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Etude des amendements au décret de la
construction
(Dix heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie pour étudier les amendements que le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre compte apporter au décret de la construction.
Les membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette (Joliette), M.
Couture (Saint-Henri); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par
M. Mercier (Berthier); M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M.
Gosselin (Sherbrooke); M. Jolivet (Laviolette) remplacé par M. Gagnon
(Champlain); M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M.
Pagé (Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud). M. Lavigne (Beauharnois) est
remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Je proposerais comme rapporteur le député de Berthier, M.
Mercier. Adopté?
M. Fontaine: A l'unanimité.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Exposé du ministre
M. Jacques Couture
M. Couture: M. le Président, permettez-moi d'abord de
souhaiter la bienvenue aux membres de cette commission et à tous les
intervenants dans le monde de la construction.
A cette étape de la commission parlementaire, nous entreprenons
quand même une étude fort importante, quand on considère le
nombre de travailleurs de la construction qui sont régis par le
décret. Nous sommes tous conscients que l'objectif que nous recherchons
les uns et les autres est, effectivement, de promulguer un décret final
qui puisse, autant que possible, satisfaire toutes les parties, protéger
les droits des travailleurs et apporter la paix industrielle dans le monde de
la construction. Je compte beaucoup sur la collaboration de ceux qui sont venus
exposer leur point de vue aux membres de la commission, pour que nous soyons
tous disponibles et disposés à écouter ceux qui vivent les
problèmes de la construction et à nous éclairer.
M. le Président, avant d'entendre les parties convoquées
à la présente commission parlementaire sur les raisons motivant
leur impossibilité de parvenir à une entente relativement aux
modifica- tions apportées au décret, je désire rappeler
brièvement, pour le bénéfice des membres de cette
commission, les diverses étapes franchies depuis l'expiration du
décret précédent jusqu'à ce jour et ainsi expliquer
les motifs pour lesquels nous sommes ici réunis. Ce qui nous
réunit avant tout c'est l'article 18 de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction.
Conformément aux mécanismes de négociation
fixés par la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction, l'Association des entrepreneurs en construction du Québec,
l'AEQ, et le Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction sont habilités à négocier une convention
collective en vue de son extension juridique par voie de décret.
C'est ainsi que, du mois de mars au mois d'octobre 1976, les parties ont
entrepris des négociations qui ont conduit à la signature de la
convention collective intervenue le 22 décembre 1976.
Par la suite, l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec, l'AEQ, a adressé le 5 janvier 1977 une requête au
lieutenant-gouverneur en conseil visant à faire décréter
que la convention collective intervenue s'applique à l'ensemble de
l'industrie de la construction du Québec.
Faisant suite au dépôt de cette requête, ladite
convention collective a été publiée dans la Gazette
officielle du Québec, le 28 janvier 1977, avec un avis de la
réception de la requête en demandant l'extension, lequel avis
comportait que toute objection devra être formulée dans les 30
jours de sa publication.
Des objections furent formulées en assez grand nombre et ont fait
l'objet d'un examen par les fonctionnaires du ministère qui, en outre,
ont procédé à une étude des aspects juridiques de
la convention collective dans son ensemble.
Mes fonctionnaires et moi-même rencontrèrent les parties en
cause afin de les informer des dispositions susceptibles de comporter des
irrégularités au point de vue légal. C'est le
privilège du ministre de demander au lieutenant-gouverneur en conseil,
quand il recommande l'extension juridique, d'étudier cette convention
collective et de recommander les modifications qui s'imposent.
Par la suite, certaines modifications aux dispositions de la convention
collective furent agréées par les parties telles que la clause
relative aux mesures anti-inflationnistes.
Dans un premier temps, à la suite des objections, nous avons
analysé le document, nous avons proposé certaines modifications,
nous avons demandé aux parties de se réunir pour s'entendre, si
possible, sur ces modifications, et cette étape a été
franchie.
Ces modifications ont ensuite été incorporées au
décret qui a été adopté par le
lieutenant-gouverneur en conseil le 20 avril 1977 et qui est entré en
vigueur le 27 avril dernier, date de cette publication dans la Gazette
officielle, puisqu'il y avait un certain nombre de modifications où il
y
avait déjà eu acceptation qui pouvaient être
intégrées. Il y avait des modifications d'ordre directement
discriminatoire qui pouvaient aussi être effectives. C'est ce qu'on a
fait pour le décret qui a paru dans la Gazette officielle le 27 avril
dernier.
Par la suite, dans une communication en date du 2 juin 1977, je
soumettais à l'agrément des parties d'autres modifications au
décret en vue de leur adoption par le lieutenant-gouverneur en conseil,
c'est-à-dire une série de modifications qui n'avaient pas
été acceptées auparavant. Essentiellement, il s'agit de
trois ordres de modifications. Premièrement, des modifications de forme;
deuxièmement, des modifications de fond concernant la
légalité de certaines dispositions du décret;
troisièmement, des modifications en vue d'introduire dans le
décret des dispositions qui selon l'une ou l'autre des parties auraient
été omises dans la convention collective qui a servi de base au
décret. Je crois que c'est d'ailleurs une protection qu'on doit
qualifier d'excellente que la loi nous donne, étant donné qu'il
s'agit d'une convention collective signée dans un domaine qui regroupe
tellement de travailleurs, où il y a aussi plusieurs associations
d'employeurs et plusieurs syndicats qui, par la loi, sont réunis,
c'est-à-dire que pour négocier on donne un mandat strict à
deux instances bien précises. Il reste que ce domaine est tellement
vaste et complexe que c'est, je dirais, normal qu'éventuellement, avant
d'arriver au texte final, on reçoive des représentations et que
le ministre responsable juge que quelques omissions importantes devraient
être présentées comme telles comme modifications.
Ces trois séries de modifications dont j'ai parlé ont
été suggérées non pas dans le but de faire
échec à l'esprit de la convention collective intervenue entre les
parties, mais plutôt dans le but de corriger les vices de forme et les
irrégularités d'ordre légal qui pouvaient exister dans le
décret, ainsi que de réparer certaines omissions qui ont
été portées à mon attention.
Là-dessus, M. le Président, je voudrais vraiment apporter
plus de précisions ou, du moins, avant de commencer cette commission
parlementaire, vous présenter l'esprit dans lequel j'aimerais qu'elle se
déroule.
Je pense qu'effectivement il y a eu une convention collective
négociée et signée. L'économie des relations de
travail dans le domaine de la construction et, d'ailleurs, dans l'ensemble des
relations de travail au Québec veut et postule qu'avant tout nous
respections une convention collective négociée et signée.
Je pense que c'est le document de base; c'est le premier respect que nous
devons avoir. Je crois qu'il faut dire, dès maintenant, que cette
commission parlementaire n'a d'aucune façon comme but, de
renégocier la convention collective signée par les parties en
présence lors des dernières négociations.
C'est plutôt je pense qu'il faut insister là-dessus
pour écouter les intervenants, les parties qui, devant ce
document de base, peuvent éventuellement signifier que les modifications
que nous proposons... En effet, si nous proposons des modifications, c'est
avant tout, comme la loi nous le demande, pour permettre une concordance
légale entre la convention collective dans le secteur de la construction
et les lois générales et aussi, selon l'article 18,
éventuellement, pour réparer, si c'est nécessaire dans
l'intérêt public, comme le dit la loi, certaines omissions. Je
crois que c'est important, M. le Président, d'insister sur le fait que,
pour nous, avant tout, il s'agit de respecter une convention collective et que
nous ne sommes pas ici pour renégocier cette convention collective.
En effet, si les modifications concernant la légalité de
certaines dispositions au décret proposé se trouvent à
altérer la libre volonté des parties, de même que l'esprit
de la convention collective intervenue entre elles, c'est
précisément parce que les parties auront été
au-delà du cadre de la loi et, partant, à rencontre de
l'idée que le législateur se fait de la paix sur les chantiers de
construction.
Eventuellement, vu que le secteur de la construction est tellement
complexe, qu'il y a tellement de ramifications, si on avait oublié de
prévoir ce qu'il arriverait dans tel cas précis, avec telle
formulation dans la convention collective, on s'aperçoit, devant ce
document, de fait, qu'il y a un oubli. Je pense que tout le monde comprendra
que c'est notre responsabilité d'y porter remède, d'ailleurs en
suivant les étapes où les gens réfléchissent sur
ces modifications, se font entendre. En dernier lieu, c'est le gouvernement qui
a la responsabilité de statuer là-dessus.
Certaines des modifications proposées ont obtenu l'accord des
parties alors que celui-ci est absent pour d'autres. Avant de procéder,
tout à l'heure, on pourra lire la série de modifications qui sont
déjà acceptées. On a un nombre considérable
où les parties ont reconnu de fait qu'il fallait corriger des
expressions ou préciser telle ou telle formule.
Devant cette situation, il a été décidé de
convoquer les parties conformément à l'article 18 de la loi pour
leur permettre d'exposer des raisons motivant leur impossibilité de
parvenir à une entente relativement aux modifications à apporter
au décret.
Je me permettrai de lire attentivement cet article, parce que je crois
que c'est lui qui justifie notre commission parlementaire et c'est lui qui, au
départ, nous indique les règles du jeu et l'esprit dans lequel
elles doivent se dérouler. Je lis l'article 18 de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut prolonger ou abroger le décret,
avec le consentement de l'association d'employeurs et celui des associations de
salariés représentatives à un degré de plus de
cinquante pour cent. "Il peut aussi, sur la recommandation du ministre,
modifier le décret avec le consentement de l'association d'employeurs et
celui des associations de salariés représentatives à un
degré de plus de cinquante pour cent et après publication d'un
avis à cet effet dans la Gazette officielle du Québec."
Jusqu'à maintenant, il faut l'accord évident des parties. "Les
dispositions de l'article 17 s'appliquent au décret d'abrogation ou de
modification, mais non au décret de prolongation, lequel entre en
vi-
gueur à compter de son adoption mais doit être
publié sans délai dans la Gazette officielle du Québec".
Voici le paragraphe le plus important, c'est la raison pour laquelle je le
lisais. "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut aussi, sur la recommandation
du ministre, prolonger, abroger ou modifier le décret sans le
consentement de l'association d'employeurs ou des associations de
salariés quand il est d'avis que dans l'intérêt public
cette solution est la seule qui puisse remédier à la situation
existante.
Il ne peut toutefois modifier ainsi le décret sans que ces
associations ne soient invitées à être entendues devant la
commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une
entente relativement aux modifications à apporter au décret."
Je pense qu'il faut bien insister là-dessus, la phrase doit se
lire dans son entier. "Il ne peut toutefois modifier le décret sans que
ces associations ne soient invitées à être entendues devant
la commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
quant aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une
entente relativement aux modifications à apporter au décret."
Nous sommes devant ce fait, nous voici devant une convention collective qui a
déjà eu une première publication par décret; il y a
des modifications surtout d'ordre légal que le gouvernement
suggère d'introduire, il y a mésentente des parties quant
à ces modifications et le gouvernement ne peut modifier ce décret
sans entendre les parties qui viennent nous dire les raisons pour lesquelles
elles ne sont pas arrivées à une entente.
Oans le fond vous me permettrez d'insister encore
là-dessus les parties qui auront à venir dire, au cours de
la commission parlementaire, les raisons pour lesquelles elles n'arrivent pas
à une entente quant à telle modification ne viennent pas
négocier devant nous. L'association des employeurs et le conseil
provincial ne seront pas devant nous pour négocier des dispositions,
d'aucune façon; ils sont ici pour nous éclairer sur les raisons
pour lesquelles ils ne veulent pas telle modification. Pour nous, membres de la
commission parlementaire, ce n'est pas indifférent du tout j
'insiste aussi là-dessus d'entendre ces représentations.
Comme ces parties ont été les responsables de cette convention
collective, elles ont, évidemment, fort intérêt à ce
que le document de la convention collective soit respecté.
Si, effectivement, tel que la loi le prescrit, le gouvernement croit
nécessaire de modifier telle et telle disposition, je pense que c'est
leur droit le plus strict de faire valoir toutes les raisons pour lesquelles il
ne faudrait pas faire ces modifications. Donc, M. le Président, les
parties auront à nous dire pourquoi telle et telle modification
proposée, elles ne les acceptent pas, elles ne sont pas arrivées
à une entente pour les accepter et, du moins dans cette étape,
c'est tout ce que nous pouvons recevoir, c'est-à-dire entendre leurs
raisons et leurs représentations face aux modifications
proposées.
M. le Président, je crois quand même, et c'est ce qui est
important, que ces exposés nous permettent à tous d'avoir une
connaissance plus complète du dossier. Entre autres, pour le ministre,
c'est un éclairage absolument essentiel qui lui permettra de faire les
recommandations appropriées au lieutenant-gouverneur en conseil à
qui il revient, en dernier ressort, de décider de donner suite à
ce qu'il jugera à propos dans l'intérêt public.
Dans un deuxième temps, étant donné d'ailleurs que
la commission parlementaire n'a pas comme mandat de décider quoi que ce
soit immédiatement, n'ayant aucun mandat là-dessus,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas, à travers cette commission
parlementaire, décider que telle modification, on la reçoit ou on
ne la reçoit pas on n'a pas de mandat pour cela, on a le mandat
de recevoir des représentations étant donné,
dis-je, qu'on est quand même dans une commission parlementaire qui
étudie les problèmes de la construction et qu'à travers ce
mandat de modifications proposées qui pourraient effectivement
être introduites dans le décret, je pense, si les membres de la
commission parlementaire sont d'accord avec ma proposition, que nous devrions
peut-être sortir de l'esprit purement légaliste et accepter
d'entendre des parties ou des syndicats autres que ceux qui sont prévus
à cette commission parlementaire, ne serait-ce que pour nous
éclairer davantage.
Je crois que c'est dans l'esprit de cette commission parlementaire de
nous donner toute l'information nécessaire pour proposer aux
travailleurs de la construction un décret qui se tient, qui n'oublie
rien.
Sachant que cela ne préjuge en rien, parce qu'il n'y a pas de
négociation ici, il n'y a pas de prise de décision, il y a avant
tout représentations des parties et demandes d'informations
additionnelles, M. le Président, la proposition que je fais à ce
stade-ci, c'est qu'en plus d'entendre les parties concernées venir nous
dire les raisons pour lesquelles elles ne reçoivent pas telle ou telle
modification, on devrait, dans cet esprit ouvert et justement pour favoriser la
paix dans le monde de la construction, entendre des parties ou des individus
qui, selon la décision, chaque fois, de la commission, aimeraient nous
éclairer sur ce décret.
M. le Président, j'arrêterai ici mon intervention, en
proposant quand même que nous procédions de la façon
suivante. Il y a, de fait, une série de modifications qui avaient
été proposées qui ont été acceptées
et que je peux énumérer pour qu'on en prenne acte au journal des
Débats. A la suite, je pense que, dans un premier temps, vous pourriez,
M. le Président, appeler les dispositions du décret où des
modifications ont été proposées qui n'ont pas
été acceptées, où il n'y a pas eu d'entente entre
les parties. A ce moment, dans l'appel de chacune de ces clauses, on pourrait
entendre l'une et l'autre des parties.
Dans un deuxième temps, c'est ce que je disais tout à
l'heure, avec l'accord des membres de la commission, je proposerais que l'on
puisse, éventuellement, entendre d'autres parties qui vou-
draient nous éclairer aussi sur ce décret. Alors, M. le
Président, si vous n'y voyez pas d'objection, je vais d'abord lire les
modifications qui ont été acceptées des deux parties
à la négociation, soit l'association des employeurs et le Conseil
provincial des métiers de la construction.
En se référant au document paru le 27 avril 1977, le
décret de la construction, les modifications acceptées sont les
suivantes: 1 a), 1 b), 1 c), 1 f), 1 h), 2, 5, 6, 7, 8 a), 8 b), 10, 11 b),
13.
M. Bisaillon: Le ministre semble oublier qu'on n'a pas de
sténographes.
M. Couture: Cela achève. 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22,
23, 24 c'est passionnant lire cela 25, 26, 27, 28, 30, 31, 32,
33, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41 et 42.
M. le Président, les modifications proposées qui ont
été rejetées parce qu'il n'y a pas eu entente entre les
parties sont les suivantes: 1 d), 1 e), 1 g), 3, 4, 8 c), 9, 11 a), 12, 20, 29,
34, 43, 44, 45 et 46.
M. le Président, je n'aurais pas objection à ce que les
membres de la commission, s'ils le souhaitent, apportent quelques commentaires
à l'introduction avant de procéder à l'appel des
articles.
Une Voix: ... c'est notre droit.
M. Couture: Alors, je suis très heureux de vous
l'accorder.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
Remarques de l'Opposition, M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Je veux d'abord me
joindre aux remarques de bienvenue que le ministre a adressées aux deux
parties et aux personnes qui composent ces deux parties qui se
présentent ce matin devant la commission. C'est évident que nous
sommes légalement extrêmement intéressés à
entendre leur point de vue sur les points qui demeurent en litige dans ce
projet de modification. Nous souhaitons que la commission puisse leur donner
toutes les facilités possibles pour exprimer ces points de vue.
Pour ce qui est de l'objectif qui est imparti à la commission par
l'article 18, qu'il me soit permis de dire, M. le Président, qu'il faut
se situer dans le contexte général des lois du travail, là
ou les séances de cette commission parlementaire et, en particulier, le
régime des relations de travail dans l'industrie de la construction.
Le ministre l'a d'ailleurs mentionné au début, le
régime général qui prévaut dans le domaine des
relations de travail dans tous les domaines et tous les secteurs continue
d'être et continuera, j'espère, d'être le régime qui
se définissent les parties elles-mêmes. Dans la convention
collective et la loi des parties et dans tous les autres secteurs, il n'existe
pas de possibilités pour l'intervention d'une tierce personne, du moins,
pas des possibilités comparables à celles que l'on retrouve dans
cette Loi des relations du travail dans l'industrie de la construction.
Même dans ce régime, on prévoit une convention
collective négociée, mais malgré tout il y a une tierce
partie que constitue le gouvernement, tierce partie qui est vaguement
présente au moment de la négociation et qui peut, et c'est cela
qui est le plus important, intervenir alors même que sont acquis les
résultats d'une négociation pour venir en modifier le sens ou
l'application, les dispositions mêmes qui ont été l'objet
d'entente entre les parties.
Le but de la commission parlementaire tel qu'on peut le voir dans
l'article 18 et les articles associés dans la Loi des relations du
travail dans l'industrie de la construction, c'est de permettre par une
commission parlementaire de placer dans un relief particulier le sens de
l'intervention gouvernementale pour modifier une convention collective ainsi
négociée.
Comme le ministre l'a souligné, le but de la commission n'est pas
d'en arriver à des décisions. De toute façon, on sait,
puisque le problème s'est posé à quelques reprises cette
année en particulier, que, lorsque le gouvernement dispose d'une solide
majorité au Parlement, les actions qui se font au Parlement, de toute
manière, engagent pleinement et complètement la
responsabilité gouvernementale. Non seulement cela est-il vrai en
général pour l'action de toutes les commissions parlementaires,
mais ce l'est avec particulièrement plus de vigueur pour ce qui est de
l'intervention du ministre du Travail et du Conseil des ministres dans
l'approbation de décrets relatifs aux conditions de travail dans
l'industrie de la construction. La loi place de façon très
spécifique la responsabilité sur les épaules du ministre
du Travail et de ses conseillers, et, à partir d'eux, sur le Conseil des
ministres, le lieutenant-gouverneur en conseil, pour déterminer les
conditions de travail de façon finale et définitive, et ceci,
même en l'absence d'une entente entre les parties quant à la
nature de ces modifications. Précisément le but qui nous
réunit ce matin et qui nous réunira à d'autres occasions
cette semaine, c'est d'examiner les raisons qui font que les deux parties en
présence n'ont pas pu s'entendre sur un certain nombre de ces
modifications.
Le but de l'Opposition officielle, M. le Président, ne sera rien
d'autre que de mettre en évidence les raisons des parties pour ne pas
donner leur adhésion à ces modifications et de faire ressortir
également, et peut-être par contraste, les raisons qu'a pu avoir
le gouvernement, le ministre en particulier, pour proposer de telles
modifications et les maintenir en dépit de l'absence d'une entente entre
les parties. C'est donc dans cet esprit que nous allons poser nos questions aux
parties qui sont devant nous en commission parlementaire et au ministre
lui-même, de manière à faire bien ressortir les raisons qui
motivent l'intervention gouvernementale dans ce cas puisqu encore une fois, et
je le répète pour terminer, il s'agit d'un régime
d'exception où des conditions de travail sont déterminées
par décret et non pas par l'entente des parties. Il est donc important
de
connaître les raisons qui font que le gouvernement veut
s'éloigner de ce que les parties ont librement convenu entre elles.
Pour ce qui est de la question qui a été posée par
le ministre relativement à la présence en commission
parlementaire de groupes qui ne sont pas spécifiquement prévus
dans l'article 18, dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons,
c'est-à-dire l'absence d'accord, je préfère
réserver mon jugement jusqu'à ce que nous ayons pu entendre, sur
ce point en particulier, l'opinion des parties que la loi désigne.
La raison pour ce désir d'entendre, d'abord, les parties
s'exprimer sur cette question est basée sur le caractère
exceptionnel de la procédure dans laquelle nous sommes engagés.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, puisque la loi des parties est
normalement constituée par la seule convention collective qui les
régit, comme nous sommes dans un régime d'exception qui permet
l'intervention gouvernementale directe pour modifier une convention collective,
comme les dispositions de la loi qui permettent un droit de se faire entendre,
qui donnent un droit de se faire entendre aux parties sont
particulièrement importantes, qu'elles privilégient, à bon
droit je pense, au moins dans le texte de loi, les parties qui, autrement,
auraient le droit de décider de façon finale des conditions de
travail, il m'apparaît normal que si on veut étendre à
d'autres groupes la possibilité de se faire entendre l'on sache d'abord
quelle est l'opinion qu'entretiennent à cet égard les deux
parties qui sont présentes devant nous.
Je demanderais que la commission puisse, préalablement à
l'étude des articles en suspens, en quelque sorte, dans le projet de
modification, nous permettre d'avoir le point de vue, à la fois de
l'Association des entrepreneurs et du Conseil provincial des métiers de
la construction. Là-dessus, M. le Président, je n'ai pas, pour le
moment du moins, d'autres remarques de caractère général
à faire puisqu'il m'apparaît plus approprié et plus urgent
d'entendre les parties sur ce point général, de procédure
en quelque sorte, et subséquemment sur chacun des points en litige.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, en tant que
représentant de la deuxième Opposition, je suis également
heureux de voir que toutes les parties autorisées à
négocier ce décret sont ici présentes aujourd'hui et
voudront bien nous apporter leurs commentaires. Je voudrais également,
au début de cette séance de la commission, dire que je suis ici
l'humble représentant du député de Johnson qui, sans
doute, aurait bien aimé participer à cette commission parce qu'il
a déjà été ministre du Travail et que ces
problèmes le touchent particulièrement. Je tâcherai
d'apporter ma contribution, si minime soit-elle, pour que ces travaux aient de
très bons résultats.
Autant nous avons accueilli avec joie la nou- velle, l'automne dernier,
que les employeurs et les travailleurs de l'industrie de la construction
avaient réussi à s'entendre sur une convention collective,
autant, aujourd'hui, nous regrettons que le ministre invoque le
quatrième alinéa de l'article 18 de la Loi sur les relations de
travail dans l'industrie de la construction pour modifier
unilatéralement certaines parties de cette convention. Lorsque, à
l'Assemblée nationale, on a adopté cet article 18, il y a
à peine deux ans, à la fin de juin 1975, et le Parti
québécois et l'Union Nationale avaient voté contre ce
pouvoir exorbitant confié au lieutenant-gouverneur en conseil. On
invoquait alors, du côté de l'Opposition, qu'il fallait faire
confiance aux parties et laisser aux parties la possibilité
d'établir les règles du jeu entre elles. Nous n'avons pas
changé d'idée depuis ce temps et nous continuons de dire que
l'intervention du lieutenant-gouverneur en conseil n'est pas une solution
valable. Ce n'est pas en invoquant l'intérêt public, malgré
toute la bonne volonté du ministre, qu'on va réussir à
remettre de l'ordre dans la construction. Car il ne faut pas se leurrer,
même si c'est relativement tranquille actuellement sur les chantiers de
construction, cela ne veut pas dire que tous les problèmes de la
construction sont réglés et que nous sommes à l'aube d'un
nouveau départ.
Bien au contraire, M. le Président, les problèmes
demeurent entiers, que ce soient des problèmes de formation
professionnelle quand à l'apprentissage, des problèmes de
placement, des problèmes de sécurité d'emploi ou la
formule de négociation prévue par la loi. Ces problèmes
restent entiers. En somme, nous avons l'impression, comme le
député de Joliette-Montcalm et adjoint parlementaire au ministre
du Travail l'a déclaré à plusieurs reprises publiquement,
que tout est à refaire dans ce domaine des relations de travail.
Bien que nous soyons réunis ici aujourd'hui pour entendre les
parties intéressées sur les modifications que le ministre entend
apporter au décret, je souhaite qu'après avoir entendu d'abord le
ministre, la partie patronale et la partie syndicale, cette commission ait
comme résultat non pas de sanctionner une intervention
unilatérale du gouvernement, comme le permet l'article 18, mais bien que
les délibérations de cette commission soient une source de
rapprochement entre les trois parties concernées pour qu'on arrive
à une solution négociée dans un avenir relativement
rapproché.
Le ministre a eu l'amabilité de nous communiquer à
l'avance un certain nombre de documents pour nous permettre de mieux saisir la
nature des différents problèmes qui opposent les parties et des
solutions que le gouvernement propose pour remédier à la
situation. A la lecture de ces textes, je constate qu'il y a vraiment quatre
points majeurs sur lesquels nous devrons délibérer au cours de
cette session. Premièrement, le problème des artisans, quant
à la définition du mot "artisan". Deuxièmement, le
problème des mécaniciens d'ascenseur, puisque rien de
négocié n'a été prévu quant aux clauses
particulières qui s'appliquent à ce groupe de travailleurs.
Troisiè-
mement, les définitions d emplois, telles que stipulées
à la sous-annexe b) de l'annexe b) du décret.
Quatrièmement, les clauses consenties aux électriciens lors des
négociations entre l'association syndicale et l'association
patronale.
Certes, il s'agit de points techniques d'une grande importance et dont
l'enjeu peut avoir un effet marquant sur le climat des relations de travail
dans l'industrie de la construction. Je suis prêt à entendre les
parties sur ces points qui ont retenu mon attention d'une façon
particulière. Je compte apporter mon humble contribution, comme membre
de cette commission, pour qu'on en vienne à une solution
négociée et non imposée.
En terminant, je voudrais rappeler au ministre que, lors de
l'étude des crédits, il avait pris l'engagement, suite aux
interventions du député de Johnson, qu'au cours de la
présente commission il serait possible d'aborder d'autres sujets qui
concernent cette industrie, tels que le placement, la sécurité
d'emploi, la sécurité au travail et la formation professionnelle.
J'aimerais savoir du ministre, avant que nos travaux ne débutent, si cet
engagement tient toujours. Sur ce, M. le Président, je suis prêt,
après avoir entendu les commentaires du ministre là-dessus,
à entendre les parties. Concernant le problème qu'on a
soulevé tout à l'heure d'entendre d'autres parties que celles qui
sont directement concernées, je joins ma voix à celle du
député de Saint-Laurent pour réserver nos commentaires
là-dessus, après avoir entendu, premièrement, les deux
parties concernées, soit la partie patronale et la partie syndicale.
Réplique du ministre
M. Couture: M. le Président, puisqu'on me demande un
commentaire sur des déclarations précédentes, je vais y
revenir. Je voudrais d'abord accepter la proposition du député de
Saint-Laurent, à savoir qu'avant d'appeler les articles on entende les
deux parties directement et légalement convoquées, si j'ose dire,
pour peut-être avoir leur accord remarquez que dans le fond, c'est
pour chercher avec elles une formule de travail qui soit la plus efficace et la
plus juste ou de brefs commentaires de leur part sur notre façon
de procéder, pour qu'ils se sentent vraiment participants à part
entière à cette commission et qu'ils acquiescent aux
étapes et au cheminement que nous voulons suivre. En second lieu,
à propos des engagements que j'aurais pris à la commission
parlementaire sur l'étude des crédits, je crois qu'à ce
moment-là j'ai dit qu'effectivement, aux commissions parlementaires, il
y aurait possibilité d'aborder d'autres problèmes.
Je peux même dire, à ce stade-ci, que nous étudions
sérieusement la possibilité de convoquer la commission
parlementaire pour étudier le placement dans l'industrie de la
construction. Sur des problèmes bien précis, je me ferai un
devoir, si c'est nécessaire et si c'est d'intérêt public,
de convoquer la commission parlementaire pour étudier ce type de
problème.
Je peux d'ailleurs vous dire à la fin de cette commission
parlementaire j'aurai une déclaration à faire sur la façon
dont nous envisageons, au gouvernement, je ne sais pas si on peut dire la
réforme, mais la révision des mécanismes possibles dans
les relations de travail de la construction, un projet d'étude pour
revoir, repenser une série de problèmes dans la construction. Je
me réserve, à la fin de cette commission, de vous en faire part
plus précisément.
M. le Président, j'acquiescerais à la proposition du
député de Saint-Laurent que les parties nous disent, au
départ, si elles acceptent notre façon de procéder.
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais le
représentant de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec à faire quelques commentaires généraux et
à répondre à la question qui a été
posée par les membres de la commission. Pourriez-vous vous
présenter et présenter vos collègues qui vous
accompagnent? Pour les fins du journal des Débats, ce serait utile.
Association des entrepreneurs en construction du
Québec
M. L'Heureux (Réal): Réal L'Heureux,
président. Ceux qui m'accompagnent ici, à la table, sont Me
Michel Drouin, directeur général; M. Jean-Pierre Langlois,
directeur général adjoint; Me Luc Letellier, conseiller à
l'association. On a aussi des administrateurs présents; malheureusement,
il n'y avait pas assez de place à la table, mais j'aimerais les nommer.
Il y a M. Robert-J. Belleau, administrateur; M. Jos Grimard, M. Jean-Claude
Murray, M. Antonio Roméo, M. Julien Demers et M. Hervé Nadeau qui
sont parmi les douze administrateurs de l'association.
J'aimerais commencer par des commentaires d'ordre général.
Le ministre, tout à l'heure, ainsi que les deux membres de l'Opposition,
se sont référés à l'article 18. J'aimerais relire
simplement quatre mots de l'article 18 dont "l'intérêt public ".
Au nom de quelle gymnastique, au nom de quel charriage peut-on invoquer
l'intérêt public, dans le moment, pour convoquer cette commission
parlementaire? En fait, c'est la seule possibilité. Pour la
première fois, une convention a été signée par les
parties, le ministre y a fait référence. Il y a aussi une demande
d'extension juridique qui a été faite par les parties afin de
prolonger cette convention en décret. Cela a été fait au
début de janvier.
On se sert, dans le moment, de l'article 18 qui émane du bill
201, en 1974 ou peut-être 1975. Il a été mentionné
ici que les partis d'Opposition, dont le présent gouvernement,
s'étaient fortement opposés. Même récemment, l'an
dernier, il y a quatorze mois, il y a eu une autre commission parlementaire. A
ce moment-là, celui qui représentait le Parti
québécois, M. Robert Burns, avait, pendant cinq heures, fait un
brillant plaidoyer stipulant que même la tenue des Olympiques
à ce moment-là, c'était en avril ne justifiait pas,
ne cadrait pas dans l'intérêt public.
Je voudrais ici citer un passage des propos de M. Burns tirés du
journal des Débats: "Le danger
que je vois, M. le Président, je ne le dis pas pour provoquer qui
que ce soit, c'est que s'il y a une intervention gouvernementale, ce n'est pas
la paix sociale sur les chantiers qu'on va arriver à faire, cela va
être exactement le contraire. Les gens du domaine de la construction, que
ce soit du côté syndical ou que ce soit du côté
patronal, n'accepteront pas facilement, j'en suis convaincu, qu'on leur impose
des conditions de travail qu'ils n'ont pas véritablement
négociées".
Si ce n'est pas l'intérêt public, quelle peut être la
raison ou le prétexte pour cette présente commission
parlementaire? On nous dit que ce sont les modifications légales.
Pourtant, la convention collective et le décret qui a été
publié contiennent l'article 3202.
Je vais me permettre ici de lire l'article 32.02; l'article 32.02, qui
était la loi des parties, dit: "Disposition contraire à la loi:
Toute disposition du décret qui pourrait être contraire à
la loi ou aux règlements adoptés pour son application est nulle
et sans effet. Cependant, la nullité d'une telle disposition du
décret n'affecte en rien la validité des autres dispositions du
décret." J'aimerais, pour le bénéfice des membres de la
commission, mentionner qui a demandé cet article, pourquoi il a
été écrit.
Au moment des négociations, plus spécifiquement au
début d'octobre, nous avions été convoqués pour une
séance de conciliation par M. Pierre Dufresne, conciliateur
mandaté par le ministère du Travail, qui était
accompagné par Me Michel Robert, qui était apparemment
l'éminence au niveau des légalités. On avait lu une
déclaration du ministre du Travail d'alors, M. Gérald Harvey, qui
avait critiqué le rapport du conciliateur disant que certaines des
recommandations du conciliateur étaient contraires à la loi.
A ce moment-là il existait un avis du contentieux du
ministère de la Justice qui cadrait dans ce qui était
négociable et jusqu'où on pouvait aller. La partie patronale a
demandé, à M. Dufresne et à M. Robert, de nous obtenir
cette expertise du contentieux pour que nous sachions dans quelle limite on
pouvait négocier, quelle était la légalité, parce
qu'il a toujours été notre intention de ne pas négocier la
loi, mais de négocier à l'intérieur de la loi.
A ce moment-là, M. Robert et M. Dufresne avaient
communiqué avec M. Laporte et M. Har-vey, qui se trouvaient à
Toronto à ce moment-là; on avait pris un certain temps pour avoir
la réponse. La réponse qu'on a obtenue c'est que le gouvernement
ne voulait pas mettre à notre disposition ce rapport du contentieux. Il
préférait qu'on négocie à la bonne franquette et
eux, à ce moment-là, décideraient ce qui était
légal ou pas légal, comme le stipulait la loi.
Nous, de la partie patronale, on a insisté pour avoir l'article
32.02. C'est à ce moment-là, qu'il a été
écrit, parce qu'on ne voulait pas, comme cela s'est fait auparavant, que
le fait qu'on négocie quelque chose qui pouvait être
différent de la loi soit interprété comme une
volonté de notre part de changer la loi. On voulait, nous,
négocier à l'in- térieur de la loi mais, n'ayant pas le
bénéfice de cette expertise, on s'exposait à se
tromper.
Maintenant, le document du 13 juin qu'on a remis, en réponse
à certaines modifications possibles, est assez explicite sur tous les
aspects, sur la forme et sur le fond. Je ne vois pas le but de cette commission
parlementaire, parce que l'article 32.02, premièrement, donne la
possibilité au ministre, c'est-à-dire c'est le voeu des parties
qui, lui, enlève ce qui est légal et ce qui n'est pas
légal, puis ce qui est légal ne peut pas être
négocié ici, c'est légal ou ce n'est pas légal. Or,
on l'enlève en vertu de l'article 32.02 ou on le laisse si c'est
illégal, si ce n'est pas le but. Alors, pour nous, ici la commission
parlementaire n'est qu'un prétexte et puis on pense que la
véritable raison se trouve dans ce qui a été ajouté
par suite de la convocation de M. Couture.
C'est le voeu du gouvernement d'intervenir dans une convention
collective, de jeter son poids en faveur d'une des deux parties. D'après
nous c'est la véritable raison, et je m'explique. Je dois dire que ce
n'est pas la première fois que le gouvernement intervient dans la
convention collective depuis un an, depuis que l'AECQ a été
formée. On se souvient que l'an dernier, au mois d'avril, la partie
syndicale a demandé la présence d'un conciliateur, alors qu'il
n'y avait pas eu de négociation. La partie patronale, le 13 avril, s'est
opposée. Le 22 avril on a communiqué directement avec le
sous-ministre d'alors pour lui dire qu'on s'opposait non seulement à la
présence d'un conciliateur, mais au conciliateur qui a été
nommé. Le conciliateur a été nommé quand même
la même journée.
En commission parlementaire, l'an dernier, on a demandé au
gouvernement d'alors de ne pas intervenir, de laisser les parties
établir leur propre force et de laisser le jeu de la convention
collective se faire. Le gouvernement, à ce moment-là, a
passé outre, est intervenu, a accordé une augmentation de salaire
de $0.55 qui excédait, pour un an, les normes de la loi anti-inflation.
C'est une deuxième intervention. Au mois de septembre, alors qu'il y
avait des élections imminentes, on a vu un article sur les journaux
où M. Laberge disait que le gouvernement se préparait à
intervenir, plus précisément le 22 septembre.
M. Laberge déclarait que le gouvernement se préparait
à intervenir pour sauver les patrons. Le même soir il rencontrait
M. Bourassa, lui demandant de mettre quelqu'un au dossier, parce qu'à ce
moment-là la partie patronale était structurée d'une
façon trop forte. Le lendemain, malgré notre opposition, c'est
une opposition qui est publique, le sous-ministre était nommé au
dossier comme conciliateur spécial.
C'est une autre intervention gouvernementale qui n'était pas
souhaitée et que nous avons eu à subir.
L'hiver dernier, au 5 janvier, comme l'a mentionné M. Couture, on
a demandé l'extension juridique de la convention collective. On l'a eue
le 20 avril, exactement trois mois et demi après, pour une extension
qui, à toutes fins pratiques, est
exactement le texte qu'on avait avec tous ses défauts de forme et
ses vices, sauf pour certaines modifications mineures. Cela a pris trois mois
et demi.
Plus précisément, encore durant l'hiver, il y a eu la
fameuse "grève des ascenseurs". On a demandé au gouvernement de
ne pas intervenir. La partie syndicale a demandé la présence d'un
conciliateur et il a été nommé.
Finalement, nous avons la présente commission, qui,
encore-là, d'après nous, n'est ni utile, ni désirable, ni
souhaitée par la partie patronale. Pourquoi ne penserait-on pas ainsi,
nous, la partie patronale, si on regarde les agissements du gouvernement et
puis certains paradoxes, certaines contradictions?
Nous avons M. Burns, en avril 1976, qui fait un brillant plaidoyer pour
nous dire qu'il n'y a aucune utilité pour une commission parlementaire
et qu'à ce moment il faut respecter la loi des parties. Nous avons M.
Couture aujourd'hui qui la convoque, même si déjà la loi
des parties est très spécifique et prévoit les cas
d'irrégularité au point de vue légal.
Nous avons M. Couture, au sommet économique, qui déclare
publiquement qu'il souhaiterait que les parties prennent leurs
responsabilités et que le gouvernement n'est pas un Etat providentiel
toujours prêt à intervenir. Pourtant, les parties ont pris leurs
responsabilités et n'ont pas demandé au gouvernement
d'intervenir, du moins la partie que je représente.
Plus précisément, M. Couture me téléphone en
avril pour demander notre accord sur un article qui devait être soustrait
de la convention collective, pour en faire un décret. Durant cette
conversation il me mentionne qu'il y aura possiblement une commission
parlementaire, mais, comme il le dit aujourd'hui, ce ne serait pas pour
renégocier la convention. Si vous regardez la convocation d'aujourd'hui,
il y a des clauses qui sont des clauses de négociation.
Nous avons aussi l'adjoint parlementaire de M. Couture, M. Chevrette,
qui, lorsqu'il était commissaire à la commission Cliche, avait
endossé un rapport. Je me permets d'en lire certains extraits ici, qui
sont très pertinents. En page 220: "Bref, nous affrontons
présentement un système de placement tyrannique qui finalement
vise plutôt à combler l'intérêt égoïste
de certaines organisations et de certains dirigeants que de répondre aux
besoins des travailleurs. Le droit au travail signifie pour le travailleur la
protection de ses droits dans l'embauche. La vénalité des emplois
ou le sacrifice des droits pour obtenir l'emploi constituent en fait un
chantage et non pas la protection des travailleurs".
Dans la page suivante on dit que seulement 10,7% des salariés
veulent des bureaux de placement syndicaux. On lit plus loin: "De fait,
l'abolition des bureaux de placement syndicaux est devenu un consensus au
Québec. Tous les organismes qui ont déposé des rapports
auprès de notre commission, à la seule exception de la FTQ,
réclament l'abolition de ces bureaux de placement syndicaux".
Plus tard il fait une recommandation qui s'appelle la recommandation
117: Que l'existence d'un bureau de placement dirigé par un syndicat,
une union ou une association patronale soit formellement interdite par la loi
et que toute violation de cette interdiction soit passible d'amendes
sévères pour les contrevenants.
Pourtant, M. Chevrette est maintenant dans le parti ministériel,
et le dernier document qu'il nous a déposé sur les bureaux de
placement "sanctifie" à toutes fins pratiques les bureaux syndicaux de
placement.
D'après nous, où le ridicule frise l'absurde, c'est quand
un ministre que se fait soi-disant le champion des opprimés et le
champion des petites personnes, dans un même document enlève des
emplois comme les journaliers, ceux qui sont les moins bien payés, ceux
qui sont le moins bien protégés, ceux qui ont accepté
à la dernière négociation de sacrifier des augmentations
de salaire et qui, en faisant cela, ont permis à d'autres métiers
d'avoir des augmentations de 15% et 16% à cause du jeu de la masse
salariale, ceux qui, en retour de ce sacrifice, ont obtenu une certaine
définition d'emploi qui leur permet d'avoir une certaine reconnaissance
à l'intérieur du décret.
Quand dans le même décret le ministre suggère de
leur enlever ces concessions, sans leur remettre l'argent qui a
été remis aux autres, pendant ce temps dans la même
convocation le ministre nous demande de regarder pourquoi on ne donnerait pas
deux primes additionnelles pas à tous les électriciens, mais
à une minorité d'électriciens, ceux qui travaillent dans
le secteur industriel.
M. Couture: M. le Président, je pense qu'au niveau de
l'information, c'est important de coller à la réalité.
Dans la convocation dont vous parlez, il n'est aucunement question... Cela ne
préjuge pas du tout de la...
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le débat s'est engagé ce matin avec
sérénité. Chacune des parties a pu faire part de ses
représentations respectives.
Le Président (M. Marcoux): La question de
règlement.
M. Couture: Question de privilège.
M. Pagé: J'y viens, M. le Président. Je voudrais
qu'on soit calme parce qu'on a tout le temps qu'il faut. Il serait opportun
dans les circonstances qu'on laisse terminer la partie qui intervient
actuellement. Si, par la suite, le ministre a des commentaires à
formuler, libre à lui de le faire. On n'est pas pour commencer à
engager un débat.
Le Président (M. Marcoux): Concernant la question de
règlement, je permettrais au ministre,
non pas un discours, mais, s'il veut rectifier un fait, de le faire
immédiatement, comme cela est souvent permis. Si c'est pour faire des
commentaires, il les fera plus tard. Le ministre a-t-il des faits à
rectifier?
M. Couture: Je veux rectifier le fait important suivant: d'aucune
façon, dans la convocation, la formulation n'était faite de telle
façon qu'on préjugeait d'avance qu'on accorderait des droits ou
des avantages nouveaux à une des parties ou à un des groupes de
la construction. C'est simplement une question d'information.
Le Président (M. Marcoux): Je vous arrête parce
qu'il me paraît à l'évidence même que c'est une
question d'interprétation. Alors, M. L'Heureux, vous pouvez
continuer.
M. L'Heureux: Simplement pour répondre à la
remarque, je lis la convocation. "De plus, certaines suggestions de
modifications qui m'ont été transmises dans les réponses
aux modifications que j'ai proposées seront également
discutées lors de cette commission parlementaire. Il s'agit, article 2,
du remboursement des frais de déplacement aux électriciens, ainsi
que du paiement d'une prime aux électriciens pour les travaux sur des
structures d'acier ou de béton en cas d'intempérie." C'est cela
que je voulais dire.
Je continue, avec votre permission, M. le Président. Comme je le
mentionnais, dans le même document, dans les autres articles, on
enlève à un syndicat, à un local tout ce qu'il a pu gagner
durant la négociation en faisant certains sacrifices d'ordre
monétaire, pendant que d'autres métiers plus forts ont obtenu ces
gains monétaires. Le paradoxe, c'est que dans la même convocation,
à ce moment, on bénéficie... Il y a beaucoup d'autres
choses qui ont été refusées. Il y a des primes qui ont
été refusées au local 144 et au local 791. Il y a des
demandes qui ont été refusées à tout le monde.
Pourquoi ne les voit-on pas ici? Pourquoi voir simplement cela? C'est là
que je ne comprends pas qu'on puisse privilégier un local en particulier
quand ce local, systématiquement, depuis un an, a premièrement
bloqué les négociations, le 12 avril dernier, en ne reconnaissant
pas la forme de ce qui existait dans la loi. J'ai des copies de
télégrammes qui ont été envoyés au
gouvernement, à la partie patronale et au Conseil provincial des
métiers, comme quoi la Fraternité interprovinciale des ouvriers
en électricité ne reconnaissait ni notre association, ni le
conseil pour négocier en leur nom. Ils ont tenté de
court-circuiter par toutes les manières possibles les mécanismes
prévus dans la loi. Ces gens, depuis le début, ont incité
les électriciens l'an dernier à ne pas travailler le vendredi,
à ne pas faire de temps supplémentaire, à faire des "slow
down" aux Olympiques ou dans certains chantiers comme à Coteau-du-Lac,
dans des usines industrielles. Ce sont ces gens, aujourd'hui c'est cela
le prétexte de la commission parlementaire qu'on veut
privilégier, bonifier par le poids du ministère du Travail.
La commission Cliche, j'y reviens encore, ne s'est pas penchée
seulement sur le côté syndical; elle s'est aussi penchée
sur le côté patronal. La commission Cliche a fait les commentaires
suivants encore là, quand je parle de la commission Cliche, je
parle en particulier de M. Chevrette "La commission constate, en effet,
que les associations patronales ont cédé à toutes les
pressions exercées par la FTQ et qu'elles ont toujours été
divisées devant le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
ceci est important qui a réagi en leur imposant
continuellement des conditions de travail arbitraires puisqu'il était
dans l'impossibilité de s'appuyer sur l'accord des patrons." Je me
demande si cela tient encore. "Les associations patronales ont accepté
des conditions de travail fixés par le décret qui se sont
révélées inapplicables". Je me demande si cela tient
encore. On en a un décret qui résulte d'une convention
collective. Le chapitre qui concerne les délégués de
chantier illustre très bien cette situation.
Les associations patronales faibles et divisées, à la CIC
maintenant il faudrait lire l'Office de la construction en ont
complètement abandonné la maîtrise à la FTQ. Elles
ont aussi laissé à la FTQ la fonction du placement c'est
M. Chevrette qui écrit cela sans réfléchir
qu'à la longue cet usage jouerait contre leurs propres
intérêts et ceux des travailleurs mêmes. Elles ont
toléré que les surveillants des chantiers soient membres des
mêmes syndicats que les employés on parlait des
contremaîtres et ainsi soient subordonnés à la
dictature de certains chefs syndicaux au détriment de leurs droits de
gérance.
Dans d'autres circonstances, les employeurs, à cause de la
faiblesse de leur association c'est peut-être encore le cas
et de leur individualisme, ont préféré acheter la paix
à tout prix au lieu de résister à la violence et à
la menace dont ils étaient victimes tout autant que leurs
employés. Une des recommandations de la Commission Cliche, c'est qu'une
association unique qui s'occuperait uniquement des relations de travail, l'AECQ
que je représente, soit faite justement pour relever ce défi qui
nous était posé. Je dois vous dire, M. le Président, que
nous, à l'AECQ, on a l'impression qu'on a relevé de
défi.
L'an dernier, trois mois avant que le décret expire, on a
été élus, douze administrateurs, plus ou moins
démocratiquement. Le fait demeure qu'on a été élus
conformément à une loi. A ce moment, on avait omis, dans nos
dossiers, de mentionner un mode de financement, une protection par une
corporation. De toute façon, à partir du 14 février
jusqu'au mois d'avril, on a oeuvré, on a relevé tous les
défis, on a réussi, à l'intérieur d'une
année, à faire une certaine unité à
l'intérieur du monde patronal dans l'industrie de la construction
à un point tel que les anciens moyens de pression usuels n'ont pas
fonctionné l'an dernier. On pense que l'AECQ représente
maintenant les travailleurs, que les entrepreneurs endossent l'AECQ, et c'est
la raison pour laquelle on vient ici vous faire ces commentaires.
Je dois vous dire que l'association que je représente n'a jamais
rien demandé au gouvernement. L'an dernier, en commission
parlementaire,
c'était un autre gouvernement et on leur a tenu exactement les
mêmes propos qu'aujourd'hui. On a demandé au gouvernement, l'an
dernier, de s'en tenir à son rôle de législateur,
c'est-à-dire de faire des lois et de les faire appliquer, comme clients
de les respecter, de ne pas rendre, par loi, légal ce qui était
illégal, et à partir de là, de ne pas intervenir dans ta
loi des parties. Au sommet économique, on a répété,
pour le bénéfice de ceux qui y ont assisté, lorsqu'on
parlait des amendements possibles au Code du travail, qu'il était
très dangereux pour un gouvernement de déséquilibrer les
forces en présence. Si un gouvernement veut toujours agir comme pompier
et intervenir dans tous les conflits au fur et à mesure, tout ce qu'il
fait, c'est de déséquilibrer les forces qui sont en
présence. La seule raison pour laquelle les Etats-Unis et la Russie ne
s'attaquent pas, dans le moment, c'est que chacun d'eux respecte la force de
l'autre.
Il est important pour nous, dans l'industrie de la construction, que les
forces en présence soient équilibrées et qu'elles se
respectent. A ce moment-là, on n'aura plus de conflits. Mais ce n'est
pas par une intervention continuelle en faveur d'une partie que le gouvernement
va jouer son rôle de législateur.
J'aimerais terminer ici par une autre constatation de la commission dont
M. Chevrette faisait partie, lorsqu'il parlait du gouvernement, et je cite: "II
est inutile de demander à un citoyen sans défense de
résister au chantage et aux menaces si l'Etat, face à de
semblables tactiques, ne donne pas lui-même l'exemple d'une grande
fermeté inspirée par la conviction profonde que le respect de la
loi est le plus sûr moyen d'assurer la liberté à tous ceux
qui veulent vivre en paix dans un régime démocratique".
J'aimerais savoir si cela tient toujours.
Pour résumer nos commentaires d'ordre général,
d'après nous, cette commission n'est qu'un prétexte pour jeter le
poids du gouvernement en faveur d'une minorité de locaux et les plus
forts, ceux qui sont déjà en tutelle. C'est notre
prétention. Sur les points d'ordre légal, notre réponse du
13 juin peut être expliquée et nous avons ici Me Dion et M.
Jean-Pierre Langlois pour le faire. Sur les autres points, ceux qui ne sont pas
sur la forme d'ordre légal, si, malgré nos remarques, le ministre
juge encore qu'il veut écouter nos commentaires et ainsi peut-être
attiser les centres et empêcher une cicatrisation qui doit se faire d'une
négociation, le gouvernement ou le ministre du Travail ou la commission
parlementaire en portera l'odieux. Nous, on est prêt, on a tout ce qu'il
faut pour répondre à nos actions.
Sur votre deuxième question, à savoir: Est-ce que notre
association accepte que d'autres parties soient entendues? J'aimerais, pour
commencer, savoir quelles parties on veut faire entendre.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le ministre peut
répondre à la question?
M. Couture: II y a des parties qui ont désiré,
effectivement, se faire entendre. Je pourrais peut-être vérifier,
à l'heure du dîner, si ce désir se pour- suit ou s'il y en
a d'autres qui veulent parler à cette commission. Au début de la
séance de cet après-midi, je pourrai dire à cette
commission les personnes ou les parties qui veulent parler à cette
commission.
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais, maintenant, le
responsable du Conseil provincial du Québec des métiers de la
construction à nous présenter leur point de vue sur les travaux
de la commission ainsi que leur opinion sur la possibilité d'entendre
d'autres groupes lors des travaux de cette commission. Je vous inviterais
également à présenter vos collègues.
Conseil provincial du Québec des métiers
de la construction
M. Dumoulin (Guy): Guy Dumoulin, directeur général
du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction.
J'ai à mes côtés Michel Décary, avocat, Jean
Lavallée, membre de l'exécutif du Conseil provincial, et Mario
DiPesa ainsi que tous les affiliés, ici en arrière, que je ne
peux pas tous nommer, étant donné le nombre.
M. le Président, vous avez posé une question tantôt.
Je ne pense pas que le débat soit lancé, on a eu une allocution.
On a eu un avertissement du ministre du Travail, qu'il n'était pas
question de faire de la négociation. Mais, après avoir
écouté la partie patronale, je me retrouve en temps de
négociation. On nous a dit la même chose qu'on nous a dite tout le
temps de la négociation. On nous a lu des passages de la commission
Cliche, ce qui vient d'être lu ce matin. Malheureusement, je ne crois pas
que ce soit tellement un bon début pour essayer de trouver des solutions
à ces problèmes.
Ce qu'on recherche, à mon sens, c'est d'éclaircir des
événements d'octobre 1976 lorsqu'il y a eu la fameuse entente
intervenue entre les parties après une médiation de cinq jours
et, en plus, de régulariser les clauses que le ministère nous a
soumis qui, semblerait-il, sont d'aspect illégal. Je veux toucher deux,
trois points qui ont été mentionnés. Je n'ai pas
l'intention, à moins qu'on débute immédiatement mais on a
des documents à présenter. On a mentionné, tantôt,
l'article 32.02. On vous laisse croire ou supposer que c'est un nouvel article
qui apparaît à l'intérieur du décret de la
construction quand l'article a toujours paru. Il est d'aspect légal, il
a toujours paru à l'intérieur des décrets que nous avons
eus lorsqu'une clause devient illégale par rapport à une
modification à une loi, mais certainement le reste du document
s'applique et la clause devient nulle et sans effet.
De plus, on a fait mention, du côté de la
députation, tantôt, aux mécaniciens d'ascenseurs, dont le
problème n'est pas réglé. On n'est pas ici pour un
métier en particulier ou un autre métier ou une clause en
particulier. On a reçu du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre un document nous présentant des modifications suite aux
avis de ses conseillers juridiques. Par-dessus cela, nous avons soumis au
ministre du Travail un document
lui formulant la réponse sur ce qui nous a été
donné. On dit qu'on s'est entendu sur une multitude de clauses. On sait
que chez les mécaniciens d'ascenseurs que j'ai mentionnés
tantôt, il n'y a absolument rien de réglé. Quand je dis
rien, rien du tout. Lorsqu'on s'est entendu verbalement, il y avait une lettre
d'entente concernant les mécaniciens d'ascenseurs que vous retrouvez
dans le document. Suite à cette lettre d'entente, qui est du mois
d'octobre, j'ai avisé les mécaniciens d'ascenseurs qui ont
avisé les employeurs, mais je m'explique: Les employeurs qui emploient
les membres des locaux que nous représentons. Ils se sont
rencontrés trois jours après que cette entente est intervenue,
à l'hôtel Laurentien, qu'ils sont en train de démolir,
d'ailleurs, aujourd'hui, et ont commencé à essayer de s'entendre
et cela allait relativement bien. Il y avait du monde qui venait de partout. Du
fond des Etats-Unis comme du Canada ou de la province de Québec, pour
essayer de trouver une solution.
La réponse qu'on a eue de l'AECQ, c'est qu'on a reçu un
télégramme nous informant d'arrêter immédiatement
ces négociations, étant donné que c'étaient des
négociations ie ne me rappelle pas tellement le
télégramme, il faudrait que je vous le sorte soit
illégales ou quoi que ce soit et qu'au moment opportun on les avisera
des rencontres futures pour s'entendre. Messieurs, cela a conduit à la
grève des mécaniciens d'ascenseurs. On nous accusera
après, mais c'est cela qui a conduit à la grève des
mécaniciens d'ascenseurs. Cela c'est un problème.
Je crois que c'est un problème majeur. Il existe depuis
peut-être cinq ou dix ans. On avait quand même la chance de trouver
une solution par rapport à une lettre qu'on avait, disant qu'on
était intervenu ce fameux soir.
De plus, il y a une multitude de choses qui sont survenues. J'aimerais,
en même temps que ce que je vais dire, poser une question, à
savoir si on va procéder clause par clause ou avec l'ensemble. Je veux
savoir parce que s'il faut qu'on fasse une allocution générale,
on va en faire une, mais s'il faut, à un moment donné, qu'on
discute par clause, on va répéter ce qu'on va avoir dit au
début. Je n'ai pas l'intention de me répéter. J'ai
l'intention d'essayer d'apporter la lumière sur les faits qui sont
survenus.
Lorsqu'on parle aussi des problèmes des journaliers, qu'on dit
qu'il avait été accordé, semblerait-il, une juridiction
exclusive aux journaliers, je peux vous dire que la position du conseil
provincial nous avons ici les résolutions à cet effet
c'est que cela a toujours été maintenu. Ils ont toujours
été informés, à la partie patronale, que
c'était le statu quo du décret. Parce que, messieurs, on ne
négocie pas de la juridiction à l'intérieur de la
négociation. C'est le règlement no 1 et on n'a pas le droit de le
négocier. A l'intérieur de cela, c'était le maintien du
statu quo, concernant le conseil provincial. En plus, si le conseil avait su
qu'il y avait un genre de négociations qui se faisaient concernant la
juridiction, par en arrière avec certains individus, cela ne se serait
peut-être pas passé de la manière que cela s'est
passé. Mais pour essayer de trouver une solution, même si
c'était un point majeur de la grève, on a été
obligé de faire un genre d'arbitrage à l'intérieur du
document vous l'avez à l'intérieur, vous le lirez, vous
allez voir pour, avec cet arbitrage, revenir avec ce qui existait dans
le passé. C'était le but recherché. C'était
plutôt chercher à établir du "cheap labour" que de la
chercher, à un moment donné, à parler de la manière
dont on a parlé du côté patronal. Encore une fois, je me
répète, la juridiction ne se négocie pas. C'est le
règlement no 1 et c'est le genre de places où nous devons aller
pour discuter de la juridiction.
A l'intérieur de ce qui a été accordé, cela
couvre des métiers qui étaient impliqués, et
dangereusement aussi.
En ce qui a trait à la fameuse question qui a été
posée au début, j'aimerais aussi avoir une réponse sur ce
que j'ai demandé, parce qu'on va continuer, s'il faut qu'on
détaille le tout. Quant à entendre d'autres parties, on n'a pas
d'objection sur ce que le ministre a mentionné, en autant qu'on
connaisse les parties et qu'on sache pourquoi elles veulent se faire entendre,
et qui elles représentent. Ce qu'on aimerait savoir, c'est ce que j'ai
mentionné, parce que vous avez dit tantôt que vous aviez
l'intention d'entendre les parties, mais on aimerait savoir qui. On n'a pas
d'objection d'essayer d'éclairer tout le monde et de vraiment trouver
une solution là-dedans. Nous, tout ce qu'on recherche, ce n'est pas
à négocier du tout. On cherche à vous expliquer ce qui
s'est produit, à vous éclairer et, sûrement, il y aura des
gens qui auront à se prononcer sur les événements, les
événements d'octobre 1976. Vous allez vous apercevoir, à
l'intérieur de la journée qu'on va passer ou de la journée
de demain, s'il y a lieu, que ce sont vraiment des événements.
Parce que c'est incroyable qu'à un moment donné, on s'entende sur
quelque chose puis qu'on fasse une belle conférence de presse le
lendemain, que nous, nous n'avons pas faite, disant qu'on a trouvé une
solution, que tout le monde est d'accord et c'était vrai
mais par contre on a été rencontrer nos gens, entre autres les
électriciens qui ont rencontré leurs gens, fait 58
assemblées, les informant qu'on avait eu telle et telle condition de
travail, puis on se les fait ôter. Messieurs, on va vous expliquer
clairement ce qui s'est passé. On va vous déposer les documents
qui ont été signés, on va vous montrer des documents qui
viennent d'un côté ou de l'autre, vous montrer que tout cela
était présent, ces clauses que je mentionne. D'ailleurs, on parle
de deux, c'est ce que vous entendez dire depuis six mois. Mais ce n'est pas
deux qu'il y a eu, c'est trois. On va vous expliquer pourquoi c'était
trois.
Il y a cela, il y a les mécanismes d'ascenseur, vous avez les
tireurs de joints qui ont un problème pécuniaire, vous avez aussi
les ferrailleurs qui ont un problème pécuniaire et toutes ces
choses. Lorsqu'on avait discuté en présence du sous-ministre
à la dernière médiation, il nous avait été
dit: Lorsqu'on écrira le document, on pourra, à un moment
donné, ajuster certains salaires de certains métiers,
après les explications qui seraient
données. Ce sont ces choses qu'on veut discuter. On va vous
éclairer du mieux possible. On vous déposera les documents qu'on
a.
J'aimerais quand même avoir une réponse à ma
question, de la part du ministre parce que j'aimerais pouvoir continuer
à parler à savoir s'il faut parler sur le tout ou si nous
allons procéder clause par clause.
Le Président (M . Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: A la suite des commentaires des deux parties,
j'aurais peut-être une mise au point ou deux à faire. Je crois que
c'est assez important pour nous tous c'est pour cela que j'ai tellement
insisté au début de bien savoir, de bien se convaincre que
nous travaillons dans un mandat précis. Cette commission parlementaire
n'est pas ouverte sur tous les problèmes de la construction, sur tous
les événements qui se sont passés depuis plusieurs
années ou depuis plusieurs mois. Ce n'est pas exclu je pense le
préciser à la fin de la commission
qu'éventuellement, à plus ou moins long terme, on aborde cette
série de problèmes et qu'on les étudie plus en profondeur
en y mettant le temps.
Notre mandat j'y reviens est quand même plus
limité. Si, comme on l'a souligné, on veut travailler à
maintenir ou, sinon, à développer la paix industrielle dans le
monde de la construction, je pense qu'on doit éviter, dans cette
commission, tout procès d'intention ou toute remise en question de
problèmes qui débordent notre mandat. Ceci dit, du fait,
justement, de ce mandat, nous devons chercher a nous éclairer, recevoir
des représentations, afin de mieux connaître les raisons pour
lesquelles le gouvernement, qui est responsable, qui a le droit de le faire et
qui prend ses responsabilités, devrait, oui ou non, tenir compte de ces
représentations pour proposer des modifications au décret.
Pour rassurer les gens qui ne semblent pas l'être assez, j'ai dit
clairement, au début, que nous ne voulons pas renégocier la
convention collective. Nous sommes arrivés le 15 novembre. Nous avons
pris la négociation où elle était et il y a eu signature
le 22 décembre. Nous avons suivi les étapes prévues par la
loi. Mais je dois quand même vous dire que, comme gouvernement, nous
n'étions pas présents avant le 15 novembre. Il n'est pas possible
pour nous de reprendre ou de revivre entièrement tout ce qui s'est
vécu avant, sauf que notre responsabilité de gouvernement nous
commande, en tenant compte même de la loi, de réparer, s'il y a
lieu, des irrégularités, des omissions, tout en respectant
l'économie générale des relations de travail et le respect
essentiel de la convention collective.
J'aimerais aussi faire une mise au point sur ce qu'a dit M. L'Heureux
à propos de la convocation. Il est bien clair que, quand on mentionnait
les deux questions et, en particulier, la question des électriciens, ce
n'est pas nous qui proposions d'étudier d'une façon nouvelle ce
problème. On faisait référence, dans le
télégramme, à "certaines suggestions de modifications qui
m'ont été trans- mises dans les réponses aux modifications
que j'ai proposées." On rappelle simplement des réponses d'une
des parties à ces modifications. C'est la raison pour laquelle,
d'ailleurs, en vous demandant d'entendre d'autres parties, nous l'avons fait
dans l'esprit que ces réponses aux modifications on a abordé
à peu près tous les problèmes de plusieurs métiers.
Effectivement, s'il y en a qui peuvent nous éclairer, je pense qu'on ne
peut pas se priver de leurs représentations.
Quant à la question précise de M. Dumoulin, à
savoir comment on fonctionne, je pense l'avoir dit, ce que je propose c'est
qu'on procède article par article, dans les articles qui ont
été rejetés, en écoutant l'avis des deux
parties.
Alors selon l'article qui sera appelé, il y a peut-être un
problème plus global où vous aimerez dire des choses, je pense
que ce sera l'occasion de le faire.
J'aimerais, avant qu'on commence, vous présenter notre
équipe, et d'abord dire que je compte beaucoup sur la contribution de
l'adjoint parlementaire qui, comme vous le savez, a eu un mandat
spécial, dans les problèmes de la construction. Je crois que nous
pourrons bénéficier de sa contribution aussi spéciale.
J'ai avec moi une équipe qui, vous l'accepterez sans peine dans cet
esprit de nous informer, pourra participer aux travaux, surtout quand il y aura
des problèmes plus directement légaux. Alors je demanderais
à M. Laporte de présenter cette équipe. Me Fortin,
directeur du contentieux. Me Raymond Cantin, membre du contentieux, Marcel
Dion, coordonnateur de la construction, et M. Ménard,
représentant de la sécurité, à titre
d'observateur.
Alors, si les députés sont d'accord, j'inviterais le
président à appeler l'article 1.
Le Président (M. Marcoux): Avant de procéder, il y
a trois députés qui ont demandé la parole: le
député de Joliette-Montcalm, Sainte-Marie et Nicolet-Yamaska.
M. Chevrette: Dans un premier temps, il m'est apparu qu'il y a
une question ambiguë qui n'est pas tranchée, et cela a
été soulevé en particulier par M. Dumoulin, tantôt.
On peut faire l'étude article par article, moi je trouve que c'est
valable. Cependant, si on ne clarifie pas, au départ, la question de
l'ambiguïté de fin de négociation, qui a été
titrée "événement" ou je ne sais pas quoi, il
m'apparaît que c'est peut-être là que certains semblent
vouloir dire qu'il y a eu des choses qui ont provoqué cette commission
parlementaire aujourd'hui. La fin de course ne semble pas suffisamment claire
pour permettre d'en arriver à dire: Le contenu comme tel, il a
été négocié, mais il y a eu cela, il y a eu cela,
il y a eu une intervention d'un médiateur, il y a eu l'intervention
spéciale du ministre du temps via le sous-ministre. Il y a toutes sortes
de choses qui flottent dans les airs et, à mon sens, si on discute des
clauses sans parler du contexte, cela ne me permet pas, en tout cas, de
trancher, pour les membres de la commission, la question d'intérêt
public que le ministre soulignait au départ dans son affirmation.
Donc, moi je pense qu'au départ les gens peuvent
présenter, comme vous le soulignez, la démarche article par
article, en prenant soin d'expliquer le contexte dans lequel cela s'est
déroulé pour qu'on puisse se faire une idée
personnellement, chaque député ici, de la façon dont cela
s'est déroulé.
M. Dumoulin: ...
M. Chevrette: Non, c'est la suggestion que je fais. Vous avez dit
que vous aviez même des documents, qu'il y avait trois documents en
question. C'est donc dire que c'est susceptible d'éclairer la
commission, pour prendre une décision, parce qu'on n'était pas
là, nous, avant le 15 novembre. Cela s'est réglé dans ces
coins-là. Cela pourrait peut-être même éclairer
l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): Avant de trancher cette
question, de la clarifier, j'entendrai le député de Sainte-Marie
et le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Bisaillon: Une question de règlement.
M. Fontaine: Non, ma question porte sur l'intérêt
public qu'on a soulevé. Est-ce que vous me permettriez de...
Le Président (M. Marcoux): C'est une intervention sur le
contenu? Alors c'est le député de Sainte-Marie d'abord.
M. Bisaillon: Je vais céder ma place, M. le
Président, je parlerai après le député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Marcoux): Alors le député
de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On fait référence à la notion
d'intérêt public et certains participants y ont
référé aussi. Le ministre nous a lu l'article 18 de la loi
qui fait appel à cette notion d'intérêt public et on semble
mettre en doute qu'il y ait intérêt public à ce moment-ci.
Le ministre nous a parlé de cette notion, mais il ne nous a pas dit
quels sont les arguments qu'il invoque pour soutenir cette notion
d'intérêt public.
Il serait peut-être bon, avant de commencer, que le ministre nous
dise pourquoi il prétend, lui, que la notion d'intérêt
public est assez importante à ce moment-ci pour appeler l'article
18.
M. Bisaillon: Parce qu'ils...
M. Couture: Oui, c'est assez simple à répondre.
Quand il y a des représentations de nombreux travailleurs, de
syndicats, qui devant une convention collective nous signalent abondamment
qu'il y a un problème à tel ou tel point de la convention
collective, je pense qu'au moins on peut dire que c'est de
l'intérêt public que de les écouter.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, mon intervention va se
rattacher un peu à celle du député de Joliette-Montcalm.
Je voudrais cependant repartir de l'article 18 où on dit: Lorsque, selon
l'avis du ministre du Travail, il est d'intérêt public d'apporter
des amendements. On se doit cependant d'entendre les parties en commission
parlementaire. Elles ont comme devoir de nous démontrer pourquoi,
à partir des amendements proposés au décret de la
construction, il est impossible pour elles d'en arriver à une
entente.
Ce que je comprends de l'article 18 c'est que les parties, en essayant
de nous démontrer pourquoi il est impossible d'en arriver à une
entente, peuvent nous amener à rejeter des amendements
présentés par le ministre au décret. Ce travail, lorsqu'on
fera l'étude, article par article, nous amènera à poser
des questions aux parties pour voir quelle est leur position respective sur
chacun des articles.
Ce que je crains cependant c'est qu'il y a d'autres problèmes qui
gravitent autour des amendements présentés par le ministre. Il y
en a qui sont annoncés dans les mémoires respectifs et je crains
qu'en cours de route on oublie ces aspects assez importants. J'ai lu les deux
mémoires présentés par l'association des entrepreneurs et
le Conseil provincial. Je pense qu'il y a un esprit au-delà du contenu
d'un article qui se dégage de cela; il est tout aussi important pour les
membres de la commission de prendre connaissance des motivations de chacune des
parties et des choses additionnelles qui pourraient être
présentées ou corollaires aux amendements présentés
par le ministre. Je vois un danger à ce que l'on se limite à
l'étude article par article si en même temps les parties
n'essayent pas de nous démontrer ce qu'elles voudraient voir
ajouté.
Entre autres, quand même que nous voudrions y échapper, la
question soulevée par les électriciens devra être
clarifiée au niveau de cette commission parlementaire. J'avais plusieurs
questions à poser tant à M. L'Heureux qu'à M. Dumoulin sur
la question des électriciens. Je crains que, si l'on procède
strictement par article, je sois empêché de le faire.
M. Couture: M. le Président, je pourrais peut-être
répondre à cette interrogation ou cette inquiétude.
Justement, j'ai proposé à la commission qu'il y ait deux temps.
D'abord, être bien sûr que l'on répond à la loi en
demandant aux parties de dire les raisons, selon l'article 18, motivant
l'impossibilité de parvenir à une entente relativement aux
modifications apportées au décret, les modifications
proposées par le gouvernement. Donc, dans un premier temps nous
écoutons les parties là-dessus. Dans un deuxième temps
après avoir passé à travers ces modifications, ces
amendements proposés, avoir écouté différentes
interventions une fois passée cette étude des amendements
il sera excellent, non seulement d'entendre d'autres parties qui veulent nous
éclairer, mais les
parties principales à la convention collective dans une forme de
bilan ou d'analyse plus globale où elles pourraient reprendre des choses
qui auraient été oubliées. Si les membres de la commission
sont d'accord, ce serait peut-être une façon de
procéder.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, il est évident que la
commission, de consentement ou par un vote sur division, peut accepter de faire
n'importe quoi. Elle est libre de sa procédure dans une large mesure. Il
reste que l'article 18, que cite le ministre, nous invite à
considérer les modifications au décret, celles que le
gouvernement prend à son compte. C'est l'objet premier et à mon
avis cela devrait être le seul objet de la commission.
Tout à l'heure, le député de Nicolet-Yamaska
soulignait une indication, il employait le mot engagement. Si je voulais
absolument contredire le ministre là-dessus, je pourrais
également employer le même mot qu'il nous avait dit en commission
parlementaire relativement à cette séance-ci de la commission
parlementaire, qui nous permettrait de regarder les problèmes relatifs
au placement. Il nous a répondu à cela que le problème de
placement était réservé pour un autre moment.
Quand il en vient à certaines propositions d'amendement au
décret qui sont proposées par des parties qu'il a
consultées sur les modifications que le gouvernement fait siennes,
à ce moment, cela devient un sujet qui peut être discuté.
Si je comprends bien, le ministre réclame le privilège de choisir
les sujets qui seront étudiés par la commission parlementaire,
d'en exclure quelques-uns ou de les reporter à plus tard et d'en retenir
d'autres.
C'est évidemment, le droit de la majorité
ministérielle à la commission parlementaire, en suivant en cela
les indications du ministre, de décider de faire ce qu'elle veut. Il
demeure qu'il est important pour la compréhension des travaux de la
commission parlementaire que le ministre fasse plus qu'affirmer sa
volonté d'exclure un sujet et d'en retenir un autre. Il m'apparaît
que ce n'est pas logique de convoquer la commission parlementaire en invoquant
l'article 18 et après d'y greffer ou de ne pas y greffer d'autres
sujets. Il me semble que plus on s'éloigne de l'esprit et de la lettre
de l'article 18, plus on débouche presque inévitablement vers une
renégociation. Ce que le ministre se défend de faire, mais
malgré tout, il débouche sur une renégociation de
l'ensemble du décret ou de la convention collective qui lui sert de
base.
M. le Président, je fais cette intervention pour souligner la
nécessité dans laquelle se trouve le ministre de dire pourquoi il
veut retenir certains sujets malgré qu'ils ne soient pas
prévus à l'article 18 et veut en exclure d'autres. Si
c'est tout le problème de l'industrie de la construction qu'il veut
remettre sur le tapis, on en a pour tout l'été. C'est
peut-être suffisamment important pour qu'on y passe l'été,
mais s'il veut se limiter, au contraire, à examiner les choses qui sont
d'ordre public et qui doivent être modifiées dans le décret
tel que négocié, alors là c'est beaucoup plus
étroit. Pourquoi ne se limite-t-il pas à cela?
M. Couture: Je peux préciser là-dessus. De fait,
quand je dis que dans un deuxième temps, on entend les parties, c'est
toujours dans le cadre de commentaires sur les modifications. Il y a eu, selon
les procédures prévues par la loi, une série d'objections
ou de propositions de modifications des parties et de syndicats qui
n'étaient pas présents à la convention collective.
Dans mon esprit, il ne s'agit pas de retenir ou de choisir des sujets;
c'est simplement, dans le cadre des modifications proposées par le
gouvernement, de ne pas exclure la possibilité pour toutes les parties
qui ont des choses à dire de le faire. Cela reste quand même le
cadre de ces modifications.
M. Forget: Le ministre ajouterait-il à cela les
modifications qui n'ont pas été mentionnées dans les
lettres qui ont servi de réponses à celles qu'il envoyait
lui-même aux parties le 2 juin et qui pourraient être
mentionnées au cours des débats de la commission parlementaire ou
parallèlement à ses travaux? J'imagine qu'il y a des parties qui
ont eu l'occasion ou qui ont eu l'idée, à ce moment, de faire des
représentations. D'autres n'ont pas saisi l'occasion, ne l'ont pas eue
ou n'ont pas voulu s'en prévaloir à ce moment. Est-ce que tout
sujet qui est incident aux modifications suggérées par le
gouvernement et qui pourrait être mentionné en cours de
débat pourrait également faire l'objet de commentaires? Cela
risque d'élargir considérablement le débat.
M. Couture: M. le Président, si les membres sont d'accord
sur cette façon de procéder, je ne voudrais pas qu'on se prive ou
qu'on s'enferme dans un cadre étroit, c'est-à-dire, toujours face
à cet objectif de nous éclairer le plus possible sur les
modifications à apporter ou, éventuellement, d'écouter
à nouveau des représentations qui nous avaient été
faites durant le délai accordé aux parties pour faire des
objections ou proposer des modifications, de ne pas nous priver en commission
parlementaire d'entendre ces représentations en nous laissant,
évidemment c'est le privilège et la responsabilité
du gouvernement faire éventuellement un choix politique.
Cette commission parlementaire aura beaucoup d'importance si elle nous
indique un cadre légal assez précis. Dans ce cadre, elle ne nous
empêche pas, face à la convention collective et aux modifications
qui ont été proposées quand je dis modifications
proposées cela touche à peu près tous les problèmes
possibles qui rejoignent éventuellement des recommandations qui ont
été faites, mais qu'on n'a pas retenues d'accepter de les
entendre. C'est peut-être utile.
Ce sera à la commission de juger, peut-être demain, si on
s'en va trop loin ou si on est suffisamment informés, quoi.
M. Forget: Une dernière brève intervention sur ce
sujet, de ma part, du moins. La loi parle des éléments d'ordre
public. On dit: "Quand il est d'avis," c'est-à-dire quand le ministre
est d'avis qu'il est d'intérêt public. Je reviens à cette
formulation parce qu'elle est importante. Il y a là une disposition qui
n'est pas seulement une clause de style. Un député, membre de la
commission, a dit tout à l'heure: C'est le ministre qui juge ce qui est
d'intérêt public. Je veux bien que ce soit le ministre qui juge ce
qui est d'intérêt public; encore faut-il que ce soit lui qui le
juge et qu'il dise sur quoi il base son jugement. Quand les parties à
une négociation collective conviennent entre elles de certaines
conditions, on peut présumer qu'elles ne sont pas entièrement
satisfaites du résultat. C'est un compromis comme toute convention.
Est-ce qu'on doit présumer que tout sujet qui est soulevé
par l'une des parties à la suite de la conclusion d'une convention
collective devient d'ordre public parce qu'elle est mentionnée à
l'occasion d'une commission parlementaire n'est-ce pas plutôt le ministre
lui-même qui doit juger qu'une modification est d'ordre public? A priori,
je croirais que les modifications que le ministre, six mois après la
signature du décret, n'a pas jugées être d'ordre public
sont réputées ne pas être d'ordre public. Les parties
individuelles qui pourraient venir soulever des difficultés qu'elles
voient dans l'application du décret soulèvent des dispositions
particulières ou d'ordre privé, mais non pas des dispositions
d'ordre public, parce qu'encore une fois c'est le ministre qui en est juge. Le
ministre, en proposant des modifications, a jugé que ce n'était
pas d'ordre public; au moins, c'est la présomption qu'on doit faire.
Il y a un certain intérêt à restreindre le
débat dans l'intérêt même des parties. Encore une
fois, c'est une disposition relativement nouvelle. C'est probablement une des
premières fois qu'elle est appliquée à la suite de la
négociation d'une convention qui est globale. Je crois qu'on crée
un précédent lors que la commission parlementaire,
convoquée à l'occasion de l'étude de l'article 18, se
permet d'interpréter si largement la formulation de la loi qu'à
peu près n'importe quel sujet est considéré d'ordre
public, comme l'a dit le ministre, tout simplement parce que les parties ont pu
voir que cela pourrait ne pas marcher ou être difficile. Je comprends, il
va toujours y en avoir, mais ce sont des problèmes particuliers ou
d'ordre privé, même si cela affecte beaucoup de gens. Ce qui
affecte l'ordre public, c'est ce qui affecte non seulement les parties à
l'industrie de la construction, mais ce qui affecte, de façon plus
générale, le fonctionnement de l'économie, la paix sociale
de façon très générale et sur des points de
substance, par des sujets de détail ou des sujets d'intérêt
strictement particulier qui pourront sans aucun doute être
corrigés lors de la prochaine négociation. C'est bien sûr
que ces contrats et le décret ne sont pas parfaits.
M. Couture: Là-dessus, j'aimerais, M. le Président,
pour ma part, clore un peu le débat. Je crois que l'intérêt
public, avant tout, c'est de respecter les conventions collectives
négociées et signées. C'est d'intérêt public,
comme gouvernement, d'être les premiers à respecter notre
économie des relations de travail. La loi qui reconnaît d'abord et
avant tout ce mécanisme de négociation je ne dis pas
qu'éventuellement il ne faudra pas la réviser; je pense que la
participation des intervenants pourra nous éclairer un jour ou l'autre
là-dessus permet aussi, dans ce domaine de la construction
où il y a des formules de négociation nouvelles qui sont
essayées c'est comme si le législateur voulait ajouter une
protection supplémentaire et se donner le pouvoir, dans ce que j'appelle
ses premiers essais véritables de négociation collective
sectorielle dans le secteur de la construction de se donner cette
protection pour éventuellement corriger soit des omissions ou des
irrégularités ou des injustices. C'est clair aussi qu'on parle de
discrimination.
Une fois qu'on a dit que la base de l'intérêt public, c'est
de respecter les conventions collectives je pense que vous avez
employé aussi les mots "paix sociale" c'est
d'intérêt public aussi, pour nous, de nous donner toutes les
chances possibles pour assurer cette paix sociale.
Le ministre reçoit une série d'objections, une
série de doléances. Je pense que notre responsabilité
c'est d'apprécier l'importance, au moins d'écouter les
intervenants qui nous affirment que pour telle et telle clause, il y a des
choses qui n'ont pas été faites et qui auraient dû
être faites, etc. Je pense que la principale préoccupation que
nous devons avoir pour rechercher cet intérêt public, c'est au
moins d'entendre les parties là-dessus. Ce sera la responsabilité
du gouvernement d'équilibrer et de choisir lui-même ce qui,
finalement, devrait rejoindre l'intérêt de chacun. J'aimerais
quand même, au nom même de la paix sociale, et c'est
d'intérêt public cette paix sociale, qu'on écoute les gens
qui ont des choses à dire sur ces modifications et les problèmes
que ces modifications peuvent soulever dans le milieu de la construction.
M. Chevrette: M. le Président, comme intervenant, je
voudrais rectifier un fait.
Le Président (M. Marcoux): II va y en avoir parce qu'il
faut procéder à...
M. Chevrette: Je voudrais rectifier un fait. C'est quand
même une affirmation qu'on a faite à deux reprises que le ministre
du Travail avait pris un engagement formel. A la commission permanente du 12
mai 1977 je remercie le député de Nicolet-Yamaska de nous
avoir donné sa source d'information parce que c'est elle-même qui
contredit son affirmation M. le ministre Couture s'est engagé
à discuter de sécurité au travail, autant dans la
construction qu'en d'autres choses, peut-être à la commission sur
l'amiantose ou encore sur le décret de la construction. Donc,
l'engagement formel qui avait été annoncé tantôt
peut être aussi bien à la commission qui traitera de la loi pour
les amiantosés, comme cela aurait pu être ici. Mais il n'y a pas
eu d'engagement ex cathedra,
comme ont semblé vouloir le dire le député de
Saint-Laurent et le député de Nicolet-Yamaska.
M. Forget: Ce n'est pas une référence pertinente
parce qu'on parle de la sécurité, on en a parlé
effectivement dans ce contexte, mais on a parlé aussi du placement
ailleurs dans les...
M. Fontaine: M. le Président, j'avais dit, dans mon texte,
tout à l'heure, que M. le ministre du Travail avait dit à la
commission parlementaire qu'il désirait étudier ces questions.
J'ai mentionné la commission présente parce qu'il y faisait
référence, à ce moment. Lorsque le ministre m'a
donné une explication tout à l'heure, je n'ai pas ajouté
autre chose parce qu'il m'a dit: "On l'étu-diera soit à cette
commission-ci ou dans une autre commission". Je n'ai pas ajouté autre
chose là-dessus. Je pense que c'est clair, on s'est entendu pour que
cette question soit étudiée à une des commissions
mentionnées dans le texte.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission seraient maintenant prêts à entendre les parties sur
l'article 1-D? M. L'Heureux. Vous pouvez y aller, M. L'Heureux.
M. Dumoulin: M. le Président, on aurait de la
documentation à faire distribuer autour de la table. Est-ce qu'on peut
remettre des documents?
Le Président (M. Marcoux): Oui, avant que M. L'Heureux
prenne la parole, on va prendre deux ou trois minutes, chacun restera à
sa place et on va demander aux aides de la commission de distribuer vos
documents.
M. Dumoulin: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'on peut poursuivre.
Avant d'aborder l'article 1 d), M. le ministre aurait une information en
réponse à une question qui a été posée
tantôt.
M. Couture: M. le Président, j'ai demandé à
quelqu'un de s'informer qui voulait, dans cette deuxième partie ou ce
deuxième temps dont je parlais de la commission parlementaire,
s'exprimer, toujours dans le cadre de nos modifications proposées. Les
parties légalement constituées nous ont laissé entendre,
je crois, à moins que je fasse erreur, qu'elles ne s'y opposaient pas
formellement, sauf que quelqu'un nous a demandé que ceux qui veulent
intervenir nous disent pourquoi ils veulent intervenir.
M. le Président, je vous informe que la Fédération
nationale des syndicats du bâtiment et du bois (CSN) voudrait s'exprimer.
L'intervenant serait M. Michel Bourdon. De plus, des affiliés à
la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) voudraient aussi
s'exprimer. L'intervenant serait M. Paul-Emile Dalpé.
On pourrait peut-être demander à ces deux intervenants de
nous dire brièvement pourquoi ils veulent intervenir à cette
commission parlementaire et dans quel cadre, sur quels objectifs.
Centrale des syndicats démocratiques
M. Dalpé (Paul): Paul Dalpé, Centrale des syndicats
démocratiques. Notre intérêt à déposer devant
vous sur le décret de la construction tient de la représentation
de milliers de travailleurs et touche des points très précis qui,
pour nous, représentent, au point de vue de l'équité, des
omissions très graves. Nous allons nous limiter à toucher la
définition du mot "employeur", le cas des mécaniciens
d'ascenseurs et les avantages sociaux qui sont attachés à ce
groupe et, troisièmement, le fonds spécial d'indemnisation des
travailleurs. Ce sont les points sur lesquels nous entendons vous
présenter des commentaires.
Le Président (M Marcoux): Est-ce que le
représentant de la CSN est ici?
Une Voix: II est au café, présentement. Le
Président (M. Marcoux): II est au café.
Une Voix: II est en train de consulter tous ses membres.
Le Président (M. Marcoux): Avant de poursuivre sur le
sujet, on va passer à l'article 1d) et on reviendra s'il y a lieu.
M. Dumoulin: M. le Président... Le Président (M.
Marcoux): Oui.
M. Dumoulin: ... on aurait peut-être quelqu'un, nous aussi,
qui pourrait intervenir au niveau des opérateurs de machinerie lourde,
concernant la légalité d'une clause les impliquant à
l'intérieur du document, la légalité de l'article
26.13.
M. Couture: Vous les représentez, alors, vous êtes
là pour vous exprimer en leur nom.
M. Dumoulin: Merci.
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais le
représentant de la CSN à répondre à la question
suivante: Pourquoi voulez-vous être entendu et sur quel sujet?
Confédération des syndicats
nationaux
M. Bourdon (Michel): Nous voudrions être entendus parce que
le décret qui est en vigueur, et qui peut être modifié par
le ministre, va couvrir tous les travailleurs de la construction y compris les
52 000 qui se sont inscrits à l'office comme membres de la
Confédération des syndicats nationaux depuis que l'inscription se
fait à l'Office de la construction.
On a soumis, dans le délai prescrit, au ministre du Travail un
document précis sur ce qui nous paraissait non conforme à la loi
dans l'entente qui est intervenue entre les parties habilitées à
négocier. La raison principale pour laquelle on veut être entendu,
c'est que nos membres vont être as-
sujettis au décret et qu on va en être reconnu partie
signataire au même titre que les autres. C'est pour cette seule raison
qu'on veut se faire entendre, parce qu'il y a certains points, dans l'entente,
qui nous paraissent non conforme à la loi ou préjudiciables aux
intérêts de nos membres.
Le Président (M. Marcoux): Pourriez-vous préciser,
parce que la question risque de venir, sur quels points
précisément, parmi les articles en litige, vous voulez vous faire
entendre?
M. Bourdon: Le document que nous avons fait parvenir au
ministère portait sur une quarantaine de points précis. Depuis,
le ministre, lors de la publication, a retranché de l'entente certains
points qui pouvaient être discriminatoires à l'endroit de
certaines parties syndicales. Disons qu'on a une présentation d'à
peu près 15 à 20 minutes à faire sur ce qui reste à
discuter à l'intérieur, entre autres, du document que le ministre
a fait parvenir aux parties sur les amendements que lui, le ministre,
suggère au décret.
Le Président (M. Marcoux): Suite à ces
informations, est-ce que l'Association des entrepreneurs ainsi que M. Dumoulin,
vous pouvez préciser votre attitude face à la question que les
membres de la commission vous ont posée, à savoir si vous
êtes d'accord ou quelle est votre opinion...
M. Chevrette: M. le Président, avant que vous en donniez
la parole à M. Dumoulin, je dois absolument dire ceci. J'ai
également eu une demande d'intervention qui m'a été faite
personnellement par j'oublie le nom de la commission scolaire une
commission scolaire qui voudrait présenter une argumentation sur un seul
point par rapport au décret. J'en fais part à la commission parce
que vous avez posé la question. Ils ne sont sûrement pas ici, mais
ils m'ont téléphoné; j'ai un message et il faut que je les
rappelle. Donc, j'en fais part à la commission.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Les deux parties qui ont dit vouloir faire une
présentation à la commission, étant donné qu'ils
sont du côté syndical, que nous, de l'association, on
représente le côté patronal et que la FTQ-Construction,
pour autant que la loi est concernée, représente le monde
syndical, quant à nous, on va se ranger selon l'opinion de la partie
syndicale. S'ils veulent être entendus, on va être avec eux pour
qu'ils soient entendus et, s'ils refusent d'être entendus, on est
d'accord avec eux pour qu'ils ne soient pas entendus.
Le Président (M. Marcoux): Alors, M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Je suis entièrement d'accord avec M.
L'Heureux et je le remercie en passant. Nous n'avons aucune objection à
ce que les parties élaborent le sujet qu'elles veulent discuter.
Le Président (M. Marcoux): Alors, maintenant que ces
points préliminaires sont tous clarifiés, on peut passer à
l'étude de l'article 1 d).
M. Couture: C'est-à-dire que j'émettrais une
réserve quand même sur la proposition. A moins que les membres de
la commission n'insistent et qu'ils ne me prouvent que ce serait utile,
j'émettrais des réserves sur le fait d'entendre une commission
scolaire, ici, sur les problèmes de la construction, parce
qu'éventuellement on ouvre la porte à beaucoup d'organismes qui
pourraient vouloir aussi se faire entendre. Alors, je crois qu'on devrait
limiter cette partie de la commission aux seuls organismes qui sont directement
reliés à la construction.
M. Forget: Sur ce point, M. le Président, s'il
apparaissait que, dans les définitions d'employeurs, on remette en
question certaines pratiques établies, certaines exclusions en
particulier je crois que ce n'est pas possible étant donné
le libellé de la loi elle-même, mais la loi s'interprète
à la lumière du décret il faudrait peut-être
revoir s'il n'est pas utile d'avoir certains employeurs qui ne sont pas des
employeurs professionnels au sens de la loi. Sous cette réserve, je suis
d'accord avec le ministre que les parties dans le sens large seraient les
seules qui devraient être entendues.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais ajouter un
point d'information. Présentement, il y a énormément de
poursuites envers les commissions scolaires qui, l'été, emploient
soit des étudiants ou des chômeurs pour la réfection des
écoles. On sait bien que, si elles font faire le travail par les
concierges, les concierges ne sont pas assujettis au décret de la
construction. Dès qu'il entre un travailleur pour quelques semaines, il
est assujetti au décret de la construction. Je crois que c'est sur cette
partie-là qu'elles voulaient être entendues.
Il m'apparaît d'autre part moi, je n'ai pas pris position
pour ou contre; j'ai voulu souligner le fait que j'avais eu une demande
qu'il serait fort probablement plus approprié d'y aller au niveau de la
loi elle-même. Cette intervention cadrerait mieux, je pense, à
l'intérieur d'une réforme de la loi qu'à
l'intérieur du décret.
M. Dumoulin: M. le Président, puisqu'on a donné
notre accord tantôt, ce sont forcément ceux qui se sont
prononcés sur les différentes clauses qui voulaient parler. On
s'oppose au fait que la commission scolaire puisse se prononcer, parce que
c'est le champ d'application de la loi. On a passablement de problèmes
dans le moment à ce niveau. On cherche à se rencontrer pour
discuter justement de la loi, le bill 68, depuis nombre de mois. On n'est pas
intéressé à faire entendre cela ici; on va recommercer un
débat, comme je vous l'ai dit, et on va passer l'été
ici.
Le Président (M. Marcoux): Si les membres
de la commission sont d'accord, on procéderait maintenant
à l'étude ou à l'analyse des articles. L'article 1 d). M.
L'Heureux.
M. L'Heureux: Pour l'étude des articles, on a un document
qu'on a fait circuler, qui est la position qui a été transmise au
ministre du Travail en réponse à son document du 2 juin. Alors,
c'est daté du 13 juin et je vais demander à nos conseillers
juridiques, au directeur général et à son assistant, de
l'expliciter pour les besoins de la commission et aussi on va être
prêt à répondre à vos questions.
M. Dion (Michel): M. le Président, selon les suggestions
que le ministre nous avait faites dans son document du 2 juin, nous avons
traité l'article 1 d) globalement, parce que cela concerne tout le
problème de l'artisan dans l'industrie de la construction,
c'est-à-dire les articles 1 d), 1 e), 1 g) et l'article 12 qui ne
faisaient pas l'objet de représentations par l'AECQ, mais qui ont
été soumis par le ministre.
Si vous voulez faire référence au document de l'AECQ,
c'est à la page 7, "Item non soumis par l'AECQ, problème de
l'artisan".
Je ne lirai pas le texte, je vais simplement vous exposer le point de
vue de l'AECQ qui est le suivant: dans l'industrie de la construction, et ce
n'est pas nouveau, il y a des salariés, des employeurs qui ont à
leur emploi ces salariés. Il existe également un troisième
bonhomme qui s'appelle l'artisan, qui est reconnu et identifié dans la
Loi des relations du travail, dans la définition du mot salarié.
C'est probablement à ce niveau qu'est créé tout le
problème parce qu'on assimile, par définition, l'artisan à
un salarié alors que l'artisan, selon la position de l'AECQ, est un
bonhomme qui est beaucoup plus proche de l'employeur de construction dans le
sens suivant: est un entrepreneur, une personne qui entreprend pour autrui des
travaux de construction. Il le fait à son compte, mais moyennant une
rémunération, et qui a toutes les qualités apparentes d'un
employeur, sauf qu'il n'a pas à son emploi des salariés. Il
travaille habituellement seul, mais la loi lui permet le travail par
équipe ou en société.
Ce n'est pas d'aujourd'hui, dans le décret, qu'on a tenté
de cerner le problème de l'artisan. On a tenté de l'assujettir
comme si c'était un salarié par la loi. On a tenté de
l'assimiler, dans certains cas, à l'employeur, ou de l'assimiler aux
obligations de l'employeur. Dans le dernier décret, comme dans toutes
autres négociations qui ont précédé, on a
tenté de trouver la solution qui fait que l'artisan, qui est un
être qui doit exister et qui existe dans l'industrie de la construction,
que l'artisan soit un bonhomme assujetti à certaines règles de
façon qu'il n'y ait pas dans cette industrie de concurrence
déloyale et que chacun ait des responsabilités, tant
vis-à-vis du monde de la construction, patronal et syndical que du monde
consommateur de produits de construction.
On a essayé d'assujettir l'artisan dans l'industrie de la
construction, effort qui est peut-être légèrement
différent de ce qu'on avait dans les dé- crets antérieurs,
mais qui peut présenter des lacunes. C'est quand même ce que l'on
dit dans le document de l'AECQ, ce qu'on a répondu au ministre à
la suite de l'objection qu'il nous formulait. On n'a pas, à l'heure
actuelle, trouvé la solution idéale pour régler le
problème, parce qu'il y a un problème fondamental, et c'est son
inclusion au niveau du salarié.
Quelle est la vraie solution qui devrait être adoptée pour
l'artisan? Ce qu'on dit dans notre document c'est qu'on est prêt à
chercher cette solution. D'un côté, pour illustrer la position
difficile, vous avez un bonhomme, en machinerie lourde, qui possède une
machine et qui offre son temps en travaillant sur cette machine, de quelle
façon doit-on fixer les conditions de travail de cette personne? De
quelle façon peut-on assurer l'industrie de la construction que cette
personne travaille de façon loyale vis-à-vis de la
concurrence?
L'artisan est quand même, au niveau d'une autre loi, un bonhomme
assujetti à un système de permis d'entrepreneurs. Tout le monde
connaît la Loi de qualification des entrepreneurs en construction qui
oblige toute personne qui entreprend des travaux de construction pour autrui
à détenir un permis. Or, l'artisan est assujetti à cette
loi. Il est considéré comme un entrepreneur en construction,
comme, d'ailleurs, l'employeur est un entrepreneur en construction.
D'une part, on lui donne, dans certaines lois, une apparence
d'employeur, une apparence de responsabilité de faire des travaux de
construction, et d'autre part, la Loi des relations de travail tente, par une
description du mot "salarié", de l'assimiler au salarié de la
construction. Je parle surtout du côté employeur. On pourra aussi
dire que c'est une concurrence qui peut devenir déloyale, pas par
elle-même dans son essence, mais par sa pratique qui peut devenir aussi
"déloyale" vis-à-vis des salariés de la construction.
Si on laisse tout le monde devenir artisan, sans aucun assujettissement,
sans aucune surveillance, c'est évident qu'on se retrouve, dans
l'industrie de la construction, avec une troisième classe qui fait des
travaux de construction comme un salarié peut le faire, qui
enlève, pour certaines prétentions, du travail au salarié,
fait une concurrence au niveau de l'employeur. On voit des deux
côtés que le bonhomme se trouve à circuler entre le
salarié et l'employeur.
Comment régler le problème? Il y a des solutions qui
peuvent s'offrir, plus faciles que d'autres. La loi peut être
modifiée pour exclure le mot "artisan" dans la définition du
salarié.
A ce moment, on peut créer un statut de salariés dans le
décret et peut-être réussir à lui donner des
obligations, non pas pour le faire disparaître, mais de façon
à être capable de s'assurer que ce bonhomme agit
régulièrement dans l'industrie comme tous les autres de
l'industrie.
On peut aussi reconnaître que, dans la loi, à l'heure
actuelle, l'entrepreneur artisan comme tel existe, on sait qu'il y a un article
dans la Loi sur les relations du travail, soit l'article 32g, qui
reconnaît un statut, par projection, d'entrepreneur artisan. Dans
l'article 32g, de la loi, les mots "entrepre-
neurs artisans" sont utilisés. C'est exactement la forme qu'on a
voulu mettre dans le présent décret lorsqu'on l'a
négocié. On a dit que la loi reconnaît cette existence d'un
entrepreneur artisan. Nous on a dit à ce moment: D'accord, on va le
définir l'entrepreneur artisan. On va réellement créer
cette catégorie de bonhommes qui ont le droit de travailler à
leur compte avec leurs outils et de signer des contrats pour faire de la
construction. On va lui donner des responsabilités, lesquelles
responsabilités il faut lui donner.
A ce moment, évidemment, il a fallu décider s'il est plus
proche du salarié ou de l'employeur. La conviction de l'AECQ lorsque la
discussion a été faite en négociation a été
que l'artisan est un bonhomme proche de l'entrepreneur. C'est un entrepreneur
proche de l'employeur. C'est pour cela qu'on a voulu l'assujettir ou
l'assimiler aux responsabilités de l'employeur.
Tout le contenu du décret, à l'heure actuelle, vise
à donner à l'entrepreneur artisan des responsabilités
comme s'il était un employeur en construction, à faciliter
à l'office de la construction une surveillance des activités de
ce bonhomme de façon qu'on n'ait pas un être complètement
libre dans l'industrie qui peut faire des travaux de construction et ne
respecter aucune règle. Si vous assimilez l'artisan à l'employeur
et à l'employé, c'est la même personne en elle-même
qui fait les deux. L'article qui dit que le salarié doit faire cela ou
l'employeur doit faire cela pour ses salariés, comment doit-on
l'interpréter? La sécurité, par exemple; l'employeur doit
voir à ce que ses salariés respectent les normes de
sécurité. Pour l'artisan qui se présente sur un chantier
sans casque de sécurité, si on lui dit: Tu devrais avoir un
casque, c'est l'employeur qui doit voir à ce qu'il ait un casque, c'est
la philosophie du code de sécurité. Comment arrive-t-on, par le
mélange des deux fonctions dans le même bonhomme, à dire
qu'il est employeur et qu'il doit voir à avoir un casque et qu'il est
salarié et qu'il doit porter le casque? On peut s'en aller comme cela
avec une série d'exemples du texte du décret où on est
obligé de confondre les deux fonctions, employeur et salarié,
dans le même bonhomme. C'est impossible d'arriver à des solutions
logiques.
Nous avons pensé, et cela existait dans le décret
antérieur, à créer le bonhomme entrepreneur artisan.
Où cela existait-il? Cela existait dans l'ancien décret dans la
définition de l'employeur. Cela existait, entre autres, pour les gens de
la corporation des électriciens et de la corporation des plombiers. Ces
bonhommes qui existent en un nombre assez important dans les deux corporations,
c'est peut-être le tiers des membres de la corporation des
électriciens, je ne voudrais pas exagérer mes chiffres, et
peut-être le tiers des membres de la corporation des électriciens.
Ce sont des bonhommes qui sont entrepreneurs électriciens ou
entrepreneurs plombiers et qui font des travaux de construction et qui sont ni
employeurs et ni salariés. Ils sont entrepreneurs en construction. Le
décret antérieur et plusieurs décrets antérieurs
ont créé cette notion d'employeurs, c'est-à-dire
d'assimiler l'artisan à l'employeur.
Pourquoi aujourd'hui a-t-on voulu l'étendre? C'est assez simple.
C'est que depuis la loi de la régie des entrepreneurs en construction,
on est arrivé au même statut pour tous les entrepreneurs en
construction ou à peu près au même statut qui existait pour
les électriciens et les plombiers.
Ce statut vise à détenir une licence pour pouvoir
entreprendre des travaux de construction. Maintenant, si tous les entrepreneurs
ont un statut quasi semblable à celui des électriciens, tous les
entrepreneurs qui détiennent une licence sont plutôt des
employeurs que des employés. C'est une race qui existe peut-être,
je ne sais pas, à 5 000 ou 6 000 personnes dans l'industrie de la
construction et peut-être plus que cela. Au niveau des corporations c'est
peut-être 700, 800 ou 1 000 personnes membres des corporations qui sont
des entrepreneurs artisans à leur compte et qui n'ont pas
d'employé.
Il y a un autre problème qui naît de l'artisan, je ne
cherche pas à donner une solution sur la question, mais on expose
pourquoi on a fait cela dans le décret.
C'est d'une façon négative une manière d'esquiver
des conditions de travail qui sont dans le décret. De s'esquiver de la
façon suivante:
N'étant ni employeur ni salariée, la personne peut
travailler dans l'industrie de la construction avec un minimum, ou une absence,
dans certains cas, de surveillance, mais il y a aussi cette possibilité
de la loi par la définition du mot "salarié" que ces bonshommes
peuvent travailler en équipe. On retrouve, à un moment
donné, une espèce de phénomène pour éviter
le décret. C'est que plusieurs gars se disent artisans en
société ou artisans en équipe. A ce moment je m'en vais
sur un chantier et je dis: Ecoutez, il y a des joints à tirer, M. X est
un artisan, je dis, d'accord, je prends un contrat pour tirer les joints. Mon
confrère qui, à toutes fins pratiques, est probablement mon
employé dit: Moi aussi, je suis artisan et je vais tirer les joints. On
retrouve sur une construction, parfois, cinq ou six personnes qui se disent
toutes artisans pour faire un contrat et, normalement, ce contrat serait
exécuté par un entrepreneur à l'aide de
salariés.
Evidemment, on pourrait compliquer énormément la question
de l'artisan. Notre but n'est pas de refuser de corriger le problème de
l'artisan. C'est ce qu'on a fait savoir à M. Couture. D'ailleurs, cela a
été notre position sur plusieurs points qu'on aura à
discuter.
Sur les points qui sont difficiles à comprendre au niveau
légal, sur des choses qui sont difficiles à régler parce
que ce n'est pas simple, l'industrie de la construction, on s'est dit:
D'accord, on est prêt à parler de ces choses. Sur les questions de
fond, on a dit au ministre: Nous autres, on ne veut pas changer notre
négociation, on a quand même signé une convention de bonne
foi avec la FTQ, et c'est notre convention. Les points qui touchent le fond, on
ne veut pas y toucher, mais sur les points comme l'artisan, on est prêt
à chercher une solution. Evidemment, il y a une solution pour corriger
la loi: enlever le mot "artisan" et cela réglera le problème, on
crée un statut entrepreneur-artisan
et on fait le décret en conséquence; ou encore accepter de
reconnaître que la loi reconnaît le principe d'entrepreneur-artisan
et, à ce moment-là, il y a peut-être quelques modifications
qui pourraient être apportées aux articles. Je dois retenir le
point suivant: L'entrepreneur-artisan, c'est un bonhomme qui, depuis des
années, au niveau des plombiers et des électriciens, et de
plusieurs autres, signe des contrats à forfait. Le texte actuel dit: Le
gars ne doit pas signer de contrat à forfait. C'est peut-être un
point qu'on devrait approfondir et discuter plus longuement.
Il me paraît, à l'heure actuelle, que fondamentalement,
l'artisan, il faut que je le cadre en quelque part parce que c'est un gars qui
fait partie de la construction, et il faut, selon l'AECQ, l'assimiler au
côté employeur parce que c'est quand même un gars qui
entreprend des travaux de construction et qui, étant artisan demain
matin, peut avoir deux gars pour l'aider. On a même dit, à un
moment donné, au niveau de l'Office de la construction ou
peut-être de la CIC, avant, de reconnaître des apprentis artisans.
Pour nous, c'est inconcevable qu'il existe des apprentis artisans parce qu'un
apprenti travaille avec un compagnon. S'il travaille avec le compagnon, donc il
travaille sous le compagnon, pour le compagnon et il se crée une
relation employeur-employé. Le compagnon est l'employeur, l'apprenti
devient l'employé, mais on ne peut pas avoir un apprenti artisan, cela
n'existe pas dans l'industrie de la construction. Des lois disent qu'un artisan
c'est un homme qui travaille seul, et d'autres lois disent qu'un apprenti c'est
un gars qui doit travailler sous la surveillance d'un autre. On ne peut pas
avoir des apprentis artisans. En tout cas, cela nous amène à des
situations un peu folichonnes comme cela et nous, on dit que le statut de
l'artisan dans l'industrie de la construction n'est pas facile à
régler. On est prêt à le régler, on est prêt
à le discuter, c'est peut-être ici qu'on doit le discuter mais
cela touche quand même plusieurs recommandations de M. le ministre, et je
pense que c'est quand même ardu de trouver la solution.
Dans certains cas, il y en a qui disent: Faites disparaître cela,
c'est une race qui ne devrait pas être là. Dans d'autres cas, il y
en a qui disent: C'est une race qui est normale, c'est peut-être le futur
employeur, c'est un gars qui fait un stage entre deux, avant d'être
employeur il passe de salarié à entrepreneur, à employeur.
L'AECQ n'a pas d'opposition en disant: On les fait disparaître. Au
contraire, nous, on a dit: C'est un bonhomme qui peut exister mais il devrait
exister dans un cadre. Evidemment, de biffer dans le décret
l'assimilation aux obligations de l'employeur, de biffer dans le décret
la définition de l'entrepreneur artisan, cela cause un problème
énorme dans l'industrie de la construction parce qu'on va avoir un
groupe dont on ne saura pas du tout où ils sont dans le décret.
Est-ce que le ministère voudrait qu'il y ait des bonshommes qui puissent
faire de la construction en dehors du décret de la construction? A ce
moment-là, c'est le démembrement assez facile à comprendre
de tout le système du décret de la construction.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Dumoulin: M. le Président, Me Décary va
répondre à la question.
M. Couture: M. le Président, si vous me le permettez, tout
simplement au niveau de la procédure, j'aurais un petit commentaire
à faire. Nous entendons les parties qui n'ont pas réussi à
arriver à un accord sur les modifications proposées.
Maintenant, je pense qu'on ne voudrait pas, à ce moment-ci,
forcer les parties à faire des représentations quand elles sont
d'accord. Je veux simplement vous signaler que, si vous êtes d'accord
avec la modification du ministère et que vous ne voulez pas intervenir,
c'est votre droit le plus strict.
M. Dumoulin: M. le ministre, notre accord a déjà
été transmis au ministre du Travail, dans notre document. On est
vraiment d'accord avec la modification que vous avez formulée.
C'était simplement pour fournir d'autres explications, mais c'est
parfait.
Le Président (M. Marcoux): M. Dion. Oui?
M. Bisaillon: M. le Président, quant à moi, je suis
d'accord qu'on n'est pas pour faire des discussions sur chacun des articles,
mais il me semble que l'AECQ vient de présenter quelque chose qui, pour
nous autres, si on n'a pas la contrepartie, peut sembler le seul
élément valable. L'argumentation se tenait; alors, j'aimerais
bien savoir ce que pense le conseil provincial de cette argumentation.
Le Président (M. Marcoux): Disons que, pour clarifier, en
tant que président, le droit de parole, c'est certain que, sur chacun
des articles, les deux parties ont pleinement le droit d'expliciter les motifs
de leur accord ou de leur désaccord. Elles peuvent le faire plus ou
moins longuement, selon leur volonté. Je pense que ce que le ministre
veut indiquer, c'est qu'il ne voudrait pas qu'il y ait de débat, qu'on
commence des débats entre les parties, mais que chaque partie puisse
donner son point de vue.
M. Dumoulin: M. le Président, si les députés
ont à se prononcer sur les explications formulées au niveau des
gens qui sont présents, peut-être qu'on va changer d'opinion. La
question des artisans a été discutée pendant de nombreux
jours à l'intérieur de la négociation et disons que, comme
solution qu'on retrouvait, nous autres, lors de la négociation, c'est la
position qu'il y a là. On avait des explications qui étaient
formulées. C'est pour cela que j'ai dit tantôt que Me
Décary peut répondre à l'allocution qui a
été faite du côté patronal. Au départ, nous
sommes d'accord avec la modification proposée. Je pense qu'il y a
peut-être lieu qu'on fournisse quelques explications, si vous n'avez pas
d'objection.
Le Président (M. Marcoux): Je crois que les
membres de la commission souhaitent que vous donniez des explications
sur les motifs.
M. Décary (Michel): II ne serait peut-être pas
inapproprié de rappeler, tout simplement, lorsqu'on dit, nous
employeurs, que nous sommes d'accord, nous sommes aussi d'accord avec la
définition qu'a donnée le législateur du mot
"salarié". Lorsqu'il définit le mot "salarié", il entend
inclure l'artisan. Il y a déjà, donc, une solution légale.
Cette solution légale n'est pas venue tout d'un coup. La même
solution a été donnée dans la Loi des décrets de
convention collective. Il y a eu le problème des barbiers entrepreneurs
et tout le problème passé de la construction, enfin de tous les
artisans qui vivent sous l'empire des différentes conventions
collectives.
On a souligné que l'artisan est, à certains égards,
un entrepreneur. L'artisan est aussi un travailleur, un travailleur manuel qui
doit détenir des certificats de qualification, des permis de travail.
Surtout, il bénéficie des avantages d'une convention collective.
Il y a un problème réel, celui des artisans. Toutefois, le
législateur, au Québec je me contente de succinctement
résumer ma pensée ici a déjà fourni une
solution.
C'est celle qui doit nécessairement, je pense, être retenue
par le ministère, à moins que l'on veuille faire une refonte de
la loi. Je ne pense pas que l'objet de cette commission soit de discuter de la
refonte de la loi. C'est pourquoi nous limitons nos propos à ce que je
viens de dire.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une question
à poser à Me Dion. Me Dion, dans le paragraphe 2 de votre page 7,
vous dites que l'entente permet un contrôle, mais sachant fort bien que
la commission parlementaire n'est pas en fonction d'un changement de la loi.
Vous connaissez l'article 32 c) paragraphe g) qui, lui, assimile l'artisan au
salarié. Vous connaissez aussi l'autre article du décret qui dit
je pense que c'est l'article 32 aussi du décret que toute
clause allant à l'encontre d'une loi est nulle et sans effet. Vous nous
demandez de maintenir la définition d'artisan tel que conclue au niveau
de l'entente. Comment pourriez-vous concilier cela?
M. Dion: En deux parties, M. le Président, la
première partie c'est que, dans la loi actuellement je
demanderais peut-être aux gens de la commission, si vous avez le texte de
la loi, vous allez voir que la loi, elle, reconnaît un entrepreneur
artisan. La loi reconnaît cela, elle dit à l'article 32 g)...
M. Chevrette: Article 32 c), paragraphe g).
M. Dion: Le texte est le suivant: "Par demande écrite
adressée à tout employeur ou entrepreneur artisan, exiger qu'un
copie... " Ce sont les choses que l'office peut demander, dans l'industrie de
la construction. Alors, on reconnaît un bonhomme qui s'appelle
l'entrepreneur artisan. Nous disons que c'est vrai que la définition de
salariés inclut une série de bonhommes, c'est un compagnon, c'est
un apprenti, c'est un artisan, etc. On ne dit pas: Le bonhomme n'est pas, en
théorie, un salarié, on ne change pas la nature du bonhomme. Mais
on dit: On va lui donner les obligations, dans le décret, qui
s'assimilent à celles de l'employeur, de façon à pouvoir
exercer un certain contrôle sur le bonhomme. La solution que propose le
ministère, à l'heure actuelle, a cette conséquence, en
tout cas, cela peut avoir des conséquences beaucoup plus graves. Par
exemple, si je dis que l'artisan est strictement un salarié, il doit,
à ce moment, respecter la clause d'adhésion syndicale. Il doit
enregistrer, à l'Office de la construction, un vote syndical. Pas besoin
d'aller tellement plus loin que vous expliquer ceci, c'est que le tiers des
membres de la corporation de X, plombiers ou électriciens, va être
obligé d'aller voter pour faire partie soit de la CSN, de la FTQ ou de
la CSD. Or, la Corporation des électriciens va être
composée de réels entrepreneurs-employeurs c'est
très précis et d'entrepreneurs salariés. La
même corporation va avoir dans ses rangs cela se produirait
des honhommes qui sont partie du syndicat et des bonhommes qui sont partie de
la partie patronale. Il faut quand même voir la situation ridicule qui se
présenterait.
La deuxième situation qu'on peut souligner, c'est que si on
retient que l'artisan est un salarié, il faut qu'il ait une notion
d'employeur, parce que la notion de salarié ne peut pas exister seule.
Alors, qui devient l'employeur du salarié? C'est la personne qui lui
donne de l'ouvrage. Et la personne qui lui donne de l'ouvrage, c'est madame X
ou madame Y, qu'elle s'appelle comme on voudra, qui demande à monsieur
Y: viens réparer ma galerie. Alors le bonhomme vient puis il signe, il
fait la réparation de la galerie.
C'est un salarié et il travaille au taux du décret de la
construction, à l'heure; il n'y a pas de travail à prix
forfaitaire, donc il ne peut pas avoir un montant X pour la "job", il fait cela
à tant l'heure. La madame, elle, est devenue employeur au sens du
décret parce que c'est elle qui fait exécuter les travaux de
construction. Elle va être obligée de faire un rapport à
l'Office de la construction du Québec pour déclarer les heures
que le bonhomme fait dans l'industrie de la construction.
Je n'essaie pas de vous faire une démonstration par l'absurde,
mais la solution qui est proposée, de dire, d'accord, il n'y a pas
d'entrepreneur artisan et rien de cela, c'est un salarié, point, tel que
la loi le dit, je vous dis qu'on s'en va vers une situation où on ne
sera pas capable de contrôler ces gens-là. Evidemment
là, sans malice pour ia partie syndicale, cela fait un peu plus
de syndiqués, mais pour la partie patronale, nous autres, on n'a jamais
prétendu, à l'AECQ, que l'artisan devait être membre de
l'AECQ. Nous groupons des employeurs en construction, l'AECQ n'est
composée que d'employeurs en construction; c'est notre loi constitutive
et ce sont nos statuts qui le veulent. Il n'y a pas de recherche de
"membership" chez nous. Je n'accuse pas l'autre de recherche
de "membership", je ne voudrais pas qu'on commence un dialogue dans ce
sens-là.
Pour nous autres, c'est un bonhomme qui existe: qu'il existe dans la
partie patronale ou la partie syndicale, on ne se pose pas ce problème.
C'est un bonhomme qui fait des travaux de construction et il faudrait que je le
cadre. Mais qu'on n'arrive pas avec les consommateurs et tous ceux qui donnent
des travaux de construction, qui se verront obligés, demain matin, de
faire un rapport à l'office, de payer les vacances, etc. On pourrait
continuer avec la CAT, etc. Pour sa part, M. Chevrette, à qui on a
déjà parlé du problème, le comprend. J'essaie de
vous faire comprendre la situation où on va se retrouver avec un
bonhomme; on ne saura plus comment le cadrer dans le décret de la
construction, c'est complètement ridicule. C'est la situation.
Ce n'est pas qu'on ne veut pas de la solution du ministre, ce n'est pas
qu'on ne veut pas de la solution de la FTQ, on veut une solution quelle qu'elle
soit. On dit, dans notre document, et c'est sur cela que je voudrais terminer:
"En conclusion, l'AECQ souhaite que le problème de l'artisan soit
réglé au plus tôt et de façon définitive.
Pour ce faire, une étude plus poussée de ce problème nous
paraît nécessaire et l'AECQ est disposée à
participer à cette recherche de solution dans le cadre d'un travail
intensif, avec des officiers spécialisés du ministère, ou
tout autre cadre qui convient". Evidemment, ce n'est pas un argument pour vous
dire qu'on n'a peut-être pas besoin d'une commission parce qu'on peut
régler nos problèmes, mais cela réglerait ce point.
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Decary: Si vous me permettez un éclaircissement. Les
entrepreneurs électriciens et plombiers sont membres des
différentes corporations, mais je tiens à vous rappeler que ces
corporations ont pour but la surveillance et l'exercice de ce métier et
d'assurer l'intérêt du public. Le public est desservi tant par des
entrepreneurs employeurs que par des artisans. Il n'est que normal que les deux
groupes de personnes qui offrent leurs services directement au public soient
assujettis aux pouvoirs de surveillance et de contrôle de cet organisme
qui a pour but, précisément, de contrôler l'exercice de
leur métier.
Deuxièmement, c'est vrai que la loi dit que maintenant quiconque
fait exécuter un travail par un artisan deviendra un employeur au sens
de la loi et donc, devra, comme le souligne Michel c'est vrai
faire des rapports. Je tiens à vous souligner que c'est une des
difficultés. Donc, nous, conseil provincial, sommes conscients qu'avec
cette solution légale qui s'impose, parce que la loi l'impose,
évidemment, il serait très difficile, dans le contexte actuel,
pour l'Office de la construction d'assurer l'administration saine du
décret parce que ne connaissant pas toujours qui sont les
différents employeurs.
Je termine en faisant la suggestion suivante.
Normalement, dans les municipalités du Québec, quiconque
fait exécuter un travail de construction doit détenir un permis
et, donc, chaque fois qu'un permis est émis, on doit en informer
l'office.
Alors l'office pourrait surveiller, de cette manière, les travaux
de construction partout au Québec.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, dans le document de l'AECQ,
je retiens que c'est très positif, dans le sens qu'elle sent qu'il faut
absolument, dans les plus brefs délais, trouver une solution à ce
problème des artisans. A la suite de ce qu'a dit M. Décary, je
crois qu'on peut vous garantir rapidement qu'on mettra en place ce groupe de
travail pour y chercher une solution. Mais ce qui nous concerne actuellement,
c'est simplement de dire: La loi stipule que l'artisan est associé aux
salariés et on doit s'y conformer.
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. Dion.
M. Dion: M. le Président, quand même ce qu'on fait
dans le présent décret, n'est pas quelque chose de nouveau. Il y
a un problème, on t'a toujours eu ce problème dans l'industrie de
la construction, mais on fait exactement ce qu'il y a eu dans le décret
antérieur. Evidemment, on ne dit pas ici que le parti au pouvoir ou le
gouvernement au pouvoir peut se permettre d'être illégal, si c'est
illégal, etc. Ce n'est pas ce qu'on a dit, mais c'est quand même
une situation avec laquelle les gens de la construction ont vécu
jusqu'ici. Cela a existé l'entrepreneur artisan dans l'ancien
décret, cela a existé au moins trois ans. Le décret
actuellement, tel qu'il a été signé, il faut faire
souligner ici à la commission que c'est un document qui est signé
par les deux parties. Les parties s'entendaient sur la solution qui est
là. Plusieurs des choses qu'on discutera sont des choses qui ont
été signées par les deux parties. Si, aujourd'hui, je
n'aime pas, je ne sais pas, la figure d'un tel parce qu'il s'est coupé
les cheveux autrement, cela est un autre problème. Mais aujourd'hui
c'est quand même le même document avec lequel les gens sont
coiffés. Aujourd'hui qu'on n'aime pas certaines parties c'est quand
même drôle. A toutes fins pratiques on a vécu avec cela,
avec l'industrie de la construction, avec des entrepreneurs artisans, avec les
problèmes d'entrepreneurs artisans en machinerie lourde, l'entrepreneur
artisan qui existait au niveau des plombiers et des électriciens.
C'était dans l'ancien décret tel quel; on n'a pratiquement
rien changé, on a précisé peut-être des choses. Il y
a le travail à forfait qui est peut-être un point un peu
spécial à l'heure actuelle qu'il faudrait retenir, mais en dehors
de cela c'est la situation qui existe depuis un bon bout de temps. Or qu'on
dise qu'on va tout jeter cela à terre, quitte à trouver une
solution demain, c'est peut-être une autre façon de voir le
problème. Il faudrait laisser ce sur quoi les parties se sont entendues,
c'est le voeu des parties, M. le ministre l'a souligné ce matin. C'est
le voeu des parties jusqu'à ce que le
problème puisse être réglé autrement et non
pas jeter à terre et attendre pour voir si on va trouver une autre
solution. Cela peut être long de régler le problème de
l'artisan et entre-temps on ne saura pas où on va aller dans la
construction avec ces bonhommes.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais savoir si ce que
nous a dit le ministre tout à l'heure relativement à sa
proposition de modification consiste essentiellement à nous dire que la
modification proposée, dans son esprit, en est une de forme seulement.
Dans son introduction, il a fait une distinction entre les distinctions de
forme, des distinctions basées sur le caractère illégal de
certaines dispositions, et des modifications de substance, probablement celles
d'ordre public, puisque les modifications de fond peuvent à peine
l'être. Les dispositions qui sont basées sur
l'illégalité sont caduques automatiquement, donc il n'y a que les
dispositions de substance qui peuvent être d'ordre public.
Est-ce que le ministre nous dit essentiellement que c'est simplement une
question de forme, que cela ne change rien dans la situation, que tout peut
continuer comme avant et que c'est simplement pour une concordance de textes ou
si, effectivement, il voit cette modification comme étant de fond et
introduisant une modification dans les pratiques suivies, si je comprends bien
par l'exposé de Me Dion, jusqu'à maintenant?
M. Couture: C'est effectivement une modification de fond qui a
une justification légale.
M. Dion: M. le Président, cette justification
légale, M. le ministre l'a bien souligné, notre document est
positif, on ne rejette pas cet argument légal du ministère. On
est d'accord avec le ministre pour former un comité pour trouver une
solution. La seule note qu'on ajoute c'est de laisser ce qui est là
actuellement, ce qui était à l'état antérieur,
jusqu'à ce qu'on trouve une solution en comité, comme le
suggère le ministre. On est d'accord avec cette position.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible de savoir exactement
comment, légalement, on base ce raisonnement? Je comprends que, dans la
loi, il y a une définition et que dans le projet de décret on
propose une définition qui n'est pas contradictoire, qui est plus
élaborée. Est-ce qu'il serait possible de connaître
l'opinion juridique qui fait que dans un décret on ne peut, sur un plan
strictement juridique, aller au-delà d'une définition contenue
dans la loi?
M. Couture: Si vous le permettez, je vais laisser la parole
à Me Fortin.
Ce qui arrive c'est que, dans le décret, on trouve une
définition du mot "employeur" où l'on décrit que ce terme
comprend l'entrepreneur artisan et l'entrepreneur artisan en machinerie lourde
aux fins d'application des présentes. Vous pouvez également voir
que l'article 1 j) et l'article 1 k) du décret définissent
l'entrepreneur artisan et l'entrepreneur artisan en machinerie lourde.
La difficulté légale provient du fait que la loi, à
l'article 1 paragraphe q), définit le mot salarié, en comprenant
spécifiquement l'artisan et en précisant également "qui
travaille comme commis ou employé, qui travaille individuellement, en
équipe ou en société". Si vous reprenez la
définition "d'employeur", au décret, de même que
"d'entrepreneur artisan en machinerie lourde", vous constatez que dans le
décret on va plus loin, en ce qui concerne l'artisan, que ce que la loi
permet de faire, et même on la contredit spécifiquement, à
la définition de "salarié" prévue à la loi.
M. Forget: Etant donné l'explication qu'on vient
d'entendre à savoir que, pour différents objets, on peut
considérer la même personne à la fois comme employeur ou
comme entrepreneur ou comme salarié, il n'apparaît pas
évident qu'il y a une contradiction dans les textes parce que les
définitions sont essentiellement faites en fonction d'articles
subséquents où on applique la définition. Quand on parle,
dans la loi, d'employeurs et, d'autre part, de salariés, il faudrait
nous expliquer en quoi ces deux termes doivent couvrir toute la
réalité et ne la couvrir qu'une fois. La loi est muette
là-dessus.
M. Couture: Oui, c'est là qu'est le problème, il va
falloir trouver une solution.
M. Forget: Je comprends que le problème est là.
C'est le problème qu'on nous a exposé, mais il y a bien des
façons de le régler. On nous y présente une des solutions
possibles comme la solution. A mon avis, c'est une question d'opinion à
savoir que la loi nous indique que la définition retenue dans le
décret est légale ou pas.
Je reviens à ma question originale. Quand je demande si le
ministre fait cette modification parce qu'il croit qu'il est d'ordre public de
changer les habitudes, il me répond que ceci a cet effet, mais la cause
est légale. Je me dis que la cause est elle-même une question
d'opinion.
M. Couture: M. le Président, si je peux me permettre, sur
le plan juridique, la loi ne permet pas d'assimiler l'artisan à autre
chose qu'à un salarié. Ce que les définitions que l'on
trouve au décret actuel fort expressément. Du point de vue
juridique, les règles d'interprétation juridique reconnues par
les tribunaux ne permettent pas au lieutenant-gouverneur en conseil d'adopter
un règlement qui serait éventuellement déclaré
ultra vires parce qu'il ne traite pas l'artisan de la même façon
que le législateur a bien voulu le traiter.
Les difficultés pratiques qui pourraient résulter ou qui
ont pu résulter du défaut de concordance entre le traitement de
l'artisan dans le décret ou dans le décret antérieur avec
le traitement qui lui est donné par la loi, c'est évidemment une
question qui ne ressort pas d'un amendement à un
décret comme tel, mais possiblement d'un amendement
législatif.
M. Forget: Les tribunaux ont-ils déjà
été saisis de cette question?
C'est une question d'interprétation. Seul un jugement peut donner
une assurance définitive que l'interprétation qu'on nous
suggère ce matin est la bonne.
M. Couture: A notre connaissance, je ne me souviens pas que cette
question ait été traitée spécifiquement en relation
avec la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la construction,
mais elle a certainement été traitée dans le cadre de la
Loi des décrets de convention collective où la notion d'artisan a
également été abordée.
M. Forget: Le mot "artisan" ne figure pas dans la
définition de salarié.
M. Couture: Dans la loi, à l'article 1, paragraphe q),
à la définition de salarié, on inclut l'artisan.
M. Décary: J'aimerais, si vous me le permettez, d'abord
quant à...
Le Président (M. Marcoux): Selon l'expression, un moment
donné la tête ne peut plus en supporter davantage. Nous allons
ajourner nos travaux sine die. Il y aura reprise, normalement, vers 4 heures ou
4 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration est
réunie pour étudier les amendements que le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre compte apporter au décret de la construction.
Les membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Brochu (Richmond). M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Coutume (Saint-Henri), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. Lefebvre (Viau)...
M. Lefebvre: Non, j'étais là.
Le Président (M. Marcoux): ...par M. Mercier (Berthier);
M. Forget (Saint-Laurent), M. Godin (Mercier), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante (Bourassa), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé (Portneuf) et M. Roy
(Beauce-Sud).
Nous en étions à l'article 1 d). Je ne sais pas s'il y
avait d'autres questions ou d'autres commentaires. Je crois que c'est le
député de Saint-Laurent qui achevait une question ou une
intervention.
M. Forget: J'avais terminé sur cette question.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres questions ou
commentaires? Oui, M. L'Heureux.
M. L'Heureux: M. le Président, avec votre permission,
j'aimerais ici faire un commentaire, à la suite de nos propos de ce
matin et des consultations faites avec nos conseillers et nos administrateurs.
Nous allons participer à la commission parlementaire, nous allons
coopérer dans toute la mesure du possible, mais nous ne voudrions pas
que notre participation et certains de nos commentaires soient
préjudiciables à nos droits, si jamais des actions pouvaient
s'ensuivre, par suite de la commission parlementaire. C'est le seul commentaire
que j'ai à faire.
J'aimerais maintenant demander à Me Dion de faire quelques autres
commentaires sur le terme "artisan".
M. Dion: M. le Président, nous voudrions souligner ici le
point suivant: Dans le décret de la construction, ou le projet qui a
servi aux fins du décret, ce qu'on fait lorsqu'on définit le
salarié de la construction ou l'entrepreneur artisan, ce n'est pas
changer les termes de la loi, c'est-à-dire changer la définition
du salarié au sens de la loi, c'est simplement donner une façon
de pouvoir interpréter le décret, c'est-à-dire qu'à
ce moment on donne à l'artisan, aux fins du présent
décret, telle et telle obligation qu'il y aura dans la loi. Donc,
contrairement à ce que pense mon jeune confrère du Barreau, je ne
pense pas qu'on change le
contenu de la loi de l'industrie de la construction, on ne fait
qu'utiliser une des parties de la définition, c'est-à-dire
"l'artisan" en disant que cette personne, dans le décret, aura telle et
telle obligation. On ne change pas du tout la définition du mot
"salarié".
Dans notre décret, quand on utilise une définition
d'entrepreneur artisan ou lorsqu'on utilise une définition
d'entrepreneur artisan en machinerie lourde, on ne vient pas changer la loi de
la construction. A notre avis, l'article n'est pas illégal. On est
obligé de vous dire, comme plusieurs le pensent, qu'on ne règle
pas totalement le problème de l'artisan dans le décret, comme on
ne l'a jamais réglé. C'est une situation qui est là depuis
deux décrets peut-être. C'est la même situation qui se
continue dans le décret. Dire, à l'heure actuelle, que notre
clause d'entrepreneur artisan est illégale... Elle n'est absolument pas
illégale. Elle est d'autant plus légale que même la loi
utilise ces termes. On ne fait rien de contraire à la loi. On ne fait
que créer des obligations à cette personne dans notre
décret.
C'est le point que je voulais ajouter concernant l'intervention de M.
Fortin du contentieux. Somme toute, pour revenir à la forme, ce que le
ministre a proposé, soit de réétudier en comité
tout le problème de l'artisan, nous sommes d'accord
là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas d'autres
demandes d'intervention, j'appellerais l'article 1e. M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Comme pour tous les autres articles d'ordre
technique, ce sera Me Dion qui sera notre porte-parole.
M. Dion: M. le Président, je voudrais souligner qu'en ce
qui nous concerne, quand j'ai traité le problème de l'artisan au
nom de l'AECQ, on traitait les articles 1d, 1e, 1g, l'article 12, en
partie.
Le Président (M. Marcoux): Alors, M. Dumoulin, avez-vous
des choses à ajouter?
M. Dumoulin: Voici, on n'a rien à ajouter. Je crois que,
dans notre document, c'était clair à ce niveau. Il y a simplement
qu'à la base de l'information concernant le problème de
l'artisan, parce qu'on a chevauché un peu l'article 1. Dans l'article
1d, il est question des artisans, mais je comprends que les deux correspondent.
Je comprends bien que dans les articles 18-1), 2), 3) et 4), dans le document
présenté par le ministre, sont abrogés; 18-1), 2), 3) et
4), si je ne me trompe pas.
Une Voix: L'article 10-1, 10-3 et 10-4.
M. Dumoulin: Cela répond à ma question, merci.
Le Président (M. Marcoux): Alors 1e c'est fait. 1g, si
j'ai bien compris vos remarques, c'est la même chose?
M. Julien: La définition du salarié.
Le Président (M. Marcoux): Alors, cela va. L'article 3.
Est-ce que, M. Dion...
M. Dion: M. le Président, ce qu'on a voulu par cet
article, c'est énumérer une série de gens ou de personnes
qui sont habiles à aller devant le conseil d'arbitrage pour soumettre un
problème. Evidemment le fait d'émettre une
énumération, cela donne une certaine limite aux gens qui peuvent
soumettre devant le conseil d'arbitrage. Ne pas en mettre a la
conséquence tout à fait contraire, c'est-à-dire que cela
rend illimité le nombre de personnes qui pourraient, à
l'occasion, soumettre devant le conseil d'arbitrage des problèmes de
juridiction. Nous avons l'impression que le fait de ne pas déterminer
qui peut aller devant le conseil d'arbitrage pour les fins du décret de
la construction pourrait nous amener devant une prolifération des
recours devant le conseil d'arbitrage et peut-être des recours, à
l'occasion, futiles, simplement pour créer des situations dans
l'industrie de la construction.
Evidemment, la modification qui est proposée n'a pas une
conséquence de fond dans le décret comme tel, mais a quand
même une conséquence d'efficacité devant le conseil
d'arbitrage qui, à notre connaissance, a toujours agi à l'heure
actuelle d'une façon assez rentable pour les parties. On ne voit pas
l'utilité de faire ce changement parce que cela ne corrige pas une
situation, cela place les parties dans une situation plus difficile de
prolifération de recours, en tout cas de recours folichons tout
simplement devant le conseil.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin. M. Dumoulin:
Me Décary va répondre.
M. Décary: D'abord, nous sommes d'accord avec la position
du ministre. D'autre part, un peu pour répondre à ce que disait
mon ami M. Dion, s'il faut reprendre le texte de la loi, peut-être qu'on
pourrait ajouter "par tout intéressé ou encore par toute personne
qui se croit lésée". Et de cette façon on donnerait enfin
la portée qui est indiquée à l'article 32, je pense, 32
b)-3 de la loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: Je serais porté à dire que, dans un
décret, on n'a pas à spécifier qui est habilité ou
non. C'est dans la loi ou par le conseil d'arbitrage que cela doit être
stipulé, je pense que c'est la raison pour laquelle on n'a pas
retenu...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette.
M. Chevrette: J'ajouterais peut-être que l'objectif de la
précision ou, en tout cas, la suggestion qu'a faite le ministre, la
recommandation, c'est précisément pour ne pas s'ingérer
dans l'interprétation même du décret. C'est à un
tribunal d'arbi-
trage d'interpréter dans l'interprétation même du
décret. C'est à un tribunal d'arbitrage d'interpréter qui
est apte et qui a droit, est en possession du grief, et de définir si la
personnalité juridique qui est devant elle correspond aux lois
existantes ou non. Cela a été précisé. Les arbitres
jugent donc à partir d'un contenu de décret, mais d'une loi-cadre
qui régit les relations de travail. Ce n'est pas en vertu d'un
décret que l'on fait cela. C'est en vertu de la loi.
Le Président (M. Marcoux): Me Dion.
M. Dion: D'abord, il faut retenir qu'il s'agit là de
l'article 6, la procédure du conseil d'arbitrage, et non pas de la
procédure de grief comme telle. C'est la procédure du conseil
d'arbitrage en cas de conflit. A notre connaissance, on aimerait
peut-être connaître les motifs du ministère pour soulever ce
point. Ce n'est pas un point qui nous avait été soulevé
par les gens du contentieux au moment où on les avait rencontrés.
A toutes fins pratiques, si on se réfère à la loi comme
telle, le texte de la loi parle de toute personne lésée.
Or, peut-être que l'une des solutions, ce serait d'ajouter les
mots "toute personne lésée", après
l'énumération. Mais il faut comprendre que nous, on fait un
décret pour les gens de la construction, de façon que les gens de
la construction puissent comprendre. Or, qui on se pose la question, en
vertu de notre décret, parce que c'est notre instrument de travail,
peut soulever un grief? A ce moment-là, on en vient à la
conclusion que ce sont les gens de la partie syndicale, c'est le syndicat,
c'est le petit salarié, c'est l'employeur, c'est l'association
d'employeurs. On n'a pas à se poser la question à savoir qui, en
dehors de cela, peut en soulever, même si la loi, à ce
moment-là, pouvait l'ajouter. On ne verrait peut-être pas
d'objection à ajouter "toute personne lésée", mais, encore
là, on souligne le danger d'une trop grande extension qui ferait tout
simplement que la commission scolaire, comme on en a parlé ce matin,
ferait une demande devant un conseil d'arbitrage pour telle affaire et,
à un moment donné, on verrait le conseil d'arbitrage qui juge des
points qui n'ont absolument pas d'intérêt pour les gens de la
construction. Ce serait peut-être trop étendre ce recours. A
toutes fins pratiques, pour nous, dans le décret, on l'a défini
pour les fins de notre décret, pour les gens de notre décret,
c'est dans ce sens qu'on l'a fait.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je veux juste dire un mot
sur la question de la formulation; je pense que, dans un règlement, on
peut sans doute répéter ce qui est dit par la loi, et on ne peut
pas dire plus que ce que la loi dit, mais on peut répéter la
même chose, il n'y a pas d'objection à cela. On ne peut pas
légiférer par un règlement, et c'est pour cela qu'on
pourrait, sans doute, ajouter "toute personne qui se croit lésée
par l'application" mais on ne pourrait pas ajouter autre chose que cela, cela
irait à l'encontre de la loi même.
M. Chevrette: Cela dépend...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: Comme je viens de le dire, je pense que ce n'est pas
le lieu de légiférer, si déjà la loi définit
clairement, on n'a pas dans le décret à le reprendre comme
tel.
M. Dion: M. le Président, peut-on en venir à la
conclusion suivante? Il n'y a rien qui nous empêche, dans le
décret pour permettre qu'un document soit unique, qu'un document soit
compréhensible par tous les gens qui aient à l'appliquer, d'aller
chercher un article qui est dans la loi qui s'applique dans la construction et
le répéter, de façon que les gens, en lisant le document,
aient un document qui soit complet, de façon que les gens puissent
comprendre le document. D'avoir marqué dans le décret,
simplement, "toute personne lésée", pour les fins de l'industrie
de la construction et de l'application du décret, cela peut ne pas
vouloir dire tellement de choses. C'est qui, toute personne
lésée? Or, pour fins de compréhension, nous, on a
défini qui c'est les personnes qui peuvent être
lésées. On a tenté d'inclure tous ceux qui peuvent
être lésés, l'employeur, le salarié, le syndicat qui
représente le salarié, l'association qui représente
l'employeur. Il est fort possible qu'on ait pu oublier quelqu'un. Cette
énumération, pour nous, est une fin pratique, dans le
décret. D'ajouter les personnes lésées, comme on le fait
dans notre document d'ailleurs, notre argument est à la page 11
il n'y a pas de conflit avec la proposition du ministre à ce
moment. Nous, on dit que la possibilité pour n'importe qui d'aller
devant la commission, cela peut amener une prolifération; sauf que
d'ajouter, "toute personne lésée", cela n'a pas de
conséquence pour nous, ce serait répéter le texte de la
loi, si cela règle la situation, il n'y a rien là.
M. Couture: Je pense que je peux quand même dire ceci, qui
vaudra pour la discussion des autres articles. Je prends bonne note ce
n'est pas pour rien que l'on vous a convoqués, c'est pour vous entendre
de votre représentation là-dessus, et on l'étudiera
avec le contentieux.
Le Président (M. Marcoux): J'appellerai maintenant
l'article 4, qui porte sur l'article 902 du décret. M. Dion.
M. Dion: M. le Président, je ne veux pas tracer une
façon de travailler, mais on arrive à chacun des points qui ont
été soulevés par le ministère, etc.,
peut-être que cela pourrait faciliter et peut-être éliminer
certains points de nos discussions, tout prolongement inutile, si le ministre
nous disait: C'est quoi exactement? Et pourquoi? C'est quoi la modification?
Pourquoi est-elle faite? A ce moment, peut-être que cela pourrait
arranger les
choses. Par exemple, je viens de voir l'article 6 on vient de
passer dessus et il me semble qu'il n'y a pas réellement de
conflit entre les parties, à ce niveau. Or, si on avait, avant de
discuter l'article entre nous l'explication du ministre, peut-être cela
aiderait-il.
Le Président (M. Marcoux): Le ministre peut, s'il le
désire, acquiescer à votre demande.
M. Couture: M. le Président, j'aimerais mieux, tel que le
mandat nous le demande, qu'ils nous disent d'abord pourquoi ils ne sont pas
arrivés à une entente, pourquoi ils rejettent la modification et
après, éventuellement, on éclaircira notre position.
M. Dion: M. le Président, on est devant une entente des
deux parties et un tiers, en tout cas, excusez de comparer le gouvernement
à un tiers, mais il y a un tiers qui vient nous dire: Vos deux parties,
vous devriez changer votre document de cette façon. Le FTQ a
signé le 9.02; nous, on a signé le 9.02; on est au 9.02. Les deux
parties se sont entendues et il y a quelqu'un qui vient nous dire qu'il faut
changer cela. Si les deux parties se sont entendues, pourquoi demande-t-on de
changer cela? C'est sans malice, je veux tout simplement savoir pourquoi on
nous demande de changer cela.
M. Couture: M. le Président, il y a un aspect juridique et
je vais laisser notre avocat l'exposer. Je peux dire d'abord, au point de vue
général, qu'il nous semble que, dans le décret, on cherche
à donner au représentant syndical une fonction de
délégué de chantier qui est déjà
stipulé dans la loi où on voit, par ailleurs, qu'il est bien
clair, selon l'article 32n, que toute clause d'une convention collective ou
d'un décret relative à la fonction de
délégué de chantier est réputée non
écrite parce que la loi le stipule et le définit. Donc,
globalement, c'est un peu la raison fondamentale, mais je vais demander quand
même à notre avocat d'expliciter cela au niveau juridique.
M. le Président, très sommairement, la modification
proposée dans le décret de modification traite d'un amendement
à apporter notamment à l'article 9.02, paragraphe 1, du
décret tel qu'il existe actuellement. Si l'on compare le texte de ce
paragraphe 9.02 du paragraphe 1 avec l'article 32n de la loi pour fins
de consultations, c'est à la page 31 de la codification administrative
au bas de cette page, on voit que la fonction de
délégué de chantier est déterminée.
Notre interprétation de la loi en regard de l'article 9.02 du
décret nous donne à penser que ce que l'on confie comme fonction
au représentant syndical à cet article 9.02 est effectivement la
même chose que ce que le législateur a confié
expressément au délégué de chantier à
l'article 32n de la loi.
Au début de l'article 32n, deuxième paragraphe, on dit ce
qui suit: La fonction de délégué de chantier est
régie par les dispositions suivantes. Je réfère
également les membres de la commission parlementaire à l'article
32n à la page 33 de la codification où il est stipulé que
toute clause d'une convention collective ou d'un décret relative
à la fonction de délégué de chantier est
réputée non écrite. Alors, c'est le fondement juridique et
c'est pourquoi nous proposons un amendement au décret tel qu'il existe
actuellement.
Le Président (M. Marcoux): M. Dion.
M. Dion: Oui, je pense que la commission va comprendre qu'on
préférerait laisser la partie syndicale s'expliquer sur cette
clause qui la regarde. Effectivement, quant à nous, c'est dans la
convention, on l'a signée; alors, on est prêt à entendre la
partie syndicale là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Me Décary.
M. Décary: D'abord, c'est en regard de l'article 9.02. Le
représentant syndical a libre accès à tous les chantiers
durant les heures de travail. Ce que vous nous suggérez d'enlever, ce
sont les mots suivants... Vous êtes d'accord sur le libre accès
à tous les chantiers, mais ce que vous suggérez qu'on
enlève, ce sont les mots: "pour enquêter dans toute affaire ou
pour discuter de toute affaire" concernant l'application de la convention
collective ou du décret, mais, en aucun cas, sa visite ne doit
compromettre l'avancement des travaux. Or, si on enlève les mots que
vous suggérez, c'est dire que le représentant syndical a libre
accès à tous les chantiers, que ses visites ne doivent pas
compromettre l'avancement des travaux, mais qu'il peut y aller pour n'importe
quoi.
Lorsque le texte est rédigé, le sens qu'on a voulu lui
donner, c'était pour limiter ses visites à des enquêtes
dans toute affaire, ou des discussions concernant toute affaire qui
relève de l'application du décret. C'était bien
limité. Je pense qu'avec la suggestion que vous nous faites, le
représentant peut aller pour n'importe quoi. C'est ma première
réaction. Mais, plus profondément, si j'accepte ce que Me Fortin
dit, je dois vous rappeler que, dans l'industrie de la construction d'abord, il
n'y a pas de délégué de chantier partout, mais,
premièrement, seulement là où il y a sept salariés
et plus. Sur tous les chantiers où il y a moins de sept salariés,
il n'y a pas de délégué, on n'a pas le droit d'avoir un
délégué. D'autre part, les salariés peuvent avoir
des revendications légitimes et il revient à leur agent
négociateur d'administrer la convention et d'assurer le cheminement de
leurs griefs, ce qui implique, de leur part, enquête, aller sur les
chantiers voir si c'est vrai ou pas, discussion concernant cette affaire, et
ensuite soumission, le cas échéant, à l'arbitrage ou
à d'autres autorités.
Or, si je retiens la suggestion de Me Fortin, cela nous conduit à
ceci: si ce que Me Fortin veut dire, c'est que le délégué,
le représentant syndical n'a plus le droit d'enquêter et de
discuter sur les chantiers de l'administration de la convention collective,
j'aimerais lui souligner que, d'abord, la loi ne s'applique qu'aux
délégués, et le représentant n'est pas un
délégué, que le délégué, il y en a
seu-
lement là où il y a sept salariés, et, même
là où il y a sept salariés, seulement s'il est élu
à la majorité de tous les travailleurs de son métier.
Donc, très souvent, il n'y a pas de délégué, parce
qu'il y a un vote et que les gens ne veulent pas de la personne qui se
présente, ou encore parce qu'on ne tient pas de vote. Finalement, allons
plus loin. C'est que, si on se met dans le contexte de la loi, on a
réglé à la suite de certains événements, le
cas du délégué, et on a aussi réglé le cas
des gens qui ont à administrer les syndicats. Mais, d'autre part, les
syndicats doivent continuer à administrer la convention collective. Un
syndicat agit par des personnes. Le syndicat agit par des représentants
syndicaux. Les représentants syndicaux ont existé dans l'ancienne
convention collective, ils existent à l'heure actuelle et, nulle part
dans la loi, n'a-t-on porté quelque restriction que ce soit à
leur droit, si ce n'est qu'ils doivent ne pas avoir de dossier judiciaire ou
autre.
Or, on n'a pas, dans le cas du représentant permanent,
limité son droit de faire enquête et de discuter des cas
concernant l'administration du décret. A mon sens, c'est tout à
fait exclu. Ce qu'on veut dire, c'est: Tu n'as plus le droit d'aller sur les
chantiers pour discuter de toute affaire concernant le décret. Aussi
bien, pourquoi ne pas lui avoir dit de ne jamais aller sur le chantier?
Normalement, s'il a affaire sur le chantier, c'est seulement pour cela. Si,
d'autre part, on enlève les mots "la première lecture", vous lui
consacrez le droit de libre accès, mais, d'autre part, vous enlevez la
restriction, donc il peut faire n'importe quoi. Je vous soumets que l'approche
qui a été envisagée, qui a été
réglée par les parties, je le pense, est conforme à la loi
parce que, dans la loi, il n'y a aucune restriction concernant le
représentant syndical, mais seulement le délégué,
et si on applique le raisonnement de mon ami, Me Fortin, au représentant
syndical, qu'on soit logique et qu'on lui dise: N'allez pas sur le chantier.
Parce que si on lui donne le droit d'aller sur le chantier pour autre chose que
l'administration de la convention, je vous suggère que, vraiment, on
peut être amené à une espèce de bordel ou
enfin...
Je vous invite à considérer votre position sur l'article
902 et peut-être à revenir ou à retenir ce qui a
été agréé par les parties.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais aller dans le
sens de la dernière partie de l'intervention de Me Décary. Je
voulais savoir de la part de Me Fortin qui, dans la loi, restreignait
l'exercice par seulement le délégué de chantier. Est-ce
qu'il y a un texte dans la loi qui empêche d'autres personnes que le
délégué de chantier de faire le travail décrit au
délégué de chantier? Est-ce que cela repose sur un autre
article dans la loi?
M. Couture: En fait, je ne suis pas certain de bien comprendre
votre question.
M. Bisaillon: Vous avez fait reposer la base ju- ridique de
l'amendement proposé sur la définition qu'on fait du
délégué de chantier et du travail qu'on donne au
délégué de chantier.
Ma question est: Est-ce que, ailleurs, dans la loi, il y a un texte qui
dit que seul le délégué de chantier peut... Autrement dit,
est-ce qu'on peut définir le rôle de quelqu'un sans empêcher
les autres de le faire aussi?
M. Couture: Non, effectivement, il n'y a pas d'autre endroit que
les articles que j'ai mentionnés; maintenant, je pense qu'il est
important de mentionner ce qui suit: nous sommes en droit statutaire, il s'agit
d'une loi de droit statutaire, qui doit être interprétée
restrictivement. Par conséquent, lorsque le législateur prend le
soin, avec l'amendement du projet de loi 30, en 1975, d'adopter un article qui
dit ce qui suit: La fonction de délégué de chantier est
régie par les dispositions suivantes, il s'agit d'une disposition
affirmative de l'intention du législateur. Or, il est reconnu en
jurisprudence devant les tribunaux que lorsqu'on est en face d'un texte positif
comme cela, vous ne pouvez pas déduire que le législateur a voulu
permettre à d'autres personnes qu'au délégué de
chantier, tel qu'il est décrit là, de faire les fonctions qui lui
sont conférées spécifiquement par le
législateur.
C'est l'assise légale de notre projet de modification, de
même que l'article 32n, qui dit: Toute clause d'une convention collective
ou d'un décret relative à la fonction de
délégué de chantier est réputée non
écrite et ceci est le corollaire de ce que je viens de lire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce qu'il n'y a pas eu un lapsus quand on dit que
cette clause-là ne veut pas dire qu'on interdit à d'autres de
poser les mêmes gestes qui sont décrits comme étant les
gestes appropriés à la fonction de délégué
de chantier? N'est-ce pas le contraire qu'on voulait dire?
M. Couture: Effectivement, je vais essayer d'être le plus
clair possible. Notre interprétation de la loi est la suivante: c'est
que seul le délégué de chantier peut exercer les fonctions
qui sont décrites notamment à l'article 32n, sous paragraphe 3,
et l'objet de la modification que nous proposons à l'article 9.02 du
décret est justement pour éviter que d'autres personnes,
notamment le représentant syndical, tel qu'il est défini dans le
décret, puissent exercer des fonctions qui sont conférées
exclusivement et spécifiquement au délégué de
chantier par le législateur.
M. Forget: C'est correct, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Vu qu'il n'y a pas d'autre
question ou commentaires, j'appellerais l'article 8.
M. L'Heureux: C'est la partie patronale.
M. Dion: Pour une partie, c'est sur l'article 9, l'article du
délégué syndical, je dois vous dire que c'est un des
points qui étaient demeurés en litige parmi 12 points, on va le
voir, peut-être un peu plus tard, parmi 12 points majeurs, il y avait le
délégué syndical. Il est certain que, pour nous, on a fait
des concessions sur la clause de délégué syndical et la
position, la modification qu'on propose dans le moment, pour autant qu'il y
aura un certain cadre, nous convient parce qu'en fait cela reprend certaines
concessions qu'on a faites.
Mais, encore là, on pense que ce n'est pas le jeu d'une
négociation. Au moment où on a fait cette concession, c'est parce
qu'on a obtenu autre chose comme, un peu plus loin, il y a autre chose qu'on
veut changer, qu'on a obtenu, nous, en faveur d'autre chose. C'est tout cela,
le processus. C'est qu'en fait on nous pose une question. On dit: Pourquoi les
deux parties ne peuvent-elles pas s'entendre quand, en réalité,
elles se sont entendues?
Alors, c'est tout cela, c'est que, dans le moment, on cause certains
problèmes, ce sont des choses de négociations qu'on a faites dans
un contexte de négociations, c'est certain on a abandonné
certaines choses, on a obtenu d'autres choses et nous, pour autant qu'on est
concernés, la modification fait notre affaire autant qu'un cadre, il va
falloir qu'il y ait un cadre, mais on pense que ce n'est pas honnête pour
la partie syndicale, qui avait besoin de cela, pour faire son travail.
M. Couture: Bien, c'est parce que, évidemment, vous vous
êtes entendus sur un certain nombre de choses et, comme on a dit, c'est
notre intention, si on pouvait respecter à 100% tous les aspects de
toutes vos dispositions, on en serait trop heureux. Maintenant, comme
responsables des lois et du cadre juridique dans lequel doit se situer le
décret, c'est aussi notre responsabilité de veiller à ce
qu'il y ait concordance entre ce qui est signé comme convention
collective, nos décrets, qui sont des règlements, et les lois
existantes. C'est notre motivation principale. Ce n'est pas pour le plaisir de
le faire.
M. Chevrette: J'ajouterais qu'on pourrait fort bien laisser
faire, comme vous avez semblé le souligner ce matin, les textes qui sont
non conformes à la loi, donc, nuls et sans effet. A la minute qu'un
employeur s'y opposera vous savez qu'il n'y a aucun fondement juridique
à l'article, parce que non conforme à la loi.
Cela donne quoi? Conclut-on une entente sur une clause d'un article de
convention collective parce que cela va bien au moment de la négociation
en dehors d'un cadre juridique légal pour ensuite se tourner de bord et
créer des malaises d'autant plus grands parce qu'il sera signé
légalement par des parties représentatives, mais non applicable
dans les faits? C'est un peu cela le dilemme que l'on nous pose. A partir de
là, ce n'est pas l'association représentative qui applique le
décret. Un employeur peut se tourner de bord, comme vous le savez, et
dire: "Moi, pas question, c'est tel homme, et comme je n'ai pas de
délégué de chantier, je ne l'accepte pas". Il pourrait
même y avoir des mots d'ordre et, sans faire de procès d'intention
auprès de personne, il pourrait y avoir des mots d'ordre de
donnés et qu'on dise: Telle clause, telle clause, telle clause et telle
clause, c'est illégal, donc, foutez-vous-en. Et comment se ramasse-t-on
dans la réalité par après? On a cru bon de vous
présenter un document cohérent, sur le plan légal actuel,
quitte, plus tard, à réviser la législation avec les
normes appropriées.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, je dois suspendre
les travaux de la commission pour que les membres de la commission puissent
aller voter, à moins que ce ne soit une question de quorum. Attendez! Je
vais faire vérifier avant si c'est tout simplement une question de
quorum ou si c'est un vote.
M. Couture: Si on est pour renverser le gouvernement, on va
sûrement aller voter.
M. Laplante: Je crois que c'est un vote important, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est un vote? Vous êtes
certain de cela? Alors, la commission suspend ses travaux pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 17)
(Reprise de la séance à 17 h 20)
Le Président (M. Marcoux): Nous allons poursuivre
immédiatement. C'était ce qu'on appelle une fausse alerte. Il y
avait de la fumée, mais il n'y avait pas de feu. M. L'Heureux. A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. L'Heureux: M. le Président, au moment où nous
avons ajourné, M. Chevrette m'a posé une question. Je pense que
c'était une question de fond. C'est quelque chose qu'on veut justement
vider à fond et j'aimerais que notre conseiller, Me Dion,
réponde.
M. Dion: M. le Président, pour nous, il y a une
différence énorme entre le pouvoir qu'a le gouvernement ou la
commission, ici, d'étudier le fond d'un décret et de le regarder
et dire: Ce décret a-t-il été négocié
conformément à la loi? Les parties ont-elles signé
conformément à la loi? Est-ce que l'extension est venue
conformément à la loi, etc.? Il y a aussi une différence
énorme entre le contenu du décret qui, pour nous, relève
d'un pouvoir judiciaire à déterminer. Les parties ont-elles
dépassé leur droit? Telle chose, qui a été mise
dans le décret, devant le tribunal, pourrait-elle tenir comme
légale ou illégale?
A ce moment-ci, on se retrouve devant une clause. Nous disons: II n'y a
pas de problème à faire une modification à cette clause,
sauf que, de bonne foi, on s'est entendu avec la partie syndicale et on a
signé cela, après des échanges, des
négociations. Il y a partout de ces échanges dans le
décret. Aussitôt qu'on en touche un, on brise le jeu des parties.
C'est un échange. A un moment donné, on dit: D'accord, on va vous
donner cela. Le gars a le droit de venir sur les chantiers et de faire telle
chose. A partir du moment où on a donné cela, on n'a pas
cherché à aller contre la loi. On a cherché à se
tenir dans le cadre de la loi, mais on s'est dit, à un moment
donné: Si un tribunal vient à dire que ce n'est pas légal
et qu'on a dépassé les cadres de la loi, il y a un article 32.02
qui dit: Si c'est illégal? c'est comme si ce n'était pas
écrit dans le décret et cela décolle.
On vous dit ceci: L'amendement qui est proposé par votre
contentieux a une conséquence qui est nettement plus grave que celui
qu'on a fait dans notre décret. En ne mettant aucune limite, cela veut
dire que le représentant syndical se présente sur le chantier, il
fait tout ce que le délégué de chantier veut et peut faire
et tout ce qu'on voudra lui faire faire en plus, parce que, à ce moment,
il aura aussi le droit d'enquêter sur la convention, il va aussi avoir le
droit de fouiller dans les livres pour voir si les cotisations syndicales sont
payées. Il aura le droit de faire tout cela. Nous vous disons ceci: Nous
nous sommes entendus et nous sommes prêts à maintenir ce que nous
avons entendu avec la partie syndicale. Nous ne vous demandons pas de changer
notre entente. Nous l'avons signée et nous sommes prêts à
la maintenir. Certains demandent de changer l'entente. Nous ne le demandons
pas. Nous sommes prêts à la maintenir, mais si vous en venez
à la conclusion que vous vous substituez au pouvoir judiciaire de
déclarer une chose illégale et de modifier l'article, il faut
absolument que vous mettiez un cadre dans l'article. A ce moment, dans nos
pages 12 et 13, nous vous suggérons de quelle façon cela pourrait
être fait afin de répondre quand même à un
état qui serait vivable dans l'industrie de la construction.
Au premier paragraphe, on dit: Le bonhomme a le droit, d'après
l'article 9.01, de faire telle ou telle chose. Entre autres, un
délégué peut discuter et régler toute question
d'intérêt pour les membres d'une union ou d'un syndicat
affilié à l'association représentative à l'emploi
du dit employeur... Si c'est cela que vous voulez lui donner comme cadre,
écrivez-le. Ne rien mettre, cela veut dire que le gars va faire
n'importe quoi. Et vous allez réellement empiéter sur le travail
d'un délégué de chantier. Il faut absolument mettre un
cadre, sinon, on est pire qu'on le serait, si jamais on était
illégal. On serait beaucoup plus illégal en donnant toute la
fonction du délégué de chantier.
Le Président (M. Marcoux): Avant, M. Décary avait
demandé la parole.
M. Décary: Très brièvement, l'article 32n de
ia loi dit: "Toute clause d'une convention collective ou d'un décret
relative à la fonction de délégué de chantier est
réputée non écrite". A l'article 32n, on dit: "La fonction
de délégué de chantier est régie par les
dispositions suivantes:" Sans vous en faire la lecture, ce que nous notons
c'est que: 1) Ce doit être un travailleur à l'emploi de
l'employeur, qui 2) Doit être élu, seulement et dès le
moment où il y a sept salariés et plus sur le chantier.
Avec l'article 32n, si on applique la règle de Me Fortin, on
devrait dire que cela s'applique restrictivement, c'est-à-dire que cela
ne vise que la fonction de délégué de chantier.
Au moment où ces amendements ont été passés,
les articles 32-m et 32-n, il existait à ce moment-là des
représentants syndicaux. Les représentants syndicaux qui
oeuvraient n'ont pas été affecté par cet article. On a
régi les représentants syndicaux ailleurs, quand on a dit entre
autres, qu'ils ne pouvaient pas avoir de dossier judiciaire. Ils sont
là, expressément nommés. Or, si on applique la
règle de Me Fortin, 32-m ne devrait viser que le cas du
délégué et non pas le cas du représentant. Le
représentant syndical, et je termine là-dessus, n'est pas un
salarié, mais une personne à l'emploi d'un syndicat ou d'une
union. Le représentant syndical, tout ce qu'il fait, si on lit
l'ensemble de l'article 9, c'est d'assurer l'administration de la convention
et, suivant ce que nous enseignent la jurisprudence et la doctrine unanime,
c'est de faire enquête et de discuter de toute affaire concernant
normalement l'administration d'une convention collective issue d'un
décret.
Or, je vous demanderais, humblement, respectueusement, de
reconsidérer votre position, surtout si on tient compte de la mention de
mon confrère. Toutefois, là-dessus, bien amicalement, je le
référerais aux articles 40 et 41 de la Loi de
l'interprétation du Québec, chapitre I, 1964, où on dit
que les dispositions doivent s'interpréter de façon large et
libérale de façon à assurer par l'interprétation
que les objectifs de la loi soient remplis et, deuxièmement, de
façon à assurer un avantage et, d'autre part, ne pas assurer un
mal.
A la lumière de ces réflexions, je vous prierais de
reconsidérer votre position.
Le Président (M. Marcoux): Dans l'ordre, le
député de Saint-Laurent et le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Forget: M. le Président, un point général
a été établi par les deux parties à savoir qu'il y
a une convention collective qui a été signée et qu'il est
déplorable et regrettable de voir une tierce partie, en l'occurrence le
gouvernement, intervenir pour en modifier les termes. C'est évident
qu'on peut être d'accord avec les parties, il reste qu'on a une loi
particulière qui s'applique dans leur cas, dans leur secteur industriel,
qui est la Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la
construction, et qui donne ouverture à cette intervention. Donc,
même si on peut le déplorer de façon
générale, il reste que la réalité, la raison de la
présence de tout le monde ici en commission parlementaire, c'est qu'il
peut y avoir des modifications. Je pense que même si on le
déplore, encore une fois, il faut se rendre compte que, dans les
arguments invoqués par le ministre, à savoir,
l'illégalité qu'il croit lire dans les dispositions de l'article
9.02, paragraphe 1, constitue un motif suffisant, si elle est fon-
dée en droit pour une intervention gouvernementale.
Ce qui m'apparaît un peu inquiétant, c'est qu'implicitement
les deux parties nous ont un peu avertis, ont averti le ministre, que, quant
à elles, elles n'acceptaient pas nécessairement sa version de la
légalité de cette partie de la convention et du décret et,
dans le fond, c'est ce que j'aimerais voir confirmer à la fois par les
parties; j'aimerais voir le ministre prendre position vis-à-vis de cette
attitude, car elles nous ont affirmé que comme elles ne reconnaissent
pas l'argument basé sur la légalité, à la fois du
côté patronal et du côté syndical, on prendrait
l'interprétation large des pouvoirs du représentant syndical.
C'est-à-dire que l'on présumerait que, puisqu'il n'y a aucune
interdiction qui lui est adressée spécifiquement dans la loi, il
avait donc le droit de se livrer à toutes les activités, y
compris les activités que l'article 32-m attribue spécifiquement
au délégué de chantier.
Il est évident que si, dans le champ, les deux parties, patronale
et syndicale, faisaient une telle interprétation de la loi et du
décret, elles seraient amenées à ignorer même
l'amendement que propose le ministre, parce qu'il est évident que si
personne ne se plaint, le représentant syndical va pouvoir faire comme
si le décret n'était pas amendé.
Je crois qu'il est donc doublement important que le ministre rende
très explicite l'interprétation qu'il donne à l'article
32-m de la loi, à l'article 32-n également, de même
qu'à l'article 9.02 du décret. Si j'ai bien compris, mais
j'aimerais qu'il le confirme, selon lui, la précision que la loi apporte
quant aux fonctions du délégué de chantier rend
illégal l'exercice de ces fonctions par toute autre personne sous
quelque titre que ce soit. Et si c'est vrai, même si les parties sont
d'accord pour laisser faire par d'autres les fonctions que la loi attribue au
délégué de chantier, je pense que le ministre devrait
prendre note du fait qu'en l'absence d'une intervention assez ferme de sa part,
que le décret soit amendé ou pas, dans le fond, les parties nous
disent un peu qu'elles vont vivre selon la loi qu'elles se sont donnée
dans la convention collective. C'est un avertissement qui, à mon avis,
est extrêmement sérieux. Je pense qu'on devrait ventiler ce
problème suffisamment pour faire bien comprendre à chacun les
implications des gestes qui se posent ici. Parce que, dans le fond, si
c'était vrai, tout ce travail est fait pour rien. Si les parties
interprètent la loi comme il leur convient, on a beau modifier ou ne pas
modifier le décret, on va se retrouver devant la même
situation.
Or, l'intention du législateur, à mon avis, dans 32m et
dans 32n était claire. Il y avait des fonctions qui étaient
réservées au délégué de chantier et que
personne ne peut exécuter sous un autre titre; autrement, le
législateur n'aurait rien dit. On n'a qu'à inventer un
troisième titre, un fondé de pouvoir syndical, ou n'importe quoi
qui donne la même saveur, et lui donner des fonctions sans restriction,
alors que la loi a voulu que ces fonctions soient exercées avec des
restrictions. Je pense que l'intention du législateur est claire. Mais
encore faut-il qu'elle soit respectée par les parties et que l'intention
du ministre de la faire respecter soit clairement indiquée.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, c'était pas mal
l'argument de mon confrère. C'est que je vois dans la loi qu'on a
prévu la question des fonctions du délégué de
chantier et on a inclus une clause à l'article 32n à savoir que
toute clause d'une convention collective ou d'un décret relatif à
la fonction de délégué de chantier est
réputée non écrite. Mais ce qu'on a dans le décret,
c'est une clause qui donne les fonctions du représentant syndical. Et,
à mon avis, je ne suis peut-être pas tout à fait d'accord
avec l'argumentation du conseiller juridique du ministre et je me demande si
cette clause ne serait pas déclarée illégale s'il y avait
un conflit suite à cette clause. A mon avis, on devrait peut-être
laisser les... Les parties se sont entendu sur cette clause. S'il y a un litige
suite à cette entente, à ce moment-là il y aura
sûrement possibilité de faire trancher la question par les
autorités compétentes.
Le Président (M. Marcoux): Me Dion ou L'Heureux.
M. L'Heureux: Simplement une remarque. M. Forget a
mentionné que les parties ont indiqué leur intention ou, du
moins, je ne sais pas si j'ai bien compris, que le ministre l'amende ou non,
elles vont faire selon leur loi. En fait, je ne pense pas qu'on ait
indiqué cela, j'ai peut-être mal compris aussi. Ce n'est pas
l'intention de la partie patronale. S'il y a une loi, on va la suivre et on va
tenter de négocier à l'intérieur de la loi. Le point que
Me Dion a fait valoir, et je vais le lui laisser terminer, c'est que nous
n'acceptons pas, et nous ne pouvons comprendre que, ni plus ni moins, le
ministère du Travail soit à la fois juge et partie,
c'est-à-dire que lui décide que notre entente est illégale
et que lui s'impose comme étant la légalité, comme
étant le tribunal qui va finalement décider ce qui est
illégal ou non. J'aimerais que Michel développe cette
idée.
M. Dion: Notre position, M. le Président, est la suivante:
c'est une question d'opinion, à l'heure actuelle, à savoir si le
représentant syndical, tel que nous l'avons défini, s'il s'agit
là d'une chose illégale, ce qu'on a défini, ou non, c'est
une question d'opinion quand même. Il faut lire la loi. On arrive
à la loi et on dit que le délégué de chantier a ces
fonctions-là, et ce que vous avez décrit entre dans le même
champ. Comme le dit M. Décary, cela entre dans le même champ, mais
pas pour tout le monde. Il y a quand même des exclusions. Il s'agit quand
même là d'une volonté des parties et, dans notre opinion,
c'est légal. Que le contentieux dise à ce moment-là que
c'est illégal, je le vois mal, il y a réellement actuellement une
entente entre les parties. L'article 18 dit: Vous nous demandez de venir nous
faire entendre lorsque les parties démontrent qu'elles ne sont pas
capables
de s'entendre. C'est un peu cela le texte de l'article 18. Si on ne peut
pas s'entendre et qu'il y a un problème d'ordre public, vous nous
demandez de venir dire les motifs pour lesquels on ne s'entend pas. On est en
train de vous dire les motifs pour lesquels on s'entend. Bon!
Deuxième partie, il existe dans la loi un article qui s'appelle
l'article 16, qui permettait au ministre de ne pas publier le décret,
s'il pense que le décret est illégal.
Il pouvait, à ce moment-là, en motivant aux parties son
refus de publier le décret, donner suite à la requête.
C'est à ce moment, selon nous, que les choses légales ou
illégales devaient venir en ligne de compte. Ce n'est pas au moment de
l'article 18, c'est lorsqu'il reste des choses en ballant, où les
parties ne sont pas capables de se comprendre et de s'entendre. Pas des choses
nouvelles qui sont soulevées, pas des choses à portée
nouvelle, des choses qui ont fait l'objet d'une convention collective. Il n'y a
pas de conflit entre les parties, j'ai signé une convention, il a
signé une convention, on est d'accord tous les deux, pourquoi on vous
donnerait les motifs pour lesquels on ne s'entend pas? On est obligé de
vous donner les motifs pourquoi on s'est entendu dans ce temps-là.
Pourquoi 19 ou peut-être 18 locaux de la FTQ sur 21 ont-ils
été d'accord avec le contenu de ce qu'ils signaient et que les
parties et le président, M. L'Heureux et M. Lamontagne ont signé.
On était prêt à vous donner les motifs pour lesquels on a
eu de la difficulté à négocier et à s'entendre, on
refait une partie de la négociation. Cela a été dur de
s'entendre sur le représentant syndical, d'accepter que le gars vienne
dans des livres, qu'il voie et enquête sur toute l'affaire. Au
début, on ne voulait pas de cette affaire, puis on s'est dit: C'est
vrai, il y a les gars qui en ont moins que sept. Peut-être qu'il y a un
trou à boucher et que la loi ne bouche pas à ce moment. On fait
des échanges avec la partie syndicale et on signe une convention, on
s'est entendu.
Vous nous demandez de venir en commission expliquer les motifs pour
lesquels on ne s'entend pas. On s'entend, cela est un article en tout
cas, il n'y a pas plus vrai que celui-là et c'est évidemment
facile, parce que c'est un article syndical, ou assez syndical en tout cas
il n'y a pas plus vrai que cet article-là pour que les parties
s'entendent. Nous avons négocié l'article 9.02 et on est
prêt j'allais dire à le manger à l'accepter,
on l'a négocié comme cela. C'est de bonne foi qu'on l'a fait avec
M. Dumoulin et compagnie et on est prêt à continuer avec cela. On
va permettre au gars d'enquêter dans toutes les affaires concernant la
convention collective.
Il est évident que nous ne permettrons pas qu'il vienne faire la
job du délégué de chantier, qui est définie dans la
loi, et s'il y a excès de juridiction de la part du bonhomme, on a des
recours, on a des procédures de grief, on a d'autres procédures,
on va se défendre. Mais, dans la limite de leurs droits, on va les
laisser exercer leurs droits, ce sont ceux-là qu'on leur a consentis,
comme on voudrait qu'ils continuent à consentir et à respecter
ceux qu'on a signés. Quand notre assemblée générale
a dit: Telle affaire, vous ne l'aurez pas, la partie syndicale, qu'on ne prenne
pas un détour pour essayer de nous l'arracher, soit en commission
parlementaire ou autrement. A ce moment-ci, on s'est rendu et on va garder ce
sur quoi on s'est entendu. On est prêt à le respecter. Mais, si
vous dites que cela ne peut pas être là, vous vous substituez aux
tribunaux. Le tribunal pourrait dire: Vous avez mis cela là-dedans,
c'est inclus dans la loi, la loi dit que vous ne pouviez pas le faire. C'est
une question d'opinion chez vous; comme c'est une question d'opinion, on a des
conseillers juridiques qui nous ont dit: Vous avez le droit de faire cela.
Comme M. L'Heureux vous l'a dit ce matin, on a dit à ce moment
là, au ministère du Travail: Dites-nous ce qu'on ne peut pas
faire. On nous a refusé de nous dire ce qu'on ne pouvait pas faire, mais
on ne nous a jamais dit que cela on ne pouvait pas le faire, on nous a
même dit à certaines occasions: Votre affaire va bien, c'est
correct, il n'y a pas de problème. Ce sont des
délégués et des gens du ministère qui nous disaient
qu'il n'y avait pas de problème. On s'en allait et les parties
s'entendaient. Si, à un moment donné, on enlève ce qu'on a
donné à la partie syndicale, il est évident que celle-ci
va nous dire: J'avais donné cela en échange, et on se retrouve
devant un tas de problèmes.
On parle de prime de ferrailleur ou on parle de prime d'acier-structure
et on parle d'affaires de ce genre. Nous aussi, on en avait des demandes en
négociation, elles n'ont pas toutes été accordées.
On ne vient pas à la commission parlementaire pour essayer de les avoir.
On vous dit: On a une entente, on va la respecter. Vous nous dites: II y a des
choses illégales. S'il y a des choses illégales, l'article 32 est
là, elles peuvent être corrigées. Cela est une question
d'opinion, on se substitue aux tribunaux, on va après, discuter comme on
discuterait devant un tribunal, à l'heure actuelle.
Je suis d'opinion que ce n'est pas illégal. Je suis d'opinion que
le gars peut enquêter et je le lui ai donné. A ce
moment-là, pourquoi le lui ai-je donné? Parce que je pensais que
c'était légal. Aujourd'hui, vous autres, vous décidez que
cela ne l'est pas. Vous n'acceptez pas la volonté des parties. Ce n'est
plus l'article 18 à ce moment-là, vous refaites notre
négociation, vous êtes en train de retravailler notre convention
collective et là on peut y aller de A à Z. On peut aller du
début de notre convention jusqu'à la fin. Est-ce notre faute si,
à un moment donné, par exemple, il n'y a pas de clause de
stationnement dans le décret? Vous me dites qu'il y a eu des omissions.
Il y aurait pu avoir une clause de stationnement, mais on a fait des
échanges, on est arrivé à la fin et on a dit: II n'y a pas
de stationnement. Si j'arrive devant la commission et que je vous dis: II n'y a
pas de clause de stationnement, c'est une omission. A ce moment-là, vous
refaites la négociation des parties, vous remplacez les parties, on
recommence au début. C'est cela la position à l'heure
actuelle.
Pour nous, c'est une question d'opinion, cela n'est pas couvert par
l'article 18, on ne voit pas pourquoi on discute cela. Ils sont d'accord pour
l'avoir, nous sommes d'accord pour le leur laisser,
on le leur a donné. Tantôt, on va être en maudit,
s'ils veulent avoir des affaires qu'on ne leur a pas données et que
l'assemblée générale de nos membres dit: Ils ne les auront
pas, parce que notre assemblée générale a le droit de
décider et c'est notre droit à nous autres, c'est la loi qui nous
donne ce droit.
Les choses que notre assemblée leur a données, on ne voit
pas de raison de les leur ôter, alors pourquoi le ministère
veut-il nous forcer à leur enlever des choses qu'on leur a
données de bonne foi et qui, pour nous, ne sont pas illégales?
C'est une question d'interprétation.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, sur le
même... est-ce que je peux avoir votre point de vue?
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): D'accord. M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Simplement pour ajouter un mot, M. le
Président. A notre avis, le représentant syndical n'est pas le
même qu'un délégué de chantier. Je m'explique. Un
représentant syndical est à l'emploi d'une association, d'une
union de métier, affiliée au conseil provincial, donc, au bout du
compte, rémunéré par les unions, et un
délégué de chantier, c'est un salarié à
l'emploi d'un employeur. A notre avis, un représentant syndical, comme
peut-être trop de bonshommes peut, à mon sens, représenter
le salarié. D'ailleurs, on est une association reconnue selon la loi et
on est là pour cela. On est là pour négocier et
représenter les unions et voir à l'application de la convention
collective. Donc, à notre sens, ce n'est définitivement pas le
même bonhomme ou le même individu qu'on retrouve au niveau du
délégué de chantier. Jamais, cela ne peut pas être
le même, parce que le représentant syndical est élu au
niveau de ces unions, les unions de métier, et le
délégué de chantier est élu au niveau du chantier
mais, par contre, à l'emploi d'un employeur, tandis que le
représentant syndical qu'on mentionne est à l'emploi d'une union.
C'est donc un peu une interprétation de titre d'individu qu'on retrouve
en arrière de cela.
C'est pourquoi on dit que ce qui apparaît là, il me semble,
peut quand même exister à l'intérieur du décret.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre...
M. Couture: M. le Président, je vais simplement faire un
commentaire général. Je crois qu'il faut retenir une chose
fondamentale, c'est un décret du lieutenant-gouverneur en conseil et le
ministre, quand il recommande la promulgation d'un décret au
lieutenant-gouverneur en conseil, c'est nécessairement sa
responsabilité de tenir compte d'une opinion juridique. Le ministre n'a
pas à trancher l'opinion juridique, mais il doit, en toute bonne foi,
tenir compte d'une opinion juridique de son ministère qui... c'est une
opinion juridique qui relève du ministère de la Justice, et c'est
sur cette base que le ministre, si on peut dire, est moralement lié par
cette opinion, sauf ceci, et comme je ne voudrais pas le répéter
chaque fois, en vous écoutant, je vois quand même qu'il y aura
lieu je ne dis pas de reconsidérer ce qu'on a, ce qu'on vous propose
comme modification, mais peut-être, enfin, c'est ce que je vais chercher,
obtenir vraiment une rigueur je ne dirais pas exclusive, mais une rigueur assez
ferme sur cette base juridique. Je veux ajouter ceci aussi, c'est que l'avocat
de l'association des entrepreneurs disait que vous auriez pu refuser la
convention collective, mais parce qu'on a ce respect de ce que vous avez
négocié et qu'on ne veut d'aucune façon modifier cette
convention collective à la légère, on a proposé,
face à des analyses que nous avons faites, face à des opinions
légales, ces modifications et c'est pour cela qu'on vous
écoute.
Je pense que cela manifeste entre autres que nous avons ce respect de
votre négociation, et que c'est important, en tout cas, pour le
ministre, de vous écouter pour arriver à proposer des
modifications qui sont fermement fondées et qui respectent quand
même ce que vous avez négocié.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'une
question d'interprétation et il y a différentes opinions qui ont
été émises ici, par Me Dion, par Me Décary, ainsi
que sûrement par Me Michel Robert, qui a négocié ce
décret et qui a donné son opinion là-dessus. J'aimerais
savoir du ministre si lui, de son côté, a recherché une
autre opinion que celle qu'on a devant nous aujourd'hui, s'il a
recherché d'autres opinions ailleurs, parce qu'il n'y a pas un monopole
de la vérité là-dessus.
Il y a une question d'interprétation et si les parties se sont
entendues là-dessus après avoir demandé des opinions
juridiques, je pense qu'il serait peut-être bon...
M. Couture: On est quand même assez prudent dans ce
domaine-là.
On a quand même un contentieux, on a le ministère de la
Justice et il y a une décision qui vient à la suite de cette
consultation, qui me paraît, dans les circonstances, assez importante.
Mais, je crois que, quand même, on est au gouvernement et qu'on a nos
instruments de travail. On doit les utiliser comme tels et leur faire confiance
jusqu'à preuve du contraire.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois qu'on a
établi, ici, dans cette commission parlementaire, des
précédents qui sont très importants. J'ai
écouté attentivement les représentations des parties et je
dois dire que je suis ébranlé par le plaidoyer qu'elles ont fait.
Il semble assez évident que, même si d'une part on ne peut pas
demander au
ministre de faire des recommandations au lieutenant-gouverneur en
conseil, qui sont clairement et sans aucune ambiguïté à
l'encontre de la loi, d'un autre côté, il faut interpréter
cela avec énormément de rigueur. Si on y va trop largement, ce
qu'on fait jouer comme rôle au contentieux du ministère du
Travail, c'est le rôle qui appartient en propre à un tribunal. Et
quand j'ai posé la question, tantôt, sur la chance qu'on pouvait
avoir de voir respecter le décret tel qu'amendé, étant
donné la position des parties, la nature de la réponse qu'on a
eue, nous montre très bien que, dans le fond et le silence du
ministre sur ce point nous le montre quel que soit l'amendement qu'on
introduise au décret, c'est finalement devant les tribunaux que la
question va se régler, si elle doit se régler. De ce
côté, si les deux parties sont d'accord pour procéder selon
leur convention et si le Procureur général ne juge pas
qu'il est d'ordre public d'intervenir en vertu de l'article qu'on a vu tout
à l'heure et qui l'excluait implicitement, mais qui l'inclut maintenant
puisqu'on a éliminé la restriction si le Procureur
général ne juge pas approprié d'intervenir, qu'on fasse
n'importe quoi avec le décret, il va s'appliquer tel que les parties en
ont convenu.
Comme on est devant cette éventualité de toute
façon, j'inviterais le ministre à adopter une attitude
extrêmement claire. C'est-à-dire que cette partie des amendements
qu'il juge essentielle pour que la légalité soit respectée
de la façon la plus étroite, soit la plus rigoureuse possible;
qu'elle soit appuyée par le dépôt de l'opinion juridique du
chef du contentieux civil du ministère de la Justice et que, pour ce qui
est des autres amendements que la loi lui permet d'apporter, même quand
il y a entente entre les parties, qui sont basés sur des arguments
d'ordre public, des arguments politiques dans le sens élevé du
mot, que s'il croit que, dans l'intérêt public même,
l'entente des parties ne peut pas être retenue, il fasse l'argumentation
au mérite.
J'ai un peu l'impression qu'on assiste aujourd'hui à une
argumentation de la part du gouvernement, qui est basée en
première analyse sur une motion assez large de ce qui est légal
ou illégal dans le décret, et que, souvent, une certaine partie
de cette argumentation, dans le fond, est beaucoup plus basée sur des
arguments de substance que l'on tait parce que c'est assez commode d'avoir
recours à l'argumentation juridique, qui est une question d'opinion
à moins d'être tranchée par un tribunal. Comme nous avons
affaire ici à un précédant dans l'interprétation de
cette partie de la loi, il m'apparaît bien nécessaire qu'on fasse
la distinction entre les deux. S'il y a vraiment des causes
d'illégalité claires, au-delà de tout doute possible, que
l'on dépose les opinions juridiques qui serviront de documents
sessionnels; si on ne veut pas aller jusque-là, qu'on présente
les amendements sous la responsabilité ministérielle, mais qu'on
dise quelles sont les raisons de substance plutôt que les raisons
purement de forme qui poussent le gouvernement à les apporter.
C'est que, tout à l'heure, nous avons vu dans la question des
artisans, une défense basée exclu- sivement sur des aspects
juridiques qui sont là aussi des questions d'opinion. Je crois qu'on
doit choisir entre les deux.
M. Couture: Me permettez-vous de poser une question?
M. Forget: Je vous en prie.
M. Couture: Est-ce que vous reconnaissez quand même que
c'est la responsabilité du ministre de rendre le moins contestables
possible les dispositions de la convention collective qu'on doit prolonger en
décret?
Il faut quand même bien comprendre que notre attitude ou notre
approche n'est pas par plaisir, parce qu'on veut absolument remettre en
question ce qui a été négocié. C'est que nous avons
un décret que le lieutenant-gouverneur en conseil ratifie et, quant
à nous, il faut être très prudent. Il faut vraiment
chercher partout où c'est possible de rendre ce décret le plus
conforme à la légalité. Ce n'est pas pour rien qu'on
entend nombre d'argumentations. C'est possible que dans certains cas cela ne
paraisse pas aussi clair, aussi convaincant, mais il reste quand même
qu'il y aura une décision politique à prendre par laquelle on
doit, à ce point de vue-là, c'est la situation dans laquelle je
me place, être prudent; ce qui n'empêchera en aucune façon
possible les déclarations d'un tribunal sur telle ou telle disposition
plus litigieuse.
Mais, la recherche pour nous, c'est une recherche de la
légalité la plus conforme possible à ce qui existe comme
document juridique dans le cadre juridique des relations de travail.
M. Forget: M. le Président, comme le ministre me pose une
question, je dois réaffirmer qu'il n'est pas question de suggérer
que le gouvernement accepte d'entériner des choses qui sont, clairement
et au-delà de tout doute possible, illégales. C'est clair. Mais,
c'est aussi une question d'appréciation, à savoir ce qui est
illégal. Et on sait que si c'était si clair, les tribunaux ne
seraient pas aussi occupés qu'ils le sont. Donc, c'est souvent la
confusion entre ce qui est légal et ce qui est illégal. On a une
démonstration de deux parties qui s'entendent pour déclarer
légal, donc de se conformer à ce qui leur paraît
légal jusqu'à preuve du contraire, alors que le ministre
prétend que ce n'est pas légal. On est dans une impasse.
Même si le ministre a introduit sa modification, c'est un coup
d'épée dans l'eau parce que les parties nous ont plus ou moins
laissé entendre qu'ils vont vivre selon la loi qu'ils se sont
donnée par la convention, et non pas selon l'interprétation que
le ministre peut en faire. Alors, il y a vraiment là une distinction
très claire. Si le ministre n'est pas prêt à jouer le
rôle d'un tribunal, à déposer un avis du chef du
contentieux civil, je pense qu'il doit défendre au mérite la
modification qu'il suggère et avertir les parties qu'il va demander
à son collègue, le Procureur général, d'intervenir
si les parties ne s'y conforment pas. Autrement, je crois qu'il serait mieux
avisé de ne pas faire cette confusion des pouvoirs, de permettre que
l'exécu-
tif interprète la loi. C'est un travail que nos constitutions,
dans les pays occidentaux, confient aux tribunaux, je comprends qu'il peut y
avoir des doutes...
M. Couture: On ne force pas la loi, on veut l'appliquer. Il ne
faut tout de même pas mêler les genres. Ce qu'on fait actuellement,
c'est qu'on a une loi, on a un contentieux, on a le ministère de la
Justice qui lui-même a confirmé cette opinion et c'est dans ce
cadre juridique que le décret doit être promulgué.
M. Forget: Le vocabulaire que vous utilisez l'indique. C'est une
opinion du ministère de la Justice, ce n'est pas une décision
d'un tribunal. Comme cette opinion est...
M. Couture: Tout projet de loi est comme cela.
M. Forget: Elle est contestée, cette opinion. Elle est
contestée par les deux parties intéressées. Alors, elle
doit au moins être assez incertaine pour mériter d'être
référée à un tribunal.
M. Couture: M. le Président, permettez-moi de
compléter notre intervention à ce sujet. Il est exact que les
tribunaux peuvent toujours être appelés à
interpréter la légalité ou non d'un décret ou d'une
de ces dispositions vis-à-vis des dispositions de la loi en vertu de
laquelle le décret est adopté. L'opinion juridique à
laquelle le député, M. Forget, se réfère, est celle
que nous avons donnée indiquant que, lorsque l'on lit les dispositions
de la loi relative à la fonction de délégué de
chantier, et qu'on les compare à celles contenues dans le décret,
nous voyons là, dès le départ, un sujet évident de
contestation juridique devant les tribunaux. Nous avons demandé au
ministre du Travail de recommander à ses collègues du cabinet,
éventuellement, une modification au décret, de façon
à éviter le plus possible que des contestations juridiques du
décret prennent lieu en raison du fait que les dispositions du
décret relatives au représentant syndical, pour partie,
empiète de façon évidente, lorsqu'on lit les termes de ce
qui est confié comme fonctions au représentant syndical, sur les
fonctions décrites par le législateur aux articles 32m et 32n de
la loi.
Nous recommandons au ministre du Travail d'adopter une mesure de nature
à diminuer le plus possible, les chances de contestation. On cherche
à rendre plus clair, en d'autres termes, le décret, dans la
mesure où il est, de façon évidente, contestable. Le fait
qu'il y ait une discussion depuis quelque temps déjà
démontre effectivement qu'il y a certainement matière à
contestation. Maintenant, je pense, d'autre part, que l'on ne peut exclure, par
un décret de modification, les possibilités de contestation
devant les tribunaux et je ne pense pas que les modifications à un
décret soient de nature judiciaire en soi; c'est simple- ment une mesure
que nous recommandons au lieutenant-gouverneur en conseil, dans son rôle
exécutif, de faire que le décret soit le plus conforme, à
son avis, à la loi. Mais rien n'empêche évidemment que les
tribunaux soient appelés à trancher la question. Le reproche que
l'on pourrait éventuellement faire à l'exécutif pourrait
être de n'avoir pas évité, dans la mesure où
c'était possible de le faire, une contestation juridique sur des
dispositions tout à fait évidentes vis-à-vis de la
loi.
M. Forget: M. le Président, sur ce dernier point je pense
qu'on vient d'indiquer...
Le Président (M. Marcoux): M. le député, le
député de Sainte-Marie attend depuis longtemps. Serait-il
possible de...
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Bisaillon: Je peux céder mon tour, encore une fois, M.
le Président, pour autant que je reviendrai tout de suite
après.
M. Forget: Je remercie le député de
Sainte-Marie.
J'admets l'objectif légitime du gouvernement de vouloir diminuer
les possibilités de contestation. Admettant même que ce soit
l'objectif poursuivi, c'est un objectif légitime, sauf qu'on vient
d'avoir la démonstration que cela n'est pas suffisant; le moyen auquel
on a recours n'est pas suffisant, parce que, même après
l'amendement, on va malgré tout prétendre qu'il n'y a pas de
contradiction entre la loi et l'article 32m et les dispositions relatives au
représentant syndical. On nous a dit qu'on va continuer à les
interpréter dans le sens où on l'entend entre les parties.
Or, si, vraiment, on voulait aller jusqu'au bout de ce raisonnement, le
ministre introduirait une modification au décret qui irait plus loin et
qui expliciterait de façon détaillée que non seulement le
représentant syndical n'a pas ces pouvoirs, en éliminant les
mots, mais en disant positivement que toutes les fonctions que la loi attribue
au délégué de chantier, ce sont des fonctions qu'il ne
peut exécuter. Cela clarifierait certainement l'intention
présumée du ministre dans cette affaire. Mais, en
éliminant simplement des mots, les parties nous ont dit qu'elles ne sont
pas satisfaites de l'interprétation du ministre et qu'elles vont faire
comme si les mots étaient toujours là.
M. Couture: II faudrait quand même dire que c'est
peut-être la loi qu'il faudrait changer à ce point de vue.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures et, à vingt heures, je
reconnaîtrai, dans l'ordre, le député de Sainte-Marie et le
député de Joliette-Montcalm.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
poursuit ses travaux et entend les remarques des parties concernées au
décret de la construction.
J'avais dit que je reconnaîtrais le député de
Sainte-Marie et ensuite le député de Joliette-Montcalm. Le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, les tins de mon
intervention, quant à moi, étaient seulement de rappeler
l'orientation qui avait été donnée par le ministre
dès le départ, et de dire qu'on était ici pour
écouter les parties. Je voulais seulement déclarer
qu'après avoir écouté les deux parties, qui sont
suffisamment claires et parfois même très convaincantes sur la
question qu'on discutait, je me déclare suffisamment informé et
s'il n'y a pas d'autres interventions des parties, j'aimerais bien qu'on puisse
passer au point 8 c).
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm. Etes-vous suffisamment informé?
M. Chevrette: Je vous ferai remarquer que si j'utilisais mon
droit de parole après les remarques de mon confrère, je serais
mal pris, mais je voudrais faire remarquer une chose quand même, en guise
de conclusion. J'ai bien compris que l'AECQ était d'accord avec le but
visé par cette proposition d'amendement. Pour ceux qui voudraient en
avoir la preuve, on pourrait retrouver à l'intérieur de son
propre document, à la page 12, qu'elle se déclare d'accord avec
le but visé. A ce moment, en se déclarant d'accord avec l'esprit
de la proposition et avec les explications qu'on a reçues, il s'agit de
trouver une formule pour bien dire ce qu'on veut dire et qui cadrerait avec la
loi existante.
Etant donné que l'Opposition était absente, je voudrais
également appuyer sur le fait qui a été souligné
par M. Bisaillon. Nous ne sommes pas dans un cadre de convention collective
à ce stade-ci. C'est un cadre de décret et le ministre a les
pouvoirs d'apporter les amendements qu'il veut bien apporter. A partir de
là, je pense que c'est aux parties à exprimer pourquoi elles ne
sont pas d'accord sur tel ou tel amendement, et non pas attendre. Même si
les questions venaient de l'Opposition, je pense qu'il faut accepter en
principe l'esprit de la loi des décrets qui dit que le ministre a le
pouvoir d'amener des amendements. C'est aux parties à justifier pourquoi
elles ne sont pas d'accord ou pourquoi elles acceptent tel ou tel amendement.
Cela irait probablement plus rapidement.
Le Président (M. Marcoux): Comme je n'ai pas d'autre
intervenant sur cet article, je vais appeler l'article 8 c), qui concerne le
paragraphe 1 de l'article 14.01 du décret. M. Décary.
M. Décary: M. le Président, dans notre
présentation au ministre, nous sommes d'accord avec la modification
apportée à ce niveau. C'est assez clair. Nous ne sommes pas pour
nous répéter à ce niveau. Si nous écoutons les
paroles...
Le Président (M. Marcoux): Me Dion est-il prêt
à en dire autant?
M. Dion: Non, nous n'en dirons pas autant, M. le
Président, pour la raison que l'amendement que suggère le
ministre est un amendement, selon nous, qui est sur deux plans. Ce que le
contentieux nous avait dit, lors d'une rencontre préliminaire,
était que l'allusion aux antécédents judiciaires, à
ce moment, n'avait pas d'intérêt dans le décret, parce
qu'il s'agissait d'une clause ou d'une possibilité de discrimination
couverte par la Charte des droits et libertés de la personne ou le nom
exact de la loi, c'est-à-dire le chapitre VI de 1975. Or, il faudrait,
savoir aujourd'hui si c'est bien dans ce sens qu'on fait
référence à la correction proposée par le
ministre.
Si c'est dans la Charte des droits et libertés de la personne,
à ce moment, on se pose la question: Pourquoi veut-on l'inclure dans le
décret en lui donnant une extension? Si ce n'est pas inclus dans la
Charte des droits de l'homme, je dois faire remarquer, qu'à ce
moment-ci, la modification change totalement le voeu des parties, qui
était une clause qui s'appliquait aux électriciens, qui
était restrictive quand même vis-à-vis des conditions
contractuelles et qui pourrait empêcher, dans certains cas, un employeur
d'envoyer certaines personnes sur certains chantiers.
C'est une négociation qui a été faite avec la
partie syndicale, une négociation faite sur une base
générale et mise de côté par la partie syndicale.
Quand je dis sur une base générale, c'est que la clause
était demandée pour tous les salariés, à un moment
donné, elle a été mise de côté. Aujourd'hui,
la modification proposée ramène cette clause sur une base
générale, cette clause qui a été consentie vers la
fin des négociations vis-à-vis du groupe des électriciens
qui tenait à avoir cette exclusion de discrimination.
Nous ne savons pas exactement quelle argumentation. Même si ce
n'est pas ce que M. Chevrette vient de dire, j'aimerais quand même savoir
sur quel plan on demande la modification, à l'heure actuelle. Est-ce
illégal ou si cela ne couvre pas assez? Que veut-on? On veut
étendre la clause? Que veut-on exactement par cette demande de
modification?
Le Président (M. Marcoux): Me Décary, voulez-vous
répondre? M. le ministre.
M. Couture: II y a une préoccupation de la partie
patronale. Il a commencé un exposé là-dessus. J'aimerais
peut-être lui demander, au préalable, pour quelle raison on a
visé spécialement les électriciens.
M. Dion: Parce que cela a été la
négociation.
Quand nous avons fait la négociation, il y a eu demande d'une
telle clause dans les demandes syndicales à la table centrale des
négociations; cette clause a été mise de
côté, mais elle a été reprise à la fin des
négociations par le groupe des électriciens qui ont
demandé pour eux cette clause.
Aujourd'hui, dire: A cause des antécédents judiciaires,
donc s'appliquant à tous les salariés de la construction
ce que vous ne voulez pas faire, M. le ministre, d'après ce que j'ai
compris c'est étendre le voeu des parties, c'est ajouter une
clause nouvelle pour un certain groupe de salariés, clause qui a
même été rejetée par eux.
M. Couture: Quel inconvénient voyez-vous à ce qu'on
l'étende à tout le monde?
M. Dion: D'abord, nous n'étions pas d'accord qu'une telle
clause apparaisse dans le décret. Pour des motifs
généraux, est-ce normal de dire, dans un décret, qu'il y a
des antécédents judiciaires ou qu'il n'y en a pas? Je pense que
ce sont des choses que nous n'avons pas à spécifier. Si la Charte
des droits et libertés de la personne protège les gens de ce
côté, je pense que nous n'avons pas à le spécifier.
J'aimerais savoir, à ce moment-ci, par quelle mesure ou dans quel
article, dans la Charte des droits de l'homme, cette clause est couverte: les
antécédents judiciaires. Nous n'avons pas réussi à
trouver l'article.
M. Couture: Je vous écoute parler et je m'aperçois
que vous avez des interrogations même sur le fait qu'il y ait eu cette
clause, si je comprends bien. J'aimerais savoir pourquoi il y aurait
inconvénient, étant donné que la clause est là,
à l'étendre à tout le monde, parce que cela
enlèverait ce caractère discriminatoire à première
vue.
M. Dion: Mais, M. le ministre, vous nous demandez de
négocier devant vous, à l'heure actuelle, pour étendre la
clause à tout le monde.
NI. Couture: C'est pour des raisons liées à la
Charte des droits et libertés de la personne qu'on ne veut pas viser
particulièrement un groupe.
M. L'Heureux: La position que nous prenons, c'est que cette
clause n'existait pas jusqu'à la dernière journée, la
toute fin des négociations. A ce moment, cette clause a
été demandée uniquement par les électriciens et
elle a été écrite d'une telle façon que, lié
par un lien contractuel, on peut, à un moment donné, comme
entrepreneur, faire des travaux pour une banque qui elle, à
l'intérieur de son document contractuel avec un entrepreneur, va
spécifier, pour des raisons qui lui apartiennent, qu'elle ne veut
personne qui aurait des antécédents judiciaires.
A ce moment, on avait inclus la prévision à
l'intérieur de cela pour autant qu'il n'y ait pas un lien contractuel
qui le défende. Maintenant, ce sont simplement les électriciens
et la FIPOE, par- ticulièrement, même pas l'autre local des
électriciens, qui avaient demandé cette clause.
A ce moment-ci, vous l'étendez aux autres métiers ou au
reste du Conseil provincial des métiers, qui ne l'avaient pas
demandé, parce que cela n'existait pas. C'était une clause
particulière, une demande particulière des électriciens.
C'est cela notre réponse. Pourquoi, ici, l'étendre aux autres,
alors qu'elle a été négociée simplement, c'est une
demande qui a été faite par les électriciens, c'est une
demande qui a été accordée aux électriciens,
pourquoi, ici, l'accorder aux autres? C'est cela la convention collective?
M. Couture: Je voudrais vous poser une question. Etes-vous
conscient que, par la formulation que nous avons devant nous,
nécessairement, en visant directement un groupe par rapport à des
antécédents judiciaires possibles, on identifie un groupe et on
n'identifie pas les autres groupes? Cela laisse donc supposer qu'en ce qui
concerne les autres groupes, et évidemment, je conçois
très bien que vous avez négocié, mais pour ce qui concerne
les autres groupes, cela peut, à première vue, sembler une mesure
discriminatoire.
M. L'Heureux: C'est parce que c'est ce groupe uniquement, qui
nous l'a demandé, M. le ministre. Demandez-lui pourquoi il le veut, si
c'est discriminatoire pour lui. Ne nous le demandez pas à nous. C'est ce
groupe qui nous a demandé cette demande et c'est dans ce sens qu'elle a
été accordée.
M. Couture: Non, mais la seule question que je vous posais,
est-ce que vous êtes conscient qu'à première vue, dans
cette formulation, il y a nécessairement un aspect discriminatoire,
parce qu'on vise seulement un groupe?
M. Dion: Mais, M. le ministre, vous prétendez que la
clause actuellement est discriminatoire, ce que je ne veux pas discuter avec
vous. Si c'est discriminatoire, la loi vous permet, dans les cas
discriminatoires, de faire la correction. On n'a pas à la discuter. Vous
avez le droit de biffer l'article. La loi vous le permet, sauf que votre
contentieux nous a souligné que, à la section 15, discrimination,
15.01, à l'obligation de l'employeur à ce moment-là, il
nous ramène à la Charte des droits et libertés de la
personne, nous référant au chapitre VI de la loi 75. Donc,
l'objection qui est soulevée par votre contentieux à l'heure
actuelle est une objection sur l'allusion aux antécédents
judiciaires, ce n'est pas sur la quantité de personnes qui peuvent
être couvertes par la clause. Or, vous nous faites la proposition,
à l'heure actuelle, d'étendre la clause à tout le monde.
On nous disait, à ce moment-là: Cela ne peut pas être dans
le décret parce que c'est couvert par la Charte des droits et
libertés de la personne.
A moins qu'on se fourvoie, à l'heure actuelle, je pense que votre
contentieux a dit: Cela ne devrait pas être là et vous, vous nous
demandez réellement que cela soit là et que cela soit
étendu à
tout le monde. Là on ne sait pas comment se défendre
devant votre demande.
M. Couture: Je prends en note ce que vous nous indiquez, parce
que c'est quand même souhaitable qu'on vous informe de certaines
dispositions qui nous paraissent discriminatoires et d'avoir votre avis
là-dessus, mais je prends en note que vous nous indiquez, quand
même, que vous reconnaissez ce pouvoir, si vraiment c'est fondé,
de biffer cette formulation si c'est discriminatoire.
M. Dion: M. le ministre, est-ce que...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: D'abord, on ne leur demande pas de négocier,
M. le Président, cela fait deux, trois fois que j'entends cela depuis
cet après-midi, on ne vous demande pas de négocier. On vous a
soumis des objections ou encore des possibilités d'amendements. Or, sur
cet amendement précis, le Conseil provincial des métiers de la
construction a répondu qu'il était d'accord avec l'amendement
suggéré par le ministre.
C'est votre association, l'AECQ, qui ne se déclare pas d'accord
et, dans votre argumentation de réponse, vous nous dites: On ne voit pas
pourquoi il fallait donner cela aux électriciens, mais on le leur a
donné parce qu'ils le voulaient. Nous vous disons, à ce
moment-là: La demande qui vous est faite dans les recommandations du
ministre, si c'est vrai que cela ne vous fait rien, et que vous trouvez cela
curieux qu'un groupe vous le demande, et que le groupe soit d'accord, comment
se fait-il que vous ne soyez pas d'accord?
M. Dion: Un instant! Il faut quand même faire attention, M.
le député de Joliette. Nous avons pris la remarque du contentieux
qui nous dit: C'est couvert par la Charte des droits et libertés de la
personne. Nous avons vérifié la Charte des droits et
libertés de la personne et tout ce qu'on retrouve là-dedans,
c'est la clause 10 qui dit: "Toute personne a droit de reconnaissance à
l'exercice". On parle de la race, de la couleur, du sexe, de l'état
civil, etc.
On va vérifier également si à non-discrimination
dans l'embauche, à l'article 16, on ne retrouve pas l'allusion aux
antécédents judiciaires. Nous, on a vécu, dans l'industrie
de la construction, avec des gens qui pouvaient avoir ce problème et
quelle que soit la conséquence, on a négocié une clause en
échange et, à ce moment-là, on a quand même eu la
précaution de couvrir un problème qui pouvait se présenter
pour l'employeur dans l'exercice d'un contrat. C'est-à-dire, que, si je
m'en vais travailler dans une banque et que j'ai seulement trois gars qui ont
déjà fait des vols de banque, je veux quand même être
capable de régler mon problème.
A partir de là, la clause a été consentie aux
électriciens pour régler un problème particulier en
arrivant à la fin d'une négociation. Comme j'ai pu donner,
à un moment donné, telle clause aux tuyauteurs. D'ailleurs, cela
a été l'entente des parties: ce n'est pas parce qu'on a
donné une clause à un qu'on la donnait à tout le monde.
Or, elle n'a jamais été donnée à tout le monde.
Là, vous laissez tomber les plans des droits et libertés de la
personne et vous nous demandez de les étendre à tout le monde et,
en plus de cela, de faire sauter la précaution qu'on avait mise dans la
clause pour pouvoir l'exercer dans l'industrie de la construction.
A ce moment-là, vous renégociez totalement la clause, vous
l'élargissez et vous la rendez beaucoup plus restrictive au niveau de
l'employeur, en faisant sauter la clause contractuelle. Je dis, à ce
moment-là, et c'est ce que j'ai dit tantôt: Si c'est une clause
discriminatoire au sens de la loi et que le ministre dit que c'est une clause
discriminatoire, que le ministre fasse sauter la clause et n'aille pas
l'étendre à tout le monde. Qu'il ne corrige pas à ce
moment-là le contenu de la clause; elle est discriminatoire, elle
saute.
Il n'est pas question de parler d'antécédents judiciaires
dans le décret.
M. Couture: Oui, je prends d'ailleurs très bien votre
message, et, de ce fait, c'est notre intention d'y arriver, c'est-à-dire
que nous allons tout simplement conserver, à cause de leurs
antécédents judiciaires, en se référant à la
première partie: "Aucun employeur, ni personne agissant pour un
employeur ne doit exercer des mesures discriminatoires contre un
salarié, à cause de ses antécédents judiciaires".
Donc, on se réfère directement à la Charte des droits et
libertés de la personne.
M. Dion: Oui, mais excusez M. le ministre, à ce
moment-là, quand vous dites que l'article devient discriminatoire, pour
qui est-il discriminatoire? Il n'est pas discriminatoire pour le gars qui a des
antécédents judiciaires, au contraire, cela lui permet de
travailler. L'employeur dit à ce moment-là: Je ne me priverai pas
de cette main-d'oeuvre qui a des antécédents judiciaires, sauf
dans un cas particulier.
Ce que vous faites si la modification était faite dans le sens
que vous le dites, c'est que vous acceptiez les antécédents
judiciaires dans le texte, non-discrimination pour les
antécédents judiciaires, et vous enlevez la contrepartie qu'on a
négociée avec la partie syndicale, pour laisser la clause
là, parce que cela nous permettait à un moment donné
d'opérer. A ce moment-là, il n'y a pas de discrimination, contre
qui fait-on de la discrimination dans cette clause à l'heure actuelle?
On permet aux gars de travailler. C'est cela que la clause fait.
M. Couture: De toute façon, je dois vous dire que
là-dessus on discute, on ne veut pas négocier, mais je prends
note que vous êtes d'accord pour dire que vous ne voulez pas de
discrimination, donc les électriciens vous ont demandé cette
clause, mais vous ne refusez pas que cela s'étende à tout le
monde. Par ailleurs, vous voulez vous protéger, selon certaines ententes
préalables, en
retenant: "Sauf si l'employeur est lié par des clauses
contractuelles à l'effet contraire". Je prends note.
M. Dion: M. le ministre, je voudrais que ce soit assez
précis entre nous, de façon qu'il n'y ait pas de confusion. Je
pense que c'est ce qu'on a dit, c'est que l'article est dans le décret,
il a été négocié comme tel. S'il vient à
l'encontre de la Charte des droits et libertés de la personne, qu'on
nous le prouve et, à ce moment-là, on étudiera une
modification. Mais, je n'ai jamais dit et je ne dirai jamais que l'AECQ est
d'accord pour enlever l'article, que l'AECQ est d'accord pour l'étendre
ou que l'AECQ croit que l'article est discriminatoire. Bien plus, si jamais
l'article avait été discriminatoire, je pense que vous auriez
dû le faire enlever avant de publier le décret, parce que votre
pouvoir d'enlever des articles discriminatoires existe avant que vous publiiez
le décret. Donc, à ce moment-ci, en tout cas, en principe pour
nous, vous ne pouvez plus exercer ce droit.
M. Couture: C'est pour bien faire.
M. Dion: Mais, M. le ministre, vous avez tellement d'autres
places où bien faire, je ne sais pas pourquoi celle-là.
M. L'Heureux: La précision qu'il est important de faire
ici, c'est que la loi permet au ministre ou au ministère du Travail
d'enlever des articles qui seraient discriminatoires pour des tierces parties,
c'est-à-dire des parties qui n'ont pas été partie à
la négociation. Alors, il faut bien s'entendre.
Si nous avons décidé par exemple que la CSN n'aurait pas
de délégué de chantier ou n'aurait pas droit à
certaines choses, à ce moment-là, c'est quelque chose de
discriminatoire pour une partie qui n'était pas présente aux
négociations. C'est là que le ministre a le pouvoir d'enlever des
choses discriminatoires pour les tierces parties.
M. Couture: Je crois qu'il faut quand même rappeler que la
Charte des droits et libertés de la personne est prioritaire sur toute
loi.
M. Dumoulin: Ce n'est pas dans la Charte des droits et
libertés de la personne.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Dans la section 10 de la Charte des droits et
libertés de la personne, on croit qu'il est fait mention des conditions
sociales. Les conditions sociales, à notre sens, couvrent la section
qu'on mentionne dans le moment. Lorsqu'on parle de clauses discriminatoires,
c'est vrai que la clause a été donnée à la
dernière minute, concernant les métiers entre autres, en
même temps que certaines clauses concernant différentes primes.
C'est vrai que cela a été fait. On aura d'ailleurs l'occasion
d'expliquer un peu plus tard. Par contre, si nous avons accepté les
modifications qui nous ont été soumises par le ministre, c'est
qu'on nous a expliqué, lorsque nous avons ren- contré le
contentieux du ministre concernant certaines clauses de base, semblerait-il
illégales, que cette clause était discriminatoire parce qu'elle
s'appliquait simplement à une partie de l'industrie de la construction
et que les autres travailleurs de la construction subissaient de la
discrimination, ne pouvant être couverts par cette même clause.
Aujourd'hui, on retrouve justement ce problème à
différents chantiers, entre autres à Port Cartier. On est
à établir des listes noires dans l'industrie de la construction.
On se sert de dossiers judiciaires qu'un travailleur de la construction peut
avoir dans ses antécédents. Donc, on croit vraiment qu'une clause
semblable doit exister à l'intérieur du décret et des
listes noires à l'intérieur de l'industrie de la construction ne
peuvent être acceptables. Tout travailleur a le droit de travailler dans
l'industrie de la construction et malheureusement dans nos prisons,
fédérales ou provinciales, on ne forme pas de cultivateurs,
étant donné que les planchers sont en ciment. On forme des
travailleurs de la construction. Avec la législation à laquelle
on a à faire face, lorsqu'ils sortent de là, ils votent et nous
sommes obligés de les accepter. Et si nous les acceptons, ils doivent
avoir le droit de travailler et de gagner leur vie. Donc, c'est le
problème auquel on a à faire face. On croit que c'est une
priorité de voir qu'à l'intérieur du décret cette
clause s'applique à tout le monde, étant donné ce que nous
vivons en ce moment.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, c'est une question à
Me Dion. Votre argumentation avait deux volets. Oublions le volet qui disait
c'est ou ce n'est pas dans la Charte des droits de l'homme. Vous avez eu un
autre argument, dès le départ. Vous disiez: Si c'est couvert, si
ce type de discrimination est couvert par la Charte des droits de l'homme,
pourquoi l'inscrire, puisque c'est couvert par la loi de toute façon. Je
voudrais vous référer à l'article 14.01 du paragraphe 3.
Est-ce que vous pensez que ce qui est couvert dans le paragraphe 3 est couvert
par la Charte des droits de l'homme? On y dit qu'à cause d'absence en
raison de l'assistance à un office religieux, un jour de fête
religieuse, obligation de sa foi... Est-ce que cet aspect est couvert par la
Charte des droits de l'homme, selon vous? Et si oui, pourquoi dans un cas
acceptez-vous que cela soit dans le décret et dans l'autre cas
dites-vous que si c'est couvert, ce n'est pas nécessaire que cela y
soit?
M. Dion: Notre argumentation est la suivante, M. le
Président. Selon nous, l'exclusion des antécédents
judiciaires n'est pas dans la Charte des droits de l'homme. Or, la religion est
mentionnée à l'article 10. C'est bien mentionné: "Les
droits et libertés de la personne sans distinction de race, de couleur,
de sexe, d'état civil et de religion". Alors, il n'est pas question
là-dedans d'antécédents judiciaires. C'est pour cela que
nous avons accepté de négocier pour les électriciens
restrictivement aux
formules contractuelles qu'on a prévues. Il n'a pas
été question de négocier pour les autres.
Si cela avait été réellement dans la Charte des
droits de l'homme c'est d'ailleurs cela qui nous empêchait de
comprendre l'objection légale du contentieux si cela avait
été réellement dans la Charte des droits et
libertés de la personne automatiquement, cela se serait appliqué
à tout le monde et je n'aurais pas eu besoin d'en parler, mais si ce
n'est pas dans la Charte des droits et libertés de la personne, les
électriciens ont demandé d'en parler pour eux. Alors, pourquoi
modifier cette volonté des parties? Les électriciens l'ont
demandé, ils l'ont voulu et ils l'ont dans le décret. On l'a
négocié de cette façon. Vous biffez les
électriciens, vous l'étendez à tout le monde et vous
enlevez la clause contractuelle. C'est changer le point de vue qui a
été émis. Vous nous parlez d'objection légale.
C'est ce dont vous nous avez parlé au début de la journée,
des objections légales. S'il y a une objection légale, on veut la
savoir. On est prêt à discuter avec vous. A notre point de vue, il
n'y a pas d'objection légale. Ce n'est pas dans la Charte des droits et
libertés de la personne, ce n'est pas défendu.
M. Bisaillon: Vous ne répondez pas à ma question,
dans le fond. Un des arguments, et c'est, je pense, le premier que vous avez
invoqué, si c'est couvert par la Charte des droits et libertés de
la personne, pourquoi en parler? Si c'est couvert, de toute façon, ce
sera appliqué. Cela a été votre premier argument. Votre
argumentation était que si des choses étaient couvertes par la
Charte des droits et libertés de la personne, il n'était pas
utile de les mettre dans le décret. Je vous dis: Le paragraphe 3,
d'après moi, c'est quelque chose qui est couvert par la Charte des
droits et libertés de la personne. Comment se fait-il que vous acceptez
que ce soit dans le décret et que, dans l'autre cas, vous nous dites que
ce ne serait pas nécessaire?
M. L'Heureux: Est-ce que je peux retourner la question, M.
Bisaillon? Pourquoi, à ce moment, si l'article no 3 est couvert par la
Charte des droits et libertés de la personne, ne nous demande-t-on pas
une modification?
M. Bisaillon: L'argumentation du contentieux, je ne la comprends
pas de la même façon que vous. Le contentieux ne dit pas: Comme
c'est couvert, vous devez le modifier. Le contentieux dit: Tel que c'est
rédigé, c'est discriminatoire, parce que cela s'applique
uniquement à une partie de travailleurs, au lieu de s'appliquer à
l'ensemble.
M. L'Heureux: Pour qui est-ce discriminatoire? C'est ce que nous
essayons de savoir dans le moment. Les seuls arguments de discrimination qu'il
peut y avoir...
M. Bisaillon: Pour les plombiers, pour tous les autres.
M. L'Heureux: On peut accorder une prime aux plombiers qu'on n'a
pas accordée aux électri- ciens. C'est discriminatoire pour les
électriciens de l'avoir accordée seulement aux plombiers, mais,
étant donné que ce sont les plombiers qui l'on demandée
nous la leur accordons. Dans le moment, ce sont les électriciens qui ont
insisté pour avoir cette prime, nous la leur avons accordée. Dans
notre document, à la page 13, nous disons: "A ce moment-là,
enlevez-là complètement, si c'est discriminatoire, et nous
n'aurons pas d'antécédents judiciaires". Vous nous posez une
question et, en réalité, ce serait à nous, de vous poser
la question, si réellement le paragraphe 3 est couvert par la Charte des
droits et libertés de la personne. A ce moment, on nous dit: Enlevez
l'autre, parce qu'il est couvert. Pourquoi ne pas nous demander d'enlever
celui-là? On répond à vos modifications ici.
M. Bisaillon: D'après moi, vous comprenez mal le sens des
amendements. L'amendement suggéré par le ministre ne vise pas
à enlever le paragraphe 6. Il vise, au contraire, à
étendre la possibilité que ceux qui ont des
antécédents judiciaires ne subissent pas de discrimination, mais,
dans l'ensemble des métiers de la construction, et au lieu de le
restreindre aux électriciens, ce qui est discriminatoire, de l'appliquer
à l'ensemble des corps de métier de la construction.
M. Dion: M. le Président, est-ce discriminatoire, à
l'heure actuelle, d'avoir une clause dans le décret que vous admettez ne
pas être à rencontre de la Charte des droits et libertés de
la personne, si j'ai bien compris? Est-ce discriminatoire d'avoir une clause
dans le décret qui regarde les électriciens, qui leur donne un
droit de travailler sans discrimination lorsqu'ils ont des
antécédents judiciaires? Est-ce que cela est plus légal
que d'avoir un taux de salaire plus élevé que celui des
journaliers? Est-ce plus discriminatoire d'avoir cette clause que de leur
donner une prime dans le décret, ou de donner une prime à des
gars qui travaillent sur des échafaudages? Ce sont des groupes de
salariés qui, à un moment donné, peuvent
bénéficier de conditions de travail différentes ou
supérieures aux autres salariés. Il n'y a rien de discriminatoire
dans cela.
Quand j'ai fait une allusion, au départ, M. Bisaillon, si c'est
dans la Charte des droits et libertés de la personne, je pense
qu'à ce moment je posais la question, parce que le contentieux nous
avait donné comme raison la Charte des droits et libertés de la
personne. Je posais la question. Si c'est dans la Charte des droits et
libertés de la personne, pourquoi nous demandez-vous ce genre de
modification?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aimerais entendre les
arguments juridiques du contentieux, quant à l'opportunité de
modifier ce sous-paragraphe 6. Deuxièmement, si on acceptait de le
modifier, tel que proposé, comment considérerait-on la nouvelle
proposition avec l'article
2g-1 de la loi qui dit: Toute personne trouvée coupable au Canada
ou ailleurs de voies de tait simples ou méfaits, etc., ne peut occuper
une fonction de direction dans une association de salariés ni être
élue ou nommée comme délégué de chantier,
agent d'affaires.
M. Couture: II faut revenir quand même à l'article
14.01-1): Aucun employeur, ni personne agissant pour un employeur ne doit
exercer de mesures discriminatoires contre un salarié, dans les cas
suivants, c'est-à-dire que la loi spécifie des fonctions, mais
dans l'article 14.01-1, on entend, dans la fonction, l'emploi. Je pense que ce
n'est pas contradictoire. On peut spécifier dans un cas
déterminé, pour l'ensemble des travailleurs qui oeuvrent dans un
métier quelconque de la construction. On dit qu'il ne doit pas y avoir
de mesures discriminatoires.
M. Couture: C'est exact. Il faut regarder l'objet de l'article
14.01. Le décret établit, en fait, des relations de travail entre
les employeurs et leurs salariés, et vous avez une clause visant
l'absence ou le défaut de discrimination dans ce cadre. L'article 2g de
la loi que vous mentionnez a un tout autre objet.
Il vise à éviter que des personnes qui ont
été trouvées coupables de certains actes criminels qui
sont mentionnés à cet article occupent une fonction, comme vous
l'avez mentionné, de direction dans une association de salariés
et empêcher qu'elles soient élues ou nommées comme
délégué de chantier, agent d'affaires ou
représentant syndical. En fait, l'objet spécifique de l'article 2
g) est quand même restrictif, tandis que l'article 14.01 du décret
vise un tout autre objet, je pense.
M. Chevrette: Les relations de travail, c'est dans la
Beauce...
M. Fontaine: Pour la première partie de ma question,
j'aimerais entendre vos arguments juridiques concernant la Charte des droits et
libertés de la personne, en relation avec cet article que vous voulez
modifier.
M. Couture: Je pourrais peut-être profiter de cette
occasion pour clarifier un point. Lorsque le contentieux a rencontré les
parties pour leur exposer une liste de problèmes juridiques que nous
suscitions à la réflexion des parties, à ce moment,
lorsque nous avons abordé la question de la clause qui était la
clause 15, à l'époque, avant l'adoption du décret, qui est
maintenant devenue 14, en relation avec l'alinéa 6 de l'article 14.01,
nous avons posé le problème de la discrimination vis-à-vis
de la rédaction dans l'ensemble de cette clause, c'est-à-dire
qu'il faut lire: "Pour les électriciens, à cause de leurs
antécédents judiciaires".
Nous n'avons pas parlé de discrimination sur le simple bout de
phrase: "A cause de leurs antécédents judiciaires", ce qui semble
être l'orientation du débat, à l'heure actuelle. Je tiens
à préciser de façon très claire, comme d'ailleurs
M. Dumoulin l'a bien mentionné tout à l'heure, que nous avons
mentionné qu'il pouvait y avoir discrimination au sens de la Charte des
droits et libertés de la personne, lorsqu'on visait à
éviter que la discrimination se fasse à cause
d'antécédents judiciaires, mais uniquement dans le cas des
électriciens. Que fait-on des autres groupes? Les autres groupes ne
devaient-ils pas bénéficier de la même protection, en ce
qui concernait la possibilité d'antécédents judiciaires?
C'est dans ce sens qu'il faut lire le projet de modification que nous proposons
actuellement.
Dans le fond, voici le principe qu'on essaie de retenir. Chaque fois
qu'on parle de mesures prises à cause d'antécédents
judiciaires, on ne peut pas en parler sans couvrir tout le monde, parce que
c'est là qu'est le point central de la déclaration des droits et
libertés de la personne.
Le Président (M. Marcoux): Oui, Me Dion.
M. Dion: M. le Président, j'essaie encore, peut-être
que je pourrais poser une question au conseiller du ministre, M. Fortin. La
clause est-elle illégale? Quand nous avons rencontré les gens du
contentieux, on nous a soulevé une série de clauses
illégales dans le prochain décret de la construction. Si la
clause est illégale, sur quel point l'est-elle? Si elle n'est pas
illégale, cela veut dire que le seul argument qu'on nous présente
actuellement, c'est une clause discriminatoire. C'est ce qu'on dit: C'est une
clause discriminatoire. Notre argument se limitera à parler d'une clause
qui pourra ou non être discriminatoire, et nous vous donnerons notre
point de vue. Mais la clause est-elle illégale? Comment est-elle
illégale, à l'heure actuelle?
M. Couture: Je vais être assez bref. Je vais essayer
d'être très clair sur cette question. Je pense que Me Dion va
admettre avec moi que si la clause est discriminatoire, elle est
carrément illégale. C'est la première chose,
vis-à-vis de la Charte des droits et libertés de la personne.
Prenant cela comme prémisses, si la clause vise effectivement
à protéger, c'est une clause qui vise à éviter des
mesures discriminatoires, et visant à éviter des mesures
discriminatoires, elle ne vise qu'à protéger un seul groupe de
salariés. La clause qui vise à éviter de la discrimination
en crée elle-même à sa façon. Dans ce sens, elle
devient illégale.
M. Dion: Donc, dans votre esprit, la clause est illégale,
à l'heure actuelle, et discriminatoire.
M. Couture: Telle que rédigée actuellement, c'est
pourquoi nous proposons une modification.
M. Dion: Si la clause était discriminatoire, je soutiens
respectueusement devant la commission que le ministre, avant de faire
l'extension du décret, en vertu des pouvoirs qui sont prévus aux
articles de la loi 290, avait le droit de la faire sauter.
M. Couture: Je m'excuse, j'aimerais simplement préciser
que l'article 16, qui est sans doute la
disposition de la loi que voulez invoquer, au deuxième
alinéa, mentionne ce qui suit: "Le ministre peut recommander des
modifications non agréées par les associations visées au
premier alinéa de l'article 16 pour soustraire une autre association de
salariés ou les membres d'un secteur de l'association d'employeurs
à une clause discriminatoire ou à une clause qui n'affecte que
ses membres et à laquelle elle n'a pas consenti".
Si vous lisez la clause du décret telle qu'elle existe
actuellement, peut-on dire qu'il s'agit d'une clause qui vise une association
de salariés ou les membres d'un secteur de l'association d'employeurs?
Je pense que l'objet de l'article 16, alinéa 2, n'est pas du tout le
même que ce que l'on est en train de regarder en fonction du
décret à l'heure actuelle.
M. Dion: Si vous me permettez, M. le Président, parce que
je ne voudrais pas qu'on fasse des dialogues, mais je pense que M. Fortin a
absolument raison dans ce qu'il vient de dire. Il vient de démontrer que
cela ne peut pas être une clause discriminatoire au sens de la loi,
article 16. Parce que ce n'est pas une clause qui fait de la discrimination
pour une association, un groupe d'une association de salariés ou un
groupe d'une association d'employeurs. La discrimination, dans l'industrie de
la construction, est définie à l'article 16. Donc, on ne peut pas
invoquer la discrimination.
M. Couture: Me Dion, selon les cours que j'ai suivis au Barreau,
il ne suffit pas de n'invoquer qu'un seul alinéa d'un seul article dans
une loi pour prétendre que cet alinéa a réglé
toutes les causes de discrimination. Vous avez une loi au complet qui traite de
la discrimination et ce n'est pas parce que vous ne trouvez pas le fondement
juridique de votre projet de modification à l'article 16, alinéa
2, que vous invoquez, qu'elle n'est pas pour autant discriminatoire, eu
égard à d'autres positions législatives qu'on peut trouver
dans les statuts.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Moi, je maintiens qu'il y a discrimination. Quand on
se réfère à l'article 14.01, alinéa 1, on parle de
religion, d'origine, d'âge, de couleur, de statut syndical ou social, et
je pense qu'à partir du moment où un employeur va refuser,
mettons un plombier, parce qu'il a un dossier judiciaire et, en contrepartie,
prétendant que cela a été négocié dans une
convention collective, va accepter qu'un électricien puisse travailler
avec un dossier judiciaire, c'est dans ce sens que je me dis qu'il y a
discrimination. Et je pense que l'article 14.01 fait état de cela. Ou on
enlève la clause négociée, ce qui est un peu stupide, des
électriciens, ou on donne à tous les salariés le
privilège de pouvoir travailler dans quelque métier que ce soit,
même s'ils ont un dossier judiciaire. Et...
M. L'Heureux: C'est moins stupide, cela?
M. Lavigne: Ecoutez, je pense que la loi ne vient pas d'une
négociation. Ou un privilège, ou une discrimination ne vient pas
d'une négociation. Je pense que cela fait état d'un dossier, d'un
statut social, d'avoir un dossier judiciaire oui ou non, et l'article 14.01,
alinéa 1, parle bien du statut social. Je pense que, si on s'entend bien
sur les termes, le statut social d'un individu peut dépendre justement
du fait d'avoir, oui ou non, un dossier judiciaire. Dans ce sens-là, je
me dis que, si c'est bon pour les électriciens, c'est bon pour les
plombiers, les menuisiers ou les autres.
M. Dion: Mais, M. le Président, vous demandez, à
l'heure actuelle, vous ne dites pas que cette clause est dans le décret,
qu'elle ne devrait pas être là et qu'il faudrait l'enlever. Ce
n'est pas cela que vous faites. Vous ajoutez à la négociation.
Vous dites: Ceux-là l'ont eu, donnez donc cela à tout le monde.
Cela ferait bien à tout le monde. Je vais vous dire. Il y a des primes
dans le décret, il y a des clauses dans le décret qui feraient
peut-être bien à tout le monde. Mais je suis obligé de vous
dire que, lorsqu'on a négocié et c'est cela qui est
drôle de la part de la partie syndicale à ce moment il a
été question de l'avoir pour tout le monde; ces gens n'ont pas
voulu l'avoir pour tout le monde. Lorsque le conseil provincial a signé
la convention, il savait qu'il n'y avait que les électriciens à
l'avoir. Il n'a pas demandé de l'avoir pour tout le monde. Ce sont les
électriciens qui ont voulu avoir cette protection supplémentaire.
La partie patronale a bien voulu leur accorder cette protection
supplémentaire. En plus de la donner à tout le monde, vous la
modifiez, à ce moment-là, pour la réduire parce que, quand
même, il faut que vous reconnaissiez que dans certaines situations, la
partie patronale ne pourrait pas vivre avec une clause telle que
stipulée. C'est que je pourrais me retrouver, demain matin, avec des
gens qui ont, malheureusement ou non, des antécédents
judiciaires, incapable d'aller exécuter un contrat que j'aurais à
signer ou pour lequel j'aurais soumissionné. Vous nous placez dans une
position absolument impossible.
M. Couture: Est-ce que je peux...
Le Président (M. larcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, c'est avec une certaine
hésitation que je m'insère dans cette... On est en train de faire
la démonstration que, lorsqu'il s'agit d'interpréter la loi, la
commission parlementaire n'est certainement pas l'organisme le plus
approprié. Ne serait-ce que si on avait fait cette démonstration,
je pense que cela pourrait peut-être au moins servir d'exemple à
éviter sur la façon d'aborder le problème. Il y a
malgré tout une chose qui m'inquiète.
J'assiste un peu comme spectateur à ce débat depuis une
demi-heure et il me semble que, malgré tout, dans les interventions
répétées de Me Dion, une question n'a pas reçu une
réponse tout
à fait adéquate de la part du ministre, parce que
lorsqu'on fait référence à la discrimination, il n'y a pas
de doute qu'il y a de la discrimination. Le tout est de savoir si cette
discrimination est visée ou interdite par une loi quelconque. Et
là-dessus c'est pour cela que je dis qu'il n'y a pas eu une
réponse adéquate on n'a pas eu une réponse qui,
quant à moi, soit absolument limpide. Les références
à la Charte des droits et libertés de la personne ne sont pas
satisfaisantes, à moins d'aller un peu plus dans les détails.
Parce qu'il est évident que, par exemple, dans les conditions d'emploi,
il est interdit de faire de la discrimination quant au sexe, mais il n'est pas
interdit d'en faire quant à l'âge, si ma mémoire est bonne.
Donc, il y a des discriminations interdites et des discriminations tout aussi
réelles qui sont permises par la charte, tout simplement parce que la
charte ne se veut pas une interdiction absolue de toute forme de
discrimination.
Si je comprends certaines interventions qui ont été
faites, on veut dire que l'expression "statut social" peut être
interprétée comme visant la possession d'un dossier judiciaire.
Dès qu'on se met à aller dans les détails, on se rend
compte qu'il y a un certain nombre d'interprétations. C'est
là-dessus que l'interprétation qu'on nous suggère ne me
paraît pas absolument à l'épreuve de tout doute. Je reviens
à mon point initial. Est-ce que c'est vraiment approprié de faire
de l'interprétation de textes juridiques par un mécanisme de
réglementation? Et, même si ce point n'est pas accepté, Me
Dion soulève quand même un point qui a une valeur assez
générale. Si un article d'une convention est jugé
illégal, le récrire nous amène beaucoup plus loin que
simplement constater qu'il est illégal. On le récrit, on change
les données de la convention. Je ne suis pas sûr que cela soit
souhaitable, d'autant plus qu'il y a eu, évidemment, du "bargaining", du
"trade-off" qui ont été faits. Mais, le ministre s'insère
dans le contenu de la convention, encore une fois, en alléguant
l'illégalité et cette allégation
d'illégalité, pour autant que je puisse voir après une
demi-heure de discussion, ce n'est pas absolument clair que ce soit interdit
par la loi. Peut-être qu'un tribunal en jugerait ainsi. Ce n'est pas
absolument certain.
M. Couture: M. le député de Saint-Laurent,
débordons un peu la loi. Dans l'économie de la Charte des droits
et libertés de la personne, où l'on dit à l'article 13:
"Nul ne peut dans un" articles 10 et 13 à l'article 10, on
dit: "Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice
en pleine égalité des droits et libertés de la personne
sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la
race, la couleur, le sexe, l'état civil, la religion, les convictions
politiques, l'origine ethnique ou nationale ou la condition sociale. Il y a
discrimination lorsqu'une telle distinction, exclusion ou
préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce
droit." Et à l'article 13, on dit: "Nul ne peut, dans un acte juridique,
stipuler une clause comportant discrimination".
Alors, je fais appel, si on peut dire, à l'économie
générale de cette loi où on cherche un traite- ment
égal pour tout le monde, dans toutes nos lois, dans tous nos
décrets, etc. La question que je pose c'est que, lorsqu'on se
réfère à 14.01, alinéa 6, on dit ceci et
c'est la question que je poserais à la partie patronale "Aucun
employeur ni personne agissant pour un employeur ne doit exercer des mesures
discriminatoires contre un salarié dans les cas suivants":
là vous allez à l'alinéa 6 et vous dites: pour les
électriciens. Je pose cette question. Est-ce que cela signifie que, pour
les menuisiers, je prends cet exemple, à cause de leurs
antécédents judiciaires, il y aurait un traitement
différent? Je veux quand même essayer de vous mieux comprendre, on
est là pour cela.
Est-ce qu'il n'y a pas dans l'économie générale de
la Charte des droits et libertés de la personne ce postulat fondamental
que, dans toutes nos lois, dans tous nos décrets, on ne peut pas viser,
surtout en ce qui concerne les antécédents judiciaires où
là on touche à la moelle des droits de la personne, on ne peut
pas viser un seul groupe. C'est la seule interrogation que je laisse en
suspens.
M. Forget: M. le Président, je pense que le ministre fait
bien de nous rappeler à l'économie générale de la
loi, mais de la même façon qu'on doit regarder l'économie
générale de la Charte des droits et libertés de la
personne, et là-dessus, je suis d'accord avec lui que son esprit est
d'éviter la discrimination, je l'inviterais à faire la même
chose pour une convention collective.
Toutes ces dispositions doivent être interprétées
les unes à la lumière des autres. Or, on peut donner des droits
à un groupe et les reconnaître également et lui permettre
d'utiliser ces droits pour obtenir en contrepartie d'autres avantages, mais,
dans le fond, si je comprends bien, c'est ce que certaines parties nous
démontrent et nous disent: Un avait au départ, au début de
la négociation, des droits égaux à ne pas être
l'objet de discrimination, mais il consent, dans un mécanisme de
négociation, à s'imposer à lui-même, des
règles plus strictes en contrepartie à d'autres choses. Du moins,
c'est ce que j'ai cru saisir qui était intervenu.
M. Couture: Me permettez-vous une seconde question? Est-ce qu'on
doit négocier sur la base de ce qui m'apparaît des choses aussi
fondamentales que la dignité des personnes, leur intégrité
et leur réputation? Quand on vise un groupe à cause des
antécédents judiciaires et qu'on ne vise pas tous les autres
groupes, on négocie pour un groupe sur des aspects qui m'apparaissent
assez fondamentaux du respect de la personne, de cette réputation et de
ce droit de toutes les personnes de profiter, même à cause
d'antécédents judiciaires, d'un traitement égal.
M. Forget: C'est une question d'opinion jusqu'où on peut
aller, mais, effectivement, ,je reviens à ma proposition de
départ, c'est que vous avez là une question d'évaluation,
d'opinion, du poids relatif qu'il faut accorder au principe de
non-discrimination comme disposition d'ordre
public que des parties ne peuvent pas négocier en contrepartie
d'avantages particuliers et une discrétion qui crée simplement un
droit de départ qui peut faire l'objet de négociations dans son
application.
C'est si vrai que, dans le domaine, par exemple, de la clause de
discrimination dans les avantages sociaux, il a été jugé
impossible d'établir la signification pratique de ces clauses de la
Charte des droits et libertés de la personne à moins de
créer un comité qui a fait rapport, il y a quelques mois, et dont
on n'a pas entendu parler depuis ce n'est pas un reproche,
nécessairement, je pense que cela prend un certain temps pour l'analyser
pour décider ce qu'était la non-discrimination
vis-à-vis des femmes, par exemple, dans les avantages sociaux, les
programmes, les plans collectifs d'assurance, de pension, etc., parce qu'on se
rend compte que la non-discrimination peut vouloir dire un certain nombre de
choses divergentes.
Donc, il y a le principe qui peut être affirmé avec
beaucoup de conviction, mais son application pratique, c'est une question
d'évaluation d'opinion, et si l'on en est sur des questions d'opinions
plutôt que de prononciation de principes absolus, cela place dans une
lumière différente l'intervention du ministre pour modifier la
convention collective.
Alors, si ce sont des principes absolus de droit public, à mon
avis, il faudrait peut-être plutôt laisser les tribunaux se
prononcer là-dessus. Si ce sont des questions d'opportunité, de
convenance, en termes d'objectifs sociaux que le gouvernement veut
épouser, il ne faudrait pas faire la défense, à ce
moment-là, sur la légalité.
Il faut faire son lit d'une façon ou d'une autre et j'ai un peu
l'impression qu'on argumente sur la légalité alors qu'on a
à l'esprit des objectifs qui ne sont pas strictement et seulement
juridiques. C'est le seul point que je veux faire dans ce débat.
M. Couture: II ne faut pas s'en plaindre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je ne voudrais pas traiter ici la question d'une
façon légaliste, comme M. le député en a fait
état. C'est toujours un peu difficile de trancher une question quand
vient le temps de la trancher légalement. Il peut y avoir des
divergences d'opinions et ainsi de suite, mais je crois que, dans une
société qu'on dit civilisée, on ne peut pas, je pense,
tenir pour acquis que, sur un dossier judiciaire, cela doit être
négocié en convention collective.
Je pense que cela doit être un droit acquis pour un type qui a un
dossier judiciaire de pouvoir facilement obtenir la chance d'être
réhabilité dans la société, de se trouver un
gagne-pain, indépendamment, du fait qu'il soit électricien,
plombier ou autre chose.
Je pense que c'est aussi discriminatoire de donner ce droit aux
électriciens et de ne pas le donner aux plombiers ou à d'autres
corps de métier que d'engager un Blanc par rapport à un Noir. Je
pense que c'est là l'essence même et le noeud du problème.
Tant et aussi longtemps qu'on ne tiendra pas pour acquis que c'est là
qu'est la discrimination et qu'on va se battre sur des points juridiques, on
n'arrivera jamais à un consensus. Mettons nous d'accord sur ce point,
que quelqu'un qui a un dossier judiciaire a le droit à un emploi et que
cela ne doit pas être négocié en convention collective. Je
pense que c'est dans ce sens qu'il faudrait se diriger. Si on faisait un
consensus là-dessus, je pense qu'on pourrait presque clore le
débat, ici, maintenant.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Par cette définition qu'on donne à
l'article 6, je pense que, lorsqu'on vise les électriciens sur une base
de groupe, cela pourrait être acceptable, mais sur une base personnelle,
moi, si j'étais un électricien, j'aurais de la difficulté
à accepter cela, parce que je me demanderais pourquoi on veut me
protéger particulièrement, moi, un électricien. Est-ce
parce que, dans le groupe des électriciens, il y a plus de personnes qui
ont un casier judiciaire que dans d'autres groupes?
Alors, je me pose cette question.
Le Président (M. Marcoux): Voulez-vous une
réponse?
M. Chevrette: II n'y a pas de statistiques.
M. Fontaine: II n'y a pas de statistiques. Non, mais, de toute
façon, je pense que c'est là la discrimination.
M. Dumoulin: Vous le demanderez à M. MacKinnon; il va vous
dire combien il y en a.
M. Fontaine: D'autre part, si on s'en rapporte à la Charte
des droits et libertés de la personne, comme le ministre l'a dit en se
référant à l'article 10, c'est prévu
là-dedans, probablement à l'endroit où on parle des
conditions sociales. C'est également prévu à l'article
14.01: "A cause de sa race, de sa nationalité, de sa langue, de sa
religion, de son origine, de son âge, de son statut social". A ce moment,
pourquoi l'indique-t-on, encore une fois, au paragraphe 6? Je pense qu'on
devrait, tout simplement, enlever cet article et ne pas en parler. Si c'est
prévu dans la Charte des droits et libertés de la personne et
dans l'introduction, au paragraphe 1, je ne vois pas pourquoi on le remettrait
encore une fois dans la section 6.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Berthier.
M. Mercier: Sur la base de discussion qu'on a eue
antérieurement, je me rallie à cette position. Je ne vois pas
tellement de problèmes là-dedans. Je crois bien que, si
quelqu'un, soit un plombier
ou un autre, invoquant la Charte des droits et libertés de la
personne, allait devant les tribunaux, il aurait probablement de fort bonnes
chances d'avoir gain de cause.
Je ne vois pas tellement le problème que cela peut poser si cela
demeure là. Je ne crois pas que cela excluait automatiquement tous les
recours que d'autres groupes pouvaient avoir afin d'invoquer la discrimination
pour antécédents judiciaires. Je ne vois pas tellement de
problèmes là.
Le Président (M. Marcoux): N'ayant pas d'autre intervenant
sur l'article 8 e), je rappelle...
M. Chevrette: Je pourrais peut-être ajouter un commentaire,
M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'est une clause de convention collective. J'ai
l'impression que Me Dion a voulu nous faire comprendre aussi, à
l'intérieur de son argumentation, qu'une convention collective, cela se
négocie dans une situation X. Par exemple, je ne suis pas surpris de
voir que la clause concerne les électriciens, parce qu'à
l'époque, il y avait un problème majeur au niveau des
électriciens.
Je comprends pourquoi un groupe isolé arrive là; c'est une
situation de fait. Ceux qui suivaient le moindrement la construction à
l'époque savaient qu'il y avait un problème majeur. Que le groupe
des électriciens ait demandé cette clause spécifique
à l'intérieur d'une négociation, je trouve cela normal; ce
n'est pas là-dessus qu'on en est.
Le problème, c'est qu'on n'est plus dans le cadre d'une
convention collective normale en vertu du Code du travail. On est dans un
décret, présentement, et le ministre a le pouvoir, en vertu de
l'article 18, de modifier une clause qui peut lui sembler discriminatoire.
C'est dans ce contexte que cela a été apporté et, moi, en
tout cas, je trouve qu'on est suffisamment informé pour passer à
un autre article.
M. Dion: Si vous me le permettez, M. le Président, juste
une allusion à l'article 18.
Le Président (M. Marcoux): Me Dion.
M. Dion: Je ne pense pas que l'article 18 prévoie les
corrections qui peuvent être apportées au décret pour des
raisons de discrimination, je ne pense pas que ce soit le cas. Je ne pense pas
que ce soit cela que la loi dise à l'heure actuelle. Je voudrais ajouter
qu'on aurait pu écrire dans le décret, par exemple, que tous les
gars qui sont en haut de six pieds et trois n'auront pas le droit de travailler
sur la construction. Supposons qu'on écrive cela, que la partie
syndicale soit d'accord et qu'elle signe cela. Il n'y a rien de
discriminatoire, là-dedans, si les parties, de part et d'autre,
consentent à cela. Il n'y a rien d'illégal là-dedans. Je
ne peux pas vous dire que ce serait intelligent, parce que des gars de six
pieds et trois, ce sont les meilleurs au point de vue de la constitution, ce
sont ceux qui font les plafonds sans échafaudage, etc. Mais dans
l'industrie de la construction, ce n'est pas une chose illégale que de
dire aux électriciens: Vous avez droit à une clause qui dit qu'on
ne peut pas exercer contre vous de la discrimination pour vos
antécédents judiciaires.
Savez-vous réellement ce que cela fait cette clause, dans le
décret? Cela ajoute une protection aux électriciens qui l'ont
demandée, les autres ne l'ont pas demandée. Deuxièmement,
cela leur donne un droit de grief en vertu de la convention, pas plus que cela.
Qu'est-ce qu'il y a de discriminatoire là-dedans? Ce n'est pas
discriminatoire, cela leur ajoute des droits. Alors pourquoi dire: On va
ôter cela aux électriciens, on va le mettre pour tout le monde, on
va enlever des conditions favorables?
Le Président (M. Marcoux): Excusez, il y a une question de
règlement, je dois d'abord entendre la question de règlement du
député de Joliette.
M. Chevrette: J'ai une demande de directive, je vais convertir
cela pour que ce soit légal, d'accord?
Le Président (M. Marcoux): Tant que la question n'est pas
entendue, tout est légal.
M. Chevrette: M. le Président, on discute toujours du
droit ou du non droit du ministre d'apporter ou non quelque chose, depuis ce
matin. On tient pour acquis, en tout cas, moi, je tiens pour acquis, je n'ai
pas entendu un membre de la commission ici dire le contraire, que le ministre a
des pouvoirs qui lui sont dévolus en vertu de...
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas une question de
règlement mais...
M. Chevrette: C'est une directive que je veux vous demander.
Le Président (M. Marcoux): Justement je vais vous dire que
ce n'est pas...
M. Chevrette: Vous ne savez pas quelle directive je vous demande,
vous ne pouvez pas la donner.
Le Président (M. Marcoux): Je vous vois venir. M. Dion:
C'est de la discrimination.
M. Chevrette: Je voulais vous demander comme directive, chaque
fois qu'un intervenant aborde la question de la possibilité pour le
ministre d'intervenir ou non, de le rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Marcoux): Je vais trancher votre
question, je ne rappellerai pas à l'ordre les intervenants qui vont se
prononcer sur la possibilité ou non pour le ministre d'intervenir. Ce
n'est
pas à la présidence de la commission de décider si
telle suggestion qui est faite ou tel commentaire est acceptable ou non.
Même si j'ai constaté, comme vous, que nos invités ont
répété à plusieurs reprises ce que vous venez
d'affirmer, c'est leur droit de le répéter autant de fois qu'ils
le veulent.
M. Chevrette: M. le Président, je vais reformuler une
demande de directive, c'est que chaque fois qu'un intervenant argumentera quant
aux raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une entente
relative aux modifications apportées au décret qui sortira de
cela, vous appliquerez le règlement. Cela, c'est l'objet même de
la loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez
répéter?
M. Chevrette: Oui, vous lirez l'article 18 sur la fin. En haut,
les trois premières lignes en haut, page 20.
Le Président (M. Marcoux): Dans la loi?
M. Chevrette: Autrement, on va sortir d'ici au mois
d'août.
M. Forget: M. le Président, sur ce point-là,
très brièvement.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent, veut m'éclairer.
M. Forget: M. le Président, je suis d'accord sur un point
avec le député de Joliette, c'est que le ministre a tous les
droits, cela est clair. C'est ce que j'ai dit au tout début de nos
travaux, il a tous les droits.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, je ne me suis pas
prononcé sur cette question. Les personnes qui viennent témoigner
ici peuvent contester ces affirmations et dire que le ministre n'a pas tous les
droits, mais le ministre peut continuer ou les membres de la commission peuvent
continuer à penser et agir comme s'ils avaient tous les droits.
M. Forget: M. le Président, je vous approuve, vous
êtes très magnanime dans votre interprétation et vous
faites bien de l'être, mais il reste que, quelle que soit l'opinion qui
est exprimée devant la commission, je crois que le ministre dans la loi
a tous les droits. Ce à quoi peut servir cette discussion, c'est
justement à éclairer les raisons motivant l'impossibilité
de parvenir à une entente, mais pas une entente entre les parties, on
est à une étape ultérieure, une entente des parties avec
le ministre sur les raisons qui motivent le changement. Or, à moins de
connaître les raisons du ministre, on peut difficilement demander aux
parties d'être d'accord ou en désaccord avec le ministre, et c'est
le but de la commission d'éclairer les raisons des modifications
introduites dans le décret.
M. Couture: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Couture: M. le Président, je m'oppose à cette
interprétation du député de Saint-Laurent. Quand il dit
que le ministre a tous les droits, je suis d'accord dans le sens suivant que de
fait, selon l'article 18, quand il est d'avis que c'est dans
l'intérêt public...
M. Forget: Dont vous êtes l'interprète.
M. Couture: Que les modifications peuvent être
apportées pour remédier à une situation existante. Donc,
à ce point de vue, cela couvre pas mal de choses. J'ajouterais ceci: Le
mandat de la commission c'est pour entendre les parties quant aux raisons
motivant l'impossibilité de parvenir à une entente relativement
aux modifications apportées au décret. La commission n'est pas
ici pour entendre le ministre expliquer les raisons pour lesquelles il propose
des modifications. Mais, pour collaborer et faire participer tous les membres
de cette commission de la réflexion du ministre, je veux bien à
l'occasion expliquer les raisons qui nous ont guidés pour
suggérer des modifications.
Mais le mandat, c'est pour cela que je m'oppose à
l'interprétation du député de Saint-Laurent, est bien
clair, et c'est pour entendre les parties qui ont reçu une série
de modifications dans le cadre du pouvoir du ministre et qui ne se sont pas
entendues. On les entend sur les raisons pour lesquelles elles ne se sont pas
entendues.
De fait, le ministre n'est pas ici pour négocier quoi que ce
soit. Il est ici pour entendre. Selon le pouvoir qui lui est apporté,
qui lui est donné, il a proposé des modifications et il entend
les parties sur les raisons qui font qu'elles ne sont pas d'accord.
M. Forget: M. le Président, je ne voudrais pas donner
l'impression que j'ai indiqué que le ministre était ici pour
négocier. Il demeure que les parties n'ont pas été
convoquées à des négociations entre elles sur les
modifications qu'il a proposées. Si elles ne réussissent pas
à se mettre d'accord c'est essentiellement sur les raisons qui ont fait
agir le ministre pour proposer des modifications puisque la période de
négociation de la convention collective est dépassée
depuis longtemps.
Comment leur demander d'être d'accord ou pas avec des
modifications sans pouvoir en connaître les raisons? Elles n'ont pas
besoin d'être d'accord pour qu'elles interviennent. De toute façon
c'est le pouvoir du ministre de les introduire sans leur accord. Le but de la
commission parlementaire c'est de faire ressortir, à mon avis, et je le
soumets humblement, M. le Président, les raisons que le ministre a
d'apporter les modifications, et les raisons qu'ont les parties de ne pas
être d'accord, de ne pas tomber d'accord entre elles pour appuyer les
raisons du ministre et les modifications qui en découlent.
M. Couture: M. le Président, je ne veux pas poursuivre un
débat de procédure. On n'est pas ici pour passer des heures sur
la procédure, mais je veux simplement en terminant rappeler au
député de Saint-Laurent le texte même de la loi qui nous
concerne et qui nous lie. C'est à l'article 18: II ne peut toutefois
modifier ainsi le décret sans que ces associations donc, je peux
modifier le décret, j'ai proposé des modifications ne
soient invitées à être entendues devant la commission
parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration quant aux
raisons motivant l'impossibilité de parvenir à une entente
relativement aux modifications apportées au décret.
Donc, le principal objet de notre commission parlementaire est
d'entendre les parties exposer les raisons pour lesquelles elles n'acceptent
pas les modifications proposées par le ministre.
M. Forget: Dans le cas où on remet en question une entente
entre les parties, elles vont se borner, comme elles l'ont fait depuis le
début de la journée, à nous dire qu'elles s'étaient
entendues et avaient des raisons pour s'entendre. Il faut leur donner d'autres
raisons pour leur montrer la justification et essayer d'obtenir leur
adhésion à des propositions de modification. C'est sous-entendu
par cet exercice. Autrement, la commission parlementaire n'est qu'une
espèce d'organe passif qui demande aux gens de dire pourquoi ils ne sont
pas d'accord, mais ils vont nous dire dans tous les cas: On n'est pas d'accord
parce qu'on s'était entendus sur autre chose. C'est futile et
stérile.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je ne suis pas un avocat et
selon la façon dont se déroule le débat jusqu'à
maintenant, je commence à être content de ne pas l'être. Il
reste qu'il faut regarder le dossier mais non du point de vue légaliste
seulement. Il serait facile de tomber dans le légalisme tout le long de
la discussion. On s'est demandé ce qui était discriminatoire. Si
je le regarde d'un oeil d'une personne qui veut voir de la discrimination
à l'intérieur, je peux le regarder au titre de groupe. Je pense
que quelqu'un a fait cette mention tout à l'heure en disant: Pourquoi
nommer un groupe et ne pas nommer les autres? A ce moment, cela donne
l'impression que ce groupe en contient à l'intérieur de son
groupe. Si on a suivi, comme le disait un autre intervenant, ce qui s'est
passé dans la construction, il comprend très bien qu'en
négociation, cette question soit venue sur la table.
Au niveau du groupe il y a une forme de discrimination pour tous les
autres groupes non prévus à cette clause.
Quant aux individus, on peut aussi le regarder à ce niveau
individuel et faire en sorte que les électriciens puissent aussi se
sentir discriminés par rapport à cette clause, mais les autres
groupes, qui d'un autre côté ne sont pas visés par la
clause, peuvent aussi se sentir visés. Si on le regarde au niveau du
groupe ou de l'individu, on en a une forme de discrimination. Quand on dit:
Qu'est-ce qui est discriminatoire pour les électriciens? la
réponse est au niveau des individus. Quand on dit: Qu'est-ce qui est
discriminatoire pour les autres groupes qui ne sont pas nommés? c'est
que le groupe n'est pas là.
En laissant la clause tel que proposé en amendement, à
savoir de laisser "à cause de leur antécédent judiciaire",
on touche l'ensemble des groupes et des individus et on fait en sorte
qu'à ce moment la discrimination, et pour l'individu et pour les autres
groupes, n'ait pas lieu.
Je comprends l'argumentation qui peut être apportée par la
partie patronale à savoir que ce n'est pas l'objet de sa
négociation à l'époque parce que, dans le "bargaining
power" au niveau d'autres clauses, elle a joué. Mais est-ce une raison
d'accepter qu'on maintienne une discrimination pour un groupe ou des individus
en particulier en laissant actuellement cette clause comme elle est
là?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais relever un
point qui a été avancé par le député de
Saint-Laurent. Il faut lire l'article 18 dans son entier. Dans un premier
temps, le ministre peut, avec l'accord des deux parties, changer des choses.
Quand il le leur a soumis, si les deux parties avaient été
d'accord, il aurait pu le changer très facilement. Mais le dernier
paragraphe dit qu'il peut changer sans consentement, mais il faut qu'il leur
donne la chance, non pas de s'expliquer pourquoi ils ne se sont pas entendus,
mais qu'ils donnent les motifs pour lesquels ils n'acceptent pas la
modification suggérée par le ministre. C'est cela que dit la
loi.
Ici, ce qu'ils ont à venir nous dire, à mon sens, c'est
qu'ils n'acceptent pas votre suggestion pour tel, tel et tel motif. Ce n'est
pas de nous dire que c'est parce que le conseil provincial a
suggéré autre chose, et c'est ceci et cela. Non, qu'ils nous
disent pourquoi ils refusent la suggestion faite par le ministre. C'est cela
que dit l'article 18 de la loi. C'est très clair. Il faut le lire au
complet pour voir la démarche.
Dans un premier temps, il pouvait avec le consentement, et sans
consentement il a le droit d'exiger les motifs. Pour éclairer le
ministre parce que lui-même aura à prendre une décision
après. L'objectif est l'intérêt public.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je suis un peu
désolé de continuer cette histoire, mais c'est extrêmement
important. On est dans un régime d'exception. Ordinairement les
conventions collectives, c'est l'accord des parties. On a un régime
d'exception qui permet, de façon exorbitante au droit commun dans le
domaine des relations de travail, au gouvernement d'intervenir. Je ne m'attache
pas au libellé de l'article. Peut-être que l'article est mal
rédigé, encore que je serais capable
de raisonner sur la base du libellé actuel en faveur de la
façon de concevoir les choses, mais indépendamment de cela, vous
avez un régime d'exception qui permet au gouvernement d'intervenir.
C'est sûr, à mon avis, qu'on ne conçoit pas un
mécanisme d'audience en commission parlementaire simplement pour dire
aux parties qui dans le fond s'étaient entendues sur un article et qu'on
frustre du fruit de leur entente: Venez nous dire que vous n'êtes pas
contentes. C'est bien sûr qu'elles vont nous dire cela.
On le fait dans un régime parlementaire pour donner une occasion
à l'opinion publique, aux parties impliquées, à
l'Opposition de dire au gouvernement: Comme vous intervenez, au moins
dites-nous les régions pour lesquelles vous intervenez. C'est
sous-jacent. C'est implicite, si ce ne l'est pas explicite, dans un processus
d'audition parlementaire dans le cas d'un pouvoir d'exception.
Quand on demande aux parties si elles sont d'accord avec les
modifications du ministre, si elles sont d'accord avec ces raisons pour les
modifications, ce n'est pas une excuse valable pour le ministre de dire:
Ecoutez, moi regardant cela comme une cour de justice, il y a des choses que je
prononce comme étant non conformes à telle ou telle disposition
d'une autre loi. Il y a des motifs d'ordre public. Il y a des motifs
d'intérêt public, de politique gouvernementale qui doivent
être invoqués à l'appui d'une intervention dans un domaine
qui a fait l'objet d'une entente privée, parce que c'est un
régime d'exception. C'est cela l'esprit qui doit régner dans nos
travaux. C'est essentiel au jeu responsable de l'intervention d'une tierce
partie. Autrement, le gouvernement ne joue pas son rôle qui est,
effectivement, celui prévu dans la loi, de changer quelque chose qui a
été entendu entre les parties en disant: Ecoutez, vous avez
entendu cela, ce sont des intérêts privés qui ont fait une
coalition, mais cela c'est contraire à l'ordre public. Pas parce que tel
ou tel article de la loi contrevient à cela c'est une objection
qui pourrait être laissée aux tribunaux à la limite
mais parce que comme gouvernement on prend l'initiative de défendre ou
de permettre un certain nombre de choses.
Le seul but des interventions que j'ai faites depuis ce matin, c'est de
demander au ministre de dire quels sont ces objectifs sociaux, quelle est sa
version de l'intérêt public qu'il veut défendre par les
modifications qu'il veut faire introduire.
Je comprends qu'il trouve la modification discriminatoire; c'est
parfaitement son droit de dire cela. On ne l'accepte pas, comme gouvernement,
cette forme de discrimination. Je trouve que c'est beaucoup plus faible de
venir nous dire que c'est contre tel article de la Charte des droits et
libertés de la personne, parce que cela, il peut le dire seulement en
s'aidant d'une interprétation qui est discutable. Mais ce n'est pas
discutable d'entendre le gouvernement dire: Cette forme de discrimination, on
est contre. J'aimerais peut-être mieux, cependant, qu'on nous dise: On va
amender la Charte des droits et libertés de la personne plutôt que
de l'appliquer rétroactivement.
A mon avis, il était tout à fait légitime pour les
gens de lire la Charte des droits et libertés de la personne comme
n'empêchant pas la discrimination par rapport au casier judiciaire. C'est
une question d'opin:on, remarquez, et cela n'affecte pas l'argument
de base qui est le suivant. Encore une fois, pour terminer, c'est le devoir du
gouvernement de nous dire pourquoi il veut faire des modifications sans se
baser sur des argumentations étroitement juridiques.
M. Couture: M. le Président, je pense que je peux
répondre d'une façon satisfaisante au député de
Saint-Laurent. Je crois que, depuis le début, de fait c'est pour
cela peut-être que la discussion est un peu oiseuse jamais nous
n'avons refusé d'apporter nos raisons et nos motivations pour avoir
proposé telle et telle modifications. Je pense qu'on l'a fait de bonne
foi et on continuera. Si cela peut rassurer le député de
Saint-Laurent, je voulais simplement signaler que, de fait, le mandat
était précis dans la loi. Nous comprenons que c'est sous-entendu
et nous voulons non seulement entendre les parties et nous éclairer
nous-mêmes, mais aussi, dans ce dialogue que nous avons entrepris,
permettre aux parties de comprendre mieux notre point de vue et de s'enrichir
les uns les autres sur cette question.
Le Président (M. Marcoux): Comme il n'y a pas d'autre
intervenant sur ce sujet, j'appellerais l'article 9, qui concerne l'article
15.01 du décret. Me Dion.
M. Dion: Est-ce que la commission a des objections à ce
qu'on discute en même temps les articles 9 et 43 des propositions du
ministre? L'article 43 est rattaché à l'article 9. L'article 9,
c'est l'endroit, dans le texte, où on faisait allusion à la liste
des arbitres.
Le Président (M. Marcoux): Cela va, pas de
problème.
M. Dion: Dans l'industrie de la construction, c'est une loi
particulière et des problèmes particuliers. On veut s'assurer
pour les parties, c'était le consentement une liste
d'arbitres et d'avoir des gens qui sont au courant de l'industrie de la
construction, qui sont en mesure d'arbitrer les problèmes en tenant
compte des conditions de la loi particulière qui est celle de
l'industrie de la construction. L'AECQ c'est notre commentaire qui
paraît à la page 14 a soumis une liste d'arbitres à
la partie syndicale et en a également envoyé copie au
ministère du Travail. Nous voyons mal, à ce moment-ci, que ce
soit retiré du texte sous prétexte qu'il n'y a pas encore eu
entente entre les parties.
On suggère, à ce moment-là, qu'il soit tenu compte,
au moins, du geste fait par l'AECQ, c'est-à-dire de transmettre une
liste d'arbitres. On suggère que les parties s'entendent sur une liste
d'arbitres et qu'elles incluent dans le décret une liste d'arbitres,
plutôt que de prendre la position, tout simplement, d'enlever toute
référence à une liste
d'arbitres. Pour nous, cela devient important je ne veux pas
présumer de l'argumentation syndicale que les arbitres soient des
gens au courant des problèmes de l'industrie de la construction pour
pouvoir arbitrer les problèmes de la construction. On insisterait pour
que l'article 9 ne soit pas modifié et que l'article 43 soit
complété par une liste d'arbitres, de façon que le
décret puisse être appliqué, lorsque ceux-ci sont requis
par des arbitres qui connaissent l'industrie de la construction.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: M. le Président, sur les deux articles
concernées, la partie patronale, est d'accord pour faire paraître
à l'intérieur du décret une liste d'arbitres.
C'est vrai qu'il y a une liste d'arbitres qui nous a déjà
été soumise, que nous avons consultée, mais il est
arrivé la publication, la promulgation du décret et,
malheureusement, nous n'avons pas répondu. Par contre, d'ici une
semaine, on peut, franchement, s'entendre sur une liste d'arbitres et la faire
apparaître à l'intérieur du décret.
M. Couture: Nous prenons acte de vos bonnes dispositions
là-dessus.
M. Dumoulin: On va, comme je l'ai mentionné,
vérifier la liste qui a déjà été remise
parce qu'à l'intérieur de la liste il y a certains noms sur
lesquels nous ne sommes pas d'accord, forcément. Il n'y en a pas
beaucoup. On va les rencontrer pour en discuter et s'il y a moyen de
s'entendre, on vous la formulera par après.
Le Président (M. Marcoux): Pas de discrimination.
M. Dumoulin: C'est ce qu'on m'a mentionné tantôt, je
n'ai pas osé le dire.
Le Président (M. Marcoux): On ne peut pas vous aider. Les
membres de la commission ont le sens de l'humour. Article 10.
M. Chevrette: Je voudrais poser une question...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: ...soit à Me Décary ou Me Dion. A
supposer qu'il y a entente, il n'y a pas de problème. S'il n'y avait pas
entente, il faudrait, tout au moins je ne le sais pas, je lance la
question abroger le paragraphe 2 de l'article 15.01, parce que l'office n'a pas
d'autre alternative que de choisir parmi la liste annotée du CTMO.
M. Décary: Oui, et d'autre part, si, effectivement, il n'y
avait pas entente, à l'article 12.02, intitulé procédures,
sous-paragraphe 3, les deux dernières lignes qui commencent par: "Le
grief écrit doit être soumis à l'arbitrage dans les 20
jours ci- vils suivants", je vous suggérerais, à ce moment,
d'ajouter les mots, comme on l'a fait dans notre texte écrit: en le
référant à l'Office de la construction pour qu'il lui
nomme un arbitre suivant la procédure prévue à la loi.
D'autre part, après discussion, nous sommes assez confiants de pouvoir
nous entendre avec la partie patronale. J'aurais suggéré un
délai, je ne connais pas les délais de la commission, mais
j'aurais pensé à un délai qui nous amènerait
jusqu'à vendredi, non pas de cette semaine qui est le 24, mais le
vendredi de la semaine suivante.
M. Couture: C'est un délai raisonnable.
M. Décary: Très bien. Nous ferons tout en notre
pouvoir pour clarifier cette situation.
M. Couture: Excellent.
M. Dion: Si j'ai bien compris, M. Chevrette a dit: Si les parties
s'entendent il n'y a pas de problème. Cela veut dire que les choses sur
lesquelles on s'entendrait, il n'y aurait pas de problème.
M. Couture: Non. On accepte d'avance que si vous vous entendez...
Ah oui! mais, évidemment je vois que nous avons affaire à
un avocat sous réserve des pouvoirs du ministre.
M. Dion: Je me suis permis, parce que vous avez souligné
que vous entendiez à rire.
Le Président (M. Marcoux): Vous testez notre sens de
l'humour. Maintenant, 9 et 43 sont discutés. L'article 11-A, qui
concerne l'article 17.01 du décret.
M. Décary: M. le Président, est-ce que je pourrais
vous consulter sur l'article 17, ou enfin la modification 11 proposée
par le ministre? Quant au Conseil provincial, cet article connote pour nous,
d'abord, le problème des ascenseurs.
Je ne sais pas si vous entendez en discuter, à ce moment-ci,
d'une part, peut-être pas, je n'ai pas d'objection à ce qu'on le
reporte à un autre moment, je m'en remets à vous. D'autre part,
l'article 17 affecte lui aussi les annexes concernant les taux de salaire.
Est-ce qu'on doit, à ce moment ici, également discuter des
annexes? Si oui, on a là encore quelque deux ou trois interventions
à faire. Si, vu que les annexes sont à la fin, vous
préférez remettre la question à un autre moment de la
commission, là encore, je n'ai pas d'objection. Je veux vous consulter
autrement dit. Mais cet article, quant à nous, fait
référence à deux problèmes: celui des ascenseurs et
celui des annexes. Autrement, nous sommes d'accord.
M. Couture: Maintenant, je proposerais que, si on dispose
immédiatement, ce soir ou actuellement, de cet article des
problèmes auxquels vous nous référez, on en dispose et
qu'on n'y revienne pas à la suite des représentations sur les
articles concernés. On peut disposer tout de suite de ces
problèmes, si vous voulez.
M. Décary: Je suis d'accord. J'attirerais votre attention
quant aux ascenseurs, évidemment, cela fait l'objet d'une autre annexe,
et, quant aux annexes, nous ferons tour à tour nos interventions. Je
m'en remets à vous.
M. Couture: Je souhaiterais qu'au fur et à mesure qu'un
article est appelé qui soulève des problèmes particuliers
on en dispose.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y. Si je comprends bien
le ministre, il vous demande de parler sur l'ensemble des problèmes que
pose cet article.
M. Décary: D'abord, l'introduction est très
brève. Il y a deux problèmes fondamentaux qui sont visés,
je les ai évoqués. 1) le problème des mécaniciens
d'ascenseur et 2) certains ajustements que nous revendiquons au chapitre des
annexes de taux de salaire.
Le problème des mécaniciens d'ascenseur. Pendant les
négociations, une entente est intervenue entre le Conseil provincial et
l'AECQ qui fait l'objet d'une annexe, qui prévoit que les clauses
particulières aux ascenseurs pourront être
négociées. A l'article 17 d'alors, on avait indiqué que,
dans le cas des mécaniciens d'ascenseur, leur période de
référence n'était pas le 31 juillet, mais la date de
promulgation du décret, donc ultérieure au 31 juillet,
plutôt vers le mois de février ou mars. Dans le texte de l'article
17 actuel on ne trouve pas là le reflet de la volonté des parties
qui, d'ailleurs, est exprimée dans le décret actuel. Quant aux
problèmes des ascenseurs, maintenant, il y a ce premier volet qui est
celui de la période de référence j'emploie le terme
anglais le "red circle", il y a de plus le problème de la
négociation. Quant au problème de la négociation, à
proprement parler, des mécaniciens d'ascenseur, c'est un périple
en soi et la conclusion c'est qu'à l'heure actuelle il n'y a pas
d'entente entre les parties sur les clauses particulières. D'autre part,
il y a certains problèmes de fond qui sont posés. Les
problèmes de fond je vais être très bref sont
de deux ordres. Les premiers concernent la loi, à l'heure actuelle. Dans
la loi, à l'heure actuelle, il y a certaines particularités, nous
le croyons, de ce métier qui ne peuvent pas être satisfaites,
traduites, ni à l'avantage de l'association de salariés, ni
à l'avantage de l'association d'employeurs en raison de certains
obstacles juridiques, que nous pourrons traiter en détail, si vous le
voulez.
D'autre part, c'est que pour ce groupe de travailleurs qui a des
particularités, dans les négociations, la position de la partie
patronale a été de refuser de négocier tout ce qui avait
déjà été négocié pour l'ensemble des
métiers. Comme politique, on disait: Vu qu'il y a une entente sur
l'ensemble des sujets qui peuvent faire l'objet d'une convention collective au
niveau de l'ensemble des métiers, comme politique, nous refusons de
modifier cette politique de l'ensemble de l'industrie dans le cas des
mécaniciens d'ascenseur. Avec le résultat qu'aujourd'hui, nous ne
sommes pas plus avancés qu'aux mois de novembre et décembre
derniers.
D'autre part, je tiendrais à vous souligner que, lorsque
l'association de travailleurs et les employeurs concernés ont
entamé les négociations, à cette table, les rapports qui
nous ont été transmis par l'association des entrepreneurs
eux-mêmes et par nos commettants nous apprenaient que les
négociations entre ces groupes allaient bon train. A un certain moment,
un vendredi après-midi, les groupes concernés ont reçu un
télégramme de l'association des entrepreneurs qui disait:
Arrêtez à ce moment-ci les négociations. Il y avait,
semble-t-il peut-être que mes amis pourront le dire plus
correctement, c'est quand même leur association, eux savent ce qui s'est
passé un problème de représentation à la
table de négociations. C'est-à-dire qu'on nous disait que les
employeurs qui étaient là, qui négociaient,
n'étaient pas habiletés à négocier parce que
n'étant pas mandatés par l'association des employeurs.
Lorsque les représentants dûment mandatés par l'AECQ
ont rencontré les employés, il y a eu un revirement complet.
C'est-à-dire que maintenant des clauses sur lesquelles on
prévoyait avoir une avance ont fait l'objet d'un refus
systématique de la part de la partie patronale. Soit pour des motifs
légaux je les respecte soit pour des motifs de
politique.
Sur les motifs légaux, finalement, je termine là-dessus
à ce stade-ci, je voudrais seulement vous rappeler que l'objectif des
parties n'était pas de conclure une entente qui serait contraire
à la loi, mais plutôt d'essayer de trouver une plateforme
conjointe qui serait soumise au ministre pour demander que la loi soit
modifiée dans ce cas, si bon lui semblait, sur les sujets sur lesquels
il y avait consensus ou accord, d'une part. D'autre part, c'est que quant aux
autres conditions de travail qui pouvaient bien légitimement être
négociées, la partie patronale a dit: Comme c'est ainsi qu'on
agit pour l'ensemble des travailleurs de la construction, il n'y aura pas
d'exception dans votre cas. Telle est notre politique. Ce qui est bien
légitime. Il n'y a rien d'irrégulier, d'illégal,
d'illicite. C'est légitime. Mais d'autre part, cela a conduit au fait
qu'aucune entente n'est intervenue. Il y a donc, quant à nous, une
impasse.
Je veux aussi souligner un petit rappel historique. Avant la loi de
1968, il n'y a jamais eu de grève dans ce secteur. D'autre part, depuis
1968, on a eu grève par-dessus grève et on a également vu
des chefs syndicaux qui, à la décharge des mandats qui leur
étaient confiés, "bon droit mal droit", se sont vus traduits
devant les tribunaux pour avoir évidemment fait opposition à la
loi. Donc, depuis 1968, on a vu dans ce secteur un désordre. Le conseil
provincial a souligné dans son mémoire que son objectif est de
trouver une solution à ce problème. Ce que nous suggérons
fondamentalement c'est que dans cette période de calme qui s'annonce, on
puisse être autorisé, d'abord, à s'entendre sur la
définition du problème. Si on peut d'abord s'entendre sur la
définition du problème, peut-être pourrons-nous plus
facilement trouver des solutions. Je ne vous dis pas que la solution
c'est de sortir de la loi, etc. Je vous dis: Donnez aux gens la chance de
s'entendre sur les définitions des problèmes. Ensuite, voyez
quelles sont les solutions qui pourront être acceptées. C'est
l'approche que nous avons. Nous voulons une approche la plus constructive
possible. Devant vous, ce soir, nous ne sommes pas là pour vous dire:
Dans le cas des mécaniciens d'ascenseur, donnez-nous ceci, donnez-nous
cela, modifiez la loi.
Ce que nous voulons, c'est qu'un effort sérieux soit fait par le
ministère et par les parties qui, ensemble, scruteront le secteur en vue
de déterminer les problèmes et de voir quelles sont les solutions
les plus appropriées.
Quant aux annexes, mon ami et associé, Robert Laurin, voudrait
vous dire quelques mots concernant un problème particulier au
métier de tireur de joints. Peut-être que, pour l'avantage de la
partie patronale, il y aurait lieu de mettre immédiatement de l'avant
notre position là-dessus ou préférez-vous attendre?
M. Couture: Désirez-vous continuer ou si vous aimeriez
qu'on puisse discuter davantage sur le problème des mécaniciens
d'ascenseur afin d'en arriver à vider, si possible, la question au
niveau des représentations des parties?
M. Oécary: Très bien.
M. L'Heureux: Est-ce à notre tour, monsieur?
Le Président (M. Marcoux): Oui, oui.
M. L'Heureux: Je pense que les appréhensions qu'on a
indiquées ce matin se matérialisent: en fait, on est ici pour
négocier. Puisqu'on est dedans, on va embarquer de plain-pied avec la
réserve qu'on a faite cet après-midi.
On a mentionné que, dans le cas des ascenseurs en particulier, la
partie patronale, l'AECQ, qui est mandatée par la loi pour
négocier au nom de ces gens-là comme des autres, avait interrompu
des discussions qui étaient, à toutes fins pratiques, en bonne
voie. J'ai ici une copie du télégramme qu'on a envoyé. Il
a été envoyé à trois compagnies pas à
tous les employeurs, il y a 30 employeurs soit à la compagnie
Otis, à la compagnie Dover et à la compagnie Westinghouse qui,
d'après la partie syndicale, emploient à peu près 30% de
leur main-d'oeuvre affiliée à l'union internationale, pas de
celle qui est dans la CSD. Ces gens-là, à ce moment-là,
étaient en train de négocier une convention pour le reste des
gens qui n'étaient pas là.
A ce moment-là, nous avons pensé, à l'AECQ, que ce
n'était pas la façon de procéder. On leur a envoyé
un télégramme qui se lit comme suit on est alors le 22
octobre, si vous vous souvenez de cette période "Compte tenu de
la situation globale entourant la présente négociation, nous
considérons que les discussions présentement en cours entre
certains employeurs et des représentants syndicaux encore
là, M. Dumoulin a men- tionné ce matin que les gens venaient de
partout; c'était vrai aussi, c'étaient des gens qui venaient de
Washington, de Toronto et d'un peu partout pour négocier notre
système de relations de travail ici relativement aux
mécaniciens d'ascenseur sont nettement prématurées. Nous
vous demandons de mettre fin immédiatement à ces discussions et
nous comptons sur votre collaboration future lors des rencontres officielles."
Je ne lis pas le reste du télégramme, mais il est disponible.
Qu'est-ce qui est arrivé par la suite? Effectivement, l'AECQ
s'est assise avec ces gens-là à la fin de janvier. On mentionne
ici que l'AECQ a refusé, sur la base de la lettre d'entente, de
négocier des clauses par le fait que, d'après nous, ce
n'était pas particulier, même s'il y avait un protocole d'entente
du 10 mars précédent qui stipulait ce qui était
particulier ou pas particulier. On a dit: Pour ne pas prolonger le
débat, on va oublier cela. Faites-nous vos demandes et on va vous donner
une réponse écrite, comme nous l'avait demandé, à
ce moment-là, M. Peoples qui les représentait. On leur a dit: On
va vous faire une réponse documentée sur chacune de vos demandes.
Ils nous ont soumis leurs demandes par écrit le 1er; on a
siégé tout l'après-midi et le lendemain, avec les membres
de notre sous-comité qui représentait les trois groupes
d'employeurs. Le lendemain, effectivement, on leur a donné une
réponse à toutes leurs demandes. D'ailleurs, vous l'avez dans
votre rapport du conciliateur, M. Réjean Larouche.
Quand on dit qu'on a refusé de négocier, ce n'est pas
vrai. On a refusé d'accorder ce qu'ils nous demandaient, c'est vrai.
C'est cela, l'idée d'une convention collective. A partir de là,
ces gens ont dit: On a le droit de grève. On a répondu: C'est
vrai, vous avez le droit de grève. Effectivement, ils ont utilisé
leur droit de grève. On a continué avec le conciliateur qui, lui,
a émis un rapport. Dans le rapport, il reconnaissait le
bien-fondé des arguments de la partie patronale, dans le sens que ce qui
nous était demandé c'étaient des choses qui
n'étaient pas négociables; c'étaient des choses sur la
préfabrication, c'étaient des choses sur des juridictions
professionnelles, c'était sur l'apprentissage qui relève du
règlement no 1. M. Larouche vous a soumis un rapport disant que c'est
vrai. Il vous a aussi soumis un rapport dans lequel il dit que la lettre
d'entente pourrait, à ce moment-là, être soumise à
un arbitrage.
Là-dessus on vous a écrit, puis on a dit: M. le ministre,
que vous soumettiez la lettre d'entente à un arbitrage ou non, on a
dépassé ce stade-là, on leur a demandé de nous
offrir leurs demandes et on a répondu à toutes leurs demandes. A
ce moment-là on est dans un processus de négociation. C'est vrai
que dans le moment on ne s'est pas entendu. Il y a eu un conflit
économique, les employeurs ont traversé un conflit de deux mois
et ces gens-là travaillent maintenant.
Les conditions salariales sont en annexe, ce n'est pas pour rien qu'on a
mis des conditions salariales aux mécaniciens d'ascenseur. Encore
là le rapport de M. Larouche, le conciliateur qui a été
nommé à la demande de la partie syndicale, non pas à la
nôtre, le rapport de M. Larouche men-
tionne que l'échelle de salaires des mécaniciens
d'ascenseur, à la fin de la présente convention collective, qui
est maintenant un décret, va être de 148% du salaire d'un
journalier, ce qui était exactement ce qu'ils avaient en 1969, au moment
où on dit que les véritables négociations par
région avaient lieu, comme on a fait pour tous les autres
métiers.
On a rétabli, à l'intérieur d'une masse salariale,
ce qui existait à ce moment-là, aussi bien pour les
mécaniciens d'ascenseur que pour les autres. Pour eux, ce sont toutes
des conditions particulières. Pour nous, à la table centrale, les
salaires étaient d'ordre général, n'étaient pas des
clauses particulières. Quand on a fait une offre à la
FTQ-Construction, le 30 juillet, on l'a fait sur la base d'une offre
monétaire globale, cela incluait les mécaniciens d'ascenseur.
Alors, si vous voulez qu'on renégocie ici, on est capable de
renégocier, si c'est le voeu de la commission. Mais nous, ce qu'on veut
vous dire, c'est qu'on l'a fait cette étape-là. On ne peut pas
dire que l'AECQ s'est déchargée de ses devoirs, c'est
moi-même qui ai pris charge de la table des mécaniciens
d'ascenseur l'hiver dernier. On a tout fait le processus y incluant la
grève, y incluant le processus de conciliation.
Alors, pour nous, le problème des mécaniciens d'ascenseur
demeure celui que le ministre, dans la lettre qu'il a envoyée à
M. Dumoulin, expliquait, à savoir qu'il était pour y avoir
possibilité pour eux de se faire entendre en commission parlementaire.
Mais à ce moment-là, il ne parlait pas en notre nom, certain.
Ceia demeure le fait qu'il était pour former un comité pour
étudier ce qui n'était pas négociable, parce que
même le ministre reconnaissait que la plupart des demandes de la partie
syndicale, en fait, ce n'étaient pas des demandes, c'était une
non-reconnaissance de notre système de relations de travail. Eux, ils
ont un "national agreement" et veulent que leurs salaires soient indexés
à Toronto où on n'a, nous, aucun pouvoir de négociation.
Nous, dans le Québec, on ne peut pas admettre cela.
Alors, c'était tout le problème des mécaniciens
d'ascenseur. Ces gens ne se sont pas privés pour faire une grève,
ont fait la grève, on a subi cette grève. Ils sont revenus
travailler parce que cela devait faire leur affaire de revenir travailler. Ce
ne sont pas les employeurs qui les ont suppliés. Alors, si vous voulez
recommencer le débat, on est prêt, on a tout ce qu'il nous faut.
On a même le rapport de M. Larouche, avec les annexes, avec les demandes
qui nous ont été faites et avec les réponses qu'on a
données.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: M. le Président, je crois que nous revenons
aux fameux événements d'octobre 1976, il est temps qu'on les
mentionne. Vous avez, à l'intérieur du décret qui est
promulgué dans le moment, de l'accord que vous avez devant vous, une
lettre d'entente, à la dernière page, relative aux
mécaniciens d'ascenseur. Là il faut relater un peu les faits, les
discussions qu'il y a eues durant ces fameux cinq jours, donc, nous avons
discuté jour et nuit.
Cette fameuse lettre d'entente donc, les représentants du
ministère étaient présents avait été
préparée, lors des discussions, en limitant, et je m'explique
clairement, en limitant, à l'intérieur de cette lettre, les
discussions au niveau des avantages sociaux, au niveau, je crois, de
l'apprentissage. Là, cela m'échappe, parce que je ne l'ai pas
devant moi, mais cela limitait à trois, quatre clauses à
l'intérieur du décret.
Lettre d'entente que j'ai refusée, personnellement, parce que
cela limitait strictement à trois, quatre articles incluant les
salaires, je m'excuse les salaires étaient inclus. Donc, un
téléphone a été fait à un
représentant de la partie patronale à cet effet, et il a
été fait mention, très clairement, aux
représentants du ministre, qu'on n'avait pas à limiter les
discussions pour les mécaniciens d'ascenseur, étant donné
que c'est un problème de longue date et qu'il n'a jamais
été résolu.
Et c'est la raison pour laquelle vous retrouvez la lettre avec aucune
espèce d'exception à l'intérieur, c'est de base
générale. On dit: "Les parties conviennent, dans le plus bref
délai, d'examiner la situation particulière des
mécaniciens d'ascenseur en vue de s'entendre sur les dispositions
particulières applicables à ces derniers. Ces dispositions seront
incorporées à l'entente, en vue de leur extension par voie de
décret". Je crois que c'est assez clair ce que cela mentionne
là.
A la suite de cette fameuse lettre d'entente du mois d'octobre
et, remarquez bien, M. L'Heureux a bien dit que c'était véridique
ce qui s'était produit il y a eu la négociation qui s'est
faite avec 17 ou 18 compagnies, je ne peux pas mentionner les noms des
compagnies qui étaient là, qui étaient
représentées, je ne le sais pas. J'ai participé à
la première séance, entre autres, de négociations, par la
suite, lors de deux ou trois jours de travail. Donc ils semblaient être
favorables à trouver des solutions, je ne dirai pas à l'entente,
mais à trouver certaines solutions.
Là on a reçu le fameux télégramme qui vient
d'être mentionné et qui a brisé ces négociations
avec les gens qui étaient là, qui viennent des Etats-Unis ou du
fond du Canada ou du fond de la province de Québec, qui
représentaient soit l'union, soit les employeurs. Vous avez des
employeurs au niveau de l'Amérique du Nord à l'intérieur
de cela. Ils étaient présents pour discuter de ces fameuses
négociations.
Malheureusement, on a arrêté cette négociation. On
n'a pas voulu que les parties, soit celui qui paie et qui emploie, soit celui
qui fournit la main-d'oeuvre, s'entendent. On n'a pas voulu' qu'entre eux ils
puissent discuter et trouver les solutions. C'est ce qui a brisé les
fameuses négociations. C'est ce qui a résumé, entre
autres, la grève des mécaniciens d'ascenseur.
Je crois que la lettre est assez claire. Je l'ai mentionné au
début et je le répète, concernant les mécaniciens
d'ascenseur, il n'y aura absolument rien de solutionné à leur
égard. Vous avez connu les problèmes survenus dans le
passé concernant les mécaniciens d'ascenseur. Depuis 50 à
60 ans
ces gens vivent avec une négociation et avec les salaires qu'ils
ont toujours eus et qui leur ont toujours été accordés en
négociation. C'est ce qu'on appelle chez nous des droits acquis et c'est
ce qu'ils voulaient discuter et négocier.
Il y aurait peut-être eu des modifications, lors de ces
discussions, à ce qui se produisait dans le passé.
Forcément, je peux vous dire que les unions des mécaniciens
d'ascenseur étaient très ouvertes à la discussion. Elles
étaient très conscientes aussi de la loi à laquelle elles
avaient à faire face. Malheureusement, on ne leur a pas donné la
chance. On les a restreintes à l'intérieur d'un document
général et c'est la raison pour laquelle vous trouvez la lettre
à l'intérieur du fameux décret.
Cette lettre n'a pas été pondue simplement pour dire: On
fait plaisir à quelqu'un et on met une lettre. Elle a été
mise là parce qu'à la suite de ces discussions de ces cinq jours
on a réalisé qu'il était impossible de trouver dans un si
court délai des solutions pour les mécaniciens d'ascenseur. Donc,
nous avons dit, pour ne pas arrêter le processus, étant
donné que nous sommes sur la voie de nous entendre, on va établir
à l'intérieur une lettre d'entente, lorsque le décret sera
publié. Vous avez 30 jours de publication et, après, la
promulgation; d'ailleurs cela a duré plus longtemps, ils auraient eu le
temps de s'asseoir et discuter.
Durant ce temps les gens s'assoiront et essayeront de trouver une
solution, ce qui n'a pas été fait car on les a
empêchés de le faire. Donc, le problème reste entier
concernant les mécaniciens d'ascenseur. Quand on mentionnait
tantôt que les travailleurs sont retourné au travail, l'AECQ ne
leur a pas demandé. C'est vrai, croyez-moi. Par contre, le ministre m'a
quand même écrit une lettre me demandant d'intervenir
personnellement auprès des mécaniciens d'ascenseur, en nous
informant que nous allions pouvoir en discuter comme nous le faisons ici en ce
moment, en avisant les mécaniciens d'ascenseur que les conditions de
travail et toutes les conditions qu'ils obtenaient lorsqu'ils ont
été en grève étaient pour être maintenues.
C'est avec cette lettre et ces informations que les mécaniciens
d'ascenseur ont tenu leur assemblée générale et ont pris
la position de retourner au travail.
Je peux vous dire en passant qu'à ce jour, les méchants
mécaniciens d'ascenseur, si on peut dire, avaient des conditions de
travail qu'ils ont perdues, même si on a une lettre du ministre qui
confirme qu'elles doivent être maintenues on a envoyé des
télégrammes à cet effet, mais encore là on attend
le déroulement de tout ce processus. Comme vous le voyez, ils continuent
à travailler et tout va passablement bien. Par contre, le
problème, au lieu d'être solutionné, en partie, s'aggrave
de jour en jour.
Les employeurs leur payaient des conditions qu'on ne retrouve pas
à l'intérieur du décret. Donc, ces gens, même avec
ce qu'on a par écrit provenant du ministre, ont des conditions
inférieures à ce qu'ils avaient avant de partir en
grève.
Alors, imaginez-vous la situation à laquelle nous avons à
faire face dans le moment. Donc, le problème est entier, il n'est pas
solutionné. Il y a forcément le problème de
l'apprentissage, le problème salarial, et le problème de la
juridiction à l'intérieur de cela, le problème de la
préfabrication, le problème des avantages sociaux, donc, c'est un
problème total, ce n'est pas compliqué. Si on avait quand
même laissé aux gens la possibilité de discuter, je suis
persuadé qu'on aurait quelque chose à vous présenter
aujourd'hui pour vous demander de rendre cette entente, de l'intégrer
à l'intérieur du décret.
Le médiateur spécial qui avait été
nommé, M. Larouche, a mentionné à plusieurs occasions,
dans son rapport, qu'il devrait y avoir des rencontres entres les employeurs
des salariés concernés et l'union concernée. Chez nous, ce
n'est pas un problème. Concernant la négociation pour les
mécaniciens d'ascenseur, ce sont les locaux 89 et 101 qui
négocient au nom des mécaniciens d'ascenseurs. Mais, dans le
rapport de M. Larouche, je voudrais qu'il vous soit lu, au moins ces parties du
rapport, c'est très clair qu'on demande qu'il y ait des
négociations avec les employeurs des salariés concernés.
J'espère que c'est clair, ce que je dis, et que je me fais comprendre.
Ce sont ceux qui emploient les mécaniciens d'ascenseurs, ceux qui payent
les salaires des mécaniciens d'ascenseurs.
Donc, à l'intérieur du rapport, c'est ce qu'on retrouve
à une multitude d'endroits concernant la négociation, les
programmes d'apprentissage, les avantages sociaux et ainsi de suite. Ce sont un
peu les faits survenus dans le problème des mécaniciens
d'ascenseurs et malheureusement, pour le moment, aucune solution ne semble nous
être proposée.
Je peux dire quand même que les mécaniciens d'ascenseurs
ont présenté une demande très claire et nette au
ministère concernant leur problème et ce sera au ministère
de décider des positions qu'il pourra prendre à cet effet.
Donc, messieurs... Parfait, donnez-lui la parole, on continuera
après.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Etant donné qu'on est ici pour vider la
question... on a relevé certains points. On dit, entre autres, que dans
le rapport du conciliateur, il est fait mention que des employeurs pourraient
se substituer à l'AECQ qui est reconnue par la loi. Ce n'est pas
ça du tout. Je l'ai ici le rapport du conciliateur. Cela dit que sur les
clauses non négociables on a mentionné la
préfabrication, la juridiction de métier et le règlement
no 1 sur les clauses qui ne sont pas négociables, pas couvertes
par le décret, celles qu'on ne voulait pas négocier, il est
mentionné: "Que les parties en cause c'est-à-dire nous
autres, plus le conseil ou le cas échéant que les
employeurs des membres de l'union ou de ladite union adressent conjointement ou
séparément, à leur discrétion, les
représentations qu'ils veulent faire relativement à la loi",
c'est ça qui est écrit. Alors, il ne
faut pas charrier. Maintenant, je pense qu'il est important ici pour
tout le monde, parce que le problème des mécaniciens
d'ascenseurs, c'est quelque chose d'assez complexe...
Vu que, ce matin, on a dit qu'il faudrait avoir tout le cadre, on serait
mieux de l'avoir, tout le cadre. Dans le moment, au niveau des...
M. Dumoulin: M. le Président, je me suis fait couper la
parole tantôt et j'aimerais mentionner quelque chose. Avant qu'on sorte
des textes et qu'on parle simplement d'un paragraphe, je voudrais qu'on
soumette le texte ici et qu'on le regarde, parce que vous n'avez qu'une partie
du texte et ce n'est certainement pas ça qu'on voit dans tout le texte
du rapport du conciliateur ou du médiateur spécial, M.
Larouche.
M. L'Heureux: En tout cas, cela a été
adressé au ministre Couture et je ne pense pas que ce soit un document
secret.
M. Dumoulin: Non, il n'y a rien de secret là-dedans, mais
on ne charriera pas non plus.
M. L'Heureux: Dans le domaine des mécaniciens
d'ascenseurs, M. le Président, il existe au niveau des employeurs trois
groupements. D'abord, celui des manufacturiers qui regroupe cinq compagnies,
dont trois principales que j'ai mentionnées tout à l'heure,
ensuite celui de ceux qu'on appelle les "installeurs" et enfin celui des gens
regroupés dans la CSD, c'est-à-dire les gens employés par
la compagnie Labadie et la compagnie Drolet. Il existe trois groupes au niveau
des employeurs. Notre sous-comité était formé de membres
de ces trois groupes.
Les gens qui négociaient cet automne étaient uniquement
les gens du groupe des manufacturiers. A ce moment encore là, je
m'excuse de relever le rapport de la commission Cliche c'est assez
évident ce qu'on dit dans ce rapport à propos de la connivence
qui a pu exister entre certains employeurs et certains groupements syndicaux.
C'est ce qu'on voulait éviter. Alors, on a empêché
justement une minorité d'imposer sa loi à une majorité.
C'est ça qu'on a fait.
Maintenant, on nous dit que le document qu'on négociait aurait
servi de base à une entente.
Je vous soumets qu'une des compagnies qui était là
à ce moment-là, la compagnie Otis, était à notre
comité et c'est son document, sa présentation d'octobre dont on
s'est servi le 1er février, pour le remettre à la partie
syndicale. A la demande de la partie syndicale, c'était strictement le
"national agreement". Ce qui existait dans le décret auparavant, ce
n'était pas important pour cette compagnie.
Je dois encore vous souligner que les trois groupements d'employeurs ne
se comportent pas de la même façon. Les installeurs,
c'est-à-dire des compagnies qui ont poussé en 1973, ce qu'on
appelle les gens qui ne fabriquent pas mais qui oeuvrent dans le domaine de la
construction, à installer et aussi, à faire de l'entretien, ces
gens-là payaient des taux supérieurs aux taux du décret et
respectaient aussi toutes les clauses du "national agreement", qui était
quelque chose d'illégal, qui est maintenant reconnu comme
illégal; tout ce qui diffère de notre décret maintenant
est un minimum et un maximum. C'est cela, l'histoire de l'article 17.01.
Ces gens étaient dans l'illégalité depuis trois
ans. Un groupe, celui qui installait, payait les taux plus
élevés, les taux du "national agreement", qui étaient
fixés par Ottawa pour Québec et par Toronto pour Montréal,
payait ces taux et respectait toutes les autres clauses du "national
agreement", qui étaient illégales, sans que personne ne s'en
occupe. L'office ne s'en est pas occupé et personne ne s'en est
occupé.
Un deuxième groupe, celui des manufacturiers, ne respectait pas
les termes du "national agreement", mais payait les salaires et payait aussi,
jusqu'à un certain moment, les avantages sociaux qui étaient
supérieurs à ceux du décret.
Un troisième groupe, le groupe de la CSD, respectait
intégralement notre loi, c'est-à-dire qu'il payait les taux du
décret et respectait les termes du décret.
A ce moment-là, nous, à l'AECQ, on nous défiait
d'essayer de faire un certain consensus du monde patronal. C'est ce qu'on a
fait. Ces gens se sont tous ralliés à l'intérieur d'un
comité qu'on a formé à l'AECQ, et on a essayé de
mettre de l'ordre là-dedans. Il n'y avait aucun ordre, là-dedans.
A certains moments, le gouvernement avait même abandonné
l'émission de cartes à un représentant syndical. Il n'y
avait rien, c'était le bordel le plus complet.
On a essayé l'hiver dernier de faire une certaine unité
à travers le monde patronal et on a réussi. Il s'est fait une
unité. A ce moment-là, on s'est servi d'un document de base qui,
prétend-on maintenant, aurait pu servir d'entente mais
qu'éventuellement, n'a pas servi d'entente; on s'est servi de ce
document pour faire notre présentation. On a fait cette
présentation. On nous dit maintenant...
On peut la lire, la lettre d'entente, elle est assez explicite: "Les
parties conviennent dans les plus brefs délais on ne dit pas
après le décret, ceci était en octobre -d'examiner
la situation particulière des mécaniciens d'ascenseurs, en vue de
s'entendre sur les dispositions particulières applicables à ces
derniers. Ces dispositions seront incorporées à l'entente en vue
de leur extension par voie de décret. "Toutefois parce qu'on
prévoyait qu'on pouvait s'entendre sur une partie avant la publication
du décret s'il y a publication du décret dans la Gazette
officielle du Québec avant que les parties n'aient convenu, de
façon complète et finale de ces dispositions, cette publication
du décret devra comprendre les dispositions particulières
à ces salariés et ayant déjà fait l'objet d'une
entente reconue par le conseil et l'association."
Je vous soumets, M. le ministre, qu'à l'intérieur de ce
décret, il y a au moins sept ou huit clauses qui sont
particulières aux mécaniciens d'ascenseurs; que ce décret
a été signé par M. Lamontagne; que ce décret a
été initialé par M.
Dumoulin; qu'il comprend une foule de clauses, entre autres sur les
avantages sociaux. Il est mentionné là-dedans que les parties
s'entendent pour former un comité, pour étudier de rapatrier les
avantages sociaux à l'intérieur de notre système au
Québec, pour que ces gens puissent voter pour un autre syndicat,
à un moment donné, s'ils choisissent de le faire, parce que, dans
le moment, ils ne peuvent pas, ils perdent leur pension.
C'est tout cela qu'on a là-dedans. Cette lettre, on l'a
signée et on l'a signée de bonne foi. On était d'accord
qu'il fallait faire un certain ménage dans les taux. Il y avait des gens
qui payaient $9.69 et il y en avait d'autres qui payaient $11.82, en passant
par $10.05, ceux qui avaient été rabattus, comme la compagnie
Montgomery, par la loi anti-inflation.
Ce qu'on a essayé de faire, c'est de faire un ménage
là-dedans. C'est cela qui a conduit à la clause de Red Seal,
à 18.01, où on gelait les taux aux taux en vigueur au moment de
la publication du décret, afin d'essayer d'avoir une certaine
concordance des taux pour que les gens, à un certain moment, fassent le
même taux.
Ce qu'on nous reproche maintenant, ce n'est pas d'avoir
négocié. On a négocié, on les a rencontrés,
ces gens-là. Il y a un M. Peoples qui était mandaté, et
c'est avec lui qu'on a négocié. Ce qu'on nous reproche, c'est de
ne pas avoir accepté la convention nationale, c'est de ne pas avoir
accepté de négocier la préfabrication qui est maintenant
défendue à cause de l'étiquette syndicale dans notre loi,
c'est de ne pas avoir accepté de négocier le système
d'apprentissage qui, pour eux, est un système de compagnon, qui peut
être apprenti une journée ou aide une autre journée. Ce
sont des choses que c'est vrai qu'on a refusé de négocier, parce
qu'on a refusé de négocier la loi.
C'est cela qu'on nous reproche. Si c'est le cadre pour essayer d'obtenir
des concessions, si le ministre veut substituer la partie patronale, comme il
l'a fait dans sa lettre, pourquoi? On nous dit ici que les gens d'ascenseurs
sont des gens particuliers. Dans votre lettre, vous reconnaissez que ces gens
ont droit à un régime particulier. J'ai certains commentaires que
je me permets de vous soumettre.
Lorsque le ministre a demandé aux parties de modifier la
convention collective, corriger certains points légaux, l'AECQ a
demandé...
Lors de la signature de la convention collective, le conseil provincial
et l'AECQ ont accepté, dans une lettre d'entente, que les
négociations continuent dans le domaine des ascenseurs afin de ne pas
empêcher la conclusion d'une convention pour les autres
métiers.
Pendant ces négociations, l'Union internationale a
déclenché une grève légale qui a pris fin suite
à une lettre du ministre promettant le maintien des anciennes conditions
de travail et invitant cette même union à se faire entendre devant
la commission. C'est le ministre qui a dit cela, non pas la partie qui
négociait avec eux.
Dans sa lettre, le ministre dit ceci: "Je m'empresse d'ajouter que je
considère la situation très particulière des
mécaniciens d'ascenseur parmi les différents métiers de la
construction et qu'elle doit être réévaluée".
Qu'a-t-elle de si particulier la situation des mécaniciens
d'ascenseur? La situation de 200 mécaniciens d'ascenseur affiliés
à la CSD est-elle particulière, elle aussi? Est-ce la situation
de l'Union internationale des mécaniciens d'ascenseur qui est
particulière ou la situation des salariés? Il n'y a que 600
compagnons de mécaniciens d'ascenseur, au Québec, c'est vrai. Il
y a aussi 350 serruriers de bâtiment, 600 calorifugeurs, 900
mécaniciens de chantier et 11 000 électriciens et 40 000
journaliers.
Il n'y a qu'une trentaine d'employeurs dans le domaine des ascenseurs,
c'est vrai. Il y a aussi une trentaine d'employeurs calorifugeurs, une dizaine
d'employeurs en pilotis et une quinzaine d'employeurs en transport
d'énergie.
Il est important que les ascenseurs fonctionnent correctement, c'est
exact et cela donne un outil de chantage fort efficace. L'union internationale
rejette le système québécois des relations de travail et
veut appliquer le "national agreement" à ses membres du Québec.
C'est une particularité importante. Elle consiste à
désobéir aux lois du Québec sans être puni, à
ridiculiser notre système et tenter ainsi de s'en faire exclure.
Le résultat de l'application du "national agreement".
Les salariés du Québec sont régis par une
convention négociée en Ontario; Montai $0.10 de moins que
Toronto, Québec $0.10 de moins qu'Ottawa, etc.
L'union internationale utilise la violence pour arriver à ses
fins. C'est là une particularité explicitée par la
commission Cliche. C'est bien connu que le risque de violence peut rendre une
situation bien particulière dans le domaine des relations de
travail.
M. Dumoulin: M. le Président...
M. L'Heureux: Est-ce que je peux terminer?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez une...
M. Dumoulin: Oui, j'ai quelque chose, une question à
poser.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Oui.
M. Dumoulin: J'aimerais savoir si on va essayer de citer la
commission Cliche, parce qu'on est ici pour discuter des possibilités
d'amendement...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, je vous
interrompis.
M. Dumoulin: ...aux modifications au décret.
Le Président (M. Marcoux): Je pense que M. L'Heureux est
dans le sujet et que cela répond aux questions qui ont été
soulevées par le ministre.
M. Dumoulin: D'accord, M. le Président, on fera la
même chose à notre tour.
M. L'Heureux: Les mécaniciens d'ascenseur sont les plus
hauts salariés de la construction avec un salaire rapporté moyen,
en 1975, de $17 117. Le compagnon mécanicien d'ascenseur a effectivement
une situation particulière. Cela est extrait du rapport de l'office.
Il faut vous dire qu'à la fin de 1975, le salaire de $17 000
était basé sur un salaire horaire de $8.58. A la fin de 1978, il
sera de $12.17. La compétence technique du mécanicien d'ascenseur
est-elle particulière, vu qu'il est particulier?
Il faudrait le demander, entre autres, aux tuyauteurs d'instrumentation,
aux techniciens en réfrigération, aux électriciens
spécialisés en panneaux électriques industriels ou aux
mécaniciens de machinerie lourde.
Si le travail n'est pas fait sérieusement, il y a danger pour le
public. Parlez-en au boutefeu, à l'opérateur de grue à
tour ou à l'électricien.
Nous, M. le ministre, ne partageons pas votre idée. Ce
n'était pas notre intention de donner un statut particulier aux
mécaniciens d'ascenseur, on ne vous reconnaît pas aucun droit pour
promettre en notre nom aux mécaniciens d'ascenseur des ententes en
commission parlementaire, pas plus qu'aux autres métiers qui n'ont pas
obtenu ce qu'ils voulaient après une grève. Ce sont les points.
Je pense que c'est important qu'on connaisse le contexte et la situation des
mécaniciens d'ascenseur et on est ouvert à toute discussion.
On a envoyé une lettre, le 4 mai, à M. Couture. Elle n'est
pas tellement longue. Elle est très explicite, parce que le ministre
nous disait dans quelle condition les mécaniciens d'ascenseur
retournaient au travail. On a précisé ce qu'on disait à
nos employeurs, pour ne pas qu'il n'y ait d'ambiguïté. "M. le
ministre, nous avons reçu votre lettre du 20 avril 1977 et nous
désirons y apporter les commentaires suivants, quant aux conditions de
retour au travail dont il y est fait mention. "Nous avons d'ailleurs
rencontré, M. Réjean Larouche, le 21 avril dernier, afin de lui
préciser notre pensée sur le sujet. L'AECQ a recommandé
à ses membres: "Premièrement, que les taux horaires de salaires
payés aux salariés la journée précédant
soient maintenus, le tout conformément à l'esprit de l'article
1801 maintenant 1701 paragraphe 1, de la convention collective
signée le 22 décembre. "La compagnie Montgomery fait exception
à cette règle. L'AECQ leur recommande de maintenir les taux qui
étaient payés au 1er décembre; à cause du jeu de la
loi anti-inflation. "Deuxièmement, que la participation patronale au
Canadian Elevator Industry Welfare and Pension Plan soit maintenue par les
employeurs qui y participaient la journée précédant la
grève, le tout conformément à l'article 29.04 de cette
même convention collective. "Troisièmement, en ce qui a trait
à toutes les autres conditions de travail, les clauses du décret
étant obligatoires, les employeurs et les salariés devront s'y
conformer. Nous vous remercions des efforts déployés dans ce
dossier. Nous vous prions, monsieur, d'agréer l'expression de nos
sentiments."
Alors, c'est la position de l'AECQ, en autant qu'on est concerné.
La négociation a eu lieu.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce qu'on pourrait demander au président
de l'AECQ de déposer les deux lettres, celles du 20 avril et du 4 mai
pour que les membres de la commission puissent en prendre connaissance?
M. L'Heureux: C'est la seule qu'on a, mais on peut vous en faire
faire des photocopies.
M. Fontaine: On a un service ici qui peut en faire.
Une Voix: Le 4 mai et l'autre?
M. Fontaine: Le 20 avril.
Le Président (M. Marcoux): M. Dumoulin.
M. Dumoulin: Si j'ai bien compris M. L'Heureux de la partie
patronale, on s'entend sur une chose. Il n'y a vraiment pas eu d'entente au
niveau des mécaniciens d'ascenseur. Si j'ai bien compris ce qu'il a dit,
c'est ce qu'il a dit. Il n'y a vraiment pas eu d'entente à
l'intérieur de cela. On retrouve certaines clauses des
mécaniciens d'ascenseur, mais on ne s'est pas entendu sur ces fameuses
clauses. Lorsque j'ai mentionné tantôt qu'il y avait des
conditions inférieures aux conditions que les mécaniciens
d'ascenseur avaient avant la grève, on a omis de parler des vacances des
salariés, mécaniciens d'ascenseur qui, eux, ont 12% de vacances
au lieu de 10%. On les a baissé à 10%. Je comprends que sa lettre
peut peut-être mentionner les questions salariales ou les questions
d'avantages sociaux, mais les vacances, ils ont omis de les mentionner. En
somme, tout cela pour dire que ce qui a été dit du
côté patronal, je pense que cela réflète un peu ce
qu'on a dit, que définitivement, il n'y a pas eu d'entente. La
négociation qu'il y a eu à l'intérieur de ce
métier, n'a vraiment pas été réelle en fait de
négociation. On vous a mentionné tantôt qu'il y avait eu
une lettre d'entente, qu'il y avait eu une approche au niveau des employeurs
des mécaniciens d'ascenseur et qu'il semblait y avoir un
débouché favorable pour trouver une solution, mais qui a
été brisé là par un genre de dictature de
l'association patronale, les informant que c'est moi, "me, myself and I" qui
vais négocier et ôtez-vous. Le seul problème que vous avez,
c'est de payer. Vous paierez ce qu'on vous dira de payer. Je crois cela
complètement anormal d'avoir des situations comme celles-là,
surtout lorsqu'on retrouve les gens impliqués, intéressés
à discuter. Là, je ne veux pas commencer à relater les
positions qu'on peut avoir eues dans
une commission Cliche et de traiter les mécaniciens d'ascenseur
un peu de bandits camouflés, comme il a été
mentionné tantôt.
On va essayer d'être calmes à ce niveau, mais je tiens
à relater cela. On n'est pas ici pour discuter de la commission Cliche.
On a été convoqué pour discuter des modifications qui
peuvent être apportées au décret. Je comprends qu'il y a
peut-être une procédure parlementaire. J'ai posé une
question tantôt. Cela fait huit mois qu'on entend parler de cela. On
commence à connaître cela par coeur. Pas huit mois, un an et demi,
en tout cas, cela fait pas mal longtemps. Tout de même, pour vous dire
que définitivement, je pense qu'encore une fois, à ce niveau on
se comprend. Il n'y a vraiment pas eu d'entente. Les mécaniciens
d'ascenseurs, on les considère simplement comme faisant un métier
microscopique à l'intérieur des métiers de la
construction, mais qu'on mentionne 500 à 600 salariés, on
s'aperçoit, par contre, parce qu'il y a une grève à ce
niveau, que c'est quand même quelque chose d'extraordinaire. C'est
quelque chose à un moment donné, il y a vraiment des
problèmes à l'intérieur de certains édifices. Je
pense que cela mérite vraiment de le regarder, au lieu de le lancer du
revers de la main et de dire: C'est négocié, messieurs. Ce sont
les conditions que vous allez avoir. On peut le faire. On peut le dire. On peut
l'écrire. Ce n'est pas vrai, à un moment donné, que ces
gens vont accepter de ne pas pouvoir discuter et de trouver une solution. C'est
ce qu'on a cherché à faire. On a travaillé jour et nuit.
On a rencontré des gens à tout bout de champ. On a
été disponible en tout temps. On a eu des appels du
ministère, une rencontre ici et une rencontre là, on a
rencontré ces gens tout le temps, messieurs. On a expliqué le
problème à chaque fois. Je sais que ces gens ont fait des
rapports au ministre. Je pense que ces rapports, même si c'était
fait par différentes gens, c'étaient des rapports similaires tout
le temps.
C'est un problème très particulier, même si on
mentionne que, pour les mécaniciens d'ascenseur: je ne vois pas
grand-chose de particulier là-dedans. Je tiens à vous mentionner
que 85% de ces gens font de la maintenance. Vous devez sans doute le savoir.
Des édifices à étages, on n'en bâtit pas tous les
jours de ce temps-là. On n'a pas fusillé les mécaniciens
d'ascenseur, ils sont encore là. Vous en avez ici, à
l'hôtel Hilton. Vous en avez ailleurs. Ces gens font de la maintenance
85% du temps qu'ils travaillent. Donc, au départ, disons qu'il y a quand
même une sérieuse lacune au niveau des mécaniciens
d'ascenseurs par le biais de la loi sur les relations de travail dans
l'industrie de la construction. Ce sont des choses à regarder
très sérieusement et moi, je reste convaincu, et j'espère
que vous allez nous poser des questions pour vous éclairer, que les
mécaniciens d'ascenseur, c'est un cas extrêmement particulier, et
très particulier, messieurs. D'ailleurs, on l'a mentionné
tantôt, ils sont peut-être microscopiques, mais ils sont
peut-être assez efficaces, aussi. C'est un méchant
problème, et ce qui a été dit tantôt par notre
conseiller juridique, c'est qu'avant la venue du bill 290, les
mécaniciens d'ascenseur ne faisaient pas de grève. Depuis la
venue du bill 290, on est en grève depuis ce temps. Pour les
mécaniciens d'ascenseur, cela a duré plus longtemps à
certains moments, et dans tous les autres métiers, c'est une
grève par-dessus l'autre. On cherche la solution définitive. On
ne cherche pas l'affrontement, et on ne voudrait pas non plus que la partie
opposée, l'association patronale, fasse des provocations et que ce soit
un affrontement.
Messieurs, on est ici de bonne foi. On est ici pour trouver la solution
et essayer de régulariser ça pour qu'il y ait des conditions de
travail saines dans l'avenir dans l'industrie de la construction. Donc, il faut
se pencher sérieusement sur le cas des mécaniciens d'ascenseur.
C'est sûrement un problème particulier. Je le répète
souvent parce que c'est vrai, et vous êtes sans doute informés de
ça, à cause de tout ce qui s'est passé depuis nombre
d'années.
Me Décary aurait quelques mots à dire si vous n'avez pas
d'objection.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre avant.
M. L'Heureux: Seulement quelques mots. M. le Président, je
vais laisser la parole à M. Décary, mais, écoutez! Il y a
quatre petits points que M. Dumoulin a mentionnés dans son intervention
que j'aimerais soulever. Mais je vais rester simplement dans les limites de
cette discussion. Je vais laisser M. Décary répondre.
M. Décary: Brièvement, deux exemples. Il y a une
interdiction dans la loi, selon laquelle il ne peut y avoir de clauses dans la
convention collective concernant la manutention, l'installation de
matériaux. Autrement dit, tous les travailleurs de la construction
doivent poser tous les matériaux. Dans le cas des mécaniciens
d'ascenseur, cela implique qu'on va pouvoir bêtement incorporer à
un édifice toute une installation, toute faite, sans qu'ils puissent
rien dire. L'approche des mécaniciens d'ascenseur n'a pas
été de dire: On va négocier la manutention ou
l'installation, mais plutôt de dire: On va essayer de s'entendre sur les
effets causés par les changements technologiques. Est-ce qu'il y a moyen
d'avoir une clause qui va nous assurer, certains droits? Si, bêtement, on
se met, du jour au lendemain, à installer des élévateurs
préfabriqués, ça implique un grand nombre de mises
à pied; donc, ayez donc une clause dans la convention collective
concernant les changements technologiques. Là-dessus, je veux simplement
vous rappeler qu'au code fédéral, c'est un standard. On n'a pas
à le négocier. Il y a un minimum imposé par la loi dans le
cas de changements technologiques, dans la plupart des provinces canadiennes...
Je vois que le ministre du Travail veut, d'ailleurs, dans des conditions
minimales, incorporer certains changements. Sans doute y verra-t-on certains
articles concernant les effets des changements technologiques. Tout ce qu'on
voulait négocier, c'était ça. Cela a été
refusé.
Enfin, je ne veux pas abuser de votre temps. Je voulais simplement
souligner que j'aurais beaucoup d'exemples à donner. Je ne veux pas
abuser.
D'autre part, simplement une réplique. On parle beaucoup du
rapport Cliche et de ses effets dans l'industrie de la construction. Je
voudrais vous rappeler deux phénomènes. Le premier: la
dernière campagne de maraudage. Il n'y a pas eu un incident, pas un
assaut, pas une intimidation. Il n'y a eu aucun incident. Les gens sont
allés voter en paix. Deuxième remarque: Dans la dernière
grève qui a duré extrêmement longtemps, dans certains cas
jusqu'au mois de décembre, là encore, à ma connaissance
les journaux sont là pour vous fournir les renseignements
il y a eu très peu de cas, et les quelques cas, le plus grand nombre de
cas, ce sont des cas où les employeurs ont utilisé des...
Il y a eu très peu de cas donc de violence. Depuis le rapport
Cliche, je voudrais que vous soyez conscients que, sur des
phénomènes très particuliers de l'industrie de la
construction, il y a eu assainissement et qu'une fois pour toutes, on commence
à voir de façon positive ce qui se fait; quant aux autres
problèmes qui sont là, qui existent, qu'on essaie donc de trouver
des solutions plutôt que de faire l'autruche.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux.
M. L'Heureux: Je vais me limiter simplement à certains
points. M. Dumoulin a dit qu'à l'intérieur de la convention
collective, qui est maintenant le décret, il y avait des clauses
particulières aux ascenseurs sur lesquelles on ne s'était pas
entendu.
Encore là, je dois vous dire que la lettre d'entente a
été signée le ou vers le 15 octobre, que la convention
collective a été signée le ou vers le mois de
décembre, qu'à ce moment-là, M. Dumoulin a paraphé
chacune des clauses des mécaniciens d'ascenseur tandis que M.
Lamontagne, le président, les a signées. Alors, jusqu'où
peut-on charrier en disant: On ne savait pas ce qu'on faisait? Je ne le sais
pas.
Deuxième point. On dit que les mécaniciens d'ascenseur
avaient 12% et qu'on a oublié cela. On n'a pas oublié les 12%.
Les 12% étaient payés simplement en fonction de la convention qui
était illégale. Ils n'étaient pas payés aux gens de
la CSD, qui étaient des mécaniciens d'ascenseur. Ils ont eu 10%.
On ne les a pas oubliés, mais on a dit: 10%, c'est ce que tout le monde
a dans la province de Québec et cela sera 10%. Alors, on ne les a pas
oubliés. On le savait, mais c'était une convention qui
était illégale dans la province de Québec, comme je l'ai
expliqué tout à l'heure.
On a mentionné, encore là, que le comité patronal,
que l'AECQ s'est substituée au patron. Encore là, je dois dire
que c'est faux. Notre comité patronal regroupait non seulement tous les
employeurs qui emploient les gens de l'union internationale, mais aussi les
deux employeurs qui emploient les gens de la CSD. C'est pas mal plus que ce
qu'on avait vis-à-vis de nous.
On a parlé aussi naturellement de la préfabrication.
Monsieur a mentionné que, dans la préfabrication, en fait, ce
n'était pas une clause, on a parlé simplement de changements
technologiques. C'était cela leur demande. J'ai ici la demande de la
partie syndicale et, d'ailleurs, cela se retrouve à l'intérieur
du rapport du conciliateur. D'abord, c'est tout écrit en anglais. Vous
avez "Work Jurisdiction". Ce ne sont pas des changements technologiques. Vous
avez une description de tous les trous qui sont faits dans toutes les "plates".
Vous avez aussi le "System modular and Industrial structures". Vous avez encore
cela. Ce ne sont pas des changements technologiques. On y dit que s'il faut
poser un boulon dans une "plate", même si on n'en avait pas besoin, ces
gens ont le droit de le poser. C'est ce qui est écrit là-dedans.
Encore là, on peut vous soumettre cela, mais il faut parler anglais pour
le savoir.
M. Dumoulin: On va vous le traduire en français.
Une Voix: Ne nous insultez pas.
M. L'Heureux: On peut se comprendre, mais je voulais être
bien certain...
Le Président (M. Marcoux): On peut citer tout le texte en
anglais. Vous pouvez parler en anglais également.
M. L'Heureux: M. Décary a mentionné en dernier lieu
qu'il faut reconnaître et, d'ailleurs il l'a souligné, et je pense
qu'on est d'accord, que la période de maraudage a été
paisible, toutes proportions gardées, à comparer à ce qui
existait auparavant et que, l'an dernier, il y a eu une grève paisible.
Maintenant, pour quelle raison était-ce paisible? Je ne le sais pas,
mais je dois reconnaître avec lui que c'est vrai, que la grève,
l'an dernier, a été paisible, a été
civilisée, et qu'on s'en est tenu à des moyens de pression
reconnus à l'intérieur de la loi. Alors, comme vous le voyez,
quand on a à rendre à César ce qui lui est dû, on le
lui rend, mais pour les autres...
Cela termine mes interventions.
Le Président (M. Marcoux): Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Couture: Je suis très heureux d'entendre ces
dernières paroles. Cela augure bien pour l'esprit qui doit nous animer.
Je rappellerais simplement que nous ne négocions pas ce soir, ni
aujourd'hui, ni demain, ni après-demain, si on se rend jusqu'à
après-demain. Nous entendons les parties et, en écoutant depuis
un certain temps les parties sur le problème des mécaniciens
d'ascenseurs, le moins qu'on puisse dire est qu'il y a effectivement des
problèmes et que c'est la responsabilité du ministre d'en tenir
compte, d'autant plus qu'il y a eu une grève qui manifestait clairement
une insatisfaction profonde. Il y a eu présence d'un médiateur
qui a produit une série de
recommandations. Comme l'expiration du délai, parce qu'il y a eu
promulgation du décret, l'extension de la convention collective a,
à toutes fins pratiques, mis fin à ce rapport de force, je pense
que c'est notre responsabilité.
C'est la promesse que j'avais faite aux mécaniciens d'ascenseur
d'entendre leurs représentations pour éclairer le ministre, pour
voir si, oui ou non, les problèmes qu'ils soulèvent sont
réels et, selon le pouvoir qui est accordé au ministre en vertu
de l'intérêt public, si vraiment le ministre doit prendre telle ou
telle orientation. Simplement, ce que je voudrais quand même signaler,
c'est qu'on s'aperçoit dans ce problème complexe parce
qu'il est complexe des mécaniciens d'ascenseur, qu'il y a des
choses qui reviennent souvent, c'est le principe des droits acquis et cette
situation dite particulière. J'admets très bien avec M. L'Heureux
qu'à ce point de vue là on pourrait peut-être identifier
plusieurs situations particulières dans le secteur de la construction,
mais le fait d'identifier un secteur en particulier ne préjuge pas du
jugement qu'on pourrait avoir sur les autres secteurs, sauf que la force des
récriminations ou l'accumulation des représentations pour tel ou
tel problème nous indiquent au moins que c'est plus particulier
qu'ailleurs. Je pense qu'il ne faut pas être figé dans le
passé. Je dois dire que je n'accepte pas qu'on puisse toujours revenir
au passé pour faire des procès d'intention. Je crois que, dans
notre société actuelle, dans notre système des relations
de travail, ce qu'on doit souhaiter avant tout, c'est que l'analyse d'une
situation doit jusqu'à preuve du contraire préjuger en faveur de
la bonne foi des parties. A ce point de vue-là, je ne retiens pas les
procès d'intention du passé.
Ceci dit, je veux signaler aux membres de la commission que nous ne
sommes pas ici pour négocier, mais pour entendre les parties. Si
certains membres ont besoin d'éclaircissements sur le problème
des mécaniciens d'ascenseur, c'est le lieu de le faire, et c'est
simplement dans le but de mieux comprendre leurs problèmes. Il restera
quand même au ministre, au gouvernement, d'apprécier la
justification de telle ou telle demande.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, dans la thèse
développée par M. Dumoulin, par rapport à celle... Si j'ai
bien compris les débats, M. L'Heureux a essayé de situer le cadre
dans lequel s'est déroulée la négociation. M. Dumoulin
soulève d'autre part des problèmes spécifiques qu'a eus le
groupe des mécaniciens d'ascenseur et les points de divergence qu'il a
par rapport au secteur de la construction. La question que je voudrais lui
poser est: Est-ce que ce n'est pas plutôt au niveau de l'amendement
à la Loi régissant les conditions de travail dans l'industrie de
la construction que l'on pourrait éventuellement régler les
problèmes des mécaniciens d'ascenseur, tout comme, par exemple,
les monteurs de ligne, qui se sentent plus ou moins heureux à
l'intérieur d'un décret, qui sont sous contrat avec
l'Hydro-Québec, et qui sont malheureux quand ils arrivent dans le
décret? Je vous pose la question bien clairement, parce que votre
argumentation a porté sur des spécificités et ils semblent
extrêmement malheureux à l'intérieur de cette structure. Il
y a toute la question de "Armour Agreement" que vous soulevez, bien sûr,
qu'on a appelée "national agreement" qui représente, je pense, $1
ou $1.10 de différence. C'est peut-être moins que cela
présentement.
M. L'Heureux: Ce n'est pas seulement le salaire, ce sont toutes
les conditions qui sont différentes.
M. Chevrette: Je sais, mais je ne veux pas aller dans le
détail de la question. Je voudrais entendre M. Dumoulin. Votre
argumentation m'a porté à penser que c'était une question
législative plutôt qu'une question de décret. Cela s'est
peut-être transposé au niveau des négociations, parce
qu'ils n'ont pas pu être à une table centrale comme les autres
corps de métier et ils ont écopé de cette anomalie, mais
est-ce que ce n'est pas plutôt au niveau de la législation qu'on
pourrait régler éventuellement cela?
M. Dumoulin: M. le Président, à ce niveau, on peut
répondre certainement que le conseil provincial n'a aucune espèce
d'objection à ce que je vais le dire très clairement
les mécaniciens d'ascenseur ou que les monteurs de ligne,
à un moment donné, soient exclus de la Loi sur les relations de
travail dans l'industrie de la construction.
On n'a aucune objection. Lorsque vous parlez du "Armour Agreement" ou
des conditions de travail, c'est vrai qu'il devrait y avoir de plus amples
explications ou des débats peut-être plus longs, mais,
certainement, au niveau des avantages sociaux des mécaniciens
d'ascenseur, advenant le fait qu'on intégrerait demain matin, les gens
à l'intérieur de ce qu'on retrouve dans le décret, on se
trouverait à pénaliser un plan d'avantages sociaux au niveau
national qui tomberait sur le dos. Ces gars perdraient ce à quoi ils ont
contribué depuis nombre d'années. Ce que vous mentionnez, c'est
vrai qu'à un moment donné c'est à l'intérieur de la
législation, et on peut se dire d'accord, le conseil provincial,
à savoir que ces gens ne soient pas régis par la Loi sur les
relations de travail dans l'industrie de la construction. Ce serait
peut-être la seule solution vraiment valable pour retrouver la
possibilité de régler leur problème qui dure depuis nombre
d'années.
M. Chevrette: Monsieur, pourrais-je aussi connaître
l'opinion de la partie patronale?
M. L'Heureux: M. Couture a fait une intervention au niveau des
droits acquis en ce sens qu'on ferait perdre des droits acquis. Il ne faut pas
charrier. Ce sont des droits qui ont été acquis en vertu d'une
convention que vous appelez le "Armour Agreement", et nous le "National
Agreement", qui était une convention illégale dans la province de
Québec. Si ce sont là des droits acquis, on est pris
avec un paquet de "National Agreements" pour beaucoup d'autres secteurs.
Si on veut rentrer là-dedans, on peut ouvrir la canne de verre.
M. Dumoulin: M. le Président, au niveau de
l'illégalité des conditions payées, avant ce
n'était pas illégal.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse. Vous avez tout le loisir d'intervenir, mais la parole
est à M. L'Heureux.
M. Dumoulin: Non, mais ce n'était pas illégal.
Le Président (M. Marcoux): Vous rectifierez une fois que
l'intervention sera faite. Vous nuancerez, vous commenterez.
M. Dumoulin: M. le Président...
M. L'Heureux: Un instant, M. le Président. On a une Loi
sur les relations de travail dans l'industrie de la construction, le bill 290,
qui prévoit que toutes les conditions pour tous les salariés
travaillant dans le secteur de la construction et, au niveau des ascenseurs, la
maintenance et l'installation, comme dans le domaine de la construction,
doivent être régies par un décret unique qui s'applique
à tous les employeurs et à tous les salariés. C'est cela
le bill 290. Qu'on ne vienne pas nous charrier en disant que l'autre entente
n'était pas illégale. On l'a ici à l'article 13 du bill
290.
A la question spécifique que M. Chevrette nous a posée, si
on veut regarder tout le bill 290, le but du bill 290, c'était de
regrouper à l'intérieur d'une unité tout ce qui est
construction dans la province de Québec pour éviter certains
problèmes. Contre cela on a donné une syndicalisation massive
à deux syndicats, et maintenant à trois syndicats. C'était
cela. Si on veut maintenant commencer à remorceler les unités
à l'intérieur du bill 290, comme d'habitude on va suivre les
lois, mais on ne pense pas que ce soit une solution.
M. Chevrette: Me permettez-vous une petite question et je vais
vous...
M. L'Heureux: Oui, mais la question que vous m'avez posée,
c'est si les employeurs des mécaniciens d'ascenseur seraient
d'accord...
M. Chevrette: Ce que vous faites, c'est que vous
considérez que c'est vraiment un groupe particulier c'est cela
qui était ma question parce que j'avais compris dans la
discussion que M. Dumoulin avait faite, qu'il considérait que
c'était un groupe tellement particulier que, par ricochet, cela n'a pas
été discuté tout au cours des négociations
régulières. Vous en avez fait une négociation
postérieure au groupe régulier. Il doit y avoir des motifs pour
que ce ne soit pas négocié en même temps. Je n'ai pas
encore réussi à le savoir. Deuxièmement, tant qu'à
y être je vais vous poser une autre question. Cela vous fera un seul
jet.
M. L'Heureux: Oui, oui, mais je n'ai pas de mémoire.
M. Chevrette: Pardon?
M. L'Heureux: J'ai la mémoire difficile, mais allez-y.
M. Dumoulin: On est au courant de ça. M. Chevrette:
Chicanez-vous pas!
M. L'Heureux: C'est quoi, la deuxième question?
M. Chevrette: Le deuxième aspect, c'est quand vous dites
que le "Armour Agreement" était illégal, il l'ont depuis juin
1975, si ma mémoire est fidèle, en ce qui regarde les taux qui
deviennent un minimum et un maximum. Je voudrais savoir si, depuis 1975, selon
ce que vous savez parce que je n'ai pas les chiffres devant moi, les taux
négociés dans le décret depuis ce temps avaient au moins
rejoint les montants de l'"Armour Agreement".
M. L'Heureux: Non, ils vont les rejoindre à ia fin
naturellement mais il y a une nouvelle convention qui arrive dans le "Armour
Agreement", parce que je pense qu'il est expiré dans le moment.
Là-dessus, je ne peux vous répondre.
Pourriez-vous me répétez votre première question?
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je ne l'ai pas écrite.
M. Chevrette: Ma première question, c'est: Pourriez-vous
me dire pourquoi la négociation n'a pas été
simultanée avec tous les autres groupes. Si vous considérez
vraiment que c'est un groupe particulier, est-ce qu'éventuellement
je ne demande pas qu'il soit exclu de la loi 290 pour le moment
il ne pourrait pas faire l'objet d'une loi particulière plutôt que
de l'intégrer? C'est difficile à suivre, la conversation de
cela.
M. L'Heureux: La raison pour laquelle cela n'a pas
été négocié dans ce temps, c'est probablement la
faute de la partie patronale. Comme je l'ai dit tout à l'heure, pour
essayer de saisir tout le contexte patronal dans le domaine des ascenseurs,
c'était assez compliqué. A ce moment-là, on a
été dans une période intense de négociations et de
confrontations, si vous vous en souvenez. On voulait exactement saisir
l'ampleur du problème, savoir où le consensus pouvait se faire et
à quelle date il pourrait y avoir une concordance. C'est la raison pour
laquelle la partie syndicale nous a demandé des rencontres. Il y a eu
des rencontres, effectivement, en juillet et en août, mais pas au point
où on a pu réellement, de notre côté, être en
possession de toutes les données du problème.
La raison principale, je pense que c'est un délai patronal qui
fait que cela n'a pas été réglé à ce
moment-là. Moi-même, je me suis impliqué dans le dossier
cet hiver avec un conseiller spécial. Votre autre question, d'ordre plus
général, mais qui est, je pense, très importante, c'est:
Est-ce un groupe particulier au point qu'il devrait être exclu du
décret? On vous a dit tout à l'heure que, d'après nous, il
n'y avait rien de particulier. Chaque métier
a quelque chose de particulier. Les "milwrights", qui sont les
mécaniciens qui installent la machinerie dans des usines de production,
ont quelque chose de particulier que les autres n'ont pas. Les plombiers, qui
font de l'instrumentation et qui font de l'entretien dans les raffineries
d'huile, ont quelque chose de spécial que les autres n'ont pas. A ce
niveau, chaque métier a quelque chose de spécial. D'après
moi, les mécaniciens d'ascenseur n'ont rien de spécial qu'on ne
retrouve pas dans d'autres métiers. Si c'est le souhait du gouvernement
de revenir sur tout ce qui était l'intention de la loi 290, qui a
été adoptée en 1968, il n'y a pas grand-chose qu'on peut
vous dire, sauf qu'on pense que ce n'est pas la solution.
Dans le moment, on a justement passé à travers une
série de problèmes pour en arriver où on est maintenant
avec deux parties en présence qui négocient un contrat de trois
ans pour tous les métiers, pour tous les employeurs. On n'a pas de
grèves ou de lock-outs qui peuvent se superposer dans différents
métiers, comme il y en a ailleurs. Contre cela, on a donné
et on est les seuls en Amérique du Nord une syndicalisation par
loi. On est la seule place, et c'est dans la loi, où un employé
dans la construction doit être syndiqué.
On a donné cela. Il ne faudrait pas retourner en arrière
et créer les problèmes qu'on avait auparavant, maintenant qu'il
n'y a plus d'autre choix pour un employé que celui d'être
syndiqué. C'est ce qu'on lui a donné. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. Chevrette: La lettre d'entente qui figure à la
dernière page du décret, à quelle date a-t-elle
été signée précisément?
M. L'heureux: Pardon?
M. Chevrette: A quelle date cette lettre d'entente a-t-elle
été signée?
M. L'Heureux: Le 17 octobre.
M. Dumoulin: Dans la période du 15 au 19 octobre.
M. L'Heureux: II y a un autre point qui a été
soulevé, le fonds de retraite. On a dit que, dans le cas du fonds de
retraite, si naturellement ces gens étaient intégrés tout
d'un coup, il y aurait un problème; ils perdraient leur fonds de
retraite. C'est faux. On a ici l'article 28.04; il n'a pas été
inventé, cet article. "L'application des dispositions de la
présente section sur les avantages sociaux est suspendue
dans le cas d'un mécanicien d'ascenseur assujetti au Canadian Elevator
Industry Welfare Plan and Canadian Elevator Industry Pension Plan, le fonds de
retraite et le fonds des avantages sociaux. Toutefois, dans les six mois qui
suivent la publication du décret, le conseil et l'association
d'employeurs s'engagent et cela a été signé par les
deux parties à former un comité et à étudier
avec l'office les moyens pour intégrer au régime d'avantages so-
ciaux de l'industrie de la construction, les mécaniciens d'ascenseur
assujettis à ces deux plans".
On n'a pas écarté cela du revers de la main. On a dit: On
va former un comité et on va étudier. Dans le moment, on a une
situation où vous avez une période de maraudage, prévue
par la loi, où tout salarié peut signer pour un syndicat ou
l'autre, six mois avant l'expiration d'une convention collective, sauf que,
dans le cas d'un mécanicien d'ascenseur, s'il signe pour le mauvais
syndicat, il perd son fonds de retraite. Est-ce que c'est cela, la
liberté? On dit: Nous, il y a quelque chose qui n'est pas correct dans
ce métier qui n'existe pas pour d'autres métiers. Dans d'autres
métiers, ils peuvent changer de syndicat et leurs avantages sociaux
continuent. D'un autre côté, on réalisait qu'on pouvait
faire perdre des avantages acquis. C'est pour cela qu'on a formé un
comité pour étudier cela. Il ne faut pas faire de la
démagogie. Ces choses ont été prévues, sont
incluses à l'intérieur de cela, ont été
signées par les deux parties. Maintenant, on dit: Ecoutez, il n'y a rien
eu de fait là-dedans; les mécaniciens d'ascenseur ont
été oubliés durant la parade. Ce n'est pas vrai. Il y a
plus de clauses particulières pour les mécaniciens d'ascenseur
là-dedans qu'il n'y en a pour n'importe quel autre métier.
M. Chevrette: J'aurais le goût de continuer.
Le Président (M. Marcoux): Rien ne vous interdit de
satisfaire votre goût.
M. Décary: Sur l'article...
M. Chevrette: Non, juste une minute M. Décary.
M. L'Heureux, en vertu de la nouvelle loi créant l'AECQ, les
entrepreneurs sont-ils obligés de faire partie de l'AECQ?
M. L'heureux: Ecoutez, c'est vous qui l'avez faite la loi,
l'arrêté en conseil...
M. Chevrette: Non, ce n'est pas moi qui l'ai faite, je m'excuse,
je suis là depuis le 15 novembre.
M. L'Heureux: Quand je dis vous, je dis le gouvernement, alors
j'imagine que vous représentez le gouvernement ici, le gouvernement ne
change pas à tous les quatre ans, le gouvernement demeure.
M. Chevrette: II peut changer de politique
M. L'heureux: Alors, je veux dire que c'est le gouvernement, par
un arrêté en conseil, au mois de janvier de l'an dernier, qui a
créé l'AECQ.
M. Chevrette: Non, la question est précise,
êtes-vous obligés...
M. L'Heureux: La question est que tous les employeurs de
l'industrie de la construction doi-
vent être membres de l'association unique, comme le recommandait
votre commission.
M. Chevrette: Je voulais mettre en relief...
M. L'Heureux: C'est cela qui faisait le pendant, que tous les
salariés doivent aussi être membres de la partie syndicale.
M. Chevrette: C'est ce que je voulais vous faire souligner, mon
cher monsieur, puisque vous aviez souligné, avant, que le syndicalisme
était obligatoire; il l'était aussi chez les employeurs. Je
voulais vous le faire souligner.
Deuxième question que je voudrais vous poser. Quand vous avez
formé vos équipes de négociation, autant du
côté patronal que du côté syndical, je suppose, les
représentants des mécaniciens d'ascenseur, les compagnies
vous avez dit une quinzaine ou une trentaine faisaient-ils partie de la
table de négociation? Vous avez dit, tantôt, que vous les aviez
réunis. Par contre, M. Dumoulin a affirmé, lui, qu'il y avait une
négociation qui se faisait entre les employeurs et le local.
Légalement, je conçois que vous êtes l'agent
négociateur du monde patronal, en vertu de la loi vous créant,
mais, à ce moment-là, pourriez-vous nous donner votre point de
vue de ce qui a été avancé?
M. L'Heureux: Oui, la partie syndicale a mentionné, tout
à l'heure, qu'elle avait entrepris des négociations. On a le
télégramme qu'on a envoyé, ici. Cela a été
envoyé à trois compagnies, à Otis Elevator, Dover-Turnbull
et Westinghouse. Ce sont les trois compagnies qui négocient à ce
moment-là. Les employeurs sont au nombre d'une trentaine, y incluant le
groupe Labadie-Drolet. Tous ces gens ont été convoqués
régulièrement. A l'intérieur de cela, il s'est
formé un sous-comité, c'est-à-dire, un employeur qui
représentait le groupe des manufacturiers, parce qu'ils ont aussi un
groupement particulier, un employeur qui représentait le groupe de ce
qu'on appelle des installateurs, et un troisième employeur, M. Labadie,
qui représentait le groupe Labadie-Drolet. Ces trois personnes, avec
leur conseiller juridique, Me Rochon, nous ont accompagnés à
chacune de nos séances avec le conciliateur, à chacune de nos
séances avec la partie syndicale et ont préparé le
document du 2 février avec nous autres.
Alors, c'est le genre de consultation que l'on a fait, que l'on a pu
faire cet hiver, mais qu'on n'aurait pas pu faire l'automne dernier parce que,
justement, on était coincé et on avait de la difficulté
à saisir qui représentait qui. Alors, ce sont les gens qui
étaient là et ce sont les gens qui nous disent qu'ils ne veulent
pas, eux, être exclus du décret. Les employeurs doivent avoir
quelque chose à dire là-dedans, eux aussi. Ils nous disent qu'ils
ne veulent pas être exclus du décretles employeurs, les
trente.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: J'aimerais essayer de clarifier, pour les non-experts
de l'ascenseur, le sens qu'il faut donner à la notion de droits acquis
et à la façon dont ces droits acquis sont affectés. Ce que
j'ai pu comprendre, et je vais le poser sous forme de question, pour qu'on me
dise si j'ai raison de croire cela ou pas, c'est que, du côté de
la rémunération, du côté salarial, il y a un
problème des droits acquis qui a été créé
par le fait que le décret prévoit des taux, pour un temps du
moins, inférieurs à la convention américaine ou je ne sais
quoi, et que pour résoudre le problème des droits acquis, dans ce
cas-là on emploie la technique du "red circle", qui est une technique
assez largement utilisée dans des cas d'intégration, passage d'un
régime à un autre. Cela, comme tel, est-il jugé
dérogatoire au maintien des droits acquis? Il ne semble pas, du moins
les gens s'en tiennent au même niveau et finalement ils embarquent sur
une autre échelle dès le moment où cela se rejoint.
Je comprends que les gens pourraient vouloir maintenir un régime
de croisière supérieur, mais cela n'est pas vraiment une question
de droits acquis, c'est vraiment une question de savoir s'ils doivent
s'intégrer ou pas, parce que cela maintient, il me semble du moins,
selon une certaine définition, les droits acquis.
J'aimerais avoir des éclaircissements là-dessus. Si,
effectivement, c'est le mécanisme qui est envisagé, est-ce qu'il
y a d'autres dimensions de l'entente ou du décret qui impliquent une
perte de droits acquis? La seule qui a été mentionnée,
mais je voudrais qu'on me fournisse des exemples d'autres cas, s'il y en a,
c'est la question des bénéfices marginaux des vacances a 12%
contre 10% où il y a une perte, c'est-à-dire une diminution de
ces bénéfices marginaux. C'est une perte qui n'est pas
récupérée et qui n'est pas récupérable dans
le cadre du décret. Est-ce qu'il y a autre chose?
M. Dumoulin: On va répondre en partie sur les droits
acquis qu'on mentionnait tantôt. Il y a les mécaniciens
d'ascenseur de la région métropolitaine de Montréal et les
mécaniciens d'ascenseur de la région de Québec. Ceux de
Montréal obtenaient toujours $0.10 l'heure de moins que les salaires
payés à Toronto. Ceux de Québec avaient $0.10 de moins que
les gens d'Ottawa. C'est le genre de droits acquis sur la base salariale, les
salaires. Lorsque j'ai parlé d'avantages sociaux, on a mentionné
le fonds de pension, tantôt. Je n'ai pas parlé du fonds de
pension, j'ai parlé des avantages sociaux qui incluent le fonds de
pension.
Il y a des bénéfices à l'intérieur des
avantages sociaux qui donnent aux mécaniciens d'ascenseur un paquet de
conditions supérieures à ce qu'on trouve aux avantages sociaux
à l'intérieur du décret. Entre autres, disons que les
verres sont fournis, la dentition et toutes ces choses. Je ne peux pas vous
élaborer tout ce qui en est là-dedans, mais ce sont des choses
semblables. C'est payé à même les contributions qu'ils font
au niveau horaire, à toutes les semaines. Vous avez l'apprentissage, qui
est un des droits acquis à l'intérieur de
cela. C'est ce qui fait que le métier de mécanicien
d'ascenseur est si particulier. Vous avez un mécanicien d'ascenseur
déteneur d'une carte de mécanicien d'ascenseur et ce même
individu, lorsqu'il y a un manque de travail au niveau des mécaniciens
d'ascenseur, peut descendre comme "helper", aide, avec le salaire de l'aide et
pas le salaire du mécanicien d'ascenseur. Le régime
d'apprentissage est complètement différent à
l'intérieur de ce métier. C'est dû au fait de la situation
particulière du métier.
Les mécaniciens d'ascenseur, vous en avez besoin d'un montant X,
à l'intérieur de la province de Québec, et vous
n'êtes pas pour en former régulièrement et bâtir des
chômeurs. Lorsque vous avez un surplus d'ouvrage, vous avez des gens qui
s'intègrent à l'intérieur de cela. Lorsqu'il y a une
diminution de travail, les mécaniciens d'ascenseur, au lieu d'être
mis à pied et de faire travailler des nouveaux qui entrent avec un
carnet d'apprentissage pendant que le gars de quinze ans d'expérience
reste chez-lui, eh bien, le gars de quinze ans descend comme aide avec une
diminution de salaire qu'il accepte. Ce sont les règles du jeu qu'ils se
sont bâties eux-mêmes.
Au moment où on se parle, on a des gens qui, avec quinze ans
d'expérience, sont assis chez eux, ils n'ont pas d'ouvrage, pendant
qu'on a des gars d'un an et demi avec un carnet d'apprenti qui travaillent
à leur place. Ce sont les genres de problèmes auxquels on a
à faire face chez les mécaniciens d'ascenseur. On peut parler
plus longtemps à ce niveau. Je ne suis pas mécanicien d'ascenseur
moi-même et, si on a l'intention d'en discuter plus largement, on va
faire venir les gens et on va vous fournir toutes les explications
nécessaires. Je peux vous donner les explications que je connais, mais
chez nous, lorsqu'on, parle d'un métier, ce sont les gens du
métier qui le représentent. C'est ce qui fait
l'efficacité, à mon sens, des discussions qu'il peut y avoir. Si
vous parlez au niveau des charpentiers menuisiers, vous parlez au niveau des
plombiers et des électriciens, en face des électriciens et des
charpentiers menuisiers, on parle le même langage.
Je vous donne seulement un petit exemple des négociations en 1970
concernant les mécaniciens d'ascenseur. On avait à faire face
à six associations patronales dans le temps. On avait le droit de veto.
Six associations patronales et deux associations syndicales. Il y avait une
clause des mécaniciens d'ascenseur sur laquelle ils s'étaient
entendus entre eux. Il y avait une association patronale qui s'était
opposée. Savez-vous laquelle? L'Association des constructeurs de routes
et grands travaux du Québec. Je n'ai pas vu tellement d'ascenseurs sur
les viaducs! Voyez-vous où le problème se situe? J'essaie de vous
sensibiliser, c'est que cela prend des gens du milieu, des deux
côtés, pour s'entendre. Sans cela, on ne s'entendra jamais. J'ai
monté moi-même, dans la matinée, dans la salle des
ascenseurs à l'hôtel Hilton.
Cela vaudrait quasiment la peine que vous alliez voir cela. A un moment
donné, on trouve cela très facile cette affaire. Savez-vous ce
que j'ai dit au représentant? Prends des photos on va leur apporter
cela, on va leur montrer ce que c'est cette affaire. C'est vraiment quelque
chose de technique et c'est vraiment quelque chose de particulier. J'ai pris la
peine d'aller le voir, toujours. Comme je vous le dis, je ne suis pas un
mécanicien d'ascenseur, donc je suis assez mal placé pour
défendre les intérêts totaux des mécaniciens
d'ascenseur. Si on veut parler sur le sujet plus longtemps, on serait d'accord
pour faire venir les gens et ils vont tout vous expliquer. Ils vont l'expliquer
de A à Z. Quand vous parlez de droits acquis, je viens de vous en
mentionner deux, trois, mais ils vont vous en détailler beaucoup
plus.
Vous avez la préfabrication qui a un droit acquis établi
au niveau national. Ce n'est pas d'un contrat américain dont on parle,
mais national, Vancouver, Halifax, Canada. C'est cela le contrat qui
s'applique. Ce qui s'est produit depuis les quelques années où
nous avons fait face à des difficultés, c'est qu'il y a eu de la
concurrence malhonnête au niveau des employeurs avec l'arrivée
d'employeurs, à un moment donné, qui ne donnaient pas les
mêmes conditions de travail. Quand on dit que c'étaient des
conditions illégales, je tiens à vous dire que le
décretje ne parle pas de celui-là pour le moment, je parle
de l'autre décret prévoyait des taux de salaire à
un palier supérieur. C'était payé et il n'y avait rien
d'illégal là-dedans, absolument rien d'illégal. Il y a des
jugements rendus puis on peut les déposer.
Aujourd'hui, on est ici pour essayer de résoudre le
problème. On ne parle par de ce qui existe aujourd'hui, mais on parlait
du passé, tantôt. Il n'y avait rien d'illégal
là-dedans. Les salaires qui étaient payés c'était
$1.50, $2 l'heure de plus. On a le même problème avec d'autres
gens, d'autres métiers dans la région de Hull-Ottawa. On aura
l'occasion de vous en parler plus tard. On a le même problème'. Ce
n'est pas vrai, vous êtes assis ici, que demain matin vous allez avoir
une diminution de salaire de 20% à 25% du jour au lendemain. C'est
inacceptable, personne ne peut accepter une chose semblable. Je ne peux pas
vous en dire plus long concernant les fameux droits acquis, mais si vous voulez
plus d'éclaircissement, on veut que vous entendiez les gens si vous
n'êtes pas assez éclairés là-dessus.
Lorsqu'on disait tantôt que ce n'est pas plus particulier que la
maintenance sur les installations d'huile. Je tiendrais à aviser M.
L'Heureux qu'il aille s'informer un peu, parce que la maintenance sur les
installations d'huile, c'est accrédité en dehors du décret
de la construction et c'est négocié. D'ailleurs, celui qui a eu
l'honneur de négocier le premier contrat, c'est moi. C'est en 1970, si
je ne me trompe pas. La maintenance, c'est la maintenance. La construction,
c'est la construction. D'ailleurs, je l'ai mentionné ce matin, on parle
d'avoir des rencontres au niveau du projet de loi no 68, justement pour
l'établir, cette affaire, une fois pour toutes, l'éclaircir comme
il faut. C'est pour vous répéter que les mécaniciens
d'ascenseur, 85% à 90% de leur travail c'est de la maintenance. Donc
c'est pour cela que nous, lorsque la
question m'a été posée par M. Chevrette, on a
répondu oui immédiatement, puis on est d'accord sur cela. Parce
qu'on croit qu'il n'y aurait pas d'autres solutions au niveau des
mécaniciens d'ascenseur que de les sortir de la loi sur les relations de
travail. Advenant le cas qu'une chose semblable arriverait, ils vont pouvoir
s'asseoir avec leurs employeurs, résoudre leurs problèmes et je
crois que cela va se faire très rapidement.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: L'explication a été assez
complète sur la question des droits acquis; enfin cela me permet de
visualiser un peu plus clairement. Je me demande si quelqu'un pourrait nous
expliquer en quoi les modifications sont pertinentes à la discussion qui
s'est déroulée, jusqu'à maintenant, parce que le langage
est un peu obscur et il me semble qu'on bénéficierait du
moins votre humble serviteur de comprendre un peu mieux en quoi cette
modification vient modifier de façon substantielle les dispositions du
décret.
Le Président (M. Marcoux): On va essayer d'avoir une
réponse à la question du député de Saint-Laurent
d'abord.
M. Couture: La modification qu'on propose ne règle pas du
tout le problème des mécaniciens d'ascenseur, sauf que, comme
l'article en fait mention, je crois que c'est pour nous l'endroit
souhaité pour entendre effectivement les parties ou l'une d'entre elles
qui nous a tellement souvent, et avec force documents, signalé un
problème particulier.
Je crois que c'était, pour nous, une occasion de prendre
connaissance de ces problèmes particuliers des mécaniciens
d'ascenseur, de nous informer et de nous faire une opinion.
M. Forget: II doit y avoir un peu plus que cela, parce qu'il y a
des mots qui ne sont pas les mêmes. On dit dans le décret "sauf
les mécaniciens d'ascenseur". Donc, originellement, on les excluait de
cela. Maintenant, on les inclut. Le problème dont on vient de nous
saisir s'applique désormais avec plus de force, j'imagine. On les
soumet, comme n'importe qui d'autre, à toutes les dispositions du
décret, sauf, évidemment, les dispositions particulières
qui ont déjà été convenues entre les parties, qui
sont incorporées.
M. Chevrette: Si on y allait par article, par exemple? Si on
regardait l'article 17.01? Je ne me souviens pas à quel article, mais la
loi sur la construction précise que "toute convention collective conclue
en vertu de la présente loi doit fixer les conditions de travail
applicables à tous les métiers et emplois de l'industrie de la
construction". De l'autre côté, vous pouvez lire, à la page
18, en haut: "Toute entente fixant des conditions de travail applicables
à des métiers et emplois de l'industrie de la construction est
nulle si elle n'a pas été convenue, conformément à
la présente loi. Si on va à la clause 28: "Le décret doit
contenir des dispositions concernant la classification des emplois, la
rémunération, le bulletin de paie, la durée du travail,
les heures supplémentaires, les jours fériés, etc. Il doit
aussi contenir des dispositions concernant la sécurité
syndicale".
Autrement dit, la loi nous oblige à être très
explicite et à avoir des taux de salaires précis, fixes. En vertu
de la loi qui a été adoptée en 1975, en plus, c'est
à la fois des minima et des maxima qui sont fixés. C'est une des
raisons pour lesquelles le contentieux nous faisait ces remarques.
Sur l'argumentation de M. Dumoulin, il y a un aspect qui est bien
évident, la formation professionnelle. Il faudrait peut-être, pour
votre bénéfice encore, se rappeler qu'ils avaient obtenu du
ministre du Travail je ne me souviens pas en quelle année, je ne
sais pas si c'était en 1972 ou en 1973 ...
M. Dumoulin: En 1970.
M. Chevrette: ... en 1970, la permission d'assurer
eux-mêmes la formation professionnelle. Mais ce n'est pas au niveau du
décret que ce bénéfice acquis peut se régler; c'est
en vertu de la loi sur la qualification professionnelle, bien sûr.
M. Forget: Autrement dit, ce qu'on nous dit, c'est que la loi
impose que, s'il doit y avoir un décret, il couvre absolument tout le
monde. Ce que l'adjoint parlementaire du ministre suggère, c'est qu'il
n'est pas possible de répondre aux objections qui sont faites du
côté syndical sans une modification à la loi.
M. Chevrette: Par le seul moyen légal? Je demanderais
plutôt cela aux membres du contentieux, mais je peux vous dire
qu'après avoir écouté l'argumentation, strictement sur le
plan légal, quand on regarde le cheminement exposé par les
parties, l'AECQ était agent négociateur en vertu de la loi, le
conseil provincial était agent négociateur en vertu de la loi. Si
on lit la deuxième partie de la lettre d'entente, on voit à la
fin: "Toutefois, s'il y a publication du décret dans la Gazette
officielle du Québec avant que les parties n'aient convenu d'une
façon complète et finale de ces dispositions, cette publication
du décret devra comprendre les dispositions particulières
à ces salariés". On nous a dit, si j'ai bien compris, qu'il y
avait sept ou huit clauses insérées à l'intérieur
parce qu'il y avait eu entente sur ces sept ou huit clauses.
M. Dumoulin: II n'y a pas eu entente sur ces clauses, absolument
pas. Elles ont été insérées par la partie
patronale, mais il n'y a pas eu entente.
M. L'Heureux: Ecoutez, un instant! Elles ont été
insérées par la partie patronale!
M. Chevrette: En tout cas. Entente ou non, ce que je veux dire,
pour qu'on les ait insérées, il fal-
lait sûrement qu'elles soient signées par quelqu'un Elles
auraient dû être peut-être pas entérinées par
les groupes concernés c'est une autre affaire mais
signées en bonne et due forme.
M. Dumoulin: Nous avons informé la partie patronale qu'il
n'y avait pas eu entente sur ces clauses, mais on les a tout de même
intégrées.
Le Président (M. Marcoux): M. L'Heureux, d'abord.
M. L'Heureux: Un dernier point, M. le Président. Encore
là, je recommence ce que j'ai dit au début ce matin. Il est
évident que nous sommes ici pour essayer d'obtenir des choses que nous
n'avions pas obtenues à ce moment-là.
M. Dumoulin dit qu'il nous avait avertis et qu'ils ont été
insérés. Ils ont été non seulement
insérés, mais ils ont été initiales par M. Dumoulin
dans un projet que la cour nous a forcés à soumettre à nos
membres. Ils ont été initialés par lui à chaque
page de la convention collective et ils ont été, plus tard,
réinitialés par M. Lamontagne. Si on nous accuse de ne pas
consulter nos membres, il faudrait peut-être regarder ailleurs.
On a mentionné, tout à l'heure, certains points. M. Forget
a fait une demande relativement aux salaires. On mentionne ici qu'on diminue
les montants de $1 et $2. C'est faux. On a inclus à l'intérieur
de cela une clause qui protège les salaires que ces gens-là ont.
Ce qu'on ne veut pas perpétuer, c'est un régime où ces
gens vont continuer à avoir des salaires qui vont toujours
dépasser les salaires de notre décret qui est notre loi ici.
C'est dommage, mais la loi des parties au Québec, c'est celle-là.
Ceux qui veulent travailler ici, les employeurs qui veulent faire affaires ici,
c'est ce qu'il faut qu'ils suivent. Il n'est pas question de baisser leur
salaire, il est question, par exemple, de les empêcher de gagner plus que
les gens de la CSD, dans le moment, et de fixer tout cela à
l'intérieur d'une masse monétaire. Ces gens seront encore les
mieux payés du domaine de la construction parce qu'ils étaient
les mieux payés avant, en 1969, à la dernière convention
collective.
On a aussi mentionné que le système d'apprentissage des
mécaniciens d'ascenseur est différent. C'est vrai, il est
différent. C'est justement ce qu'on a reproché, qu'il y ait
quelque chose de différent qui contingentait, à toutes fins
pratiques, la main-d'oeuvre. Dans le moment, on nous dit: II y a beaucoup de
compagnons qui sont en chômage. La semaine dernière, il y avait
six compagnons à Montréal. Cela nous a été
donné par les centres de main-d'oeuvre du Canada en collaboration avec
l'assurance-chômage. C'était cela, les compagnons!
Au moment où les gens peuvent revenir, comment va-t-on faire pour
avoir des apprentis? Ce n'est pas un système négociable, c'est un
système en vertu du règlement no 1 qui est administré par
l'office. Comment va-t-on faire pour avoir des apprentis si, à tout
moment, au moment où la construction diminue, ces gens-là peuvent
revenir au niveau des apprentis et empêcher ces gens de s'intégrer
au métier? Comment va-t-on faire pour avoir des apprentis? On a
rencontré tous nos employeurs, lundi, et ils nous disent qu'ils veulent
conserver le système d'apprentissage du ministère qui existe
actuellement dans la loi. Ce sont nos employeurs qui le disent; ce n'est pas
l'AECQ qui le dit, ce sont nos employeurs.
M. Dumoulin: M. le Président, j'ai deux mots à
dire, s'il vous plaît.
Le Président (M. Marcoux): Oui, une minute au maximum; on
va se revoir.
M. Dumoulin: Ce que je veux mentionner, c'est que nos gens ne se
rapportent pas aux centres de main-d'oeuvre, au départ. Ne les cherchez
pas. S'il y en a six, ce sont des écartés de quelque part.
Une Voix: De la CSD.
M. Dumoulin: Deuxièmement, je tiens à vous
mentionner que lorsqu'on dit que les employeurs veulent garder l'apprentissage
fourni par le centre de formation professionnel, je tiendrais à faire
remarquer à M. L'Heureux que la partie patronale a voté à
l'unanimité de faire disparaître l'apprentissage des centres de
formation professionnelle et de le remettre entre les mains des parties. Il
ferait mieux de regarder les procès-verbaux des assemblées des
comités consultatifs régionaux de la construction.
Messieurs, c'est complètement faux, à ce niveau. C'est
à l'unanimité que cela a été fait au niveau des
employeurs, de la FTQ-Construction, de la CSN, de la CSD et tout le monde. On
demande de reprendre en main nos programmes d'apprentissage, ceux qu'on avait
avant, les centres d'apprentissage. Ne venez pas me faire croire qu'ils veulent
garder l'apprentissage qui est établi au niveau des centres de formation
professionnelle parce qu'il n'y en a pas, d'apprentissage, là.
M. L'Heureux: Est-ce que je pourrais avoir une minute, M. le
Président, s'il vous plaît.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Demain matin, je
donnerai la parole d'abord à M. L'Heureux afin de poursuivre le
débat sur l'article 11a.
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
ajourne ses travaux à demain, dix heures. Nous poursuivrons nos travaux,
demain, de dix heures à midi. Je vous demanderais d'être
présents le plus tôt possible pour qu'on puisse commencer à
dix heures parce qu'il faudra terminer à midi.
(Fin de la séance à 23 h 4)