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Commission permanente
des Transports, des Travaux publics
et de l'Approvisionnement
Etude du règlement no 6 sur le transport par
véhicule-taxi
Séance du mardi 16 janvier 1973
(Dix heures vingt minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs !
Remarques préliminaires
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je demanderais, dès le
début de la séance, aux photographes de ne pas circuler durant
l'audition; surtout pas de lumières afin de ne pas nuire aux personnes
qui voudront bien se présenter devant la commission et nous faire part
de leurs commentaires.
En ce qui concerne les membres de cette commission, il s'agit, pour la
présente séance, des députés suivants: MM. Audet,
Béland, Berthiaume, Théberge, Hardy, Houde (Limoilou), Loubier,
Caron, Perreault, Paul, Blank, Bossé, Tremblay (Sainte-Marie). Le
ministre en fait partie automatiquement. Qu'il soit entendu, lorsqu'il s'agit
de commissions qui siègent entre les sessions, que les partis ont le
droit de doubler le nombre normal de leurs membres à la commission.
C'est dire que, pour les besoins du vote, si tel était le cas, ce
seraient les membres réguliers et non pas ceux qui doublent le
chiffre.
Je n'ai pas la liste complète des membres qui doublent;
dès que je l'aurai, on pourra en faire part au journal des
Débats; je n'ai que quelques noms. On reviendra là-dessus plus
tard. M. Perreault est nommé rapporteur officiel de cette
commission.
Les ministres, ipso facto, doivent ou peuvent prendre part aux
délibérations. Aucun problème. Afin qu'il n'y ait pas de
malentendu, je le répète encore, les ministres, par leur
fonction, peuvent être et sont membres de nos commissions
délibérantes, de nos commissions permanentes.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais que vous précisiez
votre pensée parce que je ne crois pas que ce soit le privilège
exclusif des ministres de participer aux délibérations. Tous les
députés peuvent participer aux délibérations de la
commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Oui, j'accepte volontiers les
observations du député de Maskinongé. Sans plus de
préambule, puisque les quelques mots que j'avais à dire sont dits
et le temps que je me suis permis est déjà écoulé,
je voudrais souhaiter, à tous ceux et celles qui sont présents
à cette commission, une très cordiale bienvenue. Je demande,
dès le début de la séance, votre collaboration la plus
étroite, la plus intéressée, la plus positive afin que nos
travaux puissent arriver à rendre notre loi la meilleure possible.
Sans plus de préambule, je demanderais au ministre des Transports
s'il a des observations ou des commentaires à faire.
M. PINARD: M. le Président, je vous remercie de me donner
l'occasion de faire des remarques préliminaires très courtes sur
les motifs de la convocation d'aujourd'hui à la commission parlementaire
des transports. Je voudrais également souhaiter la plus cordiale
bienvenue à tous ceux qui ont accepté de venir dialoguer avec
nous et, s'il en est encore temps, souhaiter à tous et chacun d'entre
vous une bonne, heureuse et prospère année.
Tant au cours de l'étude de la Loi des transports que pendant
l'élaboration des divers règlements qui s'y rattachent, je pense
avoir prouvé mon attachement à la participation du public et, en
particulier, à une large consultation du milieu.
En déposant devant les membres de l'Assemblée nationale ce
projet de règlement sur le transport par véhicule-taxi, j'ai
demandé la convocation immédiate de la commission parlementaire
des transports afin d'y étudier avec les intéressés
l'efficacité pratique d'une réforme aussi complexe. J'ai
d'ailleurs souligné, à cette occasion, que ce règlement de
408 articles était susceptible d'amendements. La réforme des
transports québécois amorcée le 8 juillet 1972, avec la
sanction de la loi 23, pose certains principes sur lesquels nous ne saurions
revenir. J'ai d'ailleurs clairement précisé à cette
occasion que notre politique devra faire confiance aux transporteurs
privés comme étant en mesure d'assurer un service efficace,
stimulé principalement par la concurrence, que la réglementation
adoptée en vertu de cette loi, ne devra généralement pas
viser à limiter la possibilité ou la capacité des
transporteurs privés de se faire une concurrence loyale, que ces deux
principes n'écartent pas nécessairement
l'éventualité d'une intervention plus ou moins directe de l'Etat,
lorsque les intérêts d'une collectivité sont en cause, non
seulement des individus comme tels lorsqu'il s'agit de services publics.
Pour un gouvernement responsable, cela devient un devoir d'intervenir.
Dans le secteur du transport par véhicule-taxi, et en fonction des trois
principes que je viens d'énoncer, l'existence d'une seule association de
propriétaires par agglomération est exigée par la loi 23.
En effet, le paragraphe i) de l'article 29 de cette loi dit que la commission
des transports devra reconnaître un groupe qu'elle juge
représentatif des détenteurs de permis de transport par
véhicule taxi.
Avant de commencer à entendre les représentants de
l'industrie du taxi et pour éviter que
la commission parlementaire ne s'égare dans des questions de
détails, il me semble important de rappeler quels sont les quatre points
majeurs de la réforme proposée. Premièrement, les
entreprises de services. Il existe actuellement un certain nombre d'entreprises
de services dans toutes les agglomérations au Québec. La question
qui doit être posée, à mon avis, est celle-ci: Quel avenir
doit-on leur réserver compte tenu des objectifs de notre
réforme?
Deuxièmement, les détenteurs de permis. La loi 23
définit certains mécanismes d'émission de permis de
transport par la Commission des transports du Québec.
Mais comment doit-on considérer la validité et la valeur
des permis existants au 8 juillet 1972, date de la sanction de la loi 23, pour
la protection des droits acquis?
L'Association de taxis. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la Loi
des transports prévoit que la Commission des transports du Québec
devra reconnaître un groupe qu'elle juge représentatif des
détenteurs de permis. Un point qui ne me semble donc pas contesté
est l'existence d'une association dont tous les détenteurs de permis de
transport par véhicule-taxi feraient partie. On peut, par contre,
s'interroger sur le rôle qu'aura â jouer cette association. Par
exemple, on sait qu'elle devra négocier l'établissement de
nouveaux taux et tarifs avec la Commission des transports du Québec. On
sait aussi qu'elle pourrait organiser, aussi bien au bénéfice des
chauffeurs qu'à celui des propriétaires, des systèmes de
rentes, d'assurance collective et d'autres avantages sociaux.
Par contre, doit-on aller jusqu'à demander qu'elle mette sur pied
elle-même une centrale de contrôle? C'est encore là une
proposition du règlement 6 et nous serons heureux de vous entendre
là-dessus tantôt.
Quant aux chauffeurs de taxi, nous leur proposons les mêmes
avantages qu'à toutes les autres catégories de travailleurs
québécois. On a dit, par exemple, que nous voulions obliger les
chauffeurs à travailler 60 heures par semaine à $1.65 l'heure;
c'est faux. Rien ne laisse supposer cela dans le projet de règlement;
$1.65 est un minimum. Ce sont les voitures que nous voulons maintenir en
service au moins 60 heures par semaine afin de garantir au public un service de
qualité. Telles sont, à mon avis, les questions importantes qu'il
convient de poser et au sujet desquelles il faudrait, aujourd'hui, recevoir des
réponses réalistes et objectives. Je ne vous cacherai pas que
j'ai déjà eu l'occasion d'étudier, avec certains de mes
collègues du cabinet et de la deputation, avec aussi des membres de
l'équipe de travail du ministère des Transports et du
comité de législation, des éléments de
réponse à toutes ces questions.
Nous sommes ici d'abord pour entendre les propositions ou les
contrepropositions de tous les professionnels du transport par
véhicule-taxi gros, moyen ou petit. Je jugerai moi-même, avec mes
collègues de la commission parlemen- taire, au cours des travaux de
cette commission et aussi lorsque viendra le temps de retourner devant le
conseil des ministres le cas échéant, de l'opportunité de
faire connaître l'alternative à laquelle nous pourrions
songer.
Cette déclaration préliminaire, M. le Président,
n'a donc d'autre but que d'encourager les membres de cette commission, et ceux
qui seront appelés à déposer devant elle, à faire
un travail positif. Nous ne sommes pas ici, les uns et les autres, pour
détruire en bloc un projet de règlements, mais pour le bonifier
si nécessaire afin de le rendre efficace et bénéfique
à ceux qui devront s'y conformer pour le plus grand intérêt
public.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Bellechasse
et chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, je tiens tout d'abord à me
joindre au ministre pour présenter mes voeux de bonne année aux
propriétaires et aux chauffeurs de taxi. Je pense que, si le ministre
veut exprimer de façon concrète et efficace ses voeux pour une
année bonne et prospère comme il le disait tout à l'heure,
il faudrait retrouver ce bon esprit et ces meilleurs voeux traduits de
façon réaliste dans le règlement no 6. Disons que, pour
moi et mes collègues, nous sommes heureux de constater que l'esprit de
cette réunion vise à une meilleure législation ou
réglementation touchant cette industrie du taxi qui a subi et qui subit
encore des malaises assez significatifs, industrie du taxi qui
représente tout de même, sur le plan économique, environ
$165 ou $170 millions et qui est un service public essentiel. Il est inutile de
le répéter.
Je voudrais également signaler que le règlement no 6 tel
qu'il nous est soumis et présenté aux chauffeurs de taxi, aux
propriétaires et au grand public a soulevé des réactions
assez vives dans tous les milieux. Et je suis un peu surpris de constater
jusqu'à quel point ce règlement a pu soulever des commentaires
plus ou moins agressifs et plus ou moins élogieux, même dans
l'esprit du règlement et dans plusieurs articles de ce règlement.
Il est inutile de se cacher la tête dans le sable. On se rend compte que
les objectifs visés par le règlement no 6 ne reçoivent
l'acceptation et l'agrément ni des propriétaires, en grande
majorité, ni des chauffeurs, en grande majorité, pour une foule
de raisons.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! J'ai négligé,
dès le début, de mentionner le fait, mais je ne voudrais pas que
l'on s'exprime soit par applaudissements, commentaires, rires ou autre chose
durant les observations qui se font, et cela va pour tous ceux qui sont
présents. Je n'accepterai pas les expressions de joie ou autre à
ce moment-ci. Veuillez vous restreindre dans vos applaudissements ou autre
chose; vous pourriez les faire en d'autres temps mais pas
devant la commission. Je m'excuse, M. le chef de l'Opposition.
M. LOUBIER: M. le Président, je disais tout simplement, le plus
calmement, le plus sereinement possible, que même l'esprit du
règlement no 6, sinon la lettre ne satisfait aucunement les
propriétaires ou les chauffeurs de taxis. En fait, tous ceux qui
évoluent, à quelque niveau que ce soit, dans cette industrie ne
veulent pas du tout épouser l'esprit et la lettre de ce
règlement, qui a été rédigé de bonne foi,
qui a été conçu de bonne foi pour atteindre des objectifs
valables pour ceux qui travaillent dans l'industrie touristique. Pour le moment
du moins, cela n'atteint pas les objectifs qui avaient été
prévus tant par le gouvernement que par le monde de l'industrie du
taxi.
Partant de là, M. le Président, j'ai été
à même de faire certaines constatations assez effarantes. Par les
contacts que j'ai eus avec différents groupes, que ce soit de
Montréal, que ce soit de la région de Québec, que ce soit
d'autres régions, j'ai réalisé que le projet n'est parvenu
à plusieurs personnes intéressées que le 10 ou 12 janvier.
On m'a même signalé ce matin que, pour un groupe, le rapport
n'avait été livré à son attention qu'hier
seulement. Partant de là, et surtout considérant que cela touche
la vie de chaque jour des chauffeurs, étant donné que cela
provoque des chambardements assez profonds dans le domaine de l'industrie,
étant donné que cela remet en question des concepts qui
étaient acquis jusqu'à aujourd'hui, étant donné que
sur le plan de l'esprit qui en découle il y a une effervescence qu'on ne
peut pas ignorer, étant donné le fait également qu'on n'a
pas donné la possibilité aux chauffeurs, aux différents
groupements d'avoir un laps de temps assez considérable pour
étudier et approfondir cette brique qu'est le projet de règlement
no 6, brique qui me ferait penser à un code de discipline que l'on
pourrait retrouver dans certains pays ou dans un immense collège et qui,
par souci du détail, est de nature, à mon sens en tout cas,
à jeter beaucoup de confusion et à prêter à
différentes interprétations, je pense, M. le Président,
que dans ce souci de clarifier, dans les menus détails, ce
règlement, on est arrivé à rendre le tout confus et
à mettre un peu tout le monde dans une situation assez embarrassante,
lorsqu'il s'agit de se prononcer sur l'essence et l'esprit de ce
règlement.
Il y a des points valables dans le règlement qui a
été soumis. Il y a peut-être même plusieurs points
sur lesquels on pourrait avoir le consensus de toutes les parties
intéressées dans l'industrie du taxi. Mais, d'autre part, il y a
tellement de points, il y a tellement de règlements qui n'obtiennent le
consensus ni des propriétaires, ni des chauffeurs, ni des associations
qu'à ce moment-là je me demande s'il convenait de faire
siéger cette commission, ce matin. Certains organismes, ayant,
peut-être, des facilités plus grandes que d'autres, ont pu,
à la vapeur et très rapidement, rédiger un rapport, mais
combien d'organismes, combien de chauffeurs de taxi n'ont pu ni étudier,
ni avoir des perceptions claires de ce règlement? On les oblige,
à toutes fins pratiques, à venir exprimer leurs doléances
ou à venir communiquer leurs conclusions, ce matin, alors qu'ils n'ont
même pas eu le temps de l'analyser, de le scruter.
Il ne faut pas se leurrer, M. le Président. Ceux qui
évoluent dans l'industrie du taxi comme d'autres qui évoluent
dans une foule de secteurs industriels, ne sont pas tous des avocats. Partant
de là, il faut tout de même donner la chance, l'occasion à
ces gens de recourir aux services professionnels de personnes qui sont plus
versées dans ce domaine, pour avoir des lumières claires et
précises sur la portée du règlement et pour savoir quelles
conséquences cela pourrait avoir sur leur propre vie à eux, leur
vie de tous les jours.
Tout à l'heure, le ministre parlait de la Commission des
transports, commission qui n'est même pas encore formée. Je me
demande s'il n'y aurait pas lieu, dans les circonstances, d'éviter cette
précipitation, d'éviter que le public, surtout ceux qui
travaillent dans l'industrie du taxi aient non seulement l'impression mais la
certitude qu'ils sont bousculés, qu'ils sont traités comme des
robots qui doivent absolument et sans aucune possibilité de
méditation, d'analyse, etc., accepter le carcan, du jour au
lendemain, sans mesurer les conséquences, et sans même avoir la
certitude que cette Commission des transports, que ce regroupement des forces
dans le domaine du taxi n'est pas complété, que cette
réunification vers des objectifs communs n'est même pas faite.
Dans les circonstances, je me dis qu'il paraîtrait insensé de
vouloir précipiter les choses et donner l'impression d'un état
d'urgence pour adopter et étudier ce règlement no 6.
Et partant de là je ne veux pas être taxé de
défaitisme et même si je l'étais, je m'en "sacre" comme de
l'an quarante, comme on dit populairement je voudrais, sans aucune
passion ni aucune autre préoccupation que de faire l'harmonie de toutes
les forces de cette industrie du taxi, et en même temps éviter que
soient mal interprétés les imprécisions, les
sous-entendus, les propos de bonne foi tenus par le ministre des Transports,
par les autres qui ont travaillé de façon plus étroite
à l'élaboration de ce règlement, je voudrais qu'on puisse
donner l'occasion, la chance, le temps voulu à tous ceux qui sont
visés directement de se regrouper, faire une analyse, effectuer un
consensus sur des points valables, communs qui semblent acceptés dans le
projet qui nous est soumis, mais par ailleurs, permettre à ces gens de
dégager tous les points qui semblent non acceptés, qui semblent
mal compris, mal interprétés ou qui sont très bien
interprétés mais qu'on ne veut pas accepter les
conséquences de ce mode de vie nouveau que l'on va retrouver dans
l'industrie du taxi.
Je pourrais développer un point mais ce n'est pas le moment.
Je pense que dans ces circonstances ce serait à l'avantage de
l'industrie du taxi, que ce serait à l'avantage du Parlement. Et quand
je parle du Parlement, je ne spécifie pas strictement tel ou tel parti
politique. Je pense que, lorsqu'on veut créer un climat de confiance,
lorsqu'on veut créer un climat de concorde, d'harmonie, il ne faut pas
verser dans cette précipitation des derniers jours sans donner la chance
à tous ces gens de mesurer les conséquences de ce
règlement.
Proposition d'un comité de
révision
M. LOUBIER: Je conclus, M. le Président, en me
référant à l'article 162 des règlements, par la
motion suivante: Que la commission accepte de former un comité
représentant tous les secteurs d'activité dans le domaine de
l'industrie du taxi, comité qui aurait comme fonctions,
premièrement, d'analyser et d'avoir le temps d'analyser l'esprit et la
lettre de cette brique qui a été remise dernièrement;
deuxièmement, d'écouter et de recevoir les doléances et
les représentations, qu'elles viennent du petit gars de la
Gaspésie ou du taxi de la Côte-Nord ou d'autres régions,
parce qu'il ne faut pas oublier que ce règlement fait suite à un
rapport qui est intitulé: Rapport sur les problèmes de
l'industrie du taxi dans la région métropolitaine de
Montréal. Montréal est évidemment le centre puisqu'il y a
là au-delà de 6,000 chauffeurs de taxi, je pense, mais il y a
d'autres régions et c'est cette harmonisation, cet esprit
réaliste qu'il faut traduire dans les règlements.
Ceci permettrait, au cours des prochains mois, à toutes ces
parties de se faire entendre, de faire analyser avec des experts les
implications pour elles, dans chaque secteur, de l'application d'un tel
règlement. Ce comité serait formé de représentants
des chauffeurs, de représentants des propriétaires, de
représentants de membres de la commission. Si l'on suspendait pour le
moment toutes les mesures ou les initiatives, toutes les procédures qui
sont liées directement à l'adoption éventuelle du
règlement no 6, j'ai nettement l'impression que le gouvernement ne
donnerait pas l'impression de reculer. Le gouvernement ne donnerait pas
l'impression de faire marche arrière, mais il se grandirait parce qu'il
manifesterait qu'il veut non seulement comprendre le problème sur le
plan humain mais arriver à des solutions qui vont assainir le climat
dans cette industrie en tenant compte de la liberté des individus, en
tenant compte des aspirations légitimes des propriétaires et en
tentant de faire l'harmonie dans tous les groupes qui s'intéressent
à l'industrie du taxi.
C'est pour ça que je conclus par cette motion, me
référant à l'article 162, de retarder toutes les
procédures et initiatives directement liées à l'adoption
du règlement no 6 pour les quatre prochains mois et permettre la
formation d'un comité de travail pour aboutir à un
règlement dont l'esprit et la lettre répondront non seulement aux
besoins mais aux aspirations de tous ceux qui évoluent dans le domaine
de l'industrie du taxi et qui, également, protégeront
l'intérêt essentiel du grand public.
M. PINARD: M. le Président, sur un point d'ordre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Sur un point d'ordre.
M. PINARD: Si vous me permettez d'intervenir. Puisque le
député de Bellechasse conclut son intervention par la
présentation d'une motion basée sur les dispositions de l'article
162, je me vois dans l'obligation de lui répondre immédiatement.
D'abord, pour ne pas engager un débat de procédure avec lui et
pour lui faire remarquer que nous sommes au tout début des
délibérations de la commission parlementaire qui a
été convoquée pour précisément entendre le
monde du taxi.
Donc, il n'a pas encore été entendu et je trouve pour le
moins prématurée l'intervention du député de
Bellechasse qui demande tout de suite de suspendre les
délibérations de la commission parlementaire pour constituer un
comité représentatif de l'Assemblée nationale, j'imagine,
formé des représentants du monde du taxi pour en arriver à
l'étude du règlement proposé et à la proposition
d'amendement.
Tout de suite, au départ, vous conviendrez, M. le
Président, et, j'espère, les députés de cette
commission, que cette motion est prématurée. Parce que l'article
162 dit ceci: "En commission plénière, un député
peut proposer de rapporter à l'Assemblée que la commission n'a
pas fini de délibérer et qu'elle demande la permission de
siéger à nouveau". On vient à peine de commencer à
délibérer.
M. PAUL: M. le Président, je fais appel au règlement.
M. PINARD: "En commission élue, un député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux".
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un point de règlement, le
député de Maskinongé.
M. PAUL: J'inviterais l'honorable ministre des Transports à se
rendre compte que nous sommes en commission élue et que, par
conséquent, le texte dont il vient de nous donner lecture ne s'applique
pas ici. Qu'il continue la lecture de l'article 162, soit la ligne et demie qui
reste dans le premier paragraphe et il verra pourquoi le député
de Bellechasse a présenté sa motion.
M. PINARD: Oui, je suis bien prêt à lire l'article. C'est
ce que je m'apprêtais à faire, si vous m'en laissez l'occasion.
Paragraphe 2: "Ces motions sont mises aux voix, sans amendement, et elles ne
peuvent être faites qu'une fois au cours d'une séance, sauf par un
ministre. Elles ne peuvent être débattues, sauf qu'un
représentant de chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix
minutes chacun à leur sujet".
A ce sujet, je me demande ce qui est primordial ce matin. Est-ce que
nous avons convoqué les gens du taxi pour les entendre, pour les
écouter ou si nous les avons convoqués pour leur dire: Retournez
chez vous, nous allons continuer la séance d'une commission qui va
travailler pour vous et qui vous dira un peu plus tard ce que nous avons
à vous dire.
Je pense qu'il est primordial d'entendre d'abord les gens du taxi parce
qu'ils ont été convoqués pour cela. Donnons-leur la chance
de s'exprimer et peut-être que, après avoir écouté
les représentations, pour ou contre le règlement, de la part de
ceux qui sont représentés pour parler au nom du monde du taxi, le
chef de l'Opposition officielle pourra aussi changer d'avis. Il aura
peut-être d'autres propositions à nous faire que celle qu'il vient
de faire il y a à peine quelques instants.
J'aurais pu proposer, dès l'ouverture des travaux de cette
commission parlementaire, une série d'amendements, mais j'ai
pensé qu'il était plus valable d'écouter ceux qui ont
quelque chose à nous dire, pour ou contre le règlement, et avec
la possibilité, pour eux, de nous offrir des solutions de rechange, eux
qui vivent du taxi, eux qui ont l'expérience de cette industrie.
Il serait tout à fait inopportun de constituer un comité
alors même que la commission vient de commencer ses travaux et que
personne du monde du taxi n'a encore été entendu. Cette motion
m'apparaît pour le moins prématurée, pour ne pas dire
irrégulière compte tenu du contexte dans lequel nous devons
travailler maintenant. Je demanderais bien amicalement à mon ami, le
député de Bellechasse, de retirer sa motion tant et aussi
longtemps que les autres représentants des autres partis n'auront pas
exprimé leur point de vue là-dessus et que nous n'aurons pas au
moins établi de consensus à savoir si, vraiment, ce matin, ce ne
sont pas les gens du taxi que nous devrions entendre sur une
réglementation qui a été préparée pour eux,
non pas contre eux mais pour eux, et dans le but de savoir jusqu'où ils
peuvent aller pour devenir des partenaires loyaux et efficaces dans cette
réglementation du taxi qui, encore une fois, je le répète,
a été préparée pour eux et non pas contre eux. Nous
voulons les écouter.
M. LOUBIER: M. le Président, sur un point de règlement,
étant donné que c'est moi qui ai soulevé la question du
règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... sur un point de
règlement.
M. LOUBIER: ... je voudrais signaler immédiatement que le
ministre ne donne qu'une certaine partie de l'argumentation en disant: Nous
allons demander à ces gens de retourner... Le ministre doit être
réaliste. C'est que plusieurs associations ont reçu le rapport il
y a quelques jours seulement. Partant de là, comment essayer de
bousculer ces gens pour les obliger à se faire une idée
très rapide du rapport, peut-être une mauvaise perception, alors
que ce matin, nous avons ici des associations qui, pour différentes
raisons, parce qu'elles ont de plus grandes facilités, etc., ont pu
préparer un rapport? Mais le ministre doit constater il ne s'agit
pas de jouer à l'autruche et de se cacher la tête dans le sable
que toutes les associations se sont exprimées publiquement et
que, dans une proportion de 80 p.c. à 90 p.c, on n'est pas d'accord sur
l'esprit et, souventefois, sur des points primordiaux de ce règlement.
C'est pourquoi je reviens au point de règlement en disant que cette
motion n'a pas un but dilatoire. C'est strictement, dans le but de permettre
à tous les éléments intéressés...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! On
discute justement un point de règlement.
M. LOUBIER: C'est ce que je fais actuellement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que le député de
Bellechasse discute actuellement un point de règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Un
à la fois.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): II continue de présenter sa motion, il
ne discute pas une question de règlement, pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si j'ai bien entendu, le
député de Bellechasse, au début, a fait mention d'un point
de règlement qu'il voulait soulever en disant que le ministre n'avait
pas été jusqu'au terme de sa pensée en discutant l'article
162 sur lequel il s'appuyait lorsqu'il a présenté sa motion
devant la commission. Pour les besoins de la commission et pour les membres ici
présents, sans déclarer que la motion est recevable ou non
à ce moment-ci, il faut reconnaître que cette motion peut
être faite une fois pendant que la commission siège, au cours de
la séance, et qu'un représentant de chaque parti a le droit de
parler durant dix minutes. Je vous avise que je m'en tiendrai à ces dix
minutes pour chaque représentant de parti. Je dirai donc que, dès
maintenant, pour que nous revenions à l'ordre, je reconnais la motion,
je reçois la motion. Mais je devrai m'en tenir à ce que chaque
parti parle, au maximum, dix minutes par représentant. Après
quoi, je mettrai la motion aux voix. Il n'y aura pas de débat
aller-venir, à tour de rôle, autour de cette motion. Je
déclare la motion recevable, nous la recevons à ce moment-ci.
Qu'on s'en tienne à la motion. Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LOUBIER: Avant de terminer, je peux invoquer également, pour
atténuer la nervosité du député de Sainte-Marie,
l'article 97 qui permet à un membre d'une commission ou de
l'Assemblée nationale d'utiliser un droit de réplique lorsqu'il a
été mal interprété ou lorsque ses propos sont mal
compris par un autre membre de l'Assemblée ou de la commission. C'est
pourquoi je faisais tout simplement réfléchir le ministre sur la
portée de ma motion qui a pour but d'éviter une coercition qui
serait inacceptable et que l'on retrouve déjà...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, il ne parle
même pas sur sa motion! On n'arrivera à rien.
M. LOUBIER: Le député est d'une nervosité que je ne
comprends pas, ce matin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis d'un calme extraordinaire.
M. LOUBIER: Quand vous êtes nerveux, qu'est-ce que ça doit
être?
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LOUBIER: M. le Président, je pense qu'il serait de bon aloi
que les représentants des autres formations politiques puissent
s'exprimer sur la motion que j'ai soumise, très calmement. Cela
permettra peut-être au député de Sainte-Marie de reprendre
ses esprits s'il s'exprime dans ce sens.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je les ai repris.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Beauce sur
la motion.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la motion que vient de
présenter l'honorable député de Bellechasse, j'aimerais,
avant de me prononcer de façon définitive, faire quelques
commentaires. Disons que ce règlement des taxis, qui doit entrer en
vigueur le 1er février, nous a été remis à
l'Assemblée nationale peu avant l'ajournement de nos travaux. Nous avons
pris connaissance de ce règlement et nous avons appris également
que le gouvernement avait décidé de convoquer la commission
parlementaire afin d'inviter les personnes en cause, c'est-à-dire les
propriétaires, les chauffeurs, les associations de taxis ou autres,
enfin toute personne représentative à venir présenter ses
doléances, commentaires ou représentations devant la commission
parlementaire.
Pour être en mesure de discuter du problème, je me suis
rendu, la semaine dernière, au Centre Paul-Sauvé et j'ai
assisté à la réunion qui groupait 3,000 à 3,500
personnes. J'ai écouté ce qui s'est dit et je me suis rendu
compte que ni les propriétaires, ni les chauffeurs, ni les associations
ne sont satisfaits du règlement. Je me demande donc sérieusement
à partir de quelle base, de quelles consultations ledit règlement
a été préparé et proposé à
l'Assemblée nationale. Il y a lieu de s'interroger sur ce point.
Les chauffeurs et les propriétaires de taxis présents
à la réunion ont adopté deux résolutions. Ils ont
adopté une résolution, que j'endosse, d'ailleurs, à
l'effet de suspendre temporairement l'adoption de ce règlement tant et
aussi longtemps qu'eux-mêmes n'auraient pas eu l'occasion de se faire
entendre, de se former en comités pour faire leurs
représentations et dire au gouvernement quelle sorte de règlement
ils désirent pour corriger les injustices et les abus dont ils sont
victimes. Ces propriétaires et ces chauffeurs de taxis, de même
que les associations ne sont pas intéressés à se faire
"encarcaner" par un règlement dont certaines clauses sont tout
simplement stupides. Je m'excuse, M. le Président, mais certaines
clauses sont tout simplement stupides. Pour que cette commission parlementaire
puisse faire un travail vraiment positif, il faut enlever la tension. Inutile
de vous dire qu'il y a une tension dans l'air à l'heure actuelle, non
seulement à Montréal et à Québec, mais j'ai eu
l'occasion, hier soir, de rencontrer des chauffeurs de taxi de mon comté
et eux aussi sont très inquiets.
Comme fixer la date du 1er février pour l'entrée en
vigueur de ce règlement, je pense que la motion de l'honorable
député de Bellechasse devrait inclure il a peut-être
le droit d'ajouter quelque chose; en tout cas, j'en fais un sous-amendement
qu'on suspende la date du 1er février afin de permettre la
formation d'une commission à laquelle participeront les
différents groupes, comme le propose la motion du député
de Bellechasse. Je le demande au gouvernement parce que je ne voudrais pas
faire un débat de procédure sur ce point.
Je trouverais très malheureux qu'autour de cette table nous
fassions un débat de procédure ce matin alors que ces gens sont
venus de Montréal, de partout ailleurs au Québec pour se faire
entendre et nous dire ce qu'ils en pensent.
Je demande au gouvernement un effort de collaboration, un effort de
compréhension pour amoindrir la tension qu'il y a dans l'air en nous
annonçant immédiatement que le présent règlement
est suspendu jusqu'à ce que toutes les associations, les
représentants des chauffeurs, du monde du taxi aient pu se faire
entendre, aient eu le temps de présenter leurs mémoires. Nous
sommes aujourd'hui le 16 janvier et le 1er février est une date
très rapprochée. Si le gouvernement décide d'accepter
certains amen-
dements au cours de cette semaine ou au cours de la semaine prochaine,
il faudra quand même qu'on ait le temps de les étudier. Faire
travailler la commission dans un délai aussi court, j'appelle cela
travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de la
tête. Les associations, les chauffeurs de taxis et tout le monde du taxi
ont exactement quinze jours de délai avant que le règlement ait
force de loi. Le problème a de l'ampleur, il y a de nombreuses
implications. Il faut l'étudier sérieusement si nous voulons
faire un travail vraiment valable, un travail vraiment objectif et si nous
voulons régler les problèmes du monde du taxi. Il faut rendre
service à ces gens pour leur permettre d'avoir leur association, leur
mot à dire et d'avoir une réglementation qui leur donne
satisfaction et qui, en plus, donne satisfaction au public.
Il ne faut pas oublier qu'il y a quand même le public à
considérer dans ces faits. Il faudra prendre le temps d'étudier
ce règlement pour en connaître toutes les implications. Si cela
était appliqué comme tel, quelles seront les conséquences
au point de vue du service qui est assuré au public? Pour toutes ces
raisons, sans faire un débat de procédure, j'appuierai la motion
de l'honorable député de Bellechasse mais en ajoutant un
amendement, même si nous ne pouvons pas en proposer. Comme le
règlement ne nous le permet pas c'est ce que j'ai cru comprendre
en lisant notre règlement je demande au gouvernement, sans qu'il
nous soit nécessaire de faire un débat de procédure,
d'annoncer immédiatement à ces gens que la date du 1er
février est suspendue jusqu'à ce que tout le monde ait eu
l'occasion de se faire entendre. Je demande cela au gouvernement.
M. LOUBIER: Si le député de Beauce me permet, c'est
qu'implicitement, en demandant la remise à quatre mois, la date du 1er
février tombe. C'est le sens de la motion que j'ai faite.
M. BLANK : Cela ne sert à rien de le faire. La date ne compte
pas.
M. PINARD: Je pense bien qu'il s'inférait assez logiquement et
assez clairement de l'intervention que j'ai faite tantôt que le
gouvernement ne s'est pas accroché à la date limite du 1er
février pour la mise en vigueur du règlement puisque
lui-même a pris la responsabilité de convoquer cette commission
parlementaire pour entendre ceux qui sont vraiment intéressés
à donner leur opinion pour ou contre le règlement et offrir des
solutions de rechange dans la mesure du possible. Donc, la porte a
été ouverte pour décaler dans le temps la mise en vigueur
du règlement. Je n'ai pas voulu le faire sous forme d'amendement, c'est
pourquoi je demande qu'on laisse la chance aux gens du taxi de venir nous dire
ce qu'ils ont à dire. Après, nous, puisque c'est notre
responsabilité et je ne veux faire le procès de personne
nous ferons la procédure qui s'impose pour décaler dans le
temps la date de la mise en application du règlement. Mais c'est nous
qui le déterminons après avoir entendu de façon
responsable, de façon objective et de façon vraiment participante
ceux qui ont quelque chose à nous dire. Mais déjà les
parlementaires veulent limiter un peu le cadre même du fonctionnement de
la commission parlementaire. Je trouve que c'est prématuré et que
cela n'était pas là l'invitation qui avait été
faite aux gens du taxi.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire que le 1er février n'est pas une
date définitive, si j'ai bien compris le sens de votre intervention.
M. PINARD: II s'agit d'un projet de règlement. J'espère
qu'on l'a compris. C'était textuel dans la déclaration du 16
décembre que j'ai faite à l'Assemblée nationale. A ce
moment-là, tous les représentants des partis en Chambre ont
donné leur accord sachant que cela était un projet de
règlements susceptible d'être discuté et amendé en
cas de nécessité. Nous sommes encore dans la même
situation. Je ne vois pas pourquoi on voudrait ce matin faire de la
procédurite et faire un tant soit peu de l'obstruction alors que nous
avons des gens devant nous qui sont venus, au nombre de 2,000 à ce qu'on
me dit, pour se faire entendre.
M. LOUBIER: Sur un point de règlement. M. PINARD : Nous avons 30
mémoires... M. LOUBIER : Sur un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LOUBIER: Le ministre n'a tout de même pas le droit de nous
prêter des intentions de faire de l'obstruction, de faire de la
procédurite.
Nous voulons tout simplement que ce ne soit pas un règlement
matraquant tout le monde c'est simplement cela mais qu'il y ait
de la participation et le consentement de la part des propriétaires et
des chaffeurs, que ce soit un règlement qui tienne compte de leur
liberté d'action et de leurs préoccupations. C'est tout ce que
nous voulons.
M. PINARD: C'est précisément ce que j'ai dit. Je voudrais
qu'on n'interprète pas mes paroles de façon
outrancière.
M. LOUBIER: Dites-le comme il faut.
M. PINARD: Cela dépend de quels objectifs vous poursuivez ce
matin.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aimerais bien
comprendre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, messieurs!
M. PINARD: Cela dépend de quels objectifs le chef de l'Opposition
poursuit ce matin.
M. LOUBIER: Je poursuis un objectif qui est beaucoup plus
réaliste que le vôtre.
M. PINARD: Les gens sont ici pour comprendre et ils diront ce qu'ils
pensent.
M. ROY (Beauce): Pour bien comprendre, j'ai laissé le ministre
dire quelque chose au cours de mon intervention et on peut conclure, on peut
déduire que la date du 1er février n'est pas
définitive.
M. PINARD: Parfait.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je ne comprends pas
pourquoi le chef de l'Union Nationale ressuscitée nous présente
une motion comme celle de ce matin. Surtout quand on sait que le parti
politique qui, à l'Assemblée nationale, a fait le plus de
pression pour que le ministre dépose la réglementation avant
l'ajournement des Fêtes, c'est l'ancien parti de
l'Unité-Québec par la bouche du député de
Chicoutimi. C'est le député de Chicoutimi qui a insisté le
plus, en disant que ça pressait, pour qu'on dépose toute la
réglementation du taxi avant l'ajournement des Fêtes afin de
l'étudier, afin de convoquer les gens qui sont concernés par le
taxi, c'est-à-dire les gens qui sont ici. Ce matin, vous avez des
centaines de personnes ici et il semblerait qu'il y en a des centaines dehors
qui manifestent parce qu'elles veulent avoir une réglementation qui ne
soit pas une loi matraque. Je suis d'accord pour que personne ne soit
lésé dans ses droits. Mais pourquoi remettre à tant de
mois l'étude en formant un comité, ainsi de suite, quand on sait
que la plupart des articles dans le règlement no 6 vont s'appliquer
automatiquement seulement le 1er novembre. C'est seulement un projet de
réglementation, le 1er février. Je ne pense pas que les
chauffeurs de taxi que ce soit un chauffeur artisan ou un autre
peu importe ce qu'ils représentent ici, ont les moyens de prendre des
journées tous les quinze jours pour venir à la commission
parlementaire et qu'on arrive avec une motion d'ajournement disant:
Allez-vous-en chez vous puis vous reviendrez dans un ou deux mois. Je pense que
la réglementation a fait son chemin depuis que cela a été
déposé à l'Assemblée nationale. Lorsque le ministre
a déposé ces règlements, je me suis permis de dire, et je
le répète ce matin, que je voulais étudier cette
réglementation pour le bien de tous les gens concernés par
l'industrie du taxi, sans faire de partisanerie politique, et c'est dans ce
sens que je vais continuer.
Je me demande pourquoi remettre l'étude d'un problème
aussi complexe, aussi urgent quand on sait que ça fait vingt-cinq ans
que tous ceux qui travaillent dans le taxi demandent que le gouvernement fasse
quelque chose. Je ne dis pas que je suis d'accord entièrement sur tout
ce qui est proposé dans le règlement no 6. Il va falloir en
discuter et ne pas décider seuls, mais avec les gens qui sont là.
Ils sont venus pour ça ce matin. Pourquoi ne pas les entendre, et s'ils
nous disent des choses qui ont du bon sens, s'ils nous prouvent que telle chose
n'a pas de bon sens, on révisera nos positions en temps et lieu.
Pourquoi remettre ça à trois et quatre mois, quand c'est l'Union
Nationale qui a insisté pour qu'on le dépose le plus tôt
possible? Je suis contre la motion du chef de l'Unité Nationale, pardon
de l'Union Nationale.
M. LOUBIER: M. le Président, en invoquant l'article 97, il est
vrai que nous avons demandé à plusieurs reprises qu'il y ait le
dépôt le plus rapidement possible de ce projet afin de donner le
temps à toutes les associations, à tous les chauffeurs de
l'analyser, d'en mesurer les conséquences. C'est cela que le
député n'a pas dit. C'est pourquoi on a déformé
l'attitude qu'on a prise. C'est justement dans ce sens. Deuxièmement, je
dois corriger lorsqu'il dit que ma motion signifierait que tous ceux qui sont
venus pour se faire entendre ne peuvent se faire entendre. Vous étiez
témoin, M. le Président, j'ai clairement signalé que l'on
pourrait quand même entendre tous ceux qui étaient prévus
ce matin, mais, par ce délai de quatre mois, permettre à tous les
autres de l'étudier et de venir eux aussi se faire entendre.
Je n'ai pas d'objection à ce que ceux qui se sont
dérangés ce matin puissent se faire entendre, si c'est le
consensus de la commission, mais il faut donner la chance à tous les
autres, également, de se faire entendre, de s'allier sur les points qui
leur semblent communs et, en même temps, pour le gouvernement, de
préparer des modifications qui seraient acceptables pour tout le
monde.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, il me reste encore
du temps sur mes dix minutes, je pense. Je suis député d'un
comté de Montréal. C'est là que le problème est le
plus aigu, dans l'industrie du taxi. Je sais que depuis un mois, depuis le
dépôt du règlement no 6, il y a eu tellement
d'interprétations à la télévision, sur les "hot
lines", partout dans les journaux qu'actuellement non seulement le chauffeur de
taxi, qui n'est pas un politicien et qui n'est pas habitué à
étudier des lois, mais nous-mêmes, nous sommes obligés de
reprendre tout le règlement pour voir si c'est bien ce que nous avons
compris. Il y a eu toutes sortes d'interprétations, vraies ou fausses.
Chacun a interprété ce règlement à sa
manière. Aujourd'hui, la plupart des gens se demandent où nous
allons avec cela. Alors c'est le temps de sortir le chat du sac, c'est le temps
de laver l'affaire, c'est le temps de l'étudier. Cela ne donnerait rien
de
remettre cela à quatre mois. Je continue donc à dire que
je suis à 100 p.c. contre la motion du député de
Bellechasse. Cela ne réglerait absolument rien. C'est le temps de
régler le problème et d'en discuter.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Afin que tout soit bien compris, je
fais lecture de la motion, à nouveau: "Que la commission accepte de
former un comité spécial, formé de représentants du
ministère des Transports et de tous les secteurs d'activité du
taxi, pour une révision du règlement no 6".
M. PAUL: M. le Président, en tant que porte-parole de l'Union
Nationale...
LE PRESIDENT (M. Séguin): On a déjà entendu le
représentant.
M. PAUL: Non. Il a proposé la motion.
M. PINARD: Est-ce pour l'appuyer que vous intervenez?
M. PAUL: Oui, c'est pour l'appuyer, très brièvement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Très brièvement, si vous
voulez, oui. Autrement, voyez-vous, ce à quoi cela nous conduit, c'est
qu'il peut y avoir deux autres porte-parole dans chaque parti.
M. PINARD: Celui qui appuie la motion. LE PRESIDENT (M. Séguin):
Très bien.
M. PAUL: Je vous dirai, M. le Président, que maintenant, nous
n'avons plus besoin d'une personne pour appuyer notre motion, devant nos
commissions.
M. PINARD: Alors pourquoi intervenez-vous? Nous nous étions
entendus pour avoir un représentant par parti, pour parler sur la
motion.
M. PAUL: Parce que le député de Bellechasse a
proposé la motion. Le règlement dit que chaque parti a droit
à un représentant qui peut exprimer les points de vue de son
parti durant une période maximum de dix minutes. Je ne prendrai pas dix
minutes, M. le Président.
C'est tout simplement pour inviter le ministre des Transports à
se rendre à l'invitation qui lui est faite, ce matin, par le chef de
l'Union Nationale. Quelle hâte avons-nous d'adopter le règlement
no 6, alors que la Commission des transports n'est pas encore
créée? La loi a été sanctionnée le 8 juillet
1972. Le gouvernement n'a pas encore nommé la Commission des transports.
Par conséquent, même si le règlement était
adopté avant le 1er février, la commission n'est pas encore
formée, même si, cependant, on a nommé un membre de la
commission du tribunal d'appel, le juge Four-nier, depuis le 15 juillet,
tribunal d'appel qui ne peut entendre aucune cause, puisque la commission n'a
encore rendu aucune ordonnance.
La demande du député de Bellechasse n'a pas pour effet de
brimer ceux qui se sont présentés ce matin. Au contraire, tout en
leur donnant l'occasion d'exprimer leur point de vue, c'est pour qu'on puisse
également donner la chance à ceux qui ont pris connaissance du
rapport il n'y a que trois ou quatre jours de faire, plus tard, des
représentations devant cette commission. Entre-temps, le chef de l'Union
Nationale propose de créer un comité formé de
représentants du ministère des Transports et également de
tous les secteurs de l'industrie du taxi, pour que l'on révise
l'opportunité de modifier le règlement no 6.
Je suis fort heureux de constater que le député de
Sainte-Marie lui-même a soutenu la logique de la motion du
député de Bellechasse quand il a dit que, devant la
complexité de ce texte, il nous fallait, même si nous avons plus
d'expérience, beaucoup de temps pour analyser toutes les implications de
ce règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est cela.
M. PAUL: M. le Président, c'est un fait. Le député
de Chicoutimi a pressé le gouvernement de déposer l'avant-projet
de règlement que l'on nous a communiqué le 21 décembre,
qui a été déposé en Chambre le ou vers le 20
décembre.
Nous avons connu la période des Fêtes et, dans la Gazette
officielle du samedi 6 janvier, annonce était faite pour la tenue de la
séance de la commission parlementaire de ce matin.
Je ne voudrais pas que le ministre ait l'impression que nous voulons
paralyser le travail de cette commission, absolument pas. C'est dans un grand
geste de collaboration et, surtout pour aider davantage ceux-là qui
seront affectés par ce règlement futur que nous voulons
travailler comme nous l'avons fait à l'occasion de l'étude de la
loi 23. Le ministre des Transports sait fort bien avec quelle
objectivité nous avons eu nos séances de la commission des
transports. Tous les députés présents à cette
commission ont travaillé pour donner, arrêter ou choisir un texte
qui réponde aux besoins du monde du transport.
C'est encore dans le même esprit de coopération, surtout de
protection à l'endroit de tous les intéressés au monde du
taxi, et afin de mettre de l'ordre dans l'exercice de cette profession que le
député de Bellechasse a fait sa motion.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque le député de
Maskinongé interprétait mes paroles, c'était un peu
conforme à ce que je disais. Mais je voulais préciser qu'il ne
s'agit pas pour moi de hâter les choses et d'essayer d'adopter le
règlement no 6 ce soir ou demain. Quant à moi,
c'est tellement important, ça concerne tellement de monde que je
demande que la commission parlementaire siège autant de jours qu'il le
faut pendant quatre mois à toutes les semaines, s'il le faut, mais qu'on
commence tout de suite l'étude de toute cette réglementation avec
les gens concernés par le taxi; c'est ça que je veux dire.
Je ne veux pas hâter les choses et je ne veux pas faire ça
à la légère. Ce n'est pas un cadeau, toute cette
affaire.
M. PINARD: M. le Président, nous notons la volonté de
collaboration de toutes les parties en cause pour nous permettre d'entendre
ceux qui doivent l'être.
M. BELAND: Etant donné qu'il y a eu d'autres interventions,
est-ce que vous pourriez relire la motion en entier?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vais relire la motion
immédiatement et après, sans débat, le vote. "Que la
commission accepte de former un comité spécial formé de
représentants du ministère des Transports et de tous les secteurs
d'activités du taxi pour une révision du règlement no
6."
M. ROY (Beauce): Est-ce que je peux vous poser une question qui est, en
fait, une demande de directive?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Une directive, oui.
M. ROY (Beauce): Est-ce que cette motion signifie, si elle était
acceptée, qu'il y a ajournement de la commission
immédiatement?
M. LOUBIER: Si le député de Beauce me le permet, j'ai
suggéré tout à l'heure que je n'avais pas d'objection
à ce que les parties qui devaient être entendues ce matin le
soient, puisqu'appa-remment leur rapport est prêt. Mais qu'on donne
à toutes les autres parties un laps de temps tel qu'elles puissent,
elles, à leur tour, revenir dans un mois ou deux.
M. ROY (Beauce): Sur la motion, nous sommes d'accord, mais à
condition que la commission parlementaire entende les personnes qui sont ici.
Nous tenons à ce que les gens qui se sont déplacés ce
matin puissent être entendus.
M. PINARD: Je tiens à souligner que nous avons suffisamment
d'intervenants aujourd'hui pour aller jusqu'à minuit ce soir. Nous avons
une liste de 37 associations qui ont demandé à être
entendues; 266 personnes ont demandé à être entendues,
probablement pour exprimer leur opposition totale ou partielle au
règlement, un nombre à peu près égal de personnes
ont demandé à être entendues sans spécifier cepen-
dant si c'était pour préciser leur opposition ou leur accord face
à ce règlement.
Vous voyez que nous avons passablement de pain sur la planche. Cessons
de faire de la procédure et écoutons ceux qui doivent être
entendus.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour ou contre la motion. M. Audet?
M. AUDET: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Béland?
M. BEL AND: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Théberge?
M. THEBERGE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Loubier?
M. LOUBIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Perreault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Paul?
M. PAUL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Blank?
M. BLANK: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Bossé?
M. BOSSE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Tremblay (Sainte-Marie).
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Contre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La motion est rejetée. Contre:
9. Pour: 4.
Nous entendrons le député de Beauce.
Je crois que nous étions rendus au député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, permettez-moi de commencer en
souhaitant la plus cordiale bienvenue à tous les
intéressés au taxi. Aussi, au nom de mon groupe, je prends la
liberté de souhaiter à tous une bonne heureuse et fructueuse
année!
Devant les points litigieux et complexes que nous avons à
débattre ce matin, je crois qu'il est très important que le
principe de la consultation soit utilisé sincèrement. Souvent, le
gouvernement se dit consultatif, semble vouloir aller à la consultation
et fait des règlements à l'avance; souvent, il est assez
difficile d'avoir une consultation efficace et sincère. Je crois qu'en
ce domaine on devrait utiliser ce principe de la consultation et du dialogue,
franchement et sincèrement.
Suite au renversement de la motion du député de
Bellechasse, je crois que, de toute façon, il faut tout de même
commencer quelque part. Même si toutes les parties en cause ne sont
peut-être pas préparées pour présenter leur rapport
immédiatement, comme le ministre du transport nous le disait tout
à l'heure, il y a amplement de rapports présentés pour que
nous puissions au moins travailler aujourd'hui.
Je dirais que cette date du 1er février, mentionnée au
règlement no 6, pourrait probablement être biffée pour
enlever toute ambigui-té, toute crainte aux parties en cause de se voir
limiter ou se voir enlever le droit de parole. Si cette date du 1er
février plane toujours au-dessus des travaux de cette commission, ce
sera probablement interprété comme une date limite quant aux
interventions des parties concernées. Je dis que cette date devrait, je
crois, disparaître du règlement.
Je souhaite, au nom de mon parti, la plus cordiale bienvenue à
toutes les délégations présentes et nous souhaitons
qu'avec toute la lumière qu'apportera cette consultation, en arriver
à une conclusion des plus valables pour tous les
intéressés à l'industrie du taxi et aussi pour toute la
population. Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, avant de commencer
nos travaux officiellement, je dois dire d'abord... Je pense que tous les
membres de la commission et tous les gens qui sont ici dans la salle sont
d'accord pour dire que la réforme, dans le domaine du taxi, s'impose et
est urgente. Il s'agit d'avoir la bonne, d'avoir de bonnes réformes, une
bonne réglementation.
Ce qui est arrivé depuis le dépôt du
règlement no 6, je crois, c'est que, consciemment ou inconsciemment
je ne dis pas que c'est par malhonnêteté que des gens l'ont
fait; c'est très complexe, c'est très difficile d'étudier
et de comprendre toutes les implications d'une réglementation qui
comprend autant d'articles il y a eu différentes
interprétations. Je ne blâme personne, je n'accuse personne
d'avoir voulu induire des gens en erreur. Au contraire, je m'en garde bien.
Mais je sais et tout le monde en a pris part, on a lu des
déclarations dans les journaux, on a écouté des
déclarations à la radio, à la télévision
- qu'il y a eu différentes interprétations d'articles dans
le règlement no 6. Cela se comprend. Même les gens qui ont
donné de fausses explications ne l'ont certainement pas fait
exprès. C'est très difficile, et je répète un peu
ce que je disais tantôt. On est ici à l'Assemblée
nationale, on passe la journée à étudier des projets de
loi et, parfois, on est obligé de consulter d'autres personnes pour
être bien certain qu'on a bien compris tel ou tel règlement.
On peut dire que les esprits sont mêlés, probablement
autant chez les parlementaires que chez les gens qui sont concernés par
le taxi. On peut dire que, dans tout ce qui a été écrit
dans les journaux ou dit à la radio, à la
télévision, il y a eu des contradictions; il y a eu des
explications contradictoires.
Aujourd'hui, les chauffeurs de taxi, chauffeurs artisans,
propriétaires de flottes, enfin tout le monde se demande ce qui se
passe, ce qui va arriver. Il y a peut-être une chose qui a manqué,
peut-être que cette réglementation n'a pas été assez
vulgarisée, n'a pas été assez expliquée par le
gouvernement au grand public et surtout aux gens concernés.
Nous sommes d'accord sur une réglementation dans l'industrie du
taxi. C'est d'ailleurs ce que les gens du taxi demandent depuis des
années. Nous avons eu ici des délégations. L'hiver
passé, au nom de mon parti, j'ai fait une étude, avec des membres
du parti, et nous avions soumis aux chauffeurs de taxi, à tous les gens
concernés dans l'industrie du taxi un projet de règlement qui
disait que c'était un projet de consultation.
Ce n'était pas un projet que nous présentions en
prétendant être possesseurs tranquilles de la
vérité. Nous ne disions pas que c'était ça qu'il
fallait qu'il fasse. Au contraire, pour notre projet nous sommes allés
voir des chauffeurs de taxi. Nous sommes allés voir des
présidents d'organismes, des propriétaires de taxis et nous les
avons consultés autant que possible. Nous en sommes venus à la
conclusion que c'est très complexe, très difficile d'appliquer
une réglementation qui va éviter de léser les droits de
chacun et qui va satisfaire tout le monde, et les gens du taxi et le
public.
Nous en sommes venus à la conclusion qui n'est pas finale. A
mesure que se dérouleront les discussions de la commission
parlementaire, les exposés des gens du taxi, nous pourrons
réviser notre tir en cours de route, parce qu'il n'y a pas beaucoup de
députés qui sont chauffeurs de taxi. Il n'y a rien comme un
chauffeur ou un
propriétaire de taxis pour nous expliquer des choses clairement
et nous faire comprendre des choses que, souvent, on ne comprend pas. Que
voulez-vous? Nous ne sommes pas dans l'industrie du taxi.
Ceci étant dit, M. le Président, je tiens d'abord à
assurer le ministre que le Parti québécois est favorable à
la réforme d'ensemble préconisée par le règlement
no 6, et je dis bien la réforme d'ensemble. Je ne dis pas que nous
sommes d'accord sur tout le règlement. Nous en discuterons lors des
séances. La situation actuelle, en effet, ne pouvait plus durer et il
fallait se résoudre à des réformes en profondeur. Il
fallait, en particulier, mettre un terme à l'exploitation des petits par
les gros, même si, à ce point de vue, le règlement no 6, en
se contentant de restreindre les flottes au lieu de les abolir
complètement, ne va pas assez loin.
Il est évident qu'il constitue un pas très important dans
la bonne direction. C'est pourquoi nous disons à tous les petits qui
oeuvrent actuellement dans le domaine du taxi, qu'ils soient
propriétaires ou simples membres, qu'ils ne doivent pas être dupes
de la campagne que mènent actuellement certains gros
intérêts pour bloquer une réforme qui profiterait surtout
aux moins riches.
Bien qu'il doive être amélioré sur un certain point,
le règlement no 6 ne doit pas être changé dans son
principe. Je dis bien dans son principe parce que, tantôt, vous verrez
que nous préconisons bien des changements. Sans le dire explicitement,
le règlement no 6 considère le taxi comme un service public.
C'est d'ailleurs ce qui justifie une intervention aussi poussée de
l'Etat dans ce domaine.
C'est donc dire que le taxi a sa place parmi les modes de transport en
commun, que ce soit dans les milieux ruraux ou les milieux urbains. C'est
pourquoi nous insistons auprès du ministre pour qu'il complète sa
réglementation actuelle par la publication d'un plan d'ensemble sans
lequel il est difficile de planifier à long terme.
Evidemment, l'absence d'un tel cadre, à long terme, ne doit pas
nous empêcher de tenter de régler les problèmes tels qu'ils
se posent actuellement. C'est pourquoi la mise en application du
règlement no 6 ne saurait être retardée. Lorsque je dis ne
saurait être retardée, ça ne veut pas dire qu'on ne doit
pas prendre le temps de l'étudier. Cela peut même vouloir dire des
mois.
A cet égard, voici les principaux secteurs où il nous
semble que le règlement devrait être modifié et au sujet
desquels nous sommes désireux d'entendre les représentants du
taxi. Le premier et peut-être le plus important de ces secteurs, M. le
Président, c'est celui des relations entre le propriétaire de
taxis et la centrale de contrôle.
A l'heure actuelle, le chauffeur de taxi se considère comme un
artisan qui est libre de disposer à sa guise de l'emploi de son
temps.
Cela ne veut pas dire qu'il ne travaille pas beaucoup, au contraire.
Tout le monde sait que les chauffeurs de taxi ont de longues heures de travail.
Mais il existe actuellement dans le taxi un climat d'autonomie psychologique
qui est une des caractéristiques de cette industrie. Or, voici que le
règlement, pour des motifs que nous comprenons, puisqu'il s'agit d'un
service public, substitue à ce régime d'autonomie un
régime d'enrégimentation semblable à celui qui existe dans
une usine. Nous ne croyons pas qu'il soit réaliste ou même
nécessaire d'aller aussi loin dans toute la réglementation. Je
sors un peu du texte, je pense que le gouvernement est allé un peu trop
loin dans toute la réglementation, lorsqu'il dit que le chauffeur de
taxi ne doit pas fumer ou adresser la parole, je n'insisterai pas
là-dessus mais tout de même.
Nous suggérons que chaque propriétaire puisse s'entendre
à l'amiable avec sa centrale de contrôle sur l'utilisation de son
temps, pourvu que son véhicule, je donne un exemple, soit en service au
moins 2,8880 heures par année, c'est-à-dire l'équivalent
de 60 heures par semaine durant 48 semaines. Ce n'est qu'en cas
d'impossibilité de fournir les services nécessaires durant
certaines périodes que les chauffeurs pourraient être
réquisitionnés. En ayant une norme actuelle au lieu d'une norme
quotidienne, on pourrait garder aux taxis le climat de liberté auquel on
est habitué.
Le deuxième point porte sur la participation à la gestion
de l'industrie des chauffeurs de taxi qui ne sont pas propriétaires.
Nous suggérons qu'un certain nombre de représentants des
chauffeurs non propriétaires proportionnellement à leur nombre
total dans chaque agglomération puisse siéger au conseil
d'administration de l'association de taxis. Si les chauffeurs en question sont
syndiqués, leur représentant devrait être nommé par
le syndicat concerné, c'est-à-dire que le représentant
devrait être nommé par eux-mêmes en assemblée
où ils élisent leur représentant au syndicat.
Troisièmement, nous ne voyons pas pourquoi on permettrait
à des corporations de détenir jusqu'à 20 permis alors que
l'individu est limité à un seul permis. Quelle peut être la
raison d'un tel privilège si ce n'est de donner un prix de consolation
aux flottes actuelles. Le ministre devrait aller au bout de sa réforme
et faire disparaître ce privilège du passé. Il ne doit pas
y avoir deux poids, deux mesures.
Quatrièmement, nous nous posons des questions sur l'origine des
fonds qui serviront à payer les compensations pour les permis abolis.
Dans un cas au moins, celui de l'article 367, cette compensation est
payée par l'association du taxi. Nous nous opposons à cette
façon de procéder. C'est au gouvernement qu'il revient de payer
pour la réforme de cette industrie. Les petits artisans ne sont
aucunement responsables de la prolifération des permis et ce n'est pas
à eux de payer pour les erreurs des autorités publiques qui ont
accordé ces permis.
Cinquièmement, nous nous demandons pourquoi l'Association de
taxis n'est pas instituée sous forme de coopérative plutôt
que sous la forme d'une compagnie sans but lucratif. Il y aurait beaucoup
d'avantages à ce que ces associations fassent partie de l'ensemble du
mouvement coopératif. Nous invitons donc le ministre à
réviser sa position sur ce sujet. Lorsque nous parlons de mouvement
coopératif, on sait tous les avantages que ça peut apporter sur
l'achat, l'essence, les réparations, les assurances, ainsi de suite.
Sixièmement, nous engageons le ministre à élargir
la notion du service de taxis pour permettre le transport occasionnel de menus
objets. Cette pratique est courante et très utile. Elle ne peut
être remplacée par d'autres modes de transport et ne nuit à
personne. Il vaudrait mieux l'accepter comme telle, la réglementer
plutôt que de continuer à fermer les yeux. Il y aurait
également lieu de prévoir la possibilité de tarifs
convenus à l'avance dans le cas de voyages répétés
régulièrement comme le transport d'écoliers.
Septièmement, nous croyons qu'il y aurait lieu de réduire
au minimum les tracasseries et contrôles administratifs. Les chauffeurs
de taxi ne doivent pas se sentir en liberté surveillée. Le
ministre devrait avoir autre chose à faire que d'approuver
l'établissement de chacun des postes de stationnement, tel que
mentionné à l'article 103. Enfin, certains cautionnements comme
celui requis pour faire opposition, mentionné à l'article 119,
nous semblent trop élevés.
Voilà donc les principaux points où, à la simple
lecture du projet de règlement et sans avoir encore entendu les parties,
il nous semble que des amendements sont requis.
Il est un autre point où nous tenons à entendre les
intéressés avant de nous prononcer d'une façon
définitive: il s'agit de l'établissement d'une association unique
pour chaque agglomération urbaine. C'est un point sur lequel on a
hâte d'entendre les gens concernés. C'est une solution que nous
avons nous-mêmes proposée, sous forme coopérative, dans un
document de travail que nous avons soumis à la consultation des
travailleurs du taxi. La réponse que nous avons reçue
jusqu'à maintenant ne nous permet pas de conclure d'une façon
certaine à la viabilité de cette formule malgré ses
avantages évidents. C'est la conclusion de la réponse que nous
avons eue des gens du taxi.
Il se peut, en effet, que le gigantisme de cette formule dans un
territoire comme celui de l'île de Montréal, son aspect de
monopole et la rigidité de ses structures en rendent l'application trop
onéreuse. Plusieurs nous ont fait savoir qu'il serait possible de
transformer les organisations actuelles en quelques coopératives de
grandeur moyenne ayant plus d'avantages pour les travailleurs du domaine du
taxi et pour les clients qu'une seule organisation omnipuis-sante. D'un autre
côté, il est certain que la rationalisation de cette industrie
serait rendue beaucoup plus facile par l'existence d'une structure unique.
Voilà donc un sujet où il nous tarde d'entendre les
représentants des principaux intéressés de façon
à ajuster la réforme aux exigences de la
réalité.
Il y a également plusieurs modalités du règlement
où nos travaux devraient apporter des éclaircissements. Les
limites du nombre de permis sont-elles trop élevées ou trop
basses? Les compensations sont-elles trop ou pas assez
généreuses? Les normes de service et de sécurité
sont-elles nécessaires ou tracassières? C'est là qu'il
doit y avoir beaucoup de discussions. Sur chacun de ces sujets, la discussion
publique de ce projet de règlement ne peut être que très
utile. C'est pourquoi, tout en insistant sur l'urgence de passer à
l'action, nous serons très heureux d'entendre les représentants
de tous ceux qui oeuvrent dans le domaine du taxi.
Voilà, en résumé, les conclusions auxquelles nous
en sommes venus après consultation, après l'étude du
règlement no 6. Ce ne sont pas des propositions finales et je n'ai pas
la prétention de dire que c'est la solution miracle. Nous en sommes
venus à ces conclusions quitte à en discuter en commission
parlementaire. C'est pour cela que je tiens beaucoup à ce que la
commission parlementaire siège autant de jours qu'il sera
nécessaire; qu'on retarde l'application du règlement autant que
c'est nécessaire, car il s'agit de trouver la formule satisfaisant tout
le monde, le public et les chauffeurs artisans, c'est-à-dire tous ceux
qui vivent de l'industrie du taxi. Il s'agit de rendre cette industrie rentable
pour l'individu et d'en faire un travailleur au même niveau que tous les
autres travailleurs de la société. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. le Président, vous me permettrez une question,
même si j'ai bien hâte d'entendre les gars du taxi. Il y a son
troisièmement qui m'embête un peu. Je me demande si les
recherchistes du député de Sainte-Marie ne lui ont pas
indiqué que la seule différence qu'il y a entre un individu et
une corporation, quand il s'agit de détenir des permis, c'est une
dépense d'à peu près $300 pour s'incorporer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une dépense de...
M. BERTHIAUME: D'à peu près $300 pour s'incorporer. C'est
à peu près la seule différence. Vous mettez en opposition
les individus et les corporations.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. BERTHIAUME: Vous dites deux poids, deux mesures. Si vous, comme
individu, comme n'importe quel gars ici, voulez posséder un taxi,
vous n'avez qu'à vous incorporer, qu'à aller au
ministère des Institutions financières avec un avocat et
ça coûte à peu près $300.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous dites: Si quelqu'un veut posséder
deux taxis...
M. BERTHIAUME: II n'a même pas besoin d'avocat.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Excusez.
M. BERTHIAUME: A l'extrême, pour le gars qui ne comprend pas
cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne m'oppose pas à ce que vous
dites; ce sont des éclaircissements et c'est pour cela que nous sommes
ici. Vous dites qu'un propriétaire de deux voitures, par exemple, peut
s'incorporer. C'est ce que vous avez dit?
M. BERTHIAUME: II peut.
DES VOIX: Même avec une voiture.
M. BERTHIAUME: II le peut. S'il veut aller à vingt. Vous dites
qu'il y a deux poids, deux mesures. Il n'y a pas deux poids, deux mesures.
N'importe quel chauffeur de taxi peut s'incorporer.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque vous lisez notre
troisièmement, nous disons: "Nous ne voyons pas pourquoi on permettrait
à des corporations de détenir jusqu'à vingt permis alors
que l'individu est limité à un seul permis." C'est cela, dans la
réglementation. "Quelle peut être la raison d'un tel
privilège si ce n'est de donner un prix de consolation aux flottes
actuelles? " C'est cela.
M. BERTHIAUME: Peut-être que, si le député
s'expliquait dans ses mots plutôt qu'avec les mots de ses recherchistes,
on comprendrait mieux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une flotte de taxis peut avoir vingt permis
et un chauffeur artisan doit avoir un seul permis.
M. BERTHIAUME: II n'a qu'à s'incorporer et il pourra en avoir 20.
Cela coûte $300.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui. Je comprends. Il n'a qu'à
s'incorporer et il pourra en avoir 20. Ils n'ont pas tous l'argent...
Audition des témoins
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
Nous allons donc entendre les représentants des associations ou
les individus qui voudront bien se faire entendre. Pour le moment, nous
suivrons l'ordre suivant: le premier groupe à se faire entendre sera
l'Association des propriétaires de taxis de Laval, Coopérative
des propriétaires de taxis de Laval. Le deuxième groupe sera
l'Association des propriétaires de taxis Diamond Veterans. Le
troisième groupe sera Sherbrooke Radio Taxi. Le quatrième sera
l'Organisation des chauffeurs de taxis de Montréal.
Cinquièmement, nous entendrons des représentants des chauffeurs
de taxi de Sept-Iles, il y en aurait cinq qui... Les chauffeurs de taxi de
Sept-Iles...
M. LOUBIER: Ce n'est pas plutôt de Baie-Comeau? Parce qu'il y a un
groupe de Baie-Comeau également qui...
LE PRESIDENT (M. Séguin): On me dit Sept-Iles. Il s'agirait
d'éclaircir cela.
M. LOUBIER: Sept-Iles et Baie-Comeau aussi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y en a de Baie-Comeau
aussi?
UNE VOIX: Les propriétaires.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ah bon! Les chauffeurs d'abord et
propriétaires par la suite. Est-ce de Sept-Iles ou de Baie-Comeau?
M. LOUBIER: II y a les deux. Si vous me permettez de faire ajouter
Baie-Comeau, parce que j'ai rencontré quelqu'un tout à l'heure
qui voulait faire entendre la voix des gens de Baie-Comeau.
M. PINARD: Comme ces gens viennent de régions
éloignées, je pense que tout le monde comprendra qu'il faudra
peut-être leur donner la préférence de façon
à ne pas les retarder indûment.
LE PRESIDENT (M.Séguin): Le cinquième groupe sera celui
des chauffeurs et propriétaires de taxis de l'agglomération de
Hull. Le sixième groupe sera l'Association métropolitaine des
chauffeurs de taxi, le porte-parole M. Pronovost de Montréal. Le
septième groupe sera l'Association des propriétaires de taxis des
municipalités de Saint-Lambert, Longueuil, Laprairie, Lemoyne, Brossard,
Greenfield Park, Boucherville. Le huitième groupe sera l'Association de
propriétaires de flottes de taxis de Montréal Inc.
Nous commençons immédiatement... M. le ministre.
M. PINARD: Avec votre permission, je voudrais demander à tous
ceux qui sont ici devant nous, aussi bien aux membres de la commission
parlementaire qu'à ceux qui auront à se faire entendre tout
à l'heure, de bien vouloir nous donner leur accord de principe sur la
nécessité de rester le plus possible dans l'enceinte
parlementaire pour permettre un meilleur contrôle
des entrées et des sorties. Vous comprendrez qu'il y a plusieurs
centaines de personnes, si ce n'est pas déjà un ou deux milliers
de personnes, et il est physiquement impossible des les accueillir toutes au
sein de la commission parlementaire. A 12 h 30, nous ajournerons nos travaux.
Il faudra aller manger. Le restaurant Le Parlementaire est ouvert à
votre service. Je pense c'est une suggestion que je fais, je vous
demande votre accord qu'il serait préférable que ceux qui
veulent continuer à travailler en commission parlementaire et qui
n'auraient pas encore été entendus restent ici, qu'ils prennent
leur repas au restaurant Le Parlementaire de façon à faciliter le
travail des forces de l'ordre. Comme l'on sait, il y a un système
d'inscription, d'identification. Il ne faudrait pas compliquer ce travail.
J'imagine que nos travaux en commission parlementaire seront plus efficaces. Ce
n'est pas une mesure de discrimination. Je vous pose le problème parce
qu'il m'a été posé tantôt par les forces de
sécurité et je demanderais au président de demander s'il y
a possibilité d'en arriver à un accord de façon à
ne pas entraver les travaux de la commission et à entendre le plus de
monde possible aujourd'hui sans tenir pour acquis, cependant, que la commission
parlementaire terminera ses travaux nécessairement aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Avant d'accepter des questions, je
voudrais donner certains autres éclaircissements sur la
procédure. Lorsque l'association, son ou ses représentants seront
appelés, vous voudrez bien vous approcher de la table, ici, en avant
où il y a des microphones. Je demanderais à tous ceux qui ont des
mémoires de bien vouloir les déposer au secrétariat des
commissions et, si possible, d'éliminer la lecture des mémoires
qu'on aura soumis à la commission en annexe au journal des
Débats.
Donc, il y aura enregistrement, mais pour que les débats ne
soient pas trop longs j'ai ici des mémoires qui ont presque un
quart de pouce d'épaisseur il ne faudrait pas lire tous ces
textes. Nous n'en finirons pas et beaucoup de gens devraient s'en retourner
chez eux ce soir pour revenir un autre jour. Avec un peu de hâte et en
résumant, on pourrait peut-être abréger le temps de chaque
représentation. Donc, si vous voulez, en ce qui concerne les
représentants des différents groupes et des individus, faites le
résumé de vos commentaires et, s'il y a un mémoire,
déposez les copies voulues au secrétariat de la commission.
Maintenant, il y a deux ou trois personnes qui ont demandé la
parole. Il ne s'agit pas ici d'une présentation.
M. TREMBLAY (J.-Robert): M. le Président, est-ce que vous
pourriez donner l'ordre dans lequel les représentations... On nous en a
donné neuf jusqu'ici. Il y a l'Association des propriétaires de
Saint-Lambert et autres villes. Moi, je représente les associations de
services de l'agglomération de la rive sud. Je voudrais savoir quand,
approximativement, je vais me faire entendre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je pense qu'au début de la
séance de cet après-midi on pourra détailler davantage
l'ordre du jour. Pour le moment, nous en avons amplement sur la planche pour
aller au-delà de midi et demi. Oui, monsieur là-bas...
M.TREMBLAY (J.-Robert): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si vous voulez vous approcher pour
qu'on puisse entendre. Il faudrait, dans les cas où vous parlez comme
cela, vous identifier pour le journal des Débats et pour l'assistance,
de même que pour les membres de la commission.
M.TREMBLAY (J.-Robert): Merci, M. le Président. Je
représente l'Association des propriétaires de taxis...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Votre nom, s'il vous plaît?
M. TREMBLAY (J.-Robert): J.-Robert Tremblay. Je représente
l'Association des propriétaires de taxis de Longueuil qui a reçu
un mandat des propriétaires de taxi de tout ce qui est appelé
à devenir l'agglomération rive sud. La question que je voudrais
poser à la suite de l'intervention de l'honorable ministre, M. Pinard,
est celle-ci. L'honorable député, M. Bossé, s'est
promené un bout de temps à travers la province...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant. Si c'est une question de
procédure...
M. TREMBLAY (J.-Robert): Non, ce n'est pas une question de
procédure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Alors, vous faites votre
présentation tout de suite, tandis que je dois suivre l'ordre du
jour.
M. TREMBLAY (J.-Robert): Non, ce n'est pas une présentation, M.
le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si c'est une question, allez-y.
M. TREMBLAY (J.-Robert): Je veux expliquer ma question pour m'assurer
qu'elle soit bien comprise, M. le Président. M. Bossé s'est
promené à travers la province pour nous inviter, nous, tous les
propriétaires de taxis, les chauffeurs de taxi, à venir
chose que nous avons beaucoup appréciée d'ailleurs faire
nos doléances, présenter nos points de vue à la commission
parlementaire. Nous sommes ici, M.
le Président, des centaines et des centaines, sinon des milliers,
et on nous offre une salle contenant environ une couple de centaines de
personnes. N'y aurait-il pas, M. le Président, possibilité
d'obtenir une salle plus grande de façon à inclure ici des gens
qui sont dehors au froid et qui ont quand même, je pense, les mêmes
droits que nous? Si M. Bossé ne prévoyait pas la
possibilité de recevoir tous ces gens, pourquoi les inviter à
travers la province comme on l'a fait?
M. BOSSE: Si vous me permettez, M. le Président, de
répondre à cette question, je dirai que l'invitation qui a
été lancée à tous et chacun de venir se faire
entendre ici à la commission parlementaire ne signifiait pas
nécessairement qu'ils seraient tous entendus en même temps. Il
s'agissait d'un procédé absolument démocratique pour que,
une fois pour toutes, la commission parlementaire et le monde journalistique
entendent l'industrie du taxi et qu'on vienne faire ici un consensus, mais pas
nécessairement qu'on vous entende en même temps. Il est
évident que c'est impossible.
Jusqu'à ce qu'on ait construit un parlement différent, il
n'y a pas d'immense salle pouvant contenir 2,000 personnes. Mais ici, ce n'est
pas le Reine-Elizabeth, malheureusement. Je sais que certains partis
cnoisissent des salles plus grandes. Je ne les en blâme pas. Mais ici, au
parlement, malheureusement, nous avons des salles étroites, restreintes.
C'est pourquoi nous voulons entendre les parties une par une, pour permettre de
dégager la salle et permettre à d'autres représentants
d'entrer pour se faire entendre, de ne pas se faire geler dehors.
M. TREMBLAY (J.-Robert): Je regrette, M. le Président, mais je
pense qu'on a mal compris le sens de ma question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. Tremblay, à la suite de la
remarque du député de Dorion, c'est que, dans d'autres
circonstances, par exemple lorsqu'il s'est agi d'étudier le code des
professions, on a invité tous ceux qui voulaient se présenter
à se placer dans les tribunes, un peu partout, ici. N'y aurait-il pas
lieu d'envisager de faire la même chose? Cela s'est déjà
fait. Alors, je pose la question. Cela ne peut-il pas se faire dans ce cas-ci,
ce qui permettrait à des centaines d'autres de participer?
M. TREMBLAY (J.-Robert): Je précise ma question, M. le
Président, si vous me permettez. A la suite d'une invitation de
l'honorable député Bossé, que nous remercions d'ailleurs,
nous nous sommes tous rendus ici, en masse, aujourd'hui. Nous voudrions avoir
de la place, tout simplement. La question est celle-ci: Que fait-on des gens
qui sont dehors?
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
UNE VOIX: M. le Président, envoyez M. Bossé dehors et
faites entrer les autres!
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M.BELAND: D'ici à midi, M. le Président, pourrait-on
étudier la possibilité de trouver un autre local quelconque, afin
que, justement, on puisse entendre les diverses représentations?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce n'est pas aussi simple qu'on
voudrait l'entendre. Je vais vous l'expliquer et vous comprendrez. C'est
qu'ici, au parlement, nous avons un système très
élaboré, le journal des Débats. Il faut enregistrer tout
ce qui se dit, le conserver dans des dossiers pour l'avenir, pour
l'étude de la réglementation qui devra se poursuivre à la
suite de nos délibérations. Ce système, qui est
très compliqué, ne se déménage pas du jour au
lendemain, ni facilement, et ne s'installe pas nécessairement n'importe
où. Vous comprendrez que, dans ces conditions, nous sommes
obligés de tenir ces commissions ici, dans le local qui est le plus
vaste du parlement. Ce n'est pas tellement grand, je comprends, mais nous vous
avons expliqué tout a l'heure, M. Tremblay, que tous n'étaient
pas invités ou ne devaient pas nécessairement se présenter
la première journée. S'il y avait répartition... En vous
fournissant plutôt, cet après-midi, au début de la
séance, un bon aperçu de l'ordre du jour pour demain et
probablement pour jeudi, à l'avance, cela permettrait à d'autres
qui sont ici, qui ne voudraient pas rester pour toutes les
délibérations, pour toutes les séances, de revenir
à une date ultérieure ou sur avis. De cette façon, je
pense qu'on pourrait plaire, tant bien que mal, à tous ceux qui ont bien
voulu se déranger, ce que j'apprécie. J'apprécie la
présence de tous et chacun, soyez-en assurés. Nous avons des
invités, mais nous n'avons pas l'hôtel pour les accueillir. Que
faut-il faire? La question est excellente, M. Tremblay, je vous l'assure. Ce
n'est pas la première fois qu'elle se pose.
M. TREMBLAY (J.-Robert): Devant des explications aussi
généreuses et judicieuses, M. le Président, je pense que
je pourrais me faire le porte-parole des gens qui sont derrière moi,
ici, pour vous dire que nous nous contenterions de l'occupation des tribunes
par le plus de gens possible, au moins, parmi ceux qui sont à
l'extérieur. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci.
M. DICKEY: Mon nom est Robert Dickey, chauffeur de taxi de
Montréal. J'aimerais dire à tous les députés ici
présents que les chauffeurs de taxi qui sont ici ne sont
rémunérés par
personne. M. Loubier l'a dit tantôt. Nous sommes venus ici de
bonne foi, pour nous faire entendre. Je demanderais qu'ils soient entendus les
premiers. Je demanderais aussi à tous les députés ici
présents que, justement, les chauffeurs de taxi qui sont dehors soient
admis dans les tribunes, où il n'y a personne, pour qu'ils puissent
entendre ce qui se dit ici.
C'est tout ce que j'avais à dire. Je vous remercie, M. le
Président, M. le ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II y a des problèmes de toutes
sortes. Nous allons certainement, à l'heure du lunch...
M. DICKEY: Les tribunes sont vides, M. le Président. Cela ne
dérangerait pas grand-chose qu'on y admette les chauffeurs de taxi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je comprends très bien.
M. DICKEY : Ce sont justement eux qui sont concernés, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous allons non seulement y penser,
mais y voir, à l'heure du lunch.
M. DICKEY: Est-ce que vous pourriez nous dire quand les chauffeurs de
taxi vont être entendus? Parce qu'ils ne sont
rémunérés par personne pour venir ici et ils n'ont pas les
moyens de passer trois semaines ici.
M. PINARD: Me permettez-vous une question?
M. DICKEY: Oui, M. le ministre.
M. PINARD: Est-ce que nous devons tenir pour acquis, d'après
votre intervention, qu'il faudrait entendre tous et chacun des chauffeurs de
taxi individuellement ou s'ils vont avoir des porte-parole? J'imagine qu'il
n'est pas nécessaire qu'il y en ait 150 qui viennent nous dire
exactement la même chose; il suffirait d'en avoir un, deux, trois, quatre
ou cinq au maximum.
M. DICKEY: Je ne veux pas avoir de parti pris, mais on a dit à
tous les postes de radio ou de télévision que tous ceux qui
voulaient se faire entendre à la commission parlementaire pouvaient
venir à Québec et se faire entendre. Ce n'est pas moi qui l'ai
dit; c'est le gouvernement qui l'a dit.
M. PINARD: D'accord, mais je pense bien qu'il y a une question de bon
jugement là-dedans aussi.
M. DICKEY: Je comprends. Nous voulons manifester de la bonne
volonté. Mais moi je parle de l'ordre chronologique dans lequel vous
allez recevoir les mémoires. Il y a des chauffeurs de taxi qui n'ont pas
de mémoire et ils savent les problèmes du taxi, ils les vivent.
Cela fait des années qu'ils le crient. Je demanderais la bonne
volonté de tout le monde, surtout de ceux qui sont payés ici, qui
ont les moyens financiers d'être à la commission. Eux peuvent
attendre, mais les chauffeurs de taxi ne peuvent pas rester ici durant trois
semaines; ils ont des familles à faire vivre, des enfants qui les
attendent pour manger.
M. PINARD: D'accord. Mais dans l'ordre des intervenants indiqué
par le président tantôt, vous avez remarqué que nous avons
pris la précaution de bien mélanger...
M. DICKEY: Je m'excuse, peut-être que j'ai mal compris, mais j'ai
entendu des associations de taxis, des associations de
propriétaires.
M. PINARD: Des chauffeurs.
M. DICKEY: Mais eux sont déjà organisés. Ils sont
envoyés par quelqu'un, ils sont payés pour être ici. Nous,
nous ne sommes pas payés. C'est pour ça que j'aimerais que les
chauffeurs de taxi soient entendus les premiers. Je vous demanderais ça,
M. le ministre et M. le Président.
M. PINARD: En quatrième lieu, l'Organisation des chauffeurs de
taxi de Montréal. J'imagine que ça regroupe beaucoup de monde.
Elle doit être entendue en quatrième place. Donc, ce n'est pas
tellement éloigné. Cessons de parloter et commençons
à travailler. Vous êtes d'accord là-dessus?
M. DICKEY: Merci, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous donne, messieurs, l'assurance
qu'à l'heure du lunch nous allons certainement revoir l'ordre du jour.
Ce qui est déjà nommé est nommé. Nous allons
procéder avec cette liste et nous ferons l'impossible pour entendre les
individus ou les personnes qui veulent se faire entendre. Tous et chacun seront
entendus par la commission. Cela, je vous l'assure, tant que je
présiderai.
M. BOSSE: Sur cette question, me permettez-vous une remarque? Je pense
que l'intervention qui vient d'être faite par un chauffeur de taxi
décrit assez bien le climat. S'il y a, d'une part, des chauffeurs de
taxi qui sont un peu organisés, la majorité, sinon la presque
totalité du moins dans la région de Montréal, ne le sont
pas. C'est là la difficulté. Il y a un risque que la
majorité silencieuse j'entends la plus grande partie des
chauffeurs n'ait pas l'occasion de se faire entendre.
C'est pour ça que j'ai pris l'initiative d'inviter chacun
à venir se faire entendre et j'apprécie la largesse d'esprit du
président de permettre à ces individus de se faire entendre.
Lorsqu'ils se
seront aperçus qu'on se répète, je comprends bien
qu'ils feront preuve de jugement et ne voudront pas dire la même chose
à plusieurs reprises.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: En écoutant le député de Dorion, je me
demande pourquoi il a voté contre la motion du député de
Bellechasse. De toute façon, ce n'est pas la question que je veux porter
à votre attention; c'est plutôt...
LE PRESIDENT (M. Séguin): II n'y a pas de contradiction.
M. PAUL: ... la suggestion qui a été faite par le chef de
l'Union Nationale pour que les galeries supérieures soient
utilisées dans le cours de l'après-midi. Je pense bien que tous
les députés ici ont autant confiance aux chauffeurs de taxi
qu'à l'association des infirmiers et aux infirmières,
médecins, avocats et notaires. Je suis certain qu'ils vont se comporter
en gentilshommes et que tous pourront avoir l'avantage d'écouter les
délibérations de la commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II n'y a aucune objection de la part du
président ou de la commission à ce que les gens soient dans les
galeries, excepté qu'il faudrait prendre les mesures nécessaires,
à l'heure du lunch, pour les y autoriser. Nous ne sommes certainement
pas pour ouvrir les portes à midi cinq. Je préférerais
beaucoup, si on pouvait, commencer tout de suite à entendre le premier
sur l'ordre du jour.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, tout de suite après le lunch,
on pourra utiliser les galeries.
LE PRESIDENT (M.Séguin): Je veux bien entendre tout le monde,
mais je ne voudrais pas que chacun, à tour de rôle, vienne faire
des observations. Cela défait tout le système de l'ordre du
jour.
Brièvement, il y a trois représentants ici. Le nom
d'abord?
M. LECOMPTE: Mon nom est Claude Le-compte. Je suis un simple chauffeur
de taxi qui loue une voiture. En louant une voiture, cela veut dire que je ne
travaille plus présentement. Je ne me trouve pas à travailler.
Vous m'avez invité ici à venir donner mon exposé.
J'aimerais bien ça, si ça dure trois jours, être capable
d'être ici, parce que c'est mon avenir qui se joue ici. Je voudrais
être capable de le défendre contre ceux qui vivent sur mon
dos.
J'aimerais beaucoup que le gouvernement je ne pense pas que
ça lui coûterait tellement cher, et je pense que tous les
députés, si vous êtes bien sincères...
Je vous suggérerais une chose, donnez-nous donc la moitié
d'un chèque de dépannage du bien-être social, parce que moi
j'ai $8 dans les poches, quand j'aurai fini de dîner et de souper, il ne
me restera plus rien pour retourner à Montréal et je prends
l'autobus, parce que mon "lift" ne part que demain et demain, je n'aurai rien
pour déjeuner. Les chauffeurs de taxi, donnez-nous un chèque du
bien-être social pour que nous soyons ici en train de vous informer de
notre statut afin de nous aider. Cela va coûter à peu près
$3,000 à la province de Québec pour connaître
réellement le problème du taxi de A à Z, ce n'est pas
tellement cher pour avoir une information sur toute une industrie qui
barbouille à peu près une affaire comme $150 millions dans une
région comme Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous touchez un peu à une
intervention telle que beaucoup voudront faire, je pense bien. Avez-vous
terminé à ce moment-ci?
M. LECOMPTE: Pardon, monsieur?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Avez-vous terminé?
M. LECOMPTE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Au suivant.
M. VIOLA: M. le Président, je voudrais faire une
suggestion...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Votre nom, s'il vous plaît?
M. VIOLA: Tony Viola. Je voudrais suggérer...
LE PRESIDENT (M. Séguin): De quel endroit? Nom et endroit?
M. VIOLA: De Montréal, propriétaire de taxis, j'en ai
cinq. Je voudrais faire une suggestion. Tantôt vous avez pris un vote
entre les membres de la commission et je suggérerais que vous fassiez la
même chose avec les personnes qui sont dans la salle à l'heure
actuelle. Je suggérerais de former un comité, comme vous en avez
discuté tantôt, de cinq ou six députés, ou
même de chaque comté...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je regrette, si je comprends bien votre
intervention, elle correspond à la motion présentée par le
chef de l'Opposition officielle. Il y a eu une décision de prise par la
commission, le règlement ne me permet pas d'y revenir...
M. VIOLA: Même si...
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... je comprends...
M. LOUBIER: Avec tous le respect que j'ai pour la présidence, je
pense qu'il vaudrait peut-être mieux entendre la fin de l'exposé
du monsieur pour savoir véritablement quelle proposition il fait. Il se
peut qu'elle diffère de la motion que j'ai présentée. Si
vous me permettez, qu'on sache ce qu'il veut dire.
M. VIOLA: Je sais très bien que, pour revenir à la
commission parlementaire, on est à peu près, selon ce que j'ai
entendu, des centaines, des milliers de personnes. Pour régler le
problème du taxi, on parlera jusqu'à ce soir et même
demain, on ne le réglera pas tout, et le monde en entendra parler. A un
moment donné, dans chaque comté, chaque député
pourrait faire une assemblée des propriétaires et chauffeurs de
taxis de son comté et pourrait prendre note de ce que tout le monde
dirait; ce serait plus facile de discuter plutôt qu'en commission
où tout le monde veut donner son opinion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie.
M. GAGNON: Simplement une opinion...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: II y a ici un méli-mélo; il y a peut-être
100, 200 ou 300 personnes qui veulent s'exprimer devant la commission. Je crois
que le gouvernement a l'obligation d'établir un horaire et de dire
à des organismes qu'ils vont être entendus peut-être la
semaine prochaine ou dans dix jours. On établira un horaire, on va dire
aux gens à quelle date précise ils vont être entendus et si
on finit à 2 heures ou 3 heures du matin, ils seront entendus. Vous ne
pouvez pas être ici durant quinze jours, trois semaines ou un mois. J'ai
l'impression que ça va être trop long.
Le gouvernement, en invitant tout le monde, ne faisant pas d'horaire et
en refusant la motion du député de Bellechasse, nous place dans
un cul-de-sac. C'est avec raison que vous voulez être entendus mais quand
le serez-vous, combien y a-t-il de personnes qui seront entendues
peut-être dans six, sept ou huit jours? Et elles vont dire: On est ici
à la commission parlementaire, on attend notre tour. A quand le tour? Je
crois que le malaise que vous ressentez est parfaitement justifié, nous
le ressentons, il appartient à la commission de dresser un horaire.
M. BOSSE: Non, M. le Président, c'est une mesure dilatoire. Il y
a quand même assez de temps qu'on nous fait perdre du côté
de l'Union Nationale...
Je pense que ces gens-là sont ici pour s'exprimer et M. Viola
fait très bien.
M. GAGNON: Etes-vous contre les chauffeurs de taxi, M. Bossé?
M. BOSSE: Je suis pour qu'on les entende, justement. Alors qu'on cesse
de "blablater" ici...
M. GAGNON: Faisons un horaire.
M. BOSSE: M. Viola, vous savez très bien que qui va piano va sano
et qui va sano va lontano.
M. VIOLA: Très bien, M. Bossé. Mais je voudrais faire une
suggestion et dire que c'est simplement... je voudrais que les gens dans le
moment... Je comprends bien que vous êtes des députés et le
président de la commission parlementaire.
Mais, dans cette salle, nous sommes environ 200 à 250 personnes.
Je crois que les gens qui sont présents seront d'accord pour avoir un
vote, même tout le public qui est dans la salle. Si vous êtes
d'accord, les députés ou le président, on ferait un
comité dans chaque comté. Nous ferions la même chose que
vous faites pour les élections.
Le député du comté prendrait note des
considérations des chauffeurs de taxi, propriétaires de taxis,
associations. Je crois que vous auriez plus une chance de vous expliquer
à la Chambre et de savoir ce que les gens veulent au juste. Je vous
remercie, c'est tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je comprends très bien la
situation. Plusieurs veulent parler et il y en a peut-être un très
grand nombre qui ne sont pas enregistrés au secrétariat des
commissions. Je vous suggérerais, je vous demanderais, je vous prierais
de, aussitôt que possible, vous enregistrer au secrétariat et nous
pourrons dresser les listes voulues pour entendre les personnes.
C'est à peu près la seule façon, la seule
possibilité que nous aurions de procéder avec un certain ordre.
J'accepte vos commentaires, vos suggestions, ils sont excellents. Mais nous
sommes quand même ici, aujourd'hui, un très grand nombre de gens
qui se sont déplacés. Nous voulons, autant que possible, entendre
le plus grand nombre de personnes aujourd'hui, ce qui nous donne le temps, avec
les enregistrements qui ne sont pas encore faits mais que l'on voudra bien
faire aujourd'hui, de dresser un ordre et de vous aviser du jour et de l'heure
où nous pourrons vous entendre.
De cette façon-là, nous pourrions éviter de faire
venir ici des gens qui dépensent plusieurs dollars et qui ne gagnent pas
durant qu'ils sont ici. Cela, on le comprend et c'est pour ça que nous
avons voulu, dès le début, essayer de toucher Sept-Iles,
Baie-Comeau. Nous avons
parlé de certains secteurs de la région de
Montréal, ceux qui sont un peu plus éloignés. Nous
essayerons de les passer s'ils sont représentés ici aujourd'hui
pour la simple raison qu'on ne voudra pas les faire revenir demain ou la
semaine prochaine.
Ceux qui sont plus près seront naturellement retardés.
Nous les entendrons un peu plus tard durant nos séances. Mais il faut
s'enregistrer. Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, j'écoutais avec beaucoup
d'attention la suggestion qui vient d'être faite par monsieur et,
personnellement, je la trouve très valable. Mais elle n'est pas
contradictoire avec le fait qu'on entende maintenant des mémoires. Je
pense que plusieurs députés ont rencontré, dans leur
comté, des chauffeurs de taxi ou des associations. Je l'ai fait, j'ai
fait exactement ce que vous suggérez. J'ai pris note de toutes les
représentations qu'on m'a faites. Nous pouvons poursuivre les travaux de
la commission parlementaire, écouter les gens qui ont des
mémoires et nous pouvons simultanément, au cours de la prochaine
fin de semaine, ou au cours de la semaine prochaine, écouter dans nos
comtés ce que les chauffeurs de taxi ont à nous dire. Nous
pourrons revenir comme députés à la commission
parlementaire et faire part de ce que nos électeurs nous auront dit.
Il n'y a pas d'incompatibilité entre ce que vous suggérez
et le fait que nous poursuivions les travaux de la commission. C'est totalement
compatible et je souscris entièrement à cela. C'est justement
ça le rôle du député, écouter ce que les gens
de son comté ont à dire et de le dire ici.
M. VIOLA: C'est justement pour avoir un éclaircissement...
M. LOUBIER: La proposition, telle qu'elle est faite, est tout simplement
un moyen de communication suggéré. On nous recommande de faire
des unités de regroupement sur un territoire donné, de rencontrer
des gens pour éviter ce que le ministre signalait tout à l'heure,
qu'il y en ait 200 qui viennent dire la même chose.
Ceci implique un laps de temps pour s'organiser. Il faudrait regrouper,
sur un territoire donné, en assemblée ces gens-là,
recueillir ce qu'ils en pensent, les points sur lesquels ils sont d'accord, les
points sur lesquels ils sont en désaccord. Cela ferait fonctionner
beaucoup plus efficacement la commission et ça permettrait à ces
groupements de se faire entendre de façon sûre et certaine dans
trois jours, une semaine, dix jours, quinze jours.
M. VIOLA: A propos de la question que vous venez de poser, il serait
plus logique que tout le monde ait consulté son député. Le
député, que va-t-il faire? Il va prendre note de tout ce
monde-là, les chauffeurs de taxi, les propriétaires de taxis, les
associations.
Alors, vous aurez un résumé de tout ce qu'ils demandent,
ils vont préparer un mémoire. Vous pouvez en discuter à la
Chambre avec votre député, président, premier ministre.
Cette solution est la meilleure. Dans le moment, on ne fait que révolter
tout le monde. Ils ont fait leurs assemblées un peu partout. La
moitié des chauffeurs de taxi n'est pas au courant de tout ce qui se
passe dans le taxi. En le disant dans chaque comté, ils seraient tous au
courant de ce qu'on veut, de ce que le gouvernement veut, etc. Je crois que
dans deux ou trois mois vous pourriez en discuter mieux que ce qu'on fait
à l'heure actuelle. Il y a beaucoup de gens dehors qui attendent, ils ne
sont pas au courant. Il y en a qui entendent ce qui se dit ici mais les autres
ne savent pas de quoi on va discuter en dedans. Je crois que ce serait la
meilleure solution pour le moment.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie. Le
député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. le Président, je crois que la suggestion de ce
monsieur est très à point. Après les invitations que le
député de Dorion lançait à toutes les associations
du taxi et à tous les taxis individuellement, ce qui a été
approuvé par le président, je crois qu'il sera réellement
très difficile à l'heure du lunch de procéder à une
liste détaillée des représentations de chaque association
et surtout des taxis artisans...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est enregistré comme vous en
parlez.
M. AUDET: De quelle façon allez-vous établir cette liste
pour donner à tous et à chacun des taxis artisans la date et
l'heure où ils seront entendus? C'est là que je fais un
rapprochement avec la suggestion de monsieur.
M. ARCHAMBAULT: M. le Président, il y a des gens ici dans la
salle qui ont reçu...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Votre nom?
M. ARCHAMBAULT: Yves Archambault, propriétaire unique à
Montréal. Il y a des gens ici dans la salle qui ont reçu du
ministre ou du ministère des Transports une lettre leur permettant de
s'exprimer à la commission. Les gens qui ont reçu cette lettre ne
sont pas 2,000. Il y en a peut-être 100, 200. Ceux qui ont demandé
officiellement à la commission de se faire entendre ont la lettre, nous
l'avons tous ici. Avec la lettre qui nous donne droit de parole, j'imagine que
nous sommes déjà enregistrés avec ça. Qu'on appelle
les associations qui veulent se faire entendre.
M. LOUBIER: Vous n'êtes pas enregistré par le fait d'avoir
reçu une lettre.
M. ARCHAMBAULT: Nous avons reçu une lettre chez nous nous donnant
le droit de nous exprimer à la commission. Je suis venu de
Montréal pour donner mon opinion. Avec cette lettre.
M. PINARD: Est-ce que vous permettez? M. le Président, avec votre
permission, c'est vrai que j'ai répondu, c'était mon devoir de le
faire. Et il m'a aussi fait plaisir de répondre à tous ceux qui
m'ont envoyé une demande d'audition devant la commission. J'ai
envoyé plusieurs réponses. Je n'ai pas tenu pour acquis que je
pouvais moi-même dresser l'ordre de l'audition des parties qui voulaient
se faire entendre. Il y a un secrétariat, qui est sous la direction de
M. Jacques Pouliot ici, dont le bureau est situé au premier étage
de l'Assemblée nationale, c'est le bureau no 2, qui va vous recevoir, va
enregistrer votre demande d'audition.
Vous donnerez votre nom, votre adresse, votre fonction, le groupe que
vous représentez à moins que vous ne représentiez
que vous-même la catégorie d'association à laquelle
vous appartenez, pour bien marquer que vous appartenez à une association
de services ou à une association de propriétaires, que vous
êtes un artisan du taxi, un locataire de taxi ou un chauffeur purement et
simplement au service d'une association ou d'une compagnie. Lorsque nous aurons
établi le nombre des personnes qui veulent se faire entendre, compte
tenu du nombre de personnes que nous aurons entendues aujourd'hui
jusqu'à minuit ce soir, nous serons en mesure de déterminer
combien il faut de temps pour entendre tant de personnes et nous pourrons
dresser un ordre d'appel, de convocation de ces personnes. Ainsi, nous pourrons
mieux contrôler les travaux de la commission parlementaire. Je crois que
c'est la meilleure façon de procéder.
J'ai compris que c'était ce que le président a
suggéré tantôt. Je l'ai fait d'une façon plus
détaillée et j'aimerais qu'on passe à l'audition de
mémoires dans l'ordre déterminé par le président,
avec l'entente que nous avons la collaboration acquise au départ de tous
ceux qui sont ici devant nous.
M. ARCHAMBAULT: M. le ministre, actuellement le gouvernement prend
l'industrie du taxi les culottes baissées. Il y a beaucoup d'opinions
dans l'industrie du taxi et les associations actuellement ne
représentent quelquefois que 50 ou 75 membres. La plus grosse
association comprend 400 membres. On a été pressé par
l'arrivée subite du règlement 6 dans le temps des Fêtes et
on n'a pas eu le temps de se regrouper pour activer les choses. Moi, je suis
seul, je représente l'idée d'à peu près quatre
personnes de ma famille ou de mes amis, et c'est comme cela qu'on s'est
présenté à la commission.
M. PINARD: J'enregistre votre demande et le sens de votre intervention.
Je comprends que vous voulez avoir le temps de vous regrouper au sein de ceux
qu'on appelle les propriétaires uniques.
M. ARCHAMBAULT: Etant donné que ça a l'air sérieux,
l'affaire, comprenez-vous?
M. PINARD: Oui, d'accord.
M. ARCHAMBAULT: Cela fait 20 ans que les gouvernements essaient de faire
quelque chose et là, ça a l'air d'être sérieux. On
n'a pas eu le temps de s'organiser. Merci.
M. PINARD: Regroupez-vous et faites-nous savoir quand vous voulez vous
faire entendre, le moment où vous serez prêts à
déposer un mémoire ou à faire une intervention.
M. LOUBIER: Est-ce que cela veut dire, M. le ministre, que vous leur
donnez un laps de temps beaucoup plus long? S'ils sont prêts seulement
dans trois ou quatre semaines à présenter leur mémoire
pour faire cette unification, ce regroupement, est-ce que vous leur donnez la
latitude qu'ils pourront le présenter dans trois, quatre ou cinq
semaines?
M. PINARD: Procédons de la façon que j'ai
suggérée, c'est à ce moment-là que nous pourrons
déterminer, tous ensemble, si la commission doit prolonger ses
auditions, compte tenu du nombre de personnes qui veulent se faire entendre et
compte tenu aussi du groupe ou des individus qu'ils représentent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre reconnaît
que, s'il avait observé les règles qui régissent les
travaux des commissions parlementaires, savoir qu'un délai de trente
jours doit être donné pour permettre aux intéressés
de prendre connaissance du projet de loi ou du règlement à
l'étude et que, dans ce délai, on dépose une copie du
mémoire et on s'inscrit au secrétariat, nous ne serions pas
placés dans l'embarras et dans le fouillis le plus complet, comme nous
nous trouvons ce matin?
M. BOSSE: M. le Président, sur une question d'information, je
crois que la demande d'un individu, à titre de propriétaire
unique, est peut-être bien fondée en apparence de vouloir se
réorganiser. Or, depuis deux ans et demi je me promène dans la
province, relativement à cette industrie, cela fait quand même
quelques années; et avant même qu'il ne soit question de mon nom,
même si je reçois, de temps à autre, autre chose que des
félicitations, il reste que ce manque d'organisation, cette absence
d'organisation, tout le monde le sait, fait que les organisations syndicales, y
compris les proprié-
taires eux-mêmes, ne réussissent pas à s'entendre.
C'est justement là l'objet de la commission parlementaire. C'est de
faire en sorte que...
M. RATTE: Est-ce que je peux répondre à sa question?
M. BOSSE : Si vous permettez...
M. RATTE: Arrêtez un peu. Cela fait assez longtemps que vous
parlez. Nous voulons nous expliquer.
M. BOSSE: Vous vous expliquerez...
M. RATTE: Je veux vous répondre. Ce sont seulement des mensonges
que vous nous avez faits depuis deux ans.
M. BOSSE: Vous aurez...
M. RATTE : Arrêtez un peu. Je vais vous répondre.
M. BOSSE: ... l'occasion. Je regrette...
M. RATTE : Très bien. Je vais vous répondre.
M. BOSSE: ... mais un membre de la commission a le
privilège...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. RATTE: ... micro. Il y a deux ans... Un instant.
M. BOSSE: Je regrette mais mon intervention n'est pas
terminée.
M. RATTE: Arrêtez un peu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. RATTE: Nous allons parler nous aussi. Cela fait deux ans que vous
nous racontez des mensonges.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! M. RATTE : Je veux avoir la
parole.
M. BOSSE: Vous aurez la parole si vous voulez...
M. RATTE: Vous allez en avoir pour une heure. Nous avons faim. Nous ne
voulons pas passer un mois ici à cause de M. Bossé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. RATTE: Roger Ratté. Taxi de Québec.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
Seulement un instant. Parce que si tout le monde parle ensemble, nous ne
comprenons absolument rien.
M. RATTE: Cela fait longtemps que nous voulons parler et on nous coupe
toujours la parole. Nous ne sommes pas capables de le faire. Nous avons quelque
chose à dire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Dites-le.
M. RATTE: II ne faut pas attendre une heure. Nous allons tout perdre ce
que nous avons à dire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Dites-le ce que vous avez à
dire.
M. RATTE: II faut faire une mise au point devant la commission ici. Il y
a deux ans, MM. Bossé et Mineau nous ont demandé de venir ici,
à la porte du parlement, pour les assurances-automobiles. Ce
n'était pas pour ça. C'était pour le bill 23. Il nous a
raconté des mensonges depuis deux ans. Il est venu nous voir à
une assemblée. On l'a demandé à une assemblée. Il
n'est jamais venu. Il est malade. Il n'est pas malade, il est à
Montréal. Il n'est pas à Montréal, il est ici.
M. BOSSE: Je regrette ici. C'est là une fausseté.
M. RATTE: II dit: Je ne peux pas être partout. Si vous
n'êtes pas capable d'être partout... On ne veut pas de vous. Vous
nous avez bourré le crâne pendant deux ans. Je n'ai pas besoin de
micro pour parler. Je suis capable de vous parler. Je n'ai pas l'instruction
que vous avez. J'ai de cela.
M. BOSSE: C'est là une autre fausseté parce que je pense
que...
M. RATTE: Non. Ce n'est pas une fausseté. A part cela, il y a de
nos membres qui ont appelé M. Bossé et M. Mineau. Ces derniers
leur ont demandé: A quelle association appartenez-vous? Ils leur ont
répondu : Nous appartenons à l'APT de Québec. M.
Bossé et M. Mineau ont répondu: Nous ne voulons pas parler avec
vous. Faites partie du Metropolitan Taxi et nous parlerons avec vous. Dites-le
si cela est vrai ou pas.
M. BOSSE: Ce sont des faussetés.
M. RATTE: Nous avons des témoins ici. Nous ne bourrons le
crâne de personne. Je suis un ancien vice-président. Ce que j'ai
fait pour le taxi, il n'y a pas un homme dans le taxi ici à
Québec, ni dans la province de Québec, qui a fait ce que j'ai
fait. Je ne veux pas me vanter. J'ai fait cela bénévolement. Vous
êtes payé. Et il nous a rempli le crâne. Cela faisait une
semaine que je travaillais jour et nuit pour les taxis. Vous n'aviez
qu'à rester chez vous. Nous ne vous avons pas demandé de venir
nous bâdrer, de venir nous remplir le crâne de mensonges comme vous
l'avez fait.
M. LODEC: M. le Président, nous, du taxi, nous sommes
tannés, nous sommes fatigués de vous voir tous ici en train de
faire du capital politique sur notre dos. Vous êtes tous en train de
faire du capital politique et puis, pendant ce temps-là, les matraques
sont déjà sorties dehors. Allez voir, elles sont toutes là
les matraques. Nous sommes tannés, nous ne voulons pas nous faire
matraquer. On va vous dire ce qu'on a sur la patate. Si vous n'avez pas compris
ce qu'est la patate, c'est le coeur. Nous avons du coeur, nous, les chauffeurs
de taxi. Nous avons le coeur de faire vivre nos familles. Nous avons le coeur
de les voir comme du monde, comme tout le monde. Nous ne voulons plus faire..
Vous m'écoeurez tous comme c'est là. Je ne veux plus me faire
niaiser par tout le monde, par tous et chacun ici. Je ne suis pas un maudit
Français, je suis un maudit taxi, un maudit chauffeur de taxi, comme
tout le monde ici.
M. FRADETTE: M. Bossé, les gars de Québec ont
parlé. Moi, je vais parler de la rive sud.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Permettez-moi un commentaire. Un
instant, s'il vous plaît. Tous les commentaires, adressez-les au
président.
M. FRADETTE: D'accord. Pierre Fradette, chauffeur de taxi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne veux pas couper votre droit de
parole. Vous allez avoir le droit de parler immédiatement après.
Il y en a qui avaient le coeur réchauffé et vous devez l'avoir
encore.
M. FRADETTE: On va parler un peu plus tranquillement, si vous
voulez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): D'accord. Ce n'est pas tellement
ça, je vous demanderais, comme je l'ai demandé au début,
une coopération très étroite. Vous allez voir que nous
allons procéder et passer à travers notre travail. Il nous faut
une coopération étroite de la part de chacun et de chacune. Je
vous le demande comme homme, comme être humain. Je vous demande, s'il
vous plaît, de donner votre coopération à la commission, de
travailler avec la commission, pour que la législation qui en
découlera soit une législation excellente, qu'elle soit
acceptable, qu'elle soit bonne, qu'elle soit productive pour chacun des
chauffeurs de taxi ou des propriétaires de taxis. Au moins, donnez-nous
l'occasion de procéder à nos travaux. Je ne voudrais couper la
parole à qui que ce soit. A la séance de cet après-midi,
nous allons commencer avec l'article no 1. Nous allons donner plus de
détails sur les autres que nous entendrons. Le ministre l'a
suggéré et j'ai suggéré auparavant que ceux qui
veulent être entendus s'inscrivent. Vous direz ce que vous voudrez quand
vous serez au micriphone, mais, au moins, faites-le individuellement. Parce
que, sans cela, nous ne pouvons rien comprendre et nous ne pouvons pas nous
entendre. Je sais que c'est fatiguant d'être debout. Je connais tout
ça. Il fait chaud dans la salle. Vous êtes venus de loin. Nous
comprenons cela. Mais, au moins, donnez-nous l'occasion de coopérer avec
vous.
Quand je dis nous, je parle de la commission parlementaire, de tous les
partis représentés à cette commission, de tous les
chauffeurs, de tous les propriétaires, de toutes les associations ici
présentes. Au moins, donnez-nous cette coopération. Nous vous
demandons peu de chose. Si le résultat n'est pas satisfaisant, à
la fin de nos délibérations vous vous ferez entendre de nouveau.
Chacun qui voudra parler devant cette commission le fera, tant que je serai ici
comme président mais je voudrais vous entendre, cependant, un par un, si
nécessaire, pas tous ensemble. Autrement, on ne pourra rien faire. Rien
ne pourra être inscrit au journal des Débats. Le résultat
de nos délibérations, où s'en ira-t-il? Je ne le sais pas.
Cela ne nous aidera certainement pas à regrouper et à analyser ce
qui s'est dit, pour en arriver ensuite à modifier, si nécessaire,
soit la réglementation ou la loi, peu importe.
Alors, prenez la parole, donnez votre nom, l'endroit d'où vous
venez.
M. FRADETTE: M. le Président, je suis Pierre Fradette, de Rive
Sud Taxi, propriétaire avec 29 actionnaires d'une compagnie de 65 autos.
Ce que je ne comprends pas, c'est que M. Bossé a été
nommé par M. Bourassa, il y a deux ans, pour faire une enquête sur
le taxi, où c'était censé aller mal. Il était
chargé de faire une enquête partout, dans la province de
Québec.
UNE VOIX : A Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il vous plait, je vous ai
demandé votre coopération. Voulez-vous au moins me donner cela ?
Il est assez difficile, vous savez, dans une salle remplie de personnes
très intéressées, immédiatement impliquées
dans toute l'affaire, s'il y en a qui commencent à faire des
commentaires, de maintenir le contrôle. Nous avons été
larges. Nous avons permis toutes sortes de choses jusqu'à maintenant,
pour essayer d'arriver à cette coopération que je vous demande.
De grâce, faites qu'on entende celui qui est au micro, à ce
moment-ci.
M. FRADETTE: Ce que je ne comprends pas, c'est qu'au bout de deux ans
durant lesquels M. Bossé et ses aides ont travaillé à
cette enquête, on arrive avec ceci aujourd'hui. Même les
députés du gouvernement le député de
Sainte-Marie le disait, tout à l'heure ne comprennent pas le
bill. Pourtant, c'était censé être une loi, à moins
qu'il n'y ait eu des amendements.
Chaque fois qu'on ouvre les journaux, on est comme des marionnettes. Je
sais bien que, dans notre cas, nous avons peut-être dix à douze
personnes qui occupent un emploi double. Nous sommes heureux. Ces gars ne nous
causent pas de problèmes. Cela fait huit ou neuf ans qu'ils ont des
taxis. Une journée, ils ouvrent le bill et voient qu'ils perdent leur
taxi. Les gars sont malheureux. Le lendemain, ils ouvrent la Presse: M.
Bossé veut la paix dans le taxi. Le double emploi, on n'y touche plus.
Les gars ont encore leur permis. Alors, les gars sont des marionnettes. Ils ne
savent pas où ils s'en vont. J'ai des gars qui m'ont appelé. Ils
ont des autos qui sont finies, dans le moment. Le moteur est fini. Ils ne
savent pas si on va réduire le nombre des taxis sur la rive sud. Y
a-t-il quelqu'un qui va arriver, un jour, et nous dire: A telle date, vous
allez perdre vos permis ou encore: Achetez-vous une nouvelle voiture demain
matin?
Dans mon cas, mon taxi est fini. Je ne sais pas cela fait une
semaine que j'attends si je vais perdre mon permis ou si je ne le
perdrai pas. C'est pour cela que les taxis sont venus de partout. Nous
voudrions savoir, aussi vite que possible, ce qui va arriver. Si vous
n'êtes pas capables de nous le dire, si c'est trop confus, votre bill,
comme M. Loubier le disait tout à l'heure, attendons quatre mois.
Moi, je demanderais bien plus que quatre mois. Si tu achètes une
voiture neuve demain qui coûte $4,000, dans quatre mois ils ne te
donneront rien parce que c'est un taxi.
Donnez-nous au moins un an. C'est confus, même vous autres, les
députés et les ministres, êtes mêlés avec le
bill de M. Bossé depuis trois ans. Donnez-nous au moins un laps de temps
pour geler ce bill. Moi, demain matin, je vais m'acheter une voiture neuve, et,
si dans un an ils décident de me l'enlever, ils me l'enlèveront.
Mais donnez-nous une date, nous ne sommes pas des marionnettes.
Tous les jours je lis dans le journal que je vais perdre mon permis, que
je ne le perdrai pas, que j'ai un double emploi, qu'est-ce que je vais faire?
Il me semble que vous êtes assez brillants pour dire que ce bill est
confus. Lui a été nommé par Bourassa pour mettre la paix
dans le taxi, mais je ne crois pas qu'ici et dans la rue ce soit la paix pour
le taxi, je ne le crois pas. Vous avez la minorité.
Je comprends qu'il y a déjà eu des troubles. Cette
enquête a été faite avant que nous ayons eu l'augmentation
des taux donnée par le gouvernement. Depuis le 31 décembre 1971
que les gars ont eu l'augmentation des taux, je ne crois pas qu'il y en ait
trop qui ne sont pas contents du taxi.
Les "meters" ont augmenté, et tous ceux que je connais sont
contents de faire du taxi maintenant, on dirait que le prestige a monté.
L'enquête a été faite dans ce temps. Moi, comme
propriétaire, je n'ai jamais reçu de questionnaire chez nous.
J'aurais dû en recevoir de vos fonctionnaires pour savoir si
j'étais content du taxi.
Vous avez fait venir 100 ou 200 gars, mais nous sommes peut-être
15,000 dans la province de Québec avec des permis. On doit être
assez brillant comme ministre pour envoyer des questionnaires aux
propriétaires, aux gars qui ont des permis, et dire: Qu'est-ce qui ne
marche pas, mon vieux? Dis-nous-le. Je ne pense pas que personne ici a eu des
questionnaires chez soi, pour savoir ce qui ne marchait pas dans le taxi.
M. BOSSE: Sans répondre pour tout le monde, calmement, je pense
que votre raisonnement est très sensé, c'est justement ça
qu'il faut comprendre. Pourquoi un individu qui a fait une enquête, un
rapport, inviterait tout le monde à s'exprimer si son intention
n'était pas de clarifier la situation devant le parlement et devant tous
les partis politiques, afin de faire en sorte que ce règlement
corresponde à ce que vous voulez, vous, ou à ce que l'ordre
public exige?
Je pense bien que personne ne peut mettre en doute mon
honnêteté dans le travail que j'ai fait. Dans tous les cas, je ne
veux pas faire d'interventions inutiles.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. BOSSE: Moi, il me paraît que, si nous entendions les parties
dans l'ordre, une après l'autre, selon l'ordre qui a été
établi, pour ensuite permettre à chacun de se faire entendre,
nous pourrions libérer un certain nombre de personnes qui pourraient
partir pour Sept-Iles, Baie-Comeau, Montréal et ailleurs. Nous
entendrions tout le monde. Peut-être qu'au bout de la ligne vous auriez
des petites surprises dans les modifications que le gouvernement veut
apporter.
Nous voulons vous entendre. Mais nous ne voulons pas entendre des gens
crier fanatiquement, avant même de s'être exprimés, de
savoir ce que nous avons à proposer. C'est ça qu'on
appelle...
M. FRADETTE: Ce que nous ne comprenons pas, M. Bossé...
UNE VOIX: Venez donc faire du taxi une fois de temps en temps à
Montréal.
M. FRADETTE: II en a déjà fait, M. Bossé.
M. Bossé, vous devez comprendre que M. Bourassa vous a
laissé ça entre les mains deux ans. Votre bill a
été sorti et ce n'est pas la paix dans le taxi. Je ne sais pas ce
que vous pouvez faire... Un instant, tout à l'heure, je vous ai
laissé parler, maintenant c'est à mon tour. Je vais finir ma
phrase, un instant. Qu'est-ce que vous pouvez faire, vous, aujourd'hui? Parce
qu'il y a peut-être 4,000 ou 5,000 taxis un peu partout. Qu'est-ce que
c'est la réponse qu'on va avoir aujourd'hui? C'est officiel qu'il y a
dix villes qui viennent, peut-être 200 gars qui vont parler. Des gars,
comme j'ai dit tout à l'heure,
qui sont nerveux, qui ne savent pas si on va couper des permis de
travail dans certaines villes, tous ceux qui ont deux emplois, ceux dont
l'automobile est finie et qui sont obligés de s'acheter des automobiles
noires. Y a-t-il une réponse que vous pouvez nous donner aujourd'hui,
vous, avec vos amendements à tous les deux jours? Pouvez-vous nous dire
qu'on n'en aura pas de ça?
M. BOSSE: C'est-à-dire qu'il y a des ques-tons sur lesquelles les
réponses sont très faciles et en fait pourraient probablement
démystifier ou justement éclairer les gens. Il ne s'agit pas de
partir en peur. Vous n'avez jamais eu l'occasion, dans le domaine du taxi, de
vous faire entendre au parlement. Acuun gouvernement antérieur ne vous a
donné l'occasion d'être présent.
M. FRADETTE: M. le Président, je vais laisser la parole à
un autre. Je vous remercie beaucoup de m'avoir laissé parler.
J'espère que M. Bossé a compris le message. Il n'est pas
infaillible et je crois, comme tout homme, qu'il a fait une erreur avec son
bill. Le gars qui ne fait pas d'erreur est dans l'asile. Il a fait une erreur
avec son bill.
LE PRESIDENT: Nous allons suspendre nos travaux...
M. RATTE: M. le Président, juste un mot... LE PRESIDENT: Un mot,
oui, bref.
M. RATTE: Roger Ratté, taxi de Québec,
propriétaire.
LE PRESIDENT: Vous avez parlé tout à l'heure.
M. RATTE: C'est parce qu'il m'a tellement choqué que je n'ai pas
pu dire tout ce que je voulais dire, M. le Président. Là je tiens
à garder mon sang-froid. Je vais vous dire une affaire, M. le
Président, c'est que M. Bossé, à nos assemblées
majoritaires, nous l'avons invité, mais il n'est jamais venu parce que
nous n'étions pas d'accord avec lui et que nous n'étions pas de
son bord. Avez-vous déjà vu ça, une affaire de même,
M. le Président? Le gouvernement de M. Bourassa est majoritaire et se
fait mener par la minorité. On n'a jamais vu ça. Ce n'est pas une
question de parti, M. le Président, c'est une question de justice. M.
Bossé a toujours écouté la minorité, jamais la
majorité. Nous sommes de la majorité, nous, ils ne nous a jamais
écoutés. Il a toujours écouté ceux qui faisaient
son affaire avec Mineau, le "pas de cheveux". Cela en est un autre, ça.
Ce n'est pas croyable, M. le Président, mettre des gars comme ça
à la tète du gouvernement pour régler une affaire...
M. PINARD: Me permettez-vous? Si c'est le problème du double
emploi qui vous inquiète...
M. RATTE: Non, ça ne m'inquiète pas, M. le
Président, qu'il y en ait deux ou trois. Le gars qui a deux ou trois
emplois, c'est parce qu'il a le coeur de le faire. Vous en avez deux ou trois
emplois, vous. Est-ce que nous vous le disons? Nous ne vous le disons pas. Que
le gars ait deux, trois ou quatre emplois... je conduis des Ready Mix, j'ai du
coeur, j'ai besoin d'argent!
M. PINARD: Laissez-moi répondre. Si vous m'aviez laissé
l'occasion de déposer des amendements ce matin...
M. RATTE: M. le ministre, nous avons confiance en vous. Nous savons que
vous êtes avec nous à 100 p.c.
M. PINARD: Je suis prêt à vous dire...
M. RATTE: Mais lui, je le ferais démissionner du parti. Il va
faire tort au Parti libéral, ce n'est pas croyable.
M. PINARD: C'est moi qui suis ministre des Transports, qui suis
responsable.
M. RATTE: Oui mais...
M. PINARD: Je vous promets que les doubles emplois vont être
protégés, les triples emplois...
M. RATTE: Oui, mais ne l'écoutez pas lui, c'est un pas bon!
M. PINARD: II va y avoir protection des droits acquis en faveur de la
veuve et des enfants.
M. RATTE: J'aime autant être dans mes pantalons que dans les
siens.
M. PINARD: II y a une foule d'amendements que nous sommes prêts
à apporter, mais le choix, ce matin, c'était de vous dire les
amendements que j'étais prêt à vous proposer ou de vous
écouter d'abord.
M. RATTE: M. le Président...
M. PINARD: Nous avons pensé que c'était plus
démocratique de vous écouter d'abord. Nous sommes prêts
à vous écouter mais, s'il vous plaît, respectez le
Parlement, respectez la commission parlementaire, faites-le dans l'ordre, dans
l'objectivité, ne faites de procès à personne.
M. RATTE: D'accord.
M. PINARD: Les députés ne sont pas tous des bandits, ce ne
sont pas tous...
M. RATTE: Je n'ai pas dit ça, M. le Président. Je respecte
le ministère, la commission
parlementaire, le gouvernement et l'Opposition. Je les respecte tous,
mais quand il y a une affaire, qu'un gars nous embarque dessus avec une
minorité au lieu d'une majorité, pensez-vous que ce n'est pas
tannant pour nous de dormir? Nous ne dormons pas. Il nous empêche de
dormir. Pourquoi garder un gars semblable dans le parti? Il vous fait tort, M.
le ministre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous ajournons...
M. ROCH (André): André Roch, chauffeur de taxi de
Montréal. J'aurais seulement un mot à vous dire. La plupart des
gens qui sont ici sont venus pour vous dire que nous ne voulions pas avoir le
règlement no 6, que nous sommes contre la centrale. Pourquoi toujours
discuter? Nous sommes venus à 80 p.c. pour vous dire que nous ne voulons
pas de ce règlement-là.
M. Loubier a proposé que nous fassions un comité et qu'on
discute les amendements avec des membres du ministère des Transports.
Accordez-nous ce privilège-là et nous allons vous donner des
amendements tant que vous en voulez. Nous connaissons le problème du
taxi, c'est nous qui travaillons dessus. Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous ajournons nos travaux à 2 h
45 cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
Reprise de la séance à 15 heures
M. SEGUIN (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs!
L'Association des propriétaires de taxis de Laval. Si le ou les
représentants sont ici, ils voudront bien s'approcher de 'a table et
s'adresser, sans autre préambule, à la commission en donnant
d'abord leur nom et l'association qu'ils représentent.
Association des propriétaires de taxis de
Laval
M. LANCTOT: M. le Président, mon nom est Robert Lanctôt. Je
représente l'Association des propriétaires de taxis de Laval,
ainsi que la Coopérative des propriétaires de taxis de Laval qui
groupent sensiblement les mêmes membres. Au départ,
établissons que l'Association des propriétaires de taxis groupe
environ 115 personnes, sur une possibilité de 165 qui détiennent
des permis à Laval.
Je ne sais pas si on vous a déjà remis copie du bref
mémoire que l'association vous a présenté. Evidemment, on
a été pris de court, comme tout le monde, mais on a quand
même tenté de vous faire part de nos principaux commentaires sur
le règlement no 6. Nous allons passer par-dessus certains points
techniques puisque vous pouvez en prendre connaissance vous-mêmes. Cela a
rapport au dôme et à tous les détails techniques qui
concernent le taxi. Nous n'avons pas eu le temps de les étudier à
fond. Nous avons tout de même soumis dans le rapport certains points sur
lesquels nous ne sommes pas du tout d'accord.
Il y a six ou sept points sur lesquels je voudrais attirer l'attention
des membres de la commission; ce sont les grandes lignes auxquelles on s'est
attaché dans le règlement. Le premier point nous paraît
peut-être secondaire; c'est la question de la feuille de route telle que
suggérée par le règlement. Cela ne nous semble pas
réaliste. Imaginez s'il faut que les propriétaire, comme
chauffeurs de taxi, passent leur journée à remplir des formules
tel que suggéré. Je ne dis pas qu'elles ne sont pas valables,
mais il reste quand même que le travail ne sera plus expéditif.
C'est un point mineur que nous voulons souligner.
Le deuxième point soumis par le règlement est la question
du directeur-gérant. Je soumets immédiatement à
l'attention des membres de la commission qu'il nous semble que le
règlement s'est basé peut-être un peu trop sur
l'étude faite à Montréal. Le problème du taxi
à Montréal n'est pas du tout, selon nous, le problème qui
existe à Laval. A Laval, au départ, il existe dans la
majorité des cas, des propriétaires artisans, c'est-à-dire
des gens qui gagnent leur vie au moyen du taxi. Non pas que nous soyons contre
les concessions qui existent à Montréal,
par exemple, ou les monopoles de taxis, ce n'est pas notre
problème.
A Laval, l'ensemble des gens qui détiennent un permis sont des
propriétaires de taxis qui travaillent eux-mêmes et qui vont
chercher leur gagne-pain à même leur travail. D'une façon
générale, le règlement nous semble porter trop d'attention
à des particularités qui soulèvent des problèmes
dans une agglomération aussi grande que Montréal et où il
y a souvent beaucoup plus de chauffeurs que de propriétaires qui
conduisent eux-mêmes leur taxi. Pour revenir au directeur-gérant
tel que suggéré, puisque c'est quand même une partie
importante dans le règlement, on prévoit justement que le
directeur-gérant doit être un bonhomme qui ne détient pas
un permis de taxi.
Vous vous imaginez bien que dans une ville comme Laval, qui a une
population de 200,000, d'accord, il ne doit quand même pas y avoir un
service de l'ampleur de celui offert à Montréal où une
foule de compagnies existent et une foule de gares. A Laval, c'est pour
transporter les gens, c'est une ville dortoir. Le service de taxis n'est pas du
tout le même qu'à Montréal. Impliquer le salaire d'un
bonhomme qui travaillerait à temps complet comme
directeur-gérant, nous soumettons à cette commission que ce
bonhomme coûterait peut-être drôlement cher à
l'association d'agglomération telle que suggérée par le
règlement et il ne s'occuperait pas réellement toute la
journée pour faire son boulot.
Il y a un troisième point sur lequel nous voudrions appuyer
davantage, c'est la question de la valeur marchande du permis de chauffeur de
taxi. Partout dans le règlement no 6 il semble qu'on veuille enlever
toute valeur marchande à ce permis.
Au nom des propriétaires de taxis de Laval, nous ne voyons pas
pour quelle raison l'Etat s'attribuerait du jour au lendemain le droit de dire
que les permis n'ont plus de valeur même si on dit à un certain
article qu'effectivement il y aura une compensation. On ne parle pas de valeur
marchande. Et tous ces bonshommes qui ont acquis des permis les ont acquis pour
des sommes quand même assez importantes quant à eux. Nous ne
voyons pas pourquoi le gouvernement viendrait à ce moment-ci dire:
Messieurs, votre permis n'a plus la valeur qu'il avait au moment de
l'acquisition.
Et nous n'acceptons pas de prendre le risque tel que formulé par
l'article je ne sais plus lequel qui dit qu'on évaluera le
permis à la moitié de la valeur des revenus nets... ce sont
à peu près les termes de l'article. Nous pensons qu'il y a un
grand risque que le propriétaire artisan, qui fait du taxi un commerce,
voit du jour au lendemain son commerce se dévaluer.
Aussi, concernant la valeur du permis, une foule d'articles disent que
la commission pourra retirer un permis, soit pour une question d'assurance,
soit que le détenteur ne remplirait pas les normes
édictées par les règlements. Il n'y a pas d'articles qui
tranchent la question quant à savoir de quelle façon... Il y a
toujours l'article qui dit qu'on évaluera selon la moitié des
revenus nets de la dernière année... mais l'Association des
propriétaires de taxis maintient que le permis de taxi devrait toujours
être évalué selon la valeur marchande qu'il a
présentement.
Un article aussi que l'association n'accepte quand même pas
facilement, c'est celui qui dit que le permis, au départ, est un
privilège. C'est assez accepté puisque c'est un privilège
qui était octroyé par les autorités municipales. Mais
lorsque l'article dit qu'il ne s'agit plus de droits acquis vous allez
me dire qu'il n'y en a jamais existé il reste que le bonhomme qui
remplissait les normes se voyait normalement renouveler continuellement son
permis de taxi. Par le règlement, nous craignons que la commission qui
siégera pour l'émission des permis puisse enlever des permis. Et
c'est toujours le même problème que nous soulevons: De quelle
façon sera évalué ce permis? Par exemple, le type qui
n'est plus assurable; c'est un cas qui existe assez fréquemment dans le
domaine du taxi, pour certains, c'est leur faute, mais pour d'autres, c'est
pour des raisons complètement indépendantes d'eux. Cela voudrait
dire à ce moment-là: Quelle est la valeur? Et je pense que le
règlement ne répond pas à cette question.
Le bonhomme ne peut plus transférer son permis, à moins
que je ne m'abuse, puisque la commission retire le permis en question.
Il y a un quatrième point qui, dans le règlement, nous
apparaît bizarre. En effet, on a voulu, par ce règlement, non
seulement protéger les chauffeurs de taxi, mais aussi assurer la survie
du propriétaire artisan. Or, de la façon qu'on a
réglementé dans le présent cas, il appert, selon nous, que
le propriétaire artisan se verra devenir un fonctionnaire comparable
à un chauffeur d'autobus, qui devra faire de telle heure à telle
heure, qui ne pourra plus exercer librement son commerce. Je me permets de vous
faire part de la réaction de certains membres de l'association qui
disaient carrément: Si on veut nous mettre un carcan, eh bien, on fait
du taxi parce que, justement, on est libre de le faire. Et ces
bonshommes-là gagnent leur vie avec cela. Si le gouvernement veut nous
mettre un carcan, nous allons vendre notre permis, puisque nous avons choisi
d'être propriétaires d'un permis de taxi je parle pour le
cas de Laval et d'utiliser nous-mêmes ce permis de taxi. Ils
disent: Aussi bien nous retirer et travailler à un autre endroit
où nous aurons des heures fixes, mais nous n'aurons pas une foule de
rapports à faire, une foule de renseignements à fournir. Si nous
sommes limités dans un commerce, aussi bien partir un autre genre de
commerce. Parce qu'il faut quand même admettre que le taxi est un
commerce, et le règlement apparaît à l'association comme un
carcan.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pour permettre aux membres de la
commission de suivre vos commentaires, pourriez-vous donner la
référence à l'article en question, dans la mesure du
possible?
M. LANCTOT: J'aimerais bien cela, M. le Président, mais
malheureusement nous n'avons pas eu le temps. J'ai essayé de brosser un
bref résumé.
M. BOSSE: Article 61, paragraphe d). On parle de 60 heures par semaine
que le permis devrait être mis en disponibilité.
M. LANCTOT: C'est cela, M. Bossé. A cet effet, je me permets
d'ajouter que, justement, pour valoriser la position du propriétaire
artisan... Imaginez que le propriétaire artisan gagne sa vie avec son
véhicule, qu'on veuille le limiter. D'accord, à 60 heures, on
limite son commerce, on limite son entreprise. Vous allez me dire
sûrement qu'il n'y a pas de minimum ou de maximum marqué.
M. BOSSE: Le minimum est de 60 heures, il n'y a pas de maximum.
M. LANCTOT: C'est un maximum aussi?
M. BOSSE: Non, non. Le minimum est de 60 heures mais il n'y a pas de
maximum. C'est pour obliger, en fait, celui qui détient un
privilège de donner le service au public, s'assurer qu'il le donne au
public. C'est un minimum de 60 heures.
M. LANCTOT: D'accord.
M. BOSSE: C'est pour le véhicule, à part de cela, pas pour
l'employé.
M. LANCTOT: Si c'est ce que le règlement veut, d'accord.
M. BOSSE: C'est cela.
M. LANCTOT: Mais je pense qu'il y aurait peut-être lieu de
préciser que c'est un minimum parce que cela pourrait être un
maximum, d'après la formulation.
M. BOSSE: C'est fait au journal des Débats, à l'heure
actuelle.
M. LANCTOT: Bon. Alors, je ne continuerai pas plus longtemps.
Il y a un cinquième point sur lequel nous voudrions attirer votre
attention. Le tarif suggéré par le règlement semble
acceptable pour l'Association des propriétaires de taxis, à une
seule chose près, peut-être. C'est que pour la nuit,
c'est-à-dire à partir de minuit jusqu'à huit heures,
l'association serait drôlement d'accord pour qu'au moment de la chute il
y ait majoration de $0.25 à titre de service de nuit. Je disais donc que
le tarif suggéré par le règlement est accepté par
l'Association des propriétaires de taxis, à une exception
près, c'est-à-dire qu'il y ait une majoration de $0.25 lors de la
chute, à partir de minuit jusqu'à huit heures du matin.
M. BOSSE: La nuit.
M. LANCTOT: Un tarif de nuit qui existe, d'ailleurs, dans plusieurs
grandes villes.
Il y a un sixième point, enfin, sur lequel nous voudrions attirer
votre attention. C'est l'article 6.270, où il est dit textuellement: "II
doit être constitué une association de taxi pour chaque
agglomération, conformément à l'article 6.406". Cet
article se réfère, en d'autres mots, à une incorporation
selon la troisième partie de la Loi des compagnies. Nous soumettons,
messieurs, que cet article devrait inclure aussi les coopératives. En
effet, déjà, dans certaines villes comme la nôtre, existe
une coopérative qui est très représentative de la
majorité des détenteurs de permis de taxi. Selon nous,
créer une autre corporation légale parallèlement à
la coopérative existante ne consisterait qu'à doubler les
services et les tâches.
Les coopératives, que ce soit à Laval, Sherbrooke,
Trois-Rivières ou Québec peut-être que j'en oublie
sont déjà en place et fournissent des services au public
et à leurs membres.
Nous croyons aussi que le mouvement qui mène à la
formation d'une coopérative motive davantage ses membres. En effet, non
seulement il y a un désir plus ardent de bien servir la
clientèle, mais il y a aussi tous les avantages dont peuvent jouir les
membres d'une association coopérative.
Brièvement, concernant les coopératives, je pense que dans
un même corps, dans une même corporation légale, si vous
voulez, le service au public et aux membres pourrait être fourni.
Peut-être que nous parlons de façon quelque peu
intéressée, puisque déjà une coopérative
existe à Laval. Il n'en demeure pas moins que l'expérience qui a
été vécue à Laval certains membres de cette
commission sont sûrement au courant a drôlement
contribué à réorganiser tout le taxi à Laval, parce
que les membres réalisent que c'est leur propre affaire.
L'association, telle que suggérée par le règlement,
nous parait un peu trop comme un corps disciplinaire. Sans doute, vous savez
comme moi qu'il n'est pas facile de faire de la discipline dans le milieu du
taxi. L'association d'agglomération semble plutôt un corps qui
doit servir aux fins du public. Il s'agit d'organiser une centrale. Il y a
certains points, quand même, qui disent qu'on va créer un
régime de rentes pour les membres, etc. Mais de l'ensemble des articles
concernant l'association, il ressort avant tout que c'est pour restructurer,
comme la coopérative pourrait le faire, tout le taxi dans une
agglomération.
A ce moment-là, on ne voit pas réllement à quelles
fins pourrait servir cette association pour les membres, puisqu'avant tout
l'association doit être un corps visant à organiser le taxi dans
une agglomération. Il y aurait peut-être lieu de lui donner plus
de pouvoirs. Comme des coopératives efficaces existent
déjà dans plusieurs villes importantes, nous demandons aux
membres de la commission s'il n'y aurait pas lieu d'amender cet article et d'y
ajouter: "ou les coopératives, selon le chapitre 292."
Enfin, messieurs, nous comprenons que c'était un travail ardu que
de tenter de réglementer le domaine du taxi. Nous soumettons cependant
que ce règlement n'a pas assez fait la différence entre
propriétaire artisan et le chauffeur de taxi. Ce n'est pas que nous
voulons avoir une chasse gardée mais il demeure qu'il y a trop
d'articles dans ce règlement qui s'appliquent à des
propriétaires et on se demande l'utilité d'une telle
application.
Je pense qu'il y aurait sûrement lieu de préciser quels
articles devront s'appliquer au chauffeur de taxi et lesquels devront
s'appliquer au propriétaire artisan. Enfin, en dernier lieu, nous
soumettons qu'il nous semble je me répète peut-être
que le règlement a été construit en prenant comme
base le problème de Montréal. Et c'est le dernier point que je
voudrais soumettre à votre attention.
Vu la complexité du problème qui existe à
Montréal, le nombre de permis en circulation, le nombre de chauffeurs,
nous comprenons facilement qu'il faille une réglementation bien
précise pour coordonner tout ce système. Cependant, ce n'est pas
notre problème à Laval, messieurs. Le problème à
Laval, je vous l'ai dit, nous avons des propriétaires artisans, nous
acceptons qu'il y ait certaines normes émises par le gouvernement pour
la protection du public, l'intérêt du public, d'accord. Mais les
propriétaires de taxis de Laval ont un commerce bien établi, ils
veulent le conserver sans que le gouvernement n'intervienne dans tout ce qu'ils
font, de la même manière que tout bonhomme qui exploite un
commerce dans une ville.
Je pense qu'il y aurait lieu peut-être, avant d'adopter un
règlement final, d'étudier plus à fond les
problèmes qui existent dans les autres villes. Je ne vous retiens pas
plus longtemps, j'ai terminé quant à moi.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous me permettez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Bellechasse,
chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: J'aurais une question à poser â celui qui vient
de présenter le mémoire pour l'Association des
propriétaires de taxis de Laval incluant les membres de la
coopérative. Il a souligné à différentes reprises
qu'ils ont été un peu pris de court je pense que
c'était l'expres- sion utilisée et qu'il n'a pas eu le
temps d'étudier à fond le règlement tel que soumis. Il a
dit qu'une des plaintes fondamentales était qu'on n'avait pas tenu
compte, dans le règlement, des caractéristiques qui pouvaient
être propres à Laval ou ce secteur et que le tout serait
noyé dans l'ensemble du grand Montréal. Il a ajouté que le
problème qui confronte les propriétaires et les chauffeurs de
Laval ne sont pas les mêmes que ceux de la ville de Montréal.
Est-ce que j'ai bien interprêté? Vous nous faites certaines
suggestions, mais est-ce que vous souhaiteriez avoir plus de temps pour
l'étudier plus à fond et faire des suggestions plus
précises concernant le territoire qui vous intéresse plus
spécifiquement?
M. LANCTOT? Je pense bien qu'on pourrait nous accorder du temps
supplémentaire. Il ne s'agit peut-être pas d'accorder des mois
parce que, si on veut régler le problème du taxi, il faut quand
même y voir. Mais, s'il nous était accordé un délai
supplémentaire pour étudier à fond certains
problèmes et les faire valoir davantage en prenant des exemples
concrets, je pense que peut-être la commission pourrait en
bénéficier davantage. Nous n'avons pas pu le faire à cause
du court délai.
M. LOUBIER: Est-ce que je peux déduire en toute
honnêteté de vos propos que vous souhaiteriez que les
caractéristiques qui ressortent de votre territoire puissent être
précisées davantage pour faire en sorte que la
régionalisation de cette réglementation se fasse selon les
besoins et le contexte du lieu?
M. LANCTOT: Donc, nous apprécierions grandement avoir l'occasion
de faire valoir le problème du taxi à Laval, même si
certains membres qui ont étudié le problème du taxi
connaissent assez bien le problème qui existe à Laval.
Aujourd'hui, tout ce que nous avons fait, c'est de regarder les grandes lignes
du règlement no 6. Nous nous sommes limités à commenter ce
règlement, sans faire ressortir les problèmes qui existaient
à Laval. Je vous en ai mentionné un, c'est le propriétaire
artisan. Des chauffeurs, il n'en existe pas tellement à Laval. Je n'en
connais pas le nombre, mais c'est très restreint comme chauffeurs. La
plupart sont des propriétaires artisans.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, vous êtes avocat.
M. LANCTOT: C'est ça.
M. LOUBIER: Etant avocat, vous n'avez pas eu assez de temps, vous avez
été pris de court pour faire une étude approfondie et
présenter un mémoire plus élaboré.
M. LANCTOT: M. Loubier, l'Association des propriétaires de taxis
s'est réunie la semaine
dernière. Alors, avant que l'administration de l'association, la
coopérative se réunisse à son tour...
M. LOUBIER: C'est loin d'être un reproche. Je veux tout simplement
illustrer par là que vous, qui êtes avocat, qui êtes
familier avec tous ces textes, avec toutes les énergies que vous y avez
mises, toute la somme de travail, il vous a été impossible d'en
cerner toute la profondeur et toutes les implications. Vous souhaiteriez
pouvoir l'étudier davantage pour arriver à des suggestions plus
concrètes, qui colleraient au besoin et au contexte de vos clients.
C'est ça?
M. LANCTOT: Disons qu'on le souhaite pour autant que le gouvernement
émette un règlement sur le taxi.
M. LOUBIER: D'accord.
M. LANCTOT: Qu'on ne mette pas ça sur les tablettes.
M. PINARD: Si de bonnes explications sont données aux points
d'interrogation soulevés, est-ce que vous pensez qu'on peut quand
même travailler objectivement, de façon réaliste et assez
rapidement? Pour autant qu'on aura la chance d'expliquer le point de vue du
gouvernement et le mécanisme de fonctionnement du règlement no
6?
M. LANCTOT: C'est ça. Absolument, M. le ministre. D'ailleurs, si
vous remarquez, nous n'avons pas rejeté en bloc le règlement no
6. Nous nous sommes attardés seulement aux points qui nous semblent
atteindre de façon inacceptable la qualité de propriétaire
artisan, ce qui est le cas à Laval.
M. PINARD: Après avoir entendu ceux qui devaient se faire
entendre, pensez-vous qu'il serait possible que ceux qui représentent le
gouvernement, ayant la chance d'expliquer le fonctionnement, les objectifs et
la mécanique de fonctionnement, on puisse en venir à une entente
satisfaisante?
M. LANCTOT: Non seulement je pense que c'est possible, mais il est
souhaitable que la commission parlementaire en vienne à édicter
quelque chose de définitif concernant le taxi.
M. PINARD: Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: La question que je poserais est un peu hypothétique,
mais vu que la commission semble vouloir établir une nouvelle valeur des
permis de taxis, établir une nouvelle valeur de base ou un minimum pour
facilier l'uniformisation d'une nouvelle échelle de la valeur des
permis, votre coopérative accepterait-elle cette échelle,
moyennant remboursement de la différence?
M. LANCTOT: Je m'excuse, je ne comprends pas. Parce que c'est seulement
la commission qui établit la valeur... On peut parler de valeur du
permis...
M. AUDET: La valeur que vous estimez présentement avec la valeur
que la commission voudra bien donner au permis.
M. LANCTOT: Qui compenserait pour la différence? Le
gouvernement...
M. AUDET: Justement, je crois que le gouvernement se doit, s'il veut
établir de nouvelles lois, d'en payer la note.
M. LANCTOT: Nous sommes d'accord, pour autant que les bonshommes
intéressés ne perdent pas quant à la valeur de leur
permis. Que ce soit de quelque façon, pour autant qu'on leur octroiera
au moins la valeur approximative et marchande de leur permis.
M. AUDET: Croyez-vous que ceci faciliterait la possibilité pour
votre coopérative de continuer à exister à l'encontre des
suggestions du gouvernement de regrouper sous une même association tous
les taxis?
M. LANCTOT: Si le gouvernement adopte le règlement tel quel,
c'est bien évident que la coopérative peut quand même
continuer à exister pour le service unique des membres. La seule
question que l'on se pose est: Pourquoi deux groupes parallèles
existeraient-ils pour en venir au même rôle, le taxi? La
coopérative pourrait donner un bon service au public et un bon service
à ses membres.
M. AUDET: Etex-vous pour un regroupement global?
M. LANCTOT: Oui, nous sommes entièrement d'accord sur le
regroupement, mais encore là, nous parlons pour nous, à Laval,
puisque nous avons un problème concret; celui de Montréal, nous
ne le connaissons pas. Je voudrais bien qu'on comprenne bien que je parle pour
Laval; nous n'avons pas étudié le problème de
Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie, le député de Napierville-Laprairie et le
député de Dorion. Avez-vous terminé?
M. AUDET: Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Prési-
dent, j'ai seulement une question à poser à M.
Lanctôt.
Avec votre permission, avant, je voudrais apporter une petite correction
j'en ai à peu près pour dix secondes à mon
texte de ce matin, surtout pour le journal des Débats. Mon texte disait:
Les coopératives sont-elles trop ou pas assez généreuses?
Il aurait fallu lire: Les compensations.. C'est une erreur d'impression du
texte, il ne fallait pas écrire le mot "coopérative" mais bien le
mot "compensation".
Ceci dit, j'aurais une question à poser à Me
Lanctôt. Dans votre mémoire, vous parlez des 60 heures par
semaine, des huit heures par jour et vous dites que les gens que vous
représentez ne sont pas d'accord, qu'est-ce que vous pensez de la
suggestion de l'équivalent des 60 heures par semaine réparties
sur un an? Ceci voudrait dire qu'un chauffeur de taxi aurait une moyenne de 60
heures par semaine dont 35 heures en fin de semaine et 25 heures les autres
jours. Cela resterait son privilège et son droit. La moyenne d'heures
serait de 60 heures par semaine mais répartie sur un an, ce qui
reviendrait à dire 2880 heures. Quant aux 60 heures, le chauffeur les
ferait quand il le voudrait. S'il veut les faire la fin de semaine ou le lundi,
ce serait son privilège, il garderait cette liberté. Je
soumettais cela dans le texte surtout pour consultation. Je vous demande votre
idée, l'idée de vos membres.
M. LANCTOT: J'émets une opinion personnelle, puisque ça
n'a pas été discuté comme tel. Je pense que l'idée
n'est peut-être pas mauvaise.
Mais, si on veut édicter les normes, de quelle façon le
gouvernement pourra-t-il réellement vérifier les 60 heures si,
comme vous le dites, une semaine, un bonhomme peut faire 25 heures et si, dans
une autre, il peut faire 80 heures?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela serait contrôlé par son
association. Il ne s'agit pas d'avoir un inspecteur du gouvernement pour chaque
chauffeur. L'association dont il ferait partie contrôlerait la moyenne
d'heures que le chauffeur de taxi ferait dans un an. C'est difficile de
répondre tout de suite, je comprends. Je vous demande simplement ce que
vous en pensez. C'est une suggestion que nous donnions dans notre texte.
M. LANCTOT: En pratique, cela se fait sûrement puisqu'en hiver les
chauffeurs de taxi travaillent de longues heures. Par contre, durant
l'été, ils font des semaines de 24 heures. Si on pense à
l'intérêt public, c'est là que le problème se
pose.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y a la loi de l'offre et de la demande.
Si tous les taxis disent : Je fais mes 60 heures pendant les fins de semaine,
il va y avoir une pénurie de taxis au début de la semaine. Donc,
automatiquement, il y en a qui vont faire leurs heures au début de la
semaine. Cela compense.
M. LANCTOT: Le danger du minimum est peut-être une question
d'ordre économique. Comment les propriétaires de permis, qui ont
des chauffeurs sur leurs véhicules, feront-ils pour maintenir leur
commerce, par exemple, durant la période estivale, si on les oblige
â mettre en circulation les véhicules 60 heures par semaine?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. Lanctôt, vous avez fait état des
distinctions de circonstance qui peuvent exister dans le domaine du taxi
à Montréal et à Laval. A priori je suis disposé
à accepter ces distinctions. Par contre, je voudrais savoir si vous
êtes en mesure de nous dire si ceux que vous représentez seraient
plus favorables à ce que Laval soit exclu de la réglementation no
6 ou s'ils préféreraient avoir le règlement no 6 tel que
vous l'amendez, d'une façon générale. J'essaie de mettre
le doigt sur les aspects qui peuvent vous paraître positifs dans le
règlement no 6, s'il y en a pour vous.
M. LANCTOT: Votre question est dangereuse. Je pense que le
règlement devrait être plus souple pour ce qui est de son
application.
M. BERTHIAUME: Pardon? M. LANCTOT: Je pense que...
M. BERTHIAUME: II pourrait être plus souple.
M. LANCTOT: ... le règlement devrait être plus souple quant
à son application.
M. BERTHIAUME: Implicitement, il y a des dispositions pour les gars de
Laval.
M. LANCTOT: Ce serait la commission qui verrait à ce que le
règlement soit appliqué intégralement dans telle
municipalité ou s'il ne s'applique pas.
M. BERTHIAUME: Pouvez-vous me donner brièvement une idée
des points qui vous semblent particulièrement
bénéfiques?
M. LANCTOT: Des points qui ne pourraient pas être appliqués
à Laval, par exemple?
M. BERTHIAUME: Oui.
M. LANCTOT: Je regrette, mais je ne pourrais pas vous répondre
à brûle-pourpoint comme cela et sortir des points techniques.
Comme
je vous le dis, on s'est attaché aux grandes lignes du
règlement. On ne s'est pas attaché aux technicités du
règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Est-ce que votre groupe est satisfait de la norme d'un permis
par 1,000 â 1,200 personnes dans votre agglomération?
M. LANCTOT: Je pense qu'on peut dire que l'association est satisfaite si
on la maintient au moins à 1,200. Elle aurait apprécié
davantage 1,500, en vous rappelant que Laval est une ville-dortoir.
M. BOSSE : Est-ce que vos membres ont été
consultés, est-ce qu'ils ont rencontré ceux qui travaillaient
avec moi lors de l'enquête ou après et est-ce qu'on a mis à
votre disposition, aussi rapidement que possible, des exemplaires du
règlement en nombre suffisant?
M. LANCTOT: On a reçu, effectivement, des exemplaires du
règlement, et les membres en ont été informés lors
d'une assemblée qui a eu lieu hier soir à huit heures.
M. BOSSE: Vous dii.es bien hier soir?
M. LANCTOT: Evidemment, on avait consulté les membres auparavant,
soit de bouche à oreille, mais il y a eu une assemblée officielle
qui a pu être tenue...
M. BOSSE: De votre groupement? M. LANCTOT: C'est cela, du groupe.
M. BOSSE: Dès que le règlement a été
publié, il était disponible, je pense que vos membres ont
été avertis.
M. LANCTOT: Oui. Les membres se rencontrent fréquemment et s'en
parlent. Nous savions quand même quel était le pouls face au
règlement.
M. BOSSE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais également une
question à poser. Vous avez dit tantôt que vous n'aviez pu
étudier à fond le volumineux rapport, le règlement no 6,
qui a des implications profondes mais est-ce que vous l'avez
étudié suffisamment pour être en mesure de nous donner
l'opinion des propriétaires de taxis de Laval à savoir si ce
serait plus rentable si le règlement no 6, tel quel, était
appliqué demain matin? Est-ce que ce serait plus rentable pour les
propriétaires de taxis de Laval?
M. LANCTOT: Le secrétaire de l'association me dit que la question
a été débattue lors de l'assemblée et la
réponse est non.
M. BELAND: Est-ce que vous pourriez donner quelques raisons qui vous
font dire que ce serait moins rentable?
M. LANCTOT : Personnellement, je pense à de nombreuses
technicités qui existent dans le règlement qui font que le
travail va être beaucoup moins expéditif. C'est beau de planifier
mais je pense qu'il ne faut pas planifier de façon aiguë. Et si on
doit appliquer tous les articles sur la façon dont les chauffeurs de
taxi doivent se rapporter à la centrale, noter une feuille de route,
indiquer toutes leurs allées et venues, je pense qu'on perd à peu
près 50 p.c. de la production.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On nous indique qu'on a de la
difficulté à nous entendre des galeries, est-ce qu'on pourrait
parler un peu plus fort?
M. BELAND: Dans ce cas, cela m'amène à vous poser la
dernière question suivante. D'ailleurs, je pense bien qu'on va tous se
limiter à une ou deux questions, afin qu'il en passe le plus possible
aujorud'hui. De toute façon, pour terminer sur cet aspect de la
rentabilité, vous parlez de feuilles de route. Est-ce que vous incluez
également un autre élément important, qui est celui de la
motivation? Est-ce que la motivation va diminuer par le système qui sera
implanté par l'application du règlement no 6?
M. LANCTOT: Elle diminuerait peut-être, en ce sens que les
propriétaires de permis de taxi ne se sentiraient plus de libres
commerçants.
M. BELAND: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais demander à Me
Lanctôt s'il est en mesure de nous donner certains chiffres, certaines
statistiques quant au nombre de services qu'effectuent les chauffeurs de taxi
de la ville de Laval, quant au nombre de passagers. Dans votre mémoire,
au cinquième point, vous soulevez, à mon point de vue, un
problème très important, par référence à
l'article 637. C'est cette limite que l'on retrouve dans le règlement,
à l'effet qu'un chauffeur de taxi ne pourrait pas transporter plus de
quatre adultes. Vous craignez qu'une telle mesure, si elle était retenue
dans le règlement, aurait un effet néfaste sur le commerce du
taxi. Vous suggérez que le nombre d'adultes soit porté à
cinq, ou deux adultes et quatre enfants. Est-ce que les membres de votre
association sont en mesure de nous dire quel
est le pourcentage de services qu'ils font en transportant au moins cinq
adultes?
M. LANCTOT: Si vous le permettez, le président de l'Association
de la coopérative, M. Jean-Guy Pelletier, pourrait répondre
à cette question.
M. PAUL: Certainement.
M. PELLETIER (Jean-Guy): Concernant la qualité du service si vous
réduisez le nombre de passagers dans une voiture-taxi, je vais vous
donner des chiffres qui pourraient peut-être aider là-dessus. La
Coopérative des propriétaires de taxis de Laval a
effectué, pour un petit nombre de voitures, 6,000 appels dans les
semaines précédant Noël avec, en moyenne, trois à
quatre passagers par voiture. Cela vous donne une idée des gens
transportés.
Maintenant, en fin de semaine, la moyenne de passagers est de cinq. S'il
faut mettre deux voitures, en fin de semaine, pour transporter le même
nombre de passagers, il vient un problème qui nous empêchera de
donner un service à notre clientèle.
M. PAUL: Ne craignez-vous pas alors une situation qui pourrait causer
préjudice aux taxis, si, à un moment donné, on oblige le
père de famille, par exemple, à retenir deux taxis pour faire sa
course ou transporter les membres de sa famille? Ce serait au
bénéfice du transport en commun comme, par exemple, à
Montréal, le métro ou l'autobus.
M. PELLETIER (Jean-Guy): Disons que le commerce du taxi est un peu
compliqué. Il faut faire aimer le taxi aux gens. Il faut habituer les
gens à voyager en taxi. Si vous déshabituez les gens à
voyager en taxi parce qu'ils ne peuvent pas amener leur famille complète
avec eux dans un voyage, le père de famille va prendre le métro
ou l'autobus.
M. PAUL: C'est que Me Lanctôt je ne lui en fais pas
reproche avait soulevé, à mon point de vue, un
problème très important, qui peut affecter grandement
l'économie ou les revenus du chauffeur de taxi, en limitant le nombre
d'adultes à quatre, au lieu de cinq, ou deux adultes et quatre enfants,
comme vous le recommandez. Je pense bien que c'est une mesure qui, à mon
humble avis, devrait être retenue et le règlement devrait tenir
compte de cette recommandation qui nous est faite par votre procureur.
M. LANCTOT: Si vous me permettez, je rappelle qu'on a tantôt
soulevé les principaux problèmes. J'ai dit qu'on avait
oublié des détails. Vous allez me dire que c'est une question de
rentabilité, de service au public; c'est la raison pour laquelle j'ai
passé par-dessus, parce que je savais que les membres de la commission
prendraient connaissance du rapport.
Mais je réitère que limiter le nombre de passagers comme
le règlement le fait défavorise l'exemple que je donnais
le père de famille qui a quatre enfants. Il n'est certainement
pas pour prendre deux véhicules pour se transporter. On limite la
croissance du commerce et le service au public.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: C'était pour rejoindre un peu les
préoccupations soulevées par Me Lanctôt. Vous admettrez
vous-même que ce sont plutôt des questions de détails, qui
conservent quand même leur importance dans l'ensemble du règlement
no 6. Mais ce n'étaient pas pour vous les objectifs fondamentaux du
règlement no 6, ou les objectifs fondamentaux pour lesquels vous
formulez une opposition.
Vous avez essayé de faire ressortir ce qui vraiment est
fondamental comme opposition de votre part, relativement au règlement no
6. Je vous remercie, c'est pour ça que nous sommes en commission
parlementaire. Pour les questions de détails, je pense que nous pouvons
nous accommoder d'amendements assez facilement. Est-ce que ça doit
être quatre ou cinq passagers? Pour le groupement familial,
personnellement je serais enclin à penser qu'il faudrait accepter une
famille de cinq ou même de six, compte tenu du nombre d'adultes et
d'enfants, pour ne pas obliger une famille à se séparer en deux
pour aller à un certain endroit. Vous avez absolument raison
là-dessus.
Vous avez affirmé que c'est fondamental de maintenir la valeur
marchande du permis, sans donner trop de détails sur la formule qui
devrait être mise en vigueur pour précisément
protéger les droits acquis du détenteur de permis, en faveur par
exemple de sa famille, s'il arrivait à décéder. A quel
moment la valeur marchande devrait être indexée ou
évaluée?
Est-ce que vous avez eu à aller plus loin de ce côté
pour formuler des hypothèses de travail?
M. LANCTOT: Disons que ce sont des recommandations que nous pourrions
peut-être faire ultérieurement. Je vous rappelle que nous nous
sommes attardés aux grandes lignes et il nous paraît très
important de conserver la valeur marchande du permis pour des raisons bien
pratiques, comme j'ai noté tantôt. C'est que ces gens ont
payé, c'est un commerce pour eux. Ils ne voient pas pourquoi l'Etat
même si la loi ne va pas si loin pourrait dire: Votre
permis n'a plus de valeur marchande. Ce qu'ils ont, c'est un droit acquis,
qu'ils possèdent depuis plusieurs années.
M. PINARD : Ce serait en faveur de ceux qui sont détenteurs
actuellement de permis?
M. LANCTOT: Exactement. Qu'à l'avenir l'Etat décide de
légiférer autrement, je pense que c'est son pouvoir et son droit.
Pour ce qui est des droits acquis, je pense qu'on doit quand même
respecter ce que ces gens ont acquis à force de labeur.
M. PINARD: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Me Lanctôt, nous vous avons écouté avec
beaucoup d'attention. Nous avons senti que vous aviez une grande prudence,
parce que vous ne possédiez pas toute la connaissance nécessaire
de ce rapport qui est presque aussi considérable que le code civil du
Québec, mais qui n'a pas été
expérimenté.
Nous avons entendu ce matin de bons amis qui sont venus à la
barre et qui ont dit: C'est une épée de Damoclès sur nos
têtes. Nous voudrions changer nos automobiles, avoir d'autres
éléments et le temps ne nous le permet pas. Est-ce que vous
auriez une suggestion à faire à la commission et qui pourrait
être celle-ci: Nous vous demandons de suspendre ce règlement, de
nous assurer un délai d'un an, jusqu'au 1er janvier 1974? Cela
permettrait aux gens de savoir où ils vont, de dire: Nous avons douze
mois en avant de nous, nous pouvons changer nos automobiles. Nous pouvons
répondre à tous les éléments dont on a fait mention
ce matin.
Cela permettrait à la commission et à vous tous qui
représentez les différentes organisations, ou même les
taxis privés, de s'asseoir, d'étudier, parce qu'on dit que le
gouvernement permet un délai raisonné et raisonnable.
Est-ce que vous avez une suggestion à faire à la
commission en disant: Suspendez, pour qu'un délai soit
spécifié et une date déterminée? Je crois que
ça répondrait bien à toutes les objections ou à
toutes les critiques qu'on a faites ce matin.
M. LANCTOT: Au départ, je pense que votre délai d'un an
est trop long. On tarde déjà à régler le
problème du taxi.
M. GAGNON: C'est ce qu'on vous demande.
DES VOIX: Oh!
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LANCTOT: Peut-être que six mois suffiraient, peut-être
quatre. Je ne suis pas en mesure de trancher la question, mais je pense que
remettre encore le problème à un an, ce serait beaucoup trop
long.
Si le président me le permet, j'allais vous faire des
suggestions. Il y en aurait sûrement une à faire, c'est que deux
comités soient formés, un comité des propriétaires
artisans et un comité des chauffeurs de taxi. Que ces comités
consultent absolument toutes les agglomérations, toutes les villes et
municipalités du Québec; que ces comités soient
formés et payés par le gouvernement. Je pense qu'il y a bien des
gens au Québec qui se sont occupés du problème du taxi. De
nombreuses associations ont été formées. Il y a des gens
qui pourraient vous apporter une foule d'éléments qui aideraient
sûrement la commission à mieux réglementer le domaine du
taxi. Ce serait peut-être la seule solution pour en arriver à un
règlement qui plairait à tout le monde. On n'est pas sans ignorer
que M. Bossé a fait un excellent travail et qu'il a consacré du
temps à étudier le domaine du taxi.
Il reste quand même que le problème était tellement
complexe qu'il lui aurait peut-être fallu avoir un personnel plus
nombreux pour consulter le plus grand nombre de personnes possible. Il a
dû se limiter malgré lui. Je pense qu'il est encore temps, dans un
délai restreint, je le répète, de consulter le chauffeur
de taxi et le propriétaire de taxis en formant des comités, tel
que le prévoit la Loi des transports, le bill 23, qui seraient
subventionnés par le gouvernement avant de réglementer de
façon définitive le problème.
M. GAGNON: Vous êtes pour le principe d'un délai qui peut
varier selon les différentes organisations qui émettront des
opinions. Tout de même, le principe d'un délai est normal et
nécessaire dans la préparation de votre travail et pour
réussir à régler ce problème qui est crucial.
M. LANCTOT: Je dis oui et je pense traduire l'esprit de l'Association
des propriétaires de taxis de Laval et de la coopérative.
M. GAGNON: Très bien, c'est tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Pour revenir à la question de la rentabilité, je
vais poser une question au ministre: Quel était le but visé par
la commission lorsqu'elle a fixé le nombre de passagers à quatre
adultes plutôt que cinq? Etait-ce une question de sécurité
ou de qualité de service?
M. PINARD: C'était à la fois pour la
sécurité du public passager et pour accroitre la qualité
du service et le confort. Il faut bien admettre que, dans le contexte
nord-américain, nos voitures étant plus grandes que les voitures
européennes, c'est plus facile d'y loger cinq personnes, du moins cinq
adultes, et possiblement six personnes y compris des adultes et des enfants que
dans la voiture européenne.
Est-ce que cela a été fixé d'après une norme
qui est étrangère au contexte nord-américain? C'est
possible; je consulterai les techniciens qui
ont peut-être fait la recommandation, mais ce n'est pas une chose
à laquelle le gouvernement tient mordicus; c'est facilement amendable
compte tenu des opinions qui sont exprimées devant la commission
parlementaire, venant même de ceux qui font profession de conduire ou
d'exploiter des taxis.
M. AUDET: C'est donc dire, M. le Président, d'après les
paroles du ministre...
M. PINARD: Si vous le permettez, cette norme a été aussi
fixée à la suite de recommandations et même de griefs qui
ont été faits par des chauffeurs de taxi et par des
représentants du monde du taxi à l'effet qu'un trop grand nombre
de passagers dans leur voiture les distrayait ou les empêchait de
travailler en toute sécurité comme je l'ai dit tantôt. Ils
ajoutaient d'autres facteurs que je ne veux pas révéler pour le
moment. Enfin, je pense qu'il y a moyen de s'entendre facilement
là-dessus.
M. AUDET: Vous croyez réellement possible qu'un amendement soit
accepté s'il était demandé?
M. GUAY: Le ministre dit oui.
M. PINARD: C'est dans le domaine du possible.
M. BELAND: Est-ce que les griefs venaient également, d'autre
part, des entreprises de transport en commun? Vous avez nommé certaines
sources de griefs, est-ce qu'il y a des griefs également qui venaient
des entreprises de transport en commun?
M. PINARD: Des entreprises rivales à l'industrie du taxi?
M. BELAND: Rivales évidemment oui.
M. PINARD: Ce n'est pas ma responsabilité de rétablir
l'équilibre entre des forces concurrentes.
M. BELAND: C'est parce qu'automatiquement...
M. PINARD: Ce ne sont pas les objectifs poursuivis par le
règlement no 6.
M. BELAND: Automatiquement si, à long terme, subtilement, on
dirige les gens vers le transport en commun, c'est évident qu'en
même temps on brime l'industrie du taxi. C'est pour ça que je
posais la question. Il a pu venir des griefs des entreprises de transport en
commun. Indirectement, en fixant le nombre à quatre, au maximum,
ça pousse, à long terme, les gens vers le transport en commun.
C'est subtil mais c'est une chose à laquelle il faut penser.
M. PINARD: Je ne dis pas que c'est nécessairement subtil, c'est
une chose à laquelle on peut penser facilement, mais je vous
répète que ce n'est pas ma responsabilité, comme ministre
des Transports, et je n'ai pas à prendre parti pour l'un ou pour l'autre
dans cette concurrence qui se fait entre un système de transport ou un
autre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Verdun.
M. CARON: M. le Président, quelle est la valeur marchande d'un
permis actuellement à Laval, M. Lanctôt?
M. LANCTOT: De $4,000 à $5,000. M. CARON: Entre $4,000 et
$5,000.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire à celle du député de Verdun;
qu'est-ce que vous dites de l'uniformisation proposée de la valeur des
permis? Qu'est-ce que vous en dites? Dans Montréal on parle d'une valeur
de $2,000, de $7,000 et de $8,000. Si, chez vous, c'est $4,500 et si, dans
d'autres régions, c'est un peu plus bas.que pensez-vous de la tendance
vers l'uniformisation?
M. LANCTOT: Encore là, c'est une opinion personnelle. Je pense
qu'uniformiser la valeur du permis serait sûrement une bonne chose, mais
je réitère ce que j'ai dit: Tous les gens qui ont des droits
acquis à cet effet devraient être respectés. Lors de
l'émission de nouveaux permis, qu'on voie évidemment on va
le faire automatiquement à uniformiser, ce sera possible.
Maintenant, qu'on ne matraque pas ceux qui ont déjà
travaillé pendant cinq ou dix ans dans le domaine du taxi. Je veux qu'on
respecte simplement les gens qui se sont monté un commerce avec le
taxi.
M. BOSSE: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: En somme, si je comprends bien ce que vous avez dit tout
à l'heure, je voudrais que ce soit bien clair, vous ne voulez pas que
les gens qui ont déboursé un montant donné, $4,000, $4,500
ou $3,500, perdent d'argent à l'occasion de la perte de leur permis
d'exploitation.
M. LANCTOT: C'est absolument exact. C'est ce qu'on demande.
M. BOSSE: C'est ça.
M. LANCTOT: De la même manière, comme je le disais
tantôt, un bonhomme qui exerce un
petit commerce, si l'Etat arrivait du jour au lendemain et lui disait:
Ton commerce ne vaut plus $5,000, il vaut $2,000, j'imagine le
soulèvement qu'il y aurait à ce moment-là.
M. BOSSE: Une autre petite questions. Etes-vous d'accord sur la
limitation du nombre de permis? Je vais donner comme exemple, si on ajoutait 25
permis demain à Laval, est-ce que cela vous aiderait ou est-ce que cela
vous nuirait?
M. LANCTOT: Je pense que l'association est absolument d'accord sur la
limitation des permis tant pour le bien du public que pour le bien des
membres.
M. BOSSE: On dirait que vous avez travaillé pour le rapport
Bossé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Ce n'est peut-être pas le plus beau compliment que vous
pouvez lui faire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plait! Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que le ministre des Transports
peut nous dire si le personnel compétent de son ministère a
commencé à arrêter, à établir les normes et
les conditions de fixation d'indemnité pour celui qui perdra son permis
de véhicule-taxi?
M. PINARD : J'ai dit ce matin que nous envisagions la possibilité
de protéger les droits acquis en faveur du détenteur de permis,
de la veuve ou des enfants. Il y a différentes formules qui peuvent
être mises de l'avant. Nous avons consulté des spécialistes
en sytèmes de transport, des analystes en systèmes de transport.
Il pourrait y avoir indexation de la valeur du permis à une date
quelconque en 1972, ou le 8 juillet 1972, en faveur de ceux qui sont
actuellement détenteurs de permis, à la valeur marchande. Quelle
est la formule de rachat possible? Encore là, il peut y avoir
différentes formules qui peuvent être mises de l'avant, mais,
avant de me prononcer et d'engager le gouvernement de façon ferme
là-dessus, comme on m'a demandé de le faire, je voudrais
écouter ceux qui sont les plus affectés par ce problème,
qui vont nous dire objectivement, bien directement et bien franchement ce
qu'ils en pensent. Ils feront peut-être les mêmes hypothèses
de travail que nous, mais ça pourrait nous conduire à un choix
parmi les meilleures formules, compte tenu des intérêts qui sont
en cause.
M. PAUL: M. le Président, je remercie le ministre de me dire ce
qu'il a l'intention de faire, mais je lui ai demandé ce qu'il y avait de
fait jusqu'ici, conformément aux dispositions de l'article 5 de la Loi
23, paragraphe j). En vertu de cette loi, le lieutenant-gouverneur en conseil
doit établir des normes, les conditions qui orienteront la Commission
des transports dans l'appréciation ou la fixation d'un droit, d'un
permis ou d'une compensation en faveur de celui qui perdra
éventuellement son permis. Dois-je comprendre que le ministre nous donne
la garantie aujourd'hui que les droits acquis seront sauvegardés et
qu'il n'y aura aucun permis de taxi annulé à travers le
territoire du Québec?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Messieurs, j'ai demandé ce matin
qu'on s'abstienne de toute forme de démonstration. Je vous refais la
demande bien gentiment, bien poliment. Nous ne sommes pas ici dans un centre
autre que celui d'une commission parlementaire qui étudie un
problème très sérieux. Je demanderais qu'on s'abstienne
totalement de toute démonstration et pour et contre les commentaires qui
se feront. Je vous remercie et je compte sur votre coopération.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous me permettez de
préciser la question qu'a posée le député de
Maskinongé, qui est très claire, dans mes termes à moi, je
voudrais savoir du ministre s'il reconnaît aujourd'hui, devant tous les
gens, qu'il accepte le principe, qu'il donne la garantie que tous les permis
qui pourraient être résiliés seront payés à
la valeur marchande de ces permis. Il ne faut pas se leurrer. Si le ministre me
permet d'expliquer davantage, c'est qu'en vertu de la Loi 23, la fixation ou
l'indemnisation serait laissée à la discrétion du conseil
des ministres. Partant de là, il pourrait arriver que le conseil des
ministres, de quelque gouvernement que ce soit, peu importe qu'il soit rouge,
bleu, blanc ou caille, que ce soit laissé à la discrétion
d'une décision du conseil des ministres quant à la fixation de
cette indemnisation et que ça pourrait varier selon l'humeur ou le
baromètre du conseil des ministres. Les gens veulent avoir une
sécurité, une garantie formelle du ministre que ce ne sera pas
laissé à la discrétion de quelque personne de bonne foi
que ce soit, de quelque gouvernement de bonne foi que ce soit, que ce soit
établi clairement qu'on leur donne la garantie qu'il y aura compensation
selon la valeur marchande des permis.
M. BOSSE: Avant que le ministre ne réponde à cette
question...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: ... je voudrais apporter deux explications: 1) En vertu du
règlement actuel, il y a renouvellement automatique jusqu'en novembre
1973 de tous les permis; 2) Je crois que c'est sur la modalité de
compensation qu'on sent de la réticence; elle est fondée sur
les
rapports d'impôt ou de revenu antérieurs. Nous savons qu'il
y a énormément de réticence. Sur ce point, je laisse le
soin au ministre... Je crois que c'est beaucoup plus sur la modalité que
sur la somme elle-même.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports. La question
a été adressée au ministre des Transports, alors je lui
demande s'il a des commentaires à faire.
M. PINARD: Je répète que l'article 4 de la loi 23,
intitulée Loi des transports, indique clairement que c'est la commission
qui aura la responsabilité de fixer la valeur du permis. Jusqu'en
novembre 1973, le règlement no 6 prévoit, comme l'a
souligné le député de Dorion, qu'il n'y a pas
émission de nouveaux permis sauf si, par ailleurs, certaines conditions
contenues dans le règlement no 6 n'étaient pas respectées;
par exemple, si quelqu'un perd son permis, pour des raisons jugées
valables à la fois par l'association, par la commission, soit à
cause d'un mauvais dossier, un dossier d'accidents trop chargé, une
personne qui ne serait pas jugée persona grata par l'association
après enquête s'il le faut, il y a une foule d'autres conditions,
édictées par le règlement no 6, qui font qu'un permis est
jugé valide entre les mains d'une certaine personne. En principe, il n'y
a pas d'émission de nouveaux permis jusqu'en novembre 1973.
Le principe de la valeur marchande, je pense, reste
protégé par le règlement no 6. L'avocat qui
représente l'Association de Laval l'a souligné tantôt. Il
dit que ce n'est peut-être pas suffisamment précis; il y a
peut-être moyen de préciser davantage s'il le faut. C'est la
réponse que je puis donner. Ce serait un peu trop long d'exposer toutes
les hypothèses de travail qui m'ont été soumises, qui ont
été soumises à la commission. J'aimerais entendre le point
de vue de ceux qui représentent le monde du taxi. A ce moment-là,
nous pourrons mieux cerner le problème spécifique et choisir la
meilleure formule, compte tenu du principe fondamental qui est en cause.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé, le député de Sainte-Marie et le
député de l'Assomption.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais savoir,
premièrement, ce qui arrivera après le 1er novembre 1973 à
ceux qui sont détenteurs d'un permis. Deuxièmement, le ministre
nous dit que c'est la Commission des transports qui va fixer la compensation ou
l'indemnité de perte de permis. Le ministre pourrait-il me dire s'il a
encore fraîchement à la mémoire les dispositions de
l'article 5 k) qui dit ceci: Le lieutenant-gouverneur en conseil doit
déterminer les normes et les conditions relatives à la fixation
par la commission d'une compensation visée au paragraphe j) ainsi que le
montant qui ne peut excéder une telle compensation? On voudrait savoir
si déjà le lieutenant-gouverneur en conseil a commencé
à analyser, à arrêter les normes et les conditions qui
orienteront la future Commission des transports dans les ordonnances qu'elle
sera appelée à rendre. Troisièmement, je repose la
question au ministre: Est-ce que le ministre est en mesure de nous garantir,
aujourd'hui, que les droits déjà acquis seront
respectés?
M. PINARD: Actuellement, les articles 6.362 et 6.363 du règlement
no 6 prévoient des conditions et normes de compensation.
Conformément à ce que prévoit l'article 5 de la Loi
des transports et l'article 6.385 du même règlement no 6
traite également des droits de ceux qui détenaient des permis de
propriétaires délivrés en vertu d'un règlement
municipal en nombre excédentaire à celui qui est visé aux
articles 6.135 et 6.136 c'est la Commission des transports du
Québec qui verra à juger de la nécessité
d'émettre de nouveaux permis, à quel taux, jusqu'à
concurrence de la preuve des besoins qui sera faite. Et après la date de
novembre 1973, l'hypothèse que nous faisons, c'est qu'il y aura
possiblement le retrait volontaire de permis. La Commission des transports sera
habilitée à fixer les conditions du retrait volontaire du permis
et de la possibilité de son rachat. A notre avis, étant
donné la façon dont nous interprétons la portée du
règlement, il n'y aura pas de mesure coercitive à cet
égard.
M. LOUBIER: Une question additionnelle sur le même sujet. Le
ministre ne répond pas à la question. Il noie le poisson avec des
références à des articles qui seraient contenus dans les
règlements, etc., alors qu'on doit s'en référer, comme le
disait le député de Maskinongé, à l'article 6 k)
qui donne le pouvoir au conseil des ministres de déterminer les normes
de fixation auxquelles devra se soumettre cette commission qui n'est pas encore
formée. Cela va simplement écourter toutes les questions. On
demande tout simplement au ministre: Oui ou non, est-ce qu'il peut donner la
garantie que les droits acquis seront protégés et que,
deuxièmement, il y aura respect d'une fixation de prix tenant compte de
la valeur marchande des permis? C'est aussi facile que cela. Oui ou non?
M. PINARD: J'ai affirmé de façon claire et précise
tantôt qu'il y aura protection des droits acquis en faveur des
détenteurs de permis actuels.
M. PAUL: En vertu de quelles formes? En vertu de quels critères?
C'est cela que nous voulons savoir.
M. PINARD: C'est l'article 6.385 du règlement no 6. Le
député de Bellechasse, qui est
avocat, devrait savoir qu'un règlement émane de
l'exécutif du gouvernement, c'est-à-dire du conseil des
ministres...
M. LOUBIER: C'est cela.
M. PINARD: ... en vertu de la Loi 23 adoptée par
l'Assemblée nationale, proclamée officiellement et qui est en
vigueur. Il n'y a pas de surprise là-dedans.
M. PAUL: Pardon, M. le Président. Je m'excuse. La Loi 23 n'est
pas en vigueur. La commission n'est pas encore créée.
M. PINARD: Elle est en vigueur de façon partielle, sauf que nous
sommes rendus au sixième règlement, règlement qui
découle logiquement de l'adoption du bill 23. Nous avons un autre
règlement à rédiger qui traitera du transport en commun,
du transport des marchandises en vrac, du camionnage artisan et d'autres sujets
de pareille nature. Nous sommes rendus au sixième règlement
depuis l'adoption du bill 23. Il en restera un septième à
préparer et à faire adopter. Je pense que depuis l'adoption de la
Loi 23, au mois de juillet 1972, le ministère des Transports n'a pas
perdu son temps et qu'il fait son travail en collaboration avec toutes les
parties intéressées.
M. LOUBIER: Nous ne sommes pas plus avancés que nous ne
l'étions tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je regrette. A l'ordre, s'il vous
plaît! La question a été posée.
M. PINARD: La réponse a été donnée.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La réponse a été
donnée.
M. PAUL: Nous avons assisté à du patinage de
fantaisie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! UNE VOIX: Avec de bons
patins.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce que je regrette le plus, c'est que
la commission consomme actuellement beaucoup de temps à discuter de
choses que normalement la commission peut discuter en tout temps. Ce qui
m'inquiète le plus, c'est qu'il y a des gens ici qui veulent se faire
entendre et notre rôle est d'entendre les observations et les
commentaires de la salle. Il y avait d'autres questions.
M. PAUL: Vous avez dit que notre rôle est d'entendre les
représentations qui nous sont faites. Notre devoir est également
d'obtenir les informations pour ceux qui sont venus pour en recevoir
aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Et, M. le député, vous
pouvez faire votre devoir en tout temps. Il n'y a absolument aucune restriction
sur ce fait. Tout ce que je suggère, c'est qu'à ce moment-ci nous
procédions, puisque déjà, à la question, il y a eu
réponse.
Je ne crois pas qu'il soit bon de nous éterniser sur ce
même sujet. Nous devons progresser. Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Transports. A l'article 367, on dit que, "dans le cas
visé au paragraphe 2, la compensation pour ceux qui perdent un
permis est payée par l'association de taxis de
l'agglomération à laquelle se rapportait un tel permis". Ceci
veut dire que c'est l'association qui paierait pour dédommager celui qui
perd son permis. Or, ce qui fait vivre une association, ce sont les membres.
Cela veut dire que ce sont les membres qui paieraient pour la perte de leur
permis. C'est pour cela que, ce matin, nous proposions que c'est au
gouvernement qu'il revient de payer pour la réforme de cette industrie.
Je demande au ministre: Dans tous les cas de perte de permis, est-ce que ce
sera l'association qui remboursera celui qui perd son permis ou est-ce que ce
sera le gouvernement? C'est une question directe que je pose au ministre.
M. PINARD: D n'y aura pas de perte automatique de permis; il pourrait y
avoir cession ou retrait volontaire des permis, comme je l'ai souligné
tantôt. Une hypothèse qui peut être envisagée, c'est
que l'association rachète les permis qui peuvent être l'objet de
retrait ou de cession volontaire, selon une valeur marchande indexée,
disons au 8 juillet 1972. Pour être capable de constituer ce fonds de
rachat en faveur de l'association, on peut envisager comme hypothèse
qu'il y ait une cotisation de la part des membres de l'association
donnée. Si, pour la première année de fonctionnement, il y
a des difficultés financières, on peut envisager d'autres
hypothèses qui pourraient permettre à des organismes, qu'ils
soient gouvernementaux, paragouvernementaux ou à caractère
privé, de venir au secours de cette association qui aurait besoin de
racheter un certain nombre de permis, à la valeur marchande
indexée, disons, au 8 juillet 1972.
Je pense que le député admettra que nous avons
pensé au problème et que nous avons fait des hypothèses.
Encore une fois, j'aimerais bien que ceux qui sont les plus directement
intéressés par ce problème nous disent comment ils
conçoivent le règlement de ce problème de la protection
des droits acquis et du rachat éventuel des permis en cas de cession
volontaire. Quelle serait, d'après eux, la meilleure formule qui
pourrait être mise de l'avant pour que le système fonctionne de
façon rentable et effica-
ce pour eux compte tenu des besoins et de la valorisation de la
profession de chauffeur de taxi et de propriétaire, compte tenu aussi de
la qualité du service que le gouvernement et que les associations
veulent maintenir dans l'intérêt public et compte tenu, enfin, de
la capacité de payer des groupements ou des associations
intéresses?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, je m'excuse, mais à
l'article 367, paragraphe 2, on dit: "Lorsqu'une personne visée à
l'article 366 ne peut faire la preuve visée au paragraphe 1 pour
ceux qui l'ont lu la commission doit s'abstenir de renouveler son permis
et lui applique l'article 363." Vous avez lu l'article 363. Au sous-paragraphe
3, on dit: "Dans le cas visé au paragraphe 2, la compensation est
payée par l'association de taxis." On ne parle pas de rachat du permis
pour le revendre à un autre. On parle de compensation. Lorsqu'il s'agira
de compensation, je ne suis pas d'accord du tout que ce soit l'association qui
paie pour la compensation. En effet, si c'est l'association, c'est le chauffeur
de taxi qui paie sa compensation, en somme, parce que ce sont les membres qui
font vivre l'association. Donc, nous suggérons que ce soit le
gouvernement qui assume les frais de compensation et c'est là que je
pose la question au ministre. Je ne trouve pas raisonnable que ce soit
l'association qui assume ces frais-là. C'est le membre, en somme, qui va
payer.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant.
M. PINARD: Le député me permettrait-il de faire une
distinction très importante? Ce matin, on a semblé insister
beaucoup sur la nécessité de maintenir le double emploi.
C'était, à ce que j'ai pu comprendre, là aussi, un droit
acquis, qu'il faut protéger, qu'il faut maintenir. Comme il y a la
section III, du règlement no 6, qui traite précisément du
double emploi, aux articles 6.366 et suivants, et qu'il y a là un
système de rachat, d'indexation de la valeur et de mécanismes de
fonctionnement du système de rachat par l'association, si on maintient
le double emploi, le chapitre en question disparaîtra. Nous en
reviendrons à la situation que j'ai décrite tantôt, au
retrait ou à la cession volontaire du permis. Il n'y aura pas
obligation, pour l'association, de racheter le permis. Mais, si l'association
exprime la volonté de racheter le permis, il faudra quand même en
arriver à la valeur marchande indexée à une date, pour les
fins de la discussion, que je mets au 8 juillet 1972 et il y aura aussi
accréditation par la Commission des transports de l'indexation de cette
valeur marchande au 8 juillet 1972. A ce moment-là, la commission
déterminera les conditions du rachat du permis et son transfert
éventuel, selon les besoins ou la démonstration des besoins qui
sera faite devant elle.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On s'attarde pas mal là-dessus mais
cela viendra probablement dans presque tous les mémoires. C'est pour
cela. Si l'association rachète le permis pour le revendre, ce n'est pas
la même chose. Moi, je veux dire qu'aucune compensation ne doit
être assumée par l'association. Cela doit être assumé
par le gouvernement. Parce que ces gens ont un permis. S'il y a une
compensation à payer, ce doit être le gouvernement qui la paie. Je
pose la question au ministre. Il y a eu des rumeurs, en fin de semaine,
à savoir qu'il y aurait une subvention de l'ordre de quelques millions
qui servirait à rembourser ceux qui se départiraient
volontairement de leur permis. Est-ce que ce sont des rumeurs ou est-ce que
c'est fondé? Je ne veux pas aller au-devant des déclarations du
ministre. Je lui demande cela.
M. PINARD: II faudrait faire attention. Le montant qui a pu être
mentionné dans certains journaux de fin de semaine j'ai lu les
articles moi-même peut représenter la valeur globale des
permis qui pourraient être rachetés, dans l'ensemble du territoire
québécois. Le député et les membres de cette
commission parlementaire admettront que les permis n'ont pas la même
valeur partout. Si, à Sherbrooke, on peut parler d'une valeur de $12,000
à $13,000, à Montréal on peut parler d'une valeur qui est
sensiblement moindre, mais qui peut se situer autour de $6,000; dans d'autres
endroits, la valeur est beaucoup moindre. Dans la ville de Saint-Pierre, par
exemple, on me dit ce n'est pas moi qui le dis mais je prends les
informations pour ce qu'elles valent et je pense qu'elles sont valables
que la valeur du permis est d'environ $200 ou $250.
Quelqu'un demandait tantôt d'équilibrer ou de normaliser
partout la valeur des permis. Cela ne me parait pas possible, à moins
qu'ici quelqu'un soit capable de me faire la démonstration du contraire,
parce que cela pourrait pénaliser quelqu'un, quelque part, dans
l'industrie du taxi. C'est beau de dire: Le gouvernement devra compenser,
indemniser, à même la constitution d'un fond de rachat. C'est
peut-être une hypothèse de travail mais ce n'est pas la seule.
C'est pourquoi, avant de m'avancer de façon finale vers cette seule
suggestion ou cette seule formule de règlement du problème,
j'aimerais entendre ceux qui sont directement intéressés par le
problème, y compris les chauffeurs de taxi, y compris les
propriétaires de petite flotte de taxis, y compris les
propriétaires d'associations de services et de grandes flottes de
taxis.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
L'Assomption.
M.PERREAULT: M. Lanctôt, j'aurais trois petites questions à
vous poser. Quelle est la norme actuelle, à Laval, d'habitants par
permis?
M. LANCTOT? Je n'ai pas compris, pardon?
M. PERREAULT: La norme actuelle. Combien y a-t-il d'habitants par
permis?
M. PELLETIER (Jean-Guy): Les permis sont gelés à 215. Il
n'y a pas de norme d'établie. Le conseil municipal avait établi
215 permis.
M. PERREAULT: Cela représente combien d'habitants?
M. PELLETIER (Jean-Guy): Environ un permis par 1,140 ou 1,150.
M. PERREAULT: Alors vous êtes près de la norme de 1,200
dans le moment. Il n'y a pas de permis en trop.
M. PELLETIER (Jean-Guy): II n'y a pas de permis en trop, à
l'heure actuelle.
M. LANCTOT: Disons qu'ils ont été gelés à
temps. Comme M. Bossé l'a mentionné tantôt, ils ont
été gelés juste avant.
M. PINARD: Pour permettre une discussion peut-être plus large, qui
empêchera peut-être des interventions que je ne qualifierais pas
d'inutiles mais qui seraient peut-être des redondances avec ce qui aurait
pu être dit auparavant, pourrait-on accepter comme hypothèse le
fait que d'ici 1976, dans l'agglomération urbaine du Montréal
métropolitain, y compris Laval, la rive sud, il n'y aurait pas
nécessité d'émettre de nouveaux permis?
C'est quelqu'un qui s'y connaît dans le domaine du taxi qui fait
cette prétention, et qui pourrait, à l'appui de son affirmation,
donner des statistiques pour prouver ce point de vue.
J'aimerais quand même entendre quelqu'un là-dessus, si la
chose est possible aujourd'hui. C'est un des éléments qui
permettront de protéger la valeur marchande du permis, parce que chaque
fois qu'il y aura émission de nouveaux permis, vous ferez
décroître automatiquement, et parfois de façon très
sensible, la valeur indexée du permis dont on parlait tantôt.
M. PELLETIER (Jean-Guy): Je ne pense pas que l'association accepterait,
au nom des membres, l'émission de nouveaux permis, parce que quand le
nombre de permis a été gelé à Laval, le
système de transport en commun laissait un peu à désirer,
et le service était assez rapide. Maintenant qu'il y a un nouveau
système de transport qui s'établit dans la ville de Laval, je ne
pense pas qu'on soit en faveur d'émettre de nouveaux permis pour 1973,
et même pas avant 1974 et 1975.
M. LOUBIER: Etant donné que le ministre demandait tout à
l'heure si les membres de la commission pouvaient s'entendre sur ça, je
ne m'entends pas sur ça, pas du tout. Si on fait l'analyse avec la
projection du règlement, je n'ai aucune crainte d'affirmer aujourd'hui
que, dans l'esprit du règlement et dans les répercussions, au
sujet de la diminution des permis sur l'îlede Montréal,
par exemple, il est très important de savoir si on tient compte de la
population flottante ou non.
M. BOSSE: Certainement.
M. LOUBIER: Un instant, vous parlerez à votre tour, tantôt.
Si on tient compte de la population flottante de Montréal, il y a
implication qu'il y aura une diminution d'environ 400 permis. Si on ne tient
pas compte de la population flottante à Montréal, ceci implique
la disparition de 2,500 permis.
On me contredira si ce que je viens d'avancer est faux. De toute
façon, comme résultat net sur l'île de Montréal
et je pourrais discuter des autres régions on peut
s'attendre à une diminution de 400 permis, même si l'on tient
compte de la population flottante.
Et plus ou moins, et de quelle façon et selon quelles normes on
appréciera et évaluera cette population flottante, on peut
s'attendre à la disparition éventuelle de 2,500 permis. Quant
à la question du ministre, à savoir si on ne peut pas envisager
qu'il y aura augmentation ou nécessité je ne veux pas
déformer la question du ministre si on peut envisager la
nécessité qu'il y aura augmentation, si on regarde les
conséquences du règlement avec les normes qui ont
été fixées pour atteindre le seuil de rentabilité,
il n'y a ni possibilité, ni nécessité, parce qu'il y a
disparition de 400 permis au minimum, possibilité de disparition de
2,500 permis, suivant l'interprétation et la perception que l'on en
fera.
Ce qui est vrai pour Montréal peut être vrai pour d'autres
régions. A ce moment-là, il serait bon que tout le monde ait des
éclaircissements à ce sujet.
M. BOSSE: Sur le sujet...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: Comme nous prétendons que le ministère des
Transports, et que l'équipe qui a fait, à mon avis, un excellent
travail, en préparant, en élaborant le règlement du taxi,
quand même une équipe pluridisciplinaire y a travaillé,
nous avons consulté un spécialiste en analyse de systèmes
de transport, ce spécialiste a obtenu une maîtrise en transports
des universités américaines et il a étudié la
réforme entreprise à New York et dans d'autres grandes villes
américaines, il a étudié la réforme faite à
Toronto et d'autres villes du Canada c'est donc lui qui avance cette
hypothèse, qu'il est capable de prouver. C'est malheureux qu'il soit
parti, parce que j'aurais pu, avec la permission de la
commission, le faire témoigner là-dessus. L'occasion nous
sera peut-être fournie de le faire un peu plus tard. Mais il m'a
laissé une note précisément sur le sujet qu'on vient de
traiter.
Je la lis textuellement: "Pour ce qui est des agglomérations de
la Communauté urbaine de Montréal, de Laval et de la rive sud,
les projections de population présentement disponibles des
autorités compétentes nous indiquent que, jusqu'en 1976, l'on
pourra continuer d'offrir au public un service adéquat sans
émettre de nouveaux permis de taxi. Pour assurer une bonne
répartition géographique du service, il pourra être
nécessaire de transférer, par exemple, des permis de la
Communauté urbaine de Montréal à Laval ou vers la rive
sud."
Je peux le nommer, c'est M. Genest qui est professeur à
l'Université de Montréal et dont les services ont
été retenus par le ministère des Transport pour mieux
cerner avec vous les problèmes qui sont à régler dans
l'industrie du taxi. Sans minimiser la valeur de l'intervention du chef de
l'Opposition, le député de Bellechasse, je
préférerais, pour le moment, m'en tenir à l'expertise ou
à l'opinion d'un détenteur d'une maîtrise en transport qui
s'y connaît dans ce domaine plutôt que d'accepter à la
volée des prétentions qui, pour le moment, ne sont pas
prouvées.
M. LOUBIER: Les siennes, non plus, ne sont pas prouvées.
M. PINARD: Non, seulement chacun son métier et les vaches seront
bien gardées.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, si vous le permettez, je voudrais
ajouter, pour répondre à la question très pertinente
d'ailleurs du chef de l'Opposition officielle, que, sans être des experts
avec de nombreux diplômes, mais après consultation nous avons tenu
compte de la population flottante dans la région de la Communauté
urbaine de Montréal. Par exemple, dans le règlement
lui-même, à la page 6-76, les normes ne sont pas les mêmes.
Cela peut paraître un peu paradoxal, après avoir fait des
recommandations dans un rapport pour que ce soit une voiture ou un permis par
800 de population, de retrouver un permis dans la région, par exemple,
d'Amos et Matagami, de un par 300 à 600. Ceci s'explique. Vous voyez
dans la région de Laval, c'est un par 1,200. Après consultation
des groupes concernés, dans la mesure où c'était possible
on a tenu compte du milieu. On sait pourquoi à Matagami et à
Amos, c'est parce qu'il n'y a pas de service public ou, du moins, qu'il n'y a
pas d'autobus autant qu'on en retrouve à Montréal ou dans la
région de Québec.
Il est évident qu'il n'y a personne qui prétend
posséder seul la vérité. A partir de ce qui est
établi là-dedans, il appartiendra à la commission, s'il y
a lieu, de corriger au fur et à mesure ces règlements ou les
normes. Votre question était pertinente; on a tenu compte de la
population flottante, c'est évident.
M. LOUBIER: Donc, je vais tenir compte de la bonne foi du
député, sauf que je pense que l'affirmation que j'ai faite, il
doit la retenir; il y a une possibilité de diminution de permis de 400
à 2,500 selon que l'on tient compte de la population flottante...
M. BOSSE: Oui.
M. LOUBIER: ... et selon l'appréciation...
M. BOSSE : II y a un autre facteur aussi.
M. LOUBIER: ... que l'on a de cette population flottante. Mais, comme
minimum envisagé, c'est la disparition d'environ 400 permis.
M. BOSSE: Il y a un autre facteur qui, automatiquement, nous a permis de
réduire un certain nombre de permis sans pour cela changer le nombre de
voitures. Certains détenteur de permis de Montréal
détenaient aussi des permis pour des municipalités environnantes
adjacentes afin de pouvoir évoluer dans une couple de
municipalités. Cela nous a amenés, en fait, à
établir un seul permis pour la communauté urbaine, à
songer, du moins, à répondre à cette demande qui semblait
faire l'unanimité chez ceux qu'on a consultés, les principaux
intéressés.
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, serait-il possible que tout le
monde fasse un effort pour raccourcir les discussions? Il y a des gens qui
attendent depuis trois heures.
M. PAUL: Un instant.
M. HOUDE (Fabre): Depuis trois heures qu'ils attendent.
LE PRESIDENT (M. Séguin): S'il vous plait!
M. LOUBIER: Le député de Fabre admettra qu'il y a des
éclaircissements qu'il faut au moins avoir pour les fins d'une
discussion.
M. HOUDE (Fabre): Je parle de la possibilité de raccourcir...
M. LOUBIER: Même si on laissait tous les gens s'exprimer, s'ils ne
savent pas véritablement où nous allons dans nos discussions,
parce que nous n'avons pas les renseignements nécessaires pour avoir une
discussion utile, il faut admettre que ça peut prendre un peu plus de
temps, mais ça fait 60 ans que ça attend, vingt ans, quinze
ans. Je ne voudrais pas non plus que, voulant tout précipiter, on
dise: II faut finir à 6 heures, en entendant tout le monde, puis
bonjour, on se reverra on se sait pas quand. Je pense qu'il faut être
plus réaliste que ça.
Je comprends ce que le député de Fabre a à
l'esprit, mais il faut prendre un peu plus de temps qu'on pense, non seulement
pour entendre ces gens, mais pour entendre aussi les éclaircissements
que pourrait nous donner le gouvernement. Je pense que c'est essentiel.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lanctôt, avez-vous
terminé?
M. LANCTOT: Je n'ai qu'un seul commentaire à ajouter, suite aux
discussions que j'ai entendues. L'association ne s'oppose en aucun point
à ce que la commission surveille le transfert et la valeur marchande du
permis. Au contraire, ce serait une bonne chose pour éviter, en bons
termes, tout racket. Ce serait drôlement apprécié. Il
découle de tout cela, quand même, qu'on veut que soit
établie une valeur marchande de ce permis. Je me permets d'ajouter
quelque chose à l'endroit de M. le ministre. Tantôt, vous disiez:
Uniformiser c'est quasiment impossible. Mais si on part du principe que les
gens qui détiennent déjà des permis ont des droits acquis
et que ceux qui en auront dans les jours à venir, émis selon la
nouvelle réglementation du gouvernement, au départ, n'ont aucun
droit, pour quelle raison c'est un fait établi à ce jour
le gouvernement ne pourrait-il pas changer, pour tous les nouveaux
permis, cette attitude selon laquelle le permis doit absolument avoir une
valeur? Vous allez me dire que c'est un peu contradictoire, mais il faut quand
même tenir compte des circonstances. Qu'on respecte ce qui est
déjà établi. Que le gouvernement veuille changer, si c'est
pour le mieux, espérons-le, même si c'est contradictoire, je pense
que c'est acceptable.
M. PINARD: Je ne voudrais pas indisposer davantage les membres de la
commission, mais Me Lanctôt soulève un problème qui, tout
de suite, demande une réponse de ma part puisqu'il me pose la question.
On peut formuler une autre hypothèse de travail dans le cas où
vous voudriez protéger, à la fois, les droits acquis et
protéger les droits des nouveaux acquéreurs de permis. Il
faudrait peut-être songer à une formule différente de
compensation, selon une valeur indexée à une date donnée,
accréditée par la Commission des transports, mais avec une
formule de rachat agrémentée d'un moratoire qui pourrait
être de dix ans, mais avec une dépréciation annuelle de 10
p.c, de façon qu'à l'expiration d'une période de dix ans,
il y ait disparition de la valeur marchande de ce permis. On ne peut pas
perpétuer ce système at vitam eaternam. Il faut en arriver
quelque part, à certaines limites, parce que c'était
l'uniformisation qui était souhaitée au départ par les
représentants du monde du taxi, mais, à un certain moment,
quelqu'un s'est aperçu que c'était peut-être
pénalisant à certains égards. C'est pourquoi le
gouvernement a formulé d'autres hypothèses. Il reste maintenant
à faire un choix pour la protection des intérêts de tous,
si possible. Est-ce que vous seriez d'accord là-dessus?
M. LANCTOT: Non.
M. PINARD: Je ne vous demande pas d'être d'accord, mais
pourriez-vous songer à l'étudier de façon plus approfondie
avec les membres que vous représentez et nous dire ce que vous en
pensez?
M. LANCTOT: Quant à nous, M. le Président, nous avons
terminé, et je tiens à remercier M. le ministre et MM. les
membres de la commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Lanctôt. Je vous
remercie pour votre contribution à nos travaux.
Si les membres de la commission m'y autorisent, je voudrais changer
très légèrement l'ordre de nos travaux,
c'est-à-dire qu'au lieu d'appeler immédiatement les
représentants de l'Association des propriétaires de taxis Diamond
et Veterans, qui viendront d'ici quelques minutes, j'appellerais Mme Simone
Fontaine. J'espère qu'on me dispensera de donner les raisons pour
lesquelles je suggère ce changement à ce moment-ci.
Mme Simone Fontaine
MME FONTAINE: Je m'excuse si je prends le tour des autres, mais il y a
un autobus qui m'attend pour partir. Comme j'ai six enfants à la maison,
je ne peux pas rester ici une semaine. Alors, vous m'excuserez.
Je crois qu'il y a une question qui est très importante, celle
des permis. On a parlé d'annuler les permis qui ont été
obtenus depuis juillet 1972. M. Bossé, vous m'aviez promis, au Plateau,
que ce ne serait pas annulé. J'espère que vous dites encore la
même chose.
M. BOSSE: Oui.
MME FONTAINE: Les permis achetés après juillet 1972, vous
ne les enlèverez pas. On a parlé aussi d'enlever les permis aux
personnes qui décèdent. Je suis mariée, mon mari a deux
taxis. Je crois que, s'il meurt, j'aurai assez de perdre mon mari sans perdre
mes taxis. Si vous me laissez mes taxis, j'engagerai des chauffeurs, je les
ferai travailler, je ferai de l'argent et je pourrai faire vivre ma
famille.
Si vous m'enlevez mes taxis, vous paierez des taxes et le
bien-être social me fera vivre. Je pense qu'on n'a pas besoin
d'être bien intelligent pour comprendre que si un mari meurt, il
faut nous laisser au moins notre gagne-pain, désespoir, qu'on se
réchappe de quelque manière. Excusez mon expression, je ne suis
pas un avocat, je vais vous parler en canadien-français, je pense que
vous allez tous me comprendre.
M. Bossé, je vous aime bien, je vous admire beaucoup. Mais vous
allez m'excusez si je ne partage pas toujours vos opinions. Je n'en veux pas
à votre personne, j'en veux à vos opinions; vous avez droit aux
vôtres, je crois que j'ai droit aux miennes. Pour ce qui est des permis,
on les a achetés, on les a payés à la sueur de notre
front, ils nous appartiennent, on doit être libre de les vendre à
qui l'on veut et le prix qu'on veut.
LE PRESIDENT (M. Séguin): On fait peut-être une petite
exception puisque c'est une dame qui s'exprime, la liberté de la femme.
Je me demande si c'est la place à ce moment-ci Nous pourrions
peut-être avoir un peu plus de réserve dans nos
appréciations.
MME FONTAINE: Je vais essayer.
M. LOUBIER: Madame, ce n'est pas vers vous qu'étaient
dirigées les remarques du président, c'était pour les gens
qui vous applaudissent pour votre façon courageuse d'agir.
MME FONTAINE: Merci. Je n'ai pas eu la chance d'aller à
l'école longtemps. Attendez un peu, vous m'avez tout fait perdre avec
ça.
Pour ce qui est des associations, je vais vous dire que je fais partie
de Beaubien Taxi depuis plus de trois ans et j'en suis très heureuse.
J'ai de la volonté et je suis un peu maligne. Un jour, je me suis
fâchée et j'ai changé d'association. Cela n'a pas
été long parce que je m'ennuyais de ma mère, comme on dit.
Je suis revenue et j'étais bien heureuse que Beaubien Taxi me reprenne.
Si on fait une association unique, ça veut dire que si je vais là
et que j'aime ça, d'accord. Si je n'aime pas ça, je ne pourrai
plus revenir pour Beaubien parce qu'il n'y en aura plus, il sera mort et
enterré. Je crois qu'on doit être libre d'aller dans l'association
qu'on veut. J'ai suggéré, au Plateau, à M. Bossé,
de faire non pas une association unique mais qu'il fasse une association s'il
veut, il est libre. Qu'on l'appelle non pas l'association unique mais
l'association Bossé, que moi et tous mes confrères soyons libres
d'aller dans l'association Bossé ou LaSalle, ou Diamond, ou Hochelaga,
n'importe où mais qu'on garde toujours sa liberté.
Si votre association est bonne, M. Bossé, ne vous
inquiétez pas, nous allons tous y entrer. Si elle n'est pas bonne, on
n'y va pas. A vous d'en faire une bonne. Comme c'est là, cette
association n'est pas encore formée et vous nous arrivez avec 400
règlements. Quand elle va être formée, combien de
règlements va-t-il y avoir? J'ai bien peur qu'on soit
étouffé par le cou et qu'on n'ait plus qu'à sortir la
langue et mourir.
Excusez, j'en ai long, vous m'arrêterez quand vous serez
tannés. Pour ce qui est de louer des taxis, je crois que ça nous
regarde. J'ai un taxi qui est loué, je travaille le jour, j'ai un homme
qui travaille avec mon taxi la nuit, ce gars m'apporte à peu près
$100 par semaine. Si je n'ai pas le droit de louer mon taxi la nuit, je perds
tout de suite $100 par semaine. Vous, ça ne vous fait rien. Vous aurez
votre salaire quand même à la fin de la semaine. Mais,
désespoir, ayez pitié de moi! Les autres sont comme moi, ils ont
besoin d'argent. Ils ont payé ces taxis, il y a des dépenses
là-dessus. C'est un revenu quand nous louons nos autos. Vous ne voulez
pas que nous les louions, ce n'est pas bien. D'un autre côté, si
vous forcez les hommes à louer leurs autos, c'est l'autre
côté de la médaille, il y en a qui ne veulent pas louer
leurs autos. Ils disent: Les chauffeurs ont des accidents, ils nous volent,
c'est ci, c'est ça. Il y en a qui ne veulent pas. On doit être
libre de louer ses taxis ou de ne pas les louer selon son goût. Ces taxis
sont à nous. Comme vous, si vous avez un magasin de chaussures, si vous
voulez deux employés, si vous en voulez quatre, ou cinq, c'est votre
affaire. Nos taxis devraient être nos affaires à nous. C'est
à nous de décider si nous les louons ou non.
Pour ce qui est des remplaçants, pour ma part, les
remplaçants ne me dérangent pas. Je calcule qu'il y a des gars
qui travaillent, qui n'ont pas un gros salaire. Ils vont faire du taxi les fins
de semaine, ils ont besoin d'avoir quelques piastres de plus pour faire vivre
leurs familles, pourquoi les arrêter? J'ai un garçon de 18 ans.
J'ai toujours travaillé et je deviens fatiguée. Si on a droit aux
remplaçants, de temps en temps, le samedi soir, le dimanche, je vais
dire à mon gars d'aller faire du taxi à ma place, ça va me
donner la chance de me reposer, il pourra y aller. Il va à
l'école, il ne peut pas travailler, il n'a pas de salaire. Si un samedi
soir, un dimanche, il va travailler, cela lui fait quelques piastres de plus;
s'il a le coeur de travailler et de gagner sa vie, pourquoi l'arrêter? Il
y a bien assez de paresseux dans le monde, ceux qui veulent travailler,
laissez-les faire.
Je reviens aux associations, j'ai oublié, tantôt. Je crois
qu'une association seulement, ce n'est pas bon parce que, partout, il faut de
l'opposition, il faut de l'équilibre. Vous autres mêmes, au
gouvernement, vous avez des libéraux et des conservateurs. S'il n'y
avait que des libéraux, ce ne serait pas bon; s'il n'y avait que des
conservateurs, ce ne serait pas bon non plus. Dans la nature, il y a le jour et
la nuit; si vous parlez aux occultistes, ils vont vous parler du yin et du
yang. Partout, il faut de l'équilibre car un seul côté, ce
n'est jamais bon. Il nous faut la liberté d'aller dans l'une ou dans
l'autre.
Un autre point. Quelquefois, je vais aux Galeries d'Anjou, c'est
là où je vais le plus souvent conduire des clientes. Quand les
clientes descendent, il y en a peut-être 25 qui veulent monter. Surtout
quand il fait froid et
qu'elles ont des petits bébés et des paquets, les pauvres
dames veulent monter. Moi, je n'ai pas le droit de les prendre parce que je
suis un taxi de Montréal. Elles veulent bien prendre des taxis d'Anjou
mais il n'y en a pas. Nous sommes là et nous devons revenir sans ramener
personne; moi, ça ne me paie pas quand je reviens sans personne. Les
gens qui sont là et qui se font geler le bout du nez, le bout des
orteils et tout ce que vous voudrez, ils aimeraient bien mieux monter dans mon
taxi et ils ne le peuvent pas parce que je n'ai pas le droit de les prendre. Je
trouve cela assez fou, vous ne pouvez pas vous imaginer comment.
Il me semble que si je vais mener quelqu'un aux Galeries d'Anjou, j'ai
le droit d'en ramener, aussi bien que celui qui vient à Montréal
peut en ramener, que ce soit n'importe où dans la province de
Québec. On devrait avoir le droit d'aller mener un client et de ramener
celui qui le désire.
Pour les hôpitaux, c'est encore une autre affaire. J'ai mon permis
de Montréal; les permis nous coûtent assez cher qu'on devrait
avoir le droit de faire monter des gens dans toute la ville de Montréal.
Si je vais à Maisonneuve, à la gare centrale ou au Royal
Victoria, si je fais descendre un client, je dois revenir sans prendre
personne, ce n'est pas bien. Je devrais avoir le droit d'aller n'importe
où dans Montréal et de. faire monter des clients. Vous voyez, M.
Bossé, je ne suis pas toujours contre vous. Encore une fois, il y a des
opinions que je ne partage pas mais je ne suis pas contre vous.
M. BOSSE: Imaginez-vous que M. Loubier et moi ne sommes pas toujours
d'accord et ça ne veut pas dire qu'on soit nécessairement des
ennemis. Je vous remercie d'être venue. Vous n'avez pas fini?
MME FONTAINE: Non, je n'ai pas fini. Attendez un peu.
M. BOSSE: Bon, allez-y.
MME FONTAINE: Pour ce qui est des radios, vous allez m'accorder une
minute et je vais vous raconter une petite histoire pour vous prouver que j'ai
besoin de radio. Dans le rapport, on dit que si on a un client, il faut fermer
nos radios, celui des appels et celui de la musique. Je ne suis pas d'accord.
Un jour, il y a peut-être deux ans je pourrais vous en apporter la
preuve j'ai conduit un client. Il s'est assis à côté
de moi ma radio est toujours ouverte et à un moment
donné il sort son revolver. Comme je suis assez vite sur mes patins, je
suis sortie en criant dans ma radio: Dorchester-Mansfield. J'étais sur
la rue Dorchester, au coin de la rue Mansfield.
Je me suis sauvée en courant. Un peu plus tard, je me suis
retournée et le bonhomme sortait en courant, les talons lui touchaient
aux fesses. Il s'est sauvé, je vous le jure. Quand j'ai vu qu'il
était parti, je suis revenue à mon taxi et j'ai entendu le
"dispatcher" dire: N'ayez pas peur, madame, nous avons appelé la police,
elle est en route. Le fait que ma radio ait été ouverte m'a
permis de crier à la radio "Dorches-ter-Mansfield"; le "dispatcher" a
compris que j'étais en danger sur la rue Dorchester, au coin de
Mansfield et il a appelé la police à mon secours. Le client a
entendu à la radio que la police s'en venait, il a eu peur et il s'est
sauvé. Si ma radio avait été fermée, je n'aurais
pas pu faire cela parce que quand on ouvre la radio, ça prend au moins
une minute avant qu'elle se réchauffe et qu'on puisse parler. Dans une
minute, le gars aurait eu le temps de me tuer.
On parle du dôme qui va clignoter. Si votre dôme clignote et
qu'il n'y a pas de véhicule-taxi en arrière de moi, qui va
demander du secours? S'il y a des automobiles privées, ils n'ont pas de
radio pour appeler la police. A part cela, si ces gars-là voient que je
suis en danger, pensez-vous qu'ils vont descendre de voiture pour venir me
secourir et risquer de se faire tuer eux-mêmes? Voyons donc! Chacun tient
à sa peau et personne ne viendra à mon secours. J'ai absolument
besoin de ma radio; je l'ouvre en montant dans mon taxi et je la ferme en
finissant. A part cela, notre radio c'est notre outil de travail. C'est comme
un gars qui va bûcher sans sa hache. Nous avons besoin de notre radio,
comprenez-vous?
Je travaille, j'ai un client dans mon véhicule et souvent, je
prends un appel et le client n'est pas encore descendu. C'est vrai que je suis
un peu ambitieuse mais c'est comme cela. Si je m'en vais au coin de telle rue
et qu'il y a un appel à ce coin-là, je sais que le client va
descendre et que je pourrai en prendre un autre. Si ma radio est fermée,
je ne le peux pas. Tout en ayant un client dans mon véhicule, si je
m'aperçois qu'il y a des taxis à ce poste et qu'un appel est
donné, quand mon client descendra je n'irai pas là. S'il y a un
appel à un autre poste et que je m'aperçois qu'il n'y a pas de
taxi, je vais aller par là. Quand le client descend, il en a fini avec
le taxi mais nous n'avons pas fini; il faut savoir dans quelle direction se
diriger. La radio est comme une roue qui tourne, si on la ferme, c'est fini, il
n'y a rien à faire.
Pour ce qui est de la radio ordinaire, c'est la même chose. Cette
semaine, j'ai pris un taxi Lasalle; j'ai agi comme un client et non pas comme
un chauffeur. Je ne me souviens pas du numéro du taxi Lasalle mais ce
n'était pas un Canadien. En montant, il a fermé la radio pour les
appels; imaginez-vous si j'étais déçue.
J'étais bien curieuse de savoir comment cela fonctionnait
à la compagnie Lasalle, si les appels sortaient plus vite que chez nous.
Et il a fermé la radio. Je l'ai dit au gars:Ne ferme pas ta radio. Il
m'a répondu qu'il n'en avait pas besoin. Je me suis dit: II est
bête.
Il avait également une radio ordinaire. J'ai eu envie de lui dire
de l'ouvrir mais j'ai pensé qu'il
était trop bête et qu'il ne l'ouvrirait pas. J'étais
gênée de le lui demander. Je n'ai pas dit un mot. J'essayais de
lui parler. Je lui disais quelques mots. Il répondait: Oui. Non. Non.
Oui. Des gars qu'il faut leur peser sur le ventre pour les faire parler, je
vais vous dire bien franchement, je n'aime pas cela. Quand on embarque dans ces
autos, c'est comme dans un salon mortuaire.
Moi, cela ne fonctionne pas comme cela. Ma radio pour les appels
fonctionne. Ma radio ordinaire également. Je parle avec les clients et
je fais des pourboires, à part ça. Et si vous voulez le savoir,
j'en fais quand je parle. Quand je deviens trop fatiguée, que je n'ai
plus de salive et que je ne parle pas beaucoup, les pourboires sont de $0.05,
$0.10, $0.15. Ils ne sont pas élevés. Et quand on me donne des
pourboires en dollars, c'est parce que j'ai parlé. Et si vous me
demandez de ne pas parler, je ne joue plus. Vous allez avoir de la
difficulté à m'arrêter, je vous avertis.
Il faut être assez diplomate. J'ai eu des clients qui m'ont fait
peur un peu. Dans ce temps-là, je parle à ces clients. Je leur
pose des questions. Je leur change les idées. Je commence à
parler d'un autre sujet. Et à certain moment, les clients sont rendus,
ils descendent et tout s'est bien passé. Mais si je n'avais pas
parlé, par exemple, encore une fois, je pense que j'aurais eu des
ennuis.
Vous dites que nous ne pouvons pas sortir avec notre auto dans
l'agglomération. Cela veut dire que, si je décide de partir avec
mon mari et mes enfants et que je veux aller faire un pique-nique quelque part
en dehors de la ville, je n'aurai pas le droit. Je vais être
obligée de prendre l'autobus. J'ai l'air fin. J'ai trois taxis à
la porte et il va falloir que je prenne l'autobus pour sortir. Est-ce que j'ai
le droit? Ma soeur habite Trois-Rivières. Disons que je pars de
Montréal et que je vais la voir en enlevant mon dôme. Est-ce que
j'ai le droit d'y aller avec mon auto? Bon, cela fait un problème de
réglé. D'accord.
Vous demandez aux hommes de ne pas asseoir les femmes en avant.
J'imagine que vous allez me demander de ne pas asseoir un homme en avant. Si un
homme monte dans mon auto et que je lui dis de s'asseoir en arrière,
savez-vous ce qu'il va faire? Il va descendre et il va prendre un autre taxi.
Et même si les hommes sont assis à côté de moi, je ne
les mange pas. Pensez-vous que je ne suis pas capable de passer à
côté du péché sans succomber?
En ce qui concerne les heures de travail, j'aime partir à l'heure
que je veux. Actuellement, nous sommes libres. Je peux partir à six
heures, sept heures, huit heures. Je pars à l'heure que je veux. Que je
prenne dix minutes, une heure, deux heures ou deux secondes pour dîner,
cela me regarde. Je pars à l'heure que je veux et je reviens à
l'heure que je veux. J'en fais des heures parce que j'ai assez de coeur pour en
faire. Et je sais que si je ne travaille pas, je ne fais pas d'argent. J'ai
besoin d'argent. Il faut que je travaille. Et je crois que nous devons
être libres de partir à l'heure que nous voulons, revenir à
l'heure que nous voulons. Et si nous avons besoin d'aller dfner... Si je passe
devant un centre d'achat et que je veux m'acheter une paire de souliers...
Comme vous voyez je suis en pieds de bas parce que mes bottes sont
mouillées, j'ai besoin d'aller m'en acheter d'autres. Je veux être
libre de faire ce que je veux dans les heures de travail.
Je crois qu'on dit dans le premier règlement que nous n'avons
même pas le droit de changer la transmission de notre auto sans demander
la permission. Cela commence à être un peu fort.
L'été dernier, mes deux autos se sont brisées. J'ai
remplacé les deux transmissions. Cela m'a coûté $300. Je
les ai payées. Ce sont mes affaires. C'est moi qui le sais quand l'auto
est brisée ou non. Quand l'auto ne fonctionne pas, je ne peux pas
travailler. Je suis assez intelligente pour m'en apercevoir. Je n'ai besoin de
personne pour me dire que mon auto est brisée et qu'il faut que je la
fasse réparer. L'obligation à tous les quatre mois d'aller faire
vérifier si l'auto est en parfait état, c'est une perte de temps.
J'ai trois autos. Je vais perdre trois après-midi pour aller les faire
vérifier. Ces gars ne feront pas cela pour rien. Il va falloir que je
les paie. Tout marche avec de l'argent et c'est du temps. Si j'achète un
dôme neuf, une radio neuve, un compteur neuf, qui paiera? Cela ne sera
pas vous. C'est moi. Je ne suis pas riche. J'ai un dôme, une radio, un
compteur. Pourquoi en acheter d'autres?
En résumé, disons que je veux être libre. Je veux
être libre de vendre mon permis à qui je veux et pour le prix que
je veux. Je veux être libre, si mon mari meurt, de vendre mon permis ou
de le garder. Je veux être libre de choisir l'association que je veux. Je
veux être libre de louer mes autos ou de ne pas les louer à la
semaine ou à des employés occasionnels. Je veux être libre
de prendre des clients, que cela soit à Anjou, à
Montréal-Nord, à Saint-Léonard, n'importe où. Et je
veux être libre d'aller dans n'importe quel hôpital, à la
Gare centrale ou n'importe où. Je veux être libre de laisser mes
radios pour appels ouverts ou fermées. Je veux être libre
d'asseoir des hommes en avant, en arrière, où je voudrai. Je veux
être libre de travailler aux heures que je veux. Je veux être libre
de parler à mes clients et je veux être libre de faire changer mes
transmissions ou n'importe quoi dans mon auto quand j'en aurai besoin. Je vous
remercie de m'avoir entendue.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous voulez être libre, madame,
vous voulez être libre de parler à la commission parlementaire et
vous l'êtes.
Avant de donner la parole au ministre des Transports, je voudrais dire
ceci: Vous avez eu le don, en quelques minutes, de détendre un peu
l'atmosphère de la commission, on vous en
remercie. Vous avez aussi prouvé dans quelques minutes que
l'éloquence n'était pas nécessairement le monopole des
membres du Barreau. Je vous remercie. M. le ministre des Transports.
MME FONTAINE: J'aimerais que vous laissiez parler l'avocat Pearl, s'il
vous plaît, si possible.
UNE VOIX: La commission veut peut-être vous poser des questions et
c'est à vous de lui répondre.
MME FONTAINE: D'accord, je suis prête.
M. PINARD : Je veux répondre un peu à vos questions,
même si je ne suis pas aussi précis dans mes réponses que
dans les affirmations que vous avez faites. Si vous tenez pour acquis que nous
nous en tenons aujourd'hui aux principes fondamentaux du règlement, je
peux vous dire que le permis demeure valable. J'ai dit tantôt de quelle
façon il peut l'être, il est transférable à la veuve
et aux enfants. Alors, cela est en accord avec les demandes faites par les
représentants et les gens du taxi.
Le permis serait transférable à la valeur marchande, je
l'ai également souligné tantôt. J'ai donné les
exemples avec des formules possibles quant à la façon d'envisager
le calcul de cette valeur marchande et quant à la mécanique de
fonctionnement du système de rachat.
Je veux vous féliciter également pour être venue
nous rencontrer cet après-midi et je pense bien que vous et votre mari
vous avez une excellente stratégie. Je le félicite d'avoir
décidé de vous laisser venir à Québec parce que
vous avez parlé d'une façon fantastique et éloquente. Vous
avez bien défendu votre point de vue et je pense que cela recoupe
sensiblement les points de vue exprimés déjà ou qui seront
exprimés tantôt. Vous vous êtes quand même
accrochée à certains points de détails. Comme on l'a
souligné ce matin au début des travaux de la commission
parlementaire, l'obligation, par exemple, d'avoir à faire
vérifier la transmission, ce n'est pas tellement pour brimer les droits
du chauffeur de taxi et du propriétaire ou du détenteur de
permis. C'est pour l'efficacité du fonctionnement du taximètre,
de l'engrenage qui doit être équilibré pour assurer
l'honnêteté du fonctionnement du taximètre de façon
qu'il n'y ait pas de surcharge et qu'on n'ait pas à accuser le monde du
taxi de faire des surcharges indues. Alors, il y a autant d'articles comme cela
qui constituent des éléments d'une mécanique de
fonctionnement du règlement et des points de vérification. A mon
point de vue, c'est à l'avantage de l'industrie du taxi d'abord,
à l'avantage du public qui est votre clientèle en
général et c'est à l'avantage aussi de tous les
détenteurs de permis, du chauffeur, du locataire, si c'est le cas, ou du
petit propriétaire. Alors, cela peut paraître des taxes assez
élevées pour vous, mais je pense qu'avec la période de
rodage qui est nécessaire, comme dans n'importe quelle autre
réforme, il viendra un jour où les gens du taxi nous demanderont
peut-être ces réformes que, aujourd'hui, ils sont plutôt
enclins à refuser. Mais je vous le dis tout de suite, nous ne nous
accrochons pas, pour le moment, à ces points qui peuvent sembler pour
vous des tracasseries. Nous allons aux principes fondamentaux de la
réforme du taxi telle qu'elle a été demandée par le
monde du taxi.
MME FONTAINE: II y a une chose que j'apprécie beaucoup, c'est
qu'on dit qu'à 18 ans on pourra commencer à faire du taxi. Je
crois que cela est très bien mais pour ceux qui ont 65 ans je ne suis
pas d'accord. Parce que le gars qui a fait du taxi durant 25 ans...
M. BOSSE: C'est déjà réglé,
c'est-à-dire qu'on a déjà modifié le
règlement no 4.
MME FONTAINE: J'ai oublié une chose, un instant. Vous dites qu'il
y a des permis de trop; là je m'excuse mais je ne suis pas de votre
avis. C'est bien, vous calculez un par 400 pour nous et pour les autres un
permis par 100 mais les autres villes cela ne m'intéresse pas. Ce qui
compte c'est Montréal, c'est ma ville à moi. Dans les autres
villes la température est moins rigoureuse qu'ici, peut-être
a-t-on un meilleur service de métro ou d'autobus ou n'a-t-on pas
d'argent pour prendre les taxis, je ne connais pas ces problèmes.
Mais je sais que nous autres, nous manquons de taxis tous les jours.
Moi-même, je fais du taxi depuis plusieurs années. Je vous jure
qu'à tous les jours, nous allons chercher des clients qui se plaignent:
Cela fait une demi-heure que nous attendons! Moi, je sais que cela fait
longtemps qu'ils attendent mais ce n'est pas notre faute, nous manquons de
taxis.
Je vais vous dire plus que cela. Même l'été, durant
juillet et août, à la minute qu'il tombe une goutte de pluie, nous
manquons de voitures. Si vous enlevez des permis, je vous jure que le public
n'aura vraiment pas de service. Je vous demanderais de ne pas en accorder
d'autres, d'accord, mais je ne vous demanderais pas d'en oter, parce qu'il n'y
en a pas de trop. Et avez-vous pensé que, si vous enlevez des taxis,
tous ces hommes, qui ne pourront pas travailler, vivront de
l'assurance-chômage? Vous allez payer des taxes pour faire vivre ces
gars-là. On parle déjà des 100,000 emplois et là,
vous êtes prêts à en mettre 100,000 autres dehors. Cela va
faire 200,000!
Pour finir, M. Bossé, sans rancune?
M. BOSSE: Sans rancune. Je voudrais même vous remercier. Si vous
me le permettez, je crois que vous connaissez les circonstances, par exemple,
où on devrait s'adresser, au Plateau, à un auditoire qui
n'était pas nécessairement sympathique au départ. Ce que
vous avez
couvert, présentement, je dirais que les trois quarts sont
déjà compris et ont déjà été
communiqués au comité de travail, afin d'apporter les
modifications. Alors ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Ce
n'était pas facile. Mais ce que je voudrais aussi vous prouver, c'est
que la démocratie, elle existait. La preuve, nous vous avions
invitée à être présente, vous disant que vous auriez
le droit de parole, ainsi que tout le monde. Contrairement à ceux qui se
complaisent dans le chahut, vous êtes positive et objective. Je vous
remercie énormément de votre témoignage.
MME FONTAINE: Je vous avais promis, le 21 décembre, que je
viendrais. Je suis venue. J'ai passé cinq heures, dehors, debout, au
froid. Je suis venue à bout de passer. J'ai eu bien de la misère.
Qu'est-ce que j'ai fait pour entrer? J'ai crié, j'ai tout fait!
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais faire seulement une remarque
à Mme Fontaine. Vous avez précisé, au début, que
vous n'étiez pas avocate.
MME FONTAINE: Non.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que si, un jour, j'ai besoin de
quelqu'un pour me défendre, je préférerais l'être
par vous plutôt que par un avocat !
M. PAUL: Madame, vous serez sûre de perdre votre cause, dans les
circonstances!
MME FONTAINE: J'espère que vous laisserez parler mon avocat !
M. LOUBIER: Si vous me permettez, madame, je pense que le ministre a
été clair sur un plan bien précis, celui des
félicitations. Mais je ne voudrais pas que vous partiez avec l'illusion,
comme on le disait tout à l'heure, que 75 p.c. des problèmes sont
réglés. Loin de là. Si on parle de la
transférabilité des permis, on n'y répond pas du tout,
dans le projet de loi, même avec les amendements qu'on pourra nous
proposer. Les permis ne seront pas transférables. Il faudra les remettre
à la commission qui, elle, désignera à quelle personne ce
permis sera accordé.
Ensuite, il ne faut pas oublier, lorsque vous vouliez avoir le choix de
la libre association, que vous ne l'aurez aucunement avec ce projet que vous
avez devant vous. Lorsque vous mentionnez votre désir d'avoir
différentes associations pour susciter la concurrence, vous ne l'avez
pas du tout avec ce projet de loi, même si on vous dit qu'il y aura des
amendements.
Il faut également vous signaler que dans les autres cas que vous
avez soumis à l'attention des membres de la commission, vous n'aurez pas
la liberté de louer votre auto comme vous le voudrez et à qui
vous le voudrez, et vous n'aurez pas la liberté, non plus, des heures
d'utilisation de votre auto, comme vous le souhaitiez.
Je ne voudrais pas, même avec toute la meilleure volonté du
monde j'étais moi-même ravi par votre sourire, parce qu'on
vous donnait des paroles réconfortantes mais en étant
très réaliste, que vous partiez avec des illusions quant aux
conclusions du rapport, parce que, sur plusieurs des points que vous avez
soulevés, vous n'aurez jamais satisfaction avec le rapport tel qu'il est
là.
MME FONTAINE: Pour ce qui est de ceux de 65 ans je n'ai pas fini
tout à l'heure je vous dis que je ne suis pas d'accord. Le gars
qui fait du taxi depuis 25 ou 30 ans, à Montréal, qui est rendu
à 65 ans et à qui vous enlevez... ce n'est pas à 65 ans
qu'il va apprendre un métier. Et même s'il en apprend un, va-t-il
trouver à se placer ailleurs, le pauvre diable? Mon beau-père,
qui a 72 ans, n'a jamais fait d'accident de sa vie. Cela fait 30 ans qu'il fait
du taxi. Il travaille très bien. Vous ne pouvez lui faire aucun reproche
et vous allez lui enlever son permis. Que va-t-il faire? Il va s'asseoir dans
la maison, il va se rouler les deux pouces et il va attendre la mort !
M. BOSSE: M. le Président, si vous me le permettez, je vais
répondre immédiatement à cela. En vertu du
règlement no 4, qui a été modifié
déjà, pour se lire comme suit: Pour pouvoir être chauffeur
de taxi, il faut avoir 18 ans et plus. C'est tout. Il n'y a plus de limite
à 65 ans.
MME FONTAINE: D'accord.
M. BOSSE: A la suite des consultations que nous avons faites et des
représentations que nous avons eues, cela n'existe plus.
M. LOUBIER : Avant de partir, Mme Fontaine, le député de
Sainte-Marie disait que, si jamais il avait besoin d'une avocate, il irait
requérir vos services. Moi, je vous dis que, si jamais je vous prends
comme transporteur à Montréal, je veux m'asseoir sur la banquette
avant.
MME FONTAINE: Ne vous inquiétez pas, je ne vous ferai pas
mal.
J'aimerais, si c'était possible, qu'on laisse parler Me
Pearl.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député d'Abitibi-Ouest
brûle de vous poser une toute petite question.
M. PAUL : Nous voulons vous garder.
M. AUDET: J'aimerais vous remercier beaucoup de tout ce que vous avez
apporté ici. Je crois que ce qui ressort le plus de votre
éloquente prise de position, c'est surtout ce désir
immense de conserver votre liberté, ce qui est tellement contesté
dans la mise de l'avant des politiques actuelles.
MME FONTAINE: Je crois que nous vivons dans un Québec libre.
Merci beaucoup.
M. GAGNON: Je vous ai écoutée tout à l'heure avec
beaucoup d'attention. Vous avez frappé durement sur le règlement
no 6; de tous bords, de tous côtés, vous l'avez démoli.
Pour finir sur une note humoristique, je me suis dit: Ce n'est plus le
règlement no 6, c'est un règlement "bossé".
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission vous remercie. Bon
voyage.
Nous appelons immédiatement les représentants de
l'Association des propriétaires de taxis Diamond et Veterans. Si on veut
bien s'approcher de la table.
M. Lapointe, vous voudrez bien vous identifier en donnant votre nom et
votre occupation, ainsi que le nom et l'occupation de vos collègues.
Association des propriétaires de taxis Diamond
et Veterans
M. LAPOINTE: Mon nom est Gabriel Lapointe. Après ce qu'a dit Mme
Fontaine, je veux quand même dire que je suis un membre du Barreau. Je
représente les compagnies Diamond et Veterans. Je dois dire que ce n'est
pas facile, même pour un membre du Barreau, de venir faire des
représentations devant cette commission, à la suite de Mme
Fontaine.
Je retiens cependant, parmi les choses qu'elle a dites, qu'elle est
favorable aux associations.
J'ai déposé, ce matin, 25 copies des
représentations que nous avons l'intention de faire. Je n'ai pas
l'intention de faire une lecture servile de ce mémoire, sauf
peut-être pour la première page, parce que c'est une prise de
position qui, je pense, doit être clairement établie.
Les deux compagnies que nous représentons, Diamond et Veterans,
s'opposent formellement au projet de règlement no 6 parce qu'à
notre avis ce projet constitue une expropriation sans indemnités des
biens et actifs de ces deux compagnies, et que ce genre de procédure est
le propre des Etats totalitaires et non la façon de procéder d'un
Etat démocratique et civilisé comme celui de la province de
Québec.
La proposition que nous formulons est la suivante; elle est en deux
parties. Ou bien aujourd'hui nous réussissons à vous convaincre
que nos deux compagnies doivent subsister et, à ce moment-là, il
n'y a pas de difficultés, quitte à ce qu'une association
contrôlée ou épaulée par le gouvernement vienne
travailler en parallèle aux autres associations existantes; quitte
encore à ce que, pour combler certaines lacunes qui existent dans le
commerce du taxi, la
Commission des transports se voie confier des pouvoirs de surveillance
particuliers qui permettraient justement de mettre fin à ces lacunes.
C'est la première partie de notre proposition.
Si cette proposition n'est pas acceptée par les membres de cette
commission, nous proposons alors que le législateur reconnaisse que ce
projet de règlement no 6 constitue une expropriation et que le
législateur procède alors comme ça doit se faire,
c'est-à-dire qu'il défère à la Régie des
services publics ou à la cour Provinciale ou à un autre organisme
le soin de fixer l'indemnité, suite à cette prise de possession
par le législateur, ou indirectement par la Commission de transports ou
indirectement par la nouvelle association qui sera créée.
Avant de poursuivre notre exposé, il est de toute première
importance que nous apportions la mise au point suivante. Il semble y avoir
beaucoup de confusion à ce sujet dans l'esprit de bien des gens. La
compagnie Diamond et la compagnie Veterans ne détiennent aucun permis de
taxi. Ce sont des sociétés qui fournissent aux
propriétaires et aux chauffeurs des services que nous aurons l'occasion
de décrire tout à l'heure. Les propriétaires et les
chauffeurs sont entièrement libres d'appartenir ou de ne pas appartenir
à Diamond. Ils le font moyennant une cotisation mensuelle. S'ils ne sont
pas satisfaits de Diamond ou de Veterans, ils peuvent rapidement,
c'est-à-dire au cours du mois pour lequel ils ont payé leur
cotisation mensuelle, quitter Diamond et Veterans et aller joindre une autre
association.
Comme je le disais tout à l'heure, si une association
parallèle, dirigée par le gouvernement, était
créée, le propriétaire membre de l'association Diamond qui
n'est pas satisfait des services rendus pourrait alors quitter Diamond et se
joindre à la nouvelle association.
Bref historique des deux compagnies. Diamond est fondée en 1921,
incorporée en 1922; au 30 novembre 1972, 968 propriétaires
détenteurs de 1,618 taxis utilisent les services de Diamond. C'est donc,
d'après le nombre seul, signe que Diamond rend des services valables aux
propriétaires et aux chauffeurs de taxi. Autrement, il n'y aurait pas
968 propriétaires qui se prévaudraient des services de Diamond
puisque, comme je l'ai dit tout à l'heure, ils n'y sont pas
obligés. C'est libre et volontaire.
Encore là, toujours pour dissiper la confusion qui existe dans
l'esprit de certaines gens, on a parlé ce matin de monopole du taxi, on
a parlé de flotte gigantesque de taxis; on n'a rien à cacher. La
liste des propriétaires qui utilisent les services de Diamond est
annexée au mémoire, comme annexe A, et vous allez constater que
plus de 90 p.c. en nombre des gens qui utilisent les services de Diamond sont
des propriétaires d'une seule voiture et d'un seul permis de taxi.
Pour montrer qu'on n'a rien à cacher, la liste des membres du
conseil d'administration de Diamond est également déposée
en annexe au
rapport, annexe B, et vous allez voir que ce sont des gens de chez nous.
Ce ne sont pas des étrangers, comme on l'a prétendu dans
plusieurs cas. Veterans, pour sa part, a été fondée en
1946, après la guerre, et, au 30 novembre 1972, elle dispensait ses
services à 225 propriétaires détenteurs, eux, de 311
permis. C'est la même chose dans Veterans. La liste des détenteurs
de permis est annexée au rapport; la liste des membres du conseil
d'administration est également annexée au rapport.
M. PINARD: Me permettez-vous une demande de précision? Est-ce que
la compagnie Diamond est incorporée en vertu d'une charte
fédérale ou de lettres patentes émises par le gouvernement
provincial?
M. LAPOINTE: Provincial, M. le ministre.
M. PINARD: Dans le cas de l'association Veterans également?
M. LAPOINTE: La même chose, M. le Président.
M. PINARD: Le siège social de la compagnie Diamond est à
quel endroit?
M. LAPOINTE: A Montréal, les deux, au coin des rues
Hôtel-de-Ville et Prince-Arthur: 3600, Hôtel-de-Ville.
M. PINARD: C'est le siège social et la principale place
d'affaires?
M. LAPOINTE: Je m'excuse.
M. PINARD: C'est le siège social et la principale place
d'affaires qui sont à Montréal?
M. LAPOINTE: Exact. Je poursuis. Pour être en mesure de fournir
aux propriétaires de taxis, aux chauffeurs de taxi les différents
services dont ils avaient besoin, non pas parce que ç'a
été quelque chose qui a été conçu d'avance
et prémédité, comme pour accaparer et prendre le
contrôle de l'industrie du taxi, mais au fur et à mesure des
années et au fur et à mesure que les besoins se sont fait sentir,
Diamond et Veterans ont dû s'affilier à d'autres entreprises.
J'en donne la liste ici: la compagnie Bélair Assurance, Gasoline
Stations Limited et, enfin, National Transportation Management and Investment
Corporation. Vous allez voir qu'encore là les membres du conseil
d'administration de National Transportation ne sont pas des étrangers;
ce sont des gens de chez nous. Je donne la structure là, toujours pour
éviter toute ambiguïté et pour pallier toute accusation de
monopole à notre endroit. Diamond détient toutes les actions de
Veterans. Veterans a été en mavaises affaires il y a quelques
années et, pour dépanner Veterans, Diamond s'est portée
ac- quéreur de ses actions. Donc, Veterans est une filiale
contrôlée complètement, si vous voulez, par Diamond.
National Transportation je m'excuse, il y a une erreur de chiffres au
mémoire détient 2,099 des 2,640 actions communes,
c'est-à-dire des actions votantes de Diamond, soit 79.5 p.c. Les autres
actions ordinaires sont détenues par des propriétaires ou, enfin,
d'anciens propriétaires de permis qui ont vendu leur permis, mais qui
ont conservé leurs actions ordinaires dans Diamond. Diamond
détient 1,218 des 5,000 actions de Bélair, soit 24.36 p.c, tandis
que National Transportation en détient 2,884, soit 57.68 p.c. Encore
là, dans Bélair, les autres détenteurs d'actions sont
quelquefois d'anciens propriétaires de taxis, quelques
propriétaires actuels et d'autres personnes qui n'ont rien à voir
avec l'industrie du taxi. Pour ce qui est de Gasoline Stations, toutes les
actions sont détenues par National Transportation et on comprendra
pourquoi tout à l'heure.
M. PINARD: La "holding company", c'est quelle compagnie?
M. LAPOINTE : Je m'excuse M. le ministre, je ne vous comprends pas
très bien.
M. PINARD: La "holding company" est quelle compagnie dans tout
ça?
M. LAPOINTE: National Transportation, si vous voulez à la
condition que, dans votre question, M. le ministre, on ne donne pas de sens
péjoratif au mot "holding".
M. PINARD: Non. A quel endroit est le siège social?
M. LAPOINTE: Même endroit, 3600 Hôtel-de-Ville.
La liste des services dispensés par Diamond et Veterans, en bref,
est la suivante: communications téléphoniques et radiophoniques
entre le client, la centrale et le chauffeur; location de postes de taxis et de
concessions; surveillance de l'exploitation des taxis au moyen d'un service
d'inspection visant principalement l'état et la propreté des
véhicules, le comportement et l'habileté des chauffeurs, les taux
et tarifs, l'observance des règlements municipaux et provinciaux;
l'utilisation d'un système de crédit pour les clients et
l'utilisation d'un service de comptabilité à ce sujet nous
allons voir tout à l'heure ce que ça représente la
réclame et les marques de commerce; l'assurance obligatoire avec
Bélair; un système de ristournes sur les achats d'essence et
autres produits utilisés dans l'exploitation d'une auto-taxi.
Revenons maintenant sur chacun des services fournis par Diamond et
Veterans. Premièrement, les communications téléphoniques
et radiophoniques. Depuis le 15 janvier 1972, Diamond exploite un service
téléphonique et
radiophonique contrôlé par ordinateur qui, comme je le dis
au mémoire, fait l'envie de quantité de personnes. Depuis que le
système fonctionne, des représentants et des observateurs sont
venus, même de pays étrangers, d'autres provinces et des
Etats-Unis pour voir notre système fonctionner. A elle seule, la
société Marconi a investi une somme de $500,000 pour ajuster
l'ordinateur qui contrôle le système
téléphonique.
Vous allez voir les avantages que ça représente. Pour le
seul aménagement du local, pour le service téléphonique et
radiophonique contrôlé par ordinateur, Diamond et Veterans ont
investi la somme de $65,000. Les seuls frais d'installation et
d'équipement par la compagnie de téléphone ont
coûté $5,595. Le compte de téléphone de la compagnie
par suite de l'installation de ce nouveau système a été
augmenté de $1,000 par mois. Au moment où nous adressons ces
représentations, il n'a pas été possible d'établir
avec certitude la responsabilité de Diamond et de Veterans
vis-à-vis de Marconi au cas où le système devrait
être décommandé. Précisons qu'au 31 décembre
1972, 778 autos-radios étaient munies du nouveau système de radio
relié à l'ordinateur au coût de $810 pièce,
c'est-à-dire au prix coûtant. Je défie qui que ce soit de
venir prétendre qu'avec ces radios, Diamond ou Veterans ont fait un seul
sou de profit qui soit brut, net, marge, appelez-le comme vous voudrez. Ce qui
veut dire que 778 propriétaires de radios-taxis ont
dépensé $810 depuis le 15 février 1972 et un peu avant
pour l'acquisition de ce nouveau système de radio.
Toujours au 31 décembre 1972, 222 de ces radios, au coût de
$810 pièce, étaient sur les tablettes de Diamond et de Veterans
parce que la publication du projet de règlement no 6 a eu pour effet
d'enrayer joliment l'installation des nouveaux appareils radios; 300 autres
appareils radios ont été commandés auprès de
Marconi; ils l'avaient été auparavant mais ils ne sont pas encore
livrés. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvons
actuellement.
Les avantages de ce système téléphonique et
radiophonique relié à l'ordinateur sont nombreux, mais les
principaux sont les suivants. Cheminement des plus rapides de l'appel
reçu du client vers un chauffeur libre situé le plus près
possible du lieu d'où provient la demande de service, parce qu'il faut
penser à la clientèle aussi et que c'est en pensant à la
clientèle qu'on fait de bonnes affaires. Possibilité pour le
répartiteur ou le dispatcher de converser exclusivement avec tel ou tel
chauffeur, ce qui est important parce que si, autrefois, la conversation avec
le répartiteur était entendue par tous les autres chauffeurs, il
se produisait des vols de voyage, comme on dit. Possibilité pour le
répartiteur de contrôler avec certitude l'identité du
chauffeur avec qui il est en communication parce que dès qu'un chauffeur
est en communication avec la centrale, son numéro apparaît sur un
tableau. Le "dispatcher" sait parfaitement bien qu'effectivement il parle au
numéro 352 et, encore là, c'est pour contrôler ce que je
disais tout à l'heure, pour éviter les vols de voyage, etc.
Garantie pour le chauffeur et c'est très important que la
demande de service du client lui est confiée rigoureusement dans l'ordre
où il aura indiqué sa disponibilité, c'est-à-dire
que, lorsqu'un chauffeur a complété un voyage, il se rapporte au
répartiteur. Le répartiteur est au courant qu'il est disponible.
Par le truchement de l'ordinateur, dès qu'une demande de service
provient de la région où il se trouve, automatiquement, c'est lui
qui a le voyage, de préférence et par priorité aux autres
chauffeurs qui sont dans le secteur. Il n'est pas question de
préférence de la part du "dispatcher" à l'endroit de tel
chauffeur plutôt qu'à l'endroit de tel autre, à l'endroit
de tel propriétaire plutôt que tel autre. C'est un système
électronique pour faire le partage des demandes de service. Enfin,
avantage inexistant jusqu'à maintenant, tout est mémorisé
par l'ordinateur pour fins de vérification et de contrôle
éventuel, pour fins de statistiques, pour fins de plaintes, etc.
C'est le premier service offert par Diamond et Veterans: communications
par radio et par téléphone, tout ça relié à
un ordinateur.
Deuxième service: poste de taxis et concessions. C'est vrai que,
depuis quelque temps, Diamond et Veterans ont perdu des postes qu'ils
détenaient en exclusivité pour des raisons que nous ne critiquons
pas, c'est de l'histoire ancienne. Il reste quand même que, pour
maintenir les postes que nous avons actuellement durant onze mois de
l'année 1972, c'est-à-dire au 30 novembre, nous avions
dépensé, en frais de location et de concession, $105,812.
J'entendais Mme Fontaine, tout à l'heure, dire qu'elle aimerait
bien aller à tel et tel endroit. Evidemment, les gens qui permettent
à des taxis de passer sur leur terrain et de s'installer à tel
endroit pour prendre la clientèle, pour prendre des voyages, exigent une
compensation et c'est cela qu'on a payé, soit $105,812 durant les onze
mois de 1972.
Si les associations Veterans et Diamond devaient disparaître, il
n'est pas certain que d'un coup sec on puisse mettre fin à nos contrats
de location et à nos contrats de concession. Il faut se rendre compte
qu'il ne s'agit pas d'une tolérance mais bien d'une location ou d'une
concession obtenue moyennant une considération. 3) Surveillance de
l'exploitation des taxis. Je ne veux pas insister là-dessus. Disons
simplement qu'au cours des onze mois de l'année 1972, Diamond et
Veterans ont payé à quatre inspecteurs et à onze agents
des salaires totalisant $64,653. 4) C'est certainement un argument exclusif
à Diamond et à Veterans: crédit et système de
comptabilité. Probablement que la plupart d'entre vous, messieurs,
êtes familiers avec le système de jetons ou de coupons
utilisé par la
compagnie Diamond pour ses clients. Le client peut utiliser un livret de
ces coupons et jetons et, à la fin du mois, il reçoit le
relevé de compte de la compagnie. Pour ce service de crédit
offert par Diamond et Veterans à leur clientèle, Diamond exige un
surplus de 5 p.c. lorsque c'est un chauffeur utilisant les services de Diamond
qui se sert du coupon.
Quand, pour toutes sortes de raisons, c'est une autre compagnie de taxis
qui utilise le coupon de Diamond, à ce moment-là, les frais de
service sont de 15 p.c. au client. Ceci a rapporté, au cours des onze
mois de 1972, la somme de $77,217. Au cas où certaines personnes
voudraient minimiser l'importance de ce service de crédit à la
clientèle, disons qu'au cours des onze mois, les clients de Diamond et
de Veterans avaient utilisé ce service-là pour une somme de
$1,382,150. Quel est le résultat net de ces revenus additionnels
à Diamond et à Veterans? Comme nous allons le comprendre par le
jeu des états financiers de tout à l'heure, ceci permet à
Diamond de réduire d'autant la cotisation qu'elle exige des chauffeurs
et des propriétaires qui utilisent son service.
M. PINARD: Est-ce que vous me permettez une question?
M. LAPOINTE: Je vous en prie.
M. PINARD: Quel est le taux d'intérêt exigé de la
part de ceux qui louent ou achètent des services chez vous avec le
système de crédit dont vous avez parlé?
M. LAPOINTE: Je ne comprends pas très bien. Parlez-vous de la
cotisation mensuelle exigée par Diamond à ses...
M. PINARD: Non. Vous vendez des services à crédit à
vos membres.
M. LAPOINTE: Oui.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a un taux d'intérêt exigé
par la compagnie Diamond?
M. LAPOINTE: Oui. 5 p.c. C'est ce dont je viens de parler.
M. PINARD: 5 p.c.
M. LAPOINTE: Aux clients, non pas aux membres.
M. PINARD: Aux clients.
M. LAPOINTE: Si la course est de $2, le client paiera $2.10 soit 5
p.c.
M. PINARD: Puisque nous sommes là, êtes-vous en mesure de
nous dire quelle est l'opération la plus rentable des organisations
Diamond et Veterans? Est-ce le rendement annuel des courses faites par les
véhicules-taxis ou si c'est la location ou la vente des services dont
vous avez parlé tantôt, avec l'organisation que vous avez
expliquée?
M. LAPOINTE: Je pourrais passer tout de suite à cela, si vous le
désirez, M. le ministre. Je vous réfère à l'annexe
i) dans le cas de Veterans et à l'annexe j) dans le cas de Diamond. Vous
avez les états financiers ou l'état de profits et pertes au 30
novembre 1972. Vous voyez qu'à l'article sur la cotisation des membres,
les cotisations au total, au 30 novembre, étaient de $593,000.
Les frais de service de 5 p.c. représentaient $62,000. Les frais
de transfert représentaient $4,450 et les revenus à 15 p.c,
c'est-à-dire dans le cas des jetons utilisés par d'autres
compagnies, représentaient $11,027. Je ne sais pas si cela répond
à votre question.
M. PINARD: Ma question vise à savoir quel est le rendement de la
vente ou de la location des services offerts par l'organisation Diamond et
Veterans par rapport au rendement annuel procuré par les courses faites
par les voitures-taxis.
M. LAPOINTE : Si vous voulez bien attendre un tout petit peu. Julien a
cela.
M. PINARD: Ce serait pour écourter un peu la présentation
de votre mémoire qui est très long. Cela risque fort de durer une
heure. Je crois que cela est très intéressant, c'est très
bien préparé.
M. LAPOINTE: Cela fait partie d'un tout, quand même. Tous les
services que nous offrons à la clientèle sont importants et je
pense que je me dois d'insister sur chacun d'entre eux.
M. PINARD: D'accord.
M. LAPOINTE: Je passe rapidement sur la réclame et les marques de
commerce parce que je pense bien que Diamond et Veterans sont suffisamment
connus pour qu'on sache que ces noms ont exigé, au cours des
années précédentes, des investissements
considérables en publicité.
M. BELAND: Etant donné l'allusion que vient de faire l'honorable
ministre à l'effet que le mémoire est assez volumineux, je me
demande si nous ne devrions pas procéder comme les autres commissions
précédentes, à savoir assurer les gens qui viennent que
tous les mémoires pourraient être annexés au journal des
Débats.
M. PINARD: C'est déjà fait.
M. GUAY: C'est important que cela se fasse.
M. LAPOINTE: J'en viens maintenant à la
question de l'assurance. Ce chapitre de notre mémoire sur
l'assurance est, à mon avis, très important. C'est un service que
fournit Diamond et Veterans à ses membres. Je pense bien qu'il est
important de s'attarder quelque peu sur chacune des modalités de ce
service d'assurance.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Sainte-Marie me
le permet, je pense qu'il vaudrait mieux attendre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A mesure que se déroulent les
explications, est-ce que nous pouvons demander des précisions ou
désirez-vous que nous attendions à la fin? Il parle
d'assurance.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que cela serait trop demander que vous
notiez les détails sur lesquels vous voulez revenir? Lorsque M. Lapointe
aura terminé, je reconnaîtrai le député de
Sainte-Marie qui pourra poser toutes les questions sur les points qui
l'impressionnent.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'était seulement une question de
précision sur l'assurance.
M. LAPOINTE: On se rappellera la faillite retentissante d'une certaine
association dans la région de Montréal. Cette question
d'assurance pour les chauffeurs de taxi est très épineuse. En
1950 particulièrement, les propriétaires et chauffeurs de taxis
avaient à faire face à une situation impossible. La plupart des
compagnies d'assurance générale refusaient d'assurer les
chauffeurs de taxi. Comprenant ce problème, c'est à ce
moment-là qu'on a procédé à la formation de la
compagnie d'assurance Bélair. Un investissement de $300,000 a dû
être effectué dans cette compagnie. Ce n'étaient certes pas
les chauffeurs et les propriétaires de taxis qui étaient en
mesure de faire cet investissement. C'est là qu'est entré
National Transportation, et c'est là que Diamond a dû faire un
investissement dans Bélair. Par la suite, un investissement additionnel
de $200,000 a dû être effectué à cause des pertes qui
ont été subies par Bélair, ce qui fait qu'au total un
investissement direct de $500,000 a été fait, soit par Diamond,
soit par National Transportation dans la compagnie Bélair.
J'attache énormément d'importance à ces tableaux.
Ils sont reproduits en annexe "g". Ce sont des tableaux de quatre pages qui,
à mon avis, sont très éloquents. Pour la période de
douze mois malheureusement, nous n'avons pas les chiffres de 1972; les
derniers chiffres disponibles sont ceux de 1971 allant du 1er janvier
1971 au 31 décembre 1971, les pertes totales encourues ont
représenté 79. 29 p.c. des primes gagnées. C'est avec les
propriétaires et les chauffeurs affiliés à Diamond. Vous
l'avez à la page 1 de l'annexe "g", à l'extrême droite.
Vous avez dans cette colonne, pertes payées, $380,000; pertes
évaluées, $521,000; pertes totales, $901,000; les primes
gagnées, $1,137,000; ce qui veut dire que les pertes totales par rapport
à nos primes gagnées se sont élevées à 79.29
p.c. Ce sont là strictement les pertes, c'est avant les frais
d'administration. Et pour fins de calcul seulement, on pourrait peut-être
consulter le surintendant des assurances là-dessus, et je pense bien
qu'il n'hésitera pas à vous dire qu'un pourcentage de frais
d'administration de 25 p.c. des primes gagnées est loin d'être
exagéré, au contraire, c'est un chiffre très
conservateur.
En ajoutant 25 p.c. de frais d'administration au pourcentage des pertes
totales par rapport aux primes gagnées qui est, en 1971, de 79.29 p.c,
on en arriverait à une opération totale de 104.29 p.c, ce qui
veut dire que tout de suite après les frais d'administration il y a un
déficit de 4,p.c. Pour les années précédentes, un
déficit de 7 p.c. en 1968, un déficit de 17 p.c en 1969, un
déficit de 41 p.c. en 1970. Disons que l'attitude ou la politique de
Diamond et de Veterans est d'obliger les chauffeurs à avoir une
assurance de $100,000 au lieu du minimum requis par la loi qui est de
$35,000.
Ces services offerts par Bélair sont tellement de qualité
qu'en plus des chauffeurs et des propriétaires de voitures
affiliées à Bélair ou a Diamond il y a 500 chauffeurs, 500
propriétaires qui n'appartiennent ni a Diamond ni à Veterans qui
s'assurent avec Bélair, et il y a le public en général qui
s'assure avec Bélair. Il y a peut-être certaines critiques au
sujet de l'assurance. Certains chauffeurs à qui ces questions n'ont
jamais été expliquées trouvent qu'ils paient une prime
démesurée pour l'assurance. Pour bien comprendre comment cela
fonctionne, il faut se référer à l'annexe "h" qui indique
l'échelle de taux suivant la performance si je peux employer
cette expression-là du chauffeur. Il est bien certain que le
chauffeur qui n'a aucun accident paie une somme de l'ordre de $480 par
année, tandis que celui qui a eu quantité d'accidents, qui est un
risque marginal, paie le maximum qui est de $1,000 à $1,200.
En bref, disons que le chiffre de $4 millions d'affaires de
Bélair, en 1972, est réparti comme suit: propriétaires et
chauffeurs utilisant les services de Diamond et Veterans, 33 p.c.;
propriétaires et chauffeurs n'utilisant pas les services de Diamond et
Veterans mais utilisant les services d'autres sociétés de
services, 7 p.c; le public en général, 60 p.c. Et nous concluons
cette partie de notre mémoire en disant que n'eût
été cette importante contribution du public, Bélair aurait
déjà cessé d'exister. Ce qui veut dire qu'à toutes
fins pratiques, si vous utilisez les chiffres que je vous ai donnés tout
à l'heure, Bélair vend son assurance aux propriétaires de
taxis en bas du prix coûtant, et les bénéfices que
Bélair retire de ces opérations d'assurance proviennent de ses
transactions avec le public en général et non avec les
chauffeurs
de taxi, et vous allez voir qu'il n'y a pas seulement dans le cas de
l'assurance que cela se fait.
On arrive justement au paragraphe g) de notre rapport qui a trait au
système de ristournes sur les achats d'essence et autres produits
utilisés dans l'exploitation d'un commerce de taxi. Grâce au
volume d'essence commandé par Gasoline Transportation il y a sept
postes d'essence dans l'île de Montréal nous pouvons
obtenir l'essence avec un escompte substantiel.
Jusqu'au 1er janvier 1973, on allait même offrir aux
propriétaires et chauffeurs non seulement l'essence, d'autres produits,
l'huile, etc., avec un rabais substantiel, mais on accordait même aux
chauffeurs un rabais de 12 1/2 p.c. sur la main-d'oeuvre. Cela peut
peut-être vous paraître incroyable, mais c'est vrai. Encore
aujourd'hui, à l'un ou l'autre des sept postes d'essence, un chauffeur
ou un propriétaire peut obtenir un lavage moyennant la somme de
$0.25.
Nous pouvons donc dire que tous les produits offerts par Gasoline
Stations, aux propriétaires et chauffeurs, le sont à un prix qui
ne saurait être réduit, même pour une entreprise
gouvernementale. A retenir, cependant, au moins 30 p.c. du chiffre d'affaires
de Gasoline Stations résulte de transactions avec le public. Encore
là, c'est grâce à ce volume de 30 p.c. de transactions que
nous faisons avec le public Gasoline Stations que nous pouvons
subsister.
M. PINARD: Avec ou sans rabais. Alors, votre marge de profit est
là.
M. LAPOINTE : Exactement.
M. PINARD : La facturation est faite en fonction de l'acheteur, de la
quantité d'essence, quand c'est en dehors de la catégorie des
propriétaires ou chauffeurs de taxis.
M. LAPOINTE : C'est exact. De la même façon que le client,
qui n'appartient pas à une association, qui se présente à
un poste d'essence, achète son essence au prix qui est indiqué
sur le compteur. Mais le chauffeur de taxi, lui, parce qu'il fait partie d'un
groupe qui commande un plus grand volume d'essence, a un rabais
considérable.
Les conclusions de tout cela sont les suivantes. Nous sommes convaincus
que Diamond et Veterans offrent aux propriétaires et aux chauffeurs des
services que nous pouvons qualifier d'essentiels. Tous ces services ne sont pas
superflus. Ce sont des services dont les propriétaires et les chauffeurs
ont besoin. Deuxièmement, nous disons que ces services sont de toute
première qualité, témoins les visiteurs étrangers
qui sont venus examiner notre système de téléphone et de
radio, témoin notre système de crédit, qui rapporte 5 p.c,
témoins également les services d'assurance qui sont mis à
la disposition des propriétaires et des chauffeurs.
Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans tout cela,
c'est-à-dire dans l'histoire des deux associations, c'est que
l'excédent des revenus sur les dépenses est réduit
à son strict minimum. On n'a pas honte. On n'a rien à cacher.
Nous déposons, en annexe "i" j'en ai parlé tout à
l'heure de même qu'en annexe "j", l'état cumulatif des
opérations pour Diamond et Veterans, pour les onze mois de 1972. Vous
allez constater, M. le Président, que les revenus globaux, au cours de
ces onze mois, pour les deux compagnies, ont été de $791,000. Les
dépenses encourues ont été de $777,000. Cela laisse un
solde de $14,147. A l'examen, nous constatons que l'investissement dans Diamond
et dans Veterans est de $540,000, c'est-à-dire $547,000, avec Veterans.
Un excédent de revenus sur les dépenses de $14,000, sur un
investissement de $547,000, cela représente moins de 2 p.c. avant
l'impôt.
J'espère que personne ne viendra prétendre qu'il s'agit
là d'un rendement exagéré. Ceci étant dit, nous
croyons, Diamond et Veterans, avoir administré une entreprise de
façon responsable. Nous croyons avoir fourni à nos membres et
à leurs chauffeurs les services essentiels et de première
qualité.
Dans les circonstances, comment justifier une éviction aussi
flagrante de la part de l'Etat? Nous croyons qu'il y a eu méprise de la
part de ceux à qui le législateur a confié le travail.
Nous profitons de l'occasion pour dire que les deux seules personnes qu'il nous
ait été possible de rencontrer depuis que l'enquête sur le
taxi est en cours sont deux inspecteurs du services des véhicules
automobiles du ministère des Transports, et le témoignage de ces
deux personnes nous est rendu par écrit en annexe "a".
Pour répondre un peu ce qui a été dit ce matin par
le vice-président de l'association de Québec, c'est malheureux
mais c'est comme ça, il semble que les personnes à qui le
législateur a confié le travail ont consulté les
minoritaires. Mais les entreprises qui jouent un rôle aussi important
comme Diamond et Veterans n'ont pas été consultées avant
que le projet de règlement no 6 soit déposé devant
vous.
Par ailleurs, nous ne voulons quand même pas être mesquins.
Comme il s'agit d'un secteur public où les permis sont octroyés
à la discrétion du législateur, nos associations ne
s'opposent pas à ce qu'il y ait une nouvelle association de
formée, qui, elle, serait contrôlée ou
épaulée par l'Etat. Les compagnies Diamond et Veterans ne
s'opposeraient pas non plus à la formation d'un syndicat pour les
chauffeurs, si le législateur pense que c'est une bonne chose.
Nous désirons tout simplement demander qu'en temps utile, si les
amendements sont apportés dans ce sens, nous ayons l'occasion de faire
les représentations nécessaires.
J'en viens maintenant à la deuxième partie de notre
proposition. Nous avons, non pas convaincu, mais peut-être suffisamment
éveillé le législateur sur des problèmes
sérieux qui pourraient se présenter au cas où l'on
voudrait
laisser le projet de règlement no 6 tel quel. Si l'on persistait
dans l'attitude de vouloir faire disparaître la société
Diamond et la société Veterans, se serait l'anéantissement
presque total des actifs dont je viens de vous parler: la centrale radio
phonique et téléphonique, la compagnie d'assurance Bélair,
Gasoline Stations, etc., les contrats de location et de concession que nous
avons obtenus. Ce serait l'anéantissement total de tous ces actifs.
C'est pour ça que je disais tout à l'heure et je
termine là-dessus que si vous reconnaissez qu'en éliminant
Diamond et Veterans c'est l'anéantissement de ces actifs, reconnaissez
qu'il s'agit là d'une expropriation purement et simplement et
déférez-nous à la Régie des services publics pour
fixer une indemnité qui soit juste et raisonnable pour les actifs que
vous faites disparaître.
Ce n'est pas ce que nous souhaitons; nous souhaitons que le
législateur dans sa sagesse reconnaisse que les services rendus par
Diamond et Veterans sont utiles. Ce n'est pas le seul mandat du
législateur, nous le reconnaissons; le législateur veut que ces
services soient rendus aux chauffeurs de taxi, aux propriétaires, aux
meilleures conditions possibles. Je pense vous avoir démontré, et
je suis prêt à en discuter encore davantage avec les
représentants du ministère des Transports, que les prix que nous
offrons aux chauffeurs et aux propriétaires pour l'assurance, pour
l'essence et les autres services ne sauraient être diminués par
une entreprise contrôlée, épaulée par l'Etat ou une
autre association. Là-dessus, messieurs, je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. BOSSE: M. le Président, si vous me permettez, j'aimerais faire
une mise au point simplement. A la page 13, nous lisons: En fait, nous
profitons de l'occasion pour dire que les deux seules personnes qu'il nous ait
été possible de rencontrer depuis que l'enquête est en
cours sont deux inspecteurs du service des véhicules automobiles du
ministère des Transports et le témoignage de ces deux personnes
nous est rendu par écrit et apparaît en annexe "a".
Je voudrais corriger ici cette inexactitude pour dire que, dès le
début de l'enquête, nous avons rencontré à de
multiples reprises Me Béland. Nous avons rencontré
ultérieurement Diamond avec la conférence des associations de
services, entre autres à l'hôtel de ville de Mont-Royal, avec la
présence des représentants de Diamond, ainsi que de toutes les
autres associations, sous la présidence de M. Gérard Brunet. Et
nous n'avons jamais refusé de collaborer ou de discuter avec les
associations.
M. LAPOINTE: M. le Président, si vous me permettez. Me
Béland est ici, il aura l'occasion de présenter un mémoire
au nom d'une autre association et je le prends à témoin de ce que
j'ai affirmé. Sans doute qu'il sera là pour répondre
à cette intervention de la part...
M. BOSSE: Correspondance pour confirmer...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Une mise au point en attendant qu'il y
ait d'autres observations ou d'autres commentaires de faits, le ministre des
Transports.
M. PINARD: Je ne veux pas questionner davantage. Mais pour l'information
de tous ceux qui sont ici à la commission parlementaire, en tenant pour
acquis que la meilleure formule de services d'exploitation du taxi est celle
que vous venez d'exprimer ou d'exposer, est-ce que vous êtes prêts
à offrir tous ces services à tous ceux qui sont dans le monde de
l'industrie du taxi?
M. LAPOINTE: M. le ministre, si vous me permettez, je l'ai
déclaré au tout début, la société Diamond et
Veterans est une association à laquelle n'importe qui peut appartenir en
payant la cotisation, c'est tout. Il n'y a pas de restriction, tout le monde
peut appartenir à Diamond ou à Veterans, en payant la cotisation.
A ma connaissance, il n'y a aucune restriction là-dessus.
M. PINARD: Alors comment se fait-il qu'on ait tellement entendu parler
de monopole, d'exploitation dans le domaine du taxi, de "racket" dans la vente
ou le transfert des permis, dans les coûts prohibitifs chargés par
les associations de services, par les associations de propriétaires?
J'ai un peu de difficulté à comprendre et je ne suis pas seul
à partager cette opinion.
On sait qu'à Montréal, du moins, il y a eu un
problème de taxi qui a été à ce point grave qu'il a
fallu faire des enquêtes de façon répétée,
qu'il a fallu pour le premier ministre ordonner une enquête qui a
porté le nom de l'enquête Bossé et qu'il y a eu une
grève à la compagnie Diamond pour des raisons qui me paraissent
assez évidentes, si je m'en rapporte aux comptes rendus des journaux de
l'époque. Comment se fait-il qu'aujourd'hui, du fait du
dépôt du règlement no 6 à l'Assemblée
nationale, depuis ma déclaration du 16 décembre 1972, ces
problèmes dont on a tellement parlé qu'on a tellement
dramatisés et qui montraient qu'il y avait quand même des
sentiments exacerbés dans le monde du taxi, soit de la part des petits
propriétaires, soit de la part des locataires, soit de la part des
chauffeurs de taxi, tout à fait par magie soient
complètement disparus?
M. LAPOINTE: M. le ministre si vous me le permettez, bien
respectueusement, je pense qu'il y a un propriétaire de la rive sud qui,
ce matin, a fait une déclaration et qui a répondu d'avance
à notre question. Il a dit: Depuis la
dernière augmentation des taux, nos problèmes sont
réglés, puis on est parfaitement heureux. Il y a place pour des
améliorations sûrement; c'est ce qu'il a dit ce matin. Personne
n'est parfaitement heureux. Il y a des améliorations qui sont encore
nécessaires, mais je pense que le problème de base pour les
chauffeurs était une insuffisance de revenu. Depuis que les taux ont
été augmentés, depuis que les revenus des chauffeurs ont
été augmentés, ils sont beaucoup moins mécontents,
en tout cas, qu'ils ne l'étaient à l'époque à
laquelle vous avez fait allusion tout à l'heure.
M. BOSSE: J'aimerais beaucoup mieux l'entendre dire par des chauffeurs
eux-mêmes que par vous, je m'excuse.
M. LAPOINTE : Non, mais je répétais ce qu'a dit, ce matin,
un propriétaire de la rive sud. Il y a quand même un fait
intéressant et cela vous a été rapporté tout
à l'heure par Mme Fontaine. Elle a dit: J'aime bien avoir le choix
d'appartenir à une société de service. Elle a dit: Si la
société dont parle M. Bossé est bonne, ne soyez pas
inquiets, on va y aller. Si elle n'est pas bonne, on peut avoir le choix
d'appartenir à une autre. Je pense que, dans le contexte
démocratique auquel nous sommes habitués et où nous
vivons, ce serait une excellente chose. Si c'est là votre désir,
si vous n'avez pas l'intention de nous faire disparaître tout simplement,
comme c'est prévu au règlement no 6, si vous avez l'intention de
créer une association ou une société de services
parallèle à la nôtre, on vous dit: Messieurs, vous
êtes les bienvenus. On est prêt à faire face à
cela.
M. LOUBIER: M. le Président, permettez-moi de poser certaines
questions à Me Lapointe, simplement pour clarifier davantage le
sujet.
Vous avez établi tout à l'heure qu'il y avait
liberté d'adhésion ou de retrait par quelque propriétaire
artisan que ce soit, n'est-ce pas? Est-ce que c'est ça? En termes plus
précis, ça veut dire que n'importe quel propriétaire de
taxi artisan à Montréal peut faire sa demande et adhérer
à Diamond ou Veterans.
Deuxièmement, vous prétendez que le fait d'appliquer le
règlement no 6 saboterait tout la structure intégrée qui
permet à Diamond et à la compagnie Veterans de procurer aux
propriétaires de taxis vous avez établi que, dans une
proportion de 80 p.c. ou de 90 p.c, c'étaient des propriétaires
d'un ou de deux permis, donc ce qu'on appelle des propriétaires artisans
des services par la centrale téléphonique, qui permet
également d'obtenir un meilleur prix pour l'essence, qui permet
d'obtenir un meilleur prix ou un prix plus abordable pour la police d'assurance
étant donné que vous les avez intégrés à
Bélair et que 40 p.c. des clients de Bélair se recrutent dans le
monde du taxi alors que 60 p.c. se recrutent dans le grand public.
Est-ce que tout ce que j'ai établi jusqu'à maintenant est
exact?
M. LAPOINTE : C'est tout à fait exact.
M. LOUBIER: A ce moment, vous prétendez que vous pouvez prouver
hors de tout doute que la multiplicité des services que vous accordez
aux propriétaires de taxis et, par incidence ou par prolongement, aux
chauffeurs de taxis, se fait d'une façon pratiquement non
compétitive, même si on pouvait retrouver cela dans une
formulation de coopérative. Parce qu'en fait, si je comprends bien,
c'est à peu près l'esprit d'une coopérative que vous
retrouvez un peu partout et vous établissez que le bilan des
opérations est à l'effet qu'il n'y aurait eu qu'un profit de
$14,000 ou $15,000 pour les deux compagnies et que ces $14,000 de revenu
impliquent préalablement des investissements de l'ordre de $500,000. Ce
qui vous fait dire qu'il y aurait eu un revenu net ou brut, je l'ignore, de 2
p.c. ou 3 p.c.
Ayant résumé, je pense, votre pensée, est-ce que
vous acceptez le fait ou souhaitez-vous qu'il y ait différentes
centrales à Montréal, qu'il n'y ait pas simplement une seule
centrale comme le voudrait le règlement no 6? Indépendamment de
votre association je dégage tout cela est-ce que vous
souhaiteriez qu'il y ait, à Montréal, différentes
centrales de services et non pas une centrale unique?
M. LAPOINTE: Je suis certain, M. le Président c'est
l'attitude des gens que je représente ici qu'une seule centrale
à Montréal, une centrale unique, représenterait une
détérioration considérable du service. Au cas contraire,
les associations actuelles, auxquelles pourrait se joindre une association
contrôlée ou appuyée par l'Etat, continueraient à
donner un excellent service. De par la présence de cette nouvelle
association, elles seraient peut-être fouettées davantage et il en
résulterait une amélioration du service.
M. LOUBIER: Vous accepteriez qu'il y ait une commission gouvernementale
parallèle vous me corrigerez si j'interprète mal votre
pensée étatique qui aurait un rôle de surveillance,
de contrôle de ces associations de services, qu'on les appelle Veterans,
Diamond, Beaubien, Hochelaga, etc. Au cas où le gouvernement
appliquerait dans son esprit, dans la lettre le règlement no 6, vous
prétendez qu'il n'appartiendrait pas au conseil exécutif ou
à la commission des transports à être formée
elle n'est pas encore formée de fixer l'indemnité et,
à toutes fins pratiques, vous contestez le pouvoir ou la
constitutionnalité de la loi ou du règlement.
Pour obtenir justice, si le gouvernement maintient son attitude
d'exproprier, à toutes fins pratiques, Diamond et Veterans, vous
souhaiteriez que l'indemnité ou encore l'étude
du bilan ou des actifs de ces deux compagnies soit soumise à
l'attention, à l'analyse de la commission ou d'un tribunal à la
Régie des services publics ou...
M. LAPOINTE: C'est cela.
M. LOUBIER: ... des transports, mais non pas à la commission qui
doit être formée par le règlement no 6 et le projet de
loi.
M. LAPOINTE: J'ai mentionné la Régie des services publics,
parce qu'au fond c'est le seul organisme existant qui soit compétent,
à mon avis, pour fixer une indemnité dans des cas comme
celui-là. Il y aurait peut-être la cour Provinciale, mais je pense
qu'il y a quand même une tradition qui existe à la Régie
des services publics; il y a un mécanisme d'évaluation, etc. Je
pense que ce serait l'organisme public le plus approprié auquel ce
problème pourrait être confié.
M. LOUBIER : Vous avez mentionné au-delà de 900
propriétaires pour 1,618 véhicules, dans le cas de Diamond, et
225 propriétaires pour 300 véhicules ou permis, dans le cas de
Veterans. Dans quelle proportion les propriétaires actionnaires de cette
compagnie sont-ils eux-mêmes les chauffeurs de ces véhicules? Je
peux vous poser la question à l'inverse: A Diamond, est-ce qu'il y a 900
ou 1,500 chauffeurs de taxi qui ne sont pas propriétaires, mais qui
conduisent ces véhicules?
M. LAPOINTE: Je suis convaincu, si on regarde l'annexe "a" qui est la
liste des propriétaires utilisant les services de Diamond, que tous les
propriétaires d'un seul permis qui utilisent leur voiture, conduisent
eux-mêmes leur voiture.
M. LOUBIER: Dans quel pourcentage? Sans vouloir vous torturer et avoir
le chiffre exact, est-ce qu'on peut dire 75 p.c, 80 p.c?
M. LAPOINTE: M. Latreille me dit qu'à peu près 80 p.c. de
ceux qui ont une voiture la conduisent eux-mêmes.
M. LOUBIER: Ils conduisent eux-mêmes leur voiture?
M. LAPOINTE: Oui.
M. LOUBIER: II y aurait environ 20 p.c. de chauffeurs qui ne sont pas
propriétaires, qui sont intégrés à Diamond. Est-ce
qu'on retrouve la même proportion dans Veterans?
M. LAPOINTE: Je m'excuse, il y avait confusion. Disons que, sur tous les
permis qui sont indiqués à l'annexe "a" dans Diamond, 80 p.c.
conduisent eux-mêmes leur voiture.
M. LOUBIER: Donc, ce sont des propriétaires artisans.
M. LAPOINTE: Presque la totalité de ceux qui n'ont qu'un permis
conduisent eux-mêmes leur voiture. Ils ne sont pas nécessairement
les seuls, ils peuvent avoir un chauffeur la nuit qui va être un
employé, mais au moins durant une partie de la journée, soit le
jour, soit la nuit, le propriétaire conduit sa propre voiture. C'est le
propriétaire artisan dont on parlait ce matin.
M. LOUBIER: Est-ce que la présentation de ce rapport
présentation sérieuse et bien faite par un avocat qui a bonne
réputation a été portée à la
connaissance des actionnaires, des membres de l'association qui sont
intégrés à Diamond Taxicab Association?
M. LAPOINTE: M. le Président, nous aurions bien aimé avoir
le temps de faire ce travail-là, mais vous imaginez qu'il aurait fallu
imprimer ce document en quantité de copies et malheureusement ce
n'était pas possible. Je dois vous dire qu'un projet de ce
mémoire a été porté, pour la première fois,
à l'attention des membres du conseil d'administration de Diamond au
milieu de la semaine dernière. Etant donné que nous avions
relativement peu de temps, il n'a pas été possible de porter cela
à la connaissance de tous les propriétaires utilisant les
services de Diamond et de Veterans.
M. LOUBIER: Ce que je déduis de ce que vous venez de dire
là c'est que vous aussi vous exprimez le regret de ne pas avoir eu
suffisamment de temps pour présentation et discussion avec tous les
membres de l'association. Ce que je voudrais savoir plus exactement,
évidemment vous n'avez pas pu consulter, mais est-ce que vous pourriez
nous dire si ce rapport rejoint le consensus de la très grande
majorité de ceux qui sont impliqués dans les deux compagnies, que
ce soit à titre de propriétaire artisan ou à titre de
chauffeur?
M. LAPOINTE: Nous avons obtenu un son de cloche des propriétaires
et des chauffeurs, non pas à la lumière de ce qui est contenu
dans le rapport, mais à la lumière du projet de règlement
no 6, si vous voulez. Nous avons une liste quasiment interminable de ceux qui
ont manifesté leur désapprobation à l'endroit du projet de
règlement no 6. C'est à l'endroit du projet de règlement
comme tel. Cela n'a pas trait à notre mémoire proprement dit.
M. LOUBIER: M. Lapointe, vous avez divisé en deux parties
très claires votre argumentation, avançant premièrement
l'hypothèse d'une expropriation, à toutes fins pratiques, des
deux compagnies et de ce qu'il adviendrait alors, de quelle façon le
gouvernement se conduirait quant aux indemnités à être
accordées dans les
circonstances. Par ailleurs, vous avez établi que si le
gouvernement juge à propos de tenir compte de la valeur ou des
mérites des deux compagnies remarquez bien que je ne prononce pas
de jugement, je suis votre argumentation les deux compagnies devraient
continuer à exister dans ce sens, mais que vous n'auriez aucune
objection à cette commission ou à cet organisme parallèle
de surveillance, de contrôle, etc., tant au niveau des permis qu'au
niveau de la transférabilité des permis, au niveau,
également, des chauffeurs de taxi, etc., et que vous n'auriez aucune
objection à ce que le tout débouche même sur la
syndicalisation des chauffeurs de taxi, c'est-à-dire ceux qui ne sont
pas des propriétaires artisans, qui ne conduisent pas eux-mêmes
les véhicules.
M. LAPOINTE : M. le Président, je n'ai pas la naiveté de
penser que tout est parfait dans ce que nous faisons. Il y a peut-être
des choses, qui pourraient me venir à l'esprit immédiatement, qui
mériteraient correction. Mais je pense que plutôt que d'aller
défaire en profondeur tout ce qui existe actuellement, on pourrait
remédier à certaines difficultés, à certains
malaises en créant cette nouvelle société de service
épaulée par le gouvernement et, en plus, en attribuant certains
pouvoirs de surveillance à la Commission de transports sur le commerce
du taxi. Je pense que ma position est assez claire et je pense que c'est cela
que vous avez compris.
M. LOUBIER: Quant aux autres implications du règlement no 6,
auxquelles vous ayez fait très peu allusion, je comprends que, si votre
point de vue était accepté, vous considérez que
l'existence même ou surtout l'esprit du rapport Bossé devrait
être transformé de A à Z. Mais en ce qui a trait, par
exemple, aux objectifs visés par le rapport à l'effet de
régir le nombre de permis de taxi par régions et plus
spécifiquement dans la région de Montréal, est-ce que vous
vous êtes attardés à l'étude de cet aspect qui
pourrait déboucher sur la disparition de 400, 600 ou 1,000 permis et sur
les implications que ça pourrait avoir sur vos membres ou sur
l'industrie du taxi en général?
M. LAPOINTE: Etant donné que nous ne détenons pas, comme
je l'ai expliqué au tout début, de permis nous-mêmes, nous
avons laissé aux associations de propriétaires comme telles ou
aux propriétaires le soin de vous faire des représentations
là-dessus. Croyant qu'ils étaient peut-être mieux
placés que nous pour vous faire des représentations à ce
sujet, nous nous sommes contentés de vous manifester notre désir
de survivre et de vous éclairer sur les services que nous dispensions
aux propriétaires et aux chauffeurs.
Je sais qu'il y a des propriétaires qui ont des
représentations valables à vous faire là-dessus.
M. LOUBIER : Est-ce que je dois déduire que vous êtes le
procureur de Diamond et de
Veterans et que le son de cloche des propriétaires sur les
conséquences des autres articles de ce règlement sera
exprimé ou précise par d'autres procureurs ou par
eux-mêmes?
M. LAPOINTE: C'est exact. M. LOUBIER: Bon, très bien.
M. PINARD: M. le Président, avec votre permission, pour
enchaîner un peu avec le même genre de questions posées par
le leader de l'Opposition officielle, le député de Bellechasse,
est-ce que je pourrais demander à Me Lapointe si actuellement il y a des
actions en Bourse de la part de la compagnie Diamond ou de ses filiales?
M. LAPOINTE: Non.
M. PINARD: Pour aucune compagnie. Je regarde, dans les documents qui
sont en annexe, les états des revenus et des dépenses au 30
novembre 1972. C'est pour un mois d'exploitation, si je comprends bien.
M. LAPOINTE: Je m'excuse. Au 30 novembre, c'est cumulatif. Vous l'avez
pour le mois de novembre sur le tableau. Juste dans la colonne de droite, vous
l'avez de façon cumulative au 30 novembre. C'est pour onze mois
d'exploitation.
M. PINARD: Je ne vois pas de comptes à recevoir. Est-ce qu'il y a
des propriétaires ou des chauffeurs de taxis accrédités
auprès de vos associations, qui ont des comptes à payer à
votre organisation?
M. LAPOINTE: Si vous me permettez, les états que vous avez au 30
novembre sont des états d'exploitation. Les comptes à recevoir et
les comptes à payer apparaîtraient plutôt au bilan
qu'à l'état de profits et pertes.
M. PINARD: II n'y a pas de bilan annexé à votre
document.
M. LAPOINTE: Ecoutez, M. le Président, le bilan comme tel est
préparé à la fin de l'année, les douze mois
d'opération ne sont pas complétés. Si vous voulez, j'ai
avec moi le bilan au 31 décembre 1971; je pourrais peut-être vous
donner le montant des comptes à recevoir et des comptes à payer
à cette date, si ça vous intéresse.
M. PINARD: Cela m'intéresserait pour être en mesure de bien
évaluer la portée de votre document et de son efficacité
au plan de la location et la vente des services, à la fois à vos
propriétaires artisans ou à vos chauffeurs. Je pense que la
future Commission des transports ou le ministère comme tel qui en a la
responsabilité d'ici à ce qu'elle soit formée serait
intéressé à voir dans le détail, à l'aide de
l'étude du bilan, si vraiment c'est la formule la plus
idéale compte tenu de toutes les circonstances expliquées
jusqu'ici.
M. LAPOINTE: M. le Président, je réponds à la
question de l'honorable ministre: Les comptes à recevoir dans Diamond
seulement, au 31 décembre 1971, étaient de $234,000; les comptes
à payer étaient de $96,066, toujours à la même
date.
M. PAUL: D'où viennent ces comptes à percevoir?
M. LAPOINTE: Pardon?
M. PAUL: D'où viennent ces comptes à percevoir?
M. LAPOINTE: Ce sont des cotisations des membres qui ne sont pas encore
payées, qui sont dues mais qui ne sont pas encore payées.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a des comptes d'essence, de pièces de
rechange, de pneus qui n'ont pas été payés...
M. LAPOINTE: Non.
M. PINARD: ... à la compagnie, qui sont restés en
suspens?
M. LAPOINTE: Cela, M. le Président, si ça existait,
ça paraîtrait dans Gasoline Stations plutôt que dans
Diamond. Mais je pense que, d'une façon générale,
lorsqu'un chauffeur se présente à un des postes de Gasoline
Stations, il paie soit comptant, soit à l'aide de coupons de
crédit qu'il a déjà reçus pour des clients.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a possibilité d'avoir un bilan
consolidé de toutes les activités de la compagnie mère et
de ses filiales de façon à avoir une vue d'ensemble des
opérations financières de la compagnie pour être en mesure
de mieux apprécier la valeur du système que vous avez
expliqué avec beaucoup d'exactitude et d'objectivité, à
mon point de vue?
M. LAPOINTE: Vous aimeriez que nous déposions nos états
financiers?
M. PINARD: Je ne vous en fais pas une obligation parce que je n'ai pas
le pouvoir de vous obliger à le faire. Si vous pensez que ça peut
être utile au ministère des Transports d'en faire l'étude,
je vous laisse cette liberté de le faire.
M. LAPOINTE: Pour ce qui est du ministère des Transports, M. le
Président, il me fait plaisir de dire que nous serons heureux de
déposer nos états financiers au ministère.
M. PAUL: Je crois bien, M. le Président, qu'il y aurait
peut-être avantage à faire la même demande à toute
autre association de services qui pourrait se faire entendre devant nous.
M. PINARD: Oui, de façon que tous les membres de la commission et
tous ceux qui y participent puissent faire la part des choses et évaluer
quel est le meilleur système dans les circonstances.
M. LAPOINTE : Nous l'aurions fait avec plaisir si nous en avions eu
l'occasion dans le passé.
M. PINARD: II n'est jamais trop tard pour bien faire.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Quelle est la valeur marchande des permis de taxi chez
Diamond?
M. LAPOINTE: Nous n'avons pas de permis de taxi, M. le
Président.
M. AUDET: Vous en vendez.
M. LAPOINTE: Diamond ne détient pas de permis de taxi.
M. AUDET: Vous n'en vendez pas? Vous ne vendez aucun permis?
M. LAPOINTE : Absolument pas.
UNE VOIX: Nous n'en avons jamais vendu et nous n'en avons jamais eu.
M. AUDET: Est-ce que vous en avez déjà vendu?
M. LAPOINTE: On n'en a jamais vendu et on n'en a jamais eu. C'est pour
ça que j'ai tenu à faire cette mise au point dès le
début. Il y a eu vraiment malentendu là-dessus. Diamond et
Veterans n'ont jamais détenu de permis de taxi, n'en ont jamais vendu.
Il y a des propriétaires qui utilisent les services de Diamond. Ils sont
libres de transiger dans leur permis mais la compagnie comme telle, que je
représente, n'a jamais transigé dans des permis de taxi.
M. AUDET: A Montréal, est-ce qu'il existe des compagnies
ce n'est peut-être pas dans l'ordre de vous poser cette question
qui vendent des permis de taxi avec l'auto, l'assurance et les services?
M. LAPOINTE: Etant donné que je représente ces deux
compagnies, Diamond et Veterans, dans le temps qui est à ma disposition,
j'ai eu suffisamment à faire pour pouvoir obtenir les renseignements qui
m'ont permis de vous faire l'exposé que j'ai fait. Je n'ai pas
vérifié davantage ce qui se passait dans les autres
sociétés de services.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je voudrais poser
quelques questions à M. Lapointe. Lorsque vous dites que vos membres
sont assurés dans la compagnie d'assurance Bélair, est-ce une
obligation pour quelqu'un qui fait partie de Diamond ou de Veterans
d'être assuré dans la compagnie Bélair ou s'il peut
s'assurer dans une autre compagnie?
M. LAPOINTE: A compter du moment où l'individu utilise les
services de Diamond et Veterans il doit obligatoirement prendre son assurance
avec Bélair.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, un chauffeur artisan qui est
membre d'une autre association peut s'assurer avec Bélair. S'il n'est
pas membre de Diamond ou de Veterans, y a-t-il une différence dans le
coût de l'assurance?
M. LAPOINTE: Non. Les prix sont exactement les mêmes.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Même pour un particulier, car vous
n'avez pas que des chauffeurs de taxi qui sont assurés par
Bélair?
M. LAPOINTE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): II y a une chose que je comprends
difficilement. On parle d'un investissement de l'ordre de $500,000. On parle
d'un profit d'environ $14,000, ce qui représente à peu
près 2 p.c. à 3 p.c. En somme, c'est minime, ce n'est pas
grand-chose quand on considère les revenus que ça rapporte quand
on investit dans d'autres industries. Etant donné le peu de revenus que
ça rapporte, je me demande pourquoi une association comme Diamond ou
comme Veterans tient avec autant d'acharnement à conserver cet organisme
s'il ne rapporte presque rien.
M. LAPOINTE: M. le Président, ce n'est pas de l'acharnement. Nous
venons devant vous et nous vous disons: Si nous ne vous convainquons pas que
nous devons subsister, très bien, mais donnez-nous des compensations
normales pour les actifs que vous faites disparaître.
Ceci étant dit, il n'y a pas d'acharnement. Nous nous
présentons devant vous et nous prenons cette position. Mais pourquoi
aimerions-nous quand même subsister? C'est vrai que nous faisons des
sous, mais si nous faisons des sous, nous ne le faisons pas avec Diamond ni aux
dépens des chauffeurs et des propriétaires de taxis. Nous le
faisons par Bélair assurance avec 60 p.c. de notre volume qui est dans
le public, dans Gazoline Stations avec 30 p.c. qui est dans le public, et c'est
ce qui permet à Diamond et à Veterans de subventionner et
je n'emploie pas le mot à la légère les chauffeurs
et les propriétaires de taxis de Montréal.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous fais remarquer que ce n'est pas moi
qui proteste, c'est en arrière. Lorsque vous avez parlé d'un
profit de l'ordre de $14,000 pour un investissement de $500,000, les comptes
à recevoir n'étaient pas inclus. Ces comptes à recevoir
sont un revenu qui doit entrer dans l'association Diamond et Veterans.
M. LAPOINTE: M. le Président, je ne voudrais pas...
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, écoutez! Tantôt, vous avez
parlé du montant exact des comptes à recevoir. Ce sont des
profits que l'association a faits et ce n'est pas inclus dans les $14,000 que
vous avez mentionnés tantôt, comme si Diamond et Veterans
était un organisme, un groupe de mécènes qui s'occupe
d'aider seulement les taxis et qui ne pense pas à faire de profits. Vous
faites des profits! Ce n'est pas un reproche que je vous fais, mais je vous le
dis. Je n'aime pas cela quand un organisme vient devant une commission
parlementaire et veut nous laisser croire que tout ce qu'il fait, c'est pour
les autres et que lui, il est d'un désintéressement total. Non.
Diamond et Veterans font des profits. Vous les prenez où? Dans les
comptes à recevoir? Où? Vous ne tiendriez pas à ce que
ça continue à fonctionner comme cela?
M. LAPOINTE: M. le Président, j'ai bien dit que nous faisions des
profits. J'ai dit où Diamond et Veterans faisaient leurs profits. Si on
est pour discuter de comptabilité, je suis prêt à le faire,
mais les comptes à recevoir et les comptes à payer n'entrent pas
dans l'état de profits et pertes. Si on veut parler de comptes à
recevoir, il faut tenir compte également des comptes à payer qui
vont à l'encontre des comptes à recevoir.
Les comptes à recevoir n'appartiennent pas à l'état
de pertes et profits. Quand on vous dit qu'on a fait $14,000 de
bénéfices, d'excédents de revenus sur les dépenses
pour les onze mois d'exploitation dans Diamond et dans Veterans, on parle
d'état de pertes et de profits. On parle de comptes de fonctionnement:
on ne parle pas de bilan où il faut tenir compte des comptes à
payer, de l'impôt à payer, des comptes à recevoir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si j'avais de l'argent là-dedans et
que ça me rapportait 2 p.c. ou 3 p.c, je serais d'accord pour que
ça
disparaisse; je retirerais mon argent et je le placerais ailleurs.
M. LAPOINTE : M. le Président, c'est vrai.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne crois pas à un profit de 2 p.c.
ou 3 p.c. pour ceux qui ont investi là-dedans. Je m'excuse, mais que
voulez-vous que j'y fasse?
M. AUDET: II serait intéressant de demander quels sont les
salaires...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'avais pas fini; j'avais encore une
autre question à poser, s'il vous plaît. Lorsque vous parlez des
échelles de taux selon l'expérience, pour le coût de
l'assurance, vous avez la classe a) de 0 p.c. à 50 p.c, $40 par mois, ce
qui fait $480 par année. A la fin, vous avez la classe supérieure
à 150 p.c, c'est-à-dire que ça coûte $100 par mois,
donc $1,200 par année.
Avez-vous un pourcentage des catégories? Il y en a combien, chez
vous, qui paient $480 par année et il y en a combien qui paient $1,200?
Je ne sais pas si vous pouvez me répondre. Je vous pose la question,
vous devez le savoir.
M. LAPOINTE: M. le Président, c'est une question qui est
peut-être un peu technique. J'aimerais bien répondre à la
question de l'honorable représentant du comté de
Sainte-Marie.
J'aimerais demander à M. Faulkner, qui est le gérant
général de la compagnie Bélair et qui est ici, de bien
vouloir s'approcher. Peut-être serait-il en mesure de répondre
à votre question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais à ce moment-ci
interrompre avant de commencer une telle discussion. Je me demande si la
question se rattache directement au règlement no 6 que nous discutons.
J'écoutais avec beaucoup d'intérêt l'intervention du
député. Je vois tout de même qu'il est 6 h 30. Je pense
qu'à ce moment-ci nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 8 h
30. Mais, avant que vous partiez, je voudrais vous faire part de l'information
suivante. Il y a eu plusieurs questions au cours de l'après-midi de la
part d'associations et d'individus. On pourrait leur indiquer le moment
où la commission pourrait les entendre. Je sais que c'est très
important pour beaucoup d'entre vous. Je vous donne l'ordre de nos travaux que
nous proposons pour les jours à venir y compris ce soir, demain et
jeudi.
Immédiatement après que les membres de la commission
auront terminé de poser des questions à M. Lapointe ou à
ses collègues, nous entendrons des individus choisis au hasard. Ce sont
des proriétaires, des chauffeurs de taxi. Nous allons entendre les
personnes que je vais nommer et ces noms ont été choisis au
hasard sur une longue liste de gens inscrits. Cela ne signifie pas que les
autres ne pourront pas être entendus. Mais, pour ce soir, nous entendrons
les gens inscrits sur cette liste, une fois que nous aurons terminé avec
l'étude en cours. Je nomme ici les personnes que nous entendrons ce
soir, si ces personnes sont encore ici et si elles veulent rester
naturellement.
M. Robert Blondin, chauffeur, Montréal. M. Albert Benoît,
propriétaire, Montréal. M. Ronald Bernard, propriétaire,
Montréal. M. Jean-Marie Lafond, chauffeur, Montréal. M. Gaston
Jean, chauffeur, Sept-Iles. M. Robert Dickey, chauffeur, Montréal, M.
Armand Doganière, propriétaire, Montréal.
Ces personnes seront appelées ce soir à faire
connaître leurs opinions à la commission. Je voudrais être
bien clair là-dessus. Cela n'exclut pas d'autres individus. Au
contraire. Au lieu de continuer à entendre simplement des
mémoires de grandes associations, la commission serait désireuse
d'entendre aussi l'opinion d'individus et de chauffeurs. Une fois que nous
aurons terminé cette liste dont je viens de vous donner les noms, nous
passerons aux propriétaires et chauffeurs de taxis de Verdun.
Une fois que nous aurons terminé cette liste dont je viens de
vous donner les noms, nous passerons, 3) aux propriétaires et chauffeurs
de taxi de Verdun; 4) Sherbrooke Radio Taxi; 5) Organisation des chauffeurs de
taxi de Montréal; 6) Association des chauffeurs de taxi de Baie Comeau;
7) Propriétaires de taxis de l'agglomération de Hull; 8)
Association métropolitaine des petits propriétaires de taxi de
Montréal; 9) Association des propriétaires de taxis de la
Rive-Sud; 10) l'Association des propriétaires de taxis de Longueuil; 11)
l'Association des propriétaires de flottes de taxis de Montréal
Inc.; 12) Association des propriétaires de taxis de
Saint-Jérôme; 13) Lasalle Taxi Inc.; 14) Boisjoli Radio Taxi; 15)
La compagnie des propriétaires de taxis Rive-Sud Ltée; 16) Taxi
Escoumins; 17) Union des chauffeurs local 48 de l'Union internationale des
Teamsters; 18) Métropole Radio Taxi (1959) Ltée; 19) Union des
propriétaires de taxis de Granby , Inc.; 20) West Island Transportation
Ltd; 20) Propriétaires de taxis de la cité du
Cap-de-la-Madeleine; 21) Lachine Taxi Enr.; 22) Taxi moderne Inc.; 23)
Saint-Michel Radio Taxi Ltée; 24) Radio Taxi Enrg; 25) Taxi Lasalle
(1964) Inc.; 26) Hochelaga Radio Taxi Inc.; 27) S.O.S. Taxi Ltée; 28)
Hochelaga Taxi Association; 29) Association des propriétaires de taxis
de Québec; 30) Les Entreprises Auclair Inc.; et 31) Montreal Urbain
Community Drivers Association.
Alors, il va sans dire que nous ne passerons pas tous ces gens-là
ce soir ou demain. Si nous basons nos calculs sur le travail qui s'est fait
aujourd'hui, une fois que nous aurons entendu les six ou sept personnes dont
j'ai fait mention, une fois que nous aurons terminé la
présentation du mémoire de Diamond et Veterans, nous commencerons
cette liste-ci. Je doute fort que nous allions beaucoup plus loin que le
troisième
ou le quatrième nom sur la liste. Même en
accélérant nos travaux, nous pourrons entendre les dix ou quinze
suivants. C'est dire que tous ceux qui sont venus avant l'Union des chauffeurs
de taxi local 48 des Teamsters, qui est 17e sur ma liste, tous les
précédents passeraient probablement mercredi ou jeudi. Je pense
qu'il faudrait ajouter d'autres séances pour entendre les autres
à moins qu'il n'y ait une grande accélération.
M. PAUL: M. le Président, y aurait-il possibilité de
connaître l'heure de la séance de ce soir?
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est encore une explication qui, je
crois, est nécessaire à ce moment-ci. A cause de malentendus, le
dfner, au Parlementaire, a été retardé jusqu'à six
heures trente, au lieu de six heures. C'est pour cela que nous avons
continué nos travaux jusqu'à six heures trente, pour reprendre ce
soir à huit heures trente. Quant à l'heure de clôture, je
laisse cela ouvert. Cela ne dépassera certainement pas minuit. Il est
possible que nous puissions nous entendre pour terminer vers dix heures ou dix
heures trente, puisque nous commençons à huit heures trente, pour
reprendre demain matin, à dix heures, ici, en cette même salle. En
terminant, ce soir, nous saurons qui sera le premier sur la liste, demain
matin. Il faut attendre les résultats de la soirée.
Je vous remercie.
(Suspension de la séance à 18 h 32)
Reprise de la séance à 20 h 44
M. SEGUIN (président de la commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre, messieurs !
J'espère que tout le monde a bien dîné, et nous
allons reprendre immédiatement nos travaux en continuant avec M.
Lapointe. Je crois que le député de Sainte-Marie avait
posé certaines questions. Du moment que les réponses et les
questions ne seront pas de l'ordre comptable se rapportant à
l'organisation, je suis prêt à les recevoir. On me dit qu'il ne
s'agit pas de comptabilité. Je ne sais pas de qui était...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je peux répéter la
question.
M. LAPOINTE: J'avais demandé au président la permission de
faire venir M. Faulkner, qui est gérant général de
Bélair. Il est ici à la table à ma droite. Si le
député de Sainte-Marie avait l'amabilité de
répéter sa question, M. Faulkner lui répondrait avec
plaisir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'avais demandé à Me Lapointe
quelle était la proportion et où étaient catalogués
les chauffeurs de taxi dans l'assurance. Lorsque vous regardez l'annexe "h",
échelle de taux selon l'expérience, vous avez de zéro
à $50 ou $40 par mois, etc. Quel était le pourcentage dans chaque
catégorie?
M. FAULKNER: D'abord il faut bien faire la distinction entre les
propriétaires uniques et les propriétaires de flottes. Nous avons
dans l'association Diamond environ 820 à 825 membres qui se classifient
dans les catégories A, B et C. Dans A, B et C, où c'est de $40
à $45, nous en avons environ 750. Evidemment, je n'ai pas les chiffres
exacts devant moi. Je pourrai toujours vérifier à mon bureau.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Qu'est-ce que c'est A, B et C?
M. FAULKNER: C'est une prime qui varie selon l'expérience entre
50 p.c. et 85 p.c, ce qui veut dire une prime minimale de $40 à $55.
Donc la grande majorité de nos membres individuels se classifient dans
ces catégories. Nous en avons peut-être 50 à 60 dans les
catégories de $55 à $65.
Les quelque 20 autres ont des dossiers d'accidents très
chargés, et nous devons évidemment imposer les primes en
conséquence. Tous les autres dans les catégories A à G
sont plutôt pour les propriétaires de flottes. Même des
propriétaires de flottes peuvent payer $40 comme ils peuvent aussi bien
payer $100. Tout dépend de l'expérience et du nombre d'heures
durant lesquelles ces véhicules sont sur la route.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'avais demandé la même chose
à Me Lapointe, c'est pareil pour celui qui ne fait pas partie de Diamond
et de Veterans, il paie le même prix.
M. FAULKNER: C'est établi selon l'échelle.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est un bien pour ça. M. le
Président, avant de terminer, j'aurais une autre question à poser
à Me Lapointe. Je ne me mets pas à la place du ministre, je ne
suis pas le ministre des Transports. Malheureusement, notre parti n'est pas
encore au pouvoir; on va attendre encore un peu. Je suppose que le
gouvernement, dans Montréal, par exemple, aide à créer une
coopérative des chauffeurs de taxi, des chauffeurs artisans avec tout ce
que ça comporte de services, d'achats, d'assurances, d'essence, de
réparations, enfin le mécanisme d'une coopérative sans
pour autant abolir Diamond, Lasalle ou ceux-là. A ce moment-là,
le chauffeur artisan aurait le choix de rester chez vous ou d'aller dans la
coopérative ou, comme II le fait actuellement, dans Lasalle, Diamond ou
autre. Est-ce que vous accepteriez une concurrence comme ça?
Trouveriez-vous que c'est "fair play" et honnête?
M. LAPOINTE: Avec plaisir. D'ailleurs, c'est ce que nous avons
déclaré cet après-midi. C'est ce que nous avons
souhaité même.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est ce que vous souhaitez?
M. LAPOINTE: C'est ça. Nous sommes tellement convaincus de
l'efficacité de notre exploitation, tant pour nous-mêmes que pour
les propriétaires et les chauffeurs, que nous sommes prêts
à faire face à la concurrence d'où qu'elle vienne,
même si elle vient d'un organisme épaulé ou dirigé
par l'Etat.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien, merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que je peux poser quelques
questions à Me Lapointe? Dans le cours de vos remarques, cet
après-midi, vous avez parlé d'un pourcentage de vos membres, soit
dans Diamond Taxi ou Veterans Taxi, qui étaient de véritables
taxis artisans. Est-ce que vous pourriez répéter les chiffres que
vous nous avez donnés cet après-midi?
M. LAPOINTE: J'ai dit, cet après-midi, M. le Président,
que la presque totalité des propriétaires artisans qui n'avaient
qu'un seul permis d'auto-taxi conduisaient eux-mêmes leur voiture et
qu'ils pouvaient, durant les heures de nuit, utiliser un chauffeur. Mais
à peu près de 20 p.c. à 25 p.c. de tous les
détenteurs de permis détiennent plus d'un permis. Est-ce que ma
réponse est claire?
M. PAUL: Je vous remercie; j'en ai une autre. Pourriez-vous me dire quel
pourcentage de vos membres représente l'élément
féminin?
M. LAPOINTE: M. le Président, je regrette, personnellement je
n'ai pas fait le décompte à l'aide de la liste qui est produite
en annexe. Peut-être qu'un des officiers de Diamond serait en mesure de
me le dire. On me dit qu'il y a au plus de 15 à 20 personnes du sexe
féminin qui y travaillent.
M. PAUL: Je constate qu'il y a beaucoup d'épines dans votre
association et très peu de roses.
Une autre question, M. Lapointe. Si, par exemple, le gouvernement allait
jusqu'au bout avec le règlement no 6 et que vous soyez exposés
à perdre vos concessions, c'est-à-dire que vos concessions
deviendraient accessibles à tous, est-ce que vous auriez objection
à une telle mesure? Si oui, pourquoi?
M. LAPOINTE: II doit quand même exister un parallèle entre
la cotisation qui est imposée aux propriétaires qui sont
affiliés à Diamond et les services dont ces propriétaires
bénéficient. Je vous ai cité le chiffre de $105,000 que
Diamond avait payé en frais de location et de concessions durant les
onze mois de 1972. Il est bien certain que si ces $105,000 de dépenses
disparaissent éventuellement pour être absorbés par
l'ensemble des propriétaires de taxis à Montréal, la
cotisation sera réduite d'autant. Mais il faut quand même
être prudents parce qu'il y a des concessions, il y a des locations qui
sont négociées avec des tierces parties, mais il y a
également des terrains qui n'appartiennent pas à Diamond
directement, qui peuvent appartenir à National Transportation, à
d'autres entreprises ou à Bélair Insurance, des terrains qui ont
été achetés en propre et qui appartiennent à ces
entreprises. Plus souvent qu'autrement ce sont peut-être des bouts de
terrains qui ne sont pas utilisés pour des fins de construction etc.,
mais ils sont très pratiques pour le stationnement d'autos-taxis. Dans
des cas semblables évidemment, il ne serait pas question de mettre
ça à la disposition des autres associations de taxis puisque ces
terrains nous appartiennent en propre.
Je dis que, si vous voulez les mettre à la disposition des autres
propriétaires de taxis, de tous les propriétaires de taxis de
Montréal, c'est l'équivalent d'une expropriation.
M. PAUL: Une autre question, M. Lapointe. Je ne voudrais pas que ma
question soit jugée comme étant une suggestion personnelle ou une
préférence de ma part. Certaines représentations nous
furent faites à l'effet que ceux qui
n'exploitent pas personnellement leur permis de taxi soient dans
l'obligation de le vendre. Quelle serait la réaction des membres de
votre association devant une telle mesure, adoptée éventuellement
par le gouvernement?
M. LAPOINTE: M. le Président, je regrette, mais je ne suis pas en
mesure de répondre à la question de l'honorable
député de Maskinongé. Mais, pour le rassurer, je dois dire
que Me Antoine Geoffrion représente les propriétaires de plus
d'un taxi. Ce serait beaucoup plus à lui qu'à moi de
répondre à une telle question.
M. PAUL: Très bien. Cet après-midi, vous avez parlé
des différentes opérations commerciales et financières de
votre association. Vous nous avez spécialement mentionné que
National Transportation Management and Investment Corporation était la
compagnie mère des différentes activités et qu'elle
détenait des parts, tant dans Diamond Taxi que dans Veterans Taxi, dans
Bélair Insurance Company et dans Gasoline Stations. Pourriez-vous nous
dire si cette compagnie, National Transportation, fait également
d'autres affaires à Montréal?
M. LAPOINTE : Non, M. le Président.
M. PAUL: Si je comprends bien, cette compagnie n'a pas d'autres
intérêts que ceux que l'on nous a signalés cet
après-midi dans les compagnies Bélair Insurance, Gasoline,
Diamond Taxi et Veterans Taxi.
M. LAPOINTE : C'est exact.
M. PAUL: Est-ce que cette compagnie vend des services aux membres de
Diamond Taxi ou de Veterans Taxi, aux membres que l'on retrouve aux annexes "a"
et "c" de votre mémoire?
M. LAPOINTE: M. le Président, je crois qu'en réponse
à une question de l'honorable ministre des Transports, j'ai
répondu cet après-midi que National Transportation était,
à proprement parler, si vous me permettez l'expression française,
une compagnie de portefeuille.
M. PAUL: Est-ce qu'il lui arrive de consentir des prêts aux
membres de votre association et, dans l'affirmative, à quel taux
d'intérêt? Ou encore, est-ce que la compagnie, par exemple, rend
des services d'administration?
M. LAPOINTE: Absolument pas, M. le Président.
M. PAUL: Absolument pas. Je vous remercie, M. Lapointe. Personnellement,
je n'ai pas raison de douter de la véracité des réponses
que vous nous avez données. Quant à moi, vous m'avez aidé
à démystifier ce qui entourait, jusqu'à aujourd'hui, les
opérations de Diamond Taxi et de Veterans Taxi.
M. LAPOINTE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: M. Lapointe, j'espère que vous ne me trouverez pas
outrancier ou démesuré dans mes demandes d'information. J'ai bien
écouté les questions qui ont été posées par
mon honorable ami, le député de Maskinongé. Il a
sensiblement recoupé les questions que je vous ai posées cet
après-midi. Cependant, je voudrais, dans la mesure du possible, aller un
peu plus loin. Je vous laisse libre de répondre à mes questions
ou de déposer certaines informations sous forme de documents.
J'ai relu le texte de votre mémoire. Du début
jusqu'à la page 5 inclusivement, vous prétendez être une
association de services, non-propriétaire de permis de taxi,
non-propriétaire de véhicules-taxis. Vous louez ou vous vendez
des services communautaires, si je peux m'exprimer ainsi, pour l'achat
d'essence à meilleur compte, pour l'achat d'assurance à meilleur
compte, pour l'achat de pièces de rechange pour l'automobile à
meilleur compte et une foule d'autres services que vous avez bien
décrits.
J'imagine que vous avez quand même des contrats de location ou de
vente de services envers vos membres. Vous n'avez pas tellement
détaillé la nature de ces contrats, le fonctionnement des
relations contractuelles entre l'Association Diamond et les autres compagnies
filiales et l'acheteur ou le locateur des services chez vous. Pouvez-vous nous
en dire davantage là-dessus? Si c'est possible de le faire, ce soir ou
un peu plus tard, vous pourriez déposer des documents qui pourraient
nous éclairer davantage là-dessus. Je ne me constitue pas en
commission d'enquête, mais comme nous sommes au coeur du problème,
je pense que c'est de bonne guerre de vous poser cette question, même si
je vous laisse libre de répondre.
M. LAPOINTE: Avec plaisir, M. le Président, je crois être
en mesure de répondre ce soir.
Si toutefois la réponse était incomplète,
d'après vous, vous seriez gentil de me l'indiquer. Je verrai à
vous transmettre les documents additionnels s'il y a lieu. A ma connaissance,
la seule relation contractuelle qui existe entre un propriétaire de
taxis et la société Diamond ou la société Veterans
est celle qui veut que, moyennant cotisation mensuelle payée par le
propriétaire, la société Diamond ou la
société Veterans dispense les services qui sont décrits
là. C'est la seule relation contractuelle qui existe entre les deux
parties.
M. PINARD: Quel est le prix mensuel de cette cotisation?
M. LAPOINTE: Un montant de $36.
M. PINARD: Pardon?
M. LAPOINTE: Un montant de $36.
M. PINARD: Est-ce que c'est un prix normalisé depuis plusieurs
années ou si c'est le prix au moment où nous nous parlons?
M. LAPOINTE: C'est le prix au moment où nous nous parlons.
M. PINARD: Est-ce qu'il y a eu variation notable?
M. LAPOINTE: Je pense qu'il y a eu une légère augmentation
il y a deux mois.
M. PAUL: Par auto? M. LAPOINTE: Pardon?
M. PAUL: Est-ce $36 par automobile, par voiture-taxi?
M. LAPOINTE: C'est cela. Si vous me le permettez, j'aimerais
compléter ma réponse. Il est clairement convenu entre les deux
parties qu'à compter du moment où le propriétaire d'un
taxi fait une demande de services de la compagnie Diamond moyennant cotisation
mensuelle, il s'oblige à acheter son assurance de la compagnie
Bélair. Je m'excuse. Je pense que je devais compléter cette
réponse. Il y a évidemment, depuis le 1er février 1972 ou
avant, l'achat qui a été fait par certains propriétaires
de véhicules, de la radio, du poste de
radio-téléphone.
M. PINARD: Est-ce que, parmi vos administrateurs ou vos
détenteurs d'actions dans Diamond et les compagnies filiales, il y a
quand même des personnes qui font commerce de la vente d'automobiles ou
de...
M. LAPOINTE: Nous ne l'avons jamais nié. Mais si ces personnes le
font, elles le font à titre privé en tant qu'individus et non en
tant que personnes affiliées à Diamond ou en tant que partie
intégrante de Diamond ou de Veterans.
M. PINARD: Dans le cas où ces personnes vendent ou louent des
automobiles aux détenteurs de permis et chauffeurs de taxis
associés à votre organisation, j'imagine que, dans un cas comme
dans l'autre, il peut y avoir des problèmes de financement.
Est-ce que le financement de l'achat ou de la location des voitures se
fait par l'entremise de l'une ou l'autre de vos compagnies filiales?
M. LAPOINTE: Absolument pas, M. le ministre.
M. PINARD: Puisque le problème a été soulevé
tantôt... Excusez-moi.
M. GAGNON: Pendant que le ministre va chercher sa documentation, vous
avez dit qu'ils étaient obligés de prendre une assurance de
Bélair. Tous ceux qui font partie de votre organisation sont
obligés de s'assurer de Bélair. Est-ce qu'ils ont des taux
préférentiels? Quel est le prix de la prime annuelle et quel est
le déductible de ces assurances?
M. LAPOINTE: Si vous me le permettez, je pense que c'est en partant de
ce qui est l'annexe "h" que M. Faulkner a répondu, tout à
l'heure, aux questions de l'honorable député de Sainte-Marie.
Alors, l'échelle des taux est indiquée à l'annexe "h".
Tout dépend de la performance passée de celui qui fait la demande
d'assurance.
M. PINARD: Si vous me permettez de compléter, j'ai trouvé
ma note. Combien peut-il y avoir de taxis, dans votre association de services,
qui auraient un double emploi? C'est un autre problème fondamental qui a
été soulevé devant la commission. Est-ce que vous avez des
statistiques là-dessus?
M. LAPOINTE: Je ne le sais vraiment pas. Je ne peux pas vous
répondre parce que la relation qui existe entre le propriétaire
de l'auto-taxi et son chauffeur ou son employé ne nous est pas
nécessairement divulgée, à Diamond. Elle est
peut-être divulguée à Bélair pour fins d'assurance,
mais pas à nous. Alors, les renseignements qui existeraient à ce
sujet-là pourraient vous être fournis par les propriétaires
eux-mêmes et non par l'une ou l'autre des sociétés de
services que je représente.
M. PINARD: Vous comprenez que, pour des fins de compilation de
statistiques, cela peut être essentiel au ministère des Transports
d'avoir ces chiffres dans la mesure du possible.
M. LAPOINTE: Je ne sais pas si Me Geof-frion est ici ce soir; de toute
façon, je prends note de votre demande, M. le ministre, et je pourrai la
lui transmettre.
Je suis convaincu que, lorsqu'il viendra devant la commission
parlementaire pour faire ses représentations, il aura ce qu'il faut pour
répondre à votre question.
M. PINARD: Dans la liste des administrateurs et des actionnaires du
groupe Diamond, je remarque qu'il y en a qui ont une ou plusieurs voitures de
taxi. Quel pourcentage cela peut-il représenter? C'est parce que je n'ai
pas eu le temps de faire ce calcul. Est-ce 80 p.c?
M. LAPOINTE: Juste un instant, M. le Président. On me dit que les
neuf administrateurs de Diamond et de Veterans, qui sont les mêmes,
détiennent, entre eux, entre 56 et 66 permis. Mais, encore là,
j'insiste sur le fait que ces gens détiennent leurs permis non pas en
leur qualité de membres du conseil d'administration de Diamond ou de
Veterans mais en leur qualité personnelle. Je ne veux pas jouer sur les
mots
mais je pense que, sur le plan juridique, vous pouvez très bien
faire la distinction.
M. PINARD: Très bien. Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Napierville
-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. Lapointe, mes question ont rapport à l'annexe
"j" l'état de profits de pertes, au 30 novembre 1972.
M. LAPOINTE: Oui, monsieur.
M. BERTHIAUME: D'abord, à l'article "dépréciation",
on parle de $12,935, au 30 novembre. De quelle sorte d'équipement
s'agit-il? Est-ce votre centrale?
M. LAPOINTE: Voulez-vous me répéter l'article, s'il vous
plaît? Vous parlez de l'annexe J. C'est l'état de profits et
pertes de Diamond, au 30 novembre 1972.
M. BERTHIAUME: C'est cela. On parle des dépenses, là. Vous
avez "dépréciation", à la quatrième ou
cinquième ligne, $12,935, pour l'année. De quel équipement
s'agit-il?
M. LAPOINTE: Les voitures des surveillants et l'ameublement.
M. BERTHIAUME: Les voitures...
M. LAPOINTE: Les voitures des surveillants.
M. BERTHIAUME: Ah bon!
M. LAPOINTE: Dans mon exposé, M. le Président, j'ai
mentionné que nous avions, à notre service, quatre inspecteurs et
onze agents qui faisaient la surveillance.
M. BERTHIAUME: D'accord. Combien y a-t-il de voitures?
M. LAPOINTE: Trois voitures.
M. BERTHIAUME: Je descends la colonne et j'arrive aux salaires.
Vous avez, à "dispatch", $215,000; bureaux, $68,000 environ;
administration, $24,000. Pou-vez-vous me faire la distinction entre bureaux et
administration?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'on ne pourrait pas apporter
deux ou trois chaises additionnelles en avant? Cela me déplaît
énormément de voir des gens qui n'ont pas de sièges.
M. LAPOINTE: Les salaires de bureaux représentent les salaires
proprement dits des employés, tandis que les salaires d'administration
représentent les salaires qui sont payés aux gérants.
M. BERTHIAUME: De chacun.
M. LAPOINTE: De chacun des services ou des départements.
M. BERTHIAUME: Est-ce que vous pouvez me donner une idée
approximative du nombre de personnes impliquées dans chacun de ces
postes; "dispatch", bureaux et administration?
M. LAPOINTE: Pour "dispatch", je pense que je vous ai donné les
renseignements.
M. BERTHIAUME: Oui.
M. LAPOINTE: Juste un petit instant. A la question du
député de Napierville-Laprairie, on me dit que salaires
''dispatch" couvrirait environ 60 personnes, parce qu'il ne faut pas oublier
que le service fonctionne 24 heures par jour. Salaires de bureaux, on me dit
que ceci représente la rémunération d'environ une
vingtaine d'employés. Quant aux inspecteurs, je vous ai donné
déjà les chiffres, c'est quatre inspecteurs et onze agents.
L'entretien, ceci représente la rémunération de deux
employés qui sont responsables de l'entretien de l'édifice, et
enfin l'administration, ceci représente le salaire de cinq
gérants de service.
M. BERTHIAUME: Est-ce qu'il y a des directeurs de Diamond Taxi Cab
Association Ltd. qui sont également administrateurs? Autrement dit, se
peut-il que le même individu retire des honoraires au niveau de
l'administration et au niveau des directeurs?
M. LAPOINTE: Non, monsieur.
M. BERTHIAUME: Je vous remercie.
M. GAGNON: Simplement une autre question, ce sont des questions
administratives qui nous intéressent peu, ce sont des avantages qui sont
donnés surtout à ceux qui font partie de votre organisation,
lorsqu'un propriétaire possède une automobile, qu'il fait partie
de votre organisation et qu'il est appelé parfois à placer un
autre chauffeur dans l'automobile qui possède son permis de conduire,
est-ce que ça oblige le propriétaire à une compensation
quelconque envers votre association ou si le chauffeur est obligé de
vous payer quelque chose?
M. LAPOINTE: Absolument pas. La cotisation est payée par le
propriétaire de l'automobile à Diamond, pour l'automobile.
M. GAGNON: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Lapointe, cet après-midi, vous nous disiez que
Diamond n'avait pas de
permis de taxi et vous nous dites ce soir que les propriétaires
de Diamond ont un permis de taxi, c'est ça? Savez-vous si les
propriétaires de Diamond vendent de ces permis à l'occasion?
M. LAPOINTE: Ecoutez, j'ai bien dit et je répète que la
société Diamond, soit Diamond Taxi Cab Association Limited, qui
est une entité corporative, ne détient aucun permis et n'en a
jamais détenu, ne trafique dans aucun permis et n'a jamais
trafiqué dans aucun permis. Quant aux neuf individus dont vous avez la
liste, qui forment le conseil d'administration de Diamond, certains d'entre eux
détiennent des permis et, comme question de fait, j'ai les chiffres
exacts, cinq des neuf détiennent 62 permis. J'insiste sur le fait qu'ils
détiennent ces permis en tant qu'individus. Les transactions que ces
individus font ne sont pas du ressort de la compagnie Diamond. Mais c'est bien
certain qu'eux, en tant qu'individus, font des acquisitions de permis ou des
ventes de permis.
M. AUDET: Serait-il indiscret de vous demander quelle est la valeur de
ces permis lorsque des transactions ont lieu?
M. LAPOINTE: On en a parlé plusieurs fois au cours de la
journée, on a donné, comme valeur approximative d'un permis dans
la ville de Montréal, $6,000.
M. AUDET: Est-ce que Diamond Taxi a des concessions ou des franchises de
transport avec des organismes ou des gares ou autres organismes
commerciaux?
M. LAPOINTE: Nous avons, comme je l'ai exposé, des concessions ou
des locations où nous pouvons placer nos véhicules pour desservir
la clientèle, oui.
M. AUDET: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. Lapointe, quelle serait d'après vous la valeur
marchande d'une association de services comme Diamond si vous incluez tout
l'inventaire, tout l'investissement, la valeur marchande en somme de Diamond
Taxi?
M. LAPOINTE: Je n'ai pas eu la témérité de faire ce
calcul mais j'imagine...
M. PEARSON: Disons, approximativement?
M. LAPOINTE: Je n'oserais vraiment pas vous donner de chiffres, M. le
Président. Je regrette, ce n'est pas par mauvaise volonté, mais
dans la préparation de notre mémoire, nous ne nous sommes pas
rendus jusque-là, ayant confiance qu'on aurait touché l'oreille
du législateur.
M. PEARSON: Oublions le règlement no 6 ou le projet de
règlement no 6. Si une association de services comme la vôtre,
Diamond, était en vente, en oubliant le règlement no 6, quel en
serait approximativement le prix? Je ne vous demande pas quelque chose de
juste, ça peut varier d'un chiffre approximatif de $500,000 à
$1,500,000. Même si ça se situait là-dedans, cela me
donnerait à peu près certaines limites. D'après vous,
est-ce que ça pourrait être aussi approximatif que ça,
même en laissant une très grande marge?
M. LAPOINTE: M. le Président, encore là j'insiste sur le
fait que ce n'est pas par mauvaise volonté. Chose certaine, si un
organisme comme la Régie des services publics avait à se
prononcer là-dessus, ça pourrait peut-être prendre deux
mois avant que la Régie en vienne à une conclusion, mais tout en
voulant être utile si possible à l'honorable député
qui me pose la question, je lui dis que c'est certainement bien au-delà
d'un million.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lapointe, nous vous remercions.
M. LAPOINTE : Si vous me le permettez, M. le Président, j'avais
deux dernières remarques qui seront très brèves. Cet
après-midi, en réponse à une question de l'honorable
ministre des Transports relativement aux comptes à recevoir, je crois
que je l'ai induit en erreur et je voudrais corriger tout de suite. Je lui ai
laissé entendre que le montant des comptes à recevoir qui
apparaissait aux états financiers du 31 décembre 1971, soit
$234,000, pouvait représenter les cotisations en retard. Mais il ne
s'agit pas de cela du tout; il s'agit de ces fameux coupons, de ces comptes qui
sont à recevoir non pas des chauffeurs ou des propriétaires, mais
bien des clients, c'est-à-dire des coupons qui ont été
encaissés par le chauffeur de taxi ou le propriétaire mais que
Diamond, une fois qu'elle a payé le chauffeur ou le propriétaire
se doit d'encaisser de son client, le M. X qui, comme tout le monde, prend des
taxis Diamond et utilise les jetons. Le montant dont je vous ai parlé
représente cela et non les cotisations. C'était ma
première remarque.
La deuxième et la dernière, très brève, est
celle-ci: Sans doute nous sommes tous parfaitement conscients des remous que
peuvent provoquer chez les investisseurs étrangers certaines lois
adoptées dans la province de Québec. Or, je me permets de vous
dire bien candidement que les remous qu'une législation comme celle qui
est devant nous pourraient provoquer non pas chez des investisseurs
étrangers, mais chez des investisseurs de chez nous seraient encore
beaucoup plus considérables que ceux qui pourraient être
provoqués à l'étranger. Je crois en la sagesse du
législateur et, sur cette dernière remarque, je vous laisse
penser au sort de ces
investisseurs de chez nous qui est entre vos mains.
Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie, M. Lapointe.
Je voudrais remercier aussi les administrateurs de l'association Diamond
et Veterans qui ont bien voulu prêter leur appui à M. Lapointe
durant sa présentation.
Comme je l'avais prévu avant le dîner, nous devrions
maintenant entendre des individus pour une certaine période de temps. Je
me servirai de la première personne que j'appellerai pour établir
les règles du jeu, puisqu'il faut des règles du jeu, je pense,
même s'il s'agit d'individus.
C'est plus large lorsqu'il s'agit d'un représentant d'une
association puisque cette personne, normalement et ordinairement, parle au nom
de plusieurs ou d'un grand nombre, peut-être de centaines de
personnes.
Pour l'individu, la période que nous permettrons, tout en
demandant que l'on soit bref dans les remarques, doit quand même
être limitée si nous voulons donner la parole à tout le
monde, tel que nous l'avons suggéré plus tôt. M. Donald
Houde serait-il ici? Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous approcher et
vous identifier?
M. Donald Houde
M. HOUDE (Donald): Donald Houde, détenteur d'un permis à
Montréal. Je fais partie de l'Association Lasalle.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais vous ne représentez pas une
association.
M. HOUDE (Donald): Non
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous parlez en votre nom personnel.
M. HOUDE (Donald): Oui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde, que jugez-vous comme
étant un temps approprié pour que vous puissiez nous exposer
votre opinion? Cinq minutes?
M. HOUDE (Donald): Le texte de procédure canadien bien connu de
Beauchesnes dit que ça doit être concis et précis. Quand
ça l'est, c'est habituellement clair.
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça. Alors, ce sera quoi?
Cinq minutes?
M. HOUDE (Donald): Pardon?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce serait cinq minutes?
M. HOUDE (Donald): C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Cinq à six minutes, d'accord.
Procédez s'il vous plaît.
M. HÛUDE (Donald): II m'est arrivé, au mois de novembre, de
me rendre à 3600 Hôtel-de-Ville, une adresse bien connue. Je suis
allé à la compagnie Bélair et j'ai dit, en substance,
ceci: Je ne suis pas content du sort qui m'est fait chez Lasalle; je voudrais
faire partie de la compagnie Diamond. Je voudrais que vous m'établissiez
ce qu'on appelle une cotation d'assurance pour l'année. Après
quelques instants, la personne qui m'a répondu, après avoir
consulté les dossiers et avoir fait des appels
téléphoniques je me doute que c'était au
représentant d'assurance de Lasalle m'a dit que, dans mon cas,
pour ma classe et l'expérience que je représente à
Montréal comme danger public, ce serait $671.
J'ai répondu que je n'étais pas tellement
intéressé puisque je payais à peu près la
même chose chez Lasalle. J'ai ensuite demandé ce qu'on me
demanderait pour avoir un dôme blanc, un dôme fantôme pour
travailler individuellement. On m'a alors dit que ça me coûterait
$981.
M. PAUL : Qui vous a répondu ça?
M. HOUDE (Donald): Celui qui est chargé de donner les prix pour
les assurances chez Bélair. J'ai ensuite demandé ce qu'il m'en
coûterait pour appartenir à la compagnie Beau-bien puisque
Bélair assure aussi d'autres taxis. On m'a dit que c'était la
même chose, $981.
M. LOUBIER: Pour le dôme?
M. HOUDE (Donald): Pour l'assurance annuelle, un taux d'assurance
annuelle.
M. LOUBIER: Excusez-moi, est-ce que j'ai bien saisi tout à
l'heure? Vous avez dit $671 pour l'assurance.
M. HOUDE (Donald): Oui, monsieur. M. LOUBIER : Et $981, c'est pour
quoi?
M. HOUDE (Donald): Les $981, c'est pour travailler individuellement. On
appelle ça des fantômes, des gens qui n'appartiennent à
aucune association.
M. LOUBIER: Oui.
M. HOUDE (Donald): Ils se promènent dans les rues et ramassent
les clients qui sont ici et là.
M. LOUBIER: Et qui ont les services d'une association?
M. HOUDE (Donald): Qui n'ont aucun service.
M. LOUBIER: Aucun service, ah bon!
M. HOUDE (Donald): Comme on dit dans le langage du métier, ces
gens travaillent sur le bras, ils travaillent où il y a de l'ouvrage et
quand ça fait leur affaire. Il y en a plusieurs à
Montréal. Je pourrais même vous dire qu'il y en a, je pense, plus
de 200. En tout cas, il y a des gens qui vont venir parler ici et qui sont des
gens comme ça. Ils vont vous dire, plus tard, combien il y en a
environ.
Mon intention était d'obtenir un taux pour une prime d'assurance
de façon à faire partie de la compagnie Beaubien. Pour que
ça se réalise, il aurait fallu que je paye, comme je viens de le
dire, $981, plus la cotisation mensuelle de chaque association, ce qui
représente $34 chez Beaubien, à peu près $360. Cela
voulait dire, en plus $1,200 par année, en comparaison de ce que
j'aurais payé chez Diamond, $671 plus les $36 par mois.
Donc, il y avait une différence de $300. J'ai trouvé cela
injuste. Je suis prêt à dire que c'est ce qui a fait que Diamond
et d'autres, je pense qu'il n'y a que deux grosses associations, se sont fait
une mauvaise réputation sur le dos des chauffeurs de taxi de
Montréal. C'est par ce taux des assurances qui est prohibitif et qui
empêche les propriétaires uniques comme moi de changer
d'association qu'on contrôle une partie de la clientèle qu'on veut
conserver. Je ne sais pas si vous saisissez les implications de cela.
M. LOUBIER: Je veux bien comprendre votre point de vue. Vous me
permettrez de vous poser d'autres questions. Est-ce que vous avez fait des
démarches auprès de compagnies d'assurances ou d'agents
d'assurances indépendants, qui n'ont aucun lien avec Diamond, Lasalle ou
Bélair, avec aucune autre compagnie?
M. HOUDE (Donald): II faudrait que vous sachiez qu'il y a quatre
compagnies à Montréal qui assurent le service de taxis. Il y a
aussi Wawanesa et Canadian Universal. Elles représentent
l'excédent des voitures qu'assurent Diamond et Veterans et Lasalle.
Diamond et Veterans, ça fait environ 1,900 voitures; Lasalle, ça
fait 1,400 voitures. On est rendu à plus de 3,000. Faites la
différence entre plus de 3,000 et 4,293; il n'en reste pas beaucoup.
M. LOUBIER: Avez-vous fait des démarches pour voir quel serait le
taux à d'autres endroits?
M. HOUDE (Donald): Non, ce serait probablement plus cher.
M. LOUBIER: Chez d'autres compagnies d'assurances, ce serait plus
cher.
M. HOUDE (Donald): Oui. Wawanesa va assurer ceux qui ne sont pas
capables de s'assurer ailleurs, qui sont des risques trop grands. Canadian
Universal va accepter ceux qui ne sont pas de trop grands risques.
M. LOUBIER: Quelle serait votre suggestion dans le cas
présent?
M. HOUDE (Donald): Ma suggestion serait que le gouvernement du
Québec se donne un bon coup de pied dans le derrière, à un
moment donné, pour faire une régie provinciale de
l'assurance-taxi afin de prouver que l'on peut faire aussi bien que
Bélair: faire payer, comme le représentant de Bélair a
dit, aux autres détenteurs d'assurances de Bélair les trop grands
risques des chauffeurs de taxi. On nous a dit tout à l'heure que
l'assurance Bélair pouvait faire des profits parce que le taux des
accidents graves chez les taxis était compensé par le fait
qu'elle avait d'autres sortes d'assurances et qu'elle pouvait équilibrer
ses livres à la fin de l'année.
Si ce sont les autres chauffeurs de taxi, en d'autres mots le public qui
subventionne le taxi dans Bélair, je ne vois pas pourquoi on ne saurait
pas par le gouvernement que c'est le public qui subventionne les risques trop
grands des chauffeurs de taxi. C'est vrai que les risques sont grands, on roule
50,000 milles dans une année dans une circulation de fous comme à
Montréal. C'est plus considérable qu'un député qui
roule 15,000 milles par année sur des grandes routes, ou plus, vous
l'admettrez.
M. LOUBIER: Votre proposition, si je vous comprends bien c'est M.
Houde, votre nom ...
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. LOUBIER: ... vous suggérez qu'il y ait ni plus ni moins qu'une
régie d'Etat pour fins d'assurance-auto mobile.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. LOUBIER: Vous croyez que cette régie d'Etat pourrait
répartir ou uniformiser le coût de façon telle que vous
auriez des primes d'assurance moins élevées...
M. HOUDE (Donald): Plus logiques.
M. LOUBIER: ... et que ce seraient les autres Québécois,
le grand public qui pourrait compenser pour les pertes.
M. HOUDE (Donald): Je pense qu'un fonds d'assurance-taxi, comme le fonds
d'indemnisation du Québec ce mécanisme existe, si je me
rappelle bien ça pourrait fonctionner. Il y a des gens, au
gouvernement du Québec, qui sont assez compétents pour faire
fonctionner une assurance-taxi, je n'en doute pas. Il y a aussi un autre
problème qui va être réglé bientôt, au mois de
mars, par le système de mérite et de démérite qui
va éliminer un paquet de fous qui font du taxi.
Quand ces bons hommes vont avoir attrapé
deux ou trois contraventions, il seront obligés de se surveiller.
Ils seront des risques moins grands pour les autres chauffeurs dans la
même classe qu'eux, qui acceptent les risques, étant dans la
même classe d'assurances. Si les risques de tous les chauffeurs diminuent
par le système de démérite, il est logique aussi que les
primes diminuent un peu.
M. LOUBIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce qu'il y a d'autres points sur
lesquels vous auriez aimé parler, M. Houde? Vous avez parlé de la
question de l'assurance.
Est-ce qu'il y a d'autres points que vous auriez voulu soulever? Sur la
question d'assurance?
M. GAGNON: Touchant l'assurance, j'aurais une question
additionnelle.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voulais simplement savoir s'il y
avait autre chose. Est-ce que c'était le point que vous vouliez
soulever?
M. HOUDE (Donald): Pardon?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que cela était bien le
point que vous vouliez soulever?
M. HOUDE (Donald): J'aurais autre chose à ajouter, très
succinctement, à propos de...
LE PRESIDENT (M. Séguin): II y aurait d'autres questions touchant
l'assurance. Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: Concernant le coût de votre prime d'assurance,
pourriez-vous nous expliquer quels sont les avantages que vous donne une police
d'assurance, c'est-à-dire la déduction sur l'accident et les
autres avantages au niveau des indemnités? Est-ce que cela est
important? Est-ce que cela entre en cause dans le prix?
M. HOUDE (Donald): Une des raisons, dans le moment, qui me fait opter
pour Lasalle, dans ma situation présente, c'est que la couverture est
plus élevée qu'ailleurs. Elle est à $500,000 pour les
dommages à autrui. Il y a une assurance personnelle qui est plus
avantageuse qu'ailleurs. Jusqu'à maintenant, avec Lasalle, je suis bien
traité, pour les risques que je représente. Je suis
détenteur d'un permis depuis seulement deux ans. Mon expérience
n'est pas forte. C'est une période de trois ans au minimum pour une
expérience de chauffeur de taxi. C'est à ce moment-là
qu'on commence à oublier les accidents. On considère le risque
pour trois ans, lorsqu'il y a des accidents. Après quatre ans, on oublie
la première année. Après cinq ans, on oublie les deux
premières années. Il est normal aussi que les risques soient plus
élevés pour quelqu'un qui commence, parce qu'il se doit de
rembourser, dans mon cas, un investissement de $6,500. Un montant de $4,200 qui
était la valeur du permis quand je l'ai acheté au mois de janvier
1971 et la différence, $2,300, qui représentait l'investissement
de la voiture.
M. GAGNON: Et votre montant déductible est de combien en cas
d'accident?
M. HOUDE (Donald): II est de $300 pour la voiture, mais quand la voiture
ne vaut que $400, vous comprenez...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: J'aimerais examiner une supposition avec vous. Je
reprends une suggestion qui a été faite par Me Lapointe dans le
courant de la journée. On parlait à un certain moment de
l'organisation par l'Etat d'une association parallèle...
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. BERTHIAUME: ... je dis bien par l'Etat. Si le gouvernement du
Québec prenait une telle initiative d'organiser pour vous, les
propriétaires artisans ou les chauffeurs ou autres, une association de
cette nature et offrait des services concurrentiels à Diamond, à
Lasalle ou à d'autres, y incluant un service d'assurance, croyez-vous
que la procédure discriminatoire que vous avez soulignée serait
automatiquement éliminée par le fait de cette concurrence, je dis
bien, entre guillemets, "supposément plus loyale"? Je voudrais avoir
votre opinion. Je dis bien, parallèlement aux associations
existantes.
M. HOUDE (Donald): Parallèlement, je pense qu'on pourrait citer
l'expérience de l'assu-rance-automobile de la Saskatchewan et le gros
débat qu'il y a eu après la prise du pouvoir au Manitoba par le
gouvernement NPD. Ce que le gouvernement a fait au Manitoba, c'est qu'il a
créé une régie parallèle provinciale de
l'automobile. Cela a tellement mis les courtiers d'assurance en maudit qu'ils
sont tous partis faire des affaires à Toronto, parce que le taux
d'assurance était tellement concurrentiel que cela les a mis dans la
rue. Ce n'est pas nécessaire d'exproprier la compagnie Bélair.
Cela serait de l'argent perdu.
M. BERTHIAUME: En terminant, juste par acquit de conscience, je voudrais
confirmer une impression que vous avez donnée. J'imagine qu'elle est
bonne. Quand vous avez dit que, comme membre possible de Diamond, votre
assurance vous aurait coûté $671 et, comme fantôme, cela
vous aurait coûté $981, est-ce que cela était pour la
même couverture exactement?
M. HOUDE (Donald): Oui. Le même genre de risques et les
mêmes avantages.
M. BERTHIAUME: D'accord. M. HOUDE (Donald): Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Continuez, M. Houde. Vous aviez un
autre commentaire à faire.
M. HOUDE (Donald): On parle de créer une régie
parallèle, une association parallèle de taxis. Je pense que si la
régie parallèle, comme Mme Fontaine a dit tout à l'heure,
est excellente, il n'y aura pas de problème. Tout le monde voudra en
faire partie. Pour qu'elle soit excellente, il y a beaucoup de travail à
faire et j'ai des doutes sérieux. Je prends l'exemple de la compagnie
Lasalle.
Chez Lasalle, il y a entre 1,300 et 1,400 voitures, il y a un "dispatch"
pour cela, un répartiteur, il y a quatre canaux, quatre zones. Quand il
y a beaucoup d'ouvrage, je pense que les gars ne s'ennuient pas
là-dedans, il faut qu'ils travaillent pas mal fort. En imaginant
l'équipement le plus "gadget", le plus "James Bond", le plus "au coton"
qu'on puisse penser, donner de l'ouvrage à 4,000 voitures et
créer des conditions de travail pour 4,000 voitures dans un "dispatch"
central, cela serait une vraie tour de Babel, ce ne serait pas travaillable,
d'après moi.
Il y a peut-être d'autres façons, on pourrait
peut-être créer quatre "dispatch" au lieu de 50 comme il y en a,
il y a toutes sortes de solutions mais il s'agit de trouver des solutions qui
seraient pratiques et que les chauffeurs de taxi accepteraient. Je ne vois pas
le gouvernement aller essayer de créer une association unique qui va
mettre tout le monde en maudit. Il me semble que ce ne serait pas bienvenu de
dépenser les deniers publics de cette façon-là. Dans mon
cas cela ne me dérange absolument pas. Je n'en ai pas de radio, je n'en
veux pas et je trouve que c'est de l'argent jeté à l'eau. Quand
on travaille dans le centre de la ville de Montréal on ne fait pas notre
argent avec les appels tout le temps, on le fait avec les gens qui sont dans la
rue et qui ont besoin d'un taxi. Le monsieur qui est dans l'édifice 1155
Dorchester au coin de Peel, au dixième étage, il ne va pas se
donner la peine d'appeler un taxi, il descend au coin de Peel et Dorchester, il
en prend un et il va où il veut. Mais le gars qui est à Ahuntsic
et à Pointe-Claire il faut qu'il en appelle un. Là on pourra
prendre les solutions qui s'imposent.
Il y en a un maudit paquet qui sont comme moi, qui n'en veulent pas de
radio et qui n'en ont pas besoin et qui travaillent aux heures qu'ils veulent.
Et si vous nous forcez, comme c'est écrit dans le règlement no 6,
à avoir la radio ou à perdre notre permis, je pense que cela va
aller mal, cela ne marchera pas du tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: Je pense qu'on peut déduire assez clairement que vous
vous opposez vous comme individu, à ce qu'il y ait une centrale unique
à Montréal.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. LOUBIER: ... au principe même, et que vous souhaitez qu'il y
ait un nombre raisonnable de centrales pour pouvoir assurer la distribution des
services, etc. Sur un autre plan, vous voudriez que les chauffeurs,
individuellement, comme vous propriétaires artisans, soient libres
d'avoir la radio ou non.
M. HOUDE (Donald): Exactement. Le meilleur juge là-dedans, c'est
l'offre et la demande. Quand on fait notre "waybill" à la fin de la
journée, qu'on a un bon "waybill" et qu'on essaie de se rappeler la
journée qu'on a faite, ce n'est pas avec les appels qu'on a pris. En
général, quand notre "waybill" est bon, on l'a fait dans la rue.
Je ne dis pas que c'est complètement vrai, mais en
général, c'est cela dans mon cas, je ne parle pas des autres.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsque vous parlez de la fondation d'une
association parallèle, c'est-à-dire une association qui serait
épaulée par l'Etat, c'est cela que vous mentionnez?
M. HOUDE (Donald): Une association parallèle, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne veux pas vous faire dire ce que vous
n'avez pas dit. Est-ce que vous voulez mentionner une association basée
sur un système coopératif?
M. HOUDE (Donald): Oui. Cela pourrait se faire facilement. C'est comme
l'assurance dont je parlais, ce n'est pas nécessairement une
régie d'Etat, cela pourrait être une patente des caisses Pop, cela
pourrait être la Fédérée du Québec, cela
pourrait être bien des affaires, une mutuelle, cela pourrait être
une affaire organisée par la Fédération des caisses
d'économie du Québec, il y a un paquet de solutions. Nous ne
sommes pas obligés de nous buter à une seule et nous faire taxer
de socialistes ou de communistes, il y a d'autres solutions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Bellechasse.
M. LOUBIER: Si vous acceptez le principe d'une coopérative, vous
accepterez les conditions qu'impose la coopérative, et si la
coopérative vous impose d'avoir la radio, vous devrez vous soumettre aux
directives de la coopérative.
M.HOUDE (Donald): Exactement. Quand quelqu'un s'en va travailler, comme
dans mon cas, avec Beaubien, j'accepterais d'avoir la radio parce que je sais
bien qu'avec Beaubien, si je n'avais pas de radio je ne gagnerais pas ma
vie.
Mais je sais que, chez Beaubien, une radio, c'est travaillable, parce
qu'il y a 250 voitures. Vous ne vous faites pas casser la tête à
la journée longue par cela.
M. LOUBIER: Mais vous en conviendrez, parce que là, ce n'est plus
la même version que tout à l'heure. Tout à l'heure, je vous
demandais si vous voulez, comme individu, vous-même, avec
l'entière liberté des choix, vous demeurez propriétaire
artisan et vous décidez vous-même si vous voulez ou non avoir une
radio. Mais si vous vous intégrez à une coopérative, vous
devrez suivre les décisions de la coopérative. Si elle vous
impose une radio, ce n'est plus le même statut que vous aurez. Vous
devrez avoir une radio.
M. HOUDE (Donald): La coopérative, si elle prend des
décisions, ordinairement, elle les prend avec l'assentiment des membres.
Les membres pourront décider que certains membres seront libres d'avoir
une radio et que les autres pourront en avoir une... Je pense que c'est aussi
logique. Je pense que ceux qui veulent travailler sans radio peuvent avoir le
choix de le faire. Ce ne sera pas long. S'ils constatent qu'avec une radio,
c'est plus payant, vous allez voir qu'ils vont s'en acheter une.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: M. Houde, quelques autres petites questions. Si j'ai bien
compris, vous êtes propriétaire d'un véhicule.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. BERTHIAUME: Est-ce que vous le conduisez vous-même?
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. BERTHIAUME: Combien d'heures, approximativement, par semaine, en
moyenne? Je ne veux pas un chiffre précis, mais grosso modo.
M. HOUDE (Donald): Je travaille, en général, six jours par
semaine. Je fais une moyenne. Je m'en tire rarement à moins de dix
heures par jour.
M. BERTHIAUME: Est-ce que vous engagez un autre homme, aussi, pour
conduire la voiture à d'autres occasions?
M. HOUDE (Donald): Je n'en ai jamais engagé.
M. BERTHIAUME: Vous êtes seul à la conduire?
M. HOUDE (Donald): Oui. M. BERTHIAUME: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Oui, en effet, j'aurais une question à poser à
M. Houde. Vous venez de déclarer que vous êtes un chauffeur
propriétaire.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. BELAND: Vous avez dit tantôt que vous seriez d'accord pour
former une association parallèle.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. BELAND: Dans cette nouvelle association parallèle, est-ce que
vous désireriez qu'il n'y ait que des chauffeurs propriétaires ou
si vous accepteriez qu'il y ait aussi des chauffeurs locataires?
M. HOUDE (Donald): Dans une association parallèle, il y aurait
des détenteurs de permis. Ces détenteurs de permis pourraient
avoir des employés. En l'occurrence, moi, si je décidais d'entrer
dans cette association et de faire travailler quelqu'un sur ma voiture, le
soir, j'aurais un employé, qui serait un chauffeur.
M. BELAND: Je vais plus loin. A ce moment-là, accepteriez-vous
également qu'il y ait des chauffeurs propriétaires qui
détiendraient plus d'un permis?
M. HOUDE (Donald): Ecoutez, si cette association va tellement bien que
même Eymard Entreprise veut s'en venir dedans, nous n'avons pas
d'objection. Eymard Entreprise, c'est la flotte qui appartient à M.
Brunet.
M. BELAND: Mais auriez-vous, par exemple, un nombre maximum de permis
qui devraient appartenir ou qui, normalement, seraient acceptés comme
appartenant à cette nouvelle association parallèle? Est-ce que
vous mettriez un maximum de permis?
M. HOUDE (Donald): Plus il y a de maximum, plus il y a de membres, plus
c'est payant. Il y a une limite là-dedans, pour créer des
conditions de travail qui soient raisonnables. Avec un "dispatch" et une
fréquence, quand il y a plus que 300 voitures sur une fréquence,
cela commence à être pas mal dangereux. Lasalle le sait par
expérience, Diamond aussi et toutes les grosses compagnies. Quand elles
avaient 600 voitures, elles avaient deux fré-
quences, quand elles en avaient 900, elles en avaient trois. Cela veut
dire autant de "dispatch". C'est pour dire qu'une unité
opérationnelle de taxi, avec des radios, c'est 300. Plus que cela, les
gars se crient par la tête, autrement dit.
M. BELAND: D'accord, merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie. M. le ministre.
M. PINARD: Pourriez-vous nous dire quel est le prix du permis que vous
avez obtenu?
M. HOUDE (Donald): Le prix de mon permis est photocopié. Il est
dans les documents de la direction des privilèges et permis de la ville
de Montréal. C'est $4,200 qui est inscrit sur le chèque.
M. PINARD: Vous l'avez acheté il y a deux ans.
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. PINARD: C'est ce que vous appelez la valeur marchande du permis.
M. HOUDE (Donald): C'est la valeur marchande du permis, au 8 janvier
1971.
M. PINARD: Est-ce le prix réel du permis que vous avez obtenu ou
s'il y a eu d'autres considérations qui doivent s'ajouter à ce
montant de $4,200?
M. HOUDE (Donald): Vous pourriez trouver à Montréal des
centaines je ne me trompe pas en disant des centaines de
chauffeurs qui ont été exploités par le racket de vente
des permis et qui se sont ramassés avec un permis qui leur coûtait
$12,000. Cela existe.
M. PINARD: De qui ont-ils été achetés, ces
permis?
M. HOUDE (Donald): De ceux qui les avaient avant, des détenteurs
de permis avant.
M. PINARD: Qui se regroupaient dans quel organisme, etc.?
M. HOUDE (Donald): Dans mon cas à moi, j'ai été
chez Diamond et chez Lasalle et j'ai regardé la liste des taxis en
vente. Puis j'ai regardé dans le journal. J'ai
téléphoné. Je n'étais pas pressé. Quand j'ai
trouvé le prix et la voiture qui me convenaient, je l'ai achetée.
Et je n'ai pas été faire affaires avec les requins de la
finance.
M. PINARD: Votre permis, vous dites que vous l'avez obtenu du service
d'émission des permis de la ville de Montréal?
M. HOUDE (Donald): Oui.
M. PINARD: Est-ce qu'il se peut que ce permis ait déjà
été détenu par une autre personne que vous?
M. HOUDE (Donald): Avant moi? Oui, le monsieur qui était avant
moi, son expérience aussi vaut la peine d'être contée. Il
l'a acheté vers 1945, tout de suite après la guerre. C'est un
vétéran. Il a travaillé 23 ans avec. Il a assez
travaillé qu'il a attrapé la diabète et est mort au mois
d'octobre 1972. Et moi je l'ai acheté un an avant qu'il meure parce
qu'il était "tanné", il n'était plus capable, il avait les
jambes grosses comme ça.
M. PINARD: Vous, vous admettez n'avoir payé que $4,200 pour votre
permis sans aucune autre considération pécuniaire.
M. HOUDE (Donald): Aucune autre considération. Mon chèque
est bien là, si vous voulez aller le voir. Il vient d'une caisse
populaire, il n'y a pas de zigzag avec ça. C'est ça et il faut
que ça soit fait comme ça par tout le monde.
Mais après que le chèque est tamponné là, ce
n'est pas fini pour le gars qui n'a plus d'argent, il faut qu'il s'en trouve,
qu'il paie ses $4,000. Et après un bout de temps, ça ne vaut plus
$4,000, mais ça vaut pas mal plus cher. Il y a des gars pour qui
ça va assez mal, leur voiture casse, la transmission ne va pas bien, ils
se sont fait passer un citron, ça ne marche plus et ils se font enlever
leur voiture. Ils ont donné $3,000 sur les $4,000, ils n'ont plus un sou
et ils sont obligés de travailler au "waybill". Cela arrive.
M. PINARD: Mais ça fonctionne comment? Avec qui, dans quel
cadre?
M. HOUDE (Donald): C'est tout le système, les raisons pour
lesquelles les gars ont été mettre le feu à Dorval et
à Murray Hill, parce qu'ils étaient rendus au bout. Ils
étaient "tannés" de se faire exploiter. Ils étaient
tellement en maudit de voir ça qu'ils ont pris Murray Hill comme un
"scapegoat", un bouc émissaire, et ils ont mis la vapeur sur Murray
Hill. Il y a d'autres personnes qui méritaient des coups de marteau.
Elles ne les ont pas eus. Qu'elles n'attendent pas trop, parce que Ies coups de
marteau vont taper plus fort qu'ils pensent.
Quand 4,000 détenteurs de permis se "tannent", ça peut
faire du mal.
M. PINARD: Que 4,000 détenteurs de permis se "tannent", qu'est-ce
que ça signifie?
M. HOUDE (Donald): Quand 4,000 détenteurs de permis sont
"tannés" de se faire exploiter, qu'ils font des mémoires, etc.,
que personne ne les écoute au gouvernement fédéral et
qu'au lieu de prendre les idées des chauffeurs
de taxi, on prend l'argent de Murray Hill, cela va mal, vous le voyez,
vous le savez.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Est-ce que vous pourriez nous dire s'il existe encore des
exploitations semblables à Montréal actuellement?
M. HOUDE (Donald): Oui, j'en connais un personnellement qui a vendu son
permis 18 fois à 18 "suckers". Je pourrais le nommer, je ne lui ferai
pas l'offense de le faire. Je l'ai vu en allant chercher la copie du bill 63,
qui était en train de faire un autre transfert et il m'a ri dans la
face.
M. AUDET: C'est 18 fois dans combien de temps?
M. HOUDE (Donald): Je le connais depuis cinq ans seulement. Je ne sais
pas dans combien de temps il l'a fait, mais je sais qu'il l'a fait 18 fois.
M. AUDET: Est-ce que le prix est prohibitif?
M. HOUDE (Donald): Le prix n'est pas prohibitif, parce quand il trouve
le "sucker" il ne vend pas le permis à $18,000, il le vend à la
valeur marchande. Mais ce que le gars ne sait pas, c'est tous les troubles
qu'il court, toutes les responsabilités qu'il va avoir, et les 18 heures
qu'il va avoir à faire.
M. PINARD: Vous avez affirmé tantôt que des permis avaient
été payés $12,000.
M. AUDET: Oui, il y a quelqu'un dans la salle ici qui pourrait venir
vous le dire.
M. PINARD: Vous, c'est du oui-dire ou si c'est une connaissance
personnelle que vous avez eu d'une situation comme celle-là? Et comment
ça fonctionne d'après vous, si vous le savez?
M. HOUDE (Donald): C'est facile, monsieur, je peux vous l'expliquer. Le
monsieur s'en va, comme moi, au bureau des permis et privilèges de la
ville de Montréal et là, apparemment, il y a un chèque. Le
policier qui est là, l'agent de service qui s'occupe des transferts lui
dit: Où avez-vous pris cet argent? comme il m'a demandé, et
là le monsieur dit: J'ai pris cet argent d'un organisme de prêt ou
de ma belle-soeur ou j'ai fait une passe aux courses, j'ai gagné la
mini-loto. Le chèque indique $4,000. Ensuite, le gars, il lui reste
$4,000 à payer. S'il n'a pas gagné la mini-loto, il est mal
"pogné", le gars; il lui faut payer cette somme. Il y a des gens qui
font ce commerce, on les appelle les requins du taxi, c'est leur nom. Et les
gars se font casser les jambes, enfin. Il y a des collecteurs qui se tiennent
dans les restaurants ou dans les garages. C'est comme ça que ça
marche.
M. PINARD: II peut y en avoir combien, d'après votre
évaluation personnelle?
M. HOUDE (Donald): Si je n'arrête pas de parler, je vais me faire
casser les jambes.
M. PINARD: M. Houde, une autre question, si vous me le permettez. Dans
cette situation que vous venez de décrire, il y en a combien?
M. HOUDE (Donald): II y en a, M. Pinard, beaucoup trop. H y en a
tellement que les gars ont mis le feu à Murray Hill. C'est pour vous
dire que, là-dedans, il y en avait des anciens qui s'étaient fait
faire la passe et qui étaient pas mal en maudit de ça. Ils
travaillaient comme locateurs de taxi et ils étaient redevenus comme
avant. C'est toute cette affaire qui traîne depuis 60 ans et dont aucun
gouvernement n'a voulu s'occuper. On peut vous féliciter d'avoir mis un
règlement qui a mis tellement de monde en maudit qu'on s'est mis
à s'occuper de nos affaires.
M. PINARD: Mais la réforme constituée par le
règlement no 6, admettez-vous qu'elle pourrait conduire à un
meilleur contrôle de la situation? Vous ne semblez pas vouloir nous le
dire ce soir. Comme vous semblez connaître le fonctionnement du
système assez véreux que vous avez décrit tantôt,
est-ce que vous pourriez nous dire si, oui ou non, il y a quelque chose de
valable dans le règlement no 6 qui peut nous conduire à
l'épuration?
M. HOUDE (Donald): Oui, monsieur, je suis assez libre d'en parler parce
que le règlement no 6, comme propriétaire artisan, ne me
dérange pas beaucoup. Cela ne changera pas tellement mes conditions de
travail. La seule chose à laquelle je m'oppose, c'est que,
d'après le règlement no 6, je serai obligé, avec
l'association unique qui serait créée, d'avoir un
radiotéléphone. Cela, je n'en veux pas et, avant que le
gouvernement vienne m'en poser un dans mon automobile, il va y avoir pas mal de
flammèches. En tout cas, c'est un autre problème.
M. PINARD: Est-ce que vous avez lu, quand même, le contenu du
règlement no 6 au chapitre de l'association de taxis? On y voit les
objectifs poursuivis par cette association et les avantages assez nombreux
qu'elle pourrait vous offrir. Par exemple, l'établissement d'une
centrale de contrôle, l'organisation d'un régime de rentes, d'un
système d'assurance collective, d'approvisionnement et d'achat en groupe
et de services reliés au transport par véhicule-taxi; la
formation d'un comité d'éthique professionnelle, la formation
d'un comité consultatif et de
liaison, la participation des chauffeurs au comité consultatif et
à certains bénéfices réserves aux membres, la
négociation de l'acquisition d'associations existantes et une foule
d'autres services comme ça. A écouter les interventions, je me
demande si vraiment on a lu le contenu du règlement no 6 avant de le
condamner en bloc ou de façon partielle.
M. HOUDE (Donald): Justement, il y en a beaucoup qui ne l'ont pas lu.
J'ai passé plusieurs nuits là-dessus. Je ne suis pas avocat et
c'est pas mal compliqué, lire ça. D faut tourner une page et
retourner à l'autre et on n'est pas habitué. Mais, ce que vous
venez de lire, ce sont de bons points, ce sont des structures juridiques qui
n'existent pas et qui sont nécessaires. Le régime des rentes,
ça existe. Le bonhomme qui m'a vendu mon permis il y a deux ans, il n'a
pas de régime de rentes. Qu'est-ce qu'il a eu dans la vie? Il a eu le
droit de faire du taxi à Montréal pendant 23 ans et de mourir
d'avoir fait du taxi. Tout ce que je lui ai donné pour ça, c'est
$6,500. "Big deal", comme on dit.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Houde, nous vous remercions de votre
présentation.
M. PINARD: Est-ce que ça vaut la peine de s'occuper, comme
gouvernement, du problème du taxi?
M. HOUDE (Donald): Cela vaut la peine de s'en occuper, mais il faut que
ce soit satisfaisant pour nous autres. La seule raison qui me fait comprendre
pourquoi le gouvernement va s'en occuper, c'est que ça peut lui
rapporter plus de taxes. On devrait le dire, ça. Le règlement no
6 n'a pas été fait pour les beaux visages des chauffeurs de taxi;
il a été fait pour la même raison qu'on a imposé
l'assurance-maladie aux médecins. Les médecins faisaient beaucoup
d'argent, mais n'en donnaient pas assez au gouvernement. Là, ils font
plus d'argent qu'avant et en donnent plus au gouvernement. Nous autres, nous
faisons un peu d'argent et vous voulez qu'on en fasse un peu plus avec de
meilleures conditions.
Nous sommes prêts à vous donner un peu plus d'argent, mais
il faut que les conditions soient meilleures et non pires qu'avant. C'est
tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Très bien. Messieurs, nous
sommes devenus tolérants. Je me répète encore. Je demande,
si possible, qu'on restreigne les applaudissements et tout commentaire, parce
que cela prend du temps, il faut attendre. Et il y a encore beaucoup de
personnes que nous devons entendre. M. Robert Blondin.
Je n'oserai pas, M. Blondin, vous imposer un temps
déterminé, parce que je me rends compte que ce n'est pas
tellement la personne qui représente le chauffeur qui emploie la
période de temps. Ce sont les membres de la commission qui posent de
nombreuses questions. C'est là que le temps s'écoule. Si vous
voulez procéder et faire part aux membres de la commission de vos
commentaires.
M. Robert Blondin
M. BLONDIN: Robert Blondin, artisan de Montréal.
J'ai pris connaissance du règlement no 6 et je trouve...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que vous représentez
quelqu'un?
M. BLONDIN: Non, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous vous représentez
vous-même?
M. BLONDIN: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous êtes chauffeur?
M. BLONDIN: Je suis chauffeur artisan propriétaire à
Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Propriétaire.
M. BOSSE: M. le Président, voulez-vous me permettre d'expliquer
une chose? Si M. Blondin est là, c'est que, dès le début
de l'enquête, il était un des deux responsables qui ont
réuni, au centre de la police à Montréal, 700 à 800
personnes de l'industrie du taxi. Cela a été le premier contact
avec l'industrie du taxi en 1970, lorsque le premier ministre m'a confié
le mandat. Il est un des deux responsables de la première
assemblée. Conséquemment, il doit connaître quelque chose
et il a suivi l'industrie depuis.
M. LOUBIER: Est-ce que vous avez eu à travailler au rapport, au
règlement no 6 ou au rapport sur l'industrie du taxi?
M. BLONDIN: Non. J'en ai pris connaissance.
M. LOUBIER: Est-ce que vous avez eu à travailler avec M.
Bossé?
M. BLONDIN: Absolument pas, monsieur.
Au départ, lors de la publication des recommandations de la
commission Bossé par son titulaire, à cette assemblée,
justement, dont M. Bossé faisait mention, il avait dit ceci: En ce qui
concerne les permis, nous allons respecter les droits acquis et, au moment du
retrait des permis, nous paierons le prix de la valeur marchande à ce
moment-là. Aujourd'hui, j'ai dit à M. Bossé: A ce
moment-là, et encore aujourd'hui j'imagine bien, vous parliez au nom
du
gouvernement. Donc, je dis au gouvernement: Aujourd'hui, ne cherchez pas
de faux-fuyants, payez les permis. Je crois d'ailleurs que c'est la grande
lacune de votre règlement no 6. Les permis doivent être
payés. Ces gens-là les ont payés, qu'ils en aient 20,
qu'ils en aient 50, qu'ils en aient un, ils ont payé leur permis. On le
leur a promis, on s'est engagé et c'est le gouvernement qui l'a fait.
Alors, aujourd'hui, qu'on ne cherche pas de faux-fuyants et surtout pas
l'histoire de faire la moyenne de trois ans avec le revenu net. Parce qu'on
sait fort bien, et tout le monde le sait, que les gars du taxi, en
général, ne faisaient pas de rapport d'impôt ou le
faisaient d'une façon plus ou moins honnête, si l'on veut. Alors,
qu'on ne vienne pas charrier aujourd'hui et dire: On va prendre une moyenne de
trois ans. On a dit qu'on le paierait, qu'on le paie.
Ensuite, il y a plusieurs petits détails comme demander pour
fumer et tout cela. Je ne veux pas m'attarder là-dessus. Il y en a trop
qui en ont déjà parlé.
Il y a un point que M. Pinard a soulevé tout à l'heure
où j'étais directement impliqué. Vous avez dit au
représentant de la Diamond: II y a eu une grève, il y a eu des
problèmes à la Diamond. Ils vous ont dit: Oui, après
l'augmentation, tout a bien été. Je m'excuse, le problème
n'était pas l'augmentation. C'étaient des gens inaccessibles,
dans une tour d'ivoire. On avait tout fait pour les rencontrer. On ne pouvait
pas rencontrer ces gens-là. Alors, un soir, on a fait ce que toute
personne raisonnable fait quand elle est rendue à l'écoeurement
total. On a pris la bâtisse d'assaut, on n'a rien brisé. Et je
défie qui que ce soit, devant cette commission, de dire qu'on a
brisé quoi que ce soit ou qu'on a fait de la violence pendant
l'occupation qui a duré trois jours et demi. Après trois jours et
demi, on a rencontré les neuf directeurs, parce que ces gens ont des
affaires ailleurs. C'est leur droit, mais ils ne peuvent pas être
accessibles partout en même temps. Comme toujours quand des gens du taxi
ne sont pas accessibles aux gens du taxi qu'il y a des problèmes, et
après on se demande pourquoi.
C'est un précédent, on fait une demande d'injonction
contre les neuf personnes et moi-même et je l'ai ici en main
pour faire de l'intimidation. Je dis de l'intimidation parce qu'on n'en
a jamais réentendu parler. Nous avions des avocats pour nous
représenter et nous n'avons jamais su la fin de l'histoire.
Ensuite, je travaillais pour un propriétaire de flotte depuis un
bon nombre d'années et on dit à ce monsieur-là: Vous allez
le renvoyer. Il a dit: Ecoutez, c'est un bon chauffeur pour moi et ça
fait environ huit, neuf mois que je vous demande de me fournir des chauffeurs.
C'est un service qu'elles sont censées fournir aux propriétaires
de flotte, les associations de service.
A ce moment-là, on a dit: Vous avez un contrat qui vous oblige
à obéir aux ordres de la compagnie en tout temps et quels qu'ils
soient. Si vous ne le renvoyez pas, vous allez ramener tous vos contrats. Et le
gérant de cette flotte d'autos-taxis est ici aujourd'hui prêt
à témoigner devant cette commission; il est encore gérant
de la flotte de M. Kaufman à Montréal. Il est ici et il est
prêt à témoigner devant la commission que ce que je dis est
authenti-quement vrai.
C'est ce que la compagnie Diamond a fait pour ses employés, pour
les chauffeurs dans le passé. Et, aujourd'hui, on dit: On va aller vous
représenter. Je m'excuse, M. Diamond, pour autant que je suis
concerné. Il ne peut plus me représenter parce que je ne fais
plus partie de ça. Ensuite, je suis allé chez un concurrent de
Diamond, et je vais le nommer Lasalle Taxi, pour m'engager.
Il y avait une note au dossier dont le préposé à
l'engagement m'a fait part. Il m'a dit: J'ai une note à l'effet qu'il
s'est passé quelque chose chez Diamond, je ne sais pas exactement ce qui
s'est passé. J'ai demandé à voir M. Brunet. Je dois
l'avouer, je l'ai vu immédiatement ou quinze minutes après. De
toute façon, j'ai eu peur, je n'étais pas habitué et j'ai
discuté avec lui. Il m'a demandé ma version de l'affaire.
Je lui ai donné ma version de l'affaire et il a accepté
que j'aille travailler, en précisant bien ceci, ce qui est tout à
fait normal: Ici, vous allez être traité comme tout le monde, pas
plus, pas moins. Bon, d'accord. J'ai travaillé pour cette compagnie, j'y
travaille encore d'ailleurs aujourd'hui. Je suis propriétaire artisan.
Diamond avait fait une sorte de chantage. Elle a dit à tous les
propriétaires de la compagnie que, si quelqu'un nous engageait, elle les
foutait à la porte sans autre forme de procès.
A la suite de ça, on a voulu nous faire signer une confession de
jugement, tout bonnement nous faire mettre à genoux et signer ça.
Faites vos bons petits gars et tout ça. Là, nous avons
refusé.
Ce qui est arrivé, cette histoire n'est jamais allée plus
loin que ça. Cela a été une demande d'injonction. Cela,
monsieur, c'est encore plus dégoûtant qu'une injonction parce que
c'est carrément du chantage. Je ne suis pas un syndicaliste mais je suis
allé voir des syndicalistes, les grandes centrales à
Montréal parce que nous étions démunis de tout moyen de
nous défendre. Il fallait se faire défendre parce que ces
gens-là menaçaient gravement nos intérêts. Nous
avions des enfants et ces gens-là venaient de juger qu'ils nous
condamnaient à ne pas travailler. C'est ça que Diamond a fait
pour ses employés. Dans le passé, Diamond n'a jamais
défendu ses employés, n'a jamais fait de cadeau et n'a jamais
endossé ses employés, comme elle l'a dit ici tantôt. C'est
une fausseté éhontée, monsieur, parce que, pour travailler
et se dire heureux à la Diamond, il faut être masochiste à
outrance.
Diamond prétend avoir pris les intérêts des
propriétaires et des chauffeurs. Quand la com-
pagnie a-t-elle fait un pas en avant pour essayer, avec les chauffeurs
et les gens concernés dans le taxi, de régler le problème
épineux de Murray Hill dont on entend toujours parler? Rien, comme dans
tous les domaines. Tout ce qu'ils aimaient, c'était percevoir de
l'argent. En fin de compte, il faut réaliser que tout ce qu'ils sont
dans cette industrie, c'est une agence de vendeurs d'appels
téléphoniques. C'est tout ce qu'ils sont.
Aujourd'hui, les gars du taxi, avec l'aide d'experts naturellement, ont
réalisé que ces services, ils pouvaient se les procurer sous
forme d'une association ou coopérative à meilleur marché.
Ces gens-là, je les respecte beaucoup et ce sont des hommes d'affaires.
Je pense qu'ils vont penser comme moi, quand on peut se procurer des services
à meilleur marché, pourquoi les payerait-on plus cher?
Aujourd'hui, on dit: Si la majorité est d'accord pour les
renvoyer, on leur dit bonjour et merci. Une autre chose qu'ils ont dite ici
tout à l'heure, c'est qu'ils ne percevaient jamais d'argent de
l'employé. Il y a ici un reçu d'un chauffeur de la Diamond,
présent ici dans le moment devant la commission. Il est prêt
à venir devant la commission, $75 qu'il devait à un patron.
Ces $75, ça marche par une petite carte d'association qu'ils
appellent. Là, il y a une petite carte, il faut que cette petite
carte-là soit signée pour qu'il aille à l'association,
pour qu'il boucle, comme on dit en termes de métier, pour qu'ils
l'enregistrent avec un autre patron. Si la carte n'est pas signée, ils
ne l'enregistrent pas. Je ne parle pas pour toutes les compagnies. Je parle
pour la compagnie Diamond, j'ai l'expérience de celle-là.
Si le type en question dit: II me doit $300. On lui dit: Va payer tes
$300 et ensuite, on signera ta carte. J'ai déjà demandé
à cette compagnie, dont les directeurs sont ici aujourd'hui, et je
réitère la même question devant les membres de cette
commission: Qui a conféré des pouvoirs à la Diamond ou
à une quelconque compagnie de taxis pour se faire agence de collection
intermédiaire entre chauffeurs et propriétaires?
J'ai entendu autre chose, tout à l'heure. J'ai travaillé
pour cette compagnie je n'ai pas les dates exactes Diamond et je
n'ai jamais été arrêté une fois dans la rue par un
inspecteur de la compagnie. On vient dire ici qu'on surveille la
propreté des véhicules; je m'excuse, mais on a presque des
cercueils roulants chez Diamond, à certains moments donnés. Il ne
faut pas charrier, on s'est assez fait charrier dernièrement. Il y a un
paquet d'histoires, comme l'histoire de "charge" dont on parlait tout à
l'heure et qu'on disait être un service. Je m'excuse, c'est encore un
autre service erroné qu'on a déformé devant la
commission.
Dans le moment, le même gérant, propriétaire de
flotte de Diamond qui est ici dans le moment m'a donné les chiffres. Si
un chauffeur de Diamond a plus de $50 par mois de ces coupons de "charge",
à ce moment-là, la compagnie exige 15 p.c. de plus. Cette flotte
a vingt voitures; au bout du mois, s'il y a plus de $1,000 de "charge", comme
on dit, il doit payer l'excédent après les $1,000; disons $1,800
comme on nous le disait tout à l'heure, les autres $800, il faut qu'il
paie 15 p.c. d'intérêt à la Diamond. Ce n'est pas lui qui a
institué le système de crédit, on m'a dit que c'est un
service qu'on lui vend. On ne lui vend plus, on lui charge des
intérêts sur la vente déjà faite. Je m'excuse, c'est
de la fausseté.
On dit qu'on a investi dans une grosse machine à opérer,
un "dispatch", le plus beau, l'unique, ce qu'il y a de mieux, c'est
opérationnel, cela a tout ce que vous voulez. Mais on ne vous a pas dit
qu'à partir du moment où on l'a fait installer dans les voitures,
il faut que le chauffeur paie $1 de plus parce que le propriétaire lui
aussi paie plus. C'est le chauffeur qui doit payer $1 de plus par jour pour la
location. C'est encore le chauffeur, c'est le petit qui va payer encore une
fois. Si ce que je viens de dire là est faux, je veux qu'on me
reprenne.
M. PINARD: Le reçu que vous avez entre les mains est daté
de quand?
M. BLONDIN: Du 1er novembre 1972. M. PINARD: Quelle est sa nature?
M. BLONDIN: Received from Diamond Taxicab Association Limited, $75. Ici,
je ne comprends pas trop l'écriture. De toute façon, j'aime mieux
le produire devant la commission; ce serait beaucoup plus simple, je pense.
M. PINARD: Evidemment, nous ne sommes pas une commission
d'enquête. Nous vous donnons la chance d'exprimer votre point de vue et
au besoin, d'avoir des pièces à l'appui de vos affirmations pour
que votre témoignage ou votre présentation ne constitue pas du
oui:dire. Par contre, il faut que vous nous en expliquiez la nature.
Est-ce que c'était une dette à payer? Est-ce que c'était
un cadeau pour obtenir un avantage? C'était quoi, une cotisation
additionnelle? Pourquoi exiger ces $75 de cette personne?
M. BLONDIN: Je ne peux pas me faire le porte-parole de celui qui m'a
remis ce reçu. Il est ici et si vous le voulez, ce serait mieux qu'il
s'explique. Le type qui m'a remis ce reçu est ici dans le moment. Si
vous voulez qu'il l'explique, moi, je ne peux pas l'expliquer pour lui, je ne
sais pas ce qui s'est passé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Pourriez-vous demander à la
personne de venir près de vous?
Voulez-vous donner votre nom, s'il vous plaît?
M. GIROUX: Jules Giroux, chauffeur à Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Giroux, c'est tout simplement pour
expliquer la teneur de ce reçu, pourquoi et en quelles
circonstances.
M. GIROUX: C'est un montant de location qui n'avait pas
été payé pour le véhicule. Il a été
perçu par Diamond; si je ne payais pas ce montant, je ne pouvais pas
travailler sur le taxi ni à Diamond, ni à Lasalle, ni à
aucune autre association parce que ma carte n'était pas signée.
Il fallait que ce soit payé comptant et non par termes.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, vous avez loué un
véhicule et c'était le paiement de la location du
véhicule.
M. GIROUX: Oui, il y avait quelques jours de retard.
M. PINARD: C'était une pénalité.
M. LOUBIER: Est-ce que c'était une pénalité ou si
c'était le montant que vous deviez en location?
M. GIROUX: C'est un montant que je devais en location.
M. LOUBIER: Ah bon!
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je vous remercie, M. Giroux.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Seulement une question à propos du
reçu de $75. Si j'ai bien compris, si quelqu'un doit à une autre
association ces $75, avant qu'on ne l'engage dans une autre association, il
doit payer. Est-ce cela?
M. BLONDIN: Je ne dirais pas cela. Vous voulez dire que si je dois
à Diamond et si je veux passer à une autre association...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. BLONDIN: ... pas à un autre propriétaire de flotte de
taxis, à une autre association, il faut queje paie l'association
avant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas le cas des $75?
M. BLONDIN: II les devait à un propriétaire de flottes de
taxis. Du moins, je le présume. Il me corrigera. Aimez-vous mieux que je
l'appelle ici en avant?
M. LOUBIER: Non. Je ne veux pas mettre en doute votre parole. Au
contraire. Vous avancez des faits. Et je pense bien que c'est votre but, notre
but à tous d'avoir la vérité. Je ne vous accuse pas de
mauvaise foi mais vous avez bien fait de nous faire entendre le monsieur en
question parce qu'autrement, nous aurions interprété cela comme
peut-être une forme de chantage. Donnez-nous $75...
M. BLONDIN: De oui-dire.
M. LOUBIER: ... et il n'y aura pas ceci et cela, alors que le monsieur
vient de nous dire que c'est le paiement de la location d'une auto qu'il avait
louée. Je suis satisfait sauf que si vous avancez autre chose, pour que
nous puissions véritablement en évaluer le sens et la
portée, faites-le revenir. C'est cela que nous voulons savoir, comme
vous voulez savoir vous aussi.
M. BLONDIN: Exactement. Et c'est pour cela que j'ai amené les
preuves de ce que j'ai avancé. Je peux les faire distribuer aux membres
de la commission.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le ministre des Transports.
M. PINARD: Pourriez-vous faire revenir M. Giroux? Il a prétendu
avoir payé $75 de location. J'aimerais qu'il nous explique si la
compagnie Diamond, la compagnie Lasalle vend des voitures-taxis ou en loue,
d'abord, comme compagnie, et si vous l'avez louée, de qui avez-vous
loué cette voiture?
M. GIROUX: Je l'ai louée de M. Cordia qui est actionnaire de la
compagnie Diamond et qui possède plus de 50 voitures.
M. LOUBIER: Monsieur qui?
M. GIROUX: M. Cordia. Son vrai nom, je ne le sais pas. Je sais que c'est
Cordia. Cordia Garage Ltd.
M. BLANK: Est-ce une compagnie ou un individu?
M. LOUBIER: Vous avez loué une automobile de cette personne? A
quel tarif par jour?
M. GIROUX: Je pense que c'était $11 ou $12 par jour.
M. LOUBIER: Un montant de $12 par jour. M. GIROUX: Pour le soir,
oui.
M. LOUBIER: Pour le soir. Et le reste, vous le gardiez pour vous.
M. GIROUX: C'est cela.
M. LOUBIER: Et c'était un retard de six jours ou de cinq jours
que vous n'aviez pas payé.
M. GIROUX: Oui.
M. LOUBIER: C'est cela?
M. PINARD: Pour combien de jours de location?
M. GIROUX: Cela représentait à peu près six ou sept
jours. Je m'étais entêté parce qu'il y avait eu un accident
dont je n'étais pas responsable et il avait voulu me demander le montant
quand même. D'ailleurs, le rapport de l'accident est là.
M. LOUBIER: Vous la louiez à $12 par soir et, si vous faisiez
$35, vous gardiez $23. Vous aviez à payer $12 pour la location de
l'auto. Et le reçu que vous avez là atteste que vous avez
payé pour X jours de location au tarif de $12 tel qu'entendu.
M. GIROUX: C'est cela. M. LOUBIER: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. PAUL: M. Giroux.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Giroux est celui qui vient de
quitter.
M. PAUL: M. Giroux, s'il vous plaît. Est-ce que vous aviez
loué d'autres automobiles d'autres personnes ou d'autres compagnies que
Cordia Limitée?
M. GIROUX: De Cordia?
M. PAUL: Oui. Est-ce que vous aviez loué des automobiles d'autres
personnes?
M. GIROUX: Oui.
M. PAUL: Avant ou après?
M. GIROUX: Avant et après.
M. PAUL: Est-ce que le paiement se faisait à Diamond Taxi pour la
location de ces autos?
M. GIROUX: Non. Au propriétaire. M. PAUL: Au propriétaire.
M. GIROUX: C'est cela.
M. PAUL: Et cette fois, vous n'avez pas effectué le paiement au
propriétaire. C'est Diamond qui a recouvré pour le
propriétaire.
M. GIROUX: C'est cela. Si je n'avais pas payé à la
compagnie Diamond, elle m'aurait barré. Je n'aurais pas pu travailler
parce que ma carte rose n'était pas signée.
M. PAUL: Est-ce que c'est un moyen de surveillance qu'exerce Diamond
Taxi en faveur de ses membres?
M. GIROUX: Cela en a tout l'air. M. PAUL: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: Ma question s'adresse à M. Blondin. Je m'en vais
dans une direction complètement différente, sur un sujet
absolument différent. On entend dire en parlant des propriétaires
artisans, comme vous-même, qu'à certaines occasions, dans une
tempête de neige par exemple, à Montréal, Diamond Taxi peut
bloquer les lignes de sa centrale de façon à libérer du
personnel et que les gars vont s'en aller sur la "fly", comme on dit. Est-ce
que vous avez eu une telle expérience chez Diamond quand vous
étiez là?
M. BLONDIN: Oui. J'ai eu une telle expérience mais je pense qu'il
faut expliquer les choses. Je l'ai eue avec Diamond mais je l'ai eue avec
Lasalle aussi. Ce qui arrive, c'est qu'à un moment donné il y a
deux parties en cause. Le gars se promène dans la rue et il a de
l'ouvrage, dans une tempête de neige ou quoi que ce soit. Là, il
ferme son radio et il ramasse des clients dans la rue. Le répartiteur
des appels se retrouve avec un paquet de commandes et, même s'il continue
à répondre au téléphone, à chaque commande
qu'il reçoit, c'est un insatisfait de plus qu'il fait. Cela arrive,
c'est possible. Mais que moi je puisse dire dans mon auto si vraiment au
"dispatching" c'est de la malhonnêteté de dire: J'ouvre le
téléphone et je ne réponds plus, je ne peux pas aller
jusque là mais je sais qu'il est arrivé assez souvent que des
gens nous disent: II faisait mauvais, comment cela se fait-il, je sors sur la
rue, il y a des taxis, j'appelle et cela ne répond pas?
M. BERTHIAUME: Ou la ligne est occupée. M. BLONDIN: Oui.
M. BERTHIAUME: Serait-il possible, à votre avis, qu'à ce
moment-là s'il y a une tempête de neige je suis dans la
région de Montréal et c'est sûr que, s'il pleut
l'été ou s'il neige l'hiver, j'appelle un taxi au lieu d'y aller
à pied comme bien du monde il y ait tellement d'appels qu'on ne
soit plus capable de fournir ou si vous avez des faits qui vous portent
à croire de façon assez certaine que c'est un blocage
systématique qui est organisé par l'association
elle-même.
M. BLONDIN: La seule expérience que j'ai vécue à la
compagnie Diamond, au moment où on a fait l'occupation, c'est qu'on est
entré dans les locaux de Diamond dans la nuit et qu'il y avait
au-delà de 300 commandes qui avaient été jetées au
panier sans être passées en appel. Ce n'était pas parce
qu'il y avait une tempête de neige, il n'y en avait pas. Ce qui est
arrivé, c'est que des jeunes filles avaient été
engagées, qui n'étaient pas compétentes et c'est un
travail qu'un homme a du mal à faire parce que c'est un travail ardu.
Les gars ont du mérite parce qu'ils travaillent et cela prend de bons
nerfs. On
avait engagé des petites filles de 15, 16 et 17 ans qui venaient
de je ne sais pas trop où, Chicoutimi ou "Saint-Jos-Bleau", le plus loin
possible et le moins cher. Elles n'étaient vraiment pas
compétentes, tout le monde se plaignait, mais il y a une place où
on ne pouvait pas se plaindre, c'était à la compagnie même.
Tout ce qu'on peut voir, c'est un gérant qui n'a aucun pouvoir, parce
que ses pouvoirs se limitent à ce qui lui a été dit par
les directeurs, naturellement, et c'est normal. Alors, comme ces gens-là
sont des hommes d'affaires qui ont à s'occuper d'autres affaires pour
les trouver il a fallu bloquer la centrale complètement. On l'a fait
deux fois et, je l'admets, la troisième fois les répartiteurs ont
décidé de le faire et ils nous ont fait demander à la
compagnie, ils avaient des revendications et c'est là que la demande
d'injonction est apparue.
M. BERTHIAUME: Si je vous comprends bien, vous attribuez un tel
état de choses à l'incompétence plutôt qu'à
la malhonnêteté.
M. BLONDIN: A ce moment-là, ce qui est arrivé, c'est que
les petites filles étaient vraiment incompétentes, mais dans le
"dispatching" de la compagnie Diamond, de la malhonnêteté il y en
a eu, il y a eu des gens qui ont été pris et qui ont
été renvoyés. Encore dernièrement, avec le
système parfait, on a renvoyé quelqu'un.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Je demanderais à tous
ceux qui se présentent ici devant la commission, M. Blondin et tous ceux
qui suivront, de bien vouloir s'en tenir à des faits vérifiables
et des faits bien authentiques parce que vous savez, on peut raconter toutes
sortes de choses. Je ne vous accuse pas là, ne vous méprenez pas
sur mes paroles, mais on a dit, on a redit: C'est possible, c'est probable,
c'est peut-être cela qui est arrivé. On ne peut pas se baser
là-dessus. Il faudrait que vous, nous... Tout à l'heure il y
avait le cas du reçu, on a demandé des explications, on a fait
vérifier la raison, alors qu'on s'en tienne, si vous voulez bien,
à des faits qui puissent être vérifiés et dont vous
pouvez parler non par oui-dire, mais plutôt à des faits que vous
avez vécus vous-même et dont vous pouvez nous affirmer que tel est
le cas. Si on peut s'en tenir à cette formule-là, je pense qu'on
pourra procéder plus facilement.
M. BLONDIN: M. le Président, dans le moment, le seul moyen de
corroborer mes dires, c'est d'ajouter que la personne qui était avec moi
quand je suis entré dans le "dispatch" de Diamond est présente
ici. C'est la seule façon que j'ai de corroborer mes dires. Il y a
d'autres personnes aussi.
M. BERTHIAUME: Une dernière question, M. Blondin. Vous avez
quitté Diamond et vous êtes maintenant avec Lasalle.
M. BLONDIN: Avec Lasalle.
M. BERTHIAUME: Etes-vous plus heureux chez Lasalle que chez Diamond?
M. BLONDIN: Oui.
M. BERTHIAUME: Cela va bien, dans l'ensemble?
M. BLONDIN: Oui, dans l'ensemble, je n'ai pas à me plaindre.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas à me plaindre.
M. LOUBIER: Sur un point d'ordre, M. le Président. Je pense que
ce n'est pas le moment de faire le procès de l'une ou de l'autre des
compagnies. Quant à moi, je n'ai de lien avec aucune compagnie. Ce n'est
pas l'endroit pour faire de la publicité pour l'une ou l'autre
compagnie, quelle qu'elle soit. Je m'en fiche comme de l'an quarante. Nous
sommes ici pour essayer de comprendre un problème et d'aider aux
chauffeurs de taxi et aux propriétaires artisans.
M. BERTHIAUME: Une question de règlement.
M. LOUBIER: Je pense qu'il faudrait éviter... Je n'ai pas fini la
mienne.
M. BERTHIAUME: La mienne a préséance sur la vôtre
parce que vous me prêtez des intentions.
M. LOUBIER: Un instant, un instant. Je ne vous prête pas
d'intentions, je fais une remarque.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je voulais déterminer la
valeur...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LOUBIER: M. le Président, je continue sur un point de
règlement.
M. BERTHIAUME: M. le Président... LE PRESIDENT (M.
Séguin): A l'ordre!
M. LOUBIER: Je ne nomme personne en particulier, mais, que cela
vienne...
M. BERTHIAUME: M. le Président, il me prête des
intentions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plait!
M. LOUBIER: ... d'un membre de la commission ou que cela vienne de
quelqu'un d'autre...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LOUBIER: ... je ne voudrais pas qu'on se serve de cette enceinte pour
faire le procès de l'un ou de l'autre.
M. BERTHIAUME: Si le député de Bellechasse est assez
gentil pour me permettre d'expliquer l'objet de ma question...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaft! Le
député de Napierville-Laprairie, sur un point d'ordre.
M. BERTHIAUME: Le député de Bellechasse m'a
prêté des intentions...
M. LOUBIER: Voyons donc!
M. BERTHIAUME: ... en laissant entendre que je voulais favoriser une
association par rapport à une autre.
M. LOUBIER: Pas du tout.
M. BERTHIAUME: De toute façon, M. le Président, ce que je
cherchais à déterminer, c'est la valeur de l'association
concurrentielle, à Montréal. Est-ce valable ou non? S'il y en a
un qui n'est pas satisfait d'une association et qu'il change, est-il plus
satisfait ou si c'est vraiment un monopole? C'est ce que je voulais
déterminer.
M. LOUBIER: Bon, très bien. Alors, je pense qu'on a admis
aujourd'hui qu'on pouvait être libre de changer d'association, etc. Si
c'est dans ce sens que le député s'est exprimé, je suis
parfaitement d'accord. Je voulais éviter que l'on ne tombe dans les
procès des avantages, des désavantages ou des guerres de l'une ou
l'autre des associations. Je pense que cela ne réglera rien.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Blondin, continuez, s'il vous
plait.
M. BLONDIN: En ce qui concerne une seule association, de deux choses
l'une: si on crée soit une association parallèle ou une
coopérative, les avantages que je vois là-dedans, ce serait un
pouvoir d'achat. Tout à l'heure, j'entendais parler de milliers de
dollars. Je me dis que ces milliers de dollars, ce serait peut-être nous
qui les aurions, à ce moment-là, parce que nous gérerions
notre propre coopérative.
Comme je l'ai dit à plusieurs individus, d'ailleurs: Ce n'est pas
contre quelqu'un, mais pour quelqu'un. C'est pour les gars du taxi. Il ne
s'agit pas d'être pour ou contre. Il s'agit d'être pour nous
autres. Cela fait assez longtemps que nous sommes négatifs avec
nous-mêmes. C'est le temps d'être pour.
Je veux dire merci à M. Pinard et à tous les membres de la
commission qui sont ici, parce qu'ils s'en sont occupés aussi. Merci au
gouvernement de M. Bourassa d'avoir pris la chose en main. Mais, aujourd'hui,
il ne s'agit pas seulement de nous écouter. J'espère que cela va
aboutir, qu'il n'arrivera pas ce qui est déjà arrivé dans
d'autres enquêtes sur le taxi, où des démagogues de
carrière, des prophètes à retardement sont venus nous
dire: On le savait, on le savait. Mais il y a une chose que j'ai entendue ici,
aujourd'hui, à savoir que, tant que la Commission des transports ne sera
pas reconnue, cela ne peut pas entrer en vigueur. Je voudrais savoir quand cela
a une chance d'entrer en vigueur, par ricochet de l'autre. Quand la Commission
des transports va-t-elle être reconnue officiellement, pour que cela
devienne une loi? Sinon, cela ne peut pas devenir loi.
M. PINARD: Dans l'éventualité où le
règlement no 6 serait accepté tel quel ou avec des amendements,
pour ceux qui l'ont lu attentivement, qui ont eu le courage de le faire
même si cela demandait un effort, peut-être, de 36 ou de 48 heures,
il y a quand même des chapitres dont l'application sera plus ou moins
immédiate, compte tenu de la date limite qu'on avait fixée pour
sa mise en application. Un échéancier précis a
été prévu. Il y a des chapitres qui traitent de
l'organisation de l'association, de sa constitution, de l'aide qui pourrait
être donnée par le ministère des Transports, avec le
prêt des directeurs-gérants qui vont vous aider à vous
organiser, qui vont faire de la procédure administrative, etc. Cela
pourrait entrer assez rapidement en vigueur, que la Commission des transports
soit formée ou qu'elle ne le soit pas, bien que je sois prêt
à la former très bientôt. Je suis même prêt
à proposer au conseil des ministres, demain, des nominations.
M. PAUL: Depuis le mois de novembre que vous nous dites cela !
M. PINARD: Un instant, un instant. Si vous étiez à ma
place, vous verriez que ce n'est pas si facile de régler le
problème du taxi. Nous en avons un exemple aujourd'hui.
Il y a des chapitres comme ça qui pourraient être mis en
application assez rapidement. D'autres sont plus contentieux, et je dirais que
c'est la majorité. Ce serait la commission qui aurait la
responsabilité d'en faire la surveillance et, jusqu'à un certain
point, d'en encourager la mise en application.
Vous avez raison de me dire: La Commission des transports n'étant
pas encore formée de façon officielle, il faudra attendre avant
de passer à l'action avec les chapitres dont il est question. Nous
avions fixé la mise en application d'une partie des dispositions du
règlement no 6 au mois de novembre 1973. Donc, ça me laissait
suffisamment de temps pour procéder à la formation de la
Commission des transports, pour faire une période de rodage pour que
tout le monde comprenne bien les objectifs fondamentaux du règlement no
6, comprenne bien la mécanique de fonctionnement et pour être
en
mesure aussi de donner toute l'efficacité possible à ce
règlement, compte tenu des objectifs poursuivis.
C'est ça que je veux expliquer. J'imagine qu'il y en a qui ont
oublié que le règlement no 6, tel que proposé, ou avec les
amendements qui pourraient survenir, ce n'était pas un règlement
qui entrerait à 100 p.c. ou intégralement en vigueur après
le 1er février. J'espère que je suis clair là-dessus.
Il y aura une période de rodage, il y aura encore des
consultations avec les parties intéressées du monde du taxi, de
façon qu'on soit bien sûr qu'on fait quelque chose d'efficace, de
rentable et qui va vraiment apporter une réforme valable dans
l'industrie du taxi, telle qu'elle nous a été
demandée.
C'est quand même quelqu'un qui a demandé au gouvernement de
procéder à une enquête d'abord et aussi à une
réforme. Nous ne prétendons pas que c'est parfait, que c'est la
réforme idéale ou le règlement idéal; il est ici en
commission parlementaire pour fins de discussion et possiblement pour fins
d'amendement. Il faut être assez précis de part et d'autre pour
nous aider mutuellement à rédiger le meilleur règlement
possible.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Lotbinière.
M. BELAND: Etant donné que nous avons en M. Blondin un autre
artisan propriétaire, j'aurais une question bien précise à
lui poser. A maintes reprises, quand on prend des taxis à
Montréal, parfois on se fait dire des choses, et par plus d'un. Je me
suis fait dire par exemple j'avais abordé le sujet du
règlement no 6 que le règlement no 6 ne touche pas au
problème de Murray Hill. A Murray Hill, apparemment il y aurait des
gorilles qui viendraient enlever des clients aux autres propriétaires ou
aux chauffeurs. Que se passe-t-il? Quelle est votre idée
là-dessus? Est-ce que vous avez cette opinion vous aussi?
M. BLONDIN: En ce que Murray Hill est concerné, d'abord le
problème aurait dû être pris en main par les
autorités depuis longtemps. Cela trame et on entend toujours parler de
Murray Hill. Moi, je n'ai jamais vu des gorilles de Murray Hill aller chercher
des clients. De toute façon, ils ont assez de péchés sur
la conscience sans ça. Ils n'ont pas besoin de venir les chercher avec
des gorilles. Ils ont des moyens que le gouvernement provincial leur a
donnés je ne sais pas qui était au pouvoir il leur
a donné une tolérance pour exploiter un nombre illimité de
permis. C'est M. Gagnon, un avocat, qui aurait déclaré ça
à la commission parlementaire sur le bill 23.
Ils leur ont donné une latitude incomparable à n'importe
quel autre mode de transport. Et Murray Hill en profite. C'est leur droit,
puisque le gouvernement le leur a reconnu. Murray Hill empiète sur les
terrains de tout le monde. On entend toujours: Murray Hill, le cas va
être réglé. Mais ils passent toujours devant les taxis.
Quand on dit ça à quelqu'un, savez-vous ce qu'on nous
répond: Murray Hill a des autos propres; vous ne pouvez pas entrer en
concurrence avec elle pour la propreté des autos. J'ai des petites
nouvelles pour Murray Hill, monsieur. Quelle arrête de nous voler $20
millions par année et je vais vous dire un petit secret en
passant à ce prix-là, je vais en faire laver de autos. Je
vais avoir un "car-wash" à part ça. Mais je n'ai jamais entendu
dire que Murray Hill allait chercher des clients dans la rue et les arrachait
comme ça. Je ne peux pas parler pour l'aéroport; je ne travaille
jamais à l'aéroport.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Blondin, s'il se forme à
Montréal une coopérative du taxi, qui n'enrégimente pas
tout le monde de force, c'est-à-dire si ceux qui veulent y
adhérer le font et que ceux qui veulent rester dans Diamond ou Lasalle y
reste, que c'est une concurrence loyale, êtes-vous en faveur de
ça?
M. BLONDIN: Oui.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est-à-dire qui n'oblige pas tout le
monde, qui est parallèle?
M. BLONDIN: Oui, parce que justement, c'est là le
problème. A un moment donné, si tout le monde embarque et qu'il
en reste un ou deux bons, on va les embarquer avec les autres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Votre réponse, c'est oui.
M. BLONDIN: Si ça devient parallèle, à ce
moment-là, je pense que l'expérience le prouvera.
M. LOUBIER: Est-ce qu'à ce moment-là vous quitteriez
Lasalle?
M. BLONDIN: Pour une coopérative? Oui, je viens de
répondre à cela.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Blondin, nous vous remercions. Un
instant, je suis obligé de reconnaître le député de
Saint-Laurent. M. Blondin, un instant, s'il vous plaît. Le
député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Une question seulement, M. le Président. Lorsque vous
avez donné l'exemple tantôt du cas de M. Giroux, on a
mentionné qu'il avait été menacé de ne pouvoir
trouver du travail ni à Diamond, ni à Lasalle, dans aucune autre
association de services. Est-ce que, dans votre esprit, ça voulait dire
qu'il y a
une espèce de dossier sur les chauffeurs de taxi?
M. BLONDIN: Pour commencer, je vais faire une mise au point. Je n'ai
jamais affirmé que M. Giroux ne pourrait pas travailler ni pour Diamond,
ni ailleurs. M. Giroux a affirmé cela.
M. PEARSON: Ah bon!
M. BLONDIN: On me prête des intentions qui ne sont pas les
miennes.
M. PEARSON: J'ai cru comprendre qu'on aurait dit ça.
M. BLONDIN: Non. L'expérience ne m'a jamais été
faite à moi. Mais, si elle a été faite à M. Giroux,
libre à lui de le dire. Si cela m'avait été fait, je ne
serais pas gêné de le dire, mais cela ne m'a pas été
fait.
M. PEARSON: Allons sur un plan plus général. Est-ce que,
d'après-vous, ils sont nombreux ou non ceux qui peuvent changer
d'association de Diamond à Lasalle ou à Beaubien sans
difficultés ou s'ils ont beaucoup de difficultés?
M. BLONDIN: En général, ils vont avoir des
difficultés parce que, automatiquement, pour vouloir changer de place,
il faut avoir éprouvé des difficultés, j'imagine. C'est
comme en politique; un député ne change pas de parti sans avoir
éprouvé des difficultés avec le
précédent.
M. PEARSON: C'est justement ce point que j'aimerais que vous
précisiez. C'est peut-être une hypothèse, mais si vous
partez de Diamond pour aller à Lasalle, est-ce possible qu'il y ait un
coup de téléphone de Lasalle à Diamond et qu'un dispatcher
ou qui que ce soit puisse vous bloquer?
M. BLONDIN: Vous voulez dire pour une dette?
M. PEARSON: Pour pouvoir changer de situation.
M. BLONDIN: Je pense que, s'il devient indésirable pour une
compagnie d'assurance, comme Bélair, disons, il va falloir communiquer
avec Lasalle et qu'eux ne le laisseront pas travailler ou vice versa. Mais
là, ce n'est plus une question d'argent; c'est une question de
sécurité publique. Lasalle va le dire à Diamond. C'est une
question de compagnie d'assurance. Même si c'est Diamond, ils sont
justifiés de dire: On ne le lâchera pas sur la route, il est
dangereux. C'est bien normal parce qu'il va être dangereux pour moi
aussi, pas seulement pour les autres. Ce gars-là me court dans la rue;
il faut qu'il passe devant moi s'il veut faire de l'argent.
M. PEARSON: Cela veut dire que, s'il n'a pas eu de difficultés
pécuniaires, comme dans le cas mentionné par M. Giroux, ou des
accidents ou des choses du genre, autrement dit s'il a un dossier de chauffeur
dans la moyenne, il n'aura pas de difficultés majeures à changer
d'association.
M. BLONDIN: Non, là, je comprends mieux votre question. Dans un
cas normal... Supposons que moi, aujourd'hui, pour une raison ou pour une
autre, je décide de passer à Beaubien-Hochelaga, tout bonnement,
parce que quelqu'un m'a convaincu, ou quoi que ce soit. Non. Je fais signer ma
petite carte et puis je m'en vais.
M. PEARSON: Ah bon! C'est important ce que vous venez de dire là,
parce que, justement, ça laissait des doutes dans mon esprit qu'il
pouvait y avoir un lien, une espèce de monopole ou une espèce
d'entente entre les différentes associations. Il ne semble pas y en
avoir.
M. BLONDIN: Du moins, affirmer, comme le président disait tout
à l'heure, aller affirmer une chose comme ça, ce serait du
oui-dire, parce que je n'ai pas de preuve en main et je n'ai pas vu la chose
moi-même. Des "on dit". Je ne suis pas porteur de "on dit".
M. PEARSON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. Blondin, on vous remercie de
votre contribution. Malheureusement, l'heure avance. Nous avions
suggéré, avant le dfner, que nous entendrions sept, huit ou neuf
chauffeurs et il reste le temps, avant 11 heures, notre heure d'ajournement
pour ce soir, d'entendre M. Benoit, qui est le suivant sur la liste. Est-il
ici? M. Albert Benoit.
Il est en uniforme. Je m'en fiche.
M. Benoit, voulez-vous s'il vous plaît vous identifier, dire qui
vous êtes? Est-ce que vous représentez une association?
M. Albert Benoit
M. BENOIT: Mon nom est Albert Benoit. Je demeure à la ville de
Mercier. Je suis dans l'Association Lasalle, mais je me représente
moi-même.
Je voudrais faire sept propositions. La première, c'est qu'un
chauffeur de taxi qui travaille à Montréal ait le droit de
demeurer dans la banlieue sans qu'il ait à payer des taxes pour
ça. Parce qu'après tout, un député a sa
résidence où il est et il a sa résidence à
Québec, et personne ne lui en fait reproche.
Deuxièmement, le travail libre. Je voudrais travailler pendant
les heures que je veux et travailler à ma façon. J'utilise la
radio le matin et le soir et, le reste de la journée, je travaille au
centre de la ville. La raison pour laquelle je dis ça, c'est parce que
j'ai appris depuis quelques années que c'est plus payant de travailler
dans
le centre que de travailler par la radio. En 1968, j'ai
été capable de prendre 7,520 voyages; en 1969,j'ai
été capable d'en prendre 9,177, parce que j'avais changé
ma manière de travailler. En 1970,j'ai pris 10,047 voyages. En 1971,
j'en ai pris 10,496. En 1972, à cause des grèves de la ville de
Montréal, des grèves du bord de l'eau, de l'augmentation des
taxis, j'ai redescendu à 9,756.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Avec ou sans radio?
M. BENOIT: Sans radio.
Quatrièmement, je voudrais et ça, je crois que
beaucoup de gens vont l'admettre qu'on débarrasse le taxi de tous
les indésirables.
Cinquièmement, je voudrais enlever les remplaçants, parce
que l'homme qui travaille six jours par semaine a le droit de travailler.
Sixièmement, je voudrais que, dans le règlement no 6, les
postes de taxi soient aussi respectés que les arrêts d'autobus
à Montréal. Portez attention à cela, si jamais vous avez
l'occasion d'aller chez Eaton le samedi après-midi, vous allez vous
apercevoir que toutes les voitures stationnées aux postes de taxi sont
des voitures de cultivateurs.
Septièmement, la condition de ma voiture, je n'ai pas besoin du
règlement no 6 parce que ma voiture, je peux le prouver par mon calepin
ici, est tenue en condition A-l. Elle est propre, elle a 130,000 milles, je
porte un uniforme, je descends pour ouvrir la porte, j'aide les gens en chaise
roulante, je fais mon service parce que j'aime ça.
Il y en a qui me disent que je fais trop d'heures. Pas du tout.
Même après 18 heures d'ouvrage, je m'en vais à la maison,
je ne suis nullement fatigué, j'adore...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BENOIT: Je croyais que nous habitions un pays libre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plait! Je pense
que vous allez admettre que nous avons reconnu le droit de parole à
chacun. Alors, qu'on soit d'accord ou non avec la personne qui parle à
la commission, M. Benoit dans ce cas-ci, je vous demanderais, s'il vous
plaît, de l'écouter jusqu'à la fin parce qu'il faut faire
aux autres ce qu'on voudrait qu'il nous soit fait à nous-mêmes. Si
vous voulez, un peu de coopération. Je vous le demande, de grâce.
M. Benoit, continuez.
M. BENOIT: II y a deux choses, dans ma vie, que j'aime faire. J'aime
faire du taxi et j'aime faire de la politique. Monsieur, dans le
règlement no 6, il est dit qu'on devrait avoir une feuille de route.
Sachez que j'ai toujours fait une feuille de route. Ici, par exemple, c'est ma
feuille d'hier, j'ai pris 33 voyages, j'ai eu 79 milles payants, 198 milles de
voyage avec la voiture. Je dois aussi dire qu'il faut que vous enleviez 30
milles parce que je voyage à Châteauguay. J'ai perdu trois heures
au garage pour réparation.
Ce à quoi j'arrive, quand je dis que je veux être libre de
travailler, c'est que lorsqu'on va au garage ou à l'atelier de
débossage, l'ennemi no 1 du taxi... Je vais vous dire une chose. J'ai
été quatorze ans chauffeur privé, j'ai travaillé
pour M. C. D. Howe. Jamais personne n'a égratigné ma Cadillac
parce que tout le monde disait: Tenons-nous loin, c'est C. D. Howe. Mais tout
le monde déteste le taxi. Ils nous accrochent, et comme les assurances
ne payent qu'après $300 de dommages, nous avons besoin de travailler
pour payer ça. J'ai fini.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Benoit. Attendez, si vous voulez, il
y a peut-être des questions de la part des membres de la commission. Le
député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. Benoit, vous nous avez dit tout à l'heure que,
après 18 heures en service, vous rentrez à la maison frais comme
une rose.
Vous avez dit que vos deux passe-temps étaient le taxi, 18 heures
par jour, si je vois, devant l'enseigne resplendissante du Parti
libéral, vous êtes aussi frais et dispos après 18 heures de
travail politique.
M. BENOIT: Dans une campagne politique, je pourrais travailler 24 heures
par jour et battre l'Opposition. Savez-vous ce qui est le plus
intéressant? Mon père, pendant 25 ans, fut de l'Union Nationale.
Moi, je suis un libéral. Ce que vous ne pouvez pas comprendre, c'est que
je suis allé à la guerre, je suis un illettré; tout ce que
j'ai appris, je l'ai appris par moi-même. Vous ne le croyez
peut-être pas, mais je vous le dis parce que c'est la
vérité.
J'ai appris à lire par moi-même, avec la bible. Pour
être chauffeur privé, je n'avais pas besoin d'avoir de
l'instruction. Je travaillais 24 heures par jour pour $55 par semaine. Un jour,
M. C. D. Howe m'a dit: Si jamais je meurs, M. Benoit, achetez-vous un taxi,
mariez-vous, ayez des enfants et achetez-vous une maison. J'ai fait exactement
ce qu'il m'a dit parce qu'il était le meilleur conseiller.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais une question à poser
à M. Benoit. Etant donné qu 'il a très peu touché
au règlement no 6, je voudrais lui demander s'il est pour ou contre.
M. BENOIT: Je trouve qu'une loi ne touche personne si vous la respectez.
Il y a une loi qui dit que c'est défendu de ne pas s'arrêter
à un stop, mais la loi n'existe pas si vous faites bien
votre arrêt. Cela a bien du bon sens. Si M. Bourassa disait
aujourd'hui, puisqu'il est la puissance du gouvernement: L'Opposition n'existe
plus et ce sont seulement les libéraux qui existent. Moi, je
démissionnerais du Parti libéral. On doit accorder la
compétition à tout le monde, parce qu'il n'y a pas beaucoup de
Canadiens français dans les affaires.
On devrait laisser à tout le monde la liberté d'exploiter
un commerce. Je vais vous dire ce que je pense de la chance que j'ai de pouvoir
m'exprimer ce soir. Savez-vous à quoi cela me fait penser? A la bataille
des plaines d'Abraham. La France nous a "dropés", mais j'espère
que le gouvernement ne nous "dropera" pas aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de...
M. BENOIT: M. Brunet a formé une compagnie qui n'était
rien et, pendant huit ans, il a chassé tous les voleurs, tous les gens
qui maltraitaient le public. Il a fait une association formidable. Chez les
clients de Lasalle, on ne dit pas: Le Lasalle. On dit: Mon chauffeur.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Dorion.
M. BOSSE: Maintenant que vous avez passé votre message
commercial, reconnaissez-vous quand même une chose, que vous soyez
d'accord ou pas? J'ai compris que vous étiez d'accord sur le principe du
libre choix. Cependant, reconnaissez-vous que sur le plan de l'industrie du
taxi c'est le premier gouvernement qui permet aux gens du taxi d'être
présents pour venir s'exprimer?
M. BENOIT: Oui. C'est vrai. UNE VOIX: Pourquoi?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plait. Il y a un
commentaire qui a été fait. Est-ce que vous attendiez une
réponse?
M. BOSSE: C'est tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Gaspé-Nord.
M.GAGNON: Tout à l'heure, j'ai compris que vous avez dit que, si
M. Bourassa disait qu'ici tout est libéral, vous démissionnerez
du Parti libéral. Est-ce qu'à ce moment-là cela voulait
dire que, si le règlement no 6 est accepté tel quel, vous
démissionnez du Parti libéral?
M. BENOIT: Non mais, si on m'impose d'appartenir à l'association
que M. Pronovost veut former, je vais lui faire la guerre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous avons ici un chauffeur qui vient
de Sept-Iles, M. Gaston Jean.
Le député de Dorchester.
M. GUAY: Selon l'ordre qui a été établi, il y a
également une personne que j'aimerais entendre d'un autre groupe dans le
monde de taxi. Il s'agit du chauffeur qui loue une voiture. Et j'aurais bien
aimé si cela est possible l'entendre ce soir.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Lequel? M. GUAY: C'est M. Lafond de
Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lafond est-il ici? Pourriez-vous
faire vos commentaires? Comme l'heure avance, soyez aussi bref que
possible.
M. GUAY: Nous entendrons le représentant qui vient de Sept-Iles
par la suite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous essayons de collaborer, messieurs,
s'il vous plait. M. Lafond, voulez-vous vous identifier? Vous êtes
chauffeur? Vous représentez une association? De quel endroit
êtes-vous?
M. Jean-Pierre Lafond
M. LAFOND: Je suis Jean-Pierre Lafond, chauffeur locataire,
représentant d'un groupe de chauffeurs locataires de la compagnie
Lasalle.
Après les deux personnes qui m'ont précédé
devant la commission parlementaire, j'aurais deux points à apporter sur
ce qu'elles ont dit. J'aimerais beaucoup que M. Benoit vienne me voir pour me
montrer comment on fait dix mille voyages dans une année. Je ne veux pas
m'éterniser sur ce qu'elles ont dit parce que je crois qu'elles sont en
dehors du sujet. Nous sommes ici pour discuter du rapport Bossé. Nous ne
sommes pas ici pour se faire juges d'une entreprise privée comme
Diamond. Je vais dire comme M. Blondin a dit souvent: Je ne fais pas
d'affirmations gratuites. Quand je ne peux pas poser de gestes concrets, j'aime
autant m'abstenir. J'aime autant rester dans le domaine de la location parce
que je suis chauffeur locataire depuis approximativement un an et demie. Et
j'ai toujours pratiqué mon métier pour la compagnie Lasalle.
Je peux vous dire que j'ai fait un petit mémoire. Excusez-moi si
je ne vous en ai pas fait part avant parce que je l'ai fait seul.
J'ai perdu beaucoup de temps et j'ai gelé comme tout le monde
justement pour me faire entendre. Maintenant que je vous ai devant moi,
j'aimerais bien expliquer mon point.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lafond, si vous voulez nous donner
simplement les grandes lignes, je me charge de voir à ce que votre
mémoire soit publié en annexe au journal des
Débats, puisque vous n'avez pas d'autres copies. Je pense que vous
n'avez qu'une seule copie?
M. LAFOND: Une seule copie.
UNE VOIX: Par ordre de préférence, ce serait à mon
tour.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, ce n'est pas vous. Il y a un autre
monsieur de Sept-Iles. Est-il ici, M. Jean? Attendez, vous passerez
après M. Lafond. Pouvez-vous résumer votre mémoire, s'il
vous plaît?
M. LAFOND: J'ai participé à une émission avec M.
Bossé au sujet du règlement no 6. Une personne a appelé M.
Bossé par téléphone au poste de radio pour lui parler d'un
article. Je suis bien d'accord sur la réponse qu'il a donnée au
sujet de l'article en question qui traitait des ceintures de
sécurité. Je vais vous donner la réponse exacte. On a dit:
Les ceintures de sécurité, monsieur, dans le règlement no
6, c'est un détail. Moi, en tant que chauffeur, locataire d'un
véhicule qui gagne très bien sa vie, je peux vous dire que, si
vous basez vos dires sur des détails comme cela, je n'en vois pas
l'utilité. Vous dites que vous faites un bill pour aider le chauffeur
à travailler moins d'heures et à lui procurer justement, le
régime des rentes, l'assurance-chômage au même niveau que
tous les individus de la société. Je suis d'accord, en tant
qu'individu demeurant dans une société, de payer l'impôt et
ainsi de suite, mais c'est justement le mais je me suis
aperçu que le chauffeur locataire était exclu du rapport
Bossé que j'ai lu maintes et maintes fois.
J'ai fait un calcul, j'ai pris les solutions que nous avons
présentement dans le rapport, soit de faire travailler un individu
à 40 p.c. ou à $1.65 l'heure, mais le pourcentage, après
$1.65, n'est pas mentionné. Je vais vous souligner une
différence. Tout de suite en partant, avec ma location, je fais $10 de
plus par jour. Echelonné sur une semaine de cinq jours, cela me fait
$50. Multiplié par 50 semaines, cela me fait $2,500. Pour $2,500, on me
promet, à moi, le petit, de me payer deux semaines de vacances et dix
jours de congés de maladie. Entre vous et moi, ne croyez-vous pas que
c'est pas mal dispendieux aujourd'hui de prendre deux semaines de vacances et
dix jours de maladie pour $2,500?
Dans le taxi, présentement, je ne dis pas qu'il n'y a pas
certaines modifications à apporter. Il y en a peut-être beaucoup,
mais une chose existe, je crois qu'on ne devrait pas enlever le droit au
chauffeur de taxi, s'il veut travailler à 40 p.c. ou à $1.65 ou
à location, de le faire; c'est son droit. Personnellement, je suis jeune
et je me base sur une jeunesse.
Je sais bien que, lorsque je paie mon automobile parce que je la
paie tout le temps à mon patron, comme cela, je n'ai jamais de
problèmes le reste va pour l'essence et le reste m'appartient.
Alors, je suis encouragé par le travail. Si on m'enlève ce droit,
cela ne m'intéresse pas de travailler à 40 p.c. ou à
$1.65. Comprenez-vous bien le point de vue? C'est qu'il y a une trop grosse
marge. Je préfère donner la marge au gouvernement, mais
travailler dans ce que je veux, de la manière que je veux, justement,
travailler.
Le règlement no 6, lui, nous dit: Tu vas travailler de cette
manière. Tu vas faire ceci, ou tu vas faire cela. Mais je me
répète. Si on fait un rapport basé simplement sur de
minimes détails, qu'on ne va pas chercher le bobo de l'affaire mais
qu'on se base sur un détail, nous, en tant que chauffeurs de taxi...
Plusieurs années auparavant, on disait que le chauffeur de taxi
était un chauffeur qui n'avait pas beaucoup d'instruction. Mais
aujourd'hui, c'est un autre point. Il faut se dire que plusieurs jeunes, comme
moi, ont fait des études. Nous avons étudié longtemps.
Nous n'avons pas d'ouvrage où nous voulons nous diriger. Les
universités sont bondées d'étudiants, les collèges
de même. Alors, jeune comme je suis, je suis bien plus
intéressé, parce que le taxi à location, c'est un travail
de "jobber", si vous voulez. C'est un commerce. Par ce commerce, je remplis mon
rôle dans la société. Je suis bien d'accord que ce n'est
pas un travail de docteur, d'avocat ou ainsi de suite, mais c'est un commerce
que j'exploite à ma façon. Personnellement, je suis
honnête. Il ne faut pas être extrémiste. Dans tous les
emplois qu'on occupe, il faut être honnête envers soi-même.
Lorsqu'on a un dire honnête, je crois qu'il y a plusieurs personnes qui
nous écoutent. Comprenez-vous?
Je vous parle de la même façon que beaucoup d'individus,
dans le domaine du taxi. Vous avez une extrême gauche. Vous en avez qui
sont pour ce que je dis, vous en avez qui sont contre ce que je dis. Mais
lorsque je m'aperçois qu'il y a quelqu'un qui peut prendre
prétexte, justement, d'un rapport et qui veut abuser de moi je
suis jeune, je ne suis pas révolté, mais mettez-vous à ma
place, à mon âge pour dire: Je vais demeurer dans une
société, justement, où je n'ai jamais mon mot à
dire. Parce que n'oubliez pas qu'un individu, c'est une personne humaine. Il
doit être entendu humainement, devant tout le monde, pour que son point
soit bien clair. Si vous n'éclaircissez pas le point de ma jeunesse
à moi, je me demande justement sur quoi repose la démocratie dans
laquelle nous vivons. Je ne veux pas du communisme. J'ai toujours
été élevé dans le capitalisme. En grandissant cela
prenait une piastre. Je ne vous conterai pas ma vie mais je pense que plusieurs
parmi vous sont comme moi, d'accord. Je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup,
ici, qui soient nés de familles riches. Nos piastres, nous les gagnons.
En tant que chauffeur de taxi, je peux vous dire que toutes les piastres que
j'ai, je les ai gagnées. Aujourd'hui, justement, je suis bien
placé, comme cela, dans la société, parce que je suis
marié, je n'ai
pas de dette, je ne dois rien à personne, mais je n'ai pas de
permis. Si j'ai tout cela aujourd'hui, c'est grâce au taxi. Si je n'avais
jamais fait de taxi, peut-être n'oubliez pas ce que je vous dis
que je serais un gars malheureux, à travailler à la solde
d'une quelconque compagnie, à $70 par semaine, parce que je n'aurais
jamais eu un but.
Mais en tant que jeune remarquez bien je vous le dis encore
c'est sur une jeunesse comme moi qu'un pays repose. Si vous ne me donnez
pas la chance de m'exprimer et de vous faire valoir mon opinion, et si vous
prenez quelqu'un qui n'est pas compétent, etc.. mais je me juge en tant
qu'individu travaillant dans le taxi.
Personnellement, je ne le rejette pas complètement le rapport
Bossé, parce qu'il y a de très bons points dedans, mais je trouve
que vous n'avez pas touché le bobo. Le point essentiel c'est de faire
travailler justement tous les individus de la manière qu'ils veulent,
mais que ce soit égal partout, que ce soit à Montréal,
Québec, Chicoutimi, et les faire travailler sur un même point.
Je vais vous citer des exemples. Si, moi, je paie une location de
véhicule $11 par jour, pourquoi l'autre, à cofé de moi,
qui travaille peut-être pour la même compagnie ou pour un
compétiteur, va-t-il en payer $12.50? Nous travaillons tous les deux
dans la même industrie. Pourquoi, en plein milieu du mois de juillet,
va-t-on me dire: M. Lafond un "single" pour vous c'est $17? Et quand arrive le
temps de Noël où il y a une surabondance de clients, on va me dire:
Si tu le veux le "single" à Noël tu vas payer $25.
Je ne juge pas les propriétaires en général mais
quelques-uns font ça. Cela s'appelle la gaffe. Au profit de qui? Pas
à celui des petits chauffeurs. C'est toujours nous qui payons la
différence. Je suis bien d'accord pour le règlement no 6 parce
qu'il a réveillé les gens. Il nous donne le droit de nous
exprimer devant les dirigeants de grosses entreprises.
Personnellement, j'en ai toujours fait pour la même compagnie, et
je peux vous dire que je suis satisfait de mon sort. S'il y en a qui ne sont
pas satisfaits, c'est peut-être qu'ils se sont arrangés pour ne
pas l'être.
Nous avons eu une assemblée jeudi dernier je crois que
vous en avez entendu parler au centre Paul-Sauvé. Nous avons un
avocat que je trouve impeccable sur l'industrie du taxi, parce qu'il a
formulé un point qui est formidable pour le petit chauffeur, le
propriétaire et pour la grosse centrale, le gros
propriétaire.
Je crois que c'est la proposition la plus honnête que j'ai vue. Il
a voulu former un comité. Je préférerais le laisser
s'expliquer lui-même, il est à ma droite ici. Je crois que nous
touchons justement à un point qui concerne beaucoup de personnes.
J'aimerais bien qu'il explique son point.
C'est M. Reeven Pearl qui est à ma droite.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Pearl doit exposer un point de vue
représentant un autre groupe à un autre moment.
M. LAFOND: C'est le même groupe.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ce soir, l'intention était
d'entendre des chauffeurs ou des propriétaires artisans, et à
titre individuel. Un instant. Dans le cas de représentants
d'associations ou de groupes, il y aura un autre moment. Nous terminons ce soir
avec vos remarques. M. Gaston, de Sept-Iles...
M. LAFOND: M. Lafond, de Montréal.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Mais M. Gaston, de Sept-Iles, vient de
nous informer qu'il ne passera pas ce soir. Nous terminons avec votre
intervention, M. Lafond.
M. PEARL: M. le Président, sur un point de règlement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, je n'accepte...
M. PEARL: ... d'information ici à cette commission. Je veux vous
souligner que je suis venu ici à la demande de 900 chauffeurs, non pas
une association, non pas un groupe formel, je suis venu pour faire exprimer
leur désir après des études pendant quatre jours continus,
depuis jeudi dernier, et je ne peux pas revenir cette semaine ni à
l'avenir. Je suis venu aujourd'hui pour aider ces chauffeurs et je veux,
à leur demande, avoir le droit de faire valoir leurs désirs
devant la commission, ce soir, sur quelques principes très courts.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je dois nécessairement maintenir
ma décision antérieure. Vous êtes sur la liste ici comme
représentant de Montreal Urban Community Drivers Association, M.
Pearl.
M. PEARL: Pas du tout, il y a une association en formation maintenant
qui n'existe pas et que les chauffeurs veulent créer, selon la loi des
syndicats professionnels...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je suis prêt à entendre M.
Lafond qui avait très bien fait, je suis prêt à l'entendre
à titre individuel tel qu'il l'a dit au début. Je maintiens ma
décision, je regrette. M. Lafond.
M. LAFOND: C'est d'accord, monsieur. M. Pearl, si vous voulez me laisser
continuer, je suis bien d'accord. En tant que petits chauffeurs, M. le
Président, je crois que nous avons justement besoin d'aide, nous, les
petits chauffeurs qui
n'avons absolument rien à part de faire notre "waybill" quotidien
et de pouvoir survivre. Je me basais sur ce que M. Pearl aurait dit, mais je
vais vous le résumer: Nous voulons former un comité pour
réunir 50 p.c. de petits chaufffeurs comme moi, 25 p.c. de chauffeurs
artisans et 25 p.c. qui sont représentés par les groupes de
centrales. Et nous travaillons de pair pour essayer de vous apporter une
réglementation où tout le monde serait satisfait, non pas que
ça regarde seulement un employé de taxi et que l'autre n'y ait
pas d'affaire. Comprenez-vous ce que je veux dire? Pour que tout le monde soit
concerné, que tout le monde forme une même famille unie au sujet
d'un projet de loi. Ce n'est pas la mer à boire, comme on dit, mais je
crois que c'est sincère et j'aimerais avoir la chance, avec M. Pearl
justement, que vous nous donniez un laps de temps pour vous exprimer nos
idées. Je crois, moi, chauffeur, que si on a interviewé 200
chauffeurs, je ne connais pas la vie privée de ces chauffeurs, mais j'ai
peut-être une divergence d'opinion à ce qu'ils ont dit justement
aux personnes qui ont enquêté. Si vous avez fait une enquête
dans un seul endroit, pourquoi goûterais-je à cette
médecine que je n'ai pas méritée? Parce que moi aussi j'ai
le droit d'être entendu pour exprimer une opinion, parce que je travaille
dans cette industrie. On ne m'a jamais demandé, je n'ai jamais connu un
confrère parce qu'on arrête dans les postes et on discute
ensemble qui a été appelé pour donner son opinion
au sujet d'un rapport que vous avez fait. Je n'en connais pas. J'avais une
question à poser à M. Bossé là-dessus. J'aimerais
savoir sur quoi la commission s'est basée pour faire le rapport et quel
est le pourcentage des satisfaits et des insatisfaits dans le domaine du taxi.
Parce que si vous avez fait un rapport, c'est parce qu'il y en a qui sont
insatisfaits. Je voudrais savoir le pourcentage des personnes que vous aviez
interviewées, combien de personnes avez-vous interviewées? Le
pourcentage des satisfaits et le pourcentage des insatisfaits? C'est mon droit,
je crois.
M. BOSSE: M. le Président, si vous me permettez, je vais vous
répondre. Vous avez dit, je crois à la commission que vous
étiez dans l'industrie du taxi depuis un an et demi. Vous avez mis en
évidence le système de location, vous m'avez parlé d'une
assemblée tenue sous le signe du grand patriarche du Devoir. Tout
à coup vous vous éveillez, vous, à la vie sociale, aux
divers problèmes. Pour votre information, il y a exactement deux ans et
demi à peu près que je suis dans l'industrie. J'ai fait dix ans
de syndicalisme. Et là, tout à coup, on arrive avec une
résolution dont je mets drôlement en doute la valeur
représentative ou de vous ou de votre représentant, parce que
dans l'industrie du taxi, c'est exactement là où des centrales
syndicales comme la FTQ, CSN et les autres se sont buté le nez. Alors,
vous, tout à coup, vous découvrez la vérité
après un an et demi d'exercice dans la profession. J'ai beaucoup de
respect pour vous et pour la démocratie. La preuve, vous êtes
là aujourd'hui comme vous étiez d'ailleurs à CKVL aussi et
avec des protestations et des cris et du chahut non significatif. J'ai
rencontré dans l'industrie pour votre information, M. Lafond, tous les
gens qui sont représentatifs de l'industrie dans l'ensemble de la
province.
Demain, vous aurez l'occasion d'entendre des gens qui viennent de
Sept-Iles, vous avez eu l'occasion d'en entendre qui viennent de partout. Vous
en entendrez de Québec, de Montréal et tout ça.
Les gens de la commission parlementaire commencent peut-être
à réaliser que l'industrie du taxi n'est peut-être pas une
affaire pour un petit gars qui est depuis un an et demi dans l'affaire. Sauf
tout le respect que je vous dois, si vous avez la formule miracle, mon cher
ami, ça me fait plaisir de vous donner le bébé.
M. LAFOND: Vous me permettez une chose, M. Bossé? Vous n'avez pas
répondu à ma question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît!
Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, même s'il est tard, même
si la fatigue commence à se faire sentir, on a fait appel toute la
journée à la sérénité des chauffeurs de
taxi, des propriétaires de taxis. J'inviterais mon collègue, le
député de Dorion, lui aussi, même s'il est très
fatigué, à demeurer très calme. Ce jeune homme, M. Lafond,
veut tout simplement exprimer le voeu d'avoir une unification des chauffeurs de
taxi comme lui pour qu'ils puissent faire un bloc ensemble, étudier le
projet ensemble, faire des représentations ensemble. Que ce
comité soit formé à 25 p.c, 35 p.c. ou 40 p.c, c'est
à établir mais qu'il soit formé des différents
éléments du taxi et que, ensuite, on vienne ici présenter
un mémoire, une critique positive et constructive du rapport.
Le jeune M. Lafond, comme il se décrit, c'est le but qu'il
poursuit et je demanderais à mon collègue d'y aller aussi
très calmement.
M. BOSSE: Ce qui me surprend, M. le Président, c'est cette
formule de représentation de 50 p.c. des chauffeurs. Tout d'un coup, on
vient de se réveiller, on vient de s'apercevoir que c'est important et
on va en mettre des chauffeurs de taxi. Quoi qu'il en soit, je ne veux pas
allonger le débat. M. Lafond sait très bien que, même si
j'élève le ton, je n'en suis pas moins très serein.
M. LAFOND: Je voulais mentionner M. Bossé, que le
règlement no 6 a réveillé l'industrie du taxi...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaft!
Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, j'ai écouté M. Lafond.
Vous êtes chauffeur locataire. Songez-vous à devenir, tôt ou
tard, propriétaire?
M. LAFOND: Avant le règlement no 6, M. Guay, j'y songeais. Mais
maintenant je me demande si je vais devenir propriétaire avant
l'âge de 60 ans parce que, si on enlève des permis pour arriver
à un permis par 800 personnes de population, je me demande dans combien
d'années je vais pouvoir avoir un permis de taxi.
M. BOSSE: Permettez-moi, M. Lafond... M. GUAY: Selon vous, M.
Lafond...
M. BOSSE: ... de vous corriger sur quelques points.
M. GUAY: J'avais la parole. M. BOSSE: Permettez-moi.
M. GUAY: Le député de Dorion, si vous me permettez, vous
la prendrez après.
M. BOSSE: ... de préciser qu'il n'est pas question, pour
l'agglomération métropolitaine, de 1 par 800,
premièrement, ce qui prouve que vous n'avez pas lu jusqu'au bout le
règlement. D'autre part, puis-je vous rappeler que seulement en retraits
volontaires à chaque année, en transferts il se fait, seulement
dans la ville de Montréal, selon M. Gérard Brunet, qui a une
certaine crédibilité dans l'industrie, quelque 600 transferts par
année et que notre objectif est un retrait de 400.
De plus, dans le règlement, les trois premiers permis émis
le sont à des chauffeurs de taxi qui sont dans l'entreprise, d'abord et
avant tout.
M. LAFOND: C'est ce que je veux vous demander, M. Bossé. Si vous
en enlevez 408 intentionnellement, vous ne les remettrez pas en vente. Mon nom
va venir sur la liste dans combien de temps? C'est ce que je veux savoir. Dans
combien de temps mon nom va-t-il venir sur la liste afin de pouvoir acheter un
permis de taxi? Le taxi est dispendieux présentement.
M. BOSSE: On voit que vous n'avez pas encore tout à fait compris.
H y a quelque 600 retraits volontaires, des transferts qui se font
présentement et qui sont la volonté exprimée d'une
personne de se départir volontairement de son permis. Le retrait, pour
l'ensemble de la communauté urbaine, est de quelque 400; il reste donc
200 permis qui doivent être émis par la Commission des transports
et dont les conditions, prévues dans le règlement, sont
précisément une préférence, une priorité,
celle d'accorder les trois premiers permis à des chauffeurs de taxi qui
répondent aux conditions prévues au règlement.
Dès là, si on comprend bien, à l'intérieur
d'une année, il y a le règlement du problème au total. De
plus, il y a une disponibilité de quelque 200 permis. Peut-être
qu'on s'explique mal. Je m'en excuse, si c'était cela. J'espère
que là, c'est clair.
M. GUAY: J'ai une autre question. Vous vous dites content de votre sort
dans l'industrie du taxi en travaillant avec une voiture louée. Par
contre, vous aimeriez devenir propriétaire et vous semblez dire que
c'est difficile. Croyez-vous que c'est plus rentable, pour un individu comme
vous, afin de ne pas encourir certains risques, de travailler avec une voiture
louée ou de devenir propriétaire? Quels sont les avantages
réels du chauffeur locataire?
M. LAFOND: Présentement, le chauffeur locataire, tout ce qu'il a
à faire, c'est de louer son véhicule. La cotisation à la
centrale à laquelle il appartient ne paie pas cela, c'est compris dans
le coût de sa location. Les réparations, etc., les pertes de
temps, tout dépend du patron pour lequel il travaille, mais, parfois, il
ne paie pas cela. Si j'étais propriétaire moi-même,
l'avantage que j'aurais serait d'avoir le véhicule à ma
disposition n'importe quel temps de l'année, 365 jours par
année.
Comme locataire, je peux vous dire que je suis content de mon sort,
mais, si j'avais mon propre commerce, je serais encore bien plus satisfait.
M. GUAY: Est-ce que cette location de voitures se fait à contrat?
Si oui, pour combien de temps sont les contrats?
M. LAFOND: Non. Il n'y a aucune location de véhicule qui se fait
à contrat. Si quelqu'un vous dit qu'il s'est fait avoir par un contrat
qu'il a signé pour louer un véhicule, c'est faux, parce qu'il n'y
a aucun contrat qui est signé. C'est une entente verbale et il faut que
chaque individu concerné soit honnête. Si j'étais
propriétaire, j'aimerais bien me faire payer mon automobile. Quand je
travaille avec un véhicule, je le paie, que je fasse de l'argent ou
non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. Lafond, pourriez-vous conclure
rapidement?
M. LAFOND: J'aimerais bien que le règlement no 6 soit
retourné à l'étude pour quatre mois, comme vous l'avez dit
ce matin, pour que plusieurs personnes l'étudient et que nous aussi, de
l'industrie du taxi, nous puissions l'étudier à notre guise.
C'est ce que je formule. Retournez-le à l'étude. Il y a des
choses qui sont bonnes dedans et il y en a d'autres qui ne sont pas bonnes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous vous remercions de vos
observations. Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Dans un journal de Montréal, plus
précisément la Presse du 4 janvier, il y a tout un exposé
qui dit "Les petits du taxi, d'accord avec Bossé." C'était
l'en-tête. Est-ce que vous êtes d'accord sur cet
énoncé?
M. LAFOND: Non. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui sont d'accord. Il y
en a sûrement qui sont d'accord, mais personnellement, moi et beaucoup
d'autres individus qui se trouvaient au centre Paul-Sauvé nous ne sommes
pas satisfaits du rapport. C'est pour cela que je vous demande de le retourner
à l'étude. Il ne correspond pas à la vie que nous menons,
à la manière dont nous travaillons. Cela n'est pas conforme aux
exigences.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Merci, M. La-fond.
Le député de Gaspé-Nord.
M. GAGNON: A la suite de la demande d'un chauffeur de taxi, M. Maurice
Lodec, qui a déposé ce matin un mémoire de deux chapitres,
25 pages chacun, j'aimerais savoir si le président aurait objection
à ce que ce mémoire soit inscrit au journal des Débats,
puisqu'il est déjà déposé.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je n'ai pas d'objection.
M. GAGNON: Alors, il sera inscrit au journal des Débats. C'est ce
qu'il demandait.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La commission ajourne ses travaux
à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 23 h 17)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-8289
À PAGE B-8317