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Etude des amendements au décret de la
construction
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration est réunie pour poursuivre l'étude des
modifications au décret de la construction que le ministre propose.
Les membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Bisaillon (Sainte-Marie);
M. Brochu (Richmond) remplacé par M. Russell (Brome-Missisquoi); M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Couture
(Saint-Henri); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M.
Mercier (Berthier); M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante
(Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé (Portneuf), M. Roy
(Beauce-Sud).
On m'informe que vous étiez rendus à l'article 12, vous
aviez fait un pas!
Une Voix: On nous a informés que vous n'étiez pas
là.
M. Dumoulin (Guy): Un pas vers l'avant.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse que vous ayez perdu
une demi-heure, mais ce n'était pas ma faute.
M. Couture: On ne reviendra pas sur ce débat.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12, on me dit que
c'est M. L'Heureux qui avait la parole au moment de la fin des travaux. Je ne
sais pas s'il avait terminé l'énoncé de sa
pensée.
M. Chevrette: Vous allez être obligé de me remettre
dans le sujet, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Ce sera difficile, parce que je
n'ai pas relu le journal des Débats, ce matin.
M. Couture: Vous étiez à l'article 17.04, 2).
Le Président (M. Marcoux): L'article 17.04, 2). S'il n'y a
plus personne qui veut parler sur le sujet, on peut passer à l'article
20. Vous n'avez pas d'objection à avancer.
M. L'Heureux (Réal): Je m'excuse, ce n'est pas moi qui
parlais à ce moment, mais c'est mon co-porte-parole, M. Dion. Je pense
que nous avions terminé notre présentation sur cet article, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Nous pouvons passer à
l'article 20.
M. Dumoulin: Oui, nous n'avons rien à ajouter, de notre
part, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 20, oui, tous les
autres ont été acceptés.
M. Forget: Tous les autres ont été acceptés,
de 18.01 à...
M. Couture: Ils avaient été étudiés
au début, vous vous souvenez de la notion de l'artisan. Nous avions fait
le rapport entre ces articles, pour la notion de l'artisan.
Le Président (M. Marcoux): L'article 20, M. L'Heureux.
M. L'Heureux: M. le Président, je m'excuse, nous aurions
une précision...
M. Dion (Michel): C'est bien l'article 20 du document du
ministère?
Le Président (M. Marcoux): Oui, qui concerne l'article
23.08 du décret.
M. L'Heureux: M. le Président, j'aimerais que notre
directeur général adjoint qui s'est occupé plus
particulièrement du dossier vous fasse certains commentaires. Alors, je
vais demander à M. Jean-Pierre Langlois.
M. Langlois (Jean-Pierre): M. le Président, le document
qui a été déposé par l'AECQ en réponse au
document du ministre, et que vous avez à la page 8, répond
à l'article 20 et on voudrait traiter collectivement, comme on l'a fait
pour le cas des artisans, des différents articles du document du
ministre. Donc il y a les articles 20, 34, les sous-articles 8 et 9 et
l'article 44. C'est la question, à moins que le ministre ait des
objections à traiter cela collectivement.
M. Couture: Non. Je n'ai pas d'objection si les membres n'en ont
pas.
M. Chevrette: Cela se rejoint, et quarante quoi?
M. Dumoulin: M. le Président...
Une Voix: Voulez-vous répéter les
numéros?
M. L'Heureux: Les articles 20, 34 les sous-articles 8 et 9, et
l'article 44.
M. Dumoulin: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. Dumoulin.
Prime de tunnel et caisson
M. Dumoulin: De notre part, on se pose la question. On cite
l'article 20, qui est quand même un article sur la prime de tunnel et
caisson et on dit que nous voulons en même temps discuter de l'article
34, qui comporte les définitions aux sous-annexes, les occupations. Je
ne crois pas que c'est... Il y a un problème là.
Le Président (M. Marcoux): Les paragraphes 8 et 9,
n'est-ce-pas?
M. Dumoulin: II y a même 8 et 9, à
l'intérieur de 34, et la description des occupations à
l'intérieur du décret.
M. Couture: Si la partie patronale veut, par son argumentation,
nous faire comprendre que, en traitant de 20 et des autres articles, cela nous
permet de mieux comprendre son argumentation, je pense que nous n'avons pas
objection à l'entendre.
M. Dumoulin: Comme cela M. le Président, on va
régler les deux en même temps?
M. Couture: Si possible, si vous... M. Dumoulin:
D'accord.
M. Couture: Si vous vous sentez lésés, vous nous le
direz.
M. L'Heureux: M. le Président, dans l'article 17.01, hier,
qui est un article sur le "red seal", on a traité de tous les taux de
salaires qui n'étaient même pas compris là-dedans. On ne
s'est pas opposé, je pense que c'est une manière de faire et
peut-être d'accélérer les procédures.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y.
M. L'Heureux: Je m'explique. La raison pour laquelle on veut
traiter cet article en relation avec l'autre, c'est qu'il est question qu'on
remette en discussion certaines juridictions qui ont été
accordées durant la négociation. Naturellement la prime de tunnel
avait été enlevée parce que le mineur était
l'ouvrier qui travaillait dans le tunnel; d'après la concordance du
texte, on avait intégré l'ancienne prime à son salaire de
base. Automatiquement, naturellement, si on ne remet pas en question les
définitions, la prime n'a aucun sens parce que c'est déjà
intégré à son salaire de base. Si, naturellement, on
enlève comme la modification proposée par le ministre
la juridiction du mineur, à ce moment-là, la prime peut
être traitée séparément. Parce que si on
l'enlève, il faut faire disparaître le salaire ou il faut rajuster
le salaire. C'est ce qu'on veut dire.
Pour comprendre tout cela, il est peut-être utile à ce
moment-ci de cadrer de quelle façon la négociation s'est faite.
On a reçu on va vous donner le document tout à l'heure
une série de demandes particulières, par l'entremise du
conciliateur, M. Dufresne. Chacun des locaux a déposé ses
demandes particulières. Une partie avait été
déposée au début d'avril à la partie patronale et
le reste au conciliateur dans le mois de mai.
Un protocole d'entente sur la forme de la table est intervenu, a
été signé par les deux parties le 10 mars 1976, j'en ai
une copie ici. A l'intérieur de ce protocole d'entente, on
prévoyait deux choses. On prévoyait premièrement, une
table centrale et des tables particulières. Il était prévu
dans le protocole d'entente que la table centrale s'occuperait de toutes les
clauses qui étaient d'ordre général et que la
négociation ne se ferait qu'uniquement à la table centrale. Il y
aurait des tables particulières pour déblayer les demandes
particulières mais que toute clause qui n'était pas entendue
comme particulière par les deux parties à une table
particulière revenait à la table centrale.
Alors, c'est de cette façon que la négociation s'est
amorcée, le 22 juin, quand le conciliateur nous a convoqués, au
Quality Inn, ici, pour à peu près cinq semaines. C'est dans cette
période qu'environ 95% des textes ont été écrits. A
ce moment, deux tables siégeaient, il y avait une table centrale et il y
avait aussi des tables sectorielles. Encore là, on les avait
subdivisées en deux groupes, les groupes qu'on appelait
mécaniques et les groupes généraux. Chacun des locaux ou
parfois deux locaux ensemble, parce que certaines choses étaient
semblables pour les deux, était prévu par le conciliateur pour
siéger avec une contrepartie patronale; cela servait à
déblayer pour que la table centrale avance un peu plus et
peiit-être de mieux saisir certains problèmes qui étaient
particuliers.
Dans le cas des manoeuvres, la table sectorielle a siégé
dans la dernière semaine de juillet. La cédule du conciliateur,
d'ailleurs, est assez facile à constater et le consensus qui en a
résulté à la table des manoeuvres est dans le rapport du
conciliateur.
Je dois ajouter pour mieux faire saisir de quelle façon cela se
déroulait, le conciliateur rencontrait les personnes qui étaient
habilitées par les deux groupes, parce que tout relevait du
comité central, alors les personnes que M. Dumoulin et le conseil
envoyaient à une table et les personnes que moi-même et mon
comité nous envoyions à l'autre table. Normalement, M. Dumoulin
du moins, à ma connaissance, à chaque fois allait
à la table sectorielle lorsque cette table était convoquée
par le conciliateur, le conciliateur s'y rendait et quelquefois moi aussi. M.
Dumoulin, à ce moment, avertissait les participants que ce qui se
négocierait à cette table centrale valait pour autant que le
conseil était concerné, mais que ce qui se négociait
à cette table ne pourrait être utilisé par une autre table,
c'est-à-dire un autre métier, pour dire: Eux l'ont eu, donc, on
l'aura nous aussi. Chaque fois, il faisait cela. Le conciliateur, au moment
où les parties se séparaient, venait et prenait un rapport du
consensus qu'il y avait eu et des litiges. C'est à partir de là
que le conciliateur a fait son rapport du 12 août, dans le-
quel on retrouve le consensus qui s'est fait sur la table des manoeuvres
et aussi les litiges qui demeuraient, on les retrouve dans son rapport du 3
septembre, au moment où il n'y a aucun litige qui demeurait sur la table
des manoeuvres. Alors, à la table des manoeuvres, les demandes qui nous
avaient été faites, qui avaient été transmises au
conciliateur et, j'imagine aussi au Conseil provincial des. métiers, les
manoeuvres nous demandaient d'avoir des juridictions exclusives sur à
peu près tout ce qui n'était pas dans les corps de
métiers. Après une période de négociation avec les
manoeuvres à ce moment ils offraient en contrepartie de geler les
salaires, du moins pour la première année, au taux de 8% qu'ils
avaient déjà eu en vertu de l'extension de trois mois. A ce
moment, la négociation qui s'est faite, c'est qu'on n'a pas
accepté les juridictions exclusives pour d'autres définitions
parce qu'on n'avait pas à faire cela; sauf pour deux types, pour les
gens qui|tra-vaillaient dans les mines, les mineurs, et les gens qui sont dans
les "pipe-liners" parce que, en pratique, les employeurs et la partie syndicale
nous disaient que c'étaient ces gens, de toute façon, qui
creusaient les puits et qui faisaient le pipe-line.
Dans les autres juridictions, dans les autres définitions, tout
ce qu'on a fait, c'est de répéter des définitions qui,
somme toute, ne sont pas des définitionsexclusives, maisqui les
satisfaisaient. On répétait ce que ces gens pouvaient faire,
mais, naturellement, étant donné que cela n'est pas exclusif, les
métiers aussi peuvent le faire. Ce sont des occupations qui sont
communes. Alors, si vous regardez les textes, à ce moment, vous avez
deux juridictions qui ont été accordées, par la partie
patronale, comme exclusives, qui sont des mineurs, et c'est la raison pour
laquelle on a la prime, ici, on avait enlevé la prime, et aussi les
"pipe-liners".
Dans tous les autres cas, on a simplement parce que
c'était la demande syndicale et qu'on ne voyait aucune objection
à cela, après négociation on a simplement
accordé à ces gens une reconnaissance dans le texte des choses
qu'ils peuvent faire aussi, mais que des métiers aussi peuvent
faire.
Maintenant, je dois vous dire que ce rapport a été
déposé au conciliateur au début d'août, au moment
où on était transféré à l'Auberge des
Gouverneurs à Montréal. Il fait partie du rapport du conciliateur
et n'a pas été déclaré litige parce que, par la
suite, la partie syndicale a regardé notre offre globale du 14
août et nous a rencontré un vendredi, samedi, dimanche et lundi au
moment où le conciliateur nous a convoqués. Il nous a soumis une
série de points en litige. La série de points en litige qui a
été soumise est dans le rapport du conciliateur du 3 septembre,
j'en ai une copie ici.
Vous allez remarquer qu'à ce moment-là, la section des
manoeuvres n'est pas en litige. La section des manoeuvres est devenue en litige
vers le 20 septembre. Je dois aussi vous dire que durant la période au
Quality Inn, un sous-comité avait été formé de
chaque côté pour essayer d'accélérer le processus
parce qu'on s'apercevait qu'à la table centrale c'était assez
lent et que le décret expirait le 31 juillet.
A ce moment-là, la partie syndicale avait
délégué au comité chargé d'essayer de
déblayer, un sous-comité, M. Roger Perreault et M. Boucher. M.
Boucher faisait partie du comité de négociation et M. Perreault
était un conseiller. La partie patronale a délégué
le président, moi-même et Me Dion. Alors, M. Perreault est
demeuré à ce sous-comité jusqu'à la fin et,
après cela, quand le sous-comité a cessé d'exister et que
c'est devenu le comité de négociation, M. Perreault
siégeait sur ce comité-là aussi avec M. Dumoulin.
En septembre, apparemment, il y a eu quelque chose au sein du conseil et
M. Perreault a quitté toute fonction de négociation vers la
mi-septembre. C'est à ce moment-là, uniquement, que la partie
syndicale a déclaré que les clauses de manoeuvres étaient
un litige. Alors, vous savez, ce n'est pas quelque chose qui est arrivé
du jour au lendemain, c'est quelque chose qui est arrivé en juillet, qui
a été dans le rapport des conciliateurs, dans le document global,
et qui n'a pas été déclaré litige jusqu'à ce
qu'il y ait un conflit, j'imagine, à l'intérieur du conseil et
que M. Perreault, qui était dans le sous-comité, était
aussi responsable de la table des manoeuvres, soit, à toutes fins
pratiques, expulsé du comité de négociations.
Alors, ce qui est arrivé par la suite, c'est que cette clause est
demeurée en litige. Les métiers, prétendant qu'on leur
avait enlevé certaines juridictions et nous, prétendant qu'on
n'avait pas fait cela. Finalement, ce qui est intervenu, c'est un
règlement, un compromis de M. Laporte lors de la fameuse période
du 15 au 19 octobre. On va en parler probablement un peu plus tard quand on va
arriver au dernier article.
C'était un compromis soumis par M. Laporte, que le tout soit
soumis à un arbitrage et même l'arbitre a été
nommé par les deux parties, c'était M. Leboeuf. D'ailleurs, tout
cela fait partie du texte de la convention collective. M. Leboeuf aurait
à arbitrer, si réellement nous avions excédé le
mandat qu'on avait, c'est-à-dire que nous avions empiété
sur le règlement no 1, en définissant des choses que nous
n'avions pas, que nous ne pouvions pas définir comme des métiers
ou en enlevant à des métiers ce qu'ils avaient.
Dans le moment, le problème en est là. Je vais laisser M.
Langlois, à partir d'ici, donner le sens de nos commentaires qui vous
ont été fournis dans la lettre du 13 juin. Alors,
Jean-Pierre...
M. Langlois: M. le Président, ce qui arrive, c'est que
cette objection vient également du contentieux du ministère. Elle
a été soulevée par le contentieux sur la base du fait
qu'il n'y aurait pas eu entente formelle au sujet des manoeuvres à la
table des négociations.
C'est une chose avec laquelle on ne peut pas être d'accord parce
que les définitions qui apparaissent au décret du manoeuvre
mineur, manoeuvre pipe-line, manoeuvre spécialisé et manoeuvre
journalier sont le fruit, comme vient de le dire M.
L'Heureux, de la table particulière des manoeuvres et ce que le
ministre suggère, c'est de faire disparaître ces nouvelles
définitions pour revenir à celles qui apparaissaient à
l'ancien décret, au statu quo de l'ancien décret, et le ministre
suggère également de remettre la prime pour le travail dans un
tunnel qui avait été incluse dans le taux de salaire du mineur
qui n'avait donc plus sa raison d'être.
Elle avait été biffée de la convention collective.
Par contre, on a remarqué que le ministre a omis d'enlever le taux de
salaire qu'on avait également prévu pour le mineur.
Il fait sauter la définition du manoeuvre
spécialisé, mineur, et il laisse le taux de salaire
spécial qui inclut cette fameuse prime qui avait été
prévue par les parties aux annexes de salaire. Nous demandons que ce qui
a été négocié reste là. La lettre d'entente
concernant l'arbitrage de certaines descriptions d'emplois, c'est-à-dire
de ces définitions de manoeuvres, mineurs, pipe-line et ainsi de suite,
vient du fait que les affiliés du conseil provincial étaient
réticents face aux résultats de la table particulière des
manoeuvres et, tout comme les définitions qui apparaissent au
décret ont été convenues entre les parties, la lettre
d'entente a aussi été convenue entre les parties. Donc, il y a
bien eu entente sur toute la ligne et cette entente inclut la lettre d'entente
sur l'arbitrage des descriptions de manoeuvres. Il avait été
convenu que les nouvelles définitions apparaîtraient au
décret et que, après cela, il y aurait arbitrage de ces
définitions où les parties pourraient se faire entendre. Et le
résultat de l'arbitrage serait comme si les parties avaient
elles-mêmes modifié leur entente.
Nous disons que si la lettre d'entente est jugée ultra vires ou
illégale par le contentieux du ministère, parce qu'il existe un
organisme qui s'appelle le conseil d'arbitrage, qui existe en vertu de la Loi
sur la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre et qui est
également mentionné dans la Loi des relations du travail dans
l'industrie de la construction, parce que cet organisme existe et qu'il est
celui qui, normalement, arbitre des conflits de compétence ou de
juridiction de métiers, si c'est l'avis du contentieux du
ministère, à ce moment-là, c'est plutôt le conseil
d'arbitrage qui devrait déterminer si on a outrepassé le
règlement no 1 sur les juridictions de métiers dans la
définition des emplois qu'on a faite, on est prêt à ce que
le conseil d'arbitrage procède à cet arbitrage à la place
de l'arbitre unique qui avait été convenu par les parties.
Je veux également clarifier le fait que les définitions
d'occupations ou d'emplois qui apparaissent au décret sont des choses
négociables. C'est-à-dire que les parties peuvent négocier
ce qu'un manoeuvre peut faire, ce qu'un conducteur de camion peut faire, ce
qu'un opérateur de pompe et de compresseur peut faire. Ce sont des gens
qui n'ont pas de carte de compétence ou de certificat de qualification
émis par le ministère du Travail en vertu de la Loi sur la
qualification professionnelle de la main-d'oeuvre. Par conséquent, leurs
définitions de fonctions ou descriptions de fonctions relèvent de
la négociation, tandis que les descriptions des métiers sont
reproduites au décret à la sous-annexe A de l'annexe B,
uniquement pour fins d'information pour que les entrepreneurs et les
salariés, lorsqu'ils ont le décret dans leurs mains, quand ils
travaillent avec cela, puissent également posséder la
définition de ces métiers, et ce n'est pas négociable.
C'est simplement reproduit au décret.
Le deuxième et dernier point que je voudrais clarifier, c'est que
la lettre d'entente concernant l'arbitrage a été acceptée
par la partie patronale, mais elle provient de la partie syndicale qui l'a
rédigée et soumise à la partie patronale et l'AECQ l'a
acceptée. C'est tout.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je ne voudrais pas
commencer un débat juridique en réponse avec les
connaissances que j'ai à ce que M. Langlois a dit, il
m'apparaît que la loi régissant les décrets est claire et
précise. C'est qu'on doit reproduire à l'intérieur du
décret des conditions bien identifiées, bien précises. On
n'est pas dans la Loi des conventions collectives où on peut
régler, par des mécanismes autres, quelque chose de non
réglé. On ne peut pas avoir ces réserves au niveau de la
loi des décrets. A partir de là, dans un décret, c'est un
peu pourquoi on présente le fait, cette clause n'étant pas
réglée, c'est l'ancienne définition qui revient.
Je voudrais ajouter qu'il y a la question du tunnel. Je vous pose la
question est-ce exact qu'il y a une question de contexte de discussion
dans cela? Parce que, à l'époque, on devait amender le
règlement régissant la sécurité, il y a un peu de
tout, les relations de travail, en ce qui regarde les tunnels et en rapport
avec les termes employés.
Est-ce exact que c'est à cause de ce contexte d'amendement aux
règlements qu'on a laissé tombé "tunnel"?
M. Dion: Je pense que l'explication a été
donnée tout à l'heure. La prime de tunnel n'était plus
nécessaire au décret parce que la prime était incluse dans
le taux du mineur, qui lui, travaille dans les tunnels. La définition
qu'on a faite du manoeuvre mineur, c'est le bonhomme qui devait, suivant notre
définition, faire tous les travaux qui existaient dans le tunnel. Alors,
je n'avais pas besoin, à ce moment-là, de faire une prime en plus
de cela, parce que la prime a été incluse dans le taux du mineur.
C'est l'explication qu'a donnée M. Langlois tout à l'heure. Si le
ministre, dans la proposition qu'il fait, enlève tout le système
du manoeuvre mineur, et, à ce moment-là, il laisse le taux de
mineur et il ajoute la prime de tunnel, on aurait deux primes pour le travail
dans un tunnel parce que la prime étant déjà incluse dans
le taux, il se trouvera en plus une deuxième prime incluse dans le
décret, si c'était le cas. La prime est déjà
incluse dans le taux du mineur.
M. L'Heureux: La raison pour laquelle on voulait discuter les
deux à la fois, c'est parce que, au-
tomatiquement, un mineur est un mineur. Il ne fait pas autre chose. On
ne lui donnerait pas une prime pour être mineur, c'est sa fonction
d'être mineur. Alors, dans son taux, on a inclus ce qu'il avait autrefois
comme une prime additionnelle au moment où il s'appelait mineur.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, ensuite M.
Dumoulin.
M. Couture: Je vais demander à notre conseiller juridique,
vu que c'est assez complexe de donner la toile de fond de ces
modifications.
M. le Président, dans le décret, tel qu'il existe
actuellement, nous sommes en présence d'une annexe B, sous-annexe B qui
comprend une définition d'emplois qui y sont décrits. En plus, on
se trouve en face d'une annexe J je vous réfère à
la page 1993 de la Gazette officielle où l'on dit ce qui suit: La
description des emplois de manoeuvre, manoeuvre spécialisé
"pipe-liner", manoeuvre spécialisé foreur, manoeuvre
spécialisé mineur, recitée dans la proposition globale
patronale du 17 août 1976 et reproduite à la sous-annexe B de
l'annexe B du décret sera soumise à l'arbitrage en vue de
déterminer si cette description affecte les juridictions des
métiers énumérés dans le sous-annexe A de ladite
annexe B.
Du point de vue juridique, lorsque l'on est en face d'un décret,
nous ne sommes plus en face d'une convention collective. En vertu de la loi aux
articles 13 et 28, il est prévu que le décret doit fixer les
conditions de travail applicables à tous les métiers et emplois
de l'industrie de la construction et qu'une seule convention peut être
conclue à l'égard de ces métiers et emplois. L'article 28
prévoit également que le décret doit contenir des
dispositions concernant la classification des emplois. Encore une fois, comme
on est en droit statutaire et que l'on doit interpréter respectivement
les dispositions de la loi et des règlements, il est reconnu, en droit,
qu'un règlement doit être précis et définitif. Vous
ne pouvez pas, dans le cadre d'un règlement, à moins que la loi
en vertu de laquelle il est adopté le permette expressément,
déléguer à un tiers le soin de déterminer ce que le
règlement voudra dire à un moment donné. Or, si on
considère l'annexe J dans sa rédaction actuelle, l'on dit que la
description des emplois ou de certains emplois qui sont décrits à
l'annexe B sous-annexe B sera soumise à un arbitrage en vue de
déterminer si la description affecte les juridictions de métiers
qui sont décrits à l'annexe A.
Du point de vue juridique, il y a deux hypothèses qui se posent
au point de vue interprétation, où l'on se trouve en face d'une
juridiction qui est conférée à un tiers, soit l'arbitre
qui est nommé dans l'annexe J pour déterminer si, du point de vue
juridique, les métiers énumérés à l'annexe
B, sous-annexe B empiètent ou entrent en conflit avec les descriptions
de métiers que l'on retrouve au règlement no 1 sur la
qualification professionnelle et adoptées en vertu de la Loi de la
formation et de la qualification de la main-d'oeuvre.
Or, la loi prévoit, à l'article 32b, paragraphe 3, que le
conseil d'arbitrage, et je cite, "institué en vertu de l'article 41 de
la Loi sur la formation et la qualification professionnelle de la
main-d'oeuvre, 1969, chapitre 51, est chargé de régler les
conflits de compétence relatifs à l'exercice d'un métier
ou d'un emploi commun aussi que d'entendre et de disposer de l'appel de toute
personne qui se croit lésée par l'application de toute loi ou
tout règlement relatif à la formation et à la
qualification professionnelle de la main-d'oeuvre, dans l'industrie de la
construction". Alors, le conseil d'arbitrage, en vertu de la loi, a une
juridiction qui est double. Il y a celle, d'une part, de régler des
conflits de compétence relatifs à l'exercice d'un métier
ou d'un emploi commun et, d'autre part, celle d'entendre et de disposer de
l'appel de toute personne qui se croit lésée par l'application de
la loi ou d'un règlement adopté en vertu de la Loi sur la
qualification professionnelle de la main-d'oeuvre.
Si l'on revient à l'annexe J du décret, du point de vue
juridique, selon cette hypothèse on se trouve en face d'une juridiction
que les parties, au moment de la convention collective, ont
conférée à un arbitre, pour déterminer ce que le
conseil d'arbitrage a pour fonction de faire lorsqu'un conflit lui est soumis.
Au niveau d'une convention collective, je ne discuterai pas la question de
savoir si une telle clause est légale ou non, mais, au niveau d'un
décret qui doit être précis et définitif et qui doit
être interprété en fonction de la loi en vertu de laquelle
il est adopté, vous ne pouvez certainement pas retrouver une disposition
qui confère à un tiers ce que la loi confère au conseil
d'arbitrage.
Cela est la première hypothèse d'interprétation
juridique à laquelle nous faisions face. La deuxième
hypothèse c'est que, si ce n'est pas ce qu'on a voulu dire, à
savoir d'arbitrer, du point de vue juridique, si la description des emplois qui
sont énumérés à cette annexe J empiète sur
les descriptions de métiers, en vertu du règlement no 1, à
ce moment on ne peut que constater un défaut d'entente. Or, encore une
fois, je vous réfère à l'article 28 de la loi, qui dit que
le décret doit contenir la classification des emplois. Si on doit
interpréter l'annexe J, selon cette deuxième hypothèse,
comme nous assurant ou nous indiquant qu'il n'y a pas une entente
définitive et certaine quant aux descriptions des emplois que l'on
énumère à cette annexe J, à ce moment, dans un
décret, cela ne peut pas tenir, parce que le décret n'est pas
assez précis pour qu'on puisse l'interpréter devant les tribunaux
conformément à la loi.
Alors, nous étions placés, sur le plan juridique, devant
ces deux hypothèses et c'est pourquoi il a fallu faire le choix de
retrancher l'annexe J, du point de vue juridique, de façon à
rendre le décret certain et définitif.
Le Président (M. Marcoux): J'avais dit que je
reconnaîtrais M. Dumoulin, mais M. le ministre n'a pas fini.
M. Couture: Maintenant, vous avez une annexe B qui reproduit les
descriptions d'emplois qui se retrouvaient dans l'ancien décret.
Diverses hypothèses ont été envisagées par le
ministère
concernant ce qu'on devait inclure dans le décret, compte tenu du
fait que l'annexe B, telle qu'elle existe actuellement dans le décret,
conjointement avec l'annexe J, ne nous assure d'aucune façon d'une
entente au point de vue juridique.
Diverses hypothèses ont été envisagées et le
ministère en a favorisé une, après discussions, et il y a
évidemment des éléments de "policy making" qui entrent en
ligne de compte au niveau du choix des descriptions d'emplois
elles-mêmes, et le ministère a choisi de reproduire l'annexe B
telle qu'elle existait sous l'ancien décret.
En ce qui concerne les primes de tunnel, si l'on reproduit l'ancienne
annexe, où l'on ne retrouvait pas les descriptions des deux emplois qui
ont été mentionnés par M. L'Heureux tout à l'heure,
et à qui on a conféré une certaine exclusivité de
juridiction, dans le nouveau décret, il est évident, à ce
moment, que, dans l'ancien décret, ne retrouvant pas ces deux
descriptions exclusives, une prime se trouvait déjà pour le
travailleur de tunnel.
En reproduisant cette ancienne annexe, le gouvernement a choisi, ou
enfin, je m'excuse, le ministère envisage de reproduire l'ancien article
qui conférait une prime pour le travailleur du tunnel comme cela
existait avant.
En d'autres termes, le ministère envisage de refaire le statu quo
actuellement, compte tenu que, du point de vue juridique nous ne sommes pas en
face d'une entente définitive, selon les deux hypothèses que j'ai
énumérées. Maintenant, en ce qui concerne
également... il y a un autre problème qui peut être
soulevé concernant des descriptions exclusives qui se retrouvent
actuellement dans le décret pour les manoeuvres
spécialisés, foreurs et pipe-lines, il faut également
tenir compte du fait qu'en vertu de la Loi sur la qualification professionnelle
de la main-d'oeuvre, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui a la
tâche de déterminer quels seront les métiers exclusifs,
d'exercice exclusif, et il est douteux que, du point de vue juridique, l'on
puisse, par voie d'un décret adopté en vertu de la loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction et par le biais d'une
description dite d'emplois, conférer une juridiction exclusive à
certaines catégories d'emplois, ce qui reviendrait, à toutes fins
pratiques, à faire ce que le lieutenant-gouverneur en conseil a pour
fonction de faire en vertu de la loi sur la qualification professionnelle de la
main-d'oeuvre et de décrire cela comme des métiers.
Alors, il y a ce point de vue aussi dont il faut tenir compte sur le
plan juridique. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Voici, M. le Président, la raison pour
laquelle j'ai posé la question au début, eh bien! vous le voyez;
on s'écarte pas mal de la prime et on est rendu plus sur le
problème de juridiction des journaliers. Je vais revenir à la
prime.
On mentionne à un moment donné que la prime a
été donnée, c'est-à-dire qu'elle a
été sou-traite des tunnels, étant donné qu'on a
élargi le salaire des mineurs, semblerait-il. Je tiens à vous
souligner que ce n'est pas une prime de mineur dont on parle, c'est une prime
de tunnel qui s'applique à tous les métiers de la
construction.
Vous avez le métro à Montréal, lorsqu'il est en
construction, il y a des peintres, des électriciens, des gars de tuile,
des menuisiers, en tout cas, tous les métiers imaginables sont à
l'intérieur de la construction de ces métros. Donc, le droit
acquis de ces individus est brimé et ils viennent de perdre leur prime
de $0.25 l'heure et c'est la question de la prime en ce sens-là qui doit
s'appliquer à tous les métiers de la construction.
Et, aujourd'hui celle-ci n'apparaissant pas à l'intérieur
du décret, nous sommes dans l'obligation, avec les employeurs de
discuter en vain concernant cette fameuse prime parce que, du jour au
lendemain, on perd $0.25 l'heure. Donc, c'est le problème qu'on retrouve
en regard de la prime des tunnels et je ne crois pas que, dans l'ancien
décret, il n'est pas marqué du tout que c'est une prime exclusive
aux mineurs.
C'est une prime des tunnels pour tous les métiers de la
construction et c'est dans ce sens-là que nous avions cru, et d'ailleurs
on l'a relaté au ministère, que c'était une omission ou un
erreur de frappe parce qu'on dit: Caissons et/ou tunnels. Est-ce qu'on va
commencer à interpréter ce qu'est un caisson et ce qu'est un
tunnel? En somme, c'est assez près l'un de l'autre.
Puis-je finir de parler, messieurs? Je ne vous ai pas
dérangé, mon ami.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, il n'y a personne
qui vous a interrompu.
M. Dumoulin: Non, mais j'entends râler. Vous savez ce que
cela veut dire!
M. L'Heureux: J'entends cela en arrière, depuis hier.
M. Dumoulin: Moi aussi, mais je ne l'écoute pas.
Le Président (M. Marcoux): Les règlements
interdisent les râlements.
M. Dumoulin: M. le Président, je crois que c'est assez
simple. C'est une prime comme celle qu'on retrouve à l'intérieur
du décret qui s'applique à l'entité des travailleurs de la
construction. J'ai ici devant moi un bulletin de l'AECQ qui a été
soumis à tous leurs membres le 20 septembre 1976 il est en
anglais, mais ils l'ont aussi en français qui dit clairement que
toutes les primes apparaissant à l'intérieur du décret
sont majorées de 20%.
Lorsqu'on nous a présenté la masse salariale, ici,
à Québec, lors de la négociation, M. L'Heureux
lui-même nous a informés que toutes les primes existantes au
décret seront majorées de 20% sans en exclure une. Cela a
été très clair. C'est ce qu'il nous a dit et c'est ce que
nous avons compris.
Nous avons cru, et je me répète, à ce niveau, qu'il
y a eu une erreur de frappe et c'est la raison
pour laquelle nous avons demandé d'inclure le mot "tunnel"
à l'intérieur du nouveau décret et qu'il n'y avait jamais
eu d'entente pour l'exclure.
Vraiment, il n'y a eu aucune entente visant à exclure la prime de
tunnel du décret. Vous voyez combien de métiers cela frappe. Tous
les métiers de la construction sont affectés par cette prime et
on essaye ae nous dire qu'elle concerne les salaires des mineurs. C'est
incroyable de dire des choses semblables quand nous savons qu'il y a plus d'un
métier qui travaille à l'intérieur des tunnels.
Je crois, messieurs, qu'au sujet de cette prime nous sommes tout
à fait justifies de faire la demande que nous avons faite c'est un droit
acquis aux travailleurs de la construction et je ne crois pas qu'ils devraient
être brimés dans leurs droits. De plus, encore une fois, quand on
voit les circulaires qui ont été émises, quand on nous dit
personnellement que les primes sont augmentées de 20% en ne mentionnant
aucune exclusivité des primes, je pense que c'est assez clair et c'est
ce qui est indiqué dans leurs documents. Par contre, j'aimerais savoir
si on étudie les deux clauses en même temps et si on parle de la
question de la juridiction des journaliers; c'est parce que là, comme je
l'avais mentionné au début, c'est sûr que cela va se
chevaucher. Je ne vous parle, pour le moment, que de la prime qui nous a
été enlevée et de la demande que nous avons faite, nous
autres, au ministre de la réinclure à l'intérieur du
décret.
J'ai ici M. Lavallée qui a quelque chose à mentionner
concernant cette prime. C'est un texte écrit qu'il a à vous
lire.
M. Lavallée: M. le Président, je ne voudrais pas
répéter les paroles que M. Dumoulin vient de dire. Lors des
ententes qu'on a eues les 15, 16, 17, 18 et 19 octobre, nous-mêmes, aux
tables de négociations, on avait demandé d'avoir une prime pour
les électriciens dans le tunnel et le métro. La réponse de
M. L'Heureux, à ce moment-là, a été la suivante:
Cette prime vous est accordée déjà dans le décret
et on ne veut pas vous donner plus qu'à d'autres.
De plus, c'est vrai de mentionner que cela ne s'applique pas
nécessairement seulement aux mineurs. Tous les corps de métiers
travaillent dans les tunnels et ce ne sont pas nécessairement seulement
ceux qui travaillent dans le métro. Il y a des tunnels qu'on a à
faire dans les mines, dans les centrales électriques. De plus, il y a
souvent des "conveyers" terme anglais souterrains dans les
centres d'achat et dans les chantiers miniers qu'on fait à Port-Cartier
ou à Contrecoeur. Tous les métiers de la construction sont
impliqués dans les tunnels et ont toujours obtenu cette prime. La
mention que je veux faire à ce sujet, c'est que, lorsqu'on a
demandé la prime pour les électriciens on demandait $0.75
l'heure au lieu de $0.25 la réponse de M. L'Heureux a
été la suivante: On ne veut pas donner plus aux
électriciens qu'aux autres qui ont déjà une prime dans le
décret. On n'a jamais dit à aucune table qu'on enlevait la prime
des tunnels parce qu'on avait créé des manoeuvres mineurs.
Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Comme vous le voyez, on est en négociation;
on a un président du conseil qui confond "caisson" et "tunnel", c'est
assez fort. J'ai beau être un constructeur de routes et avoir de la
difficulté avec les ascenseurs, mais entre un caisson et un tunnel, je
pense qu'il y a toute une marge. Je ne l'expliquerai même pas. On nous
dit que, du jour au lendemain, on perd une prime. Un instant! Du jour au
lendemain, ce n'est pas aujourd'hui. Encore là, je vous rappelle que ce
texte a été signé par la partie syndicale. Il n'y a pas eu
d'erreur de frappe; s'il y en a eu, avant de le signer, c'était à
eux de le vérifier, comme nous faisions. Cela n'a pas été
fait à la dernière minute et à la course, cela faisait
partie de la proposition globale du 14 août.
On nous dit que des carreleurs vont aussi dans des tunnels. C'est vrai.
Ils vont aussi dans des maisons. Au moment où le tunnel est
percé, au moment où le tunnel a reçu sa protection, quelle
différence y a-t-il entre poser des carreaux là ou les poser dans
un édifice? C'était cela, la négociation. La prime de
tunnel, c'est une prime qui est donnée parce que, dans un tunnel, au
moment où on commence, on travaille dans des conditions
hygiéniques qui sont plus difficiles; c'est de l'air qu'on force dans le
tunnel, cela nous dégoutte sur le dos et, réellement, c'est
quelque chose qui est sale. La prime s'apparentait à cela. On l'a
laissée pour le gars qui fait cela.
Si vous regardez dans la juridiction du métier, de l'occupation
de mineur, c'est lui qui fait cela. C'est lui qui fait les travaux qui sont
sales. Au moment où on laisse le tunnel, c'est propre et tout va bien
là-dedans, je ne vois pas pourquoi le carreleur a plus de
difficultés à poser son carreau là qu'à le poser
dans un édifice. C'était cela. Il n'y a pas eu d'erreur de faite.
Ce n'est pas arrivé du jour au lendemain. C'était cela, comme le
reste. Il y a eu du "bargainage" de part et d'autre et cela a été
signé. Si maintenant on ne reconnaît plus la signature, si ce
n'était pas cela qu'on avait dans l'idée, si on ne
reconnaît pas la signature parce qu'il y a eu des erreurs de frappes, un
instant. Un caisson et un tunnel, c'est différent, et cela n'a pas
été une erreur de frappe.
J'aimerais, maintenant, demander à M. Lan-glois, étant
donné que j'ai la parole, de reprendre certains arguments qui ont
été faits par le conseiller juridique de M. Couture.
M. Couture: Je voudrais poser une question à M. L'Heureux.
Dans l'ancien décret, quand vous viviez sur cette prime de tunnel, qui
cela couvrait-il?
M. L'Heureux: Cela couvrait tous ceux qui étaient dans les
tunnels.
M. Couture: Donc, avec ce qu'on a ici dans le décret, ce
serait plus restrictif.
M. L'Heureux: C'est certain. Vous avez d'autres choses qui sont
plus restrictives.
M. Couture: Je voulais savoir.
M. L'Heureux: Oui. C'est cela, M. Couture, un décret qui
nous a été imposé à travers les années
où on retrouve toutes sortes de choses. A un moment donné, les
parties le négocient et disent: Ecoute, au sens pratique, c'est quoi
cela? Parce que vous aviez deux hommes, au moment où il y avait des
pelles mécaniques qui avaient beaucoup de graissage, et que maintenant
ce sont toutes des pelles hydrauliques et on ne sait pas où asseoir le
deuxième, est-ce pour cela qu'on va le laisser? C'est quoi? A un moment
donné, on fait le ménage, et c'est cela qu'on a fait. Et on va
vous montrer tout à l'heure de quoi on est parti pour arriver avec cela
écrit dans les deux langues. Vous allez voir qu'on a fait un
sérieux ménage. Maintenant, si vous nous amenez ici pour qu'on
vous explique toute la négociation, on va le faire, mais ce
n'était pas cela l'idée.
M. Couture: Je voulais savoir ce que vous vouliez dire.
M. Dion: M. le Président, M. Fortin a, tantôt, fait
un exposé en deux étapes et il nous semble qu'il y a une certaine
confusion entre la première et la deuxième. Jusqu'à ce
qu'il commence la deuxième, nous, on était tout à fait
d'accord avec lui que si, dans l'hypothèse où il retrouve une
lettre d'entente dans le décret, il en vient à la conclusion
qu'il n'y a pas eu d'entente formelle, à ce moment, il lui est difficile
de laisser l'annexe J, la lettre d'entente sur l'arbitrage dans ce
décret. Effectivement, il y a eu entente ferme comme sur les
définitions des manoeuvres spécialisés, etc. Il y a eu
entente ferme là-dessus et la lettre d'arbitrage, normalement, n'aurait
pas dû apparaître dans le décret puisqu'il s'agit d'un
arbitrage qui aurait dû être fait dès la signature de la
convention collective. C'est un arbitrage sur l'entente, arbitrage qui avait
été demandé par le Conseil provincial. Or, elle a
été signée, la convention collective, le 22
décembre. On est aujourd'hui au mois de juin. Il n'y a pas de demande ou
d'incitation, de la part du conseil, pour que l'arbitrage en question se mette
en branle, se mette en marche.
Donc, on a présumé qu'il n'y avait pas de contestation des
définitions qu'on retrouvait dans le décret. Mais, par contre,
les définitions elles-mêmes c'est là que la
deuxième partie du raisonnement de M. Fortin tient moins bien les
définitions elles-mêmes constituent une entente ferme et doivent
rester au décret. C'est pour cela qu'on a parlé du conseil
d'arbitrage tantôt. S'ils jugent que la lettre d'entente ne devrait pas
être là puisqu'il y a un conseil d'arbitrage, on est d'accord pour
que ce soit confié à un conseil d'arbitrage. Mais ce sont les
parties, en dehors du fait qu'elles s'étaient entendues sur les
définitions, qui, dans leur convention collective, avaient aussi convenu
de faire un arbitrage de cette partie. Cet arbitrage n'aurait pas dû
apparaître au décret, c'est exact. Par contre, les
définitions, elles, devraient apparaître au décret.
Quant à la prime de tunnel, s'il n'est pas assez clair ce qui a
été dit tantôt, c'est pourtant intimement lié
à la définition du manoeuvre spécialisé mineur.
C'est pour cela que la prime de tunnel a sauté, parce qu'il y a eu
l'introduction d'un nouveau personnage qui s'appelle le manoeuvre
spécialisé mineur, qui n'est pas un nouveau personnage dans la
réalité parce qu'il existait, c'est lui qui creusait et qui
forait les tunnels, mais qui, dans les textes, est un nouveau personnage. C'est
lui qui a cette prime dans son taux de salaire qui apparaît aux annexes
de salaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'ai écouté les
longues explications du conseiller juridique du ministre tout à l'heure.
Je sais que dans le journal des Débats, pour le public, ces explications
vont apparaître comme les propos du ministre et cela m'inquiète un
peu parce que c'est clair que ces explications, même si elles sont
valables sur le plan juridique, ne constituent pas une explication
adéquate de l'action du ministre ou de ses décisions.
A mon avis, ce n'est pas bien important de savoir quelles sont les
technicités sur lesquelles on peut appuyer une décision. Il y a
autre chose, il y a quelque chose de beaucoup plus substantiel qui est en jeu,
là-dedans. Il y a eu une négociation, il y a eu une rencontre de
volontés dans un consentement, un échange de consentement sur un
certain nombre de choses, les unes certaines, les autres plus
hypothétiques, si l'on veut. Le ministre intervient un peu à la
façon de Salomon; il coupe le bébé en deux, d'une certaine
façon, mais il ne semble pas se rendre compte que le bébé
est mort par l'opération qu'il a faite. Le consentement, il ne s'agit
pas d'essayer de retourner en arrière mécaniquement et en se
servant un peu aveuglément d'arguments et de technicités
juridiques. On ne peut pas revenir en arrière seulement sur certains
éléments. On ne peut pas refaire comme s'il n'y avait pas eu de
négociation. Il y en a eu des négociations. Il y a des questions
qui sont posées, qui viennent d'être posées d'ailleurs,
mais qui viennent spontanément à l'esprit; il y a eu des mois qui
se sont passés depuis ce temps.
J'imagine que le ministre veut nous dire qu'il intervient dans cette
entente pour des raisons d'ordre public, comme l'article 18 de la loi lui
permet d'intervenir pour des raisons d'ordre public. La seule raison d'ordre
public qu'il cite, c'est qu'il y a une clause d'arbitrage qui est
irrégulière. Mais on ne peut être strictement technique en
cette histoire, il y a seulement une des clauses qui est
irrégulière. Les autres ne le sont pas. Il y a une clause qui dit
qu'il doit y avoir un arbitre, qui .est désigné autrement que le
prévoit la loi. Les autres clauses me semblent parfaitement valables et
on n'a qu'à substituer le conseil d'arbitrage prévu par la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre pour
donner un sens à l'entente des parties, un sens qui est parfaitement
légal et qui aurait pu être utilisé, depuis les
nombreux mois pendant lesquels cette question est en suspens, pour
trancher les questions qu'ils veulent trancher, comme on semble vouloir le
dire. On dit: Les parties ne l'ont pas fait. Ce n'était pas au ministre
de le faire. J'imagine que c'est cela que le ministre se propose de
répondre. Je pense que ce n'est pas une bonne réponse, parce que,
si c'est d'ordre public de supprimer le résultat de la
négociation là-dessus, c'était aussi d'ordre public
d'invoquer les instances compétentes pour trancher un débat que
les parties n'ont manifestement pas été capables de trancher
complètement, parce qu'il y avait un doute dans l'esprit de l'une ou de
l'autre je ne veux même pas savoir laquelle à savoir
si ce sur quoi elles s'étaient entendues c'était absolument
permis. Il y aurait beaucoup à dire sur la notion d'emploi exclusif tel
que défini par le règlement no 1.
Il est clair que c'est un terrain qui est, à mon avis, sujet
à beaucoup d'interprétations, ce qui peut être exclusif et
ce qui peut être commun. C'est clair que des parties ne peuvent pas
s'arroger le pouvoir de faire ce que la loi réserve au
lieutenant-gouverneur en conseil. Cela ne veut pas dire que les parties ne
peuvent rien faire dans la définition d'occupations ou de
métiers, quand il s'agit des manoeuvres ou de toute catégorie
d'emplois qui n'est pas soumise à une carte de compétence.
Jusqu'à quel point ils peuvent aller, de quelle façon ils peuvent
le faire pour que ce soit légal? Quelle interprétation donner
dans tous les cas à ce qui est exclusif et ce qui peut être
commun? Il me semble que cela c'est d'ordre public et qu'il y avait un
intérêt d'ordre public à ce que le ministre mette en marche
les procédures.
Quand il revient en arrière, effectivement, qu'est-ce qu'il
produit comme situation pour environ 60 000 personnes? Ce sont des manoeuvres
qui sont représentés il faut bien le dire cela, c'est un
fait que tout le monde connaît par le Conseil provincial des
métiers de la construction, où les associations de métiers
ont un bon mot à dire. Ils se trouvent un peu Gros-Jean comme devant.
Ils ont consenti à des majorations de salaires qui n'étaient pas
celles auxquelles ils auraient consenti s'ils n'avaient pas eu la perspective
d'un élargissement de leurs possibilités de travail. Et le
ministre, en revenant à l'état antérieur, dans le fond,
agit pour que ces 60 000 personnes aient l'impression de s'être fait
arranger. Elles se font arranger par le ministre, dans ce cas-ci. Ce serait
important qu'elles le sachent.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: Je dois dire d'abord que nous sommes en face d'un
décret, c'est-à-dire que c'est une convention collective. On nous
a demandé de la prolonger par décret, donc c'était bien un
acte du gouvernement.
C'est d'intérêt public, pour tout acte du gouvernement, de
chercher le plus possible à ne donner aucune prise à la
contestation légale. Le conseil d'arbitrage aura toujours son rôle
si jamais le besoin s'en fait sentir dans une contestation de métier,
mais nous, comme gouvernement, nous ne pouvons pas tout simplement prendre une
convention collective et dire: Parce qu'ils ont négocié, tout ce
qu'ils ont fait, c'est excellent et on en fait un décret. On a une
responsabilité comme gouvernement parce que c'est un acte du
gouvernement.
Quant à la prime de tunnel, à première vue, on
pourrait dire: Ce n'est pas là, donc, il y a une volonté des
parties de ne pas vouloir que cela soit là. Sauf qu'on a eu des
objections de tous les syndicats là-dessus, c'est unanime. Il semble
qu'il y aurait eu un oubli, et non seulement des syndicats. Je vais vous lire
un télégramme d'une association patronale qui nous dit ceci, en
date du 28 février 1977. Comme je l'ai déjà dit, cela ne
préjuge pas de notre décision, mais c'est normal, comme c'est
d'intérêt public et que c'est un acte du gouvernement de
réparer, s'il y a lieu, certaines choses, que nous nous interrogions.
"Suite à la parution de l'avis d'une requête visant à faire
décréter que la convention collective conclue par les parties
s'applique à l'ensemble de l'industrie de la construction au
Québec, et de l'avis de trente jours pour toute objection à
l'encontre de cette requête, l'Association de la construction de
Montréal et du Québec c'est une association patronale
vous propose les commentaires suivants: 1) que la prime de $0'.20 dans
le décret de 1976 pour travaux dans les tunnels réapparaissent
dans le nouveau décret, passe à $0.25 et couvre les travaux
suivants, à l'exception du manoeuvre spécialisé parce
qu'il est déjà indiqué, le mineur, tout salarié
affecté à des travaux..." Ils décrivent cela et ajoutent
plus loin: "La prime a, en effet, été omise par erreur, les
parties croyant que la classification du mineur couvrirait tous les
travailleurs oeuvrant dans les tunnels."
Des Voix: Ah, ah, ah!
M. Couture: C'est un document qui s'ajoute aux objections que
nous avons eues, c'est la raison pour laquelle nous nous interrogeons et nous
produisons cela.
M. L'Heureux: Est-ce qu'on pourrait avoir le dépôt
de ce document?
M. Couture: Certainement. M. Pagé: C'est signé par
qui?
M. Couture: C'est signé par le directeur
général de l'association, M. ...
M. L'Heureux: M. Nault. M. Dumoulin: Bob Nault.
M. Couture: M. Nault, le directeur général de
l'association.
M. L'Heureux: L'une des anciennes associations.
Des Voix: Ah, ah, ah!
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent aurait une question pour le ministre.
M. Forget: Comme le ministre a pris l'initiative de citer et
même de déposer un document qui tendrait à démontrer
que du côté patronal il n'y a pas une parfaite unanimité de
point de vue sur ce sujet, mettant donc en doute la partie qui est reconnue par
la loi pour être le porte-parole de tous les entrepreneurs sur le
décret, je me demande si, ayant créé ce
précédent, il accepterait de la même façon
d'entendre ceux qui sont les porte-parole immédiats et directs des
journaliers, des manoeuvres au sein du conseil, de manière à
savoir si ce que le conseil a dit relativement à toute cette question
représente exactement leur point de vue.
Dans le fond, ce que le ministre vient de faire, c'est de dire: On a une
reconnaissance limitée jusqu'à la dissidence de l'un des membres
des associations représentatives. Très bien, si c'est le point de
vue qu'on développe, mais on ouvre toute une boîte de pandore, en
faisant cela. Je n'en aurais pas pris l'initiative, personnellement, mais comme
le ministre a pris l'initiative de citer, un peu pour démentir ce que
vient de nous dire l'AECQ...
M. Couture: C'est pour ajouter au dossier.
M. Forget: Cela ajoute en le contredisant. De la même
façon, on a des manoeuvres, on a des gens qui sont ici, je le sais, on
les a vus hier et ils nous ont dit qu'ils seraient ici pendant toute la
durée des travaux de la commission. Est-ce qu'on ne pourrait pas
entendre les représentants de ces gens pour savoir si ce qu'on est en
train de leur faire, ça leur fait plaisir?
M. Couture: Quand nous avons proposé une modification,
c'est à la suite de toutes les objections que nous avons reçues
dans les trente jours prévus par la loi. Ces objections viennent de tous
les milieux de la construction. Au ministère, nous en avons fait
l'analyse, nous en avons tenu compte, suite à des représentations
du contentieux, pour arriver avec nos modifications.
Si j'ai cité ce document, c'est parce que justement dans ce cas
précis, on a raison de dire que ce n'est pas strictement légal.
Alors, c'est peut-être un des seuls cas de nos modifications
proposées où il doit y avoir une preuve de circonstance, si
jamais on veut en amener une.
M. Forget: Est-ce que cela veut dire que le ministre refuse
d'entendre des gens qui sont directement impliqués par cette question
des emplois?
M. Couture: La commission a commencé avec une série
de demandes d'interventions qui sont déjà à l'ordre du
jour.
M. Forget: Vous n'êtes pas prêt à en admettre
d'autres?
Une Voix: Pourquoi pas?
M. Couture: A moins qu'on ne nous prouve leur
intérêt, jusqu'à maintenant, je ne suis pas prêt
à en entendre d'autres.
Le Président (M. Marcoux): Dans l'ordre, M. Dumoulin, le
député de Nicolet-Yamaska et M. L'Heureux.
M. Dumoulin: M. le Président, simplement pour
éclairer les membres de la commission, c'est que, en fait, au niveau du
Conseil provincial des métiers de la construction, il n'y a eu aucune
entente. On semble vouloir faire croire qu'il y a eu entente concernant la
définition des occupations des journaliers. Il n'y a pas eu entente.
J'ai ici un procès-verbal de l'assemblée du conseil provincial,
en date du 15 septembre. Donc, on a pris position concernant la juridiction des
métiers. C'est très clair à l'intérieur de ce
document que la position a été adoptée à
l'unanimité de maintenir le statu quo du décret, de l'ancien
décret, on s'explique.
La juridiction n'a jamais, quand même, été
négociée aux tables de négociations. On a cherché
à empiéter sur la juridiction d'autres métiers en voulant
créer ce qu'on appelle du "cheap labour". La position du conseil est
unanime à cet effet et je tiens à vous mentionner, messieurs,
que, lors de cette assemblée, étaient présents les
représentants des journaliers qui ont endossé cette position que
j'ai ici devant moi.
Messieurs, je ne voudrais pas que vous croyiez qu'il y a eu entente
concernant la juridiction. C'est tellement véridique qu'il n'y a pas eu
entente qu'encore là cela me fait un peu penser aux
mécaniciens d'ascenseur, hier on est obligé de formuler un
mécanisme à la fin, en disant qu'il n'y a pas eu entente, mais
qu'il y a une clause d'arbitrage. Donc, il n'y a vraiment pas eu entente. La
demande du conseil a été très claire et nette, mais n'a
jamais été écoutée par la partie patronale. En deux
mots, elle n'a jamais voulu rien savoir. On voulait maintenir le statu quo et
on nous disait, du côté patronal: Nous, on a donné cela et
on laisse cela là. Donc, cela a été la demande qui a
été faite; c'est ce qui a été une provocation
majeure de la fameuse grève qui est intervenue dans l'industrie de la
construction.
Messieurs, je voudrais que cela soit clair dans votre esprit qu'il n'y a
pas eu entente au niveau du conseil provincial et de l'AECQ concernant les
fameuses occupations à apparaître au niveau du décret.
Lorsqu'on dit qu'il y a eu des tables particulières de
négociation, c'est véridique. Il n'y a aucune table
particulière de métier qui a discuté de juridiction de
quoi que ce soit. On n'a jamais négocié la juridiction au niveau
des tables particulières. D'ailleurs, c'était le mot d'ordre
qu'on s'était donné.
J'ai bien dit "de métier" pour répéter ce que M.
Dion dit à côté. Mais, à l'intérieur de la
juridiction qu'on a accordée aux journaliers, on empiète vraiment
sur les juridictions de métiers. Il n'était
aucunement question de discuter des problèmes d'occupation, de
juridiction ou de quoi que ce soit au niveau de la négociation. Donc,
messieurs, là j'espère que c'est clair. Encore une fois, cela va
être écrit dans le journal des Débats, mais il n'y a eu
aucune entente entre le conseil provincial et l'AECQ concernant les occupations
des journaliers. On a des positions claires et fermes qui ont été
prises par le conseil provincial. Des assemblées ont été
tenues dans toute la province de Québec et tous les métiers sont
unanimes à ce point.
M. le ministre l'a rappelé tantôt, et je suis
persuadé que toutes les objections qu'il a eues devaient refléter
le problème des occupations des journaliers.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'ai bien
apprécié les explications données par Me Fortin tout
à l'heure. Maintenant, la partie patronale tout à l'heure a
affirmé que le recours à un arbitre avait été
suggéré par le sous-ministre du Travail. Je voudrais savoir si
cette affirmation est exacte. Deuxièmement, comment se fait-il que le
sous-ministre du Travail aurait suggéré une solution
illégale?
M. Décary (Michel): Est-ce que je pourrais intervenir
à ce moment?
M. Couture: A ce moment-là, c'était au niveau d'une
convention collective, et l'arbitrage pouvait avoir lieu avant la promulgation
du décret.
M. Fontaine: Merci. Dans le texte qui nous est proposé,
j'aimerais savoir du ministre du Travail... J'ai apprécié les
remarques qui ont été faites par M. L'Heureux concernant la
différence entre un caisson et un tunnel. Je pense que ses remarques
étaient adéquates. Est-ce que le ministre du Travail serait
prêt à considérer une définition de caisson et de
tunnel pour empêcher que la prime soit payée dans un tunnel?
Deuxièmement, on parle également, dans l'article 23.08, de tout
salarié qui recevrait la prime. On sait, par les explications que nous
avons eues tout à l'heure, que le mineur reçoit
déjà cette prime. Est-ce que le ministre du Travail serait
prêt à considérer de faire une exception pour le
mineur?
M. Couture: Je vais prendre bonne note de ce que vous me dites,
mais cela manifeste justement qu'au niveau de la qualification professionnelle
et du règlement no 1 il y a vraiment des déficiences. Il va
falloir mieux définir et préciser ces qualifications.
M. Fontaine: Pour l'instant vous le laissez comme cela?
M. Couture: Pour le moment. Vous verrez après, la
commission parlementaire, ce que nous en ferons.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska a terminé?
M. Fontaine: Oui.
M. Forget: ... des remarques pertinentes j'imagine?
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: J'aurais quelques commentaires, M. le
Président. Tout à l'heure quand j'ai exposé nos
commentaires généraux, j'avais bien mentionné que la
partie syndicale avait changé d'avis vers la mi-septembre. Justement, M.
Dumoulin vient de confirmer cela. C'est à l'assemblée du 15
septembre, soit au moment où il y a eu un affrontement, j'imagine,
où M. Perreault avait été écarté du conseil.
Je présume, je ne le sais pas, mais les dates concordent.
M. Dumoulin dit: On ne s'est jamais mis d'accord
là-dessus. Encore là, on a un rapport du conciliateur, en date du
12 août, qui a été remis à M. Couture, à
l'intérieur duquel M. Dufresne inclut tout ce sur quoi on s'est mis
d'accord. On ne s'est pas mis d'accord, mais le conciliateur, lui, dit qu'on
était d'accord. C'est dans son rapport.
Deuxièmement, vous avez, dans notre proposition globale du 14
août, tout cela. Cela a été soumis au conseil.
Troisièmement, vers la fin du mois d'août, le conseil a
délimité ce qui était en litige, ce qu'il n'acceptait pas
dans notre proposition. M. Dufresne en a fait un rapport, rapport qui a
été soumis au ministre du Travail, celui du 3 septembre, document
de travail de Pierre-N. Dufresne. Vous ne les aviez pas, en litige, à ce
moment-là. Ce n'est pas arrivé du jour au lendemain. On parle de
quelque chose qui s'est fait en juillet, qui a été écrit
trois fois au mois d'août, qui a été discuté au
début de septembre. On arrive à la fin de septembre et c'est le
litige. Un instant. On ne reconnaît plus ses écrits. On dit qu'il
y a eu des erreurs de frappe, qu'il y a des primes qui ne sont pas là,
on a assimilé un tireur de joints au mauvais métier, plutôt
que de l'assimiler au peintre, on l'a assimilé au plâtrier.
On vient ici et on dit n'importe quoi. On dit: Plus on en dit, il va
peut-être en rester quelque chose. Il ne faudrait pas charrier au point
où cela devient une farce, cette commission parlementaire, que l'on
puisse arriver ici et dire n'importe quoi dans l'espoir que quelque chose en
sortira.
On a lu tout à l'heure une lettre d'une association patronale. Je
remercie M. Couture, car c'est quelque chose que nous n'avons pas eu. On a
demandé les objections par télégramme, par lettre. Etant
une des deux parties qui avaient signé cela, on voulait connaître
les objections des différentes parties. On n'a jamais pu les avoir.
Alors, si on est capable de les avoir ici, au moins on les aura eues. M.
Chevrette sait de quoi on veut parler quand on dit qu'on a essayé de les
avoir. Il y a plusieurs appels téléphoniques d'enregistrés
de part et d'autre pour essayer d'avoir ces choses que nous pensions normal
pour une des parties d'avoir, si réellement il n'y a pas de
préjugés favorables nulle part là-dedans.
J'ai aussi ici une lettre. Peut-être que M. Couture voudrait avoir
la décence de la lire, une lettre qui lui est adressée par
l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord.
M. Chevrette: Appel au règlement.
Le Président (M. Marcoux): Je vais devoir entendre la
question de règlement.
M. Chevrette: Je suis prêt à laisser faire les
interventions de quelque nature que ce soit, mais pas prêter d'intention
et ne pas être impoli envers le ministre. La décence et tout le
"kit", je me passe de l'arrogance.
M. L'Heureux: Alors je retire le mot "décence". Cela a
dépassé mon idée. Je m'en excuse auprès du ministre
et de M. Chevrette.
Je demanderais simplement au ministre s'il voudrait peut-être
déposer ce document dont j'ai reçu copie. C'est écrit
là-dessus: Copie à M. Chevrette, M. L'Heureux et M. Dumoulin.
Cette lettre était adressée au ministre Couture et est justement
dans le sens de la question que M. Forget posait tout à l'heure, soit la
position de l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord.
Ce serait peut-être utile aux fins des débats que ce soit connu.
Si on ne veut pas les écouter on pourrait, à ce moment, savoir ce
qu'ils pensent. Je peux peut-être me permettre de la lire. Je pose la
question.
M. Couture: Nous sommes ici pour vous entendre. En dehors des
expressions que nous trouvons parfois pas très parlementaires, nous
sommes très heureux de recevoir toutes les représentations
possibles.
M. L'Heureux: Je m'excuse, M. le ministre, mais vous devez
comprendre que je ne suis pas un parlementaire. Je suis un type de la
construction et dans la construction on a peut-être des termes un peu
plus précis qui, des fois, ne sont pas de mise ici.
M. Couture: C'est pourquoi nous avons beaucoup d'indulgence.
M. L'Heureux: Je vous en remercie. Cette lettre est
adressée, en date du 14 juin, à M. le ministre Jacques Couture.
"M. le ministre, "C'est avec stupéfaction que nous avons pris
connaissance des modifications que vous entendez recommander au
lieutenant-gouverneur en conseil, s'il y a accord de la part de l'Association
des entrepreneurs en construction du Québec et du Conseil provincial du
Québec des métiers de la construction dans le but d'amender le
décret de l'industrie de la construction. "Nous avions cru que, pour la
première fois, les journaliers et les manoeuvres
spécialisés de la construction seraient reconnus à juste
titre comme de vrais travailleurs et non pas comme des gars de second ordre qui
doivent se battre pour conserver leur chantier. "M. Couture, en
remplaçant le sous-annexe B de l'annexe B par l'ancienne
définition aux emplois communs dans l'industrie de la construction, vous
posez un geste qui, loin d'apporter la paix sur les chantiers de construction,
contribuera à augmenter la division et la violence entre les
travailleurs. "De plus, cette modification a été
interprétée par nos membres comme un rejet de notre statut de
vrais gars de la construction. "Pourtant, M. le ministre, à compter du 6
décembre 1976, le Conseil provincial des métiers de la
construction et l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec ont bel et bien signé une convention collective par
l'entremise de MM. Dumoulin et L'Heureux et qui contenait notre juridiction de
métiers. Je préciserais ici que c'est M. Lamontagne. "M. le
ministre, trop longtemps, nous avons vécu avec de belles promesses et
des gestes qui étaient posés afin de nous faire croire à
de jours meilleurs. Exemple, notre permis de travail qui nous fut
accordé en 1971, mais retiré avant même sa mise en
application. "Considérant qu'avec notre juridiction de métiers et
un contrôle de main-d'oeuvre par l'application des cartes A et B et
reconnaissant qu'une convention collective a été dûment
acceptée et signée par les parties représentatives
reconnues par la loi, incluant notre juridiction de métiers, nous vous
prions de reconsidérer votre intention de modifier la sous-annexe B du
décret de la construction. "Le motif invoqué, que notre
juridiction pourrait léser certains métiers, est inaceptable et
discriminatoire à notre endroit. D'ailleurs, toute personne ou union qui
se croit brimée dans ses droits peut, en tout temps, en appeler au
conseil d'arbitrage, qui a la responsabilité de statuer sur les conflits
de compétence concernant un métier ou une occupation. "M. le
ministre, ceci est après avoir sacrifié environ $1.50 l'heure
d'augmentation pour la durée de la convention, afin d'avoir par
écrit notre définition de métier qui nous appartenait
depuis toujours. Ce qui éliminait, à toutes fins pratiques,
beaucoup de tension et de violence sur les chantiers. "Aussi certaines
occupations, telles que commis de chantier et gardiens qui sont nos vieux
travailleurs de la construction et qui ont laissé une partie de leur
santé, se retrouvent aujourd'hui sans aucune augmentation pour toute la
durée du décret. "Nous croyons que le maintien de vos
recommandations équivaut à un bris de la convention collective et
que de nouvelles négociations devront être faites, ce qui serait
une farce monumentale. "M. le ministre, vous avez le pouvoir de poser un geste
qui pourrait rétablir dans la construction la paix et l'harmonie en
reconnaissant notre juridiction et notre statut de vrais travailleurs de la
construction.
"Nous osons croire que, dans un dernier regard, vous reconnaîtrez
le bien-fondé de nos revendications et que les parties signataires,
l'AECQ et le conseil, respecteront leurs accords survenus le 6 décembre
1976. "M. le ministre en espérant que vous tiendrez compte de ces
commentaires ainsi que de ceux de mes confrères des locaux
1275-Québec, 755-Sorel et 527-Hull, je demeure toujours à votre
disposition pour d'autres renseignements".
C'est signé Normand Tousignant, gérant d'affaires, avec
copies à M. Chevrette, M. L'Heureux et M. Dumoulin.
M. Couture: M. le Président, de fait, c'est un document
dont j'ai pris connaissance et j'ai même rencontré des
journaliers. Je crois que le problème des journaliers est un
problème très important au gouvernement, et c'est une
priorité pour nous de clarifier un peu leur situation dans le secteur de
la construction. Sauf qu'on ne peut pas, à travers un décret, y
répondre directement. Ce n'est pas pour rien que nous sommes en
commission parlementaire, c'est pour entendre à travers les
modifications que nous proposons les problèmes que cela peut
causer et se faire une meilleure idée des solutions qu'il faudra
envisager pour plusieurs secteurs de la construction. Pour nous, cela rentre
dans le dossier et aussi dans une réflexion que nous croyons assez
importante face aux journaliers.
Si vous voulez déposer le document pour le bénéfice
des membres de la commission, c'est très heureux.
M. L'Heureux: Je voudrais terminer mes commentaires, M. le
Président, avec votre permission. On a mentionné tout à
l'heure qu'il n'y avait pas de juridiction qui s'était
négociée aux tables de métiers. Il y a des demandes qui
ont été faites, mais je dois dire qu'il n'y a pas de juridiction
qui a été accordée, c'est vrai. On ne l'a pas
accepté et, en plus, c'étaient seulement certains locaux qui ont
présenté certaines demandes. Finalement, on en est revenu au
statu quo dans l'article 504 parce que, justement, c'était tellement
confus.
On ne parle pas d'une table de métiers, on parle d'une table
d'occupation des emplois et on avait le droit de le faire. On dit qu'à
ce moment-là, l'AECQ y trouvait avantage, parce que cela
représente du "cheap labor". Vous avez aussi, parmi les métiers,
ceux qui font cela normalement: ce sont des apprentis qui gagnent à
partir de 50% selon une échelle prévue dans la loi
du salaire d'un compagnon. Je dois vous dire que c'est beaucoup plus avantageux
d'avoir un homme de métier à 50% du salaire du compagnon qu'un
journalier. Qu'on ne nous charrie pas, qu'on ne nous prête pas des
intentions qu'on n'avait pas. Les faits sont là et vous pouvez les
vérifier.
J'aimerais finir mon intervention en cédant la parole à
mon compagnon.
M. Dion: M. le Président, pour revenir au fond du
problème, il y a peut-être quelques points lé- gaux
à voir. Nous recevons favorablement l'interprétation de M. Fortin
quand il dit qu'au moment où on arrive au décret, une clause qui
aurait pour effet de ne pas compléter une des clauses du décret,
cela pourrait prendre un caractère pas nécessairement
d'illégalité mais un caractère d'entente qui n'est pas
ferme.
Voici ce qu'on dit. L'entente, quand on l'a faite d'ailleurs cela
a été la réponse du sous-ministre Laporte a
été faite au moment de la convention collective. A ce
moment-là, on s'est dit: Si vous croyez qu'il y a eu excédent
dans notre définition, faisons un arbitrage, on est dans le cadre de la
convention collective. Lorsqu'on arrive au moment du décret et
cela, plusieurs mois après on est obligé de vous dire que
la partie syndicale, qui se plaignait, qui a exigé cette clause et qui
l'a fabriquée, cette clause d'arbitrage, n'a jamais soulevé le
problème, n'a pas tenté de convoquer le conseil d'arbitrage, et
n'a précisé, en aucun moment, les points dans ces
définitions qui pouvaient excéder et empiéter sur les
métiers.
Je pense que pendant tout le temps que ce problème s'est
déroulé, la partie patronale a pris la position suivante. On a
négocié parce qu'on en avait le droit, la loi nous le permet, des
définitions d'emplois et non pas de métiers. Les métiers,
c'est une loi spéciale. On a négocié des descriptions
d'emplois et on pense les avoir négociées dans les limites de nos
droits. C'est toujours ce que la partie patronale a dit, mais jamais on n'a
excédé en décrivant une fonction au manoeuvre qui
appartenait à un métier; on sait qu'on n'a pas le droit de le
faire, on a toujours dit cela. On sait qu'on n'a pas le droit de le faire, mais
démontrez-nous à quel endroit on a pu le faire. A ce
moment-là, la solution qui a été trouvée
c'était un arbitrage possible.
On arrive maintenant au niveau du décret. C'est une entente
ferme, ce qu'on a fait, la définition avec les gens des manoeuvres.
M. Couture: Me permettez-vous une question là-dessus,
monsieur?
M. Dion: Oui.
M. Couture: De fait, pourquoi n'êtes-vous pas allés
en arbitrage?
M. Dion: Nous, la partie patronale, on a toujours prétendu
qu'on s'était tenu dans la légalité en faisant cela. Ce
n'est pas nous qui provoquions le problème, c'est la partie syndicale
FTQ; pas la partie syndicale manoeuvre, la partie syndicale FTQ qui avait,
à ce moment-là, le devoir de provoquer, pour prouver qu'elle
avait raison, qu'il y avait des excès.
Ce n'est pas à nous de le prouver. Nous, on était en
défense à ce moment, si on était appelé devant un
arbitrage, et on tentait de démontrer qu'on n'avait pas fait
d'excès. Probablement, à ce moment, évidemment que la
manoeuvre, la partie du local 62, etc., aurait tenté de démontrer
qu'il n'y avait pas excès. Probablement que c'est cela qui se serait
fait. Ce n'était pas à nous de provo-
quer l'arbitrage. Nous, on attendait que quelqu'un nous appelle devant
l'arbitre et fasse la démonstration qu'il y avait excès et nous,
parce que notre bonne foi est claire et nette à ce niveau, on aurait
démontré s'il y a ou non excès.
On s'était dit pressé. C'est clair, il faut quand
même lire la lettre d'entente. Quant à nous, les
définitions sont cela. Jusqu'à preuve du contraire, c'est cela.
On a même dit: S'il y a preuve du contraire, la définition sera
modifiée. C'est cela la lettre d'entente. Quand on arrive au niveau du
décret, je pense que parce qu'on n'a pas exercé le droit, on a
peut-être dit: II n'y en a pas d'excès du côté de la
partie syndicale, s'il n'y en a pas d'excès, faites sauter la lettre
d'entente. C'est ce qu'on dit, d'ailleurs, à M. le ministre, dans notre
document. Faites sauter la lettre d'entente, mais ne faites pas sauter les
définitions. C'est une entente ferme, les définitions. L'autre se
plaint qu'il y a excès. Il n'utilise pas son droit à l'arbitrage
et on arrive au décret, donc, faites sauter la lettre d'entente.
Si, à partir d'aujourd'hui, il y a excès, qu'on aille
devant le conseil d'arbitrage. Le conseil d'arbitrage, c'est lui qui a le
droit, au niveau des métiers et des emplois, de juger des conflits de
juridictions. C'est le tribunal et Marcel Dion est spécialement
là pour cela. Si aujourd'hui, vous autres, comme commission, vous
décidez d'enlever les définitions d'emploi, vous vous trouvez, au
moment où existe un décret, à utiliser les moyens qui
appartiennent au conseil d'arbitrage selon la loi. Vous venez de décider
qu'on a fait des excès. Vous prenez la décision sur la
juridiction. Nous, à ce moment, malgré tout notre respect, on
pense que vous remplacez le conseil d'arbitrage. Vous venez prendre une
décision. Vous venez de décider que ce que les parties avaient
conclu excédait sur les métiers et vous les retranchez. Vous
prenez la décision à la place du conseil d'arbitrage.
J'aimerais ajouter un petit mot qui peut entrer, peut-être, dans
le cadre des lettres parce que les gens sont rendus à lire des lettres,
M. le Président. Nous, on trouve cela difficile de travailler de cette
façon, mais en tout cas.
M. Couture: Est-ce que je peux apporter une précision
juridique sur ce que vous venez de dire? Vous me le permettez?
M. Dion: Oui, mais j'aimerais qu'on conserve le droit de
parole.
M. Couture: Je pense que la précision va rejoindre une
question du député de Saint-Laurent tout à l'heure, de
même que votre commentaire concernant la juridiction du conseil
d'arbitrage. Lorsqu'on regarde l'article 32-L-3. de la loi, il faut bien voir
et que ce soit clair que le conseil d'arbitrage n'a pas pour fonction de
définir et de déterminer ce que sont les emplois. Il a pour
fonction de trancher les conflits de compétence relatifs à
l'exercice d'un métier ou d'un emploi. Encore faut-il qu'il soit devant
des règlements à interpréter. Or, il faut qu'on lui
fournisse une description d'emplois qu'il pourra comparer à une
description des métiers telle qu'elle se retrouve au règlement no
1.
La façon dont on suggère qu'on devrait procéder,
actuellement, équivaudrait à demander au conseil d'arbitrage,
institué en vertu de la loi sur la qualification professionnelle de la
main-d'oeuvre, de faire un travail que le législateur ne lui a pas
confié. Ce serait lui demander de faire ce que les parties avaient
convenu de faire au moment de la convention collective par le biais de l'annexe
J. Le conseil d'arbitrage, il faut que ce soit clair, n'a pas du tout pour
fonction, de par la loi, de déterminer ce que sont les emplois. Il a
simplement pour fonction, une fois qu'un conflit est porté à son
attention par les parties intéressées ou les personnes
intéressées, de trancher sur le plan juridique si, effectivement,
il s'agit d'un métier ou s'il s'agit d'un emploi, mais en fonction des
textes qu'on lui présente. Là, ce qu'on lui demande de faire,
c'est de faire les textes et, ensuite, ils les interpréteront.
M. Forget: ... avec les définitions et, là, vous
aurez un conflit à interpréter, s'il y en a un.
M. Couture: Pardon?
M. Forget: Promulguez le décret avec les
définitions, tel que convenu, et là vous aurez un conflit de
textes à interpréter.
M. Couture: Je m'excuse, M. le député, si vous me
permettez la précision suivante. C'est que, par le biais d'un
décret qui vise à instituer des relations de travail entre les
employeurs et les salariés dans l'industrie de la construction en vertu
de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction,
vous ne pouvez pas faire ce qui est conféré au cabinet, au
lieutenant gouverneur en conseil en vertu de la loi sur la qualification
professionnelle de la main-d'oeuvre. C'est là l'une des deux
hypothèses que j'ai soulevées sur le plan juridique tout à
l'heure.
Je le réitère, c'est que, d'un point de vue, ou on se
trouve devant un conflit de compétence à arbitrer, et c'est ce
qu'une des parties prétend qu'il existait au niveau de la
négociation, ou on se trouve devant un défaut d'entente au niveau
des emplois, au moment de la négociation. Cela, c'est une des deux
autres parties qui l'invoque. Mais du point de vue juridique, une chose est
certaine, c'est qu'on se retrouve, dans le décret, vis-à-vis
d'une disposition essentielle à un décret qui est la
définition des métiers et des emplois, on se trouve devant une
disposition incertaine qui, sur le plan juridique, et dans
l'intérêt public au sens de l'article 18, risque de
préjudicier à l'application totale du décret.
M. Forget: Si vous me permettez, sur ce point très
étroit, il semble y avoir une contradiction dans ce raisonnement
puisqu'il y a eu, dans le passé, à moins qu'on m'indique que ce
ne soit pas le cas, des définitions d'emplois et de métiers qui
n'ont pas été jugées illégales. D'ailleurs, c'est
à ces dé-
finitions que le ministre veut nous renvoyer. La proposition selon
laquelle le décret ne peut pas contenir de définitions d'emplois
et de métiers et que cela doit être laissé au
règlement adopté en vertu de la Loi sur la formation et la
qualification professionnelle n'est pas valable. Il y a des définitions
d'emplois et de métiers qui ne tombent pas sous le coup de l'autre loi
et qui peuvent être contenues dans un décret, comme cela a
été le cas dans le passé. Tout ce qu'une des parties
demande, c'est que des définitions quelconques agréées
entre les parties soient introduites dans le décret, tel que convenu, et
que s'il y a un conflit entre ces définitions et celles que doivent
être faites en vertu d'une autre loi, que ce soit jugé soit par
les tribunaux compétents, soit par les conseils d'arbitrage
constitués pour cela. Il n'y a rien d'illégal
là-dedans.
M. Couture: II y a l'annexe J.
Si c'était le cas, M. le député, je me permets
simplement de vous dire ceci: Nous sommes au niveau d'un décret. Le
décret tel qu'il existe, actuellement, reproduit une annexe J.
M. Forget: Je ne vous parle pas de l'annexe J, je vous parle de
l'annexe A, à ce moment-ci.
M. Couture: Mais la sous-annexe A de l'annexe B, qui
réfère à des descriptions de métiers,
réfère, en fait, au règlement no 1. Les parties n'ont pas
et n'ont jamais eu le droit de négocier les métiers. C'est la
première chose. La deuxième chose, au niveau des emplois, je ne
suis pas du tout, du point de vue juridique, contre l'idée que l'on
retrouve dans le décret une classification des emplois. C'est la loi
elle-même, à l'article 28, qui le précise. Sauf que lorsque
les parties ont négocié une convention collective pour,
justement, répondre à cette exigence de l'article 28, enfin, en
vue de répondre à cette exigence, éventuellement, dans un
décret et de fournir une classification des emplois, elles nous ont
fourni également une annexe qui consacrait un défaut d'entente,
du point de vue juridique, et qui, au niveau d'une convention collective
je l'ai dit tout à l'heure, je ne me prononce pas, à savoir si
c'était juridiquement valable ou non, on est au niveau d'un
décret, à l'heure actuelle... Dans un décret, vous ne
pouvez pas reproduire un texte qui consacre un défaut d'entente, d'une
part, ou encore une incertitude sur le plan juridique. Ce que la modification
proposée vise, c'est simplement à déterminer ou à
fournir éventuellement au conseil d'arbitrage une description d'emplois
qu'il aura à interpréter dans le cadre de sa juridiction, en
vertu de l'article 32b, 3 de la loi, lorsqu'un conflit sera porté
à son attention par les personnes intéressées. Mais on ne
sera plus au même niveau, à ce moment.
M. Forget: C'est votre interprétation du défaut
d'entente qui n'est pas claire. Il est clair que s'il n'y avait pas d'entente,
il n'y aurait pas d'annexe J, il n'y aurait pas de sous-annexe A à
l'annexe B non plus.
M. Couture: C'est cela la preuve.
M. Forget: II y avait une entente qui était susceptible de
révision par un mécanisme d'arbitrage. On nous dit: Le
mécanisme d'arbitrage, on ne s'en est pas prévalu. Alors, vous
allez jusqu'au bout et vous dites: Si on ne s'est pas prévalu des
mécanismes, même l'entente conditionnelle ne tient pas. Une des
parties arrive avec un raisonnement qui est parfaitement valable, parfaitement
respectable, disant que si la condition est jugée caduque, cela ne rend
pas caduque la clause dont elle est une condition. C'est un raisonnement qui
est tout aussi valable que l'autre. C'est un choix purement politique et pas du
tout juridique, à mon avis.
M. Couture: Nous allons prendre note de ceci, M. le
député, mais j'ajouterais simplement ceci, au nom du ministre.
Vous avez bien mentionné une entente conditionnelle. Au niveau d'une
convention collective, cela peut peut-être se faire, mais au niveau d'un
décret, vous ne pouvez pas reproduire des clauses qui consacrent une
entente conditionnelle. En vertu du droit statutaire, le pouvoir de
réglementation...
M. Forget: Activez la condition.
M. Couture: ...du lieutenant-gouverneur est conditionnel à
la loi. La loi ne permettrait pas...
M. Forget: Non, mais supprimez tout.
M. Couture: Je m'excuse, la loi ne permet pas de conférer
à un tiers, par voie de règlement, le soin de déterminer
ce que le règlement doit déterminer.
M. Forget: L'interprétation donnée par le ministre
tout à l'heure c'était: tant qu'il n'y a pas un décret, il
est possible de le faire à l'intérieur d'une convention
collective.
M. Couture: ...
M. Forget: Activez ce mécanisme dont vous reconnaissez la
validité.
M. Couture: Ce n'est plus une convention collective, c'est un
décret. Nous sommes au niveau d'un décret.
M. Forget: Pas encore,
M. Couture: Ce sont les parties qui n'ont pas donné suite
à leurs intentions.
M. Forget: Tant qu'il n'est pas promulgué.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Couture: II est promulgué depuis le 27 avril. Il est en
vigueur.
M. Forget: Tant que la modification n'est pas
promulguée.
M. Couture: On part d'un décret quand même.
M. Forget: La modification n'est pas un décret tant
qu'elle n'est pas dans un décret valide.
M. Couture: Oui, mais elle est à la base d'un
décret quand même.
M. Forget: C'est un avis de décret, dans le moment...
M. Couture: Non, absolument pas. Pour des modifications. C'est un
décret.
M. Forget: ... pour ce qui est de la modification.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux. M. Forget:
... on discute pour rien.
M. L'Heureux: Pour sortir le débat de l'aspect juridique,
après, je vais redonner la parole à Me Dion.
M. Forget, tout à l'heure, a mentionné le mot
"arrangés", j'aurais peut-être utilisé un mot encore plus
fort qu'on emploie dans la construction vis-à-vis de la partie qui se
fait arranger ici. Dans les faits pratiques, regardons froidement la situation.
On a trois parties en négociation: le ministère du Travail, qui
est encore ici, la partie syndicale et la partie patronale. On a des
définitions qui sont là, qui sont devant nous. La partie
syndicale et le ministère nous proposent un texte qui, à toutes
fins pratiques, dit: On vous soumet que vous n'êtes pas "corrects" avec
cela. Mais si l'arbitre, M. Leboeuf, dit que cela est "correct", cela sera et
on va le mettre en marche. Si, après, les mêmes parties ne font
pas le nécessaire pour le mettre en marche, c'est la même chose.
On en arrive au même résultat que s'il avait dit: Non.
C'est la même chose parce que les mêmes parties qui ont
décidé que la condition pour laquelle cela passerait serait le
fait d'avoir un arbitrage s'arrangent pour ne pas avoir d'arbitrage. On arrive
aujourd'hui et le ministre dit: Ecoutez, ils ne se sont pas entendus! Donc, ils
ne se sont pas entendus parce qu'ils n'ont pas mis cela en marche et on
enlève tout aux journaliers. C'est ce que les journaliers vous
écrivent là-dedans, ils vous disent qu'ils se font arranger. Ils
se font arranger pourquoi? Parce qu'on a mis une condition qu'on s'est
organisé pour ne pas réaliser. En ne la réalisant pas, le
ministère, qui était aussi partie à cela comme
troisième, dit: On l'enlève.
Je veux bien donner la chance du coureur à tout le monde, mais
à un moment donné on se pose des questions! J'aimerais que Me
Dion finisse.
M. Dion: Quand M. Fortin a parlé tantôt, il a dit
à peu près ce qu'on voulait dire mais peut-être en arrivant
à une conclusion un peu différente. Nous disons: II y a eu une
convention. Cet article a été fait dans la convention et il faut
retenir que la convention est négociée en vue d'un décret.
Quand la clause a été faite, les gens savaient que bientôt
la convention serait un décret. On a écrit la clause et on a dit:
Les définitions, c'est ça. Je pense que la clause d'arbitrage
dit: C'est ça, les définitions. C'est le texte intégral.
On a dit: On va reproduire dans le décret les définitions. C'est
ce que la clause dit. On dit: "... sera soumise à l'arbitrage en vue de
déterminer si cette description n'affecte pas les juridictions de
métier". Mais on dit, auparavant, que cela va être dans le
décret; on ne dit pas que cela ne sera pas dans le décret. La
partie syndicale a signé et cela va être dans le
décret.
Cela va être dans le décret, mais avant que le
décret sorte, s'il y a des excès, on va les faire juger par un
arbitre. Personne, sauf celui qui doit provoquer cette juridiction d'arbitre,
ne soulève le problème. Aucun problème n'est
soulevé. Qu'est-ce qui se passe au moment de l'arrivée du
décret? Si la partie qui avait le droit de soulever l'arbitrage ne l'a
pas soulevé, c'est qu'elle admet tacitement qu'il n'y a rien à
soulever. Le conseiller juridique nous a lui-même dit quand on l'a
entendu j'aimerais qu'il écoute que ce ne sont pas les
définitions qui sont illégales, c'est la lettre d'entente qui est
illégale.
Le Président (M. Marcoux): Si vous voulez qu'il vous
écoute, attendez quelques secondes parce qu'il est en train de parler.
D'accord, allez-y.
M. Dion: Lui-même nous a dit, à ce moment-là:
La lettre d'entente fait qu'il n'y a pas d'entente ferme. Evidemment, c'est une
question d'opinion. Nous disons: Oui, il y a une entente ferme. Il y a des
définitions et la deuxième entente ferme est qu'on s'entend
fermement sur le fait que, s'il y a des excès, l'arbitre va les juger et
va modifier le décret en conséquence. Ce sont deux ententes
fermes sur la même chose, l'une complète l'autre. La
deuxième n'est pas utilisée par celui qui l'a demandée et
celui qui l'a écrite, alors on dit: Vous publiez le décret avec
la première entente ferme et il n'y a aucun problème.
Je ferais remarquer au conseiller du ministère que l'article
28.04 se lit comme suit: Toutefois, si, dans les six mois suivant la
publication du décret, le conseil et l'association s'engagent à
former un comité afin d'étudier comment on va intégrer le
régime de pension des employés d'ascenseur... Le conseiller du
ministre ne nous a jamais signalé qu'il n'y avait pas d'entente ferme
là. C'est un endroit où on a fait une entente
supplémentaire sur un sujet. C'est une entente ferme là. C'est un
endroit où on a fait une entente supplémentaire sur un sujet.
C'est une entente ferme. Pour nous, il n'avait pas à le signaler. On lui
dit honnêtement qu'il n'avait pas à le souligner. Il y en a
plusieurs de ces choses dans le décret. Il y a des choses comme cela
où on a dit: On n'est pas capable, totalement, de les régler
aujourd'hui mais on s'entend fermement et on prend l'engagement de les
régler de telle façon. C'est une entente ferme. Les
définitions d'emplois, c'est une entente ferme. Les
parties ont dit: C'est cela. L'autre a dit: Je pense que ce n'est pas
"correct". On a dit: D'accord, si tu penses que ce n'est pas "correct",
qu'est-ce que tu veux? Un conseil d'arbitrage ou un comité
d'arbitrage.
Pour nous, à l'heure actuelle, la solution au problème est
la suivante: Vous êtes rendus au décret, vous avez publié
le décret avec cela.
On dit: C'est quoi? Il n'y a pas eu d'arbitrage par M. Leboeuf, faites
tomber ça. C'est là que je diffère d'opinion avec M.
Fortin. C'est que maintenant on doit avoir dans le décret les
définitions d'emplois qu'on avait le droit de négocier, les
définitions de métiers. Il existe un conseil d'arbitrage pour
régler les conflits entre les deux parties. Si, à l'usage du
décret, un métier se sent lésé par une
définition de "manoeuvre" qu'on avait négociée, il s'en va
devant le conseil d'arbitrage puis il fait déclarer ce sur quoi
on est d'accord, on a accepté cela, que le conseil d'arbitrage ou
c'était l'arbitre, dans ce temps-là, puisse décider
qu'il y a un excès et on l'enlève, parce qu'on ne peut pas donner
à des hommes d'emplois, à des manoeuvres, etc., on ne peut pas
leur donner des choses qui appartiennent aux métiers.
Les métiers, c'est exclusif, on le sait. J'aimerais lire la
lettre que je voulais vous lire tantôt, qui est adressée à
M. Roger Lamontagne, président du conseil provincial qui dit ceci:
"Nous, soussignés, désirons réaffirmer notre position
concernant l'annexe B de la définition des emplois communs à
toute l'industrie de la construction, publiée dans la Gazette officielle
du 28 janvier. "Nous, soussignés, désirons réaffirmer que
nous maintenons ce qui a été négocié à
l'annexe B, définition des emplois communs à toute l'industrie de
la construction, et ce jusqu'au moment de la décision de l'arbitrage qui
a pour but de déterminer si ces définitions des emplois communs
il y en a qui ont le rhume en arrière encore affectent la
juridiction des métiers énumérée à la
sous-annexe A de ladite annexe B."
Ecoutez, c'est signé, et c'est important, par M. Raymond Huot, de
l'Union internationale 1275, c'est un journalier
évidemmentpar M. Jacques Sainte-Croix, de l'union 527-A, qui est
aussi un local de journaliers, par M. Marcel Gen-dron, du 755 des journaliers,
également, toujours membre de la FTQ et finalement par M. Normand
Tousignant, du local 62.
M. le Président, nous on n'avait pas l'intention d'arriver ici
à la table puis essayer de confondre la partie habile à
négocier avec ses propres parties. C'est évident qu'au sein du
conseil provincial, le seul qui pouvait avoir le problème avec les
autres locaux, c'étaient les journaliers, c'est une clause qui regarde
les journaliers vis-à-vis des autres métiers. Mais les autres
métiers qui avaient des problèmes là-dedans on a
toujours été de bonne foi avec eux n'avaient qu'à
les soulever, les problèmes, n'avaient qu'à provoquer l'arbitrage
de M. Leboeuf et on aurait réglé les problèmes avant le
décret.
S'ils ne l'ont pas fait, peut-être qu'ils ont reconnu qu'il n'y en
avait pas ou qu'ils n'étaient pas capables de les identifier, parce
qu'on n'a jamais réellement identifié les problèmes. Or,
s'ils n'ont pas été capables de les identifier avant, on n'a pas
d'objection à ce qu'ils les identifient après. Faites sauter la
lettre d'entente, qu'on se réfère au conseil d'arbitrage de
Marcel Dion, et il n'y a plus de problèmes dans le décret de la
construction. Mais enlever ce qui a été donné aux
manoeuvres en compensation d'argent qui a été distribuée
aux autres, moi je pense que, comme association patronale, c'est nous obliger
à embarquer dans un processus où on n'est plus capable
d'être de bonne foi avec une partie syndicale.
Si on avait donné de quoi aux électriciens ou si on avait
donné de quoi à un autre métier et qu'on venait l'enlever,
on ferait la même défense, ici, à l'heure actuelle. On se
défendrait de la même façon, parce que c'est la bonne foi
des parties qui est en jeu. On a changé cela pour d'autres choses. Pour
nous, cela a réglé un problème et pour eux, cela a
réglé un problème. Cela nous permettait de donner plus
d'argent aux métiers, cela réglait un autre problème pour
faire une différenciation, en tout cas une différence entre un
manoeuvre et un homme de métier, parce que pour le manoeuvre, le taux de
salaire, nous on trouvait qu'il était tellement proche de celui de
l'homme de métier qu'à un moment donné on était sur
le point de n'utiliser que des hommes de métier.
Cela ne valait plus la peine d'utiliser des manoeuvres, c'était
le même prix. Or, pour préserver ce groupe de gens, comme on le
demande dans l'industrie de la construction, pour essayer d'identifier leurs
fonctions, sans vouloir empiéter sur les métiers, on a conclu
cette entente. M. le sous-ministre était avec nous quand on l'a fait: M.
Décary, M. Dumoulin et tous ces gens ont conclu cela avec nous. Alors il
me semble que...
Le Président (M. Marcoux): Dans l'ordre, le
député de Nicolet-Yamaska, le député de
Saint-Laurent, M. Dumoulin et M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Fontaine: M. le Président, pour résumer, est-ce
que j'ai bien compris les explications du conseiller du ministre, voulant que
ce n'est pas parce que les définitions de la sous-annexe B sont
illégales en soi qu'on les enlève, mais bien parce qu'il n'y a
pas eu d'entente ferme là-dessus?
M. Couture: C'est exact, nous nous plaçons uniquement au
niveau d'un décret et nous disons ceci. On est en face soit d'un
défaut d'entente, soit d'une question de juridiction qu'il n'appartient
pas d'insérer dans le décret comme tel. Vous avez raison
là-dessus.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je me défends d'imputer
des intentions au ministre, ce ne serait
pas parlementaire, du moins je ne le ferai pas publiquement, même
si je le fais pour mes fins personnelles. Mais il reste que j'aimerais
peut-être lui donner l'occasion de préciser sa pensée.
Lorsque j'ai souligné l'usage qu'il avait fait d'une protestation
qu'il avait reçue d'une association d'employeurs, les paroles qu'il
avait prononcées à ce moment tendaient à laisser croire
que personne du côté des journaliers ne s'était plaint
à lui de façon formelle des projets de décret.
Il relira le procès-verbal de la réunion et c'est
très clairement l'impression que j'ai tirée de ses propos. Or,
n'eût été le fait que l'une des parties devant nous a
déposé une lettre qui avait été adressée au
ministre le 14 juin, on aurait été dans l'ignorance qu'il y a eu
effectivement des représentations écrites et formelles. Je le
savais pour en avoir entendu parler verbalement, mais je n'ai eu aucune copie
de ces communications; donc, j'étais dans l'ignorance que des
représentations formelles avaient été faites.
Ce que je trouve grave, M. le Président, c'est que le ministre a
créé l'impression qu'il avait mentionné une intervention
parce qu'elle lui était parvenue de façon formelle et que, quant
à d'autres malaises qui pourraient exister, il n'était pas
question d'en faire état, étant donné que les gens ne
s'étaient pas exprimés.
Il a fallu qu'une des parties devant nous dépose une lettre pour
qu'on se rende compte que la situation est différente. Je ne peux que
répéter ce que j'ai dit tout à l'heure: Si effectivement
il y a des problèmes de fond qu'on essaye de camoufler sous des
raisonnements purement formels, purement légalistes, je pense que c'est
assez grave et qu'on devrait se donner la peine soit d'accepter la suggestion
qui a été faite par une des parties, qui me semble une suggestion
aussi valable qu'une autre, soit, au lieu d'intervenir de façon
autoritaire dans le règlement des conditions de travail des journaliers,
qu'on demande aux parties de rouvrir les négociations là-dessus.
Mais, au moins, qu'on parle du fond du problème au lieu simplement de
s'abriter derrière des technicités juridiques comme le ministre
l'a fait jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, est-ce que vous
voulez intervenir sur cela?
M. Couture: Pour rassurer le député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Marcoux): Voulez-vous attendre?
M. Dumoulin: D'accord.
M. Couture: Cela ne sera pas long, M. le Président. Si
j'ai laissé cette impression, je veux tout de suite la dissiper. Je m'en
excuse profondément si vraiment le député de Saint-Laurent
a eu cette impression. J'ai dit, dans plusieurs déclarations publiques,
qu'à l'occasion du décret de la construction, on a reçu
beaucoup d'objections de tous côtés, des syndicats, des patrons,
etc. Plusieurs de ces objections ont été publicisées.
J'étais certain qu'on évoquerait le problème des
journaliers aujourd'hui. Même il y a un journalier dans la salle et,
hier, j'en ai discuté avec lui et on devait en faire mention. Je tiens
à préciser que, quand j'ai parlé de cette lettre,
c'était directement sur le fait qu'à ce point de vue il n'y avait
pas d'objection légale stricte. Il y avait simplement une série
de représentations des syndicats, des parties pour me signaler qu'il y a
un problème. C'était pour ajouter au dossier.
Je n'ai aucune objection à ce que, pour nous éclairer, on
ajoute des documents comme cela. On est ici pour les entendre. Je voudrais
quand même rappeler à la commission et à ceux qui sont ici,
qui ont bien voulu venir nous éclairer, que, pour nous, cette commission
parlementaire est vraiment un instrument d'information extrêmement
important et que nos décisions seront prises à la lumière
de tout ce que nous entendons depuis le début.
Cela signifie clairement que, si effectivement il y a dans nos projets
de modifications des problèmes nouveaux qui s'ajoutent ou des injustices
graves qui peuvent se commettre, vous pouvez être certain que d'une
façon ou d'une autre nous chercherons à les corriger.
M. Russell: Même sujet.
Le Président (M. Marcoux): Sur le sujet que le ministre
vient d'aborder?
M. Russell: Oui, et que le député de Saint-Laurent
vient de soulever. Je l'ai trouvé assez important.
Le Président (M. Marcoux): A moins que ce ne soit une
question de rectification de faits ou une question de commentaires.
M. Russell: Je suis d'accord avec le député de
Saint-Laurent. Les membres de cette commission devraient avoir tous les
documents dans leurs dossiers pour venir siéger à cette
commission en vue de prendre connaissance de tous les faits. Je
m'aperçois que certains documents manquent. Est-ce qu'il y a d'autres
documents?
Une Voix: II y en a ça d'épais.
M. Russell: Qu'ils aient l'épaisseur que cela voudra,
chaque membre de cette commission devrait les avoir en sa possession pour
être au courant de toutes les discussions et les correspondances qui ont
eu lieu dans ces dossiers pour pouvoir être renseigné.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Je voudrais apporter un autre
éclaircissement, M. le Président. Tantôt, la partie
patronale a mentionné que, lors de la présentation du document de
M. Dufresne, le 3 septembre, on ne faisait pas mention du problème
à l'intérieur des juridictions. Je ne l'ai pas devant moi, mais
je
suis persuadé qu'à l'intérieur de ce document on
retrouve conflit de juridiction. Et conflit de juridiction ou de
compétence, c'est conflit de compétence. C'est exactement le
problème dont vous discutez dans le moment.
Dans toute occasion de rapport présenté par le
conciliateur du temps, vous avez toujours retrouvé le problème de
conflit de compétence. C'est sûr que les écrits à
l'intérieur ou quoi que ce soit ne peuvent peut-être pas dire que
c'est strictement le problème des journaliers, mais il a toujours
été question du conflit de compétence. Pour nous autres,
la juridiction et la compétence, on sait que c'est un problème
majeur, on est d'accord avec vous que c'est un problème majeur, mais il
en a toujours été fait mention, soit au conciliateur du temps ou
soit au médiateur que nous avons eu après, ou qui que ce soit. Je
suis assuré qu'on a toujours, chacun des locaux, fait cette mention.
Au début, lorsque le document a été
présenté, je peux vous dire qu'il y en a eu, des rencontres. Il y
a eu beaucoup de discussions. Il y a eu des objections, peut-être pas par
écrit parce que, forcément, on était ensemble. La partie
patronale, la partie syndicale et le médiateur du temps étaient
là. Il y en a eu, des rencontres. Cela a été
discuté. Les positions ont été prises
immédiatement. On a ici, par écrit, l'accord, mais il a
été pris immédiatement, à savoir qu'on s'opposait
entièrement à cette entente supposément intervenue. Le
Conseil provincial n'a jamais accepté cette entente. C'est tellement
véridique que vous avez, à la fin, l'article de l'arbitrage.
C'était simplement pour mentionner que M. Dufresne, dans ses rapports,
parlait toujours de conflit de compétence. Quand je dis conflit de
compétence, je relie cela aux problèmes de journaliers que nous
discutons dans le moment.
Je vois qu'on s'écarte beaucoup de la prime de tunnel dont on a
commencé à parler au tout début, qui était,
semblerait-il, le sujet de discussion. On a embarqué sur le
problème de juridiction concernant les journaliers. La prime de tunnel,
M. le Président, il a été mentionné
tantôt...
Le Président (M. Marcoux): Sur cette question, les membres
de la commission ont décidé qu'ils aimeraient entendre tous les
aspects.
M. L'Heureux: Nous l'avions terminé...
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin doit terminer, et
ensuite je vous donnerai la parole immédiatement.
M. Dumoulin: La prime de tunnel. On a dit que lorsqu'un carreleur
travaille à l'intérieur, un peintre, un électricien, un
menuisier, ou quoi que ce soit, il n'y a plus de raison de donner une prime
à ces gens. Vous devez savoir la manière dont un tunnel se fait.
Cela se creuse à un bout et cela se termine à un autre bout. Les
gens sont tous là en même temps. Ils s'en vont et ils avancent.
Les menuisiers qui travaillent à l'intérieur d'un tunnel
j'en suis un et je peux vous dire que j'en suis fier se promènent
avec des bottes, dans la boue jusqu'au cou, l'eau coule dans le dos.
Forcément il y a cela. En plus de cela, vous avez, à
l'intérieur d'un tunnel, lorsque vous travaillez, des conditions de
santé que je n'ai pas besoin de vous dire: les camions qui passent, le
gaz, c'est toxique et ainsi de suite. Là-dessus, la raison de la prime
qui avait toujours été accordée à tous les
métiers est plus que justifiée. C'est clair dans mon esprit,
cette chose. Je suis content d'avoir appris qu'il n'y avait pas seulement nous
qui croyions que c'était une erreur de frappe, même si cela semble
être drôle quand j'ai dit cela.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Seulement deux points. On a mentionné le
document de M. Dufresne, c'est naturellement le genre de charriage auquel on
est habitué un peu, l'article 6, conflit de compétence comme
pouvant s'apparenter à cela. Si vous regardez en page 13 du rapport de
M. Dufresne où il traite de cet article, le seul point qui est en litige
à ce moment, c'est la façon dont un conflit était soumis
durant le processus d'un conflit de compétence. Cela n'a rien à
faire avec cela. Ce n'était pas en litige d'aucune façon.
On revient sur la prime de tunnel. Si vous regardez encore dans notre
document, M. Couture, on vous indique une façon dont la prime de tunnel
pourrait être réintégrée, mais à la condition
que la concordance soit faite avec le salaire du mineur. Si vous ne voulez pas
déborder du sujet, on vous dit: Si vous voulez la
réintégrer, dans quelles conditions? Pas à tout le monde.
Là on mentionne les menuisiers, tout à l'heure on parlait des
carreleurs, on n'est déjà plus au même stade du tunnel. On
vous dit dans quel sens vous pouvez la réintégrer, mais, à
ce moment-là, naturellement, il faut faire une concordance dans le taux
des mineurs parce qu'ils vont avoir cette prime.
M. Couture: M. le Président.
M. L'Heureux: Un instant, j'aimerais que M. Dion termine.
M. Dion: C'est juste pour permettre quand même à la
commission d'avoir tous les faits. On doit vous dire qu'à l'heure
actuelle, devant les cours de justice, il y a une contestation qui concerne la
prime de tunnel de l'ancien décret. Je ne veux pas faire des
références et me tromper, M. Ménard pourra me corriger, je
pense que c'est une cause de la compagnie Janin à l'égard de gens
qui sont des carreleurs qui posaient des carreaux de céramique dans des
tunnels. La prime, comme telle, est contestée.
Evidemment, tout le sens de la prime de tunnel, vous voyez qu'elle est
associée à une prime de caisson. C'est quand même un
travail dans des conditions particulières. Quand vous êtes rendu
et je prendrais, par exemple, une station de métro à
Montréal, quand le bétonnage est fait, et le bétonnage de
protection et le bétonnage de
finition à poser les poignées de porte, à
poser du carrelage et à faire ces finitions, vous n'êtes plus dans
une situation qu'on pourrait appeler une situation de tunnel comme telle; vous
n'êtes plus dans une situation de caisson, vous êtes dans une
situation de construction ordinaire. Que le gars pose la tuile ici ou qu'il la
pose dans le tunnel, c'est la même chose.
Il faut quand même retenir que cette prime est contestée
devant les tribunaux à l'heure actuelle. Pour revenir sur la question
des manoeuvres et des définitions de manoeuvres
spécialisés, il faut quand même retenir que, quand on est
arrivé à la clause de l'arbitrage des manoeuvres, c'est au moment
où se sont déroulés des événements assez
importants dans l'industrie. A ce moment-là, on négociait sous
une pression assez intense. Il faut reconnaître que nous avons dit
à la partie syndicale: Le décret devra contenir les
définitions. Cela a été clair, cela a été
écrit. Il faut aussi reconnaître que, pour régler le
problème, les gens ont accepté qu'il y ait une clause d'arbitrage
dans le décret. La partie importante que je voudrais vous souligner,
c'est: Depuis que le texte est complet, depuis que la convention collective a
été signée entre les parties, le 3 décembre,
pourquoi la partie syndicale, qui prétendait à des excès
de juridiction, n'a-t-elle pas soumis le problème au conseil
d'arbitrage? Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait? A ce moment-là, est-ce
qu'elle reconnaissait qu'il n'y avait pas de problème ou est-ce qu'elle
avait des promesses qu'il n'y aurait pas de problème?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai une couple de
questions. Je me proposais de faire des commentaires seulement à la fin
des travaux de cette commission mais, de la façon dont va le
débat ce matin, je ne peux m'abstenir de poser quelques questions; une
première à M. L'Heureux et une deuxième que je poserai au
ministre. Un premier commentaire à votre égard, M. le
Président; serait-il possible que dans la poursuite des travaux on y
aille de façon plus précise et plus particulière? On a
passé des caissons et des tunnels aux journaliers. Quant à moi,
j'aimerais qu'on discute point par point et que cela puisse être plus
accéléré.
M. L'Heureux, tantôt, vous avez fait état, vous avez
laissé supposer que c'était presque de la négociation qui
se passait ici à la commission à laquelle on siège
actuellement. Vous allez peut-être remettre en doute le bien-fondé
de la question que je vais vous poser, vous allez peut-être croire que
c'est de la négociation. Cela s'inscrit d'ailleurs dans le cadre de la
déclaration que le ministre a faite tantôt, à savoir que
cette commission est un instrument d'information pour le gouvernement et les
membres de la commission. Sur cette question des bénéfices pour
les personnes de tous les métiers qui travaillent dans des tunnels,
l'ancien décret prévoyait un pourcentage de salaire plus
élevé pour ces travailleurs. J'aimerais connaître le
fondement de votre argumentation, parce que vous l'avez élaboré
brièvement tout à l'heure. Vous invoquez le fait que cette
négociation vous a permis de nettoyer une foule de choses.
Votre position c'est que travailler dans un tunnel, c'est travailler et
ce n'est pas pire que de travailler à l'extérieur, ce n'est pas
pire que de travailler dans un autre immeuble. Je m'excuse, peut-être que
j'ai une expérience limitée, je suis seulement un humble
législateur, mais pour moi, pour autant que je puisse connaître ce
secteur, travailler dans un immeuble, ce ne doit pas être comme
travailler dans un tunnel, un caisson ou peu importe. J'aimerais que vous me
fassiez part des fondements de votre argumentation. J'aurai peut-être
d'autres questions par la suite.
M. L'Heureux: Ce que j'ai dit tout à l'heure, M.
Pagé, ce n'est pas que travailler dans un tunnel, c'est la même
chose que travailler ailleurs. J'ai dit que travailler dans un tunnel,
passé un certain stade, passé le stade des mineurs, ceux qui font
la perforation, ceux qui amènent les lignes d'eau temporaires, ceux qui
amènent la ligne d'air temporaire, ceux qui font du forage, ceux qui
sont exposés aux émanations des explosifs, ceux sur qui l'eau
coule, jusqu'au stade où il y a une forme de béton de faite,
où cela devient comme un édifice où on travaille au
quatrième sous-sol de stationnement, cela devient la même chose.
C'est ce que j'ai dit. C'est cela le fondement. C'est que nous, on dit que les
gens, les mineurs, ceux qui sont exposés à ces choses
désagréables, à ce moment, méritent un salaire,
méritent une prime; ils méritaient une prime, ils la
méritent toujours. Mais étant donné les définitions
qu'on a faites, seuls ils peuvent faire cette partie préliminaire qui
fait que le tunnel est un tunnel à ce moment, et non pas simplement une
voûte qui est couverte par de la terre plutôt que par 23
étages. C'est la seule différence après un certain
temps.
On dit que ces gens se regroupent sous le type mineurs. Si vous regardez
la description des mineurs, ils font tout cela jusqu'au temps où
peut-être que je me trompe il y a des coffrages, du béton
qui protège. Ces gens font cela. A ce moment, pourquoi donner une prime
à des gens qui font uniquement cela plutôt que de
l'intégrer à leur salaire de base? C'est ce qu'on a fait. On a
intégré la prime, en négociant avec les gens qui les
représentaient, on a intégré la prime qu'il y avait
auparavant à leur salaire de base. On a dit à ce moment qu'il n'y
a pas besoin d'avoir de prime pour les tunnels puisque les gens qui font la
partie qui d'après nous mérite une prime, où il y a des
difficultés particulières, on leur donne le salaire. Il n'y a pas
de raison d'avoir de prime. C'est une juridiction exclusive. On arrive ici et
on dit: Non, ce n'est pas une juridiction exclusive. D'autres métiers
peuvent y aller et tout cela. On dit: Peut-être, peut-être qu'il y
a d'autres gens qui peuvent y aller. A ce moment, on vous dit: Ecoutez, pour
autant qu'on spécifie jusqu'à quel niveau la prime peut
être accordée, on donne un processus en vertu duquel elle pourrait
être réintégrée. A ce
moment, il faudrait, naturellement, faire la concordance. Soit qu'elle
ne soit pas accordée au mineur ou qu'elle soit enlevée de son
échelle de salaire. Je ne sais pas si cela répond à votre
question, M. Pagé?
M. Pagé: Cela répond à ma question dans un
sens, quoique l'opinion que j'émettais est une opinion bien personnelle.
Je ne veux pas remettre en cause les travaux de cette commission parce que
encore là...
M. L'Heureux: Je m'excuse, M. Pagé, j'aurais une autre
distinction qui se rapporte à votre question initiale. D'après la
façon dont la convention collective est bâtie, si on ajoute la
prime à leur salaire initial, pour les mineurs, à ce moment, il y
a certains bénéfices marginaux qui dépendent du salaire de
base, comme le temps supplémentaire, certains bénéfices de
vacances je peux me tromper mais il y a beaucoup de
bénéfices marginaux dont le salarié peut
bénéficier si c'est inclus dans son salaire de base et qui ne
s'appliquent pas lorsque c'est simplement ajouté comme prime.
C'était une autre des raisons pour lesquelles la partie syndicale
insistait, étant donné que ces gens travaillaient toujours dans
des tunnels c'était leur fonction pour que ce soit
ajouté à leur salaire de base.
M. Dion: M. Pagé, pour que ce soit clair, les primes dans
le décret ne se multiplient pas par rapport au temps
supplémentaire. Or, les $0.25 que le gars a comme prime, en l'incluant
au taux de salaire, à ce moment, quand il arrive au temps
supplémentaire il reçoit la prime multipliée par le temps
supplémentaire. Si vous faites sauter, à ce moment, la prime du
taux de salaire du bonhomme et la donnez comme prime, la prime ne se multiplie
pas au temps supplémentaire. A ce moment, il y aurait des avantages
inférieurs à ceux qu'on leur a accordés à la
négociation.
M. Pagé: Je suis d'accord: il y a des aspects techniques
comme ceux-là et je ne veux pas en faire tout le tour parce que cela
deviendrait de la négociation. Je vous remercie pour les commentaires
que vous formulez. Comme je le disais tout à l'heure, c'est une opinion,
c'est un commentaire personnel que j'émettais. Sans vouloir remettre en
cause les travaux de cette commission, certains disent que c'est de la
négociation, on a parlé de décisions qui pourraient se
prendre ici... Il en a été question hier matin.
M. Couture: Que le gouvernement ait dit qu'il y aurait des
décisions qui se prendraient en commission parlementaire?
M. Pagé: Non. C'est que, pour certains membres de la
commission, la commission était habilitée à prendre ou
à rendre des décisions.
M. Couture: Ce n'est pas nous autres.
M. Pagé: II en a même été question
tout à l'heure d'ailleurs, que la décision serait prise par la
commission. De toute façon, je ne veux pas revenir sur le mandat.
M. Couture: II faudrait éclaircir cela; il n'y a pas de
décision à la commission parlementaire.
M. Pagé: On pourra en parler à la fin, de toute
façon.
M. Johnson: II n'est pas nécessaire d'avoir ce
débat.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf a la parole.
M. Pagé: C'est moi qui ai la parole, M. le
député d'Anjou. Soyez calme, soyez serein, on a tout le temps,
jusqu'à onze heures ce soir. On va prendre tout le temps qu'il faut et
ce n'est pas moi qui ai abusé du temps jusqu'à maintenant.
Ce que je dis, c'est ceci: Je ne veux pas remettre en cause le
bien-fondé ou les objectifs des travaux de cette commission. Il en sera
certainement question à la fin des travaux. C'est un reproche en quelque
sorte que je fais au ministre de ne pas avoir, au début des travaux de
cette commission, établi clairement le mandat de la commission et ce
vers quoi on se dirigeait. Là-dessus, M. le Président, comme il
en sera fait état à la fin des travaux je me propose
notamment d'en faire état on est en droit de se demander s'il y
aura des recommandations qui seront formulées, suite à des sujets
et des questions aussi spécifiques que ceux-là. Les commentaires
que je peux avoir, suite à la réponse qui m'est donnée par
M. L'Heureux, qui touche spécifiquement la question des tunnels, je me
réserve de les formuler à la fin des travaux de la commission,
s'il y a lieu d'en formuler selon l'opinion que le ministre se fait de
l'aboutissement des travaux de la présente commission.
M. Couture: Est-ce que je peux répondre brièvement
à cette interrogation du député de Portneuf? J'ai
l'impression d'avoir été très clair au début de la
commission. On est lié par l'article 18 et le mandat est
écrit-là. J'ai demandé à la commission si elle
acceptait, étant donné qu'on entend des gens dans un domaine
extrêmement important, qu'on entende certaines représentations qui
élargissent un peu le débat sur le mandat de l'article 18.
M. Pagé: M. le ministre, vous me laisserez vous faire part
de ceci: A quelques reprises, des membres ou des témoins ont
mentionné le fait que la décision serait prise par la commission.
Des décisions, il ne s'en prendra pas ici.
M. Couture: Je suis content de vous l'entendre dire.
M. Pagé: Vous auriez dû le confirmer.
M. Couture: J'ai dit cela depuis deux ou trois jours.
M. Pagé: Je ne suis pas certain.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je pense que le mandat a
été plus qu'explicite, mais, pour le comprendre, il faut
être présent.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Chevrette: En vertu de quel article?
M. Pagé: J'invoque le règlement. Lorsqu'on veut
prêter des intentions ou des motifs à un membre...
M. Chevrette: Ce ne sont pas des intentions, ce sont des
faits.
M. Pagé: M. le Président, avant d'admettre ma
question de règlement, je dois plaider pour voir si elle est
admissible.
M. Chevrette: Ce n'est pas un tribunal, même si vous
êtes avocat.
M. Pagé:Premièrement, le
député...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf, sur la question de règlement.
M. Pagé: Bon. Le député d'Anjou,
premièrement, est-ce qu'il est membre de la commission?
M. Johnson: Oui, le député d'Anjou remplace M.
Mercier.
M. Pagé: Laissez-moi terminer, vous interviendrez
après.
M. Chevrette: Ce n'est pas lui, c'est moi qui interviens. Vous
vous trompez même d'intervenant.
M. Pagé: Le député, le petit caporal de
Joliette veut laisser croire que j'ai été...
M. Chevrette: II est capable de faire face au petit caporal de
Donnacona.
M. Pagé: ...absent des travaux. Si je l'ai
été, c'est parce que j'ai un conflit de travail dans mon
comté et j'ai dû intervenir. C'est ce qui a expliqué mon
absence aux travaux de cette commission à deux séances.
C'était pour aider le ministre.
M. Chevrette: Sauf que M. Russell, lui, qui s'est absenté
de la commission, a pris la peine de lire le journal des Débats pour
savoir les choses qui avaient été dites. J'avais le droit de
faire la remarque. Je n'ai pas prêté d'intentions; c'est une
situation de fait. Il y avait le député de Saint-Laurent qui
était ici et vous avez été ici à peu près le
tiers du temps.
M. Pagé: De toute façon, vous n'avez pas à
faire de commentaire sur ma présence ou non.
M. Chevrette: M. le Président, là-dessus, je ferai
les commentaires que je voudrai. Je considère qu'on est suffisamment
informé sur l'article pour passer à un autre.
Le Président (M. Marcoux): Comme vous n'avez pas
d'autres...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Juste avant de passer à autre chose, j'aurais
un commentaire à faire au ministère. On est dans les
définitions de métiers et il nous a dit que, si on avait des
remarques à faire sur ces métiers, ce serait le temps de le
faire.
Je voudrais simplement lui souligner un fait que j'ai remarqué.
Dans la définition de charpentier-menuisier, à la sous-annexe A
de l'annexe B, on inclut le coffrage à béton. J'ai
remarqué souvent qu'il y a des gens qui s'occupent de faire des solages
de maisons, qui font du coffrage à béton. Ces gens doivent
employer des charpentiers-menuisiers, selon la définition qui est
là. Ce qui arrive, c'est que les compagnies ou les gens qui engagent ces
personnes ont énormément de difficulté à trouver
des charpentiers-menuisiers pour faire ce travail, parce que c'est un travail
dur et malpropre. On met de l'huile sur les panneaux pour faire ce coffrage.
C'est extrêmement difficile de trouver des charpentiers-menuisiers pour
faire ce travail. Je pense que ce travail n'a pas besoin nécessairement
d'être fait, non plus, par un charpentier-menuisier; cela peut être
fait par un manoeuvre.
Le ministre a-t-il pris connaissance de ces faits et a-t-il l'intention
de s'en occuper? Actuellement, il y a énormément de personnes qui
travaillent dans ce domaine et qui travaillent dans l'illégalité
complètement. On pourrait peut-être avoir des commentaires du
syndicat.
M. Couture: Je prends note de vos remarques.
M. Dumoulin: S'il veut des commentaires, M. le Président,
je lui demanderais d'appeler à nos bureaux du syndicat, on va lui
fournir de la main-d'oeuvre et il n'aura pas de problèmes pour faire ses
solages.
M. Fontaine: C'est inexact, monsieur.
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas d'autres
intervenants sur l'article 12, alors, je vais appeler l'article 29 qui concerne
l'article 26.15 du décret.
M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Je vais demander à M. Dion de vous expliquer
le sens de nos commentaires que vous avez dans votre document. Vous avez cela
en page 17.
M. Dion: II s'agit d'une clause qui ne paraît pas au
décret parce qu'elle a été discutée par les parties
et il a été entendu, entre les parties, qu'elle ne
paraîtrait pas au décret. Le motif, évidemment, est qu'il
existe, dans l'industrie de la construction, un code de sécurité
dans lequel malheureusement, je n'ai pas le texte ce matin il est
prévu, d'une façon indirecte, que l'usage d'instruments ou
d'appareils qui pourraient être nuisibles à la santé ou
autrement est défendu.
Quant à nous, si cet article, du code de sécurité,
doit couvrir les échasses, c'est couvert, et s'il ne veut pas couvrir
les échasses, pour le monde patronal, nous, on ne voit pas pourquoi on
restreindrait les règles de sécurité. Cela a
été discuté en négociation, ce n'est pas un oubli,
ce n'est pas une omission; les gens en ont parlé et ils ont
retiré cette partie du texte du décret.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: A l'intérieur du code de
sécurité, le problème du travail sur échasses n'est
pas couvert. On mentionne que ce n'est pas clair. On invoque peut-être
une section du règlement, mais ce n'est sûrement pas relatif au
travail sur échasses. Nous évoquons le problème de la
sécurité. Je ne sais pas si vous êtes conscients du fait
que des gens travaillent sur des échasses. Aujourd'hui
malheureusement, on n'a pas de photos avec nous vous avez des
échasses de cinq pieds de hauteur. Cela a peut-être l'air
drôle, mais il y a des échasses qui ont cinq pieds de hauteur.
Les gens qui travaillent là-dessus je ne parlerai pas de
ceux qui travaillent sur des échasses de cinq pieds, on va parler de
ceux qu'on voit régulièrement alentour d'ici sur des
échasses de 18 pouces ou un pied courent le danger,
sécuritairement, de se briser la cheville. Je pense que ça ne
prend pas un cours classique pour s'apercevoir de cela. Ces gens ont un peu
plus de difficultés à marcher avec cela, s'ils s'enfargent, je
vous dis que ce n'est pas long qu'ils tombent dans le fond de la cave. Cela
paraissait au décret justement parce que, dans le code de
sécurité, ce n'était pas clair. Là, au
décret, cela ne paraissait pas et on ne peut accepter que cela ne
paraisse pas au décret étant donné que c'est une mesure
sécuritaire.
Même en paraissant au décret, on sait que l'Office de la
construction du Québec émet beaucoup d'infractions à ce
niveau. Quand on va sur les chantiers de construction, on voit certains
travailleurs s'en servir et je vous dis qu'ils prennent le bord des garde-robes
quand on arrive. C'est une mesure sécuritaire et c'est une mesure qui
doit définitivement être à l'intérieur du
décret étant donné qu'elle n'est pas dans le code de
sécurité. Lorsqu'on a dit qu'il y avait eu entente pour
l'exclure, je viens de parler à M. Bertrand, qui représente les
tireurs de joints, et il semblerait qu'à sa table il n'a jamais
été question d'exclure le travail sur échasses. Encore une
fois, c'est une mesure sécuritaire qui est invoquée à ce
niveau et elle ne paraît pas au code de sécurité.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: On touche encore là un problème qui a
une portée beaucoup plus grande que cela. On l'a dit au conseil
économique et on l'a dit tout au long des négociations: La
sécurité, on ne la négociera pas. On ne demandera pas
à un décret de construction, quand il y a déjà un
code de sécurité, des inspecteurs et tout un règlement, de
faire appliquer au niveau de la procédure de griefs les
règlements de sécurité.
Nous on dit: La sécurité c'est important, on laisse au
législateur le soin de faire un code de sécurité et de le
faire appliquer.
On ne le mettra pas dans le décret; pourquoi sur échasses,
pourquoi pas une foule d'autres choses, au cas où on en oublierait?
Alors c'est la raison. Encore là on a signé, cela n'y
était pas au code de sécurité au moment où ils ont
signé la convention collective. Ce n'y est pas plus aujourd'hui.
Pourquoi l'avoir signée à ce moment-là si cela ne faisait
pas l'affaire comme cela? Nous on dit: Si réellement c'est une mesure
qui n'est pas sécuritaire, vous allez le faire valoir au comité
qui est formé pour revoir le code de sécurité. Je pense
que cela se fait à l'intérieur de l'office, puis à ce
moment-là vous l'indiquerez au code de sécurité et vous le
ferez appliquer.
Nous on a refusé systématiquement de négocier la
sécurité, que ce soit la fonction du délégué
de chantier ou différentes autres choses qu'on mêlait constamment
conditions de travail avec conditions de sécurité. Le
décret est un instrument pour des conditions de travail qui existent sur
les chantiers, dans des relations entre employeurs et employés. Le code
de sécurité c'est quelque chose qui ne devrait pas être
négociable, qui ne pourrait pas être changé par les parties
à tous les trois ans. C'est quelque chose qui devrait être
revisé en fonction de ce dont on a besoin au point de vue de la
sécurité. Alors qu'on ne vienne pas ici nous charrier, en disant:
Ecoutez, c'est une mesure de sécurité. C'est une mesure de
sécurité on est d'accord, mettez-le dans le code de
sécurité, comme législateur, et faites-le appliquer.
M. Couture: On pourrait gagner du temps si je vous disais tout de
suite...
M. L'Heureux: Un instant, j'ai...
M. Couture: Non, mais c'est parce que je pense que j'ai votre
réponse là-dessus, puis je prends note de ce que vous venez de
dire. C'est possible, de fait, qu'on prenne la décision de l'amender au
code de sécurité, point, aux règlements sur la
sécurité. Alors ce qui nous intéresse nous, c'est que le
travailleur soit protégé. On en prend bonne note.
M. L'Heureux: Ce qu'on vous dit, M. Couture, c'est que tout le
problème de la sécurité, c'est quelque chose qui pour nous
n'est pas négociable. Le gouvernement, comme gouvernement, a le mandat
de s'informer, premièrement, de ce que sont les mesures de
sécurité, les inclure dans un code de sécurité et
de les faire appliquer. Alors, qu'on ne nous demande pas ici de faire une
dis-
sertation sur ce qui est sécuritaire et ce qui ne l'est pas.
M. Dion: Juste un point, là, peut-être, vous avez le
code de sécurité en main. Vous allez voir, dans le code de
sécurité, il y a un article qui dit que le travailleur qui ne
travaille pas au niveau du sol doit utiliser des échafaudages
conformément à la section qui le prévoit dans le code de
sécurité. C'est ce qu'on a dit à la table centrale de
négociation et non pas à la table des tireurs de joints, on a
dit: Cet article, quant à nous, couvre les questions des
échasses. Le gars ne travaille pas au niveau du sol, il travaille
au-dessus du sol à ce moment-là et c'est couvert quant aux
échasses. A ce moment-là c'est une clause de
sécurité.
M. Dumoulin: Simplement un éclaircissement encore. On dit
qu'à l'intérieur de la négociation il n'est pas mention de
sécurité nulle part. Vous regarderez la section 26 du
décret, sécurité, bien-être et hygiène. On
retrouve des clauses de sécurité à l'intérieur
concernant les peintres, concernant différentes choses. C'est simplement
pour mentionner que déjà on a discuté d'un certain minimum
de sécurité à l'intérieur du décret.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je prends note que les deux
parties sont d'accord sur le fond, sauf que c'est une question de forme; elles
disent que cela ne devrait pas être là. On retrouvera bien le
moyen de répondre au fond.
M. L'Heureux: Imaginez-vous toutes les fois que vous avez deux
parties qui peuvent changer se mettre à négocier des
règlements de sécurité! Est-ce qu'on va être
d'accord? Des fois elles vont être en contradiction avec le code de
sécurité. Que ce soient les gens qui surveillent cela ou que ce
soit sur n'importe quoi.
M. Couture: On prend bonne note.
Le Président (M. Marcoux): L'article 34, je sais qu'on en
a parlé tantôt en même temps que l'article 20; est-ce que
les parties considèrent que c'est réglé? Oui. De votre
part, M. L'Heureux?
M. L'Heureux: Oui. On considère le problème
discuté quant à nous.
Le Président (M. Marcoux): Que la discussion a eu
lieu.
M. L'Heureux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Alors... Oui?
M. Fontaine: Je sais qu'il y avait une suggestion de faite
par...
Le Président (M. Marcoux): Oui, 31 cela ren- tre dans les
questions réglées où il y a accord entre les deux parties
avant. La commission entend les parties sur les articles où il y avait
désaccord et cette énumération a été faite
au début de la commission. Je peux la reprendre.
M. Fontaine: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Alors 34, cela va, 43
était réglé, 44 également, 43 c'est
réglé depuis longtemps, 44 vous avez annoncé que vous en
discutiez en même temps que sur 20 et 34. Il y a peut-être des
éléments supplémentaires, je vais laisser le temps aux
parties de vérifier si elles considèrent que 44 a
été abordé et discuté.
M. L'Heureux: II s'agit de s'entendre d'ici au 30 juillet sur une
liste d'arbitres qui sera acceptable pour les deux parties. Je pensais qu'on
parlait de la liste d'arbitres.
Le Président (M. Marcoux): L'article 44, cela va? M.
Dumoulin aussi?
M. Dumoulin: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 45 maintenant.
J'appelle l'article 45.
M. L'Heureux: Encore là, c'est un article qui a
été discuté, quant à nous.
M. Dumoulin: C'est les mécaniciens d'ascenseur et je pense
qu'on en a discuté assez longuement. On peut recommencer si vous
voulez.
Le Président (M. Marcoux): Non. Je m'excuse. Tout va
très bien. L'article 46, sauf erreur, n'a pas été
discuté. Me Dion.
M. Dion: M. le Président, sur les suggestions du ministre,
notre interprétation à la page 18 de notre document, cela ne
voulait pas dire qu'on n'était pas d'accord avec les suggestions du
ministre. Ce qu'on a voulu souligner au ministre, c'est qu'à plusieurs
autres endroits dans le décret les mots "convention collective"
étaient utilisés. On a voulu souligner au ministre, entre autres,
que dans d'autres endroits dans le décret on employait les mots
"convention collective" au lieu de "décret".
Notre commentaire se lit comme suit: "Les propositions faites à
ces articles n'ont pas été faites pour plusieurs autres endroits
dans le décret et nous aimerions connaître les motifs avant que
l'AECQ se prononce sur la proposition du ministre". Pourquoi à certains
endroits on le remplace et à d'autres on ne le fait pas? On voudrait
avoir l'explication et ensuite on donnera la réponse.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le ministre peut
répondre?
M. Couture: Quels sont les autres articles? Vous dites etc...
M. Dion: M. le Président, regardez, il y en a quelques-uns
dans notre document à la page 18. A la quatrième ligne du
paragraphe m) de l'article 1, on voit les mots "convention collective". A
l'article 15.04 on voit "convention collective". Ce sont les endroits que vous
aviez soulignés. Nous, on vous donne des exemples; à l'article
18.02, il y a mention des mots "convention collective" et vous ne l'avez pas
souligné, pourquoi?
M. Couture: On prend en note ce que vous dites. Comme il est
arrivé dans d'autres secteurs, il y a eu des erreurs ou des oublis.
M. Forget: Est-ce qu'on peut avoir la liste?
M. Couture: Pourriez-vous nous fournir la liste exacte de ce que
vous avez remarqué?
M. Dion: On est prêt à coopérer. C'est ce
qu'on a voulu faire, parfois un peu plus agressivement, parfois moins, mais on
a toujours voulu coopérer avec le ministère. On est prêt
à vous fournir la liste. Est-ce qu'on peut aussi demander la
coopération du ministère afin qu'il nous dise pourquoi il veut
remplacer les mots "convention collective" par le mot "décret"?
M. Couture: Ce n'est plus une convention collective, mais un
décret.
M. Dion: C'est la seule et unique raison? M. Couture: Oui,
je n'ai rien derrière la tête.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin, sur le même
sujet, l'article 46.
M. Dumoulin: Dans les remarques qu'on a soumises au ministre on
est d'accord avec ce qu'il y a là. On n'a rien à ajouter.
Le Président (M. Marcoux): Cela va pour l'article 46?
M. Dumoulin: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, nous avions convenu au
début de la commission parlementaire d'abord de passer les articles dits
litigieux dans le sens qu'il y avait des modifications proposées par le
ministre qui n'avaient pas donné lieu à des ententes entre les
parties. C'est ce que nous venons de faire. Il y avait aussi à l'ordre
du jour d'autres points que vous avez devant les yeux, j'imagine. On avait
aussi accepté l'intervention de syndicats pour les nommer,
c'étaient la CSN et la CSD.
Je propose, à ce stade-ci, avant d'aborder les derniers points
que nous avions convenu d'étudier, qu'on entende, parce qu'on nous a dit
que ce ne serait pas tellement long, le représentant de la CSN.
M. Chevrette: M. le ministre me permettrait-il...
M. Couture: Oui.
M. Chevrette: ...de déposer, parce que la CSD n'est pas
ici, le document qu'elle a laissé pour les membres de la commission?
Cela permettrait de faire toutes les interventions, à ce moment.
Le Président (M. Marcoux): Sur la même question,
avant que nous procédions...
M. Dumoulin: Une autre information, M. le Président. Je
suppose qu'on peut continuer après sur les autres sujets qu'on a
à discuter.
M. Couture: On se réunit de nouveau à 4 h 30 cet
après-midi.
M. Dumoulin: On vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez bien
interprété le ministre. On dépose actuellement le document
que la CSD voulait communiquer aux membres de cette commission. Il sera en
annexe au procès-verbal de la commission, (voir annexe).
J'inviterais, d'après ce qu'on nous avait dit hier, le
représentant de la CSN-Construction à venir témoigner. Je
l'inviterais à être bref, comme il nous l'avait indiqué
hier.
M. Bourdon (Michel): M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Pourriez-vous vous
identifier?
Fédération nationale des syndicats du
bâtiment et du bois (CSN)
M. Bourdon (Michel): Mon nom est Michel Bourdon. Je suis
président de la Fédération nationale des syndicats du
bâtiment et du bois, affiliée à la CSN. Je suis
accompagné de M. Lucien Poulin, directeur des services, et de M. Florent
Audet qui est également un permanent de notre
fédération.
Dès le départ, je voudrais dire que cela me rappelle un
peu des souvenirs d'être devant cette commission, puisque la
dernière fois où nous y avons comparu, nous avions pris sur nous
de dire à ceux qui étaient à ce moment devant nous qu'ils
ne devraient pas causer plus de dommages dans la construction, pour le temps
qu'il leur resterait. Il s'est avéré que notre prophétie
s'est matérialisée.
Je voudrais également ajouter que notre interprétation de
la loi est la suivante. L'article 18, qui prévoit que le ministre peut
modifier le décret, ajoute aussi que le ministre doit, à ce
moment, entendre les associations syndicales représentatives. Comme la
loi ne spécifie pas représentatives à plus de 50%, il nous
apparaît qu'il est obligatoire de convoquer toutes les parties syndicales
intéressées. C'est une opinion juridique que nous te-
nons de M. Robert Burns, le député de Maisonneuve, qui
l'avait fait valoir devant cette commission la dernière fois où
elle a siégé, en ajoutant qu'il pourrait même y avoir une
contestation si une telle chose n'était pas faite. Comme on a entendu
trop d'avocats jusqu'ici, on n'en fait pas un point majeur. On ne voudrait pas
entendre d'avocasse-ries là-dessus.
M. le Président, nous désirons vous faire part de nos
objections au décret tel que publié...
Le Président (M. Marcoux): On me demande si vous avez un
texte écrit.
M. Bourdon: Je l'ai ici.
Le Président (M. Marcoux): L'avez-vous en deux
exemplaires? On pourrait le faire photocopier pour le distribuer aux
membres?
M. Bourdon: On peut vous le fournir immédiatement. On ne
le lira pas au complet.
Le Président (M. Marcoux): Non, mais vous pouvez le lire
quand même. Ce serait un service public.
M. Bourdon: Nous désirons vous faire part de nos
objections au décret tel que publié dans la Gazette officielle du
Québec du 27 avril 1977. Comme vous le savez sans doute, la
CSN-Construction n'a pas participé, en aucune façon, aux
négociations et à la signature de l'entente. Au-delà de 52
000 travailleurs de la construction ont choisi d'adhérer à la
CSN. Nous déplorons donc de ne pas avoir pu être présents,
puisque le décret qui intervient lie nos membres au même titre que
tous les autres travailleurs de la construction.
La politique salariale. Nous désirons attirer votre attention sur
le contenu salarial du décret qui n'est pas conforme à notre
pensée sur la protection des moins bien nantis de notre
société. Nous espérons que vous partagez notre avis sur ce
point.
Les manoeuvres ne reçoivent aucune augmentation de salaire pour
la première année du décret, sauf celle qui leur avait
été accordée le 1er mai 1976 lors de la prolongation de
l'ancien décret.
Pour la deuxième et la troisième année du
décret, l'augmentation pour cette catégorie de salariés
est d'environ 6%, ce qui, selon les indications que nous avons jusqu'à
maintenant, serait inférieure à l'augmentation du coût de
la vie.
On peut donc affirmer qu'une très grande proportion des
travailleurs de la construction, 40% et 25 000 de nos membres sont des
manoeuvres, seront plus pauvres à la fin de ce décret qu'ils ne
le sont actuellement. Cet exemple ne s'applique pas uniquement aux manoeuvres.
Il s'applique également à plusieurs autres emplois, tels que
conducteurs de camions et autres.
On aura beau dire que le taux horaire du journalier est relativement
plus élevé que ce qui existe dans la moyenne de l'industrie
manufacturière, il faut tenir compte de l'instabilité de
l'emploi, du faible nombre d'heures travaillées annuellement. Selon le
rapport de l'Office de la construction, le salaire annuel moyen pour les
salariés non qualifiés a été de $6553 pour
l'année 1975, ce qui inclut les vacances ainsi que tous les autres
avantages sociaux. Nous considérons que cette méthode de
procéder est antisociale et contraire à l'intérêt
public. Nous pensons que votre commission doit recommander au gouvernement de
corriger cette situation. Nous désirons également porter à
votre attention que l'échelle des salaires a été
sensiblement modifiée, changeant ainsi la valeur relative d'une
tâche par rapport à une autre. A titre d'exemple, un
charpentier-menuisier qui avait une différence de salaire de $0.44
l'heure avec celui d'un tuyauteur-plombier, avant la signature de ce
décret, aura une différence de salaire de $1.20 l'heure à
la fin de ce décret. Pour un manoeuvre qui avait une différence
de $1.35 avec le tuyauteur, il aura, à la fin du décret, une
différence de $3.26 l'heure.
A l'examen de la nouvelle structure des salaires, nous avons
l'impression qu'aucune rationalité n'a présidé à sa
conception mais qu'on a conclu de façon à plaire à l'un ou
l'autre des groupes en présence. Cette façon de faire ne peut
être que la source d'éventuels conflits. J'ajoute que, quant
à nous, on estime que les manoeuvres ont convenu d'un échange
avec l'AECQ, et les termes de l'échange étaient les suivants:
Vous ne donnez aucune augmentation la première année du
décret et un maigre pourcentage de 6% pour chacune des deux
années subséquentes. En retour, vous agrandissez notre
juridiction pour que les journaliers s'approprient certaines tâches,
notamment dans les tunnels et dans la confection des formes de béton.
Nous avons dit, à l'époque, que cet échange n'était
pas acceptable parce qu'il ne réglait aucun des problèmes des
manoeuvres, en ce sens qu'on leur donnait des tâches qui étaient
faites par d'autres avant à partir du fait qu'ils étaient un
"cheap labor" et qu'il devenait intéressant de les utiliser à
d'autres fins. Mais le fait est que cet échange a été fait
par ceux qui représentaient les journaliers et, en particulier, M. Roger
Perrault qui, depuis, a été remplacé par d'autres
personnes.
Or, il a été prouvé ce matin que cette entente ne
peut pas trouver application pour deux raisons: premièrement, elle
était conditionnelle à ce qu'un arbitre décide, avant la
promulgation du décret, si cette disposition de la convention collective
était légale, ce qui ne s'est pas fait. Et il appert du
témoignage de l'avocat du ministère que cela ne s'est pas fait et
ne pourra pas se faire parce que cela va directement à l'encontre de la
loi sur la qualification professionnelle des travailleurs de la
construction.
J'ajoute que la disposition aurait été illégale
aussi bien dans la convention collective que dans le décret. Je rappelle
aux députés que la convention collective s'applique en attendant
le décret et qu'un travailleur lésé peut faire un grief en
vertu de la convention et obtenir un arbitrage. Or, la décision
arbitrale si elle avait maintenu ses préten-
tions à l'effet qu'il est mineur, par exemple,
conformément à l'entente sur la juridiction aurait pu et
aurait été contestée devant les tribunaux qui n'auraient
pu, à mon avis, faire autrement que constater que la disposition
était illégale.
J'aimerais également dire qu'il me paraît, à
première vue, un peu baroque qu'on ait prévu, sur la même
question, la possibilité de deux arbitrages: un arbitrage interne
à la convention collective, et, en même temps, un travailleur
aurait pu aller au conseil d'arbitrage en se disant lésé.
A la simple lecture de ce qui a été convenu entre Roger
Perrault et l'AECQ, il est évident que l'entente était contraire
à la loi et contraire aux juridictions d'autres métiers de la
construction. Je ne pense pas qu'on puisse s'en sortir avec un sophisme
à l'effet que les métiers comportant un handicap sont
protégés par la loi sur la qualification professionnelle, mais
qu'une occupation, ne l'étant pas, on peut l'étendre.
Poussée dans son extrême limite, cette logique pourrait faire que
les parties conviendraient que les journaliers ont la juridiction exclusive sur
tout le travail qui se fait dans la construction et que la loi sur la
qualification professionnelle ne s'appliquerait pas.
On a tourné autour de cela ce matin, et je pense qu'on est dans
quelque chose que j'appellerais l'arnaque de cette négociation, une
entente à l'effet de trouver une main-d'oeuvre bon marché, en
agrandissant son terrain et sa juridiction, au détriment des
travailleurs de la construction qui détiennent des cartes de
compétence. Nous pensons que la suggestion du ministre d'abroger et
d'annuler tout simplement cette entente est très sage et très
judicieuse et conforme à l'ordre public, à deux titres.
Premièrement, c'est contraire à une loi qui est obligatoire et
qui lie tout le monde. Deuxièmement, cela touche les juridictions de
métiers qui sont un sujet extrêmement sensible dans l'industrie de
la construction, au Québec et ailleurs.
Je rappellerai que, l'an passé, il y a eu plus de jours ouvrables
perdus par des conflits de juridiction dans la construction en Ontario qu'il y
en a eu par des grèves traditionnelles sur des revendications. Je
voudrais également rappeler qu'un conflit de juridiction, en 1974,
à Montréal, a amené une grève de deux semaines des
manoeuvres à cause d'une question de cette nature. Nous pensions donc
que l'échange était mauvais pour les manoeuvres, mauvais pour les
autres corps de métiers et de nature à troubler la paix dans
l'industrie de la construction parce que les corps de métiers, avec
raison, sont jaloux de leur juridiction et tiennent à les conserver.
On pense donc que le ministre agit de façon très conforme
à l'ordre public quand il annonce qu'il veut enlever cette disposition
qui est à la fois illégale et dangereuse. Je tiens à dire
qu'à notre avis cette modification intervient dans les termes de
l'échange, quelle qu'en soit sa moralité, entre le local des
journaliers représenté par Roger Perrault et l'AECQ. On
échangeait une absence d'augmentation de salaire contre un
agrandissement de la juridiction. L'agrandissement de la ju- ridiction ne peut
pas se faire et, à mon avis, l'accord conditionnel des journaliers se
trouve remis en question.
En clair, si on n'acceptait rien comme augmentations de salaire contre
un agrandissement de juridiction et qu'on n'obtient pas l'agrandissement de
juridiction, cela implique, d'après moi, que le ministre devrait
suggérer aux parties l'augmentation de salaire qui devrait, maintenant,
être accordé aux journaliers en toute justice. A défaut
d'accord entre l'AECQ et le Conseil des métiers de la construction, la
commission parlementaire devrait siéger de nouveau pour étudier
les raisons pour lesquelles les parties n'ont pas réussi à
s'entendre. Autrement, les journaliers auront, à bon droit, des raisons
de penser, pour reprendre les expressions du député de
Saint-Laurent, qu'ils se sont faits arranger ou fourrer, selon la sorte de
vocabulaire qu'on préfère.
Je pense que c'est un point essentiel qui touche 40% des travailleurs de
la construction. Il m'apparaît indispensable que le gouvernement se
penche là-dessus. J'ajoute que, quant à moi, il y a sur tous les
travaux de cette commission, quelque chose d'assez étrange. C'est la
chose suivante: C'est que le ministère fait un document pour dire aux
parties que telle et telle chose n'étaient pas légales.
Pourtant, jusqu'au déclenchement des élections, il y a des
négociations fébriles qui ont eu lieu pour donner le
résultat que les députés ont devant eux. Or, participaient
à ces négociations le sous-ministre du Travail, Me Michel Robert,
au nom du gouvernement du Québec, et les parties syndicale et patronale
étaient toutes représentées par des avocats: Me Michel
Dion, pour l'AECQ, et Me Michel Décary, pour la FTQ. Je ne peux pas
comprendre, dans ce sens, comment il se fait que les actes de médiation
posés par le gouvernement, par la voix de Me Michel Robert et son
sous-ministre, sont maintenant qualifiés par le contentieux du
même ministère d'illégaux. A mon avis, l'entente sur la
juridiction était à sa face même illégale. Il me
semble que le sous-ministre et procureur du gouvernement là-dedans
devaient le savoir, sauf que dans le cas du sous-ministre, on a appris, par
expérience, que l'illégalité n'était pas une chose
qui lui répugnait.
La sécurité d'emploi et la sécurité
physique. Nous sommes également fort déçus de constater
que rien dans ce décret ne peut conduire à une forme de
sécurité d'emploi ou encore de sécurité du revenu.
Nous sommes toujours d'avis qu'un des problèmes majeurs qui confrontent
les travailleurs de la construction réside dans leur
insécurité. La jungle dans laquelle vit cette industrie a
sûrement un grand effet sur la sécurité physique des
travailleurs.
Sur la sécurité physique, quelques chiffres donnent
à penser qu'on aurait dû s'y pencher à fond dans le
décret de la construction. Le bâtiment compte pour 6% de la
main-d'oeuvre au Québec et compte 26% des accidents mortels.
Deuxièmement, d'après l'Office de la construction du
Québec, la dernière année recensée par la CAT
démontre qu'il y a eu 400% plus d'accidents de travail dans la
construction au Québec qu'en Ontario. Puis comme il y a deux fois plus
de main-d'oeuvre dans la construction en Ontario qu'au Québec, si on
pondère on se rend compte qu'il y a 800% plus d'accidents dans la
construction au Québec qu'en Ontario. Je trouve scandaleux et
révoltant que le président de l'association patronale dise: On
n'a pas voulu discuter la sécurité physique, parce que, quant
à nous, ce n'est pas négociable.
Je pense que, socialement, c'est une position qui ne peut pas se
défendre. Quand on se rend compte à quel point les conditions de
sécurité physique sont mauvaises, il est certain que les parties
doivent faire leur part et leur bout pour la régler. Bien sûr, le
gouvernement a des normes et des inspecteurs, mais je ne pense pas que cela
soit suffisant. D'ailleurs son affirmation qu'il a refusé de les
négocier n'est pas fondée sur des faits, parce qu'en partie M.
Dumoulin a expliqué qu'à l'article 26 il y a des dispositions
particulières. D'autre part, les parties ont convenu de former un
comité de sécurité dans le décret, qui va se
pencher sur l'ensemble de la question. C'est la reconduction d'une clause qu'il
y avait dans l'ancien décret. C'est assez révélateur du
peu de cas qu'on fait de la sécurité physique des travailleurs de
la construction que de constater que, malgré les demandes de la CSN dans
l'existence de l'ancien décret, le comité formé n'a jamais
siégé.
Je pense que la situation requiert des interventions rapides. Je
voudrais ajouter, quant aux échasses, qu'on ne fera pas un débat
de forme pour savoir si la clause doit être dans le décret ou si
elle doit être dans les normes de sécurité. Si on nous
garantit qu'elle sera dans les normes, on n'a pas d'objection qu'elle ne soit
pas dans le décret. Je veux rappeler que les plâtriers à
Montréal ont mené une bataille énorme là-dessus, il
y a une dizaine d'années. Si on ne les rassure pas de façon
formelle que cela va être ailleurs, si cela n'est pas dans le
décret, ils vont penser que cette bataille, qui a été dure
et dont les travailleurs comme les employeurs se souviennent, a
été faite pour rien.
J'aimerais ajouter que les études faites à l'époque
ont démontré que non seulement les échasses étaient
dangereuses, parce que le travailleur pouvait tomber avec cet
équipement, mais qu'après quelques années le travailleur
se retrouvait avec des varices et des défauts aux jambes qui causaient
des déformations à vie.
Refuser de le mettre dans le décret, ce serait assez
médiéval, parce que c'est une forme d'esclavage d'atteler
quelqu'un à des échasses et de lui demander de sacrifier ses
jambes pour le plus grand profit de l'entreprise qui lui donne du travail.
Les articles du décret. Nous pensons que certaines
définitions sont non conformes à la loi, principalement quant
à l'artisan que la loi définit comme un salarié et que le
projet de décret, le décret, parce qu'il existe actuellement,
définit comme un employeur. Nous pensons que cela devrait être
corrigé. Autrement, dès que les artisans qui constituent un
problème dans la construction peut-être pas un
problème aussi voyant que les camionneurs artisans, mais ils constituent
un problème quand même sont passibles d'une poursuite,
leurs procureurs, au gré de leur intérêt, invoqueront
qu'ils sont des employeurs d'après le décret ou bien qu'ils sont
salariés d'après la loi. On pense donc que cela devrait
être maintenu et que l'artisan devrait être considéré
comme un salarié.
Le décret contient également des clauses de reconnaissance
syndicale auxquelles, en principe, on n'a pas d'objection, sauf qu'à la
fin du décret on définit que le prochain décret va
être négocié par le Conseil provincial des métiers
de la construction. On s'étonne, d'abord, que le vigilant procureur du
ministère du Travail ne s'en soit pas aperçu et ait
été moins vigilant là-dessus que sur la juridiction des
métiers, parce que la loi dit qu'une ou des associations syndicales
représentatives à 50% plus un négocient le décret.
Comme la loi prévoit une période d'adhésion syndicale six
mois avant le prochain décret, il se pourrait qu'une association,
à elle seule, n'ait pas la majorité requise. A ce
moment-là, on se retrouverait avec une contradiction d'une loi qui dit
que cela prend une ou des associations syndicales majoritaires et d'un
décret qui préjugerait de la majorité d'une association
particulière. Je pense que c'est un oubli et qu'il y a une concordance
qu'il serait important de faire.
Il y a également une clause du décret qui nous
paraît assez arbitraire, c'est celle qui porte sur les
congédiements. Dans l'ancien décret, on disait que l'employeur
qui congédiait devait fournir par écrit, s'il était requis
de le faire, les raisons du congédiement. On a ajouté dans le
nouveau texte que le défaut de le faire n'annule pas le
congédiement et le rend valide quand même.
Nous pensons, et la Commission des droits de la personne, entre autres,
si elle était consultée, dirait sûrement que c'est
là un accroc aux droits civils les plus fondamentaux parce qu'on se
retrouve devant un arbitre sans savoir de quoi on est accusé. On sait
que le gars est congédié, mais l'employeur n'a pas à dire
ni verbalement, ni par écrit pourquoi il est congédié et
on le prive de son droit à une défense pleine et entière.
Nous on pense que si c'est valide pour n'importe qui d'autre dans la
société de savoir de quoi il est accusé, quand il a
à se défendre devant un tribunal et l'arbitre constitue un
tribunal il est absolument incroyable que, dans la construction, on dise
qu'un travailleur ne sait même pas, par écrit, de quoi il est
accusé.
Il y a des comités de prévus par le décret sur la
sécurité, le bien-être, l'hygiène, les avantages
sociaux et les chantiers éloignés. Ces comités seront
formés sans la présence de la CSN, et on pense que c'est une
discrimination à notre endroit, parce que ces questions nous ont
toujours intéressés. Nous demandons que le ministre se serve des
pouvoirs que la loi lui donne, de modifier une clause discriminatoire pour une
association syndicale, pour nous inclure dans ces comités.
Maintenant, il y a des oublis aussi qui vont
faire que des problèmes dans la construction vont perdurer et je
pense aux oublis qui concernent les arpenteurs-géomètres.
L'Office de la construction interprète que les
arpenteurs-géomètres sont assujettis au décret et doivent
être rémunérés comme manoeuvres. Des employeurs ont
fait des objections à cette décision de l'office et l'ont
portée devant les tribunaux depuis trois ans. Alors, comme un
décret est fait pour régler des problèmes, il devrait
exister spécifiquement dans le décret que les
arpenteurs-géomètres en font partie, pour mettre fin à des
guérillas juridiques qui sont des sources de tension et qui incitent les
travailleurs à utiliser la manière forte pour régler leurs
problèmes, puisque ni le gouvernement, ni d'autres organismes ne
trouvent de solutions à leurs problèmes.
Il y a actuellement des poursuites pour des montants
considérables contre l'Hydro-Québec, à la baie James,
parce qu'il y a là des arpenteurs que l'Hydro refuse de
rémunérer au taux du décret, et on pense que c'est
essentiel que le décret règle cette question d'une façon
relativement définitive. On a ici un mémoire des arpenteurs sur
cette question que j'aimerais déposer à la commission comme
faisant partie intégrante du mémoire dont on a déjà
discuté.
J'aimerais également dire que cette commission a fourni la preuve
depuis deux jours qu'il y a dans l'industrie de la construction un
déséquilibre fondamental et des problèmes qui ne se
règlent pas.
D'après nous le déséquilibre fondamental est
dû au fait que les employeurs sont beaucoup plus puissants que les
travailleurs à l'heure actuelle et qu'il n'y a pas cette
égalité des forces qui amènent des ententes convenables et
raisonnables. Le déséquilibre s'explique en partie d'après
nous parce que le gouvernement précédent a mis en application
toutes les recommandations de la commission Cliche qui étaient
défavorables aux travailleurs.
Je pense à la présomption de culpabilité. Je pense
au dossier judiciaire. Je pense aux restrictions importantes au rôle du
délégué de chantier. Le gouvernement n'a encore
adopté aucune des mesures favorables aux travailleurs qui étaient
contenues dans le rapport de la commission Cliche. Je pense aux chantiers
isolés. Je pense à la sécurité et à la
santé des travailleurs de la construction. Je pense au placement,
à la sécurité d'emploi et à la
sécurité du revenu. Ainsi l'Etat, à la suite du rapport,
est intervenu contre les travailleurs, mais n'a rien fait pour restaurer un
certain équilibre en faveur des travailleurs de la construction, qui
sont toujours susceptibles en n'importe quel temps d'être
remplacés par des travailleurs d'autres industries.
Il y a du chômage en ce moment dans la construction, mais rien
n'empêche un professeur, un pompier, un policier ou un étudiant de
prendre le travail d'un travailleur de la construction. Les employeurs, au
cours de la commission, se sont montrés assez conformes à l'image
que le général de Gaulle avait d'Israël quand il disait: Ils
sont arrogants, sûrs d'eux et dominateurs.
Je pense que ce faisant ils ont été francs et conformes
à la réalité. Les employeurs dans la construction sont la
partie forte, prépondérante et quasi toute puissante. Ils
embauchent qui ils veulent, quand ils le veulent... Ils mettent à pied
qui ils veulent, quand ils le veulent, sans tenir compte des règles
d'ancienneté. Ils respectent les normes de sécurité quand
cela fait leur affaire. L'organisme chargé de la sécurité,
soit l'Office de la construction, ne met pas en vigueur les normes de
sécurité et donne plutôt des avertissements verbaux,
écrits, des billets comparables aux billets de stationnement, mais ne
fait rien de majeur pour que la loi s'applique quant à la
sécurité physique sur les chantiers.
Le Président (M. Marcoux): Excusez-moi, nous devons
ajourner nos travaux puisqu'il est 13 heures. La commission ajourne ses travaux
sine die.
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que cela implique que
nous pourrons revenir pour terminer notre présentation?
Le Président (M. Marcoux): Avant de répondre
à cette question, le député de Nicolet-Yamaska m'a
demandé un droit de parole très bref. Je le lui accorde.
M. Fontaine: J'aimerais tout simplement, avant d'ajourner les
travaux, M. le Président, souligner qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire
du député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Marcoux): Tous les membres de la
commission sont heureux de s'associer à cette fête. A la reprise
des travaux de la commission, je vous donnerai la parole à nouveau, M.
Bourdon.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 25
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie pour poursuivre ses travaux et entendre les témoins
concernant les amendements que le ministre entend apporter au décret de
la construction.
Les membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson)
remplacé par M. Russell (Brome-Missisquoi); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Brochu (Richmond) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Couture
(Saint-Henri), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M.
Mercier (Berthier); M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante
(Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois), M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé (Portneuf), M. Roy
(Beauce-Sud).
Nous en étions à entendre le représentant de la
CSN, Me Bourdon.
M. Bourdon: M. le Président, j'ai d'autres défauts,
mais je ne suis pas avocat.
Le Président (M. Marcoux): Avant de vous céder la
parole, je voudrais vous dire que nous pouvons siéger jusqu'à 18
heures. Si nous ne terminons pas nos travaux aujourd'hui, nous devrons le faire
une autre semaine, puisqu'il n'y a pas eu d'avis de la Chambre comme quoi nous
pouvions siéger ce soir. C'est peut-être une invitation à
être brefs, pour ceux qui le désirent. M. Bourdon.
M. Bourdon (Michel): M. le Président, M. le ministre, je
tiens à vous donner l'assurance que les représentations que nous
ferons pour nos 52 000 membres ne seront pas aussi longues que celles qui se
sont faites pour les 600 mécaniciens d'ascenseur.
Avant que nous ajournions, j'ai dit que l'entente en vertu de laquelle
certaines personnes ont échangé les droits salariaux des
journaliers contre un agrandissement de leur juridiction créait un
problème, étant donné que le ministère, à
bon droit, veut abroger des clauses qui auraient pour effet d'élargir
cette juridiction au détriment d'autres métiers, et de
façon telle que ce ne serait pas conforme à la loi sur la
qualification professionnelle.
Quant à nous, c'est une question de fond, par rapport au mandat
du ministre d'amender le décret au besoin pour préserver l'ordre
public. Or, les journaliers se sont prononcés sur le décret en
ayant des assurances quant à leur juridiction. Comme ils vont les
perdre, il nous apparaît indispensable que le ministre soumette à
l'AECQ et à la FTQ des propositions quant au rajustement salarial qui,
d'après nous, s'impose pour les journaliers et manoeuvres, et que, par
la suite, la commission soit de nouveau convoquée, si les parties ne
peuvent pas s'entendre, afin d'expliquer pourquoi, et que le ministre prenne la
décision nécessaire.
J'aimerais insister sur ce point, puisque l'entente donne en trois ans
un total de 12% d'augmentation de salaire aux journaliers, ce qui est
même en dessous des indicateurs de la régie anti-inflation
fédérale, avec laquelle nous ne sommes pas d'accord, et qui ne
s'applique d'ailleurs plus au Québec.
Dans ce domaine, je pense qu'il serait utile d'indiquer au ministre ce
qui nous apparaîtrait justifiable comme augmentation aux journaliers. Sur
ce plan, nous allons rester sur un terrain connu, pour connaître quand
même les tendances de cette industrie. Je me réfère
à l'entente négociée avant celle de cette année, la
dernière qui avait été faite avec l'assentiment des deux
majorités patronales et syndicales et qui est celle de 1973.
Contrairement à ce que le président de l'AECQ a
déjà dit devant cette commission, ce n'est pas en 1969 qu'on
trouve la dernière entente négociée librement entre les
parties, c'est, en 1973, celle qui a reçu force de loi par une loi
spéciale rétroactive, la loi no 9. Là-dessus, si le
ministre veut se renseigner, je le réfère à son
sous-ministre, qui est très au courant de ce projet de loi, mais il
reste que, sans regarder le mérite du procédé qui
consistait à rendre rétroactivement légal ce qui s'est
fait illégalement, la convention de 1973 avait reçu l'assentiment
d'une majorité syndicale et patronale.
A ma connaissance, la CSN avait été la seule à
refuser de signer l'entente au niveau syndical et elle était
minoritaire.
La partie patronale avait signé, à l'exception de la
Fédération de la construction du Québec qui ne
s'était pas rendue à l'ultimatum du ministère de signer
l'entente. Donc, les autres associations patronales avaient toutes
signé, y compris l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux, qui couvre le milieu d'où vient le président de l'AECQ.
Or, le décret de 1973 prévoyait une différence de salaires
entre les journaliers et les menuisiers. Cette différence, en vertu du
décret de cette année, serait considérablement accrue.
Nous pensons qu'en toute justice et pour préserver l'ordre public, suite
au changement important qui interviendra, d'après nous, à
l'entente entre les journaliers et l'AECQ, cela devrait être de
rétablir l'écart de 1973 et, donc, d'accorder aux journaliers la
même augmentation de salaires que celle qui a été
accordée aux menuisiers.
L'autre argument en faveur de ce changement, c'est que, dans la
construction, les menuisiers, sur le plan salarial, sont le groupe le plus
proche du salaire moyen de l'industrie. On donnerait donc aux journaliers
à la fois la moyenne de salaire qui est observée pour les
menuisiers et, d'autre part, on leur redonnerait un écart pas plus
considérable que celui qui existait en 1973 et auquel l'immense
majorité des employeurs avait souscrit.
Il y a certains autres points particuliers que je voudrais soulever. On
a parlé hier des tireurs de joints qui sont impliqués dans une
juridiction ac-
cordée à deux groupes, les peintres et les
plâtriers, ce qui a des conséquences assez dramatiques. Comme le
décret de cette année a élargi l'écart entre les
deux groupes et que les employeurs, dans le fond, décident à quel
groupe ils veulent donner du travail, cela a comme conséquence
d'éliminer des plâtriers qui sont, dans une bonne partie des cas,
des travailleurs très anciens de la construction, envers qui, en plus,
on commet une autre injustice. Voulant travailler quand même, ils
essaient d'obtenir leur carte de peintre, mais il y a saturation chez les
peintres et on leur refuse la carte de compétence ou le permis de
travail. Je pense qu'il est contraire à l'ordre public de faire en sorte
qu'un groupe important, où la CSN compte un bon nombre
d'adhérents, se voie dans la situation de se retrouver en chômage
à cause du caractère assez irrationnel de structure salariale qui
a été mise de l'avant par l'AECQ dans la négociation.
Il y a également un point qui n'a pas encore été
abordé et sur lequel il serait utile qu'on se prononce tout de suite,
étant donné qu'autrement on devrait revenir après la FTQ
et qu'on ne veut pas abuser de votre patience, c'est celui de la clause qui
concerne le temps de transport pour les électriciens affectés
à certains chantiers. A notre connaissance, les électriciens sont
retournés au travail après la grève ils avaient
été un des premiers groupes à cesser de travailler
avec l'assurance formelle que cette clause était acceptée par
l'AECQ avec notamment, comme témoin, le sous-ministre du Travail. On
pense donc que, lorsqu'il est question de contrat social, il est assez
essentiel que les travailleurs ne se sentent pas trichés par certaines
pratiques. Comme de bonne foi ils ont cru à une entente qui,
d'après certaines informations existait, mais a cessé d'exister
à un certain moment de la consultation du côté patronal, il
nous apparaît essentiel, encore là pour maintenir l'ordre public,
d'accorder aux électriciens ce qu'ils ont négocié et,
selon les informations disponibles, obtenu au moins à un certain
moment.
On voudrait également vous référer à la page
8 de notre document où il est question des travaux d'urgence. Le nouveau
texte dit: "Travaux exécutés lorsqu'il peut y avoir des dommages
matériels pour l'employeur ou le donneur d'ouvrage ou lorsque la
santé ou la sécurité du public est en danger". Il s'agit
des travaux d'urgence permis durant les vacances obligatoires de la
construction. Pour comprendre les difficultés que cela peut
présenter, il faut regarder le texte de l'ancien décret. Or,
l'ancien texte disait: "Travaux d'urgence: travaux exécutés
lorsqu'il peut y avoir des dommages matériels pour l'employeur ou le
donneur d'ouvrage ou lorsque la santé ou la sécurité du
public est en danger. Le dédit ne doit pas être
considéré comme des dommages matériels.
La preuve de l'urgence des travaux incombe toujours à
l'employeur. Donc il y a une modification majeure dans le texte proposé
où on dit: "des dommages matériels pour l'employeur ou le donneur
d'ouvrage". Mais, d'une part, on lui enlève le fardeau de la preuve, et
d'autre part, on lui enlève l'élément qui est le
dédit. Le dédit, c'est ce qu'un entrepreneur doit payer au
donneur d'ouvrage lorsqu'il livre ses travaux en retard. Donc, le nouveau texte
dit: "Les vacances peuvent être annulées par l'employeur qui n'a
pas à prouver qu'il y avait urgence si, à son avis, il peut subir
des dommages matériels". Sur ce plan, on pense que cela peut ouvrir la
porte à des abus considérables parce qu'un employeur dirait: Pour
telle ou telle raison, je suis en retard, j'aurais un dédit à
payer; donc, j'abolis les vacances de mes employés de tel ou tel
chantier. L'employeur pourrait également le faire, d'après nous,
en invoquant que, le temps que son chantier sera fermé, il sera
privé de certains profits. Donc, c'est un dommage matériel qui
l'autorise à annuler les vacances des salariés. Ce qu'on propose,
en gros, là-dessus, c'est de revenir à l'ancien texte.
A la page 12, on se rend compte que l'ancien texte de l'ancien
décret sur le délégué de l'employeur est
abrogé. Nous pensons que cette clause enlève un droit acquis
important des travailleurs de la construction et vise tout
particulièrement les membres de la CSN qui, assez souvent, oeuvrent sur
des chantiers plus petits, pour des employeurs de taille plus modeste. Le
délégué auprès de l'employeur n'a jamais
été considéré comme une sous-section ou une
modalité du délégué de chantier. Vous savez que,
pour avoir un délégué, cela prend sept membres. Or, dans
le domaine domiciliaire, en particulier, un employeur peut avoir deux
travailleurs à l'ouvrage sur vingt chantiers, et cela en fait quarante,
mais il n'a pas le minimum pour nommer un délégué. On
pouvait, à ce moment, nommer un délégué
auprès de l'employeur, qui n'était pas un
délégué de chantier. Là-dessus, nous n'avons pas la
même opinion que le contentieux du ministère du travail parce que
nous pensons que remettre le délégué auprès de
l'employeur, dans le décret, ne serait pas contraire aux dispositions
des dernières lois adoptées, quant au
délégué de chantier, puisqu'on parle d'autre chose et
qu'à notre avis cela ne va pas à l'encontre des dispositions de
la loi quant au délégué de chantier.
Je tiens d'ailleurs à faire observer que la loi dit
expressément qu'il doit être question du
délégué dans le décret de la construction, mais que
les dispositions concernant le délégué ne doivent pas
excéder ce que permet la loi. Mais, on a toujours
considéré que le délégué auprès de
l'employeur, c'était une autre question qui devait être
traitée séparément et que les droits de ces travailleurs,
qui sont parmi les plus mal pris, assez souvent, seraient lésés
de façon considérable si on enlevait ainsi toute
référence au délégué auprès de
l'employeur.
J'ai dit que la loi en parlait, cela dit: "Le décret doit
contenir des dispositions sur certaines choses. Il doit aussi c'est
l'article 28 de la Loi sur les relations de travail, au deuxième
paragraphe contenir des dispositions concernant la
sécurité syndicale, y compris le précompte des
cotisations, les délégués syndicaux et la procédure
de
règlement des griefs". Alors, le délégué
auprès de l'employeur est un délégué syndical qui
n'est pas un délégué de chantier, et on pense que ce
serait léser une catégorie importante de travailleurs que de
l'enlever.
Nous pensons également que dans le décret, à
l'article qui traite de l'accès au chantier pour les
représentants syndicaux, il devrait être spécifié
qu'un tiers ou un donneur d'ouvrage ne peut pas, par ses actions, restreindre
la portée du décret et priver les travailleurs du droit
prévu dans le décret. Nous pensons à des chantiers comme
le chantier olympique, qui est maintenant terminé, et la baie James,
où des tiers comme la SEBJ ou la police de Montréal interdisent
des choses qui sont nommément prévues et accordées par le
décret. C'est ainsi qu'à la baie James, la SEBJ refuse d'avoir
plus qu'un représentant permanent de la CSN sur le chantier, alors
qu'elle en finance sept pour l'association patronale qui a des membres à
la baie James.
Les employeurs nous disent: On ne refuse pas l'accès des
chantiers, conformément au décret; c'est la SEBJ qui en interdit
l'accès et, donc, ce n'est pas couvert par le décret. C'est une
situation, évidemment, anormale dont les députés devraient
prendre connaissance tout de suite pour trouver des solutions. Autrement, comme
les employeurs à la baie James et la SEBJ poursuivent une politique
très antisyndicale et antitravailleurs, imposent des cadences
considérables, méprisant des normes de sécurité, et
tiennent même à l'écart les inspecteurs de l'Office de la
construction, refusent des revendications aussi fondamentales qu'un repas chaud
le midi, interdisent, dans le cas de la SEBJ, les relations sexuelles entre
adultes consentants, que le Code criminel permet, je pense qu'il serait
important que les représentants syndicaux, qui ont comme tâche de
voir à l'observance du décret, aient accès de façon
très claire à ce chantier. Autrement, il y aura un saccage et ce
sera, encore une fois, la faute de la CSN et des centrales syndicales ou de je
ne sais quel groupe.
Mais nous pensons que le décret devrait dire clairement que les
représentants syndicaux ont toujours accès aux chantiers, y
compris à la baie James. Ce qui nous est imposé actuellement,
c'est que, pour un deuxième représentant, il faudrait qu'il ait
accès au chantier pour quatre nuits et cinq jours, puis quitter le
territoire et demander la permission d'y retourner. Alors, embaucher un
permanent dans des conditions comme cela, cela n'a vraiment pas de sens.
D'autre part, ne pouvoir avoir qu'un représentant par centrale
à ma connaissance, la CSN a à peu près 1500 membres
à la baie James et la FTQ à peu près 3000 cela ne
donne que deux représentants syndicaux pour 4500 travailleurs, sur
à peu près 400 à 500 milles de territoire. Opposé
aux sept permanents de l'association des employeurs de la baie James,
rémunérés par la SEBJ, il y a vraiment une disproportion.
Si on ne peut pas régler ce problème par le décret, M. le
ministre, je pense que cela devrait se régler par d'autres moyens, mais
il semble que la SEBJ, qui est une créature de l'Etat du Québec,
devrait être assujettie aux mêmes normes et aux mêmes lois
que l'ensemble des citoyens et des employeurs.
La FTQ a fait valoir des arguments quant à la clause où il
est dit qu'on ne doit pas tenir compte des antécédents
judiciaires pour les électriciens. On endosse entièrement ce
qu'elle a dit, à l'effet que c'est discriminatoire. D'après nous,
ajouter cet élément, c'est non seulement discriminatoire, mais
c'est pire, pour les autres groupes, que ce qu'il y avait avant. En effet,
avant, alors qu'il n'y avait pas de mention dans le décret, on pouvait
toujours faire appel à la Commission des droits de la personne et
invoquer la loi d'ordre général. Alors, que, là,
l'employeur serait justifié de dire: Si on ne l'interdit
nommément que pour les électriciens, c'est qu'on me permet ce
type de discrimination pour les autres groupes. On est donc d'accord avec
l'intention du ministre d'enlever ces restrictions.
Pour terminer, M. le Président et M. le ministre, je pense que
vos auditions démontrent que la loi 290, qui a été
amendée successivement par les lois 38, 15, 9, 204, 29, 30 et 47, est
une camisole de force qui ne convient plus très bien aux parties dans
l'industrie de la construction. Or, pour être observées et donner
des fruits, les lois doivent être en accord avec certaines
réalités. On pense que cette loi, dans son ensemble, ne convient
plus très bien aux gens, ce qui est un facteur de désordre. On
pense donc qu'elle devrait être réétudiée pour tenir
compte des réalités mouvantes et de ce qui existe depuis son
adoption en 1968.
Le président de l'AECQ a dit: C'est une entente, en 1968, par
laquelle on obligeait les travailleurs à se syndiquer, mais, en retour,
on créait un régime de négociations sectorielles qui a eu
certaines conséquences. Cela a eu comme conséquence, dans
certaines régions, d'enlever les droits d'ancienneté que la CSN
avait négociés pour ses membres et dont ils
bénéficiaient. Mais, dès 1968, en commission
parlementaire, Marcel Pépin avait dit: C'est peut-être une loi
avantageuse pour la structure syndicale, on va peut-être faire de
l'argent avec, mais elle n'améliore pas le sort des travailleurs.
Malheureusement, nous trouvons que, depuis 1968, les
événements ont prouvé que c'était vrai, que cela ne
convenait pas tellement aux travailleurs. Nous pensons qu'il faut regarder
cette loi.
Le ministre a indiqué qu'il y songe sérieusement. Il faut
regarder, d'après nous, d'abord le droit des minoritaires de
négocier. Il apparaît assez extraordinaire que, suite à un
conflit comme celui des camions à incendie de Pierreville, le
ministère du Travail ait déployé, dans le cas de
Pierreville, et du Trust Général, des efforts
considérables et méritoires pour faire respecter le droit de ces
personnes de se syndiquer, de négocier avec leur employeur, mais que le
même ministre soit forcé d'administrer, à l'heure actuelle,
une loi, qui, dans la construction, interdit à plus de 52 000
travailleurs de négocier leurs conditions de travail
eux-mêmes.
On pense que la loi devrait être révisée pour tenir
compte, entre autres, des réalités régionales
qui sont actuellement négligées, tant du côté
patronal que du côté des associations de salariés. C'est un
secret de polichinelle qu'il y a des employeurs de certaines régions qui
trouvent l'AECQ pesante, et je ne pense pas qu'on doive mettre en cause l'AECQ
comme telle dans ce fonctionnement.
L'AECQ négocie une convention pour tous les métiers et
toutes les régions du Québec. C'est le cadre que la loi lui
impose, mais tant dans un domaine sectoriel comme celui des mécaniciens
d'ascenseur que dans certaines régions, même les employeurs
ressentent que cette loi leur impose des choses et éloigne d'eux les
négociations. Je pense que l'on devrait regarder de près la
possibilité d'avoir certains objets de négociations nationaux
je pense, entre autres, aux salaires et à d'autres dispositions
de ce genre mais de permettre, soit en même temps, soit à
un autre moment, des négociations au niveau régional pour
rapprocher cette chose-là des membres, parce que, actuellement, c'est
vraiment au niveau des structures que la plupart des décisions se
prennent.
Je voudrais aussi, en terminant, dire aux membres de la commission,
qu'il est encourageant de voir les questions et l'intérêt que les
députés qui siègent ici portent à ce qu'on
présente. Cela nous repose de l'époque où on était
convoqué sur le problème de l'indexation, et où, avant de
rencontrer le député, on connaissait le texte de l'ordonnance qui
était déjà imprimé. Je pense qu'on peut attendre
des résultats d'une commission où les députés, qui
n'ont pas à décider, vont vraiment regarder de près les
représentations qui ont été faites en vue de faire des
recommandations au ministre qui commence à régler les
problèmes de l'industrie de la construction. Il n'y a aucun doute
qu'à l'heure actuelle, sur le plan de l'administration
générale de la loi, sur le plan de la surveillance du
décret par l'Office de la construction, sur le plan de la qualification
professionnelle, sur le plan de la sécurité physique sur les
chantiers, les journaux nous l'apprennent tous les jours, on peut dire que la
construction, en attendant des réformes importantes, est vraiment le
cancer du monde industriel québécois. J'espère que le
gouvernement va avoir le courage de s'attaquer à ces problèmes
fondamentaux qui font que cette industrie est une honte, alors qu'elle est
stratégiquement une des plus importantes au Québec.
Là-dessus, je vous remercie, M. le Président, et je suis
prêt, évidemment, à répondre aux questions, s'il y
en a.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais savoir s'il y a des
membres de la commission qui désirent poser des questions. M.
L'Heureux.
M. L'Heureux: Oui, j'aurais un certain commentaire. D'abord, je
trouve que M. Bourdon a changé d'attitude vis-à-vis de
l'intervention du gouvernement par rapport à la commission parlementaire
du mois d'avril dernier. A ce moment-là, il était
complètement opposé à ce qu'un gouver- nement, une tierce
partie, s'insère dans une négociation entre deux parties.
Il y a probablement des raisons pour cela. M. Bourdon, au début,
a mentionné que des salaires avaient été donnés
d'une façon non rationnelle, qu'il n'y avait aucune rationalité
dans la façon dont les salaires avaient été offerts.
Même à ce moment-là, par exemple, il admet plus loin que
les salaires devraient être sur une clause nationale, ce qui veut dire
que c'est une clause provinciale, mais il a employé le terme "national",
c'est-à-dire une clause générale.
Du moins, il admet cela. Alors, il serait peut-être bon, ici,
avant de faire une affirmation gratuite, de s'informer. On nous a dit, en
négociation, du moins les gens qui nous faisaient des demandes
salariales par métiers nous disaient: On n'a pas réellement la
valeur relative des métiers dans le moment dans l'échelle
salariale.
Il faudrait retourner réellement au moment où on
négociait par région, par décret et, à ce
moment-là, cela reflétait la valeur relative, toutes proportions
gardées, des métiers. A partir de là, le conciliateur
avait fait faire un rapport par la maison Guérard, Pouliot et
Castonguay, qui a servi de base. Nous aussi avons retenu une firme
d'économistes, parce qu'il fallait que tout cela soit programmé
à cause des heures et de la masse salariale de la loi anti-inflation. On
a fait faire une recherche. La base de notre recherche était les
écarts salariaux qui existaient, en pourcentage, en 1969, soit la
dernière année de la dernière convention
véritablement négociée je vais revenir sur celle de
1973 tout à l'heure à l'intérieur des lois
existantes et qui, à ce moment-là, nous disait-on,
reflétaient la valeur des métiers. A partir de là, on a
établi que le journalier était 100%, servait de base, et on a
calculé en pourcentage la valeur que les autres métiers avaient
par rapport aux journaliers. C'est comme cela qu'on est arrivé que les
mécaniciens d'ascenseur avaient 148%, les plombiers, 139% et on
descendait ainsi de suite.
Ce qu'on a fait dans notre masse salariale, on a rétabli dans les
trois prochaines années ces pourcentages de telle façon que la
dernière augmentation, soit celle qui va arriver le 1er mai 1978, va
permettre à tous les métiers d'avoir le pourcentage qu'ils
avaient au moment de 1969, au moment où on nous dit: Ecoutez, on avait
une véritable négociation dans ce temps-là, ce
n'était pas imposé par qui que ce soit. M. Bourdon nous dit qu'on
devrait retourner aux écarts qui existaient en 1973. Pourquoi 1973?
Pourquoi pas 1969? Les augmentations qui ont été données
à compter de 1969 l'ont été sous forme de décret,
même si on dit qu'il y a eu une convention en 1973. C'étaient des
augmentations globales. On disait: On ajoute $2 l'heure à tout le monde.
Ce qui était discriminatoire dans le fait qu'on ajoutait $2 à
tout le monde, c'est qu'on rétrécissait ce pourcentage qui
existait entre les métiers. Ce que les métiers voulaient ravoir.
Même les journaliers qui négociaient avec nous
naturellement ce n'était pas M. Bourdon nous disaient que
c'était au détriment, en réalité, de leurs membres;
que c'est bien beau
d'avoir de gros salaires, mais encore pour les avoir faut-il travailler;
qu'il n'y avait pas d'incitation pour les employeurs à les engager parce
que la différence avec les métiers était tellement faible
qu'on avait plutôt tendance à engager strictement des hommes de
métier.
Quand on nous dit qu'il n'y a aucune rationalité, il faudrait
tout de même s'informer et il ne faudrait pas charrier. On n'a pas
rêvé ce qu'un plombier vaut par rapport à un
électricien. On s'est basé sur ce qu'on nous disait être
une véritable négociation à ce moment-là. Tout cela
peut être vérifié. On a des chiffres. On a le rapport de M.
Pouliot. On dit un peu plus loin que les journaliers ont eu 12% pour trois ans.
Ce n'est pas vrai. Quand on termine le 31 avril 1979, trois ans cela veut dire
qu'il faut retourner au 31 avril 1976. A partir de là, les journaliers
ont eu une augmentation de $0.55 qui représentait 8,4%, plus les
augmentations dont M. Bourdon parle. Encore là il y a certaines
précisions qui méritent d'être soulignées.
M. Bourdon mentionne que le président de l'AECQ a
mentionné dans ses commentaires généraux qu'on avait
maintenant la première négociation collective, quand en
réalité il y en a eu une en 1973. C'est vrai. Ce que j'ai
mentionné c'est que c'est la première convention collective
signée et négociée à l'intérieur des lois
existantes. Pas une convention qu'on a été obligé de
rendre l'égale par une loi spéciale parce qu'elle était
illégale. C'est peut-être le commentaire que j'avais à
faire là-dessus.
On a aussi mentionné qu'il y avait eu des conséquences
désavantageuses pour certains salariés de différentes
régions de la négociation sectorielle. C'est que certains droits
acquis sont naturellement disparus. Il faut se rappeler qu'il y avait onze
régions. A ce moment-là, il s'agissait de faire un certain
ménage. Prenait-on les droits acquis de chacune des régions pour
les donner à toute le monde, quand on sait que dans certaines
régions on avait négocié des frais de transport
supplémentaire parce qu'on se promenait beaucoup, pour des conditions
salariales moins élevées? Alors, c'est certain qu'il y a des
droits acquis qui ont été maintenus et qu'il y en a d'autres qui
ont été oubliés. Ce qu'il ne mentionne pas, c'est que la
négociation sectorielle a aussi fait qu'ils ont aussi obtenu une
parité salariale. Ce qui est unique au Canada. Nous, au Québec,
quand on dit qu'on veut avoir la parité entre un électricien de
Montréal dans l'industriel et un électricien de Hamilton dans
l'industriel, on a aussi la parité de l'électricien dans le
secteur résidentiel de Gaspé avec l'électricien de
Hamilton dans l'industriel. Ce qui n'existe pas ailleurs.
Alors, il y a eu des désavantages, mais il y a eu des avantages.
Il ne faudrait pas charrier.
Finalement, on a aussi mentionné que la partie patronale est une
partie qui était trop forte, qui même était rendue
arrogante par sa force, sûre d'elle et dominatrice. Je soumettrai
humblement à ces MM. de la commission qu'il faut choisir un lit et se
coucher dedans. En 1974, en 1975, les mêmes personnes nous qualifiaient
de mous, de fai- bles, de complices et de prostitués. Au moment
où on est d'accord avec des choses illégales, on est des mous et
des faibles et on ne mérite pas le respect de la société.
Au moment où on se tient debout, qu'on insiste pour négocier
à l'intérieur des lois, qu'on ne fait pas de compromis sur ces
lois, nous sommes arrogants, dominateurs et sûrs de nous. On a choisi la
dernière attitude, s'il faut choisir l'une des deux. Ce sont les seuls
commentaires que j'avais à faire.
Le Président (M. Marcoux): M. Bourdon.
M. Bourdon: M. le Président, je tiens d'abord à
dire que, quant à l'intervention du gouvernement, elle est permise dans
le cadre de la loi existante. D'autre part, je ne crois pas que ce soit
tellement notre attitude qui ait changé, ce sont plutôt les
québécois qui ont changé de gouvernement.
J'aimerais ajouter que, quant au salaire, il y a deux
caractéristiques qui font de la structure de salaire de l'industrie de
la construction, au Québec, une structure différente de celle de
l'Amérique du Nord, en général. M. L'Heureux en a
souligné une, c'est la parité de salaire entre les diverses
régions du Québec. A ma connaissance, cela n'existe pas ailleurs,
dans aucune province canadienne et dans aucun Etat américain. Dans le
reste de l'Amérique du Nord, on peut trouver des salaires de $18 l'heure
dans des régions fortes, sur des chantiers importants, et on peut
trouver une masse de syndiqués au salaire minimum dans des
régions plus éloignées. Je pense que le travail que la CSN
a fait, depuis que la négociation est sectorielle dans la construction,
nous a permis d'atteindre la parité de salaire.
L'autre caractéristique, cependant, c'est que, depuis cette
époque, tout le monde obtenait la même augmentation de salaire,
à partir de l'idée, assez fondamentale, que le beurre coûte
le même prix pour tout le monde. De telle sorte que les $2, environ,
d'augmentation de salaire et d'avantages sociaux, de 1973, auxquels les
employeurs avaient consenti, n'a pas élargi l'écart entre aucune
catégorie de métier. L'écart relatif s'est accru, mais
l'écart en chiffres absolus est resté le même.
Nous adhérons fortement à ces idées, et sur ce
plan, il est certain que nous ne faisons pas les comparaisons avec, par
exemple, l'Ontario, parce que les comparaisons, à ce moment, sont
boiteuses. Notre structure salariale, ici, est différente et je pense
que c'est une chose qu'il faudrait conserver. C'est ce qui nous amène
à demander la même augmentation pour les journaliers que pour les
menuisiers.
Effectivement, il y a une indexation de $0.55 l'heure, qui a
été décrétée par le gouvernement en
même temps que la prolongation de l'ancien décret, sauf que tous
les corps de métiers l'ont eue. On se retrouve donc avec ce qu'il y a de
négocié, 12% d'augmentation négociée pour les
journaliers et passablement plus pour tous les autres corps de métiers.
Nous pensons que les journaliers ne sont pas moins bons que d'autres et qu'ils
devraient avoir les mêmes augmentations de salaire que les autres.
Quant au caractère arrogant, dominateur et sûr de lui du
groupe patronal, quant à moi, c'est simplement reconnaître une
réalité que de le dire. L'AECQ est forte, l'AECQ est puissante
elle le dit, elle le proclame et elle agit en conséquence. Je ne porte
pas de jugements moraux là-dessus, ils défendent leurs
intérêts avec beaucoup de logique et de rationalité, mais
ce sont leurs intérêts qu'ils défendent.
Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement est concerné dans
le sens que, là-dedans, son rôle n'a pas été neutre.
Il a affaibli les organisations syndicales et causé du tort aux
travailleurs en n'appliquant, du rapport Cliche, que les recommandations
défavorables aux travailleurs, c'est-à-dire, le dossier
judiciaire, l'amoindrissement du rôle du délégué de
chantier, la présomption de culpabilité, un paquet de mesures
d'exception qui, d'ailleurs, ne s'appliquent qu'aux travailleurs de la
construction, alors que ce qui était positif dans le rapport et qui
concernait la sécurité physique, sécurité du
revenu, sécurité d'emploi, chantier isolé, rien de cela
n'a été appliqué. Il y a un point, singulièrement,
qui tarde, c'est le règlement, tout prêt, soumis aux parties, sur
le placement et le contrôle quantitatif de la main-d'oeuvre, dans
l'industrie de la construction.
On dit que l'Etat n'est intervenu que par des mesures qui
renforçaient les employeurs. Ils se sont renforcés. Les mesures
qui auraient pu être favorables aux travailleurs n'ont pas
été adoptées et ne le sont pas encore au moment où
on se parle. C'est dans ce domaine qu'on demande au gouvernement d'appliquer
aussi ce qui est favorable aux travailleurs, sans compter qu'on reviendrait,
à un moment donné, sur les dispositions spéciales qui ne
s'appliquent qu'aux travailleurs de la construction.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie M. Bourdon de sa
présentation. J'inviterais maintenant...
M. Lacoste: M. le Président, une question. Le
Président (M. Marcoux): Oui?
M. Lacoste: Pour moi c'est un peu vague. C'est au sujet des
arpenteurs dans l'industrie de la construction. J'aimerais avoir un
éclaircissement sur ce problème particulier.
M. Bourdon: Le problème particulier c'est que la
classification arpenteur n'apparaît pas au décret qui a
été publié au mois d'avril. L'Office de la construction a
rendu des décisions établissant qu'ils étaient couverts
par la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction et
donc qu'ils devraient être rémunérés au taux du
manoeuvre. La règle était et est encore que, pour une nouvelle
catégorie qui n'existait pas, on l'associe à la catégorie
de manoeuvre, qui est la catégorie la moins bien payée. Des
employeurs ont contesté devant les tribunaux cette décision de
l'Office de la construction et cela fait trois ans que cela traîne.
Maintenant, le confrère, qui est vice- président du syndicat de
la construction de Montréal et arpenteur, pourrait peut-être
compléter ma réponse là-dessus.
M. Desroches (Gérard): Le problème se double du
fait que, à l'heure où je vous parle, la CSN représente
environ 85% des arpenteurs. Nous considérons que, lors de la
négociation entre la partie patronale et l'association
représentative majoritaire, nous avons été
discriminés parce qu'il n'y a rien qui a été
négocié pour l'occupation que je représente.
C'est-à-dire que, parce qu'en nombre trop petit à
l'intérieur du plus gros des locaux de l'association
représentative majoritaire, on a préféré s'attarder
à d'autres points très importants et laisser tomber ce plan,
d'autant plus qu'il y avait des poursuites. La question semblait assez complexe
et on préférait, à ce moment-là, probablement,
laisser trancher par les tribunaux. Or, comme vous avez pu le constater dans
les documents qu'on vous a distribués ce matin, la situation qui
sévit à l'heure actuelle est un fouillis incroyable. Il y a des
écarts de salaires sur les chantiers qui vont du simple au double, qui
vont parfois jusqu'à atteindre $200 par semaine pour le même
emploi, pour un employeur différent, avec les mêmes fonctions sur
le même chantier.
Le problème se double également du fait qu'il y a
différentes catégories d'employeurs. C'est-à-dire que, sur
certains chantiers, on peut également trouver un
ingénieur-conseil et un entrepreneur en construction. Or, le jugement du
commissaire de l'industrie de la construction est assez clair là-dessus.
Du moins son interprétation est celle-ci: Le salarié qui
travaille pour l'entrepreneur professionnel de l'industrie devait être
assujetti aux tarifs minimums de l'industrie, alors que l'autre ne l'est pas.
Cela cause une situation de discrimination pour les deux travailleurs
exerçant le même métier sur le même chantier. Encore
là, l'écart est très fort.
Il y a également un autre problème qui se juxtapose
à cela. C'est que le nombre d'arpenteurs, à cause de ces
facteurs, qui sont syndiqués et qui peuvent trouver du travail et qui
peuvent demeurer dans l'industrie est assez restreint à cause de la
très grande mobilité, à cause de l'absence de leurs
connaissances qui font qu'à un moment donné on tente d'engager de
la main-d'oeuvre à bon marché et par tous les moyens.
A cause aussi du fait qu'une bonne partie des employeurs, suite à
des recommandations de l'association patronale, dans un bulletin de
février 1976, recommande à ses membres de ne pas respecter
l'interprétation du commissaire de l'industrie de la construction et de
laisser le tout se régler au niveau judiciaire.
Or, si nous, à ce moment, nous faisons appel aux
mécanismes prévus dans la loi et nous portons plainte à
l'Office de la construction, en vertu de la loi, il s'est produit, dans la
plupart des cas de telles plaintes, des congédiements sur le champ du
personnel employé. Ce qui est également discriminatoire et porte
atteinte au droit au travail. A ce moment, le nombre de firmes qui gardent
à leur emploi des arpenteurs, en leur payant le tarif mi-
nimum prévu selon l'interprétation du commissaire Bernier,
est quand même assez restreint et le nombre d'arpenteurs qui peuvent
vivre et faire vivre leur famille de leur métier parce que cela
aussi est important se trouve restreint.
Donc, d'une part, il y a une mobilité au niveau de l'occupation
qui est encore plus élevée que pour celle des journaliers et qui
se traduit par une difficulté dans l'organisation pour regrouper les
arpenteurs pour leur respect éventuel, également. Nous, ce que
nous demandons à la commission et au ministre, c'est de mettre fin
à un fouillis, de rétablir les injustices et de faire respecter
et de traduire dans la loi le jugement du commissaire Bernier.
C'est-à-dire la reconnaissance de l'occupation, avec ses tâches
pour que les arpenteurs puissent effectuer leur travail, d'une part, et qu'ils
reçoivent le salaire minimum prévu par le décret pour les
journaliers et prévu, également, dans le jugement du commissaire
Bernier, au niveau des catégories. C'est tout ce que nous demandons.
M. Bourdon: J'aimerais ajouter, M. le Président, que le
sens d'un décret, tant dans la construction qu'ailleurs, est de faire en
sorte que les conditions de la concurrence entre les entreprises ne s'exercent
pas au détriment des travailleurs, quant aux salaires, et au profit des
entreprises qui paieraient moins que d'autres. Or, quand on se retrouve dans
une situation où l'ingénieur-conseil qui a un contrat paie ses
arpenteurs à un taux et qu'un employeur professionnel de la construction
paie un autre taux, inutile de dire que pour obtenir le contrat, l'employeur
professionnel de la construction est très évidemment
désavantagé.
On pense, nous, que cela n'est pas conforme à l'ordre public de
prévoir des mesures de ce genre qui sont la négation des fins
qu'on poursuit habituellement en mettant un décret en vigueur.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Sainte-Marie et ensuite celui de Brome-Missisquoi.
M. Bisaillon: Je vais donner ma place. C'était pour
arrêter le débat, allez-y.
M. Russell: C'est tout simplement une question que je voulais
poser à M. Bourdon. Est-ce qu'on parle de techniciens
d'équipement ou est-ce qu'on parle
d'arpenteurs-géomètres?
M. Bourdon: On parle d'arpenteurs et non
d'arpenteurs-géomètres parce que eux sont régis par une
corporation professionnelle, et c'est une autre question.
M. Russell: C'est la question que je me posais.
M. Bourdon: On parle d'arpenteurs tout court.
M. Russell: Qui peuvent être considérés comme
techniciens d'équipement.
M. Desroches: Si je peux me permettre de préciser, la
terminologie internationale utilisée est celle de topographe, d'aide
topographe et de chef topographe. Et la version jouai c'est "chaîneur",
que tout le monde connaît.
M. Bourdon: La loi 1 n'est pas encore adoptée.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai reçu le
mémoire que le groupe des arpenteurs a présenté. J'aurais,
évidemment, certaines questions. La seule chose que je voudrais savoir,
ayant jusqu'à six heures, c'est si on va aussi discuter du
problème des électriciens, parce qu'on en avait convenu
dès le départ. Je voudrais savoir, si on ne siège pas ce
soir, si c'est prévu pour lundi. Il n'y a pas de mandat de
l'Assemblée pour cela. A ce moment, je vais préférer, je
pense, retenir mes questions quitte à ce qu'éventuellement, on
puisse s'informer autrement, ou encore, convoquer la commission. Je vais
retenir mes questions en souhaitant qu'on puisse, ce soir, avant de partir
sinon le régler, au moins se mettre au courant du problème des
électriciens.
Le Président (M. Marcoux): Je remercie M. Bourdon.
J'inviterais, maintenant...
M. L'Heureux: On aurait une précision là-dessus, si
vous le permettez.
M. Bisaillon: Si vous avez des précisions à faire,
je vais avoir des questions à poser.
M. Dion: La commission nous a demandé d'être
là pour l'informer et je pense que c'est nécessaire de l'informer
du problème des chaîneurs dans l'industrie de la construction. Le
problème a été soumis au commissaire de la construction,
mais le commissaire de la construction ne rend pas un jugement au sens
judiciaire; il donne simplement une interprétation au sens de la Loi sur
des relations du travail dans l'industrie de la construction. Le
problème est actuellement devant les tribunaux. Demander actuellement
à la commission parlementaire d'inclure ou de régler le
problème des chaîneurs, c'est tout simplement prendre la place des
tribunaux et rendre une décision.
Pour nous, le problème des chaîneurs n'est pas une chose
qui, obligatoirement, doit faire partie de la convention collective. Si cela
avait été le cas, à ce moment-là, les parties
auraient réglé le problème. On a réglé les
choses qui doivent, selon les articles 28 et 30 de la loi, faire partie du
décret et de la convention collective. Ce problème ne nous
paraît pas couvert par l'industrie de la construction, du moins
jusqu'à ce que le tribunal en décide autrement.
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: ... je ne voudrais pas empêcher
qui que ce soit de s'exprimer sur ce problème-là. Comme
l'a dit le député de Sainte-Marie, si c'est nécessaire, on
cherchera une occasion d'en débattre. On a permis des commentaires
généraux qui nous permettent, éventuellement, de fouiller
des dossiers. Comme il n'y a pas d'ordre de la Chambre de revenir en commission
parlementaire pour continuer à travailler sur les problèmes qui
sont à l'ordre du jour, je souhaiterais qu'on passe tout de suite au
problème des électriciens.
M. Bourdon: Juste en trente secondes, si les tribunaux sont
saisis du problème des arpenteurs, c'est que l'ancien décret
n'était pas clair à ce sujet et que les décisions de
l'AECQ entre autres, ont été contestées. La
réalité, c'est qu'il y a des arpenteurs sur les chantiers et on
pense qu'il serait normal que le décret reflète cette
réalité. Pour le passé, cela ira jusqu'en Cour
suprême et cela suivra son cours, mais il y a un certain nombre de
travailleurs arpenteurs qui attendent depuis trois ans les décisions des
tribunaux. Dans le cas de Mirabel, je pense que c'est rendu au niveau de la
Cour suprême. Attendre la Cour suprême pour trancher des choses
quotidiennes je ne pense pas que ce soit sain. Je remercie la commission
d'avoir bien voulu nous entendre.
Le Président (M. Marcoux): Nous vous remercions
également. Sur le même sujet?
M. Dion: Non, une autre chose pour poursuivre nos travaux.
Le Président (M. Marcoux): Oui, une seconde. J'inviterais
à nouveau M. Dumoulin à s'approcher. La CSD a remis son rapport,
qui va être inclus au journal des Débats, mais elle ne viendra pas
témoigner. Son témoignage sera au journal des Débats.
M. Dion: Justement, sur le rapport de la CSD, ils nous ont soumis
un document, à l'heure actuelle, qui contient possiblement des
représentations. Le fait de le déposer au journal des
Débats sans le discuter prive la partie patronale de se prononcer.
Le Président (M. Marcoux): J'accepte volontiers votre
intervention sur ce rapport; puisque, par le rapport, ils font valoir leurs
opinions. Comme on l'a fait depuis le début, je crois que vous avez
parfaitement le droit d'exprimer votre opinion. Allez-y.
M. L'Heureux: A ce moment-là, il faudrait prendre
connaissance du rapport de la CSD. J'imagine que, s'il est déposé
au journal des Débats, il faudrait que quelqu'un nous le lise.
Le Président (M. Marcoux): On l'a fait distribuer ce
matin.
M. L'Heureux: Bien...
Le Président (M. Marcoux): Une chose est claire, on l'a
fait distribuer ce matin, précisément pour que les gens puissent
en prendre connaissance. Si vos commentaires ne sont pas prêts sur le
sujet, vous pourrez les faire parvenir, par-d'autres voies, aux personnes
concernées et on va passer immédiatement aux autres articles
qu'on veut examiner. Quel est votre choix?
M. Dion: Est-ce que vous allez nous permettre, si vous poursuivez
sur d'autres choses, au moment où on sera prêt à faire une
intervention sur le document de la CSD, de le faire?
Le Président (M. Marcoux): D'accord. J'inviterais
maintenant les parties à nous donner leur point de vue sur les deux
sujets suivants: la question de la sous-annexe A de l'annexe B, notamment la
définition du monteur d'acier de structure, et sur la question de
remboursement des frais de déplacement aux électriciens, ainsi
que le paiement d'une prime aux électriciens pour des travaux sur des
structures d'acier ou de béton en cas d'intempéries.
M. Dumoulin: M. le Président, si vous n'avez pas
d'objection, on va commencer par la deuxième, concernant les primes des
électriciens que vous avez mentionnées...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous
considérez que le point 1 est...
M. Dumoulin: Non, non, on vous fournira l'explication
après concernant le point 1. D'accord?
Le Président (M. Marcoux): Oui, d'accord.
M. Dumoulin: On aimerait mieux commencer par le point 2.
Le Président (M. Marcoux): Cela va.
M. Dumoulin: Et je vais passer la parole à Me Decary.
M. Décary: II resterait un autre sujet, je pense avoir
informé la commission et aussi l'Union des opérateurs.
Le Président (M. Marcoux): On va commencer par le sujet
des électriciens, ensuite on reviendra au 1, et on verra par la
suite.
M. Dion: M. le Président, on ne cherche pas à
enfarger la commission du tout, mais si on vient bien de comprendre, la FTQ dit
qu'elle va nous fournir les explications sur le point 1. De façon
à ce qu'on soit prêt, est-ce qu'il y a moyen de nous dire ce que
c'est l'état de la question juste en quelques mots, de façon
à ce qu'on puisse être prêt pour répondre
tantôt. On va avoir le même problème avec cela,
tantôt. Là on ne sait pas ce que c'est. Cela a l'air d'une
question de définition, c'est quoi?
M. Dumoulin: On va fournir la réponse, je peux donner les
explications, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux: On offre...
M. Dumoulin: L'explication, c'est concernant le temps
supplémentaire impliquant les monteurs d'acier de structure. Au niveau
du décret, les monteurs d'acier de structure avaient une exception sur
le temps supplémentaire pour le samedi qui était
rémunéré à temps double. Par contre, lorsque le
temps supplémentaire a été réduit de trois heures
à deux heures, on a omis d'introduire la clause des monteurs d'acier de
structure qui leur donnait cette exception. On a des décrets qu'on vous
montrera, pour vous démontrer que c'est ce qui existait avant. Donc,
c'est ce dont on veut parler concernant les monteurs d'acier de structure.
M. Dion: Donc ce n'est pas une définition de
métier.
M. Dumoulin: Non.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, je vous demanderais qu'on
procède sur la question des électriciens.
Le Président (M. Marcoux): Sur la question des
électriciens, M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Je pense que sur la question des
électriciens, on va laisser les électriciens nous exposer leur
demande, et après cela on va vous donner notre petite histoire.
Le Président (M. Marcoux): Me Décary.
M. Décary: Les 15, 16, 17, 18 et 19 octobre 1976, pour
l'association patronale, se retrouvaient M. Réal L'Heureux et Michel
Dion. Pour l'association syndicale, il y avait Guy Dumoulin, moi-même,
Jean Lavallée, Léonard Whittom et d'autres électriciens.
Il y avait également M. Gilles Laporte et Me Michel Robert. On s'est
retrouvé à l'hôtel Hilton ici à Québec. Un
mot sur le contexte.
Il y a une grève qui, dans certains secteurs, avait
débuté le 16 août. Dans l'ensemble des secteurs, elle avait
débuté au début du mois de septembre. Il y avait donc six
à huit semaines de grève déjà amorcée. Nous
étions dans la période postolympique. Il y avait, à ce
moment-là, une diminution de l'activité économique dans
l'industrie de la construction. Entre autres, là-dessus, M. L'Heureux le
soulignait et ajoutait: Dans l'industrie de la construction, il y a un
marché captif, et ce qui ne peut pas être fait
immédiatement pourrait être fait à un autre moment.
La grève, à ce moment-là, était encore
calme, mais il y avait un "dead-lock" sérieux dans les
négociations. Dans la nuit, dans la dernière nuit, en
commençant le 18 octobre jusqu'au 19 octobre au matin, il y a eu des
négociations non interrompues. Je dois dire que les négociations
se sont poursuivies du 15 au 19, presque sans interruption. On avait quelques
périodes de repos seule- ment, mais on fonctionnait à une cadence
d'à peu près 24 heures par jour. On a discuté à ce
moment-là de trois clauses des électriciens. On a discuté
d'un grand nombre de clauses, mais j'attire votre attention sur trois clauses
des électriciens.
La première c'est la clause 20.03 du texte de la demande des
électriciens, que j'ai devant moi et que nous produirons. Ce document a
déjà été remis au ministre. Ce texte est une prime
de "show up time", c'est une clause identique à celle des plombiers.
Cette clause, je tiens à le souligner, vous verrez pourquoi
tantôt, nous avait été consentie, mais pas en notre
présence, par l'intermédiaire de M. Laporte.
Il y avait deux autres clauses, une de frais de déplacements et
une clause de prime d'intempéries.
Quant à la clause de frais de déplacements, il est 4
heures du matin, le 19 octobre, MM. L'Heureux et Dion s'amènent dans la
chambre, font un résumé de ce qu'ils nous avaient donné,
ce qu'ils avaient donné aux électriciens à ce moment et
nous demandent ce qu'il restait.
Les électriciens ont dit: On veut le temps double et la clause de
frais de déplacements. A un moment donné, Michel Dion je
suis assis à la même table, mais en arrière
s'approche de moi et me demande: Laquelle des deux clauses veulent-ils? Je lui
ai dit fondamentalement: Choisissez.
Immédiatement après, M. Dion est allé dans l'autre
salle discuter avec M. Dumoulin. M. Dumoulin vous dira le contenu de la
conversation je vous en fais le résumé laquelle des
deux clauses fondamentalement. Par la suite, ils sont montés à
leur chambre et M. Laporte nous a informés dans un premier temps que
cette clause nous avait été consentie.
Je poursuis sur cette clause: Le lendemain matin, vers 7 heures, Michel
Robert, moi-même, entre autres, Gilles Laporte, je pense, et Michel Dion.
Devant nous réunis, Michel Dion a confirmé, entre autres en ma
présence, et j'en suis absolument certain, que la clause concernant les
frais de déplacements nous avait bel et bien été
accordée.
Il y a une troisième clause. Cette troisième clause c'est
la prime d'intempéries. Quant à la prime d'intempéries,
j'ai eu des discussions entre les parties, via M. Laporte. A un moment
donné j'ai moi-même, au texte des électriciens,
l'écriture est là, fait une correction: En cas
d'intempéries seulement.
Après des discussions, nous avons été
informés que cette clause nous avait également été
donnée. Là-dessus, j'aimerais mieux laisser tout à l'heure
Jean Lavallée situer exactement le débat. Personnellement
j'affirme que la clause de frais de déplacements nous a
été donnée. J'en ai l'assurance. Je le sais. M. Dion me
l'a dit et les circonstances, je vous les ai relatées.
Quant à la première clause dont j'ai fait état tout
à l'heure, la clause de "show up time" des plombiers vous avez
remarqué qu'elle n'est pas là et je vais vous dire dans un
instant pourquoi nous a été communiquée via M.
Laporte, et
la troisième clause, M. Lavallée va vous situer exactement
le débat.
C'est le 19 au matin. Le matin même on avait une
secrétaire. J'ai fait dactylographier un texte. Je l'ai ici et je vais
le produire. Le soir je me rends au conseil provincial à
l'assemblée de l'exécutif. Je leur ai soumis ce qui avait
été donné pour l'ensemble des métiers, pas pour les
électriciens. Le lendemain matin il y a une assemblée de
l'ensemble des affiliés du conseil provincial et je faisais rapport
personnellement. Pendant que j'étais au téléphone j'ai
reçu un appel téléphonique de Me Michel Robert. Il me dit
dans cette conversation: J'ai reçu un appel téléphonique
de M. Jean-Pierre Langlois me disant qu'il y avait trois erreurs.
Une de ces erreurs était qu'ils avaient noté que dans mon
texte j'avais inclus la prime de "show up time", la prime de plombiers. Michel
Robert m'a indiqué à ce moment que cette prime ne devrait pas
être là, il y avait eu erreur. J'ai avisé
immédiatement les affiliés des trois changements. On pourrait
discuter des deux autres, mais je ne crois pas que ce soit pertinent. Entre
autres, j'ai informé M. Lavallée de cette modification. Il l'a
alors enlevé de son texte. C'est moi qui l'avais préparé
ce texte.
Après avoir communiqué cette information à
l'ensemble des affiliés, il y a eu des votes qui se sont tenus dans
l'ensemble des sections des affiliés, entre autres chez les
électricients. Dans le texte des électriciens, restaient les deux
clauses qui sont là, les clauses d'intempéries, telles que je les
ai rédigées, et la clause de frais de déplacements.
Evidemment, à ce moment-là, on n'avait pas signé un
document. Je tiens à vous souligner que si la responsabilité
incombe à quelqu'un, je veux seulement vous le souligner, c'est à
moi. C'est moi qui l'ai demandé, je tiens à le souligner pour
qu'on dégage tout le monde. Nous étions dans un climat
extrêmement difficile, j'étais loin d'être convaincu que
l'ensemble des affiliés accepterait cette proposition, je voulais donc
être prudent.
J'ai dit: On va aller devant l'assemblée des membres les informer
et voir leurs réactions avant d'avoir, quant à nous, un
engagement. On n'a pas signé de document parce qu'on voulait arriver
devant notre assemblée les mains libres. En fait, c'était
seulement cela, je dois vous dire qu'à ce moment-là, il y avait
des pressions particulières. Je n'insiste pas.
Il nous restait donc à procéder à la
rédaction d'un texte. Les 4 et 5 novembre 1976, nous nous sommes
rencontrés au bureau de Pierre-N. Du-fresne. La partie patronale nous a
fait part d'un texte. Dans ce texte que j'ai avec moi, on retrouve, à
l'article 36, le texte de la clause de frais de déplacements. Dans ce
texte, on ne retrouve pas la prime d'intempéries. Toutefois, la clause
du texte de frais de déplacements a été modifiée
par l'addition d'un paragraphe. Le texte parle par lui-même, il y a donc
un paragraphe d'ajouté.
Il y a mésentente évidemment. Sur ces entrefaites, le 1er
novembre, la corporation des maîtres électriciens envoyait un avis
à ses affiliés de Québec par lequel elle les convoquait
à une assemblée le 8 novembre, qui devait se tenir à
l'hôtel Loews Le Concorde au salon Suzor, à Québec. Au bas
de cette lettre, on a un post-criptum. Entre autres, l'entente stipule le
versement d'une indemnité d'une heure de salaire par jour à tout
salarié affecté à un travail électrique dans
certains chantiers, raffineries d'huile, cimenteries, métallurgie,
sidérurgie, produits chimiques et papeteries, et cela, pour les
régions de la province.
L'assemblée a eu lieu le 8 et nous sommes informés de
bonne source on pourra le vérifier que cela a
été adopté à la majorité des membres. Il y a
cette mésentente qui dure. On a donc été convoqué
le 17 novembre au bureau de Michel Robert et les 18 et 19 novembre, au bureau
du sous-ministre du Travail. Michel Robert est demeuré avec nous jusque
vers 11 heures ou peut-être un peu avant, mais les discussions ont
continué jusqu'à quatre heures du matin. Il y avait, à ce
moment-là, Michel Dion et M. Langlois.
Pour la clause des frais de déplacements des électriciens,
après discussion avec eux, j'ai personnellement ajouté un
deuxième paragraphe au texte qui pourrait faire l'objet d'une entente.
L'original est ici. Donc, nous avons consenti à modifier notre
première entente pour y ajouter l'exception suivante: Des travaux dont
la durée n'excède pas trois heures, effectués à la
suite d'appels d'entretien et de réparation, les "service calls", ne
sont pas couverts par la présente clause.
Nous avons donc accordé une exception à la suite des
représentations. Ce qui m'avait été dit, à ce
moment, par M. Dion, c'est qu'on a soumis la clause à nos membres. Ce
qu'ils nous disent, c'est qu'effectivement il y a des gens qui vont être
appelés à aller sur ces chantiers importants seulement pour des
"service calls", des appels de service qui dureront moins de trois heures, une
heure, deux heures.
Il n'y a pas lieu pour les gens qui sont appelés à faire
des "service calls" d'être tenus de payer des frais de
déplacements en plus. Nous avons consenti à faire cette
exception.
Il y avait aussi la clause des frais de déplacements. Ce que M.
Dion nous a dit, c'est que cette clause a également été
soumise à ses membres. Il y avait une réaction. Il y avait le
problème des autoroutes, des maisons unifamiliales. A ce moment, nous
avons à la clause "prime d'intempéries" apporté des
exceptions qui sont dans mon texte ici.
A la suite de cette rencontre, tôt le matin, enfin vers 4 h 30 ou
5 heures, le conseil provincial, par Me Guy Dumoulin, a signé un texte
que j'ai également. Dans ce texte, il y a les deux clauses des
électriciens. La partie patronale s'était engagée à
ce moment à le soumettre, suivant le texte, à ses mandants.
Le premier de ces organismes auxquels a été soumis ce
texte, c'est le conseil d'administration de l'AECQ. Le conseil d'administration
de l'AECQ s'est penché sur la proposition des électriciens et a
dit non à la clause d'intempéries, oui à la clause des
frais de déplacements, mais en y ajoutant un troisième
paragraphe.
Ce texte de la résolution du conseil d'adminis-
tration était accompagné d'une lettre de M. L'Heureux, qui
est également produite. Cette lettre disait substantiellement: Si vous
ne consentez pas à signer une convention collective telle que
modifiée, à ce moment on ne présentera pas devant nos
membres en assemblée votre projet de convention collective.
Nous avons sollicité et obtenu une injonction les forçant
à présenter à leurs membres le projet syndical. A cette
assemblée, je suis informéje vais être prudent; cette
fois-ci, c'est à vérifier qu'on a procédé
non pas à un vote sur le projet de convention collective, mais à
deux votes. On a pris le projet de convention collective en y enlevant une
clause des électriciens, la clause de frais de déplacement. Un
premier vote est pris sur l'ensemble de la convention collective et un
deuxième vote sur la ou les clauses des électriciens. Là
encore, je ne suis pas certain de la façon dont on a
procédé pour le vote, à savoir s'il y avait une des
clauses des électriciens ou les deux.
M. L'Heureux: Je vais l'expliquer ici.
M. Décary: Très bien, je vous remercie. On a donc
approuvé l'ensemble de la convention collective, me dit-on, et
refusé la clause des électriciens.
Par la suite, le 3 décembre les assemblées se
tenaient le 30 novembre et le 1er décembre l'AECQ rend publique
sa position. Le conseil provincial y est confronté. A ce moment, il y a
un conflit qui porte uniquement sur les clauses des électriciens. Ce que
j'ai demandé aux électriciens était ceci: d'adresser au
conseil provincial une lettre lui disant le texte de la lettre est
là: La grève n'est pas pour continuer juste pour les
électriciens. Pour vous tirer de l'impasse, pour que vous signiez la
convention, pour accorder à tous les autres travailleurs les avantages
de cette convention, signez, mais enregistrez votre dissidence.
Deuxièmement, on vous demande par résolution de demander
une commission parlementaire pour que toute la lumière soit faite sur
les faits de ce règlement du 15 ou 19 octobre.
Le conseil provincial, le soir, lors de la signature, a
enregistré sa dissidence devant Me Michel Robert. Quelques jours
après, le conseil a signifié au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre une demande pour une commission parlementaire pour faire la
lumière sur ces faits.
Je serais tenté de vous donner des arguments, mais, pour le
moment, je vais me limiter, étant donné l'heure, à cet
exposé des faits. Je vous demanderais d'entendre M. Jean Lavallée
sur certains détails et M. Guy Dumoulin, parce que nous étions
tous trois là.
M. Dumoulin: M. le Président, les événements
d'octobre 1976 que j'avais mentionnés au début, on est en train
d'en discuter.
Je ne répéterai pas totalement ce que Me Décary a
mentionné, je voulais simplement essayer d'éclairer les
députés sur ce qui s'est produit. On a fait mention tantôt
que j'ai rencontré personnellement Me Dion pour discuter des clauses des
électriciens. Il y avait deux clauses, entre autres, et on m'a
demandé de choisir entre les deux. La réponse que je lui ai
faite: II n'est pas question de choix, cela prend les deux clauses.
On m'a mentionné qu'on était certainement dans
l'impossibilité d'obtenir les deux clauses. J'ai dit: Si on a à
choisir, je vais te dire quelque chose, on va prendre la clause de "travelling
time", l'heure de "travelling" dans la province de Québec et,
après, on discutera de l'autre. Il a dit: D'accord, c'est parfait, je
m'en vais avec cela. C'est ce qui est intervenu entre moi et Me Dion dans la
fameuse salle où nous étions seuls, et cette clause m'a
été accordée.
Pendant la négociation, ce qu'on a oublié de dire, pendant
cette nuit, c'est que c'était conditionnel à toutes les clauses
qu'on vient de discuter et tous les autres problèmes qu'on a
réglés. On nous a mentionné très clairement que
c'était conditionnel à un retour au travail et une recommandation
d'acceptation de votre part, sinon rien ne va plus. Nous avons donc
accepté de prendre ces recommandations et de les soumettre à nos
locaux affiliés dans le but de les faire accepter.
Là, je retourne au 19 novembre, parce qu'on a eu la
période qui vous a été expliquée tantôt, d'un
malentendu, d'appels téléphoniques, de retirer une et de retirer
l'autre. Le 19 novembre, j'ai signé moi-même un document comme
témoin, protocole d'entente, et je tiens à le lire, par contre,
parce que, depuis le début, on dit que j'ai signé un document. On
va le lire, le document, et j'espère qu'on va le comprendre. On dit: Les
représentants dûment mandatés de l'AECQ s'engagent à
soumettre à leurs mandataires pour acceptation ou rejet la
présente convention collective signée par le Conseil provincial
du Québec des métiers de la construction. Deuxième
paragraphe: II est entendu que toute modification au projet de convention
collective ou à l'une de ses parties rendra nul et sera de
nullité absolue l'accord donné par le Conseil provincial des
métiers de la construction. On croyait qu'on négociait avec des
gens honnêtes, et c'est avec malhonnêteté qu'on nous a
forcés à retourner nos gens au travail en nous disant qu'on avait
accordé des clauses et qu'on les a soutirées par après par
toutes sortes de tripotages. Cela a été signé par Me Dion
vous avez d'ailleurs ce document dans le dossier qu'on vous a remis
contresigné par M. Langlois, et signé, comme
témoin, par moi-même et le représentant du ministre qui
était présent.
Lorsqu'on a signé ce document, je tiens à mentionner
ce qui n'a pas été fait tantôt que chaque
fois qu'on avançait d'un pas on nous disait: II faut que j'aille
chercher un mandat. Le mandat était assez loin à aller chercher
parce qu'on téléphonait à Miami, en Floride, à 2
heures ou 3 heures de la nuit et c'étaient des conversations qui
duraient quand même assez longtemps pour discuter avec
semblait-il, ce n'était pas moi qui étais au
téléphone M. L'Heureux et d'autres personnes. Ce
n'était pas moi qui étais au téléphone, mais je
vous dis qu'il y a eu des conversations téléphoniques durant
cette nuit avec M. l'Heureux à Miami.
Donc, ce qui s'est produit par après, c'est que
cela a été signé, et le mécanisme qui s'est
produit pour le faire présenter aux fameux membres de l'association nous
a forcés à faire ce que Me Décary vient de dire,
élever une injonction et ainsi de suite. Par après, à la
fin du mois de novembre, personnellement, je suis parti en vacances, croyant
que je les avais méritées, après avoir passé une
année assez difficile. Après sont survenus les autres
événements et ainsi de suite. Donc, je n'étais pas
présent dans le temps. C'est ce qui s'est produit à mon
égard concernant les clauses des électriciens.
Donc, quand j'ai mentionné trois clauses au début, il y en
avait trois d'accordées, on s'en est fait ôter une lorsqu'on l'a
présentée à l'assemblée générale de
nos affiliés et, en plus de cela, les autres événements
sont survenus et tout a disparu de là. C'est ce que j'avais à
dire, et je ne crois pas que j'aie autre chose à ajouter pour le moment,
à moins que vous ayez des questions à me poser tantôt.
M. Jean Lavallée continuera pour plus amples informations.
M. Lavallée: M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de cette commission, depuis le début des travaux de cette
commission, on n'est pas venu ici pour négocier, on est venu ici tout
simplement pour faire ressortir la vérité concernant les
négociations qui ont eu lieu entre la Fraternité des
électriciens et l'AECQ.
Comme Michel Décary vous le mentionnait, tout à l'heure,
durant la nuit, la dernière nuit, je pense que c'est le 19 octobre, on a
toujours travaillé à même un texte présenté
à la partie patronale par les électriciens. Ce texte, Me
Décary l'a, probablement que la partie patronale doit l'avoir aussi
parce qu'on a remis des copies à la partie patronale. Il y a plusieurs
clauses qui nous ont été consenties telles que la prime
d'intempéries; d'autres primes pour les magasiniers, qui apparaissent au
décret, et plusieurs lettres d'entente.
Il y a eu de longues discussions concernant l'industrie lourde.
Même dans l'industrie lourde, j'ai le texte ici, on avait demandé
une prime, prime qui n'apparaît pas au décret. On avait
demandé cette prime provincialement, elle nous avait été
accordée. Je ne peux pas relater tous les faits que Me Décary et
Guy Dumoulin ont mentionnés. De plus, on avait demandé
d'additionner à cela les montages d'automobiles; on avait demandé
les fabrications, les transformations de verres; raffineries de sucre,
carrières de pierres, mines et exploitations minières et les
exploitations de caoutchouc. A ce moment, la partie patronale a dit: On
n'embarquera pas ces sections, ces nouvelles industries, on va vous limiter aux
autres industries qui sont les raffineries d'huile, usines de produits
chimiques, métallurgiques, sidérurgies, papeteries et
cimenteries.
On avait enlevé les montages d'automobiles et les autres. Donc,
vers cinq heures, le matin, M. Dion, M. L'Heureux il devait être
quatre heures parce qu'il y a eu tellement d'événements qui se
sont passés durant ces nuits sont venus discuter avec nous
autres. A ce moment, Me Décary était présent. Il y avait
des représentants du ministère, M. Guy Dumoulin, ainsi que
Léonard Whitton, représentant la fraternité. Lui m'a dit:
Qu'est-ce que cela prend pour régler? On vous a donné la prime
d'intempéries; on vous a donné le magasinier; on vous a
donné le compagnon junior; on vous a donné telle et telle
clause.
On a dit: Cela nous prend deux clauses pour régler. Cela nous
prend l'industrie lourde, provincialement, et cela nous prend aussi le temps
double partout sur le territoire du Québec. A ce moment, la partie
patronale s'est retirée dans ses appartements qu'elle avait au Hilton et
nous autres, on a attendu. Suite à cela, un appel
téléphonique a eu lieu avec le représentant du
ministère. Les représentants du ministère se sont
absentés et sont revenus nous voir par la suite et ont dit, à ce
moment: Ecoutez, il y a une clause qu'ils vous donnent. On en avait
demandé deux, le temps double et l'industrie lourde. On nous a dit: Le
temps double on ne vous le donne pas, mais on vous accorde l'industrie
lourde.
Donc, on a pris la décision, à ce moment, c'est correct,
mais c'était conditionnel à ce qu'on recommande le retour au
travail et qu'on pro.cède. Ce qui fut fait. Suite à cela, on
s'est rencontrés, tout le monde était heureux, on se donnait la
main. C'est la première fois qu'il y a une entente dans la construction.
C'est tout beau. On est parti avec cela. On est descendu à
Montréal. J'ai convoqué une assemblée au Centre
Paul-Sauvé. Les journalistes étaient présents. Il n'y en
avait pas seulement un, la télévision était là, il
y avait un paquet de monde. Il y a eu tout près de 50 à 58
assemblées à travers le Québec. Les gens, les membres de
la fraternité ont voté sur ces conditions.
C'est là qu'est arrivé, le lendemain, ce que Me
Décary vous dit: J'ai eu un appel téléphonique venant de
Me Robert, je pense, disant que la prime de "show up time" n'était pas
là. Mais j'ai dit: S'il n'y a que cela, enlevons-la. Laissons faire
cela, on n'ira pas risquer de créer des problèmes pour rien.
Lorsqu'à eu lieu l'assemblée des membres de la fraternité,
je n'ai pas présenté cette prime. J'ai dit aux membres qu'on nous
avait dit qu'elle n'était plus là. Mais j'ai
présenté toutes les autres demandes et il y a eu un vote secret
tenu conformément à la loi. Au moment du retour au travail, je
pense que le chiffre de Montréal était de 1200 votes. Il y en
avait 900 pour, 300 contre, quelque chose comme cela.
Donc, lorsque vient le temps de la rédaction, encore une fois, on
nous dit: Ce n'est pas cela que voulaient dire les textes. Ah! On ne se
comprend pas, comme on l'a expliqué tout à l'heure. Eh bien! le
charmant 19 novembre, donc vous avez le texte avec le protocole d'entente, il y
a plusieurs discussions qui se font.
Je sais que l'assemblée a été convoquée par
la corporation des maîtres-électriciens et à cette
même assemblée on accepte la clause d'heures dans l'industrie
lourde, provincialement, mais par contre les commentaires qui sont
apportés à cette assemblée sont les suivants: Est-ce que
lorsqu'on aura à faire un appel de service à la Golden Eagle, on
va être obligé de payer deux heures? Donc,
lorsque vient la discussion au ministère du Travail dans la nuit
du 19 novembre, je dis à Me Décary: Ce n'est pas cela du tout. On
ne veut pas couvrir les appels de service. Justement pour rendre logique cette
clause qu'on a depuis des années dans la région
métropolitaine parce que, à chaque fois qu'il y a un chantier de
cette envergure qui part dans le Québec, on a des problèmes parce
qu'ils veulent la même prime que les autres à Montréal.
Vous avez le chantier de la Dow Chemical à Varennes, qui est
située à près de deux milles de la SIDBEC-DOSCO. On va
à côté, les travailleurs ont une condition là, sur
l'autre chantier ils ne l'ont pas, et ce sont les mêmes gars.
Donc suite à cela, Me Décary inscrit c'est dans le
document et c'est à la main qu'on change le texte, qu'on est
d'accord pour inscrire "à l'exception des appels de service"... Vient
maintenant la prime d'intempéries. Dans la nuit, lorsque j'ai
discuté de la prime d'intempéries avec M. L'Heureux, j'expliquais
dans quelles conditions on voulait parler de la clause d'intempéries.
J'ai donné comme exemple les convoyeurs qui partent du Green Ball
à Sept-lles, qui descendent la rampe de chargement pour les bateaux, qui
a deux milles de longueur. Il y a des compagnies qui doivent travailler
uniquement à l'extérieur. Donc j'ai donné des cas
semblables. Ce n'est pas pour forcer les gars à travailler dans des
conditions d'intempérie mais souvent, les compagnies nous
disaient: Ecoutez, il ne fait pas beau et on voudrait faire travailler les
gars. Les gars, à ce moment-là, on dirait que quand ils avaient
un peu plus, cela ne leur faisait rien de travailler par intempérie. On
voulait tout simplement rendre légal ce qu'on obtient déjà
dans plusieurs circonstances. La compagnie disait: Ecoute, il ne fait pas beau
aujourd'hui, mais si tu es prêt à aller dehors, on va te payer une
heure de plus par jour ou quoi que ce soit, ou $1 l'heure. C'est dans ces
circonstances que j'ai discuté de la prime d'intempéries. Donc,
lorsque est arrivé le temps de la rédaction, encore une fois, le
19 novembre, au ministère, j'ai dit: Ce n'était pas mon intention
de l'appliquer provincialement. C'est là qu'on a encore mis l'exclusion
parce qu'on nous disait: Oui, mais que va-t-il arriver quand on va installer
l'électricité sur les autoroutes. C'est du ciment. J'ai dit: Ce
n'est pas cela que je veux couvrir. Je voulais expliquer dans quel contexte.
C'était uniquement dans le contexte de pipe-rack ou de convoyeurs, dans
des situations semblables. C'est là qu'on a mis l'exclusion encore une
fois. On a dit que cette prime va s'appliquer en cas d'intempéries
seulement dans des conditions définies au chantier de 1801-3 qui,
aujourd'hui, dans le décret, sont 1701-3, qui est l'industrie lourde,
pour justement régler, une fois pour toutes, ce conflit. Et de
là, ensuite, je vous avais décrit les événements,
et, à un certain moment le 3 décembre est arrivé, et ne
voulant pas priver tous les travailleurs de la construction de leur
augmentation de salaire, par rapport à certaines déclarations de
M. L'Heureux qui avait dit à ce moment-là: Ecoutez, ce n'est pas
pour 3000 électriciens qu'on va mettre en otage les autres travailleurs
de la construction...
Et de là suivent les autres événements. A savoir
qu'à ce moment le conseil a signé l'entente mais par contre on a
enregistré la dissidence et le tout fut fait en présence des
représentants du ministère ainsi que de notre procureur qui, au
moment de la signature, a enregistré la dissidence. Et de là,
vous avez par la suite les autres événements.
Je vous remercie donc de m'avoir entendu, et j'espère que les
explications que j'ai données vont pouvoir éclairer cette
commission. On ne veut absolument rien de plus que ce qui nous a
été donné. Je suis honnête quand je dis cela. Je ne
suis pas malhonnête. Je représente 10 000 électriciens au
Québec et ce n'est pas vrai que j'aurais recommandé à 10
000 membres des conditions qui ne m'avaient pas été
données. A l'avenir, j'ai l'intention que cela continue bien, les
électriciens, mais de subir une injustice semblable, je ne sais pas si
les membres vont le prendre. Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai une petite précision à demander
à M. Lavallée avant que M. L'Heureux intervienne. Les
assemblées que vous avez tenues sur l'acceptation et le retour au
travail, de quelle date à quelle date se sont-elles tenues?
M. Lavallée: Je pourrais peut-être vous fournir
toutes les dates et les lieux des assemblées...
M. Bisaillon: En gros.
M. Lavallée: Après le 19 octobre, le 20 ou le 21
octobre, je pense. Immédiatement après.
M. Bisaillon: Vous avez commencé les assemblées le
21 octobre?
M. Lavallée: Oui.
M. Bisaillon: Jusqu'à quelle date à peu
près? Votre dernière assemblée s'est tenue à quelle
date?
M. Lavallée: Du 20 au 24, me dit-on. Mais je pourrais vous
fournir les dates exactes de toutes les assemblées.
M. Bisaillon: De toute façon, vous m'assurez que c'est au
mois d'octobre.
M. Lavallée: Oui, après l'entente.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: M. le Président, j'aimerais simplement
savoir si on va ajourner à 6 heures ou si on va avoir le temps de finir
notre explication. Ce sont toutes des choses cohérentes et qui se
tiennent. Si on a le privilège de prolonger le débat, à ce
moment-là, j'aimerais faire mon exposé.
M. Couture: J'aimerais savoir, d'abord, de M. L'Heureux de
combien de temps il aurait besoin.
M. L'Heureux: A peu près le même temps que la partie
syndicale a pris.
M. Couture: J'en prends note. Je dois quand même dire
à la commission parlementaire que ce n'est pas possible de prolonger ce
soir. On avisera, on s'organisera pour trouver, durant la semaine prochaine, du
temps pour continuer. Avant de vous convoquer, avec vous autres, on fixera le
cadre de temps possible et accepté d'avance pour une reconvocation de la
commission parlementaire.
M. L'Heureux: Si vous voulez savoir tout de suite le temps que
cela nous prendra pour faire notre exposé, ce serait à peu
près trois quarts d'heure, comme cela a pris pour la partie syndicale. A
partir de là, le débat prendra le temps que vous jugerez bon.
M. Couture: D'accord. On ajournera à six heures et on vous
avisera.
M. L'Heureux: Voulez-vous que je commence? C'est mon idée.
Si je commence, je devrai recommencer au prochain voyage.
M. Couture: On peut bien ajourner.
M. Pagé: M. le Président, nous offrons notre
collaboration. Nous aurions été disposés à
siéger jusqu'à 7 heures pour que la commission se termine ce
soir. Cela aurait pu être le voeu formulé par tout le monde. Je
comprends que le ministre est dans l'impossibilité d'y acquiescer. Dans
les circonstances, je serais enclin à proposer qu'on ajourne tout de
suite et qu'on reprenne la semaine prochaine avec l'audition de l'AECQ. Par la
suite, on aura davantage de temps pour formuler des commentaires à la
fin des travaux, plutôt que de le faire d'une façon pressée
et avec des délais très limités.
M. Couture: Si les membres de la commission parlementaire
acceptent cette reconvocation, on pourrait, d'avance, avec les parties
s'entendre sur un temps fixe. Je dois vous dire que nous sommes
particulièrement chargés et débordés la semaine
prochaine. En communiquant avec chacun d'entre vous, on pourra fixer un temps
limite pour cette question et ce sera la période qu'on prendra pour
reconvoquer la commission parlementaire.
M. L'Heureux: Si vous voulez accélérer davantage,
on pourrait le fixer dès maintenant, M. Couture. Le temps qui vous
convient.
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'il serait plus
normal qu'il soit fixé après l'ajournement de nos
débats.
M. Dumoulin: On mentionne qu'on veut fixer un délai pour
discuter des clauses des électriciens dont on vient de parler, mais il
ne faudrait pas oublier non plus qu'il y a autre chose. Entre autres, on a
parlé des opérateurs, tantôt; il y avait quelque chose
à vous expliquer. Il y a aussi les monteurs d'acier de structure. Je
vous ai fait un petit exposé concernant les monteurs d'acier de
structure, mais il y a, de plus, des clauses de droits acquis qu'on avait,
à l'intérieur des décrets, dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean
et à Sherbrooke lors du décès de la parenté des
employés. Il y a ces clauses qu'on veut aussi discuter.
M. Couture: M. Dumoulin, je dois vous dire qu'on est lié
et encadré par le mandat qui est sur la table du président. C'est
dans ce cadre qu'on peut continuer la commission.
M. Dumoulin: Je crois qu'on est dans le mandat, parce que c'est
dans les objections qu'on vous a formulées.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Quant à moi, je comprenais qu'au moment
où on décidait de fixer une période, disons de deux heures
ou de trois heures la semaine prochaine, pour entendre les parties, il
était évident que c'était pour couvrir les trois points
qu'on devait couvrir, jusqu'à six heures ce soir. C'est comme cela qu'il
faudrait le percevoir. Par ailleurs, l'ordre, bien sûr, va venir de
l'Assemblée nationale, mais selon les voeux exprimés par le
ministre.
M. Couture: D'accord, si tout le monde s'entend pour qu'on couvre
ces trois points.
M. Pagé: Je voudrais être bien certain de ce dont on
parle. Je serais favorable à ce que la semaine prochaine ou reprenne nos
travaux. Je suis d'accord qu'on a un horaire chargé, je suis d'accord
que le ministre a des responsabilités, etc., mais je formule le voeu
qu'on prenne tout le temps qu'il faut pour regarder les questions dont on vient
de faire état depuis quatre heures et aussi les autres questions. Par la
suite, j'espère qu'on aura du temps pour faire des commentaires,
à la fin des travaux de la commission.
M. Couture: II n'est pas exclu qu'il y ait d'autres commissions
parlementaires. Je pense qu'on ne pourra pas tout vider, mais on s'était
déjà entendu ce matin je veux quand même
spécifier l'esprit dans lequel on prolongerait la commission
parlementaire qu'on essaierait, avec toute la meilleure volonté,
de ne pas dépasser 6 heures. Je pense que c'était dans l'esprit
de tout le monde. On réalise, à cette heure-ci, que ce n'est pas
possible. Si on fait une prolongation, c'est une prolongation qui, à mon
avis, ne devrait pas tellement dépasser trois heures, parce que c'est
l'esprit de ce qu'on avait déjà discuté.
M. Pagé: C'est cela, de dix heures à une heure, un
matin de la semaine prochaine.
M. Couture: Vous êtes d'accord?
M. Pagé: Je suis d'accord avec cela.
M. Russell: M. le Président, je pense que notre groupement
sera d'accord pour examiner la situation et clarifier toutes les questions qui
pourront être proposées afin que les membres de cette commission
soient complètement éclairés sur le sujet au complet et
qu'on ne parte pas d'ici avec certaines ambiguïtés.
Donc, la semaine prochaine on poursuivra les règlements.
Le Président (M. Marcoux): La commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 56)
ANNEXE
Commentaires de la CSD sur le décret de la
construction
présentés à la commission
parlementaire
du travail et de la main-d'oeuvre 21 juin 1977
Le Ministre du travail, en convoquant la commission parlementaire sur
les relations de travail, remplit un engagement pris envers les
intéressés aux négociations et à leur conclusion
par un décret dans le secteur industriel de la construction. Il
était donc conscient que la publication du décret
répondait à une attente de plus en plus impatiente des
intéressés. La preuve en est dans les centaines d'objections
qu'il dit avoir reçues après la publication du décret. Il
était donc aussi conscient que le décret contient des conditions
et des irrégularités inacceptables. Nous apprécions
hautement la convocation de la commission, persuadés que le ministre va
apporter les corrections qui s'imposent.
Sans insister davantage, notre intérêt à
comparaître tient à la représentation des milliers de
membres que nous avons dans ce secteur et à l'impossibilité,
tenant compte de la loi actuelle, de faire connaître ailleurs les
intérêts de nos membres. Comme il n'est pas dans nos intentions de
reprendre ce débat, convaincus que le gouvernement actuel ne
tolérera pas longtemps des iniquités semblables, nous nous en
tiendrons aujourd'hui à formuler vis-à-vis du décret ce
qui nous apparaît comme le plus flagrant.
Dans le but d'être expéditif, nous procéderons par
article quitte à référer de temps à autre à
la loi elle-même ou à d'autres articles du décret,
intimement liés au sujet en cause.
Les artisans
Nous aborderons d'abord la question des artisans. A l'article 1.01 h) du
décret, nous retrouvons la définition d'employeur:
Employeur: Toute personne physique ou morale, toute
société y compris le Gouvernement qui effectue des travaux de
construction régis par la Loi et qui, à cet effet, emploie un ou
des salariés. Ce terme comprend l'entrepreneur-artisan et
l'entrepreneur-artisan en machinerie lourde aux fins d'application des
présentes. (Citation du texte page 1884, Gazette Officielle 1977, no
15)
A l'article 1.01 j), nous retrouvons la définition
d'entrepreneur-artisan:
Entrepreneur-artisan: Toute personne qui, seule, pour autrui,
exécute des travaux de construction ou fait ou présente des
soumissions, personnellement ou par personne interposée, dans le but
d'exécuter à son profit de tels travaux. Ce terme comprend aussi
le Maître Mécanicien en Tuyauterie, ou l'entrepreneur en
tuyauterie au sens de la Loi des maîtres mécaniciens en tuyauterie
(S.R.Q., 1964, c. 155 et mod.) et le Maître Electricien ou l'entrepreneur
électricien au sens de la Loi des maîtres électriciens
(S.R.Q., 1964, c. 153 et mod.) et également l'entrepreneur-artisan
assujetti à la Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs de construction sanctionné le 27 juin 1975. Citation du
texte page 1884, Gazette Officielle 1977, no 15.)
Et à l'article 1.01k), la définition
d'entrepreneur-artisan en machinerie lourde;
Entrepreneur-artisan en machinerie lourde: Toute personne qui, seule,
pour son propre compte et sans l'aide d'un salarié, exécute
à des fins commerciales un travail de construction couvert par le
décret en utilisant un équipement ou une machinerie lourde dont
elle est le propriétaire et qu'elle conduit elle-même. (Citation
du texte page 1884, Gazette Officielle 1977, no 15.)
Revenons au terme "employeur". La définition, telle qu'elle est,
implique que quiconque effectue des travaux de construction régis par la
loi et qui, à cet effet emploie un salarié, devient un employeur
selon cette définition. C'est donc dire que n'importe lequel d'entre
vous, membres de la commission, qui déciderait de faire des travaux
quelconques à son domicile et qui pour y parvenir embaucherait un
salarié serait automatiquement un employeur au sens du décret.
Or, à l'article 11.01 du décret, tout employeur est tenu
d'adhérer à l'Association d'employeurs. Il n'y a pas lieu
d'insister sur la conséquence plutôt farfelue de cette obligation
découlant de la définition. La loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction a déjà défini le terme
"employeur" de façon limitative. Le décret, quant à nous,
excède la loi quand il ajoute à la définition "employeur":
"ce terme comprend entrepreneur-artisan et entrepreneur-artisan en machinerie
lourde, aux fins d'application des présentes". Faut-il ajouter aussi que
nulle part dans la loi, on ne retrouve le terme "entrepreneur-artisan",
"entrepreneur-artisan en machinerie lourde" ou "artisan".
A l'article 1.01t), on retrouve la définition de salarié,
qui s'établit comme suit:
Salarié: Tout apprenti, manoeuvre ou ouvrier non
spécialisé, ouvrier qualifié ou compagnon qui, contre
rémunération, exécute pour un employeur des travaux de
construction couverts par les présentes.
(Citation du texte page 1885, Gazette Officielle 1977, no 15).
Alors que la définition de salarié dans la loi
s'établit comme suit:
Salarié: tout apprenti, manoeuvre ou ouvrier non
spécialisé, ouvrier qualifié ou compagnon, artisan, commis
ou employé qui travaille individuellement, en équipe ou en
société. (Citation Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction, page 3, article 1. q.) Par un tour de
passe-passe, dont on ne connaît pas les motifs, on fait passer de la
définition de "salarié" dans la loi, le terme "artisan" au terme
"employeur" dans le décret, en veillant bien à ne pas le
répéter dans la définition de "salarié" au
décret. Or, on veut être sûr d'attraper l'artisan et d'en
faire définitivement un employeur, même s'il n'emploie personne,
d'abord parce que dans la définition d'employeur au décret on dit
que c'est toute personne qui effectue des travaux de construction régis
par la loi et qui à cet effet emploie un ou des salariés pour
tout de suite ajouter à ce terme "entrepreneur-artisan", même si
cet individu n'a pas de salariés à son emploi. A partir de cette
manipulation, on réussit à faire un employeur d'un artisan.
Cependant, l'article 45 de la loi stipule: "Toute clause de
sécurité syndicale ayant pour objet de priver un salarié
du droit d'appartenir à l'Association de salariés
représentative de son choix est interdite;" par contre, les articles
18.03 et 18.04 du décret stipulent à leur tour que contrairement
à l'article 45, qu'un salarié est obligé de satisfaire aux
exigences de la loi sur la qualification professionnelle, aux règlements
relatifs à la formation et à la qualification professionnelle et
à toutes les exigences de la convention collective et du décret,
à l'exception des clauses relatives à la sécurité
syndicale et au précompte syndical. Ici, notre entrepreneur-artisan est
tout simplement un salarié de l'industrie de la construction auquel on
soustrait les droits syndicaux de sécurité et de
précompte.
Il y a donc, sur et autour de la notion d'employeur et
d'employeur-artisan, nécessité de revision ou de correction au
présent décret. On ne peut accepter que par un simple traitement
de mots, on fasse passer dans le camp des employeurs, une masse d'authentiques
salariés de la construction. Toute correction au décret doit se
référer à la définition d'employeur ou de
salarié déjà inscrite dans la loi et quiconque n'a pas de
salariés à son emploi ne peut être considéré
comme employeur. La langue française qui nous est si chère
à tous, le dit expressément.
Les mécaniciens d'ascenseur
Les conditions particulières du décret visant les
mécaniciens d'ascenseurs doivent être revisées. En effet,
les dispositions relatives aux frais de transport et aux avantages sociaux
représentent des iniquités plus qu'intolérables. Les frais
de transport, par exemple, dans le cas des mécaniciens-d'ascenseurs,
dans le décret précédent signifiait des avantages
particuliers supérieurs. Or, on sait que dans ce milieu, une
grève de plusieurs semaines a été déclenchée
autour de ce problème. Le nouveau décret privait ces travailleurs
de droits acquis qui se traduisent en montants assez substantiels selon
l'application de la règle des frais de déplacement. Le
ministre du travail, dans ses interventions conciliatrices pour amener un
règlement dans cette situation convenait dans une lettre datée du
18 avril 1977, à M. Guy Dumoulin, directeur du conseil provincial du
Québec des métiers de la construction "qu'à leur retour au
travail, les membres recevront les taux horaires de salaires et les
bénéfices d'appoint qu'ils recevaient au 1er décembre
1976, et ce, jusqu'à ce qu'une décision soit prise suite aux
travaux de la commission parlementaire". Or, il arrive que si la
décision du ministre vise les membres des locaux 89 et 101 de l'Union
internationale des mécaniciens d'ascenseurs, selon sa lettre, il a
complètement ignoré les travailleurs membres de la C S D , et
auxquels le nouveau décret a également soustrait les mêmes
bénéfices apparaissant au décret antérieur. Inutile
donc d'insister que si le décret doit avoir une portée
générale, il ne peut exclure une partie importante des effectifs
d'une catégorie de métiers. C'est pourquoi nous réclamons
pour les travailleurs mécaniciens d'ascenseur de la C S D le même
traitement, et ce rétroactivement au 6 décembre 1976 et
évidemment l'application par la suite de la décision de la
commission parlementaire avec la rétroactivité qu'elle
commande.
Quant aux avantages sociaux, il y a là la
répétition de mesures dilatoires qui depuis 1969 laissent croire
à une collusion quelconque ou à une faiblesse évidente de
la part des autorités vis-à-vis une question pourtant
fondamentale soit la liberté syndicale. En effet, une loi
spéciale décidait en 1969 que les régimes privés
d'avantages sociaux dans la construction devaient dorénavant
intégrer le régime des avantages sociaux de l'industrie de la
construction. Or, si le placement est un bon câble à fixer
à la patte d'un syndiqué, on peut certainement dire que son fonds
de pension privé est encore une meilleure chaîne avec laquelle on
l'attache. On aura beau nous conter toutes les chansons imaginables, jamais on
ne réussira à nous convaincre que l'exception qu'on fait aux
mécaniciens d'ascenseur n'est pas rattachée à une
manigance quelconque. Il va donc de soi que l'autorité de
l'assemblée nationale ne peut continuer ainsi d'être
écartée et qu'il est temps qu'une décision ferme soit
prise pour que ce régime privé intègre le régime
général des avantages sociaux de la construction. Seuls des
profiteurs pourraient y perdre (ils en ont déjà profité
depuis trop longtemps) et la liberté syndicale y trouvera sa place.
Le fonds spécial d'indemnisation (31.01 p.
1944)
A cause de son libellé, cet article est une véritable
frustration pour les salariés de la construction. En fait, c'est le seul
secteur industriel pour lequel le législateur a réalisé la
nécessité d'édicter une législation touchant la
qualification et la solvabilité des entrepreneurs. Il nous
apparaît donc urgent que la commission parlementaire apporte les
corrections qui s'imposent au décret.
L'article 31.01 du décret "fonds spécial d'indemnisation"
n'a pas été modifié depuis sa création et cause des
préjudices très graves et inacceptables aux travailleurs victimes
d'un employeur insolvable.
Ce fonds alimenté par une cotisation spéciale d'un cent
l'heure travaillée peut rapporter jusqu'à un million et demi
(11/2) de dollars par année. Il a déjà atteint un montant
de plus de trois millions.
Ce fonds est administré par l'O.C.Q. qui a la
responsabilité d'indemniser le salarié des pertes de salaire
qu'il subit par suite de la faillite de son employeur. C'est l'O.C.Q. qui doit
poursuivre l'employeur insolvable et il ne peut indemniser le salarié
que lorsqu'il y a jugement de faillite. Il se produit donc des délais
encourus, qui sont hors du contrôle du salarié, avant que les
procédures de l'O.C.Q. contre l'employeur insolvable puissent conduire
au jugement de faillite ou encore à un règlement convenu entre
l'O.C.Q. et l'employeur.
Le salarié se doit d'attendre de six (6) à dix-huit (18)
mois dans certains cas avant de se voir rembourser par le Fonds d'indemnisation
les salaires perdus. Nous croyons que ces délais causent des
préjudices graves et inacceptables.
Le Fonds d'indemnisation devrait rembourser le salarié de toute
perte de salaire lorsque l'O.C.Q. constate qu'une période de trente (30)
jours s'est écoulée sans que le salarié n'ait reçu
son salaire dû par l'employeur à cause d'insolvabilité. Ce
qui n'empêche pas l'O.C.Q. de prendre les procédures
appropriées pour récupérer les argents ainsi dûs et
les verser dans le Fonds d'indemnisation.
Ainsi, le salarié ne serait pas préjudicié à
cause de délais et le Fonds d'indemnisation n'aurait pas à payer
davantage.
Le groupe syndical majoritaire
Cette notion de groupe syndical majoritaire qu'on retrouve aux articles
17.02 (8), 20.02 (2), 21.01 (3), 21.01 (3), 21.03 (6) b), 21.04 (2) c), 21.04
(3) b), est dangereuse. Elle signifie à toutes fins pratiques,
qu'après avoir convenu de règles générales, on peut
les laisser de côté et convenir de règles
particulières; telle que rédigée, elle ne peut avoir de
sens si ce n'est que de prolonger de façon indue l'iniquité du
départ qui permet à la seule unité majoritaire de
négocier et de conclure des ententes.
En vous remerciant, messieurs, de cette occasion que vous nous avez
fournie d'apporter notre contribution à vos travaux, nous voudrions
insister sur la nécessité pour votre commission que le secteur de
la construction, par son importance dans l'économie, mérite
l'attention que la législation lui voue et qu'aucune occasion ne doit
être perdue lorsqu'il s'agit de rendre plus justes et plus
équitables les conditions qui sont imposées par décret
à ses milliers de travailleurs.
Montréal, le 17 juin 1977.