Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 30 janvier 2025
-
Vol. 47 N° 76
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d’environnement
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Blouin) : Bonjour
à tous. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte. La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Alors, M. Derraji, de Nelligan, remplace Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) est
remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, nous entendrons ce matin les témoins suivants : le Front
commun québécois pour une gestion écologique des déchets et L'Union des
producteurs agricoles.
Alors, d'entrée de jeu, je souhaite la
bienvenue aux représentants du Front commun québécois pour une gestion
écologique des déchets. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre exposé, après quoi suivra la période d'échange avec les
membres de la commission. Alors, je vous invite tout de suite à vous présenter
et à enchaîner avec votre exposé.
M. Ménard (Karel) : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. M. le ministre. Mmes, MM. les députés, bonjour, merci
de nous avoir invités à cette commission. Mon nom est Karel Ménard, je suis
directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des
déchets, et je suis accompagné de Jérémie Rochon, agent de recherche et de
développement à notre organisme.
Brièvement, je vais présenter justement le
Front commun, pour faire plus court. On existe depuis 1991, on a environ 150 membres
répartis à travers le Québec, des membres qui sont sensibilisés à la gestion
écologique des déchets. Un des mandats qu'on a, à part celui d'accompagner les
membres dans diverses problématiques qu'ils vivent en région, c'est d'accompagner...
11 h 30 (version non révisée)
M. Ménard (Karel) : ...également
les divers paliers de gouvernement à adopter des mesures en gestion écologique
des matières résiduelles. On organise également la Semaine québécoise de
réduction des déchets à chaque année, à la fin du mois d'octobre. Et on a
quatre principes qui guident nos actions, donc le principe de la
régionalisation, celui de la responsabilisation, de la démocratie et des trois
R : réduction, réutilisation, recyclage.
Dans le cadre du projet de loi n° 81, on
va aborder deux aspects qui nous touchent plus particulièrement, donc celui qui
concerne les matières résiduelles ainsi que les consultations publiques.
Au niveau des matières résiduelles,
premièrement, le point concernant le bannissement des plastiques à usage
unique, naturellement, nous sommes en faveur, mais on aimerait bien que ça soit
élargi, la notion de bannissement des produits à usage unique, non pas
uniquement aux plastiques, mais bien aux produits à usage unique, donc à l'usage
plutôt qu'à la matière, parce que ce qu'on voit de plus en plus, c'est des
produits de substitution. Pensez aux fourchettes en plastique qui sont
interdites dans certains endroits, on les remplace par des fourchettes en
bambou à usage unique. Et je ne suis pas sûr que des fourchettes en bambou soient
plus écologiques que des fourchettes en plastique. Donc, même chose, on parle
de plus en plus aussi de faire du PLA, du plastique à partir d'acide
polylactique, donc à partir de base végétale, notamment des algues ou du maïs,
donc je ne pense pas nécessairement... à usage unique, toujours, et je ne pense
pas nécessairement que ce soit un bon usage que de faire ça, surtout que le
PLA, le plastique compostable, n'est pas utilisé par les plateformes de
compostage ni par les centres de biométhanisation. Donc, peut-être repenser la
formule plastique à usage unique par objet à usage unique non essentiel. On s'entend
qu'il y aura toujours des besoins d'avoir des objets jetables, notamment pour
les hôpitaux ou autres. Ça, ce n'est pas un problème.
Le deuxième point, au niveau de la gestion
des matières résiduelles, c'est l'interdiction d'élimination des invendus.
Naturellement, lorsqu'on jette un produit qui est encore bon mais qui n'a pas
trouvé preneur, pour nous, c'est du gaspillage. Donc, avant de favoriser le
recyclage ou la valorisation de ces produits-là, peut-être s'assurer qu'ils
puissent être réemployés, c'est-à-dire peut-être par... dans d'autres fonctions
ou d'autres usages, si on veut.
Lorsqu'on parle de valorisation au niveau
des invendus, le projet de loi en parle, nous, on fait aussi une mise en garde,
parce que, notamment... ce qui a trait à la valorisation énergétique ou la
valorisation matière. Je vous rappelle que la valorisation énergétique dans la
Loi sur la qualité de l'environnement n'est pas encore balisée, n'est pas
encore encadrée. Donc, c'est un peu un flou juridique à ce niveau-là, et il y a
beaucoup de pression pour qu'elle s'instaure. Il y a même des projets dont on a
été témoins, notamment lors d'audiences publiques d'un incinérateur de matières
dangereuses dans le... au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui brûlait du textile, des
vêtements neufs qui provenaient de l'Ontario à des fins de valorisation
énergétique. Et l'importation à ce niveau-là était permise parce que ce n'est
pas de l'élimination. Par contre, on brûle quand même des vêtements neufs dans
un incinérateur de produits dangereux. Donc, ça serait bien aussi de baliser
ça, d'encadrer ça, parce que, surtout notamment ici même, à Québec, il y a de
fortes pressions pour qu'une infrastructure d'élimination devienne une
infrastructure de valorisation énergétique, et là c'est... on ouvre un peu la
boîte de Pandore, si on veut, à ce niveau-là.
Au niveau des invendus aussi, une
pratique, c'est de donner les invendus à des organismes sans but lucratif. Il
faut faire attention. Les organismes sans but lucratif qui viennent en aide aux
plus démunis ne peuvent pas tout accepter non plus. Si on donne 200 baguettes
de pain à un organisme sans but lucratif... On ne nourrit pas des gens avec 200
baguettes de pain. Donc, souvent, on se sert des... de ces organismes-là pour
se délester des produits qu'on n'a pas vendus ou des produits qui sont sur le
bord d'être périmés. Donc, on devrait... on devrait accepter que les organismes
sans but lucratif qui reçoivent des dons puissent refuser, s'ils n'en ont pas
besoin, des produits qu'on leur offre, que ce soit de la nourriture ou des
biens de consommation, et aussi, pour des biens de consommation, notamment, ou
des produits alimentaires, qu'on leur donne une compensation monétaire s'ils n'arrivent
pas à redonner à la population qui en ont besoin ces produits-là, parce qu'il
va y avoir des frais aussi de disposition pour ces organismes. Ce n'est pas
tous les organismes sans but lucratif qui ont des ententes avec les
municipalités ou les MRC pour disposer gratuitement des matières qu'ils
reçoivent de la population. Donc, ça fait un coût évité pour les compagnies qui
donnent, mais, en fait, tout ce qu'ils font, ils font juste refiler, si on
veut, la facture à des organismes sans but lucratif. Donc, vous pouvez être
sensibles à ça et veiller à ce que de telles situations ne se produisent pas.
Dernier point, en ce qui concerne la
gestion des matières résiduelles, c'est l'élargissement du principe de la REP,
de la responsabilité élargie des producteurs. Vous l'avez entendu peut-être au
début, la responsabilisation est un des principes fondateurs de notre
organisation. Donc, on est en faveur, naturellement. Par contre, on pense qu'il
y a beaucoup d'écueils au niveau de la mise en application des programmes...
M. Ménard (Karel) : ...de
REP, notamment celui au niveau de la transparence. Et ça sort souvent dans les
médias malheureusement, parce que ça, ça mine un peu la confiance du citoyen.
Alors, on pense que la plupart des programmes de REP manque de transparence, c'est-à-dire
soit au niveau de la transmission des données ou la qualité des données qui
sont transmises, qu'est-ce que ça couvre et de quelle façon les données sont
transmises. Pourquoi? Parce que beaucoup de REP ont des façons différentes de
transmettre les données. Des fois, c'est en unités, des fois, c'est en tonnage,
des fois, c'est en kilos. Donc, une chatte, des fois, ne retrouverait pas ses
petits dans tout ça. Et ça ne nous permet pas non plus de connaître
véritablement la performance. Moi, quand on dit qu'on a récupéré 10 tonnes
de telle matière, ça ne me dit rien, si je ne sais pas combien ont été
produites à la base. Donc, un taux de récupération, pour moi, n'est pas un
indicateur environnemental ou un indicateur de performance. Donc, s'assurer,
lorsqu'on présente des données, qu'on ait vraiment des indicateurs de
performance environnementale.
Aussi, on pense que la transmission
d'informations devrait être uniformisée et centralisée. Puis on pensait
peut-être que RECYC-QUÉBEC, en marge de son... de ses bilans bisannuels ou
quadriannuel, puisse faire aussi des bilans au niveau des REP qui ne soient pas
uniquement dans leur bilan sur la gestion des matières résiduelles, mais un
bilan à part pour qu'on puisse comparer avec des données comparables l'ensemble
des performances des REP.
Dernier point concernant la REP, c'est
l'information donnée aux citoyens. Lorsqu'on paie un écofrais, souvent les gens
pensent que c'est une taxe gouvernementale, alors que ce n'est pas une taxe.
C'est un écofrais qui a été établi, notamment, par les producteurs. Il faudrait
peut-être dire aux consommateurs à quoi cet écofrais-là sert et donner
l'information aux consommateurs lors de l'achat ou quand son produit va avoir
terminé sa vie utile, où est-ce qu'il peut aller porter son produit, où sont
des lieux de dépôt, qu'est-ce qu'on va en faire, le sensibiliser à l'achat soit
par de l'information qu'on diffuse dans le magasin, soit par un dépliant, soit
sur la facture, peu importe, mais les gens ne savent pas. On voit tous des
télévisions sur les trottoirs à peu près n'importe quand qui ne sont pas
ramassées. Donc, parce que peut-être que les gens manquent d'information, parce
que l'information n'est pas suffisamment diffusée. Parfait. Donc là, je laisse
le temps qu'il reste à M. Rochon.
• (11 h 40) •
M. Rochon (Jérémie) :
Merci beaucoup. Donc, je vais aborder avec vous trois points plus spécifiques
qu'on a au niveau des consultations publiques. Le premier, c'est en ce qui a
trait aux médiations organisées par le BAPE. À l'article 86 du projet de
loi n° 81, on... il y a une disposition qui retirée, là.
L'article 31.3.6 de la LQE est modifié. Puis on enlève un mécanisme qui
fait en sorte que, si une médiation qui est organisée par le BAPE échoue, elle
peut mener à une autre forme de consultation publique, que ce soit une
consultation ciblée ou une audience publique. On pense que le fait... Bon, on
n'a d'ailleurs pas vu, là, dans le reste du projet de loi, des modifications
qui permettraient de remettre ce même mécanisme-là. Et on ne pense pas que
cette modification-là devrait avoir lieu. Pourquoi? Parce que le fait qu'il y
ait une consultation publique ou la possibilité d'une consultation publique
après l'échec d'une médiation, c'est un des principaux éléments qui va faire en
sorte que l'initiateur du projet va être disposé à négocier avec la partie qui
a demandé les consultations publiques. Donc, en retirant ce mécanisme-là,
excusez-moi, je vais revenir, pourquoi est-ce que la possibilité d'une autre
consultation publique, ça a un impact sur la perspective de... de l'initiateur?
Pardon. C'est que si la médiation échoue dans ce contexte-là, ça peut entraîner
des délais supplémentaires pour la réalisation du projet puis ça peut mener le
BAPE à émettre d'autres constats par rapport au projet qui pourraient
éventuellement mener à une analyse plus défavorable du projet. Donc, en
retirant cet élément-là, ce qu'on vient faire, c'est qu'on crée un système où
l'intérêt de l'initiateur du projet...
La Présidente (Mme Blouin) :
Je vais vous inviter à conclure.
M. Rochon (Jérémie) : Pardon?
La Présidente (Mme Blouin) :
Je vais vous inviter à conclure.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Blouin) :
Là, parfait. Donc, M. le ministre m'informe qu'on peut prendre un peu de temps
du côté du gouvernement. Donc, poursuivez.
M. Rochon (Jérémie) :
O.K. Parfait. Donc, en retirant ce mécanisme-là, on vient créer un
environnement qui structurellement va faire en sorte que la posture la plus
avantageuse pour l'initiateur d'un projet, c'est de ne pas accéder aux demandes
de la partie qui a demandé la consultation publique pour éviter d'avoir des
conditions additionnelles qui sont mises au décret. Je vais essayer prendre rapidement,
là, les deux autres points. Donc, au niveau de l'analyse des demandes de
consultation publique, on vient modifier, dans le cadre du projet de loi
n° 81, la procédure. On pense qu'il y a des avantages puis des avantages.
En ce moment, la procédure fonctionne assez bien dans la mesure où la plupart
des demandes de consultation publique sont acceptées. Par contre, il y a une
espèce de passivité de la procédure puis, des fois, il devient un peu difficile
de déterminer, en tant que demandeur, pourquoi est-ce qu'une demande aurait été
jugée comme étant frivole par le ministre. Avec la nouvelle procédure, en
remettant ce pouvoir-là au BAPE...
M. Rochon (Jérémie) : ...puis
en ayant un cadre d'analyse explicite, ce qui est bien, c'est qu'on gagne en
transparence.
Par contre, dans la procédure actuelle, ça
fonctionnait assez bien, dans la mesure où il n'y a pas beaucoup de demandes
qui étaient considérées... en tout cas, dans l'expérience de notre organisme,
qui étaient considérées comme étant frivoles. Donc, il faudrait s'assurer
qu'avec le nouveau cadre d'analyse développé par le BAPE, on ne se ramasse pas
à exclure davantage de demandes de consultation publique. Notre solution, à ce
niveau-là, ou, en tout cas, une proposition qu'on aurait, ce serait de
développer un cadre d'analyse qui est centré autour de l'idée d'exclure les
demandes qui sont déraisonnables, plutôt que de déterminer des critères que
devrait remplir une demande pour être raisonnable.
Finalement, dernier point, je vais le
passer rapidement, je pense qu'il a été mentionné par d'autres groupes qui ont
comparu dans le cadre des travaux de la commission, c'est au niveau de
l'autorisation de certains travaux préalables pour des projets. On ne pense pas
que ce mécanisme... même si on veut saluer, là, l'effort de bien baliser dans
quels contextes ces dispositions-là peuvent être utilisées, on ne pense pas que
cet... l'article qui introduit cette disposition-là devrait être... devrait
être laissée dans le projet de loi, parce qu'il vient miner, à notre avis, la
crédibilité puis la transparence du processus de consultation publique puis
d'évaluation environnementale. Ça pourrait créer des situations où le ministre
doit... doit, finalement, choisir entre autoriser un projet pour lequel les
consultations publiques auraient montré qu'il n'est pas acceptable ou refuser
un projet pour lequel il y a déjà des frais qui ont été engendrés via les
travaux préalables. Donc, je vais arrêter là-dessus. Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci beaucoup pour votre exposé. Alors, on va débuter la période d'échange
avec M. le ministre pour 11 minutes pile.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Messieurs, merci d'être avec nous ce matin, très apprécié.
Vous abordez des questions très, très précises du projet de loi, mais vous avez
également parlé, dans un premier temps, d'éducation du public, en quelque
sorte, à l'égard des REP, ce que l'on appelle généralement les écofrais. Et, si
on demandait à M. et Mme Tout-le-monde ce qu'est une REP, 99.9 % des gens
ne pourraient pas dire ce que ça mange en hiver, notamment, mais on en a
quelques-unes, REP, au Québec, et elles fonctionnent relativement bien.
C'est certain qu'il y a un temps
d'intégration, il y a un temps de déploiement aussi, mais ce n'est pas toujours
simple. On a parlé consigne, entre autres, ces dernières semaines, ces derniers
mois, avec un élargissement, qui va bien à certains égards mais qui connaît des
difficultés aussi, mais il y a d'autres REP qui sont implantées depuis un
certain nombre d'années.
Avec votre lunette à vous, quel est le
bilan des différentes REP qui se vivent au Québec? Et je ne veux pas qu'on
prenne des minutes et des minutes à en parler, mais juste une appréciation
générale. Est-ce que ça demeure un système qui est bon et que l'on doit
développer pour d'autres types de produits?
M. Ménard (Karel) : Oui,
absolument. Les programmes de responsabilité élargie des producteurs sont
excellents s'ils sont bien appliqués. Le problème, c'est au niveau de
l'application, et, effectivement, au niveau des diverses REP qu'on a au Québec,
certaines fonctionnent bien, d'autres moins bien. Un des points majeurs qui
achoppe, qui concerne l'ensemble REP, à quelques exceptions près, c'est
justement au niveau de la transparence de l'atteinte des objectifs, qui sont
souvent malheureusement repoussés dans le cadre de règlements, ou on retarde
l'atteinte des objectifs parce qu'on ne les a pas atteints.
Donc, moi, c'est un problème... Si on
modifie un règlement pour faire en sorte de normaliser une situation qui est
anormale, j'ai un problème, personnellement, avec ça. Donc, ça, il faudrait
peut-être s'assurer... Une réponse, en fait, c'est pour qu'un promoteur, un
producteur mette sur le marché des produits qui soient plus environnementaux,
là, pour faire court, mais, si on donne toujours de la corde pour donner du
temps, donner du lest, et ainsi de suite, je pense qu'on passe à côté de
l'essence même d'une REP. Donc, peut-être que le gouvernement aurait intérêt à
être un peu plus... à faire en sorte que ces règlements, au niveau du RRDPE,
là, les sections qui concernent les différentes REP, soient appliqués. Donc,
c'est principalement ça. Et, au niveau de la transparence, je pense qu'on
gagnerait beaucoup à expliquer aux gens pourquoi elles existent, quels sont
leurs objectifs et pourquoi on paie un écofrais, et que ce n'est pas une taxe.
Parce que, là, souvent les gens aussi critiquent beaucoup la taxe
environnementale, alors que ça n'en est pas une. Et il y a une raison bien
précise à avoir des écofrais, et ce serait bien de les expliquer pour le
bénéfice de tout le monde.
M. Charette : Et on parle de
plastique, notamment, dans le projet de loi. On se donne, oui, des pouvoirs
habilitants, ensuite, une réglementation qui va être développée. Où devrait-on
mettre la priorité dans la réglementation à venir?
M. Ménard (Karel) : Bien,
cibler des objets en particulier, c'est toujours risqué parce qu'il va...
l'espace a horreur du vide, donc ça va...
M. Ménard (Karel) : ...comblé
par quelque chose d'autre. Si on bannit tel type de produits en plastique, ça
va être remplacé par autre chose. C'est pour ça que nous, on préfère vraiment
qu'on s'attaque à l'usage ou à des catégories de produits en général, parce
qu'autrement il va toujours y avoir une faille qu'un producteur va trouver pour
mettre sur le marché des produits à usage unique. Donc, c'est peut-être une
espèce de temps de recul et voir exactement où seront... où seraient les
écueils, si jamais on adoptait tel règlement ou tel règlement. Là, je pense
qu'aussi on... beaucoup de municipalités, le gouvernement et même le fédéral
ont des projets de politiques concernant le plastique à usage unique, et je
trouve qu'on devrait peut-être travailler à uniformiser, si on veut, les
réglementations pour ne pas avoir une mosaïque de projets, soit municipaux ou
provinciaux ou et même fédéraux. Parce qu'effectivement on va... on ne mettra
pas des polices du plastique, là, au pont Champlain ou au pont de Québec, là,
pour vérifier si on importe ou non du plastique. Donc, ce serait bien d'avoir
une réglementation, je pense, provinciale qui s'appliquerait à l'ensemble des
municipalités et, naturellement, en collaboration avec ces dernières, là, qui
ont déjà notamment implanté des projets, et surtout encourager le réemploi.
#On mentionne deux, notamment, qui sont assez
connus, là... et La vague. C'est un système de consigne pour des contenants
justement pour le «take-out», là, qui sont consignés et réemployés. Donc, ce
serait certainement un endroit où on devrait mettre la priorité si on veut
bannir les produits à usage unique, qu'ils soient faits de plastique ou autres,
parce qu'autrement ça demeure du gaspillage.
M. Charette : C'est drôlement
intéressant, ce que vous mentionniez par rapport aux ustensiles ou aux pailles
de plastique. Dans les faits, les gens veulent bien faire... bien faire, pour
la plupart. Donc, si on dit : On interdit un produit et on le remplace par
un autre qui a autant d'effets négatifs, on n'a pas fait de gains. Dans le cas
des ustensiles en bambou, et autres matériaux, là on se rend compte qu'il y a
possiblement passablement PFAS dans ces... dans ces produits-là, donc on n'a
strictement rien gagné à remplacer la paille ou l'ustensile en plastique pour
remplacer par un autre produit, là, qui peut avoir d'autres... d'autres
inconvénients. Mais, encore une fois, les gens qui initient ces initiatives-là,
souvent, veulent bien faire, mais ce n'est pas toujours dans l'intérêt, là,
environnemental. Mais j'entends bien, j'entends bien. Et nous, c'est certain
que c'est un prochain chantier qui nous attend. À partir du moment où on a...
on a les pouvoirs d'aller de l'avant, c'est de voir comment introduire une
nouvelle réglementation et s'assurer, là, que les gens du public puissent se
retrouver sur ces changements-là.
Là, je sais que j'ai une collègue, je
pense bien, qui souhaitait intervenir, donc je ne veux pas accaparer tout le
temps de parole. Un gros, gros merci pour votre présence. Et je passe vous
saluer une fois la présentation terminée. Merci.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
M. le ministre. Alors, on va poursuivre avec la députée de
Laviolette-Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci. Merci
d'être là. Merci d'avoir préparé ce rapport. Merci pour votre travail aussi.
Effectivement, là, concernant les... ce
que vous amenez comme réflexion, c'est très pertinent, pour les objets à usage
unique, essentiel. Le mot «essentiel» est d'autant plus important. Vous avez quand
même élaboré sur ma première question. Je vais à ma deuxième. Vous avez parlé
que la valorisation énergétique, il y a un flou juridique, ce n'est pas
suffisamment balisé. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à ce sujet?
M. Ménard (Karel) : Bien oui.
Effectivement, ça veut dire la valorisation, dans la LQE, inclut toutes les
mesures pour détourner des matières... dont la réduction, le réemploi, le
recyclage, la valorisation et la valorisation énergétique. Sauf que la
valorisation énergétique, on ne sait pas ce que c'est, parce que ce n'est pas
clairement défini ni par règlement et ni dans la LQE. La LQE qui dit que les
promoteurs qui veulent faire de la valorisation énergétique doivent produire,
au gouvernement, au ministère, des bilans énergétiques positifs, mais on ne
connaît pas la teneur de ces documents-là, où... On l'a même demandé lors des
audiences génériques d'en avoir des copies pour savoir de quoi on parlait et ça
n'a pas été produit. Et la valorisation énergétique, par définition, ce n'est
pas de l'élimination de la valorisation tout court, mais surtout valorisation
énergétique. Donc, le règlement sur l'enfouissement et l'incinération des
matières résiduelles ne s'applique pas. L'importation des matières résiduelles
à des fins de valorisation est possible. Donc, on ne veut pas nuire au
recyclage. La valorisation est considérée comme du recyclage. Et la
valorisation énergétique peut causer énormément d'impacts environnementaux au
niveau de la santé humaine, mais également, la valorisation énergétique...
beaucoup de procédés coûtent relativement cher. On parle de... comment... de
gazéification de pyrolyse, ça prend des infrastructures et ça prend surtout un
gisement. Et le... Et c'est là où le bât blesse. Parce que, ce qui peut être
traité de façon énergétique...
M. Ménard (Karel) : ...peut
aussi très facilement être traité par du simple recyclage, si on veut, et même
du réemploi. Et même, ça fait cinq minutes que j'en parle peut-être, on oublie
toujours la réduction à la source. Donc, il faut arrêter de, peut-être, de
focusser sur des solutions qui sont en aval et peut-être se concentrer sur des
solutions en amont, au niveau de la production et au niveau de la consommation.
Ça, c'est peut-être un autre débat, j'en conviens, mais au niveau de la
valorisation énergétique, on n'est pas opposé radicalement, mais il faut que ce
soit vraiment très, très bien balisé, parce qu'autrement on l'a vu dans
d'autres pays, on le voit, il y a beaucoup de pression, même ici. Et à chaque
fois qu'il y a un problème de lieu d'enfouissement technique au Québec, il y a
toujours des projets de valorisation énergétique qui sont remis sur la table.
Et, souvent, les gens ont très peu de
connaissances sur les types de valorisation et des impacts que ça peut avoir,
soit sur la santé humaine ou sur la gestion des matières résiduelles dans son
ensemble. Et je pense qu'on en est beaucoup plus à trouver des solutions en
amont qu'en aval.
Mme Tardif : Mais le point
que vous avez amené d'ailleurs est assez préoccupant par rapport au brûlage de
vêtements neufs qui sont soit importés ou qui sont non utilisés et qui sont
brûlés pour l'énergie, c'est assez préoccupant, là.
Par rapport aux... Je reviens aux
contenants de plastique, parce qu'on va y aller, vous le savez, et on veut le
faire. Je pense que c'est important non seulement pour le Québec, mais il faut
continuer à donner l'exemple au niveau de la gestion de nos plastiques quand on
voit ce qui se passe dans le monde, ce qui se passe dans nos océans. Quels
produits, quels contenants, quels emballages en plastique devraient être
systématiquement interdits?
M. Ménard (Karel) : Tous les
- encore là, il n'y a pas mur-à-mur, à froid - mais tous les contenants à usage
unique, notamment, au niveau de la restauration ou encore les objets
promotionnels, par exemple, c'est-à-dire qu'on donne souvent lors d'un achat ou
pour remercier quelqu'un. Donc, il faut penser à l'usage. Si l'usage d'un objet
va durer seulement quelques heures et ensuite ne peut pas être recyclé, parce
que le plastique n'est pas identifiable, n'est pas recyclable parce qu'on n'a
pas les infrastructures, ça ne devrait pas exister. Il faut toujours penser,
lorsqu'on fait l'acquisition soit par un don, soit par un achat d'un produit,
il faut toujours penser à la fin de sa vie utile, qu'est-ce qu'on va en faire.
Si on ne peut rien faire d'autre que de l'envoyer à l'élimination, ce
produit-là ne devrait pas exister. Si le produit n'est pas nécessaire, n'est
pas durable, n'est pas recyclable, n'est pas... il ne devrait pas exister.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Ça complète la portion de l'échange avec la partie gouvernementale. On va
poursuivre avec Mme la députée des Mille-Îles pour 7 min 57 s.
Mme Dufour : Ah! c'est court,
Mme la Présidente. J'ai beaucoup de questions, ça fait que je vais y aller
assez rapidement. D'abord, j'ai la même préoccupation que le ministre
concernant les alternatives. Quand on interdit le plastique à usage unique et
qu'on se retrouve finalement à manger dans des contenants avec du PFAS, on est
loin, loin, loin d'être gagnant et on crée des problèmes sur toute notre
chaîne, que ce soit dans le recyclage ou dans le compostage, ou même dans nos
centres de sites d'enfouissement technique. Donc, ce que je comprends, vous
avez cité, là, la ville de Terrebonne. Ça, c'est un système vraiment où là on
est vraiment, plutôt, en train de mettre en place un système de réutilisation.
D'ailleurs, c'était mentionné à Feu vert, très, très, très bon reportage
là-dessus, j'invite tout le monde à écouter.
Mais ça, mettre ça en place, est-ce que
c'est... vous voyez ça possible dans l'ensemble du Québec, dans toutes... Parce
que vous avez parlé de restauration, là, c'est là le plus grand usage. Est-ce
que vous voyez que ce serait possible, le même genre de système qu'on met en
place à Terrebonne, mais partout au Québec?
M. Ménard (Karel) : Comment
faisait-on il y a 50 ans? On faisait comme ça. On a créé un problème avec le
plastique, donc, l'industrie du pétrole. Et, actuellement, vu qu'on a de plus
en plus de voitures électriques, l'industrie du pétrole est en train de se
recycler, sans mauvais jeu de mots, dans, justement, du plastique à usage
unique, 50 % du plastique produit sur la planète, c'est de l'usage unique.
Donc, oui, c'est tout à fait possible parce qu'on le faisait avant, sauf que,
naturellement, on est devenu drogué au plastique. Tout a été conçu pour,
justement, consommer du plastique à usage unique. Mais, oui, on peut s'en
affranchir du plastique à usage unique, ça demande un certain effort, mais je
pense que l'effort en vaut la chandelle. C'est-à-dire qu'on ne peut pas se
permettre de ne pas faire d'avancées à ce niveau-là, au niveau du plastique à
usage unique, notamment, au niveau de la restauration, mais il y en a partout
ailleurs. Regardez sur les tablettes des magasins, les emballages, et tout,
même si là on les accepte dans le bac de récupération maintenant, ça ne veut
pas dire qu'ils vont être recyclés, loin de là.
Et je fais peut-être le lien avec la
valorisation énergétique, faites attention à ça, parce que, si on décide de
valoriser, de façon énergétique, des emballages non recyclables de façon
traditionnelle, on va aussi avoir un gros problème sur le plan environnemental.
Mais, oui, effectivement, c'est tout à fait possible, et on devrait encourager
ça. En fait, on devrait même pénaliser ceux qui utilisent des produits de
plastique à usage unique et, encore là, des produits à usage...
M. Ménard (Karel) : ...tout
court et encourager, donner des... comme Terrebonne l'a fait, subventionner des
restaurants pour qu'ils installent des infrastructures pour... des
lave-vaisselles notamment, là.
Mme Dufour : Oui, puis vous
avez parlé du système... d'un système de consigne. Est-ce que ça, c'est quelque
chose qu'on devrait regarder pour l'ensemble du Québec?
M. Ménard (Karel) : Absolument.
Ça se fait déjà et ça fonctionne très bien. Donc, le seul concurrent à ces
produits-là, c'est l'usage unique, parce que c'est beaucoup moins cher à court
terme. Mais parlez à des commerçants qui utilisent, par exemple, le système
lavable ou... la compagnie Bo, les contenants réemployables. Il y a des
économies à faire au bout d'une année ou deux ans.
Mme Dufour : Oui, puis c'est
vraiment le cas, là, à Terrebonne, et ils ont démontré que tous les commerçants
ont été gagnants financièrement. Je vais vous amener ailleurs. Vous avez parlé
des REP. Hier, on a eu les... des représentants de l'industrie automobile qui
sont venus nous parler puis ils nous ont dit : Ne mettez pas de REP sur
les batteries de véhicules électriques, on s'en occupe déjà. Est-ce que, pour
vous, actuellement... la question : Est-ce que ce... D'abord, est-ce que
vous l'avez regardé, cet aspect-là, puis est-ce que ça vous satisfait, comment
c'est fait présentement avec l'industrie?
M. Ménard (Karel) : Bien, je
n'ai pas vu la présentation, là, des gens de l'industrie automobile hier, mais
il devrait y avoir une obligation. Bien, surtout pour les batteries, on parle
de batteries de voiture au lithium, il devrait y avoir des obligations
justement de s'assurer qu'elles soient recyclées, idéalement au Québec, le plus
localement possible, et que ça ne devienne pas un marché international de
batteries. Comme on peut le voir... on a pu le voir, justement, avec les
plastiques notamment, où on trouve des plastiques à travers la planète, il peut
se passer la même chose au niveau des batteries. C'est sûr que l'industrie ne
veut pas avoir de REP parce que c'est contraignant pour elle. Mais c'est ça,
l'idée, ça veut dire, on ne peut pas non plus laisser l'industrie toujours
s'autoréglementer, s'autogérer, surtout avec des produits comme les batteries
automobiles qui peuvent avoir des impacts sur l'environnement et qui peuvent
aussi... Bien, paradoxalement, si on veut créer beaucoup d'emplois au Québec,
ça veut dire, on peut développer une filière de recyclage des batteries au
Québec. Ça serait peut-être bien de faire ça plutôt que trouver des façons
d'exporter les batteries à l'étranger.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Vous parlez dans votre mémoire, ça, ça m'a surpris, que, RECYC-QUÉBEC, vous
voudriez qu'elle assure la diffusion des documents de reddition de comptes. Ce
n'est pas le cas présentement des OGR?
M. Ménard (Karel) : Bien, ils
font ça dans leur bilan... là, je ne sais plus, ça fait... Ça fait quatre ans
qu'on attend le bilan, mais ils font ça dans leur bilan sur la gestion des
matières résiduelles, et c'est très succinct, des fois c'est juste un
paragraphe. Mais il faut aller voir, au niveau des OGR, dans leur... sur leur
site Internet. Des fois, il faut le trouver, là, parce que ce n'est pas
évident, avoir la reddition de comptes si on veut... Et c'est là qu'on s'est
rendu compte que c'est un peu... il n'y a pas d'uniformité au niveau de la
présentation, donc, en fonction des produits qui sont récupérés, soit au niveau
de la présentation, c'est ce qu'on... on parle de pourcentage de récupération,
de recyclage ou qu'est-ce qu'on génère comme... qu'est-ce qu'on met sur le
marché pour parler de performance environnementale. Donc, il n'y a pas vraiment
une façon unique de faire. On pensait à RECYC-QUÉBEC, oui, effectivement, parce
que RECYC-QUÉBEC, c'est... est la société d'État. Donc, RECYC-QUÉBEC pourrait
simplement colliger l'information comme ils... la société le fait déjà et faire
peut-être un rapport un peu plus étoffé en parallèle au bilan sur la gestion
des matières résiduelles pour présenter les REP, pour ne pas qu'on ait à chaque
fois visiter chaque site Internet avec de l'information dure à trouver.
• (12 heures) •
Mme Dufour : Ça fait que...
C'est ça, ça fait que vous voulez une uniformisation aussi de la gestion de la
donnée. Je vais vous amener ailleurs, parce que je n'ai vraiment pas beaucoup
de temps qu'il me reste. Vous parlez des textiles que vous ne voudriez pas
qu'il y ait une valorisation énergétique ou les produits électroniques, dans le
fond, qui eux font... Il y a... Il y a un autre élément, là, je ne suis pas
sûre de comprendre, la valorisation matière, mais il y a... Est-ce qu'il n'y a
pas des cas où, à quelque part, c'est mieux ça que l'enfouissement? Tu sais,
si, ultimement, il n'y a pas de possibilité de valoriser une matière pour
toutes sortes de raisons, est-ce que la valorisation énergétique ne reste pas
comme une alternative mieux que l'enfouissement?
M. Ménard (Karel) : Ça dépend
de quoi on parle comme valorisation énergétique, ça veut dire, il y a
plusieurs... il y a plusieurs... Bien, premièrement, il faut la définir, c'est
quoi, la valorisation énergétique. Est-ce qu'on parle de procédés comme la
gazéification, comme je l'ai mentionné, la pyrolyse ou l'incinération avec les
récupérations d'énergie? Si on a vraiment appliqué les mesures de réduction, de
réemploi, de recyclage sur un produit, ce qu'il reste, c'est vraiment une
matière qui n'a pas d'intérêt pour des valorisateurs énergétiques. Parce que ce
qu'il faut... ce dont les valorisateurs énergétiques ont besoins, c'est un
gisement uniforme, constant et en quantité. Et c'est là où ça peut venir en
contradiction, justement, avec les efforts mis sur la réduction à la source ou
sur le recyclage, c'est-à-dire, s'il faut, comme on dit dans le jargon, hein,
ce n'est pas moi qui l'ai inventé, nourrir la bête, il faut l'approvisionner en
matières premières, en gisements, en déchets. Et les déchets ne sont pas une
ressource renouvelable. On veut les réduire, donc on veut...
Mme Dufour : Mais il reste
qu'il y a de la production, là, à un moment donné, il y a des dons, il y a...
tu sais, il y a tout un réemploi, mais, à un moment donné, les textiles, là...
Moi, je l'ai vu vraiment, qu'à un moment donné il n'y a plus rien à faire avec
ces textiles-là, entre les envoyer en Inde...
12 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...puis,
finalement, les incinérer, tu sais, ou les enfouir.
M. Ménard (Karel) : Les
textiles, effectivement, c'est un problème. Il devrait y avoir une règle sur
les textiles très rapidement. On s'entend là-dessus. Et les textiles, c'est
aussi tout l'aspect ou le... ce qu'on appelle la fast fashion aussi. Ça veut
dire, on devrait peut-être aussi travailler là-dessus, travailler en amont,
comme j'ai dit. Parce que brûler du plastique... Les textiles, là, c'est du plastique,
hein, principalement. Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. On parle
de ressources non renouvelables, là, qu'on brûle pour faire quoi? Pour faire de
l'énergie. Je ne pense pas que ce soit nécessairement une source d'énergie qui
soit rentable parce que le rendement énergétique de l'incinération pour faire
de l'énergie est très mauvais.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci beaucoup. Alors, on va poursuivre l'échange avec M. le député de la
deuxième opposition, pour 2 min 39 s.
M. Leduc : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. D'abord, je constate à votre recommandation... bien, bonjour
à vous deux, bienvenue, à votre recommandation n° 12
que, vous aussi, vous n'êtes pas très excité par l'article 88 du projet de
loi, là, par rapport au pouvoir discrétionnaire que se laisse le ministre. Voulez-vous
élaborer un peu là-dessus?
M. Rochon (Jérémie) : Oui.
Bien, je ne serais pas trop quoi vous dire sans vraiment réitérer les points qu'il
y a dans le mémoire, là, en ce sens qu'on partage les constats que d'autres
organismes environnementaux ont où ça... le fait d'avoir des travaux préalables
qui sont réalisés concurremment à l'évaluation du projet, ça vient un peu
donner l'impression qu'il y a une espèce de passe-droit qui est fait au projet.
Donc, ça vient miner vraiment, là, l'impression du public par rapport au
processus de consultation publique, à notre avis. Puis c'est ça, comme je le
mentionnais, ça crée des situations qui sont embarrassantes pour le ministre au
niveau de voir autoriser des projets quand il y a déjà des travaux préalables
qui ont été réalisés, si le projet n'est pas acceptable aux yeux de la
consultation publique.
M. Leduc : Parfait. Merci
beaucoup. Autre sujet complètement différent. Vous avez beaucoup parlé de la
question des usages uniques, vous parlez d'un règlement qui interdirait... devrait
être adopté dans les plus brefs délais, votre recommandation n° 2.
Je trouve ça très intéressant. Est-ce que vous avez, de votre expérience ou de
votre lecture de ce qui s'est fait potentiellement ailleurs dans le monde, l'idée
d'un espace-temps idéal qu'un gouvernement pourrait considérer pour trouver l'équilibre
entre, évidemment, la nécessité d'y arriver, mais aussi le côté pratico-pratique
de comment le mettre en vigueur?
M. Ménard (Karel) : Bien, c'est
une excellente question. Je n'ai pas la réponse absolue à ça, mais
effectivement, il faudrait avoir une période de transition, effectivement, et
voir si les alternatives existent parce qu'il n'y a rien de plus néfaste que de
lancer justement une initiative comme ça pour viser le bannissement de certains
produits à usage unique s'il n'y a pas d'alternative. Comme je l'ai dit tantôt,
on est drogué au plastique, on est adicté au plastique, aux produits à usage...
M. Leduc : Parce que,
souvent... parce qu'on...
M. Ménard (Karel) : Absolument.
Mais c'est un problème puis on va se rendre compte... et on en découvre à
chaque année ou chaque deux ans. Les... c'est un bel exemple, il y a quelques années,
on ne savait pas c'était quoi. Pourtant, ils existaient depuis très longtemps,
notamment dans tous les produits d'usage commun. Donc, s'assurer de faire une
transition harmonieuse et d'intégrer l'ensemble des parties prenantes, que ce
soit les citoyens, le consommateur et surtout les producteurs également, pour
qu'ils comprennent pourquoi on va comme ça. Mais, tu sais, je dirais un laps de
temps, je ne sais pas, mais, tu sais, c'est vraiment...
M. Leduc : ...
M. Ménard (Karel) : Bien, au
moins cinq ans, je dirais, parce que c'est changé. Ça dépend de quoi on...
qu'est-ce qu'on parle, de quoi on vise, est-ce qu'on vise les produits...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez 2 min 39 s
M. Arseneau : Ah, mon Dieu! c'est
très peu pour parler. Essentiellement, ce que vous dites dans plusieurs de vos
recommandations, c'est qu'on gaspille de façon éhontée des biens qui ont été
produits avec des ressources naturelles qui ont été exploitées, avec une
commercialisation, avec... en fait, une énergie aussi produite, et ça se
termine bien souvent dans les poubelles. Et puis là, on dit : Bien, pour
se donner bonne conscience, on va produire de l'énergie avec ça. C'est
absolument inconcevable.
Est-ce que... Je vois que vous avez des
préoccupations sur la mise en œuvre d'une interdiction? Je pense que vous avez
pris connaissance du projet de loi que le Parti québécois a déposé deux fois
plutôt qu'une, l'année passée, au mois d'avril, puis l'année précédente, pour
dire : Ce que ça prend au Québec, là, c'est de s'inspirer des meilleures
pratiques, notamment celles en France, et c'est-à-dire adopter une stratégie,
non pas un règlement, là, mais une stratégie qui permette justement de favoriser
la mise en place d'un système qui permette à la fois de réduire en amont le
gaspillage et s'assurer que les produits invendus trouvent une voie d'utilisation,
d'exploitation qui... dans le sens de ce pour quoi ils avaient été produits.
Par rapport à cette proposition-là, j'ai l'impression qu'on va se donner bonne
conscience en disant : On va essayer de réduire un peu le gaspillage, mais
est-ce qu'on ne peut pas... Ma question, c'est : Est-ce qu'il ne faut pas
être plus ambitieux qu'inscrire ça dans un petit article d'un projet de loi
comme celui-ci et développer une stratégie beaucoup plus cohérente, puis se
donner le temps, justement, qu'on...
M. Arseneau : ...on
l'évoquait tout à l'heure, là, pour une transition.
M. Ménard (Karel) : Mais
c'est sûr qu'on n'est jamais assez ambitieux en environnement. Effectivement,
on pourrait toujours aller plus loin. Est-ce que, dans les circonstances
actuelles, au Québec, dans un État d'Amérique du Nord, est-ce qu'on peut aller
plus loin, plus rapidement? Je pense que oui. Mais moi, je travaille pour un
organisme environnemental puis j'ai beaucoup de solutions à vous proposer. Mais
c'est peut-être différent lorsqu'on est au pouvoir parce qu'on a aussi des
contraintes. Mais oui, effectivement, la France ou en fait l'Union européenne,
effectivement, c'est un bel exemple parce que c'est... ce n'est pas à la pièce,
et effectivement c'est une volonté, une stratégie de société. Mais peut-être
qu'au niveau européen, les citoyens européens ont peut-être une approche
différente de l'environnement pour différentes raisons. Les méthodes
d'élimination, l'espace dévolu, les coûts surtout sont vraiment différents et
beaucoup plus élevés qu'au Québec. Donc ça, c'est peut-être aussi une question
sur laquelle on devrait se pencher. On ne peut pas parler seulement de
recyclage ou de réemploi si on ne parle pas d'élimination, et moi, je pense que
c'est une erreur, c'est-à-dire, on devrait se pencher aussi sur la façon dont
on élimine. Il n'y a pas de vases communicants, c'est-à-dire, on travaille en
silo.
M. Arseneau : On ne calcule
pas les externalités essentiellement.
M. Ménard (Karel) : Non,
absolument pas, surtout pas se dire : On peut encore... et c'est un des
problèmes, on peut enfouir, au Québec, trop facilement. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : C'est
tout le temps qu'on a. Je vous remercie beaucoup pour votre contribution à nos
travaux. On va suspendre quelques instants, le temps d'accueillir le prochain
groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 08
)
(Reprise à 12 h 11
)
La Présidente (Mme Blouin) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Union des producteurs
agricoles. Merci d'être là. Alors, je vous rappelle que vous avez
10 minutes pour votre exposé, après quoi suivra la période d'échange avec
les membres de la commission. Donc, je vous invite tout de suite à vous
présenter et à enchaîner avec votre exposé. Merci.
M. Doyon (Paul) : Merci, Mme
la Présidente. MM.et Mme les députés, M. le ministre, mon nom est Paul Doyon et
je suis vice-président général à l'Union des producteurs agricoles. Je suis
aussi producteur agricole à Saint-Joseph-des-Érables, en Chaudière-Appalaches.
Avec moi aujourd'hui, M. Daniel Bernier, agronome, ainsi que Me Isobel McShane,
avocate, tous deux de l'UPA.
Merci de nous permettre d'exposer le point
de vue des producteurs agricoles concernant le projet de loi n° 81. Parmi
les modifications proposées, celle supprimant le principe de préséance sur la
Loi sur la qualité de l'environnement et sur les règlements adoptés par les
municipalités et son remplacement par celui de conciliabilité nous préoccupe
plus particulièrement. Nos commentaires porteront exclusivement sur ce sujet...
M. Doyon (Paul) : ...et son
remplacement par celui de conciliabilité nous préoccupe plus particulièrement.
Nos commentaires porteront exclusivement sur ce sujet. D'entrée de jeu, l'UPA
reconnaît qu'il puisse être utile, dans certaines situations, de permettre aux
municipalités d'adopter des normes en matière de protection de l'environnement.
Ça pourrait être le cas, par exemple, en ce qui concerne le règlement sur
l'évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées. Leur
connaissance des réalités propres au territoire qu'elles desservent peut sans
doute... sans aucun doute être mise à profit à certaines occasions.
En revanche, dans certains domaines, et
notamment celui relatif aux activités agricoles et sylvicoles, le principe de
leur préséance sur la réglementation provinciale doit impérativement être
maintenu. Il y a bientôt 30 ans, le législateur reconnaissait la nécessité
de protéger non pas seulement le territoire agricole, mais aussi les activités
agricoles qui s'y déroulent. Cela devait... cela devenait nécessairement... en
raison de la multiplication des règlements municipaux visant les inconvénients
inhérents aux activités agricoles, telles les odeurs, qui avaient pour effet de
restreindre indument ou même interdire l'activité agricole en zone verte. Il a
donc été nécessaire d'introduire des balises au pouvoir des municipalités en
matière d'inconvénient de voisinage, ce qui fut notamment fait par
l'introduction des nouvelles dispositions à la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles.
Nous pouvons aisément anticiper ce qu'il
adviendrait si la conciliabilité devenait la règle en vigueur en matière de
réglementation environnementale visant les activités agricoles et forestières.
Nous sommes persuadés que la situation pourrait rapidement devenir ingérable et
compromettre leur pérennité. En effet, nous entrevoyons principalement deux
importantes menaces au principe de conciliabilité. D'une part, l'hétérogénéité
des normes à travers le Québec, résultant d'une multiplication des initiatives
municipales et de la diversité des approches, et, d'autre part, le caractère
déraisonnable de certaines exigences en raison d'une méconnaissance du sujet ou
motivées par le syndrome du pas dans ma cour. Au Québec, l'agriculture et la
sylviculture sont pratiquées dans presque toutes les municipalités.
L'éventualité que chacune d'entre elles puisse ajouter son grain de sel à la
réglementation provinciale relève du cauchemar. Déjà que les exigences
environnementales sont, au Québec, parmi les plus contraignantes dans le monde,
la perspective que les municipalités puissent y superposer leurs propres
exigences n'a rien de rassurant. Chaque fois que l'on ajoute des obligations et
des démarches administratives, on hypothèque encore un peu plus la
compétitivité de nos entreprises, ainsi que leur rentabilité, en leur imposant
un fardeau financier occasionné par l'obligation du respect d'un vaste éventail
de normes. Le risque de préjudice est donc bien réel.
La rédaction réglementaire visant à
encadrer les activités aussi spécifiques que l'agriculture et la sylviculture
nécessite des compétences particulières que la vaste majorité des municipalités
n'ont pas. C'est sans compter sur la grande disparité des ressources dont ces
dernières disposent. Plusieurs d'entre elles n'arrivent déjà pas à accomplir
les mandats qui leur sont dévolus. C'est notamment le cas en matière
d'entretien des cours d'eau, où de nombreuses MRC et municipalités se
retrouvent démunies devant la complexité des exigences émanant du ministère de
l'Environnement, au point où elles ne parviennent pas à s'acquitter
adéquatement de leurs responsabilités.
Dans ce contexte, le risque de se
retrouver avec une mosaïque réglementaire parfois inapplicable ou ingérable
devient... apparaît évident. Un producteur exploitant des terres agricoles ou
forestières sur le territoire de plus d'une municipalité devrait ainsi ajuster
sa pratique en fonction de chacune d'entre elles, aussi divergentes qu'elles
soient. Imaginons un instant la complexité d'avoir à se conformer à une diversité
de normes visant la fertilisation des cultures ou la gestion des fumiers selon
les municipalités dans lesquelles se déroulerait son activité.
Ce risque n'a rien de théorique en ce
qui... en ce qui concerne l'usage des pesticides. Ceux-ci sont encadrés par la
Loi sur les pesticides ainsi que des... les les règlements qui en découlent.
Or, le principe de la conciliabilité y prévaut, ce qui a donné lieu à la
publication de projets de règlements municipaux inapplicables. Dans les forêts
privées, les activités forestières sont déjà soumises à diverses
réglementations municipales visant la protection du couvert forestier et
l'abattage d'arbres. Cependant, les... des incohérences dans ces règlements se
multiplient, comme il a été fortement critiqué par les intervenants forestiers
lors de la consultation sur l'avenir de la forêt. Les producteurs forestiers
observent une dérive réglementaire où chaque municipalité adopte des règles
différentes sous prétexte de protection environnementale...
M. Doyon (Paul) : ...Cela
constitue un sérieux obstacle à la gestion durable des boisés. Cette situation
va à l'encontre de l'intérêt public et compromet les responsabilités du
législateur qui doit assurer une cohérence entre les lois, règlements et
politiques gouvernementales. Or, les travaux menés par le ministère de
l'Environnement pour encadrer les activités forestières en milieu humide et
hydrique, après des années d'analyse et de contribution d'experts, sont
maintenant mis en péril par la prolifération de directives incohérentes émanant
des municipalités. Afin de tenir compte du caractère exceptionnel des activités
agricoles et sylvicoles, l'Union des producteurs agricoles demande que
celles-ci soient exclues du principe de conciliabilité, proposé sous le nouvel
article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement afin de
maintenir les autorisations du ministère de l'Environnement pour toute
modification réglementaire municipale.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va débuter tout de suite la période d'échange avec vous, M.
le ministre. Vous avez 14 minutes.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Messieurs, Mme, un plaisir d'être à vos côtés ce matin pour
entendre votre éclairage. Il y a beaucoup, beaucoup de discussions actuellement
avec vos différents représentants, avec le MAPAQ, le ministère de
l'Environnement, les différentes branches de l'UPA pour voir comment vous aider
à mieux faire votre travail, dont les Québécois et Québécoises ont besoin pour
s'alimenter avec un principe qui nous est cher, celui de la souveraineté
alimentaire. On a quelques règlements qui ont déjà passé au cours des dernières
semaines. D'autres viendront pour tenter d'alléger ce fardeau administratif là,
parce que je suis le premier à reconnaître que le ministère de l'Environnement,
au fil des années, au fil des connaissances qui se sont développées, a pu
développer une réglementation qui, dans chacune des circonstances isolées,
avait sa pertinence, mais lorsqu'on ajoute l'impact d'un règlement sur un
autre, ça finit par être difficile à suivre et difficile d'application par
moment. Donc, peut-être vous rassurer à ce sujet là, notre souhait, c'est de
vous accompagner et de ne pas vous compliquer, complexifier la tâche.
• (12 h 20) •
Là, je comprends qu'avec le principe des
pouvoirs accrus aux municipalités il y a une inquiétude. Je ne sais pas
d'ailleurs si vous avez suivi nos échanges, mais on a rencontré les gens de
l'UMQ et de la FQM en début de semaine, et j'ai nommé nommément cette inquiétude
que le milieu agricole avait à travers cette très vieille revendication que le
milieu... le milieu municipal a. En fait, depuis les tout débuts de la Loi sur
la qualité de l'environnement, les différentes municipalités, à travers leurs
associations, militent pour enlever ce fameux article qui, pour eux, est une
non-reconnaissance de la part de leur palier de gouvernement. Donc, je les ai
avisés d'être mieux... peut-être plus ouverts à communiquer avec le milieu
agricole pour le rassurer, mais en les écoutant, ils ne veulent pas multiplier
les règlements divers, ils ne veulent pas rendre la vie plus difficile au
milieu agricole, mais j'entends cette inquiétude-là et je vais les inviter de
nouveau à garder ce canal de communication avec vous. Là, où je peux vous
rassurer, par contre, c'est qu'on se donne des pouvoirs, oui, mais il y a une
réglementation qui devrait être développée pour baliser ce pouvoir-là qui sera
reconnu au milieu... au niveau municipal.
Et je vous entendais parler des
pesticides. On a une réglementation qui était assez élargie au niveau des...
pesticides et qui peut être complexe. Donc, je ne vois pas comment le milieu
municipal pourrait s'immiscer dans ce domaine-là au niveau du territoire
agricole. Certaines villes le font actuellement pour leur... leur secteur
urbain, mais dans la réglementation qu'on va élaborer, on pourrait mentionner,
oui, pour les secteurs urbains, les villes peuvent légiférer, mais pour ce qui
est du secteur agricole, de le laisser au ministère de l'Environnement. Donc,
dans tous les cas, c'est une réglementation qui va être développée pour baliser
ces pouvoirs-là. Et à partir du moment où on parle de réglementation, bien,
c'est une consultation qui débute. Et là aussi, naturellement, les producteurs
et les productrices agricoles auront la possibilité de signifier soit leur
contentement ou leur mécontentement. Mais ce n'est pas en vigueur à partir du
moment où la loi est adoptée, là, c'est un long processus qui s'enclenche, pour
lequel vous serez amenés à contribuer. Et ce ne sont pas des pouvoirs étendus à
tous les domaines. Dans certains cas, le ministère de l'Environnement va se
dire : On va garder cette prérogative là, mais dans d'autres cas, on veut
reconnaître effectivement le palier municipal comme un gouvernement de
proximité en bonne et due forme. Donc, je dis ça pour vous rassurer parce que
très, très conscient de l'inquiétude...
M. Charette : ...que ça
génère. Et, une fois que je vous dis ça, vous le recevez comment et comment
mieux vous rassurer encore pour la suite, en vous disant qu'on travaille ce
dossier-là avec vos différentes instances?
M. Doyon (Paul) : C'est sûr
que la question de prévisibilité, les 28 000 entreprises agricoles
investissent chaque année 1,7 milliard de dollars, et il faut qu'on
ait un environnement où est-ce que c'est que c'est prévisible. On ne peut pas
dire : Bien, on va aller acheter un... une nouvelle... une nouvelle
superficie, en ne sachant pas ce qui peut arriver au niveau municipal.
Et je vais inviter mon collègue à vous
donner deux, trois exemples où est-ce qu'on a vu dans les dernières années des
histoires où est-ce que là la municipalité a adopté un règlement, a dû reculer,
a dû adapter ses affaires. Tu peux y aller, Daniel, si vous permettez.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
effectivement, donc, en matière de pesticides, actuellement, ce qui est prévu à
la loi, c'est la conciliabilité. Donc, rien n'empêche une municipalité d'aller
réglementer, même en territoire agricole. Il y a eu plusieurs initiatives dans
ce sens-là. Puis, malheureusement, souvent, trop souvent, c'était inapplicable.
Et là ça a pris des démarches, des producteurs agricoles localement qui ont été
rencontrer le conseil municipal puis expliquer pourquoi ça ne fonctionne pas.
Les intentions étaient peut-être bonnes à la base, mais, à un moment donné, tu
sais, puis vous l'avez mentionné hier concernant les véhicules zéro émission,
on ne peut pas faire comme si on était sur une île isolée. Donc, on ne peut pas
contraindre indûment nos agriculteurs avec des normes très difficiles à
rencontrer, alors que, partout à l'extérieur... nos compétiteurs directs, là,
disposent de règles beaucoup plus permissives.
Donc, moi, je suis heureux d'entendre
qu'en matière de pesticides vous seriez ouverts à circonscrire le pouvoir des
municipalités, parce que, jusqu'à présent, ils ont fait la démonstration qu'ils
n'avaient pas la compétence puis toute l'expertise nécessaire pour s'aventurer
dans ce domaine-là. Puis, à la rigueur, si, pour un contexte particulier, était
nécessaire... une réglementation régionale était... était nécessaire, bien, la
possibilité reste ouverte que le... la municipalité demande la permission au
ministre pour adopter un pareil règlement. Mais, dans le processus d'adoption
réglementaire du gouvernement, bien, il y a des étapes de consultation
d'experts, il y a des évaluations d'impacts économiques qui sont faits, ce
qu'on ne retrouve pas du côté des municipalités. Et c'est pour ça... c'est ça
qui nous inquiète, là, c'est d'être exposés à des règlements qui sortent d'un
chapeau puis qui ne sont pas toujours parfaitement réfléchis puis pas toujours
en cohésion avec les stratégies que peut avoir le gouvernement en matière
d'agroenvironnement.
La Présidente (Mme Blouin) : ...avec
Mme la députée d'Argenteuil. Vous disposez de huit minutes 50.
Mme Grondin : Merci, Mme la
Présidente. M. Doyon, M. Bernier, Mme McShane, bonjour. C'est toujours un
plaisir de pouvoir dialoguer avec les gens de l'UPA. J'ai bien entendu vos
préoccupations. Je souhaite sincèrement que le ministre vous a rassurés en ce
sens-là.
Moi, j'ai envie d'aller ailleurs, donc sur
la question des milieux humides et hydriques. Je sais que vous n'en avez pas
parlé dans votre mémoire nécessairement, où vous priorisez la question de la
préséance, mais j'ai envie de vous poser des questions dans ce sens-là sur
le... les milieux humides et hydriques.
Je pense que vous savez, là, on a... on a
une approche où on dit zéro perte nette, tu sais, de milieux humides et hydriques.
On a un déficit qui est quand même assez important, notamment dans les basses
terres du Saint-Laurent. On sait aussi scientifiquement que les solutions en
matière de protection, restauration ou création de milieux humides, c'est des
solutions qui sont très intéressantes dans la lutte aux changements
climatiques, mais aussi dans tout l'enjeu d'effritement de la biodiversité.
Chez nous, moi, je suis dans la
circonscription d'Argenteuil, donc au nord de la rivière du Nord, je suis dans
les basses terres du Saint-Laurent, c'est la municipalité de
Saint-André-d'Argenteuil, Lachute, une agriculture qui est très dynamique, on a
une approche superintéressante de cohabitation. Il y a eu un exercice qui s'est
fait de plan régional des milieux humides et hydriques. La MRC d'Argenteuil
était très, très attentive justement aux préoccupations des producteurs et des
productrices, parce que ça fait partie de la richesse de la MRC d'Argenteuil...
Mme Grondin : ...et donc je
trouve ça superintéressant parce qu'il y a vraiment cette volonté-là de
dialoguer, cette volonté-là de trouver des solutions puis de travailler sur des
solutions gagnantes pour des milieux humides et hydriques. On se fait dire par
plusieurs experts que, dans les basses terres du Saint-Laurent, il y a un
manque d'espace. Puis, inévitablement, dans le territoire agricole, il y a
peut-être des choses intéressantes au niveau de la protection, la restauration
des milieux humides et hydriques. Vous parliez de travaux d'aménagement ou de
curetage dans les cours d'eau agricole. Moi, j'aimerais ça, vous entendre, tu
sais. Comment voient... moi, j'ai une bonne idée du pouls de ce qui se passe
dans Argenteuil, mais, de façon générale, comment les agriculteurs,
producteurs, productrices voient cet exercice-là de protection et de
conservation des milieux humides et hydriques?
M. Doyon (Paul) : Bien,
d'abord, on est aussi préoccupés par la préservation des milieux humides et on
reconnaît l'effet qu'ils ont sur la qualité de l'environnement, mais on ne peut
pas tout avoir à la même place. Et puis, au niveau de l'entretien des cours
d'eau, les infrastructures hydrographiques du secteur agricole, il faut drainer
les terres pour pouvoir faire de l'agriculture. Et ça, on connaît déjà le
modèle. Il faut avoir cet entretien-là aussi, la création de... la restauration
ou la création de nouveaux milieux humides, bien, il faut être... il faut faire
ça avec précaution. On a vu des endroits où est-ce que c'est qu'on met une
cloche de verre, où est-ce qu'on dit : Bon, bien, maintenant, ce
secteur-là est sous protection, et là c'est l'envahissement des plantes
envahissantes, qui fait en sorte qu'on n'a pas gagné au niveau biodiversité. Et
puis il y a des règles, il y a des façons de faire, là, puis il faut être
prudent, puis il faut quand même maintenir le territoire agricole qui est
cultivé, pour jouer notre rôle dans la société, qui est de nourrir nos
concitoyens. Ça fait que, oui, on est d'accord avec ça, mais on est... on est
plus d'accord à préserver le territoire cultivé qui est essentiel au Québec.
• (12 h 30) •
Mme Grondin : Bien, j'entends
bien, M. Doyon, que vous êtes ouvert au dialogue puis qu'on peut échanger sur
ça. Parce que je pense que, quand on a des objectifs communs de dire on
protège, on veut de la souveraineté alimentaire, on est fiers de notre
agriculture, bien, on a aussi cet enjeu-là au niveau de la lutte, de notre
capacité de résilience face aux inondations, par exemple. Les milieux humides
et hydriques jouent un rôle fondamental. Ça fait que j'entends bien qu'il y a
une ouverture de dialogue puis de trouver des solutions.
M. Doyon (Paul) : Bien, on
est des... on est aux premières loges, là, de ceux qui subissent les effets des
changements climatiques. Je pense que l'agriculture, l'agronomie, au Québec, a
évolué depuis le début et elle va continuer, évoluer encore, et on va être
préoccupés par ces choses-là, bien entendu, mais il y a quand même une priorité
de continuer à avoir notre capacité de produire au niveau de la province.
Mme Grondin : C'est tout à
votre honneur. C'est pour ça que vous êtes là. Je le comprends tout à fait.
Combien de temps il nous reste, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Blouin) : Il
reste trois minutes. Il y a aussi, peut-être, la députée... O.K.
Mme Grondin : Oui, Mme la
députée... Oui, parfait. J'y reviendrai si... après. Vas-y.
Mme Tardif : Moi, je veux
vous... Merci, Mme la Présidente. Je veux vous dire que je vous entends, et
nous vous entendons par rapport à la crainte que vous avez au niveau de
l'hétérogénéité entre les municipalités. Le ministre vous a parlé qu'il y avait
un certain nombre de règlements qui allaient être conservés au ministère de
l'Environnement. Puis là j'ouvre une parenthèse parce que ça m'a fait rire un
peu quand vous avez dit que vous voulez tout garder au ministère de
l'Environnement, parce que, souvent, ce qu'on reçoit à nos bureaux de comté,
c'est que c'est difficile, avec le ministère de l'Environnement, au niveau des
agriculteurs.
Donc là, je comprends que vous préférez
rester avec le ministère de l'Environnement plutôt que même aller avec les
municipalités, en vous disant : Ils n'ont pas les compétences, ils n'ont
pas les connaissances. Il y a des régions du Québec où ça va très bien, puis
Agnès en a soulevé un... ma collègue en a soulevé un où c'est quand même un
beau modèle, mais quelle partie, actuellement, qui est offerte par le ministère
de l'Environnement que vous souhaiteriez qui soit gardée par le ministère de
l'Environnement au niveau de l'application des lois, des règlements, là? Vous
êtes sur le terrain, vous savez ce que vos producteurs vous disent. Qu'est-ce
qui est facilitant? Qu'est-ce qui est facile? Qu'est-ce qui...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Tardif : ...là.
M. Doyon (Paul) : Bien,
tout ce qui est... ce qui est... bien, ce qu'on dit, ce qui est homogène, là, j'imagine
déjà mon agronome en train de faire mon plein de fertilisation, puis devoir
ajuster en fonction des règles de la... parce qu'on est parfois sur plusieurs
municipalités, ça serait... ça serait le cauchemar. C'est sûr que, quand il y a
une homogénéité dans certaines règles, bien, on s'y conforme. Et puis tout le
monde est pareil, là, tu sais. Le jour où est-ce qu'une municipalité adopterait
un règlement extrêmement contraignant, bien, il vient... il vient créer de... C'est
question de la compétitivité entre les entreprises. Si une règle fait en sorte
que ça vient augmenter les coûts de production de cette entreprise-là ou l'impossibilité
de cultiver des portions des terres qu'elle possède, bien, ça vient... ça vient...
Ces gens-là sont discriminés par rapport à l'autre municipalité, là.
Mme Tardif : Merci.
La Présidente (Mme Blouin) :
Mme la députée d'Argenteuil, il reste 45 secondes.
Mme Grondin : Parfait. Juste
pour poursuivre parce que j'ai entendu que... Moi, je le sais, qu'il y a déjà
beaucoup de producteurs et de productrices qui font toutes sortes de projets, là,
ou d'initiatives en matière de lutte contre les changements climatiques, vous l'avez
dit, vous êtes au front, aux premières loges en matière de protection de l'environnement
aussi. Avez-vous une liste ou avez-vous des exemples de... ou d'initiatives de
projets? Comment je fais pour aller avoir une vue d'ensemble?
M. Doyon (Paul) : Ah! On
pourrait vous en faire parvenir, là. Il y a des initiatives, il y en a dans
toutes les régions. Toutes les MRC ont des projets. Les producteurs agricoles y
participent activement. Et puis on a plein d'exemples, là, de ce qu'ils pourraient
vous faire parvenir.
La Présidente (Mme Blouin) :
Ça complète cette portion de l'échange. Merci beaucoup. On poursuit avec la
porte-parole de l'opposition officielle. Vous avez 9 min 21 s.
Mme Dufour : Merci. Et
voulez-vous continuer avec des exemples? Merci d'ailleurs pour votre présentation.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
je pourrais vous en fournir des exemples. Mais, oui, on est... On a des agents
en agroenvironnement dans toutes nos fédérations régionales qui participent à l'élaboration
de projets, que ce soit du boisement de coulées agricoles, d'aménagement
riverain, de restauration de méandres. Donc, il y a des choses qui peuvent être
faites, certainement, mais c'est juste qu'il faut garder à l'esprit, là, que le
milieu agricole est très convoité pour y faire toutes sortes d'autres choses
que de l'agriculture, évidemment, l'urbanisation qui se poursuit. Puis là, de
plus en plus, ces projets-là de restauration de milieux naturels, c'est très
bien, mais il faut toujours garder à l'esprit que ça ne vienne pas hypothéquer
la production agricole. Parce que si... Lorsqu'on aménage, par exemple, un
milieu humide, il peut... on peut l'intégrer, puis c'est un bénéfice pour le
milieu agricole. Mais à l'inverse, s'il est mal pensé, il peut compromettre le
bon drainage des terres aux alentours. Puis d'ailleurs, ce qu'on s'autorise à
faire et à ne pas faire dans un milieu humide, ça aussi, ça amène une certaine...
certaines inquiétudes auprès des producteurs agricoles parce qu'à partir du
moment où j'aménage un milieu humide sur ma propriété, et là s'amène la cloche
de verre, puis une incapacité de pouvoir faire un certain entretien, contrôler
les espèces envahissantes par exemple, ou restaurer un certain drainage pour ne
pas hypothéquer le drainage des terres en amont. C'est pour ça qu'il faut que ça
soit fait, mais avec... avec le milieu agricole. Puis à ce moment-là on peut
avoir des histoires heureuses.
M. Doyon (Paul) : Puis
les beaux projets, ils sont... Quand ils arrivent, là, les succès, c'est quand
il y a une belle collaboration entre les gens qui y habitent, les gens des
municipalités, les MRC, les groupes de conservation, parfois aussi qui sont,
qui sont... qui peuvent y participer. Puis les succès, ça marche quand tout le
monde est là.
Mme Dufour : Merci. Vous
avez dit un mot clé tout à l'heure. Prévisibilité. C'est... C'est essentiel. Puis
on l'entend dans toutes les industries. Tous les entrepreneurs nous parlent de
ça. Et là ce que je comprends, c'est que la façon que le projet de loi est écrit,
bien, ça amène une imprévisibilité parce que vous ne savez pas trop qu'est-ce
que ça va être. Malgré que le ministre peut dire ce qu'il prévoit, au bout du
compte, les règlements peuvent changer. Ils pourraient même... Ça pourrait même
être rédigé après la fin de son mandat et être un autre... une autre personne
qui le rédige. Donc, je comprends que... Est-ce que, pour vous, de l'exclure, d'exclure
les... les pesticides en milieu agricole de cette, tu sais, du principe de conciliabilité,
est-ce que ça, ça vous amènerait une prévisibilité? Parce que, là, ça serait d'emblée
exclu dans le projet de loi?
M. Doyon (Paul) : Bien,
c'est sûr, c'est ce que... C'est ça qu'on dit, là. La prévisibilité fait en
sorte que plus c'est pareil, plus c'est facile d'opérer dans ces conditions-là.
Le jour où est-ce que c'est qu'il y a une municipalité qui adopte... Puis là on
en... On en a vu, là, on a des exemples où est-ce que, là, on a... Les
municipalités ont dû reculer. Ça a pris des représentations des gens pour dire :
Bien là, ça ne s'applique pas en milieu agricole, là. On avait un exemple où
est-ce qu'il y avait... Il fallait que tu mettes des petits, des petits
drapeaux, là, à tous les 10 mètres quand...
M. Doyon (Paul) : ...utilisé
des pesticides sur une superficie donnée, là, mais là, quand tu as
50 acres, là, ce n'est pas facile à appliquer, une affaire de même, là. Ça
fait que, tu sais, c'est des choses comme ça qui fait en sorte que c'est...
L'homogénéité, dans certains cas, là, c'est ce qu'on souhaite, là.
Mme Dufour : C'est ça. Puis
actuellement, ce que je comprends, c'est qu'il y a des municipalités qui ont
adopté des règlements qui se sont appliqués en zone agricole. Alors, malgré la
Loi sur les pesticides, il y a des contraintes parce que des municipalités ont
ce pouvoir-là d'adopter des règlements sur les pesticides, là.
M. Doyon (Paul) : Oui, oui.
Puis les règles du ministère sont suffisamment encadrantes, là, ce qui fait en
sorte que, quand on utilise des pesticides, bien, l'agronome a à faire des
recommandations. Il y a eu du dépistage de fait au préalable, voici comment
est-ce qu'on va se comporter dans tel type de culture en fonction de tel type
de température. Tu sais, c'est difficile, là, de... L'agriculture, là, on fait
ça avec la température et puis le climat. Et puis, quand on arrive avec des
règles, avec des dates, avec des choses bien encadrées, là, bien, ça finit que
ça ne fait pas, là, ce qu'on... ce pour quoi on voulait que ça se fasse.
Mme Dufour : Tout à fait. Il y
a... il y a des groupes qui ont exprimé les mêmes craintes que vous, hein, sur
la conciliabilité, qui ont dit comme vous, là, comme vous le dites dans votre
mémoire, là, que les élus municipaux sont très, très propices à la pression
citoyenne. Ici, c'est vraiment le gouvernement de proximité, le plus proche, et
donc, lorsqu'il y a le phénomène pas dans ma cour, notamment, bien, ils sont
comme... ils se sentent forcés d'adopter certains règlements. Donc, il y a eu
une recommandation d'aller plutôt au niveau de la MRC. Et là, ça, je voudrais
vous entendre. Est-ce que ça, pour vous, ce serait comme une alternative qui
serait comme un entre deux, entre, tu sais, pas de conciabilité du tout, ou que
ce soient les MRC au lieu des municipalités? Donc, j'aimerais vous entendre.
Puis je vois qu'il y a quelqu'un en arrière de vous qui hoche de la tête. Ça
fait que je ne sais pas s'il est avec... dans votre groupe.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
ce ne serait certainement pas... notre préférence, c'est vraiment la proposition
qu'on a faite, là, c'est de maintenir ça au... donc maintenir la préséance de
la réglementation provinciale. Puis, si une municipalité juge nécessaire
d'intervenir, bien qu'elle élabore son règlement, puis elle le présentera au
ministère, puis le ministère aura... a les experts pour analyser, puis voir si
c'est cohérent. Donc, on a besoin de ce filtre-là. La MRC, ce serait peut-être
un moindre mal, mais néanmoins, compte tenu de l'encadrement réglementaire
qu'on a déjà au Québec, on ne voit pas... La perspective d'en rajouter une
couche supplémentaire, on ne voit pas ça d'un bon oeil.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Et il ne me reste pas beaucoup de temps. Ça fait que je vais vous poser une
question maintenant, complètement ailleurs. Vous n'en avez pas parlé dans votre
mémoire, mais les... Vous savez qu'une portion du projet de loi, ça concerne
les véhicules lourds qui... un pouvoir habilitant, là, pour encadrer
l'électrification, notamment, là, des véhicules lourds. J'aimerais vous
entendre sur l'utilisation où vous faites... que vos membres font actuellement.
Puis est-ce qu'il y en a, actuellement, des véhicules agricoles lourds qui
sont... qui s'électrifient en ce moment, là? C'est... On en est où, dans le
marché agricole, là?
• (12 h 40) •
M. Doyon (Paul) : C'est sûr
que pour... c'est bien des prototypes qui existent un peu partout, mais c'est
peu développé. Sauf qu'on peut... on peut parfois, avec des systèmes
électriques, remplacer des équipements fixes, soit... sur des mélangeurs, des
souffleurs, des pompes, là, où est-ce que c'est qu'un tracteur est là, au
diesel, puis il tourne, qu'il est stationnaire à un endroit pour plusieurs
heures ou plusieurs jours. Bien, il y a la possibilité d'électrifier cette
portion-là des opérations, mais le tracteur qui fait des travaux aux champs,
là, on n'est pas... Il n'y a pas encore... il n'y a pas encore rien, là, de
commercial, là, de disponible.
Mme Dufour : O.K. Bien,
écoutez... Est-ce que... puis est-ce que vous voyez ça dans un avenir... Tu
sais, parce qu'il y a aussi la distance, là, où vous êtes. Souvent, les terres
peuvent être très, très, très éloignées, là. Donc, est-ce que vous pensez que,
dans un avenir... disons, dans les 10 prochaines années, est-ce que ce
serait envisageable pour vos producteurs?
M. Doyon (Paul) : J'imagine.
À ça, ça va prendre également un réseau électrique rural fiable, avec le
triphasé, puis tout ce que... On en a parlé dans d'autres consultations, là,
mais c'est sûr que les producteurs agricoles vont être... vont être intéressés
d'utiliser cette technologie-là dans la mesure où est-ce que c'est applicable
chez eux, c'est rentable, c'est intéressant de le faire.
Mme Dufour : Excellent. Bien,
merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre avec le député de la deuxième opposition pour
trois minutes, sept ou un peu plus.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Toujours un plaisir de voir l'UPA. Comment de
manière... pour commencer de manière générale, comment sont reçus par vos
membres des grands projets, là, comme... de développement comme Northvolt, TES
Canada, ou tous les projets d'Hydro-Québec? Est-ce que c'est perçu comme une
espèce de...
M. Leduc : ...de compétition pour
l'accès à des terres exploitables ou c'est quelque chose qui se gère, mettons,
en parallèle de vos activités?
M. Doyon (Paul) : Bien, c'est
sûr que les... tant au niveau du développement des activités électriques que
bien d'autres activités, là, à toutes les fois qu'on grignote le territoire
agricole, moi, je donne tout le temps l'exemple, c'est comme si on enlevait une
tablette dans le garde-manger, ce n'est pas une bonne nouvelle, ça. Ça fait que
comment on peut faire en sorte de pouvoir avoir tous nos projets, nos ambitions
de société tout en préservant le plus possible leur territoire agricole, qui
est très petit, en passant.
M. Leduc : Est-ce que c'est
un objectif réaliste de réussir ces deux choses-là? Avec toutes les ambitions
qu'on a données à Hydro-Québec, d'augmenter sa capacité de production de
mégawatts, est-ce qu'on va être capable de garder les terres agricoles au
Québec, telles quelles?
M. Doyon (Paul) : Je pense
qu'il faut choisir les bons endroits où est-ce qu'on installe ces
équipements-là, là.
M. Leduc : O.K.. Dans la page
six de votre mémoire, on parle de la compétition... bien, en tout cas, le défi
de l'adéquation entre la réglementation provinciale et municipale. Vous en avez
échangé avec vos collègues à l'instant. Vous dites : «Nous n'avons pour le
moment aucune indication des intentions du ministère à propos des règlements ou
dispositions réglementaires pour lesquelles la préséance serait a priori
maintenue. Il est donc difficile de déterminer le réel impact que pourrait
avoir l'ensemble de ces changements.» Ce que je comprends, c'est que, dans le
fond, il y a un principe qui a été... qui émane du projet de loi, puis après
ça, vous êtes inquiets parce que vous ne savez pas trop comment il va s'appliquer.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
en fait, exactement. C'est que là, ce qui est prévu, c'est qu'actuellement la
Loi sur la qualité de l'environnement, c'est la préséance qui prévaut, qui est
la règle générale. Puis exceptionnellement, la conciliabilité peut s'appliquer.
Là, on inverserait ça. Ce serait... D'office ce serait la conciliabilité, puis
là on verrait, dans un deuxième temps, quels sont les règles, règlements où on
maintiendrait la préséance. Donc là, actuellement, si on a bien lu, on annonce que,
dans un deuxième temps, ce travail-là se fera, mais on ne sait pas exactement
quelles sont les intentions du ministère. Et c'est pourquoi nous, on vient dire
qu'en matière d'activité agricole, la préséance devrait être maintenue. Donc,
ce n'est pas... Donc, dans... Puis, même, idéalement, ce qu'on demande, c'est
que ce soit... qu'on... qu'on l'inscrive dans la loi et non pas qu'on vienne
dire, par exemple, le règlement sur les exploitations agricoles, en tête de
chapitre, ce règlement-là, c'est la préséance qui prévaut. On veut plus que ça.
On veut ramener ça à l'intérieur même de la loi pour... parce qu'un règlement,
ça se change assez aisément, là, on passe au Conseil des ministres puis on peut
le changer. Une loi, c'est plus... c'est plus fort. Donc, pour toutes les
raisons qu'on a évoquées, on pense qu'il faudrait vraiment maintenir la
préséance puis que ce soit inscrit dans la loi, qu'en matière d'activité
agricole on maintient la préséance.
M. Leduc : Puis est-ce qu'il
y a une type... un type d'exploitation agricole en particulier qui serait plus
susceptible d'être visée par des règlements municipaux? Je pense, en même
temps, à l'industrie porcine.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
il y a eu... il y a eu dans le passé l'industrie porcine, mais on voit un peu
toutes sortes de choses, là. Puis, des fois, ça peut... ça peut être assez
étonnant, mais ça dépend de la... ça peut être même des vergers parfois. Bien
oui. Alors, ça... Parce que c'est beau un verger, mais là, il y a des gens qui
viennent habiter près d'un verger, mais là, ils réalisent qu'à un moment donné,
on a besoin de faire certaines pulvérisations. Puis là, soudainement, bien, ça,
on n'aime pas ça puis... Alors, voyez-vous, ça peut être différentes activités
qui soudainement sont... sont... sont visées par des contraintes sévères.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Alors on va terminer avec M. le député des Îles-de-la-Madeleine pour trois
minutes 53 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la Présidente.
Merci, Messieurs, madame, de votre présentation.
La question que j'ai, c'est que vous dites
que malgré le fait qu'actuellement les règlements du Québec ont préséance, il y
a de multiples cas où, si je vous suis bien, les municipalités n'ont pas
respecté ce principe de préséance là et ont adopté des règlements que vous avez
contestés. Est-ce que c'est bien ce que je dois comprendre? Parce que vous
parlez de cas qui sont illégaux, à leur face même, si aujourd'hui on a la
préséance des règlements du Québec.
M. Doyon (Paul) : Bien, c'est
là qu'on disait tantôt : Ils ont dû reculer, là, parce que là, on
disait : Bon, bien, ça ne fonctionne pas. Et là, ah, bien là, finalement,
ils excluaient la zone agricole du règlement qu'ils venaient d'adopter, là.
M. Bernier (Daniel) : Puis,
en complément, là, ce qu'il faut comprendre, c'est que la Loi sur la qualité de
l'environnement, c'est la préséance qui prévaut. Par contre, la Loi sur les
pesticides, c'est la conciliabilité. Donc, en matière de réglementation sur les
pesticides, absolument rien n'empêche une municipalité d'aller au-delà de la
réglementation provinciale. Et c'est là qu'on se retrouve avec... bon, il y a
des centaines de municipalités qui sont intervenues dans ce domaine-là. Puis
là, bien, à chaque fois, il faut aller expliquer, bien, pourquoi telle
disposition, ce n'est pas une bonne idée. Puis, la plupart du temps, ils
finissent par reculer. Mais il reste qu'il subsiste des cas où, par exemple, on
vit dans... avec une impossibilité d'utiliser des pesticides dans une
municipalité par exemple.
M. Arseneau : Donc, si je
comprends bien, non seulement vous voudriez le statu quo sur la préséance des
règlements et des lois gouvernementales québécoises sur tout le territoire par
rapport aux municipalités, mais vous voudriez aussi corriger...
M. Arseneau : ...vous
voudriez aussi corriger, par la même occasion, l'exception qui est accordée,
selon ce que vous nous décrivez, pour la réglementation sur les pesticides.
Est-ce que c'est bien ça?
Une voix : ...
M. Arseneau : Bon. Est-ce
qu'il n'y a pas des cas où des municipalités pourraient être justifiées
d'encadrer certaines activités agricoles? Moi, je trouve que votre argumentaire
sur les pesticides est particulièrement fort dans la mesure où les pesticides,
leur effet, leurs conséquences, leurs effets bénéfiques et peut-être, à
certains égards, des effets négatifs sont objectivement les mêmes sur
l'ensemble du territoire ou à peu près, et ça peut dépendre, j'imagine, des sols.
Je ne suis pas un expert, mais n'y a-t-il pas des activités agricoles où les
municipalités pourraient être justifiées de vouloir peut-être aller au-delà de
la réglementation? Parce que le mur-à-mur, moi, j'ai un peu de difficulté avec
le mur-à-mur pour le développement agricole comme pour le développement
économique, comme pour la protection de l'environnement, et c'est un peu, j'ai
l'impression, ce que les municipalités demandent : Laissez-nous une marge
de manœuvre pour les particularités qu'on peut avoir à faire valoir. Pour vous,
il n'y a aucune... aucun compromis possible.
M. Doyon (Paul) : C'est sûr
qu'au niveau du développement des activités agricoles, même à l'intérieur d'une
MRC, là, il y a... il y a beaucoup de variations. C'est rare que, dans une MRC,
là, la totalité du territoire se ressemble, là. On a des secteurs qui sont plus
dynamiques, on a des secteurs qui sont un peu plus dévitalisés. Mais comment
est-ce qu'on peut s'ajuster pour faire en sorte qu'il y ait du développement
dans des secteurs? Bien, on est d'accord avec ça bien entendu. Comment est-ce
qu'on peut y arriver maintenant? Tu sais, il faut... il faut faire en sorte
qu'on puisse le faire là aussi, là.
M. Bernier (Daniel) : Et puis
peut- être en complément, c'est qu'avec notre proposition ça ne vise pas à
interdire complètement la possibilité d'une municipalité puisse intervenir,
c'est de maintenir le filtre donc de la demande au ministère pour vérifier que
ce règlement-là est cohérent. Ceux...
M. Arseneau : ...la preuve
est sur la municipalité qui veut aller plus loin que le règlement général.
M. Bernier (Daniel) : Bien,
ça a été mentionné, là, lors... il y a beaucoup de municipalités qui ont très,
très peu de ressources, on parle d'un ou deux employés pour certaines
municipalités. Ce n'est pas vrai qu'elles ont l'expertise pour s'aventurer dans
des domaines aussi complexes que ça.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup de votre présence et de votre contribution à nos travaux. La
commission suspend jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
La Présidente (Mme Blouin) : Bonjour
à tous. Alors, la Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : l'Association du camionnage du Québec, le Conseil du
patronat du Québec et l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable.
Alors, sans plus attendre, je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Association du camionnage Québec. Alors,
Messieurs, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire
votre exposé, après quoi on procédera à la période d'échange avec les membres
de la commission. Donc, je vous invite à vous présenter et à enchaîner avec
votre exposé.
M. Cadieux (Marc) : Alors,
bonjour à vous tous. Je suis Marc Cadieux, je suis président-directeur général
de l'Association du camionnage du Québec. Et je suis accompagné aujourd'hui par
notre directeur des dossiers techniques et opérationnels, M. Yves Morin,
ingénieur chez nous.
Mme la Présidente de la commission,
députée de Bonaventure, M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs, représentant de la
députation de la Coalition avenir Québec, représentants du Parti libéral du
Québec, de la députation, représentants de Québec solidaire...
14 h (version non révisée)
M. Cadieux (Marc) : ...de la
commission et de la députation, c'est avec un grand plaisir que notre
association a soumis un mémoire sur le projet de loi n° 81.
Depuis déjà bientôt 75 ans, l'Association
du camionnage du Québec regroupe de nombreux intervenants oeuvrant dans l'industrie
du camionnage, avec plus de 500 membres provenant de différentes sphères de l'industrie.
Nos membres représentent près de 80 % des activités de transport contre
rémunération au Québec, pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 2,5
milliards de dollars. L'Association du camionnage supporte et offre à ses
membres de nombreux outils et informations concernant la décarbonation des
transports. Nous avons des activités annuelles dédiées à ce sujet. Nous mettons
en contact les entreprises vers les ressources nécessaires pour réaliser leurs
projets et fournissons des informations sur une base hebdomadaire via nos
infolettres et autres bulletins.
Notre présentation ainsi que notre mémoire
sont centralisés sur la Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules
automobiles zéro émission au Québec, afin de réduire bien sûr les émissions de
gaz à effet de serre et autres polluants. Je fais référence au chapitre A-33.2.
Puisque cette proposition touche directement notre secteur d'expertise, le
projet de loi n° 81 représente la volonté du gouvernement de réduire l'empreinte
carbone du transport routier au Québec, et l'ACQ supporte de façon générale
bien sûr ce projet. L'industrie du camionnage a entrepris de réduire ses
émissions de GES depuis le tournant du siècle dernier.
Que ce soit de façon volontaire ou
réglementaire, les données des Ressources naturelles Canada démontrent une
nette amélioration en efficacité énergétique qui est de l'ordre de 16 %
entre 2012 et 2021. Nous devons donc continuer nos efforts dans ce sens, et le
support du gouvernement du Québec est une composante essentielle à l'atteinte
de ces objectifs fixés.
Toutefois, la mise en place d'une loi et d'un
futur règlement visant à imposer la vente de véhicules lourds zéro émission aux
fabricants pour continuer la vente de véhicules diesel doit être faite de
manière progressive, sans affecter les opérations quotidiennes des entreprises
québécoises qui oeuvrent tous les jours dans notre industrie. Plusieurs étapes seront
nécessaires afin... avant la mise en place d'une telle législation, en
particulier un besoin pressant pour le gouvernement de bien définir sa
politique sur les véhicules zéro émission... les véhicules lourds, je fais
référence, VZE. Les critères de la définition d'un véhicule lourd zéro émission
doivent être bien sûr clairement, très clairement établis. De plus, le
gouvernement devra mettre en place des mesures pour contrôler cette politique
si l'intention demeure d'amener les émissions de GES à zéro dans le futur.
Contrairement au modèle adopté pour les
véhicules légers, on ne peut pas forcer tous les transporteurs à adopter des
VZE à court terme, puisque la technologie, les véhicules disponibles sur le
marché ne répondent pas à leurs besoins pour diverses raisons, telles qu'énumérées
bien sûr dans notre mémoire plus détaillé, puis qu'il me fera plaisir
évidemment d'élaborer lors de questions venant des membres de la députation.
Nous devrons vous rappeler que les infrastructures de recharge publiques pour
véhicules lourds sont pratiquement inexistantes. Cependant, le modèle pour l'utilisation
des VZE avec des camions plus légers qui font principalement du transport
courte distance et de la livraison derniers kilomètres semble être un scénario
idéal pour l'électrification. Certaines entreprises québécoises de notre
secteur ont déjà emboîté le pas, et les résultats s'avèrent prometteurs.
Il ne faudrait pas aussi négliger la
réduction de GES générée par l'utilisation des carburants alternatifs tels le gaz
naturel, qui sont en place avec une infrastructure qui bien sûr continue à se
développer. La disponibilité accrue au gaz naturel renouvelable devrait
contribuer de façon importante à réduire notre empreinte carbone au sein de l'industrie.
Le gouvernement se doit aussi de continuer
à supporter financièrement les efforts de transition énergétique des
entreprises de transport québécoises avec un programme de subventions tel que
celui que nous connaissons, Écocamionnage. De plus, il faudrait éviter des situations
comme celle de l'automne dernier, avec la mise en veille du programme qui a
enclenché un frein d'urgence chez les transporteurs, menant à l'annulation d'achats
de nombreux de ces véhicules chez nos concessionnaires au Québec.
L'incertitude économique est la barrière
la plus importante à surmonter dans une planification de transition
énergétique. La stabilité du programme Écocamionnage est essentielle pour l'atteinte
des objectifs fixés par le gouvernement en matière de réduction de GES. Notre
industrie doit constamment évoluer dans un environnement extrêmement compétitif
à tous...
M. Cadieux (Marc) : ...tous
les niveaux, que ce soit au niveau des équipements, de la main-d'œuvre, de la
réglementation ou même de la compétition... de la compétition déloyale hors du
Québec, notre industrie doit continuer à subvenir aux besoins essentiels des
citoyens du Québec sur une base quotidienne, 365 jours par année.
Il sera donc primordial pour le
gouvernement de bien comprendre tous les aspects de ce projet de loi qui
viendront impacter les activités des transporteurs québécois à petite et grande
échelle. On parle depuis la pandémie, ici. Et je tiens à souligner que nous
avions été, bien sûr, soulignés grandement lors de la pandémie, l'essor...
l'effort, évidemment, que nous avons amené à contribuer, à fournir à notre
société tout ce qu'elle avait besoin. C'est un secteur essentiel de notre
économie du Québec. Il ne faut pas... il ne faudrait pas amener des nouvelles
mesures qui pourraient mettre en péril, bien sûr, la survie de ces entreprises
au niveau financier.
L'Association du camionnage du Québec a
parmi ses valeurs d'amener progressivement ses membres vers des efforts de
décarbonation afin de permettre au gouvernement du Québec d'atteindre les objectifs
environnementaux qu'il s'est fixés. Les propositions présentées dans le projet
de loi no 81 pourraient grandement affecter notre industrie. Il est donc
important pour le gouvernement de bien comprendre toutes les implications des
impacts. Nous croyons que le rapport d'analyse d'impact se veut un survol de
l'industrie et non pas un reflet précis de la réalité terrain, qui est beaucoup
plus complexe que ce qui est énuméré. L'Association du camionnage offre sa
pleine collaboration afin de partager avec vous cette réalité, avec le
gouvernement, afin de permettre en place une transition énergétique performante
pour toutes les parties prenantes.
Je tiens à souligner que notre industrie
croit bien sûr grandement à ce virage environnemental et veut être de la partie
et veut y participer au sein de tous les ministères qui sont interpelés.
J'aimerais remercier, à ce stade-ci, et permettre à la commission de continuer
à échanger avec moi, et vous remercier, bien sûr, de nous avoir offert cette
opportunité au débat, ou nous sommes, bien sûr, toujours disponibles à répondre
à vos questions, tant en commission qu'à l'extérieur de la commission. Merci,
Mme la Présidente. Je vous remets les...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Alors, on va débuter la période d'échange
avec M. le ministre pour 16 min 30s.
• (14 h 10) •
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Messieurs, un plaisir de vous avoir avec nous cet après-midi. Un
plaisir d'avoir aussi l'occasion, là, d'échanger au cours des prochaines
minutes. Et je dois vous confirmer que c'est un temps qui sera partagé avec les
collègues du gouvernement. La tradition veut qu'une fois les présentations
terminées, on se salue, on se serre la main. Ce sera difficile compte tenu que
vous êtes à distance, donc, déjà, je vous salue et vous remercie encore une
fois, là, pour votre présence aujourd'hui.
Vous apportez plein d'éléments
intéressants qui ont, en partie, été discutés avec d'autres groupes au cours
des derniers jours, mais je tiens quand même à réitérer, là, certains
principes, là, qu'on a pu confirmer depuis l'étude du projet de loi. Ce sont
des dispositions importantes du projet de loi no 81. On a un défi au niveau de
nos émissions de gaz à effet de serre, le transport, principalement, là, c'est
notre défi commun, je vais le dire comme ça, compte tenu que ça représente
l'essentiel de nos émissions. En même temps, on est très conscients que ce ne
sont pas tous les secteurs de l'industrie du transport qui peuvent, à court terme,
s'électrifier.
Donc, le prochain... la prochaine étape,
c'est réellement se donner un pouvoir habilitant pour réglementer ce secteur-là
au cours des prochaines années. Donc, oui, c'est une étape importante, mais ce
que j'ai eu l'occasion de mentionner, là, au cours des derniers jours... on n'a
pas l'intention, à court terme, de développer la réglementation, encore moins,
là, de la rendre effective, là, à court terme, mais il faut quand même franchir
cette étape. Et au moment où on développera la réglementation, c'est là où il y
aura des consultations spécifiques sur les enjeux, avec des précisions au
niveau de l'analyse d'impact réglementaire, là, comme vous l'avez souligné.
C'est difficile, à ce moment-ci, avec le
dépôt d'un projet de loi, d'y aller d'une analyse réglementaire détaillée,
compte tenu des modalités, là, qui ne sont pas encore élaborées. Donc, soyez
certain que vous serez consultés à ce moment-là, bien que ce ne soit pas à
court terme, là, qu'on ait l'intention, là, de passer aux étapes suivantes. Et
vous l'avez mentionné, c'est une industrie qui est extrêmement diversifiée,
donc le jour où on pourra...
M. Charette : ...penser à
développer une réglementation, ce ne sera pas de façon uniforme et on n'ira
vraisemblablement pas d'un seul... vers les véhicules zéro émission. Vous
l'avez mentionné, là, les First... last... c'est probablement la partie de
l'industrie qui est la plus facile à électrifier, une technologie qui est, en
partie, disponible dès à présent. Donc, c'est sans doute vers ce type de
déplacement que l'on pourra concentrer nos premiers efforts. Et pour ce qui est
du très long-courrier, l'avenir c'est long, on peut se le dire, mais je ne
pense pas, à court et moyen terme, que l'on puisse envisager une technologie
qui soit suffisamment développée, mature, là, pour imposer l'électrification de
ce type de transport.
Je serais intéressé à vous entendre au
niveau des carburants. Vous parliez de carburants alternatifs, vous avez
mentionné le gaz, le gaz naturel renouvelable, je ne vous ai pas entendu parler
d'hydrogène, sauf erreur. L'hydrogène, par contre, a démontré une pertinence
drôlement intéressante pour ce qui est du long-courrier, pour ce qui est des
plus gros véhicules. Pour vous, est-ce que c'est une technologie qui est
mature? Est-ce que c'est une technologie qui est déjà utilisée pour la peine
par vos membres? Peut-être un mot, là, si vous le souhaitez sur cette option
qui est aussi disponible.
M. Cadieux (Marc) : Merci, M.
le ministre. Vous me voyez rassuré, évidemment, par vos premiers propos à
l'égard, évidemment, du temps... dans le temps, comment faire les choses et
bien les faire envers notre milieu. Mais je vous lancerai aussi, pour ne pas
que vous manquiez la balle au bond, l'importance... de nous rassurer sur le
programme Écocamionnage, qui est un programme, évidemment, comme vous faites
référence à des équipements qui sont utilisés dans le court rayonnage, on sait
que toutes les ventes ont été annulées depuis l'interruption, et que nous
n'anticipons pas, selon les renseignements reçus, une rétroactivité. Pour ce
qui est des autres carburants alternatifs et au niveau des carburants tels que
l'hydrogène, il va de soi que notre industrie est interpelée par de nombreux
carburants alternatifs au fil des temps. Je suis ici depuis 2001, donc, j'ai vu
cette interpellation progresser au fil des années auxquelles j'ai tenu ce
siège. Et vient s'ajouter d'autres choses, vient s'ajouter d'autres façons de
faire, vient s'ajouter d'autres équipements, d'autres moyens d'entretenir,
d'autres moyens et des obligations de logistique et d'opérationnabilité dans
nos entreprises.
Donc, ce sont toujours des défis
constants. Mais nous avons dans nos rangs, oui, des transporteurs qui sont
avant-gardistes, qui sont audacieux, qui sont des laboratoires, je pense, de
ces approches-là et qui participent, bien sûr, à l'élaboration de ça. Je vais
passer la parole à Yves Maurais, qui est ingénieur ici, chez nous, parce que
c'est quelqu'un qui a exercé en entreprise, dans le milieu manufacturier, et
connaît bien l'évolution. Il a été aussi interpelé souvent par le gaz naturel
en entreprise. Mais bien sûr que l'hydrogène aussi vient nous interpeler, mais,
encore là, il y a toujours des défis d'approvisionnement... d'infrastructure,
d'approvisionnement. Donc, comment se ravitailler et comment arriver à faire
performer, bien sûr, dans des coûts d'opération que nous devons toujours,
évidemment, regarder dans une... dans un objectif de compétitivité. Yves.
M. Maurais (Yves) : Oui. Pour
ce qui est de l'hydrogène, il y a pratiquement deux technologies, la
technologie de FuelCell, donc, vraiment l'hydrogène utilisé pour générer de
l'électricité. On revient un peu sur le principe des véhicules électriques ou
l'hydrogène qui est utilisé dans un moteur à combustion où est-ce que là on
consomme l'hydrogène. Donc, les deux technologies sont en développement. La
technologie côté FuelCell est un petit peu plus en avance. Par contre, il n'y a
pas vraiment de production de ces véhicules-là, surtout on a des classes 7 et
8, donc, vraiment, des véhicules lourds, aux tracteurs semi-remorques qui sont
disponibles présentement sur le marché, c'est très, très rare. On en a vu un en
opération, au Québec, cet été, pendant quelques semaines, avec le groupe
Harnois, qui avait un camion de Nicolas à l'essai. La problématique aussi,
c'est vraiment l'approvisionnement en hydrogène. Il y a seulement une station
où on peut avoir l'hydrogène au Québec, et elle est faite, principalement, pour
alimenter des voitures, il y a quelques voitures qui fonctionnent à
l'hydrogène. Donc, il a fallu...
M. Maurais (Yves) : ...que
les... bricolent la station pour être capables de recharger. Il y a beaucoup de
problèmes, surtout au niveau, bon, on en parle, l'infrastructure, l'approvisionnement.
C'est... mais vraiment, le coût, c'est encore plus cher que des batteries.
Donc, en termes de viabilité économique, ça devient très problématique. Par
contre, c'est quand même une solution qu'on dirait moyen, peut-être, long terme
pour le transport longue distance qui permettrait aux transporteurs d'avoir une
option de faire des... peut-être des distances d'au-delà de 1 000 kilomètres
avant de faire un... Et le coût du carburant aussi est très élevé. Et là, tout
dépendant aussi des sources de production d'hydrogène, bien, à ce moment-là,
est-ce qu'on peut considérer que ça va être véritablement un véhicule zéro
émission zéro, si on utilise peut-être l'hydrogène gris plutôt que l'hydrogène
vert. Donc là, à ce moment-là, on a une autre problématique aussi à ce
niveau-là.
Donc, pour nous, à l'horizon, l'hydrogène,
on parle d'au moins 4 à 5 ans minimum avant peut-être de voir les camions, là,
en service régulier, là, les premiers camions.
M. Charette : Bien, c'est
tous des considérants très pertinents. Gaz naturel, c'est une technologie, là,
qui est accessible déjà, qui répond aux besoins de l'industrie déjà, là. C'est
déjà une alternative sur laquelle vous pouvez compter?
M. Maurais (Yves) : Oui. Le
gaz naturel, on... Je vous dirais que les transporteurs, beaucoup de
transporteurs québécois utilisent le gaz naturel depuis 2011, 2012. Entre
autres, bon, il y a deux grandes entreprises au Québec qui avaient pratiquement
200, 250 unités, qui roulent et qui roulent encore au gaz naturel.
Il y a de l'infrastructure qui a été
développée, qui continue de se développer. À l'époque, le modèle était très
intéressant parce que le prix du diesel était quand même cher, et le prix du
gaz naturel était quand même stable. Donc, c'était économiquement viable
d'opérer ces camions-là parce qu'on était capable d'avoir un retour sur
l'investissement supplémentaire à l'achat des camions. Aujourd'hui, on se
rapproche un peu, en termes de coûts, mais on a des nouvelles alternatives,
maintenant, avec des nouveaux moteurs qui entrent sur le marché, qui
correspondent aux besoins des entreprises québécoises, surtout pour la longue
distance. Donc, on est capable maintenant de faire des opérations équivalentes
avec des moteurs diesel, avec... surtout avec du gaz naturel renouvelable,
c'est très, très intéressant parce que, là, on tend à aller vers zéro émission
si on compte... selon la méthode qu'on compte les émissions, là, mais,
essentiellement, ça devient très intéressant, mais même le faire au gaz
naturel, versus le faire au diesel, on peut peut-être aller chercher des
économies de l'ordre de 10 à 15 %, là, en termes de GES.
• (14 h 20) •
M. Cadieux (Marc) : On est
interpelés par plusieurs... par plusieurs choses. On est interpelés par les
coûts d'opération, par le coût des équipements et par la variation du prix de
certains carburants. Donc, le marché aussi, le brut aussi, à certains moments,
était évidemment... et les carburants alternatifs nous donnaient un avantage
concurrentiel. Donc, il y a la convergence, là, de tous ces éléments-là qu'il
ne faut pas... Il ne faut pas... il ne faut pas les regarder juste un par un en
disant : Ils ont tous des bienfaits, mais ils ont aussi tous des effets
secondaires auxquels on doit faire une analyse complète, à savoir est-ce que le
coût d'opération, est-ce que le coût d'entretien, est-ce que le coût
d'acquisition, est-ce que le ravitaillement est là et est-ce que le marché de
ces carburants-là répond aussi à une compétitivité d'une... pour une
entreprise?
M. Charette : ...tous des
éléments à considérer. Je ne veux pas monopoliser tout le temps de parole, j'ai
mon collègue ou des collègues qui souhaiteront intervenir dans un instant.
Juste vous parler écocamionnage un instant, là, vous y avez fait référence.
Autant écocamionnage que Roulez vert sont des programmes excessivement
populaires. On a, comme gouvernement, aussi la responsabilité de gérer les
fonds publics. Donc, on a largement excédé les budgets qui avaient été prévus
pour l'année 2024-2025. Et, dans un cas d'écocamionnage, c'est une décision qui
a été prise un petit peu plus hâtivement, Roulez vert, c'est une suspension,
là, de deux mois qui débute à compter des prochains jours, là, du 1ᵉʳ février.
Oui, populaires, oui, nécessaires,
spécialement pour lancer, là, cette transition, mais moi, depuis six ans, par
contre, je mentionne qu'ils ne peuvent pas être permanents, ces programmes-là,
compte tenu de leurs coûts, compte tenu de l'évolution de la technologie aussi.
Mais, dans le cas d'écocamionnage, on espère pouvoir revenir, là, avec une
nouvelle mouture prochainement. Roulez vert, on pense pouvoir faire de même
pour le 1ᵉʳ avril, mais à la différence... on ne fera pas comme les années
précédentes, vraisemblablement, on va mentionner un budget...
M. Charette : ...plafond, et,
à partir du moment où ce budget-là sera atteint, on sera obligé de suspendre de
nouveau, par respect des contribuables, tout simplement. On a essentiellement,
dans le cas de Roulez vert, presque doublé, là, les sommes qui avaient été
initialement prévues, là, pour l'année 2024-205. Donc, on aura l'occasion
de s'en reparler, un retour vraisemblable d'Écocamionnage, avec des modalités
vraisemblablement différentes aussi, mais un budget qui sera plafonné, là,
cette fois-ci pour justement éviter les dépassements de coûts. Donc, je vous
remercie. Très apprécié. Je cède la parole à mes collègues.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, on va enchaîner avec M. le député de Masson
pour 3 min 24 s. Merci.
M. Lemay : Mme la Présidente.
Merci, messieurs, d'être avec nous aujourd'hui. Vous savez, vous venez de
parler amplement de carburants alternatifs avec M. le ministre, je ne
reviendrai pas là-dessus. Mais tu sais, en complément de la norme zéro
émission, est-ce que vous croyez qu'on... Tu sais, ce n'est pas juste la
responsabilité des constructeurs manufacturiers de fournir des véhicules zéro
émission. Est-ce que vous pensez aussi qu'on devrait pour les entreprises avoir
quelque chose pour avoir un incitatif pour s'assurer qu'eux autres aussi ils
font l'usage des véhicules avec des énergies alternatives, là, aux énergies
qu'on connaît, notamment avec le développement de la filière batterie qu'on
parle, puis de la loi zéro émission? Est-ce que vous pensez que, dans le fond,
on pourrait pousser les entreprises à utiliser des énergies puis des carburants
renouvelables? Est-ce que vous pensez que ça pourrait être une bonne idée?
M. Cadieux (Marc) : Bien en
fait, M. le député de Masson, on pose la question puis on s'y répond un peu en
même temps, parce que si les... si les incitatifs et l'accompagnement de
l'industrie vers ces équipements qui sont de beaucoup plus onéreux que des
équipements habituels n'est pas au rendez-vous, je vois difficilement comment
le virage va... va pouvoir continuer à s'effectuer. Et le programme
Écocamionnage, bien sûr, avait toute cette... toute cette vertu de faciliter,
bien sûr, la transition vers des véhicules à haute... à autres carburants. Et
vous savez, le ministre a fait référence à Roulez vert et le programme
Écocamionnage. Le programme Écocamionnage, bien sûr, a été rapidement vidé de
son enveloppe parce qu'évidemment les équipements électriques sont des
équipements qui sont de deux fois à deux fois et demie le prix d'un équipement
régulier. Je ne me trompe pas, Yves? Donc évidemment, c'est sûr que la
subvention. Mais quand... quand on nous rapporte que, dans le programme Roulez
vert, il y avait aussi la capacité d'aller financer des véhicules de
type F155 et que, quand l'enveloppe a été vide, on l'a envoyée dans
Écocamionnage, et que 43 % des argents ont servi à financer ou à des
retours de subventions sur des... sur des F-150 qui n'ont pas du tout, du tout
le même rendement de GES dans notre société, là. Ce sont souvent des camions
qui ont un côté de complaisance corporative et personnelle, tandis que nos
camions à nous ne font que du kilométrage, bien sûr, ceux qui passent par le
transport routier de marchandises.
La Présidente (Mme Blouin) : M.
le député de Masson.
M. Lemay : Justement, dans
votre réponse, vous avez mentionné à un moment donné... Là, tu sais, vous
parliez un peu des infrastructures nécessaires pour justement faire ce
virage-là. Est-ce que... Puis, tu sais, rapidement parce que le temps passe
vite, est-ce que vous pensez justement que pour les infrastructures de
recharge, est-ce que ça devrait être un mixte des infrastructures publiques,
privées, un mélange des deux? Savez-vous un avis là-dessus?
M. Cadieux (Marc) : Un
mélange des deux, bien sûr. Mais vous savez, il n'y a aucune... il n'y a aucune
infrastructure électrique publique en ce moment, sauf les entreprises qui se
sont munies de ces installations-là dans leurs propres entreprises, là. Alors,
c'est des investissements d'entreprises. Mais, sur le réseau public, là, du
rechargement, puis quand vous aurez un certain nombre de camions...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
merci beaucoup. Ça complète cette portion de l'échange. Je me tourne maintenant
vers la porte-parole de l'opposition officielle. Vous disposez de12 min 23 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Messieurs, pour votre présentation. D'abord, je vais... tu
sais, j'ai juste une question. Les membres que vous représentez, est-ce que
vous avez les... ceux qui s'occupent du vrac? Toutes les... par exemple, dans
les villes, quand ils vont chercher des camionneurs pour le déneigement, est-ce
que c'est une association distincte ou vos membres en font partie?
M. Cadieux (Marc) : Certains
membres font effectivement du transport de vrac, que ce soit du vrac sec ou du
vrac liquide. J'ai quelques membres, bien sûr, qui sont un peu dans le... dans
le déneigement, mais ce n'est pas vraiment la structure principale de notre
organisation. Il y a d'autres associations qui d'ailleurs négocient avec le
gouvernement. Souvent les contrats de déneigement avec le ministère des
Transports, principalement, c'est l'Association des camionneurs artisans...
M. Cadieux (Marc) : ...contrats
de déneigement avec le ministère des Transports. Donc, c'est des...
Principalement, c'est l'Association des camionneurs artisans du Québec, qui est
communément connue comme l'ANCAI, mais j'ai des filiales de mes transporteurs
membres ici qui ont ce genre d'équipement là.
Mme Dufour : O.K.
Parfait. Merci. Je vais revenir sur Écocamionnage. Vous avez mentionné le
transfert, là... Dans le fond, il y a eu 43 %, vous avez dit, de
l'enveloppe d'Écocamionnage qui a servi à financer quelque chose qui était
financé dans un autre programme auparavant. Puis là vous avez dit les F-350.
Est-ce qu'il y avait un enjeu avec les critères du programme à ce moment-là?
M. Cadieux (Marc) : Oui.
Bien, je fais appel au F-150, c'est-à-dire que les critères, bien sûr, peuvent
être peuvent être interprétés pour ces véhicules-là comme étant inclus dans
une... dans une approche camionnage. Mais le côté pour moi qui est regrettable,
c'est le peu de rendement à ce retour sur investissement que ce genre
d'équipement là amène dans notre défi de décarbonation. Puis Yves, si tu veux
peut-être juste m'expliquer, je sais que c'est par la masse totale en charge,
là, c'est par le poids d'un équipement qui fait qu'il est catégorisé éligible
ou non.
M. Maurais (Yves) :
C'est surtout ça. Donc, essentiellement, la problématique, c'est que le camion
à batterie est plus lourd que le camion à essence ou au diesel. Donc,
essentiellement, par défaut, il tombe de catégorie. Et donc il est considéré
comme un véhicule en dehors du programme Roulez vert. Donc, à ce moment-là, ce
qu'ils ont fait, c'est que les fonds ont été pris dans Écocamionnage parce que
c'est considéré à ce moment-là techniquement comme camion, mais, en fait, c'est
une camionnette. Donc, c'est considéré comme un véhicule léger et ce n'est pas
pratiquement utilisé pour des fins de transport contre rémunération comme tel.
C'est... On va se le dire, c'est un pickup. Il n'y a pas beaucoup de gens qui
font du transport avec un pickup, là. Donc... Puis il y a beaucoup des
entreprises ou des gens qui ont bénéficié de cette subvention-là, qui n'étaient
pas vraiment liés au domaine du transport. Ils n'avaient pas de lien avec la
Commission des transports du Québec. Ils n'avaient pas d'activité de transport.
Donc, ça a été un peu regrettable parce qu'il y a certaines entreprises qui
n'ont pas été capables d'avoir leur véhicule à cause des manques de fonds qui
étaient dus à ça.
M. Cadieux (Marc) : ...
Mme Dufour : Merci.
Alors, peut-être juste... Oui, allez-y.
M. Cadieux (Marc) : En
fait, ma préoccupation, Mme la députée, tu sais, c'est évidemment dans la
refonte d'un programme que ce programme-là, Écocamionnage, soit vraiment...
soit vraiment attribué à du transport de marchandises, donc du long
kilométrage, donc du retour sur investissement sur un équipement qui transporte
pour le compte d'autrui, là, oui, au compte d'autrui ou pour leur compte
personnel. Il y a des grands expéditeurs qui ont leur propre flotte, mais c'est
vraiment de centrer le retour sur investissement sur kilométrage et sur retour
sur GF par chaque dollar.
• (14 h 30) •
Mme Dufour : Excellent.
C'est très clair. Peut-être nous expliquer comment fonctionnait le programme.
Tu sais, quand un de vos membres, là, appliquait sur le programme, est-ce qu'il
y avait un surcoût qui était quand même à sa charge ou le programme couvrait la
totalité du surcoût?
M. Cadieux (Marc) : Je
vais le laisser aller parce que c'était le grand expert pour accompagner nos...
M. Maurais (Yves) : Je
vous donne un exemple rapidement. Si on prend un tracteur de classe 8,
donc un camion de 10 roues avec une remorque. Bon, si je prends juste le
tracteur lui-même, de base, un camion au diesel va se vendre entre 200 000 $
et 225 000 $. L'équivalent électrique va se vendre à peu près
600 000 $. On voit qu'il y a un écart d'à peu près presque de
400 000 $. Là-dessus, en allant chercher une subvention maximum
d'environ 150 000 $ au fédéral ou 150 000 $ au provincial,
donc on pouvait aller chercher un 300 000 $ de subvention. Donc, il
restait probablement un 75 000 $, 80 000 $ à aller chercher
comme investissement supplémentaire pour être capable d'opérer ces camions-là.
Et là on ne considère pas les autres coûts qui sont liés, là, à l'installation
des bornes, etc. Donc, c'était les investissements qui étaient nécessaires. Qu'est-ce
qui arrive présentement, c'est qu'on voit certains de ces véhicules-là sur la
route. Il y a certains transporteurs qui les ont. Ce n'est pas... Ce n'est pas
une quantité astronomique, là. Et les gens en ont peut-être deux... un, deux ou
trois dans leur cour. Ils l'essaient. Ces véhicules-là sont à l'essai, et ils
sont en train d'être évalués pour savoir si c'est performant ou pas. Donc,
modèle économique, oui. S'il n'y a pas de subvention, bien, vous voyez tout de
suite que ça s'écroule très facilement.
M. Cadieux (Marc) : Je
pense que la démonstration est très claire quand on vous donne juste le prix
d'acquisition. Entre les deux, là, il n'y a pas... il n'y a pas beaucoup de...
Il n'y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour penser à faire un choix ou un
autre dans une acquisition comme celle-là ça si la subvention n'accompagne pas,
bien sûr, cette pièce d'équipement.
Mme Dufour : Oui. Et donc
on comprend que vos membres prennent quand même des grands risques quand ils
choisissent d'aller avec un véhicule comme ça et de, même s'ils utilisent...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...ils ont un
programme de subvention, ils prennent le risque parce que c'est une nouvelle
technologie, parce qu'il y a un rendement inférieur, vous le mentionnez, en
hiver, ça, c'est normal, tous les véhicules électriques, c'est le cas, mais
aussi parce qu'il y a l'infrastructure de recharge, et vous le dites,
inexistante le long des routes du Québec, pour les véhicules lourds, là, on
parle, ici, et que les investissements pour amener une telle infrastructure
sont titanesques. Vous-même mentionnez : «La demande en énergie pour
supporter les activités des camions lourds sur un site avec de multiples
charges, bornes de recharge, serait équivalente à celle d'une petite ville. Ce
n'est pas rien. Ce n'est pas rien. Alors, on comprend les enjeux.
Alors compte tenu de tout ça et sachant qu'à
tout moment, même si le programme revenait, à tout moment, il pourrait avoir
une date de fin, comme le ministre l'a dit, bien, ça dirait : Il y a une
enveloppe, puis, bien, si l'enveloppe est épuisée, il n'y a plus d'argent. Est-ce
que vos membres vont vouloir prendre ce genre de risque là, faire des commandes
comme ça, en n'ayant pas la certitude qu'il va rester des fonds pour eux quand
ça va être leur tour?
M. Cadieux (Marc) : La
réponse est très simple : Non.
M. Maurais (Yves) : On l'a
vu, on l'a vu, avec l'arrêt d'Écocamionnage, quand le programme a été arrêté
subitement, il y avait déjà des concessionnaires qui avaient des camions en
commande, les clients les ont annulés, tout simplement. Et là les
concessionnaires sont pris avec les camions en inventaire parce qu'ils ne
peuvent pas les vendre, donc ils sont obligés de supporter des coûts d'inventaire
mois après mois de ces camions-là parce que personne ne les veut maintenant.
M. Cadieux (Marc) : En ce
moment, vous avez des concessionnaires avec des terrains de camions remplis,
qui ne sont pas éligibles à des subventions, donc qui sont là, et ils les
supportent au niveau des intérêts. Donc, il n'y a aucun... il n'y a... La
compétitivité, dans notre industrie, avec des marges bénéficiaires qui vont dans
le 2 ou 3 %, ne peut pas répondre à un investissement de cette taille-là
pour demeurer compétitif. On est dans un... on est dans un hiver, dans un hiver
d'un pays au complet, de provinces qui nous interpellent, et même d'Américains
qui viennent sur notre terrain à faire des affaires. Alors, c'est certain qu'on
ne peut pas s'isoler et se sortir d'une compétitivité par l'acquisition ou par...
Et, si le Québec était une province qui légiférerait uniquement envers ses
propres transporteurs, bien, il est certain que les transporteurs feraient des
acquisitions à l'extérieur de la province pour des pièces d'équipement et les
expéditeurs utiliseraient des transporteurs d'autres provinces, parce qu'évidemment
on ne peut pas tarifer nos mouvements de transport face à des... à des coûts d'opération
aussi élevés.
Mme la députée, il n'y a pas juste l'acquisition,
il y a l'entretien, il y a la formation du personnel en entreprise pour gérer
ces technologies-là. C'est un... c'est un beau défi. C'est un beau défi. J'ai
des transporteurs qui sont audacieux, comme je le disais, et qui veulent le
faire, et qui mettent la main dans leur poche pour le faire, mais on ne se
rendra pas là s'il n'y a pas d'accompagnement pour l'acquisition de l'équipement.
Mme Dufour : Non, puis... et
là ce qu'on comprend en lisant votre mémoire, c'est qu'il y a d'autres
alternatives, et je ne parle pas juste de carburants, mais d'autres
alternatives pour réduire les GES qui seraient peut-être un... qui auraient
peut-être un coût-bénéfice beaucoup plus intéressant pour tout le monde, qui
impliquerait moins de changements structurels importants. Puis là vous parlez...
l'écoconduite, dispositif aérodynamique, télémétrie embarquée, contrôle de la
vitesse. Est-ce que vous avez une idée du pourcentage que ça permet de réduire,
ces solutions-là qui sont... Je comprends, là, c'est accessoire, mais, quand
même, ça peut représenter combien de pourcentage de réduction de consommation?
M. Cadieux (Marc) : Bien, je
vais te laisser chercher un petit peu un chiffre, mais je vais dire : Tout
ça, tout ça est déjà préexistant depuis le début des programmes, c'est-à-dire
que tout ce qui est aérodynamique a été parmi les premiers équipements qui ont
été acceptés dans le programme Écoamionnage bien avant les subventions de
camions électriques. La télémétrie, les programmes en entreprise auprès des
employés qui ont de meilleurs rendements par leur comportement, l'arrivée des
transmissions automatiques dans les camions, qui gèrent, bien sûr, le
comportement un peu de l'utilisateur, sont tous des additions que nos
transporteurs. La réduction des vitesses chez certains transporteurs, qui
limitent leurs camions en deçà de 100 kilomètres-heure et qui, sur de grands
nombres de kilomètres, ont des chiffres quand même assez intéressants. Mais ça,
c'est déjà emboîté. Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose, juste... les
pourcentages, je ne les sais pas.
M. Maurais (Yves) : Bien, en
termes de pourcentage, on peut peut-être... C'est parce qu'on va parler en
termes de limiter la consommation de carburant de tous les moyens possibles.
Donc, c'est... Pour un camion lourd en charge, on va parler peut-être d'entre
30 et 35 litres aux 100. Donc, si on est capable d'adapter des bons
comportements, d'avoir des bons équipements, on peut réduire peut-être de
quatre, cinq litres aux 100. Donc, on peut avoir quand même une...
M. Maurais (Yves) : ...performance
intéressante, là, des chiffres qui vont varier entre peut-être 4 % et...
entre 4 % et 10 % d'économies de carburant supplémentaires qu'on peut
aller chercher tout de suite, là, simplement en changeant les méthodes de
travail, en changeant... en améliorant notre performance, là.
Mme Dufour : Et je comprends
que les carburants alternatifs eux, bien, en rajouteraient encore plus et ça a
l'avantage de ne pas modifier le véhicule qui est utilisé.
Je vais vous amener ailleurs. Vous avez
mentionné dans votre mémoire, ça m'a surprise, que «le contrôle actuel des
émissions de camions de diesel n'est même pas vérifié lors de l'inspection
mécanique annuelle obligatoire des véhicules lourds». Alors on voudrait venir
contrôler les émissions, mais on ne contrôle pas déjà ce qui... lors des
inspections techniques. C'est ce que je comprends. Est-ce que ça, c'est quelque
chose que vous avez mentionné dans le passé?
M. Maurais (Yves) : Oui, on
l'a mentionné, on en a parlé aussi avec les gens de Contrôle routier Québec, et
même, lors des inspections sur la route, ils n'ont pas les équipements
nécessaires pour valider que les émissions qui sont émises présentement par les
camions actuels, ils ne peuvent pas contrôler à savoir si les émissions sont
conformes ou pas. Et ce qu'on découvre de plus en plus sur le marché, c'est que
les... disons, les gens un peu moins légaux vont débrancher des systèmes
antipollution pour faire en sorte d'être moins... d'être... de consommer un peu
moins de carburant ou d'être capables d'aller chercher différents objectifs
d'entretien, payer des prix d'entretien qu'ils n'auront pas besoin de faire.
Donc, si vous regardez dans les revues spécialisées, il y a des... il y a des
garages qui offrent de débrancher...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
merci. Je dois vous arrêter pour donner la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour 4 min 8 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. À la page 4 de votre mémoire, vous dites
la chose suivante : «La conception des véhicules de zéro émission lourds
est différente des véhicules lourds actuels, et plusieurs règlements en vigueur
devront être révisés pour l'utilisation de ces nouveaux véhicules.» De quels
règlements on parle ici?
M. Cadieux (Marc) : Je vais
te laisser répondre.
M. Maurais (Yves) : Bon,
essentiellement, la première des choses, entre autres pour les véhicules à
batteries, on va parler des heures de conduite, la gestion des heures de
conduite. Lorsque le véhicule électrique arrête pour recharger, si le chauffeur
est arrêté une heure ou deux, comment ces heures de recharge là vont être
catégorisées? Il n'y a rien, dans le règlement actuel, qui parle de ça. Donc,
les heures de conduite sont réglementées. Donc, comment est-ce qu'on va adapter
ça?
Deuxième point, au niveau de la charge
aussi, le poids de ces véhicules-là. On a une problématique au niveau du poids.
Comme vous le savez, au niveau des véhicules lourds, c'est la masse totale du
véhicule qui est toujours prise en compte. Lorsqu'on prend le poids des
batteries, ça fait en sorte qu'on transporte moins marchandises. Donc, on a une
problématique, on a une... on a un manque à gagner et là ça devient
problématique avec les expéditeurs parce que les expéditeurs pourraient dire
éventuellement : Bien là, je ne veux pas avoir de camion électrique parce
que tu vas transporter quatre palettes de moins, puis je ne veux pas ça, puis
je ne veux pas payer plus cher pour transporter moins, ça n'a aucun sens. Donc
ça, ça devient une autre problématique.
Un autre point aussi, c'est au niveau de
l'inspection mécanique à tous les jours. Un chauffeur, avant de partir, doit
faire une ronde de sécurité de son véhicule. La ronde de sécurité a des
critères très fixes, et le chauffeur doit passer, étape par étape, vérifier ses
systèmes. Présentement, dans la ronde de sécurité, il n'y a aucun point qui
indique aux chauffeurs d'aller vérifier ses connexions électriques, aller
vérifier l'état des batteries. C'est quoi le critère? Est-ce qu'une batterie
coule? Qu'est-ce qui se passe? Il n'y a absolument aucune notion de ça dans
les... dans la... le processus de ronde de sécurité. Donc, c'est tous des
petits détails, c'est des petites choses comme ça, mais la... il y a beaucoup d'éléments
de la réglementation actuelle, dans le domaine du transport, qui doivent être
mis à jour justement pour couvrir la venue des VZE.
• (14 h 40) •
M. Cadieux (Marc) : Mais en
appui, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, bien sûr que j'ai compris que la
ministre nous aurait rassurés en nous disant que la réglementation, bien sûr,
était à parfaire et à élaborer par la suite, suite à évidemment à nos
commentaires. Les heures de service, c'est-certain que si vous êtes arrêté une
ou deux, c'est cumulé à votre temps de conduite, donc vous avez moins de temps
pour faire le même mouvement. Les entretiens et, bien sûr, comme Yves, notre
ingénieur chez nous, vient de le mentionner, il n'y a pas pour l'instant de
directive à l'égard d'une inspection ou quelle sera la ronde de sécurité à
l'égard de ces équipements qui comparent d'autres choses à être vérifiées
éventuellement.
M. Leduc : De ce que vous
m'expliquez — merci pour les explications — j'en déduis que
c'est des règlements qui relèvent un peu des conditions de travail, de la
sécurité de l'appareil qu'on conduit, qui est un gros appareil. C'étaient donc
des règlements qui relèvent plus, quoi, du ministère des Transports?
M. Cadieux (Marc) : Tout à
fait, tout à fait. Les heures de service aussi, c'est le ministère des
Transports via, bien sûr, la Société d'assurance automobile du Québec, et les
forces qui font les vérifications de ces heures de services là, bon, sont, bien
sûr, Contrôle routier...
M. Cadieux (Marc) : ...et
les... les forces qui font les vérifications de ces heures de service là, bon,
sont bien sûr Contrôle routier Québec, qui est une vice-présidence de la
Société d'assurance automobile du Québec par son corps policier, mais tout
corps policier aussi peut, dans des compétences, faire des vérifications à
savoir si les heures de service sont respectées. D'ailleurs, c'est quelque
chose qu'on a réclamé depuis nombre d'années, la télémétrie à l'égard de ça,
pour éviter bien sûr tous les modes de tricherie possibles.
M. Leduc : J'ai déjà vu dans
des projets de loi des annexes où on intégrait des règlements qu'on adoptait
sur-le-champ. Là, je ne sais pas si le temps nous le permettrait, de tout de
suite rédiger ces règlements-là, ces amendements de règlements là qu'on
pourrait intégrer au projet de loi. Il faudrait des consultations plus en
profondeur?
M. Cadieux (Marc) : Écoutez,
je vais laisser les légistes, chez vous, faire ce travail, et je le...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été des nôtres aujourd'hui.
Alors, je vais suspendre les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 h 48)
La Présidente (Mme Blouin) : Je
souhaite maintenant la bienvenue au Conseil du patronat du Québec. Alors, je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi, on
va poursuivre avec une période d'échange avec les membres de la commission.
Alors, je vous invite à tout de suite vous présenter et à enchaîner avec votre
exposé.
Mme Kozhaya
(Norma) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Je me présente,
Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef au Conseil
du patronat du Québec, le CPQ, et je suis accompagnée de mon collègue Arnaud
Champalbert, qui est vice-président, Affaires publiques et gouvernementales, au
CPQ également.
Donc, tout d'abord, le CPQ remercie la
Commission des transports et de l'environnement de lui permettre de soumettre
ses commentaires sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses
dispositions en matière d'environnement. Le CPQ salue les objectifs du projet
de loi, soit de tenir compte, notamment, des nouvelles réalités
environnementales, de raccourcir les délais et d'optimiser les processus. Ce sont,
évidemment, des objectifs que nous partageons dans les grands dossiers en
matière de développement durable et de protection de l'environnement. Il
s'agit, pour nous, toujours de trouver un équilibre, un équilibre qui est
particulièrement important dans le contexte actuel, où le développement de
nouveaux projets est de plus en plus nécessaire, notamment dans le cadre de la
transition énergétique, et pour assurer la prospérité du Québec.
Pour le CPQ, il s'agit toujours de
s'assurer que la réglementation tienne compte adéquatement de la réalité des
entreprises et de leur compétitivité. Nous sommes d'avis que tout nouvel
encadrement ne doit pas alourdir indûment la conduite des affaires au Québec.
On sait que le fardeau administratif et réglementaire des entreprises est déjà
imposant, et s'est alourdi, même, au cours des dernières années. Donc, la
réglementation doit toujours être guidée par les principes de la réglementation
intelligente, telle que définie dans la Politique gouvernementale sur
l'allègement réglementaire et administratif.
• (14 h 50) •
Nous constatons que certaines dispositions
du projet de loi n° 81 sont intéressantes et nous les saluons. D'autres
dispositions risquent, toutefois, d'alourdir les processus, d'augmenter les
délais et d'introduire de l'imprévisibilité, alors que la stabilité
réglementaire est importante pour les décisions d'investissement et pour la
réussite des projets et, ultimement, pour notre prospérité. Donc, nos
commentaires pour la suite porteront sur trois thématiques, essentiellement, du
projet de loi, soit les évaluations environnementales, la norme VZ, zéro
émission, pour le transport lourd, et la conciliation de la réglementation
provinciale et municipale.
Le projet de loi prévoit une révision
importante de la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement dans l'objectif annoncé d'améliorer l'efficience de son
déroulement et de favoriser la participation du public dès le début de la
procédure. L'amélioration de la... de l'efficience des processus est certes
souhaitable, et les nouvelles étapes de consultations publiques devant le BAPE
sur l'avis d'intention du promoteur, de rédaction d'un compte-rendu par le BAPE
et de préparation d'une directive ministérielle adaptée au projet risquent
d'être plus longues à réaliser et plus exigeantes que la procédure actuelle.
Le CPQ constate aussi que le ministre peut
intervenir à différents moments et pour différents motifs, pour mettre fin, par
exemple, à la procédure d'évaluation. Le CPQ craint ainsi que les délais et les
efforts supplémentaires requis pour se conformer à de nouvelles exigences
ralentissent le développement des projets, comme des projets miniers ou
énergétiques, alors que les besoins sont importants. Bien que la...
Mme Kozhaya
(Norma) :...consultation, tôt dans le
processus soit louable, il est important de s'assurer de ne pas alourdir
indûment les directives qui en résulteraient et les études d'impact qui
seraient exigées. Et donc il serait pertinent de mettre l'accent
essentiellement sur les enjeux majeurs du projet susceptibles d'influencer la
décision.
Nous recommandons aussi que les délais
accordés au BAPE et au ministère, qui seront prévus par règlement, soient
réduits au minimum pour atteindre les objectifs souhaités. Nous remettons en
question par ailleurs l'arrêt automatique de la procédure en cas de dépassement
du délai prévu par la directive. Nous recommandons plutôt de prévoir la
possibilité d'accorder un délai supplémentaire lorsque la situation le
justifie. On sait que les efforts et les coûts investis par un promoteur dans
un processus d'étude d'impact sont importants et des événements hors du
contrôle peuvent ralentir ou mettre en pause la préparation d'une étude
d'impact.
Les nouveaux pouvoirs de permettre, de
manière exceptionnelle, de commencer, avant la procédure d'évaluation, certains
travaux préalables, nécessaires à un projet, dans le cas où ce projet participe
à l'atteinte des cibles en matière de lutte aux changements climatiques et aux
objectifs de la transition énergétique, sont bienvenus pour nous. Ces
dispositions vont contribuer à accélérer la réalisation de certains projets
dans le contexte de la transition énergétique. Le CPQ propose aussi d'étendre
cette possibilité aux initiateurs de projets privés.
Pour ce qui est des nouvelles dispositions
visant à l'évaluation sectorielle ou régionale, on estime aussi que cette
nouvelle évaluation peut être intéressante si, tel que mentionné dans
différents avis s du ministère, elle permettrait de faire des gains d'efficience
pour l'autorisation de projets. Nous notons, par contre, qu'il y a une certaine
similitude entre cette évaluation et l'évaluation stratégique qui est déjà
prévue dans la LQE. Donc, il serait important de clarifier, selon nous, dans
quels cas chaque procédure va s'appliquer, donc, afin de mieux comprendre les
processus, dans quelles situations, ça s'applique et qui peut en faire la
demande.
Je passe maintenant au deuxième thème de
nos commentaires, soit celui concernant la conciliabilité des réglementations
provinciales et municipales. Le CPQ est conscient que, pour certaines
municipalités, dans certains cas, il peut y avoir des problématiques
particulières, en matière environnementale, qui peuvent nécessiter l'adoption
de règlements municipaux différents de la réglementation provinciale.
Toutefois, on aimerait souligner que plusieurs considérations qui sont dans
notre mémoire, que je ne nommerai pas toutes, nous portent à croire que le
statu quo est préférable, et que le ministre a un rôle de s'assurer de la
cohérence des réglementations municipales, et qu'une multiplication des
réglementations applicables sur un même objet constitue un alourdissement, et
qu'au contraire nous estimons qu'une harmonisation de l'action gouvernementale,
entre les différents paliers du gouvernement, et une cohérence réglementaire
sont souhaitables. Ceci est particulièrement important pour les entreprises
nombreuses qui exercent des activités dans plusieurs municipalités.
Pour ce qui est du troisième thème
concernant la norme véhicule zéro émission pour le transport lourd, évidemment,
la réduction des émissions de GES, dans le secteur du transport, est nécessaire
et essentielle pour l'atteinte de nos objectifs climatiques. Pour nous, il y a
toutefois plusieurs moyens d'y arriver, qui permettent de tenir compte
adéquatement de la réalité du secteur et de la situation technologique
également. Donc, l'orientation prise par le projet de loi soulève plusieurs
enjeux et, selon nous, devrait prendre en considération plusieurs éléments. Je
crois que vous avez entendu certains commentaires à cet égard par d'autres
groupes. Mais, bien sûr, on estime que cette norme ignore le potentiel d'autres
énergies et technologies existantes qui peuvent représenter des alternatives
viables et intéressantes, à court et à moyen terme, pour réduire l'empreinte
carbone dans le secteur du transport routier. On pense notamment au biodiesel
et au gaz naturel renouvelable. Donc, dans ce domaine comme dans d'autres
en général, on estime qu'il est important de valoriser la complémentarité des
énergies et des technologies et l'utilisation de la bonne énergie à la bonne
place, au bon coût...
Mme Kozhaya
(Norma) :...il faut tenir compte des
avantages, de même que des limites et des contraintes des différentes
alternatives et technologies. De plus, le gaz naturel renouvelable est un bel
exemple d'économie circulaire qui est à encourager. Et, par ailleurs, la norme
zéro émission ignore la réalité opérationnelle du secteur du transport lourd,
où les besoins sont différents selon les distances...
La Présidente (Mme Blouin) : Je
vais vous inviter à conclure. Il vous reste 40 secondes... Parfait. On
m'informe qu'on peut prendre un petit peu de temps du côté du gouvernement.
Mme Kozhaya
(Norma) :Ah! merci, c'est gentil. Donc
effectivement, de toute façon, j'allais conclure. Le CPQ, donc, estime ainsi
qu'il est préférable à cet égard de fixer des objectifs de décarbonation du
secteur plutôt que d'imposer des technologies spécifiques et d'y aller de façon
graduelle et pragmatique. Il faut aussi, bien sûr, accompagner le secteur,
mettre en place des mesures de soutien nécessaires, qui incluent aussi la
formation, par exemple, les infrastructures de ravitaillement. Et bien sûr, je
ne peux pas ne pas mentionner le programme Écocamionnage, qui a été interrompu
de façon quand même imprévue et qu'on espère qui va être rétabli. Donc, je vous
remercie et ça nous fera plaisir de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
à vous pour votre présentation. Alors, M. le ministre, vous avez 16 min 10s.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. À vous deux, merci d'être avec nous cet après-midi. Toujours un
plaisir d'échanger avec le Conseil du patronat. Je sais que j'ai des collègues
qui souhaiteront intervenir aussi, donc je vais tenter, dans un premier temps,
de vous rassurer sur les différents éléments que vous avez soulevés, et, par la
suite, ce sera davantage un échange, là, avec les collègues, mais n'hésitez pas
à m'interrompre ou à me poser des questions, si jamais l'inspiration vous
vient.
Les évaluations, c'est au cœur du projet
de loi, réellement. On a voulu, à travers ce projet de loi là, démontrer qu'il
est possible d'être plus efficace sans pour autant minimiser l'importance, là,
qui est accordée à l'évaluation environnementale elle-même. Je pense qu'on
arrive... Et vous l'avez mentionné, hein, c'est un mot qui est au cœur aussi du
projet de loi, vous avez parlé de l'importance de l'équilibre. C'est une quête
d'équilibre, ce projet de loi là. On pourrait toujours aller plus loin, on
pourrait toujours aller moins loin, mais on a développé, je pense, un équilibre
intéressant, là, sur chacun des enjeux que vous avez soulevés.
Mais, au niveau de l'évaluation, on sera
plus efficace dans l'éventualité où le projet de loi sera adopté. La plupart
des groupes ont même réussi à évaluer ce que ça pouvait représenter, là, ces
quelques mois qui seront retranchés, selon la nature du projet, à la procédure
d'évaluation environnementale. Non pas qu'on sera plus insouciants au lendemain
de l'adoption, c'est qu'on sera en mesure de faire des étapes en parallèle,
alors que plusieurs de ces étapes-là sont successives en ce moment, notamment
au niveau de la consultation qui interviendra plus tôt dans le processus. Donc,
je pense qu'en bout de ligne, ce sera plus efficace.
• (15 heures) •
La fameuse question des évaluations et du
jeu de yoyo entre le ministère et le promoteur, c'est très pénalisant,
actuellement. Ça l'est autant pour le promoteur qui veut voir sa demande
acceptée que pour le ministère, qui doit consacrer énormément d'efforts et de
temps, surtout à l'analyse des différentes considérations. Et c'est la raison
pour laquelle on parle d'un pouvoir de mettre fin à l'évaluation, dans certains
cas. Ce n'est certainement pas la norme et ce n'est certainement pas courant,
mais, dans certains cas, un projet peut, par exemple... je pourrais vous donner
différents exemples où le promoteur n'était tout simplement pas prêt. Sa
demande a été formulée trop rapidement. Le promoteur n'avait pas réponse à des
questions pourtant très, très élémentaires, et, malgré tout, ça génère des
efforts pour le promoteur, qui doit continuellement apporter des précisions à
travers les questions qui sont posées, et, pour le ministère, justement,
inviter le promoteur à plus de précisions, à plus d'exactitude. Donc, c'est
dans certains cas comme ceux-là où une demande pourrait être suspendue. Et je
pense qu'au bout de la ligne, ce sera autant le promoteur que le ministère qui
seront gagnants. Sans dire que le promoteur ne pourra pas venir avec une
nouvelle demande, sans dire que le projet sera, ultimement, refusé, on est en
quête d'efficacité à ce niveau-là.
La fameuse question des travaux préalables,
plusieurs groupes l'ont mentionné, je pense que c'est accueilli favorablement,
là, par une majorité, en fait une très, très grande majorité, peut-être deux
groupes, sinon trois, ont exprimé différentes réserves, mais la plupart sont en
accord...
15 h (version non révisée)
M. Charette : ...et même
certains diront qu'on ne va pas assez loin. Un petit peu comme vous l'avez
mentionné, vous aimeriez que les promoteurs privés puissent aussi être
admissibles à ce type de travaux préalables? Vous avez parlé d'équilibre, je parle
d'équilibre aussi. C'est très équilibré de commencer, dans un premier temps,
avec des promoteurs publics pour... pour se mettre la main en quelque sorte,
pour se faire la main à ce type de procédure. Est-ce qu'ultimement et plus tard
ce sera étendu à d'autres types de promoteurs? Ça reste à voir. Mais, de façon
équilibrée, on se dit : C'est déjà nouveau, on vient brusquer certaines
façons de faire en procédant de la sorte. Donc, on va les limiter, dans un
premier... dans un premier temps, aux promoteurs privés. Et, je dis «promoteurs
privés», c'est beaucoup Hydro-Québec, là, dans un premier temps, qui sera un
petit peu notre élève sur la question pour développer, là, différents projets d'énergies
renouvelables, dont on a cruellement besoin.
Les fameuses évaluations sectorielles
régionales. Vous demandiez quelle était la différence avec les évaluations
stratégiques. Il peut, effectivement, voir des ressemblances. Cependant, lorsqu'on
parle d'une évaluation stratégique sur un domaine d'expertise en particulier, c'est
très vaste. Et là on vient ajouter un élément régional beaucoup plus
spécifique. L'exemple qui a été donné... Je ne me souviens plus auprès de quel
groupe, mais parlons d'éoliennes, par exemple. Certains nous demandent un BAPE
générique sur l'énergie éolienne, mais... que l'on fasse un projet d'éoliennes
en Gaspésie versus sur la Côte-Nord ou en Estrie, ça a beau être de l'éolien,
mais c'est des conditions très, très différentes, avec des impacts humains très
différents, avec une réalité géographique très différente. C'est là où on
trouve un avantage à parler, là, d'évaluation sectorielle, sinon régionale,
versus une évaluation, là, qui serait stratégique, là, à grande échelle. Donc,
c'est un avantage de plus que l'on se donne.
La fameuse question des pouvoirs aux
municipalités, revendications historiques du milieu municipal qui en inquiètent
quelques-uns. Vous n'êtes pas les premiers ou les premières à nous exposer ces
craintes-là. Ces craintes-là ont été partagées aux différentes associations
municipales que sont l'UMQ et la FQM en les invitant à être plus... plus
proactives dans la définition de leurs intentions à ce sujet-là. Mais ce qui
peut nous rassurer, par contre, c'est que, là aussi, c'est un pouvoir qui est
habilitant. Ce n'est pas à partir du moment où le projet de loi est adopté que
ces dispositions-là sont applicables. C'est une réglementation qui devra être
développée, donc réglementation qui va amener des consultations auxquelles vous
pourrez participer. Mais ce sont des réglementations qui vont venir baliser, en
quelque sorte, ce qui sera permis ou pas aux municipalités, là, de faire à
travers ces nouveaux pouvoirs.
VZE, ça a été largement discuté depuis
quelques jours. Au niveau du transport lourd notamment, là aussi, on se donne
un nouveau pouvoir, oui, mais pouvoir qui devra nécessiter de la
réglementation. Et ce n'est pas la réglementation qu'on va prioriser à ce
moment-ci, pour plein, plein de considérations. Donc, peut-être vous rassurer
si c'est une inquiétude pour vous, là, ce n'est pas une entrée en vigueur, là,
qui est prévue pour bientôt pour ce qui est des véhicules zéro émission lourds.
En fin de programme, Écocamionnage. Populaire, oui, trop populaire, engendrant
des dépenses énormes. J'ai entendu, à plusieurs reprises par le passé, je vous
le dis sans reproche, au contraire, le... le Conseil du patronat de dire au
gouvernement : C'est important, l'équilibre budgétaire, il faut faire bon
usage des deniers publics. C'est ce que l'on fait lorsqu'on dépasse largement les
budgets, il faut réviser le tir, bien que ce soit populaire comme initiative.
Et, oui, on a l'intention de revenir avec une mouture différente d'Écocamionnage
au cours des prochains mois. Mais en même temps on a cette première
responsabilité, celle de bien gérer les fonds publics.
Donc, c'est les différents éléments pour
lesquels je voulais apporter quelques précisions. N'hésitez pas, là, si vous
voulez commenter certains de mes commentaires. Et sinon je vais passer la
parole à un collègue, et sinon, déjà, je vous remercie, à défaut de pouvoir
aller vous serrer la main compte tenu que vous êtes à distance, soyez salués.
Encore une fois, merci, là, pour votre présence avec nous cet après-midi.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
M. le ministre. Alors, on va poursuivre avec le député de René-Lévesque...
M. Montigny : Alors,
simplement, merci, Mme la Présidente. Simplement des petites questions en
rafale pour vous laisser du temps de réponse. Je vais commencer simplement vous
disant que vous avez mentionné tout à l'heure dans votre exposé que la CPQ
estime préférable de fixer des objectifs de décarbonation plutôt que d'imposer
des technologies. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus parce que mon
impression, puis pour avoir déjà fait une planification stratégique comme
ancien maire de Baie-Comeau, une politique de développement durable et un plan
stratégique, il fallait se donner des moyens pour réussir à atteindre nos
objectifs. Alors, j'aimerais juste ça vous entendre sur ce que vous nous avez
dit, comment vous pouvez voir ça, qu'on réussisse à atteindre les objectifs si,
comme gouvernement, on n'avance pas un peu dans les moyens.
Mme Kozhaya
(Norma) : Oui, merci. Tout d'abord, la raison, c'est un peu le
fait que ce qui est prévu, comme l'électrification, en tant que telle, n'est
pas toujours optimal dans l'état actuel des choses. Donc, il y a d'autres
moyens, d'autres alternatives, que ce soient des technologies ou des carburants
alternatifs, qui peuvent permettre de réduire l'empreinte carbone du secteur et
donc qui vont nous permettre d'atteindre nos cibles de réduction des émissions
plutôt que seulement ces deux technologies-là qui sont précisées dans la norme.
Maintenant, effectivement, M. le ministre nous rassure en disant qu'on va
consulter le milieu et puis on va y aller de façon graduelle parce que les
technologies ne sont pas matures. Il y a beaucoup de rapports, dont l'Institut
du véhicule innovant, la Chaire de l'énergie de HEC, donc, qui ont par exemple
démontré l'intérêt du gaz naturel renouvelable en ce moment comme alternative,
qui est une énergie de transition. Donc, plutôt que de brusquer pour des
technologies qui ne sont pas encore nécessairement à pointe et qui ne répondent
pas aux besoins du secteur, donc, y aller de façon graduelle et puis viser
les... la cible qui est, bon, réduire les émissions de x plutôt que seulement
deux technologies qui, en ce moment, ne répondent pas nécessairement aux
besoins du secteur et ne sont pas nécessairement... Ça va nécessiter des subventions
importantes. Évidemment, nous, notre souci de finances publiques saines et de
saine utilisation des deniers publics n'a pas changé. Mais si on impose des
choses aux entreprises, il faut aussi les accompagner en contrepartie. Donc,
c'est un peu le... D'où l'idée que gardons les initiatives qui peuvent être
viables à court et moyen terme. Et puis regardons, peut-être pour plus tard,
pour des technologies qui sont plus chères mais qui seront peut-être plus
souhaitables.
M. Montigny : Merci. Simplement
un autre... un autre point que j'aimerais aborder avec vous, c'est tout l'enjeu
municipal, en fait. Vous savez, au niveau des municipalités, il y a des
municipalités plus capables que d'autres, hein, au niveau de travailler leur
réglementation en lien avec l'environnement. Vous, cette recherche d'équilibre,
en fait, entre nous comme gouvernement, législateur ou réglementaire, versus
les municipalités, j'aimerais vous donner un petit peu de temps de plus pour
préciser ce que vous aviez commencé tout à l'heure.
• (15 h 10) •
Mme Kozhaya
(Norma) : Oui. Merci. Je vais commencer et peut-être mon
collègue voudra compléter. D'ailleurs, dans notre mémoire, justement, comme
vous dites, il y a des municipalités peut-être qui ont davantage les moyens,
d'autres qui n'ont pas les ressources scientifiques, techniques, l'expertise
pour réglementer des enjeux aussi complexes que l'environnement et qui peuvent
avoir des ramifications différentes. Donc, comment on traite cette
différence-là? J'aimerais aussi faire une parenthèse. On parle beaucoup
évidemment ces jours-ci de la menace américaine, des tarifs et de l'importance
de renforcer nos échanges avec les autres provinces. Et les barrières avec les
autres provinces, ce n'est pas des barrières tarifaires, c'est des barrières
réglementaires. Donc là, est-ce qu'on veut rajouter des barrières
réglementaires au niveau municipal? Et en plus, on sait que dans les
municipalités, il n'y a pas le même processus de consultation qu'au niveau
provincial. Il y a le phénomène du pas dans ma cour qui peut aussi être là.
Donc, c'est un peu nos préoccupations... Arnaud si tu voulais compléter.
M. Champalbert (Arnaud) :
Bien, très rapidement. On pense aussi que ça va dans la lignée de ce qu'on
avait pu voir dans le projet de loi n° 44, où le ministre avait des
pouvoirs pour assurer la cohérence et la coordination des politiques, des plans
d'action et autres mesures qui luttent contre les changements climatiques.
Donc, pour nous, cette cohérence doit être assurée aussi avec le milieu
municipal, pour toutes les raisons qu'on vient de vous énumérer.
M. Montigny : Merci.
Vous m'avez fait penser à quelque chose en vous écoutant parler de notre voisin
du Sud, là. Évidemment, je viens d'une région de l'aluminium, la Côte-Nord, avec
nos alumineries. Ça fait que ça m'a fait penser à ça. Mais je vous amène sur
justement cette prévisibilité ou imprévisibilité. Dans votre document, tout à
l'heure, je lisais, là, qu'un cadre réglementaire stable et prévisible stimule
l'investissement...
M. Montigny : ...regarde ça,
la situation actuelle, puis je me dis : Oui, mais, en même temps, on a
besoin d'évoluer dans nos cadres réglementaires. Si on veut se décarboner,
notamment dans différents secteurs, dans l'industriel, dans le transport, bien,
il faut être capable d'avancer avec une certaine pression pour être capable, à
quelque part, d'avoir un Québec plus vert.
Alors, je vous demanderais juste de
préciser ces éléments-là sur cette volonté que vous avez dit d'avoir des... je
dirais, un cadre réglementaire stable. Mais, en même temps, le statu quo ne
nous amène pas tout le temps vers une évolution. Alors, j'aimerais vous
entendre davantage là-dessus.
Mme Kozhaya
(Norma) :Merci. Effectivement, on ne
prône pas — bien, ça dépend — le statu quo, dépendamment si
c'est... la situation est bonne. Comme vous l'avez mentionné, on a beaucoup
d'imprévisibilité du côté de nos partenaires commerciaux. Donc, essayons
d'avoir davantage de prévisibilité sur les choses sur lesquelles nous avons le
contrôle.
Et effectivement, donc, la réglementation,
consulter en amont, et tout ça, c'est... c'est louable et c'est intéressant,
parce que, si ultimement... Et d'ailleurs tout ce que je vous mentionne... On
utilise beaucoup le mot «risque» dans notre mémoire parce qu'il y a certaines
balises, il y a certaines choses qu'on peut faire pour réduire ces risques et
pour amener davantage de prévisibilité. Par exemple, quand on consulte en
amont, devant le BAPE, la population en général et que le... après l'étude
d'impact doit tenir compte de ces... des préoccupations qui auraient été
soulevées, donc on se demande comment le ministère va appliquer ça au juste.
Est-ce que ça va faire que l'étude d'impact va inclure des choses qui sont, à
la limite, moins pertinentes que le projet en tant que tel?
Aussi, le fait... Bon, le ministre a
mentionné qu'il n'a pas l'intention d'arrêter les procédures de... facilement.
On comprend qu'il pourrait y avoir des cas, mais là les cas qui sont présentés
semblent ouvrir quand même la porte un peu large à la possibilité d'arrêter ou
de demander d'autres documentations, donc, qui vont peut-être dans... qui
peuvent aller...
M. Montigny : Simplement une
petite question vite, vite vite, parce qu'il me reste, comme, quelques secondes.
Est-ce que... Est-ce que pour vous ça crée de l'instabilité, de consulter en
amont?
Mme Kozhaya
(Norma) :Non, mais c'est ce qui est...
c'est comme : Qu'est-ce qu'on va faire de ces consultations? Et aussi
est-ce que ça va être des perceptions ou si on va consulter des experts et des
scientifiques?
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Donc, ça complète cette portion de l'échange. Alors, on enchaîne avec
la porte-parole de l'opposition officielle pour neuf minutes 54.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. C'est court. D'emblée, j'aimerais juste transmettre mes salutations
à votre P.D.G., qui n'est pas présent, mais, si vous pouvez le faire pour moi
et ma collègue, ce serait apprécié.
M. Champalbert (Arnaud) : Merci.
Comptez sur nous.
Mme Dufour : Écoutez, vous
parlez de risque et d'autres... et d'imprévisibilité. Beaucoup de groupes nous
ont parlé de prévisibilité, hein, que c'était très... c'était nécessaire pour
justement favoriser les investissements. Et là vous parlez qu'il y a plusieurs
éléments dans le projet de loi qui pourraient amener, en fait, de
l'imprévisibilité et nuire aux investissements.
Lorsque vous parlez des délais... et ça,
ça m'a surprise, que, dans le fond, vous pensez que la procédure allégeait...
allégée pourrait en fait amener des délais supplémentaires. J'aimerais vous
entendre davantage là-dessus, là. Vous... Alourdissement des procédures,
prolongement des délais. Peut-être juste m'expliquer exactement comment vous le
voyez, que ça peut rallonger les délais.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, merci. Ce n'est pas la
procédure allégée dans le sens de pouvoir conduire en même temps des travaux
préalables et puis la procédure d'évaluation en même temps, ce n'est pas ça qui
risque d'allonger les... de prolonger les délais, mais c'est davantage, par
exemple : Est-ce que... Encore une fois, on a une consultation sur l'avis
d'intention. Est-ce que juste on déplace les choses d'une étape à l'autre?
Avant, on avait une étape de recevabilité, là ça va être... une analyse de
recevabilité, là on va parler d'admissibilité et puis... l'étude d'impact qui
doit tenir compte des préoccupations qui auraient été soulevées pendant cette
étape-là. Et il y a des membres qui nous ont fait un parallèle avec des changements
qui ont eu lieu au niveau de la loi d'étude d'impact au niveau fédéral, qui a
occasionné aussi certains délais supplémentaires.
Donc, effectivement, l'objectif de réduire
les délais, on adhère, et c'est important, et c'est essentiel. Mais est-ce que,
dans la pratique, on va arriver à réduire ces délais ou est-ce qu'on va
peut-être davantage bloquer certains projets que faciliter l'exécution de
certains projets? Donc, c'est... Et c'est pour ça qu'il est important de fixer
aussi des objectifs de délais...
Mme Kozhaya
(Norma) :...le ministère et le
gouvernement en général, comme il y a des délais qui vont être prévus par
règlement pour le BAPE, par exemple.
Mme Dufour : La Fédération
des chambres de commerce nous a mentionné un peu ce que vous venez de dire, que
ça semble être un transfert, là, du moment qu'on fait certaines... certains
avis. Ils demandaient que le choix soit donné, dans le fond, au demandeur, que
ce soit un avis plus tôt ou plus tard dans le processus. Qu'est-ce que vous
pensez de cette proposition, de donner de la flexibilité au demandeur?
Mme Kozhaya
(Norma) :Je n'ai pas consulté mes membres
spécifiquement sur cette option-là, mais la flexibilité, en général, nous, on
adhère, qui est de donner le choix, effectivement. Et, de la même façon, pour
ce qui concerne l'évaluation sectorielle et régionale, si, aussi, ça permet,
par la suite, pour des projets dont l'impact a déjà été évalué et maîtrisé avec
l'évaluation plus grande, est-ce que ça peut aller plus vite? Est-ce que
certains projets peuvent, à ce moment-là, être exemptés ou les seuils peuvent
être relevés également une fois si on a déjà étudié... Donc, ne pas répéter la
même chose, mettons, à deux reprises, ne pas ajouter des étapes, mais, au
contraire, raccourcir les étapes tout en respectant, en s'assurant, bien sûr,
de conditions qui soient propices adéquatement à la protection de
l'environnement, l'atténuation des risques.
Mme Dufour : Oui, merci. Vous
avez eu des échanges avec le ministre sur la question de l'arrêt automatique de
la procédure en cas de dépassement des délais prévus par la directive. Et ça,
ça vous inquiète, et vous, vous proposiez donc de prévoir la possibilité
d'accorder plutôt un délai. Le ministre a dit : Bien, c'est dans des cas où...
Tu sais, c'était prévu, dans des cas, que ce serait finalement mieux pour le
demandeur que ça cesse plus tôt. Mais est-ce que ça pourrait, votre
recommandation, de dire : Au lieu d'accorder un délai supplémentaire
lorsque la situation le justifie, mais plutôt de mettre fin à la demande, à
mettre fin au processus si le demandeur en fait la demande spécifique? Et donc
ce serait dans le cas... Ce n'est peut-être pas très clair, parce qu'il y a le
mot «demande» trop souvent dans ma proposition, mais c'est que finalement un
initiateur d'un projet si, dans un cas précis, comme le mentionnait le
ministre, ça devient clair que c'est trop tôt et qu'il devrait y avoir fin,
bien, qu'à sa demande à lui, à l'initiateur, bien que là, à ce moment-là, on
mette fin à l'arrêt... qu'on mette un arrêt à la procédure, au lieu de mettre
fin automatiquement parce que le délai est dépassé, là.
Mme Kozhaya
(Norma) :Effectivement, oui, bien,
j'imagine si l'initiateur lui-même retire sa demande ou met fin à sa demande.
Oui, effectivement. Mais s'il y a de bonnes raisons de croire qu'il faudrait...
Parce qu'ultimement, l'objectif, c'est d'avoir de bons projets qui respectent
les critères et qui respectent les objectifs de protection de l'environnement.
Donc... c'est clair que si l'initiateur souhaite mettre fin à la demande, oui,
mais il faut peut-être baliser davantage les cas. Par exemple, il y a un cas où
si les données fournies sont jugées insatisfaisantes, est-ce que ça, ça peut...
C'est un peu subjectif, comment c'est jugé. Donc, donner davantage
l'opportunité à l'initiateur de défendre son projet et puis de bonifier son
projet pour que ça devienne... plutôt que de tout recommencer de zéro, ce qui
nécessite aussi des coûts et du temps.
• (15 h 20) •
Mme Dufour : Oui. Et je vais
vous poser une dernière question avant de céder la parole à ma collègue. Mais
quand vous parlez des municipalités... et vous avez raison, elles sont
davantage exposées aux pressions locales. Je viens du milieu municipal. Mais
par contre, les MRC, elles ont une certaine distance, et je voudrais vous
entendre sur cette possibilité-là, là, qui a été émise par différents acteurs,
que les municipalités puissent y avoir un principe de conciliabilité, mais au
niveau de la MRC et non pas de la municipalité. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Kozhaya
(Norma) :Peut-être, si c'est le souhait
du gouvernement d'aller vraiment dans cette direction-là plutôt que de garder
la situation actuelle qu'on pense qui donne quand même la possibilité à une
municipalité d'adopter des règlements différents, c'est peut-être préférable.
Mais je vais peut-être aussi laisser mon collègue là-dessus, parce que je crois
qu'il a eu une réflexion un peu là-dessus.
M. Champalbert (Arnaud) : Oui.
Merci, Norma. En fait, c'est sûr que d'aller au niveau régional, bien, on
limite peut-être la multiplication de règles différentes, on assure une
cohérence un peu plus géographique, même si ce n'est pas idéal dans certains
cas, parce qu'on a des régions qui sont... bien, qui sont délimitées. Et une
entreprise peut être d'un côté et l'autre de l'autre, ou avoir des affaires des
deux côtés, alors que, géographiquement, tout est très proche. Mais c'est sûr
que...
M. Champalbert (Arnaud) : ...ça
enlève peut-être cette capacité de multiplier avec des régions administratives,
forcément, moins nombreuses que les municipalités du Québec, et ça répond en
partie à l'enjeu. Mais, là encore, il faudrait s'assurer que... bien, que ça ne
vienne pas déroger au principe de cohérence qu'on amenait et qu'il y a
l'expertise qui puisse être attachée pour que les... que les MRC et que les
régions puissent avoir cette capacité de faire les bons choix, d'avoir les bons
règlements et de partager aussi... et de consulter en amont les entreprises.
Donc, je vous dirais, ça dépendrait de la forme que ça prend, mais, a priori,
ça pourrait limiter certains impacts.
Mme McGraw : Pour enchaîner
sur ma collègue, elle a parlé... mais vous parlez... beaucoup de groupes
parlent de la prévisibilité, mais aussi, à la question de... que les choses ne
soient pas juste prévisibles, mais claires. Et vous soulignez le fait... dans
la section Évaluation environnementale, sectorielle ou régionale, il y a des
aspects de la loi, le... de la LQE et du projet de loi qui se... pas «se
contredit», mais... vous suggérez de regrouper certains éléments du projet de
loi en... les dispositions reliées aux ESR. Est-ce qu'on peut vous entendre
là-dessus?
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, effectivement, c'est...
dans ce bout-là, c'est essentiellement dans un souci de clarification, dans
quels cas, quelles sortes de projets ou de programmes vont être... De toute
façon, dans l'évaluation sectorielle et régionale, on parle que c'est
volontaire, donc, mais dans quels cas est-ce que c'est une ou l'autre? Bien, on
s'est dit : peut-être que si on regroupait, plutôt que d'avoir une section
où on parle d'évaluation sectorielle et régionale et, dans une autre,
d'évaluation stratégique, vu que ça peut porter sur le même objet, et que ça se
ressemble. Donc, clarifier davantage quelles sortes de projets ou de programmes
peuvent être soumis à l'une ou l'autre. Et aussi, c'est quoi, la suite, pour
les projets qui vont faire partie d'un programme.
Donc, c'est davantage à cet égard là,
de... et de clarifier aussi comment les résultats vont impacter, donc, une
évaluation... pardon, sectorielle ou régionale vont impacter les projets
individuels.
Mme McGraw : Très, très vite.
Au début, vous dites que vous voulez que la réglementation vise la fin, plutôt
que les moyens, et, à la fin, vous parlez plutôt que vous voulez... parlez
plutôt de captation, séquestration, etc., et non le retrait. Mais ce qu'on vise
ici... le retrait. Donc, je veux juste comprendre, la fin, les moyens, la
cohérence entre ces deux-là.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, pardon... Le retrait... ça,
c'est le retrait du carbone de l'atmosphère. Je crois que dans les cas où,
quand on discute de ces questions...
La Présidente (Mme Blouin) : Malheureusement,
c'est complet pour cette portion. Donc, on va poursuivre avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Je vous avoue que vous me mettez dans une
façon bien inconfortable parce que moi, de manière générale, je trouve que le
gouvernement ne va pas assez loin sur le dossier de l'environnement. Mais là,
je suis obligé de le défendre face à votre mémoire et aux propos que vous
tenez. Ça fait que ce n'est pas une situation que j'aime beaucoup. Mais vous,
vous aimez ça. Donc, tant mieux, tant mieux, profitez-en, profitez-en pendant
que ça passe. Mais blague à part, merci pour votre contribution, mais blague à
part, on va se plonger quand même dans la matière.
Vous parlez de délais, là, à différents
endroits, vous venez d'en parler avec mes collègues. J'aimerais ça que vous
mettiez des chiffres. Quand vous dites, mettons, à la page 4 : Le
conseil recommande ainsi que les délais accordés au BAPE et au ministère qui
seront prévus par règlement pour la réalisation de ces étapes soit réduit au
minimum. C'est quoi, le minimum pour vous?
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, au fait, il faut que toute
la procédure et les objectifs, ils aient, mettons, ces... que ça soit plus
proche du neuf mois que du 13 mois. Donc, là-dedans... parce que le
gouvernement souvent fixe des objectifs de délai, mettons, pour le BAPE ou
autre. Donc, c'est pour que ça rentre dans le... par exemple, le neuf mois,
parce qu'on sait que les délais, c'est... des fois ça dépasse... ça peut aller
à 18 mois ou deux ans, donc, alors que ça évolue partout. Donc, oui,
effectivement, on pourra revenir, mais dans notre esprit, ce n'est pas le délai
qui est au ministère de neuf mois, mais ce que ça permettre que pour un projet,
ça peut être dans les alentours de neuf mois, dépendamment aussi s'il y a
évaluation ou non.
M. Leduc : Je comprends.
Prochaine question de clarification à la page suivante à la page cinq dans les
nouvelles attestations, là, vous dites : Le CPQ estime par ailleurs qu'un
délai maximum devrait être prévu pour la réalisation de l'étape de l'analyse de
l'admissibilité en vue d'accélérer le processus. Encore une fois, même
question : Qu'est-ce que ça veut dire concrètement un délai maximum? On
parle de combien de mois, par exemple?
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, en ce moment, il n'y a pas
de délai qui est prévu pour la réalisation de l'analyse d'admissibilité par le
ministère. Ce n'est pas... C'est à dire, moi, je n'ai pas de chiffre, mais
qu'il faut qu'il y ait un délai pour que le gouvernement réponde et clarifie
c'est quoi...
Mme Kozhaya
(Norma) :...l'analyse, je l'ai, donc ça
ne peut pas être un an, par exemple, ça peut être quatre, cinq mois. Ça aussi,
on a... L'objectif, ce n'est pas d'avoir le chiffre, mais c'est qu'il y ait un
délai qui soit prévu. Parce qu'en ce moment, ce n'est pas le cas pour le
gouvernement.
M. Leduc : Et qu'il varie des
fois d'une région à l'autre, selon ce qu'on s'est fait expliquer par d'autres
groupes.
Mme Kozhaya
(Norma) :Ça peut... oui, ça peut et ça
peut dépendre évidemment des projets aussi et de leur impact sur
l'environnement. On ne peut pas traiter les projets qui ont moins d'impact
comme ceux qui risquent d'avoir plus d'impact.
M. Leduc : Peut-être dernière
question, avec le temps qui reste, Mme la Présidente. Vous parlez d'ouvrir aux
projets privés la possibilité de bénéficier de la procédure allégée, là, pour
les réalisations de projets contribuant à l'atteinte de cibles gouvernementales.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre que je suis assez défavorable à cette
suggestion-là. Moi, j'ai la crainte que ça génère encore plus de pression
politique sur le gouvernement, ou peu importe la couleur, là, là, c'est la CAQ,
mais ça sera peut-être une autre couleur la prochaine fois, qui subit déjà
beaucoup de pression des milieux économiques, mais là, si ça ouvre la porte au
privé, ça fait une pression indue sur les pouvoirs publics. Vous ne pensez pas
que c'est une boîte de Pandore qu'on ouvrirait si on faisait ça?
Mme Kozhaya
(Norma) :En fait, l'idée c'est qu'on a
beaucoup de défis...
La Présidente (Mme Blouin) : C'est
terminé, malheureusement. Donc, on va terminer cet échange avec le député des Îles-de-la-Madeleine,
pour 3min 18s.
M. Arseneau : J'aimerais
entendre la réponse. Allez-y.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, merci. J'allais dire que le
défi de la transition énergétique est énorme, les besoins sont énormes. On
parle, dans ce cas, de travaux préalables, donc qui, en principe, n'ont pas un
impact important sur le milieu. C'est des travaux relativement minimes et puis
c'est sous certaines conditions. Donc, il y a moyen de s'assurer du respect de
ces conditions, pour ne pas, justement, aller à l'encontre de la protection de
l'environnement.
M. Arseneau : Merci. Moi,
j'avais deux ou trois petites questions rapides. Concernant les délais, je
pense qu'on est tous pour le fait que les études soient faites, les analyses
soient faites le plus rapidement possible, le traitement, mais, en même temps,
la question que j'ai, c'est : Est-ce qu'à votre point de vue ce sont les
exigences administratives qui sont trop lourdes et qui nécessitent de longs
délais ou si c'est le manque de rapidité, ou d'efficacité, ou le manque de ressources
du ministère? En d'autres mots, est-ce que vous jugez qu'on doit abaisser les
standards ou juste agir plus rapidement, pour y arriver, à ces standards-là?
• (15 h 30) •
Mme Kozhaya
(Norma) :Non, je ne pense pas qu'il faut
abaisser les standards. Je crois qu'il y a moyen de maintenir les standards
adéquats. Et je crois qu'au Québec on a quand même... on n'a pas à rougir des
standards qu'on s'est fixés, mais qu'il y a moyen d'aller plus efficacement et
de ne pas en rajouter, toujours évaluer la valeur ajoutée, d'une certaine
façon, quand on ajoute une exigence, est-ce que... c'est quoi, éventuellement,
la valeur ajoutée, donc, ne pas en rajouter.
M. Arseneau : Merci. Pour ce
qui est de la conciliabilité des réglementations québécoises et municipales,
j'aimerais savoir, on... Vous n'êtes pas le premier groupe, là, qui souhaite
éviter de donner des pouvoirs supplémentaires aux municipalités, mais est-ce
que les municipalités ne sont pas, en quelque sorte, des partenaires du Conseil
du patronat et de tous les acteurs économiques? Moi, j'ai souvent l'impression
qu'on les décrit comme si c'étaient des empêcheurs de développement, alors que,
lorsqu'il y a des projets chez elles, les municipalités veulent toutes que ça
aille rapidement, et que ça se fasse, et que ça crée de l'emploi, non?
Mme Kozhaya
(Norma) :Absolument. C'est des
partenaires, effectivement, essentiels et précieux. C'est juste qu'on a vu
certains exemples, qu'on pense aux sacs de plastique, où peut-être qu'il y a
certaines réglementations qui n'ont pas démontré leur valeur ajoutée et qu'on
peut essayer d'éviter, pour différentes raisons qu'on a discutées en termes de
ressources, d'expertise, etc.
M. Arseneau : Juste pour
terminer, pour la question des véhicules zéro émission, la norme zéro émission,
je sens, dans votre proposition, que vous souhaitez qu'on y aille de façon
graduelle... bien, en fait, vous l'avez rédigée, pragmatique, mais est-ce qu'il
n'y a pas aussi, au-delà des exigences envers les entreprises, des opportunités
d'affaires liées à des exigences plus serrées?
La Présidente (Mme Blouin) : Et
c'est sur cette belle question qu'on doit conclure. Merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux aujourd'hui.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 32)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 37)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement. Merci d'être avec nous. Je vous rappelle que
vous disposez d'une dizaine de minutes pour faire votre exposé, après quoi
suivra une période d'échange avec les membres de la commission. Alors, je vous
invite à vous présenter et à enchaîner avec votre exposé. Merci.
M. Calzado (Luis) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente de la Commission des transports et de l'environnement.
M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je me présente, Luis Calzado,
président-directeur général de l'Association québécoise de la...
M. Calzado (Luis) : ...de la
production d'énergie renouvelable. Je suis accompagné de Me Julie Belley
Perron, associée de McCarthy Tétrault et vice-présidente de notre conseil
d'administration.
Au nom des l'AQPER et de ses
163 membres, nous félicitons le gouvernement d'avoir déposé ce deuxième
projet de loi omnibus en matière d'environnement. Cette réforme arrive à un
moment critique où le Québec fait face à un double défi : accélérer sa
transition énergétique tout en maintenant sa compétitivité économique. Réunis
au sein de nos comités filière, nos membres se sont réjouis notamment de la
volonté du gouvernement d'optimiser les délais de la procédure d'évaluation
environnementale à neuf mois.
Nous nous permettons de formuler des
recommandations pragmatiques et constructives visant à optimiser le cadre
réglementaire proposé. Notre objectif est de s'assurer que les modifications
législatives soutiennent efficacement le développement des énergies
renouvelables, essentielles à l'atteinte des objectifs climatiques du Québec...
des standards environnementaux rigoureux. L'expertise de terrain de nos
membres, qui développent et exploitent des projets énergétiques dans toutes les
régions du Québec, apporte un éclairage unique sur les implications pratiques
de ces changements réglementaires.
Nous saluons l'initiative ambitieuse du
gouvernement, particulièrement sa volonté de réduire des émissions des GES dans
le secteur des transports lourds. Nous suggérons cependant d'adopter une
approche technologique agnostique qui reconnaît les biocarburants et gaz
naturel renouvelable comme solutions complémentaires à l'électrification de ces
secteurs, ce qui nécessitera des changements réglementaires.
Dans ce contexte, nous croyons que le
gouvernement a besoin de plus de temps pour faire les modifications
réglementaires nécessaires. Ce qui nous porte à recommander un report de la
cible à 2040, à moins que les modifications soient adoptées à temps pour une
conformité en 2035.
Je laisse maintenant la parole à Me Belley
Perron pour s'adresser à vous.
Mme Belley Perron (Julie) : Bonjour
à tous. Donc, l'AQPER se réjouit de voir que le gouvernement vise à réduire les
délais de la procédure environnementale à une moyenne de neuf mois. Donc, on
est conscients que ce neuf mois pourra s'ajouter toute audience publique qui
sera donnée au BAPE, par contre... en opposition aux 13 ou 18 mois actuels
selon le type de projet, cela permettra une accélération significative de la
procédure environnementale menant au décret. Cette initiative répond
directement à une de nos demandes récurrentes de l'importance de simplifier et
d'accélérer les délais pour favoriser le développement des projets.
De même, l'évolution de l'avis de projet
en un avis d'intention plus détaillé représente une avancée significative pour
favoriser une meilleure transparence et une planification plus éclairée des
projets. Cette mesure permettra aux promoteurs plus de prévisibilité dans leurs
démarches dès les premières étapes, tout en répondant aux attentes des parties
prenantes et des autorités.
L'expérience terrain de nos membres nous
amène à faire quatre recommandations à ce chapitre. La première : Que le
ministère veille à ce que les délais soient adéquatement encadrés et fixés dans
le règlement à venir pour concrétiser la volonté d'une procédure
environnementale en neuf mois. En d'autres mots, on demande des délais légaux
qui s'appliquent au gouvernement, pas juste des délais pour les promoteurs.
Deuxièmement, nous tenons à souligner
l'importance de mettre en place des mécanismes de coordination clairs entre les
promoteurs, les ministères et le BAPE au début de chaque étape clé de la
procédure d'évaluation environnementale afin d'éviter les retards. Cela
pourrait être, par exemple, des rencontres préétablies à divers moments de la
procédure.
• (15 h 40) •
De plus, nous notons que les formulaires
d'autorisation ministérielle actuelle ne sont pas adaptés aux projets ayant
déjà fait l'objet d'une étude d'impact et approuvés par décret. En effet, les
formulaires sont les mêmes pour les projets visés par l'évaluation
environnementale que ceux qui ne le sont pas. Cela engendre une répétition de
l'information déjà fournie et une analyse plus longue de la part de tout le
monde. Selon nos membres, cela augmente les délais d'émission de l'autorisation
ministérielle suite à l'émission du décret. Et ce n'est pas souhaitable parce
que ça pourrait faire échec à la réduction des délais de la procédure
environnementale sur laquelle vous travaillez fort.
Enfin, bien que l'évolution de l'avis de
projet en un avis d'intention plus détaillé soit perçue comme une avancée,
l'implication du BAPE, dès l'avis d'intention, avec la tenue d'une séance
publique, risque de créer des oppositions prématurées au projet. Donc, ça
inquiète nos membres. Les promoteurs, à ce stade-là, n'ont pas encore toutes
les informations nécessaires pour répondre aux préoccupations citoyennes. Cette
intervention précoce pourrait nuire à l'acceptabilité sociale des projets en
exposant les promoteurs à des critiques mal fondées avant que les études et
analyses nécessaires soient réalisées. Nous recommandons que le BAPE
n'intervienne pas à l'étape de l'avis d'intention, mais, si cette modification
est maintenue, le...
Mme Belley Perron (Julie) : ...du
BAPE devrait être strictement limité à la compilation des préoccupations
citoyennes, comme le fait le ministère de l'Environnement actuellement...
d'organisation d'une séance publique formelle. Cette approche permet de
maintenir un délai maximum de 30 jours pour cette phase et d'éviter des
prolongations inutiles.
Maintenant, on aimerait parler des
évaluations environnementales sectorielles et régionales. Bien qu'elles soient
une occasion d'adresser dans un même processus les préoccupations de plusieurs
projets potentiels ou pour une même région, cette nouvelle procédure soulève
plusieurs préoccupations. En premier lieu, si les EESR étaient utilisées comme
un prérequis obligatoire pour les projets individuels, cela risquerait de
ralentir significativement leur développement. Ce risque est d'autant plus
préoccupant si ces évaluations peuvent être utilisées comme un nouveau véhicule
pour freiner le développement de certains projets. En fait, ce qui nous
inquiète, c'est l'absence de critères clairs pour définir l'identité des
porteurs de plans ou de programmes. Ça crée une incertitude quant à l'application
et surtout l'utilisation de cette nouvelle évaluation environnementale
sectorielle et régionale. Nous recommandons donc que les EESR soient utilisées
de manière complémentaire et surtout volontaire à la procédure environnementale
et non comme une étape additionnelle. Nous recommandons de modifier la
référence à quiconque à l'article 98 du projet de loi n° 81, pour que
toute demande d'EESR soit faite avec le consentement des porteurs de projets
visés directement ou indirectement par le plan de programme ou, à tout le
moins, d'être encadrée de façon stricte avec des critères objectifs.
La limite de temps ne nous permet
d'aborder tous les aspects du projet de loi. Nous vous invitons à prendre
connaissance de notre mémoire et à nous poser des questions pour les éléments
que nous n'avons pas abordés. Et, pour terminer, je vais donner la parole à
nouveau à notre P.D.G..
M. Calzado (Luis) : Nous vous
félicitons, nous félicitons le gouvernement de formaliser des règles
transitoires pour appliquer progressivement les nouvelles exigences
garantissant une continuité administrative. Il faudrait cependant que le
ministère précise des modalités d'application des dispositions transitoires
afin de garantir une continuité administrative et d'éviter des retards inutiles
pour que... les projets déjà en cours d'évaluation. Cette clarification est
essentielle pour maintenir les échéanciers réalistes et assurer la mise en
service commerciale des nombreux projets éoliens approuvés et souhaités par
Hydro-Québec suite aux derniers appels d'offres. Nous recommandons
finalement... les nouvelles exigences des projets ayant déposé leur étude
d'impact à la date d'entrée en vigueur de la loi. Une telle approche
permettrait d'éviter des interruptions injustifiées et de soutenir les
promoteurs qui ont déjà investi des ressources considérables pour se conformer
au cadre des règles réglementaires existantes. Nous vous remercions de nous
avoir invités à partager l'expertise à nos membres et nous répondrons à vos
questions avec plaisir. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci à vous et veuillez me pardonner pour l'erreur lors de la
présentation. Alors, nous sommes bel et bien avec les représentants de
l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable. Désolée.
Alors, on débute la période d'échange avec M. le ministre pour 16 minutes
30.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente, à vous deux, merci d'être avec nous. Merci pour le travail que vous
faites au quotidien, autant comme association que vos membres, vous êtes
clairement des partenaires, là, pour les défis qu'on a à relever. Peut-être
vous mentionner, je vais... je vais tenter de répondre à certaines de vos
préoccupations. N'hésitez pas à m'interrompre ou à me questionner sur les clarifications
que j'aurai tenté d'apporter. Et j'ai des collègues aussi qui vont prendre la
relève, là, pour partager le temps, bien évidemment.
Peut-être juste une petite précision au
niveau de la norme des véhicules zéro émission, vous avez parlé de 2040 versus
2035. Juste clarifier les choses, dans le projet de loi, il est question
naturellement de norme zéro émission pour les véhicules lourds, et il n'y a pas
de date. La date 2035 ou la date 2040 n'est pas n'est pas du tout
mentionnée dans le projet de loi. Lorsqu'il est question de 2035, c'est
réellement pour les véhicules passagers et non pas pour les pouvoirs que l'on
souhaite se donner, là, avec la norme zéro émission pour les véhicules lourds,
et donc à ne pas... à ne pas vous inquiéter ou confondre cette date-là.
Vous parliez des délais. C'est un élément
central du projet de loi. On veut être plus efficace, sans négliger pour autant
la mission qui est la nôtre, comme ministère, c'est-à-dire la protection de
l'environnement. Vous auriez souhaité, vous n'êtes pas les premiers ou les
seuls à le demander, de dire qu'il y ait des délais déterminés par la loi qui
seraient imposés au ministère et non pas uniquement aux promoteurs. En toute
franchise et transparence, ce serait impossible pour nous de dire que, chaque
demande, le gouvernement doit répondre en tel nombre de jours, pour une raison
fort simple, c'est qu'on a une très, très grande variété de projets...
M. Charette : ...dans une très
grande variété de demandes, dans une très grande variété de régions, et, dans
chacun des cas, il peut y avoir des particularités qui font que c'est
impossible de dire : Pour chaque demande, la réponse du gouvernement sera
de tant de jours. Et, dans les faits, il y a aussi des projets qui sont
nettement plus complexes et impactants pour l'environnement que d'autres. Donc,
on souhaite être meilleurs, on y travaille, on sait qu'il y a des efforts à
faire à ce niveau-là, mais on ne pourrait pas, malheureusement, là, suite à
votre demande, y donner suite et s'imposer, dans un cadre strict, un nombre de
jours de réponse.
Quand vous parlez de formulaires,
naturellement, ça ne relève pas du projet de loi lui-même, pas plus que de la
réglementation, mais j'ai pris bonne note, là, qu'il y a des dédoublements qui
semblent se retrouver, là, selon étape où on se trouve dans la demande
d'autorisation. Donc, on va porter attention à tout ceci.
Et pour ce qui est des évaluations
sectorielles régionales, vous sembliez vous demander dans quel contexte ça doit
s'appliquer. Peut-être vous confirmer ou vous rassurer, c'est volontaire, c'est
le promoteur qui va décider de recourir à cette option-là plutôt qu'une autre,
donc ce n'est pas imposé dans un cadre particulier. Mais un promoteur pourrait
très bien y voir son compte et dire : J'aimerais que mon projet passe par
cette étape selon la nature du projet et comment il souhaite interagir avec le
milieu. Ce sont les différents points que j'ai notés. Je ne sais pas si vous
voulez apporter des commentaires supplémentaires à ce moment-ci.
Mme Belley Perron (Julie) : Alors,
juste... si on comprend bien votre commentaire, la fameuse utilisation du mot
«quiconque» à l'article 98 du projet de loi serait modifiée, là, pour ce
qui est de qui peut demander une évaluation sectorielle ou régionale.
M. Charette : Bien, en fait,
c'est le promoteur, le «quiconque», c'est le promoteur qui va déterminer si
cette avenue-là est intéressante pour lui ou pas. Sinon, c'est une procédure
régulière telle qu'on la connaît. Et naturellement, au moment... là, c'est le
temps qui finit par manquer, mais la prochaine étape, vous êtes bien familière,
là, c'est l'étude article par article. Donc, c'est le degré de détails qu'on
pourra apporter à ce moment-là, mais c'est réellement volontaire au promoteur, là,
que cette nouvelle option qui est offerte.
Mme Belley Perron (Julie) : Puis
on comprend bien que, de toute façon, cette évaluation environnementale sera
aussi encadrée par le règlement dans une prochaine étape.
M. Charette : Et vous
entendez peut-être encore ces jours-ci des groupes parler, par exemple, d'un
BAPE générique sur les énergies éoliennes et autres. Nous, ce n'est pas
l'optique que l'on a retenue, mais une évaluation de cette nature-là sera de
nature à permettre à la population concernée ou aux secteurs concernés
d'interagir avec la communauté. Donc, le BAPE générique était moins intéressant
pour nous que ce qui est proposé à travers le projet de loi n° 81.
• (15 h 50) •
Mme Belley Perron (Julie) : Parfait.
Puis peut-être pour revenir sur les véhicules zéro émission, on manquait
peut-être un peu de précision, là, mais ce qu'on propose, c'est vraiment une
approche hybride et non pas juste basée sur l'électrification, là. On pense
qu'il y aura un peu de travail réglementaire qui, je sais, là, sort du contexte
du projet de loi, à faire pour reconnaître les biocarburants de toutes sortes.
On pense qu'il y a une évolution vraiment à faire, là, nos membres nous le
rapportent beaucoup.
M. Charette : Vous avez tout à
fait raison et je n'ai pas insisté sur ce point-là, vous m'en excuserez, ça a
été largement abordé, là, à travers les groupes qui vous ont précédés. Mais,
oui, effectivement, c'est un pouvoir habilitant que permettra l'adoption du
projet de loi dans l'éventualité où il était adopté naturellement. Donc, c'est
toute une réglementation qui devra être développée par la suite. On a déjà
mentionné qu'on veut, oui, se donner ce pouvoir-là, mais que ce n'était pas la
priorité à court et moyen terme, là, de fixer le détail. Mais, oui, règlement
nécessaire et, oui, forcément une catégorisation selon les types de véhicules,
avec aussi une entrée en vigueur qui sera différente selon les types de
déplacements. Ce qu'on a pu mentionner avec des groupes qui vous ont précédés,
et je peux me tromper, je serais le premier heureux si je me trompais, mais
pour ce qui est du longue distance et du chargement lourd, il n'y a pas de
technologie prête aujourd'hui et il n'y a rien qui me semble mature à court ou
moyen terme. C'est quelque chose qui...
M. Charette : ...intervenir,
souhaitons-le, dans les prochaines années, mais, à court et moyen terme, ce
n'est pas mature, alors que, pour les déplacements davantage urbains, ce qu'on
appelle, en mauvais français, le «first mile» ou le «last mile», ça, c'est des
technologies qui sont déjà plus avancées, qui peuvent certainement répondre à
certains besoins immédiats. Donc, tout ne se fera pas en même temps, mais c'est
une réglementation, là, qui va intervenir une fois le projet de loi adopté et
après de nouvelles consultations. Parce qu'à partir du moment où un projet de
règlement est discuté, il y a aussi une consultation en bonne et due forme.
Mme Belley Perron (Julie) : Oui.
Puis je sais que d'autres associations vous l'ont demandé, mais une des
recommandations à ce sujet-là dans notre mémoire aussi, c'est, pour le côté
électrification, de s'assurer, là, d'avoir un système qui encourage
l'installation de bornes de recharge, là, peut-être même de l'intégrer, là,
dans le système de crédits. Donc, je tenais à le souligner, étant donné qu'on a
le temps.
M. Charette : Une bonne
précision. Je n'aurai pas l'occasion d'aller vous serrer la main une fois votre
présentation terminée compte tenu que vous êtes à distance, mais, déjà, je vous
remercie de nouveau et vous dis à une prochaine fois, là, tout simplement.
Bonne fin de journée.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
M. le ministre. Alors, on va poursuivre avec le député de Masson. C'est bon?
M. Lemay : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Donc, en fait, vous avez mentionné, à la fin de votre exposé,
que vous... le projet de loi était quand même assez vaste puis que vous n'aviez
pas le temps de tout couvrir. Je suivais votre mémoire, je suis allé à votre
résumé, vers la fin, je me suis rendu à la page 24, puis effectivement
vous... Est-ce que je me trompe si vous n'avez pas encore couvert les deux
derniers points, là, qui est les dispositions transitoires et prévisibilité au
niveau des évaluations environnementales ainsi que l'élargissement à
l'article 31.4.3, là? Je ne sais pas si vous vouliez en parler davantage,
là, je serais intéressé de vous entendre.
Mme Belley Perron (Julie) : En
effet. Donc, au niveau de l'article 31.4.3, je sais que d'autres groupes
ont fait la même demande, mais on recommande l'élargissement des dispositions
qui permet pour l'instant, à titre exceptionnel, au gouvernement d'autoriser
des travaux préalables pour des projets à l'ensemble des producteurs d'énergie
renouvelable, puisqu'on pense qu'il y a certains travaux préalables dans les
divers projets, hydroélectriques, éoliens, biométhanisation, qui gagneraient,
là, à pouvoir débuter avant l'émission du décret également.
Pour ce qui est des dispositions
transitoires, on recommande d'exempter les nouvelles exigences aux projets qui
ont déjà déposé leurs études d'impact. Parce qu'actuellement ce qu'on comprend
des dispositions transitoires, c'est qu'ils s'appliqueraient dès l'adoption à
tous les... tous les projets qui sont déjà en processus. Donc, on pense que de
mettre la limite à ceux qui ont déjà déposé l'étude d'impact, ça serait plus
prévisible et rassurant parce qu'entre autres il y a un des pouvoirs élargis,
dans le p.l. 81, pour le gouvernement qui est de retourner un promoteur à
une étape antérieure. Donc, on voudrait protéger les projets en cours de
retourner à cette étape-là. Ça inquiète nos membres pour... à cause de tous les
investissements et les ressources qui ont été mis déjà, là, dans les projets
qui sont en cours d'évaluation environnementale.
M. Lemay : O.K. Très bien.
Merci pour ces précisions. Puis, dites-moi, vous l'avez mentionné à la
page 9 de votre mémoire, là, vous parliez des bornes de recharge, là,
justement avec les véhicules lourds, puis vous parlez... En fait, j'aimerais
peut-être plus vous entendre... Croyez-vous... Puis, tu sais, vous avez parlé
d'un partenariat public-privé. Tu sais, peut-être avoir plus de détails
là-dessus puis de savoir aussi, tu sais, est-ce que c'est une bonne idée que ça
soit seulement le privé, seulement le public. Là, vous parlez d'un partenariat,
un PPP. Je suis prêt à vous entendre sur votre vision pour le déploiement des
bornes de recharge.
Mme Belley Perron (Julie) : Veux-tu
y aller, Luis, ou tu veux que je continue?
M. Calzado (Luis) : Oui.Alors,
pour les... Comme vous savez, les bornes de recharge, ça coûte... ça coûte
beaucoup d'argent pour pouvoir les installer. Et aussi ce n'est pas... ce n'est
pas seulement la borne de recharge, c'est aussi le système de transmission
qu'il faut installer. Alors, de ce côté-là, on a... on a besoin du support du
public pour pouvoir... pouvoir nous permettre installer les... ces bornes de
recharge.
Une autre chose aussi, c'est qu'étant
donné que les... la technologie des bornes de recharge évolue c'est là où le
privé pourrait y participer, car il pourrait permettre que... l'installation de
bornes de recharge avec des nouvelles technologies et que ça soit coordonné
avec le public pour pouvoir faire ces installations.
M. Lemay : O.K. Merci. Puis
là je fais du coq à l'âne, là, tu sais, je vous... je... on se déplace dans le
mémoire, là, je me retourne vers la page 22, je suis en train de m'en
aller à la page 22. Désolé. Vous parlez du principe de réciprocité avec
les promoteurs. Peut-être avoir plus de détails là-dessus. Bon, on en a
peut-être parlé un peu à la fin, là, dans votre section sur...
M. Lemay : ...l'article 31.4.3,
là. Mais tu sais, je n'ai pas compris. Dans votre réponse, là, vous faites un
commentaire plus spécifique, à la page 22, sur la réciprocité. Je ne sais
pas si vous voulez donner plus de détails sur ce côté-là, s'il vous plaît.
Mme Belley Perron (Julie) : Oui,
vous avez raison. Ce n'est pas un sujet qu'on avait abordé dans notre
présentation, là, on avait peur de manquer de temps, mais il y a aussi une
nouvelle procédure d'admissibilité. Donc, pour remplacer la recevabilité
actuelle des évaluations des études d'impact, le p. l. no 81 propose
un principe d'admissibilité avec des critères plus objectifs qu'on comprend qui
serait une liste réglementaire. Nous, on met... Et par cette liste-là, le
gouvernement demande aussi une attestation de conformité de la part du
promoteur. Donc, il envoie le fardeau au promoteur de dire que la liste est
remplie, que tout a été déposé en bonne et due forme.
Alors, c'est dans ce contexte-là qu'on
demande la réciprocité, de dire si les promoteurs respectent toutes les
exigences définies dans la fameuse liste réglementaire d'admissibilité qui sera
déployée et qu'on sera consultés, et que la directive aussi, hein, que le
gouvernement veut faire plus détaillée pour les différents types de projets,
alors, dans ce cas-là, on veut que le gouvernement s'engage à ne pas imposer de
modifications ou utiliser trop largement le nouveau pouvoir réglementaire
d'exiger un retour en arrière dans la procédure environnementale. Donc, nous,
on fait le lien, puis c'est ce qui nous préoccupe avec le nouveau pouvoir du
gouvernement. On sait qu'il y en a deux pouvoirs principaux qui ont été
ressortis par différents groupes, mais le pouvoir d'arrêter les procédures...
la procédure d'évaluation environnementale et le pouvoir de retourner en
arrière, puis celui-là, tu sais, on comprend que ,pour ce qui est de l'arrêt de
la procédure environnementale, c'est généralement pour les projets qui auront
pris de trop longues pauses et qu'on est comme pris avec des projets en
suspens. Mais pour le pouvoir de retourner en arrière, là, on n'a pas été
rassurés sur comment il pourrait être utilisé.
M. Lemay : Parce que, tu
sais, sur le terrain, ça arrive, des fois on va avoir un promoteur qui vient
nous rencontrer, puis je suis persuadé que c'est similaire pour l'ensemble des
collègues ici à l'Assemblée nationale. Des fois, on pourrait avoir un
commentaire d'un promoteur qui nous dit : Bien, écoutez, tu sais, j'ai
soumis tous mes documents, puis à la dernière minute, lorsque c'est le temps de
passer à entamer le projet, tu sais, on se fait dire : Bien ça prend tel
nouveau document qui n'était pas dans la liste initiale qui était fournie. Puis
là, effectivement, ça peut rallonger les délais, ça peut faire des manques
d'opportunité pour quelqu'un qui n'aurait plus l'opportunité sur un terrain ou
un projet. Là, vous le dites tout de suite après que vous voulez... le but
visé, c'est d'avoir la réduction des délais, puis je pense que c'est le but qui
est visible de tous et chacun. Ça fait que je suis content de vous avoir
entendu là-dessus. Si vous aviez un point supplémentaire à dire, sinon, bien,
je vous remercie, là, pour l'échange qu'on a eu. Mais, si vous avez un
commentaire supplémentaire, allez-y.
Mme Belley Perron (Julie) : Oui.
C'est-à-dire, si le gouvernement fait une liste, on peut s'engager à rencontrer
cette liste-là puis faire l'attestation de conformité, mais de ne pas utiliser
ensuite le pouvoir de retour en arrière pour redemander de nouveaux
inventaires, par exemple, fauniques ou floristiques qui nous retarderaient
d'une saison, deux saisons ou même des fois d'un an... d'une année complète en
fait.
• (16 heures) •
M. Lemay : Mais c'est bien
reçu. Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre avec la porte-parole de l'opposition... 9 min
54 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, bonjour et merci d'être avec nous aujourd'hui. Je vais
peut-être aller tout de suite sur votre... une de vos premières... bien, je
pense que c'est votre première recommandation. Vous parlez d'adopter une
approche technologique agnostique qui reconnaît les biocarburants et le gaz
naturel renouvelable comme solutions complémentaires à l'électrification.
Il y a d'autres groupes qui nous ont parlé
qu'il faudrait plutôt y aller en disant, bien, qu'on vise une cible de
réduction de GES plutôt que d'établir une technologie. Vous vous dites on
devrait élargir à d'autres technologies, parce que, là, actuellement, ce serait
limité à l'électrique et l'hydrogène. Vous dites : Élargissons-le. Mais il
y a d'autres groupes qui disent : Bien, savez-vous quoi? Au lieu de
déterminer les moyens tout de suite, visons plutôt une cible. Qu'est-ce que
vous pensez de cette approche-là où que, là, ça laisse beaucoup plus de
flexibilité, incluant les biocarburants et le GNR?
M. Calzado (Luis) : Peut-
être pour... pour répondre à ça, on se retourne vers la situation où on est
maintenant, on est en transition. Et alors la transition, ça va demander que...
Oui, c'est sûr qu'ici au Québec, on a la chance de compter avec l'électricité
qui va nous permettre d'électrifier des véhicules qui peuvent être... et
rapidement, parce qu'on a le réseau de distribution dans les villes. Et
maintenant, c'est qu'on... maintenant, quand on parle du transport lourd et à
longue distance, les paramètres sont différents. Pourquoi les paramètres sont
différents? C'est parce que, numéro 1, les batteries, par exemple des
véhicules...
16 h (version non révisée)
M. Calzado (Luis) : ...sont
différents. Pourquoi les paramètres sont différents? Cela parce que, numéro un,
les batteries par exemple des véhicules lourds à longue distance, ces
batteries, c'est du poids pour ces... pour ces véhicules. Alors, pour ça, pour
pouvoir assurer une compétitivité, c'est important de pouvoir utiliser les
biocarburants et d'utiliser aussi le biogaz ou les autres technologies qui vont
nous permettre de faire cette transition.
Il ne faut pas oublier qu'aussi il y a la
question de prix de ces véhicules. Maintenant, quand on regarde par exemple les
véhicules lourds, ça va être aussi des... des prix qui vont affecter les
compagnies qui devront ou qui voudront utiliser ces véhicules électriques à
longue distance. Alors, pourquoi ne pas aller dans une direction où maintenant
on peut utiliser les deux technologies, étant donné qu'on a déjà, on dispose
déjà des biocarburants, et qu'ils peuvent nous permettre de... de faire cette
transition avec des... avec de l'énergie qu'on dispose déjà dans notre...
Mme Dufour : Exact. Et vous
mentionnez d'ailleurs qu'il y a des projets de biométhanisation en
développement dans le domaine agricole qui pourraient fournir du gaz naturel
renouvelable et qui permettraient... - puis là, on en a discuté avec les gens
de l'industrie du camionnage, notamment - qui demanderaient beaucoup moins d'investissements
pour tout le monde pour pouvoir réduire quand même de façon substantielle les
GES. Est-ce que c'est vraiment avancé, ces projets-là? Est-ce qu'on peut
vraiment penser qu'il y aura des projets de biométhanisation agricoles viables
au Québec?
M. Calzado (Luis) : Oui. Il
faut encore, là-dedans... il faut voir que la... la transition énergétique, ici
au Québec, maintenant est en train de faire ce virage où on commence à utiliser
différents types d'énergie. Pendant beaucoup d'années, on a utilisé l'électrification.
Mais maintenant, quand on regarde par exemple des pays en Europe, ils utilisent
déjà d'autres types de carburants, des carburants propres pour pouvoir utiliser
ça dans le transport. Pourquoi ne pas le faire ici et utiliser notre énergie
électrique pour des utilisations qui vont être plus efficaces?
Mme Belley Perron (Julie) : Mais
les promoteurs mettent, oui, beaucoup de ressources, de temps et d'argent dans
les projets de biométhanisation agricoles, et, pour l'aider... aider le
développement, clairement, il faut aussi lire notre mémoire sur le p.l. n° 86,
qui sera déposé aujourd'hui.
Mme Dufour : Ah! parfait.
Merci beaucoup. Bien, écoutez, c'est... on va aller en prendre connaissance
avec grand intérêt.
J'ai beaucoup aimé que vous... Bien, en
fait, vous avez été les seuls à mentionner ça, que parler d'hydrogène n'implique
pas nécessairement que ce soit vert. Vous avez dit : Si on ne précise pas
que c'est de l'hydrogène renouvelable, bien, ça pourrait être de l'hydrogène
gris. Et, effectivement, la façon que c'est... ça... c'est écrit, ça semble...
il semble y avoir cette possibilité-là. D'autres groupes nous ont parlé de
regarder plutôt le cycle de vie du véhicule, et non pas seulement sa
consommation de carburant. Est-ce que c'est une approche que vous trouvez
intéressante?
M. Calzado (Luis) : Comme
association, on est une association qui représente les énergies renouvelables.
Maintenant, vous allez dire : Comment est-ce que les énergies
renouvelables sont utilisées pour la production de l'hydrogène? À l'AQPER, on a
une filière qui est la filière hydrogène, et on fait la distinction. C'est
que... C'est : Comment est-ce que les producteurs vont utiliser l'énergie
qui est produite pour pouvoir produire cet hydrogène et, à la fin de la
journée, aider dans la... dans tout ce qui est la décarbonation?
Mme Belley Perron (Julie) : Si
notre but est vraiment la réduction des émissions de GES dans son ensemble,
donc, en effet, là, l'hydrogène vert est la filière qu'on représente.
Mme Dufour : Parfait. Mais
donc c'est important, cette précision-là de parler d'hydrogène renouvelable.
Pour moi, je vais avoir une dernière
question avant de céder la parole à ma collègue. Les formulaires d'autorisation
ministérielle, vous mentionnez dans votre mémoire qu'actuellement ils ne sont
pas adaptés aux projets qui font déjà l'objet d'une procédure environnementale
et de l'émission d'un décret. Est-ce que c'est possible de nous donner des
exemples? Puis est-ce que ça, ça a été porté à l'attention du ministère?
Comment on pourrait faire mieux?
Mme Belley Perron (Julie) : Oui.
Bien, en fait, comme les formulaires, je pense que le ministre le disait bien,
c'est en... ça sort un peu du cadre du p.l. n° 81, mais c'est totalement dans
les pouvoirs du ministère de mettre à jour ses formulaires. Comme vous le
savez, ils le font régulièrement. Donc, on n'a pas de formulaires distincts
pour les projets d'énergie renouvelable qui passent en évaluation
environnementale et ceux qui ne vont pas en évaluation. Et en bout de ligne,
dans les projets d'énergie renouvelable... la plupart d'entre eux, étant donné
les seuils très bas du règlement d'évaluation environnementale, passent à l'évaluation
de toute façon, ils font une étude d'impact. Donc, quand on se ramasse à
préparer les formulaires...
Mme Belley Perron (Julie) : ...on
a toutes les mêmes questions à répondre, puis là, il n'y a pas de façon de
faire préétablie, comment référer à l'étude d'impact pour ne pas répéter
l'information, puis on pense que ça alourdit vraiment le processus pour les
analystes. En bout de ligne, une fois qu'on est passé au décret, on a déjà les
grandes conditions, puis il y a très peu de sujets qui restent à l'autorisation
ministérielle. Donc, on croit que ce délai-là, entre l'autorisation... entre le
décret et l'autorisation ministérielle, pourrait être grandement réduit si on
repensait les formulaires, là, pour qu'ils soient moins longs à remplir et
qu'ils prennent en compte qu'il y a déjà eu l'étude d'impact et qu'on n'a pas à
répéter le contenu de l'étude d'impact.
Mme Dufour : Merci.
Mme McGraw : Merci à ma
collègue. Alors, je voudrais renchaîner justement pour... mais d'ailleurs, vous
êtes au courant, j'imagine, que le Québec est le seul État fédéré qui copréside
le BOGA, le Beyond Oil and Gas Alliance, et il a un rôle de leadership à jouer
au sein du Canada, mais les autres États fédérés autour du monde. Donc,
j'aimerais vous entendre, vos suggestions, les énergies renouvelables à
prioriser. Parce que, là, on parle beaucoup des influences avec les politiques
américaines. Vous recommandez entre autres que le Québec tienne compte des
politiques, des juridictions... des juridictions, pardon, voisines, ce qui a du
bon sens, mais en même temps, le Québec a un rôle de leadership à jouer.
J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Calzado (Luis) : Julie?
Mme Belley Perron (Julie) : Bien,
pour les juridictions voisines, c'est vraiment limité aux véhicules zéro
émission, là, puis le fait qu'avec l'élection américaine on a peu de ces
politiques-là, là, d'électrification, et... que notre association, comme d'autres,
est préoccupée, là, par le tournant de l'électrification des véhicules lourds.
Par contre, pour ce qui est des filières, je... peut-être que Luis pourra
compléter, mais notre rôle est de représenter toutes les filières d'énergie
renouvelable. Puis on pense qu'elles ont chacun leurs avantages et
désavantages, mais elles ont chacun leur rôle à jouer dans la transition
énergétique. Donc, c'est pourquoi que les promoteurs s'efforcent de bien
décider où les implanter pour que ce soit en harmonie avec le milieu d'accueil
et l'environnement, là. Puis c'est avec ce choix de la différente filière
d'énergie renouvelable qu'on peut faire les meilleurs... les meilleurs projets
puis assurer l'acceptabilité sociale.
• (16 h 10) •
M. Calzado (Luis) : C'est... excusez-moi,
c'est important de... Quand on produit une énergie, il faut que l'énergie soit
utilisée... il faut... il faut voir où est-ce que l'énergie va être utilisée.
Maintenant, quand on parle par exemple des... Quand on parle de différentes
juridictions, vous... parce qu'il y a des juridictions où elles vont être
utilisées, parfois, ça ne va pas être seulement le Québec. C'est pour ça qu'il
faut regarder où est-ce que cette énergie va être utilisée, que ce soient les
biocarburants... Ici, au Québec, on a la chance d'utiliser notre énergie du
côté électrique, mais, par exemple, les biocarburants qui sont produits,
parfois, ils sont exportés, et quand ils sont exportés, bien, il faut voir
qu'est-ce qui se passe, où est-ce qu'ils vont être utilisés dans... dans les
autres juridictions, que ce soit les États-Unis ou que ce soit les autres
provinces, afin de nous assurer que la... que l'énergie qui est... qu'elle soit
produite, pas qu'elle soit... que les promoteurs qui utilisent...
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci beaucoup. Ça complète pour cette portion. Alors, on poursuit avec le
porte-parole de la deuxième opposition pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. À la page 21, vous dites, et vous l'avez
évoqué, je pense, dans votre échange avec la ministre : «Dans la mesure où
les mesures réglementaires demandées ci-dessus ne sont pas adoptées à temps
pour rencontrer la cible 2035, l'AQPA recommande de reporter la cible à
2040.» Sauf que, là, en reportant en 2040, on se rappelle qu'en théorie on est
supposé être carboneutre en 2050. Si on reporte à 2040, comment sera-t-il
possible d'atteindre la carboneutralité en 2050? Est-ce que vous allez devoir
demander aussi de reporter la cible de carboneutralité de 2050 à 2055, par
exemple?
Mme Belley Perron (Julie) : C'est
un très bon point que vous soulevez. En fait, nos membres ne désirent pas un
report, évidemment, puis on a tous le même objectif de transition énergétique
et d'assurer de rencontrer nos objectifs à temps. Mais ici, le point, je pense
que c'est d'être... plus de faire ressortir que les modifications
réglementaires nécessaires à la flexibilité du modèle hybride, électrification
et biocarburant, est urgente afin de rencontrer la cible dans les... dans les
dates, là. M. le ministre a fait des commentaires par rapport à ces dates-là,
mais c'est sûr qu'il y a de la complexité, là, dans laquelle on n'est pas
rentré aujourd'hui dans la... sur cette loi-là, où il y a aussi des crédits, le
plafonnement de... pas de plafonnement, excusez-moi, mais des crédits
applicables avec des paiements. Donc, tu sais, c'est ça aussi qu'on vise, là,
de se dire : Est-ce que c'est réaliste, là, qu'on puisse rencontrer ça?
Est-ce qu'on va avoir tous les outils réglementaires? Mais c'est sûr que notre
association est... serait favorable à avoir tous les outils réglementaires le
plus vite possible pour représenter notre modèle hybride de biocarburant...
Mme Belley Perron (Julie) : ...biocarburant
et d'électrification des véhicules.
M. Leduc : Mais dans le fond,
ce que vous proposez, c'est un peu de réduire... j'utilise des mots, vous
verrez si vous les utilisez aussi, mais réduire l'intensité des nouvelles
normes pour pouvoir plus... plus facilement les atteindre, mais ce faisant, sur
le portrait global, on prend du retard sur l'atteinte de la
carboneutralité 2050. Est-ce que je suis clair?
Mme Belley Perron (Julie) : Oui,
mais je crois que non, on veut juste favoriser les différents modèles et les
biocarburants pour, vraiment, faire que les membres veulent et puissent
investir dans ces solutions-là et soient... puissent être motivés au niveau
réglementaire et législatif de le faire, là. Justifier, en fait, là.
M. Leduc : ...si on va trop
dans les...
Mme Belley Perron (Julie) : Donc,
on va... il va y avoir une réduction, il va y avoir une réduction nette des
GES, peu importe qu'on... avec le modèle qu'on prend, là. Avec le modèle
hybride de biocarburant et d'électrification, on pourra rencontrer ces
objectifs-là. Mais oui, il faut demeurer réaliste pour les obligations qu'on
impose...
M. Leduc : Mais ce n'est pas
ça tout le défi, parce que plus en ouvre la porte aux biocarburants plutôt qu'à
l'électricité plus on se plombe la possibilité de gagner le défi de 2050.
M. Calzado (Luis) : Ce n'est
pas une question d'être d'ouvrir la porte, c'est une question de s'assurer que
les technologies qui sont à notre disposition nous permettent de faire...
d'arriver à... à cette... de décarbonisation où les technologies sont déjà
disponibles. Utilisons l'électrification où c'est efficace, utilisons
l'électrification, mais où on voit que les biocarburants sont...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci beaucoup. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, à vous de clore cette
belle semaine de travaux en 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est avec un grand plaisir que je vais clore ces
consultations particulières. Non, j'ai quelques questions rapides. En fait, c'est
sur les évaluations environnementales. Mme, M., merci de votre présence
d'abord. Je veux parler essentiellement de la réduction du délai, là, à neuf
mois. Vous semblez avoir des appréhensions. On dit que... vous dites que ça
pourrait être compromis par certains facteurs. Mais là j'aimerais comprendre ce
que vous voulez dire, là, par la mise en place de mécanismes de coordination
clairs, des rencontres préétablies entre promoteurs et ministères, est-ce que
c'est une pratique qui existe dans certaines juridictions. Quelle serait votre
suggestion concrète, là, pour... dans ce sens là?
Mme Belley Perron (Julie) : En
fait, actuellement, le ministère a quand même beaucoup amélioré son processus,
et on a davantage accès aux différents analystes à différentes étapes de la
procédure d'évaluation, mais il reste encore des moments où je pense que les
promoteurs manquent de prévisibilité sur ce qui sera demandé, puis ça revient à
la discussion qu'on a eue plus tôt avec un autre de vos collègues sur le fait
que la demande... les demandes qui sont faites dans la fameuse... là, dans la
fameuse liste qui serait maintenant établie au début, ça aide à ne pas alourdir
les délais. Donc, le neuf mois, on va pouvoir le rencontrer si on sait
exactement tous les inventaires, et les études, et analyses qu'on doit déposer,
et si on évite de s'en faire demander trop tard dans le processus où là ça
demande d'attendre certaines saisons puis de retarder pour une année complète,
parfois. Donc, l'idée des rencontres, c'est un peu basé sur les... Depuis la
modernisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, il y a un peu plus
de rencontres qui sont prévues avec le ministère de l'Environnement, puis on
s'en réjouit, on a remercié le ministère pour ça, mais on pense qu'on peut en ajouter
peut-être une, deux ou trois autres clés avant le BAPE, à différentes étapes,
là, pour s'assurer que tout est bien en place et qu'il n'y a pas de surprise,
en fait, dans le processus.
M. Arseneau : D'accord.
Maintenant, il y a la question des... des études, des analyses ou des
inventaires écologiques qui, vous dites, doivent souvent s'échelonner sur
plusieurs saisons. Comment on réconcilie ça et un délai de neuf mois? Parce
que, neuf mois, il n'y a pas plus que trois saisons normalement.
Mme Belley Perron (Julie) : Non.
Donc, en neuf mois, normalement, on ne fait pas les inventaires pendant ce
moment-là, c'est justement le but, c'est on fait tous ces inventaires-là avant.
Donc, si la directive du gouvernement est plus claire sur ce qu'ils vont
demander comme inventaires, tout sera fait pour l'étude d'impact et tous ces
inventaires-là seront déposés à l'étude d'impact. Donc, ensuite, c'est vraiment
juste le processus réglementaire. Donc, nous, on salue le fait que le ministère
veut donner plus de prévisibilité et d'objectivité à cette liste-là, mais c'est
pour ça qu'on demande le principe de réciprocité, de dire : Si on établit
ça au début, mais on veut éviter de se faire demander des inventaires
supplémentaires trop tard, donc c'est-à-dire après le dépôt de l'étude
d'impact.
M. Arseneau : Je comprends.
Puis, pour nous donner une idée, pour nous profanes, les formulaires dont on
parle, là, ça a l'air de quoi? C'est 125 pages? C'est 12? Quand on dit que
c'est lourd...
Mme Belley Perron (Julie) : ...en
fait, c'est qu'il y a... je n'ai pas le nombre de pages, là, devant moi, mais
il y a beaucoup de formulaires. Donc, ça nous amène à déposer le...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup d'avoir été des nôtres. Merci pour votre contribution
à nos travaux.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 4 février 2025, à 9 h 45, où elle poursuivra son
mandat. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 16 h 18)