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Etude des crédits du ministère du
Travail
et de la Main-d'Oeuvre
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration s'est
réunie pour poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Les
membres de la commission sont: M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Chevrette
(Joliette), M. Couture (Saint-Henri), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M.
Forget (Saint-Laurent); M. Godin (Mercier) remplacé par M. Laberge
(Jeanne-Mance); M. Gosselin (Sherbrooke) remplacé par M. Proulx
(Saint-Jean); M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Laplante
(Bourassa); M. Lavigne (Beauharnois) remplacé par M. Fallu (Terrebonne);
M. Lefebvre (Viau), M. Mackasey (Notre-Dame-de-Grâce), M. Pagé
(Portneuf), M. Roy (Beauce-Sud).
Distribution de services de main-d'oeuvre
Nous en étions à l'étude du programme 4,
élément 2, que nous étions sur le point d'adopter, je
crois.
Programme 4, élément 2, adopté?
M. Forget: Non, j'avais encore deux ou trois petites
questions.
M. Couture: Me permettez-vous, M. le Président, avant
d'aborder...
Le Président (M. Marcoux): L'élément 3.
M. Couture: C'est-à-dire qu'avant de continuer à
travailler sur l'élément 2 je pense que nous en sommes
là pour cette séance de ce matin sans évidemment
décider d'avance si nous arrêterons nos travaux ce matin, cela ne
m'appartient pas de le décider, j'aimerais suggérer, si possible,
d'accélérer nos travaux car je pense que cela fait une vingtaine
d'heures que nous sommes ici. On pourrait peut-être rester trois mois. Il
y a certains éléments de programmes où nous aurons
l'occasion, à des commissions parlementaires reliées à la
présentation de projets de loi, d'aborder des questions de fond. Je
voudrais vous dire d'avance que, s'il n'est pas possible de continuer
après la suspension ou l'ajournement de ce midi, je prends en
considération les demandes que vous me ferez là-dessus si
vraiment vous voulez... C'est important que l'on continue et l'on continuera,
mais je vous dis d'avance qu'il y a beaucoup d'éléments,
c'est-à-dire beaucoup de sujets qu'il sera loisible en d'autres temps et
d'autres lieux, d'aborder plus facilement et plus en profondeur. Je voudrais
quand même vous donner cette indication.
M. Forget: M. le Président, je prends en note...
M. Couture: Une petite suspension d'une demi-seconde.
M. Bellemare: Parce qu'il y a trop de personnes autour.
M. Forget: Je disais que je prends note de l'avertissement du
ministre que sa patience est près de s'épuiser. Je voudrais,
malgré tout, le remercier de sa collaboration jusqu'à maintenant.
Je crois qu'il est peut-être nécessaire de mentionner qu'il faut
qu'il voie, dans le soin qu'on met à étudier et à discuter
avec lui non seulement les crédits de son ministère, mais
également les orientations qu'il veut donner aux politiques du
ministère, le fait que l'Opposition s'intéresse
considérablement à ce volet de l'activité gouvernementale.
Comme je l'ai dit au départ, c'est peut-être un des domaines qui
sont déterminants pour l'avenir du Québec. C'est un secteur tout
à fait névralgique. Ajoutez à cela le fait qu'un grand
nombre de propositions ont été avancées par le nouveau
ministre et le gouvernement actuel, souvent dans un contexte de rapports de
journaux qui rend difficile la compréhension de certaines de ces
propositions, d'autant plus qu'on ne sait jamais si les gens sont bien
cités. On a dit, d'ailleurs, qu'il y avait de nouveaux adeptes au club
des mal cités, de l'autre côté de la table.
Cela donne une occasion qui est unique, dans le fond, parce que ce n'est
pas par la période des questions qu'on peut faire cela à
l'Assemblée nationale, d'explorer un certain nombre d'orientations et,
sur une base de questions et de réponses, d'éclaircir
considérablement la situation et d'aider l'opinion publique à se
faire une idée des orientations du gouvernement. C'est vraiment un des
buts principaux de l'existence du Parlement d'amener le gouvernement à
préciser ses orientations, à répondre à des
objections et à des interrogations. Je dois dire que je pense que les
media d'information ont assez bien fait leur travail de ce côté,
puisqu'on a vu une bonne partie de nos travaux trouver des échos dans
les media d'information et je crois que cela joue un rôle très
utile.
On arrive, bien sûr, à la fin. Je me souviens, cependant,
de deux ou trois affirmations que le ministre a faites.
Il nous avait dit qu'il tenterait de plaider auprès de son
collègue, le ministre d'Etat au développement social, la
possibilité de venir au moins discuter de façon
générale avec nous de son orientation à lui, je parle de
M. Marois, relativement au problème de sécurité, de
santé. Je ne sais pas si ce sera possible. D'autre part, je prends note
de ce qu'il a dit relativement à des séances ultérieures
de la commission parlementaire sur les amendements à la loi 52, ce qui
nous donnera la possibilité d'entendre le président de la
Commission des accidents du travail et de discuter de façon
générale l'application des lois confiées à la
Commission des accidents du travail, sans empié-
ter, pour le moment, sur une réforme de l'organisme, bien
sûr, mais au moins de s'interroger sur l'optique du nouveau
président et du ministre actuel relativement au problème
d'application journalière.
Il y aura, également, des possibilités de se poser des
questions sur l'industrie de la construction, si je comprends bien. Donc,
tenant compte de cela, je n'aurai pas beaucoup d'autres questions. Cependant,
le programme 4, c'est peut-être le dernier programme important, sans
vouloir minimiser les autres, il reste que les autres, dans le moment,
étant donné tout ce qui se passe, c'est peut-être dans le
contexte, au moins, secondaire. Relativement au service de main-d'oeuvre, le
ministre a dit qu'il en faisait un élément prioritaire de ses
préoccupations. Je trouve qu'il a bien raison de le faire.
J'avais encore deux ou trois questions. Une que j'ai déjà
posée et qui n'a pas reçu de réponse, je pense, à
cause d'un manque de temps, je vais la poser à nouveau.
M. Bellemare: Je voudrais bien donner mon opinion ici sur la
remarque qu'il a faite, avant qu'on recommence...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Johnson.
M. Bellemare: Parce que, si on recommence l'étude de vos
remarques, on va s'entraîner ailleurs. Ecoutez, je ne voudrais pas que ce
soit interprété comme un bâillon.
M. Couture: D'aucune façon.
M. Bellemare: D'aucune façon, parce qu'on serait
certainement c'est une heureuse suggestion mais on serait
rétif en maudit.
M. Couture: Vous auriez raison aussi.
M. Bellemare: Parce que s'il y a un ministère qui, par les
temps qui courent, est important et qui sème à travers la
population soit de la quiétude ou de l'inquiétude, c'est bien
celui-là: au point de vue économique, au point de vue de
changement d'attitude vis-à-vis de certaines centrales syndicales, que
ce soit au point de vue de centralisation ou de décentralisation, au
point de vue des décrets qui vont peut-être subir un changement au
point de vue des salaires et au point de vue des questions absolument nouvelles
dans le travail.
Le ministre sait qu'il a le plus important ministère de
l'administration, le plus ingrat, sûrement. Vous n'aurez jamais de
félicitations, comptez sur moi; non, pas sur moi, mais sur les
autres!
Je suis prêt à comprendre le ministre, parce que c'est le
ministère où on envoie celui qu'on aime le moins.
M. Couture: Je vais les accepter vos félicitations. On a
l'air de survivre, en vous voyant.
M. Bellemare: Oui. On survit. Imaginez-vous, à part le
ministère du Travail, j'avais le ministère de l'Industrie et du
Commerce, l'Expo universelle, j'étais leader parlementaire en Chambre,
responsable de mon comté. C'était une folie épouvantable.
C'est le ministre qui a probablement actuellement la vedette, parce qu'il est
le point de mire de toute l'économie du Québec. Les conventions
collectives vont être discutées prochainement, dans un nouveau
Code de travail. Le Code du travail lui-même doit être refait. Il y
a énormément de patrons qui sont inquiets de l'attitude que
prendra le ministre antipatronal. Je dis "antipatronal", parce que ce titre
vous a été donné par des associations d'hommes
sérieux qui vous ont appelé "l'homme antipatronal". C'est
à défaire, pour que l'économie puisse redevenir plus
salubre. Nous sommes aux extrêmes, actuellement. Nous sommes aux portes
d'une faillite économique. Le chômage est épouvantable.
Nous n'avons jamais eu un chômage de 11%. Nous empêcher de donner
d'autres indications au ministère, je pense que ce serait...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson, sur les remarques générales, pourrions-nous revenir
à l'étude du programme?
M. Bellemare: Cela ne vous intéresse pas?
Le Président (M. Marcoux): Cela m'intéresse, mais
l'idée que la commission ait tout le temps nécessaire...
M. Bellemare: Les usines ferment, le chômage augmente, le
ministère du Travail est le plus important ministère et on ne
veut pas ajouter quelques heures? M. le ministre, je vous supplie de ne pas
nous couper.
M. Couture: Non, je ne vous couperai pas. Je vous en fais une
recommandation...
M. Bellemare: Donnez-nous la chance. Nous allons être
raisonnables. J'espère que le député de Saint-Laurent ne
sera pas trop long.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent. On va le voir tout de suite.
M. Couture: Je voudrais quand même seulement ajouter un
petit commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): On va prendre une demi-heure
pour dire qu'on va être court, si cela continue.
M. Couture: Je voudrais vous signaler, avant que je ne l'oublie
c'est la suite de ce qu'on vient de dire qu'à ma
première expérience comme ministre, j'ai beaucoup
apprécié cette contribution intelligente et positive des membres
de cette commission. J'aurais mauvaise grâce de vouloir vous imposer ou
laisser planer quelque bâillon que ce soit. C'est simplement en termes de
recommandation. Vous vous imaginez que, dans la vie quotidienne d'un ministre
du Travail, il y a beaucoup d'autres choses aussi à faire.
M. Bellemare: Le règlement y pourvoit. Le règlement
prévoit quinze heures.
M. Couture: J'ai trouvé fort intéressants les
débats que nous avons eus. Je pense que cela fait avancer les choses et
nous aide à mieux légiférer.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ...j'apprécie votre sens de l'humour et je
procède à la première question. La question que j'ai
posée hier, et à laquelle on n'a pas eu de réponse
à cause d'un manque de temps, est celle relative aux bureaux de
placement privés, aux agences privées de placement. Le ministre
envisage-t-il un rôle différent? Une loi avait été
envisagée par le gouvernement précédent; a-t-il
l'intention de poursuivre ce projet, de le modifier sensiblement ou de
l'abandonner tout simplement?
M. Couture: Ce projet est repris actuellement, il est à
l'étude et, éventuellement, nous voulons intervenir par une loi
sur les agences privées de placement. On a tous à déplorer
des abus dans certaines de ces agences où on a des cas assez criants
d'exploitation des travailleurs.
Par ailleurs, il faut reconnaître que certaines agences ont
joué un rôle important de suppléance. Nous analysons et
évaluons, un peu en long et en large, ce type d'agences et je me propose
de reprendre les travaux et de légiférer sur ce
problème.
M. Forget: Selon le ministre, ces bureaux devraient-ils
restreindre leur action à certains types de clientèles, disons,
de professionnels, de cadres, etc., d'occasionnels, ou si c'est son intention
de les confiner ou de les exclure de certains domaines?
M. Couture: Le rôle principal que je leur vois, c'est un
rôle de suppléance. Comme vous l'avez suggéré, c'est
un rôle de spécialistes pour certaines clientèles pour
autant que le gouvernement ne puisse couvrir ces catégories de
travailleurs. Au fur et à mesure que nous élargirons nos champs
d'intervention, nécessairement, certaines de ces agences n'auront plus
de place au Québec.
C'est toujours dans l'objectif de la cohérence de nos politiques
que nous chercherons éventuellement à restreindre leurs
activités.
M. Forget: Est-ce qu'il serait possible d'être un peu plus
précis? Quand on dit qu'il y en a qui doivent disparaître,
évidemment, demain matin, tous vont penser que ce sont eux qui
disparaissent. Est-ce que le ministre pourrait préciser un peu, de
façon qu'on confine cela, au moins, à un objectif un peu plus
précis?
M. Couture: Ce que j'ai de plus précis actuellement, ce
sont ces agences de placement je ne sais pas quel est le terme technique
pour les identifier où les gens, vous savez, arrivent à six
heures du matin, sans les nommer. Là, il y a un pool de travailleurs, un
stock de travailleurs disponibles et ils sont passez-moi l'expression
anglaise "dispatchés" à droite et à gauche,
à des taux assez bas. L'agence elle-même fait un profit que je
considère parfois exagéré. Je pense que cela pose de
très gros problèmes au niveau de la stabilité de la
main-d'oeuvre chez le travailleur même. Il ne sait jamais s'il va
être employé ou non. Il n'y a pas de suivi là-dedans, il
n'y a pas de véritable formation, non plus. Alors, pour être plus
précis, c'est ce type d'agences de placement qui me cause des
problèmes et c'est là-dessus que j'aimerais intervenir en premier
lieu.
Cela s'appelle, en fait, des agences de travail temporaire.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y a une raison particulière
pour laquelle il y en aurait 130 chez les employeurs?
M. Couture: Je ne le sais pas. Est-ce que vous le savez?
M. Bellemare: 130 bureaux de placement privés. Il y en a
eu un seul d'accordé l'année passée. Il y en avait 129 les
années précédentes. Est-ce qu'il y a une raison
spéciale pour qu'il y ait 130 bureaux privés de placement des
employeurs? On trouve cela dans votre rapport.
M. Couture: Ils demandent des permis, puis...
M. Chevrette: La raison des employeurs, on pourrait
peut-être dire que c'est en fonction d'une très grande
sélection dans l'embauche. Si on se fie à ceux qui en exploitent,
ils font même des enquêtes privées dans certains bureaux
privés sur le type de travailleurs. Si le gars a commis un acte
répréhensible il y a quelques années, il est sur la liste
noire et il ne peut pas entrer dans certains milieux. Je pourrais en parler
plus à fond, mais on sait que, dans certains secteurs de travail,
auprès de certains employeurs, c'est à 99% que la
sélection s'effectue.
M. Bellemare: Parce que, dans votre recommandation, à
vous, vous aviez, à la page 391, à l'article 116, un seul et
unique service. Quant au placement de la main-d'oeuvre, la commission
recommande que soit mis sur pied immédiatement un service unique de
placement.
M. Couture: C'est un objectif à long terme,
évidemment.
M. Bellemare: A long terme.
M. Forget: Est-ce que cela veut dire que, dans une loi sur le
placement privé, le ministre envisage éventuellement de
restreindre la liberté des employeurs de recruter eux-mêmes
directement sans passer par un bureau de placement?
M. Couture: Non, ce n'est pas dans ce sens,
du moins à première vue, que je cherche à
m'orienter. Ce sont davantage ces agences qui ont pignon sur rue et qui,
effectivement, reçoivent des clientèles assez
défavorisées, peu formées, instables et qui n'ont,
à mon avis, à peu près pas de rôle social comme tel.
C'est purement de la rentabilité. C'est purement, finalement, au service
unique des employeurs qui, tous les jours, demandent de la main-d'oeuvre
disponible pas cher.
M. Forget: Une autre question, M. le Président, on a
touché brièvement la question des relations. On a dit que le
problème ne se posait pas entre le ministère de l'Industrie et du
Commerce et celui du Travail, mais il y a certainement un problème de
relations interministérielles qui se pose, même vis-à-vis
le placement, à mon avis, je pense que cela est évident, entre le
ministère de l'Education et celui du Travail. D'ailleurs, je pense qu'il
y a une entente administrative entre les deux ministères pour permettre
une certaine forme de collaboration.
Est-ce que le ministre n'est pas d'avis que dans le fond cela devrait
aller plus loin que cela? Je pense en particulier que c'est au niveau
secondaire ou au niveau CEGEP où il y a, parmi les services aux
étudiants, ce qu'on appelle des services d'orientation. Si je comprends
bien, l'entente avec le ministère du Travail porte simplement sur le
service de placement, dans un sens très étroit du mot.
On peut comprendre que, historiquement, le ministère de
l'Education, il y a une dizaine d'années, s'est organisé avant
que le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne s'organise pour
assumer de façon plus moderne et efficace ses responsabilités.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que la ligne de démarcation entre la
responsabilité des deux ministères soit réexaminée
en profondeur?
M. Couture: En très grande profondeur. Je pense que l'on
chevauche ce qui pourrait être un bon débat tout à l'heure
sur la formation professionnelle. Je trouve parfois fort bizarres les
orien-teurs au ministère de l'Education. On s'aperçoit qu'il y a
des cas précis où les jeunes, par le service d'orientation,
développent le goût d'aller dans telle ou telle discipline.
Il n'y a pas du tout de coordination, semble-t-il, entre cette
information à donner aux étudiants et les véritables
besoins de la main-d'oeuvre québécoise. L'entente est loin
d'être suffisante non plus au niveau du placement. Il y a des centres de
main-d'oeuvre du Canada qui sont dans certains CEGEP, dans certaines
universités nous en avons dans quelques-uns on se partage
un peu le monde de l'éducation. A ce niveau, étant donné
que notre juridiction est claire et exclusive, c'est mon intention de
négocier, de rencontrer le ministère de l'Education pour
qu'éventuellement le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
ait l'exclusivité totale du placement dans le monde de
l'éducation, et non seulement du placement. Quant à nos
politiques d'apprentissage, de formation et nos informations au niveau des
besoins de main-d'oeuvre, nos agents présents dans le monde de
l'éducation pourront donner cette information, avoir leur mot à
dire dans tout ce cheminement de l'étudiant qui se forme, qui se
prépare au marché du travail et qui a besoin d'une série
de services qui doivent être très coordonnés.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bourassa.
M. Laplante: Question accessoire à la question du
député de Saint-Laurent. Je ne m'étonne pas du tout de
l'attitude des orienteurs de diriger les élèves vers un
métier. Ce qui manque dans cette province-ci, c'est une planification de
notre main-d'oeuvre sur un plan quinquennal. Rendu au secondaire III, on prend
un élève et on le spécialise déjà; c'est le
bobo des polyvalentes actuellement de vouloir spécialiser nos jeunes
dès le secondaire III ou IV ou V. Ils croient à des
débouchés sur le marché du travail et cela appartient au
gouvernement du Québec, surtout avec une population de 6,5 millions en
pleine expansion, de trouver des débouchés pour ces jeunes.
Il ne faut pas arrêter le travail des orienteurs. On se plaint
tellement que les orienteurs travaillent à l'encontre de l'agriculture
parce qu'on dit: Ne va pas à l'agriculture, ce n'est pas payant, ce
n'est pas un travail pour toi. Ce qu'on cherche actuellement et c'est le plus
grand défaut des orienteurs, c'est qu'un bonhomme qui est rendu en
"enrichi", on lui fait croire que c'est seulement un professionnel qu'il peut
être. Il faut être assez réaliste pour dire à un
bonhomme rendu au secondaire V, aussi intelligent qu'il puisse être,
qu'il peut être aussi très habile avec ses mains et faire autre
chose dans le milieu du travail et aider le monde du travail.
Ce que je recommanderais au ministère du Travail, c'est de
développer des programmes pour ces jeunes et de leur dire: Si tu
apprends à être menuisier ou à faire la tôle en
feuille, le métier que tu voudras, tu auras une place, tu n'auras pas
à te battre et à acheter des cartes après être sorti
de l'école pour gagner ta vie décemment. C'est ça le
découragement des jeunes. Je l'ai vécu durant six ans dans les
polyvalentes. C'est ce que j'ai combattu pour donner une chance égale
aux jeunes d'aller sur le marché du travail avec le diplôme qu'ils
ont.
Si le ministère du Travail est embêté aujourd'hui
pour trouver des moyens d'aider ces jeunes, je me demande où ils vont
aller. C'est notre devoir, en tant que représentants du peuple. Cela
fait longtemps qu'on se dit outils du peuple comme députés; le
premier qu'on doit servir, c'est le jeune sortant de l'école, car c'est
lui qui aura à nous remplacer. C'est lui qui aura à continuer ce
qui existe dans le Québec d'aujourd'hui. Dans le milieu de
l'école on ne lui donne pas cette chance actuellement.
M. Couture: D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle, je pense,
le député de Saint-Laurent a posé la question. Le constat
que vous faites, nous le faisons nous-mêmes, et on s'aperçoit
qu'il n'y a pas suffisamment... On ne peut pas donner à trois
ou quatre ministères la responsabilité de préparer
les jeunes, de les former et de leur donner un emploi sur le marché du
travail. Tout doit se tenir. Il faut qu'il y ait un ministère qui, du
début à la fin, puisse contrôler les mécanismes
d'intervention. Si l'Education nous prépare 25 000 travailleurs sociaux
et qu'on en a besoin de 1300, je dis que cela pose des problèmes. Il
faudrait peut-être, à un moment donné, que ceux qui ont la
responsabilité de placer les jeunes, de les préparer au
marché du travail, aient aussi la responsabilité de
contrôler un peu les mécanismes d'intervention dès
l'école.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais souligner au député de
Johnson que, sans concertation... On ne s'est pas contredits, M. le
député de Johnson, et je suis heureux d'entendre le ministre du
Travail dire qu'il aura des rencontres avec le ministère de l'Education
afin de définir qui sera l'agent...
M. Couture: ...d'une certaine façon.
M. Chevrette: ...d'une certaine façon, qui sera
maître-d'oeuvre de la formation professionnelle. Personnellement, j'ai eu
la chance de m'interroger assez longuement là-dessus et je trouve
inconcevable le fouillis dans la formation professionnelle au Québec.
Tout le monde fait de la formation.
M. Bellemare: Si vous me le permettez, M. Robert Sauvé,
quand il a été sous-ministre, avait organisé avec mon
approbation un comité spécial avec le ministère de
l'Education pour avoir des rencontres à toutes les semaines où il
était question d'unification de cette politique. Je ne sais pas ce qui
est arrivé après, mais cela avait déjà produit des
effets très heureux.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette demande à terminer son intervention.
M. Chevrette: Donc...
M. Bellemare: Je m'excuse.
M. Chevrette: II n'y a pas de faute. Je suis patient comme un
ange.
M. Bellemare: J'ai su cela.
M. Chevrette: Je voudrais dire, M. le Président, que
personnellement je trouve inacceptable et tout à fait dégueulasse
pour les jeunes actuellement le manque d'information qu'ils reçoivent
à l'école. On vit dans une société, bien sûr,
où on a le droit de tenter sa chance dans n'importe quel corps de
métier, mais je pense que, comme Etat, et cela fait suite à ce
que le député de Bourassa disait, on a au moins le devoir de
renseigner les jeunes sur les possibilités d'accéder à tel
secteur de l'industrie présentement.
J'ai trouvé inacceptable qu'on forme, dans une année, 1203
ouvriers en électricité de cons- truction puis qu'à peine
11% ou 18% de ces étudiants puissent se placer. Ils n'ont même pas
accès à une fonction parce qu'avant d'obtenir la fonction, cela
leur prend le fameux carnet d'apprenti...
M. Bellemare: Parfaitement.
M. Chevrette: ...ou le permis de travail.
M. Bellemare: II y en a, chez nous, dans nos comtés, avec
des cartes de compétence, on va en voir de cela.
M. Chevrette: On a même le devoir de les informer.
Personnellement, je considère qu'il faut qu'on se branche et qu'on dise
qui est le maître d'oeuvre, une fois pour toutes. Qu'on clarifie, avec le
ministère de l'Education, je trouve cela fantastique. Entre-temps, car,
bien sûr, ce ne sont pas des politiques qui s'établissent en
l'espace d'un mois ou deux, qu'on donne des directives précises à
ces fameux conseillers en orientation, ou encore aux professeurs d'information
scolaire, parce qu'il y a deux types de "counselling" qui se font. D'une part,
par des professeurs en orientation scolaire qui ne sont pas
nécessairement des psychologues ou des orienteurs et qui donnent des
renseignements aux jeunes. J'aimerais qu'on donne au moins à ces jeunes
l'information sur les possibilités d'accès au marché du
travail. Qu'on leur dise: Tel secteur du marché du travail, vas-y si tu
le veux, mais au moins tu sauras, comme jeune, que si tu choisis tel ou tel
métier, tu risques de piétiner un bout de temps avant d'avoir un
emploi dans tel ou tel secteur.
Le Président (M. Marcoux): ...accessoire.
M. Chevrette: Je n'ai pas fini, M. le Président, et je
pense que je n'ai pas abusé.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, j'avais mal
interprété le dernier geste.
M. Bellemare: Vous aviez l'air de baisser le ton.
M. Laplante: Pour orienter...
M. Chevrette: Mais j'en connais plusieurs qui baissent le ton
souvent pour mieux repartir.
M. Laplante: Est-ce qu'il existe un plan quinquennal
actuellement?
M. Chevrette: C'est le deuxième aspect que je veux
toucher. On ne pourra pas, à mon sens, penser à une politique de
main-d'oeuvre sans penser à une planification des travaux. A la veille
des campagnes électorales, on a pu se rendre compte, M. le
Président, à plusieurs reprises qu'il y a des travaux d'envergure
qui démarrent, des projets de plusieurs centaines de millions de
dollars, pour ne pas dire de milliards, et au lendemain d'une campagne
électorale, il y a un déséquilibre complet
dans la main-d'oeuvre. Dans la construction en particulier, on peut
avoir un besoin de 135 000 à 140 000 travailleurs de la construction
pour un gros projet électoral, et au lendemain tu te ramasses avec 80
000 ou 85 000 emplois au maximum, de sorte que tu as 40 000 chômeurs de
luxe sur les bras.
Nous préconisions, dans un rapport jadis célèbre,
d'exiger de l'Etat et des grandes villes une certaine planification, des plans
quinquennaux, justement, de programmation de travaux pour essayer de garder une
constance dans l'emploi. C'est pensable dans l'industrie de la construction,
d'autant plus que les gouvernements sont à 40% des donneurs d'ouvrage
dans cette industrie de pointe. Donc, si le gouvernement donnait l'exemple et
si les grandes villes suivaient cet exemple, nous pourrions avoir une
programmation dans les travaux également qui permettrait d'assurer une
certaine stabilité dans l'emploi.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, deux remarques. Il y a une
chose qui me touche particulièrement, c'est que M. le
député a dit tout à l'heure qu'il y avait des gens
très intelligents qui se dirigeaient vers des professions et qui
devraient être dirigés vers d'autres par des orienteurs. C'est
vrai. L'ex-bâtonnier, M. Brassard, vient de dire qu'il y aura 1000
avocats de trop et, dans trois ans, il y en aura 3000 de trop. Voici un cas
pratique; le bâtonnier dit: En 1981, vous aurez 3000 avocats de trop. Ce
sont des étudiants très brillants peut-être qui prennent
cette direction, mais qui devraient peut-être en prendre une autre.
La deuxième remarque que je veux faire, c'est qu'il est temps
dans la province de Québec qu'on ait un ministère des ressources
humaines, plus que jamais, parce que le ministère lui-même est
trop occupé de toutes sortes de problèmes de conventions
collectives, de débats qu'on fait sur des griefs, sur des contestations
de griefs et sur des fermetures d'usines. Là, par exemple, le
ministère des ressources humaines pourrait véritablement
s'occuper de ces relations et agir prioritairement dans la délimitation
de ces options que doivent prendre les jeunes. Il ne faut pas laisser tout cela
au ministère du Travail. C'est impossible, le ministre ne peut pas venir
à bout de cela. Je rejoins mon collègue de Joliette qui a
préconisé l'idée d'un ministère des ressources
humaines, mais après nous autres; il a pris cela dans notre programme.
C'est sûr et certain que je ne veux pas m'en attribuer tout le
mérite, mais...
M. Chevrette: Le contraire nous aurait surpris.
M. Bellemare: ...j'avais souhaité, lorsqu'on a
étudié notre programme, qu'on ait un ministère des
ressources humaines, parce que j'avais eu une grande expérience au
ministère du Travail et cela m'avait touché. On était
débordé et on n'était pas capable d'apporter à ce
problème toute l'attention voulue.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je suis bien d'accord, M. le Président. On a
touché des thèmes importants. Au-delà de notre magnifique
consensus, est-ce qu'on pourrait savoir si, dans l'esprit du ministre, en
allant vers une meilleure intégration, une meilleure coordination des
services d'orientation, de placement, etc., auprès des jeunes, cela
pourrait je change un peu de sujet, mais il y a une continuité
influer sur la façon dont le Québec considère les
questions de qualifications de la main-d'oeuvre et, en particulier, l'approche
coercitive et l'approche du genre contingentement qui s'est manifestée
dans ce secteur au Québec très souvent? Souvent, peut-être
à cause d'un manque de coordination, parce que, dans les
universités, les CEGEP ou même au niveau secondaire, on dirigeait
trop de monde dans les secteurs qui ne pouvaient pas les absorber, on a
peut-être eu à encourager une philosophie de contingentement. Je
pense qu'il est exact de dire qu'au niveau même de la qualification
professionnelle on a une attitude beaucoup plus rigide au Québec que
celle qui existe dans d'autres provinces où c'est facultatif
plutôt qu'obligatoire. Est-ce qu'on ne pourrait pas envisager, en
même temps qu'on fait progresser la coordination, d'assouplir un peu ces
attitudes?
M. Couture: Je crois qu'il ne faut pas aller d'un extrême
à l'autre. Je dis ceci: Evidemment, l'étude du marché du
travail, des besoins de main-d'oeuvre nous donne, éventuellement,
l'information suivante que, dans telle et telle discipline, dans tel et tel
secteur de l'activité humaine, on prévoit avoir besoin, par
exemple, de 200 soudeurs, 400 électriciens, trois avocats, 2000
médecins.
On peut arriver, à un moment donné, à projeter,
selon les besoins de main-d'oeuvre, ce qu'on devrait former comme futurs
professionnels, futurs hommes de métier aussi.
Seulement, je dis qu'il ne faut pas aller d'une extrême à
l'autre. On est quand même dans un pays libre et il reste le choix
personnel des individus qu'il faut respecter. Ce qui est très important,
c'est l'information, c'est-à-dire informer les individus que dans tel et
tel secteur, pendant deux ou trois ans, il est fort possible qu'effectivement
ce soit très difficile de se placer. Il faut aussi les informer que dans
des secteurs bien déterminés, comme la construction entre autres,
il faut protéger ce secteur fragile où tout le monde allait
travailler sur la construction, les agriculteurs y allaient, les pompiers, les
policiers, les députés, tout le monde allait sur la construction
et, un moment donné, les vrais travailleurs de la construction ne
pouvaient pas maintenir leur gagne-pain stable et, effectivement, ils se
décourageaient et vivaient dans l'insécurité.
L'information précise, d'une part, sur certains secteurs qui
risquent d'être fermés parce qu'on a des politiques de protection
de l'emploi dans ces secteurs. L'étudiant, il faut qu'il sache, ou le
jeune
qui se prépare à un métier, à quoi s'en
tenir là-dessus. Dans les grandes professions dites libérales, je
pense que le contingentement n'est pas possible, cela marche par l'offre et la
demande, il faut aussi les informer d'une façon précise, mais ne
pas les bloquer. J'en parlais avec un jeune, dernièrement, et je lui
disais: Ne t'en va pas dans le service social, c'est saturé, on en a
trop, puis je pense qu'au moins dans telle discipline ce n'est pas possible de
te placer. Il a dit: Tout à coup je deviendrais plus compétent
que les autres, ils vont peut-être me prendre. Il y a une espèce
de réflexe personnel qu'il faut respecter de quelqu'un qui dit:
D'accord, cela va être très difficile de concurrencer les autres,
parce qu'il y en a beaucoup, mais moi, avec ma compétence, mon travail,
je veux quand même avoir une place au soleil.
Je suis content de la question, cela permet un peu de nuancer ces
contraintes ou ces paramètres qu'on veut établir dans la
formation professionnelle, en respectant les choix libres, mais en insistant
davantage sur l'excellente information qu'il faut dispenser aux
étudiants. Quand même, dans certains secteurs, évidemment,
il restera le contingentement, mais il y a une marge de liberté possible
qu'il faut quand même maintenir.
M. Forget: Je suis content de la réponse du ministre,
comme lui était content de ma question.
M. Couture: On va finir par être contents tout le
temps.
M. Forget: Mais, je ne suis pas sûr qu'il va jusqu'au bout
de sa pensée, cependant. Je ne suggérerai pas qu'il utilise des
instruments qu'il a actuellement ou qu'il pourrait acquérir, lorsque la
précision entre le rôle respectif du ministère de
l'Education et du Travail et de la Main-d'Oeuvre sera éclaircie, de
manière à contingenter les champs de formation professionnelle ou
autres. Ce n'était pas du tout cela. Mais comme il veut valoriser
l'information, s'assurer que l'information est cohérente puisqu'elle
rejoint ceux à qui elle est destinée, est-ce que ce ne serait pas
logique de pousser ce raisonnement jusqu'au domaine de la qualification et, de
la même façon qu'on ne veut pas contingenter la formation
professionnelle, qu'on ne cherche pas à contingenter les occupations par
le biais de mécanismes de qualifications, de permis de travail, de
cartes de compétence et tout ce qu'on veut? Il me semble que c'est cela
que sous-tendait la remarque du collègue du ministre, le
député de Bourassa, tout à l'heure. On a eu cette
tendance, au Québec, de vouloir établir des chasses
gardées pour ceux qui étaient déjà dans un
métier, par opposition à ceux qui voulaient y entrer.
M. Couture: Oui, cloisonner.
M. Forget: Peut-être qu'on n'avait pas le choix, je ne le
sais pas, je ne veux pas passer de jugement sur le passé. La
coordination était mal faite, il y avait trop de gens qui, avec peu
d'informations, se dirigeaient dans les domaines où ils ne seraient pas
allés s'ils avaient su à quoi s'en tenir. Mais si on
améliore cela, raison de plus pour décrisper la marché du
travail dans certains métiers et éliminer des barrières
artificielles qu'on a édifiées et qui causent des
problèmes. Elles causent des problème avec les jeunes, et causent
des problèmes, pas seulement avec les jeunes, parce que, comme on
pourrait le voir dans les projets de préférence régionale
qui seront discutés, cela pose toutes sortes de problèmes.
Donner une préférence régionale par opposition
à une préférence provinciale, la relation entre cela et le
nombre d'heures qui ont été faites et celles qui n'ont pas
été faites, etc., cela crée toutes sortes de
difficultés. Dès qu'on veut établir des barrières,
on a des problèmes parce que les gens, parfois, chevauchent les
barrières. C'était le sens de ma question: Est-ce qu'on n'est pas
dans une optique d'abolition de ces barrières?
M. Couture: II ne faut quand même pas chercher l'abolition
totale, mais vous avez raison de souligner les dangers. On a même, dans
la construction, des affaires que je trouve un peu chinoises. Je pense que ce
sont les tireurs de joints et les peintres. Il y a des choses que les deux
métiers peuvent faire. Les uns et les autres peuvent faire la même
chose. A un moment donné, on bloque les gens dans un secteur
donné et il ne faut pas toucher à l'autre.
Dans une société comme la nôtre, il y a tellement de
chômage que je crois qu'il faut accepte! une certaine polyvalence. Si on
aligne des gens dans des corridors de profession et qu'ils ne peuvent pas faire
autre chose, on s'en va vers de drôles de problèmes et des
impasses au niveau du marché du travail. C'est important de donner
l'occasion à des gens de profiter de leurs compétences
diversifiées pour avoir des emplois. C'est ce que je visais tout
à l'heure, il ne faut pas aller d'un extrême à un autre. Il
faut des qualifications professionnelles, il faut protéger les
véritables professions, les véritables métiers, mais ne
pas devenir maniaque. Surtout dans cette conjoncture difficile dans laquelle
nous vivons, il va falloir au ministère, cela m'intéresse
qu'on fouille un peu plus ce problème étudier les
perspectives de polyvalence et faire sauter des barrières, si
nécessaire.
On sait tous, nous autres, même au niveau des professionnels,
qu'il faut quasiment s'attendre à faire trois ou quatre carrières
dans notre vie. Tous les Québécois, étant donné
l'accélération de l'histoire, l'automation, la progression des
techniques, ne peuvent pas être fixés comme un petit gars
de seize ans qu'on fixe comme soudeur jusqu'à la fin de sa vie
dans un domaine et c'est fini!
M. Forget: Je suis content que le ministre ait cette opinion,
c'est une orientation intéressante. Particulièrement dans la
situation économique difficile dans laquelle on se trouve, je crois
qu'il va avoir affaire à pas mal de résistance.
Précisément quand les emplois sont menacés, il va y avoir
une tendance assez générale à vouloir protéger, par
des définitions exclusives, l'exercice de telle occupation. C'est
humain! On essaie, quand cela va
mal, de s'approprier une partie du marché en en excluant les
autres. A tout événement, c'est une orientation qui est fort
intéressante.
J'aimerais prendre trente secondes pour faire un commentaire sur ce qu'a
dit le député de Joliette tout à l'heure en soulignant la
nécessité, dans l'industrie de la construction, de planifier au
moins les travaux publics sur une période de cinq ans. Il a fait des
remarques qui sont superficiellement plausibles, de son point de vue, mais je
lui ferai remarquer qu'il y a une planification de cinq ans, dans certains
secteurs. Ce n'est pas l'absence de planification de cinq ans qui fait la
difficulté, ce sont les fortunes électorales des gouvernements
qui font qu'un nouveau gouvernement, même quand il est en face d'une
planification de cinq ans qui a été instaurée avec
beaucoup de soins, prend sur lui de la réévaluer. La
planification, à ce moment-là, tombe à l'eau par le fait
même parce qu'elle est faite en fonction d'échéances
diverses qui ne peuvent plus être respectées. Je donne un exemple
qui m'est familier. Il y avait une planification de cinq ans pour les centres
d'accueil pour des personnes âgées, une planification qui avait
même tenu compte, lorsqu'elle a commencé à être
appliquée, du fait qu'il y avait une surchauffe dans l'industrie de la
construction de la région de Montréal, l'an dernier et
l'année précédente, pour des raisons que tout le monde
connaît, les Jeux olympiques, Elle impliquait que, par contre cette
année, il y aurait un effort majeur qui serait fait de ce
côté-là dans la région de Montréal. Comme
l'exécution des travaux est suspendue, comme l'exécution du plan
est suspendue, évidemment, l'effet de la planification ne pourra pas
jouer.
Je pense qu'il n'y a pas de solution à cela, parce que tant qu'il
va y avoir des gouvernements, les gouvernements qui vont arriver vont vouloir
tout réexaminer puis tout réévaluer, même si deux
ans après ils arrivent aux mêmes conclusions, comme cela risque
d'arriver quand on sait la pénurie qu'il y a de ce côté
dans la région de Montréal.
Alors, je pense qu'il y a des contraintes paradoxalement,
même dans le secteur public qui rendent pratiquement impossible la
planification idéale qu'on pourrait théoriquement envisager.
M. Bellemare: M. le Président, le directeur
général adjoint de l'Office de la construction, M. Claude
Lafontaine, dit, dans un article qui est publié dans la Presse du 27
janvier 1977, que dans la main-d'oeuvre oeuvrant dans l'industrie de la
construction, il y a seulement 1421 apprentis, sur un nombre de plus de 30 000,
qui ont travaillé plus de 2000 heures en 1975. Or ce nombre
représente la limite à partir de laquelle un apprenti peut
changer de période d'apprentissage, certains métiers comptant
quatre ou cinq périodes. Pour rejoindre ce que disait tout à
l'heure le député de Joliette au sujet des travaux publics,
Pierre Ma-heux, qui est le recherchiste de l'OCQ, dit exactement ce que le
prochain ministre des ressources humaines disait, que ce pourquoi l'approche le
plus... et il cite l'article. Je pense que c'est un peu le sens de la
proposition que faisait tout à l'heure le député
d'échelonner sur un certain nombre d'années les travaux, et cela
c'est dans un article formidable paru dans le Devoir du 10 mai et
intitulé: "Comment stabiliser les travaux et la main-d'oeuvre de
l'industrie québécoise de la construction?"
Si on en revient tout à l'heure à la construction, si on
en parle, je citerai presque en entier certains paragraphes parce qu'ils sont
fort intéressants pour la bonne gouverne de tout le monde.
M. Couture: Je l'ai lu attentivement. D'ailleurs c'est
très bien.
M. Bellemare: C'est très bien et cela rejoint le
ministre...
M. Couture: Vous allez lui donner des complexes si cela
continue.
M. Bellemare: A vous?
M. Couture: Non à lui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que c'est
terminé?
M. Forget: Enfin, je n'ai pas terminé, mais c'est quand
même dans le même ordre d'idées, la formation
professionnelle. On y a touché tout à l'heure.
Le Président (M. Marcoux): C'est l'élément
3. Oui, est-ce qu'on peut attendre?
M. Forget: Sur l'élément 3, oui on peut attendre,
si vous voulez.
Le Président (M. Marcoux): Programme 2,
élément 2, adopté?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Programme 4,
élément 3.
Formation professionnelle des adultes
M. Forget: Pour ce qui est de la formation professionnelle,
là aussi il y a un problème de relation entre le ministère
de l'Education et les commissions de formation professionnelle.
M. Couture: Et le fédéral.
M. Forget: Et le fédéral, bien sûr, qui
intervient comme un large pourvoyeur de fonds, mais je crois que le
problème avec le fédéral serait peut-être plus
facile à résoudre si nos propres institutions étaient
mieux coordonnées, dans le sens qu'on aurait au moins un moins grand
nombre d'interlocuteurs. Est-ce que le ministre a des intentions
précises pour redonner aux commissions de formation professionnelle,
quant à l'orientation et à l'administration des programmes de
formation, le rôle qui devrait leur revenir? C'est mon opinion qu'il
devrait leur revenir. Maintenant
peut-être qu'il n'est pas de cet avis. Si oui, quelles sont les
mesures qu'il entend prendre de ce côté?
M. Couture: Le problème fondamental, je suis porté
à dire qu'il vient du fait que justement il y a trop de monde qui
s'occupe de tout. Entre autres, la présence du fédéral
dans la formation professionnelle est vraiment à ce point de vue
très malsaine. Je m'explique: Tous nos programmes de formation
professionnelle dépendent des fonds importants, je pense que c'est $113
millions pour l'année dernière, quelque chose comme cela, du
fédéral... non les $89 millions ne sont pas compris
là-dedans, il y en a d'autres.
Ce qui se passe, je crois, vous me corrigerez si je me trompe, vous avez
vécu des relations fédérales-provinciales, ce qui se
passe, dis-je c'est que le fait que le fédéral étant un
peu le bailleur de fonds de notre formation professionnelle, évidemment,
quand ils se rencontrent, parce qu'il y a un comité
fédéral-provincial le budget était de $103
millions, il est là à la page 87 e main-d'oeuvre qui,
effectivement, chaque année s'entend ou arrive à faire le budget,
à établir les titres du budget.
Comme l'argent vient du fédéral, il y a une tendance
c'est ce que je trouve très vicieux du Québec, des
ministères de l'Education et de la Main-d'Oeuvre, à aller
chercher le plus d'argent possible et à justifier l'argent qu'on va
chercher. Si, par hypothèse, ayant $100 millions, on voulait les
utiliser autrement dans la formation professionnelle ou simplement dans
l'engagement de meilleurs fonctionnaires ou dans leur perfectionnement et le
reste, on n'aurait pas le droit de le faire. Ces budgets sont donnés
directement sur des programmes de formation, avec une certaine partie pour
l'administration. Ce qui est vicieux, c'est qu'on est toujours porté
à aller chercher le plus d'argent possible et, pour ce faire, on va
justifier parfois, ce sont des justifications plus ou moins rationnelles
les sommes qu'on va chercher.
M. Bellemare: Par les études.
M. Couture: Possiblement. Entre autres, par exemple, les
commissions de formation professionnelle ont à coordonner tous les cours
qui sont achetés dans les régions. Il y a des commissions
scolaires qui sont là; elles ont des professeurs à occuper, qui
ne demandent pas mieux que de donner des cours. Les écoles veulent
être occupées et veulent avoir un roulement continuel. Elles
trouvent fort intéressant que ces programmes existent et cela leur
permet d'avoir une activité annuelle très
considérable.
Je pense que c'est là le vice fondamental: on n'est vraiment pas
maître d'oeuvre de tout le programme de formation professionnelle. A ce
moment-là, on ne peut pas développer des réflexes
rationnels d'utilisation de ces fonds. Ceci dit, vous me demandez quel est le
rôle des commissions de formation professionnelle. Je pense qu'elles ont
tendance, dans la région même, avec les commissions scolaires et
les institutions, à répon- dre à la demande et à
dire: On va acheter des cours. Plus elles achètent des cours, mieux
c'est. Si on veut changer ce rôle des commissions de formation
professionnelle, il faudrait, comme on le disait tout à l'heure, d'abord
négocier d'une façon ferme avec le ministère de
l'Education pour préciser le vrai rôle du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre ou du futur ministère des ressources
humaines, s'il y en a un, on l'espère tous, et, surtout, négocier
avec le fédéral, c'est-à-dire revendiquer une fois de plus
parce que les précédents gouvernements l'ont fait aussi;
je pense qu'il faut leur rendre hommage là-dessus, car sur ces
programmes ils ont toujours maintenu une position vigoureuse
carrément des points d'impôt ou toute l'enveloppe
budgétaire pour qu'on puisse être réellement seul
maître d'oeuvre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je suis très heureux de
l'énoncé du ministre. Je crois qu'il y a un aspect du
problème qui devrait être envisagé dans un premier temps.
Par cette formation, on oblige le travailleur à aller au moins une
année sur le marché du travail avant d'avoir droit à ces
cours. Ce qui arrive, c'est qu'en secondaire V un élève qui sort
du secteur professionnel n'en sait pas assez. Il veut s'enregistrer à
l'éducation aux adultes afin de poursuivre ses cours, mais la porte lui
est fermée à cause de l'année de travail qu'on exige pour
avoir droit à cela.
Nous devrions nous sensibiliser à prendre toute une
catégorie de jeunes et à faire pour eux un secondaire VI, un
cours de perfectionnement, afin qu'ils soient prêts à aller sur le
marché du travail. On dégagerait, à ce moment-là,
des sommes qui pourraient servir réellement à l'éducation
aux adultes dans le secteur professionnel. Cet argent irait où c'est
nécessaire afin de recycler des gens dans une industrie, disons, qui est
à la veille de fermer. Il y a des travailleurs de 26 ans, 27 ans, 28
ans, 29 ans, 30 ans qui mériteraient d'avoir un cours payé
à plein temps pour, ensuite, pouvoir prendre une nouvelle orientation
sur le marché du travail.
On ne peut pas le faire actuellement. Les programmes
fédéraux sont destinés à un bonhomme qui a
travaillé seulement un an. Ce gars, en lâchant le secondaire V, ne
se trouvant pas de travail, c'est énorme ce qu'il peut faire durant
cette année pour essayer de gagner sa vie.
Je trouve drôle que tous les organismes sociaux, les cours
juvéniles ne se penchent pas sur ce problème. Le gars veut y
aller à l'école, il veut se perfectionner, mais on lui a
donné juste un peu pour qu'il ait faim après cela, qu'il ait soif
d'apprendre un métier mais il ne l'a pas. On l'envoie à
l'éducation aux adultes dans le perfectionnement. Je ne sais pas ce
qu'on pourrait faire comme entente avec le ministère de
l'Education...
M. Bellemare: Vous seriez en faveur d'un secondaire VI?
M. Laplante: Absolument, pour le perfectionnement à
travers la province...
M. Bellemare: A travers la province, payé par la
province?
M. Laplante: Payé par la province. Si le gouvernement
fédéral ne veut pas, dans ses ententes avec l'éducation
aux adultes...
M. Bellemare: Faites attention de ne pas ouvrir une porte qui ne
sera plus fermable.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais nuancer
certains avancés sur la formation professionnelle. Je pense que les
programmes mêmes sont la cause peut-être de situations que relate
le député de Bourassa. Le contenu des programmes n'est
peut-être pas assez adapté en fonction des emplois disponibles.
Les employeurs exigent de plus en plus d'expérience, mais on fait face
à des contraintes énormes pour les stages pratiques des
étudiants au niveau professionnel.
J'ai eu à donner une opinion, dernièrement, à
plusieurs commissions scolaires qui ont tenté de placer des
étudiants pour des stages pratiques dans l'industrie de la construction.
Certains employeurs profitent des stagiaires pour ne pas utiliser la
main-d'oeuvre en chômage qui, elle, est qualifiée. Donc, les
syndicats s'opposent à la venue de stagiaires sur les chantiers de
construction parce que cela enlève de l'emploi.
Il me semble que ce serait plutôt la voie à ex-ploirer:
associer de plus près les centrales syndicales et les employeurs
à la confection ou à la fabrication de programmes mieux
adaptés.
M. Bellemare: Le perfectionnement des cours.
M. Chevrette: Et on n'entendrait peut-être plus des
déclarations comme celles que le Conseil du patronat faisait il y a deux
ans à peine en disant: Notre main-d'oeuvre n'est plus qualifiée
pour répondre aux besoins de l'industrie. Je pense que c'est
peut-être le secret, dans la formation professionnelle. Plutôt que
de penser à étirer les cours parce qu'on fait face à une
situation, qu'on cherche les moyens de se sortir d'une situation, ce serait
peut-être mieux, à mon sens. Il serait peut-être
préférable d'y aller au niveau du contenu des programmes, au
niveau des stages pratiques et d'avoir une certaine réglementation dans
cela assez sévère qui empêcherait le jeu des employeurs de
mettre de côté une main-d'oeuvre, tout en permettant aux
étudiants de subir des tests pratiques. Je pense que c'est là
qu'est la clé dans la formation professionnelle, beaucoup plus qu'en
essayant de leur donner, au niveau de l'école, des études
beaucoup plus prolongées. Il y a des jeunes qui se découragent et
qui sortent avant la fin du cours, quand les études sur le plan
technique sont trop prolongées. Ils sortent sans diplôme of-
ficiel, ils ont fait trois ans d'étude et ils n'ont rien entre les mains
pour pouvoir accéder au marché du travail.
Je pense très honnêtement, après en avoir
discuté avec des employeurs, avec des syndicats, que tout le monde est
désireux de participer à la confection et à la fabrication
des programmes. J'ai reçu un mémoire de l'ACM, de la
Fédération de la construction du Québec. Je l'ai
d'ailleurs acheminé au ministre du Travail ce matin, à neuf
heures, résumé qui démontre toutes les prises de position
de ces organismes depuis fort longtemps. Cela n'a jamais abouti à cause
justement du dilemme de l'éducation-travail. Mais si on réglait
ces deux clés, je pense qu'on pourrait penser à quelque chose de
fort pratique.
M. Couture: Les commissions de formation professionnelle auraient
tout ce qu'il faut pour jouer un rôle dans ce sens. Je pense qu'il faut
revaloriser le véritable.. Mais comme j'ai dit tout à l'heure, on
ne peut pas essayer de régler le problème simplement en
intervenant dans un seul mécanisme. C'est l'ensemble de la philosophie
de la formation professionnelle, les intervenants qu'il faut aborder en
même temps.
M. Bellemare: Je suis convaincu que...
M. Couture: Excusez, avez-vous le droit de parole?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! On n'est pas en
caucus, on est en commission parlementaire. Je m'excuse.
M. Bellemare: Je ne peux pas parler, alors je lui parle à
lui.
Le Président (M. Marcoux): Vous pouvez tenir vos caucus
ailleurs.
M. Bellemare: Alors, je vais le dire tout haut. D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Non, M. le ministre avait la
parole. Ensuite, vous l'aurez.
M. Bellemare: D'accord! Très bien.
M. Couture: Au sujet des commissions de formation
professionnelle, dans ce lien qu'on veut faire avec les comités
tripartites de main-d'oeuvre, il y a toute une structure possible
régionale où les employeurs et les syndicats, effectivement,
peuvent prendre l'habitude de se parler entre eux et d'essayer de chercher
l'intérêt commun dans leur milieu même. On va certainement
les solliciter pour participer d'une façon beaucoup plus précise
dans tout le réseau de formation professionnelle. L'intention est
là et nous allons travailler en conséquence.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: II y a une différence qui s'im-
pose, je pense, entre le perfectionnement et la formation. Je n'ai pas
vu quelqu'un faire tellement le lien. A mon sens, on mêle souvent le
perfectionnement que désire l'employeur en fonction de la main-d'oeuvre
qualifiée et les besoins à court terme, alors que la formation
comme telle est aussi une préoccupation pour l'industrie. Les
comités de formation professionnelle ont un rôle face à la
qualification de la main-d'oeuvre, alors que la formation est en fonction de la
préparation pour le marché du travail globalement mais les
programmes sont conçus, à mon sens, souvent par des gens qui ont
perdu le sens pratique de l'industrie. On fait travailler des jeunes dans
différents secteurs avec des équipements désuets. Je
reviens toujours au stage pratique, parce qu'on pourrait mettre beaucoup moins
l'accent sur le perfectionnement si l'on insistait sur les stages pratiques,
parce que les gens toucheraient les équipements appropriés et
adaptés à leur certificat.
M. Couture: II faut l'accord des syndicats là-dessus.
M. Chevrette: Je pense que, si on les associait au processus, ils
embarqueraient, pour autant qu'on a la certitude que cela ne diminue pas
l'emploi des travailleurs qualifiés. C'est là que se trouve la
clé auprès des centrales. Les centrales s'opposent parce qu'elles
disent: Si on laisse entrer les stagiaires, nous ne pourrons plus placer notre
main-d'oeuvre. Mais, si on avait l'assurance que le stagiaire n'affecte en rien
la quantité de la main-d'oeuvre, il n'y a pas une centrale syndicale
qui, à mon sens, s'opposerait à cela.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson, sur le même sujet?
M. Bellemare: Ecoutez...
M. Forget: Je voulais demander sur le même sujet.
M. Bellemare: Je l'avais demandé avant lui mais,
là, je vais arrêter.
M. Forget: ...en caucus tantôt en disant au
député de Johnson que par la suite il pourrait...
M. Bellemare: On va s'obstiner. On est trop dans
l'Opposition.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson.
M. Forget: On a trop d'idées. M. Bellemare: On va y
aller.
Le Président (M. Marcoux): Je vous ai reconnu, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Ce que je ne voudrais pas, c'est que, pour un
principe futile, on renonce aux sub- ventions du gouvernement
fédéral dans la formation professionnelle. Non. Je suis
consentant pour une nouvelle orientation mais sans avoir un secondaire VI parce
que, si on a un secondaire VI sur la même base qu'on l'a
présentement au secondaire V, ce ne serait pas un perfectionnement pour
une formation professionnelle. Ce ne serait pas logique, ce serait une
dépense inutile. Dans les subventions d'Ottawa qui sont
appliquées à la formation professionnelle, qu'on revoie, comme le
disait si bien le député de Joliette, la manière dont cela
doit être fait et conçu en 1977 ou 1978; je pense que ce devrait
être le principe du débat de ce matin, pas autre chose. C'est
là l'erreur, c'est au début dans la formation des programmes qui
nous sont soumis par le gouvernement fédéral et qui sont
adoptés par le gouvernement provincial il y a une erreur de...
M. Forget: Cela se tient.
M. Bellemare: Cela se tient à partir de là. Pour
l'instant, c'est de la bagatelle.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je voudrais souligner que je
suis tout à fait d'accord avec l'adjoint parlementaire du ministre quand
il parle de cette distinction entre la formation et le perfectionnement. Pour
faire la formation, bien sûr, il y a un aspect pratique d'apprentissage
par des stages dans le milieu de travail de façon générale
qui est absolument crucial. Mais là où je pense que
peut-être le ministre aussi est un peu inquiet c'est quand il en vient
à dire: II faudrait s'assurer de la collaboration des syndicats, c'est
vrai, mais le principe sur lequel on pourrait asseoir cette collaboration
serait de ne toucher en rien à l'embauchage des gens qui ont
déjà leurs qualifications professionnelles.
Il n'est presque pas possible de baser une collaboration et une
insertion dans un milieu de travail réaliste pour des apprentis sur une
prémisse comme celle-là, parce que dans le fond l'apprentissage,
ce n'est pas seulement être témoin des activités
posées par d'autres, c'est y participer. Tout est basé sur la
notion d'apprendre en travaillant et, évidemment, apprendre en
travaillant sous une supervision étroite. On en a eu
l'expérience, pas dans le secteur de la construction, mais dans le
secteur des hôpitaux où, il y a à peu près cinq ou
six ans, on a remplacé toutes les infirmières en stage qui
faisaient leur cours, parce qu'elles s'en allaient dans les CEGEP, par du
personnel payé à taux ordinaire, du personnel pleinement
qualifié, et après cela, quand les stagiaires des CEGEP sont
revenues dans les hôpitaux pour leur troisième année de
formation pratique, on avait des situations aussi aberrantes que trop de monde
dans les pouponnières, finalement, pour que ce soit utile à qui
que ce soit. En ce sens qu'il y avait un problème d'encombrement, parce
que ces endroits ne sont pas prévus pour avoir sept ou huit personnes;
ils sont prévus pour en avoir une ou
deux qui s'occupent des poupons, et qui s'en occupent, et non pas qui
regardent les autres s'en occuper. Quant à cela, on peut s'asseoir dans
un auditorium, regarder des films et cela va être moins compliqué
à organiser. Ce n'est pas suffisant de regarder, il faut vraiment mettre
la main à la pâte. Quand on met la main à la pâte,
à moins de multiplier le nombre de bébés, ce n'est pas une
donnée du problème, une fois qu'on les a nourris, baignés,
etc., on ne peut pas recommencer parce que quelqu'un d'autre doit être
payé pour le faire. Il y a vraiment une quantité d'ouvrage
donné. Si les apprentis le font, évidemment, les autres ne
peuvent pas le faire. Je crois qu'il va falloir trouver une façon
d'obtenir une entente là-dessus. Autrement, on va toujours avoir de
l'apprentissage qui va être une espèce de spectacle, et le
spectacle, ce n'est pas l'apprentissage. L'apprentissage, c'est travailler.
Est-ce que cela implique qu'on paie la cotisation syndicale des gens qui
seraient engagés si les gens... je ne sais pas ce que c'est, pour ne pas
pénaliser personne... Je crois qu'il y a une contradiction dans les
termes et qu'on a produit des situations vraiment aberrantes. Même
là-dessus, je pense que si on avait des commissions de formation
professionnelle, dans un sens large, active, elles pourraient justement faire
ce dialogue, comme si c'était vraiment dans le siège du pilote,
plutôt que de ne pas l'être, ce qui est le cas dans le moment.
M. Couture: Etre tout simplement des témoins et faire du
dispatching. La notion d'apprentissage, je pense qu'elle mérite aussi
d'être creusée. Comme vous en avez donné l'exemple, il y a
de faux apprentis ou simplement du personnel supplémentaire. L'apprenti
doit être la personne qui accompagne quelqu'un qui connaît, qui a
la connaissance, et cela aussi est à réévaluer.
Globalement, ce qu'on a dit là-dessus, c'est que la contribution des
partenaires est extrêmement importante dans ce domaine. Si vraiment les
syndicats, les employeurs ne s'assoient pas... Cela peut être au niveau
régionnal, parce que souvent il est mieux de faire participer les
régions à la définition de leurs besoins, et aussi
à l'analyse de la main-d'oeuvre locale et à la façon de
l'utiliser et d'utiliser ceux qui se préparent et qui doivent faire des
stages. C'est là qu'est la clef. Qu'on s'asseoie ensemble et
l'organisme, le comité tripartite avec cette annexe de commission de
formation professionnelle, est le lieu indiqué pour
éventuellement s'entendre sur une certaine orientation dans ce domaine.
C'est absolument essentiel.
M. Bellemare: Est-ce que ces accords qui ont été
signés le 28 juin 1974 sont encore en vigueur, ou ils ont
été renouvelés?
M. Couture: Pour une autre année. C'est-à-dire
qu'on a signé le renouvellement.
M. Bellemare: Vous avez renouvelé dernièrement?
M. Couture: Oui.
M. Bellemare: Dans les cinq ministères, le Travail,
l'Education, l'Immigration, les Affaires sociales et les Affaires
intergouvernementales.
M. Couture: Exactement, quoique le budget soit plus bas cette
année.
M. Bellemare: II est plus bas, je l'ai remarqué. M.
Couture: Oui.
M. Bellemare: L'entente est signée aux mêmes
conditions, il n'y a aucun changement dans la demande de confrontation quant au
programme?
M. Couture: Non, d'autant plus que cette entente devait
être signée, je pense, avant le 31 mars et on n'avait pas les
outils ni le temps nécessaires pour réévaluer toute
l'entente. C'est ce qu'on va essayer de faire cette année, à
l'usage, de voir de quelle façon on pourrait chercher à modifier
cette entente ou en formuler une autre.
Le Président (M. Marcoux ): Elément 3,
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Elément
4?
M. Forget: Elément 4.
Le Président (M. Marcoux): Soutien administratif et
technique. Adopté? Adopté. Programme 5.
M. Bellemare: Une minute, là.
Le Président (M. Marcoux): Adopté?
M. Forget: Non, non.
M. Couture: Cela allait bien.
M. Bellemare: Oui, oui.
Le Président (M. Marcoux): J'ai posé la question;
je n'ai pas fait d'affirmation.
M. Forget: On est bien aimable...
M. Bellemare: Une minute, laissez-moi regarder mes papiers
avant.
M. Forget: ...mais on n'ira pas si vite que cela, si vous le
permettez.
Le Président (M. Marcoux): Je voulais simplement voir le
degré d'éveil des membres de la commission, le degré de
participation.
M. Couture: On était bien parti.
Placement d'étudiants et initiatives
locales
Le Président (M. Marcoux): Je m'aperçois que
tous les membres de la commission participent. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'ai une série de
questions.
On remarque, d'après l'analyse du programme tel
qu'annoncé, qu'il y a un certain nombre d'éléments qui ont
été annulés par rapport au passé. J'aimerais que le
ministre nous indique, en particulier, pourquoi il y a deux
éléments qui ont été éliminés; la
partie des voyages à l'étranger a été
annulée, et, ce qui est peut-être encore plus significatif, l'aide
financière pour l'engagement d'étudiants par les organismes sans
but lucratif, qui représentait, l'an dernier, une certaine somme et un
certain nombre d'emplois, est disparue.
M. Couture: Sur la première question, les voyages ont
été abolis pour deux raisons. La première, c'est
qu'évidemment le Conseil du trésor les a refusés, mais,
évidemment, si on y avait tenu beaucoup, on aurait peut-être
défendu cet élément. A l'analyse que nous en avons faite,
il semble que, finalement, les résultats n'étaient pas tellement
extraordinaires. On peut bien financer des voyages à l'étranger
où la partie tourisme est la partie principale du voyage, mais je pense
que ce n'est pas au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre d'en
avoir la responsabilité, si c'est le seul objectif visé. Dans
l'étude de ces stages qui ont été analysés, on
s'est aperçu qu'on n'était pas satisfait vraiment des
résultats.
M. Forget: Est-ce que le ministre accepterait de déposer
les analyses qui ont été faites?
M. Couture: Je pense que ce sont surtout des analyses verbales,
mais je vais regarder si effectivement on a une espèce
d'évaluation écrite. On regardera cela, puis on vous
l'enverra.
M. Forget: Je pense qu'il était coutumier d'avoir des
évaluations écrites des éléments du programme.
M. Couture: On les a et on les fournira, me dit-on.
M. Forget: Maintenant, pour l'été 1976, la question
des voyages couvrait quelque 450 étudiants. Sur la question des
organismes sans but lucratif, il y a eu 1000 emplois qui ont été
créés de ce côté, l'an dernier, probablement avec un
rendement social assez considérable, dans un grand nombre de cas. Est-ce
que, là aussi, on pourrait avoir des raisons?
M. Couture: C'est le programme de subventions à
l'entreprise privée.
M. Forget: Oui, les organismes sans but lucratif. Les clubs de
l'âge d'or, enfin différentes associations sans but lucratif,
à fins sociales, culturelles, etc., qui engageaient des étudiants
dans le passé. Ils en ont engagé 1000 l'an dernier. Cela ne se
reproduira pas cette année. Les loisirs égale- ment dans les
parcs ont à s'occuper des enfants qui ne sont pas aux écoles,
à ce moment, des jeunes enfants, des moniteurs, etc.
M. Couture: L'explication qu'on me fournit là-dessus est
celle-ci; je pense qu'elle est assez rationnelle. C'est qu'on a choisi
davantage d'aider, par le placement étudiant, l'entreprise
privée, éventuellement, à engager des étudiants.
Dans la plupart des groupes sans but lucratif, ce n'étaient pas des
emplois permanents tandis qu'il y a plus de chances, quand on engage des
étudiants dans l'entreprise privée les chiffres nous le
démontrent qu'un bon nombre de ces étudiants finissent par
trouver un emploi plus permanent.
M. Forget: De combien? Vous avez, d'un côté, pour ce
qui est des subventions pour l'engagement d'étudiants dans les
entreprises privées, un budget qui est à peu près la
moitié, cette année, de ce qu'il était l'an dernier. D'un
autre côté, on sacrifie 1000 emplois temporaires, je veux bien,
dans la plupart des cas dans des organismes sans but lucratif; donc, on doit y
gagner passablement du côté des emplois permanents.
M. Couture: Ils doivent faire une demande dans les projets
spéciaux, pour les subventions qu'on donne à l'employeur dans
notre placement étudiant.
M. Forget: Ils sont regroupés avec l'entreprise
privée?
M. Couture: Ils peuvent, c'est-à-dire que la demande peut
être faite. Le transfert peut être fait à l'autre titre.
M. Forget: Est-ce que les organismes en question sont au courant
de cette possibilité? Apparemment, comme l'élément de
programme disparaît enfin, ce n'est pas un élément
de programme dans le sens du PPBS ...
M. Couture: II y a déjà des applications de ces
organismes, mais pas par ce programme-là, il y a des applications par le
service du placement étudiant dans nos programmes d'emplois
nouveaux.
M. Forget: Auxquelles on donnera des réponses
positives?
M. Couture: Oui, selon l'analyse qu'on fera de chacune de ces
demandes.
M. Forget: A ce moment-là, c'est le même type de
subventions que celles prévues pour l'entreprise privée,
c'est-à-dire un budget maximum de $250 par étudiant? Evidemment,
comme ils ne sont pas à profit, les conditions auxquelles ils peuvent
accepter des subventions sont passablement différentes, alors cela
équivaut pratiquement à rendre inaccessible, pour les objectifs
sans but lucratif, l'engagement d'étudiants.
M. Couture: On me dit qu'il y a des groupes
de loisirs qui ont déjà accepté. Semble-t-il, cela
rejoint les mêmes objectifs, mais autrement.
M. Forget: Est-ce qu'on pourrait obtenir une indication
précise quant à la date où les formules ont
été rendues disponibles pour l'inscription des étudiants,
respectivement dans les écoles et dans les entreprises privées,
dans les municipalités?
M. Couture: Pour les étudiants, il y avait
déjà les inscriptions de l'année dernière.
Dès le mois de décembre, tous ceux qui étaient inscrits
l'année dernière, une formule leur a été
envoyée, je pense, au début de décembre. Je pense que
c'était autour de 100 000 étudiants, 80 000 étudiants qui
n'avaient, dès le mois de décembre, qu'à manifester leur
désir de travailler.
M. Forget: Et cela s'appliquait aux 100 000? Ils étaient
inscrits automatiquement?
M. Couture: Je vais vous donner le chiffre exact. C'est cela, il
y avait à peu près 110 000 étudiants, l'année
dernière, inscrits, et à qui, au mois de décembre, on a
demandé s'ils renouvelaient leur inscription au service du placement
étudiant.
M. Forget: Et il y en a combien, là-dessus, qui l'ont
fait?
M. Couture: On en a eu 80 000, je pense.
M. Forget: 80 000 se sont réinscrits en
décembre?
M. Couture: Oui.
M. Forget: Donc, ceux-là n'avaient pas besoin de formule
de demande d'emploi.
M. Couture: Non. Dès décembre, on avait, au service
du placement étudiant, près de 80 000 inscriptions de gens qui
étaient inscrits les années dernières, des
étudiants qui, étant placés, s'ils avaient fait l'affaire
je pense que c'est aussi l'intérêt du nouveau programme
étaient rappelés. Il y a la formule de rappel,
c'est-à-dire que l'employeur qui avait tel étudiant,
l'année dernière, qui s'est réinscrit, s'il voulait garder
cet étudiant au travail, il avait la possibilité d'indiquer son
choix.
M. Forget: Pour les nouveaux étudiants ou ceux qui
devenaient admissibles pour la première fois?
M. Couture: Les formules d'inscription ont été
distribuées dans tous les CEGEP, les polyvalentes et les
universités vers la fin d'avril, le 27 avril?
M. Forget: Fin avril. Et dans les entreprises privées et
dans les municipalités?
M. Couture: C'est à peu près en même
temps.
M. Forget: Au même moment? Quant à ceux qui se sont
inscrits à partir des nouvelles formules, étant donné
qu'il y en avait déjà 80 000 d'inscrits, ce qui, largement,
dépasse le nombre d'emplois possibles, quelles étaient les
probabilités de chance de succès, dans le fond, de ceux qui se
sont inscrits à partir de la fin d'avril? Elles ne devaient pas
être très élevées.
M. Couture: Le tirage au sort comme tel a commencé
seulement au milieu d'avril, le 27 avril.
Le tirage au sort a été fait plus tard. Oui,
évidemment, ils ont moins de chances. D'ailleurs, les étudiants
peuvent s'inscrire continuellement durant tout l'été, mais c'est
évident que les 80 000 qui ont renouvelé leur inscription au mois
de décembre, plus ceux qui se sont inscrits immédiatement quand
ils ont eu leur formule, c'est ce stock-là qui avait les
premières chances.
M. Forget: Disons que les formules pour les nouveaux
étudiants, les nouveaux admissibles étaient disponibles à
la fin d'avril, donc ils n'ont pas pu la retourner le même jour; il y a
quand même un délai de poste d'une semaine, dix jours. On a
commencé le tirage au sort presqu'au même moment où les
formules étaient disponibles, ce qui veut dire que d'une certaine
façon, à mesure que les nouveaux entraient, il n'y avait plus
grand-chose.
M. Couture: Oui, de fait, c'est un nouveau système qui a
demandé une révision au ministère et une acceptation de
principe des nouveaux critères de sélection. Cela nous a
retardés un peu cette année. Les nouveaux étudiants, je
crois qu'il faut le dire qu'ils sont un peu pénalisés, parce que
le système est entré en vigueur un peu tard. Quand même, il
y a 80 000 étudiants d'inscrits et tous ceux qui étaient
là, de deuxième, troisième année, ceux qui
étaient là les années passées, ils ont
profité quand même, dès le début, du tirage au sort,
mais il y a un délai d'une semaine pour les autres.
M. Forget: II y a de l'ancienneté pour ceux-là.
M. Couture: C'est un principe qui est reconnu assez facilement
partout d'ailleurs.
M. Forget: J'imagine que, pour ce qui est des emplois dans la
fonction publique et des organismes apparentés, on pourrait
connaître à ce moment-ci le budget par ministère et le
nombre d'emplois créés par ministère. Je ne vous demande
pas la liste verbalement, mais peut-être que le ministre pourrait nous la
communiquer par écrit.
M. Couture: Oui, on va prendre note et on vous l'enverra. Les
emplois par ministère. Je pense qu'on a la liste. C'est à peu
près $7 millions ou $8 millions. On va vous le chercher et on va vous le
donner dans quelques minutes.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Johnson.
M. Forget: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Marcoux): Vous n'avez pas fini? Le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Dans chaque ministère il y avait un fonds
régulier et après cela un programme spécial, est-ce qu'il
serait possible de faire la distinction dans le relevé qui nous sera
transmis dans les deux? Maintenant, juste une dernière remarque. Dans un
commentaire de l'UPA qui a paru dans le journal tout récemment, selon
l'UPA le programme d'embauche d'étudiants est inapplicable. Ils disent
qu'à toutes fins pratiques, dans l'industrie agricole du Québec,
il ne sera pas possible pour eux de se prévaloir du programme pour
l'été 1977.
M. Couture: Donnent-ils les raisons? N'importe quel agriculteur
qui effectivement demande un étudiant et s'inscrit, je ne vois pas pour
quelle raison il ne pourrait pas profiter du programme comme tous les autres.
On en avait d'ailleurs...
M. Forget: On donne deux raisons, je me permets de les citer
puisque le ministre a posé la question. C'est M. Couture qui parle, le
président général de l'UPA. Il dit: II ne saurait
être acceptable aux agriculteurs, d'une part, parce que ceux-ci n'auront
plus droit aux candidats de leur choix, et, d'autre part, parce que la date
limite du 15 mai est beaucoup trop hâtive pour s'y inscrire. Pour s'y
inscrire de la part des agriculteurs.
M. Couture: La deuxième raison, je ne suis pas d'accord.
Ils avaient l'information, dès le milieu d'avril, qu'effectivement les
formules d'inscription seraient disponibles assez rapidement, puis ils avaient
une quinzaine de jours pour s'inscrire. Et partout au Québec on pouvait
trouver cette formule d'inscription.
M. Forget: Les besoins, par exemple, pour la récolte, on
dirait...
M. Couture: Mais cela ne leur coûte rien de s'inscrire
avant le 15 mai.
M. Forget: Mais il faut qu'ils spécifient leurs besoins
pour avoir une chance d'obtenir des étudiants, j'imagine, dans le
détail.
M. Couture: Je ne suis pas un spécialiste en agriculture.
On verra si c'est exact, ce qu'on dit là; mais je suis porté
à croire, moi, qu'un agriculteur pouvait s'inscrire et prévoir
dans quel type d'emploi il avait besoin d'étudiants. Il faudrait, on
vérifiera, je le prends en note parce que c'est...
M. Bellemare: Vérifiez donc si M. Couture a raison quand
il dit dans le même article qu'il ne peut pas engager son fils, ni son
voisin.
M. Couture: Cela c'est vrai. C'est nouveau dans le programme et
à moins qu'on nous prouve... Cela restera quand même une formule
de rodage cette année, on améliorera notre formule l'année
prochaine si on n'est pas satisfait. Vous savez, ce n'est pas seulement le fils
de l'agricul- teur, il y a les chefs d'entreprise aussi qui avaient leurs
grands garçons, puis ils avaient leurs neveux, leurs nièces. Les
agriculteurs et les chefs d'entreprise qui ont des fils à placer sont
peut-être dans de meilleures conditions, comme c'est dans leur famille,
pour établir eux-mêmes comment ils paieront leur fils.
C'est seulement pour le programme subventionné où il n'y a
pas de choix. Il me paraît normal que l'on en fasse profiter tous les
étudiants et non pas simplement, dans une série d'entreprises
agricoles ou d'entreprises tout court, qu'on subventionne des fils de patrons
ou des fils d'agriculteurs. C'est leur choix. S'ils veulent faire travailler
leur propre fils, ils les payeront comme ils voudront. Pour les
étudiants, cela donne la chance à beaucoup d'entre eux si on
laisse le programme subventionné au tirage au sort.
M. Forget: J'ai une dernière question, M. le
Président. Dans certains ministères il y a des problèmes
de déplacement et de mobilité pour les étudiants qui sont
engagés pour certaines activités d'été. Il y avait
un programme de location de voitures pour permettre justement de créer
des emplois qui supposent la mobilité. Je crois que cela a
été interrompu.
M. Couture: Non. Il a été signé cette
année.
M. Forget: Cela continue. Il a été signé de
la même façon. Combien des véhicules y a-t-il? Est-ce le
même nombre que l'année dernière?
M. Couture: 146 ou 148.
M. Forget: Environ le même nombre. Je n'ai pas d'autre
question là-dessus.
Le Président: Le député de Johnson.
M. Bellemare: Dans un document qu'a remis en Chambre le ministre
du Travail il dit que cela représentait un programme de $4,5 millions
divisé en deux secteurs. Le premier programme, $3,5 millions, incitation
à la création d'emplois. Le deuxième programme, projets
spéciaux, $1 million. Dans le budget, je voudrais que vous m'expliquiez
cela. On voit, pour le placement étudiant, $1 206 000 pour cette
année, contrairement à $1 300 000 en 1976, en partant. D'abord,
vous annoncez un programme de $4,5 millions divisé en deux programmes
différents. C'est ma première question... Je ne voudrais pas
être coupé immédiatement après car j'en ai
d'autres.
Le Président (M. Marcoux): Vous voulez qu'on
réponde à votre première question?
M. Bellemare: Oui, la première question, $4,5 millions,
deux programmes, l'un de $3,5 millions et l'autre de $1 million.
M. Couture: J'ai demandé au sous-ministre à
l'administration de répondre sur les chiffres. L'an dernier on a obtenu
un budget spécial pour sub-
ventionner les étudiants qui travaillaient au COJO. Cela ne
s'applique pas cette année.
M. Bellemare: Cela ne s'applique pas cette année. Le
budget qui est ici fait la concordance avec le budget de $4,5 millions?
M. Couture: Le budget qui est indiqué pour ces programmes,
les $4,5 millions, était au ministère des Finances, donc il ne
paraît pas dans le livre des crédits chez nous.
M. Bellemare: On l'a quand même au ministère du
Travail pour payer les étudiants.
M. Couture: C'est cela.
M. Bellemare: Pourquoi n'avez-vous pas payé les
entrepreneurs qui sont en retard pour le $1 l'heure?
M. Couture: J'ai de bonnes nouvelles pour vous. Ils sont
payés depuis hier.
M. Bellemare: Depuis hier, peut-être. Hier soir, ils
n'étaient pas payés.
M. Couture: Ils sont tous payés.
M. Bellemare: Ils le sont tous. On avait dit: Vous ne serez pas
payés avant que l'on ait le budget de 1977. Beaucoup d'employeurs n'ont
pas encore reçu leur remboursement de 1976.
M. Couture: Tout est fait. C'est la bonne nouvelle que je vous
annonce. Tout le monde est payé.
M. Bellemare: Je vais l'enlever de mon agenda. Vous voyez comme
on suit cela de près.
Le Président: Programme...
M. Bellemare: Attendez un peu! Deux questions et vous allez
m'enlever le crachoir! Pas si vite, s'il vous plaît!
Je voudrais savoir quand un étudiant a travaillé trois
années d'affilée chez le même cultivateur, si cet
étudiant peut retourner au même endroit ou si cela est tiré
au sort.
M. Couture: Non, une autre bonne nouvelle, il peut retourner au
même endroit parce qu'on a prévu, dans notre programme, le droit
de rappel.
M. Bellemare: Vous n'aurez pas besoin de répondre à
ma lettre.
M. Couture: II me fera plaisir de recevoir votre correspondance
quand même.
M. Bellemare: Le tirage au sort que vous avez inauguré
dans le système que vous avez préconisé sera-t-il conforme
au point de vue de la justice...
M. Couture: Impeccable.
M. Bellemare: Un gars riche qui sera tiré au sort,
contrairement à un gars d'une famille nombreuse qui, lui, ne sera pas
tiré au sort, aura le barème nécessaire pour sa
bourse.
M. Couture: C'est cela. On présume que tous les
étudiants, quels qu'ils soient, peuvent toujours justifier des besoins
d'emploi d'été.
Evidemment, cela peut arriver, mais je pense que, dans notre
société québécoise, la proportion des gens
très riches chez les étudiants n'est pas tellement énorme.
On risque avec ce tirage au sort, quand même, de rejoindre la
clientèle qui en a besoin.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous dire que...
M. Chevrette: Est-ce que je peux poser une question au
député de Johnson, sur le même sujet, s'il accepte?
M. Bellemare: Vous n'avez pas le droit de me poser directement
des questions; il faut que vous le demandiez au président.
M. Chevrette: Je vais la poser au président pour qu'il
vous l'achemine.
M. Bellemare: Après que j'aurai fini, je n'ai pas
d'objection.
M. Chevrette: Pourriez-vous me reconnaître?
M. Bellemare: On dit $1 l'heure jusqu'à concurrence de
$250 dans une entreprise, mais l'association des étudiants a mis en
évidence une situation qui me paraît encore plus inacceptable. Le
salaire gagné par les étudiants, soit $812, $250 à $325,
est inférieur au salaire exigé par le gouvernement pour le
régime des prêts-bourses qui est de $742 au niveau universitaire
et de $423 au niveau collégial.
M. Couture: Evidemment, je pense que, dans le même article,
vous pouvez voir que le ministre du Travail a fait une petite
déclaration là-dessus.
M. Bellemare: Oui, M. Couture dit que c'est fini le fouillis au
placement étudiant.
M. Couture: Pas le placement étudiant. M. Bellemare:
C'était le grand titre.
M. Couture: Le titre n'était peut-être pas tout
à fait exact.
M. Bellemare: Pas tout à fait.
M. Couture: Je disais qu'il y aurait une concordance entre le
Service de placement étudiant, les revenus gagnés par les
étudiants et le système des prêts-bourses. A cette
occasion, j'ai dit que cela serait utile qu'à l'Education et au Tra-
vail des gens se rencontrent pour essayer de faire cette concordance et,
effectivement, je pense qu'on a un comité qui est en marche.
M. Bellemare: Le gouvernement fédéral met $69
millions cette année au service des étudiants. Quelle sera la
part du gouvernement provincial dans ces $69 millions?
M. Couture: Avec les budgets des ministères, cela arrive
à $7 millions ou $8 millions que le gouvernement provincial donne pour
les étudiants. On n'a pas les mêmes budgets,
évidemment.
M. Forget: Une question incidente. Vous avez dit tout à
l'heure que le paiement était fait pour les choses de l'an dernier.
Est-ce qu'il est fait à même les crédits de cette
année ou si les chèques étaient émis
déjà?
M. Bellemare: Cette année. Il le dit dans sa
déclaration.
M. Forget: C'est payé à même les
crédits de cette année.
M. Bellemare: Bien oui, on n'a pas d'argent pour vous payer.
M. Couture: Pas dans ce budget.
M. Forget: C'est le fonds de suppléance?
M. Couture: C'est dans le budget de suppléance. Cela sera
dans le budget supplémentaire.
M. Bellemare: Le ministre dit: On paie les dettes de l'ancien
gouvernement. "Plusieurs employeurs nous ont dit qu'ils hésitaient
beaucoup à embaucher des étudiants cette annéè.
D'autres refuseront simplement de le faire aussi longtemps qu'ils n'auront pas
été remboursés pour les programmes de 1976. Dans ce
programme le gouvernement s'engageait..." On leur a répondu que le
paiement pourrait être fait dans cinq ou six semaines, soit vers la
mi-juin. Cela est fait avec l'argent du budget de cette année.
M. Couture: II y aura un budget supplémentaire pour aller
chercher cet argent.
M. Bellemare: Ah!
M. Couture: Oui, il faut quand même honorer ces comptes et
l'explication politique est assez délicate.
M. Forget: Ce sont les dettes de l'Etat et, quand vous êtes
arrivés au pouvoir, l'année financière n'était pas
finie. Evidemment, vous avez des dettes à payer. Il s'agit de
combien?
M. Couture: Je pense que c'est $1 million quelque chose.
M. Chevrette: Vous dépensiez plus que ce que vous
prévoyiez, vous autres?
M. Bellemare: Non. Le 26 novembre, vous avez bloqué les
crédits. Vous avez bloqué les paiements. Ils ont bloqué
les crédits pour payer les dettes: $1,6 million. Cela, je le sais. Le 26
novembre, après le 15. Ils ont remis cela au mois de mars cette
année. Cela, c'est votre administration.
M. Couture: Dans le fond...
M. Clair: Le ministre n'était pas nommé, à
ce moment.
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Chevrette: C'est le 26 novembre au soir qu'il a
été nommé.
M. Couture: Cela n'a rien à voir avec ce $1 million.
M. Laplante: II ne faut pas vous mêler, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Non, cela a été bloqué le 26
novembre.
M. Laplante: On ne l'avait pas le pouvoir à ce moment; on
était élu, mais pas plus.
M. Bellemare: Vous aviez eu des rencontres, c'est sûr et
certain, pour bloquer les crédits, parce que ce crédit a
été bloqué le 26 novembre.
M. Couture: Cela n'a rien à voir avec ce $1,9 million. Ce
sont des engagements excédentaires d'un budget autorisé, pour
employer une expression technique reconnue.
M. Forget: II n'y a eu aucun crédit périmé
à ce poste?
M. Couture: Non.
M. Forget: Quelle était la dépense totale l'an
dernier? Il y avait des crédits de $4,5 millions.
M. Bellemare: II vient d'être payé, il vient de le
recevoir. Pourquoi?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Couture: Ce n'est pas nous qui l'avons bloqué.
M. Bellemare: Ce n'est pas vous qui l'avez bloqué!
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Bellemare: Voyons, n'essayez pas de faire le vertueux!
M. Laplante: Bien, voyons!
M. Bellemare: II faudrait avertir...
M. Chevrette: II faudrait respecter les crédits
votés.
M. Bellemare: C'est déjà voté.
M. Chevrette: Ils sont votés. Il y a $1 900 000 de
plus.
M. Bellemare: Ah oui!
M. Couture: Excédentaires.
M. Chevrette: Excédentaires. Ils n'étaient pas
prévus dans le budget.
M. Couture: C'est là, qu'était la vertu...
M. Chevrette: Vous défendez votre collègue, vous
avez le droit, mais...
M. Bellemare: Je défends la politique que je
préconise: quand on doit, on paie. On ne laisse pas les gens...
M. Chevrette: C'est ce qu'on a fait.
M. Bellemare: Vous l'avez fait, oui, en leur disant: ...on va
payer. L'intérêt de cet argent, vous ne l'avez jamais
payé.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Johnson a-t-il d'autres questions?
M. Bellemare: Mais quand on est en retard, par exemple, pour
payer notre impôt, je vous dis qu'ils l'ajoutent, l'intérêt.
N'oubliez pas cela.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le
député de Johnson a d'autres questions?
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Le programme 5,
élément 1, adopté.
M. Forget: Le député de Johnson a
déjà terminé?
Le Président (M. Marcoux): Oui. Elément 2.
M. Bellemare: initiatives locales. Où est mon papier?
M. Chevrette: Vous avez des coupures de presse?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, le
député de Jeanne-Mance avait une question à poser. J'ai
oublié de lui donner la parole. Peut-être qu'à
l'élément 2, il pourrait poser sa question.
M. Laberge: C'était une question sur le placement
étudiant.
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais l'ensemble du
programme concerne le placement étudiant. Disons que vous pouvez poser
votre question si...
M. Laberge: A la question que j'avais à poser, je pense
que j'ai peut-être eu une partie de la réponse. C'était
à propos des placements étudiants, disons en 1974, 1975, 1976
chez des cultivateurs. J'ai vécu des expériences moi-même
dans le passé, c'est-à-dire qu'il y a des gens de mon
comté qui se sont inscrits dans les délais convenus pour aller
travailler chez un cultivateur. Pendant ce temps, pas de réponse. Rendu
au 15 juin, au 18 juin, une série d'appels au bureau de placement
étudiant en demandant: Est-ce que vous avez reçu ma demande?
Est-ce qu'il y a des cultivateurs qui veulent avoir des étudiants pour
travailler sur leurs fermes? A force de recherches et de harcèlements,
on s'est rendu compte que les employés avaient donné tout
simplement le numéro de téléphone d'un cultivateur qui
s'était inscrit, apparemment, avant cette date. La communication s'est
faite, finalement, par l'intermédiaire du bureau de placement, mais
juste grâce à un numéro de téléphone, et
lorsqu'on a appelé le cultivateur en disant: Voulez-vous toujours un
étudiant? Il a répondu: Oui, cela fait deux mois que je
l'attends! Le soir même, l'étudiant est allé travailler. Il
s'est rendu chez le cultivateur. C'était justement ma
préoccupation, dans le temps, comment les bureaux de placement
étaient-ils organisés pour fonctionner si mal?
M. Couture: C'était en quelle année?
M. Laberge: Je vous dis en 1974. C'est pour cela que je pense que
j'ai eu ma réponse tout à l'heure. Actuellement, il semble que
votre organisation, que vous dites mieux rodée, donnera probablement aux
cultivateurs un meilleur service. Mais dans le temps, j'ai eu l'occasion de
parler à plusieurs et ils étaient très
déçus. Espérons qu'on apportera des solutions à ces
problèmes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a des questions
sur l'élément 2?
M. Bellemare: Sur l'élément 2, simplement une
question. Le ministre vient de nous dire qu'il y a $11,5 millions, à peu
près, qui viennent dans la province de Québec, sur les $69
millions du gouvernement fédéral.
M. Couture: Non, c'est le budget provincial, ce n'est pas les $69
millions...
M. Bellemare: Non. Le gouvernement fédéral...
M. Couture: Ah non! Vous parlez du programme d'initiatives
locales. Oui, il est là.
M. Bellemare: II y a $11 millions. Est-ce pour payer les
programmes de Jeunesse Canada au tra-
vail, ou de la compagnie des travailleurs d'été? Est-ce
qu'il y a des sommes du gouvernement fédéral qui vont dans
cela?
M. Couture: Non. Dans ce budget des initiatives locales, on fait
seulement l'administration qui est à l'élément 2. Vous
avez $228 400.
M. Bellemare: Adopté, quant à moi. M. Couture: Moi
aussi.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Le programme 5
est adopté. Le programme 6.
Sécurité au travail et dans les lieux
publics
M. Forget: M. le Président, au programme 6, on aurait
presque autant à dire que sur tout le reste de tous les crédits
du ministère, sauf qu'on a un peu un handicap: le ministre responsable
de ces lois n'est pas ici. Tout ce qu'on sait c'est que toutes les lois vont
être refondues.
M. Couture: Point d'information, M. le Président. Le
ministre responsable de ces lois est présent. Le ministre qui a le
mandat de préparer une loi cadre sur tous les problèmes de
sécurité et de santé au travail n'est pas
présent.
M. Forget: Toutes les questions qu'on va poser au ministre, s'il
y a quelque chose qui ne va pas bien, il va dire: Ecoutez, il y en a un autre
qui est en train de préparer une loi pour corriger tout cela.
M. Couture: Je ne le dirai pas comme cela, cela peut arriver
à cela.
M. Forget: Non, mais cela va pas mal arriver à cela et je
ne voudrais pas faire perdre le temps de personne en ayant l'air de
décrire des problèmes qui sont apparemment connus de tout le
monde et pour lesquels, ce qui nous intéresse, ce sont les solutions.
Encore une fois, les solutions, on ne peut pas en discuter ici parce qu'on n'a
pas le ministre d'Etat. On nous dit qu'on va pouvoir en dis-;uter
bientôt, est-ce vrai?
M. Couture: Sur la prochaine loi sur l'amiantose, il y aura une
commission parlementaire. Le projet de loi donne ouverture à cela. Il y
a des principes, je ne sais pas s'ils vont vous apparaître nouveaux ou
non, il y a des orientations du gouvernement dans ce projet de loi qui
permettront de discuter, de débattre la philosophie et les
priorités que nous avons au gouvernement sur la sécurité
des travailleurs.
M. Forget: Dans le contexte tel que décrit par le
ministre, je serais prêt à l'adopter. Encore une fois, ce n'est
pas parce que ce n'est pas important, mais parce que je pense qu'on n'a pas ici
le contexte suffisant pour en discuter.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: C'est probablement le "master piece", en
français la pièce maîtresse de tout le dossier du
ministère du Travail. Si on n'y touche pas, il nous faut l'assurance
qu'on pourra l'étudier devant la CAT parce que la
sécurité, c'est surtout là qu'on va la retrouver ou
bien l'étudier dans le domaine de la construction. Le ministre a
annoncé que le décret serait étudié à
nouveau par une commission spéciale.
M. Couture: Pas tout le décret, mais il y aura un
mandat.
M. Bellemare: La sécurité va venir sûrement
dans le décret de la construction. Soit qu'on puisse l'étudier de
nouveau quand le bill de l'amiantose, de la silicose...
M. Couture: Je pense que ce sera peut-être l'endroit
idéal.
M. Bellemare: II y a trois endroits bien spécifiques. On
aura le rapport du journal des Débats comme quoi on a fait des
interventions pour que, si on a à le discuter, on puisse le discuter
là. Soit les accidents du travail pour la sécurité, soit
la construction pour la sécurité, soit l'amiantose pour la
sécurité; il y a des éléments qui sont fort
importants pour le ministère du Travail.
M. Couture: Absolument. C'est tellement important que j'en fais
un engagement personnel. Il est évident qu'on aura besoin de la
contribution de tous les représentants des partis de l'Assemblée
nationale pour étudier à fond ces problèmes de
sécurité. J'en fais l'engagement que ce sera à l'occasion
des prochaines commissions parlementaires sur l'amiantose...
M. Bellemare: La CAT ou la construction.
M. Couture: ... ou sur le décret de la construction.
M. Bellemare: Si le ministre s'engage formellement à cela,
je n'ai pas d'objection, je garde mes documents.
M. Couture: Je ne veux quand même pas vous empêcher
de poser les questions nécessaires sur le programme lui-même
ici.
M. Bellemare: Les trois éléments qui sont là
sont l'application de la sécurité, on en parle, les règles
au point de vue de l'éducation l'éducation cela va
être quasiment connexe et le troisième
élément, c'est le soutien administratif au point de vue
technique. Je pense que c'est dans le domaine de la sécurité en
général qu'on va pouvoir se rencontrer.
Le Président (M. Boucher): Programme 6, adopté?
M. Bellemare: Pour moi, oui.
Le Président (M. Boucher): Programme 6, adopté.
M. Bellemare: Vous n'aurez pas besoin d'imposer le bâillon
à personne.
Le Président (M. Boucher): Programme 7.
Qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction
M. Forget: Programme 7, M. le Président, j'aimerais qu'on
nous fasse seulement un exposé, parce que c'est un nouveau programme,
des problèmes d'application et d'évolution des choses telles
qu'elles apparaissent dans le moment. Evidemment, il y a certaines
difficultés dont on a eu vent qui ont été soulevées
par l'application de cette nouvelle loi mais peut-être que le ministre ou
le sous-ministre pourraient nous brosser un tableau de l'évolution de la
situation de ce côté.
M. Couture: A vrai dire...
M. Bellemare: Excusez-moi de vous interrompre, mais vous avez la
déclaration de votre conjoint, de votre assistant, le sous-ministre qui
a dit qu'il voulait tout centraliser cela dans une seule association patronale
et qu'il voulait revoir complètement toute cette loi. Le programme vise
à permettre à la Régie des entreprises en construction de
réglementer la compétence et particulièrement la
solvabilité des entreprises dans la construction. Il va falloir une loi
pour y pourvoir. On n'est pas pour répéter les arguments qu'on
emploierait, la même chose ici.
M. Couture: C'est cela la loi.
M. Bellemare: Si on a l'assurance qu'on va pouvoir... Moi, j'ai
l'assurance, parce que c'est sûr et certain que le député
de...
M. Couture: Oui, c'est évident que...
M. Bellemare: ...je l'ai oublié, le député
de...
M. Forget: Saint-Laurent.
M. Laplante: Saint-Laurent.
M. Bellemare: ...Saint-Laurent a la même prétention
que moi. Lorsque va venir le débat, on va se lever, on va donner nos
arguments. Cela ne sert à rien de les répéter.
M. Couture: On peut vous envoyer le rapport annuel des
activités de la Régie des entrepreneurs en construction
pour...
M. Bellemare: Cela c'est...
M. Couture: ...avoir une bonne information sur ce qui se passe.
C'est une nouvelle régie qui prend progressivement sa vitesse de
croisière. Je pense que la loi répond...
M. Bellemare: La loi peut répondre, mais...
M. Couture: ...à des objectifs très importants sur
cette compétence, cette solvabilité. Moi-même, je n'ai pas
de commentaires spéciaux à faire, sauf que je crois que nous
surveillons un peu ces activités et l'usage qui en est fait, et nous
voulons réévaluer, peut-être dans quelques mois, ce...
M. Bellemare: II y a une guerre terrible au sein de...
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bourassa.
M. Bellemare: ...oui, exactement.
M. Laplante: Une dernière question, M. le
Président.
Le petit entrepreneur, actuellement, qui aurait des valeurs de
performance à $100 000, une cotation à cela, qui vaudrait cela,
qui entreprendrait de gros chantiers, qui déciderait, demain matin,
d'entreprendre 200 maisons unifamiliales, est-ce qu'il y a quelque chose dans
la loi, actuellement, qui l'empêcherait d'entreprendre la construction de
200 maisons comme cela avec une valeur aux livres de $100 000?
M. Couture: II faut qu'il prouve sa solvabilité,
c'est-à-dire qu'il puisse donner le cautionnement nécessaire pour
entreprendre ces travaux.
M. Laplante: Pour entreprendre ces 200 maisons.
M. Couture: Oui.
M. Bellemare: Si c'est la Société d'habitation,
elle va l'exiger.
M. Laplante: Je ne suis pas certain. M. Bellemare: Ah oui!
en vertu de la loi. M. Laplante: Je ne suis pas certain.
M. Bellemare: En vertu de la Loi de la Société
d'habitation, c'est prévu. Je ne sais pas à quel article, mais il
y a un article qui prévoit qu'au dépôt, il faut qu'il donne
des garanties valables.
Souvent, c'est un sous-traitant...
M. Laplante: C'est cela, c'est là...
M. Bellemare: ...qui arrive dans la patente, qui n'est pas
capable de se qualifier...
M. Laplante: C'est à cela que je veux en venir. M.
Bellemare: ...qui fera faillir l'autre.
M. Laplante: C'est par rapport à un contrat de
plomberie.
M. Couture: Mais la loi prévoit...
M. Bellemare: C'est un plombier qui arrive ou un
électricien, qui fait faillir l'autre.
M. Laplante: Un plombier qui était un petit entrepreneur
est arrivé dans ces 200 maisons, puis il lui a donné les 200
maisons à faire en plomberie...
M. Bellemare: Ce n'est pas prévu.
M. Laplante: ...puis actuellement ils sont pris avec des
problèmes énormes...
M. Bellemare: C'est cela.
M. Laplante: ...puis l'autre entrepreneur n'y est plus, il a fait
faillite.
M. Couture: On a des règlements qu'on proposera
là-dessus où le sous-traitant, c'est-à-dire l'entrepreneur
sera responsable de la solvabilité de son sous-traitant.
M. Bellemare: II est quasiment engagé aujourd'hui.
M. Couture: Oui. C'est pour rémédier à cela.
M. Forget: M. le Président, j'ai une question.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le député de Johnson, tantôt, a
posé, peut-être pas vraiment une question, il a cité
plutôt les paroles de l'adjoint parlementaire relativement à la
question.
M. Bellemare: Oui, il n'était pas ici, je vais lui
envoyer...
M. Forget: Non, il n'était pas ici. C'est surtout que
j'aimerais savoir si l'opinion qu'a exprimée l'adjoint parlementaire
là-dessus et qu'a citée le député de Johnson, c'est
une opinion strictement personnelle ou si le ministre est du même
avis.
M. Couture: A propos de quoi?
M. Bellemare: Sur l'unification de la loi des entrepreneurs
généraux.
M. Couture: Cela reste, à ce stade-ci, une opinion
personnelle.
M. Bellemare: Ah bon! Ce n'est pas prévu dans la loi.
M. Couture: Pas encore.
M. Forget: Je voudrais remercier le ministre...
Le Président (M. Marcoux): Programme 7, adopté?
Adopté.
M. Forget: ...et les fonctionnaires qui l'accompagnaient de leur
patience et de leur bonne collaboration.
M. Bellemare: Je me joins au député de
Saint-Laurent pour remercier et le gouvernement et l'Opposition officielle de
la latitude qu'ils nous ont donnée.
M. Couture: Je conclus en vous remerciant tous de votre
intelligente et positive contribution. Cela a été des
débats fort intéressants.
Le Président (M. Marcoux): La commission du travail et de
la main-d'oeuvre ajourne ses travaux sine die. Le rapporteur fera rapport
à l'Assemblée nationale de nos délibérations.
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration a
terminé ses travaux et elle prie son rapporteur de faire rapport
à l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 12 h 4)