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Aménagement de la colline parlementaire
(Seize heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Voici les membres de
la commission: M. Boucher (Rivière-du-Loup), remplacé par M.
Bertrand (Vanier); MM. Brassard (Lac-Saint-Jean), Caron (Verdun),
remplacé par M. Garneau (Jean-Talon); M. Dussault (Châteauguay),
M. Gratton (Gatineau), remplacé par M. Verreault (Shefford); MM. Grenier
(Mégantic-Compton), Guay (Taschereau), Lefebvre (Viau), remplacé
par M. de Belleval (Charlesbourg); M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), remplacé par M. Léonard
(Laurentides-Labelle); MM. Mailloux (Charlevoix), Michaud (Laprairie),
Ouellette (Beauce-Nord), remplacé par M. Tardif (Crémazie); MM.
Perron (Duplessis), Rancourt (Saint-François), Russell
(Brome-Missisquoi), Samson (Rouyn-Noranda), Vaillancourt (Orford).
Aujourd'hui, nous entendrons des représentants de la ville de
Québec. Cela me fait plaisir au nom de la commission, de souhaiter la
bienvenue au maire, M. Gilles Lamontagne, ainsi qu'à l'équipe qui
l'accompagne.
Avant de vous donner la parole, un membre de la commission m'a
informé qu'il avait une brève remarque à faire. C'est le
député Bertrand, de Vanier. Je lui céderai la parole.
Visite de M. J.-E. Grégoire
M. Bertrand: C'est simplement, M. le Président, pour
signifier aux membres de cette commission parlementaire que ce n'est pas un
mince honneur pour un jeune de 30 ans de pouvoir signifier aux membres de cette
commission la présence malheureusement, il vient tout juste de
quitter aujourd'hui, dans ce parlement, de son grand-oncle, M. J.-Ernest
Grégoire, qui est aussi, incidemment, l'ex-député le plus
âgé encore vivant que nous ayons au Québec. Ce n'est pas
surtout à ce titre-là, mais surtout dans le cadre de nos
délibérations sur l'aménagement de la colline
parlementaire que je veux souligner que M. Grégoire a été
maire de la ville de Québec de 1934 à 1938, et que ce
n'était pas un mince symbole que de le voir tantôt se promener
devant des reproductions au sujet desquelles le député de
Taschereau, qui a eu le bonheur de prendre l'initiative de faire monter ces
tableaux, pourrait peut-être nous dire quelques mots.
Je voudrais simplement souligner, dans un dernier mot, à quel
point c'est intéressant de rencontrer, dans une même salle,
l'ancien et le nouveau, le maire Grégoire et le maire Lamontagne, de
faire se côtoyer deux grandes époques historiques et de noter
qu'elles sont ici reproduites sur les murs de ce salon rouge.
M. le député de Taschereau.
Le Président (M. Marcoux): Si les membres de la commission
le permettent, on pourrait peut-être également donner quelques
instants à M. le député de Taschereau pour nous
présenter ces photos.
M. Guay: Très brièvement, M. le Président,
Hier, j'avais remarqué que le secrétariat des commissions avait
pris l'initiative d'afficher derrière votre fauteuil la photographie de
la colline parlementaire à peu près dans l'état où
elle se trouve aujourd'hui l'Auberge des Gouverneurs était en
construction à ce moment et je me suis souvenu qu'en bas, à
la cafétéria, le Mini-Débat, qui est au sous-sol, il y
avait la photographie de la colline parlementaire telle que prise avant la
construction même des édifices D et E, c'est-à-dire il y a
aux environs de 30 à 40 ans. J'ai demandé aux autorités de
l'Assemblée nationale de bien vouloir faire monter cette photographie
afin que l'on puisse les mettre en parallèle, sans nécessairement
vouloir ouvrir de débat, mais pour bien indiquer ce que j'estime
être la beauté et l'harmonie de la ville de Québec et de
son parlement, qui était bien intégré dans la ville
à ce moment, et pour constater aujourd'hui les résultats de
l'aménagement de la colline parlementaire et, en même temps, pour
souligner à la commission, en terminant, un élément qui
n'a pas été mentionné hier dans les
délibérations et qui m'apparaît extrêmement
important.
On voit autour du parlement à cette époque tout le
quartier Saint-Jean-Baptiste qui montait et qui entourait pour toutes fins
utiles le parlement. Aujourd'hui, il ne reste du quartier Saint-Jean-Baptiste
que ce que l'on peut voir sur la photographie. Il s'agit donc d'un quartier
dont l'équilibre est désormais extrêmement précaire,
compte tenu de la mutilation qu'il a subie, et l'aménagement de la
colline parlementaire, tel qu'il est et tel qu'il sera surtout, doit prendre en
considération, à mon avis, en priorité, l'avenir
même du quartier Saint-Jean-Baptiste et tenter de sauver pour les
résidents qui y habitent, pour ceux qui y ont grandi, qui y habitent et
qui veulent continuer à y vivre, tenter de sauver, dis-je, un des
quartiers historiques de Québec, car le Québec historique,
évidemment, ne saurait se limiter au seul Vieux-Québec.
M. Lessard: Très brièvement, tout en souhaitant la
bienvenue au maire Lamontagne et à ses collègues, je dois vous
souligner que je devrai quitter la commission vers 17 h 15; cependant, mon
collègue ministre d'Etat à l'aménagement me remplacera,
avec brio, j'en suis convaincu.
M. Garneau: Seulement un mot pour remercier le
député de Taschereau de cette initiative. Je suis bien content de
regarder les deux. C'est moins mauvais que je ne le pensais. Je me console.
M. Lessard: Vous vous consolez facilement. Le Président
(M. Marcoux): A l'ordre!
M. de Belleval: Pourrait-on apporter des jumelles au
député de Jean-Talon?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
Justement, j'allais remercier le député de Taschereau pour son
initiative et surtout pour le fait qu'il nous a commenté les photos.
Maintenant, nous allons céder la parole à nos
invités. Vous êtes un habitué, M. le maire Lamontagne, de
ces commissions parlementaires.
Donc, dans la mesure du possible, si vous pouviez présenter votre
mémoire dans vingt minutes ou une demi-heure, pour donner le maximum de
temps aux membres de la commission pour vous poser des questions et vous
permettre d'expliciter votre pensée.
La parole est à vous.
Présentation de mémoires Ville de
Québec
M. Lamontagne: M. le Président, merci beaucoup. Je
voudrais bien vous présenter tout de même les gens qui sont avec
moi: M. Blanchet, conseiller de la ville, M. Roy, M. Perreault, le
gérant de la ville et M. Rousseau, le directeur du service d'urbanisme.
Si vous me permettez une petite remarque sur les remarques qui ont
été faites, je pense que le fait de voir M. Grégoire ici,
à 90 ans, donne beaucoup d'espérance au maire actuel. Aussi,
j'aimerais peut-être ajouter que je vois très bien ce
qu'était Québec, ce qu'est Québec et peut-être que
si tous ceux qui sont dans la salle, en arrière comme en avant,
pouvaient tous ensemble prendre un pinceau et essayer de peindre la
troisième carte que devrait être Québec dans 25 ans,
espérons qu'il n'y aurait pas trop de futurisme et que ce serait
plutôt réaliste. Mais ce ne serait pas facile.
M. le Président, tout simplement, c'est avec plaisir que nous
avons accepté de venir à la commission, parce que je pense que
c'est tout à fait normal que la ville de Québec donne, par son
service d'urbanisme et ses conseillers, un peu l'opinion de tout ce qui s'est
dit et de tout ce qui s'est fait sur la colline parlementaire. Cependant dans
la préparation de ce document qui se veut très positif, nous
avons voulu faire preuve de largeur de vue et ouvrir tous les horizons dans un
regard vers l'avenir. C'est bien important de dire qu'on va vers l'avenir, on
ne va pas vers le passé. Je vais essayer, à ce moment-ci
je pense que vous avez tous eu copie du mémoire à certains
moments de faire un résumé de certaines pages parce qu'il est
assez volumineux. J'essaierai de couper, comme vous dites, à 20 ou 30
minutes au maximum.
Nous n'avons pas cru utile de revenir sur ce qui a été
fait, parce que nous ne pouvons rien y changer, ni ouvrir un débat sur
les politiques sui- vies jusqu'ici ou sur certaines opinions émises
depuis quelque temps quant aux orientations possibles du développement
de la colline parlementaire. Nous n'avons pas la prétention d'apporter
les solutions idéales à tous les problèmes
d'aménagement de la colline. Nous voulons offrir une réflexion
sérieuse qui témoigne des différents points de vue
exprimés par la population de Québec, dont nous sommes toujours
à l'écoute et que nous tenons à associer à nos
efforts de définition des facteurs de qualité de vie et de
qualité de milieu. Le document que nous vous soumettons aujourd'hui a
été préparé dans cette optique et dans le but de
susciter une concertation dynamique et objective des principaux agents
d'intervention sur la colline parlementaire pour en assurer le
développement optimum. Pour porter un jugement valable sur l'état
actuel de la colline parlementaire et on en a entendu de toutes sortes
depuis quelques jours il faut considérer l'histoire
récente de ce secteur de la ville. Après une longue
période de stagnation complète à tous les points de vue,
la ville de Québec, de concert avec les gouvernements qui se sont
succédé au Québec depuis 1960 à 1970, donnait suite
aux recommandations de gens éclairés en s'engageant
résolument dans une ère de changement dont le leitmotiv principal
était de doter les Québécois d'une capitale prestigieuse,
à la dimension des aspirations du Québec.
S'il faut admettre que l'attrait du prestige et la volonté de
construire un monument ont été des stimulants, c'est surtout la
volonté de regrouper la fonction administrative en un lieu
géographique qui a motivé l'action des gouvernements. On a voulu
le faire dans des édifices publics pour échapper aux pressions
des locateurs de l'époque et utiliser ainsi le pouvoir du gouvernement
dans sa mise en oeuvre de projets destinés à façonner une
ville dans une perspective de modernisme et de changement.
La municipalité ne pouvait ni ne voulait s'opposer à une
telle entreprise qui s'offrait, outre la possibilité de construire un
véritable centre-ville dense, diversifié et animé, la
réjouissante perspective d'un accroissement des revenus fiscaux. Il faut
donc constater dans le développement qu'a connu la colline parlementaire
la volonté collective des dirigeants municipaux et provinciaux d'agir
concrètement en vue de marquer le paysage de Québec du sceau du
progrès.
Les efforts acharnés des dix dernières années pour
insuffler au centre-ville de Québec un nouveau dynamisme de croissance
et de redéveloppement comportent plusieurs avantages importants qu'il
serait regrettable d'ignorer et de minimiser. La colline parlementaire, comme
dans l'ensemble du centre-ville, le terrain contrôlé par l'Etat,
est suffisant pour contrer toute opération spéculative et
empêcher le débordement de la croissance dans des secteurs
résidentiels viables. Rappelons ici que le gouvernement contrôle,
sur la colline, le terrain compris entre le Grand Théâtre et le
complexe G, de même que le site de la Sûreté du
Québec. La ville possède une bande de
propriétés le long de la rue Saint-Gabriel et certains
terrains adjacents aux grands édifices actuels.
En outre, la ville possède une bande de terrains dans Saint-Roch,
site de la grande place et ancien terrain du Canadien Pacifique et de vastes
espaces dans Le Bourgneuf où le gouvernement du Québec pourra
toujours exercer sa volonté de déconcentration administrative.
Une certaine mixité a été amorcée par la mise en
place d'un vaste centre des congrès par la ville et la construction d'un
parc hôtelier suffisant pour mettre Québec sur la carte des
grandes villes touristiques et de congrès.
D'ailleurs, la réputation de la cuisine québécoise,
la popularité des grands équipements de sports d'hiver
complètent l'infrastructure qui permet à notre
collectivité de recevoir des milliers de visiteurs et de congressistes
et de diminuer d'autant le déficit de notre balance des paiements
à ce chapitre. La culture, qui a son point d'appui sur des
équipements prestigieux comme le Grand Théâtre, le
Conservatoire, pourrait encore être renforcée avec avantage. Les
croque-musique, le festival d'été, théâtre du midi,
projection de l'ONF, de l'OFQ, les expositions, les colloques, etc pourraient
animer, comme il se doit, le coeur de la cité. Une animation de ce type
devrait être permanente.
L'Assemblée nationale, par sa seule présence, de
même que les institutions et ministères qui l'accompagnent,
constitue, à coup sûr, l'activité la plus revalorisante et
la plus marquante que notre centre-ville pourrait souhaiter. On peut dire que
même les manifestations viennent animer l'activité de la capitale.
On ne saurait trop insister sur le caractère structurant que ce
rôle de siège du gouvernement nous impose et sur l'absolue
nécessité qu'on nous fournisse les moyens de contrôler
efficacement la venue et la disposition des autres fonctions.
La concentration actuelle des emplois permet un potentiel d'animation
diverse pour le centre et surtout, favorise l'utilisation du transport en
commun en concentrant un nombre suffisant d'usagers. En outre la colline est
tout désignée pour agir comme plaque tournante et lieu de
correspondance entre les différents points de la région.
La disposition linéaire actuelle des grands édifices
favorise l'utilisation de la rue Saint-Amable comme lien piétonnier
animé desservant toute la colline. Certains édifices plus
éloignés de cet axe, comme Place Québec, auraient
intérêt à s'y relier directement par un aménagement
adéquat. La mise en commun des milliers de places de stationnement
disponibles, par une gestion rationnelle et la promotion de la formule des
voyages communautaires fournissent un avantage incontestable à cette
partie de la ville.
Cette partie de la ville est à la fois la plus dense et la mieux
desservie en espaces verts et lieux de promenade. Qu'il s'agisse de mentionner
les plaines, la promenade des gouverneurs, la terrasse Dufferin, les
fortifications, le parc des gouverneurs, le parc Montmorency, la place Dufferin
c'est-à-dire la place Carnaval et le reste. Le rapport LaHaye en 1967,
sur l'avenir de la colline parlementaire, comprend une liste de
préceptes absolument indispensables à tout urbanisme
cohérent, mais dont la mise en place se fait toujours attendre pour
toutes sortes de raisons dont la question de coût ne constitue pas le
moindre.
Je passe ici aux pages 5, 6 et 7, peut-être, où nous
parlons de certains points négatifs en termes d'aménagement. Je
pense qu'il faut être assez honnête pour le dire, il y a eu... en
fin de compte, on n'a peut-être pas pris assez en bonne
considération l'élément piéton. Il manque
peut-être une certaine échelle humaine à tout cet
aménagement. Je pense que c'est bon de le dire. Il y a eu certaines
démolitions qui ont peut-être été, sinon
exagérées, du moins rapides et qui auraient peut-être pu
être "étapistes, étapisées", je dirais.
Il y a aussi la spécialisation de l'utilisation du sol, la
circulation automobile qui, en fin de compte, est à corriger et aussi il
y a peut-être eu un manque de contrôle architectural de
volumétrie et de design. Je pense que c'est bon tout de même
d'avouer qu'on ne peut pas être parfait. Si vous lisez les rapports
LaHaye ou Martin et tous ceux sur lesquels on s'est basé pour faire un
aménagement concerté et planifié de la colline, je pense
que vous allez voir, si vous lisez entre autres le rapport Martin, qu'on est
allé beaucoup plus sobrement dans toutes les démolitions,
déplacement de gens et le reste, que personne d'autres.
D'ailleurs, si vous voulez en avoir des extraits, je pourrai vous en
donner tantôt, j'en ai ici sur la colline parlementaire et Saint-Roch, et
vous verrez qu'on est allé encore plus prudemment que les
recommandations du rapport Martin.
M. Lessard: Le rapport n'était pas négatif...
M. Lamontagne: Oui. Mais, enfin, c'est simplement, pour vous dire
que, vous savez, ce qui était vrai en 1960, 1961, avec le rapport
Martin, a évolué énormément. Aujourd'hui, on
revient avec d'autres philosophies d'urbanisme ou de développement au
sujet desquelles, peut-être, dans vingt ans les gens diront: Qu'est-ce
qu'ils pensaient les gens, en 1977, de commencer un autre aménagement de
cette façon? Alors, il faut vous dire qu'il y a une évolution et
qu'il faut se rapporter dans le temps, pour réellement être bon
juge de ce qui s'est fait il y a vingt ans.
Peut-être que le maire Grégoire, le maire Borne et le maire
Hamel, avant moi, ont tous été battus probablement, parce qu'ils
n'allaient pas assez vite. Si vous voyez les journaux du temps, lorsque le
maire Hamel s'est retiré, je ne l'ai pas battu d'ailleurs,
c'était le marasme de Québec, c'était ceci, c'était
cela, qu'est-ce qu'on fait? On ne fait rien, on ne construit pas, on
n'élargit pas les rues... Enfin, autres temps autres moeurs, et je pense
qu'il faut tout de même être assez réaliste pour savoir
qu'il y a différentes philosophies, de différentes
époques.
Si vous voulez, je vais vous résumer les pages 9 à 16.
Dans ces pages suivantes jusqu'à la page 16, le mémoire
décrit les responsabilités des
divers paliers d'administration publique, et leur rôle en regard
de l'aménagement de la colline parlementaire. Ces responsabilités
et ce rôle sont d'autant plus importants que la colline parlementaire
occupe un espace urbain privilégié qui exerce un attrait
considérable sur tous les agents de développement privés,
semi-publics et publics.
C'est évidemment le gouvernement du Québec qui a le
rôle le plus important à exercer sur la colline, tant par
l'importance de ses propres aménagements que par l'utilisation qu'il
fait des espaces de bureaux sur la colline et dans sa périphérie.
Son pouvoir d'intervention dans la mise en oeuvre des divers programmes
d'équipement et d'infrastructure, son pouvoir de décision sur les
investissements des différents ministères dans ce secteur en font
le principal agent d'aménagement et de développement de la
colline.
Le gouvernement fédéral, pour sa part, en plus
d'être un employeur important dans ce secteur concourt au
développement de la colline parlementaire par son utilisation des
propriétés, qu'il possède en périphérie de
celle-ci, parc des champs de bataille, citadelle et fortifications, et aussi,
par l'importance des ressources qu'il possède.
On fait aussi état du rôle de la CUQ en fonction de ses
responsabilités, sur l'évaluation foncière, transport en
commun et par les propositions de son schéma régional
d'aménagement. Enfin, la ville de Québec, qui a d'importantes
responsabilités de planification, de contrôle, d'imposition, de
mise en place des infrastructures urbaines, d'accueil et de soutien des
activités touristiques, culturelles et autres, est aussi un important
propriétaire foncier au nord de la colline et surtout le
représentant le plus direct de la population locale ce qui lui
confère un rôle et des responsabilités de premier
ordre.
Tout cela implique que tout ce qui se fait sur la colline parlementaire
requiert la participation d'au moins l'un ou l'autre des paliers de
l'administration publique et, dans la plupart des cas, de plusieurs d'entre
eux. Il s'ensuit que pour assurer un développement ordonné et
rationnel de la colline, la planification des différentes interventions
et la concertation des différents agents d'aménagement
s'imposent.
La convergence des responsabilités gouvernementales à tous
ces paliers peut donc, si nous savons les utiliser à bon escient,
constituer un levier de premier ordre pour le développement de la
colline parlementaire. Je passe à la page 16, à ce
moment-là et je jette un rapide coup d'oeil sur l'histoire du
développement récent de la colline, qui révèle que
de nombreux organismes se sont succédé depuis 1941, dans diverses
tentatives de contrôle, de planification, de son aménagement.
Ce qu'on fait aujourd'hui, on n'invente rien. A tous les dix ans il y a
eu des commissions, il y a eu enfin des études et cela s'est
répété, chacun selon ses compétences et enfin
chacun changeait selon son opinion. Il y a eu la Commission d'embellissement de
Québec en 1941, la Commission d'aménagement en 1961 et dont on a
tour à tour élargi ou restreint les pouvoirs pour aboutir
à son abolition en 1967 et finalement déboucher sur la
création de la Commission d'aménagement de la CUQ, en 1969, mais
qui n'a qu'une fonction strictement consultative.
Tous ces changements n'ont guère favorisé une
planification rationnelle du développement de la colline. C'est
pourquoi, face à cela, les structures nouvelles à mettre en place
doivent répondre à deux impératifs: être capable de
résister aux pressions des développeurs, en ne dérogeant
pas aux normes fixées; deuxièmement, obtenir que le gouvernement
provincial définisse une politique claire en matière de
localisation de ses employés, politique qui doit s'imposer à tous
les ministères, en particulier en ce qui concerne les normes physiques
et esthétiques des bâtiments à construire.
Ce dernier impératif peut être rempli plus efficacement
avec la création récente du comité d'aménagement
qui indique clairement la volonté gouvernementale de coordonner ses
actions dans le domaine de l'aménagement. Et par la suite, vous avez aux
pages 20 à 25, les différents rôles. Nous croyons que le
gouvernement du Québec a un rôle important à jouer dans
l'aménagement de la colline parlementaire en conjonction des autres
locaux du gouvernement, soit la Communauté urbaine et la ville de
Québec. Face à ces responsabilités, il nous paraît
nécessaire que le gouvernement du Québec, premièrement,
fasse connaître ses objectifs précis, deuxièmement, assure
la coordination de ses ministères et troisièmement, dégage
des ressources financières appropriées.
Il doit être prêt à s'engager dans des programmes
d'équipement pour une période donnée et vers des objectifs
très précis. Pour assurer la coordination, la conjugaison et la
concertation des efforts, nous croyons essentiel de mettre en place le
mécanisme qui reconnaisse le rôle essentiel des élus de
chaque palier en matière d'aménagement du territoire. Nous
croyons donc que les consultations et le dialogue entre les différents
paliers du gouvernement doivent respecter les principes suivants: la
concertation s'établit entre les élus, le rôle
décisionnel revient aux élus.
Il ne doit pas y avoir de dialogue décisionnel entre élus
d'un palier et fonctionnaires d'un autre. L'organisme consultatif doit
être distinct de l'organisme décisionnel. Le rôle de
réalisation et d'exécution est confié à des
fonctionnaires. Nous proposons donc, la formation d'un organisme que nous
appelons la conférence régionale j'avais mentionné
à un moment donné, à la commission parlementaire sur la
CUQ que c'était peut-être possible d'avoir une Commission de la
capitale nationale ou enfin... Alors je laisse encore cette idée, mais
je n'ai pas osé la mentionner ici, considérant que c'était
aux autres à décider, pas à moi regroupant
essentiellement des élus dûment mandatés par les trois
paliers décisionnels, soit le gouvernement du Québec, la CUQ et
la ville de Québec, en ce qui a trait à la colline parlementaire.
Instituée par une loi du Québec qui en assure la composition, le
financement et les responsabilités, cette conférence aurait comme
objectif d'assurer
la concertation des buts et politiques d'aménagement, la prise de
décision et la mise en commun des ressources respectives de chaque
palier.
Il y aurait deux obligations, soit mettre sur pied un organisme de
consultation dont elle devrait obligatoirement prendre avis avant de s'engager
dans une action et deuxièmement assurer la mise sur pied d'un organisme
de réalisation. Le mémoire décrit plus en détail
les fonctions de ce conseil consultatif et du groupe de réalisation. Le
premier réunit à la fois des élus et des
représentants du milieu, le deuxième est essentiellement
composé de fonctionnaires.
Et je saute à la page 27 jusqu'à la fin où enfin on
résume les différents scénarios que nous proposons. Dans
les pages suivantes, le mémoire illustre l'éventail des
principales options qui peuvent être envisagées pour l'avenir de
la colline parlementaire. Chaque option est présentée comme un
scénario qui, dans un premier temps est décrit aux pages 28
à 30 et qu'on évalue par la suite à partir des
critères exposés dans les pages 31 et 32.
On vous donne les scénarios, parce que je pense que c'est
absolument essentiel qu'on puisse voir les possibilités dépendant
des opinions de chacun. Vous allez avoir des mémoires qui vont vous
être donnés, par exemple la Commission d'aménagement en a
donné un, vous allez avoir probablement des développeurs comme
Trizec ou enfin d'autres corporations qui vont venir donner leur opinion.
Nous voulons donner les cinq options, les cinq scénarios que nous
proposons, en délimitant notre option ou enfin notre choix. Mais c'est
possible qu'il y en ait qui aient des options différentes de la
nôtre. C'est pour ça qu'on les donne, pour voir les
conséquences. Mais vous avez sur ces différents scénarios
un tableau qui vous donne, dépendant de la qualité ou enfin de la
circulation, une grille de toutes les conséquences de chaque
scénario.
Je résume assez brièvement ces options à leur
évaluation. Le premier scénario suppose l'arrêt total du
développement sur la colline parlementaire. Cette hypothèse cause
de nombreux problèmes et débouche sur des désavantages
certains pour la ville et le gouvernement du Québec. Mentionnons entre
autres un manque à gagner substantiel et un gaspillage d'occasions de
revenus municipaux.
Le deuxième scénario suppose le freinage progressif d'un
développement en tenant compte de certains projets déjà
présentés par l'entreprise privée, mais en excluant la
Place de la Justice et l'aménagement de l'emplacement de la
Sûreté du Québec. Cette hypothèse remet aussi en
question le bien-fondé de la croissance et du développement au
centre de la ville et pose la question de savoir où et quand tracer la
ligne d'arrêt.
Le troisième scénario privilégie l'habitation, ce
qui modifierait du tout au tout la vocation attribuée jusqu'ici à
la colline parlementaire. Cette hypothèse assurerait la conservation de
toutes les structures bâties encore viables et leur
récupération à des fins de logement. Cette option assure
une certaine rentabilité fiscale.
Un quatrième scénario, axé sur les bureaux,
commerces, restaurants, une fonction touristique plus poussée,
transformerait la colline en centre-ville d'affaires de type américain
et rentabiliserait fortement les infrastructures et le transport en commun.
Le cinquième scénario suggère le renforcement
multifonctionnel de développement en optimisant l'utilisation du
territoire par une variété d'implantations qui assureraient un
sain équilibre entre les quatre formes principales d'activités
que nous voudrions voir sur la colline, c'est-à-dire le travail,
l'habitation, les échanges, c'est-à-dire commerce, tourisme,
culture et récréation. Dans cette hypothèse, les
aménagements moins rentables sont implantés en même temps
que les plus rentables de façon à assurer un équilibre
entre les fonctions, les formes et les structures. C'est la réalisation
d'un milieu urbain polyvalent qui offre un vaste éventail de
possibilités pour une excellente qualité de vie mais exige un
haut degré de contrôle. Le tableau en page 33 synthétise
les différents scénarios et l'appréciation de leurs divers
éléments.
Messieurs de la commission, en conclusion, nous tenons à
réaffirmer la disponibilité des autorités municipales de
la ville de Québec pour l'examen des différentes
hypothèses de développement de la colline parlementaire et sa
volonté de collaborer avec les instances gouvernementales du
Québec pour faire en sorte que ce développement se fasse dans le
meilleur intérêt de toute la population et de façon
à lui assurer un milieu de vie et un travail de la meilleure
qualité.
Nous croyons qu'il faut tenir compte que Québec est la capitale
du Québec et qu'il faut faire en sorte que tous les
Québécois puissent en être fiers. La colline parlementaire
qui est le haut lieu de cette capitale, et le site des institutions
parlementaires du Québec, doit donc recevoir une attention
particulière de l'Etat afin de pouvoir témoigner, par la
qualité et la valeur de son développement, du prestige que veut
lui donner son gouvernement.
C'est à peu près le mémoire que j'ai
résumé quelque peu, considérant qu'il a été
préparé avec beaucoup de soin, en donnant plusieurs options qui
existent, qu'il est possible et aussi en insistant sur deux choses: c'est que
la coordination entre tous les intervenants que ce soit gouvernementaux,
municipaux, CUQ et autres, doit être concertée par un organisme
quelconque et qu'un organisme décisionnel soit au niveau des élus
et ça c'est très important et qu'en fin de compte
on ait un organisme en bas des élus, qu'ils soient des
représentants de la population et autres, qui soient consultatifs mais
qui, d'un autre côté, doit donner son opinion ou ses points de vue
sur des développements que nous proposons, quitte aux élus
gouvernementaux et municipaux de prendre la décision.
Je pense que c'est très important, ce fait d'exiger qu'il y ait
une opinion émise avant de prendre une décision. Qu'on la suive
ou non, cela c'est une autre chose mais qu'on ait au moins une opinion et qu'on
sache que dans telle option de
développement, au moins on a un accord ou un désaccord et
qu'on puisse enfin, lorsqu'on prend une décision, le savoir. Et je pense
qu'à ce moment-là, et aussi j'insiste sur le fait que nous
n'avons pas voulu revenir sur le passé, qu'on aurait pu blâmer
Pierre, Jean, Jacques et tout ce qui s'est fait je pense que toute le monde a
essayé de faire au meilleur de ses connaissances, nous avons
essayé de suivre certains rapports d'urbanisme et de consultants et
d'experts qui, en fin de compte, nous ont donné leur opinion et à
ce moment-là on a suivi tant bien que mal leurs conseils.
Il est possible qu'il y ait eu des erreurs. Il y en a eu certainement,
non seulement est-ce possible. Je pense que, comme tout nouveau gouvernement ou
enfin, à cette étape-ci, il faut regarder vers l'avenir. Cela ne
sert à rien de s'écraser dans la nostalgie du passé.
Alors, messieurs, si vous avez des questions, vous avez ici le
gérant de la ville, le directeur du service de l'urbanisme et
moi-même, ainsi que les conseillers qui sont ici. Nous pourrons
répondre à toutes les questions que vous voudrez bien nous poser.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Merci beaucoup, M. Lamontagne.
M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je tiens d'abord à
remercier le maire Lamontagne de sa présence ici à cette
commission parlementaire, d'autant plus que je sais que ses nouvelles
préoccupations dans le comté de Langelier doivent le retenir
considérablement de ce temps-ci. M. Lamontagne nous dit qu'il ne faut
pas revenir sur le passé, je lui dis que, quelquefois, il est bon de
regarder le passé pour tracer le chemin de l'avenir.
Je voudrais, quand même, très brièvement, parce que,
comme je le soulignais tout à l'heure, je devrai partir, et mes
collègues continueront de poser des questions, poser quelques questions
assez générales au maire de la ville de Québec.
D'abord, je trouve un peu curieux qu'on passe assez vite sur les
côtés négatifs de l'aménagement et qu'on intervienne
ou qu'on insiste sur les côtés positifs. En regardant les
côtés positifs, la réaction que j'ai est que, d'abord, ils
m'apparaissent, quoique importants, assez minimes par rapport à ce qui
nous est indiqué comme côtés négatifs, quand on
regarde d'un côté ou de l'autre. Je calcule que ces
côtés négatifs, cela cause des problèmes
considérables.
La question que je me pose est celle-ci: II me semble qu'on aurait pu
développer les points positifs dont parle le maire, sans pour autant en
arriver à des côtés ou des points aussi négatifs que
ceux précisés très honnêtement dans le rapport.
Le maire Lamontagne nous a dit que, du temps du maire Grégoire,
du maire Hamel, la ville périclitait, qu'il y avait certains
problèmes de développement, etc. Je voulais lui souligner un
passage du mémoire déposé hier à la commission
parlementaire par la Communauté urbaine de la ville de Québec:
"La fonction résidentielle, jusqu'à maintenant, s'est
avérée la plus faiblement pourvue, face à
l'agressivité des fonctions administrati- ves, commerciales et
routières qui contribuent largement à la fuite progressive de la
population résidente. A ce sujet, qu'il suffise d'indiquer les baisses
dramatiques de population dans l'ensemble des quartiers Saint-Jean-Baptiste,
Saint-Roch et Champlain. De 45 000 personnes en 1961, on passe successivement
à 38 000 en 1966, 33 000 en 1971 et 23 000 en 1976. Le centre-ville de
Québec a donc perdu en l'espace de 15 ans la moitié de sa
population, dont la tranche la plus importante dans les derniers cinq ans."
On pourrait poser la question suivante au maire Lamontagne: Est-ce cela
le progrès, une diminution constante de la population?
M. Lamontagne (Gilles): Ecoutez, ce serait assez facile de
répondre à votre question. Ce n'est pas nouveau qu'il y ait une
diminution de la population dans la ville de Québec. J'ai ici des
extraits du rapport Martin, qui, justement, nous demandait de
réaménager la ville de Québec, de diminuer la
densité des quartiers Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch et le reste, parce
qu'il y avait des rues trop étroites, que la densité était
extraordinaire et que l'habitation était absolument à
démolir.
Quand vous voyez qu'un rapport comme cela nous suggérait, par
exemple, dans Saint-Roch, de déloger 9000 personnes pour les reloger
dans Beauport, Limoilou et Charlesbourg, cela c'est en 1961. On mentionne
très clairement dans ce rapport que la population de la ville de
Québec diminue à cause de cette densité, de cette
difficulté d'habiter dans la ville de Québec, dans ses quartiers
populeux. Ce principe n'est pas nouveau.
On nous y conseille d'élargir le boulevard Saint-Cyrille. On nous
conseille d'élargir les rues pour essayer de réaménager la
ville de façon que les gens puissent l'habiter de façon beaucoup
plus moderne ou plus aérée. On y dit que, en fin de compte, il y
a deux fois plus de personnes dans une acre qu'il est possible d'en accepter
dans la ville de Québec. C'est à cause de la densité de la
population dans certains quartiers.
Ce n'est pas moi qui ai inventé cela. C'est un rapport qu'on a
mis trois ans à faire; vous avez eu des gens très éminents
là-dedans, des professeurs, des sociologues, et tout ce que vous voulez.
Vous avez aussi eu la Faculté des sciences sociales de
l'Université Laval qui y a participé; tout ce qui était le
plus à jour a participé à cela. Quand on nous demande
d'aller loger cela ailleurs, parce que cette partie n'est pas habitable...
C'est la même chose où on a percé le boulevard
Saint-Cyrille.
On a suivi une certaine pensée qui n'était pas celle du
maire Lamontagne. Ecoutez, je ne suis pas universel dans mes
compétences. Il y avait des urbanistes, des sociologues, des
psychologues, il y en avait un grand nombre de ces gens autour de nous qui nous
disaient quoi faire. On a essayé d'aménager cela de cette
façon. Dans le rapport Martin, ce n'est pas nouveau, on nous disait
qu'il fallait enlever les voies ferrées dans Saint-Roch, qu'il fallait
faire la rivière Saint-Charles. On a fait cela. Lisez le rapport Martin,
je vais vous en donner une copie, c'était comme cela...
M. Lessard: Même si vous l'aviez appliqué
intégralement, il ne resterait plus rien.
M. Lamontagne (Gilles): Non, parce que ce serait terrible. Il n'y
en aurait plus de Saint-Jean-Baptiste, si on l'avait appliqué
intégralement.
M. Lessard: Mais, c'est un rapport de fonctionnaires, si
je...
M. Lamontagne (Gilles): C'étaient des fonctionnaires, des
professeurs, des gens qui avaient une vision de l'aménagement d'une
ville en 1962. Aujourd'hui, en 1977, la vision de l'aménagement d'une
ville est différente. Les gens ont changé d'idée, ce n'est
pas mauvais, il faut changer d'idée de temps en temps.
M. Lessard: Une autre question. J'aurais trois questions
générales à soulever. Celle qui me vient constamment
à l'esprit quand je vois vos scénarios, et quand je vois la
décision qui est prise d'accentuer le développement de la colline
parlementaire sur les édifices à bureaux, les édifices
administratifs, c'est qu'on soulignait, toujours dans le rapport de la
Communauté urbaine de la ville de Québec, on disait: "Moins
rentable que les fonctions bureaux et commerces, tant pour les promoteurs que
pour la fiscalité municipale, cette fonction, à savoir fonction
résidentielle, ne progressera pas sans intervention volontaire de la
part des acteurs urbains." Quand je regarde l'analyse que vous faites de vos
scénarios, je voudrais vous poser la question suivante: Est-ce que,
fondamentalement, la question de l'aménagement humain de la colline
parlementaire, par rapport à la construction d'édifices à
bureaux, les décisions qu'on a eues par le passé, ne
proviendraient-elles pas du fait que c'est plus rentable pour la ville de
Québec d'avoir des édifices à bureaux que d'avoir des
résidences? Est-ce que ce ne serait pas l'arbitrage qui se fait
constamment?
M. Lamontagne: Ce n'est pas cela. C'est une vérité
que vous dites qu'il est sûrement plus rentable d'avoir le complexe G ou
Place Québec que d'avoir des maisons unifamiliales. Mais ce n'est pas ce
qui a été le motif de notre réaménagement, au
contraire. Quand vous parlez des scénarios, vous entrez dans le
scénario numéro 4, qu'on ne commente pas nécessairement.
Je pense que le scénario numéro 5 est certainement celui,
à notre avis, qui est le plus plausible, le plus logique, un
équilibre parmi toutes ces fonctions et je pense que c'est ce qu'on
essaie d'atteindre. C'est ce qu'on essaie d'atteindre partout.
Qu'il y ait un déséquilibre dans le moment, je pense qu'il
faut l'avouer, il y a quelque chose de déséquilibré. Je
donnais un exemple, l'autre jour, de la ville de Québec. J'ai dit que
lorsque vous construisez une maison et qu'à un moment donné
quelqu'un passe et vous dit qu'elle n'est pas bien belle, et que je lui
réponds qu'elle n'est encore que lambrissée en papier
goudronné, qu'il attende que je lui mette la brique et la peinture et
que je la meuble, il va voir comme elle va être belle, Dans le moment, on
est rendu à peu près à ce point-là. Qu'est-ce qu'on
fait avec ce qui reste? Qu'est-ce qu'on fait avec l'aménagement de la
colline parlementaire? Qu'est-ce qu'on fait avec la rivière
Saint-Charles? Qu'est-ce qu'on fait avec toutes les parties qui ont
été réaménagées? Il s'agit de décider
cela. On peut avoir le scénario numéro 1, on ne touche plus
à rien. On sème du gazon, on plante des arbres et on effeuille la
marguerite. Là messieurs, vous allez avoir une qualité de vie
extraordinaire, mais vous allez peut-être avoir 20% de chômage, par
exemple.
C'est ce qu'il faut essayer d'équilibrer. La qualité de
vie dans une ville...
M. Lessard: Je ne vois pas de relation entre le chômage et
la construction d'édifices. Je ne comprends pas quand vous me parlez...
C'est que les édifices administratifs peuvent se construire
ailleurs.
M. Lamontagne: Alors, construisez-les ailleurs. C'est ce qu'on a
proposé au gouvernement avec le Bourgneuf, d'essayer de
décentraliser. Dans le moment, cela bloque. Ce n'est pas moi qui ai
bloqué cela.
M. Lessard: Cela bloque parce qu'il y a d'autres objectifs qu'on
poursuit aussi. D'accord? Si vous aviez à prendre une décision,
vous parlez de déséquilibre actuellement, je comprends que ce
serait le scénario numéro 5 que vous favoriseriez.
M. Lamontagne: Ce serait certainement ce qu'il y a de plus
normal.
M. Lessard: Si vous aviez à prendre une décision
maintenant, étant donné le déséquilibre concernant,
par exemple, le projet Trizec, comme vous favorisez celui de Le Bourgneuf,
est-ce que vous favoriseriez Trizec?
M. Lamontagne: J'ai dit que la question de Trizec a
été faite dans un temps où il y avait la place
Québec qui devait être complétée. A ce moment, nous
avions donné notre permis pour une tour de 30 étages. Ce que j'ai
pu savoir je ne suis pas dans le secret du gouvernement c'est
qu'il aurait été prêt, à un moment donné,
à mettre 18 étages au lieu de 30. Mon Dieu! qu'il le fasse. Ce
n'est pas moi qui vais décider pour Trizec.
M. Lessard: Vous êtes quand même maire de la ville de
Québec.
M. Lamontagne: Ah oui! mais écoutez...
M. Lessard: Vous avez une responsabilité concernant
l'aménagement.
M. Lamontagne: On a une responsabilité mais, comme je dis
dans le mémoire et comme on a toujours dit, il faut tout de même
une concertation entre les différents éléments intervenant
à la colline parlementaire. Vous en êtes un, le gouvernement, et
les autres précédemment. Il n'y a pas
que le gouvernement seulement, mais je pense que vous n'aurez pas
d'équilibre, si on ne se concerte pas ensemble...
M. Lessard: D'accord.
M. Lamontagne: ... si on n'essaie pas de trouver les solutions
équilibrées de tout cela.
M. Lessard: D'ailleurs, M. le maire, c'est exactement l'objectif
de cette commission parlementaire. Parce que nous avons l'intention, comme je
le disais, d'écouter le population et d'avoir vos recommendations, mais,
en même temps aussi, nous avons l'intention de prendre une
décision en concertation avec tout le monde. Les décisions se
prendront en relation avec cela.
M. Lamontagne: Je peux simplement... M. Lessard: Vous
revenez, oui...
M. Lamontagne: Je ne voudrais pas vous interrompre, mais je veux
simplement vous dire que, tantôt, au sujet de ce que vous avez dit, soit
de ne pas voir la relation entre le chômage et le développement
d'une ville, je pense que, dans toutes les villes du monde, il y a un centre.
Il faut que le centre soit fort, pour développer une activité
économique. Si vous allez mettre le Hilton dans le nord de Loretteville
et si vous allez disperser les éléments qui veulent être
centralisés, à ce moment, j'ai l'impression que vous allez avoir
de la misère à attirer les gens dans un centre-ville fort. Aussi,
cela crée des emplois. On a beau critiquer le Hilton je ne suis
pas architecte d'ailleurs je ne l'aime pas tellement comme architecture,
mais cela ne me regarde pas. Enfin, chacun ses goûts. Il y en a qui le
trouvent beau, d'autres qui le trouvent laid. C'est comme une femme. Des fois
vous en trouvez de belles qui ne sont pas aussi belles. Chacun son goût.
Je pense que cela crée tout de même, dans le centre-ville, dans le
moment, quelque chose d'un peu exceptionnel.
Si on n'avait pas eu ce développement, depuis cinq ou six ans, M.
le ministre, Dieu sait où seraient les finances de la ville de
Québec! Elles sont déjà difficiles.
M. Lessard: Ah! mais si...
M. Lamontagne: Mais je pense qu'il fallait tout de même
essayer d'attirer, dans la ville, des activités qui correspondaient aux
vocations de la ville de Québec, dont l'une est le tourisme.
M. Lessard: Mais si, par exemple, vous revenez toujours à
la situation financière de la ville de Québec, le gouvernement
précédent ou le gouvernement actuel cela va être
notre responsabilité, pour ne pas revenir dans le passé, comme
vous dites présentait des modifications à la
fiscalité municipale de telle façon que, maintenant, on pourrait
envisager une certaine rentabilité en gardant notre centre-ville ou la
colline parlementaire avec une option résidentielle, est-ce que vous
prendriez maintenant cette option?
M. Lamontagne: M. le ministre, là...
M. Lessard: Parce que le problème des finances de la ville
de Québec, il me semble, ne m'apparaît pas être un
problème de choix entre de gros édifices...
M. Lamontagne: Non.
M. Lessard: ... entre le Hilton et le Concorde, etc., et d'autres
choses.
M. Lamontagne: D'accord.
M. Lessard: C'est un autre problème, il me semble.
M. Lamontagne: Oui, mais jusqu'ici, M. le ministre, on n'a pas
été capable tout de même d'ignorer la fiscalité,
parce qu'on a tout de même des services à donner qui coûtent
X et qu'il fallait avoir des revenus appropriés. On ne peut pas avoir
ces revenus appropriés autrement que de la façon d'essayer
d'équilibrer un développement, comme on l'a fait.
Si, demain matin, votre gouvernement ou ceux qui vous
succéderont nous dit: M. le maire, ne vous inquiétez pas
de la fiscalité municipale. On prendra soin de notre capitale.
Arrangez-vous pour avoir dans l'idée uniquement la qualité de vie
des gens. On va dire: Monsieur, l'habitation, les parcs, on va vous en faire,
mais à la fin de l'année, il va falloir que quelqu'un paie.
M. Lessard: Mais le problème, M. le maire... Vous avez
quand même des responsabilités comme maire. On en a aussi comme
gouvernement. Mais ce que je veux essayer de vous souligner j'aurai une
dernière question, parce que je suis déjà en retard
c'est qu'à mon sens, le problème de l'aménagement d'une
ville comme telle, d'un aménagement, en fait, rationnel d'une ville ne
doit pas être fait en relation exclusivement avec les problèmes
fiscaux.
M. Lamontagne: Jamais exclusivement.
M. Lessard: Une dernière question que je vous pose. Vous
avez parlé tout à l'heure de Le Bourgneuf. Dans votre
mémoire, à la page 3, vous dites, je pourrais continuer, mais en
fait, je sais que mes collègues ont beaucoup de questions à vous
poser: "En outre, la ville possède une banque de terrains dans
Saint-Roch (site de la Grande Place et anciens terrains du Canadien pacifique),
et de vastes espaces dans Le Bourgneuf..." Si vous aviez de vastes terrains
dans Saint-Roch, pourquoi, à ce moment, avoir choisi le
développement de Le Bourgneuf, qui est un peu plus
éloigné, parce que vous avez une question de rentabilisation de
l'infrastructure.
M. Lamontagne (Gilles): Je pense qu'à ce moment,
j'aimerais autant laisser parler notre directeur du service d'urbanisme qui va
vous expliquer comment nous avions tout de même une
concertation, une planification d'ensemble, des territoires de la ville
de Québec. Ce n'est pas simplement accidentellement qu'on a
décidé de mettre une Grande Place à Saint-Roch ou de
mettre Le Bourgneuf. Alors, cela a été une planification globale
de notre service d'urbanisme. Je peux vous dire que notre développement
rentrait à 95% dans le développement proposé par le
schéma d'aménagement de la communauté urbaine. Il y a eu
une concertation entre nous. Ce n'est pas simplement une imagination.
M. Lessard: Est-ce qu'en même temps, votre directeur
d'urbanisme pourrait nous dire quelles sont les relations entre la Commission
d'aménagement de la Communauté urbaine de Québec et le
comité d'urbanisme?
M. Lamontagne (Gilles): Certainement.
M. Lessard: Cela va être mes dernières
questions.
M. Lamontagne (Gilles): Chez nous, il ont la liberté de
parler non sélectionnaire.
M. Lessard: Quoique j'aurais aimé vous en poser
d'autres.
M. Rousseau (Jean): En effet, j'ai été nommé
commissaire de la commission d'aménagement par la communauté
urbaine. Donc, je siège à titre de commissaire de la commission
d'aménagement. Je suis ici maintenant comme directeur du service
d'urbanisme. Alors, je voudrais répondre à votre question. Pour
préciser ce projet de la Grande Place sur lequel il n'y a
peut-être pas eu de précision d'apportée, c'est un secteur
de rénovation urbaine qui a été entrepris en vertu du
programme dûment approuvé par la province de Québec et par
le gouvernement fédéral où il y a un financement pour
l'acquisition de terrains, la conversion pour les fonctions commerciales au sud
du mail Saint-Roch. Quant aux autres terrains disponibles, il s'agit des
terrains situés autour de la gare du Palais, qui sont des terrains que
la ville possède de date tout à fait récente, vous le
savez, depuis le départ des voies ferrées.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, j'aurais des questions
à poser là-dessus, sur la Grande Place, et peut-être
indiquer justement au moment où nous avons rencontré, dans le
passé, l'administration de la ville, on avait essayé de
déterminer cette concertation entre la ville et le ministère des
Travaux publics. Je crois que le député de Charlevoix a
assisté, dans le temps qu'il était ministre des Travaux publics
à un certain nombre de rencontres en vue d'essayer d'orienter le
développement des besoins et des fonctions administratives de l'Etat en
relation avec les objectifs du plan d'aménagement de la ville de
Québec. Certains projets étaient envisagés justement dans
la Grande Place, ce que vous appelez la Grande Place, en conformité avec
ce plan d'urbanisme, et visait éventuellement à y loger les
services du ministère des Affaires sociales dont la croissance
prévoyait pour le début des années 80, 1979 ou 1980, des
espaces à bureaux plus conformes avec les conventions collectives
signées, la qualité de vie qui est nécessaire aux
fonctionnaires et aussi à cause de la croissance du personnel. C'est la
même chose dans le cadre de Le Bourgneuf. Notre décision, dans le
temps, avait été reliée à ce plan
d'aménagement.
Revenant à la colline parlementaire, parce que je pense que c'est
cela l'objectif de notre rencontre, j'aimerais savoir, quand vous
suggérez votre scénario no 5 comme étant celui que vous
favorisez, ma question s'adresse autant à M. Rousseau qu'à M. le
maire, quelle est d'après vous la fonction que devrait avoir le site
actuel de la Sûreté du Québec? Est-ce que dans le
schéma que vous avez établi, est-ce que ce sont des
résidences ou est-ce que ce sont des édifices administratifs?
Dans un cas comme dans l'autre, quel genre de densité est
envisagée sur ce carré de terrain? En même temps,
peut-être pourriez-vous répondre, quand vous faites le
scénario 5 qui est un mixte, en fait, de différentes fonctions,
comment la fonction d'habitation s'intègre-t-elle en ce qui regarde
l'aménagement de la colline parlementaire, et à quel endroit
voyez-vous cette fonction d'habitation dans les espaces vacants actuellement?
Je ne sais pas si ma question est trop longue, imprécise.
M. Rousseau: Pour la première partie, l'avenir du site de
la Sûreté du Québec, vous savez les efforts, M. Garneau,
précisément, qu'on a poursuivis dans ce sens où on avait
tenté, on avait suggéré et on avait fait des études
dans ce sens pour assurer la présence à nouveau au centre-ville
de la fonction éducative au moment où se posait le
problème du développement du CEGEP Garneau.
Vous vous souvenez que cette option avait été
rejetée après des consultations et pour un ensemble de motifs et
qu'il avait été convenu, puisqu'on avait eu l'occasion, à
ce moment-là, d'en discuter, que le site de la Sûreté du
Québec serait retenu pour des fins d'habitations. On a toujours
gardé... Je pense qu'il y a eu des confirmations aux intentions du
gouvernement à cet égard, ce qui me paraît très
positif. On a cependant demandé, depuis trois ans déjà,
qu'une expertise soit faite puisque cela nous est impossible, à
nous, qui n'avons pas ces experts sur la qualité de ces
bâtiments et la possibilité de recycler ces bâtiments qui
abritent maintenant la Sûreté du Québec, à savoir
l'ancien hôpital Jeffery Haie. Le ministre des Affaires culturelles s'est
tourné vers l'Ecole d'architecture pour avoir cette expertise
lui-même, nous attendons les résultats, on m'a indiqué que
ce serait disponible dans quelques jours.
Voilà pour la fonction résidentielle. Il est possible,
à cause justement de la complexité et de certaines contraintes
des édifices, si on avait à les conserver, qu'on juge plus
opportun d'y loger, en partie, une certaine fonction publique. Cela pourrait
être une fonction de culture ou autre. Je pense que le scénario
n'entre pas dans ces détails.
Quant à la deuxième partie de votre question...
M. Garneau: Même sur la première... M. Rousseau:
Oui.
M. Garneau: ... dans votre plan, quelle densité
était suggérée au point de vue de la population? Est-ce
qu'on y construit des tours de 20 étages, des immeubles de trois
étages, ou...
M. Rousseau: Je pense...
M. Garneau: Pour garder un certain équilibre, est-ce qu'il
y avait eu des orientations de fixées d'une façon précise,
en termes de densité?
M. Rousseau: Oui, comme il y a de l'habitation au nord de cet
îlot, je pense qu'il ne va pas de soi qu'on érige des tours et, de
toute façon, je pense que l'ère des tours tire à sa fin
comme critère de rentabilité. Il y a des contraintes
énergétiques aussi qui font abandonner ces parties, qui ont
prévalu pendant longtemps, vous le savez. Je pense qu'on peut atteindre
une très bonne densité sans nécessairement aller en
hauteur.
Il y a une qualité de verdure sur cet espace, il y a des arbres,
etc., qu'il faudra aussi préserver pour le bénéfice de la
population qui réside déjà dans ce secteur. J'aimerais en
venir à votre... Est-ce que ça répond à votre
deuxième question également?
M. Garneau: Oui, mais pour les autres terrains, dans la fonction
résidentielle, ce secteur est un terrain, je pense, extrêmement
important, sur lequel il est facile, pour le gouvernement, de s'adapter
à un plan précis, parce que le gouvernement n'a pas à
faire d'expropriation, il est propriétaire.
Quand vous dites: Si la conclusion est de maintenir les immeubles
actuels, il est bien possible qu'il soit difficile d'en faire des
résidences. Vous dites: Cela pourrait être un immeuble de culture,
en partie. Je ne sais pas au juste ce que vous entendez par un immeuble de
culture, mais cela n'y amène pas du monde qui y reste et qui anime,
après la fermeture des bureaux, le centre-ville. Si tel était le
cas et qu'on décidait, que les experts disent: C'est un bel immeuble, il
y a quelque chose d'historique là-dedans, ou je ne sais pas trop quoi,
il faut le garder, à quel endroit, quand on parle de la colline
parlementaire, peut-on voir des fonctions d'habitation? Où les
situez-vous géographiquement?
M. Rousseau: Elles sont indiquées au scénario 5,
mais, à titre de suggestion, si vous prenez la trame de la
première case "habitation", vous voyez où cela nous semble
possible. Il y a notamment le secteur du Bon-Pasteur. Il y a le secteur au nord
de l'Auberge des Gouverneurs, à l'ouest de l'Auberge des Gouverneurs,
sur la propriété des soeurs Franciscaines. Ce sont toutes des
possibilités. Cela peut être ailleurs aussi. Quand on parle de
mixité, c'est là... Il s'agirait de s'arrêter et de
regarder en détail ce que tout ça doit donner, quelle est la
localisation optimale, compte tenu des autres fonctions, puisque ce
scénario fait appel également à la mixité, donc,
mentionne certainement d'autres fonctions.
M. Garneau: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je m'excuse. Si un représentant de l'Union
Nationale voulait se faire entendre avant un député
ministériel, moi, je suis très disposé à lui
laisser la parole.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une question bien courte. Merci, M. le
député de Vanier.
Si vous aviez, par exemple, à développer à court
terme, quels seraient vos objectifs premiers, d'après toutes les
recommandations que vous avez? Dans votre esprit, qu'est-ce qui devrait se
faire? Quel est le premier mouvement qui devrait se faire, d'après vous,
pour continuer le développement?
M. Lamontagne: Sur quel site?
M. Rousseau: Je pense que la ville n'a pas nécessairement
à axer... Il y a peut-être des améliorations pour assurer
une meilleure qualité de vie qui commencent à être
impératives, vous le savez. Au point de vue du transport en commun, je
pense qu'il y a des efforts à faire également. Il y a des
discussions qu'on poursuit dans ce sens avec la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec que vous avez pu entendre hier.
Le site. A la suite d'une étude, notamment, de la commission
d'aménagement, sur les transports au centre-ville, on a identifié
le voisinage du complexe G comme une plaque tournante possible pour la
réorganisation des réseaux de la communauté urbaine.
Voilà autant d'éléments qui pourraient appeler une
action concertée. Il y a des améliorations immédiates qui
pourraient être faites, par exemple, pour assurer la traversée
d'une autoroute comme celle de Dufferin, peut-être pour assurer d'autres
traversées plus faciles du boulevard Saint-Cyrille suivant les
secteurs.
En matière d'habitation, il y a des terrains qui appartiennent au
gouvernement du Québec. Il y en a d'autres qui appartiennent
partiellement a la ville. Il s'agirait de voir quel type de logement on veut
avoir là. Si c'est du logement à caractère social, il
faudrait faire entrer en jeu la Société d'habitation du
Québec, etc. Il y a plusieurs priorités. Je ne sais pas.
Si le gouvernement avait immédiatement des besoins à
satisfaire en termes de bureaux ou que le problème de la Place de la
Justice, il décide de le régler avec la colline parlementaire,
cela de-
viendra une priorité. On n'y peut rien. On est tributaire. On
peut suggérer comment, mais ce n'est pas à nous à
dire...
M. Lamontagne (Gilles): C'est justement. Je pense que c'est
très difficile de dire: Est-ce qu'on est pour ci ou pour ça ou
êtes-vous pour ci ou pour ça? Je pense qu'il faut prendre la
colline dans le moment, la regarder comme il faut, l'étudier et se
concerter sur ce qu'on veut faire.
Je vous donne un exemple. Supposons qu'on décide de faire la
Place de la Justice à l'endroit qui avait été
désigné autrefois. On y monte une Place de la Justice telle que
décrite. A côté, il y a l'édifice des soeurs
Franciscaines. Là aussi, il y a un projet quelconque qui s'en vient.
Peut-être que, si on dit: On met de côté la Place de la
Justice qui va donner une libération de terrain, une aération
dans ce coin, on pourra peut-être faire quelque chose sur le terrain des
soeurs Franciscaines.
Si on décide, par exemple, de garder l'édifice de la
Sûreté du Québec dans le moment, à l'endroit de
l'ancien hôpital Jeffery Hale, tel qu'il est, cela fait tout de
même une aération, si on le garde comme cela, mais, si on monte un
complexe résidentiel à cet endroit de sept étages ou de
dix étages au maximum, à côté... On peut
peut-être dire: On n'ira pas plus loin que passé Turnbull. On
n'ira pas à dix étages. On va essayer de garder cela plus bas
pour essayer de faire un équilibre dans tout cela, mais, tant qu'on n'a
pas la concertation entre le gouvernement et la ville là-dessus sur ce
qu'on veut, il est difficile de se prononcer sur un point bien précis
d'un petit coin de la colline.
M. Léonard: M. le maire... M. Lamontagne (Gilles):
Oui.
M. Léonard: ... si je vous posais seulement une question.
Souhaitez-vous la Place de la Justice là ou ne la souhaitez-vous
pas?
M. Lamontagne (Gilles): Dans la question de la Place de la
Justice, je suis absolument indécis c'est rare que je le suis
parce qu'on m'a fait comprendre que, peut-être, cela serait
préférable de garder, par exemple, toute la justice en dedans des
murs et quelqu'un a suggéré, à un certain moment je
ne sais pas qui, je ne veux pas prendre le mérite de cette suggestion
que le ministère du Revenu dans le moment, l'ancien
édifice de l'académie commerciale, serait peut-être une
façon de restaurer, de rénover et de tout inclure ce qui est la
justice à ce moment.
Quant à moi, je ne suis pas juge et je ne suis pas avocat et les
fonctions de justice, je ne sais pas si ces gens aimeraient mieux être
à une place ou à une autre. On m'a dit que ce sont les gens qui
sont intéressés à la justice, à tout ce qui regarde
la justice, qui voulaient aller nécessairement à la Place de la
Justice. Pas tous peut-être, mais...
M. Blanchet (Jules): M. le maire, comme avocat, en pratique, je
pourrais poser une question au président, ici, sur un aspect assez
important.
Peut-on mettre dans le même édifice le ministre de la
Justice et ses sous-ministres et également les juges et les cours? Le
pouvoir judiciaire ne doit-il pas être dans un édifice à
part du pouvoir exécutif?
Je pense que, pour la liberté du pouvoir judiciaire, il est assez
important qu'il soit logé dans un édifice distinct.
Le Président (M. Marcoux): Je crois que le
président ne peut pas répondre à votre question, mais
cette dernière est probablement prise en note par les membres de la
commission.
Avant que le député de Vanier n'y aille de ses questions,
une brève question sur le même sujet; le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Ce n'est pas tout à fait sur le même
sujet, mais je pense que le maire ou l'urbaniste peut répondre assez
rapidement. Vous avez mentionné tout à l'heure le rapport LaHaye.
Qu'est-ce que c'était, le rapport LaHaye? Qu'est-ce qu'il contenait? En
bref, ce n'est pas un exposé détaillé que je veux, mais
les grandes lignes.
M. Rousseau:... la longueur de mes réponses. Le rapport
LaHaye, c'est un rapport que le gouvernement du Québec s'est
commandé au moment où il a réformé la Loi de la
commission d'aménagement de l'époque. En 1965, il a voté
une loi pour créer un comité directeur de la commission
d'aménagement. Alors, M. LaHaye, à moins que je ne me trompe,
était président de ce comité directeur. Il était
sûrement le consultant respecté à l'époque et on lui
a demandé d'élaborer ce concept de réaménagement de
la colline parlementaire qui tenait compte des édifices en construction
à l'époque et également de certaines intentions qui
étaient manifestées. J'aimerais ajouter qu'à ce
moment-là, les pouvoirs de contrôle de la ville de Québec,
par le même fait, ont été retirés à la ville
de Québec sur tout le territoire de la colline parlementaire,
c'est-à-dire de 1965 à 1968, à peu près.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je dois vous avouer, M. le maire, que je me sens
peut-être faussement mal à l'aise de vous critiquer, d'autant plus
que vous êtes un charmant monsieur.
M. Lamontagne (Gilles): Cela va mal là! Une Voix:
Vous ne perdez rien pour attendre. M. Bertrand: Le vase s'en vient.
M. Blanchet: Cela va être grave tantôt.
M. Bertrand: J'avoue avoir été assez amusé,
jusqu'à un certain point, surtout quand on a eu notre rencontre avec les
urbanistes de la Commission d'aménagement de la Communauté
urbaine de Québec, hier soir, où, avec les interventions du
député de Charlesbourg, on a engendré un petit
débat pour savoir qui devait avoir la vision quant à
l'aménagement du territoire et qu'on s'est fait répéter
par deux ou trois fois que ce n'étaient certainement pas les urbanistes
qui devaient faire les choix politiques, fixer les grands objectifs
d'aménagement et avoir cette espèce de vision qui, dans leur
esprit, revient aux hommes politiques, exemple, vous-même, qui avez
été maire pendant douze ans, treize ans, vous avez
été successivement mis devant trois commissions
d'aménagement ou trois rapports de commissions d'aménagement, si
on inclut le rapport Martin, le rapport LaHaye et, finalement, en 1975, quoique
de façon indirecte, le schéma d'aménagement de la
Communauté urbaine de Québec vous avez bien pris soin de
dire, à un moment donné, que les urbanistes, ce n'est pas la
pensée du maire Lamontagne ou il est bien clair que le maire Lamontagne
a ses choix, quant à lui. Il y a ceux des urbanistes, mais on a le
sentiment que vous étiez plus à la remorque des urbanistes, dans
leurs contradictions à travers des époques successives de Martin
à LaHaye, à Cimon, que vous étiez fidèle à
ce qu'aurait été votre vision personnelle de l'aménagement
de la colline parlementaire ou de l'aménagement à
l'intérieur de la ville de Québec. Il s'agissait, entre autres,
de vous entendre dire que le rapport Martin parlait de diminuer la
densité sur la colline parlementaire et le député de
Jean-Talon, hier, nous disait que le rapport LaHaye suggérait
d'augmenter la densité.
M. Garneau: C'étaient des choses différentes, par
exemple. Vous avez présenté d'une façon un peu arrogante
le texte à M. le député de Brome-Missisquoi...
M. Bertrand: Non, c'était simplement pour le servir.
M. Garneau: Si vous l'avez lu, vous pouvez faire la distinction
entre les deux.
M. Guay: Du côté de l'arrogance, je pense, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Bertrand: II fallait voir, là-dedans, que je voulais me
mettre au service du député de Brome-Missisquoi. Dans ce
contexte-là, il me semble, comme le disait le ministre des Travaux
publics et des Transports tantôt, que vous êtes passé vite
sur les côtés négatifs. Vous avez dit qu'il fallait
regarder vers l'avenir et ne pas s'écraser dans la nostalgie du
passé. Le ministre faisait remarquer, je pense, à juste titre,
qu'il fallait peut-être maintenant, à ce stade-ci, regarder vers
le passé et ne pas s'écraser dans la suffisance du
présent, et que, même s'il ne s'agit pas de chercher des boucs
émissaires chez Gilles, Jean, Jacques, il faudrait peut-être, par
contre, quand on porte le jugement que le Hilton et le Concorde, c'est comme
les femmes, quand on ne les aime pas, mon Dieu, on peut changer, sauf que je
pense qu'il est plus facile de quitter une femme du re- gard que de quitter le
Hilton ou le Concorde et, à ce titre-là, ce qui existe à
l'heure actuelle sur la colline parlementaire, on est obligé de vivre
avec cela.
Alors, dans ce contexte-là, M. le maire, personnellement, je
considère qu'il y a une responsabilité politique à ce qui
existe à l'heure actuelle. Je ne suis pas de l'optimisme du
député de Jean-Talon quand je compare les deux photographies qui
sont là et j'ai plutôt le sentiment que, peut-être
même en étant, jusqu'à un certain degré,
fidèle à certaines des recommandations des schémas
d'aménagement précédents, il y avait une espèce
d'équilibre dans ces schémas, une espèce de mixité
qui était respectée et ce n'était certainement pas tout
à sens unique.
Or, l'impression qu'on a quand on constate le déséquilibre
actuel, c'est que, justement, prioritairement à tout, on a axé
l'investissement sur Place Québec, le Hilton, le Concorde, Place de la
Capitale, la Laurentienne, qui, le moins qu'on puisse dire, n'avaient pas pour
effet, au bout de la ligne, de créer ce rapport harmonieux et cet
aménagement humain qui auraient pu convenir si on avait aussi, en
même temps, et même s'il y avait des contraintes
financières, et même si ça ne rapportait pas autant en
termes de fiscalité municipale... qui auraient pu faire qu'en sorte,
aujourd'hui, on ne se réunirait pas pour réétudier une
stratégie en vue d'un nouvel équilibre.
Dans ce contexte, M. le maire, quant à votre rapport que je
considère, entre autres choses, après avoir dit cela, comme
excellent et qui développe toute une série de scénarios,
je voudrais savoir sur des problèmes concrets, la différence qui
existe entre votre position plutôt favorable pour le scénario
numéro 5 et la perspective d'un certain nombre de développements
sur la colline parlementaire.
Premièrement, concernant le projet Atlific, dans votre
scénario numéro 5, vous proposez Habitation accommodation. Or,
à l'heure actuelle, si ma mémoire est bonne, Atlific
détient un permis de construction de la ville de Québec pour un
édifice à bureaux. Sur ce point particulier, est-ce que je
pourrais avoir une réponse? En d'autres mots, est-ce que vous êtes
en train de dire qu'il faut empêcher que se réalise le projet
Atlific, même s'il possède, à l'heure actuelle, un permis
de construction?
M. Lamontagne: II n'y a pas de permis de construction
donné à Atlific, non, non.
M. Bertrand: II n'y en a pas?
M. Lamontagne: Non, il n'y a aucun des projets qui a eu un permis
de construction qui est valide dans le moment.
M. Bertrand: D'accord, je m'étais fait dire, et à
tort sans doute, qu'un permis de construction avait été
accordé. Il n'y en a pas.
M. Lamontagne: II n'y en a pas.
M. Bertrand: II est donc possible, dans le contexte actuel, de
dire non à ce projet qui a quand même beaucoup été
étudié par le service d'urbanisme de la ville de Québec,
comme tous les projets.
M. Rousseau: Comme tous les projets nous sont
présentés jusqu'à ce qu'ils soient acheminés
à la Commission d'urbanisme, il n'y a aucun des projets qui...
M. Bertrand: Mais votre opinion serait d'en faire un espace pour
habitation et accommodation.
M. Rousseau: Cela pourrait être une variante du
scénario 5. Le scénario 5 n'est pas un blo-quage, il illustre une
option où on pourrait retrouver de la mixité.
M. Bertrand: C'est ça, c'est parce que...
M. Rousseau: Comme on ne connaît pas les intentions,
nécessairement, du gouvernement...
M. Bertrand: Je parle uniquement, M. Rousseau, de ce que M.
Lamontagne disait, à savoir que même s'il y avait des
accommodements, effectivement, tout ça s'étudie, des
scénarios doivent être souples par définition. Il y en a
quand même un, celui du numéro 5, qui vous apparaît
peut-être convenir davantage à ce que vous concevriez comme un
aménagement harmonieux de la colline parlementaire. Il y a
celui-là.
Deuxièmement, les soeurs Franciscaines, il y a un projet
Charlebec qui a été sans doute étudié aussi par le
service d'urbanisme de la ville de Québec qui proposait, habitation et
bureaux. Ici, vous proposez habitation et équipement public; que veut
dire équipement public, dans ce contexte?
M. Rousseau: On en a fait mention tantôt, ça
dépend si on veut avoir une représentation de la fonction
éducative ou d'autres activités; par exemple, si le gouvernement
jugeait bon d'avoir des activités sportives pour les fonctionnaires sur
la colline parlementaire, je pense que c'est un endroit qui pourrait les
accueillir. Cela pourrait être aussi un espace ouvert suivant le
développement, par exemple, qui pourrait prendre place entre le Grand
Théâtre et le complexe G.
M. Bertrand: En d'autres mots, ça voudrait dire que le
projet Charlebec, dans sa forme actuelle, dans sa formulation actuelle,
à partir du scénario 5, ce ne serait pas ça.
M. Rousseau: Cela ne serait pas ça, à partir de ce
qui a été soumis.
M. Bertrand: D'accord. Dans le scénario 5, aussi, vous
parlez de la tour, il y a le quadrillé bureaux...
Le Président (M. Marcoux): ... vous voulez ajouter des
choses?
M. Bertrand: Excusez-moi, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Après.
M. Bertrand: Dans le quadrillé Trizec à Place
Québec, c'est bureaux et, ou commerces. Est-ce que ça veut dire
que derrière Place Québec, vous seriez d'accord pour dire oui au
projet de développement d'édifices à bureaux,
derrière Place Québec et la tour en soi, peut-être celle de
16 étages qui avait été présentée, avec
l'amendement qui avait été fait à la tour de trente
étages, vous seriez d'accord selon le scénario 5?
M. Rousseau: Le scénario 5 ne parle pas de
volumétrie, il parle de fonction. Je pense que toute la
volumétrie, c'est un autre problème à regarder en soi.
Mais on peut...
M. Bertrand: Dans ce schéma, vous
compléteriez...
M. Rousseau: Comme on pourrait retrouver là de
l'équipement public, si on veut, si la propriété
n'appartient pas nécessairement à Place Saint-Cyrille, on
pourrait trouver des bureaux ailleurs, n'est-ce pas? C'est pour illustrer cette
diversité de fonctions.
M. Bertrand: A côté de la Laurentienne, il reste
encore quelques maisons, entre le couvent des soeurs du Bon-Pasteur et le
nouvel édifice de la Laurentienne, tel qu'aménagé à
l'heure actuelle. Evidemment, je reconnais comme vous autres qu'elles sont
étouffées littéralement entre Place Laurentienne,
l'église et le couvent des soeurs du Bon-Pasteur.
Vous proposez également, dans le scénario 5
quadrillé, bureaux et/ou commerces. Donc, on raserait ce
côté résidentiel, à l'heure actuelle?
M. Rousseau: II ne s'agit pas nécessairement de raser,
mais s'il y a une fonction qui doit se développer là, il y a des
possibilités que l'habitation étouffe là.
M. Bertrand: D'accord.
M. Rousseau: La fonction commerciale, ce que le scénario 5
veut illustrer, c'est qu'il y a différents éléments qu'il
est important de retrouver sur la colline parlementaire. Je pense que vous
allez admettre avec moi que, sur le plan commercial, notamment et
récemment, on en a eu des échos les gens du centre-ville
éprouvent des difficultés à trouver même des
commerces de première nécessité, comme le prouve le
problème de Dominion, qui veut fermer, sur la rue Saint-Jean. Est-ce que
c'est normal que, par exemple, pour faire ses épiceries ou ses achats de
fin de semaine, on doive partir du centre-ville et se rendre vers Sainte-Foy ou
le centre Fleur-de-Lys?
Je pense qu'il y a une fonction commerciale qui aurait un certain
avantage à se développer, surtout si on retrouve davantage
d'habitations sur la colline parlementaire. Il va falloir le mettre quelque
part, ce commerce.
II y a d'autres activités. Si le palais de justice vient
là, il y aura sûrement davantage de demandes pour loger les
bureaux d'avocats, etc. Je pense que la fonction commerciale, en soi, n'est pas
négative. C'est une nécessité.
M. Bertrand: Cinquièmement et dernièrement, le
couvent des soeurs du Bon-Pasteur est dans ce scénario aussi, il est
question, en partie, d'espaces verts et d'habitations. Ce que je veux dire, M.
Rousseau, il ne faut pas prendre mes questions comme une volonté de vous
tirer les vers du nez...
M. Rousseau: Selon le scénario 5, la conception du
scénario 5.
M. Bertrand: D'accord, et d'obliger la ville, à ce
stade-ci, à affirmer clairement, à la vue de tout le monde,
qu'elle rejette les scénarios 1, 2, 3 et 4, ce qui, je pense, n'est pas
l'esprit dans lequel elle formulait ses quatre scénarios et qu'elle
admet intégralement le scénario 5 pour lequel le maire disait
qu'il avait un certain penchant naturel.
C'est simplement pour tirer un certain nombre de conclusions. Pour nous
autres, pour nos décisions futures, si on s'accordait avec la ville de
Québec, ce scénario 5 qui, dans le fond, ne suit pas du tout les
principes qui, jusqu'à maintenant, ont été
respectés quant à l'aménagement de la colline
parlementaire, ne pourrait-il pas faire, à un moment donné, que
la ville de Québec et les autorités du gouvernement puissent
travailler sur une espèce de scénario de base sur lequel elles
s'entendent, du moins dans les grandes lignes, sur le plan des grands
principes? C'est dans cette perspective que je vous posais la question.
M. Lamontagne (Gilles): Je voudrais dire au député
de Vanier que les questions qu'il nous pose dans le moment et je pense
qu'elles sont pertinentes prouvent justement le fait que nous amenons et
nous soulignons dans notre mémoire, qu'il est essentiel d'avoir une
concertation.
Si on avait voulu, M. le député de Vanier, être
aussi méchants que certains prétendent qu'on l'est à la
ville de Québec, on aurait donné un permis pour la
Sûreté du Québec, on aurait donné des permis pour
boucher la colline parlementaire à jamais de tout ce que vous avez de
plus gros et de plus massif.
M. Bertrand: C'est exact.
M. Lamontagne (Gilles): On a résisté,
jusqu'à maintenant, à toutes les pressions et Dieu sait
que des développeurs peuvent en faire, je n'ai pas dit les
spéculateurs, j'ai dit les développeurs, c'est tout à fait
normal qu'ils veuillent développer depuis à peu
près deux ans. Je pense que M. Gar-neau et les autres, eux aussi, ont eu
des problèmes, parce qu'on n'a pas pu trouver une formule de
concertation ou d'orientation ensemble. Vous n'êtes pas obligés
légalement de demander de permis de construction, vous, la province de
Québec. Vous auriez pu permettre n'importe quoi depuis deux ans sur la
colline parlementaire. Tout le monde a résisté un peu afin de
savoir quelle orientation prendre.
Je pense qu'on doit tout de même donner le crédit à
ceux qui étaient là ou à la ville, dans mon cas, de ne pas
avoir donné ces permis à l'aveuglette et de dire: On se
débrouillera après. Je pense que nous avons été
très prudents et c'est pour cela, je pense, que les mécanismes
qu'on propose dans notre mémoire, je vous demanderais de les
étudier, s'il vous plaît, pour nous dire, à un moment
donné: Est-ce qu'il n'y a pas moyen de faire quelque chose avec
cela?
M. Bertrand: M. le Président, est-ce que je pourrais... Ce
serait la fin de mon droit de parole.
Le Président (M. Marcoux): Non, il est six heures.
M. Bertrand: Une minute.
Le Président (M. Marcoux): Je vais demander à la
commission si elle désire prolonger ses travaux pour déterminer
le temps. D'abord, la commission accepte-t-elle de prolonger ses travaux?
Normalement, à six heures, c'est terminé.
M. Garneau: Votre demande est-elle dans le sens de terminer le
mémoire de la ville de Québec?
Le Président (M. Marcoux): Oui. Après cela, on
pourrait fixer la durée du temps, compte tenu...
M. Bertrand: On ne siège pas ce soir.
Le Président (M. Marcoux): Non, on ne siège pas ce
soir.
M. Garneau: Si on ne peut pas terminer, on est aussi bien
d'arrêter et de recommencer la semaine prochaine, c'est-à-dire
jeudi; ou si on va jusqu'à six heures et demie.
M. Grenier: Quatre heures, après la période des
questions.
M. Bertrand: C'est la même chose; compte tenu de la motion
du leader, ce sera probablement après les affaires courantes, mais
disons...
M. Mailloux: Est-ce que vous avez des interventions à
faire?
M. Garneau: On est aussi bien de revenir.
Le Président (M. Marcoux): On m'informe que jeudi, il y a
des organismes de Montréal qui viennent. Là, on va être
pris avec des retards constants.
M. Guay: Est-ce qu'il serait possible...
Le Président (M. Marcoux): M. le maire pourrait-il nous
indiquer quand il pourrait être de nouveau avec nous?
M. Lamontagne (Gilles): Malheureusement, pas avant lundi.
M. Mailloux: Mardi.
M. Lamontagne (Gilles): Oui, comme vous le voulez.
Le Président (M. Marcoux): Une autre possibilité.
Les membres de la commission pourraient-ils en venir à la
possibilité de prolonger la séance jusqu'à six heures
trente?
M. Lamontagne (Gilles): Peut-être qu'on pourrait terminer,
M. le Président. Je ne sais pas quelles sont les questions.
Le Président (M. Marcoux): Je crois qu'avec une
demi-heure, compte tenu de la liste des intervenants que j'ai on pourrait
terminer. Les membres de la commission acceptent-ils de prolonger
jusqu'à six heures trente?
Des Voix: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): II y a quand même des
personnes qui sont très occupées. Vous déplacer à
nouveau et faire du "bumping" encore, la prochaine fois...
M. Grenier: M. le Président, si on fait des interventions
courtes et qu'on fait venir ces gens, on les déplace; il y a des gens
importants et des gens occupés, on les demande pour qu'ils viennent nous
informer ici. On ne fera peut-être pas notre petit discours politique
pour avoir les journaux de demain. On va écouter ces gens et on se
libérera peut-être plus vite en posant des questions courtes,
comme on le disait, et en parlant en prose au lieu d'en vers.
Le Président (M. Marcoux): Dans l'esprit de l'intervention
de... J'espère que les membres de la commission auront
écouté votre intervention. Je cède la parole au
député de...
M. Bertrand: Me donnez-vous la permission de donner toute la
question en 20 secondes?
Le Président (M. Marcoux): Elle est vraiment de 20
secondes? Je la calcule.
M. Bertrand: Calculez-la. Votre commission de la capitale
québécoise, c'est-à-dire l'équivalent, M. le maire,
est-ce que cela pourrait remplacer la CACUQ ou si les deux pourraient
être maintenues pour l'aménagement de la région de
Québec?
M. Lamontagne (Gilles): Je ne vois pas d'objection à ce
qu'elles soient incluses.
M. Bertrand: Les deux ou une seule? M. Lamontagne (Gilles):
Les deux.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Taschereau.
M. Guay: Vous parlez de l'accroissement des revenus fiscaux pour
les municipalités qui a été la conséquence de
l'aménagement de la colline parlementaire telle qu'on le connaît
aujourd'hui. La municipalité, dans un de ses services, a-t-elle fait
faire un relevé, comme, apparemment, cela s'est fait dans d'autres
municipalités, du côut social, du coût économique
aussi, de la démolition des logements des personnes qui ont
été impliquées en comparaison avec les avantages fiscaux
dont bénéficie aujourd'hui la ville de Québec à
cause de ce qui s'est passé?
M. Lamontagne (Gilles): Au sujet des revenus fiscaux, c'est pur
et simple. C'est évident que cela rapporte beaucoup plus avec
l'aménagement. Mais, ce n'est pas là qu'est la question. Je pense
que la question, M. Guay, est de partir du fait que, d'après tous les
rapports d'experts que nous avions, enfin, les rapports Martin et autres, il
fallait faire du réaménagement. Alors, vous partez du principe
qu'il fallait du réaménagement. Ce n'est pas une question de
savoir: Est-ce qu'on en fait ou si on n'en fait pas? C'est ce que tout le monde
nous disait. Dépêchez-vous, cela presse. Alors, à partir du
moment où il fallait faire un réaménagement, on a
essayé de suivre, en fin de compte, les principes qui étaient
énoncés dans ces rapports sur les différentes aires de
réaménagement qu'on nous avait données de un à dix.
C'est à partir de ces rapports, de ces opinions émises, qu'on a
commencé à faire du réaménagement et que,
évidemment, sont arrivés à se greffer certains
développements dans certains secteurs.
Si vous lisez le rapport Martin de l'aire no 3, vous allez voir
qu'à la colline parlementaire, on a fait exactement ou à peu
près ce que ces gens nous ont dit de faire.
M. Guay: A la réserve près qu'ils parlaient aussi
de rénovations, mais on les cherche encore.
M. Lamontagne (Gilles): Ecoutez, je l'ai ici, le rapport.
Certains immeubles de cette aire sont en parfait état. Plusieurs sont
satisfaisants. Mais la majorité d'entre eux sont en mauvais état.
S'ils doivent servir à l'habitation, ils devraient donc être
démolis. C'est clair. Si on veut se servir de ce qu'il restait là
pour l'habitation, il faut le démolir. C'était clair.
Plus encore, toutefois, le réaménagement entier de cette
aire, le relotissement inévitable cela veut dire qu'il faut tout
refaire les terrains, le lotissement des terrains l'élargissement
ou la suppression de certaines rues, c'est clair. Bref, la
nécessité d'une meilleure répartition, la disposition des
espaces à l'échelle et en fonction des besoins nouveaux
nécessiteront sans doute un réaménagement quasi global de
tout le territoire.
Ecoutez, on part de là et on dit: Qu'est-ce qu'on fait? On est en
1962, 1964, puis on dit: On part comment? Alors, à un moment
donné arrive le gouvernement provincial du temps, quel que soit le
parti, cela importe peu, il a dit: On est prêt à vous aider. Je
pense qu'on va faire de la colline parlementaire, comme on vous a dit dans
notre
mémoire, au début, quelque chose de prestigieux, quelque
chose de beau. D'accord, on part. En chemin, cela a accroché.
M. Guay: Vous évoquez beaucoup le rapport Martin,
également le rapport LaHaye. A la page 18 du mémoire, vous faites
également état des contradictions entre le rapport Fiset et le
rapport Michaud. En d'autres mots, il y a eu plusieurs rapports, il y en a eu
plusieurs, sinon des schémas, en tout cas, mais, à peu
près à la même époque, il y a eu beaucoup de
brassage d'idées et diverses hypothèses ont été
énoncées. Mais il n'en demeure pas moins que c'est le
gouvernement d'alors et la ville de Québec qui ont fait un choix
politique. Parce que, si ma mémoire est bonne, le rapport Fiset
suggérait de ne pas construire en hauteur.
M. Lamontagne (Gilles): Le rapport Fiset, si je me souviens bien
M. Rousseau me corrigera, il est peut-être plus au courant
je pense, mettait une limite de 27 étages à l'endroit où
est le Hilton.
M. Rousseau: Le rapport Fiset, en général,
préconisait les parties basses, mais, dans la même veine,
j'aimerais ajouter qu'on avait commandé à Edouard Fiset, à
l'époque, à ma connaissance, deux, sinon trois parties pour le
complexe G qui devait loger en priorité l'Education et que ces plans ont
été rejetés par le gouvernement du Québec qui a,
finalement, commandé un édifice vertical. C'est dire que le
gouvernement du Québec, à l'époque, avait pris le parti de
marquer sa prédominance. Si je ne me trompe pas, avant, on appelait ce
complexe G la tour de l'éducation. Cela devait, en priorité,
loger le ministère de l'Education. On voulait par là symboliser
ce que vous savez. La ville de Québec agissait en dehors de ce
périmètre, elle agissait justement dans le secteur situé
au nord du boulevard Saint-Cyrille. Il y avait un projet qui avait
été amorcé en conjonction avec le percement du boulevard
auquel le gouvernement souscrivait très certainement pour favoriser ces
implantations nouvelles, et ce projet privé a commencé à
s'amorcer c'était Place Saint-Cyrille à l'époque,
c'est devenu Place Québec et cela s'est fait dans le contexte de
l'époque sous la supervision, en grande partie, d'un organisme
gouvernemental qui était la commission de l'aménagement de
l'époque réformée par le comité directeur.
M. Guay: Vous dites, dans les avantages, les points positifs du
chemin parcouru, que le terrain contrôlé paraît insuffisant
pour contrer toutes les opérations spéculatives et empêcher
le débordement de la croissance sur des secteurs résidentiels
viables. Une remarque brève à ce sujet, c'est que les
opérations spéculatives, je n'ai pas remarqué qu'elles
avaient été particulièrement contrées. Il y a
même des chiffres assez éloquents à ce sujet. Ce que je
voudrais surtout savoir, c'est: Empêcher le débordement de la
croissance sur des secteurs résidentiels viables, est-ce qu'aux yeux de
la ville de Québec, le quartier Saint-Jean-Baptiste, tel qu'il existe
à l'heure actuelle, ce qui en reste, est un quartier résidentiel
viable?
M. Lamontagne (Gilles): Je pense que, pour toute la partie nord
du quartier, dans le moment, le nord de la rue Saint-Jean, par exemple, on doit
faire tous les efforts nécessaires pour le conserver comme il est. Vous
avez maintenant des interventions qui, j'espère, pourront se faire dans
ce quartier, comme on a fait à Saint-Sauveur et ailleurs dans la
restauration domiciliaire, qui vont permettre aux gens qui sont là de
restaurer, à même les fonds publics, une aide financière,
et j'espère être capable, avec vous autres, évidemment,
parce que vous avez un mot à dire là-dedans, comme gouvernement,
d'étendre cette restauration dans un quartier comme celui-là.
Mais vous voyez, M. Guay, encore, ce n'est pas une mauvaise volonté,
mais, si on écoutait le rapport Martin, on l'aurait démoli. Mais
je pense qu'avec une nouvelle idée, une nouvelle orientation, on dit: II
y a peut-être moyen de faire autre chose.
M. Guay: Vous me parlez de la partie nord de Saint-Jean-Baptiste,
mais la partie sud, elle, la partie qui reste entre le boulevard Saint-Cyrille
et la rue Saint-Jean, est-ce que vous la considérez comme un secteur
résidentiel viable?
M. Rousseau: II y a environ un an, la ville est intervenue pour
zoner, en priorité, compte tenu qu'il y avait une opération
zonage qui allait s'étendre sur toute la ville, mais pour
protéger le secteur qui fait suite au terrain d'Atlific justement, la
ville est intervenue, dis-je, et un zonage a été
énoncé qui vise à assurer l'habitation dans ce secteur et
qui préconise le respect des gabarits existants. Entre Saint-Cyrille, on
s'entend, Saint-Gabriel et la rue Saint-Jean.
M. Guay: Oui, sauf que là, vous parlez d'au-delà du
terrain d'Atlific.
M. Rousseau: Oui, parce qu'il reste, sur le terrain d'Atlific,
trois ou quatre maisons.
M. Guay: D'accord. Mais si on regarde la carte de n'importe
lequel des cinq scénarios, là où est situé le
terrain d'Atlific, la construction éventuelle d'une tour fut-elle...
Cela ne sera pas un Holiday Inn, de toute évidence, parce qu'il y a trop
de chambres d'hôtel à Québec. Ce serait donc le projet
hypothétique d'une tour à bureaux ou encore une tour
d'habitation. Je pense qu'on s'entend là-dessus, si cela voit le
jour.
Quelles seraient les conséquences, à ce moment-là,
de la construction d'un tel édifice dans le quartier Saint-Jean-Baptiste
zoné, je veux bien, mais il y aurait quand même des
répercussions? On ne construit pas une telle tour sans que cela
déséquilibre un peu le quartier. D'après le service
d'urbanisme, qu'elles seraient les conséquences?
M. Rousseau: II y a sûrement une interception du soleil, ce
ne sont pas les conditions idéales
qu'on retrouve là. Plus l'édifice serait massif, plus il
serait élevé, vous connaissez la conclusion vous-même.
C'est sûr que ce n'est pas l'endroit le plus favorable pour élever
un édifice, compte tenu que l'habitation devrait être
préservée en arrière.
Une Voix: II fallait que cela arrive...
M. Guay: Voilà l'aménagement de la colline
parlementaire qui vient de prendre le bord.
Une Voix: II fallait que cela arrive.
M. Guay: On peut maintenant parler de ce qui va se passer
ensuite, la troisième phase.
M. Blanchet: Le cinquième.
M. Rousseau: Au sixième. Tout est dans la façon
dont...
M. Guay: Est-ce que vous nous dites que votre propre conclusion
serait qu'on ne devrait pas laisser Atlific ériger une tour sur ce
terrain?
M. Rousseau: C'est difficile de conclure cela. S'il y avait un
édifice, en hauteur, qui serait davantage rangé dans la partie
est, je ne pense pas que son effet serait considérable sur la partie
arrière. Evidemment, ce n'est pas toujours rose d'avoir un
édifice élevé à proximité, je l'admets.
M. Guay: Je parle de cet édifice-là, mais si on le
relie aussi au projet quel qu'il soit, selon le scénario, sauf le
scénario 1 qui est tout arrêté... derrière l'Auberge
des Gouverneurs, il y a un terrain vacant. Derrière la Place
Québec, ce n'est pas terminé. Si on devait terminer la Place
Québec d'une façon ou d'une autre, si on devait construire
derrière l'Auberge des Gouverneurs et si on devait laisser Atlific
construire quelque chose, quelles seraient les répercussions sur la rue
Saint-Gabriel dont la ville est propriétaire d'un côté?
Est-ce cela, en d'autres mots pour aller au but qui
implique carrément la démolition de ce
côté-là de la rue Saint-Gabriel?
M. Rousseau: Non, le prolongement de la rue Saint-Gabriel a
été abandonné; il visait à assurer une
décongestion de la rue Saint-Jean, une possibilité,
peut-être, d'une meilleure organisation du transport en commun
également, mais ce projet a été abandonné, comme je
vous l'ai dit. La ville a arrêté les acquisitions.
En ce qui a trait à l'habitation, vous savez qu'il n'y a pas
d'habitation sur Saint-Gabriel qui s'étend au-delà de la parcelle
identifiée comme 3, à savoir, le terrain propriété
d'Atlific.
M. Guay: Je m'excuse, j'ai encore...
Le Président (M. Marcoux): Non. Il y a encore plusieurs
intervenants et je dois essayer de distribuer...
M. Guay: M. le Président, on est ici pour se renseigner.
La ville de Québec est un intervenant de la plus haute importance. Si on
ne peut pas terminer avec la ville de Québec aujourd'hui ou si on doit
couper des questions, à ce moment-là, la commission ne serait
pas... En tout cas, pour ma part, comme membre de la commission, je n'aurai pas
tous les renseignements dont j'ai besoin pour faire les recommandations
appropriées.
Le Président (M. Marcoux): La commission, à 18 h
30, décidera, ainsi que ceux qui doivent décider de ce qui
arrivera, mais pour le moment, je pense qu'il faut équilibrer le plus
possible le temps d'intervention. Je donnerai la parole au député
de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le maire, vous êtes titulaire de la mairie
de la ville de Québec depuis quelques années. Je pense que c'est
une des villes qui a le plus subi les effets de l'exode vers les banlieues.
Vous avez de nombreux services qui vous sont demandés par vos
usagers et j'imagine que, dans le problème qui nous concerne,
l'aménagement de la colline parlementaire, on cherche à
blâmer de manière assez virulente la ville de Québec pour
des gestes qui ont été posés par la ville et par le
gouvernement.
Il ressort quand même que vous devez chercher à maximiser
davantage les investissements et leur rentabilité fiscale. En 1973
vous pourrez me corriger si je fais erreur, j'arrivais aux Travaux
publics et je vous avais dit notre intention, en raison de la surcharge de la
colline parlementaire, d'aller vers une décentralisation de la colline,
soit vers des endroits que vous nous aviez mentionnés, que votre
commission d'urbanisme nous avait mentionnés, soit l'Hôtel
Saint-Roch, la gare du Palais, Le Bourgneuf, de même qu'un projet que
n'acceptait pas trop la ville de Québec, la pointe ouest de
Sainte-Foy.
Vous m'aviez dit, il me semble, à ce moment: On est d'accord sur
les recommandations que vous feriez, principalement si cela répondait
également aux vues du renforcement de la basse-ville de Québec.
Et vous aviez ajouté ceci: On est prêt à accepter
l'aménagement futur de la colline parlementaire avec des investissements
qui seraient moins payants pour la ville de Québec, à une
condition qui, je pense, était quand même assez logique. Si vous
voulez aller vers des espaces verts, vers de l'habitation, libre à vous,
mais il faudra au moins que la ville, qui a quand même des services
à assumer, se voit donner l'équivalence des ressources fiscales
perdues.
Je pense que c'est quand même là le point de départ,
que la ville de Québec n'aurait aucune objection dans l'avenir, parce
que ce qui est là, il faudrait quand même le garder, à
consentir, en dialoguant avec le gouvernement, à ce qu'on
améliore les conditions du milieu, mais pour autant que les ressources
dont vous aurez besoin pour les nombreux services qui vous seront
demandés, vous puissiez les obtenir. Est-ce que c'était cela,
à
peu près, le reflet de notre conversation et de la réponse
que vous m'aviez donnée?
M. Lamontagne: C'est la réponse exacte. Cela revient un
peu à ce que M. Bertrand disait au début. Si vous voulez avoir
une ville idéale comme capitale, avec tout ce qu'il y a de plus beau, on
n'y a aucune objection, mais votre raisonnement revient justement, c'est
qu'à ce moment on refuse nécessairement de rentabiliser et la
rentabilité n'a plus sa place dans le développement d'une ville,
il n'y a que la qualité de vie qui compte.
A ce moment, il faudrait que les gouvernements nous aident à
financer nos services, parce que les services ne diminueront pas.
M. Mailloux: Dans un autre ordre d'idées, M. le maire, on
a beaucoup parlé des démolitions de la rue Saint-Cyrille et du
boulevard des Capucins pour faire place aux artères de communication.
J'indique immédiatement que, tantôt, ceux qui gouvernent
actuellement se rendront compte de la réalité eux aussi. Les
habitudes des Québécois ne se changent pas facilement. Le parc
automobile du Québec augmente de 12% par année, mais le parc
automobile qui a été installé sur la colline
parlementaire, de 1960 à 1972 ou 1973, avec l'addition, je dirais,
d'au-delà de 10 000 fonctionnaires, a amené une croissance rapide
du parc automobile, je pense, d'au-delà de 50% de ce qui y circulait
avant.
Dans les démolitions de maisons, quand j'ai vu démolir
pour les complexe H et J des édifices devenus désuets, mais qui
étaient bien dans la configuration de la colline parlementaire, j'ai
trouvé regrettable de les voir disparaître, mais je n'ai pas eu la
même répercussion quand j'ai vu débâtir ou jeter
à terre certains édifices dans des rues dont on parle,
près du boulevard Saint-Cyrille, de même que sur le boulevard des
Capucins. Comme ministre des Travaux publics, je n'ai pas été en
mesure, moi-même, de discuter des conditions d'expropriation, mais la
préoccupation des gens n'était pas tant de rester dans le milieu,
elle était de se voir payer un prix de relocalisation dans des espaces
plus verts que ceux qu'ils connaissaient. Je pense que c'est la perception que
j'en ai eue à ce moment. Devant toutes les critiques qu'on apporte sur
les voies d'accès qu'il a fallu mettre en place, je pense que si on se
reporte à ce temps, les gens qui étaient dans ces maisons, leur
désir principal, c'était de voir disparaître la
poussière de l'Anglo Pulp comme d'autres maisons qui ne rencontraient
plus les normes de la moindre hygiène publique.
M. Lamontagne: D'ailleurs, M. le député, je pense
qu'on peut dans bien des cas, rejoindre facilement les gens qui ont
été déplacés. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui
ne voulaient pas rester dans leur milieu. D'accord, c'est normal, on n'aime pas
s'en aller, mais je pense que la population d'une ville qu'on a annexée
comme Neufcha-tel, est partie de 5000 de population et aujourd'hui, elle est de
presque 17 000.
Si vous allez demander à ces gens d'où ils viennent, une
grande proportion, je dirais 50% des gens qui sont là, à
Duberger, la même chose, et à Les Saules, ce sont des gens qui
viennent de Saint-Roch, de Saint-Sauveur, qui viennent à peu près
de milieux de ce genre. Si aujourd'hui, vous leur demandiez de revenir, j'ai
l'impression qu'ils hésiteraient tout de même, en attendant du
moins qu'on puisse travailler dans ces quartiers pour essayer
d'améliorer avec la restauration et la rénovation;
peut-être, alors, qu'ils reviendraient. Dans le moment, je pense que la
grande majorité des gens qui ont été délogés
je dis la majorité, je ne dis pas qu'il n'y a pas des cas
problèmes qui ont déménagé, sont tout de
même mieux logés qu'ils ne l'étaient avant de partir.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laurentides-Labelle.
M. Léonard: M. le maire, je voudrais vous poser une
question sur la page 22, en particulier. Vous proposez une conférence
régionale. Est-ce que vous avez des hypothèses de la composition
de cette conférence, ou différentes hypothèses?
M. Lamontagne (Gilles): Je pense que c'est assez...
M. Léonard: Parce que vous mentionnez des élus, on
peut prendre des décisions à différents paliers,
même à l'intérieur d'une conférence. On peut penser
à une conférence composée de façon
différente, selon les intervenants.
M. Lamontagne (Gilles): Je pense que les premiers intervenants,
ce sont les élus, comme j'ai dit, qui devraient être au niveau
décisionnel.
M. Léonard: Je suis d'accord, mais même parmi les
élus, est-ce que vous avez différentes hypothèses?
M. Lamontagne (Gilles): Non, on n'a pas pensé...
M. Léonard: Pas encore.
M. Lamontagne (Gilles): ... du moins, à qui devrait
être là. Il y a certainement des ministères, des ministres,
ou enfin, peut-être des députés
délégués ou quelqu'un comme cela qui devraient être
représentés nécessairement. Je parle, par exemple, des
Travaux publics, ou de certains ministères qui ont directement affaire
avec l'aménagement. Vous avez un ministère de
l'aménagement, je pense qu'il devrait être certainement... Ce
n'est pas à moi à décider cela. Du côté de la
ville, c'est évident qu'il y aurait peut-être le maire et un ou
deux conseillers qui s'occuperaient de cette question. Du côté de
la CUQ, ce n'est pas à moi à décider, mais il y aurait
certainement une représentation. A ce moment, il y aurait certainement
une concertation au niveau décisionnel. Maintenant, en dessous de cela,
comme on le mentionne
dans notre mémoire, il y aurait certainement un comité
consultatif. Ce qui est important je le souligne encore ce n'est
pas le comité consultatif qui prendrait la décision, mais il
faudrait avoir son avis avant de décider. Je pense que c'est très
important.
M. Léonard: D'accord, cela va.
M. Blanchet: M. le Président, est-ce que je pourrais
intervenir à ce moment? On ne me pose pas de question sur
l'aménagement de la colline, mais j'aimerais continuer le
scénario no 5 où le député de Vanier l'a
arrêté tout à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): Toute question qui est
posée au maire s'adresse aux personnes qui l'accompagnent
également, et libre à vous de compléter ou de
développer des aspects.
M. Blanchet: C'est curieux comme je voudrais compléter le
scénario no 5 à l'endroit où le député de
Vanier l'a abandonné. Il a posé plusieurs questions sur ce que
nous, de la ville, pensions, ce que l'urbaniste pensait de réaliser, de
proposer sur tel ou tel terrain. Vous êtes propriétaire, le
gouvernement provincial, de plusieurs terrains. Quelles sont les intentions du
gouvernement pour établir ses besoins ou ses services Sur les terrains
dont le gouvernement est propriétaire? Je pense que c'est joliment
important. Il est agent développeur, le gouvernement. Quelle vision
avez-vous de vos terrains, espaces verts, constructions d'habitations,
constructions de services gouvernementaux? C'est assez important pour une ville
de savoir ce que le propriétaire a l'intention de faire.
M. Guay: M. le Président, il y a peut-être moyen de
rappeler qu'hier soir, nous avons longuement délibéré sur
cette question. Mon collègue, le ministre de la Fonction publique, a
fait une savante intervention pour rappeler précisément cette
dimension du problème dont le gouvernement est parfaitement
conscient.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien rapidement, puisque le temps s'use, on a eu des
intervenants, hier, qui, peut-être pas dans des termes que je pourrais
utiliser, nous ont laissé l'impression que tout le développement
qui s'est fait depuis quelques décennies à Québec avait
été à la va-comme-je-te-pousse. C'était surtout les
plus forts lobbyists qui réussissaient auprès du gouvernement ou
de la ville à s'implanter dans certaines constructions de "buildings" ou
d'autres choses. Ce serait peut-être intéressant de
connaître s'il y a eu bien des choses qui se sont faites ici, sans que ce
soit d'abord soumis par un rapport et demandé par un rapport, parce
qu'on est resté, il me semble, avec un mauvais goût de la
représentation d'hier, à savoir que cela avait été
simplement par coups de pression que cela avait été
réalisé, ces édifices qu'on voyait tout à l'heure.
Alors, si vous pouvez apporter des renseignements, j'aurais une autre question
à vous poser aussi, parce qu'il y avait encore une autre situation
désastreuse d'après les commentaires d'hier.
M. Lamontagne (Gilles): Ecoutez, M. le député. Je
pense que c'est absolument faux de dire qu'on a agi, à la ville, et en
concertation, bien souvent, avec les gouvernements du temps, de façon
arbitraire. On vient de vous mentionner tous les rapports qui ont
été déposés. Il y a eu, sur le Vieux-Québec,
des rapports. Il y a eu le rapport Martin, le rapport LaHaye, celui de la
commission d'aménagement, du comité directeur du comité
d'aménagement; c'étaient tous des gens qui avaient des
compétences en aménagement. On a essayé de les suivre,
autant que possible. Mais, tantôt, je pense que c'est M. Guay ou un autre
député qui disait: Vous avez des contradictions. Je pense que,
comme gouvernement, vous allez certainement expérimenter, à
certains moments, des contradictions parmi vos experts. Il va falloir que vous
preniez une décision, à un moment donné, comme
gouvernement. Nous, on était souvent aux prises avec les mêmes
situations; des experts qui avaient des compétences disaient: Moi, je
ferais ça comme ça, moi, je ferais ça comme ça. A
un moment donné, nous avions à prendre la décision.
Quelquefois, on a pris de bonnes décisions, d'autres fois, on aurait
peut-être pu en prendre de meilleures. Mais on est aux prises
continuellement avec des options comme ça. Evidemment, celui dont on n'a
pas suivi l'opinion va nous dire: Messieurs de la ville, vous auriez dû
prendre mon opinion. Vous n'auriez pas dû prendre l'autre et vice versa.
Je pense que l'expérience se répète assez dans tous les
domaines, que ce soit celui de la santé, le domaine social ou, enfin,
tout ce que vous voulez.
M. Grenier: Pour rétablir certains faits de la
journée d'hier, l'autre chose qu'on déplorait, c'est dans le
système de transport. On disait que c'était surtout le transport
par automobile qui avait été largement développé et
que la situation piéton-nière était vraiment pitoyable.
Est-ce qu'il y a quelque chose de réalisé qui nous permet de dire
que cela aussi a été pensé un peu dans le
passé?
M. Lamontagne (Gilles): II faut dire que la question
piétonnière a été pensée, mais je ne peux
pas dire qu'elle n'est pas désastreuse, dans le moment, dans ce secteur.
Je pense que c'est vrai. Il y a eu des efforts de faits grâce à
certains tunnels communiquant entre le complexe G et Place Québec. Voici
une question concrète, un cas concret. On me dit qu'il faut un lien
piétonnier entre le Vieux-Québec et Place Québec. Il y en
a qui préconisent une passerelle et d'autres qui préconisent un
tunnel. Qui va décider si ce sera un tunnel ou une passerelle? Des
experts nous disent que c'est beau dans les deux cas et que c'est bon dans les
deux cas. Qui va décider si on fait un tunnel ou si on fait une
passerelle? Personnellement, je ne veux pas de passerelle. Mais on me dit que
je n'ai pas raison. Vous avez ici un exemple
concret d'un petit détail, si vous voulez, mais qu'est-ce qu'on
fait à partir de là? Qu'est-ce qu'on décide?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Laprairie.
M. Dussault: Le député de Châteauguay.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Voici, M. le député, moi qui ne suis
pas de Québec, j'ai quitté Québec à l'âge de
onze ans; évidemment, en revenant ici comme député, j'ai
retrouvé cette ville passablement différente de ma vision
d'enfant. Cependant, ce que j'en vois, intuitivement, me confirme ce que j'ai
entendu hier, ici, à savoir que ce que je vois tout autour; en tout cas,
le développement, semble-t-il, s'est fait en fonction de ce qui
rapportait le plus. J'y vois des choses qui ont une vocation commerciale
considérable, mais j'y vois peu de choses qui rejoignent les sentiments
du simple citoyen qui veut vivre la vie de tous les jours avec une maison et
avec ce qui lui coûte le moins cher possible.
On a dit hier que ce développement s'est fait sans qu'il y ait
jamais d'éclairage global. Cela me semble être un portrait
réel, c'est-à-dire que la colline est aujourd'hui une image du
"comment cela s'est fait", à mon point de vue. Ce sont des conclusions
que je tire en regardant tout autour.
J'ai pris un peu d'avance sur les mémoires qui nous sont
présentés, parce que, jusqu'à maintenant, les
mémoires qu'on a regardés sont surtout des mémoires qui
parlent d'argent, qui parlent de choses commerciales; ceux qui viendront ont
une tendance plus sociale. Entre autres, j'ai regardé celui du Mouvement
Saint-Gabriel, et ces gens en ont long à dire effectivement sur les
dangers de continuer dans le sens où on est parti.
Entre autres, j'ai cru y comprendre que les gens qui sont obligés
de déménager, sont évidemment, relocalisés
ailleurs, mais jamais je trouve que c'est ça qui est
pénible et que c'est ça qui devra nous guider, j'en ai
l'impression jusqu'à maintenant ces gens ne se retrouvent dans le
même milieu, avec le même tissu social.
Jamais ces gens ne se retrouvent dans une même situation
financière ou économique, c'est-à-dire qu'on les replace
dans d'autres maisons, mais on ne me fera pas croire j'aurais de la
difficulté à le croire, il faudrait qu'on me le prouve que
ces gens se retrouvent dans des maisons avec des loyers passablement au niveau
de ceux qu'ils ont quittés quand ils étaient ici dans la
région, et les gens qui risquent d'être renvoyés,
d'être évacués de la colline parlementaire ont peur
qu'effectivement, il leur arrive ce qui est arrivé aux autres avant.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
M. Lamontagne (Gilles): J'aimerais tout de même rappeler au
député de Châteauguay que lorsqu'on discute de la situation
sur la colline parlementaire, c'est tout de même une vision très
étroite de toute la ville de Québec. C'est très restreint,
la colline parlementaire, et il faut tout de même voir ce qui s'est fait
ailleurs au point de vue de la valorisation; il y a la rivière
Saint-Charles et d'autres éléments comme ça qui font
partie de l'aménagement de la ville de Québec. Je voulais aussi
vous faire remarquer que dans la démolition, sur la colline
parlementaire, il n'y a aucune question de rentabilité. Le Grand
Théâtre, je pense, n'est pas nécessairement rentable au
point de vue piastres et cents pour la ville de Québec; on a fait
beaucoup de démolition pour placer le Grand Théâtre
là et je pense que c'est bon pour les Québécois d'avoir le
Grand Théâtre à cet endroit. J'irais même
jusqu'à dire: Est-ce que les démolitions qu'on a faites pour le
complexe G sont nécessairement rentables pour nous? C'est une question
qu'on se pose, mais, dans vos remarques, vous débordez la question de la
colline parlementaire.
Quand vous attaquez le problème, je pense qu'il faudrait
peut-être avoir une autre commission parlementaire pour attaquer tout le
problème du logement. Je pense que vous en avez pour quelques
années à en discuter, comme gouvernement, j'en suis convaincu.
Les gens de Saint-Gabriel, d'accord, ont des problèmes de relogement, de
situation, mais ils ne sont pas les seuls dans la ville de Québec. Il y
en a dans Saint-Charles de Limoilou. Il y en a un peu partout dans la ville de
Québec, mais cela déborde énormément cette question
strictement de Saint-Gabriel.
On a essayé de corriger le plus possible. Dans le moment, ce sont
des gens chez qui nous avons décidé de ne rien démolir
dans ce coin jusqu'à nouvel ordre. J'espère que cela sera pour
plusieurs années.
Nous avons donné à ces gens un logement à un prix
qu'ils ne pourront trouver nulle part ailleurs dans la ville de Québec
dans le moment. Nous n'avons pas augmenté le loyer de ces gens cette
année et je pense que tant que l'on pourra rester dans cette situation,
c'est tout de même heureux pour eux qu'ils puissent rester là
à des prix aussi modiques de logement, et j'espère que cela
pourra durer.
Si on attaque le problème du logement dans les grandes villes,
Montréal, Québec et d'autres, on n'a pas fini d'en discuter, mais
on a un problème de logement dans la ville de Québec, c'est
évident.
M. Dussault: M. le Président, si vous me permettez
d'ajouter un mot, je suis d'accord avec vous que vous ne pouvez pas envisager
toute la question du logement à cette occasion-ci, mais
spécifiquement pour les gens de la colline parlementaire, le
problème se pose et on doit se poser des questions là-dessus.
Quand vous aurez quitté la commission parlementaire, on n'ira pas vous
demander ce que vous pensez de ce problème spécifique des gens
qui sont délogés et qui ont des difficultés assez
particulières à ce moment. Je pensais que quelqu'un d'entre nous
devait vous demander ce que vous pensiez de cette question parce que j'ai
entendu des réactions à vos propos.
Evidemment, c'étaient les mêmes réactions que je
perçois présentement.
M. Lamontagne (Gilles): On pourrait poser toute une série
de questions à la Société d'habitation pour savoir
pourquoi on n'a pas plus de logements dans le moment.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: J'ai une question très brève. Hier, un
peu comme mon collègue de Mégantic-Compton et comme, je pense, le
député de Châteauguay vient de le prouver... On nous a
laissé l'impression que le tout s'est construit à peu près
sans consultation, à tort et à raison.
Quand je regarde le rapport LaHaye et que je regarde ceux qui ont
siégé à la commission de l'aménagement du
territoire, à ce moment-là, je présume que ces
gens-là ont été constamment consultés. Je ne suis
pas prêt à affirmer que tout le monde à la commission
était d'accord. Il y avait certainement des divergences d'opinions,
comme l'a indiqué M. le maire tout à l'heure, il y a eu des plans
avec trois tours, pour l'éducation, cela a été
modifié et changé à plusieurs reprises.
De toute façon, pour résumer, je suis satisfait de
comprendre que le maire ait répondu en disant qu'il y a eu de nombreuses
consultations. J'ai affirmé, hier, qu'il y avait eu un plan,
peut-être pas directeur, à la façon qu'on le comprend
aujourd'hui, mais indicateur de ce qu'on voyait de Québec, qui avait
été déposé devant la commission. Moi-même,
j'en avais eu une copie sur laquelle la Commission d'aménagement du
Québec était d'accord. J'ai encore un peu l'impression que la
ville de Québec n'avait pas été informée, à
moins que le maire me dise que oui, le conseil de ville avait été
informé de ces rapports qui ont été déposés,
qui étaient une indication du développement futur de la
façon que ces gens-là voyaient la ville de Québec. Je
pense que le rapport LaHaye le démontre de façon très
claire. Les gens qui faisaient partie de la commission d'aménagement
avaient des idées aussi. Il y avait des plans. Cela a été
regardé. Lorsque des décisions ont été prises,
elles ont été prises après consultation avec les
autorités locales pour lesquelles j'ai beaucoup de respect. C'est
après consultation avec elles que la décision
d'aménagement de la cité parlementaire, qui a été
commencée par le gouvernement du temps dont je faisais partie... Ce
n'est pas pour essayer de me justifier, mais simplement pour rétablir
des faits. On a parlé de bâtisses qui ont disparu. L'âge du
député d'aujourd'hui est de onze ans. J'ai siégé
pendant 18 ans et j'ai siégé à plusieurs commissions.
Là aussi, il y avait beaucoup de contradictions de gens qui ne pensent
pas la même chose de la même façon. Ils ne voient pas les
villes de la même façon. Je ne suis pas tellement pour le style
architectural. Je suis plutôt le gars pratique, je regarde les
bâtisses qui rapportent et je peux difficilement m'accorder avec
d'autres. Mais il y a des choses qui sont avancées pour tâcher de
justifier des thèses. Quand on parlait hier, et encore aujourd'hui, on a
affirmé que du fait qu'on avait fait les démolitions ici, on
avait poussé et éloigné les gens du centre de
Québec. Par contre, dans le rapport LaHaye qui a été
déposé, si on l'a regardé, je suis certain que les
députés l'ont regardé, une indication est faite et elle
est très claire. A partir de 1941, un quartier en particulier, le
quartier Saint-Jean-Baptiste on en parle, il est derrière, ici
la population est partie de 25 000, et, jusqu'en 1966, il n'y avait pas
eu tellement de démolition encore dans ce temps-là,
c'était rendu à 17 000.
M. Lamontagne: C'est cela.
M. Russell: Dans la ville de Québec, la population est
partie de 150 000 et est montée à seulement 164 000 tandis que la
banlieue est partie de 224 000 et est montée à 420 000.
C'était l'indication de la direction que prenait la population qui
laissait ces milieux qui semblait un peu trop serrée. Quand vous parlez
de démolition, j'ai visité des bâtisses comme je
vous dis, l'architectural, cela ne me dit pas beaucoup mais quand on me
demande de dépenser, pour réparer une vieille maison, pour loger
des fonctionnaires, qui va coûter $200 000 et $300 000, alors que je
n'aurais pas donné $35 000 après que la bâtisse aurait
été aménagée, je ne marchais pas dans ce
temps-là. Je ne marcherais pas encore aujourd'hui. Si je faisais partie
d'un comité et qu'on me demandait la même chose, j'apporterais de
drôles d'arguments, même si c'était un architecte qui
essaierait de me faire croire que cela va sauver toute la capitale de la
province.
Donc, simplement pour rétablir les faits et pour dire qu'il y a
eu des rapports dans le passé, je pense que cela a été
démontré, peut-être pas accepté par le conseil de
ville, je ne le discute pas, ou par certains membres du conseil de ville ou par
certains comités du conseil de ville, mais cela me rassure que cela
n'ait pas été fait à la légère; cela n'a pas
été fait à la satisfaction de tous, c'est certain. Comme
je le disais hier, je passais une remarque, hier, en disant au ministre
d'aujourd'hui, j'espère qu'il va faire quelque chose pour
compléter ces aménagements qui vont s'ajouter sur la colline
parlementaire et je lui souhaite bonne chance pour réussir à les
compléter au goût de tous ceux qui vont en discuter. Je lui
souhaite bonne chance. Je termine là-dessus, M. le Président. Il
me resterait peut-être d'autres choses à ajouter, mais je pense
que ce serait inutile de continuer.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Léonard: II se fait tard déjà, il est 6 h
40 déjà. Bien que je ne sois pas de Québec, je ne suis pas
insensible à la colline parlementaire. J'ai même passé
trois ans à Québec à l'Université Laval, cela me
fait bien plaisir d'en discuter. Pour l'instant, j'écoute, comme
beaucoup d'autres, on tirera les conclusions de tous les témoignages
qu'on entendra. Je remercie M. le maire et MM. les échevins de la ville
de Québec d'être venus à cette commission et de ce qu'ils
ont apporté à la
commission. J'espère bien que, vous aussi, vous êtes bien
contents d'être venus, j'espère que vous avez pu vous faire
entendre. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie les participants de
la commission. Je regrette que l'autre groupe que nous devions entendre
aujourd'hui n'ait pu se faire entendre. Mais ce groupe sera convoqué de
nouveau par le secrétariat des commissions.
Demain, nous entendrons...
M. Bertrand: M. le Président, dans l'ordre du jour qu'on
vient de nous transmettre à l'instant, il n'y a rien d'inscrit pour
demain soir, jeudi. Or, la Chambre siège demain soir.
Le Président (M. Marcoux): Je vais répondre
à cette question après. Demain, nous entendrons Projet Atlific,
Me Guy Pinsonnault et Charlebec, M. Harvey Maron. On m'a informé que la
commission ne siégera probablement pas demain soir, parce que le
ministre ne pourra pas participer aux travaux. De toute façon, la
commission ajourne ses travaux sine die.
M. Bertrand: Mais, M. le Président, je m'excuse. Il y a
certainement moyen que cette commission s'entende, si c'est possible, si on
peut dégager l'unanimité, pour siéger demain soir. Est-ce
que M. le ministre d'Etat à l'aménagement peut être
là demain soir?
M. Léonard: Je peux essayer de me faire
libérer.
M. Garneau: Entendez-vous ensemble, vous nous direz quand on
siégera et on reviendra.
M. Bertrand: D'accord.
M. Garneau: Entendez-vous ensemble et on reviendra.
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 42)