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Commission permanente des Transports,
des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
Etude du règlement no 6 sur le transport par
véhicule-taxi
Séance du mardi 23 janvier 1973
(Quatorze heures quarante deux minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais souhaiter la bienvenue au public ici présent qui aura
à faire des commentaires à la commission. Nous allons essayer de
procéder avec le plus de dextérité possible, entendre le
plus de gens possible, selon l'ordre du jour. En ce qui concerne les membres
votants de la commission, un peu plus tard au cours de la séance on
pourra en donner la liste afin que ce soit enregistré officiellement au
journal des Débats.
Je demanderais qu'on garde le silence s'il vous plaît.
Si les membres sont consentants, on peut commencer
immédiatement.
M. GAGNON: A titre d'information, combien le président a-t-il
reçu de demandes pour comparaître ici?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce sont des associations. Il y a un
individu sur une liste de quelque 250 noms. Il y en a déjà quatre
ou cinq qui sont déjà passés. S'il y a consentement de la
commission, à une séance subséquente nous n'entendrons
probablement que des individus. Mais, dans le moment, nous essayons de
procéder selon l'ordre que nous avons au secrétariat. Nous en
passerons un certain nombre. Aujourd'hui, nous avons un individu et cinq
associations à entendre. Demain, nous reprenons à peu près
avec le même nombre.
Sans plus de préambule, M. le ministre il n'y a pas de
commentaire, je pense bien nous allons entendre les représentants
de l'Organisation des chauffeurs de taxi de Montréal. J'ai, comme
porte-parole, M. Morin. Je ne sais pas si c'est changé mais on voudra
bien nous en aviser. Alors, messieurs, si vous voulez vous identifier, comme on
l'a fait la semaine dernière. L'identification est nécessaire
d'abord pour l'information des membres de la commission et ensuite afin que
celui qui est à la console, celui qui contrôle les enregistrements
puisse savoir à qui il a affaire lorsque quelqu'un fait un commentaire.
C'est surtout pour identification. Alors, sans plus de préambule,
allez-y.
Organisation des chauffeurs de taxi de
Montréal
M.MORIN: Mon nom est Marcel Morin, chauffeur de taxi régulier. A
ma gauche Gilles
Morin, aussi chauffeur de taxi régulier, et M. Nigel Hamer,
chauffeur de taxi régulier.
A ma droite, le conseiller technique de l'OCTM, Jean-Pierre
Bélanger. La façon dont nous aimerions procéder, c'est que
je dirige notre débat, au niveau des questions, et que nous lisions
notre mémoire. Est-ce que cela vous va? ,
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez un mémoire. Je vous
suggérerais de déposer le mémoire complet en annexe au
journal des Débats. Ensuite les observations et les commentaires se
feraient autour de votre mémoire. Faites une synthèse du
mémoire.
M. MORIN: C'est déjà une synthèse, M. le
Président. Ce ne sont que quelques pages.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui. Je demanderais qu'on
réduise cela au minimum, que ce soit non pas une lecture, mais une
synthèse, un résumé de votre mémoire. Nous
déposerons le mémoire. Vous l'avez déposé,
d'ailleurs. On demande que ce mémoire soit déposé en
annexe au journal des Débats. C'est comme s'il avait été
prononcé tout au long. Si vous résumez un peu, puisque tous les
membres ont une copie du mémoire, ils seront en mesure de vous poser des
questions sur des parties ou des sections du mémoire.
Je dis toujours que c'est pour gagner du temps, mais ce n'est pas
tellement cela. C'est surtout pour qu'on puisse entendre tous les groupes et
toutes les différentes personnes qui ont demandé de se faire
entendre aujourd'hui. (Voir annexe)
Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Vu que le résumé serait peut-être plus
long que la lecture des quelques feuilles, avez-vous objection à ce
qu'on fasse une certaine lecture, pour accommoder les représentants?
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ce qu'on a suggéré.
Allez-y donc.
M. MORIN: M. Bélanger en fera la lecture. LE PRESIDENT (M.
Séguin): M. Bélanger. M. MORIN: Oui.
M. BELANGER: La centrale unique. L'OCTM tient à affirmer son
accord avec la proposition du règlement no 6 de créer une seule
centrale de radio par agglomération. Cette centrale unique permettra
d'améliorer considérablement la qualité du service de
taxi, d'en réduire les coûts d'exploitation et, de là, de
prévenir les hausses de tarifs inutiles pour le client. Par la
même occasion, nous tenons à affirmer notre appui à
l'interdiction des concessions.
Il nous semble faux de prétendre que le système actuel
soit efficace. Les nombreuses
plaintes du public et des chauffeurs, la multiplication des petites
associations, le fait qu'un très grand nombre d'artisans ne soient
reliés à aucune centrale de radio et qu'un très grand
nombre de chauffeurs n'utilisent jamais le système de radio, tout cela
démontre l'inefficacité du système actuel de radio de
compagnie de services, à Montréal.
Il est faux de croire que ce serait le gigantisme de certaines
compagnies actuelles qui créerait cette inefficacité; c'est bien
plutôt le fait que les principaux intéressés, à
savoir les chauffeurs, les artisans et le public, ne sont absolument pas
impliqués dans le fonctionnement de ces compagnies.
Ajoutons aussi le fait que Diamond et Lasalle regroupent près de
75 p.c. des taxis de la ville de Montréal, et qu'il y a
déjà eu des tentatives, à ce qu'il semble, de fusion de
ces deux compagnies. On en conclut donc que la création d'une seule
compagnie de service semble être aussi une nécessité pour
les compagnies existantes, mais pour elles, à la condition qu'elles en
gardent le contrôle et continuent de fonctionner sous le même
principe de rentabilité qu'actuellement.
La proposition du règlement no 6 de créer une seule
association nous semble aller dans le sens de l'évolution normale de
l'industrie, et a de plus le double avantage d'être à but non
lucratif et être contrôlée par ceux qui exploitent vraiment
le service de taxi, à savoir les détenteurs de permis et surtout
les chauffeurs artisants à raison de 60 p.c. des membres.
D nous semble cependant que le règlement devrait être
amendé de façon à: 1 ) Eliminer toute procuration dans les
prises de décision de l'association unique; 2) Bien établir
l'autorité souveraine de l'assemblée générale sur
toutes les décisions; en particulier sur la question du rachat des
compagnies existantes; 3 ) Intégrer la pleine participation des
chauffeurs réguliers aux décisons de cette association unique; 4)
Que le rachat des compagnies existantes soit fait à la seule condition
que ce soit profitable à l'industrie du taxi;
Cependant, l'acceptation par l'OCTM de la création d'une centrale
unique est liée aux conditions suivantes: a) Et ça, c'est
très important. Que le gouvernement amende les lois pour rendre
possible la création d'un seul syndicat par agglomération pour
tous les chauffeurs de taxi; b) Que le gouvernement apporte certaines garanties
aux propriétaires uniques actuels détenteurs d'un seul permis,
à savoir:
De considérer le permis municipal comme un droit acquis. Il
s'agit du permis municipal ici;
De garantir le renouvellement des permis des propriétaires
uniques qui ont actuellement un permis municipal;
De garantir à tous les propriétaires uniques une pleine
compensation de la valeur spécu- lative au prix municipal du
marché et ce, à même une subvention du ministère des
Transports;
De ne pas imposer le cautionnement de $500 pour ceux qui ont un permis
municipal;
Enlever les normes de 60 heures par semaine et de 8 heures par jour pour
la voiture d'un propriétaire unique. c) Que soient retirés du
règlement les articles pouvant faire l'objet de négociation entre
la centrale unique et le syndicat unique. Voir section IV. Nous la verrons
tantôt.
Deuxièmement, le mode de rémunération. L'OCTM
propose que le système de location actuel soit permissible, mais que les
taux soient réglementés par voie de négociation et
là, il y a un ajout qui a été fait, qui a
été rapporté à la section IV. En fait le dernier
paragraphe de la section IV devait aller en haut et que le
règlement soit amendé pour reconnaître le chauffeur de
location comme un salarié pour les fins des lois du travail.
Je continue à la section II. L'OCTM tient cependant à
ajouter que, de toute façon, le mode de rémunération au
pourcentage apparaît totalement inacceptable sans l'existence d'un
syndicat pour assurer une juste et croissante rémunération des
chauffeurs.
Troisièmement, l'OCTM tient à affirmer son appui aux
objectifs suivants du règlement: sécurité sociale pour les
chauffeurs, garantie d'un revenu minimum, abolition de la spéculation
sur les permis, ce qui permettrait aux chauffeurs d'en avoir un sans avoir
à peiner pendant des années à des taux exorbitants,
émission de 60 p.c. des permis de taxi à des chauffeurs, mode
d'émission des permis fonctionnant avec les listes d'attente, obligation
d'avoir son revenu principal dans le taxi pour les personnes physiques et les
corporations. Ceci ne constitue que certains exemples des choses avec
lesquelles nous sommes d'accord. Les choses avec lesquelles nous ne sommes pas
d'accord, nous le disons. Pour le reste, c'est implicite qu'on l'accepte plus
ou moins.
Quatrièmement. Réglementation par l'industrie. En raison
de son caractère complexe et très souvent local, il nous semble
préférable de réglementer le taxi sur une base locale et
par voie de négociation plutôt que par une réglementation
provinciale unique en ce qui concerne les conditions de travail et
d'opération du service. Il y a la liste, à l'annexe "A" des
articles qu'on voudrait voir sortir du règlement pour fins de
négociation ou amendés. Ce sont les articles qui concernent les
heures de travail, par exemple, les assignations, etc.
Cinquièmement. On tombe dans le règlement no 4. L'OCTM
considère que le règlement no 4 sur le permis de chauffeur de
taxi doit être amendé de façon à enlever le
cautionnement de $100 qui nous apparait une mesure pour pallier l'absence d'une
politique de main-d'oeuvre dans le taxi, enlever la limite de 65 ans et
garantir aux chauffeurs actifs actuels le renouvellement de
leur permis dans le cadre du règlement no 4. Ce qu'on veut dire
ici, c'est garantir aux non-Canadiens qui ont déjà un permis le
droit de conserver leur permis jusqu'au moment où ils seront Canadiens
ou donner un certain délai, pour ce qui est de leur langue de travail,
à ceux qui ont déjà leur permis de chauffeur de taxi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez terminé, M.
Bélanger?
M. BELANGER: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci. Le ministre du Transport...
M. PAUL: Pourriez-vous nous dire, M. Bélanger, combien il y a de
membres dans votre association? Ne compte-t-elle que des chauffeurs de taxi ou
y a-t-il également des propriétaires ou des taxis artisans?
M. BELANGER: Notre organisation est née en novembre 1972 de la
fusion du mouvement de libération du taxi, qui existe depuis 1968, et du
comité d'information du taxi, qui travaillait surtout au niveau des
flottes, pour garantir la sécurité des voitures. La fusion a
été faite en novembre 1972, comme je vous le disais, et, en fait,
il n'y a pas eu de recrutement comme tel. Il y a eu plutôt la
consolidation et l'organisation d'un organisme. L'organisation a
été enregistrée. Il y a un comité exécutif
de cinq personnes. Pour être membre du comité exécutif, il
faut être chauffeur régulier de flotte depuis au moins deux ans.
Tous satisfont à cette norme. Jusqu'à très
récemment, il y avait des chauffeurs artisans, mais, depuis la semaine
dernière, il n'y a plus de chauffeur artisan dans l'OCTM. La campagne
d'organisation n'est pas encore commencée. Nous avons dû nous
occuper de comprendre le règlement, de l'expliquer aux chauffeurs en
assemblée générale. Ce ne sont pas des membres encore,
parce que nous n'avons pas encore commencé la campagne de perception de
$2. Il y a eu des sessions d'étude qui ont duré cinq heures sur
le règlement no 6 et de là des résolutions.
M. PAUL: Je vous remercie, M. Bélanger. Vous avez
mentionné qu'il y avait eu fusion du MLT et d'une autre association.
M. BELANGER: Comité d'information du taxi, formé de
chauffeurs de taxi.
M. PAUL: Comité d'information. Pourriez-vous me dire combien de
membres cela comprend? Je retiens de votre mémoire que vous n'avez pas
fait de recrutement, vous n'avez pas eu le temps jusqu'ici de faire de
recrutement, mais, à toutes fins pratiques, combien de membres font
partie de votre association?
M. BELANGER: M. Paul, j'ai un peu répondu tantôt, dans le
sens...
M. PAUL: Vous avez parlé de fusion. Vous ne m'avez pas
donné de nombre.
M. BELANGER: Oui, d'accord. Je ne vous ai pas donné le nombre. Je
vais vous répondre. On n'a pas de membre, effectivement, comme on le dit
dans la salle. Il y a des membres, mais il n'y en a pas à la tonne. Un
instant, laissez-nous répondre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
demanderais qu'on garde un silence aussi respectueux que possible durant ces
énoncés, durant ces commentaires, durant les questions, durant la
lecture ou le résumé d'un mémoire. Nous allons entendre
tout le monde et la commission, le ministère pourra juger, à la
fin, selon les témoignages, ce qu'il faut faire de ce règlement
no 6 sur l'industrie du taxi. Mais, au moins, qu'on entende chacun, librement.
Il a été question d'un mouvement de libération du taxi
tout à l'heure, qu'on soit donc libre de s'exprimer sans qu'il y ait
d'autres commentaires.
Les autres auront leur tour et ils pourront démentir ceux qui les
ont précédés. On entendra tout cela. S'il vous
plaît, M. Bélanger, j'espère que vous pourrez
procéder avec dextérité.
M. BELANGER: Cela fait des années qu'il se ramasse, dans le taxi,
des $2 pour des cartes de membres. Nous avons décidé de ne pas le
faire. Cela fait quatre ans qu'on ne le fait pas et il semble que cela rejoint
un peu la réalité dans le taxi. Donnez-nous une
possibilité de former un syndicat plutôt que de ramasser des $2 et
d'écoeurer les gars qui se retrouvent déprimés au bout
moins $2 ou $6, parce que c'est pour rien. On ne ramasse pas de $2. On ne
ramasse pas de "membership".
Cependant, on publie un journal, le seul journal de chauffeurs de taxi
qu'il y ait à Montréal, fait par des chauffeurs de taxi, et on le
vend $0.10 la copie. On en vend 2,000 copies.
M. PAUL: M. Bélanger, à la page 1 de votre mémoire,
dans la dernière phrase, je lis ceci: "Par la même occasion, nous
tenons à affirmer notre appui à l'interdiction des
concessions."
Votre association s'opposerait ou s'opposera à ce qu'il y ait des
concessions sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal pour permettre l'exercice de la profession de chauffeurs de
taxi. Quelles sont les raisons à l'appui de cette opinion que vous nous
donnez?
M. BELANGER: D'abord, elles sont coûteuses. C'est une raison.
Elles pourraient peut-être être utiles, mais on ne le pense
pas.
M. PAUL: Elles sont coûteuses pour qui? M. BELANGER: Pour le
public, pour le
chauffeur. Ce n'est pas le président de l'association qui paye
cela.
M. PAUL: En quoi le public paye-t-il davantage pour ces concessions? Je
comprends que le tarif est fixé.
M. BELANGER: Cela entre dans les coûts de rentabilité de
l'association, quand ils arrivent et disent que cela ne rapporte pas.
M. PAUL: Vous allez admettre, M. Bélanger, que le public est
très indirectement frappé par le coût de ces
concessions.
M. BELANGER: Comme dans tout.
M. PAUL: Vous croyez que ces postes, ces concessions ne sont pas
nécessaires pour donner un bon service de taxi à la
population?
M. BELANGER: Quand il y avait une concession à Dorval pour Murray
Hill, on disait que c'était pour assurer le service de taxi et on disait
que le taxi ne serait jamais capable d'assurer un bon service. Il y a eu une
commission parlementaire à Ottawa sur le service à
l'aéroport. A ce moment-là, le MLT, en assemblée
générale et, après cela, en comité de travail de
quinze personnes, a présenté un mémoire de 40 pages
contenant vingt propositions. Ce mémoire a plus ou moins
été respecté à court terme quoique, à long
terme, on s'oriente drôlement vers cette solution.
On se rend compte que le service de taxi est non seulement capable de
servir à l'aéroport, mais il est même en nombre
excédentaire. Nous ne pensons pas qu'il sera nécessaire d'avoir
le coût des concessions pour le fonctionnement de l'industrie, s'ils sont
tous réunis dans une association unique.
M. PAUL: En supposant que la concession de l'aéroport de Dorval
n'ait pas donné satisfaction et au public et aux chauffeurs de
taxi...
M. BELANGER: II y a des explications à ça.
M. PAUL: Oui. Je ne me prononce pas sur le bien-fondé des
avantages et des critiques que nous avons entendus là-dessus.
Admettez-vous que d'autres concessions situées sur tout le
territoire de l'île de Montréal fonctionnent sans créer
d'embêtement comme la concession de Dorval a pu en créer?
M. BELANGER: Je trouve votre question incomplète. Il faudrait
savoir...
M. PAUL: J'aimerais que vous la complétiez et surtout que vous
complétiez la réponse.
M. BELANGER: II faudrait savoir comment a été
organisé le poste à Dorval. On l'a critiqué dès le
début en disant qu'il n'y avait aucun contrôle et cela a permis
à certains indésirables de s'y infiltrer, d'autant plus qu'on a
mis les chauffeurs de taxi en attente de façon à favoriser
infailliblement des abus. Quand vous attendez trois ou quatre heures en ligne
et que vous avez un voyage de, je ne sais pas, $1.50, à un moment
donné, vous avez l'idée, c'est normal, surtout si vous avez le
gars à payer...
Pour ce qui est des concessions de taxi, qu'on nous démontre
qu'on assure le service. Cette chose est loin d'être
démontrée. Pour les hôpitaux, il n'y a pas de concession et
ça fonctionne aussi bien. Il y a des hôpitaux où il y en a
et où il n'y a pas de service.
D'ailleurs, certaines associations, à partir d'une certaine
heure, n'ont plus de service garanti, de la part de certaines concessions. Vous
n'avez qu'a vous rendre à la gare centrale à certaines heures
je prends celle-là parce que c'est la plus connue et ils
sont obligés de prendre n'importe quels taxis.
M. PAUL: Toujours dans le même ordre d'idées, M.
Bélanger, à la page 2 de votre mémoire, vous mentionnez
que le public formule de nombreuses plaintes sur le fonctionnement du
système actuel. Pourriez-vous nous dire quelles sont en
résumé les plaintes que le public peut adresser, par exemple, aux
chauffeurs de taxi sur le fonctionnement du système actuel?
M. BELANGER: Les chauffeurs de taxi servent de boucs émissaires
à toutes sortes de choses. Je pourrais relever les plaintes qui ne
relèvent pas directement des chauffeurs de taxi, dont ils ne sont pas
responsables, en termes de service. En termes de métier, ce que l'on
appelle "no load" cela existe. Quand vous recevez trois ou quatre taxis en
même temps ou que le taxi ne vient pas, cela peut se produire. Un client
appelle trois ou quatre compagnies.
Ce n'est pas qu'il y ait trois ou quatre compagnies, c'est parce qu'il y
en a 46.
M. PAUL: M. Bélanger, j'aurais peut-être deux autres
questions. C'est au sujet des associations de services. A la page 2 de votre
mémoire, je lis l'avant-dernier paragraphe: "La proposition du
règlement no 6 de créer une seule association nous semble aller
dans le sens de l'évolution normale de l'industrie et a de plus le
double avantage d'être à but non lucratif et d'être
contrôlée par ceux qui opèrent vraiment le service de taxi,
à savoir les détenteurs de permis et surtout les chauffeurs
artisans en raison de 60 p.c. des membres." Est-ce que vous voulez dire par
là, vous me corrigerez si j'interprète mal le texte, que 60 p.c.
des chauffeurs de taxi à Montréal ne sont pas des artisans ou
propriétaires de flotte?
M. BELANGER: Non, c'est en fonction de la proposition du
règlement no 6, où on donne 60 p.c. du même...
M. PAUL: C'est par référence à l'avant-projet.
M. BELANGER: Oui, ce paragraphe est sur l'avant-projet comme tel et non
pas sur la réalité actuelle.
M. PAUL: A la page 3, au deuxième paragraphe, M. Bélanger,
vous nous suggérez que l'autorité compétente,
l'Assemblée nationale ou le gouvernement, par délégation
du pouvoir qui lui est accordé par l'article 5 du bill no 23, vous
permette d'établir, vous, membres de votre association, comme
autorité souveraine, l'assemblée générale, sur
toutes les décisions, en particulier la question du rachat des
compagnies existantes. Est-ce que vous pourriez élaborer quelque peu sur
cet aspect de votre mémoire?
M. BELANGER: Disons que je vais expliquer ce que je comprends, parce que
je n'ai pas très bien compris votre question. Cela se rapporte à
l'assemblée des membres de l'association unique, tel que proposé
dans le règlement no 6. Il y a des aspects dans le règlement qui
ne nous semblent pas tellement clairs. Evidemment, nous ne sommes pas des
avocats. Il ne semble pas tellement clair que ce soit l'assemblée
générale annuelle des membres et détenteurs de permis qui
ait toute l'autorité. Parfois, on dirait, dans le règlement,
parce qu'il n'est pas tout à fait clair, que le conseil d'administration
de l'association unique aurait peut-être des pouvoirs que n'aurait pas
l'assemblée générale.
Nous voulons tout simplement souligner que, si on est d'accord sur
l'association unique, on veut que ce soit l'ensemble des détenteurs qui
prennent les décisions.
M. PAUL: Si je comprends bien votre recommandation ou votre
suggestion...
M. BELANGER: Dans le cadre du règlement...
M. PAUL: ... c'est l'assemblée générale des membres
de l'association unique qui déciderait si une association doit
être indemnisée ou non, comme conséquence de sa disparition
du monde du taxi.
M. BELANGER: C'est cela.
M. PAUL: En supposant que votre association en vienne à la
décision que l'expropriation devrait se faire, quel serait,
d'après vous, l'organisme habilité pour étudier le
problème de l'indemnité d'expropriation?
M. BELANGER: Je n'ai aucune expérience dans ce domaine-là,
monsieur.
M. PAUL: Est-ce que vous exigeriez que l'assemblée
générale se prononce une autre fois quant au montant de
l'expropriation d'une association de services?
M. BELANGER: Cela va de soi. Selon notre proposition, c'est cela. Il
faut préciser aussi que le règlement no 6 ne parle pas de
l'expropriation de tous les biens des associations existantes. Le
règlement no 6 rend obligatoire une centrale téléphonique
unique, ce qui est une partie assez peu importante des biens capitaux des
associations existantes, d'autant plus que le règlement no 6 semble
limiter l'actif des biens meubles à $2 millions. Or, il est impossible,
avec $2 millions, d'acheter Lasalle et Diamond à Montréal.
M. PAUL: Est-ce que, d'après vous, vous avez eu suffisamment de
temps pour étudier toutes les implications de l'avant-projet de
règlement no 6 sur le taxi? Est-ce qu'il y a des points que vous
voudriez voir amendés, corrigés, assouplis, tant pour le bon
service au public que pour la sécurité, la liberté
d'emploi du chauffeur de taxi?
M. BELANGER: Ce qui nous semble important, c'est mettre de l'ordre dans
l'industrie pour en faire une industrie normale. Une des forces d'une compagnie
concurrente du taxi, c'est justement qu'elle était organisée.
L'industrie du taxi n'est pas organisée, il y a trop de niveaux
d'autorité, trop de niveaux de décision là-dedans. Nous ne
savons pas qui prend les décisions. On nous promène du poste de
flotte à la police, de la police à l'association, de
l'association au garage, du garage à l'assurance, de l'assurance au
fédéral, du fédéral au provincial, etc. Nous
pensons que le règlement no 6 va mettre de l'ordre dans l'industrie, que
l'industrie va pouvoir se développer, offrir des conditions de travail
décentes si on inclut un syndicat. Alors, sur l'association unique, nous
sommes amplement d'accord pour mettre un peu d'ordre. Ce seront les
détenteurs de permis et non pas les gens qui ne sont pas directement
impliqués, ce seront les patrons de flotte et les propriétaires
artisans qui contrôleront l'industrie. Pour ce qui est des conditions de
travail, pour ce qui est des modalités de travail, comme appeler
à la centrale, etc., l'industrie du taxi étant extrêmement
complexe nous ne pensons pas que cela puisse se régler dans un
règlement. Ce que nous demandons, c'est qu'il y ait un syndicat qui
négocie cela avec l'association unique. Si le gouvernement, dans son
intention de protéger l'intérêt du public, tient à
avoir un droit de regard sur ces règlements de l'annexe "A", il pourra
peut-être exiger que la Commission des transports ratifie le
règlement négocié sous certains aspects avant qu'il entre
en vigueur. Cela permettrait aussi de faire des règlements qui seraient
plus appropriés à Québec, d'autres à Sherbrooke,
d'autres à Saint-Tite, d'autres à Montréal.
M. PAUL: Depuis la parution du règlement no 6, vous avez eu
l'occasion de discuter de ce règlement en combien d'occasions avec les
chauffeurs de taxi?
M. BELANGER: Pendant des heures et des heures.
M. PAUL: Je ne parle pas de temps, je parle d'occasions.
M. BELANGER: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
M. PAUL: Combien de consultations avez-vous eues? Est-ce que
c'était au niveau privé ou en réunions publiques?
M. BOSSE: M. le Président, sur un point d'ordre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion, sur
un point d'ordre.
M. BOSSE: M. le Président, pour répondre au
député de Maskinongé, je ne veux pas, ici, venir à
la rescousse de qui que ce soit. Je voudrais tout simplement expliquer
l'espèce de climat qui règne, plus particulièrement
à Montréal et aussi à d'autres endroits, sur le plan de
l'organisation et de la représentation.
M. PAUL: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. PAUL: ... M. Bélanger répond d'une façon
très claire. Il répond avec intelligence aux questions que je lui
pose. Je voudrais bien que le député de Dorion reste dans son
jardin, pour le moment.
M. BOSSE: Je voulais tout simplement apporter des
éclaircissements. Que le député de Maskinongé
n'essaie pas de se faire du capital politique sur le dos des chauffeurs de taxi
!
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
La parole est à M. Bélanger, qui a été
interrompu.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
J'inviterais l'honorable député de Dorion à lire l'article
100 de notre règlement. Quant à moi, je n'ai aucun capital
politique à me faire. La seule politique qui me guide, actuellement,
comme la majorité des collègues de cette commission, c'est la
liberté, la sécurité et l'ordre dans le monde du taxi,
à Montréal et au Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Dans le cas où il y aurait, dans
l'auditoire et dans le public, des personnes qui n'auraient pas
été ici la semaine dernière, à nos commissions nous
ne tolérerons pas de démonstrations en faveur ou contre, peu
importe. Je vous demanderais de vous contenir, de vous asseoir sur vos mains,
surtout, et de parler à voix basse, si vous avez à parler
à votre voisin ou à votre collègue. Mais nous demandons
pour le mieux-être de nos travaux, qu'on s'abstienne de toutes
démonstrations, quelles qu'elles soient, s'il vous plaît. M.
Bélanger.
M. BELANGER: Pour répondre au député de
Maskinongé, je vais donner le déroulement du programme que nous
avons suivi à partir du règlement no 6. D'abord, nous l'avons
reçu sur la tête, comme tout le monde, le 21 décembre. Nous
n'étions pas contents et nous l'avons dit. Les chauffeurs l'ont tous lu
pendant la période de Noël. Ils l'ont lu et ils l'ont compris.
Malgré les détails, ce n'était pas si compliqué que
cela. Immédiatement après le jour de l'An, le 3 janvier, nous
avons tenu une assemblée de l'exécutif, où nous avons
senti la nécessité de nous informer davantage, plus
précisément sur le règlement. Le dimanche d'après,
le 7 janvier, par des contacts personnels, il y a deux groupes d'étude,
au total 35 personnes, qui ont étudié, pendant 5 heures, le
règlement no 6. C'étaient des chauffeurs de taxi. On l'a
étudié avec des documents préparés, pour le
résumer un peu. De cela sont sorties des propositions qui ont
été imprimées dans un journal qui a été
diffusé à 3,000 copies. De là, nous avons tenu notre
assemblée, le 14 janvier. Il y avait à peu près 100
personnes. Pourquoi y avait-il 100 personnes? On n'a pas profité, comme
certains autres groupes, des ondes de radio-taxi pour faire du recrutement. Au
contraire, on a annoncé sur les ondes de taxi, à Montréal,
en même temps que nous faisions notre assemblée, à une
heure trente, des assemblées à deux heures trente ici et
là.
M. PAUL: M. Bélanger, je vous remercie, de même que vos
compagnons pour les recommandations qui sont contenues dans votre
mémoire et qui, sûrement, retiendront, en temps utile, l'attention
des membres de la commission.
M. BELANGER: Merci, M. Paul.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, j'ai entendu M. Bélanger, tout
à l'heure, demander, à l'article 3, ici, d'intégrer une
pleine participation des chauffeurs réguliers aux décisions de
cette association unique. Est-ce que réellement vous croyez que c'est
une chose assez facile à demander que les chauffeurs puissent participer
aux décisions prises par cette association unique?
M. BELANGER: II y a un comité consulta-
tif. Il serait peut-être bon qu'il y ait une participation au
moins égale pour les chauffeurs de taxi, dans le règlement no 6.
Mais ce que nous demandons surtout, c'est qu'on amende les lois pour
créer un syndicat au niveau de toute l'agglomération. Sans cela,
on sera pris avec des syndicats de trois, quatre ou cinq gars, des petites
flottes de vingt.
Cela va devenir un cul-de-sac. D'après nous, le chauffeur de taxi
est le centre de l'industrie. Les instruments sont là pour l'aider, mais
le véritable centre de l'industrie, c'est le chauffeur de taxi.
Et la preuve, les meilleures associations à Montréal sont
faites par des chauffeurs de taxi réguliers, surtout des artisans.
M. AUDET: Vous ne croyez pas que vous auriez plus de chance à
donner votre idée ou à avoir droit au chapitre en vous
intégrant d'une façon financière, avec une participation
en achetant des titres dans le taxi à Montréal? Ces associations
ont des mises de fond, des capitaux d'investis. Si on s'en remet au
passé, je crois que ce sont surtout ceux qui investissent beaucoup de
capitaux qui ont le droit de parole.
Par cette même intégration, sous forme financière,
en achetant des obligations quelconques, vous ne croyez pas avoir plus le droit
de parole dans cette association unique, si vous participiez par des mises de
fonds.
M. BELANGER: Dans le cadre actuel ou dans le cadre du règlement
no 6?
M. AUDET: Vous demandez ici une association unique. Ce n'est
peut-être pas ce que l'ensemble des intéressés au taxi
demandent. Et même sous cette forme d'association unique, je crois
réellement qu'il serait assez difficile de faire accepter un droit de
parole à votre syndicat, au même titre que ceux qui ont mis de
forts capitaux.
M. BELANGER: Les capitaux vont être extrêmement restreints
si ce règlement est apporté. Comme disait le rapport Bossé
et nous, ça fait des années que nous le disons si
vous prenez un taxi non pas l'association, mais un taxi 60 p.c.
de l'investissement est composé uniquement d'investissements purement
spéculatifs. Le rapport Bossé veut restreindre ça. Nous
sommes entièrement d'accord.
D'autre part, nous ne croyons pas que les chauffeurs qui connaissent
l'industrie et qui misent leur vie des types comme M. Lippé, que
vous avez entendu la semaine passée, il y en a des centaines n'aient pas
le droit de dire comment ça se règlemente le taxi. Il faut dire
que dans le passé, et depuis plusieurs années, ce ne sont pas les
propriétaires qui ont remis en cause le fonctionnement de l'industrie du
taxi et qui ont apporté des suggestions qui apporteraient des
améliorations, ce sont les chauffeurs. Ce sont eux qui connaissent
l'industrie.
Dans le cadre actuel, je ne dis pas que c'est impossible, mais c'est
extrêmement difficile pour un chauffeur de taxi de détenir un
permis. Le permis est rendu à $6,000 à Montréal, plus la
voiture, plus l'intérêt, parce que le permis n'est pas monnayable.
Comme disait M. Lippé, le gars ne s'en tire pas à moins de dix
ans à des heures de fou, et il se retrouve brûlé. Et il
faut qu'il prenne entre-temps des assurances, parce qu'à la moindre
malchance c'est fini, il se retrouve chauffeur.
M. AUDET: Vous prônez la formation obligatoire d'un syndicat
unique des chauffeurs de taxi.
M. BELANGER: Oui, parallèle à l'association obligatoire de
patrons que suggère le règlement no 6.
M. AUDET: Dans cette formation obligatoire, est-ce que vous
prévoyez la demande du droit de grève dans votre syndicat ou si
vous attendez de vous le faire enlever?
M. BELANGER: Donnez-nous le droit de décision ou donnez-nous le
droit de grève, l'un ou l'autre. Je ne pense pas qu'il y ait un
chauffeur qui aime ça faire la grève.
M. AUDET: Vous dites, au sujet des concessions, que vous doutez du
service qui peut être garanti. Est-ce que ces concessions
accordées à certains endroits à Montréal ne sont
pas accordées moyennant une garantie de services?
M. BELANGER: Oui, mais ça ne veut pas dire que les chauffeurs ne
peuvent pas le garantir. Au port de Montréal, il n'y a pas de
concessions, les chauffeurs savent quand les bateaux descendent. Au
Reine-Elisabeth, il n'y a pas de concessions; à l'aéroport non
plus.
M. AUDET: A certains hôpitaux?
M. BELANGER: A certains hôpitaux il y en a, à d'autres il
n'y en a pas. S'il y a une bonne clientèle et que les compagnies veulent
monnayer ça, ils disent: Je contrôle et je te charge pour
ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Juste quelques questions à M.
Bélanger. Vous dites: "L'OCTM propose que le système de location
à la page 4 soit permissible, mais que les taux soient
réglementés par voie de négociation, l'OCTM tient à
ajouter que de toute façon le mode de rémunération au
pourcentage apparaît totalement inacceptable sans l'existence d'un
syndicat pour assurer une juste et croissante rémunération aux
chauffeurs."
Vous voulez dire par là que ça devrait être un
syndicat des chauffeurs qui pourrait négocier le taux de
pourcentage?
M. BELANGER: II le faut absolument.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II faut que ce soit négocié et
non pas imposé par un règlement. C'est ça que vous
voulez?
M. BELANGER: Oui. Les salaires négociés, quoi. S'il n'y a
pas de négociation, c'est évident que, si vous imposez le
pourcentage, une foule de bonshommes vont perdre leur emploi, surtout les
meilleurs chauffeurs, qui sont les plus âgés et qui ne peuvent pas
travailler comme les jeunes Turcs. Ils vont être
préférés à des jeunes qui arrivent dans l'industrie
pleins de ferveur mais qui sont souvent la cause des problèmes dans le
taxi, accidents, service plus ou moins efficace, etc. Les meilleurs chauffeurs
sont les chauffeurs âgés. Ils font à attention à
l'automobile mais ils ne peuvent pas donner un rendement aussi grand que les
jeunes Turcs ou qu'un bonhomme qui vient une journée par mois, deux
jours par semaine ou quelque chose de ce genre. Si vous imposez le pourcentage
non réglementé comme à New York, par exemple, plus vous
êtes ancien dans le taxi, meilleur est votre pourcentage. Actuellement,
à Montréal, quand vous ne fonctionnez pas à location, le
système est 40 p.c. On a fait des calculs en comparant au revenu actuel,
sur le système de location de 40 p.c; vous arrivez en bas de ce qui
existe actuellement. Il faudrait que ce soit au moins le salaire minimum, sans
cela, vous allez perdre tous les meilleurs chauffeurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous voulez dire qu'il faudrait qu'un
syndicat des chauffeurs négocie les conditions, c'est-à-dire que
même un syndicat des chauffeurs pourrait fort bien décider de
garder le système de location ou marcher au pourcentage. Ce serait la
décision des membres du syndicat. Est-ce que je me trompe?
M. BELANGER: On ne fera pas une émeute là-dessus.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, vous ne feriez pas une émeute
là-dessus.
M. BELANGER: Ce n'est pas le point essentiel. Je comprends votre
argument mais ce n'est pas le point essentiel, pour nous. S'il y en a qui
veulent parler à ma place...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord. Toujours en page 4,
Réglementation par l'industrie, "en raison de son caractère
complexe et très souvent local, il nous semble préférable
de réglementer le taxi sur une base locale et par voie de
négociations, plutôt que par réglementation provinciale."
Vous voulez dire que ce ne sont pas les mêmes problèmes à
Sherbrooke, Québec ou Montréal et la réglementation ne
devrait pas être la même?
M. BELANGER: En ce qui concerne les articles annexés en a),
c'est-à-dire le fonctionnement interne de l'industrie du taxi,
l'assigna- tion, par exemple, la question de la radio, il est impensable de
fonctionner avec la radio dans le centre-ville de Montréal. Cela ne
fonctionne pas comme ça dans le centre-ville de Montréal. Il y a
toutes sortes d'autres choses comme ça. A New York, ça fonctionne
sans radio. On ne peut pas comparer le fonctionnement d'une industrie d'une
métropole ou des banlieues à celui d'une petite
municipalité ou d'une ville comme Québec. Je n'ai aucune
idée du système de fonctionnement de taxi à Québec.
C'est sûrement fondé sur la nature de l'industrie; qui prend le
taxi à Québec, qui prend le taxi à Montréal, quand,
où, comment? A Montréal, par exemple, vous avez un réseau
d'affaires au centre-ville. Il y a beaucoup de déplacements entre ces
bureaux d'affaires. Les appels se font d'urgence. En fait, il n'y a pas
d'appel, les gens descendent au "stand" et prennent un taxi tout de suite. Si
vous prenez une petite municipalité, ça peut être
totalement différent. Evidemment, si le gouvernement veut maintenir un
bon service, il peut exiger que certaines décisions soient soumises
à l'approbation de la Commission des transports. Mais qu'il y ait au
moins des propositions plus concrètes qui soient faites par les
industries locales. Ceci ne concerne pas les articles fondamentaux du
règlement. La centrale unique, on est pour, pour autant que c'est
possible. Evidemment qu'à Saint-Tite c'est différent. D'ailleurs,
je pense que le règlement l'a prévu. Les régions ne sont
pas toutes soumises aux règlements.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une dernière question. Est-ce qu'il y
a un règlement municipal qui défend de se servir des ondes du
taxi pour faire des réclames commerciales ou convocations
d'assemblées? Il y a un règlement municipal?
M. BELANGER: II me semble que oui.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Je sais qu'il y en a, je ne sais pas le
numéro. Tantôt, en réponse à une question du
député de Maskinongé, vous sembliez faire allusion
à certaines assemblées qui auraient été
convoquées par l'entremise des ondes du taxi. Est-ce qu'il y a des
convocations d'assemblées qui ont eu lieu de cette manière?
M. BELANGER: Oui, monsieur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux vous demander lesquelles?
Vous n'êtes pas obligé de me répondre.
M. BELANGER: Oui, je peux répondre. M. HAMER: Je travaille pour
Diamond...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Votre nom s'il vous plaît, je ne
crois pas qu'on l'ait.
M. HAMER: Nigel Hamer, je travaille pour Diamond sur une flotte. Pendant
les deux ou trois jours avant l'assemblée à Paul-Sauvé,
qui a été convoquée par la conférence des
propriétaires, il y a eu des annonces à toutes les heures
à la radio de Diamond. Je connais des gens dans la salle qui ont entendu
ces annonces aussi avant la première journée de la commission
parlementaire, à toutes les heures, disant que Diamond organisait des
autobus pour venir ici pour les chauffeurs et les propriétaires uniques;
mais il fallait, pour monter dans ces autobus, aller chez Diamond et signer un
papier attestant que chacun était d'accord sur ses propositions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été fait malgré
un règlement municipal.
M. HAMER: Il y a bien des règlements municipaux sur le taxi qui
ne sont jamais appliqués. Ils s'en foutent pas mal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Seulement une autre question à M.
Bélanger. Je ne vous l'expliquerai pas, vous étiez ici la semaine
dernière et vous en avez entendu parler longuement. Qu'est-ce que vous
pensez de la suggestion au tableau d'une association obligatoire en vertu du
bill 23, l'association des détenteurs de permis, mais une autre
association coopérative d'achat, de services et tout ça,
parallèle, qui ferait concurrence aux autres, quelle est votre
idée?
M. BELANGER : Le règlement no 6 apporte une réforme en
profondeur qui est attendue depuis 40 ans dans le taxi, qui a
déjà été proposée d'ailleurs en 1933 et en
1940 par des enquêtes gouvernementales. Si le gouvernement a passé
deux et trois ans à faire des recherches pour arriver à
l'idée qu'il faut faire une association de propriétaires,
franchement, on aurait pu y penser avant. Pour nous, cela parait évident
qu'il faut créer une association unique tel que le propose le
règlement no 6, ce qui ne veut pas dire que Diamond va perdre sa
compagnie d'assurances, parce que dans le règlement no 6 il est bien dit
qu'elle va la garder sa compagnie d'assurances; ses garages, elle va les
garder, c'est évident. Ce qui est important, c'est que les centres de
décision soient entre les mains de ceux qui font le taxi. L'association
unique qui créerait une autre association parallèle, pourquoi? Si
le gouvernement calcule que le taxi est un service public, comme on le proclame
depuis quatre ans, il doit faire en sorte qu'il y ait une association unique,
un service unique et que l'industrie desserve le public. Les chauffeurs de
taxi, on leur en met beaucoup sur le dos. Le chauffeur de taxi régulier
est un bonhomme qui pense avant tout au service au public, mais il a dans les
jambes tout le fonctionnement anarchi-que du système de taxi, avec, en
premier lieu, le fonctionnement inefficace du système de taxi en termes
de multiples associations. Vous attendez un taxi chez vous, la compagnie dit
qu'il n'y en a pas, mais dans l'autre association à côté,
il y en a 50 ou 60 ou 200 qui ne font rien. Même chose en termes de
zones, etc. Vous attendez pour aller à tel endroit, mais il y a des
clients qui attendent parce que telle zone appartient à l'autre
association.
On vous dit: J'ai pris un taxi et le chauffeur m'a fait faire un grand
voyage. C'est qui, ça? Ce n'est pas un artisan, ce n'est pas un
chauffeur régulier qui fait cela, c'est son industrie. Ce sont ceux qui
viennent à temps partiel ou encore ceux qui faisaient du taxi
sans permis, les spoutniks et, heureusement, cela a été
réglé qui font ces choses. Ils n'ont aucun
intérêt dans l'industrie. Est-ce qu'un membre du Parti
québécois va s'amuser à parler contre le Parti
québécois ou à faire des choses qui vont nuire au Parti
québécois ainsi pour l'Union Nationale et le Parti
libéral? Quand vous êtes dedans, c'est à vous. Nous
calculons que cela va commencer à mettre un peu d'ordre. Cela fait 40
ans que ça attend, ça fait 40 ans que c'est anarchique avec les
amendements qu'on propose. Est-ce que j'ai répondu à votre
question?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. Bélanger, je présume que vous êtes
vous-même chauffeur de taxi.
M. BELANGER: Non, monsieur.
M. BERTHIAUME: Vous n'êtes pas chauffeur de taxi.
M. BELANGER: Je ne suis pas chauffeur de taxi.
M. BERTHIAUME: Est-ce qu'il y a des membres de votre exécutif qui
le sont?
M. BELANGER: Ils sont tous chauffeurs de taxi réguliers depuis
deux ans. Je suis le seul qui ne sois pas membre. J'ai étudié en
relations industrielles, j'ai été appelé il y a cinq ans
pour un syndicat de taxi qui était une fumisterie et, depuis ce
temps-là, je suis poigné là-dedans. Je travaille
gratuitement pour eux.
M. BERTHIAUME: Pardon?
M. BELANGER: Je travaille gratuitement pour eux.
M. BERTHIAUME: Vous avez un autre emploi, j'imagine, pour subvenir
à vos besoins?
M. BELANGER: Oui, je fais de la recherche. M. BERTHIAUME: Vous nous avez
dit tan-
tôt que votre organisation n'avait pas comme telle, pour le
moment, de membres. Comment est choisi l'exécutif de votre
organisation?
M. BELANGER: Les deux groupes initiaux se sont réunis, il y avait
peut-être une quarantaine de militants là-dedans, plus tout le
groupe de supporters qu'on ne peut pas identifier comme tel, ont choisi
l'exécutif.
M. BERTHIAUME: Par une élection en assemblée publique.
M. BELANGER: C'est un groupe interne. C'est un groupe d'organisation. Il
ne s'agit pas de rassembler tout Montréal pour savoir si on part sur
certaines bases. Nous l'avons élu à partir d'un groupe de
chauffeurs réguliers qui étaient d'accord pour former une
organisation. C'est un exécutif temporaire. On tiendra bientôt une
assemblée générale et il y aura une élection de
l'exécutif par les membres.
M. BERTHIAUME: Comment financez-vous vos activités?
M. BELANGER: On les finance d'abord par le militantisme. C'est tout du
travail bénévole qui se fait. Deuxièmement, on finance le
journal par la vente qu'on en fait et par les annonces qu'on a.
M. BERTHIAUME: Dans le journal?
M. BELANGER: Oui. Pour le reste, on n'a pas de dépenses.
M. BERTHIAUME: Sur un autre sujet. Malgré que je sois
arrivé un peu en retard, j'ai essayé de feuilleter votre
mémoire pour voir s'il y avait des commentaires sur l'obligation dans le
règlement no 6 de remplir une feuille de route. Je n'ai rien
trouvé, même si c'est peut-être là. Pourriez-vous me
donner quand même l'opinion de votre organisation sur cette
obligation?
M. BELANGER: Cela entre dans les articles qu'on veut soumettre par voie
de négociation, sur la base locale.
M. BERTHIAUME: S'il n'y avait pas cette obligation de remplir une
feuille de route, comment entrevoyez-vous que l'association unique, si elle
existait, le gouvernement ou n'importe quel organisme pourraient
contrôler le temps de chaque chauffeur ou de chaque véhicule qui
serait au service de la clientèle? Ma préoccupation, pour le
moment, c'est le service à la clientèle et je me demande comment
on pourrait le contrôler si on n'avait pas ce moyen. En avez-vous
d'autres que vous pouvez nous proposer qui atteindraient le même
objectif?
M. BELANGER: D'abord, on ne s'oppose pas à la feuille de route.
Ce n'est pas ce qu'on dit.
M. BERTHIAUME: Si c'est négociable, on peut supposer qu'il n'y a
pas d'obligation.
M. BELANGER: Oui.
M. BERTHIAUME: A ce moment-là, comment contrôler?
M. BELANGER: Ecoutez, on n'a pas fait les consultations à ce
niveau. C'est tellement compliqué.
M. BERTHIAUME: Vous n'êtes pas contre, en principe?
M. BELANGER: Non.
M. BERTHIAUME: Pourriez-vous m'éclairer maintenant sur un autre
aspect des associations existantes? Je pense, en particulier, au cas des
chauffeurs qui louent le véhicule. On m'a dit, dans des conversations
privées encore, qu'une des difficultés qu'on avait dans certaines
associations, c'est que la plupart des véhicules étaient
loués. Le propriétaire de flotte, qui loue son véhicule,
est client vis-à-vis de l'association et le chauffeur, jusqu'à un
certain point, est client aussi vis-à-vis du propriétaire de
flotte. Cela nous amène à cette difficulté de
contrôler la qualité du service, de contrôler la
présence ou même de discipliner le chauffeur de taxi ou le
propriétaire de flotte. Tout le monde est client par rapport à
l'autre. Finalement, c'est ce qui créerait, semble-t-il je vous
demande votre opinion, puisque vous êtes dans le milieu la
difficulté d'instaurer une discipline certaine dans le milieu, à
Montréal en particulier.
M. BELANGER: Si vous me le permettez, je ferais la distinction entre le
mode de rémunération et le système de discipline. Je veux
dire que ce n'est pas absolument nécessaire qu'un mode de
rémunération rende possible une discipline et que l'autre ne la
rende pas. Deuxièmement, on n'est pas tout à fait d'accord pour
dire que le problème du contrôle du chauffeur est celui de la
qualité du service. Au contraire, comme je le disais tantôt pour
le chauffeur de taxi régulier de flotte et le chauffeur artisan, il n'y
a pas de problème. Son service, c'est son industrie. C'est parfait. Le
problème n'est pas là. Le problème, c'est le
contrôle de ceux qui engagent les chauffeurs. C'est le contrôle des
"boss" finalement qui engagent n'importe qui et qui mettent de
côté, bien souvent, les chauffeurs réguliers pour des fins
purement de profit. Pour nous, c'est plutôt par une politique d'embauche
que par un contrôle excessif du chauffeur que vous allez avoir un bon
service par les chauffeurs. Je ne sais pas si cela répond à votre
question ou s'il y a autre chose.
M. BERTHIAUME: En principe, oui. Comment faire pour contrôler
l'embauche? Comment s'assurer que le bonhomme est d'une intégrité
et d'une conscience professionnelle telles qu'il fera son travail comme il se
doit, qu'il ne volera pas de voyages à un autre, etc?
M. BELANGER: II y a des comités de discipline qui existent
déjà. On en a prévu un dans le règlement no 6.
Nous, nous demandons un syndicat et cela se négociera. D'abord, mettez
l'industrie sur la base d'un travailleur régulier.
Le problème vient de ceux qui viennent là n'importe quand
et de n'importe où. On ne veut pas dire que le gars va travailler sept
jours par semaine, à la CTM le gars ne travaille pas sept jours par
semaine, mais sur une base régulière. Un gars qui travaille
là depuis deux ou trois ans, ne vous en faites pas, s'il est voleur, il
va se faire prendre et ça ne sera pas long, il va être
dépisté.
Mettez l'industrie sur une base régulière d'embauche, un
gars ferait ses heures normales, 40 ou 48 heures, avec un salaire raisonnable,
et éliminez cette espèce de main-d'oeuvre courante, imperceptible
qui crée la confusion dans l'industrie. C'est absolument incroyable.
C'est une des causes pour lesquelles il n'y a pas un syndicat du taxi, il y a
trop de monde, il y a 7,000 réguliers et 20,000 permis. Les chauffeurs
en arrivent à ne plus se parler, ils ne savent plus à qui ils
parlent, s'ils parlent à un facteur, à un débardeur,
à un policier ou au gars qui va leur voler leur automobile demain
matin.
Cela prend une politique de main-d'oeuvre, chose qui manque fortement et
dans le règlement no 4 et dans le règlement no 6, d'après
nous. Si le gouvernement ne veut pas l'imposer par voie de règlement,
nous, nous voulons le négocier. Nous voulons créer une industrie
qui se tienne, avec des gars qui vont gagner leur vie et qui vont se retrouver
après 30 ans de services avec une pension raisonnable, des heures de
vacances, etc.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
M. BERTHIAUME: C'est tout ce que j'avais comme question, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Une question, M. Bélanger. Au paragraphe b) de votre
mémoire vous dites: "Enlever les normes de 60 heures par semaine et de
huit heures par jour". Est-ce que vous faites des suggestions pour remplacer
cela ou bien si vous supposez que cela doit tout simplement disparaître?
Je comprends que, si on trouve ces normes à l'intérieur d'un
règlement, il y ait des sanctions. Je pense au chauffeur artisan en
particulier qui a la grippe une semaine ou que sa femme est malade, qui n'a pas
de ménagère, qui a des enfants qui vont à l'école
et il doit répondre aux exigences d'un règlement qui le
condamnerait à certaines sanctions. A ce moment, c'est assez
conséquent. Auriez-vous une suggestion ou bien si vous voulez tout
simplement que ça disparaisse à toutes fins que de droit?
M. BELANGER: D'abord, je crois que vous l'avez compris, on voulait
surtout réglementer la question des artisans parce que ça couvre
concrètement les heures de travail et non pas le fonctionnement du
véhicule pour ce qui est des artisans. Pour ce qui est d'une flotte, ce
ne sont pas tout à fait les heures de travail. Entrer dans les heures de
travail du chauffeur, c'est évidemment excessif parce que dans le
fonctionnement de l'industrie, même dans une industrie amendée, il
est très peu probable qu'un artisan accepte d'avoir un chauffeur
à temps partiel, disons 20 heures par semaine, sur sa voiture.
Il semble que le fondement du règlement, et certaines villes en
dehors de Montréal le démontrent, c'est miser sur le fait qu'une
bonne industrie du taxi est basée sur des artisans, entre autres, et des
chauffeurs réguliers. Le règlement va jusqu'à donner 60
p.c. des permis aux artisans. Dans une ville comme Sherbrooke, vous avez, comme
on nous l'a dit, un bon service parce que ce sont des artisans à 100
p.c. Pour ce qui est de fixer des normes beaucoup plus concrètes,
à savoir si l'automobile doit, surtout en dehors des artisans,
fonctionner plus ou moins d'heures par semaine, on pourrait peut-être se
référer à ce qui existe actuellement à la ville de
Montréal; je crois que c'est 30 jours sur 90 qu'il faut que ça
fonctionne. Egalement, ça peut être intégré dans une
proposition faite par voie de négociation à la commission.
Mais quand on voit une norme comme celle-là qui est
imposée et qu'on entend parler, du même coup, qu'on veut
réduire le nombre des permis de taxi, on ne la comprend pas tout
à fait. Réduire les heures de travail de certains artisans va
permettre d'avoir plus de permis de taxi, tout simplement.
M. GAGNON: A Montréal, entre autres, disons que cette ville doit
donner 100,000 heures de taxi annuellement. C'est un chiffre X que je
donne.
M. BELANGER: Par exemple, oui.
M. GAGNON: A un moment donné, par des contraintes quelconques,
elle en donne 85,000 ou 90,000. Par ailleurs, on ne peut pas envisager
d'augmenter le nombre des taxis parce qu'il semble y en avoir assez mais le
public doit avoir un service convenable et raisonnable. A ce moment, ce que
vous suggérez, c'est que ce soit la liberté totale dans les
heures et dans les jours parce que je crois que les chauffeurs de taxi sont
responsables. Chacun veut gagner sa vie et puis faire son possible.
M. BELANGER: Ne vous en faites pas, quand il pleut, on manque de taxis
à Montréal et ils sont tous en service. Deuxièmement, la
centrale unique pourra, pour une fois dans l'histoire du taxi de
Montréal, mettre de l'ordre et dire: A telle période, ça
prend tant d'heures; à telle autre période, ça prend tant
d'heures.
Il n'y a rien ici. Je vous mets au défi de trouver un document
sur le taxi en dehors de ceux qu'a produits le gouvernement et de ceux que nous
avons produits en tant que chauffeurs. Il n'y a rien qui se fait
là-dessus. Vous ne savez pas qui prend un taxi? Vous ne savez pas
à quelle heure il le prend? Vous ne savez pas ce qu'il fait? C'est une
industrie totalement anar-chique, alors qu'on lui met tout sur le dos. C'est
elle qui bloque la circulation, alors que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas cela
du tout. Il y a 4,000 taxis à Montréal et il y a un million
d'autos. C'est un service public.
Quand on a un malade, on lui demande tout. Quand on a un
handicapé, on lui demande tout et on lui donne une contravention, parce
qu'il est dans le circulation; alors que cela devrait être un service
public. En faisant la centrale unique, on pourrait dire qu'après
Noël, cela prend 150,000 heures de travail ou je ne sais quoi. Enfin,
quelque chose du genre. On débloquerait des limites. L'association
pourrait dire que telle auto devra fonctionner 100 heures cette semaine.
M. GAGNON: Vous laissez cela aux associations, en somme...
M. BELANGER: Ce sont les détenteurs de permis...
M. GAGNON: ... de déterminer les besoins, les heures de pointe
où cela s'impose.
M. BELANGER: C'est-à-dire que ce sont elles qui vont
réglementer le taxi, le fonctionnement interne. C'est très
difficile de réglementer cela de Québec, au jour le jour, quitte
à ce que se soit approuvé, s'il y a des problèmes, dans le
cadre de certains règlements ou de certaines approbations par la
Commission des transports.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
l'Assomption.
M.PERREAULT: M. Bélanger, j'aurais deux questions à vous
poser. A la page 4 de votre mémoire, vous faites une obligation d'avoir
son revenu principal dans le taxi pour les personnes physiques et les
corporations. Est-ce que cela concerne ceux qui sont déjà dans
l'industrie ou ceux qui viendront à l'avenir dans l'industrie?
M. BELANGER: Ceux qui sont déjà dans l'industrie.
M. PERREAULT: Alors, vous enlèveriez des gens qui sont
propriétaires de taxis et qui ne conduisent pas eux-mêmes leurs
taxis. Ils perdraient leur permis.
M. BELANGER: Oui.
M. PERREAULT: Deuxième question. En bas, à la page 4 de
votre mémoire, vous parlez de garantir aux chauffeurs de taxi actifs le
renouvellement de leur permis. Alors, j'imagine que c'est suivant certaines
conditions.
M. BELANGER: Aux conditions du règlement. Mais ce qui arrive,
quant à la procédure de l'émission des permis, la
première émission des permis selon le règlement, aura lieu
à partir de février pour le permis de novembre 1973. En fouillant
dans le règlement, ce n'est pas tout à fait clair, à
savoir si les propriétaires uniques vont être les seuls soumis
à la règle de 1600.
Il nous semble qu'on donne une garantie à ceux qui ont plus de
deux autos et plus de vingt autos, mais on ne donne pas de garantie aux
artisans. Nous demandons qu'en priorité, si le gouvernement veut
réduire le nombre des permis, qu'il l'accorde aux artisans, selon la
norme de 60 p.c, et qu'on l'applique immédiatement. Qu'on procède
à la réduction du quart avant de l'enlever aux artisans, ou
quelque chose comme ça.
M.PERREAULT: Dans cet article, vous ne parlez pas du chauffeur artisan,
vous parlez des autres chauffeurs aussi.
M. BELANGER: Excusez-moi! où est-ce?
M. PERREAULT: A la page 4, en bas, les chauffeurs.
M. BELANGER: Excusez-moi! Les chauffeurs. Dans les cadres du
règlement no 4, ce dont il s'agit précisément ici, ce sont
les articles sur la langue les normes, on ne les connaît pas
et aussi, les articles sur la citoyenneté. Il est bien
évident qu'il y a à Montréal, par exemple, des normes pour
la langue. Le chauffeur doit parler français et anglais. Il y a aussi
les normes sur la citoyenneté. Mais à cause d'une mauvaise
administration de ce règlement, il y a des gars qui chauffent le taxi
aujourd'hui et qui ne parlent pas français ou qui le parlent mal ou qui
ne sont pas Canadiens.
Nous sommes d'accord sur cette norme du règlement no 4, mais
donnez un délai au gars qui n'est pas Canadien, s'il est dans le taxi
déjà, ne lui enlevez pas son revenu. Dites-lui: Tu aurais le
droit d'être Canadien. Garde ton permis mais tu vas prendre une
décision si tu vas être Canadien ou non. La même chose pour
la langue. Qu'on donne des délais et qu'on lui permette d'apprendre le
français. Les Grecs, entre autres, à Montréal, le parlent
très difficilement.
M. PERREAULT: C'est pour l'avenir, pour ceux qui viendraient, par la
suite, comme nouveaux chauffeurs.
M. BELANGER: Oui, oui.
M. PERREAULT: Même pour ceux qui doivent le garantir, ce ne serait
pas annuellement, il y aurait des conditions...
M. BELANGER: Oui, toutes les autres conditions sont valables, sauf les
$100.
M. PERREAULT: Très bien. Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Justement, il y a eu quelques questions qui auraient
été miennes et auxquelles vous avez répondu. Mais il y
aurait deux petites précisions que j'aimerais avoir de vous. Lorsque
vous dites, en page 2, que Diamond-Veterans et Lasalle regroupent près
de 75 p.c. des taxis de Montréal, est-ce que vous prétendez, dans
le même sens, qu'il y a 75 p.c. des chauffeurs de taxi de Montréal
qui se retrouvent chez Diamond-Veterans et Lasalle?
M. BELANGER: C'est bien difficile à dire, cela. Quand vous allez
à la ville de Montréal, vous pouvez à peine savoir combien
il y a de permis d'émis. Vous ne pouvez seulement pas savoir, à
la ville de Montréal, combien sont réguliers, c'est
évident. Je ne saisis pas tout le sens de votre question. Il est
évident qu'une grande majorité des chauffeurs se retrouve au
niveau des flottes, une grande majorité des flottes se retrouve dans des
associations comme Diamond, Veterans. Les autres, ce sont surtout des groupes
d'artisans: Hochelaga, Beaubien, Boisjoli, même Lasalle, ce sont surtout
des artisans. Ce qui fait la force de Lasalle, c'est que ce sont des artisans,
les gars sont là depuis des années.
M. BELAND: Comme deuxième question, disons que vous avez
énuméré une certaine quantité de commentaires et,
compte tenu de votre mémoire, qui est assez explicite, combien de
chauffeurs de taxi, selon vous, partagent votre opinion? Vous avez dû,
avant de venir ici, prendre un échantillonnage, est-ce que c'est la
moitié, est-ce que ce sont les trois quarts, combien?
M. BELANGER: C'est toujours approximatif. J'aimerais mieux que les
chauffeurs répondent à cela. Il reste quand même qu'il y a
une espèce de lessivage de cerveaux qui s'est fait à
Montréal, mais il y a une espèce de retour. On commence à
comprendre un peu plus ce qui se passe. Les gars qui travaillent dans un garage
pourraient vous dire à peu près la situation actuelle.
Personnellement, je crois, tel que je connais les chauffeurs, qu'ils seraient
d'accord si les propositions leur étaient expliquées, mais on
propage à Montréal toutes sortes de faussetés. On dit: Tu
vas perdre ton permis si tu n'es pas dans la ville où tu as ton permis.
On va dire aussi: Tu vas travailler 60 heures par semaine. On va dire aussi: Tu
vas gagner $1.65 de l'heure. On dit aussi toutes sortes de choses. On
n'explique jamais. On dit au gars: Tu vas être obligé de t'acheter
une radio qui va te coûter $2,000. Cela va coûter $300 pour faire
peinturer ta voiture. Ce qui est faux. Le règlement est pour 1975 et il
va être amendé. Toutes sortes de choses comme celles-là, on
crée la panique. Nous, nous travaillons au milieu de tout cela, nous
essayons de démêler les cartes et dire au gars: Tu es contre quoi?
Le gars nous dit: On est contre cela. Nous disons: Nous aussi, c'est la
même chose. Si c'est cela, je suis d'accord. Je suis d'accord sur le
reste.
M. BELAND: En d'autres mots, vous prétendez que si le
règlement no 6 était bien expliqué aux chauffeurs de taxi,
ils abonderaient dans son sens?
M. BELANGER: Avec les amendements que nous proposons.
C'est-à-dire garantie de permis pour les chauffeurs
propriétaires, syndicat, qu'on enlève les espèces
d'épouvantails: pas le droit de fumer, se taire, c'est
déjà dans l'article 45 de Montréal. Qu'on enlève
cela et qu'on mette cela au niveau des négociations. Cela ne
paraît pas une exigence exagérée.
Il y a des artisans à Montréal qui sont prêts
à jeter leur permis sur la table pour rien si l'association unique
passe.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Alors, M. Bélanger,
M. Morin, M. Hamer, nous vous remercions de votre présentation.
Le ministre des Transports.
M. PINARD: Est-ce que je pourrais apporter une précision? Je ne
sais pas si c'est vous qui avez dit cela tantôt qu'il faudrait amener le
règlement no 4 en ce qui concerne les conditions d'admissibilité
à l'obtention d'un permis de conduire un taxi.
Alors, il faut être citoyen canadien, être bilingue, savoir
lire et parler correctement le français et l'anglais, connaître la
ville de Montréal ou l'endroit où l'on doit travailler sur un
taxi, il y a la limite d'âge aussi. Il y a eu un amendement qui a
été apporté pour dire qu'il faudrait être Canadien;
si on a un statut d'immigrant, il faut avoir un permis de séjour et un
permis de travail; il faut avoir une connaissance suffisante du français
et de l'anglais pour pouvoir le parler correctement et distinctement et la
limite d'âge est fixée à un minimum de 18 ans. Il y a eu
des représentations et dans l'industrie du taxi, comme vous le savez, il
y a
plusieurs immigrants qui sont chauffeurs qui, peut-être,
détiennent des permis de taxi.
A tort ou à raison, ils se sont sentis possiblement victimes de
discrimination. Nous avons voulu faire disparaître tout de suite cette
ambiguïté ou cette imprécision du règlement et il a
été amendé en conséquence.
M. BELANGER: En gardant les droits acquis de ces gens. Est-ce ce que
vous voulez dire?
M. PINARD: Nous avons arrangé le règlement de façon
qu'ils ne soient pas immigrants toute leur vie, sans statut de
citoyenneté canadienne...
M. BELANGER: C'est exactement cela.
M. PINARD: ... pour les encourager à faire une requête pour
obtenir la citoyenneté canadienne dans un délai raisonnable.
M. BELANGER: C'est cela. L'amendement important du règlement no
6, ce sont les $100, sur lesquels nous insistons. Nous
préférerions qu'il y ait une politique de main-d'oeuvre pour
remplacer ces $100. Pour le reste, nous sommes d'accord pour le
règlement. Mais nous demandons, comme vous venez de le dire, de
l'appliquer avec souplesse pour les gens qui sont là actuellement. Si
vous prenez un immigrant qui fait du taxi depuis trois ans, s'il fait du taxi,
c'est qu'il n'est pas ingénieur. Si vous lui enlevez son permis de
chauffeur, il va se retrouver au bien-être social ou à
l'assurance-chômage alors qu'il peut avoir une compétence dans le
taxi. Mais j'ai cru comprendre que vous vouliez amender le règlement
dans le sens que je viens d'exprimer, dans le sens de respecter les droits
acquis des gens qui sont déjà dans l'industrie du taxi. Est-ce
bien cela?
M. PINARD: En fait, il y a eu des représentations de faites, la
semaine dernière, devant la commission. J'ai déclaré que
nous avions l'intention de protéger les droits acquis,
évidemment, dans la mesure où c'est possible de le faire. Mais je
m'étais posé publiquement une question, à savoir à
quel moment le gouvernement pouvait tirer la ligne et en faveur de qui. Quand
la preuve a été faite, la semaine dernière, qu'il y avait
des propriétaires de permis qui ne vivaient pas du taxi lui-même
mais qui louaient des voitures et que ces personnes ne tiraient pas leur
principal moyen de subsistance de l'exploitation de leurs permis de taxi, je me
suis interrogé publiquement avec bien du monde. La question reste
posée.
M. BELANGER: Nous sommes, if va sans dire, entièrement d'accord
sur la question d'avoir son principal revenu dans le taxi. Pour nous, c'est une
condition fondamentale pour le bon fonctionnement du taxi. Ce sont justement
les gens qui n'ont pas d'intérêts immédiats dans le taxi...
Il n'y a personne de responsable, dans le taxi, parce que personne ne tire
directement son revenu du taxi. C'est tout par intermédiaires, à
gauche et à droite. La flotte le reçoit du chauffeur mais n'a
aucun intérêt dans le taxi; l'association le reçoit de la
flotte mais n'a aucun intérêt dans le taxi, etc.
M. PINARD : Mais vous avez probablement assisté à la
commission, la semaine dernière...
M. BELANGER : Oui.
M. PINARD: ... ou, au moins, vous avez lu les comptes rendus des
témoignages. Il semblerait qu'on a mis en rivalité l'Association
de services Diamond et l'Association de services Lasalle.
M. BELANGER: Oui.
M. PINARD: On a démontré qu'il y avait possiblement plus
d'exploitation de la part de l'association Diamond que de la part de
l'association Lasalle.
M. BELANGER: Oui.
M. PINARD: Je ne sais pas quel est votre point de vue là-dessus
personnellement.
M. BELANGER: Je vais vous le donner.
M. PINARD: Je ne sais pas si vous avez quelque chose à dire
là-dessus. Vous êtes libre de dire ou de ne pas dire ce que vous
pensez.
M. BELANGER: Nous ne contestons pas le fait qu'il y a des
présidents d'association qui sont plus compétents que d'autres.
C'est normal. Que M. Brunet soit plus compétent qu'un autre
administrateur, c'est normal. La véritable force de l'association
Lasalle, comme celle de Boisjoli, comme celle d'Hochelaga, ce sont les
artisans, ce sont les chauffeurs réguliers. Nous ne voulons pas dire
qu'il n'y a pas de bons chauffeurs dans l'association Diamond, au contraire. Il
y a de bons chauffeurs chez Diamond, mais ils sont empêchés de
travailler par le système anarchique des flottes tel qu'il existe
actuellement.
Nous ne croyons pas que la question du taxi, à Montréal,
quant au règlement no 6, puisse s'établir en fonction de
compétences administratives d'un individu. C'est plutôt en
fonction de la structure d'ensemble. Qu'une compagnie soit plus efficace qu'une
autre, cela n'empêche pas que l'industrie, globalement, puisse rester
inefficace. Qu'il n'y ait pas d'exploitation au moins d'exploitation au niveau
du chauffeur locataire, au niveau d'une association plutôt qu'au niveau
d'une autre, cela ne veut pas dire que les détenteurs de permis de
chauffeur artisan qui sont dans cette association ont un bon service et ne
paient pas des coûts exorbitants.
M. PINARD: Maintenant, qu'avez-vous à répondre sur le cas
qui nous a été soumis également, la semaine
dernière, du détenteur de quelques permis mettez-en cinq
qui loue lui-même ses voitures à des chauffeurs, au
même tarif que les autres compagnies dont on a parlé tantôt,
les autres grandes compagnies?
Si on se plaint qu'il y a exploitation de la part des grosses
associations ou des grands propriétaires de permis de taxi, ce n'est pas
mieux de permettre un petit système d'exploitation en faveur de celui
qui ne détient que cinq permis, qui fait travailler au moins cinq
chauffeurs, et possiblement quinze ou vingt sur sa voiture, à même
le système de location. Lui aussi se trouve à exploiter
peut-être un plus petit nombre de chauffeurs, mais il les exploite quand
même, selon les mêmes conditions qui nous ont été
expliquées dans le cas des grandes associations. Qu'est-ce que vous avez
à répondre là-dessus?
M. BELANGER: D'abord, dans votre esprit, vous parlez bien des flottes,
pas des associations. Nous ne parlons pas de Diamond-Lasalle; nous parlons des
flottes, des détenteurs de permis. Bon.
Deuxièmement, quand nous nous parlons d'artisans, nous ne parlons
pas d'un bonhomme qui a deux ou trois permis, mais qui a un permis et qui
l'utilise lui-même.
Troisièmement, nous sommes entièrement d'accord avec vous
qu'un petit exploiteur n'est pas mieux qu'un gros exploiteur, c'est
évident.
Quatrièmement, il semble qu'en règle
générale, dans l'industrie du taxi ce n'est pas pour les
revaloriser, mais simplement une question d'information ceux qui ont
deux, trois ou quatre permis ont de meilleures conditions de travail pour leurs
chauffeurs que les grosses flottes. Par exemple, vous retrouvez beaucoup de
chauffeurs qui travaillent à pourcentage au niveau des petites flottes,
avec la sécurité sociale, le régime de rentes, etc.
M. PINARD: Vous dites que le régime de vie, les conditions de
travail et les gains sont meilleurs dans le cas du propriétaire de
quatre ou cinq permis de taxi que dans le cas des grands propriétaires
de permis de taxi.
M. BELANGER: Oui, ce n'est pas nécessairement lié à
la structure de l'entreprise; c'est lié au fait que peut-être
c'est un meilleur bonhomme. Habituellement, ce sont des gars qui ont fait,
pendant dix ou quinze ans, du taxi eux-mêmes. Ils n'ont pas les moyens
d'avoir de mauvais chauffeurs. Alors, pour avoir de bons chauffeurs, ils leur
donnent de bonnes conditions de travail.
M. PINARD: Les relations humaines sont meilleures?
M. BELANGER: Extrêmement meilleures.
Ce sont quasiment des relations personnelles, tandis que, dans des
flottes, c'est très impersonnel; personne ne se connaît. Vous avez
le groupe de réserve qui est là.
Le petit propriétaire, dans le système actuel, n'a pas les
moyens de se permettre un accident, par exemple. Ses trois permis peuvent y
passer, s'il a un accident malencontreux. Nous ne disons pas qu'il faut avoir
des petites flottes plutôt que des grosses flottes. Nous disons qu'un
chauffeur artisan, c'est important. La plupart des chauffeurs réguliers
ont, un jour ou l'autre, l'idée d'être des propriétaires
artisans.
Certains ne passent pas à travers à cause du coût,
à cause des intérêts qui vont parfois jusqu'à 33
p.c. Il y en a qui passent à travers, et souvent, à cause d'une
petite malchance, d'un accident, ils se retrouvent chauffeurs.
Donc, la possibilité qu'offre le règlement no 6 un
chauffeur qui veut s'acheter un permis, c'est parce qu'il aime le taxi, qu'il
connaît l'industrie et qu'il veut y demeurer c'est une bonne
garantie de services.
Le règlement, de la façon qu'il fonctionne, en faisant des
listes d'attente, en les mettant sur un cautionnement de $500 et non pas sur un
déboursé de $6,000 qui pourrait monter à $10,000 ou
à $20,000 pour un permis de taxi, nous parait une mesure
d'efficacité dans le service de taxi.
Il reste évidemment les flottes. Tel que fonctionne l'industrie,
il semble que ça pourrait être souhaitable qu'il y ait, quand
même, encore des flottes, pour toutes sortes de raisons que je ne
pourrais pas vous expliquer. Cela existe partout, mais il faudrait
réglementer cela un peu plus. Il faut s'assurer que les flottes donnent
des permis à de bons chauffeurs, ce qui n'est pas le cas
actuellement.
M. PINARD: Actuellement, à Montréal, il y a un gel des
permis de taxi, au nombre d'environ 4,300, d'après la liste officielle
que j'ai consultée et qui m'a été remise par le service
des permis de l'île de Montréal. Il y a prétendument 20,000
"pocket numbers" en vigueur. Quelqu'un a dit, la semaine dernière, que
ce système participe à l'exploitation des chauffeurs de taxi,
parce que certains propriétaires de voitures-taxis avec permis, s'ils
aiment ou pas la gueule de certains chauffeurs, les punissent pour
différentes raisons. Ils font conduire la voiture par un autre chauffeur
et se gardent un potentiel de quatre ou cinq chauffeurs par voiture pour faire
fonctionner le système à leur profit.
Mais, pour en arriver à une meilleure qualité du service
envers la clientèle, si on tient pour acquis, comme vous l'avez
affirmé vous-même tantôt, que c'est un service public,
l'industrie du taxi, comment concilier ce nombre de 20,000 détenteurs de
"pocket numbers" avec la possibilité d'exploiter 4,300 voitures-taxis
dans Montréal si on veut atteindre les objectifs que je viens de
mentionner, d'un meilleur service pour
la clientèle, et poursuivre les objectifs fondamentaux
décrétés dans le règlement no 6, à la suite
des recommandations du rapport Bossé?
M. BELANGER: D'abord, M. le ministre, il faudrait identifier ces 20,000.
On n'a pas de chiffres, mais on a des espèces de normes pour dire: Un
tel groupe fait telle chose. Vous avez sûrement un nombre important de
ces 20,000 qui n'ont peut-être pas fait de taxi depuis un, deux, trois,
quatre ou cinq ans. Ils ont leur permis, le renouvellent annuellement, comme
une mesure de sécurité au cas où il y aurait une
grève, au cas où ils seraient mis à pied, etc.
M. PINARD: Alors, tout de suite, vous nous laissez croire qu'au moins
pour un certain pourcentage de ces 20,000 détenteurs de "pocket numbers"
il peut y avoir du double, du triple et du quadruple emploi?
M. BELANGER: Exactement.
M. PINARD: Us ont un permis de conduire une automobile-taxi s'ils n'ont
pas l'avantage de faire autre chose ou s'il leur arrive un malheur dans le
cours de l'année, qui les met hors du marché du travail?
M. BELANGER: Oui. On ne s'oppose pas je crois comprendre votre
question à ce qu'il y ait des gens qui remplacent les chauffeurs
réguliers. Ce à quoi on s'oppose, c'est à la façon
dont ça se fait. Le gars travaille toute la semaine, le lundi, le mardi,
le mercredi, c'est tranquille, il n'y a pas de clients. Il prend l'auto le
jeudi. Le vendredi, il arrive; grosse clientèle, boum, l'auto est
partie. C'est un facteur, un policier ou un pompier qui a donné $2 ou $3
de plus et qui prend le taxi. Le gars se retrouve sans taxi. Il y a payé
toute la semaine, et lui il en vit de ça. Vous avez le système de
pourcentage; ça peut être la même chose si vous n'avez pas
de réglementation de la politique. Lui, il va rapporter plus sur son
"waybill", parce qu'il est moins fatigué. Ce qu'on demande, c'est qu'il
y ait une réglementation de la main-d'oeuvre. Garantissez des heures de
travail normales dans le bon temps aux réguliers et, pour faire la
relève, organisez un système régulier aussi. H n'y a pas
seulement l'industrie de taxi qui fonctionne sept jours par semaine. Le
système d'autobus fonctionne comme ça. Vous n'avez pas une
armée de remplaçants. Les pompiers et la police, sont des
services qui fonctionnent sept jours par semaine. Je ne sais pas si je
réponds à votre question?
M. PINARD: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Louis.
M. BLANK: N'est-il pas vrai que, même maintenant, dans la
période de pointe, les jeudi, vendredi et samedi, dans les grosses
flottes, il y a des voitures sur les stationnements parce qu'il manque de
chauffeurs?
M. BELANGER : Oui. Les chauffeurs ne vont pas travailler parce que les
conditions de travail ne sont pas convenables.
M. BLANK: Ce n'est pas vrai que, dans les journaux, chaque jour, on
cherche des chauffeurs?
M. BELANGER: Oui, monsieur, c'est ce qu'on attaque. Ecoutez, vous ne
viendrez pas me faire croire qu'avec 5,000 chômeurs au Québec
le Québec a le plus haut taux de chômage le gars ne
voudrait pas travailler s'il avait un bon salaire. Voyons donc!
M. BLANK: Peut-être qu'il ne veut pas travailler?
M. BELANGER: Peut-être, oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous vous remercions, messieurs.
M. BELANGER: Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous allons appeler le ou les
représentants de l'Association des propriétaires de flottes de
taxis de Montréal.
Me Geoffrion, je n'ai pas à vous donner de directives. Vous
êtes au courant. Il faut vous identifier.
Association des propriétaires de flottes de
taxis de Montréal
M. GEOFFRION : Je suis Antoine Geoffrion. Je représente
l'Association des propriétaires de flottes de taxis de Montréal,
dont le président, M. Buchner, est à côté de
moi.
M. BUCHNER: Je suis le président de l'Association des
propriétaires de taxis de Montréal Inc.
M. GEOFFRION: J'ai produit le mémoire lors de la première
séance, mémoire dont j'ai ici d'autres copies.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pourriez-vous approcher le micro, on ne
vous entend pas très bien.
M. GEOFFRION: Attendez un instant que je ramasse mes papiers. Je vais
ramasser mes petits.
A tout événement, comme je vous dis, j'ai produit un
mémoire et je vais le commenter d'une façon
générale.
J'ai l'intention de faire quelques commentaires en marge du
mémoire que j'ai produit et
je serai évidemment à la disposition de la commission pour
répondre à n'importe quelle question qu'elle voudra poser.
Etant donné mes habitudes du prétoire, étant
donné que parfois nous essayons de faire des points assez raides, je
voudrais assurer je ne parle pas nécessairement des membres de la
commission, ce n'est pas la question ceux qui sont responsables du
règlement no 6 que, quelles que soient les remarques que je ferai, il
n'y a aucune question de personnalité. Je veux dire à tout le
monde que j'essaie d'être totalement objectif, ce n'est pas une question
de critiquer la personnalité de qui que ce soit. Ceux qui ont
travaillé à l'élaboration du règlement no 6,
quoiqu'à mon avis ils ont peut-être tort, méritent quand
même des félicitations pour le travail qu'ils ont fait. Je veux
que ce soit bien compris parce que, franchement, je ne voudrais pas que mes
paroles soient interprétées comme des attaques personnelles
contre qui que ce soit.
L'industrie du taxi est clairement un service public. C'est d'ailleurs
pour cette raison que le gouvernement s'y intéresse et qu'il doit s'y
intéresser dans une certaine mesure. Les municipalités s'y sont
toujours intéressées. Mais qu'est-ce que cela veut dire, service
public? Cela veut dire que cette industrie existe primordialement pour le
bénéfice et le bien du public. Evidemment, cela ne veut pas dire
qu'on ne doive pas considérer les intérêts des divers
groupes qui collaborent à faire fonctionner cette industrie, je veux
dire les chauffeurs qui n'ont pas de taxi eux-mêmes, les chauffeurs
artisans, les propriétaires de taxis, les propriétaires de flotte
de taxis et également les artisans qui eux, en plus de conduire leur
taxi, en ont quelques autres, les associations de services de taxis, etc. Cela
ne veut pas dire qu'on doive voter contre leurs intérêts parce que
si on veut que l'industrie remplisse son rôle et donne un bon service au
public, il faut que tous ces groupements puissent vivre. Ce n'est pas en
condamnant un groupe à la mort que vous allez améliorer
grand-chose.
Ce n'est pas en s'arrangeant pour que des chauffeurs aient des salaires
de famine ou des revenus de famine qu'on va arranger grand-chose. Il faut
équilibrer les choses et c'est le rôle du gouvernement. Non pas de
terroriser tel ou tel groupe mais en fait, voir au bon fonctionnement du
service de taxi.
J'ai remarqué ici, je n'ai pas été ici tout le
temps, mais j'y étais au début et je le suis actuellement, qu'on
avait parlé des chauffeurs, des associations, même des
associations à propos de membres, des associations de chauffeurs, des
associations de propriétaires, des associations de services mais il y a
un groupe dont on n'a pas entendu parler. Evidemment, c'est toujours comme
cela. C'est le public. Le public, je l'affirme, est le principal
intéressé en la matière. Evidemment, il n'y a pas de corps
qui puisse parler réellement pour le public dans une telle affaire et je
ne prétendrai pas le faire.
Seulement, M. le Président, je voudrais simplement dire que,
puisque le public ne peut pas être entendu ici, comme tel, c'est vous,
messieurs les membres de la commission, qui, dans le fond, représentez
le public. Qu'on ne l'oublie pas, ce n'est pas aux intérêts
particuliers que vous devez veiller, vous devez veiller à
l'intérêt public. Personne ne prétend le contraire,
remarquez bien, mais seulement, souvent on n'en parle pas très
souvent.
J'agis ici au nom de l'Association des propriétaires de flotte de
taxis de Montréal Inc., qui compte, tel que dit dans son mémoire,
environ 80 membres qui sont propriétaires, dans l'ensemble, d'environ
1,200 taxis. C'est-à-dire, à peu près, 25 p.c. des taxis
de Montréal, qui ont je ne dirai pas à leur emploi mais qui font
affaires avec environ 2,000 à 2,400 chauffeurs réguliers et au
moins 1,000 chauffeurs à temps partiel, d'une façon assez
continue. L'idée, remarquez bien, c'est de garder le taxi en service
autant d'heures que possible. Si possible, 24 heures par jour. C'est la
meilleure manière de tirer profit de l'investissement. Mes clients, ne
s'en cachent pas.
Je voudrais ajouter autre chose. Quand je parlerai du règlement
no 6, je me référerai au règlement tel que fait
originairement. Je sais qu'il va y avoir des amendements. Ce n'est un secret
pour personne. Tant que les amendements ne seront pas formulés, je dois
parler de ce qui a été présenté, ici, à
cette heure-ci. Maintenant, peut-être pour anticiper et éviter des
questions plus tard, je dois dire que j'ai pris connaissance du
règlement pour la première fois à mon retour de vacances,
le 10 janvier. Je l'ai lu. C'est toute une brique. Si j'étais
appelé à faire une comparaison, je devrais dire qu'il est
à peu près aussi difficile à lire que la nouvelle Loi de
l'impôt sur le revenu. Ce qui n'est pas peu dire.
Ma secrétaire a oublié d'inclure mon exemplaire du
règlement, est-ce que, M. le Président, vous avez un exemplaire
supplémentaire du règlement?
M. PINARD: Vous pouvez l'avoir sous sa forme imprimée, petit
format, pour...
M.GEOFFRION: Comme il a été décidé
plutôt, je suis habitué...
M. PINARD: Je vais vous passer le mien.
M. GEOFFRION: Je vous en remercie beaucoup. Il y en a un qui s'en vient.
J'en ai trop maintenant.
M. PINARD: Vous avez trop de clients, Me Geoffrion.
M.GEOFFRION: En un mot, mes clients sont contre le règlement tel
que présenté.
Cela ne veut pas dire que des réformes ne sont pas
nécessaires ici et là dans le taxi et même des
réformes qui auraient de l'importance. Rien n'est parfait en ce bas
monde, il
faut toujours essayer de perfectionner. Mais nous considérons que
le règlement n'est bon ni pour le public, ni pour mes clients, les
propriétaires de flottes de taxis, ni pour les propriétaires
artisans, ni pour les chauffeurs de taxi, ni évidemment, tel que
rédigé originellement, pour les associations de services, qui
disparaissent toutes.
Il y a plusieurs raisons à l'appui de ce que je viens de dire. Le
règlement opère une transformation complète dans
l'industrie du taxi, au moins en ce qui concerne la région
métropolitaine de Montréal. Dans le moment le service de taxi est
assuré par parlons maintenant des chauffeurs, si vous voulez
un groupe d'individualistes principalement. Je tiens ceci simplement du
fait que je prends fréquemment des taxis à Montréal et je
parle avec les chauffeurs. Malgré les tentatives qu'a faites
l'administration municipale de Montréal pour que les passagers ne
s'asseoient pas à l'avant avec le chauffeur, mois je m'asseois toujours
à l'avant avec le chauffeur. Nous pouvons jaser de temps à autre,
pas toujours, parfois de politique, d'autres fois de taxi. Tout ce que je sais
c'est que ce sont en général des individualistes qui aiment
travailler à leur guise, le temps qu'ils veulent et de la façon
qu'ils veulent. Ils ne veulent pas, pour la plupart, être
enrégimentés.
Malgré tout ça parce qu'il y en a pour qui la
liberté dans ce domaine est anathème, personnellement je trouve
que c'est une bonne idée nous avons à Montréal, du
point de vue du public au moins, un service de taxi très convenable. Je
voyage assez ici et là et, sans donner de nom, je crois que
Montréal est au moins aussi bien, comme service de taxi, si non
supérieure à la plupart des grandes villes de
l'Amérique.
J'ai également appris que la plupart des chauffeurs que j'ai
connus étaient raisonnablement satisfaits de leur sort ;
évidemment ils aimeraient bien être millionnaires si vous voulez,
mais nous en sommes tous là. Ce que je veux dire c'est que le
règlement vient chambarder une industrie où la pierre angulaire,
la caractéristique principale c'est une espèce
d'indépendance et de liberté. On en ferait l'industrie qui serait
le plus strictement enrégimentée dans la province.
Premièrement, vous avez je n'ai pas besoin de citer le
texte une disposition qui interdit la location des taxis. Or, c'est
justement cette location de taxis qui permet le genre de liberté qui
existe actuellement dans l'industrie du taxi.
En effet, à Montréal, il est clair, personne ne semble
vouloir le mentionner, que la grande majorité des chauffeurs de taxi
n'est pas capable de financer un taxi. Alors, s'ils veulent faire leur
métier, ils doivent travailler pour quelqu'un d'autre ou obtenir un taxi
autrement. C'est difficile de travailler pour quelqu'un d'autre... Ils peuvent
travailler de deux manières: soit à salaire, soit à
pourcentage.
Dans les deux cas, le contrôle est extrê- mement difficile,
surtout lorsqu'il n'y a pas de relations personnelles étroites entre le
propriétaire du taxi et l'employé. Or, celui qui a quelques taxis
ou l'artisan qui a un taxi et qui veut le faire travailler plus longtemps, peut
demander à un de ses beaux-frères de conduire pour lui et le
payer à salaire ou à pourcentage. Il pourra être confiant
qu'il ne se fera pas voler. Celui qui a trois ou quatre taxis peut s'arranger
parce qu'il connaît ses chauffeurs.
Pour le propriétaire de flotte, le contrôle est très
difficile et un peu insultant parfois pour le chauffeur, si on veut exercer un
contrôle complet. Chose qu'il faut éviter, remarquez bien. C'est
vrai, que ce soit à pourcentage ou à salaire. Le système
idéal pour le propriétaire de taxi qui ne conduit pas
lui-même, c'est la location. Il peut dire que, pour un montant fixe par
jour, le chauffeur prend le taxi et c'est à lui de faire autant d'argent
qu'il peut. Il est son propre maître pendant qu'il a le taxi. C'est un
système qui a toujours fonctionné très bien. Je ne veux
pas dire que ce système ne devrait pas être sous le contrôle
d'une commission quelconque comme la Commission des transports. Possiblement.
Ou s'il y a négociation, si jamais il y a un syndicat des chauffeurs de
taxi... Comme je vous le dis, ce sont des questions que, en d'autres termes, on
ne peut pas geler. Mais le système actuel de location de taxis a fait
ses preuves comme étant le meilleur système. Peut-être
qu'il faudrait fixer des taux et que ces taux devraient être
approuvés par la Commission des transports. Peut-être que le terme
de location devrait être approuvé par la commission. Je crois
qu'il y a lieu d'examiner ces choses.
Nous ne nous opposons pas au contrôle comme tel, mais nous nous
opposons au contrôle qui va paralyser et transformer l'industrie. Si vous
éliminez le système de la location de taxis; si, comme c'est
convenu ici, vous assujettissez chaque chauffeur et évidemment chaque
propriétaire qui ne conduit pas à un contrôle étroit
de l'individu dans l'association unique, par ce que j'appellerai, en
français, le "dispatcher", vous allez détruire
complètement l'espnt indépendant et cette liberté qui
existe dans l'industrie actuellement. Cela veut dire que plusieurs chauffeurs
de taxi qui se plaisent actuellement dans l'industrie ne s'y plairont plus.
Vous allez avoir un remue-ménage là-dedans, des gens vont quitter
et d'autres vont venir. C'est signe qu'on va toujours avoir des chauffeurs,
mais quand même... Par ce genre de contrôle, a) en interdisant la
location, b) en donnant au "dispatcher" de l'association unique le droit de
dire à tel chauffeur, malgré qu'il y ait bien de l'ouvrage dans
tel coin, d'aller dans l'autre coin où il n'y a pas d'ouvrage au cas
où quelqu'un aurait besoin d'un taxi, en somme, vous allez
enrégimenter l'industrie. Il y a d'autres éléments dans la
réglementation aussi.
Prenez, par exemple, l'attaque contre les flottes de taxis. Le projet de
règlement limite à
40 p.c. le nombre de taxis qui peuvent appartenir à une
corporation. Sur les permis qui deviennent disponibles, on s'assure que
simplement un permis sur cinq soit émis à une corporation. Les
autres sont émis à des individus. Il faudrait que je retrouve le
texte pour vous le lire. En tout cas, je sais de quoi je parle. Les trois
premiers vont à des chauffeurs qui demandent des permis, ensuite, un va
à une corporation et un autre va à un individu qui n'est ni une
corporation, ni un chauffeur. Donc, sur les nouveaux permis ou les permis qui
deviennent disponibles, il n'y en a qu'un sur cinq qui va à une
corporation. L'effet je ne dis pas le but, car je ne veux pas
prêter de motifs de tout cela, c'est la disparition graduelle des
flottes.
Vous avez également une autre chose très ennuyeuse.
Personnellement, si j'avais le goût de devenir chauffeur de taxi, cela
m'arrêterait tout de suite. Le jeune homme qui veut entrer dans une
industrie y entre pour améliorer son sort, pour gagner sa vie, faire de
l'argent, avancer et en faire plus, si possible, devenir important,
acquérir un capital. Or, dans le règlement no 6, l'individu ne
peut avoir qu'un permis de taxi et ce permis doit être son gagne-pain
principal; c'est-à-dire que M. X, à 18 ans, commence à
chauffer un taxi. Il aime cela, il veut faire carrière là-dedans.
Comment va-t-il améliorer son sort? Il va conduire un taxi toute sa vie.
Il me semble que c'est ériger en système la
médiocrité. S'il y a quelque chose dont le Québec n'a pas
besoin actuellement, c'est de la médiocrité.
On ne peut pas réglementer, sous prétexte de justice, une
industrie au point où l'effet de la réglementation, c'est de
s'assurer que tout le monde soit réduit au plus petit commun
dénominateur, à la médiocrité en d'autres termes.
Parce qu'on a peur des abus que les gros peuvent commettre, ce n'est pas une
justification pour s'assurer que personne ne pourra rien désirer
d'autre. Chacun a le droit d'avoir l'ambition de devenir gros. J'affirme que le
règlement no 6 plafonne complètement les individus qui sont dans
le taxi. Le plus qu'ils peuvent être, c'est propriétaire d'un
taxi. Je connais des gens qui sont propriétaires de taxis. Ce ne sont
pas des millionnaires, je ne leur en fais pas de reproche, mais ceux qui
viennent dans le taxi devraient être capables d'aspirer â devenir
propriétaires d'un, deux, trois, quatre, cinq, dix, vingt, trente,
quarante ou cinquante taxis un jour. Exactement, pourquoi veut-on
étouffer l'ambition dans cette industrie particulière là?
D'ailleurs, ce n'est pas la seule industrie où on essaie de faire cela
au Québec.
Evidemment, les motifs pour lesquels on le fait, c'est toujours dans
l'intérêt général.
Tout de même, alors que dans le Québec on a besoin
d'ambition, on a besoin de gens qui peuvent accomplir quelque chose, on s'en va
évidemment, ce n'est pas fatal parce que c'est dans le cas du
taxi plafonner, en fait, l'individu, le chauffeur de taxi. Il commence
comme chauffeur, il progresse jusqu'à être propriétaire
d'un taxi et cela finit là, à moins qu'il trouve une fiole dans
l'association unique ou dans un syndicat.
En détruisant des flottes de taxis, à moins qu'on puisse
s'arranger pour que les artisans propriétaires puissent être en
assez grand nombre pour financer des taxis et fournir des services, vous
n'arriverez qu'au fait qu'il n'y aura pas assez de taxis, à un moment
donné. On peut tenir pour acquis que la majorité des chauffeurs
de taxi, à Montréal, ne peuvent pas ou ne veulent pas financer un
taxi. Quand je dis qu'ils ne veulent pas, c'est que j'ai rencontré un
chauffeur, l'autre jour, qui m'a conduit et qui m'a dit: Moi, j'étais
propriétaire de taxi. Je ne le suis plus. Je le loue et je
préfère cela comme ça. Il y en a certainement d'autres.
Evidemment, il y a presque autant d'opinions qu'il y a de chauffeurs mais tout
de même. Mais si on admet, comme je l'ai dit tout à l'heure, que
la majorité des chauffeurs de taxi, à Montréal, ne peuvent
ou ne veulent pas financer un taxi, alors les propriétaires de flottes
sont absolument nécessaires. Il ne faut pas travailler à les
éliminer mais plutôt à empêcher les abus qui ont pu
se glisser ici et là. Ce ne sont pas, je crois, des abus de
système. Ce sont des abus individuels qui existent dans toutes les
relations humaines, qui existent partout.
Evidemment, il y a de mauvais propriétaires comme il y a de
mauvais chauffeurs. C'est partout pareil. Il y a même de mauvais
syndiqués, parfois.
Il y a également, M. le Président, la question de
l'association unique. Que fait-on du principe tellement bien
décrété, tellement bien enraciné dans nos lois
ouvrières de la liberté d'association? Ici, non seulement il n'y
a pas la liberté de choisir son association, parce qu'il n'y en a
qu'une, mais il n'y a même pas la liberté de ne pas y
adhérer. On est obligé d'y adhérer. Le principe serait
effroyable, si on l'étendait partout. Ce serait le corporatisme et le
socialisme le plus complet, à travers la province, si on étendait
cela partout. Il faut qu'il y ait de la liberté d'association. Que la
commission désigne une association, dans chaque district, qui
représentera, qui parlera pour les propriétaires, les chauffeurs
de taxi et les détenteurs de permis, soit! C'est un mécanisme
administratif. Il faut toujours bien en avoir un. Mais ne pas donner le choix
aux détenteurs de permis, quant à l'association à laquelle
ils appartiendront, s'ils veulent appartenir à une association, et les
forcer, à part cela, à appartenir à l'association unique,
il me semble que c'est brimer la liberté individuelle d'une façon
inadmissible, ce qui n'est aucunement nécessaire, dans les
circonstances.
Il y a un peu plus que ça. Eliminer les associations de services.
Moi, comme membre du public, je m'y oppose formellement. Si j'appelle à
Montréal pour me servir d'un nom à Diamond Taxi,
que le chauffeur met
35 minutes à arriver, que sa voiture est sale et qu'il ne fait
pas un bon ouvrage, moi, je veux être libre d'appeler Lasalle la
prochaine fois, Beaubien, ou n'importe lequel.
Si un détenteur de permis n'est pas satisfait de l'association
à laquelle il appartient, il veut être libre de changer. C'est le
principe de la concurrence, et c'est le principe sur lequel tout notre
système est bâti. Il faut maintenir une certaine concurrence,
contrôler là où il le faut. Mais, de grâce, permettez
à un groupe de chauffeurs de taxi et de propriétaires de permis
d'essayer de donner un meilleur service que les autres, afin d'avoir plus
d'affaires
C'est le principe de la liberté, mais le règlement no 6 le
brime complètement.
Il y a un autre point de vue. Il y a des dents très pointues. Ce
sont comme des griffes de chat, dans le règlement. On ne les voit pas du
tout. Je me réfère aux dispositions relatives au cautionnement.
Pour avoir un permis, il faut donner un cautionnement de $500. Peut-être
que le montant peut être amendé, ça ne veut rien dire. Mais
la commission doit confisquer le cautionnement si le détenteur est
trouvé coupable d'une infraction au règlement. Je présume
que c'est un usage qui...
Cela me fait bien de la peine. Quant à moi, tel que je lis ce
règlement, un pauvre chauffeur de taxi qui a sa propre voiture, qui est
détenteur d'un permis, part de chez lui, s'en va au coin de la rue, il a
déjà violé le règlement à peu près
quatre fois. Vous savez que la police municipale n'est pas très
très douce à l'égard des chauffeurs de taxi, d'une
façon générale. Je sympathise avec eux à ce point
de vue, d'ailleurs.
Evidemment, c'est facile d'analyser de près cette affaire. Tout
ce que je veux dire, c'est qu'il s'agit là de griffes de chat, elles
sont cachées dans la fourrure, mais eues peuvent sortir.
Il me semble et je dis ça en réalisant qu'on ne
s'oppose pas à des réformes que ce n'est pas une bonne
idée de démolir une maison parce que la toilette est
bouchée. C'est ça qu'on essaie de faire avec le règlement.
On devrait déboucher la toilette.
Je vais ajouter simplement une chose. Je verrais d'un bon oeil une
réforme effectuée dans le cadre actuel de la situation. Je ne
crois pas qu'il y ait quelque chose de mauvais en soi dans le trafic des
permis, même en contrôlant le nombre des permis, vous pouvez en
contrôler la valeur bien facilement. Je ne crois pas qu'il y ait quelque
chose de mauvais en soi dans l'existence de flottes de taxis, puisqu'elles
permettent à des chauffeurs qui ne sont pas capables de financer un taxi
de gagner leur vie.
Je ne crois pas qu'il y ait quelque chose de mauvais en soi dans la
location de taxis, puisque c'est le moyen le plus efficace de permettre
à un chauffeur d'être son propre maître, en fait. Les
associations de taxis ont déjà prouvé leur valeur.
Je considère personnellement que si le règlement no 6
était adopté, soit exactement la forme soumise ou
substantiellement la forme soumise, il ne bénéficierait ni au
public, ni aux chauffeurs, ni aux propriétaires d'un permis individuel
ou corporatif, mais uniquement à des gens qui cherchent des "jobs", des
"fioles" dans l'association unique de chaque région et peut-être,
s'ils peuvent réussir, à des organisateurs syndicaux.
C'est pour cela, M. le Président, que mes clients et
moi-même sommes contre le règlement no 6. Qu'on construise sur le
système actuel, qu'on mette des contrôles; il n'y a pas seulement
du mauvais là-dedans. Mais j'aime mieux l'attaquer par le fond et dire:
Vous pouvez greffer des réformes, qui se trouvent ici, sur le
système actuel plutôt que d'aller picocher sur les détails
qui se trouvent dans le règlement. C'est le fond que je considère
complètement inacceptable. Par exemple, personnellement, je trouve qu'on
devrait réglementer les relations, que ce soit la location ou autrement;
j'accepterais la négociation si jamais il y a quelqu'un avec qui
négocier. Tel que je vois les chauffeurs de taxi, ce n'est pas dans leur
nature de se syndiquer. Je peux me tromper, mais ça n'en a pas l'air.
Ils aiment trop l'indépendance pour ça. Mais je ne vois aucune
objection à ce que les lois soient amendées pour permettre aux
chauffeurs de se syndiquer. Je suis en faveur de la liberté pour tout le
monde. Je suis contre la coercition. C'est notre point de vue, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, maître.
M. PINARD: Me Geoffrion, je reprends une de vos dernières
remarques avant de terminer. Quand vous dites que vous vous opposez au principe
de l'établissement d'un cautionnement qui peut être
confiscable...
M. GEOFFRION: Ah! non, excusez-moi. Je disais que malheureusement, tel
qu'il est dit dans le texte, le cautionnement oblige la commission à
confisquer pour la moindre infraction. Si vous dites que la commission peut
confisquer, établir les conditions après avoir entendu les
parties, je ne suis pas contre. Je ne m'oppose pas à ce que le
cautionnement soit confiscable. Je m'oppose à ce qu'il le soit
automatiquement, ce qui n'est pas la même chose.
M. PINARD: Pour fins de discussion, est-ce que vous avez lu la loi 23,
la Loi des transports?
M. GEOFFRION: Oui, oui.
M. PINARD: Bon, l'article 66 donne droit d'appel de la décision
de confisquer un cautionnement...
M. GEOFFRION: Excepté que, malheureusement...
M. PINARD: ... et dit que toute personne qui est victime de la
confiscation d'un cautionnement a droit d'appel et que cet appel suspend la
sentence exécutoire ordonnant la confiscation du cautionnement. Vous
n'en avez pas parlé, dans vos remarques.
M. GEOFFRION: C'est parce que... M. PINARD: Vous avez oublié
ça?
M. GEOFFRION: Je n'ai pas oublié ça. Je vous dirai tout de
suite que l'appel est inutile étant donné le texte qui existe. Le
texte dit que le cautionnement doit être confisqué si le
détenteur se rend coupable d'une infraction au règlement. Si le
texte avait dit que le cautionnement peut être confisqué,
j'accepterais ça, ça ne me fait rien. C'est le "doit" auquel je
m'attaque; c'est l'obligation de confisquer. Je l'ai cité surtout pour
montrer les difficultés du règlement. C'est le "doit". Si vous
dites "peut", je l'accepte. Je préférerais qu'on nous dise: la
troisième infraction ou quelque chose comme ça, ça peut
être confisqué. Mais, néanmoins, le principe de
confiscation du cautionnement, je ne suis pas contre. Je suis contre
l'obligation de confisquer. J'estime que, si le type s'est rendu coupable, la
commission n'a pas le choix et le type qui vient en appel n'a pas le choix non
plus.
M. PAUL: Du moment que l'infraction sera reprochée, la commission
devra et le tribunal d'appel devra maintenir la décision de la
commission.
M. GEOFFRION: Pas reproché, du moment que...
M. PAUL: Prouvé.
M. GEOFFRION: Prouvé, oui, c'est autre chose. C'est dans les six.
Si vous voulez me donner une minute, je vais le trouver.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La parole est à Me
Geoffrion.
M. GEOFFRION: Le cautionnement, je vais le trouver tout de suite.
Le voici, c'est dans 6.214 et ça commence à 6.213. Je vais
l'avoir tout de suite. Ce n'est pas une affaire facile à lire, remarquez
bien.
M. PINARD: Où en êtes-vous, Me Geoffrion, à la
section des cautionnements?
M. GEOFFRION: Oui.
M. PINARD: C'est la section II, à la page 693 du règlement
grand format. Les articles 6.214 et suivants. Je vous ramène à
l'article 66 de la loi 23, intitulée Loi des transports, et je cite le
dernier paragraphe de cet article 66 qui dit: "La décision du juge
d'accorder la permission d'appeler suspend l'exécution de la
décision dont est appel, à moins qu'il n'en ordonne
l'exécution provisoire dans les cas d'urgence particulière".
Posons l'hypothèse de la confiscation par l'administrateur du
cautionnement dont il est question dans le règlement no 6. Le chauffeur
qui en est la victime, s'il n'est pas satisfait de cette décision de
l'administrateur, a droit de s'inscrire en appel contre cette décision
de l'administrateur devant la commission qui a l'obligation d'en prendre
connaissance et d'adjuger sur sa requête.
M. GEOFFRION: Je vais répondre simplement ceci...
M. PINARD: Je ne veux pas me chicaner en droit avec vous, mais il faut
quand même tenir compte des dispositions de la loi, qui donnent un droit
de grief et un droit d'appel.
M. GEOFFRION: Je n'ai pas nié le droit d'appel. Tout ce que j'ai
dit, c'est que le droit d'appel est illusoire pour la simple raison que c'est
écrit, à l'article 6.231: "L'administrateur de la commission doit
je souligne le mot "doit"; ce n'est pas peut; il est obligé de le
faire confisquer le cautionnement visé à l'article 6.222
et en disposer conformément à la loi, lorsque: b) le
détenteur du permis de propriétaire a été
condamné pour une infraction au présent règlement ou pour
une infraction au code criminel punissable d'un emprisonnement de deux ans ou
plus."
Moi, je présuppose ceci: Le type, par exemple, stationne son taxi
à un endroit prohibé par le règlement ou encore il est
insolent envers le "dispatcher". Il ne veut pas aller où le "dispatcher"
veut l'envoyer. On le poursuit devant la cour Municipale ou la cour qui a
juridiction. Il est trouvé coupable, c'est clair qu'il est coupable.
Alors, l'administrateur n'a pas le choix; même s'il ne veut pas, il est
obligé de confisquer le cautionnement. Si on va en appel devant la
commission, la commission doit lire le règlement et dire:
L'administrateur n'aura pas le choix, nous ne l'avons pas plus et, si on va
à la cour d'Appel, c'est la même chose. C'est une mauvaise
rédaction, c'est une affaire de rien, il faudrait mettre "peut".
M. PAUL: La seule possibilité de l'emporter devant la commission,
ce serait de réussir à prouver que l'infraction n'a pas
été commise.
M. GEOFFRION: Exactement.
M. PAUL: Parce que s'il est prouvé que l'infraction a
été commise, la commission n'a aucune alternative; elle doit
confirmer la sentence du tribunal de première instance.
M. GEOFFRION: II est condamné, même s'il a
été condamné à tort. Remarquez bien, je ne veux
rien dire, mais parfois, devant les cours inférieures, les cours
Municipales, ceux qui sont condamnés ne sont pas toujours coupables.
M. GAGNON: Pour une condamnation banale, le type perd son gagne-pain,
parce que le tribunal est obligé de se soumettre à la
décision déclarant qu'il y a eu condamnation.
M. GEOFFRION: C'est ça. C'est un manque d'explications.
M.GAGNON: C'est très facile à comprendre. On peut
crucifier n'importe qui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. PINARD: Me Geoffrion, évidemment, nous ne sommes pas ici pour
nous chicaner sauf qu'il faut quand même faire valoir les bons points de
la loi 23 et les bons points aussi du règlement no 6, compte tenu des
objectifs à poursuivre dans la réforme du taxi.
Les policiers de la ville de Montréal ont affirmé de
façon solennelle qu'il n'y a pas possibilité de faire appliquer
le règlement du taxi dans la ville de Montréal, à cause
des limites territoriales, bien souvent, et à cause d'une foule de
facteurs. Le législateur québécois devant des plaintes
répétées de la part de ceux qui ont quand même la
responsabilité de faire appliquer les lois ou les règlements,
doit rechercher une solution. Je ne dis pas qu'elle est idéale dans le
règlement no 6. Le mot "doit" plutôt que le mot "peut", comme vous
l'avez souligné vous-même, est peut-être trop draconien.
Pour les fins de la discussion, il reste quand même qu'il y a un
droit de grief et un droit d'appel. J'imagine que le tribunal qui a un statut
supérieur pourra casser le règlement, c'est-à-dire
l'ordonnance ou le jugement d'un tribunal inférieur. Enfin, c'est le
système judiciaire dans lequel nous vivons. Pour autant que vous
admettez cependant que la Commission des transports ou le tribunal d'appel des
transports, tel qu'il sera constitué en vertu des dispositions de la loi
23, pourra être véritablement un tribunal capable de recevoir des
appels et d'adjuger sur ces appels, à l'encontre d'une décision
prise par une instance inférieure, par exemple.
M. GEOFFRION: Comme toute cour d'Appel, le tribunal d'appel devra
nécessairement rendre le jugement qu'aurait dû rendre le tribunal
de première instance. Or, le tribunal de première instance, dans
ce cas-ci l'administrateur, n'a pas beaucoup le choix. Il "doit". Je ne vois
pas quel autre jugement un tribunal d'appel pourrait rendre maintenant. Il y a
une autre conséquence dans toute cette affaire. J'ai donné
là un exemple. C'est une difficulté qui serait
éliminée très facilement par un amendement mineur au
texte. Il y a aussi autre chose, c'est que la complication même de ce
règlement conduira inévitablement à l'arbitraire,
même avec la meilleure volonté du monde. Il y a deux sortes
d'arbitraires: II y a évidemment l'arbitraire qui résulte du fait
qu'un type est dictateur ou souverain absolu. Il n'y a pas de règle qui
le régisse. Il y a deuxièmement une autre sorte d'arbitraire,
parce que la première sorte n'existe plus de nos jours, j'espère.
Pas ici, du moins. Il y a donc une autre sorte d'arbitraire qui est plus
dangereuse parce que plus insidieuse. C'est l'arbitraire qui résulte du
fait qu'on a une réglementation, une législation qui est
tellement compliquée que personne ne peut l'observer
intégralement. Là, le pouvoir public décide qui il va
poursuivre et qui il ne poursuivra pas. Cela, c'est de l'arbitraire aussi. Ce
règlement-ci, à mon avis, par sa complication même, par
l'impossibilité d'éviter des infractions, permettra aux
autorités remarquez bien que je n'accuse personne, je n'ai pas
l'intention de mal faire de poursuivre qui elles veulent puisqu'elles ne
peuvent pas poursuivre tout le monde. C'est une autre raison qui fait que le
règlement no 6 est mauvais. Je voudrais construire sur ce qu'on a.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: M. le Président, il y aurait peut-être moyen de
négocier un arrangement satisfaisant en limitant les infractions pour
lesquelles il peut y avoir suspension ou révocation du
cautionnement...
M. GEOFFRION: Certainement.
M. PINARD: ... de façon à viser les cas d'infractions les
plus graves. Par exemple, je songe aux infractions qui seraient commises
à l'encontre des dispositions du code de la route, à l'encontre
des dispositions du code criminel. Je pense donc qu'il y a moyen de dresser une
liste de ces infractions qui peuvent être jugées à
caractère grave par rapport à celles qui peuvent être
à caractère beaucoup moins grave, comme vous l'avez
souligné tantôt, de façon qu'il n'y ait pas d'application
vexatoire et discriminatoire du règlement no 6 entre les mains de
l'administrateur, d'abord, et de la part de ceux qui sont chargés de
faire respecter les règlements, dans la ville de Montréal, entre
autres, les policiers de la ville de Montréal. Je pense qu'il y a moyen
de s'entendre là-dessus.
Vous me permettrez quand même de souligner que j'aurais bien
aimé que, comme le grand avocat que vous êtes, vous ne lanciez pas
tellement cette objection fondamentale contre le règlement no 6 au
chapitre des cautionnements sans faire cette référence de la
possibilité d'un appel prévu dans la loi 23, à l'article
66 notamment. Cela porte à confusion. Je sais
que vous avez une cause à plaider devant nous et nous ne sommes
pas ici pour constituer un tribunal d'appel de votre plaidoirie. Je pense que
pour une meilleure information du public, c'est la responsabilité de
ceux qui se présentent devant nous de présenter objectivement
leur plaidoirie, indépendamment des intérêts qu'ils
défendent.
Nous respectons cette liberté encore au Québec, je pense
que nous en avons fait la preuve. Je pense aussi qu'il ne faut pas charrier,
comme on dit en bon canadien. Il faut faire la part des choses.
M. GEOFFRION: Voici...
M. DEMERS: M. le Président, est-ce qu'on pourrait conseiller
à Me Geoffrion de soumettre ses textes dorénavant au ministre
pour approbation avant de venir les lire?
M. GEOFFRION: Si j'ai été mal compris, je m'excuse. Je
n'ai pas mentionné la possibilité d'appel, je suis au courant;
étant donné le mot "doit", l'appel me paraissait totalement
futile et frivole à sa face même. C'est la seule raison. Je serais
satisfait qu'on mette "peut", je serais satisfait qu'on fasse une liste
d'infractions comme le ministre le suggère, je serais satisfait qu'on
dise que ce n'est qu'à la deuxième ou troisième
infraction. Ce que je voudrais, c'est qu'au moins la personne, avant de perdre
$500, puisse se faire entendre devant la commission, qui pourrait juger selon
les circonstances. C'est la seule chose.
Je n'ai cité ça qu'à titre d'exemple parce qu'il y
a bien d'autres choses dans ce règlement auxquelles je m'oppose. Mais
c'était surtout à titre d'exemple; ça peut conduire
à l'arbitraire possible. Il y a d'autres choses aussi. Le
règlement est extrêmement compliqué, c'est une brique et,
je reviens à ce que j'ai dit, c'est presque aussi difficile à
lire que la nouvelle Loi de l'impôt sur le revenu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Autre question?
M. PINARD: Me Geoffrion, vous en avez contre le caractère
restrictif du règlement no 6 à l'endroit du chauffeur
lui-même, à l'endroit de toutes les catégories de ceux qui
font profession de gagner leur vie avec le taxi. Ne l'oubliez pas, le
règlement no 6 est un document de travail, une proposition de
règlement au problème du taxi tel qu'on le vit principalement
à Montréal.
M. GEOFFRION : Je suis d'accord.
M. PINARD: Vous semblez dire qu'on en arriverait au résultat
qu'il y aurait impossibilité presque formelle pour celui qui veut vivre
du taxi à Montréal d'avoir une, deux, trois, quatre ou cinq
voitures. C'est une interprétation que vous donnez. Je ne sais pas si
cette interprétation est beaucoup trop large ou restrictive, selon le
cas. Nous avions prévu quand même un mécanisme qui aurait
permis au petit propriétaire, à l'artisan d'acquérir
éventuellement d'autres permis de taxi pour exploiter d'autres voitures
par le rachat par l'association, par exemple, d'un certain nombre de permis sur
base volontaire. Cela aurait été en faveur de ceux qui feraient
partie de cette association, après que celle-ci aurait adressé,
après accréditation auprès de la Commission des
transports, c'est une hypothèse une liste des personnes
intéressées à acquérir d'autres permis. Mais pour
garantir le sérieux de ceux qui voudraient acquérir
véritablement ces permis pour gagner leur vie avec l'industrie du taxi,
il y aurait en quelque sorte un mécanisme, un frein modérateur
contre ceux qui inscriraient leur nom sur la liste simplement pour le plaisir
de le faire et pour écarter éventuellement d'autres personnes qui
voudraient avoir ces permis pour vivre véritablement de l'industrie du
taxi.
M. GEOFFRION: D'accord. C'est une bonne idée, cela.
M. PINARD: Voyez-vous, il y a toutes sortes de mécanismes dont on
ne parle pas alors qu'on se présente devant la commission et qu'on fait
une espèce de "filibuster" en bloc contre le règlement no 6. Je
pense qu'il est assez difficile de faire valoir tous les points de vue en
même temps, mais vous me permettrez de vous interroger là-dessus.
Vous représentez des intérêts importants, je le
conçois, et vous êtes assez bon avocat pour penser à
informer la commission des solutions qui pourraient être apportées
pour bonifier cette industrie du taxi, la rendre plus humaine, la rendre plus
rentable en faveur de ceux qui en vivent et pour mettre fin également au
système d'exploitation éhontée dont on a fait état
la semaine dernière devant cette même commission.
M. GEOFFRION: M. le Président, premièrement, pour ce qui
est de la question de l'acquisition de permis, la conjoncture des diverses
dispositions de ce règlement prévoit a) qu'un individu ne peut
détenir qu'un permis, b)que ça doit être son principal
gagne-pain, c) qu'une corporation ne peut détenir que 20 permis et qu'en
principe les autres dispositions prévoient qu'une corporation, en fait,
ne peut recevoir qu'un permis sur cinq parmi les nouveaux permis
émis.
J'en déduis donc qu'il est presque physiquement impossible pour
un individu qui commence dans le taxi comme chauffeur, disons,
d'améliorer son sort. Il épargne son argent. Il ne se marie pas,
disons, ou quelque chose comme ça et il en arrive à
acquérir une voiture. Il finit par avoir sa voiture et il ne peut pas
faire autre chose pour vivre. Il va vivre peut-être assez bien, mais pas
richement. Mais il est condamné à
rester dans cet état toute sa vie, sans fonds de pension,
puisqu'il n'est pas employé. Il ne peut pas acquérir une
deuxième voiture, si l'on songe que le nombre de permis émis
à des corporations diminue constamment. Cela commence à 40 p.c.
et cela diminue, puisque, parmi les nouveaux permis, il n'y en a qu'un sur cinq
qui est émis.
Il peut incorporer une compagnie, s'il le veut, mais la compagnie doit
exister depuis au moins un an avant d'avoir un permis, selon le
règlement no 6 toujours. Ce sont des dispositions tracassières
dont je ne comprends pas la raison d'être, d'ailleurs, à ce point
de vue. Par exemple, pourquoi une compagnie doit-elle exister pendant un an
avant qu'on puisse lui émettre un permis? Est-ce qu'une compagnie ne
peut pas s'incorporer du jour au lendemain et demander un permis? S'il y a un
permis disponible, elle devrait être capable de l'avoir. Il y a des
choses que je ne comprends réellement pas. Mais, à tout
événement, le petit qui a un permis de taxi, il faut qu'il se
ramasse de $300 à $500 pour trouver un avocat pour incorporer une
compagnie. Ensuite, il faut qu'il paie pendant un an les différentes
taxes provinciales qui vont se chiffrer peut-être par $50 par
année ou un peu moins. Ce n'est pas grand-chose.
Après un an, il fait sa demande de permis et il attend encore un
an ou deux afin que le permis devienne disponible, parce que c'est seulement
chaque cinquième permis qu'il va avoir. Comment voulez-vous que ce type
puisse améliorer son sort? C'est bien beau de prendre les
intérêts des chauffeurs à coeur, mais pourquoi les
plafonner pour toute leur vie ou les obliger à s'en aller ailleurs dans
une autre industrie? Le taxi est un moyen honorable de gagner sa vie. Le type
devrait être capable de s'améliorer comme n'importe quel autre
artisan ou n'importe quel autre homme d'affaires. Par exemple, un type qui a un
magasin, si cela va bien, peut s'ouvrir un second magasin et même toute
une chaîne. Pourquoi pas dans le taxi? C'est mon point.
M. PINARD: M. Geoffrion, je vous demande, encore une fois,
d'éclairer la commission dans la mesure du possible. J'admets certaines
prémisses que vous faites. Par contre, je me demande encore comment vous
allez pouvoir concilier les grands objectifs de la réforme du taxi
à Montréal et le fait que nous voulons permettre
précisément aux petits propriétaires de bien vivre avec
l'industrie du taxi. Il reste que l'association que vous représentez,
constituée de 80 membres, est propriétaire de 1,200
voitures-taxis.
M. GEOFFRION: Oui, 25 p.c. des taxis.
M. PINARD: Alors, cela veut dire que l'association que vous
représentez détient quel nombre de permis de taxi?
M. GEOFFRION: Elle en détient 1,200, environ.
M. PINARD: Alors, si personne, dans l'association que vous
représentez, ne se départit d'un certain nombre de permis de
taxi, comment pourrons-nous procéder pour arriver à l'autre
objectif que vous expliquez, quand vous dites que vous avez à coeur que
le petit chauffeur puisse, un jour, accéder au titre de
propriétaire et d'exploitant d'un taxi de façon rentable?
M. GEOFFRION: Premièrement, il y a beaucoup de membres de mon
association qui étaient des chauffeurs de taxi, il n'y a pas si
longtemps. Un type qui connaît les affaires un peu, qui est bon chauffeur
de taxi, à Montréal, peut avancer. Les flottes ont
été bâties, d'une façon pas absolument
générale, mais très souvent, par un chauffeur de taxi qui
est plus travaillant que d'autres, peut-être un peu plus intelligent, je
ne sais pas. Peut-être aussi qu'il est chanceux, mais, à tout
événement, il a un taxi. Il commence comme chauffeur et il loue
son taxi. Il travaille fort. Il se ramasse de l'argent. Il s'achète un
permis. Il le paie cher, mais il s'en achète un.
Le chauffeur travaille selon son permis 24 heures par jour, deux autres
chauffeurs avec lui ou un autre avec lui. Il fait encore de l'argent, il
s'achète un deuxième permis et c'est ainsi qu'on bâtit. Il
fait son possible et c'est tout.
Même si un type n'est pas chauffeur de taxi, il a le droit d'avoir
de l'ambition. Mes clients aussi remplissent un besoin. Si mes clients
n'existaient pas, comment voudriez-vous que ceux qui ne sont pas capables de se
financer une voiture puissent faire du taxi? C'est bien beau de penser au bien
de tout le monde, seulement il faut faire face aux réalités.
Vous voulez des suggestions, moi je dirais ceci: S'il y a lieu d'amender
les lois pour que les chauffeurs puissent, s'ils le désirent, se
syndiquer, soit, nous sommes en faveur, nous n'avons pas d'objection. Nous
voulons qu'ils soient libres, c'est tout. Nous voulons que personne ne soit
forcé d'entrer dans une association plutôt qu'une autre. Si on
veut faire adopter des règlements pour que les conditions de location
soient établies par la commission ou autrement, soit! C'est une
réglementation légitime et je ne comprends pas qu'elle ait jamais
été faite. Les conditions de salaire pour les chauffeurs qui sont
à salaire, les conditions de pourcentage pour ceux qui sont au
pourcentage, seulement, bâties sur ce que vous avez parce que vous avez
quelque chose, c'est cela le point. Conserver à l'industrie du taxi son
caractère actuel, c'est-à-dire le caractère
d'indépendance et de liberté. Empêcher les abus,
certainement, mais...
M. PINARD: Oui, mais comment? Comment les bloquer les abus, comment y
mettre
fin? Vous avez 80 membres qui sont des propriétaires de 1,200
permis.
M. GEOFFRION: Oui, quinze chacun, à peu près.
M. PINARD: Tous n'ont pas quinze permis, il y en a peut-être parmi
les 80 membres qui ont plus de quinze permis.
M. GEOFFRION: Oui, c'est une moyenne.
M. PINARD : Nous n'avons pas les documents qui nous disent comment se
répartissent les 1,200 permis parmi 80 membres.
M. GEOFFRION: Nous pouvons vous dire cela tout de suite.
Le plus grand nombre de permis dans notre association, c'est 63 pour une
personne. Ce sont des flottes de taxis, mais la moyenne c'est quinze par
membre. Alors, cela veut dire qu'il y en a qui en ont plus, d'autres moins.
M. PINARD : Je ne vous oblige pas à me répondre, Me
Geoffrion, mais pourriez-vous me dire, pour le bénéfice des
membres de la commission, si les 80 membres qui constituent la corporation que
vous représentez vivent principalement de l'industrie du taxi ou si
c'est pour eux un supplément de revenu?
M. GEOFFRION: Je vais essayer d'avoir le renseignement. On me
répond qu'ils vivent tous de l'industrie du taxi.
M. PINARD: C'est leur principal gagne-pain.
M. BUCHNER: Oui, ce sont tous des opérateurs de flotte de taxis
qui vivent du revenu de leurs taxis. Il y a au-dessus de 2,000 permis de taxi
dans les flottes de taxis. Nous n'en représentons que 1,200.
M. PINARD: Est-ce que de façon similaire à l'association
Diamond, à l'association Lasalle, vous offrez également des
services?
M. GEOFFRION: Non. Nous sommes...
M. PINARD : Vous êtes exclusivement locateurs?
M. GEOFFRION: Nos membres, pour la plupart, sont membres de
l'association Diamond, il y en a dans toutes les associations.
M. PINARD: Est-ce que les membres de votre corporation sont
propriétaires de garages qui dispensent des services de
réparation ou des services de vente de voitures?
M. BUCHNER: De vente d'essence ou des choses comme celle-là?
M. PINARD: Oui.
M. BUCHNER: IL y en a qui sont propriétaires de garages.
M. PINARD: Parmi vos membres? M. BUCHNER: Oui.
M. PINARD: De réparation ou garage de réparation et de
vente de voitures.
M. BUCHNER: Garages dans lesquels ils réparent leurs propres
voitures, en règle générale, parce que c'est très
rare que des gens de la rue s'arrêtent là-bas, mais cela arrive.
En règle générale, la majorité des
réparations sont des réparations faites à leurs propres
voitures et de l'essence vendue à leurs propres voitures plus les gens
de la rue qui veulent acheter de l'essence. Le fait existe et il est reconnu un
peu partout.
Le garage de taxis offre le meilleur service de réparation et
d'entretien pour une voiture, parce que le taxi circule 24 heures par jour. Le
mécanicien sait ce qu'il fait. Le public le sait et il y en a beaucoup
qui viennent dans ces garages, justement pour faire réparer leur
voiture, parce qu'ils ne sont pas satisfaits des services qu'ils obtiennent
ailleurs. Leurs prix sont plus raisonnables aussi.
M. PINARD: Pour le moment, je n'ai pas d'autres questions, Me Geoffrion.
Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, au tout début, je voudrais faire
une mise au point, quant à nous, députés de l'Union
Nationale. C'est que le ministre a semblé interpréter
l'intérêt que portent les membres de la profession du taxi
à l'étude du règlement no 6 comme étant un
"filibuster" de leur part. Je dirai, M. le Président, que nous vivons la
grande démocratie. Nous félicitions le ministre d'avoir eu cette
initiative d'entendre tous les secteurs de l'industrie du taxi. Je suis certain
que le ministre a sûrement dépassé sa pensée en
considérant, tout à l'heure, toute obstruction ou toute
opposition au règlement no 6 du taxi comme étant un filibuster,
c'est-à-dire une opposition massive, en bloc, de la part de ceux qui se
présentent devant nous pour présenter des mémoires ou nous
faire part de leurs points de vue.
M. Geoffrion, vous qui avez des clients qui connaissent le
problème du taxi, avez-vous l'impression que ce serait une excellente
initiative que de soumettre, pour approbation, au monde du taxi, que ce soit
aux propriétaires de flottes, propriétaires artisans, chauffeurs,
associations, le règlement no 6, tel que rédigé, à
un
référendum pour déterminer son acceptation ou pour
son refus?
M. GEOFFRION: Je dirais probablement que non. Quelle que soit mon
opinion, quelle que soit l'opinion de certains autres sur ce règlement,
je crois qu'il est beaucoup trop compliqué pour être soumis
à un référendum. Je suis presque certain que le
référendum serait négatif, mais on ne saurait jamais si le
vote négatif était dû à la complexité du
règlement ou au fait que les gens ne sont pas d'accord. Mon opinion,
c'est que ce ne serait pas une bonne idée que de le soumettre à
un référendum. Si on voulait soumettre quelque chose à un
référendum, il faudrait que ce soit quelque chose de beaucoup
plus simple que cela. Même le résumé qui en a
été fait est trop compliqué également.
M.PAUL: Je vous remercie de votre opinion, M. Geoffrion. Je voulais
confirmer celle que j'avais moi-même sur la portée d'un tel
geste.
M. Geoffrion, pourriez-vous nous dire qui est considéré
comme propriétaire d'une flotte dans votre association? Quel est le
minimum requis de véhicules pour qu'on soit considéré
propriétaire d'une flotte et admis dans votre association?
M. GEOFFRION: Trois voitures.
M. PAUL: Trois voitures. M. Geoffrion, vous avez, dans le cours de vos
propos, signalé que la location des voitures-taxis semblait assurer la
qualité du service au public. Est-ce que c'est une expérience
personnelle? Est-ce que des représentations vous furent
déjà faites dans ce sens? Est-ce que vous avez mené une
enquête pour être en mesure de nous faire une telle
déclaration devant la commission?
M. GEOFFRION: Disons que je n'ai pas mené d'enquête. Je
prends fréquemment des taxis, non seulement à Montréal,
mais ailleurs également. Je me sers, d'une façon
générale, de ma propre voiture, pour me rendre au bureau, le
matin, et pour revenir à la maison, le soir. Mais je ne passe pas la
journée dans mon bureau. Je prends fréquemment des taxis, ici et
là. C'est ce qui me permet, d'ailleurs, de comparer le service à
Montréal avec le service ailleurs.
Je ne le dis pas pour vous donner le détail de mes voyages
dernièrement.
M. PAUL: Faites attention à l'impôt.
M. GEOFFRION: Ce sont des voyages d'affaires, sauf le dernier à
Hawai' pour des vacances. Je n'ai pas fait une enquête. Je cause avec des
chauffeurs assez souvent, et depuis que je suis revenu de vacances, je leur
demande toujours: Qu'est-ce que vous pensez de l'affaire du règlement du
taxi? Il y en a un qui m'a dit, je l'ai noté, qu'il louait son taxi
maintenant et préférait de beaucoup le louer que d'être
propriétaire.
Ceux à qui j'ai parlé étaient contre le
règlement no 6, mais ils n'avaient pas pris part à la
protestation de l'autre jour. Je n'ai pas mené d'enquête, j'ai
juste parlé comme ça aux chauffeurs des voitures où je
suis monté, généralement à la place d'Armes,
parfois autour des hôtels, etc.
M.PAUL: Est-ce que quelques-uns d'entre eux vous ont signalé les
avantages ou les désavantages du règlement no 6? Est-ce
qu'à la lumière des conversations que vous avez eues avec ces
gens, vous êtes en mesure de nous faire part qu'il y aurait chez eux un
manque de connaissance des avantages que l'on peut retrouver dans le
règlement no 6 il y en a sûrement et
également des inconvénients qui peuvent les affecter dans
l'exercice de leur profession?
M. GEOFFRION: II me reste à peu près dix ou quinze
minutes. C'est assez difficile d'entrer dans les détails cette fois-ci,
remarquez bien.
M. PAUL: Est-ce que je peux vous demander pourquoi?
M. GEOFFRION: Je ne peux pas réellement vous répondre. Mon
impression c'est que personne n'avait réellement lu le règlement.
Des explications ont été données, mais, le
règlement est difficile à comprendre; moi-même, je ne le
trouve pas facile à comprendre. Et je suis avocat et habitué
à lire des textes législatifs. Je ne veux pas me vanter
spécialement, je ne vois pas comment les gens avec, en moyenne, moins
d'instruction que moi le trouveraient facile.
M. PAUL: Depuis le début de nos séances devant cette
commission parlementaire, nous avons entendu des témoignages de
chauffeurs de taxi qui sont venus nous faire part d'une certaine exploitation
dont ils sont victimes, de certains abus de la part de propriétaires,
spécialement de flottes de taxis. Etes-vous en mesure de nous faire part
de votre opinion sur les avantages d'une syndicalisation des chauffeurs de
taxi, et est-ce que vous croyez que ce serait une excellente occasion, un
très bon moyen pour la protection des chauffeurs de taxi et
également pour revaloriser l'exercice de ce métier?
M. GEOFFRION: Je ne peux pas être en principe contre la
syndicalisation. C'est la première chose. Les syndicats, de nos jours,
commettent un tas d'abus, mais les employeurs également. Il faut bien
faire la part des choses. Je ne peux pas dire donc que nous sommes contre la
syndicalisation. Seulement, nous voulons que la syndicalisation soit libre, non
seulement dans le sens que personne ne va
casser la gueule aux chauffeurs de taxi, mais libre également
dans un autre sens, que je ne crois pas qu'il soit de mise que le gouvernement
indique directement ou indirectement qu'il désire une telle
syndicalisation. Qu'il fasse le nécessaire pour rendre la chose
possible, soit. Mais je tiens à dire que la liberté
d'adhérer ou de ne pas adhérer à un syndicat doit toujours
exister, de pleine et entière liberté. C'est le principe du code
du travail, ça devrait être le principe qui jouerait ici. Il n'y a
pas de raison de faire une exception pour le taxi.
Ceci étant dit, je suis porté à croire que
l'industrie du taxi existant actuellement, comportant des petits
propriétaires, des artisans, comportant des locataires de taxi qui
travaillent à leur propre compte dans le fond, je suis porté
à croire, qu'il n'y a pas assez d'employés, en d'autres termes,
pour que la syndicalisation soit réellement possible, que le syndicat
soit représentatif.
Je me trompe peut-être et je n'ai pas de parti pris à ce
sujet.
M. PAUL: Je vous remercie, M. Geoffrion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Geoffrion a brossé un tableau à l'effet qu'il
est un promoteur de l'entreprise privée, l'entreprise libre, du libre
choix de monter sa fortune comme bon lui semble. Il a dit que le
règlement no 6, ni plus ni moins, érigeait en système la
médiocrité, limitait l'ambition légitime de
prospérer. Vu que votre association de flottes de taxis a quasi un
monopole des permis, comment pouvez-vous nous expliquer que le jeune homme de
18 ans qui entre dans le taxi puisse facilement ambitionner de devenir riche,
avoir un permis, deux permis et monter? Parce qu'il y a plusieurs chauffeurs de
taxi, en arrière, qui attendent cette éventualité, cette
liberté de prospérer. Vous voulez qu'ils prospèrent. De
quelle façon voulez-vous qu'ils prospèrent en monopolisant autant
de permis? Comment ce jeune homme peut-il prospérer comme vous le
désirez?
M. GEOFFRION: Le permis de taxi a pris de la valeur à
Montréal parce que le nombre est limité. Le gouvernement
municipal ou la CUM pourrait, strictement parlant, gouverner la valeur d'un
permis bien facilement en augmentant ou diminuant le nombre. Bien plus, la
valeur des permis a fluctué dans les dernières années et a
été assez bas parce que le prix des courses n'était pas
encore augmenté. Depuis qu'il a été augmenté, la
valeur des permis monte parce qu'on fait plus d'argent avec le taxi. Avant, les
propriétaires de flottes en perdaient. Comment un type peut-il
acquérir plusieurs taxis? Je ne suis pas chauffeur de taxi mais un bon
nombre des propriétaires de flottes, qui ont été
chauffeurs de taxi, ont montés comme ça. Cela s'est fait et
ça se fait encore. En d'autres termes, il ne faut pas faire d'erreurs en
essayant de réprimer des abus dans la vente de permis. En
réprimant l'abus, on peut empêcher complètement la vente.
Si on fait ça, personne ne peut monter. Il faut constater les abus, les
constater froidement et objectivement, sans les exagérer. Je ne
l'affirme pas, mais je crains que certains de ceux qui ont
préparé ce rapport aient pu exagérer les abus. Il faut
constater les abus objectivement, froidement et prendre les mesures
nécessaires pour y mettre fin. Pas plus, Autrement, c'est le pavé
de l'ours. Je ne suis pas contre l'idée de réglementer la
location des taxis, la réglementer, pas l'interdire. Pour que
l'industrie soit saine, il faut que les propriétaires puissent faire de
l'argent, les chauffeurs puissent vivre et que le public puisse obtenir du
transport à des taux raisonnables. Si vous empêchez les
propriétaires de vivre, l'industrie peut disparaître. Si vous
empêchez les chauffeurs de vivre, l'industrie va disparaître
également. Si, en voulant faire vivre les uns et les autres trop
richement, vous augmentez les taux au public, l'industrie va disparaître
également parce qu'il y a un tas de gens qui vont prendre le transport
en commun. Il faut équilibrer ça, il faut le surveiller. Moi, je
suis contre l'idée de tout démolir et de reconstruire.
Travaillons avec ce que nous avons et améliorons la situation.
Je ne suis pas contre une réglementation saine et raisonnable sur
les fondations déjà existantes.
M. AUDET: Remarquez bien, M. Geoffrion, que je suis d'accord sur votre
manière de penser, mais je crois que, comme vous le dites, il restera
toujours certains permis disponibles pour des acheteurs éventuels qui
pourront s'intégrer au taxi et devenir propriétaires. Mais je
crois que la majorité des chauffeurs, probablement, demeureront
chauffeurs longtemps. Vous semblez ne pas être tellement
peut-être avec raison pour la syndicalisation, forcée
surtout.
M. GEOFFRION: Forcée, je suis contre.
M. AUDET: Vous voulez que l'adhésion demeure libre. Je crois que
c'est aussi un bon désir de votre part. D'un autre côté,
vous ne semblez pas avoir donné une explication nette de la façon
de sortir le chauffeur de son malaise, dans le système actuel. C'est
ça qu'on voudrait savoir. Il y a un malaise chez les chauffeurs parce
qu'eux demandent la syndicalisation obligatoire pour revendiquer leurs droits
et pour sortir de leur misère apparemment.
M. GEOFFRION: Ce n'est pas unanime. J'aimerais que les lois soient
amendées, s'il le faut, pour rendre la syndicalisation possible.
Là, on verra si les chauffeurs le veulent ou s'ils ne le veulent
pas.
M. AUDET: M. Geoffrion, vous désirez réellement que tout
le monde vive dans le taxi, autant les chauffeurs que les propriétaires
de flotte et les propriétaires de taxis. Je crois que le
propriétaire de flotte de taxis ou le propriétaire de taxis a le
droit de demander au chauffeur d'être compétent. C'est son droit
avant de l'engager ou avant de lui louer une auto. Il a aussi le droit de lui
demander d'être honnête et de ne pas le voler.
M. GEOFFRION: Quand il loue, il n'a pas beaucoup de vol possible,
heureusement.
M. AUDET: II a aussi le droit de demander que le chauffeur prenne son
intérêt. Ce sont trois choses que le propriétaire a le
droit de demander. Si vous obligez le chauffeur à acheter des actions de
votre compagnie, comme certaines compagnies de Montréal ont
commencé à le faire, et si le gouvernement est assez
généreux pour payer au chauffeur qui accepte d'acheter une action
une action dans la compagnie, croyez-vous que vous pourriez atteindre
facilement ces trois qualités de compétence,
d'honnêteté et d'intérêt du chauffeur
intégré à une compagnie?
M. GEOFFRION: Ce n'est pas un moyen à négliger, mais le
succès n'est pas garanti, non plus. Il y a des coopératives de
chauffeurs qui sont très bien, des coopératives de petits
artisans qui sont très bien. Nous, c'est une association que nous avons.
Il faudrait que chaque propriétaire de flotte s'incorpore et vende des
actions. Ce n'est pas un moyen que je rejetterais a priori, mais il faudrait y
penser. Ce serait un mécanisme qui serait assez difficile à
mettre sur pied. Je ne peux pas vous dire non, mais je n'y ai pas encore
pensé.
M. AUDET: Vous n'avez pas autre chose à suggérer?
M. GEOFFRION: Non. Ma suggestion actuellement, c'est d'essayer de
contrôler les conditions qui soulèvent le plus de plaintes, les
conditions de location, les conditions de pourcentage et ces
affaires-là, mais il ne faudrait ne pas essayer de contrôler pour
l'amour de contrôler.
M. AUDET: Vous admettez quand même qu'un chauffeur qui va louer un
taxi chez vous n'aura aucun intérêt à part se faire un bon
revenu. Vous admettrez comme moi que ce qui assure premièrement la
rentabilité du taxi, c'est l'auto elle-même?
M. GEOFFRION: Exactement.
M. AUDET: C'est très dispendieux. Un chauffeur de taxi peut faire
durer une auto trois ou quatre ans, mais il peut la démolir en une
semaine, suivant son intérêt.
M. GEOFFRION: Nous aimons mieux avoir un bon chauffeur qu'un mauvais,
mais, d'un autre côté, il faudra des réglementations pour
les relations qui existent actuellement entre chauffeurs et
propriétaires de voitures je n'y vois pas d'objection mais
une réglementation raisonnable qui serait débattue devant la
Commission des transports.
C'est la même chose quand on débat les taux du transport en
commun ou bien les taux du transport des marchandises devant la Commission des
transports. C'est exactement la même chose. Il n'y a pas de raison pour
que ce ne soit pas la même chose dans le cas des taxis. Chacun se fait
entendre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît. Le
ministre, tout à l'heure, avait suspendu son interrogatoire
jusqu'à ce qu'il puisse obtenir certaines précisions. On me
demande s'il pourrait revenir, et ce sera le député de
Sainte-Marie, immédiatement après.
M. PINARD: Me Geoffrion, la semaine dernière, mardi, vous
étiez présent mais malheureusement vous n'avez pas eu la chance
de vous faire entendre. Je ne suis pas certain que vous soyez
resté...
M. GEOFFRION: Non, je ne suis pas resté...
M. PINARD: ... pendant les autres séances de la commission
parlementaire. Je pense que vous ne connaissez pas l'hypothèse de
travail que j'ai personnellement avancée comme étant un
élément de solution au problème du taxi,
l'hypothèse de travail qui apparaît sur les tableaux que vous avez
devant vous. Le tableau à votre droite indique comment fonctionne
l'industrie du taxi à l'heure actuelle sans règlement no 6; le
tableau à votre gauche indique une hypothèse de travail qui
pourrait se retrouver dans le cadre du règlement no 6 proposé,
mais avec certains amendements.
Vous avez fait de la concurrence et de la liberté la pierre
d'assise de votre plaidoirie tantôt pour protéger les droits de
vos clients et vous êtes maintenant au courant de cette hypothèse
de travail. Vous connaissez le paragraphe i) de l'article 29 de la Loi des
transports qui dit ceci: "La commission doit, dans le cadre des
règlements je passe ses responsabilités
reconnaître un groupe qu'elle juge représentatif des
détenteurs de permis de transport par véhicules-taxis dans toute
agglomération urbaine déterminée par règlement du
lieutenant-gouverneur en conseil."
Cette hypothèse de travail que vous voyez devant vous pourrait,
à mon avis, découler directement des pouvoirs que pourrait
conférer la Commission des transports en reconnaissant, comme
représentative des détenteurs de permis, l'association qui
apparaît dans l'encadrement rouge et noir, au haut de la carte, qui
pourrait avoir comme responsabilité de représenter les
individus propriétaires de permis et les compagnies
propriétaires de flottes et qui pourrait, devant la commission, aller
négocier des taux, d'autres conditions en faveur de ceux qui seraient
membres de cette association de détenteurs de permis. Cette association
pourrait également avoir le pouvoir de former des comités de
discipline, d'éthique professionnelle, etc. Et, complètement
séparées des pouvoirs et responsabilités de cette
association de détenteurs de permis, pourraient être
créés, grâce au règlement no 6 et à
l'intérieur des limites prévues par la Loi 23, des associations
de services qui pourraient permettre aux membres de ces association d'avoir un
système de rentes pour en arriver à mieux valoriser le statut du
propriétaire et exploitant de taxi, l'assurance-vie, l'assurance
générale, l'achat en groupe pour avoir des meilleures conditions
pour l'essence, les réparations, les pièces, etc. On pourrait
arriver aussi à se doter d'une centrale de contrôle qui,
espérons-le, pourrait minimiser les frais et mieux redistribuer les
appels en faveur de ceux qui auraient à conduire leur taxi dans un
certain territoire.
Il y a peut-être des problèmes techniques, mais je pense
qu'ils peuvent être surmontés. Il s'agira de voir plus
profondément, plus en détail le fonctionnement de ce
système.
Mes questions étant posées de la façon dont je vous
les ai posées, pouvez-vous nous donner une réponse à
savoir si vous n'arriveriez pas à réconcilier les objectifs pour
lesquels vous avez plaidé tantôt, pour en arriver à cette
juste et légitime concurrence avec le système que vous
défendez?
M. GEOFFRION: Mon impression, M. le Président, est que nous
serons liés par la loi, il faudra bien l'accepter comme elle sera. Il
faut une association qui sera reconnue dans chaque secteur par la Commission
des transports pour négocier pour les propriétaires. C'est tout
ce qu'exige la loi. Que leur fera-t-on faire de plus à ces associations?
C'est une question à débattre. Mon opinion personnelle, c'est
que, comme à Montréal, il existe des associations qui groupent
presque tous les chauffeurs de taxi, et qui donnent des services qui sont
indiqués à droite sur le tableau, à votre gauche; je ne
dérangerais pas les associations existantes, et, consé-quemment,
l'association représentative ne s'engagerait pas dans cette voie. Elle
pourrait peut-être s'y engager, mais c'est une question.
Dans les endroits où il n'existe aucune association de cette
nature, où il n'en existe qu'une qui peut devenir l'association
représentative, la situation est un peu différente et
l'association pourrait faire plus que ce qu'elle ferait à
Montréal.
A Montréal, les services existent. Je crois que ce serait une
erreur de les doubler par une association paragouvernementale, non pas
gouvernementale, qui aurait la bénédiction du gouvernement.
Là où les services n'existent pas, que l'association
essaie de les installer, ça ne peut faire que du bien. Evidemment, ce
n'est pas exactement ce que j'ai dit tout à l'heure. J'ai surtout
insisté sur la question de la liberté des associations. Nous
avons à Montréal diverses associations de services des grosses et
des petites, qui donnent, d'une façon générale, un bon
service. Le choix aux chauffeurs, aux propriétaires, au public, c'est
une espèce de concurrence des services et je crois que ça devrait
exister. Je ne crois pas que l'association paragouvernementale pourra entrer en
concurrence avec elles. Mais je n'ai pas d'objection à ce que
l'association fasse, en plus de la représentation qu'elle doit faire,
peut-être autre chose. Je vois, par exemple, qu'il n'y a pas
d'assurance-vie nulle part, ni système de rentes dans les associations
de service et il serait peut-être bien que l'association
paragouvernementale en prenne la responsabilité. Il ne devrait pas y
avoir de concurrence dans ces domaines.
Je n'insiste pas, parce que je suis satisfait de voir que les
associations existantes peuvent faire mieux que n'importe quelle association
régionale dans les domaines où elles fonctionnent
actuellement.
Ce qui est embêtant, c'est que dans ces choses, je vous dirai bien
franchement, il n'y a pas de raison logique, mais les affaires gouvernementales
ou paragouvernementales sont, d'une façon générale, moins
bien administrées que les affaires privées.
M. PINARD: M. Geoffrion, là vous attachez l'étiquette
d'une entreprise à caractère gouvernemental...
M. GEOFFRION: Paragouvernemental.
M. PINARD: ... paragouvernemental dans le cas de l'hypothèse que
je vous ai posée, celle qui apparaît sur le tableau à votre
gauche.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M. PINARD: Je pense que ça pourrait quand même garder un
caractère d'entreprise privée, car ce seraient des membres qui se
regrouperaient librement à l'intérieur de cette association.
M. GEOFFRION: II faudrait que ce soit libre mais selon le
règlement no 6, ce n'est pas libre du tout.
M. PINARD: C'est-à-dire qu'il faut comprendre que, dans
l'association des détenteurs de permis qui apparaît dans le cadre
noir et rouge, il y aurait obligatoirement appartenance à cette
association. Mais cela ne ferait pas disparaître nécessairement
l'association de M. Brunet qui, lui-même, a admis qu'il était
propriétaire d'un certain nombre de permis, lui et ses enfants. Mais, au
niveau de l'association de services, il y
aurait liberté pour les membres de choisir l'association de
services prévue dans l'hypothèse de travail qui est
derrière moi ou de choisir les services qui seraient actuellement
offerts, et qui persisteraient, par l'association Diamond, par l'association
Lasalle et d'autres que nous connaissons.
Je pense que nous atteignons quand même ce degré de
liberté que vous visiez tantôt.
M. GEOFFRION: Voici, vous m'avez demandé mon opinion. J'ai ici le
dossier. J'insiste sur la liberté. En plus, j'ai donné une
opinion qui est beaucoup moins forte et carrée que le point de
liberté. Je trouve qu'on devrait laisser aux associations existantes le
droit de faire ce qu'elles veulent et ne pas essayer de les concurrencer, pour
la bonne raison que les affaires administrées par le régime
paragouvernemental c'est une matière qui n'est pas
gouvernementale, mais paragouvernementale sont rarement aussi bien
administrées que par les affaires privées.
En d'autres termes, si l'association reconnue entre en concurrence avec
les associations existantes, pour laisser la chance aux représentants
des contrôles, j'ai peur qu'elle se ruine. C'est là le point.
C'est une opinion, remarquez bien. Je peux bien avoir tort. Mais vous m'avez
demandé mon opinion et je vous la donne.
Le système de vente et d'assurance-vie, c'est une autre question.
J'aimerais avoir la liberté. J'insiste là-dessus. Sur les autres
points, c'est une opinion que je donne. Je peux avoir tort aussi bien qu'un
autre.
M. PINARD: Me permettez-vous seulement une mise au point? Je respecte
votre opinion, parce que je vous l'ai demandée librement. Vous me la
donnez librement, sauf que je pense que vous faites erreur quand vous dites que
ce sera une entreprise à caractère paragouvernemental. Au
départ, j'admets que, pour aider les gens du taxi à se regrouper,
parce que vous-même avez admis que c'étaient des individualistes
à tous crins et qu'on avait beaucoup de difficultés à
regrouper... D'ailleurs, cela fait 50 ans qu'ils essaient de le faire et ils
n'ont pas encore réussi à se syndicaliser, malgré les
tentatives qui ont été faites à cet égard.
J'admets que c'est le gouvernement, le ministère des Transports,
qui annoncera le départ du fonctionnement de cette nouvelle association
qui regroupera les détenteurs de permis. Mais une fois ces associations
mises en état de fonctionnement, elles en prendront la
responsabilité avec leurs membres, dans leurs assemblées
mensuelles, dans leurs assemblées générales annuelles;
elles feront leurs propres "nominations et nommeront leurs propres
administrateurs. Elles édicteront les règlements qu'elles
voudront bien édicter pour la bonne gouverne de leurs affaires.
Je pense que, si vous étudiez bien attentivement les articles du
règlement no 6 qui ont trait à l'association, et notamment
l'article 6.208, vous en arriverez aussi à réaliser l'autre
objectif dont vous parliez tantôt, c'est-à-dire la revalorisation
du statut du chauffeur qui, lui aussi, peut aspirer à devenir, un jour,
un artisan propriétaire.
M. GEOFFRION: On devrait inscrire cela.
M. PINARD: Alors, le mécanisme prévu, c'est que, sur cinq
permis vous l'avez souligné tantôt il y en aura
trois d'attribués à des chauffeurs.
M. GEOFFRION: Un à une compagnie et un autre à un individu
qui n'est pas chauffeur.
M. PINARD: Un permis à une corporation et un permis à une
personne qui n'est pas chauffeur. Ne pensez-vous pas qu'on est en train de
concilier les objectifs que, de part et d'autre, on poursuit en ce moment?
M. GEOFFRION: C'est évidemment une question d'opinion. Je me suis
opposé au principe du règlement no 6, pas nécessairement
au fait qu'il y ait des réformes. Je crois réellement que les
permis devraient être transférables. La raison est simple, c'est
que cela permettrait à beaucoup plus de chauffeurs d'en acquérir.
Le permis, actuellement n'est pas transférable. Conséquemment,
aucune banque ne veut prêter sur le permis. Le chauffeur qui veut
acquérir un permis doit pratiquement le payer comptant. Il peut financer
sa voiture, parfaitement. J'aimerais que le permis de taxi, pour la valeur
marchande qui existe, soit finançable de la même façon. On
pourrait fixer des normes pour la transaction d'un permis. Là, vous
parlez d'association. Mon expérience, dans les associations du genre,
c'est que, quoique, théoriquement, ce soit mené par les membres,
en fait, c'est un petit groupe qui mène, d'une façon
générale, parce que ces gens ont plus d'intérêts ou
sont plus d'actifs.
Dans ces associations, la direction, à moins qu'il n'arrive
quelque chose d'extrêmement sérieux, ou à moins qu'elle ne
fasse une grosse bêtise, est en place aussi longtemps qu'elle veut
l'être et se perpétue elle-même. Ce que je dis pour une
association de ce genre-là vaut autant pour beaucoup de compagnies
publiques où la direction se perpétue également dès
qu'elle ne fait pas de bêtises. Mais dire que théoriquement ce
sont les membres qui vont mener, en pratique, ce n'est pas vrai. Même
quand on parle d'une compagnie, la loi dit que c'est le bureau de direction qui
mène, le conseil d'administration. Cela également n'est pas vrai;
c'est la direction qui mène. C'est drôle à dire, mais il
faut faire une différence entre la théorie et la pratique. Ce qui
parait bien beau sur le papier au sujet de ces associations peut effectivement
ne pas se réaliser de cette façon-là en pratique. J'ai
parlé d'un organisme paragouvernemental.
Je dis que les gars qui ont été mis en place par le
gouvernement au début pour aider vont rester en place tant qu'ils le
voudront. Je ne veux pas me battre sur les mots; c'est pour cela que j'emploie
le mot "paragouvernemental". Il y a toujours des inexactitudes dans ces
matières-là.
C'est une opinion. Je peux avoir tort, mais je dis que ces
associations-là, il faut en faire le moins possible. Là où
il y a un vide, qu'elles fassent tout ce qu'elles peuvent; là où
il existe déjà des services adéquats, qu'elles
s'abstiennent, qu'elles se tiennent à l'écart.
M. PINARD: Me Geoffrion, me permet-teriez-vous une autre mise au point?
Vous dites: Celui qui aura présidé au lancement de cette
association restera, probablement en place en permanence.
M. GEOFFRION: Tant qu'il le voudra.
M. PINARD: Mais là, vous préjugez quand même de ce
qui pourrait arriver. Alors, on tient pour acquis que celui que le
ministère des Transports enverra pour aider les membres à se
regrouper, à faire fonctionner cette association dont on parle, aura un
mandat limité. Il aura un statut de fonctionnaire. Il sera responsable
au ministre titulaire du ministère.
M. GEOFFRION: C'est ce que j'ai compris exactement, d'ailleurs.
M. PINARD: S'il voulait rester en permanence au service de l'association
dont il aurait aidé les membres à créer, il faudra qu'il
se départisse de son statut de fonctionnaire et qu'il redevienne un
simple individu au service d'une association à caractère
privé...
M. GEOFFRION: C'est un choix qu'il aura à faire.
M. PINARD: ... qui verra elle, à le payer de la façon
qu'elle le décidera. A ce moment-là, ce ne sera plus l'entreprise
paragouvernementale dont vous parlez.
M. GEOFFRION: Comme je vous dis, je ne veux pas me battre sur les mots,
mais c'est une entreprise encouragée par le gouvernement, poussée
par le gouvernement et lancée par le gouvernement. Théoriquement,
elle sera continuée pas ses membres mais, en pratique, elle sera
continuée par la direction, c'est-à-dire soit par l'individu que
le gouvernement va envoyer là et qui décidera de rester, soit par
celui qu'il aura choisi pour le remplacer.
M. PINARD: Merci, Me Geoffrion, d'avoir répondu à mes
questions. Je pense que, de part et d'autre, notre discussion a pu aider
à éclairer le débat, à faire mieux comprendre le
contenu du règlement no 6 et à faire mieux connaître les
grands objectifs poursuivis par le gouvernement. Je ne dis pas que c'est une
solution idéale, mais c'était au moins une solution qui appelait
une bonne et objective discussion.
M. GEOFFRION: C'est moi qui vous remercie. D'ailleurs,
évidemment, ici, les gens sont tellement peu habitués à ce
que des gouvernements discutent en public de leurs projets, que parfois on
pense qu'un projet est une décision déjà prise. Ce n'est
pas vrai. Nous en avons discuté et, franchement, je suis heureux d'avoir
eu la chance de le faire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me Geoffrion, cela marche par
priorité. Mon tour arrive toujours à la fin. Que voulez-vous?
J'aurais quelques remarques à faire à propos de votre
exposé. Je voudrais être bien clair, pour que vous me compreniez
bien. Il ne s'agit pas, pour moi, de défendre l'association unique
vous avez dit que vous étiez contre ou de défendre
l'hypothèse d'un plan comme il y a ici, au tableau, mais il s'agit tout
simplement de faire quelques mises au point.
Le député de Maskinongé je crois que c'est
le député de Maskinongé, vous me corrigerez si ce n'est
pas exact vous a demandé ce que vous penseriez d'un
référendum, parmi les chauffeurs.
M. GEOFFRION: Oui, c'est lui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit qu'étant donné
la difficulté d'étudier un projet comme cela, peut-être que
la réponse au référendum, que ce soit un oui ou un non, ne
refléterait pas exactement le désir des membres ou des
chauffeurs.
M. GEOFFRION: J'ai dit que ce serait probablement non, à cause de
la complication.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En plus de la difficulté de
comprendre un texte comme cela vous êtes avocat et vous l'avez dit
nous, comme députés nous en étudions tous les
jours, chacun avec son expérience et parfois c'est très complexe.
Etes-vous d'accord pour dire que, sur l'interprétation du
règlement no 6, que ce soit dans les journaux, que ce soit à la
radio ou à la télévision, il y a eu toutes sortes
d'interprétations, qu'on a charrié pas mal sur toutes sortes de
choses? Je veux en venir à une affirmation que vous avez faite. Vous
avez même dit, par exemple, qu'une association unique, à votre
sens, ce serait du socialisme. Vous avez dit cela.
Là, je ne plaide pas pour l'association unique, mais ce sont
justement des mots exagérés comme ça qui induisent les
gens en erreur. Avec tout le respect que je vous dois, je suis obligé
de
vous dire que vous aussi vous avez charrié.
Vous êtes avocat et membre du Barreau, et il n'y a qu'un Barreau.
Les médecins sont membres du Collège des médecins, et il
n'y a qu'un Collège. Et est-ce qu'être membre du Barreau ou du
Collège des médecins c'est du socialisme?
Parmi les gens qui viennent ici, il y a quatre blocs
d'intérêts qui s'affrontent: les propriétaires de flotte,
les propriétaires d'associations, les chauffeurs artisans et les simples
chauffeurs. Je pense que parfois on charrie, et je trouve que parler de
socialisme au sujet d'une association unique je ne dis pas que je suis
pour ou contre vous avez charrié, vous. Vous m'excuserez, je vous
le dis franchement, avec tout le respect que je vous dois.
M. GEOFFRION: Je ne peux pas être d'accord. Vous ne vous attendiez
pas d'ailleurs à ce que je sois d'accord. Socialisme n'est
peut-être pas le bon mot, c'est un genre corporatif.
Est-ce que vous devez, en fait, avoir une association unique pour tous
les genres d'activités? Personnellement, je n'ai pas d'hésitation
à répondre: Non. C'est une espèce de corporatisme ou de
socialisme, parce que le corporatisme est une forme de socialisme aussi, ou
corps intermédiaire. En tout cas, je ne veux pas jouer sur des mots,
mais il est déjà assez embêtant d'avoir des professions
fermées comme on en a. Je n'aime pas ça trop trop des professions
fermées.
Un temps, on en a fermé beaucoup. Et je n'étais pas
toujours d'accord. Les professions fermées, se limitent d'une
façon générale aux médecins, aux avocats, aux
notaires, ingénieurs et architectes. Il y en a d'autres. Vous avez des
genres de médecine, comme la chirurgie dentaire qui pourrait faire
partie de la médecine, ou des optométristes, mais il y a
certaines professions fermées qui sont fermées d'une façon
générale parce qu'il faut une compétence
particulière qui ne peut, d'une façon générale
également, être jugée que par les membres de la même
profession.
Cela ne veut pas dire qu'on doive fermer effectivement toutes les autres
activités de la même façon. Vous pouvez être d'accord
ou pas sur l'existence du Barreau, du Collège des médecins...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Des pharmaciens.
M. GEOFFRION: Pharmaciens et d'autres. Je ne suis pas là pour
parler d'aucune profession en particulier, mais je sais qu'il y en a qui ne
devraient pas l'être, à mon avis.
Par contre, il y en a que j'accepte. Je n'étendrai certainement
pas ça à une manoeuvre de fausseté ou des affaires comme
ça. Des activités qui ne requièrent pas de
compétences particulières. Le chauffeur de taxi est obligé
d'être bon chauffeur. Il est obligé d'être honnête,
mais dans n'importe quelle sphère d'acti- vité, c'est mieux
d'être honnête. Il est obligé de connaître sa ville,
ce n'est pas très difficile. S'il veut être chauffeur de camion,
c'est la même chose. En principe, je ne vois pas que l'argument que vous
soulevez, soit des professions fermées, professions libérales,
comme on appelle, excusez l'emploi du mot, justifie le genre d'associations que
l'on propose ici.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me Geof-frion, parlez-vous d'associations de
détenteurs de permis, ou si vous parlez de syndicalisme? Parce que
tantôt si vous me permettez de préciser davantage ma
pensée vous disiez que vous étiez contre une forme de
syndicalisme qui serait imposé aux chauffeurs.
M. GEOFFRION: Imposé, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II est venu ici des chauffeurs qui ont
expliqué leur point de vue. Ce n'est pas le même que le
vôtre parce qu'ils ne défendent pas les mêmes
intérêts, c'est entendu. Vous êtes ici au nom des
propriétaires de flotte et certains étaient ici au nom de simples
chauffeurs. Ils suppliaient le ministre et le gouvernement d'intervenir pour
aider ces gens à se former en syndicat fort, puissant, qui pourrait les
représenter auprès des employeurs, de la régie des
transports.
Je dois bien préciser que depuis que la commission siège,
j'ai posé beaucoup de questions sur la syndicalisation des chauffeurs.
Vous connaissez le code du travail et toute la procédure, je n'en doute
pas. Il faut 50 p.c. plus un, c'est-à-dire la majorité des
membres. Ceci veut dire que si la majorité des chauffeurs sont contre,
il n'y aura pas de syndicat et si la majorité sont pour, il y en aura
un. C'est comme ça que je le conçois et ça doit être
comme ça que vous le concevez. Quand vous parlez de liberté
syndicale. C'est ça. Je ne parle pas d'un syndicat qui leur soit
imposé, veut ou veut pas, même s'il y a 20 p.c. des chauffeurs qui
sont pour, on leur impose une forme de syndicalisme. Je ne suis pas pour
ça. Il faut que les membres adhèrent à un syndicat
librement. Est-ce qu'à ces conditions, vous êtes d'accord pour un
syndicat des chauffeurs?
M. GEOFFRION: Je n'ai jamais dit que j'étais contre les
syndicats.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit que le chauffeur, de par sa
nature...
M. GEOFFRION: Je ne veux pas qu'on force qui que ce soit à
adhérer au syndicat.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit que le chauffeur
n'était pas un syndicaliste, par sa nature.
M. GEOFFRION: C'est ce que je déduis de ce que j'ai entendu ici,
de ce que j'ai lu et de ce que je connais des chauffeurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est eux qui décideront en signant
une formule d'adhésion ou n'importe.
M. GEOFFRION: Ce sont eux qui décideront. J'ai dit ceci: Je ne
suis pas opposé à ce que, par un amendement à la loi s'il
le faut, on rende possible la syndicalisation des chauffeurs. Mais, je ne veux
pas qu'on décrète par la loi ou autrement que les chauffeurs
doivent être membres d'un syndicat. Ils doivent être libres de
l'être ou de ne pas l'être. Maintenant, la condition de
représentation édictée par le code du travail c'est plus
de 50 p.c, c'est exact. Même si plus de 50 p.c. des chauffeurs voulaient
entrer dans un syndicat, je dis qu'il serait inique de forcer les autres
à y aller. C'est tout ce que je dis. Je ne suis pas contre un syndicat,
loin de là, mais il faut que les chauffeurs le veuillent. Le
gouvernement devrait, si la chose est nécessaire, rendre la
syndicalisation possible, peut-être par un amendement au code du travail,
je ne sais pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Probablement, oui.
M. GEOFFRION: Mais c'est tout ce que le gouvernement devrait faire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Surtout pour que les chauffeurs, au sens du
code du travail, soient des salariés. Il faudrait des amendements pour
le chauffeur qui loue son auto. Dernièrement, pour le syndicalisme
agricole, on a fait un référendum; la majorité a
voté pour et on a eu la loi 64. Si 80 p.c. des chauffeurs se prononcent
pour une forme de syndicalisme, les autres 20 p.c. ne devraient pas en faire
partie. C'est ça que vous voulez dire?
M. GEOFFRION: Ils ne devraient pas être obligés d'en faire
partie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si la majorité est pour que ce
soit des chauffeurs ou des employés de l'Hydro-Québec, n'importe
à ce moment-là le syndicat est accrédité.
Vous savez ce que c'est une accréditation.
M. GEOFFRION: II est accrédité mais il représente
tout le monde aussi.
M. PAUL: Vous ne voulez pas de la formule Rand dans ce secteur?
M. GEOFFRION: La formule Rand c'est une autre affaire.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): La formule Rand c'est que tout le monde paie
mais tout le monde n'est pas membre du syndicat.
M. GEOFFRION: C'est ça que ça veut dire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En somme, ce que vous dites, c'est que vous
êtes contre l'atelier fermé, c'est-à-dire que quelqu'un
soit obligé de faire partie du syndicat pour conduire une auto-taxi.
M. GEOFFRION: C'est ça.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'était juste pour des
éclaircissements. Maintenant, je dois dire que vous avez fait une
remarque sur laquelle je suis entièrement d'accord avec vous. Lorsque
vous dites qu'il y a de mauvais chauffeurs, c'est vrai. Vous avez dit qu'il y
avait des mauvais syndicalistes, c'est vrai, je suis d'accord avec vous. Par
contre, vous devez être d'accord avec moi aussi pour dire que c'est dans
toutes les classes de la société. Il y a de mauvais policiers, il
y a de mauvais conducteurs d'autobus et il y a même de mauvais
avocats.
M. GEOFFRION: II y a de mauvais députés aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): De mauvais députés aussi.
Je ne l'ai pas ajouté pour vous laisser le plaisir.
M. GEOFFRION: Merci beaucoup. C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, je constate qu'il est six
heures. Nous devons suspendre nos travaux jusqu'à 8 heures et quart. A
moins qu'il n'y ait d'autres questions pour Me Geoffrion, de la part des
membres de la commission, nous pourrons vous libérer dès 6
heures.
M. GEOFFRION: Je vous en remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie de votre
exposé. A 8 heures et quart, lorsque nous reprendrons nos travaux, nous
entendrons les Taxis Escoumins.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 29
M. SEGUIN (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
Taxi Escoumins. Est-ce qu'il y a un représentant de Taxi
Escoumins? Il faut croire que cet organisme n'est pas représenté
ici; nous le porterons le premier au programme de demain matin.
M.PAUL: M. le Président, peut-être que nous pourrions
porter cet organisme au pied du rôle de nos auditions d'aujourd'hui. Il a
peut-être été retenu en ville.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous comprenons facilement. Si cet
organisme arrive durant la soirée, nous ferons tout ce qui est possible
pour le rappeler plus tard. Nous sommes maintenant rendus, d'après
l'ordre du jour, à Lasalle Taxi Inc. Le porte-parole est M. Ernest
Patry. Vous êtes bien M. Patry?
Puis-je vous demander, avant que vous ne commenciez restez assis
de faire la distinction entre le groupe Lasalle Taxi, groupe
représenté par M. Brunet la semaine dernière, et Lasalle
Taxi Inc. Je pense que, dans le premier cas, c'était Lasalle (1964) et,
dans votre cas, c'est Lasalle Inc.
Lasalle Taxi Inc.
M. PATRY: Quant à Lasalle (1964) Inc., M. Brunet en est le
président, le propriétaire. Nous sommes les membres du
comité consultatif qui représente la régie interne et les
petits propriétaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Allez-y.
M. PATRY: M. le Président, MM. les membres de la commission,
j'aimerais premièrement vous présenter trois autres membres du
comité consultatif qui, au même titre que moi, ont droit de parole
je ne suis que le porte-parole MM. Roch Girard, Henry Vaulois, le
président du comité consultatif et Armand Doganieri. Mon nom est
Ernest Patry.
Messieurs, c'est avec un grand plaisir que j'ai reçu votre
télégramme, vendredi dernier. C'est aussi avec un grand plaisir
que j'aimerais continuer ma participation devant cette commission, car j'ai
été, avec plusieurs autres membres, présent toute la
semaine passée.
Dommage que j'aie été obligé de partir jeudi, avant
l'intervention de M. Paul Pronovost qui, si je ne me trompe, n'avait pas eu le
temps de préparer un mémoire pour la commission. Il n'avait pas
à le faire, le règlement no 6 est une grosse partie de son
mémoire.
Lorsque les plaques 1972 ont été émises, on a
commencé à voir du bien dans le rapport Bossé. Ils ont
enlevé ceux qui ne possédaient pas de permis municipal. Ils nous
ont donné un espoir de voir l'industrie du taxi prendre une nouvelle
ampleur, nous qui possédions un permis de la ville, en bonne et due
forme, au coût de $5,000.
A l'atelier no 3 du congrès libéral, à
Montréal, lorsque la résolution no 296 nous a été
présentée, j'ai proposé son acceptation. Mais je ne savais
pas que je venais de me castrer, (ablation d'un organe nécessaire
à la génération, extrait du dictionnaire). C'est
exactement ce que fait le règlement no 6. A ma mort, il ne restera plus
rien, sinon les pleurs de ceux qui me survivront.
En plus, je vous demande, messieurs, de lire cet extrait du dictionnaire
libéral, qui est digne d'un homme libre. Education libérale,
professions libérales: la médecine, le Barreau, le professorat,
les arts libéraux, ceux qui exigent une intervention grande et
perpétuelle de l'intelligence comme la peinture, la sculpture qu'aime
à donner un homme libéral. La fortune nous joue lors même
qu'elle nous est libérale (Boss). C'est écrit dans le
dictionnaire, j'ai pensé de l'écrire.
On dit aussi: main libérale. Libéral de: libéral de
l'argent des autres. Qui est favorable à la liberté civile et
politique et aux intérêts généraux de la
société: opinions libérales. Celui qui professe les
idées libérales: un libéral. Les libéraux, les
membres d'un parti politique qui favorise l'extension des
libertés...
UNE VOIX: Le dictionnaire Larousse?
M. PATRY: C'est un dictionnaire épais comme cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce le dictionnaire du parti?
M. PATRY: Non. Pas du tout.
M. PINARD: Ce que monsieur veut vous faire comprendre, c'est que
même les Libéraux peuvent connaître Bossuet.
M. PATRY: C'est cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour une fois le ministre a
été assez bon.
M. PATRY: J'ai débuté en tant que chauffeur en 1965. Je
n'étais pas satisfait de mon sort. Alors, j'ai décidé de
m'acheter un permis, car j'aimais le métier. Cela en est un
métier, M. le Président, car il faut être ingénieur
en circulation, entre autres choses. J'ai attendu ma chance, elle est venue.
J'ai payé mon permis comptant parce que c'était exigé,
à l'aide d'un prêt. Il m'a fallu travailler fort afin de
rembourser cet argent, de vivre et de renouveler mon auto. Pourtant, j'y suis
arrivé. Dites-moi, M. le Président, auriez-vous eu le courage de
le faire? Je n'ai pas encore fini au complet. Cela fait 17 ans de cela.
Je suis maintenant propriétaire et je le resterai. Ceci n'est pas
une menace, mais une affirmation. Jamais, je ne mettrai de chauffeur sur mon
auto-taxi, pas plus que j'y prêterais ma femme à un autre, comme
artisan. C'est mon choix et ma fierté personnelle. Dans la libre
entreprise, il y a une loi qui empêche le monopole. "Il se dit de
certains droits possédés exclusivement par un petit nombre de
personnes". C'est dans le dictionnaire. Votre tableau illustrant une
association montre que c'est ni plus ni moins qu'un monopole.
Je représente, au sein du taxi Lasalle, les petits
propriétaires. Je les défends lorsque M. Brunet ou notre ministre
de la Justice les attaque et j'entends les défendre ici contre une loi
qui vient leur enlever leurs biens et leurs droits. Les ceintures de
sécurité sont en place et si M. Edmonston, avec ses sept membres,
dit que les passagers devraient s'en servir, de mon côté, mes
passagers, depuis que j'ai mon taxi, ne s'en sont jamais servis.
Ils m'ont même reproché que ces ceintures étaient
des embarras. Je crois que j'ai fait monter plus de sept personnes. Dans un
autre sens, je vois mal que l'on s'attende, sur la rue Sainte-Catherine ou
toute autre artère, à ce que le client s'attache avec une
ceinture dont il ne connaît pas le fonctionnement. Ni moi ni aucun autre
chauffeur de taxi ne sommes des professeurs pour prendre le temps de le lui
montrer.
Messieurs, j'ai à mes côtés d'autres membres du
comité consultatif, que je vous ai présentés au
début. J'aimerais, avec votre permission, leur laisser la parole avant
de conclure la fin de mon mémoire.
M. Doganieri avait un sujet qu'il voulait vous présenter.
M. DOGANIERI: Avec mes respects, M. le Président, les
propriétaires artisans de Lasalle, vu que nous sommes
représentatifs par rapport à l'assemblée
générale du mois de mai, que nous sommes élus pour un
mandat soit d'un an, soit de deux ans, nous pouvons nous faire, si vous voulez,
leur porte-parole. On les a convoqués, pas tous, mais je dirais que la
grande majorité a été convoquée pour justement
venir devant l'assemblée ici. Leur grief concernant le rapport
Bossé est plus important qu'on a pu le comprendre, d'après le
rapport, qui était assez, je dirais, difficile à comprendre, vu
que nous n'avons pas un statut d'avocat. Premièrement, nous sommes
contre une seule association. C'est â l'unanimité.
Deuxièmememnt, un point très important, c'est le mot
"privilège". Comme le ministère des Transports, la Régie
des transports ou le conseil municipal, on mentionne toujours, quand on parle
de l'artisan chauffeur de taxi, le mot privilège. On voudrait que ce mot
"privilège" soit complètement rayé, aboli et qu'à
l'avenir on se réfère aux droits acquis du propriétaire
artisan et non aux privilèges du propriétaire artisan.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plait.
Pourriez-vous nous dire en quelques mots, très brièvement, ce que
vous voulez dire par droits acquis? L'expression employée très
souvent. Il peut y avoir différentes interprétations. Dans vos
propres paroles, qu'est-ce que vous reconnaissez comme un droit acquis?
M. DOGANIERI: Dans nos propres paroles, cela concerne le droit de
négociation, la liberté de vendre notre commerce à qui on
veut, sans imposition de la part du gouvernement.
Autrement dit, qu'on reconnaisse la valeur négociable. Si un
petit chauffeur veut devenir propriétaire, qu'il se présente
à la banque et dise: J'ai une chance de devenir propriétaire,
est-ce que mon permis peut être déposé en garantie? C'est
ça la valeur négociable pour un petit chauffeur de taxi.
Maintenant ils vont dire: Cela vaut $81, ne viens pas nous "achaler" pour $81.
C'est ça que ça vaut. 3 Concernant l'article 6.30,
dispositif de contrôle de doublage. Il y a une formule qui serait
à étudier, c'est que si l'interdiction complète du
doublage en été était faite, je peux vous dire à
peu près dans quel sens elle pourrait être faite, d'après
l'idée personnelle que j'ai émise aux membres.
Premièrement, je suis d'accord avec M. Dickey, qu'on approuve
à 100 p.c, quand il a dit que s'il y a un gel de permis il devrait y
avoir un gel de l'émission des "pockets", du permis de poche, vu
qu'actuellement il y a quatre chauffeurs par permis.
Si une enquête approfondie est faite sur les "pockets"
excusez-moi si j'emploie le mot anglais, c'est le seul mot que nous
connaissons, dans le taxi on pourra prouver que sur les 20,000
détenteurs de permis de poche, il y en a au moins 10,000 qui ne sont pas
actifs dans le taxi.
Une supposition que l'élimination est faite, toute de suite il ne
faudrait pas éliminer les remplaçants réguliers. Nous
entendons par remplaçant régulier un homme qui travaille une
journée par semaine ou deux journées. L'industrie en a
besoin.
Si l'enquête est faite, si l'émission des "pockets" est
gelée, et si les remplaçants sont éliminés,
qu'est-ce qui va arriver? Il va y avoir une majorité de meilleurs
chauffeurs. Le gouvernement, s'il veut prendre des moyens draconiens pour
enlever des permis, qu'il les remette de son bon gré, il va s'apercevoir
qu'une flotte qui a 50 voitures, s'il y a de la pourriture, comme nous disons,
de remplaçants, s'il y en a vingt au mur, j'espère que le
gouvernement va pouvoir imposer qu'on en enlève dix sur les vingt.
Qu'est-ce qui arrive à ce moment? Vous allez chez n'importe quel
propriétaire de flottes les fins de semaine, c'est quasiment impossible
d'avoir une auto, parce que les autos sont toutes louées et acquises aux
remplaçants. On ne parle pas de remplaçants réguliers, on
parle de remplaçants d'occasion.
Quatrièmement. On voudrait garder la liberté de travailler
avec ou sans radio. Parmi les propriétaires artisans de Lasalle qu'on
représente, il y en a au moins 325 qui n'ont pas de radio; ils n'en ont
jamais eu et n'en veulent pas. C'est une imposition qui ne devrait pas
exister.
Cinquièmement, l'article 6.183 d'après le règlement
no 6, le nombre maximum et minimum, nous sommes contre. Si l'émission
des "pockets" est gelée et que la réglementation des
remplaçants soit là, les propriétaires de flotte verront
leurs autos acculées au mur. Si le gouvernement enlève dix ou
quinze autos par flotte imposante, automatiquement vous n'aurez pas besoin de
vous embrouiller avec des chiffres comme 1 par 600. Cela va devenir automatique
parce que l'industrie du taxi va demeurer aux chauffeurs de taxi et non au "Jos
Bleau" qui vient de faire une grève de deux jours. C'est ce qu'on
veut.
Voici en ce qui concerne le coût pour un propriétaire
artisan. Si je tombe malade aujourd'hui, je ne peux pas engager
d'employé pour conduire ma voiture. Il pourrait faire un accident grave,
ma cotisation d'assurance monterait ou détruirait l'état
mécanique de ma voiture. La voiture qui est en face de chez nous,
seulement à la regarder, elle me coûte, au minimum, $10 à
$11 par jour. Cela comprend assurance, dépréciation, cotisation,
tout ce dont la voiture a besoin.
Il y aurait aussi un moyen d'éliminer les remplaçants
d'occasion. J'insiste pour garder le remplaçant régulier. Ce
serait d'obliger les remplaçants à faire 30 heures par semaine
pour qu'ils soient qualifiés de remplaçants réguliers.
Cela se fait aux Etats-Unis, où ils exigent 35 heures. Nous sommes
contre la feuille de route pour une simple raison évidente. Au coin de
Peel et Sainte-Catherine, à Montréal, faire la feuille de route
avant de prendre un autre client, ce n'est pas faisable, vous le savez, la
circulation est trop intense à Montréal. La patience des
chauffeurs, dans une grande ville, cela ne se comprend pas.
Il existe à Taxi Lasalle l'ancien ministre des Transports,
M. Georges Tremblay, et, je crois, le ministre actuel, M. Pinard, est au
courant des cours de conduite préventive qui sont obligatoires
à tout nouveau chauffeur ainsi qu'à tout propriétaire qui
entre dans l'association Lasalle. Même si ça fait 25 ans qu'un
gars est au Diamond, il faut qu'il aille suivre les cours de conduite
préventive. S'il a un accident, il est obligé d'aller suivre ces
cours. Si le même individu refuse, c'est là que nous, au sein du
comité consultatif, obligeons le renvoi. Parce que nous n'en avons pas
besoin dans Lasalle selon notre politique. Je parle de politique du
côté de la discipline.
Pour la sécurité de la voiture et du chauffeur. M.
Edmonston disait que la grosse majorité, soit 50 p.c. ou 75 p.c. des
voitures n'étaient pas conformes aux normes de la Régie des
transports sur le plan de la sécurité. C'est vrai dans un certain
sens. Nous à Lasalle, donnons les cours de conduite préventive
à raison de deux heures par soir. Durant ce temps, on donne de quinze
à trente minutes d'éducation sur le taxi, surtout aux nouveaux
chauffeurs pour les mettre au courant dans quoi ils s'embarquent. On leur dit
que, s'ils vont travailler pour un propriétaire de flotte ou un petit
propriétaire artisan de trois ou quatre voitures nous
considérons un propriétaire de flotte quand il a plus de cinq
voitures si le chauffeur figure que le véhicule qu'il va conduire
n'est pas en bon état de sécurité pour lui et ses clients,
de refuser la voiture et de rapporter immédiatement la voiture au bureau
des assurances au Lasalle, à M. Maurice Spénard qui est en charge
des assurances. A ce moment-là, M. Spénard n'attend pas au
lendemain. La journée même, il fait venir et le chauffeur et le
propriétaire chez Lasalle et si M. Spénard juge que la voiture
n'offre pas de sécurité pour les passagers et pour le chauffeur,
il enlève le dôme automatiquement, sur le fait. La voiture ne doit
pas être sur la route si elle n'offre pas une totale
sécurité.
L'état mécanique de la voiture entre encore dans
l'ensemble de la protection d'assurance. On demanderait aussi au
ministère de la Justice une plus grande protection pour le chauffeur de
taxi surtout contre le hold-up, ou tout genre d'assauts. Je pense au meurtre de
M. Armand Richard, un de nos vieux chauffeurs de taxi de Lasalle.
Que la loi soit plus sévère. On pense vraiment que c'est
entre vos mains, messieurs, et que vos recommandations ainsi que le ministre de
la Justice peuvent nous aider dans ce cas. Nous, seuls, on ne peut pas aller se
plaindre à l'hôtel de ville car on fait rire de nous autres.
Merci, c'est tout.
Si vous me le permettez, M. le Président, vous avez une feuille
sur la nouvelle réglementation de Dorval qui est effective depuis le 8
janvier 1973. On lit bien dans le paragraphe b) au milieu de la page: "La
charge d'entrée est de $0.50 et demeurera en vigueur; toutefois, durant
cette période intérimaire, il n'y aura aucune objection à
ce que la charge d'entrée de $0.50 soit ajoutée au prix normal de
la course. Il est à noter que cette charge de $0.50 ne représente
qu'une faible partie des coûts d'immobilisation, d'entretien et
d'affectation." Je suis allé à Dorval. La semaine passée,
j'étais ici toute la semaine. Comme je l'avais expliqué, M. le
Président, ma femme venait... autrement dit, j'étais nouveau papa
et elle a pris de l'huile de castor pour avancer les affaires, sans cela je
n'aurais pas pu venir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pas pour l'huile de castor mais pour le
papa, mes félicitations.
M. DOGANIERI: Merci, monsieur. J'ai essayé de faire comprendre
à ma femme d'être très raisonnable, que je venais ici dans
le
but d'améliorer ma situation pour l'avenir ainsi que celle des
petits propriétaires artisans que je représentais. Je crois
fermement que tant que je pourrai faire quelque chose au sein du comité
consultatif des taxis Lasalle pour améliorer la situation du chauffeur
et du petit propriétaire artisan, je me battrai corps et âme.
Je suis allé à Dorval. J'ai attendu une heure quarante
sept minutes en ligne. La limite maximum que nous accorde le
fédéral est de trente véhicules. A deux reprises, la RCMP
est passée. Une fois elle est arrêtée. Cela est
régulier, je dirais, 24 heures par jour. On est empesté quelque
chose de rare à Dorval, M. Bossé. J'ai pris un voyage qui montait
à $1.65. Je venais de payer excusez-moi, M. le Président,
je n'avais pas la feuille de réglementation là-bas $0.50
pour la barrière. J'avais attendu pendant quarante sept minutes et il y
en a qui attendent jusqu'à trois heures vingt minutes comme j'ai
déjà fait.
Je ne savais pas que j'avais le droit de demander $0.50 au client pour
la barrière. Honnête artisan comme je le suis, j'aurais
été dans l'impossibilité d'exiger les $0.50, parce que je
crois que c'est un permis de voler le public. C'est mon opinion personnelle, M.
le Président, sur l'histoire des $0.50 de plus qu'il faudra demander aux
clients. Il faudrait faire absolument quelque chose à Dorval, parce que
ça n'a plus de sens. Murray Hill a une concession là-bas; il a le
droit d'avoir des "répartiteurs", de retenir le public en dedans.
Aussitôt qu'ils voient un homme avec une petite valise ils lui disent:
Monsieur, on vous offre un service de limousine pour Montréal.
Le monsieur n'est pas au courant, il ne sait pas ce qui se passe
à Montréal. Il ne veut rien savoir; il veut une auto pour se
rendre en ville. Si un chauffeur de taxi est pris à faire ça...
Il n'a même pas le droit de descendre de sa voiture pour solliciter un
client. C'est contre la loi; c'est dans le règlement 2745 du code
municipal.
Si Murray Hill a une concession, d'accord, il paie un certain montant au
fédéral pour ça. Toutes les associations assez
responsables ont offert au gouvernement fédéral, au ministre des
Transports, de verser une cotisation annuelle pour avoir des droits. Vous allez
peut-être appeler ça un monopole, ce que nous avons à la
gare centrale pour Lasalle. Nous payons tant par année pour avoir ce
droit-là, pour assurer le service et la discipline.
Comme c'est là, à Dorval, il n'existe aucune discipline.
Si vous prenez l'exemple de la gare centrale, il y a toujours deux inspecteurs
en fonction tant que les trains arrivent. Pas des inspecteurs du gouvernement
ni de la police; des inspecteurs de Lasalle. S'il y a une infraction, si une
voiture est trop sale, on y voit. Un chauffeur mal habillé, pas
rasé, avec les cheveux trop longs ou avec une barbiche, nous n'en avons
pas à Lasalle. Il faut qu'il passe à la discipline.
M. le Président, sur ça, j'espère que nous allons
avoir de l'aide avec le rapport Bossé pour surtout régler le cas
de Dorval qui presse actuellement parce que c'est fonctionnel. Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: Me permettez-vous une couple de questions?
M. DOGANIERI: Certainement, monsieur.
M. PINARD: Est-ce que vous avez lu l'article 6.22 du règlement no
6 qui se lit comme suit: "Le dôme doit être relié à
un bouton qui, lorsque poussé, permet aux ampoules du dôme de
clignoter: le clignotement ne peut être déclenché que dans
le cas où la sécurité du chauffeur est menacée ou
dans le cas visé à l'article 6.48".
M. DOGANIERI: Si vous me le permettez, M. le ministre, pour
répondre à votre question...
M. PINARD: Ensuite l'article 6.47 dit: "Lorsque le chauffeur ou le
propriétaire a un motif raisonnable ou probable de croire que la course
requise a directement ou indirectement pour objet un acte contraire à la
loi, au règlement ou à l'ordre public, il doit refuser de la
faire".
L'article 6.48 se lit comme suit: "Si les conditions prévues
à l'article 6.47 que je viens de lire se réalisent
dans la course, l'exception prévue à cette disposition s'applique
mutatis mutandis à compter du moment où le chauffeur ou le
propriétaire a un motif raisonnable ou probable d'une telle croyance".
Cela signifie qu'il y a un mécanisme de protection en faveur du
propriétaire artisan ou du chauffeur du taxi, au cas où il serait
victime d'assaut, de vol ou au cas où il serait témoin d'un
hold-up qui serait en train d'être commis ou au cas où un bandit,
voulant éviter d'être pris, déciderait de monter dans une
voiture-taxi et ordonnerait au chauffeur d'aller le conduire à un
endroit pour lui permettre d'échapper à la police qui le
pourchasse.
Alors, vous voyez qu'il y a un mécanisme qui a été
pensé pour accroître votre sécurité. Je vous le dis
à titre d'exemple, pour vous montrer que tout n'est pas si mauvais que
cela dans le règlement no 6, à la condition qu'on veuille bien le
lire attentivement et qu'on veuille bien aussi retenir les points qui peuvent
être bons.
M. DOGANIERI: Si vous me le permettez, M. le Président, à
la compagnie Lasalle, il y a des petits propriétaires artisans qui ont
dépensé des petits montants, peut-être $35, pour avoir un
dispositif de sécurité, tel que la lumière clignotante sur
la voiture seulement. C'était un début. Même avec cela,
j'ai un petit propriétaire artisan, ex-membre du comité
consultatif, M. Bossé qui a un tel système. Il a
été victime d'un hold-up et il n'a eu le temps de rien faire. A
la compagnie Lasalle, comme dans toutes les
centrales, on a un code. Chez nous, c'est 1/13. Automatiquement, la
centrale bloque tout pour écouter 1/13. C'est un appel d'urgence.
Parfois, on peut le faire. Mais, si le type qui fait le hold-up a
déjà fait du taxi et qu'il nous poignarde, voyez-vous. C'est
là que nous demandons au ministère de la Justice de mettre les
amendes beaucoup plus sévères, parce que les voleurs vont
imaginer tout cela. Les lumières clignotantes, etc., un voleur le sait
d'avance. Si le ministère de la Justice impose des amendes ou des
sentences qu'elles soient très sévères; cela
éliminerait tout cela. Le système a déjà
été essayé.
M. PINARD: Me permettez-vous de continuer avec vous? Lorsque le
règlement no 6 parle d'une centrale unique, il y en a qui n'aiment pas
ce mot. Ne vous paraît-il pas raisonnable à tout le moins, d'avoir
une centrale à laquelle vous pourriez plus facilement faire
émettre un appel de détresse? Comme vous l'avez souligné
vous-même, cela existe à la compagnie Lasalle. Vous avez le code
1/13, pour avertir...
M. DOGANIERI: Un bloquage d'ondes.
M. PINARD: ... le "dispatcher" ou l"'affec-tateur" que vous êtes
en situation de danger et d'avertir la police. Alors, je pense qu'un
mécanisme semblable peut être pensé, mais pour en faire
profiter un plus grand nombre que celui qui se retrouve dans l'association
Lasalle. C'était un peu le but, non pas le seul, mais un des buts
poursuivis quand on a pensé qu'on pourrait en arriver, sur le plan
technique et sur le plan de l'efficacité à faire fonctionner un
système de contrôle ou d'affectation unique. Je ne m'étends
pas là-dessus. J'aimerais aussi vous souligner que le règlement
que vous avez promulgué le 8 janvier 1973 indiquant que vous avez droit
d'imposer une surcharge de $0.50 soit aux concessions de l'aéroport,
soit dans le cas des concessions...
M. DOGANIERI: Au public.
M. PINARD: ... sur le territoire d'un hôpital public, là
les officiers en loi du ministère me disent que c'est
illégal.
M. DOGANIERI: C'est justement. Pourquoi le gouvernement nous donnait-il
le droit d'imposer une chose au public qui n'est pas montrée au
taximètre, si c'est $1.65 pourquoi exiger $2.15?
M. PINARD: C'est illégal parce qu'à ce moment-là
vous l'imposez précisément en dehors du territoire
fédéral.
M. DOGANIERI: Je ne comprends pas la décision du gouvernement de
laisser passer une chose comme celle-là. C'est écrit par J.L.
Goulet, directeur général de l'aéroport. Cela vient
du fédéral.
M. PINARD: Je comprends. Si cela n'avait pas été
accrédité par le conseil municipal ou par la régie
actuelle des transports, cela m'apparaît nettement illégal, que ce
soit M. Goulet ou un autre. On va lui signifier que le règlement qu'il a
promulgué le 8 janvier 1973 nous apparaît illégal et nous
prendrons action en conséquence.
M. DOGANIERI: II ne faudrait pas oublier, M. le ministre, que...
M. PINARD: Cela peut concerner ces gens sur un territoire, à
condition que ce soit un territoire fédéral où ils ont
véritablement juridiction et où nous n'avons pas juridiction.
M. DOGANIERI: C'est là qu'ils vous rejoignent: Les dispositions
prises par le ministère font suite à la nouvelle
réglementation proposée par le gouvernement provincial et
découlant du bill 23.
M. PINARD: Cela est un problème d'interprétation de M.
Goulet.
M. DOGANIERI: J'ai interprété, moi, que c'était
vous qui aviez fait cela. C'est ma manière de penser.
M. PINARD: Non. C'est M. Goulet qui signe l'affaire, ce n'est pas
nous.
M. DOGANIERI: Justement, pourquoi prend-il votre parole?
M. PINARD: C'est ce que je vous dis. M. Goulet interprète, mais
il interprète peut-être d'une façon abusive la
portée d'un règlement.
M. DOGANIERI: Comme c'est là, il induit tout le monde en erreur,
le propriétaire de taxis aussi bien que le public.
M. PINARD: Nous allons y voir. Nous vous remercions de nous avoir mis au
courant de cette directive...
M. DOGANIERI: Anomalie.
M. PINARD: ... et, à mon avis, de cette anomalie.
Etes-vous satisfait de l'ouverture? D y a plus de chauffeurs de taxi,
plus de petits propriétaires à l'aéroport
international.
M. DOGANIERI: Encore là, il manque un contrôle, une
discipline qui est, dans le vrai sens du mot, écoeurante.
M. PINARD: Qui fait la discipline à cet endroit?
M. DOGANIERI: Si je comprends bien, le "dispatcher" là-bas, qui
représente le taxi, est payé, je crois, $15,000 par année.
Je ne sais pas c'est une rumeur, mais s'il est payé $15,000 pour rire
des gars, il fait une maudite belle "job".
M. PINARD: Quel est votre point de vue?
M. DOGANIERI: Si jusqu'à maintenant, cela fait 50 ans
peut-être que le taxi existe à Montréal, cela était
un droit acquis et non un privilège que nous avions d'exiger
anciennement $6 du centre-ville à Dorval et maintenant $7.50, pourquoi
nous avoir enlevé ce droit acquis rendu dans les limites de Dorval?
Pourquoi ne nous laisse-t-on pas le même droit pour le retour? Je ne
comprends pas cela.
Je ne comprends pas dans quel sens on a mis cela. De même, le gars
est assuré que, s'il s'en vient à Montréal, il a $7.50.
Avec la nouvelle manière, la nouvelle augmentation depuis le 8 janvier
1973, le gars n'est même pas sûr de faire $0.90 en allant au
Airport Hilton. Cela coûte cela, sur le compteur. S'il a payé
$0.50 et a attendu une heure et demie, il a fait $0.40 de profit, pour une
heure et demie. S'il fait froid, il l'a perdu, seulement en essence. Imaginez!
Il y a quelque chose qui ne marche pas, à quelque part, dans cela:
Murray Hill est protégé. Par qui? On ne le sait pas, mais il est
protégé.
M. PINARD: Comme c'est un problème que M. Bossé
connaît mieux que moi, je vais lui permettre de vous répondre,
sous forme de commentaires, à ma place, et peut-être aussi de vous
interroger, pour mieux préciser le problème dont vous parlez.
M. BOSSE: M. le Président, je crois qu'on avait d'ailleurs eu
l'occasion d'en discuter lorsqu'on avait réglé la première
étape, qui était peut-être la plus difficile, celle de
permettre aux chauffeurs de taxi qui allaient déposer des passagers d'en
prendre pour s'en revenir. Disons que, dans les négociations avec le
fédéral, on avait obtenu un peu plus, quand même,
c'est-à-dire le droit d'aller, sans passagers, en chercher.
C'était la première étape. Je suis d'accord avec vous.
J'ai toujours trouvé immensément injuste qu'on vous charge sous
le prétexte de certaines améliorations. Il est évident
qu'il y a eu des frais. Le fédéral a fait des frais. Cependant,
il recueille des impôts et des taxes, ici. Je suis pleinement d'accord
avec vous.
Dans le règlement, présentement, on a justement
prévu une agglomération de l'aéroport. Si vous lisez comme
il le faut le règlement no 6, il y est prévu que dans cette
agglomération de l'aéroport, il n'y aurait qu'un seul
"affecta-teur", c'est-à-dire un seul "dispatcher" qui s'occuperait des
taxis et des services de limousines, mais là, des vrais limousines, avec
des strapontins, des sièges spéciaux. Il y aurait un seul
"affectateur". Alors on croit qu'il y aurait moins d'injustices.
Il est possible, les "affectateurs" étant humains, qu'il y ait
aussi des injustices, mais on a aussi prévu des cautionnements, au cas
où cela se produirait. Evidemment, vous admettrez qu'il n'est pas facile
de tout corriger cela d'un coup. Nous sommes conscients que c'est une grosse
bouchée à absorber.
M. DOGANIERI: Si vous me permettez, M. le député
Bossé, vous dites, si j'ai bien compris, que le gouvernement serait
prêt à affecter un gars qui dirigerait les deux, soit les
concessions, soit les taxis.
M. BOSSE: Les deux.
M. DOGANIERI: D'accord. Maintenant, dans le passé, il a
été prouvé et il sera prouvé encore que la petite
piastre en-dessous de la table, elle entre là. Si Murray Hill vaut $25
millions, aujourd'hui, c'est grâce aux $24 millions qu'elle nous
arrache.
Maintenant, le petit propriétaire artisan, dont le permis vaut
$6,000, peut-il se battre contre $25 millions? C'est notre but, nous
autres.
M. BOSSE: A cela, je peux peut-être répondre ceci. Si
Murray Hill vaut $25 millions, cela n'a pas empêché Alfred
Bossé d'aller négocier à Ottawa l'accès à
l'aéroport de Dorval, une entrée afin de pouvoir prendre des
passagers. Et personne d'entre vous n'y croyait. Très humblement, je
pense que cela a été fait. Alors cela prouve que c'est
faisable.
M. DOGANIERI: En 1967, si vous vous rappelez, on avait dit pas
moi personnellement mais les groupes, le Mouvement de libération du taxi
au ministre fédéral que s'il payait $0.25, disons, par
voyage, à la fin de l'année il en reviendrait plus au
fédéral que la cotisation de limousines que Murray Hill pouvait
donner. Ils nous ont refusé carrément, disant que nous
étions dans l'impossibilité de servir adéquatement
l'aéroport. C'est là que nous les contredisons, en disant qu'avec
notre système de radio le "dispatcher" donne un appel 25 voitures
à Dorval et dans dix minutes, vous avez 50 voitures à
Dorval. Murray Hill n'a aucun moyen de télécommunication.
M. BOSSE: Lisez quand même le projet comme il le faut, pour
être très objectif et comprendre. Ce qu'on a voulu insérer
dans la nouvelle réglementation, ce n'est pour défavoriser ni les
uns, ni les autres, mais pour continuer d'être juste. C'est-à-dire
que, lorsqu'on a introduit des taxis, à Dorval, afin de prendre des
passagers, c'était pour être juste vis-à-vis des taxis.
Vous avez dit qu'il y avait une injustice, qu'il y avait seulement
l'exclusivité de Murray Hill. Cela a été
réglé cette partie. Essayez de lire le règlement et le
comprendre comme il faut. Je sais que ce n'est pas facile. Ce que nous
proposons, c'est un seul "affectateur" qui lui serait cautionné
et qui détiendrait un permis du ministère des Transports. On
essaie d'éviter ces choses que vous avez dites, comme la piastre sous la
table. Cela ne sera pas facile à corriger. C'est évident qu'il va
y avoir des expériences, du rodage à faire. Mais c'est ça
que nous cherchons à faire quand même, corriger ces situations,
afin que tous dans l'industrie du taxi puissent vivre comme du monde.
M. DOGANIERI: Moi, j'étais la onzième voiture en ligne, en
comptant la ligne double. Là-bas nous nous respectons, le dernier qui
arrive demande: C'est toi le dernier? Et là nous savons où nous
placer et quand arriver à la barrière. Sur onze voitures 62
voitures de Murray Hill sont passées avant nous.
M. BOSSE: Il y a une autre chose que je pourrais vous demander aussi:
Est-ce que ce qu'on appelle des limousines à l'heure actuelle, ce sont
bien des limousines?
UNE VOIX : Non.
M. BOSSE: Ceci étant dit, lisez bien le projet. Dans le projet,
on décrit une limousine, et une limousine ce n'est peut-être pas
les voitures que vous voyez à l'heure actuelle, qui sont en service chez
Murray Hill. C'est important pour vous de le lire ce document. D contient plus
de choses que vous ne croyez.
M. DOGANIERI: Merci.
M. PINARD: Voulez-vous que je vous donne la définition du mot
"limousine"? C'est à l'article 6.1, page 1 du règlement no 6:"
"Limousine": un type de véhicule automobile comportant quatre
portières, un toit rigide, un coffre arrière, deux banquettes
conçues chacune pour asseoir trois personnes confortablement et deux
strapontins". Les strapontins, ce sont les petits sièges derrière
le banc avant.
M. DOGANIERI: Comme il y a à New York, huit passagers.
M. PINARD: C'est ça qu'on appelle une limousine. Vous, vous
êtes capable de nous dire si vraiment les 62 voitures de Murray Hill qui
sont passées avant la vôtre étaient des limousines au sens
de la définition contenue dans le règlement no 6.
M. DOGANIERI: Bien non!
M. PINARD: Alors, nous allons agir. Cela prouve que nous avons bien
cerné le problème. Dans le règlement nous avons les
pouvoirs nécessaires pour traiter une limousine comme elle doit
être traitée. Et quand ce ne sera pas une vraie limousine, ce ne
seront pas les mêmes taux, les mêmes pouvoirs. L'application du
règlement ne se fera pas de façon uniforme selon qu'il s'agira
d'une limousine ou d'une voiture ordinaire.
M. DOGANIERI: Comme je vous l'ai dit, avec mes respects, c'est que nous
nous sommes concentrés sur les cinq points essentiels que nous
comprenions. C'est ça que j'ai bien spécifié avant de
commencer.
M. PINARD: D'accord. Soyez sûr que nous ne faisons aucun reproche.
Nous essayons de nous comprendre et de mieux informer tous ceux qui se
présentent à la commission parlementaire.
M. DOGANIERI: J'espère qu'à force d'en entendre vous allez
vous éduquer et réellement prendre la mentalité du
chauffeur de taxi.
M. PAUL: Je voudrais féliciter M. Patry pour la confession qu'il
nous a faite ce soir. Vous admettrez, M. Patry, que ceux qui siègent
à gauche du président n'ont pas eu l'avantage d'être
invités au congrès libéral du mois de novembre dernier.
Et, dans votre mémoire, vous nous parlez de la résolution 296.
Vous devez bien la connaître puisque vous avez proposé son
adoption.
Quelle était cette résolution?
M. PATRY: Je l'ai en arrière. Est-ce que vous voulez que j'aille
vous la chercher?
M. PAUL: Ah oui! ce serait intéressant.
M. PATRY: Pour répondre à M. Paul, je voudrais tirer un
point au clair. Je ne suis pas ici ce soir comme membre du Parti libéral
et je ne voudrais en aucun temps que la chicane commence entre vous autres
parce que j'ai fait cette mention.
M. PAUL: Mon cher monsieur, j'ai été frappé par
votre confession mais il y a deux autres étapes, le ferme propos et le
repentir, le ferme propos de ne pas recommencer.
C'est sur cet aspect que je vous pose tout simplement la question sans
arrière-pensée.
M. PATRY: Je n'ai pas dit que je n'étais plus libéral.
M. PAUL: Ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je sais que vous vous
êtes fait violence à un point tel que vous avez jugé vous
être castré vous-même, c'est grave.
M. PATRY: Résolution no 296. Source: Commission jeunesse,
régionale de Québec. Sujet: transport, bill 23. "Il est
proposé que le gouvernement du Québec adopte le plus rapidement
possible, soit par le biais du bill 23 ou par celui d'une loi spéciale,
les recommandations du rapport Bossé touchant les problèmes de
l'industrie du taxi".
M. PAUL: C'est ce que vous avez proposé?
M. PATRY: J'ai proposé ça sur la foi que lorsqu'on a
enlevé les permis d'extra qu'il y avait à Montréal
je lève mon chapeau à M. Bossé sur ce point, c'est le seul
bon point qu'il a fait j'ai dit de M. Bossé: II a fait une bonne
chose, je vais lui laisser une chance, parce que le règlement no 6
n'était pas sorti.
M. PAUL: M. Patry, je vais me retenir, je ne continuerai pas dans le
même domaine. Vous, votre collègue, votre confrère, nous
avez parlé d'une certaine protection que les chauffeurs de taxi
aimeraient recevoir de la part du ministère de la Justice. M. le
ministre nous a fait référence à un article du
règlement qui parle de feux clignotants pour signaler le danger ou un
événement extraordinaire qui peut se dérouler dans un tel
ou tel taxi. Est-ce que vous pourriez préciser ou nous suggérer
d'autres mesures que pourrait prendre le ministre de la Justice, parce que
c'est assez délicat, puisque le code criminel vous avez
parlé de sentences plus fortes relève du gouvernement
fédéral. Cela deviendrait assez difficile pour le
ministère de la Justice que lui ou ses hommes, les agents de la
Sûreté du Québec accordent une protection personnelle aux
chauffeurs de taxi. Dans le cadre de cette protection, est-ce que vous iriez
jusqu'à souhaiter, comme la chose se fait à New York, d'avoir une
vitre protectrice entre le siège avant et le siège arrière
de l'auto?
M. PATRY: Une chose étrange m'est arrivée. Entre le temps
que j'ai passé ici la semaine passée et aujourd'hui, j'ai eu le
temps de travailler un peu. Hier après-midi j'ai pris un monsieur et une
dame de la Nouvelle-Ecosse. Je ne veux pas m'envoyer de fleurs, ni à
n'importe quel autre chauffeur de taxi, mais ils m'ont félicité
pour la propreté de l'auto, ainsi de suite, et m'ont dit que, pour une
fois, ils se sentaient donc à l'aise, qu'ils n'étaient pas
renfermés dans une cage de plastique. Je ne leur avais posé
aucune question. Je les ai laissé élaborer sur le sujet et ils
ont commencé à me conter l'affaire des différentes autres
villes qu'ils visitent parce que ce sont des acheteurs. Quand ils eurent fini,
je leur ai demandé mon texte était déjà
écrit depuis la fin de semaine s'ils voulaient mettre les
ceintures de sécurité et ils m'ont dit: Ecoute une minute, on
n'aime pas la cage de plastique, ni les maudites ceintures dont on ne
connaît seulement pas le fonctionnement. C'était après la
rédaction de mon mémoire. Je peux vous répondre sur ce
sujet que quant à moi, personnellement, je ne me suis fait aucune
idée là-dessus.
M. PAUL: Mais vous constatez que c'est un besoin.
M. PATRY: C'est un besoin, disons. M. Doganieri l'a mentionné
tantôt. Il a mentionné
M. Richard; il a oublié de mentionner M. Desjardins qui a
été poignardé 17 fois. Je suis d'accord, il devrait y
avoir quelque chose de fait. M. Doganieri a voulu mentionner que les sentences
devraient être exemplaires. Je crois que c'est ce qu'il voulait dire.
M. PAUL: II y a également une autre question que je voudrais vous
poser. Quel est le pourcentage de propriétaires de taxis, des chauffeurs
artisans qui, comme vous, pour aucune considération n'acceptent de
confier leur véhicule automobile à un autre chauffeur? Est-ce que
vous en avez une idée, à peu près?
M. PATRY: Dans le moment jusqu'à ce que la loi soit
changée, je dirais que le propriétaire artisan à 75 p.c.
ne mettra pas d'autre chauffeur sur son véhicule.
M. PAUL: Vous dites 75 p.c?
M. PATRY: Environ 75 p.c. C'est un chiffre à peu près; je
n'ai pas fait de référendum pour le savoir.
M. PAUL: M. Patry, depuis le début des séances de cette
commission parlementaire, personne ne nous a renseignés sur le
problème de la location de limousines, soit chez Diamond Taxi, chez
Lasalle Taxi ou Hochelaga ou n'importe où. Supposons que je communique
avec Lasalle Taxi et que je demande à louer une limousine, comment va
s'effectuer la location, l'avertissement ou la demande à un chauffeur de
taxi pour qu'une limousine se rende à ma demande, pour telle heure et
à tel jour, à tel endroit? Est-ce qu'il y a beaucoup de
chauffeurs de taxi qui possèdent des limousines?
M. PATRY: Lasalle Taxi n'a aucune limousine. Parmi les
propriétaires artisans, on a beaucoup de chauffeurs qui ont des
Chrysler, on en a même un qui a une Cadillac, la plus belle en ville;
elle est peinte peluche, bleu. Son propriétaire est un membre de
Lasalle, qui prend très bien soin de sa voiture. Si un client appelle et
qu'il veut avoir une voiture spéciale, les ordres sont qu'il n'y a pas
de limousines comme telles, mais qu'on peut, en un certain laps de temps, lui
trouver une voiture convenant à ses désirs, soit une Chrysler, il
y en a plusieurs 1973, une Cadillac même une Oldsmobile 98. Il y en a qui
ont des Oldsmobile 98. Ce sont des petits propriétaires artisans qui ont
des autos noires et qui donnent une sorte de service spécial.
M. PAUL: Est-ce qu'ils sont propriétaires d'un autre
véhicule également?
M. PATRY: Non, ce sont tous des propriétaires artisans.
M. PAUL: Qui travaillent habituellement avec cette auto-là?
M. PATRY: Et qui ne la passeraient à personne d'autre non
plus.
M. PAUL: Je n'aurais pas d'autres questions, je vous remercie.
M. PATRY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Tout d'abord, est-ce que les deux
autres messieurs doivent aussi parler?
M. PATRY: Je leur ai demandé s'ils avaient quelque chose à
dire et ils ont dit: Tu as assez la grande gueule, avec Armand, qu'on va vous
laisser faire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous avez résolu ce
problème à vous quatre? Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Patry, est-ce bien M. Brunet qui est propriétaire de
Lasalle Taxi?
M. PATRY: C'est ça.
M. AUDET: J'ai entendu dire déjà que M. Brunet assistait
souvent aux séances du comité consultatif.
M. PATRY: II y assiste toujours.
M. AUDET: II semblerait que le patron a des liens très
étroits avec les chauffeurs artisans qui font partie de Lasalle.
M. PATRY: Pas nécessairement avec les chauffeurs artisans. Tout
employé du Lasalle, qu'il soit chauffeur, chauffeur artisan,
propriétaire de flotte, employé du bureau ou employé de la
centrale, peut en tout temps parler à M. Brunet, pas dans nos
réunions du comité consultatif, cependant. Tout le monde peut
approcher M. Brunet. J'ai parlé d'un homme exemplaire ; je dirais
même que M. Brunet en est un.
M. AUDET: Pourriez-vous nous dire si les chauffeurs artisans, qui font
partie de Lasalle, détiennent des titres dans Lasalle?
M. PATRY: II y en a plusieurs, dont je ne pourrais pas vous dire les
noms pour la simple raison que Lasalle Corporation est propriétaire de
Lasalle Taxi, mais ça demeure quelque chose qui est en dehors de ma
juridiction. Je ne peux pas en discuter avec vous dans le moment.
M. AUDET: Oui, monsieur.
M. PATRY: II y en a.
M. DOGANIERI: Si vous me le permettez, quand vous mentionnez des titres,
est-ce que c'est du côté administratif?
M. AUDET: Ce sont des parts dans la compagnie.
M. DOGANIERI: Des parts avec la nouvelle...
M. AUDET: Je parlais à M. Brunet, la semaine dernière, et
il m'a dit qu'il était très heureux de voir que les chauffeurs de
taxi artisans étaient intéressés à acheter des
parts chez lui.
M. DOGANIERI: Certainement parce que la politique...
M. AUDET: II serait très heureux de soustraire ces parts
déjà vendues au public pour les limiter seulement à ses
chauffeurs.
M. PATRY: On a eu chacun trois parts pour les...
M. DOGANIERI: Cinq parts.
M. PATRY: ... trois premières années. Quelqu'un qui
travaille pour Lasalle depuis trois ans a eu trois parts gratuitement. C'est
plutôt cinq parts.
M.DOGANIERI: Cinq parts pour les trois premières années,
ça fait quinze parts et trois parts cumulatives chaque année.
M. PATRY: Elles nous ont été données gratuitement
en signe de reconnaissance parce que depuis 1964 M. Brunet reconnaît que
le comité consultatif et ses employés ont fait de l'ouvrage pour
assainir le taxi Lasalle aussi bien qu'autre chose. On est libre d'acheter les
autres parts qu'on veut.
M. AUDET: Vu cette ambiance très salutaire chez vous, est-ce que
le fait d'appartenir à la compagnie suscite chez les chauffeurs de taxi
artisan un réel esprit de coopération et de collaboration?
M. PATRY: Le simple fait d'être un chauffeur artisan fait tout de
suite de lui un meilleur chauffeur un chauffeur plus responsable de ses droits
et de ses biens.
M. AUDET: J'ai une autre question. Est-ce que vous retirez des
dividendes à la fin de l'année financière sur vos
parts?
M. PATRY: Pas sur nos parts. J'ai un petit chèque, en ma
possession, que j'avais oublié
d'encaisser. Je ne sais pas si j'ai fait par exprès mais quand
même il me fait plaisir de vous le montrer, messieurs. Pour les six
derniers mois, pour encourager le petit propriétaire et ceux qui font
partie du taxi Lasalle, j'ai pour ma part reçu $24, pour ne pas avoir eu
d'accident, pour avoir pris mon essence dans les postes et différents
autres points que je n'ai pas à la mémoire dans le moment. Cela,
c'est pour six mois. J'ai apporté le chèque pour vous le montrer
parce qu'il en a été question la semaine passée, ici.
M. AUDET: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. DOGANIERI: J'ai seulement un fait à ajouter, c'est que nous
avons une assemblée par mois, à Lasalle. Le comité
consultatif consiste en quatre chauffeurs, quatre petits propriétaires,
deux chauffeurs de flotte et un employé de la compagnie. Chaque
deuxième mardi du mois, à 8 heures, à la centrale '
téléphonique de Lasalle, M. Brunet est toujours présent.
Cela ne veut pas dire que nous sommes une "gang de téteux" de Brunet,
car c'est faux. J'aime autant le mentionner tout de suite. Comme je vous l'ai
dit tantôt, j'aime mieux être chez nous à bercer mon
nouveau-né que venir ici pour être un "téteux" à
Brunet. Si nous sommes si fiers d'être dans Lasalle, c'est que le
comité consultatif régit d'autres sous-comités: le
sous-comité des sports, le comité d'entraide si un membre est
dans le besoin, les visites industrielles. Ce soir, il y a une visite à
la compagnie Steinberg, organisée par le comité de visites
industrielles de Lasalle et c'est gratuit pour les membres. Du
côté du sport, nous avons quatre équipes de hockey et
à toutes les semaines, nous jouons au centre Paul-Sauvé. Cela
donne une idée de la fraternité qui existe. Les chauffeurs
apprennent à se connaître et en même temps cela crée
une force. Les chauffeurs se rencontrent sur la rue, vous savez ce que je veux
dire. Dans les autres compagnies cela n'existe pas. C'est là qu'on a une
idée de la force de Lasalle. C'est une grande famille. C'est pour cela
que je disais tantôt qu'une seule association, cela ne nous convient pas
car vous détruisez notre famille.
M. AUDET: J'espère que votre témoignage de ce soir aura
des échos à cette commission parlementaire et que cela incitera
les autres propriétaires de flotte à agir de la même
façon que M. Brunet.
M. DOGANIERI: Je l'espère profondément pour toute
l'industrie du taxi. Pas seulement pour Lasalle.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, monsieur vient de
répondre à la question que je voulais poser.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors vous passez. Le
député de Gaspé Nord. M. Patry.
M. PATRY: Excusez-moi, je voulais parler à M. Pinard ou à
M. Bossé. Je m'aperçois qu'ils ne nous ont pas trouvé
assez intéressants et qu'ils sont partis.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Franchement, je crois que, dans le cas
du ministre, il a été ici toute la semaine dernière,
à l'exception de quelques minutes où il a dû s'absenter
pour aller au téléphone. Il vient de s'excuser auprès de
moi, il y a quelques deux minutes à peine, disant qu'il avait un appel
téléphonique.
M. PATRY: Mais les deux ensemble!
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Bossé était ici, il
était de l'autre côté. Alors, si vous avez une question,
allez-y, M. Patry.
M. PATRY: Oui, justement. M. Pinard a fait allusion tout à
l'heure à l'article 6.22. Je l'ai en anglais ici parce que je suis
bilingue. Cela a rapport au "dome light" clignotant, sur le dessus. Je crois
que le bill 23 a commencé en 1970. En 1969, personnellement, avec M.
Brunet et d'autres membres, nous avons travaillé sur cette
chose-là et nous l'avons essayée. C'est presque impraticable.
M. BOSSE: Si vous le permettez, M. Patry. D'abord, l'enquête,
c'était en 1970 et le bill 23 n'a été adopé que
très récemment en 1972. Le règlement découle du
bill 23. Comme on le sait, ce n'est pas toujours aussi rapide qu'on le
désirerait. Moi-même, au début, quand j'ai rencontré
les gens du taxi, je me faisais peut-être un peu d'illusions sur la
procédure. Je croyais que ça allait plus rapidement. J'ai acquis
quelque expérience depuis et j'ai aussi appris que ça n'allait
pas aussi vite qu'on le voulait.
Croyez-moi, si je vous ai, de bonne foi, informé que ça
pouvait aller rapidement. Je me suis aperçu que, malheureusement,
ça ne va pas toujours aussi vite qu'on le veut. J'ai appris ça
à mes dépens.
M. PATRY: Nous avons l'expérience; nous sommes au comité
consultatif. Depuis 1964, nous travaillons là-dessus. Si vous aviez plus
consulté le taxi Lasalle que certaines autres personnes qui n'avaient
aucune connaissance du taxi, vous seriez aujourd'hui mieux
éclairés.
M. BOSSE: Si vous voulez que je réponde, c'est que j'ai
consulté le taxi Lasalle. M. Patry le sait très bien; j'ai eu
souvent l'occasion de dialoguer avec lui.
M. PATRY: Oui.
M. BOSSE: C'est évident que nous avons essayé de consulter
tout le monde. Encore une fois, je dis que ce n'est pas une affaire facile.
Très honnêtement, c'est difficile, et on le sent par l'audition
des personnes ou des groupes que nous avons entendus. C'est presque impossible
de satisfaire tout le monde et son père à la fois.
M. PATRY: Je le comprends, mais, en réalité, c'est un
remerciement que je vous faisais. C'est nous qui l'avons sorti. A Lasalle, nous
n'avons pas attendu après le règlement no 6 pour essayer nos
"dome lights" clignotants sur le dessus.
M. BOSSE: En fait, c'est sûrement un moyen de vous protéger
comme chauffeurs. Tout à l'heure, le député de
Maskinongé vous demandait; Avez-vous quelque chose à proposer?
C'est justement pour ça que nous sommes là et que vous êtes
là aussi.
M. PATRY: Mais nous en avons essayé plusieurs jusqu'à
maintenant, je vous le garantis.
M. DOGANIERI: Si vous le permettez, M. le Président, c'est pour
ça que j'ai insisté tantôt pour que la loi soit plus
sévère. Nous avons fait la preuve, nous l'avons essayé,
nous l'avons étudié. Tous les griefs, qu'ils concernent le
pompiste, le garagiste, le petit propriétaire ou le petit chauffeur,
sont présentés au comité consultatif et M. Brunet n'a pas
toujours la partie facile quand nous en avons fini avec lui. Vous pouvez
être sûrs de ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: M. Patry, quand je suis arrivé ici et que je vous ai
vu, je vous ai pris pour Charles Aznavour.
M. DOGANIERI: Celam'aété dit dansle taxi, monsieur. C'est
pour ça que je porte un toupet aujourd'hui.
M. GAGNON: J'aimerais avoir des explications un peu plus
considérables. Vous avez parlé tout à l'heure des taxis
à l'aéroport; vous avez parlé de Murray Hill et de
Lasalle. Vous êtes environ 130, les deux groupes réunis, mais de
quelle façon est-ce organisé lorsqu'il s'agit des appels de taxi?
Vous avez semblé dire que c'était surtout Murray Hill qui
était appelé et que votre groupe d'artisans...
De quelle façon fait-on l'appel? Est-ce par ordre comme dans un
poste de taxi?
M. DOGANIERI: Non. Vous voulez que je vous éclaire; j'ai
essayé de le faire bien vite tout à l'heure. Murray Hill a trois
"dispatchers" payés à la semaine à l'intérieur de
l'aéroport, par équipes qui font huit heures, peut-être dix
heures; je ne sais pas comment ils arrangent leur horaire.
Cela veut dire qu'aussitôt que les bagages arrivent sur le
comptoir tournant, les passagers prennent leurs bagages pour sortir. Il y a un
"dispatcher" qui dit: Monsieur, madame, la limousine est là.
M. GAGNON: C'est vrai. J'ai connu cela.
M. DOGANIERI: C'est ce qui se fait. N'importe qui peut aller à
l'aéroport pour essayer de me démentir. C'est ce qui va vous
arriver.
M. GAGNON: Et vous n'avez pas de "dispatcher" à
l'intérieur...
M. DOGANIERI: Absolument pas. Nous n'avons pas le droit de descendre de
notre voiture pour solliciter un client. C'est contre le règlement
municipal no 2745. C'est pour ça que j'ai dit tantôt que Murray
Hill est protégé quelque part. Nous voudrions savoir par qui,
afin d'abolir cela.
M. BOSSE: Oui, je crois qu'à certains hôtels, c'est aussi
le problème. Si je ne fais pas erreur...
M. DOGANIERI: Oui.
M. GAGNON: Vous voulez dire que c'est un règlement municipal de
la ville de Montréal ou des villes environnantes qui régit cette
situation.
M. DOGANIERI: De la municipalité de Montréal, du
règlement 2745 et qui concerne l'auto-taxi de Montréal. Pour
Dorval, je ne sais pas les règlements municipaux et je ne veux pas les
savoir. Ce qui m'intéresse, c'est ma ville, Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): Dans le même ordre d'idées, on a
parlé de la situation du taxi à Dorval, comment cela se
passe-t-il à l'aéroport de Toronto, ou à d'autres
aéroports, comme à New York?
M. DOGANIERI: Ils ont les mêmes problèmes que nous. C'est
la même sorte de concession.
M. PATRY : Est-ce que je pourrais dire quelque chose
là-dessus?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui. M. PATRY: M. Douganieri...
M. DOGANIERI: M. le Président, c'est héréditaire,
mais mon nom est Doganieri. C'est mon père qui me l'a donné. S'il
vous plaît, que celui
qui est à mes côtés me respecte. D va m'appeler M.
Canari, tout à l'heure.
M. PATRY : Tu m'a fait perdre ma roue.
M. DOGANIERI: Je vais te la faire perdre souvent ta roue.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Wolfe
s'attend à une réponse...
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce qu'on avait quelque chose à ajouter
à ce que j'ai demandé tantôt concernant les autres
aéroports?
M. PATRY: Non, mais ce sur quoi je voulais revenir, c'est que plusieurs
prêchent l'abolition des concessions. Il a été dit que dans
le taxi, c'étaient des individualistes. C'est vrai. Mais où on
voit les individualistes réellement à l'oeuvre, qui
n'appartiennent pas à une compagnie, on s'aperçoit qu'il y a un
fouillis indescriptible comme à l'aéroport de Dorval. Ceux qui
n'appartiennent pas à une compagnie désignée ou même
des chauffeurs qu'on va mettre sans travail pour trois jours ou une semaine
pour des infractions qu'ils ont commises, qu'on ne leur donne pas d'appel sur
les ondes, souvent, on va les rencontrer à l'aéroport de
Dorval.
Je crois que la question des concessions est une bonne chose. Si elle
était étudiée, surtout en ce qui nous concerne, soit la
Royal Victoria ou soit les différentes autres concessions auxquelles
nous appartenons, les différents services que nous desservons par
commande, soit pour la Société du cancer, etc., je crois que les
personnes concernées, qui n'aiment pas les concessions, s'apercevraient
que des concessions bien menées, comme celles de la compagnie Lasalle,
sont bénéfiques pour tout le monde, surtout pour le
consommateur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne sais pas si vous étiez
présent l'autre jour, lorsque M. Brunet...
M. PATRY: J'ai été présent tout le temps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... a parlé des concessions, vous
vous souvenez de ce qu'il a dit, savoir que cela ne lui fairait rien de perdre
des concessions.
M. PATRY: M. Brunet parlait pour la compagnie de services Lasalle. J'ai
bien mentionné, lorsque j'ai commencé, que nous étions du
comité consultatif, les petits artisans. Si M. Brunet, en son nom, veut
laisser des concessions à qui que ce soit, c'est à lui de le
faire devant la commission parlementaire.
Pour ma part, comme membre du comité consultatif
représentant les petits propriétaires de la compagnie Lasalle, je
ne suis pas prêt à ce qu'on abolisse les concessions. Que M.
Brunet parle pour lui-même, je parle pour moi-même et pour les
petits propriétaires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est pour vous dire que c'est difficile de
concilier les deux.
M. PATRY: Je suis certain que, si vous le demandiez à M. Brunet,
il dirait qu'il n'est pas prêt à les laisser.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'accord, vous dites votre idée.
M. PATRY: II a son comité consultatif et il nous le demande.
M. PAUL: Mais il n'a pas suggéré à la commission de
faire disparaître les concessions.
M. PATRY: Non, il n'a certainement pas fait cela. Disons, qu'il a voulu
arrêter une certaine discussion sur laquelle il croyait que ce
n'était pas nécessaire pour lui de parler.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Doganieri.
M. DOGANIERI: M. le Président, au moins, vous savez mon nom. Pour
éclaircir un point.
Du côté administratif, la compagnie Lasalle, M. Brunet,
fait les démarches pour nous obtenir des concessions. Du
côté de la régie interne, c'est à nous, du
comité consultatif, qu'il appartient de droit de voir à ce que la
discipline soit bien observée concernant les anciennes, les nouvelles ou
les présentes concessions que nous avons. C'est là la
différence. Nous laissons à M. Brunet le libre choix d'aller
chercher cela pour nous, mais c'est à nous de voir à notre
affaire, qu'elle soit bien en droite ligne. Comme je le disais tantôt, il
y a toujours deux inspecteurs à la gare Centrale, au Royal Victoria
pendant les heures de pointe, il y a toujours un inspecteur, et même
deux, à l'Hôtel Saint-Luc, la même chose. Comme je vous dis,
c'est fonctionnel notre affaire et c'est rigide. Il y en a la semaine
dernière, qui ont dit ici: Au Lasalle, ce n'est pas "travaillable", on
ne peut pas voler, c'est vrai. Au Lasalle, si un chauffeur se fait prendre
à voler un voyage, comme on dit, sur un appel, il est rapporté au
bureau. Peut-être qu'on n'en entendra pas parler. Au Lasalle, faites
enquête si vous voulez, chaque chauffeur, chaque propriétaire a un
dossier, le dossier est mis à jour à la minute où il y a
une plainte contre le chauffeur ou le propriétaire ou l'état de
la voiture. C'est fonctionnel, l'affaire. C'est pour cela que je dis: Les
concessions c'est à nous de voir à les garder parce qu'on s'en
occupe de nos concessions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Concernant les concessions, M. le Président, d'abord,
je voudrais relever une contradiction. D'une part, M. Patry dit: Nous sommes
d'accord pour conserver nos concessions. Et d'autre part, lorsque Murray Hill a
une concession, on s'évertue à dire à Murray Hill: Vous
avez une concession. Puis-je ici souligner certaines expériences qui ont
été faites à proximité de Québec dans
certaines petites villes où, à la suite de la parution du rapport
et du règlement, on a dit: Le règlement s'en vient, l'abolition
des concessions, c'est une affaire qui s'en vient, c'est une question de temps.
Alors, l'association des services qui avait le contrat ou la concession a
décidé d'abandonner la concession, de ne plus rien payer à
un centre commercial. L'autre association il y en avait deux dans ce
cas-là a décidé de donner des services à
l'occasion mais a refusé systématiquement de payer tout frais
pour une concession, ce qui fait que le centre commercial en question a
été obligé de se mettre presque à genoux
auprès des deux associations pour leur demander: De grâce, venez
donner des services à nos clients. Ce qui prouve que lorsqu'on donne
l'accès à l'ensemble, vous bénéficiez au bout de la
ligne, parce que tous et chacun sont sur un pied d'égalité.
M. PATRY: Est-ce que je pourrais vous dire que les deux compagnies en
question ont été pessimistes vis-à-vis de l'industrie du
taxi et ont été trop optimistes vis-à-vis du rapport
Bossé.
M. BOSSE: Cela vous plait!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, nous vous remercions.
Nous entendrons maintenant le ou les représentants de l'Union des
chauffeurs de taxi, local 48, de l'Union internationale des Teamsters et le nom
que j'ai ici est M. Noël Boutin. C'est bien M. Boutin? Alors, quand vous
serez prêt à commencer, M. Boutin.
Union des chauffeurs de taxi
M. BOUTIN: Merci, M. le Président. Mon nom est Noël Boutin,
président du local 48 de l'Union des chauffeurs de taxi, affiliée
à l'Union internationale des Teamsters. A ma droite, le conseiller
juridique des Teamsters, M. James Khazzan.
Avant de commencer mon exposé, messieurs, je tiendrais ici
à faire une mise au point en ce qui a trait à l'aérogare
de Dorval. J'ai eu l'occasion, comme M. Bossé le sait, d'aller faire
quelques petites enquêtes par là. On m'a demandé assez
souvent, on m'a même appelé par radio: Monte ici, Noël, il y
a du trouble.
Voici comment on a déjà procédé, à
l'aérogare de Dorval. A l'aérogare de Dorval, M. Roland Bisson
je dois le nommer ici, parce qu'il faut que je lève mon chapeau
devant ce type avait établi un système très bien
pour le chauffeur de taxi. A ce moment-là, le chauffeur de taxi payait
$0.25 pour avoir le droit de passer la barrière et de prendre un voyage.
Quelque temps après, tout à coup, l'aréogare de Dorval est
tombée sous la juridiction de la ville de Dorval. On a donné cela
à mon ami, M. Desnoyers, qui, lui, s'est empressé je dis
bien empressé d'aller chercher les agents de
sécurité Broderick pour remplacer le système de M. Bisson
par des hommes qui n'avaient aucune expérience dans le taxi. Si un
client disait: Je veux être reconduit sur la rue Aylwin, le gars ne
savait même pas où c'était, la rue Aylwin. Le gars qui
appartenait à la ville de Dorval disait: C'est ici, dans Dorval. Il
prenait le voyage et s'en allait avec.
Nos "dispatchers" n'avaient pas le droit d'y entrer: seulement les gars
de Broderick. Quelques-uns d'entre eux ne parlaient même pas anglais.
J'en ai fait mention à M. Desnoyers. Il a dit: Nous allons corriger la
chose. J'ai même eu je m'excuse, messieurs, de ne pas l'avoir
rapporté un affidavit à cet effet, à nos
conseillers juridiques. J'ai passé au feu, l'année
dernière, et énormément de documents qui appartenaient aux
"Teamsters" ont passé au feu aussi. Dans ces documents, il y avait un
affidavit, signé par un chauffeur de taxi, qui avait soudoyé un
gars de la Broderick pour avoir un voyage. On m'a dit que c'était
impossible. On devait faire enquête. On n'en a jamais entendu parler.
Mais, pour payer les gars de Broderick, qu'est-ce qu'on a fait? On a
haussé le prix de la barrière à $0.50. Cela veut dire que
ce sont nos hommes à nous, nos chauffeurs à nous qui payaient
Broderick.
Messieurs, c'est une petite mise au point qui, je crois, s'imposait en
ce qui a trait à l'aéroport de Dorval. Maintenant, je dois
appuyer ce que disait monsieur... Je ne me rappelle pas son nom, il est trop
difficile à dire. A Dorval, actuellement, je crois qu'il y aurait de la
place pour un peu de propreté. Murray Hill a des voitures très
propres, des hommes très bien habillé, et, à Dorval, vous
avez des hommes très sales et des voitures très sales aussi.
M. BOSSE: Qui habille les membres des "Teamsters"?
M. BOUTIN: Nos conventions collectives ne disent pas de les habiller, M.
Bossé. Voilà la mise au point que je voulais faire au sujet de
Dorval.
Avant de commencer l'exposé de mon mémoire, on a
discuté de certaines choses. On a parlé, tout à l'heure,
de la ceinture de sécurité. Nous croyons que la ceinture de
sécurité, messieurs, n'a pas sa place dans le taxi. On dit que
les chauffeurs de taxi sont astucieux. Il faut se rendre à
l'évidence qu'il y a des clients qui sont très astucieux aussi.
Il y a des clients qui monteront dans notre voiture avec un manteau
déchiré et qui diront: C'est ta ceinture de
sécurité qui m'a fait cela. Nous passerons notre
temps à aller à l'assurance et nous aurons des ennuis avec
cette ceinture de sécurité. Donc, c'est une petite mise au point.
Vous la prendrez pour ce que cela vaut. Pour nous, c'est valable. Si un client
s'écrase un doigt, on est obligé d'aller faire un rapport
d'accident. Si vous allez à Wawanesa ou à Belair, cela prend une
heure et demie avant de passer, parce que monsieur fume son cigare, va prendre
son café. Cela prend du temps avant de passer. Tout cela pour une simple
petite déchirure. Enormément de clients, je crois, se serviront
de ce prétexte pour faire réparer leur manteau et s'en acheter un
neuf.
C'était dit en passant. Messieurs, nous allons maintenant
commenter notre mémoire. Vous avez entendu devant cette commission,
messieurs, plusieurs chauffeurs exprimer le désir soit de travailler
à location, d'autres à salaire, d'autres à salaire et
à commission et, finalement, au pourcentage. Nous, du local 48 des
"Teamsters" je tiens à le préciser ne nous opposons
nullement au système de location, mais à la seule condition
je dis bien la seule que ce système soit reconnu
accréditable au ministère du Travail.
Nous ne croyons pas qu'il serait logique de laisser au chauffeur de taxi
le choix de son mode de travail, car nous sommes persuadés que le choix
de la location, si la location n'est pas reconnue au ministère du
Travail, ne sera pas celui du chauffeur, mais bien celui des
propriétaires qui continueront à l'imposer afin d'empêcher
toute syndicalisation.
Nous en parlons en connaissance de cause car une accréditation
nous fut refusée au ministère du Travail par le commissaire, M.
Devlin. M. Bossé en sait quelque chose aussi. Nous demandons donc, si le
système de location ne peut être reconnu au ministère du
Travail, de faire tout ce qui est humainement possible pour le faire accepter,
mais si ce système ne peut être accepté, qu'il soit
immédiatement aboli et que le gouvernement, via le règlement no
6, impose aux propriétaires l'obligation de rémunérer
leurs employés d'un salaire fixe préalablement discuté
entre les parties constituantes, afin de ne léser ni les uns ni les
autres.
Si cette pratique ne s'avérait pas souhaitable, on pourrait poser
une base de pourcentage pour les parties concernées. Il va de soi que
cette pratique serait temporaire. Nous ne croyons pas qu'il serait souhaitable
dans le contexte actuel d'imposer aux chauffeurs le salaire minimum et la
négociation d'un pourcentage de la feuille de route, car cela et
je dis bien cela laisse supposer une organisation que les chauffeurs ne
se sont pas encore donnée.
Cette pratique imposée aux propriétaires aurait à
notre avis deux raisons pouvant justifier son application. Ainsi, le temps
jugé nécessaire à l'instauration de structures valables
dans l'industrie du taxi permettrait aux travailleurs de jouir du temps
matériel nécessaire à l'établis- sement de bases
syndicales valables et solides dans le milieu des travailleurs, et ce sans
causer préjudice dans le milieu de ces travailleurs.
Une autre raison pouvant justifier l'application de cette mesure se
trouve dans le fait que le travailleur n'aurait pas à subir les effets
néfastes de l'exploitation et les discordes entre les différentes
couches constituant l'industrie du taxi.
Dans un ultime effort et tentative d'essai du seuil de
rentabilité, il faut toujours garder en mémoire que le
travailleur de cette industrie représente une force inestimable, et que
cette rentabilité ne sera atteinte que le jour où les adversaires
d'aujourd'hui décideront de s'asseoir à une table et discuter des
intérêts propres à chacun, mais aussi des
intérêts communs dans l'industrie du taxi.
Amendements à la réglementation no 6. Différentes
associations sont venues devant cette commission défendre leurs droits
face au règlement no 6. Nous nous dispenserons de tout commentaire, car
il ne nous appartient pas, à nous du local 48, d'approuver ou de
critiquer la prise de position des associations. Nous savons pertinemment bien
que, même si les associations doivent disparaître, il y aura
toujours des chauffeurs de taxi. Nous ferons donc ici certaines recommandations
quant aux articles visant directement le chauffeur.
A la page 6, article 5, il est mentionné qu'un
véhicule-taxi doit être de couleur noire. Nous croyons que ce
règlement pénalisera le chauffeur, car ce n'est un secret pour
personne que le noir attire les rayons du soleil et fera de ce véhicule
un four crématoire. Un véhicule noir, pour présenter un
aspect de grande propreté, doit être lavé presque tous les
jours, ce qui entrafnera une dépense de $2 par jour que le chauffeur de
taxi ne peut se permettre. Nous demandons donc un amendement à cet
article.
Les règlements défendant au chauffeur de fumer, d'entamer
la conversation et d'autres petites niaiseries, comme l'a si bien dit M.
Bossé, furent assez commentées devant vous et nous croyons
superflu d'y revenir. Nous espérons que vous verrez à faire les
amendements qui s'imposent.
La fameuse feuille de route. Nous sommes persuadés que la feuille
de route préconisée dans le règlement no 6 portera
atteinte à la liberté du chauffeur de taxi. Nous la croyons trop
radicale. Si feuille de route il doit y avoir, nous croyons que la feuille de
route actuelle dont se servent propriétaires et chauffeurs a
l'approbation de tous.
Nous demandons donc un amendement à cet article. Retrait des
permis. Il fut mentionné, au cours de cette commission, qu'il y avait
trop de permis en circulation dans la Communauté urbaine de
Montréal. Nous sommes d'accord sur cet avancé. Mais nous pouvons
affirmer qu'on n'a pas le droit de léser qui que ce soit d'un droit
acquis qu'il a peut-être fallu 20 ans pour avoir. Nous, du local 48,
proposons et cette
proposition fut déjà soumise à M. Bossé lors
d'un débat télévisé au canal 10, Le choc des
idées qu'aucun permis ne soit retiré. Nous proposons
je demande de bien écouter cet exposé qui paraît un
peut compliqué au premier abord mais, si on l'étudie comme il
faut, je crois qu'il est très valable qu'on oblige le
propriétaire à immobiliser chaque véhicule-taxi une
journée par semaine. Si on demande vous avez des
propriétaires ici dans la salle, ce n'est pas dans mon rapport, c'est un
commentaire que je fais en passant à un propriétaire
combien de jours travaille son véhicule dans une année, il vous
dira de 300 à 315 jours. Cela veut dire que son véhicule perd
environ une journée par semaine. Je vous dirai pourquoi il faudrait
l'obliger à l'immobiliser. Ce serait une journée par semaine
après entente entre propriétaire et chauffeur pour le choix de
cette journée. Voilà la raison, cette pratique permettra au
propriétaire de faire les réparations nécessaires à
ses frais et non aux frais du chauffeur comme cela se pratique actuellement. Si
on considère qu'il y a 5,880 taxis dans la Communauté urbaine de
Montréal, il y aurait donc 840 taxis immobilisés chaque jour. Si,
à ce nombre, on ajoute 400 autos-taxis qui sont immobilisées pour
réparations et manque de chauffeurs, vous en arriverez donc au montant
de 1,240 taxis qui sont immobilisés chaque jour. Vous voyez d'ici
l'ouvrage qu'auront à se partager ceux qui seront en service. Pour
contrôler ce système, il faudra une plaque bien en vue de
l'extérieur indiquant le jour choisi, après une entente entre
patron et employés. Tout véhicule pris en service ce
jour-là sera sujet à une forte amende. Ce système pourrait
être en vigueur dans les mois d'été seulement, soit de mai
à septembre, et annulé durant les mois d'hiver. On pourra annuler
temporairement ce système si une situation d'urgence se
présentait durant les mois d'été, comme les Olympiques
1976. Cette pratique annule donc les sections IV et V du présent
règlement concernant les permis spéciaux. Nous, du local 48,
espérons que ce système sera étudié
sérieusement car il est à notre avis le plus valable, afin de ne
léser personne dans ses droits.
Retrait volontaire. Si le retrait volontaire de la part de certains
détenteurs doit s'effectuer, le gouvernement devra acheter ces permis
à la valeur marchande. Ici, je voudrais rayer du rapport "du mois de
juillet 1972". Le gouvernement pourra, afin de donner la chance à de
petits propriétaires puisqu'on dit que le gouvernement veut
investir pour rentabiliser le taxi revendre ces permis à de
petits chauffeurs pour la somme de $80. Il faut garder en mémoire qu'il
est impossible à un détenteur de permis d'avoir des conditions
décentes de travail s'il a dû investir de $10,000 à
$12,000. Nous demandons donc de réviser l'article quant au retrait
volontaire ou obligatoire.
Conclusion. Nous vous avons brossé, le plus fidèlement
possible, un tableau de notre posi- tion face au règlement no 6. Vous
pouvez constater M. Bossé, que même malgré nos divergences
d'opinions en certaines occasions nous avons senti que le règlement no 6
était la formule tant attendue par les chauffeurs de taxi. Vous avez
révisé vos positions à certains articles de votre rapport
et y avez apporté des amendements. C'est tout à votre honneur et
nous vous en félicitons. Par ce règlement, les chauffeurs voient
l'avenir leur sourire car on leur permet de se former en syndicats afin de
pallier les manoeuvres des propriétaires de flotte qui, selon leurs
énoncés devant cette commission, veulent continuer à
exploiter le petit chauffeur. La porte est entrouverte, MM. les chauffeurs. A
vous d'y pénétrer. Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Boutin. Est-ce qu'il y a des
questions? Le ministre des Transports.
M. PINARD: M. Boutin, vous semblez en avoir un peu contre la feuille de
route qui sera obligatoirement remplie par le chauffeur, tel que le
prévoit le règlement no 6. Seulement à titre
d'information, pouvez-vous nous dire si vous êtes au courant qu'à
New York cette même feuille de route est en vigueur à la suite de
la réforme instituée dans l'industrie du taxi?
M. BOUTIN: Mais je ne crois pas M. le ministre...
M. PINARD: Elle est très simple à remplir, très
courte.
M. BOUTIN: Je crois qu'elle entre un peu dans la liberté du
chauffeur de taxi. On n'a peut-être pas énoncé devant vous
certains besoins je ne sais pas si on en a parlé, mais je ne
crois pas, j'étais ici la semaine dernière et on va
jusqu'à dire qu'il faudrait y indiquer un besoin naturel.
M. PINARD: Non, non.
M. BOUTIN: C'est-à-dire si le type laisse son véhicule. Je
ne vois pas pourquoi la feuille de route actuelle, qui comprend à peu
près tout ce qui concerne le taxi, un homme serait obligé de dire
qu'il est allé manger au restaurant pendant une demi-heure ou trois
quarts d'heure. La motivation ne finira plus à la fin de la
journée.
M. PINARD: A Toronto, savez-vous si une feuille de route doit être
obligatoirement remplie par les chauffeurs de taxi?
M. BOUTIN: Vous me parlez de Toronto et vous me parlez de New York. Je
crois que vous êtes ministre de la province de Québec,
d'accord?
M. PINARD: Je comprends.
M. BOUTIN : Moi, je voudrais représenter les chauffeurs de taxi
de Montréal.
M. PINARD : Ce qui est bon ailleurs, est-ce qu'on ne pourrait pas
raisonnablement penser que ce serait peut-être bon chez nous?
M. BOUTIN : M. Bossé m'avait donné Toronto, à la
télévision, comme exemple. Je ne vois pas ce que Toronto vient
faire ici si on considère on demande de faire de la
communauté urbaine une seule agglomération qu'à
minuit à Toronto il n'y a plus rien, tandis que nous autres ici, on a de
l'ouvrage jusqu'à six heures du matin.
M. PINARD : En raisonnant de cette façon, on pourrait
éliminer toutes les villes du Québec et tout le monde resterait
au petit règlement maison et ça irait très bien.
M. BOUTIN: Je disais à M. Bossé qu'il serait bon de faire
des règlements propres à chaque agglomération, propres
à chaque place. Parce que les problèmes de Montréal ne
sont pas les problèmes de Toronto. Les problèmes de Toronto ne
sont pas ceux de Montréal, ceux de New York ne sont pas ceux de
Montréal non plus. Montréal n'est pas Sherbrooke, ni Granby, elle
n'est pas une autre ville. Remarquez que c'est une suggestion quant à la
feuille de route, parce que depuis les 30 ans que je fais du taxi, on a
toujours utilisé la feuille de route actuelle. Si je veux rendre compte,
je vais rendre compte.
M. LAVOIE (Wolfe): Qu'est-ce qu'elle contient la feuille de route, M.
Boutin?
M. BOUTIN : Le nom du chauffeur et son adresse.
UNE VOIX: Et le parcours qu'il fait.
M. BOUTIN: Le parcours, oui. Il y a une place qui indique où vous
avez pris le client et où vous l'avez laissé avec le montant,
toute la lecture, ce qu'on appelle la lecture du taximètre, tout est
dessus. La seule chose qui manque, c'est de savoir si j'ai été
voir ma petite blonde ou si j'ai été voir la femme d'un autre
à trois heures de l'après-midi. Je ne peux pas le dire dessus
parce qu'il n'y a pas de place.
M. LAVOIE (Wolfe): Excusez-moi, j'aurais une question à poser.
J'ai déjà vu dans des camions des "bavards", est-ce que cela
existe dans le taxi?
M. BOUTIN: Non. Je vais vous donner raison, si on veut faire un "bavard"
sur papier. C'est ça qu'on veut. Ma suggestion, c'est que la feuille de
route actuelle est bonne.
M. PINARD: Est-ce que vous avez vu la feuille de route proposée
dans le cahier du règlement no 6.
M. BOUTIN : Oui, je l'ai ici.
M. PINARD: Est-ce que cela vous parait tellement compliqué
à remplir, bien honnêtement? Ce n'est pas parce que je veux
m'accro-cher à ça, parce que ce n'est pas la réforme
fondamentale que nous avions prévue. Si on s'accroche seulement sur la
feuille de route, la discussion ne sera pas longue. Seulement à titre
d'exemple, pour savoir si vraiment ceux qui se présentent devant nous se
donnent la peine de regarder le règlement no 6, de l'étudier et
de voir ce qu'il contient et ce qu'on exigera d'eux si ce règlement
était adopté, en tout ou en partie, modifié ou non...
C'est l'origine, la destination, probablement le montant de la transaction, le
coût de la course.
M. BOUTIN: Majoration pour bagages... Ce n'est pas ce que le chauffeur a
à remplir, ce que le chauffeur fait d'un point à l'autre que je
n'aime pas, dans la ville de Montréal, transporter un client dans la
ville de Montréal, mais c'est la petite feuille à
côté, "absence durant le service". C'est ça que les
chauffeurs ne semblent pas priser. Remarquez que ce n'est peut-être pas
une opinion personnelle, mais c'est ce qu'on m'a demandé de dire, de
souligner, que le chauffeur...
M. PINARD: Si vous prétendez vous-même être
représentatif de vos membres et que vous croyez que c'est une atteinte
à la liberté individuelle, je vous assure que, quant à
moi, cela va se régler bien vite.
M. BOUTIN: Je le crois. Tant mieux. Comme M. Bossé disait, ce
sont de petites niaiseries qu'on peut régler à l'amiable.
M. PINARD: II faudrait savoir quand même si la feuille de route
doit être maintenue ou non.
M. BOUTIN: Tout dépendra du mode de travail, M. Pinard. Si la
location est adoptée, je ne vois pas pourquoi on maintiendrait une
feuille de route. Si on travaille au pourcentage, on peut faire une feuille de
route. Tout dépendra du mode de travail. Il faudra donc attendre cela
pour voir si on doit maintenir la feuille de route ou non. Je ne crois pas que
cela soit assez important pour empêcher l'adoption du règlement no
6.
M. PINARD: C'est ce que je veux savoir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: J'ai une question à poser au ministre. Quelles sont les
raisons ou les avantages de savoir toutes les allées et venues des
chauffeurs, indiquées sur la feuille de route?
M. PINARD: D'abord, cela donne un meil-
leur contrôle au propriétaire qui est venu déclarer
la semaine dernière que, souvent, il se fait voler par ses chauffeurs.
Cela permet au chauffeur de prouver qu'il a fait effectivement du travail pour
lequel il doit être justement rémunéré. Cela permet
un meilleur contrôle au cas où le client aurait à se
plaindre de ce chauffeur. Je parle ici de la clientèle, du passager qui
aurait à se plaindre de ce chauffeur ou de l'état de la voiture.
Ce sont des contrôles qui sont imposés non pas pour brimer la
liberté individuelle, pour être vexatoires ou discriminatoires,
mais pour en arriver à donner un meilleur service au public, pour avoir
plus d'ordre et pour peut-être revaloriser le rôle du chauffeur de
taxi qui, bien souvent, est blâmé pour toutes sortes de fautes que
lui-même n'a pas commises. Cela pourrait peut-être participer
à refaire sa réputation. Les chauffeurs honnêtes ont le
droit d'avoir la chance de se défendre au plan de la réputation.
Je pense qu'on leur donne un instrument qui peut leur permettre d'arriver
à cette fin. Si cela vous parait trop vexatoire ou discriminatoire je
vais enregistrer vos expressions d'opinions et nous en tiendrons compte bien
objectivement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Vous avez fait une suggestion au sujet du rachat possible de
certains permis que certains taxis voudraient laisser tomber, pour les revendre
au gouvernement à $80. Est-ce que ces permis seraient
transférables encore ou négociables par ces nouveaux
acquéreurs?
M. BOUTIN: Je ne vois pas pourquoi ils ne seraient pas
négociables.
M. AUDET: Au prix de $80?
M. BOUTIN: Au prix de $80. Aujourd'hui, on veut s'en départir,
mais au montant qu'on l'a payé. Si, à un moment donné,
l'autre veut s'en départir, il le revendra pour le montant de $80. Le
gouvernement n'était certainement pas pour le payer $4,000 ou $5,000, le
revendre $80 et le repayer $6,000 quand il le rachètera. Soyons
logiques.
M. AUDET: N'y aurait-il pas un problème du fait qu'il y a des
permis de $80 à côté d'autres qui vaudraient encore $6,000
ou $7,000?
M. BOUTIN: II y a beaucoup d'articles dans le règlement no 6,
concernant les nouveaux chauffeurs, les nouveaux détenteurs de permis.
Disons qu'on partirait d'aujourd'hui. Je ne vois pas pourquoi un homme voudrait
se départir de son permis après l'avoir payé seulement
$80. Cela lui reviendrait à $5,000, comparativement à $10,000
qu'il payerait actuellement s'il payait le prix du marché.
M. AUDET: Ne pensez-vous pas qu'il pourrait y avoir un marché
noir? On fait un reçu de $80 et on en reçoit quelques mille.
M. BOUTIN: Actuellement, le permis vaut $80 et on le paye $5,500. Cela
revient au même. Où passe le reste? Sous la couverture, sous la
table!
M. AUDET: Cela veut dire que cela continuerait.
M. BOUTIN: Si, réellement, il était vendu à $80 par
le gouvernement, de la manière que vous me posez votre question, c'est
le gouvernement qui ferait passer de l'argent sous la table. C'est ce que vous
voulez me dire.
M. AUDET: Pas nécessairement.
M. BOUTIN: On suppose que M. Bossé les revend; on pourrait nommer
n'importe qui. On peut nommer M. Houde aussi. Si c'est lui qui a le travail de
les vendre et qu'il doit les vendre, s'il veut réellement aider le taxi,
il les revendra à $80.
M. AUDET: Si le chauffeur de taxi qui l'achète à $80 pense
qu'un autre va lui donner $500 ou $1,000, il fait un reçu de $80 et le
reste il le met dans sa poche.
M. BOUTIN: Actuellement, monsieur, quand vous transférez un
permis à la ville de Montréal, il est de $80. Les autres $4,500,
où sont-ils passés?
M. BOSSE: M. le Président, pour éclairer certains de nos
collègues, ce ne sera pas très long. Selon la modalité
d'émission de permis, telle que prévue ici, il serait quasi
impossible de passer quelque chose sous la table parce qu'il y a un
mécanisme d'établi pour l'émission par la commission et
nous l'avons vu. Certains ont critiqué le fait qu'on émette les
trois premiers permis à des chauffeurs, mais selon une liste
établie et où il peut vérifier auprès de la
commission. Il sait quand son tour vient, c'est par ordre d'inscription.
M. BOUTIN: M. Bossé, pour faire suite à votre idée,
je crois que le syndicat en place devrait avoir cette liste d'attente afin de
voir à ce que personne ne soit lésé dans son tour
d'acheter un permis. On pourrait vérifier à deux. On dit toujours
que deux têtes valent mieux qu'une.
Mais où je veux en venir, c'est que le permis soit revendu
à $80; cela donnerait une chance à des petits chauffeurs qui ne
peuvent pas s'embarquer pour $10,000 ou $12,000, j'en suis un. Je n'ai jamais
voulu m'embarquer pour $12,000 mais je m'embarquerais peut-être pour
$3,000 ou $4,000. Il y en aurait plusieurs...
M. GAGNON: Celui qui aurait déjà payé son
permis $3,000 ou $4,000 et qui, au bout de cinq ou dix ans, le vend $80,
croyez-vous qu'il ne serait pas lésé à ce
moment-là? Je ne dis pas plus tard, quand tout le monde...
M. BOUTIN: Je n'ai pas compris le commencement.
M. GAGNON: J'ai dit que celui qui aura payé son permis $4,000 et
qui, 15 ou 20 ans après, se libère de son permis parce que c'est
le temps de prendre sa retraite et le vend $80, vous lui faites perdre un
grosse somme.
M. BOUTIN: Mais non, monsieur. J'ai dit que celui qui veut se
départir de son permis le retourne au gouvernement qui lui paye la
valeur marchande. Mais le gouvernement le revend à des petits
propriétaires pour $80. Celui qui a payé $5,000 reçoit
$5,000, celui qui a payé $6,000 reçoit $6,000, et le gouvernement
le revend $80. Mais celui qui l'a payé $80 et qui veut s'en
départir, il ne dira pas au gouvernement: Donnez-moi $6,000. Il le
remettra au gouvernement pour la même somme de $80.
M. GAGNON: Très bien.
M. BOUTIN : Cela éliminerait un peu les spéculations sur
les permis.
M. AUDET : Vous voulez dire que les permis ne seraient revendables qu'au
gouvernement.
M. BOUTIN : Seulement au gouvernement, comme on veut le faire
actuellement d'ailleurs.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Boutin, dans le local 48, vous avez
combien de membres?
M. BOUTIN: Nous avions 426 membres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Tous des chauffeurs.
M. BOUTIN: Nous avions 426 membres. Maintenant, nous n'en avons plus du
tout.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'en avez plus?
M. BOUTIN: Non. Nous les avons toujours sur carte mais depuis que notre
accréditation a été refusée, ce ne sont plus des
membres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ah oui! M. BOUTIN: D'accord?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Votre accréditation a
été refusée parce que vous n'aviez pas la majorité
ou...
M. BOUTIN: Non, nous avions...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils n'étaient pas
considérés comme des salariés.
M. BOUTIN: Nous avions 83 p.c. des employés du garage où
nous étions; la majorité était bonne. Simplement, nous
avons été refusés parce que les hommes travaillaient
à l'occasion et étaient considérés comme des
propriétaires artisans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils n'étaient pas
considérés comme des salariés au sens du code du
travail.
M. BOUTIN: C'est ça, M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une loi spéciale, ça se fait,
même s'ils continuent la location. Il y a toujours moyen de les syndiquer
quand même si le gouvernement le veut. Ils ont syndiqué les
cultivateurs et ce ne sont pas des salariés.
M. BOUTIN: II faudrait faire la location pour nous permettre
d'être accréditables. A ce moment-là, nous ne sommes pas
contre la location. Nous serions même en faveur si c'est le désir
des chauffeurs.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): II faudrait légiférer...
M. BOUTIN: Nous le suggérons d'ailleurs. M. TREMBLAY
(Sainte-Marie): D'accord.
M. BOUTIN: Je crois que M. Khazzam a quelque chose à dire.
M. KHAZZAN: Avec votre permission...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vos membres sont en partie de
Montréal?
M. BOUTIN : De Montréal, oui. Enormément de Dorval, ceux
qui se tiennent à Dorval. C'est pour ça que j'en sais quelque
chose de l'aéroport de Dorval.
M. KHAZZAM: Avec votre permission, M. le Président, quand les
teamsters ont commencé la campagne d'organisation, ils ont
déposé une première requête en accréditation.
Une décision fut prise après assez longtemps et elle fut à
l'effet que, étant donné que les chauffeurs louaient les
voitures, ils ne pouvaient pas être considérés comme des
salariés. Vous comprendrez que si le syndicat n'est pas capable
d'obtenir des accréditations pour ses membres, c'est bien difficile pour
le syndicat de percevoir une cotisation de ses membres, parce que les services
que le syndicat peut rendre sont très limités.
La campagne d'organisation des teamsters a
été arrêtée bien qu'elle ait manifesté
plusieurs signes de succès, 450 à 500 membres dans un court laps
de temps, c'est assez bon.
Depuis ce temps-là, on a demandé au gouvernement, qui
était en train de préparer des règlements: Lors de la
préparation des règlements, lors des réunions devant la
commission parlementaire, qui va parler pour le chauffeur de taxi? Il n'y a
aucune organisation en place. C'est pour ça que vous n'avez pas, devant
vous, un syndicat qui va représenter un grand nombre de chauffeurs;
jusqu'à aujourd'hui, on ne peut pas accréditer le chauffeur de
taxi là où le système de location existe.
On ne parle pas pour un grand nombre de chauffeurs, mais il y a beaucoup
de chauffeurs qui veulent être représentés, que ce soit par
le syndicat des teamsters ou par un autre syndicat. On a dit aujourd'hui que le
chauffeur était indépendant, qu'il ne voulait pas appartenir
à un syndicat. C'est tout à fait faux. On ne signe pas 450 cartes
dans un court laps de temps si les personnes ne sont pas
intéressées au syndicat. Il y a un autre problème dans
l'industrie du taxi. Depuis une dizaine d'années, il est arrivé
bien souvent que des personnes soient venues et aient perçu $2 de
cotisation pour une association quelconque. Il n'y a jamais eu de suite, parce
qu'on ne pouvait pas obtenir d'accréditation. Les chauffeurs en ont
assez. Il faut que le syndicat commence à montrer des
résultats.
C'est un peu difficile. On va nous présenter tout un nouveau
règlement et on va être en face d'une situation
complètement nouvelle où on aura besoin de la négociation.
Mais on n'a pas la possibilité encore de négocier, parce que ce
ne sera que le jour où le règlement entrera en vigueur qu'on sera
capable de commencer à faire une campagne d'organisation et demander des
accréditations.
Mais le premier jour, si la location est abolie, on va avoir besoin de
commencer des négociations entre les chauffeurs et les
propriétaires. Nous ne pensons pas qu'il faille absolument que la
location soit abolie. Nous préférerions laisser le système
de rémunération à la négociation libre entre le
propriétaire et le chauffeur. Il se peut bien que, dans la plupart des
cas, le syndicat choisisse un système autre que celui de la location. Il
se peut qu'il y ait des conflits entre le propriétaire et le syndicat
là-dessus.
Ce qui est absolument nécessaire, c'est permettre aux chauffeurs
de taxi de se syndiquer, qu'il y ait un système de location ou non. Tout
ce que cela prendrait, ce serait un petit amendement au code du travail.
Effectivement, cela n'apporterait pas grand-chose de nouveau, parce que
même au point de vue juridique, si le chauffeur, dans le système
de location, n'est pas un employé, sa situation est exactement la
même que celle du chauffeur qui travaille à commission,
système qui a été reconnu "accré-ditable". C'est
une question de savoir comment diviser les montants d'argent qui vont
être perçus par les chauffeurs des clients. Que ce soit selon un
système de $10 par jour pour le propriétaire et le reste pour le
chauffeur ou que ce soit selon un système de pourcentage du montant
total, cela revient exactement à la même idée. Le chauffeur
est effectivement un employé.
Mais, malheureusement, à ce jour on ne lui a pas donné les
droits qui appartiennent à tout employé. Nous allons être
dans une position très difficile si ces règlements entrent en
vigueur tous en même temps. Il va falloir des négociations
immédiatement, mais cela va prendre du temps pour obtenir des
accréditations. Il n'est pas nécessaire de dire que c'est bien
difficile dans le cas où vous avez un propriétaire qui a deux ou
trois taxis, peut-être quatre chauffeurs qui travaillent pour lui. Cela
prend du temps et c'est difficile d'organiser une telle industrie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): A quelle date a été
demandée votre dernière accréditation?
M. KHAZZAN: La dernière accréditation a été
demandée au début de l'année 1971. Je pense que nous avons
procédé à l'enquête au mois de mars ou avril et la
décision fut rendue vers le mois d'octobre 1971.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre, oui.
M. PINARD: Me Khazzam, la suggestion que vous faites et les
représentations qui ont suivi seront portées à la
connaissance du ministre du Travail avec qui j'ai l'intention de m'entretenir
à ce sujet. Je ne peux pas aller plus loin.
Vous comprendrez qu'il faut en étudier toutes les implications,
non seulement dans l'industrie du taxi, mais dans tous les autres domaines
où pareil problème peut se poser, à savoir ce qui doit
peut-être être considéré comme "accréditable"
ou pas, compte tenu du statut des personnes qu'on veut représenter. Une
autre suggestion qui m'apparaît fort intéressante et que nous
allons retenir de façon fort sérieuse, c'est celle dont M. Boutin
a parlé dans son mémoire relativement au retrait des permis. Il
suggère de retirer une journée par semaine un certain nombre de
voitures pour permettre qu'elles soient réparées s'il y a
nécessité de le faire, de façon que ces réparations
ne soient pas imputées au chauffeur de taxi.
M. BOUTIN: C'est ce qui se pratique actuellement, M. le ministre.
M. PINARD: Elles seraient plutôt payables par le
propriétaire de la voiture.
M. BOUTIN: Je m'excuse, mais je suis chauffeur pour un certain monsieur
et j'ai dû passer trois ou quatre heures au garage, à mes frais.
Alors, si quatre heures au garage lui rapportent $4 ou $5, à ce
moment-là je lui aide à payer sa réparation. Je ne vois
pas pourquoi je paierais sa
réparation. Si mon auto est immobilisée une journée
par semaine, il saura que l'auto de Boutin rentre le mardi. Alors le mardi il
s'arrangera pour faire les réparations qui s'imposent à mon
véhicule et le lendemain je pourrai prendre mon véhicule en
ordre.
M. PINARD: Pour faire fonctionner le système proposé, M.
Boutin, ne pensez-vous pas qu'il faudrait implanter un système de
contrôle qui pourrait prendre la forme d'un système de rotation
d'abord, de façon que ce ne soit pas toujours les mêmes qui soient
pénalisés par cette journée d'immobilisation de leur
voiture? Il faudrait mieux redistribuer la perte économique qui peut
s'ensuivre.
M. BOUTIN: Vous voulez dire la perte économique d'une
journée?
M. PINARD : Oui. La perte en revenus.
M. BOUTIN: On dit que le taxi est un commerce. D'accord. Le type qui a
un magasin de chapeaux, naturellement, le dimanche, c'est fermé. Le
lundi il arrive à son magasin je suis allé conduire un
client récemment son magasin a été inondé
par le système de gicleurs. Le lendemain, il se dit: Dimanche prochain,
je vais rester ouvert parce que j'ai perdu la journée de lundi. Cela
fait partie du métier, je crois, M. le ministre. C'est prouvé
et tous les propriétaires ici, je crois, seront d'accord avec moi
qu'en somme nous perdons une journée par semaine. Je crois
qu'à ce moment-là les autos vont être mises en retenue,
sinon elles deviendront des cercueils ambulants.
M. PINARD: Est-ce que d'après vous ce serait un
élément de solution au problème du rachat des permis? A
mon point de vue, avec votre système en fonctionnement, il n'y aurait
plus nécessité de retirer, de façon coercitive, des
permis. Parce que votre système prévoirait qu'il y aurait une
diminution...
M. BOUTIN: II a déjà été question ici du
retrait obligatoire. C'est là où nous nous opposons au retrait
obligatoire. Il y a le retrait volontaire. Nous avons parlé de revendre
les permis et de les payer au prix du marché, seulement les retraits
volontaires. Un homme arrive à 65 ou 70 ans, un vieux garçon, il
n'a pas de parenté, il ne veut plus faire de taxi; il est assez riche ou
il a gagné la Super-Loto. Le gars veut le remettre. C'est de ces permis
que nous parlons. Comme j'ai dit tout à l'heure, c'est un droit acquis.
Le gars s'est ramassé 63 permis, s'il les a ramassés, c'est qu'il
a assez travaillé. Je suis d'accord qu'on lui laisse ses 63 permis.
M. PINARD: Oui, mais, s'il décide volontairement de les
céder, à qui va-t-il les céder de
préférence? A l'association dont il ferait partie ou au
gouvernement?
M. BOUTIN: Au gouvernement.
M. PINARD: Pourquoi ne les céderait-il pas à l'association
dont nous proposons la formation qui, elle, aurait le droit d'être le
premier preneur? En cas de refus de cette association, la Commission des
transports déterminera à qui ils doivent aller.
M. BOUTIN : M. le ministre, qu'on les cède à qui on
voudra.
M. PINARD: En vertu d'une liste qui sera dressée.
M. BOUTIN: En vertu d'une liste, d'accord, mais qu'ils soient
laissés à qui on voudra, à l'association ou au
gouvernement, pour autant qu'ils soient revendus à $80 à un petit
artisan, un gars qui veut réellement faire du taxi une profession.
Qu'il soit cédé à n'importe qui, à
l'association ou à qui que ce soit ou au gouvernement, mais qu'il soit
revendu à $80 afin de donner la chance à Noël Boutin,
à Jos. Bleau, à Jos. Plamondon d'acheter une voiture sans avoir
à investir de $10,000 à $12,000. Parce qu'à ce
moment4à le gars ne pourra pas répondre aux exigences du syndicat
qui dira: II faut que tu payes tes hommes tant. Le gars n'a quasiment rien
investi. Il pourra alors donner des conditions décentes à ses
employés, s'il en a.
M. PINARD: Mais, initialement, au moment de la revente du permis ou du
retrait volontaire du permis en faveur de l'association dont on a parlé
tantôt, à quelles conditions se fera ce rachat par
l'association?
M. BOUTIN: Je ne comprends pas votre question, M. Pinard.
M. PINARD: Si quelqu'un veut absolument que le permis soit
racheté par l'association ou par le gouvernement, à la valeur
marchande du permis, à la valeur indexée, disons, au 8 juillet
1972, comme on l'a mentionné la semaine dernière, il faudra quand
même que quelqu'un le paie. Qui le paiera? L'association, dont on propose
la formation, à l'aide d'une cotisation qui sera établie parmi
ses membres ou bien à l'aide d'une autre formule? Y a-t-il quelqu'un
capable de formuler une proposition à cet égard?
M. BOUTIN: Nous proposerions que ce soit le gouvernement qui
l'achète. Puisqu'il est prêt à investir pour faire du taxi
un bon commerce, pour le rendre rentable, que le gouvernement rachète ce
permis pour le revendre à Jos. Bleau qui, lui, pourra aller dans
l'association qui sera formée, et qu'on le lui revende à $80.
Je proposerais que le gouvernement accorde une aide financière
pour les permis, en ce qui a trait aux retraits volontaires.
M. PINARD: D'après vous, un permis, au moment où nous nous
parlons, a quelle valeur marchande à Montréal?
M. BOUTIN: C'est $5,500 à ce qu'on m'a dit.
M. PINARD: Si je vous disais, après avoir pris des informations
auprès du président du comité exécutif de la ville
de Montréal, qu'il estime la valeur marchande, à Montréal,
entre $4,200 et $4,500, est-ce que cela vous paraîtrait
réaliste?
M. BOUTIN: Je ne crois pas être en mesure de donner des chiffres
parce que, premièrement, je n'ai pas de permis moi-même. Je crois
que c'est aux propriétaires de fixer le prix du permis,
c'est-à-dire à ceux qui ont payé $5,500, $6,000, $4,000 ou
$3,000, je ne sais pas. Ce serait à vous de le déterminer. Si le
type arrive avec $7,000, vous lui direz: Ecoute, mon vieux, on sait que tu as
payé ton permis $4,500. Tu n'es pas pour le vendre $7,000. Il faudra que
le gouvernement établisse une certaine valeur marchande, mais
raisonnable. Il ne faut pas, si le gars l'a réellement payé
$4,500, qu'on lui donne $3,000. Je crois que c'est une question de bon sens, M.
le ministre, de payer un prix raisonnable, un prix qui sera sur le
marché, à la valeur marchande.
M. PINARD: A la valeur marchande, oui, indexée, mais dans le
territoire de telle ou telle municipalité.
M. BOUTIN: De telle ou telle municipalité, d'accord.
M. PINARD: En tenant pour acquis que la valeur marchande ne sera pas
égale partout.
M. BOUTIN: Certainement. Si un gars de Sherbrooke a payé $1,000,
vous n'êtes pas pour lui donner le prix de Montréal,
assurément. Là, je parle surtout pour l'agglomération de
Montréal, à laquelle je suis habitué et où j'ai
toujours travaillé, de Montréal même. Maintenant, si une
petite municipalité, comme je vous le dis, a payé $500 par
permis, vous n'êtes pas pour lui donner le prix de Montréal,
assurément.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A Sherbrooke, celui qui est venu ici...
M. PINARD: M. Charpentier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... M. Charpentier, nous a dit que la valeur
marchande était d'environ $13,000. Il nous a dit: Cela se prouve. A
Sherbrooke, c'est $13,000. Cela voudrait donc dire que, si quelqu'un veut se
départir de son permis, le gouvernement le paierait $13,000 et le
revendrait $80.
M. BOUTIN: Disons une chose, M. Tremblay. Est-ce que le gouvernement
veut aider â rentabiliser le taxi, à revaloriser le taxi? On aide
ou on n'aide pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous donne l'exemple. Je suis d'accord
sur votre suggestion, à savoir que ce soit le gouvernement qui assume le
prix de cela. Si le gouvernement l'achète, qu'il le revende au prix de
$80. Je suis d'accord. Je ne m'oppose pas à ce que vous dites, mais je
vous donne l'exemple de Sherbrooke, $13,000, parce que vous disiez $1,000,
tantôt.
M. BOUTIN: Remarquez bien que, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, je parle en connaissance de cause pour mon petit patelin,
Montréal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un patelin, Montréal! Il y a un
curé résident, maintenant à Montréal, dans le petit
village.
M. PINARD: Quelle est la valeur marchande de votre permis, M.
Boutin?
M.BOUTIN: Je l'ignore complètement, M. Pinard.
M. PINARD: D'après vous, il peut y avoir combien de permis qui
seraient cédés volontairement et qui peuvent être
rachetables par le gouvernement ou par un autre organisme d'après la
démonstration du système que vous préconisez?
M. BOUTIN: Je n'ai aucune idée de qui veut se départir de
ses permis, mais je dis comme j'ai dit dans mon mémoire
que si retrait volontaire il y a... Est-ce que je sais, moi, que demain matin
Jos. Plamondon ne voudra plus faire de taxi? Peut-être qu'il ne voudra
plus en faire dans un mois d'ici. J'ignore qui. Mais je dis que si retrait
volontaire il y a, que le gouvernement achète le permis et le revende
à $80.
C'est une question d'aider le petit chauffeur. Ce n'est pas une question
de dire que nous voulons absolument que le gouvernement perde $5,000 par
permis. Nous voulons aider le chauffeur, revaloriser l'industrie du taxi, la
rendre rentable. Je voudrais qu'au petit chauffeur, celui qui a toujours
rêvé d'avoir un permis, une voiture à lui, on lui donne la
chance d'en avoir un sans investir de $10,000 à $12,000.
M. PINARD: Pensez-vous que de grands propriétaires de permis,
dont on a parlé la semaine dernière, seraient prêts
à se départir volontairement de leurs permis moyennant rachat par
le gouvernement ou par un autre organisme?
M. BOUTIN: J'ai eu l'occasion de parler avec certains gros
propriétaires et on m'a dit: Cela ne
me fait rien que dépassé vingt ils me les ôteraient.
Ils ne m'ont pas donné de raison à ça, mais ils m'ont dit
que ça ne leur faisait rien. Et lorsque je veux faire préciser la
question, on me dit: Excuse-moi, mes chauffeurs arrivent, il faut que j'aille
me faire payer. Ce sont les réponses des propriétaires, qui
s'évadent tout le temps de nos questions.
En restant dans le même contexte de l'évasion, je ne sais
pas si je vous en avais déjà fait la mention, M. Bossé,
j'avais envoyé une fois 63 lettres, y compris au Taxi Owners'
Association, dont M. Buchner et M. Geoffrion sont venus ici faire un
exposé. Savez-vous, M. Pinard, combien j'ai reçu de
réponses sur 63 lettres demandant de nous rencontrer? Je vous le donne
en mille. Aucune.
Et lorsque je suis allé voir M. Buchner, il m'a dit: Ce n'est pas
moi qui suis le président. Nous n'avons jamais pu savoir qui
était président. Là, je l'ai su aujourd'hui. Nous n'avons
jamais pu avoir de chiffres de leur organisation. Je les ai sus aujourd'hui. Et
soyez assuré qu'ils sont pris en note.
Et à mon patron, qui fait lui-même partie de Taxi Owners'
Association, de même que M. Buchner, lorsque je lui ai posé la
question, il m'a dit: Nous ne savons pas qui est président, il n'y a
personne qui le sait. Et nous le savons aujourd'hui.
C'est pour dire qu'on essaie toujours de s'évader. Surtout quand
on parle de syndicat, on se met à courir, et je vous dis que ça
dételle. On a toujours quelque chose à faire. Est-ce qu'ils
voudront s'évader? J'irai peut-être voir le même
propriétaire dont je vous parle, et je lui poserai encore la question,
il me donnera la même réponse. C'est à vous autres d'aller
les voir, pour savoir s'ils veulent encore qu'on leur enlève leurs
permis. Volontairement, non pas obligatoirement. Car obligatoirement, je crois
que c'est léser quelqu'un d'un droit acquis. Mais s'ils veulent s'en
départir volontairement, je suis d'accord pour que de petits chauffeurs
en bénéficient avec un petit investissement. Et là,
l'homme pourra travailler en toute sécurité.
Parce que si on considère qu'un homme investit $10,000 ou
$12,000, s'il a le malheur d'avoir un petit accident, sans se trouver devant
une destruction complète de son automobile, mais il est dans le tort
cela arrive, le chauffeur est fatigué cela fait douze heures
qu'il travaille, il a des problèmes matrimoniaux et il a un petit
accident il ne peut pas se permettre deux ou trois accidents avec $300
de déductibles.
Qu'est-ce qui arrive? Le gars ne peut plus arriver. Au bout de trois
ans, il n'a pas fini de payer encore et il est obligé de changer de
voiture. Sa dette monte tout le temps. Et c'est de là qu'est venue la
spéculation. Que des chauffeurs me corrigent si j'ai tort, on a vu des
voitures qui ont déjà été vendues jusqu'à
quatre fois. D'ailleurs, cela a déjà été dit devant
cette commission.
Le permis a rapporté jusqu'à $10,000, $12,000, $15,000 et
$20,000. Le permis n'est même plus au nom du propriétairre. Au
moment où le type aura un investissement de $5,000 ou de $4,000, il
pourra en venir à bout. Au bout d'un an, sa dette sera payée, il
aura une auto qui peut faire encore une couple d'années et qui sera
payée. Lorsqu'il changera d'auto, il n'aura pas besoin de passer par une
compagnie de finance, il pourra la payer comptant.
M. PINARD: Je ne sais pas si vous avez assisté au
témoignage des représentants de la compagnie Diamond la semaine
dernière.
M. BOUTIN: Non. Malheureusement, je n'ai pas écouté la
compagnie Diamond.
M. PINARD: Lorsque j'ai posé la question à savoir qui
était propriétaire des permis dans l'association de services
Diamond, on m'a répondu: Les neuf administrateurs de la compagnie. J'ai
posé la question: Combien, à vous neuf, détenez-vous de
permis? On m'a répondu: Tel nombre. Chacun des neuf administrateurs
détenait un assez grand nombre de permis. Je leur ai posé la
question: Vivez-vous de l'industrie du taxi de façon exclusive ou si
c'est une source additionnelle de revenus, parce que votre revenu principal,
vous l'obtenez ailleurs? Ils ont répondu que c'était une source
additionnelle de revenus mais que ce n'était pas le revenu
principal.
S'il doit y avoir rachat de permis, est-ce que le gouvernement ou
l'organisme qui en fait le rachat devrait, sur une base volontaire ou sur une
base coercitive, racheter d'abord des permis de ceux dont ce n'est pas le
principal gagne-pain?
M. BOUTIN: Je suis d'accord.
M. PINARD: Est-ce que vous comprenez la question que je pose, le
problème que j'essaie de résoudre?
M. BOUTIN: Oui.
M. PINARD: Surtout quand la preuve a été faite que, s'il y
a eu un système d'exploitation, c'est peut-être de ce
côté qu'il a eu lieu.
M. BOUTIN: Je crois, M. Pinard, excusez-moi si je vous interromps, qu'il
faudra tenir pour acquis que certaines personnes qui travaillent au bord de
l'eau ont une auto. Ce serait assez délicat, parce que le type a
acheté cette auto en prévision du bord de l'eau, s'il manque
d'ouvrage ou s'il y a des grèves. Il veut pouvoir à ses besoins
subvenir sans être obligé d'aller au bien-être social. Ce
serait assez délicat. Si on enlève aux propriétaires leur
principale source de revenus, on dira: Commencez par fouiller chez les gars du
bord de l'eau. Je crois que ce
serait assez délicat d'enlever un certain gagne-pain. Ces hommes
qui ont des flottes ont déjà amassé une fortune. Ils
peuvent se permettre de perdre ces permis et de vivre complètement.
Tandis que le gars du bord de l'eau, si vous le lui enlevez, parce qu'il a une
auto qu'il a mis 7 ou 8 ans à payer, ça devient assez
délicat. On lui enlève un gagne-pain s'il perd sa position au
bord de l'eau. Je ne peux pas vous faire de suggestions là-dessus, M.
Pinard. C'est à vous d'en décider. Je ne vois pas où je
pourrais intervenir. Ce serait faire mal au petit artisan qui a une auto qui
lui permet de faire vivre sa famille comme du monde. On dit qu'il y en a qui
ont de belles situations, qui ont une auto; par contre si on considère,
au bord de l'eau, qu'ils ont à peu près $5,000 ou $6,000 de moins
de revenus surtout cette année, je crois que celui qui avait un taxi
avait besoin de son taxi pour en faire le soir. A ce moment, ça
deviendrait obligatoire d'enlever le permis à cet homme. Il ne serait
pas d'accord pour qu'on le lui enlève. Je ne sais pas si c'est une
attrape, je ne crois pas, vous n'avez pas la figure d'un homme qui veut
attraper quelqu'un, M. Pinard.
M. PINARD: M. Boutin, soyez bien certains que ma question n'était
pas une attrape, mais je voulais tout simplement savoir ce que vous pensez de
ce problème qui m'apparaît délicat.
M. BOUTIN: C'est délicat. C'est pour ça qu'il
faudrait...
M. PINARD: Si le gouvernement achète des permis de ceux qui sont
appelés les millionnaires du taxi dans la région de
Montréal, il va être accusé d'encourager les gros et
d'exproprier avantageusement ceux qu'on accuse communément d'être
coupables de l'exploitation éhontée des petits chauffeurs de taxi
dans la ville de Montréal.
Si, par malheur, le gouvernement va plus loin et décide de
racheter aussi, sur une base coercitive ou une base volontaire, le permis d'un
petit propriétaire de taxis, il peut être aussi accusé de
vouloir enlever le gagne-pain...
M. BOUTIN: Disons que ça va être, pour les gros
propriétaires,...
M. PINARD: ... d'un citoyen moyen ou d'un citoyen ordinaire.
M. BOUTIN: Pour les gros propriétaires de flottes, ça va
être une petite tape dans la figure, tandis que le petit va recevoir un
coup de fouet. Je pense qu'il faudrait être délicat
là-dessus. C'est assez délicat. J'aime autant que ce soit vous,
le ministre, que moi. J'aime mieux être dans mes souliers que dans les
vôtres.
M. PINARD: Je vous remercie d'avoir répondu très
franchement à mes questions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Verdun.
M. CARON: M. Boutin, travaillez-vous à pourcentage ou louez-vous
votre auto-taxi?
M. BOUTIN: Je ne peux pas faire autrement que de louer.
M. CARON: Vous louez personnellement.
M. BOUTIN: Surtout moi. Etant donné qu'on sait que je m'occupe de
syndicat, on ne veut absolument pas me considérer comme un
employé.
M. CARON: Dans la question de location, je me pose une question.
Beaucoup sont venus ici la semaine passée pour nous dire que s'ils
payaient $12, s'ils perdaient quatre heures le patron remboursait $4. Je ne
sais pas si votre patron le fait, mais cela a été dit.
M. BOUTIN: Combien de chauffeurs sont venus ici pour dire ça?
M. CARON: Quatre ou cinq. Quelques-uns sont venus, je ne pourrais pas
vous dire.
M. BOUTIN: Le pourcentage est petit si on considère qu'il y a
8,000 taxis dans Montréal; il faudrait en faire venir plus que
ça.
Je sais bien que mon patron ne m'ôte rien.
M. CARON: Chez vous cela ne se pratique pas.
M. BOUTIN: II ne m'ôte rien excepté si j'insiste et si je
menace de m'en aller. Cela fait deux ans que je suis avec lui, je n'ai jamais
eu d'accident, je n'ai jamais eu d'égratignure, donc il tient à
garder un tel chauffeur. Je le paye bien. Soyez assurés qu'ils ne sont
pas tous comme ça, qu'ils enlèvent quelque chose si vous perdez
une heure ou deux. Vous avez énormément de propriétaires
qui, pour ne rien enlever, achètent de la broche. C'est ce qu'on appelle
des autos arrangées avec de la broche à foin. Ils se
dépêchent de les arranger. A ce moment-là, on va perdre une
demi-heure, trois quarts d'heure puis ça ne paraît même pas.
On va dire au propriétaire: J'ai perdu une demi-heure, et il va dire: tu
l'aurais perdue au restaurant quand même. Ce sont toutes sortes de
raisons qu'on donne pour ne rien enlever mais lui, il a son plein montant
à la fin de la journée.
M. CARON: Combien votre patron a-t-il d'autos?
M. BOUTIN: Huit, je crois.
M. CARON: En quel état sont-elles?
M. BOUTIN: Très bon état.
M. CARON: Très bon état.
M. BOUTIN: Moi, j'ai un patron extraordinaire. C'est pour ça
qu'on ne dit rien si on perd une heure ou deux, parce qu'il compense par
d'autres choses. Il nous donne une semaine de vacances. Aux Fêtes, cette
année, j'ai eu une dinde, j'ai eu un cadeau pour ma femme. C'est un chic
type.
M. CARON: II y a encore du bon monde.
M. BOUTIN: Ils ne sont pas tous pareils. Il y en a encore des bons. Il y
en a encore qui ont du coeur.
M. CARON: Mais vous ne trouvez pas que le système de location
donne aussi une chance? Vous, probablement, ou bien d'autres ne pourraient pas
avoir leur propre auto. Cela coûte très cher ou ceux qui ont
acheté ont payé $2,000 ou $3,000 pendant un an ou deux; à
la suite d'un accident ils peuvent perdre la voiture. Je me demande si la
question de location n'est pas encore une bonne chose pour empêcher le
chauffeur de se faire exploiter.
M. BOUTIN: Nous n'avons absolument rien contre la location, nous l'avons
dit tout à l'heure, pour autant qu'on légifère, qu'elle
soit "accréditable". Il y a des abus dans la location, sûrement.
Il m'a été rapporté je peux nommer le garage,
ça ne me fait absoluement rien de le nommer, Gold Circle que la
veille de Noël il a mis ses voitures au mur, puis c'était $25 par
quart. Messieurs, à ce moment-là c'est exploiter les chauffeurs
d'une façon écoeurante. Quand j'ai rencontré le patron, il
m'a déjà dit: Mr. Boutin, the next time leave me alone, will you?
Cela fait trois fois que je pars après lui et il va y avoir une
quatrième et une cinquième fois parce que c'en est un qui
exploite les chauffeurs. C'est de l'exploitation. Si un chauffeur doit se
rapporter à cinq heures, à cinq heures et une minute, s'il n'est
pas arrivé, son auto s'en va avec un pompier ou un policier ou un
facteur ou qui que ce soit. Le chauffeur est en retard, on lui dit: Tu ne m'as
pas appelé. La voiture est louée à $13, $14 et $15. Plus
souvent qu'autrement ce chauffeur-là, ce n'est pas pour travailler,
parce que le gars a un salaire de $10,000 ou $12,000 par année où
il travaille. C'est simplement pour aller voir peut-être sa petite
"pou-poune" et ça lui coûte meilleur marché. Puis, de cinq
heures à huit heures, il va avoir le temps de faire sa location. Le
reste de la veillée, il ne travaille pas, il ne met pas la voiture au
service du public. C'est ce que nous voulons arrêter. Nous voulons
revaloriser l'industrie du taxi. Nous voulons que le taxi soit un métier
honnête, un métier dont un homme soit fier. Il y a
énormément de chauffeurs qui ne s'en accomoderont pas, qui ne
pourront pas se réhabiliter et dire que le taxi c'est pour eux. Tout ce
qu'ils auront à faire ce sera de débarquer ces hommes. Le petit
gars qui travaille aujourd'hui dans une manufacture de chaussures, qui gagne
$1.25 ou $1.30 l'heure et qui aura réellement à coeur de faire
vivre une famille, il s'en viendra sur le taxi et sera un très bon
chauffeur. Je crois que c'est la seule façon, de revaloriser l'industrie
du taxi, messieurs. Remarquez bien, des "remplaçants", on va en avoir
besoin, mais il y en a des bons.
Le remplaçant est une plaie dans l'industrie du taxi et je vous
dis pourquoi. Le type, du vendredi au dimanche, ne s'occupera pas de faire
réparer la voiture. Tant et aussi longtemps que les quatre roues vont
rouler, il va rouler dessus. Qui perd le temps? C'est l'homme régulier,
qui, le lundi matin, en entrant, voit que le taximètre est
descellé et il est obligé de perdre une heure et demie ou deux
heures chez les policiers, donner un petit pourboire, ce n'est pas les soudoyer
en somme. Il perd deux ou trois heures pour faire réparer la
transmission mais... M. Bossé, vous riez parce que vous avez des
affidavits à cet effet. Celui qui gagne $10,000, durant les douze mois
de l'année, ne perdra pas de temps. Il y donne, ce qu'on appelle,
à la planche et c'est le chauffeur régulier, messieurs, qui
perdra son temps.
Il faudra donc voir à faire une sélection des "spares",
comme on les appelle communément.
M. CARON: Pour faire sceller un taximètre, il n'y a qu'un seul
endroit dans la ville de Montréal?
M. BOUTIN: Oui. C'est un genre de monopole à Montréal pour
faire sceller le taximètre. Il y a seulement un endroit où on
peut aller, au marché Maisonneuve.
M. CARON: Donne-t-on un service de 24 heures?
M. BOUTIN: Je ne le crois pas. Je crois que le service est de 8 heures.
Le samedi, c'est jusqu'à midi, une heure ou deux heures, dans
l'après-midi. Je ne le sais pas. Je n'y suis jamais allé le
samedi. C'est-à-dire que j'y suis allé un samedi et il y a
seulement un employé ce jour-là. J'y suis allé samedi, il
y a quinze jours. Mon taximètre était dépassé de
six mois et j'y suis allé. IL y a seulement un homme. Il y a une file et
le gars attend. Et comme mon tour arrivait, le type devait prendre son
déjeuner et il a dit: Ils vont attendre, il faut que j'aille manger. Il
a pris une heure et demie pour manger et les pauvres gars attendaient
là. Plutôt d'avoir des hommes, au moins deux, le second aurait
pris la relève, pendant que le premier aurait pris son lunch. Ces
pauvres chauffeurs de taxi, encore une fois, devaient attendre.
M.PAUL: M. Boutin, c'était le droit de l'employé d'aller
dîner en vertu de sa convention syndicale.
M.BOUTIN: M. le député, je ne suis pas contre
l'employé qui va dfner, mais s'il y va de midi à une heure et
demie, il aurait pu y avoir quelqu'un qui aurait été mangé
de onze heures à midi pour prendre la relève. Au moins, ne pas
laisser le chauffeur, comme on dit communément, niaiser là
pendant une heure et demie. Le chauffeur, lui, c'est le facteur temps, dans le
taxi, qui est bon. Nous ne sommes pas payés à l'année,
nous sommes payés pour ce que nous faisons et, si pendant une heure et
demie on est immobilisé, on ne fait pas d'argent pendant ce
temps-là. On pourrait, je crois, faire la relève le samedi. Dans
la semaine, il y a assez de "pocket number" ici... Mais c'est le samedi.
M. BOSSE: D'ailleurs, M. Boutin, les pompiers, les policiers, les
infirmières vont déjeuner aussi.
M. BOUTIN: Je le crois et les malades ne sont certainement pas
laissés seuls. D'ailleurs, j'ai été deux ans pompier
à la ville de Montréal. On dfnait, mais s'il arrivait un feu
à l'heure du midi, on était obligé de laisser le steak
là et y aller. Cela pressait. Si on me demande on me demandera
peut-être pourquoi je ne suis plus pompier c'est parce que
j'étais trop travaillant. On m'a pris trois fois à travailler en
dehors et on m'a mis dehors. Aujourd'hui, on leur permet cela. M. Paré,
dans ce temps-là, était un général. Cela explique
un peu...
M. PINARD: En aparté.
M. BOUTIN: ... en aparté, c'est cela, M. le ministre. Merci.
M. CARON: En terminant, une petite question. Dans votre mémoire,
il est écrit qu'on pourra annuler temporairement ce système si
une situation d'urgence se présentait durant les mois
d'été comme durant les Olympiques 76. C'est donc dire que vous
êtes bien d'accord pour les jeux de 76?
M. BOUTIN : Oui. J'ai compris surtout dans le règlement no 6
qu'on voulait donner des permis spéciaux. Nous n'étions pas
d'accord parce que je crois et M. Bossé sera d'accord avec moi
qu'on a suffi à la tâche pendant l'Expo 67 et on n'a pas eu
besoin d'émettre de permis spéciaux. Au moment où on
enlèvera mille taxis de la circulation, on pourra les remettre pendant
les Olympiques et tout le monde sera servi à souhait. Je le crois
bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Boutin, celui qui accepte volontairement de revendre son
taxi, n'est-il pas nécessairement obligé de revendre au
gouvernement ou à l'association? Il peut revendre aussi à
d'autres endroits.
M. BOUTIN: Non, je crois qu'il serait revendu au gouvernement.
M. AUDET : II ne serait pas libre de le vendre à n'importe
qui.
M. BOUTIN: Non. Il faudrait qu'il le revende au gouvernement, pour
être certain de ne rien passer sous la couverture, parce que je
présume que les gars du gouvernement sont honnêtes et qu'ils vont
voir à le revendre à $80. Je le croirais. J'en suis assuré
d'ailleurs.
M. AUDET: De toute façon, l'association va payer le prix du
marché. Prix pour prix, il pourra revendre à une autre
association de taxis. Il devrait être libre de vendre à qui il
voudrait.
M. BOUTIN: Mais pourquoi pénaliser une association pour $4,000
quand le gouvernement veut actuellement investir dans le taxi?
M. AUDET: Ce n'est pas nécessairement l'association qui
l'achèterait qui serait en tête de la liste des acheteurs du
gouvernement. S'il y a une liste dressée pour les acheteurs
éventuels, le gars qui, volontairement, déciderait de vendre son
taxi pourrait peut-être le vendre à qui il voudrait.
M. BOUTIN: A qui il voudrait mais le type qui a payé $4,000 ou
$5,000 pour son permis, il voudra ravoir $5,000. Et celui qui voudra acheter en
tête de la liste voudra le payer seulement $80...
M. AUDET: Justement, mais...
M. BOUTIN: Alors, il faut que les $5,000 soient payés par
quelqu'un.
M. AUDET: II y aurait peut-être des acheteurs éventuels qui
voudraient payer le prix du marché au lieu de le laisser...
M. BOUTIN: Justement, M. le député, on ne veut pas que le
prix du marché revienne parce qu'au moment où un homme investit
de $10,000 à $12,000, il ne peut pas donner des conditions humaines de
travail à ses hommes. Plus les dépenses d'administration sont
fortes, moins vous pouvez payer de salaire. Au moment où un homme
n'investira que $3,000 à $4,000, il pourra donner des conditions de
travail humaines à ses employés. Je le crois. Ce serait au
gouvernement d'investir.
Le gouvernement veut investir, veut réhabiliter le taxi, veut
aider le chauffeur. Je crois que c'est un moyen tout à fait valable de
le faire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Boutin, M. Khazzan, nous vous
remercions.
M. BOUTIN: Merci à cette commission de nous avoir entendus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai les noms des trois chauffeurs,
parmi les 250. Autrement dit, ce ne sont pas les trois derniers, nous en avons
passé. J'ai ici les noms de M. Richard Gauthier, qui veut parler
à la commission à titre personnel et c'est lui-même qui se
présente. M. Gauthier est-il ici? M. Gauthier, M. Vincent, à
titre personnel, est-il ici? M. Vincent. Et M. Larocque, à titre
personnel. Si vous voulez, tous les trois, vous avancer. Je suppose qu'on
commence par ordre alphabétique. Le premier nommé, M.
Gauthier.
M. Richard Gauthier
M. GAUTHIER (Richard): Je me suis présenté comme
propriétaire de flotte et non à titre personnel.
LE PRESIDENT (M. Séguin): J'ai votre nom comme individu.
M. GAUTHIER (Richard): Les propriétaires de flotte, nous avions
déjà payé M. Geoffrion, avocat, pour nous
représenter.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais M. Geoffrion...
M. GAUTHIER (Richard): Je suis à me demander si...
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Geoffrion est passé cet
après-midi. Est-ce qu'il vous représentait à ce
moment-là?
M. GAUTHIER (Richard): II me représentait. Je n'étais pas
certain s'il allait passer aujourd'hui. Je me demande si je peux ou dois
déposer mon mémoire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, déposez-le.
M. GAUTHIER (Richard): II est d'ailleurs déposé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Justement, nous en avons copie ici, M.
Gauthier. Etant donné qu'il y a déjà eu
présentation, très savante d'ailleurs, de la part de M. Geoffrion
cet après-midi, et très intéressante...
M. GAUTHIER (Richard): Il y aurait peut-être des mises au
point.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Peut-être y aurait-il quelques
points saillants que vous voudriez porter à l'attention de la
commission?
M. GAUTHIER (Richard): Je me nomme Richard Gauthier, propriétaire
de taxis. Avec mes frères, nous possédons 30 voitures. Nous avons
60 chauffeurs à notre emploi. Parmi ces chauffeurs, j'en ai de 25 et 30
ans d'expérience.
Nous en avons à commission et nous en avons à location.
Nous avons aussi un garage, le garage Gauthier et Fils Ltée. Nous
vendons de l'essence à nos chauffeurs, à peu près au prix
coûtant ou un peu plus. Nous vendons aussi de l'essence à tous les
taxis, les artisans uniques, soit Hochelaga, Beaubien ou SOS. Tous sont
bienvenus chez nous, nous sommes ouverts 24 heures par jour, 365 jours par
année. Nous donnons du service à l'année.
Afin de faire perdre le moins de temps possible à nos chauffeurs,
nous avons toutes les pièces de rechange. Nous sommes un commerce
organisé et bien administré. Pour en faire un peu l'historique,
ça a commencé le 26 septembre 1930, il y a 43 ans. Mon oncle,
Arsène Pigeon, achetait son premier permis à Diamond Taxi.
Quarante-trois ans après, en janvier 1973, mon oncle
possède encore 26 taxis chez Diamond, dont la moitié sont des
véhicules 1973, modèle récent, avec radios neuves. Entre
parenthèses, je peux vous dire que, si le gouvernement décidait
de payer, à mon oncle Arsène Pigeon, $6,000 pour les permis, cela
ferait un client pour vous.
En 1939, mon père achetait son premier taxi à $3,500, $700
pour la voiture. Cette voiture n'était pas en très bon
état. De 1939 à janvier 1973, avec mes trois frères
nous étions quatre nous avons résussi à amasser
taxi par taxi, tous bien payés, sans spéculation, trente taxis.
Sur ces trente taxis, on peut se vanter d'avoir 17 Plymouth 1973 et des
véhicules 1972. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, nos
chauffeurs sont libres, soit à commission ou soit en location.
Trente-quatre ans dans le taxi! Je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup parmi
ceux qui sont passés avant qui aient une expérience comme cela.
Je peux parler aussi à titre de mécanicien, de débosseleur
et de comptable.
En même temps, j'aimerais ouvrir une petite parenthèse ici.
Je voudrais m'opposer au cautionnement de $500 dont on a parlé cet
après-midi et de $100 pour le chauffeur. Je présume que le
gouvernement ne devrait pas douter de l'intégrité des
propriétaires de taxis, surtout après 34 ans, en exigeant un
cautionnement de $500. Sur trente voitures, cela nous coûterait $15,000.
Je ne vois pas pourquoi vous exigeriez $100 de cautionnement pour le chauffeur.
On lui passe des autos de $4,000 et sans assurance personnelle. Il peut aussi
bien nous démolir une automobile et on ne lui demande pas de caution. Je
ne vois pas pourquoi vous en exigeriez du chauffeur. Je n'en demande pas, moi,
et il y a des chauffeurs qui me doivent de l'argent. Il y en a qui vous ont
parlé aujourd'hui qui me doivent pas mal d'argent. Je ne leur ai jamais
demandé un cent.
Ces véhicules-taxis sans reproche, dis-je servent bien le public
et font évidemment des chauffeurs satisfaits. En 1967, mon père
décède. Le permis était évalué à
$4,500. Le gouvernement a évalué le permis à $4,000 et
les
gouvernements fédéral et provincial nous ont imposé
sur la succession des permis dont nous héritions. Vous pouvez voir
l'article 559. Tout le monde connaît la valeur marchande; on n'en parlera
pas plus longtemps.
Une chose qui est assez importante, c'est la rentabilité du taxi
pour le propriétaire de flotte et, pour la rentabilité du taxi,
la nécessité des flottes. Le doublage est, à mon avis,
absolument nécessaire. Quand vous avez trente taxis, comme c'est mon
cas, à $8,000 du taxi, c'est à peu près $250,000. Si vous
ne les faites pas travailler jour et nuit, c'est un capital absolument mort,
à mon avis du moins. Si je me trompe, vous me le direz. Un taxi doit
travailler vingt heures par jour, en moyenne, sur deux quarts au moins et sept
jours par semaine. Je considère que les flottes sont absolument
nécessaires pour le public. Je m'explique.
D'abord, vous avez un public de nuit, un public de tempête, si
vous voulez, et un public de saison estivale. Un public de nuit est desservi.
Toute proportions gardées, les artisans uniques sont moins aptes
à remplir certaines conditions. Un artisan unique ne peut pas travailler
jour et nuit. Si on regarde les proportions, les flottes, elles, travaillent
jour et nuit. Elles servent le public de nuit.
Un public de tempête. L'artisan unique qui n'a qu'un seul
véhicule fait attention. S'il y a une tempête, il s'en va chez
lui, tandis que la flotte continue à travailler. Pendant une
tempête, mes véhicules n'arrêtent pas. Je change les moteurs
et les transmissions, mais cela continue à marcher.
Il fait beau, l'été. Le type qui a son véhicule
à lui s'en va prendre des vacances. Je ne le blâme pas. Mais nos
taxis travaillent dans les flottes. Les artisans sont minutieux. Je proposerais
en même temps, afin que le taxi soit rentable, l'enlèvement
volontaire de 800 permis. C'est mon idée.
A la page 2, les associations de services. Nous avons toujours
été chez Diamond Taxi, depuis plusieurs années, satisfaits
des taux. Nous payons $39 par mois pour les taux.
Nous payons la prime d'assurance Bélair. Nous sommes dans la
classe F, la classe flotte et payons en moyenne $936 pour $200,000. Il y a
quelques années, Hochelaga Taxi, une nouvelle compagnie formée
surtout d'artisans, a groupé ces artisans pour former la compagnie
Hochela-ge Taxi. A un moment donné, on a eu besoin d'un service de
flotte. Comme je le disais tout à l'heure, pour le public de nuit, on a
eu besoin d'un service de flotte. On a demandé d'en prendre trois ou
quatre et on est rendu à quatorze chez Hochelaga Taxi. Nous payons $35
par mois chez Hochelaga Taxi et nous sommes assurés à Wawanesa.
Les prix varient entre $634 et $1,008. Si vous additionnez et divisez par deux,
cela fait à peu près le prix équivalent de
Bélair.
Si vous parlez de location, chez nous la location est libre, c'est
loué ou à commission.
Le chauffeur préfère louer. D'un autre côté,
cela fait un peu notre affaire, parce qu'il y a moins de comptabilité,
moins de problèmes de ce côté-là.
Pécuniairement parlant, à commission c'est plus payant pour moi
que loué. C'est que nous sommes obligés de vérifier les
taximètres, le millage que le chauffeur fait la nuit, le jour, cela
dérange le chauffeur et cela fait de petites disputes si le gars
n'arrive pas dans son millage. Avec la location, nous n'avons pas de
problème, cela reste comme cela.
J'ai ici une petite remarque, je me demandais tout le temps...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. Gauthier, pourriez-vous me dire si les voitures que vous
avez chez Diamond et Hochelaga sont munies d'appareils de
télécommunication? Toutes vos voitures?
M. GAUTHIER (Richard): Oui, toutes mes voitures. J'ai des appareils
radios neufs chez Diamond.
M. BOSSE: Chez Diamond, est-ce qu'on pourrait savoir combien coûte
un appareil, par exemple?
M. GAUTHIER (Richard): Un appareil de radio, je pense que c'est
$810.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Continuez, M. Gauthier.
M. GAUTHIER (Richard): C'est la première fois de ma vie que je
fais un mémoire. Je ne suis pas avocat, j'ai fait ce que j'ai
pensé au cours des séances que j'ai écoutées ici.
Mais à un moment donné, j'ai cru remarquer que M. Bossé a
eu peur du mot, "sous-contractant". Je voudrais bien savoir ce qu'il a voulu
dire par cela.
M. BOSSE: Je me référais à la décision qui
avait été rendue lors de la demande d'accréditation dont
M. Boutin, tout à l'heure, faisait mention. C'est-à-dire qu'au
sens du code du travail, si vous êtes un sous-contractant, vous
n'êtes pas un salarié. C'est-à-dire qu'il est impossible
pour les gars de se syndiquer. Je ne me prononce pas sur le fond, savoir s'il y
a nécessité ou non de se syndiquer c'est aux gens de
l'industrie du taxi de le dire mais c'est uniquement par opposition au
terme "salarié" au sens du code du travail.
M. GAUTHIER (Richard): Le gouvernement a adopté une loi au sujet
des sous-contractants. J'ai ici des documents qui pourront peut-être vous
aider.
M. BOSSE: Je suis souvent sollicité...
M. GAUTHIER (Richard): J'ai votre rapport et j'ai votre
règlement. Cela prend de la place dans une enveloppe. Vous avez une
directive à l'intention des chauffeurs de taxi, de véhicules de
transport de personnes qui dit que si l'employeur ne tient pas de livre de paie
pour de tels employés, la rémunération hebdomadaire
assurable on parle de l'assurance-chômage qui a établi un
salaire la rémunération hebdomadaire assurable selon les
règlements de l'assurance-chômage est égale aux deux tiers
du maximum de la rémunération hebdomadaire assurable. Pour 1972,
ce sera $100 par semaine, les cotisations seront calculées et
versées en fonction de ce montant. Alors, pour les locataires, ceux qui
louent des taxis, c'est évalué à $100 par semaine. Je ne
sais pas si c'est juste.
M. BOSSE : Oui, je comprends votre...
M. GAUTHIER (Richard): Vous dites sous-contractants. Etant donné
qu'ils ne peuvent pas établir un salaire, le gouvernement en a
établi un.
M. BOSSE: Le gouvernement fédéral, pour des fins de
perception pour l'assurance-chômage en a établi un, mais par
contre le tribunal provincial du travail, lui, a pris une orientation
différente et a rendu des décisions qui étaient contraires
à cela.
M. GAUTHIER (Richard): J'aurais aimé que ce soit du gouvernement
provincial qu'on ait le jugement. Nous avons un jugement en cour Suprême
et nous avons perdu. Cela nous a coûté $15,000, dans mon cas
personnel, pour l'assurance-chômage.
En fait, on a dit déjà que les employés de taxi
sous-contractants n'étaient pas assurés. Ils sont assurés
en vertu d'un jugement de la cour Suprême, de mars 1972. Il y a des
propriétaires de flotte qui sont passibles de payer, actuellement, des
$40,000, $45,000 et $15,000. Moi, seulement depuis 1969, je suis passible de
$12,300 environ. Je vous le montrerai tout à l'heure. C'est l'assurance
que je paie pour mes chauffeurs et pour moi. Je paie ma part et la part du
chauffeur. Je paie les deux. Un type à commission, lui, paie sa part et
le propriétaire paie sa part. C'est comme les timbres de
l'assurance-chômage, moitié, moitié. Mais là, depuis
1966, on a payé la part du chauffeur et celle du
propriétaire.
M. BOSSE: Remarquez que ce n'est pas la première fois que le
gouvernement fédéral prend une attitude et que le gouvernement
provincial en prend une autre. L'assurance-chômage, c'est de juridiction
fédérale et le code du travail, c'est de juridiction provinciale,
du moins pour un bon nombre de salariés. Et la décision est
là.
M. GAUTHIER (Richard): Je comprends mais le gouvernement provincial peut
se guider un peu sur les décisions du gouvernement
fédéral.
M. BOSSE: II ne l'a pas fait, dans ce cas.
M. GAUTHIER (Richard): Peut-être. Bon, il est tard. Je vais
essayer de faire cela vite.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est encore un régime
fédéraliste.
M. BOSSE: C'est sain, cela vit. Il y a aussi des avantages.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, à l'ordre!
M. GAUTHIER (Richard): Ici, il y a certaines petites mises au point.
Cela ne sera pas tellement long. M. Edmonston est venu ici, la semaine
dernière. Dans son mémoire, il a parlé de
sécurité, du port de la ceinture. Cela a duré à peu
près trois heures, cette question des ceintures de
sécurité. Je n'en parlerai pas longtemps. C'est qu'en 34 ans j'ai
eu une seule mortalité dans mes voitures. La mortalité,
après enquête, n'était même pas due à
l'accident. Alors la question des ceintures, je trouve cela ridicule.
Les autos propres. On parle d'autos propres, j'y reviendrai un peu plus
tard. On parle d'inspections négligées. A Montréal, nous
avons des constables, qu'on appelle des "pocket numbers". Il y en a assez sur
la route pour que je puisse en parler. Il y a des inspections obligatoires deux
fois par année, pour les taxis scellés ou descellés. Il y
a des inspections obligatoires, j'entends, sur la route, la nuit comme le jour.
Il y a des inspections obligatoires, en cas d'accident. Si vous avez un
accident, vous avez 30 jours pour montrer votre auto. Ils sont
sévères là-dessus. Si, dans 30 jours, vous n'avez pas
montré votre auto, ils descellent le compteur et vous enlèvent le
permis. C'est sûr, je peux vous en parler.
Quant aux autos propres, nous sommes d'avis que Montréal est
même trop sévère à l'égard de la
propreté des véhicules et l'observance de ses règlements,
en général. Le taxi est passible de pas mal d'amendes. Pour vous
donner une idée, en 1970 j'ai payé $1,114.90 et en 1971 ce fut
$898 de contraventions. Cela, c'est à part les contraventions que les
chauffeurs ont payé eux-mêmes, en vertu du règlement no
2745, article 15-7, qui dit: Tenir le véhicule propre en tout temps. Un
taxi va se faire laver à sept heures, il prend le boulevard
Métropolitain à huit heures moins quart, frappe un peu de "slush"
et, à onze heures, il est aussi sale qu'à sept heures. Là,
il a un billet, à minuit. Cela nous coûte $50. Nous en frappons
assez souvent, demandez-le aux chauffeurs.
Il y a M. Piton, aussi, le gérant de flotte, qui est venu parler.
J'ai quelque chose à dire sur cela. A un moment donné, il a dit
que Diamond
obligeait les propriétaires à acheter des radios. En fait,
j'ai trouvé cela bien normal. Un de ses confrères a parlé,
après cela, et s'est vanté qu'il aimait travailler pour Diamond,
parce qu'il pouvait voler tant qu'il le voulait. Alors, avec ce système
de radio, on ne peu pas voler. Nos modèles de radio étaient
désuets. C'étaient des modèles de 25 ou 30 ans. Nous
étions toujours en train de les réparer. Avec les nouveaux
modèles de radio, nous sommes très satisfaits. Naturellement,
nous payons mais nous avons du service.
Ensuite, on a dit que Bélair suspendait des chauffeurs sans
motifs suffisants. Je ne suis pas d'accord là-dessus parce que souvent
je les suspends moi-même avant que Bélair ne le fasse. Les
chauffeurs ont chacun un dossier, dans notre cas en tout cas. On étudie.
Si c'est réellement un accident, qu'ils soeint en tort ou en droit, si
c'est réellement un accident, on le comprend. Mais, après
enquête, si on s'aperçoit que c'est une négligence, il n'en
fait pas deux parce qu'il est dehors. Bélair est bien d'accord avec
nous.
Ensuite, on a parlé de la carte rose de Diamond. La carte rose de
Diamond, on a appelé cela une agence de perception. Je ne suis pas
tellement d'accord. C'est plutôt une agence de contrôle parce que
la carte rose de Diamond nous guide dans beaucoup de choses. Quand un chauffeur
s'en vient chez vous faire une demande d'emploi avec sa carte rose de Diamond
et qu'il a travaillé pour à peu près onze
propriétaires dans six mois, cela nous rend sceptiques. On se demande
comment il se fait qu'il a travaillé pour onze propriétaires
avant nous. On lui pose la question. Sans compter que, si le type
disparaît avec la voiture trois ou quatre jours et qu'il ne nous paie
pas, on ne lui signera pas sa carte. Si on la lui signe, on la lui signera avec
des conditions. Nous ferons une enquête. Je trouve que la carte rose,
c'est une bonne chose.
S'il y en a qui s'en servent comme d'une agence de perception pour faire
du chantage, ce n'est pas notre cas.
M. BOSSE: Dans les remarques concernant M. Edmonston en ce qui a trait
à votre deuxième observation sur l'inspection obligatoire deux
fois par année, pourriez-vous me dire plus en détail quel type
d'inspection est obligatoire deux fois par année?
M. GAUTHIER (Richard): Deux fois par année, vous êtes
obligé de faire sceller votre taximètre. Vous vous rendez
à une place spécialement aménagée pour ça,
rue Ontario. D'abord, ils voient si le mille est exact, la chute, etc. Quand le
taximètre est en bon état, ils vérifient l'auto, sa
propreté, s'il n'y a pas eu d'accidents, si les phares éclairent,
le frein manuel, la direction, la propreté des sièges, le coffre
arrière, les pneus. Ils font une inspection complète. Autrement,
ils ne le scellent pas.
Il peut arriver qu'un chauffeur, si son coffre arrière ou son
auto n'est pas propre, qu'il est pressé et que c'est un vendredi soir,
donne un dollar de pourboire au policier en promettant de revenir. A un moment
donné, ils vont dire: Je vais te le sceller, mais à une
condition, que tu reviennes le remontrer. Si c'est un cas critique, le vendredi
soir, ils comprennent. Us le scellent, mais ils sont assez
sévères là-dessus, je peux vous le dire. Et ils font
ça deux fois par année.
M. BOSSE: Quand vous dites qu'ils font ça deux fois par
année, vous parlez de qui?
M. GAUTHIER (Richard): De la police.
M. BOSSE: La police de Montréal. Ce n'est pas une inspection
mécanique proprement dite au point de vue de la
sécurité.
M. GAUTHIER (Richard): Si les phares éclairent, c'est une
sécurité, ça. Si les freins manuels fonctionnent, c'est
une sécurité, si les clignotants fonctionnent aussi. Mais ils ne
défont pas la transmission et le moteur. D'abord, les policiers ne sont
pas mécaniciens. Ils font une inspection assez sérieuse.
M. BOSSE: Merci.
M. GAUTHIER (Richard): A l'article 4, M. Piton a parlé de "gear"
de tansmission. A titre de mécanicien, je peux un peu vous parler de
ça. Les chauffeurs peuvent changer la "gear" de transmission pour voler
le client. Si le client a été frustré par le montant, il
peut se plaindre. C'est assez rare. Cela ne prend pas deux ou trois jours que
le bureau a une plainte disant que tel chauffeur n'est pas honnête. Ce
n'est pas long que vous en entendez parler.
Vous avez un règlement disant qu'il faut changer les
taximètres. A mon avis, on pourrait garder les mêmes
taximètres. Pour avoir un contrôle sûr, vous le scellez en
haut et dans la transmission en dessous. La seule façon dont on peut
voler, c'est en enlevant la "gear" de transmission en question et on en mettant
une pour que le taximètre aille plus vite.
Mais, si on scelle le câble du taximètre à la
transmission, il n'y a plus de problème. Nous avons des
taximètres Novel, c'est japonais. Cela fait une vingtaine
d'années que nous avons ça et nous n'avons pas de
problèmes. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le sceller
à la transmission. A ce moment-là, vous pourriez faire une
inspection mécanique à un garage. Si le type a fait sceller son
câble de taximètre à la transmission, automatiquement,
l'auto une fois en haut, vous en voyez le dessous. Si vous avez un homme
compétent, il peut détecter des changements. Ce serait une bonne
solution.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: Sur vos taximètres, est-ce
qu'il y a un montant cumulatif qui s'inscrit quelque part ou si c'est
fini après chaque chute? Lorsque vous le reculez à zéro,
c'est fini.
M. GAUTHIER (Richard): Il y a le millage qui est indiqué sur le
taximètre. Si, à six heures du soir, il part avec tel millage,
quand il a fini de travailler, c'est tel autre. Je ne sais pas comment c'est,
le Novel. Vous me demandez quelque chose; ça fait 20 ans que je
travaille avec des taximètres et je ne suis pas au courant de cela. Je
ne m'en souviens pas; il faudrait que j'aille voir mon taximètre.
M. CARPENTIER: Comment pouvez-vous fonctionner? Vous parlez de "gear"
pour augmenter le montant d'argent que le chauffeur peut faire.
M. GAUTHIER (Richard): C'est à la transmission.
M. CARPENTIER: Mais, si le millage est inscrit là-dedans,
à titre de propriétaires, comment pouvez-vous
démêler ça, le soir, quand le gars vous remet son enveloppe
d'argent?
M. GAUTHIER (Richard): Nous ne vérifions pas le millage.
M. CARPENTIER : Vous ne regardez pas le millage.
M. GAUTHIER (Richard): Les autos, en partie, sont louées. Quant
à celles qui sont à commission, on ne vérifie même
pas leur millage. Ce sont de vieux chauffeurs qui sont là depuis 20 ou
25 ans, leur nom est fait. On ne vérifie pas le millage.
M. CARPENTIER: A titre de propriétaire de voitures, vous n'avez
aucune espèce de système pour vérifier si votre chauffeur
a changé la roue d'engrenage à l'intérieur?
M. GAUTHIER (Richard): Absolument pas, ça ne paraît pas sur
le taximètre. En fait, si vous changez la transmission, tout ce que
ça fait, vous allez plus vite. Au lieu de marquer 50 milles à
l'heure, vous marquez 55. Vous pouvez voir sur votre auto. Si vous allez
à 60 milles à l'heure sur votre auto, enlevez cette "gear",
mettez-en une autre, ça va marquer 65, ça va marquer 50. Vous
allez aller à 50 milles à l'heure, ça va marquer 60. Plus
vous allez vite, plus le taximète va vite. C'est en fonction directe
avec la transmission. Si vous scellez le corps de la transmission, vous n'avez
plus de problème.
M. CARPENTIER: Vous n'avez pas de moyen de vérifier...
M. GAUTHIER (Richard): Je peux vérifier.
Si le type arrive à 4 heures avec son auto, je prends l'auto et
je vais faire le mille...
M. CARPENTIER: Je veux dire au point de vue du revenu, au point de
vue...
M. GAUTHIER (Richard): Cela n'a aucun rapport, c'est le chauffeur qui
met ça dans sa poche. Il en perd ou il en fait.
M. CARPENTIER : Vous ne pouvez pas contrôler ça. C'est
difficile.
M. GAGNON: Est-ce que le député de Dorion vous a dit
quelles étaient les causes qui motiveraient le changement du
taximètre pour un autre moyen de comptage?
M. GAUTHIER (Richard): J'ai lu le nouveau règlement vite, mais il
me semble que c'était pour avoir un meilleur contrôle pour le
propriétaire et pour le public. Pour que le public ne se fasse pas
voler.
M. GAGNON: Comme ça, votre taximètre n'est pas trop
sûr.
M. GAUTHIER (Richard): Le taximètre est parfait et il est
scellé parfaitement par la police. La seule chose qu'il y a, c'est que,
s'il y a des chauffeurs qui veulent voler, tout ce qu'ils font, ils
enlèvent la "gear" dans la transmission et en mettent un autre. Ils ne
peuvent pas voler tellement. Ils vont voler $0.10 par voyage.
M. GAGNON: Cela ne veut pas dire qu'on ne pourrait pas faire la
même chose sur l'autre. L'autre qu'on pourrait éventuellement
adopter.
M. GAUTHIER (Richard): Ah, la même chose! S'il n'est pas
scellé, c'est entendu. Mettez le taximètre que vous voudrez,
c'est bien sûr. On a parlé de taximètres défectueux
et truqués. C'est drôle, j'ai des Novel depuis vingt ans, ils ne
sont pas truqués et ils ne sont pas défectueux. Ils disaient
qu'on mettait la poignée sur le côté, à un moment
donné, ça sautait sur $0.10. Franchement, ils
m'embêtent.
M. BOSSE: M. Piton a parlé de ça, il doit connaître
ça.
M. GAUTHIER (Richard): Moi aussi, je connais ça.
M. BOSSE: J'aimerais savoir combien coûte un taximètre.
M. GAUTHIER (Richard): A peu près $225 ou $250.
M. BOSSE: Quant aux montants cumulatifs, comme disait mon
confrère de Laviolette, vous ne connaissez pas de taximètre qui,
actuellement, ait ce système. C'est-à-dire qu'au
départ,
vous avez un tel montant inscrit, comme une caisse enregistreuse. Cela
n'existe pas.
M. GAUTHIER (Richard): Autrefois, les taximètres Lebrun qu'on
avait, en 1955, dans les premiers appareils français, je crois que
ça existait. Il faudrait que je me renseigne, je ne peux pas vous
répondre, je ne m'en souviens pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous demanderais de procéder
aussi rapidement que possible.
M. GAUTHIER (Richard): Je réponds seulement aux questions, je
vais assez vite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Justement. Je vais demander aux membres
de la commission, si vous voulez, puisqu'il y en a deux autres à
entendre. Il est déjà 11 h 20. Il faudrait changer la "gear",
oui. Allez-y!
M. GAUTHIER (Richard): Le coût des assurances. Les compagnies
d'assurance sont souvent déficitaires. J'ai pris une copie
attachée, si vous regardez à la dernière ou à
l'avant-dernière page, à un moment donné, j'ai une
expérience de la compagnie Belair, en 1969, 1970, 1971. En 1969, j'ai
payé $1300 de primes, j'ai eu $8,000 en pertes. En 1970, j'ai eu $14,000
de primes et $15,000 de pertes. La compagnie est $1,000 en dessous. En 1971,
j'ai payé $14,000 et elle a payé $31,000. Elle est $17,000 en
dessous avec moi en 1971. Parfois, il peut y avoir un blessé ou quelque
chose comme ça. M. Tremblay avait déjà dit qu'à
$1,000, il en assurerait des taxis, il comprenait pourquoi Wawanesa ne refusait
pas de clients. A $1,000, je peux assurer que Wawanesa ou Bélair ne font
pas d'argent avec les taxis. M. Lapointe, le procureur de Diamond, l'a bien dit
qu'ils ne faisaient pas d'argent avec l'assurance. C'était Gazoline
Station et l'autre compagnie, je ne sais pas. 11 a bien prétendu
ça. Ils ont fait seulement $14,000, avec une compagnie comme
Bélair.
On a parlé aussi de favoritisme, on en a parlé encore tout
à l'heure, au sujet des locations. C'est évident que les bons
chauffeurs délaissent les employeurs malhonnêtes. Il y en a un qui
a dit tout à l'heure que Gold Circle exigeait $25; prends-le ou ne le
prends pas. On arrive le vendredi soir puis c'est $15, c'est $20, puis s'il ne
veut pas prendre la voiture à $20, on va mettre un remplaçant
dessus. Cela n'arrive pas chez nous, je ne dis pas que cela n'arrive pas
ailleurs. Si ces types se font exploiter de la sorte, j'en ai besoin de
chauffeurs, j'en manque souvent, je serais prêt à les engager. Je
manque de chauffeurs, j'engagerais ces types-là s'ils se font exploiter
comme ça. Je suis bien d'accord, n'importe qui, je suis toujours
prêt.
Assurance-chauffeur: Chauffeur assuré durant ou pendant
l'exercice de sa fonction. Je suis assuré chez Bélair, et j'ai
une police d'assurance ici de la Bélair qui protège le chauffeur.
Le chauffeur est assuré pour $3,000 en cas de la perte de la vie et il a
une indemnité hebdomadaire de $35 par semaine. J'ai la police ici qu'on
paie, nous les propriétaires, pour les chauffeurs.
Quant à la commission des accidents du travail, cela s'en vient,
le régime de rentes aussi. L'assurance-chômage, le chauffeur qui
est à commission est toujours assuré; celui qui est à la
location est assuré depuis 1966 en vertu du jugement de la cour
Suprême. J'ai le jugement ici, si vous voulez avoir des détails.
Cela nous coûte, depuis 1969, $12,374.59 pour trois ans. On paye depuis
1966 pour les chauffeurs à location.
Pour aller un peu plus vite, là, j'écoutais M. Pinard, la
semaine dernière, dire au procureur Lapointe: "Le monde du taxi semble
aujourd'hui satisfait du système actuel tandis qu'on nous avait
demandé d'établir un règlement". H y a des associations ou
sociétés qui vous ont demandé d'établir un
règlement et j'aimerais savoir le nom de ces sociétés.
M. PINARD: Est-ce que vous me posez une question?
M.GAUTHIER (Richard): Oui. Vous avez dit, la semaine dernière, au
procureur Lapointe, de Diamond, je reprends ma question: "Le monde du taxi
semble aujourd'hui satisfait du système actuel". La première
journée vous avez dit que tout le monde avait l'air bien content du
système, et quand vous êtes arrivé avec le règlement
no 6 j'ai compris votre surprise d'ailleurs vous avez quand
même dit : "Tandis qu'on nous avait demandé d'établir un
règlement." Qui ça "on"? Associations ou sociétés?
Je voudrais savoir les noms des sociétés ou des associations qui
vous ont demandé de faire un règlement. J'ai demandé
à Diamond, j'ai demandé à Lasalle, j'ai demandé
à quelques-uns que je connaissais, des gros propriétaires et ils
nous disent: On n'a jamais demandé ça.
M. PINARD: C'est évident qu'il faut se replacer dans le contexte
général de la discussion qui s'est faite devant la commission
parlementaire la semaine dernière. Je ne sais pas si vous étiez
présent.
M.GAUTHIER (Richard): Oui, j'étais présent.
M. PINARD: Il y a eu présentation de mémoires, il y a eu
des gens comme les représentants de Diamond qui sont venus nous dire que
tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes dans l'industrie du taxi,
puis qu'ils n'avaient pas besoin du règlement no 6 et que c'était
assommer le client avec une massue. D'autres sont venus dire le contraire:
qu'il y avait véritablement nécessité d'une réforme
en profondeur dans l'industrie du taxi.
Ce n'étaient pas les majoritaires qui sont venus nous dire
ça. Donc, j'ai exprimé simplement ma surprise quand j'ai
posé la question à M. Lapointe: Comment se fait-il, Me Lapointe,
qu'aujourd'hui on vienne prétendre qu'il n'y a pas
nécessité de faire une réforme globale et fondamentale
dans l'industrie du taxi? D'après les journaux de l'époque
je parlais des journaux qui rapportaient des événements en
1967, 1968, 1969 et même de 1970 d'après des plaintes
formelles faites au gouvernement de l'époque et au gouvernement qui est
arrivé en 1970, une foule de gens, d'associations, de petits
propriétaires, de petits chauffeurs sont venus demander au gouvernement
d'intervenir, de mettre de l'ordre dans l'industrie du taxi. C'est dans ce
contexte que j'ai posé ma question au procureur Me Lapointe. A ce
moment-là, j'exprimais ma surprise de constater, alors que le
règlement no 6 venait d'être déposé à
l'Assemblée nationale, que, par un phénomène tout à
fait extraordinaire, les ennemis d'hier se groupaient en associations amicales
pour faire front contre le règlement no 6. C'est ça le contexte
de ma question.
M. GAUTHIER (Richard): Les ennemis d'hier...
M. PINARD: J'ai été bien surpris de la prétention
de Me Lapointe. Il ne l'a pas prouvée cependant, parce que j'ai
demandé de déposer les bilans vérifiés et
consolidés. Il est venu dire solennellement devant la commission que le
pourcentage de profit de la compagnie Diamond et des filiales était de 2
p.c. Personnellement, je ne l'ai pas cru et je ne le crois pas encore.
M. GAUTHIER (Richard): Je n'ai pas de misère à le croire,
moi. Vous avez vu mon expérience de l'assurance et je ne suis pas le
seul. Je contrôle mes taxis.
M. PINARD: M. Brunet a contredit cela lui-même, le lendemain. Il a
dit: Si vraiment le profit de Diamond était seulement de 2 p.c, cela ne
coûterait pas cher pour l'exproprier. Si j'étais eux, je me
retirerais de l'industrie du taxi, parce que je vous avouerai bien franchement
que l'industrie du taxi est payante, je m'arrange bien avec mon monde, je les
traite bien.
M. GAUTHIER (Richard): Oui, peut-être. Il faut comprendre que
Diamond Taxicab n'a pas seulement Bélair; Bélair est
déficitaire avec les taxis mais elle fait de l'argent avec autre chose.
Elle fait de l'assurance générale, de l'assurance contre
l'incendie et le vol, sur les propriétés de particuliers. Ensuite
elle a Gasoline Stations avec lequel elle fait pas mal d'argent.
M. PINARD: Je n'engagerai pas de débat avec vous
là-dessus.
M. GAUTHIER (Richard): Moi non plus. Ce n'est pas ma compagnie. Je ne
défends pas Diamond. J'ai autant de taxis dans...
M. PINARD : On a seulement à relire le journal des Débats
et on verra dans quel contexte ma déclaration a été faite.
Je vous laisse libre d'avoir votre opinion mais je pense que j'ai la même
liberté.
M. GAUTHIER (Richard): Je vais laisser la parole aux deux chauffeurs. Je
ne veux pas prendre tout le temps étant donné qu'il se fait assez
tard. Je vais laisser faire pour le reste. C'est un mémoire, en fait,
dans lequel il faut être guidé. Ce sont des idées que j'ai
écrites; il y a des amendements qu'on pourrait ajouter à mon
mémoire. Je vais donc laisser parler les deux chauffeurs.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Gauthier, dans votre mémoire,
je remarque qu'il y a une section, à la fin, où vous faites des
recommandations, si j'ai bonne souvenance.
M. GAUTHIER (Richard): Ce sont des recommandations...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous faites des suggestions. Cette
partie, si vous êtes consentant, nous l'inscrirons au journal des
Débats (Voir annexe 2).
M. GAUTHIER: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ou tout le mémoire quant
à cela parce que dans le mémoire il y a des parties historiques,
enfin tout cela.
M. GAUTHIER: J'ai pas mal donné mon idée.
LE PRESIDENT (M. Séguin): D'ailleurs votre pensée a
été reflétée et donnée cet après-midi
par le procureur. M. Couture.
M. Guy Vincent
M. VINCENT (Guy): M. le Président, messieurs de la commission, je
vous remercie de me recevoir ce soir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Voulez-vous vous identifier, M.
Vincent?
M. VINCENT (Guy): Guy Vincent, chauffeur de taxi, Montréal.
Je vous remercie de me recevoir ce soir. Il faut que je retourne en
ville. J'ai étudié un peu le bill no 6 et j'ai fait
enquête. Disons que le bill no 6 est accepté par plusieurs.
Plusieurs sont déroutés. Je peux dire que sur l'ensemble 65 p.c.
sont d'accord. Une petite mise au point maintenant. Cela va aller très
vite. J'entendais
les représentants de Lasalle qui parlaient de Dorval. Je peux
parler à M. Pinard de cela. Ils avaient été
convoqués pour aller à Ottawa. Ils pouvaient se défendre
fort bien au lieu de se défendre ici, Diamond, Lasalle et d'autres
compagnies. Lorsque je suis arrivé à Ottawa, j'étais seul
avec M. Bossé. Je vous garantis que je m'ennuyais de ma mère. M.
Bossé n'avait pas le droit de parole. Il était observateur. Je
vous dis encore une fois que je m'ennuyais de ma mère. S'il y a des
patins, je vais lui donner des patins pour patiner à monsieur. En tout
cas.
On va parler de l'association. Je ne sais pas si M. Bossé a fait
une erreur pour l'affaire des COOP. Pourquoi tuer les autres petites
associations qui ont gagné leur pain? Je ne sais pas du tout pourquoi il
veut faire une chose semblable. Il me semble qu'on est en démocratie, on
est libre. Je crois qu'il y aurait un petit amendement à faire à
cela.
On parle des assurances, les assurances des propriétaires.
Lorsqu'un type a douze ou quinze voitures et qu'il a trop d'accidents, il est
refusé soit par la London, la Wawanesa, ou l'Universelle. Pour ne pas
perdre leur permis et je dis bien pour ne pas perdre leur permis,
même les propriétaires artisans sont obligés d'avoir
recours à deux compagnies, Lasalle et Diamond, qui contrôlent
à Montréal. Une chose est très injuste. Je crois que le
gouvernement, dans un cas semblable, pourrait comme les autres provinces, par
exemple l'Alberta, s'emparer immédiatement des assurances et en faire
une assurance d'Etat. C'est une suggestion que je fais en passant. Ce n'est pas
moi qui mène.
L'inspection des voitures est faite deux fois par année. Ce sont
des inspections très vite faites. Je peux vous montrer des autos qui
sont bosselées depuis longtemps; elles ont passé à
l'inspection et ont passé quand même. Ils ne regardent pas les
joints à rotule, la transmission, l'engrenage et les pneus.
Je vous parle de concessions. C'est sur le rapport de M. Bossé.
Les concessions devraient être abolies. Pourquoi des types qui payent le
même montant n'ont pas le droit de stationner devant un hôpital ou
la Croix-Rouge, ou l'hôpital que vient de perdre la compagnie Beaubien
Taxi après 27 ans de service? Cela a été donné, par
soumissions, à un prix exorbitant que s'arrachent les compagnies. C'est
celui qui est le plus fort qui l'a et l'autre mange les légumes et la
pelure.
On parle des $100. Je n'accepte pas ça parce que les chauffeurs
de taxi, il y en a plusieurs qui n'auraient pas les moyens de les payer; ils
ont de la misère à gagner leur vie. M. Pinard me demandait, tout
à l'heure, qui allait donner les permis. Les permis ne sont pas
difficiles à enlever.
Prenez tous les propriétaires qui n'utilisent pas leurs permis,
qui les louent et qui obligent le type à avoir une auto au nom du
propriétaire, quand c'est lui-même qui la paye. C'est encore de
l'exploitation. Ces permis devraient être retirés
immédiatement. Je ne veux pas être trop long; je ne veux pas vous
ennuyer. Je n'aurai pas la patience que vous avez depuis quinze jours. Je sais
ce par quoi vous êtes passé. Si vous avez des questions à
me poser, M. Pinard, je suis prêt à répondre.
M. PINARD: M. Vincent...
M. VINCENT (Guy): Et votre tableau, je ne l'aime pas.
M. PINARD: M. Vincent, voulez-vous préciser votre
déclaration à l'effet que, s'il y a lieu d'enlever des permis, il
faudrait d'abord les enlever à ceux qui sont détenteurs de
permis, qui ne les exploitent pas...
M. VINCENT (Guy): Qui ne les exploitent pas mais les font exploiter par
d'autres.
M. PINARD: Bon. Il y en a combien comme ça?
M. VINCENT (Guy): Vous seriez peut-être surpris si vous demandiez
à M. Bossé. Il est au courant.
M. PINARD: Vous, quel est votre chiffre?
M. VINCENT (Guy): II doit certainement y en avoir 250, si ce n'est pas
400.
M. PINARD: Bon. Comment font-ils fonctionner leur système
d'exploitation?
M. VINCENT (Guy): Le système est bien logique. Par exemple, j'ai
vingt permis qui m'appartiennent. Je ne veux pas acheter vingt autos. Je dis:
M. Pinard, je te loue une auto. Tu vas payer les assurances, tu vas me donner
$25 par semaine pour mon permis. Achète ton auto, mets le compter
dedans, la radio et va travailler. Tu es responsable de tout. Moi, je retire
$25 par semaine sur cette auto.
M. PINARD: En somme, le détenteur du permis...
M. VINCENT (Guy): II n'est pas propriétaire, mais il est toujours
propriétaire, il le loue.
M. PINARD: En somme, il loue l'usage de son permis de taxi.
M. VINCENT (Guy): ... de son permis, mais il ne l'exploite pas.
M. PINARD: Sans avoir de voitures à louer véritablement
aux chauffeurs en question.
M. VINCENT (Guy): II n'est pas chauffeur, il loue seulement les
permis.
M. PINARD: II oblige le chauffeur à s'acheter une voiture.
M. VINCENT (Guy): ... à s'acheter une auto. M. PINARD: A payer
toutes les dépenses.
M. VINCENT (Guy): Toutes les dépenses, les assurances...
M. PINARD: Plus un taux de location.
M. VINCENT (Guy): Plus l'association. C'est un problème qui est
à remarquer.
M. PINARD: Vous dites qu'il y en a 250 comme ça à
Montréal?
M. VINCENT (Guy): Si ce n'est pas 300. Je l'avais calculé, mais
disons que j'ai abandonné le taxi après ma dernière crise
cardiaque. J'en ai eu cinq; j'en ai eu assez. Je ne veux pas trop me
fâcher. Cela fait de'ux ans, mais je suis quand même tous les
débats.
M. PINARD: Ces gens dont vous parlez, qui sont détenteurs de
permis et qui n'ont pas de voiture à louer véritablement aux
chauffeurs de taxi, dans quel genre d'association se recrutent-ils?
M. VINCENT (Guy): II y en a dans toutes les associations.
M. PINARD: Dans les associations de services?
M. VINCENT (Guy): C'est ça. Que ce soit dans Diamond, Lasalle ou
l'Expo, que ce soit n'importe où, il y en a même en partie dans
toutes les associations.
M. PINARD: Ces gens voudraient que le gouvernement leur paie $6,000 de
valeur marchande pour le permis?
M. VINCENT (Guy): C'est à vous d'étudier le cas, monsieur.
Ce n'est pas moi qui suis au débat. Quand je parle comme ça, M.
Pinard et d'ailleurs il y en a plusieurs ici qui me connaissent, j'ai
déjà présenté des mémoires je suis
très honnête en disant que ces types ne méritent même
pas d'exploiter un permis, car ils sont assis chez eux. Si vous calculez
immédiatement 25 permis, cela leur rapporte $500 par semaine en restant
chez eux, sans responsabilité.
M. BOSSE: M. Vincent, comment ont-ils obtenu ces permis, à votre
connaissance? Est-ce que vous le savez?
M. VINCENT (Guy): C'est de longue date. Mais avec les assurances qui
sont très dispendieuses, l'association...
M. BOSSE: Comment les ont-ils obtenus?
M. VINCENT (Guy): Ils les ont obtenus dans le temps. Il y en a pour qui
cela fait longtemps qu'ils les ont et d'autres les ont depuis
dernièrement. Mais ils ne veulent pas exploiter de service.
M. BOSSE: Je voudrais faire une rectification. Au début, vous
avez affirmé, et cela est exact, que lors d'une rencontre avec le
ministre Jamieson et certains membres de son cabinet, à Ottawa, au
début de l'enquête, où vous représentiez un
mouvement syndical, j'avais accepté d'y assister; j'avais cependant
refusé de participer de quelque façon, pour ne pas être
identifié à un mouvement ou à un groupe particulier. Ce
n'est que par la suite, évidemment, que j'ai entamé des
négociations directement avec le ministre pour régler le
problème de Dorval. Je dois admettre, évidemment, que c'est
exact, j'étais là comme observateur, mais pour la raison que je
ne voulais pas m'identifier à un groupe particulier ou à un
groupe syndical.
M. VINCENT (Guy): Oui, mais il faudrait dire que, dans ce
temps-là, c'était M. Robert Bourassa qui était
censé être là, mais il vous avait envoyé comme
observateur.
M. BOSSE: C'était assez normal.
M. VINCENT (Guy): Mais les autres étaient censés
être là et ils pleurent maintenant. C'est vrai, aujourd'hui,
qu'à Dorval, ça marche mal. Je le sais, j'y suis allé.
Mais ils auraient dû venir se défendre dans le temps, comme ils le
font aujourd'hui.
M. BOSSE: Vous avez raison.
M. VINCENT (Guy): Parce qu'il y a un proverbe qui dit que ce n'est pas
quand on fait dans ses culottes que c'est le temps de se serrer les deux
fesses.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Le détenteur de permis loue son permis, mais celui
qui va à l'association de services est-il rédigé à
son nom ou au nom du détenteur de permis?
M. VINCENT (Guy): Au détenteur de permis.
M. PERREAULT: C'est le détenteur de permis qui est
officiellement...
M. VINCENT (Guy): Oui, cela se faisait sous la table par une
contre-lettre, c'est ainsi qu'on l'appelle, si je ne me trompe je sais
pas si c'est ainsi qu'on dit cela chez les notaires, une contre-lettre
en foi de quoi le permis lui appartient, mais le véhicule appartient au
type. Si, dans six mois, le type décide de prendre son permis, le gars
est pris avec son véhicule.
Savez-vous combien vaut un taxi après usage? Il ne vaut plus
grand-chose. Le type perd combien? Ce sont des risques qu'il court. S'il a un
accident, il est pris avec ce taxi tandis que l'autre s'en sert, assis sur son
siège, et reçoit $500 par semaine.
M. PERREAULT: Alors, dans les livres de l'association, c'est le
détenteur de permis qui est enregistré?
M. VINCENT (Guy): Oui. On a parlé de bien des choses. Il faut que
je prenne la part des chauffeurs de taxi aussi. Il y en a plusieurs qui n'en
ont pas parlé, ils ont peur.
Moi, je n'ai pas peur, je n'ai peur de rien. Comme le disait M. Boutin,
le type qui s'en va au garage perd du temps et tout; cela va mal, son affaire.
Il est nerveux. Il se dit: La location de l'auto, c'est $16 aujourd'hui; avec
$5 d'essence, cela fait $21. Le gars ne fait pas $21, il est malchanceux toute
la journée. Il arrive devant le "boss" et dit: Je n'ai pas fait
d'argent. Le "boss", qui est dans l'association d'une flotte, écrit sur
un petit billet: Tu me dois $16. Le lendemain, un autre $16. Il est rendu
à $32. Cela fait deux ou trois mois qu'il travaille et il est rendu avec
un petit compte de $200. Là, le "boss" lui dit: Tu vas me remettre $1
par semaine ou pas d'auto. Le gars dit: Va chez le diable, je n'ai pas affaire
à toi. Le type s'en va dans une autre association. Supposons qu'il
était chez Métropole. Là, il dit: Je vais m'en aller chez
SOS. Or, le propriétaire de la flotte, il en a dans le SOS, il en a chez
Beaubien et dans d'autres compagnies. Il dit: Je barre ce gars-là. Le
gars n'est plus capable de travailler. Où va-t-il? Au bien-être
social.
M. BOSSE: M. Vincent, pourquoi les chauffeurs ont-ils peur, comme vous
le dites?
M. VINCENT (Guy): Peur?
M. BOSSE: Vous avez dit tout à l'heure: Les chauffeurs, il y en a
qui ont peur. Moi, je vais parler, je n'ai pas peur.
M. VINCENT (Guy): Moi, je vais parler, parce que ce type-là qui
doit $200, le patron va lui dire: Cela me prend $100 demain; sinon, tu n'as pas
ton auto. S'il tient à son auto, il va aller voir un usurier, emprunter
$100 et payer pour avoir son auto. Là, il vient de s'embarquer dans une
dette de $100 qu'il va être obligé de payer $125. C'est clair?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant. A l'ordre, s'il vous
plaît! Le ministre des Transports.
M. PINARD: Me permettez-vous d'attirer votre attention sur l'article
6.342 du règlement no 6? On y prévoit justement le
règlement du problème que vous avez soulevé tantôt,
c'est- à-dire le problème de celui qui est propriétaire de
permis de taxi, mais qui n'a pas de voiture à louer et qui oblige un
chauffeur à se porter acquéreur d'une voiture, à prendre
à son compte toutes les dépenses d'exploitation de cette voiture
et à payer un taux de location à ce propriétaire,
détenteur de permis. Alors, article 6.342 dit qu'à partir de
l'entrée en vigueur du règlement no 6 les propriétaires
qui ont plus de permis que de voitures au 8 juillet 1972 n'auront plus de
renouvellement de leur permis. Cela règle, premièrement, le cas
de ceux qui ont des permis plus nombreux que les voitures qu'ils
possèdent réellement. Si on a mis cela dans le règlement,
c'est pour prévoir également le cas de celui qui a seulement des
permis de taxi, mais n'a pas de voiture du tout. Lui, il va perdre tous ses
permis.
M. VINCENT (Guy): Comment allez-vous le savoir s'il a des contre-lettres
chez le notaire, M. Pinard? Comment allez-vous le savoir s'ils ne sont pas
déclarés par d'autres parce qu'ils ont des contre-lettres chez le
notaire, enregistrées? La voiture que le type a achetée est au
nom du propriétaire qui détient le permis.
M. PINARD: S'il y a système de fraude qui fait qu'on pourrait
avoir de la difficulté à mettre la main sur ces
personnes-là, on va essayer de trouver un autre moyen
d'enquête.
M. VINCENT (Guy): Dans un cas comme celui-là, je crois que cela
prendrait des affidavits et des assermentations comme quoi l'auto est bien
à lui. C'est là peut-être que vous pourriez le prendre et
enlever des permis.
M. PINARD: Nous allons procéder par vérification
auprès du Bureau des véhicules automobiles pour savoir au nom de
qui le véhicule est enregistré.
M. VINCENT (Guy): II est enregistré au nom du propriétaire
qui détient le permis.
M. PINARD: Maintenant, des enquêtes nous ont
révélé que, dans certaines municipalités, il y a
des personnes que vous avez décrites tantôt, qui sont
propriétaires de permis de taxi et qui n'ont pas de véhicules.
Cela, nous le savons. Nous ne savons peut-être pas partout où cela
existe. C'est pour cela qu'il faudra que ces gens viennent prêter serment
devant la Commission des transports, attestant que non seulement ils sont
détenteurs de permis valides mais qu'ils sont également
propriétaires de voitures qui doivent être employées
normalement en vertu d'un système de location qu'on a expliqué
longuement, ici, devant la commission. Je pense que vous voyez que le
règlement no 6 a quand même de bonnes parties.
M. VINCENT (Guy): Oui. Je vous ai dit tout à l'heure qu'on
l'approuvait à 65 p.c. mais qu'il y avait des modifications à
faire.
M. PINARD: Oui, d'accord.
M. VINCENT (Guy): Naturellement, il n'y a rien de parfait. J'ai
même des félicitations à faire car jamais une enquête
n'a été aussi loin et n'a été faite aussi
honnêtement, pour qu'on puisse s'exprimer. Par contre, je vous parlais
tout à l'heure des concessions. Les concessions, c'est une exploitation,
c'est du pacha, c'est celui qui veut avoir le meilleur terrain, qui dit: Je
vais te donner $100, toi, et puis je vais donner $200. C'est le plus gros qui
l'a tout le temps. C'est toujours le plus fort qui l'emporte. Pourquoi pas tout
le monde égal? Pourquoi pas tous les postes en commun? Pourquoi ne pas
prendre immédiatement le taxi, avec un arrêté en conseil,
et le mettre métropolitain tout de suite? C'est la plus belle chose que
vous pourriez faire. Cela aiderait énormément le taxi.
Quand vous arrivez à Montréal-Nord, que vous voyez une
femme, en plein hiver, avec un petit bébé, durant une grosse
tempête et que vous l'embarquez pour trois coins de rue, pour lui rendre
service, que vous vous faites accrocher en arrière, que le gars dit: Tes
licences, ton immatriculation, débarque la femme et que cela vous
coûte $50 pour un voyage de $0.60, cela écoeure, monsieur, je vous
le jure. C'est réellement stupide, surtout l'hiver. L'été,
la femme peut attendre, avec son petit bébé. Mais c'est là
qu'on demande le métropolitain. On le demande. Ils veulent l'avoir.
Donnez-le-leur.
M. PINARD: Le taxi métropolitain?
M. VINCENT (Guy): Ah oui! Monsieur. C'est garanti. Faites un
référendum. Vous allez voir que le métropolitain, ils
veulent l'avoir. Quand on est rendu à Saint-Pierre ou à
Montréal-Nord et qu'il y a peut-être dix ou cinq rues de
différence, pour cinq rues, nous allons payer $50 d'amende pour avoir
ramassé un client. C'est stupide.
M. PINARD: D'accord. Nous retenons votre suggestion. Elle est
déjà faite dans le règlement mais nous retenons les
explications que vous donnez sur la nécessité d'avoir au plus
tôt ce permis métropolitain.
M. VINCENT (Guy): Ce serait une des belles choses que vous feriez
encore, comme l'affaire que vous avez faite, le retrait des permis spoutnik
fantômes, comme on les appelle. Ce serait encore une autre belle chose
qui prouverait que vous voulez aider le taxi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Lorsque vous dites que la voiture est achetée par le
chauffeur de taxi au nom du propriétaire de la flotte...
M. VINCENT (Guy): C'est cela.
M. AUDET: ... est-ce que le propriétaire de la flotte pourrait
vendre cette voiture comme étant sa propriété?
M. VINCENT (Guy): Non. Il y a des contre-lettres de faites, à
savoir que la voiture appartient toujours au type. La seule manière,
c'est lorsqu'il retire sa voiture. Il va aller avec sa contre-lettre et
prouver, aux bureau des licences, que la voiture lui appartenait pour payer le
dollar d'échange, quoi, les deux dollars, si je ne me trompe pas. C'est
tout. Les contre-lettres, c'est très dur. D'ailleurs, mais nous autres,
on les connaît.
M. AUDET: Mais le gouvernement ne pourrait pas prouver que la voiture
n'appartient pas au propriétaire de la flotte?
M. VINCENT (Guy): II y a toujours un moyen de prouver. Il faut que
justice soit faite et la justice est au bout de sa corde, parfois. Elle peut
arriver à cela.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre.
M. PINARD: Si vous me le permettez, dans l'éventualité
où le règlement serait adopté avec l'article 6.342, dont
je vous ai parlé tantôt, il me semble possible qu'au Bureau des
véhicules automobiles du Québec, dans les bureaux
d'émission des permis, on soit capable de savoir si le détenteur
d'un permis est véritablement propriétaire de la voiture qui est
enregistrée à son nom, puisque vous dites vous-même que,
dans le cas d'échange, il est obligé de montrer la
contre-lettre.
Nous donnerons des directives, à nos représentants dans
les bureaux d'émissions de permis, de faire rapport immédiatement
à l'autorité compétente, c'est-à-dire au directeur
général du Bureau des véhicules automobiles du
Québec, Me Ghislain Laflamme. Et dans des cas semblables, rapport doit
être fait de façon que nous puissions faire respecter
intégralement le règlement no 6 qui voit à corriger la
situation que vous avez expliquée tantôt.
Nous aurons tout de suite la preuve que la personne en question
n'était pas la vraie propriétaire.
M. VINCENT (Guy): Ce sont peut-être des petits points, des petits
problèmes, mais ils sont agaçants, comme M. Bossé le dit
dans son rapport: défense de fumer dans la voiture. Je sais que si M.
Bossé monte dans ma voiture et m'offre une cigarette, ça va me
faire plaisir de la prendre, parce qu'il gagne plus cher que moi. Et je vais la
fumer.
Ds disent que refuser c'est une insulte. Je n'en refuserai jamais. C'est
comme une conversation. Le taxi est un tribunal. Les gens montent et on dirait
que c'est un plaisir de nous raconter leurs problèmes. Vous le savez,
vous en
avez eu l'expérience. Nous les écoutons. Parfois nous
avons des solutions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y a des chauffeurs qui vont nous raconter
les leurs.
M. VINCENT (Guy): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Toujours dans le contexte de pouvoir
écouter M. Larocque, pourriez-vous continuer du moment que...
M. VINCENT (Guy): Je me retire là-dessus. J'ai donné le
point que je voulais donner. J'ai toujours cherché justice pour tout
M. Bossé est au courant je n'ai jamais voulu assommer une
association ou un chauffeur artisan ou un propriétaire artisan. J'aime
la justice, et j'aimerais que les points que j'ai donnés soient
étudiés. Si vous voulez avoir un mémoire, je peux vous en
faire. J'en ai déjà fait un en seize heures d'avis pour le bill
23, je suis capable d'en faire un autre, que je vous ferai parvenir.
M. PINARD: Vous n'aurez qu'à nous le faire parvenir. Cela nous
permettra de mieux retenir les excellentes suggestions que vous avez
faites.
M. VINCENT (Guy): Je n'ai pas eu grand temps, je vous le dis. Je ne peux
pas vous donner de noms. Excepté que j'ai été
invité personnellement. Ils m'ont demandé de venir, je suis venu
et j'ai demandé à être entendu. Donc, je vous remercie de
m'avoir écouté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Un petit mot. Si j'ai bien compris, vous avez dit que depuis
deux ans vous n'exploitez pas de taxi.
M. VINCENT: Je me suis retiré du taxi. Depuis 1960 que je m'en
occupe. J'avais l'Association des fraternités des chauffeurs de taxi, et
j'ai fait comme M. Boutin, j'ai viré mon chapeau de bord depuis que j'ai
demandé au ministère du Travail des cartes d'adhésion pour
les membres et qu'ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas m'en donner. M. Devlin,
la même chose.
Ils m'ont dit: Vos membres ce sont des "jobbers", ils louent les
voitures, nous ne pouvons pas leur en donner.
M. GAGNON: L'initiative que vous prenez actuellement est dans le but
d'aider le taxi.
M. VINCENT (Guy): D'aider l'industrie du taxi, la rendre rentable afin
que ces types puissent vivre comme les autres. Que tous vivent. De la
manière que nous sommes menés, si vous voulez avoir le vrai nom,
nous sommes le "dumping" de la société. Qui travaille sur le
taxi? Les gens du bien-être social se ramassent là,
l'assurance-chômage, le gars qui est en grève vient louer des
voitures, et s'il n'y en a pas, il dit au propriétaire: Je vais te
donner $20 au lieu de $16. Il va lui en louer.
Vous avez toutes les catégories. Je ne dirai pas comme hier
à la radio, l'autre qui disait que c'était regrettable, le gars
s'en va au Blue Bonnets, il est maître de son auto, monsieur. Si le gars
a commencé à 5 heures le matin, moi je commençais à
4 h 30. Si à 6 h ou 7 h je suis fatigué, je veux aller aux
courses pour essayer de gagner $1, ce n'est pas lui qui a fait mon "waybill",
c'est moi, j'ai le droit d'y aller, je suis libre. C'est comme le
propriétaire artisan. C'est sont permis à lui. S'il veut rester
chez lui, c'est à lui, c'est un droit acquis, laissons-lui le bien qu'il
a gagné.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Vincent. M. Larocque.
M. VINCENT: C'est moi qui vous remercie. M. André
Larocque
M. LAROCQUE: Mon nom est André Larocque, chauffeur de taxi pour
la compagnie SOS à Montréal, mais je parle à titre de
chauffeur, je ne parle pas pour une association malgré que je voudrais
bien le faire. Je remarque les pancartes qu'il y a là-bas. Je pense que
vous avez oublié quelques articles dans celle de gauche. Je ne vois pas
assurance-chômage ni impôt sur le revenu. Cela devrait être
marqué. Quant à marquer quelque chose, on marque tout, ou on ne
marque rien.
Je pense que vous avez pu vous apercevoir que le problème du
taxi, à Montréal, n'est pas celui de Sherbrooke. Je n'ai pas
besoin de le répéter parce que tout le monde l'a vu. De mon
côté, je pense que M. Bossé n'a pas tout à fait mis
le doigt sur le problème du taxi à Montréal. Parce que le
problème du taxi à Montréal, il n'y en a qu'un et c'est le
chauffeur lui-même qui se le cause, tel que M. Vincent l'a dit tout
à l'heure des gars qui ne payent pas leur auto. Ils se causent des
problèmes. S'ils paient tous les jours, ils ne ramassent pas de dettes
de $200. Un gars qui paie son patron tous les jours n'a jamais le
problème sur le taxi. Ce n'est pas tellement compliqué.
Ensuite, il est question de location. Je suggérerais à la
commission de légaliser la location des autos à un prix fixe pour
tout le monde, pour les "single" et ce qu'ils appellent le doublage, un taux
pour le jour, un taux pour la nuit, pour les autos 1973, $1 de moins, pour les
1972, ainsi de suite, 1971, $2 de moins. Alors, je pense que vous aurez une
très belle flotte de taxis à Montréal, parce que les
propriétaires de flotte sont tous intéressés à
avoir le $1 de plus et ils vont acheter des autos neuves. Même si vous
voulez créer votre centrale parallèle, on n'a pas tellement peur
d'une concurrence, une compagnie de plus ou de
moins. Quant à celles qui existent, on est très bien chez
elles. C'est aussi cordial chez SOS que ça peut l'être chez
Lasalle, Diamond, l'Expo ou chez Beaubien. Je n'ai aucune objection à
ça, même que j'aimerais bien qu'elles restent. Je suis parti du
Lasalle pour m'en aller chez SOS, je m'arrange très bien là. Pour
ce qui est de l'impôt, si l'assurance-chômage nous a mis à
$107, on nous a donné une augmentation qu'on ne recevra jamais, mais on
va payer pour $107; si ça fait votre affaire de nous mettre un peu plus,
mettez un peu plus et on vous paiera. Ce n'est pas compliqué. C'est
comme ça que je vois le problème du taxi. Parce que depuis
l'augmentation qu'on a eue, les problèmes sont pas mal
réglés, il reste toujours celui qui s'en va à Blue Bonnets
porter son "waybill' et qui n'a plus d'argent pour payer son patron.
Celui-là s'en cause des problèmes. Ce sont là tous les
problèmes qui existent dans l'industrie du taxi à
Montréal. Je ne me cache pas pour parler, mon patron est assis
derrière moi, il sait que, quand je travaille, je paie ma voiture. Je ne
vais pas à Blue Bonnets, je n'aime pas les chevaux, mais j'aime le
taxi.
Je pense que j'ai fait cela assez vite. Ce que j'avais à dire, je
l'ai dit en quelques mots.
Maintenant, pour la sécurité, ce soir, on parlait de
rendre les sentences plus sévères. D'après moi, c'est pour
autant qu'on attrape les gars. Pour l'affaire du dôme clignotant, cela
peut être bon à 50 p.c, mais je ne vois pas le gars qui s'en va
à Rivière-des-Prairies à trois heures et qui fait partir
son clignotant, il n'y a pas grand-monde qui va le voir. Je travaille de nuit
et j'y vais souvent. Il y a un système qui se vend, qui n'est pas
très dispendieux, une pédale au plancher, avec laquelle le
chauffeur peut barrer les quatre portes; il est impossible de les ouvrir tant
qu'il ne déclenche pas la pédale.
UNE VOIX: On peut vous assommer. Il y a les hold-up.
M. LAROCQUE: Ce n'est pas grave, le gars ouvre la porte avant de faire
quelque chose, la plupart du temps. J'ai été assommé une
fois dans 21 ans, donc ce n'est pas si mal.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous voulez dire barrer les portes pour que
le gars ne se sauve pas.
M. LAROCQUE: Les hold-up ne sont pas trop fréquents. Souvent, un
type débarque en courant pour ne pas payer le voyage; s'il se cogne le
nez dans la vitre, on peut toujours lui parler avant qu'il descende. Ce serait
toujours une sécurité, au moins de ce
côté-là. S'il a l'idée de faire un mauvais coup, je
pense que la première chose qu'il va faire, c'est de s'assurer s'il peut
se sauver. S'il s'aperçoit que la porte est barrée, je pense bien
qu'il va trouver de l'argent et va s'essayer ailleurs. C'est un système
qui vaut à peu près $30, une fois posé. Je pense bien que
si on en parlait aux propriétaires, ils n'hésiteraient pas
à l'installer. Comme je vous disais tout à l'heure, un gars qui
paye bien son taxi peut avoir n'importe quoi de son patron. On va même
avoir des voitures neuves bientôt. Parce qu'on les paye bien, nos
patrons. Les problèmes du taxi ne sont pas aussi gros que tout le monde
veut le faire croire. Si vous avez des questions à poser, je vais vous
répondre. Je pense bien que j'ai dit ce que j'avais à dire.
Vous voulez bien qu'on fasse une belle vie, qu'on fasse de l'argent. Je
pense que vous voulez permettre de faire du taxi à 18 ans. Si
j'étais à votre place, je mettrais cela à 25 ans au lieu
de 21. Si vous mettez cela à 18 ans officiellement, les assurances ont
des grosses chances de monter; si les assurances montent les taxis vont
augmenter leurs prix. Qui va payer? Le chauffeur.
M. PERREAULT: Et le public.
M. LAROCQUE: Non, on n'augmentera pas les tarifs au taximètre
parce qu'on va hausser les assurances. On a bien de la misère à
avoir une augmentation du taximètre. On en a eu une, on en est bien
content, on s'en contente. Si on en avait une autre, on ne dirait pas un mot,
on paierait la différence pour le faire arranger, c'est tout.
A 25 ans, je pense qu'un gars a assez de maturité. C'est ce qu'on
fait sur les camions, sur les autobus, qui sont des services en commun; le taxi
c'est plutôt une entreprise privée qui dessert le public, mais je
pense bien qu'à 25 ans, un gars a de la maturité, plus
qu'à 18 ans en tout cas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
l'Assomption. Ensuite, ce sera le député de Sainte-Marie.
M. PERREAULT: Est-ce que vous êtes personnellement en faveur du
permis métropolitain?
M. LAROCQUE: Oui, le permis métropolitain serait une bonne chose
parce qu'ils viennent en prendre pas mal en ville. Personnellement, je prends
ma chance partout. Je ne suis pas trop malchanceux. Quand je me fais prendre,
je fais comme je l'ai déjà dit à un juge: Les gens m'ont
fait signe d'arrêter. Je leur ai demandé ce qu'ils voulaient. Ils
m'ont répondu qu'ils voulaient un taxi. Comme je ne suis pas un camion
à vidanges, je les ai fait monter. Il m'a acquitté. Il a
trouvé l'explication bonne. Vous savez comme moi que, quand on
crée un peu le bénéfice du doute dans l'esprit du juge, il
est obligé de nous acquitter. Je suis habitué à cela. Une
contravention ne me fait pas trop peur parce que je suis capable de parler en
cour, comme je le fais ici.
M. PERREAULT: Une autre question. Com-
me locataire d'une automobile, seriez-vous satisfait si vos taux de
location d'automobile étaient fixés par la Commission des
transports?
M. LAROCQUE: Pour autant qu'on puisse faire des suggestions parce que
vous n'êtes pas trop qualifiés pour fixer des taux. Vous n'avez
jamais fait de taxi.
M. PERREAULT: Non, je parle de négociations.
M. LAROCQUE: Si vous voulez des taux, je peux vous en donner tout de
suite. Cela prendra deux minutes.
M. PERREAULT: Je parle de les fixer.
M. LAROCQUE: Disons que vous avez travaillé à $11 par
jour, à $12 la nuit, à $18, "single" pour les 1973. Baissez cela
d'un dollar et vous allez voir bien des 1973 sur le chemin. Je pense que ce
serait une bonne solution. Dans la salle, il y a des chauffeurs et des
propriétaires. Si vous le leur demandez, je pense qu'ils seraient bien
d'accord là-dessus. Celui qui a dix automobiles irait chercher une
automobile gratuitement tous les ans avec des autos 73. C'est tout pour moi, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Actuellement, pour avoir un permis, il faut
avoir 21 ans. Vous dites maintenant de mettre cela à 25 ans. Cela
éliminerait combien de chauffeurs qui n'ont pas 25 ans?
M. LAROCQUE: Cela éliminerait les jeunes fous sur la route.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): De 21 à 25 ans, c'est comme
ça?
M. LAROCQUE: Je l'ai fait à 21 ans et j'ai eu un terrible
accident. J'ai eu de la misère à m'en relever. Regardez-moi la
face. Je ne suis pas venu au monde comme cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne paraît pas.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Larocque, nous vous remercions.
M. LAROCQUE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je constate qu'il est minuit, donc,
nous devons ajourner la séance, mais je peux vous donner un
aperçu de notre travail pour demain.
D'abord, à 10 heures, lorsque nous reviendrons demain matin, nous
entendrons Taxi Escoumins. Y a-t-il quelqu'un qui représente Taxi
Escoumins, ici?
M. LAROCQUE: J'ai noté, cet après-midi, qu'ils ont
parlé d'un référendum. Je mettrais n'importe qui au
défi de prendre les grandes lignes du règlement no 6, de les
publier bien lisiblement, en des termes que le monde puisse comprendre, dans la
Presse, le Journal de Montréal, le Montréal-Matin, le Star, et
allez-y avec votre référendum, il ne passe pas dans une
proportion de 75 p.c.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Taxi Escoumins. Nous passerons ensuite
à Boisjoly Radio Taxi: Association des propriétaires de taxis
Saint-Jérôme, Métropole Radio Taxi (1959), Union des
propriétaires de taxis de Granby, West Island Transportation Ltd.
Ensuite, à titre personnel, M. Antonio Viola, M. William O'Connell, M.
Ronald Anderson, M. Ronald Bernard. Et, si nous en avons le temps, Association
des petits chauffeurs de taxi de la ville de Québec.
La commission ajourne donc ses travaux à 10 heures demain
matin.
(Fin de la séance à minuit)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-8629
à page B-8640