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Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des terres et forêts est réunie pour
l'étude des crédits budgétaires 1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Bérubé (Matane),
M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Jolivet (Laviolette), M. Marquis (Matapédia), M.
Pagé (Portneuf), M. Perron (Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell
(Brome-Missisquoi).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Dubois (Huntindgon)...
M. Dubois, voulez-vous remplacer comme membre régulier, ou si cela n'a
pas d'importance pour vous?
M. Dubois: M. Russell n'est pas ici ce matin, je vais le
remplacer.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, M. Russell
(Brome-Missisquoi) est remplacé par M. Dubois (Huntingdon); M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M.
Mercier (Berthier), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Utilisation de la forêt
On me dit qu'il restait un programme à adopter, le programme 4.
M. le ministre, aviez-vous fait vos remarques préliminaires?
M. Bérubé: Sensiblement, parce que même si le
député de Portneuf n'a pas assisté au début des
travaux de cette commission, nous avions, à la demande du
député de Montmagny-L'Islet, son collègue, répondu
atout un ensemble de questions portant sur l'ensemble du programme. Je dois
dire que toutes ces questions avaient, en pratique, porté sur le
programme 4. Par conséquent, nous avions donc eu plus que le temps
d'expliciter sur les questions.
Essentiellement, dans ce programme, nous avons la révocation des
concessions forestières. Nous avons tout le programme de la location des
bois, de la programmation de l'exploitation, de la préparation des plans
de gestion et, également, un nouveau secteur qui est l'industrialisation
dans le secteur forestier. Je dois également souligner la
présence du programme 4, élément 4, qui porte sur l'aide
à la forêt privée, alors que l'élément 3
porte sur la voirie forestière.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je tiens à
m'excuser auprès de mes collègues et auprès des collabora-
teurs du ministre d'avoir été en retard de quelques minutes ce
matin, ce qui est bien pardonnable quand on tient pour acquis que
j'étais dans mon comté hier soir.
Nous sommes heureux, nous de l'Opposition officielle, d'aborder
l'étude du programme 4 et, plus spécifiquement, du fait que ce
programme permettra, par les crédits qui sont demandés pour
adoption ce matin, ici, au ministère des Terres et Forêts,
d'intervenir dans plusieurs secteurs de notre industrie qui a certainement un
impact sur l'économie du Québec, impact que, nous
l'espérons, sera positif sur le développement de notre
économie et qui permettra de rassurer beaucoup de gens qui sont un peu
inquiets, actuellement.
Nous avons eu une commission parlementaire qui a été
appelée par le ministre des Terres et Forêts, au mois d'août
1977, et qui a été reportée, pour son étude, au
début de septembre. C'est une commission qui était attendue non
seulement par les manufacturiers, les industriels, les travailleurs, le milieu
syndical et autres mais qui était aussi attendue par le gouvernement et
par l'Opposition officielle en ce que cette commission constituait ou allait
constituer un moyen d'échanges... M. le Président, est-ce qu'on
dérange le ministre et le député de Montmagny-L'Islet? On
ne vous dérange pas, non?
M. Bérubé: Non, non, pas du tout.
M. Pagé: J'étais à dire, avant d'être
dérangé tant par le ministre que par mon collègue, que
cette commission avait amené des résultats assez concluants en
termes d'échanges et de dialogues. On a entendu tout près de 30
groupes; les travailleurs de l'industrie des pâtes et papiers sont venus
nous rencontrer, dans un contexte particulier pour certains parce qu'ils
avaient à faire face à des fermetures d'usines. Pour l'ensemble
des intervenants, cela a été le moyen, le véhicule pour
dégager leur prise de conscience du problème des pâtes et
papiers au Québec et aussi pour en dégager des solutions.
Au moment où nous avons terminé nos travaux, le ministre a
fait une déclaration, disant que, somme toute, le gouvernement voulait
digérer toutes les informations et les questions, les commentaires, les
mémoires qui ont été déposés, et allait
éventuellement en arriver à une politique qui serait
amorcée dans l'industrie des pâtes et papiers.
Alors, avant d'en arriver à des questions précises, dans
ce secteur, je présume que le ministre aura certainement, si ce ne sont
pas des annonces à nous faire, ce matin, le tremplin pour nous formuler
ce que le ministère des Terres et Forêts et ce que lui, en tant
que ministre des Terres et Forêts entendent faire, jusqu'où le
gouvernement a arrêté ses décisions dans des actions
à prendre et cela, on pourra y revenir par des questions
spécifiques sur lesquelles on pourra échanger tout à
l'heure. Avant d'aborder ces
questions, chacun des aspects du problème, je peux laisser
quelques minutes au ministre pour qu'il nous fasse part... Comment peut-il nous
exposer aujourd'hui les résultats à ce jour, le 24 mai 1978, de
la commission parlementaire des pâtes et papiers qui a
siégé pendant une dizaine de séances.
M. Bérubé: Je m'en voudrais de décevoir le
député de Portneuf mais, néanmoins, je devrai le faire
pour une raison qu'il comprendra sans peine, même s'il refusera de
l'accepter. D'une part, nous avons obtenu au 30 juin 1977, un rapport, une
étude portant sur une politique de développement de l'industrie
forestière. Ce premier projet, cette première ébauche de
politique a été soumise à une analyse critique au cours de
l'été et elle conduisait, à l'automne, à la
convocation de la commission parlementaire qui devait, évidemment, nous
permettre d'accéder à un certain nombre d'informations, je pense,
à un ensemble fort cohérent d'informations en provenance de
l'industrie et du milieu du travail.
En somme, c'est l'information qui nous a permis d'analyser d'une
façon encore plus critique notre première ébauche de
politique et, au cours de l'automne, suite aux travaux de la commission,
d'élaborer un programme concernant l'industrie des pâtes et
papiers.
Nous avons procédé à quelques rencontres avec
l'industrie, rencontres excessivement rares, dans la mesure où nous ne
voulions pas dévoiler, en aucune façon, l'approche suivie par le
gouvernement, tant et aussi longtemps que cette approche n'aurait pas
reçu l'approbation, n'aurait pas été analysée par
le Conseil des ministres.
Cette politique était donc prête au mois de janvier. Elle
devait faire l'objet d'une étude en détail au comité
ministériel du développement économique. Au cours de ces
travaux, le ministre des Finances et le vice-président du Conseil du
trésor ont participé à l'élaboration de cette
politique; le ministre de l'Environnement également y participait,
même si normalement, il ne siège pas au comité
ministériel du développement économique. Ceci nous a donc
permis d'apporter, à nouveau, un certain nombre de corrections, et
présentement le projet d'intervention est devant le Conseil des
ministres.
Il y a eu un décalage de trois mois qui est at-tribuable.
essentiellement, au fait que j'ai été immobilisé à
une commission parlementaire des richesses naturelles pendant trois mois,
travaux au cours desquels j'ai dû, à ce moment-là, me
contenter de vaquer à la simple administration quotidienne du
ministère, c'est-à-dire, la signature de courrier et autres
peccadilles du genre, ce qui a, évidemment, soulevé lirede I'Opposition, puis-qu'elle n'appréciait pas cette activité
proprement administrative durant les travaux de la commission, mais
c'était une façon de me rendre utile.
Pour l'instant, évidemment, je ne peux pas dévoiler le
contenu, comme tel, de cette politique, dans la mesure où, je pense, il
ne siérait pas qu'elle soit présentée publiquement avant
que le
Conseil des ministres ait eu I'occasion possiblement de l'examiner,
possiblement de l'amender, de la modifier en fonction des vues de l'ensemble du
Conseil des ministres, puisque cette politique, à chaque ronde de
discussions, a subi énormément d'amendements qui ont
contribué à l'améliorer. Je pense, même, qu'avant
d'annoncer publiquement une telle politique, il m'apparaît essentiel
qu'il y ait une ronde de discussions extrêmement serrées avec les
syndicats et les industriels de l'industrie forestière, dans le but de
soumettre un projet de politique ou une politique gouvernementale qui
réponde véritablement aux besoins de cette industrie.
Par conséquent, je pense qu'il y a lieu de prendre tout le temps
nécessaire pour avoir une bonne politique et, pour cette raison, il ne
m'apparaît pas possible de détailler le contenu, comme tel.
M. Pagé: Je conviens, M. le Président, qu'une
commission comme celle-là devait aboutir, éventuellement,
à du travail en comité au sein du Conseil des ministres ou au
sein des nombreux comités que ce gouvernement a mis sur pied depuis
qu'il est au pouvoir. Cependant, je me permettrai de rappeler au ministre que
beaucoup d'espoirs ont été mis sur cette commission. Il y aura
bientôt un an qu'on aura terminé nos travaux, déjà
neuf mois. Même si cela fait neuf mois, le gouvernement n'a pas
accouché encore d'aucune politique...
M. Bérubé: On aurait accouché trois mois
plus tôt si I'Opposition s'était montrée raisonnable sur
I'amiante.
M. Pagé: II ne faudrait quand même pas, non plus,
que la commission parlementaire des richesses naturelles soit le bouc
émissaire du retard apporté à I'étude de
problèmes.
M. Bérubé: Prenez vos responsabilités. C'est
une décision partisane que vous avez prise, vous n'avez qu'à en
subir les conséquences.
M. Pagé: M. le Président, il y a deux
commentaires.
M. Bérubé: C'est l'économie
québécoise qui paie pour vos niaiseries.
M. Giasson: Ce sera encore des agissements
prématurés en dépit de tout le temps...
M. Pagé: Ce n est pas la faute du Québec, ce n'est
pas la faute de l'industrie des pâtes et papiers, ce n'est surtout pas la
faute de I'Opposition, parce que s' il n'en tenait qu'à elle, ce ne
serait certainement pas le cas.
Si M. le ministre a deux ministères...
M. Bérubé: Ce n est pas le nombre de
ministères.
M. Giasson: C'est la raison première.
M. Pagé: Alors, ne jetez pas le blâme sur
l'Opposition officielle en disant que cela a pris trois mois. Par
surcroît... Peut-être aurait-on dû prendre cinq mois; cela
vous aurait peut-être permis de constater que vous étiez en train
de faire un faux pas. Vous le constaterez après.
M. Bérubé: Absolument pas. Ce que nous pouvons
constater, présentement, c'est que c'est l'Opposition qui est
allée de faux pas en faux pas. On n'aurait pas...
M. Pagé: On verra cela aux prochaines élections,
ceux qui seront les plus sûrs... C'est là la sanction, vous savez.
Tout ce qu'on fait aujourd'hui sera sanctionné par la prochaine
élection dans un an ou à peu près... Vous disiez, le 27
septembre...
M. Bérubé: Vous connaissez cela, vous avez eu une
excellente expérience au mois de novembre 1976.
M. Pagé: Oui. Il y a des choses qu'on n'a pas faites mais
qu'on aurait dû faire et on s'est fait battre; vous êtes en train
de faire la même chose. Vous savez que, quand on est élu, chaque
matin quand vous vous levez, vous vous rapprochez de l'Opposition et que,
chaque matin quand je me lève, je me rapproche du pouvoir. C'est
là la différence.
Alors. l'Opposition c'est l'espoir, et le pouvoir c'est le
désespoir.
M. Bérubé: Vous pouvez rester très longtemps
dans l'Opposition; cela dépend de la vitesse à laquelle vous
progressez. Vous n'êtes pas partis pour progresser vite, comme vous
êtes... (10 h 30)
M. Pagé: Plus vite que vous pensez.
La situation économique, autant elle n'était pas rose il y
a un certain temps, autant elle peut s'améliorer dans l'industrie en
raison de la chute du dollar canadien. Tout le monde a constaté que ce
fait qui survenait peut-être à un bon moment pour
l'industrie a contribué à placer l'industrie, cette
année, dans une position qui était moins précaire que
celle de l'année 1976 et 1977.
Je suis d'accord que le volume des ventes a augmenté d'un
pourcentage assez important, mais le ministre conviendra que c'est strictement
un élément temporaire et circonstanciel et d'ailleurs il en
faisait part lui-même dans un article du journal Le Devoir du 1er avril
où on disait: "C'est ainsi qu'il y a une dizaine de jours, M.
Bérubé lançait un avertissement aux producteurs de
pâtes et papiers. Selon lui, même si, depuis quelques mois, cette
industrie a progressé, il ne s'agit que d'un sursaut conjoncturel
dû notamment à un taux de change favorable." Il continuait en
faisant état que les problèmes structurels et les
problèmes de fond dans l'entreprise étaient toujours latents.
Est-ce que vous avez l'intention...
M. Bérubé: Cela jurait, effectivement.
M. Pagé: ... parce que vous savez, si vous n'êtes
pas ouvert ce matin, si vous ne voulez pas nous faire part des
éléments sur lesquels vous travaillez actuellement, votre
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce qui a
peut-être un peu moins de doigté politique que d'autres, a quand
même fait état de ceci, le 12 mai dernier dans une commission
parlementaire dont, d'ailleurs, M. Dubois, notre collègue
était membre à 11 h 25, en disant: "Celui qui vous parle a
passé toute la matinée d'hier avec ses collègues du
Conseil des ministres à mettre la dernière main à un
programme de relance de l'industrie des pâtes et papier".
M. Bérubé: II n'y a aucune contradiction avec ce
que j'ai dit ce matin.
M. Pagé: Si j'ai la même interprétation que
le ministre, de mettre la dernière main à un programme, je
présume que cela doit être assez avancé. C'est là
qu'est le sens de ma deuxième question. Est-ce que vous avez dans
l'intervention que vous vous proposez, est-ce que vous prévoyez
intervenir par l'adoption de programmes, l'annonce de programmes qui
permettront à toutes les industries de l'entreprise de
bénéficier de ce programme ou encore est-ce que ce seront
strictement des interventions localisées dans certains secteurs ou
auprès de certaines entreprises qui sont peut-être plus en
difficulté que les autres. Est-ce que cela sera un programme
général ou si cela sera un programme d'application
spécifique?
M. Bérubé: De prime abord, cela sera un programme
général.
M. Pagé: Est-ce que vous voulez dire que dans ce sens,
cela n'est pas devenu définitif ou quoi?
M. Bérubé: C'est tout à fait possible qu'au
cours des discussions que nous aurons avec l'industrie un programme qui, de
prime abord, apparaissait général devienne spécifique
à certaines entreprises.
M. Pagé: Vous avez souvent fait état que
l'élément important au chapitre des solutions était la
modernisation des équipements. Je conviens avec vous qu'un programme de
relance quelconque devra permettre au gouvernement d'intervenir au chapitre de
la modernisation des équipements parce que, somme toute, c'est la pierre
angulaire d'une meilleure productivité, c'est, bien souvent, le moyen
pour en arriver à une diminution du coût de production etc. Est-ce
que vous avez l'intention parce que vous en avez souvent parlé de
la modernisation des usines, vous vous rappellerez votre projet qui
était peut-être un peu rêveur, mais qui
témoignait...
M. Bérubé: Je n'ai jamais rêvé, M.
Pagé.
M. Pagé: ... de votre enthousiasme suite à votre
arrivée au ministère, lorsque vous avez parlé des
usines...
M. Bérubé: Je n'ai jamais rêvé, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: ... 20 usines pour votre projet de $6 milliards
qui s'est enterré assez rapidement et j'en conviens, parce que si vous
aviez continué à le véhiculer il y aurait eu le danger que
le ministre soit enterré avec mais quand même...
M. Bérubé: S'il fallait corriger, M. le
député, chaque affirmation dans un journal, on passerait notre
temps...
M. Pagé: Vous avez souvent parlé de la
modernisation des usines. Est-ce que votre intervention sera limitée
à de l'équipement, est-ce qu'elle sera limitée à de
l'aide, des subventions ou encore des programmes de financement ou des choses
comme celles-là; peu importe la mécanique qui soit donnée,
est-ce qu'elle sera limitée dans la modernisation de l'équipement
ou encore interviendrez-vous, comme je l'espère, par différentes
actions que vous pourriez poser? Là-dessus je serais ouvert pour
formuler des recommandations. Vous savez, entre parenthèses, je pense
que cela serait utile pour vous, sans sous-estimer le travail positif de vos
collaborateurs.
M. Bérubé: J'apprécierais
bénéficier de votre grande compétence dans le domaine
forestier.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez on va
s'entendre en partant, parce qu'il y a beaucoup de choses que j'aimerais
apprendre dans ce débat, mais j'aimerais que chacun puisse parler
à son tour, vous, pour répondre aux questions, et vous, pour les
poser.
M. Pagé: On va vous montrer cela.
M. Bérubé: Certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): J'apprécierais beaucoup
que vous posiez des questions, aussi, pour que je puisse... Les membres de la
commission, eux aussi, seraient intéressés à apprendre
quelque chose.
M. Pagé: M. le Président, d'accord. J'abonde dans
votre sens; cependant c'est un gros dossier. On n'est pas en train
d'étudier un budget de $150 000 qui sera divisé en X, Y, Z.
Le Président (M. Laplante): Je réalise que c'est un
très beau dossier, un très bon dossier.
M. Pagé: On a travaillé sur ce dossier, M. le
Président, et tout le monde va en convenir, pendant quelques mois; si
mes collègues veulent intervenir, tantôt, ils interviendront. Vous
comprendrez qu'on n'est pas pour commencer à poser des questions bien
précises chacun son tour.
On fait le tour du dossier, ce matin, et je crois que les questions
qu'on formule... D'ailleurs, cela allait très bien.
J'en étais à vous demander: Est-ce que vous
prévoyez intervenir, de façon à diminuer le coût du
bois? Si oui, jusqu'à maintenant, quelles sont les avenues que vous avez
étudiées, quelles sont les possibilités que vous avez
étudiées?
M. Bérubé: C'est tellement vaste, comme
question.
M. Pagé: C'est parce que M. le Président veut que
je pose des questions, alors je vous en pose une. Si je vous en pose une
spécifique, vous allez peut-être me répondre, vous me
répondrez peut-être à juste titre ou non, vous direz: C'est
dans le programme et je ne veux pas le dire tant que cela ne sera pas soumis au
Conseil des ministres.
Alors je vous le pose de façon générale, pour voir
jusqu'où, d'une part, vous êtes sensible à cet aspect du
problème et jusqu'où, d'autre part, vous vous êtes
penché sur lui et dans le cadre de quel contexte vous l'avez fait.
Je ne vous demande pas de me dire, spécifiquement, ce qui sera
fait; vous me répondriez une fin de non-recevoir. Je vous demande
quelles sont les avenues que vous avez étudiées.
M. Bérubé: On peut parler d'une façon
générale de la problématique. Je pense que cela ne pose
aucune difficulté.
Concernant le coût du bois, il y a un certain nombre
d'éléments sur lesquels un gouvernement peut agir. D'une part, il
y a une certaine rationalisation de l'allocation en matière ligneuse qui
peut amener des économies importantes.
En effet, on constate, lorsqu'on examine la circulation des bois au
Québec, que très fréquemment, nous avons des bois qui
parcourent des distances inusitées et qu'on pourrait, par une simple
rationalisation de la distribution de ces bois, réduire
substantiellement les distances de parcours, en veillant à ce que les
sources de matières ligneuses les plus proches des usines aillent d
abord à ces usines, plutôt que de parcourir de très longues
distances. Donc, d'une part, vous avez une action possible.
Vous avez également une deuxième action au niveau de
I'amélioration des capacités de réception de la
matière ligneuse dans les usines. En d'autres termes, toutes les usines
ne sont pas équipées pour recevoir les copeaux; toutes les usines
ne sont pas équipées non plus pour manipuler du feuillu,
intégrer le feuillu à leurs procédés.
Donc, une autre façon de réduire le coût peut
consister à modifier l'équipement industriel afin de pouvoir
recevoir d'autres types d'approvisionnement en matière ligneuse,
possiblement de manière qu'on puisse faire une utilisation plus
rationnelle du bois en dirigeant au sciage, au déroulage, la
matière première qui est propre au sciage et au déroulage,
et en retournant, à ce moment-là, les copeaux à
l'industrie. C'est donc un deuxième moyen.
Si on passe en revue tout ce qui a été analysé,
vous avez également une intervention possible au niveau d'un programme
de reboisement dont l'objectif ne serait pas, à court terme, celui
d'augmenter la matière ligneuse disponible; l'objectif, à long
terme, évidemment, pourrait être d'augmenter la matière
ligneuse. On sait que le Québec possède encore un certain
potentiel forestier qu'il peut exploiter, bien que ses bois soient
généralement assez coûteux. On pense au bois de la
région de Chibougamau ou de la région de Port-Cartier, par
exemple, les bois exploités par ITT.
Donc, le Québec possède encore une certaine réserve
de matières ligneuses disponibles. Cependant, il faut prévoir
qu'avec l'augmentation de la demande, étant donné
également le potentiel fort limité qu'offrent maintenant les pays
scandinaves qui ont procédé à un aménagement assez
intensif de leurs forêts, on peut s'attendre que cette pénurie de
matières ligneuses se traduise par un besoin, au Québec, d'un
aménagement plus intensif.
Evidemment, on est peut-être encore incapable d'évaluer
quel va être l'impact de la mise en marché de la matière
première en provenance de l'Amérique latine, par exemple,
puisqu'il existe des forêts tropicales importantes au Brésil, des
forêts de conifères aussi, qui pourraient évidemment
représenter un apport substantiel à l'économie du papier
dans le monde et, par conséquent, on peut difficilement prévoir,
à ce jour, quel en sera l'impact. Il est possible que, finalement,
l'impact soit relativement limité puisqu'il est possible que ces pays se
contentent d'approvisionner leurs propres marchés qui sont quand
même substantiels.
Donc, à long terme, on peut parler d'une pénurie de
matière première à laquelle on peut répondre par un
programme de reboisement intensif qui pourrait commencer dès maintenant,
forcément, pour qu'il ait un effet d'ici 20 ou 30 ans.
M. Pagé: A cela, je vous y invite.
M. Bérubé: Cependant, on peut également
concevoir un programme de reboisement avec des objectifs différents, des
objectifs qui seraient de rapprocher les sources de bois de nos usines et, ce
dès aujourd'hui. En d'autres termes, par un programme de reboisement, on
peut hypothéquer des massifs forestiers existants, sachant que, dans un
certain nombre d'années, nous aurons à notre disposition un
volume supplémentaire de bois. Par conséquent, il apparaît
donc possible de concevoir un programme d'aménagement sylvicole dont
l'objectif serait essentiellement de rapprocher les sources d'approvisionnement
des usines.
Parmi les autres façons d'économiser aussi le bois, il y a
des modifications aux procédés de fabrication des papiers. En
d'autres termes, l'utilisation de procédés
thermomécaniques ou thermomécaniques chimiques, par exemple,
augmente le rendement en matière ligneuse des usines et,
évidemment, diminue d'autant la quantité de bois
nécessaire pour fabriquer une tonne de papier. Ceci a un effet direct
sur le coût de bois par tonne de papier produit.
Une autre approche peut porter, cette fois-ci, sur la voirie
forestière, en ce sens que les coûts de transport sont des
éléments importants dans les coûts de bois livré
à l'usine. Par conséquent, il nous apparaît tout à
fait possible, en améliorant de façon importante le réseau
de voirie forestière, de permettre l'utilisation de camions plus lourds,
de charges plus importantes et, de cette façon, de réduire
évidemment le coût du bois livré à l'usine.
On peut même penser à des réductions de la taxe sur
les carburants, qui ont d'ailleurs été annoncées dans le
budget déjà un signe de cette politique des pâtes et
papiers pour la machinerie fonctionnant en forêt et qui n'a pas
à utiliser les chemins publics. Par conséquent, cela
représente à nouveau une économie pour l'industrie
forestière qui se situe dans...
M. Pagé: C'est un élément additionnel qui
pourrait...
M. Bérubé: En fait, ce que mon intervention...
M. Pagé: C'est très limité comme effet.
M. Bérubé: ... fait ressortir, finalement, c'est
qu'il existe un très grand nombre de moyens que l'on peut évaluer
de la façon suivante, en regardant quel est l'impact d'un dollar investi
par l'industrie ou le gouvernement sur la réduction du coût pour
la fabrication d'une tonne de papier et ce qui permet, à ce
moment-là, de privilégier certaines interventions au
détriment d'autres, compte tenu des budgets que nous sommes
disposés à investir dans ce secteur. C'est essentiellement
l'approche que nous avons suivie.
M. Pagé: Je suis heureux de vous entendre parler de
reboisement et d'intervention assez énergique à ce chapitre.
Quant à moi, je me permets de vous faire part de mon commentaire sur ce
sujet aussi spécifique que le reboisement. Vous vous devez d'intervenir,
selon moi, pour garantir les approvisionnements à long terme. Même
si les effets de votre politique ne se feraient sentir que dans quinze ans ou
20 ans, vous êtes là pour prévoir, vous êtes
là pour faire en sorte que l'industrie puisse survivre à travers
des difficultés que vous n'êtes pas obligé de palper en
tant que gouvernement, immédiatement, mais que vous devez tenter de
prévoir le mieux possible.
Je suis un peu surpris cependant quand vous me parlez d'intervention
près des usines, quand vous faites ressortir le problème de
l'éloignement du bois. Parce que cela va, non seulement un peu mais
beaucoup en contradiction avec ce que vous nous disiez le 20 octobre dernier
lorsqu'on a terminé les travaux de la commission. Je me permets de vous
citer: "Concernant le coût du bois, il m'apparaît assez
évident qu'il faut rapprocher les usines de la forêt de
manière à diminuer le coût du transport et à
diminuer le coût du bois
livré à l'usine." Vous savez, ce sont des choix qui
s'affrontent, à savoir ce qu'on fait; est-ce qu'on déplace la
matière ligneuse, est-ce qu'on tente d'intervenir de façon
à garder nos usines là où elles sont ou encore, est-ce
qu'on se lance, comme vous en faisiez état le 20 octobre, dans de la
relocalisation d'usines avec tous les problèmes que cela peut engendrer,
les problèmes d'investissement, les problèmes auprès de la
main-d'oeuvre, des traitements de la main-d'oeuvre, etc. (10 h 45)
Comment expliquez-vous la position que vous prenez, ce matin, avec les
alternatives dont vous venez de nous faire part, par rapport à ce que
vous nous disiez le 20 octobre dernier?
M. Bérubé: Je pense qu'il n'y a pas de
contradiction; c'est complémentaire en ce sens qu'il est possible, par
un programme planifié de reboisement, de viser, comme objectif, au
rapprochement de la matière ligneuse des usines. De la même
façon, il est possible de viser, lors de l'implantation de nouvelles
usines, à un rapprochement de ces usines de la source de matière
ligneuse. Je pense que les deux sont complémentaires.
Il va de soi, cependant, qu'une fois qu'une usine est implantée,
dans la mesure où elle n'est pas, à ce point, vieillotte et
inutilisable, que le déménagement d'une usine représente
des coûts d investissements considérables qui sont peut-être
difficilement justifiés par la simple économie de transport de la
matière ligneuse.
Il existe un certain nombre d'usines au Québec qui,
effectivement, vont chercher leur bois sur de très longues distances.
Ces usines devront certainement faire l'objet d'un examen assez serré,
mais je ne conclurais pas, pour autant, qu'il faille les fermer.
M. Pagé: Donc, on peut présumer, à ce
stade-ci des informations que vous voulez bien nous donner ce matin, que non
seulement il est possible mais qu'il est probable que le programme de relance
que vous annoncerez, éventuellement, impliquera l'implantation de
nouvelles usines.
M. Bérubé: Non.
M. Pagé: Il n'est pas probable.
M. Bérubé: C'est peu probable.
M. Pagé: Vous avez touché un élément
important, c'est la technologie et c'est la facilité donnée aux
entreprises de se doter d'un système thermomécanique. C'est un
élément important pour épargner de la matière
ligneuse et je conviens que le gouvernement, dans son programme, se devra de
toucher à ce point.
Il y a, par contre, un impact. D'accord, si demain matin, toutes nos
entreprises étaient dotées de système
thermomécanique, cela améliorerait certainement le rendement.
Mais, vous savez comme moi que cet équipement thermomécanique
implique une consommation d'énergie beaucoup plus élevée
que le procédé traditionnel.
M. Bérubé: 25%.
M. Pagé: Vous savez que votre gouvernement... Même
si, ce matin, vous semblez faire état avec un peu d'éclat de la
diminution des taxes pour les équipements en forêt qui demeurent
en forêt, n'oubliez pas que c'est votre gouvernement, et c'est ce
même gouvernement qui a obligé l'entreprise de l'industrie des
pâtes et papiers, dans un contexte où ses marchés
n'étaient pas faciles, dans le contexte où son coût de
production était d'au moins entre $52 et $64 plus élevé,
à la tonne, que son concurrent américain, c'est votre
gouvernement, dis-je, qui a imposé à l'entreprise une
augmentation des tarifs d'électricité très
appréciable qui va au-delà de 20%.
M. Bérubé: Ce qui apparaît normal, puisqu'il
semble...
M. Pagé: Je ne vous demande pas si c'est normal. Vous avez
probablement présumé que cela était normal, vous l'avez
fait.
Mais, je vous demande ceci: Vous dites qu'on se doit d'intervenir, et je
souscris au principe que vous énoncez, ce matin, à savoir qu'on
se doit d'intervenir pour améliorer les équipements, et un des
éléments importants de cette amélioration se doit
d'être le procédé par thermomécanique.
Vous avez certainement rencontré des gens de l'industrie depuis
la fin des travaux de cette commission. N'allez pas croire que vous êtes
les seuls à les rencontrer. J'ai rencontré, moi aussi, des gens
de I'industrie.
M. Bérubé: Vous êtes un homme d une grande
culture, je n'en ai jamais douté, M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Non, parce qu'on est préoccupé par
cette question et on est près de ceux sur qui on discute.
M. Bérubé: J'ai, d'ailleurs, pu constater, lors de
la commission parlementaire sur l'amiante, que vous avez d'excellents contacts
avec General Dynamics, aussi.
M. Pagé: On va parler, ce matin, de la commission
parlementaire des pâtes et papiers. Vous avez assez de problèmes
avec ce sujet. Vous venez de sortir d'une commission parlementaire qui a
duré trois mois et, d'ailleurs, vous vous en êtes plaint. On va
s'occuper, ce matin, si vous voulez, des pâtes et papiers. On a assez de
problèmes dans ce dossier.
L'entreprise appréhende qu'à long terme, même
à moyen terme, peu importe le programme de relance qui sera
adopté par le gouvernement... l'entreprise est très
inquiète, et à juste titre, selon moi, de l'avenir, en terme de
coût d'alimentation en énergie électrique. Dans votre
programme de relance, vous êtes-vous penchés sur cette question?
Quelles sont les autres solutions qui vous apparaissent actuellement? Je ne
vous demande pas la solution que vous avez trouvée, je vous de-
mande quelles sont les possibilités que vous êtes à
étudier pour faire en sorte que, somme toute, même si ces
entreprises améliorent leur technologie, le fait qu'elles
s'améliorent n'impliquera pas pour autant des déboursés
plus élevés en termes de coût
d'électricité.
M. Bérubé: D'une part, vous avez soulevé ce
problème des tarifs d'électricité. Je pense qu'il faut les
remettre dans leur contexte aussi. Je pense qu'il est toujours mauvais d'avoir
une source énergétique vendue à des prix non
réalistes, ne correspondant pas véritablement à ce que
cette énergie coûte au kilowatt, au BTU, donc vendue à des
prix artificiellement bas, ce qui amène, à ce moment,
énormément d'utilisateurs, de consommateurs, à faire un
très large usage de cette souce énergétique à bon
marché, sans chercher à l'économiser, et donc, sans tenir
compte du potentiel qu'offre le Québec dans ce secteur.
En d'autres termes, si vous décidez que vous allez vendre le BTU
thermoélectrique à la moitié du BTU thermique provenant,
par exemple, de pétrole, et que tous les Québécois
décident de vendre leur fournaise à l'huile et d'installer une
fournaise électrique, vous allez très rapidement observer le
phénomène suivant: tous les systèmes de production
d'électricité vont sauter. En d'autres termes, il est donc
important de maintenir les prix pour une source d'énergie compatible
avec ce que vous êtes capable de fournir, premièrement.
Deuxièmement, il faut maintenir des prix, également, qui
vous permettent d'investir dans l'implantation de nouvelles installations. A
titre d'exemple, lorsque l'on taxe l'électricité,
présentement, au Québec, on utilise un tarif qui est une moyenne
entre le coût des installations anciennes qui produisent de
l'électricité à très bas coût et,
évidemment, celui des installations toutes récentes qui
produisent, au contraire, de l'électricité à coût
élevé. Normalement, si on voulait transférer les
coûts réels à l'utilisateur, chaque fois qu'un utilisateur
oblige l'Etat à implanter un nouveau barrage qui coûte très
cher, il faudrait vendre cette électricité au coût
réel qu'il en coûte à la collectivité, de
manière qu'on fasse véritablement sentir l'impact
économique de la décision prise par cet industriel. Ce n'est pas
l'approche qui est suivie par l'Hydro-Québec ici; on utilise un tarif
moyen, en d'autres termes, qui tend à minimiser l'impact de
l'arrivée de nouvelles sources d'électricité qui sont plus
coûteuses.
Il faut dire qu'il en résulte au Québec un coût
d'électricité qui est nettement inférieur au coût
perçu, par exemple, aux Etats-Unis. En d'autres termes, lorsqu'on parle
d'une augmentation des tarifs d'électricité, il faut se dire que
nos concurrents, présentement, font face à des augmentations
également substantielles des tarifs d'électricité, et ce
n'est pas parce que vous avez augmenté vos tarifs que vous les avez
rendus non concurrentiels; c'est lorsque vos tarifs s'accroissent plus vite que
ceux de vos concurrents que vous nuisez à votre industrie.
Je pense que fournir de l'énergie à un coût trop bas
entraîne du gaspillage. A titre d'exemple, l'industrie du Québec
ne produit à peu près pas d'énergie à partir de la
matière ligneuse, alors que la Suède produit 8% de ses besoins
totaux en énergie à partir de la matière ligneuse. C'est
donc que l'industrie forestière suédoise fait
énormément appel à des techniques comme la combustion de
ses liqueurs résiduelles, de manière à produire de la
vapeur, à actionner des turbines électriques et à
produire, évidemment, l'électricité dont elle a besoin
à un bas coût, ce que notre industrie ne fait pas parce que,
évidemment, l'électricité étant tellement à
bon marché, il n'y a pas avantage à vouloir y substituer de
nouvelles sources d'énergie.
Je pense qu'une électricité à trop bon
marché a peut-être conduit nos industriels à prendre de
mauvaises habitudes et les a mal préparés à l'augmentation
substantielle des coûts de l'énergie que nous avons connue en
1973/74, et, évidemment, en ce sens, le refus des gouvernements
antérieurs de véritablement exiger ce qu'il en coûtait
d'électricité est peut-être à l'origine de ces
mauvaises habitudes, mais je dois cependant dire que...
M. Pagé: Bon! c'est de notre faute!
M. Bérubé: ... M. le député de
Portneuf, voulez-vous prendre la peine d'écouter ce que je dois
dire?
M. Pagé: J'écoute attentivement.
M. Bérubé: ... dans le contexte
énergétique des années 1960 ou 1970 et cela jusqu'en 1973,
on était justifié de ne pas se préoccuper
particulièrement du coût de l'énergie, étant
donné que l'énergie était disponible à un
coût très bas, ce qui n'est plus le cas maintenant. Par
conséquent, il faut donc rétablir les tarifs en tenant compte de
la situation mondiale dans le secteur énergétique.
Néanmoins, je pense que tous les éléments que je viens
d'exprimer dans ma réponse doivent vous permettre de réaliser
qu'il est possible pour l'industrie d'avoir encore de l'énergie à
bon compte, mais cela peut supposer des modifications à ses
habitudes.
M. Pagé: Oui, c'est que vous partez du postulat selon
lequel vous devez avoir une certaine parité entre l'alimentation en
énergie électrique et en d'autres types d'énergie de
façon à limiter une éventuelle croissance de la demande,
parce que le coût de l'énergie électrique est
inférieur.
M. Bérubé: Ou des transferts à
l'énergie électrique qui obligeraient à ce
moment-là d'accélérer substantiellement les programmes
d'équipement, lesquels programmes d'équipement étant
évidemment beaucoup plus coûteux entraîneraient
automatiquement une augmentation du coût de l'énergie
hydroélectrique qui probablement pourrait la
rendre même supérieure au prix actuel du pétrole
C'est cela...
M. Pagé: C'est peut-être explicable, mais cela ne
veut pas dire pour autant que c'est acceptable. Un des
éléments...
M. Bérubé: Mais gouverner c'est prévoir.
M. Pagé: ... importants en termes de coût de
production qui favorise l'industrie au Québec, c'est d'être
avantagé par ce coût d'énergie électrique
comparativement à nos compétiteurs. Vous savez comme moi les
efforts que le Québec a fait et continue de faire au chapitre du
développement de l'énergie hydroélectrique. D'ailleurs,
votre gouvernement a souscrit à ce que le gouvernement
précédent avait fait. C'est important. Nous avions un potentiel
très élevé dans le développement de
l'énergie hydroélectrique, on a pris nos responsabilités
comme ancien gouvernement et vous avez d'ailleurs été le
député de Duplessis peut sourire, mais si vous n'aviez pas eu le
projet de la Baie James actuellement...
M. Bérubé: II ne sourit pas, il ricane.
M. Pagé: ... en termes de développement
économique au Québec, vous seriez plus mal foutus que vous
l'êtes...
M. Perron: On peut en parler du projet de la Baie James. Votre
balloune du 29 avril 1971, on s'en rappelle.
M. Pagé: ... avec vos 13% de chômeurs. 13% de
chômeurs qu'il y a au Québec actuellement. Avez-vous pensé
à ce que cela serait si vous n'aviez pas la Baie James? Vous avez
critiqué le projet de la Baie James pendant des années, vous
n'étiez pas ici ni l'un ni l'autre, vous êtes des jeunes
députés, mais on vous a vus ici en haut, tous les jours
venir nous harceler au sujet du projet de la Baie James. C'est la plus
belle volte-face qu'on n'ait jamais vue dans les annales politiques du
Québec et c'est ce gouvernement qui vient nous dire 15 jours
après, par la voie de son ministre délégué à
l'énergie, M. le ministre Joron: "C'était justifié ce que
le précédent gouvernement a fait, c'est le projet du
siècle etc.," Alors, vous savez, c'était du nationalisme
économique, parce que cela avait un impact. Pour nous le fait que le
Québec soit fort en termes d'alimentation en énergie
hydroélectrique, c'était important; cela plaçait le
Québec dans une position de force au point de vue économique et
particulièrement dans une industrie comme les pâtes et papiers.
Aujourd'hui, le gouvernement dit... Cet avantage qui était consenti
à l'entreprise, à l'industrie québécoise et
notamment à l'industrie des pâtes et papiers, parce qu'elle est
sur le territoire du Québec et cela faisait en sorte que le coût
de production d'une tonne de papier pouvait aller jusqu'à $8 ou dans
certains cas jusqu'à $10 moins élevés, strictement
à cause du coût de l'énergie. Le gouvernement arrive en
octobre ou novembre dernier et vient nous dire; à l'avenir, l'entreprise
paiera un minimum de 20% plus cher en raison d'une certaine parité. Ce
que je vous dis c'est peut-être défendable, c'est peut-être
explicable pour vous, mais pour moi cela m'apparaît inacceptable, parce
que c'était un élément qui permettrait à
l'entreprise d'être favorisée par le développement de
politique énergétique des gouvernements.
Je vous invite, M. le président, j'invite le ministre, par ce que
je lui adresse à réfléchir davantage à cette
question et à continuer sa consultation auprès des industriels,
auprès de l'industrie pour voir jusqu'où les effets d'une
augmentation de l'énergie peuvent être préjudiciables
à cette entreprise, compte tenu de ce qu'elle a connu jusqu'à
maintenant. (11 heures)
Le ministre a semblé faire un petit reproche à
l'entreprise en disant: Vous savez, ils ont d'autres moyens de pourvoir
à leur énergie. Bien, c'était explicable que l'industrie,
dans des moments ou des années où le problème de
l'énergie ne préoccupait pas, parce que le gouvernement se
préoccupait de cette énergie, de cette alimentation, de cette
production, c'était explicable que les industries se préoccupent
d'autres éléments, que ce soit l'environnement, que ce soit les
équipements, que ce soit la voirie forestière, etc.,
c'est-à-dire la responsabilité qui découle des concessions
qu'elles ont. Chose certaine, je considère que le reproche qui est
adressé à l'industrie si reproche il est est
malvenu et que, au contraire, on devrait non pas reprocher à
l'entreprise de ne pas avoir eu suffisamment d'initiative ou d'énergie
pour découvrir de nouveaux modes ou de nouvelles méthodes de
production d'énergie, mais on devrait soutenir cette entreprise, cette
industrie, par une position privilégiée dans le cadre des tarifs
d'électricité parce que le Québec a fait beaucoup. Quand
on parle du Québec, vous savez, ce n'est pas seulement le gouvernement,
ce sont tous les Québécois qui se sont associés à
cette volonté du gouvernement du Québec, du
précédent gouvernement, pour faire en sorte que notre
énergie soit développée. L'avenir nous démontrera
jusqu'où le gouvernement a bien fait dans ce sens. D'ailleurs, cela a
déjà été reconnu par le nouveau gouvernement dans
une volte-face politique qu'on n'avait jamais vue.
M. le Président, il y a d'autres éléments que je
voudrais aborder avec le ministre. Il y a un problème peut-être un
peu particulier et qui n'affecte peut-être pas l'industrie en
général mais qui affectera certainement plusieurs entreprises. On
se rappellera que le ministre délégué à
l'environnement, lors de l'ouverture des travaux de la commission, en septembre
dernier, avait fait un discours qui avait inquiété, non seulement
quelque peu mais pas mal, l'entreprise au sujet des aspects aussi particuliers
que le flottage du bois. Cette question a été débattue par
les membres de cette commission et on a été à même
de constater que si des gestes définitifs, qu'on pourrait qualifier de
draconiens, étaient posés par le gouvernement,
sur la question du flottage du bois, cela pourrait avoir des impacts
considérables sur plusieurs entreprises. On se rappellera, entre autres,
que dans la région de Trois-Rivières, on nous a clairement
indiqué que si le gouvernement mettait fin au flottage du bois, cela
pouvait remettre en cause l'avenir et la survie de trois entreprises.
On se rappellera qu'en même temps, le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, dans ses envolées habituelles qui
n'impliquent pas pour autant des fondements dans l'argumentation qu'il
évoque vous savez que le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche est peut-être celui qui et d'ailleurs on aura
l'occasion d'en discuter lors des crédits de son ministère la
semaine prochaine parle bien souvent sans trop savoir où il s'en
va, nous avait dit, à Shawinigan, l'année dernière,
qu'après la fin du flottage du bois sur le Saint-Maurice,
lui-même, en tant que ministre régional et ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, verrait à ce que les moyens soient
pris pour qu'on puisse un jour pêcher le saumon à nouveau sur le
Saint-Maurice. C'était à l'image de ce que je vous qualifiais
l'autre jour, plusieurs couronnes dans le même gouvernement. Le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui dit quelque chose qui ne va
certainement pas avec les objectifs d'un ministère comme celui dont vous
êtes le titulaire.
Qu'allez-vous faire avec le flottage du bois? Sur le Saint-Maurice,
est-ce que vous allez enlever le flottage? Qui gagnera, est-ce que ce sera le
ministre des Terres et Forêts, par l'obligation et la
préoccupation qu'il se doit d'avoir de l'avenir des entreprises ou si ce
sera le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui, en se
levant un bon matin, jugera qu'il serait peut-être plus plaisant pour lui
d'aller pêcher le saumon sur le Saint-Maurice et fera une
déclaration dans ce sens? Quel sera spécifiquement l'avenir du
flottage du bois sur le Saint-Maurice?
M. Bérubé: Pour l'instant, il n'y a aucun
changement aux politiques gouvernementales concernant le flottage. Nous avons
fait une évaluation du coût que pourrait représenter le
remplacement du flottage pour le camionnage, pour constater que, probablement,
l'impact sur l'environnement serait pire que le simple flottage; cela aurait
représenté un camion aux trois minutes sur la route,
chargé évidemment de pitoune.
M. Pagé: Deux minutes, si vous permettez, M. le ministre.
Je suis heureux de vous l'entendre dire parce que cela démontre...
M. Bérubé: M. le député de
Portneuf...
M. Pagé: ... que le ministre des Terres et Forêts...
Ecoutez, je veux vous envoyer des fleurs et vous n'aurez pas le pot, pour une
fois. Quand je vous dis que l'Opposition est contructive, quand je vous dis,
souvent, et vous ne constatez pas tout le temps, que l'Opposition est
constructive, M. le ministre...
M. Bérubé: Je sais, c'était le thème:
Bourassa construit!
M. Pagé: ... je me permets de vous dire que ce que vous
nous évoquez ce matin démontre que vous avez étudié
le dossier. Je vous en remercie et je vous félicite, pour cela
spécifiquement. Peut-être pas pour autre chose mais pour cela, je
vous rends hommage; vous avez pris vos responsabilités comme ministre
des Terres et Forêts en faisant en sorte que le gouvernement se penche
sérieusement sur la question du flottage du bois sur le Saint-Maurice et
que le farfelu ministère du Tourisme et député de
Saint-Maurice mette de côté ses grandes prétentions.
M. Perron: ... brouette, pour qu'il puisse mieux charrier.
M. Pagé: J'en déduis que vous vous êtes
penché sur le problème et que vous n'avez pas l'intention de
mettre fin au flottage sur le Saint-Maurice.
M. Bérubé: J'ai donc tenté d'expliquer au
député de Portneuf que nous avions évalué ce que
représentait la modification du moyen de transport.
Cependant, il existe d'autres moyens de transport qui pourraient
être le transport par barge, le transport par pipeline. Par
conséquent, on pourrait même penser à la fabrication de
pâtes en forêt. Il y a un certain nombre d'autres solutions,
lesquelles doivent être évaluées, d'abord.
M. Giasson: C'est à votre tour.
M. Bérubé: Par conséquent, il
n'apparaît peut-être pas possible, de prime abord, de remplacer le
flottage par le transport routier, mais on peut examiner d'autres
possibilités et c'est ce que nous faisons. Il y a, présentement,
au travail, un groupe d'étude qui va examiner d'autres solutions que le
transport par camion, par exemple, la pipeline à copeaux ou le transport
par barge.
M. Pagé: Quelles sont les solutions
privilégiées dans le cadre de votre étude? Est-ce que vous
étudiez toutes les possibilités évoquées?
M. Bérubé: Je ne pourrais pas vous dire, mais cela
doit être les principales que j'ai mentionnées.
M. Pagé: Est-ce que cette étude qui se fait...
Est-ce qu'il y aura un rapport qui devrait aboutir bientôt?
M.Bérubé: ... Cela vient de commencer.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a un échéancier
qui... Non, le gouvernement aura changé avant cela, de toute
façon. Est-ce qu'il y a un échéancier qui a
été donné aux travaux de cette commission?
M. Bérubé: De toute façon, le
gouvernement
pourrait changer, on aurait réglé tous les
problèmes.
M. Pagé: Vous croyez cela? M. Giasson: Sauf la
séparation.
M. Bérubé: Oui, même cela, on va le
régler... Les Québécois vont régler cela à
votre place; ils n'attendent pas après vous, parce qu'ils savent que
vous êtes des démissionnaires.
M. Pagé: Vous êtes assez nerveux depuis le 15
avril.
On va revenir à la question. Le comité qui étudie
les possibilités pour le flottage du bois vient de commencer ses
travaux. Le mandat qui lui a été donné est pour combien de
temps?
M. Bérubé: II n'y a pas eu de date de
spécifiée, à ma connaissance, concernant la remise du
rapport comme tel. Le seul rapport qui a été
préparé, c'est celui sur le coût du remplacement du
flottage par le transport routier.
M. Pagé: Vous parlez souvent d'une bonne gestion. Je
présume que dans cet esprit d'une bonne gestion, vous avez fixé
un échéancier précis à ce comité.
M. Bérubé: Pas à ma connaissance. M.
Pagé: O.K. pour cela.
M. Bérubé: Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura
pas de rapport, cela veut dire, simplement, que comme on en est aux
étapes préliminaires du travail, il est peut-être tôt
pour pouvoir affirmer que cette étude pourra être prête en
trois mois, six mois ou un an.
M. Pagé: Est-ce que ce rapport a été
commandé dans le cadre de votre programme de relance?
M. Bérubé: Non. Il a été
commandé dans le cadre d'un programme d'intervention dans le secteur de
l'industrie forestière.
Usines de pâte et de papier
M. Pagé: Dans un autre ordre d'idée, maintenant, la
commission qui a siégé s'est penchée assez longuement sur
l'aspect technique, l'aspect technologique, l'alimentation en bois, les
coûts de production, etc.
On s'est aussi penché sur les problèmes sociaux
qu'engendrait la situation de certaines entreprises, la fermeture de certaines
usines. Le ministre se rappellera certainement, parce qu'à un moment
donné, il a été à même de saisir la dimension
des problèmes sociaux qu'impliquaient des fermetures d'usines lorsque
des centaines de membres du Parti québécois avaient
déchiré leur carte de membre au Cap-de-la-Madeleine, il a
été en mesure de voir, exactement, l'effet d'une fermeture
d'entreprises.
M. Bérubé: Des centaines? Vous êtes
très généreux.
M. Pagé: C'est parce qu'il n'y avait pas cent membres dans
la région?
M. Bérubé: Ceux qui avaient déchiré
leur carte de membre devant la télévision sont venus nous voir,
après, pour nous dire que c'était la carte de l'année
dernière qu'ils avaient déchirée.
M. Pagé: Elle est vraiment bonne, celle-là.
De toute façon, on a été à même de
voir comment la fermeture d'entreprises pouvait affecter I'avenir de toute une
région. On l'a vu dans le cas du Cap-de-la-Madeleine, on l'a vu dans le
cas de East Angus et on sera peut-être appelé... D'ailleurs, on en
discutera concrètement de ces usines tout à l'heure.
M. Bérubé: Vous en avez quelques-unes à
fermer, dans votre comté?
M. Pagé: Non, dans mon comté, cela semble bien
aller et j'espère que cela continuera de bien aller. Quant à moi,
je continuerai à déployer tous les efforts pour que cela continue
de bien aller.
Les milieux syndicaux vous ont formulé...
M. Bérubé: En rejetant l'adoption du programme des
pâtes et papiers qui aurait pu passer, ce matin, au Conseil des
ministres.
M. Pagé: ... diverses recommandations, des demandes aussi
spécifiques que l'adoption, par le gouvernement, d'une loi
prévoyant qu'une industrie qui entend, soit ralentir ses
activités, soit fermer ses portes devrait, selon le milieu syndical,
être obligée par une loi d'en aviser les travailleurs ou d'en
aviser le gouvernement dans un délai donné qui n'était
peut-être pas précisé de façon définitive
mais qui a certainement été évoqué.
Ce délai aurait permis, selon les mémoires qui
étaient présentés, au ministère des Terres et
Forêts d'intervenir non pas en pompier face à une annonce de
fermeture dans quelques semaines, mais aussi se donner le temps voulu pour
intervenir et voir, avec l'entreprise, les solutions à
dégager.
Est-ce que ces propositions sont étudiées et est-ce qu'il
y aura un aspect, dans le cadre du programme de relance, qui visera l'effet,
soit des modifications à la structure des entreprises dans certaines
régions, soit de déplacement d'entreprises parce que, tout
à l'heure, vous ne l'avez pas écarté. Est-ce que votre
programme de relance aura un volet qui touchera l'effet sur les
communautés, sur les collectivités qui pourraient
éventuellement être affectées par les soubresauts de
l'industrie?
M. Bérubé: Dans le cas des usines qui sont en
mauvaise posture actuellement, il nous est apparu qu'un programme
général se prêterait mal à la recherche de solutions
parce que, en général, ces usines sont dans des situations bien
spéciales,
bien individuelles, soit pour des raisons d'approvi-vionnement de bois,
soit pour des raisons de type de produits dans lesquels elles sont
spécialisées et qui sont moins en demande. Donc, chaque usine est
confrontée à des difficultés qui lui sont propres, et il
nous est apparu difficile de présenter un programme global qui soit
adaptable à ces cas. C'est pour cette raison que nous avons
plutôt, dans ces cas particuliers, choisi des approches ad hoc qui
consistent à constituer un groupe de travail dans le cas de East
Angus, présentement, il y a un groupe de travail formé de nos
administrateurs, des représentants de la compagnie à
Montréal et également des représentants des travailleurs,
de même que des représentants de la population qui fait le
tour de la question et qui pourrait, à ce moment-là, nous amener
des recommandations qui pourraient ne pas cadrer, si on veut, avec le programme
global d'intervention. Pour cette raison, nous avons jugé devoir, dans
ces cas particuliers, intervenir sur une base ad hoc.
M. Pagé: Si je comprends bien, vous mettez de
côté les requêtes qui vous ont été
formulées par les travailleurs, non seulement les travailleurs
visés par des fermetures d'usines, que ce soit Wayagamack ou East Angus,
mais les demandes qui ont été formulées par tous les
milieux syndicaux vous demandant une intervention à caractère
général, de façon à prévoir des situations
comme celles-là qui étaient combien malheureuses dans le cas de
la Wayagamack et de la East Angus.
M. Bérubé: Vous n'avez pas suivi assez
attentivement le caractère de mon intervention. J'ai parlé des
cas particuliers...
M. Pagé: Oui.
M. Bérubé: ... de sociétés en posture
difficile par suite d'une conjoncture particulière à cette
industrie. Dans ces cas-là, nous ne croyons pas qu'un programme
général puisse régler les problèmes de l'industrie.
Par conséquent, nous y allons par voie de groupes de travail ad hoc.
Cependant, ce qui a été demandé par le monde du travail,
essentiellement, c'est un programme général pour empêcher
que des situations du type de celle de Wayagamack puissent se reproduire dans
le futur, bien que cela m'apparaisse impossible que, dans une industrie, il n'y
ait jamais de fermeture, qu'il n'y ait jamais de disparition d'entreprise. Il
doit y avoir nécessairement, dans tout corps vivant, la mort de cellules
et la naissance d'autres. Sinon, lorsqu'il n'y a pas de cellules qui meurent,
c'est l'individu qui meurt; cela s'appelle un cancer.
Je pense que, dans ces conditions...
M. Pagé: ...
M. Bérubé: Eh! oui, c'est une des
caractéristiques d'un corps vivant, c'est que lorsque vous avez...
M. Pagé: Alors, pour vous, dans votre esprit, des
fermetures d'usines, c'est un fait qu'on se doit, non seulement d'admettre,
mais qui est acquis. (11 h 15)
M. Bérubé: La notion même de faillite dans le
système économique, c'est quelque chose qui est impossible
à éviter. Il y a des...
M. Pagé: Ce n'est pas parce qu'on a une loi sur la
faillite je m'excuse, on ne se comprend pas ce matin que des
entreprises se doivent de faire faillite. On va mettre cela de
côté et on va revenir un peu plus concrètement sur les
demandes qui étaient formulées.
M. Bérubé: Ce qui veut dire, par exemple, que si
vous avez une industrie qui fabrique un produit qui n'est plus en demande,
cette industrie peut avoir à fermer ses portes. C'est tout à fait
possible. Si vous avez une industrie qui a une taille sous-optimale et qui ne
peut se rentabiliser en aucune façon, elle peut être amenée
à fermer. Donc, à priori, affirmer qu'une usine n'aura jamais
à fermer dans l'avenir, cela me paraît impossible à
affirmer. Cependant, il apparaît que lorsqu'un secteur industriel
connaît une bonne demande, comme c'est le cas du secteur des pâtes
et papiers, normalement, on devrait être en mesure d'éviter les
fermetures, en d'autres termes, on devrait être en mesure de moderniser
cette industrie, lui fournir des approvisionnements en bois, de manière
qu'elle demeure rentable et concurrentielle, et que, par conséquent,
elle n'ait pas à se saborder elle-même. C'est le but d'un
programme gouvernemental de relance dans cette industrie.
Pour les cas ad hoc, je pense qu'il faut qu'ils soient examinés.
Il peut se produire que certains cas ad hoc nécessitent carrément
une fermeture parce qu'il n'y a pas d'autre solution pratique, et dans un tel
cas, il faut simplement faire face à la réalité, si tel
est véritablement le cas.
Je pense que le principal problème également auquel nous
aurons à faire face, si un programme d'intervention dans ce secteur est
accepté par le gouvernement, c'est celui de certaines mises à
pied résultant de l'augmentation de productivité des usines. Pour
cette raison, évidemment, il doit y avoir un volet important portant sur
les mises à pied résultant des changements technologiques.
M. Pagé: Oui. C'est dans ce sens qu'est ma question.
M. Bérubé: Là, vous avez été
moins que clair. Si vous recommenciez pendant une demi-heure, peut-être
qu'on pourrait préciser.
M. Pagé: Non, ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement, et les mots pour le dire viennent
aisément.
M. Bérubé: Oui, c'est exactement ce que je pensais,
mais enfin, je n'ai pas voulu vous les servir.
M. Pagé: II y a des usines qui sont dans des positions
précaires, entre autres celle de New Richmond, comme vous le savez. Il y
en a qui ont fermé l'année dernière. Il y en a qui ont
failli fermer.
M. Bérubé: II y en a qui allaient fermer il y a
cinq ans.
M. Pagé: Vous parlez d'actions ad hoc de la part du
gouvernement, mais si je comprends bien, c'est justifié, ces actions se
doivent de dégager toutes les possibilités de sauver l'entreprise
à quelles conditions et de quelle façon? Ce que je vous
demande... Et par surcroît vous venez de nous dire, comme ministre des
Terres et Forêts, à une commission parlementaire, que c'est
presque inévitable qu'il y ait des fermetures d'usines. Partant de ce
principe, partant du principe que vous évoquiez tout à l'heure
dans votre programme de relance qui implique la possibilité de
relocalisation d'usines plus près de la forêt, de façon
à éliminer le transport, etc. on a vidé ces
questions tantôt partant du principe de fermetures
inévitables et de possibilités d'implantation, de
déménagement d'usines, cela a un effet sur le
développement économique de certaines régions. Le plus bel
exemple que vous avez vu c'est à East Angus. Qu'on ferme la Domtar
à Donnacona demain matin, c'est non seulement la ville de Donnacona qui,
en termes d'activités et de vie économique, est
complètement dans une position non pas seulement précaire, non
pas seulement pénible, mais c'est presque la mort d'une ville, et non
seulement de la ville, mais de la région. Il y a des propositions qui
vous ont été formulées par le milieu syndical et aussi par
les entreprises. Tout le monde a été unanime à demander au
gouvernement de se pencher sur ce problème et de profiter des travaux de
la commission pour en dégager des solutions possibles. Ces choix, le
milieu syndical l'a spécifié davantage que le milieu patronal en
demandant au gouvernement d'adopter une loi obligeant les entreprises soit
à vous aviser dans un délai donné on avait
évoqué le délai d'un an avant la fermeture d'une usine, ce
qui permettrait au gouvernement de se revirer de bord, comme on dit en bon
canadien ou encore que cette loi oblige les entreprises à ne pas
fermer leurs portes tant que le gouvernement n'aura pas étudié
différentes possibilités de maintien de l'entreprise ouverte. Je
ne veux pas recommencer à évoquer tout l'aspect des effets
sociologiques sur des communautés, des collectivités qui sont
affectées par les fermetures d'usines et qui, par surcroît,
peuvent l'être par ce que vous venez de nous dire ce matin que les
fermetures d'usines étaient inévitables. Comment allez-vous
contribuer par votre programme de relance à résoudre ce
problème de l'effet de la fermeture d'une usine sur le
développement économique, bien souvent sur la vie d'une ville et
d'une région?
M. Bérubé: L'objectif du programme de relance n'est
pas de fermer des usines, c'est de leur permettre de survivre.
M. Pagé: Ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je conviens
qu'un programme de relance a pour but de sauver l'industrie et les entreprises.
Vous nous dites: II est inévitable qu'il y ait des usines qui ferment
éventuellement. Je ne vais pas jusqu'à dire que vous nous avez
dit: II est inévitable, les usines vont fermer. Ce n'est pas ce que vous
avez dit et ce n'est pas ce que je veux vous faire dire.
Vous nous avez dit: II est inévitable, il est possible que des
entreprises ferment. Cela, j'en conviens.
M. Bérubé: En principe.
M. Pagé: Bien!
M. Bérubé: C'est une déclaration de
principe.
M. Pagé: C'est ça. J'espère que ça se
limitera là d'ailleurs. Mais, moi, en contrepartie, je vous pose une
question. Le problème est évoqué. J'espère, non
seulement j'espère, mais je crois que vous êtes conscient de
l'effet d'une fermeture d'entreprise sur l'avenir et la vie économiques
d'une région et d'une ville. Qu'est-ce que vous allez faire face aux
demandes qui vous ont été formulées?
M. Bérubé: Je ne comprends pas, parce que si une
entreprise doit fermer...
M. Pagé: Plus spécifiquement, d'abord, si vous ne
comprenez pas: Est-ce que la demande qui vous a été
formulée selon laquelle le gouvernement du Québec adopte une loi
obligeant les entreprises à aviser le ministère des Terres et
Forêts, le ministère du Travail, en fait tous les
mécanismes gouvernementaux à aviser, dans un délai d'un
an... Est-ce que c'est reçu favorablement par votre gouvernement ou
non?
M. Bérubé: Ah! Mais pourquoi ne posez-vous pas des
questions beaucoup plus claires, beaucoup plus précises, beaucoup plus
ad hoc comme celle que vous venez de poser? A ce moment-là, on pourrait
vous répondre...
M. Pagé: Là, à ce moment-là, vous
m'auriez répondu...
M. Bérubé: ... plutôt que de tourner autour
du pot pendant des heures et des heures...
M. Pagé: ... vous me répondriez comme au
début: C'est dans le cadre du programme de relance et c'est
étudié par le Conseil des ministres. Je ne peux pas vous le dire
tout de suite.
M. Bérubé: ... on se demande où il veut en
arriver.
Là, je vais vous répondre...
M. Pagé: Bon! Tant mieux, pour une fois.
M. Bérubé: Je vais vous répondre. Cette
question est étudiée présentement par le ministre du
Travail et vous pourrez lui poser la question.
M. Pagé: Bon! C'est pas mal fort!
M. Bérubé: II y a un groupe de travail au
ministère du Travail concernant ce problème particulier.
M. Pagé: Parfait! D'accord! J'espère que le
ministère des Terres et Forêts fait partie de ce groupe de
travail?
M. Bérubé: Je ne vois pas de raison. C'est un
problème général de fermeture d'entreprises. Ce n'est pas
un problème particulier aux Terres et Forêts.
M. Pagé: Je ne parle pas de la possibilité que le
gouvernement légifère pour obliger les entreprises à
aviser... D'ailleurs, vous savez comme moi... J'espère que vous le savez
que dans le Code du travail il y a une prévision voulant qu'une
entreprise qui ferme ses portes en avise non seulement la partie syndicale,
mais le gouvernement. Cela, c'est fait dans le cadre des mécanismes
prévus dans le Code du travail. Abstraction faite des lois dans le Code
du travail, compte tenu du contexte particulier de l'industrie des pâtes
et papiers et de l'importance de l'industrie des pâtes et papiers, compte
tenu aussi que l'entreprise n'est plus concurrentielle sur le marché
international parce que la tonne de papier coûte une cinquantaine de
dollars au minimum plus cher que notre concurrent américain, compte tenu
qu'il y a des entreprises qui ont fermé l'année dernière,
compte tenu qu'on peut appréhender que des entreprises fermeront
éventuellement, c'est à ce titre-là qu'il y a une
requête qui vous a été faite d'intervenir de façon
spécifique dans le contexte de la fermeture éventuelle
d'entreprises des pâtes et papiers et vous me dites aujourd'hui: II y a
un comité au ministère du Travail qui siège
là-dessus. Je peux en conclure, M. le ministre, à moins que vous
me disiez le contraire, que cette demande a été rejetée du
revers de la main et que vous ne l'avez pas étudiée.
M. Bérubé: Je ne l'ai pas rejetée du revers
de la main. Vous posez la question au mauvais ministre. Le rôle du
ministre des Terres et Forêts est de mettre sur pied un programme pour
venir en aide à notre industrie forestière de manière
à garder celle-ci concurrentielle et lui permettre de survivre.
Il va de soi que si le programme gouvernemental que nous mettons sur
pied ne peut pas répondre à certains problèmes
particuliers parce qu'ils sont insolubles, à ce moment-là, ce
sont les lois du travail qui s'appliquent. Le ministre du Travail
s'intéresse à ce problème spécial des fermetures
d'usines de manière à voir dans quelle mesure on ne pourrait pas,
justement, modifier le Code du travail et rendre beaucoup plus humaines ces
décisions à caractère économique qui ont toujours
un impact extrêmement grave sur la société. Ceci ne fait
aucun doute. Il existe, dans plusieurs pays du monde, nommément
l'Allema- gne, des procédures tout à fait précises
concernant la fermeture d'usines...
M. Pagé: C'est ce qui vous était demandé,
à vous.
M. Bérubé: ... qui visent... Mais ça ne peut
pas être à l'intérieur d'un programme des pâtes et
papiers. Le programme des pâtes et papiers vise à garder les
usines ouvertes et non à les fermer.
M. Pagé: Cela, j'en conviens, mais il ne faudrait pas, au
nom de la sémantique, mettre de côté les problèmes,
ce matin, vous savez.
Je conviens qu'un programme de relance doit favoriser non seulement le
maintien, mais le développement et l'amélioration de la condition
de notre industrie. Cette commission qui, selon moi, est devenue un forum
d'échanges sur tous les problèmes et les préoccupations du
milieu, tant du côté patronal que syndical, a permis de
dégager des requêtes, des propositions et tout ça. Entre
autres, il y en a une qui vous a été formulée, celle de
l'adoption d'une loi par le gouvernement, loi qui aurait été
spécifique, telle que la demande a été
déposée, et qui se serait appliquée uniquement dans le cas
de l'industrie des pâtes et papiers.
M. Bérubé: On ne peut pas avoir une loi qui
s'applique à une industrie; pourquoi les travailleurs d'une industrie
seraient-ils privilégiés par rapport aux travailleurs d'une autre
industrie? Il faut que ce soit une loi générale.
M. Pagé: Vous dites non à cela et pourtant cela a
été "dispatché" au ministère du Travail qui s'en
occupe. Est-ce qu'il y a quelqu'un du ministère des Terres et
Forêts qui s'occupe de cela?
M. Bérubé: Pas à ma connaissance... On me
dit qu'il existe effectivement un contact entre le ministère des Terres
et Forêts et le ministère du Travail.
M. Pagé: Tant mieux, cela me satisfait parce que vous
savez, les fameuses couronnes dans le gouvernement... Cela prend une meilleure
collaboration entre les ministères; quoique ce ne soit pas toujours
facile. Le deuxième...
M. Bérubé: Quand vous serez ministre, vous y
verrez.
M. Pagé: Je vais y voir. Vous serez probablement de ce
côté-ci et vous aurez tout le loisir de poser des questions, si
vous êtes réélu dans Matane...
M. Bérubé: Vous nous avez dit à plusieurs
reprises que vous attendiez votre nomination de ministre incessamment.
M. Pagé: ... vous aurez tout le loisir de poser des
questions et j'espère que vous le ferez avec la
même détermination et le même esprit constructif
qu'on évoque de notre côté.
M. Bérubé: On aura le cardinal Pagé avec le
pape Ryan!
M. Pagé: Deuxième élément de la
demande des milieux syndicaux: Le fonds de soutien. Qu'allez-vous en faire? On
a demandé au gouvernement la création d'un fonds pour le maintien
de l'emploi, etc.
M. Bérubé: Non, il n'y a pas de fonds de soutien,
il y a uniquement une discussion qui aura lieu avec les syndicats sur les
procédures administratives particulières destinées
à amortir l'impact que pourraient avoir certains aspects d'un programme
d'intervention.
M. Pagé: Alors, la demande, telle que formulée, ne
reçoit pas l'approbation du gouvernement dans l'étude qu'il a
faite, tout au moins jusqu'à maintenant?
M. Bérubé: Elle n'a pas fait l'objet, comme telle,
d'une analyse particulière.
M. Pagé: M. le Président, sans avoir abusé
de mon temps, j'en ai eu un peu, mais je me permettrai de faire quelques
commentaires avant de poser quelques questions spécifiques au ministre.
J'invite le ministre des Terres et Forêts à continuer le travail
fait jusqu'à maintenant dans le cadre de l'élaboration d'un
programme de relance de l'industrie des pâtes et papiers, ce qui, selon
moi, était l'aboutissement normal des travaux de la commission, l'an
dernier. Je me permets cependant de lui faire part de certaines
réserves, dans le sens de ne pas profiter du contexte particulier qu'on
connaît actuellement au Canada, par la dévaluation de notre dollar
qui vient privilégier les ventes, qui vient privilégier
l'accroissement du chiffre d'affaires de notre industrie des pâtes et
papiers. Lui-même a évoqué, le 1er avril dernier, que
c'était une situation conjoncturelle, que c'était un
problème circonstanciel seulement et l'augmentation du dollar sur le
marché mondial des changes pourrait impliquer, d'ici quelques semaines,
des soubresauts dans les demandes d'approvisionnement pour l'industrie des
pâtes et papiers québécoise.
Je l'invite de plus à regarder avec beaucoup d'attention les
aspects de la question qu'on a discutée ce matin, en termes de
coût du bois, en termes de déplacement d'usines, en termes de
programmes d'aide pour que les entreprises puissent être dotées,
dans les meilleurs délais, je l'espère, de procédés
thermomécaniques. Je l'invite cependant à étudier avec
plus d'attention et peut-être à avoir un échange avec son
caucus de députés qui, pour une fois, pourrait
peut-être se rendre plus utile qu'en d'autres fois sur la question
de l'énergie. Vous avez aussi un rôle à jouer, messieurs
les députés péquistes, je tiens à vous le souligner
ce matin.
M. Marquis: Pas de problème! Pas de problème!
M. Pagé: Le nationalisme économique que les
libéraux ont démontré, dont ils ont fait preuve pendant
les années 1970 par le développement de la Baie James, il
faudrait que cela profite aux entreprises québécoises et j'invite
les députés à faire part de leurs commentaires et de leurs
réserves.
M. Perron: Est-ce que vous faites allusion à la balloune
que vous avez lancée le 29 avril 1971 au grand Colisée de
Québec?
M. Pagé: Cela a permis le développement de la Baie
James. Vous nous avez critiqués des années, vous avez tout fait
contre cela et quand vous êtes arrivés là, vous avez
été les premiers à dire que c'était beau, que
c'était bon et qu'on avait bien fait. Vous allez être les premiers
à vous péter les bretelles quand cela va être
inauguré, en disant...
M. Bérubé: M. le Président.
M. Pagé: "C'est à nous autres"; je vous vois, je
vous imagine, mais vous ne serez plus là parce que ce sera en 1981 et
vous allez être battus.
M. Bérubé: M. le Président, ce qu'il ne faut
pas entendre!
M. Pagé: On revient à des choses plus
sérieuses, M. le Président, que les questions du
député de Duplessis.
M. Bérubé: Ce qu'il ne faut pas entendre de la part
de cet intervenant absolument...
M. Pagé: On revient à des choses plus
sérieuses, parce que, quand le député de Duplessis prend
la parole, M. le Président, on a toujours des troubles. Je ne comprends
pas cela, d'ailleurs cela va peut-être mieux aller, il va s'absenter
pendant quelques minutes. (11 h 30)
J'étais à dire, M. le Président, que j'invite les
députés péquistes à intervenir auprès du
ministre des Terres et Forêts et auprès du ministre
délégué à l'Energie, de façon à
changer son postulat voulant en arriver à une certaine parité
entre l'énergie électrique et les autres types d'énergie,
pour limiter la demande de consommation d'énergie
hydroélectrique. C'est un actif pour le Québec, c'est un actif
pour les Québécois et cela se doit d'être un actif et un
élément positif, en termes de diminution du coût de
production pour l'entreprise des pâtes et papiers au Québec.
J'invite le ministre, dans son programme de relance, à avoir beaucoup
d'attention là-dessus. Je suis heureux de constater, M. le
Président, que le ministre a reçu de façon valable et a
accepté les recommandations de l'Opposition officielle demandant de
freiner la cessation du flottage du bois. La déclara-
tion du ministre des Terres et Forêts, ce matin, est pas mal plus
sérieuse et plus constructive que les déclarations du
député de Saint-Maurice, déclarations farfelues, lorsqu'il
évoquait la possibilité de mettre fin au flottage du bois sur le
Saint-Maurice.
M. Bérubé: Voyons, M. le Président.
Voulez-vous ramener le député de Portneuf à la pertinence
du débat; c'est incolore, inodore et sans saveur, cette intervention, M.
le Président.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à l'invitation du ministre, il est probable que je lui ferai parvenir,
d'ici quelque temps, des recommandations spécifiques...
M. Bérubé: C'est du vent.
M. Pagé: ... sur ce que devrait contenir son programme de
relance. J'ose croire que ce sera étudié à son
mérite.
Une dernière question spécifique. New Richmond, en
Gaspésie, c'est le sens de...
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet?
M. Marquis: Oui, je voudrais...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Matapédia.
M. Pagé: Je pourrai revenir pour des questions
spécifiques, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Je vous donne tout le temps
voulu.
M. Marquis: C'est simplement, peut-être, pour
clôturer l'intervention du député de Portneuf. Je voudrais
lui dire qu'à titre de membre du caucus et de membre d'un groupe de
travail autour du ministre des Terres et Forêts, entre autres ministres,
nous faisons notre travail et on a peut-être plus d'influence et on est
peut-être plus positifs; on n'a pas de leçon à recevoir du
député de Portneuf. C'est peut-être plus positif qu'eux
l'étaient...
M. Pagé: Vous ne m'avez pas écouté.
M. Marquis: ... quand ils étaient "back-bencher" dans le
gouvernement qui nous a précédés, et que le ministre nous
écoute...
M. Bérubé: C'est pour ça qu'il rêve
d'être ministre, d'ailleurs, il n'a jamais été capable
d'avoir la moindre influence sur son gouvernement.
M. Pagé: Je n'en rêve pas, ce serait un
aboutissement naturel à ma carrière. Voyons donc, vous ne savez
pas cela.
M. Marquis: Je peux aussi ajouter qu'avec le ministre actuel des
Terres et Forêts, nous avons vraiment l'impression, et c'est la
vérité, que nous sommes écoutés et qu'on
réussit à régler... M. le ministre.
M. Pagé: Vous êtes pas mal écouté par
votre ministre, on voit cela, il ne vous écoute même pas. Voyons
donc, on a déjà vu ces choses-là.
Le Président (M. Laplante): Je pense que le
député de Matapédia ne dérange à peu
près jamais personne lorsque d'autres ont la parole.
M. Pagé: Je comprends, il intervient tellement peu
souvent. On va le laisser aller.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Oui, c'est possible que je n'intervienne pas
souvent...
M. Pagé: Cest préférable.
M. Marquis: ... mais, quand j'ai quelque chose à dire,
c'est assez sérieux.
M. Pagé: Allez-y. Exécutez-vous.
M. Marquis: Si vous aviez été en Chambre jeudi soir
dernier, entre 21 h 30 et 22 heures...
M. Pagé: J'étais dans votre comté, jeudi
soir dernier, et je m'aperçois que vous êtes dans une position
précaire, je m'inquiéterais si j'étais à votre
place. J'étais dans Matapédia jeudi. Je serais drôlement
inquiet si j'étais à votre place.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf, s'il vous plaît!
M. Marquis: Vous me rendez service en allant dans
Matapédia, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: En tout cas, revenons.
M. Marquis: Je vais simplement terminer là-dessus. Comme
membre du caucus et comme membre d'un groupe de travail auprès du
ministre des Terres et Forêts, on a participé et on a
collaboré à régler plus de problèmes que vous en
avez réglé dans le domaine des Terres et Forêts pendant que
vous étiez là.
M. Pagé: Tembec, Donohue.
M. Marquis: Ce sont des problèmes qui se
règlent.
M. Pagé: La médaille que votre ministre a
donnée à notre ministre. Cabano, F.F. Soucy.
M. Bérubé: II y a quelque chose que vous ne
comprendrez jamais.
M. Pagé: Cela répond à vos questions?
M. Bérubé: Vous ne comprendrez absolument jamais,
avec le gouvernement actuel, qu'on puisse reconnaître que vous faites du
travail qui a du bon sens, mais que, d'une façon
générale...
M. Pagé: Cela répond à vos questions sur
l'ancien gouvernement: Tembec, Cabano, F.F. Soucy, Donohue...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf, je pense que vous allez avoir la chance de vous exprimer tout
à l'heure pour répondre à cette question-là.
Avez-vous fini, M. le député de Matapédia?
M. Marquis: Oui, je pense que, s'il n'y a pas moyen de s'exprimer
et d'avoir la paix, on va laisser la parole à d'autres.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, avez-vous
d'autres questions?
M. Bérubé: On va laisser le député de
Portneuf.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions
avant d'adopter le programme 4?
M. Pagé: New Richmond en Gaspésie, comment est-ce
que cela va, M. le Président?
M. Bérubé: Cela regarde la compagnie et le
syndicat, cela ne regarde pas le ministre.
M. Pagé: Non seulement vous n'êtes pas sensible
à ce problème... Vous savez que l'avenir de l'entreprise semble
non seulement incertain, mais très douteux.
Avez-vous eu l'occasion, comme ministre ou par le biais de vos
collaborateurs, de vous pencher sur la situation qui prévaut
là-bas? Vous nous avez dit tantôt que vous vouliez
privilégier la création de comités ad hoc qui
étudiaient la situation dans chacune des usines. Alors, est-ce qu'il y a
un comité qui a été créé pour New Richmond
et, si oui, quels sont les choix qui sont étudiés?
M. Bérubé: II n'y a pas eu de comité comme
tel, mais il y a eu plusieurs réunions; appelons-le un groupe de
travail. Il y a eu effectivement plusieurs réunions à
Québec, portant sur la situation de l'usine en question et sur un
certain nombre de mesures qui pourraient permettre de rétablir la
situation de cette entreprise, ce qui a amené, en particulier, la
révocation des concessions de la Consol à New Richmond, d'une
part. Je ne suis pas familier avec les développements les plus
récents du dossier, parce qu'il y avait une réunion cette semaine
à mon cabinet avec les dirigeants de la compagnie ou la semaine
dernière je crois.
Je crois personnellement que la situation va en s'améliorant,
compte tenu évidemment de la valeur du dollar et compte tenu de
certaines décisions qui ont été prises par la compagnie,
mais néanmoins, la situation ne m'apparaît pas pour autant
réglée, puisqu'il semble subsister des désaccords entre
l'entreprise et son syndicat concernant le renouvellement d'une convention
collective.
M. Pagé: Papier Reed à Québec, vous savez
qu'il y a eu des déclarations quand même assez
inquiétantes.
M. Bérubé: L'ancienne Anglo Pulp?
M. Pagé: Oui.
M. Bérubé: Cela va bien.
M. Pagé: Cela va bien. Aucun problème
appréhendé...
M. Bérubé: Pas à ma connaissance.
M. Pagé: Est-ce que votre ministère étudie
actuellement... J'aimerais savoir s'il y a du travail qui se fait,
jusqu'où cela se fait, combien de personnes sont à étudier
ce dossier, sur la possibilité d'implantation d'une cartonnerie dans le
secteur, soit de la Beauce, ou de Lotbinière, ou de Bellechasse?
M. Bérubé: M. le Président, en
réponse à la question, il y a, comme vous le savez, au
Québec des disponibilités en matière ligneuse à
quelques endroits. Il y a également un certain nombre de projets sur
papier ou des propositions qui nous arrivent de différents coins de la
province. On peut en mentionner quatre ou cinq, probablement, actuellement.
Nous avons, au ministère des Terres et Forêts, au niveau de la
planification, des personnes qui se préoccupent de chacun de ces
projets.
Nous avons désigné un ou des groupes de fonctionnaires qui
sont en contact avec les groupes de pression ou les gens qui font des
propositions. Il y en a un dans le coin de la vallée de la
Chaudière, il y a des projets que vous connaissez dans le Bas
Saint-Laurent, il y a le projet de la SDBJ du côté de Chibougamau,
il y a celui du Nord-Ouest et, pour chacun de ces projets, nous avons des gens
qui s'y intéressent et qui suivent ça de près.
M. Pagé: Dans Québec-Sud, une usine de pâte
de carton.
M. Bérubé: Pour Québec-Sud, nous avons une
personne qui est en contact avec les gens de là-bas, effectivement.
Maintenant, il faut...
M. Pagé: C'est bien, mais est-ce qu'il y a un projet
spécifique d'usine de pâte de carton qui est élaboré
ou qui est à s'élaborer au ministère actuellement ou
est-ce qu'il y a des échanges...
M. Bérubé: Le ministère, d'une façon
générale, n'élabore pas de projets industriels comme tels.
L'instrument de développement collectif que s'est donné le
Québec, c'est essentiellement la SGF ou
REXFOR. Présentement, REXFOR est occupé à un seul
dossier portant sur une nouvelle implantation, l'implantation de la
vallée de la Matapédia. Je pense qu'il nous apparaît
difficile qu'il en manipule beaucoup plus qu'un à la fois, d'une part.
D'autre part, nous avons commandé une étude sur l'implantation
d'une industrie de transformation de nos feuillus en méthanol, projet
qui pourrait être intégré à la politique
énergétique du gouvernement. Cette étude a donc, à
ma connaissance...
M. Pagé: Est-ce qu'elle touche la région de
Québec-Sud?
M. Bérubé: Elle traite des approvisionnements en
général, au Québec, des technologies et des coûts de
production; donc, forcément, une étude de faisabilité.
Mais effectivement, je pense que la région de Québec-Sud est une
région qui pourrait s'avérer propice, dans la mesure où,
dans plusieurs régions semblables du Québec où on effectue
des travaux sylvicoles importants, on a sur les bras des volumes assez
substantiels de feuillus qu'on n'arrive pas à écouler.
Présentement, c'est donc l'objectif du ministère de rechercher
d'autres choix.
Mais concernant des implantations dans le secteur du carton, je pense
qu'il nous faut reconnaître que la situation assez difficile que vit
l'industrie québécoise du carton, que ce soit CIP, que ce soit
Consol ou que ce soit Cabano, nous incite peut-être à une certaine
prudence quant au lancement de nouvelles industries dans ce secteur, du moins
pour les quelques années à venir, jusqu'à ce que le
marché se soit rétabli et qu'on ait réussi à
absorber les excédents de capacité actuelle.
M. Pagé: Je suis heureux de constater que vous êtes
sensible au fait que, dans la région de Québec-Sud, Beauce,
Dorchester, Frontenac, Mé-gantic, Bellechasse et tout ce secteur, il y a
un problème avec le feuillu là-bas, parce qu'il y a quand
même 700 000 acres carrées de forêt privée où
il y a un problème d'aboutissement de mise en marché, de
transformation, au niveau local, de cette matière ligneuse.
D'ailleurs, à ce titre, M. le Président, j'étais
heureux de lire, dans le Guide du 14 décembre 1977, que le
député de Beauce-Nord, M. Adrien Ouellette, faisait une
déclaration en disant: II nous faut une usine de pâte de carton,
évoquant le problème de la région de Québec-Sud et
faisant état que la seule solution possible était l'implantation
d'une usine de pâte de carton. J'étais heureux. Je me suis dit que
ce député semblait sentir les préoccupations de son milieu
et il semble bien travailler.
Je suis peiné aujourd'hui de constater que la déclaration
du député Adrien Ouellette, qui, en fait, était
interprétée comme un cadeau de Noël à ses
électeurs, le 14 décembre, s'avère aujourd'hui un cadeau
de Noël où il n'y aura peut-être que le ruban. Par la
déclaration du ministre, aujourd'hui, il n'en est pas question; je
trouve cela inquiétant pour le député de Beauce-Nord, M.
Ouellette.
J'ose croire que M. Ouellette sera en mesure d'entendre les propos du
ministre des Terres et Forêts ce matin, à savoir qu'il n'y a pas
de comité qui étudie cette possibilité actuellement, dans
son ministère. D'autre part, compte tenu de l'expérience de
Cabano, compte tenu de l'expérience dans d'autres régions du
Québec, avec des investissements de même nature, ou avec les
mêmes fins, je suis convaincu, ou tout au moins, j'espère que le
député de Beauce-Nord pourra revenir à la charge
auprès de son ministre, à même les méandres et les
avenues que nous a évoqués le député de
Matapédia tantôt, et qu'il aura suffisamment de poids
auprès du ministre des Terres et Forêts pour lui faire modifier sa
décision et faire en sorte que la déclaration qu'il faisait
à ses électeurs avant Noël, dans le Guide du mercredi 14
décembre, pourra recevoir une fin plus positive que celle
évoquée par le ministre ce matin.
Mon collègue de Montmagny-L'Islet a certainement des questions
à poser lui aussi. M. le Président, je vais lui laisser le soin
de continuer.
M. Bérubé: M. le député de Portneuf a
mis fin à sa diarrhée verbale. Merci, M. le Président.
M. Pagé: Ce n'est pas gentil.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais quelques questions
en ce qui a trait à l'utilisation du budget consacré au programme
4. Pour ce qui est de la planification de l'utilisation de la matière,
de la ressource, il y a une augmentation assez importante dans les
crédits, de la matière, de la ressource, il y a une augmentation
assez importante dans les crédits, pour la présente année
financière, par rapport à celle de l'an dernier. Quelle sera
l'utilisation 'de ces crédits additionnels? Quels seront les programmes
particuliers? Quelles seront les modifications apportées en
matière d'utilisation de la ressource?
M. Bérubé: Nous sommes à
l'élément 1.
M. Giasson: A l'élément 1 (11 h 45)
M. Bérubé: Essentiellement, l'augmentation
substantielle que connaît cet élément est attribuable au
programme de révocation des concessions et l'achat de terrains
privés qui passe de $1 754 800 à $6 045 900. C'est une
augmentation importante au niveau du programme de révocation.
Implantation et expansion des usines. Le montant passe de $388 000
à $858 000. Ce sont en général des études
commanditées par le ministère pour des projets du type de l'usine
de méthanol dont on parlait tantôt où il y a
également une augmentation du budget. Sinon, le budget aurait
été sensiblement constant avec l'augmentation classique pour les
salaires.
M. Giasson: Dans ces montants additionnels qui seront
consacrés aux coûts de la révocation de certaines
concessions, y a-t-il des sommes de consacrées en vue de
l'aménagement ou de la mise en place d'unités de gestion? Il
faudra un jour ou l'autre, suite à la révocation, qu'on
procède à des structures nouvelles à l'intérieur du
ministère. Dois-je comprendre que dans les millions de plus qui sont
consacrés à l'élément 1 du programme 4, il y a une
partie de ces montants qui vont servir à la mise en place de ces
unités de gestion qui devront prendre charge des différents blocs
forestiers révoqués?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Cela sera uniquement consacré, si je comprends
bien, aux coûts des révocations.
M. Bérubé: C'est cela, aux coûts des
révocations. Pour l'instant, la mise sur pied des unités de
gestion et de l'allocation du personnel se fait essentiellement par
réaménagements internes des postes au ministère,
c'est-à-dire que lorsque certains postes se libèrent, ils sont
remplacés par des administrateurs régionaux qui s'occupent
évidemment de la préparation de ces plans de gestion.
En ce sens, on a pu, par attrition interne, jusqu'à maintenant,
faire face au programme de révocation et à la mise sur pied des
unités de gestion. Cependant, pour l'avenir, on ne pourra pas extrapoler
indéfiniment. Eventuellement, il faudra voir à augmenter le
personnel du ministère pour faire face à ces nouvelles
responsabilités.
Je me permets d'ailleurs de souligner que nous avons choisi
d'intégrer notre programme d'intervention au niveau de l'industrie
forestière à tout le programme de révocation des
concessions dans la mesure où il est apparu assez rapidement qu'il
fallait réévaluer les coûts estimés de la
révocation, d'une part et, d'autre part, remettre en cause certaines
interventions du ministère en cequi a trait à la voirie
forestière. En intégrant le tout au programme d aide à
l'industrie forestière, on pourrait mettre sur pied un programme plus
cohérent qui serait réalisable à l'intérieur des
limites financières du gouvernement. Par conséquent, cette
question de l'augmentation des postes au ministère devra être
intégrée à l'ensemble du programme d'intervention
gouvernementale auprès de l'industrie forestière.
M. Giasson: Toujours à l'intérieur du programme 4
à l'élément 3, il semble que le ministère va
consacrer des efforts accrus au plan financier en ce qui a trait au
développement de la voirie forestière. Quelles sont les
régions qui vont bénéficier de façon plus
marquée de cette augmentation des crédits consacrés
à la voirie forestière?
M. Bérubé: II y aura 117,9 milles de routes de
construites. Dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, on en prévoit 45 milles;
dans le Nord-Ouest, environ 31 milles avec le budget régulier et 20
milles avec les crédits de l'OPDQ. C'est donc l'entente
fédérale-provinciale. Sur la Côte-Nord, nous avons $6000
avec les crédits réguliers et $9000 avec les crédits de
l'OPDQ. L'amélioration du chemin est surtout prévue dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie où on prévoit améliorer
pour environ $12 000 avec les budgets réguliers et environ $30 000 avec
les crédits de l'entente. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean c'est à peu
près $5000; à Québec, $3000; le Nord-Ouest $13 000 et la
Côte-Nord environ $20 000. C'est donc pour l'amélioration du
chemin.
Il y a également des efforts faits au niveau de
I'amélioration de la signalisation. Evidemment, ce sont des coûts
relativement restreints.
Il y a également la construction et l'amélioration de
ponts, cinq ponts dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, six ponts dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, un pont à Trois-Rivières, deux ponts
dans le Nord-Ouest et un pont sur la Côte-Nord. Nous avons dû
arrêter la construction de ponts parce que nous manquions de
rivières. A ce moment-là, nous améliorons les ponts
existants, soit quinze ponts: un pont dans le Bas-Saint-Laurent, cinq ponts
dans le Saguenay et neuf ponts dans le Nord-Ouest.
M. Pagé: Duplessis en faisait là où il n'y
avait pas de rivière, apparemment. J'étais trop jeune, mais
apparemment il en faisait là où il n'y avait pas de
rivière; il faisait les rivières après.
M. Giasson: Dans la construction de nouveaux chemins forestiers,
est-ce que l'exécution de ces contrats ou de ces travaux est faite
entièrement par le ministère en régie comme on dit
couramment ou s'il y a des soumissions publiques qui sont
appelées. Qui est maître d'oeuvre dans l'exécution de cette
voirie forestière?
M. Bérubé: Nous faisons les travaux en
régie. Nous en confions un certain nombre par soumissions, nous faisons
des appels d'offre. Certains projets sont confiés à la
société REXFOR également.
M. Giasson: Dans quelle proportion cela peut-il se
répartir entre le pourcentage fait en régie, le pourcentage
exécuté par REXFOR et le pourcentage exécuté par
voie de soumissions publiques?
M. Bérubé: Lorsqu'il est question de ponts, dans
ces cas, nous faisons des appels d'offres et l'exécution est
confiée à des contracteurs.
On me dit que les appels d'offres c'est pour les ponts. Le reste de nos
activités, c'est du travail en régie ou REXFOR.
M. Giasson: En régie ou REXFOR.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
Aide à la forêt privée
M. Giasson: Oui, M. le Président. Je constate cependant
que, du côté de l'aide à la forêt privée, la
production forestière privée, l'augmentation des budgets
consacrés ne va pas dans le sens des
buts qu'on aurait pu atteindre parce que depuis quelque temps, depuis
quelques années déjà, on a senti une volonté, au
ministère des Terres et Forêts, d'apporter une attention toute
particulière, et on a décidé la mise en place de
programmes qui permettraient, vraiment, un meilleur développement de la
forêt privée et cela, pour différentes raisons qui sont
fort bien connues.
Généralement, ce sont les forêts les plus
productives du Québec; elles sont situées le plus près des
usines, en général, par rapport aux forêts publiques. Je
suis surpris que l'effort qu'on devait consacrer à l'aide à
apporter aux forêts privées ne se traduise pas par des chiffres
beaucoup plus importants et intéressants.
D'ailleurs, cela correspond un peu à des propos, des commentaires
que j'ai entendus venant de la part d'organismes et de groupes qui
s'intéressent particulièrement au domaine de la forêt
privée. Je pense aux sociétés d'exploitation et
d'aménagement, je pense aux groupements forestiers. J'ai eu des
communications, au cours des derniers mois, avec différents groupements
forestiers, c'est-à-dire des communications qui sont venues de la part
de groupements qui manifestaient un peu d'inquiétude vis-à-vis
des discussions qu'ils avaient avec le ministère des Terres et
Forêts.
Ces groupements forestiers, ces sociétés voudraient
connaître une expansion plus grande, un développement plus rapide.
Je crois qu'avec l'expérience qu'ils ont acquise au cours des
dernières années, elles sont en mesure, vraiment, de participer
davantage à un programme qui origine au ministère des Terres et
Forêts, et ces organismes seraient vraiment capables de collaborer, de
contribuer avec le ministère des Terres et Forêts pour
l'aménagement et le développement de la forêt privée
chez nous.
Comment se fait-il que ces organismes semblent avoir de la
difficulté à recevoir une audition auprès du
ministère des Terres et Forêts qu'ils seraient en droit
d'attendre, compte tenu des engagements pris par l'actuel ministre ainsi que
les engagements qu'avait pris son prédécesseur au
ministère des Terres et Forêts? Comment expliquez-vous qu'elles
soient si difficiles ces discussions, ces négociations et que ces gens
ne semblent pas recevoir de la part du ministère des réponses qui
iraient dans le sens de programmes que ces organismes se sont donnés
pour la plupart et qui sont soutenus par techniciens. Ce n'est pas là le
fruit spontané de la volonté d'un ou de quelques individus, ce
sont des demandes qui viennent à la suite d'un travail de recherche
solidement appuyé, solidement étayé. Est-ce que le
ministère est prêt à examiner de plus près les
réclamations, les projets ou programmes que ces sociétés
ou ces organismes ont mis en place et dans lesquels ils veulent évoluer
plus rapidement, comparativement à ce que la volonté du
ministère tend à exprimer présentement.
M. Bérubé: Non, je pense qu'il y a trois
problèmes distincts qu'il nous faut aborder ici. D'une part, il y a la
vitesse de croissance normale que peuvent assumer les groupements et
sociétés. L'année dernière, par exemple, nous avons
dû périmer pour $1 700 000 de crédits résultant de
ce que les sociétés et groupements avaient dû, au cours
d'une année, avaler une croissance très substantielle et qu'ils
ont peut-être eu des difficultés de digestion. Aussi cette
année, si les crédits que nous demandons passent de $3 845 000
à $5 783 009 en pratique, compte tenu des crédits
périmés de l'année dernière, cela suppose que
normalement le volume de travaux réalisables par les
sociétés devrait être plus qu'adéquat. On a
évalué à environ 25% la croissance, en fait, des travaux
de cette année par rapport à l'année dernière,
compte tenu des crédits périmés.
Par conséquent, il nous apparaît que le budget actuel cette
année est suffisant pour permettre une expansion importante à
l'activité des groupements et sociétés et, compte tenu des
difficultés qu'ils ont eues l'an dernier à dépenser les
sommes qu'on leur avait consacrées, ce n'est peut-être pas mauvais
ayant effectué à leur budget un saut, ayant pris une
marche qu'on les stabilise pendant un an ou deux de manière
à ce qu'ils puissent absorber cette marche pour être en mesure
éventuellement de prendre une nouvelle expansion.
Donc, premier point. Je pense que le budget de cette année, avec
l'augmentation qu'il connaît, compte tenu des crédits
périmés de l'année dernière, nous permet de
prévoir que le volume total d'argent disponible devrait être tout
à fait acceptable.
D'autre part, une difficulté que l'on va peut-être
très rapidement rencontrer, c'est que dans les endroits où ces
groupements et sociétés ont été très
dynamiques, on se dirige assez rapidement vers une pénurie de lots
privés à traiter, en ce sens que tous les cultivateurs ne mettent
pas nécessairement leur lot sous aménagement et que lorsqu'on a
terminé l'aménagement de ce qui est aménageable sur le
lot, évidemment on manque de travail. On peut à ce moment
procéder à des travaux d'aménagement économiquement
moins rentables, en ce sens qu'ils sont plus coûteux à effectuer,
que normalement on ne les aurait pas effectués, parce que le retour sur
l'argent investi dans l'aménagement de cette forêt devient de plus
en plus problématique. Mais lorsqu'on manque de travail, on peut donc
être amené à faire des travaux qui ne se justifient
peut-être pas sur un strict plan forestier, mais néanmoins que
l'on entreprend parce qu'on est aux prises avec une société qui
avait des budgets et qui doit continuer simplement parce qu'elle est
là.
Cela nous amène, à ce moment-là, à envisager
des activités importantes de ces groupements et sociétés
sur la forêt publique, donc, que leur budget n'émargerait plus
à ce moment, au budget d'aide à la forêt privée,
mais au budget d'aménagement sylvicole sur la forêt publique.
C'est donc là une possibilité d'expansion de ces groupements et
sociétés dans l'avenir, au fur et à mesure que les lots
privés à traiter vont nous manquer. (12 heures) Le dernier
point...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, monsieur,
c'est que...
M. Pagé: Encore quelques minutes et on va...
Le Président (M. Laplante): On va considérer qu'il
est midi moins deux; l'horloge s'arrête là.
M. Bérubé: Alors, le dernier point, c'est un
problème de coût. Il nous faut constater, par exemple, que les
travaux sylvicoles sur forêt publique nous coûtent $220 l'acre en
moyenne, contre $302 l'acre sur la forêt privée. Nous sommes
justifiés, je pense, au cours de cette année, de nous asseoir
avec les groupements et les sociétés pour réévaluer
les techniques utilisées pour l'aménagement de la forêt
privée, de manière à voir dans quelle mesure on ne
pourrait peut-être pas améliorer la productivité ou
améliorer les modes d'interventions de manière que le coût
à l'Etat soit ramené à des niveaux plus acceptables, plus
comparables à ceux sur la forêt publique, de telle sorte
qu'à ce moment le programme soit plus facile à justifier.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que la situation des
coûts comparatifs auxquels vient de faire allusion le ministre ne tient
pas fondamentalement, au départ, dans la préparation des genres
de traitement qu'on veut appliquer sur des terrains privés
donnés, tel que les techniciens du ministère les
préparent? Est-ce que le ministre a eu l'occasion d'étudier les
différentes formes de traitement qu'on peut prescrire à
l'intérieur d'un bloc, d'un lot donné? J'ai examiné cela
avec des gens du groupement forestier chez nous, j'ai dit: Ce n'est pas
possible qu'on donne, sur une même parcelle qui peut avoir 50 acres,
douze traitements différents à l'intérieur de ce
boisé.
M. Bérubé: Et, généralement,
même pas la même année.
M. Giasson: J'ai bien l'impression que, sur la forêt
publique, on ne doit pas procéder par un type de recommandation de
traitement tel que celui qu'on découvre dans la forêt
privée.
M. Bérubé: Sans être un expert en
aménagement forestier, il semble bien, à la suite de travaux que
nous avons confiés à M. Lussier et des discussions que j'ai eues
moi-même avec les groupements forestiers, à plusieurs reprises, et
avec nos fonctionnaires, que ce programme d'aide à la forêt
privée mérite un examen très très sérieux.
Je pense que, souvent, nos techniques sylvicoles contribuent à morceler
encore plus la forêt privée qu'elle ne l'est déjà,
en prescrivant jusqu'à 64 traitements sur un lot, ce qui,
évidemment, n'est pas de nature à réunifier la forêt
privée en des blocs homogènes justement exploitables de
façon beaucoup plus rentable et beaucoup plus économique.
Par conséquent, effectivement, nous devons examiner ce
problème de la technique qui a été étudié
l'année dernière. On a déjà convenu avec la
Fédération des producteurs de bois d'une stratégie
concernant l'intervention technique et peut-être la réduction des
coûts de la technique dans les années à venir. Nous nous
sommes mis d'accord sur un objectif de trois ans. Je pense qu'il faut
maintenant nous asseoir avec les groupements forestiers et entreprendre le
même genre de réflexion, cette fois-ci non pas au niveau de la
technique mais au niveau véritablement des travaux sur le terrain.
M. Giasson: M. le Président, le ministre a fait allusion
tout à l'heure à des crédits périmés de
l'ordre de $1,7 million sur le budget consacré à
l'aménagement de la forêt privée. Est-ce qu'il pourrait
nous donner le nom des organismes ou des groupes qui ont fait défaut
d'utiliser des crédits en disponibilité?
M. Bérubé: La grande partie des sommes, c'est dans
le Bas-Saint-Laurent, 50% du budget va dans le Bas-Saint-Laurent.
M. Giasson: Oui, mais il y a certainement des groupements
forestiers, ou des sociétés d'aménagement et
d'exploitation qui n'ont pas utilisé des budgets qui étaient
votés ici, par l'Assemblée nationale, à l'intérieur
de leur activité sur les travaux de foresterie.
M. Bérubé: II faudrait identifier... On peut faire
faire un inventaire et vous fournir les causes de tous ces crédits
périmés.
M. Giasson: Etes-vous d'avis que ce serait un manque de volume de
forêt privée, à l'intérieur de la forêt qui
est mise sous l'aménagement par un groupe?
M. Bérubé: L'année dernière, le
budget d'aide à la forêt privée, comme vous le savez, a
connu une augmentation plus que substantielle. D'autant plus qu'à la
suite de l'adoption du budget, nous avons ajouté des crédits
supplémentaires par un réaménagement des budgets des
différents ministères, de manière à mettre encore
plus d'accent, plus d'emphase sur ce programme particulier.
Il en est donc résulté, évidemment, un niveau
d'activité peut-être excessif par rapport à la taille de
nos sociétés et groupements.
Maintenant, cela ne m'apparaît pas dramatique que cela se soit
produit pendant une année. Sachant que cette année ils auront un
budget encore augmenté par rapport à l'année
dernière, les sociétés et groupements pourront faire
croître leur équipe d'encadrement de manière à
pouvoir faire face, cette année, au budget qui leur est dévolu.
Je pense que cette année ils ne devraient pas avoir de problèmes
particuliers pour dépenser ces montants d'argent.
Il y a une autre raison dont on pourrait parler, c'est le fait que le
budget original était de $8 millions et on constate que le budget a
été modifié, en cours d'année, dans le cadre des
montants d'argent obtenus pour le programme conjoncturel. On est arrivé,
effectivement, en fin
d'année, avant les fêtes, avec un budget conjoncturel
à une période qui ne se prêtait pas tellement aux
travaux.
Je pense que l'explication la plus logique serait de ce
côté-là.
M. Giasson: En ce qui a trait aux crédits
périmés. C'est l'addition de sommes d'argent qui sont venues trop
tard en saison.
M. Bérubé: C'est de l'argent qui est venu tard,
alors qu'on était assez avancé. La dernière tranche est
arrivée, je pense, en octobre ou novembre, si ce n'est pas plus
tard.
Alors, à ce moment-là, évidemment, cela cause des
problèmes sur le terrain, quand on arrive...
M. Giasson: Les crédits qu'on vote présentement, de
quelle façon vont-ils être répartis sur l'ensemble du
territoire québécois? Est-ce que c'est encore la région du
Bas-Saint-Laurent qui va être largement favorisée?
M. Bérubé: Je dois dire que cette
répartition entre les régions fait l'objet d'une
négociation avec la Fédération des producteurs de bois et
c'est la fédération qui est l'interloculeur du gouvernement en
cette matière.
La fédération, évidemment, tient compte des
demandes des différentes sociétés et groupements, et
effectue une sorte de répartition que je suppose équitable,
puisque, finalement, il s'agit là d'un organisme démocratique.
Elle établit donc une répartition entre les différentes
sociétés et groupements. C'est pour cela que ce n'est pas, comme
tel, le ministère qui choisit dans quelle région ces montants
d'argent devront être consacrés.
Encore une fois, cette année, la Gaspésie et le
Bas-Saint-Laurent recevront $3 300 000; le Saguenay-Lac-Saint-Jean, $350 000;
la région de Québec, $745 000; Trois-Rivières, $269 000;
les Cantons de l'Est, $325 000; Montréal, $5000; l'Outaouais, $123 000;
le Nord-Ouest québécois, $336 000, ce qui devrait, normalement,
vous permettre de calculer les pourcentages.
A cela, évidemment, s'ajoutent les frais portant sur l'assistance
technique, mais ils sont également en proportion. Il y a $2 760 000
consacrés à l'assistance technique et on peut dire que c'est en
proportion du volume des travaux à faire.
M. Giasson: M. le Président, je crois que certains de mes
collègues avaient des questions. Etant donné l'heure, je veux
leur laisser l'occasion d'intervenir sur le sujet.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur les terres et forêts?
M. Perron: J'aurais une couple de questions, M. le
Président, en rapport avec Rayonier Québec, à
Port-Cartier.
On sait que Rayonier Québec, l'an dernier, d'après les
rapports de la compagnie, a vécu certains problèmes. Elle a un
déficit assez pro- noncé pour l'année 1977. Est-ce que le
ministre pourrait informer les membres de cette commission à savoir
quels sont les problèmes, effectivement, vécus par la compagnie
et sur quoi elle s'est basée lors de cette rencontre qu'elle a eue avec
vous, je crois, ainsi qu'avec deux ou trois ministres et certains hauts
fonctionnaires de votre ministère?
M. Bérubé: Effectivement, sans dévoiler de
secret confidentiel, je peux dire que la société Rayonier a
demandé à nous rencontrer pour nous présenter le bilan
financier des entreprises de la société, et en particulier,
mettre l'accent sur les coûts de leurs exploitations, de l'exploitation
forestière en particulier, le coût du bois s'avérant, pour
cette société, un fardeau qu'elle s'estime incapable de
supporter. Cette société, à ce que l'on nous a
expliqué, a dû également s'attaquer à des
problèmes très sérieux de production dans l'usine et elle
a donc fait venir des Etats-Unis une quarantaine de cadres pour
dédoubler les principaux postes de commande dans l'usine et tenter de
voir dans quelle mesure ils pourraient régler ses problèmes de
production.
Donc, la société reconnaît avoir des
difficultés au niveau de la production et des difficultés au
niveau de ses approvisionnements en bois. Il nous faut d'ailleurs
reconnaître que certains chantiers de la compagnie, dans le nord de la
forêt domaniale de la Basse-Côte-Nord, sont extrêmement
élevés, que les coûts de bois sont peut-être
même, à ce moment-là, le double de ce qu'il en coûte
en moyenne au Québec. Par conséquent, la société se
retrouve avec un problème financier, problème financier qu'elle a
depuis le début de ses activités et qu'elle a résolument
décidé de régler. Elle s'est donné des
délais, des objectifs précis et, présentement, elle tente
de résoudre ses problèmes. Il va de soi que si elle n'arrivait
pas à résoudre ses problèmes, l'impact sur les
activités de cette entreprise pourrait être tel qu'elle aurait des
décisions extrêmement importantes à prendre pour l'avenir.
Par conséquent, je pense qu'il ne faut pas cacher que la situation est
sérieuse.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question,
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Une dernière question. Donc, les demandes qui
ont été faites, est-ce qu'on pourrait savoir...
M. Bérubé: Le député de Portneuf
demande au député de Duplessis d'être bref alors qu'il a
monopolisé tout le temps de cette commission.
M. Perron: Justement, surtout la matinée.
M. Pagé: M. le Président, c'était seulement
pour taquiner mon bon ami de Duplessis.
M. Perron: Merci de l'information. Il s'est arrangé,
premièrement, pour que je ne le comprenne pas, parce que j'aurais eu une
réponse pour lui.
II a charrié tout le temps qu'il a parlé, de toute
façon.
M. Pagé: Bon, bon, bon, bon, bon! M. Perron: On
pourrait peut-être...
Le Président (M. Laplante): La dernière question,
M. le député.
M. Perron: ... se mettre ensemble, du côté
ministériel, et acheter une brouette pour qu'il puisse charrier
plus.
En rapport avec Rayonier Québec, est-ce que le dossier avance
actuellement? Est-ce qu'il y a toujours des négociations entre le
gouvernement et Rayonier Québec, entre les hauts fonctionnaires?
M. Bérubé: Nous avons un groupe de travail qui,
d'ailleurs, inclut des fonctionnaires de l'environnement, et notre groupe, qui
est chargé du développement industriel, qui travaille avec la
compagnie pour justement voir dans quelle mesure le gouvernement peut
intervenir pour tenter de réduire les coûts de bois, si c'est
possible. Je pense qu'il y a eu une réunion la semaine dernière;
c'est peut-être un peu tôt pour dire quel va être le sens des
décisions qui seront prises par ce groupe de travail.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 4,
élément 1, adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément...
M. Pagé: Adopté, M. le Président,
élément 2, élément 3.
Le Président (M. Laplante): ... 2, adopté.
Elément 3, adopté. Elément 4, adopté. Programme 4,
adopté. Ce qui met fin...
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... à l'étude
des crédits du ministère des Terres et Forêts.
M. Pagé: Avant de terminer, M. le Président, je
voudrais m'associer à mes collègues de l'Opposition pour
remercier M. le ministre des réponses aux questions que nous lui avons
formulées. Je remercie aussi ses collaborateurs, M. Monette, M. Poulin,
ses sous-ministres adjoints, ses directeurs généraux de services,
tous, pour la collaboration qu'ils ont offerte aux travaux de notre commission
qui ont duré près de quinze heures, que je sache. Merci beaucoup,
messieurs, nous sommes bien satisfaits.
M. Bérubé: M. le Président, avant de nous
quitter, j'aimerais souligner ici la contribution absolument remarquable d'un
membre de cette commission qui m'a assisté tout au long de la
défense de ce budget; j'en suis à ma deuxième
année, et je vous avouerai que les documents qu'il prépare
à mon intention sont absolument remarquables, ils sont complets et
fourmillent de détails, et me donnent une idée absolument
complète du fonctionnement de mon ministère. Ce n'est d'ailleurs
pas un miracle. M. Gagnon a participé 18 fois à la défense
des crédits du ministère des Terres et Forêts. Il est
à sa retraite depuis déjà une quinzaine de jours, une
semaine; il a donc quitté sa retraite. Je vois d'ailleurs qu'il a
plusieurs marques aux mains; j'ai l'impression qu'il avait déjà
changé de métier depuis quelque temps. Il a donc quitté
son refuge pour participer à cette dernière séance des
travaux de notre commission et défendre son dernier budget. (12 h
15)
Je pense que tous les gouvernements, que ce soit ceux de l'Union
Nationale pendant des années, ou du Parti libéral, ou du Parti
québécois, ont pu apprécier le travail absolument
remarquable de M. Gagnon. Il faut lui rendre ce témoignage; il a
été un fidèle serviteur de l'Etat.
Quels que soient les ministres qui se sont succédé
à la tête de ce ministère, ils ont toujours
apprécié le travail de M. Gagnon. Je voulais rendre
témoignage à M. Gagnon en cette fin de nos travaux de
commission.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez, je
voudrais ajouter ma voix à celle de M. le ministre pour remercier M.
Gagnon pour le magnifique travail abattu. Souvent les hommes politiques sont un
peu trop sévères à l'endroit des fonctionnaires, à
l'endroit des collaborateurs. Je veux vous remercier, de façon bien
modeste et bien spontanée, pour le magnifique travail que vous avez
abattu pendant autant d'années. Je vous souhaite bonne retraite et
longue vie.
Revenez nous voir à l'occasion; revenez nous voir lors de
l'étude des prochains crédits. Cela nous fera plaisir.
M. Gagnon: Je vous remercie beaucoup, je reviendrai probablement.
Je vous remercie énormément pour le témoignage que vous me
rendez. Réellement, cela me fait chaud au coeur, après toutes ces
années de service. Merci.
Le Président (M. Laplante): Comme président, M.
Gagnon, ce que j'espère, c'est de vous retrouver actif parmi les membres
du club de l'âge d'or. Vu qu'on m'appelle, actuellement, le
député des vieux... j'espère vous rencontrer dans ces
clubs.
En terminant les crédits, je prierais le rapporteur de faire
rapport à l'Assemblée nationale de la fin de l'étude des
crédits du ministère des Terres et Forêts. Sur ce, les
travaux sont ajournés sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 17)