendu à la phase finale de
l'émission du permis de construction par la commission d'urbanisme. Nous
en étions toujours à cette phase finale, lorsque le 15 novembre
est arrivé, lorsque le jour s'est levé, si vous me permettez
cette expression.
Donc, l'immeuble a été réduit à seize
étapes. Il serait voisin de l'Auberge des Gouverneurs qui en a
actuellement 30. J'imagine qu'on n'a pas à étudier en
détail ce projet. Les détails relèvent de la commission
d'urbanisme et de l'autorité en cette matière qui est la ville de
Québec, sujets évidemment au concept d'aménagement qui
sera élaboré par cette commission ou par le gouvernement du
Québec, de concert avec la ville de Québec.
En ce qui concerne l'aménagement de la colline parlementaire,
nous sommes d'opinion que cet aménagement doit être celui d'un
secteur, comme je disais tout à l'heure, unique dans le Québec
et, de ce fait, relève essentiellement de l'aménagement du
territoire. Nous avons mentionné à la page 4, en le soulignant et
en le mettant même en majuscules, qu'en fait, c'est le coeur du
Québec, c'est le coeur de l'Etat québécois, et que cet
aménagement, sa caractéristique principale doit tenir compte
justement de ce fait.
Nous mentionnons, un peu plus loin, que ce fait revêt deux
réalités. Il y a une réalité, les choses existent
comme ça. Matériellement, vous avez les édifices que vous
connaissez, qui sont tout autour.
En fait, c'est le coeur de la capitale, mais ce fait a un aspect
sociologique qui ne doit pas être négligé. Cela peut
être émotif, si vous voulez, mais on n'a qu'un coeur et, quand il
disparaît, vous savez ce que cela amène. Pour l'Etat
québécois, c'est la même chose. Le coeur du Québec
est ici et le type d'aménagement qui sera conçu, qui sera
adopté, à mon sens, pour coller à la
réalité, doit coller également à cette
réalité qu'on qualifie de réalité sentimentale,
mais disons de réalité sociologique.
C'est pourquoi nous mentionnons que la fonction principale,
c'est-à-dire que l'aménagement de ce secteur doit
s'élaborer autour de la fonction principale du secteur et la fonction
principale du
secteur est justement d'être le coeur de l'Etat
québécois et, comme coeur de l'Etat québécois,
c'est le centre de la fonction parlementaire et de la fonction administrative
qui s'y exercent. C'est pourquoi les alentours ou l'aménagement
devraient être homogènes et ce caractère
d'homogénéité devrait reposer particulièrement sur
ce fait, c'est-à-dire sur cette fonction principale qu'est la fonction
administrative et parlementaire, parce qu'il y a tout de même une
distinction entre le Parlement et les ministères, qui sont
l'administration.
Et nous ajoutons dans notre mémoire que ceci est une
réalité fondamentale, que c'est la même chose dans tous les
pays du monde. Il n'y a qu'une capitale et, à part certains cas
particuliers, comme au Brésil, où on a déplacé la
capitale pour tenir compte d'un fait parce qu'on a voulu créer de toutes
pièces une capitale dans le centre du pays pour créer un
pôle d'unité, ici, la capitale existe, il y a un facteur
historique qu'on ne peut mettre de côté et cette capitale c'est
Québec.
C'est pourquoi je vous mentionne à la page 5 que, qu'on le
veuille ou qu'on ne le veuille pas, indépendamment des conceptions
d'urbanisme que nous laissons aux spécialistes en aménagement,
urbanistes, etc, il y a trois réalités qui devraient à
notre sens guider l'élaboration du concept d'aménagement de la
colline parlementaire.
Premièrement, le Parlement québécois ne pourra
certainement pas se situer à deux endroits. Cela peut paraître
extrêmement évident et simple, mais c'est capital et
fondamental.
Deuxièmement, la capitale du Québec, à cause de sa
connotation historique, ne pourra pas être localisée ailleurs. On
ne conçoit pas que la capitale du Québec, soit à
Trois-Rivières, à Montréal ou ailleurs. L'histoire est
là. Québec demeurera toujours la capitale et c'est une capitale
qui est appelée à prendre de l'expansion, croyons-nous.
L'administration gouvernementale et là nous touchons des
sujets qui ont été traités ici lors de sessions
antérieures, je pense, l'administration gouvernementale, pour
être efficace nous attirons l'attention de MM. les membres de la
commission là-dessus nécessiterait toujours et de
façon croissante, la concentration des centres de décision au
même endroit, et particulièrement à un endroit
rapproché de l'autorité législative, c'est-à-dire
du parlement lui-même. Nous sommes bien conscients que là nous
touchons tout le problème de décentralisation des fonctions
administratives, décentralisation des ministères, etc. Mais il
reste quand même que toute administration gouvernementale demandera un
minimum, pour son efficacité, de concentration et cette concentration
devra être près de l'autorité législative, qui est
forcément au parlement québécois. Ceci reprend,
évidemment... Nous croyons également que, sans nous prononcer sur
l'avenir du Québec, chacun ayant ses convictions personnelles ou ses
espoirs, inévitablement, le Québec, la ville de Québec,
comme capitale, est appelée à grandir. Nous avons
mentionné, à la page 6, que fort probablement, quel que soit
l'avenir politique du Québec, la fonction gouvernementale va
probablement doubler et c'est un facteur, c'est une réalité dont
on doit absolument tenir compte dans le concept d'aménagement, parce que
ce concept d'aménagement, c'est un plan directeur et un plan directeur
pour l'avenir.
Que sera le Québec dans vingt ans? On ne le sait pas. Nous
pouvons prévoir beaucoup de choses; mais, une chose est certaine, c'est
que la capitale du Québec va avoir grandi et, de plus, la fonction
gouvernementale va certainement s'accroître. La réalité
sociologique est là, les programmes gouvernementaux vont augmenter, les
ministères, etc. C'est inévitable. Nous avons mentionné,
à la page 6 du mémoire, que l'idéal de type
d'aménagement pour la colline parlementaire serait de maintenir un
équilibre entre l'utilisation fonctionnelle du secteur de la colline
parlementaire, en tant que centre administratif de l'Etat et en tant que
capitale du Québec, de façon à maintenir un aspect humain,
un caractère humain dans ce grand ensemble. Donc, un équilibre
entre le fait qu'on veuille l'utiliser de la façon la plus rationnelle
et fonctionnelle possible, mais aussi toujours conserver à l'esprit que
c'est la capitale et c'est le centre, le coeur.
A la page 7, nous soumettons à MM. les membres de la commission,
que tout type ou concept d'aménagement, pour être respecté,
nécessitera forcément des mécanismes de contrôle.
Nous croyons qu'actuellement, il devrait y en avoir quatre ou cinq, mais en
résumé, il doit y avoir trois possibilités de
mécanismes de contrôle. Nous reprenons, premièrement,
l'idée qui a été soumise par certains membres de la
commission, d'une commission de la capitale nationale. Nous disons que cette
idée fait son chemin, mais nous nous permettons de vous soumettre les
considérations suivantes: une commission de la capitale nationale, telle
que nous la voyons, par exemple, telle qu'elle est en application à
Ottawa, a quand même un désavantage, celui de réduire les
fonctions de la ville même de Québec alors que la tendance
actuelle dans les états modernes, particulièrement au
Québec, est de donner aux municipalités et aux gouvernements
locaux ou régionaux, le plus de pouvoirs possible de façon qu'ils
règlent eux-mêmes leurs problèmes et qu'ils prennent
l'initiative de les régler, qu'ils aient les pouvoirs de les
régler.
Donc, une certaine décentralisation de façon à
avoir une plus grande démocratie. Nous avons rappelé une chose
qui nous tient beaucoup à coeur, je pense que messieurs les membres de
la commission sont peut-être en grande partie de cet avis, le
gouvernement le plus démocratique, c'est la municipalité, parce
que c'est le gouvernement qui est le plus près du peuple. Le
gouvernement le moins démocratique, et en ce sens, nous disons que c'est
le gouvernement le moins équitable, c'est celui qui est le plus
éloigné du peuple, le plus éloigné de
l'administré.
Quelles que soient les méthodes techniques ou administratives qui
sont employées, parce qu'il
est loin, s'il est loin, il n'est pas contrôlé par
l'administré, le contribuable ne contrôle pas son dollar de taxe
et s'il ne contrôle pas son dollar de taxe, ce ne sont pas $2, $3 ou $4
qui vont être dépensés, ça va être... plus on
est loin de la personne qui doit contrôler, évidemment, plus le
mécanisme de contrôle est lâche.
La deuxième possibilité serait le système que nous
avons actuellement, je pense, c'est-à-dire l'autonomie la plus
complète qui respecte l'autonomie de la municipalité et celle de
la ville de Québec, en laissant les choses telles qu'elles sont.
Juridiquement parlant, actuellement, la ville de Québec peut
procéder sans demander je dis juridiquement l'autorisation
d'émettre un permis de construction, sur la colline parlementaire.
Il est bien évident, et la ville de Québec et nous
sommes entièrement de cet avis a bien fait, le 15 novembre,
voyant un nouveau gouvernement en place, de prendre l'initiative de tout
arrêter et de dire: On va voir ce que le nouveau gouvernement pense du
concept d'aménagement de la colline parlementaire et on va stopper tous
les projets. C'est ce qui est arrivé et c'est pourquoi la commission
existe.
La troisième possibilité, comme mécanisme de
contrôle, ce serait un mécanisme de contrôle que
j'appellerais un mécanisme de veto ou de contrôle
préalable, si vous voulez, qui est mitoyen entre les deux formules
d'autonomie complète de la municipalité et de contrôle
complet d'une commission gouvernementale. Ce serait l'obligation, par une
structure qui serait simple, que toutes les demandes de permis ayant une
certaine importance, tous les projets soient préalablement soumis
à un comité gouvernemental ou un comité mixte, entre la
ville de Québec et le gouvernement, pour établir une chose: pour
établir si ce projet a une connotation particulière ou une
influence particulière sur le caractère général de
l'aménagement de la colline parlementaire ou du concept
d'aménagement. Est-ce qu'il respecte le concept d'aménagement de
la colline parlementaire?
Ceci permettrait d'avoir une plus grande souplesse, cela respecterait
l'autonomie de la ville de Québec et cela assurerait au gouvernement que
son concept d'aménagement, dans ses grandes lignes, serait
respecté.
Nous nous sommes permis, à la page 9 du mémoire, de vous
soumettre quelques considérations qui sont peut-être indirectement
reliées à ce qui fait l'objet de votre mandat. Nous voulons
attirer l'attention des membres de la commission sur le fait suivant: Le projet
que nous avons est un projet qui date de trois ou quatre ans et qui est de
l'ordre de $35 millions. Nous ne l'avons pas mentionné dans le
mémoire, mais c'est quand même une autre réalité.
Cela a des aspects économiques, surtout à l'heure actuelle. Nous
croyons, nous soumettons très respectueusement et nous ne voulons pas
insister là-dessus, mais, actuellement, il y a un ralentissement
économique et la mise en chantier de ce projet qui est prêt
à être réalisé tout de suite, aiderait certainement
à la reprise économique, à la lutte contre le
chômage et à la rentrée de certains revenus.
C'est pourquoi nous demandons à MM. les membres de la commission,
étant donné les retards cela fait trois ou quatre ans que
ce projet est en marche à cause de toutes les phases par
lesquelles nous avons passé antérieurement, nous demandons aux
membres de la commission qu'une réponse soit donnée le plus
rapidement possible. Que cette réponse soit favorable ou
défavorable, mais qu'une réponse soit au moins donnée de
façon que les dommages financiers qui sont causés aux
propriétaires du projet, du terrain, n'augmentent pas de façon
indéfinie.
Nous vous soumettons respectueusement ces considérations un peu
personnelles, mais je pense que c'est une réalité à
laquelle on fait face.
En conclusion, nous vous réitérons notre collaboration
active, la plus complète. Notre désir est d'être
considéré comme un partenaire actif et positif dans la
réalisation de ce concept d'aménagement et d'être une
pierre qui s'insère bien dans un bon concept d'aménagement.
Une dernière idée, à la fin. Je pense qu'on ne peut
pas ne pas tenir compte du fait que ce genre d'édifice, à cet
endroit, qui est directement en face du complexe G, qui est de l'autre
côté du boulevard Saint-Cyrille, mais juste en face du complexe G,
serait relié au complexe G par un tunnel, comme la place Québec
est reliée aux immeubles du parlement par un tunnel. C'est le coeur,
c'est l'épicentre, c'est le centre du centre de la colline
parlementaire. Nous sommes à votre disposition, MM. les
députés.
Le Président (M. Marcoux): Nous vous remercions. M. le
ministre.
M. Léonard: Si je comprends ce projet, vous me corrigerez,
c'est un projet qui porte sur des bureaux ou un hôtel que vous
voulez.
M. Pinsonnault: Originairement, il avait été
question, il y a trois ou quatre ans, d'un hôtel à cet endroit, au
moment où il y avait plusieurs hôtels qui se construisaient. Il
est bien évident qu'aujourd'hui, il y a une surproduction de chambres,
une surconstruction d'hôtels et, actuellement, ce projet a
été abandonné depuis quelques années, depuis au
moins deux ans.
M. Léonard: Est-ce que vous avez fait...
M. Pinsonnault: Après, est arrivée, à la
demande de la ville de Québec, une étude sur cette question pour
savoir si on ne pourrait pas, à cet endroit, faire uniquement des
logements. Cette étude mène évidemment à une
conclusion très claire. Il suffit de localiser le terrain. C'est
absolument non rentable. Le grand maximum qui aurait pu être fait
là, ce sont des "bachelors ", mais, encore là...
Une Voix: Ce n'est pas du tout...
M. Pinsonnault: On a pensé, par après, à
faire un mélange d'immeubles à bureaux, fonction bureaux et
fonction résidentielle. Cela a été
étudié,
mais cela s'avère impossible parce que c'est non rentable
je ne veux pas aller trop loin, mais les architectes et les promoteurs ont
étudié cette question et non fonctionnel.
M. Léonard: Actuellement, le projet, c'est uniquement un
immeuble à bureaux...
M. Pinsonnault: Avec quelques...
M. Léonard: Même sur ce plan, il n'y a pas un
excédent d'espaces de bureaux, à l'heure actuelle, sur la colline
parlementaire et même dans la région?
M. Pinsonnault: Nous avons discuté de cette question avec
le directeur général je ne me souviens pas de son nom
soit l'ensemble des immeubles du gouvernement québécois.
Il me faisait remarquer que, dans la région de Québec, il y a,
actuellement, une surproduction.
Les propriétaires, qui envisagent un projet de l'ordre de $35
millions, ont étudié toute cette question. A long terme, il est
bien évident qu'au départ, ce ne serait peut-être pas
profitable financièrement parlant, pour les premières
années, mais c'est un projet qui est étudié au point de
vue de la rentabilité sur une base de 25 ans ou 30 ans. A ce moment,
à cet endroit, il n'est pas possible, d'après les conclusions
auxquelles les propriétaires en sont venus, que son utilisation ne soit
pas...
M. Léonard: Vous basez finalement votre affirmation sur le
coût trop élevé du terrain à l'heure actuelle, dans
le secteur?
M. Pinsonnault: Oui.
M. Léonard: Sur la colline parlementaire.
M. Pinsonnault: En plus, sur le fait qu'à cet endroit, il
serait, d'après nous, non rationnel de construire des logements, par
exemple, si on voit bien l'aspect physique actuel au point de vue de
l'urbanisme.
M. Léonard: Vous avez parlé de l'aspect
sociologique de la capitale et de son caractère humain. Comment
conciliez-vous la construction d'édifices à bureaux avec le
caractère humain de la colline parlementaire?
M. Pinsonnault: Ecoutez, j'aimerais faire distribuer simplement
ces photos. Voici ce qui serait remplacé. Cela, c'est ce qui existe.
J'ai fait prendre les photos avant-hier, c'est-à-dire il y a quatre ou
cinq jours. C'est ce qui existe présentement sur le terrain. Le terrain
est actuellement vacant dans une proportion de 80%. Ce qui reste, c'est cela.
Le caractère humain du secteur de la colline parlementaire n'exige pas
nécessairement que ce soit à cet endroit, de façon
précise, parce qu'autour, à la périphérie du
secteur, on peut très bien privilégier la construction
domiciliaire. D'accord? D'ailleurs, c'est prévu dans le projet ici. Nous
avons la maquette du projet. Voici ce que nous avons prévu, je ne sais
pas si vous pouvez voir, le projet est ici. La fonction résidence est
ici, la fonction résidence est également là. Ici, c'est le
centre. Nous sommes présentement ici. Le complexe G est ici. Le projet
est immédiatement en face du complexe G.
Quand on dit que cela doit être humain, on veut simplement
signaler qu'à l'heure actuelle, ce n'est sûrement pas plus humain,
si vous voyez les terrains tels qu'ils sont là, et les quelques
logements que vous pouvez voir présentement sur les photos, que ne le
serait un immeuble construit suivant le concept que nous avons là, un
concept le plus aéré possible, là-dessus, ce sont des
notions d'architecture, mais de façon à marier l'ensemble des
immeubles qui existent présentement, le Hilton, Place de la Capitale,
l'Auberge des Gouverneurs, et à côté, mais, à
mi-hauteur, un édifice à bureaux sur un terrain actuellement
vacant. Quand vous êtes dans le centre d'une ville comme cela, et
particulièrement d'une capitale, il est bien évident que ce
caractère humain va s'afficher ou va être affirmé par
certaines accommodations, comme des trottoirs beaucoup plus larges, quelques
arbres et tout cela, mais on ne peut pas, pour dire qu'on va donner un
caractère strictement humain au centre de la capitale, dire: II n'y aura
pas de bâtisses qui vont normalement dans le centre de la capitale. Il
faut tout simplement adapter l'architecture de ces bâtisses, la fonction
de ces bâtisses à quelque chose qui soit le plus humain
possible.
Mais il y a quand même des contraintes, des limites. Un immeuble,
cela serait peut-être très beau tout en verre, mais il ne se
tiendra pas, tout en verre. Le concept qui a été prévu
ici, c'est le maximum de clarté possible, de verre possible, pour qu'il
n'y ait pas une masse de béton. Mais il restera quand même qu'il
faudra une structure d'acier et qu'il faudra un minimum de béton, qu'on
le veuille ou qu'on ne le veuille pas. Entre l'idéal et la
réalité, il faut trouver ce qu'on peut réaliser.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je reconnais en M.
Pinsonnault un brillant plaideur et, si je n'avais connu l'affinité
politique de M. Pinsonnault, au début de ses remarques, dans son
préambule, j'aurais sûrement été fixé. Je
voudrais peut-être emprunter les paroles que lui-même a dites
devant la commission, à savoir que le 15 novembre, le jour
s'était levé. Quand j'écoute ceux qui sont à la
droite du président, depuis le début de la commission
parlementaire, il va falloir que vous vous serviez de vos talents de plaideur
de brillante façon, puisque la philosophie qui a animé,
semble-t-il, la discussion à la droite du président était
que les édifices en hauteur, ça ne permettait pas de voir se
lever le jour.
Je dis ça sans malice, parce que, dans les attendus de votre
mémoire, on retrace exactement ce que l'Opposition officielle a fait
valoir lors de la présentation du mémoire de la ville de
Québec, c'est-à-dire que les terrains en plein centre-ville, si
le gouvernement recommande que ce soit vers
l'habitation, vers de la verdure ou à d'autres fins que ces
terrains soient employés, il faudra que la ville ait des revenus
correspondant à ce qu'elle perdrait.
Je voudrais que vous me rafraîchissiez la mémoire, s'il
vous plaît. Avant le 15 novembre, il me semble que vous aviez
été autorisés, par la ville de Québec, à une
certaine hauteur de construction, qui a été contestée par
celui qui était le prédécesseur du ministre des Travaux
publics, M. Tetley, et il y avait un consensus d'établi sur seize
étages, je pense, ce que vous avez refusé comme non rentable.
Est-ce que c'est exact?
M. Pinsonnault: Là, je m'excuse respectueusement, M.
Mailloux. Ce que vous citez là, je pense que c'est le cas de Trizec.
Trizec avait reçu un permis de construction de la ville de Québec
pour un certain nombre d'étages, et je crois qu'à ce
moment-là, les autorités gouvernementales étaient
intervenues pour demander de le réduire à seize ou dix-sept
étages, je ne sais trop, Trizec, je ne sais pas si elle a accepté
oui ou non, mais une chose est certaine: Dans notre cas, on n'a jamais eu... Au
début, il est évident qu'à ce moment-là,
c'était à l'étude au service d'urbanisme de la ville de
Québec. Nous n'avons pas eu de permis de construction, mais,
originairement, le projet était plus élevé. Mais les
autorités de la ville, à cette période-là, nous ont
dit: Les immeubles en hauteur, on voudrait qu'ils soient le moins hauts
possible. En conséquence, les promoteurs ont réduit la hauteur du
projet initial à seize étages, soit la moitié de
l'immeuble immédiatement voisin.
M. Gingras me fait remarquer que 50% de l'édifice est sur quatre
étages et ce n'est pas une tour, un seul bloc, une tour de seize
étages. Il y a 50% sur quatre...
Malheureusement, je n'ai apporté qu'un livret qui démontre
les concepts, tout cela, et le graphique...
M. Mailloux: Vous dites 50% sur quatre étages et le reste
de l'édifice est sur quoi?
M. Pinsonnault: Le reste est sur seize étages, incluant
les quatre étages. Donc, au dessus des quatre étages, il y en a
douze qui montent. D'ailleurs, vous avez très bien le graphique... Ceci
a d'ailleurs été étudié par les services
d'urbanisme de la ville de Québec.
M. Mailloux: M. Pinsonnault, c'est le parti ministériel
que vous devez convaincre. Nous, de l'Opposition officielle, nous étions
déjà prononcés pour Treizec et d'autres constructions. Je
vous laisse convaincre l'administration actuelle.
Le Président (M. Marcoux): Non? Un représentant de
l'Opposition. L'Union Nationale, si c'est possible?
M. Russell: Seulement quelques remarques en vue d'éclairer
ma lanterne. Ce n'est pas dans le but de qualifier votre rapport, ni de
blâmer per- sonne, ni le gouvernement précédent, mais
simplement pour tâcher de faire la lumière sur les quelques propos
que vous avez tenus.
Actuellement, suivant les mémoires qui ont été
présentés ici hier et avant-hier, suivant les opinions qui ont
été exprimées par certains membres qui veulent
l'amélioration de la colline parlementaire, on semble avoir pour
philosophie de retrancher les édifices en hauteur.
Etant donné le coût élevé des terrains
actuellement, peut-on penser qu'il peut être rentable de construire des
édifices qui ne sont pas en hauteur je parle de quatre, cinq ou
six étages au maximum et d'obtenir une rentabilité? C'est
ma première question.
Deuxième question. On parle aussi d'édifices en
béton. On voudrait avoir des édifices de verre. Comment peut-on
aussi construire des édifices en verre en ne perdant pas de vue la
conservation de l'énergie vers laquelle on se dirige rapidement
actuellement? C'est extrêmement important, et j'espère qu'on va y
prêter l'oreille très rapidement pour répondre à
cette demande croissante, car l'on voit que certains pays autres que le
nôtre agissent rapidement alors que nous, nous ne faisons encore qu'en
parler.
Mais, quand même, parce que c'est une colline parlementaire,
peut-on mettre de côté ce grand principe? Je vous pose ces deux
questions: par la suite, on pourra peut-être revenir à d'autres
points que je veux...
M. Pinsonnault: En ce qui concerne la première question,
il y a un fait, il y a une réalité, et on ne la voit pas sur la
carte; si on pouvait voir sur la carte, avoir la photo de ce qui existe juste
à côté, actuellement, c'est-à-dire l'Auberge des
Gouverneurs que vous avez là, à l'heure actuelle, sur six ou sept
étages, mais elle est construite sur tant d'étages.
Actuellement, on ne peut tout de même pas, indépendamment
des conceptions idéales qu'on voudrait avoir, raser ce qui existe. Le
Hilton est là. On ne peut pas l'enlever. L'Auberge des Gouverneurs est
là et, en plus, je vous ferai remarquer qu'à côté du
Grand Théâtre, à côté du terrain de la
Sûreté du Québec, vous avez Place Saint-Cyrille qui est
là et, si je ne me trompe, Place Saint-Cyrille a au moins une vingtaine
d'étages.
Dans cela, qu'est-ce qui peut être fait? C'est à cette
question, je pense, que les membres de la commission et du gouvernement,
à l'heure actuelle, doivent répondre. Qu'est-ce qu'on peut faire
en prenant la réalité telle qu'elle est? Quel est le concept
d'aménagement tenant compte de cette réalité? Quel est le
concept d'aménagement idéal, en fonction du fait que c'est la
capitale également que l'on peut ériger?
La première des choses, on ne pourra pas faire tomber des
édifices et les rayer, cela coûterait beaucoup trop cher.
Deuxièmement, le coût des terrains touche la rentabilité
sur laquelle vous posiez une question tout à l'heure, c'est le centre.
Qu'on le veuille ou non, dans n'importe quel pays du monde, le centre d'une
agglomération vaut tou-
jours beaucoup plus cher. C'est une deuxième
réalité. Personne ne va construire à perte, sauf si le
gouvernement dit: C'est moi qui vais construire. Alors, ce sont d'autres
notions qui entrent en jeu. Il va le faire, comme une municipalité va
fournir un service non rentable, mais simplement parce qu'on doit fournir ce
service. A ce jour, je ne sache pas que le gouvernement actuel soit rendu
jusqu'à accepter le concept que le centre de Québec je
vais peut-être un peu loin doit être acquis par le
gouvernement, c'est-à-dire acquérir les terrains pour être
possédés par lui pour, ensuite, y réaliser un concept
idéal d'aménagement. Avec les contraintes budgétaires
auxquelles vous faites face, je pense bien que la seule chose qui peut
être faite, c'est d'avoir l'entreprise privée et les capitaux
privés comme partenaires, contrôlés par l'Etat dans la
réalisation des édifices qui vont faire partie de ce concept
d'aménagement. Je pense que c'est le maximum auquel, si on veut
être réaliste, on peut aller.
Quant à la deuxième partie, en ce qui concerne le
béton, je vais laisser M. Gingras vous répondre.
M. Gingras: M. le Président, M. le député
Russell, je tiens à faire une mise au point dès le départ.
Je ne suis ni ingénieur, ni architecte. Parmi les actionnaires de la
compagnie, je suis un de ceux qui défendent, qui aimeraient voir cet
édifice-là chez nous, si jamais on le réalise, en verre
reflétant plutôt qu'en béton. Je ne suis pas ici pour
discuter de la valeur du béton et de l'acier. Je préfère
du verre reflétant et l'architecte, pour sa part, c'était sa
conception de l'édifice. Le constructeur associé, qui est Fernand
Guay, évidemment, il est plus près du coût de construction
et nous a donné comme argument que le verre reflétant coûte
plus cher. Par contre, il peut y avoir une économie ce que je
vous dis est peut-être très technique mais le verre
reflétant, dans ce qu'on appelle le tonnage de climatisation de
l'édifice, sur une période d'années, dans
l'investissement, va être récupéré parce qu'il
coûte meilleur marché de climatiser un édifice
l'été avec un verre reflétant parce que la chaleur
pénètre moins à l'intérieur.
Alors, selon notre conception actuelle, ce n'est pas du béton,
c'est une bâtisse en verre reflétant.
M. Russell: Remarquez bien que je ne suis pas, moi non plus,
ingénieur ni architecte, mais j'ai été mêlé
à la construction d'assez près. On n'entamera pas de discussion
là-dessus. Simplement, je peux vous dire ceci. Malheureusement, votre
raisonnement est vrai dans le contexte passé, là où on
mettait du béton sans isolant. Mais lorsqu'on met de l'isolant... C'est
vrai que la réfrigération coûte beaucoup plus cher que le
chauffage lorsqu'il n'y a pas d'isolation. Aujourd'hui, on devrait exiger de
l'isolation dans la construction, votre verre devient inutilisable, pour
être réaliste dans ce contexte.
Maintenant, simplement pour commenter les remarques qui ont
été faites préalablement sur la première question,
si j'ai bien interprété vos paro- les, il est impossible que
l'entreprise privée puisse construire un édifice sans multiples
étages et avoir un édifice rentable dans les coûts actuels
des terrains et les coûts de construction.
Donc, si on veut avoir autre chose que des édifices en hauteur
sur ces terrains, il faudra que le gouvernement fasse deux choses: la
réalisation et l'administration du projet lui-même ou acheter des
terrains et les donner aux constructeurs qui, à ce moment-là,
pourront peut-être réaliser des édifices moyens à
étages et qui pourront survivre ou trouver une rentabilité.
M. Pinsonnault: Remarquez que, si le gouvernement achète
le terrain et construit lui-même, l'Etat, qui est nous, va payer aussi
cher que si c'était l'entreprise privée, en supposant que
l'administration gouvernementale va être aussi rentable et aussi
efficace.
M. Russell: Je ne discute pas là-dessus. La seule chose
que je veux vous faire remarquer, c'est que c'est toujours nous qui allons
payer la facture, mais on va répondre aux gens qui voudraient que la
capitale nationale soit établie avec une certaine dimension, selon leurs
vues et selon leurs concepts, sans tenir compte de la réalité du
coût présent et du coût futur. Parce que, quand on
s'embarque dans un domaine comme celui-là et qu'on bâtit un
édifice, c'est une rentabilité, pas seulement pour aujourd'hui.
C'est une rentabilité tant et aussi longtemps qu'il y aura des
obligations sur la bâtisse.
Dans un centre-ville comme celui-là, aussi bien à
Québec qu'à Montréal ou ailleurs, lorsqu'il est impossible
de bâtir des édifices autres que des édifices en hauteur,
avec le coût actuel de la construction et le coût des terrains et
le coût des services... Ce sont tous des coûts qui sont là,
que personne ne peut éviter, si on veut se placer dans un contexte de
réalité économique.
Maintenant, si la ville est prête à donner des services
gratuitement, si le gouvernement est prêt à acheter les terrains,
peut-être que l'entreprise privée pourra ériger un
édifice qui n'est pas en hauteur et qui va répondre à un
certain goût architectural que je ne partage pas nécessairement,
sans le critiquer, parce que je ne suis pas de cette nature. Moi, cela me
dépasse un peu, ce goût.
M. Pinsonnault: Ce que vous mentionnez, ce serait la subvention
à l'entreprise privée. Si vous fournissez à l'entreprise
privée des services, un terrain sans qu'il paye, ou des services, que ce
soit l'aqueduc, les égouts, etc., gratuitement, c'est de la subvention
à l'entreprise privée, ce qui est défendu. Sauf des cas
exceptionnels, j'entends.
M. Russell: II faut toujours penser que c'est le territoire de la
capitale.
M. Pinsonnault: Oui, d'accord. Alors, ça revient à
ce que nous avions mentionné antérieurement.
Le Président (M. Marcoux): Maintenant que les
représentants des différents partis ont pu po-
ser des questions plus vastes qui exigeaient des réponses plus
longues, je demanderais aux autres députés qui ont à
prendre la parole, autant que possible, de poser des questions plus
brèves et également aux représentants de donner des
réponses plus brèves.
Vous pouvez en poser plusieurs quand même.
M. Guay: Ce qui veut dire que c'est à moi?
Le Président (M. Marcoux): Oui, c'est à vous, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Vous êtes bien aimable.
Le Président (M. Marcoux): Mais ce n'est pas parce que
c'est vous que j'ai mentionné ça.
M. Guay: Non, je n'ai sûrement pas pensé cela un
seul instant.
Deux remarques brèves. Le député de
Brome-Missisquoi semble oublier une troisième option qui demeure...
M. Russell: J'ai trouvé que c'était trop long.
M. Guay: ... qui est celle d'interdire la construction purement
et simplement. On n'est pas obligé de réchapper un projet que
l'entreprise privée a entrepris sans qu'il y ait quelques garanties de
la part de l'Etat d'en prendre la relève.
Deuxième remarque, c'est qu'au fur et à mesure que l'on
construit des édifices en hauteur, on crée une pression
spéculative sur le terrain voisin, ce que vous saisissez facilement.
Tout simplement à titre d'exemple, justement dans ce coin,
Saint-Jean-Baptiste, un terrain, évaluation en 1975, $11 300;
évaluation en 1976, $31 810, et ainsi de suite; il y en a comme
ça tout le long. Il y a même une perle, évaluation en 1975,
$55 000, évaluation en 1976, $129 000. Imaginez que, pour une population
je m'excuse, j'ai des chiffres officiels à faible revenu
qui habite là, vous mesurez immédiatement les conséquences
en termes de taxes, et conséquemment, en termes de loyer.
Mais mon propos pour vous, M. Pinsonnault, c'est de savoir quand vous
l'avez acheté ce terrain, à la compagnie Atlific?
M. Pinsonnault: M. Gingras va vous répondre, je crois.
M. Guay: Quand l'avez-vous acheté? M. Gingras:
Quand nous l'avons acheté?
M. Guay: Oui. En quelle année?
M. Gingras: C'est un achat de terrains, parce qu'il y avait
plusieurs propriétés et que cela a été mis
ensemble. Le début de l'achat date peut-être de quatre ans, sur
une période de douze à quatorze mois.
M. Guay: Cela vous a coûté combien, en tout et
partout, à peu près?
M. Gingras: Certainement au-delà de $2 millions
actuellement, avec ce qu'on appelle le "carrying charge ' actuel.
M. Guay: Vous avez investi à peu près $2 millions
là-dedans?
M. Gingras: Qui sont payés d'ailleurs.
M. Guay: Vous vouliez, dans un premier temps... Au moment
où vous avez acheté ces terrains et déboursé $2
millions, est-ce qu'à cette époque, c'était
précisément et uniquement dans le but de construire un Holiday
Inn?
M. Gingras: C'était un Holiday Inn seul ou un Holiday Inn
avec édifice à bureaux dans une plaza.
M. Guay: A ce moment-là, est-ce que vous aviez, de la part
de l'administration municipale ou du gouvernement, quelque garantie que ce
soit, que l'édifice pourrait être construit?
M. Gingras: Pour être bien technique, je ne veux pas
pousser trop loin, je ne suis pas un avocat, mais la ville de Québec...
Ce terrain, vous allez peut-être tomber sur le dos suite à ce que
je vais vous dire, mais il n'y a pas de zonage sur ce terrain.
M. Guay: Ne vous en faites pas, je ne tombe pas sur le dos. Cela
ne m'étonne pas.
M. Gingras: Techniquement parlant, il n'y en a pas de zonage,
premièrement. Ce n'est pas une question de changer un zonage, il n'y en
a jamais eu. Techniquement parlant, tant que c'est dans le bon sens, si on veut
être bien technique et légal, de quel droit refuse-t-on un permis
quand il n'y a pas un zonage? Première question. Ce n'était pas
l'attitude que nous voulions prendre, mais c'est cela.
M. Guay: Mais est-ce que vous aviez approché la ville de
Québec? Il n'y a peut-être pas de zonage, mais il faut quand
même vérifier...
M. Gingras: C'est le premier point. Deuxièmement, non
seulement nous avions approché la ville de Québec, mais il y
avait des échanges de terrains, parce qu'il y avait des
déplacements de rues dans notre projet et il y avait des ententes
morales avec la ville de Québec, à savoir que nous achetions de
la ville des terrains qu'elle avait expropriés. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Guay: Oui. Et avec le gouvernement?
M. Gingras: Le gouvernement de la province de Québec, en
toute honnêteté, il n'en a jamais été question dans
notre affaire.
M. Guay: Donc, c'est entre la ville de Québec et Atlific?
Bien.
M. Gingras: Je pense que le gouvernement n'était
absolument pas engagé vis-à-vis nous, d'aucune façon,
très honnêtement. Je vous réponds.
M. Guay: Non, mais je veux savoir auprès de qui vous aviez
eu des garanties d'ordre moral ou autrement. C'est auprès de la ville de
Québec. Parfait. A partir du moment où vous avez songé,
soit à un projet mixte hôtel-bureaux et maintenant, un projet
uniquement de bureaux, vous comptiez les louer à qui, ces
bureaux-là?
M. Gingras: D'abord, je voudrais vous dire qu'à un moment
donné, quand il n'était plus question d'hôtel, on demeure
tout de même des hommes d'affaires, je pense que ce n'est pas
compliqué de savoir que je ne vois pas qui bâtirait un hôtel
là, en 1977, au moment où on se parle, ni en 1976.
A un moment donné, nous voici avec un terrain et on ne doit plus
faire un hôtel. Je n'ai pas dit: On ne veut plus faire, mais on ne doit
plus bâtir un hôtel à cet endroit. On se dit: Qu'est-ce
qu'on fait?
On a fait une étude du marché et nous pensons qu'avec les
capitaux et laissant le temps s'estomper, Me Pinsonnault l'a dit tantôt,
nous ne nous attendons pas à une rentabilité quatre mois
après, on a des raisons sérieuses de penser que le marché
est là et qu'un édifice à cet endroit, cela va se louer,
définitivement, s'il est bien conçu.
M. Guay: A qui?
M. Gingras: Nous sommes en train de négocier et je ne sais
pas si c'est important de savoir à qui on le louera, pour le moment.
M. Guay: Je pense simplement au fait qu'il y a l'édifice
de la Laurentienne qui est pratiquement terminé.
M. Gingras: D'accord.
M. Guay: II y a le projet de Trizec dont les fondations, le trou
est là, et il y a un autre projet de Trizec, a côté, sur un
terrain vacant. Il y a l'édifice Delta à Sainte-Foy qui est tout
fin prêt, construit et vide et les besoins du ministère des
Travaux publics pour l'année à venir sont minimes. Vous allez le
louer à qui, ou à qui est-ce que tous ces bureaux pourront-ils
possiblement être loués?
M. Russell: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement. Je sais que ce n'est pas dans l'ordre, mais je
pense que c'est une question indiscrète. C'est de l'entreprise
privée. Si elle décide de bâtir un édifice, je ne
pense pas qu'il soit de l'intérêt public qu'elle dévoile
l'identité des intéressés.
M. Guay: M. le député de...
Le Président (M. Marcoux): Je crois que cette question de
règlement n'est pas recevable. Je pense que la question était
claire. Elle était de sa- voir si c'était à des organismes
privés ou au gouvernement. Je crois que la question était
recevable.
M. Guay: Je ne demande pas dans le détail, M. le
Président, à quel organisme privé, il y a tout ce...
M. Grenier: Je regrette, mais la question de règlement, on
peut nuire à des négociations que tu es en train de faire. Tu ne
peux pas rendre cela public, quand tu es en train de négocier.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Un instant! Nos
invités sont libres de répondre à la question. Je crois
que la question était parfaitement recevable. Nos invités ou ceux
qui présentent le mémoire ont la parfaite liberté de
répondre à toute question.
M. Gingras: Je vais vous répondre ceci. Au moment
où je vous parle, il n'y a pas d'engagement de signé. Nous sommes
en train de négocier sérieusement et, je pense... ou nous sommes
des hommes d'affaires, ou nous n'en sommes pas. Si on est prêt à
s'embarquer dans une aventure de $35 millions et à y laisser notre
chemise, tant pis pour nous. C'est entendu, mais il faut aussi commencer
quelque part.
C'est bien beau de négocier avec des gens et que ces gens disent:
Quand commences-tu ton projet? On ne le sait pas, on n'a pas de permis. A un
moment donné, qu'est-ce qui vient le premier, le permis avec une
étude sérieuse de notre projet ou nous sommes des gens
sérieux ou nous ne le sommes pas ou va-t-on négocier et
venir vous voir ensuite? On a signé un bail depuis hier. Est-ce qu'on
pourrait avoir un permis s'il vous plaît? C'est un peu la situation dans
laquelle nous sommes.
Je pense qu'à ce stade-ci, il n'y a pas de secret de polichinelle
là-dedans. Il y a des négociations qui se font. C'est de
l'entreprise privée.
M. Guay: Comprenez-moi bien. Je ne demandais pas en détail
à qui vous êtes en train d'en discuter de façon
précise, c'est parce que je sais qu'il y a aussi le projet Charlebec, je
le cite pour avoir déjà rencontré ces personnes, qui sont
aussi en pourparlers avec je ne sais trop qui. Vous n'avez jamais
négocié avec le gouvernement c'est à peu
près ce que vous avez dit tantôt vous n'avez aucune
garantie que le gouvernement louerait.
M. Gingras: Sûrement pas.
M. Guay: Vous savez que la politique du ministère des
Travaux publics énoncés par le ministre récemment est que
nous ne louons pas d'édifice avant qu'il ne soit tout construit.
C'est-à-dire que l'idée de louer avant pour financer un projet,
on ne le fait pas. Est-ce que vous êtes au courant de cela?
M. Pinsonnault: Si vous permettez, j'ai eu une rencontre sur
cette question à laquelle étaient
présents, je crois le chef de cabinet du ministre Lessard et le
directeur général des immeubles du Québec. On
connaît très bien cette nouvelle politique. On a discuté
longuement avec le directeur des immeubles du Québec, qui a
présenté justement cette réalité, disant: A l'heure
actuelle, nous croyons que, dans la région de Québec, il y a trop
de bureaux. Maintenant, sur le marché privé, il y a bien des
facteurs qui peuvent amener la location de certains édifices, et
d'autres. Si vous comparez, par exemple, avec l'immeuble Delta, c'est à
quatre ou cinq milles plus loin que celui-ci. La localisation est
déterminante.
Deuxièmement, le genre d'édifice, qui est un
édifice au concept aéré, un peu comme la Place Desjardins,
à Montréal, fait que... Enfin, ce n'est pas moi qui me porte
garant, mais, eux, les promoteurs; ils ont fait une analyse, une prospection du
marché.
Troisièmement, il est bien évident qu'il pourrait y avoir
une perte, mais cela relève des promoteurs eux-mêmes. Je voulais
vous dire que les promoteurs, du moins à ce que je sache, ils pourront
me contredire, si c'est faux, n'ont jamais demandé au gouvernement du
Québec de le louer. Ils n'ont jamais, à ce que je sache, fait de
négociation en ce sens. Moi non plus, je n'en ai pas fait. Par ailleurs
vous avez cela avec la ville de Québec. Au moment de la discussion du
projet, des modifications, etc., le tout a été assorti, de
façon très claire de la part de la ville de Québec, de la
nécessité pour les promoteurs, lorsque le permis serait
accordé par la commission d'urbanisme, de la clause que ce permis serait
assorti de conditions formelles. Ce seraient des conditions qui garantiraient
le sérieux du projet, qui garantiraient par exemple un montant d'argent
en dépôt pour assurer que le projet va être
réalisé suivant un tel échéancier, dans tel
délai, et qu'on ne laissera pas un terrain vacant pendant des
années et des années, que l'utilisation va être une
utilisation normale du terrain pendant la construction, etc. Cela allait
même jusqu'à une garantie de taxes, de revenus pour la ville de
Québec. Donc, c'était très sérieux du
côté financier et...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Pinsonnault: ...de nos ventes en spéculation,
c'est-à-dire que ce n'était pas un projet qui serait revendu,
etc.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, pour qu'on s'entende bien en
partant, j'ai un énorme respect pour M. Gingras comme homme d'affaires,
et j'imagine que vous savez très bien de quoi vous parlez et comment
faire les choses quand il s'agit de s'occuper d'un investissement. De la
même façon, j'ai un respect énorme pour Me Pinsonnault. Je
pense qu'il est plus compétent que moi pour savoir comment
défendre une cause comme avocat. Mais, c'est drôle, je dois vous
dire que je ne peux pas vous considérer comme des interlocuteurs
valables pour ce qui est de définir les grands principes de
l'aménagement de la colline parlementaire, ni M. Gingras, ni Me
Pinsonnault, surtout à titre de représentants d'une compagnie,
qui a raison de venir se faire entendre devant la commission parlementaire et
de dire un certain nombre de choses pour la défense de son projet. Mais
pour ce qui est de l'expression d'un certain nombre de principes quant à
l'aménagement je lis des phrases de votre texte "II y
aurait lieu, croyons-nous, d'accroître l'homogénéité
du secteur en privilégiant la fonction "administrative" de ce secteur.
Les fonctions administratives qui constituent l'ensemble de l'administration
gouvernementale seront certainement accrues et probablement doublées.
L'administration gouvernementale, pour être efficace, nécessitera
toujours, et de façon croissante, la concentration des centres de
décision au même endroit, et particulièrement à un
endroit rapproché de l'autorité législative,
c'est-à-dire le Parlement lui-même. Il nous apparaît donc
important et logique que le concept d'aménagement de la colline
parlementaire tienne compte de la nécessité, pour l'avenir,
d'intégrer à la fonction gouvernementale ou paragouvernementale
les édifices qui se construiront et ce, particulièrement dans le
centre du secteur qui fait l'objet des études de votre commission. Cette
utilisation, pour être la plus rationnelle possible, devrait permettre
l'implantation d'infrastructures reliées directement ou indirectement
à la fonction gouvernementale".
Là. je les comprends, dans le fond, les raisons qui vous
amènent à dire ces choses, parce que, effectivement, ce sont les
raisons qui pourraient, dans un contexte bien particulier, justifier la
réalisation du projet Atlific, dans ce contexte, dans ce concept
d'aménagement. Mais, si ce n'est pas ce concept d'aménagement, et
c'est dans ce sens, peut-être, que le député de Charlevoix
disait tantôt: Vous êtes pris avec un gouvernement qui a une
philosophie sociale particulière et qui a des intentions...
M. Mailloux: C'est ce que j'avais entendu, d'ailleurs...
M. Bertrand: C'est ça, exactement. Dans ce contexte, si
vous savez, M. Gingras, que la volonté du gouvernement, quant à
l'aménagement de la colline parlementaire, c'est de favoriser
plutôt la fonction résidentielle, au cours des prochaines
années, pour rééquilibrer l'aménagement sur la
colline parlementaire et si nos principes d'aménagement ne sont pas dans
la ligne de ce que vous, vous émettez à vos pages 5 et 6
principalement, du mémoire, est-ce que, même dans ce contexte,
vous pensez que se justifierait votre projet d'édifice à
bureaux?
M. Pinsonnault: M. le Président, est-ce que M. Bertrand me
permettrait de répondre à la question?
M. Bertrand: Bien sûr.
M. Pinsonnault: M. Bertrand, vous avez dit ceci: Je ne vous
considère pas comme des interlocuteurs valables. J'avoue que j'aime
beaucoup cela. C'est ça la démocratie, mais j'en suis vraiment
deux choses: Premièrement, peiné et deuxièmement,
offensé.
Premièrement, peiné pour la raison suivante. Remarquez
bien que cela n'a pas été dit de façon malicieuse, mais ou
on n'a rien compris aux intentions du gouvernement et de la commission
parlementaire ou on a compris quelque chose.
Ce qu'on a compris: on a pris la peine de le dire dans le mémoire
que nous comprenons que le mandat de la commission est de tenter et je prends
le texte... "Nous comprenons que le mandat de la commission parlementaire comme
étant celui de rechercher et d'établir les lignes directrices du
meilleur type d'aménagement." Nous n'avons pas dit notre type, mais "...
du meilleur type d'aménagement possible pour la colline parlementaire,
tenant compte des principaux facteurs qui affectent ce secteur unique de l'Etat
québécois." Donc, c'est ainsi que nous l'avons compris.
Deuxième chose. Nous avons compris que le nouveau gouvernement
voulait pratiquer une politique de concertation et de consultation. Nous avons
dit tout à l'heure et ce n'était pas du flagor-nage que nous
étions heureux de cette façon de procéder parce que vous
avez permis à toutes les parties intéressées de venir se
faire entendre. Les parties intéressées, ce sont les parties
intéressées.
Nous sommes propriétaires d'un terrain. Comme tels, qu'on soit
capitalistes ou n'importe quoi, nous sommes donc une partie
intéressée. Tout à l'heure, vous aurez d'autres groupes
qui viendront et qui, en vertu de cette philosophie, vont dire ce qu'ils
pensent.
Nous avons cru que nous pouvions et que nous avions le droit et que
c'était dans la ligne de ce que vous vouliez de venir dire ce que nous
pensions.
Deuxièmement, vous avez dit d'autre chose tout à l'heure.
Vous avez dit que vous compreniez bien que nous affirmions que tel et tel
principe d'aménagement... nous l'avions inclus dans le mémoire
parce que la conclusion était que si ces choses existent, la conclusion
est qu'on construise un immeuble à bureaux...
Vous avez un terrain la compagnie Atlific et vous demandez
un immeuble a bureaux et la conclusion est bien simple: Emettez le permis pour
le construire.
Je vous signale, M. Bertrand, qu'à ce moment, vous avez
passé par-dessus une page dans laquelle il est dit, au paragraphe 2 de
la page 2, en majuscules: Collaboration assurée. "Nous désirons
assurer la commission de notre collaboration la plus entière et la plus
positive à la réalisation de ses travaux..." et ses travaux,
c'est ses. Donc, les travaux de la commission, non pas nos travaux. "Cette
collaboration..." et c'est sur cette phrase que j'attire votre attention
"...est également assurée aux autorités, quelles
qu'elles soient qui auront dans un avenir prochain à mettre en
application les recommanda- tions de la commission. Et nous avons dit, dans le
deuxième paragraphe après, à la page 2: Notre
collaboration vous est assurée quelles que soient les décisions
qui seront prises par cette commission.
Nous l'avons répété à la fin du
mémoire. Si la commission dit: Dans l'élaboration du nouveau
concept, suivant nos conceptions, ce n'est pas cela qui doit se construire, on
vous dit d'avance que nous allons collaborer. C'est donc faux de dire... Avec
tout le respect que je dois à M. le Président et MM. les membres
de la commission, je crois qu'il est faux que nous ne soyons pas des
interlocuteurs valables et deuxièmement que nous ayons
élaboré ces principes dans le but de simplement servir les
intérêts du projet Atlific. Nous avons tenté d'être
le plus objectifs possible, de tenir compte de la réalité et nous
avons même assuré la commission que même si vous nous dites
non, on collabore quand même.
Le Président (M. Marcoux): Je demanderais le consentement
de la commission pour prolonger de cinq à dix minutes. Il reste
seulement deux députés qui ont demandé le droit de parole
concernant ce mémoire. Est-ce que la commission donne son
consentement?
M. Grenier: ... plus de dix minutes, on a un caucus
commandé depuis deux jours à six heures.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que je suis dans
mon droit.
Le Président (M. Marcoux): Mais avant de vous céder
la parole quelques brefs instants, est-ce qu'il y a consentement de la
commission pour ne pas obliger les intervenants à revenir? D'accord?
Des Voix: D'accord.
M. Mailloux: On continue.
Le Président (M. Marcoux): Alors, brièvement, le
député de Vanier, ensuite les députés de Laprairie
et de Charlesbourg.
M. Bertrand: J'ai assez bien compris Me Pinsonnault que vous avez
fort mal reçu les propos que j'ai énoncés. Si vous avez
compris...
M. Mailloux: Si on me le permet, je ne voudrais pas que ceux qui
témoignent pensent que les membres de l'Union Nationale se retirent
parce qu'ils ne sont pas intéressés. C'est parce qu'ils ont un
engagement et on désire continuer à délibérer.
M. Bertrand: II ne s'agissait pas, Me Pinsonnault, je pense que
là-dessus vous faites un important plat de lentilles, dans le fond,
peut-être de deux mots qui ont été mal reçus, mais
il ne s'agit pas de vous dire que vous n'avez pas le droit et vous le
faites, je pense, de façon positive, la question n'est pas là
d'émettre les raisons pour lesquelles d'après vous, le
projet que vous soumettez
à cette commission parlementaire devrait être
accepté. La question n'est pas là.
La question c'est simplement de vous dire que quand vous discutez de
l'aménagement du territoire de la colline parlementaire, quand vous
discutez cela, il est bien clair dans notre esprit que vous recevant comme
promoteur d'un projet, défenseur d'un projet, il faut quand même,
de notre côté, avoir la décence pour les décisions
qu'on aura à prendre à l'avenir de considérer que ce
rapport nous vient tout de même, ces recommandations nous viennent tout
de même d'un groupe qui a un projet bien concret sur la table. A cause de
ça, il est bien clair que les différentes
références que vous faites à la priorité à
donner sur la colline parlementaire à la fonction administrative et
quand vous dites, un peu plus loin, il faut considérer d'implanter des
infrastructures reliées directement ou indirectement à la
fonction gouvernementale, c'est bien clair qu'un édifice à
bureaux dans un contexte comme celui-là, si on décidait que la
colline parlementaire est essentiellement de la fonction administrative
gouvernementale, bien sûr que pour des bureaux on dirait oui, et
faisons-en partout où il y en a à l'heure actuelle.
Je m'excuse, M. le Président, je pense que c'est d'une certaine
importance pour bien faire comprendre à d'autres interlocuteurs le sens
de mes propos.
Le Président (M. Marcoux): II ne faut pas ouvrir un
débat; si vous avez une question, arrivez à la question.
M. Bertrand: Non, je n'ai pas de question, M. le
Président, c'est pour comprendre, là-dessus, je maintiens le
principe que j'ai énoncé tantôt, que la philosophie quant
à l'aménagement de la colline parlementaire, étant
déjà passablement différente dans votre mémoire, de
ce qu'elle était même dans le mémoire de la ville de
Québec, selon son scénario 5, et dans le mémoire de la
Commission d'aménagement de la Communauté urbaine de
Québec, il est bien clair que ces philosophies étant presque
à l'opposé, mais totalement inverses sur le plan des grands
principes directeurs d'aménagement, dans ce contexte, votre projet en
tant que tel est reçu comme un projet d'un groupe qui veut faire la
défense et la promotion de son projet et il est en droit de le faire, de
la façon la plus positive possible.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Un bref commentaire et
une petite question. Tous les interlocuteurs sont valables, qu'ils soient les
défenseurs d'un projet ou que ce soient des groupes de pression pour
combattre ce projet, ce sera à nous de juger. Ce qui me surprend un peu,
c'est qu'on pense rarement aux besoins, on va à la rentabilité,
on fait quelque chose pour que ce soit rentable et après ça, on
va créer des besoins pour la chose qu'on a construite ou le monstre
qu'on a construit. J'ai vécu à Québec il y a vingt ans,
j'y viens régu- lièrement tous les mois depuis vingt ans, pour
moi, ce n'est plus une capitale nationale, malheureusement, c'est une
catastrophe nationale. Il faut essayer de corriger. Cela va être à
nous de corriger et de créer un mécanisme de contrôle pour
que le centre de Québec ou le centre de la colline parlementaire soit
vivable et humain. Il va falloir faire un équilibre.
Si on jugeait, dans nos décisions, pour l'équilibre de la
colline parlementaire, de vous demander de faire votre deuil de votre projet,
qu'est-ce qui arriverait?
M. Pinsonnault: C'est très simple. On a dit d'avance qu'on
va participer au projet. Si la décision concernant le concept
parce que je pense bien que vous n'avez pas à vous prononcer sur un
projet pris individuellement, c'est un concept, une philosophie a pour
conséquence que le projet ne peut pas être réalisé
parce que la ville de Québec va suivre effectivement ce
concept-là et que la ville de Québec dit: Maintenant, ce concept
ne répond pas à notre concept, en conséquence, on ne vous
émet pas de permis de construction, on vous a dit d'avance qu'on va
participer, de façon active. Que voulez-vous? C'est ce qu'on va faire.
D'ailleurs, on ne pourrait même pas faire autre chose. On le ferait, on
l'a dit, c'est vrai, on le croit. Que voulez-vous qu'on y fasse? On n'est pas
pour se battre contre le gouvernement et la ville de Québec. S'ils
disent non, ils disent non, c'est tout. Le terrain servira à autre
chose. Là-dessus, je ferais remarquer que, tout à l'heure, le
député de Taschereau, je pense, a mentionné qu'il y avait
une troisième solution possible qui n'avait pas été
envisagée, c'est-à-dire qu'on défende purement et
simplement la construction.
Je voudrais simplement et très humblement signaler à ce
moment-là que cela devient de l'expropriation sans indemnité. De
l'expropriation, cela coûte toujours très cher, et laisser un
terrain non utilisé, cela coûte extrêmement cher. Donc, il y
a une contrainte de rentabilité pour l'Etat, à ce
moment-là.
M. Gingras: Je crois que, dans votre question, vous avez
justement mis le mot de la réponse. On en ferait notre deuil, d'abord.
C'est le risque des affaires, monsieur. Deuxièmement, nous sommes
prêts à collaborer, mais je pense que jamais cette commission, que
je respecte beaucoup, ne devrait prendre une décision par sympathie, ou
parce qu'on est aux prises avec un problème. Ce n'est pas du tout
l'optique dans laquelle on est venu vous voir. Je veux faire mettre cela
très clair.
Je pense que le mot promoteur dans l'opinion publique, sous-entend
toujours un paquet de questions. On peut être promoteur et être
drôlement professionnel, pour autant qu'on reste en démocratie. Si
on veut s'en aller dans un autre système, on en parlera ailleurs qu'ici.
Si un promoteur est sérieux, c'est à lui d'avoir assez
d'initiative et de "know how", si vous me permettez l'expression, pour avoir un
produit vendable en temps et lieu. Nous, nous sommes assez optimistes sur la
conception que nous avons de ce que nous vou-
Ions faire. On n'a pas, malheureusement, tout le temps de
détailler tout le projet ici, mais je vous assure, et je ne veux pas
faire le procès de ce qui s'est bâti avant, ce que nous avons en
tête, ce serait un édifice que vous n'auriez pas honte d'avoir
dans le concept.
M. Michaud: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlesbourg.
M. de Belleval: D'abord une question. Vous disiez que
c'étaient des Québécois francophones qui avaient
rassemblé les terrains en question. Sont-ils toujours
propriétaires de ces terrains?
M. Gingras: Absolument.
M. de Belleval: C'est une entreprise, une compagnie, une
société?
M. Gingras: C'est une compagnie à charte provinciale.
M. de Belleval: Qui est propriétaire des terrains?
M. Gingras: Qui est propriétaire des terrains.
M. de Belleval: La propriété de
Québécois. Mais le projet comme tel serait financé par qui
ou le promoteur serait quoi?
M. Gingras: Je vais vous dire...
M. de Belleval: Est-ce que ce sont les propriétaires du
terrain ou d'autres personnes?
M. Gingras: Les propriétaires du terrain. M. de
Belleval: Ah bon!
M. Gingras: Je vais vous dire une chose, ce n'est pas un secret,
nous comptons, parmi nos actionnaires, je n'ai pas dit nos "backers"
financiers, actuellement, des actionnaires de la Banque canadienne nationale.
C'est assez francophone cela? Ils sont actionnaires dans notre compagnie. C'est
évident que, pour faire la réalisation de projets c'est
peut-être, chez nous, ce qui a manqué chez les francophones
il faut comprendre une chose, c'est qu'un projet de $35 millions doit
être appuyé sur de la véritable finance. Quand on
parle...
M. de Belleval: Je vous arrête tout de suite, j'ai bien
compris. La compagnie Atlific, c'est le nom de votre compagnie?
M. Gingras: Oui.
M. de Belleval: Qui est une propriété de
Québécois?
M. Gingras: Oui, cela vient effectivement des mots Atlantic et
Pacific, parce que la compagnie que nous avons exploite des Holiday Inn de
Terre-Neuve à Vancouver.
M. de Belleval: Elle est la propriété de
Québécois francophones?
M. Gingras: Oui, monsieur.
M. de Belleval: J'ai vu sur le plan que c'était
inscrit...
M. Gingras: Gimber.
M. de Belleval: Pardon?
M. Gingras: Gimber, vous avez vu Gimber Inc.
M. de Belleval: Oui.
M. Gingras: Gimber Inc, c'est une compagnie personnelle à
moi.
M. de Belleval: Oui.
M. Gingras: Cela vient du nom de mon épouse qui s'appelle
Berthiaume.
M. de Belleval: Non, je ne veux pas savoir votre vie.
M. Gingras: Vous me posez cela. Si les gens posent des questions,
c'est ma compagnie personnelle, qui s'appelle Gimber Inc.
M. de Belleval: Je ne veux pas poser de question
indiscrète à ce point de vue.
M. Gingras: II n'y a rien d'indiscret là-dedans. C'est une
charte provinciale.
M. de Belleval: C'est parce que, sur le plan, il y avait
plusieurs noms mentionnés.
Une Voix: Deux noms.
M. de Belleval: Deux noms, c'est cela. Gimber est
propriétaire d'une partie du terrain et l'autre est la
propriété d'une autre compagnie qui s'appelle Atlific.
M. Gingras: Qui s'appelle Atlific. C'est vraiment le projet
Atlific.
M. de Belleval: D'accord, c'est parce que c'était aussi
inscrit Atlific Ltd. ou quelque chose comme cela. Peut-être que c'est
votre raison sociale panacanadienne, en tout cas! Je ne veux pas non plus
critiquer cela. C'est ce qui me faisait poser la question.
M. Gingras: Absolument.
M. de Belleval: C'est une simple et courte intervention. Vous
pouvez être assuré que le programme et la philosophie
générale du Parti québécois, qui forme le
présent gouvernement, en ce qui concerne les affaires en
général, s'applique aussi dans le cas des entreprises qui veulent
développer des terrains et construire des édifices, d'autant plus
qu'il s'agit, dans le cas, de Québécois et de compatriotes.
Je pense que c'est bon qu'on le rappelle, que nous sommes
extrêmement sympathiques à l'entreprise responsable qui respecte
nos lois, qui respecte notre culture. De ce point de vue, il n'y a pas de
réticence de notre part à l'égard de votre entreprise. Il
n'est pas question non plus dans le programme du Parti québécois
d'exproprier des gens sans compensation. Il est bien évident que, si
nous désirons dans un schéma d'aménagement quelconque
convertir 78 000 pieds de terrain en parc à $25 le pied carré,
c'est notre choix, bien sûr, mais nous allons en payer le prix. Si le
prix est de $25, je suppose que ce prix sera à discuter à ce
moment, si jamais on voulait faire une telle chose.
Je dois dire que, personnellement, compte tenu des contraintes
budgétaires auxquelles j'ai à faire face à chaque jour,
j'espérerais avoir un meilleur endroit pour faire un tel parc.
Evidemment, si mes collègues et nous tous en venons à la
conclusion que c'est la meilleure utilisation des fonds publics, on le ferait,
mais on le ferait dans un contexte responsable, bien sûr, et non pas
d'une façon désinvolte. A première vue, le terrain en
question se prête assez mal, je dois dire, à un espace vert,
compte tenu de sa localisation actuelle.
Le concept vers lequel quand même on est plus sympathique, vous
l'avez quand même vu, c'est un concept où on fait davantage place
à d'autres fonctions que celles que l'on a vues jusqu'à
maintenant. Ce concept doit se voir sur l'ensemble du terrain et non pas sur un
point en particulier. Il se peut fort bien qu'effectivement, à cet
endroit précis, la meilleure utilisation de ce terrain soit un
édifice à bureaux. Si c'est le cas, ce sera le cas. Il y aura,
à ce moment, d'autres espaces, je suppose, sur la colline, qui seront
prioritairement, eux, et effectivement réservés pour des espaces
verts et pour de l'habitation. Alors, il faut se rendre compte que nos
questions et nos réflexions, et de ce point de vue, j'attire l'attention
des gens de l'Opposition, ne visent pas à transformer toute la colline
parlementaire, du moins, jusqu'à maintenant, en immense espace vert au
coût de $10 à $25 ou $50 le pied carré, pas plus que nous
sommes favorables à une utilisation sans limite des terrains disponibles
pour des constructions, quelle que soit leur hauteur et quelle que soit leur
qualité. Personnellement, je trouve que l'exposé que vous avez
fait est tout à fait ouvert, tout à fait honnête. Je suis
certain que cette opinion, malgré certaines taquineries, est
partagée par l'ensemble de mes collègues.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau, pour conclure.
M. Guay: Merci, M. le député de Rimouski et
président, simplement, au nom de M. Léonard, le ministre d'Etat
à l'aménagement, qui a dû quitter, parce qu'il avait un
rendez-vous, je voudrais vous remercier d'avoir bien voulu comparaître
devant la commission et d'avoir bien voulu exposer le point de vue d'Atlific,
en l'occurrence, sur I'aménagement de la colline parlementaire. Soyez
bien sûrs que nous en tiendrons compte.
M. Pinsonnault: Je vous en remercie beaucoup et j'espère
que le député de Vanier ne m'en voudra pas de la réaction
vive que j'ai eue tout à l'heure.
M. Gingras: Si vous me permettez, M. le Président, je
réitère les remerciements et je vous dis une chose, moi, qui suis
très loin de la politique. Cela a été une
expérience très enrichissante pour moi.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures, pour être sûrs de
compléter nos travaux de la journée et pour perdre les mauvaises
habitudes que nous avons prises les deux journées
précédentes.
(Suspension de la séance à 18 h 19)
Reprise de la séance à 20 h 6
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
Si les membres de la commission sont d'accord, nous pourrons commencer
immédiatement. J'inviterais les représentants de Charlebec
à présenter leur mémoire.
Je souhaite la bienvenue à M. Harvey Maron et je lui demanderais
de nous présenter ses collègues.
Vous aurez environ 45 minutes à votre disposition. Nous vous
suggérons de prendre 20 à 25 minutes pour la présentation
générale de votre mémoire et des éléments
qui s'y rattachent pour permettre une période de questions d'environ 20
à 25 minutes aux membres de cette commission.
Le mémoire est numéroté 9 M et il est signé
M. Philip Beinhaker.
La parole est à M. Maron.
Compagnie Charlebec
M. Amyot (René): M. le Président, permettez-moi
tout d'abord de me présenter. Je suis René Amyot, un des
procureurs des immeubles de la compagnie Charlebec. Si vous voulez bien, je
vais vous présenter ceux qui sont avec moi ce soir. A ma gauche, M.
Lionel Maron qui est le président du conseil d'administration de Maron
Properties de Montréal; M. Harvey Maron, son fils, qui est le
président de la compagnie. J'ai à ma droite l'architecte Phil
Beinhaker. J'ai M. Robert Gervais associé au même bureau
d'architectes et j'ai M. Jean-Paul Leroy, un investisseur français qui
est intéressé également dans ce projet.
Le groupe est particulièrement heureux d'avoir reçu
l'invitation de votre commission parlementaire pour vous soumettre le projet
qui a été préparé après plusieurs
études, en réalité des études faites par trois
groupes d'architectes différents et le dernier par celui du bureau de M.
Beinhaker qui est ici ce soir.
L'option de développement qui a été faite lors de
la réalisation de ce projet veut tenir compte de l'équilibre
nécessaire à réaliser au niveau de l'aménagement
d'ensemble du secteur à l'intérieur duquel est le projet.
Le projet se trouve le long de la rue Turnbull et tout près
d'où est le Grand Théâtre, ce qui veut dire, je pense, aux
limites de la colline parlementaire. C'est dans la communauté urbaine de
Québec.
L'aménagement proposé vise à respecter le
caractère et l'échelle des constructions avoisinan-tes. Le
programme de développement envisagé comprend principalement et
surtout de l'habitation, certains espaces à bureaux conçus
surtout pour l'entreprise privée et, en plus, un certain espace un peu
plus restreint pour des restaurants, espaces commerciaux d'accommodation de
même que deux niveaux de stationnement souterrain. La compagnie est
prête à procéder et à mettre en oeuvre le projet. Le
financement, quant à l'équité, est assuré à
50%, la moitié, par Maron Properties et les autres 50% par la famille
Leroy. Ce groupe
Leroy est un important groupe de France qui a plusieurs
réalisations et est maintenant intéressé à
réaliser un projet, si on peut l'appeler un projet
franco-québécois, et le réaliser ici, ayant une grande
confiance ici au Québec, pour réaliser un projet de la nature
qu'on va vous expliquer tout à l'heure.
Je demanderais peut-être maintenant à l'architecte, M.
Beinhaker, de bien vouloir expliquer les maquettes que vous trouvez à ma
droite et qui semblent donner déjà un aperçu de ce que
pourra être ce projet pour la ville de Québec. M. Beinhaker.
M. Beinhaker (Philip H.): Merci, M. Amyot. M. le
Président, M. le ministre, la localisation générale de
notre projet se trouve dans un quartier qui est défini par deux grandes
routes artérielles, Saint-Cyrille et la Grande-Allée. Au milieu
de ce quartier, nous trouvons la rue Saint-Amable, une rue qui amène
deux quartiers résidentiels, à l'ouest, qui se trouvent à
l'avenue Turnbull jusqu'au centre parlementaire. Saint-Amable même est
une rue avec un caractère résidentiel, à l'ouest, avec des
bâtiments de cinq à six étages, de construction de brique
de couleur rouge assez chaleureuse. L'avenue Turnbull est de nouveau une avenue
résidentielle. Là, vous allez trouver, au coin de la
Grande-Allée et Turnbull un bâtiment, le Claridge, de dix
étages et aussi, sur la rue Turnbull, vous allez trouver le
bâtiment relié à l'église qui a une hauteur
importante. L'avenue Claire-Fontaine a une vocation différente, à
caractère de bureaux établis par les grands bâtiments de la
Laurentienne. L'église, sur la Grande-Allée, est un
bâtiment équivalant approximativement à six à huit
étages, si on utilise une dimension d'un étage conventionnel,
construite de nouveau en brique et qui contribue au caractère mixte du
quartier par sa vocation d'équipement social.
Le théâtre qui est juste devant notre site a une fonction
régionale. C'est un bâtiment imposant, surtout avec la place du
théâtre, avec une localisation importante, étant
donné les changements de direction de Saint-Amable comme rue et l'espace
ouvert qui est complémentaire à l'échelle étroite
et urbaine de la rue Saint-Amable, une rue locale qui ouvre devant cette place
du théâtre. Notre site, physiquement, se trouve dans un quartier
à vocation mixte à l'ouest de la colline parlementaire. Quand on
dit mixte, on parle de théâtre, de vocation régionale, des
résidences, des bureaux.
Le développement de ce site offre l'avantage important de
renforcer la diversité d'activités de la colline parlementaire et
de ce quartier de l'ouest de la colline parlementaire, d'une part, par notre
programme de développement et, d'autre part, par le design.
D'abord, je vais parler un peu du programme. Le programme proposé
est un programme mixte dont la rentabilité dans sa totalité est
assurée par tous les morceaux ensemble. Et c'est l'ensemble du programme
qui est rentable. D'abord, la priorité est accordée à la
vocation résidentielle. On a mentionné, dans notre mémoire
à votre commission, 115 unités, un chiffre arrondi; le nombre
pré-
cis proposé est 114 unités, des unités de
condominium pour la vente, à peu près 1000 pieds carrés
par unité, ce qui offre l'avantage de renforcer le caractère
résidentiel du quartier ça veut dire les bâtiments
résidentiels, à l'heure actuelle, qui courent un certain danger
d'être restructurés pour des bureaux, comme ça existe pour
le Claridge et dans certains bâtiments et offre aussi l'avantage
d'attirer au quartier l'activité du jour et du soir et non pas
simplement des bureaux et l'activité du jour.
Deuxième élément de programme, c'est le commerce
d'accommodation, le commerce d'accommodation qui manque un peu dans la
diversification des activités du quartier à l'heure actuelle et
qui peut être utilisé par des résidences avoisi-nantes, des
bureaux, des théâtres, ainsi que les espaces prévus dans
notre programme.
Troisième élément, ce sont des bureaux de
dimensions restreintes sur l'avenue Claire-Fontaine, des bureaux avec un
plancher typique, de dimensions modiques, pour satisfaire aux besoins du
secteur privé, surtout pour des bureaux de professionnels ou d'affaires,
disons entre 1000, 3000 ou 4000 pieds carrés par bureau.
Finalement, le parking, avec deux étages au sous-sol qui
dépassent en dimension ce qui est requis pour les activités de
notre développement, mais qui offre l'opportunité
d'améliorer la place du théâtre par l'accommodation de
certaines fonctions de parking qui existent sur la place du
théâtre à l'heure actuelle, dans le parking de notre
site.
La localisation de ces fonctions. D'abord l'habitation. L'habitation se
trouvera sur la rue Turn-bull et le long de la rue Saint-Amable pour assurer la
continuité entre l'avenue Tumbull et la rue Saint-Amable quand je
dis la continuité, je parle des activités résidentielles
de Tumbull d'une part, et de Saint-Amable, un peu à l'est du site
et devient l'élément dominant du projet, complémentaire
à la place du théâtre.
Deuxièmement, le commerce d'accommodation au
rez-de-chaussée, pour faire face à la place du
théâtre et pour renforcer l'activité de l'autre
côté de la rue Saint-Amable, c'est-à-dire la place du
théâtre, le théâtre même.
Troisièmement, les bureaux, le coin de Claire-Fontaine, un
bâtiment qui tourne le coin et finalement, le parking au sous-sol.
J'aimerais parler du design et me servir des dessins qui sont là,
si vous le permettez.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, vous
allez nous exposer, nous décrire la situation là-bas. Puisque ce
sont des éléments plutôt techniques que vous allez nous
présenter maintenant, est-ce que la commission consentirait à ce
que ceci ne soit pas enregistré au journal des Débats, comme cela
s'est fait selon plusieurs précédents? Lorsqu'il y a des
éléments techniques qui impliquent des cartes
géographiques, etc., on suspend pour quelques minutes et on permet
d'exposer; et ensuite, on revient. Est-ce que la commission...
M. Beinhaker: Si vous le permettez, M. le Président, il
s'agit de donner une explication générale du design.
Peut-être qu'après cela, les membres de la commission pourront
voir les dessins plus détaillés. Je prendrai quelques minutes, si
vous le permettez?
Le Président (M. Marcoux): Quelques minutes pour expliquer
le design général et ensuite, on suspendra.
M. Beinhaker: Merci beaucoup. En se servant de ce plan qui est un
plan de situation notre site se trouve ici, à la longueur de
Saint-Amable; le point où Saint-Amable tourne, on en parlait, il y a la
place du théâtre ici. Voilà l'église et le
bâtiment relié à l'église dont je vous parlais,
l'avenue Tumbull, Claire-Fontaine, les deux grands bâtiments de la
Laurentienne.
C'est l'ensemble de notre projet, dont j'ai mentionné que la
rentabilité est assurée par l'aménagement de tous les
éléments du programme: le bureau au coin de Claire-Fontaine, un
bâtiment horizontal résidentiel, avec l'accès,
l'entrée principale ici, sur l'avenue Turnbull, une avenue
résidentielle. Pour éviter le long couloir de chaque étage
du bâtiment horizontal, d'avoir les trois tours qui donnent sur les
unités groupées autour de ces mouvements verticaux dans le
bâtiment...
Ce bâtiment horizontal sera coupé par des axes qui
traversent la largeur du site, des axes vitrés, qui donnent accès
au commerce, à l'intérieur du site où le commerce aussi a
accès par une colonnade de longueur de ces..., une colonnade qui fait
face à la place du grand théâtre ici; donc, les colonnades
et les galeries assurent une utilisation de ces espaces, même l'hiver,
avec cette protection, comme c'est réalisé aux galeries Milan
à Milan.
Le bureau au coin, comme on le mentionnait, a un plancher de dimension
modique, pour en permettre l'utilisation pour des bureaux assez petits, de 2000
à 3000 pieds carrés, sans avoir le long couloir, et une
utilisation du sol qui est de l'autre côté des bureaux de la rue
Claire-Fontaine.
Les unités qui sont disposées comme cela auront une vue
sur le Grand Théâtre ainsi qu'une vue vers le sud. Avec cet
aménagement, on peut garder les espaces ouverts importants entre
l'aménagement résidentiel ainsi que l'église et cela veut
dire garder les arbres qui se trouvent entre les deux bâtiments.
Peut-être que le coût monte, par la façon dont
l'aménagement général sera réalisé, avec les
colonnades aux six étages d'habitation, dont les deux étages les
plus élevés peuvent être bougés un peu à
l'intérieur du site pour diminuer l'échelle du projet et garder
les arbres au milieu. J'ai ici un croquis qui montre le genre d'espace qu'on
peut réaliser, qui fait la liaison entre l'église, d'une part, et
le théâtre, d'autre part.
Le stationnement est au sous-sol avec entrée et sortie des deux
côtés, sur les rues Claire-
Fontaine et Turnbull, pour assurer que les 350 places de stationnement
ne donneront pas une circulation trop chargée sur une rue ou l'autre et
permettre une utilisation efficace à l'intérieur.
Ce sont en général les grandes lignes de "design", si vous
voulez.
M. Guay: Pouvez-vous préciser la hauteur des
édifices?
M. Beinhaker: Ici, nous avons le rez-de-chaussée en
commerce, comme le démontre le plan. En haut du rez-de-chaussée,
nous avons prévu six étages d'habitation dont quatre
étages en coupe sur une ligne et deux étages qui bougent à
l'intérieur du site.
Cela permet d'avoir une échelle de cinq étages, qui
revient à l'échelle que je mentionnais, sur la rue Saint-Amable.
Vous allez trouver les bâtiments de cinq étages en brique. Comme
cela, même s'il y a ces deux étages ici en perspective, à
cause du fait que c'est bouché à l'intérieur du site, cela
diminuera l'impact de ces deux étages supérieurs. Ici, sur
l'avenue Turnbull, le bâtiment est plus élevé. On arrive
à huit étages de l'habitation en haut du rez-de-chaussée,
donc un total de neuf étages. Nous avons pensé que l'avenue
Turnbull peut supporter cette échelle, étant donné que
vous avez le Claridge ici, un bâtiment important de dix étages,
avec un espace entre les deux, et cette continuité des arbres entre les
deux bâtiments, celui-ci et l'autre.
Finalement, l'espace de bureaux, nous parlons de 65 000 pieds
carrés nets. Ce qui est prévu... La hauteur dépend un peu
de la marge de recul. Ici, nous avons dessiné le bâtiment avec une
marge de recul de 25 pieds, ce qui nous amène à voir une hauteur
totale de neuf étages. Par contre, une diminution de cette marge de
recul à quinze pieds permettra de diminuer la hauteur de bâtiment
par deux étages. C'est quelque chose, par exemple, qui a
été révisé avec le bâtiment la Lau-rentienne.
Si vous avez regardé les dimensions précises, vous verrez
facilement qu'il n'y a pas une marge de recul de 25 pieds. Donc, si le
critère clé est la hauteur, on peut la diminuer à sept
étages en gardant le même espace net pour l'aménagement.
Est-ce que cela répond à votre question?
Le Président (M. Marcoux): Vous vouliez procéder
à des présentations de diapositives aussi? Est-ce qu'on peut
procéder le plus rapidement possible? Nous allons suspendre les travaux
durant cette présentation pour reprendre dès que vous aurez
terminé.
(Suspension de la séance à 20 h 24)
(Note de l'éditeur ainsi que l'indique le président
de la commission, les quelque cinq minutes suivantes ont été
consacrées à une présentation audio-visuelle que les
intervenants désiraient projeter devant les membres de la commission
pour mieux illustrer leur projet. La séance reprit son cours
aussitôt après).
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
détails techniques que les membres de la commission voudraient
connaître? Sinon, je vais céder la parole à M. le
ministre.
M. Léonard: Je m'excuse d'abord d'être arrivé
un peu en retard. Je croyais bien, quand on s'était laissé, vers
6 heures, que c'était à 20 h 15 qu'on avait dit.
Le Président (M. Marcoux): Le président a pris la
décision entre-temps que c'était à 8 heures.
M. Léonard: Je m'excuse devant les invités. Je leur
souhaite la bienvenue, de toute façon. Je vous remercie aussi des
explications que vous avez fournies. Il y a au moins une chose
intéressante, vous considérez qu'on peut faire de l'habitation
sans aller à des tours énormes et c'est un peu surprenant de voir
que ça s'intègre quand même très bien dans le
paysage. Je le dis et je suis sincère.
D'autre part, j'aimerais vous poser une question qui, peut-être,
est un peu en dehors de ce que vous nous avez présenté et qui est
celle-ci: Quelle est votre conception, vous, des aménagements sur les
abords du parlement? Quelle serait votre conception, peut-être, plus
autour de la colline parlementaire? Là, vous situez votre projet
complètement à ce bout de la colline.
M. Amyot: M. le ministre, je pense que ce projet est aux limites
de la colline parlementaire.
M. Léonard: C'est ça.
M. Amyot: C'est un peu pour cela que les plans ont
été faits, pour faire en sorte que la hauteur n'excède pas
les bâtiments environnants, comme le Claridge qui est sur la rue voisine,
sur Turnbull, de l'autre côté de la rue; l'édifice La
Lau-rentienne, de l'autre côté, sur la rue Claire-Fontaine.
M. Léonard: Est-ce que, par ailleurs, vous croyez
qu'autour du parlement, aux environs du parlement, on devrait aussi faire de
l'habitation ou faire autre chose?
M. Amyot: Evidemment, M. le ministre, c'est une question toujours
difficile. Il y a la question du coût du terrain, évidemment, et
voir si un projet peut être mixte. Je pense que l'architecte ici, M.
Beinhaker, peut vous expliquer.
M. Beinhaker: Si vous me demandez ma conception personnelle, je
dirais que c'est très important d'avoir cette diversification de
l'utilisation du sol. D'une part, cela amène une activité plus
vivante à n'importe quel quartier d'une ville et, même si on parle
d'un quartier si particulier et si important, qui a une vocation nationale, si
vous voulez, comme la colline parlementaire, au point de vue de la vie
quotidienne, cela revient au même aspect. La diversification, c'est une
occasion, d'une part, de réviser une utilisation plus efficace des
équipements et des investissements déjà faits,
parce que les gens peuvent se servir des équipements jour et nuit
ou jour et soir, si vous voulez et, deuxièmement, avoir cette
diversification dans le contexte d'une colline parlementaire, cela amène
peut-être une présence ou un rôle moins formel de la
fonction du parlement en plus d'avoir d'autres activités qui se situent
à l'intérieur des activités des bureaux.
Sans cela, on voit trop souvent des centres qui sont soit les centres
parlementaires avec une administration publique ou des centres financiers de
n'importe quelle ville qui sont un centre d'activités, un siège
social d'une entreprise où c'est vide dix-huit heures par jour; cela a
l'air d'être toujours triste et, comme je le disais, il y a ce manque
d'efficacité et d'utilisation des investissements publics.
M. Léonard: Au fond, vous dites: Nous faisons de
l'habitation, mais vous la faites en périphérie finalement de la
colline parlementaire. Entrevoyez-vous qu'il y en ait plus près ou
seriez-vous prêt à investir dans de l'habitation plus près
de la colline ou du parlement?
En d'autres termes, le coût du terrain, par exemple, vous
empêche-t-il de concevoir de l'habitation plus près du
parlement?
M. Beinhaker: Je ne sais pas. Je ne suis pas au courant du
coût du terrain de chaque morceau de terrain de la colline parlementaire,
mais le coût du terrain de ce site est assez élevé et il me
semble que le coût du terrain de ce site approche le coût du
terrain des autres sites qui sont assez près ou même à
côté de la colline. Si vous parlez de l'habitation seulement, ce
projet ne sera pas rentable. Ce qui devient rentable, c'est l'habitation
incorporée comme priorité, si vous voulez, mais avec les autres
utilisations, le commerce d'accommodation, des bureaux et aussi le
stationnement, qui amène aussi un revenu, surtout dans ce site,
étant donné que nous avons le théâtre à
côté, qui exige un stationnement assez important qui n'existe pas
et qui est si nécessaire a l'heure actuelle.
Ma réponse est qu'il faut étudier le potentiel de chaque
site en fonction de quelque diversification d'utilisation qu'il peut avoir,
mais notre approche est de regarder chaque site dans ce contexte et de voir
quelle diversification d'utilisation peut être rentable au lieu de penser
à une seule vocation pour un site, n'importe quel site.
M. Grégoire: Quel est le coût au pied carré?
Le Président (M. Marcoux): Une minute. M. Grégoire:
Question supplémentaire.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Le
député d'Arthabaska n'est pas membre de la commission.
M. Grégoire: De Frontenac.
Le Président (M. Marcoux): Pour qu'il ait le droit
d'intervenir il faut que la commission... Pardon? Il faut que les membres de la
commission acceptent que vous ayez droit de parole. Y a-t-il consentement?
M. Grégoire: On m'a inscrit parmi les membres de la
commission aujourd'hui.
Le Président (M. Marcoux): Je n'ai pas été
informé.
M. Maifloux: Pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): II y a un consentement. Je
permettrais au député d'Arthabaska une...
M. Grégoire: ... de Frontenac.
Le Président (M. Marcoux): ...de Frontenac une
brève question pour le moment puisque d'abord...
M. Grégoire: C'est une très brève question
supplémentaire.
Le Président (M. Marcoux): Une brève question. Par
la suite, le ministre à nouveau.
M. Grégoire: Une très brève question
supplémentaire. Pourrait-on savoir le coût du pied carré du
terrain à cet endroit?
M. Maron (Harvey): Je pense qu'en premier lieu l'espace est
d'environ 67 000 pieds carrés. Maintenant, le terrain a
été acheté il y a déjà plusieurs
années et je crois qu'il y a plusieurs choses dont il faut tenir compte,
évidemment, le coût d'achat plus le fait que, depuis des
années, la compagnie supporte le terrain en taxes municipales et
scolaires et également l'intérêt sur l'argent, mais je
crois que cela revient à un prix de quelque $30 le pied, si vous
demandez quel est le coût du terrain aujourd'hui.
Le Président (M. Marcoux): Le ministre d'Etat au
développement.
M. Léonard: Considérez-vous qu'il y aura des
pressions à terme, à moyen terme, par exemple, pour qu'on
construise des édifices à bureaux ou des espaces administratifs
sur la colline parlementaire ou proche du parlement.
M. Beinhaker: D'abord, la compagnie Charle-bec a accordé
des mandats aux autres cabinets de consultation pour étudier le
marché et ces études nous ont été données
pour nous donner les lignes de direction pour notre étude d'architectes.
Ces études indiquaient qu'il y a une demande assez importante pour les
espaces de bureaux pour l'entreprise privée dont les activités
sont, d'une part, reliées aux activités gouvernementales, mais ne
sont pas nécessairement reliées aux centres ad-
ministratifs, mais qui sont aussi reliées au fait que
Québec est une région métropolitaine importante. Dans
cette région il y a des activités et des affaires, soit
professionnelles, soit de bureaux pour desservir la population de la
région métropolitaine ainsi que la région du grand nord.
Etant donné ce contexte, nous avons examiné ce qui est offert sur
le marché et les autres ont examiné ce qui est offert sur le
marché pour ces fins et on a trouvé qu'il y a un manque de
bureaux pour ces fins.
M. Léonard: A l'heure actuelle?
M. Beinhaker: Même à l'heure actuelle. Alors, on ne
parle pas de grands bureaux de 10 000 à 20 000 pieds carrés par
bureau. On parle de bureaux assez, comme je disais, modiques au point de vue
des dimensions. C'est cela qui nous a amenés à penser à un
bâtiment de bureaux d'une telle grandeur. C'est la raison pour laquelle
on a finalement décidé qu'il fallait réaliser un projet
qui pouvait être rentable dans ce contexte, comme projet et s'il y a
lieu, si le marché continue à l'avenir et si les autorités
publiques compétentes sont d'accord qu'une deuxième phase peut
être réalisable dans les terrains avoisinants, on peut
réaliser cette deuxième phase. Par contre, on ne voit pas de
marché pour 200 000 pieds carrés pour ces fins. On voit un
marché pour quelque 100 000 pieds carrés. C'est la raison pour
laquelle on est arrivé à la conclusion de bâtir quelque
chose de l'ordre de 65 000 pieds qui approche un grand pourcentage de ce
marché qu'on voit à l'heure actuelle.
M. Léonard: Est-ce qu'il y avait une hypothèse de
base, à savoir si le palais de justice, par exemple, était dans
les environs?
M. Beinhaker: Non, ce n'est...
M. Léonard: Indépendamment de cela.
M. Beinhaker: Ce n'était pas relié à une
telle construction. Naturellement, s'il y avait une telle construction, cela
amènerait plus d'importance et il y aurait peut-être plus de
demandes que ce que l'on envisage, mais ce n'était pas sur cette
base-là, c'était sur le marché qui existe à l'heure
actuelle.
M. Léonard: Est-ce que je me tromperais en' disant, par
exemple, que des bureaux de cette dimension, de petite dimension seraient
reliés plutôt à du travail de professionnels?
M. Beinhaker: C'est cela. Soit des architectes, des notaires, des
avocats, des comptables qui desservent tout un centre important, un centre
régional comme Québec qui est, après tout, un centre
régional ainsi que la capitale.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne voudrais pas que les
quelques paroles qui vont suivre soient interprétées par ceux qui
vont se succéder à la table comme un refus de l'Opposition
officielle d'écouter ce que ceux qui ont demandé la parole ont
à dire.
Je ne suis pas plus urbaniste qu'architecte ou spécialiste en la
matière et je constate que plus il y aurait d'urbanistes ou d'experts
qui viendraient a la table, chacun, dans sa conception, nous amènerait
peut-être une vision différente. Je croyais que la commission
parlementaire était principalement mandatée pour prendre
conscience du problème de la colline parlementaire, des défauts
qu'on y décèle et de l'intention qu'a le gouvernement d'aller
vers d'autres options pour l'aménagement des terrains qu'on y retrouve,
qui sont vacants ou qui pourraient devenir vacants.
Je constate quand même que depuis quelques jours ce n'est
peut-être pas un mal, ce n'est pas un reproche que je fais on voit
défiler les promoteurs qui ont des projets peut-être acceptables
pour une certaine conception et je ne nie pas le droit de ceux qui ont
actuellement ces terrains, de nous parler de leurs projets en particulier et de
tâcher de convaincre la commission que c'est le genre
d'aménagement qu'on devrait peut-être laisser continuer sur la
colline parlementaire.
Il ressort quand même que, dans les questions qui sont
posées à ce groupe-là en particulier et je pense
que c'est normal qu'il agisse ainsi il n'a pas à dire à la
commission de quelle façon il entende aménager le milieu
même de la colline parlementaire. C'est un terrain donné qui a un
environnement que l'on connaît et pour lequel ces gens veulent
tâcher de convaincre la commission que c'est un type d'aménagement
qu'on devrait permettre. A présent, je ne vois pas où on pourrait
poser des questions pertinentes, ne connaissant pas les vues du gouvernement
sur le type d'aménagement qu'on voudra faire à l'avenir et je ne
nie pas le droit à tous ceux qui ont des terrains aux abords de la
colline parlementaire, de venir exposer leurs vues. Je pense que les
intervenants devront comprendre que n'étant pas plus urbaniste
qu'architecte, spécialiste dans une autre matière, il est
parfaitement impossible à ce moment-ci, pour nous, d'apporter des
interventions valables et si les membres de la commission ont d'autres
questions à poser, je ne désire pas poser de questions,
étant donné les raisons que j'ai mentionnées.
Si, par contre, la commission devait, au cours des jours suivants, voir
intervenir des gens qui sont en continuité des promoteurs, je dis
immédiatement, ayant été à ce ministère: Des
promoteurs, des maquettes, vous allez en voir de toutes sortes. Chaque fois que
ça se produira, ce n'est pas contestable, mais il y a des idées
qui sont avancées et parmi lesquelles vous pouvez peut-être
choisir. Ce n'est peut-être pas mauvais non plus que les membres de la
commission aient pu prendre conscience de l'architecture avancée par
ceux qui sont là comme par ceux qui les ont
précédés.
Je pense que le but de la commission est de vous permettre, comme
gouvernement, de décider quel type d'aménagement vous voudriez
voir à l'avenir, pour combler les vides qu'il y a sur la col-
line parlementaire ou des vides qu'il y aurait à
créer.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Je comprends un peu le sentiment du député
de Charlevoix et d'après la liste des personnes ou des groupes à
comparaître que nous avons, il n'y a au-delà de ce soir, que le
groupe de Trizec qui, pour des raisons évidentes, est
intéressé au premier chef peut-être, parmi les
entrepreneurs, à l'avenir de la colline parlementaire.
Je dois dire que je trouve extrêmement intéressant le
projet que vous formulez, je le trouve architecturellement, d'après ce
que l'on peut en voir, défendable. J'avais déjà eu
l'occasion d'ailleurs de m'y sensibiliser.
Ce que vous avez omis de dire et qu'il m'apparaît
extrêmement important de dire, pour la bonne compréhension du
projet j'invite les membres de la commission parlementaire à
regarder la photo de la colline parlementaire, pour bien saisir c'est
que votre projet se situerait ici, dans ce quadrilatère-ci,
c'est-à-dire dans un espace vert d'une qualité assez
exceptionnelle qui est, pour l'instant, entouré d'une clôture de
béton d'une dizaine, d'une douzaine de pieds de hauteur, étant
donné que les religieuses, si je ne m'abuse, sont
cloîtrées. Mais on voit facilement, de l'extérieur de la
clôture, tous ces arbres adultes qui seraient, du même coup,
complètement rayés de la carte, complètement rasés
par votre projet, aussi esté-thique soit-il.
Bien sûr, vous allez me dire: Les espaces verts, il y a les
Plaines d'Abraham à côté. A partir de là, on doit
bétonner tout le reste de la colline parlementaire et tant pis pour les
arbres adultes, tant pis pour les espaces verts, tandis qu'on pourrait fort
bien concevoir que ce mur-là étant aboli, puisque, de toute
évidence, les religieuses n'y tiennent plus, ayant vendu le terrain,
l'espace vert pourrait servir au public. Evidemment, votre projet arrive en
conflit avec cette idée.
Est-ce que vous avez songé à d'autres emplacements
possibles? Je pense, par exemple et ce n'est pas une offre que je fais,
d'autant plus que je n'ai pas le pouvoir de le faire, mais, quand même,
cela semble sauter aux yeux que le gouvernement est propriétaire
du stationnement situé en face du Grand Théâtre. On voit
d'ailleurs très bien le stationnement, de l'autre côté de
la rue du Grand Théâtre, le stationnement provisoire, puisque
l'édifice de La Laurentienne, une fois terminé, aura un
stationnement souterrain qui doit, si je ne m'abuse, servir de stationnement au
Grand Théâtre.
Est-ce qu'il est concevable pour vous, étant donné que
votre projet n'est plus votre projet d'origine, c'est-à-dire votre
projet qui faisait un L et qui débouchait sur la Grande-Allée,
donc, adresse prestigieuse, si l'on peut dire; maintenant, il s'agit d'un
projet qui n'est que sur la rue Saint-Amable... Etre sur la rue Saint-Amable de
ce côté-là du Grand Théâtre ou être sur
la rue Saint-
Amable en face de l'arrière de La Laurentienne, à supposer
que l'on puisse songer à un troc de terrains je dis bien que
c'est une hypothèse est-ce que la chose, pour vous, est
concevable? On peut construire, mais quant à construire en rasant un
espace vert et en laissant un espace de stationnement insignifiant, là,
bêtement, pourquoi ne pas construire dans l'espace de stationnement qui
ne sert plus et conserver l'espace vert?
M. Maron (Harvey): M. le ministre, si vous me permettez une
première remarque, évidemment, ce terrain pourrait
peut-être servir, comme vous le dites, à une nouvelle
construction. Mais le projet qui est soumis à la commission actuellement
n'en est pas un qui va nécessairement couper tous les arbres qui sont de
l'autre côté de la clôture, parce qu'on voit des espaces qui
vont suivre, étant trois sections différentes.
D'un autre côté, étant donné que le
gouvernement est déjà propriétaire de ce terrain, de ce
carré dont vous nous parlez, il est peut-être possible de planter
des arbres là aussi et d'enlever le stationnement, quand les
stationnements seront terminés, soit dans le projet dont nous vous
parlons et peut-être où est La Laurentienne qui, également,
je crois...
M. Guay: On peut, bien sûr, planter des arbres. Il y a des
sapins plantés le long du boulevard Saint-Cyrille, dans l'espèce
de petit espace vert qu'il y a entre le couvent des soeurs du Bon-Pasteur et le
boulevard. Ils font bien trois pieds et demi maintenant et on peut
prévoir que, l'hiver prochain, ils feront trois pieds et trois quarts,
si cela pousse. A ce rythme-là, dans vingt ans, on commencera à
avoir des arbres regardables, à supposer qu'ils n'aient pas
été touchés par la pollution d'ici là.
Il y a une différence fondamentale entre un espace vert
formé d'arbres adultes nombreux, dont la plupart seraient quand
même rasés, et un espace vert nouveau qu'il faut planter et
attendre pépèrement que cela pousse, pour les futures
générations. Je parle de l'utiliser pour les
générations actuelles.
M. Beinhaker: ... la réaction que j'aurais... Il me semble
que j'ai répondu, il y a quelques minutes, à une question,
à savoir si le programme mixte que nous avons appliqué à
ce projet est applicable comme principe général à tous les
autres sites de la colline parlementaire. Je disais que le principe est
applicable, mais qu'il faut examiner chaque site, site par site. Le programme
est rentable au point de vue du design, du contexte urbain, d'une part, de la
structure des rues, des espaces ouverts et toute l'orientation des mouvements
piétonniers ainsi que de la circulation; aussi, la rentabilité
financière touche la question du programme.
Par exemple, il y a des différences assez importantes entre les
deux sites. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas réaliser un
programme diversifié, un programme mixte, dans le site que vous
proposez. Mais la première réaction que j'ai, c'est que ce sera
un programme un peu différent.
La raison que je donnais, c'est que le site que nous avons maintenant,
en face de Turnbull à Claire-Fontaine est devant l'espace du Grand
Théâtre. C'est un site qui est à la bordure d'un quartier
particulier, qui est proche du Grand Théâtre et qui peut
réaliser la liaison de ce qui existe à l'est sur la rue
Saint-Amable et ce qui existe sur la rue Turnbull.
L'autre site est situé dans un axe d'une direction
perpendiculaire et arrive jusqu'au boulevard Saint-Cyrille:
M. Guay: Est-ce que vous avez saisi ce que je vous disais?
M. Beinhaker: Non.
M. Guay: C'était de placer l'ensemble face au Grand
Théâtre, le long de Saint-Amable. Moi, je vous dis de le placer,
le long de la rue Saint-Amable. En d'autres mots, plutôt que d'avoir
votre complexe ici, pourquoi ne pas l'avoir ici, surtout si on évoque
l'hypothèse qui a été l'origine de la réunion de
cette commission, que le couvent des religieuses du Bon-Pasteur ne serait pas
démoli? Seule la chaufferie pourrait l'être, d'autant plus qu'elle
ne peut plus servir. A ce moment, vous avez là aussi un espace qui
pourrait peut-être servir de logement. Enfin, on verra en temps opportun,
mais...
M. Beinhaker: ... Arriver avec l'espace derrière le site
que vous proposez, tout l'espace entre ce site jusqu'au boulevard
Saint-Cyrille, c'est une question importante, parce que, ici, le genre de
construction qu'on envisage est un peu, si vous voulez, un pont entre
Saint-Amable, à l'est, et Turnbull, deux quartiers peu
résidentiels. Cela renforce l'activité des deux, on
espère.
La question dans le contexte du "design" urbain que je vous pose, c'est
que si on veut le mettre de l'autre côté de la rue, il y aura ce
vide fait par la place du Grand Théâtre et l'axe vert. Je ne veux
pas dire ce vide par préjudice, mais, simplement, c'est un espace plus
vaste. De l'autre côté, vous aurez, devant la Laurentienne, en
face de la Laurentienne, ce pont, si vous voulez, mais il y aura de nouveau un
vide derrière.
Avant de vous donner une réponse étudiée, il
s'agira peut-être de regarder comment tout l'aménagement de ce
grand site peut être réalisé. Il faut recommencer.
M. Guay: II est bien certain que je ne vous demande pas, ce soir,
de me dire tout de go: Parfait, on change de place et cela finit là. Je
me doute bien que votre projet, étant étudié comme il l'a
été en fonction du site qui est là, demanderait à
être réétudié en fonction d'un autre site, que ce
soit celui dont je vous parle ou celui que vous aviez compris,
c'est-à-dire, à ce moment, effectivement, carrément face
au Grand Théâtre et qui pourrait être un lien entre le Grand
Théâtre et le couvent des soeurs du Bon-Pasteur. Enfin, cela fait
partie des hypothèses, mais, a priori, vous ne le rejetez pas, si je
comprends bien.
M. Beinhaker: Le point sur lequel j'aimerais revenir, si je peux,
c'est que ce site offre cette opportunité de rendre ce coin
intéressant au point de vue de l'activité résidentielle.
C'est tout. Je ne sais pas si l'autre offre le même potentiel pour ces
fins. Les autres, peut-être bien!
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: N'ayez crainte, messieurs, je vous considère
comme des interlocuteurs valables sur le projet que vous nous proposez,
d'autant plus que vous n'avez pas traité de l'aménagement de la
colline parlementaire dans son ensemble. Simplement quelques questions
pratiques. Quelles ont été jusqu'à maintenant les
attitudes du service d'urbanisme de la ville de Québec devant votre
projet? En d'autres mots, comment est-ce que cela s'est négocié
jusqu'à maintenant avec le service d'urbanisme de la ville de
Québec?
M. Beinhaker: Nous sommes dans le dossier depuis une
période très récente. Notre mandat a commencé il y
a un mois... La compagnie Charle-bec vient d'acheter le terrain d'une autre
compagnie à qui le terrain appartenait avant. Cette compagnie a fait
étudier le projet par certains autres architectes. Ils ont
étudié tout l'ensemble des terrains jusqu'à
Grande-Allée, à partir de Saint-Amable. Je suis un peu au courant
du genre de discussions qu'il y avait avec le service d'urbanisme sur ce grand
projet ou ce projet d'ensemble qui en est arrivé à un certain
point, mais qui ne dépassait pas ce point, parce qu'il y avait des
questions qui doivent être touchées d'une part, par le
réaménagement de la colline parlementaire que la ville a
apporté dans le contexte de son règlement de zonage qu'elle
apporte pour tous les quartiers.
Deuxièmement, parce qu'on savait qu'il y avait cet
intérêt du gouvernement de le regarder à ce niveau. Par
contre, pour être complètement ouvert, je dois vous dire que nous
venons, ce matin, de présenter cette esquisse ou cette partie au service
d'urbanisme de la ville, à l'officier compétent de ce service. Il
faut dire que c'était la première fois qu'ils ont eu la chance de
voir, comme vous autres, un nouveau plan. Ce n'était pas le moment
d'aller demander une opinion ferme sur leur réaction, parce qu'ils ont
vu pour la première fois le projet.
M. Bertrand: Jusqu'à maintenant, dans les quelques
rencontres qu'il y a eu avec le service d'urbanisme de la ville de
Québec, est-ce qu'il est possible qu'on vous ait proposé comme
hypothèse de travail que ce ne soit qu'un complexe d'habitation et non
pas un complexe mixte d'habitation-bureaux?
M. Beinhaker: Non, quand nous avons présenté le
projet, ce matin, un commentaire qui a été fait par les gens du
service d'urbanisme, c'était qu'ils nous ont fait
référence à leur présentation ici, à la
commission parlementaire, et qu'ils ont eu
cinq scénarios, comme ils disent, et que, sans faire de
recommandation ferme, la ville a retenu favorablement, apparemment, le
cinquième scénario, qu'ils appellent, le développement
à vocation mixte. Dans ce contexte, comme je disais, sans avoir une
opinion ferme, les gens ont indiqué que peut-être ce projet
apporte dans le contexte d'un site les principes qui étaient
apportés dans le scénario. Cela ne veut pas dire que cela touche
tous les coins qu'ils espèrent réaliser ou qu'ils recommandent
à la commission. Je ne peux pas parler pour eux, sauf de dire que cela a
l'air d'être relié au contexte général. Ils n'ont
pas mentionné et ils n'ont pas insisté sur l'idée d'avoir
un projet de sous-vocation. Par contre...
M. Bertrand: D'accord. C'est simplement que je constate que dans
ces scénarios présentés hier, la ville de Québec
avait différentes hypothèses. Celle qu'elle retenait le plus,
c'était l'hypothèse 5, où il était question
d'habitation et d'équipement public. Elle excluait les bureaux.
M. Beinhaker: Oui. J'ai remarqué que quand ils ont
parlé de leur scénario 5, j'ai regardé le plan
précis qu'ils ont eu, et j'ai remarqué que c'est bon d'avoir des
principes de développement mixte, mais notre site était
prévu pour une seule vocation. On peut peut-être insister et dire
que notre site peut apporter une vocation particulière que le plan
appelle en général.
M. Bertrand: Qu'est-ce que vous faites avec l'édifice des
soeurs Franciscaines?
M. Beinhaker: Pardon?
M. Bertrand: Pour l'édifice des soeurs Franciscaines,
qu'est-ce qui est prévu?
M. Beinhaker: On n'y touche pas.
M. Bertrand: Vous n'y touchez pas. A l'heure actuelle, il sert
à quoi, en ce moment?
M. Maron (Harvey): C'est une maison pour les soeurs, je pense,
qu'elles l'habitent encore. Actuellement, elles se servent encore du jardin
pour se promener, tant et aussi longtemps qu'un projet de construction n'est
pas commencé. C'est pour cela que la clôture est
restée.
M. Bertrand: Une dernière petite question. Est-ce qu'il
est possible que votre projet de bureaux soit aussi rentable sur le plan de la
location si le palais de justice n'était pas construit, comme certains
pensaient qu'il le serait?
M. Beinhaker: Oui, la rentabilité du projet de bureaux
n'est pas reliée à la construction du palais de justice. C'est
basé sur le marché qui existe à l'heure actuelle.
M. Bertrand: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président, au premier abord,
j'aime votre projet, parce qu'il s'efforce, à certains points, de
respecter le visage ou l'aspect physique de l'environnement. Le
député de Taschereau a posé des questions qui
répondaient à mes anxiétés vis-à-vis de
l'espace vert qui disparaîtrait. J'aimerais poser une question bien
précise. Vos unités de logement d'environ 1000 pieds
carrés se loueraient environ à quel prix?
M. Beinhaker: C'est le condominium, pour vendre.
M. Michaud: Pour le vendre à quel prix?
M. Beinhaker: Le prix à Québec, à l'heure
actuelle, est entre $50 000 et $55 000, avec le stationnement.
M. Michaud: Pour 1000 pieds carrés, environ?
M. Beinhaker: Oui, à l'intérieur. Cela n'inclut pas
l'espace extérieur intégré avec l'unité. Il y aura
des coûts extérieurs qui desservent chaque unité.
M. Michaud: Donc, ce ne serait pas une habitation pour M.
Tout-le-Monde.
M. Beinhaker: Non. M. Michaud: Merci. M. Beinhaker:
Pas sur ce site.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie d'être
venus témoigner devant cette commission et vous pouvez être
sûrs que les membres de la commission étudieront votre
présentation.
J'inviterais maintenant le groupe "Sauvegarde du couvent des soeurs du
Bon-Pasteur" à venir présenter son mémoire. C'est le no
19M.
M. Maron (Harvey): En vous remerciant, M. le Président et
les membres de la commission, d'avoir bien voulu nous entendre ce soir.
Le Président (M. Marcoux): Cela nous a fait plaisir.
Nous vous souhaitons la bienvenue, spécialement à M.
Reynald Gadoury. Nous vous prierions de présenter les personnes qui vous
accompagnent. Comme nous disposons d'environ trois quarts d'heure, je vous
proposerais de faire une présentation d'environ 20 minutes pour laisser
le plus de temps possible aux membres de la commission qui désireront
vous poser des questions. Cela vous va?
M. Gadoury.
Groupe de sauvegarde du couvent des soeurs du
Bon-Pasteur
M. Reny (Claude): Mon nom est Claude Reny. Je vais
procéder à la lecture du texte.
Le Président (M. Marcoux): Pourvu que vous
en fassiez une lecture rapide, je ne pense pas qu'il y ait de
problème.
M. Reny: La lecture sera probablement de dix minutes, puisque le
texte a huit pages.
Le Président (M. Marcoux): Bon! Si vous pouvez nous
présenter vos collègues, s'il vous plaît.
M. Ruelland (Michel): Michel Ruelland.
M. Tremblay (Gilles): Gilles Tremblay.
M. Baker (Joseph): Joseph Baker.
M. Reny: M. Gadoury sera ici dans cinq minutes.
Je commence. La colline parlementaire de Québec est
marquée par la présence de bâtiments dont la valeur
architecturale et la qualité de la construction témoignent en
faveur de leur conservation. La majeure partie de ces bâtiments a
été érigée entre les années 1845
lisez bien, non pas 1745 et 1935 et forment, avec le Vieux-Québec
et les quartiers Montcalm et Saint-Jean-Baptiste, une continuité dans
l'histoire de l'évolution de Québec.
L'édifice du Bon-Pasteur représente un exemple de cette
continuité avec les ensembles de Grande-Allée, du parlement, du
monastère des Franciscaines et de l'ancien hôpital Jeffery Haie,
c'est-à-dire l'actuel site de la Sûreté du
Québec.
D'autre part, la dernière décennie a été
marquée par la concentration d'édifices administratifs, de grands
hôtels et de percées routières qui ont bouleversé
l'équilibre de la colline parlementaire. Dans cette opération, le
gouvernement du Québec s'est fait le principal maître d'oeuvre de
gestes irrationnels de démolition, comme ce fut le cas sur la
Grande-Allée, à proximité du parlement. Il faut se
souvenir des appartements où sont les complexes H, J et ce qui est
maintenant dans le secteur de ce qu'on appelle la pigeonnière.
Cette règle absolue de destruction et de concentration
administrative a donc marqué l'espace de ce vaste secteur au
détriment de la présence du citoyen résident. C'est
d'ailleurs dans la cadre de ce scénario que le complexe du Bon-Pasteur
devait être remplacé par des édifices à bureaux.
Le Groupe de sauvegarde du couvent des soeurs du Bon-Pasteur s'est
opposé à la démolition de cet édifice, convaincu
que l'équilibre de la colline parlementaire implique un gel de
l'expansion des édifices à bureaux et un renforcement des
fonctions résidentielles et sociales.
Là, je vais vous faire une brève description de l'analyse
que nous avons faite du bâtiment, depuis le 15 novembre. L'édifice
du Bon-Pasteur représente un exemple de l'évolution de
l'architecture institutionnelle de la période 1855-1938 dans la ville de
Québec.
Depuis la première construction en pierre de 1854-55... Je vous
renvoie à la page suivante, à cet exemple, à ce
croquis.
Depuis la première construction, donc, de 1854-55, jusqu'à
l'addition de la cuisine à vapeur en 1938, on retrouve tous les
éléments des structures de ce vaste ensemble. Les seules
modifications aux parties plus anciennes du XIXème siècle
touchent le niveau des toitures qui ont été exhaussées, il
y a quelques années.
Un fait à remarquer. La chapelle qui a été
classée par le ministère des Affaires culturelles n'est pas le
premier bâtiment mais le troisième de la série. Les parties
désignées de maison du Bon-Pasteur au 1080 de
Lachevrotière et maison Sainte-Famille au 580 Saint-Amable ont
été érigées respectivement entre les années
1854 et 1860.
En réalité, durant toute la seconde moitié du
XIXème siècle, on assiste à sept mises en chantier
majeures sur le domaine des religieuses. Ces agrandissements successifs forment
le corps principal du complexe et c'est là qu'on retrouve intactes les
contributions architecturales de l'époque. Alors, à
l'intérieur, on voit les boiseries, les foyers, les portes, les grands
escaliers, les longues galeries, la fenestration, les colonnes, etc.
La presque totalité de ces constructions a été
faite de pierre calcaire et sont enduites à l'intérieur de
mortier et de crépi avec finition en plâtre.
La décennie 1920-1930 correspond également à une
période d'expansion importante puisque quatre nouvelles ailes sont
ajoutées à la partie déjà construite. Utilisant les
techniques de l'époque, ces parties sont formées d'une structure
de béton et de pierre, davantage à l'épreuve du feu. C'est
d'ailleurs durant cette première moitié du XXème
siècle que les charpentes de la toiture à pignon sont
remplacées par des toits plats parce qu'autrefois, il y avait comme la
maison Mallet à l'arrière du Carré d'Youville, une toiture
à pignon avec des lucarnes, et que la façade de la chapelle est
modifiée, parce qu'il y a eu un coup de foudre et on a refait le clocher
comme on l'aperçoit maintenant.
Le bâtiment qui nous est transmis depuis plus de 125 ans est donc
à l'image de cette diversité architecturale qui
caractérise si bien les quartiers anciens de Québec.
Il y a plus encore. Le bon état des différentes parties du
complexe témoigne de la qualité des structures en place et du
souci d'entretien qu'ont eu les religieuses du Bon-Pasteur pour leur maison
mère. Nous avons là un héritage de 275 000 pieds
carrés rendez-vous compte d'espace plancher,
c'est-à-dire l'équivalent de 75% de la superficie du complexe H,
ce qui est beaucoup finalement.
Cette énorme surface possède, en conséquence, un
potentiel impressionnant d'utilisation, en termes d'objectif d'un meilleur
équilibre entre les fonctions administratives et résidentielles,
et l'ancien couvent peut donc servir à des usages multiples.
Conçu comme lieu d'habitation pour quelque 400 personnes
c'est-à-dire les religieuses et les chambreurs, c'était l'Oeuvre
de la jeune fille, des anciennes prisonnières le bâtiment a
d'abord une vocation maîtresse de lieu de résidence. Sans
modification radicale, il peut accueillir des grou-
pes de personnes âgées, des jeunes couples, des
célibataires et des étudiants. Pour un prix abordable, il peut
offrir un certain nombre de studios et de chambres destinés à
cette clientèle variée de résidents.
Outre l'habitation, l'intérieur de l'édifice offre
suffisamment d'espace pour loger une gamme de services: cliniques de
santé, espaces récréatifs et culturels, ateliers
d'artisanat je signale d'ailleurs qu'il y avait des ateliers de
menuiserie dans ce bâtiment des lieux de culte et,
évidemment, la garderie.
De plus, l'extérieur du complexe comprend une cour bien
protégée qui offre aux usagers un jardin intime et
agréable. C'est la cour à l'intérieur, là où
sont les derniers arbres du secteur.
Cette entreprise à caractère social ne se fera pas toute
seule. Il faudra compter sur la collaboration de plusieurs organismes
existants. C'est pourquoi il faudra constituer une société
à but non lucratif qui s'occupera du développement, du
réaménagement et de la gérance de l'entreprise.
Enfin, pour rendre le projet viable, il faudra profiter des programmes
existants d'aide financière tant de la Société
d'habitation du Québec que de l'aide à la rénovation de la
Société centrale d'hypothèques et de logement. Il faudra
compter également sur le concours du ministère des Affaires
culturelles pour la restauration, s'il y a lieu parce que la chapelle
est en très bon état de la section de la chapelle et
également, s'il y a lieu, à des allocations aux loyers que
fournit le ministère des Affaires sociales.
L'ensemble de cette opération s'inscrit dans une autre option
fondamentale de l'aménagement de la colline parlementaire.
Cette option est celle d'un ensemble urbain diversifié on
l'a d'ailleurs mentionné chez les intervenants précédents
dans ses fonctions et qui respecte la trame des éléments
en place. En définitive, le complexe du Bon-Pasteur est le point de
départ d'une stratégie de rééquilibre d'un secteur
urbain.
L'option d'aménagement de la colline qui se dégage
après cette première description du bâtiment est que
l'examen des quadrilatères là, je vous renvoie à la
carte à la page suivante de la partie ouest de la colline
parlementaire nous montre que l'espace disponible est suffisant pour permettre
des projets de rééquilibre urbain. En effet, dans l'axe du
boulevard Saint-Cyrille, les sites de l'ancien marché Berthelot
c'est le projet du secteur Atlific de la Sûreté du
Québec, qui est l'ancien hôpital Jefferey Hale, et du
stationnement du Grand Théâtre sont parmi les plus importants
à retenir. De plus, à une échelle moindre, il y a
possibilité de reconstruire des unités d'accompagnement le long
des rues Scott actuellement, c'est un stationnement, c'est la partie du
complexe des soeurs du Bon-Pasteur qui a déjà été
démolie et Berthelot également une démolition
récente où, actuellement, il y a du stationnement de
même que dans la cour des Franciscaines. Ces secteurs vacants peuvent
accueillir là, c'est une évaluation, vous pensez bien
près de 2000 nouveaux résidents, ce qui permettrait de
repeupler cette partie du centre-ville de Québec.
D'autre part, une nouvelle poussée des concentrations
administratives va irrémédiablement compromettre l'avenir des
îlots situés entre les rues Cartier et Turnbull, puis entre
Saint-Jean et Saint-Cyrille. Déjà, des promoteurs n'attendent que
le feu vert de la Place de la Justice pour procéder aux
démolitions et aux nouvelles mises en chantier sur les sites de
Berthelot et des Franciscaines. Il est enfin à prévoir que les
emprises des boulevards Grande-Allée et Saint-Cyrille, entre les rues
Claire-Fontaine et Des Erables, ne seront pas suffisantes en considérant
le flux additionnel de circulation. C'est en fait la section qui est
actuellement engorgée vis-à-vis de la Sûreté du
Québec; quand on va vers l'Ouest, il y a une série de feux de
circulation. C'est vraiment un noeud d'étranglement dans ce secteur.
L'aménagement de la colline parlementaire doit d'abord être le
reflet d'un milieu vivant, c'est-à-dire composé
d'éléments multiples. Cet aménagement ne doit pas
être une succession d'édifices à bureaux qui demeurent sans
animation en dehors des heures de travail. C'est pourquoi la présence de
lieux résidentiels et d'équipements de service est notre option
fondamentale.
De plus, cette offensive résidentielle a pour conséquence
de renforcer la structure des quartiers existants en permettant d'abord d'en
augmenter la population. Elle favorise également de maintenir les
services, en particulier ceux du domaine scolaire et des loisirs. On programme
même la fermeture de l'école du quartier Saint-Jean-Baptiste dans
quelques années. Il suffit pour s'en convaincre de consulter la liste
des fermetures d'écoles qui ont eu lieu au centre-ville depuis quelques
années.
Il reste alors le problème de l'édifice du palais de
justice. Trois alternatives peuvent être examinées. La
première serait l'utilisation des bâtiments administratifs
existants comprenant l'actuel palais de justice, l'édifice Chauveau ou
même le complexe H, si l'on veut. Il implique la relocalisation de
quelques ministères vers la banlieue, c'est-à-dire les
ministères du Revenu et des Transports on m'a appris que le
ministère du Revenu déménagerait effectivement vers
Sainte-Foy, celui qui occupe l'édifice Chauveau et le partage des
cours de justice dans plusieurs édifices. La seconde serait la
construction d'un édifice à proximité de l'ancienne gare
du Palais et de la rivière Saint-Charles. L'espace disponible y est
important, le réseau routier étant en place, l'autoroute
Duffe-rin, la ville de Québec, l'actuel propriétaire des
terrains, y prévoit même la construction de bureaux dans son
étude Kabir Kouba et un parc serait éventuellement
aménagé dans le secteur du bassin Louise. Enfin, la
troisième alternative serait celle de la banlieue vers Sainte-Foy ou Le
Bour-gneuf.
En définitive, il faut choisir entre une capitale qui soit le
reflet de la vie de la collectivité ou une capitale définie comme
un lieu strictement administratif. Notre option, quant à nous, est celle
de la
présence du citoyen résidant sur la colline parlementaire
et cette présence se situe, en premier lieu, dans le complexe du
Bon-Pasteur. Là, nous avons, évidemment, une série
d'annexes qui allaient avec cela. Nous les aurons... Elles sont maintenant
disponibles. On pourra vous les distribuer, si vous voulez. C'est
l'échange que nous avons eu avec les différents paliers de
gouvernement depuis quelques mois sur ce sujet, ainsi que les coupures de
journaux, toutes les manchettes qui ont touché ce problème. Elles
sont donc à votre disposition.
Nous avons également un plan de 1962 montrant tous les secteurs
de Saint-Roch, Saint-Jean-Baptiste, colline parlementaire, qui ont subi des
mutations. C'est à la disposition de tout le monde. Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Léonard: Je trouve ce mémoire
particulièrement intéressant. En fait, c'est une des questions
qu'on se pose depuis le début de la commission. Où est-ce qu'on
fait de l'habitation, comment la fait-on? Il y en a une qu'on pourrait poser
à ceux qui sont plus professionnels. Mais il y a un prix à cela,
le gouvernement a acquis ces terrains à un moment donné, on me
dit probablement aux environs de $3,5 millions, c'est ce que me dit M.
Mailloux.
Vous proposez, pour administrer le complexe du Bon-Pasteur ou le couvent
du Bon-Pasteur, une société à but non lucratif. Cela
suppose donc que le gouvernement acquiert ou cède ce complexe à
cette société. Est-ce que vous avez pensé à
d'autres formules coopératives d'habitation, est-ce que c'est une
cession pure et simple du gouvernement pour $1 et autres considérations
ou si vous croyez que vous pouvez rentabiliser l'acquisition du complexe
à l'aide de cette société à but non lucratif?
Voilà une première question.
D'autre part, est-ce que vous avez envisagé d'autres formules
pour administrer un tel complexe, comme une coopérative?
M. Gadoury (Reynald): C'est sûr qu'avec un édifice
d'une telle taille avec autant de logements qui pourraient y être
placés, au départ, je ne pense pas que ça puisse
créer une rentabilité économique, d'ailleurs, à la
longueur du temps qu'on pourrait y demeurer. Parce que même dans nos HLM
présentement, dans nos bâtiments construits par la
société d'habitation et administrés par des OMH, on
s'aperçoit, à Québec d'ailleurs on l'a vu dans un
article de journal qu'on aurait un déficit d'à peu
près $350 par mois, au point de vue administratif, ça nous
coûterait ça pour administrer le bâtiment.
La suggestion qui a été faite pour une corporation
à but non lucratif, c'est tout simplement pour pouvoir donner le
mouvement, pour pouvoir donner le coup d'envoi pour faire revivre cette
cité parlementaire. Nécessairement, donner ça tout
simplement à un promoteur ou à une personne qui s'occupe de
construction ou d'administration de résidences, c'est absolument
sûr qu'avec ça, il ne voudrait même pas l'avoir ni
l'administrer parce que ce serait déficitaire.
Entre les mains d'une corporation à but non lucratif, on peut
trouver des moyens qui soient quand même moins coûteux, je crois,
pour ne pas en faire un complexe de luxe ou un complexe semblable à
d'autres habitations neuves qu'on ferait juste à côté.
Parce qu'un développement comme vient de nous présenter
l'autre équipe, c'est-à-dire l'équipe d'architectes qui a
été entendue avant nous, ce sont sûrement des
bâtiments qui vont être absolument luxueux et qui vont être
loués à grand prix.
Si on envisage de transformer le Bon Pasteur de cette manière, je
pense qu'on est absolument plus que déficitaire, c'est-à-dire
qu'on est en faillite en partant. Mais si on prend le Bon Pasteur, si, par
étapes, comme il a été proposé par une étude
de soeurs Grises de Montréal, on l'aménage et pour
différents types de logements et différents types de salles pour
occupation ou activités sociales, c'est sûr que je me dis qu'en
partant, on minimise beaucoup les grands coûts et on peut s'ajuster
exactement à cet engendrement d'habitations sur la colline.
M. Léonard: Vous avez fait une estimation des coûts
d'acquisition, peut-être pas, mais des coûts aussi pour le mettre
en état de recevoir des personnes?
M. Gadoury: C'est-à-dire qu'on n'a pas fait d'étude
de coûts pour le mettre en état.
M. Léonard: ...rénovation parce que ce serait
détruire probablement...
M. Gadoury: C'est-à-dire qu'on ne s'est pas
arrêté là, parce qu'il reste quand même que le groupe
de sauvegarde a été un groupe de combat pour dire simplement
qu'il ne fallait pas détruire cette structure absolument ponctuelle, qui
venait planter sur la colline parlementaire toute la trame de la ville.
Si on l'enlève, on enlève un trou de la trame de la ville
et la trame fout le camp.
Je reviens à votre question. On n'a pas fait d'étude
économique, mais il y a une étude très sérieuse qui
a été faite chez les soeurs Grises de Montréal, dont
l'édifice a à peu près la même configuration, qui a
été construit à la même époque que cet
édifice et qui a à peu près les mêmes dimensions.
C'est une étude absolument sérieuse qui dit que placer des
logements d'une ou deux chambres dans cet édifice, chez les soeurs
Grises, à Montréal, ce qui est semblable, coûte à
peu près $25 300 par logement. Ce sont des logements absolument
sécuritaires, vous avez les gicleurs, vous avez les sorties de secours
neuves, vous avez toute la sonorisation qu'il faut et j'en passe.
On sait qu'actuellement, la société d'habitation, dans de
simples constructions en bois, aménage des logements de deux chambres
qui varient entre $23 000 et $28 000, selon les chiffres actuels. On sait cela.
Et ce sont tout simplement de petits
bâtiments, de la construction en bois sur deux ou trois
étages, pas plus. Quand vous tombez dans le béton, vous allez aux
alentours de $32 000. D'ailleurs, ce qui est en train d'être fait sur la
rue d'Aiguillon, cela va coûter peut-être un peu plus cher que si
on construisait autre chose. C'est pour vous dire que les prix qui ont
été faits en octobre 1976, par une firme qui avait
été engagée pour cela, ce sont des prix absolument
concurrentiels, même plus que concurrentiels. On en est arrivé
à dire que les lits parce qu'il se faisait de
l'hébergement, chez les soeurs Grises de Montréal cela
leur a coûté, en rénovation, par lit, une somme de $6000,
parce que déjà le bâtiment était fait pour recevoir
ce type de logement qui était l'hébergement pour personnes
âgées.
On sait aujourd'hui qu'en 1976, cela a coûté $30 000 par
lit, dans toute la province, pour faire de l'hébergement pour personnes,
quand on parle de foyers. Cela coûte $30 000 par lit. On a réussi
à sortir des chiffres, chez les soeurs Grises, de $7000 par lit. Je ne
les invente pas, parce que je ne suis pas un financier pour inventer ces
choses-là.
M. Léonard: Maintenant, vous avez parlé d'une
société à but non lucratif. Vous avez quoi en tête,
exactement?
M. Gadoury: Je passerai la parole à M. Baker, parce que M.
Baker est plus...
M. Baker: On envisage, M. le ministre, la formation d'une
corporation, une corporation qui comprendrait la participation du gouvernement
et la participation des groupes populaires ou les groupes qui s'occupent des
poblèmes des personnes âgées ou des personnes à
revenu modique.
Le modèle est très simple. On forme une corporation qui
s'occupera de la gérance, de la mise sur pied de cette corporation pour
entreprendre le développement de cet édifice. C'est un
édifice en très bon état, le groupe de la sauvegarde a
reçu la permission d'inspecter l'édifice. On n'a pas fait une
inspection complète, mais on a fait une inspection durant une visite de
trois ou quatre heures. On aimerait faire d'autres inspections, mais, pour le
moment, on peut dire que c'est un bâtiment en très bon état
et qui se prête à une restauration. On sait bien, comme M. Gadoury
l'a mentionné, que les coûts de restauration sont vraiment moins
élevés que le coût de la construction nouvelle.
Alors, une société sans but lucratif s'occuperait du
développement de ce projet en faisant appel à tous les moyens
possibles qui existent dans la loi, soit la loi nationale du Canada ou la Loi
de la Société d'habitation du Québec, pour obtenir les
prêts, obtenir les subventions à la restauration et les
subventions qui existent pour aider les corporations sans but lucratif.
Ce groupe a dit, lorsqu'il a commencé la contestation pour
empêcher la démolition de cet édifice, qu'il serait
prêt à participer, à mettre en marche ce type de
corporation.
M. Léonard: Vous avez dit que ce serait le point de
départ d'un nouvel équilibre de la colline parlementaire.
J'aimerais avoir plus de commentaires là-dessus. D'autre part, sur cette
base, pourquoi éliminez-vous probablement, si on comprend le texte, le
palais de justice? Et est-ce que vous ne considéreriez pas que de faire
une maison pour personnes âgées, par exemple, en plein centre de
la colline parlementaire, pourrait avoir un effet de ghetto?
M. Baker: On n'envisage pas un ghetto, pas du tout.
M. Léonard: Non, mais...
M. Reny: Si on se réfère au texte, il n'y a pas que
des personnes âgées qui sont proposées dans le
bâtiment, il y a des services aussi.
M. Léonard: C'est là-dessus que je demande vos
commentaires, parce que vous dites que c'est un nouvel équilibre de la
colline parlementaire.
M. Baker: On a commencé par une lutte pour empêcher
une démolition. C'est la première étape, empêcher
d'autres démolitions. Cet édifice en bon état est devenu
le point de départ. C'est certain que les membres du groupe de la
Sauvegarde ont anticipé le redéveloppement du quartier en termes
de fonction résidentielle. Le palais de justice n'avait pas place dans
le concept.
M. Léonard: Vous arrêtez, en tout cas, la vocation
administrative du centre de la colline. Que faites-vous avec les stationnements
qui sont là présentement?
M. Reny: Vous voulez parler certainement de ceux à
côté du Grand Théâtre.
M. Léonard: Oui.
M. Reny: II est prévu, dans le complexe à bureaux
qu'on est en train de construire, d'y insérer tout le stationnement sur
le site. Il reste qu'il va falloir, à un moment donné, dissuader
le reste des automobilistes qu'on pourra retrouver dans le secteur,
décourager le stationnement dans le secteur pour ceux qui ne trouveront
pas place dans les stationnements qui sont déjà construits ou en
construction.
M. Gadoury: D'ailleurs, il y a eu une bonne suggestion du
ministre de Belleval, qui disait qu'à un moment donné, on devrait
augmenter le coût des stationnements et que cela dissuaderait
passablement de gens de venir avec leur auto et surtout seuls avec leur auto
sur la colline et que progressivement, on devrait diminuer. Je n'ai pas
d'inquiétude avec ces stationnements d'une manière ou d'une
autre. Comme vous dit Claude, il y a une bonne partie qui va être
absorbée par le nouvel édifice qui sera construit.
Vous dites l'équilibre de la colline; si vous
prenez la paroisse Saint-Coeur-de-Marie présentement, elle est
absolument en perdition. Je ne veux pas sauver les paroisses, prêcher
pour les paroisses, mais c'est une paroisse complètement en perdition,
parce qu'on a parlé de la petite rue qui était prise entre la
Laurentienne et, en fin de compte, l'église, et qui allait
peut-être disparaître et que la ville de Québec veut animer
par du commerce, je pense. Justement, pour équilibrer... On
s'aperçoit que ce milieu est complètement malade d'une
manière ou d'une autre, c'est-à-dire qu'au niveau
résidentiel, il n'y a plus de résidences, il y a simplement une
circulation de personnes, même d'autos, c'est-à-dire des personnes
qui viennent en auto, qui circulent, qui sortent un peu le midi. On a une
garderie. On n'a plus d'enfants là, quasiment plus d'enfants, on a une
petite école.
Je vous dirais qu'une société équilibrée,
qui contient des personnes âgées, des enfants, des adolescents,
des adultes et des personnes d'âge moyen, cela nous mène à
planifier un milieu d'une toute autre façon. Quand vous avez des enfants
dans un milieu, vous ne planifiez pas des rues, des largeurs de rues et du
béton de la même "batinse " de façon. On oublie cela de
plus en plus. Si on enlevait même la garderie de là, on ne
s'apercevrait plus de la dimension, c'est-à-dire que la colline
prendrait une autre allure, parce que, ayant des enfants déjà, on
peut commencer à entrevoir des possibilités de traverser les
rues, de se faire protéger pour traverser les rues, parce qu'il faut
traverser avec des enfants. Un adulte peut sauver sa peau comme il peut et il
la sauve souvent, mais quand arrivent des enfants là-dedans, ce sont
d'autres dimensions qui arrivent. Ces dimensions sont encore beaucoup plus
grandes pour quelqu'un qui vient voir et qui vient se promener
là-dedans.
Regardez les calèches qui se promènent alentour de cela,
c'est d'une sécheresse épouvantable. Les Américains sont
émerveillés par le clocher de Saint-Jean-Baptiste. Je les
comprends. Il reste à peu près cela comme espèce de
structure qui sort de tout ce quartier. On se promène dans les grands
vents et à un moment donné, on arrive là. C'est
épouvantable! Il faut équilibrer cela par de l'habitation pour
pouvoir arriver dans un milieu qui est plus humain, qui est plus vivant, qui
était comme tel. La trame qui existait avant n'était pas
là pour le "fun". Les Québécois s'étaient construit
et s'étaient fait des rues étroites non pas pour le "fun" d'avoir
des rues étroites. Ils s'étaient fait des maisons les unes sur
les autres, non pas pour se sentir plus collés les uns à
côté des autres, ce ne sont pas les principales raisons, c'est
qu'on a un climat dans lequel il faut vivre, on a des voisins avec lesquels on
vit, on a des espaces verts sur lesquels on passe ou que l'on traverse pour
aller quelque part. On dirait à un moment donné qu'on oublie tout
cela et qu'on devient des hommes, soit l'homo-fonctionnarisme, soit...
J'arrête mon sermon pour la paroisse.
M. Tremblay (Gilles): On répond à cette question
par une autre question, j'ai l'impression. C'est un peu une identification au
niveau du logement qui inquiète beaucoup de personnes à ce
niveau. On pourrait aussi poser la question: Pourquoi identifier un haut lieu
de représentation gouvernementale? Pourquoi le prolonger?
Dans ce cas, cela revient toujours au tissu urbain d'une ville qui s'est
développée, en ayant ses propres lignes de force de
développement. Là, ici, on a assisté à une
démolition de ces lignes de force, par exemple, de Saint-Cyrille qui est
devenue un axe majeur, qui aboutit à peu près nulle part,
présentement, qui peut se corriger, c'est sûr, mais pourquoi
identifier? Cela répond un peu par une question. En même temps, il
ne faudrait pas identifier le restant, les espaces libres qui restent,
uniquement par des parcs ou bien par une fonction de logement, ou bien par une
fonction de bureau. C'est pourquoi cela demande un équilibre assez
réparti. C'est un renversement de question. Pourquoi identifier de
l'autre côté?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, même si j'ai appartenu
au gouvernement précédent, et qu'à l'intérieur du
mémoire, on retrace certains reproches qui ont été faits
aux administrations précédentes, je confesse que dans ce
mémoire, il y a peut-être une bonne partie de
vérité. Dans les buts que poursuit la commission parlementaire
sur l'aménagement de la colline et de ses abords, je pense que c'est un
des mémoires sur lesquels la commission aura ultérieurement
à se pencher avec le plus d'attention, et le gouvernement devra, par la
suite, poursuivre une étude beaucoup plus approfondie du mémoire
qui est présenté par les intervenants.
On fait référence à une des constructions dont
l'histoire, d'ailleurs, est très bien relatée dans les documents
qui nous sont présentés. S'il y a eu certains sacrilèges
de commis, ici, sur la colline, non pas pour faire référence
à mon collègue, mais je faisais référence hier aux
constructions qui, ici même, sur la Grande-Allée, étaient
situées à la place des complexes H et J, que j'ai moi-même
visitées au moment où je suis entré en politique en 1962,
mais qui, dans mon esprit, auraient dû demeurer comme des valeurs
à conserver, et qu'il fait peine à voir disparaître...
Tantôt, on a parlé de l'achat par le gouvernement des
propriétés dont on parle. J'étais, à ce moment, au
Conseil du trésor, et je me demande si, d'abord, l'achat de ces terrains
n'était pas tant pour des buts très particuliers de construction.
Il a été question de place de la Justice, par la suite. Je ne
voudrais pas errer, on pourra me corriger par la suite, si on le juge à
propos, mais je pense que l'intention qu'avait le gouvernement, à ce
moment, était que... nous savions que la communauté voulait
absolument se départir de ses intérêts, ou au gouvernement
ou à d'autres promoteurs. Je pense qu'une des idées
maîtresses, à ce moment, a été de ne pas laisser
s'emparer des abords des édifices gouvernementaux par des promoteurs qui
auraient pu quand même conditionner l'action gouvernementale. Si je n'ai
pas visité ces construc-
tions dans l'ensemble de celles qui sont décrites, j'ai
visité celles dans le Vieux-Québec, là-bas, qui
appartiennent à une autre communauté, il est indiscutable que si
on parlait de démolir de telles constructions, tout le monde pousserait
de hauts cris.
Je ne voudrais pas... et d'ailleurs, je n'aurai pas à me
prononcer sur l'utilisation que voudra en faire le gouvernement par la suite,
s'il décide de conserver des constructions. Je pense que c'est un geste
que le gouvernement posera, connaissant son optique. Je ne voudrais pas lui
reprocher de poser ce geste. On a beaucoup parlé tantôt de
l'utilisation future à d'autres fins que des fins administratives de
cette construction, fins culturelles, fins d'habitations, fins de loisirs, un
aménagement polyvalent qui est possible. Si ce n'est pas celui qui est
décrit, cela rejoint quand même à peu près les
mêmes fins. Il ne faudrait quand même pas, en parlant de telles
affectations, discuter en fonction d'un rendement, parce qu'il est impensable
d'abord, même si le gouvernement cédait à une corporation
sans but lucratif, du type que vous voudrez, une telle construction, je crois
même qu'il ferait les réparations qui s'imposent par le biais des
programmes qui sont mentionnés quels qu'ils soient, il n'y aurait jamais
de rentabilité de location, je ne le crois pas. Il ne faudrait
peut-être pas trop s'en faire avec cette facette du problème,
parce que dans la décision du gouvernement, si vous voulez conserver ici
des valeurs auxquelles l'histoire du Québec est complètement
attachée, je pense qu'il faudra que le gouvernement fasse son lit.
C'est un peu ce que je disais hier devant le maire de la ville de
Québec. Si la ville doit retirer des revenus, il faudra que le
gouvernement, lui, consente des revenus qu'elle perdrait, parce que
l'utilisation pourrait être à des fins plus payantes.
Je ne voudrais pas parler des... Tantôt, on a mentionné les
prix qui pouvaient être consentis à différents types de
location. J'étais pour faire une intervention prochaine en Chambre sur
les façons de construire de supposés foyers à prix modique
ici, en banlieue de Québec ou dans la province de Québec. Quand
je constate, moi, qu'on dit qu'on bâtit de supposés foyers
à prix modique et que c'est $500 par mois, dans les dernières
décisions qu'a dû rendre la trésorerie, qui était
placée devant un procès d'au-delà d'un million de dollars,
je trouve dégueulasse qu'on mentionne des prix de foyers à prix
modique à $500, alors qu'à quelques pieds de la colline, dans les
édifices Laurier, qui ne sont peut-être pas flambant neufs, je
paie $215 avec un bail renouvelé. Les prix, on peut en jaser longtemps,
mais, est-ce que la société d'habitation, dans ses directives, a
des matériaux trop dispendieux, des espaces trop grands? Pourquoi moi,
puis-je me satisfaire avec mon épouse et un enfant d'une telle grandeur,
alors que le gouvernement, lui, en parlant de prix modiques, s'en va vers des
prix aussi inacceptables que ça?
De toute façon, au nom de l'Opposition officielle, je le
répète, malgré les reproches que vous faites, je pense que
le travail qui a été fait par les intervenants qui sont devant la
commission leur mérite des félicitations et exige peut-être
une réflexion supplémentaire. La sauvegarde d'un monument
historique n'est plus à la pensée de tous ceux qui ont des
charges publiques aujourd'hui. Je pense que, c'est peut-être nouveau dans
la société moderne qui nous a vus construire et détruire,
mais je pense qu'on doit quand même retenir, du mémoire qui est
présenté que c'est un travail qui a été bien fait.
Si je n'endosse pas en entier les recommandations qui y sont faites, j'invite
le gouvernement qui, ultérieurement, aura à décider de
l'affectation de la colline parlementaire, à penser qu'autant pour le
site et cet édifice, que pour les terrains avoisinants ou même
pour les terrains des intervenants qui ont précédé ce
groupe, de même que pour les terrains de la Sûreté du
Québec et ce qui reste de disponible, il faudra étudier la
situation avec une attention très particulière pour éviter
qu'une décision soit prise à la légère. S'il y a eu
des erreurs de faites dans le passé, ce n'est pas le temps d'en ajouter.
S'il y a des coûts exceptionnels pour le gouvernement, c'est sa
responsabilité de décider si, définitivement, devant
l'option qu'il voudra retenir, on doit en payer la note. Mais je pense que,
dans mon esprit, en tout cas, sans parler au nom de l'Opposition officielle,
c'est ce que je pense à exprimer, et ça reflète mes
convictions.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, d'une façon
très sommaire, je voudrais d'abord féliciter les gens qui luttent
pour une cause dans laquelle ils croient eux-mêmes, je présume,
par la documentation que j'ai regardée ici depuis quelques mois. Ces
gens essaient de gagner leur point. Ils ont beaucoup de mérite.
Evidemment, ce genre de construction que nous retrouvons ici, il en existe
plusieurs autres semblables dans la province, constructions dont le
gouvernement a dû se porter garant ou acquéreur et qu'il a
dû rénover ou tenter de réutiliser pour d'autres fins
à des coûts très élevés.
Cette construction, qui est sur la colline parlementaire, a un attrait
un peu particulier. Le député de Charlevoix a souligné
tout à l'heure que l'achat était fait par le gouvernement pour
des raisons qu'il a mentionnées et je crois que ces raisons sont assez
justes, parce qu'elles avaient été mentionnées
préalablement par un gouvernement antérieur.
Les religieuses étaient prises avec cet édifice qui
n'avait aucune rentabilité. Peut-être que les inspecteurs dans le
domaine de l'électricité, de la plomberie et le ministère
de l'environnement étaient passés, qu'ils leur avaient
apporté des exigences telles qu'elles ne trouvaient pas les moyens de
faire les rénovations nécessaires pour maintenir le bon
fonctionnement de cet édifice.
Evidemment, c'est sentimental, mais on a dépensé de forts
montants pour d'autres édifices ici, à Québec, de beaucoup
inférieurs à celui-là. J'en ai visité plusieurs, de
pauvres petites maisons; on a dépensé des centaines de milliers
de dollars pour les rénover, pour conserver des valeurs sen-
timentales, on pourrait peut-être faire aussi un effort pour
celle-là.
Je crois sincèrement, sans qu'on ait présenté le
budget, cela serait peut-être la façon la plus constructive de le
faire, de trouver un usage à cet édifice, de faire l'analyse du
fonctionnement, le coût des réparations. Je ne suis pas l'un de
ceux qui pensent que cet édifice ne peut pas être rentable,
surtout si le gouvernement sent cette générosité de le
laisser à $1 à une corporation qui voudrait bien
l'administrer.
Sans but lucratif, j'y crois moins. Je suis de ceux qui ne croient pas
trop trop à ces corporations sans but lucratif parce que, souvent, on
manque d'ambition et on laisse un peu trop aller. Souvent, ceux qui vont
créer une corporation sans but lucratif perdent leur
intérêt rapidement et l'organisme devient déficitaire et
c'est encore, toujours, le même contribuable qui remplit le chaos, la
facture. C'est le gouvernement et c'est le contribuable.
Mais, évidemment, on a mentionné tout à l'heure que
cela pourrait être utilisé pour plusieurs fins, entre autres les
personnes âgées. J'y crois. J'y crois et il y a un grand besoin
pour ces gens dans la ville de Québec.
Hôtellerie pour la jeunesse, peut-être pour une partie, et
pourquoi pas des logements résidentiels? Par la rénovation qu'on
devra faire, qu'on en fasse des logements.
On peut l'utiliser de différentes façons. Lorsqu'on parle
de 275 000 pieds, c'est beaucoup de plancher et on pourra peut-être
atteindre des buts visés par des gens que je vois et qui ont
exprimé depuis quelques jours le désir de voir de l'habitation
s'approcher de cette colline parlementaire.
Je ne voudrais pas faire de prédiction, mais je pense que les
chiffres qui ont été avancés tant d'un côté
que de l'autre sont plutôt arbitraires. Evidemment, on fait aujourd'hui
de la construction de logements à prix modique, comme le disait le
député de Charlevoix. Les prix qu'on a présentés
sont ridicules à l'extrême, quoique la construction soit rendue
à des prix ridicules et, lorsqu'on voit des gens qui ont
travaillé tout le temps de leur vie, et je peux le relater avec preuves
à l'appui, qui sont rendus à leur pension... Les deux retirent
souvent une pension. Même si cela vient du gouvernement
fédéral, c'est leur revenu. Peut-être qu'avec quelques
dollars, ils ont une pauvre petite résidence et, aujourd'hui, avec les
fardeaux imposés par les municipalités et les commissions
scolaires, ces gens viennent vous voir et n'ont plus les moyens de payer leurs
obligations. Ils sont obligés de vendre leur pauvre petite
propriété, d'obtenir le peu qu'ils peuvent obtenir de cela et ils
se dirigent vers une place peut-être comme celle-là, où ils
seront chaleureusement et chaudement accueillis. On pourra peut-être les
aider à finir leurs jours sans que cela soit un hôpital où
chacun se sent dans la position de dire: Je n'ai qu'à compter les jours
d'ici au jour où je disparaîtrai.
Que cela ne soit pas un hôpital, mais que cela soit un centre
d'accueil pour des personnes pas nécessairement malades chroniques, mais
des personnes plus âgées qui aimeraient pouvoir vivre en
communauté avec d'autres personnes âgées.
C'est une utilisation, peut-être, mais je résume en disant
que je serais en faveur d'un tel mouvement; non pas avoir une bâtisse qui
serait vide, qui coûterait une fortune d'entretien au gouvernement comme
monument historique. Je n'y crois pas trop, mais j'aimerais qu'on lui trouve un
usage pour qu'il rende service, tout en conservant sa nature historique qui a
été relatée dans le mémoire que vous avez
présenté.
Là-dessus, M. le Président, je n'ai pas autre chose
à ajouter, à moins qu'on ait des questions à me poser.
M. Ruelland: Disons que la bataille qu'on a faite pour sauver ce
monument, cela ne signifie pas de garder cette bâtisse à
l'intérieur d'un schéma d'édifices à bureaux. A
l'heure actuelle, on pourrait trouver beaucoup de coupables dans
l'évolution de cette ville.
Une ville, c'est évolutif. Il y a eu des gestes qui ont
été posés et nous nous sommes dit: Peut-être
faudrait-il arrêter les gestes qui seront posés dans l'avenir. Ce
bâtiment est une structure qui pourrait être un
élément qui apportera une autre pensée de la colline
parlementaire. Cela veut dire qu'on ne peut laisser ce bâtiment comme
ghetto à l'intérieur de tout un secteur administratif. Il faut
avoir une autre philosophie de la colline parlementaire si on garde ce
bâtiment. Cela veut dire qu'il est quasiment impensable d'insérer
le palais de justice, d'insérer trois ou quatre gros buildings à
bureaux aux alentours de tout cela et de mettre des vieillards
là-dedans.
C'est une restructuration du milieu social qu'on tente d'atteindre parce
qu'on voit que toute cette partie de la ville de Québec a comme un gros
mouvement de développement et là on se pose la question: Est-ce
qu'on continue sur une certaine optique ou si on restructure le milieu? C'est
à peu près comme une roche dans l'eau, ce milieu. Si vous faites
un geste, cela a des répercussions sur tout le milieu. Les loyers
montent tout autour, sur le boulevard Laurier, cela devient des maisons
à spaghetti, etc. Les condominiums à $55 000 par année, ce
n'est pas le gars qui travaille sur la colline parlementaire qui est capable de
se les payer. Cela fait un déplacement de population vers
l'extérieur. Ce geste, c'est pour ramener à l'intérieur de
la colline parlementaire un mouvement d'organisation cohérent. Il peut y
avoir le travail, il peut y avoir le loisir, il peut y avoir l'habitation et ce
mouvement va influencer le milieu environnant, ce qui va peut-être
empêcher la prise du milieu environnant par la spéculation des
logements, etc. C'est un peu une approche, c'est une philosophie de base de
dire: Ce milieu-là est complètement désarticulé.
Comme M. Mailloux disait, un gars de 55 ans qui part du Grand
Théâtre et qui se rend au Hilton, c'est bien de valeur, cela lui
fait un maudit exercice pour s'en aller, parce qu'avec un vent de 30 milles
à l'heure dans le coin... C'est pour cela que je pense que quand
même on parlerait de grandes artères piétonnières,
de grands espaces
verts, tout cela, je pense qu'il faut aller au-delà de cela. Je
pense que c'est un équilibre urbain qu'il faut atteindre. Cet
équilibre peut très bien englober le travail, le
résidentiel et on peut parler de prix modiques parce qu'autour, le
quartier Saint-Jean-Baptiste, les quartiers dans le coin de la rue Cartier, ce
sont des milieux cohérents d'habitation qui commencent à
être influencés. S'il arrive d'autres constructions, ils vont
être encore plus influencés et il va y avoir une hausse des loyers
dans tout le secteur. En gros, c'est ce point de vue que j'aimerais
apporter.
Le Président (M. Marcoux): Une brève remarque
supplémentaire du député de Charlevoix et ensuite, c'est
le député de Vanier.
M. Mailloux: C'était une seule observation que je voulais
faire en réponse aux questions des autres intervenants, vous pouvez
donner la réponse à ce moment-là. Dans mon esprit, quand
vous parlez d'affectation partielle pour des personnes âgées,
tantôt, quand on vous posera des questions, j'aimerais que vous
précisiez un peu votre éclairage, parce que, dans mon esprit,
cela reste flou la possibilité que des personnes d'un âge certain
puissent y habiter et que cela respecte toutes les règles de
sécurité. Vous pourrez répondre tantôt lors des
questions qui vous seront posées par les autres intervenants.
Le Président (M. Marcoux): Vous pouvez répondre
tout de suite aussi, si vous le voulez.
M. Ruelland: Excusez, je n'ai pas tout à fait...
M. Gadoury: La colline, quand même, est un plateau. C'est
sûr que c'est une colline. Si vous descendez...
M. Mailloux: Je parle de l'édifice même. Est-ce
qu'il serait possible, avec une restauration, d'avoir tous les critères
qu'on exige pour la sécurité des personnes âgées,
parce que je ne voudrais quand même pas qu'ultérieurement le
gouvernement se ramasse avec un incendie?
M. Gadoury: Je peux vous répondre, comme je vous ai dit,
je me fie vraiment à une étude qui a été
très bien faite pour les soeurs Grises de Montréal. C'est le
même type de bâtiment et il est du même âge. On a pris
le bâtiment, on l'a rénové, on l'a rendu absolument
sécuritaire.
M. Mailloux: Combien d'étages à
Montréal?
M. Gadoury: Cinq étages. C'est presque la même
chose. C'est presque identique, au niveau même... Même plan, et
photographie. On l'a rendu sécuritaire par des gicleurs, par des sorties
de secours additionnelles, par des planches de gypse sur les mûrs et on a
rendu en plus confortable en en faisant l'insonorisation et en y installant
tout le confort mécanisé qu'il faut avec même l'air
climatisé et la ventilation intérieure, pour les coûts que
je vous ai cités et qui sont décrits.
M. Ruelland: II reste quand même que notre démarche,
à partir de cette bataille, cela a été justement pour
avoir des expertises. Je pense que le bulldozer était presque rendu
à la porte. Nous nous sommes dit: Avant qu'on ne détruise cela,
pourquoi ne pas faire des expertises et essayer de voir ce qu'on pouvait en
faire? En gros, on ne voulait pas arriver avec une situation comme celle de
l'Université du Québec à Montréal, qui a
gardé deux facades d'église, qui a détruit tout un
quartier, et là, on voulait faire la même chose en gardant la
petite chapelle.
On dit: Soyons un peu honnêtes, regardons quel potentiel on peut
offrir, faisons des expertises et, d'après ces expertises, on va voir ce
qu'on peut faire avec ça. Mais on prétend que d'après des
études qui ont été faites pour les soeurs à
Montréal, ça peut être possible. Mais il reste quand
même qu'il y a tout un niveau technique qu'on n'a pas
étudié. On a fait une visite, deux ou trois visites sommaires, on
a vu l'état des lieux qui était très bon, mais on n'a pas
été plus loin que de faire des expertises de structure et tout
ça.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, il y a vraiment des moments
dans la vie des parlementaires où l'unanimité fait chaud au
coeur. Je pense que ce n'est pas tomber dans la fausse sentimentalité
que de se dire un peu, tous ensemble, quand on regarde la photographie qui est
derrière nous, ici, à quel point, je pense, nombreuses parmi nous
sont les personnes qui n'auraient pas honte de vivre dans ce genre
d'aménagement qu'était celui de la ville de Québec autour
des années trente, quarante ou cinquante. C'est presque heureux, par
contre, en même temps, qu'aujourd'hui peut-être, le groupe de
sauvegarde du couvent des soeurs du Bon-Pasteur sente un peu que c'est la fin
de son mouvement de sauvegarde et qu'il est en train d'avoir ici la
réponse qu'il attendait depuis peut-être très longtemps. On
est en train de la lui fournir, tous ensemble.
Par contre, il y a peut-être un élément qui,
à l'heure actuelle, demeure en discussion et c'est peut-être vous
autres qui allez commencer par trouver les réponses en vous transformant
en groupe de promotion d'un type d'aménagement au couvent des soeurs du
BonPasteur.
C'est peut-être en me ralliant à ce que le
député de Charlevoix voulait vous demander: Est-ce que, tout en
pensant à la sauvegarde jusqu'à maintenant, vous vous êtes
arrêté vous-même ou peut-être que M. Baker
pourrait nous répondre à concevoir des plans
d'aménagement intérieur de cet édifice, à voir un
peu ce que pourrait être la répartition entre l'habitation, les
services un peu plus sociaux, les équipements publics, les loisirs, les
espaces verts? Par exemple, est-ce que le stationnement qui est devant le Grand
Théâtre, vous auriez pensé qu'à cause de cette
importance qui serait donnée à l'habitation dans ce secteur, il y
aurait lieu de penser que ce stationnement pourrait être converti en
espace vert, en aménagement
paysager? En d'autres mots, est-ce que vous avez des plans sur lesquels
vous avez travaillé?
M. Baker: D'accord. Je réserve ma réponse au sujet
du couvent, pour le moment, parce que j'aimerais, la semaine prochaine,
présenter un projet de l'école d'architecture au sujet du
développement de la colline parlementaire.
Mais en ce qui concerne l'édifice, c'est certain que le plan
d'aménagement est facile à faire. Je me demande pourquoi, pendant
quelques mois maintenant, nous attendons de faire ce plan. Avant le changement
de gouvernement, on a demandé la permission d'entrer dans
l'édifice. Nous sommes entrés, nous avons fait une inspection
après le 15 novembre. Maintenant, c'est le mois de mars et
l'édifice reste vide. J'ai reçu un appel de quelqu'un au
ministère des Travaux publics qui me demandait de l'accompagner pour
faire une inspection. Je lui ai demandé d'avoir un menuisier pour ouvrir
certains plafonds, certains planchers pour inspecter la construction. Une
semaine plus tard, le rendez-vous était annulé, il était
transféré à un autre service. Est-ce que nous restons dans
la même situation de bureaucratie? Là, on peut commencer des
études, on peut organiser tout de suite le réaménagement
et trouver comment construire 300 logements. Parce que lorsqu'on parle de $3
millions, ça veut dire 300 logements, $6 millions, l'achat et la
construction, on parle de 300 logements à un prix très
raisonnable.
Alors, ça prend un mandat, soit de la société
d'habitation pour faire son travail. Je me demande pourquoi on attend.
M. Bertrand: Une deuxième et dernière question, M.
le Président. Elle déborde peut-être le couvent des soeurs
du Bon-Pasteur, mais peut-être que votre mouvement s'y est
intéressé. Je prends comme base de ma question, tout le contexte
historique de la colline parlementaire. On n'a peut-être pas fait
référence tellement à cet élément depuis le
début, mais on a quelque fois l'impression que Québec risque de
devenir progressivement, avec le type d'aménagement qu'on a connu, une
ville sans histoire et que, tôt ou tard, avec le Vieux-Québec qui
serait le seul îlot sauvegardé, les Québécois
deviendraient des touristes dans leur propre ville.
Est-ce qu'il y a d'autres endroits sur la colline parlementaire qui,
à votre point de vue, à cause de leurs données
historiques, de leur base historique et de leur possibilité de
développement à d'autres fins que celles qu'elles ont à
l'heure actuelle, est-ce qu'il y a d'autres sites auxquels vous avez
travaillé, auxquels vous avez réfléchi, sur lesquels vous
avez un certain nombre d'idées?
M. Gadoury: Je pourrais vous dire que la place de la
Sûreté provinciale, il faut absolument conserver ce site et
conserver, le plus possible, le bâtiment. Je dis le plus possible, parce
qu'il y a certaines annexes au bâtiment, il y a une chaufferie. Il ne
faut pas que cela parte. Le Grand Théâtre est un bâtiment
qui a été fait pour l'intérieur, fait pour les
scènes, mais le Grand Théâtre à l'exté-
rieur, ce n'est pas trop attirant comme masse. Il faut garder alentour de
cela...
L'historicité, on l'a vue. A un moment donné, on a
sauvé des façades. A un autre moment donné, on est
entré et on a sauvé un peu plus de bâtiments.
L'historicité se trouve à travers une trame de rues, à
travers des rues et il faut garder, en bas, absolument Saint-Gabriel, pour
pouvoir sauver Saint-Jean. Si Saint-Gabriel disparaît, c'est Saint-Jean
qui disparaît. Il reste juste une galette de maisons, il reste des
arrières de maisons qui protègent Saint-Jean. Si Saint-Jean
disparaît, c'est un symbole du Québec qui disparaît. Quand
on parle de Québec, on parle de la rue Saint-Jean.
On ne tient jamais compte de cette espèce de trame de ces rues
qui composaient notre ville, mais cela est historique. Enlevez
complètement... Regardez la photo, vous n'avez vraiment pas l'impression
que s'est développé, à l'est de cela, le
Vieux-Québec. Je n'ai vraiment pas l'impression de cela.
Regardez l'autre photo, vous avez vraiment l'impression qu'il s'est
développé, alentour de cela, le même type et que la ville a
vécu et s'est développée alentour de cela. Regardez
l'autre, on dirait que la ville... Allez à côté du
Concorde, avez-vous l'impression que s'est développée une ville
avec un type de bâtiment là-dedans? Il va falloir commencer
à penser cela de même et penser aussi aux résidents. On n'a
jamais parlé ici, à cette commission, des résidents.
Le gars qui habite Saint-Gabriel, ce n'est pas le gars qui reste au
Claridge, ce n'est pas le gars qui reste dans ces édifices. Il y a une
population qui veut vivre et qui a le droit de vivre là, en plus, dans
une trame de rue que même nous, quand on regarde du haut de la tour, on
trouve peut-être déficiente; mais quelquefois, elle est
mauditement bien adaptée pour le gars qui vit dedans.
M. Bertrand: Une toute petite question. Est-ce qu'il y a
quelques-unes des rues, autour du couvent des soeurs du Bon-Pasteur, que vous
fermeriez à la circulation et que vous convertiriez en lieu
piétonnier, un peu comme cela s'est fait dans le
Vieux-Québec?
M. Reny: II y a la rue Berthelot qui est située entre le
stationnement, une partie du stationnement... Avec la fermeture de la rue
Berthelot, on pourrait ouvrir l'accès des résidents du complexe
du Bon-Pasteur vers le parc. Autrefois, il y avait un immense jardin que le
boulevard Saint-Cyrille a coupé en partie et il en reste une partie.
Dans ce jardin, on retrouve des tilleuls centenaires qui sont assez
magnifiques. C'est assez rare d'ailleurs, sur la colline.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Je n'aurai pas de
questions à poser parce que je passe après le
député de Vanier, mais j'aimerais faire quelques commentaires,
messieurs. Pour moi je ne veux pas parler pour la commission
c'est un petit peu
le début d'un temps nouveau, c'est une bouffée d'air
frais, car vous êtes le premier groupe que nous entendons à
vouloir conserver.
Pour moi, conserver prend beaucoup plus d'imagination que de raser et
reconstruire à nouveau quelque chose, selon les plans de quelqu'un. Vous
apportez un aspect humain. Finalement, cet aspect humain de grande valeur va
être un actif touristique. Cet actif touristique va rendre votre projet
rentable, parce qu'aujourd'hui, on parle de rentabilité et on mêle
cela à toutes les sauces. Souvent le mot rentabilité est
galvaudé. On le galvaude à un tel point qu'on en fait des abus et
finalement, les abus tuent la société pour la rendre
rentable.
Qu'est-ce qui est rentable? Est-ce que ce sont des appartements qu'on
veut vendre à $60 000 qui seront peut-être rendus à $75 000
ou à $80 000 quand ils seront construits? Est-ce que c'est rentable de
construire des HLM qui coûtent $500 et qu'on loue $200? Franchement, le
mot rentabilité, j'en ai soupé pas mal.
Il faudrait s'efforcer ensemble de trouver une formule, une solution,
pour rentabiliser socialement ce projet et pour moi, finalement, ce serait
rentable financièrement, sur le plan touristique et nous garderions
à la colline parlementaire le cachet historique que tous veulent avoir,
même les touristes et surtout les touristes. Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, moi aussi,
évidemment, en passant, après le ministre et député
de Vanier, j'ai perdu un peu des questions que j'avais en tête, mais je
tiens quand même à féliciter le groupe d'abord, pour la
lutte qu'il a faite, et avoir réussi à éviter la
démolition de ce lieu historique; je trouve que c'est fantastique.
J'aime beaucoup le ton de ce mémoire et surtout le ton avec lequel ces
gens sont venus nous parler ici ce soir de ce fait, parce que, après
avoir fait des luttes comme cela, je m'attendais à entendre des gens
utiliser un ton agressif. Je trouve formidable de voir du travail se faire de
cette façon.
J'ai bien apprécié la remarque qu'on a faite
particulièrement sur le point de vue historique. Effectivement, quand on
pense à Québec, on pense aux forteresses, aux monuments, à
des plaques, à des choses comme cela, et on oublie malheureusement trop
souvent que c'est aussi dans les bâtisses, mais pas uniquement dans des
bâtisses du type que vous avez sauvées, mais aussi les maisons des
gens qu'est le cachet historique. Ce n'est pas nécessaire d'avoir des
maisons de 300 ans pour y voir un caractère historique.
Ce que je trouve fantastique, en fait, dans votre mémoire, c'est
l'espèce de synthèse des préoccupations qu'on doit avoir
quand on fait du développement de ce type. Je pense que vous avez fait
cette synthèse. C'est cela que j'apprécie beaucoup. Je n'ai pas
de question à vous poser, mais je tenais à dire cela.
M. Tremblay: Est-ce qu'on peut répondre? Il y a une
différence entre nous autres et des développeurs. Sans trouver ou
sans chercher de coupables, ce qui a été fait, c'est que quand on
reçoit la commandite d'examiner la cité parlementaire et qu'on
lui dit au départ? Les logements sont insalubres, etc., son rapport est
tout de suite influencé. Ce que vous dites au niveau
d'historicité ou de vieillesse des maisons ou des choses comme cela,
cela touche surtout au côté homogène d'une ville.
Si on descend la rue Saint-Louis, le vieux quartier, c'est le
caractère homogène, c'est la façon de construire, le
gabarit entre le trottoir et la maison, c'étaient des
éléments qu'il y avait là antérieurement. Si on
laisse, par exemple, les histoires des espaces verts, la plupart des grandes
métropoles qui ont gardé des espaces verts dans les milieux de
travail, par exemple, cela a toujours donné de mauvais résultats,
parce que, les fins de semaine, aux espaces verts, il n'y a plus personne
là. Cela devient des ghettos verts.
C'est pour cela que la trame urbaine, on en parle un peu souvent, mais
cela touche à cela.
M. Rancourt: M. le Président, indépendamment de ce
qu'on pourrait faire pour utiliser les bâtiments actuellement, je trouve
que, en fait, c'est un début d'humanisation de la colline parlementaire,
c'est bien sûr. Pour ajouter une note personnelle, je peux vous dire que
j'habite une maison qui a au moins 123 ans d'âge et je suis bien è
l'aise ainsi que ma famille à l'intérieur de cette maison. Je
comprends très bien votre façon d'exposer votre point de vue.
M. Baker: On peut dire quelque chose, M. le Président? A
la fin de cette commission parlementaire, on va attendre un début ou un
commencement de revalorisation du quartier. Il n'y a pas de meilleure place
pour commencer que par un geste pour le couvent. On a commencé par le
couvent, on doit recommencer par le couvent. Le bâtiment attend. J'ai
fait plusieurs luttes pour sauver des édifices, à Montréal
surtout, qui se sont terminées par la démolition, la destruction
par le feu ou par le vandalisme, c'est-à-dire qu'on a fait tout notre
possible, même les autorités étaient d'accord, mais les
édifices sont tombés quand même. Cela ne doit pas arriver
ici avec le couvent. C'est-à-dire qu'on doit mettre en marche
immédiatement ce que nous avons proposé, convoquer les
intéressés, les gens des mouvements coopératifs, des
groupes populaires, des gens qui s'intéressent à cet
édifice, avec la société d'habitation ou d'autre
organismes, pour mettre en marche ce projet de faire les inspections et les
études nécessaires et commencer la reconstruction, parce que ces
vieilles personnes attendent encore des logements. Il y a une pénurie de
ce type de logements et il n'y a aucune raison qui nous empêche de
commencer immédiatement.
Si on commence avec cet édifice, le reste va suivre; ce sera une
démonstration à la population de Saint-Jean-Baptiste, à la
population qui attend ces logements, qu'il y a de la bonne foi, qu'on va
reconstruire le quartier à son image. C'est un bon début si on
commence immédiatement avec le couvent.
Le Président (M. Marcoux): Ce pourrait être le mot
de la fin, mais le député de Taschereau a des commentaires et
probablement des questions également à poser.
M. Guay: Je dois dire que M. Baker m'a un peu enlevé les
mots de la bouche, mais pas complètement.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Guay: Je voulais simplement dire que je partage la frustration
de M. Baker quant à la lenteur du règlement de cette question. Je
la partage d'autant plus que cette initiative que vous avez prise de
sensibiliser la population et les gouvernements, parce qu'il y a eu deux
gouvernements qui se sont succédé, à la question du
couvent du Bon-Pasteur, comme vous le savez, sur le plan politique, je l'ai
faite mienne et j'aurais voulu moi aussi voir la population âgée
de Saint-Jean-Baptiste, ou ceux parmi la population âgée qui
pouvaient y aller, se loger le plus rapidement possible dans le couvent du
Bon-Pasteur, à supposer que tel soit le cas. Enfin, l'administration
publique est lente nous l'apprenons tous, mes collègues et
moi hélas, très lente, et aussi, il y avait surtout, comme
vous le disiez, le projet de Place de la Justice; le bulldozer était
à la porte. Pour simplement faire reculer le bulldozer, cela a pris du
temps, cela a pris de l'action, cela a pris de la persuasion. Je
m'aperçois aujourd'hui, et c'est avec beaucoup de plaisir que je le
souligne, qu'on a évité finalement une catastrophe je
mesure mes mots et l'attitude de l'Opposition, extrêmement
constructive, face à la question du couvent du Bon-Pasteur, est à
souligner. Je constate que l'on fait l'unanimité sur une question alors
qu'il y a trois mois, quand on parlait de sauver le couvent du Bon-Pasteur, et
vous le savez encore mieux que moi, c'était à peine si on ne
faisait pas rire de nous. Enfin, aujourd'hui, la sagesse s'imprègne chez
les hommes d'Etat. C'est d'autant plus heureux et c'est aussi heureux pour
l'avenir de la colline parlementaire et du quartier.
J'aurais simplement une petite question à vous poser.
L'étape suivante... Maintenant, il s'agit, au-delà des
études sommaires qui ont été faites, de savoir vraiment,
à partir des hypothèses de travail qu'on a, des idées
qu'on a sur ce qu'on peut faire avec ce couvent du Bon-Pasteur, qu'est-ce
qu'effectivement, on va en faire, en termes de coût, en termes
d'aménagement, etc. Vous parlez d'une corporation sans but lucratif.
Est-ce que ce n'est pas là sauter une étape? Est-ce qu'il n'y a
pas une étude en profondeur? D'ailleurs, vous l'avez mentionné en
parlant de la SHQ. Cela pourrait être la SHQ. Ce n'est pas une critique
contre la SHQ, du moins votre section de la SHQ, bien au contraire, mais la SHQ
fait partie du gouvernement, et le gouvernement, l'administration publique,
comme je l'ai souligné, c'est très lent. Est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu plutôt de procéder, et je vous demande votre
réaction face à cette idée, de lancer un concours:
Voilà un couvent qui, à certains endroits, a plus de cent ans
d'âge, qui est en excellent état je le sais pour l'avoir
visité avec certains d'entre vous. Qu'est-ce qu'on en fait? Est-ce qu'il
n'y a pas lieu de lancer un concours à travers le Québec auquel
des architectes, dont l'Ecole d'architecture, pourraient être
intéressés à participer? Maintenant, en termes de
coût, en termes d'aménagement, qu'est-ce qu'il y a lieu de
faire?
Le Président (M. Marcoux): Une réponse très
brève.
M. Baker: Personnellement, je m'oppose au concours, pas parce
qu'on craint les concours, mais on oublie toujours un élément
dans les concours. Il y a un concours présentement parmi les architectes
du Canada pour la construction d'une grande galerie d'art nationale dont on n'a
pas besoin. On oublie toujours la population. Il y a une population qui doit
habiter cet édifice, qui vit autour de cet édifice. Ces gens ont
un mot à dire. Dans les concours, ils sont toujours
écartés. Je crois qu'il serait beaucoup mieux de convoquer les
gens, les représentants de la population, les gens qui vivent dans les
quartiers, les groupes, les gens de l'âge d'or, les représentants
de la société d'habitation, etc., et ne pas discuter entre
professionnels, entre bureaucrates ou membres du gouvernement, mais discuter
avec la population, connaître leurs besoins et leurs idées. Je
pense que les deux choses ne sont pas incompatibles. On peut commencer avec des
discussions au sujet d'une corporation sans but lucratif et faire les
études techniques nécessaires, parce que ce n'est pas un grand
problème technique. C'est simplement l'aménagement de cet
édifice, la meilleure façon de satisfaire les besoins des gens
à revenus modiques, les personnes âgées, etc.
M. Guay: On pourrait faire cette étude. D'après
vous, simplement pour savoir, justement, en fonction de cette rapidité
dont vous faites état et que je partage, quelle serait la solution la
plus rapide, tout en étant aussi efficace? Quant à
l'étude, qui devrait la faire, qui pourrait la faire le plus rapidement
et le mieux en même temps, d'après vous tous?
M. Baker: Avec votre permission, nous mettrons la
procédure en marche.
M. Guay: Pardon?
M. Baker: Nous-mêmes, nous mettrons la procédure en
marche.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Baker: Si la Société d'habitation nous
accueille, nous commencerons immédiatement le processus.
M. Gadoury: C'est parce que c'est...
Le Président (M. Marcoux): Vraiment, je ne
peux pas, parce qu'il y a un autre mémoire qui doit être
présenté. Il a été remis hier. La personne vient de
Montréal et doit retourner à Montréal. Décemment,
on ne peut pas écourter davantage son temps. Très rapidement, le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Une réponse, une question. D'abord, donnez un
mandat à M. Baker, il va régler ça assez rapidement, un
mandat du ministre des Travaux publics. Mais, M. Baker, vous parliez de
protection. Vous avez visité l'édifice. Est-ce qu'il y a des
gicleurs dans cet édifice?
M. Baker: Ils n'existent pas pour le moment, non.
M. Russell: Je pense que si vous voulez le conserver, il faudrait
peut-être suggérer qu'il y ait des gardiens qui surveillent.
M. Baker: Ce qu'ils nous ont demandé... M. Russell:
II y en a? D'accord.
M. Baker: ... c'est la possibilité de faire un examen du
haut en bas.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, pour...
M. Léonard: Oui, simplement deux mots, d'abord pour vous
remercier du document que vous avez fait, sûrement de tout le travail que
vous y avez mis. J'imagine toutes les discussions que cela a comportées.
Je vous remercie aussi je le dirai sans méchanceté pour mes
collègues de gauche pour le courage que vous avez eu de vous
battre pour conserver un édifice et la vigilance que vous avez eue aussi
sur ce plan.
Je ne peux pas présumer des décisions du ministre des
Travaux publics et des décisions de la commission, mais il semble se
dégager ici, à cette table, une unanimité en ce qui
concerne votre projet. Cela augure très bien, je pense, en ce
sens-là.
Je trouve aussi, pour un mot qu'on pourrait dire, que nous avons, pour
une fois, un projet, il me semble, qui est vraiment la mesure ou qui mesure
l'homme dans son habitat ici, ce qui est un peu nouveau comme concept. Ce ne
sont pas des choses auxquelles on réfléchissait il y a quinze
ans. Je le dis à la décharge de bien du monde et d'à peu
près toute la population, au fond. On ne pensait pas dans ces termes il
y a quinze, vingt ans. On y pense maintenant, et je pense que c'est à
l'avantage de la civilisation.
Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie
également au nom de tous les membres de la commission.
J'inviterais maintenant M. Claude Dubé et Mme Andrée
Gendreau à venir nous présenter leur mémoire. C'est le
no16M et, pour celui de M. Dubé, 20M.
Une fois de plus, je tiens à vous présenter nos excuses
pour le contretemps de mardi dernier. Même si le temps sera bref encore
ce soir, au moins vous avez la parole. Je vous cède, sans plus tarder,
cette parole. Je ne sais pas... Pour fins de clarification, d'abord, vous avez
deux mémoires séparés. Vous êtes quand même
ensemble. Je ne sais pas, mais vous pourrez prendre chacun dix minutes pour
présenter vos mémoires. Non, mais il faut dire que les membres de
la commission ont tous reçu les mémoires depuis au moins une
dizaine de jours. Normalement, ils doivent les avoir lus, d'autant plus que
vous avez été retardés aujourd'hui. Présentez les
grandes lignes pour permettre davantage de questions. Nous vous
écoutons.
Mme Andrée Gendreau
Mme Gendreau (Andrée): Je vais commencer, moi. Ce sera
très bref. C'est simplement pour resituer l'aménagement de la
colline parlementaire dans son contexte socio-historique, ce que,
effectivement, on n'avait pas beaucoup fait.
En fait, l'aménagement et la création de Québec
doivent leurs origines à la volonté d'une administration royale.
Les plans de développement et d'urbanisme sont entièrement issus
de l'idéologie étatique et religieuse de cette époque.
On voit, très tôt, qu'il y a des plans d'urbanisme, des
règlements d'urbanisme qui ont été faits, et la raison
pour laquelle ils ont été faits si tôt et si bien
parce qu'ils étaient très bien faits c'est que la ville de
Québec était la première du pays, selon Frontenac, et
qu'on doit essayer de la rendre digne de la qualité qu'un jour elle
portera sans doute, de capitale d'un grand empire.
Alors, ainsi très tôt, l'idéologie étatique
coordonne et dirige le développement de la ville de Québec.
Très tôt aussi, l'Etat et les établissements religieux ont
exploité le site de la ville de Québec et les édifices se
sont érigés sur les hauteurs de la ville. On peut simplement
donner quelques exemples comme l'évêché qui était
situé au parc Montmorency et qui ainsi pouvait dominer la ville, se
faire voir aussi des gens qui habitaient en bas.
Il a été remplacé par le premier parlement et comme
on le sait, le château Saint-Louis avait comme site le château
Frontenac maintenant. Il a été déplacé par un
hôtel, ce qui est assez significatif de notre période.
Les habitants dans la ville de Québec ont suivi
l'idéologie de l'Etat, se sont moulés en fait sur elle et ont
adopté pour la division des classes une topographie qui était
celle de la ville. Les gens pauvres et les marchands ont habité en bas.
Les bourgeois et les nobles se sont installés en haut.
Quand les Anglais sont arrivés à la conquête, ils
ont redéveloppé la très haute partie du
Vieux-Québec, les rues Sainte-Geneviève et Saint-Denis et tout
cela et le Vieux-Québec a fait une ségrégation des classes
par la hauteur. Je ne vous les lirai pas mais il y a beaucoup de textes qui le
démontrent.
L'idéologie du réaménagement de la colline
parlementaire et c'est là qu'on arrive suit
exactement la même ligne. En 1960, c'est la même chose qui
se passe. Essentiellement, dans tout ce réaménagement, le
Vieux-Québec demeure l'image d'un passé. Au début, on a
pensé que cela aiderait à valoriser la colline parlementaire,
mais très tôt on le laisse de côté et, pour
l'idéologie dominante, c'est autour de la colline parlementaire
d'actualiser le pouvoir étatique dans ses formes urbaines.
En réalité, la colline parlementaire ne déplace pas
le Vieux-Québec. Elle le perpétue. En effet, depuis Frontenac,
l'évolution de la pensée québécoise en
matière d'urbanisme semble figée. De l'aménagement visant
la représentation d'un grand empire par sa capitale c'est
Frontenac qui avait dit cela on passe au réaménagement de
la capitale représentant une culture, une nation, une force
économique c'est le maire La-montagne qui dit cela.
Encore aujourd'hui, en fait jusqu'à très récemment,
les valeurs qui étaient à la base du réaménagement
de cette colline étaient le prestige, l'esthétique et l'humanisme
qui était de planter des arbres autour de la colline pour permettre aux
gens de vivre. En fait, c'était la seule chose.
Je peux vous citer des phrases pour vous démontrer que c'est tout
à fait cela qui se passe. A l'heure de la décentralisation
administrative parce que cela l'était ailleurs, on lit dans le concept
général du réaménagement de la colline
parlementaire que sur le plan physique, il s'agit de grouper les immeubles du
gouvernement dans un cadre empreint de dignité.
La cité parlementaire est appelée à devenir un
symbole national à l'image de la capitale. L'importance du site
était déjà explicitée. Ce site est un promontoire.
Avec les immeubles qui s'y trouvent déjà ou qui pourraient y
être construits, il devrait dominer Québec et sa banlieue comme
l'Acropole domine Athènes. J'arrête là pour céder la
place à Claude et tout ce qu'on veut dire par là, c'est que
peut-être dans le dernier quart du XXe siècle, les gens vont
beaucoup moins dans les temples et peut-être que les gens voudraient se
rapprocher de leur Dieu, ce qui n'est plus une Acropole.
Alors, je pense qu'il faudrait peut-être changer la philosophie de
l'aménagement de la colline parlementaire pour permettre aux gens d'y
vivre.
M. Claude Dubé
M. Dubé (Claude): C'est à titre personnel et
à celui de gérant de projet d'une étude de transport au
centre-ville qui a été remise en mai de l'an dernier que je me
permets de vous présenter quelques réflexions sur l'avenir de la
colline parlementaire.
En passant, ceux qui ne l'ont pas lu, je vous suggère de lire au
moins la partie vocation du rapport qui est basée en grande partie sur
une étude de la perception du Vieux-Québec par les touristes, les
Québécois et enfin tous ceux qui s'y retrouvent. Ce sont non
seulement des perceptions d'urbaniste, mais cela a été
confirmé par la perception des gens qui vous ont élus. Lorsqu'il
a été présenté au public, le rapport des transports
était une vue instantanée de la réflexion d'un groupe de
personnes qui étaient mandatées pour mener à bien cette
étude. Le territoire couvrait le Vieux-Québec, la colline et
Saint-Roch. Les principales recommandations du rapport et là je
pense que c'est assez important étaient en premier lieu
d'accepter un niveau de saturation de l'emploi et de la population au
centre-ville de Québec et non plus laisser la croissance
indéfinie. Le deuxième point était le maintien du
réseau routier actuel permettant l'accès au centre-ville. Le
troisième point était de favoriser une baisse de la demande en
transport aux heures de pointe par un programme d'horaires variables et
non pas d'horaires décalés ce qui est passablement très
différent, chez les grands employeurs du centre-ville, dont
évidemment la fonction publique provinciale. Le quatrième point
était d'absorber la demande excédente par une plus grande
utilisation des transports en commun. Spécifiquement pour la colline,
les objectifs étaient les suivants: délimiter clairement les
limites des aires protégées là on parle de l'axe de
Grande-Allée et du secteur Berthelot on entend par aire
protégée un secteur où les contraintes physiques et
sociales ont préséance sur les fonctions régionales du
centre-ville; deuxièmement, insister davantage sur la qualité que
sur la quantité du développement à être permis sur
la colline; troisièmement, limiter le développement de la colline
aux nouvelles limites prescrites, emploi et population, et diriger toute
demande supplémentaire vers les zones désignées à
cet effet, soit au centre-ville, soit dans la région;
quatrièmement, limiter la construction de stationnements et faire en
sorte que ceux existant dans les complexes G et H puissent être
accessibles le soir suivant la demande, ce qui n'est pas le cas actuellement;
cinquièmement, vouer à une vocation résidentielle les
grandes superficies aptes à un redéveloppement ou à une
conservation, soit le site de la Sûreté du Québec et
d'autres; sixièmement, intégrer l'habitation au nouveau projet
d'espaces à bureaux permis.
Ceci résume, comme je l'ai dit au début, l'état de
la réflexion d'un groupe de personnes responsables de ce dossier. Un an
s'est presque écoulé depuis cette présentation. Dans le
contexte actuel, deux nouveaux facteurs pourraient influencer la position de
ces mêmes personnes si elles avaient à compléter cette
étude actuellement. Le premier, c'est l'arrêt de la
démolition de la chapelle dont on vient de parler, qui est maintenant
une chose assurée, enfin on l'espère, le deuxième, c'est
la mise au rancart, pour une période indéterminée, du
projet de construction d'une tour de 35 étages entre l'Hôtel
Hilton et l'Auberge des Gouverneurs. Il y a aussi, évidemment,
l'élection du Parti québécois le 15 novembre dernier, qui,
du jour au lendemain, a changé tout le jeu de cartes qui se jouait sur
la colline.
M. Mailloux: Pourrais-je vous faire remarquer que l'arrêt
de la construction dont vous parlez avait été ordonné
depuis déjà plusieurs mois, même avant
l'élection.
M. Dubé (Claude): Oui. A ce sujet, je crois qu'il serait
bon ici de mentionner que M. Tetley, le ministre responsable des Travaux
publics, a été un des grands promoteurs de cet arrêt et je
pense qu'à ce point de vue-là, il faut le mentionner ici.
D'ailleurs, nous avons toujours eu une très bonne collaboration de M.
Tetley.
Personnellement, de toute façon, pour parler de la colline, je
trouve vain d'en parler dans le vague sans me référer à
quatre points qui seraient l'évolution de la colline dans le temps, son
intégration et son animation, le besoin réel qui devrait y
prendre place et la participation à son aménagement.
L'évolution dans le temps, un peu ironiquement, je l'ai
soustitrée: La colline des dieux. C'est un peu à la suite du
document d'Andrée Gendreau que j'ai continué mes
réflexions à ce sujet. Finalement, on s'aperçoit que
l'habitation a gagné petit à petit la colline pour
s'intégrer et s'imbriquer dans les fonctions qui étaient les
fonctions nobles. La trame des rues, comme vous le voyez sur cette photo, c'est
un tissu harmonieux qui allait très bien. Les transformations majeures
sur la colline ont coincide à peu près avec la révolution
tranquille et on a voulu placer en évidence les nouveaux dieux sur cette
colline-là, dans le complexe G, dans ce monument.
On avait oublié cependant que les gens ne vivent pas avec les
dieux et, encore moins, dans des monuments, ce qui fait que, peut-être
involontairement, on est arrivé à éloigner les gens de la
colline parlementaire. D'abord, pour permettre l'entrée d'un
stationnement dans le complexe G, on crée une dénivellation au
centre du boulevard Saint-Cyrille qui empêche toute traversée de
piétons sur presque toute sa longueur. C'est une autoroute.
On repousse encore l'habitation du côté ouest par la
construction d'un tampon qui est le Grand Théâtre, la culture
entre le pouvoir et le peuple, je suppose, en tout cas, mais je ne veux pas
entrer dans ces considérations. On démolit et on construit au sud
de Grande-Allée en éliminant encore d'autres habitations et on
revient vers le nord en permettant la construction de tours à bureaux et
d'hôtels, ce qui empêche presque toute communication du quartier
Saint-Jean-Baptiste à la colline.
Il devient alors impossible de vivre sur la colline et encore moins d'y
accéder à pied. Cependant, cet état de fait est la
résultante d'une multitude de décisions basées sur des
objectifs acceptés et voulus explicitement ou implicitement par tous. Je
pense qu'il ne s'agit pas ici de jeter le blâme sur qui que ce soit, il
faut simplement prendre conscience de ces lacunes et partir avec un esprit
positif.
L'intégration et l'animation de la colline. La colline n'est pas
une île coupée de tout contact avec son environnement
immédiat. Ce qui se passe influence les autres parties du centre-ville
et réciproquement. Il suffit de rappeler, encore une fois, que
l'autoroute Dufferin a été, en partie, justifiée par la
concentration d'emplois sur la colline. Le rapport d'avril 1969 sur la colline
parlementaire y recommandait, en substance, la multifonctionna- lité.
Cependant, on recherchait cette variété à l'échelle
de la colline en proposant une spécialisation de certains secteurs, tel
que le secteur 2 qui est ce qu'on appelle communément la cité
parlementaire.
On comptait, de plus, sur les autres pôles du centre-ville pour
prouver, de façon peut-être théorique, que le centre-ville
serait multifonctionnel. Cependant, dans les faits, alors même que la
concentration est à peine amorcée, on perçoit
déjà l'embryon de cité parlementaire comme un
désert. On évite de la traverser ou on la contourne
machinalement, l'apercevant comme un bloc infranchissable et
rébarbatif.
Pour certaines personnes, ce secteur approche même la limite
acceptable en termes de sécurité physique. Donc, on va
hésiter avant de le traverser en dehors des heures normales de
travail.
Il est facile d'imaginer ce que peut devenir la colline si on poursuit
son développement avec l'approche actuelle. En somme, donc, on doit
rechercher la multifonctionnalité à l'intérieur même
des secteurs. On compte quelques éléments pouvant créer
une certaine vie près de la cité parlementaire, on parle de
commerces à Place Québec, du Grand Théâtre, les
nombreux bars dans les hôtels qui sont autour de la colline. Mais tous
ces commerces sont à l'intérieur de bâtiments, sauf pour le
Grand Théâtre, aucune de ces activités n'a directement
pignon sur rue à l'exception de celles localisées sur la rue
Grande-Allée. Ceci découle de l'adaptation de deux concepts
américains, le campus fleuri et le centre commercial. On a
déménagé l'Université Laval de ses locaux du
Vieux-Québec vers le campus actuel. Par la suite, pour faire face aux
rigueurs du climat québécois, on y a construit une série
de souterrains reliant les divers bâtiments parsemés sur ce
site.
Tenant compte des différences de taille et d'époque, n'y
avait-il pas plus de vie lorsque l'Université était dans le
Vieux-Québec? Je pense que c'est une question qu'on doit se poser, ce
n'est peut-être pas facile d'y répondre, mais quand même, on
doit en prendre conscience. La construction de grands immeubles sur la colline,
dans le même concept de campus, force aussi le promoteur à les
relier par souterrains. D'autre part, la concentration de commerces à
Place Québec suit la tendance des centres commerciaux à mail
intérieur. Bien que très valable à plusieurs points de
vue, cet agencement ne favorise pas du tout une vie de quartier. La vie
créée par la concentration de commerces tout près, sur
l'avenue Cartier, est beaucoup plus intéressante et riche que celle
pouvant être suscitée par Place Québec. Pourtant, on y
rencontre à peu près le même genre de boutiques et
d'activités.
Il semble difficile d'atteindre une rentabilité commerciale et
une rentabilité sociale. En définitive, j'espère qu'on va
apprendre parce qu'avec le temps, d'autres personnes avant nous ont fait des
grimaces et peut-être qu'on pourra apprendre.
A ce niveau-ci, on se rend compte que nos adaptations de concepts
américains ne semblent pas répondre à nos besoins sur la
colline. Les modèles recherchés sont ici même et tout
près, soit
l'avenue Cartier et le Vieux-Québec. Pour une fois, essayons
d'utiliser ce qui est tellement bon chez nous et que cela devienne un objet
d'envie pour ces mêmes Américains qu'on tente de copier.
D'autre part, que veut-on placer vraiment sur la colline? Avec tout le
respect que je porte à cette commission, permettez-moi de penser qu'en
la convoquant, vous avez oublié de faire une partie de votre travail.
Comment pouvons-nous parler ce soir de l'aménagement de la colline sans
connaître vos besoins réels d'espaces au centre-ville?
Il me semble qu'un cheminement logique comporterait les étapes
suivantes: Premièrement, définir le niveau de l'emploi de la
fonction publique du Québec dans la région de Québec,
compte tenu de vos politiques de décentralisation. Deuxièmement,
répartir les emplois entre le centre-ville de Québec et les
pôles secondaires dans la région par des négociations avec
la communauté urbaine et les diverses villes la composant.
Troisièmement, répartir les emplois identifiés comme
devant être localisés au centre-ville en accord avec les
politiques d'aménagement de ce centre. Je vous ferai remarquer que je
n'ai pas parlé de la colline, mais bien du centre-ville.
Sur la base de ces données, les propositions d'aménagement
sur la colline que nous aurions pu vous soumettre auraient été
beaucoup plus pertinentes. A court terme, cependant, je pense que vous avez
à prendre des positions sur, entre autres, Place de la Justice.
Les raisons qui ont motivé les propositions contenues dans le
rapport des "Transports au centre-ville" sont les suivantes: II nous semblait
essentiel de structurer les fonctions du centre-ville. L'addition d'espaces
à bureaux sur la colline répondait en partie à ce
besoin.
Le site entre le Grand Théâtre et le complexe G semblait le
plus approprié pour un projet de cette taille. La démonstration
que le volume demandé "entrait" sur le site faisait disparaître la
pression exercée par toutes sortes de projets de places de la justice
sur plusieurs autres sites voués à des vocations
résidentielles. On a parlé du site de la Sûreté du
Québec, on a parlé de construire près des Plaines
d'Abraham et c'était vraiment un genre de panique. En montrant qu'on
pouvait entrer le volume sur le site, à ce moment-là, on apaisait
ce mouvement.
De plus, on démontrait que la démolition de tous les
immeubles sur le site n'était pas nécessaire mais qu'il fallait
surtout les conserver pour préserver l'échelle humaine de ce
secteur.
On intégrait aussi, en plus du jardin existant au centre de
l'îlot, derrière la chapelle, à côté, des
fonctions de récréation, soit gymnase et piscines, afin
d'illustrer qu'il était possible d'améliorer la qualité de
la vie des gens qui travaillaient sur la colline et des résidents du
quartier.
De plus, plusieurs logements étaient proposés sur le site
et en face afin de favoriser encore une fois la vie de tous les instants dans
ce quartier.
Ces propositions nous semblaient les plus réalistes dans le
contexte où nous étions. Nous n'avons pu, faute de temps,
poursuivre le chemi- nement dans ce secteur. Nous étions conscients,
cependant, que ces propositions n'étaient qu'un pas vers un
aménagement plus humain et plus articulé.
Ne connaissant pas les résultats de l'étude centre-ville
entreprise par le service d'urbanisme de la ville de Québec qui a suivi
celle en transports, et conscient que ces données peuvent quand
même me manquer, je vous présente mes impressions à ce
sujet.
Il me semble toujours primordial de structurer les composantes du
centre-ville de Québec.
Les immeubles à bureaux semblent toujours un
élément important de cette restructuration.
L'importance de cette fonction sur la colline pourrait s'atténuer
cependant, faisant place à des fonctions plus actives tout en gardant
cependant un niveau minimum.
Sur la colline et dans le Vieux-Québec, on se doit d'utiliser les
bâtiments existants avant de construire. On doit surtout se garder de
démolir, même si les études de rentabilité
traditionnelle le recommandent, car les avantages intangibles sont souvent les
plus bénéfiques à long terme.
On devrait envisager sérieusement, avec une approche positive, la
possibilité de garder séparées certaines fonctions de
l'administration de la justice à Québec. Quelle que soit sa
localisation définitive, la version finale de place de la Justice
devrait être le plus près possible du Vieux-Québec,
limitant ainsi les perturbations dues au déplacement, au centre-ville,
de plusieurs bureaux de professionnels.
Si les fonctions à regrouper sont toujours trop importantes pour
pouvoir les loger sur la colline, on devrait envisager la possibilité
d'une Place de la Justice aux environs de la gare du Palais.
Quels que soient les résultats de cette démarche, le
gouvernement du Québec devrait se tenir responsable de garder de
l'emploi dans les locaux qu'il possède actuellement dans le
Vieux-Québec et sur la colline. Ceci est une condition essentielle de la
vie de ces secteurs.
En plus de la fonction d'espaces à bureaux dont nous venons de
parler, il est évident qu'on devrait favoriser l'implantation de
l'habitation dans ce secteur, avec tous les services que cela peut
requérir.
On devrait favoriser un retour au gabarit qui y prévalait avant
les grands bouleversements: marge de recul et hauteur. On pourra
sûrement, en respectant ces critères et en conservant une
échelle humaine, proposer des projets dont la densité tiendra
compte du coût du sol. Les travaux des étudiants de l'Ecole
d'architecture de l'Université Laval illustrent bien le type de
développement. D'ailleurs, je pense que vous aurez une
représentation éventuellement.
La participation à son aménagement. Actuellement, je ne
crois pas que le problème soit de savoir s'il y aura participation ou
non, mais, plutôt, je crois qu'il faudrait savoir ou qu'il faudrait
connaître le type de participation qu'on devra privilégier.
Sans une ouverture véritable, nous n'aurons qu'une participation
de conflits, car l'évolution et
la politisation des gens et des corps intermédiaires sont trop
avancées pour qu'ils se contentent du rôle passif qui a
été le leur jusqu'ici.
La participation véritable implique des délais
inévitables; cependant, on pardonne beaucoup plus facilement un retard
qu'une décision malencontreuse.
Cette consultation et ce travail avec les gens et les groupes
intermédiaires crée une tâche administrative complexe et
ajoute au fardeau de la coordination des actions de tous les intervenants.
C'est cependant une condition essentielle à la réalisation de
projets publics d'envergure.
En se basant sur ce qui précède dans ce document, quand on
parle d'intégration et de complémentarité, on ne peut que
recommander une structure de mise en oeuvre qui englobe tout le centre-ville et
non pas seulement la colline parlementaire. Je souligne qu'on recommande une
structure de mise en oeuvre et non pas une structure de planification, pour
éviter que, pendant quatre ou cinq ans encore, on joue au monopoly sur
la colline en disant: Je vais t'échanger un terrain d'espaces verts pour
une résidence de vieillards ou des choses comme cela.
Cette structure devrait, je crois, ressembler à celle mise sur
pied pour l'étude des transports au centre-ville, c'est-à-dire
être formée d'un comité de direction et d'un groupe de
support restreint.
Pour être efficace, cette structure demande des échanges
constants avec les politiciens, le public et les fonctionnaires dont les
dossiers touchent de près ou de loin à ce dossier majeur.
Face à la participation des groupes intéressés et
au nombre de ces intervenants, la mise en oeuvre de l'aménagement de la
colline pose un défi de taille. Il semble, d'après ce qui nous
entoure, que l'approche traditionnelle ne puisse répondre à ces
nouvelles situations. J'entends par approche traditionnelle celle des plans
directeurs ou des plans d'aménagement qui sont plus ou moins
acceptés et qui, finalement, après cela, finissent dans les
tiroirs.
En guise de conclusion, je souhaite qu'on adopte une approche douce
favorisant le respect de notre environnement, l'utilisation ordonnée des
structures physiques en place et l'apport positif des gens du milieu.
Comme dernière remarque, mardi soir, on a demandé à
ceux qui étaient ici à la table quel serait le prochain pas et je
pense que le prochain pas, avec tout le respect que je vous porte, serait
peut-être de changer votre attitude face au développement de la
colline et de ne pas espérer avoir de recette magique. Cela va prendre
du temps et ce sera peut-être même douloureux.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Léonard: J'aurais une question. D'abord, je vous
remercie d'avoir présenté vos mémoires, Mme Gendreau et M.
Dubé. Je note que le mémoire de Mme Gendreau est de type
philosophique. C'est un document de fond, en fait, sur l'aménagement. En
tout cas, vous suggérez là- dedans qu'il faut dépasser le
stade de la préservation historique. Je peux peut-être poser des
questions, simplement pour avoir d'autres commentaires. Est-ce qu'un retour
à un centre habité à échelle humaine
représente pour vous un retour en arrière ce n'est pas
nécessairement négatif ou un anachronisme sur le plan de
la colline ici, ou y a-t-il un moyen de marier, si vous voulez, la
modernité et la qualité de la vie? Il y a des exemples de cela
dans le monde, mais je ne sais pas si vous pouvez nous en parler un peu.
Mme Gendreau: II y a sûrement moyen. Je pense qu'un des
moyens d'allier la qualité de la vie avec la modernité, c'est de
permettre qu'un environnement soit vécu, parce que les gens qui vont
venir à la colline parlementaire et qui vont vivre dans ses environs
seront des gens qui vivent en 1977 et qui vont vivre plus tard. En fait, les
Québécois de maintenant ne seront pas les Québécois
d'il y a 300 ans. Le Vieux-Québec, ce qui fait qu'il est tant
aimé, c'est qu'on y est encore.
Dans l'enquête dont Claude a parlé, en fait, cela
ressortait très clairement, chez les Américains et chez tout le
monde, qu'ils ne venaient pas voir le Vieux-Québec pour ses vieilles
pierres, qu'ils venaient voir le Vieux-Québec pour ses habitants.
La colline parlementaire, c'est la même chose à peu
près. Les seules personnes qui ont nommé la colline
parlementaire, quand on leur demandait s'il y avait des sites
intéressants, c'étaient les On-tariens. Je peux peut-être
en déduire qu'ils ont une culture politique plus grande que la
nôtre. Ou bien, on peut en déduire que c'est parce que ce n'est
pas vécu. Les gens n'y sont pas, les calèches se promènent
et c'est tout.
M. Léonard: Vous connaissez bien la colline parlementaire.
Est-ce que vous avez une suggestion plus pratique à faire à la
commission? Vous avez laissé entendre que vous considériez
l'habitation comme étant une des solutions, à la fin de votre
exposé tout à l'heure.
Mme Gendreau: Oui, c'est cela. Je pense que le groupe qui nous a
précédés, c'est tout à fait la philosophie que
j'adopte moi-même. Je pense qu'il faut, non seulement conserver
l'habitation, mais également conserver des services, conserver des
choses qui existent maintenant. Je pense qu'on est allé très loin
dans le réaménagement et dans la transformation. Il y a des
quartiers qui sont encore viables. Il y a toute la production artisanale du
Vieux-Québec qui s'est transportée dans le quartier
Saint-Jean-Baptiste. Je pense qu'il faudrait l'aider. C'est très
important. Il y a des épiceries du coin ici. On peut partir, aller
acheter son pain, aller faire son marché, rentrer chez soi. C'est encore
possible. Le seul endroit où ce n'est plus possible, c'est la colline
parlementaire comme telle. Le Vieux-Québec s'en va aussi. En
renforçant les alentours, on a une chance de sauver
l'intérieur.
M. Léonard: Si vous permettez, je voudrais poser une
dernière question à M. Dubé. A la page
11 de votre mémoire, vous dites que les immeubles à
bureaux semblent toujours un élément important de la
restructuration. Compte tenu du fait en tout cas, ce sont les
renseignements que j'ai qu'il y a déjà passablement
d'immeubles à bureaux, pourquoi affirmez-vous cela?
M. Dubé: Je crois, comme j'ai mentionné, qu'il n'y
a pas de recette. Je pense qu'on ne peut pas dire que si on place encore 1000
fonctionnaires, on aura atteint la limite optimale. Tout dépend de la
façon dont on le fait. Dans le rapport centre-ville, on en place 9000
plus 2400. C'est peut-être beaucoup, on peut peut-être en placer
moins, mais je ne pense pas qu'il y ait de chiffre magique. Je pense qu'il y a
encore de la place et qu'on devrait s'en servir pour structurer vraiment la
colline et tout le centre-ville.
M. Léonard: A l'heure actuelle, il faut quand même
admettre qu'il y a un certain déséquilibre parce que s'il y a un
excédent d'édifices à bureaux ou d'espaces à louer
présentement ou d'espaces libres de bureaux et qu'il n'y a pas
d'habitation, à un moment donné, il va falloir...
M. Dubé: Oui, d'accord. Je pense que cela se fait par
étapes. Il ne faudrait pas, du jour au lendemain, parce qu'on a une
autre attitude, une autre philosophie, tout convertir ce qui reste comme espace
en espace d'habitation. Je pense que cela prend une certaine mesure. C'est un
dosage qui doit se faire avec le temps. Ce qui fait que le Vieux-Québec
est si sympathique, c'est que finalement des bâtiments ont
été construits à des dates différentes, ont
été rajoutés, ont été transformés.
Cela n'a pas été fait tout d'un coup. Je pense que sur la
colline, c'est la recette aussi, il faut y aller par éléments,
petit à petit, construire et apprendre de chacune de ces
expériences.
M. Léonard: Parmi les expériences qu'il peut y
avoir, peut-être pas des expériences, mais des genres
d'édifices, on ne conçoit pas d'édifice mi-habitation,
mi-bureau, non?
M. Dubé: C'est une solution qui peut être valable.
Je pense qu'il faut voir où cela se trouve. Est-ce que cela
répond vraiment à un besoin? Est-ce qu'on crée un axe
quelconque qui peut être utile aux gens, qui peut être vivable et
viable? Tant qu'on n'a pas une vue d'ensemble de la colline et du centre-ville,
je pense qu'on met la charrue devant les boeufs.
M. Léonard: Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je m'aperçois qu'il
reste cinq minutes. Comme je voudrais donner la possibilité aux autres
intervenants de poser les questions qu'ils désireront poser, je me
bornerai à quelques observations.
A la lecture du mémoire de M. Dubé, je retrace
forcément les grandes lignes qui s'en dégagent, soit
délimiter clairement les limites des aires protégées,
insister davantage sur la qualité que sur la quantité du
développement à être permis sur la colline parlementaire,
limiter le développement sur la colline, les nouvelles limites
prescrites pour limiter les constructions de stationnements, vouer à une
vocation résidentielle les grandes superficies aptes à un
redéveloppement, intégrer l'habitation aux nouveaux projets
d'espaces à bureaux permis j'en passe je constate que,
contrairement à d'autres mémoires, M. Dubé, dont
l'étude est quand même assez poussée, recommande et donne
six raisons à l'appui de sa recommandation pour que la construction de
la Place de la Justice soit à un endroit désigné, ce sur
quoi je ne suis pas d'accord. Je pense qu'il me sera permis de donner des
raisons ultérieurement, mais j'ai toujours été,
moi-même, un peu en désaccord avec cette perspective du
gouvernement précédent.
J'en passe beaucoup, vu l'heure tardive. Il y a une chose que je
remarque de la thèse de Mme Gendreau. Comme je ne suis pas
moi-même un produit universitaire, je ne voudrais pas m'avancer à
apporter une thèse que je ne serais pas en mesure d'expliciter avec les
qualités qu'a démontrées Mme Gendreau. Cependant, d'une
aussi jolie bouche, j'aurais pensé que son jugement sur la
société québécoise, sur son évolution ne
serait pas aussi lapidaire que celui que je rencontre dans le mémoire
qu'elle a présenté.
Je dois quand même confesser que c'est votre opinion. Tant qu'on
sera en démocratie, je pense que les gens ont le droit de diverger
d'opinion. De toute façon, je voudrais soumettre votre mémoire
à quelques-uns de mes collègues qui ont eu l'avantage, eux, de
passer par les milieux universitaires et tâcher de faire ressortir les
points positifs ou négatifs qui peuvent s'en dégager. De toute
façon, ce n'est pas un blâme que j'apporte à une aussi
jolie femme.
Mme Gendreau: Ce n'est pas un critère.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je veux remercier Mme Gendreau et M. Dubé, qui
ont bien voulu présenter des mémoires. Je les félicite
d'émettre leurs opinions. Cela va certainement aider à
éclairer la commission et le gouvernement, qui ont des
responsabilités à prendre. Si on avait plus de temps, on pourrait
peut-être vous donner un peu l'histoire de la situation que je connais de
la cité parlementaire ou que j'ai vécue de la ville de
Québec depuis une vingtaine d'années, mais je pense que ça
prendrait trop de temps. Je veux simplement résumer ceci et dire que vos
idées sont très bien énoncées et je suis convaincu
qu'elles sont constructives pour tâcher d'atteindre le côté
sensible du gouvernement, indépendamment du parti qu'ils peuvent
représenter, pour créer un mouvement de construction et
d'aménagement plus poussé de la cité parlementaire qui est
bien en soi.
N'oubliez pas quand même que les gouvernements
précédents ont eu à faire face à des situations
assez controversées. Quand vous parlez de palais de justice, vous parlez
de bâtisses qui ont été construites ici sur la cité
parlementaire; or, je peux vous dire qu'il y a eu des gens qui ont
poussé la philosophie ou l'histoire assez loin pour dire: le parlement
doit rester à Québec entouré de ses bâtisses
historiques que l'on doit conserver. Les bureaux administratifs devraient
peut-être déménager dans la métropole de la
province, à Montréal, parce qu'il n'est pas nécessaire
qu'ils soient près du parlement. Et, on a été pris avec,
des histoires aussi contradictoires que celles que j'ai entendues
moi-même à bien des commissions.
Par contre, l'histoire a voulu que le développement se fasse
comme vous le voyez. Je pense que pour la capitale, c'est bien. Il s'agit de la
compléter maintenant que c'est commencé, le faire d'une
façon aussi rationnelle, aussi rapide qu'il est physiquement et
humainement possible de le faire.
Je pense bien que c'est votre opinion bien objective que vous avez
émise après de nombreuses recherches que vous avez faites. Je
vous invite à continuer à travailler dans le même sens et
d'aider à renseigner et éclairer le gouvernement avec vos
opinions, tout en respectant celles des autres.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Une brève question à Mme Gen-dreau que
j'ai déjà eu le plaisir de rencontrer. Je ne me souviens pas si
vous m'aviez dit à ce moment que votre thèse de maîtrise,
dont nous avons un extrait, est terminée ou non. Elle est
terminée? Elle est déposée à l'Université
Laval, si bien que si on veut en faire l'étude au complet, on peut
toujours s'y référer parce qu'elle m'intéresse beaucoup.
M. Dubé, sur la question du palais de justice justement ou la Place de
la Justice, vous n'évoquez pas l'idée que le palais de justice
reste dans le Vieux-Québec, quitte à avoir comme
complément l'édifice de la rue Chauveau qui est actuel- lement
occupé par le ministère du Revenu. Est-ce à dessein ou par
oubli?
M. Dubé: Je crois que ce n'est peut-être pas dit
textuellement, mais dans les énoncés... on devrait utiliser les
bâtiments existants avant de penser à construire ou même
à démolir, puisque c'est dans cet esprit, et quand je dis qu'on
devrait essayer de voir si on ne peut pas séparer certaines fonctions de
l'administration et de la justice, c'est aussi dans cet esprit.
M. Guay: M. le Président, comme tous les membres de
l'Opposition officielle en Chambre n'ont pas l'attitude positive du
député de Charlevoix, nous devons aller en Chambre
démontrer à l'Opposition officielle que nous avons bel et bien la
confiance de la Chambre puisque le vote est appelé et que l'on sonne les
cloches. A moins qu'il n'y ait d'autres intervenants...
Le Président (M. Marcoux): Avant d'ajourner les travaux,
je voudrais indiquer aux membres de la commission quels seront, lors de la
prochaine séance, les mémoires qui nous seront
présentés, s'il y en a qui désirent en faire la lecture
auparavant.
Il y aura d'abord le Barreau de Québec. Je n'ai pas les
numéros. La Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain. Je vais les redire lentement: Le Barreau de
Québec, la Chambre de commerce et d'industrie du Québec
métropolitain, la Garderie coopérative Saint-Jean-Baptiste, le
Conseil des monuments et sites du Québec Inc., et le Comité des
citoyens du Vieux-Québec.
Je remercie M. Dubé et Mme Gendreau de leur participation et on
s'excuse du court temps que nous leur avons alloué, mais vos
mémoires sont là et nous vous connaissons; alors, les membres de
la commission pourront vous contacter s'ils désirent avoir des
renseignements additionnels.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 48)