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Etude du projet de loi no 5 Loi modifiant la Loi des
accidents
du travail et la Loi sur
l'indemnisation des victimes
d'amiantose et de silicose dans
les mines et les carrières et modifiant de
nouveau la Loi de la Commission des affaires sociales
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Bouchard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie ce matin pour étudier article par article le projet de loi
no 5, Loi modifiant la Loi des accidents du travail et la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'amiantose ou de silicose dans les mines et les
carrières et modifiant de nouveau la Loi de la Commission des affaires
sociales.
Les membres de la commission sont: M. Russell (Brome-Missisquoi)
remplace M. Bellemare (Johnson); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Brochu
(Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Clair (Drummond) remplace M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Proulx (Saint-Jean) remplace M. Couture (Saint-Henri);
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Johnson (Anjou), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Marois (Laporte), M. Pagé (Portneuf), M.
Roy (Beauce-Sud).
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Remarques préliminaires
M. Johnson: M. le Président, il me fait plaisir de
présenter pour étude, article par article, le projet de loi no 5,
intitulé Loi modifiant la Loi des accidents du travail et la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'amiantose ou de silicose dans les mines et les
carrières et modifiant de nouveau la Loi de la Commission des affaires
sociales.
Au cours de la deuxième lecture, j'ai eu l'occasion de parler des
principes généraux qui sont contenus dans cette loi. J'ai
d'ailleurs, pris note de certaines des remarques de nos collègues de
l'Opposition, auxquelles il me fera plaisir d'apporter, dans la mesure du
possible, des réponses qui les satisferont.
D'abord, j'aimerais vous présenter Me Jacques Meunier qui est le
directeur des services juridiques de la Commission des accidents du travail et
qui pourra sans doute apporter les lumières de sa lanterne à
cette commission sur les détails techniques qu'il connaît fort
bien. Je proposerais la lecture ou l'adoption de l'article 1.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avant de
commencer, est-ce qu'on pourrait nommer un rapporteur pour la commission?
M. Johnson: Oui, M. Jolivet.
Le Président (M. Boucher): M. Jolivet?
M. Johnson: II fait bien cela.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Pagé: II fait de bons rapports.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, avez-vous des commentaires préliminaires?
M. Pagé: Seulement quelques mots, vous savez, je ne
prendrai pas trop de temps; je vais essayer de suivre l'exemple du ministre que
je tiens particulièrement à saluer ce matin, parce que, à
ce qu'on me dit, c'est sa première commission parlementaire pour
étudier un projet de loi article par article.
M. le Président, je me limiterai à dire que tel,
qu'exprimé lors du débat en deuxième lecture, l'Opposition
officielle s'est montrée favorable à l'adoption du projet de loi.
Plusieurs des modifications prévues qui sont incluses dans ce projet de
loi ont fait l'objet de discussions, de requêtes présentées
par des groupes, par des associations depuis quelques années. Plusieurs
des modifications qu'on retrouve aujourd'hui dans le projet de loi no 5
apparaissaient dans le rapport Riverin, si ma mémoire est fidèle,
rapport qui avait été déposé en 1975.
C'était une étude que le minisère du Travail et la
Commission des accidents de travail avaient commandé à ce moment
pour avoir des recommandations sur l'orientation et l'avenir de la
commission.
Nous sommes heureux de participer au débat, ce matin. Nous aurons
quelques commentaires à formuler probablement à chacun des
articles. Essentiellement, M. le Président, on doit se montrer favorable
à la présentation d'un tel projet de loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Très
brièvement, également, j'ai eu l'occasion au nom de l'Union
Nationale, évidemment, en deuxième lecture, d'indiquer notre
point de vue sur le projet de loi no 5, de faire certains commentaires au
ministre, de faire également certaines suggestions sur le cadre, comme
tel, de la loi no 5 et sur l'ensemble qui touche la Commission des accidents du
travail ou la sécurité au travail comme telle. J'ai
indiqué, à ce moment, que le projet de loi no 5 nous apparaissait
et nous apparaît toujours comme pertinent et je pense qu'il apporte une
amélioration. Même s'il n'est pas la réforme glo-
bale qu'on avait attendue, évidemment, il y a certaines choses
qui étaient déjà amorcées lorsque le nouveau
ministre est entré en fonction. Il devra se charger, comme il le fait
maintenant, de passer la loi qui est déjà au menu, à son
nom, avant de s'attaquer à cette réforme globale en ce qui
concerne la Commission des accidents du travail que l'on attend et qui a
été indiquée à maintes reprises depuis
déjà plusieurs mois et même quelques années.
J'avais dit, d'ailleurs, que l'ancien gouvernement avait indiqué
son intention de passer à cette réforme globale de la Commission
des accidents du travail pour faire, en quelque sorte, le grand ménage
qui peut s'imposer pour dépoussiérer un peu cet organisme et le
rendre, tout au moins, plus efficace, se servir des bonnes volontés
qu'il peut y avoir à l'intérieur de cet organisme pour le rendre
plus efficace et le moderniser.
C'est un peu la même chose, je l'avais indiquée au ministre
également, en ce qui concerne la Loi des accidents du travail comme
telle aussi qui demanderait, à certains égards, à
être rajeunie. Mais dans son ensemble, à ce chapitre, on attend
encore évidemment une réforme globale qui puisse repenser
l'ensemble de toute la législation en ce qui concerne les accidents du
travail.
Déjà, au niveau de la Commission des accidents du travail,
on remarque certains changements, mais je pense que le souci de
décentralisation qui a été mis de l'avant et qui est mis
en application, maintenant, peut, du moins, peut-être laisser croire
à une lueur d'espoir de ce côté. On arrivera, par ce
mécanisme, peut-être, à donner plus d'efficacité et
rapprocher la Commission des accidents du travail de l'accidenté comme
tel dans les différentes régions du Québec, ce qui
était un problème assez sérieux pour nos travailleurs
jusqu'à aujourd'hui, et qui le sera encore, jusqu'à ce que la
transition ne soit complètement effectuée. C'est-à-dire
que l'accidenté du trravail, dans plusieurs cas, est isolé
complètement des centres de décisions qui le concernent à
la Commission des accidents du travail. Il a à se battre, directement ou
indirectement, souventefois par son syndicat, par son député ou
par d'autres moyens, pour essayer d'obtenir justice de la part d'une structure
gouvernementale qui s'avérait lourde et souventefois anonyme.
J'espère, évidemment, que bientôt le ministre pourra
s'attaquer à cette réforme globale que beaucoup attendent avec
énormément d'impatience. Comme c'est le cas également pour
toute la question des maladies industrielles, en particulier, la loi 52. Je
m'étonne d'ailleurs à ce stade-ci j'en fais part au
ministre qu'on ait en avis au feuilleton, depuis déjà
quelques mois, un projet de loi qui n'a pas encore été
déposé en première lecture, dont on ne connaît
absolument pas le contenu et qui serait destiné à modifier en
tout ou en partie la question de la loi 52 qui comme on le sait, est
malheureusement une béquille pour nos travailleurs, loi 52 qui avait
été adoptée à la vapeur, on s'en souvient, en 1975,
et qui n'avait pas du tout réglé le problème des
travailleurs en cause. Elle avait, au contraire, à cause de
l'interprétation restrictive qu'on lui avait donnée par la suite,
causé énormément de problèmes dans les milieux
ouvriers parmi les accidentés du travail.
J'espère donc qu'il ne s'agit pas là d'une tactique comme
telle, j'espère qu'à ciel ouvert, on pourra obtenir cette loi
également bientôt, pour modifier en profondeur, en tout ou en
partie, comme je le disais, la question de la loi 52 et apporter une
réponse à tous ces gens qui sont affectés,
actuellement.
Ceux qui sont encore au travail, comme je l'ai indiqué au
ministre parce que plusieurs n'ont plus leur permis de travail et sont
encore dans les usines se demandant s'ils devraient sortir ou non. Comme
les autres qui sont à l'extérieur, qui, eux, n'ont plus leur
permis de travail, qu'on a remerciés de leurs services et qui se
demandent également: Est-ce que demain, je vais devoir rentrer au
travail et, s'il vous plaît, au salaire de base, j'en ai l'impression.
Tout ce que la loi 52 aura fait aura été de mettre le gars dehors
pour le faire revenir au salaire de base. Ces gens se posent des questions. Ils
sont en droit, je pense, de se les poser. C'est quand même toute leur vie
qui est là, leur gagne-pain et leur sécurité.
Je pense que l'essentiel dans tout cela, c'est qu'on arrête de
jouer avec eux.
Si ce n'est pas une réponse complète immédiatement,
au moins que le ministre puisse leur donner des indications sur ce que va
être leur avenir, tant pour ceux qui sont à l'extérieur,
qui n'ont plus de permis de travail et qui ont réorganisé
complètement leur vie face à cette loi 52 qui les a sortis du
milieu du travail, que vis-à-vis de ceux qui sont encore sur le
marché du travail sans permis de travail et qui se demandent s'ils
devraient sortir ou non.
J'espère que cet avis de projet de loi qui est au feuilleton, par
rapport à la loi 52, sera également mis sur la table avant
longtemps. Si ce n'est pas le cas, j'espère que le ministre nous donnera
d'autres indications en ce qui concerne d'autres formules qu'il pourrait
trouver pour régler le cas de ces individus. Il y a peut-être deux
chemins que pourrait emprunter le gouvernement sur lesquels on peut se poser
des questions. Ne voudrait-on pas régler les cas un à un, tant
ceux qui sont à l'intérieur des usines que ceux qui sont à
l'extérieur? Est-ce qu'on n'essaierait pas de retarder cette loi afin de
régler les cas un par un sans avoir, après cela, à adopter
une loi? On utiliserait plutôt une autre formule.
D'un autre côté, ne serait-on pas en train, par là,
de garder le statu quo jusqu'à ce que la situation se règle
d'elle-même? Là-dessus, évidemment, je demanderai des
réponses au ministre en temps et lieu, en cours de route, lorsqu'il en
sera question. Je profite de l'occasion qui m'est donnée ce matin, dans
cette optique d'un besoin d'une réforme globale de la Commission des
accidents du travail et de la Loi des accidents du travail pour souligner ces
anomalies qui existent et demander au ministre de s'acharner, le plus tôt
possible, sur ces problèmes. Si une loi comme
telle n'est pas apportée dans ce domaine, que le ministre nous
fournisse une réponse à donner à ces individus qui sont
inquiets afin qu'on puisse les orienter et leur dire ce qui s'en vient pour
eux.
C'étaient là les quelques commentaires d'ordre
général que j'avais à faire au début de cette
commission, j'en profite évidemment, étant donné que c'est
la première commission parlementaire dont le ministre à la
responsabilité en tant que ministre, pour lui offrir mes voeux. Cette
lourde responsabilité qui lui a été dévolue, ce
n'est pas une sinécure, ce ne sont pas des vacances. D'ailleurs, lui, il
n'est pas en vacances, il est ici. C'est le ministre du Ttravail et il est au
travail. J'ai l'impression que ce sera comme cela pour un bout de temps, car
c'est une lourde responsabilité. Même si, objectivement, les jours
ont continué d'avoir 24 heures, pour le ministre du Travail, les jours
sont beaucoup plus longs que 24 heures en ce qui concerne la somme de travail
nécessaire. Dans ce sens, nous lui offrons également notre
collaboration.
Je lui ai fait des suggestions dans le passé; je lui en ferai
d'autres à l'avenir, le tout dans le but, évidemment, de bonifier
nos lois du travail et d'essayer d'apporter quelque chose de positif à
nos travailleurs. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. Avant de donner la
parole au député de Laviolette, je ferais remarquer que M.
Vaugeois (Trois-Rivières) remplace M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes).
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Provenant du milieu enseignant, j'ai
été fier, surtout à la suite des demandes longuement
répétées, de retrouver dans le projet de loi, aux articles
1 et 2, le stagiaire étudiant qui se retrouve à
l'intérieur du marché du travail dans certaines circonstances de
sa carrière d'étudiant et cela va permettre de corriger certaines
anomalies.
On protégeait l'adulte travailleur, mais on oubliait l'enfant
qui, en certaines circonstances, venait à l'intérieur de l'usine
et pouvait avoir des difficultés au niveau des accidents du travail.
Mais j'aimerais aussi faire remarquer une autre anomalie qui existe et qui
pourrait peut-être, avec le ministre du Travail et le ministre de
l'Education, être regardée.
J'ai eu, à plusieurs occasions, à faire des
représentations auprès des commissions scolaires, dans un milieu
de travail qui est l'école professionnelle, des difficultés qui
peuvent exister à l'intérieur de cette machinerie lourde, de ces
milieux de bois, de travail de bois où l'étudiant peut être
en certain contact souvent en difficulté. Même si ce ne sont pas
des accidents de travail comme tels, ce sont des accidents à
l'intérieur des écoles qui peuvent être occasionnés
par la préparation que l'étudiant doit mettre à sa
carrière future. Et j'ai eu aussi, à d'autres occasions
c'est pour cela que je fais la mention entre le ministère de l'Education
et le ministère du Travail à suggérer une recherche
au niveau des enfants qu'on ap- pelle les voies allégées à
l'intérieur des écoles et voir comment souvent les commissions
scolaires traitent les étudiants et les professeurs qui s'y trouvent. Je
donne un exemple de cela.
Dans une école en particulier on a fait mention, à
plusieurs occasions, à la direction de la commission scolaire des
difficultés respiratoires qui peuvent être occasionnées,
dans une place où on fait le planage, où on fait le sciage du
bois, où il manque de ventilation, à des gens qui doivent
ramasser les copeaux, ramasser le bran de scie et tout cela, à
l'intérieur d'une seule classe réaménagée qui n'a
aucunement la valeur d'une école d'enseignement professionnel. Parce que
ce sont des enfants de cours allégés, donc des enfants qu'on
considère beaucoup plus comme des enfants ayant des aptitudes au point
de vue manuel plutôt que de l'esprit, souvent on les oblige à
vivre dans des conditions tout à fait anormales.
Donc, je demanderais au ministre de regarder ce point-là et de
voir quelles sont les possibilités futures, pour le ministère de
l'Education et le ministère du Travail, de régler les
problèmes qui peuvent surgir dans les écoles d'enseignement
professionnel. Ceux qui sont en préparation vers le CEGEP ont des
conditions qui sont très bonnes, mais regardez les écoles
où les enfants et les professeurs sont dans des conditions anormales,
comme milieu de travail pour le prof, mais comme milieu d'études pour
l'étudiant.
On faisait remarquer à ces commissions scolaires que l'enfant qui
vivait ces moments aurait des conditions totalement différentes dans
l'industrie parce qu'on parlait de ces milieux de vie différents au
niveau du travail. On nous répétait à la commission
scolaire: II faut qu'ils s'habituent à ces difficultés. Je pense
qu'on devrait jeter un coup d'oeil attentif sur ces cas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Tout d'abord je tiens à féliciter le
ministre pour l'excellent projet de loi no 5 que nous avons à
étudier et qu'on aura à voter incessamment. J'y trouve quand
même une lacune. J'ai discuté rapidement avec le ministre en
Chambre l'autre fois, à un moment d'arrêt, et je lui ai
signifié qu'il y avait une faiblesse au niveau de la
considération qu'on n'a pas pour les travailleurs en usine.
Je crois que le projet de loi no 5 touche d'abord et avant tout les
employés qui vont travailler dans les usines et carrières. On
n'inclut pas la protection des travailleurs qui auront à travailler sur
l'aménagement de ces matériaux qui se fait en usine. Si je
soulève ce point c'est que chez nous, dans le comté de
Beauharnois, on a une usine qui s'appelle la Stenhill où on a des cas
d'amiantose. Je voudrais, dans la mesure du possible, soulever cette question,
pas pour sensibiliser le ministre à ce problème, car je suis
sûr qu'il l'est, mais au cas où il y aurait possibilité,
dans les travaux que nous entamons présentement en commission
parlementaire sur le projet de loi 5, d'ajouter un article qui permettrait la
protection des gens que je viens de
mentionner. J'apprécierais ainsi d'autant plus ce fameux projet
de loi 5. Merci.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit,
j'appelle l'article 1. M. le ministre.
Stages d'étudiants
M. Johnson: L'article 1, M. le Président, vise
essentiellement à permettre aux étudiants qui doivent effectuer
des stages qu'ils soient rémunérés ou non
dans les entreprises, d'être couverts par le régime de la
Commission des accidents du travail, ce qui en pratique signifie, dans le cas
du secondaire et du professionnel, dans le cas des stages courts, 2400
étudiants; dans le cas des stages longs, 14 000 étudiants; dans
le cas des CEGEP, section professionnelle, 11 000 étudiants; dans le cas
des universités, 21 000 étudiants environ, et dans le cas de la
formation des adultes, environ 2700 personnes, totalisant un peu plus de 53 000
personnes qui n'étaient pas jusqu'à maintenant couvertes par le
régime de la Commission des accidents du travail et qui le sont
maintenant en vertu des dispositions de l'article 1.
Quant aux autres remarques qui ont été faites par les
députés, dois-je y répondre à la fin ou
immédiatement?
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez y allez tout de
suite, si vous le voulez.
M. Johnson: Brièvement, quant aux remarques du leader
adjoint de l'Union Nationale, j'aimerais souligner que nous sommes en train
d'étudier le projet de loi no 5 et non pas le projet de loi no 33. Il
pose des questions sur le contenu du projet de loi no 33 modifiant la loi 52 et
je comprends pourquoi il se pose des questions. Je dois lui dire que le
ministère espère jusqu'à maintenant, il a fait des
représentations auprès des trois syndicats qui sont
impliqués dans la région de l'Amiante et auprès du
procureur de l'Association des mines d'amiante que les 265 cas dont il
était question soient réglés. Au moment où nous
nous parlons, il reste 15 cas qui ne sont pas réglés.
La raison pour laquelle j'hésite à déposer le
projet de loi no 33, c'est qu'en fait c'est une loi particulière qui
devancerait le régime général des conditions de
sécurité de santé au travail. Il m'apparaît, sur le
plan de la technique législative comme au niveau du fond, discutable
d'envisager une réforme partielle dans un secteur, qui risque de coucher
et de bloquer dans le ciment certains principes qui pourraient être
modifiés dans une loi générale, mais dont la portée
serait beaucoup plus large. C'est dans ce sens que nous avons beaucoup d'espoir
dans le fait que les parties négocient à ce sujet. Nous
espérons qu'elles parviendront à un règlement
rapidement.
En ce qui concerne les remarques du député de Laviolette,
je crois qu'en ce qui touche les écoles ou à l'intérieur
même de l'école il se fait un travail de nature technique qui
risque d'amener des blessures, etc. Je présume, sans l'avoir
étudié parce que le cas vient tout juste de m'être soumis,
que normalement l'institution est couverte par un régime d'assurance
dans de tels cas. Si elle ne l'est pas, je pense que c'est effectivement une
correction qu'il faudra apporter dans les plus brefs délais au niveau du
ministère de l'Education.
En ce qui touche la salubrité dans les milieux de travail dans
les écoles, ce qui est un autre domaine, j'en conviens, qui n'est
sûrement pas, par définition, couvert par
l'assurance-responsabilité dans une institution, je lui rappelle que le
gouvernement a l'intention de présenter une législation globale
sur la question de la sécurité et de la santé des
travailleurs. Nous tiendrons compte de ses remarques avec le ministère
de l'Education.
Je voudrais faire un dernier appel à ce sujet au ministère
de l'environnement, qui, jusqu'à maintenant, a manifesté un
certain intérêt pour les normes de salubrité au nom de la
notion de la qualité de la vie et de l'environnement adéquat.
Finalement, quant aux remarques du député de Beauharnois, je
crois qu'elles touchent essentiellement les dispositions de la loi no 33 et non
pas de la loi no 5. Il me paraît effectivement impossible, dans la loi no
5, d'apporter des amendements dans le sens où on pourrait couvrir le
travail en usine, entre autres en ce qui touche l'amiantose. Cependant, je dois
l'assurer, que ce soit le projet de loi no 33 que nous devrons peut-être
déposer, selon le cas, ou que ce soit le projet global étudiant
les normes de la santé et de la sécurité au travail, il
est très clair que ce problème fait l'objet d'une étude
importante et on entend y apporter une solution.
M. Brochu: Le ministre me permettra peut-être une question
sur l'exposé qu'il vient de faire, en ce qui concerne la loi 33 par
rapport à la loi 52. Lorsque le ministre dit qu'il reste 15 cas à
régler sur les 265, cela implique-t-il automatiquement que les personnes
à qui on a retiré leur permis de travail et qui sont maintenant
hors du marché du travail peuvent être assurées maintenant
qu'elles vont garder le même statut et qu'elles ne seront pas
rappelées de force comme il y a eu un risque, et je ne sais pas
s'il y en a encore un à reprendre le travail, à la
même usine ou ailleurs?
M. Johnson: Cela dépendra du règlement. Je dois
dire que ce n'est pas d'un règlement qu'il s'agit mais de trois parce
qu'il y a trois associations de salariés qui représentent ces 265
personnes, une association ayant l'immense majorité, et les deux autres
associations, certains des cas. Cela dépendra évidemment du type
d'entente qui peut avoir lieu entre l'Association de salariés et les
représentants de l'Association des mines d'amiante du Canada.
M. Brochu: Mais qu'est-ce qu'on entend par "cas
réglé" lorsqu'on dit qu'il ne reste que 15 cas sur 265?
M. Johnson: C'étaient 265 cas dont il a été
question au moment où le gouvernement a décidé de
procéder à l'élaboration d'un projet de loi vi-
sant ces cas, c'est-à-dire ceux chez qui on avait
découvert les signes d'une maladie chronique d'amiantose. Il semble que
la situation ait été compliquée par le fait que les
directives et les suggestions qui ont été suivies dans la
majorité des cas donnés par les différentes associations
de salariés ont été différentes d'un cas à
l'autre, c'est-à-dire selon qu'on avait affaire à un syndicat
CSD, CSN ou FTQ. Dans certains cas, vous avez des gens qui sont toujours au
niveau du puits de la mine et qui attendent une compensation ou une mutation
à un poste où le taux de fibres par centimètre cube est
inférieur à celui auquel ils sont exposés et, dans
d'autres cas, vous avez des gens qui ont refusé carrément de se
rendre au niveau de la mine.
C'est pour cela que la négociation est peut-être un peu
ardue entre l'Association des mines d'amiante, étant donné que le
problème n'est pas défini de la même façon pour tous
les salariés même s'il s'agit, finalement, du même
problème sur le plan organique qui est celui de l'installation d'une
maladie progressive qui s'appelle l'amian-tose.
L'article 1 est-il adopté, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): L'article 1, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Seulement quelques mots pour
réitérer ce que j'ai formulé au début. Je suis bien
heureux, personnellement, en tant que député de Portneuf, de voir
l'inclusion, dans la loi de la CAT, d'un article prévoyant les
dispositions qui concernent les étudiants. Il faut quand même
constater que, dans plusieurs régions du Québec, on avait des
problèmes à placer les étudiants, particulièrement
ceux qui évoluent dans le secteur professionnel.
Le député de Laviolette a fait état tantôt de
certains groupes. Je dois faire part au ministre qu'il y a certainement un
dossier qui a été présenté par la Chambre de
commerce de Portneuf, une requête qui a été
formulée, tant au ministère du Travail qu'au ministère de
l'Education, pour, entre autres, permettre qu'une expérience pilote soit
mise de l'avant chez nous, qui permettra aux étudiants du secondaire de
faire un stage en milieu professionnel.
Un des problèmes qui étaient soulevés par les
employeurs à ce moment, c'était la couverture par la Commission
des accidents du travail, effectué par ces étudiants. Cela touche
quelque 50 000 étudiants. Nous en sommes bien heureux et nous nous
montrons d'emblée favorables à l'adoption de l'article 1.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, en ce qui concerne la
protection de l'étudiant en stage, nous sommes évidemment
d'accord sur le principe qui a été établi ici de couvrir
ces étudiants en cas d'accident de travail. D'ailleurs, le Conseil du
patronat appuie aussi cette décision sans réserve.
Maintenant, dans le paragraphe o), le mot "administrateur", à mon
sens, peut porter à confusion. En effet, tous ceux qui ont une
responsabilité administrative pourraient être exclus à la
rigueur de l'assurance, les employeurs pouvant exercer l'option de les assurer
ou non, à cause, justement, de leur fonction administrative qui ne
serait pas reliée directement à la fonction de travailler
entendue de façon habituelle dans ce milieu.
Pour éviter toute ambiguïté, il faudrait
peut-être dire "administrateur d'une corporation" au sens de la section
24 de la loi des corporations, chapitre 271. A ce moment, je pense que cela
éviterait peut-être cette confusion et apporterait une
précision, de sorte qu'on ne pourrait pas jouer sur le sens de ce
terme.
M. Johnson: Oui. C'est-à-dire qu'il faut lire en
concordance ce que sera le nouvel article 12 modifié par l'article 3 du
présent projet de loi et le paragraphe o) de l'article 2 de la loi telle
que modifié par le paragraphe 1. Je m'explique. Le premier paragraphe
o), essentiellement, répète ce qui était inclus dans la
loi au niveau de l'administrateur. Quand on arrivera à l'article 3, vous
comprendrez les nouvelles dispositions qui visent à permettre,
effectivement, à celui qui n'est pas considéré comme un
salarié touché par la loi à se protéger de la
même façon que les autres.
Je pense que la réponse viendra au niveau de l'article 3.
M. Brochu: D'accord. Justement à l'article 3, ici, je
prends le projet de loi, dans la deuxième partie on parle de
"l'employeur ou l'administrateur d'une corporation..." Ici, on prend bien soin
de l'indiquer comme tel. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de l'indiquer
de façon précise également à l'article 1, au
paragraphe o), étant donné qu'on prend la peine, ici, de
l'indiquer. Article 3, deuxième partie: "L'employeur ou l'administrateur
d'une corporation qui... bénéficient de la protection
accordée par le paragraphe 1, etc..."
M. Johnson: Dans quel sens cela vous pose-t-il un
problème?
M. Brochu: C'est parce qu'ici, disons qu'à l'article 1,
paragraphe o), en ne l'indiquant pas de façon précise, j'ai
l'impression qu'une entreprise pourrait peut-être à la rigueur
dire:
Ecoutez, cette personne, étant donné ses fonctions
administratives, n'est pas couverte directement par la Loi des accidents du
travail ou par ce qu'on prévoit pour ces gens à
l'intérieur du projet de loi no 5. Si on a pris la précaution,
à l'article 3, deuxièmement, d'indiquer comme tel
l'administrateur d'une corporation, je me demande pourquoi ici on n'aurait pas
cette précaution également de l'indiquer clairement.
M. Johnson: II n'y a pas de différence. En fait, l'article
1 du projet de loi reproduit le premier paragraphe de l'article 2, paragraphe
c) tel qu'il existait. Il ne le change pas du tout, sauf qu'on emploie le
mot "administrateur" au lieu du mot "directeur". Essentiellement, c'est
une question de normalisation du vocabulaire. Cela ne change rien au sens.
D'autre part, l'article 3, lui, auquel on arrivera après avoir
adopté les articles 1 et 2, prévoit qu'il y a effectivement une
couverture de l'administrateur d'une corporation et les sous-paragraphes de
l'article 12 démontrent dans quels cas effectivement cette protection
vaut.
Je pense qu'il n'y a pas de problème. Le seul mot qui est
changé, en fait, c'est "directeur" pour "administrateur", mais c'est
simplement une question de concordance dans les termes.
M. Brochu: D'accord, cela va. Parce que je voyais aussi la
différence qu'on établissait à l'article 3,
deuxièmement: "l'employeur ou l'administrateur"; on avait les deux
possibilités. Avec l'explication du ministre, cela va, parce qu'on parle
à l'article 1, paragraphe c), de l'administrateur d'une corporation. A
ce moment, il n'y a pas de problème, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 1, adopté?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 2?
M. Johnson: L'article 2, en fait, donne le statut d'employeur
à l'institution qui est responsable de l'étudiant, pour les fins
de cotisations et de protection du régime, mais c'est en fait le
corollaire évident de l'extension de la loi aux étudiants
stagiaires.
M. Brochu: M. le Président, j'aurais peut-être une
question à poser au ministre. Le fait ici, à l'article 2, qu'il y
ait deux employeurs reconnus... Je vais essayer de parler un peu plus fort
à cause du bruit à l'extérieur.
M. Johnson: Pourriez-vous fermer les fenêtres?
M. Brochu: Du fait qu'il y a deux employeurs reconnus,
c'est-à-dire l'institution d'enseignement, d'une part, et, d'autre part,
la personne chez qui l'étudiant est en stage, est-ce à dire que
les deux seront tenus de payer à la Commission des accidents du travail
ou si ce sera seulement l'employeur comme tel?
M. Johnson: C'est un seul. M. Brochu: Un seul.
M. Johnson: L'autre, dans le cas de l'employeur, c'est pour les
fins de l'exclusion de responsabilité civile et non pas pour les fins de
la cotisation. Alors, il y a un seul cotisant.
M. Brochu: Ah bon!
M. Johnson: Par contre, on veut exclure la responsabilité
civile de celui qui, de toute façon, est dans une nouvelle situation
où effectivement les gens qui travaillent chez lui sont couverts par la
Commission des accidents du travail. C'est que l'employeur, en ce moment, est
obligé de s'assurer spécifiquement pour les stagiaires.
Comme l'a souligné le député de Portneuf tout
à l'heure, cela allait même jusqu'à provoquer des
situations un peu aberrantes où l'employeur refusait d'avoir des
stagiaires qui, de toute façon, en avaient besoin en vertu de leurs
programmes d'études, parce qu'il disait: Moi, je suis obligé
d'aller me chercher une assurance spéciale pour ces gens. Maintenant, la
loi va permettre qu'il y ait une exclusion de responsabilité civile et
que la couverture de ces étudiants soit acquise par le biais de la
Commission des accidents du travail. A ce moment, l'employeur n'a plus le
problème d'essayer de se trouver une assurance spécifique pour
ces stagiaires, ce qui était parfois très difficile.
M. Brochu: C'était un problème, oui. Maintenant on
dit au paragraphe 2 de l'article 2,9a: "Pour les fins des articles 7, 8, 9 et
15, la personne chez qui un étudiant, sous la responsabilité
d'une institution d'enseignement, effectue un stage..." Est-ce que le mot
"personne" comme tel également ne porterait pas un peu à
confusion? Est-ce qu'on ne pourrait pas indiquer "employeur assujetti",
c'est-à-dire celui qui doit, à ce moment, payer les cotisations
auprès de la Commission des accidents du travail?
M. Johnson: La loi, en fait, assujettit des secteurs à son
application. Il est bien évident que l'étudiant qui va effectuer
un stage, par exemple, dans l'industrie agricole qui n'est pas couverte par la
Commission des accidents du travail, est exclu, puisque ces personnes ne sont
pas visées par la loi elle-même et que le projet de loi no 5 vise
simplement à modifier la Loi des accidents du travail.
A ce moment-là, les personnes dont on parle aux articles 7, 8, 9
et 15 sont les personnes qui, de toute façon, sont déjà
soumises à l'application de la loi.
C'est bien dit ceci: La personne chez qui un étudiant, sous la
responsabilité d'une institution d'enseignement, effectue un stage non
rémunéré dans une industrie visée par la
présente loi. Les articles 7, 8, 9 et 15 sont les articles de la Loi des
accidents du travail qui vont exclure la responsabilité de l'employeur
et des coemployés.
Une Voix: Des tiers.
M. Johnson: Des tiers qui sont coemployés dans l'exercice
de leurs fonctions. Pour faire en sorte que ces gens ne puissent pas être
poursuivis en responsabilité, advenant le cas où un
étudiant serait blessé alors qu'il effectue un stage, il faut
absolument adopter une disposition semblable pour exonérer la
responsabilité de l'employeur et des coemployés,
c'est-à-dire faire exactement comme si c'était un autre ouvrier
à l'emploi de cet employeur chez qui s'effectue le stage alors que
l'étudiant n'est pas véritablement à l'emploi de cet
employeur, mais relève de la responsabilité de
l'institution d'enseignement.
M. Pagé: C'est-à-dire qu'en vertu des articles 7 et
8 il aurait un droit de recours et contre l'employeur et contre un
employé aussi si cet employé était responsable d'un
accident.
M. Johnson: C'est-à-dire que les articles 7 et 8 excluent
le recours contre l'employeur.
M. Pagé: C'est cela.
M. Johnson: On veut l'étendre à cet employeur qui
n'est pas véritablement un employeur.
M. Pagé: C'est pour cela qu'il y a une prévision
particulière dans le deuxième alinéa, d'accord.
M. Johnson: Cela va?
M. Pagé: D'accord.
M. Brochu: II y a un autre éclaircissement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: ... que j'aimerais avoir à ce sujet. La
question était la suivante: Est-ce que la personne qui est
indiquée ici pourrait être, par exemple, un confrère de
travail ou une autre personne physique à l'intérieur de la
même entreprise ou si on l'entend simplement dans le sens
général de l'entreprise ou de l'institution?
M. Johnson: C'est la personne quelle qu'elle soit, en vertu de la
Loi d'interprétation. S'il s'agit d'une personne physique, c'est cette
personne physique-là. S'il s'agit d'une personne morale, c'est la
personne morale.
Quant à la question de savoir si la personne comprend non
seulement l'employeur mais le coemployé et le compagnon de travail, si
la personne est bien l'employeur et que cet employeur est
exonéré, puisqu'il y a une présomption qu'il est un
employeur pour les fins de la loi, ses employés à lui deviennent
aussi exonérés en vertu...
M. Brochu: Bon, d'accord. Maintenant, une dernière
question. Sur quelle base sera indemnisé, par exemple, un
étudiant non rémunéré qui pourrait être
victime d'un accident de travail?
M. Johnson: Le salaire minimum. M. Brochu: Le salaire
minimum.
M. Johnson: Pour votre bénéfice, je pourrais
peut-être préciser une chose. Il est évident que la plupart
de ces étudiants sont peut-être âgés de moins de 21
ans. Il y en aura certainement qui auront plus que 21 ans, mais en tout cas, on
dit "moins de 21 ans". En vertu de l'article 26 de la
Loi des accidents du travail, il y a possibilité de
réviser la base de salaire lorsque l'étudiant en fait la demande.
La commission le fait toujours automatiquement au moins à 21 ans. A ce
moment-là, il sera possible de tenir compte du salaire qu'il aurait
gagné s'il n'avait pas été blessé. Par exemple,
s'il subit un accident grave alors qu'il est apprenti, s'il avait
continué à être apprenti, il serait devenu qualifié
dans tel poste, telle fonction; on regarde, à ce moment-là,
l'ouvrier qui aurait suivi exactement le même chemin. Au cours de
l'année où l'étudiant a atteint ses 21 ans, on dit: Cet
ouvrier, quel salaire gagne-t-il maintenant? On révise la base de
salaire pour le compenser sur cette base de salaire-là.
M. Pagé: Cela prévoit, par exemple,
l'étudiant qui aurait un accident durant le dernier mois de son stage,
avant d'entrer vraiment sur le marché du travail?
M. Johnson: C'est cela. M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: L'exemple que je pourrais donner au
député de Richmond est celui de l'étudiant apprenti
menuisier qui, en vertu du programme de l'école technique où il
est, doit aller faire un stage obligatoire dans l'entreprise. S'il se coupe
quatre doigts de la main droite, on ne peut pas s'attendre à ce qu'il
devienne un planeur par la suite. Au moment où il a son accident,
l'évaluation est faite sur la base du salaire minimum,
c'est-à-dire $3.15 au moment où on se parle. Au moment où
il devient effectivement celui qui, normalement, est un planeur compagnon et
non pas apprenti, on réévalue quel est le salaire que,
normalement, il ferait aujourd'hui et on applique les barèmes de la
Commission des accidents du travail jusqu'à concurrence, au moment
où on se parle, de $13 500 et jusqu'à concurrence, ce midi,
probablement de $15 500.
Cet aspect de la référence à l'ordonnance du
salaire minimum est prévu à l'article 5 du projet, au paragraphe
b), qui prévoit justement, vous l'avez à la page 6 du projet de
loi, en haut, paragraphe 7: "Pour les fins de la présente loi, la
commission établit les gains hebdomadaires moyens d'un étudiant
en stage non rémunéré selon l'ordonnance de la Commission
du salaire minimum en vigueur au jour de l'accident." Cela vient
compléter les articles 1 et 2.
M. Brochu: Alors, il y a un ajustement qui se fait
automatiquement ou presque.
M. Johnson: Qui se fera, disons, quand il en fera la demande, ou
au moins, à l'âge de 21 ans, il y a révision de la base de
salaire qui va se faire en vertu de l'article 26 de la Loi des accidents du
travail.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté? M.
Pagé: Adopté.
M. Johnson: Article 3.
Le Président (M. Boucher): Article 3.
Employeurs et administrateurs de corporation
M. Johnson: L'article 3, M. le Président, vise
essentiellement à garantir la continuation de la protection de la Loi
des accidents du travail aux employeurs et aux administrateurs de corporation,
aussi longtemps que ceux-ci désirent cette protection ou se soumettent
à ses conditions. Par la même occasion, on enlève de cet
article la référence à un montant fixe du salaire et on se
réfère évidemment à la technique d'indexation qui
est introduite un peu plus loin dans le projet de loi.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 4.
M. Pagé: J'aurais quelques commentaires, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Johnson: Sur l'article 3?
M. Pagé: Sur l'article 4. L'article 3 est adopté,
M. le ministre.
Remboursement
M. Johnson: A l'article 4, essentiellement, il s'agit des
dispositions en vertu desquelles l'employeur est requis de payer les cinq
premiers jours, pour lesquels il obtiendra un remboursement, et
l'employé, lui, ne sera pas obligé de faire ce remboursement. En
pratique, cela veut dire que si le délai, dans l'immense majorité
des cas, est inférieur à trente jours, entre le moment du premier
avis d'accident de travail et le moment du remboursement, il va être
supporté par l'employeur.
Certaines personnes ont fait des représentations voulant que cela
pouvait être dramatique, particulièrement pour les petites et les
moyennes entreprises. Ecoutez, en pratique, dans une entreprise qui a 50
personnes, on ne peut quand même pas présumer que tout le monde a
un accident de travail tous les jours. Prenons une semaine où quelqu'un
fait un salaire moyen d'à peu près $200 à 75%, ce qui fait
$150, pour cinq jours, alors qu'on sait que déjà 45% des cas sont
des accidents qui provoquent un non-travail, de la part de l'employé, de
moins de cinq jours. En pratique, on fait supporter à l'entreprise les
intérêts sur ces $150 pour une période de trente jours.
M. Pagé: En moyenne.
M. Johnson: En moyenne, alors finalement, je pense que cela n'a
rien de vraiment dramatique. Si c'est cinq jours. Dans certains cas c'est moins
que cela. Dans certains cas c'est une demi-journée, deux jours.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Disons que l'objectif qui est recherché
par l'article est tout à fait louable, il n'y a pas de problème
à ce chapitre. Mais là où je m'interroge depuis le temps,
c'est quand il s'agit de laisser à l'employeur la responsabilité
de déterminer si vraiment celui-ci doit, en tant qu'employeur, verser
les 75%. En fait, on peut se demander ce sur quoi l'employeur sera
appelé à se fonder pour vraiment déterminer s'il doit les
verser, oui ou non. On sait pertinemment que la commission, elle, avant de
déterminer si une réclamation est acceptable, se fonde sur un
rapport médical, se fonde dans certains cas sur une enquête.
D'autant plus cela c'est le premier élément que
l'employeur a quand même une épée au-dessus de la
tête dans ce sens que la loi, l'article dit que si ce n'est pas
versé et que, par suite d'une décision de la commission, il
aurait dû le verser, la pénalité est deux fois le montant
qu'il aurait dû verser.
Moi, je suis convaincu que les employeurs n'auront pas le choix,
pratiquement pas le choix. C'est qu'ils devront dire: On va le verser purement
et simplement. Cela, c'est le premier élément. C'est plus
qu'incitatif selon moi.
Le deuxième élément, c'est dans le cas où la
réclamation n'était pas fondée, c'est-à-dire que
l'employeur a un droit de recours contre l'employé. Le problème
que j'y vois, moi, c'est qu'avec les mouvements de la main-d'oeuvre, je
considère qu'il y a probablement un paquet d'employeurs pour lesquels ce
recours est purement illusoire. Je crois qu'il aurait peut-être
été préférable que ce soit la commission qui
s'engage à ce moment-là, que l'employeur ait un recours contre la
commission, purement et simplement et que la commission verse 75% du salaire
pour cinq jours à l'employé pour qui la réclamation
n'était pas acceptable.
Ce sont les deux seuls commentaires que j'ai à faire, M. le
Président; le droit de recours par l'employeur contre l'employé,
selon moi, est illusoire si la réclamation n'est pas fondée,
d'une part. D'autre part, comme en a fait état le ministre, vu que la
période d'analyse de la commission pour déterminer si une
déclaration est acceptable ou non généralement en moyenne,
c'est 30 jours, je me demande comment on peut demander à l'employeur,
illico, sur-le-champ, sans rapport médical, strictement en constatant un
accident comme cela, sans aucune enquête, de juger si la
réclamation est acceptable ou non.
M. Brochu: Est-ce que le ministre aimerait mieux qu'on fasse le
tour de la question avant de répondre?
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, pour ma part, à
l'article 4, il m'apparaît un peu abusif, au point de départ,
d'imposer justement à l'employeur l'obligation de payer une compensation
sous forme d'avance à ses employés accidentés de travail.
Si la demande n'est pas fondée, à ce moment c'est l'employeur qui
devra courir après les fonds et essayer de les
récupérer.
M. Pagé: C'est un recours illusoire.
M. Brochu: Oui, c'est un recours illusoire. Il y a un danger
aussi de provoquer une série de tracasseries administratives pour ces
entreprises. C'est peut-être moins apparent lorsqu'on pense aux grandes
et même à certaines moyennes entreprises, mais, lorsqu'on parle de
la petite entreprise, je pense que la lourdeur de l'imposition de ces
tracasseries, c'est un peu excessif, surtout que la petite entreprise a quand
même un fonds de roulement restreint.
Si un ou plusieurs accidents devaient se produire dans la petite
entreprise et qu'à ce moment des avances devraient être consenties
à des employés, ces petites entreprises pourraient
peut-être à la rigueur avoir certains problèmes à
cause de leur fonds de roulement restreint. Les recommandations du Conseil du
patronat du Québec étaient plutôt d'agir sur
l'efficacité de la structure de la Commission des accidents du travail
pour permettre un mode plus rapide et plus efficace de paiement de
compensations, ce qui est l'objectif de cet article. D'ailleurs, je l'ai
souligné dans mon discours de deuxième lecture aussi, il y a des
lenteurs qui ne sont pas explicables au niveau de la commission.
J'espère que la décentralisation qui commence à la
Commission des accidents du travail je l'espère, je le souligne,
je le mets entre parenthèses et tout ce que vous voudrez pourra
accélérer le paiement des accidentés du travail. Ces gens
sont vraiment mal pris. Comme je l'ai indiqué au ministre, il arrive
parfois que les gars sont obligés de recourir à l'assistance
sociale pour avoir une pitance qu'ils sont obligés de remettre par la
suite.
Je pense qu'il y aurait de l'amélioration à apporter au
niveau de la structure même de la Commission des accidents du travail
pour le paiement. La recommandation du CPQ à cet égard est fort
justifiée. On a un organisme qui existe pour ces problèmes, la
Commission des accidents du travail. Il y a des lourdeurs énormes. C'est
d'abord là qu'il faut agir pour amener les correctifs. Ce n'est pas,
à mon sens, en déplaçant le problème, en disant la
Commission des accidents du travail fonctionne, en ce qui concerne le paiement
des employés, à moitié ou à peu près. Etant
donné que c est comme cela, on va remettre la responsabilité aux
entreprises et vous autres, arrangez-vous avec cela.
Cela se fait déjè, mais sur une base volontaire. Certaines
entreprises, lorsqu'elles ont des accidentés du travail comme cela, vont
faire certaines avances, mais sur une base strictement volontaire.
Je me demande pourquoi on n'en resterait pas à cette base
volontaire où certaines entreprises le font selon leur volonté,
selon les circonstances et selon leurs capacités aussi. Si on
établit dans notre cadre législatif l'obligation pour toutes les
entreprises, même celles que gêne un tel procédé,
seront obligées de s'y soumettre. C'est là-dessus que j'ai
beaucoup de réserves et de restrictions.
A ce sujet, M. le Président j'attire l'attention du
ministre là-dessus aussi il est déjà prévu
à l'article 43 de la Loi des accidents de Travail, un mécanisme
de compensation pour l'employeur qui continue à payer le salaire de son
ouvrier. Cela se fait déjà. C'est ce que je disais.
Dans les faits actuellement, à cause de ce mécanisme qui
est déjà prévu à l'intérieur de la
Commission des accidents du travail, certains employeurs se prévalent de
l'article 43 et font les avances nécessaires à leurs
employés, mais selon les circonstances. Personne à ce moment n'a
à subir de préjudice ou à être à
l'intérieur du carcan obligatoire d'une loi. Cela se fait sur une base
volontaire.
A ce que je sache, selon l'expérience que je peux avoir, ce point
particulier de paiements par les entreprises ne pose pas, actuellement, de
problème comme tel. Je me demande pourquoi le ministre n'en resterait
pas simplement à ce moyen volontaire, quitte à s'attaquer
à la cause véritable du problème, là où se
situe vraiment tout le débat, la question de la Commission des accidents
du travail.
Je termine là-dessus. On impose à nos entreprises deux
choses que je trouve un peu exagérées. On leur fait faire en
partie le travail de la Commission des accidents du travail en ce qui concerne
le jugement apporté par rapport à l'accidenté de travail.
Est-ce qu'il est suffisamment accidenté? Est-ce que son degré
d'accident est tel qu'on lui permette ou non une avance. On laisse le jugement
de cette chose à l'entreprise. On l'oblige à cette chose. Si
jamais il devait y avoir récupération de fonds provenant de
l'employé, on charge encore l'entreprise de récupérer ces
fonds à partir de son employé.
C'est enlever à la Commission des accidents du travail ses
responsabilités et ses devoirs pour les transmettre aux entreprises. Je
ne pense pas, dans ce sens, que cela bonifie, d'aucune façon, le
processus actuel. Pour ma part, je demande au ministre de réviser sa
position à ce sujet parce que je ne pense pas que cela fasse
évoluer la situation et que cela améliore grand-chose,
étant donné qu'on a déjà, comme je le disais
tantôt, prévu, à la Commission des accidents du travail, un
mécanisme qui fonctionne relativement bien.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, il y a passablement
d'éléments dans ce qu'ont évoqué le
député de Portneuf et le député de Richmond.
J'aimerais tout simplement rappeler la raison fondamentale pour laquelle il y a
des délais à la Commission des accidents du travail. Le
délai de
30 jours qui, de toute façon, m'apparaît un
délai relativement raisonnable si vous vous placez du point de vue de
l'employeur plus que de celui qui a besoin de son chèque, et c'est cela
qu'on essaie de corriger est, d'abord et avant tout, dû aux
employeurs qui ne rapportent pas l'accident. Si l'employeur met 20 jours
à rapporter l'accident à moins que la convention
collective le prévoie autrement, ce qui est le cas dans certaines
grandes entreprises, j'en conviens, mais qui n'est pas le cas de façon
généralisée il est bien clair que c'est l'employeur
qui met l'employé dans une situation où, effectivement, il ne
reçoit pas son chèque et le montant pour la période
où il était invalidé pour une période de cinq jours
ou autrement, d'une part.
M. Pagé: Si vous me le permettez, M. le ministre, sur le
même sujet. Vous avez dit tantôt que le délai moyen du
paiement est de 30 jours.
M. Johnson: Dans 85% des cas c'est moins de 30 jours.
M. Pagé: Moins de 30 jours. D'accord. Etes-vous au courant
du délai moyen de la déclaration de l'employeur?
M. Johnson: Je vais continuer et on va y revenir.
M. Pagé: C'est parce que vous sembliez être certain
qu'un des motifs principaux c'était le retard de l'employeur.
M. Johnson: Je ne me souviens pas du jour
précisément, mais essentiellement les délais dus à
cela proviennent du défaut de déclaration de l'employeur de
l'accident. Or, si l'employeur est dans la situation où, effectivement,
il doit verser...
M. Pagé: Mais quel est le délai moyen de
l'employeur pour rapporter l'accident?
M. Johnson: Je vais vous le donner, cela va prendre deux
minutes.
M. Pagé: Si vous êtes en mesure de dire que c'est un
des principaux motifs de retard, vous devez savoir quel est le délai
moyen.
M. Johnson: Effectivement la situation s'est
améliorée depuis ces dernières années puisqu'en
1975 les employeurs mettaient en moyenne 28 jours pour rapporter un accident,
alors qu'en 1976 la moyenne tombait à 23 jours. Il reste que 55% des
rapports des employeurs sont acheminés à la CAT après 20
jours à compter de l'accident. Fait aussi notable, seulement dans 59%
des dossiers acheminés à la CAT, l'accident nous est
signalé, souvent, par un compte qu'on reçoit du médecin
qui a vu l'accidenté à l'hôpital ou ailleurs.
M. Pagé: Vous ne croyez pas que c'est à ce niveau
qu'il serait plus opportun d'agir?
M. Johnson: Les départs ont été faits. C'est
cela. C'est que, d'une part, la commission a fait des efforts dans ce sens avec
toute la bonne volonté et toute l'incitation possible. Je suis sûr
que des employeurs collaborent de façon très efficace. Cependant,
si vous mettez l'employeur dans la situation où, effectivement, il va
effectuer le paiement pour les premiers cinq jours ou pour les trois jours si
c'est trois jours ou pour la journée si c'est une journée, il va
être pressé de faire le rapport à la Commission des
accidents du travail. Cela va permettre à cette dernière, d'une
part, de connaître le taux d'accidents qu'on rencontre dans certains
types d'industrie ou dans certaines entreprises spécifiques parce que,
dans certains cas, c'est très clair que les employeurs n'ont pas un
avantage énorme à déclarer le nombre d'accidents qu'ils
ont parce que leur cotisation est en fonction. C'est le principe d'une
mutuelle. Si le risque augmente, la cotisation augmente à la Commission
des accidents du travail.
Donc, cela va permettre, d'une part, de mettre de l'ordre
là-dedans. Deuxièmement, cela va inciter l'employeur à
envoyer rapidement la déclaration qui permet à la CAT
d'émettre les paiements pour le reste du temps au-delà de cinq
jours, si c'est plus de cinq jours, d'une part; deuxièmement, pour le
remboursement de l'employeur. Troisièmement, j'aimerais vous dire que
les statistiques des six derniers mois démontrent que sur 132 199
dossiers ouverts à la CAT, entre le mois de janvier et le mois de juin
1977, 483 seulement ont été rejetés, soit 0,4%,
c'est-à-dire 0,4 de 1% de cas qui n'étaient pas
considérés comme des accidents de travail au niveau de la
première instance. C'est cela, et ces 0,4 de 1% incluent
également des réclamations qui auraient pu être faites
purement par erreur. Par exemple, le médecin qui reçoit dans une
salle d'urgence une personne avec des ennuis, qui remplit cela sur une formule
de la Commission des accidents du travail parce qu'il pense que c'est cela et
qui découvre, deux jours après, en voyant le patient, que ce
n'était pas un accident de travail. Pourtant, on arrive quand même
à 0,4 de 1% de faux accidents de travail dans les six derniers mois.
C'est quand même significatif.
D'autre part, je tiens à revenir sur ce que disait le
député de Richmond, que, souvent, le fonds de roulement de ces
entreprises est faible. On ne parle pas de sommes astronomiques, on parle de
75% du salaire moyen de ce salarié et, finalement, pour l'employeur,
cela devient quoi? Cela devient le paiement des intérêts pour une
période allant, en général, à pas plus de 30 jours,
et cela présumait que lui, il prenait à peu près 23 jours
en moyenne pour faire sa déclaration. Cela va être le paiement des
intérêts sur une période de huit ou dix jours
peut-être, finalement; cela n'est pas énorme. D'autre part, cela
augmente, je pense, l'efficacité et permet au travailleur de ne pas se
demander s'il va être obligé de faire une réclamation
spéciale pour le fonds d'urgence, du bien-être, etc. Au bout de la
ligne, il ne faut pas oublier une chose: la Commission des accidents du
tra-
vail, ses fonds proviennent essentiellement de la cotisation des
employeurs et, dans un cas comme dans l'autre, c'est toujours l'employeur qui
paie. Ce n'est peut-être pas l'employeur spécifique, M. Untel,
mais c'est l'ensemble des cotisations provenant des employeurs.
Finalement, sans échanger quatre pièces de $0.25 pour une
piastre, ce qu'on fait, c'est permettre au travailleur, au bout de la ligne, de
ne pas vivre pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq jours
ouvrables, donc une semaine complète, si on inclut les jours
fériés, sans revenu, mais d'avoir la garantie d'avoir son
chèque de paie. D'autre part, l'employeur va faire diligence parce qu'il
va vouloir se faire payer; il ne prendra plus 23 jours pour envoyer la
réclamation, et il va être payé dans les délais
normaux de la CAT.
M. Brochu: M. le Président, je suis satisfait des
précisions apportées par le ministre. Je pense que cela
répond passablement bien aux questions que j'ai posées. C'est un
peu dans ce sens, d'ailleurs, que je voulais avoir certains
éclaircissements. Il y a peut-être une autre question à
laquelle j'aimerais obtenir une réponse. Lorsque vous parlez des retards
que mettent les entrepreneurs à rapporter les accidents de travail
à la Commission des accidents du travail, avez-vous fait une
démarcation entre les grandes entreprises et les petites entreprises?
Est-ce plus fréquent dans la grande entreprise ou dans la petite
entreprise? Avez-vous ces données?
M. Johnson: Pas dans les documents que j'ai devant moi.
Peut-être l'avez-vous? Je ne sais pas si la distinction est faite. Je
suis sûr qu'elle doit exister quelque part, parce que ce genre de
classification, au niveau de l'informatique, existe à la CAT, sauf que
je ne l'ai pas devant moi. D'autre part, je peux peut-être vous dire que,
dans beaucoup de cas, dans les grandes entreprises encore une fois, je
n'ai pas le chiffre précis, on m'assure que la convention collective, de
toute façon, prévoit ce paiement cela va assez rapidement.
Dans les petites, je ne pourrais pas vous dire.
M. Brochu: Vous n'avez pas les données?
M. Johnson: On ne les a pas ici, malheureusement. On pourrait
vous les fournir sur demande; envoyez-moi un mot, cela me fera plaisir.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 5, M. le ministre.
Indexation du plafond assurable
M. Johnson: L'article 5 remplace, en fait, le paragraphe 1 de
l'article 42 de la loi. C'est l'introduction de cette notion d'indexation du
plafond assurable par la Commission des accidents du travail. Essentiellement,
cela se résume de la façon suivante: Pour la première
année, 140% du revenu moyen, tel que calculé par Statistique
Canada; pour la deuxième année, 145%; et, ensuite, un plafond
établi, à partir de là, à 150% du revenu moyen. Je
m'explique rapidement. Il ne s'agit pas du revenu moyen de l'employé
visé, il s'agit, au niveau de Statistique Canada, d'établir quel
est le revenu moyen de l'employé visé.
Il s'agit, au niveau de Statistique Canada, d'établir quel est le
revenu moyen au niveau du Québec dans le secteur industriel. On majore
cela de 140%, 145% et 150% dans les trois prochaines années pour
atteindre un seuil de 150% constant et cela devient le montant assurable. En
pratique, cela signifie pour le Québec que le plafond, qui était
fixé en 1977, en vertu des modifications apportées en 1975,
à $13 500, passerait en 1977, pour cette année, après
l'adoption du projet, à $15 500; pour l'année prochaine, à
$18 000, à 145%, et, pour l'année qui suit, à $20 000,
à 150%. Ce sont les projections à partir des projections de
Statistique Canada. Cela permet au Québec de se situer, pour cette
année, alors que nous sommes en ce moment au sixième rang, je
crois, au troisième rang des provinces canadiennes, avec devant nous le
Manitoba et la Saskatchewan où le plafond assurable est de l'ordre de
$16 000.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Pagé:
Seulement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... un commentaire, pas sur le fond comme tel,
mais plutôt sur la forme. Vous utilisez l'expression "revenu assurable".
En aucun endroit dans la loi le terme "assurable" n'est défini. On ne
définit pas le mot "assurable". On ne voit nulle part que le
système en est un d'assurance, non plus. C'est beaucoup plus un
système de compensation qu'un système d'assurance comme tel. Quel
est le motif pour lequel le ministre, ce matin... Dans le bruit! Pour le
bénéfice du journal des Débats, la première
question que je posais, c'était: Pourquoi l'inclusion du terme
"assurable" dans le projet de loi no 5, quand on sait pertinemment qu'il n'y a
aucune définition de ce terme dans le projet de loi, ni dans la loi? Le
seul endroit où on utilise le terme "assurable", c'est à
l'article 69, je pense, lorsqu'on fait référence au surintendant
des assurances. Il a toujours été question d'un salaire maximum.
Le terme exact qui a toujours été utilisé, c'est le
suivant: le salaire maximum.
Ce n'est pas un régime d'assurance comme tel, la Loi des
accidents du travail. C'est un régime de compensation, si on regarde
l'historique des 50 années où des projets de loi en cette
matière ont été en application au Québec. Pourquoi
modifier cela aujourd'hui? Vous ne pensez pas que cela peut laisser place
à des problèmes d'interprétation? Si on veut vraiment
utiliser le terme "assura-
ble", pourquoi ne pas le prévoir comme tel, le définir et
ajuster tous les autres articles où il serait nécessaire
peut-être de procéder à des ajustements?
M. Johnson: D'abord, il y a une question de forme
là-dedans. Il y a le fait que l'ancien texte de loi disait: "Ce salaire
n'est pris en considération que jusqu'à concurrence de $9000;"
c'est dans le texte antérieur à 1975. Or, comme on supprime la
notion de montant fixe, il faut quand même faire une phrase
française avec cela. La notion d'assurable, en fait, c'est un concept
général qui se réfère à ce qu'est largement
la Commission des accidents du travail, à savoir une mutuelle. C'est un
peu sur le principe d'une mutuelle que fonctionne la CAT, d'une part, qu'on
analyse des risques; deuxièmement, parce qu'on cotise en fonction de
l'augmentation des événements qui amènent la compensation,
d'autre part, à cause de tous les calculs de nature actuarielle qui sont
faits. Récemment, le Conseil des ministres a été saisi
d'un document du surintendant des assurances au sujet des fonds de
réserve de la CAT. Finalement, les méthodes d'analyse pour les
projections des 30 prochaines années cela représente des
sommes absolument astronomiques quand on parle de la Commission des accidents
du travail ce sont des méthodes qui sont applicables au secteur
des assurances. Comme, de toute façon, il y a toujours une
référence au montant qui doit être payé, je pense
que la notion d'assurabilité ne pose pas de problèmes sur le plan
juridique. Finalement, elle réfère à ce montant maximum
couvert ou possiblement couvert par la protection de la loi. On pourrait dire
aussi "jusqu'à concurrence du montant pour lequel l'individu est
protogé", mais cela m'apparaîtrait un peu lourd.
Cela ne me paraît pas du tout contradictoire avec le rôle et
le type de fonctionnement et le type d'analyse auxquels on soumet des
données statistiques et actuarielles de la Commission des accidents du
travail.
M. Pagé: Quant à moi, c'est la réserve que
je voulais formuler. J'aurais préféré qu'on continue
à parler de compensation plutôt que de parler de revenu
assurable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Oui, quelques remarques à l'article 5. D'abord,
le Conseil du patronat, de son côté, en ce qui concerne ce point
précis, demandait, lui, un mécanisme de contrôle un peu
moins inflationniste, évidemment, qui tiendrait également compte
de la productivité des travailleurs et de la situation concurrentielle
du Québec. Le ministre a-t-il des calculs, actuellement, faits par ses
fonctionnaires, sur les conséquences d'une telle augmentation sur les
taux payés par les employeurs qui, comme on le sait d'ailleurs,
le ministre l'a souligné tout à l'heure financent à
100% ce régime? Le ministre a-t-il ces calculs établis,
actuellement.
M. Johnson: De ce que cela représenterait? Ce sont ceux
que j'ai cités tout à l'heure.
M. Brochu: Oui.
M. Johnson: C'est-à-dire qu'on passerait...
M. Brochu: L'impact sur...
M. Johnson: Ah! l'impact! Je n'ai pas cela devant moi.
L'augmentation de l'ordre de $1,6 million au chapitre des cotisations
perçues par la Commission des accidents du travail auprès des
employeurs visés par la cédule 1 qui est la cédule
prévue, c'est entré en vigueur le 1er juillet. On est rendu au 9
août, ce matin, calculez cela en gros, cela donne à peu
près $1,45 million, quelque chose de même.
Le taux de cotisation reste le même, sauf que c'est le même
phénomène que l'impôt indexé ou l'impôt non
indexé. C'est le même principe, d'une certaine façon, dans
la mesure où le montant dit assurable est un montant supérieur
à partir du moment où la loi va être adoptée et
supérieur d'année en année en fonction du mécanisme
d'ajustement.
Une remarque avait été faite par le député
de Montmagny-L'Islet, lors de la deuxième lecture is une question que le
député de Portneuf n'avait pas posée...
M. Pagé: Allez, cela démontre que vous avez bien
écouté.
M. Johnson: ...qui était: Pourquoi est-ce que la
Commission des accidents du travail se réfère à un
mécanisme d'indexation qui est différent de celui de la
Régie des rentes du Québec?
M. Pagé: C'est ça.
M. Johnson: La réponse à cela ce sont les
actuaires conseils de la CAT qui nous l'ont fournie c'est qu'il ne faut
pas oublier que le but de la Commission des accidents du travail, c'est
finalement de remplacer ce qui est le revenu essentiel d'une personne, à
savoir le revenu qu'elle obtient par son travail. Ce qui est fondamentalement
différent du Régime des rentes. Le Régime des rentes a une
nature complémentaire. Il n'entend pas, à partir du moment
où il s'applique, substituer à un revenu qui est perdu, parce que
l'individu ne travaille plus, tout son revenu qui provenait de son salaire,
mais il est plus de nature complémentaire. D'ailleurs, beaucoup de
rentiers ont un revenu complémentaire à celui qui est
prévu par la Régie des rentes. En ce sens, la notion de
l'indexation est un peu différente.
C'est vrai qu'on va peut-être faire un petit pas, on va passer du
sixième au troisième rang au niveau canadien. Cela fait des
années que le Québec est en arrière des autres provinces
à ce sujet. D'autre part, on m'assure qu'il existe une sorte de
conférence des Commissions des accidents du travail au Canada, à
laquelle participe le juge
Sauvé et qu'il doit présider d'ailleurs bientôt, ici
même à Québec, et nous savons que les autres provinces du
Canada entendent adopter un mécanisme de ce type. On croit qu'il y a de
fortes chances, d'ailleurs, qu'elles copient celui du Québec.
A partir du moment où elles adopteraient cela et partiraient d'un
seuil minimum qui est celui qu'elles possèdent déjà
déjà I'Alberta et le Manitoba sont en avance et parce qu'elles
sont en avance, en montant absolu, cela commence à être des sous.
Le Québec, avant l'entrée en vigueur, est à $13 500, alors
que le Manitoba, lui, est à $16 000 cela fait déjà
une différence assez louable. Je pense que c'est normal qu'il y ait un
certain rattrapage à ce niveau. Je pense, d'autre part, étant
donné que ce n'est pas un revenu qui est censé être un
revenu complémentaire, mais est, en fait, le revenu de base de
l'individu qu'il aurait normalement par son travail, cela me paraît
raisonnable qu'une telle formule soit introduite.
M. Brochu: Sur le principe, M. le Président, nous sommes
d'accord sur ce qui est dit à l'article 5.
Pour fins d'explication, pour des questions qui nous sont posées,
j'aimerais demander au ministre, compte tenu de la différence
énorme entre le taux payé par les différents employeurs,
s'il est juste que tous les employeurs, sans considération pour
l'industrie à laquelle ils appartiennent, reçoivent
jusqu'à 150% du salaire moyen de l'ensemble de l'activité
économique au Québec. Il y a quelque chose là.
M. Johnson: Ce n'est pas tout à fait cela. On dit bien que
le montant maximal assurable sera, dans trois ans, de 150% de ce qui est le
salaire moyen canadien. Si vous allez dans une usine où le travailleur a
l'équivalent du revenu moyen au niveau canadien, tel que calculé,
c'est pour ce montant qu'il est assuré, pas pour 150%.
M. Pagé: Ou de 135%.
M. Johnson: Sauf que, quand vous arrivez à un ouvrier
spécialisé qui fait $26 000 par année dans un secteur
très précis, il ne sera pas couvert pour $26 000, il va
être couvert pour 150% de ce qui est le revenu moyen dans le secteur
industriel au Québec tel qu'établi par Statistique Canada. Donc,
cela représente à peu près $20 000. Finalement, cela ne
touche pas l'employeur dans ce sens-là; cela va toucher l'employeur,
parce que c'est clair que cela augmente le montant assurable, puisque cela
s'applique, finalement, à 85% des travailleurs. Quand on touche 150% du
revenu moyen annuel canadien, on touche à 85% des travailleurs au
Québec.
En réalité, on touche à 100% des travailleurs, sauf
que les 150% visent à compenser totalement, c'est-à-dire à
utiliser la base du salaire exact de 85% des travailleurs.
Pour 100 travailleurs au Québec qui seraient couverts par la CAT,
il y en a 85, à partir du moment où on applique le critère
des 150%, qui vont être compensés totalement s'ils tombent dans
une incapacité permanente totale. Les autres 15%, ce sont des gens qui
font plus que le montant assurable et qui vont effectivement perdre un peu.
Mais on ne peut quand même pas établir l'assura-bilité
jusqu'à concurrence de $100 000 par année de salaire. Il faut
qu'à un moment donné cela arrête quelque part. On vise
quand même le plein salaire pour 85% des travailleurs du
Québec.
M. Brochu: Le ministre a fait mention, je pense une fois du
salaire moyen canadien et une fois du salaire moyen québécois.
Lorsqu'il donne sa réponse, dois-je comprendre qu'il se
réfère au salaire moyen québécois?
M. Johnson: Le salaire moyen québécois tel que
calculé par Statistique Canada.
M. Pagé: Vous êtes dépendant.
M. Brochu: Avez-vous d'autres commentaires?
M. Pagé: Cela démontre la dépendance de ce
gouvernement à l'égard du gouvernement fédéral,
c'est terrible!
M. Johnson: Ce qui prouve qu'on utilise les instruments qui sont
valables et pour lesquels, d'ailleurs, on paie un tiers des
déboursés. Ne l'oubliez pas, M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: C'est même dans vos textes de loi. C'est
non seulement en pensée, mais c'est même écrit. On se sent
obligé de le "textualiser".
Le Président (M. Boucher): L'article 5 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 6?
Accessibilité des dossiers
M. Johnson: C'est cet article qui introduit la notion de
l'accessibilité des dossiers. La nouveauté qui le concerne se
trouve au dernier paragraphe où est prévue l'obligation, pour la
CAT, de transmettre copie de l'expertise médicale qu'elle exige au
médecin désigné par l'ouvrier ou par l'employeur. Cet
article veut remettre, en fait, entre les mains des parties médicales
intéressées, tous les renseignements disponibles sur un dossier.
Cela, en pratique, je pense, va répondre à certains cas qui ont
été soulignés lors de la deuxième lecture
où, finalement, on a souvent affaire à des chinoiseries
incroyables. Au nom du secret professionnel, on peut avoir affaire à
trois médecins: le médecin de famille de l'employé qui a
été blessé, le médecin expert de l'employeur et le
médecin de la CAT qui a décidé d'aller trancher dans le
vif. Ces dossiers, en ce moment, ne circulent pas de façon libre entre
les experts médicaux. A partir du moment où on fera cela, on va
peut-être commencer
à éclairer certaines choses. On va peut-être
s'apercevoir aussi qu'à la CAT il y a des expertises qu'on a de bonnes
raisons de tenir. Ce n'est pas parce que les mots, dans un diagnostic, ont 26
lettres que cela veut dire que la maladie est si grave que cela dans certains
cas. Vous savez, un vitiligo reticularis, cela ne donne pas beaucoup
d'incapacité.
Je pense que cela va permettre une meilleure compréhension des
experts médicaux, y compris le médecin de famille de
l'employé.
M. Pagé: Non pas pour mon bénéfice
personnel, mais pour le bénéfice de quelques membres de la
commission parce que je savais pertinemment que ce n'était pas
grave le député de Laviolette semble désireux de
savoir ce que cela signifie.
M. Johnson: Un vitiligo reticularis, c'est tout simplement une
pigmentation anormale due à des changements vasculaires mineurs.
M. Pagé: Vous devriez me remercier de mon initiative.
M. Jolivet: Cela va.
M. Brochu: J'aurais une question à poser au ministre
à ce sujet-là. Je sais que le ministre est médecin
également. Est-ce que cela pourrait arriver que les médecins,
leur code ou tout cela, contestent cette disposition du projet de loi no 5 ou
qu'ils aient objection à cette procédure?
M. Johnson: Je ne le crois pas et pour deux raisons; la
première, c'est qu'on dit bien dans le texte qu'il s'agit des
données afférentes à l'accident en question. Je donne
l'exemple d'un patient qui est suivi de façon continue par un
médecin de famille depuis trois ans, qui a eu un ongle incarné,
qui s'est fait enlever les amygdales, qui a eu une appendicite aiguë et
qui, en plus de cela, à un moment donné, a fait une
dépression nerveuse aiguë. Si, à un moment donné,
à l'usine, il se coupe un doigt, ce sont les notes afférentes
à la coupure de son doigt qui vont être envoyées aux autres
médecins. Cela m'apparaît évident. C'est
l'évaluation du patient quant à tel problème précis
relié à un accident de travail.
Deuxièmement, j'ai parlé au juge Robert Sauvé
à ce sujet, la semaine dernière, avant la deuxième
lecture, et il m'assure que la Corporation des médecins à travers
son secrétaire général ou son directeur, le Dr Augustin
Roy, a manifesté son approbation de ce type de dispositions et que cela
ne pose pas de problèmes.
Ce qui pourrait être ajouté comme remarque
là-dessus, c'est que le projet de loi en soi n'ajoute que bien peu. Il
ne fait qu'imposer à la commission l'obligation de transmettre
automatiquement ses rapports d'expertise. Avant, dans l'article 50 de la Loi
des accidents du travail, tout médecin d'employeur, tout médecin
d'accidenté pouvait obtenir le rapport médical. Maintenant, la
commission doit non seulement le fournir sur demande, mais dès qu'elle
obtient son rapport d'expertise qui va servir de base à sa
décision, elle doit le transmettre au médecin
désigné par l'accidenté ou désigné par
l'employeur. De cette façon, l'accidenté pourra aller voir son
médecin et se faire expliquer exactement le rapport d'expertise qui a
servi de base à la décision. Cela occasionnera sans doute une
bien meilleure compréhension de la décision rendue par la
commission, tout en assurant aussi, peut-être, des meilleures
possibilités à l'accidenté de contester la
décision, s'il juge à propos de le faire.
En pratique, d'ailleurs, cela touche des questions d'efficacité
et de délais. Il faut savoir que, parfois, un salarié se
présente dans une salle d'urgence qui est bondée, et où il
y a plusieurs problèmes, suite à un accident de travail qui est
relativement mineur comparé à d'autres pathologies qui se
promènent dans les couloirs. La réquisition auprès de la
CAT pour faire venir le dossier de l'expertise n'est peut-être pas
remplie. Avant qu'ils s'en aperçoivent, cela prend trois semaines, puis
il retourne voir son médecin qui, lui, n'est pas là ce
jour-là et, finalement, cela prend des mois avant que les dossiers
s'échangent.
Or, ce qu'on dit, c'est que, proprio motu, la Commission des accidents
du travail fera en sorte que ces rapports d'expertise soient transmis aux
médecins qui ont vu le patient.
M. Brochu: Cela, c'est bien que la personne ait accès
à l'explication de son dossier. Cela va éliminer une foule de
problèmes et cela va enlever beaucoup d'insécurité aux
gens. Maintenant, il y a juste un point que j'aimerais soulever par rapport
à la question que j'ai posée tout à l'heure, qui, je
pense, était pertinente, puisque le ministre en a discuté avec le
juge Sauvé également. Le ministre a souligné tantôt
le cas d'un accidenté qui avait un problème avec un doigt
coupé. Il a dit qu'on ne référerait pas
nécessairement à son dossier pour une amygdalite qu'il aurait eue
auparavant.
Dans le cas, par exemple, où il y aurait plus de relation entre
différentes affections antérieures et un problème
d'accident de travail, est-ce que le problème ne se posera pas? Je donne
l'exemple de quelqu'un qui aurait eu des problèmes pulmonaires dans le
passé, quelle que soit l'affection pulmonaire, et qui, à un
moment donné, aurait une maladie industrielle, amiantose ou autre.
Qu'est-ce qui arrive?
M. Johnson: A ce moment-là, cela fait partie du dossier
d'évaluation. Le fait qu'un individu, par exemple, qui souffre d'une
maladie pulmonaire chronique, aurait des antécédents qui ont
été découverts alors qu'il avait l'âge de quinze ans
suite à des broncho-pneumonies à répétition, cela
peut être important pour évaluer le phénomène de
chronicisation au niveau de cette pathologie-là. A ce moment-là,
cela fait partie du dossier d'expertise, de la même façon pour le
patient qui est considéré comme un simulateur, parce que cela
existe parfois, l'appréciation par un expert de
l'état psychologique du patient fait souvent partie du
dossier.
En ce sens, des données antérieures pertinentes, par
exemple, un phénomène de dépression chronique chez un
individu qui prétend ne pouvoir travailler car il se sent "faible". Cela
peut être un élément important dans l'évaluation du
dossier. J'ai d'ailleurs vécu, récemment, cette
expérience, comme député. Quelqu'un de mon comté
est venu me voir parce qu'il avait un problème avec l'évaluation
de son incapacité.
Je l'ai fait voir par un spécialiste du domaine et les
conclusions du spécialiste étaient non seulement en fonction de
la pathologie précise qui était visée mais aussi en
fonction d'autres conditions qui étaient reliées à ce
patient, et de phénomènes plus ou moins chroniques chez lui. Cela
m'apparaît important et fait partie, en fait, de l'évaluation du
problème.
M. Brochu: Qui sera chargé de cette expertise dans ces
cas?
M. Johnson: C'est variable. Cela peut être le
médecin de famille qui, habituellement, est celui chez qui rebondit la
plainte de base. Deuxièmement, c'est le médecin expert
désigné par la Commission des accidents de travail, et
troisièmement cela peut être dans certains cas le médecin
expert désigné par l'employeur. Ce sont les trois personnes qui
sont impliquées normalement dans un dossier.
Il y a parfois ensuite la série des experts...
Une Voix: Un comité de spécialités
différentes.
M. Johnson: C'est cela. La Commission des accidents du travail
procède souvent comme cela dans des cas qui sont plus complexes,
spécialement pour évaluer non seulement le quantum mais le type
d'incapacité, l'évaluation d'incapacité. Je peux vous dire
à ce sujet que les Américains, dont on connaît la
production absolument prolifique dans tous les domaines, ont une série
qui est publiée mensuellement, environ 500 pages tous les mois, des
différents critères pour évaluer différents types
d'incapacité. Cela va de celui qui s'est accroché un ongle dans
une "bobbypin" dans un salon de coiffure jusqu'à celui qui s'est fait
littéralement amputer la moitié du corps dans une usine. I! y en
a beaucoup et c'est très technique et complexe. C'est pour cela que la
CAT a souvent recours à différents experts de différentes
spécialités qui étudient l'évaluation de
l'incapacité.
M. Brochu: A l'extérieur de la Commission des accidents de
travail comme à l'intérieur.
M. Johnson: Surtout à l'extérieur. Ce ne sont pas
des gens qui sont à temps plein au niveau de la commission, ce sont des
gens qui, souvent, ne pourraient pas se tenir occupés à temps
plein juste sur cela.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Pagé: Nous considérons comme très
bienvenu cet article qui édicte non pas le pouvoir mais l'obligation
pour les médecins de transmettre les rapports médicaux.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 7? M.
le ministre.
M. Johnson: II s'agit de l'appel à la Commission des
affaires sociales. Essentiellement, je vais répéter ce que j'ai
mentionné lors de la deuxième lecture, c'est absolument aberrant
que la Commission des accidents de travail... Le juge Sauvé me disait
que lui-même, en tant que membre de la commission en plus
d'être président, il est commissaire se refuse, lui,
à siéger en appel d'une décision de sa propre commission.
La loi obligeait les commissaires à faire cela, à siéger
en appel des décisions de leur propre commission.
Maintenant on pense mettre fin à cela. On envoie cela à la
Commission des affaires sociales qui est habituée, et surtout je pense
que c'est un des critères déterminants là-dedans, c'est un
tribunal qui est habitué à faire du cas par cas, contrairement au
tribunal du travail. Au niveau du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, les centrales syndicales suggéraient qu'en fait ce soit
le tribunal du travail. Finalement, la décision s'est
arrêtée sur la Commission des affaires sociales parce que cela
nous apparaît plus adéquat que le Tribunal du travail.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf, avez-vous des commentaires?
M. Pagé: M. le Président, je voudrais d'abord
attirer l'attention du ministre sur ses notes explicatives, à la
troisième ligne de l'article 8. Cela devrait se lire: Décision
rendue en première instance... Oui, 7 et 8.
Le Président (M. Boucher): A l'article 8.
M. Johnson: Dans les notes explicatives à 2a?
M. Pagé: M. le Président, on peut étudier 7
et 8 ensemble. C'est de concordance, c'est interrelié.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a accord des
membres de la commission pour 7 et 8?
Droit d'appel à la Commission
M. Pagé: Oui. Les notes explicatives de l'article 8 se
lisent comme suit: "L'article 8 prévoit qu'une personne qui s'estime
lésée par une décision de première instance de la
commission..." Alors, il serait plus opportun, je crois, qu'on y lise:
première instance rendue par un fonctionnaire de la commission pour
permettre le droit d'appel. M. le Président, on reconnaîtra qu'il
fallait vraiment faire attention à la rédaction des articles 7 et
8 pour permettre un droit d'appel d'une décision rendue par la
commission.
On se rappellera, M. le Président, qu'on a eu dans d'autres types
de législation des contestations en ce qui concernait la validité
d'un droit d'appel conféré par une loi. On n'a qu'à s'en
référer à ce qui est arrivé au Tribunal des
transports, au Tribunal des professions et, dans certains cas, au Tribunal du
travail où la juriprudence indique clairement qu'un appel d'un tribunal
administratif doit être logé devant la Cour supérieure. La
rédaction des articles 7 et 8 impliquait une attention toute
particulière à ce chapitre. C'est ce pourquoi les termes
utilisés sont "décision rendue par un fonctionnaire", ce qui
deviendra par la suite un appel d'une décision rendue par un
fonctionnaire. Cela enlèvera, à mon sens, tout problème
possible au niveau constitutionnel ou au niveau juridique comme tel. Dans les
circonstances, il serait opportun de donner suite à la recommandation
que je formule de modifier les notes explicatives de l'article 8.
M. Johnson: M. le Président, il y a deux choses
là-dedans. D'abord, au niveau du fond, il y a le fait qu'une
décision est rendue par la commission, mais si cette dernière a
décidé en vertu du texte d'un article précis qui lui
permet de déléguer son pouvoir, c'est la décision du
fonctionnaire. D'autre part, c'est le texte de loi qui compte et non pas les
notes explicatives. Finalement, et ce n'est pas pour...
M. Pagé: C'est strictement une recommandation que je
formule pour bonifier le texte pour que cela ne laisse place à aucune
interprétation.
M. Johnson: C'est cela, mais disons que pour les fins, même
les notes explicatives... C'est parce que, finalement, on ne retrouve les notes
explicatives qu'au niveau de l'impression en première lecture. Comme la
loi no 5 ne deviendra pas la loi no 50 ou la loi 500...
M. Pagé: J'espère.
M. Johnson: II n'y a pas lieu de modifier les notes explicatives.
Je comprends la remarque du député de Portneuf. Je l'en
remercie.
M. Pagé: Elle est bien fondée.
M. Johnson: Elle n'est pas bien fondée dans la mesure ou
c'est l'article de loi qui prédomine. Ce n'est pas une note explicative.
Le juge ne se réfère jamais aux notes explicatives. Il se
réfère au texte de loi.
M. Pagé: Je comprends très bien que nos
règles d'interprétation prévoient que les notes
explicatives n'ont pas valeur de loi, mais c'est tout simplement une remarque
que je lui formulais pour que l'article 8 colle bien aux articles 3a, 3b...
M. Johnson: L'article lui-même colle bien dans la mesure
où il ne se réfère pas à la décision de la
commission, mais bel et bien à la décision du fonctionnaire. Il
n'y a pas de problème.
M. Pagé: ...qui possède un pouvoir
délégué. D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond s'excuse auprès de la commission, étant donné
qu'il doit quitter pour une rencontre des leaders. M. Russell devrait
être ici dans quelques minutes. De toute façon, les articles 7 et
8, sur lesquels on a discuté, sont-il adoptés?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 9.
M. Johnson: L'article 9 qui modifie l'article 90 dit: "Quand la
cotisation est déterminée d'après la liste des salaires de
l'employeur et que cette liste indique que le salaire ou les gages d'un ouvrier
payé sur une base supérieure au maximum annuel assurable
établi en vertu du paragraphe 1 de l'article 42, l'excédent est
déduit du montant de la liste et la cotisation est
déterminée d'après le montant de la liste..." C'est de la
concordance avec l'article 42 parce que, habituellement, on faisait état
du montant fixe, mais il s'agit de se référer à l'article
42.
M. Pagé: C'est cela. C'est de concordance quoiqu'on
utilise encore le terme "assurable".
Le Président (M. Boucher): Adopté? M.
Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 10?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Pagé: Le début de l'article 10, M. le ministre,
c'était quoi?
M. Johnson: Avant l'article 10, M. le Président, j'aurais
un amendement à introduire à 9a, dont je ferais distribuer copie.
Vous voyez que, sans faire de réimpression, on peut parfois faire des
amendements.
M. Pagé: Vous devriez en faire part à vos
collègues.
Compensation dans les cas de pneumoconiose
M. Johnson: II s'agit, dans un premier temps, M. le
Président, de l'abrogation de l'article 107 de la loi. L'article 107
permet, dans l'application de la compensation prévue à la Loi des
accidents du travail, dans les cas des pneumoconiose à ceux qui n'ont
pas commencé à travailler ici d'être quand même
sujets à la compensation. Je m'explique.
Le mineur belge qui travaillait dans une mine en Belgique, qui arrive au
Québec, travaille dans
une mine pendant 18 mois et chez qui on découvre l'installation
progressive d'une pneumoconiose, n'est pas couvert, en ce moment, par la Loi
des accidents du travail, parce que la loi disait qu'il fallait avoir
passé deux ans dans une mine. Or, d'une certaine façon, cela
paraît assez arbitraire parce que, finalement, au bout de 23 mois et 20
jours, il n'est pas couvert...
M. Pagé: A 24 mois et 1 jour, il l'est.
M. Johnson: ... et, quelques jours après, il est couvert.
Il s'agit, en fait, je pense, de permettre une application
générale de la loi. Cela va un peu de soi.
M. Pagé: M. le ministre, je suis d'accord avec l'ouverture
d'esprit qui est recherchée par le texte de l'amendement. Je suis
pleinement d'accord avec cela parce que cela peut être cause d'injustice,
comme en a fait état le ministre dans son explication. C'est toujours
difficile aussi, en termes de loi, de parler de délai de 24 mois, parce
que, somme toute, cela devient arbitraire à ce moment-là. Mais en
quoi la commission sera-t-elle protégée contre la
possibilité qu'un citoyen du monde, voyant que le Québec a une
loi qui est très avantageuse, veuille en profiter parce qu'il est
affecté par une maladie quelconque? En quoi cela sera-t-il
contrôlé de façon à s'assurer que la commission ne
deviendra pas, en fait, un mécanisme d'indemnisation pour les gens qui
sont affectés par quelque maladie que ce soit et qui pourraient venir de
l'extérieur strictement pour bénéficier des avantages de
la loi à ce chapitre?
M. Johnson: II y a deux choses. D'abord, parce qu'il y a une
présomption à peu près dirimante que les employeurs, avant
d'embaucher, par exemple, ceux qui sont exposés à la
poussière de silice leur font passer des examens. Il est bien
évident que, s'ils découvrent déjà l'installation
d'une maladie progressive importante avant que quelqu'un mette les pieds dans
la mine, il ne mettra pas les pieds dans la mine.
Deuxièmement, il y a le fait qu'il va falloir lire
également l'article 9b qu'on va introduire dans le cas de la silicose
plus spécifiquement où on parle de l'aptitude à un emploi
et non pas tout simplement d'un examen.
La loi disait qu'il fallait passer l'examen, mais elle ne parlait pas
des conclusions de l'examen. Là, on parle de l'aptitude à exercer
l'emploi. D'autre part, on m'assure, à la Commission des accidents du
travail, qu'en pratique cet article qui, en fait, vise à protéger
les gens qui viennent de l'extérieur du Québec. Avec ou sans
réciprocité, on va pouvoir...
M. Pagé: Avez-vous l'intention d'en faire là aussi,
quoi?
M. Johnson: Oui, mais cela prouve que c'est excellent, la
réciprocité. On va pouvoir faire en sorte que ces gens soient
couverts et il y en a relativement peu.
M. Pagé: Vous consacrez vos efforts à la
réciprocité. Vous devriez penser au chômage, ce serait
peut-être mieux. Les négociations, vous les ferez plus tard.
M. Johnson: II y en a relativement peu, finalement. Je pense que,
pour ces gens, cela leur rend justice et, globalement, cela ne coûte pas
cher à la société pour le faire.
M. Pagé: Une simple petite question, M. le
Président, parce qu'on en a déjà fait état en
Chambre. Par l'introduction de cet amendement, est-ce qu'on réglera le
cas de notre bon ami qui se promène...
M. Johnson: M. Cristini.
M. Pagé:... qui a à se balader devant nos portes
depuis déjà quelques années? En quoi le ministre croit-il
qu'il pourra éventuellement, nous l'espérons, nous soumettre une
solution à ce problème qui, somme toute, est le problème
de presque tous les parlementaires maintenant, parce que je suis assuré
que nous sommes tous pleinement solidaire des démarches, c'est le cas de
le dire, faites par M. Cristini?
M. Jolivet: En quelle année sa visite a-t-elle
commencé?
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: En quelle année sa visite a-t-elle
commencé?
M. Pagé: II y a quelques années déjà,
je crois.
M. Johnson: Plusieurs années. Je pense que cela fait sept
ou huit ans que M. Cristini se promène devant le Parlement. J'ai pris
connaissance du dossier et je lui ai parlé.
M. Jolivet: Oui, il a passé plusieurs gouvernements.
M. Pagé: M. le ministre, vous me permettrez, si c'est une
flèche que veut me lancer le député de Laviolette en
disant qu'on était là, qu'on aurait dû le régler, je
vous dirai ceci: Cela fait déjà bientôt neuf mois que vous
êtes là, alors, réglez-le purement et simplement!
M. Johnson: D'abord, en ce qui a trait spécifiquement
à l'article 9a qu'on introduit et qui abroge l'article 107, cela ne
s'appliquait pas dans le cas de M. Cristini, dans la mesure où,
même si ce dernier était d'origine belge, la réclamation
avait été acceptée; il n'avait pas été exclu
de son droit à réclamer de la Commission des accidents du travail
en vertu de l'article 107.
C'est un cas semblable sauf que 107 n'avait pas été
invoqué pour rejeter sa réclamation. La réclamation a
été affectée aux accidents de travail, d'une part. D'autre
part, j'ai pris connaissance du dossier de M. Cristini et des nombreux
résumés
qui avaient été faits par les experts et
particulièrement par le service juridique de la commission. C'est un
dossier considérable. On m'assure que la commission a fait vraiment tout
ce qui était possible de faire à l'intérieur du cadre de
la loi, d'une part. D'autre part, il y a la présence, dans tout ce
dossier, d'un sophisme qui, à une certaine époque, a
été invoqué par les représentants de M. Cristini
à savoir que si vous êtes malade et que vous ne pouvez pas
travailler dans le puits de la mine et la notion d'incapacité
partielle dans le raisonnement est absente du côté des procureurs
de M. Cristini alors donc, si vous me payez, c'est que je ne peux pas
travailler. Si je ne peux pas travailler, je ne peux pas gagner tout le montant
auquel j'ai droit. Donc, vous devez me payer tout le montant ou m'envoyer
travailler, ou me donner du travail. Finalement, c'est un sophisme, et vraiment
je dois vous avouer qu'à la lecture du dossier, la commission s'est
penchée et a retourné de tout bord et de tout côté
le cas de M. Cristini. S'il y avait des fonds privés...
M. Pagé: Ce n'est pas mauvais, pour la gouverne du
député de Laviolette.
M. Johnson: Oui. Malheureusement, je ne peux pas faire
l'exception dans le cas de M. Cristini parce que toutes les dispositions de la
loi ont été appliquées. On ne voit pas vraiment,
d'ailleurs, comment la loi pourrait être modifiée pour
légalement donner droit à la réclamation de M. Cristini
sans en faire un cas d'espèce. On souhaiterait, évidemment, que
des sources de provenance privée, peut-être, permettent à
M. Cristini de régler son problème, mais malheureusement la
Commission des accidents du travail ne peut le faire. Ce serait un
précédent qui pourrait entraîner une avalanche...
M. Pagé: Mener loin.
M. Johnson: ... et qui serait, d'ailleurs, carrément en
dehors du texte de loi et en dehors de ce que veut être la Commission des
accidents de travail.
M. Pagé: Article 9a adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Avec le consentement des
membres de la commission, si le consentement est unanime, on pourrait permettre
à M. Cordeau, député de Saint-Hyacinthe, de parler. Il
remplace M. Brochu, député de Richmond.
M. Pagé: Consentement unanime clairement exprimé de
notre part, connaissant le député de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Boucher): Les articles 9a et 9b sont
adoptés?
M. Johnson: 9b aussi. Cela va? Je veux dire enfin que l'article
9b vise à modifier 109, paragra- phe 5 qui se lisait comme suit:
"Après l'entrée en vigueur d'un tel règlement,
là on se réfère au règlement quant aux examens
aucun employeur d'une classe mentionnée ne peut utiliser les
services d'un ouvrier qui ne lui fournit pas à l'époque ou en
manière fixée par ce règlement un certificat attestant
qu'il a subi l'examen prescrit." Or, on dit non pas qu'il a subi l'examen
prescrit, mais qu'il est apte à occuper l'emploi pouvant l'exposer
à l'inhalation de la poussière silicieuse. Je pense que cela a
toujours été cela. C'était vraiment l'intention du
législateur.
M. Pagé: C'est pour compléter l'intention du
législateur. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article...
M. Johnson: Ensuite, il y a aussi de $500 à $2000,à
la troisième ligne du paragraphe b) de l'article 109. C'est l'amende,
c'est cela. Je cherche l'article. On porte l'amende de $500 à $2000 et
essentiellement cela vise de très gros employeurs. Ceux qui sont
touchés par les dispositions de l'exposition à la
poussière de silice sont essentiellement de grandes entreprises et on
considère, d'ailleurs, qu'il devrait peut-être y avoir une
indexation, une espèce d'indexation. Des amendes comme celle des
compensations. L'article suivant.
Le Président (M. Boucher): Article 10.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 11.
M. Pagé: C'est un article de concordance aussi?
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 12.
Délais pour la procédure d'appel
M. Johnson: Ce sont les délais pour la procédure
d'appel à la Commission des affaires sociales.
M. Pagé: Est-ce que vous êtes certains que, tel que
rédigé, l'article 12 ne pourra pas laisser place à ce
à quoi vous avez pallié aux articles 7 et 8 concernant cette
question des appels? Etes-vous convaincu qu'il ne pourra pas y avoir de
problème constitutionnel quant à la validité de la loi
avec l'article 12? Etes-vous certain que c'est bien spécifié que
la décision est rendue par la commission ou ses fonctionnaires en vertu
d'un pouvoir qui lui est délégué?
M. Johnson: La référence a été
directe à l'article 59a.
M. Pagé: Elle est directe à l'article 59a?
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: Toujours suivant l'article 59a.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Cordeau: Un instant.
M. Pagé: Parce que je ne veux pas que vous ayez de
problèmes.
M. Johnson: On sait cela.
M. Pagé: Le ministre en a suffisamment.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que cela correspond aux règles de la
Commission des affaires sociales, les 90 jours?
M. Johnson: C'est-à-dire que c'est plus large. M.
Cordeau: C'est plus large.
M. Johnson: Dans l'ensemble, la Commission des affaires sociales,
c'était 30 jours, mais, dans ces cas, déjà dans la loi 52,
il y avait une possibilité d'arbitrage avec délai de 90 jours.
Comme il s'agit habituellement de matière médicale, il a
été recommandé que ce soit 90 jours parce que c'est long
avant d'avoir les rapports d'expertise.
Le Président (M. Boucher): Article 13? M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Non. En rapport avec cela, la Commission des affaires
sociales, la demande, souvent, est faite au niveau de révision
régional. Dans l'optique d'une décentralisation régionale,
c'est toujours dans ce sens aussi?
M. Johnson: Cela pourrait se faire aussi.
Le Président (M. Boucher): Adopté, article 12.
Article 13?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté.
M. Pagé: Les articles 14 à 18, quant à moi,
adoptés.
M. Johnson: Oui, ce sont des articles de concordance.
Le Président (M. Boucher): Article 14, adopté.
Article 15, adopté. Article 16, adopté. Article 17,
adopté. Article 18, adopté.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 19? M. le
député de Portneuf.
Pension de veuves d'anciens commissaires
M. Pagé: A l'article 19, est-ce que le ministre pourrait
nous dire ce que l'introduction de cet article vient bonifier dans les
activités de la commission? Est-ce que cela vise un cas
spécifique?
M. Johnson: C'est celui d'une question de justice. Comme vous le
savez, la Commission des accidents du travail, dans le passé ou à
certaines époques bien spécifiques je ne
réfère pas à une période précise dans
laquelle le député de Portneuf se sentirait visé
était un endroit...
M. Pagé: Vous pouvez, on a le dos large.
M. Johnson: ... où il y avait beaucoup d'arbitraire dans
le cas du personnel, l'engagement, les critères, etc. Or, on s'est rendu
compte que la pension d'un ancien commissaire et des veuves d'anciens
commissaires n'avait pas suivi d'autres pensions. Il s'agit de normaliser cela
et de faire en sorte que ces anciens commissaires et ces trois veuves d'anciens
commissaires obtiennent une pension qui soit équivalente et qui soit
juste, comparée à celle dont ont pu bénéficier les
autres commissaires, les autres veuves de commissaires. C'est un
problème qui traîne depuis un bon bout de temps et on a
décidé de profiter de l'adoption de cette loi pour y mettre fin,
une fois pour toutes.
M. Pagé: Pour régler ce problème? M.
Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Approuvé, M. le Président. Nous y
souscrivons.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 20,
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avez-vous des
commentaires à ajouter sur votre projet?
M. Johnson: D'abord, M. le Président, j'aimerais remercier
les membres de la commission de s'être penchés avec autant de
célérité sur ce projet de loi. J'espère que c'est
une anticipation de la prochaine commission pour l'étude article par
article du projet de loi no 45.
M. Pagé: M. le Président, parce que je dois
rn'adresser à vous, je voudrais que vous fassiez part au ministre qu'il
peut s'attendre à une période
suffisamment longue pour l'étude article par article du projet de
loi no 45, tout au moins en ce qui concerne l'Opposition officielle.
M. Johnson: Oui. Je pense que, d'une part, l'adoption de ce
projet permet de donner certains instruments, dans le contexte d'une
réforme qui est peut-être largement liée aussi à la
personne du nouveau président à la Commission des accidents du
travail, à la Commission des accidents du travail dont la fonction, il
ne faut pas l'oublier, n'est pas de brasser du papier; c'est fondamentalement
d'être disponible et d'être près des citoyens qui doivent
bénéficier de cette loi, c'est-à-dire les
accidentés du travail.
Je pense que tous les efforts qui ont été
déployés depuis que le juge Sauvé est là et
l'appui, je pense, qu'il a de l'ensemble des fonctionnaires de la Commission
des accidents du travail méritent d'être soulignés.
Le projet de loi no 5, qui sera loi dès sa sanction, devrait leur
donner un peu d'instruments pour agir dans le sens de ce qui se fait là
depuis quelques mois.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'aimerais ajouter quelques commentaires. Tout
d'abord, l'Opposition officielle a été heureuse de participer
étroitement aux délibérations de la commission qui a
étudié le projet de loi no 5 et de tenter, par ses commentaires,
de sensibiliser davantage le ministre à certaines de ses
préoccupations. Nous nous déclarons satisfaits, tout au moins, de
deux éléments qui viennent assurément bonifier la
situation, soit la disposition en ce qui concerne les étudiants
stagiaires, qui va étendre les avantages de la loi de la Commission des
accidents du travail à quelque 50 000 étudiants au Québec
et, d'autre part, le fait qu'on réponde à ce qui avait
souventefois été formulé par les députés de
l'Assemblée nationale, par toutes les formations politiques, en
prévoyant un mécanisme d'appel des décisions rendues par
la commission ou, pour être plus juste, par un de ses fonctionnaires.
Ce que vient modifier le projet de loi, c'est vraiment un cas qui
était très pénible à voir, si on l'envisage d'un
oeil juridique, c'est-à-dire que la commission était
maîtresse, en appel, des décisions de ses propres
fonctionnaires.
Cependant, en terminant, je ferai part au ministre que, quant à
moi, personnellement, ayant eu à participer étroitement à
des projets de loi, à des discussions ou à des projets de
règlement sur la Commission des accidents du travail, j'aurais
aimé que dans ce projet de loi no 5 on ait deux dispositions
particulières qui, là aussi, affecteraient plusieurs travailleurs
québécois, dont les agriculteurs.
J'ai vraiment hâte au jour où nos agriculteurs
québécois auront une couverture, où ils seront vraiment
prévus dans les différentes lois de la Commission des accidents
du travail quant à leurs employés. Je suis certain que
souscriront à ce voeu les députés de la majorité
ministérielle parce que je suis convaincu qu'eux aussi, à
plusieurs reprises, dans leur bureau de comté, ils ont eu ou ils seront
appelés à être sensibilisés davantage à la
préoccupation du monde agricole, parce que leurs travailleurs ne sont
pas couverts actuellement, ce qui crée tout un dédale de
problèmes, de procédures. Cela les oblige à avoir des
régimes privés d'assurance. C'est vraiment préjudiciable
à une saine économie, dans le monde agricole actuellement, le
fait que ce secteur ne soit pas couvert par la loi.
D'autre part, en terminant, je formulerai un autre voeu au ministre.
J'aimerais bien qu'il réponde à ma question. Est-ce qu'on peut
s'attendre qu'éventuellement la commission, ou tout au moins le ministre
du Travail, révise complètement les différents
mécanismes de cotisation des employeurs? Je donne un exemple. J'ai
toujours considéré comme très surprenant le fait qu'il n'y
avait pas de distinction entre les tarifs de cotisation à
l'intérieur d'une même entreprise. Je suis certain que plusieurs
députés ont eu à faire face à cette situation. Je
donne l'exemple des fonderies. Ici, je ne veux pas du tout faire allusion au
chef de l'Union Nationale, je donne l'exemple des fonderies dans mon
comté. Dans certains cas, on a cent employés dans une usine; on a
peut-être 25 ou 30 employés qui vont vraiment effectuer du travail
de coulage, vraiment un travail de fonderie comme tel. On aura peut-être
30 à 35 employés qui procéderont à la finition du
produit, au polissage, au sablage, à la teinture ou autre; on aura
peut-être une quinzaine de personnes qui s'occuperont de
l'administration, quelques vendeurs, des personnes pour s'occuper de
l'entretien. Or, on a encore le même taux de cotisation pour tous ces
employés. On dit: Cette usine est une fonderie qui comprend 100
employés dont le taux de cotisation est celui des fonderies. Même
s'il y a peut-être 30% ou 35% des employés qui font ce genre de
travail, quant à moi, ce que je souhaite, c'est qu'un jour ou l'autre on
en vienne à la possibilité d'avoir des taux de cotisation
distincts à l'intérieur même des entreprises selon le
travail réellement effectué par les travailleurs de cette
entreprise.
C'étaient les deux commentaires que je voulais formuler à
la fin des travaux de cette commission et j'ose espérer d'autant
plus que je suis presque convaincu de la grande ouverture d'esprit du nouveau
ministre qui se dit toujours très sensibilisé aux
problèmes, aux voeux et aux requêtes formulées par
l'Opposition, et plus particulièrement par l'Opposition officielle
qu'on aura droit à des modifications et peut-être à
un nouveau projet de loi, éventuellement.
Après qu'on aura passé la période de l'étude
du projet de loi 45, on pourra peut-être avoir un projet de loi
spécifique, encore là, qui viendra régler ces deux
problèmes fort épineux.
M. Johnson: Deux semaines, c'est un peu vite.
M. Pagé: On peut s'entendre pour trois semaines. Merci, M.
le Président.
M. Cordeau: M. le Président, au nom de l'Union Nationale,
nous tenons à remercier le ministre de sa collaboration et de
l'ouverture d'esprit qu'il a manifestée, je crois, bien que je sois
arrivé aux derniers moments de l'étude du projet. J'ai eu
l'occasion de rencontrer, hier, M. Brochu, et il m'en a fait part. Alors, nous
le remercions. Je tiens à appuyer les remarques du député
de Portneuf en ce qui regarde la classe agricole, nos cultivateurs qui sont
exposés, comme tous les autres ouvriers, à des accidents et qui
ne sont pas protégés. Egalement les employés de fonderie,
c'est-à-dire la contribution que les employeurs peuvent payer pour leurs
employés, étant donné qu'ils sont tous sur le même
niveau. On va laisser le temps, je pense, au ministre d'étudier le
projet. Peut-être que, dans quelque temps, il nous apportera les
modifications nécessaires.
Concernant la Loi des accidents du travail, il faut avoir eu à
intervenir pour nos concitoyens qui étaient aux prises avec des cas. On
a pu constater souvent, à prime abord toujours, que la décision
qui était rendue en première instance se maintenait tout le temps
à la même chose parce que c'étaient les mêmes
personnes qui agissaient. Peut-être que cette loi va bonifier un peu ce
détail-là.
Le ministre nous a demandé si son projet de loi no 45 serait
adopté aussi rapidement. Etant donné qu'il n'y a pas autant
d'objectivité dans ce projet que dans celui qu'il nous a
présenté, les discussions en commission vont certainement prendre
un peu plus de temps. Peut-être que le ministre apportera à ce
moment-là les corrections voulues.
M. Johnson: M. le Président, tout simplement pour
répondre au dernier voeu formulé par l'Opposition, en ce qui a
trait, d'une part, aux travailleurs agricoles, c'est un problème dont
est saisie la Commission des accidents du travail depuis plusieurs
années. Le problème majeur auquel fait face la commission, c'est
une évaluation de ce que représentent les revenus, compte tenu
des activités des différentes classes de travailleurs agricoles
et, d'autre part, tout le problème de l'évaluation quant à
la cotisation et, d'autre part, quant à l'indemnisation advenant un
accident.
Cependant, il faut dire à ce sujet que l'introduction de mesures
dans la Régie d'assurance-automobile couvrira tout le monde, obligera
l'organisme responsable de l'application de l'assurance-automobile à
faire ce travail d'évaluation, de ce que représente le revenu
d'un agriculteur selon la catégorie, selon le type d'activité
qu'il a. Et je pense que là la commission réussira sans doute
à puiser des informations importantes qui lui permettront
peut-être, un jour, d'en arriver à ce système idéal
qui voudrait que tout travailleur au Québec, quel qu'il soit, soit
couvert, advenant un accident de travail, que ce soit partiel, permanent,
temporaire ou pas.
Finalement, en ce qui a trait à la question de la cotisation des
employeurs actuellement visés par la Commission des accidents du
travail, il y a effectivement un travail considérable qui s'est
effectué depuis quelques mois à ce niveau, sur l'analyse des
différentes catégories. Si je me souviens bien de la discussion
que j'ai eue avec le juge Sauvé, il y a, je pense, une cinquantaine de
supercatégories, avec les sous-catégories, pour un total de 1200
et quelque. On est en train d'essayer de rationaliser tout cela. Il y a un
travail considérable d'informatique qui est fait. Cependant,
spécifiquement quant à la question que posait le
député de Portneuf au sujet, entre autres, des fonderies
où il y a des gens qui sont affectés à la fonte et
d'autres qui peuvent être affectés à du travail de bureau,
etc., le jour où on en arriverait à une cotisation
séparée selon le niveau de risques, d'une part, on va amener
automatiquement une augmentation considérable de la cotisation dans ces
catégories et on risque de pénaliser certaines entreprises par
rapport à d'autres...
M. Pagé: Le risque serait plus élevé, par
contre ce serait quand même plus juste.
M. Johnson: ...où il y a plus de dangers. D'une part, on
ne les cotiserait plus, mais d'autre part, donc, on ne répartirait pas
de façon égale à l'intérieur des entreprises cette
cotisation-là. Si une entreprise avait plus d'individus qui sont
à risques plus élevés dans un secteur et une autre moins,
la cotisation globale des entreprises pour un même nombre
d'employés serait différente. D'autre part, il y a tout le
phénomène presque inflationniste dans la notion des
démérites. Comme vous le savez, puisque cela fonctionne sur le
principe des espèces de mutuelles, plus il y a d'accidents dans une
industrie donnée, plus elle va être cotisée.
Si on se met à faire une catégorie des travailleurs qui
sont le plus exposés au risque, non seulement on sera obligé
d'avoir un montant plus élevé de cotisation au départ,
mais c'est évidemment une catégorie qui va donner lieu à
des démérites parce que par définition il y a plus
d'accidents là. Cela deviendrait un cercle vicieux qui serait à
un moment donné dangereux et qui en fait pourrait avoir des influences
énormes au niveau des structures de certaines entreprises. Je pense que
c'est mieux de répartir la cotisation le plus également possible
entre les différents secteurs d'une même entreprise que d'essayer
de la surspécialiser, avec les dangers que cela comporte.
De toute façon, je prends bonne note des remarques du
député de Portneuf, et je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 5 est donc
adopté. Je prie le rapporteur de la commission, en l'occurrence M. le
député de Laviolette, de faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. Je remercie
tous les membres pour leur bonne collaboration à mon endroit.
(Fin de la séance à 12 h 1)