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Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Marcoux): La commission des terres et
forêts est réunie pour entreprendre l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Terres et
Forêts. Les membres de la commission sont: M. Bérubé
(Matane), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc) remplacé par
M. Baril (Arthabaska); M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Jolivet (Laviolette),
M. Marquis (Matapédia), M. Pagé (Portneuf), M. Perron
(Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé
par M. Dubois (Huntingdon).
Les intervenants sont: M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Léves-que (Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M.
Mercier (Berthier), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
La commission devrait d'abord désigner un rapporteur. Est-ce que
le député de Matapédia accepterait de faire rapport de nos
travaux? Accepté. Le député de Matapédia sera le
rapporteur des travaux de cette commission.
M. Giasson: M. le député de Matapédia. Le
Président (M. Marcoux): M. le ministre.
Exposé général du
ministre
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, MM. les
députés, je me sens un peu plus à l'aise que l'an dernier
pour entreprendre en commission parlementaire l'étude des
prévisions budgétaires du ministère des Terres et
Forêts pour 1978/79.
A cela, il y a au moins deux bonnes raisons. J'ai eu l'occasion,
entre-temps, de mieux me familiariser avec les différentes
activités du ministère et d'approfondir les plus importants
dossiers en chantier. La seconde, que je soumets à l'approbation de
l'Assemblée nationale, c'est une programmation financière qui
devrait, à mon avis, recevoir un accueil plutôt favorable du fait
qu'elle est prioritairement axée sur le développement
économique, secteur dans lequel le gouvernement estime devoir intervenir
de façon encore plus intensive en vue de stimuler l'économie dans
les régions où se retrouvent les taux de chômage les plus
élevés.
L'examen des prévisions budgétaires du ministère,
pour 1978/79, traduit assez bien cette orientation puisque la plus grande
partie des crédits additionnels sollicités, qui sont au montant
de $14 500 000, se retrouvent à trois programmes dont l'intensification
des activités devrait lui permettre de prendre une part active au
programme de relance économique déclenché par le
gouvernement en vue de créer de plus nombreuses sour- ces d'emploi pour
la main-d'oeuvre du Québec. Il s'agit du programme 2, intitulé
"Amélioration de la forêt", du programme 4, "Utilisation de la
forêt", et du programme 7, "Gestion des terres publiques".
J'aurai l'occasion de revenir là-dessus un peu plus loin au cours
de mon exposé.
Pour faciliter une meilleure compréhension de mes propos,
j'aborderai les divers sujets dont je veux vous entretenir sous deux grands
titres principaux, soit le secteur forêt et le secteur domaine
territorial.
Secteur forêt. Le Québec traverse, depuis quelques
années, une période plutôt difficile au cours de laquelle
son industrie forestière a connu et connaît encore de
sérieux problèmes. C'est là, il faut cependant le
reconnaître, une conjoncture qui dépasse les frontières. Il
y a tout lieu de croire que la situation devrait normalement s'améliorer
au fur et à mesure de la croissance des besoins en produits forestiers
sur les divers marchés.
Ce n'est pas un secret pour tous ceux qui sont le moindrement familiers
avec la chose économique que la forêt du Québec, à
cause de sa présence dans les différentes régions, de sa
capacité de renouvellement et de sa grande demande sur les
marchés, a joué et peut encore jouer un rôle
prédominant dans la stabilisation de notre économie dont
l'état de santé dépend, dans une large mesure, de celui de
notre industrie forestière.
Il ne fait aucun doute dans notre esprit que nos immenses ressources
forestières, pour autant qu'elles soient adéquatement
aménagées, protégées et consolidées,
représentent un atout précieux qui, dans une conjoncture plus
favorable, devrait contribuer énormément au redressement des
conditions économiques dans les régions où la mise en
valeur de la forêt constitue à peu près la seule source de
revenus importante pour les populations qui s'y trouvent.
Misant donc sur l'avenir, le ministère a décidé de
prendre la situation en main avant qu'elle ne se détériore
davantage et d'intervenir dans les secteurs primaire et secondaire de
façon que le Québec soit mieux préparé à
répondre à une demande de produits forestiers qui, de l'avis des
spécialistes en la matière, devrait s'accroître
considérablement d'ici l'an 2000.
Si le Québec est prêt, il pourra reprendre la place
enviable qu'il a déjà occupée sur les divers
marchés et son économie ne s'en portera que mieux.
C'est ainsi qu'on notera une substantielle augmentation des
crédits budgétaires au programme 2, amélioration de la
forêt, et au programme 4, utilisation de la forêt, où se
retrouvent les activités dont l'accroissement, tout en facilitant la
création de nouveaux emplois, vise primordialement à renforcer le
patrimoine forestier du Québec. Ces activités qui se poursuivent
pour la plupart depuis plusieurs années méritent tout de
même d'être mentionnées, étant donné leur
importance dans la
stratégie mise de l'avant par le ministère pour assumer
efficacement le rôle qui est sien dans le secteur du développement
économique.
Le programme de stimulation de l'économie et de soutien de
l'emploi du gouvernement prévoit en effet, à lui seul, pour ces
deux programmes, un montant de $27 545 100 à être réparti
entre les activités suivantes: reboisement, qui se voit attribuer un
montant de $3 500 000 de plus; accélération des travaux de
reboisement sur les terres publiques et privées de façon à
activer la revalorisation des terrains à vocation forestière avec
une attention particulière à l'endroit de ceux qui se trouvent le
plus près des usines de transformation; travaux sylvicoles de $4 400
000; intensification des travaux sylvicoles sur les terres publiques et
privées en vue d'augmenter la productivité de la forêt. La
plus grande partie des crédits additionnels sollicités sont
utilisés dans le cadre du programme d'aide à la forêt
privée pour l'exécution de traitements sylvicoles par les
groupements forestiers ou les sociétés sylvicoles; à
l'aide à la forêt privée, un montant de $7 400 000 est
prévu pour la réalisation de travaux d'amélioration de la
forêt soit le reboisement, les traitements sylvicoles, les traitements
sylvicides etc., dans les organismes de gestion en commun de même que
pour couvrir les frais de l'assistance technique accordée à ces
organismes.
Chemins d'accès en forêt. Le ministère consacrera un
montant de $11 300 000 à des travaux de voirie forestière ayant
comme objet de favoriser I accès à des territoires forestiers
éloignés et de faciliter une allocation plus rationnelle de la
matière première entre les divers utilisateurs.
Toujours dans le cadre du programme de relance économique, un
montant d'environ $1 million est prévu au programme 3, qui s'intitule
"Conservation de la forêt", pour favoriser la sensibilisation du grand
public à la nécessité de protéger la forêt
tout aussi bien que le milieu lui-même.
Ces crédits seront utilisés pour la réalisation de
différents projets tels l'ouverture et l'aménagement de centres
d'interprétation, la construction de sentiers d'interprétation de
la nature, de pistes de ski de fond, etc.
Ailleurs, des crédits additionnels de $4 500 000 ont
également été demandés pour la révocation de
certaines concessions forestières dont la reprise s'inscrit comme une
mesure absolument essentielle à la survie d'usines en danger de
fermeture par suite d'une trop grande instabilité du côté
des approvisionnements, de coûts d'exploitation et de transport trop
élevés, de droits de coupe supplémentaires
réclamés par certains concessionnaires forestiers.
Voilà quelques considérations que j'ai cru devoir vous
exprimer relativement au secteur forestier. Je suis bien conscient de n'avoir
pas répondu à toutes les questions qui ont pu vous venir à
l'esprit, mais je pense avoir suffisamment explicité pour que les
membres de cette commission aient, dès le début de l'étude
de nos crédits budgétaires, une bonne idée de ce que nous
nous proposons de faire en 1978/79 et puissent se rendre compte que le
ministère fait bien tout ce qui lui est possible de faire pour que les
ressources forestières dont il a l'administration contribuent au maximum
à l'amélioration des conditions économiques du
Québec.
Ah! je regrette, messieurs, j'ai même sauté une page. Ce
sera plus court. Y tenez-vous?
M. Giasson: C'est peut-être la partie la plus
intéressante de l'exposé du ministre. Je ne voudrais pas la
manquer.
M. Bérubé: Effectivement, j'ai sauté un
paragraphe. Il va sans dire que ces diverses interventions visant à
favoriser le développement optimal du potentiel forestier des terres
publiques et privées ne sauraient trouver leur pleine justification si
le ministère ne se préoccupait en parallèle de
l'état de santé de son industrie forestière qui devra
être en mesure de transformer les volumes de bois disponibles et les
mettre sur le marché à des prix concurrentiels.
L'expérience que nous vivons depuis quelques années, le
secteur de la transformation faisant face à de nombreuses
difficultés allant de simples arrêts de production à la
grève et aux fermetures d'usines, est loin d'être rassurante pour
I'avenir. C'est pourquoi le ministère en est arrivé à la
conclusion qu'une intervention de sa part s avérait absolument
essentielle à la survie de l'industrie forestière et plus
particulièrement à celle des pâtes et papiers dont les
équipements désuets dans certains cas et les coûts de
production trop élevés ne lui permettent plus de conserver une
position concurrentielle sur les marchés. C est dans cette optique que
le ministère, au cours de l'année qui vient de s'écouler,
a organisé deux groupes de travail, dont l'un a reçu comme mandat
de s'occuper des cas ad hoc, tels les faillites, les difficultés
financières, les problèmes d'approvisionnement, tandis que
l'autre, affecté celui-là à l'examen des problèmes
auxquels fait présentement face l'industrie des pâtes et papiers,
a été chargé de formuler des recommandations sur les
mesures qui pourraient être prises pour rendre cette industrie plus
concurrentielle. Les premières constatations, dans ce dernier cas, sont
que le secteur des pâtes et papiers se trouve, effectivement, dans une
situation précaire qui pourrait même se détériorer
davantage s'il fallait que des investissements importants dussent être
faits dans limmédiat pour répondre aux exigences du programme de
lutte contre la pollution. C'est pourquoi les efforts ont-ils été
orientés dans la recherche de moyens d'intervention qui permettraient
d'assurer du même coup la survie de nos usines de transformation et la
protection de l'environnement.
On va passer maintenant au secteur du domaine territorial. En ce qui a
trait à l'action du ministère dans le domaine des terres ou du
territoire, je suis heureux de pouvoir vous indiquer que la situation a
passablement évolué depuis l'an dernier, alors que je ne pouvais
vous parler que de
projets et d'intentions. Il y a effectivement eu des
développements dont vous êtes probablement déjà au
courant, mais dont je tiens quand même à vous entretenir, ne
serait-ce que pour mieux vous faire réaliser l'ampleur des efforts qui
ont été faits dans la recherche de solutions valables aux
nombreux problèmes résultant de la carence d'une politique
gouvernementale en matière de gestion foncière.
Dans cette optique, mes commentaires porteront successivement sur les
trois sujets suivants: politique gouvernementale de gestion foncière,
politique d'accessibilité au domaine public, principalement à des
fins de villégiature, et la célèbre et renommée
réserve des trois chaînes.
Politique gouvernementale de gestion foncière: A ce propos, un
document intitulé "Propositions de politique de gestion du domaine
public foncier" a été préparé en collaboration avec
les représentants de douze ministères. Ce travail, qui est le
fruit de multiples réflexions sur le sujet, devrait permettre une
meilleure orientation dans l'élaboration de politiques concernant la
gestion du domaine public.
Quant à la politique d'accessibilité au domaine public,
principalement à des fins de villégiature, je dois dire que, bien
conscient qu'il ne pouvait tout simplement pas attendre l'établissement
d'une politique gouvernementale pour entreprendre certaines interventions
pressantes qui ne lui apparaissent pas incompatibles avec les principes d'une
saine gestion du domaine public, le ministère a procédé
à l'implantation d'une politique d'accessibilité au domaine
public s'appliquant à plusieurs fins particulières, mais plus
spécialement à la villégiature.
Cette nouvelle politique, qui tient compte du droit à la
collectivité d'accéder au domaine public, respecte le principe de
l'inaliénabilité en favorisant la location des terres publiques,
plutôt que la concession définitive qui est maintenant
considérée comme une approche traditionnelle qui a parfois
favorisé une minorité au détriment de la
collectivité.
Les modes de cession des terres publiques qui vont des permis
d'occupation aux baux à court terme, à long terme ont cet immense
avantage, en plus de mettre le sol à la disponibilité de la
collectivité, d'assurer au gouvernement un meilleur contrôle sur
l'utilisation des terres publiques, de même que sur le respect des
différentes normes, en particulier celles visant à la protection
de l'environnement. (10 h 30)
II est à remarquer que cette politique n'a pas d'effets
rétroactifs, mais qu'elle prévoit des cas d'exception. C'est
ainsi que pour les baux signés avant le 14 février 1977, nous
entendons traiter différemment ceux qui comportent une clause de vente
ou un doute raisonnable quant à une intention de vente.
Sous cette rubrique, je dois vous indiquer, de plus, que la
décision gouvernementale de retirer aux clubs privés les
privilèges exclusifs de chasse et de pêche qu'ils
détenaient, aura d'importantes répercussions au ministère
des Terres et Forêts, puisque c'est à lui qu'il appartiendra de
régulariser le plus rapidement possible la situation dans laquelle se
retrouveront les membres de ces clubs alors qu'ils occuperont sans titre des
terres publiques.
Un montant de $1 100 000 et des effectifs permanent et occasionnel ont
été mis à la disposition du ministère pour le
démarrage de l'opération d'envergure qui consiste à
analyser chacun des dossiers et à normaliser, au fur et à mesure,
les occupations.
Il va sans dire que c'est là une besogne qui s'étendra sur
une période minimale de trois ans. C'est pourquoi je me suis fait
autoriser par mes collègues de l'exécutif, à accorder,
moyennant une compensation annuelle de $40, un droit d'utilisation temporaire,
en vertu duquel les personnes affectées par l'opération
déclubage pourront continuer à habiter leurs chalets, camps, tant
et aussi longtemps que leur situation n'aura pas été
définitivement régularisée.
Réserve des trois chaînes: Concernant cette question
plutôt épineuse qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive
ces dernières années, j'aurais bien aimé pouvoir vous
annoncer que le ministère en est arrivé à une solution
définitive, mais, malheureusement, les choses ne sont pas aussi faciles.
Je devrai me contenter de vous indiquer que les études progressent
normalement et que c'est fort possible que la situation, plutôt confuse,
qui règne dans ce domaine, à ce propos, puisse être
clarifiée, une fois pour toutes, au cours de la période
1978/79.
Cet espoir s'appuie sur le fait que nos gestionnaires viennent
d'entreprendre, avec ceux du ministère des Richesses naturelles
une très grande coopération, d'ailleurs,
interministérielle une opération susceptible...
M. Giasson: ... au niveau du ministre?
M. Bérubé: ... par un processus
d'élimination, de ramener le problème à sa vraie dimension
et, partant, de permettre une prise de décision plus rapide. On pourra
toujours s'étendre sur la question.
C'est ainsi qu'on vient de définir la détermination de
critères opérationnels pour l'identification des ruisseaux et des
étangs et pour la classification des lacs et rivières selon leur
caractère de navigabilité. La prochaine étape consiste
à faire l'étude, pour un certain nombre de cantons types, de
l'importance du domaine public constitué par la réserve des trois
chaînes.
Une fois cette information obtenue, je devrais être en mesure de
formuler au gouvernement une proposition sur le mode de gestion que je
préconise pour ces terres publiques.
D'ici là, le ministère des Terres et Forêts
continuera à régler les occupations avec titres précaires
selon les modalités suivantes: autorisation au propriétaire d'un
lot affecté par la réserve à l'utiliser à des fins
agricoles, forestières et de villégiature personnelle, en
privilégiant des baux à
long terme plutôt que des lettres patentes; en n'accordant des
lettres patentes que pour des cas d'exception.
Les quelques mots et les propos d'ordre général que je
viens de vous tenir ne touchent, évidemment, pas toutes les
activités du ministère. S'il en est ainsi, c'est que j'ai cru
qu'il était beaucoup plus important, au tout début de l'examen de
nos crédits budgétaires, de fournir aux membres de cette
commission un aperçu des diverses actions que le ministère entend
prendre pour résoudre les principaux problèmes qu'il
connaît dans les secteurs forêt et territoire plutôt que de
surcharger mon exposé de précisions et de données
financières dont le détail pourrait être obtenu, de toute
façon, au fur et à mesure de la discussion.
Je crois en avoir suffisamment dit pour que vous puissiez
réaliser que la plus grande partie de nos énergies seront
dépensées dans la poursuite d'activités pouvant contribuer
de façon appréciable à l'amélioration des
conditions économiques dans les régions les plus
défavorisées du Québec.
Il est possible qu'on ne soit pas d'accord sur l'approche que nous avons
choisie qui implique nécessairement une forte dépense de deniers
publics, mais, me basant sur la place prépondérante que
l'industrie forestière a occupée et occupe encore dans notre
économie, j'ai le sentiment que nous ne devons pas nous laisser
influencer par la crise que nous traversons, mais que nous devons plutôt
profiter de la leçon que nous avons reçue pour nous attaquer
à la consolidation des quelques points faibles que ce ralentissement
nous a permis de déceler.
A choisir entre les voies qui s'offrent, je préfère de
beaucoup faire travailler la main-d'oeuvre québécoise à
l'amélioration et à la consolidation de notre capital forestier
plutôt que de laisser la situation se détériorer davantage
et de faire vivre les gens aux crochets de l'Etat. On ne parlera pas des
projets PIL ou de Canada au travail.
Je m'excuse d'avoir retenu ainsi votre attention, mais la chose
s'imposait jusqu'à un certain point, étant donné mon
désir de bien vous faire connaître les projets du ministère
pour la période de l'exercice 1978/79.
Je vous remercie de votre très bienveillante attention. Je reste
à votre disposition, évidemment, ainsi que mes collaborateurs
immédiats pour tout renseignement additionnel que vous voudriez sans
doute obtenir.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Remarques de l'Opposition M. Julien Giasson
M. Giasson: M. le Président, j'ai constaté une
chose en observant et en écoutant le ministre. Cette année, pour
des raisons que je ne connais pas encore, le ministre a voulu mettre beaucoup
de brièveté dans le message ou les propos d'ouverture de la
commission parlementaire.
Si vous vous rappelez. M. le Président, l'an dernier, le ministre
avait été fort volubile à ce moment-là. Est-ce
qu'il aurait déjà subi l'effet de I'amiantose et qu'il porte le
poids...
M. Bérubé: Amiantose!
M. Giasson:... il manque de souffle, il porte un poids, mais,
à tout événement, M. le Président, même si le
ministre a été beaucoup moins long dans sa présentation,
il a pu, je pense, nous donner l'essentiel de I'information, quitte à
continuer lors de I'étude de ses crédits programme par
programme.
Je voudrais, au tout début, lui indiquer d'abord une
satisfaction, celle de constater que son ministère, en matière de
crédits, a été capable d'aller chercher un accroissement,
une augmentation qui se compare assez bien à lensemble de l'augmentation
du budget du Québec. J'ai eu à déplorer, pour d autres
ministères, que le phénomène ait joué à
I'inverse. Il n'est peut-être pas facile, dans I'aménagement et le
partage des enveloppes budgétaires, de donner à chaque secteur de
I'économie, à chaque secteur de I'administration gouvernementale,
les parts qui devraient revenir à chacun dans le partage de I'ensemble
du gâteau. Mais, au ministère des Terres et Forêts, M. le
Président, il faut reconnaître qu il y a eu un effort, cela doit
être celui du ministre, et sans doute grâce à un très
bon appui qu'il a reçu de ses collaborateurs, des fonctionnaires qui
I'entourent, pour aller chercher une part d accroissement de son budget, et
comme il l'a indiqué au cours de ses propos, cela a une influence et une
conséquence directes sur I économie de certaines régions
chez nous. Il a fort bien indiqué que la forêt constituait une
ressource qu'on retrouve à peu près dans toutes les
régions du Québec, peut-être principalement dans ces
régions qu on dit un peu marginales, sous-développées. Je
suis en mesure de vous indiquer que I'intérêt que j'ai toujours
porté à ce secteur m'a fait croire qu il fallait, au
Québec, dans beaucoup de régions, attacher une importance
capitale à la ressource qu est la forêt. Celle-ci est en effet I
un des éléments qui peut le mieux contribuer à une
activité économique, même à une relance, et les
crédits que le ministre a décidé d accorder par le biais
de programmes spéciaux, que ce soit relance de l'économie,
stimulation de l'emploi, ou autres programmes spéciaux, m'apparaissent,
dans le contexte actuel, une decision qu on ne peut trop critiquer dans son
principe. On ne peut pas la critiquer dans son principe même. Il reste
à voir les modalités d application de ces programmes, la
participation que peuvent y apporter les différents corps
intermédiaires du milieu, les groupes, ou encore la marge
opérationnelle que le ministère va vouloir se donner en devenant
personnellement un employeur pour les fins qu'il recherche.
J'avais pensé que le ministre, dans son propos d'ouverture, nous
aurait donné beaucoup plus de précisions sur son programme de
révocation des concessions forestières, soit un
échéancier assez
précis des différentes concessions qui seront
révoquées au cours des prochaines années, ses
prévisions du coût de ces révocations, sans entrer dans les
détails, il va de soi, parce qu'il y a toujours une partie
négociation attachée à l'opération
révocation.
Tout de même, nous aurons sans doute, au cours des prochaines
heures, l'occasion d'interroger davantage le ministre et d'avoir une expression
d'opinion de programme plus précise que le bref commentaire qu'il a
voulu faire dans ses notes d'ouverture.
Il y a également une autre activité qui fait l'objet de
préoccupation au Québec, non seulement au ministère
même des Terres et Forêts, mais aussi chez presque tous les
intervenants dans les secteurs de la forêt. Il s'agit de l'allocation de
la ressource de la matière entre les différents utilisateurs de
cette ressource chez nous. L'an dernier, je me rappelle que le ministre avait
laissé planer beaucoup d'espoir sur les capacités qu'il aurait au
cours de l'année financière qui débutait de passer
à travers ce dossier, ce programme ou cette projection d'allocation de
la ressource. Tant et si bien que nous étions en mesure d'espérer
que nous connaîtrions, lors de l'étude des crédits qui
suivraient, la situation ou l'orientation définitive que le ministre
voudrait donner à ce programme d'allocation de la ressource.
Je ne sais si c'est par oubli, mais de ce côté, le ministre
a été muet, à toutes fins utiles. Là encore, il
faudra revenir, lors de l'étude de nos crédits, afin de savoir
où en est le dossier, quelle est la situation et quel est le type de
législation que le ministre va soumettre au Conseil des ministres et
à la commission parlementaire, qui devrait enfin permettre de
procéder à un véritable plan d'allocation de distribution
de la matière ligneuse chez nous.
Nous avons constaté également qu'au cours de la
dernière année, une de nos sociétés
québécoises qui relève du ministère des Terres et
Forêts, a continué de jouer des rôles qui étaient
peut-être difficiles, je fais allusion ici à la
société REXFOR qui n'a peut-être pas connu une
expérience trop heureuse au plan des états financiers, mais qui
tout de même, à l'intérieur de l'entreprise
québécoise dans laquelle elle a des participations, participation
au plan du capital-actions comme autre participation d'aide
financière... REXFOR, dis-je, joue au Québec un rôle qui
est devenu quasi essentiel, parce que nous pourrions difficilement
espérer que l'industrie privée puisse occuper les terrains
à certains endroits que couvre fort bien REXFOR.
Mais je présume que, comme l'an dernier, nous aurons
peut-être la possibilité d'avoir des représentants de la
société et d'examiner certaines situations qui sont à
l'intérieur de l'opération de REXFOR. Nous aurons
également l'occasion, M. le Président, de voir plus à fond
de quelle façon le ministre a l'intention de mettre à
contribution, de la façon la plus totale qui soit, tous ces organismes
de nos régions qu'on retrouve, qu'il s'agisse de sociétés
de récupération, d'exploitation, d'aménagement, qu'il
s'agisse de groupements forestiers, de coopératives qui sont
nées, de quelle façon le ministre va pouvoir mettre à
contribution ces organismes de nos milieux qui regroupent les
éléments véritablement intéressés par le
secteur de la forêt et tout ce que cela comporte comme activités,
que ce soit l'aménagement, la récupération, les travaux
sylvicoles, etc.
Je considère que c'est toujours en collaboration avec les groupes
du milieu, des gens fondamentalement intéressés au secteur de la
forêt, qu'il y a possibilité de développer au maximum le
potentiel de nos sols forestiers.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de prolonger tellement
ces propos d'ouverture puisque nos commissions parlementaires qui
procèdent à l'étude des crédits nous donnent toutes
les possibilités d'entreprendre le débat d'abord au niveau d'une
discussion très générale nous faisons
habituellement un tour d'horizon très vaste par la suite, nous
pouvons reprendre au niveau de chacun des programmes le débat et la
discussion sur ce qui fait toute l'orientation, l'activité et
l'administration du ministère.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Huntingdon.
M. Giasson: M. le Président, avant de terminer ces
premiers propos, je voudrais féliciter l'un des fonctionnaires du
ministère des Terres et Forêts qui oeuvre depuis de nombreuses
années dans le champ des terres et forêts. On m'informe que ce
fonctionnaire, qui a de très bons états de service
derrière lui, doit bientôt quitter le ministère. Il s'agit
sans doute d'une retraite largement méritée. Je voudrais le
remercier pour cette collaboration et cet effort constant qu'il a
apportés au ministère des Terres et Forêts.
Le' Président (M. Marcoux): M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. Premièrement,
étant donné que c'est ma première participation à
l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts, j'aimerais, si possible, que le ministre nous présente les
hauts fonctionnaires qui l'accompagnent, étant donné que je n'ai
eu la chance de rencontrer personne du groupe. Est-ce que cela est possible, M.
le ministre?
M. Bérubé: Certainement. M. Jean-Noël Poulin,
sous-ministre au ministère; M. Antonio Gagnon, sous-ministre adjoint
à l'administration. Il y en a évidemment d'autres que je ne
connais pas; je n'ai pas le plaisir de les connaître tous. M. Poulin,
peut-être pourriez-vous nous les présenter?
MM. Marois, Dorion, Vallée, Tremblay, Dubé, Nadeau et
Dancause.
Il s'agit de nos administrateurs qui s'occupent de l'aspect recherche et
inventaire forestier; donc, impliqués dans le programme 1. (10 h 45)
M. Dubois: Je vous remercie.
M. le Président, je veux intervenir dans cet exposé
général pour souligner quelques-unes des avenues dans lesquelles
devrait s'engager la réforme forestière en cours depuis quelques
années. Tous reconnaissent, à la période de l'étude
des crédits d'un ministère, le rôle important
d'éclairer les législateurs et l'opinion publique sur
l'utilisation de l'argent pour chacun des ministères. C'est dans ce sens
que se situe mon intervention. Je veux affirmer également l'importance
économique majeure de tous les secteurs des terres et forêts.
Ressource naturelle, ressource renouvelable, la forêt peut et doit nous
appartenir le plus rapidement possible; nous appartenir non pour la laisser
pourrir, mais bien pour qu'elle serve à notre développement
économique.
Compte tenu de l'effet d'entraînement capital que suscite ce
secteur, les gouvernements l'ont négligé trop longtemps, le
considérant comme secondaire, alors que la dynamique économique
qu il contient est sans contredit d'avant-garde.
Cette année c'est au moins le témoignage que je
veux que vous gardiez à l'esprit dans cette première partie de
l'étude des crédits est une année charnière
pour le ministère des Terres et Forêts. C'est l'année
où l'élan des réformes tant attendues doit être
donné. C'est cette année qu'il nous faut entreprendre des plans
de réforme tant de fois annoncés. La conjoncture
économique est particulièrement favorable à
l'accélération du mouvement. La dévaluation du dollar
canadien est particulièrement favorable à l'exportation, entre
autres, pour les produits à base de bois.
Cet avantage ne se maintiendra peut-être pas longtemps; c'est
pourquoi il faut que tous les agents, du gouvernement à l'entreprise,
s'impliquent immédiatement, particulièrement dans la
modernisation et l'entreprise.
Ici, le rôle de l'entreprise privée est grand. Sa part de
responsabilité dans le déclin de la force concurrentielle de
notre secteur des pâtes et papiers est aussi grande.
Je suis moi-même un commerçant industriel et mes
collègues le savent très bien. Je ne suis pas
particulièrement porté vers le socialisme économique, mais
tout profit a une incidence sociale. Nous ne devons accepter qu'une entreprise
utilise la forêt et le travailleur québécois et se serve de
ses équipements jusqu'à la limite, tire le profit maximal et s'en
aille ou demande par la suite des subventions pour la rénovation. Non,
je pense que des raisonnements semblables ne peuvent plus être
acceptés et que l'entreprise doit être de plus en plus consciente
de son rôle social.
Il est temps que le gouvernement fasse connaître l'articulation de
son plan de rentabilisation de l'industrie des pâtes et papiers au
Québec. Je répète l'urgence d'agir alors que les
conditions sont favorables. A trop tarder, il vient un temps où il est
trop tard. La commission parlementaire a été tenue en septembre
dernier. L'entreprise et la population attendent maintenant des propositions du
gouvernement.
Autres grands avantages à insuffler une nouvelle direction au
secteur du bois. C'est évidemment l'abolition de la taxe de vente sur
les meubles, mesure particulièrement favorable à ce secteur de la
transformation du bois, mesure que l'Union Nationale accepte sans
réserve, parce que, suivant les intérêts du Québec,
ce sont des mesures qui auraient fait la preuve, si elles étaient
acceptées par les libéraux fédéraux, que le
fédéralisme peut être centralisé et par le fait
même servir les économies des différentes régions
canadiennes.
De toute façon, il faut profiter au maximum de cette année
pour relancer le meuble fabriqué au Québec, lui trouver de
nouveaux modèles et lui assurer de nouveaux débouchés.
Le rôle de partenaires Etat-entreprises est
particulièrement important pour le succès de ce projet. Je pense,
M. le Président, que le ministre des Terres et Forêts peut
créer l'unanimité des parlementaires si le gouvernement
décide de faire de cette année l'année du bois.
J'aimerais que le ministre nous fasse connaître, le plus
rapidement possible, les intentions de son gouvernement quant à la mise
en marché des sous-produits, ses intentions précises quant
à la modernisation des usines de pâtes et papiers et quant aux
solutions qu'il veut apporter aux problèmes de l'industrie du bois de
sciage, particulièrement de l'inégalité
d'approvisionnement dont souffrent de petites scieries.
Nous suggérons au ministre de mettre de l'avant une politique
dynamique et rationnelle de récupération des déchets de
bois, particulièrement du bois franc, et d'encourager ou de susciter la
création d'usines de transformation de ces résidus. Cette
initiative s'intégrerait fort bien dans la politique d'achat chez nous
que l'Union Nationale appuie d'ailleurs. Je vous rappelle qu'il y a au
Québec un marché rentable pour une usine intégrée
de planches particules ou "particule boards " si on aime mieux, et de
"masonite", puisque actuellement, 50% de nos approvisionnements viennent des
Etats-Unis. De plus, dans ce sens, et conjointement avec la volonté
collective d'économiser de l'énergie, j'aimerais que le ministre
nous indique s'il entend encourager le financement à moyen terme du
chauffage de scieries à même les écorces de bois,
procédé qui économise l'huile et qui utilise un produit
québécois, qui serait sans cela inutilisable.
Des expériences de ce genre ont été entreprises en
Abitibi, plus particulièrement à Taschereau, je crois, où
elles semblent bien rentables. De plus, j'aimerais savoir du ministre s'il
entend accélérer la rétrocession complète des
concessions forestières, tout en garantissant l'approvisionnement des
compagnies installées au Québec. D autre part, M. le ministre,
nous aurons des questions à poser sur les différents programmes
du ministère. J'aimerais que le ministre, dans sa réplique,
s'attarde à nous expliquer plus en détail la situation
financière de REXFOR, au-delà du rôle indéniable que
REXFOR doit jouer dans l'exploitation forestière au Québec.
J'aimerais que le
ministre nous identifie les causes expliquant cette année une
perte brute de près de $3 millions, alors même que le prix du bois
a augmenté. De plus, la perte nette de l'exercice est passée de
$4 millions à plus de $5 millions, portant le déficit à la
fin de l'exercice à $7,5 millions.
Où s'arrêtera ce déficit? Est-ce déficitaire
parce que gouvernemental? Quelles sont les prévisions pour
l'année prochaine? Est-ce que le ministre peut nous assurer, d'ores et
déjà, qu'il n'en sera pas de même avec la
Société nationale de l'amiante? Enfin, sur ce sujet, j'aimerais
savoir, pour l'information des membres de cette commission, si le ministre
accepterait de faire distribuer le bilan de chacune des usines filiales de
REXFOR?
M. le Président, avant de terminer, je veux renouveler mon
message sur l'urgence d'agir pour utiliser la forêt dans les meilleurs
intérêts économiques du Québec. Nous n'avons pas
d'excuse de ne pas utiliser rationnellement cette ressource naturelle, car elle
est renouvelable et, où il y a du bois, il y a de l'espoir. Merci.
M. Bérubé: M. le Président, uniquement pour
répondre peut-être à une demande, je crois qu'elle a
été citée à deux reprises, c'est-à-dire
l'invitation que l'on voudrait voir faire à la société
REXFOR, je pourrais peut-être m'entendre avec le président. Le
seul problème, pour l'organisation de nos travaux, serait de savoir
à quel moment il est préférable d'inviter le
président de la société. Normalement, en toute logique,
cela pourrait être au programme 4, mais on pourrait peut-être
mettre cela après le programme 8, de manière que, connaissant le
désir que vous avez d'entendre le président de REXFOR, on aille
plus rapidement aux éléments moins importants du budget.
M. Giasson: M. le Président, est-ce qu'à votre
connaissance, la Chambre va nous permettre de siéger demain, au cours de
la journée? D'abord, est-ce que l'horaire du ministre...
Le Président (M. Marcoux): Formellement, tantôt, on
m'a dit que c'était mardi, mercredi et jeudi.
M. Giasson: Peut-on prévoir qu'on siège d'abord cet
après-midi, après la période des questions, ou si le
ministre a d'autres engagements?
M. Bérubé: Je n'ai pas d'autre engagement. Je me
suis dégagé entièrement pour les travaux de cette
commission, mais on m'a laissé entendre, et c'est à
vérifier, qu'on ne pourrait peut-être pas siéger
l'après-midi ou le soir.
M. Giasson: Parfait. Si on s'entendait pour la journée de
jeudi, est-ce que cela vous irait?
M. Bérubé: Après le programme 8?
Certainement.
M. Giasson: Indépendamment des programmes. Cela n'a rien
à voir avec les programmes. On convient d'un jour, et on fait cela en se
libérant complètement de la programmation du
ministère.
Le Président (M. Marcoux): Jeudi à 10 heures?
M. Giasson: Ce sera notre programmation de la commission. Jeudi,
10 heures.
M. Bérubé: II faut être bien conciliant avec
le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'est très facile d'être conciliant, M.
le ministre.
M. Bérubé: II faut dire que vous avez très
bon caractère et vous montrez toujours beaucoup de coopération.
Il n'y a aucune raison pour que nous ne soyons pas très conciliants. On
est sorti de l'amiante.
M. Giasson: L'amiante, c'est différent.
Le Président (M. Marcoux): Je vais appeler le programme 1,
connaissance de la forêt.
Questions générales
M. Giasson: M. le Président, c'est peut-être le
moment, selon la coutume, la tradition, lors des commissions parlementaires qui
procèdent à l'étude des crédits, de faire une
envolée plus large dès le programme 1, afin de faire
préciser des choses par le ministre. Le temps que nous consacrons,
à ce moment-ci de la commission, c'est-à-dire au tout
début, lors de l'appel du premier programme, nous le rattrapons
certainement lorsque nous procédons à l'étude programme
par programme.
Le Président (M. Marcoux): Cela va.
M. Giasson: J'ai indiqué tout à l'heure, au
ministre, quelques questions sur lesquelles j'aimerais le voir nous apporter
des précisions.
Dans le passé et depuis quelques années, nous savons
l'intérêt que, non seulement le ministère des Terres et
Forêts, mais à peu près tous ceux qui oeuvrent ou qui ont
des activités dans le secteur forestier ont apporté quant
à une capacité de garantie d'approvisionnement à tous les
genres d'usines qui fonctionnent au Québec, que ce soit dans le secteur
des pâtes et papiers, industrie de déroulage, sciage, ou enfin,
autres usines qui s'approvisionnent de matière ligneuse.
Est-ce que le ministre pourrait préciser quelle est la situation
présentement sur le plan de législations qui existe de ce
côté, quelle est la collaboration ou la consultation qu'il a pu
établir auprès de l'industrie comme telle, l'industrie dans ses
formes les plus variées, quelle est la consultation ou les avis qui ont
pu lui être apportés par les groupements forestiers, par les
syndicats de producteurs, les offices de producteurs? Je suis certain que,
depuis un an, le ministre a continué de soutenir ce dossier d'un plan
d'allocation de la
matière et qu'il devrait être en mesure de nous apporter
des prévisions sur l'échéancier qu'il devra suivre en vue
d'en arriver au résultat recherché, tant par le ministère
que par tous ceux qui sont intéressés dans l'attribution de la
matière ligneuse.
M. Bérubé: Je suppose que le député
de Montmagny-L'Islet veut faire référence plus
spécifiquement à un projet de loi sur l'allocation de la
matière ligneuse.
Effectivement, M. le Président, lors de notre arrivée au
pouvoir, il existait, sur les tables de travail de l'administration, un tel
projet de loi sur l'allocation de la matière ligneuse. Etant
donné notre inexpérience dans le domaine, nous avons pensé
qu'il serait sage de le soumettre, avant même de le présenter
à mes collègues du Conseil des ministres, à l'analyse par
les différents intervenants dans ce secteur forestier. C'est donc ainsi
que j'ai pu obtenir, de la part des syndicats de producteurs de bois, de la
part des manufacturiers de bois de sciage, de la part de l'Association de
l'industrie forestière, également de la part de la
Société d'Etat REXFOR, de Donohue, des avis concernant le
fonctionnement, l'application d'un tel projet de loi, tel que
rédigé.
Il s'est avéré que l'unanimité était loin
d'être acquise sur ce projet de loi, dans la mesure où l'industrie
forestière y était, évidemment, opposée; mais cela
était connu. Cependant, en ce qui avait trait aux scieries, alors que,
à l'origine, elles s'y étaient montrées
intéressées, elles ont, par la suite, révisé leur
position en nous demandant de modifier le projet de loi qui était
soumis, de manière à respecter davantage les lois du
marché, de manière à chercher à régler les
problèmes, mais sans en causer plus que l'on en réglait.
Egalement, je dois dire que la situation de la vente du bois
étant passablement bonne, s'étant passablement rétablie,
il m'est apparu qu'il était sans doute sage de tabler sur la
collaboration de nos administrateurs je pense à M. Ouellet
à notre ministère pour établir, de concert avec
l'industrie forestière, l'industrie du sciage et les producteurs de
bois, une sorte de consensus sur l'allocation de la matière ligneuse. En
d'autres termes, tenter de mettre sur pied, sur une base un peu volontaire, un
plan d'allocation de la matière ligneuse, mais qui soit essentiellement
né de consultations plutôt qu'imposé par voie
législative. En effet, il était loin d'être acquis, en
introduisant un plan d'allocation de la matière ligneuse, que l'on
allait résoudre les problèmes. Au contraire, on pouvait
possiblement les compliquer. (11 heures)
La loi qui avait été proposée visait
essentiellement à maintenir le régime actuel de
négociation dans le domaine de I'achat et de la vente de matière
ligneuse, donc applicable peut-être à 95% des transactions
actuelles et pour les 5% pour lesquels on a eu des problèmes dans le
passé, les 5% résiduels passaient à ce moment par la voie
d une allocation forcée par le ministre des Terres et Forêts
à I'occasion et feraient I'objet, à ce moment, d'une
négociation de prix avec une commission d'arbitrage, advenant un
désaccord.
L'inquiétude que j'ai manifestée face à ce projet
de loi est la suivante: Nous arrivons présentement a écouler sans
trop de difficulté 95% et même 100% de notre matière
ligneuse. L'inconvénient que I'on pouvait redouter était celui
d'une administration gouvernementale très lourde.
En effet, advenant qu'une commission d'arbitrage sur les prix ait
tendance à juger en faveur des producteurs de bois, on imagine à
ce moment que les producteurs de bois auraient pu refuser de signer des
contrats, attendre l'échéance finale et, à ce moment, se
retrouver devant la commission d'arbitrage des prix de manière a pouvoir
peut-être obtenir un meilleur prix, de la même façon, si
cette commission avait eu tendance à arbitrer en faveur de I'industrie
forestière, on aurait pu voir I'inverse. On aurait pu voir l'industrie
forestière refuser d'acheter du bois et préférer s'en
remettre à la décision ministérielle, parce qu'il faut
bien dire qu'avec un plan d allocation de la matière ligneuse tel que
conçu, le bois, nécessairement, allait être vendu, à
partir du moment où il y avait une certitude de vente, il ne restait
plus que le prix.
Il ne fait aucun doute que, lorsque quelqu'un est certain de vendre, il
n'est pas intéressé à régler trop vite, il
préfère attendre le plus longtemps possible et, connaissant
évidemment la souplesse administrative de tout gouvernement, il aurait
dû se produire un phénomène assez grave, soit celui de
contrats de vente qui se négocient tardivement et, finalement, une
désorganisation complète du réseau de mise en
marché.
Comme 95% du système de mise en marché fonctionne bien, on
s'est donc posé des questions sur le bien-fondé de devoir le
désorganiser complètement avec l'espoir d'améliorer les
derniers 5% d'autant plus que, présentement, il n'y a pas d'urgence.
Nous avons donc travaillé à une deuxième version
d'un projet de loi qui, lui, respecterait peut-être un autre principe,
qui reposerait sur le principe d'une répartition des sources de
matière ligneuse pour une usine.
Je m explique. Au lieu de décider que le volume de bois en
provenance des producteurs de bois soit nécessairement
écoulé à l'intérieur de I'ndustrie
forestière, ce qui aurait un impact considérable d'ailleurs sur
les syndicats forestiers, puisque les opérations forestières des
compagnies seraient obligées d'encaisser les fluctuations de
façon totale et, forcément, à ce moment, l'industrie
aurait eu beaucoup de difficulté à recruter une main-d'oeuvre et
même à justifier des investissements dans I'achat de
l'équipement important pour I'exploitation forestière par
conséquent, on se rendait compte qu'un projet de loi qui ne respecterait
pas une certaine justice distributive entre les différentes sources de
bois pourrait causer énormément de tort à nos travailleurs
forestiers qui travaillent pour ces compagnies il fallait respecter un
principe de répartition équitable des fluctuations du
marché sur les différents intervenants. A ce moment, nous avons
donc été amenés à travailler à un
deuxième projet de loi qui, je dois dire, vise davantage à
garantir une répartition des achats entre les différentes sources
on peut
penser aux copeaux, aux producteurs de bois, à la forêt
publique et également aux coopératives forestières
qui vise davantage à maintenir un équilibre entre ces sources
plutôt qu à décider que le bois doit être vendu
nécessairement, donc, garantir une distribution plutôt qu'un
volume de bois.
C'est un concept entièrement différent, et un projet de
loi a été préparé à cette fin. Je dois
cependant dire que, suivant I'approche que j'avais suivie dans le premier
projet de loi, je pense qu'il serait important que je puisse le soumettre
également à une consultation, à une discussion assez
ouverte des intervenants. Malheureusement, et je devrai reprendre ce leitmotiv,
je dois dire que les travaux sur I'amiante, plutôt prolongée,
m'ont tenu de longues heures à I'Assemblée nationale et ne m'ont
peut-être pas permis de consacrer tout le temps voulu à des
dossiers extrêmement importants. Je suis convaincu que vous verrez
à gronder sévèrement certains députés de
votre formation. Je ne parle pas de lUnion Nationale qui s'est toujours
montrée tout à fait ouverte à une discussion sans abuser
exagérément, indûment, du temps de la commission, mais je
parle d'un autre parti d'opposition.
M. Giasson: M. le Président, il est peut-être facile
pour le ministre d'invoquer le dossier de l'amiante pour justifier l'inaction
assez évidente que nous avons vis-à-vis de ce qu'il y a un an
à peine était pour lui, selon ses propos mêmes, la
priorité de son ministère. Il croyait d'abord ainsi
répondre à une meilleure planification vis-à-vis de
l'alimentation de toutes les usines, de toute l'industrie et surtout il nous
avait indiqué qu'il voyait, par un plan d'allocation, la seule
possibilité de rétablir un juste équilibre à
l'endroit des petits producteurs qui sont regroupés au Québec,
qu'on retrouve à l'intérieur des syndicats et des offices de
producteurs,
Je suis un peu estomaqué, M. le ministre, le mot n'est pas trop
fort, devant cette espèce de recul. Vous semblez maintenant
déboucher sur une hésitation. La cause que vous venez d'exprimer
viendrait du fait que les différents intervenants ne se sont pas mis
d'accord sur le premier projet de législation. Mais comment croire,
s'ils n'étaient pas d'accord sur le premier projet, qu'ils vont
être plus facilement d'accord sur un autre projet, si celui-ci n'a pas
vraiment comme effet de permettre une allocation beaucoup mieux ordonnée
de toute la matière selon les différentes utilisations que nous
en faisons au Québec? Vous me donnez l'impression de reporter cela, dans
le temps, aux calendes grecques.
Est-ce que les demandes répétées et les pressions
très fortes que les syndicats de producteurs, que l'UPA avaient faites,
tout cela est disparu? Est-ce que ces gens ont révisé
complètement les directions qu'ils avaient prises dans cette
matière? Qu'est-ce qui s'est produit exactement, M. le ministre?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas reporté. De
toute façon, le problème va devoir être abordé
à la suite de la révocation des concessions. Nous
réalisons que le problème est majeur, sans pour autant avoir la
réponse définitive.
Il n'est pas reporté aux calendes grecques sauf que ce qui est
notable présentement, c'est que les syndicats de producteurs de bois
arrivent à écouler leur bois. Le bois qui reste
présentement, c'est essentiellement, à ce que l'on me dit, du
feuillu pour lequel, dans certaines régions du Québec, il
n'existe pas de demande suffisante. Je sais que Cabano. Matane consomment un
certain volume de feuillus. Certaines industries de pâtes et papiers
pourraient également consommer un pourcentage plus grand de feuillus,
sauf que pour plusieurs de ces entreprises il serait nécessaire de
procéder à une transformation de leurs installations, et
là on déborde sur le volet de l'industrie forestière.
Donc, ce qu'il faut constater, c'est que présentement, dans
l'état de l'industrie, la demande pour le feuillu n'est pas suffisante
et un plan d'allocation ne réglerait absolument rien, puisque c'est tout
simplement un problème lié aux exploitations sylvicoles qui nous
amène à faire des coupes importantes dans des peuplements de
feuillus, sans pour autant être capable d'écouler ce produit. Par
conséquent, la solution ne réside pas dans un plan d'allocation.
Même si on obligeait une industrie à acheter du bois dont eile n'a
aucun besoin, on ne ferait que la dérentabiliser, puisque ce bois se
perdrait.
Donc, présentement, pour autant que le bois de valeur, je pense
aux résineux, est concerné, on n'a pas de problème
d'écoulement au Québec. Les bois qui restent invendus sont en
très petite quantité. Lorsque vous avez 99,5% de votre volume de
bois qui est vendu, à ce moment-là, il faut être prudent
puisque le système fonctionne assez bien. Quand un système
économique fonctionne bien, il ne faut pas jouer aux apprentis sorciers
parce qu'il y a toujours le danger que vous ne causiez plus de dommages au
système économique que vous ne régliez le
problème.
Par conséquent, si la vente se fait bien présentement, je
pense qu'il n'y a pas d'urgence. Evidemment, si nous avions eu des
problèmes de mise en marché, je pense qu'il aurait fallu,
à ce moment-là, choisir des priorités et on aurait
peut-être dû sacrifier l'amiante, au grand plaisir de l'Opposition,
et s'attaquer au problème de l'allocation de la matière
ligneuse.
Mais, néanmoins, le problème va nous revenir d'une
façon très significative dans un avenir rapproché. En
effet, au fur et à mesure que nous révoquons, si nous voulons
allouer certains bois de la forêt publique à des scieries, il nous
faut nécessairement pouvoir garantir à l'industrie
forestière actuelle, à l'usine des pâtes et papiers, un
approvisionnement en matière ligneuse. Ceci peut donc nous amener
à vouloir lier les copeaux des scieries à des usines de
pâte et papier. Si nous lions les copeaux des scieries à des
usines de pâte et papier, forcément, nous venons à nouveau
d'introduire une contrainte dans la loi de l'offre et de la
demande, puisque, maintenant, nous obligeons une scierie à vendre
ses copeaux à une industrie de pâte et papier; donc, on se
retrouve avec un problème de fixation des prix, puisqu'on ne respecte
pas une des règles fondamentales de l'économique; c'est qu'il
existe toujours une relation entre deux variables, c'est-à-dire l'offre
et l'autre, c'est le prix, ou demande par rapport au prix.
A partir du moment où on veut fausser ce mécanisme,
évidemment, il faut instaurer un mécanisme assez
sophistiqué de réglementation pour arriver à
contrôler les échanges. De toute façon, il faut s'attendre
que, d'ici les prochaines années, peut-être même d'ici
l'année prochaine, puisque nous avons le problème avec New
Richmond présentement, d'ici très peu de temps, de toute
façon, nous aurons à aborder cette question.
Sauf que, présentement, ça ne m'apparaît pas
prioritaire, dans la mesure où les bois étaient vendus; c'est un
fait qu'il existe toujours un certain volume de copeaux invendus, mais la
production de nouveaux copeaux présentement se vend. Le seul
problème que nous ayons, c'est plutôt l'accumulation de copeaux
résultant de la grève de 1975 qui sont invendus, dont la
qualité va en se dégradant et pour laquelle l'industrie aurait
peut-être raison de faire une vente à l'enchère. Mais,
n'effectuant pas cette vente à l'enchère aux industries
actuelles, si vous baissez les coûts, il y a toujours moyen d'y
arriver...
Par conséquent, il ne semble pas y avoir présentement, aux
dires de mes officiers qui font un examen assez systématique de toutes
les situations d'inventaire, de problèmes de mise en marché. Par
conséquent, il m'apparaît normal que l'on consacre peut-être
nos priorités, comme l'a souligné le député de
Huntingdon, aux problèmes de l'industrie forestière
présentement, où il y a un problème.
C'est donc uniquement une question de priorité face à un
horaire très chargé.
M. Giasson: Au moment de votre consultation auprès des
différents intervenants, quelles sont les objections les plus fortes que
ces gens ont apportées? Je parle des objections telles
qu'établies par l'industrie des pâtes et papiers, par
l'Association du sciage, par les petits producteurs eux-mêmes.
M. Bérubé: Les travailleurs forestiers aussi. M.
Giasson: Les syndicats aussi. M. Bérubé: CSN.
M. Giasson: D'accord. Quels sont les points majeurs qui ont
été soulevés et qui constituaient une opposition ou des
difficultés?
M. Bérubé: Essentiellement, les travailleurs
forestiers et les coopératives forestières invoquent le
très grave danger de voir reporté sur eux l'essentiel des
fluctuations du marché. Posons l'hypothèse que la demande
décroisse de 5% en produits forestiers l'année prochaine. La
question est de savoir qui va encaisser cette variation. Si on dit que tout le
bois des cultivateurs doit être vendu, forcément, et si on dit
également que tous les copeaux des scieries doivent être vendus,
eh bien, cette fluctuation de 5% va se reporter sur les 50% de production en
provenance de la forêt publique. Ce qui veut dire un
phénomène d'amplification de deux. Par conséquent, la
production de la forêt publique va varier à peu près par un
facteur de deux, en gros.
Le problème qu'on aura, c'est une réduction de la demande
de bois venant de la forêt publique d'environ 10%, mise à pied des
travailleurs forestiers travaillant pour les compagnies, travaillant pour des
entrepreneurs et, également, ralentissement des activités des
coopératives forestières. Donc, première objection, les
syndicats forestiers, les coopératives forestières veulent qu'une
loi sur lallocation de la matière ligneuse respecte une certaine
répartition équitable de la matière ligneuse entre
différents intervenants; il ne suffit pas d'adopter une loi suivant
laquelle les bois devront être acceptés par telle entreprise, les
bois de tel syndicat forestier ou les bois de tel syndicat de producteurs de
bois doivent être reçus par telle usine, il faut se poser la
question: Qui va écoper, en dernière analyse? (11 h 15)
Donc, les syndicats forestiers s'interrogent sur les retombées
qu'ils auront à subir à la suite d'une telle politique. Les
scieries écoutez! il faut que je me remémore
à l'origine, étaient très favorables. L'Association des
manufacturiers de bois de sciage avait manifesté beaucoup
d'intérêt à cette formule. En seconde analyse, ils ont
constaté que le carcan qu'il faudrait nécessairement imposersur
la production de copeaux, puisque forcément une allocation de
matière ligneuse doit également supposer des quotas de production
puisqu'on ne veut pas permettre à n'importe qui de mettre n'importe quoi
en production et de lui garantir qu'il va l'écouler puisque
forcément il devra le faire au détriment d'autres, après
une deuxième analyse, dis-je, les manufacturiers de bois de sciage ont
souligné qu'ils aimeraient peut-être procéder en premier
lieu à un genre de conservation des intervenants pour voir si on ne
pourrait pas mettre sur pied un plan d'allocation sur une base volontaire et au
moins voir comment cela fonctionnerait.
Ce qui nous a amenés à tenir des réunions au
ministère regroupant les manufacturiers de bois de sciage, l'industrie
forestière et même, je crois, les syndicats de producteurs
agricoles. A ce moment-ci, on sort du programme; il faudrait peut-être
attendre le programme 4 pour pouvoir discuter de cet aspect. C'est d'ailleurs
l'inconvénient; je dois souligner que nous avons un certain nombre de
nos fonctionnaires qui, forcément, si on passe en revue tous les
programmes du ministère qui pourraient avoir été
discutés au moment du programme 4, par exemple, avec autant
d'intérêt d'ailleurs, avec tout autant de détails de ma
part, mais avec, cette fois-ci, l'appui de fonctionnaires de mon
ministère qui pourraient ajouter des commentaires plus techniques sur
certains aspects... C'est pour cette raison qu'on
pourrait peut-être éventuellement revenir à
l'étude du programme 1.
Donc, on a souligné, pour les manufacturiers de bois de sciage,
l'importance d'une concertation et nous nous sommes rendus à leur
désir. Nous avons donc tenu un certain nombre de réunions avec
eux qui, je pense, ont permis de résoudre un bon nombre de
problèmes qui semblaient poindre à l'horizon.
Nous n 'avons reçu aucune opposition de la part du Syndicat des
producteurs de bois, de l'Union des producteurs agricoles, qui se sont
déclarés en entier accord avec ce projet de loi. Cependant, le
problème que nous risquons d'avoir concernant l'UPA, c'est que la
délimitation des volumes de bois qui devrait être allouée
en provenance de la forêt privée est difficile à faire
puisque l'inventaire des forêts privées n'est pas
réalisé. Par conséquent, on connaît mal le potentiel
forestier des forêts privées et on est donc mal placé
pouren évaluer le potentiel. En effet, vous le savez, en
général en forêt publique je n'ai pas à vous
le sougliner, M. le député de Montmagny-L'Islet, vous avez une
connaissance de l'industrie forestière beaucoup plus étendue que
la mienne on fait appel à des massifs forestiers de grande
envergure pour lesquels il est possible de faire des inventaires précis.
Par contre, en forêt privée, comme on ne peut empêcher ou
qu'on n'a pu empêcher dans le passé un cultivateur d'exploiter
peut-être plus que le potentiel de sa forêt alors qu'un autre a
respecté le potentiel de sa forêt, on se retrouve avec un
morcellement extrêmement prononcé et les inventaires forestiers
sont forcément beaucoup plus difficiles à faire, beaucoup plus
coûteux. A ma connaissance, nous n'avons pas d'inventaire
généralisé de la forêt privée au
Québec.
Par conséquent, il devient difficile d'imposer des quotas de
production aux producteurs de bois. C'est donc un élément dont on
ne pouvait tenir compte dans l'élaboration d'un plan d'allocation de la
matière ligneuse. En d'autres termes, ce que je viens de vous expliquer,
c'est un ensemble de problèmes qui, à mon avis, n'apparaissaient
pas réglés simplement par le fait qu'on avait un projet de loi
qui obligeait telle industrie à accepter telle quantité de bois,
puisque nous n'avions pas toute l'information nécessaire nous permettant
de décider quels seraient les volumes de bois qui seraient mis en
marché, ni quels seraient les moyens d'acceptation d'une usine pour, par
exemple, des feuillus ou pour tel autre type de bois. On a toujours le
problème de la qualité de la matière ligneuse: le choix
entre l'épinette noire du nord et le sapin du sud, ou le problème
de la carie. Enfin, il y a une quantité de problèmes. On n'avait
peut-être pas alors toute l'information. Pour cette raison, nous avons
cherché à rédiger un autre projet de loi et c'est possible
qu'il y en ait d'autres d'ailleurs puisque je n'ai pas l'impression que cette
nouvelle version du projet de loi est également parfaite. Elle
répond à certaines objections; elle en laisse encore d'autres non
résolues. Je pense qu'il va être important, en toute
objectivitéd'ailleurs, hors de tout contexte politique, qu'on se penche
sur la question, parce que le problème de l'allocation de la
matière ligneuse est un problème réel.
M. Giasson: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
indiquer vers quelle époque ou à peu près à quel
moment dans le temps il entend déposer son projet de loi à
l'Assemblée nationale?
M. Bérubé: Je n'ai vraiment pas d'objectif, je dois
dire. Cela pourrait dépendre de l'urgence. Présentement, compte
tenu que l'inventaire sur la forêt privée n'est pas
terminé, on pourrait dire que nous allons attendre la fin de
l'inventaire sur la forêt privée, auquel cas, on ne pourrait
accéder au programme 1 qui traite justement de l'inventaire sur la
forêt publique et la forêt privée; vous pourriez demander
à ce moment-là à nos administrateurs quand ils ont
l'intention de terminer leur inventaire, auquel cas, comme je pense que
l'analyse de l'inventaire sur la forêt privée apparaît
à la toute fin des activités du programme 1, nous pourrions donc
régler très rapidement le programme 1 et cela vous permettrait de
savoir quand nous allons y apporter une réponse.
Mais, disons que je m'amuse un peu aux dépens du
député de Montmagny-L'Islet, ce que je ne veux pas, absolument
pas, mais je veux analyser...
M. Giasson: Non, allez, cela ne change rien aux choses. Si cela
vous sert bien, continuez.
M. Bérubé: Je dirais, M. le député,
que je n'ai vraiment pas d'échéancier. J'avais cru pouvoir
déposer ce projet de loi, compte tenu qu'il avait été
préparé sous l'ancienne administration et donc mûri... A
l'analyse, il m'est apparu que nous pourrions faire plus de tort à
l'industrie forestière que de bien en présentant le projet tel
que proposé. A l'analyse, je me suis donc dit que l'industrie
forestière avait bénéficié de mon délai. Par
conséquent, puisqu'un retard peut s'avérer
bénéfique pour l'avenir de notre industrie forestière, je
pense qu'il faudra le retarder aussi longtemps que nous n'aurons pas un bon
projet de loi, quelque chose qui réponde à nos problèmes.
Je pense que cela peut prendre six mois, cela peut prendre un an, cela peut
prendre deux ans, enfin cela peut prendre le temps qu'il faudra prendre.
M. Giasson: II semble bien, d'après les derniers propos du
ministre, que son successeur va hériter de ce bébé.
M. Bérubé: Mon prédécesseur me
l'avait légué.
M. Giasson: Et vous allez le léguer à celui qui
suivra.
M. Bérubé: Non, pas nécessairement. Je suis
d'avis qu'il faudra de toute façon en arriver à un projet de loi.
Je pense que c'est inévitable, dans la mesure où, dans le cas de
l'industrie du sciage, on ne peut pas garantir un approvisionnement à
une industrie de pâte et papier sans automatiquement lier les copeaux.
Or, lier des copeaux veut justement dire intervenir dans un processus de mise
en marché de la matière ligneuse et, à partir du moment
où, de toute façon, nous n'avons pas le
choix, il faut intervenir. A ce moment-là, il faudra donc en
arriver éventuellement à une loi sur l'allocation de la
matière ligneuse.
Le problème est l'urgence. Est-ce qu'il est urgent de
déposer le projet de loi dans un mois. Je ne pense pas que, compte tenu
du niveau de production de l'industrie forestière actuelle dans
l'industrie des pâtes et papiers, qui représente 62% de notre
production, notre industrie fonctionne à 100% de capacité. Par
conséquent, nous n'avons pas de problème de mise en marché
présentement et, compte tenu de ce que nous n'avons pas de
problème de mise en marché, compte tenu de ce que les bois de la
forêt privée sont moins coûteux que ceux de la forêt
publique et qu'il y a donc une incitation pour l'industrie à acheter ses
bois de façon préférentielle, compte tenu qu'il n'y a pas
d'urgence, j'en conclus qu'il est peut-être préférable de
ma part de prendre tout le temps nécessaire pour déposer devant
cette Assemblée nationale un projet bien rodé. D'ailleurs, il me
ferait certainement plaisir, si ce n'était des problèmes de
politique partisane, de m'as-seoir même avec des députés de
l'Opposition pour tenter de bonifier un projet de loi, puisque je pense qu'un
tel projet de loi ne doit pas répondre à des fins partisanes,
mais doit répondre au bien-être du Québec, plutôt que
des politiques... Enfin, vous me comprenez très bien, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
Révocation des concessions
forestières
M. Giasson: M. le Président, lors de l'étude des
crédits, l'an dernier, nous avions également abordé le
programme de révocation des concessions forestières au
Québec. Même si le Parti québécois, au moment
où il formait l'Opposition, avait mené le combat derrière
cette urgence qu'il y avait de procéder à la rétrocession
ou au rachat, l'an dernier, le ministre nous avait indiqué que l'urgence
était disparue et qu'il lui apparaissait que d'autres priorités
devaient retenir l'attention du ministre et du ministère dans
l'attribution des ressources financières dudit ministère. Le
ministre nous avait même donné un peu l'impression qu'il voulait
reporter assez loin dans le temps la mise à exécution
complète du programme de révocation. Est-ce que le ministre est
toujours dans les mêmes dispositions ou s'il a revu ce dossier et qu'il a
l'intention, au cours des prochaines années, de procéder au plan
de révocation, d'y attribuer les ressources nécessaires? Somme
toute, j'aimerais connaître du ministre quelle est la programmation pour
l'année qui vient, c'est-à-dire l'année financière
qui débute, et les sommes moyennes qu'il entend consacrer au programme
de révocation.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Montmagny-L'. Islet aurait beaucoup d objection à ce qu on aborde cette
question au programme 4, à I'élément 4, puisque, de toute
façon, nous devrons y arriver, nous devrons arriver au programme de
révocation? A ce moment, nous pourrons avoir tout le débat
nécessaire...
M. Giasson:... le débat, M. le ministre. Si on le fait
à ce moment, au programme 4, on n aura plus à parler du programme
de rétrocession. Nous sommes encore...
M. Bérubé: Peut-être, mais pour tous nos
fonctionnaires du programme 1 qui attendent patiemment le débat du
programme 4... Evidemment, pour eux. c est peut-être intéressant,
cela leur permet d'élargir leurs horizons sur l'ensemble des
activités du ministère, mais il ne fait aucun doute qu'aborder
dans l'ordre les différents programmes du ministère peut
m'apparaître, à tout le moins, un peu logique. Je n'ai aucune
objection, d'ailleurs, de discuter de ce programme. Ce n est pas parce que je
veux éviter la discussion du programme.
M. Giasson: C'est parce que c'est l'habitude, M. le ministre,
vous le reconnaîtrez, que, dans chaque discussion autour des
crédits des ministères, il y a toujours un tour d'horizon
très général qui touche peut-être les grands points
ou les points les plus importants qu'on retrouve à I'intérieur
d'un ministère.
M. Bérubé: Le député de
Montmagny-L'Islet y tient absolument. Il va falloir aller au programme 4;
alors, on va aller dans le programme 4.
M. Giasson: Oui, mais ce sont les lignes
générales.
M. Bérubé: C'est le programme de révocation.
On va y arriver. Vous nous obligez seulement à anticiper. Voilà,
programme de révocation des concessions forestières pour
l'année financière 1978/79: Papeteries Bathurst, 1623 milles
carrés; UOP Manufacturing et UOP Company, 1540 milles carrés,
Consolidated Bathurst Limited, rivière Péri-bonka, 1468 milles
carrés, la Compagnie Price, lac Kénogami supérieur, 1265
milles carrés; Consolidated Bathurst Limited, rivière des
Outaouais inférieure supérieure, 1244 milles carrés, New
Brunswick International Paper, baie des Chaleurs, 1163 milles carrés;
Consolidated Bathurst, rivières Portneuf et Escoumins, 1061 milles
carrés, la Compagnie Gaspésia, rivières
Grande-Rivière et Pabos, 640 milles carrés, la Compagnie Price,
rivières Métis et Rimouski, 617 milles carrés je
vois l'in-térêt que vous manifestez, d ailleurs St. Raymond
Paper, rivières Métabetchouane et Sainte-Anne. 364 milles
carrés, Consolidated Bathurst Limited, rivière Sainte-Marguerite,
240 milles carrés, Consolidated Bathurst Limited, rivières
à Mars et Ha! Ha!, 226 milles carrés, Murdock Domtar,
rivière Ouiasiemska, 221 milles carrés; Barnet & Company,
rivière Coulonge et lac Victoria, 181 milles carrés, Veyerhaeuser
Quebec, rivière des Outaouais. 175 milles carrés; Papeterie Reed,
rivière Montmorency, 169 milles carrés; Forêt Coulonge.
rivière Coulonge et lac Duval, 140 milles carrés, J. H. Normick,
cantons de Bacon et de Boi-vin, 102 milles carrés; Megantic
Manufacturing Company, rivières Chaudière et
Saint-François. 102 milles carrés; St. Anne Power Company,
rivière du Gouffre, 88 milles carrés; Produits forestiers
Dufresne, cantons de Maria, de Sabourin, de Denain, et de Pascalis, 86 milles
carrés; Lake Megantic Pulp Company, rivière Chaudière
supérieure, 85 milles carrés; Compagnie de Contre-Pla-qués
du Canada, lac Chenon, 80 milles carrés; Domtar Limited, rivière
Chaudière. 75 milles carrés; St. Simeon Timber Products Limited,
cantons de Bungay, de Chabot, de Parke et de Pohénéga-mook, 61
milles carrés, Baie St. Paul Lumber, rivière Sainte-Anne, 59
milles carrés; Syndicat forestier de Saint-Alexis-des-Monts,
rivière Mattawin, 50 milles carrés, les industries de
Girardville, cantons de Crevier et de Dosquet, 50 milles carrés,
Commonwealth Plywood Company, cantons de Cognac, Mortage et de Sébille,
50 milles carrés; Forest Industries Limited, rivière Moisie, 50
milles carrés; J.-A. Bonneau et Fils Ltée, canton de Desgelis, 47
milles carrés; Quebec Hardwood, canton de Edwards, 45 milles
carrés; Chantiers Conjoints Enrg, lac Kénogami, 26 milles
carrés. Je peux continuer comme ça, il doit y en avoir... On
arrête à peu près au pouce carré. (11 h 30)
M. Giasson: II s'agit des projets de révocation pour
l'année financière en cours.
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Quelle est la somme des créditsque le ministre
entend affecter à ce programme?
M. Bérubé: C'est $4 500 000 de nouvel argent, plus
$1 600 000, qui sont versés par le Conseil du trésor, par tranche
annuelle, sur trois ans; on est donc rendu, au deuxième versement, au
troisième versement dans certains cas; il y a donc $1 600 000 qui est
reporté, plus $4 500 000, ce qui fait $5 900 000.
M. Giasson: $5 900 000. Vous dites qu'il y a $1 600 000 qui est
reporté...
M. Bérubé: Oui, dans l'enveloppe de base. Il se
produit le phénomène suivant: le Conseil du trésor a
autorisé certaines révocations en étalant les paiements
sur trois ans plutôt qu'une année, ce qui fait que nous nous
retrouvons évidemment cette année avec également des
paiements de révocation des années antérieures. Par
exemple, on peut en être au troisième paiement du cycle de trois
ans, au deuxième paiement ou au premier paiement. Nous avons donc $4 500
000 de nouveaux engagements, de nouvel argent.
M. Giasson: Le ministre, pour s'amuser quelque peu tout à
l'heure, a voulu donner une description assez complète de chaque projet
à la révocation, mais est-ce qu'il a...
M. Bérubé: Je répondais à la question
du député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, et très partiellement. Est-ce que vous
avez le total des milles carrés?
M. Bérubé: C'est environ 13 000.
M. Giasson: 13 000 milles...
M. Bérubé: Est-ce que 13 000 vous suffit?
M. Giasson: Oui, ça va.
M. Bérubé: 13 000 milles carrés. C'est 13
551 milles carrés.
M. Giasson: Si, dans l'avenir, chaque année, le ministre
décide de respecter la même progression que celle qui chemine
depuis deux ans, à quel moment, en quelle année prévoit-il
avoir procédé à l'opération totale de
révocation des concessions?
M. Bérubé: Vous me posez là un
problème qui a fait l'objet d'une très longue analyse au
ministère des Terres et Forêts et qui devait résulter en un
programme global concernant l'industrie forestière; il regroupe à
la fois le programme de révocation, le programme de reforestation, de
reboisement et le programe d'aide à l'industrie forestière.
Essentiellement, ce que je soulignerai, quant à ce programme,
c'est que le coût de la révocation comme tel n'est pas excessif,
Je pense qu'on a évalué cela à $60 millions. Probablement
qu'on va s'en tirer pour $50 millions. Donc, au rythme où nous
progressons présentement, si on ne modifiait pas le rythme, il faudrait
environ dix ans.
M. Giasson: Dix ans, à compter de 1978?
M. Bérubé: Oui, sauf qu'on ne tient pas compte de
l'accélération. Il faut quand même se dire que le
démarrage a été lent et que, maintenant, il y a une
très nette accélération. Il faudrait donc une dizaine
d'années. Ce qui était susceptible, cependant, de retarder de
façon beaucoup plus importante le programme de révocation, ce
n'est pas tant le simple rachat comme tel que l'ensemble des sommes que le
gouvernement doit consentir à l'intérieur, par exemple, de son
programme 4, pour la gestion de la forêt publique, car, là, il
faut prévoir un effectif de 400 à 500 fonctionnaires nouveaux
pour gérer ces forêts, il ne suffit pas de les révoquer,
mais encore faut-il les administrer; il faut donc des gestionnaires de la
forêt publique, donc 400 à 500 fonctionnaires, d'une part. D'autre
part, compte tenu que le gouvernement antérieur avait accepté le
principe que l'Etat prenait à charge la voirie forestière de
premier accès, la voirie principale, il en découlait
également un coût à l'Etat qui, entre cinq et huit ans,
pouvait représenter au-delà de $250 millions. Je ne voudrais vous
induire en erreur, cela pourrait être $360 millions; là, j'ai un
chiffre vague. Enfin, au total, soulignons que le programme de
révocation sur sept ans, je crois, révocation plus gestion,
allait impliquer des dépenses, pour l'Etat, de l'ordre de $500 millions.
C'était donc le programme de révocation dans lequel le
gouvernement s'était engagé. Il nous est apparu que ce montant
est important puisque les $500 millions, comme vous n'êtes pas sans
savoir que les montants d'argent sont toujours limités, qu'il nous faut
consentir, régulière-
ment, des réductions de taxes aux Québécois parce
que le gouvernement fédéral en a décidé ainsi, que
ceci limite, évidemment, la marge budgétaire d'un gouvernement,
et que cela doit nécessairement se refléter dans les budgets
réguliers j'espère que vous soulignerez ceci à
votre grand-pèreTrudeau,de manière que celui-ci y pense une
deuxième fois la prochaine fois les $500 millions qu'il faut
consentir à cette politique doivent nécessairement se prendre
à l'intérieur de la marge financière du gouvernement.
Il m'est apparu que, finalement, les priorités d'un gouvernement
étaient souvent définies au niveau du Conseil du trésor et
non au niveau du Conseil des ministres. Je m'explique. Il est très rare,
semble-t-il, que l'ensemble des ministères prenne le temps d'aligner des
chiffres au bout de leurs priorités, de manière qu'on puisse,
éventuellement, fixer l'ordre de grandeur des sommes qui devront
être consenties dans un programme à l'intérieur d'une
priorité et que la résultante en est que, très
fréquemment... D'ailleurs, nos fonctionnaires se plaignent
régulièrement de ce qu'on a bien voulu garantir un certain
montant pour tel programme avec une certaine progression anticipée. En
général, le Conseil du trésor donne le feu vert la
première année; la deuxième année,
déjà, on voit apparaître des coupures; la troisième
année, il ne reste à peu près plus rien du programme et on
se rend compte que c'est finalement le Conseil du trésor, avec les
années, qui introduit ses contraintes, ses limitations, ses
priorités.
Pour éviter...
M. Giasson: Ce n'est pas une excuse.
M. Bérubé: Non. C'est propre à tous les
gouvernements.
M. Giasson: Le Conseil du trésor est une
délégation du Conseil des ministres, le Conseil du trésor
est constitué de ministres.
M. Bérubé: Par conséquent, pour, justement,
faire en sorte que l'on puisse rendre la politique forestière compatible
avec les disponibilités financières de tout gouvernement, ce que
l'ancien gouvernement n'avait pas cru bon de faire, nous avons donc
réévalué soigneusement le coût de cette
révocation et nous prenons les moyens présentement et
c'est devant le Conseil des ministres pour que le bébé au
complet puisse être acceptable financièrement et que le
gouvernement puisse s'y engager, sachant qu'il a les ressources
budgétaires disponibles. Il faut reconnaître que cela nous a
obligés à peut-être proposer un certain nombre de coupures
dans notre programme.
M. Giasson: Le ministre vient de nous indiquer des
problèmes que peut poser le Conseil du trésor dans les
priorités qu'il établit d'année en année. Avait-il
cette même préoccupation de l'attitude du Conseil du trésor
lorsqu'il s'est présenté au dernier congrès de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage, événement au
cours du- quel il a déclaré à ces gens que
l'opération révocation serait terminée pour 1982?
Il nous parle de dix ans à partir de 1978, ce matin, mais, tout
récemment...
M. Bérubé: M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous déformez mes paroles. Je vous ai dit que si on
considérait...
M. Giasson: Je ne déforme pas vos paroles.
M. Bérubé: ... le rythme...
M. Giasson: Je vous cite au texte.
M. Bérubé: ... actuel...
M. Giasson: Ce matin, je prends les paroles que vous auriez
prononcées selon les reportages que les journaux ont faits, tout
simplement.
M. Bérubé: M. le député de
Montmagny-L'Islet, je n'oserais vous accuser de mauvaise foi puisque c'est
absolument impossible. Par conséquent, je dois supposer que vous
taquinez présentement...
M. Giasson: Je ne taquine pas. Je vous cite textuellement ce
matin par rapport à vos déclarations devant le
congrès.
M. Bérubé: Vous me l'avez demandé, à
la lumière des chiffres; j'ai fait l'extrapolation sur dix ans. Je vous
ai dit que ce qui retardait le programme de révocation, à mon
point de vue, c'était beaucoup plus l'ensemble des engagements auxquels
le gouvernement était tenu. L'approche devait plutôt consister
à revoir l'ensemble du programme, en particulier de la voirie
forestière. Je n'ai pas caché qu'en ce qui a trait au programme
de voirie forestière, on pourrait peut-être concevoir un programme
différent où le ministère ne serait plus maître
d'oeuvre pour la construction de la voirie principale d'accès à
la forêt publique, mais que les exploitants forestiers pourraient se voir
retransférer cette responsabilité, de manière qu'ils en
assument le coût réel de construction, quitte à ce que le
gouvernement introduise, comme, par exemple, cela se fait en
Colombie-Britannique, un programme de subvention au mille pour la construction
de ces chemins, de manière à ne pas pénaliser celui qui a
beaucoup de chemins à construire, pendant qu'un autre, au contraire,
profite des voies d'eau, fait le flottage du bois. Cela joue un certain
rôle de répartition des coûts entre les différents
exploitants. Donc, l'hypothèse que l'on peut envisager, c'est
celle-là, mais je pense que le Conseil des ministres devra certainement
se prononcer, comme gouvernement, avant que je puisse en faire l'annonce
officiellement à l'Assemblée nationale.
Donc, présentement, retenons que le programme complet de
révocation des concessions forestières est
réexaminé de manière qu'en 1982 nous puissions avoir
terminé le programme de
révocation. Cela veut donc dire que d'ici 1982 nous pourrions
avoir en place tous les éléments nécessaires pour
administrer et gérer la forêt publique.
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas prolonger
indûment. Si certains de mes collègues voulaient intervenir, je
leur laisse la parole.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le
député de Huntingdon a des questions générales?
M. Dubois: Je n'ai pas de connaissance particulière dans
le domaine des terres et forêts. Etant donné que le
député de Brome-Missisquoi est absent aujourd'hui...
M. Bérubé: Cela ne fait rien, M. le
député de Huntingdon, je suis dans la même situation que
vous.
M. Dubois: ... et que je ne pourrai pas poser de questions
pertinentes, j'aime autant laisser la parole à ceux qui s'y connaissent.
Je pense que mes deux collègues de droite s'y connaissent.
Réserve des trois chaînes
M. Giasson: Beaucoup de modestie.
Il y a un autre dossier qui a fait l'objet de débats assez durs
et assez longs dans le passé, c'est celui de la loi qui régit la
réserve des trois chaînes. Est-ce que je dois comprendre que nous
allons, au cours de la prochaine année, apporter une solution à
cette situation de façon que les gens puissent devenir les
véritables propriétaires d espaces de terrains situés sur
leur propriété contre une compensation, contre l'exigence d'un
droit ou autre, mais est-ce que nous allons enfin déboucher sur une
solution de rechange à l'actuel problème que vivent plusieurs
propriétaies forestiers au Québec? Je suis placé pour en
parler, le phénomène est très intense dans la
région que je représente.
M.. Bérubé: Dans mon propre comté de Matane,
j'ai des problèmes semblables.
M. Giasson: Sans doute, comme dans Rimouski également.
M. Bérubé: Je ne vous donnerai pas de
réponse précise, mais je vous parlerai de problématique,
si vous voulez. D'une part, certaines publications récentes,
publications juridiques, ont remis en cause la légalité
même de la rétroactivité de 1919 concernant la
réserve des trois chaînes. Je dois même dire que certains
auteurs célèbres de ces articles sont aujourd'hui sous-ministres
à la Justice, M. Dussault... M. Brière est également au
Conseil exécutif. Nous sommes envahis, au gouvernement, par des tenants
qui ne sont pas d'accord sur certaines positions du ministère des Terres
et Forêts ou, devrais-je dire, du contentieux du ministère de la
Justice, puisque celui-ci avait déjà fourni une opinion
légale.
Donc, l'aspect légal même de la réserve des trois
chaînes mérite examen. Je pense qu'on peut même envisager
si les mesures n'ont pas été prises encore, elles le
seront incessamment un jugement en Cour d'appel concernant la valeur
légale même de la réserve des trois chaînes. Il ne
fait aucun doute que du côté du ministère des Terres et
Forêts, on est fermement convaincu de la légalité, de la
pleine rétroactivité à 1884, je crois, de la
réserve des trois chaînes. Donc, ceci ne fait aucun doute dans
l'esprit et des juristes du ministère des Terres et Forêts et de
tous les administrateurs de ce ministère, compte tenu de tous les avis
juridiques qu'ils ont pu demander dans le passé. Cette opinion,
évidemment, n'est pas unanime et peut-être y aurait-il lieu de
voir ce litige tranché éventuellement. (11 h 45)
D'autre part, pour des raisons d'aménagement du territoire,
compte tenu des grandes critiques qu'ont faites les Québécois au
sujet de l'aliénation des rives des cours d'eau qui rend ces espaces
inaccessibles à la population, compte tenu également de la
préoccupation grandissante pour l'environnement, il m'apparaîtrait
à tout le moins étrange qu'en 1978, on élimine une loi
définissant la réserve des trois chaînes, qui avait
été prévue par le législateur vers 1800 justement
pour garantir une accessibilité au cours d'eau. En d'autres termes, le
législateur du 19e siècle aurait eu une clairvoyance concernant
la protection de notre environnement, l'accessibilité de notre
environnement, clairvoyance que le législateur en 1978 aurait perdue.
Cela me semble, à tout le moins, bizarre. Par conséquent,
l'abolition de la réserve des trois chaînes mérite
certainement d'être remise en cause. Si j'ai pu pencher, à un
moment donné, pour l'abolition de la réserve des trois
chaînes, je n'ai pas penché très longtemps, compte tenu de
toutes les implications que cela pouvait avoir.
Cependant, et là-dessus nous nous mettrons d'accord, son
application pose de réels problèmes. L'application, par exemple,
à un petit ruisseau qui coule quelques semaines par année et qui
peut invalider tous les types de propriété. Imaginons un ruisseau
qui coule au centre d'un lot, avec 198 pieds de réserve des trois
chaînes de chaque côté du ruisseau. Le cultivateur qui a
cultivé ce lot pendant un siècle s'en verrait totalement
dépossédé, puisqu'en fait il n'a jamais
possédé ce lot, même s il l'a payé, même s'il
a payé des taxes et même s'il l'a occupé pendant toutes ces
années.
En d'autres termes, l'application de la loi sur la réserve des
trois chaînes à des étangs, à de petits ruisseaux,
pose de sérieux problèmes et on peut même s'interroger si
la protection de l'environnement exige que 198 pieds de chaque
côté d'un ruisseau devienne propriété publique ou
reste propriété publique, devrais-je dire.
Donc, on a des problèmes d'application. Ce que nous avons
décidé de faire, à ce moment-là, c'est
d'éliminer de I'application de la réserve des trois
chaînes, par amendements à la loi, les cas des mares à
canards et des petits ruisseaux qui
nous apparaissent ne pas devoir appartenir à cette
catégorie des cours d'eau non navigables. A cette fin, nous avons
demandé au ministère des Richesses naturelles d'élaborer
des critères nous permettant de définir rapidement ce qu'est un
ruisseau, ce qu'est un petit lac. Ces critères reposent
présentement, et là vous feriez appel vraiment à plus de
connaissance que je n'en ai, sur la notion de superficie de bassin de
drainage.
Lorsque la superficie d'un bassin de drainage est inférieure
à une certaine dimension, on peut-supposer qu'un ruisseau qui draine
cette superficie est trop petit pour être considéré comme
un cours d eau et qu'on devrait l'éliminer; de la même
façon pour un lac. Cela pose le problème des embranchements, et
vous voyez immédiatement la complexité.
Ce que nous recherchons, c'est une définition suffisamment
exacte, suffisamment flexible pour qu'à partir de simples cartes
topographiques elles sont tout de même disponibles on
puisse rapidement décider que ce ruisseau n'est pas couvert par la
réserve des trois chaînes. Ceci éliminerait
énormément de cas. On estime que la majorité des cas
serait éliminée et qu'il en resterait si peu après qu'on
ferait peut-être tout aussi bien d'abolir la réserve des trois
chaînes. Ce que nous faisons présentement, ayant défini ce
critère opérationnel de définition de cours d'eau, nous
l'appliquons à trois cantons que Ion juge représentatifs;
évidemment, on jugera après s'ils l'étaient. A partir de
I'application de ces critères, nous examinons ce qu'il reste de la
réserve des trois chaînes.
A la lumière de cette analyse, nous pourrons décider si,
effectivement, du point de vue de l'aménagement du territoire,
l'importance de cette réserve des trois chaînes est telle qu'il
faille la protéger ou au contraire qu'il en reste si peu que ce n'est
pas la peine de déranger l'ensemble des citoyens aux prises avec la
réserve des trois chaînes pour protéger quelque chose qui,
aujourd'hui, ne peut plus être protégé.
Voilà donc la problématique à l'intérieur de
laquelle nous évoluons présentement. Les critères ont
été définis, les cantons sont présentement en voie
d'être analysés et lorsque nous parlerons du programme, nous
pourrons aborder cette question, à savoir où on en est dans cette
évaluation. Mais, effectivement, à ma connaissance, nous devrions
en avoir une bonne idée, dans les quelques mois qui viennent. A ce
moment-là on pourra porter un jugement politique, parce que, finalement,
c'est un jugement politique à la lumière d'un certain nombre de
faits. Je dois dire que les données manquaient dramatiquement quand il
s'agissait de parler de la réserve des trois chaînes.
M. Giasson: Quelle a été l'action des
fonctionnaires du ministère vis-à-vis de ces propriétaires
de terrains touchés par la réserve des trois chaînes au
cours de la dernière année? Je parle des propriétaires qui
ont fait des opérations forestières, qui ont fait des coupes soit
totales, soit sélectives à l'intérieur de la
réserve des trois chaînes.
M. Bérubé: Là-dessus, je devrais passer la
parole à M. Poulin. Je peux dire que régulièrement, au
Conseil des ministres, nous émettons peut-être deux ou trois
lettres patentes surtout pour légaliser des occupations de
villégiature.
M. Giasson: Je parle de coupes qui ont été
effectuées.
M. Bérubé: Pour les coupes, je
préfère laisser la parole à M. Poulin puisque, en
général, ce n'est pas la préoccupation immédiate du
ministre.
La même politique de tolérance qui avait été
mise de l'avant il y a un an ou deux s'est poursuivie. Ce qui fait que nous
considérons que les propriétaires voisins de la réserve
des trois chaînes peuvent faire des exploitations compte tenu des normes
établies et sur simple demande d'un permis.
M. Giasson: Mais le permis est nécessaire pour celui qui
veut faire de l'exploitation.
M. Bérubé: Le permis est nécessaire. Je
crois que nous avons eu quelques cas où il y a eu des interventions
auprès de personnes qui n'avaient pas obtenu de permis et nous avons
convenu l'entente, nous avons amené ces personnes à faire la
demande de permis, ne serait-ce que pour indiquer ce qui se faisait sur le
territoire.
J'ai d'ailleurs une réponse que je pourrais vous fournir. C'est
un communiqué de presse intitulé "Drummond annonce du nouveau
concernant la réserve des trois chaînes ". Ce nouveau est devenu
du vieux, mais il est toujours en vigueur.
M. Giasson: Oui, mais Drummond n'est plus là. On va parler
de celui qui est là.
M. Bérubé: C'est la même politique. Nous
n'avons pas modifié la politique, en aucune façon.
M. Giasson: A-t-il été question de
réexaminer les dossiers de ceux à qui on avait imposé des
pénalités assez sévères dans le passé pour
avoir fait de l'exploitation forestière à l'intérieur de
la réserve des trois chaînes? Pénalités qui n'ont
pas été appliquées à partir d'un certain moment
à l'endroit d'autres citoyens québécois qui ont
procédé au même type d'exploitation.
M. Bérubé: Je pense que c'est
l'inconvénient. Ni le sous-ministre adjoint, ni le sous-ministre, ni le
ministre n'a les détails pertinents. Je pense qu'on pourra vous les
fournir lorsqu'on arrivera...
M. Giasson: S'il y avait possibilité peut-être d'ici
les prochains jours.
M. Bérubé: Nous aurons des fonctionnaires au
programme 7 qui pourront répondre.
M. Giasson: M. le Président, je ne voudrais pas maintenir
trop longtemps le survol général. Quant à moi, on pourrait
procéder à l'étude programme par programme quitte à
revenir dans
certains champs, certains domaines où je voudrais avoir des
précisions, mais je le ferai à l'intérieur du programme
lorsqu'il sera appelé.
Connaissance de la forêt
Le Président (M. Marcoux): Alors, j'appelle le programme
1, Connaissance de la forêt, qui comporte deux éléments:
Recherche et Inventaire de base.
M. Bérubé: M. le Président, il y a peu de
choses à dire concernant ce programme, essentiellement, en ce qui a
trait à l'élément 1 qui porte sur la recherche et le
développement expérimental, en général, dans des
secteurs qui permettent au ministère de définir des objectifs,
choisir des politiques, appliquer des programmes d'action. A ce programme, nous
demandons certains crédits supplémentaires. Je dois souligner
que, si le budget de 1977/78 apparaît au montant de $1 949 000, au cours
de l'année, il s'est vu augmenter pour différentes raisons
je pense que ce sont surtout des augmentations liées à
l'indexation des salaires et également des additions pour des recherches
sur les foyers d'infestation de la tordeuse de bourgeons d'épinette
pour atteindre le montant de $2 065 000. Nous augmentons à
nouveau ce budget à $2 161 900. Il s'agit là évidemment de
la recherche.
La priorité est accordée à nouveau à
l'amélioration et à la connaissance de la forêt. Elle va
ensuite à la protection et à la planification de l'utilisation de
la forêt. Elle vise à nous permettre d'améliorer en fait
nos méthodes de reboisement et de sylviculture. Nous allons tendre dans
ce domaine à rapprocher le bois des usines de manière à en
diminuer le coût de transport.
Quant à l'inventaire de base, je pense que la
caractéristique importante de ce programme, c'est que l'inventaire
décennal des forêts du Québec est maintenant
complété et que, par conséquent, au premier paragraphe,
à cette première activité de ce programme qui s'intitule
le programme d'inventaire forestier, il y a une réduction du coût
de $î 800 000 à $863 000. C'est que, présentement, en fait,
l'inventaire décennal est pour ainsi dire terminé. Par
conséquent, nous ne prévoyons pas avant 1983, je crois, une
augmentation substantielle de ce programme d'activité.
M. Giasson: Ce serait donc...
M. Bérubé: Je pense que ce sont les grandes lignes.
Je pourrai maintenant répondre, dans la mesure du possible, aux
questions que vous voudrez poser.
M. Giasson: Selon les propos que vient de tenir le ministre, M.
le Président, il est logique de croire que l'inventaire le plus total,
le plus complet de tout ce qui est forêt publique au Québec est
entièrement terminé?
M. Bérubé: Oui. Pour la forêt privée,
ce n'est pas le cas.
M. Giasson: Tout à l'heure, le ministre a indiqué,
lorsque nous avons discuté de la question d'allocation de la
matière, une faiblesse que nous avions du côté des
forêts privées. C'est que les inventaires étaient loin
d'être connus et n'étaient même pas complétés,
si un inventaire a déjà été entrepris. Le
ministère a-t-il songé à établir un programme
d'aide particulier qui pourrait apporter un élément
d'intérêt et un élément d'action du
côté d'un inventaire à être entrepris auprès
de la forêt privée au Québec?
M. Bérubé: Oui, je pense que je devrais
peut-être corriger. L'inventaire est complété, puisque
l'inventaire, comme on sait, c'est de la photographie aérienne
méthodique. A ma connaissance, l'inventaire de reconnaissance
aérienne est terminé aussi bien pour la forêt privée
que pour la forêt publique.
Cependant...
M. Giasson: Egalement pour la forêt privée? M.
Bérubé: Oui.
M. Giasson: La reconnaissance aérienne est
complétée?
M. Bérubé: Non. Ce qui manque présentement,
ce sont des documents biophysiques, c'est-à-dire j'imagine... Il
faudrait peut-être passer la parole à un expert dans ce domaine,
qui pourra dire ce qui manque plus précisément concernant
l'utilisation de ces données à des fins manipulables.
M. Giasson: A partir de ces données, y a-t-il lieu de
croire qu'on pourra compléter assez prochainement un véritable
inventaire, c'est-à-dire une évaluation de la matière
ligneuse qu'on retrouve dans les forêts privées du
Québec?
M. Bérubé: Je vais vous répondre par
personne interposée.
M. Giasson: Par la bouche de vos canons.
M. Bérubé: II me fait plaisir en même temps
de vous présenter M. Roger Langlois, du service de l'aménagement,
qui pourra vous parler plus à...
M. le Président, relativement à la préparation des
profils biophysiques, j'ai à vous dire que, l'année
dernière, nous avions un programme à terminer, au cours de
l'année qui vient de finir.
Malheureusement, à cause de l'énorme priorité qui a
été donnée au problème d'implantation et
d'agrandissement d'industries, on a demandé à ceux qui s'occupent
de la documentation sur la forêt privée de bien vouloir fournir la
documentation pour voir s'il y avait possibilité, à même la
forêt privée, de fournir la matière ligneuse aux industries
qu'on désirait implanter dans certaines régions.
Devant ces demandes qui se sont répétées, nous
avons répondu que cela ne nous avait pas
permis de terminer le profil biophysique pour les unités
d'aménagement de la forêt privée.
Cette année, nous projetons d'en faire sept. Le chiffre est
énorme comparativement à ce qui s'est fait l'année
dernière, mais, heureusement, on nous a accordé le personnel
occasionnel voulu pour répondre à la demande pour les profils
biophysiques de la forêt privée. Cette année, nous en avons
trois au programme et nous commencerons bientôt, avec l'espérance
d'en terminer sept au cours de l'année. (12 heures)
M. Giasson: Si vous procédez selon la projection, soit en
terminer sept, comme coût pour le ministère, ce sont des chiffres
de quelle grandeur par équipe additionnelle que vous devrez mettre en
place?
M. Berube: Nous avons demandé un ingénieur et deux
techniciens, ce qui veut dire un coût additionnel d'à peu
près $50 000 par année.
M. Giasson: Cette opération que vous croyez
réaliser au cours de l'année, par rapport à l'ensemble de
la forêt privée, est-ce que c'est un bloc important? Auriez-vous
des données précises du contenu forestier?
M. Bérubé: Nous n'avons pas les données
complètes vis-à-vis de la forêt privée, pour la
simple raison que vis-à-vis des données compilées, on a
mis la priorité sur la forêt publique; on a eu tendance à
fournir les données pour la forêt publique. Maintenant que tout
est terminé, on a dit qu'on nous fournirait les données pour la
forêt privée. Alors, nous attendons qu'au moins, pour les trois
unités d'aménagement de la forêt privée, nous ayons
les données; nous pourrons alors entreprendre les travaux. Au cours de
l'année, d'autres travaux seront complétés
vis-à-vis de la compilation des données et on pourra en
entreprendre d'autres. Est-ce que cela répond à la question de M.
le député?
M. Giasson: Oui, mais si vous poursuivez l'effort dans ce sens au
cours des années à venir, à quel moment aurons-nous, au
Québec, une connaissance suffisante? Dans combien d'années
aurons-nous une connaissance plus complète?
M. Bérubé: Nous essayons de terminer pour 1982 en
ce qui a trait à la forêt privée.
M. Giasson: 1982?
M. Bérubé: Oui, parce que nous avons vingt groupes
d'unités de gestion pour la forêt privée. Il y a 55
unités de gestion et elles sont regroupées, deux, trois ou quatre
ensemble pour former vingt groupements pour lesquels nous allons
préparer des profils biophysiques.
M. Giasson: C'est dire qu'en 1982, tous ceux qui s'occupent de la
forêt privée, de quelque groupement qu'ils soient, vont
connaître le potentiel réel, la capacité de ces
forêts.
M. Bérubé: Je m'excuse d'avoir dit le mot
"groupement". Il ne faudrait pas mélanger l'expression "groupement
forestier" avec le groupement qu'on a fait des unités de gestion de la
forêt privée. Il faut pouvoir faire un document par groupe d
unité de gestion de la forêt privée. Ce n est pas du tout
un groupement forestier. Je m excuse du terme employé.
M. Giasson: Non, je comprends.
M. Bérubé: En 1982, nous croyons que nous aurons
terminé tout le travail en ce sens.
M. Giasson: il y a une relation directe entre cette connaissance
qui va être déterminée par le travail exécuté
et l'application d'un programme d'allocation, puisque cela va permettre de
connaître les potentiels qui existent dans les différents secteurs
de la forêt privée au Québec. Ce sera possible, à ce
moment, avec la collaboration de tous les organismes qui peuvent
représenter les différents groupes qui représentent les
propriétaires de forêt privée, que ce soient les syndicats,
les offices, les coopératives ou autres... Nous serons en mesure de
connaître la capacité d'exploitation de coupe permettant de
respecter le potentiel de cette forêt ou la capacité naturelle
qu'elle a à se reproduire.
M. Bérubé: Nous nous efforçons dans la
préparation des profils biophysiques d'être en mesure de fournir
toutes les données voulues, que ce soit aux offices ou aux syndicats et
ainsi de suite, pour qu'en 1982 tous soient en possession de données
pouvant évaluer le potentiel de la forêt...
M. Giasson: Merci. M. le Président, je remarque qu'il y a
une augmentation de $212 500 à l'élément 1 du programme en
discussion. Est-ce que cette augmentation va servir à des études
particulières?
M. Bérubé: J'ai mal compris votre question, M. le
député.
M. Giasson: A l'élément 1 du programme 1, je
constate une augmentation de l'ordre de $200 000, même un peu plus.
Est-ce que cette augmentation du budget prévoit des programmes de
recherche ou d étude particulière ou est-ce tout simplement le
jeu de l'inflation, l'accroissement naturel dû à l'inflation?
M. Bérubé: Oui...
M. Giasson: Vous aviez $2 700 000 environ l'an dernier et $2
millions...
M. Bérubé: Tout le monde ne peut répondre en
même temps.
M. Giasson: D'accord.
M. Bérubé: Comme M. le ministre vous a dit tout
à l'heure, l'augmentation est bien de $212 000
par rapport au budget voté l'an dernier. Par contre, en cours
d'exercice, l'an dernier, le budget a été réajusté
par un transfert de fonds, par un accord du Conseil du trésor, entre
l'élément programme-inventaire et l'élément
programme-recherche pour les fins de recherche concernant la tordeuse. Dans ce
sens-là, évidemment, ces recherches vont continuer cette
année et on peut dire que, par rapport au budget voté l'an
dernier, il y a cette chose qui se continue cette année.
Par contre, il faut penser que l'augmentation des traitements du
personnel régulier est de $135 000 cette année. Alors, vous voyez
qu'en fin de compte, il a fallu couper dans les frais de fonctionnement pour
une valeur de $38 100 pour combler la différence. Finalement, à
part la recherche concernant la tordeuse, il n'y a pas d'augmentation de
programme cette année.
M. Giasson: Donc, je dois comprendre que le ministère va
poursuivre des efforts dans sa recherche qui touche l'épidémie de
la tordeuse de bourgeons d'épinette. Puisque nous discutons de ce
fléau qui touche les forêts du Québec, est-ce que le
ministre pourrait nous dire où en est la situation pour la tordeuse?
Est-ce que ça se résorbe ou si le mouvement de progression qu'on
a connu depuis quelques années se maintient?
M. Bérubé: ... évidemment, c'est une
question qui relève surtout du programme 3, mais, pour autant que je
puisse savoir, la quantité d'insectes semble avoir diminué...
M. Giasson: On pourrait y revenir au programme 3, mais, puisqu'on
parle de recherche en ce qui a trait à la tordeuse...
M. Bérubé: Personnellement, je ne suis pas au
courant, en particulier, des programmes d'arrosage cette année. Mais on
m'a dit, quand même, après en avoir discuté hier, que le
nombre d'insectes a diminué, semble-t-il, ce printemps, par rapport
à ce qu'on croyait.
M. Giasson: II y a diminution...
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: ... en 1977, par rapport à 1976?
M. Bérubé: 1978.
M. Giasson: En 1978. On prévoit une diminution en 1978.
J'espère que ça va être général dans toutes
les régions du Québec.
M. Bérubé: La plupart. Nulle part au Québec.
Les seuls endroits qui sont arrosés présentement sont le
Bas-du-Fleuve et la Gaspésie.
Il y a eu régression de l'épidémie qui tient encore
en Gaspésie.
On a même envisagé de ne plus arroser, peut-être dans
un an ou deux. Présentement, les doses ont été
augmentées par suite d'une très grande quantité d'oeufs
détectés sur les branches, mais, déjà,
l'année dernière, on avait réduit les superficies
arrosées et, cette année, nous réduisons encore les
superficies de façon importante.
M. Giasson: Mais si l'épidémie se résorbe,
comme vient de l'indiquer le ministre, la recherche que vous poursuivez porte
sur quoi? Est-ce que c'est dans le même champ d'activité et de
recherche ou s'il y a évolution dans le programme de recherche qui
touche la tordeuse du bourgeon d'épinette?
M. Bérubé: II y a un programme de recherche quand
même assez important qui porte sur l'étude des foyers
d'infestation de la tordeuse, c'est-à-dire que les gestionnaires qui
sont en charge des programmes de surveillance et de contrôle de la
tordeuse nous ont indiqué que la tordeuse avait commencé dans six
foyers d'infestation au Québec, assez séparés les uns des
autres, et on a fait des recherches sur l'étude de ces foyers, de
façon à essayer de voir s'il y avait des conditions
particulières à ces endroits qui nous permettraient de trouver la
cause des départs d'épidémies de tordeuse, de sorte que,
dans l'avenir, on pourrait probablement surveiller davantage ces endroits.
Alors, selon les données préliminaires qu'on a actuellement, on a
trouvé que ces foyers ne se trouvent pas dans la forêt
résineuse boréale, mais se trouvent plutôt dans la
région des forêts feuillues et mélangées qu'on
appelle les forêts du Saint-Laurent, où il y a évidemment
aussi du sapin et de l'épinette, mais en moindre proportion. C'est une
chose assez surprenante.
Les études vont se poursuivre cette année concernant la
définition écologique concernant aussi le micro-climat. Il y aura
aussi des comparaisons peut-être avec des conditions qui peuvent
être semblables en Ontario et dans les autres provinces et même aux
Etats-Unis pour voir si cette théorie s'appliquerait ailleurs aussi,
là où on pourrait trouver des épidémies de
tordeuse. Il y a d'autres projets que l'on fait, à l'intérieur de
nos recherches régulières en sylviculture, en fertilisation des
forêts; on avait des lieux d'échantillonnage, des secteurs
expérimentaux. On essaie d'évaluer l'impact du passage de
l'insecte en comparaison avec la fertilisation et la sylviculture.
Evidemment, l'importance de l'épidémie variera beaucoup
d'un endroit à l'autre, mais il semble quand même, selon les
données préliminaires qu'on a, se dégager pour le moment
qu'il y a moins de pertes aux endroits où il y a eu de la sylviculture
et aux endroits où il y a eu de la fertilisation.
Il y a d'autres projets aussi qui concernent des modèles
d'aménagement de forêt en fonction de la tordeuse on pose
certaines hypothèses. Si on traitait la forêt de telle ou telle
façon, peut-être que, la prochaine fois, elle serait moins
susceptible de favoriser une épidémie de tordeuse ou à y
succomber.
Il y a des projets qui sont dirigés par le Dr Na-deau en
économique, qui consistent à voir ce que
cela coûterait, par exemple, et ce que cela pourrait rapporter en
pertes qu'on n aurait pas à subir, si la forêt était
sylviculturée en conséquence.
Il y a aussi un autre projet pour essayer de voir ce que cela
coûterait et ce que cela rapporterait si on faisait l'hypothèse qu
on ne peut pas traiter la sapinière et qu on devrait plutôt
compenser les pertes dans d autres catégories de peuplement.
Il y a aussi une possibilité qui serait de convertir la
sapinière en d'autres essences, ou, tout au moins, en peuplements
mélangés, du moins à certains endroits qui seraient plus
stratégiques.
Ces recherches sont en cours et on n'a pas encore les résultats
pour le moment.
M. Giasson: Du côté de la recherche, dans les
crédits que vous affectez cette année, y a-t-il de l'argent qui
va à de nouveaux programmes ou est-ce tout simplement une
continuité des programmes déjà existants au
ministère?
M. Bérubé: II n'y a pas de nouveaux programmes
cette année. On a commencé un certain nombre de projets nouveaux
lan dernier ce sont eux dont on vient de vous parler entre autres
et, cette année, cela doit se continuer.
M. Giasson: Toujours au programme 1, à
I'élément 2, en ce qui a trait aux services, il y a une
réduction assez importante des crédits. Quelles sont les raisons
de cette réduction des crédits? Est-ce uniquement une question de
services touchant I'inventaire des forêts?
M. Bérubé: C'est le programme décennal.
C'est ce que je soulignais au début de mon intervention.
M. Giasson: C'est la réduction...
M. Bérubé: C'est la réduction de près
de $1 million, sinon de plus que $1 million, du programme d'inventaire
décennal qui s'est terminé l'an dernier.
M. Giasson: Toute la réduction des crédits est
comprise à l'intérieur de cette diminution d'activité du
côté d entreprises qui s'adonnaient à la recherche au moyen
de mandats du ministère?
M. Bérubé: Oui, justement. C était de la
photographie aérienne? Des inventaires?
M. Giasson: C était fait par des entreprises, à la
suite de mandats accordés par...
M. Bérubé: ... privés, des contrats en
grande partie.
M. O'Gallagher: A la catégorie 6 aussi, il y a des loyers.
Il y a une diminution de $71 000. Vous laissez des locaux?
M. Bérubé: C'est la location de machinerie ou de
choses comme celles-là, mais non pas de locaux.
M. O'Gallagher: Quel genre de machinerie?
M. Bérubé: Un instant! Dans les loyers, cela sert
à la location de véhicules, de tracteurs, de scies
mécaniques, ainsi que divers équipements pour la recherche. Du
côté de l'inventaire forestier, c'est probablement la même
chose, location d avions, location d'hélicoptères, location de
véhicules pour des travaux sur le terrain. La diminution est
reliée à la diminution qu'il y a eu au niveau du plan
décennal d'inventaire. (12 h 15)
M. O'Gallagher: Très bien. A la catégorie 7, les
fournitures, il y a une diminution de $76 900. C est le même...
M. Bérubé: C'est tout relié à la
même opération.
M. Giasson: L'an dernier, au moment de l'étude des
crédits, si ma mémoire est fidèle, le ministre nous avait
parlé d'un rapport qui devait être produit sur le secteur
forestier au Québec et la contribution de ce secteur par rapport
à l'ensemble de l'économie. Est-ce que ce rapport, qui devait
être produit, est une chose qui fut exécutée, si oui, quel
est l'état de la situation vis-à-vis du rapport dont il avait
été question? C'était un rapport qui pouvait
définir quelle était la contribution qu'apportait tout le secteur
forestier du Québec à l'intérieur de l'ensemble de
l'économie québécoise.
M. Bérubé: C'est le rapport qui a été
déposé à la commission l'an passé, à votre
demande.
M. Giasson: C'était cela le...
M. Bérubé: II était déjà
publié à ce moment-là.
M. Giasson: Lorsque la commission parlementaire a
siégé de manière spéciale pour entendre les
intervenants sur les pâtes et papiers.
M. Bérubé: Non, lors de l'étude des
crédits. Il y avait eu une question sur ce projet de recherche et un
membre de la commission avait demandé s'il y avait moyen de
déposer le rapport, ce à quoi on avait acquiescé et il a
été distribué aux membres de la commission.
M. Giasson: Mais est-ce que c'est un rapport qui fait état
d'une situation actuelle sur la contribution de tout le secteur de la
forêt au Québec et dans l'ensemble de l'économie
québécoise? On parle bien de la même chose là, c'est
cela?
M. Bérubé: Oui, le secteur forestier au
Québec et sa contribution à l'économie.
En fait, il a été déposé à
l'Assemblée nationale.
M. Giasson: A quel moment a-t-il été
déposé, lors de l'étude des crédits ou à la
fin de la période de...
M. Bérubé: Lors de l'étude des
crédits, je n'en avais pas de copie, mais, à la suite de votre
demande, cela a été envoyé au secrétariat des
commissions. Il y a eu des appels téléphoniques qui se sont
échangés.
M. Giasson: Je ne sais pas si la présidence l'a fait
distribuer.
M. Bérubé: II y a eu des appels
téléphoniques qui se sont échangés entre l'agent
d'information et la présidence.. Très intéressant,
d'ailleurs; il me fera plaisir de vous... Est-ce qu'on a encore des copies?
Le député de Montmagny-L'Islet serait
intéressé à recevoir une copie?
M. Giasson: S'il y en avait en disponibilité au
ministère, oui.
M. Bérubé: Sûrement, il me fera plaisir de
vous fournir ça.
M. Giasson: J'en ferai ma lecture de chevet, certains soirs.
M. Bérubé: ... au président de la
commission, à nouveau, ils ne se transmettront pas.
Le Président (M. Marcoux): Cela a sûrement
été transmis; il y a un fouillis tel dans certains bureaux...
Programme 1, élément 1, adopté? Elément 2,
adopté.
M. Giasson: M. le Président, nous venons d'adopter le
programme 1.
Le Président (M. Marcoux): C'est ça programme 1,
adopté. Programme 2, amélioration de la forêt.
Amélioration de la forêt
M. Giasson: Est-ce que le ministre pourrait nous donner un
aperçu du travail effectué par son ministère au cours de
la dernière année concernant l'amélioration de la
forêt et la projection qu'il se propose pour la nouvelle année
financière de son ministère?
M. Bérubé: M. le Président, vous voulez que
je prenne la parole?
M. Giasson: Le programme 2, "Amélioration de la
forêt" se subdivise en deux éléments, la politique de
reboisement et les travaux sylvicoles.
M. Bérubé: Oui, en fait, élément
intéressant, les dépenses pour fins de reboisement seront plus
fortes cette année que pour la période d'exercice qui vient de
s'écouler. C'est dû, d'une part, à l'indexation des
traitements et, d'autre part, au budget de relance économique qui nous a
permis d'augmenter sensiblement les activités de reboisement sur les
terres publiques.
On prévoit à peu près 32 millions de plants, dont
22 millions iront sur les terres privées et 12 millions sur les terres
publiques. L'objectif original était de 30 millions de plants en
pépinières; il a été porté à 35
millions en 1978. D'après les estimations basées sur les plans de
gestion à venir, il sera probablement nécessaire d'augmenter
très rapidement à 46 millions de plants. On parle même de
100 millions de plants replantés annuellement.
Je dois dire qu'une évaluation de la situation de l'industrie
forestière implique nécessairement un examen très
serré des localisations des sources de matière ligneuse et nous
amène à constater qu'un programme de reboisement intensif nous
permettrait de dégager, en hypothéquant un peu l'avenir, des
sources d'approvisionnement de nos usines qui seraient plus près de nos
usines et, par conséquent, cela contribuerait à diminuer, de
façon assez importante, le coût du bois livré à
l'usine.
Donc, à l'intérieur de ce programme, il peut y avoir un
objectif d'assurer une quantité de matière ligneuse, mais il peut
y avoir un deuxième objectif qui est celui de dégager des sources
de matière ligneuse qui sont plus proches des usines que ce que la
forêt publique fournit présentement.
Par conséquent, il faut s'attendre sans doute dans les semaines
qui viendront à une intensification importante de ce programme.
Cela, d'ailleurs, nous amène à mettre l'accent dès
cette année sur l'intensification des récoltes de cônes, de
semences, de constitution de peuplement semencier, de vergers à graines,
de manière à améliorer notre stock de semences.
Egalement, le ministère des Terres et Forêts a mis au point
une technique de plantation dans des godets pour laquelle le Centre de
recherche industrielle fait présentement des travaux de mise au point de
la machine. On a donc mis l'accent sur la culture en terre et sur les
techniques de replantation mécanisée. Du côté de la
plantation, nous allons mettre à l'essai une machine importante, un
Marathon-Létourneau. Cet appareil concasse littéralement tout ce
qui se présente devant lui, de manière à ameublir le sol
et permettre des conditions meilleures de reboisement. Nous avons donc fait
l'achat d'un tel appareil. Je dois souligner que présentement nous
sommes en négociation avec d'éventuels constructeurs
québécois pour voir si, dans le cadre d'un programme de relance
de notre industrie qui impliquerait un volet important de reboisement, il n'y
aurait pas lieu de voir à ce que la technologie puisse être
développée au Québec et qu'éventuellement, on en
fasse une ligne de production nouvelle de notre industrie.
Par conséquent, nous sommes en démarche
présentement avec des industriels québécois pour le
développement d'un tel type de machinerie.
Le dernier point est, je pense, le fait qu'en 1978, on implantera
à l'intérieur du ministère un système informatique
pour la gestion des stocks de semence de manière qu'on ait
continuellement une idée claire de ce que nous avons comme plants, quel
est l'état de leur développemment et quel est notre stock de
semences.
Pour la sylviculture, les budgets de cette année seront
légèrement inférieurs. En fait, ils sont inférieurs
parsuite d'une réduction de 5% demandée par le conseil du
trésor au niveau des dépenses de communications, services et
fournitures. Une partie, en fait, environ $1 100 000, est utilisée par
REXFOR dans les régions de Québec, Trois-Rivières et
Saguenay-Lac-Saint-Jean; l'autre partie, $3 500 000, va à des contrats
de travaux sylvicoles, en général à des organismes de
gestion en commun. Ces travaux sont faits évidemment sur la forêt
publique.
Présentement, on porte une attention spéciale à la
réalisation de coupes expérimentales de
régénération. Je serais bien en peine de vous dire en quoi
consistent des coupes expérimentales de
régénération. Prenez ma parole pour l'instant. On pourra
compléter.
On effectue également du travail expérimental dans le but
d'étudier des techniques de réduction du coût des coupes
précommerciales, soit par l'abattage directionnel en mettant à
l'essai d'autres types d'instruments que la scie mécanique. On peut
penser à la scie circulaire.
Au niveau sylvicole, une légère coupe dans le budget,
compte tenu des crédits périmés de l'an dernier et d'une
réduction de 5% au niveau des dépenses de l'administration.
M. Giasson: M. le Président, relativement aux travaux de
reboisement, à partir de quel critère ou de quel type de contrat
le ministère des Terres et Forêts signe-t-il des ententes ou des
protocoles avec les différents organismes qui veulent travailler au
programme de reboisement? Est-ce que c'est fait à partir d'un coût
déterminé, sur une base fixe par 1000 plants plantés? Sur
quelle base ces ententes sont-elles faites?
M. Bérubé: Pour répondre à votre
question, c'est tout simplement l'expérience que le ministère des
Terres et Forêts a réussie, avec les années, avec le
reboisement qu'on appelle en régie. On a des coûts de production,
des coûts au moment où le reboisement se fait. Nous essayons
d'étendre cette expérience à des contrats qu'on donne
à des organismes de gestion en commun.
Dans l'ensemble, nos critères d'évaluation se situent
surtout sur le plan qualitatif. On met beaucoup l'accent là-dessus.
D'une façon générale, je pense que, l'an passé, les
organismes ont été assez satisfaits de la façon que nos
contrats se sont présentés pour des fins d'exécution de
leur part. Je pense que la moyenne, l'an passé, si ma mémoire est
bonne, c'est tout près de $0.13 ou de $0.14 du plant.
M. Giasson: Du plant.
M. Bérubé: $0.13 ou $0.14 du plant.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit là d'un prix uniforme
à l'endroit de toutes les organisations ou si chaque cas fait l'objet
d'une...
M. Bérubé: On peut prêter une attention
spéciale selon l'endroit où le reboisement se fait. C'est
évident que, si on fait du reboisement mécanique, cela
coûte moins cher que si on le fait manuellement. Cela dépend aussi
des conditions de terrain, si c'est rocheux ou si c'est beaucoup plus
sablonneux. Cela dépend aussi de quelle façon les gens ont
à réaliser ce projet. Dans l'ensemble, on peut situer le
coût à peu près à $0.13 ou $0.14.
M. O'Gallagher: C'est planté? M. Bérubé:
C est planté. M. Giasson: Plantation manuelle? M.
Bérubé: Oui, en grande partie.
M. Giasson: Les différents groupes... Oui, allez!
M. Bérubé: Si vous me permettez d'ajouter quelque
chose là-dessus, c'est que nous négocions les contrats que nous
donnons à partir des expériences ou des coûts que nous
avons établis par les travaux en régie. Cependant, nous sommes
à mettre au point un système selon lequel nous pourrions inviter
différents organismes privés à nous faire des propositions
ou à faire des soumissions pour des travaux afin de voir si les prix
négociés sont dans le ton.
M. Giasson: Est-il exact de croire que certains organismes, qui
avaient accepté de travailler dans ces programmes de reboisement l'an
dernier, ne seraient plus intéressés cette année, à
moins d une révision des coûts?
M. Bérubé: Je ne crois pas. Je pense qu'il y a
quand même eu un ajustement à faire l'an passé, parce que c
était la première fois qu'on avait des contrats avec ces
groupements ou ces associations. Nous-mêmes, du côté du
ministère, après certaines ententes, on a suppléé
quand même aux déficits que ces groupements ont faits. On a
réajusté les taux. Je pense que, pour les prochaines
années, on est en train de s'ajuster en termes de coût.
L'expérience est très valable pour qu on donne le reboisement
à contrat plutôt qu'à la régie. Je pense que c est
très valable. Cela nous permet d avoir une infrastructure moins lourde.
Je pense qu en termes de motivation, c'est très bon.
Le Président (M. Marcoux): Vous allez m excuser, mais,
comme il est 12 h 30, la commission des terres et forêts ajourne ses
travaux sine die.
M. Bérubé: Jusqu'à ce soir. (Suspension de
la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des terres et forêts qui étudie
les crédits budgétaires reprend ses travaux. Les membres de la
commission sont: M. Bérubé (Matane), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Jolivet (Laviolette), M. Marquis (Matapédia), M. Pagé (Portneuf),
M. Perron (Duplessis), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska), M. Dubois (Huntingdon), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine),
M. Léves-que (Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M.
Mercier (Berthier), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Samson
(Rouyn-Noranda).
On me dit que vous étiez rendus au programme 2,
éléments 1 et 2. C'est cela? Qui pose la première
question?
M. Bérubé: Je pense, M. le Président, que
j'avais la parole, d'une part. Mais, d'autre part, je ne sais pas ce que je
disais. Conclusion, je vous retourne la parole, M. le Président.
M. Blank: Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Giasson: M. le Président, effectivement, à la
suspension de nos débats, nous étions à parler de
reboisement. Quel est le développement ou les modifications qui ont
été apportées ou qui seront apportées au cours de
la prochaine année financière, en matière de
développement des pépinières qui fournissent la ressource
nécessaire au reboisement?
M. Bérubé: M. le Président, je pense que je
céderai la parole. C'est une question qui demeure quand même
suffisamment vague. Je me suis contenté de souligner que l'accent
portait surtout sur l'amélioration des semences, l'amélioration
des peuplements en semenciers, étalissement de vergers à graines.
On mettra l'accent sur la préparation des semences nécessaires
à l'accélération rapide de ce proramme de reboisement.
Mais peut-être pourrait-on détailler davantage. On me souligne
que, s'il y avait quelques précisions apportées à la
question, ce serait plus facile.
M. Giasson: Le ministre a fait la projection de l'accroissement
des quantités de plants qui seraient produits au Québec dans les
années immédiates, soit, dans un premier temps, une augmentation,
un accroissement assez important dans le volume de plants produits au cours de
la présente année, qui serait suivi de projections en vertu
desquelles on lançait l'hypothèse qu'à brève
échéance, le Québec pourrait produire 100 millions de
plants annuellement.
Cela suppose, je présume, des capacités à
l'intérieur des pépinières, ou le développement,
l'agrandissement des pépinières existantes, ou encore
l'implantation de nouvelles pépinières au Québec. C'est
dans ce sens que ma question était posée.
M. Bérubé: L'impression que j'ai, M. le
Président, c'est que j'avais déjà répondu à
la question.
M. Giasson: Je regrette, M. le ministre, mais vous aviez
donné une tirade très générale. Vous n'aviez pas
précisé selon le sens de la question que je pose.
M. Bérubé: Essayez-vous.
La production de graines et de plants pour le reboisement implique une
planification à long terme. Comme vous le savez, il s'agit de
récolter des graines, de faire la mise en terre, le repiquage, etc. Pour
prévoir l'implantation d'un plant, il faut compter de trois à
cinq ans, selon les circonstances, ce qui veut dire qu'une fois les plants
disponibles, il faut les distribuer ou les planter, soit dans le programme
concernant les terres publiques, le reboisement sur les terres publiques, soit
dans le programme concernant les terres privées.
Les différents travaux impliquent également qu'il y a des
budgets disponibles pour utiliser les plants produits. Actuellement, avec la
budgétisation annuelle, c'est toujours courir des risques au niveau des
priorités que de produire un certain nombre de millions de plants et de
prévoir que dans deux, trois, quatre ou cinq ans, ces plants produits
seront plantés. Cela implique un budget, etc.
La projection actuelle vise, d'ici cinq, six ou sept ans, selon les
circonstances, à augmenter notre production qui se situait, en 1977/78,
à 30 millions ou 32 millions de plants. La planification serait
d'augmenter cela vers une production... l'objectif est de 100 millions de
plants par année.
Nous prévoyons, pour 1978/79, la production de 35 millions
à 36 millions de plants; donc, une production augmentée de 4
millions à 5 millions par rapport à l'an dernier. Si les
circonstances nous permettent de continuer cette augmentation, cela pourrait
vouloir dire une augmentation de notre production, en 1979/80, accrue de 5
millions, 6 millions, 7 millions et plus jusqu'à une production qui
pourrait se rendre à 100 millions de plants.
M. Giasson: Dans les essences produites, est-ce qu'il y a des
changements ou si ce sont toujours les mêmes, telles que sapin,
épinette, pin ou si on développe des volumes de production
d'essences autres que ces essences connues? Garde-t-on un programme de
production qui fait porter constamment leffort du côté de la
production de plants de pin, d épinette?
M. Bérubé: Nous insistons davantage, comme vous le
devinez bien, sur l'épinette et les différentes sortes de pin,
compte tenu que le sapin est une essence vulnérable à la maladie
la tordeuse
pour I'instant ce qui veut dire que notre planification est faite
vers les autres essences.
M. Giasson: Quelle est la proportion qu'on retrouve entre ces
différentes essences produites en pépinière ou dans une
plantation?
M. Bérubé: Tout dépend si on parle de
forêt privée ou de forêt publique. Dans la forêt
privée, il y a environ 50% des essences reboisées qui sont de
l'épinette blanche, la principale essence reboisée.
M. Giasson: 50%?
M. Bérubé: 40% à 50% sont de
l'épinette blanche qui correspond au choix des propriétaires de
boisé privé. Dans la forêt publique, c'est en fonction des
régions natuellement et des unités de gestion. On met l'accent
principalement sur I'épi-nette noire qui est une essence
résistant à la tor-deuse des bourgeons d'épinette. Dans
une région comme la Gaspésie, il y a aussi le
mélèze, le ricin qui est une essence à croissance rapide,
une essence comme lépinette de Norvège aussi qui est une essence
à croissance rapide qui, comme dans la région des Appalaches, va
être reboisée. Dans la forêt publique, les principales
essences reboisées sont lépinette noire et le pin gris, on va
continuer à les produire en pépinière.
M. O'Gallagher: On a mentionné, ce matin, que chaque plant
coûtait de $0.13 à $0.14. Dans vos $30 millions annuels, quel est
le coût de chaque arbre? Cela prend deux ou trois ans avant de
produire.
M. Bérubé: La production des plants en
pépinière?
M. O'Gallagher: Combien cela nous coûte-t-il?
M. Bérubé: Selon les essences, il y a des essences
qu'on peut produire en deux ans, d autres en quatre ans. Cela peut varier entre
$0.06 à $0.10 le piant, selon le nombre d'années qu'il demeure en
pépinière, qu'on met à les produire.
M. O'Gallagher: Est-ce qu on a comparé cela avec d autres
provinces ou d autres Etats? Est-ce qu'ils ont les mêmes valeurs de
production, les mêmes prix, les mêmes coûts?
M. Bérubé: Cela se compare avantageusement aux
autres provinces, comme I'Ontario...
M. O'Gallagher: Au point de vue de la production et au point de
vue du coût?
M. Dubois: Est-ce qu'on fait le croisement des essences pour
avoir des variétés qui s'adaptent mieux au climat et qui soient
plus résistantes aux maladies? Est-ce qu'il se fait du croisement
quelconque pour arriver à des variétés qui soient plus
résistantes?
M. Bérubé: II n'y a pas de croisement... M.
Dubois: Pardon?
M. Bérubé: II n'y a pas de croisement de fait comme
tel, excepté qu'il y a des études qui... L'organisation de
semenciers et de... au point de vue génétique, en fait, le choix
d'arbres de belle venue, qui présentent des caractéristiques
intéressantes.
M. Dubois: Le départ de tous les plants se fait en serre,
je crois? La majorité se fait en serre, non?
M. Bérubé: En pépinière. M.
Dubois: En pépinière.
M. Bérubé: En pépinière, sur des
terrains à culture.
M. Dubois: En plein champ.
M. Bérubé: Sur des terrains cultivés, comme
en agriculture.
M. Dubois: J'ai vu à Terre-Neuve le départ de
plants en serre. J'imagine qu'on n'a pas le climat pour semer en plein
champ.
M. Bérubé: On n'a pas le climat, à
Terre-Neuve.
M. Dubois: Je sais qu'on a quand même très bien
réussi au niveau des départs en serre, là-bas.
M. Bérubé: Ici, on a trois serres à East
Angus qui produisent environ 200 000 à 300 000 plants par année,
mais on a, comme M. le ministre l'a dit ce matin, la machine qui est en
fabrication au Centre de recherche industrielle du Québec, qui devrait
nous permettre, d'ici six ou huit mois, de produire... d'avoir une machine qui
automatiserait notre système de production de plants en recyclant. A ce
moment-là, on pourrait avoir un système qui nous permettrait de
produire nos propres plants en recyclant notre propre papier.
M. Dubois: Oui.
M. Bérubé: Alors qu'actuellement les principales
méthodes utilisées sont des méthodes qui viennent de la
Finlande ou de pays étrangers.
M. Dubois: Concernant les arbres morts qui ont été
attaqués ou qui sont morts à cause de la tordeuse
d'épinette, est-ce qu'il y a un nettoyage des bois qui se fait
continuellement? Les arbres qui sont morts dans la forêt, attaqués
par la tordeuse.
M. Bérubé: Nos plans d'exploitation des
utilisateurs de la forêt sont faits en fonction de l'existence des arbres
attaqués par la tordeuse et, très souvent, nous modifions les
plans d'exploitation pour récupérer, si possible, les arbres
attaqués.
M. Dubois: Mais il y en a qui sont morts aussi, qui ne sont plus
récupérables.
M. Bérubé: Ceux qui sont morts également,
mais il est évident que nous ne pouvons réussir à
récupérer tous les arbres morts.
M. Giasson: M. le Président, dans ce programme de
reboisement, quelles sont les prévisions du ministère sur le
nombre de personnes ou d'hommes qui seront affectés à la
plantation, tant ceux qui sont à l'emploi du ministère des Terres
et Forêts que le nombre prévu à l'intérieur des
différentes sociétés ou des groupes qui s'occupent de
plantation, suite à des mandats?
M. Bérubé: Je vais essayer de trouver
l'information.
C'est au niveau du programme 2 élément 1, le travail en
pépinière ainsi que le reboisement, les deux ensemble impliquent
141 années-homme permanent et 400 années-homme temporaire.
M. Giasson: Quelles seront les régions qui profiteront
surtout de la politique de plantation de reboisement? J'imagine que c'est
réparti de façon inégale sur l'ensemble du territoire
québécois? Quelles sont les régions ou les zones qui
recevront les bénéfices d'un tel programme? (20 h 30)
M. Bérubé: Je vous énumère la liste
des comtés dans lesquels nous allons planter des arbres.
M. Giasson: Non pas les comtés, mais les régions,
M. le ministre.
Une Voix: C'est deux cela.
M. Giasson: Si vous nous dites que c'est le Bas-Saint-Laurent,
les comtés, on connaît cela assez bien. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean
également. Le Nord-Ouest?
M. Bérubé: C'est divisé par
comté.
M. Giasson; Nous n'avons pas besoin de
l'énumération verbale, mais nous accepterions le
dépôt du document qui nous donne la liste des comtés.
M. Bérubé: En commission, on a le droit de
déposer un document, M. le Président?
M. Giasson: Oui. Il n'y a rien qui m'empêche...
Le Président (M. Blank): S'il y a consentement.
M. Giasson: Si vous avez le consentement des membres de la
commission.
M. Bérubé: Par arbre?
M. Giasson: La distribution des feuilles, M. le ministre, sera
acceptée, j'en suis sûr, par tous les membres de la
commission.
M. Bérubé: Les feuilles d'arbres?!!
M. Giasson: Les feuilles que vous avez devant vous.
M. Bérubé: J'en ai une valise, M. le
député, mais, pour cette feuille-là, il me fera plaisir
de...
M. Giasson: Ce serait plus simple de déposer le ministre,
je pense.
M. Bérubé: Vous auriez beaucoup moins
d'informations.
M. Giasson: On n'en doute pas.
Le Président (M. Blank): Je pense que si vous donnez la
feuille à la jeune fille, elle la fera photocopier en arrière
immédiatement.
M. Bérubé: Cela nous fait plaisir de vous donner
cela, mais je dois vous dire que nous en faisons dans toutes les régions
du Québec.
M. O'Gallagher: M. le Président, j'aurais une autre
question. Sur l'ensemencement par voie aérienne, vous avez fait des
expériences dans ce domaine, apparemment. L'an dernier, on a
parlé de cela. Quels sont les résultats que vous avez avec cette
méthode? Quelle est la méthode?
M. Bérubé: La principale méthode
utilisée, c'est la méthode par voie aérienne avec
hélicoptère et sur une seule essence. Il y a une seule essence
avec laquelle on a des résultats intéressants, c'est le pin gris.
Cette technique est utilisée principalement dans le Nord-Ouest
québécois pour régénérer les superficies de
pin gris, les anciens bûchers de pin gris et d'épinette noire.
M. O'Gallagher: C'est de l'ensemencement tout simplement. C'est
la graine.
M. Bérubé: On jette à peu près 20 000
semences viables à l'acre pour nous permettre d'avoir un peuplement
constitué normalement.
M. O'Gallagher: Et les résultats sont assez bons?
M. Bérubé: Avec le pin gris, les résultats
sont assez bons. On a essayé d'autres essences, comme l'épinette
noire, et on a des résultats moins intéressants. On a plus de
problèmes au niveau de la germination de la semence. Actuellement, on
fait des essais pour améliorer nos techniques à ce niveau.
M. Dubois: Quel est le nombre d'années, en moyenne, pour
rendre un arbre à maturité ici pour la coupe, c'est-à-dire
en moyenne... Plus on va au nord, plus c'est long, je suppose?
M. Bérubé: Tout dépend des régions.
Si on y va par plantation, cela peut prendre en moyenne cinquante ans pour
avoir un peuplement que l'on peut exploiter. Dans le Nord du Québec,
cela peut être 70 ans, en forêt boréale.
Ce n'est pas avec plus de questions que cela va régler de
problèmes. Mais j'ai le plaisir de dire quand même au
député de Montmagny-L'Islet que les clubs 4-H de son comté
ont planté 7000 arbres.
M. O'Gallagher: ... dans le comté de Robert Baldwin.
M. Bérubé: ... Robert Baldwin. Les forêts
semblent peu prospères dans le comté de Robert Baldwin, c'est
à peu près l'équivalent de Saint-Louis.
Le Président (M. Blank): ... a tree grows in
Saint-Louis.
M. Bérubé: Pas assez précis, vous vouliez
l'avoir par comté.
M. Giasson: C'est peut-être précis, M. le ministre,
les chiffres que vous venez de nous déposer, mais, si ces chiffres sont
précis, vous avez été largement imprécis à
la dernière séance, quand vous avez parlé des volumes
d'arbres qui seraient plantés au Québec. Vous nous donnez un
total dans les colonnes de 7 334 000 et ce ne sont pas ces chiffres que vous
avez cités; vous avez lancé des chiffres de 30 millions de
plantation.
M. Bérubé: Si le député de
Montmagny-L'Islet avait écouté mon intervention, il aurait su
qu'il y en avait à peu près 21 millions dans les forêts
privées et qu'il y en aurait une dizaine de millions dans les
forêts publiques. Ce que nous venons de vous donner, ce sont les
forêts publiques.
On vient de vous donner, par région, dans les forêts
publiques, le nombre d'arbres plantés au printemps; alors, il faudrait
vous donner le nombre d'arbres plantés à l'automne, ce que nous
n'avons pas fait, ce qui compléterait à 11 millions, mais,
malheureusement, nous ne l'avons pas par région, nous l'avons par
comté.
A ça, il faut ajouter les 20 millions.
M. Giasson: II va falloir déposer le ministre, j'en ai
bien l'impression.
M. Bérubé: Le problème que je vois, c'est
que nous n'avons pas, par région, le nombre d'arbres plantés
à l'automne.
M. Giasson: Mais vous avez des prévisions pour...
M. Bérubé: 4 millions.
M. Giasson: ... l'augmentation totale qui devrait, selon...
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: ... les objectifs, se faire au cours de la
présente année.
M. Bérubé: Par exemple, pour vous donner une
idée de l'ordre de grandeur, nous allons planter, à l'automne, en
résineux, 4 168 000 plants. Là où il y a le plus de
plantations, c'est dans Bonaventure, pour 1 148 000 plants. Si je regarde les
comtés, Kamouraska serait en deuxième avec 449 000,
Matapédia 341 000, Montmagny-L'Islet qui se classe très bien,
avec 287 000, et Gaspé, 351 000. Il y a des plantations dans 19
comtés.
Mais, dans Montmagny-L'Islet, il y aurait 330 000 plants au printemps,
287 000 plants à l'automne, pour un total de 617 000 plants.
Il y a les forêts privées également qui sont deux
fois plus importantes en volume, 7 000 000 sur 31 000 000.
M. Giasson: M. le Président, au cours de l'année,
je crois que le ministère des Terres et Forêts a acquis une
machine utilisée pour la préparation des sites à reboiser.
Cest possible? Est-ce qu'il s'agissait là d'une machine qui était
produite au pays ou au Québec? Ou est-ce une machine
importée?
M. Bérubé: Je répète. Effectivement,
nous avons commandé une Marathon-Létourneau qui est
fabriquée aux Etats-Unis. Notre décision a été
prise de ne pas acheter de nouvelle machine de cette entreprise, mais
plutôt d entrer en contact avec un fabricant éventuel
québécois, pour voir dans quelle mesure il ne pourrait pas se
spécialiser dans la construction de telle machine. Compte tenu que nous
prévoyons un programme important de reboisement, le nombre de ces
machines qui pourraient entrer en opération au Québec, comme en
Ontario ou ailleurs au Canada, de même que dans le nord des Etats-Unis,
pourrait être élevé et, par conséquent, il pourrait
y avoir un marché intéressant. Il devenait intéressant
d'utiliser le pouvoir d'achat du Québec pour stimuler le
développement, au Québec, d'une telle machine. Les contacts se
poursuivent présentement pour intéresser un industriel
québécois, à fabriquer de telles machines. Chacune
coûte $325 000.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agissait là du seul prototype
de machinerie affectée particulièrement à la plantation ou
s'il y avait d'autres types?
M. Bérubé: On me dit que c'est un appareil unique
au monde. Il s'agit là d un scarificateur qui a comme fonction de
retourner le sol, d'écraser toute la végétation existante
de manière à complètement abraser, scarifier le terrain et
le préparer à la replantation.
Pour ce qui a trait au reboisement, nous travaillons à la mise au
point d'un appareil à l'échelle industrielle, avec le Centre de
recherche industrielle, qui a été développé par un
fonctionnaire du ministère des Terres et Forêts, dans ses temps
libres, je devrais dire, à East Angus, temps libres qu'il utilisait de
façon fort fructueuse. Il a
donc conçu un appareil qui permettrait de prendre les plants en
godets et de les insérer directement en terre d'une façon
automatique, ce qui, par conséquent, accélérerait, de
façon importante, la fabrication de plants, si je ne me trompe. Du
moins, il y a cela et il y a l'assemblage aussi dans la fabrication des
godets.
La machine est présentement au Centre de recherche industrielle
pour être modifiée de manière à en faire une machine
véritablement industrielle.
Le Président (M. Blank): Elément 2, adopté?
M. Giasson: Non.
Le Président (M. Blank): Programme 2, adopté?
M. Giasson: Non, le programme 2, élément 1, serait
adopté.
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Giasson: Nous pourrions continuer au programme 2.
Le Président (M. Blank): Programme 2,
élément 2?
Travaux sylvicoles
M. Giasson: Dans les travaux sylvicoles qui seront entrepris et
réalisés au cours de la présente année, quelles
sont les prévisions de superficie qui devront être
traitées, dans un premier temps, dans les forêts publiques, parce
que je présume qu'il y aura de tels travaux dans les forêts
publiques? Quelles sont également les projections de traitements en
superficie dont bénéficieront les propriétaires de
forêts privées?
M. Bérubé: On va avoir le plaisir de vous donner
cela. J'ai le total ici. Je crois que vous voulez dire les forêts
publiques? Ce serait 2900 acres.
M. Giasson: 2900 acres, forêts publiques. Forêts
privées?
M. Bérubé: Programme 4-4. M. Giasson: 4400?
M. Bérubé: Non, programme 4-4. M. Giasson: Ah!
4-4.
M. Bérubé: Je m'excuse, je vous ai induit en
erreur; 2900 acres, c'est pour une région. Il faudrait donc que je
trouve le cumulatif par région.
Je m'excuse, je vous ai donné ce qui m'est cher au coeur, c'est
ma région.
M. Giasson: La vôtre?
M. Bérubé: Oui. Au total, c'est 20 553 acres. Je
pourrais d'ailleurs donner celle de Montmagny-L'Islet.
M. Pagé: M. le ministre, pouvez-vous me dire la
région qui vous est chère au coeur? Est-ce que c'est
Québec?
M. Bérubé: Non, c'est véritablement la
Gaspésie.
M. Pagé: Ah! D'accord.
M. Bérubé: Montmagny-L'Islet...
M. Giasson: M. le ministre, de ce côté-là,
vous faites une recherche folle dans Montmagny-L'Islet. Je n'ai posé
aucune question spécifique concernant Montmagny-L'Islet.
M. Bérubé: C'est effectivement une recherche folle,
parce qu'on n'en a pas fait.
M. Giasson: Ah bon!
M. Bérubé: On n'a pas l'intention d'en faire.
M. Giasson: Vous n'avez pas l'intention d'en faire?
M. Bérubé: D'après ce que je peux
comprendre. (20 h45)
M. Giasson: Comme cela, je dois croire qu'à la suite de la
réponse que le ministre vient de donner, il n'y aura pas de travaux
sylvicoles dans Montmagny-L'Islet au cours de l'année financière
1978/79. Comme d'habitude, le ministre est fort précis dans ses
réponses, il est obligé de se reprendre.
M. Bérubé: II n'y en a pas. Bellechasse.
M. Giasson: Combien de traitements seront faits au cours de
l'année par REXFOR, par la Coopérative forestière de
Saint-Apolline, la Coopérative forestière des Appalaches, par les
groupements forestiers dans Montmagny-L'Islet, puisque le ministre tient
à parler de ce comté?
M. Bérubé: En fait, le chiffre se trouverait, en
prenant le contrat qui est alloué à REXFOR, pour 60 000
cunits...
M. Giasson: Tiens, tiens, voici que...
M. Bérubé: ... sous-contractantes de REXFOR
M. Giasson: Tout de même, vous reconnaissez qu'il va y
avoir des travaux sylvicoles dans Montmagny-L'Islet.
M. Bérubé: Je reconnais que dans Montmagny-L'Islet,
il y avait une ligne au bout de laquelle il n'y avait pas de chiffre. On va
vous planter quelques arbres.
Le Président (M. Blank): D'autres questions sur le
programme 2?
M. Giasson: M. le Président, pour autant que je suis
concerné, puisque je ne puis obtenir de réponse avec
sérieux et bon sens, je limite mes questions pour ce moment.
Le Président (M. Blank): Programme 2,
élément 2, adopté. Programme 2, adopté. Programme
3, protection de la forêt; élément 1, prévention et
lutte contre les incendies.
Protection de la forêt
M. Bérubé: M. le Président, ce programme 3
inclut trois éléments. Le premier élément est bien
connu, c'est la protection de la forêt contre les incendies qui inclut
les cotisations aux sociétés de conservation, les frais
d'administration et les dépenses reliées à la
planification, la coordination de la lutte et les frais d'extinction des
incendies. Il va de soi, évidemment, un peu comme l'année
dernière, que ce budget fluctue énormément d'année
en année dans la mesure où, ne pouvant préyoir à
l'avance les incendies, il nous faut souvent faire appel aux fonds de
suppléance lorsque le nombre d'incendies excède la
prévision. On a donc un chiffre qui équivaut au budget de base du
ministère, donc répétable d'année en année
avec des ajustements normaux.
Le deuxième élément porte sur la prévention
et la lutte contre les insectes nuisibles et les maladies des arbres. Dans ce
cas, je pense qu'on peut souligner que nous entendons arroser environ 3
millions d'acres. L'essentiel de ces territoires est situé en
Gaspésie. En fait, il semble bien que l'épidémie ait
continué à régresser dans l'ouest du Québec en
dépit d'un certain nombre de foyers persistants qu'on a pu observer
l'année dernière.
L'infestation, bien que continuant à être
sévère en Gaspésie, a eu tendance à
régresser dans l'ensemble du Québec, et toute intervention
chimique d'arrosage a des implications à long terme concernant
l'écologie pour laquelle nous n'avons pas vraiment de connaissances. Nos
connaissances sont assez étoffées en ce qui a trait à
l'impact à court et a moyen terme, impact qui s'est avéré
négligeable, mais nous avons beaucoup moins de renseignements concernant
les impacts à long terme. Par conséquent, il faut donc faire
preuve de beaucoup de précautions avant de s'engager dans une lutte
chimique contre les insectes. Je pense qu'il est important de souligner aussi
que dans la région de Sainte-Anne-des-Monts, on procédera
à des arrosages à l'aide d'un bacille, le bacillius turigensis
qui est une bactérie, un bacille qui s'attaque à la tordeuse de
bourgeons d'épinette et qui, à ce moment-là, agissant par
voie biologique, pourrait prétendre, comme insecticide, à une
toxicité moindre que les insecticides du type fénitrothion qui
demeure, néanmoins, comme insecticide, beaucoup moins largement
utilisé que dans un secteur comme l'agriculture, par exemple. On peut
donc souligner que nous cherchons à mettre au point l'application de
techniques différentes qui pourraient, dans l'avenir, s'avérer au
moins aussi efficaces et peut-être moins toxiques que le
fénitrothion.
Finalement, nous avons l'éducation en conservation, avec des
campagnes de publicité. Nous avons également mis sur pied un
réseau de centres écologiques permettant la tenue de classes
vertes pour sensibiliser les jeunes en particulier à notre environnement
et à la forêt.
Le Président (M. Blank): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Evidemment, on
aura des questions à poser au programme 3. L'idéal aurait
été que nous n'en ayons pas, mais pour ce faire, il aurait fallu
que le ministre nous donne plus de détails sur les motifs qu'il a
à invoquer pour l'approbation de ces crédits, de ces sommes qui
sont discutées ici. On se doit, M. le Président...
M. Bérubé: M. le député de Portneuf,
cela m'aurait enlevé tout le plaisir d'avoir à répondre
à vos questions.
M. Pagé: Ah! ça, je n'en doute pas!
A l'élément 1, M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous adresse, si c'est possible, un tableau quoique sommaire dans les
circonstances, parce que vous savez, les tableaux précis et
détaillés, le ministre a peut-être un peu de
difficulté à s'y retrouver, mais qu'il nous dresse quand
même un tableau sommaire de ce qui s'est fait au chapitre de la
protection et de ce qui se fera cette année. Est-ce qu'il y a des
prévisions qui peuvent s'établir? Je sais que le ministre avait
longuement explicité cela l'année dernière, mais, avant
tout, j'aimerais comparer et savoir, par les réponses qu'il pourra nous
donner, si ce qui s'est effectivement passé en 1977 allait dans le sens
des prévisions que le ministre a bien voulu nous donner ou nous faire
part lors de l'étude des crédits l'année dernière.
Combien y a-t-il eu de feux de forêt? Leur localisation? En termes de
perte de bois, cela a représenté quoi, tout ça, les
dommages qu'on a eu à subir pendant la dernière année?
M. Bérubé: II y a eu un peu plus de 2000 feux de
forêt. A peu près 45 milles carrés de forêt ont
été ravagés. La localisation principale: la majeure partie
des feux a eu lieu au printemps dans l'Outaouais en particulier, dans le mois
de mai, à peu près à cette date-ci l'an dernier.
M. Pagé: Par rapport à 1976, cela indique quoi?
M. Pagé: Est-ce que vous avez...
M. Bérubé: Des prévisions pour
l'année prochaine?
M. Pagé: Vous avez dit l'année dernière que
c'était imprévisible; on pourra y revenir tout à l'heure.
Mais sans qu'on sache combien il y aura de feux, on peut faire des
prévisions qui, selon moi, peuvent être plus exactes que votre
performance de l'année passée, vous savez. Votre performance
l'année passée, cela n'en était pas une.
M. Bérubé: On a mal prévu le nombre de feux
de forêt. Je m'en excuse devant cette commission.
M. Pagé: Non, je pense que vous avez été
quelque peu... Non, parce que j'abonde dans le même sens que vous,
à savoir que ça ne se prévoit pas, mais vous avez
été un peu présomptueux, tout au moins. D'ailleurs, on y
reviendra.
En ce qui concerne les sociétés de conservation, est-ce
qu'il y a des modifications que vous entendez apporter, à la
lumière des crédits qu'on va adopter? Le nombre, est-ce qu'il
restera le même?
M. Bérubé: Cela, c'est stable. Ce qui n'est pas
stable, ce sont les membres des sociétés de conservation. Au fur
et à mesure que les concessions sont révoquées, ce sont
les usines qui ont des contrats d'approvisionnement qui se trouvent à
être représentées comme membres dans ces
sociétés. Au fur et à mesure, ces gens-là sont
représentés au sein des sociétés. C'est la seule
différence prévisible à court terme.
M. Pagé: Y a-t-il des modifications sensibles en ce qui
concerne le budget de chacune de ces sociétés?
M. Bérubé: II n'y a aucune modification
technologique. On nous a demandé l'an dernier de ne pas augmenter les
standards, les qualités. Les seules augmentations sont dues aux salaires
payés aux gens des sociétés qui avaient un retard à
rattraper l'an dernier et cette année, les conventions ne sont pas
entièrement signées, pour celles qui ont des conventions
collectives.
C'est dans l'ordre de grandeur de tout ce qui se fait actuellement.
M. Pagé: De quel ordre?
M. Bérubé: C'est de l'ordre de 6% à 8%.
M. Giasson: M. le Président, l'an dernier, lors de
l'étude des crédits, à une question que j'avais
posée au ministre, celui-ci nous avait indiqué qu'il se
poursuivait au ministère une recherche pour modifier l'organisation de
la protection-incendie sur l'ensemble du territoire.
Si ma mémoire est bonne, il avait même indiqué qu'il
avait déjà quelque chose sur papier et qu'il y avait lieu de
croire que, dans l'avenir, possiblement, le ministère lui-même
pourrait prendre à sa charge la protection, sans nécessairement
continuer par l'intermédiaire des sociétés de
conservation.
Il avait même indiqué si je ne fais erreur encore
une fois qu'il était lui-même à
réfléchir profondément sur ce propos. Cette année,
le ministre est-il toujours en réflexion et y a-t-il lieu de croire
qu'il y a un cheminement nouveau qui a été fait de ce
côté?
M. Bérubé: II est possible que différents
intervenants au nom du ministre aient évoqué un certain nombre de
réflexions auxquelles, malheureusement, je dois dire que je n'ai pas
participé. Par conséquent, il m apparaît difficile de
commenter cette affirmation du député de Montmagny-L'Islet.
Non. Effectivement, j'avouerai en toute humilité que nous ne nous
sommes pas penchés, au niveau de l'administration du ministère,
sur les problèmes des sociétés de conservation et que, par
conséquent, pour autant que je suis concerné, il n'y a pas de
dossier actif concernant une révision de l'action des
sociétés de conservation.
Maintenant, il est cependant possible et c'est peut-être
important de le souligner qu'au niveau administratif, dans les
négociations et les discussions quotidiennes entre ces
sociétés de conservation et le ministère, il y ait des
choses dans l'air. Est-ce que M. Boissinot...?
Il n'y a rien de prévu pour le moment. Peut-être qu'au fur
et à mesure que les concessions seront rétrocédées,
le statut légal sera modifié. Au point de vue administratif, on
pense que, décentralisé comme ce l'est actuellement, cela
fonctionne très bien. On croit qu'on a un très bon rendement, si
on se compare à la province voisine en particulier, qui, depuis quelques
années, n'a pas à nous envier.
De quel côté?
De l'autre côté, à l'ouest. A l'ouest, il n'y a rien
de nouveau.
Dans ce domaine, on la surpasse facilement.
Le Président (M. Blank): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Au programme 3, à l'élément 1, il
y a un montant de $7 665 200 qui a été affecté à la
prévention et à la lutte contre les incendies. Pour-riez-vous
nous dire quelle partie de ce montant sera affectée à l'achat
d'équipement ou autrement, par exemple, pour les villes nordiques,
Gagnon, Fermont, Schefferville, disons pour des pompes?
M. Bérubé: Rien. C'est fourni à même
l'équipement disponible à l'entrepôt.
M. Perron: Avez-vous des équipements en entrepôt
actuellement dans les villes de Gagnon, Fermont et Schefferville, pour donner
des services en cas d'incendie en forêt?
M. Bérubé: Seulement à Fermont. On n'en a
pas à Schefferville. A Gagnon, il n'y a plus de bois
à brûler aux alentours, il n'y a rien pour le moment.
M. Perron: Dans le cas de Schefferville, avez-vous l'intention
d'ajouter des équipements? (21 heures)
M. Bérubé: On ne croit pas. C'est tellement loin,
et là aussi, à Schefferville, c'est presque tout
brûlé. Il n'y a plus de danger pour la ville. Ce n'est pas le
même cas que pour Fermont. A Fermont, ce pourquoi on intervient, c'est
parce qu'il y a encore de la forêt qui entoure la ville et, souvent, on
se trouve à manquer de communications avec la ville, qui est
située au Labrador. A ce moment-là, on a demandé à
la ville de maintenir une station météorologique et de maintenir
en bon ordre l'équipement qu'on lui prête, on lui donne la
formation au printemps. Fermont va probablement requérir nos services
une fois tous les trois ou quatre ans en moyenne, alors à ce
moment-là, on sera présent parce qu'on le saura avant. Dans le
passé, on ne le savait pas, parce qu'on n'avait pas de station
météorologique. Maintenant, la station est intégrée
au système de prévention et on est capable de prévoir si
cela va devenir dangereux dans ces régions, ce que nous ne pouvions
faire autrefois.
M. Perron: Merci. Une autre question. M. le Président. On
sait que les villes de Labrador City et Wabush sont unies par route à la
ville de Fermont. Est-ce qu'il y a un protocole signé entre les deux
gouvernements, celui de Terre-Neuve et celui de Québec, pour permettre
une meilleure protection? D'après les informations que j'ai
reçues, il y a seulement deux pompes actuellement à Fermont.
M. Bérubé: II n'y a pas, à ma connaissance,
de signature, d'entente entre le gouvernement de Terre-Neuve et celui du
Québec à laquelle j'aurais participé. Il pourrait exister
des ententes antérieures. Il n'y aurait pas d'entente signée,
mais nous lui prêtons des avions.
M. Perron: Les avions sont normalement les CL-215 qui sont
stationnés à Sept-lles, si ma mémoire est bonne.
M. Bérubé: A Baie-Comeau, depuis l'an passé.
Mais occasionnellement à Sept-lles et souvent à Mingan. Toute la
flotte d'avions-citernes, depuis quelques années, est
déplacée en fonction des risques. Cela pourrait arriver que vous
ayez 21 avions, tous situés dans l'Outaouais, parce que c'est là
que c'est dangereux et ce n'est pas dangereux ailleurs. Il peut arriver
l'inverse. Mais normalement, la base pour la Côte-Nord, c'est Baie-Comeau
depuis l'an dernier. Si cela devient dangereux dans la région de
Sept-lles, on va transférer un ou deux avions pour intervenir
directement. Si cela devient plus dangereux on peut en envoyer jusqu'à
six ou sept.
M. Perron: En d'autres mots, vous déplacez les Canso et
les CL-215 en fonction des points chauds qu'il pourrait y avoir, en tenant
compte de la température et des feux de forêt qui existeraient
dans le secteur.
M. Bérubé: C'est cela. On prévoit les feux
maintenant. On est capable de dire deux ou trois jours d'avance les secteurs
où il va y avoir des feux.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai seulement deux
petites questions assez précises. L'année dernière, vous
nous avez demandé l'adoption d'un budget de $1 million pour les
sociétés de conservation et nous avions demandé la
ventilation qui nous a été remise. On prévoit que, la
société au sud du Québec avait reçu seulement $75
000 comparativement à la Gaspésie, par exemple, qui en a
reçu $190 000. $160 000, $150 000, etc. Je présume que c'est en
raison d'une demande moins grande, ou quoi?
M. Bérubé: M. le député de Portneuf,
une question, vous avez dit: $1 million pour les sociétés de
conservation?
M. Pagé: Oui, en juillet 1977.
M. Bérubé: Ce n'est pas plutôt autour de
sept?
M. Pagé: Pour les sept sociétés.
M. Bérubé: En 1978/79, ce serait de l'ordre de $7
millions, contre $6 400 000 l'an dernier.
M. Pagé: J'ai une copie des engagements financiers, ici:
Remboursement aux sept sociétés de conservation d'une partie des
frais encourus pour la lutte contre les incendies de forêt, $1 million;
montant de l'engagement. On vous a demandé la ventilation, vous nous
l'avez donnée. Elle a été remise en novembre 1977.
contrats négociés pour divers travaux susceptibles de
réduire les risques, etc. Vous avez donné la ventilation: $190
000 en Gaspésie, $75 000 pour le sud du Québec, $110 000
Québec-Mauricie, $150 000 Côte-Nord, $160 000
Saguenay-Lac-Saint-Jean, etc. La seule qui soit en bas de $100 000 est le sud
du Québec. Je voudrais savoir pourquoi.
M. Bérubé: Le sud du Québec n'a pas le
même genre de feux qu'ailleurs étant donné que c est une
région de feuillus, une région agricole, il n'y a pratiquement
jamais de gros feux. Il y a beaucoup de petits feux. Depuis quelques
années, on a sensibilisé toutes les municipalités à
intervenir immédiatement lorsqu'il y a des feux, dans leur territoire
municipal. Cela épargne énormément d'argent, parce que
dans le fond ce sont presque toutes des forêts privées.
M. Pagé: D'accord.
M. Bérubé: Nous sommes là pour chapeauter
cette oganisation et l'assister par des cours de formation au personnel. C'est
ainsi que ça coûte beaucoup meilleur marché et que cela
coûtera beaucoup meilleur marché. D'ailleurs, vous avez toute
l'infrastructure, c'est accessible partout par chemins, pratiquement, ce qu'on
n'a pas dans les autres sociétés.
M. Pagé: Vous êtes là pour aider dans les cas
de conflagration.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Pagé: En mai 1977, toujours aux engagements financiers,
nous avons ici un contrat avec les sociétés de conservation du
Nord-Ouest de la Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean pourpermettre de mettre sur pied des équipes mobiles de combat
entraînées spécialement pour les interventions urgentes
pour la suppression des incendies forestiers, $135 000. C'était quoi, ce
programme? Combien y a-t-il de personnes visées par ce programme et
quelle sorte d'entraînement ces gens ont-ils reçu?
M. Bérubé: Une vingtaine de personnes ont
reçu un entraînement de deux semaines. Ce sont des gens qui
interviennent ordinairement deux ou trois jours après qu'on a pris des
ouvriers forestiers qui sont disponibles, qui ont l'équipement, qui ont
un contremaître. Le plus gros feu est éteint et on utilise le
reste de ces gens à des coûts moindres, parce que, bien souvent,
ce ne sont pas des ouvriers spécialisés. A ce moment-là,
ils finissent d'éteindre les fumées. Ce qui coûte cher,
quand il y a un feu, ce ne sont pas les deux premiers jours, c'est
l'étirement du feu, la présence de fumée.
M. Pagé: Mais ces activités ne sont pas normalement
prévues dans les budgets ordinaires des sociétés de
conservation?
M. Bérubé: Non, parce que c'est d'abord à
titre d'essai.
M. Pagé: Pourquoi y aller avec une somme spécifique
de $135 000 dans ce cas-là plutôt que d'y aller dans le cadre de
la programmation régulière?
M. Bérubé: C'est une incitation pour les
sociétés à avoir ce genre d'équipes mobiles. En
fait, ces sociétés sont indépendantes, jusqu'à un
certain point de vue. Pour permettre la flexibilité de ces
équipes de choc, il aurait pu arriver que des équipes, une
située dans le Lac-Saint-Jean et une dans l'Outaouais, n'auraient jamais
travaillé, parce qu'il n'y avait pas de feu. Par contre, on en a besoin
sur la Côte-Nord, on les envoie donc sur la Côte-Nord à ce
moment-là. Elles vont y travailler pendant dix, quinze jours ou trois
semaines, s'il le faut, et on les retourne ensuite au point d'origine.
Cela nous assure une malléabilité qu'on n'a pas avec la
structure actuelle. Cette année, on va en avoir aussi d'ailleurs.
M. Pagé: L'année dernière, M. le
Président, nous avons connu, à ce programme et à cet
élément, une baisse assez substantielle, à savoir $863
800. Au moment de l'étude des crédits, le budget, à
l'élément 1, programme 3, était d'environ $800 000
inférieur à ce qui avait été alloué
l'année antérieure. On constate qu'il s'est dépensé
quand même $9 199 200, à savoir $2 millions de plus que ce qui
avait été prévu. On se rappellera que, l'année
dernière, des questions vous ont été posées, on
vous a demandé pourquoi une baisse de près de $800 000. Vous avez
répondu: Je ne peux pas prévoir le nombre d'incendies.
C'est peut-être un peu défendable, mais si vous vous
étiez référé...
M. Perron: Je crois que c'est pas mal défendable.
M. Pagé: A ce moment-là, pourquoi ne pas le baisser
de $4 000 000 ou $5 000 000?
M. Perron: A ce moment-là, c'est parce que le ministre ne
voulait pas charrier.
M. Pagé: Je suis d'accord. M. le Président,
à part ça, si le député de Duplessis veut remplacer
le ministre, M. le Président, que le ministre lui donne la parole, je
conviens que le ministre des Terres et Forêts a peut-être de la
difficulté à répondre à toutes les questions qui
lui sont posées...
M. Perron: Le député de Portneuf peut donner son
petit pedigree.
M. Pagé:... s'il veut répondre tantôt, il
répondra tantôt, je lui donnerai toute la latitude et, par
surcroît, M. le Président, les réponses seraient
peut-être, je dis bien peut-être, plus précises que celles
du député de Matane.
Je conviens qu'on ne peut pas prévoir le nombre exact
d'incendies. Mais il y a quand même des budgets...
M.Bérubé: M. le député de Portneuf,
vous progressez intellectuellement.
M. Pagé: ... qui ont été votés les
autres années. L'année dernière, on s'est
inquiété d'une baisse de presque $900 000. Notre
inquiétude était certainement fondée, parce que cela a
coûté $2 000 000 de plus que ce que le ministre avait
demandé à l'adoption des crédits.
Cette année, M. le Président, on a encore une diminution
au budget par rapport à ce qui s'est dépensé. Il y a
probablement des éléments que le ministre omet, c'est là
le sens de ma question? Est-ce que vous avez fait une étude, parce que,
vous cachant derrière le tableau de l'impossibilité de la
prévision, vous ne semblez pas faire trop d'études? Ou est-ce que
vous vous êtes penché sur le problème qu'on aura à
vivre pour la
première année en 1978? Je dis problème, dans le
sens de danger d'incendie, car on aura pas mal plus de gens qui circuleront en
forêt, avec l'opération accessibilité qui a
été annoncée par le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche. Après quelques semaines de fonctionnement seulement,
M. le Président, tout le monde intéressé par cette
question est à même de constater que le degré de
fréquentation est assez élevé et qu'il y a certaines
personnes qui, malheureusement, ne démontrent pas la prudence qu'elles
devraient démontrer dans de telles circonstances.
Encore chez nous, en fin de semaine, il aura fallu l'intervention
d'anciens gardiens de clubs privés pour faire en sorte qu'il n'y ait pas
d'incendie. Il y aura plus de gens qui circuleront, le danger sera accru.
Encore cette année, M. le Président, on assiste à une
diminution, par rapport à ce que cela a coûté l'an
passé.
Ma première question: Est-ce que vous vous êtes
penché sur la question d'un plus grand nombre de personnes circulant en
forêt? Est-ce que, vu ce plus grand nombre en raison de
l'opération accessibilité, un programme ou une attention
particulière a été apportée à ces faits?
Est-ce que vous en êtes venu à des conclusions? Si oui, de quelle
nature sont-elles, puisqu'on a une diminution du budget? Est-ce à dire
que le ministre prévoit qu'en raison d'une plus grande
accessibilité, d'une plus grande fréquentation, on aura, somme
toute, encore cette année, moins de feux de forêts qu'on en a eu
l'année dernière et que les déboursés seront
évidemment moins importants?
M. Bérubé: M. le Président, pour
répondre à la question du député de Portneuf, le
budget du 3-1, l'an dernier, était de $7 286 200. En cours d'exercice,
il a été augmenté de $1 973 600. Cette augmentation
s'explique de la façon suivante. En plus grande partie, c'est un budget
de $1 million qui est venu en budget supplémentaire pour les feux de
forêt, pour le combat des incendies.
Au début de l'année, lorsque nous avions obtenu
l'enveloppe de base... On a déjà fonctionné, dans le
passé, avec une estimation, une moyenne d'environ $300 000 ou $400 000
par année pour les feux. Il a été décidé de
laisser tomber cela et de demander de l'argent au fur et à mesure qu'il
y aurait des combats d'incendie.
A part cela, votre montant de $2 millions comprend $1 million en budget
supplémentaire et $910 000 dans le cadre du budget conjoncturel qui a
été accordé au ministère et distribué par la
suite à des sociétés de conservation, pour divers travaux
reliés à la protection de la forêt.
M. Pagé: Mais il y a quand même $1 million... Le
budget spécial qui a été distribué aux
sociétés de conservation pour divers travaux, ce sont des travaux
de quelle nature?
M. Bérubé: C'est le remboursement... Le montant de
$910 000, c'est dans le programme de relance économique.
M. Pagé: D'accord. Ce montant de $910 000 dans le cadre du
programme de relance économique... Je veux bien croire que le
gouvernement a fait beaucoup d'éclat avec son programme de relance
économique, et on pourra y revenir dans d'autres ministères, M.
le Président. Je suis certain que vous aller constater qu'il n'y a pas
eu autant de relance que ce qu'on a voulu laisser croire à la population
du Québec quand cela a été annoncé.
M. Bérubé: Laissez faire la petite politique et
revenez-en au budget.
M. Pagé: Est-ce qu'on veut dire qu'on a fait de la relance
économique avec les feux de forêt? Qu'est-ce que c'est, cette
affaire?
M. Bérubé: Oui, on active les feux.
M. Pagé: Est-ce que c'est pour de l'équipement ou
pour des budgets de fonctionnement des sociétés?
M. Bérubé: Non. Le montant de $910 000 a justement
été attribué pour fournir de l'emploi, pour employer des
gens à la construction de coupe-feux pour les diverses
sociétés, pour des débarras de routes, pour faciliter
l'accès en cas de feu et toutes sortes de travaux du genre.
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez me donner la ventilation
par société?
M. Bérubé: II y a sept sociétés et
les montants versés se répartissent entre $75 000 et $145 000,
suivant la programmation fournie par chacune des sociétés, en
prévision de ce budget.
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez nous distribuer ce
document?
M. Bérubé: On peut vous le remettre. On va vous le
faire préparer et on vous le remettra demain.
M. Pagé: D'accord. Somme toute, il s'est
dépensé, pour des équipements, de l'infrastructure, votre
budget spécial, $914 000. (21 h 15)
M. Bérubé: $910 000...
M. Pagé: $910 000, qui ont été
répartis entre les sept sociétés de conservation.
M. Pagé: Cette année, on a $1 534 600 de moins que
ce qui a été effectivement dépensé.
M. Bérubé: C'est juste.
M. Pagé: $1 534 000 moins $910 000, cela donne près
de $624 000 de moins, abstraction faite de ce budget spécial. Qu'est-ce
qui se fera de moins cette année par rapport à l'année
dernière? Quelle est la raison de cette diminution de $600 000?
M. Bérubé: Je pense que le quiproquo vient de ce
qu'on n'a pas suffisamment saisi que le budget qui est présenté
ici était, en 1977/78, de $7 286 000. En 1978/79, il s'accroît
à $7 665 000.
A l'intérieur de ce budget, on couvre des dépenses comme
la gestion...
M. Pagé: Oui, mais, l'année dernière, cela a
coûté $9 199 200.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Portneuf me permettrait, M. le Président, de terminer ma réponse?
A moins que je lui redonne la parole, puisqu'il a toutes les
réponses.
M. Pagé: Non, continuez, mais, normalement, ce qui se
conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire
viennent aisément.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. M.
Jolivet: Sans interruption.
M. Bérubé: Oui, merci, M. le Président. Nous
avons donc la gestion interne. La gestion interne évidemment à
l'intérieur du ministère peut s'évaluer facilement. Nous
avons la planification de la protection contre le feu, ce que j'ai
souligné. Ceci représentant une action gouvernementale
vérifiable à l'avance, on peut donc la budgétiser.
Du côté de la liaison avec les sociétés de
conservation, à nouveau, nous avons un budget sensiblement le
même.
Là où il y a une augmentation au budget cette
année, c'est au niveau de la coordination de la lutte. Il s'agit ici de
l'acquisition et de l'opération d'un appareil de thermovision qui va
permettre la détection. C'est donc une activité à
caractère scientifique et technique dont on peut prévoir à
l'avance l'importance. Par conséquent, on peut donc prévoir le
budget et la budgétiser à l'avance.
Contribution aux coûts d'opération des
sociétés de conservation. C'est donc un poste budgétaire
supplémentaire qui a été la contribution du gouvernement
à l'administration de ces sociétés. Il s'agit
évidemment de frais prévisibles pour lesquels on peut
établir un budget. C'est ce que nous faisons.
Il existe un poste cependant pour lequel il n'y a pas de budget, c'est
le poste contribution aux frais de lutte contre les incendies. Ce poste n'est
jamais budgétisé lors de la défense des crédits. En
d'autres termes, nous avons présentement, pour 1978/79, un montant de
$100 000 de contribution pour la lutte contre les incendies. Il va de soi que
si, l'an dernier, il nous en a coûté plus de $1 million, cette
année, il y a des chances qu'il nous en coûte plus de $1 million,
d'autant plus que, comme le disait le député de Portneuf, avec le
problème de l'accessibilité à la forêt, il y aura
sans doute un très grand nombre d'incendies de forêts, un nombre
considérable.
Malheureusement, les statistiques actuelles ne nous permettent pas de
prévoir, puisque, présentement, avec l'accessibilité de la
forêt, il y a trois fois moins de feux que l'an dernier, mais,
néanmoins, pour ne pas vouloir contredire le député de
Portneuf parce que cela le rend de très mauvaise humeur, je continuerai
à prétendre qu'il y aura beaucoup plus de feux cette année
que l'an passé, mais cela n'apparaît pas au budget, parce que le
budget, cette année, n'est que de $100 000 au niveau de la contribution
aux frais de lutte contre les incendies. Dois-je le souligner à nouveau,
nous attendrons les incendies avant de faire appel au budget de
suppléance. En d'autres termes, nous ne demanderons pas à
l'Assemblée nationale de voter un budget de lutte contre les incendies,
étant donné que nous pourrions avoir une année pluvieuse,
sans foudre, c'est-à-dire sans tonnerre et sans éclair, et que
nous n'ayons pas d'incendie de forêt, cette année, auquel cas,
évidemment, tout le monde serait heureux. Par conséquent, je
pense que l'incompréhension qui semble persister au niveau de
l'élément 1 se situe au niveau de l'importance du budget
assigné comme tel à la lutte contre les incendies, qui n'est
jamais budgétisé dans l'élément que nous discutons
présentement.
M. Pagé: Vous admettez quand même que le risque
d'incendie cette année sera accru, en raison de la politique
d'accessibilité.
M. Bérubé: Présentement, en raison de la
politique d'accessibilité, il y a trois fois moins de feux cette
année que l'an dernier.
M. Pagé: On n'a pas eu le même début de mai,
voyons donc! On n'aura pas ce temps tout l'été, tout au moins, je
l'espère.
M. Bérubé: Vous voulez dire que vous voulez des
feux en forêt?
M. Pagé: Non, voyons donc!
M. Bérubé: Iriez-vous jusqu'à en
allumer?
M. Pagé: M. le Président, le petit
politicien...
M. Bérubé: Auquel cas je vais vous passer une
circulaire sur les mesures d'urgence touchant la circulation et le
séjour en forêt pour bien...
M. Pagé: M. le Président, ce que je veux vous
dire...
M. Bérubé: ... vous mettre en garde contre la
tentation d'allumer des incendies en forêt, ne serait-ce...
M. Pagé: Au contraire.
M. Bérubé:... que pour préciser que vos
prévisions d'incendies en forêt se sont
vérifiées.
M. Pagé: Bon. Il est dégonflé. C'est fini?
Une chose est certaine, tout le monde est unanime à souhaiter qu'il n'y
ait pas de feu, tout le monde est
unanime à souhaiter qu'il y ait un peu de pluie, de façon
circonstancielle et régulière merci, on a pris
connaissance de cela, ne soyez pas inquiets et qu'il n'y ait pas de feu.
Là-dessus, le ministre n'a pas de leçon de morale à me
faire, parce que j'ai toujours été très prudent,
hésitant même à fumer en forêt.
M. Bérubé: Vous ne fumez pas en forêt?
M. Pagé: Non. Toujours, la prudence est à mon
enseigne. Si le ministre avait l'occasion de voyager en forêt une fois
avec moi, d'une part, il en apprendrait, et, d'autre part, il serait à
même de constater que je suis très prudent. Ce que je veux dire,
je l'ai dit, M. le Président, et je crois que c'était à
vous que je l'avais dit, et vous aviez abondé dans le même sens
que moi, que, dans ce gouvernement, il y a plusieurs couronnes, et que les
ministères ne se parlent pas toujours. Les échanges et la
collaboration...
M. Bérubé: Avant, c'était comme cela, mais
ce n'est plus comme cela.
M. Pagé: Ah non! Un instant! Vous savez, on est à
même de voir comment vous évoluez, on vous voit aller et on est
suffisamment informé pour savoir et constater qu'il y a encore
malheureusement beaucoup de couronnes dans ce gouvernement et que les relations
entre les ministères ne sont pas toujours ce qu'elles devraient
être.
M. Bérubé: II n'y a aucun conflit entre les
Richesses naturelles et les Terres et Forêts.
M. Pagé: J'espère que les relations entre le
ministère des Terres et Forêts...
M. Bérubé: On les règle au sommet.
M. Pagé: ... et le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche sont bonnes. J'en arrive à ma question.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je pourrais, comme
président, me retrouver pour savoir qui a le droit de parole dans les
deux?
M. Pagé: Programme 3, élément 1. C'est moi,
M. le Président. Le ministre avait fait une longue diatribe
tantôt. Il n'a pas dit grand-chose, mais il a parlé longtemps. Je
voudrais vous demander si vous avez eu des échanges, des consultations
avec le ministère du Tourisme sur la question de l'accessibilité
par rapport aux dangers où cela mène, que cela implique.
M. Bérubé: Je dois souligner d'ailleurs, et ceci
est intéressant, que nous avons mis sur pied cette année, de
concert avec les sociétés de conservation, les clubs 4-H et
l'industrie forestière, une vaste campagne de sensibilisation de la
population. En effet, plus de 70% des feux et des incendies sont causés
par des chasseurs ou pêcheurs ou des amoureux impénitents de la
nature qui continuent à fumer, en dépit de toutes les indications
sur les paquets de cigarettes, à savoir que c'est mauvais pour leur
santé, et en dépit de toutes les taxes que nous nous
efforçons d'imposer sur chaque cigarette qu'ils fument.
M. Pagé: Vous devriez fumer, vous seriez peut-être
plus calme. C'est un conseil à vous donner.
M. Bérubé: Par conséquent, compte tenu du
très grand nombre d'incendies causés plus de 70% sont
causés par des Québécois imprudents il y a donc eu
une vaste campagne de sensibilisation à laquelle tous les organismes
soucieux de l'environnement se sont joints, de manière qu'il y ait un
message unifié qui passe par les media d'information, sous forme
d'annonces télévisées, d'annonces à la radio. Je
dois souligner d'ailleurs que les seuls organismes qui ont refusé d'y
participer sont ceux sous la juridiction du gouvernement fédéral,
ce qui est étonnant d'ailleurs, compte tenu de la très grande
collaboration que le gouvernement fédéral offre toujours à
tous les gouvernements provinciaux, comme tout le monde le sait, mais,
néanmoins, ce sont les seuls organismes au Québec qui ont
refusé...
M. Pagé: Est-ce que les gouvernements provinciaux donnent
une bonne collaboration au gouvernement fédéral?
M. Bérubé: ... de participer à ce programme
de conservation. Je pense que c'est important, puisque l'effort qui sera fait
cette année dans ce domaine de la conservation sera un effort beaucoup
plus cohérent, beaucoup plus unifié, puisque tous les organismes
présenteront le même message. Il y a un format type. L'impression
que cela donne, c'est que je pense que ça pourrait contribuer de
façon significative à rendre les Québécois beaucoup
pius conscients des dangers des incendies de forêts et, par
conséquent, à protéger la forêt, et je suis
convaincu, d'ailleurs, que le député de Portneuf donnera son
entier appui à cette campagne.
M. Pagé: M. le Président, non seulement je donne
mon appui à de telles campagnes, mais je suis conscient que c'est de
l'argent bien dépensé, que ça pourra aboutir à une
meilleure sensibilisation du public et à lui faire prendre conscience
des dangers et de ce que cela peut impliquer en termes de dommages
irréparables pour ce qui est brûlé et aussi en termes de
piastres et de personnes.
Mais ce n'était pas là le sens de ma question. Je n'ai pas
demandé s'il y avait une campagne de publicité et de promotion.
Je présumais qu'il y en avait une. Je vous ai demandé: Est-ce
qu'il y a eu des échanges avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, sur le problème particulier de
l'accessibilité? La teneur de ces échanges, cela a
été quoi?
M. Bérubé: II y en a eu un hier, effectivement. Il
y en a presque quotidiennement. Depuis l'an dernier, effectivement, tous les
gardes-chasse et gardes-pêche sont mis à contribution lorsque nous
fermons un secteur de forêt en particulier. Cette année, en
particulier, ils vont nous aider à faire de la publicité pour
nous. Ils vont faire pratiquement du porte-à-porte pour le
ministère des Terres et Forêts. Alors, les liens avec ce
ministère sont excellents depuis l'an dernier.
M. Pagé: Je suis d'accord. Ce que je veux dire par
là...
M. Bérubé: Vous noterez: depuis l'an dernier.
M. Pagé: Oh! M. le Président, vous savez, on n'a
pas de leçons de morale à recevoir à ce chapitre-là
du ministre...
M. Bérubé: On n'a pas tellement essayé de
vous donner des leçons de morale.
M. Pagé: S'il y a eu quelque chose de fait, ce n'est
certainement pas sur l'impulsion du ministre, si je me réfère
à l'hésitation clairement démontrée lorsque je lui
ai posé la question, vous savez. Ce n'est certainement pas lui qui a
pensé à ça, si jamais il a été le premier ou
si jamais c'est la première fois que ça se fait.
M. Bérubé: C'est parce que vous avez oublié
qu'il y avait eu un changement de sous-ministre...
M. Pagé: Ce que je veux dire, c'est que...
M. Bérubé: ... l'ancien sous-ministre aux Terres et
Forêts étant maintenant au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Pagé: Le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche s'est basé, pour l'implantation des zones
d'exploitation contrôlée, sur des p'robabilités de
fréquentation accrue dans ces secteurs-là. Cela a
été clairement indiqué par le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche.
Ce ne sont pas des probabilités, je présume, tout au
moins, si je me réfère à la capacité du ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, non seulement à sa
capacité, mais surtout à la capacité de ses
collaborateurs. Je présume que, lorsqu'ils ont déterminé
que ces territoires étaient délimités, cela a
été fait à l'appui de probabilités, de
prévisions. D'ailleurs, c'est ce que le ministre nous a dit.
On peut donc présumer que, si des territoires ont
été délimités comme devant recevoir plus de
citoyens et que cela nécessitait, de la part du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, une meilleure protection, on peut
présumer, par le fait même, qu'il y aura plus de circulation dans
ce secteur-là. Est-ce que le ministère des Terres et Forêts
a eu l'occasion de s'asseoir avec les gens du ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche pour voir, tout au moins, les prévisions
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, en termes
de circulation? Qu'est-ce que c'est? Est-ce que cela vous a permis de vous
ajuster en conséquence, parce que, tout à l'heure, vous parliez
de prévisions, au début de la discussion et des questions
à l'élément 1 ? Somme toute, est-ce qu'il y a une relation
ou s'il n'y en a pas?
M. Bérubé: II peut y en avoir une; on vous dira
ça à la fin de l'été, mais, chose certaine, c'est
que les territoires, ce sont les mêmes que ceux de l'an dernier. Ils sont
tous survolés par des avions, environ une cinquantaine d'avions qui
commencent à travailler vers 10 heures le matin, qui détectent
les feux, et la rapidité avec laquelle ils détectent les feux et
avec laquelle on peut se rendre à l'endroit des feux, cela ne changera
pas. C'est la même quantité d'avions. L'avion peut
découvrir un peu plus de feux que l'an dernier.
Si ce n'est pas concentré dans un secteur, la flotte
d'avions-citernes et les équipements au sol vont suffire. Ce ne sont pas
deux ou trois feux de plus à chaque mille carré, si vous
voulez... Si jamais cela arrivait, ce sera toujours dans les mêmes
secteurs. Cela va faire peut-être un plus grand nombre de feux, mais les
territoires qu'on couvrira vont être les mêmes. Le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche aura plus de monde dans ces
territoires. Cela a été annoncé. Officiellement, moi, je
ne le sais pas, mais cela a certainement été annoncé. Il y
aura plus de gens par mille carré que l'an dernier pour ces territoires,
qui vont être plus achalandés, si vous voulez.
M. Pagé: Vous êtes conscients que l'augmentation de
la circulation accroît le risque, mais il n'y a rien de particulier qui
se fait, compte tenu de ça.
M. Bérubé: II y a des campagnes de
publicité...
M. Pagé: D'accord.
M. Bérubé: ... qui seront plus importantes de ce
côté-là, beaucoup plus importantes...
M. Pagé: Mais pas au-delà de ça.
M. Bérubé: Pas au-delà de ça.
Maintenant, j'ai l'impression que, depuis quelques années, on
réussit à éduquer les gens, avec des campagnes de
publicité de mieux en mieux organisées. (21 h 30)
M. Pagé: Merci, M. le Président, quoique je me
permettrai de souhaiter à la fin de l'étude de
I'élément 1 qu'il y ait de ces échanges entre le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère des Terres et Forêts. Je conviens que c'est difficile
à prévoir. Je conviens que vous ne pouvez pas savoir à
quoi vous attendre au début d'une année, mais je demeure
convaincu qu un échange avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche vous permettrait de prévoir où il y
aura plus de circula-
tion et par le fait même où il y aura une augmentation du
risque par rapport aux autres années.
C est un voeu que je formule en espérant que le ministre saura y
donner suite.
Mon voeu est enregistré, M. le Président? J'aimerais mieux
que le ministre me le dise.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions
à l'élément 1 du programme 3?
M. Pagé: En ce qui concerne la flotte d'a-vions, y a-t-il
des modifications cette année? Y a-t-il des projets particuliers
là-dessus?
M. Perron: J'ai posé la question tout à I'heure. Il
n'y a pas de modification. Si vous aviez écouté, M. le
député de Portneuf, vous auriez votre réponse. Vous
n'auriez pas eu besoin de poser votre question.
M. Pagé: M. le Président, j'nvoque le
règlement. Le député de Duplessis...
M. Perron: Quel règlement? Quel numéro?
M. Pagé: ... n'a pas à intervenir, n'a pas à
faire de commentaires sur le fait qu'il ait posé des questions ou
non.
M. Bérubé: En vertu de I'article 106, la question
de règlement du député de Portneuf est totalement
inadmissible.
M. Pagé: Vous croyez? Depuis quand présidez-vous?
M. le Président, rappelez-le à I'ordre!
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on va laisser
passer cet incident.
M. Pagé: J'en conclus que le ministre a au moins appris la
teneur de l'article 106. Cela lui aura pris la commission parlementaire des
terres et forets pour rapprendre. C'est au moins cela. Un article dans combien
de mois, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Vous vous êtes servi de
l'article 100 pour prendre la parole, j'espère.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Programme 3,
élément 1, adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Programme 3,
élément 2, adopté?
M. Pagé: Non, nous avons quelques questions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
Lutte contre les insectes et les maladies des
arbres.
M. Pagé: On va feuilleter tout cela. Dans son
introduction, le ministre a fait état d'une diminution du budget
à l'élément 2. Comment tout cela s'explique-t-il? Je
conviens qu'on n'assiste certainement pas à une disparition du
phénomène de la tordeuse, mais la diminution est-elle telle que
cela puisse impliquer une diminution du budget de l'ordre de $357 500?
M. Bérubé: Cela m apparaît difficile
d'identifier toutes les causes, puisque c'est lié à un grand
nombre de causes. Concernant I'arrosage aérien, on ne peut pas vraiment
parler d'une diminution puisqu'en 1977-78 le montant était de $4 787
000. Cette année, il est de $4 674 000, compte tenu de l'inflation,
évidemment, on peut parler d'une réduction de l'arrosage.
Quant à l'explication qu on peut apporter pour ces
réductions, je vois que pour I'organisation des programmes de lutte,
nous avons réduit les contrats d'impression de cartes du fait que les
blocs d'arrosage étaient semblables à ceux de I'année
dernière. Là. il y a une réduction d'à peu
près une vingtaine de millions.
Au niveau de la mise en place des installations matérielles, il y
a une diminution sensible dans la mesure où les bases d opération
seront les mêmes que I'année dernière. Par
conséquent, nous n'avons pas besoin d'acheter autant d
équipement, ce qui fait passer le montant de $297 000 à $147 000:
Donc, à nouveau, on va chercher $100 000. Donc, pour les arrosages, il
n'y a pas beaucoup de variation ou peut-être un montant de $100 000.
Par contre, il y a accroissement au niveau du contrôle des
arrosages, de manière à vérifier s'il y a des arrosages
qui sont mal répartis. Gestion des véhicules. Il y a une
diminution dans le remplacement des véhicules, ce qui fait passer le
montant de $247 000 à $175 000, donc, M. le Président, lorsqu'on
cherche à identifier les causes de la réduction du montant, on
constate qu'essentiellement cette réduction se situe au niveau de
l'organisation des programmes de lutte, des installations matérielles
qui sont déjà en place. Finalement, par contre, opposée
à une augmentation du contrôle des arrosages, il y a une
réduction au niveau de la gestion des véhicules.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, il y a eu un peu beaucoup
de controverses sur cette question des arrosages. Je lisais récemment
dans le Peuple-Courrier du 22 mars dernier, que l'arrosage contre la tordeuse
allait débuter le 10 mai, soit il y a quelques jours. M. le
Président, j'aimerais connaître la position du ministère en
ce qui concerne les recherches qui sont peut-être faites, ou qui sont
commandées ou qui sont appelées sur les effets
de ce fameux produit vous m'excuserez je l'appelle le
fénitrothion. Vous m'excuserez, que voulez-vous, je ne suis qu'un humble
avocat, je ne suis pas un chimiste ou un ingénieur. Dieu m'en garde,
dans certains cas, et...
M. Bérubé: C'est la première fois que
j'entends un avocat humble, M. le Président.
M. Pagé: L'humilité, M. le Président, cela
me caractérise.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Portneuf, pas de publicité, c'est une commission parlementaire.
M. Pagé: L'humilité me caractérise. M.
Bérubé: Parfait, M. le Président.
M. Pagé: J'aimerais savoir quelles sont les études
que vous avez faites là-dessus, parce qu'il y a eu quand même des
controverses à savoir que le Québec et une autre province
utilisaient ce produit et que cela pouvait avoir des effets néfastes et
même être la cause directe ou indirecte de certaines maladies. Le
ministère des Terres et Forêts a-t-il eu l'occasion de se pencher
là-dessus depuis la dernière année? Qu'est-ce qui a
été fait et à quelle conclusion le ministère en
arrive-t-il?
M. Bérubé: II faudrait préciser le mot
recherche. Il s'effectue des recherches comme nous l'avons vu au programme 1;
malheureusement vous étiez absent, et vous n'avez donc pu suivre le
déroulement de...
M. Pagé: Effectivement, j'étais absent ce matin, et
pour cause, d'ailleurs.
M. Bérubé: Pour cause... Je n'essaie pas de vous
reprocher en aucune façon vos absences.
M. Pagé: II ne faudrait pas.
M. Bérubé: En fait, vous n'y seriez jamais qu'on ne
verrait pas la différence.
M. Pagé: Ah seigneur! Vous ne disiez pas cela à la
fin de la commission parlementaire des pâtes et papiers. D'ailleurs on en
reparlera au programme 4. Vous verrez que j'ai probablement été
plus présent que vous dans mes conclusions.
M. Bérubé: Alors, M. le Président, il
faudrait peut-être que le député de Portneuf précise
sa question concernant la recherche. Qu'est-ce qu'il entend par recherche, les
études, par exemple, de répartition d'insecticide, l'étude
de l'impact à court terme sur la faune, sur l'écologie des
territoires arrosés, ou parle-t-il de la recherche effectuée pour
remplacer le fénitrothion par le bacillus turigensis?
M. Pagé: Le ministre est en train de résumer ma
question.
M. Bérubé: N'est-ce pas? Ce qui montre bien
que...
M. Pagé: On est parfois sur la même longueur
d'ondes.
M. Bérubé:... ce que l'on conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.
Et j'attends toujours une question précise. Sur quoi voulez-vous que
l'on parle?
M. Pagé: On va parler de l'effet sur l'environnement,
premièrement. Parce que, pour ajouter à ma question, M. le
Président, il y a eu un comité d'experts qui a été
mis sur pied l'année dernière ou en 1976 qui en est arrivé
à certaines conclusions pendant l'année 1977. On se rappellera
que ce comité d'experts avait, en quelque sorte, énoncé de
sérieuses réserves à l'égard du gouvernement du
Québec sur ce qui s'y faisait et je présume, M. le
Président, que, suite à cela, le ministre des Terres et
Forêts, dans la responsabilité qu'il se définit, a
certainement commandé, de la part de ses collaborateurs
immédiats, des recherches approfondies ou plus spécifiques sur
certains sujets. Alors, le sens de ma question est peut-être
général, mais j'aimerais savoir ce qui s'est fait? Est-ce que
vous-même, comme ministre des Terres et Forêts, suite à la
parution du rapport du comité d'experts qui a siégé au
niveau du Canada sur cette question... Il y a d'ailleurs eu des articles dans
les journaux, on se rappellera, le 30 août 1977, un article signé
par M. Gilles Provost, dans le Devoir, qui disait: "Le Québec arrose ses
forêts avec inconscience".
Je présume que si j'étais ministre des Terres et
Forêts et que je voyais un article comme ça, premièrement,
je le lirais et deuxièmement, je me poserais des questions et je
demanderais à mes collaborateurs si ce qui est dit est vrai. Pourquoi ne
devrais-je pas me 3oucier d'un tel article? Qu'est-ce que vous avez fait?
M. Bérubé: Là-dessus, je pense
malheureusement que le député de Portneuf a effectivement lu les
journaux, mais il n'est peut-être pas familiarisé
entièrement avec le dossier.
M. Pagé: Ce n'est pas une question de familiarité
avec le dossier, M. le Président, c'est une question... Je l'ai dit au
début...
M. Bérubé: M. le Président... M.
Pagé: M. le Président...
M. Bérubé: M. le Président, l'impertinence
du député de Portneuf qui m'interrompt continuellement...
M. Pagé:... j'invoque l'article 46 du règlement. Le
ministre n'a pas à m'imputer de motif...
M. Bérubé: Article 46?
M. Pagé: Oui, parce que je n'ai pas le droit de soulever
de question de privilège ici, mais j'ai le droit de soulever une
question de règlement, que cela vous plaise ou non.
M. Bérubé: ... question de règlement.
M. Pagé: Je vous ai dit au début que je
n'étais pas un spécialiste de ces questions...
Le Président (M. Laplante): Soulevez votre question de
règlement, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: J'ai simplement dit, M. le Président, que
le ministre vient de dire que je n'étais pas familier avec ce dossier.
Je lui ai dit que je n'étais pas un expert. On ne peut pas s'attendre
qu'il y ait des experts pour toutes les questions aussi techniques et aussi
précises soulevées à cette table. D'ailleurs, M. le
Président, si c'était un critère...
M. Bérubé: Mais M. le Président, pour un
humble avocat; M. le Président...
M. Pagé: ... d'élection, le député de
Matane n'aurait jamais été élu de sa vie. J'ai dit au
ministre que je ne connaissais pas le fond de ce dossier parce que je
n'étais pas un spécialiste. Je lui ai demandé quelles sont
les recherches qui ont été faites, est-ce qu'il y a eu des
recherches de faites? Parce que le sujet a été discuté
abondamment l'année dernière, on a même voulu...
M. Bérubé: M. le Président...
M. Pagé: ... blâmer le gouvernement du
Québec. J'ai l'article du journal du 30 août 1977...
M. Bérubé: Quelle question de règlement, M.
le Président?
M. Pagé: ... qui dit: "Le Québec arrose ses
forêts avec inconscience."
M. Bérubé: II n'y a pas de question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez fini
votre question de règlement, Monsieur?
M. Bérubé: M. le Président...
M. Pagé: J'en arrive... Je vais lui
réitérer, parce qu'il ne l'a pas comprise.
M. Bérubé: M. le Président, il n'y a pas de
question de règlement pour l'instant.
M. Pagé: J'arrive à la question, M. le
Président, je vais lui réitérer. Suite à la
parution de tels articles, la controverse qu'il y a eue entre ce comité
d'experts qui a siégé au niveau du Canada, qui a émis des
commentaires sur le travail fait par le gouvernement du Québec...
M. Bérubé: M. le Président, c'est un
plaidoyer que le député de Portneuf...
M. Pagé: Est-ce que le ministre des Terres et Forêts
a commandé des études et des recherches sur les effets de ce
produit?
M. Bérubé: ... M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Portneuf nous fait un plaidoyer présentement,
sans invoquer aucun article du règlement et il sait très bien
qu'il ne peut invoquer de question de privilège. Il pourrait, en vertu
de l'articie 96, corriger certainement, à la fin de mon intervention,
mais il n'a pas à m'interrompre continuellement.
M. Pagé: Je n'ai pas invoqué de question de
privilège ici, et je le sais. Je n'ai pas besoin de vous pour me le
montrer, M. le ministre, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, j'ai pris
l'intervention du député de Portneuf comme une
répétition de la question qu'il voulait vous poser, mais avec des
explications supplémentaires. Si vous avez une réponse à
donner, je vous inviterais...
M. Perron: ... il a posé la question
déjà.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Comme je le
disais tantôt, le député de Portneuf, malheureusement,
n'est pas vraiment familier avec ce dossier. D'ailleurs, j'ai été
surpris de voir sa réaction, puisque s'étant
présenté comme un humble avocat, je trouve sa fierté
facilement excitable par une phrase toute innocente. C'est que...
M. Pagé: Qui vous caractérise.
M. Bérubé: ... effectivement, M. le
Président, ce n'est pas à un comité formé par le
gouvernement canadien de corriger l'article ou les articles de journaux
auxquels il réfère. Il s'agit d'une déclaration d'un
monsieur McTaggart-Cowan qui est membre du Conseil national des recherches et
qui, sur ce comité du Conseil national des recherches a participé
à une discussion. Je dois dire que le rapport publié par ce
comité était un rapport extrêmement vague, ne portant
aucune accusation contre la tordeuse de bourgeons d'épinette et, tout au
plus, soulignant et ceci avec raison d'ailleurs que, si on
connaissait bien l'impact, à court et à moyen termes, des
arrosages, au contraire il semblait bien qu'il n'y avait pas
particulièrement de connaissances concernant les effets à long
terme.
Cependant, M. McTaggart-Cowan devait également se lancer dans un
grand nombre d'affirmations, gratuites, d'ailleurs, dois-je dire, à
l'effet que tous les Etats américains abandonnaient la
fénitrothion, alors qu'au contraire, après vérification
des assertions de M. McTaggart-Cowan, nous avons pu constater que,
contrairement à ce qu'il affirmait, il y avait même des usines qui
se construisaient aux Etats-Unis pour la fabrication de fénitrothion et
que bien qu'utilisé sous un terme technique différent aux
Etats-Unis, c'était bel et bien le même produit. (21 h 45)
Je ne citerai pas un certain nombre d'autres inexactitudes que nous
avons pu relever.
Donc, ce que l'on peut retirer de ce commentaire, c'est que si M.
McTaggart-Cowan s'est cru en mesure de faire certaines déclarations, par
contre, les membres de son comité du Conseil national de la recherche
qui ont désavoué certaines de ses déclarations, et qui
siègent également sur un comité d'Environnement Canada qui
fait l'ensemble des recherches portant sur l'utilisation d'insecticides et du
fénitrothion en particulier et dont les travaux permettent
d'établir les dosages recommandés au Québec en
particulier... donc les travaux de ce comité ne corroborent pas les
assertions du docteur Cowan. Ceci nous a permis de constater qu on pouvait
faire énormément d affirmations sur le sujet, mais que ces
affirmations n étaient souvent pas fondées.
Concernant l'impact à court et à moyen termes, le
ministère, par exemple, a mis sur pied, de concert avec je ne sais
combien d autres ministères si vous voulez me repasser la feuille
que vous aviez tantôt, où il y avait le nombre de
ministères indiqués... J'y suis. Le comité est
composé de 16 représentants des différents
ministères, tant provinciaux que fédéraux, et comprend
deux sous-comités dont l'un est chargé de surveiller les
conséquences écologiques des arrosages, et l'autre, de prescrire
les mesures de sécurité destinées au personnel
préposé à la manutention des insecticides.
C'est donc ce comité interministériel et
intergouvernemental, regroupant des biologistes et des chimistes du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des services
de protection de l'environnement, du ministère des Richesses naturelles,
du ministère des Terres et Forêts, de plusieurs organismes
d'Environnement Canada, qui travaille justement à l'élaboration
de techniques de manipulation du fénitrothion. C'est donc à la
lumière de ces renseignements que nous prenons les décisions
concernant ces programmes d'arrosage.
Il faut cependant reconnaître que nous n'avons pas vraiment de
connaissance des effets à long terme du fénitrothion, bien que le
fénitrothion étant un insecticide utilisé depuis un
très grand nombre d'années, c'est, de loin, l'insecticide pour
lequel on a le plus de connaissances présentement et son remplacement,
par un autre insecticide chimique, et peut-être même biologique
cela est peut-être moins sûr ne nous garantirait
certainement pas une meilleure protection de l'environnement.
M. Pagé: M. le Président, j'ajouterai à cela
que le ministre aurait dû répondre cela à la
première formulation de ma question. On aurait perdu moins de temps. La
réponse qui est donnée par le ministre me satisfait, sur cette
question.
Toujours à l'élément 2, si je me
réfère aux engagements financiers de juin 1977, parmi les
contrats de services, il y a eu un contrat avec le fonds de recherche
forestière de l'Université Laval pour connaître les
caractéristiques des peuplements où l'actuelle
épidémie de la tordeuse a commencé. Le montant de
l'engagement, c'était de $97 000. J'aimerais savoir si l'étude
est terminée, s'il y a des résultats qui sont connus
jusqu'à maintenant et si le ministre accepterait de déposer cette
étude.
M. Bérubé: Allez-y.
Le rapport préliminaire est sorti. Il semble y avoir des
épicentres, mais ce n'est pas très concluant. C'est que le
même type de peuplement, situé dans l'Outaouais, peut
réagir d'une certaine façon à la tordeuse et le même
type, ailleurs, va réagir d'une autre façon. Ces gens ont au
moins trouvé cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis, sur le même sujet?
M. Perron: Oui, exactement sur le même sujet.
M. Pagé: L'étude préliminaire, le rapport
sommaire, est-ce que vous accepterez de nous en remettre une copie?
M. Bérubé: Oui. M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, merci. Pour ce qui a trait aux
endroits qui seront arrosés cette année, est-ce que vous pourriez
me dire, M. le ministre, quels sont les endroits qui seront les plus
touchés par ces arrosages? Première question. Selon la
réponse...
M. Bérubé: Naturellement, c'est presque
exclusivement la Gaspésie, à l'exception de très petites
taches comme le camp Mercier dans le parc des Laurentides, à la demande
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, pour
protéger le centre de ski de fond, la forêt Montmorency, à
la demande de l'Université Laval qui veut protéger sa forêt
et quelques peuplements semen-ciers. En fait, ce sont de très petites
taches; c'est presque exclusivement en Gaspésie, au-delà de 3
millions d'acres seront traités avec de l'insecticide chimique.
M. Perron: On ne la trouve pas du tout à l'île
d'Anticosti. Est-ce que la tordeuse existe sur l'île d'Anticosti
actuellement?
M. Bérubé: Oui.
M. Perron: On n'y touche pas du tout cette année?
M. Bérubé: Non.
M. Perron: On prétend que la tordeuse d'épi-nette
est à la baisse dans le Québec actuellement. Est-ce que c'est un
fait ou est-ce qu'on attend que cela prenne une remontée vertigineuse
à un moment donné?
M. Pagé: Cela a été dit tantôt, M. le
député de Duplessis, si vous aviez écouté.
M. Perron: Je ne parle pas au député de Portneuf,
je parle à M. le Président.
M. Pagé: Un à un.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Perron: Quand je voudrai poser une question au
député de Portneuf, je traverserai la table et je la lui poserai
en pleine face.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! M. le
député de Duplessis, est-ce une question que vous posez au
député de Portneuf?
M. Pagé: Cela viendra avant longtemps parce que le
gouvernement aura changé avant longtemps.
M. Perron: Non, ce n'est pas à lui que je la pose, M. te
Président, je la pose au ministre.
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi. Posez-la au
président pour commencer.
M. Perron: D'accord, je pose la question à M. le
Président pour qu'il la transfère au ministre.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Pagé:
C'est intercédé.
M. Bérubé: Cela fait deux fois, M. le
Président, que le député de Portneuf nous parle du moment
où il sera nommé ministre des Terres et Forêts.
M. Pagé: Cela dépendra du premier ministre.
M. Bérubé: Evidemment, j'ai l'impression qu'il
ambitionne sérieusement le poste.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre!
M. Pagé: S'il se réfère à
l'expérience, au potentiel, à la capacité...
M. Bérubé: Néanmoins, il devrait avoir
l'humilité d'un avocat qui se respecte et rester tranquille.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Duplessis, vous avez encore une question?
M. Perron: J'ai posé ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, c'est à
vous d'y répondre.
M. Perron: J'ai demandé si c'était à la
baisse ou à la hausse pour ce qui a trait à la tordeuse
d'épinette. J'espère que le député de Portneuf va
se mêler de ses affaires, M. le Président.
M. Bérubé: L'analyse des masses d'oeufs, en octobre
et novembre, démontrait que l'épidémie est en
régression en Gaspésie et de récentes analyses montrent
davantage qu'elle est en régression. Il semble que les petites larves
ont eu de la difficulté, cet hiver, en Gaspésie. Normalement, si
cela se comporte comme les autres épidémies, on peut dire que,
pour la Gaspésie, c'est en régression.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions sur
l'élément 2 du programme 3?
M. Bérubé: Peut-être qu on devrait souligner
que, lorsqu'on parle de régression, j'ai sous les yeux des chiffres
qu'il peut être intéressant de souligner, lorsqu'on regarde les
aires infestées, on constate que si, en 1968, il s agissait de 375 000
acres, en 1971, cette superficie escaladait à 13 millions, pour
atteindre en 1974 un niveau de 79 600 000, montait à 87 000 000 en 1975,
rebaissait en 1976 à 81 000 000 et restait stable essentiellement
à 81 000 000 en 1977. On ne peut donc parler d une régression,
mais plutôt d un plafonnement indicatif d'une certaine stabilisation de
la croissance ou de la progression de I'épidémie.
Le Président (M. Laplante): Elément 3,
adopté?
M. Pagé: Elément 2, adopté. A
I'élément 3, seulement une brève question pour faire part
de notre appréciation de l'augmentation du budget. J'aimerais savoir
s'il est de l'intention du ministère de poursuivre I'aide à
certains organismes, tels que l'Association forestière
québécoise Inc., l'Association Morgan, le Centre d
interprétation de la nature du mont Saint-Hilaire, l'Ecole de sciences
naturelles d'Arundel. J'aimerais qu'il y ait un dépôt de la
ventilation des sommes qui seront ainsi versées. C est là le sens
de la seule question que j'aurai à I'élément 3.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Laplante): II vous a demandé un
dépôt de documents. Vous avez dit oui.
M. Bérubé: II a posé plusieurs
questions.
M. Pagé: Est-ce que vous allez continuer? Quels montants
pourriez-vous déposer?
M. Bérubé: II n'y a vraiment rien de secret. M.
Pagé: II n'y a de secret pour personne.
M. Bérubé: Non. La transparence, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Oui, vous savez, il faut vous l'arracher, votre
transparence, et à quel prix et avec combien d'efforts!
M. Bérubé: Ah mais...
M. Pagé: C'est nous qui vous rendons transparents, vous
savez.
M. Bérubé: Je vais essayer de ramasser les
renseignements.
M. Pagé: Vous pourriez vous engager à les
déposer demain?
M. Bérubé: Oui.
M. Pagé: D'accord, M. le Président, avant d'adopter
l'élément 3, je voudrais, comme me l'a reproché le
ministre tout à l'heure, celui-ci m'a reproché de... tout au
moins, a voulu laisser entendre que j'avais été absent ce matin.
Effectivement, j'étais absent. On m'a informé, M. le
Président, qu'il y avait eu un arrangement là, j'aimerais
peut-être qu'il écoute soit que tous les partis avaient
convenu, à savoir l'Opposition officielle, l'Union Nationale et le
ministre, de reporter l'étude du programme 4 à jeudi et que,
demain, vous aborderiez les programmes 5, 6 et suivants.
M. Bérubé: C'est la première fois que nous
entendons parler de cet accord unanime.
M. Pagé: M. le Président, je dois vous dire que je
n'ai pas participé à telle négociation, à tel
échange, je vous l'ai dit au début. Demain, M. le
Président, étant donné que j'ai à poser des
questions sur le programme 4, vous savez, même si on a beaucoup de
capacités, on n'a pas encore le don d'ubiquité, je dois
être à la commission parlementaire des communications pour
l'étude du problème de la grève au Soleil ici, à
compter de 10 heures. C'est dans ma région, ça me concerne
particulièrement et, par surcroît, je suis membre de la commission
parlementaire du travail. Alors, j'ai échangé avec mon
collègue de Montmagny-L'Islet, avec nos recherchiste, qui m'ont appris
qu'il y aurait eu des échanges pour accepter que le programme 4...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous, M. le
député de Portneuf, on sera bons joueurs...
M. Pagé: ... s'étudie jeudi.
Le Président (M. Laplante): Le président actuel,
qui est moi-même...
M. Pagé: Je le présume.
Le Président (M. Laplante): ... n'est pas au courant de
cette entente. Ce matin, vous n'y étiez pas, vous non plus. Je pense
qu'il serait sage, demain à 10 heures, de faire prendre la
décision par le président régulier de cette
commission.
M. Pagé: On peut la prendre ce soir, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vu qu'il manque actuellement
un autre élément, l'Union Nationale n'est pas ici, au moment
où on se parle.
M. Pagé: L'Union Nationale a montré son accord.
Le Président (M. Laplante): Ecoutez! Je ne vois pas la
différence, à savoir pourquoi...
M. Pagé: Programme 3, élément 3,
adopté quant à nous, M. le Président.
Le Président (M. Laplante):... on adopterait le programme,
on ajournerait la séance à demain, 10 heures, et demain, à
10 heures...
M. Pagé: Demain à 10 heures, je n'y serai pas, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): ... vous pourriez le faire
proposer par vos collègues.
M. Pagé: Oui, mais demain, M. le Président, je n'y
serai pas.
M. Bérubé: M. le Président, pour autant que
nous sommes concernés, et en geste de bonne volonté, le
député de Portneuf reconnaîtra que nous sommes
continuellement d'accord avec ses propositions raisonnables je dis bien
raisonnables et que, par conséquent...
M. Pagé: Lesquelles sont généralement et
souventefois raisonnables, vous savez. Vous devriez les étudier plus
attentivement.
M. Bérubé: Enfin, il exagère parfois, un
tantinet, sur les bords, mais non, je n'aurais aucune objection si,
effectivement, cela peut rendre service au député de Portneuf de
retarder l'étude du programme 4...
M. Pagé: 4.
M. Bérubé: ... à jeudi...
M. Pagé: D'accord.
M. Bérubé: ... puisque, de toute façon, nous
avions convenu d'une chose, savoir que REXFOR
serait invitée à témoigner au début du
programme 4, jeudi, c'était le seul élément sur lequel
nous étions d'accord, mais, néanmoins, nous sommes certainement
d'avis que l'on peut étudier les programmes 5, 6, 7, 8 et laisser le
programme 4 pour jeudi.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, j'en
conclus que le programme...
M. Pagé: M. le Président, la gentillesse qui
caractérise le ministre ce soir devrait l'identifier tout le temps.
Le Président (M. Laplante): Merci!
M. Bérubé: Je suis de fort belle humeur ce soir, M.
le député de Portneuf. Profitez-en.
Le Président (M. Laplante): Si je peux conclure, le
programme 4 sera reporté à jeudi.
M. Pagé: Oui. Programme 3. Elément 3.
Le Président (M. Laplante): Cela va? Dans ce cas,
j'appelle le programme 5. Vous m'avez dit que le programme 3 était
adopté en entier.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord. J'appelle le
programme 5.
M. Pagé: Le ministre a-t-il des commentaires à nous
faire sur le programme 5? On serait censé ajourner M. le
Président. Il est 22 heures.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont ajournés à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 59)