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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Vallières): La commission
élue permanente du travail reprend ses travaux afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires pour 1983-1984.
Je voudrais, à ce moment-ci, faire part, comme il s'agit d'une nouvelle
séance, des membres et intervenants.
Les membres seront: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Cusano (Viau), Dean
(Prévost), Fréchette (Sherbrooke), Mme Harel (Maisonneuve), MM.
Lafrenière (Ungava), Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie),
M. Léger (Lafontaine); M. Paradis (Brome-Missisquoi) est remplacé
par M. Sirros (Laurier); MM. Rivest (Jean-Talon), Rochefort (Gouin).
Les intervenants seront: MM. Bélanger (Mégantic-Compton),
Champagne (Mille-Îles), Fortier (Outremont), Leduc (Fabre), Pagé
(Portneuf), Payne (Vachon), Polak (Sainte-Anne), Proulx (Saint-Jean), Vaugeois
(Trois-Rivières).
Nous pourrions à ce moment-ci, puisque nous en étions au
programme 2 hier, continuer avec l'étude des crédits figurant
à ce programme.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Il est 10 h 09 et
j'ai cru comprendre à votre énoncé d'hier que nos travaux
devaient se terminer aujourd'hui à 13 heures. J'ai porté à
l'attention du ministre, hier, l'obligation, ou l'opportunité tout au
moins, de nous faire confirmer une ou d'autres séances des travaux de
cette commission dont le mandat est d'étudier plus spécifiquement
et d'entendre plus particulièrement les représentants de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. Hier
après-midi, sans qu'aucun moyen dilatoire soit utilisé, sans
qu'aucune procédure, motion, question de règlement ou autre aient
été soulevées, nous n'avons, pendant deux heures et
quarante minutes environ, eu l'occasion de questionner le ministre et M. le
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail que sur un nombre de sujets quand même
très limités. Je crois qu'on en a fait la preuve hier, pour avoir
passé trois heures à questionner sur les orientations et, par
conséquent, avoir reçu des réponses sur les orientations
de la politique gouvernementale à l'égard de la commission, et
encore quelques minutes sur des questions spécifiques et importantes
comme celles qui ont été portées à notre attention
par Mme la députée de Maisonneuve et M. le député
de Sainte-Marie.
Alors, je vous dis bien humblement qu'on a fait la preuve hier qu'une
période de trois heures n'est sûrement pas assez pour aborder
toute la ventilation des questions et des sujets que j'ai portés
à votre attention hier. Je me fais peut-être un peu suppliant ce
matin, mais, M. le Président, s'il faut l'être pour qu'on puisse
obtenir cette commission et qu'on puisse, en toute liberté, en toute
ouverture, sans être pressé ni bousculé par le temps,
interroger les représentants de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, je suis prêt à le faire, je
suis prêt à avoir un ton suppliant. Je réitère ce
que j'ai demandé au ministre hier, à savoir que je suis
persuadé, s'il y a une volonté de sa part, que nos deux leaders
respectifs sont certainement capables de s'entendre pour dégager le
temps nécessaire pour que cette commission puisse se réunir dans
les plus brefs délais. D'ailleurs, je vous donne en préavis ce
matin qu'on a encore beaucoup de questions sur le budget de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Nous aurions
apprécié pouvoir discuter plus spécifiquement de la
gestion de la commission; j'ai donné toute la liste hier: la
décentralisation, les services aux accidentés. Nous nous croyons
justifiés de questionner M. le président et ses adjoints sur les
programmes de réadaptation, sur les questions que le ministre a
abordées furtivement et rapidement hier: la question des programmes
spéciaux, la question des surpayés; en fait, on a toute une
ventilation de sujets qu'on veut toucher.
D'une part, on n'aura pas le temps en trois heures de le faire. Donc,
cela sera escamoter le sujet et on ne veut pas que ce sujet soit
escamoté. D'autre part, on ferait preuve d'un manque de
déférence flagrant à l'égard des autres
collègues qui, autour de cette table, veulent légitimement, dans
le cadre de l'étude des crédits, poser des questions sur les
autres programmes, sur l'action du ministère, sur le service de
conciliation, sur les projets de loi annoncés touchant le Code du
travail. Alors, par déférence pour nos collègues, on ne
peut pas se permettre d'absorber les trois heures de ce matin pour les
députés de Viau, de Sainte-Anne et moi-même; il y a
d'autres collègues, dont mon collègue de Laurier, qui
ont des questions tout à fait bien fondées à
soulever portant sur d'autres programmes. C'est l'ambiguïté dans
laquelle on se retrouve. Avant de statuer ou de décider, quant à
nous, j'aimerais entendre le ministre.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Le
député de Portneuf n'a pas à être suppliant, il n'a
qu'à garder son naturel habituel et son objectif est atteint, dans le
sens que ce sont toujours les formes qu'il utilise de la façon savante
que l'on connaît. Je voudrais d'abord prendre note d'une
déclaration que vient de faire le député de Portneuf
démontrant que les travaux de l'actuelle commission, selon l'entendement
et les conventions intervenus entre les leaders respectifs des deux partis,
doivent normalement se terminer à 13 heures.
Je veux bien convenir avec le député de Portneuf que, dans
l'après-midi d'hier, sur le plan strictement pratique des travaux de la
commission, ceux-ci n'ont pas avancé au rythme souhaité. Il n'y a
effectivement que le député de Sainte-Marie et Mme la
députée de Maisonneuve qui, dans mon évaluation, sont
allés au coeur des vraies questions qui, me semble-t-il, devraient faire
l'objet de la discussion autour de la table.
M. Pagé: ...très subjective. M.
Fréchette: Cela se peut.
M. Pagé: Ce sont des questions auxquelles on aime
répondre lorsqu'on est ministre.
M. Fréchette: Deuxièmement, je constate aussi - et,
cette fois, je pense que ce serait une évaluation objective que de le
dire - que le député de Viau et le député de
Portneuf, en particulier, n'ont pas encore profité de l'occasion de la
présence du président-directeur général de la
commission pour lui adresser des questions spécifiques. Ce à quoi
on s'en est tenu fut de blâmer son absence, l'année
dernière, pour des motifs qu'ils connaissent sans doute, mais qu'ils ont
omis de souligner à cette commission. Mais il est là, depuis
hier, 15 h 30, et aucun membre de l'Opposition ne lui a encore adressé
quelque question que ce soit.
Je maintiens la position que j'ai tenue hier ou enfin que j'ai
développée. À la fin de nos travaux actuels, s'il y a des
choses nouvelles qui, à ma connaissance et à la connaissance des
principaux intéressés, justifieraient que l'exercice
souhaité par le député de Portneuf puisse se faire, nous
évaluerons, en temps et lieu, cette possibilité. Mais, pour le
moment, compte tenu de la présence du président-directeur
général de la commission, de M. Bernier, vice-président
à la réparation, de M. Boucher, directeur des services
financiers, il me semble - en tout cas, ce n'est pas à moi à
préparer la stratégie de l'Opposition -qu'on devrait profiter du
temps qu'il nous reste, comme dit la chanson, pour aller au coeur du
débat souhaité et si ardemment réclamé par le
député de Portneuf.
Je réitère purement et simplement qu'au moment où
on se parle, en tout cas, je ne vois pas pourquoi et pour quel motif il y
aurait des changements à l'attitude ou à la position que j'ai
prise hier, en vertu de laquelle j'annonçais ou je disais que je ne
voyais pas la nécessité de tenir cette commission parlementaire
officielle dont parle le député de Portneuf.
Nous avons très rapidement souligné qu'il existait
d'autres formes, d'autres moyens qui permettraient aux membres de l'Opposition
en particulier et à tous les députés en
général de faire ce genre d'exercice à l'intérieur
d'un forum qui pourrait prendre l'allure d'une réunion d'information qui
durerait une journée, deux, si c'était nécessaire. Il y a
une procédure -et je n'ai pas besoin d'insister là-dessus, le
député de Portneuf le sait très certainement comme tout le
monde - dans nos règlements qui prévoit que, le vendredi matin,
il peut y avoir question avec débat sur tout sujet jugé
d'importance par le député qui la soumet. Ce serait aussi, me
semble-t-il, un excellent moyen d'atteindre l'objectif que nous suggère
le député de Portneuf. Quant à moi, à cet
égard, mon attitude et ma position n'ont pas changé depuis hier
soir.
Maintenant, je voudrais simplement signaler que le député
de Sainte-Marie m'a transmis la demande suivante: celle de pouvoir conserver le
droit de parole qu'il utilisait hier soir à la fin de la séance.
Il sera avec nous vers 10 h 30 pour continuer son intervention et possiblement
poser d'autres questions. Je n'ai, quant à moi, aucune objection
à ce qu'on puisse consentir à ce processus.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que, du
côté de l'Opposition, on prend note de cette demande du
député de Sainte-Marie, c'est-à-dire que, quand il
arrivera, à 10 h 30, nous puissions lui redonner la parole sur le sujet
dont nous parlions lorsqu'il nous a quittés, à la fin de nos
travaux hier?
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, si vous
me le permettez. Je comprends que le député de Sainte-Marie
veuille recevoir des réponses à ses questions. C'est tout
à fait légitime. Quand il arrivera, on jugera le moment opportun
d'y répondre. Je remercie
le ministre. Le ministre a réussi à brûler douze
minutes. Il ressort clairement qu'il ne veut pas. Je dois vous dire que vous
n'aurez pas l'occasion... M. le Président, je dois dire au ministre
qu'il n'aura pas la chance de faire en sorte que le sujet soit escamoté.
On va y aller systématiquement. On va poser toutes les questions qu'on a
à poser. Vous devrez comprendre, cependant, qu'on cessera probablement
de poser des questions à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail dans le courant de la matinée, parce
qu'il y a d'autres questions à poser de la part d'autres
collègues. On aura l'occasion d'y revenir.
L'arrangement qu'on vous proposait était inspiré du
fair-play traditionnel qui nous caractérise de faire une commission
parlementaire ouverte, de s'asseoir et de se parler. Si vous ne voulez pas
qu'on s'assoit, qu'on se parle et qu'on puisse avoir l'occasion d'interroger M.
le juge Sauvé et ses collègues, on prendra d'autres moyens
parlementaires. Après cela, ne venez pas brailler sur nos
épaules.
M. Fréchette: C'est ou la tenue de la commission ou vous
demandez la démission du P.-D.G., comme vous l'avez
déclaré publiquement.
M. Pagé: J'ai déjà indiqué que, si la
commission parlementaire ne nous était pas permise ou allouée, il
y avait suffisamment de sujets inquiétants dans ce dossier qui ont
été portés à notre attention pour que nous
puissions nous voir placés dans l'obligation de demander des changements
au niveau de la haute administration de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail. Ce qu'on vous demande, c'est de nous
donner l'occasion de vous entendre dans le cadre du temps approprié pour
ce faire, pour qu'on puisse avoir l'occasion d'obtenir véritablement des
réponses à nos questions. Non pas escamoter un sujet dans 35, 40
minutes, avec des réponses assez vagues et générales,
merci! Après cela, une petite déclaration du président de
la commission qui part à la sauvette: Bye! bye! au revoir, à 13
heures, jusqu'à l'année prochaine. Ce n'est pas comme cela que
cela va se passer. Je m'excuse, mais on ne peut pas s'associer à cela.
On va commencer et on va filer jusqu'à ce qu'on juge opportun de passer
à un autre sujet, et on y reviendra ultérieurement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Ce sujet étant
épuisé, j'avais reconnu hier deux interventions, soient celles du
député de Viau et, par la suite, du député de
Sainte-Anne qui attend depuis déjà un bon bout de temps de
prendre la parole. La parole est maintenant au député de
Viau.
Aide financière à la Commission de la
santé
et de la sécurité du travail
(suite)
M. Cusano: Je voudrais revenir aux crédits qui avaient
été accordés pour le programme de la prévention. Le
ministre, hier, nous a dit que, contrairement aux crédits alloués
de 1 920 000 $, il reviendrait au statu quo ante...
Des voix: De l'inspection. M. Fréchette: De
l'inspection.
M. Cusano: Excusez-moi. Est-ce que le ministre peut nous dire
quel sera le montant exact qu'il anticipe pour ce service?
M. Fréchette: C'est effectivement le même montant
que pour les années passées.
M. Cusano: Alors, vous parlez de 20 776 000 $?
M. Fréchette: Un instant. 17 700 000 $ plus 1 900 000 $
qui sont déjà inscrits au livre des crédits, ce qui fait
19 600 000 $ au chapitre de l'inspection et qui sont des fonds provenant du
gouvernement.
M. Cusano: Quand avez-vous pris la décision de
réviser ce montant?
M. Fréchette: J'ai expliqué hier - je pense que
c'était en réponse à une question du député
de Laurier - le cheminement de cette décision. Je n'ai pas d'objection
à y revenir le plus rapidement possible. Il y a maintenant près
d'une année, ou environ une année, dans cet effort de
rationalisation des finances publiques dont on a tellement parlé, le
gouvernement avait demandé à chacun des ministères de
procéder à une manoeuvre qui ferait en sorte que l'on
soustrairait dans les budgets un montant équivalent à 15%.
À cette époque, le ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu constituait une
entité juridique distincte, autonome, avec toute sa juridiction et de
laquelle relevait la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu était le ministre responsable.
Or il a effectivement précédé la manoeuvre qu'on lui
demandait et, après avoir examiné tous les programmes existant au
chapitre de la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu,
après avoir épuisé les sources de rationalisation qui
étaient possibles dans ces deux services, en dernière instance,
il a évalué la possibilité que les montants prévus
pour l'inspection, en vertu de la loi, fassent l'objet d'une semblable
coupure.
C'était la suggestion faite à ce
moment. Je vous réitère qu'au moment où elle a
été acheminée, au moment où elle a
été discutée et arrêtée,
déterminée de façon finale, je n'ai été, en
aucune façon, mis en cause dans le processus. Je me suis retrouvé
devant un fait qui était, à toutes fins utiles, accompli, devant
un fait où la décision était déjà sur la
table. Alors, j'ai procédé à évaluer la nature du
dossier, l'impact de la décision qui avait été prise et
j'ai cru utile de faire des représentations dans le sens qu'il y aurait
peut-être lieu de procéder à revoir et à
réanalyser la situation ou la décision qui avait alors
été arrêtée.
Effectivement, c'est à la suite d'une rediscussion du dossier,
à la suite d'une réévaluation de l'ensemble de la
situation que la décision que j'ai annoncée hier a
été prise, celle de revenir au statu quo ante,
c'est-à-dire de continuer, en vertu des dispositions de la loi, en vertu
de l'article 249 de la loi, à assumer les coûts de l'inspection
pour un motif d'ordre juridique, comme je viens de vous le dire. Il
était évident que, si la décision avait été
maintenue, il aurait fallu procéder à un amendement à la
loi et il aurait fallu, à toutes fins utiles, abroger l'article 249 de
la loi 17; c'était évident. Mais comme la décision a
été réévaluée, revue et qu'elle a
été effectivement changée pour qu'on revienne au statu
quo, il n'est donc plus nécessaire de procéder à cet
amendement à la loi.
Il y a un autre motif que j'ai plaidé avec autant d'insistance
que c'était possible de le faire, c'est que le gouvernement
s'était engagé, il y a deux ans, par voie législative,
à assumer le coût d'inspection. Donc, il me semblait - à
moi en tout cas - qu'il fallait continuer de respecter ce principe qui avait
été intégré dans la loi et, deuxièmement, je
me questionnais sur la possibilité d'utiliser les fonds provenant des
cotisations des employeurs pour les affecter à l'inspection alors que le
gouvernement avait pris l'engagement, au moment de l'adoption de la loi,
d'assumer lui-même les frais d'inspection. C'est, en gros, le cheminement
qui a été suivi dans le dossier.
M. Cusano: Est-ce que vous vous étiez arrêté
à cette décision de revenir au statu quo ante avant la
préparation des crédits?
M. Fréchette: Non.
M. Cusano: Vous ne vous êtes pas arrêté sur
cela avant la préparation des crédits?
M. Fréchette: C'est-à-dire qu'on s'y est
arrêté, mais la décision finale n'a pas été
arrêtée avant l'impression de toute la documentation et la
paperasse.
M. Cusano: Est-ce que c'était une stratégie pour
s'assurer que M. Parizeau en arrive à un déficit inférieur
à celui qu'il a prévu?
M. Fréchette: M. le Président, je veux bien que le
député de Viau en tire les conclusions qui lui semblent
appropriées dans les circonstances, mais je lui signale - et il me
croira sur parole ou pas - que la décision finale, après le
cheminement dont je viens de parler, n'a été arrêtée
qu'après l'impression de la documentation qu'on a à notre
disposition et qui est devant nous. C'est la raison pour laquelle cela fait une
certaine distorsion; cela, je n'en disconviens pas. Ou bien on laisse les
crédits dans l'état dans lequel on les retrouve dans les
documents ou alors on fait l'inspection. C'est l'une ou l'autre des deux
solutions. Je serais étonné que le député de Viau
nous demande de revenir sur la première décision, qui
était celle d'enlever...
M. Cusano: Non, non, ce n'est pas cela.
M. Fréchette: Bon, c'est ce que j'ai compris.
M. Cusano: Ma seule préoccupation, c'est que le ministre
des Finances, hier, avant même de prononcer son discours sur le budget,
se ramasse avec une erreur de calcul, tout de suite en partant, seulement dans
un ministère, dans un service en particulier, d'environ 17 000 000 $
à 18 000 000 $.
M. Fréchette: Non, non. La décision a
été prise après que les documents qu'on a devant nous ont
été imprimés, sauf que le discours sur le budget, quant
à lui, a été prononcé après la
décision prise.
M. Cusano: Alors, c'est la faute de l'imprimeur et non le manque
de communication entre vous et le ministre des Finances.
M. Fréchette: M. le Président, qu'on en tire les
conclusions qu'on voudra; je ne sais pas quel est précisément
l'objectif que recherche le député de Viau. Il m'a assuré
-et je suis content de l'avoir entendu me le dire - que son objectif
n'était pas effectivement de nous convaincre de revenir à la
première décision qui avait été prise et de
soustraire totalement les crédits prévus pour l'inspection. Ce
n'est pas cela, son objectif.
M. Cusano: M. le ministre, par le fait que nous sommes
concernés par les crédits qu'on regarde ici présentement
et que vous faites partie de la totalité des choses, alors, le ministre
des Finances, d'après ce que vous nous avez dit, part avec une erreur
de
18 000 000 $.
M. Fréchette: Avec quoi, dites-vous?
M. Cusano: Une erreur de 18 000 000 $.
M. Fréchette: Écoutez, je vous
réitère que le discours sur le budget a été
prononcé hier soir. Au moment où il a été
prononcé, le ministre des Finances était au fait de la
dernière décision qui avait été prise quant aux
crédits prévus pour l'inspection et il en a tenu compte dans ses
énoncés budgétaires.
M. Cusano: Ah bon! Alors, vous avez communiqué avec lui et
vous lui avez dit qu'il y avait eu une erreur.
M. Fréchette: Oui, M. le Président.
M. Cusano: Quand avez-vous communiqué avec lui?
M. Fréchette: C'est lui qui a communiqué avec
moi.
M. Cusano: Ah bon!
M. Fréchette: II y a environ une semaine.
M. Cusano: Alors, il était au courant. Quelle a
été sa réaction?
M. Fréchette: Pardon?
M. Cusano: Quelle a été sa réaction?
M. Fréchette: II était très heureux de la
décision.
M. Cusano: Était-il heureux du fait qu'il se tromperait de
18 000 000 $?
M. Fréchette: II faudrait peut-être lui poser la
question. J'ai eu une conversation avec lui et, ensemble, on a discuté
de cette situation. Maintenant, était-il heureux, malheureux? Cela, il
faudrait sans doute le lui demander.
M. Cusano: Mais il n'y avait aucune stratégie de votre
part dans le sens de prétendre que votre budget serait
inférieur?
M. Fréchette: M. le Président, je ne sais pas si
c'est là le genre de question qui ferait qu'on éclaircirait la
nature de l'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
M. Cusano: Nous ne sommes pas arrivés là
encore.
M. Pagé: On a besoin de quatre à cinq jours. Pas
plus.
M. Fréchette: Combien?
M. Pagé: Quatre à cinq jours, pas plus.
M. Fréchette: Cinq jours. Si c'était une dizaine de
jours...
M. Pagé: On vous le dit avant pour que vous ne vous
plaigniez pas après.
M. Fréchette: ...dont vous aviez besoin, on pourrait
considérer cela aussi sérieusement...
M. Pagé: Ne soyez pas arrogant; cinq jours, seulement
cela.
M. Fréchette: ...tout le temps dont vous avez besoin. Je
m'excuse, j'ai perdu le fil de la question du député de Viau.
M. Rocheleau: C'est cela qu'on voulait.
M. Fréchette: Oui, je sais que c'est ce que vous vouliez.
D'ailleurs, le député de
Hull est un spécialiste en cette matière. Je comprends
pourquoi il est là ce matin.
M. Rocheleau: Vous avez de la difficulté à suivre
le fil.
M. Fréchette: Quand vous êtes là, c'est
toujours comme cela pour tout le monde.
M. Cusano: La question que je me pose sincèrement,
lorsqu'on parle d'administration et de saine administration...
M. Fréchette: Oui.
(10 h 30)
M. Cusano: ...c'est qu'il y a quelqu'un ici qui a
été induit en erreur. Il se peut que ce soit vous, parce que vous
avez dit que la décision a été prise auparavant. Vous
l'avez rectifiée. Vous dites que vous en avez parlé au ministre
des Finances. Il en a pris note et il a peut-être été
choqué de la situation. Mais il demeure que ce qui apparaissait au
budget, hier soir, c'est le même montant que vous aviez prévu
auparavant. Il y a une question que je me pose. Est-ce qu'il y a eu une
stratégie de votre part pour vous assurer que votre budget soit
inférieur à ce qu'il devrait être?
M. Fréchette: M. le Président, j'ai deux
commentaires à faire relativement à la question du
député de Viau. Il y a, dit-il, quelqu'un qui a été
induit en erreur ou quelqu'un qui voulait induire quelqu'un en erreur.
M. Cusano: Je pose la question.
M. Fréchette: Oui.
M. Cusano: Je ne suis pas dans vos bureaux, je ne sais pas ce qui
s'y passe. C'est pour cette raison que nous sommes ici, pour demander des
précisions.
M. Fréchette: Ce que je vous dis, M. le Président,
c'est qu'au moment où on a procédé à l'impression
de la documentation que l'on a tous devant nous il n'y avait absolument aucune
espèce d'erreur de la part de qui que ce soit, parce qu'à ce
moment-là la décision, c'était que le gouvernement
n'allait plus financer l'inspection. Est-ce qu'on devait, parce que des
documents étaient déjà imprimés, parce qu'on y
retrouvait un certain nombre de chiffres, ne pas continuer de plaider pour que
le gouvernement continue d'assumer l'inspection? Je ne vois pas, jusqu'ici,
où pourrait être l'erreur dans le sens que semble vouloir le
soulever le député de Viau.
La décision a été entérinée
après l'impression de la documentation en question. Il y aurait
quelqu'un qui aurait été induit en erreur si, hier, lorsqu'on a
entamé l'étude des crédits du ministère, je n'avais
pas informé la commission qu'effectivement la décision avait
été revue et qu'on revenait au statu quo ante. Là, il y
aurait eu erreur et erreur délibérée si cette
décision n'avait pas été transmise à l'ensemble des
membres de la commission. M. le Président, je ne vois pas comment on
peut autrement interpréter la situation qu'on est en train de
discuter.
M. Cusano: Un seul commentaire à ce sujet, M. le
Président. On sait que les différents ministères sont
d'excellents communicateurs, par voie de communiqués de presse. À
ma connaissance, je n'ai vu aucun communiqué de presse de votre part
indiquant cette correction.
M. Fréchette: Non, vous avez absolument raison.
M. Cusano: Ah bon!
M. Fréchette: Parce qu'il nous est apparu important, M. le
Président - puisque le député de Viau insiste
là-dessus - avant de lancer cette information dans le public, d'en
informer d'abord le conseil d'administration de la CSST et,
deuxièmement, les membres de la commission parlementaire du travail.
M. Cusano: C'est très gentil. Est-ce que vous avez
l'intention d'émettre un communiqué de presse pour que la
population en prenne connaissance?
M. Fréchette: C'est déjà connu, me
semble-t-il, M. le Président. Il y a des journaux qui en font
état ce matin. Le journal des Débats est là. On verra en
temps et lieu s'il y a nécessité de faire ce que suggère
le député de Viau.
M. Cusano: Merci.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Viau?
M. Cusano: Non, pas du tout.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Viau.
M. Cusano: À des questions posées au cours des deux
dernières semaines, le ministre nous a répondu, en Chambre, par
un document écrit. J'aimerais citer quelques-unes de ses
présumées paroles, Dans ce document, vous dites: "En ce qui
regarde les déficits, pour l'année 1977, M. le Président,
l'excédent des revenus était de 1 023 000 $. Pour l'année
1978, M. le Président, l'excédent des revenus était de 1
527 000 $." Je continue, ce sont vos paroles. "M. le Président, en 1979,
encore un excédent de revenus de l'ordre de 18 546 000$ et, en 1980,
c'était, cette fois, de 43 845 000 $. En 1981, un autre excédent
de revenus de 18 248 000 $. C'est bien cela, M. le ministre, c'étaient
vos paroles?
M. Fréchette: C'est cela.
M. Cusano: Je ne sais pas si le ministre a en main le rapport
annuel 1981 de la CSST. Je lui demanderais de se référer au bas
de la page 36.
M. Fréchette: 1981.
M. Cusano: Je lui demanderais de lire le chiffre qui est
indiqué au bas de la page, à la colonne 1981.
M. Fréchette: Le dernier chiffre de tout.
M. Cusano: Oui, le dernier chiffre en bas.
M. Fréchette: 10 944...
M. Cusano: C'est quoi, cela?
M. Fréchette: Voulez-vous, on va vous expliquer tout le
système de financement et le déficit? Je pense que ce serait
important et là, on pourrait se comprendre tout le monde.
M. Cusano: Combien de temps cela va-t-il prendre?
M. Fréchette: M. le Président, je comprends
également la procédure qui doit être utilisée dans
ces circonstances. Je vais effectivement demander, si vous le permettez, au
président-directeur général de la commission de donner les
explications à la question posée par le député de
Viau.
Je pense que c'est bien important de comprendre le système de
financement de la commission et, après cela, on pourra discuter, je
pense, beaucoup plus facilement. En décembre 1973, l'honorable
Castonguay, qui était ministre des Affaires sociales et responsable de
la Régie des rentes, à la fin de la session en décembre,
sans que la Commission des accidents du travail du temps soit avisée, a
présenté un projet de loi pour indexer les rentes. Ces rentes
indexées rétroactivement au 1er janvier 1970 ont
été versées en 1974 par la commission, ce qui a
créé un déficit, à ce moment, de 54 900 000 $. Ce
déficit a été réparti sur cinq ans.
En 1980, M. le député de Viau, ce déficit
était effacé. Il a été absorbé sur la
période de cinq ans, tel que prévu. Comme on indexait pour
l'avenir en 1974, on a découvert également qu'on créait un
déficit actuariel de 304 000 000 $ qui a été
réparti sur 30 ans, jusqu'en l'an 2005 à raison de 28 900 000 $
par année. D'accord? Tout cela à cause de la loi Castonguay,
adoptée en surprise en décembre 1973 sans que la commission ait
été consultée, dans le temps.
La commission a alors demandé à M. Jean-Louis Gauvin,
actuaire du bureau de Pouliot et Guérard, de préparer un plan de
financement, un mode de financement de la commission qui a été
instauré le 1er janvier 1976 où nous capitalisons à 100%
les coûts d'accidents, l'indexation et l'inflation. Je vous rappelle
qu'en 1977 nous étions capitalisés à 60,9% et qu'en 1983
nous sommes capitalisés à 75%. Donc, vous voyez que nous nous
acheminions vers les 100%.
De là, nous avons étudié ce qui se passait
ailleurs, et cela est bien important. Nous avons rencontré les experts
du BIT, du Bureau international du travail dans le domaine des avantages
sociaux, qui est plus particulièrement notre domaine, et qu'ils nous ont
dit: À cause de la situation économique, à cause de
l'inflation dans les pays industrialisés, on ne recommande plus que ce
soit capitalisé ou "fundé", expression qu'on emploie souvent,
pour plus de cinq ans. Nous avons rencontré les spécialistes
allemands qui, eux, dans leurs législations, ont trois ans et disent
qu'ils capitalisent pour un an. En Ontario, au moment où je vous parle,
on est capitalisé à 56% avec un déficit actuariel de 1 500
000 000 $. La différence entre l'Ontario et le Québec - et vous
voyez qu'ils sont beaucoup moins capitalisés - c'est que l'Ontario aura
un déficit, en 1982, de plusieurs centaines de millions. Une des raisons
principales, c'est qu'ils n'indexent pas la cotisation. Je m'explique. Au mois
de décembre 1982, le ministre du Travail de l'Ontario a
déposé une loi pour hausser le plafond de 22 200 $ à 24
200 $ et a indexé les rentes rétroactivement au 1er juillet 1982,
ce qui a créé un déficit de 220 000 000 $ non
cotisé en Ontario. Tout le monde nous dit maintenant, du
côté des employeurs: Les taux sont plus élevés qu'en
Ontario. Il faudrait regarder cela. Depuis deux ans et demi, nous travaillons
sur le mode de financement. Quand on parle de déficit, vous savez qu'en
1982 nous avons déposé à la Caisse de dépôt
242 000 000 $ pour garantir vos rentes à venir. Vous voyez qu'il n'y a
pas un gros problème.
Le 28 avril, j'ai fait une conférence de presse, avec l'accord du
conseil d'administration, justement pour éviter que des documents ne
sortent et ne coulent de partout. J'ai rendu publique la nouvelle proposition
du mode de financement que nous allons étudier au conseil, soit le 19
mai ou à la session de juin. Je ne peux pas garantir comment le conseil
procédera. Je sais bien comment il procède, mais je ne peux pas
garantir s'il adoptera le nouveau mode à la session de mai ou à
la session de juin. Ce nouveau mode prévoit que, pour une période
de cinq ans, au lieu de capitaliser à 100%, nous capitaliserons à
90% et nous reviendrons à 100% à raison de 2% par année,
ce qui permettrait aux employeurs, pendant cette période de dix ans, de
cotiser un minimum de 450 000 000 $ de moins, ce qui ferait que le taux
passerait de 2,05 $ à 1,88 $ ou 1,89 $. C'est à l'étude
chez nous et cela prévoit que, en l'an 2008, à titre d'exemple,
le taux serait de 1,77 $ et que nous serions capitalisés, à ce
moment-là, à 70,7%, alors que nous l'étions à 61%
ou 60,9%, en 1977.
Donc, il n'y a aucun problème. Si vous voulez les calculs
jusqu'en l'an 2032, je peux vous les donner. Ils sont tous faits. C'est un
document qui a été distribué aux membres du conseil et
qu'il nous fera plaisir de rendre public une fois que le conseil aura pris sa
décision. C'est là le mode de financement.
Quand vous arrivez au déficit, il y a eu un déficit, en
1982, et un déficit prévisible en 1983. Mais, en 1982, il faut
soustraire au déficit de 57 000 000 $ les 18 000 000 $ en surplus des
exercices précédents. Il tombe donc à 39 000 000 $. C'est
le déficit que nous avons à la commission au 31 décembre
1982. À quoi est-il dû? Il n'est pas dû du tout à de
la mauvaise administration, mais au fait que nous avons surestimé la
masse salariale et que nous avons reçu en cotisations 89 000 000 $ de
moins que prévu. Je vous signale, en passant, que l'Ontario s'est
trompé, lui aussi, de 2 500 000 000 $ sur l'estimation de sa masse
salariale. La crise a été plus sévère
dans le domaine de la construction, des mines et de la forêt
où il y a des taux élevés de cotisation.
On fait les taux de 1984 au moment où on se parle. Nous les
soumettrons à la séance de juin pour annoncer à tous les
employeurs, le 1er juillet, les taux de 1984. Vous voyez qu'on les fait
longtemps à l'avance. Je pense qu'on a pris de nouvelles méthodes
de calcul de la masse salariale qui feront qu'on n'aura pas cette erreur
à l'avenir. Si nous n'avions pas eu cette surestimation de 89 000 000 $
de revenus, nous aurions donc eu un surplus de 32 000 000 $.
Voilà l'explication du déficit. Ce n'est pas plus
compliqué que cela, M. le député de Viau, et on n'a pas
à chercher midi à quatorze heures. C'est tout simplement cela.
Tout le monde au conseil d'administration sait cela. Les gens ont adopté
les états financiers de 1982 en pleine connaissance de cause. Si vous
avez d'autres questions sur ce point, il nous fera plaisir d'y répondre.
(10 h 45)
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Viau.
M. Cusano: M. le Président, je voudrais revenir sur le
montant. M. Sauvé veut nous donner toutes sortes de chiffres et je n'ai
pas eu l'opportunité de calculer tout cela. Je sais que lui les
connaît très bien. Il ne s'en souvient même pas. Sur ce
montant qui apparaît, est-ce qu'on pourrait me donner des
spécifications un peu plus claires? En 1981, c'était bien un
déficit ou y a-t-il eu une erreur d'impression? C'est bien 10 944 000
$?
M. Fréchette: En 1981...
M. Cusano: Excusez! Le ministre a déclaré, en
Chambre, en 1981 - c'est souligné dans sa réponse - un
excédent de 18 000 000 $.
M. Pagé: Qui dit vrai?
M. Cusano: Où est la vérité dans tout
cela?
M. Fréchette: C'est l'excédent accumulé.
Regardez à la page 35. La politique, à la commission, est de
répartir les surplus ou les déficits sur trois ans. Alors, il n'a
pas trompé la Chambre. Voyez, quand on a commencé l'année
1981, nous avions un surplus de 29 192 000 $; il y a eu un excédent de
dépenses pendant la même période de 10 949 000 $. Donc,
à la fin de la période de 1981, il y avait un surplus de 18 248
000 $.
M. Pagé: II a pris les bouts qui faisaient son
affaire.
M. Fréchette: Non, mais ce qui est important, c'est la
réalité. Ce n'est pas de faire de la politicaillerie. C'est cela,
la réalité.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Si M. le président de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail veut porter un jugement
politique...
M. Fréchette: Je n'ai pas porté un jugement sur
vous. Ce que j'ai dit, M. le député...
M. Pagé: ...sur les commentaires et les questions qu'on
formule ici... Je m'excuse, M. le Président, c'est moi qui ai la parole,
avec tout le respect et toute la déférence que j'ai pour
l'honorable juge. Il apparaît clairement au rapport annuel que le
déficit de fonctionnement pour l'année est de 10 000 000 $. Or,
le ministre a cru opportun de partir des formules ou de l'agencement
administratif savamment exposés par le juge pour en arriver à 18
000 000 $. On prend acte et on vous remercie.
M. Fréchette: Je m'excuse, mais ce n'est pas très
juste. Je viens de vous expliquer que nous procédons toujours, pour les
surplus et les décifits à la commission, sur une période
de trois ans. À la fin de la période de 1981, avec tout le
respect que je vous dois, ce sont 18 248 000 $ qui étaient le surplus.
Voilà.
M. Pagé: Dont un déficit de 10 000 000 $ pour
l'année.
M. Fréchette: Monsieur, on a commencé avec 29 000
000 $; je vous dis que le surplus et l'excédent à la fin de
l'année... Quand vous payez des comptes ou que vous allez à la
banque, je pense que ce qui est important, c'est de savoir ce que vous
avez.
M. Pagé: Savoir ce que l'on doit aussi.
M. Fréchette: Oui. Alors, on ne doit rien au 31
décembre 1981; on a un surplus de 18 248 000 $.
M. Pagé: Mais un déficit pour l'année de 10
000 000 $.
M. Fréchette: Voilà.
M. Pagé: Vous le confirmez.
M. Fréchette: Certainement, pas de problème.
M. Pagé: C'est cela qu'il voulait savoir.
M. Fréchette: Ce sont des états financiers publics,
vérifiés par le Vérificateur général. Tout
le monde sait cela.
M. Pagé: On le sait aussi. M. Fréchette:
Bon, voilà.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Viau, avez-vous terminé? Il y a votre
collègue de Sainte-Anne qui attend toujours pour poser des
questions.
M. Cusano: Je peux peut-être passer et revenir
après.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, M. le Président. Je n'ai pas beaucoup de
questions. Le ministre a dit, ce matin, que le seul député qui
avait posé des questions sur le fond de l'affaire, c'était M.
Untel ou Mme Unetelle. Il n'a pas mentionné mon nom, parce que je n'ai
même pas eu de questions. Ma question est la suivante. Hier, on a
parlé de la possibilité de transformer la CSST en une
société d'État. Je ne veux pas commencer une bataille
personnelle avec le président, M. Sauvé. Quelqu'un m'a dit, la
semaine dernière, à Montréal, qu'il contribue beaucoup
à la CSST, qu'il se plaint des taux, etc. Il a dit: M. Sauvé a
perdu le contrôle d'un monstre qu'il a lui-même créé.
Je ne sais pas, c'est une opinion; quelqu'un m'a dit cela. Mais est-ce que le
fait de vouloir transformer la CSST en société d'État,
c'est admettre que le système actuel a failli? Si j'ai raison, est-ce
que l'initiative de ce changement est venue de la part de M. Sauvé qui
est venu chez vous, M. le ministre, pour dire: S'il vous plaît, aidez-moi
parce qu'on a créé un monstre et j'ai perdu le contrôle de
mon monstre: s'il vous plaît, prenez-le en charge? Quelle est
l'explication du fait qu'on est en train non seulement d'étudier pour
que cela devienne une société d'État, mais que vous ayez
même reçu des rapports? Vous êtes allé pas mal loin
dans cette étude. Donc, ma question est double: Pourriez-vous nous dire
qui a pris l'initiative de cette fameuse possibilité de changement et
est-ce que l'on admet à ce moment-là que le système actuel
est une faillite?
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, je croyais qu'on
avait fait le tour de la question soulevée, hier, par le
député de Sainte-Anne, mais je n'ai pas d'objection à
revenir sur le sujet et à pousser la discussion plus loin à cet
égard. Je ne sais pas si j'interprète mal la question du
député de Sainte-Anne, mais de la façon dont il me la
pose, par la voie de la présomption, j'arrive à la conclusion
que, quant à lui, ce serait une décision déjà
arrêtée et déterminée. J'ai insisté hier, M.
le Président, sur le fait qu'à cet égard il n'y avait,
aucune espèce de façon au moment où on se parle, de
décision finale, de décision arrêtée par rapport au
changement possible de la vocation de la commission. Ce que j'ai ajouté
dans mes remarques d'hier, c'est que ce possible changement de vocation a
été discuté à travers plusieurs instances. Il a
été discuté à l'intérieur même de la
commission et il a été discuté avec des intervenants de
l'extérieur. On a procédé à l'évaluation du
dossier et on a remis au ministre du Travail et au gouvernement le dossier dans
l'état où il se trouve.
Je vous signalerai, sans aller dans les détails, que des
spécialistes du domaine, qui évaluent cela, arrivent à la
conclusion qu'il nous faut continuer avec le système qui prévaut
actuellement, alors que d'autres, pour des motifs valables - les premiers ont
aussi des motifs valables - proposent que cette nouvelle vocation devrait
être dévolue à la commission. C'est le stade où nous
en sommes. Je réitère au député de Sainte-Anne ce
que j'ai dit hier: II n'y a aucune décision politique
arrêtée à cet égard, au moment où on se
parle. Il faudra le faire éventuellement, mais le cheminement n'est pas
complété et il n'y a surtout pas de décision de prise.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Vraiment, je n'ai pas eu une réponse à ma
question. Il a dit: Je vais réitérer ce que je vous avais dit
hier. J'ai demandé: Si l'affaire va bien à la CSST, pourquoi la
nécessité d'étudier une toute nouvelle formule? Je vous ai
demandé si M. Sauvé était allé chez vous pour dire:
Voici, il faut qu'on utilise une autre formule parce que c'est la faillite pour
moi, cela ne fonctionne pas, c'est un désastre chez nous.
Peut-être a-t-il utilisé des termes un peu plus polis et moins
inculpants que ceux-là, mais, en somme, c'est ce que cela voulait
dire.
M. Fréchette: Non, non. Quand on connaît le
député de Sainte-Anne on sait... M. le Président, le
député de Sainte-Anne semble vouloir porter un jugement sur le
fait que, s'il y avait effectivement ce changement de vocation dont on parle,
ce serait l'équivalent d'un aveu, d'une admission que le système
actuel ne fonctionne pas bien. Mais pourquoi ne serait-ce pas aussi la
constatation du fait que le système va bien,
mais qu'il y a peut-être moyen d'en améliorer le
fonctionnement?
Vous savez, ce n'est pas parce qu'un organisme ne fonctionnerait pas
bien qu'il ne faudrait pas songer à améliorer le système,
si cela pouvait être une décision qui l'améliorerait. Cela
n'est pas que cela va mal ou bien qu'on peut songer à améliorer
une situation. C'était, d'ailleurs, l'opinion de M. Francoeur dans le
Devoir de vendredi dernier. Il constatait que c'est effectivement un organisme
considérable, qui a une grande juridiction, qui est
régionalisé à travers tout le Québec et pour lequel
il fallait consacrer beaucoup d'énergie de toutes sortes de
façons. S'il y a moyen d'en améliorer le fonctionnement, tant
mieux. Maintenant, est-ce le moyen approprié pour y arriver? Cela reste,
encore une fois, M. le Président, à évaluer et, à
cet égard, une décision politique doit être prise.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Anne, avez-vous terminé?
M. Polak: Oui, le député de Viau m'a permis de
prendre la parole. C'était son droit de parole. Il m'a donc
prêté un peu de son temps. Donc, si je peux, M. le
Président, avec votre permission, je transfère tout de suite le
droit de parole au député de Viau.
Le Président (M. Vallières): C'est-à-dire
que, suivant votre intervention, j'ai reconnu le député de
Sainte-Marie et, par la suite, le député de Hull.
M. Polak: Excusez-moi. Vraiment, je ne voulais pas rendre une
faveur au député de Sainte-Marie. Je n'ai rien contre lui
personnellement, mais je l'aurais fait si cela avait été le
député de Viau. Mais, dans ce cas-là, je veux seulement
poser deux petites questions additionnelles.
M. Bisaillon: Parce que c'est moi, il va poser deux petites
questions.
M. Polak: Non, non, je n'ai pas de faveur à vous
rendre.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Bon, merci. Vous avez dit tout à l'heure, M.
Sauvé, que vous avez cette année sous-estimé la masse
salariale, tout de même pour un montant assez substantiel. En même
temps, vous nous avez donné vos projections jusqu'à
l'année 2030. Comment puis-je me fier à vos chiffres -vous avez
dit: Je peux même aller à l'année 2030 - quand cette
année, pas vous, la commission a fait une erreur capitale? C'est bien
beau de dire qu'en Ontario il y a eu des erreurs aussi. Tout le monde fait des
erreurs et j'admets que c'est bien possible qu'on sous-estime quelque chose.
Mais comment puis-je me fier aux chiffres de l'année 2030? Moi, je ne me
fie pas à cela du tout. Je commence à devenir nerveux, à
titre d'hommes d'affaires, à la suite de vos réponses.
M. Fréchette: Vous n'avez pas à être nerveux,
parce que, si cela allait mal, on ne baisserait pas les taux de cotisation.
Donc, il n'y a pas de problème de ce côté-là. Au
contraire, on va baisser les taux de cotisation de façon substantielle,
alors qu'ailleurs on les hausse. Ce qui est arrivé, c'est que les
actuaires avaient certaines façons de calculer tous leurs pourcentages,
mais quand ils ont établi leurs façons en 1975, l'inflation et la
crise économique qu'on a connues, n'étaient pas
prévisibles. Les méthodes de calcul n'ont pas été
changées en 1982 et en 1983. Les actuaires ont revérifié
toutes leurs analyses pour en arriver à ce que je vous dis. C'est pour
cela qu'on prévoit qu'en 1983 il est possible qu'on ait un
déficit, mais ce n'est pas assuré. Ils ont
réévalué la masse salariale, ils ont
réévalué la main-d'oeuvre, ils ont
réévalué les coûts d'accidents. Alors, c'est tout
à fait normal. On voit que cela a été
généralisé, parce que, dans les autres commissions au
Canada, cela a été le même phénomène. Les
gens n'avaient pas travaillé à l'actualisation des coûts en
prévoyant une crise aussi forte et un taux d'inflation aussi fort. C'est
aussi simple que cela.
M. Polak: Oui, mais la crise ne date pas de deux ou trois
semaines. Cela dure depuis pas mal de temps déjà.
M. Fréchette: Le taux, M. le député...
M. Polak: Depuis que le gouvernement péquiste est au
pouvoir, on subit cette crise-là, partiellement.
M. Fréchette: Je ne veux pas me mêler de politique,
mais ce que je sais, c'est qu'au contraire le fonds à la commission est
passé, en 1977, de 60,9% à 75%. Donc, on l'a sensiblement
amélioré. Et on a déposé près de 1 000 000
000 $ à la Caisse de dépôt pendant cette même
période. Nous avons un actif à la Caisse de dépôt de
1 649 000 000 $. Il n'y a de crainte pour personne.
M. Polak: Quand vous dites que le taux sera, en l'an 2003, de 1 $
- je ne sais pas, j'oublie le montant exact - j'ai le droit de dire que c'est
une estimation. Vous ne pouvez pas donner de garanties?
M. Fréchette: Oui, c'est en dollars constants. C'est cela,
le problème. J'espère
que les dirigeants de la commission, dans dix ans, regarderont à
nouveau le système de capitalisation. Mais si pour les dix prochaines
années, le taux se maintient entre 1,70 $ et 1,90 $, je pense que ce
n'est pas de la mauvaise administration. Au contraire, les
bénéfices demeurent les mêmes et seront probablement
améliorés. Je ne vois pas où est le problème.
M. Polak: La question n'est pas de savoir s'il y a un
problème ou non, mais vous faites des déclarations telles que:
Voici ce qui arrivera en l'an 2003 et je peux même vous donner les
chiffres de l'an 2030. Personnellement, je doute sérieusement de la
validité de telles déclarations. Pour moi, ce sont des
estimations, comme vos estimations de masse salariale; mais cela n'a pas
marché.
M. Fréchette: En tout cas, j'aime autant me fier à
un actuaire qu'à moi-même pour ces calculs-là. On a
consulté des actuaires à ce sujet et c'est ce qu'ils nous ont
dit. Alors, je pense qu'à un moment donné, quand on prend des
décisions, il faut se fier à quelqu'un.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Anne, vous avez terminé?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Bon. M. le Président, j'attends, quant
à moi, les réponses aux questions que j'ai posées hier au
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. J'aurais, cependant, à la suite de la
première réponse que j'ai obtenue sur le personnel de la CSST,
une autre question sur le taux d'encadrement. Dans le taux d'encadrement, je
voudrais que vous incluiez tous les cadres, y compris du plus bas niveau
jusqu'au sommet. Quel est le taux d'encadrement actuel à la CSST? (11
heures)
M. Fréchette: Nous avons en place 140 cadres de niveau
administrateur V et plus.
M. Bisaillon: Donc, des cadres supérieurs.
M. Fréchette: Des cadres supérieurs. Quant aux
agents de maîtrise, il y en a 89. C'est tout.
M. Bisaillon: Cela fait 229? M. Fréchette: 221
pour...
M. Bisaillon: 140 plus 89, par la méthode
Cuisenaire...
M. Fréchette: Oh oui! Excusez-moi. Oui, oui. C'est parce
que je regardais les postes vacants. D'accord. Cela fait, sur l'objectif que je
vous ai donné hier, 2500.
M. Bisaillon: Dans les 2500, 300 personnes ne dépendent
pas de la commission.
M. Fréchette: Oui, mais il y a des cadres
là-dedans. Cependant, je les compte.
M. Bisaillon: II y a des cadres sur les 300? Cela fait un taux
qui approche 10%.
M. Fréchette: Non. C'est à peu près le
même taux que le gouvernement, de façon générale, au
niveau supérieur.
M. Bisaillon: Comme on a déjà
déterminé que le taux d'encadrement au niveau gouvernemental
était un peu élevé et que vous me dites que c'est
sensiblement la même chose qu'au niveau du gouvernement, la CSST a-t-elle
un programme pour viser à diminuer son taux d'encadrement?
M. Fréchette: Oui.
M. Bisaillon: De quelle façon allez-vous procéder
et dans quel délai?
M. Fréchette: Par exemple, nous étudions
présentement la question de l'inspection et de la prévention dans
toutes nos régions où il y a des cadres. Vous avez besoin d'un
inspecteur en chef. Vous avez besoin d'un chef de la prévention. Comme
les systèmes seront en place en bonne partie d'ici la fin de 1984, il y
aura sûrement une diminution de cadres. On prévoit la diminution
d'une vingtaine de cadres supérieurs d'ici la fin de 1984.
M. Bisaillon: Mais cela ne se fera pas seulement par le
phénomène d'attrition.
M. Fréchette: Non.
M. Bisaillon: Par une intervention directe?
M. Fréchette: C'est exact. Je peux maintenant
répondre à votre question quant au droit de refus. Vous m'en avez
parlé hier. J'ai pris note de vos questions. J'essaie d'y
répondre comme vous les avez posées. Le droit de refus... En
1981, il y avait eu l'intervention des inspecteurs dans 229 cas; 94
étaient justifiés; 134 étaient non justifiés et un
était en suspens, pour une proportion de 41% justifiés, 59% non
justifiés. On se maintenait à peu près dans cette
proportion. En 1982 - je vous rappelle que c'était 229 en 1981 - il y en
a eu 233. Donc, c'est à peu près stable, comme vous le voyez. Il
y a
eu, à ce moment-là... Pourquoi cela a-t-il augmenté
un peu? Souvenez-vous qu'il y a eu les gardiens de prison qui ont fait
plusieurs droits de refus dans plusieurs prisons provinciales et
également les gens du ministère des Transports, sur la route, qui
voulaient avoir le permis de port d'arme. La décision de l'inspecteur a
été de refuser, mais ce furent des recours individuels qui ont
donc été retenus, ce qui fait que la proportion des cas non
justifiés a augmenté en 1982. Les cas justifiés sont de 71
et les cas non justifiés de 141.
M. Bisaillon: Mais l'augmentation des refus, si je comprends
bien, correspond à l'explication que vous m'avez donnée.
M. Fréchette: C'est exact. Elle est minime, comme vous
voyez. Cela veut dire que, s'il n'y avait pas eu cet exercice individuel sur la
route - les petites voitures jaunes - et les gardiens de prison à
Orsainville, à Bordeaux, etc., je pense qu'on aurait eu moins
d'exercices de droit de refus.
M. Bisaillon: Et un plus haut taux de refus justifiés.
M. Fréchette: C'est exact. Nos prévisions sont
d'environ 50-50. Vous voyez que, la première année, cela a
été 41-59. Cela va varier, à notre point de vue, entre 45
et 65.
M. Bisaillon: Vous m'avez donné les années 1981 et
1982. Est-ce que c'était... Je n'ai pas besoin des chiffres, mais
seulement...
M. Fréchette: Oui. Cela a commencé le 1er janvier
1981.
M. Bisaillon: Donc, il n'y avait pas d'expérience de ce
type-là avant.
M. Fréchette: C'est exact et tout le monde pensait que ce
serait terrible. Vous voyez que cela ne l'est pas.
M. Bisaillon: La même clause existe en Ontario. Y a-t-il
des comparaisons possibles?
M. Fréchette: C'est-à-dire qu'en Ontario, ce n'est
pas tout à fait la même chose. Il y a un exercice de droit de
refus, mais cela se compare difficilement. C'est difficile de se comparer parce
que certains secteurs ne sont pas couverts en Ontario.
M. Bisaillon: Et qui le sont ici.
M. Fréchette: Et qui le sont ici. Ici, tout le monde est
couvert.
M. Bisaillon: Maintenant, dans les cas qui étaient
justifiés, les 41% en 1981 et à peu près le pourcentage
équivalent en 1982, est-ce que vous avez les secteurs d'activité
où c'était...
M. Fréchette: II faut retourner à 1982. Je les ai
tous par nom de compagnie, je cherche le tableau qui fait le
résumé. Je les ai par région également. Je ne
trouve pas mon tableau pour les secteurs, mais je pourrais vous le donner
tantôt. Voilà, j'en ai un pour le mois d'avril, en tout cas. Ah
non! Je vais vous le donner tantôt, je vais le trouver. Voilà,
pour le droit de refus. C'était une des questions que vous posiez.
M. Bisaillon: Tout en cherchant les renseignements sur les
secteurs d'activité, est-ce que vous pourriez aussi me renseigner sur
les interventions qui ont été occasionnées par ces refus
de travailler? Autrement dit, il y a eu enquête par un inspecteur. Il y a
eu un jugement de porté. Est-ce que vous pouvez me donner des
statistiques sur les correctifs qui ont été apportés,
à partir du moment où il y avait des cas de refus?
M. Fréchette: II faudrait que je regarde toute les
interventions qui sont faites. Là, cela devient plus
sophistiqué.
M. Bisaillon: Vous n'avez pas de pourcentage global pour dire que
les correctifs suggérés ont été appliqués,
par exemple.
M. Fréchette: Ils l'ont été parce que, quand
cela a été justifié, c'est appliqué
immédiatement. Vous savez que l'inspecteur doit intervenir dans les six
heures.
M. Bisaillon: Oui, c'est appliqué immédiatement,
mais est-ce qu'il n'y aurait pas des cas où cela revient, où cela
recommence le lendemain ou la semaine suivante?
M. Fréchette: Dans l'exercice du droit de refus, c'est
extrêmement rare. Je vais vous donner des exemples, si vous voulez. Les
mécaniciens d'entretien refusent de faire du temps
supplémentaire, alléguant qu'il y a danger pour leur santé
à s'exposer pendant plus de huit heures au bruit produit par les
génératrices. Celui-là a été jugé
justifié. Donc, il a été corrigé
immédiatement. On n'a pas continué à faire du temps
supplémentaire. Je vais essayer de vous en trouver un non
justifié. Deux travailleurs doivent installer un tuyau sous la machine
à papier en marche à une hauteur de dix pieds, ils ont peur des
accidents. Cela n'a pas été déclaré
justifié. Un travailleur refuse de mettre en marche le plan de
retraitement de gaz, du méthanol s'échappe d'un réservoir
et
il craint un incendie. Cela a été justifié et
arrêté tout de suite. C'est pour cela que, quand on demande
l'intervention de l'inspecteur, de façon générale, cela
veut dire que les parties n'ont pas pu s'entendre entre elles.
M. Bisaillon: C'est cela. Cela ne tient pas compte... Dans le
fond, les statistiques que vous avez sur les arrêts ne tiennent pas
compte d'autres arrêts qui auraient pu avoir lieu, mais qui ont
été réglés sur place par l'intervention...
M. Fréchette: Forcément, mais on ne peut pas avoir
ces statistiques non plus. C'est ce qu'on souhaite d'ailleurs, que les parties
se prennent en main. C'est l'esprit de la loi 17. Cela devrait être les
parties qui devraient se prendre en main et l'inspecteur ne devrait venir que
rarement. Il y a de gros secteurs où l'inspecteur ne va presque jamais
pour l'exercice du droit de refus. J'ai, en 1981, le nombre d'interventions
pour le droit de refus: agriculture, 3; sylviculture, 4; industrie
manufacturière, 135; bâtiments et travaux publics, 7; transport,
communications et autres services publics, 26; commerce, 7; l'autre gros
secteur, c'est le secteur socioculturel, commerciale et personnel, c'est dans
le fond tout le secteur hospitalier; centres d'accueil, 23; administration
publique, 6.
M. Bisaillon: En administration publique. Pouvez-vous me donner
des exemples de cela?
M. Fréchette: Oh la-la! Il faut que je cherche dans le
dossier. Oui, cela se trouve, entre autres - de mémoire - au
ministère des Transports, particulièrement au ministère
des Transports dans une région donnée, où la machinerie
était très dangereuse. Vous savez que, l'an dernier,
l'agriculture a été le secteur où il y a eu le plus de
morts par des renversements de tracteurs. Au ministère des Transports,
au service de la voirie, entre autres, il y avait de la machinerie dangereuse
et ils ont cessé de l'utiliser. Il y a eu des enseignants, dans le cas
de la mousse d'urée-formol, dans une ou deux écoles, par les
tests.
En 1982, pour l'industrie manufacturière, vous voyez 123. Tout
à l'heure, je pense que c'était 135; le bâtiment, 16; le
transport et les communications, 16; le commerce, 9; les services
socioculturels, 24; l'administration publique, 39. Et là, il s'agit des
prisons.
M. Bisaillon: Est-ce qu'on doit conclure de cela que
l'administration publique se détériore?
M. Fréchette: Non. Il s'agit de la question du port d'arme
en prison et des gens de la sécurité routière, du
ministère des Transports.
Est-ce que cela va pour les refus?
M. Bisaillon: Oui, cela va.
M. Fréchette: Deuxième chose, vous avez posé
une question sur les coûts sociaux. Je voudrais seulement comprendre
cette question, à savoir si vous demandez si on paie tous les frais
d'hospitalisation; la réponse est oui. Si on paie tous les frais
médicaux, oui, y compris les frais pharmaceutiques et les
orthèses-prothèses. La seule restriction concerne les soins de
chiropraxie que nous ne payons que sur ordonnance médicale.
M. Bisaillon: Donc, tous les coûts sociaux
entraînés par un accident de travail sont imputés à
la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
M. Fréchette: Exactement.
M. Bisaillon: Le paiement des professionnels.
M. Fréchette: Le paiement de tous les professionnels, sauf
les chiropraticiens, sur ordonnance, mais tous les autres sont payés
directement par la commission et la Loi sur les accidents du travail
prévoit que le patient ne peut pas et ne doit pas payer.
M. Bisaillon: Pas plus que l'État?
M. Fréchette: Pas plus que l'État. C'est la
commission.
M. Bisaillon: Donc, le bilan qu'on a, qui est le bilan de la
CSST, inclut au fond ce qui, dans d'autres secteurs, est partagé entre
l'État et d'autres types d'activités.
M. Fréchette: Exact. À la RAAQ, par exemple, les
frais de santé sont assumés par la RAMQ, mais il s'agit d'un
système universel tandis qu'ici c'est un système sectoriel,
partiel, si l'on peut s'exprimer ainsi. Nous couvrons 150 000 employeurs et 170
000 établissements et nous couvrons presque toute la main-d'oeuvre, sauf
les domestiques que nous estimons à 20 000 et les athlètes
professionnels. Tout le reste est couvert, ce qui veut dire environ 2 000 000
de salariés. Les frais entraînés par les maladies
professionnelles ou les accidents sont assumés dans leur entier, chez
nous.
M. Bisaillon: Merci.
Une voix: Ils facturent même le droit...
M. Fréchette: Vous avez parlé du droit
de retour au travail, nous demandant si nous avions des statistiques sur
les gens qui perdaient leur emploi à la suite d'un accident de travail.
Nous n'avons, malheureusement, pas de statistiques, mais, dans le nouveau
projet de loi - et je peux en parler sans dévoiler les secrets du
Conseil des ministres, parce qu'il a été étudié
deux fois au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre et ils ont
fait des commentaires unanimes sur cette politique -nous aurons une politique
de droit de retour au travail bien détaillée qui fera que ce sera
très difficile de congédier quelqu'un qui sera accidenté
à l'avenir.
M. Bisaillon: Les services de recherche à la Commission de
la santé et de la sécurité du travail emploient combien de
personnes et quel est leur budget?
M. Fréchette: Nous n'avons plus de service de recherche
à la commission parce que nous subventionnons maintenant l'institut. En
1983, nous avons donné 7 000 000 $ à l'institut.
M. Bisaillon: À même ces 7 000 000 $, est-ce qu'il y
a eu des recherches particulières pour déterminer, par exemple,
les coûts entraînés pour la société, pour la
Commission de la santé et de la sécurité du travail et
pour l'État, du fait que les employeurs, actuellement, ne reprennent pas
au travail quelqu'un qui a subi un accident de travail? (11 h 15)
M. Fréchette: II faut savoir que, là aussi,
à l'institut, il y a un conseil scientifique et un conseil
d'administration paritaire. Le conseil scientifique détermine la
pertinence des projets de recherche et, après cela, c'est envoyé
à ce qu'on appelle un comité de pairs qui décide de la
qualité du projet. Les projets soumis jusqu'à maintenant touchent
plus la santé et on a demandé aux chercheurs d'aller plus du
côté de la sécurité, non pas d'abandonner la
santé, mais d'aller de ce côté aussi, parce qu'il y a
beaucoup de choses à faire. Mais on n'a pas beaucoup de tradition de
recherche en santé et sécurité du travail au
Québec. C'est la commission qui l'a commencée en 1977 en
créant un fonds de recherche qu'elle a donné à l'institut
en 1980.
Vous avez également parlé des médecins. Il faut
dire qu'à la commission nous avons très peu de médecins.
Nous utilisons des experts externes.
M. Bisaillon: Vous voulez dire que, même si ce ne sont pas
des employés de la CSST, ce sont quand même des
représentants de la CSST?
M. Fréchette: Oui. Ils font des expertises à la
vacation. Le système est ainsi fait que les médecins
spécialistes viennent une demi-journée par semaine, par exemple,
à la direction régionale de Montréal - puisque cela touche
de plus près votre comté - et les travailleurs sont
convoqués par nos services pour l'examen. Le médecin dicte
immédiatement son rapport et on peut donner le résultat le plus
tôt possible.
Auparavant, on attendait parfois jusqu'à trois mois, parce que
les gens allaient consulter un spécialiste et on attendait son
rapport.
M. Bisaillon: Ma question portait surtout sur ce qui arrive au
moment où il y a conflit entre le médecin et
l'accidenté.
M. Fréchette: Cela est arrivé, à notre
connaissance, en tout cas à ma connaissance personnelle, une fois
où il y a eu un conflit et cette personne n'a pas été
redemandée comme... On ne l'a pas redemandée comme expert. Quand
on le sait... Mais c'est vraiment une question d'éthique personnelle. Je
ne peux savoir et personne à la réparation ne peut savoir si le
Dr Bisaillon a examiné tel patient chez lui, à l'hôpital ou
dans son bureau privé pour faire une expertise. Mais, ordinairement, il
faut faire attention parce que les expertises touchent le domaine de
l'orthopédie pour un grand nombre de cas.
M. Bisaillon: M. le Président, je vais préciser ma
question parce que j'ai eu plus d'un cas. Je trouve que, d'une part, cela pose
des problèmes d'ordre professionnel, cela crée des
difficultés au client qui est l'accidenté du travail qui doit
subir des délais souvent indus. J'ai vu des cas où des gens se
sont fait couper leur chèque par la CSST pendant deux ou trois mois,
avant qu'on puisse mettre le doigt sur le bobo qui n'était pas le sien,
mais celui des médecins. Cela crée aussi des coûts
additionnels à la société, il me semble, et en même
temps à l'État.
Les cas que j'ai eus en main étaient des cas où on
demandait des radiographies. Les médecins de la CSST demandaient des
radiographies. Or, les médecins traitants se refusaient à
prescrire la radiographie prétextant, d'une part, que les radiographies
nécessaires avaient déjà été faites, que le
patient était examiné régulièrement et que le
médecin traitant maintenait son verdict et ne pouvait modifier sa
consultation. D'autres fois, on prétendait qu'il y avait un abus de
radiographies et que cela pouvait présenter des dangers pour les
patients. Qu'arrive-t-il dans ces cas?
M. Fréchette: Dans 80% des cas, nous reconnaissons... On
prend une marge de sécurité, mais c'est un minimum de 80%
où
nous acceptons le verdict du médecin traitant.
M. Bisaillon: Au départ?
M. Fréchette: Au départ, pour les
spécialistes. Des gens nous ont réclamé de demander
à un omnipraticien de déclarer si une personne était
amiantosée. On a pensé que cela pouvait être dangereux s'il
dit qu'il ne l'a pas et qu'en fait il l'a; on aime mieux s'assurer les services
d'un spécialiste qui a déjà de la difficulté
à le dire; on prend des garanties pour protéger le travailleur.
Donc 80%.
Il reste moins de cas de contestation. Dernièrement, il y a un
représentant syndical qui m'a appelé pour me dire: Cela n'a pas
de bon sens. Il y a un de vos médecins qui a maltraité un des
membres de ma centrale. Je fais vérifier le dossier et on s'est
aperçu que c'était le médecin traitant qui avait fait
cela. Il n'avait pas été vu par nous. Alors, il faut faire
attention.
Deuxièmement, dans les cas de myélographies, par mesure de
sécurité, les médecins demandent des radiographies. Point
final. Il n'y a pas d'abus et on espère qu'il n'y a pas d'abus.
M. Bisaillon: Mais si le médecin traitant refusait la
radiographie, vous accepteriez son jugement.
M. Fréchette: Dans le cas où le médecin
traitant refuse, ce qu'un médecin de chez nous pourrait contester ou
qu'un expert contesterait plutôt qu'un médecin de chez nous, la
politique est qu'on demande une deuxième expertise.
M. Bisaillon: ...un arbitrage...
M. Fréchette: Non, et on prend...
M. Bisaillon: La notion d'arbitrage n'existe pas.
M. Fréchette: D'habitude, si les deux médecins
acceptent cela, on accepte le verdict du troisième. Sans cela, on ne
finit plus. On a déjà eu des comités de huit, cela n'a pas
de bon sens.
M. Bisaillon: Si je comprends bien, lorsqu'on place des
médecins ensemble, il se passe la même chose que lorsqu'on place
des avocats ensemble.
M. Fréchette: Presque.
Une voix: Et des économistes.
M. Fréchette: Je pense que la dernière question que
vous nous aviez posée, c'était sur les délais minimaux et
maximaux. Je sais que M. Bernier a regardé cela de plus près, je
lui demanderai de vous répondre.
Si j'ai bien compris votre question, vous vouliez savoir quels
étaient les délais de traitement des dossiers entre le moment
où le cas nous était rapporté et le montant où le
travailleur recevait son premier chèque et ensuite,
ultérieurement...
M. Bisaillon: ...obtient satisfaction, c'est cela.
M. Fréchette: C'est cela. Les délais actuels, les
plus récents au cours des trois derniers mois, sont les suivants: cela
peut varier d'une journée ou de deux jours selon les mois. Avant qu'on
puisse ouvrir un dossier, entre la date de l'accident et la date où on
ouvre un dossier, il s'écoule un délai moyen de quinze jours. On
ouvre un dossier avec deux documents principalement, l'un ou l'autre
alternativement, soit l'avis d'accident envoyé par l'employeur, soit le
rapport médical, selon le premier entré. Si le rapport
médical entre en premier, on ouvre un dossier et on fait des
démarches pour aller chercher l'avis de l'employeur. Si l'avis de
l'employeur entre le premier, c'est l'inverse, on essaie d'obtenir le rapport
médical. Ce délai entre l'accident et l'ouverture est de quinze
jours.
M. Bisaillon: En moyenne?
M. Fréchette: En moyenne. Le délai entre
l'ouverture et le premier paiement est aussi, en moyenne, de 18 jours. Le
délai s'explique généralement parce que, comme on ouvre un
dossier avec l'un ou l'autre et qu'on ne peut pas payer sans avoir les deux,
selon le temps nécessaire pour aller chercher l'un ou l'autre rapport,
il faut plus ou moins de temps à payer. Ce qui veut dire que le
délai moyen, le plus récent actuellement, entre l'accident et le
premier paiement est de 33 jours.
M. Bisaillon: Vous me parlez de délai moyen et vous ne me
donnez pas le délai minimal non plus que le délai maximal.
M. Fréchette: Ah! Pour le délai minimal, il est
très rare qu'on reçoit un avis d'accident avant dix jours. Ce
serait exceptionnel qu'on reçoive un avis d'accident avant dix jours. On
peut recevoir un avis d'accident 30 ou 40 jours après l'accident.
M. Bisaillon: Maintenant, lorsque vous parlez de jours, vous
parlez de jours ouvrables ou...
M. Fréchette: Je parle toujours de jours du
calendrier.
M. Bisaillon: Du calendrier?
M. Fréchette: Oui. Pour recevoir le rapport
médical, dans la région de Montréal, le délai est
plus court, selon les cliniques. Avec certaines cliniques, nous avons des
communications électroniques, c'est-à-dire que le rapport
médical entre très rapidement parce que la clinique nous envoie
une bobine qu'on entre dans la machine informatique et on la traite dans des
délais relativement rapides. Dans les cas où c'est par courrier
et selon les cliniques, les délais peuvent être de 25, 30 ou 40
jours. Le minimum est...
M. Bisaillon: ...à 40 jours au maximum..
M. Fréchette: ...de 10 à 40 jours.
M. Bisaillon: Maintenant, je termine avec cette question. Est-ce
qu'il y a eu, depuis les débuts de la CSST, une amélioration dans
les délais? Est-ce que, constamment, des moyens sont pris pour
améliorer ces délais? Si, oui, quels sont ces moyens
utilisés?
M. Fréchette: Des communications ont été
faites avec les employeurs pour les inciter à produire le rapport
d'accident dans les meilleurs délais. Au cours des dernières
années, ces délais ont graduellement diminué. Il y a deux
ans, je pense que le délai moyen de la production de l'avis de
l'employeur était d'environ 23 jours, si ma mémoire est bonne; il
est d'environ 15 jours, de 15 à 18 jours maintenant. Nous avons fait des
expériences avec un certain nombre d'employeurs pour essayer
d'établir des moyens de communication électronique, des
communications de l'information par l'entremise de l'électronique. Je
vous ai donné l'exemple des rapports médicaux entrant dans la
machine informatique par le transfert de rubans plutôt que par l'envoi de
documents écrits. Nous faisons également ces expériences
avec certains gros employeurs. Nous essayons d'établir une liaison
électronique qui ferait qu'on recevrait le rapport d'accident dans les
quelques jours qui ont suivi l'accident. L'autre moyen qui a permis aussi
d'améliorer ou qui continue de nous permettre d'améliorer les
délais, c'est la présence des inspecteurs sur le lieu de
l'accident. Dans un délai obligatoire prévu dans la loi, les
inspecteurs avisent l'employeur qu'il doit déclarer l'accident et
l'employeur est porté à faire parvenir le rapport plus
rapidement. Il y a cependant des délais de poste sur lesquels on n'a
aucun pouvoir. Il y a toujours un certain décalage, au départ, de
quatre ou cinq jours, à cause de la poste.
Il faut dire également que les cinq premiers jours, selon
l'amendement du projet de loi no 5 de 1977, sont payés par l'employeur
et remboursés par la commission. Le projet de loi, devant le CCTM et
maintenant entre les mains du Conseil des ministres, prévoit quatorze
jours. Vous avez vu que les employeurs parlent de cela. Pourquoi parle-t-on de
cinq jours et de quatorze jours? C'est que 40% des accidents nécessitent
des convalescences de cinq jours et moins et 80% des accidents
nécessitent des convalescences de quatorze jours et moins. À ce
moment-là, cela réglerait bien des problèmes de
délai si 80% des accidents de quatorze jours et moins étaient
payés par l'employeur et remboursés par la commission. Je pense
qu'on n'entendrait plus parler beaucoup des problèmes de
délai.
Le Président (M. Vallières): Pour la transcription
du journal des Débats, la dernière personne à s'exprimer
était le président de la CSST. La parole est maintenant au
député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai quelques
questions qui s'adressent au ministre du Travail. Je ne sais pas s'il
précède les prix citron ou s'il les suit, tenant compte du fait
qu'il était ministre du Revenu et qu'il a eu de son collègue, le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens... On lui
a décerné le prix citron au ministère du Revenu. On se
rend compte, avec la CSST, qu'on a un deuxième prix citron, là
aussi. Ce sont des questions relativement importantes pour le citoyen. Je ne
veux pas parler de la CSST, je vais plutôt parler de l'Office de la
construction du Québec, s'il est possible de revenir là-dessus:
C'est un problème tout à fait particulier, M. le ministre.
M. Fréchette: Je m'excuse, je n'ai pas saisi. Quel
problème?
M. Rocheleau: Un problème qui relève davantage de
l'Office de la construction du Québec.
M. Fréchette: On n'est pas rendu à ce programme, M.
le Président.
M. Rocheleau: C'est simplement parce que ce n'est pas dans le
programme, ce n'est pas dans les données...
M. Fréchette: M. le Président, j'ai compris que la
procédure dont on avait convenu...
M. Rocheleau: Écoutez, je ne veux pas dévier
à la procédure.
M. Fréchette: Citron pour citron, je pense qu'on devrait
attendre d'être rendu au programme.
M. Rocheleau: Cela me fera plaisir d'attendre, étant
donné que la CSST a été
relativement épluchée jusqu'à maintenant. Je vais
attendre le programme citron.
Le Président (M. Vallières): Très bien, la
parole est maintenant au député de Portneuf. (11 h 30)
M. Pagé: Merci, M. le Président, je vais tenter
d'être bref, mais vous comprendrez qu'on a une multitude de questions
à poser. J'ai porté à l'attention du ministre, la semaine
dernière - je dois vous dire tout de suite que mes questions s'adressent
à l'honorable président de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail qui répondra sous le libellé
du ministre - lors de questions que j'ai posées à
l'Assemblée, le fait que la masse salariale cotisable au Québec
avait été majorée de 25 000 000 000 $ à 30 000 000
000 $, entre 1979 et 1981; que les cotisations totalisant 481 000 000 $ en 1979
ont grimpé à 664 000 000 $ en 1981; que les frais
d'administration de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, pour la même période, qui
étaient de 44 386 000 $ en 1979 sont montés à 86 000 000 $
en 1981, donc une augmentation assez substantielle, merci. C'est presque une
augmentation de 100%, ou à peu près.
Les frais de déplacement à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail étaient partis
de 1 231 000 $ pour monter à 3 964 000 $ en 1981. Les locations
d'espaces, en 1979, 2 279 000 $, et 6 700 000 $ en 1981; contrats et services
d'informatique: en 1979, 1 842 000 $; 4 250 000 $ en 1981. Et je pourrais
continuer: services contractuels, messagerie, impression, etc. Le ministre nous
répond et je crois qu'il est justifié de nous indiquer que la
nouvelle Loi sur la santé et la sécurité du travail, la
loi 17, prévoit des champs de juridiction additionnels, des
responsabilités nouvelles et des juridictions vraiment étendues,
décentralisation, informatique, etc. On a eu droit, comme d'ailleurs
cela avait été évoqué en commission parlementaire,
à tout un exposé sur une propension envisagée des
coûts.
J'ai compris, M. le Président, que, lorsque le législateur
a adopté la loi 17, le 21 décembre 1979, laquelle a
été mise en application le 1er mars 1980, les
députés de l'Assemblée nationale du Québec, les
intervenants du milieu, avaient souscrit, par l'adoption majoritaire de cette
loi, à des objectifs. Et l'objectif, ce n'était pas,
évidemment, de bâtir une structure, quoique nous, de l'Opposition
officielle, on se soit vu dans l'obligation de voter contre le projet de loi,
parce qu'on a toujours indiqué que c'était une réforme de
structure qui était annoncée par le projet de loi 17 et qu'on
mettait en doute les affirmations suivant lesquelles il y aurait plus de
santé, plus de sécurité, moins d'accidents de travail au
Québec, etc. Vous savez que l'objectif, ce n'était pas,
évidemment, de faire de la Commission des accidents du travail de
l'époque un immense secteur de l'activité paragouvernementale.
Mon collègue de Sainte-Anne a parlé tout à l'heure d'un
monstre administratif. L'objectif n'était pas de faire d'un petit bateau
ou d'un moyen bateau un très gros bateau avec, à la tête,
l'honorable juge Sauvé comme capitaine. L'objectif n'était pas
celui-là, quoi qu'on puisse en dire. L'objectif était, comme je
vous le disais, qu'il y ait moins d'accidentés, qu'on fasse une
meilleure prévention.
J'aimerais demander au président de la Commission des accidents
du travail dans quelle mesure l'objectif établi par le
législateur, au moment de l'adoption de la loi 17 entrée en
vigueur en mars 1980, a été atteint après trois ans. Et
ici, je fais référence à un document interne, un document
de travail de la commission, daté du 6 janvier 1983, du service de la
statistique, direction de l'actuariat et de la statistique, des études
coûts-bénéfices de votre commission, où on constate
les faits suivants: Réclamations présentées en vertu de la
Loi sur les accidents du travail et de la Loi sur l'indemnisation des victimes
d'amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières; en ce qui
concerne le nombre d'accidents par année, on constate, pour la
durée en incapacité temporaire, de 1 à 5 jours
d'incapacité temporaire: les accidents étaient, en 1979, de 74
803 et sont montés, en 1981, à 86 366 - c'est vous qui parlez.
Durée en incapacité temporaire, de 6 à 10 jours: en 1979,
28 973, et en 1981, 33 002. De 11 à 15 jours: de 12 800 à 15 200;
de 16 à 20 jours: de 7 300 à 8 200; de 21 à 30 jours: de 8
800 à 9 700; de 31 à 40 jours: de 5 100 à 5 600; de 41
jours et plus: de 19 600 à 20 076. Ce qui fait de 321 000 à 342
000 en moyenne. Ici, il y a des statistiques sur les réclamations
refusées.
Prenons maintenant, toujours dans ce document, des réclamations
qui ont été présentées, en vertu de la loi, ayant
pour siège de la lésion le dos; la fréquence de 1 à
5 jours: en 1979, 11 350; en 1981, 15 700; 6 à 10 jours
d'incapacité temporaire: en 1979, 6400; en 1981, 8569. Cela va
très bien, les objectifs sont atteints. On continue; 11 à 15
jours: 2974 en 1979; 4209 en 1981; 16 à 20 jours: de 1710 à 2255;
de 21 à 30 jours: de 1775 à 2468 - une augmentation assez
sensible - de 31 à 40 jours: de 984 à 1391; 41 jours et plus: de
5168 à 6503.
Comment expliquer que ce ne soit pas une réforme de structure
à laquelle on s'est adonné quand on constate que, dans ces
secteurs, le nombre des accidentés a augmenté sensiblement? Vous
pourrez me faire référence à vos statistiques du rapport
annuel et m'indiquer que le nombre de
réclamations et d'indemnités effectivement versées
a peut-être diminué pendant la même période, de 1982
à 1981. Il faudrait que vous preniez le soin d'ajouter le nombre de
travailleurs accidentés qui sont en "stand-by" et qui attendent pendant
des semaines, des mois et, dans certains cas, quelques années au bureau
de révision et à la commission d'appel des affaires sociales.
M. Fréchette: De la Commission des affaires sociales, pas
chez-nous.
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Vallières): M. le...
M. Pagé: Je continue, M. le Président. J'ai toute
une série de questions. J'invite le président à les
prendre en note. On n'aura peut-être pas assez de temps, mais je
comprends qu'il pourra nous répondre, peut-être, dans une
commission parlementaire ou autrement.
M. Fréchette: Je voudrais seulement vous dire une chose,
M. le député de Portneuf, si vous me permettez.
M. Pagé: Je vais continuer mes questions, M. le
Président, le président pourra intervenir à la toute
fin.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Portneuf, vous avez la parole.
M. Pagé: Lors de l'étude de la loi 17, il
était entendu que des secteurs particuliers de l'industrie, qu'on
qualifiait de secteurs prioritaires, feraient l'objet non seulement d'une
attention, mais d'une action prioritaire et primordiale par la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. On faisait
référence, évidemment, à ce moment - et
j'apprécierais si M. le juge pouvait nous écouter - en termes de
secteurs prioritaires, au secteur minier et au secteur forestier où il
est de commune renommée qu'un nombre très appréciable,
malheureusement, d'accidents survient. J'aimerais que le président de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail nous
indique, par des dépôts de documents, des déclarations ou
une rencontre avec nous, ce qu'il y a eu de fait concrètement, en termes
qualitatifs et quantitatifs, dans ces deux secteurs depuis l'entrée en
vigueur de la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Je présume que vous étiez préoccupé par
autre chose que vos structures et vos services organisationnels et
techniques.
J'aimerais, entre autres, que le président nous indique ce qui a
été fait dans les autres secteurs, entre autres, le secteur de la
construction où il y a malheureusement, là aussi, beaucoup
d'accidents au Québec. Qu'il nous donne les statistiques entre 1979 et
1981 et surtout s'il pouvait nous donner un indice comparable de statistiques
en tenant compte du fait qu'en 1979, le nombre d'heures effectivement
travaillées au Québec était de 112 000 000 d'heures. C'est
l'Office de la construction qui l'indique. En 1982, c'étaient 74 000 000
d'heures. Donc, on peut présumer, à sa face même, qu'avec
une diminution d'heures aussi substantielle que celle-là, on doit
espérer que de facto, par simple analogie, il doit y avoir une
diminution du nombre d'accidents. Si on ajoute à cela le fait que cela a
dû être jugé prioritaire par votre commission en termes
d'intervention, le nombre d'accidents dans le secteur de la construction a
dû diminuer très sensiblement pour ces deux motifs.
J'aimerais que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail nous fournisse les données
statistiques à jour parce qu'on n'a pas les rapports annuels
récents. Qu'elle nous donne les statistiques précises sur les
comités de sécurité dans les industries. On sait qu'il y
avait beaucoup d'appréhension manifestée lors de l'étude
de la loi 17. Qu'est-ce que cela allait devenir? Comment allait-elle être
mise en vigueur? Si cela allait fonctionner, oui ou non. On sait que les
travailleurs avaient, à juste titre, beaucoup de réserves
à cet égard. La Commission de la santé et de la
sécurité du travail doit être intimement liée, dans
ses démarches de prévention, à ces comités de
sécurité. Qu'il nous donne donc le tabeau le plus fidèle
possible de l'expérience, des conclusions retenues jusqu'à
maintenant, à la lumière d'une expérience de trois ans.
Même chose pour le droit de refus. On sait que cela avait fait couler
beaucoup d'encre. Vous en avez parlé tantôt. Mais on aimerait bien
avoir des statistiques plus précises.
Quelle est votre position comme commission qui a à vivre avec
tout cela? On sait que, comme président de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, vous êtes celui
qui avez finalement le dernier mot dans un conseil d'administration
formé paritairement des employeurs et des employés; on
apprécierait des données à ce sujet. Il y a un
élément qu'on n'a pas touché encore et qui n'est pas le
moindre. C'est tout l'aspect de la juridiction et des pouvoirs assumés
par le réseau de la santé au Québec dans la
démarche de la santé et de la sécurité du travail.
On sait que, dans l'objectif de la loi, les départements de santé
communautaires avaient un rôle important à jouer. Les centres
locaux de services communautaires avaient un rôle important à
jouer. On interroge le ministre des Affaires sociales et, malheureusement, on a
parfois des réponses un peu vagues. Vous êtes la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, vous êtes au
coeur même, vous êtes dans le vécu quotidien du
dossier. Pourriez-vous nous indiquer, en termes de statistiques, de
données qualitatives et quantitatives, la relation que vous avez avec
les départements de santé communautaires, les CLSC? Qu'est-ce qui
arrive et jusqu'où cela va-t-il bien - ou cela va bien, ou cela va moins
bien - et pourquoi cela va-t-il moins bien?
Quant aux services à l'accidenté, M. le Président,
vous êtes député vous-même; M. le ministre aussi.
Vous savez qu'on a régulièrement des plaintes sur le
fonctionnement de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Je continue.
M. Fréchette: Je voudrais soulever une question de
règlement, M. le Président.
M. Pagé: Je m'excuse. J'ai la parole. J'ai une
série de questions et je vais les poser.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le ministre.
M. Fréchette: De toute évidence, M. le
Président, le député de Portneuf a toute une série
de questions et vous m'en voyez fort heureux. Mais il me semble - en tout cas,
vous confirmerez ou infirmerez mon opinion - qu'il y a une procédure qui
permet que celui qui est interpelé puisse répondre à
chacune des questions au fur et à mesure qu'elles lui sont
posées. Il y en a une bonne dizaine, jusqu'à maintenant, qui ont
été posées au président-directeur
général de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Je ne sais pas combien il en reste, mais il
m'apparaît qu'en vertu des règles -les us et coutumes des
commissions parlementaires - et en vertu d'un strict principe
d'équité et de justice, on devrait, à ce stade-ci,
permettre au président-directeur général de donner
réponse aux questions qui lui ont été posées
jusqu'à maintenant et, ensuite, le député de Portneuf
pourra continuer avec une autre série de questions auxquelles le
président pourra répondre.
M. Pagé: M. le Président, sur la question de
règlement, vous savez que l'étude des crédits...
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: ...est une période où les
députés de l'Opposition, particulièrement, ont l'occasion
- les parlementaires en général en ont aussi l'occasion - de
contrôler les actes posés par l'Exécutif. Vous savez que le
temps est très limité. Une commission parlementaire nous aurait
permis de faire le tour de l'ensemble de ces questions et d'avoir les
réponses du président. J'ai même évoqué au
début que, si les questions étaient trop précises en
termes de documents à produire, il pourrait y répondre soit
à une commission parlementaire, soit au lendemain d'une motion de
blâme, soit lors d'une question avec débat - on verra, à ce
moment-là, mais non pas à une conférence de presse -
devant les parlementaires. Je me propose de continuer mes questions, M. le
Président.
M. Gagnon: Question de règlement.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Effectivement, j'ai aussi l'avantage de
présider des commissions parlementaires, comme vous le faites, et c'est
absolument vrai ce que dit le député de Portneuf; la commission
parlementaire sur l'étude des crédits est l'occasion
extraordinaire de poser des questions et d'avoir des réponses. Je sais
que, si le député de Portneuf se rend jusqu'à midi avec sa
série de questions, le ministre n'aura pas l'occasion de
répondre. Normalement, si le ministre le désire - parfois le
ministre va dire: Posez votre série de questions et je répondrai
après sur l'ensemble - il peut choisir de répondre une à
une aux questions qui lui sont posées. À ce moment-ci, je pense
que, comme le mentionnait le ministre, avec une dizaine de questions
déjà posées, si, effectivement, c'est pour avoir des
réponses qu'on pose des questions, vu que la commission parlementaire
finit à midi, je pense que le ministre a parfaitement raison...
M. Pagé: Elle finit à 13 heures. C'est mercredi,
aujourd'hui.
M. Gagnon: À 13 heures? M. Pagé: Oui.
M. Gagnon: Ah bon! À ce moment-ci, de toute façon,
il décide quand il veut répondre aux questions. Il ne s'agit pas
d'avoir deux ou trois pages de questions. Lorsque le ministre trouve qu'il y a
suffisamment de questions et qu'il veut, avant d'en oublier, y répondre,
c'est à lui de choisir quand il va répondre.
M. Polak: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: II est clair qu'il est impossible, avec le temps qui
reste, d'abord de poser des questions et, ensuite, d'y répondre. Ce sont
des questions assez vastes
qui prennent beaucoup plus qu'une heure et quinze minutes, le temps
qu'il nous reste. À part cela, il y a d'autres chapitres à
discuter. Il y a des questions à d'autres chapitres, le
député de Hull en a également. Je pense que M. le ministre
pourra terminer tout cela simplement... Pourquoi ne pas accorder à cette
commission parlementaire... On parle de cinq jours. Disons trois jours. Je
pense que cela suffira pour la faire. J'aimerais y participer. Il y a beaucoup
de questions. C'est un sujet très vaste. Cela réglera tout. Tout
le monde sera heureux parce que, maintenant, cela crée l'impression...
Le député de Portneuf fait des accusations assez graves et je
parle seulement de la commission parlementaire. D'autre part, ce sont des
questions auxquelles le public veut avoir une réponse. Le sujet m'a
toujours intéressé. Je dois vous dire que, si j'avais quelque
chose à dire sur cette question, j'insisterais avec beaucoup de
véhémence auprès de vous pour décider rapidement et
dire: Bon! Voici! Je me rappelle que, l'année dernière, on a eu
un peu de discussion dans ce sens et le ministre du temps, M. Marois, nous a
répondu: On peut avoir une rencontre des députés avec le
président de la CSST. Mais ce n'était pas ce qu'on demandait,
parce qu'on voulait vraiment que tout soit sur la place publique avec les
journalistes présents et les questions posées par les
parlementaires. (11 h 45)
Le ministre ne pourrait-il pas donner cette réponse et
régler cette question? Par la suite, on pourrait continuer, pour les
quatorze ou quinze minutes qu'il nous reste, sur d'autres programmes dans les
crédits.
M. Fréchette: M. le Président...
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Fréchette: ...à la question précise du
député de Sainte-Anne, je voudrais simplement lui
réitérer qu'hier la même demande a été
formulée par son collègue de Portneuf. Elle est revenue encore ce
matin au tout début de nos travaux. Vous y revenez pour une
troisième fois. Autant vous avez été constant dans votre
demande, autant, me semble-t-il, j'ai été constant dans ma
réponse.
Je ne vois pas, pour le moment, depuis particulièrement le temps
où la question revient souvent à l'Assemblée nationale et
depuis le temps où on a commencé l'exercice auquel on est en
train de se livrer, de motifs suffisamment graves pour qu'il y ait convocation
de cette commission parlementaire.
Le député de Portneuf a mis lui-même sur la table
une série de moyens qui seront, nous dit-il, utilisés, à
partir de la motion de blâme, à partir possiblement d'une question
avec débat. Cette même réunion dont vous parlait le
ministre l'année dernière, il en a été question
aussi hier. J'ai réitéré la même offre que celle
qu'avait faite mon prédécesseur, soit la possibilité que
tous les députés élus intéressés - non
seulement les députés membres de cette commission -fassent cet
exercice, que cela dure une journée ou deux, avec le conseil
d'administration de la CSST. On poserait là toutes les questions qu'on
voudrait poser et, par la suite, on pourrait procéder à une
analyse plus en profondeur et évaluer la nécessité de
répondre affirmativement à la question que vous nous posez.
Le Président (M. Vallières): Je pense que...
M. Pagé: Je continue mes questions.
Le Président (M. Vallières): Oui, sur une question
de...
M. Pagé: Je continue mes questions.
Le Président (M. Vallières): Je voudrais quand
même rendre une décision sur les questions qui ont
été posées directement à la présidence.
Dans un premier temps, je vous indiquerai qu'il n'est pas
nécessairement coutume que les députés posent les
questions l'une après l'autre et demandent une réponse
immédiate du ministre; il n'est pas coutume non plus - je pense qu'on
procède de façon assez souple, généralement, en
commission parlementaire - qu'on assiste à toute une série de
questions. Je pense que cela est souvent laissé à la
discrétion de la commission.
Par ailleurs, je veux vous indiquer qu'en tant que président, je
n'ai pas à présumer de la longueur des questions, ou pour ce qui
en reste, du député de Portneuf. Je n'ai pas non plus à
présumer de la longueur de la réponse que le ministre ou le
président donnera à toute cette série de questions
à laquelle on assiste actuellement. Je n'ai pas enfin à porter de
jugement sur l'équité de poser, à ce moment-ci, toute une
série de questions. Ce n'est pas au président à se
prononcer là-dessus. Je pense plutôt qu'il appartiendra aux gens
qui liront le journal des Débats ou à ceux qui feront les
rapports de cette commission de porter un jugement sur l'allure qu'auront prise
nos discussions.
Je veux également indiquer qu'à la suite des questions qui
seront posées par le député de Portneuf, le ministre ne
sera pas limité dans la longueur des réponses qu'il pourra
apporter.
Je veux indiquer à la commission qu'à ce moment-ci, je
suis suffisamment éclairé pour vous dire que je redonne la parole
au
député de Portneuf qui continue au nom de
l'Opposition.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Gagnon: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Vallières): Sur une question de
règlement.
M. Gagnon: À la suite de la décision que vous venez
de rendre, je ne voudrais pas que cette décision crée un
précédent. Je peux vous dire qu'il est normal - cela a toujours
été considéré comme tel et je ne critique pas votre
décision - lorsque le ministre considère un certain nombre de
questions qu'il a devant lui, de répondre immédiatement.
Habituellement, le ministre répond aux questions qu'il a
déjà devant lui et le député revient avec une autre
série de questions.
Tantôt, le ministre a demandé la parole parce qu'il avait
un certain nombre de réponses à donner au député de
Portneuf. Il est habituellement normal que cela se produise de cette
façon. Si votre décision est autre, je la respecte, sauf que je
ne voudrais pas que cette décision crée un
précédent, parce que ce n'est pas la façon habituelle de
présider ce genre de commission parlementaire.
Le Président (M. Vallières): Merci, M. le
député de Champlain.
Je veux également vous indiquer qu'il n'est pas de la
compétence du président de déterminer le nombre d'heures
qui est assigné à l'étude des crédits à une
commission. Si les neuf heures qui ont été prévues
à cette commission sont suffisantes ou non, il appartient au leader d'en
décider et non pas au président de la commission.
Là-dessus, je ne voudrais pas brimer le droit de parole de qui que ce
soit, soit des députés qui ont des questions ou du ministre qui a
à y répondre, parce que le temps qui serait alloué
à la commission serait trop court. Je pense que cela servira tout
simplement de base pour déterminer, lors d'une prochaine année,
le nombre d'heures allouées aux crédits. Là-dessus, la
parole est au député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Gagnon: M. le Président, toujours sur la même
question de règlement, si vous me le permettez, encore une fois...
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: On est ici pour s'instruire et poser des questions sur
les crédits de 1983-1984.
M. Pagé: Cela fait 20 minutes que vous êtes
arrivé.
M. Gagnon: Si on est ici autour de la table pour poser des
questions au ministre, c'est normal aussi qu'on accepte que le ministre puisse
y répondre au moment où il a des réponses à donner.
Il n'y a pas d'instructions précises pour ce genre de commission
parlementaire. S'il y a une série de questions au moment où le
ministre prendra la parole, on ne se rappellera même pas, nous,
l'ensemble des questions qui auront été posées. Je pense
que c'est plus normal qu'on y réponde au fur et à mesure.
Le Président (M. Vallières): Merci, M. le
député de Champlain. Là-dessus, la parole est au
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'étais
à demander, avant d'être interrompu pendant dix minutes, au
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail de nous indiquer, dans le rapport qu'il
pourra fournir éventuellement, ce qui a été fait à
l'intérieur de sa commission pour améliorer les services aux
accidentés. Je pense à des exemples aussi spécifiques que
ceux qui sont portés à notre attention comme
députés: délais d'attente, difficulté à
rejoindre leur agent d'indemnisation. On nous indique que le dossier d'un
accidenté est dans le "case load" d'un agent d'indemnisation particulier
et que, si celui-ci est absent ou doit vaquer à d'autres occupations, on
a de la difficulté à le rejoindre. Et il y a toute cette notion
de délai. Si vous pouviez nous produire un document sur les services
à la clientèle qui est, malheureusement, les accidentés,
on l'apprécierait.
Nous apprécierions aussi, compte tenu que beaucoup de critiques
sont formulées à l'égard des délais d'attente pour
procéder en révision et pour procéder à la
Commission des affaires sociales, qu'il puisse nous indiquer les délais
d'attente moyens entre le moment où un accidenté se pourvoit en
révision et le moment ultime - délai moyen - de l'utilisation des
recours prévus et des procédures prévues; et qu'est-ce que
la commission, qui est là, dans le vécu quotidien - j'y reviens,
c'est bien important -propose pour y remédier?
Dans la gestion, maintenant. J'ai abordé avec mon collègue
de Viau la question des surpayés. Le ministre nous a indiqué hier
qu'il aurait pris essentiellement les dispositions prévues par la
réponse, préparée par Mme Kerjean, qui a été
déposée par le ministre. Il nous a indiqué qu'il y avait
un service de recouvrement. Il nous a indiqué que le recouvrement
pouvait se faire en vertu des dispositions du Code civil, et ce,
malgré que le législateur ait cru opportun, dans le cas de
la loi sur l'amiantose et la silicose, d'y inclure une disposition
particulière qui n'est pas reproduite dans la loi 17.
J'aimerais que le président de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail nous indique en quoi les paroles du
ministre sont conciliables avec le fait que, dans les manuels de
réparation envoyés dans les différents ministères
et en ce qui concerne les surpayés, tout est à venir, il n'y a
rien d'indiqué.
Les programmes spéciaux et les politiques dérogatoires.
Selon nos informations, des politiques auraient ceci de particulier - je
m'excuse auprès de M. le président, je ne suis pas dans sa
boîte - que ce seraient des façons d'interpréter les normes
et les règlements de la commission sur une base d'appréciation
à caractère expérimental. D'ailleurs, je me suis
référé au procès-verbal de la réunion du 19
avril 1982, sous la présidence de M. Lionel Bernier, qui est avec nous
ce matin, où il était clairement indiqué qu'on devait
mettre fin à toutes les procédures expérimentales ou
d'exception qui ne sont pas conformes à ce qui est décrit dans
les manuels d'instructions.
Nous retenons de cela que des procédures expérimentales et
d'exception ont été menées en vertu des manuels
d'instructions, de sorte qu'une politique pouvait avoir cours dans une
région donnée du Québec pour un accidenté, et la
même politique pouvait ne pas avoir cours pour un autre accidenté
qui était placé face au même problème dans une autre
région du Québec. Je dois vous dire que c'est très
inquiétant pour le législateur parce que cela ne semble pas
être la volonté du législateur.
D'ailleurs, à la fin du procès-verbal, il était
indiqué, et je cite: "Suivi à tous les chefs régionaux de
la réparation: Faire parvenir à l'adjoint administratif du
vice-président la liste des procédures d'exception en
matière de réparation en usage au bureau régional." Donc,
je présume, M. le Président, que vous accepterez de
déposer cette liste.
J'aimerais que le président de la commission nous indique en quoi
le budget de la Commission de la santé et de la sécurité
du travail, qui était, dans les déboursés en frais de
réadaptation sous l'égide de l'adaptation résidentielle,
en 1980, de 166 000 $ et qui était, en 1981, de 381 000 $, j'aimerais
avoir les montants et que les membres de la commission puissent savoir les
montants exacts pour 1982; qu'il nous indique pourquoi une augmentation aussi
sensible, premièrement; deuxièmement, qu'il nous fasse une
ventilation du type de travaux et d'adaptation résidentielle qui ont
été faits pendant ces trois ans et aussi qu'il nous donne cela
par région pour qu'on puisse juger les régions où il y a
davantage d'interventions.
Il y a un programme dans cela qui n'est pas dans vos rapports, c'est
l'APC. Vous savez certainement ce qu'est l'APC, c'est l'attente de prise en
charge. L'attente de prise en charge, c'est un programme en vertu duquel on me
dit qu'un agent d'indemnisation qui reçoit un accidenté peut
émettre un montant d'argent à un travailleur accidenté
avant qu'il soit pris en charge, parce qu'un agent d'indemnisation et une
personne de la réparation n'ont pas le temps voulu pour établir
toutes les données de son cas et établir un processus ou un
montant d'indemnité. J'aimerais savoir combien coûte l'attente de
prise en charge. Depuis quand existe ce programme? Est-ce que c'est dans les
règlements, et à quelle fin?
Il y a déjà eu un service des enquêtes et des
fraudes, je ne réfère pas ici au service de recouvrement. On m'a
indiqué que c'était un service dans lequel travaillaient quelques
personnes, soit sept ou huit, entre autres ici à Québec, au
siège social - je ne sais pas si ce service était
concentré au siège social - et que ce service aurait
été aboli il y a quelque temps. On m'a indiqué que
l'objectif de ce service était de récupérer, non pas des
sommes des surpayés, mais des montants qui avaient été
reçus frauduleusement de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail exemples: deux numéros d'assurance
sociale, chèques possiblement encaissés après le
décès d'un accidenté, pendant un certain temps, etc. et
que, pour le motif que les sommes récupérées tournaient
autour de 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ par année, cela ne valait
peut-être pas la peine. J'aimerais que le président m'indique si
ces renseignements sont erronés ou s'ils sont fondés, si le
service d'enquête et de fraude a été aboli et pourquoi.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui travaillent dans ce cadre
d'activité, de qui dépendent-elles, sous l'égide de quel
service? Enfin, nous apprécierions savoir ce que sont devenues les cinq
ou six personnes, ici dans la région de Québec, qui oeuvraient
dans ce service.
Vous avez, M. le Président, fait une déclaration assez
importante lors de la conférence de presse, il y a une dizaine de jours,
lorsque vous avez dit que des médecins orthopédistes et des
physiothérapeutes - dans des cas limités, j'en conviens
s'échangeaient des ristournes pour en arriver à un nombre
très appréciable de traitements médicaux, que
c'était très inquiétant et que le nombre de ces examens
médicaux et de ces traitements, dans certains cas, causait même
préjudice à l'accidenté. Je présume que, comme
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, responsable comme vous l'êtes, comme
vous devez l'être, vous avez dû porter des plaintes à la
Sûreté du Québec et
j'apprécierais savoir le nombre de plaintes qui ont
été portées, le nombre de dossiers qui ont
été référés à la Sûreté
du Québec. Vous avez sûrement dû sensibiliser les
corporations professionnelles de ces deux types de professionnels avant
d'énoncer cela et de présenter cela au public. Qu'est-ce que vous
avez fait concrètement pour donner suite au constat que vous avez
véhiculé lors de cette conférence de presse?
Toujours sous l'égide de la gestion, en plus du nombre de
personnes qui vous sont affectées par le Conseil du trésor, des
emplois permanents, des emplois occasionnels, hommes-année,
femmes-année, on m'indique que vous avez une possibilité
d'acheter des services professionnels: c'est le programme des achats de
services professionnels. Pourriez-vous nous donner, depuis deux ans, le nombre
de fois où la commission s'est prévalue de cet
élément d'administration d'achat de services professionnels, la
profession des gens ainsi engagés et s'il est vrai que, dans certains
cas, même des agents de bureau auraient été
embauchés en vertu d'achat de services professionnels et pourquoi? (12
heures)
Enfin, il y a un dernier élément. J'aurais beaucoup
d'autres questions, mais il est midi, M. le Président. Je présume
que le président prendra acte de plusieurs de ces questions pour y
répondre éventuellement. J'apprécierais qu'il puisse nous
indiquer dans quel délai il pourra y répondre et sous quelle
forme, surtout. Une question plus délicate, celle-là, mais qu'on
doit poser, parce qu'on est ici pour contrôler les actes de la
commission. À quelques reprises, on a fait référence, ici
à l'Assemblée, aux dépenses du bureau du président
de la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
On n'a pas eu l'occasion de les aborder, ces questions-là,
l'année dernière. On apprécierait savoir combien
coûte le fonctionnement du bureau du président de la Commisison de
la santé et de la sécurité du travail par année,
premièrement. Deuxièmement - on n'a jamais eu le privilège
d'aller visiter vos bureaux -on nous a dit que vous étiez assez bien
logé, merci. On aimerait savoir combien a coûté tout cela,
pas seulement votre bureau, la salle de conférence, le bar et tout cela,
combien ont coûté vos voyages en 1982 et vos prévisions
budgétaires pour 1983. On sait que vous avez voyagé beaucoup.
Probablement que c'était justifié, je ne veux pas mettre cela en
doute.
M. Polak: Montréal-Québec.
M. Pagé: II n'y a pas seulement
Montréal-Québec. Vous êtes allé en Europe, vous
êtes allé dans les pays nordiques, en Australie, je crois. Combien
tout cela a-t-il coûté? Et vos prévisions
budgétaires pour 1983, pour vos frais de voyage?
Enfin, une dernière petite question et, celle-là, vous
pouvez probablement y répondre assez rapidement. Vous êtes
président de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Nous n'avons pas souvent l'occasion de vous
poser des questions. Est-ce que vous seriez prêt à répondre
de vos actes devant une commission parlementaire?
Le Président (M. VaUières): M. le
député de Portneuf, vous avez terminé?
M. Pagé: Pour le moment.
Le Président (M. Vallières): La parole est
maintenant au ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, suivant la coutume,
les questions sont adressées au président qui va répondre
en mon nom.
Le Président (M. VaUières): M. le président
de la CSST.
M. Fréchette: Je pense qu'il est important de parler du
fonctionnement de la commission, ce qui va vous éclairer beaucoup. Si M.
le député de Portneuf m'avait laissé lui répondre
un peu plus tôt, il aurait compris un certain nombre de choses assez
rapidement. Il est exact de dire que la loi a été
sanctionnée le 21 décembre 1979 et que la commission a
été mise sur pied au mois de mars 1980. Mais, au moment où
on se parle, il y a encore 45 articles de cette loi qui ne sont pas
proclamés. Il y a encore deux règlements de base qui manquent et
qui sont fort importants, soit le comité de santé et de
sécurité et le représentant à la prévention,
qui ont été adoptés par le conseil, finalement, au mois de
janvier 1983. Il faut savoir qu'un règlement passe par le conseil. Tous
les règlements de base, les dix règlements de base de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail ont
été déposés par la permanence en décembre
1980. Le jeu de la démocratie a fait - et c'est heureux, à mon
point de vue - que la loi sera proclamée fort probablement à
l'automne 1983. Ce n'est pas une question de structures, ce n'est pas une
question de dimension, c'est une question de démocratie.
Le conseil d'administration fait ceci: quand un règlement
important vient à la table, il fait ce qu'on appelle un comité ad
hoc. Un comité ad hoc est formé d'un membre de chaque partie du
conseil d'administration, plus deux personnes de l'extérieur qui peuvent
être des spécialistes. À titre d'exemple, lors du
règlement sur les maladies professionnelles, il y avait un
représentant de la partie patronale, deux médecins
spécialistes des maladies professionnelles représentant la
partie
patronale et la même chose du côté syndical.
C'était présidé par le vice-président à la
réparation dans ce cas-là. Le vice-président à la
prévention doit présider six ou sept comités à
longueur d'année et cela fonctionne comme cela. Donc, le seul
règlement qui fonctionne à l'heure actuelle dans la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, c'est le règlement
sur le retrait préventif de la femme enceinte. À ce sujet, je
peux dire, M. le Président, qu'en 1982 il y a eu près de 4000
personnes, des femmes au travail, qui ont bénéficié de ce
programme. C'est, au moins, un gros avantage qui n'existait pas avant.
Quand on parle de l'augmentation ou de la diminution des accidents, je
voudrais bien qu'on joue avec les chiffres, mais de la même façon.
Il y a, d'abord, eu augmentation de la couverture des travailleurs en vertu de
la Loi sur la santé et de la sécurité du travail. Il y a
un plus grand nombre de travailleurs qui sont assujettis à nos lois.
Deuxièmement, le rapport annuel de 1982 sera déposé
à l'Assemblée nationale autour du 15 juin. Je ne donnerai pas
tous les détails. Pourquoi le 15 juin? M. le député de
Viau, vous avez posé cette question dernièrement en Chambre.
M. Cusano: On avait posé la question au ministre et
là, vous donnez la date du dépôt.
M. Fréchette: Voici pourquoi. Si vous voulez
écouter, cela va bien aller. Le problème est le suivant. Le
Vérificateur général, il y a deux ans, a demandé de
déposer en même temps, incorporé dans le rapport annuel,
son rapport... Si on écoutait, je pense qu'on ne reviendrait pas sur des
questions.
M. Cusano: Je me posais des questions à savoir qui
était le ministre et qui était le président. Il semble y
avoir une erreur.
Le Président (M. Vallières): Un instant. J'ai dit
tantôt qu'on allait permettre au ministre de prendre tout le temps
requis. Le président s'exprime au nom du ministre. La parole est
maintenant au président et je vous prierais de demander la parole si
vous voulez vous exprimer sur quelque chose.
M. Fréchette: Avant cette demande du Vérificateur
général, il y a deux ans, tous nos rapports annuels
étaient déposés avant le 31 mars. Je pense qu'on
était le seul organisme ou ministère du gouvernement qui
déposait son rapport dans les dates prescrites par la loi. Maintenant
qu'il a fait cela et que la loi n'a pas été changée, parce
qu'il a fait cela une fois les lois adoptées, nous lui remettons tous
les états financiers le 15 février pour l'année
précédente et il prend un mois pour les compléter. Vous
savez que le Vérificateur général passe chez nous trois
mois, avec dix personnes. Nous sommes probablement un organisme très
vérifié, très contrôlé, et par la
vérification interne et par le Vérificateur général
et par le Surintendant des assurances et par le conseil d'administration. Cela
fait beaucoup de contrôles.
Comme il nous donne ce rapport le 15 mars, nous le soumettons au
conseil, qui doit l'approuver, et le temps de l'imprimer, je pense que vous
allez l'avoir vers le 15 juin. Dans ce rapport, on nous dit ceci, M. le
Président: En 1981, il y a eu 354 606 rapports d'accidents; en 1982, il
y en a 310 746. C'est une diminution de 12,2%.
Maintenant, M. le député de Portneuf me dit: Qu'est-ce que
vous avez fait pour les secteurs prioritaires? Je dois dire que les secteurs
prioritaires ont été déterminés par le conseil. Ils
ont pris les 30 secteurs qu'ils ont divisés en six groupes prioritaires.
Le groupe 1, c'est bâtiment et travaux publics, produits chimiques,
forêts et scieries, mines et carrières, produits en métal.
Le comité des priorités qui a déterminé cela vient
de se réunir pour dire: On ne change pas les six groupes. On les avait
établis il y a un an; on les laisse comme ils sont là. Ces six
groupes ont été établis avec un indice d'accidents de
travail, un indice de fréquence ou de gravité, un indice de
maladies professionnelles et classifiés selon leur importance dans les
30 secteurs. On les donne par ordre alphabétique quand on les nomme,
parce que vous savez que, dans le premier groupe, il y en a qui ont plus de
fréquence que ne l'indique la façon dont ils sont nommés
selon l'ordre alphabétique. Ces secteurs doivent volontairement... Je
retire le mot "doivent". Les associations sectorielles se font sur une base
volontaire. Nous avons présentement quatre associations sectorielles qui
sont en place et six autres qui devraient l'être d'ici à la fin de
l'année. C'est fait sur une base volontaire.
Dans le domaine de la construction, vous savez qu'il y a eu beaucoup de
problèmes; vu qu'il manquait un représentant au conseil
d'administration, cela a bloqué un certain nombre de choses.
Plutôt que d'imposer une association sectorielle, nous avons voulu les
laisser le faire volontairement. Au moment où je vous parle,
l'Association pour la santé et la sécurité du travail,
secteur affaires sociales, est en place. Le textile primaire est en place. Le
transport et l'entreposage est en place. Le service automobile est en place.
L'imprimerie a eu son assemblée de fondation et, par voie de
conséquence, pour les étapes suivantes, cela veut dire l'embauche
de personnel; secteur imprimerie, secteur administration publique en septembre,
le commerce en
octobre, l'équipement de transport en octobre, produits en
métal et électriques en novembre et secteur minier, en
décembre. Voilà pour les dix associations que nous
prévoyons d'ici à la fin de l'année et qui doivent se
faire sur une base volontaire, je le rappelle.
Tout cela pour vous rappeler que le premier groupe - pour
répondre au député de Portneuf - en vertu du
règlement sur le programme de prévention, doit, obligatoirement
avant le 3 juillet, soumettre son programme de prévention et le
deuxième groupe le fera d'ici le 4 mai 1984. Cela a été
publié dans la Gazette officielle du 4 mai 1983 pour le deuxième
groupe. Par voie de conséquence, les parties pourront se prendre en
charge et régler un certain nombre de problèmes.
M. Pagé: Donc, cela a été une réforme
de structures...
M. Fréchette: Ce n'est pas une question de
structures...
M. Pagé: ...jusqu'à maintenant.
M. Fréchette: Non, faites attention. Il y a 367
inspecteurs qui font leur travail. Quant aux gens de la prévention, il y
a un effectif autorisé de 232. Ils ne sont pas tous en place. Ils ont
été mis en place quand le besoin s'en est fait sentir. Donc, ce
n'est pas une grosse boîte. Quand la régionalisation a
été faite, en 1977, il n'y a eu aucun effectif nouveau. Je pense
que c'est assez remarquable qu'on puisse régionaliser sans augmenter
l'effectif.
Quand on arrive dans les coûts, M. le Président, je
voudrais vous faire remarquer qu'en 1975, la moyenne salariale était de
9 920 $. Elle était de 23 900 $ en 1982. Les frais à la RAMQ, par
exemple, ont passé de 434 000 $, en 1979 à 2 241 000 $, en 1982.
Je pourrais parler de l'assurance-chômage, de la Régie des rentes.
Les timbres-poste sont passés - il y a eu une augmentation de 275% - de
0,08 $ à 0,30 $. Et je pourrais continuer à donner une
série de chiffres qui font que les augmentations sont justifiées
uniquement par des choses sur lesquelles vous n'avez aucun contrôle.
Quand la téléphonie augmente, vous ne pouvez pas, que je sache,
faire grand-chose. Tout ce que nous faisons, c'est diminuer, autant que
possible, le nombre d'appareils pour essayer de rester dans les mêmes
budgets. Quand les timbres ou la poste coûtent 275 fois plus cher, on ne
peut rien faire là-dessus. On n'a aucun contrôle. Les taxes ont
également augmenté. Seulement au siège social, nous avons
un compte de 660 000 $ de taxes et, quand le gouvernement a adopté la
loi pour nous soumettre à la loi générale, nous avons eu
un compte de taxes de 1 100 000 $. Je pense qu'il faut aussi tenir compte de
tout cela quand on parle des coûts.
Contrairement à ce que dit le député de Portneuf,
les frais d'administration, en pourcentage, diminuent. En 1982, ils
étaient de 12,2%; en 1983, ils sont de 12,1%. L'Ontario est à
15%, pour votre information; uniquement chez le personnel de la Commission des
accidents du travail, il y a plus d'employés que chez nous. Qu'on ne
nous parle pas de bureaucratie, d'appareil bureaucratique ou de structures. Je
pense que les gens ont les réponses à tout cela chez nous. Il n'y
a pas de cachettes.
On a un conseil d'administration qui doit, en vertu de notre
règlement de régie interne, adopter les budgets, les politiques
et les programmes. Je suis limité dans mes actes financiers à 100
000 $. De 100 000 $ à 300 000 $, cela va au comité administratif
et les deux membres du comité administratif sont M. Ghislain Dufour et
Louis Laberge. Je pense que ce ne sont pas des gens naïfs. Ils savent
contrôler un budget et le conseil d'administration également. En
vertu de leurs pouvoirs, d'après l'article 2 du règlement de
régie interne, ils doivent approuver les taux, approuver le budget,
approuver le rapport annuel, approuver les ententes et adopter les
règlements. Je pense qu'ils ont un certain nombre de pouvoirs qui ne
permettent pas que rien puisse passer entre leur main, tant au comité
administratif qu'au conseil d'administration. (12 h 15)
Quant au manuel de la réparation - et cela me fait bien rire,
quand vous parlez des surpayés - avant 1977, il n'y avait pas de
politique pour les surpayés à la commission. Il y a toujours eu
des surpayés et il y en aura toujours. Nous avons fait une politique
claire en 1977 que nous suivons depuis et qui est administrée par le
service des finances. Nous croyons que ce service devrait être
administé par la réparation. Si vous êtes au courant de ce
qui se passe chez nous, vous savez fort bien qu'on a refait le manuel de la
réparation qui regroupe quatorze manuels en un seul et que cette partie
est intitulée "documents à venir" parce que nous essayons de
régler le problème entre les finances et la réparation
pour que ce soit fait par la réparation dans une politique clairement
écrite. Il n'y a donc pas de problème là.
Dans notre budget de 1983, il y a un montant pour les créances
irrécouvrables de 14 000 000 $ et cela, à la demande de nos
comptables et du Vérificateur général. Là-dedans,
il y a 1 700 000 $ pour les surpayés et 12 300 000 $ pour les
employeurs. Pour les cotisations non payées, nous avons tout un
système aux finances: après 30 jours, après 60 jours,
après 90 jours, après six mois, après un an. Tout cela est
prévu, mais, forcément, il y a toujours eu des mauvaises
créances et, en 1983, nous prévoyons
12 300 000 $ pour les employeurs, 1 700 000 $ pour les
accidentés. Alors, vous voyez qu'il y a une politique de recouvrement -
puisque vous avez parlé en Chambre d'un montant dû, d'environ 6
000 000 $ - ce qui fait que chaque année, on recouvre certains montants.
C'est comme cela depuis, à ma connaissance, six ans. On a les montants
et je pourrais vous les donner en détail si cela vous
intéresse.
Quant aux délais d'attente en révision, nous avons en
moyenne 500 demandes de révision par mois à la commission, ce qui
veut dire 6000 par année, et nous avons ce que appelle dans notre bon
jargon un "backlog" de 3000, ce qui veut dire à peu près six mois
en moyenne. De façon générale, nos bureaux de
révision comptent un délai de cinq mois et celui de
Montréal, neuf mois. Pourquoi est-ce comme cela? C'est qu'on ne peut
procéder avant quatre mois. Nous avons essayé cela, mais les
parties demandent des remises parce que, vous le savez fort bien, M. le
député de Portneuf, quand vous demandez une expertise
médicale, cela peut vous prendre trois mois avant de l'obtenir et,
arrivé en cour, si vous ne l'avez pas, vous demandez une remise. Alors,
cela ne nous donnait strictement rien. Le problème n'est pas dans nos
bureaux de révision. Il peut y avoir des cas exceptionnels, il y en aura
toujours. Sur 325 000 demandes par année, il est normal qu'il y ait
quelques cas qui aient des problèmes. C'est malheureux. Nous travaillons
avec acharnement pour qu'il n'y en ait aucun. Le problème est à
la Commission des affaires sociales sur laquelle nous n'avons aucun
contrôle. Cela ne relève pas du ministère du Travail, mais
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
La réadaptation. Vous m'avez demandé des chiffres sur les
adaptations résidentielles en 1981-1982. Je pense que je vous les ferai
parvenir. Je ne peux pas tout avoir. Le service des enquêtes n'a pas
été aboli, il a été régionalisé. Des
personnes qui étaient là, quelques-unes sont restées chez
nous et d'autres sont allées dans d'autres ministères. Personne
n'a perdu son emploi. D'ailleurs, depuis 1977, à la commission, personne
n'a perdu son emploi et personne n'a été mis en
disponibilité. Comme politique de relations du travail avec nos
employés - ils le savent, ils en sont fort heureux - il n'y a jamais
personne qui ait été mis en disponibilité chez nous et
nous avons toujours essayé de régler leurs problèmes. Ce
n'est pas parce qu'un service peut changer de fonction que les employés
perdent leur emploi.
Quant à l'achat de services professionnels, je vous avoue que je
voudrais comprendre votre question. Nous avons chez nous sept contractuels qui
sont des boursiers. Nous avons un programme de bourses qui fait que la personne
qui va étudier pendant un an ou deux doit travailler chez nous deux ans
par année d'études. Quand c'est possible d'ouvrir un poste, nous
le faisons, mais, comme on lui demande de revenir travailler pour nous, il faut
bien lui garantir un emploi. Alors, nous avons sept boursiers contractuels.
Quant à mes voyages, je suis très heureux d'en parler.
L'an dernier, on en a parlé avec beaucoup d'emphase. En 1982, le seul
voyage que j'ai fait, c'est d'aller à Toronto, au congrès des
commissions des accidents du travail du Canada. Cela a coûté, au
total, 1004,97 $. C'est le seul voyage que le P.-D.G. a fait en 1982 à
l'extérieur de la province de Québec. En 1983, il retournera au
congrès des commissions des accidents du travail à Saint-Jean,
Nouveau-Brunswick, à la fin d'août et il est possible - je dis
bien il est possible -qu'il aille à celui d'IAIABC, qui est le
congrès international aux États-Unis, parce que j'ai
été le président et que les ex-présidents ont des
fonctions précises à ces congrès. Je n'y suis pas
allé en 1982. Je n'y suis pas allé en 1981 et, en 1983, le
président actuel m'a demandé d'accomplir une fonction au
congrès. Je lui ai dit que je lui répondrais d'ici la fin
d'août.
Une voix: En 1981?
M. Fréchette: Je pourrais sortir les chiffres pour 1981,
ils ont été déposés en Chambre l'an dernier. Il n'y
a aucun problème avec cela. Quant au bureau, j'aimerais que vous veniez
le voir parce qu'il a été aménagé par les
employés de la commission. Deuxièmement, à
Montréal, nous avons pris l'édifice qui est là. Les
meubles que j'ai à Montréal sont ceux du bureau de
Montréal de l'ancien président de la commission, le juge Tessier.
Si c'est luxueux, cela devait être luxueux dans ce temps, il n'y a rien
de changé. Les gens viennent me voir fréquemment, ma porte est
ouverte et je n'ai jamais entendu de discussion sur ce sujet.
Quant à la question de la physiothérapie, c'est malheureux
parce que cela a dévié sur cette question de ristourne.
L'important est de savoir le nombre de traitements qui se donnent. Il est
incroyable que, pour une même blessure, on ait entre 40 et 240
traitements au Québec. Il est incroyable que nous ayons plus de
traitements de physiothérapie payés par la CSST que pour
l'ensemble du Québec par la RAMQ. C'est clair qu'il y a de l'abus. Si
vous avez écouté les conférences de presse et les
déclarations à la télévision, les gens qui se sont
sentis visés ont tous déclaré que c'est vrai qu'il y avait
de l'abus en physiothérapie. Nous avons une moyenne de huit traitements
de plus au Québec qu'en Ontario. J'ai de la difficulté à
comprendre
qu'un travailleur québécois soit plus mal fait qu'un
travailleur ontarien. Tout le monde sait cela. Je pense qu'il n'y a pas
beaucoup de problèmes de ce côté. J'espère que le
conseil prendra une décision ce mois-ci ou le mois prochain pour qu'on
ait une politique.
Vous savez ce qu'on a fait, on a demandé du Dr Duranceau, un
physiatre de faire une étude. C'était la première fois
qu'on avait une étude faite par des spécialistes au
Québec. Une équipe de sept, deux physiatres, un
orthopédiste, un rhumatologue, un épidémiologiste et une
physiothérapeute. C'est pas mal les gens qui sont mêlés au
problème. Ils ont écrit un rapport unanime et je pense que le Dr
Duranceau doit le rendre public. Nous le rendrons public quand le conseil aura
pris sa décision. Je veux vous dire, cependant que le Dr Duranceau
à la page 133 de son rapport...
M. Polak: Question de règlement.
Le Président (M. Vallières): Question de
règlement, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je note qu'il reste encore 35
minutes. Il y a beaucoup d'autres programmes. Qu'est-ce qu'on fera? Est-ce
qu'on continuera? Quant à moi, je n'ai même pas eu encore une
réponse à la première question. C'est bien beau, mais les
réponses sont vagues. Cela ne veut rien dire. On parle. Je n'ai
même pas pris de notes parce que je trouve que les réponses ne
sont pas sérieuses. Cela prend beaucoup plus que cela. J'aimerais bien
savoir si on va arrêter d'utiliser cette méthode de perdre du
temps et continuer à étudier le reste des crédits.
Une voix: Quel article? M. Polak: L'article 222.
Le Président (M. Vallières): S'il vous plaît!
Sur la question de règlement, M. le ministre.
M. Fréchette: Sur la question de règlement, M. le
Président, j'essaie d'arriver à comprendre la nature de
l'intervention du député de Sainte-Anne qui est exactement dans
le même sens que celle que je vous soumettais au moment où le
député de Portneuf était en train de procéder
à l'énumération des questions qu'il adressait au
président de la commission. Vous avez rendu une décision en vertu
de laquelle vous avez dit: Je n'ai aucune autorité, ni aucune
juridiction pour limiter l'intervenant qui est en train de poser des questions.
Si j'ai bien compris, M. le Président, la nature de votre
décision en deux volets, vous avez également dit que la personne
à qui les questions étaient adressées pouvait jouir
exactement du même privilège que celui qui posait la question.
Alors, la question de règlement du député de
Sainte-Anne, je pense, M. le Président, sous réserve d'une
réévaluation de votre part, que vous l'avez déjà
tranchée lorsque j'ai moi-même soulevé la question de
règlement face à l'avalanche de questions que le
député de Portneuf posait.
Le Président (M. Vallières): Merci. Sur la question
de règlement soulevée par le député de Sainte-Anne,
je dois vous dire que je suis nettement suffisamment éclairé,
puisque l'article 160 de notre règlement, pour ce qui est de
l'étude des crédits, indique au paragraphe 2 qu'aucune
restriction ne s'applique au ministre qui propose l'adoption de ses
crédits afin de répondre aux questions qui lui sont
posées, en termes d'enveloppe de temps. Par conséquent je
maintiens la décision que j'ai rendue tantôt, en demandant aux
membres de la commission, compte tenu qu'il nous reste peu de temps
prévu au calendrier tout au moins, d'éviter qu'on ne perde du
temps inutilement et de permettre, peut-être, au président de
compléter ses réponses afin qu'on puisse passer à d'autres
questions, parce qu'il y a d'autres membres de la commission qui ont
demandé à s'exprimer sur d'autres sujets. Là-dessus, la
parole est au président de la CSST.
M. Polak: Avant de terminer, est-ce qu'il y a moyen...
Le Président (M. Vallières): Est-ce sur la question
de règlement?
M. Polak: ...d'ajouter un délai pour d'autres sujets dans
les crédits?
Le Président (M. Vallières): Écoutez, je
vais laisser le président conclure ou terminer sa réponse et,
quand la commission devra -si on se rend là - ajourner ses travaux
à 13 heures, nous pourrons, peut-être cinq minutes avant
l'ajournement, décider de la façon dont nous pourrons
procéder par la suite. À ce moment-ci, la parole est au
président de la CSST.
M. Fréchette: Je pense que la dernière question
à laquelle j'avais à répondre est la question du
député de Portneuf: Est-ce que vous souscririez à une
commission parlementaire? Je suis très respectueux, M. le
Président, de toutes les décisions du Parlement et du
gouvernement. Si le gouvernement ou quelqu'un d'autre décide qu'il doit
y avoir une commission parlementaire j'y participerai avec plaisir.
Sur le plan de la réadaptation, cependant, je n'ai pas
complété. Si vous le permettez, je demanderais à M.
Bernier de compléter la réponse.
Le Président (M. Vallières): Alors, au nom du
ministre, M. Bernier.
M. Fréchette: Sur le plan de la réadaptation il y
avait une question précise concernant l'adaptation résidentielle,
le nombre de cas pour 1982, ainsi que le nombre de bénéficiaires
pour 1982, le type de cas, la nature de l'adaptation résidentielle. Le
programme d'adaptation résidentielle touche les grands
handicapés, généralement les quadraplégiques ou les
périplégiques, les gens qui ont perdu deux jambes ou deux bras,
qui ne sont pas capables, à la suite de cet accident, de se
déplacer normalement dans leur résidence ou dans leur
appartement.
Le but du programme est d'adapter la résidence, que le
handicapé en soit propriétaire ou locataire, pour lui permettre
d'y circuler. Un des éléments de cette adaptation
résidentielle porte sur les rampes pour avoir accès à la
maison, les ascenseurs s'il doit se déplacer d'un étage à
l'autre, l'aménagement de la cuisine, par exemple, s'il n'est pas
capable de se lever, l'accès aux différents instruments dont il a
besoin.
En 1981, on avait eu 381 cas d'adaptation résidentielle. En 1982,
nous avons eu 357 cas d'adaptation résidentielle. (12 h 30)
Pour l'adaptation résidentielle par région, vous avez,
dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, 4 cas; dans la
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, 10 cas; dans la
région de la Côte-Nord, 3 cas; dans la région de l'Estrie,
aucun cas; dans la région de Montréal, 14 cas; dans la
région de Laval-Laurentides, 11 cas; dans la région de Longueuil,
33 cas; Mauricie-Bois-Francs, 12 cas; Outaouais, 8 cas; Québec, 5 cas,
et Saguenay-Lac-Saint-Jean, 5 cas.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais un très
bref commentaire, une très brève question, et je terminerai
là-dessus. Je dois vous dire que les questions étaient
très spécifiques, elles demandaient au président de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail des
rapports, des statistiques, la ventilation de ces statistiques et de ces cas;
elles demandaient même l'appréciation de la commission. Vous
comprendrez qu'on ne peut se satisfaire des réponses qui ont
été données. Je me réfère à des
exemples particuliers. J'ai demandé, entre autres, dans la question des
physiothérapeutes, si des cas ont été
déférés à la Sûreté du Québec -
ce qui était tout à fait légitime - et si le
président avait communiqué avec les corporations
professionnelles. Je n'ai pas eu de réponse là-dessus.
Je vais vous donner un exemple particulier de l'occasion qu'on aurait de
se réunir pour vraiment vider les questions. Dois-je comprendre
qu'à une de mes questions vous avez dit la vérité, mais
peut-être pas toute la vérité, quant aux employés
mis en disponibilité? Dans votre déclaration, vous dites: La
Commission de la santé et de la sécurité du travail n'a
pas de personnes mises en disponibilité. Dans le compte rendu de la
réunion des directeurs régionaux, tenue le 17 mars 1981 à
Montréal, sous la signature de M. Paul Rocheleau, administrateur A,
secrétaire du comité -aucun lien de parenté avec Gilles,
évidemment - au bas de la page 4, on dit: "M. Sauvé
précise qu'il y a actuellement à la commission 297 contractuels
et 188 occasionnels - donc, vous étiez là - ce qui
représente près de 500 personnes qui oeuvrent à la
commission tout en étant en dehors du système. Il précise
que cette situation ne peut demeurer longtemps et c'est la raison pour
laquelle, depuis le 1er mars dernier, on ne signe plus d'engagement
d'occasionnels. Par ailleurs, il souligne qu'il y a 125 personnes en
disponibilité...
M. Fréchette: ...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. "... et que
leur mobilité est très faible puisque, des 77 personnes qui ont
été vues, il y en a 75 qui ne veulent pas quitter la
région de Québec."
Je comprends que les questions étaient peut-être
mitraillées ce matin, mais ça témoigne qu'on en a beaucoup
à vous poser et que le forum particulier nous aurait permis de vider
l'ensemble de ces questions -ce qu'on ne peut pas faire aujourd'hui parce qu'il
nous reste 27 minutes - on aurait eu l'occasion de le faire.
M. Fréchette: Je ne voudrais pas que vous mettiez en doute
ce que j'ai dit.
M. Pagé: Je termine là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): M. le
président, au nom du ministre.
M. Fréchette: Je ne voudrais pas que vous mettiez en doute
ce que j'ai dit. Le programme de mise en disponibilité de la fonction
publique est une tout autre chose que d'avoir des gens en disponibilité
chez nous. C'est ça que j'ai dit. Personne n'est en disponibilité
à cause du programme de la fonction publique. Au moment où on se
parle, il nous reste 22 personnes en disponibilité chez nous, non pas
parce que ce sont des coupures de services, mais ce sont des gens qui ont tous
d'importants problèmes personnels de santé. Quand je dis quelque
chose, je suis toujours prêt à faire face à toutes mes
déclarations et je ne m'esquive
jamais. Je ne voudrais pas qu'on me fasse dire ce que je n'ai pas
dit.
M. Pagé: M. le Président, dernier commentaire et
dernière question, une question particulière au ministre. On a
longuement parlé des surpayés. Si on avait eu le temps, j'aurais
aimé traiter d'un document de janvier 1983 de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, avec une liste de
documents politiques relative au recouvrement des montants surpayés,
perception à l'aide sociale, procédé de recouvrement des
sommes payées en trop, où on dit des choses très
intéressantes. Entre autres, à la page 4, on dit: "Concernant les
erreurs administratives - on sait que le surpayé administratif est, en
volume et en argent, le plus important - où le
bénéficiaire a reçu de bonne foi des indemnités, la
perception se fait au mérite et selon la situation financière du
bénéficiaire", compte tenu des critères que vous
êtes actuellement à élaborer en fonction de ce sujet. Je
dois vous dire que j'aurais aimé traiter longuement du caractère
du traitement au mérite. Cela donne pas mal de discrétion.
Enfin, le ministre disait hier: Est-ce que le député de
Portneuf serait prêt à poursuivre des surpayés
médicaux, par exemple? On sait que le surpayé médical est
plus délicat, en termes de recouvrement, que le surpayé
administratif où c'est causé strictement par une erreur. Le
ministre disait: Est-ce qu'il serait prêt à aller réclamer
20 000 $ ou 25 000 $ à un pauvre accidenté qui les a reçus
en trop à la suite d'une erreur médicale ou d'une erreur
administrative? Dois-je comprendre de la position gouvernementale que le
même gouvernement qui s'acharne à récupérer à
coups de 10 $ ou 25 $ par mois des assistés sociaux qui reçoivent
195 $ ou 330 $ par mois pour vivre... Vous le faites, vous y allez, c'est une
volonté politique. Quand c'est vous qui payez, vous êtes
prêts, vous avez des systèmes de recouvrement et vous coupez sur
les chèques, mais, quand ce sont les employeurs et les autres qui
paient, la politique est moins agressive.
M. le Président, je termine là-dessus. On aura d'autres
moments pour discuter de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail et j'espère que M. le juge sera
toujours aussi disponible pour nous répondre. Merci.
M. Fréchette: Je dois dire que, l'an dernier, quand je n'y
étais pas, la commission avait été avisée...
Le Président (M. Vallières): Au nom du ministre, M.
le président de la CSST.
M. Fréchette: En terminant, je dois dire que je trouve un
peu maligne la remarque du début, en ce sens que je n'étais pas
là l'an dernier. J'avais, par hasard, rencontré le
député de Sainte-Anne et je lui avais expliqué la raison;
et je pense que le ministre l'a expliquée en commission, si ma
mémoire est bonne. Je présidais une séance
plénière du colloque mondial sur l'amiante à
Montréal. Si vous êtes au courant de ce colloque, les parties
patronales, syndicales, gouvernementales, le bloc de l'Est, le bloc de l'Ouest,
etc., avaient négocié chacun des présidents de commission
et chacun des conférenciers.
Je présidais la séance de clôture et c'était
la même journée que l'étude des crédits. Je n'ai pas
le don d'ubiquité, j'ai donc demandé au président du
congrès et aux organisateurs si je pouvais me faire remplacer; on m'a
demandé de ne pas le faire parce que cela leur créait trop de
problèmes. Cela a été dit ici. Je pense que je suis
toujours disponible. Je suis connu dans la province de Québec pour
être toujours disponible et parler à tout le monde. Je suis donc
toujours disponible et particulièrement pour les gens du gouvernement ou
du Parlement, parce que je respecte ces institutions-là.
Le Président (M. Vallières): Merci. Est-ce que le
programme 2 est adopté?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vallières): Le programme 2 et les
crédits qui y figurent sont adoptés sur division. Tantôt le
député de Hull m'avait demandé une intervention que j'ai
notée concernant l'OCQ. Je note qu'elle figure au programme 5. Est-ce
que les membres de la commission sont d'accord pour qu'on débute par le
programme 5?
On pourrait maintenant appeler le programme 5, Aide financière
relative aux activités de placement de l'Office de la construction.
La parole est au député de Hull.
Aide financière relative
aux activités de placement
de l'Office de la construction
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai certaines
questions et sûrement que mes collègues de l'Opposition auraient
davantage de questions à poser. Cela concerne plus
particulièrement l'Office de la construction du Québec. Nous
avons retrouvé des énoncés dans le discours du ministre
des Finances hier soir, à la page 19 entre autres, en ce qui concerne
les programmes de création d'emplois.
Ce qui me préoccupe... Le ministre du Travail a
déjà subi, de la part de l'Opposition, plusieurs questions, entre
autres une question avec débat en novembre dernier
qui avait trait plus particulièrement à la carte de
classification, c'est-à-dire que, du point de vue qualitatif, c'est la
carte de compétence et, du point de vue quantitatif, c'est la carte de
classification.
M. le ministre, en plus de tout ce qu'on nous fait parvenir du
Regroupement des interdits de la construction, qui compte actuellement plus de
40 000 victimes de la carte de classification de l'Office de la construction du
Québec, j'aimerais que vous nous expliquiez le manque de concordance qui
existe actuellement, en tenant compte des programmes de ce même
gouvernement et plus particulièrement de programmes mis de l'avant par
le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
concernant les bons d'emploi.
J'aimerais vous lire une lettre qui est très explicative;
ensuite, j'aimerais la commenter et entendre les recommandations que vous
jugerez opportunes, ou peut-être que l'adjoint parlementaire pourrait
répondre à la place du ministre.
Cette lettre m'était adressée le 25 avril 1983, ce n'est
quand même pas il y a dix ans, M. le ministre: "À la suite de
notre conversation téléphonique de ce jour, j'aimerais vous
informer par la présente que, ce matin, j'ai eu la visite de M. Gilles
Paquet, de Hull, qui venait chez nous pour postuler un emploi à titre
d'apprenti électricien de première année. Gilles se
présente en même temps avec un bon d'emploi du ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu du gouvernement
provincial, immatriculé 90208 et dûment signé par M. Pierre
Marois. Ce bon d'emploi est pour une durée de 20 semaines à
concurrence de 150 $ au maximum par semaine pour une totalité de 3000 $
et un boni de 500 $ pour une durée de huit semaines
supplémentaires. "Par conséquent, en vérifiant avec
l'Office de la construction du Québec pour l'obtention d'un permis de
travail pour l'applicant, je me suis fait dire qu'il était impossible
d'obtenir un permis parce qu'il y avait trop d'apprentis électriciens
sans emploi. Ce n'est pas seulement des apprentis de première, mais
aussi de deuxième, troisième et quatrième année
inclusivement qui comptent. À titre d'employeur, je trouve ceci
très ridicule car j'aimerais bien pouvoir bénéficier d'un
apprenti de première année à cause du service dont j'ai
besoin et aussi du programme qui se présente comme très
intéressant pour un employeur débutant comme nous. "En terminant,
M. le député, j'aimerais bien que vous puissiez essayer de faire
quelque chose pour ces pauvres gens qui sont victimes du cercle vicieux qui
existe actuellement."
M. le ministre, je comprends que vous êtes titulaire de ce
ministère depuis à peine quelques mois, que vous venez du
ministère du Revenu, où on vous a décerné un prix
citron, tel que je vous l'ai dit tantôt. Le même ministre, votre
collègue, accordait aussi un prix citron à la CSST
dernièrement, tenant compte de l'implication des citoyens du
Québec face à certains ministères.
Ce que je comprends mal, M. le ministre, c'est qu'on instaure des
programmes de relance économique au Québec alors qu'il y a un
manque de coordination flagrant, un manque de cohésion entre les
différents ministères et les programmes de certains de vos
ministères. J'ai ici le bon d'emploi qui a été émis
au nom de M. Gilles Paquet pour lui permettre de se trouver un emploi, ce qu'il
a fait. C'est un étudiant qui vient à peine de sortir du
collège. Encore là, je comprends mal que le ministère de
l'Éducation permette encore aujourd'hui à des étudiants de
terminer leurs études de métier alors qu'on sait qu'ils ne
peuvent accéder au marché du travail.
J'aimerais vous entendre là-dessus, M. le ministre. Sans vous
imputer toutes les responsabilités, vous en détenez une grande
part étant donné que c'est votre gouvernement qui a
institué la carte de classification en 1978. Cette carte est
complètement désuète face aux problèmes
éventuels. Plusieurs revendications ont été faites par des
organismes et des groupes et j'aimerais vous entendre là-dessus, M. le
ministre, parce que cela crée des problèmes à nos jeunes
actuellement sur le marché du travail, des jeunes comme le jeune Paquet
qui s'est prévalu d'un bon et qui aurait pu faire
bénéficier une jeune entreprise d'un emploi qui aurait pu devenir
permanent.
Tenant compte du budget présenté par M. Parizeau hier
soir, à l'Assemblée nationale, et des programmes de
création d'emplois, de quelle façon allez-vous procéder
dans le but de permettre aux citoyens du Québec de
bénéficier de cette liberté essentielle, la liberté
d'emploi? À ce que je sache, quelqu'un qui se trouve un emploi ou
quelqu'un qui travaille, ce n'est pas considéré comme un
délit. Actuellement, quelqu'un qui travaillerait sans carte de
classification pourrait se voir infliger des amendes importantes ou même
la prison pour avoir osé travailler et gagné son pain quotidien.
J'aimerais vous entendre là-dessus, M. le ministre. On aura
sûrement d'autres questions importantes à ce sujet.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre du
Travail.
M. Fréchette: Sans malice à l'endroit du
député de Hull, prix citron pour prix citron, s'il y avait un
concours de cette nature chez les députés, le
député de Hull serait un sérieux candidat à
l'obtention de ce prix et il n'aurait sans doute pas de
concurrent, très probablement.
M. Rocheleau: Je n'en ai pas eu jusqu'à présent.
(12 h 45)
M. Fréchette: Et cela dit sans malice. C'est toujours la
même stratégie qu'on développe, vous savez. C'est
d'ailleurs comme cela depuis que le règlement de placement existe. C'est
toujours la même stratégie qu'on développe: à partir
d'un cas particulier, qui est soumis à chacun d'entre nous, dans nos
bureaux de comté, on remet en question toute la philosophie fondamentale
du règlement de placement. Ce que l'Opposition souhaite - et on l'a
souvent dit, le député de Mégantic-Compton, en
particulier, l'a dit très fréquemment - c'est que, dans ce cas-ci
également, puisqu'on parlait de statu quo ante dans le cas de la
subvention à l'inspection, il y ait un statu quo ante du
côté de l'Opposition.
Je vais encore me répéter par rapport à des choses
que j'ai dites hier, alors que le député de Hull, occupé
à autre chose sans doute, n'était pas là. Est-ce qu'on va
finalement, enfin, réaliser, accepter le fait que toute la philosophie
qui sous-tend ce règlement de placement est, à toutes fins utiles
et à tous égards, l'équivalent d'une clause
d'ancienneté dans n'importe quelle convention collective
négociée et signée entre des parties? Dans toutes les
conventions collectives - le député de Hull sait très
certainement, ce à quoi je fais référence; il a
l'expérience de ce genre de choses - il y a des dispositions qui
prévoient que, lorsque l'employeur doit procéder à des
mises à pied pour le motif qu'il n'y a pas suffisamment de travail pour
que tous les travailleurs soient à leur position respective, on les met
à pied, et lorsqu'on fait un rappel, en vertu du système et de la
clause d'ancienneté, on va rappeler le travailleur qui a le plus grand
nombre d'années d'ancienneté, d'heures d'ancienneté et,
dans certains cas, il y a des conventions collectives qui vont prévoir
quasiment jusqu'à la minute le terme global de l'ancienneté d'un
salarié.
Est-ce que l'on va finalement comprendre que la philosophie fondamentale
qui sous-tend tout le règlement de placement est axée exactement
sur les principes qu'on retrouve dans toutes les conventions collectives? Il
n'y a rien de particulier, dans le secteur de la construction, à ce que
le phénomène de l'ancienneté soit respecté comme il
l'est dans les conventions collectives en général qui sont
négociées de gré à gré par des parties qui
signent des conditions de travail comme celles-là. Je veux bien qu'on
fasse ce genre d'observation. C'est devenu fréquent. On a fait un
débat d'urgence récemment pour dire que les travailleurs de la
construction étaient trop payés, qu'il fallait leur soustraire
les 10% qui leur étaient dus le 1er mai.
M. Bélanger: Question de règlement.
M. Fréchette: On est en train, également...
Le Président (M. Vallières): Sur une question de
règlement, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, vous savez qu'en
commission parlementaire, il n'y a pas de question de privilège, mais
là il y a quand même une limite. On a fait un débat non pas
pour dire que les travailleurs étaient trop payés, mais pour
demander si l'Office de la construction serait prêt à tenir un
vote libre de la part des travailleurs pour savoir s'ils sont prêts
volontairement, et je l'ai dit cinq fois, à renoncer à leur
augmentation.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Fréchette: Maintenant, le député de Hull
fait également référence à des programmes
annoncés hier dans le discours sur le budget. Je suis content qu'il y
fasse référence, effectivement, parce qu'il y a un de ces
programmes, en particulier, qui, dans la pratique, a démontré
qu'on pouvait rappeler un grand nombre de travailleurs dans l'industrie de la
construction. Vous avez très certainement compris que je fais
référence au programme de Corvée-habitation. Vous savez
les dispositions que contient le budget: le taux d'intérêt est
ramené à 9,5% pour une période de trois années, une
subvention de 2000 $ est accordée plus une autre de 1000 $ de la
municipalité. Savez-vous que cela remplace ce que M. Lalonde vient
d'annoncer, c'est-à-dire que, quant à lui, quant au gouvernement
fédéral, on retirait, à partir de la fin du mois de mai,
le programme de 3000 $ qu'on accordait pour la construction d'une maison
d'habitation? Dans ce programme, qui a jusqu'à maintenant fait ses
preuves, effectivement, il est très clair qu'avec les dispositions qu'on
retrouve au discours sur le budget, on va pouvoir procéder à la
création d'emplois et ramener sur les chantiers de construction ceux de
ces travailleurs qui ont effectivement acquis de l'ancienneté en vertu
du principe même du règlement.
Quand le député de Hull nous signale qu'il n'y a pas de
possibilité que des apprentis puissent obtenir de l'emploi, je lui
signalerai simplement qu'en 1981, par exemple, 2998 apprentis ont
été placés dans l'industrie de la construction. En 1982,
malgré cette conjoncture économique que tout le monde
connaît et dont on est bien conscient, il y a eu 1263 apprentis qui
ont
réussi à se trouver de l'emploi sur des chantiers de
construction. M. le Président, quand le député de Hull
plaide avec la fermeté et la conviction qu'on lui connaît que le
règlement de placement, à toutes fins utiles, est une
barrière imperméable à tout apprenti, les chiffres qu'on a
devant nous, me semble-t-il, prouvent à l'évidence que telle
n'est pas la situation.
Ce qu'il remet en question également, quand il parle de la
concordance ou de la coordination dans les programmes gouvernementaux de
création d'emplois, ce qu'il remet en question, c'est tout le champ
d'application qu'on retrouve à l'article 2 ou à l'article 3 de la
Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction. Ce que
voudrait le député de Hull, à toutes fins utiles, c'est
que ce champ d'application qui est expressément délimité
dans la loi soit ouvert de telle sorte qu'on puisse permettre que des travaux
de construction se fassent sans aucune espèce d'égard à ce
critère d'ancienneté dont je viens de parler et à ce
critère de permis, en fonction du nombre d'heures de travail qu'on a
accumulées.
M. le Président, si le député de Hull est en train
de me dire qu'il faudrait réévaluer et revoir tout le champ
d'application de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, il est évident que, dès lors que l'on ouvre l'un ou
l'autre des chapitres, on va effectivement ouvrir l'ensemble des chapitres et,
à ce moment-là, autant la loi elle-même que la
réglementation de placement n'ont plus aucune espèce de
signification. Il y a actuellement - faut-il le répéter, faut-il
le dire - dans le secteur de la construction -les députés de Hull
et de Mégantic-Compton sont très certainement au courant de ces
données ou de ces statistiques - 40 000 salariés qui ont de
l'emploi et 60 000 qui n'ont pas d'emploi. Est-ce que je devrais comprendre
qu'il ne faudrait pas tenir compte de ces 60 000 travailleurs de la
construction qui ont fait leur vie dans ce métier, que ces 60 000 ne
devraient pas être préférés à certaines
autres catégories de travailleurs qui n'ont pas choisi la vocation
d'aller dans le métier de la construction ou qui n'ont pas
accumulé les heures que ces 60 000 ont accumulées et qui
attendent, effectivement, des ouvertures?
M. le Président, j'aurai un seul autre commentaire. Je vous dirai
qu'à la suite des événements qui sont survenus à la
frontière Québec-Nouveau-Brunswick, le gouvernement du
Nouveau-Brunswick a été informé de la teneur de notre
règlement de placement et il se dit très intéressé
à en connaître, dirait le député de Portneuf, les
tenants et aboutissants; il se dit très intéressé à
en connaître les mécanismes. La discussion s'est engagée et
les gens du Nouveau-Brunswick sont effectivement en pourparler avec nous pour
essayer de voir s'il n'y aurait pas des moyens d'instaurer au Nouveau-Brunswick
une politique qui ressemblerait à celle qui existe chez nous.
M. Bélanger: Conseillez-leur de venir voir l'Opposition
également.
M. Rocheleau: M. le Président, je voudrais
compléter.
Le Président (M. Vallières): Oui, tout en rappelant
au député de Hull que j'ai deux demandes d'intervention sur le
même sujet, une du député de Mégantic-Compton et une
autre de la députée de Maisonneuve.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Je veux simplement lire quelques lignes du discours
sur le budget que prononçait hier soir, à l'Assemblée
nationale, le ministre, M. Jacques Parizeau. C'est relativement frais, encore
chaud: "Quand on parle des programmes de création d'emplois, il faut
enfin incorporer au plan d'action économique du gouvernement les
programmes de création d'emplois destinés, en premier lieu,
à remettre au travail des dizaines de milliers de chômeurs,
d'assistés sociaux et de jeunes qui n'ont pu encore travailler." Je
pense que ce n'est pas compliqué quand on parle de coordination.
Le ministre faisait allusion tantôt au fait que le
Nouveau-Brunswick était intéressé à examiner le
règlement de placement du Québec. C'est peut-être pour
faire la même chose que le Québec, pour empêcher les
travailleurs du Québec d'aller travailler au Nouveau-Brunswick. A-t-on
l'intention, M. le ministre, d'instaurer des barrières, des
frontières entre les provinces canadiennes? Si l'on tenait compte du
fait que, dans l'Outaouais, on pourrait vivre la même situation qu'au
Nouveau-Brunswick, parce que 50% de nos travailleurs de la construction
travaillent actuellement du côté ontarien, est-ce qu'on veut
établir ces barrières pour se refermer sur soi-même et
créer davantage de chômeurs? Tantôt, le ministre n'a pas
répondu à ma question dans le sens que, si on émet des
bons d'emplois à des jeunes, est-ce que l'on ne crée pas de faux
espoirs à ces jeunes qui doivent suivre la réglementation du
placement dans la construction et obtenir une carte de classification dans le
but de se prévaloir d'un travail quelconque? Ou est-ce que ces jeunes
sont voués au chômage, même pas au chômage dans le cas
de ce jeune, c'est-à-dire bénéficaire de l'assistance
sociale pour le reste de ses jours, tenant compte qu'il n'a pas les heures
nécessaires d'accumulées et, par le fait même, qu'il ne
pourra jamais obtenir une carte de classification dans la construction?
Le Président (M. Vallières): S'il vous plaît,
M. le ministre, avant de vous passer la parole, vu qu'il nous reste à
peine...
Une voix: ...trois minutes.
Le Président (M. Vallières): ...trois minutes
à l'horaire prévu, je voudrais vous indiquer que, ou bien nous
dépasserons l'heure prévue avec le consentement, parce que
l'article 150 de notre règlement nous le permet, ou encore nous devrons,
à 13 heures, ajourner nos travaux sine die. J'aimerais connaître
votre point du vue de part et d'autre là-dessus.
M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, en toute
honnêteté, il nous reste... On aura complété, en
termes de temps, le temps qui nous était alloué en allant
jusqu'à 13 heures. Mais, en termes de travaux de la commission, je pense
qu'effectivement, il nous reste environ une heure et demie. Je proposerais
qu'on termine avec les questions qu'on a ici jusqu'à 13 heures, 13 h 05,
selon les réponses, et qu'on revienne après la période des
questions, pendant l'heure et demie qu'il nous reste pour terminer les autres
programmes.
Le Président (M. Vallières): Nous avons
effectivement sept heures et vingt-huit minutes de travaux de
complétés. Je veux simplement vous indiquer qu'en ce qui concerne
le président de la commission, il y aura changement puisque j'ai
prévu de travailler à d'autres fins cet après-midi.
M. Fréchette: M. le Président, on vous
manquera.
Le Président (M. Vallières): Je voudrais aussi
entendre le ministre sur cette question.
M. Fréchette: Effectivement, M. le Président, je ne
ferai que confirmer l'information que le député de Laurier vient
de transmettre à la commission. En termes de calendrier, si je peux
m'exprimer comme cela, normalement, on devrait terminer. Mais je suis aussi au
fait qu'il nous resterait une heure et demie pour écouler les neuf
heures qui avaient été prévues pour la commission. Etant
donné l'heure qu'il est et le fait que je dois assez rapidement me
rendre au Conseil des ministres, je suggérerais qu'on ajourne les
travaux sine die avec la possibilité de revenir immédiatement
après la période de questions, vers 16 h 30, pour terminer
à 18 heures, si cela convient à tout le monde.
Maintenant, j'ai compris que le programme 2 était
adopté...
Le Président (M. Vallières): Oui, sur division.
M. Fréchette: ...de sorte que ces gens peuvent être
libérés.
Le Président (M. Vallières): Oui. Nous pourrions
procéder, au retour, à l'étude du programme 5.
M. Fréchette: Voilà.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais simplement,
étant donné qu'on doit ajourner les travaux, demander au ministre
d'utiliser le temps qu'il aura pour réfléchir à des
réponses correctes auxquelles je m'attends depuis longtemps.
Le Président (M. Vallières): La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise de la séance à 16 h 50)
Le Président (M. Vallières): La commission
élue permanente du travail reprend ses travaux.
Je veux, au départ, faire part de quelques changements. Au niveau
des membres, M. Rochefort (Gouin) est remplacé par M. Leduc (Fabre); au
niveau des intervenants, M. Leduc (Fabre) est remplacé par M. Rochefort
(Gouin)
Lors de la suspension de nos travaux, la parole appartenait au
député de Hull. J'ai également des demandes d'intervention
de la part des députés de Mégantic-Compton et de
Prévost. Nous commencerons avec le député de Hull.
M. le député de Hull, vous avez la parole.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Disons que j'avais
posé la plus grande partie de mes questions au ministre ce matin, en lui
demandant de réfléchir durant la période du dîner
afin de nous fournir des réponses correctes cet après-midi. Je
voudrais simplement revenir à une question que j'ai déjà
posée. On sait que les principales centrales syndicales, entre autres la
FTQ et la CSN, se sont toujours opposées à des modifications du
règlement de placement, alors que l'internationale favorisait des
changements majeurs. Il y a quelques jours, la CSN demandait au ministre du
Travail de modifier le règlement de classification, étant
donné que 3500 apprentis risquent la déchéance si ce
règlement n'est pas assoupli davantage par des modifications à y
être apportées.
Tout se tient, M. le ministre, autant ces complications que l'Office de
la construction du Québec crée par ce règlement de
placement que ce que l'Opposition demande d'abolir au niveau de la
carte de classification. Si le ministre a pu avoir les réponses
auxquelles je tiens énormément, est-ce qu'il pourrait les
communiquer à l'Opposition afin de nous permettre de continuer notre
travail objectif?
M. Fréchette: Comment avez-vous dit?
M. Rocheleau: Objectif.
M. Fréchette: M. le Président, il y a une question
qui était restée en suspens ce matin, posée par le
député de Hull, et qui concernait l'impossibilité, selon
son évaluation personnelle, pour des travailleurs de l'extérieur
du Québec de venir travailler au Québec. Je voudrais simplement
rappeler au député de Hull que telle n'est pas
précisément la situation. Je le référerai à
l'article 14 du règlement de placement -c'est très court comme
disposition - où on dit: "L'office délivre un certificat de
classification spécial aux salariés domiciliés hors du
Québec pour lesquels un employeur enregistré à l'office -
donc, un employeur du Québec - formule une demande et fournit une
garantie de travail." Il est clair que lorsqu'on affirme, de façon
très catégorique et sans faire aucune espèce de
distinction, qu'il est impossible pour des travailleurs de l'extérieur
de venir exercer leur activité professionnelle dans la construction au
Québec, ce n'est pas précisément la situation.
J'ajouterai par ailleurs - c'est dans le cadre du même article du
règlement - que le travailleur de l'extérieur qui vient
travailler au Québec, en vertu de l'article 14 de la
réglementation, est soumis aux mêmes conditions et exigences que
le travailleur du Québec, en termes du nombre d'heures, en termes du
certificat de classification et ainsi de suite. Il n'y a donc pas cette
fermeture absolue, imperméable, étanche et infranchissable
à cet égard dont parlait le député de Hull.
Il me demande également des commentaires sur une récente
prise de position de la Confédération des syndicats nationaux, la
CSN. À cet égard, le député de Hull va très
certainement se souvenir que le chef de sa formation politique, à deux
occasions bien spécifiques, m'a adressé des questions à
l'Assemblée nationale sur cet aspect très précis de la
situation. Ce que j'ai compris de la demande de la CSN, c'est qu'on ne demande
pas effectivement de modifier dans sa base et sa philosophie le
règlement de placement. Ce que l'on souhaite, c'est un assouplissement
quant aux conditions existantes pour obtenir son permis de travail. C'est aussi
dans ce sens-là, me semble-t-il - et le député de Hull
pourrait me corriger si je faisais erreur - que le chef de l'Opposition a
soumis récemment sa question à l'Assemblée nationale.
D'ailleurs, le député de Mégantic-Compton doit s'en
souvenir, il est revenu en question additionnelle après le chef de
l'Opposition qui, à deux reprises jusqu'à maintenant, a
formulé des questions dans le sens que je viens de le dire: Est-ce que
le ministre est prêt à considérer la possibilité
d'assouplir les "conditions d'admissibilité" à l'obtention d'un
permis de travail? Ce à quoi j'ai répondu: Oui, effectivement, M.
le Président.
Je suis même disposé à vous dire davantage
aujourd'hui. Déjà, l'opération pondération, en
termes de régions, par exemple, est amorcée et nous serons en
mesure, dès le mois de septembre, d'arriver à une
évaluation précise des impacts très précis que la
situation économique pourra avoir eus sur des travailleurs qui
étaient détenteurs d'un permis et qui, tenant compte du fait
qu'ils n'ont pu accomplir le nombre d'heures requis, toujours à cause de
la conjoncture économique, pourraient se retrouver, au 1er mars 1984,
devant l'éventualité qu'on ne renouvelle pas leur permis. Cette
procédure est déjà enclenchée sur le plan
administratif et sur le plan politique aussi. C'est déjà
arrêté comme décision de tenir compte de l'ensemble de la
conjoncture dont on vient de parler. Sauf erreur, encore une fois, il me semble
bien que c'est le sens dans lequel la CSN faisait des
représentations.
J'ai également dit, en réponse à la question du
chef de l'Opposition, qui est dans la même foulée que celle que me
pose le député de Hull, qu'on parlait de 3500 travailleurs qui se
seraient retrouvés dans cette situation dont je viens de parler. Les
chiffres que nous possédons, que l'Office de la construction a
évalués ne sont pas de la même envergure; ce sont 1429. Je
vous le cite de mémoire, quitte à le repréciser. Ce sont
effectivement 1429 travailleurs, au lieu de 3500 dont parle la CSN, qui se
seraient retrouvés dans cette situation.
Dans l'esprit et la foulée, encore une fois, des questions que
m'a posées le chef de l'Opposition, je réitère que le
processus est enclenché. Au mois de septembre, nous pourrons arriver
à des conclusions très précises et tenir compte de ces
situations au 1er mars 1984 quand arrivera le temps du renouvellement des
permis.
M. Rocheleau M. le Président, le ministre est conscient
aussi du fait que ce n'est pas la première fois que certaines
modifications sont apportées au règlement de placement. Je pense
qu'en août dernier il y a eu certains assouplissements. Le chef de
l'Opposition, M. Gérard D. Levesque, dans sa question au ministre du
Travail, la semaine dernière, je crois, demandait des assouplissements
à la limite, tenant compte du fait que notre formation politique,
indépendamment du règlement de placement, était
contre la carte de classification comme telle. C'est une philosophie totalement
différente que le ministre devra constater au fur et à mesure
qu'il soumettra des modifications au règlement de placement pour en
arriver éventuellement à une élimination complète
de la carte de classification, tout en maintenant la carte de placement qui, au
point de vue qualitatif, confirme le vrai travailleur de la construction.
Je n'ai pas l'intention de commencer une polémique sur le nombre
d'apprentis - y en a-t-il 3500 ou 1400? - mais cela tient compte du fait que ce
ne sont pas nécessairement des cas isolés. J'ai parlé du
cas d'un étudiant, ce matin, qui avait un bon d'emploi et qui s'est
effectivement trouvé un emploi; malheureusement, l'Office de la
construction du Québec, à Hull, n'a pu lui délivrer son
permis de travail. Le ministre a parlé tantôt d'un ouvrier ou d'un
travailleur de la construction de l'extérieur des limites du
Québec qui voudrait venir travailler au Québec pour une firme ou
un constructeur donné. Dans plusieurs cas, à Hull, des
travailleurs de la construction, résidant au Québec et
travaillant à Ottawa depuis déjà quelques années,
ont voulu réintégrer le Québec parce qu'on leur offrait de
l'emploi. On leur a refusé leur carte de classification
prétextant qu'il y avait déjà en lice des personnes qui
détenaient leur carte et qui n'avaient pas de travail. Je pourrais vous
citer des cas particuliers et très pertinents; cela me fera plaisir de
vous en faire part, si vous le souhaitez.
D'autre part, j'ai posé une question très pertinente au
ministre ce matin. Je lui ai parlé de son collègue, le ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui distribue
des certificats. J'espère que ce ne sont pas des certificats comme on en
a connus en 1980 lors du référendum; j'espère que c'est
beaucoup plus objectif pour la création d'emplois. Dans le cas de la
distribution des bons d'emploi, le ministre pourrait-il, avec son
collègue, essayer de coordonner ces bons d'emploi distribués
à des jeunes qui sont sur le marché du travail? On leur donne
ainsi une lueur d'espoir de se trouver un emploi, l'employeur voudrait bien
l'employer, mais, parce qu'il est apprenti, parce qu'il semblerait y avoir des
apprentis de deuxième, troisième ou quatrième
année, il n'y a pas de place pour lui.
C'est sur cela que j'aimerais que le ministre me réponde. Est-ce
qu'on ne veut que créer une illusion ou si on veut vraiment mettre en
oeuvre les politiques annoncées dans le budget du ministre Parizeau hier
soir, c'est-à-dire des programmes pour faire travailler les
assistés sociaux, les chômeurs et les jeunes qui ne sont pas sur
le marché du travail? C'est une question pertinente sur des programmes
annoncés par le gouvernement, mais contredits par l'application de
certains règlements.
M. Fréchette: II y a plusieurs questions dans les
remarques du député de Hull. Je vais essayer de les relever l'une
après l'autre. Si j'en oubliais, vous me le signalerez. Vous avez,
d'abord, soulevé le cas du travailleur qui quitterait le Québec
pour aller travailler à Ottawa, dites-vous, parce que c'est une
situation dont vous êtes plus au courant, sans doute. Si ce travailleur,
qui quitte le Québec pour aller travailler à Ottawa, était
déjà un travailleur de la construction et s'il était
salarié immédiatement avant de quitter le Québec pour
traverser les frontières et aller travailler à Ottawa, en
Ontario, lorsqu'il reviendra au Québec, les heures qu'il aura
accumulées en Ontario seront créditées à son
dossier tout comme s'il avait continué de travailler au Québec.
La réglementation est ainsi faite et les dispositions du
règlement sont claires à cet égard.
Maintenant, le député de Hull - il l'a fait ce matin et il
revient sur la même question - a fait référence et a mis
l'emphase sur la question du bon d'emploi. Puisqu'on parle du bon d'emploi, il
faut peut-être rappeler que, si la situation était telle que
décrite par le député de Hull, il n'y aurait pas autant de
jeunes qui, effectivement, ont réussi à se trouver des emplois
avec le bon d'emploi. Je n'ai pas les chiffres très précis au
moment où l'on se parle, mais c'est dans l'ordre de plusieurs centaines
de mille jeunes qui ont pu se trouver des emplois à même le bon
d'emploi. Non seulement ils ont pu se trouver des emplois, mais les
évaluations qui sont faites jusqu'à maintenant nous
amènent et amènent les analystes de la situation à la
conclusion que, du nombre de ceux qui se sont trouvé des emplois, il y
aurait un phénomène de rétention variant entre 40% et 50%.
Le bon d'emploi n'est pas émis aux jeunes strictement pour tenter de se
trouver du travail dans l'industrie de la construction. Il y a tous les autres
secteurs de l'activité économique qui sont ouverts - c'est,
d'ailleurs, ce qui s'est passé, je viens de le dire, plusieurs jeunes se
sont trouvé de l'emploi à partir du bon d'emploi - le secteur
manufacturier, le secteur des mines et métaux, le secteur des services
tertiaires. Voilà autant d'endroits qui permettent aux jeunes
détenteurs du bon d'emploi de l'utiliser.
M. Rocheleau: M. le Président, simplement pour
éclairer. Ce jeune, en particulier, sort de la polyvalente. Son
enseignement a été très spécifique. Il a pris le
cours d'électricien; alors, il va sur le marché du travail pour
travailler, selon la
formation qu'il a reçue, à ce qu'il s'est fixé
comme objectif. Je comprends qu'avec un bon d'emploi il pourrait laver de la
vaisselle, il peut aller balayer la rue; il pourrait faire n'importe quoi.
Mais, si on envoie nos jeunes à l'école pour se former et que ces
jeunes sortent du collège, sortent de la polyvalente avec une formation
donnée et qu'on ne peut pas leur offrir de travailler selon leur
formation, même s'ils se trouvent du travail, je pense qu'on pourrait
peut-être suggérer au ministre du Travail de discuter avec le
ministre de l'Éducation de la possibilité d'abandonner certains
cours qui se donnent dans nos polyvalentes parce que le marché est
complètement fermé, et de dire aux jeunes de ne pas perdre leur
temps à apprendre un métier pour lequel ils n'auront pas de
travail à leur sortie de l'école. Je pense que le ministre va
sûrement en convenir avec moi.
M. Fréchette: M. le Président, juste un
élément additionnel d'information qui, je l'espère,
contribuera à jeter un peu d'éclaircissement sur la discussion
qu'on est en train d'avoir. La réglementation dans l'état actuel
des choses permet à un jeune qui sort d'une école de formation
professionnelle, qui a choisi un métier qui est en relation avec les
métiers de la construction, de s'inscrire sur les listes de l'Office de
la construction et lorsque dans sa région, par exemple, on aura
épuisé la liste des apprentis disponibles, il sera appelé
à travailler dans l'industrie de la construction dans le genre de
métier ou de profession qu'il aura choisi lorsqu'il a suivi son cours de
formation professionnelle.
On revient à la même discussion que ce matin. Est-ce qu'on
va accepter de respecter - c'est ce que le gouvernement prétend, en tout
cas - ce principe de l'ancienneté? Si on accepte de respecter ce
principe de l'ancienneté il va devoir s'appliquer même pour celui
qui sort de l'école de formation professionnelle où il a appris
un métier. Quand le député de Hull attire notre attention
sur le fait qu'il n'existe aucune possibilité pour cet étudiant
qui vient de sortir de l'école de formation professionnelle, encore une
fois, ce n'est pas ce que le règlement de placement stipule. Le
règlement de placement stipule très clairement la
possibilité pour lui de s'inscrire à l'office et, par le
même processus que pour les autres travailleurs, d'arriver à se
trouver un emploi dans l'industrie de la construction quand cette industrie
aura pris la relance que tout le monde souhaite.
J'ai donné des chiffres ce matin qui sont assez éloquents
et qui démontrent à l'évidence, me semble-t-il, que,
lorsqu'il y a 100 000 travailleurs de la construction au Québec, qui
pourraient effectivement se retrouver quotidiennement sur les chantiers de
construction, alors que seulement 40 000 d'entre eux ont de l'emploi
actuellement, il me semble que les mêmes principes doivent s'appliquer
à celui qui sort d'une école de formation professionnelle.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Mégantic-Compton et, après, le député de
Prévost. Je vous signale qu'à 18 h 24 précisément
le temps prévu sera écoulé pour l'étude des
crédits. C'est à vous de voir le temps qu'il reste. On est au
programme 5. Il n'y a que le programme 2 d'adopté. Vous avez le choix de
disposer du temps qu'il vous reste à l'intérieur des limites
fixées.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Fréchette: Jusqu'à maintenant, M. le
Président, on s'est fort bien entendu sur le temps à consacrer
à tel ou tel programme. Quant à moi, je suis ouvert à
n'importe quel genre de suggestion qu'on pourrait faire quant au reste du temps
qui est à notre disposition, en tenant pour acquis, bien sûr,
qu'à l'expiration du temps dont vous venez de parler, M. le
Président, nous aurons eu l'occasion d'adopter les cinq programmes qu'on
a à adopter.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président.
Mme Harel: M. le Président, si vous me le permettez, ce
matin, je me suis inscrite sur la liste. Je ne sais si vous avez mon nom sur la
liste des intervenants au sujet de l'OCQ.
M. Bélanger: Oui.
Mme Harel: En fait, c'était après vous ou
avant...
M. Bélanger: C'est exact. C'est cela.
Mme Harel: ...dans l'alternance. Normalement, cela devrait
être à moi, mais je vous laisse votre tour de parole.
Le Président (M. Brouillet): Sur la liste que j'ai ici,
j'avais le député de Hull - c'est terminé - le
député de Mégantic-Compton et le député de
Prévost. Je peux ajouter immédiatement la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense qu'il faut que vous ajoutiez la
députée de Maisonneuve.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. D'ailleurs, je
vais plaider pour la députée de Maisonneuve. Elle était
vraiment inscrite. C'est votre prédécesseur qui l'a, tout
simplement, oubliée.
Je voudrais faire, avant de commencer les questions, tout au moins deux
mises au point. Le ministre du Travail, pour qui je n'ai pas de sympathie sans
borne - je n'avais pas, non plus, d'animosité à son égard
jusqu'à ce jour - a dit des choses ici qui ne sont pas tout à
fait dans l'ordre des choses et qui ne sont pas tout à fait la
vérité. Lorsque nous avons eu le débat d'urgence à
l'Assemblée nationale jeudi dernier, ce n'était pas pour dire que
les travailleurs de la construction étaient trop payés.
C'était, tout simplement, pour demander à l'Office de la
construction du Québec de tenir un vote libre, à savoir si ces
mêmes travailleurs étaient prêts, volontairement, à
renoncer à leur augmentation de salaire prévue pour le 1er mai.
À mon avis - je l'ai dit et je le répète - c'était
dans leur intérêt de le faire, tout simplement pour ne pas freiner
la reprise économique qui vient à peine d'être
amorcée dans le domaine de la construction domiciliaire. Je ne comprends
pas pourquoi le ministre - qui m'a félicité, d'ailleurs,
après mon intervention, de même que son collègue des
Transports, disant que j'avais une position tout à fait convenable, tout
à fait réaliste, beaucoup mieux que l'Association provinciale des
constructeurs ou que l'AECQ - arrive ici et me dit que, lors d'un débat,
j'ai dit que les travailleurs étaient trop payés, etc.
Cela étant dit, nous allons revenir au règlement de
placement. Je suis heureux de voir M. Ménard, de l'OCQ, ici. Je vais
expliquer, au nom de ma formation politique, la position du Parti
libéral du Québec. Le but ultime du Parti libéral du
Québec n'est pas de permettre l'accès des chantiers de
construction aux pompiers et aux policiers. Il n'est pas de permettre le double
emploi. Le but ultime du Parti libéral est, tout simplement, de
permettre à un travailleur de la construction, qui a
démontré dans le passé qu'il était compétent
dans son métier et qu'il avait travaillé pendant X années,
d'avoir le libre accès au marché du travail. Qu'il n'y ait pas de
travail pour tout le monde, j'en conviens; probablement que cela va prendre du
temps avant qu'il y ait du travail pour tout le monde. Mais, peu importe
l'industrie, y a-t-il du travail pour tout le monde? De ces temps-ci, on se
promène au Québec et on voit: Nous n'embauchons pas. On ne veut
même pas qu'ils entrent et qu'ils franchissent la barrière. On
leur dit immédiatement: On ne veut pas.
Mais, dans le cas qui nous concerne, le règlement de placement a
été - je le ferai remarquer au ministre - condamné par des
ex-ministres du cabinet péquiste, dont Louis O'Neill qui a dit que
c'était le règlement le plus stupide - j'emploie ses mots; ce ne
sont pas les miens, je le cite au texte - qu'il lui avait jamais
été donné de connaître. Le député de
Saint-Jacques, le soir où il a fait ses adieux dans son comté -
c'est à se demander si ces gens-là, lorsqu'ils
démissionnent, retrouvent une logique qu'ils n'ont pas lorsqu'ils sont
ici - a dit que nous étions syndicalisés par-dessus les oreilles,
que nous étions suréglementés et que c'est pour cela que
nos jeunes étaient si découragés face à l'avenir et
qu'on assistait au Québec à un aussi grand nombre de suicides. Le
député de Trois-Rivières, qui siège encore, ne le
dit pas publiquement, mais il nous dit de temps à autre dans les
corridors de continuer la bagarre et que probablement il participera à
la prochaine question avec débat sur le règlement de placement.
(17 h 15)
M. Fréchette: C'est un avis que vous nous donnez
là.
M. Bélanger: Donc, le but ultime du Parti libéral,
ce n'est pas d'ouvrir les portes à tout le monde, je le
répète. C'est, tout simplement, d'avoir une certaine logique pour
défendre des libertés individuelles, c'est de permettre, au
moins, aux gens d'avoir une chance de postuler un emploi et, lorsqu'ils ont un
employeur, d'aller travailler. C'est surtout pour les jeunes qu'on l'a fait et
que je continuerai de le faire, parce que je trouve inconcevable qu'on forme
des jeunes et que, dès qu'ils ont obtenu leur diplôme, on leur
dise, comme le ministre vient de le mentionner: On va vous inscrire sur la
liste d'attente. Ce n'est pas payant, la liste d'attente et, quand vous allez
à la banque pour emprunter 5000 $, si vous dites au gérant: Je
suis sur la liste d'attente, vous attendrez également pour votre emprunt
parce que vous ne l'aurez pas. Ce n'est pas une solution; il y a d'autres
solutions pour régler le problème et c'est cela que nous
demandons au gouvernement de faire. C'est, d'ailleurs, cela que nous ferons
dès que nous prendrons le pouvoir. Nous trouverons un moyen de nous
assurer que ce sont de vrais travailleurs de la construction.
Mais le ministre nous a dit: C'est une question d'ancienneté. Je
regrette, ce n'est pas une question d'ancienneté. Lorsque des gens
viennent vous voir à votre bureau et vous disent: J'ai été
opérateur de grue mécanique pendant 28 ans, mais je n'ai pas
travaillé depuis deux ans; il n'y avait rien dans ma région.
Parce qu'il n'a pas travaillé, il n'a plus le droit de travailler jamais
de sa vie. Ce n'est pas cela, l'ancienneté. L'ancienneté, c'est
reconnaître ceux qui ont vraiment travaillé. Il y aurait
sûrement un moyen, il y a un moyen. C'est un problème humanitaire.
C'est un problème que moi, en tant qu'humain, en tant que
député, surtout député d'un comté rural,
j'ai à traiter chaque jour, plutôt chaque semaine; pas chaque
jour, il ne faut pas exagérer. J'ai des
cas aussi pénibles que cela. Je ne peux pas arriver ici et vous
dire: Vous, messieurs du gouvernement, vous avez raison, il faut
contrôler l'accès au marché; c'est parfait et c'est comme
cela. Je ne peux pas et j'ai le sentiment que c'est mon devoir de le
combattre.
Je vous dirai que ce n'est pas une guerre contre les syndicats. Au
contraire, ce midi, j'étais avec un chef syndicaliste très bien
connu. On s'est parlé d'homme à homme. Nous avons des relations
tout simplement, peut-être pas amicales, mais quand même des
relations d'affaires. Je pense que, de plus en plus, les centrales syndicales
commencent à comprendre qu'il y a là un problème. La CSN
nous l'a démontré et la FTQ commence également à
nous dire que ce n'est pas le moyen, de contrôler le marché dans
l'industrie de la construction.
Cela étant dit, j'ai une question un peu plus spécifique
à adresser au ministre. On se souviendra des troubles qu'il y a eu
l'année dernière sur le chantier du gazoduc, où j'ai
dû - je n'ai pas dû, mais je l'ai fait volontairement - me rendre
sur le chantier. Je suis allé voir les travailleurs, j'ai tenté
de comprendre les problèmes qu'il y avait sur le chantier du gazoduc. Il
y avait effectivement des problèmes. On avait brûlé des
camions, on avait des hélicoptères de la Sûreté du
Québec qui patrouillaient au-dessus des soudeurs pour qu'ils viennent
à bout de finir leur soudure. J'ai dû distribuer une vingtaine de
cartes de visite avant de pouvoir me rendre au bon "shack" pour parler au bon
gars, parce qu'il y avait des "bodyguards" un peu partout. J'ai même
rencontré des lutteurs très bien connus qui étaient
là comme...
Une voix: Agents de la paix?
M. Bélanger: Non, il était plutôt
contremaître. Il y avait son petit frère de six pieds et huit qui
le protégeait, en plus. Il y avait effectivement un problème
là. J'ai tenu des débats d'urgence ici à
l'Assemblée nationale. Le ministre du Travail du temps -je n'en fait pas
de reproche au ministre actuel, parce que ce n'était pas son dossier -a
cru bon de ne pas agir. Ah! Ce n'était pas si mal que cela; ça
n'allait pas si mal. Maintenant que la paix est revenue, le ministre du Travail
actuel a expédié un télégramme, en date du 9 mai,
disant: Si vous ne faites pas ce que je veux, je vous imposerai une loi, ce ne
sera pas long. Je voudrais savoir quelle est l'intention du ministre. Est-ce
qu'il veut provoquer? Est-ce qu'il aime la bagarre? Dans le moment, que je
sache, cela va très bien; tout au moins, je n'ai pas été
sensibilisé au problème. Peut-être que le ministre pourrait
nous donner des détails sur ce télégramme qu'il a
expédié en date du 9 mai 1983.
M. Fréchette: M. le Président, pour éviter
de prendre du temps à d'autres collègues de la commission qui
veulent intervenir, je me limiterai pour le moment à la stricte question
du gazoduc. Effectivement, tout le monde est au fait des
événements qui ont été vécus l'année
dernière, autant au moment où les travaux sur le gazoduc ont
commencé qu'en cours d'exécution de contrat. Donc, à
partir de cette situation de fait, qui est en soi fort éloquente quand
on la regarde de près, il fallait de toute évidence
procéder à une évaluation de ce que ça pourrait
donner cette année, alors que, dans quelques jours, quelques semaines au
maximum, des travaux de même nature vont s'amorcer. Je suis content que
le député de Mégantic-Compton me soumette la question.
J'ai procédé, avec les personnes spécialement
affectées au domaine de la construction, à une assez vaste
consultation au cours des trois dernières semaines, autant au niveau des
employeurs qu'au niveau des associations syndicales qui peuvent être
impliquées dans le processus du placement sur le gazoduc. J'ai
rencontré, par exemple, les autorités de Gaz Inter-Cité
qui m'ont décrit dans le détail la perception qu'elles avaient du
début des travaux sur le gazoduc. J'ai rencontré aussi, comme je
viens de le signaler, les associations syndicales qui sont partie contractante
au décret de la construction. À partir de ces consultations,
à partir de l'évaluation qui a été faite par ceux
qui ont été impliqués directement dans le dossier
l'année dernière, j'en suis venu à la conclusion qu'il ne
nous fallait pas procéder de façon curative, mais de façon
préventive.
Le député de Mégantic-Compton a en main le
télégramme. Voici la liste des quatre moyens qui ont
été prévus et utilisés. L'année
dernière, lorsque cette violence a éclaté - le
député de Mégantic-Compton parle de voitures qui ont
été brûlées, de différents autres incidents -
le ministre du Travail de l'époque avait procédé par la
voie d'un télégramme qui était à peu près de
la même nature que celui que vous avez entre les mains. On nous informe
qu'à la suite de la réception de ce télégramme une
paix relative est revenue sur les chantiers du gazoduc. Voulant procéder
de façon préventive, à la suite des consultations dont je
vous parle et après lesquelles il nous était possible d'arriver
à évaluer la situation, également d'évaluer ce qui
allait prévaloir au moment où les travaux allaient débuter
et au moment où ils allaient être exécutés, nous
avons donc procédé à l'envoi de ce
télégramme pour faire appel à la bonne volonté de
tout le monde et essayer de faire en sorte que le tout se déroule sans
incidents de la nature de ceux qu'on a connus l'année
dernière.
Deuxièmement, nous avons également demandé à
un expert en relations de travail dans l'industrie de la construction, qui est
Me Raymond Leboeuf, d'être à la disposition des deux parties,
pendant le temps que dureront les travaux, pour recevoir comme
personne-ressource, au-delà de toutes les autres ressources qui existent
pour tenter de régler des problèmes, les doléances, les
représentations que l'une ou l'autre des parties impliquées dans
le contrat pourrait lui soumettre. Me Leboeuf a donc agi, encore une fois,
à titre de personne-ressource, de médiateur spécial pour
le cas où des problèmes de cette nature allaient se
préparer et surgir.
Si, au-delà de ces précautions, il fallait arriver
à constater qu'on est en train de revivre des événements
de la même nature que ceux qu'on a connus l'année dernière,
je suis d'avis - c'est une évaluation qui se discute, qui n'est
peut-être pas la bonne -qu'à ce moment-là il faudra prendre
un autre genre de décision qui ferait en sorte que l'objectif à
atteindre pourrait se réaliser, c'est-à-dire l'exécution
des travaux sans que l'on connaisse des activités du genre dont a
parlé le député de Mégantic-Compton. Il y a donc
ces moyens préventifs: le télégramme, la nomination de Me
Leboeuf. J'espère qu'on ne sera pas obligé d'aller
jusque-là, mais, s'il fallait aller au curatif à un moment
donné, je vous signale que le gouvernement est disposé à
le faire.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Si je comprends bien le ministre, c'est tout
simplement qu'à la suite de ces rencontres il n'est pas parvenu à
un consensus et qu'il a cru bon d'avertir immédiatement les centrales
syndicales...
M. Fréchette: Les employeurs également.
M. Bélanger: ...et les employeurs également que,
s'ils n'entraient pas dans l'ordre, il serait prêt à intervenir
par une loi spéciale. J'aimerais connaître un peu la loi
spéciale, parce que, depuis la loi 111, on se demande jusqu'où
peut aller le gouvernement. Est-ce qu'il y aurait des punitions? Est-ce qu'il y
aurait le fouet? Est-ce qu'il y aurait des armes nucléaires? C'est cela
que je voudrais savoir.
M. Fréchette: Le député de
Mégantic-Compton est en train de présumer que, de toute
évidence, les travailleurs ne respecteront pas la loi, ni, non plus, la
réglementation. Voilà.
M. Bélanger: Vous n'en êtes pas sûr, non plus,
puisque vous avez envoyé un télégramme.
M. Fréchette: C'est pour cela que je vous dis que vous
êtes en train de présumer un certain nombre de choses. Je vois mal
comment je pourrais aujourd'hui, mercredi à 17 h 30 indiquer au
député de Mégantic-Compton quel pourrait être le
contenu de la loi sans connaître la situation qui prévaudra si,
encore, il y en a une qui prévaudra à ce moment-là. Je ne
suis pas en mesure de lui dire aujourd'hui que la loi contiendra telle et telle
disposition sans savoir, par ailleurs, quelles seront les choses qu'il faudra
tenter de corriger par une loi; appelons-la loi curative ou donnons-lui le
qualificatif qu'on voudra. Mais ne me demandez pas maintenant de régler
un problème qui n'est pas encore là. Ne me demandez pas, non
plus, de présumer que les parties impliquées, autant travailleurs
qu'employeurs, ne respecteront pas les dispositions autant de la loi que de la
réglementation. Je pense que le député de
Mégantic-Compton va convenir qu'on ne peut pas procéder à
un jugement immédiatement sans que l'exercice ait été
officiellement amorcé.
En conséquence, le député de
Mégantic-Compton conviendra avec moi que, même si je le voulais,
je ne serais pas en mesure de lui dire quel pourrait être le contenu
d'une éventuelle loi que ni moi ni personne d'autre ne souhaite.
M. Bélanger: Je voulais juste m'assurer que le ministre
était bien conscient l'année dernière des raisons de ces
problèmes. On l'a dit en Chambre et je vais le lui
répéter, parce qu'il n'était pas ministre du Travail
à ce moment-là. C'était, tout simplement, un monopole
d'embauche qui avait été accordé indirectement et qui a
fait qu'on a connu cette violence.
Je voudrais immédiatement - pour aller un peu plus rapidement
parce que, moi aussi, je dois partir - revenir au fameux bon d'emploi dont mon
collègue de Hull a discuté. Le bon d'emploi du gouvernement du
Québec - je l'ai ici avec moi - s'adresse à un jeune qui a
terminé ses études. Il est relié à la formation du
détenteur du bon. Cela veut dire que vous émettez un bon d'emploi
de 3000 $ à un électricien, à un menuisier, et vous
êtes déjà assuré que le mieux qui peut lui arriver,
c'est d'être inscrit sur la liste d'attente. J'appelle cela, encore une
fois, de la publicité péquiste. Beaucoup de papier, beaucoup de
paroles, beaucoup de belles promesses mais, finalement, cela ne mène
nulle part. J'espère que le ministre du Travail aura le courage d'en
parler à son collègue et de lui dire de ne plus en
émettre, de ne pas créer de faux espoirs chez ces jeunes; parce
qu'ils ont un bon d'emploi, ils pensent qu'ils auront un emploi. C'est interdit
par le règlement de
l'Office de la construction du Québec.
M. Fréchette: Si un jeune est en possession d'un bon
d'emploi et que sa discipline, à lui, est la mécanique
automobile, par exemple...
M. Bélanger; Vous m'ouvrez une porte.
M. Fréchette: ...s'il se présente chez General
Motors ou n'importe où ailleurs pour essayer d'obtenir un emploi dans la
discipline qui est la sienne, General Motors peut lui dire: Oui, c'est
intéressant, tu as ton bon d'emploi en poche, il y a certains avantages
qui sont consentis à l'employeur dans de semblables circonstances, sauf
qu'au moment où tu viens me voir je n'ai pas besoin de tes services. (17
h 30)
Je vais vous référer à l'électricien, par
exemple. En 1980, il y avait en disponibilité au Québec 12 642
électriciens et, toutes choses étant normales, si on avait les
statistiques qui existent pour nous démontrer la situation dans laquelle
on pourrait être aujourd'hui, j'ai l'impression que ce chiffre de 12 642
serait augmenté. On avait, en 1980 également, 30 221
charpentiers-menuisiers qui étaient à la recherche d'un emploi;
16 803 opérateurs d'équipement lourd et 16 486 tuyauteurs. C'est
l'exemple dont je viens de parler. Que ce soit dans n'importe quelle des
disciplines de l'activité économique ou du monde du travail, si
le jeune s'y présente avec son bon d'emploi et si l'employeur n'a pas
pour lui de disponibilité, même si ce n'est pas dans le domaine de
la construction, les services de ce jeune ne seront pas retenus. Pourquoi
monter en épingle le fait que, dans le cas de la construction, on se
retrouve devant cette situation alors qu'elle est exactement semblable dans
plusieurs autres secteurs?
Le député de Mégantic-Compton, qui suit le dossier
de très près et qui est toujours à la fine pointe des
renseignements les plus clairs, sait qu'il y a aussi la nécessité
de permettre aux apprentis qui sont au travail de pouvoir compléter leur
apprentissage. C'est un autre élément dont il faut tenir compte.
Maintenant, je souhaiterais me taire après cela pour permettre... Vous
voulez continuer à me faire parler? Bon! Je veux simplement attirer
l'attention des membres de la commission sur les dispositions des articles 7 et
8 du règlement de la construction. Quand on prend le temps d'y regarder
de près - ce sont des dispositions qui ont été
amendées le 25 août 1982 - et qu'on en vient à la
conclusion qu'une personne ne peut répondre à ni l'une ni l'autre
des exigences qui sont là, c'est parce qu'il n'est effectivement pas
question de parler dans ce cas de quelqu'un qui a choisi la construction comme
sa profession.
On dit, par exemple: L'office délivre sur demande un certificat
de classification A aux salariés titulaires d'un certificat de
classification A à la date de renouvellement et qui ne répond pas
aux exigences de l'article 7, s'il a travaillé au moins 5000 heures au
cours des cinq années civiles précédant ce renouvellement,
s'il a travaillé au moins 100 heures au cours de chacune des cinq
années civiles précédant ce renouvellement, s'il a
travaillé au moins 10 000 heures au cours des dix années civiles
précédant ce renouvellement. Pour la personne attachée
à l'industrie de la construction, qui en a fait sa profession, qui a
choisi cette profession pour gagner sa vie, ce sont les conditions qui lui sont
faites. Pour celui qui ne peut pas répondre à ces exigences,
à mon avis, il n'y a pas beaucoup de distance à franchir pour en
arriver à la conclusion que ce n'est peut-être pas quelqu'un qui a
choisi et vraiment choisi la construction comme profession pour gagner sa
vie.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, je me rends compte
que le ministre n'a pas encore compris et on va essayer de le lui faire
comprendre. Lorsque vous émettez un bon d'emploi qui ne concerne pas
l'industrie de la construction, le jeune, c'est évident, peut aller chez
GM. S'il n'y a pas d'emploi, on ne lui en donnera pas, mais il a au moins le
choix d'aller chez Ford ou chez Chrysler, qui fonctionnent très bien de
ce temps-ci. Mais si vous émettez un bon d'emploi se limitant à
l'industrie de la construction, qui est déjà
réglementée, il est restreint. Il y a également des zones.
Chez nous, c'est la zone Beauce-Sud, je crois. J'ai déjà 83
apprentis sur la liste d'attente alors que ça en prend 5 avec une carte
de compétence pour pouvoir embaucher un apprenti. Mon apprenti va
travailler quand? Quand il va avoir 65 ans, quand il sera à la retraite,
il n'aura jamais eu la chance de voir un chantier de construction durant toute
sa vie. C'est ça, le problème qu'on veut dénoncer. Il n'a
aucune liberté, lui. C'est évident qu'avec son bon d'emploi, s'il
va frapper à la porte d'un restaurant et si on lui répond qu'on
n'a pas besoin d'un laveur de vaisselle, il n'obtiendra pas de travail, mais il
va pouvoir essayer encore d'un autre côté. Maintenant, il ne le
peut pas, parce que son bon d'emploi a été émis pour
travailler dans l'industrie de la construction, où des règlements
régissent ce secteur, et il n'a pas le droit d'y travailler. C'est ce
qu'on dénonce.
Je vais vous parler deux minutes sur le bon d'emploi. J'ai eu un cas
assez pénible la semaine dernière à mon bureau, c'est
incroyable. Un jeune homme a fait des
études et a obtenu son diplôme dans le secteur de
l'automobile. Il a tenté de trouver un emploi, il n'a pas
été capable d'en trouver. Il s'est inscrit, à 21 ans,
parce qu'il avait du coeur, à l'éducation aux adultes, formation
permanente, pour devenir mécanicien de machines à coudre
industrielles. Finalement, il a obtenu son diplôme au mois d'avril. Puis
un garagiste l'a appelé et lui a dit: Tu es diplômé en
automobile, si tu as un bon d'emploi, je t'engage immédiatement. Il va
au centre de main-d'oeuvre pour obtenir son bon d'emploi, on lui dit: Non,
parce que tu as suivi un cours pour te perfectionner dans un autre domaine, il
faut que tu attendes six mois au bien-être social avant d'aller
travailler. Si c'est cela qu'on veut au Québec, j'aimerais qu'on fasse
la prochaine campagne électorale au Québec en exposant ces
problèmes à la population du Québec. Si c'est cela qu'on
veut au Québec, moi, je n'ai rien à faire ici et je pense que
vous n'avez rien à faire là vous non plus, M. le ministre. C'est
aussi simple que cela.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre du
Travail.
M. Fréchette: M. le Président, l'argument
additionnel du député de Mégantic-Compton nous
amènerait à la conclusion que l'opinion qu'il se fait du
règlement de placement, ce serait que ce règlement est là
pour créer de l'emploi. C'est exactement le sens de l'argumentation
qu'il est en train de développer. J'avais d'ailleurs souligné cet
aspect au chef de l'Opposition à l'occasion d'une question. Ce n'est pas
parce que le règlement de placement dans l'industrie de la construction
sera amendé dans un sens ou dans l'autre -dans le sens que vous le
souhaitez, cela voudrait dire sa disparition totale - que, demain matin, il va
y avoir plus d'emplois dans l'industrie de la construction. Maintenant, est-ce
que le député de Mégantic-Compton est en train de nous
dire que le bon d'emploi qu'il a en main, dont il parle et qui est émis
pour un électricien est exclusif à un électricien qui
travaillerait uniquement dans la construction? N'est-il pas exact de dire que,
lorsqu'on est habilité comme électricien à travailler dans
la construction, on peut l'être également pour travailler à
l'intérieur d'une commission scolaire à l'entretien du
système électrique?
M. Bélanger: Les heures ne sont pas reconnues par
l'OCQ.
M. Fréchette: Est-ce qu'on peut convenir également
que, lorsqu'on est électricien habilité à travailler dans
la construction, on peut être électricien habilité à
travailler dans l'industrie manufacturière?
Je pense que l'on va convenir de cela. Je ne voudrais pas que
l'impression qui nous reste des commentaires du député de
Mégantic-Compton, ce soit que le bon d'emploi, pour un
électricien, est émis strictement et exclusivement pour les
chantiers de contruction. Je vais me taire. Le député de
Mégantic-Compton dit: Écoutez, il y a certainement un moyen qui
existe de bonifier cette situation. Il y a certainement quelqu'un, quelque
part, qui a dû penser, à un moment donné, à une
formule qui permettrait d'éviter les embêtements dont on parle.
J'aurais souhaité que, depuis le temps que l'Opposition officielle
commente, la situation, pose des questions, se préoccupe de la
façon qu'elle le fait du règlement de placement... C'est, bien
sûr, son rôle de poser des questions, c'est son rôle de se
préoccuper des conséquences qu'une réglementation, une loi
peut avoir, mais elle se donne aussi comme rôle de nous indiquer de
façon claire, précise, sans équivoque, quel est
très précisément le moyen que privilégie le Parti
libéral à cet égard. Est-ce que c'est l'abolition pure et
simple de toute réglementation en cette matière?
M. Bélanger: Sur le placement?
M. Fréchette: Oui. Très bien. Alors, là,
c'est clair.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: C'est évident que la position du Parti
libéral, je l'ai dit, je l'ai répété, est
très simple, c'est que le critère d'embauche sur les chantiers de
construction, dans le domaine de la construction soit la détention d'une
carte de qualification ou d'un carnet d'apprentissage; c'est le principal
critère. Et aussi de surveiller, par un organisme quelconque, un moyen
quelconque, le double emploi, pour s'assurer qu'il n'y a pas de pompier, comme
je l'ai mentionné, de policier ou de cultivateur qui, entre les foins et
les récoltes, va travailler trois semaines à la construction,
pour s'assurer qu'il ne soit pas là, qu'il n'ait pas deux fonctions, et
cela à partir des dossiers confidentiels qu'on possède au
ministère du Revenu. Vous y avez fait un stage, vous le savez. On peut
très facilement détecter cela.
M. Fréchette: On me reproche cela, c'est effrayant.
M. Bélanger: C'est cela la position du Parti
libéral.
Une voix: C'est votre héritage!
Le Président (M. Vallières): La parole
appartiendrait maintenant à Mme la députée
de Maisonneuve. Je veux également indiquer que le
député de Prévost suivra la députée de
Maisonneuve. Il n'y aura pas d'alternance dans ce cas-ci, parce que la
députée de Maisonneuve aura cédé sa place au
député de Mégantic-Compton. Mme la
députée.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je ne veux pas
reprendre toutes les bonnes raisons qui plaident en faveur d'un contingentement
dans l'industrie de la construction, parce qu'on utilise le terme "placement".
À dire vrai, si tant est qu'on peut espérer qu'on y arrive, cela
supposerait la reconnaissance d'une certaine ancienneté, ce qui n'est
même pas encore le cas dans l'industrie de la construction. Mais, tout au
moins, ce que cela assure, c'est que pas plus on ne crée la richesse en
imprimant des billets de banque, pas plus on ne va créer des emplois
dans la construction en imprimant et en distribuant des cartes de l'OCQ. Par
exemple, à mon bureau de comté, j'ai reçu des travailleurs
qui étaient, en fait, victimes de mises à pied temporaires dans
leur industrie - je pense à General Electric, Camco, MLW-Bombarbier - et
qui voulaient reprendre du service dans la construction. C'est légitime,
mais pourquoi auraient-ils eu préséance sur des travailleurs de
la construction qui, eux-mêmes, vivaient des situations de
difficulté d'emploi, vu le ralentissement qu'on connaît dans la
construction?
S'il faut peut-être regarder une certaine bonification, je pense
qu'il faut tout au moins, pour l'année qui vient de s'écouler,
qu'il y ait un moratoire sur les effectifs vu le ralentissement qu'a connu la
construction. Mais je voudrais savoir de l'OCQ s'il y a eu une
évaluation des emplois qui pourraient être libérés
par des travailleurs de la construction âgés de 60 à 65 ans
qui seraient susceptibles de prendre, en fait, une retraite anticipée,
en raison du projet de loi permettant aux travailleurs de pouvoir obtenir un
versement de prestation, à partir de l'âge de 60 ans, de la
Régie des rentes. Et je me demande, du fait que les travailleurs de la
construction ont également leur propre régime de
sécurité de vieillesse, s'il y a eu évaluation du revenu
que pourraient occasionner à la fois le régime de retraite dans
la construction et celui de la Régie des rentes du Québec, de
façon à libérer des emplois. Je sais que, dans le secteur
minier, cela peut avoir une incidence directe sur la possibilité
d'accès à des emplois pour de jeunes travailleurs, compte tenu de
l'âge des travailleurs miniers. Qu'en est-il pour la construction? Il
semble que l'âge moyen soit assez élevé. Des mesures comme
celles annoncées concernant l'admission aux prestations de la
Régie des rentes dès l'âge de 60 ans pourront-elles avoir
un impact dans l'industrie de la construction?
Le Président (M. Vallières): M. le ministre du
Travail.
M. Fréchette: M. le Président, je m'excuse. J'ai eu
une conversation de deux minutes avec le sous-ministre derrière moi. Je
n'ai pas compris le début de la question de Mme la députée
de Maisonneuve, mais M. Ménard, qui est à ma gauche, l'a comprise
et me dit être en mesure de fournir une réponse pour et en mon
nom.
Le Président (M. Vallières): M. le
sous-ministre.
M. Fréchette: Merci, M. le Président. Je trouve la
question très intéressante. Effectivement, nous avons à
l'OCQ des chiffres qui démontrent l'âge moyen par métier,
tant au niveau de l'apprentissage que des gens qui sont compagnons. Nous avons
une étude, qui date déjà de 1980, par ailleurs, mais qui
démontre, par exemple, que la moyenne d'âge des salariés
dans l'industrie de la construction est entre 30 et 45 ans. Quant à ceux
qui ont plus de 60 ans, je n'ai pas ici les chiffres, mais je me ferai un
plaisir de les faire parvenir au ministre pour vous donner les
précisions nécessaires pour les personnes qui sont
âgées de plus de 60 ans et qui sont dans l'industrie de la
construction actuellement.
Mme Harel: Mais quel est l'âge de la retraite actuellement
dans l'industrie de la construction, considérant le régime de
retraite que les travailleurs se paient? Est-ce 60 ans?
M. Fréchette: C'est 60 ans, mais vous pouvez aussi avoir
une retraite anticipée à 55 ans.
Mme Harel: C'est cela. Avec la retraite anticipée à
55 ans, quel est le montant des prestations qu'un travailleur peut recevoir
à 60 ans? (17 h 45)
M. Fréchette: Au niveau du montant qui est alloué,
je vous avoue franchement que je n'ai pas le montant de la prestation, mais,
encore là, je pourrai faire la recherche nécessaire, parce que
cela relève des avantages sociaux; peut-être que le
président aurait le montant à ce sujet.
Mme Harel: En fait, cela veut dire qu'il n'y a pas encore eu
d'évaluation de l'impact dans l'industrie que pourra avoir la
réforme de la Régie des rentes.
Le Président (M. VaUières): M. le ministre du
Travail.
M. Fréchette: Oui, M. le Président. On me signale
que, l'année dernière, il y aurait eu 19 000 travailleurs de la
construction qui auraient effectivement pris leur retraite. On prévoit
que, cette année, ce nombre se situera autour de 12 000; ou
plutôt, c'est l'inverse: 12 000 l'année dernière et 19 000
cette année. Deuxièmement, quant à la pension de ceux qui
décident de prendre une retraite qui est rendue possible à partir
de l'âge de 55 ans, la moyenne du montant qui est payé comme
retraite à ceux qui se retirent est fonction des heures
travaillées dans l'industrie. Cette moyenne se situerait actuellement
à environ 250 $ par mois. Je ne veux pas dévoiler des choses qui
ne sont pas encore rendues publiques, mais qui le seront bientôt; je peux
cependant dire à Mme la députée de Maisonneuve que, ce
matin, au Conseil des ministres, on a effectivement complété la
Loi sur le Régime de rentes. Cela devrait effectivement bonifier
considérablement la situation à laquelle elle se
réfère.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que c'est
terminé, Mme la députée de Maisonneuve? M. le
député de Prévost.
Mme Harel: Permettez-moi, M. le Président. Il y a eu le
problème des apprentis qui a été soulevé par une
des centrales syndicales dans les dernières semaines. On faisait
état d'un chiffre assez élevé, un peu plus de 3000. Je
pense qu'au ministère ou à l'OCQ, on considère qu'il
s'agit en fait d'un problème qui touche peut-être 1500 ou 1800
personnes qui seraient en danger de perdre leur carte d'apprenti pour ne pas
avoir travaillé le nombre d'heures requis. Vu le ralentissement qu'a
connu l'industrie, est-ce qu'il y aura un moratoire sur cette question?
M. Fréchette: M. le Président, tout à
l'heure, on a abordé cette question. Quand la centrale syndicale
à laquelle se réfère la députée de
Maisonneuve a soumis un chiffre de 3500 travailleurs, l'évaluation qu'on
a faite, c'est que cela touchait à la fois les apprentis et les
compagnons, alors, deux catégories de travailleurs.
Quant à la classe des apprentis, les chiffres qu'on a et qui sont
disponibles nous amènent à la conclusion qu'il y en aurait 1429
dans cette situation. J'ai également signalé tout à
l'heure, à une question du député de
Mégantic-Compton que compte tenu de cette conjoncture économique,
compte tenu très précisément de la situation à
laquelle se référait la CSN, nous avons déjà
commencé l'exercice de faire une espèce de pondération
dans l'ensemble du territoire, mais par région et de procéder
à l'évaluation du chômage qui a existé dans telle ou
telle région, dans les douze régions que couvre l'Office de la
construction. Au mois de septembre prochain, nous serons en mesure d'obtenir
des résultats très précis quant à l'impact qu'a pu
avoir la conjoncture sur cette situation. Au mois de mars 1984, le 1er mars,
quand arrivera le temps du renouvellement du permis, il sera effectivement tenu
compte de la situation décrite à la fois par Mme la
députée de Maisonneuve et par la centrale syndicale qui a
émis ces commentaires la semaine dernière.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que c'est
terminé, Mme la députée? M. le député de
Prévost.
M. Dean: M. le Président, je me permets quelques
réflexions sur les questions et les discussions qui ont lieu à
cette commission. Qu'on soulève des problèmes, qu'on les discute
dans le but de chercher des solutions, j'en suis, je pense que c'est le
rôle du député, tant du gouvernement que de l'Opposition,
mais, quand on continue, continue et continue de déformer les faits, de
déformer les contextes dans lesquels des faits doivent être
jugés, quand on continue à répéter les mêmes
problèmes, on a les mêmes réponses; malgré tout
cela, on continue.
M. Bélanger: Nous sommes patients.
M. Dean: Vous êtes patients, oui, mais je pense que les
estimés membres de l'Opposition loyale de Sa Majesté s'ennuient
pas mal du passé. Ils s'ennuient du pouvoir, qui est passé pour
eux, probablement pour longtemps, mais ils s'ennuient surtout de ce que
j'appellerai "le bon vieux temps de l'industrie de la construction", qui
n'était pas si bon. C'est vieux, mais ce n'était pas si bon.
M. Rocheleau: On travaillait, par exemple.
M. Dean: Ce bon vieux temps où on réglementait la
compétence, l'apprentissage, oui, mais, à cette époque, M.
le député était une agence de placement à lui tout
seul; M. le député, avec ses "chums" entrepreneurs,
plaçait des gens. Cela, ça voulait dire des votes. Je me demande
si nos chers amis d'en face ne s'ennuient pas de ce beau régime du
passé, ce régime qui a fini par produire tellement
d'énormités et d'injustices qu'il y a finalement eu une
commission d'enquête qui a constaté des problèmes, qui a
rendu un diagnostic. M. le Président, je n'ai pas dit un mot depuis 11
heures ce matin, j'ai laissé faire ceux qui parlaient.
M. Bélanger: Vous auriez pu continuer jusqu'à 18
heures!
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Mégantic-Compton, je
demanderais votre collaboration afin de permettre au député de
Prévost de faire son intervention sans être interrompu. Vous
pourrez prendre la parole par la suite, si vous en faites la demande.
M. le député de Prévost.
M. Dean: Je vous remercie, M. le Président. D'ailleurs, je
vous félicite de la façon dont vous présidez cette
commission. Je ne commenterai pas davantage.
Justement, ce bon vieux temps a produit des énormités qui
ont abouti à des recommandations d'une commission d'enquête qui
ont été incorporées dans notre législation en
commençant par le parti de l'Opposition quand il était au
pouvoir, avec une loi suivie de règlements. On arrive avec toutes sortes
de choses, on mêle des pommes et des oranges et on déforme les
choses. On parle des interdits. Je ne peux pas nier qu'il y a maintenant 40 000
interdits de la construction. Cela fait quelques années que j'ai
quitté l'école, mais je me souviens que, l'année
dernière, il y avait 32 000 personnes dont la carte n'avait pas
été renouvelée en 1982. Depuis ce temps, selon les
procédures de révision, 13 330 personnes se sont vu renouveler
leur carte à la suite de la structure d'appel prévue dans la loi.
Donc, 32 000 moins 13 000, ça donne à peu près 19 000, et
on parle de 40 000. Il faut croire qu'on a trouvé quelques squelettes
quelque part, peut-être des morts, des retraités, je ne sais pas
qui exactement, peut-être des gens qui avaient quitté l'industrie
de la construction pour travailler ailleurs.
On parle du bon d'emploi. Personne n'a jamais dit qu'un bon d'emploi
était une garantie de travail. C'est un programme qui a réussi,
malgré la situation économique difficile, à permettre
à plus de 15 000 jeunes de se trouver un emploi dans leur secteur de
formation professionnelle à différents niveaux, secondaire,
collégial et universitaire. J'ai des cas à mon bureau de
comté, comme tous les autres députés des deux
côtés de la Chambre. Pour le jeune qui a une formation
d'électricien et qui se fait donner un bon d'emploi, ce bon d'emploi est
un papier que le gouvernement lui donne en lui disant: Mon jeune, allez
chercher un emploi et, si vous en trouvez, votre employeur vous embauche avec
la certitude qu'il pourra bénéficier d'une subvention de 3000 $
du gouvernement du Québec. Il y a des employeurs qui courent
après les bons d'emploi, ils cherchent des jeunes qui ont des bons
d'emploi.
On demande pourquoi on donne un bon d'emploi à un
électricien. Justement, cela a été évoqué
rapidement. Les apprentis électriciens travaillent dans des usines; il y
en a qui travaillent dans des édifices publics et ils suivent des
programmes d'apprentissage négociés par un syndicat ou en vertu
de certaines lois. On a même souligné ce matin qu'en 1982,
malgré la situation économique difficile, environ 1200 jeunes ont
eu un permis qui leur permet de devenir des apprentis dans l'industrie de la
construction. Ce qui veut dire qu'il y avait parfois une pénurie locale
ou régionale ou une pénurie dans tel ou tel métier
à un moment donné, ce qui leur a permis d'avoir la carte
d'apprenti.
On parle de ce jeune qui sort de l'école et qui ne peut pas avoir
un travail. Là-dessus, je suis d'accord avec le député de
Hull. Peut-être que le bon mot, c'est "contingenté". Je sais une
chose, c'est que j'ai trois jeunes qui s'acheminent vers le monde du travail et
le conseil que je leur donnerais, un conseil de père actuellement,
c'est: Surtout, n'allez pas à l'école, ni au secondaire, ni au
technique, en vue d'un métier de la construction. Je les dirigerais vers
d'autres métiers. Je me demande même ce que font les soi-disant
orienteurs professionnels dans nos écoles secondaires et nos
cégeps. Sans les critiquer, je me demande ce qu'ils font, parce qu'il
est aussi vrai qu'au mois de septembre dernier, en pleine crise, il y avait
certains domaines de formation technique et technologique où il n'y
avait pas assez d'étudiants pour les possibilités qu'offre le
marché du travail, ce qui est un des problèmes de l'heure.
Je dois ajouter qu'à cause de la nature changeante de l'industrie
de la construction, un contingentement rigide pourrait faire en sorte que, tout
à coup, on ferme les vannes de formation et qu'à un moment
donné, en face de situations imprévues et imprévisibles,
il y ait demande de main-d'oeuvre dans certains métiers. Mais on fait
valoir le cas du jeune qui sort de l'école et j'en suis. Le
problème, c'est qu'il n'y a pas assez d'emplois dans notre
société. C'est vrai au Québec, c'est vrai ailleurs au
Canada et c'est vrai dans les autres provinces. Il y a 14% de jeunes en
chômage en Colombie britannique, selon les journaux de la semaine
dernière. L'Opposition prend ce cas-là; d'accord. Ce jeune qui a
une formation n'a pas la possibilité de travailler; on lui donne un bon
d'emploi, mais il ne trouve pas d'emploi. Ces contradictions sont terribles,
etc. Mais sait-on que, l'année dernière, les 7000 apprentis qui
ont une carte au Québec ont travaillé en moyenne 870 heures dans
l'année, l'équivalent de cinq mois et demi de travail, pas tout
à fait le plein emploi? Même, selon le régime
d'apprentissage dans la construction, qui est basé aussi sur les heures
travaillées, cela veut dire que cinq mois de travail, cela
équivaut à un an d'apprentissage, que cela équivaut
à une demi-année. Donc un apprenti qui est déjà
apprenti, qui a déjà sa carte de l'OCQ, qui
travaille cinq mois par année, cela va lui prendre plus de dix
ans pour arriver, à la fin de ses cinq ans d'apprentissage, à se
qualifier comme personne de métier.
En plus des 7000 personnes qui ont travaillé cinq mois et demi,
il y a 5000 apprentis avec carte qui n'ont pas fait une heure de travail dans
la construction l'année dernière. Ces apprentis, je
déplore avec vous et avec tout le monde ici la tragédie qui est
la leur, c'est triste de voir des jeunes qui sortent de l'école avec une
formation et ne trouvent rien; il y a du monde formé à tous les
paliers actuellement, il y a des diplômés d'université, des
diplômés du cégep qui sont en chômage et même
à l'aide sociale, dans toutes sortes de domaines. Il y a même des
avocats chômeurs, d'après ce qu'on me dit. On a aussi
contingenté la profession médicale pour qu'il n'y ait pas de
médecins chômeurs.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Prévost, je m'excuse de vous interrompre, mais
cela me prendrait à ce moment-ci, vu qu'il est 18 heures, le
consentement de part et d'autre afin que nous puissions continuer nos travaux
pour quelque 24 minutes, selon l'entente que vous avez prise
préalablement. Est-ce que je comprends qu'il y a consentement?
M. Sirros: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Prévost.
M. Dean: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
essayer d'être le plus bref possible, mais, quand on reste tranquille un
bout de temps, on a le goût de commenter certaines choses. (18
heures)
Alors, il y a tous ces jeunes qui ont déjà des heures de
faites, qui ont déjà des cartes, qui ne peuvent pas travailler et
faire les heures nécessaires pour monter en grade. C'est ce qui me fait
penser à une autre raison pour laquelle les députés de
l'Opposition insistent tellement sur cette liberté de travail. Je me
demande si cela ne va pas plutôt dans le sens de la liberté de
certains employeurs d'exploiter les travailleurs. Dans le secteur de la
construction, l'apprenti de première année gagne un salaire
basé sur un pourcentage du salaire d'un homme de métier qui est
assez bas. Pour l'apprenti de deuxième année, le salaire
augmente. Pour l'apprenti de troisième année, cela augmente
encore et, pour l'apprenti de quatrième année, il augmente
toujours pour arriver, quand il est apprenti de cinquième année,
à atteindre le statut désiré après 8000 ou 10 000
heures, je ne sais trop, pour avoir une carte de compétence.
Qu'on pense à tous les travailleurs de deuxième,
troisième, quatrième et cinquième année
d'apprentissage qui ne travaillent pas. On voudrait trouver davantage de
travailleurs de première année pour payer des salaires
inférieurs; cela devient donc du "cheap labour". C'est vrai aujourd'hui
comme ça l'était dans le bon vieux temps de la construction alors
que, souvent, un apprenti travaillait, dans les années soixante,
peut-être, solidement pendant cinq ans, mais, dès qu'il obtenait
sa carte de compétence, il était congédié.
Pourquoi? Parce que cela faisait l'affaire de certains entrepreneurs
d'exploiter l'avantage salarial que leur donne l'utilisation d'apprentis.
J'ai oublié de dire une chose. L'OCQ, actuellement, fait la
tournée des polyvalentes, justement, pour informer les jeunes des
possibilités ou de l'impossibilité de trouver de l'emploi dans ce
secteur actuellement, dans le but de leur permettre un choix
éclairé pour qu'ils puissent se diriger dans un autre domaine
plutôt que de risquer d'être déçus. Je trouve que
c'est un effort louable que fait l'OCQ.
Le député de Mégantic-Compton a parlé tout
à l'heure. Je m'étonne que les députés de
l'Opposition ne comprennent pas le pourquoi d'un règlement de placement.
Dans n'importe quelle usine syndiquée au Québec, dans n'importe
quel bureau syndiqué, laboratoire ou entrepôt, et dans un bon
nombre d'usines non syndiquées, on retrouve le respect du principe de
l'ancienneté et personne ne semble trop le contester. Dans la situation
de crise actuelle, les travailleurs ou les travailleuses d'une usine qui sont
mis à pied, s'il y a une augmentation du nombre d'emplois, sont d'abord
rappelés. Lorsqu'on les aura tous rappelés, on ouvrira les vannes
et on dira: Amenez-en, des jeunes, amenez-en, des nouveaux de tout âge,
on va vous donner la chance d'avoir un emploi. Personne ne dira que c'est
injuste, que c'est antisocial ou quoi que ce soit. Même si c'est
pathétique de voir des jeunes chercher un emploi et ne pas en trouver,
c'est aussi pathétique, dans le contexte économique actuel, de
voir des hommes et des femmes qui ont travaillé durant sept ans, dix
ans, quinze ans, vingt ans dans une entreprise, qui sont mis à pied, qui
sont maintenant bénéficiaires de l'aide sociale et qui attendent,
eux aussi, leur droit d'être rappelés au travail advenant une
reprise économique.
On reconnaît le principe de l'ancienneté à tout le
monde, sauf dans l'industrie de la construction; l'industrie de la
construction, par définition, est une réalité
différente. Une usine était là hier, elle y est
aujourd'hui et elle y sera demain. Les travailleurs qui y travaillent sont sur
une liste de paie; on peut les y trouver et les contrôler. Mais
l'industrie de la construction,
par définition, est une industrie instable, une industrie qui se
promène. Le chantier d'aujourd'hui peut être fini demain, il y a
une bâtisse dans le trou d'antan. Les travailleurs de la construction
disparaissent; l'entreprise reste là et les employés permanents y
restent aussi.
L'industrie de la construction est donc différente et c'est la
seule façon d'agir qu'on a trouvée jusqu'à maintenant.
Là, je rejoins, je pense, ce que disait le ministre du Travail
tantôt: Si quelqu'un a une idée brillante, de l'autre
côté de la Chambre, sur un autre système qui serait
peut-être meilleur que le système actuel, qu'il nous
présente ses idées, mais des idées qui permettent de
réglementer et de contrôler l'accès à une industrie
qui, par définition, est instable afin de donner un petit quelque chose
aux travailleurs de la construction, qui sont aussi valables que les
travailleurs de n'importe quelle autre industrie, aussi respectables, qui ont
autant besoin de sécurité du revenu, de sécurité
d'emploi que les gens de n'importe quel métier, de n'importe quel autre
domaine; quelque chose qui leur donne au moins un semblant de la
sécurité que peut représenter pour les travailleurs de
tous les autres secteurs une forme quelconque d'ancienneté.
Le règlement de placement, c'est le même principe. Ceux qui
ont déjà des cartes de l'OCQ, quand on fait le placement dans la
construction, sont placés en premier selon leur métier et selon
la région. Quand tout le monde sera placé, y compris les
apprentis qui ont des cartes - là, on a des listes de
préférence, qu'on appelle des listes d'attente, pour des
personnes de métier et des apprentis qui attendent leur tour - on va
donner plus de cartes. Déjà, les listes de
préférence sont là. C'est le plus près qu'on ait
jamais réussi à approcher, pour les travailleurs de la
construction, le principe d'ancienneté qui est reconnu par tout le
monde. J'espère que l'Opposition loyale de Sa Majesté n'est pas
contre le principe de l'ancienneté. Du moins, elle ne l'a pas dit
encore, sauf que, des fois, on peut se poser des questions. C'est le minimum de
sécurité de revenu et d'emploi pour ceux qui décident de
gagner leur vie dans la construction.
Qu'on arrive avec une meilleure formule et peut-être que le
gouvernement décidera de l'étudier. Mais qu'on cherche juste
à démolir, à critiquer et surtout à déformer
les faits et à faire de la fausse représentation autour des
faits, c'est beaucoup moins acceptable.
M. Bélanger: Je ne prends pas cela. Soyez plus
modéré.
M. Dean: Sans règlement, selon la logique immuable de
cette Opposition loyale de Sa Majesté, on pourrait avoir 400 000
travailleurs dans la construction. Cela ne donnera pas une "job" de plus. Il y
en a juste 40 000 qui travaillent actuellement. Cela donne quoi? Donner des
cartes ou éliminer les cartes, donner la liberté de travail, la
liberté de travailler moins, de gagner moins, de crever mieux, c'est
cela qu'on recherche quand on parle de la liberté des travailleurs de la
construction. Je vous remercie.
Le Président (M. Vallières): Si je comprends bien,
le député de Laurier cède la parole au
député de Mégantic-Compton. Je vous rappelle que nous
sommes toujours au programme 5. Il nous restera ensuite trois programmes
à voir.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je ne peux,
quand même, pas laisser passer tous les propos qu'a tenus le
député de Prévost. J'ai été en mesure de
constater - pas pour la première fois, d'ailleurs - qu'il n'a absolument
rien compris. Le travailleur de l'usine qui perd son emploi a, quand
même, la possibilité de changer d'usine pour postuler un autre
emploi, alors que, dans la construction, lorsqu'il perd son emploi et qu'il n'a
pas la chance de faire des heures, il est éliminé à tout
jamais. On défend les travailleurs de la construction. Je
défendrais tous les travailleurs, peu importe leur profession. Je
défendrais les notaires, si jamais ils abandonnaient leur bureau pour
deux ans et qu'ils n'avaient plus le droit d'y retourner. Là, je vais
faire plaisir au ministre: Je défendrais les avocats qui ont fait un
stage en politique et qui veulent rouvrir leur bureau. Je vous dis ceci, sans
méchanceté: S'il fallait qu'on ait, nous, les politiciens, une
carte de classification, vous vous retrouveriez sans chef de l'autre
côté, parce que votre chef a été défait trois
fois avant d'entrer.
C'est tout simplement une logique qu'on défend. Je vais continuer
à la défendre, peu importe si cela embarrasse ou si cela ennuie
un peu le gouvernement en place. Je ne sais pas combien de fois on l'a dit: II
y a une solution, il n'y en a pas 25. Comme je l'ai mentionné en Chambre
l'autre jour, le spectacle a assez duré: un amendement pour essayer de
faire ceci, pour essayer de replacer cela. Il n'y a rien à replacer sauf
de faire en sorte qu'il n'y ait pas de double emploi et que quiconque est en
possession d'une carte de qualification ou d'un carnet d'apprenti ait droit
d'accès au marché du travail dans ce Québec. J'aimerais
mieux être libre au Québec qu'un Québec libre. C'est tout
ce qu'on réclame et on va continuer à le faire.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Fréchette: M. le Président, lors même
qu'on continuerait les échanges, il m'apparaît évident - le
député de Mégantic-Compton vient de le dire - que c'est
strictement une question de deux philosophies qui ne peuvent pas se rejoindre
par rapport aux principes que l'on émet de part et d'autre. Le
fossé continue d'être très large entre les deux
philosophies. Je propose donc qu'on adopte le programme 5.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que le
programme 5 est adopté?
M. Sirros: Sur division M. le Président.
Le Président (M. Vallières): Sur division. Nous
passerions maintenant à l'étude du programme 1, Relations et
normes de travail.
Relations et normes de travail
M. Sirros: Je proposerais ceci, M. le Président. J'aurais
au moins une question à poser au ministre et, par la suite, si le temps
ne le permet pas, je proposerai l'adoption de l'ensemble des programmes sur
division.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: J'aimerais que le ministre me parle un peu du
règlement par arbitrage dans le cas des pompiers et des policiers. Je
pense qu'il est bien au courant de la situation qui existe dans ce domaine. Je
pense que le problème est issu du fait, par exemple, que les arbitres
n'ont aucune balise qui les guide, outre leur bon jugement et
l'équité. J'ai remarqué que, dans une lettre qu'il a
lui-même écrite, je pense, à l'Union des
municipalités du Québec, il disait: "Je prends
immédiatement les dispositions nécessaires pour voir quelle
action pourrait être entreprise à cet égard et, dès
lors qu'une décision finale aura été
entérinée, je m'empresserai de vous la transmettre." Justement,
est-ce qu'il peut s'empresser de nous transmettre au moins ce cheminement,
sinon sa décision?
M. Fréchette: M. le Président - et aussi rapidement
que possible - le 14 décembre dernier, l'Union des municipalités
du Québec nous faisait des représentations à moi, le
ministre du Travail, au ministre de la Justice et au ministre des Affaires
municipales. Ces représentations procédaient strictement des
sentences arbitrales rendues au cours des six derniers mois de la
dernière année et à l'intérieur desquelles on
retrouve des augmentations salariales que plusieurs trouvent
disproportionnées et exagérées. Ce sont les termes qu'on
utilisait. À ce moment-là, nous avons convenu, mes deux
collègues et moi, d'approfondir le problème qu'on nous soumettait
et c'est ce qui a effectivement été fait. C'est exact qu'il y a
eu de ces sentences - et je n'ai pas besoin d'identifier des
municipalités, ni des corps policiers en particulier - qui, à
première vue, quand on ne regarde que les conclusions de la sentence,
donnent l'impression qu'on a accordé des augmentations salariales
disproportionnées.
À partir de ces représentations, une étude a
été menée en collaboration avec les trois
ministères pour arriver, si on fait la pondération de toutes les
sentences arbitrales qui ont été rendues, par exemple, au cours
des deux dernières années, à la conclusion que la moyenne
d'augmentation dans le secteur des policiers et pompiers se situe entre 8% et
10%. Je parle toujours de la pondération. Cependant, la situation que le
député de Laurier soulève existe depuis un certain nombre
de mois.
Dans l'état actuel du Code du travail, quand on est au chapitre
de l'arbitrage des différends dans le secteur des policiers et pompiers,
l'arbitre ou le tribunal d'arbitrage des différends n'a qu'un seul
critère de référence qui est celui de
l'équité et de la bonne conscience. C'est le seul critère
que l'on retrouve actuellement dans le chapitre de l'arbitrage des policiers et
des pompiers. Quand on va un peu plus loin dans le Code du travail et qu'on
s'arrête au chapitre de l'arbitrage d'une première convention
collective, on trouve d'autres critères, par exemple, la comparaison
entre le litige qu'on est en train d'arbitrer et ce qui existe dans des
entreprises semblables ou de même envergure. Or, les arbitres de
différends chez les policiers et les pompiers ont débordé
le critère de l'équité et de la bonne conscience - la
jurisprudence nous indique cela - pour aussi retenir comme critère de
référence, bien que cela ne lie personne - ce ne sont que des
critères de référence - le principe de procéder par
voie de comparaison dans des entreprises similaires. Dans le cas précis
qui nous occupe, quand on parle d'entreprises, on va comprendre qu'on se
réfère à des municipalités, c'est évident.
Il y a donc eu cette espèce - peut-être pas de confusion - de
tendance ou de tradition jurisprudentielle qui a fait qu'on a retenu, dans
l'arbitrage des différends, les deux critères dont je viens de
parler, l'équité et la bonne conscience, et la comparaison avec
des entreprises similaires.
Je dirai simplement au député de Laurier qu'effectivement,
dans le projet d'amendement au Code du travail qui sera déposé
d'ici à une quinzaine au maximum, il y aura une disposition qui
modifiera les critères que l'on retrouve actuellement et qui
s'appliqueront à toute espèce d'arbitrage, autant en
matière d'arbitrage chez les policiers et les pompiers, qu'en
matière
d'arbitrage d'une première convention collective et en
matière d'arbitrage dans le cas du renouvellement d'une convention
collective, lorsque les parties ont demandé un arbitre d'un commun
accord. Alors il y aura effectivement de nouveaux critères qui seront
introduits au code et qui, dans notre évaluation, feront en sorte qu'on
devrait se retrouver dans une situation où ces genres de dossiers dont
on parle ne reviendraient plus. (18 h 15)
Maintenant, je signale une chose: quand je parle de critères de
référence, je voudrais bien qu'on soit clair; ces critères
de référence ne lient pas effectivement le tribunal. On ne
pourrait pas arriver dans un texte de loi et dire: Le tribunal d'arbitrage,
pour rendre sentence, doit s'en tenir strictement aux critères A, B et
C. Il peut, entre autres moyens de référence, tenir compte de
telle et telle situation. Autrement, ce ne serait plus un arbitrage.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Si je comprends bien, ce seront les mêmes
critères qui seront utilisés pour tous les arbitrages dans tous
les domaines, sans distinction par rapport à la situation des personnes
qui subissent l'arbitrage. Par exemple, très concrètement pour
les policiers et les pompiers, la notion de droit de grève est
difficilement acceptable, tandis que, dans d'autres, ce n'est pas la même
chose. Est-ce un élément parmi d'autres dans les critères
qu'auront les arbitres?
M. Fréchette: C'est-à-dire que les critères
qui sont déjà là, qu'on modifiera, ne sont pas limitatifs.
Je ne sais pas si je m'exprime bien.
M. Sirros: D'accord, je comprends.
M. Fréchette: Ils ne sont pas limitatifs,
c'est-à-dire que ce ne sont pas les seules références.
M. Sirros: Ce à quoi je veux en venir, c'est qu'ils
peuvent tenir compte du fait que les pompiers et les policiers, par exemple,
n'ont pas le droit de grève.
M. Fréchette: Bien sûr, oui, oui.
M. Sirros: Donc, c'est peut-être une décision d'une
autre nature. Très rapidement, si je peux revenir au bureau du
Commissaire général du travail, est-ce que vous pouvez me donnez
le délai moyen pour l'étude de diverses plaintes?
M. Fréchette: Oui, M. le Président, cela
dépend de leur nature. Le commissaire général est
là. Cela dépend de la nature des plaintes. Si vous me parlez de
plaintes de nature pénale, si vous me parlez d'une requête en
accréditation...
M. Sirros: À l'exclusion des requêtes en
accréditation.
M. Fréchette: Oui. Ah oui! Les congédiements?
M. Sirros: Les congédiements, c'est cela, les
suspensions.
M. Fréchette: Le Commissaire général du
travail, M. Levac, qui est ici, pourra me reprendre si je fais une erreur
grossière ou une simple erreur. Est-ce que je me trompe, M. Levac, en
informant mon collègue que c'est une moyenne d'environ six mois pour
procéder à l'audition des plaintes de nature pénale,
à la suite d'un congédiement, d'une suspension ou d'une
mutation?
Selon les derniers calculs, c'est 120 jours; donc, c'est environ
cela.
Cent vingt jours. Alors, si on divise cela par 30, c'est entre quatre et
six mois, comme moyenne générale.
M. Sirros: Si les informations que j'ai sont exactes, il y a eu
une augmentation d'environ 19% du nombre de plaintes et de requêtes
reçues entre 1980-1981 et 1981-1982. Quels sont les chiffres pour
1982-1983? Est-ce qu'il y a une augmentation, là aussi?
M. Fréchette: II faut aussi tenir compte d'un
phénomène bien particulier, c'est que, en vertu de dispositions
de plusieurs lois, il y a des juridictions qui ont été
dévolues au Commissaire général du travail et qui ont
contribué à congestionner le rôle au bureau du commissaire
général. Je pense, par exemple, à la Loi sur la Commission
de la santé et de la sécurité du travail où l'on
prévoit un appel au Tribunal du travail. Je pense également aux
normes du travail. Je pense également à la loi 101. Enfin, il y a
plusieurs lois qui ont fait en sorte que la juridiction du commissaire
général a été élargie et, par voie de
conséquence, bien sûr, le volume de travail aussi. Maintenant, on
aura de façon plus précise les renseignements que me
demande...
Voici, je peux donner au député de Laurier la progression
du dossier depuis 1978-1979. En 1978-1979, il y a eu devant le Tribunal du
travail 1348 plaintes qui ont été déposées en vertu
de toutes les lois dont on vient de parler et en vertu de celles qu'on peut
avoir oubliées. De ce nombre, 224 ordonnances de
réintégration ont été rendues. En 1979-1980, 1639
plaintes et 309 ordonnances de réintégration. En 1980-1981, 2179
plaintes et 329 ordonnances de
réintégration. En 1981-1982, 2400 plaintes et 396
ordonnances de réintégration. Finalement, en 1982-1983, 1489
plaintes et 263 ordonnances de réintégration. Il y a des plaintes
rejetées. Je ne sais pas si le député de Laurier veut
également avoir le détail des plaintes rejetées. Il y a
des désistements.
M. Sirros: Non. Je voudrais plutôt faire le lien entre le
nombre de plaintes et de requêtes reçues et le nombre de
décisions rendues. Les chiffres que j'ai, en tout cas, indiquent un
décalage.
M. Fréchette: Le total, M. le Président - cela
inclut des décisions de toute nature: maintien de la plainte, rejet de
la plainte -en 1978-1979, est de 1201 décisions rendues par le bureau du
Commissaire général du travail; en 1979-1980, 1510; en 1980-1981,
1659; en 1981-1982, 2086; en 1982-1983, 2278 jugements de toute nature. Je
m'excuse, il faut faire une distinction; il y a des désistements, aussi,
dans les chiffres que je viens de donner. Évidemment, dans les
désistements, je suppose que le commissaire n'a fait que prendre...
M. Sirros: Une dernière remarque. M. Fréchette:
Pardon?
M. Sirros: Dans le rapport annuel du Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, il y avait une préoccupation majeure
concernant les délais de fonctionnement. Est-ce qu'il y a eu des
correctifs apportés?
M. Fréchette: M. le Président, le
député de Laurier, effectivement, fait référence
à une préoccupation constante du Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre. Je lui dirai, à cet égard, qu'un premier
moyen qui a été retenu pour tenter d'améliorer la
situation a été d'augmenter le nombre de commissaires. Ce nombre
est passé de 21 commissaires, je pense, à 25 commissaires depuis
le 1er avril dernier.
Deuxièmement - je déborde cependant le chapitre strict des
plaintes pour me référer aux requêtes en
accréditation - le conseil consultatif souhaitait que nous puissions
procéder à l'engagement de commissaires ad hoc pour
décongestionner le rôle des requêtes en
accréditation, ce qui a effectivement été fait et,
déjà, un ou deux commissaires ad hoc ont été
engagés. On a retenu les services d'un ou deux commissaires ad hoc dont
le mandat très précis et exclusif est de procéder à
l'audition des requêtes en accréditation qui sont en suspens
depuis un bon moment. Notre objectif est d'essayer de conscrire en quelque
sorte d'autres commissaires ad hoc pour pouvoir, effectivement, procéder
à libérer le rôle dans les meilleurs délais
possible.
Je pense aussi, M. le Président - c'est un élément
qu'il faut peut-être souligner -que les amendements au Code du travail
contribueront, eux aussi, à accélérer les
différents processus que l'on connaît actuellement.
Le Président (M. Vallières): Je veux tout
simplement vous rappeler qu'il est 18 h 24.
M. Fréchette: Est-ce que c'est adopté en bloc sur
division?
M. Sirros: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vallières): Les programmes 1, 2,
3, 4 et 5 et leurs divers éléments sont donc adoptés en
bloc sur division. La commission ayant complété son mandat, je
demanderais au rapporteur de faire rapport à l'Assemblée dans les
meilleurs délais. Avant de conclure, M. le ministre.
M. Fréchette: Oui, très brièvement. Je ne
voulais pas que l'on...
M. Sirros: C'est un grand mot, M. le Président.
M. Fréchette: ...quitte la commission, M. le
Président, après l'adoption des programmes, sans d'abord vous
remercier de votre patience, d'une part, et de votre dextérité
à mener nos travaux. Je voudrais remercier aussi, bien sûr, mes
collègues ministériels qui ont participé aux
débats, mes collègues de l'Opposition qui ont également
contribué à valoriser les travaux qu'on a faits depuis deux
jours. Je comprends qu'à bien des égards il y a des distances
profondes ou larges qui nous séparent, mais, au moins, on sait à
quelle enseigne, de chaque côté, on se loge. Je remercie, en
particulier, le député de Laurier qui a été d'une
patience extraordinaire. Je pense qu'ensemble on a accompli le mandat qui nous
était dévolu.
Le Président (M. Vallières): Alors, M. le
député de Laurier, n'avez-vous rien à ajouter, pour
conclure très rapidement?
M. Sirros: M. le Président, je voudrais simplement
remercier le ministre loyal de Sa Majesté, pour utiliser les mots du
député de Prévost.
Le Président (M. Vallières): Je remercie tous les
intervenants et participants et tous ceux qui ont suivi nos travaux. La
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 26)