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Etude du projet de loi no 45
(Onze heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour continuer l'examen article par article du
projet de loi no 45 intitulé Loi modifiant le Code du travail et la Loi
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Les membres de la commission sont M. Bel-lemare (Johnson)...
M. Chevrette: Qui aura comme substitut au cours de la
journée, M. Le Moignan. En tout cas, de consentement, on accepte. On a
rencontré M. Bellemare tout à l'heure.
Le Président (M. Clair): Y a-t-il consentement, madame,
messieurs de l'Opposition officielle, pour que M. Bellemare (Johnson) soit
remplacé...
M. Chevrette: Au cours de la séance.
Le Président (M. Clair): ... avec droit de parole et droit
de vote au cours de la séance par M. Le Moignan (Gaspé), mais
qu'il soit bien remplacé et qu'il ne s'ajoute pas comme membre de la
commission?
M. Forget: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): II y a consentement. M. Le
Moignan (Gaspé), pourra remplacer...
Mme Lavoie-Roux: S'il y en a un qui a une faiblesse, vous nous
donnerez la même chance.
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Clair): M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Brochu (Richmond)...
M. Chevrette: Avec M. Russell, jumelé à M. Russell
pour la même raison que M...
Une Voix: "Paire".
M. Chevrette: "Paire" ou jumelé, en tout cas, je dis
jumelé.
Le Président (M. Clair): M. Russell
(Brome-Missisquoi)...
Mme Lavoie-Roux: Ce serait plus français, je ne le sais
pas. Non, une paire, "paire".
Le Président (M. Clair): ... pourra remplacer, à
l'occasion, M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal)...
M. Forget: Remplacé par M. Blank (Saint-Louis).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M. Blank
(Saint-Louis). Remplacé pour toute la séance d'aujourd'hui?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Clair): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
M. Chevrette: Comme un seul homme tout le temps.
Le Président (M. Clair): M. Couture (Saint-Henri)...
M. Chevrette: Remplacé par M. Godin de... M. Godin:
(Mercier).
M. Chevrette: ... (Mercier), l'ancien comté d'un homme
célèbre.
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M. Godin
(Mercier);
Une Voix: ... D'un homme illustre.
Le Président (M. Clair): M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)...
M. de Bellefeuille: Présent.
Le Président (M. Clair): ... M. Forget
(Saint-Laurent)...
M. Forget: Présent.
Le Président (M. Clair): ... M. Gosselin
(Sherbrooke)...
M. Chevrette: Remplacé par M. Mercier (Berthier).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M.
Mercier (Berthier); M. Johnson (Anjou), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), M. Macka-sey
(Notre-Dame-de-Grâce)...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il vient.
Le Président (M. Clair): ... M. Marois (Laporte)...
M. Chevrette: Remplacé par Marcel Gagnon (Champlain).
Le Président (M. Clair): ... remplacé par M. Gagnon
(Champlain); M. Pagé (Portneuf)...
Mme Lavoie-Roux: Remplacé.
Le Président (M. Clair): ... remplacé par Mme
Lavoie-Roux...
Mme Lavoie-Roux: (L'Acadie).
Le Président (M. Clair):... (L'Acadie);
M. Chevrette: M. le Président, avant que vous ne
commenciez la séance...
Le Président (M. Clair): ... M. Roy (Beauce-Sud).
M. Chevrette: ... est-ce que vous comprenez bien que demain c'est
une nouvelle séance et qu'il pourrait y avoir des substitutions?
Le Président (M. Clair): Je considère
qu'effectivement, demain constituera une nouvelle séance et qu'il pourra
y avoir de nouveaux remplaçants pour la journée de demain.
M. Chevrette: Merci.
M. Johnson: Nonobstant qu'il n'y aura pas d'ordre de la Chambre
demain. C'est l'ordre de la Chambre d'aujourd'hui qui comptera.
Le Président (M. Clair): Oui, effectivement. Maintenant,
je tiens à préciser qu'en aucun temps, cependant, les
députés Le Moignan (Gaspé) et Russell (Brome-Missisquoi)
ne pourront exercer de droit de parole, ni de droit de vote en même temps
que les personnes qu'ils remplacent, soit M. Bellemare (Johnson) et M. Brochu
(Richmond). Messieurs, au moment où nous avons ajourné nos
travaux, hier, nous en étions à l'étude de l'article 34a.
Si ma mémoire est fidèle, il n'y avait pas de motion formelle
d'annoncée. Le temps de parole des intervenants n'était pas
écoulé sur l'article 34a. M. le député de
Saint-Laurent, je pense, demande la parole.
Avis des parties à une convention
collective
M. Forget: M. le Président, seulement pour nous situer de
nouveau dans le contexte de la discussion, parce que je pense qu'on touche
à un aspect extrêmement important. C'est une modification du
mécanisme central, le pivot autour duquel tourne une grande partie du
Code du travail. Les modifications qui sont apportées tentent à
rendre automatique, par le jeu des articles 40 du code et des nouveaux articles
40a et 40b du code, et des articles suivants, évidemment, qui sont
également modifiés jusqu'à l'article 46 et autres, rendent
automatique l'état de belligérance, en quelque sorte,
l'acquisition de l'état de belligérance entre les parties. C'est
fait pour des raisons qui ont une certaine valeur, c'est-à-dire
éliminer des procédures qui ont été jugées
comme n'ayant que cette qualité, c'est-à-dire d'être des
procédures n'ayant pas de contenu substantiel en elles-mêmes, par
exemple la conciliation. Là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord.
Lorsqu'on va jusqu'à supprimer les avis et remplacer un avis par une
présomption selon laquelle même si l'avis n'a pas
été donné, on se comporte comme s'il l'avait
été, et on n'aménage pas autrement que par une
référence très vague au pouvoir discrétionnaire du
ministre de nommer un conciliateur, même si les parties n'en font pas la
demande. On n'aménage pas de processus d'évolution de la
situation. Il me semble qu'on crée un nouvel état, une nouvelle
situation...
M. Chevrette: M. le député de Saint-Laurent, est-ce
que vous me permettrez une correction?
M. Forget: Oui.
M. Chevrette: Même si c'est rétroactif, comme on
s'est montré souple, j'ai oublié une substitution pour la
journée, c'est le député de Jonquière au lieu du
député de Champlain.
M. Forget: Pas de problème.
Le Président (M. Clair): De consentement unanime?
M. Forget: De consentement... M. Chevrette:
M.Vaillancourt...
Le Président (M. Clair): M. Vaillancourt
(Jonquière), qui remplace M. Marois (Laporte) et non M. Gagnon
(Champlain).
M. Chevrette: ... à la place de M. Gagnon.
Le Président (M. Clair): Oui, mais M. Gagnon est
remplacé par M. Marois (Laporte).
Pour que ce soit bien clair, encore une fois, c'est le
député de Jonquière, M. Vaillancourt, qui remplace M.
Marois (Laporte) pour la séance d'aujourd'hui.
M. Forget: Bon! On peut ajuster nos casques et nos mitaines, M.
le Président?
Le Président (M. Clair): Tenez-vous bien, on repart!
M. Forget: C'est essentiellement ceci que je voudrais souligner,
parce qu'on a traité hier soir d'autres points comme la question de la
détermination du début et de la fin de la convention collective,
la question des signes extérieurs de bonne foi qu'on élimine
aussi. Nous avons indiqué que, quant à nous, nous n'étions
pas rassurés par l'élimination de cette possibilité de
dire: II y a évidemment mauvaise foi et on verra pourquoi plus tard,
parce qu'on fait allusion justement à l'existence ou à
l'inexsitence de bonne foi lorsqu'il est question d'intervention d'un conseil
d'arbitrage ou
d'une commission d'arbitrage dans le cas de la première
convention collective.
Alors, on s'enlève des instruments, mais je ne reviendrai pas
là-dessus, sauf pour noter les arguments avancés par le ministre
qui disait: C'est dû au fait qu'il y a une période... Enfin, je
mets tout ça entre parenthèses parce que je vais perdre le fil de
mon exposé. On pourra peut-être y revenir s'il y a des sujets qui
ne sont pas complètement éclaircis.
Mais, pour revenir à mon sujet, il reste que l'enclenchement
automatique de l'état de belligérance, sans intervention
même des parties, sans qu'elles soient obligées d'envoyer un avis
pour convoquer l'autre partie à des négociations, qui se fait
simplement par l'écoulement du temps et l'expiration du délai
prévu dans la convention collective, tout à coup, sans
avertissement, fait qu'on se trouve dans une position où l'une ou
l'autre des parties peut invoquer, soit la grève, soit le lockout.
Le ministre nous dira bien sûr qu'il aura maintenant le pouvoir de
nommer un conciliateur d'office. Il a raison. Il aura ce pouvoir sauf que c'est
une discrétion totale dont il dispose. Il va dire: Si on est de bon sens
et qu'on ne veut pas politiser, etc., c'est vrai.
Mais est-ce que ce serait encore plus simple et plus conforme à
d'autres législations du travail? Je pense que le Code canadien a une
philosophie d'intervention différente mais où,
précisément, l'intervention est circonscrite. Si vous avez un
pouvoir d'intervention du ministre de nommer un conciliateur et c'est
complètement "open ended" il n'y a pas de restrictions, il n'y a
pas d'énumération des circonstances où cela doit
être fait par le ministre ou cela ne peut pas être fait, c'est
simplement une question, presque de jugement personnel. Bien sûr, il va
dire: On est appuyé par les fonctionnaires, et tout. Mais il n'y a
aucune espèce de cadre dans la loi qui dit: Le ministre, dans les cas
où une convention collective, par exemple, vient à expiration et
où il n'y a aucun mouvement de la part d'aucune partie... Il doit y
avoir là au moins un avis au ministre où une partie doit, avant
de déclencher la grève ou le lock-out dans ce cas-là, au
moins avertir le ministre qu'elle se dispose à le faire. Si elle ne veut
pas faire l'avis au ministre... Non.
M. Johnson: En vertu, mais oui. Quand un syndicat décide
qu'il déclenchera une grève, il doit informer le ministre qu'il a
l'intention de faire la grève.
M. Forget: Oui, en vertu des articles 19b... M. Johnson:
C'est cela.
M. Forget: Oui, mais il a 48 heures. Le ministre n'a pas beaucoup
de temps pour se retourner dans une situation comme celle-là.
M. Johnson: Ce n'est pas nécessairement 48 heures avant le
déclenchement de la grève.
C'est dans les 48 heures qui suivent la décision de faire la
grève, mais la grève peut survenir un mois plus tard. Si par
exemple, l'assemblée syndicale décide de donner un mandat de
grève à son exécutif, donc on sait qu'il y a un conflit,
ou qu'il y a peut-être un conflit à l'horizon dans cette
négociation. Dans certains cas, c'est vrai, cependant que le syndicat
peut nous informer qu'il va faire la grève et de fait il est
déjà en grève au moment où nous recevons
l'avis.
M. Forget: C'est cela. Parce qu'on a bien dit que l'avis
n'était pas une condition pour le déclenchement de la
grève. Il peut donc y avoir des événements qui se
déroulent de façon très précipitée, ou, dans
d'autres cas, le syndicat peut être disparu dans les circonstances
qu'expliquait le ministre hier. On se trouve là aussi dans une situation
où le ministre ne peut plus, même personne ne peut plus, demander
la révocation et il n'y a aucun exposé de circonstances, aucune
condition qui est mise à l'utilisation, par le ministre, de son pouvoir.
Je ne veux pas anticiper sur ce qu'on retrouvera plus tard quand on parle de
pouvoir discrétionnaire. Je le mentionne à ce moment-ci
simplement pour dire qu'on est dans une situation où, légalement,
les parties sont capables d'avoir recours aux instruments les plus forts que
prévoit le Code du travail, et ceci par le jeu automatique d'expiration
de délai, etc. sans la nécessité, pour personne, dans le
fond de faire quelque chose entre le moment où les délais
expirent et le recours à ces moyens, sauf des avis qui peuvent parvenir
après qu'on a appliqué les moyens en question.
On ne jouerait pas notre rôle comme commission parlementaire si on
ne passait pas quelques minutes à se pencher sur une innovation comme
celle-là, parce que, dans le fond, on a dit bien des choses et
exposé bien des bonnes pensées et des bonnes intentions au cours
de nos débats sur tous les articles antérieurs, mais il y a quand
même une préoccupation que, je pense bien, tous les membres de la
commission partagent, c'est de faire évoluer, dans un sens positif, les
relations du travail.
Quand on est en face d'une disposition comme celle-là, on peut se
poser des questions, parce que le fait de mettre des gens devant une situation
où il y a un état de belligérance sur le plan
légal, si rapidement et de façon si inconditionnelle, est-ce
qu'on peut vraiment penser que c'est un facteur de paix sociale et de
facilitation des rapports? Je ne peux pas y croire; même avec toutes les
précautions ou les conditions qui pourraient s'y attacher et les autres
considérations découlant d'autres articles, je ne retrouve pas un
processus civilisé prévu dans la loi pour évoluer vers une
situation, mais pas d'un coup sec, par des étapes normalement
aménagées.
Sans vouloir faire de la procédurite, sans vouloir tendre des
pièges à qui que ce soit, il me semble que c'est un peu soudain
comme effet. Cela m'inquiète et je me dis: On prend une très
lourde responsabilité, à ce moment-ci, de changer nos lois du
travail dans ce sens. Je ne pense pas qu'on
puisse citer si on peut le faire, tant mieux, on pourra
peut-être s'inspirer de cet exemple de législation du
travail qui a le même effet. Je ne suis pas un grand expert de droit
international, donc, je ne peux pas l'affirmer, mais je serais curieux de
savoir sous quelle juridiction, sous quel climat, on a un enclenchement aussi
automatique de recours à la grève et au lock-out.
M. Johnson: Aux Etats-Unis.
M. Forget: Oui, aux Etats-Unis, on est dans une situation
différente, M. le Président, comme je l'ai indiqué,
d'ailleurs, dans d'autres remarques. La loi ne prétend pas, de
façon générale, réglementer l'accès à
la grève et au lock-out, mais on met une insistance beaucoup plus grande
à l'entente des parties parce que les parties, dans les conventions
collectives, déterminent justement un tas de choses dont le
précompte, dont le recours à la grève en cours de
convention. Même si notre droit est inspiré du droit
américain, le climat dans lequel ces discussions se déroulent,
aux Etats-Unis, est sensiblement différent, le climat social ou les
traditions, l'importance relative de la loi et de la convention collective.
Mais ce n'est certainement pas dans la foulée d'un tas
d'interventions de la loi, dans toutes sortes d'aspects, soit de la convention
collective, soit de la vie du syndicat, son fonctionnement, des pouvoirs du
patron, etc. Il y a un interventionniste certainement beaucoup plus grand dans
notre loi et on s'en va plus loin plutôt que plus près d'un
régime où la convention collective est l'instrument majeur et
où la loi joue un très petit rôle. En Allemagne de l'Ouest
aussi, il n'y a même pas de Code du travail. Essentiellement, les gens ne
veulent pas de Code du travail. Ils ont quelques précédents
judiciaires sur lesquels ils se basent. Pour le reste, c'est la convention
collective qui prévaut et d'autres traditions.
Nous, on s'en va plutôt vers une législation du travail de
plus en plus minutieuse et particularisée. Dans un cadre comme
celui-là, tout à coup, au moment le plus crucial, on dirait:
Ecoutez, là, la loi n'a plus rien à dire. Dans le fond, c'est ce
qu'on dit à l'article 40b. Cela m'inquiète. J'aimerais bien
entendre le ministre pour savoir comment il justifie ça, comment il
entrevoit l'avenir surtout de cette façon et à quel
signeça, c'est bien important devrait-on reconnaître
que cette mesure est un succès et à quel signe pourrait-il
lui-même se persuader qu'il a peut-être besoin de réviser la
loi là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le ministre du Travail.
M. Johnson: M. le Président, effectivement, cet article,
il faut le lire en conjonction avec d'autres, mais c'est peut-être
l'occasion de parler de la notion de conciliation volontaire, puisque c'est un
des articles qui y fait appel. D'abord, il s'agit d'aveux unanimes des parties
au niveau du conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. On va me
dire que ce n'est pas nécessairement un cri- tère, parce qu'on ne
respecte pas toujours les voeux des parties quand elles les expriment au
CTCMO.
Cependant, on a constaté une chose, à l'expérience,
au ministère, et j'espère que le directeur général
des relations du travail sera avec nous dans le courant de cette séance,
on a constaté, entre autres, que la conciliation servait souvent,
simplement de mécanisme de déclenchement du chronométrage
de la grève puisque la grève ne pouvait être
déclenchée qu'à condition qu'avis soit envoyé au
ministre, avis de conciliation. Remarquez qu'en pratique, ce moment qui
déclenchait le délai pour obtenir le droit de grève ou de
lock-out, n'était pas conditionnel à la présence
techniquement, du conciliateur, mais bel et bien à l'avis et à la
demande de conciliation envoyés au ministre.
Dans certains cas, le ministère est appelé à
envoyer un conciliateur, alors que dans le fond, la situation est telle, dans
les parties, que celles-ci n'en veulent vraiment pas. C'est une raison, au
départ.
La deuxième raison, c'est que, dans le contexte d'un droit du
travail qui se veut encore essentiellement un cadre dans lequel les parties
agissent, qui ne se veut pas une loi interventionniste au sens où le
ministère est présent, toujours, au-delà de la
volonté des parties, et c'est comme cela que je conçois le droit
du travail, jusqu'à ce qu'on nous fasse la démonstration que cela
doit être le contraire. Je considère que le Code du travail, c'est
le cadre dans lequel doivent évoluer les parties essentiellement. Mais
la responsabilité première de l'acheminement des
négociations, c'est entre les mains des parties. On constate, entre
autres, qu'au Québec et je l'ai déjà cité en
exemple 95% des conventions collectives sont réglées sans
qu'il n'y ait de grève ou de lock-out.
Historiquement, géographiquement, si on veut, aux Etats-Unis, il
est exact de dire qu'il n'y a pas de conciliation obligatoire. On est vraiment
dans un état d'entente des parties. Les parties peuvent prévoir,
à l'intérieur de leur convention collective, que le droit de
grève peut s'exercer en cours de convention ou quant à
l'application de certaines des dispositions, etc.
Et on arrive aux Etats-Unis, et M. Blain, qui y a passé quelques
jours au Federal Mediation Board, il y a maintenant un mois et demi, disait
qu'un fonctionnaire du Mediation Board lui disait qu'eux apprennent qu'il y a
une grève, souvent par la police. La police est passée sur la
rue, elle a vu des piqueteurs. Ils apprennent qu'il y a une grève
quelque part, dans la ville de New-York. Son service écoute les
nouvelles, lit les journaux, et à un moment donné, est
avisé, en cours de route, par une des parties, mais vraiment
volontairement, parce que aucune disposition n'oblige les parties à
aviser le Mediation Board qu'il y a une grève en cours.
Pour pousser le raisonnement un peu plus loinc'est dans la
philosophie américaine et je pense qu'à ce niveau-là, au
niveau du Québec, c'est quand même un peu différent
les Améri-
cains ont tendance à considérer que, dans le fond, c'est
cela un vrai rapport de force. Si le syndicat est trop faible, tant pis pour
lui, il ne tiendra pas le coup. S'il est assez fort, il va tenir le coup assez
longtemps pour qu'on finisse par apprendre qu'il y a une grève, parce
que cela va faire l'objet des manchettes et qu'à un moment donné,
ils vont l'apprendre au Mediation Board.
Je ne suis pas certain que ce soit le genre de philosophie dont il
faille s'inspirer au Québec nécessairement, parce qu'on a connu,
je pense, à ce niveau, une législation depuis 1964 qui, en ce
sens, à mon avis, est plus à l'avant-garde, enfin plus à
l'avant que la législation américaine, dans le sens qu'on ne fait
pas exprès pour que des situations se détériorent. On
n'accepte pas que la détérioration de la situation soit là
comme un phénomène presque souhaitable finalement, si on regarde
l'attitude des Américains dans certains cas.
Pour eux, la détérioration fait partie du rapport de
force. Si le syndicat casse, il casse. S'il réussit à passer
à travers, tant mieux pour lui, il a prouvé qu'il était
puissant. Comme il a prouvé qu'il était puissant, il va pouvoir
négocier; il va pouvoir se faire une convention collective dans laquelle
même il peut s'arranger pour obtenir le droit de grève en cours de
convention. Je ne connais pas la situation américaine pour l'avoir
vécue ou l'avoir analysée, mais j'ai l'impression qu'il y a de
nombreux efforts de syndicalisation, de bonne foi, des efforts honnêtes
de salariés qui ont été aux prises avec des employeurs
beaucoup plus puissants qu'eux et qui ont connu des échecs
évidents.
Je pense qu'au Québec, il n'est pas question de cela, même
si on a le Code du travail comme il est depuis 1964.
En apportant la conciliation volontaire le député
de Saint-Laurent qualifiera peut-être cela de voeu pieux je pense
que cela correspond également à une notion qu'il faudra resserrer
éventuellement, mais pas par cette loi, j'en conviens, des
éléments symptomatiques ou des éléments
évidents de ce que constitue la bonne foi. Je pense qu'on va y arriver
en cours de route et je pense que notre législation du travail va
évoluer dans ce sens. On va pouvoir au moins qualifier d'une
façon plus précise ce qu'est la bonne foi dans les
négociations, en ayant recours, comme le disait le député
de Saint-Laurent hier, à un effort d'opérationnalisation de la
bonne foi dans l'appréciation de ce qu'elle est.
Je me dis que la conciliation volontaire, en ce sens, dit aux parties:
Débrouillez-vous. Le ministère est toujours là pour vous
aider. Le ministère peut décider, devant une situation qui se
détériore, d'intervenir pour essayer d'empêcher la
détérioration, mais, fondamentalement, la responsabilité
de la négociation est entre vos mains. Cette arme ultime que constitue
le "lock-out" ou la grève, elle doit être considérée
comme acquise, qu'ils fassent l'objet, le moins possible, d'interventions, de
possibilités d'appel, d'interprétation des articles et de recours
judiciaires. Ils doivent avoir un caractère automatique, comme les
moyens de pression ultimes que peut exercer le syndicat ou l'employeur.
La conciliation volontaire, dans cette perspective est, à mon
avis, cohérente avec, à la fois l'objectif que sous-tend la
philosophie de dire que c'est la responsabilité des parties d'une
négociation et également un objectif d'efficacité pour le
ministère en ce sens que, dans la mesure où on envoie des
conciliateurs qui servent simplement à déclencher le
chronométrage du compte à rebours pour la grève, je pense
qu'on peut faire mieux que cela avec nos vingt conciliateurs. Ils ont en
moyenne 85 dossiers par année. Ils en auront peut-être un peu plus
ou un peu moins.
Cela ne dépendra pas tellement du code que de la
réalité des négociations. Quand on sait que des
contrôles s'annoncent, on peut soupçonner, à moins que les
moeurs ne changent assez profondément, comme cela a été le
cas aux Etats-Unis, malgré tout, qu'on pourra peut-être faire face
à une plus grande multiplication des occasions de conflits pour
l'année qui vient et l'année qui suivra.
En ce sens, la conciliation volontaire, je dois le dire
honnêtement, ne fait même pas l'unanimité chez nos
conciliateurs. J'ai eu à en discuter avec certains d'entre eux tout
récemment. Certains des conciliateurs considèrent que le "cooling
off period" pour employer l'expression américaine, était
finalement une espèce de période tampon, les parties s'obligeant
lors de la période prévue pour la conciliation à une
réflexion qui pourrait les amener à des attitudes plus
conciliantes. Ce n'est pas pour rien que cela s'appelle la conciliation.
D'autres, cependant, font une espèce d'acte de foi. Cet acte de
foi, je comprends de quoi il procède. Il procède de la conviction
que le conciliateur sera vraiment dans un contexte idéal de
fonctionnement pour accomplir le rôle qui lui est dévolu par le
Code du travail. C'est une sorte de pari qu'on fait sur les parties en
établissant la conciliation volontaire. Je pense que les parties sont
mûres pour relever ce pari au Québec. Ce n'est quand même
pas une chose qu'on sort du ciel avec un crochet, puisque déjà,
depuis 1974, le conseil consultatif et partie lui-même considérait
que la conciliation devrait être volontaire.
Quant à la prospective et à ce qui arrivera,
indépendamment de la conjoncture sur le plan des revendications sociales
et économiques pour 1978-1979, je pense que ce sera également
l'occasion, au niveau du ministère, d'une certaine restructuration,
d'une part, et surtout de l'introduction de mécanismes j'en ai
peut-être déjà fait état publiquement de
spécialisation en matière de conflits. Nos conciliateurs forment
un groupe d'une vingtaine de personnes ayant à leur tête un
directeur de service et un directeur adjoint et un directeur
général des relations du travail qui couvre également
d'autres secteurs que celui de la conciliation.
Je pense que la conciliation volontaire sera l'occasion de permettre
à certains de ces conciliateurs, ou à d'autres qui pourraient
venir s'y ajouter éventuellement, de se spécialiser dans
certains
secteurs, de devenir, par exemple, des spécialistes de certains
secteurs industriels ou encore des spécialistes, des gens plus
versés dans certains types de problèmes spécifiques qui se
posent. Cette liberté, on l'aura avec la conciliation volontaire. On
l'exploitera au maximum au service des parties.
Si on apprend qu'il y a un problème qui se pose dans l'industrie
de la métallurgie, par exemple, on a des gens chez nous qui connaissent
bien ce problème, qui connaissent bien le vocabulaire impliqué,
qui connaissent aussi historiquement les tendances dans ces conventions
collectives et ces négociations. Si on sait que cela achoppe sur une
question relative, particulièrement, à l'ancienneté, dans
le contexte de la conciliation volontaire, il devient beaucoup plus facile,
étant donné que le ministère n'est pas prisonnier des
parties dans la conciliation et peut prendre une initiative; à moins que
les parties ne le demandent, évidemment, il est tenu de l'envoyer.
On pourrait, à ce moment-là, envoyer un conciliateur qui a
une certaine expertise en matière de questions d'ancienneté. Or,
on peut se diriger finalement vers une spécialisation chez certains de
nos conciliateurs et faire littéralement des équipes pour les
secteurs qui seront visés. Et, en ce sens, c'est également un
pari sur le plan du fonctionnement du ministère; je pense que nous
pouvons le relever et je l'envisage avec un certain optimisme, malgré
les réticences de certains de nos conciliateurs.
M. Forget: Brièvement, M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il y a beaucoup de choses que je suis prêt
à accepter dans ce que vient de dire le ministre, en particulier la
notion que la phase de conciliation qui était envisagée... Je
vais laisser M. le ministre terminer.
M. Johnson: Je m'excuse.
M. Forget: Enfin, vous pouvez terminer si vous
désirez.
M. Johnson: Je m'excuse, mais est-ce que vous m'aviez posé
une question?
M. Forget: Non, mais je faisais des commentaires sur votre
réponse, très brièvement...
M. Johnson: Oui.
M. Forget: ... pour dire que j'étais d'accord avec un
grand nombre de choses que vous avez dites, en particulier sur la question de
la futilité, dans le fond, de la conciliation obligatoire, pas dans le
sens où elle a peut-être été voulue à
l'origine, c'est-à-dire un "cooling off period ", par analogie avec
d'autres dispositions ailleurs, mais elle a été de plus en plus
utilisée, effectivement ici, comme une espèce de formalité
dont il fallait se débarrasser avant de passer aux choses
sérieuses.
On aurait pu imaginer que les gens l'envisagent autrement. A ce
moment-là, elle aurait pu jouer son rôle, mais ça, c'est la
partie toujours imprévisible quand on légifère; un texte
peut signifier différentes choses et c'est seulement à
l'expérience qu'on s'en rend compte et ça, c'est un très
bon exemple. Cela fonctionne différemment, la conciliation obligatoire,
dans certains pays ou dans certains régimes, par rapport à celle
qu'on a connue ici.
Bon! Ceci étant dit, il reste que les velléités
stratégiques des parties ne seront pas éliminées dans le
nouveau contexte, et l'effort qu'il faut faire, c'est de se demander qu'est-ce
qu'une partie, soit patronale ou syndicale, fera de cette décision
qu'elle devra prendre de demander la conciliation, volontaire ou non. Certains
prétendent, évidemment des impressions personnelles, cela
ne peut pas se prouver que tout va se dérouler normalement et
qu'une des parties, indifféremment... Mais ceux qui prétendent
ça ne sont pas très clairs pour dire exactement qui va prendre
l'initiative de demander la conciliation. C'est à peu près
impossible que ça se fasse spontanément, en même temps par
les deux parties; on dit que ça va se faire et que là, les
circonstances vont être optimales. C'est vrai. Du point de vue du
conciliateur, il vaut beaucoup mieux être invité que de se voir
appelé de force à aller sur place. Cela, c'est clair.
Mais, dans le fond, on peut douter que les parties, spontanément
et presque naïvement, s'entendent pour demander le conciliateur. Il est
bien possible que ce à quoi on va assister, c'est à une
réflexion stratégique de la part de chacune des parties, en
disant: Dans quelle position est-ce que je me place, si je demande, moi, la
conciliation?
Cela est un peu embêtant, parce qu'on se dit, finalement, c'est
peut-être la partie qui va se sentir la plus faible ou qui sera
perçue comme étant la plus faible, qui va demander la
conciliation ou encore pire, avec l'expérience, la partie qui va
demander la conciliation va être jugée comme se jugeant
elle-même la plus faible.
Cela a l'air un peu alambiqué, mais c'est une question de donner
la conviction, de donner l'image qu'on est sûr de soi dans une
négociation, qu'on ne doute en aucune manière de sa
capacité d aller jusqu au bout etc. C'est une espèce de
détermination d aller au front sans peur et sans reproche et à ce
moment-là, c'est embêtant de demander la conciliation, c'est
presque un aveu de faiblesse. Ce ne serait pas grave en soi si cela se
produisait, si, par ailleurs, on avait une disposition qui, au moins,
amorcerait le développement de critères de bonne foi. Parce que
si on disait: oui mais attention, si la partie qui devrait demander une
négociation ou une des parties quelconques fait défaut de
demander la conciliation, plus tard dans une étape ultérieure, si
cela ne se règle pas, on va pouvoir juger que son défaut de
demander le conciliateur était peut-être une indication
d'entêtement, elle était butée, etc.
Ainsi chacune des parties va donc devoir dans sa décision de
demander ou non le conciliateur,
balancer les désavantages d'apparaître faible contre le
désavantage de paraître de mauvaise foi. Ce serait une
décision un peu équilibrée. Ce que je crains c'est qu'on
place maintenant les parties devant la difficulté d'avoir l'air faible
tout de suite, en les incitant presque à ne pas demander la
conciliation, sans avoir une disposition qui fait courir l'autre type de
risque. Dans le fond, cela revient à mes signes objectifs de bonne foi.
Si on trouvait cela quelque part, cela aiderait. Parce que, justement, plus on
donne de responsabilités aux parties je suis tout à fait
d'accord avec le ministre là-dessus, il faut donner plus de
responsabilités aux parties d'un autre côté, il faut
les placer objectivement dans un contexte où elle vont prendre cette
responsabilité avec des signaux du système qui ne les poussent
pas toujours dans la même direction. Elles vont s'abstenir de demander la
conciliation parce que toutes les raisons que le code... Il continue
malgré tout à avoir un certain nombre de dispositions dans ce
sens-là et il n'y en a pas dans l'autre sens. Si on développe une
pratique et dans quelques années on dit: Tiens, alors que la
conciliation était toujours obligatoire, maintenant c'est devenu presque
tabou de parler de conciliation.
Personne ne parle de cela, on craint cela, on craint de se stigmatiser
dans la négociation en demandant le conciliateur. Ce serait un
coût terrible à payer parce que, dans le fond, les statistiques
qu'on a sur le succès des conciliateurs sont assez extraordinaires. Je
pense que c'est un service qui donne de très grandes satisfactions,
même avec l'hypothèque qu'il supporte actuellement d'être
appelé obligatoirement à intervenir. Mais si les parties
arrêtent de demander l'intervention du conciliateur, vers quoi se
tournera-t-on? Je ne fais que poser la question, je ne peux pas faire
grand-chose d'autre parce que, à cette objection et à cette
inquiétude, je n'ai vraiment pas eu de réponse jusqu'à
maintenant. Je ne fais pas un blâme au ministre parce qu'on commence
à en discuter. Mais selon ce qui s'est publié et selon tous les
commentaires, cela a été un silence remarquable, du moins dans
tout ce que j'ai lu. On dirait qu'on a évité d'aborder ce
problème. On s'est tenu sur des aspects techniques, d'ailleurs fort
abondamment parfois. Mais ce qui fait le noeud de la négociation, on
dirait que tout le monde a peur d'en parler, parce qu'évidemment, il
faut faire bien des hypothèses et bien des suppositions; on se
crée un contexte nouveau et on ne sait pas sur quoi se baser. C'est
important de se poser ces questions-là et d'avoir au moins l'esquisse
d'un certain nombre de réponses parce que si on n'a pas de
réponses, on peut le regretter amèrement. Non seulement parce
qu'on a placé les gens devant des situations de belligérance
avant même que quelque geste que ce soit n'ait été
posé, mais on risque de miner un actif important dans le domaine des
relations du travail qui est l'intervention positive, efficace, des services de
conciliation du ministère du Travail dans l'immense majorité des
causes dont ils se sont occupés de façon substantielle dans le
passé.
Une Voix: Est-ce que vous proposez un amendement?
M. Forget: Vous êtes trop confiant, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Cela fait presque vingt minutes que vous parlez
là-dessus et vous n'avez pas fait d'amendement.
Le Président (M. Clair): Le ministre du Travail.
M. Johnson: C'est vrai et je pense que le député de
Saint-Laurent a mis le doigt sur ce qui normalement devrait être le
pendant de la situation créée par le fait que la conciliation
deviendra volontaire, c'est-à-dire les notions de bonne foi, et
l'appréciation, en fait, des signes extérieurs de la bonne foi
pour ce à quoi cela peut servir. Dans le cas de la première
convention collective, on a vu que la bonne foi des parties doit être un
des critères d'appréciation de l'arbitre, avant qu'il ne prenne
une décision et, effectivement, il rendra, au fond, une
décision.
Dans les autres cas, c'est ce qui permet, je pense, au ministère
de dire qu'il y a à tel endroit un conflit qui affecte des citoyens, si
on pense au secteur parapublic ou même dans le secteur privé, dans
des choses par exemple comme les conflits dans les media d'information, qui
durent et qui font l'objet d'inquiétudes légitimes, je pense, de
la population.
Dans ce contexte, si on avait des références assez
précises quant à l'attitude de bonne foi, je pense que cela
aiderait finalement à la solution de ces conflits dans la mesure
où la dimension publique du non-respect de ces dispositions sur la bonne
foi, on peut être en mesure de croire que cela exerce une certaine
pression sur les parties et particulièrement sur celle qui n'est pas de
bonne foi, à titre d'exemple.
C'est vrai, cependant, que, dans le projet de loi 45, il n'y a pas
d'élaboration de ce que pourraient être ces signes
extérieurs de la bonne foi, mais je pense que c'est essentiellement
l'expérience des deux premières années avec le nouveau
Code du travail qui nous permettra d'approcher le problème. Je pense que
ce serait un peu illusoire, alors qu'on est parti, en 1944, au Québec,
avec la Loi des relations ouvrières, qui prévoyait la
négociation, la conciliation obligatoire, l'arbitrage et finalement la
grève. En 1964, on a supprimé la section d'arbitrage et
là, on supprime la section de la conciliation obligatoire. L'arbitrage
demeure toujours un instrument à la disposition des parties, si elles
veulent l'utiliser, sauf dans le cas de la première convention
collective, où l'arbitrage pourrait être imposé, et la
conciliation demeure toujours un instrument que peuvent utiliser les parties.
On verra, à l'expérience, très concrètement, ce par
quoi cela se traduira.
Je comprends aussi l'élaboration que fait le député
de Saint-Laurent autour de la notion stratégique de faire appel au
conciliateur. Est-ce que c'est celui qui se sentira en position de faiblesse
qui fera appel au conciliateur? Ou est-ce que c'est
celui qui admettra qu'il puisse être perçu par
l'extérieur comme se sentant en position de faiblesse en demandant le
conciliateur?
Je pense que ce sont des considérations qui, de toute
façon, ne sont pas étrangères en ce moment, sous le
régime actuel, durant la conciliation. Par exemple, si on pense à
la notion de médiateur, un mécanisme qui a été
utilisé quand même à quelques reprises depuis quelques
années et qui, à mes yeux doit demeurer un mécanisme
exceptionnel. On se rend compte que ce n'est pas quand une partie se sent en
position de faiblesse nécessairement qu'elle va demander l'intervention
d'un médiateur. C'est parfois, au contraire, si je prends un exemple
très concret qu'on a vécu, quand l'une des parties dans
les deux exemples que j'ai vus, c'est évidemment à la partie
syndicale, dans ce cas-là, que c'était patent est
convaincue que l'interprétation du médiateur ne peut apporter que
des conditions supérieures à ce qui aurait été
proposé par un conciliateur, par exemple, dans une hypothèse de
règlement ou dans une proposition. Je ne pense pas que la partie
syndicale, en faisant cela, affirme pour autant qu'elle se sent en position de
faiblesse. Ce qu'elle affirme, c'est qu'elle veut aller en chercher plus. Je
pense que c'est beaucoup plus évident. En ce sens, je me dis que cette
situation stratégique pourra peut-être jouer également au
niveau de la conciliation volontaire.
Cependant, dans le cas des petites unités d'un syndicat, par
exemple, qui existe parce qu'il y a une première convention collective,
mais qui a des difficultés parce que c'est une petite unité,
parce qu'il y a eu un roulement important de la main-d'oeuvre, etc., la
conciliation sera peut-être perçue comme étant presque une
aide technique finalement à la négociation pour lui.
Je ne crois pas, pour autant, que la partie patronale serait dans une
position de domination au niveau de l'équilibre psychologique qui joue
entre les parties dans une négociation. Je pense que c'est la force des
choses qui fera que les petites unités où les syndicats
connaissent des difficultés à cause de la permanence ou de
l'absence de permanence des personnes, vont faire appel à la
conciliation; le ministre n'a pas à refuser d'ailleurs cette
conciliation.
Je présume que cela ne satisfait pas entièrement le
député de Saint-Laurent, ça ne me satisfait pas
entièrement moi non plus, dans la mesure où, je pense, je l'ai
dit tout à l'heure, que la conciliation volontaire est une sorte de
défi. C'est un défi que les parties semblent vouloir relever,
puisqu'elles en font la demande depuis 1974. Il y a évidemment des
impondérables devant tout ça, mais je pense que ça peut
être l'amorce, vraiment d'une définition aux yeux des parties,
très clairement, du rôle de service que joue le ministère
du Travail auprès des parties dans une négociation libre.
Le Président (M. Clair): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: Moi, je me réjouis fortement de ce droit
nouveau qu'on introduit. Je pense que même s'il n'existait pas au point
de vue du texte, il existait quand même par la présence du
ministre qui en certaines occasions faisait le contact peut-être pas en
bras de chemise, ne me citez jamais en bras de chemise, mais qui essayait en
tout cas. Maintenant, peut-être que le ministre va vivre une nouvelle
expérience avec ça.
Je voudrais juste poser une question et ça ne sera pas
très long. "En tout temps, le tribunal peut, sur simple demande", il
faudrait remplacer ça par, "en tout temps, le commissaire du travail. "
Pourquoi est-ce qu'on a changé le tribunal pour le ministère.
C'est dans le dernier paragraphe de l'article 40b. Il est dit, dans le projet
de loi: "le tribunal peut, sur simple demande de tout intéressé
"; vous revenez et vous dites: "en tout temps, le commissaire du travail
peut".
M. Johnson: M. le Président, si le député de
Johnson permet, on a longuement discuté de cette question hier
soir...
M. Bellemare: Vous avez dû en parler hier soir.
M. Johnson: Brièvement, je n'oserais pas... M.
Bellemare: Je relirai...
M. Johnson: ... essayer de résumer tout ce qu'a pu dire le
député de Saint-Laurent au sujet du dernier paragraphe de
l'article 40b. Je pourrais cependant dire que ça permet finalement, dans
les situations où ça n'est pas clair, au
commissaire-enquêteur qui se fait demander, par un syndicat en
période de maraudage, de dire: Ecoutez, est-ce que je suis dans les
délais, parce que je ne sais pas quand finit la convention collective,
donc je ne sais pas quand commencent à courir les différents
délais pour pouvoir être en période de maraudage. Cela
permet au commissaire-enquêteur de dire: C'est le 17 avril et non pas le
11 avril, à cause d'une erreur d'écriture, etc. C'est une
question de souplesse.
M. Bellemare: Le journal des Débats me sera envoyé
et j'en profiterai. Le soir surtout, quand je serai près de m'endormir,
je relirai tous vos arguments.
Maintenant, vous avez enlevé la dernière partie du
paragraphe, vous avez peut-être encore eu une bonne raison, "à cet
effet, la date du dépôt de la convention collective"... Cela a
été enlevé.
M. Forget: Vous permettez que je vole à votre secours pour
deux minutes. Mon souvenir de la discussion d'hier ne contient pas
d'éléments relatifs à la question que vous venez de
poser...
M. Johnson: Au commissaire.
M. Forget: ... quant au commissaire plutôt qu'au tribunal
du travail. On n'a pas discuté de ça, on a discuté
d'autres aspects, mais pas de celui-là.
M. Bellemare: La question est bien...
M. Johnson: C'est ça, d'abord, la raison. Effectivement,
j'avais peut-être mal saisi la question du député de
Johnson...
M. Bellemare: Je vais y aller pour...
M. Johnson: ... c'est pourquoi, finalement, remplacer le tribunal
par le commissaire.
M. Bellemare: ... non, j'ai vingt minutes et je vais prendre mes
vingt minutes, si vous voulez.
M. Johnson: Voulez-vous que je réponde?
M. Bellemare: Non, pas tout de suite, gardez ça...
M. Johnson: Ah bon!
M. Bellemare: ... parce que vous allez peut-être en avoir
pour durant vingt minutes. Je vais essayer... On veut nous faire siéger
de force ce soir et demain, quand la Chambre ne siège pas. Cela n'a pas
de bon sens, pas une maudite miette, on a des familles, des organisations,
toutes sortes de responsabilités, et je comprends que c'est une fin de
session, mais c'est bien ardu. Pour moi, particulièrement, qui suis une
demi-santé, je ne suis pas capable de suivre ça. D'ailleurs, je
n'y serai pas demain, vous pouvez être sûr, je ne suis pas
capable.
Il reste que celui ou ceux qui ont fait le projet de loi 45 avaient
déjà vu que dans les paragraphes a) et b), il y avait une raison
bien motivée, qu'en tout temps, le tribunal peut. Là, on dit
qu'on enlève cela au tribunal et que le Commissaire du travail peut. J'y
vois une grande différence entre les deux. Ma question était
celle-là, mais je continue en disant... Vous me répondrez aussi
sur la dernière partie à cet effet; vous l'avez enlevée,
à la demande du Barreau.
Dans le mémoire du Barreau, on disait que c'était inutile,
qu'on n'avait pas besoin d'ajouter cela, soit que le dépôt de la
convention collective, selon l'article 60... doit servir de point de
départ à son entrée en vigueur. J'ai fini.
Cela n'a pas pris vingt minutes, comme vous voyez. Mais je participe
à la bonne marche...
M. Johnson: De façon concise.
M. Bellemare: Et je voudrais bien que vous compreniez que s'il y
avait moyen de ne pas siéger demain, cela serait bien
apprécié aussi. Vous allez voir que la semaine prochaine, nous
allons faire un gros boulot et cela pourra peut-être
décongestionner pour l'entrée en vigueur... Quant à moi,
je vais bien vous aider, mais pas siéger demain. Ce n'est pas
raisonnable. Il n'y a pas un être au monde qui part de chez lui le lundi
matin, à sept heures, qui va revenir le samedi soir à
minuit...
Mme Lavoie-Roux: II va arriver plus tard que cela.
M. Bellemare: II va arriver plus tard que cela. Quel sorte de lit
va-t-on avoir? Quelle sorte de préparation va-t-on avoir?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson, je présume que vous êtes prêt à me seconder
quand je demande si l'article 34a est adopté?
M. Johnson: II m'a posé une question. M. Bellemare:
Le ministre me répond.
M. Johnson: La raison pour laquelle on a substitué les
mots "Commissaire du travail" aux mots "Tribunal du travail", c'est que les
requêtes en accréditation n'arrivent pas devant le Tribunal, mais
arrivent devant le Commissaire. C'est pour des fins de souplesse et
d'efficacité, pour ne pas obliger le commissaire à
référer la question au tribunal, avec les délais que cela
comporte, alors que la décision dont on parle est une décision
qui exige une rapidité, finalement. Si c'est une question de deux ou
trois jours qui fait que la personne sera hors délai pour sa
requête, il a besoin d'une précision immédiate.
Comme la requête arrive devant le Commissaire du travail, c'est
lui qui pourra décider de cela.
M. Bellemare: II va être en même temps juge et
partie.
M. Johnson: Non, il n'est pas juge et partie, il est juge.
M. Bellemare: Oui, il va avoir entendu toute la question. On va
lui avoir démontré, d'une part, la validité des arguments
qu'on emploie. Il va être préconçu contre l'idée,
par exemple, dans un cas bien particulier, de dire: Je pense que c'est
là qu'est la ligne. Il va l'avoir déjà, la réponse.
Et on va soumettre de nouveau...
M. Johnson: Non, cela a toujours été comme cela,
sauf que, ce qui est nouveau ici, c'est qu'on dit "en tout temps", il peut le
faire. Une partie veut être sûre deux mois avant qu'elle
présume être à peu près la période
d'ouverture de son droit de requête, de communiquer avec le
commissaire-enquêteur et de dire: Pourriez-vous nous dire quelle est la
date, à vos yeux, qui est la date d'expiration de la convention
collective pour les fins de notre requête? Il pourra, à ce
moment-là, dire: Quand vous m'apporterez votre requête, je
considérerai que la date d'expiration, c'est telle date, dans la
convention collective, dans le cas où ce n'était pas clair.
M. Bellemare: Oui, mais M. le ministre, pourquoi...
M. Johnson: Cela demeure toujours sujet à appel.
M. Bellemare: Pourquoi avoir enlevé le recours au
tribunal?
M. Johnson: Non, parce que le recours au tribunal existe toujours
en vertu du droit d'appel des commissaires...
M. Bellemare: Pour sauver du temps? M. Johnson: Oui, c'est
cela.
M. Bellemare: Cela n'en sauvera pas à la justice
distributive. Pas quand le même homme et la même cause vont
être entendus, ce n'est pas vrai.
M. Forget: ... le débat qu'on a eu hier.
M. Bellemare: Le débat que vous avez eu hier, moi je n'y
étais pas. Pour une fois, le député de Saint-Laurent est
avec vous.
M. Forget: On a manqué quelque chose.
Le Président (M. Clair): L'article 34a est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Forget: II n'y a pas d'autres interventions de la part de mes
collègues?
M. Bellemare: Non, c'est correct.
M. Mackasey: S'il veut encore la question d'hier soir, je peux
encore répondre.
M. Johnson: II a fait vingt minutes hier.
M. Mackasey: II va accepter que je ne comprenne pas votre loi.
Comment peut-il déterminer la date d'expiration d'une convention
collective, quand on ne parle pas de la première convention? C'est ce
que je veux savoir.
Une Voix: On ne te comprend pas.
M. Mackasey: Listen and you will understand. Listen carefully.
Why is there no provision in the Code that specifies how the expiry date of a
cause, collective agreement is determined, beginning the first date and the
last date. If you spelled it out in the Code properly, you would not have to go
to "le commissaire" to find out, to inquire, to determine... all these things
that will take may be weeks and months of conflicting opinions so as to know
when is the official date of the expiration of a collective agreement. All you
have got to do is to make it very clear in the Code: what the expiration date
is, how is it determined. You could save yourself weeks and months of arguments
to what is the real date, if you determine, if you specify what it is, if you
define. Why, the Hell, do not we do things simple so as to know what the
amendments in the Code are all about.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que l'article 34
est...
M. Chevrette: Je peux toujours répondre à
l'interrogation de M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
mais M. le ministre du Travail a assez bien répondu en disant que c'est
un droit nouveau, qu'il n'y a pas de formule-miracle.
M. Mackasey: Pourquoi n'y a-t-il pas de formule?
M. Chevrette: II n'y a pas de formule-miracle quand on invente du
droit nouveau.
M. Mackasey: Ce n'est pas une question de miracle. Maudit, je
vais vous parler vingt minutes sur les miracles, si vous voulez.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: J'ai droit à vingt minutes. M. Jolivet:
A sa rencontre d'hier soir.
Le Président (M. Clair): ... effectivement, vous avez le
droit de parler vingt minutes. Cependant, je ne vous restreindrai pas sur votre
droit de parole, mais je voudrais simplement vous indiquer tantôt, tenant
compte du fait qu'il n'y avait pas de motion formelle, j'ai laissé
parler le député de Saint-Laurent pendant beaucoup plus longtemps
qu'il en avait le droit. En vertu du règlement, si je tiens compte du
temps d'hier soir...
M. Chevrette: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est une nouvelle session aujourd'hui.
Le Président (M. Clair): Non, c'est sur le même
article. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je voudrais
seulement faire appel directement et sincèrement à votre
collaboration, parce qu'il est particulièrement difficile d'appliquer
cela bien strictement. Si je le faisais bien strictement, on aurait interrompu
le député de Saint-Laurent beaucoup plus tôt. Je vous
demande d'en tenir compte dans l'intervention que vous vous apprêtez
à faire.
M. Mackasey: Vous me demandez quoi exactement?
M. Lavigne: D'être bref.
Le Président (M. Clair): Je vous demande...
Une Voix: D'adopter l'article.
M. Mackasey: J'ai posé les questions en toute
sincérité au seul président.
Le Président (M. Clair): Oui, je suis prêt... A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, simplement, vous avez exercé une partie de
votre droit de parole hier soir. Le député de Saint-Laurent l'a
fait également. J'ai permis ce matin au député de
Saint-Laurent de re-
commencer comme s'il n'avait pas parlé du tout de sorte que, si
je comptais tout son temps de parole jusqu'à maintenant sur cet article,
sans présentation de motion formelle, il y a longtemps qu'il l'a
écoulé. Je suis bien prêt à vous donner la parole ce
matin encore et à être le plus souple possible sauf que je vous
demande, si c'est possible, d'être aussi bref que j'ai été
généreux envers...
M. Mackasey: M. le Président, vous êtes
complètement responsable de la procédure. Quand vous penserez que
j'aurai parlé durant mes vingt minutes, vous n'aurez qu'à me le
dire et je vais cesser immédiatement. Ce n'est pas difficile. Je pense
que c'est fondamental, c'est élémentaire, ce n'est pas
difficile.
M. Bellemare: II va faire le portrait, je suppose.
Une Voix: Vous l'avez oublié.
M. Johnson: L'article 34a est-il adopté, M. le
Président.
M. Chevrette: Adopté.
M. Mackasey: Pas encore, une minute.
M. Johnson: M. le Président, l'article 34a est-il
adopté?
M. Mackasey: Encore une question. Nous avons assez de temps, nous
avons même jusqu'à minuit ce soir et demain, je pense, toute la
journée de samedi.
M. Johnson: M. le Président, si...
M. Mackasey: C'est pour nous donner, je pense...
M. Johnson: L'occasion de réfléchir, c'est
cela.
M. Mackasey: ... l'occasion de parler vingt minutes.
Peut-être qu'on pourrait limiter simplement cinq députés
à dix minutes et nous laisser nous en aller chez nous le samedi. Vous
iriez à votre congrès demain au lieu d'être prisonnier ici
à la commission.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, si vous en faites...
M. Mackasey: C'est vous qui faites un grand sacrifice, vous qui
désirez sans doute aller devant vos militants expliquer le
progrès ou le manque de progrès. Je sais que vous
préférez être là plutôt qu'ici à la
commission le samedi, n'est-ce pas?
M. Chevrette: Aux militants...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Cela va à l'encontre du
règlement.
M. Mackasey: Voyons donc.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre!
Une Voix: On n'est pas fou.
M. Mackasey: Allez voir vos militants demain. On va vous accorder
cela, vous reviendrez dimanche.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson: A l'ordre! M. le Président, l'article 34 a
est-il adopté?
Le Président (M. Clair): L'article... Des Voix:
Adopté.
M. Mackasey: C'est une question que je pose...
M. Johnson: L'article 34a...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur l'article 34a.
M. Mackasey: Exactement. Je me rappelle des amendements ou les
clauses qui relèvent de l'article 40 du Code du travail, aux paragraphes
a), b) et c). Je pose encore la question pour m'informer s'il y a cela
existera probablement le problème de déterminer la date
d'expiration d'une convention collective. Sans doute, cela arrive de temps en
temps, sinon, ce ne serait pas dans la convention. Je me demande pourquoi ce
n'est pas plus simple pour les salariés, pour les syndicats, pour le
ministère, pour le ministre de mettre dans le Code du travail,
précisément à ce moment, pour information, que tout le
monde acceptera, que tout le monde peut se référer. Comment
déterminer la date d'expiration?
M. Chevrette: Les parties. Une Voix: C'est fait.
M. Mackasey: The beginning of a collective agreement, whether or
not, for the state of Québec, Labour Code, it shall begin at the date of
the expiration of the existing collective agreement. It is simple. You would
not have any problem, it is clear and precise.
M. Johnson: II est possible que les parties conviennent, lors de
la négociation de la deuxième, ou de la troisième, ou de
la quatrième, ou d'une convention collective subséquente, que la
convention nouvellement signée n'ait une rétroactivité que
de six ou sept mois, alors que de fait, la
dernière convention collective a expiré un an avant. C'est
possible que les parties décident cela. Il faut leur laisser la
liberté de faire cela. C'est leur choix de le faire.
M. Mackasey: Ils viendront à...
M. Johnson: M. le Président, vous m'excuserez, je vais
demander la suspension de la séance, étant donné que j'en
avais avisé le représentant de l'Opposition officielle. Je suis
obligé de quitter, parce qu'à 13 heures, je dois rencontrer le
vice-président du Conseil du patronat et le président de la CSN
dans un débat.
M. Mackasey: Je vous félicite. Je veux vous donner ma
coopération, parce que je veux que vous soyez présent... Mes
remarques suggéraient que nous siégions formellement
jusqu'à 13 heures, 14 heures, ou 15 heures, environ...
M. Johnson: M. le Président, je demande la suspension de
la séance.
M. Chevrette: A 15 heures.
Le Président (M. Clair): Les travaux de cette commission
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
Reprise de la séance à 15 h 13
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame, messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour continuer l'examen, article par article,
du projet de loi no 45. Nous en étions à l'article 34a.
L'article 34a est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Bellemare: Non.
Le Président (M. Clair): Non?
M. Mackasey: Je pense que j'ai le droit de parole.
Mme Lavoie-Roux: II avait le droit de parole...
Le Président (M. Clair): Vous aviez effectivement le droit
de parole, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Après vérification de mes notes que j'avais hier, je pense que ce
serait parlementaire de vous accorder un dernier dix minutes.
M. Mackasey: J'apprécie votre impartialité, M. le
Président. J'espère que...
M. de Bellefeuille: Voulez-vous parler plus fort et plus dans le
micro, s'il vous plaît? Je tiens à vous entendre?
M. Mackasey: Avec plaisir. Vous avez fait une suggestion qu'on
devrait tous suivre, je pense. Sérieusement, je n'aime pas cette salle
du tout pour cette raison. On devrait installer la même chose que nous
avons en Chambre au lieu de la télévision pour que les ministres
peuvent...... bien mieux de réorganiser notre Chambre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Mais je ne parle pas d'un ministre en particulier,
je parle des ministres collectivement, surtout......la première
rangée de l'Opposition.
M. Jolivet: ... c'est seulement une partie.
M. Mackasey: Mais je pense que le député de
Deux-Montagnes a raison de me dire de parler directement dans le micro. Je vous
remercie.
M. Laplante: That is better!
M. Mackasey: Je ne parlerai pas plus...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Bourassa...
M. Mackasey: ... de dix minutes, parce que...
Le Président (M. Clair): ... vous faites perdre le temps
au député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la
parole sur l'article 34a. Allez-y!
M. Mackasey: Je peux dire, en prenant sur mes dix minutes, que je
suis content, heureux que nous ayons un président impartial avec le
courage de dire à mon ami de me laisser tranquille, parce que les
Irlandais, le vendredi et le samedi, ont une tendance à se fâcher
pour rien et parler 20 minutes sur chaque clause, chaque amendement, chaque
article, et je ne veux pas faire cela, du tout... Je veux coopérer avec
le ministre qui essaie tout simplement de terminer son travail. Il faut avoir
de la patience, par exemple. On n'apprend pas ça à
l'école. On apprend ça avec l'âge, l'expérience, la
patience.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le ministre a de
l'Irlandais.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Mackasey: Alors, M. le ministre, je reviens encore, comme un
maudit Irlandais, avec une question qui existait bien avant vous, c'est la
question de la date prévue dans la loi, la date officielle d'une
convention collective.
J'ai autant de misère avec mes collègues qu'avec...
Voulez-vous demander...
Le Président (M. Clair): Effectivement, je demande, non
seulement au député de L'Acadie, mais à tous les membres
de cette commission, leur collaboration pour respecter votre droit de parole,
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Allez-y.
M. Johnson: Indépendamment du contenu, M. le
Président?
M. Mackasey: Alors, messieurs, on en arrive aux modifications du
code à l'article 40a, b, etc. Il y a sans doute un problème qui
se pose au ministère, au commissaire ou à l'enquêteur.
C'est la question de décider précisément la date de la
convention collective. Si je me souviens bien, hier soir, M. le
Président, j'avais suggéré souvent je suis dans
l'erreur et quand je suis dans l'erreur, je suis le premier à le dire
que le règlement normal, peut-être y a-t-il des exceptions
mais je ne les connais pas, que la date des nouvelles conventions collectives
soit toujours la journée après...
Mme Lavoie-Roux: Nouvelles conventions collectives.
M. Mackasey: Notre expert est arrivé! Si j'avais la
sagesse de ce député... Mais malheureusement je n'ai pas eu
l'expérience ni... Mais, quand même, avec son aide je vais la
prendre. Cela va beaucoup m'aider. La date d'une convention collective est la
date où prend fin la conven- tion collective existante. Pour m'assurer
de ce fait, j'ai pris la peine, ce matin, de communiquer avec cinq
ministères du Travail des autres provinces; pas le gouvernement
fédéral, les autres provinces.
La loi, si je ne me trompe stipule que la convention collective qui est
en cours... Les conditions affectent les salariés pendant les
négociations pour une nouvelle convention collective. Mais au moment
où vous arrivez avec une nouvelle convention collective, elle s'applique
à la date officielle, dont l'autre est terminée. Cela ne veut pas
dire que tous les changements dans la nouvelle convention collective
s'appliquent à cette date, le 1er janvier, c'est impossible. Par
exemple, les conditions de travail qu'on trouve dans une nouvelle convention
collective, souvent le patron ne veut même pas accorder un salaire
rétroactif. Vous savez, M. le Président, que si ce n'était
pas le cas, un patron, au lieu de faire les négociations de bonne foi,
retarderait autant que possible en attendant une autre convention collective,
pour sauver de l'argent, pour étendre la vieille convention collective,
pour des fins monétaires. Je sais que je pousse ce point un peu trop
loin, ce n'est pas une question de priorité de ma part; c'est seulement
pour suggérer, encore une fois, que si on peut mettre cette
définition dans le Code du travail, quelque part, et si on a des
exceptions... Parce que le patron et le syndicat décident entre eux,
c'est une autre chose. Alors, cela prend un accord entre les deux parties. Mais
je pense que pour éliminer la nécessité d'aller devant un
tribunal, pour savoir quelle est vraiment la date de la convention collective
qui s'applique, ce serait très simple, comme l'a souligné le
député de Joliette-Montcalm hier soir... Ce qui manque dans ce
Code de travail, c'est la précision des définitions, dans
beaucoup de domaines. Si on avait cela, je pense qu'on pourrait éliminer
la moitié du travail du commissaire-enquêteur, même du
tribunal du travail. C'est la suggestion que je fais au ministre. On peut
peut-être encore amender le Code du travail.
Il n'est pas trop tard pour apporter d'autres amendements ou un autre
chapitre, si vous voulez; ça prendra à peine quelques jours. Ou
on peut définir ce qu'est la discrimination, ce que sont les droits du
salarié, ce qu'est, dans l'esprit du code, la discrimination de la part
du syndicat; selon le Code du travail, selon le ministère, une
convention collective s'applique la journée de la fin de l'autre,
même si ça prend un an.
M. le ministre du Travail a parlé, ce matin, d'un cas où
cela a pris huit mois pour arriver à une nouvelle convention collective.
La durée de cette convention collective était pour un an
seulement, cela a pris huit mois de négociation. Il a fallu recommencer
les négociations sur une autre convention quatre mois plus tard. Je me
rappelle la même chose avec Air Canada, quatre mois plus tard. Durant ces
quatre mois, les relations se sont améliorées entre le patron et
le syndicat. Ce n'était pas nécessaire d'avoir une
grève.
Je reviens toujours à la même question, au même
point, si vous voulez. Je vais terminer, M. le Président, sur ce point.
Je ne dis pas que toutes
les clauses de la convention collective qu'on vient de signer
s'appliquent rétroactivement. C'est impossible. Quand on prend, par
exemple, les conditions de travail, si on décide qu'une journée,
ce sera sept heures par jour au lieu de huit heures, ce sera impossible
d'appliquer...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Laplante: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Bourassa sur une question de règlement.
M. Laplante: J'aimerais entendre un autre acteur dans le...
M. Mackasey: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Est-ce que mon temps...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez encore une minute, je vous prie de
conclure.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Laplante:
Passez à un autre secteur.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Bourassa!
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas commencé à parler avant
15 h 15, j'ai regardé l'heure, il y a eu de nombreuses interruptions au
départ.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, j'ai commencé à compter le temps à 15 h 13, de
sorte que M. le député a jusqu'à 15 h 23.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: M. le Président, je vais prendre la minute
à ma disposition pour répéter ce que j'avais dit, il y a
dix minutes, que comme vous, j'avais décidé que j'avais
terminé ma période de quinze ou vingt minutes. Je recevrai votre
décision sans rancune, mais c'est vous qui présidez, et non le
député là-bas.
Le Président (M. Clair): Vous avez tout à fait
raison, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Si le député là-bas
prétend qu'il est président de cette commission parce qu'il est
président d'une autre commission, s'il veut venir vous dire comment agir
comme président, c'est regrettable, parce que ce n'est pas moi qui passe
pour un fou, c'est vous. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Une Voix: Est-ce qu'il y a une question de règlement, M.
le Président?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur la question de règlement je rends ma
décision. Effectivement, vous avez encore une minute pour conclure sur
l'article 34a.
M. Mackasey: J'ai conclu.
Le Président (M. Clair): Vous avez terminé?
M. Mackasey: Grâce à votre intervention et non pas
à cause de l'intervention du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Clair): Madame et messieurs, l'article
34a du projet de loi 45 est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'utiliserai pas mon
droit de parole de vingt minutes. L'article est adopté.
Le Président (M. Clair): L'article 34a est adopté.
L'article 35. M. le ministre du Travail.
M. Johnson: A l'article 35, on a... est-ce qu'on l'a
distribué tout à l'heure? On a une modification de forme, de
concordance, avec un autre.
M. Chevrette: On ne l'a pas. Mme Lavoie-Roux: On ne l'a
pas.
Déclaration de grève ou de
lock-out
M. Johnson: L'article 35 du projet de loi 45 modifie l'article
46a, c'est-à-dire introduit l'article 46a au code. Il se lit comme suit:
46a La partie qui déclare une grève ou un lock-out doit informer
par écrit le ministre dans les 48 heures... The party which declares...
Pardon. "46a La partie qui déclare une grève ou un lock-out doit
informer par écrit le ministre dans les 48 heures qui suivent la
déclaration de la grève ou du lock-out, suivant le cas, et
indiquer le nombre de salariés compris dans l'unité de
négociation concernée. "
Je pense que ce texte parle de lui-même. Rapidement, avant de
demander qu'il ne soit adopté, je l'explique. Il s'agit, comme on le
sait, d'un nouveau texte, celui de la conciliation volontaire. Quand une partie
est en grève ou en lock-out, il faut que le ministère soit
avisé qu'il y a une grève ou un lock-out quelque part. Cette
notion de "avisé", on l'a remplacée par "informé par
écrit",
pour fins de concordance avec les articles 19d et suivants. D'autre
part, on introduit cette notion qu'il faut indiquer le nombre de
salariés compris dans l'unité de négociation
concernée pour les simples faits de la compilation statistique au
ministère, puisque, avant, nous pouvions faire les compilations
statistiques à cause de la conciliation, parce que sur chaque rapport de
conciliation, on avait le nombre de salariés impliqués.
Avec la conciliation volontaire, on risque de se ramasser avec une
absence totale de statistiques, ce qui serait évidemment inconcevable.
L'article 35 est-il adopté, M. le Président?
Une Voix: Adopté. M. Lalonde: Ah non!
Le Président (M. Clair): Sur l'article 35, le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je pense que nous aurons, M. le ministre, un
amendement à déposer plus tard. Puis-je, s'il vous plaît,
poser une question au ministre? Parce qu'on étudie l'article 46a
donc l'article 46 n'est pas amendé... N'y aurait-il pas une tendance de
la part du ministre, à étudier à nouveau... On dit:
L'intervention du conciliateur a été infructueuse. "Le droit
à la grève ou au lock-out est acquis soixante jours..." Ne
parlons pas de la première convention pour le moment. Je pense que nous
avons changé l'article 40 pour étendre la période à
maintenant quatre-vingt-dix jours, au lieu de soixante jours. Si vous ne
changez pas ces "soixante jours", il est possible, je pense,
mathématiquement au moins, de déclencher une grève avant
que la vieille convention collective ne soit terminée.
M. Chevrette: Répétez donc cela.
M. Johnson: Je m'excuse, je n'ai pas compris du tout.
M. Mackasey: Vous avez changé l'article 40...
M. Johnson: L'article 40, oui, ainsi que l'article 46 qui est
modifié par l'article 45 du projet de loi.
M. Mackasey: Mais, à l'article 40... M. Johnson:
Oui.
M. Mackasey: ... le syndicat ou le patron peut, par écrit,
dire qu'il est prêt maintenant à commencer les négociations
pour une autre convention collective.
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey: Du moment que vous êtes avisé par
écrit, c'est quelque chose d'important, cette date.
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey: Dans toute section... Les questions que je me pose,
et je n'ai pas pris la peine franchement d'étudier toutes les clauses,
est-ce que ce n'est pas nécessaire, à cause de ce changement
à l'article 40, de faire un changement dans l'article 46 qui dise: Si
l'intervention d'un conciliateur a été effectuée, le droit
à la grève ou au lockout est acquis, dans les soixante jours?
Est-ce que cela ne devrait pas être: Est acquis dans les quatre-vingt-dix
jours? Si vous avez trente jours de négociation, le conciliateur a
trente jours pour dire au ministre que c'est impossible, qu'il n'y a pas de
grève. Nous sommes à soixante jours des quatre-vingt-dix jours.
Le syndicat peut aller en grève trente jours avant la fin de la vieille
convention.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, pour
clarifier le débat...
M. Mackasey: Oui, c'est la même question que je pose.
M. Johnson: ... ce qui présuppose, évidemment, que
le député de Notre-Dame-de-Grâce veut qu'il soit
clarifié. J'ai erré en vous donnant lecture de ce bout de texte.
En fait, il y a toute la partie qui précède, qui est l'article 35
tel quel du projet de loi. A cause de la pagination que j'ai devant moi, je
vous ai cité simplement le dernier paragraphe de l'article 35. Je
m'excuse, je vais donc faire lecture des premiers paragraphes qui modifient
l'article 46, comme le recherche le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Donc, l'article 35 du projet de loi se lit comme
suit: "Les articles 41 à 46 dudit code sont remplacés par les
suivants: 41. La phase des négociations commence à compter du
moment où l'avis a été donné suivant l'article 40
ou est réputé avoir été donné suivant
l'article 40b. "Les négociations doivent commencer et se poursuivre avec
diligence et bonne foi qui est le critère qu'on répand
"42. A toute phase des négociations, l'une ou l'autre des parties
peut demander au ministre de désigner un conciliateur pour les aider
à effectuer une entente. "Avis de cette demande doit être
donné le même jour à l'autre partie.
Sur réception de cette demande, le ministre doit désigner
un conciliateur. "43. A toute phase des négociations, le ministre peut,
d'office, désigner le conciliateur; il doit alors informer les parties
de cette nomination. "44. Les parties sont tenues d'assister à toute
réunion où le conciliateur les convoque. "46a..."
M. Mackasey: N'oubliez pas l'article 45, pour le moment, s'il
vous plaît!
M. Johnson: 45 pardon, le conciliateur fait rapport au ministre
à la demande de ce dernier.
"46: Le droit à la grève ou au lock-out est acquis 90
jours après la réception, par le ministre, de la copie de l'avis
qui lui a été transmis suivant 40a, ou qu'il est
réputé avoir reçu suivant 40b, à moins qu'une
convention collective ne soit intervenue entre les parties ou à moins
que celles-ci ne décident, d'un commun accord, de soumettre leur
différend à un conseil d'arbitrage. "46a: c'est le dernier
texte qu'on vous a passé La partie qui déclare une
grève ou un lock-out doit informer, par écrit, le ministre dans
les 24 heures qui suivent la déclaration de la grève ou du
lock-out, suivant le cas, et indiquer le nombre de salariés compris dans
l'unité de négociation concernée.
Le Président (M. Clair): Dans les 24 heures ou dans les 48
heures?
M. Johnson: C'est 48 heures. J'ai dit 24? Je m'excuse, c'est
48.
Le Président (M. Clair): D'accord. Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Pour les
fins de la discussion, est-ce qu'on discute de l'article 35 dans son entier ou
par paragraphe?
M. Johnson: M. le Président, cela dépend des
intentions de l'Opposition, et je pense que ce serait juste et raisonnable pour
l'ensemble de cette commission si l'Opposition nous manifestait auxquels de ces
articles il a l'intention d'apporter des amendements, plutôt
qu'éviter un grand débat général sur l'article 35,
ensuite un débat général sur chacun des sous-paragraphes
suivi des amendements. Si on pouvait savoir quelles sont les intentions de
l'Opposition au niveau de l'ensemble du texte...
M. Mackasey: M. le Président, je veux assurer le ministre
que je n'ai pas posé les questions inutilement pour gaspiller le temps
ou même pour faire un débat. Peut-être qu'un fonctionnaire
peut calculer pour moi, le plus court temps possible, pour un syndicat d'aller
en grève légalement, partant de...
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, c'est que
j'ai demandé... Je pensais vous avoir demandé une directive avant
qu'on entre sur le fond. Est-ce qu'on pourrait demander à l'Opposition
si elle a l'intention d'apporter des amendements aux articles 41 à 46a
inclusivement ou s'il y en a un, disons, à l'article 43 et un autre
à l'article 46a, de telle sorte qu'on puisse amorcer cette discussion de
façon rationnelle, raisonnable et la plus concise possible.
M. Mackasey: D'accord, mais en attendant... M. Forget: M.
le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Laurent.
M. Mackasey: ... demandez à vos fonctionnaires. Je pense
qu'ils comprennent ce que je veux dire. Le changement de 60 jours à 90
jours, est-ce que c'est possible, la première journée que
vous...
M. Johnson: M. le Président, est-ce que ce serait possible
que le député de Notre-Dame-de-Grâce attende que son parti
ou le porte-parole officiel de son parti à cet effet nous fasse
connaître ses intentions quant à ma question, avant d'entrer sur
le fond?
M. Mackasey: D'accord? Correct.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pour répondre à la question du ministre,
M. le Président, nous avons effectivement l'intention de proposer
quelques amendements, mais non pas à tous les articles. C'est
plutôt, peut-être, deux articles effectivement sur les cinq ou les
six qui sont regroupés sous l'article 37 du projet de loi.
Malgré ça, je pense qu'une discussion ordonnée est
plus facile quand on procède paragraphe par paragraphe, mais,
personnellement, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on discute de
façon générale l'ensemble de l'article 35. Mais, pour
éviter des déceptions, d'avoir l'air d'inviter le ministre
à discuter de façon générale et de le
décevoir en apportant des amendements particuliers, on s'entendrait
peut-être mieux si on abordait ça étape par étape.
De toute façon, ça ne sera pas plus long.
Le Président (M. Clair): Sur la demande de directive,
tenant compte du fait que l'article 160 donne le droit de parole à
chaque député pendant 20 minutes sur un même paragraphe, je
pense qu'il y aurait avantage à procéder par paragraphe de
l'article 35 puisque, de toute façon, ça n'a comme seule
conséquence que de faciliter le travail du président dans la
comptabilité du temps parce que, sans cela, de toute façon, on
peut se promener d'un paragraphe à l'autre et parler pendant 20 minutes
sur un paragraphe ou sur un alinéa. Alors, je préfère
qu'on procède paragraphe par paragraphe.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais poser une question
d'information, M. le Président?
Le Président (M. Clair): Oui, M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Est-ce que ça voudrait dire que, pour un
paragraphe où il n'y aurait pas d'amendement, on passerait
immédiatement à l'autre?
Le Président (M. Clair): Effectivement.
M. Bisaillon: Bravo!
M. Russell: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je préférerais le discuter paragraphe
par paragraphe; par contre, nous n'avons pas d'amendement à proposer,
nous avons des questions à poser pour la clarification de certains
paragraphes.
Le Président (M. Clair): Alors, à
l'intérieur de votre temps alloué par le règlement, vous
pourrez le faire.
J'appelle le paragraphe 41 de l'article 35.
M. Forget: M. le Président, si vous me permettez. C'est un
article de caractère essentiellement technique puisque c'est la question
de déterminer le moment où commence le calcul des délais,
c'est-à-dire où la phase des négociations commence. Ce
n'est pas tellement un délai, c'est un nouveau chapitre qui s'ouvre et
on dit: ça commence à un certain moment. La proposition contenue
dans le projet de loi vise à faire partir cette phase de
négociation à partir du moment où un avis a
été donné ou est réputé avoir
été donné. Il nous semble que ce serait plus facile de
procéder autrement, en faisant partir la phase de négociation du
moment où l'avis a été reçu par le ministre. La
raison en est simple, c'est que, à l'article 40a, à l'article 34
du projet, qui introduit un article 40a dans le Code du travail, on dit ceci
et je le relis pour le bénéfice des membres de la
commission 40a. "La partie qui donne un avis en vertu de l'article 40
doit en envoyer une copie au ministre le même jour. Ce dernier informe
sans délai les deux parties de la date où il a reçu une
copie de cet avis."
C'est donc dire que le ministre, d'une certaine façon,
déclare, donne le signal qu'il y a un avis qui a été
reçu. Dans l'article précédent, la chose n'a pas lieu
puisque, de toute façon, il n'y a pas d'avis qui est donné et que
le ministre n'a pas besoin de faire d'information; donc, on n'a pas besoin de
se préoccuper de l'autre cas. Mais la réponse que le ministre
donne, indiquant qu'il a reçu un avis, ne peut pas porter sur autre
chose, évidemment, que la date où il l'a reçu,
plutôt que la date où il a été donné par
l'une ou l'autre des parties. Comme cette information revient à chacune
des parties, de la part du ministre, indiquant la date où il a
été reçu, on a là une possibilité que les
deux parties, recevant l'avis du ministre, soient en face de la même
date; autrement, la date en question, la date à laquelle commence la
phase de négociation, risque de ne pas être la même, ou
d'être mal comprise, ou de donner lieu à des divergences de points
de vue puisque la date où un avis est donné par l'une des parties
n'est pas nécessairement la date où il est perçu comme
ayant été donné ou reçu par l'autre partie.
Alors, comme il y a une procédure d'avis par le ministre de sa
propre réception de l'avis qui porte sur la date où l'avis a
été reçu par le ministre, il nous semblerait plus
valablesi tout le monde suit mon raisonnement parce que c'est un peu
torturé de dire: Comme les deux parties vont recevoir l'avis du
ministre, j'ai reçu l'avis à telle date et à tel moment et
même à telle heure, de dire: C'est la date de réception
plutôt que la date d'expédition qui devrait compter.
M. Chevrette: La théorie du
récépissé.
M. Forget: Oui. Il me semble que cela éliminerait une
cause possible d'altercations ou de contestations, et c'est dans ce sens...
Enfin, je peux le faire sous forme d'un amendement formel... Nous avions
l'intention de présenter un amendement au paragraphe 41 de l'article
35.
M. Johnson: Oui. Vous avez le texte?
M. Forget: J'ai le texte qu'on va vous donner et je vais en faire
la lecture pour les fins du journal des Débats: "Que le paragraphe 41 de
l'article 35 soit modifié en remplaçant dans la troisième
ligne du premier alinéa le mot "donné" par le mot "reçu";
en remplaçant dans la troisième ligne du premier alinéa le
chiffre "40a"; en remplaçant dans la quatrième ligne du premier
alinéa le mot "donné" par le mot "reçu".
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "41. La phase des
négociations commence à compter du moment où l'avis a
été reçu suivant l'article 40a ou est réputé
avoir été reçu suivant l'article 40b. Les
négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne
foi".
M. Johnson: La phase des négociations commence à
compter du moment où l'avis a été donné...
M. Forget: On me souligne dans le même contexte qu'à
l'article 46, c'est également la théorie de la réception
qui est utilisée. Je lis l'article 46: "Le droit à la
grève ou au lock-out est acquis 90 jours après la
réception, par le ministre, de la copie de l'avis". Alors, si on avait
la même référence partout, il me semble que cela
aiderait.
M. Johnson: M. le Président, cet amendement est
intéressant. Dans le cas de l'avis qui est réputé avoir
été donné suivant l'article 40b, cela ne pose
évidemment aucun problème puisque, à 40b, on
prévoit que la réception de cet avis réputé est
également réputé avoir lieu le même jour.
M. Forget: Oui.
M. Johnson: Donc, cela ne pose aucun problème à ce
niveau-là.
M. Forget: A ce point de vue-là cela ne cause aucun
problème. Il est réputé avoir été
reçu le même jour où il est réputé avoir
été donné. De toute façon, comme il n'y en a pas,
cela n'a pas d'importance.
M. Johnson: C'est cela. Quant à 40a, j'essaie de voir
concrètement. Ce qu'on dit à l'article 41:
La phase des négociationsil est important de
déterminer la phase de négociations à cause du calcul des
délais pour l'acquisition du droit de grève commence
à compter du moment où l'avis a été donné
suivant l'article 40. On va oublier le reste 40b. C'est le problème de
la théorie, finalement, de la réception en droit par
opposition... Ici, en fait, on se réfère à la date,
prenons un exemple, l'avis est envoyé le 1er avril, il est reçu
le 5 parce qu'il y a eu une grève des postes, parce que quelqu'un l'a
perdu.
D'autre part, dans le texte que nous propose le député de
Saint-Laurent, on dirait que la phase de négociation pour
déterminer le droit de grève ne commencerait qu'à compter
du moment de la réception. Or, qu'est-ce qui fait foi de cette
réception? C'est, dans le cas du courrier recommandé, la
signature du billet, mais il y a aussi les télex, la lettre simple; il
s'agit toujours d'un écrit cependant, puisque les avis sont
considérés comme des écrits aux fins du code.
Le problème que je vois, c'est que, si, à un moment
donné, le ministère était inefficace, pour une raison ou
pour une autre, qu'il y ait un cas forfuit, une absence, une perte de'dossier,
etc. on priverait les parties, à cause de cette affirmation de la
réception nécessaire, de l'acquisition de leur droit de
grève ou de lock-out. Alors qu'en fait tout ce que le syndicat aurait
à prouver ...parce que tout ça, éventuellement, peut se
ramasser devant un tribunal. Qu'est-ce que le juge va dire? Est-ce que, oui ou
non, il y avait droit de grève ou de lock-out à ce
moment-là? L'intérêt est finalement pour les requêtes
en accréditation aux périodes de maraudage. Le
commissaire-enquêteur va avoir à se prononcer. Il peut obtenir,
devant lui, une preuve de l'expédition de l'avis, mais s'il y a un
problème au ministère à cause d'un cas fortuit, d'une
force majeure ou carrément de l'incurie de ce service un de ces matins
ça peut arriver on voit tout de suite le genre de
problème juridique que ça pourrait poser.
Enfin, pour le moment, je réfléchis à haute voix,
mais ça me semble la difficulté.
Le Président (M. Clair): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais ajouter quelque chose. L'article 40
qu'on vient d'adopter, c'est la théorie de l'expédition.
Là, on introduirait la théorie du récépissé.
Je pense qu'il y a un danger, le ministre en a souligné un. La partie
qui envoie l'avis a une preuve concrète entre les mains de l'envoi; si
c'est par télégramme elle a une copie, si c'est par courrier
recommandé, elle détient une preuve évidente de
l'envoi.
Au ministère, si c'est reçu par courrier
recommandé, tu peux toujours avoir... tu signes ton nom, ce qui
constitue une preuve. Il reste que, si ça traînait deux jours
avant que l'autorité du ministère ait donné un
accusé de réception, je pense que ça pourrait briser une
certaine stratégie ou un certain cadre fixé par le groupe qui a
donné lavis. S'il a avisé telle date, c'est parce qu'il
envisageait quelque chose à telle autre date. Cela peut avoir une
conséquence si ça traîne une semaine dans l'engrenage
gouvernemental.
Quand on prend une théorie au départ, je pense qu'on est
mieux de la suivre tout le long.
M. Forget: C'est fort possible, M. le Président, mais il
reste que ce n'est pas évident qu'on prend la même théorie
tout le long. C'est un peu le sens de notre intervention. D'abord, à
l'article 46, on commence le délai à partir du moment de la
réception, de l'avis par le ministre; donc le droit de grève est
acquis à partir de ce moment-là, c'est-à-dire 90 jours
après ce moment-là.
D'autre part, si c'est comme ça qu'il faut comprendre la loi,
d'après le député de Joliette-Montcalm, la question que je
lui poserais, c'est: Pourquoi prévoit-on à l'article 40a, une
procédure aussi formelle que l'avis, la réponse par le ministre,
en disant aux parties: On met cela dans la loi. Ce n'est pas simplement une
politesse. On dit: Le ministre doit informer du jour où il a reçu
l'avis.
C'est donc qu'on semble implicitement attacher une importance à
la date où l'avis est reçu. Autrement, on ne se donnerait pas la
peine de dire: Ce dernier informe sans délai à l'article
40a les deux parties de la date où il a reçu copie de cet
avis. On s'attend qu'on trouve ailleurs un article qui donne une signification
à cette date. Et effectivement, on retrouve la raison à l'article
46.
Mais quand on arrive à l'article 41, tout à coup, on
oublie que cette date semblait importante à l'article 40a et qu'elle va
redevenir importante à l'article 46. Dans le fond, c'est cela qui ne
m'apparaît pas logique dans le déroulement.
M. Chevrette: Je reconnais qu'il y a peut-être une
ambiguïté à l'article 46, par rapport à l'amendement
que vous faites. Je reconnais cela. Personnellement, pour avoir fait face
à énormément de difficultés avec le
ministère du Travail, sur la théorie du
récépissé, je considère que la plus grande preuve
qu'un organisme puisse avoir, c'est toujours la théorie de l'envoi.
Parce que tu as des preuves, c'est toi qui constitues ta preuve: tu l'as
envoyé, tu as le papier du bureau de poste et tout est parfait.
M. Forget: C'est la preuve la plus facile. Mais d'un autre
côté, il est important que les deux parties soient saisies de la
même date, en ce sens que les délais pour les deux parties
comptent à partir du même temps.
M. Chevrette: Dans le temps, il y avait une obligation d'en
aviser l'autre partie. Si on envoyait un avis de grève, il fallait qu'on
en envoie une copie à l'employeur; c'était le temps où on
avait le préavis de huit jours, dans les cas des services publics.
M. Forget: Oui.
M. Chevrette: Cela partait en même temps, pour le
ministère et pour la commission scolaire,
par exemple. Si c'est le ministère qui se charge d'envoyer l'avis
et que cela traîne trois ou quatre jours, le
récépissé n'arrivera pas nécessairement en
même temps, par exemple, à une commission scolaire ou un syndicat.
Le ministre pourra poster le même jour les deux lettres et elles
n'arriveront...
M. Forget: Non, elles n'arriveront pas le même jour, mais
la date qui figure sur l'avis va être la même et il n'y aura pas
d'incertitude là-dessus.
M. Chevrette: Mais la date du récépissé
serait la même. Bien sûr.
M. Forget: Les deux parties vont avoir une lettre du ministre
disant: La date effective, c'est cela.
M. Chevrette: Quoique le pouvoir, c'est à l'une ou l'autre
des parties qu'il est donné. Il n'est pas donné aux deux en
même temps. C'est l'obligation d'aviser les parties qui en est faite.
M. Forget: Oui, mais les délais courent pour les deux.
M. Chevrette: Oui, mais c'est le premier qui prend l'initiative
de créer le déclenchement du délai. Personnellement, je
préfère l'émission.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Dans le même sens, le problème qui peut
exister dans ce contexte, c'est de rendre une grève illégale pour
le simple fait qu'on ne s'entend pas sur le moment de la réception par
le ministre, pour une raison ou pour une autre... Qu'il y ait
déjà, au niveau du ministère du Travail, une grève
qui fait que l'avis ayant été envoyé, la réception
par le ministre n'ayant pas été faite à l'une ou l'autre
des parties, on en arrive à ce moment-là, à faire en sorte
que des gens, croyant que l'avis a été accepté par le
ministre, décident de faire la grève, et deviennent, par le fait
même, illégaux.
M. Forget: Attention. On a 90 jours. On a le temps d'envoyer pas
mal de messages dans l'espace de 90 jours. Il y a 90 jours et j'imagine que le
ministère pourrait prendre comme politique de répondre par
télégramme, par Télex ou Dieu sait quoi, de manière
à être sûr que cela se fait dans des délais minimaux
si on trouve que la poste n'a plus l'efficacité qu'elle avait.
Mais 90 jours, c'est suffisant, il me semble, pour être
sûr... Dans le fond, le délai d'un jour ou deux n'est pas
important vis-à-vis des 90 jours. C'est qu'il faut que ce soit le
même jour pour les deux parties. Cela me semble la considération
déterminante.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'écoutais les
arguments du député de Saint-Jacques-Montcalm...
M. Chevrette: Joliette-Montcalm. Saint-Jacques fait partie d'une
paroisse de Montcalm, mais c'est Joliette.
Mme Lavoie-Roux: Joliette-Montcalm. Ce sont des vieux liens qui
m'ont fait dire Saint-Jacques-Montcalm.
M. Chevrette: Affectueux, j'espère.
Mme Lavoie-Roux: Certainement... selon lesquels il peut y avoir
des retards dans la poste... Si vous tenez compte de l'article 46, de toute
façon, vos 90 jours ne commencent uniquement qu'après la
réception, par le ministre. Je ne comprends pas que votre argumentation
tienne, compte tenu de l'article 46.
M. Chevrette: Voici pourquoi. Je prétends que s'il faut
changer l'article 46, on le changera. Mais ce que je prétends et c'est
clair, c'est quand un syndicat décide d'envoyer un avis au
ministère, c'est parce qu'il se figure que dans tant de jours, il va
avoir le droit à la grève.
Est-ce que le ministère ne deviendrait pas responsable de briser
le rapport de forces, si vous voulez, qui peut s'établir entre deux
parties, soit en négligeant d'accuser réception, uniquement par
négligence administrative ou encore par négligence d'un
fonctionnaire qui ne voudrait pas...
J'aime mieux laisser aux parties le soin de définir
elles-mêmes quelles sont les dates auxquelles elles veulent en arriver
à une telle situation; sinon, ce serait nous qui déciderions du
sort des événements possibles.
Mme Lavoie-Roux: Mais l'article 46 ne vous permet pas de...
M. Chevrette: J'admets que l'article 46...
Mme Lavoie-Roux: Même si j'acceptais tous vos arguments,
quand vous lisez bien l'article 46: "Le droit à la grève ou au
lock-out est acquis quatre-vingt-dix jours après la réception par
le ministre de la copie de l'avis..." Même si j'acceptais tous vos
arguments au point de départ, M. le député de
Joliette-Montcalm, cela ne tient pas, compte tenu du contenu de l'article 46.
N'êtes-vous pas d'accord avec cela?
M. Chevrette: Voici: Si le ministre disait: Vous n'avez pas le
droit à la grève, parce qu'après la réception par
le ministre... C'est à cause du mot "réception" que vous
introduisez le mot "réception" à l'article 41. On a toujours tenu
pour acquis, dans la jurisprudence du travail, que c'est le jour où on
envoyait... Par exemple, si on envoyait l'avis le 1er janvier, 90 jours
après...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, mais quand vous mettez cela.
M. Chevrette: Si on dit 90 jours de l'émission de l'avis,
il faudrait changer...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait le changer à ce
moment-là quelque part.
M. Chevrette: II faudrait changer "réception" par
"émission ", bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: A l'un ou à l'autre, il faut le
changer.
M. Chevrette: Sinon, vous pouvez risquer des conflits
d'interprétation. Je suis entièrement d'accord avec vous.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Saint-Laurent à l'article 35 est-elle
adoptée?
M. Chevrette: Un instant!
Mme Lavoie-Roux: II semble y avoir une certaine confusion.
M. Russell: Non, M. le Président.
M. Johnson: M. le Président, peut-on suspendre pour cinq
minutes?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 58)
Reprise de la séance à 16 h 7
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre reprend ses
travaux. M. le ministre du travail.
M. Johnson: M. le Président, on va reprendre l'article 41
tranquillement, si vous permettez: La phase des négociations commence
à compter du moment où l'avis a été donné
suivant l'article 40 ou est réputé avoir été
donné suivant l'article 40b.
M. Mackasey: M. le ministre?
M. Johnson: Oui? Que je vous donne... Je m'excuse. Le
deuxième paragraphe nous dit que les négociations doivent
commencer et se poursuivre avec diligence et bonne foi. Donc, l'objet de
l'article 41, comme l'objet de l'article 41 du code actuel, c'est finalement de
prévoir qu'à partir d'une certaine période, les
négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne
foi. C'est seulement cela, l'objet de l'article 41. Cela n'a rien à voir
avec les délais quant à l'acquisition du droit de grève.
Donc, je pense que, finalement, ce que viserait le député de
Saint-Laurent serait plus susceptible, puisqu'il parle de l'article 40a et non
pas de l'article 40, de faire l'objet d'une discussion au moment où nous
discuterons de l'article 46. Je l'inviterais, en fait, à
considérer cela quand on discutera de l'article 46 et,
évidemment, à formuler un amendement qui sera différent,
parce que ce qu'il vise, finalement, c'est d'introduire la notion de la
théorie de la réception, mais quelque part où cela a une
signification. Cette signification est au niveau du calcul des délais
pour l'acquisition du droit de grève, non seulement quant à
l'acquisition du droit de grève, mais également quant à la
fixation de la période ouverte pour le maraudage, puisque celle-ci est
en fonction de la date d'acquisition du droit de grève.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je suis d'accord avec le
ministre que le but de l'article 41, c'est de préciser que la phase des
négociations s'ouvre à partir d'une certaine date. D'ailleurs,
cela a toujours été le cas. C'est le deuxième
alinéa qui a toujours été cité là-dedans.
C'est là qu'on retrouve la fameuse phrase "se poursuivre avec diligence
et bonne foi". On n'a jamais trop su quel sens y donner, mais ce n'est pas une
raison pour ne pas la conserver et même lui donner un sens,
éventuellement. C'est tout à fait vrai. Maintenant, ce qu'on doit
conclure de cette intervention de la part du ministre, c'est que, si cela est
vrai, les arguments invoqués tout à l'heure, à savoir que
cela pouvait menacer l'acquisition du droit de grève, etc., ne sont pas
des arguments pertinents au sujet de notre amendement.
Par contre, on peut se poser une question quand, dans un même
texte de loi, qui est censé être accessible au monde ordinaire
plutôt qu'aux spécialistes seulement, on a, dans le fond, deux
façons de compter les délais ou le début d'une
période. Une fois, c'est la théorie de l'expédition;
l'autre fois, c'est la théorie de la réception et on s'attend que
les gens sachent les distinctions entre les deux.
Il serait drôlement plus simple de dire: C'est la théorie
de la réception tout le temps. De toute manière, l'implication
pratique d'adopter la théorie de la réception à l'article
41, c'est qu'on ne pourra pas faire la preuve de la mauvaise foi d'une des
parties tant et aussi longtemps qu'elle n'aura pas reçu l'avis, qu'elle
n'aura pas... Même pas ça, tant et aussi longtemps que le ministre
n'aura pas reçu l'avis. Avant la date de réception de l'avis par
le ministre, on ne pourra pas faire la preuve de la mauvaise foi d'une partie.
Ce n'est pas un prix très lourd à payer, étant
donné les difficultés, par ailleurs, de prouver la mauvaise
foi.
Indépendamment de ce qu'on pourra décider sur les
délais, je défie qui que ce soit de faire la preuve de la
mauvaise foi d'une partie pour un
comportement qui se situerait avant la réception par le ministre
et, prétendument donc, par cette partie-là aussi, puisque, si le
ministre a reçu l'avis à une certaine date, il y a de bonnes
chances que l'autre partie l'ait reçu à la même date,
étant donné que les délais postaux sont à peu
près les mêmes pour tout le monde.
Donc, je défie qui que ce soit de faire la preuve qu'une partie
est coupable de mauvaise foi avant même d'avoir reçu l'avis d'une
invitation à des négociations prévu par l'article 40 et le
paragraphe 40a. Alors, qu'on retourne d'une façon ou d'une autre cette
question, qu'on la regarde simplement du point de vue de l'intérêt
d'avoir le même avis qui court à partir de la même date
à toutes les fins, mais qu'on évite les subtilités de
théorie de réception et de théorie d'expédition et
qu'on ait la même interprétation partout. Si on se confine au sens
même de l'article 41 qui vise à déterminer la
période pendant laquelle il y a une obligation de négocier avec
diligence et bonne foi, c'est sûr qu'avant la réception il n'y a
jamais personne qui va me dire que quelqu'un est de mauvaise foi quand on n'est
pas capable de prouver au-delà de tout doute qu'il était en
possession d'un avis de négociation. On a beau se rabattre sur la
théorie qu'on veut, il faut au moins informer quelqu'un qu'on veut
négocier avant de lui faire le reproche qu'il ne négocie pas. Il
faut aussi s'assurer qu'il a reçu l'avis avant de l'accuser qu'il
était de mauvaise foi.
La théorie de l'expédition est certainement la mauvaise
à adopter dans ce cas-là, quel que soit son mérite dans
d'autres contextes. Bon! Là-dessus, je pense qu'on peut se limiter
à ça, parce que ce n'est qu'une question de procédure, qui
a son importance, relativement parlant, mais je pense qu'on s'est assez bien
expliqué sur le sujet. Quant à moi, je n'ai pas tellement
l'intention d'y revenir.
M. Russell: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Clair): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: ... un peu. Comme le ministre, on cherche la formule
magique qui va régler tous les problèmes qui peuvent s'inscrire
à l'intérieur d'une loi ou de l'application d'une loi, dans un
domaine aussi délicat que celui du travail.
Je suis d'accord avec l'amendement présenté par le
député de Saint-Jacques pour plus d'une raison. Ma conception de
la réception est celle-ci: Celui qui est responsable de l'application du
Code du travail, c'est bien le ministre du Travail et c'est lui qui est
censé avoir entre les mains le contrôle de... La meilleure
façon d'avoir le contrôle, c'est d'utiliser la date de
réception pour l'application de cette loi; pour les avis, c'est la
même chose.
Donc, je crois que dans le mot "donner" je n'ai rien contre le
mot "donner" mais je pense qu'il peut exister un délai qui pourra
toujours être mal interprété par des parties
opposées l'une à l'autre. Je n'ai jamais été
ministre du Travail, mais j'ai été opposé, surtout dans
certaines négociations, à des employés. On sait
qu'à certains moments, l'une ou l'autre des parties peut prendre des
dispositions pour créer certains problèmes. Donc, si on utilise
la formule de la réception, c'est le ministère du Travail qui
établira la date, les délais et tout; c'est lui, quand
même, qui a la responsabilité de l'application de ce code.
Par ailleurs, si on regarde l'article 46 du code actuel, ça
existe déjà. Est-ce que le ministre peut nous dire que
l'expérience vécue a été mauvaise et que c'est pour
cette raison qu'on veut le changer?
M. Johnson: C'est que l'article 35 modifie l'article 41 du Code
du travail. Le seul objet des dispositions de l'article 41, c'est l'affirmation
de la négociation avec diligence et bonne foi, sauf qu'on fixe quand
aura lieu cette négociation en faisant appel à une notion qui
s'appelle la phase de négociation; et on détermine quand elle
commence. Elle commence au moment où un avis a été
envoyé par l'une des parties.
M. Russell: Je comprends mal...
M. Johnson: Pas au ministre parce que le ministre ne
reçoit que copie dont il accuse réception par la suite sans
délai, comme le dit l'article 46 par la suite et l'article 40a. C'est en
fait essentiellement les parties qui entre elles s'avisent: l'employeur avise
le syndicat qu'il a l'intention d'entamer les négociations ou le
syndicat avise l'employeur qu'il entend commencer les négociations.
M. Russell: C'est simplement sur la théorie de la
réception et de l'expédition de l'avis; c'est simplement ce
à quoi je m'en prends. Je veux toujours laisser la responsabilité
de l'application du Code du travail et le respect du Code du travail par les
employeurs et les employés, toujours au ministre. Je ne veux pas enlever
de ses mains ces responsabilités parce que c'est là son
rôle. Pour ce faire, je crois que l'article ou le principe qui existe
actuellement à l'intérieur du Code du travail, que c'est à
la réception que les délais commencent. C'est pour cette raison
que je pose la question au ministre. Est-ce que l'expérience
vécue actuellement par ce principe qui existe déjà
à l'intérieur du Code du travail je parlais de l'article
46, simplement comme exemple...
M. Jolivet: Je peux amener une argumentation, me le
permettez-vous?
M. Russell: Oui.
M. Jolivet: Je pense que ce dont vous parlez, c'est de l'article
46. Voulez-vous vous référer au code actuel, aux articles 40 et
41 où c'est un avis qui est donné. Vous demandez qu'est-ce qui
s'est passé; c'est exactement ce que l'on met dans les articles 41 et 46
actuels, sauf qu'on les clarifie d'une certaine façon. Les articles 40
et 41 du code
actuel, et l'article 46 du code actuel, sont exactement la reproduction
des articles qui sont là, sauf qu'on les abrège d'une certaine
façon. Je ne vois pas en quoi l'amendement apporté, actuellement,
voudrait dire que, ce qui s'est passé dans le passé, n'est pas
bon. Au contraire, c'était ça. Je ne comprends pas
l'argumentation que l'on fait actuellement parce que, si vous les regardez
comme il faut, dans le code actuel, à l'article 40 après un avis
prévu à l'article précédent, l'article 41, les
négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne
foi. L'avis est donné à 40, dans le sens qu'on dit: L'association
accréditée donne à l'employeur ou celui-ci donne à
l'association accréditée un avis écrit d'au moins huit
jours...". On ne parlera pas de date, on laisse aux parties le soin de la
déterminer.
Vous allez à 46, au code actuel, on dit: "Si l'intervention du
conciliateur est infructueuse, le droit à la grève ou au lock-out
est acquis, soixante jours dans le cas d'une deuxième ou
troisième convention collective, et si c'est une première
convention, 90 jours après la réception par le ministre. Il y a
une différence entre le droit au lock-out et à la grève
prévu dans l'article 46 et le début des négociations
prévu aux articles 40 et 41 du code actuel. Je pense qu'on fait
actuellement une discussion pour rien.
M. Russell: C'est peut-être pour rien, mais c'est
drôlement important. Ce qu'on tente d'établir c'est le
départ de la date des délais.
M. Johnson: Ce n'est pas ça, justement. Je pense que c'est
ça la démonstration que vient de faire le député de
Laviolette. C'est que ça n'a rien à voir avec le but des
délais pour le calcul de la grève ou du lock-out. L'article 41
n'a rien à voir avec cela. Rien! Je demanderais au député
de Brome-Missisquoi de me démontrer en quoi l'article 41 influence les
délais. Il n'influence pas les délais. Le problème qu'il
apporte pourrait se poser, s'il tient à le poser à l'article 46,
mais pas à l'article 41.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement de
l'article 41, du député de Saint-Jacques, est-elle
adoptée?
Des Voix: Rejeté.
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce demandait la parole sur le
paragraphe 41.
M. Mackasey: Vous me permettrez, M. le Président, quand
même de référer à 41, à cause de l'article
46. Je sais exactement ce que le ministre veut dire...
M. Johnson: M. le Président, est-ce qu'on considère
qu'on a terminé l'étude de l'article 41 oui ou non? J'ai
demandé: Est-ce qu'il est adopté? En fait ce qu'on va adopter
c'est tout l'article 35.
M. Mackasey: Je ne propose pas d'amendement à l'article
41.
M. Johnson: Alors, est-ce qu'on peut passer à l'article
42, comme objet de discussion?
M. Russell: J'aurais simplement quelques questions, M. le
Président, si vous le permettez...
Le Président (M. Clair): Messieurs, ce que nous avons fait
jusqu'à maintenant, c'est de disposer d'une motion d'amendement du
député de Saint-Laurent. Mais nous n'avons pas disposé
comme tel du paragraphe 41.
Mme Lavoie-Roux: On a seulement reçu l'amendement. On n'en
a pas encore disposé. On a pas encore parlé sur la motion.
M. Mackasey: On n'a pas parlé de l'amendement encore.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce sur l'article 41.
M. Mackasey: Je voudrais simplement dire de passer à
l'amendement du député de Saint-Laurent à l'article 41
pour qu'on ne retarde pas le travail de la commission. Je veux savoir si je
comprends bien, si le but de l'article 41 c'est que le salarié, le
syndicat, les patrons, s'ils désirent aller "by means", comme on dit,
"under the gun immediately crisis, no delay" et dans 90 jours de
négociations face à face, dans 90 jours sans intervention d'un
conciliateur ou non, si le syndicat est prêt à aller en
grève et si le patron est prêt à aller en lock-out.
Ce n'est pas cela? Je pense que c'est cela l'article 41. Est-ce que j'ai
raison, M. le ministre? C'est cela oui ou non? D'accord. I want to be sure of
what you are saying and I agree with your philosophy. Je suis
complètement d'accord que souvent, on retarde tellement que des
personnes pensent: On réglera cela l'année prochaine ou le mois
prochain, comme chez les policiers et les pompiers, alors qu'on n'avait pas le
droit d'aller en grève. C'était le défaut de ce concept
d'arbitrage où un juge va régler un conflit. Alors, je pense que
sur l'article 41, comme il est demandé ou qu'il est proposé par
le gouvernement, je suis d'accord sur l'article 41, en principe. Cela ne veut
pas dire qu'on ne peut pas l'améliorer avec un amendement, mais on
n'essaie pas de détruire le principe. Si on n'était pas d'accord
sur le principe, on voterait contre la proposition du gouvernement.
L'amendement du député de Saint-Laurent, c'est seulement pour
améliorer un principe que nous appuyons. Ce n'est pas plus
compliqué que cela. Je ne sais pas si le député de
Saint-Laurent veut expliquer son amendement maintenant. Ce n'est pas contre
l'article 41; il est certainement acceptable. On accepte la philosophie de
l'article 41 qui dit carrément qu'il y a des occasions où le
syndicat et le patron prétendent: OK let's go out without any
interference. We know that 90 days from now, if we do not have a settlement,
there is going to be a strike or a lock-out. It is crisis bargaining and
sometimes it is very good. It is better than what happen with the police and
firemen where they
have to go to a judge. Alors, on accepte le principe de l'article 41,
mais en acceptant le principe, on apporte un amendement à l'article 41
qui n'est pas contre la philosophie; alors c'est acceptable. Peut-être
que le président peut dire si c'est acceptable ou non. C'est à
lui de décider si l'amendement du député de Saint-Laurent
est acceptable oui ou non?
M. Johnson: II a été reçu tout à'
l'heure, personne n'a posé de question sur la recevabilité. On en
a disposé, M. le Président.
M. Mackasey: Non, mais hier soir le président a
précisé avec raison...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
L'amendement du député de Saint-Laurent a été
reçu et évidemment il a été rejeté, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Rejeté.
M. Johnson: Oui, rejeté. Would you believe.
M. Mackasey: I do believe when you are trying to bring in a patch
of code and improve it. It is hard to believe that you reject every
amendment... by the Opposition as if we do not have the same philosophy.
Le Président (M. Clair): Quoi qu'il en soit, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, l'amendement du
député de Saint-Laurent à l'article 41 a été
rejeté. Cependant, vous avez encore un droit de parole sur l'article 41,
sur le paragraphe 41. Si vous désirez l'exercer.
M. Mackasey: I have spent 20 minutes saying why it is a good
paragraph. I may spend many 20 minutes saying why other things are bad. I do
not want to start to congratulate th Minister on the philosophy of 41. I wish
he could have been amended. I do not know why it was rejected.
M. Johnson: M. le Président, je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce est en train de faire un
discours de deuxième lecture sur l'article 41.
M. Mackasey: Non, c'est un discours que j'ai
préparé pour la troisième lecture, quand je vais dire que
le code original est meilleur que le code amendé. It is only my opinion,
but I would like to address the 41...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je voudrais juste vous indiquer qu'effectivement
vous avez 20 minutes et que je les compte depuis 16 h 20 en déduisant,
cependant, le temps des questions de règlement.
M. Mackasey: Vous avez parlé encore comme un homme
sensé, vous attiriez mon attention sur le fait que j'ai vingt minutes
à discuter sur l'article 41, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Mackasey: II y en a d'autres qui m'ont posé des
questions, à savoir si je préparais un discours de
deuxième lecture, c'est pour ça que j'étais obligé
de répondre, surtout quand c'est le ministre qui pose des questions. On
va parler de l'article 41.
I am saying that the purpose of article 41, because the member of
Shefford raised a valid point... Brome-Missisquoi, I am sorry; his reputation
is known throughout the Eastern Townships, so he could be virtually in any
riding he wants to be.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Mackasey: What I am really saying is that there is no magic
formula. I think that is the wisest thing I have heard up to now and article 41
will not, I hope... Anybody will think that article 41 and I certainly
think so should have been introduced and I must congratulate the
minister sincerely for bringing it in, because if you are going to have labor
peace or settle collective agreements, there must be I think the
minister agrees an element of suspense; things must not be predictable.
One of the problems with the Code I am aware of which now needs amending, and
all, or has been amended, was to introduce suspense so that both parties, were
not quite sure how the minister or his officers would act. They my, in some
cases, appoint a conciliation officer but at other times, they may appoint a
Conciliation Board. You never know when you ask, or they may do as article 41
suggests, appoint neither, and say as article 41 says: you have 90 days to
negotiate and you are in a strike position as of the moment the collective
agreement ends, the existing collective agreement. There's Santa Claus looking
for his reindeer up there, but I would rather talk about article 41.
What I am saying is that the purpose of article 41 is to provide both
parties with a period of 90 days during which everybody will know, the public,
the minister, the union workers, the employer, that at the end of 90 days, the
strike can be legal, or a lock-out be legal. I approve of this, but I would
have liked to have seen this as part of many options at the disposition of the
minister or le ministère ou l'enquêteur whoever the hell we have,
we have so many names here, but somebody should have the option of saying
article 41 shall apply in this particular dispute.
On the other hand, because of the known differences of opinions, the
seriousness of the strike in, let us say, the transportation field, we better
have a Conciliation Board or an officer whose advice we may need in case we
need special legislation and that is the question je pose au
député sur l'article 41 au cas où il y a une grève
après 90 jours de négociations face à face, aucun
conciliateur, aucun Conciliation Board, si vous voulez. Le danger de l'article
41, dans plusieurs cas est qu'on discute pendant 90 jours et que
nous ayons une grève après où nous n'aurions
presque aucune information pour le ministre ou pour le ministère ou pour
l'enquêteur ou pour le commissaire. Il n'y aurait aucune information
à la disposition du commissaire sur ce qui s'est passé durant les
90 jours, pour des cas exceptionnels, au cas où le gouvernement serait
obligé d'adopter une loi spéciale ça ne devrait pas
se faire, sauf dans les grandes exceptions mais il n'y aurait aucune
information à la disposition du gouvernement ou du ministre ou du
ministère.
Article 40, je veux dire après 90 jours de négociations
face à face, quelqu'un va faire un rapport selon l'article 40.
Qui va faire le rapport s'il n'y a pas quelqu'un de neutre dans ce
conflit? Qui va le faire? Est-ce que c'est le patron? Est-ce que c'est le
syndicat? Il va y avoir deux rapports complètement contradictoires.
S'ils ne sont pas contradictoires, il y aurait eu une convention collective.
C'est pour cela que le ministre devrait se garder une porte de sortie,
quelquefois.
Dans les cas où j'étais obligé... Je vais vous
céder un moment pour votre question. Par exemple excusez-moi si
je réfère encore une fois à la grève des postes
mais dans ce cas, je pensais laisser cela dans les mains d'un officier
où il n'y avait aucune interférence de la part du syndicat et de
l'employeur.
Mais on savait fort bien qu'il y avait quand même la
possibilité d'une grève. C'était nécessaire pour
nous d'établir, autant que possible, les faits, au cas où ce
serait nécessaire de passer une loi d'urgence, ou d'aller en arbitrage.
C'était nécessaire d'avoir quelqu'un de neutre et, dans ce
cas-là, si je me rappelle bien, c'était un juge
québécois, si vous voulez, mais un juge de la cour.
M. Jolivet: ...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je vais me fier sur
vous une, deux ou trois fois, mais la quatrième fois, je le rendrai
moi-même.
I am making a point that is important. I am saying to my friend, and I
mean that sincerely, from Joliette-Montcalm, that it would be better if you had
at your disposal, not only section 41, but other alternatives which the
minister, or whoever is delegated by the minister, in his wisdom, could apply
in any particular situation, since you know most collective agreements that are
coming to an end, you know which ones are strike proned. You know, in the
transportation field, for instance, we just had one in Montreal, and the
minister acted wisely in not interfering, but anticipating such a strike,
anticipating the possibility of reaching a collective agreement without a
strike was minimal. In that case, you want to introduce as early as possible,
neutral people, experienced conciliators. you do not have a Conciliation
Board but at least, an experienced conciliator can anticipate not only
the major problems, but by observation, by participating, by being at least
present, he can acquaint objectively and impartially the minister or the
department, with what extraordinary provisions may or may not have to be taken
in case legislation has to be passed to bring that strike to an end.
And one of the dangers that I am pointing to the minister, about section
41, is that it should not be left up to the two parties to use section 41. It
should be at the discretion of the minister, and at the discretion of the
Department, and he should have the right to say: You cannot use section 41, you
must go by a conciliation officer. You must go through a Conciliation Board if
you have one. You must proceede by the officer stage because we cannot take a
chance, after 90 days of hard bargaining, to start all over again on behalf of
the public.
Iam only pointing out that section 41 can be a very effective instrument
in some cases and very detrimental in other cases. The responsibility of
determining who should use section 41 should be made by the minister and not by
the two parties concerned.
Pour répéter un peu en français, du moins,
j'essaie, j'appuie le principe de l'article 41, dans le sens que souvent, c'est
le meilleur moyen d'arriver à une convention collective. Mais ce n'est
pas toujours le meilleur moyen. La manière traditionnelle, celle d'un
conciliateur, dans plusieurs cas, est préférable à
l'article 41.
II y a d'autres cas, par exemple, où l'article 41 est
préférable. Cette décision devrait être faite par le
ministre ou le ministère, au lieu d'être faite par le syndicat ou
le patron...
I am only saying "que, peut-être pas aujourd'hui, mais quand on
fera une révision complète, le ministre devra avoir à sa
disposition, ou son sous-ministre, son expert... pas seulement l'article 41 que
je l'appuie... Ne rejetez pas trop rapidement les méthodes
traditionnelles qui existent dans le Code actuel avant que nous n'ayons fait
les amendements. Des conciliateurs de dix ou quinze ans d'expérience,
vous en avez de bons ici au Québec. Leur réputation n'est plus
à faire.
C'est facile de dire qu'on va procéder en se servant de l'article
41, qu'on va procéder aux négociations plus ou moins avec leur
présence au bout de 90 jours, malheureusement nous aurons une
grève. Mais si c'est une grève dans un domaine, dans un secteur
aussi important que le transport, par exemple, le gouvernement et le ministre
seront très mal pris. Il faut peut-être adopter les lois en se
référant à l'arbitrage. Le ministre sera alors
obligé de recommencera nouveau à recueillir toutes les
informations par des discussions et des débats. L'article 41 va
sûrement créer des tensions. Le sens d'urgence... je pense que
cela est le but. Ce n'est pas seulement la bonne foi qui compte, les syndicats
disent: Au bout de 90 jours nous aurons une grève ici si on ne met pas
un peu d'eau dans notre vin.
Une Voix: Me permettez-vous de répondre?
M. Mackasey: I know what you are going to say. You are going to
say that, at the end of 90 days, they are in a strike position. They may not go
on strike, they are not automatically on strike. "D'accord, allez-y." On your
turn.
M. Chevrette: Je voudrais simplement vous expliquer l'esprit de
ce nouveau texte pour vous démontrer que ce n'est pas...
Le Président (M. Clair): Auparavant, M. le
député de Joliette-Montcalm, j'aimerais savoir si le
député de Notre-Dame-de-Grâce vous permet une question ou
vous permet de l'interrompre.
M. Chevrette: Oui, il m'a dit: C'est à votre tour. J'ai
compris qu'il me le permettait.
Le Président (M. Clair): Avez-vous terminé votre
intervention?
M. Mackasey: Je l'accepte. S'il parle trop longtemps, je vais lui
dire: Merci beaucoup pour votre conseil et je vais continuer, mais
j'accepte.
Le Président (M. Clair): Cela va, vous avez encore cinq
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a ambiguïté, il ne
faudrait pas qu'il y ait de confusion. Je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce croit que M. le député de
Joliette-Montcalm n'intervient pas sur son temps, mais sur le temps du
député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Clair): Oui, le député de
Joliette-Montcalm intervient sur son temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Clair): II reste cinq minutes au
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je voulais seulement qu'il n'y ait pas
de difficulté par la suite.
M. Mackasey: Non, allez-y, c'est correct. It does not
matter...
M. Chevrette: Voici ce que je veux vous dire: M. Mackasey:
... dans le micro.
M. Chevrette: Le texte tel que rédigé conserve les
moyens traditionnels que vous avez dans le code actuel. Quand on dit que c'est
à partir de l'avis que le temps de négociation compte, c'est
exactement ce que vous retrouviez à l'ancien article 41 du code. La
seule petite ambiguïté, c'est de définir le moment de
l'acquisition du droit de grève, qui sera réglé à
l'article 46 et qui pourrait, en tout cas, à la lecture que j'en fais,
être différent par rapport à la dernière fois, parce
que dans le Code du travail actuel, on a la théorie de l'émission
de l'avis.
Pour ce qui est de la conciliation à l'intérieur de la
phase de négociation, anciennement, et encore présentement parce
que la loi n'est pas amendée, le code actuel prévoit une demande
de conciliateur aux fins de définir l'acquisition du droit de
grève...
M. Mackasey: ...
M. Chevrette: ... à 60 jours ou 90 jours dans le cas d'une
première et à 60 jours dans le cas du renouvellement d'une
convention collective. Bien souvent, le syndicat ou la partie patronale
demandait la conciliation, pas du tout pour se prévaloir vraiment du
mécanisme de conciliation, mais uniquement en fonction d'établir
son droit au lockout ou à la grève.
La nouvelle dimension, et c'est peut-être cela qui est
intéressant dans la loi 45, c'est qu'il y a une conciliation volontaire
qui peut être demandée par les parties, par l'une ou l'autre des
parties, mais qui peut aussi faire l'objet d'une intervention en tout temps par
le ministre, si vous lisez l'article 43. C'est une nouvelle partie, mais qui ne
change cependant pas le rôle de la conciliation qui est prévue
dans le code actuel. Cet aspect nouveau, ce droit nouveau qui est
attribué au ministre d'intervenir en tout temps dans le processus de la
négociation, je pense que cela va permettre une expérience avant
une réforme globale qui va nous permettre probablement de créer
un nouveau portrait pour le contexte de la négociation. Les parties qui
s'en prévaudront, s'en prévaudront non pas pour acquérir
un droit de grève, mais elles s'en serviront vraiment parce qu'elles
auront espoir et confiance dans la conciliation.
M. Mackasey: Si le député me le permettrait, je le
remercie beaucoup d'attirer mon attention sur l'article 43, qui permet au
ministre, à l'article 41, d'imposer un conciliateur, s'il pense que
c'est nécessaire. Je suis d'accord avec cela. S'il décidait au
commencement, cela ferait réfléchir un peu le syndicat et le
patron, parce que si cela n'avance pas d'un côté comme de l'autre,
s'ils ne négocient pas de bonne foi ils peuvent toujours dire au
ministre: Peut-être qu'après avoir discuté 45 jours, on
devrait avoir un conciliateur; si cela va mal pour une partie, cela minimise,
it nullifies completely the concept of crisis bargaining. C'est cela la
différence. Si vous savez qu'il y a toujours la possibilité de
demander au ministre de faire faire une intervention par un conciliateur, c'est
la négation du concept. Je pense que vous êtes d'accord? Je sais
que ce sont encore seulement des amendements qu'on fait, c'est peut-être
plutôt une observation qu'on fait indiquant qu'on appuie l'article 41.
J'en appuie l'esprit. Souvent, c'est nécessaire de dire à
l'employeur et au syndicat: Allez-y vous-mêmes. Si on prend l'exemple
d'Air Canada, cela a aidé. Il y a eu d'assez bonnes relations et, au
bout de 90 jours, l'affaire s'est réglée. Je suis content que
vous ayez maintenant cette attitude dans votre Code du travail, que l'on ait
accepté cette philosophie. Mais à l'article 43, par exemple,
je ne peux pas blâmer le ministre de se protéger et de dire
à un homme d'expérience, après trente jours ou quarante
jours: Allez-y dans ce conflit, parce que je pense que, malgré la bonne
foi des deux parties, c'est mieux qu'il y ait un conciliateur qui va me dire,
à la fin des 90 jours, si vous voulez, que si la grève
éclate, elle n'est pas légale. Je sais que le ministre
désire avoir à sa disposition les renseignements d'un homme
d'expérience. C'est pour cela que l'article 43 est ici dans ce contexte.
Quand même, c'est toujours mieux, de suivre l'esprit de l'article 41, qui
dit clairement: C'est 90 jours à partir du moment où vous
commencez. Peut-être que cela va se terminer par une grève,
peut-être que cela va se terminer avant cela, mais si cela se termine par
une grève, allez-y en grève pour 90 jours, allez-y en
grève pour six mois, c'est votre affaire. C'est souvent
nécessaire. Ce n'est pas difficile d'aller en grève si vous savez
que, trois jours après, le gouvernement va venir faire une intervention
pour vous sauver. Cela a été une bonne chose, lors de la
grève des transports. Le ministre est resté ferme. Il va changer
peut-être, la deuxième fois, M. Hanigan, et peut-être aussi
le syndicat, qui est allé en grève pour rien. C'est le but de
l'article 41, selon mon expérience. L'article 43 reste encore aux
patrons ou au syndicat, peut-être que nous nous sommes trompés. On
demandera au ministre d'envoyer un conciliateur.
En même temps, il faut admettre, par exemple, que, s'il y en a
vraiment une, le ministre peut dire oui. Seulement, encore pour suivre le
conseil...
Je pense que mes cinq minutes sont terminées. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Clair): D'accord. Mme le
député de L'Acadie, est-ce que vous allez prendre la parole,
non?
Mme Lavoie-Roux: Non, je vous remercie.
Le Président (M. Clair): Est-ce que l'article... Oui?
M. Russell: M. le Président, j'avais simplement quelques
mots. D'abord, je suis bien d'accord sur l'article. C'est presque la même
chose que l'ancien ou celui qui existe actuellement au Code du travail, mais il
y a quand même certaines choses qui ont été
demandées et je ne vois pas dans ça ce qu'on a tenté de
clarifier. Je sais qu'à l'occasion des mémoires, on a
demandé de préciser, de clarifier les mots "diligence et de bonne
foi", mais je ne vois pas, dans le texte, actuellement, qu'on ait tenté
de le faire. Je me demande si c'est une première... si le ministre a
l'intention de faire une étude approfondie dans ce domaine, en vue de
réviser éventuellement le Code du travail. Je sais que ce n'est
pas un code nouveau, c'est simplement encore des fragments ou des pièces
qu'on va ajouter au code existant.
M. Chevrette: On peut vous répondre tout de suite que
cette par partie fera partie du cadre de la réforme globale qui sera
annoncée prochainement.
M. Russell: La réforme globale qui sera annoncée
prochainement...
M. Chevrette: Oui.
M. Russell: ... je pense bien que cela répondra...
M. Chevrette: Oui.
M. Russell: ... à l'attente de bien des gens, parce que
moi-même, souvent, quand on accuse les employeurs et que les employeurs
accusent les employés de négocier de bonne foi ou de ne pas le
faire, je me suis toujours interrogé pour savoir comment on
interprétait "de bonne foi". C'est quoi, une bonne foi?
M. Chevrette: Le député de Saint-Laurent, je pense,
a fait un exposé assez substantiel sur les balises que devrait
comporter... sur le cadre dans lequel, si vous voulez, on pourrait justifier ce
qu'est la bonne foi et le ministre du Travail avait, à ce
moment-là, répondu d'une façon assez
élaborée également.
M. Johnson: Longuement.
M. Russell: Comme cette notion de bonne foi existe
déjà dans le code actuel, est-ce qu'on n'a pas assez de
jurisprudence dans ce domaine pour en arriver à un consensus
raisonnable, pour dire: La bonne foi se situe dans un tel cadre; la diligence,
de la même façon?
M. Johnson: Brièvement, pour résumer. C'est sur
quoi je me suis attardé pendant une quinzaine de minutes ce matin, je
pense, je ne sais plus, ou hier peut-être. Il faut peut-être
envisager qu'un jour, on essaiera de déterminer, de façon un peu
opérationnelle, ce qu'est la bonne foi, comme c'est le cas, entre
autres, de la loi américaine du "National Labour Relations Board", sauf
qu'on n'est pas là en ce moment. Ce n'était pas vraiment l'objet
du projet de loi no 45. C'est une élaboration qui ne fait pas partie de
ce projet. Je pense qu'il faudra y penser un jour, mais, M. le
Président, je vous avoue que je suis un peu plus préoccupé
par l'article 41 pour le moment, quant à son adoption, que par des
prospectives touchant la bonne foi.
M. Russell: Donc, le ministre, actuellement, n'est pas
préoccupé par la bonne foi...
M. Johnson: II est préoccupé par la bonne foi et le
député de Brome-Missisquoi sait très bien le niveau
d'horreurs qu'il vient d'atteindre. Il est très préoccupé
par la bonne foi. Je parle de la définition de la bonne foi dans le Code
du travail. Il y a des implications juridiques d'une telle définition au
niveau du code.
M. Russell: M. le Président, dans les circonstances, je ne
veux pas retarder indûment la discussion sur cet article. Comme il n'y a
pas de changements qui s'imposent, je pense bien qu'on
va continuer dans la même voie dans laquelle on travaillait avec
le code actuel et on dit: On l'accepte temporairement, jusqu'à ce qu'il
y ait quelques changements en profondeur qui s'imposent...
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Comme il n'y a aucun
intervenant à l'article 41, nous passerons à l'article 42.
M. le ministre.
Nomination d'un conciliateur
M. Johnson: M. le Président, l'article 42 du Code du
travail prévoira, après l'adoption du projet de loi no 45, que le
ministre peut désigner, en tout temps, un conciliateur pour aider les
parties à effectuer une entente et qu'avis d'une telle demande faite par
les parties doit être signifié à la fois au ministre et
à l'autre partie. Sur réception de la demande, le ministre doit
désigner un conciliateur.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pas à ce moment-ci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi?
M. Russell: M. le Président... M. Johnson:
L'article 43, non?
M. Russell: Je pense bien qu'il faut presque lire les deux
ensemble, 42 et 43. Je vois qu'il n'est plus question des 30 jours de
délai. C'est certainement une amélioration sur la situation
actuelle, et on dit que l'arbitrage est simplement à la demande des
parties actuellement, excepté qu'on dit que le ministre peut l'imposer
en tout temps.
Il y a une chose qui me préoccupe; peut-être que le
ministre pourrait me répondre. Quand on connaît les
problèmes qui existent actuellement pour répondre aux besoins des
demandes actuelles, je me pose beaucoup de questions, surtout avec les
changements qui s'imposent dans ce domaine. De plus en plus, tous les jours, on
demande des conciliateurs. On en vient à un point où je pense
qu'il n'y a presque aucune convention collective qui va être
réglée sans conciliateur. Les demandes sont tellement
exagérées et les employeurs commencent à être
tellement apeurés qu'ils se retournent et disent: Ce n'est pas
discutable, on est trop loin les uns des autres; et on se retourne vers le
conciliateur. Malgré les changements que le ministre veut apporter... Je
pense que c'est peut-être cela qu'il va me répondre,
c'est-à-dire qu'il y aura peut-être moins de demandes avec
l'article proposé qu'avec celui qui existe dans le vieux Code du
travail, mais je lui répondrai que ça m'apeure grandement. Ma
question est: Y a-t-il des dispositions pour améliorer cette situation
qui prend actuellement... Ou a-t-il l'intention de prendre prochainement des
dispositions pour s'assurer qu'il y ait des conciliateurs en quantité et
de qualité, afin de maintenir un meilleur climat que celui qui existe
actuellement dans les relations du travail?
M. Johnson: M. le Président, en ce moment et c'est
une information qui ne touche pas tellement la loi comme les ministères
il y a au ministère une vingtaine de conciliateurs, un directeur
et un directeur adjoint du service de conciliation et un directeur
général des relations du travail qui est M. Blain, qui est avec
nous aujourd'hui. Les conciliateurs, en moyenne, dans le contexte actuel de la
conciliation obligatoire, traitent environ 85 dossiers par année, ce qui
est considérable et fait un total de 1800 dossiers qu'ils touchent
chaque année.
On sait, d'autre part, que les conciliateurs, dans au-delà de 40%
des conventions collectives signées au Québec puisqu'il y
a toujours un conciliateur par définition, à moins que les
parties spontanément ne s'entendent mais dans 40% des dossiers
dans lesquels nos conciliateurs interviennent, sous le code actuel
il y a une intervention en termes de contenu par le conciliateur, pour la
conclusion de l'entente. Le conciliateur, en vertu du code actuel, peut se
rendre sur les lieux d'un conflit, dans trois situations, ou faire trois
choses. Ou il y va strictement pro forma, parce qu'il faut qu'il y ait un
conciliateur de nommé pour l'acquisition du droit de grève. La
deuxième hypothèse: II se rend et il a un rôle qu'on
pourrait qualifier de communication entre les parties, mais d'une façon
assez distante et dégagée, et finalement, ce qu'il permet, c'est
peut-être une certaine dynamique à la table des
négociations. Je crois et je persiste à croire que
fondamentalement, les relations du travail au Québec, au niveau de la
négociation, demeurent et c'est le cas, je pense, partout au
monde un problème de relations interpersonnelles. C'est
fondamentalement ça au niveau d'une négociation; il y a d'autres
aspects, mais ça c'est très important. Le conciliateur intervient
à ce niveau, ça prend une certaine psychologie, une certaine
habileté.
Le troisième type d'intervention de nos conciliateurs, sous le
régime actuel, c'est une intervention carrément au fond.
C'est-à-dire la soumission d'une hypothèse de règlement ou
encore la rédaction de certains textes, ce qui est finalement le
rôle qu'on attribuait habituellement aux médiateurs et aux
médiateurs spéciaux. Il y a une tendance à
l'élaboration du contenu des conventions collectives par nos
conciliateurs. La conciliation volontaire que nous amenons, en principe, ne
devrait pas amener une augmentation de la tâche de nos conciliateurs en
termes de quantité puisqu'on n'aura plus la conciliation pro forma. Je
ne peux pas vous donner de statistiques sur la conciliation pro forma, je
présume que je pourrai peut-être vous les donner tout à
l'heure.
Donc, on supprime ces demandes de conciliateurs qui, en fait ne
servaient à rien; deuxième-
ment, nos conciliateurs... J'ai demandé à la direction
générale du travail, dès que je suis arrivé au
ministère, si on considérait qu'il y avait un problème
d'effectif. Il est possible qu'on augmente légèrement les
effectifs, mais il n'est pas question de doubler le service ou même de
l'augmenter de 50%; on pense que les conciliateurs qui sont là, de
façon générale, suffisent.
D'autre part, j'ai évoqué hier cette tendance à la
spécialisation, de certains conciliateurs, dans certains types de
dossiers, qui commence à se faire et à laquelle nous allons
donner un élan particulier après l'adoption de la loi 45.
M. Russell: M. le Président, je serai très bref. Je
sais qu'on ne règle pas le nombre de conciliateurs par la loi dans les
articles actuels. Simplement à titre d'information, je sais que c'est
enregistré au journal des Débats, c'est là l'importance.
Il existe quand même actuellement un certain malaise dans ce domaine et
je sais que le désir du ministre c'est de minimiser les tâches et
de libérer ses conciliateurs plus qu'ils ne le sont actuellement. J'ai
peur que dans le contexte actuel je le disais tout à l'heure
la demande augmente, et ce ne sera pas dû à la loi mais
à un climat qui s'aggrave de jour en jour.
En somme, comme je le disais tout à l'heure, on est rendu
à faire des demandes impensables. On sait d'avance que l'employeur, quel
qu'il soit, ne peut pas les rencontrer et on fait cela en disant: On en demande
tant pour pouvoir en obtenir beaucoup plus. A ce moment-là les parties
partent tellement divisées que cela prend presque un conciliateur
immédiatement. Je termine là-dessus, M. le Président. Je
ne veux pas prolonger le débat là-dessus. Je sais qu'on a
plusieurs autres articles à examiner, mais simplement j'exprime ma
crainte. Je fais une remarque au ministre que ceci est important et doit
être suivi de près pour améliorer le climat très dur
à supporter dans le domaine des coûts de production.
Le Président (M. Clair): M. le ministre. M. Johnson:
Non, cela va.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de questions sur l'article 42.
Evidemment, il s'agit de la concil ia-tion volontaire, et je pense que sur le
principe on était d'accord, quoiqu'il y a eu d'assez longues discussions
que j'ai pu comprendre, ce matin, sur les avantages et les désavantages
possibles. Je voudrais simplement demander au ministre s'il croit que le
recours à la conciliation volontaire pourrait, d'une certaine
façon, modifier quelque peu la fonction du conciliateur qu'on a connue
jusqu'à maintenant et peut-être lui donner une orientation qui se
rapproche davantage, peut-être, de celle du médiateur. Est-ce que
c'est possible ou pas?
M. Johnson: M. le Président, sous réserve ce-
pendant du fait, je pense que cela peut être une discussion
intéressante, mais cela m'apparaît un peu loin de la
considération technique de l'article 42, puisque l'objet de
l'étude article par article c'est de voir à la qualité du
texte. On peut bien parler un peu du contexte, mais...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas une question pour faire passer
le temps. M. le ministre.
M. Johnson: Non, et je vais y répondre. C'est juste sous
réserve de cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais je pense qu'à ce moment-là
c'est peut-être un des aspects intéressants de la conciliation
volontaire, si on arrivait peut-être à une modification quelque
peu du rôle du conciliateur traditionnel.
M. Johnson: Oui. C'est-à-dire, je pense qu'il ne faut
quand même pas, et on en a parlé un peu ce matin, tomber dans la
futurologie quant à cela. Je pense qu'on ne peut même pas se
permettre de trop présumer de l'avenir. Cependant, je pense qu'il est
clair que l'ensemble des dispositions du projet de loi 45,
indépendamment de celles qui font l'objet d'une opposition
particulière de la part des partis d'opposition, globalement est une
mise à jour du code, et on y retrouve beaucoup des dispositions qui
étaient comprises dans le projet de loi 24, on le sait. Cela correspond
donc à une certaine évolution depuis 1969 qui est la
dernière époque et, chaque fois qu'on modifie quand même
assez en profondeur, qu'on met à jour le code depuis 1964, c'est
peut-être l'occasion en même temps qu'un changement de
gouvernement, comme cela peut arriver, où on sait que le
ministère entre autres a connu sept ministres du Travail depuis cinq
ans, si je ne m'abuse, évidemment...
Mme Lavoie-Roux: Comme à l'Education.
M. Johnson: A peu près comme à l'Education, oui.
Evidemment, tout cela ensemble, une modification au Code du travail, un
changement de gouvernement, des conceptions différentes qui varient d'un
ministre à l'autre, cela peut donner des élans ou au contraire
d'autres types de réactions.
Au niveau du service de conciliation, pour ce que j'ai pu en vivre
depuis que je suis au ministère, je pense que c'est un service qui,
d'abord, est plein d'expérience et que cette expérience
finalement, parfois n'est pas exploitée au maximum pour les parties. Je
pense qu'historiquement on peut l'expliquer par le fait et le
député de l'Aca-die me permettra ici de faire un commentaire
peut-être un peu partisan mais que je ne veux pas mesquin que si
on donne un vrai rôle de responsabilité au conciliateur, en
d'autres termes qu'on assure le conciliateur que ni l'autorité
sous-ministérielle, ni l'autorité politique qui est
l'autorité ministérielle n'interviendront sur le fond des
conflits.
Je pense qu'on leur donne vraiment le champ d'actions qu'ils
méritent. Depuis le mois de juillet,
l'autorité politique et l'autorité
sous-ministérielle ne sont intervenues dans aucun des conflits au
Québec. Je pense que loin de s'en porter plus mal que ça, les
relations du travail...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Johnson: Enfin, j'en parle parce que j'en ai connus.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, c'est prudent.
M. Johnson: Et cela m'apparaît assez fondamental. Je pense
que dans ce contexte, nos conciliateurs peuvent évoluer en sachant
qu'ils ont une véritable responsabilité et qu'ils doivent
acheminer un dossier au bout, alors qu'ils ont peut-être
été à une certaine époque, si on se situe entre
1970 et 1974 ou 1975, habitués à des règlements par-dessus
leur tête. Je pense que cela avait peut-être un certain effet
démobilisateurs. Un conciliateur qui se fait dire une première
fois que, de toute façon, sur sa proposition, on va s'arranger pour que
le ministre ou le sous-ministre nomme un médiateur par-dessus lui, ou,
de toute façon, que le ministre va régler le problème dans
son bureau la semaine prochaine, la première fois, ça va; la
deuxième fois, ça va déjà moins bien et la
troisième fois, je pense que cela a un effet assez "désincitatif"
au niveau du travail.
Je pense qu'à ce niveau, c'est un autre aspect. Au niveau du type
de dossier qu'on va considérer, c'est que notre conciliation volontaire
va peut-être produire une certaine discrimination, au sens noble du
terme, quant au choix des conciliateurs. Les parties vont peut-être avoir
tendance, dans certains pays, par exemple, si on prend un syndicat, je cite
celui-ci parce que je l'ai présent à l'esprit depuis quelques
jours, les métallos. Quand même, la négociation dans le
secteur de la métallurgie implique à la fois à peu
près une dizaine de milliers de travailleurs; il y a des conventions
collectives qui tombent à échéance à peu
près à la même époque, c'est à peu
près le même groupe d'employeurs, même si ce sont des
unités différentes, ça correspond à une même
négociation de fait.
Elle n'est pas vraiment sectorielle dans certains cas, elle est à
peu près, de fait, sectorielle au niveau de l'approche. A un moment
donné, les parties, côté patronal comme syndical, peuvent
considérer que tel conciliateur a une connaissance très
particulière de ce domaine et préfère avoir
celui-là plutôt qu'un autre. Dans le contexte de la conciliation
volontaire, je pense qu'on assistera peut-être à un certain choix
relatif des parties quant au conciliateur qu'ils désireront. Il demeure
que c'est le ministre qui a la responsabilité de le nommer, en pratique,
c'est le directeur du service ou le directeur général de la
direction qui nomme le conciliateur.
Cependant, je pense que dans les faits, il va peut-être y avoir
une certaine spécialisation du rôle de conciliateur, en termes de
contenu.
Finalement, est-ce que le rôle de conciliateur va déboucher
sur un rôle de contenu plus impor- tant? Historiquement, de plus en plus,
de fait, et je pense que cette tendance s'accentue. Je ne sais pas si j'ai dit
beaucoup d'hérésies, je pense que le directeur
général du service est passablement d'accord avec moi
là-dessus. C'est également un peu sa perception que je traduis,
mais sûrement pas avec toutes les nuances qu'il peut y mettre, compte
tenu de sa vaste expérience.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux remercier le
ministre de ses explications fort intéressantes et, à titre
personnel, j'endosse certainement sa philosophie quant aux interventions
inopportunes et j'espère que le principe qu'il met en lumière
aujourd'hui, il pourra continuer de l'appliquer. Parfois, c'est là, dans
l'application, que ce principe qui est, je pense, un excellent principe, peut
devenir difficile.
Le seul autre point que je veux soulever, il mentionnait tout à
l'heure, au député de Brome-Missisquoi, qu'on pourrait
peut-être obtenir, je ne vous le demande pas pour aujourd'hui, mais ce
serait intéressant de savoir, quand il a fait cette différence
entre les trois types de conciliations qui étaient faites, en
référant aux conciliations pro forma, c'est peut-être le
nombre le plus élevé; ce serait intéressant, comme
curiosité, si jamais il les a à sa disposition, qu'on obtienne
ces statistiques. Je ne sais pas jusqu'à quel point elles sont
rigoureuses. Il y a toujours une question de jugement subjectif
là-dedans, quand on essaie d'évaluer ça, mais je pense que
ce serait intéressant.
Nous, à moins que le député de
Notre-Dame-de-Grâce veuille ajouter quelque chose, on est d'accord pour
ce paragraphe, M. le Président.
M. Johnson: J'ai semblé retarder le passage au prochain
article, mais ça m'apparaît assez important, puisque M. Blain me
le mentionnait.
Evidemment, je n'ai pas parlé de toute la dimension de
prévention qui est une notion nouvelle qu'on introduit à un des
derniers articles du projet de loi, où on permet au ministre de
désigner une personne qui pourra favoriser la bonne entente entre les
parties, indépendamment de l'époque à laquelle on se situe
quant à l'expiration de la convention collective.
C'est toute la question de la prévention, de la médiation
préventive dans le domaine des relations du travail, et qui est
évidemment un objectif fondamental sur le plan du roulement interne, des
attitudes, et des conséquences que cela va avoir carrément dans
certaines réaffectations à l'intérieur même du
service, peut-être l'arrivée de nouvelles personnes.
M. le Président, est-ce qu'on pourrait passer au paragraphe
43?
M. Mackasey: Quelques mots...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur le paragraphe 42?
M. Mackasey: Je ne peux pas parler d'autre chose. C'est 42. Mais
je vais souligner quelque chose au ministre. Je veux dire au ministre que,
lorsque je me trompe, cela ne me gêne pas de le dire. Tout
à l'heure, quand j'ai discuté avec le ministre de la question de
60 jours, 80 jours, etc., je n'avais pas remarqué que l'article 35 ne
changeait pas seulement 41, mais 41 jusqu'à 46.
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey: Je n'ai pas saisi cela au début. C'est pour
cela qu'il y avait, de ma part, une incompréhension entre 46 et 41
amendé. C'est la raison pour laquelle j'avais insisté qu'il y
avait une erreur dans un amendement, comme on n'a pas amendé 46...
Brièvement, M. le ministre, 42, je pense que c'est un pas
progressif, parce que, maintenant, on demande de mettre une
responsabilité, un choix, si vous voulez, aux syndicats et aux patrons.
Cela arrive souvent que ce ne sont pas des ennemis. Ils pensent qu'ils peuvent
progresser sans participation d'une troisième partie, que ce soit un
conciliateur, ou, dans un autre domaine, un Conciliation Board ou autre
chose.
Je pense que c'est une bonne chose. Je pense que maintenant, c'est
à eux à dire s'ils veulent vraiment un conciliateur ou non. Ce
n'est plus imposé par la loi, n'est-ce pas? Mais, quand même, vous
gardez encore, à 43, le pouvoir d'imposer un négociateur. C'est
un peu la philosophie qui existait auparavant, n'est-ce pas?
M. Johnson: C'est-à-dire qu'à la demande d'une
partie, le ministre doit nommer un conciliateur. Mais on part de
l'hypothèse que, si les parties le demandent, c'est qu'elles sont
prêtes à travailler avec le conciliateur.
M. Mackasey: Oui.
M. Johnson: Cela ne sera pas toujours vrai. Il existera
probablement, à certaines occasions, des demandes de conciliation qui
pourraient entrer strictement dans un cadre stratégique, etc. C'est
possible. C'est bien évident, mais c'est toujours plus ou moins vrai,
quant à bien des aspects de l'intervention du ministère, dans les
négociations.
Cependant, sur la quantité, je pense que cela permettra de faire
affaire surtout avec des parties qui sont intéressées à
utiliser les services d'un conciliateur et, dans certains cas, avec le type de
spécialisation vers laquelle on se dirige, pour certains de nos
conciliateurs, ils vont être d'une aide considérable à des
parties, je suis convaincu de cela. Quant à moi, je n'écarte pas
la possibilité qu'un jour, dans certains secteurs, on ait des
conciliateurs qui soient plus versés, quant aux problèmes
relatifs à une convention collective, que les parties qui sont en
présence.
Par exemple, un employeur relativement nouveau dans ce secteur, un
syndicat nouvellement formé, alors qu'on a un conciliateur qui, depuis
trois ou quatre ans, intervient dans des dossiers du même type, ou dans
un champ d'application de clauses identiques ou similaires, etc.
M. Mackasey: Si vous me le permettez, je passerai à
43.
Le Président (M. Clair): A 43?
M. Mackasey: Nous acceptons 42.
Le Président (M. Clair): Le 42 est accepté,
à toutes fins pratiques.
M. Russell: J'aurais une petite question à poser à
43.
Le Président (M. Clair): Sur 43?
M. Russell: Sur 42.
Le Président (M. Clair): Sur 42? D'accord.
M. Russell: Je la poserai à 43, cela va être une
petite question tout à l'heure.
Adopté, sous réserve d'une petite question.
Le Président (M. Clair): Sous réserve d'une
question du député de Brome-Missisquoi, nous considérons
l'étude du paragraphe 42 terminée et nous entamons l'étude
du paragraphe 43.
M. Johnson: L'article 43 est l'article qui donne le pouvoir au
ministre de désigner d'office un conciliateur à toute phase des
négociations. Il faut bien dire qu'on parle des négociations et
non pas de la convention collective en cours. Un autre article plus loin
modifie la loi du ministère et permet au ministre d'envoyer un
personnage qui peut être un conciliateur ou un médiateur
préventif, si on passe l'expression, dans un secteur industriel
donné.
Le Président (M. Clair): Le député de
Lavoie-Roux. Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la première fois que cela
arrive.
Le Président (M. Clair): Le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Comme quelqu'un le disait... pas
déjà. M. le ministre, l'objectif de ce paragraphe, n'est-il pas
relié au fait qu'on parle toujours de conciliation volontaire et
qu'à un moment donné vous pourriez juger, soit pour de la
prévention, comme vous le disiez, soit que, dans des cas de
difficulté, vous décidiez de nommer un conciliateur...
Je pense que, si on le voit dans cette perspective de la conciliation
volontaire, il semble évident qu'il fallait penser à une telle
mesure, mais il reste que cela soulève quand même certaines
difficultés, parce que ceci demeure somme toute du ressort d'une
décision discrétionnaire du ministre. Si le principe est valable
quand on se situe dans tout le contexte de la conciliation volontaire, il reste
qu'on peut se demander à quel moment le ministre va intervenir ou va
décider d'intervenir. D'autres ont signalé tout à
l'heure, le député de Brome-Missisquoi qu'il n'y avait pas
vraiment de balises très fermes ou même un peu définies
pour justifier l'intervention du ministre.
Je comprends que le motif de prévention, le motif de
non-détérioration ou même de nécessité...
J'espère que le ministre n'attendra pas l'urgence, mais parfois les
urgences viennent vite aussi. On peut se demander comment le ministre va
pouvoir déterminer, par exemple, que les deux parties ne sont pas de
bonne foi pour justifier son intervention.
L'autre question que je me pose, c'est: Alors que les deux parties, de
bonne ou de mauvaise foi, mais de mauvaise foi en particulier, n'auraient pas
fait appel à un conciliateur, n'y aurait-il pas le danger que,
même à ce moment-là, l'intervention du ministre, surtout
dans ces conditions, et la nomination d'un conciliateur soient vraiment
très mal reçues, ne provoquent pas une résolution de
conflit, mais jusqu'à un certain point contribuent à la
détérioration d'un conflit? Je me demande si le ministre pourrait
expliquer un peu ces questions que je vois comme pouvant se rattacher au
paragraphe 43.
M. Johnson: II faut bien dire que, comme je le disais tout
à l'heure, à toute phase des négociations, avec la
conciliation volontaire, il faut maintenant que le ministère
s'équipe. On a commencé à le faire en prévision de
l'adoption de la loi puisqu'on présume qu'elle sera adoptée
à un moment donné, peut-être le 31 décembre comme
cela va là...
Mme Lavoie-Roux: Cela fêterait bien la nouvelle
année.
M. Johnson: Cela ferait une bonne nouvelle année, c'est
cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Johnson: Pour tout le monde. Bon voyage. Avec l'introduction
de la conciliation volontaire, le ministère va s'équiper pour
avoir les échéanciers des conventions collectives.
On reçoit, en vertu de la loi, les copies de toutes les
conventions collectives qui doivent être déposées. On a
adopté récemment certains amendements dans le projet de loi 45
qui parlent de la formation du greffe, etc., au bureau du
commissaire-enquêteur.
Ces statistiques, enfin, ces tableaux, vont nous permettre, comme cela
se fait dans certains autres secteurs du ministère, de prévoir
l'échéance des conventions collectives, donc des délais
qu'on peut anticiper quant à l'avis des négociations, et, donc,
de la période possible de la grève dans les cas où la
grève risque de s'appliquer.
On est relativement équipé en termes de prévention.
On peut décider d'envoyer au tout début d'une négociation
un conciliateur à cause de l'expérience des années
antérieures, plutôt que d'attendre que les choses aillent mal,
qu'une des parties demande la conciliation, alors que l'autre va y être
peu réceptive, ou enfin que les parties attendent de faire
l'équivalent de ce qui a été une tradition, à un
moment donné, soit demander la pré- sence d'un médiateur.
C'est un article qu'on pourrait appeler un peu un article fourre-tout qui
permet, dans certains cas, carrément d'anticiper une situation où
on sait qu'un conciliateur particulièrement doué pour ce type de
problème ou qui connaît très bien les parties en
présence peut permettre tout de suite un désamorçage de
certaines choses. Dans d'autres cas, c'est l'intervention, par exemple dans une
grève qui dure depuis longtemps, alors que les parties n'ont pas
demandé un conciliateur. C'est évidemment un choix à faire
chaque fois, paradoxalement, alors qu'on vise à dépolitiser la
négociation, comme je le disais, dans la mesure où, je pense,
l'autorité politique ne doit pas intervenir au fond des conflits, sauf
quand il est question de choses qui touchent l'intérêt
public...
D'une certaine façon, cet article va mettre le fardeau et le
risque de la nomination sur une autorité politique. C'est
évident. C'est un peu une exception à ce qu'on veut faire au
ministère. Cependant, c'est un article qui doit y être. Il y a
d'autres situations très concrètes où cela peut être
utile, étant donné qu'on est en conciliation volontaire. Le
déclenchement de la grève... Disons que le syndicat, en vertu de
l'article 19d, fait son assemblée et décide qu'il y aura
grève ou donne un mandat de grève en demandant à son
syndicat, en donnant à l'exécutif ou à ses
négociateurs le pouvoir de déclencher la grève à
partir de telle date, mais à son choix. Cela nous avise qu'il y a
quelque chose qui s'en vient. On peut se renseigner. Il y a souvent, quand on
pense surtout aux syndicats qui sont affiliés, des gens dans les
centrales syndicales qui connaissent l'évolution d'une série de
dossiers de leurs affiliés et qui, sur une base volontaire, de bonne
foi, et dans le but de permettre les règlements peuvent aviser le
ministère de certaines choses, de l'état d'un dossier. C'est la
même chose du côté des employeurs.
Alors, disons qu'on a un syndicat ou un entrepreneur et qu'il y a une
grève ou un lock-out; on reçoit, nous, dans les 48 heures, un
renseignement à savoir qu'il y a une grève ou un lock-out en
cours à tel endroit. Cela peut être le moment d'y envoyer un
conciliateur, compte tenu de la nature du conflit, de ce qu'on peut en
connaître autrement que par les parties. Je pense que cet article,
évidemment, est essentiel, si on veut avoir cette flexibilité
dans le cadre de la conciliation volontaire.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas où le rapport du conciliateur
serait rejeté par les parties, qu'est-ce que vous entrevoyez, à
ce moment, parce que l'intervention du conciliateur qui, d'une certaine
façon, dans le contexte décrit ici et selon vos termes, aura pu
politiser davantage le conflit et surtout permettre aux parties de porter un
jugement favorable ou défavorable sur l'intervention du gouvernement,
puisque c'est lui qui aura pris la décision d'intervenir.
D'une certaine façon, pour le ministre et pour le gouvernement,
il y a un plus grand risque, mais je pense qu'il faut le prendre, une fois
qu'on a accepté le premier principe de départ de la concilia-
tion volontaire, ça, je suis d'accord. Mais au point de vue de la
réaction à un rejet du rapport du conciliateur, est-ce qu'une
intervention subséquente ne devient pas plus précaire et plus
risquée; une autre nomination, par exemple, du gouvernement pour un
médiateur ou un...
M. Johnson: Oui, c'est vrai que dans le cadre de la conciliation
volontaire, le rejet d'une proposition du conciliateur pose des
problèmes, sauf que ça existe, en ce moment, également,
indépendamment du fait...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais sauf que ce sont les parties qui le
demandent.
M. Johnson: ... que la conciliation soit volontaire ou pas.
Mme Lavoie-Roux: Tandis que là, le ministre va être
impliqué...
M. Johnson: Dans certains oui; dans d'autres cas, c'est le
ministre qui décide de l'envoyer.
Mme Lavoie-Roux: ... un peu avec le conciliateur dans toute
l'opération.
M. Johnson: Oui. Mais on a ça, et c'est même chose
relativement courante, enfin, pas tous les jours, mais ça se voit. Moi,
j'en ai vu déjà, quelques cas de rapports de nos conciliateurs
qui étaient rejetés par les deux parties, ou à la table de
négociation dans certains cas, à l'assemblée des membres
dans le cas du syndicat. On est aux prises avec le même problème,
d'une certaine façon, dans la mesure où on dit: Là,
qu'est-ce qu'on fait? Quelle est la prochaine étape?
A un moment donné, il y a des phénomènes d'usure
qui jouent pour l'employeur, comme pour le syndicat. Il y a la technique que,
personnellement, je ne valorise pas plus qu'il ne le faut, dans la mesure
où, si elle est utilisée trop souvent, elle perd sa valeur. C'est
la technique du médiateur également, qui est une autre
possibilité.
Mais, dans le contexte de la conciliation volontaire, je pense qu'on
affirme le rôle et l'importance du conciliateur, puisqu'elle est
volontaire, qu'elle présume la possibilité de leur volonté
pour les parties, c'est-à-dire, de vraiment faire affaire à une
conciliation.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis d'accord avec vous quand ce sont
eux qui la demandent, mais quand c'est vous qui enfin, je n'aime pas le
mot l'imposez...
M. Johnson: Quand il l'a envoyé.
Mme Lavoie-Roux: ... quand il l'a envoyé, d'une certaine
façon, le contexte devient différent.
M. Johnson: Je suppose qu'à ce moment-là on
pourrait assimiler le conciliateur envoyé par le ministre il faut
bien s'entendre il peut être en- voyé par le ministre,
parce que le ministre trouve qu'il faut envoyer un conciliateur, ou parce
que... quand on dit: ministre, on parle évidemment du service en
pratique, règle générale ou encore parce que, comme
on le disait ce matin, une des parties, en demandant la conciliation
volontaire, peut avoir l'impression qu'elle accuse une faiblesse face à
l'autre partie. Mais cela peut se faire savoir au ministère, à un
moment donné, qu'on aimerait bien qu'un conciliateur y soit, mais on
préfère ne pas envoyer d'avis au ministre. Cela va se poser, ce
genre de situation, je suis sûr de ça. Je pense qu'il faut donner
la possibilité au ministre, effectivement, dans des cas très
précis où on pense... et l'évaluation de nos services,
compte tenu de l'expérience qu'on a eue de cette négociation
antérieurement ou du milieu qu'on connaît ou des parties en
présence..., il faut donner la possibilité, effectivement, de
nommer un conciliateur.
Dans le deuxième cas, évidemment, c'est là
où le ministre, d'office, décide d'en envoyer un pour... Prenons
pour exemple le conflit de la Presse actuellement. En admettant qu'il n'y ait
pas de conciliateur au dossier il y en a dont les services n'ont
malheureusement pas été utilisés par les parties
jusqu'à maintenant mais si on avait vécu le conflit de la
Presse sous le projet de loi no 45...
Mme Lavoie-Roux: Vous en auriez envoyé un avant.
M. Johnson: Je pense qu'on en aurait envoyé un, à
un moment donné, effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne vous l'auraient pas demandé, mais
ils auraient souhaité en avoir un.
M. Johnson: Oui, et finalement... M. Mackasey: ...
l'envoyer trop vite.
M. Johnson: ... est-ce que ce n'est pas assimilable...
Mme Lavoie-Roux: Oui, il ne faut pas l'envoyer trop vite non
plus.
M. Johnson: ... si le rapport du conciliateur envoyé dans
ces circonstances est rejeté, à l'échec de ce qu'est une
médiation actuellement sous l'empire du code actuel? Je pense que c'est
un peu ça, et cela s'est vu dans le passé, des médiations
qui avaient connu un échec. La solution habituellement, c'était
la solution politique. C'est le ministre qui va intervenir dans le dossier.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Quand ça ne marche plus,
c'est la loi.
M. Johnson: Et quand ça ne marche plus, c'est la loi dans
certains cas, dans la mesure où l'intérêt public semblait
le justifier.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi je soulève ces problèmes
on n'a pas d'amendement à l'article
43il reste que c'est quand même des formules nouvelles et il
faut essayer d'en mesurer, en autant qu'on peut le faire, toutes les
dimensions.
Une Voix: Continuez.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'à ce moment-ci, une fois que
votre conciliateur je ne parle pas du cas où ce sont eux qui
demandent le conciliateur, je pense qu'à ce moment on se trouve devant
les mêmes étapes et les répercussions sont les mêmes
que celles qu'on vit présentement, je traite du cas où
c'est vous qui envoyez le conciliateur; c'est une position un peu plus
difficile parce qu'elle a une saveur politique plus grande qu'elle n'a dans le
contexte actuel. Pour le moment, ce sont les seules questions que je veux vous
poser.
M. Johnson: Est-ce qu'on peut passer au paragraphe 44)?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, j'aurais une simple question
à poser au ministre sur l'article 42. Pourrait-il informer la commission
immédiatement ou plus tard s'il ne possède pas
l'information à savoir combien ses conciliateurs font d'heures
supplémentaires annuellement?
M. Johnson: C'est un peu difficile à évaluer parce
que je n'ai pas les chiffres devant moi. Mais on me dit que ça peut
aller, plus ou moins, en moyenne ça varie beaucoup selon les individus.
Les raisons pour lesquelles ça varie, selon les individus, on pourrait y
revenir éventuellement, mais ça fait l'objet de mon attention ces
temps-ci. Cela peut varier entre 250 et 350 heures par année, par
conciliateur.
M. Russell: M. le Président, je ne voulais pas en faire un
débat. C'est simplement à cause de la préoccupation que
j'avais tout à l'heure lorsque j'ai avancé que les conciliateurs
étaient déjà surchargés. Je regardais un peu la
situation dans la région de Montréal où peut-être
les deux tiers des industries sont situées. Cela satisfait ma
curiosité et je remercie le ministre de cette réponse.
En ce qui concerne l'article 43, j'avais les mêmes
préoccupations que le député de L'Acadie et je pense que
le ministre a partiellement, sinon totalement répondu à mes
préoccupations, donc je vais l'adopter...
M. Johnson: On peut passer à 44, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: Juste une dernière question, qui est une
question théorique, mais pour pousser un peu plus loin on peut le
faire très brièvement ne croyez-vous pas que quand vous
allez envoyer un conciliateur, ça ne peut pas être associé
à la même chose qu'un médiateur? Quelle est la
différence? Quelle nuance peut-on faire?
M. Johnson: Je ne veux pas m'adonner ici à un long propos
sur la notion de bonne foi, mais ça m'apparaît fondamental. La
conciliation volontaire doit se voir dans le contexte de l'exigence
fondamentale qui est la bonne foi. Evidemment, l'appréciation de la
bonne foi, c'est très subjectif. Il y a des choses qui sont parfois un
peu plus évidentes et on a des gens fort expérimentés en
relations du travail au ministère qui, juste à regarder cela
aller pendant cinq minutes, juste à lire certains articles de journaux,
certaines conférences de presse, certains communiqués, parce que
le Telbec est devenu l'un des instruments d'appréciation de la
réalité des relations patronales ouvrières au
Québec. On a un Telbec au ministère et on se rend compte que
je mettrais un chiffre au moins une bonne dizaine de
communiqués par jour émanent des parties dans un conflit,
habituellement du côté syndical, parce que les patrons n'ont pas
tellement utilisé, dans le passé, le moyen de communication
public.
La bonne foi est quand même la plaque tournante de ce
système. Si on me dit: Les parties sont toujours de mauvaise foi,
ça va être un échec. Mais je pense que ce n'est pas le cas;
d'abord l'expérience de 95% des conventions collectives qui se concluent
au Québec sans grève ni lock-out est une démonstration,
peut-être de puissance patronale ou de faiblesse syndicale, mais
ça peut aussi être une démonstration d'une certaine
harmonie. Je pense qu'il faut aller puiser dans cette expérience.
Le conciliateur nommé d'office par le ministre, dans ce contexte,
pourrait être perçu, dans certaines situations très
publiques et très publici-sées, comme ayant une espèce de
rôle de médiateur. Mais je rappellerais que dans deux ou trois
conflits, très récents, qui touchaient le secteur parapublic
à Montréal je parle des cols bleus où il y a
eu un médiateur nommé, après une étape de
conciliation; le médiateur était le chef du service de
conciliation, M. Désilets.
Il a fait une proposition qui a été adoptée par
rassemblée et par la partie patronale. La même chose à la
CTCUM avec les chauffeurs d'autobus, mais cette fois-ci, strictement au niveau
de la conciliation et c'est le conciliateur qui a fait un rapport, une
hypothèse de règlement, comme on disait. Cela semble
peut-être, a priori être presque ce que le médiateur avait
fait dans le conflit précédent, mais la nature de son
intervention avait quelque chose d'un peu plus retenu que ce qu'un
médiateur peut faire, si l'on veut. Ce sont des choses très
difficiles à évaluer parce qu'on parle d'atmosphère, de
psychologie dans un rapport de force, etc. Et cela a été la
même chose dans le cas des gens de garage, des mécaniciens
d'entretien de la CTCUM où c'étaient deux conciliateurs au
dossier et non pas deux médiateurs, même s'ils ont
élaboré une proposition, mais c'était vraiment des
conciliateurs et non pas des médiateurs.
Evidemment, la distinction est un peu ténue, mais je pense que la
distinction dépend de différents facteurs, d'abord la perception
par les parties, la perception par le milieu, l'environnement, les
communications etc., la dimension publique
du conflit, la longueur du conflit, ses répercussions sur
l'entourage, sur l'employeur, sur les syndiqués mêmes, les
conditions dans lesquelles ils sont, la notion du rapport de force qui est la
notion classique du droit du travail nord-américain également.
Par exemple on sait qu'un conflit qui n'est pas réglé autour du
23 décembre ne se réglera sûrement pas avant le 7 janvier.
C'est à peu près classique. Il y a toutes sortes de facteurs qui
entrent en ligne de compte comme cela. Je pense que le rôle de la
conciliation dans le contexte du conciliateur nommé d'office par le
ministre est un rôle qui tient compte de tout cet environnement-là
et la nomination est en fonction de cet ensemble de critères,
finalement.
Mme Lavoie-Roux: En fait, et je ne veux même pas que vous
réagissiez, on peut peut-être, jusqu'à un certain point,
brûler ou diminuer des chances de l'intervention ultérieure d'un
médiateur quand on aura fait la première étape là
où le ministre aura nommé un conciliateur et que la conciliation
ne produira pas les résultats espérés. Il pourrait y avoir
ce risque qu'on brûle un peu les chances d'un médiateur
éventuel, parce qu'il pourrait y avoir une certaine confusion dans les
rôles.
Le Président (M. Clair): Alors, nous considérons
l'étude du paragraphe 43) terminée? M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous désirez intervenir sur le paragraphe 43)
ou 44)?
M. Mackasey: Le paragraphe 43). Seulement quelques observations
pour le ministre. Ce ne sera pas long, parce qu'on veut avancer, surtout avec
cette section.
Je pense que peut-être, M. le ministre, les articles 42 et 43 sont
tellement alignés qu'on pourrait parler de 42a et 42b, alors il faut, en
parlant de 43 faire référence de temps en temps à 42.
Selon 42, M. le ministre... Auparavant, de façon traditionnelle, on
avait automatiquement un conciliateur, ce qui n'est plus le cas, et je pensais
que c'était bien. Je l'ai déjà dit, j'approuve 42, mais
quand même je demande au ministre s'il ne serait pas impératif ou
nécessaire même avantageux que, dans 42 et 43, les deux parties
soient obligées de déposer devant le ministère au moins
leurs demandes parce qu'auparavant, avec un conciliateur présent
à la négociation dès le départ, au moins un
représentant du ministère, fonctionnaire d'expérience,
avait à sa disposition les demandes des salariés et les demandes
du patron. Cela est très important pour le ministère.
Si l'une ou l'autre des parties ne demande pas le conciliateur, selon
l'article 42 ou si le ministre ne trouve pas nécessaire, selon les
pouvoirs à l'article 43, il reste quand même que le
ministère, le commissaire, ou le ministre lui-même n'a pas
à sa disposition au moins les demandes patronales et syndicales... Que
ce soit un peu exagéré ou réaliste, c'est une autre chose,
c'est la question des négociations. Mais je pense que c'est à
l'avantage du ministre d'avoir au moins à sa disposition ou à la
disposition du ministère ou d'un fonctionnaire, les documents qui seront
à sa disposition vis-à-vis du conciliateur, comme cela a toujours
été la tradition.
Je demande, M. le ministre et je ne propose pas un amendement
qu'au moins à cause de l'article parce qu'il est fort
possible d'avoir la conciliation volontaire aux négociations sans la
présence d'un conciliateur, d'un fonctionnaire de votre ministère
au moins dans le cas de l'article 42 et de l'article 43, si vous n'avez
pas le pouvoir à votre disposition de nommer un conciliateur, et si vous
pensez que c'est nécessaire, il devrait y avoir au moins une obligation
pour le syndicat et pour l'employeur de déposer au ministère
leurs demandes. Parce que si le ministre, ou ses fonctionnaires, n'ont pas
à leur disposition ces demandes, comment voulez-vous que le ministre
sache si c'est nécessaire, selon les pouvoirs de l'article 43, de rendre
une décision selon laquelle il imposerait un conciliateur malgré
qu'ils ont commencé en toute bonne foi, selon l'article 42. Le ministre
a une responsabilité, il va prendre parfois une décision pour le
meilleur, parfois, ça va aller contre lui, ce n'est pas toujours facile,
être ministre du Travail.
If he is right 50% of the time, he is a very good minister. So,
sometimes, he must take decisions, sometimes instinctive decisions. I think
that the minister is saying in article 43... Even the both parties are acting
in good phrase, they may be a little naive; maybe I do not think they can
settle these things without the presence of an experienced conciliator.
Now, in order to help the minister to make that decision, when he should
take advantage of article 43 to designate a conciliator, when he informs both
parties that he is going to impose a conciliator, maybe 40 days after the
beginning, because he is afraid things are going off the rail a little and he's
getting the odd telephone call as to the way it works in the middle of the
night, that is normal. He should, at least, know what the issues are and if he
does not know what the issues are, if he does not know what the demands are,
s'il ne comprend pas, s'il n'a pas à sa disposition au moins les
demandes préliminaires du syndicat et du patron, ça rend
difficile la tâche du ministre.
Auparavant, il avait toujours à sa disposition les demandes du
patron et du syndicat, il les avait à sa disposition, grâce
à la présence du négociateur. Mais si le
négociateur n'est pas présent, il y a une restriction pour le
ministre ou ses fonctionnaires. Il faut quand même que le ministre les
ait s'il veut prendre une décision nécessaire, selon l'article
43; il va la prendre pour le bien-être de la société, pour
le bien-être des ouvriers, le bien-être du conflit, pour
prévenir un conflit, pour empêcher un conflit, pour avoir une
entente.
Malgré que vous avez agi en toute bonne foi, selon 42, je pense,
par expérience comme ministre, par lexpérience de mes
conseillers, par l'expérience de mon sous-ministre, on y pense quand
même, vous avez, cette fois-ci encore, besoin d'un conciliateur. Mais je
prétends que ceux qui
prennent avantage de 42, l'avantage ou le choix de ne pas avoir un
négociateur à leur disposition ou un conciliateur, ils doivent
avoir au moins une obligation de déposer avec le ministre ou avec le
ministère, leurs demandes qu'ils vont essayer de régler
eux-mêmes.
Je ne veux pas imposer cela par un amendement, mais je suis prêt
à le proposer si le ministre est prêt à l'accepter,
on le proposerait à huit heures si vous voulez, mais pas si c'est
pour commencer un conflit, pas si c'est pour nous donner une autre demi-heure
ou un autre quarante minutes pour discuter l'avantage, et que finalement, on
dira non. Je ne dis pas cela d'une façon sarcastique.
M. Johnson: A priori, je voudrais juste qu'on se comprenne bien.
Je n'ai pas vu le texte de l'amendement, je peux difficilement me prononcer.
Cependant, j'ai une bonne idée que je ne serais pas d'accord, pour les
raisons suivantes:
Si je comprends bien ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce nous dit, c'est: Est-ce que le ministre ne devrait
pas connaître, étant donné qu'il y a une conciliation
volontaire...
M. Mackasey: Personnellement, au ministère.
M. Johnson: Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un pouvoir au
ministre ou au ministère? Est-ce qu'on ne devrait pas connaître
l'état des offres et des demandes avant d'envoyer un conciliateur? De
fait, cela va se faire; la pratique administrative va être cela. Si une
des parties le demande, il n'y a pas de problème. On va être
introduits dans le dossier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si elles ne le demandent pas?
M. Johnson: Dans le contexte où les parties ne le
demandent pas, il y a toujours la possibilité, dans le contexte de ce
qu'on appelle la médiation préventive, et des recherches, et des
évaluations qu'on va faire avant, et des personnes nommées en
vertu des amendements qu'on apporte à la loi du ministère,
effectivement de prévoir le type de problèmes qui se pose dans
certains secteurs. Cela ne règle peut-être pas le cas d'un conflit
particulier qui se dessine ou qui est en cours, et où le ministre va
décider de nommer d'office un conciliateur, sans que les parties le
demandent. C'est vrai.
Cependant, à partir du moment où le ministre a
décidé de nommer un conciliateur, les parties sont
obligées d'assister et de collaborer avec le médiateur, en vertu
de la loi elle-même. Avec le conciliateur, pardon. J'ai fait un
lapsus.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous
sembliez confondre médiateur et conciliateur. C'est qu'elle est si
ténue, la différence.
M. Johnson: J'ai fait un lapsus.
M. Mackasey: Now, you know why, O.K.?
M. Johnson: Mais dans ce contexte-là, à partir du
moment où la personne nommée en vertu des amendements à la
loi du ministère, amendements qu'on va avoir à l'article 68 ou
quelque chose comme cela, d'abord, pourra obtenir ces données.
Deuxièmement, dans le cas du conciliateur nommé d'office par le
ministre, à toute phase des négociations, celui qu'on retrouve
à 43, il peut également obtenir ces données par
définition, puisqu'il est conciliateur, et les parties doivent
collaborer avec le conciliateur.
M. Mackasey: M. le ministre, maybe we are not on the same wave
length, maybe my suggestion, my question are suspected here to tend to help, I
think, if you permit me... Il ne m'écoute pas. I will wait...
M. Johnson: C'est parce que je...
M. Mackasey: ... I will wait till you are ready. Non,
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: ... M. le Président... M. Mackasey:
C'est d'accord.
Mme Lavoie-Roux: ... mais je vois qu'il y a des
députés qui passent des remarques sur le bien-fondé des
interventions du député de Notre-Dame-de-Grâce. Je pense
que la question du député de Notre-Dame-de-Grâce est
pertinente.
M. Laplante: ...
Mme Lavoie-Roux: Non, je voyais le député de
Bourassa qui se permettait des jugements. Dans le cas présent, je ne
vois pas ce qu'il a à "re noter".
Le Président (M. Clair): Vous avez sûrement une
ouïe plus fine que la mienne, Mme le député de L'Acadie,
parce que je n'avais pas entendu.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! cela est vrai, M. le Président.
Il faut se méfier de moi.
Le Président (M. Clair): Actuellement, le
député de Notre-Dame-de-Grâce a une question à poser
au ministre, si vous voulez attendre seulement un instant.
M. Mackasey: Une question sur les informations et j'espère
que...
M. Laplante: Cela fait deux jours qu'il se répète
comme cela, ce sont les mêmes questions qui reviennent tout le temps.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, pas celle-là.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: Bless to the peace maker. I am coming back to
article 42. Je pense que je vais parler vingt minutes sur cette
chose-là, parce que le député n'a pas grand-chose à
faire et il peut très bien m'écouter pendant vingt minutes. Je
voulais parler pendant seulement cinq minutes pour accommoder le ministre, pour
accommoder tout le monde à l'approche des Fêtes. Mais si le
député veut apporter un argument... La seule chose que je peux
faire démocratiquement, c'est prendre l'avantage de tout le temps
à ma disposition.
Le Président (M. Clair): Vous avez encore dix minutes.
M. Mackasey: Si le député me laisse tranquille,
peut-être que je ne prendrai que cinq minutes.
M. le ministre, dans le cas de l'article 42, si l'employeur et
l'employé ne demandent pas les services d'un conciliateur, sans doute
que vous ne mettrez pas un conciliateur à leur disposition,
normalement.
M. Johnson: C'est cela.
M. Mackasey: Ce serait peut-être logique que l'article 42
soit adopté. Je suggérerais néanmoins dans ce
cas-là que vous ne nommiez pas un conciliateur, parce qu'il n'y a eu
aucune demande. Il y a quand même une responsabilité de la part du
syndicat et de l'employeur de déposer au ministère les documents
préliminaires que normalement le conciliateur a dans les mains. C'est
cela que je suggère.
Ce n'est peut-être pas une suggestion radicale. Je reviens
à l'article 43. Entre le premier jour et le quatorzième jour,
vous êtes obligé de prendre une décision assez difficile,
d'agir contre peut-être le concept de l'employeur et de l'employé
et d'imposer un négociateur parce que cela n'avance pas comme ils le
pensaient. C'est un peu tard, 45 jours plus tard, pour prendre des dispositions
pour la première fois, d'envoyer un conciliateur sur les lieux avec les
documents. Cela aurait dû être il y a 45 jours, dès le
départ, pour étudier, pour que quelqu'un soit prêt à
vous informer, si une bonne journée vous faisiez un appel
téléphonique et que vous disiez: Cela va mal à la Presse
ou à une autre place. Where are the issues? What are the problems? What
are the demands? Somebody, can say: Maybe you should move because, in studying
them as they were originally and looking at them as they are now, even though
we are not involved, we see no progress. It seems to me you need the documents
and if you do not impose that, how were you going to get them? That is my
question.
M. Johnson: Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce veut que je réponde à cela?
L'affirmation, la création, c'est-à-dire la conciliation
volontaire, en vertu du projet de loi 45, modifie fondamentalement une chose
dans le droit du travail du Québec, et en ce sens, cela va ressembler un
peu à ce qui se passe aux Etats-Unis à certains égards. Ce
qu'on dit, c'est l'affaire des parties, fondamentalement. Cependant, les
parties peuvent en tout temps, lors de la phase de négociations,
demander au ministère d'envoyer un conciliateur, et le ministre doit
envoyer un conciliateur. Si les parties choisissent de ne pas demander de
conciliateur, de n'en jamais demander, d'une certaine façon, mon
attitude, c'est de dire: Qu'ils se débrouillent. S'ils ne peuvent pas
s'entendre, tant pis pour eux. Cependant, le ministre a le droit de nommer
d'office un conciliateur. On soupçonne que cela, il l'utilisera pour le
faire dans un secteur précis, dans un conflit précis, mais sur
lequel il a nécessairement des données, puisqu'il choisit de
nommer un conciliateur. Ces données peuvent provenir de façon
informelle ou encore, elles proviendront de façon formelle parce qu'une
des parties en a fait la demande. Fondamentalement, c'est remettre cette
responsabilité entre les mains des parties. Si elles ne veulent pas le
faire, je ne vois pas pourquoi le ministère s'arrogerait le droit de
dire: On peut, en tout temps, demander des documents aux parties.
M. Mackasey: M. le ministre, une demande de documents, ce n'est
pas la fin du monde, malgré qu'ils agissent sans conciliateur, il faut
faire les affaires selon le Code du travail. Il ne faut pas oublier à
l'article 43 que peut-être votre argument serait plus logique si vous
n'employiez pas le mot "doit" à la troisième ligne, mais "peut".
Si les deux, comme vous venez de le dire, pensent qu'ils peuvent faire une
convention collective sans l'assistance, l'appui ou la coopération du
ministre du Travail...
M. Johnson: A l'article 43?
M. Mackasey: L'article 43, pour le moment.
M. Johnson: A l'article 43, à la troisième ligne,
il peut alors informer les parties ou il doit? J'ai l'impression que vous vous
référez plutôt à l'article 42: A toute phase des
négociations, l'une ou l'autre des parties peut demander et le ministre
doit désigner.
M. Mackasey: J'arrive maintenant à l'article 43 pour le
moment...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est "peut d'office désigner un
conciliateur". Il doit...
M. Mackasey: Alors, c'est exactement ce que je dis.
M. Johnson: C'est là. D'accord.
M. Mackasey: Oui. Vous devez informer. Vous avez raison. Vous
avez encore le choix par le mot "peut". Quand même, pour faire ce choix,
il faut que vous ayez à votre disposition quelques documentations. Par
quelle méthode déciderez-vous? Par le conseil de qui? Je sais que
quelqu'un va vous appeler le 45e jour, à 1 heure du matin, c'est
toujours comme cela. Vous savez ce qui arrive. C'est toujours un cas
d'urgence à minuit. Alors, il va dire: Cela ne va pas? Envoyez donc un
concil ia-teur. C'est tout ce que je dis. Je suggère...
M. Johnson: S'il le demande, le ministre devra en envoyer un. A
partir de là, pour prendre l'expression de la langue du
député...
NI. Mackasey: Ou vous pouvez dire non ou vous devez décider que
vous n'en avez aucun besoin. D'ici dix jours, il va y avoir une grève si
vous ne mettez pas un petit peu d'eau dans votre vin. Vous êtes capable
de faire cela. Restez ferme. Avec cela... Non, je ne veux pas retarder. Je vous
assure...
M. Johnson: Non, c'est...
M. Mackasey: ... qu'avant 6 heures, les articles 44 et 45, on va
les adopter.
M. Johnson: Avant 6 heures, 45?
M. Mackasey: On veut coopérer...
Mme Lavoie-Roux: Les articles 44 et 45.
M. Mackasey: Oui.
M. Johnson: Les articles 44 et 45, oui.
M. Mackasey: On n'est pas ici pour retarder les travaux.
M. Johnson: C'est-à-dire qu'on va passer à l'autre
discussion, c'est ça?
Une Voix: Pas l'article 46?
M. Johnson: Pas l'article 46, par exemple? Donc, on n'adoptera
pas l'article...
Mme Lavoie-Roux: Non, on a une motion à l'article 46.
M. Mackasey: A l'article 46, ça va aller rapidement.
M. Johnson: Oui, d'accord.
M. Mackasey: I will not make my point anymore.What I am saying is
what would be the harm of protecting yourself further by saying in article 42,
if you like, because articles 43 and 42 could have been articles 42a and 42b...
In any event, "néanmoins", nevertheless, in the case that a conciliator
is not named, that the documents which a conciliator would normally have,
should be automatically sent to or referred to your Department.
M. Johnson: "Automatically sent"? Mon Dieu! Ecoutez! Je ne suis
pas sûr qu'il faut transformer le greffe du ministère en
bibliothèque nationale.
M. Mackasey: Pourquoi...
M. Johnson: Non, mais le député de
Notre-Dame-de-Grâce sait très bien, comme moi, que lors d'une
négociation, d'abord, il y a un tas de choses qui se règlent
oralement et sur lesquelles les parties s'entendent pour enfin signer la
convention collective. Deuxièmement, il y a un tas de lettres d'entente,
il y a des échanges de documents d'information, il y a des demandes, des
contre-offres, des contrepropositions...
M. Mackasey: M. le ministre, je m'excuse...
M. Johnson: Voyez-vous ce qu'on va faire avec tout ça au
ministère?
M. Mackasey: ... je n'ai pas suggéré ça du
tout. J'avais suggéré les documents qui sont au moins disponibles
à chaque partie, les documents à l'employeur... L'employeur,
certainement, et son représentant, qui est avocat ou pas, ont à
leur disposition les documents du syndicat et vice versa... Si vous avez une
commission de conciliation, qui n'existe pas dans votre code, ou si vous avez
sur les lieux une offre de conciliation, ne me dites pas que ces documents ne
sont pas à sa disposition.
M. Johnson: Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce me permet, pour essayer de vider cette question. Je
comprends son objectif. Il dit que l'amendement, s'il y en avait un, se
formulerait à peu près de la façon suivante:
Néanmoins, tout document...
M. Mackasey: Document nécessaire pour...
M. Johnson: Bon! ... nécessaire doit être
envoyé au ministère?
M. Mackasey: Non. Do not try to put...
M. Johnson: Est-ce que vous pourriez le formuler?
M. Mackasey: Please do not put words in my mouth. I know, and I
have written, and I have passed the letters and I know all about documents that
are transferred in the night, I know about conciliation, officers... I might
say that one of the problems that I would always put in the Labour Code is that
the offices of the Union and the offices of the employer in the hotel be at
least on the same floor, because there is always one on the 21st floor and the
other on the second floor, so you live in an elevator. I know this.
M. Chevrette: Ce n'est pas très sérieux.
M. Mackasey: I am simply saying your original...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la pire farce.
M. Godin: Ce n'est pas sérieux. Enough is enough! You are
experienced enough to know what...
M. Mackasey: Enough is enough! And that is a reciprocal
statement. I did not even know you were here.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Mackasey: I am trying to make a point, not to you, you are not
the minister, I am making a point to the minister.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Mr Minister, you can make fun of my suggestions, if
you like, you can make it as expensive as you like, you can include in
documents all the toilet paper that the people need when they go to the
washroom in the middle of the negotiations. I think you know precisely what I
mean, the demands, the salary demands of both parties, when they sit down to
negociate... Now. if you want me to participate in this debate, from hereon, in
a serious vin, be serious.
There seems to be a tendency to ridicule what I am saying and I do not
appreciate it.
M. Johnson: I think I am being serious about what the
deputy...
M. Mackasey: Well, you are not when you are suggesting all the
documents, all the letters, all the things that go from day to day...
M. Johnson: Non, M. le Président, si vous le permettez,
puisque le député de Notre-Dame-de-Grâce semble prendre un
peu personnellement ce que je dis, je voudrais simplement expliquer que ce
qu'il laisse entendre ce que j'ai compris c'est qu'en fait les
parties devraient être obligées étant donné
qu'il y a une conciliation volontaire d'envoyer les documents
pertinents.
M. Mackasey: The first ones, les préliminaires...
M. Johnson: Par exemple, d'une part, la demande syndicale et,
d'autre part, l'offre patronale. Je pense que c'est à cela qu'il se
réfère. Le problème qui se pose et le
député de Notre-Dame-de-Grâce va être d'accord avec
cela c'est que cela n'est pas sur des formulaires comme le bail type
québécois et que, finalement, une offre est parfois un ensemble
de documents qui, à un moment donné, peut se modifier rapidement.
Le premier document peut n'être que partiel. Si on fait dans la loi une
imposition d'envoyer cela, qui va dire quel est le document pertinent? Il faut
interpréter ce qu'est le document pertinent. Si toutes les parties, dans
une négociation, étaient obligées de faire sur huit
feuilles 8 1/2X14 maximum, avec un cadre de deux pouces de large, 32
propositions de moins de trois lignes, il n'y aurait pas de problème,
mais ce n'est pas comme cela que ça fonc- tionne. Il y a des conventions
collectives qui ont deux pages, il y a des offres patronales qui vont donner
lieu à des conventions collectives de 300 pages, mais qui sont des
documents de 350 et 400 pages au départ...
M. Mackasey: A ce moment-ci, que fait votre conciliateur? Est-ce
qu'il ne reçoit pas les documents? Qu'est-ce qu'il fait avec ces
documents?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, votre droit de parole
est malheureusement expiré sur l'article 43.
M. Mackasey: I just want to add one word, M. le ministre. The
question you asked me... Your answer is not very serious because, at the
present moment, before the amendment, your conciliation officer gets those
documents.
M. Johnson: Not necessarily.
M. Mackasey: Then what the hell are they doing there.
M. Johnson: No. But that is why we are making it voluntary.
M. Mackasey: He does not even know... If he does not even know
what the issue is, he cannot be very... Maybe that is why we have so many
strikes.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
Messieurs, pouvons-nous considérer la discussion close sur l'article
43?
M. Johnson: Sur l'article 43, oui.
M. Mackasey: Come back to the Cliche commission. ... how brave
you are on the...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il me reste du droit de
parole. Il me reste du droit de parole, une demi seconde. Je pense que...
Le Président (M. Clair): Pardon? Une Voix: Elle est
finie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la proposition du
député de Notre-Dame-de-Grâce ne pourra pas être
intégrée à l'article 43 à ce moment-ci, mais je
l'ai quand même écouté sérieusement. Il a
certainement beaucoup de mérite à la suggestion qu'il fait dans
un contexte où vous, vous décidez de nommer le conciliateur.
Alors, ce que vous pouvez faire c'est de l'examiner en temps et lieu.
M. Johnson: C'est cela. En ce sens, si en d'autres termes les
bases de la décision du ministère d'envoyer un conciliateur dans
un dossier où personne n'en a fait la demande..., c'est bien
évident. Cependant, j'avais compris que ce que le député
de Notre-Dame-de-Grâce disait, et je le prends tout à fait au
sérieux quant au fond de ce dont il nous parle, je ne qualifie pas sa
façon de le présenter. Quand au fond, je comprends ce qu'il veut
dire. Cependant, il ne faut pas oublier une chose ce qu'il a
évoqué étant donné qu'il a dit le mot
devrait ou doivent; il y a 4000 conventions collectives au Québec tous
les ans. Cela ferait 8000 documents dont peut-être douze vont servir.
C'est en ce sens-là que le problème...
M. Mackasey: Je n'ai pas mentionné les conventions
collectives.
Mme Lavoie-Roux: ... dans les cas où vous, vous allez
nommer le conciliateur.
M. Johnson: Mais comment peut-on le déterminer?
M. Mackasey: Oui, comment? How are you going to determine it, M.
le ministre, if you do not know the issue. How are you going to determine it,
by le Devoir, by la Presse?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît.
Alors, peut-on considérer l'étude de l'article 43
terminée?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Clair): Terminé. Le paragraphe 44.
Y a-t-il des intervenants?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement vous
dire que nous sommes d'accord sur le fait qu'on ait conservé l'ancien
article, à savoir que des parties soient tenues d'assister à
toute réunion où le conciliateur les convoque. Adopté, de
notre côté.
Le Président (M. Clair): Alors, l'étude du
paragraphe 44 est terminée.
M. Russell: M. le Président, mes considérations
seront simplement sur les changements à l'article. Comme il n'y a pas de
changement, je vais l'adopter.
Le Président (M. Clair): Paragraphe 45?
Mme Lavoie-Roux: Seulement une question au paragraphe 45.
Evidemment, c'est encore un pouvoir discrétionnaire qui est
laissé au ministre, puisque c'est sur la demande du ministre... J'aurais
eu plus de commentaires à faire, mais comme on s'est presque
engagé à dire qu'on passait le 45 avant souper, pourquoi
avez-vous supprimé le délai de 30 jours additionnels? Est-ce
qu'il n'aurait pas été plus sage de le conserver? Quel est votre
justification pour...
M. Johnson: Sur la supression du dépôt? Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson: Etant donné qu'on est dans le contexte de la
conciliation volontaire, donc il faut s'attendre que le conciliateur
nommé d'office par le ministre, sans la demande des parties, soit
nommé dans un contexte assez particulier. D'impartir un délai
à son travail, étant donné qu'on peut présumer que
ça peut être dans des conflits qui posent des problèmes, ou
des négociations qui posent des problèmes extrêmement
complexes, il y a quelque chose d'un peu artificiel à lui imposer un
délai.
Cependant, le ministre peut toujours, à cause du pouvoir qui lui
est dévolu par la notion même de l'autorité
ministérielle, impartir un délai à un de ses
conciliateurs.
M. Mackasey: ...
M. Russell: Vous disiez que le rapport soit automatiquement
envoyé au ministre, c'est simplement la demande; est-ce que c'est une
question de coût, simplement pour économiser, que vous ne rendez
pas le rapport du conciliateur obligatoire?
M. Johnson: Obligatoire, non, mais c'est parce que de fait, ces
rapports ne sont pas toujours écrits. Je veux dire, tous les jours, je
reçois des rapports de mes conciliateurs. Mais je dois vous avouer que
depuis deux jours, j'en ai eu sur une couple de conflits, mais je n'ai pas vu
beaucoup de conflits depuis deux jours. Finalement, c'est une affaire ad hoc,
c'est que le ministre demande à ses conciliateurs de faire rapport sur
les faits. Ce n'est pas nécessairement un rapport écrit et
ça peut être simplement des informations transmises au fur et
à mesure.
Le Président (M. Clair): L'étude de l'article 45
est-elle terminée?
M. Johnson: Terminé.
Le Président (M. Clair): La commission permanente de
travail suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! La commission du
travail, de la main d'oeuvre et de l'immigration reprend l'étude du
projet de loi 45, Loi modifiant le Code du travail et la Loi du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Sauf erreur, vous en
étiez à l'étude de l'article 35, paragraphe 46.
M. le ministre.
M. Chevrette: On est rendus à 44.
Le Président (M. Marcoux): Non, 46. M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux:... plus de femmes à la loi 45 qu'à
la loi 53. Il n'a pas compris.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre. Mme
Lavoie-Roux: ... la loi 45 et la loi 53.
Droit à la grève ou au lock-out
M. Chevrette: 45 est un meilleur projet de loi.
M. Johnson: Pessimiste! M. le Président, l'article 35,
dans son avant-dernier paragraphe, modifie l'article 46 du code, afin qu'il se
lise comme suit: "Le droit à la grève ou au lock-out est acquis
quatre-vingt-dix jours après la réception par le ministre de la
copie de l'avis qui lui a été transmise suivant l'article 40a ou
qu'il est réputé avoir reçue suivant 40b, à moins
qu'une convention collective ne soit intervenue entre les parties ou à
moins que celles-ci ne décident d'un commun accord de soumettre leur
différend à un conseil d'arbitrage'.
Le Président (M. Marcoux): Adopté? M. Johnson:
Adopté?
M. Forget: Non, on attendait que le ministre finisse sa
phrase.
M. Johnson: En fait, j'ai fait simplement lecture du texte.
M. Forget: D'accord. Le député de Joliette-Montcalm
voulait intervenir?
M. Chevrette: C'est normal, il respecte les trois...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, nous aurons un amendement
à présenter à cet article qui, dans sa nouvelle version,
reprend le texte ancien, tout en intégrant, sur un plan formel, les
nouvelles dispositions des articles 40a et 40b. Il n'y a donc pas de changement
de substance, sauf des changements de concordance.
Mais parmi les ajustements de concordance que l'on fait, ou que l'on
pourrait faire, en vertu de la loi 45, à cet article 46, à notre
avis, il y en a d'autres qui seraient opportuns et qui sont omis. C'est dans ce
but que nous referons des suggestions de modification.
En effet, dans tout ce qu'on a adopté jusqu'à maintenant,
il y a des dispositions qui sont pertinentes à l'acquisition du droit de
grève, à notre avis, et qui devraient se refléter à
l'article 46.
Je pense en particulier à la procédure du scrutin, lors de
la déclaration de grève et, surtout, évidemment pas
de l'acceptation, parce que ce ne serait pas pertinent du rejet d'une
proposition de convention collective. Il apparaît, quoique ait pu nous
dire le ministre sur la suffisance des pénalités ou d'une
approche pénale pour assurer la mise en application de l'article 8 qui
serait plus approprié et plus conforme à l'esprit qui a
dicté les nouveaux articles sur le scrutin, que ces dispositions, ces
exigences nouvelles de scrutin secret, de démocratie syndicale, soient
ramenées au niveau de l'article 46 pour que soit conforme à la
loi et au code seulement une grève qui fait suite à tout ce que
le code prévoit par ailleurs comme devant précéder une
telle décision.
L'amendement que nous proposons se lit comme suit: Motion d'amendement
à l'article 35: "Que le paragraphe 46 de l'article 35 soit
modifié en ajoutant, dans la sixième ligne, après "40b",
les mots "après le rejet global des dernières offres de
l'employeur par scrutin secret dans les dix jours précédant la
grève et après la tenue d'un second scrutin secret où une
majorité je m'excuse pour la confusion des lettres des
salariés concernés se sont prononcés pour le
déclenchement de la grève. "
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "46. Le droit à
la grève ou au lock-out est acquis quatre-vingt-dix jours après
la réception par le ministre de la copie de l'avis qui lui a
été transmise suivant l'article 40a ou qu'il est
réputé avoir reçue suivant l'article 40b, après le
rejet global des dernières offres de l'employeur par scrutin secret dans
les dix jours précédant la grève ou après la tenue
d'un second scrutin secret où une majorité des salariés
concernés se sont prononcés pour le déclenchement de la
grève, à moins qu'une convention collective ne soit intervenue
entre les parties ou à moins que celles-ci ne décident d'un
commun accord de soumettre leur différend à un conseil
d'arbitrage."
Il s'agit, comme je l'indiquais tantôt, un peu corne l'a fait le
ministre en soumettant cet amendement, de faire référence
à des articles qu'il a modifiés antérieurement, 40a ou
40b. Ici aussi, il ne s'agit de rien d'autre que de reprendre les principes qui
sont inscrits dans la loi désormais ou qui le seront dès son
adoption et d'en venir à une définition du droit de grève
qui tient compte de toutes ces exigences. On dira, en essayant d'anticiper les
objections du ministre, que cette exigence d'un vote de grève n'a rien
à voir avec la grève elle-même, le droit à la
grève. Cela peut-être la prétention du ministre, mais je
pense qu'à part de l'affirmer il n'a rien fait pour la justifier. A
notre
avis, si on parle des procédures qui doivent
précéder une grève, telles que le scrutin secret, etc., le
rejet des offres patronales, il faut nécessairement en tenir compte
lorsqu'on parle du droit à la grève.
M. Chevrette: M. le Président, sur la
recevabilité.
M. Forget: D'accord. J'écoute.
M. Chevrette: J'ai la conviction que c'est irrecevable, parce que
j'essaie de trouver le numéro on a très bien
confirmé à l'article 19 je ne sais plus si c'est au
paragraphe b), c) ou d) qu'il n'était plus question de
préavis. C'est réglé carrément à l'article
19, adopté. Je ne sais plus quel numéro c'était; c'est
l'article 19 du code, mais, par rapport au projet de loi 45, je ne me souviens
plus du numéro, alors qu'ici, c'est bien dit. Je vais lire exactement le
passage pour appuyer ce que je veux dire. "L'avis qui lui a été
transmis selon l'article 40". Après le rejet global des dernières
offres par scrutin secret dans les dix jours précédant la
grève et après la tenue d'un second scrutin secret à la
majorité des salariés concernés qui se sont
prononcés pour le déclenchement de la grève. Toute cette
procédure est très bien définie à l'article 19. Il
y a des avis de 48 heures. C'est un avis à titre d'information. Le
ministre a même donné l'interprétation, à ce moment,
que les salariés pouvaient tomber en grève à minuit. Ce
qui l'intéressait dans le cadre d'une conciliation volontaire, c'est
d'avoir un avis d'information lui permettant d'envoyer un conciliateur par la
suite. Donc, c'est l'article 8 du projet de loi 45, qui est l'article 19 du
code. Pour ce motif essentiel, je pense que toute la partie traitant de l'avis
est irrecevable.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. J'ai
écouté d'une autre oreille un autre sur un autre sujet. Est-ce
que vous pourriez reprendre la dernière partie de votre
argumentation?
M. Russell: Une minute, je voudrais vérifier si ce sont
les hauts-parleurs qui ne fonctionnent pas bien ou si je vais être
obligé de monter le son de mon appareil. J'ai beaucoup de
difficultés à vous entendre. Si je ne vous entends pas, je ne
peux pas vous comprendre. Il y a peut-être moyen de modifier ceci de
quelque façon.
M. Johnson: M. le Président, je ne suis pas sûr que
cela provienne du système audio.
M. Russell: Je pense qu'il y a des microphones qui sont en avant
des hauts-parleurs; cela fait un feed-back. Il faudrait les replacer.
M. Chevrette: M. le Président, ce sur quoi je m'appuie,
c'est ceci: Nous avons adopté l'article 8 du projet de loi 45. Cela
bourdonne quand même.
Le Président (M. Marcoux): On va essayer à nouveau.
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je reprends mon explication, M. le
Président. J'ai dit que l'article 8 du projet de loi 45 a
été adopté. Cet article 8 avait pour objectif de bien
préciser quel était le processus que devaient suivre les
associations de salariés pour être dans le cadre d'une
grève légale.
Ici, on introduit à l'article 35, le paragraphe 46 de l'ancien
Code du travail, une addition encore nouvelle qui vient modifier l'article 8,
déjà adopté, et, à partir de là, comme on a
carrément réglé ce mécanisme à l'article 8,
c'est irrecevable. Ce serait une façon détournée d'ajouter
une dimension à quelque chose qui est déjà
réglé, ajouter dans le cadre d'un article qui a pour objectif de
définir uniquement des délais pour l'obtention d'un droit et non
pas les modalités de se conformer à ce droit. C'est ce que fait
l'amendement du député de Saint-Laurent et c'est
réglé à l'article 8.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que d'autres membres ont
quelque chose a ajouter sur la recevabilité?
M. Johnson: M. le Président, j'aimerais également,
brièvement, discuter sur la recevabilité.
En fait, on a bien vu, à l'article 8 du projet de loi 45,
introduisant les articles 19a et suivants, que le vote secret et l'avis
donné quant à la décision par le syndicat de faire
grève à un moment donné ne devait en aucune façon
être considérés. C'est pour cela qu'on a bien
spécifié dans le texte "informe le ministre", pour enlever toute
ambiguïté possible. On a bien spécifié à cet
endroit qu'il ne s'agissait pas de rendre la grève légale ou
illégale en fonction des articles 19 et suivants. Quand je dis
"légale" ou "illégale", je le dis entre guillemets, dans la
mesure où cette notion n'existe pas au code. Ce qu'on sait cependant
c'est que l'article 46 du code est l'article fondamental quant à la
définition de l'acquisition du droit de grève. Or, le
député de Saint-Laurent, en introduisant son amendement,
additionne en fait un élément fondamental quant à la
notion d'acquisition du droit de grève, un peu partout ailleurs, et
particulièrement avec les dispositions anti-briseurs de grève qui
prévoient que c'est dans le contexte d'une grève où on a
respecté les délais prévus au code pour les fins de son
déclenchement. Donc, l'intention du législateur est
évidente, à travers 19, 97 et 46, qu'il ne s'agit pas de rendre
une grève "illégale" entre guillemets, encore une fois,
par interprétation judiciaire du seul fait que le vote secret
n'ait pas été pris. Une grève est considérée
comme "légale" ou "illégale", en vertu de 46, point, et du
respect des dispositions de 46 ainsi que des articles de concordance avec 46,
dans la mesure où on fait appel à des délais: 21, etc.
Je pense qu'à ce titre l'amendement du député de
Saint-Laurent est irrecevable puisqu'il introduit, en fonction de notre
règlement, un élément qui est contraire à l'objet
du projet. Je pense que ce sont les articles 154, si je ne m'abuse, M. le
Président, 70 et 143. A ce titre, M. le Président, je vous
demanderai de déclarer irrecevable l'amendement du député
de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, sur la recevabilité, je
diviserai mon argumentation en deux parties. Une partie relative à
l'article 8, paragraphe 19b, deuxième alinéa, et l'autre partie
portant spécifiquement sur l'article 46.
L'article 8, paragraphe 19b, deuxième alinéa dit
simplement que "si l'association est autorisée à déclarer
la grève, elle doit en informer par écrit le ministre dans les
quarante-huit heures qui suivent le scrutin", obligation, M. le
Président, qui en tout état de cause demeure intacte. C'est une
information qui suit l'autorisation, qui suit le scrutin et,
indépendamment des conséquences qu'on veut attacher à
cette décision ou à ses effets, même si l'association ne se
prévaut jamais de cette autorisation, l'obligation est quand même
là que dès qu'il y a eu un scrutin portant sur une autorisation
de grève, le ministre doit en être avisé. On ne
préjuge en rien de ce qui va suivre par après. C'est ouvert
complètement, et d'affirmer à une époque ultérieure
que tel ou tel geste, avant d'intervenir, que ce soit la grève, que ce
soit, si on en avait, un article disant: Avant de signer une convention
collective il faut que le bureau ou le conseil d'administration de
l'association de salariés soit autorisé par une résolution
adoptée aux deux tiers du conseil d'administration ou du bureau
syndical, ce serait parfaitement légal. Autrement dit, pourvu qu'on lise
strictement 19b, deuxième alinéa, on ne s'empêche pas de
décréter, dans d'autres parties du Code du travail, des
conditions ou des restrictions ou des modalités supplémentaires.
Tout ce que 19b dit, c'est qu'il doit y avoir un scrutin quand il y a une
décision d'aller en grève et, dans les 48 heures qui suivent le
scrutin, qu'on décide ou non d'aller en grève, il faut avertir le
ministre qu'on a voté de cette manière-là. Cela ne
préjuge en rien qu'on doive aller en grève, qu'on ne doive pas y
aller, cela ne préjuge en rien qu'on ne doit pas donner un avis.
D'ailleurs, on vient de voir des articles où on dit: Une association de
salariés qui veut négocier doit donner un avis.
Si on se référait à l'argumentation du
député de Joliette-Montcalm, comme il y a eu un vote de
grève, il deviendrait irrecevable et inacceptable de prévoir des
avis, puisque c'est mettre des conditions supplémentaires à
l'exercice du droit de grève. Pas du tout, il est tout à fait
normal et logique, une fois que la grève est dûment
autorisée, et qu'avis que cette autorisation a été
donnée au ministre, et il y a des tas de dispositions qui
déterminent les modalités d'exercice de cette autorisation.
Jamais l'article 8 n'a eu pour but de dépasser la phase
d'autorisation. L'exercice du droit de grève, on en parle ailleurs, ce
n'est d'ailleurs pas le but de l'article 8; le but de l'article 8 est de
déterminer les modalités en vertu desquelles une association de
salariés donne une autorisation. Ce qu'elle en fait après, c'est
déterminé par d'autres articles, les articles 40, 40a, 40b, 41,
42, 46, c'est la façon d'utiliser cette autorisation.
Quand on arrive à l'article 46, on dit effectivement que le droit
à la grève qui est pourtant au- torisé en vertu de
l'article 19b est astreint à certaines obligations telles que
l'écoulement des délais de 90 jours, à partir des moments
où l'avis a été donné, pas l'avis de l'article 19b,
un autre avis, l'avis donné en fonction de l'article 40 du Code du
travail.
Donc, c'est tout un autre processus qu'on aborde à l'article 46.
Quant à l'article 8, on disait donc quelles sont les modalités
d'autorisation; maintenant, une fois qu'on est muni de l'autorisation,
l'article 46 et ceux qui précèdent disent comment on met en
oeuvre cette autorisation. En arrivant à l'article 46, on dit donc que
le droit à la grève est acquis après l'écoulement
d'un délai, et le but de l'article est effectivement de
déterminer à quelle condition l'exercice du droit de grève
est régulier.
Il est clair qu'il y a des conditions à cet exercice, des
conditions qui n'ont rien à voir, encore une fois, avec l'autorisation
de l'article 19b, et le sens de l'article n'est pas de faire telle ou telle
modalité, c'est qu'il y ait effectivement des modalités à
l'exercice du droit de grève.
Donc, le fait d'en ajouter une ou d'en retrancher une ne change en rien
l'objet de l'article, c'est simplement une variation sur un thème qui
est déjà inscrit dans la loi, variations qui peuvent être
multiples; on peut imaginer toutes sortes de modalités, on pourrait dire
qu'il doit y avoir un deuxième avis déposé au greffe de la
Cour Supérieure, on pourrait tout imaginer. Enfin, il n'y a pas de
restriction, seulement l'imagination donne des limites à ça. Mais
le principe ne serait jamais affecté, c'est que l'exercice de la
grève est soumis à des conditions.
Mon amendement respecte parfaitement l'esprit de l'article 46. On
énonce un principe qui est que, outre l'écoulement du temps,
outre le fait qu'il y a eu un certain délai, 90 jours, depuis des avis
donnés en vertu de 40, 40a ou 40b, on peut très bien imaginer
d'autres conditions. Cela ne répugne pas du tout, c'est dans le
même esprit que 46.
Il pourrait y avoir 60 conditions. Dans le texte de loi, il y en a une;
c'est l'écoulement d'un certain délai. On pourrait en ajouter 60
et cela demeurerait quand même fondamentalement le même genre
d'article. Si on avait un amendement qui ajoutait 59 modalités, cela ne
serait pas étranger au principe de la loi. Ce serait dans le même
esprit. L'esprit d'une loi ou d'un article ne se détermine pas à
un décompte du nombre de conditions. On ne fait qu'ajouter une
condition.
La condition, c'est d'établir une concordance. On dit: Parmi
toutes les conditions qu'on peut imaginer, il y en a qu'on peut inscrire par
référence à d'autres articles. Les autres articles ont une
existence et une application indépendantes. On peut très bien
aussi leur faire jouer un rôle an-cillaire dans l'application de
l'exercice du droit de grève. Ce rôle, c'est de dire
effectivement: Quelle que soit la validité de l'autorisation qui est
intervenue à 19b, quelles que soient les règles qu'on a pu
imposer quant à l'avis qui devait suivre un vote au scrutin secret pour
autoriser la grève, au mo-
ment de l'exercer, il faut que cela ait été
précédé par ce genre de chose. Tout comme on dit qu'il
faut que cela ait été précédé de l'avis
à 40a ou 40b. Rien de plus.
Cela ne qualifie en rien la procédure d'autorisation.
L'autorisation qui a été donnée à 19b existe par
elle-même, elle est valable par elle-même. Elle peut aussi ne pas
être utilisée. Un syndicat peut être autorisé et ne
pas vouloir l'utiliser. Quand il arrive à l'utilisation, ce n'est pas
19a, 19b, 19c, qui sont pertinents, c'est 46. L'article 46 comprend des
modalités nouvelles selon notre amendement, mais qui ne sont en rien
d'un ordre différent, d'un ordre de pensée différent de
celles qui sont déjà là.
Il n'y a rien de plus contraignant dans le fait qu'il faut que ce soit
précédé d'un vote au scrutin secret que lorsque l'on dit
qu'il faut que ce soit précédé d'un avis
délivré en vertu de l'article 40a ou réputé avoir
été délivré en vertu de 40b. Ce sont deux
formalités de même nature au point de vue de l'article 46.
Pour ces raisons, quand on regarde l'article 8 incorporant les
différents amendements, 19a, 19b, etc., il n'y a rien qui a
été préjugé quant à l'utilisation qu'on
ferait d'un droit ou d'une autorisation qu'on acquiert d'aller en grève.
Quand on arrive à 46, on a un principe qui est déjà
affirmé, soit que l'exercice du droit de grève est restreint par
des modalités. Qu'on en ajoute une ou qu'on en retranche une, cela
demeure le même article. On ne change pas son sens, on ne change pas sa
nature. Pour toutes ces raisons, je pense que l'amendement est
éminemment recevable.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité
toujours?
M. Johnson: Oui. Ou est-ce que vous considérez que vous
êtes suffisamment informé?
Le Président (M. Marcoux): Un instant. Est-ce que l'Union
Nationale veut se prononcer sur la recevabilité de l'amendement?
M. Russell: M. le Président, je pense bien que ce n'est
pas un droit de réplique qu'a le ministre; s'il veut parler avant, je
n'ai pas d'objection, mais je veux intervenir.
M. Chevrette: Des arguments additionnels.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité.
C'est parce que je voudrais entendre le point de vue de chaque parti avant de
donner la parole au ministre...
M. Russell: M. le Président, je pense que l'article 70 est
assez clair là-dessus. Si on le lit, il dit: "II est irrecevable, si son
effet est d'écarter la question principale sur laquelle il a
été proposé et il en est de même d'un
sous-amendement par rapport à un amendement principal". Actuellement,
cela n'écarte pas la question principale. Je pense que cet amendement
est recevable. Il est conforme au règlement et je pense que dans les
circonstances actuelles on peut le recevoir.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, l'amendement du
député de Saint-Laurent... Je vous référerais aux
articles 70 et 158 du règlement de l'Assemblée. Qu'est-ce qu'on a
devant nous? On a, à un article du code qui est introduit par le projet
de loi 45, l'article 46 du code qui prévoit quels sont les
critères nécessaires pour l'obtention du droit de grève.
C'est là qu'est défini fondamentalement le droit de grève.
C'est à l'article 46. Je pense que, le député de
Saint-Laurent l'a dit lui-même tout à l'heure, les articles 19a,
b, c, d et suivants n'ont rien à voir avec cela, ce sont des
modalités à l'intérieur du processus au niveau du syndicat
pour décider qu'à un moment donné, il exercera ce droit.
Le droit est confié par l'article 46.
Or, dans l'amendement du député de Saint-Laurent, on
ajoute un élément pour que ce droit devienne un droit et, en ce
sens, à mes yeux, le fait d'ajouter cet élément va
à l'encontre de l'objet qui est en discussion à l'article
158.
Deuxièmement...
M. Forget: Le ministre me permettrait-il... M. Johnson:
Oui.
M. Forget: C'est un droit à l'article 46, je suis d'accord
avec lui, mais ce n'est pas un droit inconditionnel, c'est un droit qui est
conditionnel à l'épuisement d'un délai.
M. Johnson: Au respect des délais, c'est cela.
M. Forget: C'est déjà un droit conditionnel.
M. Johnson: D'accord, le droit est conditionnel à
l'épuisement d'un délai. Ici, le député de
Saint-Laurent veut y ajouter aussi une disposition dans le sens que ce droit
soit conditionnel également au respect des prédispositions
concernant le vote secret. Cela, au départ, à mon avis, est
étranger à l'objet de la motion, qui est l'article 35, quand il
modifie l'article 46 du code.
Deuxièmement, on voit dans l'amendement du député
de Saint-Laurent un élément tout à fait nouveau qui
s'appelle les dernières offres de l'employeur. Or, c'est une notion qui
est absolument étrangère à tout le projet de loi 45, que
les dernières offres de l'employeur. Il n'y a aucune mention où
que ce soit et, si j'ai bonne souvenance...
Le Président (M. Marcoux): Sur ceci, je vais vous
arrêter, en vous demandant si vous n'êtes pas plutôt en
train, dans votre dernier membre de phrase, de parler sur le contenu de
l'amendement?
M. Johnson: Non, M. le Président, ce que je dis, c est que
cela invoque une notion...
Le Président (M. Marcoux): Jusqu'à votre dernier
membre de phrase, je crois que vous parliez sur la recevabilité.
M. Johnson: Je continue, M. le Président, si vous
permettez, de parler sur la recevabilité en ce sens que j'apporte un
argument sur la non-recevabilité en invoquant le fait que la notion de
dernières offres de l'employeur est tout à fait
étrangère au projet de loi 45. C'est une notion nouvelle. On n'en
parle nulle part dans le projet de loi 45. On l'introduirait ici, à
l'article 46, deuxième raison pour laquelle, à mes yeux, cet
amendement serait irrecevable, puisqu'il est étranger, pour une
deuxième fois, à l'objet de la motion.
Troisièmement, je pense que nous avons disposé, en termes
de contenu, d'une notion comme le scrutin secret dans les dix jours
précédant la grève ce qui est également un
élément nouveau. C'est non seulement une modalité, mais
c'est un élément nouveau de dire qu'un scrutin doit avoir lieu
dix jours avant la grève.
Nous avons déjà battu une motion d'amendement du
député de Saint-Laurent, alors que nous étions à
l'étude des articles 19a et suivants, effectivement pour introduire un
délai entre le déclenchement et le vote de grève. Pour ces
trois raisons, ainsi que celle que j'ai évoquée plus tôt,
je soumets respectueusement que vous devez déclarer cet amendement
irrecevable en vertu des articles 70, 158 et 157 ou 159, si je ne m'abuse, de
notre règlement.
M. Chevrette: J'ajouterai l'article 154, deuxième
alinéa, où il y a eu une décision formelle de prise dans
le cadre de la loi 67, étude article par article, je crois que c'est
mercredi dernier. Vous regarderez, en deuxième lecture, il n'a jamais
été question de la fameuse obligation pas d'aviser, comment
dirais-je, le mot ne me vient pas, mais il n'y a pas de principe de
dernières offres patronales introduit dans le bill 45. Donc, le
deuxième alinéa de l'article 154 est précis.
Le Président (M. Marcoux): Je suis à la veille
d'être surinformé. Rapidement, Mme le député de
L'Acadie, d'abord, qui attend patiemment depuis quelques minutes, et M. le
député de Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous avez rappelé
au ministre qu'il discutait sur le contenu, plutôt que sur la
recevabilité. Je pense que vous avez tout à fait raison, parce
qu'il me semble que le ministre ait confondu le contenu des dispositions avec
les dispositions additionnelles que le député de Saint-Laurent
veut ajouter à celles qui existent déjà quant à la
possibilité de l'exercice du droit de grève. Quand on dit les
offres globales, c'est une nouvelle notion. Je pense qu'on discute sur le
contenu de la disposition. Peut-être qu'elle n'est pas bonne, que c'est
une notion que vous ne voulez pas introduire. C'est une autre affaire, mais
cela est sur le contenu et non pas sur des dispositions additionnelles qui font
l'objet de l'amendement du député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, brièvement, le ministre
et le député de Joliette-Montcalm ont fait allusion à
l'idée que la question des dernières offres, c'était un
concept nouveau ou un principe nouveau dans la loi. Il faut faire attention de
ne pas mélanger les choux et les raves. Si, chaque fois qu'un mot
nouveau est apporté dans un texte d'amendement, un mot nouveau qui,
malgré tout, apparaît dans le dictionnaire, et qu'on dise: Ah!
attention, voici un principe nouveau, il va falloir faire attention
drôlement à l'usage des mots et utiliser seulement des mots
très connus et très habituels. On ne fait pas allusion à
des principes quand on parle des dernières offres. Les dernières
offres sont les dernières offres avant qu'on ne prenne le vote. Dans le
fond, c'est un concept qui doit être entendu dans le sens ordinaire des
mots. Quand on appelle les gens à se prononcer par un scrutin sur des
offres qui varient dans le temps, évidemment, on les fait se prononcer
sur les offres les plus récentes, pas sur les offres qui sont
périmées. C'est tout ce que cela veut dire. Ce n'est pas un
principe. C'est une expression tout simplement de sens commun. Je pense qu'il
n'est pas question de faire appel à des principes. C'est simplement la
désignation des choses. Là-dessus, comme on a aussi
évoqué des précédents, le précédent
qu'on a évoqué, c'était celui d'une irrecevabilité
dans une autre commission; je devrais dire que c'est une analogie avec une
décision que vous avez vous-même rendue et que j'ai
acceptée avec un certain moment de mauvaise humeur, à
l'époque.
Il reste que ce n'est pas plus étranger à l'article 46 de
parler d'une condition additionnelle qu'il n'était étranger
à la notion de précompte syndical de parler du "duty of fair
representation. ' C'est même moins étranger, s'il y a quelque
chose, s'il y a une question de degré dans
l'étrangeté.
Le Président (M. Marcoux): Je suis suffisamment
informé...
M. Johnson: Je voudrais simplement ajouter, M. le
Président, pour les fins du journal des Débats, que je
dépose ce document puisque le député de Saint-Laurent
aurait raison de se demander quels sont les papiers que je passe à la
présidence. M. le Président, j'ai déposé devant
vous le procès-verbal de notre commission qui date de je ne sais plus
quel jour et qui se lit comme suit: Le député de Saint-Laurent
présente une motion de sous-amendement qui se lit comme suit: "Que le
premier alinéa du paragraphe 19b de l'article 8 soit modifié en
ajoutant à la fin de l'alinéa la phrase suivante: Le scrutin doit
avoir lieu au plus dix jours avant le déclenchement de la
grève."
Or, cette motion de sous-amendement a été battue et le
contenu de cette notion se retrouve dans la motion actuelle du
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Non, pas du tout. Si vous me permettez, puisqu'on
persiste à apporter des faits nouveaux ou des arguments nouveaux, M. le
Président, il est vrai que cette motion a été battue et je
m'attendais plutôt, dans l'argumentation du mi-
nistre, qu'on nous apporte cet argument. Le délai qui a
été battu, la motion qui a été battue était
que le scrutin ait lieu pas plus de dix jours avant la date effective de la
grève. C'est une question de chronologie dans la tenue du scrutin, pour
que le scrutin soit valable. C'est une notion qui effectivement a
été battue mais qui n'a rien à voir avec la notion que le
scrutin, quel qu'il soit, doit avoir précédé
régulièrement la grève avant qu'on exerce le droit
à la grève de manière légale.
C'est une question de légalité de la grève et, dans
l'autre cas, c'était une question de chronologie pour la date à
laquelle le scrutin va être tenu. Ce sont deux notions
complètement différentes. Elles n'ont absolument pas de rapport
l'une avec l'autre. Parce que, quelle que soit de toute façon la
chronologie selon laquelle on prend un scrutin et on acquiert le droit à
la grève en fonction de 19b, il reste que le problème est tout
différent quant à la légalité de la grève.
Encore une fois, même en adoptant cet article, cela n'avait pas
d'implication directe pour l'article 46. On aurait pu très bien
l'accepter et, malgré tout, l'amendement pour l'article 46 aurait quand
même été nécessaire. Parce que tout ce
qu'entraînait l'adoption de cet amendement dans l'esprit de l'article 8,
c'était une pénalité selon la section 8 du Code du travail
par une poursuite sommaire par le procureur général. Donc, on
voit manifestement que même en adoptant l'amendement, s'il avait
été adopté, il aurait quand même fallu adopter un
amendement à l'article 46 pour obtenir l'effet que nous cherchons
maintenant à obtenir.
Donc, on voit très bien que les deux idées n'ont aucun
rapport.
Mme Lavoie-Roux: II a laissé parler tout le monde.
M. Jolivet: II a déclaré tout à l'heure
qu'il était assez informé.
Le Président (M. Marcoux): Toutes les interventions se
sont succédé à une telle vitesse. Qu'il est difficile
d'entreprendre une commission en plein milieu. Je crois que l'amendement serait
re-cevable si on y supprimait l'idée qui a déjà
été battue, l'amendement qui a déjà
été proposé, à savoir de mettre que le scrutin doit
avoir lieu au plus dix jours avant le déclenchement de la grève,
et de simplement maintenir l'idée qu'après le rejet global des
dernières offres de l'employeur par scrutin secret, cette idée,
comme telle, n'ayant pas déjà été discutée,
pourrait être retenue.
La deuxième partie "et après la tenue d'un second scrutin
secret où une majorité des salariés concernés s'est
prononcée pour le déclenchement de la grève"... En fait
c'est presque une concordance. Or, tel quel, je devrai juger l'amendement
irrecevable, parce qu'une partie de l'amendement que vous proposez a
déjà été rejetée.
M. Forget: Est-ce que vous nous permettez, M. le
Président, de biffer les mots qui sont en discussion dans cet amendement
parce que ça donne le même effet, qu'on les inclue ou pas, ce
n'est pas matériel, c'était une référence
peut-être superflue. S'ils causent un problème
d'acceptabilité, on n'y tient pas parce que ce n'est pas essentiel.
Le Président (M. Marcoux): Je n'ai pas à accepter
ou refuser, une fois que j'ai refusé l'amendement, tel que vous l'avez
proposé. Comme vous avez encore le droit de parole et de nombreuses
minutes devant vous, vous pouvez revenir avec un amendement qui respecterait ce
que j'ai édicté.
Mme Lavoie-Roux: Les règles de... M. Forget: Je
vois.
Le Président (M. Marcoux): La chose la plus simple, c'est
d'accepter l'amendement que vous proposez en biffant: "dans les dix jours
précédant la grève."
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Je fais donc
motion pour amender l'article 46 en je ne le relirai pas biffant
tout simplement ces mots.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez la parole.
M. Forget: M. le Président, étant donné que
nous avons eu l'occasion d'aborder une large partie de ce débat,
inévitablement, à l'occasion du débat sur la
recevabilité, je n'ai pas l'intention de prendre en entier le temps de
parole que j'ai là-dessus; je vais être très raisonnable
pour souligner qu'il m'apparaît qu'il est absolument important qu'une loi
soit conçue comme un tout organique. Une loi n'est pas une série
de pièces détachées et, lorsque, dans une partie, dans un
chapitre de loi, on prononce que certaines procédures, certaines
obligations existent, il ne devrait pas être toléré que,
dans une autre partie de la loi, on dise: II est tout à fait
régulier de faire tel ou tel geste, peu importe qu'on ait ou non
contrevenu à un autre chapitre de la même loi. Encore une fois,
une loi, ce n'est pas une série de pièces
détachées, c'est un tout qui se tient, et il est, en plus de
cela, doublement difficile d'envisager que, dans le cadre d'une loi qui
définit des relations, des comportements des relations de travail
sont des comportements de deux parties qui sont dans une situation de conflit
et d'opposition l'on permette à une partie qui a pu se placer
dans un contexte d'irrespect de la loi, d'illégalité, de se
prévaloir d'une autre partie de la même loi. Il y a quelque chose
d'un peu immoral dans une situation comme celle-là où quelqu'un
prend dans la loi ce qui l'avantage et met de côté ce qui ne lui
convient pas. Bien sûr, on peut dire que chaque article est un article
distinct et on peut violer 90 articles dans un projet de loi et se faire
imposer des amendes sous 90 chefs différents et, malgré tout,
s'il y a dix articles qui font notre affaire, on peut revendiquer les droits
que ces articles nous donnent, mais bien
sûr, techniquement, il n'y a rien d'impossible au
législateur, on sait que, le Parlement étant souverain, on peut
transformer un homme en femme, on peut donc dire que quelqu'un est dans
l'illégalité à un moment et, le moment suivant, on peut
dire qu'on est dans la légalité. Je ne parle pas en termes
stricts, juridiques, je parle en termes d'un contexte où on
définit des comportements, où on cherche à faire
évoluer ces comportements vers un plus grand degré de
civilisation.
Je rouve absolument inadmissible qu'on procède un peu comme
ça, en salami, la technique du salami, chaque tranche étant
détachée des tranches qui la suivent et qui la
précèdent. On dit: S'il y a une tranche de pourrie, on la jette
et on mange celles qui sont bonnes. Dans un salami, ordinairement, elles sont
à peu près de la même qualité. Alors, s'il y a un
article, s'il y a un chapitre entier qu'on ignore ou que l'on viole, c'est
inadmissible parce que, dans le fond, cela se répercute sur les
relations qu'on a avec l'autre partie. Comment penser qu'on peut
décourager la violence qu'on peut décourager le recours aux
procédures judiciaires et à toutes les tracasseries possibles,
quand vous vous trouvez en face d'une partie qui ne respecte pas un chapitre de
la loi et qui vient revendiquer l'application de l'autre chapitre.
Posons-nous la question nous-mêmes vis-à-vis des gens avec
qui on a à transiger ou à faire affaires d'une façon ou
d'une autre et demandons-nous quelle serait notre attitude si une personne avec
qui on fait affaires, dans un cadre légal donné nous disait:
Ecoutez, j'ai droit à telle et telle chose, alors qu'on sait
pertinemment qu'elle a des obligations auxquelles elle se refuse d'obéir
et qu'elle prétend séparer les deux préoccupations
complètement. Notre attitude serait très agressive normalement
dans des situations comme celles-là. L'argument selon lequel, si on en
fait un obstacle à ce moment-là, les droits qu'on reconnaît
dans le Code du travail vont être constamment mis en échec par des
allégations à savoir que tel ou tel autre article n'est pas
respecté, ne m'apparaît pas sérieux. Effectivement, si on
est dans une situation où les gens peuvent, pratiquement
impunément, se mettre en dehors de la loi, on va, au contraire,
encourager la procédure, les attitudes de plaideurs, le recours à
tous les moyens légaux et illégaux.
C'est trop humain, cette réaction, pour qu'on l'ignore et qu'on
pense qu'on va faire des compartiments étanches à
l'intérieur du Code du travail. C'est un tout organique et il faut que
chaque partie s'interprète et s'applique en fonction de toutes les
autres. Ce ne sont pas du tout des traquenards qui sont tendus. Je comprends la
position du ministre. La position du ministre est inconfortable
là-dessus parce qu'il a choisi la voie d'une réglementation des
votes et des scrutins à l'intérieur de la loi, toujours et dans
toutes les circonstances, plutôt que d'envisager cela comme une
méthode d'exception. On ne reviendra pas sur cette discussion-là,
M. le Président, mais elle devient pertinente à ce moment-ci.
Nous lui avons dit, à l'époque, n'intervenez pas toujours
et tout le temps dans la détermination de la vie interne des syndicats,
parce qu'à partir du moment où vous intervenez de cette
façon-là, à partir du moment où vous
prétendez faire la morale au mouvement syndical quant à la
façon dont il doit tenir ses scrutins, vous perdez, comme
législateur et comme administrateur de la loi, comme gouvernement, votre
innocence en quelque sorte. Vous ne pouvez plus prétendre logiquement,
comme législateur, si ces lois sont violées, qu'elles ne le sont
pas. Comme législateur, cela vous commande d'en tenir compte dans
d'autres parties du Code du travail.
Là, on veut avoir son gâteau et le manger. On veut faire la
morale dans une partie de la loi et on se dit: Si la morale que l'on
édicté n'est pas respectée, on va malgré tout
l'ignorer dans une autre partie de la loi. Ce n'est pas comme cela que cela
fonctionne. Quand on a fait son lit pour faire la morale je m'excuse
d'utiliser cette expression-là, mais c'est largement cela
malheureusement qu'on fait dans l'article; on fait la morale et de façon
fort peu efficace, à mon avis, et largement futile il faut vivre
comme un moralisateur; il faut être moral partout. Il faut tenir compte
de cette intention et de ce message de moralité dans toutes les autres
dispositions. Autrement, on va engendrer plus de problème qu'on va en
créer.
On crée dans la loi une expectative de la part de l'opinion
publique. Auprès des employeurs, on va créer une impression,
qu'on va malheureusement renforcer dès l'adoption du projet de loi, en
disant: Voyez, maintenant, on a eu le courage d'adopter des dispositions. On va
dire cela aux employeurs évidemment, on ne le dira pas aux
syndicats avec autant de force on a eu le courage d'édicter des
règles de moralité interne pour les syndicats. Mais les patrons
vont s'attendre que la marchandise soit livrée dans toutes les
circonstances et vont demander au ministre de la livrer. Et le ministre sera
incapable de la livrer. Non seulement sera-t-il incapable de la livrer à
cause des façons qu'il a prises de mettre en vigueur les dispositions de
morale interne, mais il sera incapable de la livrer parce que, dans
l'application des autres articles de la loi, il veut ignorer l'irrespect de la
première partie. Il veut scinder le projet, il veut le traiter en
pièces détachées.
Ce n'est pas possible de traiter un projet en pièces
détachées, pas un projet de loi, pas une loi comme le Code du
travail qui traite de comportements, qui essaie de régir des
comportements. Parce que les comportements ne sont pas en pièces
détachées. Les gens ne se font pas des compartiments en disant:
ça, c'est la partie des scrutins et on fait toutes sortes d'affaires
là, mais ça n'affectera pas le reste du comportement, ni chez
nous, ni chez les autres, ce n'est pas vrai.
Tout ça, c'est un tout, ça se tient. On a fait son lit et
bien, on va vivre avec. Mais ça, c'est la première implication.
Les grèves qui vont se déclencher irrégulièrement
il n'y en aura peut-être pas beaucoup, il s'agit qu'il y en ait
une pour qu'on en fasse la démonstration on va s'attendre que
cela ait des implications au niveau de processus de
grève lui-même. Comme cela ne peut pas en avoir si notre
amendement n'est pas accepté, à ce moment-là, on peut
avoir plus de violence qu'on en a dans le moment. Je ne le souhaite pas, je
serai le premier à le déplorer. Mais ce serait être aveugle
que de ne pas voir que c'est ça qu'on a au bout du nez.
On crée des expectatives de plus grande paix sociale, de plus
grande moralité, dans un domaine où ces expectatives risquent
d'être déçues. Qu'on mesure adéquatement
l'importance et les conséquences d'une déception, parce que s'il
y a un domaine où il ne faut pas laisser croire aux gens qu'on peut
faire mieux, malheureusement parce que si on peut faire mieux, tant
mieux, on verra mais s'il y a un domaine où on ne peut pas faire
de promesses en l'air, c'est bien celui-là.
A mon avis, il faut être très modeste, il faut être
très modeste et très mesuré. On ne prend pas les moyens
d'être modeste dans le moment. On prend, dans la question des votes de
grève, des moyens très ambitieux de faire naître des
expectatives; dans d'autres sections on y reviendra plus tard, la
section anti-scab, à la fin on fait naître des
expectatives. Le propre des expectatives, comme toute l'histoire de
l'après-guerre nous le démontre du côté de la
prospérité, etc, est de faire naître des espoirs et, dans
le fond, les espoirs sont plus grands que les possibilités de les
satisfaire. C'est presque toujours le cas, c'est explosif, des attentes.
Une des occasions où ça va exploser, c'est dans le domaine
des grèves légales et illégales. On a ajouté, sans
le savoir, j'ai bien peur, une occasion de plus pour que les gens se lancent
des accusations de grève illégale dans le cas des grèves
je parle des grèves parce que les votes s'appliquent aux
grèves pas aux lock-outs.
A mon avis, on joue à l'apprenti sorcier dans tout ça.
C'est pour attirer l'attention du ministre là-dessus que nous
présentons cet amendement, ce n'est pas un traquenard, c'est, au
contraire, la conséquence d'un choix que nous n'aurions pas fait, de
légiférer sur les votes de cette façon, pas de la
façon universelle et globalisante qui a été
utilisée par le gouvernement, mais comme il a fait ce choix, il doit
vivre avec les conséquences. Nous ne faisons que mettre en face de lui
les conséquences de ses options premières.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je serai contre l'amendement, M. le
Président, parce que j'aurais pu, encore une fois, invoquer
l'irrecevabilité, à cause du terme, "les salariés
concernés", parce que les salariés concernés, ce n'est pas
tout le monde qui a le droit de vote, parce qu'ils peuvent ne pas être
membres du syndicat. Quand on parle de salariés concernés, ce
sont tous les salariés touchés par l'unité
d'accréditation. Ce point a été réglé,
encore une fois, au tout début des travaux en commission. Je ne l'ai pas
fait au début, c'est seulement pour vous montrer encore une
imprécision qui la rend irrecevable.
Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: ... M. le Président?
M. Chevrette: Non, je ne la conteste pas. Je n'ai pas
contesté tantôt sur ce point, Mme le député de
L'Acadie. Donc, je ne vise pas la décision du président.
Deuxièmement, il y a une autre dimension, dans cet article, qui
pourrait aller exactement à l'en- contre de toute l'argumentation
même du député de Saint-Laurent. Plus tu introduis de
détails techniques à l'intérieur d'un cheminement pour en
arriver à la prise d'un vote ou d'une décision ou de rendre
légale une situation, plus tu compliques sur le plan technique, plus tu
peux avoir des illégalités, des grèves illégales
uniquement à cause d'un cadre trop technique. Lui-même argumentait
dans le sens contraire tantôt. Pourtant, c'est la pratique qui nous dit
ça.
Deuxièmement, je pourrais lui dire que de nombreuses
grèves ont eu lieu précisément parce qu'on n'a pas eu
d'offres à la table de négociation et le député de
Saint-Laurent demande qu'on se prononce en faveur d'un rejet global sur des
offres avant d'aller en grève, alors qu'il y a des grèves qui
éclatent parce qu'on n'a pas d'offres. Ecoutez une minute, je l'ai
vécu, on se retire de la table de négociation parce qu'on n'a pas
d'offre et on dit aux gens: Est-ce qu'on fait la grève? On n'a pas
d'offres. Il faudrait voter sur des offres et on n'en a pas. C'est une
technique du genre. Ce n'est pas cela qui est marqué.
Je prétends que l'esprit de l'article 46, c'est de définir
quelle est la date précise à laquelle on aura le droit à
la grève, et non pas de définir des modalités qui
compliquent le processus pour en arriver à savoir si la grève a
été faite selon les normes à l'intérieur des
règlements du syndicat. C'est vraiment un moyen détourné,
cet amendement. Ce n'est pas cela qu'on veut régler par cela. On s'est
expliqué cet après-midi, il me semble, très largement. On
devrait rejeter cela et revenir à des clauses beaucoup plus
sérieuses à l'intérieur du projet de loi 45, ne pas
prendre un moyen détourné pour ramener du vieux qui a
été battu.
M. Jolivet: M. le Président, moi non plus, je ne veux pas
revenir sur votre décision de l'irrecevabilité, mais je veux
argumenter cependant en tenant compte de ce qui a été
rejeté dans le passé, pour nous permettre de voter contre cet
amendement, en particulier sur la deuxième partie, quand on dit:
Après la tenue d'un second scrutin secret où une majorité
des salariés concernés se sont prononcés pour le
déclenchement de la grève, ce qui donne le droit à la
grève, ce qui autorise les gens à déclencher une
grève.
Je fais référence à l'article 8, alinéa 19b,
qui a été présenté comme amendement par
l'Opposition officielle, et on lisait: Une grève ne peut être
déclarée qu'après avoir été autorisée
au scrutin secret. L'ayant déjà rejeté, je ne vois pas
pourquoi, ce soir, on accepterait ce que l'on a refusé dans le
passé. Pour cela, je voterai contre cet amendement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je ne suis pas un avocat pour
discuter sur la technique de cette loi et de certains de ses amendements, mais
il y a un grand principe, c'est l'esprit du règlement qui nous permet de
penser ensemble, de trouver une formule, la plus juste possible, pour avoir une
loi qui se tient.
Actuellement, ce que nous tentons d'implanter, c'est un principe qui
veut protéger les ouvriers contre certains membres de l'exécutif
de syndicats, à certains moments, qui peuvent, de leur chef, les amener
à une grève, sans le consentment des ouvriers, parce que, dans 90
jours, il peut y avoir beaucoup de changement dans la négociation. Les
ouvriers sont au courant et ils pourraient quand même voter, qu'il y ait
eu des offres ou non. S'il y a eu des offres, on votera sur les vraies offres;
s'il n'y en a pas eu, il n'y a pas de changement, la grève sera
maintenue par un vote secret.
Il me semble qu'un vote, ce n'est pas si coûteux pour les
ouvriers. Cela leur donne le droit de parole. Sans cela, ils n'ont pas le droit
de parole. Actuellement, on a un vote secret, mais pas nécessairement,
parce que la grève n'est pas nécessairement illégale s'il
n'y a pas eu de vote secret. Il y a simplement un appel en justice. Il y a une
amende qu'on va payer.
M. Chevrette: Me permettez-vous une petite question?
M. Russell: Certainement, avec plaisir.
M. Chevrette: Si, à l'article 19, on exige un vote secret
avant grève, avant la grève, il faut qu'il y ait un vote secret,
ne pensez-vous pas que, s'ils votent oui à la grève, c'est parce
qu'ils ont étudié les offres et qu'elles n'avaient pas d'allure?
La logique, voyez-vous, on dit, à l'article 8 du bill 45: Les
salariés doivent se prononcer par vote secret avant le
déclenchement d une grève. C est donc dire, M. le
député de Brome-Missisquoi, que, s'ils disent non à la
grève, c'est parce qu'ils trouvent que les offres sont pas mal. S'ils
disent oui à la grève, cela doit être parce que les offres
n'ont pas d'allure.
Là, on voudrait d'abord un vote secret sur les offres globales et
dernières du patron, et, s'ils disent oui aux offres, tu n'as pas besoin
de ton deuxième vote. Mais s'ils disent non... Automatiquement, dans la
pratique des syndicats, qu'est-ce qui se produit? Il y a un rapport qui est
fait, en bonne et due forme, de la négociation. Ils vous offrent $0.40
l'heure, on en demandait $0.80. Qu'est-ce que vous en pensez? Cela n'a pas
d'allure. Comme exécutif, tu as le droit de recommander la grève.
Si les gars trouvent que cela a de l'allure, les $0.40, ils vont voter contre
la grève. Voyons. C'est de la redondance. C'est pour multiplier le
nombre de traquenards pour rendre les grèves illégales. C'est
uniquement de la technique, de l'intrusion dans les constitutions de
syndicats.
M. Russell: Je vais simplement vous poser une question. On va
procéder par questions. C'est peut-être la façon de
clarifier la situation.
Je sais que je n'ai pas suivi le bill depuis le début, mais
j'essaie de le comprendre du mieux possible pour pouvoir l'interpréter
avec le peu d'expérience que j'ai dans ce domaine, après avoir
négocié, personnellement, certains contrats syndicaux, comme
patron.
Je peux vous dire que ce que dit le député de
Joliette-Montcalm est parfois vrai, mais souvent cela ne l'est pas. Je pourrais
vous amener... Vous avez peut-être lu les journaux de votre région
pour savoir de quoi je parle.
M. Jolivet: Combien de fois? M. Russell: Je
voudrais...
M. Chevrette: Dans le Code du travail actuel, le vote secret
n'est pas obligatoire.
M. Russell: Non, il n'est pas obligatoire.
M. Chevrette: Là, il l'est, il est voté à
l'article 19.
M. Russell: D'accord. Je reviens à ceci: Actuellement,
même si on ne prend pas le vote secret, il peut y avoir une grève.
La grève n'est pas illégale.
M. Chevrette: Pardon?
M. Russell: La grève n'est pas illégale.
M. Lavigne: Une grève sans le vote secret.
M. Chevrette: Regardez l'article 19b: "Une grève ne peut
être déclarée qu'après avoir été
autorisée au scrutin secret par un vote majoritaire des membres de
l'association accréditée qui sont compris dans l'unité de
négociation et qui exercent le droit de vote. "
M. Russell: Oui, mais s'il n'y a pas de vote secret et qu'il y a
grève, la grève n'est pas illégale.
M. Johnson: C'est cela, exactement.
M. Russell: Vous avez recours au Code pénal, c'est une
amende simplement.
M. Johnson: C'est cela.
M. Russell: Pour certains syndicats, $1000 ou $2000 d'amende,
c'est quoi?
M. Chevrette: Ce n'est pas un employeur un syndicat, il n'a pas
d'argent.
M. Russell: Ah! M. le Président! Vous irez compter cela
à d'autres qu'à moi. On sait combien on les paie par mois.
M. Jolivet: Dans votre expérience à vous
comme...
M. Russell: Dans le contexte actuel, la seule chose que je pense
qu'on fait ici ou qu'on tente de
faire... Je ne dis pas qu'on le fait à 100%, à la lettre,
comme le voudrait le député de Joliette-Montcalm... Il y a
peut-être moyen de trouver une juste mesure pour protéger, non pas
les chefs syndicaux, non pas le patron, mais pour protéger ceux qui sont
impliqués. Ce sont toujours les ouvriers qui paient la facture. Ce ne
sont pas les chefs. C'est eux autres qu'on veut protéger.
Je pense que l'amendement du député de Saint-Laurent a sa
valeur. On devrait l'étudier à fond. S'il faut lui apporter des
correctifs, je suis certain qu'il va nous permettre d'en apporter. Je suis
certain que le ministre veut corriger cet article. Il veut avoir la loi la plus
parfaite possible pour protéger qui? Pas moi, pas le patron. Il veut
protéger les ouvriers. C'est ce que veut faire le ministre du
Travail,
C'est par ces amendements là qu'on va le faire, à la
lumière de la discussion, pas à se cacher derrière des
règlements et essayer d'ajouter des choses qui ne sont pas tout à
fait correctes. Je pense qu'on va le faire calmement. C'est le but que je
poursuis en siégeant à cette commission. Je voudrais être
capable de m'entendre avec le député de Joliette-Montcalm. Je
sais que le président est bien compréhensif et le ministre aussi,
parce que j'ai travaillé avec des gens qui avaient un nom semblable
à celui-là et on avait toujours trouvé le moyen de
s'entendre. Je pense qu'on peut continuer à s'entendre.
Oui, cela a été peut-être dans ma vie politique des
années heureuses.
M. Chevrette: M. le député de Johnson, vous...
J'allais dire quelque chose que je ne dirai plus.
M. Russell: Vous pouvez continuer. Je n'ai aucune objection, j'y
suis habitué. J'ai près de vingt ans de vie politique, j'en ai vu
d'autres. Je peux en prendre d'autres. Rien ne me surprend.
M. Jolivet: Sur la recevabilité.
M. Russell: Oui, je vais y revenir. M. le Président, je
pense que l'amendement qui est fait par le député de
Saint-Laurent a ses raisons d'être. Je ne dis pas qu'il est juste
à la lettre. Il y aurait moyen de le cadrer à l'intérieur
afin d'imposer, s'il y a eu négociation de bonne foi... pour donner une
chance aux ouvriers de se prononcer avant cette grève qui est toujours
la pire chose qui peut arriver. Je dis que la grève, c'est le dernier
recours, mais il y en a qui s'en servent comme une épée de
Damoclès pour forcer tout le monde.
Je pourrais vous dire que ce que j'ai vécu, pendant mes
années en politique et en affaires, ce n'est pas toujours beau, et ce
sont toujours les ouvriers qui paient. Je déplore cela et j'aimerais le
corriger.
Je pense que le but, on ne le réussira pas ce coup-ci, mais je
suis certain que le ministre va rénover ce code. D'ici un an ou deux, on
va en avoir un autre qui sera encore mieux que cela, mais, entre-temps, si on
pouvait arriver avec les... Ce n'est pas du nouveau. Je suis certain que s'il
consulte ses fonctionnaires... Ce qu'on avance là, ils ont vécu
cela. Il me semble qu'on a assez de lumière pour nous aider à
corriger ces imperfections avec lesquelles on va se ramasser..
Si on voulait se reprendre et dire que la grève serait
illégale s'il n'y avait pas de vote secret, cela ne me ferait rien de
sauter par-dessus cela, mais comme ce n'est pas le cas, on n'est pas
obligé d'avoir un vote secret, on peut avoir une grève et elle
n'est pas illégale. Si on corrigeait cela en disant que la grève
est illégale s'il n'y a pas vote secret, je serais d'accord pour qu'on
enlève cet amendement. Sinon, j'aimerais qu'on trouve une façon
de l'incorporer à l'article 46.
M. Johnson: M. le Président, sur l'amendement du
député de Saint-Laurent, il est très clair non seulement
selon les intentions que j'ai exprimées au nom du gouvernement, mais
à la lumière du débat qu'on a eu autour de l'article 19,
que l'objet de l'article 19 sur le vote secret, est exclusivement de confier
une obligation au syndicat à l'intérieur de sa vie interne, et
qu'il n'assortit cette obligation que d'une seule sanction, qui est une
sanction pénale. Il n'est pas question, ce n'est pas cela l'objet de
loi, ce n'est pas l'objet de l'article 19 et cela ne doit pas être
l'objet de l'article 46, à mes yeux, de rendre une grève
illégale parce qu'il y aurait eu une irrégularité dans le
scrutin secret. Pour cette raison fort simple, c'est qu'une grève, le
droit à la grève, puisque l'article 46 traite de cela, le droit
à la grève ou le droit au lock-out chez l'employeur, c'est le
droit fondamental accordé par le Code du travail. Or, on dit: Comment
acquérir ce droit? Il y a une façon de l'acquérir, c'est
de respecter les délais prévus par le code quant à des
avis qui sont envoyés.
M. Russell: Une simple question. M. Johnson: Oui.
M. Russell: Est-ce que le ministre va admettre avec moi que la
grève est le dernier recours?
M. Johnson: Absolument. M. Russell: D'accord.
M. Johnson: Je pense que tout le monde admet cela. De
façon générale, je pense que les syndiqués
admettent cela, etc.. Mais c'est quand même le droit fondamental, celui
qui est l'objet de plus de difficultés et pour les hommes qui la vivent
et pour l'entreprise qui la subit, pour la société qui est loin
d'en bénéficier, entre autres dans le cas des services publics et
parapublics. C'est un droit que notre société reconnaît. A
partir du moment où la société reconnaît ce droit,
où elle a clairement fait ce choix en 1964 dans le Code du travail, il
s'agit de faire en sorte que ce droit ne soit pas l'objet de tracasseries
constantes. Or, le droit à la grève, en vertu du Code du travail
actuel qu'on modifie par le projet de loi 45, simplement pour y
changer la notion des délais, puisqu'il n'y a plus de
conciliation obligatoire, mais qu'il y a une conciliation volontaire, donc, il
faut faire les amendements de concordance finalement, le droit à la
grève, c'est fondamentalement le respect des dispositions du code quant
au délai. Si on déborde de cela, et surtout si on tombe dans des
notions comme celle du vote secret et ce qui l'entoure, surtout quand je vois
l'amendement du député de Saint-Laurent, dans des choses aussi
vagues et aussi mal définies que ce que sont les dernières offres
de l'employeur, imaginons qu'il y aura clairement, si on soumet la
légalité de l'exercice de la grève à des
interprétations autour de ces notions, imaginons facilement qu'il y aura
des contestations multiples, faciles. C'est une arme considérable entre
les mains de l'employeur, puisque ces choses sont complexes, difficiles
à apprécier, dépendent des circonstances, des situations.
L'objet de l'article 46, ce n'est pas cela. L'objet, c'est de dire: II y a une
certaine période de temps, il y a des délais que des syndicats
doivent respecter s'ils veulent exercer un droit de grève. A mes yeux,
l'amendement du député de Saint-Laurent, non seulement
comme je le disais au niveau de la recevabilité, et sans contester votre
décision, introduit des choses qui, pour moi, sont
étrangères à l'esprit même du code, etc., je ne
conteste absolument pas la décision du président, je pense
finalement qu'il a pris une décision fort sage, compte tenu du type de
renseignements qu'on a pu lui fournir change toute la conception de ce
qu'est le droit de grève en vertu de l'article 46 dans le Code du
travail. Cette conception actuelle, celle de 1964 et des années qui ont
suivi jusqu'à cette année, et cela demeure cela, au-delà
de cette année, c'est qu'on impose aux syndicats de respecter certains
délais. L'acquisition du droit de grève doit être le plus
simple possible. A partir du moment où on introduit d'autres
éléments, cela devient compliqué, susceptible de
contestation, de chinoiserie, de tracasserie qui pourraient être
utilisés par l'employeur qui n'est pas de bonne foi ou qui est incapable
de faire face à la présence d'un syndicat chez lui. Pour ces
raisons, je demanderai, évidemment, que nous rejetions l'amendement du
député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a demandé de parler avant.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre- Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: J'ai été impressionné par la
contribution du député de Joliette-Montcalm, en toute
sincérité. Comme il l'a souligné, le but de l'article 46,
c'est de faire la distinction entre une grève légale et une
grève illégale. C'est simple, une grève légale,
c'est une grève après une période de 90 jours de
négociations, basé sur la première journée qui est
fixée par la loi selon un avis au ministre. Après 90 jours, si le
syndicat veut aller en grève, c'est son droit. C'est légalement
son droit. D'accord? Complètement d'accord. Mais nous avons un
président; il faut accepter sa décision sans réserve. Il a
dit: Quand même, cet amendement relève de l'article 46.
Après avoir écouté les arguments de plusieurs
membres, le président a dit que l'amendement du député de
Saint-Laurent relève de l'article 46. Peut-être, si ce
n'était pas seulement un amendement, mais une révision
complète du code, qu'on trouverait la substance de l'amendement dans une
autre section. Je pense que le député de Saint-Laurent est
d'accord. Je sais que le député de Joliette-Montcalm est
même d'accord. Si c'est une révision complète et pas
seulement des amendements, la substance de l'amendement serait ailleurs,
d'accord. Mais ce n'est pas une révision; ce sont des amendements.
Le député de Saint-Laurent fait un travail monumental
depuis le début de cette commission. Il travaille jour et nuit à
ses amendements. Sa contribution est positive. M n'y a pas grand choix
où et à quel article il va attacher un amendement, parce que,
comme le député de Joliette-Montcalm l'a souligné avec
raison, ce sont seulement des amendements au Code du travail en attendant,
naturellement, une révision plus complète. Cela empêche un
peu l'Opposition, c'est une restriction, si vous voulez, pour nous
d'introduire... Je vais attendre un peu. Ils sont bien occupés
là. Quand ils auront fini, je vais continuer. C'est M. le
Président qu'il faut convaincre, pas mes collègues.
Le Président (M. Marcoux): Vous pouvez continuer de parler
à la présidence. Je leur transmettrai votre message.
M. Mackasey: Ecoutez, c'est seulement de la politesse de ma part.
Je sais ce que c'est. Souvent, un député doit dire au ministre:
il y a 33 autobus et 2000 citoyens dehors. C'est défendu d'entrer
à l'Assemblée nationale. Il y a 500 policiers dans la cave ou
quelque chose comme cela. C'est quelque chose d'important. En attendant...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y en a avec leurs bâtons de
hockey?
M. Mackasey: Non, madame. Cela arrivait du temps du Parti
libéral. On a changé de gouvernement!
Mme Lavoie-Roux: II paraît qu'il y a beaucoup de joueurs de
hockey en bas.
M. Mackasey: Impossible! Cela arrivait seulement dans le temps de
Bourassa.
M. Russell: Au temps de Bourassa?
M. Mackasey: Au temps de Bourassa, cela arrivait, mais cela
n'arrivera pas avec les amis des ouvriers. Je suis convaincu que les portes
sont ouvertes...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les Nordiques qui viennent
d'arriver.
M. Mackasey:... et que les syndical istes ont le droit, comme
citoyens, de s'asseoir ici et d'écouter nos discussions. C'est la
démocratie.
M. Chevrette: Revenez à l'amendement.
M. Mackasey: Je vais y revenir parce que cela allait bien
jusqu'à l'interruption. Sans interruption, cela va bien. D'accord. Le
député de Saint-Laurent a un amendement et il n'a pas tellement
de choix pour attacher son amendement. J'ai été vraiment
impressionné par l'article 46 qui décidera ce que c'est une
grève légale.
C'est clair et c'est surtout une amélioration sur les lois
existantes et, moi-même, je suis tombé dans la trappe, comme cet
après-midi, en regardant les articles 40 à 46 de l'ancien code
plutôt que comme ils sont amendés. J'ai exprimé mes regrets
au ministre cet après-midi, mais vous avez souligné que,
d'après votre expérience, et vous en avez, je dis cela
sincèrement ce qui arrive souvent durant une période de
négociation... Vous avez souligné votre expérience et mon
collègue à gauche en a souligné d'autres mais le
but, peut-être pas la phraséologie, mais le but, la substance de
l'amendement est simple et logique de la part du député. Ce qu'il
veut dire, je pense, j'espère, c'est que ceux qui font les
négociations de bonne foi pour les syndicats et c'est dommage que
tout le monde pense que les syndicats sont tous des bandits; au contraire,
d'après mon expérience, souvent ce sont les patrons qui sont des
bandits, pas les syndicats. Il est rare que le patron n'ait pas l'avantage
à la table des négociations: les avocats, les finances, etc.
Il est rare que les syndicats veulent une grève, c'était
toujours plus facile d'éliminer la possibilité d'une grève
et d'en arriver à une entente avant la fin d'une convention collective.
Il est plus difficile de régler une grève, I think you have
called it preventive mediation. Mais, c'est fort possible et ça arrive,
M. le député de Joliette-Montcalm, que l'équipe de
négociation d'un syndicat arrive un beau dimanche après-midi et
dise aux membres d'un syndicat: On a fait notre possible, voilà
l'entente que le patron est prêt à accepter la convention
si vous voulez on vous la soumet avec la recommandation de l'accepter...
ou de la rejeter ou aucune recommandation du tout. N'est-ce pas que ça
arrive? Là, par un scrutin secret, selon la constitution du
syndicatle scrutin secret, c'est de la faiblesse de la part du ministre,
il n'a pas décrit ce qu'est un scrutin secret. Je l'accepte en
attendant. Le scrutin secret c'est un scrutin secret selon la constitution d'un
syndicat, mais pas selon le code. C'est la faiblesse dans quelques syndicats,
mais quand même, on va dire que c'est correct, on va accepter la
constitution. Alors, M. le député, on demande aux 500 ou 1000
membres d'accepter ou de rejeter les dernières offres du patron.
D'accord? Qu'est-ce que le député de Saint-Laurent craint? C'est
que dans ce scrutin où l'offre est rejetée...
Il n'y a pas 500 policiers; ce sont les nouvelles informations de
Radio-Canada. Le poète-lauréat vient nous décrire ce qui
se passe dehors, parmi ses amis! Les portes sont toutes ouvertes,
j'espère, pour les syndicalistes. Il n'y a pas grand monde ici
d'ailleurs.
Si, dans ce scrutin secret, l'offre... The poor man, Shakespeare! To be,
or not to be, that is the question.
M. Godin: Pay peanuts and you get monkeys!
M. Mackasey: At least I will not accuse him of being Macbeth.
Sérieusement, le député de Saint-Laurent craint que
si les membres rejettent l'offre du patron, ce serait en même temps
compris comme un vote de grève et ce n'est pas nécessairement
l'effet.
Vous avez parlé avec vérité de quelques
expériences, alors je fais la même chose. J'ai souvent
assisté, au moins comme témoin intéressé, à
plusieurs reprises aux négociations dans les chemins de fer. L'offre du
patron était rejetée, mais ce n'était pas
nécessairement un vote de grève. C'était la
décision des membres à leur équipe: Retournez à la
table et continuez votre travail pour améliorer cette convention. Cela
arrive souvent, peut-être avec un médiateur, peut-être
à une autre étape, n'est-ce pas? Alors, tout ce que le
député de Saint-Laurent dit, avec raison, c'est que c'est
obligatoire d'avoir deux votes. Cela peut se produire l'un après l'autre
le même après-midi, si vous voulez. Le premier vote pour accepter
ou rejeter l'offre. Comme je le dis, on peut ne pas nécessairement
recommander, ne pas nécessairement rejeter, mais mettre à la
disposition des membres pour étude les offres. Les membres peuvent dire:
On ne veut pas de cette offre, mais on ne veut pas de grève non plus.
Alors, on peut faire un vote au scrutin secret, selon la constitution du
syndicat, rejetter l'offre. Si on accepte, il n'y a pas de grève. En
même temps, on peut dire: Retournez à la table de
négociation. En rejetant l'offre, on peut faire une motion, pas
seulement donner un mandat d'aller en grève. Cela se fait souvent bien
avant le commencement des négociations. On peut, à la même
assemblée, si nécessaire, ou une semaine plus tard,
décider que c'est nécessaire d'aller en grève parce que le
patron est rendu au bout, il n'agit pas de bonne foi.
Alors, en terminant, M. le Président, ce que le
député de Saint-Laurent veut, c'est qu'il y ait deux votes pour
qu'il n'y ait aucun manque de compréhension, que les membres ordinaires
d'un syndicat aient le droit de rejeter l'offre du patron, mais pas
nécessairement, en rejetant l'offre du patron, laisser l'impression
qu'ils sont automatiquement pour une grève. C'est différent.
Peut-être que cet amendement devrait être attaché à
une autre section de la loi, mais nous n'avons pas ce choix parce que c'est
seulement les amendements au code. Ce n'est pas compliqué, c'est
honnête, c'est une amélioration. Il n'y a pas un syndicat que je
connais qui craint cela. On ne demande pas le scrutin secret selon le code, on
accepte un scrutin
secret selon la constitution du syndicat. Tout ce qu'on demande ce sont
deux votes, un sur l'offre et l'autre si vraiment nous voulons aller en
grève oui ou non.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais quelques questions à poser au
député de Saint-Jacques-Montcalm...
M. Johnson: Joliette-Montcalm. Mme le député du
Nouveau-Brunswick, de L'Acadie.
M. Lavigne: C'est près de Montréal cela.
Mme Lavoie-Roux: Je ne comprends pas que vous ayez tant de
difficulté à saisir ce que veut dire le terme "les
dernières offres de l'employeur ". Vous invoquez que, les
dernières offres de l'employeur, il peut ne pas y en avoir eu. Alors,
dans l'hypothèse où il n'y en a pas eu, ils vont voter sur une
absence d'offre et ils pourront toujours, après coup, voter pour la
grève. J'aimerais que vous m'expliquiez comment ceci présente une
telle difficulté. Il y a toujours des offres qui sont insuffisantes,
cela peut être un recul sur certains points, cela peut avancer sur un
autre, mais il y a toujours des offres quand on est à négocier
une convention.
M. Chevrette: II n'y a pas toujours des offres, Mme le
député de L'Acadie, pour les motifs suivants.
Stratégiquement, un syndicat a à se bâtir un rapport de
forces, et là l'ancien ministre du Travail fédéral va me
dire que j'ai raison. Quand on négocie, on établit une
stratégie.
Je peux bien évaluer avec mon groupe qu'on doit prendre un vote
de grève pratiquement, avant même de s'asseoir à la table,
parce qu'on a une convention collective pitoyable, épouvantable, cela ne
veut pas dire qu'on a automatiquement des offres. Je l'ai déjà vu
dans un secteur où les conventions sont pratiquement inexistantes, qui
relève d'un syndicat de boutique.
Mme Lavoie Roux: Alors, on vote pour des offres pitoyables.
M. Chevrette: On peut voter sur une situation de fait. Par
exemple, même dans une première convention collective...
Mme Lavoie-Roux: Alors vous pouvez...
M. Chevrette: ... dans laquelle on introduit un mécanisme
d'arbitrage, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de grève. Il n'y
a pas de conditions de travail et il peut ne pas y avoir d'offres sur la table,
parce que le patron veut faire une lutte non pas sur l'établissement des
conditions de travail, mais il veut faire une lutte de reconnaissance du
syndicat. Ce n'est pas automatique.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'arguments qui n'ont pas de poids, qui
n'ont pas de valeur dans ce que vous dites. Je vous dis qu'il y a trop de
situations qui peuvent se produire et face auxquelles on serait placé
dans un cul-de-sac. C'est ça que je veux dire. J'ajouterai que M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce disait qu'un rapport de
force, ça s'établit et que l'employeur a des armes auxquelles il
a droit, je ne le conteste pas. Mais le syndicat aussi a le droit à ses
moyens, et les moyens peuvent être justement de brandir un droit de
grève, indépendamment du fait que la négociation soit
à peine amorcée.
On parlait avant le souper j'ai eu la chance de jaser avec M.
Blain d'envoyer les rapports des offres et des demandes des syndicats au
ministre. Au départ, on peut être à trente ans de distance
dans un premier document. Cela peut évoluer et, au bout d'une semaine,
on peut être rendu à quinze ans. S'il y a un peu plus de pression
avec un vote de grève sur les dernières offres finales, comme
vous dites, on peut se rapprocher à cinq ans. Mais on va prendre combien
de votes sur les dernières offres avant d'arriver à utiliser le
droit de grève?
C'est vraiment sérieux tout ça, je ne voudrais pas qu'on
encombre de toutes sortes de mécanismes cette procédure qui,
rappelons-le, en vertu de l'article 46, n'est pas du tout d'encadrer le vote de
grève. C'est de définir le temps précis qui donne le droit
légal de faire la grève. C'est bien différent.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, j'entendais le député de
Saint-Jacques-Montcalm se référer...
M. Chevrette: Saint-Jacques-Montcalm.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, c'est devenu une manie.
M. Chevrette: Saint-Jacques de Montcalm est une des petites
paroisses de mon comté.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je ne comprends pas, c'est que quand vous
étiez à la commission parlementaire sur la loi 101, j'ai souvent
référé à votre comté et j'ai toujours dit
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous avez surtout dit Montcalm, parce que je me
perdais de temps en temps.
Mme Lavoie-Roux: Non, ça, c'était le
président de la commission.
M. Chevrette: Vous avez remarqué que j'ai beaucoup
changé depuis, Madame?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, ah oui! M. Chevrette: Merci.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas être méchante,
mais c'est peut-être que le député de Joliette-Montcalm se
sent plus utile à cette commission-ci.
M. Mackasey: C'est un changement pas nécessairement pour
le meilleur non plus.
M. Chevrette: Les rires ne sont pas enregistrés au journal
des Débats.
Je vous avoue que c'est pas mal intelligent.
Mme Lavoie-Roux: ... ne demandait pas grand psychologie.
M. Chevrette: On n'a pas besoin d'officiel pour marquer les
points.
M. Lavigne: ... à l'inverse.
Mme Lavoie-Roux: C'est comme vous voudrez, vous, ni dans un cas
ni dans l'autre de toute façon.
M. Lavigne: Chacun son appréciation.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous référiez tout à
l'heure à une conversation avec un des fonctionnaires du
ministère du Travail et ça me rappelait une brève
conversation que nous avons eue aussi, avant le souper, où on a fait
référence à une grève commune que nous avons
connue. Je me souviens très bien qu'à ce moment-là
c'est ce qui se passe souvent dans les grèves, je pense que le
député de Joliette-Montcalm pourra peut-être convenir que
ça se passe au moins dans certaines circonstances ce qui arrive,
c'est qu'il y a souvent un vote de grève qui est pris à une date
donnée, disons le 3 octobre. Souvent, ce vote de grève, pour les
syndiqués, est vu comme un moyen de pression sur l'employeur qui
l'amènera à modifier ses offres et à les rendre plus
favorables.
Ce qui arrive plus tard, c'est que les offres se modifient parce qu'il y
a quand même 90 jours qui peuvent s'écouler entre le moment
où on a voté, si on a pris un vote secret, en admettant qu'on
prenne un vote secret, et le moment de ce premier vote de grève et le
moment où finalement on entre en grève.
Este-ce que vous n'admettrez pas, M. le député de
Saint-Jacques, pardon, de Joliette-Montcalm... Je vais demander au journal des
Débats, chaque fois que je dis Saint-Jacques, de marquer Joliette. ...
que, très souvent, les syndiqués sont entraînés dans
une grève, 90 jours plus tard, alors que les offres ont
été sensiblement modifiées, je pourrais dire
considérablement modifiées, mais n'exagérons rien, et que,
souvent, ils sont entraînés dans une grève pour laquelle
ils ne voteraient plus, si on leur faisait prendre un vote sur les
dernières offres faites par l'employeur? Il y a une foule de
circonstances qui interviennent entre ce premier vote et le moment du
déclenchement de la grève, soit après 90 jours. C'est une
chose.
M. Mackasey: Même s'ils rejettent les...
Mme Lavoie-Roux: II y a même les autres circonstances, M.
le député de...
M. Chevrette: Saint-Jacques-Montcalm!
Mme Lavoie-Roux: ... de Joliette-Montcalm, où, même
si des syndiqués, lors d'un vote, rejettent des offres, cela ne veut pas
nécessairement dire qu'ils acceptent la grève.
M. Chevrette: C'est vrai aussi.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, je le dis en termes que j'ai
vécus et où je rejoins l'idée du député de
Brome-Missisquoi que ce qu'on veut, dans le fond, c'est protéger le
syndiqué contre des choses que, finalement, il ne veut pas et contre
peut-être même un désir de la majorité de
syndiqués qu'on ne respecte pas, parce qu'on ne prend pas la peine de
vraiment tenter de faire la preuve que des syndiqués veulent ou ne
veulent pas la grève.
C'est exactement l'objet de cet amendement qui, je pense, compte tenu du
fait et le ministre l'a dit tout à l'heure que le vote de
grève qui est inscrit à l'article 8 de 19b, ne rendrait
même pas une grève illégale, et tout ce que cela voudrait
dire, cela pourrait vouloir dire certaines sanctions pécuniaires.
C'est vraiment l'esprit de l'amendement du député de
Saint-Laurent. Et je suis sûre que, objectivement, le
député de Joliette-Montcalm a vécu suffisamment de
grèves je comprends qu'il était peut-être d'un
côté de la table mais, regardons cela d'une façon
détachée, je pense qu'il veut aujourd'hui légiférer
pour l'ensemble des citoyens du Québec dont la grande majorité
est constituée des travailleurs et non pas des chefs syndicaux ou un
"establishment" syndical. C'est vraiment l'objectif qu'on veut atteindre.
Est-ce que le terme... Le ministre a fait un peu des gorges chaudes mais
j'ai déjà entendu ce type d'argument, sur le vague des termes que
le député de Saint-Laurent veut inclure, etc. Mais, dans la
réalité, est-ce que ce n'est pas vraiment ce qu'un grand nombre
de syndiqués, souvent, ont à subir? On parle de syndiqués.
Cela ne veut pas dire que, de l'autre côté, on ne pourrait pas
faire un autre dessin pour les patrons qui profitent d'occasions, de
l'insécurité des syndiqués, pour essayer de les exploiter
un peu plus, etc.
Mais là, on parle strictement des obligations qu'on crée
aux syndicats. J'aimerais avoir votre réaction ou celle du ministre.
C'est l'objet de cet amendement. Je pense que le député de
Bourassa pourrait confirmer ce que je dis là, sans exagération,
que, trop souvent, on a vécu des moments où on avait un grand
nombre de syndiqués qui venaient nous voir et qui disaient: On ne sait
pas ce qu'il y a dans les offres, on ne comprend vraiment pas. On est rendus
à la grève et on ne sait pas exactement pourquoi on a fait la
grève. Finalement, ils étaient entraînés, à
partir de ce premier geste, qu'ils avaient posé le 3 octobre, parce
qu'ils disaient: Cela va faire bouger le patron qui sent qu'il a cette
épée de Damoclès sur la tête. C'est ce que j'ai
vécu et je pense que c'est une réalité. C'est dans cet
esprit que l'amendement est proposé, pour essayer de corriger des abus
possibles qui se passent dans les relations du travail.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais répondre
brièvement aux deux questions que madame m'a posées. A la
première, un vote de grève bien antérieur à
l'éventualité d'une grève, c'est vrai, cela se produit
souvent. C'est dans le cadre, comme je le disais tantôt, de
l'établissement d'un rapport de forces pour tenter d'améliorer
les offres patronales, sans avoir à la faire un jour. C'est un fait. Je
peux vous dire que c'est tout à fait normal que cela se fasse. Mais, de
plus en plus cependant, quand ce vote de grève se produit, les gens
disent toujours qu'ils conditionnent ce vote de grève à un retour
en assemblée générale avant de l'exercer. Je peux vous
dire que c'est une réalité qui se vit présentement.
Mme Lavoie-Roux: En admettant cette condition, est-ce que ce
serait au scrutin secret?
M. Chevrette: Même si c'est secret.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on les obligera à faire ce
deuxième vote en assemblée générale au scrutin
secret?
M. Chevrette: Oui. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: Oui. C'est ce que j'ai vu le plus souvent.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais avec ceci?
M. Chevrette: Même dans la deuxième question que
vous me posez, il se peut que vous refusiez les offres sans aller à la
grève. Cela aussi est vrai, sauf que, bien souvent on ne se le
cachera pas stratégiquement parlant, rejeter les offres sans
voter pour des moyens de pression, c'est admettre candidement sa faiblesse en
relations du travail et cela se fait peu maintenant. Les gens ont compris que
voter contre les offres, sans voter pour des moyens de pressions, ce n'est pas
une manière d'amener l'employeur à améliorer leurs
conditions. Les patrons disent: Ils ont toutes les offres, mais ils ne veulent
rien faire, on vous attend. Mais cela pourrait se faire, madame.
Vous m'avez apporté un autre argument que je voudrais un peu
détruire. Si vous négociez un contrat collectif de travail, vous
faites un rapport de la négociation devant vos commettants. La
recommandation que l'exécutif syndical fait serait la suivante: Je vous
propose, compte tenu du piètre rapport qu'on a à vous
présenter, la grève. Les gens se lèvent dans la salle. Ils
disent: Qu'offrent-ils au juste là-dessus? L'information, cela existe.
Il ne faut pas se baser sur les quelques unités syndicales qui
n'informent pas leurs membres pour juger de la totalité. Je peux vous
dire que j'ai vécu dans plusieurs milieux, les enseignants, les
techniciens, les gens dans les hôpitaux, et les gens questionnent. Il y a
un rapport qui se fait, il y a des questions qui se posent. Le vote de
grève se prend, puisque la recommandation, c'est le vote de
grève.
En posant le vote de grève, n'oubliez pas que les gens jugent de
la valeur des offres. Ils disent oui à la grève parce que les
offres ne sont pas correctes. Sinon, pourquoi voteraient-ils pour la
grève? Je ne parle pas du vote du début; je parle du vote pour
entrer dans deux jours, dans dix jours ou dans cinq jours en grève. Si
je vote pour la grève ce n'est pas une épée de
Damoclès; c'est un moyen d'action concret c'est parce que
j'évalue des offres qui m'ont été faites. Sinon, je serais
stupide d'aller dire oui, si je ne base pas mon vote de grève sur le
menu qu'on m'a offert. C'est pour cela que je retiens cette partie de moins en
moins, parce que l'expérience concrète des relations du travail
nous prouve que voter sur des offres d'une façon très sporadique,
de temps à autre, cela ne vaut rien si ce n'est pas accompagné de
moyens d'action.
Si vous ne votez pas pour les offres de façon spécifique,
comme vous l'avez dans l'amendement, mais que vous votez pour une grève
dans X jours, automatiquement la logique, c'est parce que tu viens d'analyser
ce qu'étaient les offres, les dernières, bien sûr. Si tu
mens à tes commettants, il y a de plus en plus d'employeurs, Mme le
député de L'Acadie, qui paient des annonces complètes dans
les journaux, à raison de $1000 ou $2000 la page. Ils ont
peut-être quelques employés. Ce serait préférable de
donner cet argent sur les offres, plutôt que de payer de la
publicité.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il y a un
argument au départ. Quand vous avez commencé à me
répondre, vous avez dit: S'ils votent pour les offres et ne
décident pas d'aller en grève, ils vont démontrer de la
faiblesse vis-à-vis de l'employeur. Ce qu'on vous dit, c'est qu'ils
peuvent voter sur les offres et ils peuvent également voter pour la
grève après coup. Je ne vois pas quelle faiblesse cela
démontre auprès de l'employeur.
La deuxième chose, c'est que je voudrais être aussi
optimiste que vous et penser que, quand vous ramenez les gens en
assemblée générale, à la condition que vous les
rameniez en assemblée générale pour un dernier vote pour
finalement aller en grève, ils sont aussi bien informés que vous
pensez qu'ils le sont. Enfin, là-dessus, on ne se chicanera pas, parce
que peut-être qu'on peut avoir chacun une visière. Cela peut
devenir un jugement subjectif.
Je voudrais quand même que le ministre me dise si ce vote
d'assemblée générale pour finalement aller en
grève, est prévu, est obligatoire. Le député de
Joliette-Montcalm nous dit que cela se fait très souvent, cela se fait
de plus en plus, mais je pense que quand on fait des lois, on fait des lois
pour protéger, dans la mesure du possible, dans le cas présent,
tous les syndiqués. Est-ce que, dans les amendements que vous apportez
au Code du travail, vous assurez ceci aux syndiqués, que justement, ils
seront rappelés en assemblée générale, à
quelques jours du déclenchement de la grève ou si, simplement,
cela va dépendre de la bonne volonté de chacun des syndicats?
Cela me semble extrêmement important pour pallier les abus. Le
député de Joliette-Montcalm l'a même admis qu'il se
fait des abus parce que les gens ont voté au départ, ils sont
entraînés dans une grève, alors qu'entre les deux, ils
n'ont pas su exactement ce qui s'était passé. C'est vraiment
cela, je pense, qu'il faut avoir le souci de corriger.
M. Johnson: M. le Président, les articles 19a et suivants
sont très clairs. Ils imposent aux syndicats l'obligation, sous
réserve de sanctions pénales, de procéder à un vote
qui doit être secret quant à la décision d'entrer en
grève. Maintenant, techniquement, c'est vrai de dire que le syndicat
pourrait aller devant son assemblée et dire: On va procéder
à un vote au scrutin secret sur la grève, mais cette
grève, on ne l'exercera que dans six mois. C'est techniquement possible,
sauf qu'en fait, ce n'est pas très près de la
réalité, dans le fond. Je comprends que le député
de L'Acadie va me dire que la loi n'est pas précise, etc., mais entre,
d'une part, établir clairement cette obligation...
Vous savez, au niveau du citoyen, au niveau du syndiqué, c'est
clair pour lui ce que veut dire le vote au scrutin secret. D'autre part, on
tient compte du fait que, dans l'immense majorité des cas, les votes se
tiennent au scrutin secret, y compris dans des conditions où il y a un
militantisme qu'on qualifie parfois d'excessif, etc. Des votes au scrutin
secret, on a eu des exemples tout récemment à Montréal,
d'ailleurs, de cela, des votes au scrutin secret dans des conditions qui
avaient été marquées, depuis quelques années, de
grèves difficiles, etc. C'est cela l'objet des articles 19a et
suivants.
Quant à l'article 46, il m'apparaît évident qu'il ne
faut pas restreindre l'acquisition du droit de grève par l'ouverture
grave, importante qui risque d'être dommageable et qui risque de conduire
finalement à une guérilla judiciaire. L'article 46 a toujours
été simple dans le Code du travail. C'était toujours en
fonction des délais. Je pense qu'il faut qu'il demeure simple.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, par votre entremise, je
voudrais demander au ministre, vous dites: Maintenant, de plus en plus, dans la
majorité des cas, il ne se passe jamais un très long délai
entre le vote de grève et le déclenchement de la grève.
Vous savez, on va voter incessamment la Loi de la protection de la jeunesse. On
vote plusieurs lois justement pour que le plus possible, parce qu'il y a
toujours des trous à quelque part, tous les gens concernés soient
protégés. Je pense que quand vous me dites: Dans la
majorité des cas, de plus en plus... Je pense qu'à ce moment, on
n'assure pas vraiment aux gens toutes les garanties qu'on peut humainement leur
assurer pour que leurs droits soient respectés. Cela ne me rassure pas
du tout de penser que c'est parce que la tendance est vers l'utilisation de
plus en plus grande de telle ou telle chose.
Ce qui est important, c'est que ce soit vraiment inscrit d'une
façon précise et claire dans une loi. C'est cela qui
protège vraiment les citoyens. Là on parle du Code du travail;
dans d'autres domai- nes, c'est la même chose. C'est pour cela qu'on fait
des lois dans bien des cas. Cela ne me rassure pas, mais je voudrais vous poser
une autre question. Tout à l'heure, vous avez dit: Si on laisse des
choses aussi vagues et aussi générales, ce n'est pas
là-dessus que j'en ai surtout, on expose les syndiqués ou le
syndicat à être l'objet d'abus de la part de l'employeur.
Vous avez dit à peu près ceci. J'aimerais que vous me
donniez des exemples de fait que, si, à un moment donné, on
impose un autre vote, ceci puisse amener des abus de la part de
l'employeur.
M. Johnson: Tout est autour de l'interprétation de chacun
des mots nouveaux que l'amendement du député de Saint-Laurent
voudrait introduire et chacune des notions nouvelles que l'amendement du
député de Saint-Laurent voudrait introduire à l'article
46. Les délais, ce n'est pas une chose sujette à
interprétation ou presque pas. C'est clair, on dit: 90 jours à
partir de tel événement qui est la réception par le
ministre de l'avis de négociations. Cela c'est clair. Ce n'est pas sujet
à interprétation sur le plan judiciaire. Mais une notion comme:
Est-ce qu'ils ont voté sur les dernières offres du patron?
pourrait donner des recours de type de l'injonction puisque l'article 46
réfère à la légalité... Si le
député de L'Acadie me le permet...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson: L'article 46 réfère à la
légalité de la grève et c'est le seul article dans le code
qui vraiment établit ce qu'on pourrait appeler la légalité
de la grève. On pourrait avoir des guérillas judiciaires autour
de l'interprétation des faits qui ont entouré le vote de
grève; autour de l'interprétation des faits quant au document en
question qui a été soumis à l'assemblée;
était-ce oui ou non la dernière offre patronale ou pas,
l'avant-dernière offre? Qui va apprécier tout cela?
Eventuellement, l'employeur, et c'est l'exemple que je voudrais donner; 46 a
toujours été restreint pour cette raison.
C'est que c'est vraiment l'article fondamental quant à l'exercice
du droit de grève et il faut qu'il soit le plus précis possible.
Or, la précision qu'il introduit, c'est simplement la notion de
computation des délais. Et, à partir du moment où il
déborde, il devient sujet à de l'appréciation
extérieure, l'appréciation, évidemment, par la partie
patronale qui, à grand renfort, à un moment donné, dans un
contexte très précis de procédures judiciaires, peut
amener la chose devant un tribunal; cela perdure, cela fait pourrir la
situation. Ce n'est pas cela l'objet de l'article 46. L'objet de 46, c'est de
dire: Le droit de grève est conditionné à un
événement qui est le respect des délais prévus au
code.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, vous invoquez le fait que les
termes employés ou suggérés par le député de
Saint-Laurent peuvent devenir l'objet de contestation. Ce n'est pas aussi clair
que
les 90 jours qui sont prévus. Et, concernant le vote, si le vote
a été bien pris, mal pris, etc. J'aimerais vous demander comment
vous allez pouvoir juger de la légalité du vote que vous avez
inscrit à l'article 19.
M. Johnson: A l'article 19, cela pourrait faire l'objet
effectivement d'une contestation judiciaire. Mais, d'une certaine façon,
cela ne pose pas de problème au niveau de l'exercice du droit, de la
situation, etc. C'est une sanction pénale qui s'en va devant les
tribunaux et qui n'affecte, en aucune façon, le processus et le
déroulement de la négociation, du rapport de forces, du
règlement, etc. C'est une sanction pénale. On pourrait aller
devant le tribunal six mois plus tard, un an plus tard, le lendemain matin,
ça ne change rien, ça n'affecte pas le déroulement des
événements, tandis qu'ici, on rend la grève conditionnelle
à l'article 46, au respect des dispositions de 19 et suivants ou
à la notion de scrutin secret. Cela aurait comme effet, entre autres,
d'amener des décisions intérimaires ou interlocutoires du juge
qui pourrait faire cesser le processus de négociation, mettre fin
à la grève, empêcher un règlement, etc. Ce n'est pas
ça, l'objet de l'article 46.
Mme Lavoie-Roux: Mais, alors, dans 19, l'objet du vote de
grève si je comprends bien a quand même été de
protéger les syndiqués.
M. Johnson: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Et vous dites que c'est une chose si
aléatoire qu'elle pourrait être contestée six mois, un an
après, avec un jugement dans trois ans. Peut-être que je
caricature un peu, mais on se comprend. Je me demande vraiment, du point de vue
des syndiqués membres d'un syndicat, quel est l'élément de
protection supplémentaire qu'on leur ajoute.
M. Johnson: C'est la possibilité de sanction, non pas au
niveau d'une perturbation de tout le rapport collectif qui joue, de tout le
mécanisme de négociation et de tous ces événements
qui sont finalement la propriété des parties, mais c'est bel et
bien la possibilité, pour le syndicat, d'être soumis à une
sanction pénale. C'est ça, dans le fond.
Deuxièmement, c'est l'affirmation et je dois
répéter que 19a et suivants... On a eu un long débat avec
le député de Saint-Laurent là-dessus. Si je me souviens
bien ça a duré environ quatre heures et quart...
Une Voix: Huit heures.
M. Johnson: Huit heures? Pardon, ça a duré huit
heures. On a bien dit que le Code du travail crée des institutions
syndicales, non pas les centrales, mais qu'il crée l'unité
d'accréditation, le groupe qui représente l'unité
d'accréditation. Il lui confie non pas une personne juridique, mais il
la reconnaît comme une espèce d'entité et il découle
de cette reconnaissance, par le certificat d'accré- ditation, une
série de pouvoirs, une série d'obligations, également et
c'est ce qui est visé à 19a. Mais non pas pour perturber ce qui,
fondamentalement, est la liberté des parties entre elles et la
liberté d'une de ces parties qui est le syndicat, de la même
façon que la liberté de l'employeur.
Mme Lavoie-Roux: Sur les derniers...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, Mme le
député de L'Acadie, j'ai tenu compte du dialogue, mais vos 20
minutes, si on inclut les dialogues, sont largement dépassées et
si on les exclut, son atteintes.
Mme Lavoie-Roux: Me permettez-vous une remarque de 30
secondes?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je vais laisser à d'autres
le soin d'essayer de convaincre le ministre, mais la seule réflexion que
je voudrais faire en terminant c'est que je ne mets certainement pas en doute
les bonnes intentions du ministre de vouloir protéger les
syndiqués, mais je doute fort que, de la façon que vous l'avez
prévu dans les amendements au Code du travail, on atteigne cet objectif.
A mon point de vue je peux me tromper je demeure fortement
convaincue qu'on n'a vraiment ajouté aucune protection aux
syndiqués quant à leurs droits comme ouvriers.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Seulement quelques observations et
peut-être...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vous informe que vous avez au plus cinq
minutes.
M. Mackasey: D'accord. Je veux corriger quelques expressions que
j'ai employées. Je m'adresse à vous, M. le Président, pour
dire au député de Joliette-Montcalm qu'on parle toujours de la
dernière offre de l'employeur; ce n'est pas nécessairement
toujours le cas. C'est vraiment la convention signée par les
représentants des syndicats. Il y a une différence. C'est une
convention qui n'est peut-être pas nécessairement acceptable avec
beaucoup d'enthousiasme, par l'employeur. C'est un projet de convention
collective qu'on place devant les membres et non les dernières offres du
patron. Il y a une distinction. Souvent et c'est leur droit les
membres rejettent ce projet de convention, même si ce projet de
convention est recommandé par l'équipe de négociation. Je
me rappelle que c'est arrivé trois fois avec les débardeurs.
L'équipe a recommandé l'acceptation d'une convention
collective et dans chaque cas cela a été rejeté, une
tentative de convention collective. Voilà l'offre d'un gérant de
tout ce que désirent les
membres. Quand il y a deux votes, le député de
Montcalm...
Mme Lavoie-Roux: Joliette.
M. Mackasey: ...Joliette-Montcalm a absolument raison, Mme le
député, quand il dit qu'au départ des négociations,
traditionnellement on dit à notre équipe: Vous avez notre
confiance et les démonstrations de cette confiance, c'est que nous
sommes prêts à aller en grève. Vous avez le pouvoir de nous
mettre en grève si vous ne réussissez pas, mais, quand
même, traditionnellement, il revient à l'assemblée avec la
convention, des fois avec les recommandations et c'est rejeté... Tout ce
qu'on veut ici, quand les membres rejettent cette tentative de convention
collective, c'est que le vote soit limité à ce sujet et seulement
à ce sujet.
Si les membres veulent se prévaloir de leur droit d'aller en
grève immédiatement, dans dix jours ou dans 20 jours, s'il n'y a
pas de progrès, ce sera un autre vote secret, une demi-heure plus tard,
si vous voulez, mais comme le référendum, on veut une question
précise, claire et nette, qu'on prenne un vote pour ou contre la
tentative de convention collective qui n'est pas nécessairement l'offre
de l'employeur, mais il y a souvent beaucoup d'amélioration grâce
à l'intervention des représentants des syndicats.
Ce n'est pas compliqué. Je me demande même pourquoi vous
soulevez une objection, parce que cela protège... On parle trop de
protéger les membres, il faut protéger les syndicats aussi.
Souvent les officiers sont des modérés, ils sont obligés
d'être plus radicaux que les radicaux dans l'affaire. Ils
préfèrent quand on revient avec un document, une recommandation
en disant aux membres: Acceptez cela. Nous pensons que c'est une bonne entente.
C'est humiliant des fois quand quelqu'un se lève et dit: Vous n'avez pas
fait votre ouvrage comme il faut.
Alors, ce n'est pas toujours l'offre du bourgeois, du patron. C'est une
tentative de convention collective que les représentants des syndicats
pensent avoir assez de bon sens pour la soumettre aux membres pour l'adoption.
Mais les membres ont le droit de la rejeter. Le danger en rejetant l'offre,
c'est que quelqu'un pense qu'automatiquement c'est la grève, à
partir de demain, si vous voulez. C'est pour cela qu'il est nécessaire
d'avoir deux votes.
M. Chevrette: M. le Président, le ministre vient de dire
carrément que l'article 46 définit la légalité dans
laquelle se situera la grève, c'est-à-dire le délai
légal qui permettra aux syndiqués de dire: Je suis dans une
grève légale. En introduisant la mesure... Je vais vous donner un
exemple des deux formules que vous proposez. Prenons une usine. Il y a des
usines de 2500, 2800 travailleurs au Québec. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce sait cela. Admettons qu'il y ait un vote secret sur
les offres finales. S'il y a trois chiffres, cela prend une journée
complète, parce que le vote s'effectue, il y a le décompte...
L'employeur, le lendemain ma- tin prenons l'hypothèse
convoque le syndicat et ajoute $0.05 de l'heure. Les dernières offres,
ce ne sont plus celles sur lesquelles on vient de se prononcer et qu'on vient
de rejeter. Vous en avez une autre. C'est ce que le ministre a voulu dire
tantôt quand il a dit qu'on pouvait jouer aux fous avec les structures
syndicales. Deuxièmement...
M. Forget: ... à ce moment-là, si les offres sont
différentes. Ils vont en grève parce qu'ils ont
décidé d'aller en grève.
M. Chevrette: Non, je veux partir de l'exemple que le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous a donné pour
montrer combien il peut y avoir d'abus. Advenant que le syndicat je
continue avec le deuxième exemple à $0.05 de l'heure
additionnels, décide de ne pas aller au vote sur les offres finales du
lendemain du vote, mais plutôt de faire un vote de grève. Les
membres ne se sont donc pas prononcés sur les $0.05 additionnels de
l'heure et ils ont voté pour la grève.
Vous pourriez invoquer, si on adoptait cet amendement, le fait que la
grève est illégale, puisqu'on n'a pas fait voter les
salariés sur les dernières offres du patron. Cela pourrait
être un jeu de fous.
M. Mackasey: On va terminer, mais on doit faire la distinction
entre un mandat d'aller en grève et une grève à une date
fixe. Je pense que c'est ça, vraiment, que le député a
établi. Sérieusement, je suis complètement d'accord avec
le député de Joliette-Montcalm qui, quand il était
syndicaliste et qu'il négociait, s'il n'avait pas de mandat de ses
membres, en demandait un qui était un vote de confiance et qui disait:
Nous sommes prêts à aller en grève, si nécessaire,
pour dire au patron que nous sommes sérieux. C'est normal, c'est
logique.
Souvent, l'équipe de négociation est obligée de
revenir auprès de ses membres et de leur dire: On ne peut pas faire
bouger le patron pour une raison ou pour une autre. Alors, s'il vous
plaît, allez en grève. Les membres ont le choix d'y aller ou de ne
pas y aller. Mais quand l'équipe revient avec une recommandation...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous devez conclure parce que vos vingt minutes sont
écoulées.
M. Mackasey: En concluant, je veux dire que, peut-être, on
devrait préciser un peu plus cela. On ne demande pas un vote de
grève tous les jours. En terminant, si le dimanche l'offre est
rejetée et si les hommes décident d'aller en grève
immédiatement, le patron ne reviendra pas demain avec $0.05, parce
qu'avec qui va-t-il négocier, à qui va-t-il faire l'offre? C'est
trop tard, c'est fini, le vote est pris. C'est exactement notre point.
M. Johnson: Je demanderais, d'abord, si l'amendement du
député de Saint-Laurent est rejeté.
M. Jolivet: Rejeté.
M. Johnson: Rejeté. Vote enregistré?
Le Président (M. Marcoux): Vote enregistré?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. Bellemare (Johnson)?
M. Chevrette: II est remplacé par M. Russell de
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Marcoux): Remplacé par M. Russell
(Brome-Missisquoi).
M. Russell: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Bisaillon (Sainte-Marie)? M.
Brochu (Richmond)? M. Ciac-cia (Mont-Royal) remplacé par M. Blank
(Saint-Louis)? M. Chevrette (Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Couture (Saint-Henri)
remplacé par M. Godin (Mercier)? M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes)?
M. Forget: Vous notez son absence.
Le Président (M. Marcoux): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. Gosselin (Sherbrooke)
remplacé par M. Mercier (Berthier)? M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Lacoste (Sainte-Anne)?
M. Lacoste: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Mackasey: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Marois (Laporte)
remplacé par M. Vaillancourt (Jonquière)? M. Pagé
(Portneuf) remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Mackasey: L'ami des pauvres.
Le Président (M. Marcoux): M. Roy (Beauce-Sud)?
Contre: 4. Pour: 6. Rejeté sur division. Nous revenons...
M. Johnson: Article 35.
Le Président (M. Marcoux): ... au paragraphe 46 de
l'article 35.
M. Johnson: M. le Président, je vais demander si l'article
35 est adopté.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe 46 d'abord?
M. Forget: Non, parce que vous avez un autre...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe 46 est
adopté?
M. Johnson: II n'est pas adopté, mais est-ce que la
discussion est terminée sur le paragraphe 46?
M. Forget: Oui, la discussion est terminée, M. le
Président.
M. Chevrette: Non, il reste un amendement. M. Johnson:
Paragraphe 46a, M. le Président.
M. Russell: M. le Président, si je comprends bien, on a
voté sur l'amendement et il a été rejeté.
M. Johnson: C'est ça.
M. Russell: Maintenant, il faut adopter l'article 46.
M. Johnson: M. le Président, si vous me le permettez, on a
déjà eu ce débat à quatre reprises. En fait, il
s'agit de voter sur les articles du projet de loi 45. Or, l'article dont il est
question, c'est l'article 35. Ce n'est que pour fins de discussion et de
simplification du débat que nous envisageons chacun des paragraphes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Johnson: Paragraphe 46a?
Le Président (M. Marcoux): ... d'autres amendements
à l'article 35?
M. Johnson: On est rendu, pour fins de discussion, au paragraphe
46a, M. le Président? Je vais le relire, pour les fins du journal des
Débats, pour être bien assuré que les dernières
modifications y sont incluses: "La partie qui déclare une grève
ou un "lock-out" doit en informer, par écrit, le ministre, dans les 48
heures qui suivent la déclaration de la grève ou du "lock-out",
suivant le cas, et indiquer le nombre de salariés compris dans
l'unité de négociation concernée."
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la proposition
visant à ajouter le paragraphe...
M. Chevrette: C'est accepté.
M. Johnson: M. le Président, ce que je veux demander,
c'est s'il y a une discussion sur 46a?
M. Forget: Non, M. le Président.
M. Johnson: Donc, M. le Président, je demanderai si
l'article 35 du projet de loi 45 sera adopté et j'aimerais, M. le
Président, si vous le permettez, en faire la lecture d'un bout à
l'autre. Cela m'appa-raît important, étant donné qu'il y a
eu quelques modifications en cours de route.
Donc, l'article 35 du projet de loi 45 se lirait comme suit: "Les
articles 41 à 46 dudit code sont remplacés par les suivants: "41.
La phase des négociations commence à compter du moment où
l'avis a été donné suivant l'article 40 ou est
réputé avoir été donné suivant l'article
40b. Les négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence
et bonne foi. "42. A toute phase des négociations, l'une ou l'autre des
parties peut demander au ministre de désigner un conciliateur pour les
aider à effectuer une entente. Avis de cette demande doit être
donné le même jour à l'autre partie. Sur réception
de cette demande, le ministre peut désigner un conciliateur.
Le Président (M. Marcoux): Doit désigner.
M. Johnson: Doit désigner un conciliateur. " 43. A toute
phase des négociations, le ministre peut, d'office, désigner un
conciliateur; il doit alors informer les parties de cette nomination. "44. Les
parties sont tenues d'assister à toute réunion où le
conciliateur les convoque. "45. Le conciliateur fait rapport au ministre
à la demande de ce dernier. "46. Le droit à la grève ou au
lock-out est acquis 90 jours après la réception, par le ministre,
de la copie de l'avis qui lui a été transmise, suivant l'article
40a, ou qu'il est réputé avoir reçue, sui- vant l'article
40b, à moins qu'une convention collective ne soit intervenue entre les
parties ou à moins que celles-ci ne décident, d'un commun accord,
de soumettre leur différend à un conseil d'arbitrage. "46a. La
partie qui déclare une grève ou un lock-out doit informer par
écrit le ministre dans les 48 heures qui suivent la déclaration
de la grève ou du lock-out, suivant le cas, et indiquer le nombre de
salariés compris dans l'unité de négociation
concernée."
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 35 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une dernière question, si vous
le permettez. Je ne me suis pas aperçue que l'article 46a avait
été adopté, pas parce que je parlais, mais cela a dû
se faire très vite, c'est seulement une question d'information. Est-ce
que le ministre pourrait me dire quelle est la pénalité qui est
prévue dans le cas où la partie qui déclare une
grève ou un "lock-out" ne vous informe pas à temps?
M. Johnson: Ce sont les sanctions générales
prévues au chapitre 8 du Code du travail. Cependant, M. le
Président, je m'excuse, nos légistes nous soulignent qu'il
faudrait dire et cela serait plus correct en français la
partie qui déclare une grève ou un lock-out doit en informer par
écrit le ministre, et non pas doit informer, doit en informer par
écrit le ministre dans les 48 heures.
Je présume que le secrétaire des commissions en a pris
note.
L'article 35, M. le Président, est-il adopté?
M. Forget: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Adopté sur division.
L'article 35 tel qu'amendé est adopté sur division. Article
36.
M. Mackasey: M. le ministre, l'article 47, c'est seulement pour
se conformer aux changements aux articles 40 et 41...
M. Johnson: Je m'excuse?
M. Mackasey: L'article 47, c'est de la concordance avec les
articles 40 et 41. Le but de votre changement, de votre amendement, est-ce
parce que vous avez changé la procédure?
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey: D'accord.
M. Johnson: M. le Président, l'article 36 du projet de
loi, on distribue en ce moment une formulation où il y a, d'une part,
des précisions de forme, etc. et le dernier alinéa qui est
ajouté. Je le lis: L'article 36 du projet de loi 45 se lit donc comme
suit: "L'article 47 dudit code, modifié par
l'article 28 du chapitre 47 des lois de 1969, est remplacé par le
suivant: "47. A compter du dépôt d'une requête en
accréditation et tant que le droit au lock-out n'est pas acquis ou
qu'une sentence arbitrale n'est pas intervenue, un employeur ne doit pas
modifier les conditions de travail de ses salariés, sans le consentement
écrit de chaque association requérante et, le cas
échéant, de l'association accréditée. Il en est de
même à compter de l'expiration de la convention collective et tant
que le droit au lock-out n'est pas acquis ou qu'une sentence arbitrale n'est
pas intervenue.
Les parties peuvent prévoir, dans une convention collective, que
les conditions de travail contenues dans cette dernière vont continuer
de s'appliquer jusqu'à la signature d'une nouvelle convention.
M. Forget: M. le Président, je suis sûr que la plus
récente version de l'article 47 va satisfaire aux inquiétudes, au
moins en partie, qu'a soulevées le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Je crois que, dans sa persistance à soulever un problème
juridique, il a mis le doigt sur une possibilité d'un vide juridique
qui, dans le fond, lorsqu'on le comble, permet de donner une base légale
à la notion de droits acquis.
Quand on sait l'importance, dans la réalité des
négociations, que les syndicats attachent à la notion de droits
acquis, il est heureux qu'enfin le Code du travail, pour la première
fois, avec cet amendement, lui donne une base juridique.
C'est une réalité de la négociation de conventions
collectives, parce que, du côté patronal, on sait très bien
que lorsque l'on veut récupérer un avantage qui a
été donné dans le passé que les circonstances ne
justifient plus, soit que les conditions ont évolué, que la
situation économique de l'entreprise a évolué, il faut
négocier, dans le fond, pour obtenir le retrait de ce droit acquis et il
faut offrir, en contrepartie, quelque chose d'autre. Mais, sur un plan
strictement légal, le fait que la convention tombe à un moment
donné et que rien ne permet d'assurer sa reconduction, en quelque sorte,
ce n'était pas en accord avec la réalité des
négociations.
Je me réjouis de l'acceptation par le ministre de l'argumentation
de notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce. Je ne sais pas s'il aura
des commentaires, je ne sais pas si cela répond en totalité aux
préoccupations qu'il a exprimées, mais je pense qu'il y a quelque
chose là-dedans qui fait écho très nettement à des
inquiétudes qu'il avait exprimées relativement à cette
période de vide, ce iatus juridique sur lequel il avait attiré
l'attention des membres de la commission.
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, on est
prêt à adopter l'article 36?
M. Russell: ...
M. Mackasey: II va continuer.
M. Johnson: M. le Président, si vous me permettez une
seconde...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Johnson: ... je voudrais dire que les propos du
député de Notre-Dame-de-Grâce ne sont pas effectivement
parfaitement étrangers à cette précision qu'on apporte au
texte.
Cependant, je voudrais me référer à la source de
base de cela. L'inquiétude du député de
Notre-Dame-de-Grâce découlait peut-être d'une certaine
confusion qui s'était installée entre nous dans l'analyse et
l'interprétation de certains articles. Le nouvel article 47 du Code du
travail supprimera: S'il est alors lié par une convention collective, de
continuer à s'y conformer. Etant donné que la Cour d'appel a
déjà décidé qu'une telle entente était
légale, certaines personnes craignent que la suppression de ces
dernières lignes de l'article 47 soient interprétée de
manière à ne plus permettre une telle entente.
L'amendement proposé permet donc, au dernier paragraphe,
d'être très clair à ce sujet. M. le Président,
est-ce que l'article...
M. Mackasey: M. le ministre, une petite observation.
M. Johnson: Oui.
M. Mackasey: Je reviens encore comme un maudit Irlandais vous
souligner ici que les conventions collectives déjà en existence,
même si c'était pour deux ans, sont des fois prolongées
parfois de six à huit mois pendant les nouvelles négociations.
Nouveaux ou nouvelles?
Mme Lavoie-Roux: Nouvelles.
M. Mackasey: Nouvelles, d'accord.
M. Johnson: Amours, délices et orgues.
M. Mackasey: Quand la nouvelle convention collective est
signée, la date, "the legal date", pour appliquer l'ancienne convention
est prolongée. Cela peut arriver que, si cela prend huit mois à
négocier une nouvelle convention collective qui existera, selon les
règlements, seulement pour un an, vous serez obligés de
recommencer les négociations quatre mois plus tard, moins 90 jours.
C'est le danger des 90 jours dans une convention. C'est seulement une
observation, on est mieux de le laisser là.
M. Chevrette: C'est très théorique, parce que sur
le plan pratique, vous savez fort bien que les syndicats ne sont pas
intéressés à négocier quatre mois.
M. Mackasey: J'ai signé 14 conventions dans un an.
Souvent, c'est la seule manière de régler le conflit, parce que
tout le monde dit: Dans deux ou
trois mois, nous aurons l'occasion de recommencer. Des fois, il y a des
miracles dans ces trois mois. Le patron est mort ou peut-être que le chef
du syndicat est renvoyé...
M. Johnson: M. le Président, est-ce que l'article...
M. Mackasey: ... le ministre du Travail est obligé de se
départir de son siège au cabinet. Cela arrive. Il se fait
remplacer par un poète.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela...
Mme Lavoie-Roux: Remplacé par qui?
M. Mackasey: ...
M. Jolivet: Avec une lavette.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que l'article 36 est
adopté?
M. Mackasey: I am just talking hypotheti-cally...
Le Président (M. Marcoux): Si je comprends bien, l'article
36 est adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Johnson: Adopté tel que j'en ai fait lecture tout
à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): Article 37?
M. Johnson: L'article 37 a pour but d'introduire un article 49a,
suivant l'article 49 du Code du travail.
Le Président (M. Marcoux): Pour les fins du journal des
Débats, un instant, je dois préciser que l'article 36 est
adopté tel qu'amendé.
M. Johnson: Je regrette, M. le Président, et je me
permettrai de bien préciser, pour les fins du secrétariat des
commissions, que depuis le début de cette commission, on
considère que le texte de l'article 45, c'est le texte final
déposé sur cette table. Le texte que j'ai déposé
tout à l'heure n'était pas un amendement au projet de loi 45. Il
était le texte du projet de loi 45, modifiant l'article 47 du Code du
travail. Donc, il s'agit de dire que l'article 36 a été
adopté tel que lu tout à l'heure, et non pas tel qu'amendé
tout à l'heure.
M. Forget: Je n'ai pas d'objection. C'est une règle de
pratique que nous nous sommes donnée au début de nos travaux. Il
n'y a pas d'objection à cela, mais le ton du ministre laisse croire
qu'il en fait un problème...
M. Johnson: II faut avoir une loi. Le député de
Saint-Laurent sait fort bien qu'une fois que la troisième lecture est
adoptée, s'il y a eu une erreur de copiste, il est impossible de la
corriger autrement qu'en déposant un nouveau projet de loi. Je
préfère...
M. Forget: Cela m'est déjà arrivé et je sais
que...
M. Johnson: Je sais que c'est déjà arrivé,
effectivement, au député de Saint-Laurent à une certaine
époque.
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà la loi 101 qui a ce
problème. On ne va pas en ajouter une deuxième.
M. Johnson: II y a des choses qui vont bien sans les dire, mais
qui vont encore mieux en les disant, et même en les
répétant. L'article 37 introduit l'article 49a au code, suivant
l'article 49, évidemment.
M. Forget: M. le Président, on me signale un fait et je
crois que c'est vrai. Je pense que pour les travaux de la commission, nous
avons accepté de considérer, qu'il me permette l'expression, les
amendements ou les révisions comme et faisant partie du texte principal.
Je pense que pour les fins du rapport qui sera fait à l'Assemblée
nationale, la même règle ne peut pas jouer, parce que
l'Assemblée nationale a été saisie d'un texte. Quand un
autre texte lui parvient, il ne peut être modifié qu'en vertu
d'amendements.
Le Président (M. Marcoux): La conclusion, cela va
être adopté tel qu'amendé. Article 37?
M. Johnson: Adopté tel qu'amendé pour les fins du
procès-verbal du secrétaire des commissions.
Le Président (M. Marcoux): Article 37...
M. Johnson: Quant au contenu, on s'entend très bien.
Le Président (M. Marcoux): Cela va. Le texte que j'ai
signé...
Exploitation forestière
M. Johnson: Article 49a. "Dans le cas d'une exploitation
forestière, une association accréditée est subrogée
de plein droit dans tous les droits et obligations résultant d'une
convention collective en vigueur conclue par une autre association, y compris
le précompte des cotisations syndicales. Cependant, elle ne peut mettre
fin à cette convention collective ou la déclarer non avenue". En
fait, ceci fait suite à une recommandation unanime du comité sur
l'accès en forêt formé par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre. Il précise, en fait, que la subrogation
vaut pour le précompte des cotisations syndicales, afin de tenir compte,
évidemment, de la nouvelle période de maraudage qui pourrait
être fixée en vertu du pa-
ragraphe c) de l'article 21, comme on l'a vu plus tôt. Par
exemple, le maraudage pourrait avoir lieu en octobre, l'accréditation
être donnée en novembre ou en décembre, alors que la
convention expirerait au mois de mai suivant. Le nouveau syndicat qui serait
accrédité pourrait retirer les cotisations à compter de la
date de son accréditation.
M. Forget: M. le Président, s'il fallait présenter
un amendement à cet article, on ne serait pas sorti du bois. Par
conséquent...
Le Président (M. Marcoux): Vous ne voulez pas y
entrer.
M. Forget: ... on n'y entrera pas, tout simplement.
M. Johnson: Même certains diraient que c'est se faire
passer un sapin.
M. Russell: Si je comprends bien l'interprétation du
ministre, on peut payer deux cotisations.
M. Johnson: Non. Elle est subrogée dans les droits.
M. Russell: Mais pourquoi est-ce différent pour les
exploitations forestières?
M. Johnson: Parce que les exploitations forestières ont
toujours fait l'objet de dispositions particulières dans le code.
Pourquoi? Parce que c'est du travail saisonnier, avec une main-d'oeuvre
extrêmement mobile, et à des périodes fixes de
l'année. On peut assister à la présence, par exemple,
d'une centaine de personnes et soudainement, on peut en avoir 1200 sur un
chantier.
M. Chevrette: Vous avez une scierie à Saint
Michel-des-Saints.
M. Russell: Ce n'est pas saisonnier; cela scie à
l'année.
M. Chevrette: Vous êtes chanceux, vous.
M. Forget: Le député de Joliette-Montcalm
connaît beaucoup de choses.
Le Président (M. Marcoux): Article 37, adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 37 est adopte; nous
sommes rendus à 38. Adopté?
Sauvegarde de l'emploi d'un salarié
M. Johnson: M. le Président, encore une fois, c'est
simplement une modification de la présentation. Je pense que le
député de Saint-Laurent en sera très heureux puisqu'il est
parfois spécifique, pour ne pas dire spécieux dans certains cas,
sur les dispositions et sur l'allure même presque physique du code. Donc,
l'article 38 du projet de loi doit se lire maintenant comme suit: "L'article 50
dudit code est modifié par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: Un employeur ne peut être tenu, en vertu
d'une disposition de la convention collective, de renvoyer un salarié
pour la seule raison que l'association accréditée a refusé
ou différé d'admettre ce salarié comme membre ou l'a
suspendu ou exclu de ses rangs, sauf dans les cas suivants: a) le
salarié a été embauché à l'encontre d'une
disposition de la convention collective; b) le salarié a
participé à l'instigation ou avec l'aide directe ou indirecte de
son employeur ou d'une personne agissant pour ce dernier à une
activité contre l'association accréditée ou pour le compte
d'une association rivale."
M. le Président, si vous me permettez une brève
présentation de cet article, d'abord, je dois dire qu'il a fait l'objet
au départ, dès le dépôt du projet de loi 45, d'une
malheureuse interprétation, entre autres, par le président du
Montreal Board of Trade qui a dû s'en excuser quelques jours
après. Mais, malheureusement, le document qu'il avait fait circuler
initialement contenait cette erreur d'interprétation où on
affirmait, en fait, que, par l'article 38 du projet de loi 45, on consacrait le
"closed shop" alors qu'évidemment l'objet, c'est exactement le
contraire.
En d'autres termes, qu'est-ce que cela dit ici? On dit que,
dorénavant, les parties ne peuvent, dans une convention collective,
décider qu'un individu doit être mis à pied par l'employeur
s'il ne fait plus partie du syndicat. C'est le vrai "closed shop" ou l'atelier
fermé parfait, c'est-à-dire que l'individu, d'abord, ne peut pas
se procurer son emploi en pratique à cet endroit sans devenir membre du
syndicat. Mais, dans un deuxième temps c'est cela qui est
fondamentalement odieux dans la clause du "closed shop" ce même
individu, s'il perd sa carte de membre du syndicat en cours de route, perd
automatiquement son emploi en vertu de certaines clauses de conventions
collectives qu'on retrouve, entre autres, dans certains secteurs industriels,
dont le vêtement en particulier, dans les petits ateliers. Evidemment,
c'est odieux et, dans le contexte du précompte syndical, je pense qu'il
faut ajouter ce pendant évident d'interdire aux parties
contractuellement de littéralement s'en prendre au droit au travail de
l'individu une fois qu'il a occupé un poste. C'est donc l'objet de
l'article 38, M. le Président, et je demanderai s'il est
adopté.
M. Forget: Non, M. le Président. Bien sûr, je dois,
en tout premier lieu, féliciter le ministre d'avoir pris l'initiative
d'intervenir dans des dispositions qui se retrouvent malheureusement dans des
conventions collectives, qui ont un effet malthusianiste ou restrictif et qui
sont fondamentalement contraires à l'ordre public.
C'est une illustration parmi, sans aucun doute, un petit nombre
d'illustrations qu'on pourrait donner que, même si de façon
générale la conven-
tion collective doit être la loi entre les parties, on doit, dans
toute la mesure du possible, laisser les parties régler entre elles
leurs problèmes. Il peut arriver des circonstances où chaque
partie, guidée par son intérêt particulier, par sa
perception de la réalité, par ses priorités, est
disposée à consentir à des clauses, à des
dispositions, à des conditions qui sont essentiellement contraires
à l'ordre public. Il n'y a pas beaucoup de ces circonstances, mais il
n'est pas du tout exclu que, tout à coup, il y ait une conjonction
d'intérêts privés, du côté patronal comme du
côté des salariés, qui produise un effet qui, pris
globalement, sur le plan de la société, est irrecevable,
inacceptable.
C'est finalement, cette année, par une initiative louable du
ministre du Travail, que l'on élimine une partie, mais c'est
là le problème que nous allons soulever une partie
seulement du problème de malthusianisme, de restrictions inacceptables
que l'on retrouve dans les dispositions d'atelier fermé. En effet, le
ministre a choisi de restreindre l'interdiction d'atelier fermé à
ces aspects qui entraînent, nécessairement, le congédiement
d'un salarié parce qu'il cesse de faire partie d'une association de
salariés, parce qu'il en est expulsé, qu'il démissionne
volontairement ou quoi que ce soit.
Mais il y une autre cause pour laquelle il peut être privé
de l'exercice de son droit au travail, selon l'expression qu'a employée
le ministre à plusieurs occasions, c'est que la convention collective
elle-même en vigueur dans une entreprise peut faire de l'appartenance
préalable à une association de salariés une condition
d'embauche.
De la même façon que le ministre s'indigne du premier
aspect de l'atelier fermé, celui qui entraîne le
congédiement par la perte de qualité de membre d'une association
de salariés, de la même façon pouvons-nous nous indigner,
avec les mêmes effets dans la loi c'est du moins ce qu'on
espérait du second aspect, c'est-à-dire de
l'impossibilité de se faire embaucher parce qu'on n'a pas cette
qualité au départ. C'est une situation qui est le
parallèle exact. Maintenant, sans vouloir pourchasser le ministre et lui
faire un procès d'intention, on peut se demander si, dans le contexte du
précompte syndical obligatoire et généralisé qui
est imposé par l'article 28, il est vraiment très courageux,
à ce moment-ci, d'exclure l'atelier fermé imparfait. A mon avis,
même si c'est une chose que nous applaudissons et dont nous le
félicitons, il reste que, si nous regardons les choses de façon
réaliste, vu qu'on place des gens dans la situation de devoir faire
partie d'un syndicat au moment de leur embauche et tenant compte du fait que,
une fois embauchés, ils seront tenus, de toute manière, de payer
la cotisation syndicale, la notion de liberté d'association, la notion
de liberté dans l'exercice du droit d'association, y compris le droit de
ne pas adhérer ou le droit d'être un dissident, est, bien
sûr, un droit plutôt théorique. Le syndiqué pourra se
dire, en étant expulsé ou en choisissant lui-même de ne pas
être membre, que, dans le fond, sa situation ne sera en rien
différente, matériellement parlant, de ce qu'elle serait s'il
était membre et toutes les pressions vont dans un seul sens,
c'est-à-dire d'établir une syndicalisation et de la maintenir,
par la force de la loi dans le fond, dans presque toutes les circonstances.
C'est une attitude... Comment dire? Je ne veux pas utiliser un mot qui
serait trop fort, qui déplaîrait au ministre parce que je n'ai pas
l'intention ou le désir de le provoquer d'aucune façon. C'est une
façon, disons timide c'est un mot qui n'est pas trop provocant
d'aborder un problème de principe.
Pour nous, la question de liberté d'association est un principe
fondamental. Autant son exercice doit être favorisé pour ceux qui
choisissent de l'exercer, autant ceux qui choisissent de ne pas l'exercer ou de
ne pas l'exercer dans telle ou telle circonstance particulière doivent
avoir la pleine protection de la loi, doivent pouvoir occuper un emploi,
être embauchés, être promus, enfin bénéficier
de tous leurs droits comme citoyens, comme travailleurs, doivent être
protégés par la loi indépendamment de la décision
qu'ils prennent et qu'ils sont les seuls à pouvoir prendre et à
devoir prendre dans un contexte de liberté entière. C'est la
raison pour laquelle, au moment de notre discussion sur la cotisation
syndicale, même avant cela, nous l'avons fait valoir dans un autre
chapitre, antérieurement à cela. Nous l'avons fait valoir au
chapitre de la cotisation syndicale et au chapitre également du "duty of
fair representation", lorsque nous avons allégué justement les
problèmes de promotion et la nécessité d'entrevoir des
dispositifs qui permettraient d'éviter la discrimination lors de
promotions pour un non-membre d'une association de salariées.
Donc, on se rend compte que dans tous les choix qui sont possibles, soit
l'embauchage, les promotions, les congédiements, le ministre retient un
seul élément qui est le congédiement. Dans les autres cas,
les restrictions et les contraintes parce que c'en sont, il ne faut pas
avoir peur des mots, ce sont des contraintes que la loi désormais impose
et sanctionne existent et on ne peut pas parler de véritable
liberté, de protection d'un droit à la dissidence et d'un
exercice libre du privilège d'association.
Considérant cela, noussommes donc conduits à proposer un
amendement parce qu'il est essentiel que la question soit clairement
posée et tranchée à savoir que le ministre soit
appelé à se prononcer sur cette extension naturelle du droit au
travail, et l'amendement que nous proposons vise justement à
éliminer ce premier paragraphe: a) Le salarié a été
embauché à l'encontre d'une disposition de la convention
collective. La disposition en question, c'est évidemment une disposition
qui dit: Pour être embauché, il faut d'abord avoir sa carte de
membre de l'association de salariés, et il est clair que c'est une
disposition que l'on permet de conserver et c'est celle que nous aimerions voir
éliminée. L'amendement en conséquence qui devrait
être fait se lirait à peu près comme suit. Je dis à
peu près, c'est que le texte qu'on vient de nous remettre finalement
devrait nous amener à modifier un peu le libellé.
Le Président (M. Marcoux): Je préférerais
que vous preniez 30 secondes pour le modifier, parce que c'est plus difficile
après.
M. Johnson: On pourrait suspendre, M. le Président,
même pour trois minutes.
M. Forget: D'accord, je vais faire cela, parce que...
Le Président (M. Marcoux): D'accord. On suspend pour trois
minutes, cela va nous délier un peu les jambes.
(Suspension de la séance à 22 h 39)
Reprise de la séance à 22 h 40
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, madame et messieurs!
Nous continuons nos délibérations. La parole était au
député de Saint-Laurent qui s'apprêtait à proposer
un amendement.
M. Forget: M. le Président, avant de faire la lecture de
l'amendement, je ne sais pas si c'est un point de règlement, mais,
étant donné que nous avons le plaisir d'avoir avec nous le
premier ministre et qu'il est membre, d'office, de toutes les commissions
parlementaires, je ferais motion pour qu'il se joigne à nos
débats. Cela nous ferait plaisir de l'avoir ici. Etant donné,
d'autant plus, qu'il sera le seul à pouvoir, au nom du gouvernement,
expliquer les dernières versions du projet de loi 45 lors de la
réunion de son parti demain, le ministre étant retenu avec nous,
il sera sans doute utile pour lui de s'impliquer très directement dans
nos débats.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais vous poser une
question: En vertu de quel article le premier ministre est-il membre d'office
de toutes les commissions?
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, oui, oui. M. Johnson: II est
membre. M. Forget: C'est une tradition établie... M. Johnson:
C'est au moins la tradition.
M. Forget: ... pour les chefs des partis reconnus.
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'appuie la motion du
député.
Le Président (M. Marcoux): C'est une tradition
écrite ou...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'appuie la motion du
député de Saint-Laurent.
M. Russell: Le premier ministre est membre de toutes les
commissions.
M. Forget: C'est une tradition.
Le Président (M. Marcoux): Alors, le premier ministre a
entendu votre invitation; s'il désire rester...
M. Forget: C'est ça, il est le bienvenu pour participer,
selon la tradition, à nos débats.
M. Laplante: On vous invite à venir autour de la table, M.
le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'espère qu'on ne
dérange pas ici.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on l'invite à s'asseoir du
côté de l'Opposition?
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que vous me le permettez, M.
le Président?
Le Président (M. Marcoux): Ah oui, à l'invitation
du député de Saint-Laurent.
M. Johnson: M. le Président, nous allons entendre, je
suppose, la motion d'amendement du député de Saint-Laurent.
M. Forget: Oui, immédiatement, M. le Président,
étant donné que la bienséance commandait qu'on attende que
le premier ministre prenne place. Il me fait plaisir de l'accueillir ici.
M. Lévesque (Taillon): Cela va m'aider pour demain,
peut-être.
M. Forget: Vous allez représenter le ministre du
Travail.
M. Johnson: II y aurait une façon beaucoup plus simple; si
l'Opposition acceptait, avec la bonne volonté qu'on lui connaît
à l'occasion, de procéder à l'adoption, article par
article, jusqu'à l'article 70 d'ici minuit, le ministre du Travail
pourrait être présent demain au Conseil national du parti.
M. Forget: Oui, ce serait sans doute possible...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez le regretter aussi.
M. Forget: ... mais, comme on a pu bénéficier des
amendements multiples et même à l'initiative du ministre pendant
nos débats, on ne voudrait pas le priver de l'opportunité d'une
réflexion continue sur le projet pendant les prochaines heures et les
prochains jours. Je fais tout de suite, pressentant votre invitation, M. le
Président, la lecture de ce projet d'amendement. Motion d'amendement
à l'article 38: "Que l'article 38 soit modifié en
remplaçant tous les mots après le mot "rangs ", de la
cinquième ligne, par les mots "toute disposi-
tion d'une convention collective qui a pour effet de refuser un emploi
ou une promotion à une personne sous prétexte qu'elle n'est pas
membre de l'association accréditée est réputée non
écrite ", L'article amendé se lirait comme suit: "Un employeur ne
peut être tenu, en vertu d'une disposition de la convention collective,
de renvoyer un salarié pour la seule raison que l'association
accréditée a refusé ou différé d'admettre ce
salarié comme membre ou l'a suspendu ou exclu de ses rangs. "Toute
disposition d'une convention collective qui a pour effet de refuser un emploi
ou une promotion à une personne sous prétexte qu'elle n'est pas
membre de l'association accréditée est réputée non
écrite".
M. le Président, je pense que le sens de ce projet d'amendement
est assez évident. Il s'inscrit carrément dans la ligne de
pensée du ministre qui est d'interdire des dispositions qui sont
contraires à l'ordre public. Mais, au lieu de se limiter, comme l'a fait
le ministre, aux congédiements qui font suite à des expulsions ou
à des démissions d'une association de salariés, il vise
toute mesure qui chercherait, par la convention collective, à
restreindre le droit d'être embauché, si on n'est pas membre d'une
association de salariés ou qui restreindrait les possibilités de
promotion sous prétexte que le candidat à une promotion n'est pas
syndiqué.
C'est une mesure qui, jointe au précompte syndical, permet de
marier à la fois la responsabilité de tous les salariés
pour défrayer leur part des dépenses assumées pour la
défense de leur droit collectif, tout en exerçant dans la plus
complète liberté leur droit d'association, y compris le droit de
ne pas adhérer temporairement ou définitivement à une
association de salariés. Il me semble qu'il y a là un principe
d'ordre public.
Le ministre s'est arrêté à mi-chemin; on voudrait
l'encourager à aller jusqu'au bout d'une notion qui est simplement une
notion de liberté, droit fondamental à la dissidence de tout
salarié d'adhérer ou de ne pas adhérer à un
syndicat, compte tenu du fait que le précompte syndical obligatoire peut
justement donner à cette notion de liberté une signification qui
n'est pas vicieuse, si l'on veut, puisqu'il ne correspond pas à une
dérobade des obligations normales, de l'obligation morale normale qu'a
un syndiqué, ou même un non-syndiqué, de contribuer
à des activités dont il bénéficie, de toute
manière, comme salarié, puisque les conditions de travail sont
les mêmes, qu'on soit syndiqué ou non.
Le précompte a créé un nouveau contexte qui permet
d'affirmer l'exercice complet d'une liberté d'association avec
l'élimination de toutes les contraintes que le ministre lui-même a
jugé désolantes. Il a blâmé, et je souscris, avec
lui, à ce blâme, les associations de salariés et les
patrons qui, dans le passé, ont accepté des clauses malthusiennes
et des clauses restrectives quant à l'emploi, quant au
congédiement, basé sur l'appartenance à un syndicat, le
"closed shop", l'atelier syndical parfait.
A mon sens, il a tout à fait raison de mettre cela dans le projet
de loi. Il a tout à fait raison de dire: II y a là un
intérêt public qui est supérieur aux intérêts
privés, qui ont eu la faiblesse de concéder des choses comme
celle-là.
M. Chevrette: Sur la recevabilité, je serai prudent, mais
je vais poser une question au proposeur avant de me déclarer.
L'amendement, tel que proposé par le ministre du Travail, n'a pas
pour effet d'éliminer la possibilité d'avoir des ateliers
fermés à l'intérieur de la convention collective. Il a
pour effet, cependant, de conserver le droit au travail, indépendamment
du fait qu'un gars soit, ou non, membre du syndicat.
La proposition du député de Saint-Laurent, élimine,
à toutes fins pratiques, et déclare nulle et non avenue, toute
clause de sécurité syndicale à l'intérieur d'une
convention collective.
Si j'interprète bien la clause du député de
Saint-Laurent, cela élimine complètement le principe même
de la proposition du ministre, et elle devrait être
déclarée irrecevable.
M. Forget: Sur la recevabilité, M. le Président,
c'est une question de technique de rédaction sur laquelle se base le
député de Joliette-Montcalm. Il est évident que quand on
essaie de rendre nul un aspect seulement d'une clause d'une convention
collective, on ne peut pas dire qu'on réfute cette clause non
écrite.
Mais si l'effet de l'amendement est d'ajouter un ou deux autres cas qui,
à ce moment-là, lui enlèvent tout son effet, c'est
l'équivalent de dire qu'elle est non écrite. C'est dans le
prolongement de l'idée à l'effet qu'il est interdit, pour les
parties à une convention collective c'est l'article 38 tel que
proposé par le ministre il aurait pu le rédiger sous cette
forme et cela lui aurait donné le même effet... Il est interdit
aux parties d'une convention collective de convenir entre elles que le renvoi
ou, comme c'est dit, l'expulsion d'un syndiqué, doit amener à
l'expulsion du salarié de l'entreprise. C'est interdit de le faire.
Il ne l'a pas dit comme cela, il a dit: S'ils en conviennent, cela
n'aura pas d'effet. Si on ajoute les autres causes possibles, les autres
implications possibles de l'atelier fermé, de l'atelier syndical
parfait, c'est-à-dire l'embauche et la promotion, évidemment, on
peut dire: II est interdit d'en convenir. Ou alors, on dit: Si les parties en
conviennent malgré tout et il faut prévoir le fait qu'il y
a des conventions collectives qui sont en vigueur au moment où la loi
prend effet et qu'on ne peut pas, rétroactivement, interdire aux parties
d'avoir convenu cela, parce que ce serait donner un effet rétroactif
à la loi on ne peut pas le formuler vraiment sous forme
d'interdiction d'en convenir. Soit qu'on enlève l'effet, soit qu'on
dise: La clause est non écrite.
On pourrait même dire, tout à fait dans l'esprit du
ministre, que pour autant que cela a pour effet de forcer le renvoi d'un
employé, l'expulsion d'un syndicat, la clause pour autant et dans cette
mesure, est réputée non écrite.
Cela se retrouve dans des lois. Il n'y a rien là qui affecte,
à mon avis, la recevabilité. C'est un style de rédaction,
mais ce n'est pas contraire au principe. Au contraire, c'est dans la
lignée, dans le prolongement, dans la foulée du principe qu'a
posé le ministre, mais il s'est arrêté à mi-chemin.
On dit: Allons plus loin. Aller plus loin, ce n'est certainement pas contredire
un principe, aller jusqu'à éliminer l'engagement, l'embauche,
comme occasion d'application de clauses restrictives, ce n'est pas contredire
le principe. C'est le même principe, mais prolongé jusqu'au
bout.
M. Jolivet: Sur la recevabilité, M. le Président.
En tenant compte de la façon dont l'amendement est écrit,
concernant la proposition du ministre à l'article 38, quand on regarde,
la partie qui parle d'une disposition de la convention collective qui a pour
effet de refuser un emploi ou une promotion à une personne qui n'est pas
membre de l'association accréditée, on exclut, par le fait
même, l'autre partie que le ministre a voulu insérer dans son
texte qui est que si la personne a été embauchée à
l'encontre d'une disposition de la convention collective... Donc, en voulant
inclure la question de la promotion et du refus d'un emploi, par rapport
à la partie de l'embauche d'une personne, on vient contredire la
proposition du ministre et, à cet effet, je considère la motion
comme étant irrecevable.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais un
élément additionnel. Supposons qu'il y ait une obligation
d'appartenir au syndicat en entrant, cela ne dispose pas du droit au travail
par la suite si le gars est congédié ou non, mais c'est une
clause de sécurité pour assurer la représentativité
du syndicat, par exemple. C'est 50% plus 1.
Allez dans une industrie comment dit-on, en anglais c'est...
où il y a un roulement de main-d'oeuvre épouvantable. On
peut se ramasser avec une contestation continuelle de la
représentativité. En tout cas, je m'interroge plus que
sérieusement sur la recevabilité.
Le Président (M. Marcoux): Je demanderais au
député de Joliette-Montcalm s'il parle sur la recevabilité
ou sur le fond?
M. Chevrette: C'est toujours sur la recevabilité parce que
c'est un argument qui vous prouve que ça va à l'encontre
même de l'esprit de l'article.
M. Johnson: M. le Président: si vous me le permettez sur
la recevabilité également, je trouve que cela vaudrait
peut-être la peine de remarquer qu'on peut se parler un petit bout de
temps du problème des clauses de sécurité syndicale.
Cependant, sur la recevabilité, pour des fins d'ensemble du
projet de loi 45, je pense que le député de Saint-Laurent
comprendra que je conteste son amendement. En effet, si vous regardez la
proposition que je fais au niveau de l'article 45, on dit bel et bien qu'un
employeur ne peut être tenu, en vertu d'une disposition de la convention
collective, de renvoyer quelqu'un, sauf si le salarié a
été embauché à l'encontre d'une disposition de la
convention collective.
Donc, premièrement, on reconnaît, dans le bill 45,
l'existence des clauses de sécurité syndicale d'embauche, en
d'autres termes, le bureau de placement syndical, cela revient à cela,
ou, deuxièmement, le moyen pour le syndicat de s'assurer de son
caractère représentatif dans un secteur, par exemple, où
il y a un roulement de main-d'oeuvre, etc.
Or, l'amendement du député de Saint-Laurent aurait comme
effet, carrément, d'abolir les clauses de sécurité
syndicale d'embauche. Comme il aurait comme effet d'abolir les clauses de
sécurité syndicale d'embauche, cela va évidemment à
l'en- contre de ce que je propose et, en vertu des articles 70, 154 et 157, je
considère que la motion est évidemment irrecevable.
M. Forget: J'aimerais revenir sur la question de la
recevabilité.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité,
oui.
M. Forget: On va un peu plus loin dans l'analyse du texte et on
dit que le paragraphe a), c'est un principe, mais qu'on lise attentivement
l'ensemble de l'article. L'ensemble de l'article comporte d'abord un premier
paragraphe où le principe est affirmé. C'est quoi le principe?
"Un employeur ne peut être tenu, en vertu d'une disposition de la
convention collective, de renvoyer un salarié pour la seule raison
que..., sauf... "C'est donc une exception. Le principe est affirmé au
premier paragraphe et, après cela, on énumère des
exceptions. Quand on parle de la recevabilité, on parle de changer
quelque chose au principe, mais il n'y a rien dans nos règlements qui
dit que les exceptions ne peuvent pas être modifiées. Il y a une
bonne opposition qui est bien connue entre des principes et des exceptions.
L'exception confirme la règle, mais ce n'est pas la règle, c'est
une exception.
Là, on mentionne une exception au principe. Nous, on dit qu'on
voudrait retrancher cette exception. Si on retranche l'exception, on ne va pas
contre le principe, on le confirme encore davantage. On dit: II n'y en a pas
d'exception. On veut le principe totalement. Le ministre dit: Non, je veux le
principe, mais avec des exceptions. On dit: Non, enlevez l'exception. On ne
peut certainement pas apporter l'argument qu'on s'en va contre le principe.
C'est le ministre qui va contre le principe.
M. Johnson: C'est de la casuistique.
M. Forget: Non, M. le Président, très
sincèrement. Il y a un principe et il y a des exceptions. On dit:
Enlevez l'exception. Après cela on dit: Non, vous allez contre le
principe. Non, c'est le ministre qui va contre le principe. On dit: Soyez
conséquent, allez jusqu'au bout.
M. Johnson: M. le Président, si vous me permettez, sur la
recevabilité. Me le permettez-vous?
Le Président (M. Marcoux): Oui, je ne me sens pas
suffisamment informé.
M. Johnson: Pour continuer à tenter de vous informer. Je
reprends un peu et le texte du député de Saint-Laurent et le
mien. L'effet clair du texte du député de Saint-Laurent est
effectivement de ne pas tenir un employeur obligé de renvoyer un
salarié, pour la seule raison que l'association accréditée
aurait refusé ou différé d'admettre ce salarié.
C'est donc, en d'autres termes, exactement l'exception qui est prévue
à a). Un salarié a été embauché à
l'encontre d'une disposition de la convention collective. Différer ou
refuser d'admettre quelqu'un, c'est le syndicat qui dit: Personne ne peut
entrer dans l'usine ou sur un chantier s'il n'est pas membre du syndicat. Or,
par l'exception qu'on crée à la règle, on veut affirmer la
possibilité que les clauses d'embauche syndicales existent. L'amendement
du député de Saint-Laurent est clair là-dessus. Il
prévoit qu'elles ne peuvent pas exister puisqu'elles seront
réputées non écrites. Donc, au niveau du fond, cela me
paraît évident que c'est fondamentalement contraire, le soir,
j'aurais aimé procéder à un long débat sur cette
question, parce que je pense qu'elle en vaut la peine. Etant donné les
quelques heures que l'Opposition a passées sur l'ensemble du projet de
loi jusqu'à maintenant, je pense que c'est justifié de soulever
la non-recevabilité.
M. Forget: M. le Président, je pourrais
brièvement...
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité
toujours?
M. Forget: Je suis d'accord avec le ministre qu'on est contre son
exception...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Forget: ... mais on est pour son principe.
Une Voix: Je vous en prie.
Le Président (M. Marcoux): Sur la recevabilité?
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas faire un long
débat là-dessus. J'ai écouté...
Le Président (M. Marcoux): Sur le contenu ou sur la
recevabilité?
M. Russell: Sur la recevabilité seulement. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention le ministre et le
député de Joliette-Montcalm. Je crois que réellement je
suis obligé d'admettre que le ministre a un peu raison, car il vient
à l'encontre du principe, et le sous-article a fait partie du principe
dans son ensemble. C'est un peu...
M. Forget: On est contre tout le principe. Oui, c'est une
exception.
M. Russell: C'est une exception, mais l'exception fait partie
quand même du principe.
M. Forget: II fait partie de l'article, mais pas du principe.
M. Johnson: C'est une question de formulation.
M. Forget: Je n'ai pas été formé par les
jésuites, en dépit de ce qu'on dit.
Mme Lavoie-Roux: Alors, s'il y en a d'autres...
M. Forget: J'en ai rencontré, mais ils ne m'ont pas
formé.
M. Chevrette: Vous avez appris d'eux? Une Voix: En tout
cas, c'est aussi bon.
M. Russell: II faut quand même admettre ceci, je pense
bien, que si je l'interprète tel que je le lis, ou que je le comprends
tel que je le lis, c'est que l'article a, qui dit: Le salarié a
été embauché à l'en- contre d'une disposition de la
convention collective, mais qu'il peut y avoir n'importe quel genre de
dispositions dans une convention collective. Si cela a été
négocié et s'il est en grève, c'est cela qui forme le
principe d'une convention collective et qui est l'article 1 même, le plus
grand principe.
Le Président (M. Marcoux): Je suis prêt à me
prononcer. Le seul problème, c'est la formulation. Je juge l'amendement
irrecevable, parce que... Oui, c'est simple.
M. Chevrette: M. le Président, c'est très
clair.
M. Forget: Qu'il tient à formuler cela. Jusqu'à
maintenant, cela va bien.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, votre justification, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): La justification, c'est cela.
Je croyais bien que vous alliez la demander.
Mme Lavoie-Roux: Simple nuisance.
Le Président (M. Marcoux): L'article tel qu'il est
proposé veut, en somme, protéger... Attendez trente secondes,
pour arriver à le formuler clairement.
Mme Lavoie-Roux: On peut suspendre! Vous pouvez le prendre en
délibéré.
Le Président (M. Marcoux): Une seconde... En somme, on dit
qu'un employeur...
M. Laplante: M. le Président, avant de rendre votre
jugement, est-ce que vous pourriez vous référer à
l'article 70 qui pourrait peut-être vous éclairer dans votre prise
de décision?
Le Président (M. Marcoux): Qu'un amendement ne doit pas
contredire le principe de...
M. Laplante: Et l'article 154.
Le Président (M. Marcoux): En fait, c'est clair qu'on
propose un principe. L'idée c'est qu'on fait une affirmation globale et
on prévoit deux exceptions. Dans l'amendement, tel que proposé
par le député de Saint-Laurent, on affirme deux principes
où le deuxième principe vient éliminer le premier en fait.
Alors que l'esprit de l'amendement ou la première proposition à
l'article 38, est de prévoir deux exceptions à une règle
générale où on ne peut obliger un employé
d'être membre de son syndicat et, en conséquence, même s'il
n'est pas membre, je veux dire, il peut rester à l'emploi de tel
employeur. Sauf dans tel cas où finalement l'association syndicale peut
exiger le renvoi d'un salarié qui n'est pas membre de son
association.
En apparence, on garde le premier principe, mais dans la formulation de
l'amendement, on contredit le premier principe. La seule façon
finalement d'en sortir, à supposer qu'une des deux parties change
d'avis, ce serait vraiment de dire: On rejette l'article 38 tel que
formulé et on prend la deuxième partie du nouvel article tel
quel. Mais, les deux ensemble, cela ne peut pas fonctionner.
Mme Lavoie-Roux: C'est sûrement un jugement de Salomon, M.
le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui? Bon. Je vous avouerai que
vendredi, à 23 heures...
Mme Lavoie-Roux: La veille de Noël.
Le Président (M. Marcoux): Non, ce n'est pas cela. Quand
c'est la première fois qu'on préside cette commission pour la Loi
sur le Code du travail, ce n'est pas simple. Je sais que la parole est encore
au député de Saint-Laurent qui avait à peine
commencé à s'exprimer.
M. Forget: Oui, effectivement, M. le Président, je
réserve mon droit de parole sur le fond, bien sûr, de l'article
puisqu'on devra le subir sous cette forme. Cependant, j'aurais une autre motion
qui vise un objet entièrement différent. Malheureusement, je ne
pourrai pas le faire circuler parce que nos secrétaires ont
quitté à cette heure-ci et la révision, que vient de
déposer le ministre, a complètement bouleversé le
libellé. Mais je vais en faire la lecture le plus lentement possible.
Deux mots pour dire de quoi il s'agit parce que quand on le lit, ce n'est pas
toujours aussi facile à saisir.
Le Président (M. Marcoux): Je proposerais plutôt
qu'on le fasse photocopier; cela prendrait une minute.
M. Forget: D'accord, pendant ce temps, je vais dire de quoi il
s'agit. On va se sauver d'une suspension. Dans le dernier alinéa b) de
l'article 38 du projet de loi que je vais lire: Le salarié a
participé c'est une des deux exceptions qui sont des principes ou
des objections principales ou des principes exceptionnels; on lit ceci comme
deuxième principe exceptionnel : Le salarié a participé
à l'instigation ou, avec l'aide directe ou indirecte de son employeur ou
d'une personne agissant pour ce dernier, à une activité contre
l'association accréditée ou pour le compte d'une association
rivale. C'est la notion d'activité antisyndicale qu'on essaie de
circonscrire par ces mots.
Je suis d'accord que, bien sûr, celui qui agit, qui est
suborné au patron et qui agit de manière à troubler,
à gêner l'action syndicale normale qui est légitime en
vertu du Code du travail, etc., peut légitimement... on peut, à
son égard, légitimement invoquer des sanctions. Si la convention
collective le prévoit, ces sanctions disciplinaires du syndicat peuvent
vraisemblablement avoir un prolongement jusqu'à des sanctions
disciplinaires imposées et même le congédiement
imposé par le patron. C'est une question qui, bien sûr, n'est pas
acquise de fait, par la loi, mais qui peut être acquise par une
convention collective qui le spécifie.
Jusque là, je n'ai pas trop de difficultés. Quoique, bien
sûr, c'est du droit nouveau et une activité contre l'association
accréditée, devra être circonscrite par la jurisprudence.
Il ne faudrait quand même pas que la dissidence au sein d'une
association, et qu'on fasse des chasses aux sorcières... que la
dissidence au sein d'une association, quand quelqu'un parle contre les
recommandations de l'exécutif dans un sens plus mitigé ou moins
extrême, que les recommandations de l'exécutif soient tout de
suite interprétées comme donnant ouverture à une
présomption de collusion avec l'employeur.
C'est très délicat. Disons qu'on reviendra sur le fond
tantôt. Ce n'est pas le but de la motion que je veux présenter,
mais c'est pour indiquer que, même si on l'accepte en principe, il reste
que la façon dont ça s'articule, c'est tout de même un peu
délicat. Mais les derniers mots "pour le compte d'une association
rivale", là, je comprends qu'on vise les activités de maraudage,
etc., mais il faut bien s'entendre. Il y a autre chose dans le monde que des
syndicats de boutique, il y a aussi des associations valables et
légitimes qui s'opposent et c'est un phénomène trop
répandu pour qu'on dise tout de suite: C'est un syndicat de boutique.
Quand la CSN essaie d'envahir une unité de négociation qui est
contrôlée par la FTQ ou par un syndicat indépendant,
ça peut être quelque chose de légitime. Quand on dit "pour
le compte d'une association rivale", ce n'est pas nécessairement, et, de
façon générale, je prétends que ce n'est pas
généralement des activités antisyndicales; c'est tout
simplement une activité syndicale normale et, pour un syndicat, se
prémunir de la concurrence légitime d'autres syndicats au point
d'aller chercher, dans une convention avec l'employeur, le pouvoir de faire
congédier le bonhomme, là, c'est aller trop loin.
C'est le but de notre amendement de"dire: Ecoutez, très bien, la
collusion avec l'employeur, cela dépasse les règles normales d'un
jeu où le syndicat a un rôle à jouer, c'est une institution
légitime qu'il faut protéger, mais de là à aller
établir une espèce de protectionnisme syndical, de dire que,
quand vous avez un syndicat FTQ, il peut se barricader littéralement
pour empêcher qu'un syndicat indépendant légitime ou un
syndicat appartenant à la CSN ne vienne menacer son monopole de
représentation et qu'il peut obtenir la collaboration du patron pour
faire cela, attention! là, je ne suis plus d'accord et c'est pour cela
que je propose une motion d'amendement qui se lit comme suit: "Que l'article 38
soit modifié, en retranchant, dans les quatrième et
cinquième lignes du paragraphe b) les mots: ou pour le compte d'une
association rivale".
L'article amendé se lirait donc comme suit: "Un employeur ne peut
être tenu, en vertu d'une disposition de la convention collective, de
renvoyer un salarié pour la seule raison que l'association
accréditée a refusé ou différé d'admettre ce
salarié comme membre ou l'a suspendu ou exclu de ses rangs, sauf dans
les cas suivants: a) le salarié a été embauché
à l'encontre d'une disposition de la convention collective et b) le
salarié a participé à l'instigation, avec l'aide directe
ou indirecte de son employeur ou d'une personne agissant pour ce dernier,
à une activité contre l'association accréditée
".
C'est, je pense, assez simple comme notion et, encore une fois, je
comprends qu'on va dire: II y a des syndicats de boutique, mais, s'il y a des
syndicats de boutique, c'est déjà couvert, dans la
rédaction que vous avez, en éliminant ces mots, parce que, si
c'est un syndicat de boutique, c'est avec la collusion de l'employeur,
indirectement ou directement; donc, il n'y a pas de problème
là.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez... Est-ce
que le député de Saint-Laurent me permet une intervention
immédiatement?
M. Forget: Oui.
M. Johnson: Prenons l'article tel qu'il est rédigé
en ce moment; je ne dis pas qu'on ne l'acceptera pas, mais j'aimerais
simplement qu'on clarifie certaines choses.
Au paragraphe b), il ne faut pas oublier que l'élément
central de b), c'est "à l'instigation ou avec l'aide directe ou
indirecte de son employeur ou d'une personne agissant pour ce dernier". Il ne
faut jamais interpréter ce qui suit, à savoir l'activité
contre l'association accréditée ou pour le comte d'une
association rivale, comme étant comme cela, dans les airs. C'est
toujours relié au phénomène de l'instigation à
démontrer, évidemment, ou de l'aide directe ou indirecte de son
employeur ou d'une personne agissant pour son compte.
Le député de Saint-Laurent a raison de dire que, dans le
cas du maraudage, il peut y avoir deux associations accréditées,
l'une qui est présente et un syndicat rival, légitime, etc., qui
fait son maraudage et en vertu des délais prévus à 21, 40,
46, etc., du Code. Cependant, il dit: "pour le compte d'une association
rivale", ce que vous visez, c'est le syndicat de boutique. Oui, on vise le
syndicat de boutique. Vous me dites: II n'y a pas de problème avec le
syndicat de boutique, c'est prévu ailleurs dans le code parce que, dans
le même article et même ailleurs dans le code, dans la mesure
où on interdit à l'employeur de suborner quelqu'un...
Mais il peut arriver la situation suivante, ou un employeur
décide d'inventer deux centrales, disons la centrale des syndicats
nationalistes et la fédération des travailleurs canadiens, disons
qu'un employeur a chez lui une "brotherhood" quelconque. On a un employeur, et
je pourrais citer au député de Saint-Laurent un cas qui, en ce
moment, pose des problèmes sérieux au sujet duquel d'ailleurs il
m'a posé une question en Chambre récemment, sans présumer
du contenu de ce conflit. On peut avoir un employeur qui préfère
avoir tel syndicat dans sa boutique ou enfin dans son usine. Il ne veut
absolument pas un autre syndicat. La rédaction de b) comme nous l'avons
formulé permettrait de viser cet employeur qui, directement ou
indirectement, instigue ou aide une personne à faire entrer une autre
centrale. Cela peut être une autre centrale, ce n'est pas
nécessairement un syndicat de boutique. Je pense que cela ne regarde pas
l'employeur à savoir quelle est la centrale qui sera chez lui, cela ne
regarde pas l'employeur à savoir quel est le syndicat que les
salariés vont décider de se donner, et c'est pour cela qu'on
parle..., ou pour le compte d'une association rivale également. Si on se
limitait à ce que dit le député de Saint-Laurent, à
moins vraiment qu'il réussisse à argumenter de façon qui
me convainque, la seule situation qu'on vise, ce sont les activités
contre l'association accréditée, c'est-à-dire le syndicat
qui est présent. Mais, entre agir contre un syndicat qui est
présent et agir pour un syndicat qui veut entrer, il y a une
différence dans les faits, possiblement, mais il n'y a pas de
différence d'intention. L'intention, c'est de déloger celui qui
est là ou encore de saper celui qui est là pour le compte d'un
groupe rival. Je pense que c'est important, dans ce contexte, qu'on laisse
l'article tel qu'il est, pour le compte d'une association rivale. Cela ne vise
pas l'association rivale qui, légitimement, intervient dans telle
entreprise au moment du maraudage; mais cela vise cependant le salarié
qui participerait à une activité pour le compte du maraudeur,
mais à l'instigation de l'employeur ou avec son aide, parce que c'est
toujours relié à l'instigation. En d'autres termes, ce qu'on veut
faire, c'est toujours sortir l'employeur du portrait, quand il est question du
syndicat que vont se donner les employés, que ce soit d'une façon
positive ou négative.
M. Forget: M. le Président, l'intention du ministre est
bonne. Tout cela est nouveau et on ne
sait pas ce que cela veut dire. Prenons le cas où c'est un autre
syndicat de bonne foi, ou une autre centrale syndicale, qui essaie de
s'établir. C'est du maraudage, c'est permis par la loi etc. Dans le
fond, un syndicat ne peut pas s'établir dans une entreprise à
moins de bénéficieret d'ailleurs la loi le prévoit,
elle oblige l'employeur à donner son aide dans le fond, à donner
accès, etc. alors c'est embêtant parce qu'un syndicat de
bonne foi qui essaie de s'installer dans une entreprise, à moins qu'on
soit devant une jurisprudence et on n'est pas devant une jurisprudence, elle va
s'établir mais on ne sait pas exactement dans quel sens elle va
s'établir. Il sera toujours relativement facile de prouver que l'autre
syndicat qui est arrivé l'a fait avec l'aide indirecte de l'employeur,
parce que la loi oblige l'employeur à donner accès et à
collaborer, à ne pas s'opposer, et même un peu plus que cela,
à fournir une liste etc. Cela va chercher loin. Encore une fois, si la
première partie de ce paragraphe était rédigée de
façon un peu plus corsée, je dirais oui, que le ministre a
raison. Mais ne sachant pas comment ces mots vont être
interprétés, je me dis: Le filet est jeté très
largement et Dieu sait comment on va vouloir plaider ces clauses. Cela
m'inquiète parce que sur des procès d'intention qu'on peut faire,
les cours vont être obligées d'interpréter les mots tels
qu'ils sont là, et un syndicat valable, de bonne foi, qui fait du
maraudage, va toujours pouvoir se voir opposer la notion qu'il a bien fallu que
l'employeur ne s'oppose pas trop pour qu'il puisse entrer, pour qu'il puisse
obtenir la liste, etc. Et la loi l'oblige à collaborer, et s'il veut,
dans le fond, être complètement neutre, directement ou
indirectement, il n'y a presque pas grand-chose à part partir dans un
autre pays et dire: je ne veux entendre parler de rien.
Enfin, ce n'est même pas ça. Il y a quand même des
fondés de pouvoirs sur place. Il est presque coupable en partant et
ça m'inquiète un peu. La rédaction je suis tout
à fait d'accord avec l'objectif, soit dit en passant que le
ministre veut poursuivre, mais comme ce avec quoi on joue, c'est le pouvoir de
congédier quelqu'un, c'est pas mal grave. Le ministre est d'accord que
c'est grave. Ce genre de langage, si j'étais un syndiqué, si je
n'étais pas content d'être avec un tel syndicat et si je voulais
changer, j'avais cet article dans la face, que j'avais dans la convention
collective une idée qu'on peut me mettre dehors si je fais ça, je
ne dormirais pas trop tranquille. Je ne dormirais pas trop tranquille, car je
ne serais pas rassuré de ces mots.
Je me dirais: Est-ce qu'on va me renvoyer ou est-ce qu'on ne me renverra
pas? Il dirait: Ecoute donc, c'est une question d'intention; comment est-ce que
ça se prouve? Cela se prouve très difficilement et dans le fond,
ce sont des gestes évidents qu'on va poser. L'employeur est
obligé de collaborer, le Code du travail l'oblige à une
collaboration minimale, au moins indirecte. Alors, cela n'a plus l'air possible
de faire du maraudage. Je comprends qu'on veut le restreindre; on ne veut pas
l'exagérer. Mais à ce point-là, c'est peut-être un
peu radical.
M. Johnson: M. le Président, je pense que c'est la motion
que j'ai vue la plus près d'un dilemme, que me pose le
député de Saint-Laurent. On est rendu à 37 ou 38 motions
d'amendements au projet de loi...
M. Forget: II y en avait des bonnes, M. le Président, il y
en avait de très, très bonnes.
Mme Lavoie-Roux: Les meilleures sont à venir.
M. Forget: II y en a à venir encore, et d'excellentes,
oui.
M. Johnson: L'objet, M. le Président, est d'abord
d'assurer ce principe que je disais être le suivant: l'employeur n'a rien
à voir quant au syndicat que les salariés veulent choisir. Il ne
faut pas oublier de se resituer dans le contexte de cet article. C'est, comme
le disait si bien le député de Saint-Laurent, à la toute
fin de son intervention, la situation où il s'agit de savoir si un
individu va être congédié ou pas, en vertu d'une
disposition de la convention collective.
Cependant, si j'accepte l'amendement du député de
Saint-Laurent, je pense qu'on laisse la porte ouverte à l'utilisation
par l'employeur d'un salarié avec garantie pour ce salarié qu'il
ne sera pas sujet à l'expulsion éventuellement, à
l'utilisation par l'employeur d'un salarié pour le compte d'une
association rivale.
M. Forget: Peut-être, mais de quel côté
faut-il le faire?
M. Johnson: Cependant, si on prend le raisonnement inverse...
M. Forget: De quel côté faut-il mettre les
risques?
M. Johnson: Voilà.
M. Forget: Parce que là, sans mauvaise intention, sans
mauvaise action de qui que ce soit, ni de l'employeur, ni du salarié, il
y a un risque. L'employeur n'a qu'à collaborer indirectement, ce que, de
toute façon, le code l'oblige à faire, et l'employé n'a
à rien faire contre le syndicat; il a seulement à agir pour un
autre syndicat et tout le monde est déjà coupable.
Peut-être qu'il y aura des abus d'un côté, mais j'aimerais
mieux qu'il y ait des abus du côté du maraudage que de l'abus de
mettre des gens dehors qui essaient simplement d'utiliser les mécanismes
que la loi leur offre.
M. Chevrette: Mais il y a une dimension que vous enlevez; c'est
que tu peux travailler pour une association rivale sans nécessairement
travailler contre une association accréditée.
M. Forget: L'intention malicieuse, c'est quand on travaille
contre le syndicat accrédité, ce n'est pas tellement quand on
travaille pour un autre.
M. Chevrette: Parce qu'il y a une période de maraudage
légale à l'intérieur de la convention collective.
M. Forget: C'est ça.
M. Chevrette: Je vous avoue que c'est mince. C'est mince et c'est
très embêtant à cause des procédures que cela
entraîne par la suite.
M. Forget: On peut suspendre l'article, M. le Président,
si le ministre veut y penser, on n'est pas pour essayer de pousser sur
l'amendement.
M. Mackasey: Le premier ministre est avec nous, je me calme. La
grande visite, je m'excuse.
M. Johnson: M. le Président, je vais faire mien
l'amendement du député de Saint-Laurent, parce que finalement,
sans dire que c'est blanc bonnet, bonnet blanc, l'essentiel est couvert.
D'autre parts cela nous permettra de progresser un peu.
M. Forget: Sans doute, M. le Président, on va progresser
de cette façon-là. Admirablement.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que l'article 38 du
projet de loi 45 est adopté tel qu'amendé?
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Tout d'abord, nous
allons adopter l'amendement qui vise à biffer, dans votre proposition,
les mots "ou pour le compte d'une association rivale".
M. Johnson: Je le fais mien. On va passer à l'adoption de
38, puisque je le fais mien.
L'article 38 se lirait comme suit: L'article 50 dudit code est
modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: "Un employeur ne peut être tenu, en vertu d'une disposition de
la convention collective, de renvoyer un salarié, pour la seule raison
que l'association accréditée a refusé ou
différé d'admettre ce salarié comme membre, ou l'a
suspendu ou exclu de ses rangs, sauf dans les cas suivants: "a) Le
salarié a été embauché à l'encontre d'une
disposition de la convention collective; "b) Le salarié a
participé à l'instigation, ou, avec l'aide directe ou indirecte
de son employeur ou d'une personne agissant pour ce dernier, à une
activité contre l'association accréditée ".
Le Président (M. Marcoux): Adopté tel
qu'amendé?
M. Forget: M. le Président, avant de dire qu'il est
adopté, vous me permettrez de verser une larme pour l'abolition
partielle seulement dans la clause d'atelier fermé.
Le Président (M. Marcoux): Permis.
M. Forget: Merci, M. le Président. Sur ce, l'article est
adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 39, je pense, peut
être adopté très rapidement.
M. Forget: Très rapidement.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez, pour
les fins de clarification et cela va être très important
pour le secrétariat des commissionsvous remarquerez que la
dernière version de 39 est à l'effet de retrancher l'article 39
du projet de loi qui, lui-même, prévoyait que l'article 51 du code
était abrogé. La raison de ceci est que l'article 51 du code a
déjà été abrogé par la loi 101. Donc, nous
n'avons pas besoin de l'abrogera nouveau.
Le Président (M. Marcoux): C'est adopté tel
qu'amendé, encore?
M. Johnson: C'est cela.
M. Forget: C'est adopté sur division, M. le
Président.
M. Johnson: Sur division? Ah oui, pour la cohérence de
101, c'est vrai.
M. Forget: Je n'étais pas présent dans
l'autre...
Mme Lavoie-Roux: La cohérence avec la position du 101.
Le Président (M. Marcoux): Adopté tel
qu'amendé, sur division.
M. Johnson: Article 40, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Un instant. Article 40,
oui.
M. Mackasey: C'est exprès pour moi, je pense.
Mme Lavoie-Roux: On s'en est occupé.
Le Président (M. Marcoux): Article 40. M. le ministre.
M. Mackasey: La journée de la Saint-Patrice... Le
Président (M. Marcoux): L'article 40. Dépôt d'une
convention collective
M. Johnson: M. le Président, l'article 40 prévoit
l'effet, à compter du dépôt, de la convention collective;
le second paragraphe prévoit cependant que le dépôt a un
effet rétroactif à la date prévue par la convention
collective. A défaut du dépôt, dans les soixante jours de
la signature de la convention collective ou de ces modifications, le droit
à l'accélération est dès lors acquis à
l'égard
du groupe de salariés pour lesquels cette convention collective
ou ces modifications ont été conclues.
Finalement, le dernier paragraphe je lis évidemment
partiellement chacun des articles, pour en retirer l'essentiel : La
partie qui fait le dépôt doit indiquer le nombre de
salariés régis par la convention collective. Encore une fois,
c'est pour les fins statistiques, un peu comme...
Le Président (M. Marcoux): Adopté? Est-ce que vous
avez...?
M. Forget: Non, M. le Président, j'ai une observation
à faire ici, qui, celle-là aussi, est de nature à... On
est dans la salle de l'ancien conseil législatif...
Le Président (M. Marcoux): ...
M. Forget: On fait un peu un travail de conseiller
législatif vis-à-vis de certaines dispositions, dans le sens
suivant: On dit qu'une convention collective ne prend effet qu'à compter
du dépôt, aux greffes du bureau du commissaire
général du travail, etc.
Je pense que c'est bon, mais il y a un problème. Une convention
peut avoir des effets, non seulement pour les parties, mais également
pour les tiers. Il y a les calculs des délais, il y a les questions de
maraudage, etc. C'est important le dépôt, parce que cela
détermine bien d'autres choses, au point de vue des délais.
Or, que le dépôt soit restrictif quant à la mise en
vigueur, je pense dans le fond que c'est valable à l'égard des
tiers. Mais entre les parties, pourquoi cette restriction?
La restriction n'a pas de raison d'être entre les parties, puisque
les parties peuvent signer une convention collective et dire qu'il va y avoir
des dispositions rétroactives, etc., c'est la liberté des
parties, mais l'exigence du dépôt, c'est vraiment à
l'égard des tiers. Si c'est cela, on devrait le dire, parce que cela
n'aurait pas l'air de restreindre la liberté des parties de convenir de
dispositions rétroactives pour être plus clair.
M. Johnson: Ce n'est pas cela, M. le Président. On a le
second paragraphe de l'article 60, qui prévoit que ce dépôt
a un effet rétroactif à la date prévue dans la convention
collective pour son entrée en vigueur ou, à défaut,
à la date de la signature de la convention collective.
On règle le problème à l'égard des tiers.
Dans le second paragraphe, on prévoit évidemment que la prise
d'effet de la convention collective est rétroactive, selon ce que les
parties ont spécifié ou à la date de la signature de la
convention.
M. Forget: Oui, mais la distinction est importante. C'est que
l'effet rétroactif, c'est assez difficile de le faire à
l'égard des tiers. Quand vous avez une procédure, les parties
peuvent convenir ce qu'elles veulent entre elles, mais avoir des effets
rétroactifs à l'égard des tiers, c'est un peu plus dif-
ficile à avaler, dans le fond, parce que, tant qu'il n'est pas
déposé, ce document n'existe pas pour les tiers. C'est seulement
le dépôt qui en fait un document public.
Quand on dit, au premier paragraphe: "La convention collective ne prend
effet à l'égard des tiers qu'à compter du
dépôt," cela donne du sens. On dit aux tiers: Attention, vous avez
une convention collectice. Elle est déposée. Elle devient
publique. Elle a effet pour vous à partir de ce moment.
Entre nous, on peut convenir que cela a fait effet depuis
l'époque chrétienne, le début de l'époque
chrétienne, l'invasion des Gaules ou quelque chose de ce genre. Dans le
fond, cela ne nous ferait pas de mal. Si on y consent, on y consent.
Le Président (M. Marcoux): Vous remontez à
Astérix, c'est avant le Conseil législatif.
M. Forget: Oui, longtemps avant cela.
M. Mackasey: Une question, s'il vous plaît, au
ministre.
M. Johnson: Oui, M. le Président.
M. Mackasey: Pour le moment, vous parlez de l'article au complet
de tout à l'heure. Par qui a-t-il déposé? Vous dites: Une
convention collective ne prend effet qu'à compter du dépôt
en cinq exemplaires au Bureau du commissaire général du travail.
Qui dépose cela? Qui en a la responsabilité? Il faut au moins
dire cela dans la loi.
M. Johnson: M. le Président, c'est évidemment
l'association accréditée, puisque c'est elle qui est reconnue en
vertu des autres articles du code comme étant l'association qui a
demandé une accréditation. C'est elle qui vient déposer la
convention collective, l'association accréditée.
M. Mackasey: Pourquoi pas le patronat? Pourquoi la
responsabilité en revient-elle au syndicat? Pourquoi est-ce que ce n'est
pas le patron? Pourquoi toujours pénaliser le syndicat? Il y a ici
quelque chose de très fondamental, la nécessité de
déposer une convention collective. Si elle n'est pas
déposée le premier jour, elle ne s'applique pas. Même si
j'accepte cela sans argumenter pour le moment que cela devrait être
déposé par le syndicat, cela n'est pas dit pas dans la clause.
Pourquoi ne pas le préciser? Pourquoi rendre toujours les avocats
riches? Pourquoi ne pas dire carrément dans l'article par qui ce sera
déposé? Qui en a la responsabilité? Cela ne coûte
pas cher d'ajouter une autre ligne, quelques phrases disant qui est le
responsable d'une convention collective, qu'elle ne prend effet qu'à
compter du dépôt par le syndicat, par l'unité
accréditée. Pourquoi ne pas le dire carrément?
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez,
après en avoir parlé à nouveau avec nos légis-
tes expérimentés, en fait, comme le disait M. Au-clair,
c'est un peu une question de philosophie. Depuis 1944, on a toujours plus ou
moins considéré qu'une convention collective, c'était
l'apanage d'un syndicat. Cela s'explique finalement sur un plan historique. Le
dépôt...
M. Mackasey: Un simple citoyen...
Le Président (M. Marcoux): La parole est au ministre.
M. Mackasey: ... pourquoi est-il obligé de prendre le Code
du travail et commencer à lire l'article 1 jusqu'à l'article 122
pour savoir qui a la responsabilité de déposer une convention
collective, en cinq copies au Bureau du commissaire général?
Pourquoi? Est-ce que cela coûte cher de le répéter? Cela
n'est rien de rendre cela aussi simple que possible. Nous sommes des citoyens
très simples.
M. Johnson: M. le Président, dans le fond, ce qui compte,
c'est le dépôt, quelle que soit la personne. Il n'est pas interdit
ici que ce soit l'employeur, effectivement. De fait...
M. Mackasey: Je ne dis pas que j'accepte la substance de
l'article, mais, quand même...
M. Johnson: ... si le député de
Notre-Dame-de-Grâce me le permet, c'est le syndicat qui dépose la
convention collective. Il y a évidemment tout intérêt.
C'est qu'il met fin... S'il ne le fait pas dans les 60 jours, la période
de maraudage va s'ouvrir contre lui. Il le sait très bien. Il va
effectivement déposer sa convention collective, entre autres, pour ces
raisons. Deuxièmement, si le député me permet, prenons
l'exemple et, encore une fois, il ne s'agit pas de présumer de la
mauvaise foi d'un groupe plus qu'un autre d'un endroit où
l'accréditation fait l'objet d'une contestation. Il y a eu quelques cas
récemment de ce type au ministère. Dans le contexte où
l'employeur maintenant, en adoptant l'amendement du député de
Saint-Laurent à l'article précédent, pourrait
discrètement aider une association rivale à s'installer chez lui,
sans se faire prendre, il pourrait très bien signer une convention
collective avec l'association qui prétend être
accréditée, qui porte le même nom et qui est
détentrice techniquement du même certificat
d'accréditation. Il ne s'agit pas de devenir obnubilé par le cas
de Commonwealth Plywood, mais, en fait, le problème tourne entre autres
autour du dépôt de cette convention et de l'effet de ce
dépôt. Finalement, c'est sur les personnes qui ont
déposé, et c'est cela l'important. Oui?
M. Mackasey: Mettons que c'est nécessaire, réaliste
d'agir et de déposer cinq copies d'une convention collective... Je
m'excuse, parce que j'ai encore la même difficulté. Je
suggère, pour notre invité très spécial, que la
meilleure chose qu'il puisse faire au salon rouge, c'est de nous installer ici
à la table que nous avons à la Chambre, avec les mêmes
instruments.
Mme Lavoie-Roux: II protège. Une Voix: ... des
écouteurs.
M. Mackasey:... I do not hear very well. I have to say this. I am
embarrassed, but I do not hear very well. So, sometimes, I miss les nuances,
and it is unfortunate, but I... On disait que c'est nécessaire qu'on
dépose cinq copies de la convention collective. If I understood,
somebody has the responsibility to be the janitor, to be the elevator boy. It
can be anybody. Someone must come on and deliver five copies of the convention
collective au greffe du bureau du commissaire général. Big title,
but you got to give him five copies. Pourquoi ne disent-ils pas
carrément dans l'article 60, qui a cette responsabilité? Souvent,
une convention collective, et peut-être plus souvent qu'on ne le croit,
c'est à l'avantage du patronat au lieu du syndicat. Souvent, le syndicat
n'a même pas les moyens d'imprimer dans les deux ou trois heures cinq
copies de la convention collective. Souvent, cela prend des semaines et des
semaines avant que...
M. Johnson: Est-ce que le député me permet? M.
Mackasey: Oui.
M. Johnson: Ce n'est pas la responsabilité qui est
importante, c'est la possibilité, parce qu'on ne pourrait
évidemment pas dire que la responsabilité, c'est celle de
l'employeur, parce que s'il ne respecte pas cette responsabilité, il
permet l'ouverture du maraudage 60 jours après. C'est évident
qu'on ne peut pas lui donner la responsabilité du dépôt. A
la rigueur, je comprendrais le discours du député de
Notre-Dame-de-Grâce, s'il me parlait de la possibilité...
M. Mackasey: M. le ministre, vous déciderez qui a la
responsabilité. Tout ce que je demande, c'est que vous le mettiez dans
l'article, selon l'expérience de vos fonctionnaires. Qui a la
responsabilité? Qu'on le mentionne dans l'article, tout le monde va
comprendre. Si vous pensez que c'est la responsabilité du patronat, cela
ne coûte pas cher d'ajuster le paragraphe. Je me pose la question.
Supposons, par erreur... nobody does it...
M. Johnson: M. le Président, à moins que le
député de Notre-Dame-de-Grâce ce que je l'inciterais
à ne pas faire veuille absolument présenter un amendement,
parce que, dans le fond, je me demande s'il veut vraiment régler un
problème réel. C'est que cela ne pose pas de problème en
soi.
M. Mackasey: Vous êtes avocat, vous comprenez la loi. Mais
le pauvre gars de Joliette-Montcalm qui n'est pas...
M. Chevrette: Le pauvre gars, il a toujours fait cela.
M. Mackasey: Je n'ai pas voulu vous men-
tionner. Je parlais des petits gars, si vous voulez. A Verdun, si vous
voulez.
M. Chevrette: Ce n'est pas grave.
M. Mackasey: A Verdun, qui travaille au CNR comme mon
député de Johnson, qui n'est pas ici ce soir, qui était un
cheminot, et qui, comme il me l'a dit cet après-midi, n'est jamais
allé à l'école secondaire. Alors, il faut les services
d'un avocat pour bien comprendre que si on disait dans l'article 60: Une
convention collective ne prend effet qu'à compter du dépôt
au greffe du bureau du commissaire général du travail de cinq
exemplaires ou copies conformes à l'original et qu'il est de la
responsabilité du patronat de déposer ces maudits documents, je
pense que c'est plus clair. Ce n'est pas nécessaire d'engager un avocat
de Joliette-Montcalm pour trouver l'article 3, paragraphe c), etc., "to
discover who in the hell is responsible.
Put it in the damned clause, that's what the amendments are for.
M. Chevrette: Mais, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Mackasey: Donnez-moi toutes les raisons pour lesquelles je ne
suis pas logique. Tell me ail the reasons why you cannot put it in.
M. Chevrette: Vous en aurez une seule. M. Mackasey:
Laquelle?
M. Chevrette: Vous avez déjà eu... Ah non, je ne le
dirai pas. Cela va partir un débat. Je vais vous donner une raison,
c'est la suivante: C'est que l'employeur pourrait avoir raison, lui, de ne pas
le déposer. Supposons que l'employeur n'est pas satisfait de
l'unité d'accréditation. Jamais, en tout cas, je ne souscrirais
à un amendement qui confierait la responsabilité à
l'employeur. S'il faut absolument le définir, vous déposerez un
amendement, etc. Ce devrait être la partie syndicale qui, elle, a un
intérêt à cause du maraudage au bout de 60 jours, mais pas
l'employeur.
M. Mackasey: Je n'ai jamais vu un groupe qui est aussi craintif
d'ajouter deux ou trois petits mots pour rendre une clause plus précise,
plus claire, moins ambiguë ou oublier...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez dit que vous aviez une petite question
à poser. La question a été longuement posée. La
parole était au député...
M. Mackasey: Dans le moment, c'est la clôture sur le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je vais rester tranquille.
Allez-y.
Le Président (M. Marcoux): La parole était au
député de Saint-Laurent qui abordait la question de l'effet
rétroactif.
M. Forget: C'est cela. M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce voulait poser une petite
question.
M. Forget: Pendant cet échange, en l'écoutant d'une
oreille parce que je pense que s'il y a un point qui a été
soulevé qui est un point intéressant par le député
de Notre-Dame-de-Grâce, il reste que j'ai relu deux ou trois fois les
deux premiers paragraphes de l'article 60. J'avouerai qu'il faut attacher sa
ceinture quand on lit ces deux paragraphes parce qu'essentiellement, quand on
le lit, le premier paragraphe, on fixe une première date. On dit: La
convention collective ne prend effet qu'à compter du dépôt.
Là on a tout de suite à l'idée, eh bien, il y a une date
de dépôt et cela prend effet à cette date. Donc, cela prend
effet à cette date, la date du dépôt.
Cela a l'air clair? On arrive au deuxième paragraphe, et on dit:
Non, la convention collective a un effet rétroactif à la date de
la signature. C'est une autre date.
M. Johnson: Pour les parties.
M. Forget: C'est cela. Mais, c'est implicite.
M. Johnson: C'est implicite.
M. Forget: Exactement. Il y a deux dates. Une dans chacun des
deux premiers paragraphes de l'article 60. Ce que je vous dis, c'est
qu'essentiellement, ce serait plus clair là aussi et cela aiderait
peut-être à ne pas avoir recours aux avocats, en disant: Le
premier paragraphe, c'est pour les tiers. Les autres qu'on doit avertir qu'il y
a quelque chose qui s'est produit, le dépôt c'est pour les tiers
et là c'est effectif pour les tiers à la date du
dépôt et quant aux parties, dans le deuxième paragraphe,
elles peuvent convenir de lui donner un effet rétroactif à
Mathusalem si elles veulent. Cela n'affectera pas le droit des tiers. C'est un
article de droit assez général.
M. Johnson: Si le député de Saint-Laurent me le
permet. Je comprends, quand il dit: "entre les parties ", quant au contenu;
mais quant au dépôt, l'une des parties qui s'appelle le syndicat
peut être carrément impliqué quant à cette date du
dépôt pour les fins d'une contestation de son accréditation
éventuelle, puisque les délais du maraudage d'une association qui
s'en prendrait à elle vont commencer à courir à partir du
premier paragraphe de 60, face au tiers et face également à ce
syndicat, au moment où il sera pris dans le maraudage ou dans le 35% du
vote, etc. Quant au contenu de la convention et c'est à cela
qu'on réfère fondamentalement entre les parties, et quant
à son application, c'est clair que cela a un effet rétroactif,
soit à la date qu'ils ont prévue dans la convention collective,
soit encore à la date de la signature. Mais l'une des parties qui
s'appelle l'association accréditée, elle, sera soumise, s'il y a
un
maraudage à peu près un an et demi plus tard, disons, en
fonction des délais prévus à 40, 21 et 46. Elle sera l'une
des parties, elle sera finalement le tiers pour les fins de
l'accréditation, s'il y a une contestation sur
l'accréditation.
NI. Forget: Je comprends que ça peut être utile pour
quelqu'un de faire agir, rétroactivement, vis-à-vis des tiers.
Mais d'un autre côté il y a un principe de base qui ne se fait pas
de dire, soit de convenir, entre vous et moi, qu'on va s'entendre pour donner
à quelque chose dont on va convenie ensemble, un effet rétroactif
vis-à-vis des tiers. Ce ne sont pas des choses qui se font. Dans
n'importe quel autre domaine du droit, les tribunaux diraient que ce n'est pas
recevable. Ce n'est pas recevable et je voudrais avoir le temps de faire
l'analyse des manipulations qu'on peut faire entre une date de signature et une
date de dépôt pour le mot ne serait pas poli berner
ou trafiquer sur le droit d'un tiers, d'une autre association. Cela peut
être un syndicat de boutique pour utiliser... Parce que cela a l'air que
c'est toujours avec des arguments comme ceux-là qu'on finit par se faire
écouter. Cela peut être un syndicat de boutique qui diffère
le dépôt pour se mettre dans une bonne position, pour
déjouer une tentative véritable de syndicalisation. Peu importent
les intentions, il reste que ça ne se fait pas de donner à des
choses contractuelles des effets rétroactifs vis-à-vis des
tiers.
M. Johnson: Donc on n'a pas besoin de changer le texte! C'est ce
que j'en conclus. Prenons le principe du député de
Saint-Laurent...
M. Forget: Mais le Parlement peut donner ce pouvoir aux gens et
c'est ce que vous faites, vous donnez le pouvoir à des parties de
convenir de choses qui vont avoir un effet rétroactif vis-à-vis
de tierces personnes.
M. Johnson: Non.
M. Forget: Le Parlement peut tout faire. On peut faire cela. On
peut faire une injustice par une loi.
M. Johnson: II ne ferait cela que s'il le fait
spécifiquement, puisque le principe général qui s'applique
en droit, c'est qu'une entente entre des parties ne peut avoir des effets
rétroactifs à l'égard des tiers, comme le Parlement...
M. Forget: Sauf si un Parlement dit: Cela va avoir des effets
vis-à-vis des tiers et s'il va encore plus loin que ça, ça
va avoir un effet rétroactif vis-à-vis des tiers. Là je
vous dis...
M. Johnson: Le Parlement ne dit pas ça. Il dit simplement
que le dépôt a un effet rétroactif à la date
prévue dans la convention collective. M ne dit pas qu'il y a une
rétroactivité à l'égard des tiers à la date
prévue dans la convention collective.
M. Forget: II ne le dit pas, mais ça peut...
M. Johnson: Ne le disant pas, donc il n'implique pas que,
spécifiquement, il y aura un effet rétroactif à
l'égard des tiers. Ne le disant pas, les règles
générales du droit s'appliquent, donc ça ne peut pas avoir
d'effet à l'égard des tiers.
M. Forget: M. le ministre, vous me découragez!
M. Johnson: Eh bien, voyons!
M. Forget: C'est implicite et vous vous basez sur le fait que
c'est implicite pour me dire qu'on ne devrait pas le rendre explicite. Pourquoi
ne dirait-on pas que le premier paragraphe est à l'égard des
tiers, et que le deuxième paragraphe est à l'égard des
parties. Cela le rendrait lisible ce bon dieu d'article-là, et ça
ne changerait pas son sens, d'après ce que vous me dites.
M. Johnson: II est parfaitement clair comme cela pour n'importe
qui qui sait par définition...
M. Forget: Et qui a fait un cours de droit. M. Johnson:
Non, même pas. M. Forget: Ah oui!
M. Johnson: La notion de... Non, parce que, finalement, il y a
deux solutions à ce que proposerait le député de
Saint-Laurent. La première ce serait d'appliquer la notion à
l'égard des tiers au premier paragraphe ou, encore, de spécifier,
dans le deuxième paragraphe, entre les parties. Or, dans le premier cas,
si on inclut la notion de "à l'égard des tiers", on a le
problème de l'une des parties qui n'est pas un tiers, qui s'appelle le
syndicat, qui va être soumis, lors de la période de maraudage,
à des dispositions s'appliquant à lui-même, mais on vient
de dire qu'on exclut puisqu'on dit: A l'égard des tiers. Dans le
deuxième cas, on tombe dans la tautologie dans la mesure où on
dit: A l'égard des parties, puisque, par définition, un contrat
ne peut avoir des effets rétroactifs à l'égard des tiers.
Non seulement on tombe dans la tautologie, mais on risque d'avoir le même
problème que je soulevais, dans le cas du premier paragraphe, qui est
qu'on pourrait interpréter la notion de partie au deuxième
paragraphe comme affectant également les droits de ce syndicat lors de
la période de maraudage.
Mais, M. le Président, dans le fond, il n'y a pas de
problème à ce niveau. Je pense que le texte, en vertu des
règles normales d'interprétation de notre droit administratif,
est clair. Il n'y a pas d'effet rétroactif à l'égard des
tiers, jamais.
M. Forget: Je ne sais pas qui a été formé
chez les Jésuites parmi nous, M. le Président.
M. Johnson: Moi.
M. Forget: Ah bon! Le chat est sorti du sac. Ecoutez, M. le
Président, étant donné l'heure, je vais présenter
mon amendement. On va le faire
circuler. Je n'ai pas l'intention de le plaider plus que je ne l'ai fait
déjà, mais je pense que c'est assez important pour faire
l'amendement formellement, vous le battrez comme d'habitude, mais une habitude,
d'ailleurs, où il y a eu une exception, c'était probablement
parce qu'on venait d'accepter un principe exceptionnel, M. le Président.
On va terminer là-dessus. Vous ne m'avez pas convaincu et je pense que
j'ai raison. Je suis aussi têtu que vous. Je vais présenter mon
amendement, vous allez le battre et tout le monde va être content, on va
aller se coucher après.
M. Johnson: Pourtant ce n'est pas vous qui êtes
Irlandais.
M. Forget: Alors, M. le Président, il y a une motion
d'amendement qui vise à ce que le premier alinéa du paragraphe 60
de l'article 40 soit modifié en ajoutant à la première
ligne après le mot effet, les mots "à l'égard des tiers".
L'alinéa amendé se lirait comme suit: "60. Une convention
collective ne prend effet à l'égard des tiers qu'à compter
du dépôt au greffe du bureau du commissaire général
du travail, de cinq exemplaires ou copies conformes originales, etc. Le reste
est conforme au paragraphe tel qu'il est déjà".
M. Johnson: La motion d'amendement du député de
Saint-Laurent est-elle adoptée, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Rejeté.
M. Johnson: Rejeté.
M. Forget: Rejeté sur division.
M. Johnson: Est-ce que l'article 40 du projet de loi est
adopté, M. le Président?
M. Russell: Non. M. le Président, j'avais simplement
quelques remarques ici, parce qu'on voit que l'article qui nous est
présenté est presque le même que celui qui existe dans le
code actuel. Ma question est: Etant donné qu'on a eu beaucoup de
problèmes dans le passé, de griefs qui ont été
faits avec le dépôt, est-ce que ces changements vont régler
tous ces problèmes qui ont existé dans le passé?
M. Johnson: C'est réglé à l'article 88j du
code amendé qu'on retrouve à 46. On le prévoit
spécifiquement.
M. Russell: Est-ce que cela fait suite à la recommandation
de la conférence des arbitres?
M. Johnson: C'est exactement cela.
Le Président (M. Marcoux): Cela va, M. le
député de...
M. Johnson: Est-ce que l'article 40 est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): L'article 40 est adopté
tel qu'amendé.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 41?
M. Russell: II est seulement de concordance?
M. Johnson: C'est cela. Il s'agit de concordance avec l'article
40, évidemment sur l'article 90. Est-ce que l'article 41 est
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Article 41, adopté, tel
qu'amendé également?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 42.
Nomination des membres d'un conseil
d'arbitrage
M. Johnson: M. le Président, il s'agit d'amender l'article
65 du code qui prévoit que le ministre nomme membres d'un conseil
d'arbitrage les personnes désignées par chaque parti dans la
demande ou, à défaut, la désigne d'office. Il nomme
également les greffiers. Evidemment, on introduit ici que le ministre
nommera l'arbitre si une des parties, par exemple, refuse de nommer le
sien.
Le Président (M. Marcoux): L'article...
M. Chevrette: Pour les fins du procès-verbal...
M. Johnson: Je vais le relire. L'article 42 se lit comme
suit...
M. Forget: M. le Président, je m'excuse, est-ce que le
ministre n'a pas oublié un de ses amendements? Il nous avait
proposé un article 41a.
M. Johnson: Non, c'était l'article 41a, je m'excuse.
M. Forget: II faut l'adopter quand même.
M. Johnson: Oui, je m'excuse, il s'agit simplement de
l'introduction du titre, soit l'article 41a du projet de loi 45 qui dit que le
code est modifié par le remplacement de l'intitulé chapitre 4,
par le suivant, "Du règlement des différends et des griefs".
M. Forget: D'accord.
M. Johnson: L'article 41a est adopté, M. le
Président?
M. Forget: Oui.
M. Johnson: Article 42.
M. Mackasey: Une petite observation, avant l'amendement. C'est la
fin de cette section, et on
n'est pas pour commencer un autre chapitre à minuit, je pense.
Quand on fait une révision du code au complet, j'espère que ce
sera bientôt, parce que la manière qu'on fait ces amendements, le
code ne sera pas aussi valable qu'auparavant.
Je me demande franchement si, dans le code, une autre organisation ou
une autre association peut représenter les salariés
déjà représentés par un syndicat proprement dit,
mais un groupement qui désire, naturellement et prétend
représenter la majorité. Pas seulement dans votre code, mais dans
les autres codes, j'ai toujours trouvé que c'était un peu injuste
de demander aux syndicats accrédités de se protéger contre
ce qu'on appelle en anglais, le "rating" si vous voulez, en même temps
qu'ils sont obligés de s'occuper d'une convention collective
vis-à-vis les salariés.
On parle exactement de la période ouverte pendant laquelle les
représentants du syndicat et les membres du syndicat devraient s'occuper
d'une convention collective nouvelle. C'est exactement la période qu'on
désigne...
M. Johnson: Si vous permettez, j'aimerais simplement demander au
député de Notre-Dame-de-Grâce de quel article il parle en
ce moment?
M. Mackasey: II parle de l'article 61 de votre code,
amendé ou non.
Le Président (M. Marcoux): Nous sommes à l'article
42 qui concerne l'article...
M. Johnson: M. le Président...
M. Mackasey: C'est l'article 41 qui amende l'article 61 du
code.
M. Johnson: Mais il a été adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 41a a
été adopté.
M. Johnson: II n'y a pas objection.
M. Mackasey: Adopté ou non, I am just making a very short
observation that when you are...
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas une question
d'adopté ou non. L'article 41 a été adopté, le
sous-paragraphe 41a, qui se réfère à l'article 41,
adopté tel qu'amendé... Nous étions rendus à
l'article 42, à moins que...
M. Mackasey: You are the boss. You are the president. I will shut
up. I am only saying however that there is something paradoxical, and I am
going to say it whether I am out of order not in two minutes, that at a time
when the Union should be concerned with its need to get a better collective
agreement with the boss, at the same time, at the time we are most vulnerable
according to the law, that is the one period in the collective agreement, when
somebody who wants to push them out and take over has the opportunity of doing
it...
M. Johnson: M. le Président... M. Mackasey: It is
not right...
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez. Je
comprends que le député de Notre-Dame-de-Grâce a quelque
chose à dire, mais cela n'a rien à voir avec l'article 41a, ni
avec l'article 42, ni avec 41, sur l'exposé.
M. Mackasey: It is written right in article 61. Anyway, we will
talk about it tomorrow.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à
l'article 42.
M. Johnson: M. le Président, je vais faire lecture de
l'article 42. L'article 65 dudit code est remplacé par le suivant: "65.
Le ministre nomme membres du conseil d'arbitrage les personnes
désignées par chaque partie dans la demande ou, à
défaut, les désigne d'office. Il nomme également le
greffier. En d'autres termes, on permet au ministre de nommer celui qui est
représentant d'une partie alors que cette partie-là
néglige de le faire.
M. Chevrette: Adopté. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 42,
adopté?
M. Johnson: L'article 43, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Un instant. Oui, article
43.
M. Johnson: II s'agit, M. le Président, simplement de
faire en sorte que, dorénavant, les arbitres déposeront leurs
sentences non pas chez le ministre, mais au greffe du bureau du commissaire
général du travail. C'est un article de nature,
évidemment, purement technique.
M. Chevrette: Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté, tel
qu'amendé.
M. Johnson: M. le Président, je vais demander
l'ajournement à demain matin, 10 heures.
Le Président (M. Marcoux): La commission du travail et de
la main-d'oeuvre et de l'immigration ajourne ses travaux à demain, 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 59)