Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures cinquante-quatre minutes)
Le Président (M. Gagnon): La commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu se réunit aux
fins d'étudier le projet de loi no 72, Loi modifiant le Code du travail,
le Code de procédure civile et d'autres dispositions
législatives.
Sont membres de cette commission: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Dauphin (Marquette), Dean (Prévost), Mmes Dougherty
(Jacques-Cartier), Harel (Maisonneuve), MM. Lavigne (Beauharnois), Marois
(Marie-Victorin), Perron (Duplessis), Rivest (Jean-Talon) et Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: MM. Chevrette (Joliette), Gauthier (Roberval),
Hains (Saint-Henri), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Leduc (Fabre), Mailloux
(Charlevoix), Paquette (Rosemont), Polak (Sainte-Anne) et Rochefort
(Gouin).
À ce moment, je vous demanderais...
M. Rivest: En ce qui nous concerne, le député de
Sainte-Anne est membre? Oui?
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Rivest: Vous l'avez nommé, je crois.
Il faudrait peut-être que vous fassiez une place au
député de Laurier, M. Christos Sirros, ainsi qu'au
député de Portneuf.
Mme Lavoie-Roux est-elle membre?
Le Président (M. Gagnon): Non.
M. Rivest: II faudrait la nommer. Trouvez de la place, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): À la place de Mme la
députée de Jacques-Cartier, puisqu'elle va...
M. Rivest: Non, Mme la députée de Jacques-Cartier,
essayez de la garder.
Le Président (M. Gagnon): Oui. M. Rivest:
Marquette.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Richmond.
M. Rivest: Oui. Vous pouvez remplacer le député de
Richmond...
Le Président (M. Gagnon): ... par le député
de Laurier.
M. Rivest: Par le député de Laurier.
Le député de Marquette par la députée de
L'Acadie.
Est-ce qu'il y a de la place pour le député de
Portneuf?
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Marquette est remplacé par la députée de L'Acadie.
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Portneuf à la place du député de Jean-Talon? Non?
M. Rivest: Non. En tout cas, s'il se pointe...
Le Président (M. Gagnon): À ce moment-ci, cela me
prend une proposition pour nommer le rapporteur de la commission.
M. Rivest: Est-ce que c'est débattable M. le
Président?
Le Président (M. Gagnon): C'est débattable. Qui
sera rapporteur de la commission?
M. Marois: Le député de Beauharnois, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Beauharnois.
M. Marois: Adopté. M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): J'appelle maintenant
l'étude du projet de loi article par article. M. le ministre.
M. Marois: Je n'ai aucun commentaire additionnel à
formuler à ce moment-ci de nos travaux.
Je serais prêt à procéder à son étude
article par article.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
Remarques préliminaires M. Jean-Claude
Rivest
M. Rivest: M. le Président, si le ministre en convient, on
aurait peut-être trois ou quatre questions d'ordre général
à discuter au début des travaux, avant d'aborder chaque article.
Certaines peuvent être recoupées, mais on y reviendra plus en
détail au moment de l'étude article par article.
Ma première question. Je voudrais au moins que le ministre
s'exprime sur une des préoccupations qu'on lui a déjà
signalées, savoir la question des délais, que le ministre soit un
peu plus précis sur ce qui s'est passé. Je sais que le ministre a
eu un problème personnel que l'on comprend volontiers. Donc les
délais qui ont amené le gouvernement, à la suite de la
commission parlementaire à la fin de septembre, à déposer
le projet de loi sur les services essentiels simplement le 1er juin. Il s'est
quand même écoulé neuf mois, je ne sais trop, je le dis en
me référant à une déclaration du ministre ou du
premier ministre voulant que - enfin, cela semblait l'indiquer, je n'ai pas la
déclaration au texte - un tel projet de loi pour être
étudié à son mérite ne devait pas arriver dans une
période où les stratégies patronales ou gouvernementales
ainsi que syndicales commencent à se déployer. Je lisais ce matin
un mémoire, un commentaire de l'Association des hôpitaux entre
autres qui, justement, critique certains aspects du projet de loi et laisse
entendre que l'attitude du ministre sur le projet de loi des services
essentiels, est reliée au fait que le gouvernement par son retard et ses
délais s'est peut-être placé dans une conjoncture où
il ne pouvait quand même pas en mettre plus contre les prétentions
et les vues syndicales au moment où les milieux syndicaux sont au prise
avec la loi 70, la loi 68 et en plus, la loi 72 qui restreint d'une certaine
façon leur liberté traditionnelle.
Je voudrais que le ministre me dise comment il se fait qu'on a dû
attendre aussi longtemps avant d'en arriver à une loi comme la loi 72.
Est-ce que le ministre ne craint pas que cette étude, d'abord qui arrive
en fin de session, dans le charivari des fins de sessions habituelles, qui a
été fortement dénoncé dans le passé, et
qu'on se retrouve là-dedans... Je voudrais avoir ses commentaires, un
bref commentaire là-dessus, je voudrais que cela soit plus
spécifique.
Le Président (M. Paquette): M. le député,
est-ce qu'on pourrait appeler l'article 1 avant de...
M. Rivest: Je ne sais pas, mais j'ai trois ou quatre
considérations d'ordre général.
Le Président (M. Paquette): Trois ou quatre? D'accord,
très bien.
M. Rivest: Techniquement, si vous voulez. On peut faire cela sur
appel.
Le Président (M. Paquette): J'appelle l'article 1 et on va
faire ce débat sur l'article 1, si vous voulez.
M. Rivest: D'accord, on est sur l'article 1. (12 heures)
M. Pierre Marois
M. Marois: M. le Président, je vais répondre
très rapidement, je l'ai moi-même mentionné dans mon
intervention d'ouverture lors du débat de deuxième lecture, je
l'ai fait de nouveau lors de mon intervention de clôture du débat
de deuxième lecture. C'est vrai - je vais utiliser l'expression que
j'utilise souvent concernant des projets qui, je crois, sont importants - que
cela ne va jamais au rythme de mon impatience personnelle, la mise au point
d'un certain nombre de choses, de projets, surtout quand il s'agit de sujets
aussi complexes, de sujets qui ne sont pas faciles. Surtout un sujet comme
celui-là, parce que, encore une fois, au bout du compte, je pense que
tout le monde l'admet, cela touche l'humain et cela touche la santé et
la sécurité des citoyens.
On a pris le temps et tout le temps qu'il fallait, encore une fois, pour
présenter le projet qui est devant nous, qui nous semble être,
à notre avis, une façon responsable de répondre aux
préoccupations fondamentales des citoyens. Forcément, aussi, ce
genre de projet suscite des débats. Par son expérience
passée, M. le Président, je pense bien que le
député sait fort bien que ce n'est pas le genre de projet qui est
accepté en une seule séance d'un Conseil des ministres. Il est
normal que le gouvernement aussi prenne connaissance d'un mémoire, d'un
projet de loi, l'examine, l'étudie, etc., que cela s'achemine à
travers les comités permanents et qu'il y ait des discussions. Cela
prend un certain temps.
Ceci étant dit, il y a une chose, par exemple, que je n'accepte
pas et qu'a relevée plus ou moins à nouveau, qu'a faite sienne,
un peu comme commentaire personnel, le député de Jean-Talon. Je
laisse à chacun le soin de juger, je respecte les opinions des uns et
des autres. On pourra formuler les jugements qu'on voudra; on pourra me
prêter les intentions qu'on voudra, j'ai toujours bien droit,
personnellement, à ma conscience personnelle; personne ne peut me
l'enlever. Je nie catégoriquement que le moment du dépôt du
projet de loi, qui
effectivement arrive au moment ou d'autres projets de loi importants
sont débattus, ait eu quelque influence que ce soit, en ce qui me
concerne, sur le contenu du projet de loi, pour faire plaisir à l'un, un
peu moins à l'autre, un peu plus à l'autre. Ce sont des choses,
d'ailleurs, qui ont été évoquées dans des discours
de certains parlementaires. J'ai mis là-dedans ce qui, je pense, selon
ma conscience personnelle - je ne prétends pas avoir la
vérité absolue et je ne prétends pas que c'est l'absolu
non plus, je l'ai dit - était le meilleur moyen, compte tenu de
l'état de l'évolution des mentalités au Québec,
pour faire en sorte que soit consacrée encore une fois dans les faits la
primauté de l'accès des citoyens aux services essentiels, en y
ajoutant des éléments qui me semblent importants et qui sont
nouveaux. Quant au calcul, de quelque ordre que ce soit, personnellement, je
respecte ceux et celles qui peuvent porter et qui porteront les jugements
qu'ils voudront. J'ai droit aussi à ma conscience et je nie cela
formellement, catégoriquement. Pas sur un sujet comme celui-làl
Je n'accepterai jamais cela. On peut bien avoir chacun ses conceptions de la
vie politique, mais si la politique consiste à faire des petits maudits
calculs sur le plan tactique ou stratégique pour des choses aussi
fondamentales que celles-là, je ne marche pas là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
Discussion générale
M. Rivest: J'ai posé la question, parce qu'il reste qu'au
bout du compte - je ne doute pas que ce que le ministre vient d'exprimer soit
effectivement, connaissant le ministre depuis longtemps, une de ses convictions
profondes - on se trouve à étudier un projet de loi qui ne
correspond pas aux intentions formellement exprimées par le premier
ministre sur la démarche à suivre et l'échéancier.
Le premier ministre disait - j'ai retrouvé la citation - le 5 novembre
1980: "II faut profiter de la période qui nous sépare de la
prochaine ronde de négociation pour revoir de fond en comble le
système - il s'agissait bien du système des services essentiels -
qui prévaut chez nous depuis une quinzaine d'années." Or,
à tout le moins, quelles que soient les raisons, il reste que, sur le
plan de l'échéancier, ce n'est pas exact qu'on soit arrivé
à faire des choses et à prendre des décisions importantes
et fondamentales en dehors du contexte de la prochaine ronde de
négociation; on est en plein dedans. Je regrette cela, comme d'autres
l'ont regretté. Je pense que - là-dessus en tout cas - le
ministre a sans doute fait son possible. Le Conseil des ministres a suivi le
cheminement qui lui est propre - il n'est pas nécessairement rapide -
mais, au bout du compte, je regrette qu'une telle discussion sur un sujet aussi
important arrive dans le contexte précis dans lequel on est. Ceci
étant dit, je voudrais demander au ministre, a moins que... Est-ce que
l'adjoint a des commentaires là-dessus? Non.
M. Paquette: Moi, j'en aurais un. Très brièvement,
je pense que tout le monde aurait aimé très certainement que ce
projet de loi arrive plus tôt. Cependant, si, comme le
député le dit, il y a déjà d'autres
éléments dans l'air - en fait, les négociations ne sont
pas commencées, l'expiration de la convention collective est à la
fin de décembre - c'est plutôt que la situation économique
et budgétaire a fait que l'échéance du gouvernement est
arrivée plus rapidement sur d'autres sujets. Je pense que c'est ce qui
explique que ce projet se trouve proche de démarches, de
négociations qui devraient être entreprises, en tout cas,
espérons-le, mais c'est plutôt la rapidité, la bousculade
qui est devenue nécessaire à cause de la
détérioration de la situation économique dans tous les
pays occidentaux que le gouvernement a accéléré d'autres
démarches qui n'ont rien à voir avec celles-ci.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais ajouter
quelques mots à ce que dit M. le député de Jean-Talon. Sur
les intentions du ministre, je n'ai pas à juger; je pense qu'on peut lui
donner le bénéfice du doute sur ses bonnes intentions... Si vous
voulez que je vous en prête, je peux vous en prêter.
Ce que je veux dire, c'est qu'en juin 1979, exactement il y a trois ans,
on avait assisté, pendant trois mois et demi au moins, à des
problèmes extrêmement pénibles dans les hôpitaux de
Québec, et je vous ferai grâce de réciter les
comités des experts. Je pense que tout le monde est au courant de cela.
Et à la fin de juin en Chambre, j'ai demandé au ministre s'il ne
jugerait pas opportun que ce qui avait été prévu pour le
maintien des services essentiels soit révisé, compte tenu que
dans l'ensemble du secteur public - et à ce moment, ça devait
toucher les hôpitaux de Montréal d'une façon plus
générale - cela surviendrait en janvier, février, mars
1980, soit revu, et on m'a dit non. J'ai compris à ce moment qu'il y
aurait un type de services essentiels maintenu pour un type de travailleur, et
que, pour d'autres, ce n'était pas possible. Je ne suis pas revenue
à la charge, mais le problème était déjà
très, très aigu en juin 1979 et même quelques mois
auparavant, et on avait fait la
preuve que la loi 59 ne pouvait pas fonctionner et n'assurait pas
justement cette primauté des services essentiels dans le domaine de la
santé aux bénéficiaires.
Alors, il y a eu le référendum, en 1980. À ce
moment-là, les conventions étaient signées, elles se sont
signées, disons, en mars, avril 1980. On n'a rien fait, entre 1980 et
1981, et pourtant, c'était le temps où le gouvernement nous
disait que tout allait bien dans le domaine économique. Tout allait
très bien. Comment se fait-il qu'il ne se soit rien passé, alors
que le problème, on l'avait vécu d'une façon plus
aiguë à Québec, on l'avait revécu au printemps de
1980 et là, qu'on ait attendu l'échéance des
élections? D'ailleurs, en janvier 1980, le ministre des Affaires
sociales, qui était ministre du Travail à ce moment-là,
dans un colloque à l'Université de Montréal, je pense, en
relations industrielles, avait dit: Nous convoquerons d'ici très peu de
temps une commission parlementaire. Alors, là, nous sommes toujours en
janvier 1981. Il y a eu l'élection en 1981, c'est possible. Mais il
reste qu'il y a eu une année totale complètement perdue entre le
référendum et l'élection. À ce moment-là, ce
n'était plus une priorité pour le gouvernement, et on ne peut pas
faire valoir trop l'argument que le député de Rosemont nous a
donné à l'effet que vos priorités sont passées aux
questions économiques.
Il y a un an d'inaction totale qui est vraiment inexplicable.
Maintenant, je n'entrerai pas dans les autres cadres dont le
député de Jean-Talon vient de nous faire part, de septembre
à aujourd'hui, et qui apparemment, selon le ministre, sont reliés
au cheminement difficile qu'il y a eu à l'intérieur du Conseil
des ministres pour finalement en arriver à une position. Mais qu'on ne
vienne pas dire à la population qu'on s'est dépêché
de voir à ce problème avant la prochaine négociation. Je
vous parle d'il y a trois ans, alors que vous étiez fort bien
sensibilisés à cela, même avant il y a trois ans, parce que
cela avait commencé en février, mars, avril, mai, vous ne pouviez
pas agir avant la fin des négociations. Il y a eu une année
complète de perdue.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais simplement relever
une chose, je pense que la députée de L'Acadie l'admettra. Elle
m'a prêté une expression en disant que j'aurais parlé du
cheminement difficile du Conseil des ministres. Ce n'est pas l'expression que
j'ai utilisée...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est vrai qu'il n'est pas difficile, mais
je pense qu'on pouvait en conclure....
M. Marois: Je pense qu'elle l'admettra, je n'ai jamais dit une
chose comme celle-là, vous pouvez conclure ce que vous voulez,
prêter les intentions que vous voulez...
Mme Lavoie-Roux: On le sait...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole...
Mme Lavoie-Roux: ... on le sait qu'il y a eu des
déchirements...
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît; M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Marois: M. le Président, je crois que j'ai l'habitude
de respecter le droit de parole des gens.
Mme Lavoie-Roux: Je retire le mot "difficile" si cela heurte le
ministre, M. le Président.
M. Marois: Cela ne me heurte pas, je n'ai jamais dit une chose
comme celle-là. Il me semble que c'est simplement un comportement
responsable d'un gouvernement; un projet de loi qui porte sur des domaines ou
des choses ou des problèmes complexes importants, on n'escamote pas cela
en une discussion d'une demi-heure ou de vingt minutes. Ceux et celles qui ont
vécu l'expérience du fonctionnement interne d'un gouvernement
savent très bien que ce n'est pas comme cela que les choses se
passent.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'explique pas l'année que vous avez
perdue.
M. Marois: Cela prend un certain temps. Quant à
l'année 1981 en particulier, je voudrais tout de même rappeler une
chose qui est exacte aussi, qui n'explique pas tout, mais je n'ai pas la
prétention de tout expliquer non plus. Cette année, cela a
été particulièrement l'année où on a
procédé à l'évaluation systématique de ce
qui s'était passé dans l'ensemble des divers
établissements, notamment du réseau des affaires sociales,
à partir de l'examen systématique des expertises, toute une
série d'études qui ont été menées.
D'ailleurs, on en a largement parlé entre nous, j'ai fourni des copies
de je ne sais plus combien de pièces de documents aussi bien aux membres
de l'Opposition qu'aux membres de notre équipe qui étaient
là lors des travaux en commission parlementaire. Cela me semblait
important qu'on puisse procéder à une évaluation
rigoureuse de ce qui s'était passé à partir des faits.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: ... je retiens de cet échange, en tout cas, -
et je pense bien que ma collègue sera d'accord, d'ailleurs beaucoup de
gens l'ont signalé - que très certainement le gouvernement s'est
traîné les pieds manifestement dans ce dossier et il faut le
regretter. En tout cas, on souhaite que ce retard que le gouvernement a mis
à se décider n'entachera pas l'efficacité des mesures
modestes que le projet de loi propose pour régler un problème qui
est très important.
J'ai une deuxième question à poser au ministre. Il y a
donc eu la commission parlementaire au mois de septembre 1981. De très
nombreux organismes y sont venus, ont déposé leurs
mémoires et dans ce cheminement, j'allais dire, difficile du Conseil des
ministres - je ne le qualifierai pas pour ne pas indisposer le ministre -
est-ce qu'il y a eu, de la part du ministère, du ministre ou de ses
collaborateurs, des contacts suivis avec tous les intervenants qui sont venus
présenter des mémoires, afin de discuter avec eux des
propositions qu'ils avaient faites? Est-ce qu'on les a laissés
complètement dans le décor après avoir reçu leurs
mémoires, avec toute la courtoisie que les mémoires
méritaient? Est-ce qu'on a cheminé, en laissant tout le monde en
dehors, tous les intervenants qui avaient des expertises et des connaissances
extrêmement concrètes? Est-ce qu'on a consulté d'une
façon systématique ces gens pour leur permettre de cheminer avec
le Conseil des ministres?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Le député me pose une question
très précise, je vais lui donner une réponse aussi
précise que sa question. Est-ce qu'on a assuré un suivi de
consultation systématique avec chacun des - je ne me souviens plus - 55
à 60 groupes qui nous ont présenté des mémoires?
C'est évident que la réponse est non. Pas chacun des 55 à
60 groupes, franchement! Il y a eu des contacts, des consultations en cours de
route, oui, avec un certain nombre de groupes pour avoir des
précisions.
M. Rivest: Avec lesquels, en particulier? (12 h 15)
M. Marois: Non, tout de même, M. le Président. Avec
un certain nombre de groupes pour avoir des précisions sur un certain
nombre de points, des contacts qui ont été établis, que ce
soit par des fonctionnaires du ministère, que ce soit par des membres du
cabinet ou qu'à l'occasion j'aie eu aussi personnellement des contacts
avec un certain nombre de personnes tout au long de notre analyse,
étude, en plus des divers mémoires qui nous ont été
présentés, je me permets de rappeler au député
combien d'heures... 56 heures, je pense, de travaux, de discussions,
d'échanges en commission parlementaire. Cela ne s'est pas produit
souvent dans les dix dernières années, si ma mémoire est
bonne. Cela s'est produit sur quelques dossiers/problèmes, ou projets,
enfin un nombre relativement limité, tout le monde l'admettra.
M. Rivest: M. le Président, le sentiment que j'ai... Je le
dis comme on me l'a dit, les gens ont eu l'impression, après avoir
présenté leur mémoire et compte tenu de la longueur...
Quand on regarde d'ailleurs le poids des mémoires, enfin ce que les
mémoires disent, quand on regarde le résumé et ce qu'il y
a dans le projet de loi le gouvernement est libre de prendre ses
décisions, on en convient, mais il y a toute une distance entre ce que
le projet de loi contient et ce que substantiellement les 56 mémoires
ont signalé. Quand on regarde simplement le droit de grève, on
pourrait revoir le maintien ou l'abolition du droit de grève ou
l'abolition sélective, on a l'impression que tout le monde a
été laissé dans le décor, que le Conseil des
ministres a cheminé seul avec les retards qu'on lui adresse, que le
ministre me dit: Oui, j'ai rencontré, etc., je voudrais savoir s'il y a
eu quelqu'un quelque part dans le ministère...
Il me semble que lorsqu'on fait une commission parlementaire et qu'on
recueille, c'est sûr qu'on ne peut pas accepter toutes les
prétentions des uns et des autres parce qu'elles sont dans une
très large mesure contradictoires... Mais quand on chemine pour un
projet de loi, il y a des contacts, on reprend contact avec les gens. Le
Conseil des ministres évolue, il y a des hypothèses qui sont
présentées au Conseil des ministres, pour les vérifier, on
n'associe pas simplement dans un geste formel d'une commission parlementaire
où on fait causer les uns et les autres, on associe les gens au
processus. Je crois que la réaction que le ministre a eue à son
projet de loi dans le milieu autant le milieu patronal que syndical, disons que
cela n'a pas été un concert d'éloges que le ministre a
reçu avec son projet de loi de part et d'autre, et j'y vois la cause sur
le fait que vous avez pris beaucoup de distance, vous avez créé
une distance beaucoup trop grande entre le gouvernement et les principaux
intéressés qui sont les gens qui travaillent dans le secteur;
cela est mon opinion, je vous la dis très franchement, et je pense
traduire l'opinion des gens qui ont pris connaissance, le 1er juin, du projet
de loi no 72.
Le Président (M.Gagnon): M. le député.
M. Marois: Je voudrais relever quelques affirmations. Le
député de Jean-Talon a droit à ses émotions,
à ses sentiments, à ses perceptions, et je les respecte, bien que
je ne les partage pas. Si vraiment le député de Jean-Talon pense
que sur une question aussi fondamentale, délicate et complexe, il est
possible de présenter et de déposer un projet de loi qui
rallierait spontanément une batterie aussi large, aussi importante non
seulement en nombre, mais en qualité aussi d'opinions basées sur
les expériences des uns et des autres, je lui souhaite bonne chance.
Cela aurait été facile, oui cela aurait été facile,
il y aurait eu moyen d'avoir un concert d'éloges, de faire du
spectaculaire, du tape à l'oeil, je l'ai évoqué; cela
aurait été facile de tomber dans ce panneau-là.
Ce n'est pas facile. Le député a assez d'expérience
pour savoir très bien que sur un problème et un sujet aussi
délicat et aussi fondamental que ça pourrait être une voix
et un certain nombre de voix bien simples, bien faciles, qui pourraient
soulever des appaudissements, que quand on recherche des solutions qui
capitalisent sur l'acquis, qui tiennent compte du rythme normal
d'évolution d'une société, qu'on cherche à se
donner des balises, je ne me suis jamais attendu à recevoir des
tonnerres d'appaudissements sur la place publique. Ma préoccupation
fondamentale sur ce projet-là, ce n'est pas celle-là et ce n'est
pas cela que j'ai recherché et ce n'est pas celle-là que je
recherche non plus. Je sais fort bien que jamais dans les semaines, les jours,
les mois qui viennent probablement même dans un certain nombre
d'années, avant un bon bout de temps, j'ai moi-même
évoqué que la société québécoise
avait encore un long cheminement à faire, qu'il y avait une maturation
qui était loin d'être terminée et qu'il ne fallait pas la
bloquer, qu'il fallait l'épauler, la stimuler, l'animer, mais qu'il y
avait encore des perceptions qui étaient complètement à
l'opposé les unes des autres. Je l'ai mentionné. Quand on va dans
des textes des commentaires où un éditorialiste évoque,
utilise d'une part à l'extrême le mot "lâcheté" et
qu'un autre à l'autre extrême utilise le mot "courage", bien cela
donne la dimension.
M. Rivest: Un autre. Bon!
M. Marois: Un autre, bien sûr. Cela donne la dimension...
Même si le député de Jean-Talon dit "bon". M. le
Président, je respecte son droit de parole, je suis certain que par son
"bon" il veut signifier qu'il entend à partir de maintenant respecter le
mien aussi. Par voie de conséquence, comme je le mentionnais, cela met
drôlement bien en relief à quel point on touche un domaine qui est
au coeur même des fibres, du tissu d'une société. Bien
sûr, oui, ce serait facile de faire quelque chose, de pondre quelque
chose de bien vite, bien rapide, spectaculaire, remarquable, avec des tonnerres
d'applaudissements et les risques que cela implique pour le lendemain. Je n'ai
pas voulu prendre cette piste.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Ce ne sont pas les applaudissements. Les critiques, ce
n'est pas une question d'applaudir ou de ne pas applaudir le ministre; c'est
une question de confiance dans les mesures qui sont proposées. Il m'a
semblé que dans le secteur il y avait, disons, pour s'entendre avec le
ministre, un très large scepticisme sur l'efficacité de la loi 72
au regard des objectifs par ailleurs extrêmement nobles qu'elle
poursuit.
J'ai deux éléments. Entre autres, dans sa réplique,
je crois, le ministre a évoqué -et on retrouve cette notion tout
au long du projet de loi - la question de la santé et de la
sécurité publique par rapport à celle de
l'intérêt public, qui traînait dans le décor ou enfin
qui a été évoquée autour de ces questions. Est-ce
que le ministre a des documents ou a fait des recherches pour voir exactement
ce que cette expression qu'on emploie, qui est une expression un peu
passepartout, pouvait signifier, comment elle avait été
interprétée par les tribunaux? Existe-t-il une expertise d'ordre
juridique autour de cette notion qui nous permettrait d'évaluer le
critère qui dans la loi va être celui sur lequel le gouvernement
va exercer son pouvoir de décret? La santé et la
sécurité, c'est une notion qui est difficile à saisir.
Sauf que si on la laisse sans balises... Est-ce que le ministre a fait des
études avant de dire oui? Je vais m'arrêter à cette
expression spécifique?
M. Marois: Oui, on a examiné très attentivement
cette notion de santé ou sécurité publique versus la
notion d'intérêt public ou d'autres notions plus larges. Ce qui
ressort au bout du compte particulièrement dans un très
récent jugement de la Cour suprême. Effectivement, il y a eu une
décision unanime qui a été rendue le 31 mai dernier et qui
concerne l'affaire de l'Association canadienne des contrôleurs du trafic
aérien et Sa Majesté la reine du chef du Canada,
représentée par le Conseil du trésor, l'Alliance de la
fonction publique du Canada, l'Institut professionnel et le reste. Cette notion
introduite dans le projet de loi est fondamentalement collée à un
moyen -qui est prévu - d'intervention du gouvernement, notamment pour
décréter que dans tel service public il devra y avoir des
services essentiels assumés et assurés pour les citoyens ou
à la lumière des rapports, de
l'expertise qui sera d'ailleurs rendue publique provenant du conseil,
pour décréter une suspension de l'exercice du droit de
grève.
En d'autres termes, cette notion est constamment greffée, de la
façon dont on l'introduit, au pouvoir de décréter. La
question qui se pose est de savoir si, libellée de cette façon,
elle est suffisamment large pour couvrir toute une série de situations
permettant véritablement de répondre aux préoccupations
fondamentales des citoyens. En d'autres termes, est-ce qu'il y aurait des trous
sur le plan juridique? Partant de ce que je viens de dire, pour répondre
encore de façon plus précise, sur le plan de la procédure,
dans l'hypothèse où quelqu'un tenterait de contester la
procédure qui a été utilisée, parce que la
santé ou la sécurité n'était pas en cause, vous ne
pouviez pas décréter une suspension, ou décréter,
à cause d'appréhension, que dans tel service public il doit y
avoir services essentiels. Sur cela, ce qu'on a comme indication et qui ressort
d'ailleurs clairement du jugement que j'ai cité, c'est que, non, ce
serait absolument impossible de contester sur le plan de la procédure.
Pas plus d'ailleurs que quant à l'appréciation du danger, quant
à l'appréciation sur le fond.
Par exemple, il pourrait être question pour la Cour
supérieure d'exercer son jugement en lieu et place du gouvernement. La
jurisprudence de la Cour supérieure reconnaît déjà
par ailleurs le droit pour l'exécutif du Conseil des ministres,
lorsqu'il doit prendre une décision de ce type, de recourir à son
personnel, de recourir à ses fonctionnaires pour procéder
à une telle évaluation.
Donc, cela ne semble pas poser de problèmes et j'ai voulu m'en
assurer. Encore une fois, c'est le plus récent jugement de la Cour
suprême qui est très clair sur ce point, ce serait le seul cas,
une décision ne pourrait être contestée valablement que si
le gouvernement la prenait avec mauvaise foi et preuve de mauvaise foi
équivalant à fraude, ce qui lui vaudrait de perdre la juridiction
qu'il a en vertu du jugement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je retrouve mes vieilles notions de droit
administratif qui, semble-t-il, ont été confirmées
récemment par la Cour suprême.
C'est exact. Ce que je veux dire, c'est que le fait que vous ayez
lié la notion de santé et de sécurité publique
à l'exercice de la discrétion ministérielle qui doit se
faire, je pense que c'est une notion très établie en droit, qui
peut être erronée bien sûr, mais dont les cours ne peuvent
connaître de cela, sauf dans le cas, signalé par le ministre,
d'une mauvaise foi équivalant à fraude. C'est une notion qui a
été probablement précisée dans le jugement que le
ministre vient de citer. Un des arguments qui ont été très
largement évoqués par un certain nombre d'intervenants
extrêmement documentés, est-ce que cela ne dispose pas finalement
du fait que si le gouvernement ne s'était pas donné, dans le
projet de loi, un pouvoir de décret pour le confier plutôt
à un organisme avec des pouvoirs judiciaires et quasi judiciaires,
est-ce que les avis juridiques que le ministre a obtenus ne seraient pas
à l'effet que le pouvoir de contrôle et de surveillance des
tribunaux supérieurs sur un tel organisme a été beaucoup
plus large que ce qu'il serait du fait que la notion de santé et de
sécurité est maintenant une prérogative laissée au
jugement du gouvernement? (12 h 30)
M. Marois: Oui. Je pense que le député a
parfaitement raison. Je suis content que cela soit évoqué. Je
comptais le faire ultérieurement mais si cela vient à ce moment,
tant mieux. Je pense que c'est extrêmement important parce que c'est tout
à fait exact. Il va de soi, quand on pense, par exemple, au pouvoir de
surveillance, de contrôle, à la possibilité de prises de
brefs d'évocation etc., que c'est beaucoup plus large dans le cas d'une
régie, d'une commission, même d'organismes quasi judiciaires. Je
me souviens que, lors de l'examen de la question de l'injonction en
matière de relations du travail, une des hypothèses parmi
d'autres qui a été regardée, c'est celle de
déplacer le pouvoir d'injonction pour le situer au niveau du Tribunal du
travail. Même dans le cas du Tribunal du travail, il y a des doutes que
cela puisse ouvrir la porte.
Évidemment, cela paraît technique, mais cela fait ressortir
clairement une chose, c'est que cette notion de santé ou de
sécurité publique est reliée au pouvoir de
l'exécutif constamment, ce qui met à l'abri sur le fond, sauf
dans les cas où le gouvernement se comporterait vraiment, comme je l'ai
évoqué, avec une telle mauvaise foi, dont la preuve serait faite.
Mais cela permet aussi d'introduire une notion qui, en droit, je dirais,
concrétise dans les faits, à la lumière des
appréhensions fondées qu'il est possible d'avoir à un
moment précis.
Je vais l'illustrer autrement. J'ai entendu récemment un
commentaire à la radio d'une personne pourtant qualifiée, dont je
ne mets absolument pas en cause la compétence, quant à la
responsabilité qu'elle assume. Elle disait: Oui, justement, dans le cas
de la CTCUM, à Montréal, formulons l'hypothèse que cela
s'applique et que, par voie de conséquence, avec le projet de loi tel
qu'il est formulé, à cause de la notion de santé ou de
sécurité publique, cela ne puisse
s'appliquer au transport en commun. L'exemple qu'elle prenait,
c'était le cas du transport pour les personnes handicapées. Elle
disait: Vous voyez, la santé ou la sécurité, dans le cas
des handicapés, s'il y a un débrayage ou une grève
illégale, à la suite d'un décret du gouvernement, la
santé des personnes handicapées qui sont transportées
n'est pas en cause, par définition, puisqu'elles se servent du transport
pour aller travailler et, quant à leur sécurité, il va de
soi que, quand tu es à la maison, c'est plus sécuritaire encore
que même d'utiliser le transport en commun. C'est un réflexe de
gros bon sens. Je comprends la réaction d'un bon nombre de gens qui ont
réagi dans ce sens, mais, en droit, la notion est beaucoup plus
large.
Sur des rapports, des recommandations, une évaluation qui serait
faite, dans l'hypothèse où le gouvernement, par exemple,
décréterait que, dans le cas précis du transport en
commun... Prenons le cas de Montréal. Il doit y avoir des services
essentiels. Se fondant sur la notion telle qu'elle est inscrite, ce serait
inattaquable en droit, certainement pas sur le plan de la procédure,
certainement pas sur le fond, sauf dans le cas de mauvaise foi. Mais
j'apprécie que le député de Jean-Talon pose cette
question, parce qu'évidemment c'est technique, c'est juridique, mais, en
même temps, c'est extrêmement important.
J'entendais, par exemple, le député de Sainte-Anne - je
sais que des gens partagent ces appréhensions - qui disait: II faudrait
introduire une notion de - ce n'est pas l'expression qu'il a utilisée,
mais j'allais dire - chambardement économique, social. Or, c'est
déjà, en soi, inclus dans la notion de droit de santé ou
de sécurité publique; c'est relié cependant au pouvoir de
l'exécutif. C'est une clef.
M. Rivest: Mais ce que le député de Sainte-Anne
avait probablement à l'esprit, c'était...
M. Marois: II a dit, si ma mémoire est bonne: une grave
perturbation sociale.
M. Rivest: Le député de Sainte-Anne, qui est un
homme très cultivé et très au fait des textes
contemporains sur la question, se référait et avait problablement
à l'esprit, à l'époque, le texte de l'encyclique Laborem
exercens de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, qui disait exactement
ceci: "En outre, on ne peut jamais oublier que, lorsqu'il s'agit de services
essentiels à la vie de la société, ces derniers doivent
toujours être assurés, y compris, si nécessaire, par des
mesures légales adéquates. L'abus de la grève peut
conduire à - c'est là que le député de Sainte-Anne
rejoignait Sa Sainteté - la paralysie de toute la vie
socio-économique."
Dans le cas du transport en commun, effectivement pourquoi intervient-on
au fond? C'est principalement la vie socio-économique d'une ville comme
Montréal qui se trouve paralysée. C'est la raison
première. Je pense que le ministre a raison en disant que l'expression
santé et sécurité en droit et dans notre loi ne doit pas
être prise à la lettre mais doit être prise en droit. Je
pense que l'expression peut certainement être habilitée.
À moins que d'autres collègues aient des points de vue sur
cet aspect, j'ai un autre aspect d'introduction.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que nous sommes à
l'article 1?
M. Rivest: Oui, nous sommes toujours à l'article 1. C'est
l'article le plus important.
Le Président (M. Gagnon): Cela me semble épais.
M. Rivest: C'est l'article de départ. Le
Président (M. Gagnon): Pardon?
M. Rivest: Le gouvernement a mis des mois avant d'arriver
à l'article 1. On peut tout de même passer une heure.
M. Marois: Toujours est-il que continuant sur l'article 1, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Continuant sur l'article 1, si
je pose la question, c'est que je me suis fait remplacer au moment où on
a appelé l'article 1. Alors je croyais qu'on était dans les
discussions préliminaires.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Rosemont, qui
agissait comme président, a décidé qu'on n'avait pas
d'objection...
Le Président (M. Gagnon): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... à ce qu'il appelle l'article 1 et
qu'on fasse les observations générales sous cette rubrique.
Le Président (M. Gagnon): D'accord.
M. Paquette: Le député de Jean-Talon nous a
assurés que ce serait bref.
M. Rivest: C'est vrai.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Rivest: Quelques notions préliminaires pour ne pas
revenir plus tard sur des questions.
L'autre question que je voudrais poser, c'est dans le but d'amener le
ministre qui a
déclaré à plusieurs reprises que dans certains cas,
il fait référence à certains témoignages même
de la partie syndicale surtout dans le domaine de la santé et des
services sociaux... Il affirme avec beaucoup de conviction à
l'Assemblée nationale, je crois qu'il est, comme d'habitude,
extrêmement sincère dans son énoncé, que dans
certains types d'établissements le droit de grève ne peut
être que symbolique, pour reprendre son expression. Je voudrais savoir,
dans la mesure où nous partageons cet avis au point d'ailleurs d'aller
jusqu'à enlever le symbole, parce que cela nous paraît tellement
important que dans les institutions, on l'a déjà indiqué,
il n'existe pas de diminution de services et pour pouvoir évaluer la
différence qui existe entre la conviction que nous avons acquise pour
les personnes âgées, les handicapés, les malades
psychiatriques et les malades chroniques, nous disons, comme vous le savez,
qu'il ne doit pas exister de droit de grève ou de diminution de quelque
manière des services essentiels...
Le ministre probablement se réfère aux mêmes types
d'institutions et a à l'esprit le même genre d'institutions
lorsqu'il dit que le droit de grève doit être symbolique.
Où est la différence? S'il n'y a pas de différence, on
pourra certainement avoir une discussion très utile pour convenir
ensemble d'inscrire dans la loi notre commune perception des choses pour les
clientèles captives, les bénéficiaires captifs dans les
établissements de santé et de services sociaux dont il est
question.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, à chaque fois que j'y
ai fait référence, et que j'ai fait allusion à ce
comportement responsable, possible, venant spontanément de la part des
parties impliquées ou suite à une spontanéité
aidée, surveillée, encadrée, j'ai constamment fait
allusion à un certain nombre de cas concrets illustrant le symbole. Soit
dit en passant en ouvrant une paranthèse. C'est là que nous
divergeons fondamentalement d'opinions lorsque le député faisant
état largement de la position de sa formation politique dit: II faudrait
même faire disparaître le symbole. C'est là qu'il prend un
risque, à notre avis, extrêmement dangereux.
Je vais revenir de nouveau et citer un extrait de nos débats lors
de la commission parlementaire que nous avons eue. C'est au journal des
Débats. Il s'agissait du témoignage d'une des porte-parole de la
Fédération québécoise des infirmières et
infirmiers, Mme Gosselin.
Ma dernière question serait la suivante: Peut-être est-ce
que je me trompe, mais, Mme Gosselin, il me semble que lors d'un colloque, l'an
passé, vous auriez déclaré que certains services, certains
départements, faisant allusion à certaines unités ou
départements d'hôpitaux généraux à vocation
multiple, devaient être assurés à 100% du personnel en
temps de grève. Si ma mémoire est bonne, vous aviez donné
des exemples. Vous aviez illustré votre pensée. Je lui demandais
de nous le refaire, de nous l'expliquer à nouveau. Elle a répondu
ceci: J'avais parlé - c'est elle qui parle - d'unités qui
devaient demeurer ouvertes avec le personnel qu'il fallait. C'était
d'ailleurs la position qu'on avait tenue dans la négociation des
services essentiels avec nos employeurs. J'avais aussi dit, par exemple, qu'on
ne pouvait déterminer provincialement ce que pouvaient être pour
chacun des établissements les services essentiels requis en cas de
conflit dans les établissements parce qu'il y a la dimension nationale,
régionale ou locale du conflit dont il faut tenir compte. C'est vrai que
les réalités sont différentes d'une localité
à l'autre, d'un établissement à l'autre, même
à l'intérieur d'une même région.
Elle continuait de la façon suivante: II y a également la
notion de catégorie de personnel qui est employée ou non par un
établissement; il y a également la notion du personnel non
syndiqué dont il faut tenir compte; il faut aussi tenir compte du nombre
de salariés en grève. Effectivement, il y avait des unités
pour lesquelles on avait recommandé à nos membres de donner 100%
du personnel, et c'est effectivement ce qui a été fait dans
certains cas. Je suis revenu à la charge en lui disant: Oui, vous aviez
été plus concrète, plus précise que cela. Elle a
répondu ceci, faisant toujours allusion à ces 100% ou presque,
l'idée de symbolique: J'avais parlé - et là elle cite des
cas - de services d'urgence, de soins intensifs, d'obstétrique, je veux
dire les salles d'accouchement. Je me souviens d'avoir parlé au moins de
ces unités, et le reste.
En voilà une illustration. On pourrait la transposer, songer
à d'autres types d'établissements où, par exemple, se
trouvent dans un même établissement, à vocation unique dans
ce cas, des clientèles particulièrement fragiles,
particulièrement des personnes lourdement handicapées qui ont peu
ou pas d'autonomie, où il va de soi... Cela s'est passé
d'ailleurs de cette façon dans un pourcentage extrêmement
important d'établissements, que ce soit venu par entente, par liste ou
par la pratique des choses. Il y a eu des cas où effectivement les
services fondamentaux, cela veut dire un pourcentage extrêmement
élevé. Bien sûr, pour la personne affectée à
l'entretien des pelouses, la personne affectée à la
comptabilité, et le reste, tout le monde comprend parfaitement bien.
Il y a des pratiques en Europe, je l'ai
évoqué, il y a des pratiques aussi au Québec. Ce
dont nous voulons absolument nous assurer, c'est que ces pratiques non
seulement se maintiennent, se poursuivent, mais que dans les cas où de
telles pratiques n'interviennent pas, ne se produisent pas,
l'intérêt public prévale. Le principe de la primauté
du droit des citoyens d'avoir leurs services essentiels, dans certains cas,
cela veut dire que si tant est que le droit de grève aux yeux de
certains et de certaines, doive s'exercer, cela ne peut être que
symbolique, parce que, en même temps, il y a là une
reconnaissance, de la part des syndiqués, qu'il y a une primauté
fondamentale des hommes et des femmes à ne pas être pris en otages
mais à obtenir les services auxquels ils ont droit. Les moyens, on doit
se les donner comme société.
Ultimement, le gouvernement peut faire en sorte que les gens
l'obtiennent et, le cas échéant, que des mesures, des sanctions
pénales, civiles et autres, des mesures disciplinaires soient prises, en
y ajoutant aussi et en en tenant compte - il ne faut jamais les perdre de vue -
les pouvoirs additionnels qui existent dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux qui permettent, à certaines
conditions, de mettre en tutelle des établissements. Il y a toute une
batterie de moyens et d'instruments. Voilà, M. le Président, ce
que je voulais dire.
M. Rivest: Là-dessus... (12 h 45)
M. Marois: Si le député me permet de terminer, nous
ne croyons pas qu'il soit possible de définir dans une loi, de
façon juridique, avec toute une série de critères
très précis, provincialement, compte tenu de la nature
différente des établissements, notamment les uns par rapport aux
autres, dans le réseau, des situations qui sont changeantes d'une
localité à l'autre, à l'intérieur même d'une
région, d'une région à l'autre et, en plus, compte tenu du
fait que nous ajoutons - là, il s'agit de tout un pan nouveau,
additionnel, par l'inclusion de services publics - que, par voie de
conséquence, nous préférons retenir, mais en allant plus
loin cependant, la recommandation du rapport Picard, qui proposait
l'introduction d'un protocole-cadre, donnant même ultimement le pouvoir
au gouvernement de l'établir par règlement. En ayant des
consultations et des discussions entre les parties, si elles s'entendent, le
conseil a le pouvoir de l'établir ultimement, de le retransmettre au
gouvernement, mais le gouvernement peut le modifier, l'ajuster, le changer et
le décréter par règlement avant que le droit de
grève soit acquis et que puisse être mis en marche le processus
concernant les services essentiels.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, après quoi je reconnaîtrai Mme la
députée de L'Acadie.
M. Rivest: J'ai posé cette question et je suis content,
dans un certain sens, de la réponse du ministre, parce qu'effectivement
l'usage que le ministre a fait de l'expression "grève symbolique" et les
explications qu'il lui a données, ce sont les intentions du
gouvernement, enfin c'est sa façon de voir sa responsabilité
comme gouvernement face aux besoins essentiels. Je pense qu'il l'a bien
résumée dans sa dernière intervention, mais la grande
difficulté que nous avons et que d'autres que nous d'ailleurs ont sur ce
plan, c'est qu'un projet de loi doit traduire, les intentions du gouvernement
il doit y avoir une vue claire à l'intérieur du projet de loi des
intentions du gouvernement.
Or, la critique fondamentale qui a été adressée ici
à l'Assemblée nationale comme à l'extérieur, sur ce
plan précis, c'est qu'il n'y a pas de vue claire des pouvoirs des uns et
des autres et des mécanismes qu'on met en place qu'effectivement
l'objectif du gouvernement est de rendre, pour certains
bénéficiaires des services de santé et des services
sociaux, le droit de grève purement symbolique dans le sens que le
ministre vient de l'indiquer.
Le ministre nous dit: On pourra... bien sûr, il y a ceci, il y a
cela, on fait ceci, on fait cela. D'ailleurs, quand il introduit la notion des
services publics par rapport aux services publics et parapublics où on
retrouve la question des services de santé et des services sociaux, au
fond, à part du délai, tout le mécanisme, toute la
tuyauterie, dans un sens non péjoratif, qu'il met en place, sont
absolument identiques.
Ce que je voudrais, c'est que, quant aux services de santé et aux
services sociaux, pour les clientèles captives, ce soit visible dans le
corps même du projet de loi, c'est-à-dire une décision de
l'Assemblée nationale qui serait contraignante pour le gouvernement et
que, pour tous ceux-là, effectivement, pour les clientèles
captives, le droit de grève soit symbolique ou qu'il n'en existe pas du
tout, parce que cela n'a pas de bon sens qu'il y ait ce droit pour certaines
clientèles captives. C'est cela qu'on reproche au gouvernement et qu'on
va suivre tout le long de l'étude article par article avec le ministre
pour essayer de l'amener, dans la mesure où on pourra le faire, à
traduire dans la loi cette intention gouvernementale par ailleurs maintes fois
exprimée et qui tombe sur le sens commun.
M. Marois: M. le Président, l'Opposition va avoir sa ligne
de pensée, mais j'aime mieux dire clairement au point de départ
que je n'ai pas l'intention de dévier de la mienne. Nous avons une
divergence de vues
sur le plan juridique, c'est-à-dire sur la façon de
formuler des choses dans un texte de loi.
Je ne disconviens pas d'une chose avec le député de
Jean-Talon, c'est que la façon dont nous avons traduit cette intention
dans le texte a le désavantage d'avoir moins de clarté. Je n'en
disconviens pas, mais, comme je l'ai évoqué tantôt en
réponse à une remarque ou à un commentaire d'ordre plus
général, je n'ai pas l'intention de mettre dans la balance un peu
plus, un peu moins de clarté en contrepoids des moyens, des outils qui,
me semble-t-il, sont requis sur le plan juridique pour atteindre
l'objectif.
Je vais m'expliquer encore plus clairement. Un des articles clés
concernant la question qui est évoquée, c'est l'article 111.0.12
qui prévoit la mise en place de ce qu'on appelle le protocole - cadre.
On aura l'occasion de l'examiner en détail. Mais tout est là et
tout est dit dans cet article. Cela n'a pas, encore une fois, la
visibilité que souhaiterait le député de Jean-Talon.
Ma crainte fondamentale, et c'est là que nous allons diverger
d'opinions, encore une fois, concerne la technique juridique. Bien sûr,
une des façons d'aborder les choses concernant l'article 111.0.12,
serait d'y ajouter quelque chose dans le genre. Je crois que c'est à peu
près ce que cela reflète et ce serait une façon, sans
vouloir absolument tronquer sa pensée, de traduire ce qu'évoque
le député de Jean-Talon, de dire: Dans le cas de tel type
d'établissements des services sociaux ou des services de santé,
on devra prévoir telle chose ou telle chose; en d'autres termes:
déterminer toute une série précise de critères.
Évidemment, plus on allonge la liste, cela n'est pas sans avoir des
conséquences juridiques. Le député le sait fort bien, je
pense. C'est une technique juridique. Elle a un désavantage fondamental
d'un double point de vue. D'une part, c'est que, si on le fait pour certains
établissements et qu'on veut être suffisamment précis pour
un certain type d'établissements prenons par exemple, des
établissements à vocation multiple - il va falloir être
aussi précis, mais en s'ajustant à une autre
réalité qui est celle des établissements à vocation
multiple. Je reviens à mon image - je sais qu'elle est un peu
caricaturale, en un certain sens, mais je ne veux pas être injuste -
quand j'évoquais l'exemple d'un quatrième nord où sont
logés des bénéficiaires handicapés lourdement
relativement au quatrième étage sud du même
établissement où se trouve le service de gynécologie, ou
relativement à tel autre quatrième étage est de tel
hopîtal où se trouve un type de clientèle
complètement différent. Il faudra, encore là,
établir des critères. Cela, c'est une difficulté
extrêmement importante qui enlèverait, en partant, la souplesse et
en même temps la rigueur, parce qu'il y a une rigueur de base, mais aussi
une souplesse inhérente à la formulation de l'article 111.0.12
que nous avons retenu, qui permet de s'ajuster aux réalités, au
concret dans chacun des coins.
La deuxième difficulté m'apparaît aussi
extrêmement importante. C'est qu'à partir du moment où on
définit dans une loi, toute une série de critères et
où, encore une fois, plus on allonge la liste, plus on est
précis, cela ouvre automatiquement la porte. Je ne dis pas que cela va
se faire, je ne dis pas que c'est un automatisme et que cela va se
réaliser nécessairement le lendemain matin; c'est possible.
À partir du moment où c'est possible, je pense qu'il est
préférable de ne pas prendre ce risque, mais on ouvre la porte
à des contestations sur le plan juridique de n'importe qui qui pourrait
dire: Oui, mais vous n'avez pas retenu le critère tel numéro
prévu à tel article de la loi. Cela ouvre la porte à des
contestations de type juridique. On voit bien qu'analogiquement le
député de Jean-Talon le sait, je pense que le domaine juridique,
le métier d'avocat est un très beau métier, mais cela peut
être aussi un métier terriblement vicieux, quand on le veut.
Le Président (M. Gagnon): Oui. M. le député
de Rosemont.
M. Raquette: Simplement que je dois aller à une autre
commission cet après-midi. Tout en trouvant très
intéressants les échanges, je ne sais pas si les
députés de l'Opposition seraient d'accord pour qu'à 15
heures on puisse commencer l'étude des amendements et l'étude
article par article du projet de loi?
M. Rivest: À 14 heures ou 15 heures.
M. Paquette: C'est parce qu'on peut finir les questions
générales ce matin et commencer...
Mme Lavoie-Roux: II reste trois minutes.
M. Paquette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On en a pour plus de trois minutes.
Le Président (M. Gagnon): Je pense qu'actuellement
j'aurais le droit de parole sur le débat général avant
l'étude par article par article. On m'avait dit que cette commission,
sans avoir une entente formelle, devait être terminée vers 18
heures.
M. Rivest: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vers 18 heures?
Il va falloir envoyer la nouvelle à la
grande presse.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Prévost avait demandé la parole.
M. Dean: M. le Président, tout en faisant miennes les
observations de nature juridique du ministre, j'aimerais y ajouter quelques
éléments. D'abord, on constate que plusieurs provinces et le
gouvernement fédéral, dans le domaine général de
relations du travail, depuis quelques années déjà et avec
beaucoup de succès d'ailleurs, ont vu évoluer un processus de
déjudiciarisation des relations du travail dans les sens de créer
des instruments qui utilisent la médiation, la conciliation etc., pour
résoudre des problèmes. Je pense que cela souligne l'importance
de ne pas tomber dans le piège, dans un processus profondément
humain comme on veut établir ou encadrer ici, de judiciariser ces
relations au point de les rendre peut-être plus difficilement
inapplicables. Le milieu de santé surtout, on parle surtout de cela
aujourd'hui, a déjà évolué et a déjà
développé lui-même, là où le comportement
était acceptable dans les conflits passés, des critères
valables pour l'administration de ce genre de problèmes: là
où on n'a pas eu de problème lors des conflits de travail dans le
maintien de services essentiels, c'est le milieu même qui a
déterminé un comportement interne. Un grand nombre de ces
comportements sont inscrits dans un espèce de brouillon, de
modèle de protocole-cadre que l'ancien conseil a légué
à la postérité.
Je pense qu'il faut tout de même faire confiance à la
conscience professionnelle, à la conscience sociale, à la
conscience humaine non seulement des hommes et des femmes du milieu patronal et
syndical qui ont déjà manifesté cette conscience et ont
déjà exercé le droit de grève de façon
humaine et responsable. Cela s'est fait dans de nombreux cas. Il faut avoir
aussi confiance à la conscience professionnelle, sociale et humaine de
ceux et celles qui seront choisis au conseil des services essentiels. (13
heures)
Tout cela pour élaborer par la voie du protocole-cadre des
barèmes précis, des grilles d'analyse de comportement et des
mécanismes. Le chef de l'Opposition, dans le débat en
deuxième lecture, a parlé de comités conjoints sur les
lieux pour surveiller ces comités. Là où cela allait bien
à ce jour, ces comités qui existent déjà seraient
consacrés dans le modèle de protocole-cadre et tout cela serait
élaboré d'abord avec le milieu; à défaut que ce
soit complet, on pourrait profiter de la compétence, de la sagesse et de
la conscience humaine des membres du conseil. Finalement, tout cela serait
consacré dans un protocole-cadre qui serait déterminé par
règlement. Je pense qu'on a déjà les
éléments. de ce comportement à 110% responsable, correct
et humain pour maintenir les services essentiels dans les meilleurs us et
coutumes chez ceux et celles qui ont bien fait dans le passé. Ce qu'il
s'agit de faire, par la coercition que peuvent apporter les modifications
à la loi, le projet de loi, etc., c'est que ceux qui n'ont pas agi de
façon correcte dans le passé soient tassés fermement et
qu'ils exercent le même comportement que celui qui est déjà
exercé par les autres.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. Rendez-vous à 15 heures, même salle,
même poste. La commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu reprend ses travaux.
Mme la députée de L'Acadie, vous aviez la parole.
M. Rivest: Même le ministre aurait voté avec nous,
s'il avait lu les journaux.
Mme Lavoie-Roux: Là, nous sommes en ondes, M. le
député de Jean-Talon.
M. Marois: Et les propos du député ont
été enregistrés.
M. Rivest: Ils seront retenus contre lui.
Le Président (M. Gagnon): La parole est toujours à
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt le "débat
juridique" auquel nous avons eu le droit d'assister entre le
député de Jean-Talon et le ministre, député
de...
M. Rivest: Marie-Victorin.
Mme Lavoie-Roux: ... Marie-Victorin, je m'excuse.
M. Marois: C'est vrai que mon comté change de nom d'une
élection à l'autre depuis 1970.
Mme Lavoie-Roux: Marie-Victorin. Je suis sûre qu'il y avait
un fondement à ce débat...
M. Marois: C'est un très beau nom.
Mme Lavoie-Roux: ... mais ce que j'en retiens surtout, c'est que,
dans l'argumentation que le ministre a faite, peut-être qu'au fond il
avait un peu les mêmes objectifs - un peu beaucoup peut-être - que
l'Opposition, mais il ne retenait pas le même mode d'expression pour
réaliser ces objectifs. Il a parlé de visibilité, disant
que, pour... Je m'excuse, parce que je sais que le ministre est susceptible des
fois; je ne veux pas fausser ses paroles, mais dans mon esprit, c'est ce que
j'ai retenu. Il faut dire que vous avez cité souvent les paroles de
notre chef hors de leur contexte; c'est une parenthèse, M. le
Président. Pour les ministres, ce n'était pas tellement la
visibilité et, par contre, il voulait quelque chose qui soit très
opérationnel au plan juridique, etc. Il a fait état de la
difficulté que présenterait à l'intérieur d'une loi
une énumération qui, plus elle était longue, plus elle
risquait de donner lieu à des contestations sur le plan juridique,
etc.
M. le Président, j'ai bien l'impression qu'il y aurait moyen,
tout en atteignant les objectifs que l'Opposition vise, c'est-à-dire de
protéger d'une façon réelle les personnes les plus en
besoin dans ce contexte de services essentiels, au moment de conflits dans les
relations du travail, d'inscrire dans la loi certaines catégories sans
risquer que ce soit une énumération si longue qu'elle ouvre la
porte à bien des contestations. Quand on identifie deux types
d'établissements, les centres hospitaliers de soins prolongés et
les centres d'accueil pour adultes et enfants, cela ne semble pas une liste ou
une énumération si longue qu'elle prête à tellement
d'interprétations.
Là où je suis prête à reconnaître que
le ministre peut avoir raison, c'est quand il s'agit de transférer ces
mêmes catégories de clientèles à l'intérieur
des établissements à vocation multiple. Peut-être, que dans
ce sens, il serait plus judicieux, si on avait vraiment à coeur de les
protéger et pour éviter justement ce type de conflit vu les
vocations multiples de ces institutions, de procéder par
règlement ou de procéder dans ce qu'il appelle son cadre de
référence pour établir les grands critères des
services essentiels.
Le fait de penser qu'on va pouvoir atteindre de la même
façon les objectifs qu'on vise par une question de
réglementation, j'ai vraiment l'impression que ce ne sont pas tellement
les difficultés juridiques qui causent un problème ou les
possibilités de discuter d'interprétation juridique que le manque
de volonté politique du gouvernement pour des raisons siennes.
D'essayer, finalement, de ne pas avoir l'air de trop se compromettre ou de
prendre position trop dans un sens ou dans l'autre.
Comme le disait un journaliste, ce matin, c'est un projet de loi qui
n'est ni chair, ni poisson. Je cite M. Pelchat dans le Soleil de ce matin, si
je ne m'abuse.
Une voix: Oui...
Mme Lavoie-Roux: Je vois que vous l'avez bien lu.
Ce que le ministre ne semble pas réaliser, c'est que cela
crée un climat tout à fait différent dans une institution
lorsqu'on sait que le droit de grève ne s'exercera pas dans un
établissement précis et que, dans l'autre, il y a toujours
possibilité de droit de grève avec l'établissement d'une
liste pour assurer les services essentiels. Il faut connaître le
désordre, si je peux dire, ou les inconvénients extrêmement
sérieux que présente la possibilité d'une grève
appréhendée même avec des services essentiels. On
connaît le climat extrêmement difficile que ceci provoque dans
toutes les institutions. Il reste que dans la solution du ministre, même
s'il mettait dans ses règlements tous les cas qu'il prévoit voir
être couverts par les services essentiels, ces derniers devront tout de
même faire l'objet d'une négociation entre les deux parties,
c'est-à-dire la partie patronale et la partie syndicale, à
l'intérieur de l'institution avec tout ce que ceci provoque
d'appréhensions, d'inquiétudes et de mesures qui doivent
être prises. Là, cela demeurera un établissement où
pourra s'exercer le droit de grève. Il se peut que le règlement
fonctionne et que tous les gens soient protégés à
l'intérieur de cet établissement, mais vous n'aurez pas
éliminé tout le scénario de la possibilité d'une
grève.
Maintenant, j'aimerais demander au ministre si, par les
règlements qu'il introduirait, cela serait que dans certains
établissements tous les services seraient reconnus comme essentiels. Je
pense qu'il reconnaît que certains types de clientèles doivent
être à l'abri de tout arrêt de services puisqu'il s'agit de
clientèles captives extrêmement dépendantes et où,
dans des institutions, il n'est pas possible ou à peu près pas de
diminuer la clientèle parce que pour ces gens c'est leur chez-soi et ils
sont tellement dépendants qu'ils ne peuvent pas retourner dans des
maisons privées ou quelles que soient les raisons. Est-ce que dans son
règlement, il entrevoit ou dit d'une autre façon: Nous aussi,
nous reconnaissons qu'il y a des institutions ou des établissements
où tous les services devraient être essentiels, mais au lieu de le
reconnaître dans la loi nous le ferons par règlement ou dans le
cadre des règlements. Si tel est le cas, je m'explique mal que le
ministre veuille pour des raisons soi-disant juridiques entretenir la psychose
de conflits possibles à l'intérieur de ces établissements,
alors qu'ils pourraient être fort bien identifiés dans la loi,
sans créer les problèmes dont on parle... Tout à l'heure,
il était occupé, mais je faisais
exception pour les unités. J'admets qu'il peut y avoir un
problème et que peut-être pour ceux-là, il faudrait
intervenir par règlement. (15 h 15)
Même si vous aviez procédé par règlement, M.
le ministre, je vous ferai remarquer qu'à l'article 14, 111.12: "Dans le
cas d'un établissement, la grève ne peut être
déclarée par une association accréditée à
moins qu'une entente n'ait été transmise au Conseil ou qu'une
liste ne lui ait été transmise ainsi qu'à l'employeur."
Dans l'article antérieur, vous dites: "Sous réserve de l'article
111.15, une partie peut déclarer une grève ou un lock-out..."
J'aurais dû commencer par celui-là. Ensuite, vous apportez
celui-ci, qui est une espèce de tempérament de l'article 111.11,
mais il reste que, selon la compréhension que j'en ai, la grève
pourra quand même être déclenchée, la seule
obligation qu'on fait, tant à la partie patronale qu'à' la partie
syndicale, c'est qu'une liste ait été transmise au conseil et
que, dès ce moment, la grève pourrait commencer.
Le conseil, en l'examinant, pourra dire: La liste n'est pas suffisante,
et faire une recommandation particulière au ministre qui dira: C'est
exact, vous avez raison, il faut que cette institution observe la liste que
vous jugez être la bonne liste et là j'interdis ou je suspends le
droit de grève. Mais il reste qu'entre le moment où le syndicat,
parce que cela pourra fort bien être la liste syndicale, si elles ne se
sont pas entendues, aura transmis sa liste au conseil et que le conseil se sera
prononcé sur le bien-fondé de la liste qui lui a
été envoyée par la partie syndicale et qu'il s'y oppose ou
la complète et qu'elle aille au Conseil des ministres, il se sera
passé passablement de temps, M. le Président.
À ce moment-là, je suis convaincue que la population ou
les bénéficiaires ne seront pas plus protégés
qu'avant, du moins pour un certain temps, puisqu'on peut présumer, s'il
n'y a pas trop de jugements politiques compliqués qui interviennent par
la suite, que le ministre pourra suspendre éventuellement le droit de
grève, mais ceci reste une situation très précaire.
M. le Président, hier, au moment de mon discours en
deuxième lecture, j'ai fait état des articles ou des dispositions
qui sont contenus tant dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux que dans la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne. Dans les deux cas, je me demande comment le
ministre peut défendre sa position qui est celle de ne pas restreindre
le droit de grève dans les institutions pour personnes
âgées ou personnes handicapées, de même que dans les
institutions pour la jeunesse, communément appelées centres
d'accueil. D'ailleurs, je vous avouerai, M. le Président, que,
personnellement, même le droit de grève dans les
établissements de santé en général, cela me
crée un problème, puisque la loi prévoit que le ministre
exerce les pouvoirs que la Loi sur les services de santé et les services
sociaux lui confère, de telle façon qu'il doit rendre accessible
à toute personne, d'une façon continue et pendant toute sa vie,
la gamme complète des services de santé et des services sociaux,
y compris la prévention et la réadaptation de façon
à répondre aux besoins des individus, des familles et des groupes
au plan physique, psychique et social. C'est quand même une disposition
de la loi. Évidemment, s'il n'y a pas un centre hospitalier dans la
région X, c'est vrai que les soins de santé ne leur sont pas
accessibles d'une façon aussi immédiate ou concrète que
cela ne l'est dans une autre ville qui possède tel ou tel type
d'établissement, mais il reste que, quand ces établissements
existent, on peut se demander pourquoi en priver la population. Je sais que
là on se retrouve devant le dilemme de l'équilibre à
garder entre ces dispositions de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et aussi les dispositions prévues au Code du travail
pour que la négociation puisse avoir lieu avec ou sans l'exercice du
droit de grève. C'est une question fondamentale et je pense que de notre
côté c'est évidemment parce qu'on a eu de la
difficulté à concilier ces deux choses qu'on a dit qu'il fallait
le limiter aux hôpitaux de soins prolongés et aux centres
d'accueil, mais le problème reste quand même posé pour un
gouvernement, quel qu'il soit, strictement l'exercice du droit de grève
eu égard à cette disposition de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
La situation est bien plus délicate quand on regarde la Charte
des droits et libertés de la personne. Je ne sais pas si le ministre a
demandé l'opinion de la Commission des droits de la personne. On avait
soulevé cette question en septembre dernier et il me semble qu'on disait
ne l'avoir jamais demandée, que c'était une question très
délicate sur laquelle se prononcer. Je ne sais pas si vous vous en
souvenez, on l'avait posée quand elle était venue pour... Ah!
elle n'était pas venue à notre commission, elle était
allée à la commission parlementaire qui se tenait sur la
révision de la Charte des droits et libertés de la personne. Je
lui avais posé la question à ce moment-là et il ne semble
pas qu'on lui ait demandé de se prononcer sur une question comme
celle-là.
Mais quand vous regardez les dispositions de la Charte des droits et
libertés de la personne et que vous retrouvez, en page 48, que toute
personne âgée ou toute personne handicapée a le droit
d'être protégée contre toute forme d'exploitation et que
vous regardez la page
antérieure où on dit: Tout enfant a droit à la
protection, à la sécurité et à l'attention que
doivent lui porter sa famille ou les personnes qui en tiennent lieu, il est
évident - et je ne veux pas revenir aux nombreux exemples qui ont
été cités ces dernières années ou même
ces derniers mois sur cette question - la preuve a été faite hors
de tout doute, et pas uniquement à un cas d'exception, parce qu'on
dirait: C'est l'exception qui confirme la règle, tout va bien, il y a un
cas d'exception, mais cela a été prouvé hors de tout doute
que dans les centres d'accueil pour enfants ou hôpitaux pour enfants
mésadaptés, cette sécurité n'est pas
accordée aux enfants quand ils sont placés d'une façon
permanente dans les centres d'accueil. Dans le cas des centres d'accueil ou de
soins prolongés pour adultes, je pense qu'on a eu le témoignage
du Comité provincial des malades, les témoignages
d'administrateurs d'hôpitaux. On avait d'ailleurs communiqué au
ministre toute une liste de centres de soins prolongés et même de
centres hospitaliers de courte durée qui démontrait qu'il
était évident que cette santé et cette
sécurité n'étaient pas observées.
Le ministre a dit: Je veux faire confiance aux professionnels, aux
travailleurs, à leur sens des responsabilités. Ce n'est pas cela
qu'on remet en question ici, M. le Président. Il se peut que des
professionnels ou des travailleurs de la santé n'exercent pas toujours
d'une façon absolument parfaite leur sens des responsabilités,
mais d'une façon très générale ils le font. Le
problème, c'est que dans le contexte des négociations
collectives, on ne se trouve plus dans un contexte où un individu exerce
un rôle professionnel, remplit une tâche professionnelle ou une
tâche reliée aux services aux bénéficiaires, on se
trouve dans un contexte qui fausse tout le fonctionnement professionnel des
personnes. On se trouve dans un contexte de rapport de forces entre un syndicat
et une partie patronale où l'objet des pressions, l'objet sur lequel
s'exercent les pressions se trouve le bénéficiaire.
Alors, ce n'est même pas la question de savoir s'ils auront le
sens des responsabilités ou pas, c'est que les règles du jeu sont
totalement changées. On ne leur demande pas de les exercer dans le
contexte qui est habituellement le contexte d'un travailleur ou d'un
professionnel dans un établissement de santé ou de services
sociaux. À ce moment-là, ce n'est plus le
bénéficiaire qui devient l'objet de tout? l'action, c'est
vraiment un rapport de forces entre, en l'occurrence, un gouvernement et des
travailleurs, et c'est dans ce sens qu'il ne faut même pas le situer sur
le plan de la question du sens des responsabilités. Je suis d'accord
avec le ministre que, même dans ce contexte, la plupart essaient dans
cette situation très difficile, très ambiguë, de s'acquitter
de leur tâche professionnelle le mieux possible, mais c'est là que
le problème se situe et je ne crois pas que les dispositions qui sont
mises là réussissent à contrer ces dangers ou ces risques
auxquels on expose les bénéficiaires.
M. le Président, j'ai déjà posé une question
précise sur la question des règlements, sur ce que le ministre
entend faire par ces règlements. Enfin, il y aura moins de
visibilité, mais ce sera aussi efficace pour protéger les
bénéficiaires. Deuxièmement, comment concilie-t-il ceci,
avec les risques qu'il court dans son projet de loi, avec les dispositions de
la Charte des droits et libertés de la personne en ce qui touche les
enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées
qui ne doivent pas faire l'objet d'exploitation? On le sait fort bien, et le
ministre le sait, il y avait devant lui des listes de centres de soins
prolongés dans lesquels les services essentiels étaient
zéro. Ce n'est pas la majorité. Je suis d'accord aussi avec le
ministre quand il dit que, dans des centres hospitaliers de soins aigus, je
pense, sans grand débat, on a religieusement observé que les
unités, par exemple, de soins chroniques n'étaient pas
touchées, que tous les services étaient assurés. Je l'ai
toujours dit, mais n'y aurait-il qu'un cas et ce serait un cas de trop et ce
n'est pas qu'un cas, il ne faut pas se conter d'histoire. Il ne s'agit pas de
savoir si on souffre pendant cinq jours ou si on souffre pendant deux jours,
c'est tout le climat de grève appréhendée, d'espèce
de psychose, de conflits qui se crée â l'intérieur de
l'institution qui, même s'il n'y avait pas d'arrêt de travail,
déjà rend la vie difficile pour tout le monde à
l'intérieur de ces institutions parce que tous sont totalement
dépendants des personnes qui oeuvent auprès d'eux.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je comprends que,
malgré l'urgence d'un projet de loi, l'Opposition entend discuter
profondément, poursuise en quelque sorte une forme de débat de
deuxième lecture. L'urgence d'aboutir demeure à ses yeux toujours
là, bien sûr...
M. Rivest: C'est extrêmement pressant.
M. Marois: ... mais en prenant bien le temps d'aller au fond des
choses.
M. Rivest: C'est cela.
M. Marois: Je ne suis pas de ceux qui vont dire le contraire,
c'est ce que j'ai
expliqué. Cela a aussi fait partie de notre démarche. Il y
a des remarques et des commentaires qui sont faits par Mme la
députée de L'Acadie qui me semblent pertinents. J'ai noté
une ou deux remarques d'ordre général relativement
précises, une ou deux questions précises aussi. Je voudrais bien
réagir en ce qui concerne les commentaires et les remarques et
répondre en ce qui concerne les questions.
Quant à cette question d'ordre général ou ce
commentaire d'ordre général, appréhensions, psychose,
angoisses, craintes face à une grève appréhendée,
plus particulièrement en ce qui concerne des groupes de citoyens
particulièrement démunis, comme l'a si bien décrit Mme la
députée de L'Acadie, je pense qu'il faut être franc dans le
sens suivant: Quelle que soit la formule, quel que soit le moyen, il n'y aura
jamais d'absolu. Personne ne pourra jamais, honnêtement, franchement,
sans aucune démagogie - il n'y a pas seulement les citoyens qui sont
concernés par ce type de service ou par d'autres types de services,
aussi, dans d'autres domaines - dire aux citoyens: Vous savez, vivant dans une
société où il y a des humains, où il y a des
droits, les appréhensions, les anxiétés, les angoisses
vont disparaître. Quand, il y a environ deux mois, j'ai eu l'occasion de
visiter l'hôpital Notre-Dame, il n'y avait pas de grève
appréhendée. On n'était pas en période... Non, il y
a deux mois, on n'était pas en période de grève
appréhendée. (15 h 30)
Mme Lavoie-Roux: On pourra revenir là-dessus.
M. Marois: J'étais là, j'ai passé quelques
nuits à l'hôpital Notre-Dame à ce moment-là. Ce
n'était pas en période d'étude, d'examens,
d'échange de points de vue entre des parties syndicales ou patronales
pour voir si on pouvait s'entendre sur ce qui constitue des services
essentiels. Le feu a pris dans les cuisines. Il y avait de l'angoisse, de
l'anxiété, des appréhensions et des craintes. En d'autres
termes, il n'y a pas d'absolu. Ce que j'arrive bien difficilement à
comprendre - je vous le dis très franchement et je ne prétends
pas avoir la vérité absolue, surtout pas dans un domaine comme
celui-là - c'est justement, partant de ce qui est évoqué
par Mme la députée de L'Acadie, comment vous pouvez justifier la
position que vous adoptez de préconiser une abolition sélective
du droit de grève. Je ne reprendrai pas mon intervention de
clôture du débat de deuxième lecture, j'invite Mme la
députée de L'Acadie à la lire, mais ce dont on parle, ce
sont finalement les cas où il se produit des choses qui sont
inacceptables. Dans les cas où cela va bien, si tout va bien partout, on
ne serait même pas là pour en discuter. On a une
responsabilité comme parlementaires et forcément aussi comme
gouvernement, c'est d'assumer la responsabilité de
l'intérêt public et, dans ce domaine, d'assumer et de s'assurer
que, dans les faits, se traduit la reconnaissance de la primauté des
citoyens à des services essentiels, particulièrement de ceux et
de celles dont elle parle. Par l'abolition sélective forcément,
le jour où le pire arrive, et je présume comme elle -prenons
l'hypothèse où c'est à la marge -précisément
dans le genre d'établissement dont elle parle, qu'il y a un
débrayage illégal, si, par définition, le droit de
grève est aboli, qu'il soit aboli sélectivement, comme je le
disais, un peu, beaucoup, passionnément. Comme l'évoquait mon
collègue, le ministre des Affaires sociales, dans le cas d'abolir un
droit, il n'y a jamais d'équation automatique entre l'abolition d'un
droit et le changement ou l'abolition d'une réalité. Et s'il se
produit un débrayage illégal, vous me direz: Prenons nos
responsabilités comme gouvernement, toutes les mesures disciplinaires
requises, les sanctions pénales. Oui, très bien, mais, pendant
les quelques heures ou les quelques jours où cela se produit, par
définition, s'il n'y a pas de droit de grève, forcément,
il n'y a pas de mécanismes ou de services essentiels d'assurés.
À ce moment-là, dans tout un ensemble d'établissements,
est-ce qu'il n'y aura pas l'angoisse, la psychose, l'anxiété? En
d'autres termes, je le dis dans le respect de l'opinion de l'Opposition
officielle, je ne crois pas qu'il y ait d'absolu là-dedans. Ceci, de
façon générale.
De façon plus précise et plus particulière, parce
que Mme la députée de L'Acadie a mentionné les articles
111.12, 111.11 qui précèdent, il faut bien voir que, pour chacun
de ces articles, en y ajoutant aussi les autres qu'elle n'a pas
évoqués et qui concernent toute la question des délais,
tout cela se passe durant la période avant, précédant
l'acquisition du droit de grève, avant que le droit de grève ne
soit acquis. C'est là qu'il faut s'assurer que les choses soient mises,
pour reprendre mon image, dans le processus qui est comme une espèce
d'entonnoir pour faire en sorte de réduire au maximum les cas où
pourraient se produire des abus et qu'il faudrait mettre en marche le
mécanisme prévu pour prévenir, en allant, le cas
échéant, jusqu'à l'exercice des moyens et des pouvoirs qui
sont conférés ultimement au gouvernement. Tout cela intervient
dans un délai de trois mois avant, je me permets de le rappeler. Par le
règlement, c'est l'article 110.0.12 concernant le protocole-cadre. Rien
ne nous empêche... La question de la députée de L'Acadie
était: Est-ce que, par règlement, le ministre peut nous dire que,
dans certains types d'établissements, notamment les
établissements qu'elle décrivait, il sera possible de faire en
sorte que les services soient assurés, que tous les
services soient donnés? C'est l'expression qu'elle a
utilisée.
Mme Lavoie-Roux: Que tous les services soient
considérés comme essentiels.
M. Marois: Que tous les services soient considérés
comme essentiels, ce qui revient au même, mais je vais prendre
l'expression de Mme la députée. On reprend à l'envers, par
un autre biais, la discussion qu'on avait ce matin quand le
député de Jean-Talon me demandait de traduire concrètement
ce que je voulais dire quand j'utilisais l'expression "grève
symbolique", si tant est que ce droit sent le besoin de s'exercer, qu'il sent
le besoin de s'exercer dans la reconnaissance du droit des uns et des autres,
et à la primauté dans les services essentiels. J'ai
concrètement illustré ma pensée.
Pour être très précis en réponse à
votre question, bien sûr que non. Je vais m'expliquer. Si vous voulez me
dire qu'il faut absolument que se fasse le service d'entretien des
aménagements extérieurs de l'établissement, qui font
partie de l'établissement - c'est du personnel de l'établissement
- l'entretien des pelouses, des fleurs, etc., non, entre nous, franchement,
mais le service de la comptabilité, pendant deux jours, c'est vraiment
essentiel. En d'autres termes, il faut assurer tous les services essentiels
pour les citoyens et je vais par ce biais aussi rejoindre l'autre commentaire,
la question très large qu'a formulée Mme la députée
de L'Acadie en faisant allusion de façon très précise
à des articles de la Loi sur les services sociaux et les services de la
santé et la Charte des droits et libertés de la personne.
Peut-être que je devrais me servir des propos du chef du Parti
libéral pour convaincre Mme la députée de L'Acadie. La
Charte des droits et libertés de la personne établit des droits
fondamentaux dans une société, notamment ceux qui sont
mentionnés concernant les jeunes, les personnes âgées, les
handicapés. On sait bien qu'une société traduit ces droits
quand c'est la forme que cela doit prendre dans des services - dans certains
cas, cela prend d'autres formes - à la mesure des capacités que
cette société a de se les payer et de se les développer.
C'est à ce point vrai qu'effectivement, on peut constamment
évaluer que, dans une région donnée par rapport à
une autre région, c'était l'exemple que Mme la
députée de L'Acadie prenait elle-même, il y a des besoins
qui ne sont pas encore suffisamment comblés, il y a des régions
qui sont mieux desservies que d'autres, par rapport à des besoins.
En d'autres termes, le droit fondamental n'est pas encore
nécessairement toujours traduit dans la réalité, mais le
droit fondamental est là, il est reconnu, et le reliant à la Loi
sur les services sociaux et les services de la santé et à ce dont
on parle aujourd'hui dans le cadre du projet de loi 72, ce dont il faut
absolument s'assurer -et on diverge de vues sur les moyens pour y arriver, je
ne crois pas qu'on diverge de vues sur l'objectif - c'est encore une fois de se
donner les moyens de faire que les services qui existent, dans les cas
où ils doivent être donnés, à toutes fins utiles,
presque à 100%, là où s'insère la notion de
symbolique dans certains cas, qu'ils le soient. Ou bien parce que les parties
ont ce sens des responsabilités qui fait que, par entente ou par liste,
c'est suffisant, ou dans les cas où le sens des responsabilités
fait défaut, la responsabilité étant une
responsabilité surveillée, cette responsabilité est
aidée pour qu'elle s'exerce et que les droits des gens soient
respectés.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez me permettre juste une petite
remarque. Je trouve que c'est un peu un sophisme quand le ministre dit: En
temps régulier, je suis allé dans un hôpital et il y a eu
un feu qui a débuté. Évidemment on sentait de l'angoisse
chez le personnel et la sécurité n'est pas quelque chose
d'absolu. Je suis d'accord, mais ce sont d'une certaine façon des cas
fortuits, s'il y a un feu qui se déclare quelque part. Mais quand, nous,
on pose consciemment des gestes qui, on le sait, vont provoquer un arrêt
ou une diminution des services, qu'on les pose parce que les dispositions qu'on
a prises pour les empêcher ne sont pas adéquates et qu'on sait que
ces conditions ne sont pas adéquates, je pense que c'est très
différent du feu auquel vous faisiez allusion. Je ne veux pas entrer
dans un autre débat, mais on sait fort bien que dans le moment, à
cause des coupures budgétaires, il y a des hôpitaux qui
fonctionnent avec beaucoup de tension, sous beaucoup de pression et que cela
crée de l'angoisse et de l'appréhension chez les gens,
peut-être pas les gens qui sont dedans, mais les gens qui sont à
l'extérieur. Je dis que là où on peut prendre nos
responsabilités pour empêcher que de telles choses ne se
produisent, je pense qu'on a au moins le devoir de faire le minimum pour
empêcher cela. Cela m'apparaît très différent, loin
de l'autre.
Quand vous dites également: Ce sont des droits fondamentaux qui
sont inscrits dans la charte, c'est un idéal à atteindre, je dis
que là où les institutions n'existent pas, qu'on essaie de
corriger le mieux possible pour que tel service qui n'est pas disponible dans
telle région soit accordé à un individu dans une autre
région. Mais là où les institutions existent, là
où sont les établissements, là où il y a de la
clientèle, ce n'est pas un manque de ressource à ce
moment-là, c'est juste qu'on empêche les
ressources d'être à la disposition des gens de la
façon la plus satisfaisante possible. À mon point de vue, ce sont
deux choses assez différentes.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: J'ajouterai simplement deux choses, M. le
Président: Là où les services existent et où on
peut - je reprends l'expression de Mme la députée de L'Acadie -
prendre nos responsabilités, je dirai qu'on doit prendre nos
responsabilités pas pour assurer le minimum, pour assurer ce qui doit
être assuré en conformité d'une traduction dans les faits
de ce principe de la primauté des services essentiels aux citoyens. Je
dis que le maximum de ce qui est humainement possible doit être fait.
Là-dessus, on s'entend. Ce qui nous divise, ce sont les moyens pour y
arriver. Mais fondamentalement, là-dessus, je suis parfaitement d'accord
avec Mme la députée de L'Acadie.
Deuxièmement - et je termine là-dessus - on peut bien ici
se lancer d'un côté et de l'autre de la table des sophismes, si
tant est que c'est cela, mais je vous le dis comme je le pense et comme je le
sens: Quand le feu a pris dans les cuisines à Notre-Dame, les patients
qui étaient en neurologie, ce n'était pas du sophisme pour eux.
Ils ne faisaient pas la distinction entre le cas fortuit et le cas pas fortuit,
et le reste...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas vous qui l'aviez provoqué,
ce n'est pas le gouvernement qui l'avait povoqué.
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): La parole est au ministre. (15 h
45)
M. Marois: ... je respecte le droit de parole de Mme la
députée de L'Acadie, je pense qu'on a l'habitude de discuter
fermement mais en respectant - je suis sûr qu'elle s'est emportée
prématurément... Bien sûr que ce n'est pas le gouvernement
qui a provoqué le feu. On n'est quand même pas un gang de
maniaques. Ce n'est pas plus le gouvernement, pour l'amour du bon Dieu, qui
provoque - j'espère que ce n'est pas cela que Mme la
députée de L'Acadie veut dire ou a voulu laissé entendre
il y a deux secondes -de façon délibérée, non pas
le cas fortuit, l'opposé du cas fortuit - je pense que Mme la
députée de L'Acadie sait fort bien ce que c'est. Ce n'est
certainement pas le gouvernement qui, de façon
délibérée, comme un gang de maniaques, intentionnellement,
ferait ce qui doit être fait pour provoquer un conflit dans un
établissement. Qu'on soit, choisissant les voies et moyens que nous
proposons ou que ce soit en refroidissant les voies et moyens que propose
l'Opposition, je suis convaincu qu'il n'y a personne d'assez maniaque...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Marois: En d'autres termes, ce que je veux dire
là-dessus - on peut bien faire les distinctions qu'on voudra - c'est
qu'il y a des choses qui sont prévues dans la Charte
québécoise des droits et libertés qui se traduisent au
mieux qu'une société peut se les donner dans des services qui
existent dans certains cas. Dans les cas où ces services existent, on
doit faire tout ce qui est humainement possible pour que ces services soient
assurés et, dans certains cas, dans certains établissements, de
par leur nature même, ou dans certaines unités ou services de
certains établissements, il faut prendre les moyens pour faire en sorte
que ces services soient donnés, si tant est qu'on considère que
ce sont des choses du domaine des services essentiels pour les citoyens.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost.
M. Dean: J'avais l'impression que M. le ministre avait pris des
notes à la suite de la déclaration de l'intervention de la
députée de L'Acadie. J'ai l'impression que la question de
psychose - je voulais juste revenir là dessus - parce que dans le projet
de loi, il me semble qu'on peut... S'il y a un minimum de bon sens, il me
semble qu'il n'y aura plus de psychose, comme l'a évoquée la
députée de L'Acadie, une fois qu'un certain nombre de principes
de comportement seront consacrés et actualisés dans le
protocole-cadre et dans les ententes ou dans les listes
considérées, selon le texte comme suffisantes par le conseil.
Même moi, je considère que le protocole-cadre, une fois
développé, après entente entre les parties ou
décision du conseil proclamée par décret, des
éléments de stabilité, de principe et de fonctionnement
consacrés dans tout ce domaine seront établis et ne seront plus
laissés au hasard du jeu. Il me semble que cette stabilité qui
ferait développer une espèce de philosophie de fonctionnement qui
serait écrite et qui serait maintenue dans les faits et tout cela aura
pour effet d'éliminer ce qu'on peut appeler une atmosphère de
phsychose.
Il y a un autre point sur lequel je voudrais intervenir, c'est que, dans
mon discours en deuxième lecture, j'ai commencé à le dire,
mais à cause du temps qui me restait, je l'ai perdu. Le ministre l'a
commencé avec les mêmes notes et il les a perdues en cours de
route. Prenons votre cas...
M. Rivest: Ils ont les mêmes notes.
M. Dean: Quand on garde nos papiers, on n'a pas besoin d'en
écrire d'autres.
M. Rivest: Ils travaillent en collaboration, eux autres.
M. Dean: Reprenons votre...
M. Marois: Chez nous, on est généralement sur la
même longueur d'onde.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost a toujours la parole.
M. Dean: Nous nous partageons des notes, pas des
éditoriaux. Mais prenons votre centre pour soins prolongés, votre
centre pour personnes âgées, votre centre pour personnes
handicapées, votre centre pour enfants handicapés ou sous les
soins d'un psychiatre, etc., on a évoqué le préposé
à l'entretien, le poseur de tapis, le gars qui peinture des murs, le
gars qui tond le gazon - je ne parle pas de pelleter la neige parce que j'avoue
que dans la situation de l'hiver, pelleter la neige serait une fonction de
sécurité - les services de comptabilité, les standardistes
jusqu'à un certain point; tout ce beau monde-là n'a pas un impact
direct sur les soins donnés aux patients. On entre dans la buanderie, le
personnel... On pourrait débattre cela, est-ce qu'on a besoin de tout
notre linge? Disons qu'on a besoin de tout ce qui se fait dans la buanderie
à 100%, mais ça peut se faire aussi par 100% du personnel moins
deux personnes, avec entente que ces deux personnes-là soient des
cadres...
M. Rivest: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Dean: Cuisine...
M. Rivest: Qu'est-ce que ça vaut de donner le droit de
grève dans une unité à deux personnes, à celle qui
coupe le gazon et à une autre? Cela devient symbolique, ça
devient un mot; au fond, ce serait tellement plus clair et tellement plus
simple de dire: Les gens ont besoin de services essentiels, on les leur
accorde; quand bien même il y aurait deux personnes dans l'unité
qui feraient la grève; franchement, si 98% sont au travail.
M. Dean: M. le Président, c'est la différence entre
traiter...
M. Rivest: C'est une distinction de l'esprit, cela.
M. Dean: M. le Président, c'est la différence entre
traiter des gens en adultes ou les traiter en enfants irresponsables, et il y a
beaucoup plus de dignité et de responsabilité dans le geste
syndicaliste de dire: J'ai le droit de grève, mais j'accepte que dans
telle unité de soins infirmiers, c'est 100% moins deux personnes; ces
deux personnes sont des cadres professionnels infirmiers; il y a un
élément de dignité, de responsabilité qui doit
être laissé individuellement et collectivement...
M. Rivest: Si le député me permet.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Dean: ... à ces professionnels qui se comportent en
professionnels responsables et consciencieux...
M. Rivest: D'accord.
M. Dean: Et, si les gens se comportent bien, on n'a pas besoin de
les forcer à bien se comporter.
M. Rivest: C'est cela.
M. Dean: Ce sont ceux qui se comportent mal qu'il faut forcer
à bien se comporter.
Dans d'autres pays on a évoqué cela dans les débats
et des pays pas aussi loin que cela; on ne parlera pas de pays
idéologiques, mais de la France. On revient encore là. Le monde a
le droit de grève en tout temps et tout le monde a le droit de
grève en tout temps, mais dans les secteurs publics, surtout le secteur
de la santé, la conscience syndicale, humaine, sociale est ainsi
développée que ça ne s'exerce pas ou de façon
très symbolique, même s'il ne s'agit que de se promener dans le
corridor entre deux seringues hypodermiques ou deux fioles de pilules avec une
petite pancarte "pas méchant". Il y une différence fondamentale
que, je crois, la loi n'a pas le droit d'enlever à ces personnes.
M. Rivest: Simplement une petite remarque, si on me permet. Cette
thèse, enfin cette expression d'opinions, que le ministre
développe et que son adjoint parlementaire reprend, c'est que - Dieu
sait que le député de Prévost va être sensible
à cela - au fond les travailleurs qui réclament le droit de
grève dans le secteur public, même dans le secteur privé
c'est la même chose... Le droit de grève, c'est un moyen de
pression sur l'employeur pour l'amener à négocier des conventions
collectives, d'accord? Or, si on convient que dans le secteur public on a
même employé l'expression dans les audiences antérieures,
je pense, ici au bout de la table - le droit de grève ça doit
faire mal pour être efficace, dans un sens un peu fort du terme, pour
être
efficace, il doit exercer une pression. Or, toutes ces belles
déclarations qu'on nous fait concernant le gars qui tond le gazon, une
grève symbolique, etc...
Au fond, ce que vous faites, enfin d'après ce que vous dites de
vos intentions, c'est que pour les employés... Parlons des
clientèles captives, ce qu'on appelle les clientèles captives,
les personnes âgées. On enlève le droit de grève, on
enlève ce moyen de pression-là aux travailleurs et on en est
parfaitement conscient. D'après le langage que vous tenez, au fond,
quand vous dites que ce doit être 100% dans certains coins -et vous en
convenez volontiers - et que le droit de grève doit être purement
symbolique, ce que vous faites, ce que vous voulez en réalité,
c'est exactement la même chose, c'est-à-dire rendre à
toutes fins utiles le droit de grève inutile, ne pas en faire un
instrument de pression sur l'employeur, parce que ça blesse et ça
heurte les gens qui sont les plus vulnérables. Entre notre position et
la vôtre, au fond, vous faites un baroud d'honneur au droit de
grève avec vos gens en disant: II va y avoir deux ou trois personnes
dont ils n'auront pas besoin, voire le gars qui tond le gazon; mais, en
pratique, vos intentions sont d'enlever le droit de grève dans le
domaine. Dans le projet de loi -c'est cela que j'ai dit tantôt - vous ne
le dites pas, parce que, mon Dieu, c'est dangereux de le dire. J'imagine que
cela doit être pour cela...
Mme Lavoie-Roux: Comme la question
référendaire.
M. Rivest: ... alors que, nous autres, on le dit. C'est cela la
différence. Dites-le donc clairement.
Le Président (M. Gagnon): Aviez-vous terminé, M. le
député de Prévost?
M. Rivest: Je m'excuse auprès du député.
M. Dean: Les règles de procédure sont
respectées à certains moments et ne le sont pas à
d'autres.
Mme Lavoie-Roux: Nous ne sommes pas très
procéduriers, nous autres.
M. Dean: Non?
M. Rivest: On va aller vite après, vous allez voir.
M. Dean: Je ne veux pas fomenter une bagarre
généralisée.
Mme Lavoie-Roux: Si vous mettez plus de procédure, cela
pourrait être plus dur.
M. Dean: Mais la grève fait mal. Il y a des façons,
si vous voulez, de faire mal. Je prétends qu'une grève qui fait
mal ne devrait pas faire mal à des personnes en état de
fragilité. Ce ne sont pas eux, les patrons. Une grève doit faire
mal de façon économique ou politique. Dans une industrie, la
grève fait mal quand cela crée une pression économique. La
grève dans une industrie privée ou dans une mine, cela fait mal
quand cela fait mal économiquement au patron. Tu n'as pas besoin de
faire sauter l'usine pour faire mal à l'employeur; cela fait mal
à tout le monde quand tu fais sauter l'usine. Tu fais mal à
l'employeur par une pression économique.
Il se peut que, dans le secteur public, le mal que le syndiqué
cherche à faire à son employeur, soit un mal de nature politique,
mais ceux qui disent qu'une grève doit faire mal et qu'elle doit donc
faire mal à des êtres humains démunis, ce n'est pas vrai,
je ne l'accepte pas.
M. Rivest: Alors, on l'arrête.
M. Dean: Non, on ne l'arrête pas...
M. Rivest: On la garde tout de même.
M. Dean: ... mais il y a une différence fondamentale. Il y
a une différence entre un geste posé d'une façon
responsable et digne par des adultes et un geste obligé par un papa
policier, contraint par une loi. Il y a là, selon moi, une
différence énorme.
M. Marois: M. le Président, je vais certainement
intervenir là-dessus, parce que je ne peux pas laisser le
député de Jean-Talon nous prêter des propos, nous
prêter des intentions. Je le laisse parfaitement libre de nous expliquer
ses intentions, ses pensées les plus secrètes, les plus intimes,
les plus cachées à travers les méandres de sa
pensée dont le cheminement a été, d'ailleurs, fort
complexe et laborieux tout au long des mois...
M. Rivest: Pardon?
M. Marois: Oui, complexe et laborieux au long des mois. Je vais
l'étoffer et l'étayer d'un certain nombre de déclarations,
s'il le faut. Ce n'est pas une nuance, c'est fondamentalement quelque chose de
différent quant aux moyens qui sont proposés pour atteindre un
objectif sur lequel on s'entend. Nous misons sur un sens des
reponsabilités des parties. Vous n'y croyez pas. C'est cela la
différence fondamentale.
M. Rivest: Non.
M. Marois: C'est tellement vrai que, de notre côté,
nous proposons de capitaliser sur
ce sens des responsabilités en le surveillant. Si ce sens
s'exerce de façon responsable et dans la reconnaissance, dans les faits,
du droit des citoyens d'obtenir leurs services essentiels, très bien,
mais si ce sens des responsabilités devient, dans son comportement,
l'équivalent d'un sens irresponsable, nous nous donnons les moyens
d'intervenir avant que le droit de grève ne soit acquis.
Vous ne croyez pas à ce sens des responsabilités et,
pourtant, lors de nos travaux en commission parlementaire, en septembre, les
propos du député de Jean-Talon amenaient un éditorialiste
du Soleil, à l'époque, à dire ceci: Porte-parole
libéral, M. Jean-Claude Rivest a renchéri sur les propos du
ministre, que cite et que rappelle l'éditorialiste du journal Le Soleil,
qui avait souligné avec à-propos, disait l'éditorialiste
et c'était son opinion, qui disait qu'une telle interdiction du droit de
grève... (16 heures)
M. Rivest: Globale.
M. Marois: ... ne ferait qu'envenimer et détériorer
encore plus la situation. La preuve, c'est ce qui se passe ailleurs où
les services ne sont même pas assurés; plutôt que le chaos
social, le gouvernement préfère que l'exercice du droit de
grève se fasse sans désordre et d'une manière
civilisée.
Le porte-parole libéral, M. Jean-Claude Rivest, a renchéri
en faisant état du caractère illusoire de certaines solutions
simplistes qui conduiraient le Québec, non pas sur la voie du
progrès et de la paix sociale, mais sur celle du chaos et du
désordre. Et ce que vous ne voulez pas dire, c'est que votre abolition
sélective - bien que vous l'admettiez, vous l'avez dit en débat
de deuxième lecture et vous avez raison, parce que vous savez que cela
est vrai - cela va présenter des problèmes d'application pratique
et technique. Vous l'avez dit et vous savez que c'est exact. Par l'abolition
sélective, je cite textuellement les propos du député de
Jean-Talon, lors du débat de deuxième lecture, ce sont ses
propres paroles: Que ce soit - c'était votre proposition telle que
rendue publique en janvier - l'abolition sélective dans certains
établissements à vocation unique et également dans des
unités ou des départements de certains établissements
à vocation multiple... C'est un tel pourcentage des
établissements, un tel pourcentage des effectifs, et vous savez en plus
que les effectifs d'une unité ou d'un département...
Mme Lavoie-Roux: 200 sur 800.
M. Marois: ... peuvent participer de différentes
unités d'accréditation, que ce n'est absolument pas applicable et
qu'en plus, c'est un tel pourcentage et qu'à toutes fins utiles, vous
courez un risque, parce que c'est presque l'équivalent d'une abolition
complète, presque, étant donné l'ampleur et le pourcentage
que cela implique d'établissements, de travailleurs. Dans certains cas,
parce que vous savez que si cela était fait, vous allez directement dire
à des gens qui se sont comportés dans bon nombre de cas de
façon responsable: Que vous vous soyez comportés de façon
responsable, peu importe, on ne court aucun risque, on considère que
vous êtes irresponsables; en partant, on vous l'enlève, le droit
de grève, même le bout symbolique que cela peut représenter
dans certains cas. Là où on vous suit et où on est
d'accord, c'est dans les cas où il y a des comportements irresponsables.
Cela, ce ne peut être accepté. Tout ce qui est humainement
possible doit être fait pour ne pas que cela se reproduise, mais c'est
à cela que ça mène fondamentalement, ce que vous
proposez.
Ce qui veut dire que vous n'acceptez pas qu'il y ait eu, dans un
pourcentage important, un comportement responsable. Cela mène exactement
à ce qu'évoquait le député de Jean-Talon lors de
nos travaux en commission parlementaire en septembre. Et cela, c'est un risque
que moi, personnellement, mes collègues et le gouvernement, nous croyons
que, comme société, on ne peut pas se permettre de courir si tant
est que c'est vrai que nous voulons faire en sorte que soit assurée la
primauté des services essentiels pour les citoyens.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon; après quoi, le député de Beauharnois qui
attend depuis longtemps.
M. Rivest: M. le Président, il faudrait peut-être
clarifier cela parce que, sans doute...
Le Président (M. Gagnon): Pardon?
M. Rivest: Non, juste parce qu'il m'a quand même mis en
cause, je ne veux pas en faire une question de règlement, mais on va
porter ce débat jusqu'à la fin de nos travaux, bien sûr. Ce
que je veux simplement rappeler, c'est que le ministre se réfère
au fait qu'il y a eu effectivement des ententes dans un nombre de cas - et
là-dessus le ministre a raison - où il n'y a pas eu de
problème majeur pour les bénéficiaires. Mais, quand le
ministre dit du même souffle - et il l'a redit - que pour certains
établissements ou vis-à-vis de certains
bénéficiaires, c'est à toutes fins utiles, se basant
d'ailleurs en cela sur la déclaration de Mme Gosselin, 100% ou à
peu près des effectifs, et l'adjoint parlementaire a donné un
certain nombre de personnes qui pourraient faire la grève... Au fond, ce
que je dis et qui nous fait tout un
plat, parce qu'on enlève le droit de grève d'une
façon sélective à 100% et lui, il dit que c'est
inadmissible... Le droit de grève doit exister, pour faire comprendre
mon point de vue, parfois dans un certain nombre d'établissements qui
sont sensiblement les mêmes clientèles de
bénéficiaires qui nous préoccupent, qui sont les gens les
plus vulnérables et les 90%, 97%, ou je ne sais trop, effectivement ne
doivent pas avoir le droit de grève.
Alors, moi, je dis simplement, quant à son adhésion au
principe du maintien du droit de grève, qu'il adhère à un
principe qui est verbeux - je ne le dis pas dans un sens péjoratif - .
Ce sont des mots, parce qu'effectivement les travailleurs en cause qui tiennent
à leur droit de grève que nos lois reconnaissent à
l'ensemble des travailleurs, l'exercice effectif du droit amputé de 98%,
qu'est-ce qu'il vaut pour les travailleurs qui doivent négocier leur
convention collective et utiliser le droit de grève qui leur sera
reconnu dans la lettre de la loi et qui en pratique n'aura aucune espèce
de signification concrète? Le monsieur qui coupera le gazon ou les
services de la comptabilité, ce n'est pas cela qui va exercer une
pression sur le patron pour essayer d'améliorer les conditions de
travail des gens. Alors, c'est pour cela que nous parlons de deux dimensions
bien précises, les dommages qui sont causés aux personnes lorsque
le droit de grève est accordé et, deuxièmement, la
situation de risque dans laquelle sont placés les gens puisque ce droit
de grève existe théoriquement.
Quand le ministre nous dit - il a droit à son opinion, j'en
conviens volontiers - que notre position n'est absolument pas responsable, au
fond, en d'autres termes, dans un autre contexte, il dit exactement la
même chose parce que son droit de grève qu'il dit continuer de
reconnaître aux employés dans le secteur, il ne veut strictement
rien dire. Disons clairement, compte tenu de l'expérience et du
vécu des Québécois dans ce domaine au cours des dix ou
quinze dernières années - nous parlons de la primauté des
droits humains sur les droits des travailleurs par ailleurs légitimes,
reconnus par notre loi du travail - disons que là, tout le monde, on
peut convenir que d'exposer des malades psychiatriques, des handicapés,
des personnes âgées à l'exercice du droit de grève,
c'est inadmissible, inacceptable. Si cela est vrai, ça se traduit au
niveau de la loi. Pour les travailleurs en cause, parce que cela aussi fait
partie de notre proposition, on a élaboré, on a
suggéré un certain nombre de techniques qui leur permettraient
effectivement de bénéficier de l'économie de nos lois du
travail dans le sens des pressions qu'ils doivent exercer pour améliorer
leur convention collective, moyens qui ne pénaliseraient pas les
travailleurs dans ce secteur. C'est notre position et très franchement
ce n'est pas une solution simpliste au sens où certains, à mon
avis, et là-dessus je ne suis pas d'accord, où certains sont
venus dire - je pense que c'est la position de notre parti également -
qu'il faut abolir le droit de grève dans les secteurs public et
parapublic, point, à la ligne et partout. Moi, je ne suis pas d'accord
sur cela.
Si je suis d'accord sur une abolition sélective - c'est la
position du parti - c'est parce que, selon notre position, il y a des
clientèles très identifiées, clientèles, qui ne
doivent pas être exposées au droit de grève et des
clientèles d'ailleurs, dont tout le monde convient, y compris un
très grand nombre de syndiqués, y compris le gouvernement et le
ministre quand il parle de grève symbolique, qu'au fond le moyen de
pression qui est le droit de grève pour améliorer des conventions
collectives, ça n'a pas sa place quand ça risque de heurter les
personnes qu'on a désignées dans notre position. C'est tout et
notre position a certainement le mérite d'être beaucoup plus
claire. Elle ne contient aucune espèce d'ambiguïté au niveau
du discours et elle ne vit pas sur les apparences d'une conservation du droit
de grève que de toute façon vous ne voulez pas conserver en
termes pratiques et que vous ne voulez pas devoir exercer contre les personnes
qui sont les plus vulnérables dans notre société. C'est
cela notre position.
M. Marois: M. le Président - après, je vais laisser
la parole à mes collègues - est-ce que le député
mesure concrètement, pas verbeusement, entre guillemets, au sens
où il l'a utilisé, concrètement, ce qu'il dit? Si on
limitait l'abolition sélective, et ce n'est pas votre position, vous
allez plus loin que cela, du droit de grève aux établissements
à vocation unique, les centre hospitaliers de soins prolongés et
les centres d'accueil, on toucherait à 51% des établissements. Si
cette abolition selon votre proposition visait aussi les établissements
dont une partie seulement est consacrée aux soins prolongés, on
toucherait alors à 64% du total des établissements.
M. Rivest: Vous faites une abolition... M. Marois: II est
important...
Le Président (M. Gagnon): Â l'ordre, à
l'ordre!
M. Rivest: Vous maintenez symboliquement le droit de
grève...
M. Marois: M. le Président...
M. Rivest: ... pour la même proportion
d'établissements.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre s'il vous plaît!
M. Rivest: C'est la même chose que vous dites.
Le Président (M. Gagnon): Avant de remettre la parole
à vous aussi, M. le ministre. Il faut que je respecte aussi le droit de
parole des gens de cette commission. J'ai des gens qui m'ont demandé la
parole depuis longtemps. J'aimerais bien qu'on puisse donner le droit de parole
aussi aux autres.
Alors, M. le ministre.
M. Marois: Bien sûr, M. le Président.
Je ne vois pas pourquoi le député de Jean-Talon devient
nerveux comme cela. Il m'interrompt, ses collègues aussi...
M. Rivest: Vous dites la même chose que moi, sauf que vous
faites...
M. Marois: ... depuis le début, cela recommence encore une
fois. De ce côté de la table, on écoute...
M. Rivest: M. le Président, est-ce que c'est une question
de règlement? Il m'accuse d'être nerveux.
M. Marois: ... très attentivement les propos des
députés de l'autre côté. Est-ce qu'il se rend compte
en plus qu'il y aurait plus d'une centaine d'établissements qui seraient
soumis à un double régime de droit de grève dans certains
coins et d'absence de droit ...
M. Rivest: II y aura 100 établissements qui vont avoir le
droit de grève symbolique et il y en a 100 qui vont l'avoir. C'est la
même affaire.
M. Marois: ... de grève. Encore une fois, le
député s'énerve, tente de m'interrompre. Je respecte
toujours son droit de parole. Je ne l'interromps pas. Est-ce qu'il se rend
compte de cela.
M. Rivest: C'est la même chose.
M. Marois: Est-ce qu'il se rend compte de cela? Alors, à
ce moment, il me pose la question: Qu'est-ce que cela vaut le droit de
grève? Je vais répondre ceci. Cela vaut ce que vaut un droit de
grève qui s'exerce comme cela s'exerce et comme cela s'est passé
au Québec dans certains cas et cela vaut ce que cela vaut quand cela
s'exerce dans certains pays européens, dans le respect du droit
fondamental et en reconnaissant la primauté des citoyens d'avoir droit
à leurs services essentiels plutôt que de prendre le pari de ce
que le député appellait lui-même le chaos ou le
désordre social. C'est ce que cela vaut. Cela mène on le sait,
dans le premier cas, quand cela s'exerce de façon responsable même
dans des coins où cela doit être symbolique et cela s'exerce de
façon symbolique à des règlements de convention
négociée de façon civilisée plutôt que le
risque du désordre comme cela s'est produit. On n'a pas besoin d'aller
chercher les exemples bien loin.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauharnois après Mme la députée de Maisonneuve et Mme la
députée de L'Acadie.
M. Lavigne: Très brièvement, M. le
Président, je pense que cela a été dit, mais je tiens
à le répéter. On a des divergences de vues sur les moyens.
Je crois que tout le monde est d'accord sur cela. Par ailleurs, sur les
objectifs fondamentaux à permettre à ce que les citoyens
dépourvus, qu'on les appelle les handicapés, les personnes
âgées ou les malades chroniques, je crois que, pour ces gens, les
deux côtés de la table sont d'accord pour qu'ils aient tous les
services essentiels voulus dans une société civilisée.
Par ailleurs, sur la divergence des moyens, c'est à l'effet de
conserver ou d'abolir, dans certaines de ces institutions, le droit de
grève. Je dis que d'abolir le droit de grève dans ces
institutions, c'est ne pas reconnaître ou ne pas se donner les moyens de
permettre à des citoyens qui sont les travailleurs de ces institutions
d'évoluer comme citoyens dans une société
civilisée. Je pense que, lorsqu'on a été dans
l'enseignement ou lorsqu'on a été père ou mère de
famille, on a développé ces moyens d'éduquer ses enfants
ou d'éduquer ses élèves, non pas dans la défense de
poser des gestes, mais en responsabilisant les gens à poser ou à
ne pas poser des gestes. Je pense qu'actuellement si on enlève le droit
de grève aux travailleurs de nos institutions, c'est qu'on ne leur fait
pas confiance dans l'évolution qu'ils pourraient faire à se
responsabiliser face aux gestes ou aux tâches qu'ils ont à
accomplir. Je pense que c'est fondamental comme prise de position à
partir du moment où on croit à l'évolution d'une
société. Le fait d'enlever à quelque individu que ce soit
par obligation des gestes qui lui, librement, pourrait poser parce qu'il a
évolué, c'est de ne pas lui faire confiance, c'est le
considérer comme n'étant pas un être humain capable de
faire cette démarche. On agirait, à ce moment, d'une façon
paternaliste sans comprendre ou sans croire qu'un être humain pourrait
être aussi responsable que celui qui lui enlèverait ou lui
permettrait de poser ce geste.
Même si l'on devait seulement réfléchir sur ce
point, je crois que c'est fondamental
et très important. Je dis que le jour où on
enlèvera, par décret ou par loi, la possibilité à
un individu de poser librement un geste et qu'on ne lui aura pas permis de
réfléchir sur la façon dont il aura eu à poser ce
geste, c'est un manque de confiance flagrant et c'est s'empêcher
d'évoluer dans une société. On ne peut pas discuter de
cela, à partir du moment où on discute de cela; c'est de ne pas
croire à une société. (16 h 15)
M. Rivest: Donnez le droit de grève aux policiers.
M. Lavigne: On parle des services essentiels. Pour moi, c'est un
argument qui me tient à coeur et je crois qu'il est important.
Psychologiquement, c'est aussi très important, il suffit de de pas avoir
droit de poser un geste pour avoir le goût de le poser. Si librement,
psychologiquement, on a le droit, on peut poser un geste, on est capable de
réfléchir beaucoup plus profondément sur l'effet que le
geste posé dans un sens ou dans l'autre peut apporter.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, on s'entend tous sur le fait
que d'abolir le droit de grève, ce ne sera quand même pas abolir
la grève. À partir de là, nous disons qu'il faut se
méfier des solutions simples parce qu'elles peuvent conduire au
résultat inverse de celui que nous recherchons. Je relisais le rapport
Martin-Bouchard qui disait: La nature des services assurés par
l'État confère à première vue un pouvoir de
négociation très grand à la partie syndicale. Cet aspect
de la question ne doit cependant pas leurrer pour deux motifs
complémentaires: d'une part, la grève dans les services
assurés par l'État est toujours impopulaire auprès de la
population et, d'autre part, les syndiqués impliqués dans un tel
conflit comptent eux-mêmes parmi les usagers de ces services.
Il est évident que, dans une société
démocratique, il y a un certain niveau de complexité qu'on ne
retrouve pas dans d'autres sociétés. Si vous me permettez
certaines analogies, je pense, par exemple, aux pratiques abusives dans le
domaine électoral qui ont pu être dénoncées il y a
vingt ans, à ces pratiques complètement illégales,
complètement odieuses et cela ne nous avait tout de même pas
amenés à remettre en question le suffrage universel ou le
régime démocratique dans lequel nous sommes. J'entendais le chef
de l'Opposition, à l'émission de Denise Bombardier à
Radio-Canada, samedi passé, dire qu'il préférait une
presse avec des faussetés qu'une presse qui serait obligée
d'écrire une vérité obligatoire. Évidemment, il y a
bien d'autres domaines où on se rend compte qu'il y a une certaine
complexité dans les rapports sociaux, dans les rapports collectifs qui
font que le projet de loi m'apparaît raisonnable, dans la conjoncture
actuelle, à deux conditions.
Dans le milieu syndical - je pense bien que vous-même qui avez
été au cabinet du premier ministre de l'époque, le savez -
on revendique pour soi et, aussi, on a une certaine légitimité
dans son discours, parce qu'on revendique pour l'ensemble. On se
considère souvent comme une locomotive qui traîne l'ensemble des
travailleurs, par exemple, assujettis au salaire minimum, concernant ce qu'on
obtient comme les congés parentaux, le droit à la retraite, les
allocations ou primes d'éloignement et autres. Il est de bon ton de
convenir dans ce milieu qu'il est légitime que ce qui est obtenu, fait
progresser, en termes de transformation sociale bénéfique
l'ensemble de la population.
Le projet de loi qui est devant nous a des chances réelles de
succès dans la mesure où il y a un changement d'attitude, pas
seulement du côté syndical mais aussi du côté de
l'État employeur, à savoir que, dans l'économie
générale des relations du travail, il ne soit plus
nécessaire d'en arriver à une grève générale
ou illimitée pour obtenir gain de cause. Si on se réfère,
par exemple, à ce qui se passe dans les relations du travail en France,
il demeure qu'un certain avertissement, une simple grève
d'avertissement, même toute symbolique qu'elle puisse être ou avec
un caractère aussi modeste qu'elle puisse avoir, a un effet relativement
important et une efficacité en soi. Il est certain que cela suppose une
certaine métamorphose dans les relations entre l'État et ses
organisations syndicales. Cela suppose que l'État est à
l'écoute des premières manifestations, qu'il n'attend pas que ces
manifestations dégénèrent. Cela suppose également
qu'il y a une très large ouverture faite à la syndicalisation
dans le privé. Il n'en restera pas moins vrai que sur le plan
structurel, si ce sont les employés du secteur public qui servent
à élaborer les "pattern" dans les relations du travail auront
toujours d'une certaine façon une démonstration à faire et
ce qu'il faut souhaiter, c'est une syndicalisation beaucoup plus large, parce
qu'on sait qu'au Québec nos 39% ou 40% de syndicalisation sont trompeurs
parce qu'ils recouvrent 75% de la syndicalisation du secteur public et à
peine 19% ou 20% du secteur privé.
Ce qu'il faut souhaiter, c'est qu'il y ait, en plus de ces nouvelles
dispositions qu'on retrouve et qui me semblent extrêmement raisonnables,
d'autres dispositions qui facilitent l'accès à la syndicalisation
dans le secteur privé pour en arriver à la situation que ce ne
soit plus le public qui soit la locomotive des relations du
travail au Québec.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Sur le caractère symbolique du droit de
grève, symbolique au sens où il y a très peu de personnes
dans l'unité de négociation pour les clientèles dont on
discute, est-ce que vous tenez quand même à l'exercice de ce
caractère symbolique tel que l'adjoint parlementaire l'a exprimé?
Est-ce qu'à ce moment-là le droit de grève ne devient pas,
à toutes fins utiles, vidé de son sens premier qui est d'exercer
une pression sur l'employeur? Il n'a plus aucun effet.
Mme Harel: Dans une négociation classique peut-être,
mais il reste que l'ensemble de la collectivité québécoise
réévalue les rapports qu'elle a entretenus jusqu'à
maintenant. Il me semble que de cela doit surgir une certaine mutation dans les
rapports entre l'État et les organisations syndicales qui
représentent les employés de l'État, dans la mesure
où l'État pourra réagir assez rapidement à des
avertissements sans attendre qu'il y ait détérioration de la
situation.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je peux me tromper dans
mon interprétation, mais j'ai cru que, de part et d'autre, on
était d'accord sur les objectifs, c'est-à-dire protéger le
plus possible ceux qu'on vient d'appeler entre nous les
bénéficiaires les plus vulnérables. Mais à
écouter le raisonnement du ministre qui dit: Le droit de grève,
alors que les syndiqués ont été des gens responsables, je
ne vois pas pourquoi on le leur enlèverait parce que d'autres ont
été irresponsables. Enfin, son raisonnement est basé sur
cette notion de responsabilité. C'est un choix que le gouvernement a
tout à fait le droit de faire. Ce n'est pas à nous de lui en
tenir rigueur, je pense que la population jugera en temps et lieu.
Pour le gouvernement, il m'apparaît que ce à quoi il
accorde la priorité, c'est à l'exercice du droit de grève
pour les syndiqués. De notre côté, ce à quoi nous
accordons la priorité, c'est aux soins et à la protection des
citoyens malades ou des citoyens ayant besoin de protection. Selon nous,
l'expérience a démontré que depuis, disons, quinze ans,
peut-être davantage, en dépit des diverses lois qui ont
été adoptées, que ce soit la loi 259 ou 253, et maintenant
la loi 72 - évidemment, on ne sait pas quels en seront les
résultats - trop de risques ont été pris et trop
d'injustices ont été commises, même si elles ne
représentaient que 5% par rapport à 100%; personne d'entre nous
ne peut établir de pourcentage certain. Il y a eu trop de risques et
trop d'injustices commises à l'endroit de personnes sans défense.
Je ne veux rien dramatiser, je pense que tout le monde sait ce dont on parle;
comme députés, on a tous visité des hôpitaux et des
centres d'accueil ou enfin des institutions de ce type. Pour nous, je pense que
ce pourcentage de personnes qui ont été victimes de notre mode de
fonctionnement dans les relations du travail justifie qu'à ce moment-ci
les plus faibles soient protégés de la façon la plus
absolue possible. Je suis d'accord avec le ministre qu'il n'y a pas d'absolu,
mais je pense que c'est la responsabilité du gouvernement d'assurer,
dans toute la mesure possible, ce qui pourrait être un absolu quant
à la totalité des soins ou des services auxquels on a droit. Pour
moi, les objectifs - vaguement, on s'entend sur les objectifs - ne sont pas les
mêmes, parce que pour nous, c'est la protection du citoyen, la protection
des bénéficiaires et pour le ministre - et c'est son choix, je ne
le lui reproche pas - c'est encore la primauté du droit de grève.
C'est pour cela que...
Une voix: Ben non, ben non!
Mme Lavoie-Roux: ... même si le préambule de la loi
dit: Nous voulons consacrer la primauté du droit des citoyens, je pense
que j'ai droit de dire que la loi, telle qu'elle est présentement,
n'assure pas cet objectif. Évidemment, personne ne pourra faire la
démonstration tant que la loi ne sera pas en exercice; on va essayer d'y
apporter le plus possible d'amendements. C'est vraiment là, la
différence entre le parti ministériel et le parti de
l'Opposition. Évidemment, on nous parle toujours... Durant la commission
parlementaire du mois de septembre d'ailleurs, le ministre avait annoncé
ses couleurs dans ce sens, en disant et en répétant à
plusieurs, plusieurs reprises que c'était bien beau d'empêcher la
grève, qu'à ce moment-là c'était... D'ailleurs, il
a cité même le député de Jean-Talon qui le disait
dans le contexte bien précis. Il ne parlait pas de l'abolition du droit
de grève général. Là-dessus, je pense que notre
position est très claire: c'est vraiment vis-à-vis d'une
catégorie particulière de la population et je le
répète. Même si elle couvre - et c'est exact - probablement
les deux tiers des établissements parce qu'il y a plus de centres
d'accueil et d'hôpitaux de soins prolongés, en nombre minime,
qu'il y a d'hôpitaux de soins aigus, il reste que, du point de vue du
nombre d'employés, je pense que la proportion s'inverse parce que le
personnel des hôpitaux de soins aigus est beaucoup plus
élevé que dans les établissements de santé. On fait
beaucoup appel à la notion de responsabilité, etc. Dans
le cas d'une abolition, même sélective, du droit de
grève, on risque de créer le chaos, d'avoir plus de
grèves, finalement, qu'on en aurait si l'on n'abolissait pas le droit de
grève de cette façon sélective. Je pense que ce sens des
responsabilités, il faudrait aussi que les syndiqués l'exercent
à l'égard de la loi. Cela aussi, c'est un sens des
responsabilités qui est tout aussi important que l'autre à
l'égard des citoyens. Alors, je pense que, dans notre esprit, ce sens
des responsabilités auquel vous faites appel, l'on peut lui faire appel
de la même façon et peut-être d'une façon encore plus
valable sans prendre de risques, en demandant aux syndiqués de l'exercer
vis-à-vis d'une catégorie bien identifiée de citoyens et
aussi à l'égard de la loi parce que la loi, il faut que les gens
la respectent. L'expérience a démontré que là
où les grèves n'étaient pas permises dans des secteurs
particuliers, il y a eu beaucoup moins de grèves, même s'il y a eu
des arrêts de travail, ils ont été très... Enfin,
c'est infime comparé aux endroits où c'est très ouvert
quant à l'exercice du droit de grève. Alors, je pense que c'est
peut-être inutile de continuer ce débat, mais c'est vraiment
là que je le situe: notre primauté ne s'exerce pas à
l'égard des mêmes objets.
Le Président (M. Gagnon): Merci, madame. Avant de vous
laisser la parole, M. le ministre, je ferai remarquer que nous sommes ici pour
étudier article par article le projet de loi. J'ai l'impression que,
depuis le début de la discussion, on refait la discussion en
deuxième lecture.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas long, la deuxième
lecture; elle n'a duré que 20 petites minutes.
Le Président (M. Gagnon): Oui, jusqu'à maintenant.
J'aimerais appeler l'article 1, puisqu'il a été appelé
depuis 11 heures cet avant-midi. Est-ce que l'article 1 sera adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Non. M. le député
de... M. le ministre.
M. Rivest: M. le Président. Le Président (M.
Gagnon): Oui.
M. Rivest: Je pense que le ministre voudrait
répliquer.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Rivest: J'ai une question qui va prendre cinq minutes avant
qu'on n'aborde votre article 1 auquel vous tenez si courageusement depuis ce
matin. (16 h 30)
M. Marois: M. le Président, bien sûr, la
députée de L'Acadie a droit à son interprétation de
nos intentions, des textes, et le reste. Elle a droit de nous prêter des
intentions cachées, doit celle de camoufler des primautés qu'on
placerait à une autre place. Elle a le droit d'interpréter ce
qu'indiquent clairement et nettement les notes explicatives du projet de loi et
le projet de loi lui-même: libre à elle. Elle a dit: II y a eu
trop de risques. Est-ce qu'elle répondrait à une question bien
précise qui serait la suivante: II y a eu trop de risques;
expliquez-moi, dans le cas où le droit de grève est aboli
sélectivement et où il y a un débrayage illégal, si
vous ne pensez pas que c'est tout un risque que vous prenez là puisque,
forcément, il n'y a rien de prévu, absolument rien; si, par
définition, le droit de grève est aboli, sélectivement
tant qu'on voudra, il n'y a rien de prévu. Dans votre proposition, vous
allez même inclure des unités et des départements de
centres hospitaliers à vocation multiple. Est-ce que vous ne pensez pas
- c'était votre proposition du mois de janvier qui était rendue
publique - qu'il n'y a rien d'autre de prévu que cette
afirmation-là? Et dans le cas où il arriverait un seul cas, de
débrayage illégal, est-ce que vous ne pensez pas que vous venez
de prendre tout un risque? Et comment se traduit, à partir de cette
hypothèse-là, votre préoccupation de rassurer la
primauté des services essentiels? J'aimerais bien que vous m'expliquiez
cela concrètement, que je comprenne clairement, parce que je n'ai jamais
entendu de la part de l'Opposition, au-delà de l'affirmation
générale de cette proposition, comment elle allait se traduire
dans le concret et quel risque on fait courir à la société
et particulièrement aux citoyens dont on parle, aux
bénéficiaires dont on parle? C'est ma première
question.
Ma deuxième question, dans des chambardements dans le domaine des
relations du travail, avec des objectifs aussi généreux qu'ils
puissent être au point de départ, dans la perspective d'une
abolition sélective, est-ce que vous ne pensez pas que vous risquez de
heurter des attitudes, des comportements qui, dans certains cas, ont
été responsables et que, par voie de conséquence, cela
pourrait avoir certaines répercussions parce que, là, on ne parle
pas de tablettes de chocolat, on parle d'humains, aussi bien de
bénéficiaires que de ceux qui donnent ces services-là? Je
pense que Mme la députée est assez consciente de ce que cela
implique que de travailler dans un certain type d'établissements
où il y a des clientèles, comme on dit, particulièrement
lourdes et qui nécessitent beaucoup de soins. Dans certains cas,
ça demande pas mal de
dévouement. Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a un risque, et
un joyeux rjsque, parce qu'on parle d'humains, et, dans chacun des humains, il
y a souvent le meilleur et le pire - dont les effets qui se répercutent
à l'interne dans les comportements de ceux et de celles qui donnent
justement ces services-là? Par voie de conséquence, comment
mesurez-vous, sur ce deuxième plan-là, les risques que vous
prenez de faire encourir précisément aux
bénéficiaires?
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis bien aimable de vouloir répondre
au ministre, parce que je pensais que c'était lui qui était le
ministre, mais en tout cas.
Dans le premier cas, je vous ferai remarquer, par exemple, que, dans le
moment, puisque vous faites appel au sens des responsabilités, il y a un
premier point. On ne dit pas aux gens: Vous ne faites pas de grève,
sans, en contrepartie, les assurer qu'eux aussi pourront
bénéficier de conditions de travail. C'est dans ce sens-là
qu'on a parlé de clause-remorque, etc. Si on disait seulement: On vous
enlève le droit de grève et vos conditions de travail vont se
régler je ne le sais pas, même pas vers le 1er mai, elles vont se
régler au hasard des choses, je pense que là, vous les laissez
vraiment à découvert. Enfin, ce n'est pas un compromis ou un
fonctionnement, je pense, qui les respecte. Je pense que ce qui est
prévu, c'est que, pour le même type, la même classe de
travailleurs, vous avez des conditions identiques, vous avez la clause-remorque
ou, si vous aimez mieux, l'offre finale, enfin vous avez votre service de
relations du travail, cela se fait ailleurs, il y a moyen de trouver un
fonctionnement. Nous avons parlé de clause-remorque comme étant
peut-être la solution la plus pratique. D'ailleurs, c'est
déjà ce qui se fait, même à l'égard du
maintien des services essentiels, parce qu'il y a des conditions de travail
qui, finalement, s'appliquent même à ceux qui doivent prendre la
responsabilité des services essentiels.
Deuxièmement, dans le cas où il n'y a pas de
définition de services essentiels, ce qui n'empêche pas...
D'ailleurs, on avait prévu que des services essentiels puissent
être définis de la même façon par le conseil sur le
maintien des services essentiels, prenez les médecins dans le moment, il
n'y a rien qui s'applique à eux pour savoir quels sont les services
essentiels qu'ils doivent observer ou ne pas observer, enfin il n'y a pas de
liste des services essentiels pour eux. Jusqu'à ce moment-ci, je ne sais
pas en tout cas si c'est parce que les deux parties se protègent, parce
que cela aussi se produit, le gouvernement et les institutions, les syndicats
et le gouvernement, les professionnels et le gouvernement, mais jusqu'à
ce moment-ci, ils ont quand même eu la conscience professionnelle, pour
autant qu'on le sache, d'observer même plus que les services essentiels.
Enfin, il ne semble pas que, d'une façon aiguë en tout cas, la
population en ait souffert.
Vous pourriez aussi avoir, dans le cas d'une grève
illégale, en admettant qu'il y aurait une grève illégale,
cette possibilité que les gens soient aussi responsables à ce
moment-là que vous dites qu'ils peuvent être responsables à
d'autres égards, mais il n'y a rien qui empêche de... Ils font la
grève, il y a des sanctions de prévues.
M. Marois: Êtes-vous en train de me dire qu'une
grève illégale, par définition, est responsable?
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je pense qu'on peut aussi, dans une
grève illégale, avoir un comportement humain et un comportement
respectueux des bénéficiaires autant que dans une grève
légale.
M. Rivest: II y a eu des grèves illégales.
Mme Lavoie-Roux: II y en a eu des grèves
illégales.
M. Marois: Mais, par définition... Mme Lavoie-Roux:
Est-ce que...
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon interviendra tantôt.
M. Rivest: Oui, mais c'est parce que...
M. Marois: J'ai posé une question à la
députée. J'essaie de comprendre la réponse...
M. Rivest: Oui, mais il y a eu des grèves illégales
avec le régime actuel et il n'y avait pas de services essentiels.
M. Marois: ... de la députée de L'Acadie...
Le Président (M. Gagnon): Mme la député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de...
M. Marois: ... parce qu'à cet instant, je n'ai pas eu de
réponse à ma question.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, si vous ne voulez pas l'entendre,
c'est une autre chose.
M. Marois: J'écoute très attentivement.
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose, je pense qu'il y a aussi, comme
vous l'avez dans le cas du maintien ou du non-maintien des services essentiels,
des sanctions sérieuses qui doivent être prévues. Je pense
que vous allez avoir des inconvénients, mais, à mon point de vue,
des inconvénients que vous subiriez peut-être pendant 48 heures ou
24 heures, avant que vous ne puissiez intervenir, s'il y en a, je crois autant
à la responsabilité des gens vis-à-vis du non-exercice du
droit de grève que vous semblez croire à une espèce de
droit de grève symbolique, de toute façon. Je pense que c'est la
réponse que je peux apporter à votre question. Les dangers
encourus dans le cas d'abolition du droit de grève dans des domaines
très sensibles sont moindres que les dangers encourus dans les
mécanismes que vous prévoyez pour maintenir des services
essentiels dans votre projet de loi.
M. Marois: J'aimerais bien savoir sur quelles données de
fait et sur quelles pratiques vous vous basez pour faire une affirmation comme
celle-là.
M. Rivest: Sur la pratique, M. le ministre, si vous permettez, de
la loi 59 qui a sensiblement le même mécanisme et que vous vous
efforcez de changer avec le présent projet de loi. On l'a vécu,
vous l'avez vécu ce problème. Le problème de
l'illégalité, ce n'est pas lié à l'abolition du
droit de grève.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a une différence entre
cela et la loi 59?
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marois: Vous ouvrez la porte de façon
générale à un débrayage illégal, puisque
vous abolissez sélectivement...
M. Rivest: Pas du tout.
M. Marois: ... dans plus d'une centaine
d'établissements...
M. Rivest: Absolument pas. Le vécu dont vous faites
état très souvent...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît:
M. Marois: Vous ne répondez pas à ma question.
M. Rivest: Je...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre!
M. Marois: Un débrayage illégal pourrait être
fait de façon responsable avec peut-être des services essentiels.
M. Rivest: Non. Mme Lavoie-Roux: Je... Le Président (M.
Gagnon): À l'ordre! M. Marois: Peut-être pas, n'est-ce
pas? M. Rivest: Oui.
M. Marois: C'est un risque, n'est-ce pas, un joyeux risque?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le risque que vous courez
ici...
M. Rivest: Le risque est bien plus grand, avec votre
mécanisme, votre tuyauterie. Avant que cela arrive au bout du tuyau, les
gens vont...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre...
M. Marois: Avant que le droit de grève soit acquis
cependant.
M. Rivest: Les gens sont sortis.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre peut nier que, là
où il y a abolition du droit de grève, les grèves
n'existent à peu près pas?
M. Rivest: Voyons, sans cela, on n'aurait pas ce projet de
loi.
Le Président (M. Gagnon): M. le...
Mme Lavoie-Roux: Des grèves illégales, il n'y en a
pas, pratiquement pas.
M. Marois: Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: Que vous regardiez les pompiers, que vous
regardiez les policiers, que vous regardiez les gens qui n'ont pas le droit de
grève, où sont les grèves illégales? Elles sont
minimes.
M. Marois: Oui, et vous avez regardé ce qui s'est produit
dans les services sociaux et les services de santé dans les provinces
qui nous voisinent, qui sont à côté de nous?
M. Rivest: Oui, quel est le nombre?
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de comparaison.
M. Marois: II n'y a pas de comparaison.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de comparaison.
M. Rivest: II n'y a aucune comparaison avec ce qui s'est
passé au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Et à part cela, la négociation
n'est pas centralisée dans ces autres provinces. Cela fait une
énorme différence.
M. Rivest: J'en arrive à ma dernière question.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que c'est...
M. Rivest: Si vous me permettez, j'ai une dernière
question d'introduction. Cela va prendre cinq minutes.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui. M. le ministre, avant d'aborder l'article
1...
M. Marois: Toujours pertinente à l'article 1?
M. Rivest: Oui, toujours, M. le ministre. Plusieurs intervenants,
dans toute cette question du droit de grève, ont demandé au
gouvernement - et d'ailleurs ce n'est pas récent devrions-nous dire -
d'essayer de protéger l'ensemble des citoyens contre un exercice du
droit de grève et de regarder de nouveau - et le ministre
lui-même, je pense, a eu des échanges avec les intervenants
à l'époque - toute la question de la structure des
négociations, leur degré de centralisation, la place
qu'occupaient les organismes qui ne sont pas de nature gouvernementale, la
nature de leur rapport entre un hôpital, un établissement et la
table centrale. Enfin, on l'a vu également dans le domaine de
l'éducation. Je vous réfère, en particulier, aux
affirmations de l'Association des hôpitaux, du Québec; elle disait
que le gouvernement ne soit pas engagé directement dans la
négociation, qu'un mécanisme de négociation remplace la
table centrale et que l'organisation de la partie patronale tienne compte
davantage des responsabilités et des pouvoirs des partenaires et toute
cette dimension qui a été très largement discutée
dans les 56 heures, on n'a pas vu - en tout cas, pas à ma connaissance,
à moins que je ne me trompe - dans le projet de loi, l'ombre d'une
conséquence ou d'une réflexion ou d'un commencement de
réflexion que le gouvernement aurait fait sur les structures de
négociation, en particulier la nature de ces rapports entre le
gouvernement et ses partenaires et que cela avait pu, comme le sait le
ministre. Enfin il y a bien d'autres organismes, je ne veux pas être
injuste, il y a même la FTQ qui avait traité de cette question,
l'Association des centres d'accueil du Québec, l'Association des centres
de services sociaux, l'Association des centres hospitaliers des centres
d'accueil privés du Québec et un certain nombre d'autres
organismes avaient soulevé cette question et on a rien vu paraître
encore.
Est-ce que ce n'est pas un élément dont il faut tenir
compte dans la mesure où toute l'économie de la Loi sur le
maintien des services essentiels privilégie et, à bon droit, la
spécificité de chacun des établissements, etc., alors que
toute la machine et l'appareillage bureaucratique que constitue le grand
rendez-vous de négociations au Québec depuis 10 ou 15 ans
s'affrontent par le haut, et que les gens, autant les administrateurs que le
personnel dans les établissements sont plus ou moins, en fait, c'est
l'impression générale, laissés pour compte.
Je veux demander au ministre ce qui arrive de cette réflexion sur
les structures de négociation, sur leurs conséquences, sur le
degré de responsabilités que la centralisation et la
bureaucratisation de ces appareils ont pu avoir sur la quantité de
grèves ou des difficultés qu'on a connues dans le passé.
Est-ce qu'il y a une réflexion qui a été amorcée?
Elle ne se traduit pas dans ce projet de loi, mais est-ce qu'elle va aboutir
quelque part ou si la structure actuelle, l'expérience des 10 ou 15 des
meilleures années fait que, finalement on dit: Cela va bien?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Très rapidement, le présent projet de
loi concerne la question des services essentiels et vise fondamentalement
à assurer, cette primauté des services essentiels qui doivent
être assurés aux citoyens. La réflexion... Effectivement,
il y a eu une longue réflexion qui a été faite dans la
foulée des discussions parlementaires concernant toute la question des
structures de négociation, la nature des relations du gouvernement avec
ses partenaires patronaux et, également, la nature des relations avec
les partenaires syndicaux et l'aboutissement de ces réflexions se
traduira dans les échanges. Cela ne suppose pas, à notre point de
vue au moment où on se parle, d'ajustements ou de modifications d'ordre
législatif, mais fera plutôt partie des échanges qui seront
amorcés entre les partenaires aux tables pour définir, par
exemple, les matières négociables et le reste, la façon de
s'entendre sur les clauses qui les uns et les autres considèrent
important de réexaminer, et le reste et le reste. (16 h 45)
Le Président (M. Gagnon): Merci. Est-ce que l'article 1
sera adopté?
M. Rivest: Avec une dernière question, M. le
Président. Évidemment, les lois spéciales restent toujours
une possibilité.
M. Marois: Cela fait une heure trente que c'est toujours la
dernière question.
M. Rivest: C'est très long, les lois
spéciales...
M. Marois: Tout cela, dans un contexte d'urgence...
M. Rivest: Une loi spéciale, c'est toujours...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on a fait la
démonstration ce matin que cela fait trois ans qu'on attend. Alors, ce
ne sont pas 24 heures qui vont y changer quelque chose.
Franchement, je comprends...
Le Président (M. Gagnon): Je vous ai permis la
réplique sur cette dernière remarque. M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: À travers tout cela, la possibilité
d'une loi spéciale, à un moment donné, pour mettre fin
à une grève, reste toujours dans le décor,
évidemment. L'Assemblée nationale n'a pas abdiqué ses
pouvoirs avec cela.
M. Marois: L'Assemblée nationale n'abdique, à ce
que je sache, que rarement ses pouvoirs.
M. Rivest: Donc, il est possible...
M. Marois: ... si le député le permet...
M. Rivest: Je veux accélérer les travaux,
étant donné qu'il y a urgence.
M. Marois: Oui, j'ai compris cela depuis une heure, deux heures,
trois heures...
Mme Lavoie-Roux: Cela fatigue le ministre qu'on fasse cela.
M. Rivest: II n'aime pas cela préciser ses mots, comme
"symbolique". Cela le fatigue.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je trouve que...
M. Marois: Cela va me faire plaisir de répondre aux
questions des membres de l'Opposition. Je les trouve particulièrement
nerveux, M. le Président, ce matin. Habituellement, ils respectent le
droit de parole des uns et des autres. Ils écoutent attentivement. On a
des échanges très positifs.
Le Président (M. Gagnon): Vous n'avez pas commencé,
M. le ministre, à répondre. Je voudrais juste vous demander une
chose pour un peu le respect des employés du journal des Débats.
Quand on parle plusieurs en même temps, je comprends que les gens ont de
la difficulté à tout inscrire ce qui se dit. Alors, s'il
vous plaît, y a-t-il possibilité de parler l'un après
l'autre? Alors, M. le ministre...
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a plus un qui ose parler.
M. Rivest: ... la loi spéciale, cela reste toujours.
M. Marois: L'Assemblée nationale n'abdique pas, bien
sûr, ses pouvoirs. Cependant, encore une fois, il n'y a pas d'absolu
là-dedans, mais, dans la mesure où nous croyons que les voies et
moyens qui sont proposés pour atteindre les objectifs visés
permettraient - et nous croyons que cela va le permettre - une
amélioration substantielle des choses, cela réduirait,
forcément, d'une façon importante, surtout quand on tient compte
du fait que tout le bloc des services publics se trouve ici potentiellement
couvert, réduirait de façon potentielle - on verra à
l'usage et à l'usure - ce type de recours.
Code du travail
M. Rivest: L'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): L'article 1 est-il
adopté?
M. Rivest: Je voudrais savoir si le ministre a quelque chose
à dire sur cet article énigmatique.
M. Marois: Je crois que l'article est très clair en
lui-même, M. le Président. Le député de Jean-Talon a
certainement examiné l'ensemble des divers articles du projet de loi; il
les a fouillés abondamment et il me les a commentés
partiellement. Je crois que l'article est très clair.
M. Rivest: Alors, M. le Président, je le lis pour les fins
de l'entendement du journal des Débats et des lecteurs: L'article 1 du
Code du travail est modifié par la suppression du paragraphe.
M. Marois: Je n'ai pas l'amendement proposé à cet
article.
M. Rivest: M. le Président, quelle est la signification de
cet article?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: C'est le sens de l'article du Code du travail qui
concerne les services publics et que connaît fort bien le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Est-ce que ce ne serait pas qu'il s'agit simplement
d'une abrogation de concordance, dans la mesure où la notion de service
public est réinscrite au paragraphe 110.0.16 de l'article 6 du projet de
loi 72?
M. Marois: Le député de Jean-Talon a tellement bien
compris, ce qui prouve qu'il me posait des questions inutiles.
Le Président (M. Gagnon): L'article 1 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Le ministre ne pouvait pas répondre.
M. Rivest: Manifestement.
Mme Lavoie-Roux: Manifestement.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 1
est-il adopté?
M. Rivest: M. le Président, est-ce qu'il n'y a pas
d'autres commentaires sur l'article 1, parce que c'est un article
extrêmement important et qu'il y eu des échanges très
positifs. Alors, l'article 1 est adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article 2.
M. le ministre.
M. Marois: Pas de commentaires.
M. Rivest: Quel est le sens de l'article 2, M. le ministre?
M. Marois: Alors, l'article 2 modifie l'article 109.1 du code en
remplaçant un certain nombre de paragraphes qui sont bien connus de la
députée de L'Acadie qui maîtrise parfaitement bien le Code
du travail, d'une part en remplaçant dans les paragraphes a, c et d
partout où elle s'y trouve l'expression "aux articles 111" par les
articles pertinents du présent projet de loi. C'est l'article 111.0.3
qui se retrouve à remplacer l'article 111 du code actuel concernant la
grève dans les services publics, deuxièmement, qui remplace le
paragraphe b du code actuel par le texte qui est proposé là
forcément, par voie de conséquence et par voie de concordance
avec les articles 111.0.23, 111.11, 111.12, qui sont les articles dont on a
d'ailleurs discuté en partie depuis ce matin et dont un a
été cité d'ailleurs par la députée de
L'Acadie, 111.12, tel que c'est formulé dans le présent projet de
loi, l'article 2.
M. Rivest: Molière eût ajouté: Et
voilà pourquoi votre fille est muette. Pour plus d'entendement,
peut-être, pour les gens qui liront le journal des Débats, il
s'agit manifestement d'articles de concordance. Il s'agit de façon
concrète d'un alignement des dispositions du Code du travail portant sur
l'embauche des briseurs de grève, sur les modifications apportées
par le projet de loi no 72, de la manière suivante: Actuellement, M. le
ministre, vous savez que l'interdiction d'embaucher des briseurs de
grève lorsque, dans le cas d'un service public, une grève est
conforme aux prédictions légales, aux prescriptions de
légalité et d'avis précités à l'article 111,
premier alinéa... Le projet de loi no 72, votre projet de loi, M. le
ministre, abroge l'article 111 et inscrit les dispositions de
légalité et d'avis à l'article 111.10.23 alors que
celui-ci remplace 111 partout où il apparaît à l'article
109.1.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Voilà. Quant au député de
Jean-Talon, il a parfaitement bien lu les notes qui lui ont été
savamment préparées..
M. Dean: Tellement bien que ces remarques étaient
inutiles.
M. Rivest: M. le Président, quant au deuxième
paragraphe, actuellement vous savez, M. le ministre, que l'interdiction
d'embaucher des briseurs de grève ne s'applique pas lorsque entre autres
raisons, il existe une entente ou une liste sur les services essentiels. C'est
le sous-paragraphe iii. Le projet de loi no 72, votre amendement, instaure un
mécanisme de services publics désignés par décret
qui deviennent sujets à la négociation des services essentiels et
au dépôt d'entente et de liste sur de tels services. C'est
pourquoi, M. le ministre, votre article 111.0.18 vient s'ajouter à
l'article 111.10 qui prévoit de telles dispositions pour les services de
santé, services sociaux au sous-paragraphe iii du paragraphe b de
l'article 109.1.
Le Président (M. Gagnon): Adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. J'aurais une
question.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est à ce moment, mais
puisqu'on parle de l'interdiction d'embaucher des briseurs de grève, on
sait que l'un des problèmes qui a été soulevé au
moment des grèves dans le secteur de la santé, cela a
été la question des bénévoles. D'ailleurs, le
problème se pose
dans un établissement d'un autre ordre présentement. Je ne
veux pas faire de la digression sur cela, mais le ministre sait à quoi
je fais référence.
Est-ce que déjà cela a été prévu?
Qu'est-ce qu'on prévoit pour ne pas créer de conflit à
l'égard de ce problème?
M. Marois: M. le Président, si Mme la
députée de L'Acadie le permet, on pourrait discuter de cette
question au moment où on abordera l'article 111.0.12 dans le cadre du
protocole. C'est vraiment là que cela se situe.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): L'article 2 est
adopté.
L'article 3.
M. Marois: À l'article 3, dans la foulée des notes
que nous a lues tout à l'heure le député de Jean-Talon qui
lui ont été bien préparées par des gens
compétents qui ont compris le projet de loi, par voie de
conséquence, 109.2 du présent code qui introduisait une exemption
à ce qu'a évoqué le député, qui se trouve
modifiée, il nous faut ajuster l'article 109.2. On le modifie en
prévoyant que dans le cas de violation par un syndicat, l'association
accréditée ou les salariés qu'il représente, d'une
entente, d'une liste, et forcément il faut prévoir le cas d'un
décret - on y reviendra plus loin - qui est visé à divers
sous-paragraphes de l'article 109.1... On s'est trouvé par l'article 2
qu'on vient d'adopter à exempter l'employeur de l'application de
l'article 109.1. Donc, c'est l'exemption telle que prévue
réajustée à la réalité nouvelle, telle que
modifiée par l'article 2: l'employeur se trouve exempté de
l'application de 109.1 dans la mesure où cela est nécessaire pour
assurer le respect de l'entente, de la liste ou du décret qui a
été violé. En d'autres termes, il s'agit de concordance de
cette exemption pour tenir compte des amendements qui ont été
apportés antérieurement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon. Article 3, adopté?
M. Rivest: Article 3, adopté.
M. Marois: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Article 4,
adopté?
M. Rivest: L'article 4, en ce qui concerne l'article 111...
Prenons-le si vous le voulez, M. le ministre, par paragraphe, l'article 111 du
Code du travail. Qu'arrivera-t-il des délais et des avis?
M. Marois: Du présent article?
M. Rivest: 111 est abrogé au complet, mais il y a
plusieurs paragraphes.
M. Marois: On 'sait que dans le code il y a des délais
d'avis qui varient. On a uniformisé ces délais, on le verra plus
loin quand on y reviendra. Donc, les avis sont maintenus mais
uniformisés, d'une part. D'autre part, évidemment, l'article 111
est abrogé par le présent paragraphe. Comme on le sait, en
introduisant toute une série de dispositions qui concernent certains
services publics, forcément, on se trouve à modifier
substantiellement l'économie de l'article 111 et le pouvoir de suspendre
'qu'avait par cet article le gouvernement. On sait que c'était un droit
passablement théorique, très difficile d'application parce que,
tel qu'il était formulé, il impliquait pour l'essentiel la mise
en place d'une commission d'enquête investie du pouvoir d'un conseil
d'arbitrage avec obligation de formuler des recommandations, etc. Nos
discussions ainsi que nos débats de deuxième lecture ont permis
de voir que cela se trouvait modifié de façon substantielle pour
faire en sorte qu'ultimement on se donne des articles de loi qui permettent de
véritablement exercer la responsabilité gouvernementale dans le
sens de ce que j'ai évoqué en disant qu'on gardait un oeil
ouvert, vigilant.
M. Rivest: M. le ministre, il y a cependant - oui, je comprends,
c'est l'ancien article 99 du Code du travail - une difficulté, et je
demanderais au ministre d'y porter attention. C'est que l'article 111, en son
dernier alinéa, parlait - le mécanisme de l'article 111 s'est
avéré assez inefficace dans le passé - du domaine de
l'éducation et le dernier alinéa de l'article 111 dit: Le
présent article - c'est-à-dire la création d'une
commission d'enquête au cas où la santé et la
sécurité, etc. - s'applique à une grève
appréhendée ou en cours qui compromet l'éducation d'un
groupe d'élèves comme à une grève qui met en danger
ou en péril la santé et la sécurité publique.
Or, M. le Président, la loi 72 exclut complètement le
domaine de l'éducation de son champ d'application en vertu d'autres
articles qu'on verra un peu plus loin. Si bien que dans le domaine de
l'éducation, puisque le gouvernement amende l'article 111... Est-ce que
j'interprète bien l'amendement du ministre, soit que désormais,
pour ce qui est de l'éducation, le gouvernement n'aura plus aucune
espèce de moyen à sa disposition, puisqu'il élimine
l'article 111, au cas où une grève mettrait en danger
l'année scolaire des enfants? Qu'arrivera-t-il...
M. Marois: Mais non, M. le Président: Le
député de Jean-Talon sait fort bien,
comprend fort bien, je suis certain qu'il est équipé de
notes suffisamment claires, complètes et bien vulgarisées lui
permettant de maîtriser la portée du dernier paragraphe de cet
article 111.
M. Rivest: M. le Président, il y a un peu de mépris
dans votre dernière remarque. (17 heures)
M. Marois: Non, c'est dans un profond respect et en reconnaissant
la compétence des recherchistes qui accompagnent toujours le
député de Jean-Talon pour l'épauler dans ses travaux, dans
l'examen de questions qui sont parfois complexes. Le député de
Jean-Talon sait fort bien, blague à part, que le dernier paragraphe de
l'article 111, de toute manière, ne donnait que le pouvoir
général de l'article 111, c'est-à-dire forcément
celui, à toutes fins utiles, pour le secteur de l'éducation. Les
seuls pouvoirs étaient de constituer en vertu de l'article 111, une
commission d'enquête afin de pouvoir obtenir une injonction de la Cour
supérieure, injonction qui devait prendre fin, d'ailleurs, au plus tard,
vingt jours après l'expiration d'un délai de 60 jours
accordé à la commission d'enquête pour la production de ce
rapport. En d'autres termes, il s'agissait là, somme toute, d'une
espèce de ce que les Anglais appellent "cooling off", d'une
période où on en profite pour calmer les esprits et qui servait
le plus souvent à se rendre à la fin de l'année scolaire,
quand cela pouvait permettre de régler le problème. On sait
très bien ce qui est arrivé dans la pratique.
Je me permets de rappeler le cas de la Commission scolaire des Vieilles
Forges où la dernière injonction a été prise en
vertu de l'article 99; si ma mémoire est bonne, il n'y en a pas eu en
vertu de l'article 111. La dernière qui a été prise l'a
été en vertu de l'article 99; elle touchait justement les
Vieilles Forges et cela n'a même pas été respecté.
Donc, cela ne donnait vraiment pas un pouvoir au gouvernement. En d'autres
termes, on ne change pas, fondamentalement, ce qui était
déjà prévu dans les pouvoirs généraux
d'intervention du gouvernement, en ce qui concerne le secteur de
l'éducation, le cas échéant, via les pouvoirs
généraux de l'Assemblée nationale.
M. Rivest: Donc, cela veut dire que... M. Marois: Cela veut dire
que...
M. Rivest: C'est important, parce que cela a été
commenté...
M. Marois: Cela veut dire que si tant est que le gouvernement
devait évaluer qu'une année scolaire pouvait être mise en
péril par des comportements, le gouvernement se verrait dans
l'obligation, ultimement, après les opérations de
médiation, de conciliation et le reste, de recourir à une loi
spéciale.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4...
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas pour l'abolition du droit de
grève dans le secteur de l'éducation.
M. Rivest: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): L'article 4 est
adopté.
Article 5.
Mme Lavoie-Roux: II reste seulement les lois
spéciales.
M. Rivest: Les lois spéciales, les lois matraques...
Le Président (M. Gagnon): Article 5, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Attendez d'avoir votre mère dans un
centre d'accueil.
M. Rivest: ... comme on les appelait à une certaine
époque.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Rivest: Le vocabulaire change, mais la réalité
demeure.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez
toujours la parole.
Mme Lavoie-Roux: Elle va finir par y aller.
M. Marois: À l'article 5. C'est l'article qui introduit
toute une série de dispositions. D'abord, l'article 5 change le titre du
présent Code du travail, chapitre V.I: Dispositions particulières
applicables aux secteurs public et parapublic. On modifie en introduisant la
notion de service public.
M. Rivest: Qui est-ce qui vous a dit cela, vos sous-ministres ou
vos collaborateurs?
M. Marois: M. le Président, je ne répondrai
même pas.
Le Président (M. Gagnon): L'article 5 est
adopté.
À l'article 6. L'article 6 comprend plusieurs...
M. Marois: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): ... comprend
plusieurs...
Conseil des services essentiels
M. Marois: L'article 6 introduit dans ce nouveau chapitre, toute
une série de nouvelles dispositions concernant le Conseil des services
essentiels dans une section I et, dans une section II, la notion des services
publics, ce qui est complètement nouveau et a été
évoqué, d'ailleurs, dans le titre. Une section III concerne les
secteurs public et parapublic et le reste.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 6 est
adopté.
M. Rivest: Mon Dieu, M. le Président, que vous êtes
optimiste. Est-ce que le ministre conviendrait qu'on prenne l'article 6,
évidemment, qui compte un nombre assez important d'articles qu'on y
aille avec la formulation 111.0.1? D'accord?
Alors, M. le ministre, là-dessus, 111.0.1, c'est l'idée
d'un Conseil des services essentiels. Comme on le sait, il a déjà
existé un Conseil des services de santé ou des services sociaux
dans le cadre de l'ancienne loi; bien sûr, on le verra dans les articles
qui suivent. Le ministre s'est référé au fait que le
mandat de ce conseil est très largement élargi, si je peux
m'exprimer ainsi, dans la mesure où il regroupe l'ensemble des secteurs
public et parapublic et de ce qu'on vient d'appeler les services publics. La
nature même de ce conseil, étant donné le caractère
permanent qu'on lui confère, est évidemment un sujet qu'il faut
apprécier, que la commission doit apprécier, comme le mode de
nomination de ce conseil et les pouvoirs de ce conseil.
Ma première question relève d'une certaine
inquiétude que nous avons; on peut la prendre de différentes
façons. L'une des préoccupations qui m'est venue à ce
sujet concerne l'idée d'un conseil permanent: est-ce que c'est une bonne
chose, une mauvaise chose, est-ce au fond la meilleure chose ou la moins pire
ou je ne sais trop? Dans le domaine de la santé et des services sociaux,
l'une des questions qui nous est venue à l'esprit et que d'aucuns nous
ont suggérée: pour connaître au fond, pour essayer de
favoriser les ententes au niveau des établissements avec des gens qui
connaissent bien le réseau de la santé et des services sociaux,
est-ce que le ministre a pensé - je comprends que c'est un conseil qui
va embrasser un peu tout - étant donné la nature
particulière du milieu des services de santé et des services
sociaux, si les CRSSS ne pourraient pas faire fonction - j'essaie de voir le
cheminement qu'a suivi le ministre, en essayant d'échapper le moins de
choses possibles - si les CRSSS ne pourraient pas, effectivement, remplir ou
n'auraient pas pu remplir efficacement le râle que l'on confie, de par la
loi, à un conseil, pour ce qui est de cela? Est-ce qu'il n'y aurait pas
une expertise là? Est-ce que vous avez étudié cette
possibilité, pour le domaine de la santé et des services sociaux,
de donner ce mandat, dans la mesure, M. le ministre, où les gens qui
travaillent et qui oeuvrent, qui ont d'autres types de responsabilités,
bien sûr, dans le sens de regarder l'évolution des institutions
pour une région donnée, mais ils acquièrent, de ce fait,
je pense, une connaissance très précise du quotidien, du
vécu et des personnes autant de la direction que des employés, au
niveau de chacun des établissements et connaissent les
spécificités de l'établissement, les caractères de
la région? Est-ce que cette hypothèse, au lieu de donner un
mandat un peu à tous azimuts à un grand conseil, a
été examinée d'abord et, deuxièmement, quels sont
les inconvénients, si tant est que cela a été
examiné, qui vous sont apparus pour ne pas demander aux CRSSS d'aller
là-dedans?
Je vous signale cependant, M. le ministre, qu'à l'article - avec
cette numérotation très curieuse - 111.10.6 - en tout cas, je
vous pose la question parce que j'ai constaté que ce n'est pas... -
déjà, vous reconnaissez, je pense, un certain rôle aux
CRSSS, puisque l'article 111.10.6 dit: "Un Conseil régional de la
santé et des services sociaux institué en vertu de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, doit, lorsqu'il reçoit
une plainte relative à des services essentiels au sens du présent
chapitre, en informer immédiatement le Conseil des services essentiels".
Donc, c'est lorsqu'il y a un problème. Je me demandais -quant à
l'article 111.10.6: "...lorsqu'il reçoit une plainte... que les services
essentiels" cela, c'est ce qui est dans la loi - si l'on avait pensé
avoir, si vous avez eu des contacts avec votre collègue des Affaires
sociales - je ne sais pas d'ailleurs ce que ma collègue de L'Acadie en
pense - mais je vous pose la question comme cela. Est-ce que vous comprenez le
sens de ma question sur le rôle des CRSSS? Avez-vous pensé
à cette formule? Cela aurait permis de... Au lieu de créer une
structure pour laquelle tout le monde est en faveur, mais une structure qui
sera permanente et Dieu sait que, enfin, le caractère permanent risque
d'être un peu altéré, parce qu'on va surtout travailler
dans une période - il va y avoir des gens qui vont travailler
là-dedans - de compression budgétaire. Est-ce qu'il n'y aurait
pas eu une voie économique, pratique, en confiant aux CRSSS cette
responsabilité de favoriser les ententes, d'examiner les listes, de
faire rapport au ministre dans le réseau de santé et des services
sociaux?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Oui, M. le Président, on a examiné cette
hypothèse-là, et on pense que, déjà, en vertu de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, il y a
déjà des missions, des mandats propres aux CRSSS qui leur sont
confiés par la loi en question, l'émission des mandats qui ont
déjà une portée suffisamment large et qui ne concernent
pas comme tels, comme préoccupation première et principale, le
domaine des relations du travail, d'une part, et plus particulièrement
en période de conflit, de négociation, cette préoccupation
qu'il est important de faire ressortir comme une préoccupation
première, unique, celle d'assurer les services essentiels. Donc, on n'a
pas retenu cette hypothèse, d'autant plus que, notamment, et comme
disait l'autre, pas exclusivement les CRSSS, ça fait partie de leur
mission et de leur mandat, et ils doivent se préoccuper de la
qualité des services d'une façon générale et en
tout temps.
Ceci étant dit cependant, on aura noté que nous n'avons
pas proposé de remettre sur pied un conseil d'information qui existait
autrefois; c'est donc une structure qui est disparue, qui est abolie; on a
pensé qu'au contraire il valait mieux regrouper en un seul centre, mais
enfin, comprenons-nous, en un seul centre qui aurait forcément aussi des
antennes régionales, c'est prévu par le projet de loi, le pouvoir
général d'information du public également et plus
particulièrement dans les cas où il s'agit d'évaluer la
suffisance ou l'insuffisance de ce que pourrait donner une entente, une liste
ou une situation donnée dans un établissement donné. C'est
pour cela qu'on en est revenu à cette hypothèse de base qui avait
été évoquée durant nos travaux en commission
parlementaire.
On a voulu lui donner un caractère de permanence pour assurer une
continuité et faire en sorte que la cueillette des informations des
expertises puisse donner lieu dans les périodes qui se situent entre des
périodes de négociation à des évaluations beaucoup
plus serrées, beaucoup plus raffinées, au maintien des contacts
avec les parties, au raffinement des protocoles-cadres, et le reste, en
d'autres termes, que ce soit un mécanisme qui ne travaillera pas avec la
même intensité qu'en période de négociation, mais
qui pourrait permettre encore une fois, en capitalisant sur l'acquis, de
faciliter la poursuite d'un cheminement qui nous reste à faire, comme je
l'évoquais dans mon intervention de deuxième lecture, de
faciliter, dis-je, la poursuite de ce long cheminement.
Cependant, il nous est apparu extrêmement important, à la
lumière des témoignages entendus, des contacts qu'on a eus et
d'un examen aussi que j'ai eu l'occasion de faire avec mon collègue
des
Affaires sociales, qu'autant il ne fallait pas confondre la vocation des
deux organismes, c'est-à-dire les CRSSS d'une part, et le Conseil des
services essentiels, autant il semblait extrêmement important d'assurer
un relais serré, étroit entre les deux, et que ce relais soit
prévu par la loi elle-même, d'où l'article 111.10.6 qu'a
évoqué avec pertinence - il lui arrive souvent d'ailleurs
d'évoquer des choses avec pertinence - le député de
Jean-Talon.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre devrait savoir que le
député de Jean-Talon est un homme très positif.
M. Marois: Ceci étant dit, pour terminer...
M. Rivest: Je m'excuse auprès du ministre, j'ai perdu le
fil, parce qu'on m'a lancé dans la campagne du financement du Parti
libéral par inadvertance.
Le Président (M. Lavigne): Le compliment de la fin.
M. Rivest: Est-ce que...
M. Marois: C'est bien connu qu'il semble se poser un certain
nombre de problèmes.
M. Rivest: Est-ce que vous pourriez reprendre juste la
dernière partie de ce que vous avez... Au moment où je vous ai
quittés, vous étiez en train de me faire un compliment. (17 h
15)
M. Marois: Voilà, je le réitère. Ceci
étant dit, poursuivant, il arrive dans les faits que des citoyens
portent plainte et sont habitués à avoir des contacts avec les
CRSSS.
Or, on a constaté, et cela ressort de témoignages entendus
- le député évoquait ce matin, les consultations qui ont
été faites avant d'aboutir au projet de loi - il est apparu que,
durant la dernière ronde de négociation, les citoyens portaient
plainte devant le CRSSS et que ces plaintes n'étaient pas toujours
automatiquement et rapidement portées à la connaissance du
Conseil des services essentiels. Donc, on a voulu s'assurer qu'il y avait
là un relais, avec une base juridique prévue, en faisant une
obligation de retransmettre les plaintes des citoyens au Conseil des services
essentiels, que ce soit à son antenne régionale ou à son
bureau national, pour faire en sorte qu'aucune plainte ne reste là
pendant une certaine période sans qu'il y ait intervention pertinente,
requise et prévue par la loi. Sans compter que ce relais, ayant une base
obligatoire, n'exclura pas forcément que se développe avec le
temps l'échange, la
transmission d'informations sur l'évaluation des constats qui
peuvent être faits concernant tel ou tel établissement
donné.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Ma collègue aura probablement des questions,
mais il y a l'autre aspect sur lequel je voudrais entendre le ministre. Je
pense bien que le ministre ne me tiendra pas rigueur de passer les
éléments, parce qu'on ne peut pas parler simplement d'un mot, il
faut évoquer d'autres aspects du conseil.
M. Marois: Ce que le député est en train de nous
proposer en quelque sorte, M. le Président, c'est un examen de
l'ensemble du bloc des articles de la section I, quitte par la suite à
adopter l'ensemble de ces articles.
M. Rivest: M. le Président, sous réserve de
certaines questions spécifiques à l'un ou l'autre des
éléments.
M. Marois: C'est sûr.
M. Rivest: Deuxièmement, vous savez que lors des
audiences, M. le ministre, au début de septembre, un des mémoires
qui avait eu un impact assez considérable et qui était
très bien fait était celui du Conseil du patronat qui avait
insisté sur la création...
M. Marois: Une régie.
M. Rivest: ... d'une régie, enfin, un conseil, mais une
régie permanente des services publics formée de
spécialistes dont la compétence serait confirmée dans le
domaine.
Deuxièmement, ce qui était un aspect très
important, est que cette régie devait pouvoir prendre les moyens pour
que les services décrits comme essentiels soient effectivement maintenus
en tout temps.
Je vais vous lire un court extrait du mémoire du Conseil du
patronat: Cela suppose que la loi donne aux décisions de la régie
une autorité équivalente à celle d'un ordre de la cour et
prévoie des sanctions assez graves pour décourager toute
volonté de passer outre aux décisions de la régie. Dans la
mesure où les services essentiels décrits par la régie
seraient assurés, le droit grève ou le lock-out s'exercerait dans
tous les secteurs, etc.
Enfin, c'était tout le problème des pouvoirs effectifs
d'un conseil ou d'une régie. Laissons tomber les termes pour les fins de
la discussion. Je voudrais savoir les raisons qu'on a évoquées -
je pense que le ministre a commencé à répondre à
cette question dans l'échange préliminaire qu'on a eu - qui ont
amené le gouvernement à décider qu'effectivement le
conseil du maintien des services essentiels ou ledit Conseil des services
essentiels n'aurait aucun pouvoir d'ordre décisionnel, quel qu'il
soit.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Je ferais une nuance à la dernière
affirmation du député de Jean-Talon, que le conseil n'aurait
aucun pouvoir décisionnel, quel qu'il soit. Quand le conseil, pour
relever un simple exemple, dans les pouvoirs qui lui sont
conférés décide, après évaluation, avant que
soit acquis le droit de grève, après être intervenu
auprès des parties pour leur signaler que l'entente ou la liste, peu
importe, est nettement insuffisante, décide de retransmettre un rapport
au ministre. Forcément, on voit comment la dynamique va jouer à
partir du moment où le conseil, par ses représentants, intervient
auprès des parties pour leur indiquer que c'est insuffisant ce qu'il a
entre les mains. Déjà les parties savent très bien qu'un
processus risque de s'enclencher avant que soit acquis le droit... oui, bien
sûr, risque... Tant mieux, tant mieux si cela -oui, cela déclenche
des choses - a pour effet, les parties prenant conscience...
M. Rivest: C'est fortement incitatif.
M. Marois: ... de ce que mentionne le conseil, reconnaissant la
pertinence de ce que souligne le conseil, que des ajustements se font et que
cela règle le problème. Mais si tant est que cela n'est pas le
cas, le conseil, et c'est sa décision, retransmet publiquement au
ministre un rapport indiquant... C'est un pouvoir décisionnel qu'il a
entre les mains, il faut dire... Si on reprenait coin par coin, angle par
angle, chacun des éléments de la proposition qui était
contenue dans le mémoire du Conseil du patronat, je pense qu'on admettra
que des morceaux importants ont été retenus. Ce qu'on n'a pas
retenu fondamentalement, c'était ce pouvoir quasi judiciaire qu'on nous
recommandait de donner au conseil. Je pourrais énumérer une
batterie de raisons, je vais n'en mentionner que deux.
La première c'est, compte tenu des implications, au bout du
compte, des décisions qui doivent être prises, compte tenu du
problème dont on parle, il nous a semblé que ce genre de
décision revient -compte tenu que c'est lui qui a assumé la
responsabilité de veiller à l'intérêt public
-véritablement au gouvernement, d'une part.
D'autre part, pour une autre raison, plus juridique celle-là mais
qui n'est pas sans avoir des conséquences quant au fond qui était
mentionné ce matin, à partir du moment où on donne de tels
pouvoirs quasi
judiciaires à un tel organisme, là se posent tous les
problèmes qu'on a évoqués ce matin: le pouvoir de
surveillance de tribunaux supérieurs, notamment la Cour
supérieure, et le genre de problèmes juridiques dans lesquels
cela peut nous entraîner.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Et ce faisant, M. le ministre, vous savez
qu'étant donné l'amplitude du projet de loi, c'est-à-dire
la variété de domaines, services publics, secteurs public et
parapublic, qui est dans le champ du mandat, la plus récente proposition
au sujet de la nature d'un tel organisme, dans la détermination des
services essentiels, cela a été les recommandations qui ont
été formulées, qui ont été adressées
au ministre par une personne extrêmement compétente dans le
domaine des relations du travail, à qui le ministre a confié un
mandat au sujet de la Commission de transport de Montréal, le
commissaire Jutras. Or, Me Jutras, évidemment, parlait dans le cadre du
transport en commun, mais ses recommandations débordaient largement le
problème. Surtout au chapitre de ses recommandations, je me demande
comment le ministre, je comprends ses raisons... M. Jutras recommande au
ministre, d'une façon toute à fait récente, qu'aucune
grève ou aucun lock-out ne puisse être déclaré avant
que les services essentiels ne soient définis au préalable par
décision d'une personne ou d'un organisme approprié, il mentionne
un tribunal, une régie de services essentiels ou un commissaire aux
services essentiels et qu'il puisse y avoir appel de cette décision
à la Cour d'appel. Sauf qu'il devrait être prévu que cette
décision s'applique et est exécutoire nonobstant appel et tant
qu'elle n'est pas renversée, ce qui, entre parenthèses, dispose
des effets négatifs sur la fourniture des soins du processus de
judiciarisation, dans la mesure où on préciserait que la
décision est exécutoire malgré appel, mais je veux savoir
ceci. Est-ce que le ministre, face à cette recommandation précise
du commissaire Jutras pour les fins du transport en commun, bien sûr,
mais qui peut s'étendre, ça veut dire qu'il met
complètement de côté cette recommandation du rapport
Jutras?
M. Marois: Non, ce n'est pas exact. Je pense bien que le
député a pris connaissance de l'article 111.0.16 qui vient
introduire toute une série de services publics, notamment les transports
en commun; il a certainement lu très attentivement l'article 27 du
présent projet de loi, qui recoupe l'économie
générale d'un certain nombre de recommandations du rapport
Jutras, la clé étant fondamentalement qu'il soit prévu que
des services essentiels seront donnés.
M. Rivest: Ce n'est pas là ma question. Avec votre projet
de loi, parce que votre projet de loi, je suis très conscient qu'il va
s'appliquer à la Commission de transport de Montréal, la
recommandation du commissaire Jutras est mise de côté. Il n'y aura
pas une personne, un organisme approprié qui va décider des
services essentiels. Le commissaire Jutras propose qu'avant que le droit de
grève soit acquis, ce soit par la décision d'une personne et d'un
organisme, alors que tout votre projet de loi, ce n'est pas cela. Votre projet
de loi crée un conseil qui avise, favorise des ententes. C'est le
gouvernement qui, finalement, décide d'agir. Ce n'est pas du tout le
sens des recommandations du Conseil du patronat qui parle d'une régie
des services essentiels non plus que d'une recommandation spécifique du
commissaire Jutras. Cette recommandation avec votre projet de loi même
avec l'article 27, qui est un article au fond pour attrapper le conflit de la
commission de transport, ça ne change rien à la
réalité que cette recommandation spécifique du commissaire
Jutras est mise de côté.
M. Marois: C'est exact, dans le sens que je n'ai pas retenu la
recommandation qui ferait et qui viserait à confier à une
personne ou à une régie le pouvoir de prendre des
décisions qui, à notre avis, en fin de compte, doivent, si tant
est que ça doit s'exercer, revenir entre les mains du gouvernement qui a
la responsabilité de l'intérêt public.
Cela dit, dans le projet de loi tel qu'il est formulé, il y a
l'article 27, le député l'a noté. Il y a bien sûr
aussi l'article 110.0.16. Il est aussi prévu dans l'ensemble des
articles qui concernent le rôle, les pouvoirs, les devoirs du conseil, la
possibilité que le conseil mette à contribution, cela va de soi,
compte tenu de la nature des problèmes qui peuvent se poser, qui sont
bien différents quand on parle d'établissements de santé
ou du transport en commun, pour l'aider à procéder à ses
évaluations, un ou des experts au besoin pour examiner telle ou telle
situation donnée.
J'ai retenu fondamentalement cette idée que dans le transport en
commun, le cas échéant, les services essentiels, on devait se
donner les moyens de faire en sorte qu'ils puissent être
assurés.
M. Rivest: Une autre question. Dans le domaine des relations du
travail, dans les secteurs public et parapublic, il existe, j'en suis au niveau
des structures, je vois que d'après les réponses du ministre, les
avenues, il semble jusqu'à maintenant les avoir explorées et j'en
suis fort aise, déjà un bureau de recherche sur la
rémunération qui
s'acquitte, dans tout l'appareillage, des négociations. Ce bureau
est permanent, il s'occupe de faire des recherches d'ordre statistique. Il va y
avoir un Conseil des services essentiels et il y a d'autres personnes,
après cela, on parle souvent de négociations permanentes dans le
domaine, c'est souvent une idée qui est évoquée à
gauche et à droite pour éviter que tout le monde se
précipite à la fin pour arriver avec quelque chose. Je ne veux
pas déborder le cadre du projet de loi, mais je trouve qu'il va
commencer à y avoir pas mal de gens qui vont se mêler de cela en
termes de structure gouvernementale. (17 h 30)
Au fond, c'est toujours la même chose qui est en cause, c'est la
négociation d'une convention collective. Je vous ai parlé des
structures du réseau des affaires sociales et il y en a peut-être
d'autres. À un moment donné, est-ce que vous avez une vision
claire, précise pour savoir comment la structure que vous créez
va s'insérer dans l'ensemble du paysage des négociations des
secteurs public et parapublic?
M. Marois: M. le Président, pour l'instant, me
réservant, le cas échéant, des commentaires additionnels,
le député dit: II commence à y avoir pas mal de monde,
faisant notamment allusion à un certain nombre de structures qu'il a
mentionnées. Je me permets de lui rappeler que le présent projet
de loi, si on parle de structures, en fait disparaître une.
M. Rivest: Oui. M. Marois: Oui.
M. Rivest: Je serais tenté de vous citer les phrases
absolument remarquables de votre collègue, l'ancien ministre du Travail,
lorsqu'il créa le bureau de l'information et toutes les ambitions qu'il
avait pour ce bureau d'information dans l'ancienne loi; cela s'appelait le
Bureau d'information sur les négociations. Je sais que vous en faites
disparaître une. Vous créez des structures et on se demande
souvent où cela va. Je vous demande de baliser cela, de me dire: Oui, il
y a bien des gens. Voici celui sur les services essentiels. Je vous ai
parlé de la structure au début des négociations. Il y a
tellement de monde dans cela. Il me semble qu'il y aurait une structure
rationnelle à donner sur l'approche du gouvernement avec ses
partenaires, sur le gouvernement en ce qui concerne ses responsabilités
au niveau des services essentiels, sur le gouvernement relativement à la
possibilité de mener une négociation continuelle, où on
s'entendrait au moins sur les chiffres, sur le Bureau de la recherche sur la
rémunération. Tout cela, c'est lié et je voudrais sentir
une espèce de rationalité ou de logique dans l'action du
gouvernement en disant: On a tel ou tel morceau, on met ceci là, on met
cela ici, il va y avoir tel nombre qui va aller là. Tout le monde
s'exprime sur tout, ne serait-ce que, par exemple, le négociateur en
chef du gouvernement qui, actuellement, négocie. Il est un excellent
négociateur qui émet des opinions sur le droit de grève,
sur les services essentiels. C'est toujours le gouvernement qui parle. C'est
cela que je veux dire. Est-ce que vous vous êtes posé cette
question en créant cette structure?
M. Marois: Si le député, à 17 h 35, veut
engager et ouvrir une large discussion sur des structures qu'il connaît
aussi bien que moi, sachant pertinemment bien les personnes impliquées,
le rôle, les responsabilités, les mandats de ces diverses
structures, je veux bien écouter et on peut bien en amorcer une autre
à ce moment de nos travaux, si tant est que le député sent
le besoin de faire une pause dans l'examen des articles, article par article,
et revenir à un débat d'ordre plus général. Je veux
bien l'écouter très attentivement.
S'il veut plutôt vraiment scruter, examiner l'ensemble et les
détails du Conseil des services essentiels proposé, tel que
formulé, je suis prêt à le faire. Mais que le
député m'indique dans quelle voie il veut se diriger. Un conseil
qui est créé...
M. Rivest: L'article 111.0.1, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.1.
Adopté.
M. Rivest: L'article 111.0.2. "Le conseil se compose de huit
membres dont un président." Huit, pourquoi pas cinq? Pourquoi pas
quinze? On passe de sept à huit. Pourquoi? D'où vient ce nombre?
Je sais que c'est lié à une question de
représentativité sur laquelle je m'inscris totalement en faux
parce que j'indique tout de suite, si vous le voulez, M. le ministre, qu'on
extrapole quelque peu. Que les membres du conseil soient nommés par le
gouvernement, sur cela, je vous en dirai un mot, mais je suis
complètement contre le fait que le Conseil des services essentiels soit
une espèce de... qu'on réintroduise, au niveau du Conseil des
services essentiels, le rapport de forces qui existe au niveau de la
négociation, c'est-à-dire des représentants de la partie
syndicale et de la partie patronale. Cela constitue - on peut étudier
ces deux questions en même temps, si vous voulez -un changement par
rapport à la loi 59, où des gens étaient nommés par
le juge en chef du tribunal. Est-ce que c'est prouvé que le mode de
nomination que prévoyait la loi antérieure était mauvais,
s'est avéré
inefficace? Pourquoi cette augmentation du nombre? Pourquoi le chiffre 7
ou 8?
Deuxièmement, pourquoi avoir complètement modifié
la structure interne du conseil? Notre prétention - et on l'a dit
à plusieurs reprises lors des audiences - n'est absolument pas... La
question des services essentiels n'a qu'une finalité: celle des
bénéficiaires, des usagers. Ce faisant, nous avons toujours dit -
je pense que le ministre recherche certainement cet objectif également -
qu'il faut à tout prix éviter que la question des services
essentiels donne prise à un rapport de forces entre les deux parties qui
sont nécessairement engagées dans une négociation qui
implique le jeu d'un rapport de forces. Si le ministre est d'accord avec cela,
en quoi la procédure prévue dans la loi antérieure,
où on demandait au juge en chef du Tribunal du travail de nommer les
membres, était-elle mauvaise? Pourquoi est-ce le gouvernement? Vous
voyez un peu le cadre des questions que j'ai là-dessus.
M. Marois: Je vois, je vois le cadre et les questions. Comme l'a
évoqué le député, on passe de 7 à 8. Ce
n'est pas là qu'est le problème. On a modifié la
composition - là il y a un élément clef - pour y
introduire des gens qui y seraient nommés. Je parle d'un bloc de quatre,
y compris le président, ayant comme préoccupation fondamentale
-je l'avais dit dans le discours de deuxième lecture - d'introduire des
mécanismes permettant d'associer aussi les citoyens à l'ensemble
du processus et de la démarche. Cela est complètement nouveau.
Cela m'apparaît extrêmement important.
Deuxièmement, nous nous sommes posé effectivement la
question, à savoir si, partant de là, il fallait maintenir deux
choses: ce qui existait dans l'ancien conseil, c'est-à-dire des
représentants, au sens strict de ce que ce mot veut dire, du monde
syndical et du monde patronal. C'est comme cela qu'était composé
le dernier conseil choisi par le Tribunal du travail dans un cadre qui implique
forcément, par le juge en chef, un contexte plus judiciaire de relations
du travail, etc.
Nous avons opté pour - j'attire l'attention du
député sur la formulation - des personnes choisies après
consultation des associations de salariés. En d'autres termes, on
introduit la notion de personnes issues de, et ce ne sont pas juste des mots,
ce n'est pas "représentants de", dans le sens: Voici ma liste de ceux
que j'aimerais bien avoir, avec forcément les difficultés, les
tractations pour arriver à cette composition.
On introduit la notion "issu de". Deux et deux. Pourquoi maintenant les
deux et deux, "un issu de privé"? Un bon exemple, pour illustrer ma
pensée, ce que je veux dire par " issu de privé". Par exemple,
l'adjoint parlementaire, le député de Prévost, imaginons
un instant qu'il ne serait pas député, ni adjoint parlementaire
et que depuis un certain nombre d'années il aurait quitté le
milieu syndical, il est "issu de". La même chose, forcément aussi,
en ce qui concerne les services publics. C'est la même chose du
côté de la partie patronale. Pourquoi avons-nous maintenu cela? On
s'est posé comme vous la question. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que
ce soit essentiellement et uniquement des gens représentant les
citoyens? On est obligé, c'est la conclusion à laquelle on en est
venu, d'introduire des représentants du public, c'est important, c'est
nouveau et forcément c'est un bloc de quatre avec le vote
prépondérant du président.
Deuxièmement, il nous a semblé important de maintenir deux
et deux "issus de", donc avec déjà des nuances importantes par
rapport à ce qui se passait autrefois, selon l'ancienne composition
pour, d'une part...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le ministre. Quelle est la
différence avec l'ancienne composition dites-vous?
M. Marois: Fondamentalement, dans les faits...
Mme Lavoie-Roux: C'était aussi après les
consultations.
M. Marois: Bien sûr, mais dans les faits, on sait
très bien, - il y a des écrits là-dessus, il y a eu des
analyses de faites, il y a eu des rapports de faits - que, finalement, à
toutes fins utiles, cela a été des représentants de.
Pour maintenir, parce que c'est important, il y a les citoyens, ce sont
eux qui sont la préoccupation première. Il y a aussi qu'on est
dans un contexte de négociation, dans un contexte de relations du
travail et on a pensé qu'il était important de maintenir, par le
biais de gens "issus de", qui ont acquis une certaine expérience du
milieu, qui peuvent avoir aussi certains préjugés favorables...
Mais ayant pris un certain recul pour maintenir un pas de relations purement
humaines aussi, qui sont extrêmement importantes dans ce genre
d'opération, l'expérience pratique l'a démontré.
Voilà, M. le Président.
M. Rivest: Juste une précision. Quand le ministre dit que
dans l'ancien conseil, ils étaient représentants de, je n'ai
malheureusement pas le texte de l'ancienne loi...
M. Marois: Ce n'est pas par le texte, c'est par la
mécanique et dans les faits...
M. Rivest: Je lis la loi et c'est marqué
dans l'ancienne loi, si le ministre me le permet...
M. Marois: Oui.
M. Rivest: "Ce conseil est formé d'au moins cinq membres
et d'au plus sept membres nommés par le juge en chef du tribunal,
après consultation, etc." Alors, nulle part il n'y avait, en tout cas
dans le texte de la loi, à moins que mon texte ne soit incomplet,
l'idée qu'ils étaient "représentants de". Je dirais au
ministre que même la distinction qu'il a faite avec "issu de"... Je pense
que ce projet de loi n'a rien à voir avec les négociations; en
fait j'espère qu'il n'a rien à voir avec un contexte de
négociation ou un contexte de rapport de forces. Dans ce projet de loi,
d'après la lecture que j'en ai faite, ce sont des services essentiels et
cela veut dire bénéficiaires. Je voudrais - en tout cas c'est
notre conviction - que ce soient des gens qui soient les meilleurs possible qui
jugent de cela sans être liés par leur carrière, par leur
amitié ou par leur contact, enfin des relations humaines normales,
qu'ils ne soient issus d'aucun milieu particulier, que ce soient des gens qui
n'aient aucune espèce d'attache au milieu particulier de la
négociation.
M. Marois: Je laisserai le député
réfléchir, durant cette période de répit, de relais
d'ici 20 heures, sur cette notion. On est tous issus de quelque chose, à
l'exception, semble-t-il, de cette notion des...
M. Rivest: M. le Président, je voudrais qu'ils soient
issus de nulle part, de quelque façon que ce soit, liée à
la négociation d'une convention collective. Moi, M. le Président,
je n'ai jamais négocié une convention collective, ni en tant que
syndiqué, ni en tant que patron. Alors, je me propose comme candidat et
je laisse le ministre, pendant l'heure du lunch, réfléchir
à cela. Je voudrais également que le ministre
réfléchisse pendant l'heure du lunch au fait que nous nous
opposons également à ce que le gouvernement désigne ces
personnes.
Le Président (M. Gagnon): À ce moment-ci, je
demande la permission à la commission pour suspendre les travaux
jusqu'à 20 heures. Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise de la séance à 20 h 19)
Le Président (M. Rochefort): La commission permanente
élue du travail, de la main-d'oeuvre et de la sécurité du
revenu reprend ses travaux aux fins d'étudier article par article le
projet de loi no 72, Loi modifiant le Code du travail, le Code de
procédure civile et d'autres dispositions législatives. À
l'ajournement de nos travaux, nous en étions à l'étude de
l'article 6 au paragraphe 111.0.2. M. le ministre.
M. Marois: Non, nous en étions dans le cadre de questions
et de commentaires portant sur l'ensemble des articles de la section I pour,
par la suite, procéder systématiquement, toutes choses
étant dites alors, à l'adoption à la file.
Le Président (M. Rochefort): On m'avait informé que
vous aviez commencé à adopter les paragraphes, puisque le premier
avait été adopté.
M. Marois: Oui, les paragraphes 111.0.1 et 111.0.2.
Le Président (M. Rochefort): Nous pouvons donc aborder
immédiatement l'article 111.0.2.
M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Voici une question que ma collègue de L'Acadie
va peut-être développer, c'est-à-dire exprimer au ministre
notre objection à une chose. Les gens du conseil sont nommés par
le gouvernement, contrairement à la loi du prédécesseur du
ministre, l'actuel ministre des Affaires sociales qui avait confié cette
responsabilité au juge en chef du Tribunal du travail. Je demande au
ministre...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon, je m'excuse, je ne veux pas vous interrompre inutilement.
Toutefois, je crois que c'est à l'article 111.0.3.
M. Rivest: On s'est entendu, M. le Président - parce que
c'est le conseil, au fond - pour jouer un peu dans les numéros.
Le Président (M. Rochefort): Alors, je vous laisse
jouer.
M. Rivest: On vous remercie de votre très grande
libéralité, M. le Président. Moins vous vous en
mêlerez, M. le Président, mieux cela ira. Ce sont les
conventions...
Le Président (M. Rochefort): De toute façon, il
n'en tient qu'à vous.
M. Rivest: Non, remarquez que ce n'est pas juste à votre
endroit. C'est toujours la convention qu'on a avec le député de
Marie-Victorin. On les traite très bien les présidents, vous
allez voir, vous n'aurez jamais à intervenir.
Le Président (M. Rochefort): Je vous écoute.
M. Rivest: Vous n'aurez jamais à intervenir, vous avez
compris.
Le Président (M. Rochefort): J'ai dit que je vous
écoute.
M. Rivest: Pourquoi le ministre a-t-il modifié cet
article? Quels sont les problèmes qui l'ont amené à
changer d'avis? D'autant plus que je signale au ministre que le gouvernement
n'est pas dans ce domaine un être de raison. D'ailleurs, le gouvernement
actuel l'est très rarement. C'est une partie à la
négociation et aux problèmes. Je me demande si, la partie
syndicale en vue de favoriser les ententes et tout cela, ce n'est pas une
excellente chose, une excellente trouvaille que l'ancien ministre du Travail
avait eue lorsqu'il avait confié cette responsabilité au juge en
chef du Tribunal du travail. Qu'est-ce qui a motivé le changement?
Qu'est-ce que vous répondez -pour la crédibilité
même du conseil, je pense que c'est essentiel dans la loi, pour
l'application de la loi - au fait que le gouvernement nomme des gens?
M. Marois: Oui, M. le Président, blague à part,
indépendamment des jeux du député tous azimuts, je
comprends que le député de Jean-Talon sent le besoin de se
détendre un peu; il était particulièrement nerveux depuis
ce matin. C'est normal!
Ceci étant dit...
M. Rivest: Là, M. le Président, il y a une question
de règlement parce que votre collègue, qui vous a
précédé, a réglé cette question; il a
établi très clairement que c'était le ministre qui
était nerveux parce que son projet de loi a été
décrié par tout le monde.
Le Président (M. Rochefort): Je vais prendre cette
question en délibéré...
M. Rivest: Le président a déjà
décidé de cette question.
Mme Lavoie-Roux: On a rarement vu une telle unanimité
à l'endroit d'un projet de loi, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Je me référerai
à l'intervention de mon prédécesseur et je rendrai une
décision d'ici la fin de la séance. M. le ministre, vous pouvez
poursuivre.
M. Marois: Je poursuis, M. le Président, sans interrompre
mes collègues de l'autre côté de la table, très
respectueux de leur droit de parole comme on l'a été depuis le
début.
Effectivement, sur la base de l'économie, de la conception de la
loi 59, il pouvait s'avérer intéressant, dans la mesure où
le conseil était essentiellement composé de représentants
des parties patronales-syndicales, de le faire par le biais du Tribunal du
travail qui, comme on le sait, a une vocation précise en vertu du Code
du travail.
Ce dont on parle dans l'économie générale et les
objectifs de la présente loi, c'est d'une chose d'une nature bien
différente. D'une part, le conseil n'est plus temporaire; l'ancien
conseil, je me permets de le rappeler, était temporaire. Nous
introduisons la notion d'une permanence du conseil. D'autre part, la
composition est substantiellement modifiée puisqu'on y introduit des
représentants du public.
Également, j'ai expliqué l'économie, l'objectif, la
façon dont nous voyons les choses, de telle sorte que, quant au bloc des
deux et deux personnes nommées après consultation, mais
étant dans notre esprit issues de, c'est-à-dire ayant tout de
même pris un certain recul, j'ai expliqué pourquoi, dans quel
esprit cela avait été conçu et en vue d'atteindre quels
objectifs.
Partant de tout ça et des objectifs de la loi et depuis le temps
que les uns et les autres disent, pensent et croient que le gouvernement se
doit d'assumer pleinement les responsabilités puisqu'il est ultimement
chargé de l'intérêt public, dans cette perspective, il nous
semble bien clair qu'il revient au gouvernement de faire ces choix.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mon collègue de Jean-Talon n'a pas fait
de proposition formelle, il interrogeait le ministre sur le motif pour lequel
les nominations des membres du conseil étaient faites par le
gouvernement plutôt que par le juge en chef du Tribunal du travail, comme
c'était le cas dans la loi 59. S'il devait en faire une proposition
formelle, je l'appuierais certainement.
M. Rivest: J'en fais une proposition formelle, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je vais certainement l'appuyer parce qu'on
sait, par expérience - je peux parler d'une façon plus pertinente
de la dernière ronde de négociations, non pas que je ne veuille
pas parler des autres, mais je n'y étais pas - on sait pertinemment que
le gouvernement, comme le soulignait le député de Jean-Talon, est
le principal intéressé dans cette
négociation. Il doit obtenir des rapports d'un conseil qui
devrait être le plus neutre possible, qui devrait être le plus
détaché possible du gouvernement. L'objectif de ce conseil, c'est
vrai qu'il est de conseiller le gouvernement, si on veut, mais sa fonction
première, c'est vraiment de voir à ce que la population
hospitalisée soit protégée. C'est vraiment cela, le
premier objectif - en tout cas, à mes yeux - du conseil sur le maintien
des services essentiels, soit qu'il aide à définir les services
ou à les mieux définir. Son deuxième rôle, c'est
d'être le gardien ou le protecteur de la santé publique et, plus
particulièrement, de celle des bénéficiaires. Un conseil
dont les membres sont nommés par le gouvernement, même si c'est
après consultation - là, je ne voudrais pas irriter le ministre,
je sais qu'il a parfois l'épiderme un peu sensible... Que disait
le...
M. Rivest: Soupe au lait.
Mme Lavoie-Roux: ...malheureusement, je ne m'en souviens pas.
Donc, je sais que le ministre a l'épiderme sensible, mais la
réalité est que...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cela
équivaut à un rappel à l'ordre, votre intervention?
Mme Lavoie-Roux: Non, cela me revient. Ce que j'allais dire,
c'est que le ministre va nous dire que c'est fait après consultation
auprès des associations d'employeurs les plus représentatives,
auprès de la Commission des droits de la personne et de l'Office des
personnes handicapées. On sait fort bien ce que veut dire la
consultation pour ce gouvernement et cela ne me gênerait pas du tout de
dire, par exemple, que la loi 27 prévoyait, pour la nomination des
membres sur les conseils d'administration des établissements de
santé et de services sociaux, que le ministre doive consulter et,
après, il peut nommer ou faire une recommandation au Conseil des
ministres. Il a effectivement nommé des gens, mais il n'a même pas
consulté. Ce n'est même pas après avoir consulté.
Après cela, il fait à sa tête, mais il n'a même pas
consulté. Admettons que le ministre consulte - on va lui donner le
bénéfice du doute, je n'ai pas de raison de croire qu'il ne
consulterait pas - après cela, les nominations, on en a eu une
démonstration ce matin à l'Assemblée nationale, M. le
Président, concernant la nomination des présidents
d'élection. J'ai même appris des choses sur mon comté. Je
vous croyais toujours très purs, mais j'ai appris des choses fort
intéressantes. (20 h 30)
Une voix: Madame, perdez vos illusions et rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, il m'en reste quelques-unes.
Plus sérieusement - parce que la question est sérieuse -
je pense que ce n'est pas suffisant de dire que le ministre va consulter. Tant
et aussi longtemps que c'est le gouvernement qui nomme les personnes à
un conseil dont le rôle est de voir d'abord et avant tout à
l'intérêt du public, je pense que les membres de ce conseil
doivent être le plus indépendants possible à l'égard
du pouvoir politique, compte tenu du fait que dans cette négociation le
pouvoir politique est une des parties - c'est certainement la partie la plus
intéressée - et que, de l'autre côté, il y a les
travailleurs. M. le Président, si on veut vraiment assurer qu'à
un moment donné ces gens ne se sentent pas en conflit
d'intérêts, de loyauté, de fidélité ou de ce
que vous voudrez et qu'ils ne soient soumis à aucune sorte de pression -
c'est extrêmement important à mes yeux - de la part du pouvoir
politique, cela me semble impératif que l'on maintienne la formule qui
existe dans la loi 59, c'est-à-dire qu'ils soient nommés par le
juge en chef du Tribunal du travail.
J'aimerais faire l'amendement suivant, M. le Président: "Que le
paragraphe 111.0.3 de l'article 6 soit modifié en remplaçant,
à la première et à la deuxième ligne, les termes
"le gouvernement, sur proposition du ministre" par les mots "le juge en chef du
Tribunal du travail"."
Le Président (M. Rochefort): Avez-vous une copie de votre
proposition d'amendement?
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Rochefort): Seulement un moment, M. le
ministre.
M. Marois: Certainement.
Le Président (M. Rochefort): Avant de discuter de cette
proposition d'amendement, dois-je comprendre que cela dispose de
l'alinéa .0.2?
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Parce qu'il faut quand
même y aller dans l'ordre au moins pour l'adoption des amendements. Vous
en convenez? Donc...
Mme Lavoie-Roux: J'aurais seulement aimé...
Le Président (M. Rochefort): Oui? Mme Lavoie-Roux:
Je m'excuse... M. Rivest: On peut le suspendre et on
y reviendra.
Mme Lavoie-Roux: J'avais une question à poser sur
l'alinéa .0.2, mais on peut peut-être...
Le Président (M. Rochefort): Si vous...
Mme Lavoie-Roux: ...compléter .0.3. Cela ne change rien
à .0.2.
Le Président (M. Rochefort): Non...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'un est indépendant de
l'autre jusqu'à un certain point.
Le Président (M. Rochefort): Oui, je suis d'accord.
Toutefois, je ne voudrais pas qu'on se promène à faire des
amendements sur différents articles et qu'on revienne. Suspendons .0.2
pour l'instant et on va étudier...
Mme Lavoie-Roux: Oui. La prochaine fois, on les fera en ordre, M.
le Président.
Le Président (M. Rochefort): C'est cela. Donc, sur la
proposition d'amendement à l'alinéa .0.3, M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je vais certainement m'opposer
à l'amendement et, le cas échéant, si tant est que c'est
ainsi qu'il faut faire, demander le vote et m'assurer que cet amendement n'est
pas retenu pour une... Je ne rappellerai pas tous les arguments que j'ai
évoqués tout à l'heure. On ne parle plus du tout du
même genre de conseil. Ce n'est plus du tout la même chose, ni par
sa composition, ni par ses pouvoirs, ni par son mandat. C'est
complètement autre chose. Et puis, il y a plus. Le gouvernement va
assumer, par ce projet de loi, une batterie de responsabilités qui lui
reviennent, y compris la responsabilité de suspendre, le cas
échéant, le droit de grève. Il me paraît normal
qu'il assume aussi, par voie de conséquence, la responsabilité de
la nomination des membres du conseil, tout de même!
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je comprends que dans la mécanique du projet de
loi effectivement le conseil a un rôle qui est peut-être, à
certains égards, différent de celui de l'ancien, mais le point
fondamental - et l'argument du ministre, à mon avis, n'a pas
répondu à cet argument - c'est que ce qu'il va faire, ce conseil,
essentiellement, c'est émettre des avis sur la suffisance ou
l'insuffisance des ententes et des listes au regard d'une chose fondamentale
qui s'appelle les services essentiels pour la population. C'est ce qu'il va
faire. Or, ces ententes auront été conclues entre deux parties
qui seront la partie patronale, c'est-à-dire le gouvernement ou ses
partenaires, et la partie syndicale. Si j'ai bien lu le projet de loi du
ministre - d'ailleurs, je pense que dans une déclaration
antérieure, dans un échange antérieur, le ministre a
insisté pour dire qu'effectivement ce conseil aurait des pouvoirs
s'approchant de pouvoirs de décision dans la mesure où le rapport
va être rendu public, où cela aura un impact considérable,
où il peut reparler aux parties, etc. - l'objet de notre
préoccupation, le seul argument, à mon avis, qu'on peut et qu'on
doit invoquer dans de telles circonstances, c'est de nous assurer que le
conseil va avoir absolument toute la crédibilité
nécessaire pour juger et apprécier la valeur des ententes et
être crédible de part et d'autre. Le gouvernement, c'est dans la
nature des choses, va être partie à cela. Par exemple, pour
exprimer d'une autre façon cet argument, on ne l'a pas inventée.
M. Johnson, votre prédécesseur, disait pourquoi il introduisait
la notion d'un comité formé par le juge en chef du tribunal. Je
le cite: Donc, un comité qui a toutes les garanties possibles et
humaines, dans un contexte comme le nôtre, d'être neutre sinon
objectif. L'objectif de la proposition de ma collègue de L'Acadie,
l'argumentation, c'est justement ce qui est en jeu et je ne vois absolument
aucun inconvénient - je souligne des avantages - à ce qu'on
confie la nomination des membres, du président, au juge en chef du
Tribunal du travail. Si on veut inscrire la dynamique des deux parties, ce que
le ministre a dit, issues des milieux, on peut demander l'avis, par exemple, on
pourrait même l'ajouter - je n'en fais pas une suggestion formelle - mais
que ce soit sur l'avis du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
ou quelqu'un d'autre. Mais peu importe la mécanique que vous choisiriez,
la raison principale de notre argument, c'est de savoir que le gouvernement ne
doit pas, par le fait qu'il nomme les membres, qu'il en fixe les
rémunérations, etc., être entaché. Une partie
syndicale, par exemple... Il faut penser aussi que les décisions du
conseil vont arriver dans une situation conflictuelle où, de toute
évidence, les partenaires, malheureusement, disparaissent très
rapidement du décor et la dynamique - on l'a vécu drôlement
- ce sont les syndicats contre le gouvernement. À ce moment-là,
le conseil va dire: Votre liste n'est pas suffisante. Immédiatement, je
suis convaincu - ce n'est pas un reproche - c'est dans la nature des choses -
que très spontanément va arriver l'argument de dire -lorsqu'un
représentant quelconque aura le micro - au journaliste qui pourra
demander: Le conseil a dit que la liste que vous avez
faite est insuffisante, il va dire: Le conseil est une "patente" du
gouvernement. On veut éviter cela.
C'est le sens de l'amendement. Le ministre devrait y penser et voir s'il
n'y aurait pas lieu de réfléchir. Je ne vois, en pratique,
absolument aucun inconvénient non plus à ce que ce ne soit pas le
gouvernement. Si le ministre m'a donné un inconvénient majeur
à ce que le gouvernement se départisse de cette
responsabilité, je suis prêt à regarder la chose. Notre
préoccupation est dans le sens d'une valorisation de l'opinion que le
conseil va émettre sur des ententes qui seront négociées
avec une partie patronale, où le gouvernement est forcément
présent par ses partenaires directement et la partie syndicale. D'autant
plus, au bout du corridor qu'il ne faut pas oublier que le conseil rend son
rapport public. Donc, le conseil peut s'adresser aux deux parties. Il me semble
que c'est important qu'il soit neutre, on parle vraiment de deux parties.
D'autant plus que le conseil lui-même soumet son rapport au gouvernement
qui peut exercer ses pouvoirs de décret tel que la loi.
Donc, c'est un peu curieux. Le gouvernement va agir à
recommandation d'un organisme dont il va contrôler la nomination des
membres. Si le gouvernement va lui-même exercer, dans chacune des
situations et des rapports qui lui seront adressés par ce conseil, son
libre jugement et assumer les responsabilités qui lui paraîtront
en raison de plus de l'espèce, pour s'assurer que celui qui l'avisera
jouisse, autant en regard des parties que vis-à-vis de lui-même du
gouvernement, d'un statut d'indépendance.
Je pense que - en tout cas, j'en suis vraiment convaincu - il y a
là une argumentation très sérieuse. J'inviterais le
ministre à y porter toute l'attention qu'elle mérite. D'autant
plus qu'il n'a absolument pas été démontré par la
formule antérieure, au niveau de la loi no 59, que le juge en chef du
Tribunal du travail ne serait pas en mesure de remplir cette
responsabilité; je pense qu'il peut très bien le faire. C'est
l'argument que nous présentons au ministre et nous aimerions savoir si
le ministre conserve exactement la même opinion. Je trouve qu'il risque
d'entacher la crédibilité d'un des
mécanismes-charnières extrêmement importants dans
l'ensemble de la structure qu'il nous propose d'adopter pour assurer les
services essentiels à la population.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je dirai un dernier mot.
Certains de mes collègues voudront intervenir. Encore une fois - je
pense que je n'insisterai jamais assez - il s'agit d'un conseil permanent, non
pas temporaire, d'une nature bien différente du conseil qui existait en
vertu du code actuel; un conseil qui, en plus, implique une association dans le
processus de la participation des citoyens, qui dispose de pouvoirs plus larges
aussi, qui est un tiers intervenant, qui doit aider les parties et qui en plus
doit évaluer, faire rapport au ministre du Travail qui fait rapport, par
voie de conséquence, au gouvernement. C'est le ministre du Travail qui
formule les recommandations, si tant est que cela mène à une
suspension du droit de grève, le cas échéant. Le
gouvernement, en vertu de cette loi no 72, va assumer des
responsabilités beaucoup plus importantes que par le passé et
cela me paraît normal. Il me paraît aussi par voie de
conséquence - j'avoue qu'on y a pensé longuement, on a
examiné l'une et l'autre formule et bien d'autres en plus qui pourraient
être mises sur la table - il m'est apparu... encore une fois, il n'y a
jamais de formule absolument parfaite, à toute épreuve, je n'en
connais pas, mais il nous a semblé que c'était la formule la plus
cohérente dans le cadre de l'économie du présent projet de
loi.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai bien compris,
l'un des arguments du ministre, c'est qu'il s'agit d'un conseil sur le maintien
des services essentiels qui est très différent de celui qu'on
retrouvait dans le projet de loi no 59. Compte tenu du fait qu'il s'agit d'un
conseil permanent, dont le président, en tout cas est nommé pour
cinq ans et les membres, peut-être pour trois ans - il faudrait que je
revoie - ceci est exact, mais il faut peut-être rappeler au ministre
qu'il y a d'autres organismes permanents qui ont des mandats d'une durée
au moins aussi longue. Par exemple, si l'on pense à la Commission des
droits de la personne, c'est un organisme permanent et la nomination des
membres fait l'objet d'un vote des deux tiers de l'Assemblée nationale,
et il s'agit d'un organisme permanent. C'est justement pour donner à cet
organisme ce caractère d'objectivité et de neutralité dont
on parlait tout à l'heure. Alors, l'explication du ministre suivant
laquelle le caractère est permanent, pour moi, cela ne modifie pas
foncièrement la vocation du conseil. La vocation première et
fondamentale du conseil est toujours d'être l'instrument qui va permettre
que va assurer qu'en tout temps, le mieux possible, la population sera servie.
(20 h 45)
J'aimerais rappeler au ministre qu'un conseil - et je ne le dis pas
d'une façon, peut-être que le ministre n'y a pas
réfléchi -qui serait strictement une émanation du
Conseil des ministres, à mon point de vue, perdrait beaucoup de
sa crédibilité, peut-être à tort des fois - ce
moment-là, on sait fort bien - et j'ai eu l'occasion de le dire, je ne
sais pas si c'est lors d'un discours de deuxième lecture, mais en
d'autres occasions - dans des situations de conflit ou de grève dans le
secteur public, plus particulièrement dans le domaine de la santé
- dans le fond, si on parle de services essentiels, on en parle surtout en
regard des services de santé, même s'il y a d'autres domaines
-d'un côté comme de l'autre il y a un autre rapport de forces qui
joue et joue, celui-là, plus dans le même sens. Les travailleurs
doivent conserver dans l'opinion publique quand même une image de
respectabilité et de responsabilité et, de son côté,
le gouvernement - Dieu merci, je l'ai assez vécu avec l'ancien ministre
des Affaires sociales - doit rassurer la population dans le sens qu'il ne se
passe rien ou que tout est sous contrôle - ce serait plus juste de dire
cela - on n'a pas besoin de s'inquiéter. Les gens se souviendront
combien, jour après jour ou deux jours après deux jours, le
ministre des Affaires sociales se levait pour me dire: Tous les services
essentiels sont assurés, le rapport du conseil nous dit que les services
essentiels sont assurés. Pourtant, il a fallu qu'on obtienne les
rapports des experts - pas les derniers que nous avons eus au moment de la
commission parlementaire, mais ceux que j'avais eus, je pense, à
l'automne 1979, pour bien réaliser, quand on examinait les rapports des
experts de près, que les services essentiels en bien des endroits
étaient plus que déficients. Alors, je me dis que c'est dans
l'intérêt du gouvernement et c'est dans l'intérêt de
la population que cet organisme qu'il ait un mandat prolongé,
permanent ou temporaire, ça ne change pas sa tâche fondamentale -
ait aux yeux du public la plus grande crédibilité possible.
Ce que le public demande c'est au moins ce qu'on peut demander au
ministre qui tient à sa formule, elle est presque intouchable selon lui
- c'est la meilleure formule, l'économie de ce projet de loi, mais il
faut au moins assurer le public que ce conseil n'a pas d'attache politique avec
le gouvernement. À cet égard, ses avis doivent être l'objet
d'un respect de la part de la population et des parties qui pourront le
remettre en cause. Dans un cas, ça peut être la partie patronale
qui soit fautive; dans un autre cas, il peut s'agir de la partie syndicale.
M. le Président, je n'ajouterai rien, mais ça me semble
tellement évident l'importance... Écoutez, le ministre nous parle
toujours, il a une expression: Ça touche aux fibres humaines du tissu -
il a tout un vocabulaire autour de cela qui est très
sincère...
Une voix: Des hommes et des femmes.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'a pas parlé de cela. Enfin, je
pense que ce qu'il veut dire, c'est que c'est quelque chose qui nous tient
à coeur, c'est quelque chose de fondamental, ça incarne les
valeurs de notre société, les valeurs fondamentales de notre
société, le respect qu'on a de l'intégrité des
personnes. Je pourrais, moi aussi, en faire un grand discours, mais je pense
qu'on tient le même discours là-dessus. Je pense qu'il a toujours
voulu indiquer que c'était aussi important que cela. Si c'est vraiment
aussi important que cela dans son esprit, il devient impératif que ce
conseil qui justement, va permettre l'application de tous ces principes dont
nous venons de parler, d'un côté et de l'autre de la Chambre, soit
à l'abri de toute critique partisane, surtout qu'il remplisse sans
aucune attache, d'une façon absolument indépendante la fonction
extrêmement importante qui va lui incomber.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Est-ce que cette
motion d'amendement est adoptée?
M. Marois: Non, M. le Président. Je voudrais tout de
même ajouter une chose. J'avoue que l'argumentation m'étonne un
peu. Encore une fois, on a pensé à ces diverses formules, mais
l'argumentation m'étonne un peu. D'une part, à certains moments
depuis le début de nos travaux, des débats sur cette
question-là, on me dit: II faut dissocier cela d'un état de
négociation. Il faut bien démarquer cela d'une situation de
relations du travail, de conflits, de négociations. C'est un argument
qui a été souvent évoqué et mentionné par
des membres de l'Opposition dans les diverses interventions.
À l'opposé maintenant, quand il s'agit du conseil, on me
dit: II faut que ce soit le Tribunal du travail. Ce sera crédible, et le
reste et le reste. Ce sera un tiers qui va venir, qui va se charger de
cela.
Mme Lavoie-Roux: On va trouver un autre tribunal.
M. Marois: Non, justement, il ne peut pas y avoir deux poids deux
mesures. Il n'y a pas un argument qui porte quand cela fait l'affaire et qui ne
porte plus quand cela ne fait pas l'affaire. Le Tribunal du travail a une
vocation, une mission bien particulière qui est bien décrite dans
le Code du travail. Le présent projet introduisant entre autres -je
pourrais ajouter d'autres éléments - la participation d'un
représentant du public, sa mission étant marquée au coin
de contribuer de façon substantielle à faire en sorte que se
traduise dans les faits l'objectif visé par la présente loi, le
gouvernement y assumant encore une fois des responsabilités
extrêmement importantes, c'est lui, au bout de la ligne, qui va
être jugé là-dessus. Il va les assumer pleinement, ses
responsabilités. On me dit que c'est délicat parce que c'est
important - là-dessus, je suis parfaitement d'accord - la
personnalité des gens qui vont être nommés, leur
compétence, en d'autres termes, la crédibilité de
l'équipe d'hommes et de femmes qui vont composer le conseil
éventuellement. C'est extrêmement important. C'est vrai, je suis
parfaitement d'accord. Quelle que soit la piste, la voie, le moyen qu'on
choisit pour la nomination, indépendamment de la voie et des moyens, il
est évident qu'un des éléments clefs, c'est la
personnalité, la compétence, la crédibilité des
gens qui vont être nommés. Ce n'est certainement pas
l'intérêt du gouvernement de commencer à zigonner avec cela
parce que le premier qui va écoper, c'est lui. Celui qui va
écoper au premier chef, c'est celui qui va être le ministre du
Travail, qui va faire les recommandations après les consultations, parce
qu'il ne faut pas perdre de vue que le projet de loi, sans en faire un absolu,
prévoit qu'il doit y avoir un certain nombre de consultations, notamment
mais non exclusivement, et avec des groupes précis. On sait bien ce que
cela signifie, le moindrement que se met en marche un processus de
consultation. Cela signifie que forcément, un jour ou l'autre, surtout
depuis maintenant un certain nombre d'années, les tables et les bureaux
ministériels sont remplis de trous... Tout sort, tout fuit, tout se
sait. Tant mieux! En d'autres termes, au bout de la ligne, ce n'est pas pour
les parties patronales et syndicales d'abord que ces personnes sont
nommées, mais au premier chef pour les citoyens.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je prétends.
M. Marois: Bien sûr. Au bout de la ligne, celui qui va
écoper, parce qu'il assume la responsabilité et qu'il est mieux
de se surveiller... mais, il a cette responsabilité, il l'assume, et il
va la porter et il sera jugé sur ce qu'il fera.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, si vous maintenez cette chose,
à mon avis - je pense que c!est ce que disait la députée
de L'Acadie au fond - à tort ou à raison, les avis qui vont
être donnés par votre conseil risquent d'être perçus
de la façon suivante: le gouvernement va se donner un avis à
lui-même. C'est ce qui va arriver au bout de la ligne. Ce n'est pas un
conseil qui est en l'air. Il va être permanent, d'accord. Au moment
où il va vous émettre des avis sur la suffisance de la liste
c'est un climat d'affrontement nécessaire. Donc, raison de plus pour
articuler cela. Autrement, entre vous et moi, vous n'auriez même pas
besoin de conseil. Vous pourriez constituer un réseau quelconque
d'information sur la situation et envoyer des fonctionnaires pour faciliter les
ententes; vous les nommeriez, vous prendriez, par exemple, une équipe
mobile dans le réseau du ministère des Affaires sociales qui
pourrait arriver, rencontrer les gens, faciliter les ententes, émettre
cinquante dollars. Si vous créez une chose gouvernementale qui va donner
un avis au gouvernement; or, la dynamique et celle-là même on ne
l'a pas inventée, c'est dans la loi de M. Johnson en 1978. M. Johnson a
mis le juge en chef du Tribunal du travail. Le ministre me dit: "Le juge en
chef a des fonctions très précises." C'était lui en 1978,
c'est le gouvernement. Si vous maintenez -je vous le dis et je vous
répète le point essentiel - le conseil malgré tout le
processus de consultation nommé et désigné par le
gouvernement au moment où le conseil va dire que telle entente ou telle
liste est insuffisante, l'une ou l'autre des parties dont le conseil jugera
d'une façon négative l'action au niveau des ententes et des
listes, va automatiquement dire: "Cela, c'est bien regrettable c'est le
gouvernement" et, entre autre, la partie syndicale nécessairement parce
qu'elle est en lutte, à ce moment, contre le gouvernement dans le cadre
de la négociation, elle va dire: "L'avis est largement
exagéré, ces gens sont des gens du gouvernement."
Je pense que c'est dans le sens de la démarche de votre
prédécesseur M. Johnson lorsqu'il a inscrit dans la loi -
d'ailleurs j'en ai cité un extrait où il était
stipulé que c'était pour garantir la neutralité et
l'objectivité du conseil de l'époque. Il a passé au juge
en chef du tribunal. Quelles que soient les fonctions statutaires qu'il exerce,
il lui a donné ce pouvoir de nommer cela. Je me dis que c'est
extrêmement important que le conseil qui avise le gouvernement ne
prête flanc à aucune critique sur le plan de sa neutralité
et de son objectivité et que, surtout, il n'apparaisse pas au niveau
même de sa création et de sa constitution comme étant une
émanation du gouvernement qui, ultimement, crée un conseil
objectif et neutre pour lui donner des avis pour pouvoir exercer son jugement
de la manière la plus respectueuse des responsabilités qu'il a
vis-à-vis les bénéficiaires.
J'ai écouté les arguments que vous avez donnés. Je
ne pense pas que vos arguments aient disposé de la question centrale,
non seulement de la neutralité - il va y avoir des bonnes personnes dans
cela, je n'en doute pas - mais du fait que ce conseil va non seulement
être neutre, mais qu'il va apparaître, aux yeux de tous les
interlocuteurs, effectivement neutre et objectif. À ce moment, si
vous acceptiez notre suggestion, je suis convaincu que vous valoriseriez
à l'avance, vous donneriez des assurances de la
crédibilité des avis que le conseil donnerait au gouvernement et
de la démarche aussi parce qu'il ne faut pas l'oublier là, que le
conseil proprio motu dans la loi doit faire en retournant vers les parties en
leur disant: "Voici votre liste ou votre entente, elle n'est pas suffisante;
voulez-vous la corriger, etc"? Parce que le conseil va dans les deux sens. S'il
va dans les deux sens, c'est vraiment la charnière de la loi au niveau
des institutions et du mécanisme qui y est introduite. Il me semble que
le gouvernement est au bout. Il y a les institutions; le gouvernement est
présent au niveau des institutions par ses partenaires, il y a la partie
syndicale et il y a un conseil entre les deux qui va à l'un ou l'autre
selon les circonstances et qui doit être crédible et qui ne doit
pas être une émanation du gouvernement. Il me semble que cela
risque de nuire considérablement à l'action du conseil vers les
parties ou à l'action du conseil vers le gouvernement. C'est cela
l'argument central. Il me semble que vos arguments ne disposent pas de cette
crainte, plus que crainte, de cette réalité qui risque de
survenir au niveau de la crédibilité des avis émis par le
conseil. (21 heures)
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très court M. le
Président. Je veux simplement citer un autre extrait du journal des
Débats, à l'occasion de la discussion en commission parlementaire
sur la loi no 59 et dans laquelle le ministre Johnson disait:
L'objectivité a préoccupé bien des philosophes depuis
quelques centaines d'années. Mais, en tous cas, je vois cet organisme
comme n'ayant pas a priori de motivation de partialité. C'est cela qu'on
recherche dans cet organisme. On veut faire en sorte qu'il soit composé
de gens nommés par l'extérieur et non pas par le gouvernement,
par le juge en chef du Tribunal du travail après consultation de
différents organismes. On veut, enfin, lui donner également le
mandat, etc.
Mais, enfin, c'est un peu dans le même sens que l'autre extrait
que mon collègue de Jean-Talon a lu, mais je pense que l'ancien ministre
avait saisi cette dimension extrêmement importante de la
nécessité d'une totale impartialité ou d'une perception de
totale impartialité de ce comité-là.
M. Marois: Bien sûr, bien sûr, et mon collègue
avait raison dans le cadre et dans le contexte de la loi no 59, c'est tout
à fait exact. On ne parle pas du tout du même cadre, on ne parle
pas du tout du même contexte et de toute manière, au bout de la
ligne, tout le monde admettra une chose: qui que ce soit qu'il va nommer, une
des clés du conseil tient à la personnalité, pas
uniquement à une crédibilité à cause de la source
de nomination, mais à la crédibilité tenant aux personnes
elles-mêmes qui seront choisies pour constituer le conseil. Cela me
paraît extrêmement important.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre là-dessus, que la personnalité, la compétence et
la crédibilité morale, si je peux dire, des personnes qui sont
nommées ont aussi une importance. Il n'y a aucun doute dans notre esprit
là-dessus, mais c'est simplement, enfin, un autre aspect de la question.
J'aimerais que le ministre, quand même, nous précise vraiment ce
qu'il y a de différent, de si fondamentalement différent, dans le
rôle du conseil prévu dans la loi no 72 par rapport au rôle
qu'il exerçait dans la loi no 59. Je sais qu'il est permanent, mais
l'objectif demeure quand même le même, sauf qu'il va contribuer
à réviser les listes, les ententes et cela, c'est une raison
supplémentaire justement pour que les syndicats également le
perçoivent comme une personne neutre, une personne morale neutre, si on
veut. À part cela, après, c'est de conseiller le gouvernement,
etc. Je ne vois vraiment pas là, sauf le caractère temporaire ou
permanent, plus un mandat élargi en fonction de l'établissement
des listes... Il voyait déjà à la révision des
listes, de toute façon, le conseil sur le maintien des services
essentiels, il examinait déjà cela dans le projet de loi no
59.
Le Président (M. Rochefort): Alors, est-ce que cette
motion d'amendement est adoptée?
M. Rîvest: Non, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Un vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Un vote nominal. Alors,
j'appelle donc les votes sur la motion d'amendement à l'alinéa
0.3 qui se lirait comme suit: Que le paragraphe 111.0.3 de l'article soit
modifié en remplaçant à la première et à la
deuxième lignes, les termes "le gouvernement, sur proposition du
ministre" par les mots "le juge en chef du Tribunal du travail".
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), Mme
Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Rochefort): Pour. M.
Dean (Prévost)?
M. Dean: Contre.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier). Mme Harel (Maisonneuve). M. Lavigne
(Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Marois
(Marie-Victorin)?
M. Marois: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Rivest (Jean-Talon)?
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Sirros (Laurier) n'est pas
ici. Or, donc, la motion est rejetée: quatre contre, deux pour. Nous
revenons donc au texte du projet de loi.
M. Rivest: M. le Président, en vue de... Nous sommes
toujours à 111.0.3?
Le Président (M. Rochefort): Oui, c'est cela.
M. Rivest: M. le Président, dans la même veine, je
préviens tout de suite le ministre qu'au niveau du rapport nous aurons
à revenir sur cet aspect que nous considérons comme
extrêmement important.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, je me demande pourquoi on se
soucie tellement du bien-être du gouvernement; vraiment, c'est le
bien-être de la population.
M. Rivest: C'est parce que, malheureusement, ce
gouvernement-là est encore le gardien de l'intérêt
public.
Mme Lavoie-Roux: Ah! c'est ça!
M. Rivest: C'est une conversation entre nous, M. le ministre.
M. le Président, dans la même veine, je voudrais faire un
pas additionnel - cela a d'ailleurs été évoqué par
ma collègue au passage - pour dire ceci. À tout le moins, dans la
mesure où l'Assemblée nationale a eu à intervenir dans le
passé pour protéger la santé et la sécurité
publique, qui est l'objet de nos préoccupations à
l'intérieur de ce projet de loi, je voudrais proposer un autre
amendement qui serait le suivant: "Que le paragraphe - on me permettra quelques
explications par la suite - 111.0.3 de l'article 6 soit modifié,
premièrement, en ajoutant, après le mot "conseil" les mots
"à l'exception du président" et, deuxièmement, en ajoutant
l'alinéa suivant: "Le président du conseil est nommé sur
proposition du premier ministre par un vote des deux tiers de
l'Assemblée nationale." Est-ce que c'est recevable?
Le Président (M. Rochefort): Pourriez-vous me fournir le
texte de votre amendement?
M. Rivest: Voilà.
Le Président (M. Rochefort): Oui, votre proposition est
recevable. Vous avez la parole.
M. Rivest: M. le Président, la proposition est très
simple, c'est justement pour essayer de mettre le plus de distance possible en
regard du mandat que le conseil se voit octroyer dans la loi, afin
d'éviter -aux yeux des parties à la négociation et,
particulièrement, aux yeux des représentants des travailleurs -
que les avis du conseil sur la suffisance ou l'insuffisance des ententes ou des
listes soient perçus comme une émanation du gouvernement qui,
à cause du vote précédent, contrôlerait la
nomination des membres du conseil.
Comme amendement second, nous croyons qu'en recourant à
l'Assemblée nationale en ce qui a trait à la nomination du
président, on peut au moins essayer de mettre de la distance entre
l'institution du conseil et le gouvernement. Je pense bien que, sur cette base,
le ministre pourra difficilement trouver des arguments absolument convaincants
pour s'éloigner de cela, d'autant plus qu'en raison même de la
nature des avis du conseil qui concernent la santé et la
sécurité publique, l'Assemblée nationale peut être
un instrument pour donner au président son autorité,
premièrement, parce que le président, qui va faire rapport au
gouvernement, va également faire rapport au public, car son rapport sera
rendu public et le gouvernement devra prendre une décision par la
suite.
Nous ne dérogeons pas à cette pratique; je pense que nous
nous inscrivons dans une tradition qui existe chez nous lorsqu'on demande
à des hauts fonctionnaires d'émettre des avis sur des situations.
Effectivement, dans tout autre domaine, mais qui peut être aussi
important que celui dont nous traitons, cette procédure existe. Je
pense, par exemple, aux vérificateurs du gouvernement; je pense, par
exemple, aux gens des élections; je pense, par exemple - et c'est d'une
façon très analogue - à la façon dont sont
nommés les membres de la Commission des droits de la personne, qui sont
nommés
directement par l'Assemblée nationale justement pour avoir une
espèce d'autorité morale.
J'aurais presque aimé qu'on nomme -peut-être qu'on ira plus
loin, si le ministre agrée à cette proposition - peut-être
tous les membres, sur proposition du premier ministre, par un vote des deux
tiers de l'Assemblée nationale. Cela pourrait d'ailleurs être une
bonne suggestion, mais commençons par voir la réaction du
ministre à cette seule proposition formelle pour l'instant de nommer le
président du conseil sur proposition du premier ministre - on
reconnaît donc le droit d'initiative au gouvernement - qu'il soit
nommé par les deux tiers de l'Assemblée nationale. L'analogie la
plus proche, je la rappelle au ministre, c'est celle de la Commission des
droits de la personne dont non seulement le président, mais tous les
membres sont nommés par l'Assemblée nationale parce que
probablement qu'on a considéré que le mandat de cette commission
traitait de choses à ce point fondamentales, les droits et
libertés de la personne... On est dans un domaine qui est
drôlement proche, parce qu'il s'agit des droits de la population à
la santé et à la sécurité, tels qu'ils sont
exprimés par le projet de loi. Je ne pense pas non plus, M. le ministre,
qu'il y ait quelque inconvénient que ce soit à ce que le
président soit nommé selon la proposition que nous formulons.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je vais très rapidement
expliquer pourquoi je vais intervenir contre la motion d'amendement, pour un
certain nombre de raisons...
Mme Lavoie-Roux: On va bien écouter.
M. Marois: Oui, vous pouvez prendre note, vous pourrez le
relever, ce sera écrit. Vous utiliserez abondamment la transcription.
J'avoue qu'on y a pensé.
Une voix: ... affaires.
M. Marois: II arrive qu'il n'y a pas de département de
miracles là-dedans. C'est une des choses qui ont été
effectivement envisagées et, en fin de compte, nous sommes aujourd'hui -
l'Opposition nous l'a assez servi depuis quelques jours qu'elle doit tout de
même avoir une certaine logique, une certaine cohérence - le 10
juin, M. le Président...
M. Rivest: Cela veut dire que vous n'avez aucune idée des
gens que vous allez nommer là, c'est tragique.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marois: ... les travaux de cette Assemblée, de par le
règlement, seront ajournés ou prorogés, peu importe, d'ici
quelques jours et les mêmes personnes qui nous disent que cela a trop
retardé, que c'est venu trop tard, seraient prêtes à courir
le risque, compte tenu de l'importance de ce choix... Ce n'est pas un choix qu
se fait en deux jours, ce n'est pas vrai. Bien sûr, il peut y avoir eu
des consultations préliminaires, mais je pense bien que tout le monde
comprend et conviendra rapidement que les gens ne s'engagent pas dans une
fonction comme celle-là sans connaître la nature définitive
d'un projet qui, dans l'état où il est ou une fois amendé,
deviendra loi. Cela me paraît un élément qui n'est pas un
détail, un élément pratique. Alors, l'Opposition serait
prête à courir le risque, toujours sous le biais de l'importance
de la crédibilité, etc., qu'on se retrouve devant une
Assemblée nationale qui ne siège pas, alors qu'il faut
procéder... On a dit: Vous êtes déjà tellement en
retard, vous avez pris tellement de temps, comment se fait-il que vous n'ayez
pas abouti plus vite, etc. L'Opposition serait prête à courir le
risque de faire en sorte qu'il y ait un vide complet pendant une période
X de temps. M. le Président, je ne peux pas retenir cela.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
M. Rivest: M. le Président, je trouve et je le dis, comme
dirait le ministre, comme je le pense, tout à fait incroyable et
impensable qu'actuellement le gouvernement n'ait même pas une idée
des personnes qui vont effectivement composer...
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon...
M. Rivest: ... le conseil, parce que, s'il en a une, il a juste
à la proposer.
M. Marois: M. le Président, le député de
Jean-Talon me fait dire des choses - on l'aura bien noté et on le
relèvera précisément dans la transcription de nos
débats - que je n'ai absolument pas dites. (21 h 15)
M. Rivest: Parce que, M. le Président, justement, vous
avez réduit le délai de 180 jours à 90 jours pour faire en
sorte... Imaginez-vous dans quelle histoire on s'embarque. Il va falloir que,
d'ici le 30 septembre, à toutes fins utiles - on est en juin, juillet,
août, c'est la période d'été -tous les
établissements du réseau des affaires sociales aient conclu une
entente, enfin que tout le mécanisme, la dynamique, tous les
contacts personnels entre les membres de ce conseil s'établissent
au niveau des institutions. On est à la fin de juin. D'après la
réponse du ministre - si je fais erreur, il me corrigera...
Mme Lavoie-Roux: 180 jours.
M. Rivest: ... il me semble que le ministre, que le premier
ministre, que le gouvernement, dans trois ou quatre jours, quand ce projet de
loi pourrait être adopté, pourrait - cela prend 15 minutes -
appeller le chef de l'Opposition au sujet de ces nominations. Il n'y a personne
qui va critiquer quoi que ce soit. C'est sûr qu'il a en vue et qu'il a en
tête, j'imagine, une personne responsable et facilement acceptable. Cette
consultation prend quelques heures, on peut voter cela à
l'Assemblée nationale. Cela n'a jamais causé de problèmes
à ma connaissance pour les membres de la Commission des droits et
libertés de la personne. La réponse du ministre m'inquiète
drôlement, parce que tout le monde l'a dit, la relative
inefficacité du conseil Picard a été justement due aux
délais de la constitution de ce conseil par rapport aux actions qu'il
devait entreprendre et qui étaient beaucoup plus rapprochées,
puisqu'il y avait des conventions collectives au moment où le conseil a
été formé, a été constitué, qui
étaient expirées, etc.
Je rappelerai au ministre - là-dessus, le ministre devrait
être attentif et comprendre l'inquiétude que nous manifestons -
que, la dernière fois, alors que les délais d'implantation et de
constitution du conseil ont été tellement courts - d'ailleurs, je
pense que M. Picard, dans son rapport, le mentionnait - le projet de loi a
été sanctionné le 23 juin 1978 et que les personnes
prévues ont été nommées - il n'y avait rien de
compliqué, d'autant plus que c'était beaucoup plus
expéditif que ce que nous proposons, d'après la version du
ministre, parce que c'était le Tribunal du travail - le 17 janvier 1979.
Juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre,
janvier, sept mois pour constituer le conseil après la sanction de la
loi, pour établir des liens personnels, comme le disait le ministre.
Je crois effectivement que c'est très important que les membres
du conseil, que les experts et les personnes que le conseil va engager pour
travailler sur le terrain établissent des liens personnels avec les
établissements et que le ministre nous indique - au fond, il ne
répond pas au mérite de notre proposition, l'argument du ministre
est purement à côté, il est incident, on n'a pas le temps,
parce que c'est la fin de la session, c'est cela l'argument du ministre
-qu'actuellement le ministre ou le premier ministre n'a pas approché
d'une façon sérieuse des personnes pour être membres de cet
organisme. Cela m'inquiète grandement quant à ce qui va se passer
dans les prochaines semaines et au cours de l'été et au travail
qui va devoir être fait par le conseil qui est censé animer tout
cela, aller voir les gens, favoriser les ententes, pour que les
établissements arrivent à une entente le 30 septembre 1982 - nous
sommes dans une période d'été où les
administrateurs prennent leurs vacances, les représentants des
syndicats, pas juste les établissements de santé, parce qu'il y a
tout le reste. La CTCUM, à l'article 27, si vous êtes dans cette
situation, comment allez-vous pouvoir y faire face avec votre conseil? Oubliez
ce conflit et essayez de vous débrouiller avec les ressources de votre
ministère, mais ne pensez pas avoir l'instrument de cette loi pour
passer à travers la présente négociation à la
CTCUM. Vous n'en aurez manifestement pas le temps. L'article 27, dans ce sens,
essaie de rattraper le temps d'une façon très légitime,
mais cet objectif n'a purement rien à voir avec cela. Si c'est le type
d'argumentation, d'approche et de situation où vous vous trouvez, vous
m'inquiétez. Je demande que vous nous rassuriez. Si vous êtes en
mesure de nous rassurer là-dessus, je pense que vous devez à ce
moment examiner au mérite la proposition que nous vous faisons, parce
que le mérite de notre proposition, c'est de donner de la
crédibilité au conseil. On ne peut pas passer à
côté de cela, parce que c'est un point fondamental dans votre
loi.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, il y a une chose que je
voudrais dire. Je ne reviendrai pas sur l'argumentation de fond. En ce qui
concerne l'article 27, pour ne prendre justement aucun risque, j'annonce tout
de suite que je présenterai au moment opportun, lorsqu'on y arrivera, un
amendement qui se lira comme suit: "Si, lors de l'entrée en vigueur du
présent article, le Conseil des services essentiels n'est pas
constitué, le ministre nomme une personne pour exercer quant aux parties
visées les pouvoirs et les fonctions dévolus au conseil en vertu
des articles 111.0.18 à 111.0.21 et 111.0.23 jusqu'à ce que
celui-ci soit constitué." On va l'insérer après le
troisième alinéa de l'article 27.
M. Rivest: Pourquoi ne faites-vous pas cela partout de la
même façon? Pourquoi y a-t-il un conseil, si c'est un moyen
efficace?
M. Marois: Non. Je ne peux pas acheter l'argumentation du
député, vraiment.
M. Rivest: Non, mais je fais des
remarques qui démontrent...
M. Marois: C'est pour répondre à une partie des
inquiétudes viscérales du député de Jean-Talon.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne reviendrai pas sur
l'argumentation que j'ai faite tout à l'heure quant à la
crédibilité du conseil. Évidemment, je trouvais que la
nomination du président par un vote des deux tiers de l'Assemblée
nationale assurait cette crédibilité. Je pense que la personne
qui assume une fonction qui a été approuvée par les deux
tiers de l'Assemblée nationale, c'est une personne qui reçoit
l'assentiment général de l'Assemblée nationale, parce
qu'il n'y a pas de dissidence sur ces questions, c'est un minimum de personnes
qui doivent être présentes. Comme ce sont tous les membres,
à toutes fins utiles, de l'Assemblée nationale qui,
officiellement, approuvent cette nomination, je pense que, dans un domaine
comme celui que nous touchons, cela donne à cette personne un pouvoir
moral supplémentaire, une autorité morale supplémentaire,
d'autant plus que les membres de l'Assemblée nationale des deux
côtés de la table représentent l'ensemble des citoyens. Ce
sont ceux que les citoyens se sont donnés. Ce sont des gens que les
citoyens ont élus pour défendre leurs intérêts,
défendre leur point de vue, etc. Cela ajoute une autorité morale
considérable.
Je pense qu'en ce sens, c'est peut-être encore une meilleure
formule, du point de vue de la représentation, que la nomination par le
juge en chef du Tribunal du travail. Je regrette que le ministre la rejette.
J'attendais ses explications et je pensais qu'il nous en donnerait beaucoup,
parce que j'avais un peu badiné en disant que je les prendrais en note,
mais la seule explication qu'il nous a donnée jusqu'ici est le manque de
temps. Il nous dit d'ailleurs: On avait un peu joué avec cette
idée ou envisagé cette hypothèse, mais, au moment
où vous avez envisagé cette hypothèse, je me demande quel
est l'argument qui vous l'a fait rejeter, parce que vous n'étiez pas
rendu au 10 juin, mais vous étiez probablement, j'espère, au mois
de mai au moins. L'avez-vous rejetée sur cette seule base, le manque de
temps, parce qu'à ce moment-là, vous auriez eu le temps de
trouver un président? Cela vous donnait un bon mois, si cela avait
vraiment été l'hypothèse que vous vouliez retenir comme
étant la formule qui était la plus satisfaisante possible.
M. le Président, je regrette que le gouvernement rejette cet
amendement qui est fait dans l'intérêt de tous, des deux parties
et de la population. Il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même, je
pense, si, au moment d'un conflit, la crédibilité du conseil est
mise en question, si sa neutralité est mise en question, comme je le
disais tout à l'heure, à tort ou à raison, par les
différentes parties. Tout ce débat qui surgit même dans les
meilleures conditions possible, parce que, dans ces situations de conflit, les
uns soupçonnent les autres, etc., et la population doit, en quelque
sorte, arbitrer de loin les opinions qui sont données, je le dis
très sincèrement, M. le Président, je pense que c'est un
effort véritable pour aider le gouvernement - c'est peut-être une
bonne motivation - mais c'est vraiment d'assurer qu'on permette au conseil de
fonctionner dans les meilleures conditions possible.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Est-ce que cette
motion d'amendement est adoptée?
M. Marois: Non.
M. Rivest: Vous n'avez rien d'autre à ajouter
là-dessus. Est-ce que le ministre...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon, à moins d'un consentement, vos 20 minutes sur cette
proposition sont expirées.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas pris 20 minutes, vous savez.
J'aurais pu le faire.
Le Président (M. Rochefort): Oui, mais j'ai simplement
signalé que cela prenait un consentement. Est-ce qu'il y a un
consentement pour laisser intervenir le député de Jean-Talon?
M. Rivest: J'ai juste une remarque.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Sur cette question, compte tenu de l'argumentation qui
a été donnée de part et d'autre, est-ce que le ministre
accepterait de consulter ses collègues du Conseil des ministres,
brièvement, pour voir s'il n'y aurait pas possibilité de
répondre affirmativement aux propositions que nous avons
formulées sur la...
M. Marois: C'est déjà fait, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Alors, cette motion est-elle
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Un vote nominal. J'appelle
donc le vote sur la motion
d'amendement à l'article 6 qui se lit comme suit: Que le
paragraphe 111.0.3 de l'article 6 soit modifié: premièrement, en
ajoutant après le mot "conseil", les mots "à l'exception du
président"; deuxièmement, en ajoutant l'alinéa suivant:
"Le président du conseil est nommé sur proposition du premier
ministre par un vote des deux tiers de l'Assemblée nationale."
J'appelle donc le vote. M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Dean (Prévost).
M. Dean: Contre.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), Mme Harel (Maisonneuve), M. Lavigne
(Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Marois
(Marie-Victorin).
M. Marois: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Perron (Duplessis).
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Sirros (Laurier).
La motion d'amendement est donc rejetée: quatre contre, deux
pour.
Nous revenons donc à l'article du projet de loi 111.0.3.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais une question sur
l'article 111.0.2; si vous vous souvenez, on l'a laissé de
côté.
Le Président (M. Rochefort): Oui, si vous me le permettez,
on va disposer de l'article 111.0.3 complètement...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pensais qu'il était
adopté.
Le Président (M. Rochefort): Alors, est-ce que l'article
111.0.3 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): Sur division. Alors, Mme la
députée de L'Acadie, sur l'article 111.0.2, vous aviez une
question.
Mme Lavoie-Roux: C'est simplement une question technique au
ministre. Peut-il me dire pourquoi on opte pour huit membres au lieu de neuf?
Est-ce qu'à ce moment-là vous n'obligez pas le président
à intervenir très souvent pour utiliser une voix
prépondérante?
M. Marois: Pas nécessairement. Bien malin qui pourra dire
ou qui pourrait dire à l'avance dans combien de cas cela pourrait se
présenter.
Encore une fois, je pense que cela tient fondamentalement aux personnes
qui seront au conseil. Il s'agissait de bâtir quelque chose qui soit
équilibré avec cette idée de deux, deux, accrochée
au concept de "issu de", en y ajoutant trois personnes chargées de
représenter le public, un président auquel on accorde en plus un
vote prépondérant, ce qui lui donne carrément et
clairement l'autorité requise au conseil. Neuf personnes,
peut-être que cela aurait donné, à première vue, un
espèce d'apparence que les votes auraient été
automatiquement majoritaires. Ce n'est pas l'économie du projet et en
plus on partait d'un conseil qui était composé de sept personnes.
On ne pensait pas qu'il était pertinent d'augmenter le nombre, de le
porter à neuf, on s'est arrêté à huit pour les
raisons que je viens de mentionner, avec forcément un vote
prépondérant pour y accrocher une autorité très
nette et très claire.
Le Président (M. Rochefort): L'article 111.0.2 est-il
adopté?
M. Marois: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
L'article 111.0.4. (21 h 30)
M. Rivest: M. le ministre. Sur l'article 111.0.4, ma
collègue aura sans doute d'autres remarques, mais il y en a une qui
m'inquiète beaucoup et qui m'apparaît évidente, c'est que
dans l'ancien conseil, tous les gens étaient nommés par le
président du Tribunal du travail, ce qui m'apparaissait une excellente
chose. Après consultation de la Commission des droits de la personne,
l'Association des médecins-dentistes évidemment, parce que
c'était limité aux services de la santé et aux services
sociaux. Mais il y a une chose que vous introduisez dans l'article 111.0.4,
toujours dans la perspective de donner le maximum de crédibilité
au conseil. Alors, il y a trois membres qui sont nommés et qui vont
représenter les bénéficiaires ou, enfin, qui sont
nommés après consultation de la
Commission des droits de la personne, du Comité de la protection
de la jeunesse, d'autres personnes et d'autres organismes, c'est au paragraphe
c; pas de problème là-dessus. Mais le problème sur lequel
j'attire votre attention, c'est qu'il va y avoir deux personnes qui vont
provenir d'une consultation avec les associations accréditées et
deux personnes qui vont provenir de consultation avec la partie patronale, mais
les deux qui vont provenir d'une consultation avec les associations
accréditées n'auront pas été agréées
par les consultations qui seront menées par la partie patronale et vice
versa. Tandis que dans l'autre formule, toutes les personnes avaient
été agréées par les organismes qui avaient
été consultés, si bien que - comprenez-vous ce que je veux
indiquer? - par rapport à la formule de l'ancien conseil avec
celui-là, je crains que vous institutionnalisiez, justement ce que nous
essayons d'éviter.
Je pense que vous souhaitez vous-même éviter cet
écueil, c'est-à-dire que, issues ou représentantes, les
deux personnes qui vont provenir du milieu ou enfin, après consultation
du milieu syndical, vont être des personnes syndicales. Enfin, je dis
cela avec toutes les réserves qui s'imposent, j'en conviens, tandis que
les deux personnes patronales, les patrons et les syndicats, n'auront pas
donné leur accord sur la personne de l'autre camp.
Je crains que vous institutionnalisiez des camps à
l'intérieur même du conseil. Alors que l'autre formule de
désigner les membres du conseil dans la loi de 1978, toutes les
personnes, qu'elles soient issues du milieu syndical ou du milieu patronal,
avaient été agréées par les organismes et, en
réalité d'ailleurs, quand on voit les personnes nommées
sur ce conseil, je pense que tout le monde a reconnu leur excellence et leur
probité et vous évitiez, dans l'ancienne formule, la polarisation
qui risque d'exister au conseil et qui a été soulignée par
plusieurs commentateurs où on a eu l'impression que la nouvelle formule
du conseil était une formule pour transposer au niveau du conseil la
dynamique de la négociation qui va exister sur le terrain.
M. Marois: Oui, je comprends parfaitement bien l'argumentation du
député de Jean-Talon. Agréer, par l'ensemble, des blocs,
que ce soient ceux ou celles qui seraient nommés issus de tel coin ou
issus de tel autre coin. C'est effectivement, si ma mémoire est bonne,
la façon dont cela s'est passé en théorie, la
dernière fois, pour la composition d'un conseil d'un type quand
même différent, mais peu importe. Nous avons voulu marquer, dans
un premier temps, qu'il ne s'agissait pas de gens qui seraient
représentants de... Cela, je pense que c'est une première chose
importante à noter. La deuxième chose: dans les
témoignages, les études et les commentaires qui ont
été lus, entendus sur le fonctionnement de l'ancien conseil,
malgré cette prétention théorique quant à la
formulation dans la loi, il est ressorti que dans le fonctionnement du conseil,
on a souvent évoqué la lenteur. On a dit: C'est un
mécanisme lent. Vous vous souviendrez de cela. Et on a souvent dit: Cela
va être la même chose. Dans ce cas, cela va donc être lent
comme fonctionnement et, constamment, on parlait des expertises, de la
nécessité de bouger vite. Quand il y a une plainte, il ne faut
pas que ça traîne, il faut qu'il y ait une expertise et que
ça se fasse vite; il faut qu'une décision soit prise, qu'un
rapport soit fait et que ça sorte.
Or, justement, le fait que les gens aient été
agréés théoriquement par tout le monde n'a pas
empêché que dans le fonctionnement d'un conseil, qui était
quand même d'un type différent puisqu'il n'y avait pas de
représentants du public, il s'est avéré dans les faits que
les lenteurs ou les longueurs ne tenaient pas tellement, et même pas du
tout, au laps de temps que ça prenait pour donner suite à une
plainte, procéder à l'expertise, aller sur les lieux,
vérifier, faire un rapport. Lorsque le rapport était rendu au
conseil, malgré une composition qui aurait été faite et
agréée par les uns et les autres, comme l'évoquait le
député de Jean-Talon, il s'est avéré que dans la
pratique les rapports ont donné lieu à des discussions à
n'en plus finir, à des négociations sur des virgules quant
à la formulation des rapports. Les rapports étant entre les mains
du conseil, c'est là que cela a pris du temps avant que les rapports
soient par la suite retransmis à qui de droit.
Nous voulons tenir compte de cela dans les faits et c'est pourquoi nous
modifions la base juridique telle qu'elle est formulée quant à la
façon, quant au mode de consultation et de choix, ce qui n'exclut pas,
ça va de soi, il n'y a rien dans la loi qui empêche le
gouvernement de faire cette consultation croisée, le cas
échéant. Nous avons voulu marquer bien clairement ce qui a
été dans les faits un élément d'entrave dans le
fonctionnement et une des causes de lenteur et de longueur dans le
fonctionnement du conseil pour la retransmission des rapports. C'est cela la
raison première.
M. Rivest: Si c'est le...
M. Marois: Le libellé même, encore une fois - je
comprends ce que le député mentionne - n'empêche pas cette
consultation croisée.
M. Rivest: Si le diagnostic du ministre au sujet des lenteurs,
enfin, de la difficulté,
est ce qu'il était dans l'ancien, je crains que la façon
dont le présent conseil est constitué, alors qu'il y a des gens
issus d'un certain milieu qui est patronal et syndical, les discussions vont
être encore beaucoup plus difficiles que dans le passé, d'autant
plus qu'à l'intérieur même de ce conseil il va se produire
un arbitrage qui va être l'arbitrage des trois représentants des
bénéficiaires. Là, vous allez avoir, à mon avis,
enfin, vous risquez d'avoir - personne ne peut l'affirmer - sur la façon
dont le présent conseil est constitué beaucoup plus de
discussions avec l'un et l'autre pour en arriver à des consensus
peut-être, enfin, on l'espère, rapides, les plus rapides possible
-moi, je pense qu'ils risquent d'être plus longs parce qu'ils sont
vraiment issus de l'un et l'autre milieux - et après vous allez avoir
les bénéficiaires qui vont être placés
littéralement dans la situation, et quand je dis cela je réalise
qu'on tient quasiment pour acquis qu'on réintroduit le rapport de forces
au niveau du conseil, ce qu'on veut éviter, à ce
moment-là, les trois bénéficiaires vont être
placés dans la situation d'arbitres de choses qui vont leur être
soumises de toute façon par des personnes qui vont être
extérieures au conseil mais qui vont être les employées du
conseil.
Alors, notre conception de la chose, je la dis au ministre tout de
suite, on serait aussi bien, et je reviens à ce que je disais au
début, de n'avoir que les trois bénéficiaires ou, enfin,
qu'ils soient cinq et qu'il n'y ait personne issu d'un milieu qui vienne par sa
carrière et ses réflexes nécessairement représenter
un milieu. Dans ce sens-là, notre préoccupation au niveau de la
constitution du conseil - on l'a déjà exprimée - c'est
vraiment que ce soient des gens, des bénéficiaires du public, des
gens responsables, bien sûr, qui n'ont pas de liens - il n'y a pas de
liens juridiques non plus que de liens institutionnels, j'en conviens
volontiers - mais qui n'aient pas de liens de carrière avec l'un et
l'autre milieu. Si cela a été lent à cause de cela dans
l'ancien conseil, alors que c'étaient des gens qui avaient
été agréés par tout le monde, je crains que
là, maintenant que les uns et les autres n'auront pas été
agréés par tout le monde, enfin... Le bon sens va se manifester
sans doute, j'en conviens volontiers, il n'y aura pas d'objection de
catastrophe mais là, les gens vont être issus d'un milieu
identifié comme tel et on va avoir trois personnes qui vont arbitrer.
Elles vont dire: "Vous, vous exagérez, on le sait, parce que vous avez
tel réflexe; vous, les administrateurs, écoutez, ce n'est pas si
pire que cela ce que les gens proposent." Là, les uns et les autres vont
discuter et les trois bénéficiaires vont arbitrer ce conflit
à l'intérieur même d'un conseil qui doit agir très
vite sur le terrain. C'est la crainte que nous avons; je pense que ma
collègue pourra trouver d'autres...
Le Président (M. Rochefort): M. l'adjoint
parlementaire.
M. Rivest: ... commentaires, mais c'est vraiment la crainte que
j'ai.
M. Dean: Vous avez le droit d'avoir des craintes. On peut avoir
des craintes de toutes sortes sur chaque solution. Une des raisons qui a
motivé cette décision, c'est justement le contraire qu'on veut
éviter dans le rapport de forces. Ce seraient des gens issus de, mais
non pas impliqués politiquement dans le milieu, des personnes issues de,
qui ont pris un certain recul, qui apportent avec elles parce que issues de
leurs connaissances, leurs expériences vécues, pour aider
à l'élaboration du fameux protocole-cadre...
M. Rivest: Qu'est-ce que vous envisagez exactement?
M. Dean: ... qui fait qu'elles feront d'avance le jugement de
trois personnes représentant la population. Ces gens ne sont plus
actifs. En d'autres termes, ce n'est pas pour utiliser des noms. On n'aura pas
Donatien Corriveau ou le président de la FAS ou un conseiller technique
de la FAS. Cela serait quelqu'un qui a déjà évolué
dans le milieu, mais qui n'est plus dans ce milieu. La même chose du
côté patronal, quelqu'un qui a vécu des expériences,
l'acheminement des années vers une plus grande "responsabilisation" et
qui a des connaissances. C'est une extension du principe de l'implication du
milieu, mais sans l'implication directe et politique des parties avec comme
arbitre... Il est à souhaiter que cela devienne un arbitrage moral et un
arbitrage de consensus et non pas un arbitrage tranché juridique. S'il
faut que quelqu'un le tranche, c'est le président qui va le trancher,
mais après avoir eu l'intrant des trois, je pense, ce qui est
souhaitable. Si ceux et celles qui sont nommés reflètent la
philosophie de la loi, je pense que le débat public qui s'est fait
autour, c'est que cela serait plutôt un arbitrage moral qu'un arbitrage
juridique ou légal au sein du conseil.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: M. le Président, je voudrais juste ajouter
à l'argumentation de l'adjoint que, de toute façon, M. le
député de Jean-Talon, que vous choississiez ces sept personnes
excluant le président dans une masse de personnes, vous allez retrouver
des gens qui, tout au long de leur vie ont travaillé peut-être pas
d'une façon spécifique
mais qui sont bien articulés comme patron ou comme
syndiqué et comme bénéficiaire. Cela veut dire que
là, vous retrouvez d'après la formule, d'après ce qu'on
retient dans le projet de loi, deux personnes qui seraient issues de par leurs
antécédents du côté patronal, mais qui n'en feraient
plus partie au moment où elles exerceraient leurs fonctions au
comité; deux autres personnes - c'est la même chose - qui
arriveraient du monde syndical de plus ou moins près, mais qui
connaîtraient tout de même jusqu'à un certain point ce
qu'est un conflit, ce qu'est une négociation. Je pense que ces gens
apporteraient leur expérience et une espèce d'expertise qui
permettrait justement d'éclairer trois autres personnes qui, elles, ne
seraient pas issues de l'un ou de l'autre de ces deux milieux de façon
plus particulière que les deux groupes de deux personnes et que, de
toute façon, à la fin du compte, si toutefois il y avait un
partage des opinions devant le conflit, le président est toujours
là pour finalement trancher la question. Je pense qu'il y a tout de
même une espèce de tampon de trois personnes qui se rangeraient
plus en bloc vers l'un ou l'autre des deux groupes de deux. Ce qui ferait,
à ce moment-là, un sept contre deux et cela amène aussi
l'explication du nombre de huit au comité plutôt qu'un nombre
impair. (21 h 45)
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, la mathématique,
justement, à la lecture du projet de loi...
M. Lavigne: Ce sont des hypothèses.
M. Rivest: Effectivement, notre premier réflexe, c'est de
regarder cela en disant: il va y avoir deux contre deux, trois qui vont
arbitrer et le président.
M. Lavigne: On est tenté de le faire.
M. Rivest: Moi, il me semble que ce que j'essaie d'exprimer,
c'est que je ne voudrais absolument pas cela, c'est pour cela que ma
préférence serait que ce soient des gens, les meilleurs possible,
les plus compétents, les plus disponibles qui seraient
agréés par des organismes comme la Commission des droits et des
libertés de la personne et qui ne se prêteraient pas par leur
carrière, par leur conception des choses, à ce genre de choses,
mais qui n'auraient -parce que c'est cela la dynamique première
-finalement qu'une préoccupation, celle de dire devant des faits qu'on
leur rapporterait, puisqu'il s'agit essentiellement de faits: Cela n'a pas de
bon sens, il faut que cela cesse. Alors, ils retourneraient de bord et les
aviseraient ou iraient voir le gouvernement pour lui dire: Voyez, telle
situation n'a pas de bon sens sur les faits, ou encore ils iraient voir les
parties et diraient: Vraiment, cela n'a pas d'allure.
D'autant plus que la partie expertise qu'ils peuvent avoir va leur
être accessible par un autre article du projet de loi qui donne au
conseil le pouvoir de s'adjoindre, d'abord du personnel, bien sûr, pour
le conseil et pour ses fins propres et de fonctionnement, mais aussi des
personnes - je ne me rappelle pas de quel article - qui connaissent le milieu -
il y a un article qui indique cela. Moi, je voudrais que ce soient des
généralistes - vous voyez un peu ma conception - qui diraient:
Nous, notre mandat, c'est la santé et la sécurité
publique; quand on a des faits qui nous indiquent ceci et puis là toute
l'histoire d'être issue d'un milieu, d'être aussi avec l'autre, de
ne pas donner la majorité à un milieu par rapport à
l'autre et de placer, en quelque sorte, le paragraphe c, les trois
bénéficiaires, c'est tout cela que j'aurais personnellement - je
ne le sais pas, je ne l'ai pas discuté avec ma collègue de
L'Acadie - mais je vous dis ce que j'en pense, c'est tout cela que j'aurais
évité en mettant des généralistes, enfin
dans...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: Oui, oui, je comprends, M. le Président. Je
voudrais juste ajouter un mot à ce qui a été dit. Je
comprends la préoccupation du député de Jean-Talon. Il
faut aussi, cependant, la coller à la réalité. Des gens
prennent et peuvent prendre un certain recul par rapport aux expériences
personnelles vécues de milieux de vie, que ce soit syndical ou patronal,
et on peut aussi former l'hypothèse - parce que comme l'évoquait
le député de Jean-Talon, on peut bien jouer avec la
mathématique aussi - qu'il faut le voir d'une façon plus
dynamique que cela. Il est fort possible que dans bon nombre de cas - c'est
pour cela d'ailleurs qu'on ne voulait pas que ce soit agréé dans
le sens de représentants pour qu'il y ait quand même une
distanciation de prise par rapport à certaines expériences de vie
vécues, d'une part. Mais si tant est qu'en fin de compte se
présentent un ou des cas où il faut un arbitrage, la population
et les représentants du public justement seront là.
M. Rivest: Je sais que c'est la perception, c'est cela qui donne
- je le signale, c'est cela que je venais de dire à ma collègue -
c'est cela qui a donné -d'ailleurs, j'ai un commentateur, ici,
justement, j'avais une citation - à tout l'appareillage - au fond, c'est
le réflexe tout à fait traditionnel du gouvernement ou des
gouvernements ou des gens qui sont au
gouvernement - au niveau de la condition du conseil, son allure
bureaucratique, alors que je pense que la nature - c'est le réflexe
traditionnel. Le gouvernement a fait des choses, deux de ceci, deux de cela,
trois de ceci, trois de cela; cela a toujours été comme cela dans
toutes nos lois. Là-dedans, il s'agit de la santé et de la
sécurité et je ne vois pas comment des gens de bon entendement,
de bon jugement, qu'ils soient issus de n'importe quel milieu et qui ne peuvent
pas exercer des jugements sur des réalités qui concernent des
situations... Au fond, il ne s'agit pas de juger si cela est bon ou pas dans le
domaine des relations du travail - c'est à juger si la santé ou
la sécurité des gens est affectée et cela, c'est un
jugement de sens commun. J'aimerais qu'il y ait des gens de sens commun, avec
le meilleur sens commun possible. C'est cela qui a l'air bureaucratique parce
qu'on dit: II faut en mettre deux qui viennent de milieux syndicaux ou enfin
qui y sont issus, deux de cela et trois là. C'est tout cela qui donne
à la mécanique du projet de loi un point qui risque
peut-être d'empêcher - peut-être pas "empêcher", c'est
trop fort - de nuire aux objectifs que, par ailleurs, on veut viser, que ce
soient des jugements rapides, des jugements sains, de bons jugements de
situation, et qu'on le dise, qu'on agisse très vite, parce qu'au Conseil
des ministres, au fond, qui va exercer son jugement final, ce ne sont pas des
gens qui sont issus de ceci et cela, qui sont ceci et qui sont cela, ce sont
des gens qui sont élus, qui viennent de tous les milieux du monde. C'est
un jugement politique dans le sens le plus noble du terme que le conseil va
porter sur une situation qui va être de la même nature que le
jugement que le Conseil des ministres va porter sur la situation. Ce sera un
jugement politique dans le sens d'une situation. Ce sera exactement la
même chose finalement qui va nous être présentée.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, on peut spéculer
longtemps, ce sera ma dernière intervention sur ce point, on peut dire:
II pourrait se passer ceci, il pourrait se passer cela. Il y a une chose que
j'ajouterai, qui me vient à l'esprit en écoutant attentivement le
député de Jean-Talon. Il me dit: Cela prend des gens qui ont un
sens commun, le bon sens. Oui, justement. Cela prend aussi des gens qui ont une
connaissance du milieu. Avoir une connaissance du milieu, cela n'exclut pas
qu'on ait un sens commun non plus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: En fait, c'est un peu dans le sens de la
dernière intervention du ministre. Je pense que ce n'est pas parce qu'on
a oeuvré une partie de sa vie dans un secteur d'activité
donné. On prend juste l'exemple de Mme Lavoie-Roux, qui a oeuvré
dans le milieu des commissions scolaires et qui a été choisie par
les gens de son comté, qui est aujourd'hui députée. Je
pense qu'elle ne perd pas pour autant son sens commun parce qu'elle a
travaillé dans les commissions scolaires et qu'elle est capable de faire
une analyse objective de certains dossiers. Je me dis que ce n'est pas parce
que M. Dean a travaillé à un moment donné dans le milieu
syndical et qu'il est aujourd'hui député qu'il fait un
député biaisé. Je pense qu'il ne perd pas pour autant son
sens commun. Par ailleurs, quand il est question d'analyser un dossier de
conflit syndical-patronal, parce qu'il a travaillé dans le milieu, il
est plus articulé, il va saisir des choses peut-être plus vite,
plus rapidement qu'une personne qui n'y a jamais travaillé. Donc, c'est
cet avantage qu'on se donne de mettre des gens dans ce conseil, qui ont
déjà travaillé dans des milieux spécifiques et qui
en sont retirés au moment où ils oeuvrent dans le comité,
mais qui, par ailleurs, n'ont pas perdu pour autant leur sens commun.
M. Rivest: Si vous permettez, je m'excuse de prolonger la
discussion, mais on parle du conseil. Le ministre, dans son projet de loi - je
ne doute pas que des gens doivent connaître le milieu des relations du
travail, que ce soit du côté patronal ou du côté
syndical - a même prévu cela, mais pas dans le conseil. Il l'a
prévu en mettant les personnes "issues de". On n'a pas besoin d'avoir
cela, à mon avis, parce qu'à l'article 111.0.10, je vous donne
l'exemple de l'adjoint parlementaire, vous avez bien raison, le conseil va
avoir le personnel dont il a besoin pour fonctionner, "le conseil peut recourir
aux services de personnes - dans l'ancienne version, on les appelait les
"experts" - pour aider les parties à conclure une entente
conformément aux articles, donc, une des missions est d'aider les
parties - il y a donc une certaine connaissance des relations du travail et du
vécu des relations du travail -pour le conseiller quant à
l'évaluation des services prévus à une entente ou à
une liste - pour évaluer la liste en ayant cette expertise des relations
patronales-ouvrières, et aller jusqu'au bout - ou pour lui faire rapport
sur le maintien des services essentiels lors d'une grève", donc en ayant
une connaissance du vécu d'une situation de grève. Donc, cette
expertise à laquelle se réfère le député, et
avec raison, à mon avis, elle est déjà expressément
prévue par les membres qui vont entourer les personnes du conseil, si
bien que c'est un argument, à mon avis, additionnel qu'on n'a pas
besoin,
au niveau du conseil, d'avoir nécessairement des personnes issues
d'un milieu particulier -c'est une raison additionnelle - et que cela doit
être des gens de bon jugement, comme je les ai appelés, mais des
gens de sens commun. C'est cela mon point. Peut-être que le
ministre...
Le Président (M. Rochefort): L'article 111.0.4 est-il
adopté?
M. Marois: Je n'ai pas autre chose à ajouter. Ce que le
député vient de faire, il vient de très bien expliquer
l'article qu'il a commenté.
M. Rivest: Pardon?
M. Marois: Je disais que le député de Jean-Talon
vient d'expliquer parfaitement le sens et la portée de l'article
111.0.10.
M. Rivest: Oui.
M. Marois: Bien. Mais ce qu'il a dit n'exclut pas l'autre pour
autant.
M. Rivest: Ce n'est pas ce que j'ai dit, j'ai voulu dire qu'on
n'avait pas besoin, au niveau de la composition du conseil, d'avoir des gens
issus du milieu, parce qu'on a 110.0.10. C'est ça que j'ai dit.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
M. Marois: Oui, j'ai bien compris que c'est ça que vous
aviez dit, mais l'un n'exclut pas l'autre, compte tenu des travaux et des
responsabilités du conseil comme tel. Je ne reprendrai pas toute
l'argumentation du député de Prévost, adjoint
parlementaire.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
parler dans le même sens que le député de Jean-Talon. C'est
évident que par cette formule on recrée, au niveau du conseil, le
genre de conflit qui existe à l'occasion d'une négociation de
convention collective. Ce que je crains, en plus du fait que les uns,
malgré eux, se sentent un peu représentants - même si vous
dites "issus" et non pas "représentants" - du milieu syndical et les
autres du milieu patronal, que les trois personnes qui vont assister à
cela, il y a de forts risques, par rapport aux spécialisations des
personnes provenant les unes du milieu patronal et les autres du milieu
syndical, qu'elles portent bien davantage un jugement qui soit influencé
par les arguments d'une partie ou de l'autre.
Le député de Beauharnois donnait comme exemple que, du
fait que l'adjoint parlementaire du ministre du Travail a oeuvré dans le
domaine syndical, cela n'implique pas nécessairement que, comme
député, il ne soit pas capable de faire un travail objectif, un
travail qui ne soit pas biaisé. Ce qu'il faut bien rappeler, c'est qu'il
a aussi donné comme exemple mon expérience passée. Dans le
cas du député de Prévost comme dans le mien, il faut bien
dire que maintenant nous sommes élus par la population et que nos
comptes, nous les rendons à la population qui, la prochaine fois,
décidera si elle en a assez de nous ou si elle veut renouveler notre
mandat, ce qui nous met dans une situation très différente. Pour
moi, il n'y a pas de comparaison possible avec les autres personnes qui sont
issues du milieu syndical ou du milieu patronal.
M. Rivest: Un administrateur scolaire et un syndicaliste, deux
bonnes nominations!
M. Marois: Le député vient d'illustrer parfaitement
ma pensée!
M. Lavigne: Tout ça a été repris du discours
du député de Beauharnois, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Mais, strictement parlant, à mon point de
vue, ce n'est pas comparable parce que ce sont fonctions tout à fait
différentes; les gens qui seront nommés n'auront à
répondre qu'au gouvernement qui les aura choisis et nommés.
Pour ne pas prolonger cette discussion et comme ça nous
paraît extrêmement important, j'aimerais faire l'amendement
suivant, M. le Président: Que le paragraphe 111.0.4 de l'article 6 soit
remplacé par le suivant: "Les membres du conseil sont nommés
après consultation de la Commission des droits de la personne, de
l'Office des personnes handicapées du Québec, du Comité de
la protection de la jeunesse, du Protecteur du citoyen, des associations de
salariés et d'employés dans le domaine des services publics et
dans celui de la santé et des services sociaux ou d'autres organismes ou
associations."
M. Rivest: Ce serait parfait, ça n'enlève
aucunement...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'enlève absolument rien.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que je peux avoir une
copie de votre amendement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rivest: II pourra, s'il le veut, prendre quelqu'un issu d'un
milieu ou d'un autre. Cela ne lui donnera aucune marge, mais ça donne
une tout autre perspective au conseil.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas des mauvais amendements qu'on
vous présente.
Le Président CM. Rochefort): Vous remplacez...
Une voix: Pourriez-vous le relire, s'il vous plaît, M. le
Président?
Le Président (M. Rochefort): Je vais essayer de commencer
par comprendre avant de vous le relire, si vous le permettez. Vous remplacez a,
b et c, c'est ça?
M. Rivest: On a un bon recherchiste, mais il écrit
très mal.
Mme Lavoie-Roux: Moi qui venais de lui dire qu'il écrivait
bien! (22 heures)
Le Président (M. Rochefort): Cela va. La proposition
d'amendement est recevable. Je vais maintenant tenter de vous la lire. Le
paragraphe 111.0.4 de l'article 6 est remplacé par le suivant: "Les
membres du conseil sont nommés après consultation de la
Commission des droits de la personne, de l'Office des personnes
handicapées du Québec, du Comité de la protection de la
jeunesse, du Protecteur du citoyen, des associations de salariés et
d'employeurs dans le domaine des services publics et dans celui de la
santé et des services sociaux, d'autres personnes, organismes ou
associations." Est-ce que cette motion d'amendement est adoptée?
Mme Lavoie-Roux: On dit dans l'article 02, c'est 8.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cette motion
à l'amendement est adoptée?
M. Marois: Non.
Le Président (M. Rochefort): Non. M. l'adjoint
parlementaire.
M. Dean: On comprend et comme nos amis l'ont souvent
souligné, cela a pris du temps pour accoucher d'un projet de loi et on
dit que c'est parce que c'était complexe, parce que c'est humain, parce
que c'est une question de charge émotive. Il est vrai qu'on a tout
exploré. Ce n'est pas parce qu'on est plus fins que d'autres, mais on a
entendu 55 opinions avec à peu près 355 options
différentes presque sur chaque question. On a pesé le tout et on
a essayé de faire quelque chose avec cela. Il me semble qu'il y a un
symbole et un fait pratique dans cette affaire, c'est que dans le diagnostic
du... Une voix: ...
M. Dean: ...attends une minute, mosus, c'est "tough" de choisir
ses mots. Voulez-vous que je fasse écrire mes textes par quelqu'un?
Le Président (M. Rochefort): Vous avez la parole.
M. Dean: C'est qu'on a une société où on
dit: On est déchiré, il y a des choses qui ne se font pas bien
dans une situation et on dit qu'il y a des valeurs qui devraient surpasser,
dépasser ou transcender - je ne sais pas si c'est un bon mot - les
intérêts égoïstes de différentes parties. Mme
la députée de L'Acadie a parlé de modèle de
conflit, mais peut-être est-ce un modèle de conflit dans ce sens
qu'on amène deux parties en conflit et une autre partie qui paie, qui a
des droits et qui subit ces conflits et on les amène, en quelque sorte,
à la même table dans l'espoir de faire en sorte qu'il se
dégage non pas un conflit, mais un consensus basé sur des valeurs
supérieures aux allégeances de chacun de ces groupes. Il me
semble qu'un représentant syndical dans le groupe dit "flyé", je
ne pense pas qu'il accepterait de siéger sur le conseil. Un patron
borné consacré absolument à gagner tous ses conflits
à 100%, je ne pense pas qu'il accepterait d'aller là. Pour
essayer d'indiquer ce qui peut être utile dans cette formule et un peu
pour répliquer à l'argument basé sur l'utilisation des
experts, c'est que l'expert est une personne qui a des connaissances techniques
et sans doute des compétences humaines. Dans l'établissement, il
est chargé d'évaluer des faits et aussi de concilier les parties,
mais il fait aussi son rapport au conseil. On va utiliser un bon exemple, celui
de Mme la députée de L'Acadie et le mien. Je suis membre du
conseil. Je ne retire pas un salaire seulement pour recevoir des papiers, les
estampiller "oui" ou les estampiller "non", et les transmettre dans un sens ou
dans l'autre. Rendu au conseil, je suis un ancien syndicaliste. On constate un
problème. L'expert, lui, a vu des faits, est chargé au meilleur
de ses connaissances d'interpréter le protocole-cadre dans une situation
de fait et de travailler avec les parties, mais, quand son rapport est fait, on
constate qu'il y a quelque chose de pas correct. C'est bien beau qu'il retourne
à l'établissement avec une autre directive et qu'il essaie
d'amener les parties à un terrain d'entente, mais il peut être
très utile et, il me semble, non seulement utile, mais essentiel
à la fonction que j'agisse. Si le problème appelle un
comportement syndical, comme ancien syndicaliste, je connais M. Untel qui est
en
poste, à un poste supérieur dans le syndicat, la
fédération ou la centrale. Mme la députée de
L'Acadie a des contacts. Elle est issue d'un milieu. Elle connaît des
gens. Elle a du prestige là-dedans. Autrement, elle n'aurait pas
été agréée. C'est quelqu'un qui est bien connu ou
relativement bien connu et qui a non seulement des connaissances du milieu, des
connaissances techniques, mais aussi des contacts, comme on dit. Devant un
comportement patronal difficile, ce n'est peut-être pas au niveau de
l'établissement que le problème ou une pression morale pourrait
s'exercer ou un appel. Écoute, veux-tu parler à ton monde sur le
plan de l'établissement. Cela n'a pas d'allure. Voici ce qui se passe.
Veux-tu aller influencer cette personne pour l'amener dans la bonne direction?
Je pense que c'est ce rôle de conciliateur, de médiateur sage de
la société que seront appelés à exercer les membres
du conseil.
Quant au dernier point, vous avez bien fait, Mme la
députée de L'Acadie, de faire une distinction entre une personne
élue politiquement, un député, et la personne qui fait
partie du conseil, mais cette personne ayant aussi accepté une charge
publique, elle a elle aussi une certaine responsabilité politique dans
ce sens vis-à-vis de la population, vis-à-vis du bien commun et
vis-à-vis de ceux qui l'ont nommée. Si elle fait mal son travail,
elle ne restera pas là longtemps. Il me semble que tous ces facteurs
justifient les choix que le gouvernement a faits.
M. Rivest: La seule chose...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ...très brièvement, tout ce que le
député vient d'évoquer, franchement, je n'ai pas
d'objection à cela, c'est que le texte de l'amendement de Mme la
députée de L'Acadie n'empêche absolument pas le ministre ou
le gouvernement, puisque ce sera lui qui désignera les personnes et qui
verra à les nommer, de faire cela, de prendre des gens "issus de", mais
qui ne sont pas "représentants de". Il pourra prendre tout cela. Il n'y
a absolument rien dans le texte de l'amendement de Mme la députée
de L'Acadie qui l'empêche, mais une chose est claire à ce
moment-là, c'est que le texte dit des choses, bon, très bien,
mais c'est encore et toujours la même chose que j'exprime de la
façon suivante: c'est la crédibilité du conseil qui est en
cause. Il faut qu'il soit crédible dans sa composition et il faut
surtout qu'il apparaisse crédible à tout le monde. Si, en fait,
dans la lettre, dans l'institution et dans le texte de loi, on dit "issu de",
vous avez simplement une perception qui n'est sans doute pas de mauvaise foi,
mais qui n'est pas exacte. Regardez ce que cela donne. Elle n'est pas exacte.
Prenez la Presse, par exemple, du mercredi 2 juin, à l'éditorial
de M. Vincent Prince. C'est certainement un journaliste qui fait bien son
boulot, qui a certes ses opinions, mais regardez comment un homme comme M.
Vincent Prince, qui a de l'expérience, lit cet article et dit: "D'autre
part, en raison encore de sa composition qui comprend des représentants
patronaux et des représentants syndicaux, on est en droit de
présumer que sa prise de décision sera très ardue. On sera
porté tout simplement à y poursuivre la négociation." M.
Prince, à mon avis, fait une erreur de lecture du projet de loi, parce
que ce ne seront pas des représentants patronaux et des
représentants syndicaux. Mais il en a fait cette lecture parce que vous
avez inscrit dans le conseil, a, b, c et il n'est pas le seul qui a fait cette
lecture. Déjà, dans l'esprit de M. Vincent Prince, regardez ce
qui arrive en faisant une mauvaise lecture, une lecture erronée, au
fond, du projet de loi. Son jugement est qu'il entache à l'avance, par
les remarques et le propos qu'il tient, la crédibilité de cela,
alors que, s'il avait eu le texte de Mme la députée de L'Acadie,
le ministre aurait été absolument libre de choisir. Je pense que
cela peut se justifier, malgré que je trouve que c'est un peu redondant
avec le fait que le conseil peut le faire au niveau des personnes. La
crédibilité du conseil - c'est notre démarche ce soir, ce
dont on essaie de vous convaincre - ne serait pas entachée si le texte
de Mme la députée de L'Acadie était accepté par le
gouvernement ou par le ministre.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Marois: On me permettra d'ajouter un commentaire. Si je
comprends bien, chacun fait la lecture du mieux qu'il peut du texte de loi
comme tel. Le député de Jean-Talon vient de donner une bonne
illustration d'une certaine lecture qui donne une certaine perception des
choses et, dit-il, qui entache la crédibilité. Je dirais qu'au
bout du compte on a quand même tenu à démarquer des choses;
ce n'est pas pour rien qu'on l'a formulé. Je ne veux pas reprendre
toutes les explications, ce qui n'exclut absolument pas la consultation
croisée qui a été évoquée.
On verra quelle sera l'opinion de M. Prince, pour prendre ce
cas-là - on pourrait en citer beaucoup d'autres - lorsque les personnes
seront nommées, sur la personnalité de ces gens, sur leur
compétence. C'est une clé de la crédibilité. Je
voudrais ajouter deux choses, parce qu'on présente cela comme si les
choses allaient presque mathématiquement, automatiquement se braquer, se
polariser et le reste. Il faut
bien voir comment les choses vont se présenter. Dans
l'hypothèse où vous avez quelqu'un qui viendrait du milieu des
services publics, issu du syndical ou issu du patronal, peu importe, quelqu'un
issu du syndical ou du patronal du milieu des services sociaux et des services
de santé - ce n'est pas du tout, dans ce sens, le même type de
composition que l'ancien conseil - cela commence à faire des côtes
à remonter avant qu'on en arrive à ce niveau de polarisation et
de braquage qui impliquerait automatiquement, comme une espèce de
fonctionnement systématique, que les représentants du public
soient systématiquement et constamment des arbitres, pas du tout.
Je voudrais aussi ajouter un dernier commentaire. Le
député de Jean-Talon, en faisant ses commentaires sur le mode de
nomination des gens du conseil, a commenté avec justesse d'ailleurs
111.0.10. Il faut faire bien attention à ne pas confondre les deux. Je
vais illustrer ma pensée. L'issu, par exemple, des services publics
pourrait fort bien, imaginons, être quelqu'un qui viendrait
d'Hydro-Québec et qui siégerait sur le conseil. Cela ne signifie
pas pour autant qu'il s'agit d'une personne qui est familière, qui
connaît bien le fonctionnement, les problèmes techniques de
fonctionnement, par exemple, du transport en commun à Montréal.
Donc, il faut faire une distinction - c'est pour cela, d'ailleurs, que l'autre
article, 111.0.10, est là - quant à la possibilité de
mettre à contribution ad hoc, pour une période X de temps, des
personnes-ressources pour procéder à l'évaluation d'une
situation donnée dans un milieu donné et faire rapport au
conseil. (22 h 15)
M. Rivest: Si vous permettez, s'il n'a pas besoin à cause
de l'article 111.0.10 où on mentionne les personnes... Le type qui
viendrait de la partie patronale d'Hydro, pour prendre votre exemple, vous
dites, et avec raison, qu'il ne peut connaître les problèmes
techniques du transport en commun. De toute façon, l'article 111.0.10 va
fournir cette expertise dans le transport en commun au conseil. Alors,
où est le besoin qu'ils viennent de la partie patronale d'un service
public, soit Hydro?
M Marois: Mais pour toutes les autres raisons qui ont
été évoquées depuis le début.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. Quant à moi,
je suis prête à ce qu'on prenne le vote nominal.
Le Président (M. Rochefort): Vote nominal. J'appelle donc
le vote sur la motion d'amendement à l'article 6, 111.0.4 qui se lit
comme suit: Que le paragraphe 111.0.4 de l'article 6 soit remplacé par
le suivant: "Les membres du conseil sont nommés après
consultation de la Commission des droits de la personne, de l'Office des
personnes handicapées du Québec, du Comité de la
protection de la jeunesse, du Protecteur du citoyen, des associations de
salariés et d'employeurs dans le domaine des services publics et dans
celui de la santé et des services sociaux, d'autres personnes,
organismes ou associations."
M. Bisaillon (Sainte-Marie). M. Brassard (Lac-Saint-Jean). Mme
Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Dean (Prévost).
M. Dean: Contre.
Le Président (M. Rochefort): Mme
Dougherty (Jacques-Cartier). Mme Harel (Maisonneuve).
Mme Harel: Contre.
M. Rivest: Ah! Contre quoi?
Le Président (M. Rochefort): M.
Lavigne (Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Mme Harel: La non-représentation.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Lavigne (Beauharnois).
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Marois
(Marie-Victorin).
M. Marois: Contre.
Le Président (M. Rochefort): M. Perron (Duplessis). M.
Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Rochefort): M. Sirros (Laurier). Il n'est
pas ici.
Alors, cette motion d'amendement est rejetée; quatre contre, deux
pour. Nous revenons donc au texte initial 111.0.4.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai été surprise que, dans les
groupes qui seront consultés
quant aux trois personnes choisies en c, on ait retranché le
Comité provincial des malades. Avant que j'aille plus loin,
peut-être que le ministre peut me donner une réponse.
M. Marois: La raison, je pense que Mme la députée
s'en souviendra. Durant le témoignage même du comité des
malades -on pourra faire un relevé très précis de nos
délibérations - j'avais posé très
précisément la question au comité des malades - j'ai eu
l'occasion de les revoir depuis - et c'est eux-mêmes qui l'avaient
demandé. Alors, on a acquiescé à cette demande. C'est la
seule et unique raison. Cela étant dit, donc, le libellé du texte
reprend sensiblement ce qui était déjà dans le code,
à cette exception près, que Mme la députée de
L'Acadie vient de mentionner. Il s'agit d'un certain nombre d'organismes qui,
en d'autres termes, doivent être consultés, ce qui n'en exclut
absolument pas d'autres. C'est, cependant, je me permets de le dire, mon
intention de les consulter de toute façon.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faut les ajouter en troisième
lecture.
M. Marois: Ahî ce n'est pas pour les... Non, je
n'ajouterais pas le nom du groupe dans le texte, à moins qu'ils ne le
demandent, pour une simple et unique raison, on s'en souviendra, c'est
eux-mêmes qui l'avaient demandé. C'est cela la raison.
Mme Lavoie-Roux: J'ai oublié, mais c'est possible. Je ne
mets pas en doute la...
M. Marois: Mais, c'est certainement mon intention de les
consulter.
M. Rivest: II y a l'autre... Allez-y. Ah! Vous pouvez parler dans
mon microphone. La voix du Parti libéral est...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce qui m'étonne, c'est que dans les
groupes qui sont consultés expressément, tous les groupes sont
des organismes gouvernementaux; évidemment, les membres de la Commission
des droits de la personne sont nommés par les deux tiers des voix de
l'Assemblée nationale; l'Office des personnes handicapées, c'est
une nomination gouvernementale; le Comité de la protection de la
jeunesse, c'est la même chose; pour le Protecteur du citoyen, il y a
aussi cette garantie de la nomination aux deux tiers des voix de
l'Assemblée nationale et pour d'autres personnes ou organismes qu'on ne
connaît pas. Peut-être que vous avez en tête le Comité
provincial des malades, entre autres, mais il me semble que les personnes sont
toutes choisies par des organismes gouvernementaux, c'est-à-dire que les
organismes consultés sont des organismes gouvernementaux.
M. Marois: Effectivement, pour ceux qui sont nommés, c'est
exact; dire le contraire serait inexact, mais j'ai bien pris la peine d'ajouter
"et d'autres personnes ou organismes". Ce que j'avais en tête, et j'avoue
honnêtement que je trouve un peu délicate la discussion qu'on a
là et je crois qu'on me comprendra facilement; encore une fois, on
pourra procéder à un relevé de cela. Le comité des
malades qui était...
Mme Lavoie-Roux: J'oublie cela, je le laisse de
côté.
M. Marois: Je veux bien que vous l'oubliiez, mais moi je ne
l'oublie pas, et je tiens à être très précis parce
que, comme c'est évoqué, ça peut apparaître,
à première vue, un peu, ça peut même
apparaître mesquin...
Mme Lavoie-Roux: J'ai accepté l'explication du ministre
là-dessus.
M. Marois: ...d'enlever ce comité, mais il m'apparaissait
important d'ouvrir la porte par le membre de phrase qui dit: "et d'autres
personnes ou organismes"; donc ce n'est absolument pas exclusif, cela
évite de nommer, cela permet de consulter d'une façon plus
large.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je ne vois pas ce qu'il y a de
délicat à vous le demander; pour le Comité provincial des
malades, on s'entend, je prends la parole du ministre, je ne l'ai pas mise en
doute du tout; d'ailleurs, on aura juste à faire le relevé et
vaguement, maintenant que vous l'avez dit, peut-être que je pense
même m'en souvenir un peu. Mais quels sont les autres personnes ou
organismes que vous avez en vue?
M. Marois: Notamment, l'association dont on vient de parler et on
pourrait aussi reprendre...
Mme Lavoie-Roux: ...par exemple.
M. Marois: Par exemple; AFEAS, par exemple. Reprenons la liste.
On en a eu combien? 55, 56, tout près de 60, si ma mémoire est
bonne. Si vous reprenez la liste, on peut en faire le relevé d'un
certain nombre. Ceux qui ont été mentionnés là
l'ont été... D'abord, pour l'essentiel, ça reproduisait ce
qui était déjà mentionné dans le code. Ce qui
était mentionné de façon non limitative, ce n'est pas
parce qu'il s'agit d'organismes gouvernementaux, mais plutôt en raison de
leur finalité ou de leur vocation. Pour le reste, je me permets de
retourner Mme la députée de L'Acadie à la liste des
groupes de personnes qui sont venus témoigner devant nous. Je viens de
mentionner quelques-uns des organismes. On pourrait relever la liste.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela va.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.4 est-il
adopté?
M. Rivest: Sur division, pour manifester notre souci de
préserver la crédibilité du conseil et de ses
décisions.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.5 est-il
adopté?
M. Rivest: Deux remarques.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Évidemment, le conseil est permanent, il va
avoir des choses à faire en dehors des rondes de
négociations.
M. Marois: Oui, j'écoute le député.
M. Rivest: Le conseil va avoir des choses à faire en
dehors des périodes où on établit les listes, enfin les 90
jours qui précèdent... Oui, probablement, parce qu'à
l'expiration des conventions collectives, étant donné qu'il y a
un service public, et les dates, c'est comme... Est-ce que vous avez
vérifié un peu le mécanisme de tout cela? Y a-t-il un
volume? J'imagine que vous vous êtes interrogés sur cela. Il n'y
aura pas d'espace, à un moment donné, où il n'y aura
strictement rien à faire?
M. Marois: Un vide complet risque fort de se présenter
rarement, j'ai l'impression. Enfin, même dans l'hypothèse...
M. Rivest: Même mince à l'occasion, pendant quelques
mois?
M. Marois: Cela pourrait être mince à l'occasion
oui, effectivement. Cependant il est aussi prévu qu'après
l'exercice... Oui, mais j'ai entendu le député dire: "Cela
coûte cher, M. le Président". D'après l'évaluation
qu'on fait - d'ailleurs on se souviendra qu'on a eu cette discussion au moment
de l'examen des crédits du ministère - on abolit, d'une part, un
organisme qui était le conseil d'information. Il y a des
économies et il y a des coûts. Si tant est que c'est vrai, c'est
à peu près l'ordre de grandeur, je l'avais mentionné au
moment de l'étude des crédits. Après la ronde de
négociations, celle à laquelle tout le monde pense, règle
générale, le conseil va aussi avoir à dresser un bilan
complet du déroulement des négociations. On va avoir à
mettre à jour des données factuelles en ce qui a trait au
maintien des services dans les établissements du réseau. On va
avoir à améliorer le contenu, déterminer des
paramètres qui pourraient apparaître au protocole-cadre, et le
reste. C'est cela.
M. Rivest: Est-ce que les membres du conseil qui sont
nommés, je comprends qu'ils sont nommés en permanence - je ne me
rappelle pas l'avoir vu - sont à temps plein?
M. Marois: Les membres du conseil, oui.
M. Rivest: Nulle part dans le texte de loi c'est dit qu'ils sont
à temps plein. Dans certaines lois, je le dis comme cela simplement de
mémoire, on prend la peine de le préciser.
M. Marois: Je prends note du commentaire du député
et je vais vérifier.
Effectivement, dans certaines lois concernant en certains cas certaines
commissions, en nombre tout de même limité, il a semblé
pertinent d'ajouter et de préciser à temps plein. Le fait de la
permanence, règle générale, en droit, comme c'est le cas
présentement, le fait d'une nomination pour une période
donnée tel que c'est libellé avec les additions prévues
à l'article 111.0.6, etc.
M. Rivest: Je veux bien le croire, mais effectivement on le met
dans plusieurs lois, pas seulement pour la raison que je crois déceler
dans les remarques du ministre. On le retrouve très souvent. Il peut y
avoir des cas particuliers, j'en conviens volontiers. À ce moment il y a
la règle. Peuvent-ils occuper un autre emploi? Est-ce que même le
ministre pourrait confier, par exemple, à ces personnes, dans les
moments où il y aurait moins de choses, certains travaux qui seraient
connexes à leurs responsabilités ou à leur expertise? Je
ne sais pas. Je signale cela parce que tout le monde a dit: C'est bien beau un
organisme permanent. La question qui est venue souvent dans les
témoignages c'est: Mais est-ce qu'il va y avoir de l'ouvrage sur une
base permanente? Vous devriez vous mettre...
Mme Lavoie-Roux: Le fait que vous fixiez leur traitement, les
traitements additionnels, les allocations et les honoraires des membres du
conseil, est-ce qu'à ce moment ce n'est pas un...
M. Rivest: C'est la formule usuelle. C'est toujours ainsi. (22 h
30)
M. Marois: Oui, c'est le texte classique. Par exemple, dans la
loi no 17 sur la santé
et la sécurité du travail, il y a un article qui dit: Le
président et les vice-présidents doivent s'occuper exclusivement
des devoirs de leur fonction. On me dit que, en règle
générale, on ne l'écrit pas. Mais, quant à moi, je
n'ai pas de...
Mme Lavoie-Roux: Bien, cela existe à l'Office des
garderies et à l'Office de la langue française. Il me semble que,
si, dans votre esprit, ce doit être un emploi à temps plein, ce
devrait être à temps plein.
M. Marois: Je ne vois pas d'objection.
M. Rivest: Alors, on va vous laisser faire l'amendement, M. le
ministre, parce que nous avons très peu de succès avec nos
amendements et on ne voudrait pas améliorer notre moyenne.
M. Lavigne: Allez-vous voter pour si on...
M. Rivest: Nous déciderons sur le bien-fondé. On ne
se prononce pas avant d'avoir vu les textes. Pas comme vous.
M. Lavigne: C'est rare que vous votez sur un amendement du
gouvernement.
M. Marais: Alors, M. le Président, les gens vont
travailler sur le projet.
Le Président (M. Gagnon): Alors, on va suspendre l'article
pour le moment?
M. Rivest: Oui, c'est cela. Oui, il n'y en a plus d'autres. Oui,
attendez, c'est un autre, je ne voudrais pas compliquer... C'est cinq ans pour
le président et trois ans fermes pour les autres. Il n'est pas question
de rotation, c'est beaucoup trop compliqué.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.5 est suspendu, on va y
revenir tantôt. 111.0.6 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoîe-Roux: Non, qu'est-ce que vous voulez dire par
les...
M. Rivest: Celui qui est suspendu, M. le Président, je
suis d'accord pour les fins de l'amendement...
Mme Lavoie-Roux: "Le gouvernement fixe le traitement ou, s'il y a
lieu, les traitements additionnels". Qu'est-ce que vous entendez par
"traitements additionnels"? C'est-à-dire que je comprends bien ce que
cela veut dire mais...
Une voix: Ils sont en plus, mais pourquoi?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Marois: Or, c'est la formule classique pour prévoir le
paiement de frais de déplacement, frais de voyage et le reste.
M. Rivest: M. le ministre, c'est fini?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Là-dessus, M. le ministre, étant
donné que vous incluez les services publics dont certaines entreprises
sont privées, ordures ménagères,
électricité, gaz et tout cela, est-ce que ce ne sera pas
également utile que vous examiniez la clause usuelle qu'on retrouve dans
plusieurs projets de loi sur les conflits d'intérêts?
M. Marois: Selon le commentaire qu'on me fait, la clause sur les
conflits d'intérêts, on la retrouve toujours dans les textes de
loi où les membres peuvent être en situation de conflits d'ordre
financier.
M. Rivest: Le ministre dit que la clause de conflit
d'intérêts est strictement d'ordre financier; mais il ne faut pas
oublier évidemment, on pense toujours en perspective de grève, en
termes de grève, c'est notre première réflexion - comme il
y a des entreprises privées, il y a toute la question du lock-out. Une
personne qui se trouverait issue d'une entreprise privée qui aurait une
fonction là-dedans et qui aurait des liens avec celle-là, il peut
y avoir quelque chose... Je me demande si effectivement - j'aimerais bien
vérifier le texte, je le dis comme cela parce que je m'excuse, cela
m'est venu comme cela - les clauses de conflit d'intérêts dans nos
lois ne réfèrent qu'à des questions financières, je
n'en suis pas sûr. Le plus souvent, c'est évident, c'est le
conflit d'intérêts pécuniaire.
M. Marois: Et en plus, dans les cas de fonction
élective.
M. Rivest: Je m'excuse, je ne sais absolument pas ce que le
ministre veut dire par là.
M. Marois: Bien, dans les fonctions électives, dans les
fonctions où des gens sont élus.
M. Rivest: Non. Parce que dans le... M. Marois:
Conseillers municipaux.
M. Rivest: Vérifiez les clauses des administrateurs de
REXFOR, SGF, tout cela,
il y a toutes les clauses comme cela.
M. Marois: Oui. Alors là, le député rejoint
l'argument pécuniaire, bien sûr.
M. Rivest: Peut-être, en tout cas. Je le signale comme
ça, je n'en fais pas un drame. Cela ne m'apparaît pas tellement...
Enfin, ce serait assez étonnant qu'on arrive avec une situation comme
celle-là. On ne sait jamais.
Mme Lavoie-Roux: Dans la Charte de la langue française, le
président a une clause de conflit d'intérêts, et il n'est
pas élu, il est nommé.
M. Dean: Je pense qu'il y en a aussi dans la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, au niveau des CRSSS, dont un certain
nombre sont nommés, à moins que je me trompe.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: À la Commission des normes minimales,
est-ce qu'il n'y a pas cette clause?
M. Marois: Oui, cette clause concernant le temps plein.
Mme Lavoie-Roux: Conflit d'intérêts.
M. Marois: C'est possible, je me souviens très bien du
temps plein.
M. Rivest: Quelqu'un qui vient du conseil d'administration d'une
compagnie de gaz - mettons que vous pensiez à celui-là -il
siège au conseil, ça va, il remplit bien son mandat. Survient un
problème à cette compagnie qui met en cause l'affaire; il doit
émettre un avis sur les listes, et les ententes que sa compagnie peut
avoir existent, qu'est-ce qui arrive? J'imagine que cela ne fera pas des
drames, mais comme à chaque fois qu'on le met dans une loi, on ne le met
pas pour rien. Vous savez, c'est toujours, encore là, la
crédibilité de l'organisme. Si cela arrivait? Si jamais cela
arrivait? On en trouve des affaires.
M. Marois: Je songe à la possibilité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, moi je regrette, quand
on me dit que les traitements additionnels sont des allocations de
déplacement, un traitement, c'est un salaire. En français, c'est
un salaire. Alors, quand vous parlez de traitement ou, s'il y a lieu, de
traitement additionnel, j'aimerais bien qu'on me donne des explications.
M. Marois: C'est la formule qu'on retrouve...
Mme Lavoie-Roux: Elle n'est peut-être pas bonne.
M. Marois: Peut-être qu'elle n'est pas bonne; sur le plan
du français, souvent il y a un léger écart entre le sens
commun, en français, de certaines expressions et le sens juridique aussi
de certaines expressions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Marois: C'est la formule usuelle. Je vous cite un autre texte:
"Le gouvernement fixe le traitement ou, s'il y a lieu, les traitements
additionnels, les honoraires ou les allocations de chaque membre du conseil
d'administration."
M. Rivest: Ce doivent être les primes de
séparation.
Mme Lavoie-Roux: Dans quel texte?
M. Marois: Dans la loi 17. Cela permet la marge de manoeuvre.
C'est la formule habituelle.
Mme Lavoie-Roux: Dans la loi aussi de l'Office de la langue
française, les honoraires, les allocations ou le traitement du
président et des autres membres de l'office. Pour moi, je regrette,
quand on dit un traitement et qu'on dit un traitement en plus, c'est un autre
salaire.
M. Rivest: Ce n'est pas l'idée qu'ils vont travailler sur
des périodes très fortes, qu'ils doivent faire du surtemps ou je
ne sais trop. C'est absolument insensé, si c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, ce n'est pas autre chose que
ça. Maintenant, M. le député de Prévost, regardez
ça; le traitement ou, s'il y a lieu, d'autres traitements.
M. Lavigne: Comme nous autres ce soir.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien ce que cela veut dire.
M. Marois: La seule raison de la formulation, si tant est qu'elle
n'est pas bonne - on peut bien regarder les corrections qui peuvent s'imposer -
c'est la formule classique qu'on retrouve habituellement. On me cite un cas
d'exception, mais c'est la formule usuelle.
M. Rivest: On l'a pris au hasard.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on l'a pris au hasard, un cas d'exception.
On n'a pas fait de recherche.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je voudrais qu'on dispose de cela.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je vais faire un amendement pour le
retrancher.
M. Rivest: Avant que madame fasse son amendement, pour
compléter la discussion, je vais citer une loi, l'évangile, rien
de moins: la loi 101. Je suis convaincu qu'il va me donner raison. Conflit
d'intérêts pécuniaire, ce que le ministre disait du bout
des lèvres en ayant l'air de dire: J'espère qu'il n'y a pas
d'autres textes qui sont non pécuniaires. Voici un texte de la Charte de
la langue française et c'est exactement le cas que j'ai cité:
"Les membres de l'Office de la langue française ne peuvent prendre part
aux délibérations sur une question dans laquelle ils ont un
intérêt personnel. L'office décide s'ils ont un
intérêt personnel dans la question. Les membres en cause ne
peuvent participer à cette décision". Voilà un texte qui
me paraîtrait très bien répondre au problème que je
soulevais et c'est l'évangile, selon saint Camille, verset 107.
M. Marois: Dans l'exemple que vient de prendre le
député, les membres sont à temps plein, tous?
M. Rivest: À l'office? M. Marois: Oui.
M. Rivest: Je ne parle pas de temps plein, je parle de conflit
d'intérêts.
M. Marois: Oui, bien sûr.
M. Rivest: C'est la même chose, là aussi, ils sont
à temps plein, les vôtres, en ce moment.
Mme Lavoie-Roux: Une correction que je voudrais faire...
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voulais vraiment pas induire...
Une voix: C'est parce qu'on parle de deux choses en même
temps.
Mme Lavoie-Roux: ... la commission en erreur.
M. Rivest: Le ministre est capable d'en prendre.
Mme Lavoie-Roux: Quand je vous ai dit: Le gouvernement fixe les
honoraires, les allocations et le traitement du président et des autres
membres de l'office, je pensais que c'était fini. C'est "ou, le cas
échéant, leur traitement supplémentaire." Je vous le dis,
parce que je n'ai pas voulu vous tromper.
M. Marois: C'est la formule.
M. Lavigne: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: ... une interprétation à ma
façon. C'est qu'il y aurait le traitement qui est le salaire de base ou
des traitements ou un traitement additionnel qui serait les allocations.
Mme Lavoie-Roux: Non, un traitement est un salaire. Vous ne
pouvez pas en sortir; c'est un salaire, un traitement. Ce que cela veut dire,
c'est que la personne reçoit son salaire qui est fixé et on
prévoit une possibilité de traitement supplémentaire. Je
trouve cela absolument inadmissible parce que ce sont des personnes qui ont des
salaires plus que convenables, qui les méritent sans aucun doute, ce
n'est pas ce que je veux mettre en question. Quand on est rendu à
introduire cela dans les lois - et il me semble que ce soit dans toutes les
lois, je ne l'avais jamais remarqué - je trouve cela tout à fait
anormal.
M. Lavigne: II faudrait enlever les traitements additionnels, et
mettre: "s'il y a lieu, les allocations, honoraires..."
Mme Lavoie-Roux: Où je suis arrêtée dans ma
lecture sans le vouloir.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Oui, M. le Président, je comprends cette
recherche profonde de l'Opposition pour bonifier le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: C'est important.
M. Marois: Prenons, par exemple, le cas des conflits
d'intérêts. Le député me donnait un exemple -
pourriez-vous mettre à la disposition du député l'autre
gros document -c'est très bien, on comprend parfaitement bien le sens et
la portée. Introduisons une notion de conflit d'intérêts
tel qu'il vient de le définir au sens large dans le texte qui est
là. Qu'est-ce qui arrive si un malin, un avocat particulièrement
compétent et qualifié, a été nommé sur le
conseil et que cette personne est issue de...? Est-ce qu'en
droit je ne pourrais pas prétendre que cette personne est en
situation de conflit d'intérêts basé sur sa simple
provenance, compte tenu des décisions qu'elle a à prendre?
M. Rivest: Oui, mais, M. le ministre, votre conseil n'a aucun
pouvoir décisionnel au sens judiciaire du terme. Donc, cela ne donnerait
pas ouverture à une contestation d'ordre légal, ce conseil ne
décide rien. Je parle de décider dans le sens de créer des
droits et des obligations à quiconque. C'est l'expression du
caractère. Donc, cela ne donne absolument aucune espèce
d'ouverture, mais c'est toujours au niveau de la crédibilité de
l'office. J'ai même un autre texte où il s'agit de l'Office de la
radio-télédiffusion du Québec, l'autre
télévision. "Aucun membre de l'office ne peut, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise, mettant en conflit son... (22 h 45)
Voyez, il y a toutes sortes de formulations dans les lois, sauf que je
vous demanderais de regarder cela non dans une perspective d'ouverture au
recours judiciaire - ce n'est pas possible, ce n'est pas un organisme quasi
judiciaire le conseil - mais dans la perspective d'une garantie absolue de la
crédibilité des avis du conseil. Enfin, je peux compléter
ma recherche, mais pour des raisons pratiques qui ne peuvent paraître au
journal des Débats je vais cesser ma recherche d'ordre juridique. Je
vous demande de réfléchir à cette question-là, je
ne vous demande pas de me dire oui, de me présenter un texte tout de
suite, mais on pourra en reparler, consulter vos gens, et voir si cela a de
l'allure ou pas.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.6 est-il
adopté?
M. Rivest: Oui, j'aurais juste une dernière remarque sur
le temps plein.
Le Président (M. Gagnon): Une dernière remarque, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Un autre texte de Camille, verset 164 de la charte
de...
Mme Lavoie-Roux: Comment est-ce qu'on appelle le docteur?
M. Rivest: Le Dr Laurin.
Mme Lavoie-Roux: Non, l'autre docteur.
M. Rivest: Par exemple un texte très simple sur
l'incompatibilité ou le temps plein: la qualité de
président de la commission de surveillance est incompatible avec
l'exercice de toute autre fonction. Voyez un texte de cette nature-là,
je pense, conviendrait très bien aux membres de l'office pour dire
qu'ils sont à temps plein. Alors voilà.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.6 est-il
adopté?
M. Rivest: Un instant.
Mme Lavoie-Roux: Les traitements additionnels...
M. Rivest: Oui, les traitements additionnels, qu'est-ce qui
arrive avec cela, vous allez regarder?
M. Marois: Non, cela est la formule consacrée....
Mme Lavoie-Roux: En somme, c'est une bien mauvaise formule.
Le Président (M. Gagnon): Ceci est enregistré.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.7 est-il
adopté?
M. Rivest: Un instant. Adopté
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée,
111.0.7 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Le Président (M. Gagnon):
111.0.8. M. Rivest: J'ai une inquiétude. M. Marois:
Une de plus.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Nous avons raison, avec la situation budgétaire
actuelle, de nous inquiéter du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela est adopté.
M. Rivest: Mais, mon inquiétude c'est qu'il n'y a pas...
M. le Président, vous suivez.
Le Président (M. Gagnon): J'essaie de suivre,
j'espère que tout le monde désire suivre parce que des fois on
est deux ou trois à parler en même temps. J'aimerais qu'on fasse
attention. Vous avez la parole, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: L'article 111.0.8: "Les membres, y compris le
président, décident à la majorité des voix; s'il y
a égalité, le
président a voix prépondérante." On a parlé
beaucoup des consensus, le ministre a dit qu'il voyait cela dans le sens d'un
consensus, mais il y a une procédure de vote; néanmoins, elle est
nécessaire. Mais ma question n'a aucun rapport avec ce que je viens de
dire, ma question a trait au fait qu'il n'y a pas de dispositions pour le
quorum. Étant donné qu'il y a des personnes "issues de" et
"issues de", prévoyez un quorum.
Mme Lavoie-Roux: Très pertinent, mon collègue de
Jean-Talon.
M. Rivest: Vous avez voulu garder votre texte.
M. Dean: M. le Président...
M. Rivest: S'il faut qu'une personne "issue de" ne participe pas
au vote, alors qu'une autre personne "issue de" participe au vote, quelle est
la crédibilité du conseil?
M. Marois: M. le Président, je comprends les recherches
absolument remarquables qui seront notées et rapportées par les
historiens politiques, cette contribution absolument, j'allais dire
spectaculaire, tant elle est fouillée, du député de
Jean-Talon, mais tout de même il y a un article qui dit que le conseil se
donne des règles de régie interne et de fonctionnement.
Le Président (M. Gagnon): Alors, 111.0.8 est-il
adopté? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Mais comment vont-ils faire pour adopter vos
brillantes règles de régie interne s'ils n'ont même pas
quorum?
M. Marois: M. le Président...
M. Rivest: Mais cela existe dans toutes les lois, le quorum. Si
ma question est ridicule, faites un amendement omnibus et enlevez-moi cela de
toutes les lois quand il y a un organisme et qu'on fait disposition sur le
quorum, voyons donc. Je ne veux pas vous prendre au piège, je vous
demande si cela ne serait pas utile de l'avoir.
M. Marois: J'ai bien compris que ce n'était absolument pas
votre intention.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost avait demandé la parole.
M. Dean: Non.
M. Rivest: II n'y a pas de disposition de quorum, vous n'en
voulez pas. On n'a pas adopté les règlements.
M. Marois: L'ancien conseil - le député s'en
souviendra peut-être, peut-être ne le sait-il pas; je me permets
alors de l'informer de ce fait - une fois nommé, s'était fait des
règles de régie interne, règles qui prévoyaient le
quorum. Cela a fonctionné.
M. Rivest: Ah oui! je n'en doute pas. M. Marois:
Voilà.
M. Rivest: Oui, mais, dans l'ancien conseil, mon argument, M. le
ministre... Convenons qu'un article qui parle du quorum existe dans notre
législation et, deuxièmement, dans l'ancien conseil, M. le
ministre, il n'y avait pas, au niveau des membres du conseil, les paragraphes
a, b et c avec des gens issus de.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Oui, et alors?
M. Rivest: Si une décision du conseil -imaginez-vous la
crédibilité de votre affaire - disant, déclarant une liste
insuffisante et on s'aperçoit que, finalement, les deux membres issus de
la partie patronale n'étaient pas là, ou le contraire. Avec les
règles de régie interne, tous les documents sont publics. Il y a
une décision du conseil, tout le monde l'attaque, non pas
judiciairement, mais attaque sa crédibilité. Qu'est-ce que vous
voulez? Chaque fois, d'ailleurs, dans nos lois - je pense que c'est la
règle - dans un conseil d'administration où il y a des
représentants ou des gens issus de ceci et de cela, on prévoit
toujours une règle de quorum. Sans cela, ça n'a pas de sens ce
que vous avez mis, avec les gens ici et là. Vous auriez dû
accepter l'amendement de la députée de L'Acadie.
M. Marois: C'est l'opinion du député de Jean-Talon,
je la respecte, je ne la partage pas quant à dire que cela n'a pas de
sens.
M. Rivest: Pourquoi cela n'a-t-il pas de sens? Il y a une
procédure de vote.
M. Marois: Mais vous voulez absolument aussi, vous me l'avez
mentionné... Je vous ai expliqué à je ne sais trop combien
de reprises que demeurait aussi ouverte cette possibilité de la
consultation croisée pour atteindre un objectif dans la composition. Il
y a aussi l'objectif de faire en sorte de choisir, autant que faire se peut,
des gens qui soient, tout de même, compétents, qualifiés,
crédibles. C'est aussi la crédibilité du gouvernement qui
est un peu en cause, je pense.
Suspendant pour l'instant cette question
de quorum, M. le Président, à 111.0.5, qu'on a tenue en
suspens, je n'aurais aucune espèce d'objection à ajouter l'une ou
l'autre des deux formulations à la fin du deuxième alinéa.
On pourrait soit ajouter après les mots "ou remplacés": "et
doivent s'occuper exclusivement des devoirs de leurs fonctions", ou bien les
mots: "et exercent leurs fonctions à temps complet".
M. Rivest: J'aime mieux la première version.
M. Marois: Je n'ai pas d'objection quant à la
première...
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'amendement se lirait
comme suit: il faudrait le donner exactement...
M. Marois: ...et doivent...
Le Président (M. Gagnon): ...si vous voulez, après
la deuxième...
M. Marois: Ajouter, à la fin du deuxième
alinéa, les mots...
Le Président (M. Gagnon): Ajouter, à la fin du
deuxième alinéa, après les... Le deuxième
alinéa, c'est: "Les membres du conseil demeurent en fonction
jusqu'à ce qu'ils aient été nommés de nouveau ou
remplacés" et on ajoute: "et doivent s'occuper exclusivement des devoirs
de leurs fonctions." C'est cela. Alors, est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Adopté et l'article
111.0.5 tel qu'amendé est adopté? Adopté.
M. Rivest: Adopté, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: On vient de faire une brèche.
M. Rivest: La glace vient d'être brisée. Nous avons
défoncé les...
Mme Lavoie-Roux: ... murs.
M. Rivest: ...les murs. Est-ce que la question du quorum est
suspendue?
Le Président (M. Gagnon): On revient à l'article
111.0.8. Le ministre avait demandé de suspendre temporairement pour son
amendement. On revient à l'article 111.0.8.
M. Rivest: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): Vous aviez la parole, Mme la
député de L'Acadie, ou vous l'aviez demandée.
Mme Lavoie-Roux: C'était sur le quorum, c'était
à l'article 111.0.9.
M. Marois: Le ministre a suspendu non pas l'article, mais la
question.
Le Président (M. Gagnon): Ah boni Alors, est-ce qu'on
avait adopté l'article 111.0.8?
M. Rivest: Oui. M. Marois: Oui. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Je m'excuse,
j'avais oublié de l'inscrire. L'article 111.0.9.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le ministre y
réfléchit présentement. "Le Conseil peut adopter des
règles de régie interne et créer des bureaux
régionaux et locaux." S'il n'y a pas de quorum d'établi, lorsque
le conseil adoptera ses règles de régie interne - si vous vous
référez à l'article 111.0.2, le conseil se compose de huit
membres dont un président - cela nécessitera la présence
des huit membres pour l'adoption des...
M. Marois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.9 est-il
adopté?
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Concernant la création des bureaux
régionaux et locaux, est-ce que le ministre a à la portée
de la main - parce que cette disposition existait sous l'ancien conseil - des
données à savoir s'il s'en est créé et combien?
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, effectivement, des bureaux
régionaux et locaux dans ce contexte, ont été
créés? Est-ce qu'ils ont été efficaces?
Deuxièmement, est-ce que, dans la perspective nouvelle du ministre, les
conseils régionaux et locaux sont permanents également?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Prévost.
M. Rivest: Deux questions sur les conseils régionaux.
Est-ce qu'il y en a qui ont été créés dans le
passé et combien? Je
ne veux pas avoir le chiffre, c'est approximatif, régionaux ou
locaux. Deuxièmement, qu'est-ce que c'est et, troisièmement,
est-ce qu'ils sont permanents?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Non. Est-ce qu'ils sont payés? Oui. Le
fonctionnement a été le suivant. C'est un fonctionnement qui
n'est pas lourd. Cela s'est présenté de la façon suivante.
Je ne voudrais pas induire le député en erreur, je n'oserais pas
citer de nombre. Dans des régions, il y a des contractuels dont les
services ont été retenus pour une période de temps
requise; il y a des effectifs de base de prévus qui, forcément,
se gonflent pour une période donnée, une période durant
laquelle on a besoin de plus d'effectif et, après, cela dégonfle.
Donc, des contractuels, dont les services ont été retenus,
étaient installés en région dans des bureaux publics, des
bureaux gouvernementaux, soit les bureaux du ministère du Travail en
région ou les bureaux de CRSSS en région. Pardon?
M. Rivest: Ils faisaient quoi exactement?
M. Marois: Ils étaient en contact avec les
établissements. Donc, c'étaient des antennes régionales du
conseil où les gens pouvaient s'adresser, loger des plaintes. En plus,
ces gens étaient en contact avec les établissements, etc.
M. Rivest: Dans l'ancien texte, il était
spécifiquement prévu que le gouvernement fixait les traitements,
etc., et cela a disparu. Je ne sais pas, cela peut être redondant, je
n'en fais pas un plat. C'est exact?
M. Marois: Non. Cela n'a pas disparu.
M. Rivest: Quatrième paragraphe de l'ancien... Quand on
parle de l'ancien texte, c'est l'ancienne loi. C'est l'article 111.0.9,
paragraphe 4: "Le gouvernement fixe le traitement ou, s'il y a lieu, les
traitements additionnels, les allocations ou les honoraires des membres du
conseil ainsi que des membres des conseils régionaux ou locaux.
M. Maroix: On le retrouve à l'article 111.0.13.
M. Rivest: Ah oui! Excusez-moi. Ce que le ministre vient de me
dire, à savoir que c'étaient des antennes régionales et
locales, est-ce que cela ne fait pas double emploi avec l'introduction, dans le
projet de loi no 72, de la mission que le ministre confie maintenant aux CRSSS,
dans la mesure où il m'a dit qu'il était arrimé aux CRSSS?
(23 heures)
M. Marois: Pas du tout, cela ne fait pas double emploi. Quand
j'ai parlé des CRSSS, j'ai bien expliqué que les CRSSS ont le
rôle, l'ambition, le mandat, le pouvoir, en règle
générale, de s'assurer de la qualité des services. C'est
une chose. Ce que j'ai dit, c'est qu'il est arrivé que des gens, au lieu
de se présenter, de contacter la personne qui était en
région pour le conseil des services essentiels portait plainte à
des conseils régionaux de services sociaux et de services de
santé. Ces plaintes n'étaient pas retransmises, donc, c'est une
chose, on fait cette correction pour s'assurer que lorsqu'une plainte est
logée à un CRSSS, elle est obligatoirement retransmise au
conseil.
M. Rivest: La chasse des plaintes. Ce sont les plaintes qui lui
arrivent parce que les gens vont à lui.
M. Marois: C'est une chose. M. Rivest: Du CRSSS.
M. Marois: Je parle du CRSSS. Lorsqu'il reçoit les
plaintes, c'est là que ça se présente concernant les
problèmes des services essentiels; il doit les retransmettre au conseil
des services essentiels, ce qui n'exclut pas et ne fait absolument pas double
emploi avec la présence du conseil comme tel en région, pas du
tout, qui, lui, a son travail à faire tel que prévu dans le
présent projet de loi.
M. Rivest: Parce que ce n'est pas dit dans le texte, qui est le
même travail au niveau régional et local que l'ensemble des
fonctions qui sont attribuées au conseil...
M. Marois: C'est ça.
M. Rivest: Tandis que les fonctions qui sont attribuées au
conseil...
M. Marois: C'est ça.
M. Rivest: Ce qui est arrivé, ce que j'ai cru comprendre,
c'est que dans le passé des gens du réseau, ou des
établissements ou même des usagers ou même le public se
rendaient aux CRSSS pour dire que telle chose se passe et le CRSSS n'avait pas
le pouvoir de recevoir ces choses et vous lui avez donné le pouvoir pour
qu'il les reçoive et les transmette. Le CRSSS, en cas de conflit, n'a
pas par le texte que vous avez fait, qui est quelque part un peu plus loin, le
mandat de surveiller comment une grève se passe. Il n'a pas du tout ce
mandat dans le projet. Vous ne lui avez pas du tout confié ce
mandat.
M. Marois: Pas au CRSSS. C'est le conseil des services essentiels
qui l'a,
M. Rivest: C'est ça. Sauf que...
M. Marois: Pour ne pas qu'il y ait de confusion des rôles,
des responsabilités.
M. Rivest: Cela n'apparaissait pas...
M. Marois: Oui, mais cependant, que l'information circule
particulièrement au premier chef quand une plainte est logée.
M. Rivest: Êtes-vous d'accord, madame? Dernière
question, est-ce que dans le budget - dans la mesure où ils sont
payés ou traités - l'ordre de grandeur dont on a discuté
antérieurement avec le ministre sur le budget du conseil, est-ce que
ça comprend les dépenses des bureaux régionaux et locaux,
d'ailleurs...
M. Marois: Oui, la réponse est oui.
M. Rivest: ...ils vont être logés physiquement dans
les locaux des CRSSS.
M. Marois: Pas nécessairement les bureaux des CRSSS, si
tant est que dans une région ou dans une localité, c'est
l'endroit qui se prête le mieux pour répondre aux besoins,
très bien. Si dans un autre coin, c'est un bureau du ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui est
le mieux localisé et qui se prête le mieux à ce genre de
mandat, on choisira cet endroit. Je ne vois pas pourquoi on serait absolument
rigide, les choses étant toutes fixées d'avance, on va laisser le
conseil...
M. Rivest: Comment sont formés les conseils
régionaux et locaux? Est-ce que c'est la même - mutatis mutandis -
structure qu'au niveau du conseil? Vous n'avez pas élaboré
beaucoup.
M. Marois: Non, non. Ce n'est pas un conseil, ce n'est pas
une...
M. Rivest: Est-ce que c'est un bureau administratif ou si c'est
un organisme?
M. Marois: Ce sont des gens dont les services sont retenus par le
conseil permettant au conseil d'exercer ses fonctions en région.
M. Rivest: Alors, quelle différence y a-t-il avec
l'article suivant 111.0.10?
M. Marois: Cet article vise un objectif bien précis. Dans
le cas d'un problème précis, prenons le cas dont on a
parlé si souvent, les transports en commun. Le conseil des services
essentiels est forcément présent par son antenne régionale
à Montréal. Une plainte est portée où, par
décret, il est déterminé, précisé que des
services essentiels doivent être établis dans un service public
donné. On a besoin d'une expertise d'un type particulier, c'est le genre
de problème auquel vient répondre l'article 111.0.10, ce n'est
pas du tout la même chose. C'est vraiment quelqu'un dont on retient les
services sur une question précise ou un problème ad hoc. C'est
une chose. Quant à la présence en région du conseil, c'est
la mission et le rôle général du conseil dans une
région donnée.
M. Rivest: Peut-être que le ministre trouvera tatillon ce
genre de question, sauf qu'il y a un conseil. Je réalise l'ampleur de la
structure qui est mise en place. Il y a un conseil, le conseil a des experts et
les experts ont un mandat, à peu près suivi, de faciliter les
ententes, de vérifier les ententes ou les listes, de vérifier les
situations de grève. La partie qui m'inquiète, c'est lorsqu'ils
doivent faire rapport - c'est l'article suivant où on parle de
"personnes" -sur le maintien des services essentiels lors d'une grève.
Il y a une grève, il y a une situation, il y a des faits qui se
produisent. Ces personnes vont devoir travailler là-dessus. Il y aura un
bureau local qui va faire un peu la même chose dans une situation de
grève et de conflit, il y aura un bureau régional et il y aura le
conseil qui sera quelque part, à Québec ou je ne sais
où.
Le déploiement d'une structure sur le terrain, je ne veux pas la
caricaturer, mais elle est inscrite comme cela dans le texte de loi et
j'essaierais de mesurer son amplitude. Cela peut être très gros,
sans doute que ce n'est pas ce qu'envisage le ministre, ou cela... Je me
demande pourquoi on a besoin de tout cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je pense que cela pourrait
peut-être répondre au député de Jean-Talon. Je vais
prendre l'exemple de ma région. Lors du dernier conflit, il y a eu
seulement un endroit sur 850 milles de côte, plus les trois villes
nordiques de Gagnon, Fermont et Schefferville, où il y a eu un
problème où le conseil a dû s'impliquer. Donc, si, dans une
région donnée, il n'y a pas de problème plus qu'il ne
faut, ce sont des bureaux locaux qui peuvent être impliqués, pas
nécessairement des bureaux régionaux. Cela peut être un
bureau local, par exemple, à Havre-Saint-Pierre ou à Gagnon.
À ce moment-là, la structure n'est pas si lourde qu'on pense.
Compte tenu du fait que, par exemple, sur la Basse-Côte-Nord du
golfe Saint-
Laurent, à Saint-Augustin, il n'y a pas de bureau du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, il pourrait y avoir une
entente pour que quelqu'un soit à Saint-Augustin, mais à
l'intérieur du bureau du CRSSS, avec un mandat spécifique.
M. Rivest: C'est tout un appareil]
M. Perron: II ne faut pas oublier que ces bureaux locaux et ces
bureaux régionaux seront seulement en période de grève,
normalement. Normalement, dis-je bien.
M. Rivest: Non.
M. Perron: Parce que le conseil n'est pas dans l'obligation, le
conseil "peut". Donc, il peut les maintenir juste pour la durée du
conflit, par exemple.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Marois: Je n'ai pas autre chose à ajouter pour
l'instant.
M. Rivest: Dans le budget, je veux voir l'amplitude de ces
bureaux régionaux et locaux. Dans les dépenses du conseil Picard,
j'aimerais que le ministre, ultérieurement, nous dise combien, dans le
montant, sensiblement de l'ordre de 1 000 000 $, qu'aurait coûté
le fonctionnement du conseil Picard, a été attribué au
conseil par rapport au budget qui a été consacré à
ces bureaux régionaux et locaux.
M. Marois: Je n'aurai sûrement pas les réponses aux
questions ce soir...
M. Rivest: Non, un ordre de grandeur.
M. Marois: ... ni comme ordre de grandeur, non plus ce soir.
M. Rivest: Je ne veux pas avoir cela ce soir.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.9 est-il
adopté?
M. Marois: Aux crédits, c'était un bon endroit pour
me poser toutes ces questions.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.9...
M. Rivest: Nous avions tellement de choses, M. le
Président, que nous ne pouvions pas aller au fond des choses.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0,9 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. L'article
111.0.10 est adopté aussi, je présume?
M. Rivest: Oui, les personnes et les experts, c'est la même
chose. Avant on les appelait les experts, vous avez changé pour
"personnes", je ne sais pas pourquoi, mais en tout cas! C'est cela, M. le
ministre?
M. Marois: Oui.
M. Rivest: II n'y a rien là. Attendez juste une seconde.
Dans l'ancien texte - je ne l'ai pas - enfin, j'ai une note qui m'indique que
le choix de ces personnes était sujet à la ratification du juge
en chef du Tribunal du travail. Cela a sauté. Pourquoi?
M. Marais: Bien sûr.
M. Rivest: Les personnes.
M. Marois: Oui.
M. Rivest: Pourquoi cela a-t-il sauté?
M. Marois: Forcément. Le député se
souviendra de notre discussion antérieure concernant la nomination du
conseil.
M. Rivest: Oui. M. Marais: Oui. M. Rivest:
J'essaie.
M. Marois: Sous la loi qui nous régit présentement,
la nomination provenait du juge en chef du tribunal. Voilà, c'est dans
la logique et la cohérence; forcément, on ne le retrouve pas
là.
M. Rivest: Le numéro 10, avez-vous des questions sur le
personnel?
Le Présidente (Mme Harel): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: 111.0.10, non merci.
Le Présidente (Mme Harel): Alors, 111.0.10 est-il
adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Présidente (Mme Harel): 111.0.10 est adopté.
Alors, 111.0.11.
M. Marois: Mme la Présidente, si on me permet, concernant
les conflits d'intérêts, je proposerais, pour répondre aux
préoccupations de l'Opposition et aux nôtres aussi, l'amendement
suivant...
Le Présidente (Mme Harel): Qui serait
situé à 111.0.5?
M. Rivest: ...M. le ministre.
M. Marois: Non, c'est qu'il y a un problème de
numérotation d'articles, si on veut être capable de se
retrouver.
M. Rivest: On fait confiance à la présidente.
M. Marois: Le numéro 111.0.4 deviendrait le
deuxième alinéa de 111.0.3. On enlèverait 111.0.4, ce
serait le deuxième alinéa de 111.0.3. 111.0.5 deviendrait, par
voie de conséquence, 111.0.4 et on introduirait un article 111.0.5 qui
se lirait comme suit...
Le Présidente (Mme Harel): Alors, je le lis. Donc,
ça deviendrait 111.0.5: Le président ne peut, sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise mettant en conflit son intérêt
personnel et celui du conseil. Toutefois, cette déchéance n'a pas
lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou par
donation, pourvu qu'il y renonce ou en dispose avec toute la diligence
possible. Un autre membre du conseil qui a un intérêt dans une
entreprise doit, sous peine de déchéance de sa charge, le
révéler par écrit aux autres membres du conseil et
s'abstenir de participer à une décision portant sur l'entreprise
dans laquelle il a cet intérêt.
M. Rivest: C'est très bien dit.
Le Présidente (Mme Harel): C'est bien lu?
M. Rivest: Oui.
Le Présidente (Mme Harel): Alors, des interventions? Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que ça n'a pas besoin
d'être là. Supposons qu'un membre qui vient, par exemple, de
l'hôpital Notre-Dame - ça se peut que ce soit quelqu'un qui
travaille à l'hôpital Notre-Dame ou à n'importe quel autre
centre hospitalier - soit nommé membre du conseil. Est-ce qu'il y a une
décision à prendre, disons, sur la liste de l'hôpital
Notre-Dame ou sur la façon dont les services essentiels sont maintenus
ou pas? Ce n'est pas couvert. Je veux simplement voir quelle sorte d'extension
on donne à cela, parce que je me demande si le conflit
d'intérêts dans ce cas du conseil sur le maintien des services
essentiels ne se manifestera pas d'une autre façon que par des
intérêts pécuniaires?
M. Rivest: Je pense que la solution à ce type de
problème-là - ça pourrait arriver, incidemment, ce serait
peut-être de dire que si le conseil est saisi - je ne sais pas comment on
le dirait - qui s'abstient de participer à la discussion et aux
délibérations. Il y a une formule là-dessus. (23 h 15)
Mme Lavoie-Roux: II ne faut pas qu'il y ait des
intérêts pécuniaires en dessous de cela.
M. Marois: Un membre du conseil qui a un intérêt
dans une entreprise doit, sous peine de déchéance de sa charge,
le révéler par écrit aux autres membres du conseil et
s'abstenir de participer à une décision portant sur l'entreprise
dans laquelle il a cet intérêt.
M. Rivest: M. le ministre, cet article-là
réfère uniquement aux entreprises privées. C'est
là-dessus que cela va se poser, avec votre texte. Tandis que ce
qu'évoque la députée de...
M. Marois: Cela, c'était pour répondre à
votre inquiétude, M. le député.
M. Rivest: Oui, c'est cela. La députée de L'Acadie,
ce qu'elle pose, c'est surtout lorsque - elle donne l'exemple de
l'hôpital Notre-Dame - il arrive un problème que le conseil doit
évaluer une liste et que la personne est issue, qu'elle soit un
administrateur ou un travailleur, de l'hôpital Notre-Dame; est-ce qu'elle
participe aux discussions du conseil?
M. Marois: Moi, M. le Président, j'avoue que j'ai
d'énormes réticences à cela et je pense qu'à
vouloir faire l'ange, des fois, on sait ce qui arrive. L'intérêt -
si Mme la députée me permet de finir mon intervention - dans une
entreprise, bon, on le couvrirait par l'amendement qui est là. Mais,
aller au-delà de ça, qu'est-ce qu'on cherche à couvrir
comme problème? Moi, je veux bien qu'on essaie de s'en créer
théoriquement. Est-ce qu'un problème du genre s'est posé
dans le fonctionnement du dernier conseil?
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous savez que...
M. Marois: Ils étaient tous, tous, tous des gens qui
avaient un intérêt au sens large par définition; ce
n'était pas "issu de", là.
Mme Lavoie-Roux: Ils étaient nommés d'une
façon temporaire.
M. Marois: Ah, oui, oui, bien sûr, temporaire tant qu'on
voudra, mais il y avait un travail bien spécifique à faire qui
concernait le maintien des services.
M. Rivest: Ils ne vérifiaient pas la liste syndicale;
là, ils vérifient la liste syndicale. Vous leur donnez une
certaine fonction très précise. Ils apprécient la
suffisance ou l'insuffisance d'une entente et d'une liste et l'ancien conseil
ne faisait pas cela.
M. Marois: M. le Président, pour l'instant, on pourrait
suspendre cette dimension-là. Je veux bien y penser. Je veux bien qu'on
soumette des textes tant qu'on voudra, mais...
Le Président (M. Gagnon): Qu'est-ce qui arrive avec
l'amendement, M. le ministre?
M. Marois: Je comprends que cet amendement-là est un
peu...
M. Rivest: On peut y repenser, M. le ministre.
M. Marois: C'est ce que je dis, on y songe.
Le Président (M. Gagnon): L'amendement qui fait la
renumérotation, c'est-à-dire où 111.0.4 devient le
deuxième alinéa de 111.0.3, c'est cela?
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.5 devient 111.0.4.
M. Marois: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Alors, vous avez un amendement
à 111.0.5, qui serait le nouveau 111.0.5, et il est suspendu
actuellement. C'est cela?
M. Marois: Non, celui-là, je comprends que...
Le Président (M. Gagnon): II est bon? M. Marois:
Oui.
Le Président (M. Gagnon): Alors, le nouvel article 111.0.5
est adopté, c'est-à-dire cet amendement-là?
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Nous en sommes
à 111.0.10.
M. Rivest: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Alors 111.0.10, est-ce qu'il est
adopté?
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: On peut toujours reculer, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): 111.0.11. Est-ce qu'il est
adopté?
M. Rivest: J'ai une question au ministre. "Le conseil peut
informer le public sur toute question relative au maintien des services
essentiels." Cela est une responsabilité selon le jugement du conseil;
cela n'a rien à faire avec le rapport public. C'est complètement
différent. Est-ce que dans votre esprit, lorsque vous avez mis cela,
vous souhaitiez que le conseil informe le public autant des problèmes
que du fait que cela fonctionne normalement?
M. Marois: C'est un pouvoir général
d'information.
M. Rivest: Et c'est vraiment cela. Derrière tout cela, il
y a tout le problème, qui a été largement commenté
par M. Picard dans son rapport, des immenses difficultés qu'il a eues,
semble-t-il, avec la presse. Enfin, il y a eu des jugements dont le ministre se
souvient sans doute. Par ailleurs, il peut se produire une situation vraiment
pénible; cela peut arriver, c'est déjà arrivé. Cela
peut être lancé dans l'opinion publique même si c'est une
information très pénible. Par exemple, un hôpital pour
enfants. Le conseil constate qu'il survient un problème, que c'est
absolument inacceptable ce qui se passe et il lance cela dans le public. Les
parents qui reçoivent cela...
M. Marois: M. le Président, distinguons deux choses. Il y
a un pouvoir général d'information qui suppose l'exercice d'un
certain jugement. Ces gens, comme l'invoquait le député de
Jean-Talon, ont un certain sens commun. Cela est une chose qui implique
fondamentalement un jugement.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas la Loi 59,
mais je pense que le conseil était chargé d'informer le public,
selon l'ancienne formulation. Ce n'est pas sur le fait que cette formulation a
été changée, mais nous avons l'expérience des
dernières grèves dans le domaine de la santé et le
rôle joué par le conseil sur le maintien des services essentiels.
Les rapports publics du conseil étaient faits avec trop de retard pour
que ce soit de quelque utilité. Cela était une chose. Ensuite,
les rapports publics faits par le conseil étaient incomplets et
étaient très laconiques. On maintient cette situation, et on s'en
est rendu compte seulement après qu'on a eu accès aux rapports
des experts; on a tout à coup réalisé que les rapports
étaient faits trop tard et qu'ils étaient incomplets. Je
me dis que c'est exactement du pareil au même. "Le conseil peut aussi
informer le public sur toute question relative au maintien des services
essentiels." La seule chose qui sera vraiment rendue publique, c'est lorsqu'il
fera rapport au ministre sur le fait qu'il juge les services incomplets. Au
même moment où il fait rapport au ministre, il doit le rendre
public, j'imagine. Je vous assure qu'entre le moment où il va
décider de le transmettre au public, on va se retrouver dans les
mêmes situations de confusion qu'auparavant. S'il n'y a pas plus
de...
M. Marois: M. le Président, je pense que Mme la
députée aurait intérêt à lire, à la
page 12, l'article 111.10.2. Elle trouvera là une réponse
précise à sa question. C'est pour le cas des services de
santé et des services sociaux. Dans le cas des services publics, c'est
l'article 111.0.20. L'article dont nous parlons présentement, c'est le
pouvoir général d'information. C'est bien ça.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.11 est-il
adopté?
M. Marois: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Je m'excuse d'impatienter le
ministre. Je trouve que c'est la question la plus importante ou une des
questions les plus importantes. Vous dites que c'est son mandat
général d'informer le public. Vous dites: C'est
précisé dans le 111.0.20. Je le vois. Quand il fait rapport au
ministre, c'est précisé. Mais dans le cas où il juge qu'il
n'a pas à faire rapport au ministre et qu'il hésite à
faire rapport au ministre et ainsi de suite, à ce moment, qu'est-ce qui
se passe? Il ne sera pas obligé d'informer le public que, par exemple,
les services essentiels sont maintenus. Il n'y aura aucune communication avec
le public avant qu'on arrive à 111.0.20 ou à moins qu'il
n'applique 111.0.20.
M. Marois: Pas du tout. M. le Président, Mme la
députée de L'Acadie nous a expliqué, d'une part, que les
rapports portant sur un problème précis, une situation
précise dans un établissement donné étaient
incomplets, pas suffisamment balisés, ne contenaient pas suffisamment de
contenu. C'est pour répondre à ce genre de problème qu'ont
été mis au point et insérés les articles que je
viens de mentionner.
Mme Lavoie-Roux: ... M. le ministre.
M. Marois: D'autre part, nous avons voulu aussi donner un pouvoir
général d'information du public sur toute question relative au
maintien des services essentiels dans la région 06-C; il est important
de faire savoir que ça va bien. Le conseil fera savoir que ça va
bien. Dans le cas où un problème précis...
Mme Lavoie-Roux: II vous le rapporte.
M. Marois: Voilà. Et c'est public et cela doit indiquer et
contenir un certain nombre de choses. C'est prévu dans les articles que
je viens de mentionner. Ce contenu doit préciser en quoi les services
prévus, dans le cas où il s'agit, où cela intervient avant
que le droit de grève soit accordé, ou effectivement rendus dans
l'autre cas sont insuffisants et dans quelle mesure cela constitue un danger
pour la santé ou la sécurité publique.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pourquoi le conseil ne
rendrait-il pas publique une liste qui est devenue la liste officielle,
l'entente qui est devenue l'entente officielle pour...
M. Marois: C'est prévu, M. le Président, dans le
protocole-cadre.
M. Rivestt Le protocole-cadre n'est pas très explicite
dans le projet de loi. 111.0.12, protocole-cadre. (23 h 30)
M. Marois: Dans le protocole-cadre qui était contenu, par
exemple, à titre de première hypothèse en annexe du
rapport Picard, on se souviendra qu'une des clauses du protocole-cadre qui sera
discuté entre les partis, convenu entre les partis, établi par le
conseil, recommandé au Conseil des ministres qui peut même
à la fin, au moment où il l'établit par règlement,
y ajouter des choses, le compléter, le modifier et le reste,
prévoyait l'affichage des ententes ou des listes.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela a été fait?
M. Marois: Non, c'était une recommandation du...
Mme Lavoie-Roux: Une recommandation, excusez-moi.
M. Marois: ... rapport Picard.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce que c'est une recommandation que
vous retiendrez dans le...
M. Marois: C'est une recommandation
que j'ai l'intention de faire au conseil.
M. Rivest: M. le ministre, sur l'affichage des ententes, il
faudrait mettre les listes également. Dans le domaine de la santé
et des services sociaux, il me semble que le conseil pourrait y penser ou
peut-être que le protocole-cadre lui indiquera dans les
règlements. C'est tellement important; Dieu sait que, dans ce genre de
conflit, l'évolution de l'opinion publique est une affaire capitale,
autant pour le gouvernement que pour le syndicat, que pour les administrateurs.
Je verrais très bien, par règlement - je ne le demande pas dans
la loi - et faisant suite à ce que ma collègue demandait, que le
conseil songe à utiliser, dans les responsabilités qui lui sont
imparties sur le plan de l'information, les médias locaux et
régionaux pour qu'il y a effectivement grève, mais que les
services dans un établissement hospitalier, l'accès est garanti
par une entente, les deux parties sont d'accord, on maintient les services
d'obstétrique, les services coronariens.
Je pense qu'on s'est tué, le ministre, son adjoint parlementaire,
tous les parlementaires et nous-mêmes, à dire que cela s'est fait
dans la plupart des cas. Je vous jure - et je rappelle le cri du coeur de
l'adjoint parlementaire dans la campagne électorale qui disait qu'il
tenait le droit de grève à bout de bras. Très
récemment, en Mauricie, dans un colloque, je présidais un atelier
là-dessus et quand je disais cela à des gens qui étaient
là, ils étaient complètement renversés, ils ne
savaient même pas que dans les établissements hospitaliers,
même dans le passé, dans les bouts les plus durs, pendant une
grève, les gens pouvaient avoir accès aux services coronarien et
d'obstétrique. Les gens ont dans la tête - et c'est d'ailleurs ce
qui explique en grande partie les sondages - qu'il n'y a rien nulle part qui
fonctionne, parce qu'il n'y a jamais eu personne pour le dire. Peut-être
que certains établissements localement en ont pris l'initiative, sans
doute que certains l'ont fait, mais il s'agirait d'utiliser les postes de radio
locaux et régionaux et dire: II y a grève, voici les services
ouverts à la population. Je suis sûr que si c'était fait et
prévu, on pourrait faire un chemin immense dans la maturation de tout ce
problème social qu'on vit depuis tellement d'armées au
Québec.
M. Marois: C'est tout à fait exact et c'est pour cela que,
pour y arriver, il faut absolument donner au conseil un pouvoir
général d'information, qui implique l'utilisation des
médias locaux, régionaux, écrits, électroniques et
le reste.
Le Président (M. Gagnon): Alors, l'article 111.0.11 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.12 est
adopté aussi, je présume? M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: L'article 111.0.12. D'abord, la première
question concerne le protocole-cadre, l'affichage, par exemple. Pourquoi le
protocole-cadre ne s'applique-t-il qu'aux établissements? Pourquoi tout
le domaine des services publics est-il exclu? D'après la lecture que
j'ai faite - si je fais erreur, le ministre me corrigera - dans le cas d'un
établissement visé au paragraphe 2 de l'article 111.2, cela ne
concerne que les secteurs public et parapublic et même les
établissements de santé. Pourquoi, par exemple, parle-t-on d'un
règlement ou d'un protocole sur l'affichage? Supposons qu'il y a une
grève dans le transport en commun, par exemple, il pourrait certainement
y avoir un protocole qui dirait: Les handicapés, vous avez ceci, il y a
de l'information qui vous serait transmise ici. Je prends cet exemple, parce
que c'est un élément du protocole, la question de l'affichage ou
de la publication de ce qui existe.
M. Marois: Dans ce cas c'est exact que cela concerne les services
sociaux, les services de santé; là à cause
fondamentalement du nombre d'établissements impliqués dans un
réseau et par voie de conséquence du nombre de listes ou
d'ententes qui doivent être convenues ou établies, il ressort
clairement qu'il faut un cadre établissant un certain nombre de choses
qui doivent se traduire avec une coloration locale ou régionale. Cela
est fondamental.
Le problème est bien différent lorsqu'il s'agit d'un
service public bien précis qui est d'une nature très
particulière propre à une région donnée et qui n'a
aucune commune mesure même dans un cas de transport en commun, par
exemple, selon qu'on est dans la grande région métropolitaine ou
à Québec, ce n'est pas du tout le même type et le
même genre de problème. Alors, on comprend bien ce que vise le
protocole-cadre en ce qui concerne le réseau des affaires sociales au
sens large, ce qui n'exclut absolument pas dans le cas d'un service public bien
précis que, par les moyens généraux d'information, soit
divulgué en ce qui concerne un service public précis.
M. Rivest: Je comprends très bien la perspective et je
remercie le ministre de sa précision. Le protocole-cadre qui a
été préparé comme esquisse par M. Picard, faisait
suite à son expérience dans le domaine de la santé et des
services publics; selon les 19 points qu'il énumère à
l'annexe de son rapport on voit carrément que c'est
conçu dans la perspective des services de santé et des
services sociaux. Mais dans ce protocole-cadre, il y aurait quand même
des choses. Je comprends très bien que dans tous les autres secteurs,
ça devient très disparate et très particulier, le gaz,
l'électricité, le transport en commun, les ordures
ménagères, ce sont des univers extrêmement particuliers,
mais il y a quand même des choses qui peuvent, par exemple, au cas
d'une... enfin, il est mentionné dans ce domaine:
épidémie, conflagration, situation de force majeure...
voyez-vous, il y aurait peut-être des actions à prévoir au
niveau de la réglementation ou d'un protocole-cadre pour assurer les
services essentiels au cas où cette chose-là se passe. Je pense,
par exemple, au transport en commun où comme on a vu à
Montréal, s'il arrivait un incendie, je ne sais trop. Il y aurait quand
même avantage à y penser. Peut-être que le gouvernement
pourrait faire une disposition particulière pour mettre l'accent sur la
santé, mais se donner un autre article qui donnerait un pouvoir de
règlementation quitte à ce qu'on demande aux parties
elles-mêmes de convenir entre elles d'un certain protocole-cadre sur des
points majeurs dans les services publics en général.
M. Marois: II faut bien comprendre la distinction fondamentale.
Dans le cas du réseau des affaires sociales et le député
comprend bien qu'il doit y avoir un cadre uniforme de base, mais qui conserve
une souplesse pour pouvoir correspondre à certaines
réalités qui sont quand même changeantes ou
différentes d'un certain type d'établissement à un autre,
mais il faut un cadre minimum uniforme; dans le cas d'un service public,
où l'inquiet député de Jean-Talon me parle du pire, d'une
épidémie ou d'une situation de force majeure dans le genre
apocalyptique, il reste une chose à faire très rapide pour le
conseil, c'est de dépêcher son expert qui se retourne
immédiatement pour décréter tout de suite au ministre
qu'il va de soi que les services sont insuffisants, et par voie de
conséquence, les gestes qui s'imposent s'imposeront d'eux-mêmes,
me semble-t-il.
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.12 est-il
adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président. Alors, bon, très
bien au niveau des établissements. Je poursuis la lecture: "Dans le cas
d'un établissement visé au paragraphe 2 de l'article 111.2, le
conseil détermine par règlement, après consultation des
parties à l'échelle nationale, la forme d'une entente ou d'une
liste - bon, cela va, c'est formel -ainsi que les éléments
qu'elles doivent contenir dont notamment le libre accès d'un
bénéficiaire à l'établissement." Il y a la forme et
il y a le contenu, n'est-ce pas? Il y a des éléments de contenu
et, nommément, je vais vous en donner un, c'est le libre
accès.
Quand vous avez mis cela dans la loi, j'imagine que vous aviez en
tête d'autres éléments de contenu qui vous paraissaient
devoir être inscrits dans le protocole-cadre d'une entente. C'est cela?
Oui? Est-ce que vous pouvez nous indiquer qu'est-ce que vous avez en
tête, où en est rendue votre réflexion? Je vous dis cela
parce que, compte tenu des délais et de la mécanique, encore
là, c'est capital. Il faut que ce soit fait rapidement et dans les
prochains jours parce que les parties vont devoir arriver avec des ententes
dans les établissements pour le 30 septembre, alors qu'il n'y apersonne de nommé. Il faut que le gouvernement ait une
idée... D'abord, est-ce qu'il existe un projet de règlement que
le ministre, peut-être, pourrait nous soumettre, le règlement en
vertu de l'article 111.0.12?
M. Marois: Le projet auquel je peux référer le
député est le projet qui a été
préparé par la commission elle-même, qui était en
annexe 2 du rapport Picard et qui contient bon nombre d'éléments
de contenu.
M. Rivest: C'est tout? Il n'y a pas d'autres...
M. Marois: Et qui ne sont pas des détails.
M. Rivest: Non, ils sont importants. Page 48, M. le ministre. Je
vous laisserai en donner des exemples, non? Mais est-ce qu'actuellement vous
m'indiquez que le gouvernement en est au niveau de la réflexion sur son
règlement, à ce stade, tel qu'on le retrouve aux pages 48, 49, 50
et 51 du rapport Picard. On n'a pas plus que cela? Si c'est cela, je suis pas
mal inquiet parce que ce règlement, il faut qu'il soit publié la
semaine prochaine, car il faut qu'il soit communiqué... Il faut d'abord
consulter les parties à l'échelle nationale, il faut le
rédiger, il faut faire les arbitrages nécessaires, il faut qu'il
soit publié très tôt pour qu'au cours des mois de juillet,
août et septembre, les parties puissent, en ayant en main ce
protocole-cadre négocier des ententes qui doivent être conclues le
30 septembre dans le domaine de la santé et des services sociaux.
J'espère que vous n'avez pas de projet de vacances pour
l'été, M. le ministre, parce que là, vraiment, c'est une
affaire extrêmement importante. Si vous n'avez rien là - enfin, je
ne veux pas vous faire à cette heure-ci tout un plat pour vous faire
sourire - si vous n'avez rien, non seulement je suis inquiet mais je suis
très inquiet. D'accord?
M. Marois: J'avais déjà noté, M. le
Président, à quel point le député de Jean-Talon est
d'une nature très inquiète.
M. Rivest: C'est vrai, s'ils n'ont rien, c'est incroyable.
Mme Lavoie-Roux: C'est absolument fondé.
M. Rivest: Incroyable!
Le Président (M. Gagnon): L'article 111.0.2 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rivest: Bien minute! c'est capital cela. Il y a un conseil qui
n'est pas formé, il n'y a pas de membres qui sont approchés,
puisque les consultations ne sont pas prêtes, et là on arrive avec
un protocole-cadre sur des éléments essentiels qui fait
état d'une expérience pénible à bien des
égards et le ministre me dit que son règlement n'est pas
prêt. Donc, les établissements au niveau local, les deux parties
ne peuvent se voir parce qu'elles ne savent pas dans quel cadre cela va se
faire et puis on arrive aux vacances du mois de juillet, du mois d'août
et, le 30 septembre, tout cela doit être mis en place. Quand le
règlement sera-t-il prêt? Vous pourriez peut-être, mais
enfin, je ne le demande pas pour moi, je le demande pour....
M. Marois: II faudrait d'abord, M. le Président, adopter
une loi.
Mme Lavoie-Roux: Ahi écoutez, des fois vous nous
déposez les règlements en même temps que la loi. (23 h
45)
M. Rivest: II aurait fallu, pour adopter la loi à temps,
que M. le ministre la dépose à temps.
Mme Lavoie-Roux: Et puis, à part cela, M. le
Président, si vous me donnez la parole...
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
L'Acadie, vous l'avez prise déjà.
Mme Lavoie-Roux: Non, je vous la demande. Je ferai remarquer au
ministre, M. le Président, qu'il est arrivé que, dans plusieurs
cas, au moment de la discussion d'une loi article par article, au début,
on déposait des règlements afférents. 101 est un
exemple.
M. Marois: Oui et je voudrais rappeler au député le
texte de 111.0.12: "le conseil détermine par règlement". Le
conseil a un travail de déblayage lui-aussi à faire à
partir d'un certain nombre d'hypothèses. On pourra certainement aider le
conseil qui devra, pour ce faire, consulter les parties et, par la suite,
soumettre le projet au ministre et au Conseil des ministres qui décidera
du contenu final du protocole.
Le Président (M. Gagnon): Mme la député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on a déjà
établi un besoin prioritaire, le libre accès d'un
bénéficiaire à l'établissement. Nous sommes
totalement d'accord sur cela. N'y avait-il pas d'autres éléments
importants qui auraient pu être retenus, comme par exemple, la
dépendance et la captivité des clientèles? Pourquoi
n'a-t-on retenu que le libre accès à l'établissement?
C'est très bien, mais je pense qu'il y a d'autres éléments
qui sont très importants et qui auraient quand même
déjà eu un effet bénéfique, je pense, du point de
vue de l'opinion publique et du cadre de référence.
M. Marois: II pourrait y avoir, M. le Président,
effectivement beaucoup d'autres choses. D'ailleurs, le projet contenu en annexe
du rapport Picard contient beaucoup d'autres choses. On a reproduit dans le
texte ce qui était dans l'article 111.10 qui est présentement
dans le code. Je vous relis l'avant-dernier paragraphe: "Une entente ou une
liste doit notamment prévoir le libre accès d'un
bénéficiaire". Nous l'avons reproduit dans le texte parce qu'on
ne voulait pas que qui que ce soit, en lisant le texte de loi, ait l'impression
qu'on avait retiré une chose qui était déjà
prévue dans la loi. Sur un strict plan juridique, on aurait pu le faire,
parce que c'est un droit qui est prévu dans la charte. On aurait pu le
faire. Bon. Vous ou d'autres auriez pu me faire un plat en me disant: Vous
allez retirer un droit qui était déjà prévu, etc.
Alors, on l'a reproduit, encore une fois, avec le "notamment".
M. Rivest: M. le ministre, est-ce que vous avez pris connaissance
d'un texte qui nous est parvenu cette semaine de l'Association des
hôpitaux du Québec, qui est quand même drôlement
impliquée là-dedans? Je vous lis simplement un court passage,
à la page 11: "Que le mandat du conseil soit spécifique quant
à la détermination de lignes directrices - là, il s'agit
du protocole - de normes et de critères à partir desquels les
parties doivent convenir d'une entente sur la détermination des services
essentiels; que, pour le réseau des services de santé et des
services sociaux, ces lignes directrices contiennent des dispositions
précises concernant des facteurs qui doivent obligatoirement être
considérés pour la détermination des services à
maintenir tels que - et cela, c'est quand même des gens
qui vivent dans le réseau - la situation géographique de
certains établissements et les ressources alternatives - chose qu'on ne
retrouve pas dans l'énoncé de protocole de M. Picard - le
degré de dépendance ou de captivité de certaines
catégories de bénéficiaire - dont ceux requérant
des soins prolongés ou psychiatriques dont parlait ma collègue -
le nombre de cas électifs et ceux admis par l'urgence au cours d'une
période de référence, en relation avec leur pathologie
respective et le niveau des soins requis, les services de soutien qui devront
être maintenus en relation avec le nombre de bénéficiaires
envisagés; et que le projet de règlement - le texte répond
à cet objectif, le dernier objectif - à être soumis au
gouvernement pour approbation fasse l'objet d'une consultation
préalable". Vous voyez, il y a quand même des
éléments proposés par des gens qui vivent dans le
réseau et qui connaissent beaucoup mieux la réalité des
choses. Ils sont arrivés à faire cela, arriver à faire un
projet de règlement sur ces éléments qui ne sont sans
doute pas improvisés. Ce sont des gens du réseau...
Le ministre peut trouver drôle que j'emploie toujours la
même formulation quand je dis qu'avec son projet de règlement ou,
enfin, avec le règlement dont il s'agit, sans qu'il nous donne aucune
espèce d'indication et sans qu'il veuille mettre plus dans la loi que la
question du libre accès des bénéficiaires en termes de
contenu, en tout cas, il y a certainement lieu d'être extrêmement
sceptique sur l'efficacité concrète pour l'automne prochain
qu'aura cette disposition qu'il nous demande d'inclure dans la loi à ce
moment.
M. Marois: Bien, alors, M. le Président, le
député pourra dormir sur son scepticisme si tant est qu'il se
sent ainsi. Ceci étant dit, j'ai effectivement reçu le
mémoire de l'Association des hôpitaux du Québec au
gouvernement et j'ai pris attentivement connaissance des recommandations. Le
député vient de m'en citer une. Il y a plusieurs autres
recommandations dans le mémoire. Il y en a effectivement, huit. Un
certain nombre des recommandations - c'est peut-être une question de
lecture du texte - se retrouvent déjà dans le texte de loi. Je me
permets un commentaire général parce qu'effectivement c'est,
à ma connaissance, le seul organisme qui nous a fait parvenir un
document. Donc, comme il s'agit d'un organisme qui s'est donné la peine,
en plus de travailler, de mettre cela au point, de nous faire parvenir un
document comme celui-là, on a porté une attention tout à
fait particulière, oui, au document en question. Cette recommandation
qui est la deuxième, du rapport à la page 11, effectivement,
contient des éléments extrêmement intéressants dont
bon nombre pourraient vraisemblablement et devraient être inclus dans le
règlement.
C'est pour ça, et je le rappelle, que le dernier paragraphe de
111.0.12 est là: Un règlement visé "est soumis à
l'approbation du gouvernement qui peut le modifier." Ceci signifie qu'il est
possible pour le gouvernement d'y inclure un certain nombre
d'éléments qui devront être considérés pour
la détermination des services à maintenir. On aurait pu choisir
l'autre piste qui aurait été de mettre dans le texte de loi toute
une série de ces éléments. On préfère le
faire en travaillant avec les parties en laissant le conseil faire son travail
quitte à l'aider, quitte à lui donner certaines indications quant
à nos intentions en fin de compte pour éviter qu'il ne travaille
inutilement ou n'oublie des choses importantes, l'aviser à l'avance, au
point de départ même, que certains éléments,
à notre avis, devront être dans le projet de règlement. Si
tant est qu'ils ne s'y retrouvaient pas, le gouvernement a le pouvoir de
modifier le projet qui lui sera soumis, de telle sorte que le
député, bien sûr, peut toujours dormir -ce qui demeure,
quand même passablement inconfortable - sur son scepticisme, mais c'est
déjà prévu par un pouvoir réglementaire.
Si on met tout ça dans la loi, si on établit une liste
dans la loi, c'est une approche, c'est une façon de
légiférer très rationnelle, très logique,
très rigoureuse, mais qui ouvre toujours une porte. C'est une approche,
mais c'est une approche qui est dangereuse sur le plan juridique parce qu'on
peut toujours plaider - je m'excuse, c'est peut-être ma
déformation professionnelle qui joue - que tel critère, telle
norme prévue par la loi n'a pas été respectée et
que, par voie de conséquence, telle entente n'est pas valable. Quelqu'un
pourrait s'en servir à d'autres fins que les fins pour lesquelles c'est
prévu. C'est pour ça qu'il y a le pouvoir de modification ultime
du gouvernement pour la promulgation du règlement.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. Est-ce
que l'article 111.0.12 est adopté?
M. Rivest: Non.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais que le ministre
m'indique, d'une façon très précise, là où
en est rendu le gouvernement au niveau de ses services dans
l'élaboration de ce protocole d'entente. Je voudrais aussi demander au
ministre les mesures qu'il entend prendre pour s'assurer à quel moment
environ le conseil - d'après son évaluation sur le plan
administratif - pourra être constitué, deuxièmement prendre
acte de tout le travail des gens qui vont être
nommés; il va falloir qu'ils prennent connaissance de tout ce qui
existe dans le dossier, faire un règlement sur les
éléments essentiels d'un protocole, procéder à la
consultation, le soumettre au gouvernement.
Je voudrais que le ministre puisse, demain, étant donné
qu'il est minuit, me rassurer et m'indiquer le moment où les gens, dans
le réseau des affaires sociales et des services de santé,
pourront avoir en main un tel protocole-cadre ou un tel règlement pour
commencer à se parler au niveau des ententes et des listes qu'ils
devront avoir conclues avant le 30 septembre.
M. Marois: Je peux tout de suite dire au député, M.
le Président, dans les meilleurs délais, les plus rapides
après l'adoption de la loi.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Merci.
M. Rivest: On ajourne, d'accord.
Le Président (M. Gagnon): La commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 58)