Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 28 janvier 2025
-
Vol. 47 N° 74
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d’environnement
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi
n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement.
Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons,
par la suite, les organismes suivants : Hydro-Québec, l'Union des
municipalités du Québec ainsi que la Fédération québécoise des municipalités.
J'invite tout de suite la ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs...
La Secrétaire : ...
La Présidente (Mme Blouin) : Oh,
oui, pardon. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Alors, M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve); et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) était
remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, tout de suite, j'enchaîne avec... en
invitant le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs à faire ses remarques préliminaires. Vous
disposez de six minutes.
M. Charette : C'est bien
gentil. Merci, Mme la Présidente. Et peut-être vous confirmer que je ne
prendrai pas ces six minutes en entier, étant donné que nous serons ensemble,
vraisemblablement, pour quelques... quelques semaines, donc nous aurons l'occasion
d'aborder ces enjeux-là sous tous leurs angles.
Vous allez me permettre, dans un premier
temps, de saluer les personnes qui sont présentes. Ça marque aujourd'hui aussi
le retour à l'Assemblée nationale, donc un plaisir de retrouver les collègues,
autant les collègues de l'opposition que de la partie gouvernementale. Et je
remercie à l'avance toutes celles et ceux qui contribueront à l'étude de ce
projet de loi là. C'est un projet de loi qui est ambitieux, qui est aussi
volumineux, qui touche à plusieurs aspects de la réglementation et de la
législation environnementale québécoise. Donc, il y a beaucoup de gens qui ont
eu à y travailler pour le préparer. Et beaucoup apporteront aussi leur...
M. Charette : ...donc, autant
les gens du secrétariat que vous, Mme la Présidente, que les gens du ministère,
un merci tout particulier. Et aux collègues, je réitère cette façon de
travailler qu'on a développée avec les années, c'est-à-dire on a un projet de
loi qui est certainement intéressant à plusieurs égards, mais qui est aussi
perfectible. Donc, les consultations nous permettront d'avoir les échos des
groupes qui peuvent y voir un intérêt. Et, par la suite, l'étude article par
article nous permettra de le bonifier. Ça fait un certain nombre de projets de
loi sur lesquels je travaille, et je n'ai jamais vu un projet de loi qui était
adopté dans sa mouture originale.
Donc, l'exercice que l'on fait ou que l'on
débute aujourd'hui a toute sa pertinence. Donc, au cours des prochaines
semaines, on travaillera à bien le comprendre, saisir sa portée, mais également
le bonifier pour en faire un projet de loi encore meilleur que celui qui est
présentement sur la table. Je disais qu'il était ambitieux, parce qu'il
touche, oui, les différents aspects de la réglementation et de la législation
québécoise. Donc, on est autant au niveau de la réduction des GES, qu'au niveau
de l'application de nos lois environnementales. On vient renforcer certaines
des protections auxquelles nous accordons de l'importance et on aura justement
l'occasion d'en mesurer la portée. Les consultations nous permettent, je
regardais la liste encore ce matin, d'avoir réellement un bel éventail de
groupes de la société civile et institutionnelle québécoise. Et on commence en
force avec un partenaire de premier plan et de premier niveau pour le
gouvernement du Québec avec Hydro-Québec.
• (9 h 50) •
Donc, sans plus tarder, je vais laisser la
parole à mes collègues pour qu'ils puissent y aller également de leurs
remarques préliminaires, mais bien, bien, hâte d'entendre les différents
groupes, en commençant par Hydro-Québec, là, dans les prochains instants. Donc,
merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle et députée des Mille-Îles, à faire ses remarques préliminaires pour
une durée de 3 min 36 s. La parole est à vous.
Mme Dufour : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, d'abord, je vais... On est encore en janvier, alors,
je vais me permettre de souhaiter bonne année à tous, en commençant par vous,
Mme la Pésidente et M. le ministre, et ainsi que tous les collègues qui sont
autour de la table. Évidemment, moi aussi, je salue d'avance tous les groupes
qui viendront nous nous faire part de leurs commentaires concernant le projet
de loi. D'emblée, je dois dire qu'il y a des éléments qui sont intéressants
dans ce projet de loi, mais il y en a d'autres qui nous préoccupent, et j'ai
hâte d'entendre les groupes, là, pour voir s'ils partagent nos préoccupations
et voir comment on pourrait améliorer le projet de loi. Je vous dirais aussi -
ma voix lâche déjà - je voudrais aussi mentionner qu'il y a quand même
plusieurs groupes. Certes, on va entendre plusieurs groupes dans la prochaine semaine,
mais il y en a plusieurs que j'aurais aimé entendre et que, malheureusement, on
n'entendra pas, notamment, l'Association des biologistes du Québec et
l'Association des évaluateurs d'impact. Comme on revoit le... le processus
d'évaluation environnementale, je crois que ça aurait été pertinent de les
entendre.
Et la même chose pour les biologistes,
puisqu'on va élargir, selon toute vraisemblance, dans ce projet de loi, qui
pourra faire ces évaluations, les évaluations environnementales. Et je mentionne
également qu'il y a des groupes qui ont été forcés de présenter ensemble,
notamment, les constructeurs automobiles, les concessionnaires automobiles, et
ça, ça s'est fait un peu contre leur gré, de même que la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec, qui a annoncé hier qu'ils avaient...
on leur avait refusé l'accès à la commission. Donc, je crois que, comme c'est
un projet de loi qui modifie l'ensemble ou presque des lois environnementales,
ça aurait été intéressant d'entendre toutes les parties impliquées.
Donc, sur ça, Mme la Présidente, je cède
la parole à la prochaine opposition.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, j'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition et député d'Hochelaga-Maisonneuve à faire ses remarques
préliminaires pour une durée de 1 min 12 12 s. la parole est à vous.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Très apprécié, ce mot de bienvenue. Je salue tous mes collègues. Je
suis le nouveau porte-parole, dossier environnement, pour mon parti. Je veux
d'abord saluer ma collègue de Verdun qui a fait un excellent travail dans les
deux dernières années. Je salue mes collègues des différents partis, M. le
ministre. On se connaît déjà assez bien sur le dossier Ray-Mont Logistiques,
dans mon quartier, on va se connaître encore plus sur d'autres dossiers, dont
le premier projet que j'ai à traiter avec vous aujourd'hui, qui m'intéresse
beaucoup. On a beaucoup envie de participer à l'amélioration.
J'entends l'appel du ministre,
l'amélioration du projet de loi, parce qu'il y a des aspects par rapport au
BAPE, qui nous inquiètent un peu quand même, là. On a tous été un peu, je
dirais, presque traumatisés par l'épisode Northvolt des deux dernières années.
Donc, il y a certainement beaucoup de choses à aller faire sur...
M. Leduc : ...sur
l'acceptabilité sociale de nombreux projets, et on va pouvoir participer avec
ça avec beaucoup d'enthousiasme. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, j'invite maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine à faire
ses remarques pour une durée de 1 min 12 s. La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À mon tour de saluer l'ensemble des membres de la commission
et de vous souhaiter à tous une bonne année, de bons travaux, travaux auxquels
je participerai pour la prochaine heure, pour les prochains jours, peut-être
les prochaines semaines, mais avec d'autres responsabilités, notamment, dans la
salle juste à côté où on parle de l'identité numérique. Et éventuellement il y
a un projet de loi sur la santé que je devrai suivre également. Alors, je vous
demande à l'avance d'être indulgents par rapport à ma présence. Et ce n'est pas
par manque d'intérêt, parce que je pense que ce projet de loi là, il est
important, il est fondamental. Il touche à huit lois qui sont sous la
responsabilité du ministre.
Nous voulons tous, je crois, de bonne foi,
pouvoir améliorer les processus, l'efficacité, réduire nos productions de gaz à
effet de serre, atteindre nos objectifs, nos cibles climatiques. Évidemment,
quand on va regarder dans le détail, lorsqu'il est question, par exemple, de la
révision du processus d'évaluation environnementale, on veut faire mieux, pas
faire moins. Alors, on sera très vigilant. Et, là-dessus, bien, j'espère que
les groupes pourront nous éclairer pour mieux travailler sur ce projet de loi.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons maintenant débuter les auditions. Alors, je
souhaite, d'entrée de jeu, la bienvenue aux représentants d'Hydro-Québec. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi, on
va procéder à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite, donc, d'abord à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Bouchard (Claudine) : Bonjour.
Merci de nous accueillir ce matin. Mon nom est Claudine Bouchard. Je suis
vice-présidente exécutive et cheffe de l'exploitation et des infrastructures
chez Hydro-Québec. Je suis accompagnée de Mathieu Bolullo, qui est directeur
principal, Projets de transport et environnement; et de mon collègue Nicolas
Fleury, chef, affaires gouvernementales.
Alors, j'y vais. Mme la Présidente,
Hydro-Québec tient à remercier les membres de la Commission des transports et
de l'environnement pour cette invitation à participer aux consultations
particulières sur le projet de loi n° 81, une... une initiative, pardon,
cruciale pour l'avenir énergétique du Québec. Depuis plus d'un an, Hydro-Québec
déploie son ambitieux plan d'action 2035. Nos objectifs sont simples et
clairs : offrir un service plus fiable, réduire la consommation de notre
précieuse électricité verte et augmenter la production énergétique. Ce plan permettra
de répondre à la forte augmentation de la demande énergétique québécoise pour
permettre la décarbonation, la prospérité collective et garantir une sécurité
énergétique au Québec. Notre électricité propre est la locomotive de la
transition énergétique. Elle donne au Québec les moyens de ses ambitions.
Pour atteindre la carboneutralité, nous
prévoyons une demande additionnelle de 60 térawattheures d'ici 2035, et jusqu'à
200 térawattheures d'ici 2050. Afin de répondre à cette demande croissante,
nous devons d'abord redoubler d'efforts, en matière d'efficacité énergétique,
pour consommer moins et au bon moment, ce que nous ferons. Nous avons une cible
ambitieuse d'économie d'énergie de 21 térawattheures sur l'horizon 2035, ce qui
représente, à titre de comparaison, l'équivalent de la consommation annuelle de
plus de 1,2 ménage du Québec. Cela dit, les efforts qui seront déployés pour
réduire notre consommation, évidemment, il sera aussi nécessaire d'augmenter la
puissance de nos installations de production existantes et d'en construire de
nouvelles. Dans l'ensemble, cela représente un besoin de 8 à 9000 mégawatts
additionnels d'ici 2035, en plus de la construction de nouvelles lignes de
transport d'électricité et de nouveaux postes de transformation pour amener
toute cette énergie vers les consommateurs partout au Québec. Au total, nous
prévoyons des investissements de plus de 185 milliards d'ici 2035. Ces projets
sont indispensables si nous souhaitons réussir ce grand défi de société qui est
la transition énergétique.
Dès l'annonce de notre plan d'action, les
conditions de sa réussite ont été identifiées. Premièrement, la disponibilité
de la main-d'œuvre; deuxièmement, la modernisation de l'encadrement du secteur
énergétique; et ce qui nous intéresse particulièrement aujourd'hui, la
simplification des processus des autorisations de projet. Laissez-moi ici vous
illustrer l'ampleur de la tâche. Au cours des 20 dernières années, Hydro-Québec
a mené à terme 34 projets assujettis à la procédure majeure d'évaluation
environnementale. Hydro-Québec a actuellement, en même temps, 15 projets en
cours à différentes étapes de cette procédure. En 2025, une dizaine de projets
pourraient s'ajouter, ce qui représente une charge de travail et des efforts
substantiels.
Dans un autre registre, le complexe
hydroélectrique de La Romaine, autorisée en 15 mois, a nécessité, par la suite,
plus de 1100 autorisations sectorielles supplémentaires et ce nombre serait
supérieur avec les règles d'aujourd'hui...
Mme Bouchard (Claudine) : ...imaginez
les efforts et les délais de telles opérations. Avec le plan d'action 2035 et
tous les projets qui en découlent, la tendance à la hausse va s'accentuer. Il
est impératif d'en faire plus en même temps et d'aller plus vite, de réduire le
nombre d'autorisations et les délais pour chacune des étapes des projets, de
revoir le processus afin qu'il soit plus prévisible et centré sur les enjeux et
les risques importants.
Soyons clairs ici, nous ne voulons pas
être moins rigoureux ni nous soustraire aux exigences environnementales et
d'acceptabilité sociale, mais il faut améliorer nos façons de faire si on veut
réussir la transition énergétique du Québec. La bonne nouvelle, c'est que nous
croyons que le projet de loi n° 81 est un pas dans la bonne direction. Bien que
le projet de loi porte sur plusieurs thèmes, nous aborderons ce matin, avec
vous, trois éléments spécifiques : les changements proposés à la procédure
d'évaluation à l'examen des impacts sur l'environnement, l'introduction d'une
évaluation environnementale, sectorielle ou régionale et la nouvelle
disposition sur les travaux préalables.
• (10 heures) •
D'entrée de jeu, j'attire votre attention
sur l'expérience d'Hydro-Québec dans le développement de projets d'envergure et
les processus d'autorisation. Comme mentionné précédemment, Hydro-Québec a mené
à terme un grand nombre de projets assujettis à la procédure majeure
d'évaluation environnementale, dont plus de la moitié n'ont pas fait l'objet
d'une demande d'audiences devant le Bureau d'audiences publiques en
environnement. Cela témoigne de notre expérience du processus et de la rigueur
de nos pratiques en amont, dans laquelle la prise en compte des enjeux
environnementaux et d'acceptabilité sociale sont intégrés depuis longtemps.
Comme mentionné précédemment, le volume de
projets nécessaires à la transition énergétique est appelé à augmenter
significativement. Il est donc essentiel d'optimiser la procédure et qu'elle
soit privilégiée pour des projets dont les impacts anticipés sont importants.
Les modifications proposées, dans le projet de loi, permettront, selon nous, de
réduire les délais d'autorisation pour certains projets. Le processus apparaît
plus efficace et axé sur les enjeux dès le début du processus. Cette optimisation
est nécessaire pour réussir ces projets qui auront un impact structurant pour
le Québec.
Nous sommes convaincus que la consultation
publique sur les enjeux confiés au BAPE et la directive d'étude d'impact pour
chaque projet clarifieront les attentes et amèneront plus de prévisibilité sur
les exigences de la procédure et l'analyse des projets. En clarifiant ainsi les
attentes dès le début, nous espérons gagner en efficience. Rappelons que ces
projets sont essentiels pour la décarbonation du Québec. Nous en sortirons tous
gagnants si nous sommes en mesure de les réaliser rapidement. Il est crucial
que les préoccupations des parties prenantes et des communautés soient connues
dès le début. Cette volonté s'aligne avec nos engagements en matière d'acceptabilité
sociale, soit de communiquer et de consulter les milieux concernés plus tôt
pour adapter nos projets en fonction des préoccupations qui sont soulevées.
Nous saluons ces efforts d'optimisation qui misent sur l'efficience, la
prévisibilité et la transparence sans abaisser la performance environnementale
à terme.
Je souhaite maintenant vous parler d'une
innovation prometteuse... du projet de loi : l'évaluation
environnementale, sectorielle ou régionale. Hydro-Québec se réjouit de cette
nouveauté. Ce cadre offrira l'opportunité de faire une évaluation globale pour
plusieurs projets inclus dans un plan ou dans un programme. Cette procédure
permettra de traiter des grands enjeux en amont des processus d'autorisation
et, souhaitons-le, dans optimiser la portée et de réduire les délais. Nous
sommes convaincus que ce processus entraînera la flexibilité et l'efficacité
nécessaires pour surmonter les défis actuels. Hydro-Québec regarde avec intérêt
l'utilisation de ce nouveau processus pour certains de ces projets. Ce type
d'évaluation pourrait être une avenue intéressante lorsque nous avons plusieurs
projets dans un même secteur, par exemple, des projets éoliens et des projets
de transport d'électricité qui y sont liés, comme les postes et les lignes de
transport dans un même secteur. Cette option volontaire doit cependant générer
des gains d'efficience immédiate dans le processus d'autorisation de projet.
Elle ne doit pas être une étape additionnelle au processus d'autorisation
traditionnel. Il faut viser à la fois l'excellence et l'efficacité.
Le dernier point que nous souhaitons
aborder concerne les autorisations préalables. Nous sommes d'avis que, dans le
contexte actuel de transition énergétique et de décarbonation, nous devons
faire mieux, mais parfois plus rapidement. L'introduction d'une disposition
permettant exceptionnellement d'autoriser certains travaux préalables est
accueillie favorablement par Hydro-Québec. En effet, il faut peut-être... En
effet, il peut être avantageux et nécessaire, dans certaines situations, de
démarrer plus rapidement certains travaux connexes...
10 h (version non révisée)
Mme Bouchard (Claudine) : ...qui
sont requis dans le cadre de projets contribuant à la transition énergétique.
Ainsi, l'obtention d'une telle autorisation ministérielle, en parallèle du
processus d'évaluation et d'examen des impacts, permettrait, dans certains cas,
de réduire l'échéancier global du projet de manière importante. On parle de 12
à 18 mois de réduction des délais. Évidemment, il va sans dire qu'aucun projet
ne se fera sans l'acceptabilité sociale et sans la rigueur qui guide nos
pratiques habituelles en matière d'environnement.
Malgré les améliorations contenues dans le
projet de loi, nous croyons néanmoins que le processus d'autorisation pourrait
être encore davantage adapté au contexte actuel de la transition énergétique.
Le processus d'évaluation des impacts pourrait se concentrer sur les projets à
enjeux environnementaux majeurs. Ainsi, les projets dont les impacts et enjeux
sont bien connus et maîtrisés devraient être exemptés de la procédure tout en
respectant...
La Présidente (Mme Blouin) : Il
vous reste une minute, s'il vous plaît.
Mme Bouchard (Claudine) : Merci...
tout en respectant toutes les normes environnementales. Cela permettrait de
concentrer nos efforts sur les projets qui comportent des réels impacts plus
significatifs. Les révisions éventuelles des règlements d'application seront
une bonne occasion de réfléchir à des changements en ce sens pour viser, comme
mentionné précédemment, l'excellence et l'efficacité.
Je me permets d'aborder avec vous un
élément additionnel, qui n'est pas directement visé par le projet de loi mais
qui est nécessaire et complémentaire : l'harmonisation des processus,
provincial et fédéral, pour les projets énergétiques et d'infrastructure. Nous
devons parvenir à une meilleure harmonisation pour éviter les duplications. Les
dédoublements entre les processus des gouvernements du Québec et du Canada sont
un exemple très concret de lourdeur, sans réelle création de valeur pour l'environnement.
En conclusion, la transition énergétique
est un projet de société ambitieux qui requiert une collaboration et une
mobilisation de tous. Hydro-Québec, les gouvernements, le secteur de la
construction, les entreprises privées et chaque citoyen sont concernés. Si le
Québec est très bien positionné pour atteindre les cibles de décarbonation de
son économie, la réussite de cet ambitieux projet reposera sur notre capacité
collective à accélérer la réalisation des projets de production d'énergies
renouvelables et des infrastructures.
La Présidente (Mme Blouin) : Je
vous invite à conclure.
Mme Bouchard (Claudine) : Parfait.
Merci. Nous soutenons donc le projet de loi no 81, parce qu'il constitue un pas
dans la bonne direction. Cela représente une étape importante, bien qu'il reste
encore du travail à faire. Hydro-Québec remercie le ministre et ses équipes et
s'engage à continuer de collaborer étroitement avec le gouvernement et toutes
les parties prenantes pour accélérer la résolution des projets nécessaires à l'atteinte
de nos objectifs collectifs de décarbonation et de la transition énergétique.
Je vous remercie pour votre attention.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre exposé. On va maintenant débuter la période d'échange.
Alors, M. le ministre, la parole est à vous pour une période de 16 min 30s.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Et déjà, vous mentionner que c'est un travail d'équipe, donc
mes collègues de la partie gouvernementale, là, interviendront aussi au gré des
consultations et de l'étude qui va en suivre. Donc, aux gens d'Hydro-Québec, un
merci tout particulier.
Je le disais dans mes remarques
préliminaires, Hydro-Québec est un partenaire incontournable. D'une part, c'est
une organisation qui est appréciée des Québécois, des Québécoises, mais,
également, c'est une organisation qui sera encore plus nécessaire au cours des
prochaines années, dans nos défis de décarbonation de notre économie mais de
notre environnement, également. Le plan que vous vous êtes donné pour 2035 est
ambitieux, et on a besoin qu'il se réalise. Donc, si on peut collaborer à cette
fin-là, on le fera avec grand plaisir.
Vous avez mentionné, dans vos derniers
propos, le dédoublement des évaluations environnementales avec ce qui se fait
au Québec et ce qui est exigé du côté fédéral. C'est un irritant majeur. On le
partage également. Il y a beaucoup de représentations qui sont faites auprès du
gouvernement fédéral pour éviter ce type de dédoublement là, d'autant plus que
la procédure d'évaluation québécoise, elle est bien étoffée, elle est bien
réglementée, donc on peut s'en satisfaire très, très certainement. Donc, ce n'est
qu'un commentaire, à ce moment-ci, mais sachez qu'on partage votre
préoccupation à ce niveau-là.
Sinon, au niveau de la procédure d'évaluation
environnementale, j'ai eu l'occasion, au cours de la dernière année et
possiblement même avant, de présenter notre souhait de la simplifier. Et tout
comme Hydro-Québec, notre but n'est pas d'alléger pour alléger, non pas de
revoir à la baisse notre encadrement de la protection de l'environnement, mais
tout simplement d'être plus efficace. Et c'est dans cette perspective-là qu'on
présente le projet de loi. Donc, heureux que vous le perceviez comme étant un
premier pas...
M. Charette : ...c'est-à-dire,
un pas dans la bonne direction. Vous parliez des évaluations sectorielles ou
régionales. C'est effectivement un concept qu'on aura l'occasion d'élaborer au
cours des prochaines semaines. Je serais intéressé à vous entendre sur
l'application concrète que vous percevez à travers ces articles-là.
Concrètement, pour un projet ou pour une région, comment ces articles
pourraient nous aider à vous aider à développer des projets d'énergie
renouvelable?
Mme Bouchard (Claudine) : Merci.
Merci pour votre question. D'emblée, les évaluations sectorielles et régionales
vont permettre d'étudier de façon plus spécifique, je dirais, la
complémentarité des différentes infrastructures ensemble pour trouver le projet
optimal. N'oubliez pas, on l'a dit dans dans les... dans nos notes, et nous
avons l'an passé fait plus d'une centaine de rencontres partout au Québec dans
notre processus qu'on a appelé Dialogue. Alors, on a lancé notre plan
d'action 2035. On est allé à la rencontre des Québécois, des représentants
du milieu, des représentants de différents organismes environnementaux,
sociaux, économiques.
• (10 h 10) •
On les a entendus et une des
préoccupations qu'on a beaucoup entendues, c'est celle, évidemment, de
l'acceptabilité sociale. Alors, on a réévalué notre programme d'acceptabilité
sociale et on a devancé certaines activités, si bien qu'aujourd'hui on est en
consultation pour entendre les préoccupations des différents milieux, bien
avant d'avoir un projet, donc ce qui permet de développer avec le milieu le
meilleur projet.
Donc, en ayant cette possibilité de faire
une étude environnementale plus large, donc par secteur, par région, ça nous
permet d'intégrer ces éléments-là davantage en amont. Ce qu'on veut, c'est
donner de la prévisibilité aux communautés sur le type de projets qu'on veut
faire, les écouter, les entendre et donner une prévisibilité aussi dans la
planification et l'exécution de ces projets-là pour réaliser les meilleurs
projets énergétiques au Québec dans le cadre de la décarbonation. Donc, ce
nouveau moyen là ajoute à ce qu'on a, mais évidemment, ce nouveau moyen là doit
demeurer efficace dans la perspective d'accélérer les autorisations et non pas
de réduire les exigences ou la performance environnementale, sous aucun
prétexte.
M. Charette : Donc, tout à
fait. Et vous parliez tout à l'heure de réduction de délais, c'est aussi un des
objectifs que l'on poursuit à travers le projet de loi. Vous avez estimé, selon
votre propos, à environ six mois, le délai qui pourrait être évité pour ce type
de projet là pour Hydro-Québec?
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
je vais laisser Mathieu... Mathieu, qui m'accompagne ici, responsable des
projets de transport chez nous, ça fait qu'il est davantage dans le microdétail
des délais. Je vais le laisser répondre.
M. Bolullo (Mathieu) : Donc,
vous avez vu 34 projets assujettis à la procédure en 20 ans. Il y en
a 15 en ce moment à différents stades et qui pourraient... 10 qui pourraient
s'ajouter à ça. Ça fait que, donc, vous voyez l'ampleur de la tâche qui s'accumule.
Dans le fond, au niveau des délais, la plupart... la grosse partie de ces
projets-là sont des projets de transport. Il y a des projets aussi de
production. Pour les projets de transport, on est... avec la nouvelle procédure
qui met une espèce de barrière à l'entrée. Donc, l'étape de recevabilité, elle
est un... elle est préliminaire, avant la recevabilité, elle est un petit peu
plus longue, mais ça permet par la suite de tout de suite faire en concomitance
le BAPE et la précision à l'étude d'impacts. Donc, ça étant fait de façon
concomitante, bien là, on est capable d'aller chercher un gain de 5 à
6 mois sur un processus qui dure... Les moyennes sont entre 17 et
18 mois pour les étapes. Donc, ça, ce n'est pas banal, c'est vraiment...
Quand on pense à tout le lot de projets qu'on a à faire, puis quand on pense
aussi à la réduction des efforts de part et d'autre pour monter les études
d'impacts.
Pour les projets de production, bien là
vous avez parlé des travaux préalables. Donc, il y a cette partie-là aussi qui
va nous aider. Donc, à deux conditions, hein? On a dit : Des travaux qui
sont nécessaires pour la transition énergétique et qu'ils ont un accueil
favorable du milieu. À ce moment-là, en commençant des travaux préparatoires de
route ou de campement dûment autorisés en fonction de leurs impacts
environnementaux, il faut le mentionne, bien là, ça nous donne accès au
territoire plus rapidement. Donc, à partir du moment où l'étude des centrales
est faite, bien là on est capable de documenter mieux ces études-là, commencer
les travaux plus rapidement, retombées économiques, ça nous donne un gain qui
est appréciable de 12 à 18 mois pour ce type de projet là, donc.
M. Charette : Merci pour
votre réponse. J'ai plusieurs collègues qui souhaitent intervenir. En même
temps, vous m'avez devancé sur ma prochaine et dernière question, au niveau des
travaux préalables. Justement, vous parlez préparation de route, préparation
des campements, peut-être avec un degré de détail un petit peu plus important,
ça représente quoi et quel type de travaux...
M. Charette : ...de travaux
vous associez à ces travaux préalables-là pour rassurer les gens qui y ont vu
une brèche? Et certaines personnes ont dit : Bon, pourquoi commencer un
projet, alors qu'on n'est pas certain de son acceptabilité ou, sinon, de sa
recevabilité? Comment... Comment répondre à ces préoccupations-là en
expliquant, peut-être avec un degré de détail un petit peu plus grand, ce que
sont les travaux préalables dans ce type de projet, là, qui seront alors en
évaluation? Et déjà je vous remercie, étant donné que la prochaine question
viendra d'un collègue ou d'une collègue.
Mme Bouchard (Claudine) : Alors,
évidemment, les travaux préalables, ce sont les travaux qui vont permettre à
terme, après ça, le début de la construction des ouvrages. Par exemple, prenons
une centrale hydroélectrique. Donc, en conséquence, on doit en amorce... de
donner, évidemment, de créer des routes pour permettre l'accès au territoire.
On doit créer des campements pour que les travailleurs qui créent les routes
puissent aussi être hébergés sur le secteur, hein? Quand on parle... Par
exemple, si on parle de La Romaine, il n'y avait pas de route, donc, au début,
tous les travaux se faisaient par hélicoptère. Donc, on prend l'hélicoptère, on
dépose des travailleurs, on dépose des campements et là on commence à faire la
route. On commence à faire la route pour aller de façon très optimale dans
l'échéancier, on commence des deux bouts puis on se rejoint dans le milieu. Alors,
généralement, ça prend deux campements, ça prend des équipements à chaque bout
pour être capable de se retrouver au centre. Eh bien, ça, si on est capable de
devancer ça, on est capable de devancer l'échéancier de mise en service de 12 à
18 mois. Dans la quête à la décarbonation, le calendrier est maître de ce
que nous avons à faire. Nous avons besoin de 60 TWh en 2035. Donc,
l'échéancier est capital dans ce que nous avons à faire dans ce projet de
transition énergétique, là, donc ce 12 à 18 mois là est vraiment important
dans ce que nous avons à faire.
Donc, c'est permis d'autorisation
préalable pour permettre de débuter la construction des routes, permettre de
débuter l'installation des campements pour permettre après ça de pouvoir
construire une fois les permis reçus. Les deux critères, Mathieu les a bien
mentionnés, l'acceptabilité sociale, il n'y a aucun projet qui va se faire sans
l'acceptabilité sociale et les partenariats avec les communautés locales, et,
le deuxième, bien entendu, que ce soit associé à la transition énergétique.
Donc, ça, ce sont vraiment les deux éléments. Évidemment, quand on va utiliser
ce levier-là d'autorisation préalable, Hydro-Québec prend des risques, hein?
Parce que ce n'est pas garanti que le permis final, l'autorisation finale, pour
le grand projet sera établi. Alors, nous, on va juger de cette prise de risque
là parce qu'on ne doit pas prendre pour acquis que parce qu'on a des
autorisations préalables... que le permis final sera automatique. Donc, on aura
aussi des exigences environnementales sur le projet, le grand projet lui-même,
qui ne seront pas revues à la baisse et dont les exigences seront maintenues.
Donc, Hydro-Québec va collaborer dans cette perspective-là. Et c'est vraiment
de cette façon-là qu'on veut collaborer à la réalisation autant des travaux
préalables que du grand projet de la transition énergétique.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole au député de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça m'a fait plaisir en tant que député de René-Lévesque.
Vous le savez, je viens de la Côte-Nord. Mon comté s'appelle René-Lévesque. Ce
n'est pas pour rien, à cause d'Hydro-Québec, hein? Clairement, là, dans ma
circonscription, vous savez, presque... bien, vous le savez, là, presque
38 %, là, de l'énergie passe ou est produite dans ma circonscription. Il y
a la Jamésie, évidemment, mais il y a le secteur, là, vraiment, des rivières
Manic-Outardes, Bersimis, comme on les a appelées.
J'ai une préoccupation, c'est une question
pour vous, par rapport aux communautés. Ça a été très clair, vraiment, dans vos
réponses précédentes, mais j'aimerais ça aller davantage en lien avec les
communautés innues, là, de la Côte-Nord. Vous savez, avec les annonces
importantes qu'on a faites avec... qui sont extraordinaires, là, ça va marquer
l'histoire clairement, avec l'entente sur Churchill, mais clairement, il faut
travailler avec les communautés. Tout à l'heure, vous l'avez dit, ce projet de
loi là est très important, notamment dans les secteurs où il y a plusieurs
projets en cours. Vous avez parlé de postes de ligne, vous avez parlé de
centrales hydroélectriques, éoliennes aussi. Alors, dans ma circonscription,
j'ai tout ça, je suis un bel exemple pour vous poser la question, et j'ai des
communautés innues qui veulent être partenaires de projets, ils le sont
d'ailleurs, on l'a vu tout récemment, notamment avec Pessamit. Mais il y a
vraiment là une importance de travailler en relation, en collaboration pour
avoir des retombées locales non seulement pour les communautés, les MRC, etc.,
mais aussi pour les communautés innues du territoire, parce qu'on a besoin des
infrastructures sur le territoire. Alors, j'ai hâte de vous entendre là-dessus.
Mme Bouchard (Claudine) : Merci.
Alors, d'emblée, lorsque nous avons lancé le plan d'action 2035, nous
avons fait...
Mme Bouchard (Claudine) : ...je
dirais, une des priorités comme étant les relations de partenariat avec les
communautés autochtones. Et c'est une priorité qui nous tient à cœur. Donc,
évidemment, dans ce que nous avons eu à réaliser en 2024, une partie de ça qui
s'appelait la tournée de dialogue, on l'a fait dans les MRC, les organismes que
j'expliquais plus tôt, mais nous l'avons fait également avec les communautés
autochtones pour aller entendre. Vous le savez mieux que moi, étant de la
Côte-Nord, chaque communauté a, et chaque nation a sa réalité, ses enjeux et
ses défis. Alors, nous, on voulait éviter de partir avec des grands paradigmes
et de développer une recette standardisée. Donc, nous sommes allés à la
rencontre des communautés. Nous avons eu des discussions, qui se poursuivent,
bien entendu. Et suite à ça, nous avons lancé notre stratégie de réconciliation
économique, donc, pour les municipalités... pas les municipalités, mais pour
les communautés autochtones.
• (10 h 20) •
Donc, ce qu'on veut, c'est travailler en
amont avec les communautés autochtones pour leur donner une prévisibilité de ce
qui s'en vient sur leur territoire d'un point de vue retombées économiques,
bien entendu, d'un point de vue partenariat. On le voit, la nouvelle façon de
développer l'éolien au Québec, avec la stratégie de développement des grands
parcs éoliens, donc en partenariat avec les communautés, on a dit que, ça,
c'était le critère numéro un pour développer un parc éolien, c'est-à-dire
d'avoir un partenariat avec les communautés locales, autochtones et
allochtones, et qu'on crée un partenariat qui va, lui, développer ce projet de
parc éolien là.
Donc, ils sont au cœur de tout ce qu'on
fait au quotidien, d'un point de vue économique, d'un point de vue partenariat.
Et ce qu'on vise à travers cette stratégie de réconciliation économique là,
c'est aussi de leur donner des revenus récurrents dont ils pourront bénéficier
et utiliser de façon autonome. Donc, on veut engendrer une circulation
économique au sein de ces communautés-là. Mais encore une fois, je reviens à ce
que je disais, il faut que nos solutions tiennent en compte et qu'on soit à
l'écoute de leurs réalités et de leurs besoins pour développer la meilleure
solution.
Maintenant, il y a aussi les MRC, les
allochtones avec qui on travaille beaucoup en termes d'acceptabilité sociale et
de retombées économiques aussi. Donc, encore là, on a annoncé trois axes de
développement de notre réseau de transport à l'automne dernier et on travaille
déjà en mode préconsultation pour aller entendre les communautés sur leurs
préoccupations, les intentions, leur vision qu'ils ont pour le développement de
leur territoire, pour s'assurer que ces préoccupations-là soient intégrées déjà
en amont de notre réflexion sur l'identification de notre projet.
Donc, actuellement, on est en
préconsultation sur trois axes de transport à 735 000 volts, mais on
n'a même pas de tracé. On a une très, très vaste zone d'étude dans laquelle on
va recueillir les préoccupations pour venir rétrécir cette zone étude là et
éventuellement, quelque part au printemps, arriver à proposer différents
scénarios de tracés aux communautés.
Donc, les communautés autochtones sont au
cœur de la stratégie de réconciliation et des partenariats qu'on veut faire,
notamment dans l'éolien. Et les communautés allochtones sont au cœur aussi de
l'acceptabilité sociale sur leur territoire et de ces préconsultations-là pour
venir influencer la définition même de nos grands projets d'infrastructures.
La Présidente (Mme Blouin) :
Mme la députée d'Argenteuil, vous disposez d'environ une minute.
Mme Grondin : Merci.
Donc, bonjour, madame, messieurs. Rapidement. Vous savez, moi, je suis du comté
d'Argenteuil. Il y a eu tout le dossier de la ligne Grand-GrûléVignan,
l'ordonnance que vous avez reçue. Est-ce que, de ce que je comprends, vous avez
fait les travaux pour réparer, c'était impeccable. Est-ce que les outils qu'on
vous propose dans ce projet de loi là, donc, l'entente de... l'analyse
sectorielle et qui se passe dans la procédure d'évaluation, est-ce que vous
croyez que ça pourrait améliorer la situation par rapport à ce qui s'est passé
en 2018-2019?
Mme Bouchard (Claudine) : Je
vais vous donner un niveau de réponse. Puis après ça, je vais passer la parole
à Mathieu qui... qui était au cœur de ce projet-là? Première... Première phase
de réponse à votre question. Évidemment, on parlait tout à l'heure de cette
prévisibilité-là. Quand on a une meilleure prévisibilité, on a davantage
d'intrants du milieu en amont du développement ou de l'élaboration même du
projet. C'est beaucoup plus facile de trouver des tracés qui, je dirais,
favorisent l'acceptabilité sociale ou une intégration harmonieuse dans le
milieu. Alors, si on...
La Présidente (Mme Blouin) :
Malheureusement, c'est terminé pour la banquette gouvernementale. Alors, je
cède tout de suite la parole à la porte-parole de l'opposition officielle.
Mme Dufour : Merci
beaucoup. Alors, merci, Mme Bouchard pour votre présentation. Je vais
commencer, parce que notre temps est limité, avec une première question. Vous
mentionniez, là, votre grand intérêt, là, pour l'évaluation environnementale,
sectorielle ou régionale, qui est ajoutée dans le projet de loi. Mais il existait
déjà une évaluation environnementale stratégique. Alors, j'aimerais vous
entendre. Vous avez mentionné...
Mme Dufour : ...vous aviez une
grande expérience des processus environnementaux d'évaluation. Donc, j'aimerais
comprendre pourquoi est-ce que ce serait mieux le sectoriel que le stratégique.
Mme Bouchard (Claudine) : Il
y a une différence importante entre le stratégique et le sectoriel, c'est
vraiment deux niveaux différents. Le stratégique englobe beaucoup plus
largement. Alors, le stratégique pourrait permettre, par exemple, une étude sur
l'éolien. Mais développer de l'éolien en Gaspésie ou développer de l'éolien sur
la Côte-Nord, chez M. Demontigny, ou encore au Lac-Saint-Jean, avec les gens de
Mashteuiatsh, ce n'est pas... ça n'a aucune mesure commune dans le sens que
c'est très différent. Oui, on va mettre des mâts, évidemment, on va construire
des lignes, mais le milieu dans lequel on va intégrer ces infrastructures-là
est complètement différent. Alors, nous, de voir la possibilité d'avoir par
secteur et régional amène la dimension d'acceptabilité sociale fine, d'impacts
environnementaux fins, également, dans le milieu d'accueil. Alors, c'est
vraiment la distinction entre les deux.
Je vais laisser la parole à Mathieu qui
pourrait vous donner peut-être des exemples un peu plus concrets de ces
éléments-là.
Mme Dufour : Bien, je
voudrais juste une précision, parce que vous mentionnez sectoriel et régional,
mais c'est bien sectoriel ou régional.
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
oui.
Mme Dufour : Alors,
sectoriel, c'est semblable à stratégique, parce que c'est le secteur, ça
pourrait être l'éolien. Alors, le stratégique aurait pu...
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
mais ça donne un repli de plus d'avoir vraiment, si je peux me permettre,
d'avoir vraiment quelque chose de régional, en fonction même de l'endroit où on
va construire les installations et les parcs éoliens, par exemple, aussi, si
c'est celui-là qu'on choisit.
Mme Dufour : Donc, je
comprends que c'est le régional qui est intéressant pour vous.
Mme Bouchard (Claudine) : Qui
est intéressant, pour nous, à ce moment-ci, ce qu'on entrevoit davantage, oui,
à ce moment-ci.
Mme Dufour : Parfait.
Mme Bouchard (Claudine) : Mathieu,
tu veux peut-être y aller avec un autre élément.
M. Bolullo (Mathieu) : Puis
peut-être... L'important, c'est d'avoir des candidats potentiels pour tester
ça. Et donc, le cas d'un parc... d'un développement éolien de plus grande
envergure, de 1000 mégawatts et plus, avec le réseau de transport associé,
c'est des bons candidats à ça. Donc, on peut avoir une image plus globale des
activités dans le secteur, considérer les impacts associés à l'ensemble de ces
projets-là, que ce soit l'usage du territoire, la foresterie, l'agriculture.
Puis là, ensuite, être capable de développer des mécanismes qui vont, par la
suite, en identifiant bien les impacts, les mesures d'atténuation, accélérer
l'autorisation plutôt que les prendre une à une.
Mme Dufour : Vous mentionnez
d'ailleurs dans... Vous l'avez mentionné tout à l'heure, là, que ce serait
possible d'étudier plusieurs projets, tu sais, dans le même... dans la même
région, par exemple, vous disiez, des projets éoliens et de transport
d'électricité qui se passent à peu près au même endroit. Mais est-ce qu'il n'y
a pas un risque de braquage de la part de la population de voir ça, toute cette
ampleur-là de projets, alors que, quand ils sont étudiés à la pièce... Et je
pose la question, avec l'expérience que vous avez, que ça peut sembler beaucoup
plus gros en les mettant tous ensemble.
Mme Bouchard (Claudine) : C'est
une excellente question. Je reviens à ce que je disais au départ, les gens, ce
à quoi ils s'attendent d'Hydro-Québec, c'est la transparence et une prévisibilité,
l'information en amont. Alors, je crois... Et la perception qu'on a, c'est que
de le faire de cette façon-là, plutôt que d'y aller pour le parc éolien, d'y
retourner pour le poste, d'y retourner pour ligne, en trois étapes, on leur
donne bien, en amont, la visibilité, la prévision de ce que ça aura comme
impact, cette infrastructure-là.
Maintenant, après, c'est notre travail, à
nous, d'entendre le milieu, d'entendre les communautés et d'intégrer ces
préoccupations-là, dans l'élaboration même du projet, pour répondre à leurs
préoccupations de voir des infrastructures trop nombreuses dans un périmètre
trop court. Donc, ça, c'est vraiment la façon dont on va optimiser la
définition et l'élaboration du projet avec les milieux d'accueil, donc, favorisant
l'acceptabilité sociale.
Mme Dufour : Merci. Vous
mentionnez que les projets, dont les impacts et enjeux sont bien connus et
maîtrisés, devraient être exemptés de la procédure. Et ça, est-ce que vous
pouvez nous orienter, quel genre de projet que vous voyez dans cette
catégorie-là?
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
Bien, je vais laisser Mathieu donner les exemples, mais un projet de poste
pourrait être un exemple. Un projet de poste, c'est une circonférence ou un
cadre très bien défini. On en a construit plusieurs dans le passé, mais
Mathieu, vas-y, donc, avec tes exemples plus concrets.
M. Bolullo (Mathieu) : Bien,
en fait, on parlait, plus de la moitié, donc, des 34 projets soumis dans les 20
dernières années, n'ont pas fait l'objet de demandes d'audiences. La plupart de
ces projets-là étaient des projets de poste ou des courtes lignes dans les cas
de raccordement de projets éoliens. Puis c'est des projets où on circonscrit
bien les impacts de ces projets-là, puis on les maîtrise bien. Donc, c'est des
candidats potentiels à des exemptions, à condition, bien entendu, qu'on
respecte nos façons de faire usuelles, nos guides des bonnes pratiques pour
qu'on ait les impacts, et que ce site... les sites de poste ou les lignes,
bien, évitent les impacts majeurs sur l'environnement, les milieux humides,
etc.
Mme Bouchard (Claudine) : Je
vais donner un exemple concret, si vous le permettez, construire un poste
juxtaposé, un poste électrique... juxtaposé, pardon, à un parc industriel, par
exemple. Alors, évidemment, au point de vue de...
Mme Bouchard (Claudine) : ...sociale,
d'intégration dans le milieu, c'est favorisant. Évidemment, il faut respecter
les exigences environnementales, comme partout ailleurs, mais il y a moins
d'enjeux parce qu'on s'inscrit déjà dans quelque chose qui est en
développement, je dirais, de façon plus occupation du territoire.
Mme Dufour : Mais parlons de
projets de poste, il y en a un qui, lui, ne fait vraiment pas l'unanimité, et
c'est celui qui est en développement à côté de la Grande Bibliothèque. Donc là,
comment... On vient dire : Bien, le projet de poste, ça, on connaît ça, il
n'y a pas d'enjeu, mais ici on a un exemple où il peut y avoir de grands
enjeux.
Mme Bouchard (Claudine) : ...de
cette façon. Aujourd'hui, le poste de Berri, pour nous, ce n'est même pas un
projet. On est encore à l'étape de valider les différentes options, O.K., et je
vous dirais que c'est ce qui nous a, je dirais, un peu embêtés dans les
dernières semaines, je vais utiliser ce terme-là, parce que c'est vrai que ça
nous a embêtés. Parce que c'est difficile pour nous d'aller voir la population
puis d'expliquer ce qu'on veut faire tant que nos études techniques et nos
études, je dirais, d'évolution du plan de réseau ne sont pas terminées. Alors,
on s'est fait devancer. Maintenant, on a accéléré nos travaux, si bien qu'on
va, dans les prochaines semaines, être sur la place publique. Donc, je peux...
je peux déjà vous dire ça, pour aller expliquer les travaux qui ont eu lieu, les
études qui ont eu lieu.
• (10 h 30) •
Le défi que nous avons dans ce secteur-là,
c'est que c'est un secteur où le sous-sol est très encombré et on a besoin
d'espace pour mettre des installations à moins de 500 mètres du poste qui
est déjà là. Donc, c'est assez complexe, mais nous avons travaillé très fort,
je vous rassure, pour trouver le meilleur site et nous avons pris l'engagement
d'intégrer ce poste-là dans le milieu et de travailler avec le milieu, autant
la ville que les gens qui occupent, je dirais, les différents édifices dans le
coin.
Mme Dufour : Je vous
remercie. Je ne qualifie pas le projet, je n'ai pas pris, tu sais,
connaissance, je n'ai pas d'opinion sur le projet, mais il reste que, quand
vous demandez que les projets dont... qui sont connus et maîtrisés devraient
être exemptés de la procédure, et que, là, on voit que ça peut être
problématique...
Mme Bouchard (Claudine) : Soyons
clair, ce projet-là ne sera pas soustrait d'aucune procédure. Quand on va
arriver à la phase projet... va s'inscrire dans toutes les procédures qui
seront nécessaires, dont celle au préambule qu'on va amorcer déjà dans les
prochaines semaines, c'est-à-dire la première consultation publique réelle sur
l'intégration de cet... de cet édifice-là, de cette infrastructure-là dans le
lieu. Et nous avons pris l'engagement de faire un concours d'architecture,
hein? Donc, on ne peut pas aujourd'hui déposer des dessins de ce que ça va
avoir l'air si on dit qu'on va faire un concours d'architecture. Alors, là aussi,
il faut suivre les étapes. C'est peut-être, j'en conviens, un peu plus long que
ce que les gens auraient aimé, mais malheureusement, il faut passer par ces
étapes-là avant de pouvoir communiquer à la population, à votre grand plaisir,
quand il sera rendu. Et on va partager toutes les informations sur les
différents sites.
Mme Dufour : Je vous... je
vous remercie. Je vais passer... Je vais vous poser une question, parce que les
délais, là, il y a une partie des délais des projets, des évaluations qui
reviennent au ministère, les délais pour répondre aux analyses, aux... Et
j'aimerais voir... comme vous l'avez mentionné, vous avez beaucoup
d'expérience. Est-ce que les délais prescrits, que le ministère est supposé de
suivre... est-ce qu'ils sont généralement respectés pour les projets
d'Hydro-Québec?
Mme Bouchard (Claudine) : Je
vais répondre un premier... en première étape, puis je vais laisser Mathieu
plus en détail. Je vous dirais que c'est une valse qui se danse à deux. Alors,
nous, on doit déposer des éléments au ministère. Le ministère va les analyser,
peut nous revenir avec des questions de précision puis des éléments. Alors,
c'est un délai qu'on gère à deux. Si, moi, je prends plus de temps, le
ministère prend plus de temps. Si, moi, je suis moins précise, le ministère va
aussi l'être. Donc, c'est vraiment une valse qui se... qui se danse à deux. Par
ailleurs, ce qu'on adresse avec ce projet de loi là, c'est l'augmentation du
nombre de projets. On l'a dit, 34, en 20 ans, on en a 15 actuellement. Et
juste dans l'année 2025, on va en ajouter, 10 projets. Alors, le
volume de travail va augmenter, indépendamment des délais passés, le volume de
travail va augmenter. Alors, comment on travaille plus efficacement et plus
optimalement? C'est ce qu'on veut faire avec le...
Mme Dufour : Je vous
remercie. Dans le fond, c'était... ma question, c'était vraiment si les délais
que le ministère se donne sont respectés dans le cadre de vos projets. Parce
que, dans d'autres cas, on a des échos que ce n'est pas... ce n'est pas
respecté nécessairement.
M. Bolullo (Mathieu) : Mais
l'idée, c'est d'être bon du premier coup ou d'être... Tant que le promoteur va
être précis dans ce qui est demandé, ça va aller mieux. Tu sais, donc, dans le
fond, tu sais, mieux on est... Puis là, le projet de loi permet d'être encore
plus précis sur ce qu'on demande. Donc, se concentrer sur les enjeux
importants, ça accélère aussi l'analyse et la délivrance des permis.
Mme Dufour : Bien, donc, je
comprends, pour vous, c'est satisfaisant. Je vais passer la parole à ma
collègue, la députée de... pardon, Notre-Dame-de-Grâce... j'allais dire
D'Arcy-McGee.
La Présidente (Mme Blouin) : Oui,
allez-y. Mme la députée.
Mme McGraw : ...merci, Mme la
Présidente. Mme Bouchard, vous avez parlé de l'acceptabilité sociale, aussi
l'environnement, évidemment, mais aussi l'efficacité, prévisibilité. Dans ce
sens-là, vous accueillez... vous accueillez l'autorisation exceptionnelle de
certains travaux préalables, vous voyez ça d'un bon oeil, mais....
10 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...il y a des
partenaires importants d'Hydro-Québec, dont le Mohawk Council de Kahnawake, qui
ont soumis un mémoire, qui sont contre justement. Puis c'est un partenaire
important. Et je souligne le fait que notre formation, j'étais présente, on a
appuyé le projet Hertel-New York interconnexion, en grande partie à cause de l'appui
de la communauté... la nation mohawk et le gouvernement de New York l'ont
appuyé pour cette raison là, ils ont choisi Hydro-Québec. Donc, c'est assez
majeur.
Je vais citer le mémoire vite, vite... ce
n'est pas encore déposé, mais ils sont contre, ils sont contre, justement, cet
aspect-là du projet de loi, de ne pas... ça va à l'encontre de leurs intérêts.
Aussi, ils disent qu'invoquer des raisons de changements climatiques, ce n'est
pas nécessairement environnemental. C'est-à-dire, on peut avoir de l'énergie
propre, mais ce n'est pas nécessairement l'énergie qui est verte.
Alors, je voudrais vous entendre là-dessus
et s'il y a un choix à faire entre efficacité et prévisibilité et acceptabilité
sociale, dont chez les communautés autochtones. Où se trouve... où se
positionne Hydro-Québec?
La Présidente (Mme Blouin) : Vous
avez moins d'une minute pour répondre.
Mme Bouchard (Claudine) : ...un
peu difficile de me positionner sur quelque chose que je n'ai pas lu et que je
ne connais pas. Pour nous, les autochtones demeurent, j'ai dit plus tôt, dans
le cadre de notre stratégie de réconciliation, un partenaire primordial pour
faire tous nos projets, peu importe où ils se trouvent sur le territoire du
Québec. Donc, de toute évidence, pour nous, si nos partenaires autochtones ont
des préoccupations, on va travailler avec eux. Comme je disais tout à l'heure,
chaque communauté, chaque nation a des enjeux, des défis différents.
Hydro-Québec peut s'asseoir avec chacune d'entre elles pour s'assurer de mettre
en œuvre ce qu'on a besoin pour favoriser l'acceptabilité sociale de nos
projets.
Donc, on répète l'énergie qu'on produit au
Québec, elle est verte, bien entendu. La façon de le faire peut aussi favoriser
l'acceptabilité sociale et une façon de développer les projets qui sont
également inclus dans les principes du développement durable, donc l'équilibre.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Merci d'être là ce matin, toujours très
apprécié. Nous, il y a un article en particulier qui nous chicote un peu, puis
je pense que ça a été abordé par ma collègue, c'est le nouvel article
introduit, là, par l'article 88... donc le nouvel article 31.4.3 qui
dit que, dans un moment... «dans le cas où un projet de ministère participe à l'atteinte
des cibles gouvernementales en matière de lutte contre les changements
climatiques, etc., le gouvernement peut, de manière exceptionnelle et si le
ministre lui en fait la recommandation, démarrer les travaux plus rapidement.»
On a une grande discussion là-dessus. Évidemment qu'il y a des experts,
notamment M. Francoeur, M. Beauchamp, ils appellent ça l'article
Northvolt, en disant... finalement, c'est très politique, partisan, là, de dire :
Ça participe aux objectifs de changements climatiques. C'était ce qui était évoqué,
par exemple, dans le temps à Northvolt, c'était critiqué par d'autres
personnes.
Vous, est-ce que vous ne voyez pas
potentiellement un danger qu'un article comme ça soit utilisé de manière
partisane par un gouvernement, peu importe sa couleur, ou par une opposition,
peu importe sa couleur, pour dire : C'est un peu... ce n'est pas très
clair, ça, les objectifs gouvernementaux en matière de lutte aux changements
climatiques?
Mme Bouchard (Claudine) : L'article,
il est très précis et il identifie la portée de l'article, identifie les
travaux préalables, l'autorisation de travaux préalables, qui sont gérés en
conséquence, soumis à l'obtention du permis général. Alors, pour Hydro-Québec,
dans aucun cas cet article-là ne nous permettra de se soustraire à quelques
demandes d'autorisation ou obtention d'autorisation que ce soit, ou encore de
se soustraire au Bureau d'audiences publiques en environnement. Donc, il est
clair pour nous que ce n'est pas ce qui est visé à la lecture de cet article-là,
mais c'est plutôt de nous permettre de démarrer des travaux qui sont préalables
et nécessaires pour la bonne marche, la bonne planification d'un projet lié à
la transition énergétique. Et ces permis-là, bien, ils seront révoqués ou
encore reconnus si le permis ou l'obtention du permis pour le grand projet...
lorsqu'il arrive à terme, au moment de l'obtention de ce permis-là.
M. Leduc : Je suis d'accord
avec vous que c'est le...
Mme Bouchard (Claudine) : ...prise
de risque.
M. Leduc : ...c'est très
clair ce qui peut être démarré, là. Ça, il n'y a pas d'ambiguïté. Moi, mon
questionnement, c'est ce qui est moins clair, c'est le motif qu'on permet... qu'on
utilise pour permettre le démarrage anticipé sur l'atteinte des objectifs du
gouvernement. Ça, ça me semble assez politiquement flou et qui peut être perçu
de différentes manières. Puis on l'a vécu, notamment avec Northvolt, on le voit
peut-être des fois dans des projets à gauche, à droite dans le Québec. Vous ne
pensez pas que ça peut ouvrir des portes à de la politique?
Mme Bouchard (Claudine) : Pour
nous, la transition énergétique, c'est vraiment... ça passe par l'électrification.
Donc, notre plan d'action 2035 est clair sur nos intentions. Nos cinq
priorités sont très bien identifiées, dont celle d'accroître le nombre de
mégawatts. Et donc pour nous, cet article-là est tout à fait lié. Et il me
semble que l'article précise que cet article-là va vraiment être associé....
Mme Bouchard (Claudine) : ...à
la transition énergétique et non pas pour des promoteurs privés. Ce n'est pas
tout à fait comme ça que c'est écrit, mais c'est ce que ça veut dire. Mais là,
l'interprétation de l'article, je ne crois pas que c'est à moi de se
positionner là-dessus, mais nous, ce qu'on va... ce qu'on... la portée qu'on
veut donner à cet article-là, je répète, Hydro-Québec n'est pas ici pour
demander ou envisager quelque soustraction que ce soit aux exigences
environnementales, quelles qu'elles soient. On est ici pour trouver des façons
de moderniser la façon d'y arriver, de rendre ça plus efficace et d'accélérer
la façon d'arriver à faire des projets, les mettre en service pour la
décarbonation du Québec avec une bonne performance environnementale.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Mme Bouchard (Claudine) : Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre contribution à nos travaux. Alors, je vais suspendre
quelques instants, le temps d'accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 40)
(Reprise à 10 h 43)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Union des municipalités du Québec et je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi on va procéder à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter d'abord et ensuite à commencer votre exposé.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Martin Damphousse, président de l'Union des municipalités du Québec et maire de
Varennes.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Charlotte Legault-Bélanger, conseillère aux politiques à
l'Union des municipalités du Québec.
M. Damphousse (Martin) : Donc,
Mme la Présidente de la commission, M. Benoit Charette, ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs,
Mesdames et Messieurs les membres de la commission, je vous remercie
sincèrement de donner à l'Union des municipalités du Québec l'opportunité de
vous présenter nos commentaires sur le projet de loi n° 81.
Je vous l'ai mentionné, je suis Martin
Damphousse, président de l'UMQ et maire de Varennes. Je suis accompagné de Mme
Legault-Bélanger.
L'UMQ se réjouit de la volonté du
gouvernement de reconnaître l'autonomie réglementaire des municipalités en
matière d'environnement. Il s'agit d'une avancée significative pour la
protection de l'environnement au Québec. Depuis 1972, l'article 118.3.3 de
la Loi sur la qualité de l'environnement, la LQE, impose un mécanisme de préséance...
M. Damphousse (Martin) : ...limitant
les actions des municipalités en matière environnementale. Ce cadre législatif
oblige les municipalités à obtenir une approbation ministérielle pour toute
réglementation environnementale, même lorsque ses normes sont plus strictes ou
complémentaires aux normes provinciales. Le projet de loi corrige cette
situation et aligne le Québec sur les meilleures pratiques canadiennes, mettant
fin à une barrière historique en répondant à une demande phare de l'UMQ. En
reconnaissant l'autonomie des municipalités, le gouvernement leur permet
d'adopter des normes environnementales adaptées, spécifiées aux régions locales
administratives. Ce changement favorisera une action plus proactive et ciblée
en matière de transition climatique, une réduction des risques de poursuites
judiciaires, comme le démontrent les cas de l'Assomption et de Mercier, où des
règlements municipaux pertinents ont été jugés inopérants en raison du
mécanisme de préséance, un allègement du fardeau administratif, tant pour les
municipalités que pour le ministère de l'Environnement. Cela ne signifie pas
que les municipalités auront carte blanche pour autant. Les règlements
municipaux demeureront soumis à des règles de droit comme la raisonnabilité et
la conciliabilité. De plus, le projet de loi prévoit des exceptions spécifiques
où le mécanisme nécessitant une approbation ministérielle pourra être maintenu,
et ce, pour des enjeux stratégiques. Pour toutes ces raisons, nous recommandons
de maintenir les modifications à l'article 118.3.3 de la LQE pour
permettre aux municipalités d'exercer pleinement leurs compétences en
environnement.
Pour maximiser l'impact des modifications
législatives proposées, nous formulons les recommandations suivantes. Assurer
une entrée en vigueur des modifications dans un délai de deux ans afin
d'accélérer leur mise en œuvre. Actuellement, le projet de loi ne prévoit pas
de date d'entrée en vigueur. Retirer l'article 118.3.3.1 de la LQE et
plutôt modifier les décrets pertinents de la CMM pour éviter toute confusion
quant à la possibilité pour l'ensemble des municipalités du Québec de
bénéficier de la suppression du mécanisme de préséance. De plus, le projet de
loi propose une nouvelle procédure d'évaluation environnementale visant à réduire
au minimum les impacts environnementaux et sociaux associés au développement,
que ce soit dans un secteur particulier comme l'énergie éolienne ou sur un
territoire spécifique comme un parc industriel. À l'issue d'un processus de
consultation mené par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le
BAPE, le gouvernement adoptera un décret qui établira des conditions claires et
précises d'acceptabilité environnementale et sociale pour encadrer les projets
futurs dans le secteur ou le territoire concerné. L'UMQ souligne l'importance
de prendre en compte les impacts cumulatifs sur l'environnement des activités
sur le territoire, notamment à l'échelle des bassins versants. En raison de
l'impact potentiel important du décret gouvernemental sur le tissu social et
les décisions en aménagement du territoire, l'UMQ est d'avis que le projet de
loi doit préciser que le décret du gouvernement n'a pas préséance sur les
décisions politiques en aménagement du territoire. Par ailleurs, afin d'éviter
que les délais liés à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement ne comprettent... ne compromettent l'atteinte des objectifs du
gouvernement du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques
et de transition énergétique, le projet de loi accorde au gouvernement un
pouvoir exceptionnel. Ce pouvoir lui permet d'autoriser la réalisation de
travaux préliminaires par un ministère ou par Hydro-Québec avant même que le
projet ne soit soumis à l'analyse du BAPE. L'UMQ reconnaît l'importance
d'accélérer certains projets publics ayant un impact environnemental positif
dans un contexte d'urgence climatique et rappelle que le milieu municipal fait
partie intégrante de la solution. C'est dans ce cadre que les municipalités
devraient pouvoir bénéficier d'une procédure accélérée pour leurs projets. En
effet, les délais importants...
M. Damphousse (Martin) : ...importants
liés à l'obtention d'autorisations environnementales ralentissent l'action
climatique locale et entraînent des coûts supplémentaires pour les
municipalités. Un régime d'autorisations environnementales adapté aux
municipalités devrait pouvoir faciliter les projets municipaux qui visent la
protection de l'environnement, l'adaptation au changement climatique et la
sécurité publique. Il est également nécessaire d'optimiser l'encadrement
environnemental des projets de construction de logements afin d'accélérer la
réponse à la crise de l'habitation qui sévit dans l'ensemble des municipalités
du Québec. L'UMQ suggère que la législation et la réglementation
environnementale soient revues dans une optique de cohérence, d'efficacité
accrue, de réduction des délais et d'atténuation de la lourdeur administrative
pour les municipalités.
• (10 h 50) •
En conclusion, la reconnaissance de l'autonomie
municipale est une avancée majeure pour la gouvernance environnementale au
Québec. Les municipalités, en tant que gouvernement de proximité, sont bien
positionnées pour répondre aux défis environnementaux et climatiques grâce à
des initiatives locales adaptées. Nous remercions le gouvernement de
reconnaître l'importance de cette autonomie et de permettre aux municipalités
de contribuer pleinement à la transition écologique. Merci à tous.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Alors, on va débuter la période d'échange. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Tout d'abord, un beau bonjour à nos partenaires de l'UMQ. Toujours
un plaisir d'avoir votre écho, mais surtout toujours un plaisir de collaborer
avec vous. Nous avons des préoccupations communes à bien, bien des égards, et
je sais que le milieu municipal est très interpellé et intéressé à faire sa
part au niveau de la protection de l'environnement.
Vous avez mentionné, à juste titre, une
revendication de longue date au niveau de la reconnaissance de l'autonomie
municipale. Pour nous, c'est un engagement qui... qui était soutenu, là, dans
le temps de tenter de trouver la meilleure porte de passage ou la meilleure
façon de répondre à ces préoccupations-là, donc content que ce soit reçu
favorablement de votre côté.
En même temps, nous aurons l'occasion
d'entendre, au cours des prochains jours, des groupes qui s'inquiètent de
cette... de cette ouverture qui est... ou cette reconnaissance qui est faite au
niveau municipal. Que ce soit au niveau de l'entreprise, que ce soit au niveau
du secteur agricole, la crainte principale, c'est que le Québec soit divisé
dans une forme de fromage gruyère, c'est-à-dire des réglementations tellement
disparates d'une municipalité à l'autre que ce soit... que ce sera difficile
pour ces organisations-là ou pour leurs membres de s'y retrouver. Moi, je pense
que c'est une avancée qui était nécessaire, une avancée qui est importante,
celle qui est faite à travers le projet de loi n° 81. Mais comment pouvez-vous
rassurer les groupes qui pourraient être inquiets par rapport à cette... cette
ouverture?
M. Damphousse (Martin) : Sincèrement,
je pense que collectivement, on a un rôle à jouer le gouvernement, le milieu
municipal, les entreprises, la population pour améliorer le sort de
l'environnement. Et je vous dirais, on est particulièrement conscients que,
quand il y a des incidents qui se passent... Prenons l'exemple de déversements
sauvages dans le milieu agricole, on en observe malheureusement un trop puis on
est tout à fait conscients que vous avez des ressources limitées au ministère.
Le territoire est vaste, puis on en voit de plus en plus partout, puis l'exemple
de Mercier est un bel exemple où on pourrait réglementer. Mais en même temps,
sincèrement, il faut que ça cesse ces situations-là. Il y en a qui profitent de
situations puis ils font ça de façon détournée, mais honnêtement je pense qu'on
a une obligation de résultat. Puis je vois très mal comment des entreprises
s'opposeraient à une réglementation dans un contexte de protection de
l'environnement, protection des boisés, protection des terres agricoles,
protection des bandes riveraines, protection de nos cours d'eau, de nos nappes
phréatiques. Ça fait qu'honnêtement je vais les écouter attentivement et je
vais... je vais être très attentif à leur argumentaire, mais je suis vraiment
curieux de voir quel angle ils vont pouvoir prendre pour que, collectivement,
on travaille tous dans le même sens.
M. Charette : Je suis... je
suis d'accord avec vous. Cependant, ce sont des préoccupations qui nous seront
partagées. Donc effectivement, vous allez les entendre avec intérêt. C'est une
belle façon d'aborder la... leurs préoccupations pour garder un canal de
communication. Sinon, dans votre mémoire, vous avez aussi, de façon assez
détaillée, abordé la question de l'évaluation environnementale sectorielle ou
régionale. Vous avez...
M. Charette : ...régionale.
Vous avez peut-être eu l'occasion d'entendre Hydro-Québec juste avant vous.
Pour eux, c'est une avancée. Pour le gouvernement, c'est une avancée aussi pour
permettre de consulter la population avec une vue d'ensemble plus précise d'un
projet dans un secteur x. Peut-être insister davantage... c'est fait dans le
mémoire, mais pour qu'on ait le plaisir de vous entendre de vive voix, nous
expliquer davantage vos préoccupations ou la façon dont on pourrait collaborer
de façon plus directe sur ces enjeux-là, sur cette question-là.
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais... Puis je vais probablement inviter Mme Charlotte Bélanger à
compléter. Mais je pense à... Depuis quelques années, on parle de plus en plus
de solaire ou d'éolien partout au Québec, et, même dans la grande région
montréalaise, où je suis, Marguerite-D'Youville, on est dans des études
environnementales justement pour voir la faisabilité d'aider Hydro-Québec à
produire davantage d'énergie verte. Mais on est souvent confrontés à une lourdeur
administrative, mais aussi une lourdeur d'examens environnementaux qui prennent
souvent énormément de temps. Donc, dans une approche d'une meilleure
souplesse... Puis je regarde l'érosion des berges. Je suis aussi sur le bord du
fleuve, puis on le voit partout le long du fleuve, mais partout le long des
rivières il y a eu une accélération. Puis, quand on veut tenter de stopper ou
d'amoindrir l'effet de l'érosion, bien, on nous dit souvent que c'est des
études qui peuvent prendre jusqu'à trois ans de délai, qui peuvent représenter
pour Varennes 1 million de dollars de coûts, sans aucune certitude qu'on
aura une réponse favorable pour pouvoir initier des travaux. Ça fait que dans
ce contexte-là, je vous dirais que ces éléments-là seront assurément aidants.
Mais je ne sais pas si Mme Bélanger a
peut-être un exemple additionnel pour vous.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui, merci. En fait, la nouvelle évaluation
environnementale stratégique régionale va permettre de prendre en compte les
impacts cumulatifs de différents... de plusieurs projets à venir projetés sur
un territoire ou un secteur. Donc, évidemment, l'UMQ est favorable à ce
volet-là, de prendre en compte les impacts cumulatifs, que ce soit à l'échelle
d'un corridor écologique, d'un bassin versant, particulièrement. Toutefois...
Donc, après le processus d'un BAPE, il va y avoir un décret pris par le
gouvernement, et puis un décret est fixe dans le temps. Donc, il va pouvoir
identifier des conditions d'acceptabilité sociale, d'acceptabilité
environnementale.
Toutefois, avant que les projets se
réalisent, il peut y avoir un délai important, et puis c'est pour ça qu'on
souhaite s'assurer que le projet de loi vienne spécifier que les décisions en
aménagement du territoire, qui, elles, sont évolutives, et aussi les conditions
d'acceptabilité sociale, qui peuvent être évolutives également, puissent être
prises en considération, donc que le décret n'ait pas préséance sur les
décisions en aménagement du territoire à travers le temps.
La Présidente (Mme Blouin) : Donc,
je crois que le député de Masson souhaite intervenir.
M. Lemay : Très bien. Merci.
Bonjour, content de vous retrouver ici en commission aujourd'hui. Vous avez
pu... abordé plusieurs sujets, parce que, bien entendu, il y a plusieurs sujets
qui sont abordés par ce projet de loi là. J'aimerais peut-être vous entendre,
là, tout d'abord, là, sur les milieux humides et hydriques, là, parce que vous
avez mentionné, je crois que c'est à la page 8 de votre mémoire, là, que...
votre recommandation numéro 5, que j'ai cru comprendre qu'il y avait peut-être
un manque de clarté... J'essaie de juste retrouver, là, votre recommandation
numéro 5, là. Vous dites, là, dans le fond, que vous voudriez qu'on modifie le
règlement pour les milieux humides et hydriques justement pour soustraire au
paiement d'une compensation pour l'atteinte à un milieu humide et hydrique des
travaux de mise aux normes de barrages municipaux. Ça, c'est votre
recommandation. Mais, dans votre texte que vous faites... dans votre mémoire,
vous semblez dire, là, qu'il y aurait d'autres adaptations qu'on pourrait faire
au projet de loi. Est-ce que vous pouvez nous donner plus de détails, s'il vous
plaît?
M. Damphousse (Martin) : Là,
on rentre dans des éléments tellement spécifiques que je vais référer à notre
experte à l'union.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Bien, pour... pour le... juste pour bien comprendre la
question, c'est pour les recommandations qui ont trait aux milieux humides et
hydriques, là, donc?
M. Lemay : Oui, s'il vous
plaît.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui. Bien, en fait, c'est qu'en ce moment, quand il y a
une atteinte à un milieu humide et hydrique, ça va dans un fonds, et puis ces
fonds-là sont retournés, là, à travers un programme de restauration et de
création de milieux humides et hydriques.
Oui, allez-y.
M. Lemay : C'est peut-être
plus dans... Parce que dans le fond, à la page 8 de votre mémoire, là, vous
parlez qu'avec le volet 2 du programme, quand vous voulez faire l'acquisition
de terrains, dans le fond, là, vous êtes limités, parce que, par le moment...
ou, si vous avez une opportunité d'achat, versus l'obtention des autorisations
environnementales, vous dites que dans le fond ça vient perturber le travail.
Ça fait que... peut-être plus de précisions sur ce côté-là, parce que vous
sembliez dire que... dans le fond, vous dites qu'il y a un manque de clarté
dans les critères d'admissibilité. ...
M. Lemay : ...critères
d'admissibilité. Ça fait que si vous voulez un peu nous donner une piste de
solution.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui. En fait, je crois que le ministère de
l'Environnement a commandé aussi un rapport à Réseau Environnement pour faire
l'analyse de ce programme-là parce qu'effectivement les... il y a un problème
de décaissement des sommes. Donc, c'est dans une optique, là, d'accélérer les
projets de restauration et de création de... que les sommes soient décaissées
que l'Union des municipalités du Québec fait ces recommandations-là. Donc,
effectivement, pour l'acquisition des terrains, il y a une certaine part, là,
de l'acquisition qui est remboursée à travers le programme, mais il y a... ça peut...
il n'y a pas la politique rétroactive et il n'y a aucune assurance non plus que
ce soit remboursé. Donc, c'est sûr que c'est rébarbatif pour une municipalité
étant donné que l'identification du terrain et l'acquisition est une des
étapes... des premières étapes, là, à un projet de restauration et de création
de milieux humides et hydriques.
• (11 heures) •
M. Lemay : Parfait. Merci
pour ces précisions. Puis je vous emmènerais maintenant pour les véhicules zéro
émission. Dans le fond, on veut faire l'élargissement aux véhicules plus
lourds, si on veut, et puis vous venez de dire, aux recommandations 10 et
11 dans votre mémoire, là, dans le fond, que vous avez des inquiétudes, vous
voudriez même qu'on crée un programme spécifique pour les municipalités, c'est
ce que vous mentionnez à votre recommandation 11. Est-ce que vous voulez
nous donner un peu plus de détails sur comment vous voyez cette mise en œuvre
ou cette création de ce programme-là? Parce que, tu sais, on s'entend qu'on a
déjà Écocamionnage, que, bon, on est... on a épuisé les sommes, on a atteint
une nouvelle mise à jour, mais, si vous avez un angle plus spécifique pour les
municipalités, je suis prêt à vous entendre.
M. Damphousse (Martin) : Mme
Bélanger.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Oui. En fait, c'est... Il n'y a pas actuellement de programme dédié, là,
aux municipalités avec des sommes réservées, donc c'est sûr qu'au niveau de la
prévisibilité ce serait vraiment un atout, qu'il y ait un programme qui vise
particulièrement les besoins municipaux, qui ne sont pas les mêmes
nécessairement que d'autres, d'autres organismes ou partenaires. Je vous donne
un exemple. Des camions de déneigement, ça nécessite une action rapide sur le
terrain. Donc, il y a des... il y a des réflexions qui doivent se poser par
rapport à l'autonomie de ces camions-là, les camions nacelles, les camions de
pompiers. Il y a plusieurs types de camions spécifiques qui sont utilisés par
les municipalités. Et puis on... l'UMQ accompagne ses membres, là, aussi à
travers un parcours de décarbonation de leur flotte de véhicules, des
regroupements d'achats pour les véhicules et les camions électriques, et puis
on le voit, là, des coupures comme Écocamionnage ou transport vert, ça affecte,
là, réellement et concrètement l'électrification en cours, là, du milieu
municipal. Donc, d'avoir une prévisibilité et puis des... un programme qui est
réfléchit pour les besoins particuliers des municipalités, c'est ce qu'on... ce
qu'on demande.
M. Lemay : D'accord, c'est
bien compris. Puis, puisqu'il nous reste encore un peu de temps, je reviendrais
à ce que vous avez parlé, M. Damphousse, en entrée de jeu avec
l'article 118.3.3. Vous sembliez dire que vous étiez ravi par les
modifications proposées par le projet de loi n° 81 en termes de
l'article 102.3.3. Est-ce que vous voulez préciser davantage? Là, dans le
fond, est-ce qu'il y aurait des... Est-ce que vous considérez que les
municipalités auraient des intérêts accrus à prendre des règlements maintenant qu'on
a... Dans l'éventualité que cet article-là serait adopté, est-ce que vous
croyez qu'il y aurait un engouement par les municipalités à prendre des
règlements municipaux?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
en fait, on l'a déjà vu actuellement à travers le Québec, dépendamment des
régions, où des municipalités tentent de raffermir leurs règles
environnementales puis peu importe leurs motifs. Mais, malheureusement, on
était pris avec l'autorisation gouvernementale ou ministérielle par-dessus ces
règlements-là. Mais, à partir du moment où on viendra, dépendamment des
milieux, dépendamment des régions, vouloir améliorer les protections, puis je
pense... Je vais vous donner juste l'exemple des eaux souterraines. Il y a des
secteurs du Québec qui sont plus à risque. Si le milieu municipal, dans ces
régions-là, souhaite avoir un élément plus sévère que le gouvernement, bien là,
de ne plus avoir la préséance ministérielle, c'est un atout assuré. Puis je
vous dirais qu'il y a plusieurs municipalités qui veulent donner l'exemple, qui
veulent assumer un leadership, ça fait que ce projet de loi là sera idéal pour
eux.
M. Lemay : Donc, on suivra ça
attentivement. Je pense que M. le ministre voudrait réintervenir à ce stade.
La Présidente (Mme Blouin) : ...M.
le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Vous parliez tout à l'heure de la durée de la procédure
d'évaluation environnementale. Par moment, c'est effectivement très long. On
comprend que ça peut être problématique autant pour les promoteurs que pour le
ministère de l'Environnement. C'est beaucoup, beaucoup d'efforts, de part et
d'autre, d'arriver à autoriser ultimement un projet. C'est la raison pour
laquelle il y a plusieurs articles qui abordent cette question-là dans le
projet de loi. On a...
11 h (version non révisée)
M. Charette : ...tout à l'heure
des évaluations sectorielles régionales. On a parlé naturellement des projets d'énergies
renouvelables. Mais c'est aussi la façon d'utiliser le BAPE qui est maximisé
dans le projet de loi pour, justement, permettre à la population, aux
populations locales de se prononcer plus rapidement dans la procédure. Et
naturellement, comme municipalité, vous êtes en contact avec ces citoyens-là,
citoyennes là, comment voyez-vous ce nouveau rôle, que ce soit du BAPE ou
encore cette nouvelle formule de consultation de la population pour nous
assurer de l'adhésion et de la... l'adhésion des populations locales au
développement des projets, là, d'énergies renouvelables?
M. Damphousse (Martin) : Mais
je vous dirais que, personnellement, j'y vois un avantage important. Puis ce
que je comprends aussi, c'est qu'au-delà du BAPE Hydro-Québec ou le
gouvernement auront quand même la possibilité d'initier des travaux pour,
justement, accélérer le processus, ce qui est une excellente chose. Ça ne veut
pas dire qu'on termine les travaux, mais il y a des éléments, que ce soit du
déboisement ou des accès qui peuvent être facilitants, mais on peut gagner
facilement six mois. Puis avec les... la température qu'on connaît au Québec,
bien, des fois, on peut sauver une année complète parce qu'on est capables de
prévenir des travaux au préalable, sans négliger l'approche du BAPE et de la
consultation. Je ne vois ça que positivement.
M. Charette : Et
naturellement tout ça est balisé. Naturellement, il y a une quête d'efficacité
aussi. Mais je pense, compte tenu de votre rôle et de nos préoccupations, le
fait que cette population-là, que les populations soient consultées plus
hâtivement, là, dans l'évaluation des projets sera un gain. Donc, je regarde,
là, il reste quelques secondes tout juste. Encore une fois, un gros merci pour
votre éclairage, toujours un plaisir. Et je vais entendre avec autant d'intérêt
les questions de mes collègues de l'opposition et naturellement vos réponses.
Et ce n'est que partie remise pour poursuivre notre collaboration sur ces
enjeux-là. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, je sais maintenant la parole à Mme la députée
des Mille-Îles.
Mme Dufour : Pour un temps
de?
La Présidente (Mme Blouin) : 12
min 22 s.
Mme Dufour : Parfait. Merci, M. Damphousse
et Mme Legault Bélanger, pour votre présentation et les échanges fort
intéressants. Vous avez mentionné, M. Damphousse, 1 million de
dollars pour les évaluations environnementales pour un projet à Varennes. Vous
avez parlé, là, d'un délai de trois ans. 1 million, ça, c'est pour l'ensemble
du processus, pour obtenir l'attestation ou l'autorisation de faire les
travaux?
M. Damphousse (Martin) : C'est
l'estimation de nos services pour les études. Mais on a un grand Parc de la
Commune le long du fleuve, là, on n'a pas juste 50 mètres de berges, là.
On a un...
Mme Dufour : Mais c'est quand
même... C'est des sommes considérables.
M. Damphousse (Martin) : C'est
conséquent. Puis en fait, le plus grand défi, c'est que, nonobstant ces sommes-là
et ces études-là, on n'a pas de certitude que ce qu'on proposera sera retenu.
Bon, le fleuve, c'est complexe. Il y a le fédéral qui se joint à ça, mais c'est
des délais qui sont importants. Puis l'érosion des berges, partout le long du
fleuve, on connaît des records historiques d'érosion puis on veut tenter de
stopper l'hémorragie avec les meilleures techniques qui existent, mais c'est
lourd, long et coûteux. Puis là on n'a pas fait les travaux encore. Donc, oui,
vous aviez bien compris.
Mme Dufour : Donc, c'est
énormément d'argent pour... Vous avez un budget d'environ?
M. Damphousse (Martin) : 60
millions à Varennes.
Mme Dufour : Donc, c'est
énormément d'argent pour un budget de 60 millions. Vous savez que je viens
d'une ville qui avait un peu... un peu plus de budgets, mais c'est énorme.
Donc, et on peut imaginer que ça... rébarbatif pour des petites municipalités
dont les budgets sont beaucoup moindres que le vôtre.
Et donc vous avez mentionné que vous
demandiez la création d'un régime particulier d'autorisation environnementale
pour les municipalités, qui était recommandé d'ailleurs dans le Livre vert du
gouvernement du Québec, qui avait été fait en 2015, et c'était le ministre
David Heurtel, le ministre libéral David Heurtel, qui avait signé ça. Qu'est ce
qui fait que ça ne s'est pas fait, ce régime-là, depuis? J'imagine que ça
aurait été bénéfique, et on aurait réduit la facture pour Varennes.
M. Damphousse (Martin) : Bien,
c'est une bonne question. Je ne suis pas sûr d'être la meilleure personne pour
vous expliquer pourquoi ça ne s'est pas fait. On se souvient très bien de cette
recommandation-là à laquelle l'UMQ était favorable. À partir du moment où on
réussit collectivement ensemble, là, tout le monde ensemble, à réduire des
échéanciers, ce qui amènera une réduction des coûts qui amènera une plus grande
efficacité, on sera toujours favorables. On comprend que le contexte d'analyse
gouvernementale est... Personne ne va vous dire que c'est simple, là, on
comprend. Puis, parce qu'on est dans le fleuve, il y a aussi le fédéral qui est
impacté, donc c'est encore plus compliqué. Mais si on était capables... puis c'est
un peu le message qu'on envoie à tout le monde, là, si on était capables de
réduire les délais, tout le monde...
M. Damphousse (Martin) : ...j'ai
bien dit : Tout le monde va y gagner.
Mme Dufour : C'est ça. Puis,
dans votre mémoire, là, vous mentionnez des exemples, des parcs, l'entretien de
cours d'eau, les pistes cyclables, décontamination de terrains. Donc, il y a
beaucoup de choses qui... Puis, comme vous l'avez dit, là, aussi, prévention,
adaptation aux changements climatiques, prévention de l'érosion. Ce sont des
actions qui devront être prises de toute façon. Donc, peut-on alléger ça? Donc,
je comprends, là, qu'il faudra travailler là-dessus. Et ce que je comprends,
c'est que le projet de loi ne vient pas corriger ces éléments-là, là, ici, là.
• (11 h 10) •
M. Damphousse (Martin) : Bien,
améliore assurément certains éléments, comme par exemple, je l'ai mentionné
tantôt, qu'on n'ait plus préséance du ministre pour de nouvelles règles
environnementales du milieu municipal, qui rendent même plus sévères, c'est
déjà un gain important. Mais soyons francs aussi, là, je suis maire depuis 16
ans déjà, mais il y a eu une accélération des discussions communes sur
l'adaptation aux changements climatiques. Il y a 10 ans, on n'en parlait pas ou
vraiment très peu. Mais, dans les dernières années, on est tous bousculés par
le climat. Mais donc il faut donc réussir à travailler mieux, plus rapidement,
et ce n'est pas un défi qui est simple. Le milieu municipal sera le meilleur
collaborateur, mais on ne peut plus laisser les berges se faire gruger comme ça
sans être capable d'intervenir. Puis il y a des régions où c'est des routes
complètes, c'est des autoroutes. Ça fait que c'est pour ça que le timing est
bon, mais continuons, là, ne lâchons surtout pas, là.
Mme Dufour : Il faut faire
même mieux. Puis, d'ailleurs, trois ans, que vous mentionnez, là, le délai
estimé, là, dans votre cas. Bien, pour... en trois ans, aux
Îles-de-la-Madeleine, là, il y a des rues qui peuvent disparaître, là, donc,
tellement c'est grugé. Puis mon collègue ici pourra peut-être en parler.
Je vais vous amener ailleurs
complètement : les véhicules lourds. Donc, on... je vais... on en a
discuté, là, vous en avez discuté avec la partie gouvernementale. Moi, ma
question, c'est... puis, vous savez, je viens du municipal, puis, à l'époque,
on commençait à regarder ça, mais le marché est-il mature aujourd'hui, en 2025,
pour les travaux lourds que font les municipalités, le déneigement en région
par exemple? Est-ce que vraiment on a des camions électriques qui sont capables
de faire ce travail-là, que les municipalités, là, doivent donner comme
services, là?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
c'est une bonne question. Ce qu'on observe, c'est que le marché progresse.
Est-ce qu'on aurait aimé qu'il progresse plus vite? Est-ce qu'on aurait aimé
que les déboires qu'a connus Lion ne soient jamais arrivés? Bien sûr, mais je
pense qu'il ne faut pas lâcher.
Varennes est encore un bel exemple. On a
fait l'acquisition du premier véhicule 100 % électrique incendie. Il y a
deux villes canadiennes qui l'ont acheté : Toronto et Varennes. Il sera
livré dans quelques mois. Mais ce sont des exemples. Ce sont des initiatives
qu'on veut continuer à promouvoir parce que ça influence. Le milieu municipal
est une organisation qui influence beaucoup sa population dans ses bonnes
actions, dans le volet environnemental, la protection. Donc, c'est pour ça
que... Je ne dis pas que demain matin on aura tous les loaders de ce monde
100 % électriques avec une autonomie de 10 heures, une journée complète,
je ne pense pas que ça va arriver, mais il y a sûrement des façons de
fonctionner. On a l'avantage que, le milieu municipal, on est limités dans un
territoire qui est notre ville. Puis très souvent, quand nos employés viennent
dîner, bien, ils peuvent se recharger. Ça fait qu'il y a assurément de bonnes
pratiques. Mais c'est sûr que ce n'est pas demain matin que le camion de rêve
pourra répondre à tous les besoins municipaux, mais il ne faut pas lâcher.
Mme Dufour : Non. Et je vous
félicite pour... de prendre des risques avec les véhicules... un véhicule de
pompiers. Mais nous, à Laval, on l'avait fait pour le premier autobus...
autobus urbain électrique, et je peux vous dire qu'il n'a pas beaucoup roulé la
première année ni la deuxième. Donc, c'est... c'est le risque, hein, quand on
est dans les premiers. Et donc ça prend quand même plusieurs années avant que
le marché soit vraiment mature, et on... en tout cas, moi, ma... de ce que je
vois, présentement ça ne semble pas être le cas. Mais il y a d'autres
technologies qui sont peut-être plus adaptées aux usages : l'hydrogène, le
gaz naturel. Est-ce que ça, c'est des choses que vous regardez aussi?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
c'est sûr que oui. Je ne veux pas parler de Varennes parce que, c'est ça, ce
n'est pas l'objectif, mais il y a deux centrales d'hydrogène qui sont en
construction et les deux sur notre territoire, mais pas parce que ça aura lieu
que demain matin les véhicules seront adaptés, fonctionnels pour répondre à
tous les besoins et que l'alimentation sera facile. Mais que ça soit
l'électrique, que ça soit l'hydrogène, que ça soit d'autres sources, je pense
qu'il faut juste rester ouvert. Mais, encore une fois, le risque que Laval a
pris à l'époque, le risque que Varennes prend maintenant... Il y aura toujours
des municipalités au Québec qui voudront le prendre, le risque. Puis, quand ça
marche bien, bien, ça va donc s'accélérer. Si ça marche moins bien, bien, on
l'aura essayé. Puis je ne vois pas beaucoup de membres de la population qui
vont nous dire : Mais vous n'auriez jamais dû faire ça...
M. Damphousse (Martin) : ...pense
qu'ils sont favorables à ce qu'on prenne des initiatives de ce genre-là. On le
sent donc on va continuer.
Mme Dufour : Oui. C'est...
C'est sûr que c'est plus facile, comme élu municipal, de prendre une décision
comme ça quand il y a des aides gouvernementales. Et là je vais parler du
programme Écocamionnage. Vous mentionnez donc qu'il y a... ça a un impact
négatif, là, sur l'électrification en cours de la flotte... des flottes
municipales. Est-ce qu'il y a des exemples de projets, là, que vous savez qui
ont été mis sur pause ou même des pertes financières qui sont encourues
actuellement avec la pause du programme?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je n'ai pas d'exemples concrets, mais on peut facilement imaginer que dès qu'un
programme est arrêté, peu importe lequel, il y a un ralentissement. Puis c'est
un peu normal. Que ce soient les subventions pour les véhicules électriques, on
voit l'effet. Mais celui... l'Écocamionnage, je suis convaincu que ça fait un
peu la même chose. Mais reste que, si un programme comme celui-là est fermé ou
abandonné, bien, c'est en espérant qu'il y en ait un autre peut-être mieux
adapté à la réalité d'aujourd'hui, mais j'ai confiance qu'on trouve des moyens
ensemble pour continuer à maintenir l'incitatif pour aller, pour avoir un
Québec encore plus vert.
Mme Dufour : O.K. Je vais
venir à votre recommandation deux, donc, la deuxième, où vous demandez de
limiter à deux ans, dans le fond, suivant l'adoption du projet de loi, l'entrée
en vigueur des modifications apportées à l'article 118.3.3. Pourquoi
c'est... c'est important? Est-ce que vous craignez que ça n'entre pas en
vigueur dans les... Tu sais, dans le fond, vous aimeriez avoir un horizon, là,
je comprends, mais...
M. Damphousse (Martin) : Bien,
vous aurez compris que, bon, on dit deux, si c'était un an, on serait très
contents. Mais, si, au final, c'est trois, mais qu'on fixe une date, on a un
horizon qui est clairement défini, bien, vous l'avez mentionné, c'est parce
qu'on veut s'assurer que ce projet-là voit le jour. Fixons ensemble une date
qui sera confortable pour tout le monde, mais fixons-en une. On a proposé deux
ans, mettez-la à deux ans et demi, on ne sera pas fâchés, mais juste d'en fixer
une, pour nous, c'est important.
Mme Dufour : Parfait. Et
votre...
(Interruption) Pardon. Votre
recommandation trois, où là, vous parlez de la CMM et vous demandez de retirer
l'article 118.3.3.1 et mettre à jour les décrets spécifiques. Vous avez
passé très rapidement là-dessus. Dans votre mémoire, on le survole aussi. Peut-être
me l'expliquer un peu plus, là, qu'est-ce qu'on... qu'est-ce qui ne marche pas
avec l'article 118.3.3.1?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
en fait, je sais que la CMM a des avantages que le reste du Québec n'a pas. Ça
fait qu'on veut juste harmoniser ça. Mais je vais laisser Mme Legault-Bélanger
vous donner les détails.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui. Puis, en fait, la Communauté métropolitaine de
Montréal et puis la ville de Montréal partagent cette recommandation. Donc,
c'est simplement pour clarifier puis enlever toute ambiguïté, là, du fait que
l'ensemble des municipalités du Québec vont pouvoir bénéficier de l'abrogation
du mécanisme de préséance. Et, effectivement, comme M. Damphousse l'a
mentionné, la CMM a obtenu historiquement un décret pour les questions
d'assainissement de l'atmosphère et la gestion des eaux usées, donc c'est...
c'est la formulation. Tu sais, à travers l'article et le libellé, on fait aussi
référence à une ancienne loi qui n'existe plus nécessairement. Donc, c'est la
forme et c'est la solution la plus simple, en fait, qui a été identifiée par
nos trois organisations.
Mme Dufour : O.K., parfait,
merci. Il me reste juste une question... bien, en fait, une minute. La
préséance. Dans le fond, quand vous dites : «Le projet de loi doit
préciser que le décret du gouvernement n'a pas préséance sur les décisions
politiques en aménagement du territoire», est-ce que... C'est quoi votre
crainte exacte, là, de... si, ça, ce n'est pas... ce n'est pas en vigueur?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
ma version, c'est qu'à partir du moment où un milieu municipal adopte une
réglementation plus sévère, bien, qu'on n'ait pas un gouvernement, un ministère
qui vienne ne pas la reconnaître. Donc, cette préséance-là, on souhaite juste
avoir les points pouvoirs de notre autonomie municipale, surtout en
environnement. Puis c'est vers où le projet de loi p.l. 81 va. C'est
exactement ce qu'on souhaite.
Mme Dufour : O.K. Puis est-ce
qu'il y a un exemple de projet qui pourrait être problématique, selon vous?
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : C'est ça. Pour l'évaluation environnementale stratégique
régionale, en fait, c'est un décret est fixe dans le temps, donc. Et pour
plusieurs projets, on ne connaît pas la granularité des futurs projets au
moment où il va y avoir un BAPE à l'échelle d'une région ou d'un secteur.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. C'est tout le temps qu'on a. La parole maintenant au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition pour une durée de quatre minutes 8 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Quelle expérience... ou quel bilan, plutôt,
faites-vous de l'expérience Northvolt en matière de procédure environnementale?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais que les mieux placés seraient les deux municipalités
concernées...
M. Damphousse (Martin) : ...honnêtement,
l'UMQ a toujours plaidé l'autonomie municipale et l'UMQ ne s'est jamais ingérée
dans des dossiers très précis qui concernent soit des régions ou des villes.
Donc, on n'a pas de recommandation en lien avec ça. Mais, honnêtement, si vous
souhaitez avoir l'opinion des gens concernés, je vous invite à parler aux deux
maires concernés, mais l'UMQ ne se prononce pas dans des dossiers comme
ceux-là.
• (11 h 20) •
M. Leduc : Je comprends. Je
vous posais la question, parce que vous avez peut-être vu, il y a deux experts,
dont M. Francoeur, qui ont évoqué, dans leurs mémoires, un article qu'ils ont
eux-mêmes baptisé l'article Northvolt, qui permet, dans le fond, de déroger à
la pratique habituelle pour commencer des travaux préliminaires, si le
gouvernement juge que c'est conforme avec ses objectifs de réduction de gaz à
effet de serre, de lutte aux changements climatiques. On a vu, donc, dans
l'exemple Northvolt, que c'était sujet à débat, on va le dire comme ça, que
cette usine-là allait remplir des objectifs de réduction de GES. Alors, nous,
on a la crainte, peut-être partagée avec M. Francoeur et son collègue M. Beauchamp,
que le gouvernement, là, est en train de donner des largesses sur des bases
très politiques, très partisanes. Est-ce que vous n'avez pas un peu cette
crainte-là aussi?
M. Damphousse (Martin) : En
fait, on ne le voit pas comme ça. Puis j'ai donné des exemples tantôt où on
pourrait permettre à Hydro-Québec, entre autres, d'initier des travaux. Puis
l'exemple que je donnais, c'est du déboisement. On le sait que, dans certaines
régions au Québec, il y a des périodes pour faire certaines actions, sans ravager
un secteur, ce qui est important. Mais, si on peut gagner du temps en
permettant ça, c'est de cette façon-là que je trouve ça tout à fait sain. Mais
je ne me prononcerai pas spécifiquement sur le projet Northvolt, je l'ai
mentionné tantôt, je vais le répéter.
M. Leduc : Parfait. Dans
votre mémoire, vous faites référence à des budgets que vous souhaitez accrus et
avec un peu plus de largesse d'autonomie sur la transition énergétique des
municipalités, la recommandation 11, je pense. Pouvez-vous nous en parler un
peu dans le temps qui nous reste?
M. Damphousse (Martin) : Mme
Legault-Bélanger.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui, mais, en fait, c'est ca, à l'union, on accompagne
nos membres, là, pour faire leur transition énergétique. Donc, le parcours de
décarbonation, par exemple, vise autant les bâtiments municipaux que leur
flotte de véhicules. Donc, on vise vraiment à utiliser le dollar... à investir
le dollar là où il va avoir le plus d'impact sur la réduction des GES. Donc,
parfois, ce sera l'électrification, autrement, ça pourrait être l'hydrogène.
Donc, on vient vraiment regarder la situation de la municipalité. Et c'est sûr
que le service a été mis en place, parce qu'il y avait effectivement un besoin,
là, c'est complexe, ça nécessite beaucoup de changements puis, notamment, la
réflexion, à quel endroit on met les bornes électriques, il y a des pistes
cyclables, il y a il y a énormément d'enjeux au niveau de l'aménagement du
territoire, des multilogements également. Donc, il y a des enjeux d'espace dans
les milieux denses. Ce sont des exemples de réflexion que les municipalités
doivent se poser à l'heure actuelle.
Et puis, donc, effectivement, gestion du
changement, également, pour les cols bleus, les mécaniciens, l'installation de
nouveaux équipements. Donc, c'est pour ça qu'on demande un programme vraiment
dédié pour répondre aux besoins des municipalités qui sont spécifiques.
M. Leduc : Puis il y a aussi
des golfs. Il y a beaucoup de golf à vendre, que les municipalités aimeraient
acheter, y a des rachetés puis, des fois, c'est des prix exorbitants, puis ça
va basculer à des privés qui vont probablement faire des condos... Donc, c'est
un peu plus d'autonomie, un peu plus de prévisibilité dans votre financement,
que vous souhaitez pour ça. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Un
grand merci à vous pour votre contribution à nos travaux.
Maintenant, je vais suspendre quelques
instants pour accueillir le nouveau groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 23)
(Reprise à 11 h 27)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de la Fédération québécoise des municipalités. Je vous rappelle
que vous disposez d'une dizaine de minutes pour votre exposé, après quoi on va
procéder à la période d'échange avec les membres de la commission. Alors, je
vous invite tout de suite à vous présenter et à enchaîner avec votre exposé.
M. Tardif (Antoine) : Parfait.
Merci beaucoup, Mme la Présidente, M. le ministre, content de vous voir.
Membres de la commission, c'est un plaisir d'être avec vous. Donc, je suis
Antoine Tardif, maire de Victoriaville et premier vice-président de la
Fédération québécoise des municipalités, et aujourd'hui je suis accompagné de
Mélanie Harvey, conseillère à la FTM, et de Pierre Châteauvert, directeur des
politiques à la Fédération québécoise des municipalités.
On vous remercie pour l'opportunité de
venir présenter notre mémoire. Vous savez, la FTM, ça représente 1 050
municipalités partout au Québec, sur une base volontaire. Donc, on est un allié
de tous les instants du gouvernement et du ministère de l'Environnement. Et on
est persuadé que les préoccupations qu'on va soulever aujourd'hui et les propositions
qu'on a incluses dans notre mémoire pourront faire leur chemin auprès du
gouvernement et de l'ensemble des élus à l'Assemblée nationale.
On va se le dire, le projet de loi est
dense. On y retrouve plusieurs modifications de lois sous la responsabilité du
ministre. Vous me permettrez d'abord seulement de traiter quelques sujets, mais
vous avez toute l'information dans le mémoire, et ça nous fera plaisir de
répondre à vos questions.
D'entrée de jeu, la Fédération québécoise
des municipalités accueille très favorablement les modifications apportées à
l'article 118.3.3 de la LQE et la volonté du ministre de reconnaître le
rôle fondamental et le leadership des municipalités en matière de protection de
l'environnement. C'était une demande prioritaire de la FTM. Toutefois, on est
d'avis qu'il y a des modifications qui s'imposent à la proposition législative
puis qu'on va discuter ensemble aujourd'hui.
Tout d'abord, au niveau de la préséance.
L'actuel article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement
prévoit la préséance des règlements adoptés en vertu de la LQE sur les
règlements municipaux portant sur le même objet, retirant ainsi aux
municipalités la possibilité d'être plus sévères...
M. Tardif (Antoine) : ...en
fonction des particularités de leur territoire. L'article 149 du projet de
loi prévoit remplacer le principe de préséance, la notion de «même objet» et la
mécanique d'approbation par le ministre prévue à l'article 118.3.3 de la
LQE par une habilitation réglementaire. Lorsque jugée nécessaire, cette
habilitation permettrait de réinscrire le principe de préséance en tout ou en
partie et sans possibilité d'approbation du ministre à l'intérieur des
règlements provinciaux ciblés. En l'absence d'une telle inscription, le
principe général de la conciliabilité s'appliquerait. Ainsi le règlement
municipal et le règlement du gouvernement s'appliqueraient tous les deux dans
la mesure où les dispositions réglementaires appliquées par les municipalités
ne seraient pas incompatibles avec la réglementation québécoise.
• (11 h 30) •
Bien que la FQM salue les changements
proposés en regard de la préséance qui auront un impact significatif, on est
convaincu, au niveau de l'adaptation aux changements climatiques dans toutes
les régions du Québec, la FQM insiste sur la nécessité de maintenir dans
l'ensemble des règlements la possibilité pour une municipalité ou une MRC de
demander une dérogation au ministre advenant l'impossibilité de respecter le
principe de conciliabileté ou pour aller au-delà du principe de préséance dans
les règlements où le principe serait inscrit. Considérant la diversité des
territoires et des situations, le climat qui est changeant, il est nécessaire
de prévoir un mécanisme à la loi pour des cas exceptionnels où une dérogation à
la norme prescrite serait la meilleure, voire la seule avenue, en raison des
particularités territoriales.
Au niveau des milieux humides, sur un
autre plan, la FQM est en désaccord avec les modifications envisagées sur
l'affectation des sommes payées en compensation pour l'atteinte des milieux
humides et l'approche qu'elle sous-tend. Lors de la mise en place du régime de
compensation, il y avait été convenu et accepté que les sommes payées en
compensation seraient réinvesties le plus près possible du site où les milieux
humides et hydriques ont été atteints. On parle là des municipalités, puis des
MRC, puis des bassins versants. Il s'agit donc d'un changement de cap qui est
difficile à comprendre de la part du gouvernement. Pour justifier sa mesure, le
ministère relève que certaines sommes versées en compensation n'ont toujours
pas été utilisées par les MRC après quelques années, et c'est tout à fait vrai.
Or, bien que l'ensemble des MRC ont déposé leur plan régional des milieux
humides et hydriques au ministère de l'Environnement, plusieurs MRC sont
toujours en attente de l'approbation ministérielle de leur plan et ne sont donc
pas rendues au stade de la mise en œuvre des mesures, expliquant en partie le
peu de projets déposés dans certains territoires.
Nous sommes donc d'avis que le projet de
loi doit être modifié pour que la priorité demeure, de créer et de restaurer
des milieux humides sur les territoires où l'atteinte de ces milieux a eu lieu,
soit à l'échelle des villes, des MRC et des bassins versants. La FQM réitère
également l'importance que des sommes soient allouées annuellement au fonds
pour que le gouvernement puisse soutenir la réalisation de projets dans les
territoires qui disposent d'un peu de sommes disponibles dans le Programme de
restauration et de création des milieux humides et hydriques.
Sur un autre plan, au niveau de
l'évaluation des impacts, le projet de loi no 81 propose plusieurs
modifications à la procédure d'évaluation sur l'environnement. On salue la
volonté du ministre de vouloir optimiser le processus d'évaluation pour en
réduire les délais, mais on est d'avis que certaines précisions sont
nécessaires. En effet, nous sommes préoccupés par la volonté du Gouvernement de
fixer un délai qui ne tient pas compte de l'ensemble des processus d'évaluation
à partir du dépôt de la demande jusqu'à l'octroi du décret, que ne soit pas
pris en compte le temps consacré pour répondre aux différentes demandes
supplémentaires de renseignements, lesquels nécessitent parfois une expertise
externe au demandeur et peuvent considérablement rallonger les délais. Par
ailleurs, les délais d'obtention de l'ensemble des autorisations pour un projet
doivent également être considérés.
Or, alors que le règlement prévoit
actuellement des délais de 13 à 18 mois, différents ministères et la FQM ont
fait la démonstration que le processus régulier prend plutôt de deux à trois
ans de plus que le projet, le processus de soustraction. C'est le cas notamment
du ministère des Transports et de la Mobilité durable, qui confirme que cette
évaluation des délais pour des projets routiers en milieu côtier. Les délais
indiqués ne tiennent pas compte des délais de préparation de devis, d'appels
d'offres, d'affichage et de saisonnalité. Ces délais ne tiennent pas compte non
plus du délai de production d'une étude d'impact ni le délai pour l'obtention
des autorisations environnementales ni les délais de réponse aux questions du
ministère. Dans plusieurs cas, ces délais supplémentaires peuvent mettre en
péril la sécurité de plusieurs citoyens et entraîner des coûts considérables.
Nous l'avons également constaté au niveau de la délivrance des autorisations
ministérielles. Malgré une volonté énoncée de réduire les délais, les délais
réels vont souvent bien au-delà des délais prescrits. Avant d'inscrire à la loi
une référence aux délais qui pourrait avoir un impact négatif considérable sur
plusieurs...
11 h 30 (version non révisée)
M. Tardif (Antoine) : ...communautés.
Nous invitons le ministère à faire démonstration de la durée moyenne nécessaire
à la procédure environnementale pour un projet municipal, à partir de l'avis de
projet jusqu'à l'autorisation. Une telle démonstration pourrait s'appuyer sur
la durée moyenne des projets municipaux réalisés depuis cinq ans.
La prise en compte de l'ensemble des
délais doit guider le gouvernement dans sa décision de soustraire ou non un
projet jugé urgent. Pour l'article 31.7.1 de la LQE, qui prévoit que le
gouvernement peut soustraire un projet de procédure d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement dans le cas où la réalisation du projet est
requise afin de réparer tout dommage causé par un sinistre au sens de la Loi
sur la sécurité civile ou pour prévenir tout dommage qui pourrait causer un
sinistre appréhendé, le projet de loi propose de retirer le terme «appréhendé».
Suivant certains échanges, on comprend que cette proposition découle d'un enjeu
de concordance avec le ministère de la Sécurité publique et ne changerait pas
dans les faits l'application. On est quand même préoccupé par le retrait
complet de la notion de «sinistre appréhendé» en regard des travaux effectués
en prévention afin d'assurer la sécurité des citoyens et des biens. Considérant
la multiplication des événements climatiques extrêmes et les risques importants
qui y sont associés, il nous apparaît nécessaire et le souhait est d'assurer l'harmonisation
avec la Loi sur la sécurité civile, que soit minimalement confirmé dans le
cadre de l'étude du projet de loi que le libellé choisi inclut «risque de
sinistre» afin d'éviter les enjeux d'interprétation juridique qui pourraient
entraîner cette modification législative. Cette notion de «risque de sinistre»
sera d'autant plus importante à la lumière des connaissances acquises et des
vulnérabilités identifiées dans le cadre de l'élaboration de plan climat par l'ensemble
des MRC du Québec.
De plus, le projet de loi n° 81
propose de restreindre l'admissibilité de certains projets à la procédure d'urgence.
Ainsi, selon notre compréhension, les travaux assujettis à la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts sur l'environnement seraient désormais exclus de cette
mesure d'exception. Là, ce qu'on met en lumière, c'est qu'il y a des
municipalités qui doivent agir rapidement, on peut penser aux Îles-de-la-Madeleine,
par exemple, puis qu'on a peur qu'avec ces nouveaux délais là ça occasionne des
retards puis ça empêche les municipalités d'agir lorsque nécessaire.
La Présidente (Mme Blouin) : Je
vous invite à conclure.
M. Tardif (Antoine) : Au
cours des prochaines années, les décisions et les actions posées par les
municipalités et les MRC seront déterminantes pour l'atteinte des objectifs que
s'est fixé le Québec. La reconnaissance du rôle fondamental des élus municipaux
et du leadership... de leur leadership en matière d'environnement et de lutte
aux changements climatiques, exprimé par les modifications apportées au
principe de préséance, est un signal important qui démontre la nécessité d'une
action concertée et d'un partenariat fort entre l'État et le milieu municipal.
Nous espérons que les recommandations formulées pourront servir les élus dans
le cadre de l'analyse du projet de loi. Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre exposé. On débute la période d'échange avec M. le ministre
pour une durée de 16 min 30 s.
M. Charette : C'est gentil.
Merci, Mme la Présidente. Aux gens de l'UMQ, merci d'être avec nous. Vous l'avez
mentionné d'entrée de jeu et je partage tout à fait votre introduction. Vous
êtes des partenaires de premier plan. Le milieu municipal est un interlocuteur
incontournable pour le gouvernement du Québec sur bien des aspects, bien des
questions, notamment des questions environnementales.
Sans vous poser de questions sur ce sujet-là
en particulier, juste vous dire, bien, bien d'accord sur vos préoccupations à l'égard
des délais des évaluations environnementales. C'est un des objectifs du projet
de loi, à travers plusieurs articles, de réduire de façon importante les
délais, sans pour autant atténuer la rigueur ou altérer la rigueur que l'on
veut se donner. Donc, on partage tout à fait ce point de vue là.
Malheureusement, c'est le temps qui finit par manquer. Je n'aurai pas l'occasion
d'échanger plus spécifiquement sur cette question-là, mais vous constaterez au
moment de l'étude article par article que la question des délais est centrale à
l'étude du projet de loi. Et d'ailleurs, Hydro-Québec, un peu plus tôt, y
voyait des avancées importantes à ce niveau-là.
Sinon au niveau de la reconnaissance des
pouvoirs municipaux, c'est là où j'aimerais vous entendre davantage à ce sujet
là. C'est une revendication de longue date. Ça fait six ans que je suis dans les
fonctions que j'occupe présentement, ça fait six ans qu'on m'invite à
considérer cette option-là. Donc, c'est ce que l'on fait à travers le projet de
loi n° 81. J'ai posé exactement la même question à
vos collègues de l'UMQ un petit peu plus tôt. Dans les prochains jours, et même
aujourd'hui, en partie, on devrait entendre des groupes qui, eux, s'inquiètent
de cette reconnaissance là des compétences municipales en matière d'environnement,
non pas que ces groupes-là n'ont pas d'intérêt ou de souci pour l'environnement...
M. Charette : ...leur
crainte, c'est de voir un Québec partagé par une multitude de règles
différentes, et une entreprise qui fait affaire sur différents territoires aura
à s'adapter selon le territoire. Bref, c'est problématique à leurs yeux. On
aura l'occasion de les entendre tout à l'heure.
Le milieu agricole aussi nous dira sans
doute, et non pas qu'ils ne sont pas intéressés par la protection de
l'environnement, mais c'est de voir à quel point chaque municipalité pourra aller
dans des directions sans dire différentes, mais certainement pas uniformes.
Donc, je suis curieux de vous entendre.
Moi, très heureux de ce partenariat
renouvelé avec le milieu municipal. Mais comment anticipez-vous ces craintes et
comment pensez-vous pouvoir rassurer les organisations ou les groupes qui se
montrent inquiètes... inquiets par rapport à ces modifications-là?
• (11 h 40) •
M. Tardif (Antoine) : Merci
beaucoup. À cet effet, c'est une bonne nouvelle, puis le milieu municipal
représente toujours les intérêts de ses municipalités en disant qu'on connaît
notre milieu, on a des plans qu'on dépose aussi avec les MRC qui viennent
caractériser l'ensemble de nos milieux. Puis souvent, c'est la frustration que
les élus vivent parce qu'ils disent : Nous, on le sait que dans ce
secteur- là, ce n'est pas possible de construire, on veut le protéger. Mais
quand on fait nos représentations ou nos demandes au ministère, bien là, on a
un autre son de cloche. Donc, cette reconnaissance-là, je pense qu'elle est
très positive puis elle répond à un besoin. Puis les élus municipaux, on est
les plus près de notre territoire, de notre terrain, puis je pense qu'à ce
titre c'est important que ce soit... ce soit fait.
Maintenant, au niveau de la demande que la
FQM fait, c'est que le ministre puisse encore avoir un droit de regard dans
certains des dossiers, ce qui est éliminé, là, dans le projet de loi actuel,
parce que tout n'est pas toujours noir ou blanc, puis il y a des situations où
ça devient problématique pour une question X, Y, Z où là il y a, selon nous, la
nécessité qu'un élu municipal puisse parler avec un élu provincial, puis
convenir d'une entente qui sera jugée la bonne pour le milieu. Puis à cet
effet, c'est pourquoi on demande que ça soit réintroduit que le ministre
puisse, dans certains cas, agir et donner une direction. M. Châteauvert.
M. Châteauvert
(Pierre) :Si vous permettez, bonjour...
bonjour, madame, messieurs. Donner un exemple concret de quoi on parle, la
réglementation municipale autour du lac Saint-Pierre puis sur certains lacs
interdisait ce qu'on appelle les cabanes à bateaux, tu sais, les fameux garages
à bateaux. Et la réglementation québécoise qui est venue s'appliquer, qui était
tout à fait correcte autour de la pollution des berges, est venue annuler cette
possibilité-là pour les municipalités. Donc, la préséance vient dire, permet
aux municipalités d'être plus sévères. Donc, on comprend que le Québec, ce
n'est pas un seul territoire de la même façon, qui se présente partout pareil.
Donc, c'est pour ça, OK, les craintes et tout ça, mais dans ce cas-là, je
crois, c'est plus un avantage de procéder comme... en fait de ce que vous avez
répondu à notre revendication, vous l'avez dit vous-même.
Un autre exemple autour d'un lac, il y avait
réglementation sévère, surtout dans le cas de notre président, M. Demers, le
lac Massawippi où est ce qu'il y avait une réglementation pour interdire les
grosses maisons, la protection des berges et tout ça. La réglementation
gouvernementale est venue annuler, écraser cette réglementation-là et là,
actuellement, la municipalité fait face à des poursuites pour permettre la
construction sur la même superficie de terrain, mais quatre étages, une maison
de quatre étages. Donc, l'effet est le même, donc, et ce n'est pas ça que la
communauté veut autour d'un lac qu'on doit protéger, qui est en danger
d'ailleurs, à deux, trois... et tout ça d'arriver avec des super grosses
résidences. La superficie est toute petite, la superficie au sol toute petite,
mais à quatre cinq étages.
Donc, c'est ce besoin d'adapter les
règlements à la réalité du milieu, c'est essentiel et c'est pour ça que
c'est... on est très contents de ça. Mais comme M. Tardif vient de le dire, il
faut des fois prévoir que, dans trois ou quatre ans, il y aura des situations
qui vont se présenter qu'on n'avait pas prévues personne, puis il faut
l'adapter, il faut garder cette souplesse-là. Et c'est ça notre demande par
rapport à cet article-là.
M. Charette : J'ai plusieurs
collègues qui souhaitent intervenir, mais avant, une petite question un petit
peu plus précise et je ne présume pas qu'elle sera posée par le milieu
agricole, mais elle nous a été soumise par plusieurs producteurs agricoles. Là,
on a abordé des exemples qui font plein de sens, mais une de leurs inquiétudes
est par rapport aux pesticides par exemple. C'est un secteur qui est très
encadré au Québec, avec plusieurs balises et avec des obligations de suivi, là,
qui ont été introduites au cours des dernières années. Mais une des craintes du
milieu agricole, c'est dire : Voici, c'est bien encadré au Québec, mais
est-ce qu'une municipalité pourrait interdire, non pas un milieu urbain où
c'est différent...
M. Charette : ...mais en
milieu agricole, est-ce que le milieu municipal, par lui-même, pourrait
interdire l'utilisation de tels types de pesticides? Et c'est le type de
craintes que l'on... que l'on entend. Curieux de vous entendre, à savoir quelle
sera la position et comment le milieu municipal sera en communication avec ces
agriculteurs pour les accompagner, les rassurer et entendre en quelque sorte
leurs préoccupations à ce niveau-là?
M. Tardif (Antoine) : Je
pense que la majorité de nos recommandations portaient plus, tu sais, sur
l'aménagement du territoire, puis la gestion de l'implantation des bâtiments,
etc. Sauf qu'au niveau de l'utilisation des pesticides, tu sais, le milieu
municipal travaille toujours étroitement avec le milieu agricole, tu sais. Je
pense, s'il y a des normes en vigueur à l'échelle provinciale, qui sont les
mêmes pour l'ensemble des producteurs, je vois mal une municipalité, là, aller
dans un extrême à cet effet-là, venant ainsi, en quelque sorte, interdire
l'agriculture ou du moins amener l'agriculture à se redéplacer dans une autre
région, là. Je ne pense pas qu'il y aurait d'appétit du côté des municipalités
à faire ça, mais peut-être que vous l'aviez analysé...
M. Châteauvert
(Pierre) :Non, bien, en fait, il y a eu
déjà ce débat-là. Et la réponse de la FQM était claire. Il y a la science, et
il faut écouter aussi les gens qui connaissent cette question-là, parce que
c'est des questions qui dépassent nécessairement l'utilisation de ces
produits-là. Ça demeure toujours des questions qui reviennent. Mais nous, notre
objectif, ce n'est pas celui-là, c'est que... d'aménager, puis concilier, puis
s'assurer que ça se fasse dans le respect de l'environnement.
D'ailleurs, pour... au niveau des bandes
riveraines, parce que c'est une question, qui avait mené à cette
revendication-là, le long de la Yamaska, il y a plusieurs MRC qui se sont...
qui ont pris le temps de s'entendre avec l'ensemble des représentants agricoles
pour arriver à une protection. Puis vous savez qu'il y a une grosse
problématique au niveau de la Yamaska, au niveau de la... c'est une rivière...
l'eau est brune, et tout ça, puis c'est tous des sédiments, pour gérer ça, et
tout le monde autour de la table... était autour de la table, ils se sont
entendus. La MRC de la Haute-Yamaska... ils sont tous en train d'essayer
d'arriver avec une protection des bandes riveraines pour protéger ça. Non,
c'est... nous, on... nous, on est sur la conciliation, s'asseoir puis et
d'arriver à une solution. Mais la science est là puis on ne peut pas dire
qu'elle n'existe... que ce n'est pas vrai. Donc, il faut que ça s'applique.
M. Charette : Et, à travers
la question que je vous posais, je ne veux pas laisser entendre que je regrette
d'avoir introduit cet article-là. Cette modification-là répond à une vieille
revendication du milieu municipal. Je voulais juste évoquer les craintes que ça
peut générer chez certains groupes. Et les propos rassurants que vous avez
tenus, vous pourrez les réitérer auprès des principaux concernés. Mais je
devine que ce sont des préoccupations qu'on entendra au cours des prochains
jours. Et bien, bien content de votre réponse rassurante à cet effet ce matin.
Donc, pour ne pas accaparer tout le temps, j'ai des collègues qui ont demandé
d'intervenir. Et, encore une fois, merci pour votre présence avec nous ce matin.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, je crois que c'est le collègue député de...
Mme la députée d'Argenteuil, oui. La parole est à vous.
Mme Grondin : Pour combien de
temps?
La Présidente (Mme Blouin) : Il
vous reste 6 min 31 s.
Mme Grondin : Six minutes. Je
vais laisser... Parce que j'ai d'autres collègues aussi qui souhaitent
intervenir. Donc, M. Tardif, M. Châteauvert, Mme Harvey, merci. C'est toujours
un plaisir de vous voir. On va y aller rapidement. J'ai une question.
Évidemment, vous me connaissez. Je pense que... je suis convaincue, en fait,
que, pour s'adapter aux changements climatiques et pour lutter contre
l'effritement de la biodiversité, la question des milieux humides, elle est
incontournable. Le projet de loi propose... En fait, vous savez, il y a un
fonds qui est dédié à la restauration et à la création de milieux humides, un
fonds qui a une enveloppe de 160 millions de dollars, qui n'est pas
utilisé depuis plusieurs années. La proposition qui est sur la table, dans le
projet de loi, c'est d'accélérer les projets de création ou de restauration de
milieux humides. Et la solution qui est amenée, c'est de dire : On va
prendre 15 % de ce 100 % là de... pour stimuler des projets à certains
endroits. Vous ne semblez pas du tout d'accord avec ça.
Je me rappelle très bien des débats de
l'époque où... donc, j'y ai participé d'ailleurs. Moi, je veux comprendre, dans
un contexte où les fonds ne sont pas utilisés, vous amenez l'un des arguments
qu'il n'y a pas... tous les plans régionaux des milieux humides et hydriques ne
sont pas approuvés, mais reste qu'il y a quand même des projets potentiels qui
peuvent se réaliser. Quels sont les obstacles, outre l'approbation de plans
régionaux, milieux humides et hydriques? Quels sont les obstacles qu'on devrait
enlever...
Mme Grondin : ...pour
accélérer ce genre de projets là. Je sais que ce n'est pas simple, mais il n'y
a pas juste les milieux humides, hein? Oubliez pas, il y a des milieux
hydriques aussi, dans toute cette question-là. Donc, je pense que l'objectif
ici, là, c'est d'accélérer. Et pouvez-vous m'indiquer quel type d'obstacles on
devrait lever?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
en fait, on s'explique mal, nous aussi, là, tu sais, quand qu'on voit les
résultats, là, des sommes qui ne sont pas investies dans les MRC. Puis, quand
qu'on fait le travail au niveau de nos MRC puis qu'on regarde pourquoi ça n'a
pas été fait, on a même eu des discussions avec le ministère, là, à l'effet que
ce n'est pas simple, là, tu sais, déposer un projet dans le cadre du programme
actuel, puis d'être sélectionnés. Dépendamment de la grosseur des villes, la
grosseur des MRC, ce n'est pas tout le monde qui a des ressources qualifiées
pour faire ces demandes-là. Donc, certains ne sont même pas au courant, là, de
la procédure exacte, là, pour faire une demande.
• (11 h 50) •
Donc, on pense qu'il y a... il y a la
possibilité d'investir ces sommes-là dans les milieux concernés, il manque
juste de flexibilité au niveau du programme. Puis, même une recommandation
qu'on fait, c'est dire : Pourquoi est-ce que les sommes qui sont
attribuables à une région ne pourraient pas être carrément redescendues vers la
MRC pour que la MRC initie des projets de remise en valeur de la biodiversité
ou de protection de l'environnement puis fasse une reddition de comptes
ensuite? On se dit que, du côté du ministère, ce serait une façon de
dire : Bien, nous, ce n'est plus nous qui sommes les chiens de garde de ce
fonds-là, on le redirige directement aux municipalités touchées par ces
impacts-là. Puis ensuite, si, nous, dans nos MRC ou nos villes, on ne fait pas
les projets, bien, ce sera nous qui serons imputables d'être dans l'inaction
face aux changements climatiques. Mais, en ce moment, ce n'est pas...
Ça, c'est une proposition qu'on fait.
Mais, en ce moment, ce qu'on entend beaucoup, c'est que c'est complexe, il y a
des demandes qui sont faites, qui ne sont pas acceptées, il y a des délais qui
sont importants. Puis même, certaines municipalités n'ayant pas leur PRMHH
complété de même que leur plan d'action, bien là, ils ne sont pas encore prêts
à déposer des projets, ce qui va être le cas très prochainement. Donc, c'est
juste de dire que ces sommes-là, elles étaient déjà réservées pour les milieux
impactés, je pense... on pense que c'est encore pertinent que ces sommes-là
aillent dans ces régions-là, qu'il n'y en ait pas 15 % qui partent
ailleurs, mais qu'il y a des assouplissements puis des nouvelles façons de
faire qui feront en sorte que ça pourra voir le jour plus vite. Puis ça, on
partage le même objectif.
Mme Grondin : Parfait. Il
reste combien de temps? Deux minutes. Je vais laisser mon collègue. Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : M.
le...
M. Montigny : ...vite parce
que je veux vous laisser du temps additionnel pour répondre. Mais c'est
toujours l'enjeu de l'équilibre, hein, entre décentralisation puis avoir quand
même des lignes directrices pour l'ensemble du Québec, là. Mais on comprend que
la réalité n'est pas pareille partout, tu sais. La région de la Côte-Nord,
c'est un peu différent de la région chez vous. Mais, en même temps, il reste
qu'il y a des municipalités qui souhaitent... qui souhaitent avoir du regard
sur la réglementation justement à cause de leur spécificité. Donc,
anticipez-vous, là, un intérêt accru, là, de vos membres en matière de
réglementation environnementale municipale à la suite des modifications, là, du
p.l. 81? Si oui, bien, quoi? Avez-vous une idée?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
en fait, oui, je pense qu'il va y avoir de l'intérêt de plusieurs municipalités
qui vivent des pressions actuellement, là, tu sais, de groupes
environnementaux, certes, mais aussi d'agir face aux changements climatiques
puis de venir protéger les territoires les plus critiques sur le territoire de
leur MRC ou de leur ville. Moi-même, chez nous, là, j'ai un projet actuellement
qui est une ancienne sablière qui, selon la réglementation actuelle, est
développable. Bien, j'ai bien des citoyens qui aimeraient qu'on la protège. Là,
on est toujours à cheval entre les deux réglementations. Ils ont le droit de
construire, mais la ville pourrait peut-être être plus sévère à cet effet-là.
Ça plairait aux groupes d'opposants avec lesquels je compose en ce moment. Mais
il y a de l'intérêt de la part de plusieurs municipalités qui connaissent leur
territoire, qui voient des problématiques arriver, qui pourraient avoir des
réglementations plus sévères que ce que les normes environnementales prévoient
sur l'ensemble du Québec. Donc, moi, je suis persuadé que cette mesure-là va
trouver écho dans de nombreuses villes et MRC.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. C'est ce qui complète pour le temps pour la banquette
gouvernementale. Je cède maintenant la parole à Mme la députée des Mille-Îles
pour neuf minutes 54 secondes.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M.... M. Tardif, et pour votre présentation, M. Châteauvert,
un plaisir de vous revoir, et Mme Harvey.
Je vais... Je vais parler des milieux
humides et hydriques, là. Dans le fond, ce que... c'est assez clair, le
mémoire, hein? La FQM est en profond désaccord avec les modifications
envisagées. Et là on parle de...
Mme Dufour : ...du 15 %,
là, qui pourrait aller... les sommes qui pourraient aller dans d'autres
régions, là, je pense, c'est... Et vous le mentionnez, là, que les sommes en
compensation devraient être investies le plus près possible du site où les
milieux ont été atteints. La science va dans le même sens que ce que vous
mentionnez ici. Et donc, ce qu'on comprend, c'est... puis l'Union des
municipalités du Québec a aussi mentionné des enjeux que pour dépenser ces
sommes là, il y a plein d'embûches qui ne semblent pas être la question du
territoire. Ils ont parlé du coût des... du terrain notamment. Est-ce que
vous... Vous êtes un représentant de municipalités de plus petite taille que
l'UMQ, est-ce que ça, c'est quelque chose que vous attendez aussi, le coût du
terrain?
M. Tardif (Antoine) : Assurément.
Puis, sur le principe même, tu sais, du pourquoi on est en profond désaccord,
c'est parce que, tu sais, c'est un principe qui avait été convenu selon le fait
que s'il y a des compensations pour des milieux humides sur un territoire
donné, bien, les sommes pour remettre en valeur des milieux humides et
hydriques seront faites sur le site. Puis je ne pense pas que le fait que le
programme ne fonctionne pas comme il le devrait aujourd'hui, on doit tout
simplement dire : Bien, d'abord, on va prendre les sommes puis on va les
répartir ailleurs où il y a des projets. Souvent, quand on parle des petites
villes versus les grosses villes, c'est le genre de choses qui arrive parce que
les petites municipalités n'ont pas les équipes à l'interne, n'ont pas les services
nécessaires pour préparer des projets. Ensuite, quand on fait les demandes au
niveau du ministère, ce n'est pas toujours simple. Donc, il y a des petites
municipalités qu'on le croit vont être défavorisées dans ce processus-là, qui,
au contraire, pourraient être mieux soutenues pour que, réellement, les places
où il y a eu des impacts, bien, puissent être remises en valeur avec des
projets d'investissement.
Puis, oui, de l'achat, le coût de terrain,
parfois, ça peut être un enjeu, mais, en même temps, il y a des nouvelles
dispositions, là, dans le projet de loi... J'oublie, j'oublie le nom, là, qui
permettent, bon, l'expropriation à la limite mais le droit de préemption aussi.
Puis là on s'assure d'avoir une meilleure valeur au livre, là, des terrains
sans prendre en considération la valeur de ce qu'elle... ce que le terrain
pourrait valoir s'il y avait un projet d'habitation. Donc, ça, ça vient quand
même protéger.
Mais c'est clair que les petites
municipalités n'ont pas tous les leviers, parfois, pour faire toutes les
demandes. Puis la solution, ce n'est pas de leur enlever l'argent, c'est de
voir quel est le problème puis d'essayer de trouver la solution.
Mme Dufour : Je comprends
que, peut-être, si elles avaient accès plus aisément à l'argent, peut-être que
les projets se réaliseraient. Et là j'ai entendu... tout à l'heure, vous avez
mentionné qu'il y a même des projets qui ont été déposés puis qui ont été
refusés.
M. Tardif (Antoine) : Ah,
bien, ça, il y en a eu plein, là, des histoires au sein de nos municipalités
qu'ils ont fait des démarches puis, finalement, le projet qu'ils avaient en
tête, ce n'était pas ce qui était demandé dans le cadre du fonds. On a eu des
discussions, la FQM, avec des... des représentants du ministère pour
dire : Est-ce que ce fonds-là pourrait être un peu plus flexible? Est-ce
qu'il pourrait donner un peu de chance à certaines MRC, certaines villes, de
mettre en place des projets, de faire une reddition de comptes? Puis, tu sais,
là, c'est comme très normé, très sévère, puis parfois ça limite la mise en
place de projets.
Mme Dufour : Puis vous
mentionnez, dans votre mémoire, marais vers marais, tourbière vers tourbière,
ça, ça semble être une exigence que si c'est un marais qui est détruit, il faut
refaire un marais. Pourtant, ce n'est pas la seule façon de réguler les eaux,
là.
M. Châteauvert
(Pierre) :Moi, j'ajouterais aussi autre
dimension. Pourquoi... la raison... Vous savez, une fleur, ça pousse puis tirer
dessus, ça ne va pas plus vite, elle ne pousse pas plus rapidement. Pourquoi je
dis ça? C'est que ça a été long faire ces plans-là. Puis, les plans, il y en a
plusieurs qui sont déposés, ils ne sont pas encore autorisés. Souvenez-vous
qu'on était ici, il y a un an ou deux, à l'Assemblée nationale, pour parler de
l'immunité et... parce que ça avait des impacts. Vous avez fait référence à la
valeur des terrains, ça avait un impact direct itou. Et le temps que ça... tout
ça, ça a fait que... que ça a pris, c'est que... tu... quand tu mets toute ton
énergie pour la réalisation du plan, qui est... d'ailleurs, c'est une petite
révolution sur le terrain, c'est extraordinaire ce qui se passe avec ces
plans-là, la conscientisation qui suit ça, qui suit. Bien, à ce moment-là, tu
es rendu, puis là on te demande, on arrive avec une demande de... une
modification au projet de loi pour dire qu'on va en prendre une ponction, parce
que la réalisation des projets, ça ne se fait pas assez rapidement. Il y a
toute la... notion dont on vient de discuter, puis il y a aussi les... les
échéanciers, quand ça arrive, ça ne fonctionne pas. Donc, nous autres, on dit,
c'est : On n'est pas là, là, on n'est pas là, là, ça va trop vite. Vous
venez de prendre une ponction. C'est pour ça qu'on dit : Transférez-nous
l'argent, puis on va être responsables, puis on va le faire, parce que là,
c'est là qu'on est rendus. Il y a eu des délais qui ne sont pas simplement sur
la gestion du programme, mais aussi sur la réalisation des plans. Puis, on vous
le rappelle, il y a une bonne partie des plans qui ne sont pas encore
autorisés. Donc, on met toute son énergie là-dessus souvent.
Mme Dufour : Ils ne sont pas
autorisés par le ministère de l'Environnement...
Mme Dufour : ...donc, les...
ne sont pas autorisées... c'est là où les plans n'ont pas été autorisés, les
sommes...
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, ils peuvent investir...
ils peuvent déposer des projets, mais où est-ce que tu mets ton énergie? Quand
les énergies sont limitées, là, tu veux aller chercher le plan, parce que c'est
ça qui est essentiel, comme première étape, identifier, protéger et tout. Puis
ça a été tout... quelque chose, mais ça a été extraordinaire, en passant. Cette
démarche-là a été exceptionnelle pour la conscientisation, non pas juste des élus,
mais à tout le monde, les citoyens, et tout, l'identification des terrains aux
milieux sensibles, et tout. C'est exceptionnel, la démarche qui a été faite.
• (12 heures) •
Mme Dufour : J'ai participé à
celle que Laval a faite. Vous parlez des coûts importants associés au dépôt
d'un projet au programme. Donc, là, ça, des municipalités ont soulevé ça. Ça
peut représenter combien, pour avoir une idée, là, pour une municipalité?
M. Tardif (Antoine) : Mais,
tu sais, quand on parle des coûts, là, c'est justement un peu en référence à ce
que je mentionnais tout à l'heure, c'est qu'une petite municipalité, là,
souvent il y a un directeur général qui est secrétaire-trésorier en même temps,
puis qui gère les travaux publics, puis les employés de voirie. Donc là, quand
il est temps de mettre sur pied un projet de biodiversité parce que son
territoire est vaste, puis il y a des enjeux, puis il y aurait des beaux
projets, tu sais, c'est un dossier qui s'ajoute aux tâches de la directrice
générale ou du directeur général qui a déjà une pleine tâche. Puis parfois, ils
vont donner des mandats, là - ça, on voit ça souvent, là - à des organismes
d'urbanisme ou environnemental sur le territoire. Donc, pour faire une demande
au ministère, il faut monter un dossier assez étoffé qui nécessite des
ressources en temps, humaines et financières.
Donc, c'est un peu ça, l'idée de
dire : Ça coûte quelque chose pour pouvoir faire un projet qui aurait un
impact sur l'environnement dans notre milieu, puis, parfois, ça... beaucoup à
le faire.
M. Châteauvert
(Pierre) :Si vous permettez, je viens de
me rappeler la discussion qui a eu lieu pour nous amener à ce point-là, parce
qu'on n'a pas les chiffres précis que vous nous demandez, parce que c'est
différent selon les projets. Mais, actuellement, dans les ministères, on voit
de plus en plus des exigences plus grandes pour le dépôt des projets, le
ministère des Transports, la voirie locale. C'est rendu assez incroyable, le
coût pour préparer un projet, ça demande des plans d'ingénieur, des ci, des ça.
Ce qui fait que la municipalité, elle, elle a un budget x, et, des fois, on
investit des sommes importantes, et c'est rendu... En fait, c'est peau de
chagrin, des budgets, ce qui fait que le nombre de projets acceptés puis financés,
mais on se retrouve devant rien. La municipalité a généré... a été obligée de
monopoliser beaucoup de ressources financières pour la réalisation de ce
projet-là.
C'est la même chose avec... au niveau de
l'environnement de ce programme-là. Les gens sont de plus en plus réticents,
parce que, bon, on va investir des sommes, mais, en bout de ligne, si on n'a
rien, à ce moment-là, il y a une forme de risque. Et les exigences sont
toujours... se multiplient, ça augmente, des plans d'ingénieurs, des études, et
tout. Puis là o entre, des fois, dans des projets, tu sais, ça dépasse... c'est
100, 150 000, pour une petite municipalité, pour demander une somme quand même
qui n'est pas astronomique. L'effort devient... est trop grand.
Mme Dufour : Oui, puis
j'imagine, des projets qui ont été refusés, ça fait un froid pour les prochains
qui disent : Est-ce que je vais dépenser en vain, aussi?
Je vais vous amener une autre de votre
recommandation, là, si je ne me trompe pas, c'est la 7. Dans le fond, vous
demandez à ce qu'il y ait un avis de conformité au plan régional, justement,
des milieux humides et hydriques, qui soit donné par la MRC lorsqu'il y a
une... dans le fond, dans la liste des documents obligatoires pour le REAFIE,
ça, ça me fait penser que c'était le cas avant pour les demandes de CA 22 pour
les milieux humides et hydriques aussi, et ça, ce n'est plus le cas maintenant.
Donc, pourquoi c'est important pour vous?
Mme Harvey (Mélanie) : Comme
vous l'avez soulevé, le retrait de la... l'attestation de conformité a soulevé
plusieurs enjeux au niveau municipal. Puis, suivant l'adoption des plans
régionaux, ce n'est pas clair, à l'heure actuelle, quelle mesure sera donnée au
plan par le ministère de l'Environnement dans son analyse. Donc, on se disait,
un, ça va faciliter le travail des analystes du ministère de l'Environnement de
venir prévoir une étape où la MRC pourrait donner un avis de conformité à son
plan régional avec un délai déjà convenu pour pour pas qu'il n'y ait d'abus au
niveau des délais puis retarder indument une demande, mais que ça pourrait
faire...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Merci...
Mme Harvey (Mélanie) : ...ce
serait un bon processus, oui.
La Présidente (Mme Blouin) : ...ça
complète cette portion de l'échange. Je cède maintenant la parole au
porte-parole du deuxième groupe de l'opposition pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Toujours un plaisir de vous voir en
commission. Nous, ce qui nous intéresse beaucoup, c'est un article qui vient
donner des pouvoirs au ministère de permettre des autorisations préalables pour
des constructions avant même les audiences publiques en environnement. Puis il
y a comme un petit flou...
12 h (version non révisée)
M. Leduc : ...peu à la
limite, là, de ce que ça veut dire des travaux préalables à impact
significatif. Vous, votre lecture de ça, à partir de votre expérience, vous
voyez ça comment?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
c'est que la SQM déjà en ce moment, avec son service d'ingénierie entre autres,
qui est réparti partout au Québec, fait beaucoup de travaux lorsqu'il y a des
événements environnementaux qui surviennent et parfois lorsqu'il y a quelque
chose qui s'en vient, tu sais. Il y a des... Il y a des routes où on voit l'affaissement
en dessous de la route. Il faut agir rapidement. Il y a des places comme aux
Îles-de-la-Madeleine, où il y a de l'érosion, il faut agir rapidement. Puis là,
la crainte dans le mémoire qui est soulevée, c'est que si le terme
«appréhendé», «risque appréhendé» n'est plus là, qu'il est changé pour un
autre, on veut juste être sûr qu'on ne perd pas cette flexibilité-là par le
gouvernement de pouvoir dire : O.K. il y a une urgence climatique qui s'en
vient ou il y a quelque chose qui est prévisible. On peut agir, là, puis on n'a
pas le temps de faire toutes les analyses environnementales nécessaires. C'est
à ce titre-là qu'on a fait la recommandation.
M. Leduc : Comment, de
manière un peu plus large, comment se passe la transition énergétique,
écologique et économique? Comment ça se passe en ce moment dans les
municipalités au Québec?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
de façon plus large, est-ce que c'est un enjeu de tous les instants pour chacun
des maires et mairesses? Il y a plusieurs initiatives qui sont mises de l'avant,
là, autant la FQM, avec son plan de décarbonation, son plan d'accompagnement
pour les projets éoliens et tout autre projet d'énergies renouvelables. Les
municipalités, de par leur réglementation, leurs initiatives locales aussi,
contribuent. C'est un effort de guerre, là, je dirais, là. Tout le monde est
conscient qu'il y a des changements climatiques puis que ça a un impact, des
bouleversements sur les milieux. Notre maire de Baie-Saint-Paul l'a vécu l'année
dernière. On le voit dans les régions de Montréal aussi, avec les réseaux d'aqueduc
qui ne sont plus capables de prendre les fortes pluies. Chaque ville tente par
différents moyens d'innover, de s'adapter, mais souvent, au final, c'est une
question de coût puis c'est une question d'investissement. Ces
infrastructures-là, si je prends à Victoriaville, par exemple, on a changé
toute notre façon de faire nos... nos travaux d'infrastructures. On a
maintenant des bassins de rétention sur toutes nos nouvelles constructions qu'on
oblige, des noues partout pour qu'on retienne l'eau avant qu'elle s'en aille
dans le réseau.
L'amélioration de notre efficacité
énergétique, donc, c'est... Ça touche plusieurs plans, l'adaptation aux
changements climatiques, la transition énergétique, mais c'est un travail
colossal. Puis, encore une fois, Victoriaville, c'est une ville de taille
moyenne, 50 000 habitants, mais à la FQM on représente des
municipalités de 300 habitants, 400, 500 où, comme je le mentionnais tout
à l'heure, il y a un directeur général qui fait à peu près tout, donc qui ont
besoin d'accompagnement, mais les villes sont prêtes à agir puis d'être un
partenaire à ce niveau-là.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci beaucoup. Donc, ça conclut. Maintenant, je cède la parole au député
des Îles-de-la-Madeleine pour 3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci, messieurs, madame, pour votre présentation
et pour les nombreuses recommandations. Je vais revenir sur votre recommandation
numéro 1, là. Est-ce que je comprends bien? Si je veux résumer la chose,
ce que vous craignez un peu, c'est qu'on applique le plus petit commun
dénominateur lorsqu'il est question, là, de mettre en place des mesures qui
seraient celles qui seraient appliquées pour l'ensemble du Québec, alors que
des municipalités en veulent beaucoup plus au nom de leurs commettants?
M. Tardif (Antoine) : Tout
à fait. Vous avez raison. Puis l'autre chose qu'on mentionne par rapport à ça,
c'est de ramener la possibilité qu'il y ait une discussion entre un élu
municipal puis le ministre de l'Environnement dans un cas qui serait jugé
problématique ou difficile à concilier entre les deux.
M. Arseneau : Mais c'est
ça parce qu'on voulait... Ce qu'on voulait éviter, c'est justement les
tracasseries administratives ou de tout toujours dépendre de l'autorisation du
ministre. Là, ce qu'on veut, c'est avoir la possibilité de discuter d'une
dérogation de façon exceptionnelle.
M. Tardif (Antoine) : M. Châteauvert.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, c'est ça. Nous, on
a... On est... On accueille très favorablement la modification, mais tout ce qu'on
demande, c'est de garder, parce qu'on ne peut pas tout prévoir, de garder une
porte, une possibilité de discuter d'un cas exceptionnel. C'est ça qu'on
demande parce que, dans le passé, ça nous a servi, cette porte-là. C'est qu'on
l'a vu. On a eu des échanges constants avec le ministère pour adapter des
réglementations et tout ça, pour sortir du cadre pour mieux protéger, pour
mieux... Mais là ce qu'on craint, c'est que le système soit fermé dans le fond.
Cette possibilité-là d'adapter est essentielle. On ne sait pas ce qui va
arriver dans deux, trois, quatre, cinq ans. On le voit, là, ça va tellement
vite.
M. Arseneau : Exact.
Oui, on voit que ça va vite. Et parfois, justement, je reviens sur la question
des sinistres...
M. Arseneau : ...appréhendés,
là, et puis ce dont vous parlez sur... bien, vous avez pris l'exemple de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Vous dites : Selon notre
compréhension. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'avoir des échanges avec des
légistes, et tout ça, et vous maintenez votre compréhension?
M. Châteauvert
(Pierre) :On maintient. Puis oui... Puis
c'est une revendication. D'ailleurs, aux Îles-de-la-Madeleine, le rechargement,
ça a été utile, ça a été utile, à Sainte-Flavie, un peu partout. Le nombre de
dossiers, le nombre de projets qu'on réalise, c'est assez... c'est énorme, et
ils sont très, très nombreux. Et régulièrement on a besoin, parce qu'on répond
à des urgences, c'est... et un peu partout. Et le cas des Îles, il y a eu
une... on a... le rechargement de la plage avait été terminé, et, s'il n'y
avait pas eu ça, probablement que l'île aurait été coupée en deux, là, tu sais.
Ça a été... Ça a été fantastique. Ça a fonctionné, ce qui a été fait là.
• (12 h 10) •
M. Tardif (Antoine) : L'objectif
n'étant pas de passer outre les obligations puis les analyses, mais que, dans
des cas d'urgence climatique, il y ait la possibilité d'avoir une dérogation.
M. Arseneau : Tout le monde
peut convenir, là, de l'espèce de raison d'État, là, dans des cas comme
ceux-là.
En terminant, la question des bornes
électriques, comment ça progresse dans vos municipalités? Est-ce que... Est-ce
que... Oui?
M. Tardif (Antoine) : Bien,
il y a eu... il y a eu des programmes du gouvernement, là, dont les
municipalités se sont prévalues pour l'implantation de bornes. Il y a eu de
l'accompagnement de la part de la Fédération québécoise des municipalités
également...
La Présidente (Mme Blouin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'on a.
M. Tardif (Antoine) : Ça se
poursuit. Il va en falloir plus pour répondre à la demande.
La Présidente (Mme Blouin) : Je
tiens à vous remercier pour votre contribution à nos travaux.
Maintenant, la commission suspend ses
travaux jusqu'à après les suivis... les avis, pardon, touchant les travaux des
commissions. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 26)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
bonjour à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux. On poursuit les consultations particulières et les auditions publiques
pour le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en
matière d'environnement.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : le Centre québécois du droit de l'environnement,
le... Regroupement, pardon, des organismes environnementaux en énergie, Canard
illimités Canada, Éco Entreprises Québec et le Conseil patronal de l'environnement
du Québec.
Alors, d'entrée de jeu, je souhaite la
bienvenue aux représentants du Centre québécois du droit de l'environnement. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi on va procéder tout de suite à la période d'échange. Alors, je vous invite
à vous présenter et à enchaîner avec votre exposé.
Mme Paul (Geneviève) : Bonjour,
M. le ministre, distingués membres de la commission. Je me présente, Geneviève
Paul, directrice générale du Centre québécois du droit de l'environnement, et
je suis accompagnée de ma collègue Anne Ellefsen, avocate au CQDE. Merci pour l'opportunité
de s'adresser à vous aujourd'hui.
Vous avez présenté, M. le ministre, le
projet de loi comme une mise à jour du corpus législatif en fonction des
nouvelles réalités environnementales et du développement des connaissances
scientifiques pour assurer une protection optimale de l'environnement. Ce qui
ressort de notre analyse, puis vous l'aurez peut-être constaté dans notre
mémoire, ne nous permet pas avec égards, M. le ministre, de conclure que les
mesures proposées servent véritablement les objectifs annoncés. Les
connaissances scientifiques, justement, exigent des actions urgentes et
ambitieuses, on le sait, pour changer de cap au moment où on est en train d'atteindre
les points de rupture qui pourraient détruire les systèmes dont notre vie
dépend. Donc, ça demande plus d'encadrement, alors que, là, on est devant
plusieurs dispositions législatives qui viennent au contraire, à notre avis,
créer de nouvelles brèches pour assouplir et affaiblir encore davantage le
cadre de protection existant. On va aborder quatre des six aspects qui nous
semblent particulièrement problématiques et qui sont traités dans notre
mémoire. On ne se penchera pas, par contre, sur la norme véhicule zéro émission
pour les véhicules lourds, mais que d'autres commenteront.
D'abord, on s'inquiète sérieusement de la
possibilité de pouvoir autoriser des travaux préalables sans d'avoir... d'abord
avoir examiné les impacts potentiels de projets à risque élevé. Donc, à travers
le véhicule de l'omnibus, qu'on regarde aujourd'hui, bien, pour nous, on
considère que c'est une entorse au principe de prévention environnementale sur
lequel repose le socle législatif québécois depuis 1972. Puis, en plus, on
vient de faire une réforme de la LQE, comme vous le savez, en 2017. Vous me
direz, M. le ministre, bien sûr qu'il y a des balises prévues pour encadrer l'exercice
de votre pouvoir discrétionnaire dans ces situations-là, sauf que celles-ci, à
notre avis, nous apparaissent comme étant trop larges. Le projet de loi
introduit, entre autres, la notion d'intérêt public pour autoriser des travaux
préalables, puis les tribunaux s'accordent pour dire que cette notion confère
au gouvernement une large discrétion pour déterminer ses propres facteurs.
Donc, selon nous, ça amène à une trop grande incertitude puis ça ne va pas
nécessairement garantir la prévisibilité dont a besoin l'ensemble des parties
prenantes.
Le projet de loi vient, par ailleurs, déjà
écourter la durée du processus, hein, d'évaluation d'examen des impacts, donc
on se demande pourquoi, dans ce cas-là, vouloir aussi accélérer encore
davantage le processus sans prendre le temps d'évaluer les risques en amont. Ça
nous semble contraire au principe de prévention environnementale, ça soulève
des questionnements par rapport aux obligations constitutionnelles de
consultations avec les peuples autochtones, mais ça vient aussi nuire, à notre
avis, encore davantage à la crédibilité des processus d'évaluation puis de
consultations du public. Le message que ça envoie à la population, c'est que le
projet est déjà... peut... serait déjà politiquement autorisé avant même que
les impacts aient pu être pleinement considérés...
Mme Paul (Geneviève) : ...et
ça rend, à notre avis, bien sûr, le refus éventuel d'un projet plus difficile à
concevoir, sans parler, bon, de la remise en état, une fois les dommages
causés, si le projet était refusé. Et c'est ce que le législateur souhaitait
éviter quand on a décidé de se fonder sur une approche basée sur l'évaluation
des risques en amont. Donc, ça nous semble assez majeur, comme... comme
changement proposé, et ça nous intéresse d'échanger là-dessus, parce que
l'examen préalable des impacts, c'est la pierre angulaire de la Loi sur la
qualité de l'environnement, et donc, pour nous, il n'est pas justifié de
vouloir, une fois de plus, tenter d'aller plus... d'aller vite, au risque que
ça coûte très cher à la société québécoise, sur tous les plans. Puis je pense
qu'on a des exemples récents pour nous inciter à tenter d'éviter de répéter ce
type d'erreur.
• (15 h 30) •
Là, en plus de la question des travaux
préalables, une autre question qui nous préoccupe grandement, c'est celle de
l'évaluation régionale ou sectorielle, ou, en fait, le fait qu'à la... la
possibilité qu'à la suite de ces... d'une évaluation régionale sectorielle il y
a certains projets à risque élevé qui soient exemptés, en tout ou en partie, de
la procédure d'évaluation et d'examen des impacts, donc, par exemple, exempter
d'obtenir des autorisations ministérielles. Là, pour nous, ça, c'est un
possible passe-droit, qui est une autre entorse importante au régime en place.
C'est sûr que, bon, a priori, l'intégration d'un outil comme l'évaluation
sectorielle et régionale, vous le savez, M. le ministre, c'est... c'est quelque
chose que le CQDE a aussi appuyé. C'est un outil de planification qui peut
s'avérer utile, entre autres, pour considérer les impacts cumulatifs sur
l'environnement, là, dans un territoire donné, surtout que notre cadre
juridique actuel est défaillant à cet égard — on s'est déjà prononcé
sur cette question là — et qu'en parallèle en plus, on continue
d'accepter ou de permettre le saucissonnage de projets.
Donc, oui à l'évaluation régionale ou
sectorielle, sauf qu'elles ne sont pas conçues pour des projets spécifiques,
dans des lieux précis, qui peuvent avoir... pour des projets qui peuvent avoir
lieu des années plus tard. Donc là, dans ce contexte-ci, on questionne
différents éléments, de la manière dont c'est apporté dans le projet de loi,
parce qu'on propose une évaluation régionale qui serait demandée sur une base
volontaire, par quiconque a un plan ou un programme pour développer un secteur
d'activité ou un territoire donné. Donc là, on se questionne à savoir,
bon : Est-ce que la population ne semble pas pouvoir en faire la demande?
Le mécanisme semble être laissé à la discrétion des promoteurs ou, bon, de certains
ministères, qui veulent aller de l'avant avec un plan ou un programme. Ça fait
que ça nous inquiète, parce qu'on voit, bon, un peu se dessiner des scénarios
où on se retrouve avec un utilisateur qui agit selon son propre intérêt à court
terme, alors qu'il relève de la responsabilité du gouvernement d'assurer la
planification à long terme du développement territorial dans un esprit de
protection de l'environnement. Puis on se questionne aussi avec l'interaction
avec un outil qui existe déjà dans la loi, qui est l'évaluation sectorielle...
pardon, l'évaluation volontaire stratégique, qui est déjà prévue à la loi
depuis 2017, puis pour laquelle on attend toujours, là, un règlement huit ans
plus tard.
On a beaucoup entendu parler de l'exemple
de construction d'éoliennes, par exemple, en lien avec ces dispositions-là. Ça
pourrait servir à d'autres scénarios, bien sûr. On se demande, par exemple,
est-ce que ça peut servir à autoriser plus rapidement et à diminuer les
exigences pour une série de projets miniers, par exemple, parce que ça
cadrerait avec la stratégie sur les minéraux critiques et stratégiques, puis
que ce serait présenté comme faisant partie de la transition énergétique. Donc,
on peut comprendre, d'une certaine manière, comment on peut s'appuyer sur les
évaluations régionales pour ensuite accélérer certaines dimensions, avec le
partage d'informations, mais on se demande comment est-ce que diminuer, par la
suite, les exigences au niveau de l'autorisation environnementale peut être...
puisse être optimal pour l'environnement. On est soucieux de ne pas sacrifier
encore une fois, ici, la biodiversité, entre autres, sous prétexte de
transition énergétique. Ce ne serait ni souhaitable ni cohérent pour la société
québécoise.
Mme Ellefsen (Ann) : Bonjour,
Mesdames, Messieurs. Je vous remercie de nous donner l'occasion de commenter
les propositions sur trois thématiques. Je vais me concentrer sur la protection
des milieux humides et hydriques, les espèces floristiques menacées et
vulnérables et la conciliabilité des législations provinciale et municipale.
Premièrement, sur la thématique milieux humides et hydriques, on a deux points
à commenter. La première, sur le critère d'évitement. Il y a une proposition
qui est faite au projet de loi, à l'article 46.0.6, qui prévoit, en fait, que
le ministre peut refuser une autorisation si le demandeur ne demande pas... ne
démontre pas, pardonnez-moi, de manière satisfaisante, qu'il a évité — et
là on rajoute «au maximum» — qu'il a porté atteinte à ce milieu.
Donc, pour nous, cet... cet ajout de «au maximum», c'est un affaiblissement au
critère d'évitement, puisqu'elle confond l'évitement et la minimisation, qui
sont deux étapes différentes.
Donc, on remplace l'approche séquentielle,
qui était évitement, minimisation, compensation, par une approche plutôt
globale, qui prend en considération différentes alternatives. Or, cette
approche de hiérarchisation, à notre sens, elle est fondamentale, notamment, dû
au besoin accru de protection pour les milieux humides, qui ont été particulièrement
affectés dans les dernières années. Aussi, les tentatives de...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Ellefsen (Ann) : ...de
restauration et de création de milieux compensatoires qui se sont révélés
encore inutilisés, qui a été souligné par ailleurs par la commissaire du
Développement durable dans son plus récent rapport, et finalement par l'absence
d'inspection de conformité dans la majorité des autorisations délivrées dans
les 10 dernières années. Donc, dans ce contexte de faibles mesures de
suivi, d'inefficacité des mesures de compensation, on recommande de retirer
cette proposition et de maintenir une hiérarchisation claire où on prévoit l'évitement
d'abord, des suivis par des mesures de minimisation et ensuite, en dernier
recours, la compensation.
Sur le deuxième point, les mesures de
compensation. Le projet de loi introduit à l'article 31.5.1, un pouvoir
discrétionnaire d'exiger ou non des mesures de compensation. Ce pouvoir
discrétionnaire nous semble problématique parce qu'il semble réduire le
caractère obligatoire de certaines mesures de compensation qui sont déjà
prévues à la LQE et, dans ce contexte-là, on se questionne sur les mesures qui
vont être mises en place pour s'assurer de balises claires qui vont garantir
des compensations réelles et efficaces.
La Présidente (Mme Blouin) : Il
vous reste une minute.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui.
Donc, je fais rapidement sur la thématique des espèces floristiques. On
prévoit, en fait les articles 8, 18 et 19, d'autoriser des atteintes aux
espèces floristiques en modifiant pour... en compensation pour des habitats de
remplacement. Or, la science est claire à cet effet-là, on ne peut pas déplacer
des espèces pour détruire des habitats, c'est une... ça va à l'encontre des
stratégies de conservation. Ça fait que, dans ce contexte-là, on n'appuie pas.
Et finalement, sur la question de la
conciliation, on reconnaît que la bien... la plus-value du principe de... mais
l'exception en fait devrait être balisée, notamment à travers le principe de
subsidiarité, merci, et que cette mesure soit mise en œuvre le plus rapidement
possible et de manière rétroactive. Je vous remercie de m'avoir écoutée.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Alors, on va débuter la période d'échange avec M.
le ministre. Vous disposez de 14 min 30 s.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous deux pour — là, je prenais des petites notes
sur le téléphone en même temps — beaucoup, beaucoup de sujets. On n'aura
sans doute pas l'occasion, le temps de tous les aborder, d'autant plus que j'ai
des collègues aussi qui... qui souhaiteraient intervenir.
Au niveau de la durée de la procédure d'évaluation,
comment vous la percevez actuellement? Moi, personnellement, et je ne m'en suis
pas caché, je trouve que c'est trop long. Et en disant ça, je ne dis pas qu'il
faut faire des raccourcis, je ne dis pas qu'il faut faire mal les choses, je ne
dis pas qu'il faut sacrifier certains principes importants, mais je pense qu'on
peut mieux faire, et c'est un petit peu ce que propose le projet de loi. Oui,
au final, les délais sont raccourcis, mais en même temps on va permettre à des
étapes de se vivre en parallèle, alors qu'actuellement c'est une après l'autre,
ce qui vient ajouter aux délais. Donc, sur la durée elle-même, actuelle,
comment vous... vous vous positionnez?
Mme Ellefsen (Ann) : Alors...
bien merci, merci, M. ministre. En fait, on ne questionne pas nécessairement le
fait d'entamer de manière parallèle les étapes du processus. On nous a bien
aussi confirmé que l'objectif était, bien sûr, de ne pas sacrifier la qualité. À
cet égard-là, nous, notre... notre inquiétude porte vraiment plus sur ce qui
peut découler par la suite, là, d'exemptions potentielles ou de soustraire en
tout ou en partie, là, dans le fond, des projets au processus d'examen, par
exemple, à la suite d'une évaluation sectorielle ou régionale. Et par ailleurs,
ma collègue pourra compléter.
On a aussi formulé certaines
recommandations dans notre mémoire, pas tant sur la durée, mais plus pour s'assurer
que, si on revoit certaines étapes, comme c'est proposé, là, avec l'avis d'intention
notamment, mais qu'on s'assure en fait que la population puisse donner, dans la
mesure du possible, un avis plus éclairé, donc après avoir bénéficié de l'expertise
des ministères, ce qui n'est pas nécessairement prévu, là, avec cette nouvelle
proposition. Donc, on voudrait vraiment s'assurer que la population puisse se
prononcer, mais après qu'il y ait eu les ministères, là, qui se soient... qui
se soient penchés pour que la population puisse se prononcer sur les enjeux
relatifs à un projet, mais entre autres, sur la base, bien sûr, de l'expertise
au sein des ministères.
M. Charette : Et vous avez
parlé de vos craintes à l'égard des travaux préalables qui pourraient être
faits. Naturellement, ce n'est pas pour n'importe quel type de projets, c'est
balisé. D'ailleurs, certains groupes viendront après vous, vous dire : On
devrait étendre ça à tout type de projets pour lesquels des autorisations ou
une évaluation environnementale est nécessaire. Nous, dans un premier temps, on
juge important d'accompagner Hydro-Québec dans la mission qu'elle s'est donnée,
qu'on lui a confiée comme société, c'est-à-dire produire des énergies
renouvelables avec le moins d'impacts possibles sur l'environnement, et
Hydro-Québec d'ici 2035 a, de façon importante...
M. Charette : ...a, de façon
importante, augmenté sa production d'énergie pour décarboner, notamment
l'économie du Québec. Hydro-Québec était ce matin à la même place que vous
occupez présentement, et eux nous disent : On a besoin de ça, un, on a de
l'expérience, deux, on fait généralement bien les choses, et trois, ce n'est
pas pour faire n'importe quoi, c'est uniquement pour préparer à la mise en
place du projet lui-même. Donc, ça va être aménagement de routes, ça va être
l'installation de campements. Et ce sont des projets qui vont être acceptés. Ce
n'est pas des projets pour lesquels il y a des doutes. Ce sont des projets...
Compte tenu de la nature des projets qu'ils proposent, compte tenu de
l'expertise qu'ils ont, on sait que ce sont des projets qui seront acceptés. Et
ultimement, la procédure d'évaluation, elle est là pour les aider à mieux faire
encore. Lorsqu'il y a un BAPE, lorsqu'il y a des consultations avec le public,
ce n'est pas tant pour refuser le projet, mais c'est pour dire comment on peut
le rendre encore meilleur. Donc, le fait que ce soit extrêmement balisé pour
des types de projets en particulier, ça ne vous rassure pas? Vous y voyez
encore une menace, en quelque sorte, à la procédure d'évaluation environnementale?
• (15 h 40) •
Mme Paul (Geneviève) : Bien,
en fait, à notre avis, et avec égard, ce n'est pas suffisamment balisé dans la
proposition, là, législative qu'on analyse, qu'on a devant nous. Comme je le
disais, on nous donne souvent... donc, souvent l'exemple, là, de projets en
lien avec Hydro-Québec. Mais est-ce que, bon, l'exemple que je donnais, ça
pourrait ouvrir la porte à d'autres types de projets? Sauf si vous me
confirmez, là, le contraire, mais selon les critères, là, qui sont dans les
balises qui sont prévues, les notions qui sont... auxquelles on fait référence
sont assez larges, donc d'intérêt public, comme je le disais, les tribunaux
confèrent, donc c'est... ça peut laisser un pouvoir discrétionnaire très large,
mais même aussi les critères comme celui de la transition énergétique, qui
n'est pas défini, là, dans le projet de loi, donc on ne parle pas juste
d'éoliennes. Et d'ailleurs, même les éoliennes vont avoir des impacts. Notre
posture, c'est que les travaux préalables ont aussi des impacts. Bien, vous le
savez, on l'a aussi défendu devant les tribunaux avec une décision, là,
récente, l'année dernière, qui reconnaît que les travaux préalables ont des
impacts, dans ce cas-ci sur les peuples autochtones, et que donc on a l'obligation
de consulter en amont. Donc, on... oui, ça nous soulève quand même des
questionnements. Et, dans ce cas-là, peut- être, comme, bien, vous le
sous-entendez, que c'est pour certains projets seulement, mais ça mériterait
d'être spécifié dans la proposition législative, là.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui.
Peut-être juste rajouter sur le «extrêmement balisé». À notre sens, en fait, il
y a plusieurs termes qui sont... qui méritent d'être précisés, notamment la
question de l'intérêt public. Évidemment, là c'est pour Hydro, mais il va y
avoir d'autres projets, et puis cette interprétation va continuer avec les
gouvernements qui vont changer. Donc, ça, c'est important. Les facteurs, quels
sont ces facteurs? Est-ce que ça inclut juste la génération actuelle, les générations
futures? Est-ce, quand on parle d'environnement, est-ce qu'on parle bien de
biodiversité, de la protection des caribous notamment? Donc, c'est... c'est...
c'est... Vous parliez d'aménagement de routes, mais ça, ça peut aussi avoir des
conséquences sur la biodiversité. Donc, c'est important de... C'est... Il y a
plusieurs composantes, en fait, à l'environnement, puis là on a l'impression
qu'il y en a plusieurs qui sont évitées. On utilise certaines phrases, c'est
ça, d'intérêt public, qui ne sont pas très claires, à notre avis, et puis qui
amènent, en fait, une difficulté aussi de pouvoir contester devant les
tribunaux ces questions-là, qui sont éminemment discrétionnaires. Donc, dans ce
contexte-là, il faudrait baliser autrement et prévoir notamment que c'est des
travaux qui sont... qui sont réversibles. Il y aurait une série de
recommandations qui pourraient... qui pourraient être faites pour s'assurer
effectivement qu'on a un impact puis qu'on prend en considération non seulement
la transition, mais aussi la protection de la biodiversité, qui va découler de
ces travaux-là.
M. Charette : Je ne veux pas
accaparer tout le temps. Peut-être deux petites questions rapides. Encore sur
le dossier des évaluations... c'est-à-dire des travaux préalables, on n'a pas
eu l'occasion encore d'étudier article par article, et ce sont des précisions
qui seront données, notamment avec la collaboration des collègues de... des
collègues de l'opposition. Mais j'ai un collègue ce matin qui tentait de faire
un parallèle, notamment avec Northvolt. On n'est pas là, là. Ce n'est pas un
ministère, ce n'est pas une organisation publique, donc... Et, tout à l'heure,
vous disiez : Il y a... Il y a des exemples récents qui suscitent de
l'inquiétude. Si vous aviez aussi Northvolt en tête, ce n'est pas... ce n'est
pas ce qui est visé, là, à travers le projet de loi en question. Et pour ce qui
est de Northvolt, on aura l'occasion amplement, dans d'autres circonstances, de
continuer nos argumentaires respectifs. Mais ce n'est pas le type de projet qui
serait visé par des travaux préalables. Je veux vous rassurer à ce niveau-là.
Vous avez la possibilité de répondre à ça.
Mais je vais quand même y aller de ma
petite question rapide pour que mes collègues puissent prendre le relais. Au
niveau des espèces floristiques, moi, je pense qu'on a un cadre qui est... qui
est précis, mais il faut éviter...
M. Charette : ...d'embarquer
dans un carcan qui ne laisse aucune alternative et qui ne laisse aucune marge
de manœuvre. L'idéal est toujours priorisé, c'est bien certain, mais, dans
certains cas, on n'empêchera pas ou on ne freinera pas un projet sans avoir
songé aux alternatives et aux mesures de mitigation. Et c'est un petit peu ce
que visent aussi les articles en question. Je comprends que certains groupes
pourraient vouloir, dans telles circonstances, empêcher tout projet, mais le
gouvernement n'est pas... n'est pas là du tout. On veut garder cette
possibilité de mitigation, on veut garder cette possibilité de discrétion
aussi, tout en ayant un cadre législatif, là, qui est quand même assez
rassurant pour la protection, là, des différentes espèces floristiques.
Donc, les deux commentaires, à vous d'y
répondre. Et déjà je vous remercie parce que ce sont mes collègues par la suite
qui prendront la relève.
Mme Paul (Geneviève) : Merci,
M. le ministre. Bien, très rapidement, en fait, sur la question des travaux
préalables, tu sais, de manière générale, pour rappeler notre position, pour
nous, il n'y a rien qui justifie de les autoriser avant d'examiner les impacts
d'un projet. C'est vraiment, comme je le disais, le fondement de notre régime
de protection environnementale en droit de l'environnement au Québec. Puis, en
plus, en parallèle, vous proposez d'accélérer la PEEIE. Donc, on se donne les
moyens d'accélérer, il y a eu beaucoup de choses faites depuis 2017 pour
optimiser toujours les processus, il n'y a rien qui autorise, c'est ça... qui
justifie, selon nous, l'autorisation. Et même, bon, peut-être certains
ingénieurs vous l'auront dit aussi, mais... ingénieurs et autres experts, ça
peut varier, là, des travaux préalables. Il y en a qui ont... qui peuvent
causer davantage de dommages que d'autres et donc avoir un caractère qui n'est
pas nécessairement réversible. Donc, ça, ça nous inquiète.
Je parlais d'exemples récents. Je ne
faisais pas que référence à Northvolt. On parle aussi de manière générale sur à
quel point, de prendre position en faveur d'un projet avant d'avoir examiné les
impacts, ça vient affecter la crédibilité des processus de manière générale. Et
on peut comprendre. Ça mine la confiance du public envers ces institutions-là.
Puis on pense que, de manière générale, pour le dialogue social,
l'acceptabilité, c'est important que le public ait confiance en nos institutions
et donc de ne pas se prononcer avant d'avoir regardé l'ensemble des projets.
Sur la question des espèces et de la
protection des espèces, là vous faites référence aussi au fait que vous êtes
rassuré, malgré la discrétion, là, qui serait octroyée avec ce projet de loi
là.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui.
Donc, par rapport aux espèces floristiques, juste deux commentaires. Le
premier, c'est qu'on est dans un régime d'exception, en fait. Évidemment, on
est dans un contexte de crise de la biodiversité, chaque espèce perdue est un
élément de plus, est un boulon de plus à l'avion qui perd beaucoup de boulons.
Et on ne sait pas à quel moment l'avion va crasher. C'est ça, le parallèle que
je peux vous dire. Donc, chacun est un régime d'exception, et c'est dans ce contexte-là
qu'on s'inquiète.
Deuxième commentaire. Par rapport au cadre
rassurant, à notre sens, il n'est pas rassurant pour deux raisons. La première,
c'est qu'on n'inclut pas du tout le principe de prévention, c'est-à-dire qu'on
prévoit des mesures d'évitement, mais à aucun moment on prévoit que d'éviter
de... quelles mesures on peut éviter, comme on le fait avec les milieux
humides. Par exemple, de dire : Quelles sont... Comment le promoteur a pu
démontrer qu'il a évité cette atteinte-là, on ne l'impose pas du tout dans le
cadre. Et, plus fort que ça, on prévoit qu'un des critères c'est lorsque ne
nuit pas à la survie de l'espèce. Ça veut dire que, s'il y a encore une fleur
qui est sur place, la survie est respectée. On oublie totalement l'objectif de
la Loi sur les espèces, qui est la réhabilitation. Et ça va concerner la grande
majorité des espèces. Donc, dans ce contexte-là, on suggère que le cadre soit
adapté pour pouvoir répondre à ces objectifs...
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
on va poursuivre avec la députée d'Argenteuil. Vous disposez de deux minutes
50 s.
Mme Grondin : Oh! Parfait.
Merci. Bonjour, mesdames. Toujours... C'est toujours intéressant de vous lire
et de vous entendre.
Je vais aller direct au but. C'est sur la question
de la compensation des milieux humides et hydriques. Je voudrais mieux
comprendre. Parce que vous nous dites qu'en ajoutant le mot «maximum» à
«évitement», c'est ça, hein, ça vient comme diluer ou... alors qu'on propose,
dans le projet de loi, d'une part, que le promoteur démontre, hein, clairement
qu'il a été capable ou qu'il y a des scénarios d'évitement, ce qu'on n'avait
pas avant. On leur... On demande aussi de tenir compte de la zone
d'alimentation en eau des milieux humides qui sont dans ce projet-là. On va y
intégrer la notion, dans les fonctions... la nouvelle notion de connectivité
écologique. Moi, à mes yeux, c'est vraiment des éléments qui sont très
intéressants du point de vue scientifique puis qui tiennent compte d'une
réalité terrain. Ça fait que je veux juste comprendre, malgré ces avancées-là,
pourquoi vous êtes inquiètes avec un mot, «maximum».
Mme Ellefsen (Ann) : Donc...
Mme Ellefsen (Ann) : ...46.0.3,
j'imagine, sur la question de la clarification, qui prévoit notamment que les
milieux doivent être pris en... qui doit être évité pour les milieux connus et
répertoriés. Donc là, ça soulève des questions. Et puis je me suis concentrée
sur celui-là parce que c'est vrai que c'est peut-être plus difficile
d'expliquer chacun des... le truchement de chacune de ces dispositions-là, mais
par rapport à ça, donc 43.0... 46.0.3. On indique aussi, on ajoute «prendre en
considération», «éviter au maximum». Donc, cet ajout-là, il ne s'est pas fait
de manière... il a été rajouté spécifiquement. Et, pour nous, quand on évite au
maximum, en fait on n'évite pas, on minimise. Donc, «éviter au maximum», ce
n'est pas éviter, c'est éviter en minimisant. Donc, c'est... c'est un peu ça,
de manière très claire, de dire : Bien, si c'est éviter, c'est éviter, ce
n'est pas «au maximum».
Donc, c'est dans ce contexte-là qu'on
s'inquiète de dire : Bien, si on est déjà dans la phase de minimisation,
on n'est pas en train d'essayer de démontrer qu'on a évité, c'est-à-dire... Et
là surtout avec la lecture de la... du rapport de la commissaire qui indique
que, dans la majorité des dossiers, on autorise alors que le critère
d'évitement n'est pas rencontré. C'est ça qu'ils nous disent. Bien, finalement,
on est encore en train d'aller dans de la minimisation et non pas dans de
l'évitement tel qu'il a été mis de l'avant dans le rapport, dans un premier
temps.
• (15 h 50) •
46.0.3, en fait, crée... et on le lit et
on n'arrive pas totalement à bien comprendre si ça crée deux régimes, donc les
milieux qui sont connus et identifiés. Le cas échéant, on comprend que les MRC
sont en train de faire ce travail-là, mais il n'est pas complété. Est-ce que ça
sera seulement...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre la discussion avec Mme la députée des
Mille-Îles. Vous disposez de 12 min 23 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci, mesdames, pour votre présentation, et votre présence
ici, et pour votre mémoire fort étoffé.
Moi, je vais surtout vous parler de
milieux humides et hydriques. Donc, on va continuer sur ce qu'on parlait. Il y
a un élément dans votre mémoire, à la page 3... 13, pardon, qui m'a
interpellée. La commissaire au développement durable avait fait constat quand
même assez accablant, là, de la... du régime de compensation pour les milieux
humides et hydriques, et vous venez dire : Bien, dans le fond, le projet
de loi, ça ne répond pas aux constats qui sont soulevés. Donc, j'aimerais que
vous en parliez davantage.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui.
Donc, pour continuer...
Des voix : ...
Mme Ellefsen (Ann) : Donc, ce
qui ressort de ce rapport-là, pour bien qu'on soit tous sur les mêmes... c'est
une capacité, d'une part, limitée d'assurer les mesures de suivi. Ce qu'on
comprend, c'est que plus de la majorité des dossiers dans lesquels il y a des
autorisations ne sont pas suivis dans les 10 prochaines années. Donc,
quand on parle de minimisation, c'est d'avoir des autorisations mais qui
n'auront probablement pas de suivi. Donc, ça aussi, ça nous inquiète. Et les
difficultés de mise en œuvre des compensations, donc on... il y a beaucoup de
fonds qui ont été accumulés mais qui n'ont jamais... ça ne s'est pas traduit
dans le projet de restauration et de création, et donc ce qui nous invite
encore plus, dans ce contexte-là, de prioriser la protection, donc l'évitement,
et de ne pas rajouter «au maximum», de ne pas diminuer, puisque les trois
autres... les deux autres paliers, bien, les constatations qu'on voit à cet
effet-là, c'est qu'ils ne sont pas... n'offrent pas suffisamment de balises
pour qu'on soit convaincus que les mesures d'évitement ou les mesures de suivi
vont être faites, les mesures de minimisation puis les mesures de compensation,
donc...
Mme Paul (Geneviève) : Si je
peux me permettre d'ajouter, vous le savez, là, c'était vraiment important et
majeur, l'intégration dans le cadre législatif en 2017, de cet objectif là de
zéro perte nette, on venait reconnaître quelque part que c'est dramatique, la
situation des milieux humides et hydriques, qu'on n'en a pas pris soin, et on
l'avait applaudi, bien sûr, parce que c'était nécessaire puis, bon, le
législateur a fait preuve de leadership en intégrant cet objectif-là. Mais, du
même coup, le CQDE, à la même époque, avait aussi émis une réserve avec cette porte-là
qui s'ouvrait au niveau de la possible compensation, puis on avait dit :
Bien là, on craint quand même qu'ici ça ne s'accompagne pas des résultats qu'on
souhaiterait voir. Et là, bien, les années ont eu raison, donc, de cette
crainte-là, malheureusement, la commissaire le rappelle, ça n'a pas fonctionné.
Là, je comprends qu'on veut aussi essayer... puis on n'est pas insensibles à
ça, là, on veut essayer aussi d'utiliser différemment les fonds, bon, pour la
compensation ailleurs, etc. On comprend. Mais le message qu'on veut qu'on porte
aujourd'hui, c'est : La loi autorise de refuser des projets. C'est
possible, c'est dans la loi et il faut le faire. On doit le faire. Là, on
n'accorde pas d'attention, voire on dilue avec l'ajout de certaines expressions,
la séquence, puis le premier verbe de la séquence, c'est le plus important.
Mme Dufour : C'est ça. Donc,
à votre connaissance, est-ce qu'il y en a des projets qui ont été refusés?
Parce qu'on est loin, loin, loin du zéro perte nette, là, selon les constats. À
quel moment on s'en sert de cette option-là?
Mme Ellefsen (Ann) : Bien, on
n'a pas les données, on peut juste se baser sur...
Mme Ellefsen (Ann) : ...ce
rapport de la commissaire relativement à ça qui nous dit que... oui.
Mme Paul (Geneviève) : Le
rapport de la commissaire, des enquêtes dans les médias, bon, qu'il montre,
mais on nous dit qu'il y en a certains qui sont refusés. Sauf que les... la
réalité sur le terrain, bien, dénote une autre... une tout autre... bien, pas
d'amélioration, en fait, pour les milieux humides et hydriques.
Mme Dufour : Oui, et vous
soulevez une autre inquiétude, c'est que non seulement on tend à aller vers la
compensation généralement, mais là vous soulevez qu'en plus le gouvernement
pourrait décider si des mesures de compensation sont exigibles. Donc là, ça
veut dire qu'il y aurait même des projets qui ne seraient même plus tenus de
payer cette compensation-là.
Mme Ellefsen (Ann) : Bien,
justement, à l'introduction de l'article 31.5.1, donc, qui touche en fait les
projets à fort impact environnemental, on voit qu'en fait la modification
prévoit des pouvoirs discrétionnaires d'exiger ou non des mesures de
compensation. Et là c'est le truchement de plusieurs articles qui se
chevauchent, là, mais j'essaie de mettre ça en termes clairs, mais donc 31.5.1
prévoit que «lorsqu'un projet porte atteinte à des milieux humides, le
gouvernement peut décider», donc «peut décider si des mesures de compensation
sont exigibles».
Et là, on modifie aussi 46.0.5, qui
prévoyait déjà que les mesures étaient obligatoires dans des cas où on touchait
à certaines mesures, mais là, on la rend conditionnelle à 31.5.1. Et là on
modifie aussi 46.0.11, qui vient nous dire... en fait, on l'abroge, cette
modification-là qui nous disait que le gouvernement avait la possibilité de
soit aller dans une mesure de compensation financière ou soit des travaux.
Donc, la lecture des trois nous laisse penser, en fait, qu'on s'arroge un
certain pouvoir dans certains cas, puis on enlève des pouvoirs de mesures de
compensation obligatoires. C'est la lecture qu'on en fait, mais ce n'est pas
forcément... ce n'est pas la bonne lecture. Mais.
Mme Dufour : Dans votre
perception, là, vous dites : C'est un recul significatif dans le régime,
selon votre compréhension. Et vous mentionnez plus loin que le calcul de
compensation devrait toujours constituer un seuil minimal, parce que là il y a
aussi d'autres éléments, il y a un pouvoir discrétionnaire permettant
d'utiliser une méthode de calcul différente, si ce n'est pas adapté au
contexte.
Mme Ellefsen (Ann) : On
rajoute un pouvoir de discrétionnaire sur l'éligibilité de la compensation,
mais aussi sur le calcul. Donc, dans ce contexte-là, on n'exclut pas l'idée de
donner plus de flexibilité, mais que ce soit... que le règlement qui prévoit le
calcul soit le plafond, donc, qu'on aille au-dessus, mais qu'on n'aille pas en
dessous. Et, actuellement, la lecture qu'on en fait, c'est que ce n'est pas
précisé. Donc, si on veut se donner la flexibilité, certes, mais que ce ne soit
pas en diminuant, que ça soit en augmentant.
Mme Dufour : Et donc là,
selon votre perspective, est-ce que vous croyez que la façon qu'actuellement
c'est proposé, le régime, avec le projet de loi n° 81, est-ce qu'on va
s'améliorer ou la situation va même dégrader pour les milieux humides?
Mme Paul (Geneviève) : ...une
dégradation, avec ce qu'on comprend du projet de loi. En soi, c'est même, je
vous dirais, problématique que ça soit si compliqué de comprendre les
ramifications, les impacts potentiels, là, sur les milieux humides et
hydriques, mais la faune, la flore aussi. Mais, de manière générale, on y
analyse un éloignement encore plus important, là, du principe d'évitement,
notamment. Et le projet de loi gagnerait à préciser à différents endroits,
justement, que, si on veut se doter d'une flexibilité, par ailleurs, bien, il
faut, dans le fond, clarifier que ce qu'on veut, c'est quand même une meilleure
protection, c'est ça, l'objectif qui a été annoncé. Donc, il y a différents
endroits où ça pourrait être clarifié pour s'assurer qu'on y va avec un
plancher minimal pour la compensation, que ça ne peut pas vouloir dire une
compensation moindre, etc. Donc, le projet gagnerait à être clarifié à
différents endroits à cet égard.
Mme Dufour : Merci. Et je
vais vous poser une dernière question... bien, en fait, peu- être deux, là,
puis après je vais passer la parole à ma collègue. Mais vous avez... Il y a
comme un régime similaire qu'on semble vouloir mettre en place pour les...
bien, en fait, là, floristique, là. Donc, je voudrais vous entendre là-dessus,
parce qu'auparavant il fallait compenser, c'est-à-dire restaurer, mais là on
ouvre la porte à une compensation financière. Donc là, on aurait finalement la
possibilité d'avoir des pertes, au lieu d'avoir zéro perte nette, on aurait des
pertes réelles et... alors qu'on a signé un accord de commerce de... Montréal.
Est-ce que... Comment vous voyez ça, ce risque-là?
Mme Ellefsen (Ann) : Donc,
sur les espèces floristiques, donc, c'est un exercice de discrétion qui, comme
on le disait tout à l'heure, qui ne nous ne rassure pas. D'une part, on ouvre
la porte, donc, on autorise des atteintes supplémentaires, encore là, dans un
contexte d'espèces qui sont déjà menacées, qui sont déjà vulnérables. Donc, il
faut protéger, et donc, on les autorise, on...
Mme Ellefsen (Ann) : ...on
s'ouvre une porte supplémentaire. Et, le cadre qui l'encadre, bien, qui le
propose ne prévoit pas... bien, prévoit des mécanismes de compensation. Donc,
on... comment on appelle ça? Des habitats de remplacement. Or, la science
semble claire à cet effet-là, ce n'est pas des mesures de conservation. C'est
des mesures de sauvegarde qui sont très risquées. Donc, la science n'appuie pas
ces mesures-là comme une mesure de conservation. Donc, dans ce contexte-là, on
voit mal l'objectif, là.
Mme Dufour : Et, selon vous,
est-ce que c'est en accord avec les objectifs que le Québec a pris avec... lors
de la COP15?
• (16 heures) •
Mme Paul (Geneviève) : Non,
pas en accord avec les objectifs mais non... ni même avec les propres objectifs
qui sont déjà au sein de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables au
Québec, donc, en plus des accords internationaux. Puis ça nous préoccupe parce
qu'on avait déjà alerté aussi sur les risques liés à la transplantation. Donc
là, on vient d'une part dire : Bien, c'est interdit, mais juste... pour,
juste après, se donner le pouvoir discrétionnaire d'y aller quand même selon,
bon, certains critères qui ne sont pas suffisamment balisés, à notre avis.
Donc, on était inquiets parce qu'on avait déjà alerté là-dessus, puis là, on
voit que finalement, bon, le projet de loi vient peut-être rendre ça encore
plus facile et certainement pas souhaitable, encore une fois, je le rappelle,
ni pour la transition énergétique ni pour la société québécoise, parce qu'on
parle là d'espèces qui sont déjà menacées ou vulnérables. Puis on sait que les
crises sont liées. Donc...
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Je vais céder le reste de notre temps à la collègue, la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Notre-Dame-de-Grâce.
Merci, merci, Mme la Présidente. Alors, oui, j'enchaîne sur les questions de ma
collègue, justement, cette... ces enjeux de transition énergétique. D'ailleurs,
vous avez dit... vous avez dit : On... Ce projet de loi risque de
sacrificier la biodiversité sous prétexte de transition énergétique. Je
reprends un peu vos propos. Tout le monde comprend que, la transition
énergétique, c'est... c'est essentiel, c'est important pour atteindre la
carboneutralité. Mais on comprend qu'aussi la biodiversité est importante en
soi, mais aussi ça nous aide aussi à atteindre la carboneutralité. Alors,
est-ce que vous pouvez nous parler justement... Parce que, vos préoccupations,
ça relève de la participation citoyenne et aussi de la protection de la
biodiversité, on a des enjeux majeurs et aussi des cibles assez importantes au
Québec vis-à-vis la biodiversité, alors est-ce que ce projet de loi... En tout
cas, j'aimerais plus vous entendre là-dessus, comment concilier la transition
énergétique, protection de la biodiversité et participation citoyenne.
Mme Paul (Geneviève) : Tout à
fait. Bien, justement, en se dotant de mécanismes robustes qui nous permettent
à la fois de consulter la population, de regarder les impacts en amont et les
impacts tant au niveau climatique que de la biodiversité. Puis vous mettez le
doigt sur un point important, quand on estime que les balises ne sont pas
suffisamment claires dans le projet de loi. Et ça ouvre la porte à un pouvoir
discrétionnaire trop large. On fait, entre autres, référence à ce critère-là,
qui dit : Bien, si l'intérêt du public... l'intérêt public le justifie, on
pourrait l'envisager par exemple si ça s'inscrit dans la transition énergétique
ou que c'est stratégique.
Puis là, ça soulève des questionnements
importants pour nous, parce qu'on craint, donc, que ça ouvre la porte à
l'autorisation de projets qui ne vont... qui ne prennent pas en considération,
donc, ces polycrises auxquelles on fait face. Et on est dans un contexte où on
sait qu'on n'a pas... on n'a pas eu cette discussion-là, cette conversation-là
sociétale sur c'est quoi cette vision de la transition, et là je vais mettre
pas juste énergétique, mais écologique, qui passe donc nécessairement par une
transition énergétique, cette conversation-là sur la sobriété énergétique, elle
n'a pas eu lieu. Donc, est-ce qu'on craint véritablement que c'est... la
possibilité, là, d'ouvrir la voie à par exemple un «fast track», en bon
français, donc une procédure accélérée, si ça découle par exemple d'une
évaluation régionale ou sectorielle déclenchée par un promoteur, par exemple,
pour faire une série de projets sur un territoire, parce que ça s'inscrit dans
la transition énergétique? Pour nous, ça, c'est... c'est... c'est inquiétant.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre l'échange avec le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition pour deux minutes quatre secondes.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Bravo pour tout le travail que vous faites au
CQDE. Je sais que vous êtes très près des citoyens et citoyennes qui se battent
dans à peu près... par toutes les régions du Québec.
Dans mon quartier, justement, dans
Hochelaga-Maisonneuve, on a eu a maille à partir, et nous avons toujours maille
à partir, avec Ray-Mont Logistiques. Et on avait plaidé pour que le ministre
utilise son pouvoir discrétionnaire pour déclencher un BAPE, parce que, soi-disant,
ça ne respectait pas les critères. Donc, il ne l'a pas utilisé à ce moment-là,
mais il avait le pouvoir de le faire. On imagine donc que, dans ce cas-ci,
c'est un discrétionnaire qu'on aime, dans le sens où il pourrait aller au-delà
de la loi. Mais là, ce que je déduis de votre mémoire, c'est que le
discrétionnaire qui est rajouté, ce n'est pas un discrétionnaire qui nous...
16 h (version non révisée)
M. Leduc : ...qui nous rassure
du tout, c'est un discrétionnaire qui nous inquiète. Est-ce que j'ai bien
compris?
Mme Paul (Geneviève) : Oui.
Puis il faudrait... bien, oui, tu pourras compléter. On n'est pas contre... le
recours au pouvoir discrétionnaire de manière générale, mais il faut que ça
soit bien sûr balisé pour que ça soit prévisible, entre autres aussi, mais pour
qu'on s'assure que ce n'est pas contraire aux objectifs de la loi. Et là vous
faites référence à un exemple, là, par rapport à un projet, là, et la... cette
possibilité-là de déclencher un BAPE. Le BAPE a été aussi, disons, malmené, où
on a... Il y a eu beaucoup de déclarations publiques qui ont sous-entendu que c'est
long consulter la population. Et ça, pour nous, c'est aussi une pente glissante
dangereuse. C'est essentiel de consulter la population. On a des mécanismes,
des institutions, qui font d'ailleurs la fierté... du Québec et que d'autres
provinces regardent avec envie. Et là, en plus, on prévoit déjà des façons d'aller
plus vite, sans sacrifier donc la qualité du processus, qui est notamment mené
par le BAPE. Il faut... Et c'est essentiel de préserver ces espaces-là et de s'assurer
que la population soit consultée dans le cadre des nombreux projets, là, qui
sont envisagés sur le territoire.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui,
est-ce que... si j'ai le temps?
M. Leduc : Oui, bien sûr.
Mme Ellefsen (Ann) : Oui. En
fait, juste pour rajouter sur la question de la biodiversité, les... pour
recouper les différentes questions, mais aussi, dans ces évaluations
sectorielles, ce qui est... ce qui est pertinent, c'est que ça nous permet d'établir
les seuils puis se doter de critères fixes, clairs pour tout le monde de
pouvoir les habiter, de dire : Notre territoire peut recevoir quoi, pour
répondre notamment à cette crise de la...
La Présidente (Mme Blouin) : C'est
tout le temps qu'on a pour cette portion.
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, à votre tour d'avoir deux minutes quatre
secondes.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Oui. Merci pour votre mémoire, merci pour votre
présentation, pour toutes les réponses que vous avez offertes aussi. Là, je...
Il y a tellement de thèmes qu'on pourrait aborder, mais je vais commencer avec
le principe. Vous avez parlé du principe de prévention, prévention, précaution.
Est-ce qu'on parle de la même chose par rapport à l'évitement? C'est de ça qu'on
parle?
Mme Paul (Geneviève) : Bien,
en fait, le principe de prévention, c'est celui qui... c'est celui sur lequel
est assis la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est-à-dire de vraiment
considérer les impacts d'un projet avant d'aller de l'avant. Le principe de précaution,
c'est relié, mais c'est par exemple de ne pas aller de l'avant en cas de doute,
là. Par exemple, s'il n'y a pas de certitude scientifique, bien, on ne va pas
de l'avant, on... L'idée, c'est de se retenir plutôt que d'aller trop vite. Et
là, bien, ça ne va pas dans ce sens-là, qu'est-ce qui est proposé.
M. Arseneau : D'accord. On
comprend que, dans ce projet de loi là, on veut aller plus rapidement, c'est ce
qu'on... Est-ce que le problème, c'est plus général? Ma question : Mais
est-ce que le problème, au Québec, c'est ce qu'on... Est-ce qu'on est trop
sévère, ou est-ce qu'on prend trop de temps, ou est-ce qu'on pourrait faire ça
rapidement, rigoureusement et rapidement? Si... je ne sais pas si vous pouvez
comparer avec d'autres juridictions. Parce que, souvent, on nous dit :
Bien, ça prend beaucoup de temps, mais ça semble être... pas nécessairement lié
au fait qu'on est rigoureux, mais par rapport au fait qu'on n'a pas les
ressources nécessaires pour faire l'étude des projets de loi en temps voulu, en
temps utile.
Mme Paul (Geneviève) : Bien,
vous anticipez, là, une partie de la réponse, en fait, de dire, on... Il y a
une question de ressources d'investissement pour accompagner les équipes. On le
sait, que les ministères font un énorme travail. On peut investir les
ressources, mais pas besoin d'assouplir. Ça fait des années qu'on assouplit, qu'on
allège. Regardez, bien, au niveau environnemental, le résultat. On est loin de
respecter les objectifs qu'on s'est fixés dans la loi. Puis ça va coûter cher à
la société aussi. Ce n'est pas les crises auxquelles on fait face. Donc, il y a
vraiment certainement moyen d'être rigoureux et de renforcer. En fait, au
contraire, le cadre législatif, il faut le renforcer, ce n'est pas...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci.
Mme Paul (Geneviève) : ...il
faut cesser de voir ça comme une contrainte.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Je dois conclure les échanges. Alors, un grand merci pour votre
contribution à nos travaux.
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 08)
(Reprise à 16 h 12)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du Regroupement des
organismes environnementaux en énergie. Merci d'être là. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi on va enchaîner
avec la période d'échange. Donc, je vous invite sans plus tarder à vous
présenter et à ensuite enchaîner avec votre exposé.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Messieurs, mesdames les
députés, bien, merci de nous accueillir. Ça nous fait très plaisir d'être ici
et de venir vous entretenir de nos positions sur le projet de loi n° 81.
Je suis Jean-Pierre Finet, je suis analyste et porte-parole du Regroupement des
organismes environnementaux en énergie, qui regroupe 10 groupes
environnementaux, dont Nature Québec, Fondation Rivières, l'Association
québécoise des médecins pour l'environnement. Et vous avez toute la liste dans
notre mémoire. Et je suis accompagné aujourd'hui de Maître Gabrielle Champigny,
de l'étude Franklin Gertler. Et on a... on va vous présenter un peu les grandes
lignes de notre mémoire et... pour répondre à vos questions par après.
Donc, nous, le ROEI, on intervient surtout
à la Régie de l'énergie, dans les dossiers d'Hydro-Québec et d'Énergir, et
aussi dans les BAPE et dans quelques commissions parlementaires. On a fait ici
le p.l. 41, 34, le p.l. 2, le p.l. 69, puis on est ici aujourd'hui.
Les... on va aborder aujourd'hui sur... dans notre mémoire, là, on a abordé
trois thèmes principaux, dont les modifications à la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement, la cohabitation des réglementations
provinciales et municipales en matière d'environnement et la mise en place
d'une norme zéro émission pour les véhicules lourds. Là-dessus, je passe la
parole à ma collègue.
Mme Champigny (Gabrielle) : Bonjour
à tous. Donc, je veux souligner d'emblée que le projet de loi
n° 81 qu'on étudie ici, bien, il est... il a été étudié de façon
concomitante avec le projet de loi n° 69 sur l'énergie. Il y a une
connexité entre les deux qu'il faut... dont il faut tenir compte. Puis, dans
notre mémoire, le mémoire du ROEI sur le projet de loi n° 69, on avait
insisté sur la planification intégrée des ressources, qui est un principe
cardinal, pour identifier les meilleures solutions possibles pour s'attaquer à
la crise climatique.
Dans le cadre du projet de loi n° 81
ici, les projets énergétiques qui sont touchés par les modifications prévues à
la procédure d'évaluation environnementale doivent aussi se concevoir sous ce
même angle de planification intégrée pour une simple et bonne raison....
Mme Champigny (Gabrielle) :
...pour éviter de se retrouver avec des projets morcelés autorisés à la pièce
puis analysés dans l'urgence.
Le plan intégré des ressources
énergétiques devrait être la première étape. Il est déjà prévu dans le projet
de loi n° 69. Vous n'avez pas besoin du projet de loi n° 69 pour en
adopter un, mais on considère que ça devrait être la première étape. Puis comme
ça, on se prémunirait contre les risques d'autoriser des travaux préalables
pour des projets qui ne répondent pas, au final, réellement au grand chantier
de lutte contre la crise climatique au Québec pour atteindre nos cibles. Puis
on se prémunirait aussi contre les risques... en soi le fait de court-circuiter
la procédure d'évaluation environnementale au profit d'une efficience.
On vous invite donc à exiger l'adoption
préalable du plan intégré de planification des ressources, puis à mieux
encadrer aussi la discrétion excessivement large, il faut le dire, prévue à
l'article 31.4.3 de la LQE, proposé par l'article 88 du projet de
loi.
Puis, une façon d'y arriver, ce serait de
préciser les objectifs de transition énergétique qui sont visés. Ils sont...
Ils sont très... C'est très large, cette formulation-là, «l'intérêt public»,
même chose. Donc, je renchéris sur ce qui a été dit un peu plus tôt, mais ce serait
important de bien baliser cette discrétion-là.
Parce qu'en plus de ça, bien, la
concentration de pouvoir qu'induit l'article 31.4.3 est préoccupante sans
balises pour éviter de favoriser l'industrialisation au détriment d'une
véritable décarbonation. Même si Hydro-Québec prévoit 75 % d'électricité,
de nouvelle électricité qui irait à la décarbonation dans son plan
d'action 2035, en réalité, Hydro-Québec a peu de contrôle là-dessus. Parce
que, récemment... moins récemment maintenant, en 2023, dans le projet de loi
deux, il y a un pouvoir qui a été accordé au ministre de l'Énergie d'autoriser
des blocs de puissance de cinq mégawatts et plus. Puis l'expérience récente par
rapport à ces... l'exercice de ce pouvoir-là nous a montré que ce n'est pas
très glorieux au niveau des réductions de GES. Donc, on a ça d'un côté, puis
là, on vient encore renforcer les pouvoirs du gouvernement puis du ministère de
l'Environnement de favoriser certains projets dans le projet loi 81. Donc,
le ROEE craint que les décisions largement discrétionnaires et à la pièce
favorisent l'industrialisation au détriment de la transition énergétique qu'on
voulait ordonner et de la planification intégrée que commande le projet de loi
n° 69.
M. Finet (Jean-Pierre) : Maintenant,
en ce qui a trait à la cohabitation des réglementations provinciales et
municipales en matière d'environnement, bien, vous savez que... bien, en tout
cas, plusieurs, j'imagine, d'entre vous savent qu'on collabore de très près,
nous, le ROEE, avec, entre autres, la coalition Sortons le gaz!, avec qui on
est membre, on collabore beaucoup avec le milieu municipal, les maires et les
fonctionnaires municipaux de plusieurs municipalités au Québec. On a beaucoup
aidé à l'adoption de règlements pour bannir le gaz dans la nouvelle
construction, qui a mené, entre autres, à l'annonce... bien, en tout cas qui a
inspiré le ministre, selon le communiqué de presse, là, à bannir le gaz dans
l'ensemble des bâtiments de 600 mètres carrés et trois étages et moins. Et
donc, c'est ça, c'est un sujet qui nous... qui nous intéresse particulièrement.
Donc, les compétences municipales en
environnement sont utilisées par plusieurs municipalités pour innover afin de
contribuer à la réduction des GES, notamment en limitant l'utilisation des combustibles
fossiles dans la chauffe de bâtiments.
L'abrogation du principe de préséance des
règlements provinciaux est réclamée depuis longtemps par les autorités
municipales afin de réduire le risque de poursuites judiciaires et d'alléger le
fardeau administratif des municipalités, souhaitant adopter des normes plus
contraignantes en matière de l'environnement.
Donc, selon nous, la... bon, je prends une
citation de M. le ministre dans son mémoire au Conseil des ministres : «La
modification proposée est mitoyenne puisqu'elle vise à recourir, dans la mesure
du possible, au principe de conciliabilité, tout en maintenant la possibilité
de conserver la préséance de la réglementation provinciale sur la
réglementation municipale pour certains sujets.»
Vous allez me dire, quand il reste moins
de deux minutes, s'il vous plaît, juste pour être certain de pouvoir passer
tout. Donc, il n'est pas possible de savoir à ce stade-ci quels sujets
demeureraient visés par...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...visé
par la règle du même objet, évacuant toute réglementation municipale au profit
de normes édictées par le gouvernement provincial. Donc, nous, on déplore cette
incertitude qui s'harmonise mal avec le rôle des municipalités comme fiduciaires
de l'environnement reconnu par les tribunaux et l'interprétation large et
généreuse de leurs pouvoirs. Et on vous donne à la page 12 un extrait d'un
jugement de la Cour supérieure qui dit que, par rapport à
l'article 18.3.3... 118.3.3 de la LQE, cette disposition doit recevoir une
interprétation restrictive afin de protéger la sphère d'intervention des
municipalités, dont l'existence même le reflète, le fait qu'il est généralement
reconnu comme souhaitable du point de vue de l'intérêt public de...
La Présidente (Mme Blouin) : Il
me reste deux minutes.
• (16 h 20) •
M. Finet (Jean-Pierre) : ...merci,
de permettre, au niveau... au niveau... le gouvernement le plus proche des
citoyens de répondre aux problèmes principalement locaux. Donc, en plus de ça,
le règlement vise aussi les bâtiments... une section particulière, le 11...
dans 118.3.3.1, qui a... qu'on vient modifier à la LQE, bien, qu'on dit, malgré
l'article 118.3.3, le ministre peut approuver une disposition de la
réglementation de la CMM. Et donc nous, on accueille favorablement cette
ouverture-là. Mais le règlement de la CMM devait entrer en vigueur le
1er janvier de cette année et, à notre connaissance, il n'est toujours pas
en vigueur. La différence entre l'annonce que vous avez faite pour les
bâtiments résidentiels et celui de la CMM, c'est à... celui de la CMM couvre
aussi les bâtiments... O.K., bon, commerciaux, institutionnels. Et, là-dessus,
lors du p.l. 41, je vous avais dit que le... le logement du premier
ministre Québec est chauffé avec un accumulateur à l'édifice Price, qui a
17 étages puis qui est plus que... et donc qui a sorti le gaz en 2020,
puis qui fonctionne très bien, puis qui n'impacte pas la pointe.
Dernière chose, sur les véhicules lourds,
puis là je vais aller très vite. Le projet... l'étude... l'analyse d'impact
réglementaire prévoit qu'en 2030 il va y avoir 10 000 tonnes de plus
d'hydrogène et 30 000 tonnes en 2035 pour déplacer... pour la
motorisation des véhicules lourds. Et, bien, on... Nous, on vous donne une
citation-là, là, entre autres, là, comme quoi il n'y a pas de camion qui existe
encore à l'hydrogène. C'est très peu probable que ça, ça arrive. Et
parallèlement, bien, TES Canada, à Shawinigan, prévoit autoproduire, là,
1 000 watts... excusez, 1 000 mégawatts, en plus du
150 mégawatts d'Hydro-Québec qu'il a reçu, pour produire
30 000 tonnes d'hydrogène à partir de 2028. Donc, nous, on soupçonne
qu'il y a une majorité de cette production-là qui devait aller aux transports,
va se retrouver en Europe pour aller décarboner l'Europe sous forme de... de
gaz naturel renouvelable artificiel.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, merci pour votre présentation. On débute les échanges avec M.
le ministre pour une durée de 14 minutes 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À vous deux, merci pour votre présence mais également votre
éclairage.
Vous avez mentionné, dans les derniers
instants, TES Canada sans aborder le sujet, là, que je souhaitais aborder avec
vous. Dans votre mémoire, là, vous semblez craindre que les dispositions
souhaitées au niveau des études préalables viennent favoriser un projet comme
TES Canada. On a eu l'occasion d'aborder la question avec les groupes qui vous
ont précédés, mais votre inquiétude permet d'y revenir peut-être avec encore
plus de précision. Ce n'est pas le type de projet qui serait admissible à des
travaux préalables. C'est bien mentionné. Ça doit être des ministères,
notamment, principalement - puis on ne s'en cache pas - Hydro-Québec. Mais ce
n'est pas pour des projets privés. Même des projets privés qui développeraient
des énergies renouvelables ne seraient pas admissibles.
Et, la beauté des consultations... Elles
débutent aujourd'hui, hein? Si vous suivez un petit peu les travaux, pour avoir
lu plusieurs des mémoires, là, qui nous seront présentés, il y a bien, bien des
groupes qui nous demandent d'élargir cette admissibilité-là aux projets
préalables, notamment pour des projets d'énergie renouvelable. Ce n'est pas
l'intention du projet de loi n° 81. Pour être bien certains, là, de
baliser, de se donner, en quelque sorte, la chance de démontrer que c'est
possible, d'y aller avec des travaux préalables, sans affecter, là, de façon
conséquente l'environnement, au contraire, en ayant une préoccupation pour
l'environnement. Donc, je tenais à vous rassurer sur la fameuse question des
travaux préalables, mais je vous invite à écouter les groupes qui vont suivre.
Même aujourd'hui, je devine que certains nous demanderont de l'élargir encore
davantage, mais je trouvais important, là, de vous faire la précision suivante.
Sinon, au niveau des besoins en énergie,
qui vont s'accroître au cours des prochaines années, vous connaissez tous les
deux très, très bien les ambitions d'Hydro-Québec, ambitions que l'on appuie.
On a...
M. Charette : ...de cette
production augmenter. Tout à l'heure, vous disiez essentiellement 75 % de
la nouvelle production servirait à décarboner, quoique vous mettiez peut-être
en doute le pourcentage réel. Dans les faits, on sait qu'il y a une grande
partie de cette nouvelle production qui sera dédiée à la décarbonation. Mais,
même pour le pourcentage résiduel, on en a besoin. Vous avez suivi, au cours
des dernières semaines, des derniers mois, il y a plusieurs projets qui avaient
beaucoup de mérite, qui, malheureusement, à ce moment-ci, n'ont pas pu être
retenus, faute de garantie de disponibilité énergétique. Donc, pour le
gouvernement, développer un potentiel énergétique, développer l'économie
québécoise, c'est aussi fort valable et nécessaire à ce niveau-là. Est-ce que
vous tenez à ce que ce soit... 75 %, pardon, de façon stricte, ou vous
reconnaissez aussi l'importance, là, de permettre le développement économique?
Beaucoup, en région, actuellement, se plaignent ou sont déçus de voir que leurs
projets sont quelque peu reportés, là, compte tenu de la disponibilité qui
n'est pas confirmée à ce moment-ci.
M. Finet (Jean-Pierre) : Je
voudrais vous rassurer, M. le ministre, je ne parlais pas TESS, puis je ne
parlais pas de Northvolt non plus dans ce sens-là, as du tout. Mais c'est
l'allocation de blocs de puissance à l'industrialisation, plutôt... et dans les
proportions qui n'étaient pas convenues, là, justement. Si, au moins, on
respectait 75-25... Moi, je pense que ce n'est pas assez, ça devrait être plus
que 75-25, ça devrait être 85-15. Mais, admettons, admettons qu'on respecte,
qu'on dit que ça va être 75-25, bien d'accord, mais ce n'est pas ça qui se
passe en ce moment. Et donc on assiste un peu à ce qu'on pourrait dire un
détournement de mégawatts qui devait aller à des entreprises, par exemple,
comme les Forges de Sorel et qui vont plutôt à l'industrialisation, à la
nouvelle industrialisation qui réduit zéro les GES au Québec, là.
Donc, c'est surtout sur cette
perspective-là. C'est pour ça qu'on dit que ça prend un plan intégré des
ressources. Moi, je n'ai rien contre le développement industriel, ça en prend,
sauf que la priorité prioritaire devrait être la réduction des GES, parce qu'on
a beau avoir une activité économique, si on n'est pas capable de respirer, ce
ne sera pas mieux si la planète brûle puis si on a des inondations à tout bout
de champ, tout ça. Donc, c'est, au moins, ce respect-là de cette
segmentation-là qu'on veut. Mais, par rapport à l'autoproduction, ça, c'est
l'autre enjeu de TESS, là, et par rapport TESS, bien, ce qui m'inquiète, moi,
c'est que, justement, on va avoir, par exemple, alloué 150 mégawatts, qui ne
contribuera pas nécessairement à la décarbonation du Québec. La production d'hydrogène,
en soi, ça ne décarbone rien, là. C'est le remplacement de combustible fossile
avec l'hydrogène qui, lui, va être un projet de décarbonation. La production
d'hydrogène, c'est un projet d'industrialisation.
M. Charette : Et on est en
faveur et c'est là où on n'est pas toujours obligé d'être d'accord. On est en
faveur des grands projets industriels aussi, dans le respect de notre
réglementation environnementale, c'est bien certain, mais le Québec doit créer
de la richesse. On le voit jour après jour. Il y a des besoins immenses en
matière de santé, d'éducation, et tout ça. Donc, oui, décarboner, je suis le
premier à souhaiter poursuivre les efforts à ce niveau-là, mais aussi je fais
partie, je l'assume, d'un gouvernement pour qui le développement économique et
aussi en région sont fondamentaux. Donc, j'espère vous avoir rassurés sur les
travaux préalables. Vous disiez ne pas aborder la question de Northvolt, si
vous étiez du groupe précédent... ou si vous avez entendu nos échanges avec le
Conseil du droit en environnement, j'ai aussi mentionné que des projets, comme
Northvolt, ne se qualifieront pas non plus pour les travaux préalables, c'est
réellement balisé, réservé. Encore une fois, il y a des groupes, dans quelques
instants, qui vont nous dire qu'on devra l'étendre.
Au niveau des municipalités, vous disiez
que c'était un pas dans la bonne direction, mais qu'on ne va peut-être pas
assez loin. Vous avez peut-être entendu ce matin, nous avons eu le privilège
d'entendre et FQM, UMQ, qui se disent très satisfaites de ces dispositions-là.
Même la FQM disait : Oui, mais, en même temps, on veut garder notre
possibilité d'échanger avec le ministère de l'Environnement pour pouvoir réagir
à certaines circonstances. Donc, on a, je crois, répondu à l'essentiel de leur
demande historique. Moi, ça fait six ans que je suis dans ces fonctions-là, ça
fait six ans que ces pouvoirs sont demandés. Donc, tant mieux si on a pu
répondre à leurs préoccupations. Et, encore là, c'est la recherche d'équilibre.
Nous allons entendre, dans les prochains jours, des groupes qui s'inquiètent de
ces pouvoirs-là aux municipalités...
M. Charette : ...tout le temps
la difficile recherche d'équilibre. Mais l'important, c'est que le milieu
municipal se sente entendu à travers les... les dispositions, là, qui sont
proposées dans le projet de loi.
Au niveau du gaz naturel, dans le
bâtiment, vous demandiez le règlement de la CMM, où on en est. On est en
discussion avec la CMM, naturellement, l'UMQ, FQM. Vous avez vu ce qui a été
proposé, avec une entente, pour moi, qui est drôlement, drôlement intéressante.
Dans un même communiqué de presse, avoir Hydro-Québec, avoir Énergir, avoir le
ministère de l'Environnement, c'est assez inusité, mais ça veut dire qu'on
progresse dans... dans la bonne direction.
Là, j'ai des collègues qui veulent
commenter. J'aurais aussi d'autres questions. Vous avez la possibilité de
commenter ce que j'ai mentionné, mais, sinon, je vais passer la parole à mes
collègues, là, pour prendre le relais.
• (16 h 30) •
M. Finet (Jean-Pierre) : ...j'aimerais
bien vous dire qu'il ne faut pas nécessairement opposer décarbonation et
création de richesse, là, au contraire. Puis la création de richesse, ce n'est
pas juste d'attirer des entreprises internationales, puis là donner un gros
paquet de blocs de puissance, là. Dans le rapport que Dunsky vous a fait sur
les trajectoires, en 2019, je pense, ils disaient que, si on implantait les 25
térawattheures, à l'époque, de potentiel d'économie d'énergie parce qu'on va
installer des thermopompes, on va rénover des maisons, etc. on va encourager la
PME puis on améliorerait notre PIB de 4 milliards de dollars
d'ici 2030. Donc, il y a moyen de créer de la richesse en décarbonant, en
faisant... puis je pense que c'est... c'est... justement, l'impact est double.
On devrait d'abord prioriser la décarbonation intelligente, efficace et
profitable à la... à la richesse québécoise.
M. Charette : Très d'accord
avec vous pour dire qu'on peut favoriser la richesse en décarbonant. C'est
essentiellement le... le but, là, de... du Plan pour une économie verte, avec
les mises à jour qui sont faites annuellement. Concernant les thermopompes...
et là je ne veux vraiment pas amputer le... sur le temps de... de mes
collègues, mais sur les thermopompes, Hydro-Québec a développé des... des
programmes à ce niveau-là. L'important, c'est d'éviter les dédoublements, faire
en sorte que chacun des programmes apporte le plus de résultats possible. Mais
d'accord avec vous sur le principe, mais je pense qu'on a pu démontrer, là,
avec les projets qui ont été appuyés, qu'on peut dans bien des cas, faire...
faire les deux. Et on aura des projets industriels qui n'auront pas de visées
au niveau de la décarbonation, mais qui vont nous aider aussi à développer nos
régions, ce qui est fondamental également.
Donc, merci, j'irai vous serrer la main
dans quelques instants, mais, pour ne pas prendre tout le temps, j'ai des
collègues qui vont intervenir pour... pour les minutes restantes.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, M. le député de Masson, il vous reste
4 min 45 s.
M. Lemay : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je vais vous amener à la section II de votre
mémoire. À 2.1, là, vous voulez parler de l'approche discrétionnaire à l'égard
de la préséance de la réglementation provinciale, plus particulièrement en lien
avec l'article 118.3.3 de la LQE. Et puis, dans le fond, quand on lit votre
section 2.1, là, tu sais, on voit, là, que, dans le fond, il y a comme une
escalade, là, de... pour les règlements municipaux, d'être plus sévères que les
règlements provinciaux, être même plus contraignants, et puis là vous le voyez
quand même d'un bon oeil.
Mais j'aimerais savoir plus
particulièrement, si on regarde cette section-là, tu sais, qu'est-ce que vous
avez au... en termes, là, de qu'est-ce qui pourrait faire l'objet d'une
réglementation uniforme au Québec. Ça fait que, si je peux préciser ma
question, dans le fond, tu sais, vous semblez dire qu'il y a de l'incertitude
quant aux dispositions réglementaires qui vont découler de la LQE suite à cette
modification-là. Puis là, dans le fond, à votre avis, tu sais, il y a-tu des
champs réglementaires qui devraient faire l'objet d'une réglementation uniforme?
Est-ce que vous avez fait cette analyse-là?
M. Finet (Jean-Pierre) : Écoutez...
Bien, moi, je vais vous donner le point de vue moins juridique, là. Une des
craintes que les... quand les... les municipalités décarbonent, c'est qu'elles
le fassent sans égard à la gestion de la pointe d'Hydro-Québec, bon. Et,
premièrement, les municipalités et nous, on a cette préoccupation-là. C'est
d'ailleurs pourquoi on pousse beaucoup sur les systèmes d'accumulation de
chaleur, le chauffage par accumulation de chaleur. D'ailleurs, je voudrais dire
au ministre que le 12 millions qu'il avait réservé dans le p.l. n° 41
a été très bien utilisé par Hydro-Québec. On est rendus, selon mes
informations, à 3 500 systèmes d'accumulation de chaleur qui s'installent,
par année, dans le résidentiel. Il y en a aussi dans le commercial,
institutionnel, et tout ça, et donc... Donc, c'est ça.
Et, par exemple, on pourrait réglementer
de façon uniforme, puis je pense... là, je vous donne un peu un indice, là...
le bannissement des plinthes électriques comme système de chauffage principal
au Québec. C'est un non-sens. À chaque...
M. Lemay : ...
M. Finet (Jean-Pierre) : Les
plinthes électriques, les cailles.
M. Lemay : Vous avez
dit : le bannissement?
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
M. Lemay : Parfait. Non,
c'est juste que j'avais mal entendu.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
c'est-à-dire, comme... en tant que chauffage principal. Je pense qu'on
devrait... toutes les nouvelles maisons devraient être bien isolées, devraient
avoir une... une thermopompe et, pour passer les pointes, devraient avoir un
accumulateur de chaleur. Ce serait une façon de décarboner complètement, à
moindre coût, parce qu'à chaque année on rajoute 25 à 50 mégawatts de puissance
juste...
16 h 30 (version non révisée)
M. Finet (Jean-Pierre) : ...en
électrifiant 90 des nouveaux... 90 % des nouveaux bâtiments. Donc, on se
tire dans le pied. À chaque année, on en rajoute, on se rajoute des problèmes.
Donc, c'est quelque chose, je pense, qui pourrait être à la grandeur de la
province, dire : Bien, écoutez, on va exiger des systèmes de chauffage
avec un taux d'efficacité au-dessus de 100 %, couplés avec un système d'accumulation
de chaleur pour passer les pointes. Et ça, je pense que ce serait une façon de
décarboner, d'arrêter l'hémorragie pour l'ensemble du Québec.
Mme Champigny (Gabrielle) : Donc,
autrement dit, si la réglementation provinciale est plus exigeante, bien, on
est d'accord avec l'uniformité, mais, si les municipalités agissent comme
cheffes de file puis adoptent des réglementations vraiment innovantes en
matière d'efficacité énergétique ou en matière de décarbonation, on veut leur
donner ce levier-là.
M. Lemay : Très bien. Je
crois que j'avais un collègue qui voulait faire une question très rapide.
La Présidente (Mme Blouin) : Oui.
Alors, M. le député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.
M. Bernard : Merci, Mme la
Présidente. Je vais être très rapide. Vous avez mentionné qu'idéalement il
faudrait adopter le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques au
préalable. Dans le projet de loi, on parle également d'évaluation
environnementale, sectorielle ou régionale. Est-ce que, selon vous, c'est deux
processus complémentaires ou contradictoires? Parce qu'on retouche
essentiellement des sujets très similaires.
M. Finet (Jean-Pierre) : Je
ne me sens pas assez solide pour répondre à ça, mais je dirais que c'est
complémentaire, dans le sens que la PGIR, planification de la gestion intégrée
des ressources, c'est global. C'est pour l'atteinte de la... de la
carboneutralité en 2050. Maintenant, il va y avoir des régions qui vont être
plus impactées, comme dans le nord du Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, peut-être
la Gaspésie et peut-être que ça va prendre des procédures régionales dans ces
cas-là. Moi, je ne l'exclus pas, je ne vois pas que... je ne pense pas que...
incompatible, mais la planification intégrée des ressources, ça va nous dire :
Bien, écoutez, si on... par exemple, quand on dit dans le PGIR... bien, on dit :
Ça va être 75, 25 ou 85, 15, mais là on va savoir combien on va produire, pour
quel usage, puis on... Parce que, là, finalement, on est un peu en train de se
peinturer dans le coin en allouant la quasi-totalité des mégawatts à l'industrialisation
et pas suffisamment à la décarbonation.
M. Bernard : Mais le PGIR
revenait aussi sur une base régionale pour bien planifier...
La Présidente (Mme Blouin) :
C'est terminé…
M. Bernard : ...sur le territoire.
Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci,
merci. Merci, M. le député. Alors, on enchaîne avec la porte-parole de l'opposition
officielle pour neuf minutes 54.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Finet et Mme Champigny. M. Finet, on s'est vus, il y a
quelques mois, justement, dans les consultations particulières du projet de loi
n° 69. On ne s'est pas revus parce qu'il n'y a pas eu d'étude détaillée encore
pour ce projet de loi là, on n'a pas échangé là dessus, mais il y a des propos,
où vous avez dit tout à l'heure, qui... que le ministre ne semblait pas tout à
fait d'accord, mais vous avez dit : On devrait d'abord favoriser la
décarbonation, et vous croyez que ça amène... Ça peut amener de la richesse.
Mais ce n'est pas une lubie, parce que même Hydro-Québec, c'est dans leurs
objectifs de favoriser la décarbonation avant des mégawatts qui seraient... qui
seraient utilisés pour de l'industrialisation.
M. Finet (Jean-Pierre) : Si
vous permettez, c'est-à-dire que... bon, vous avez, je pense, questionné... J'ai
lu dans le journal ce matin, vous avez questionné aussi la représentante d'Hydro-Québec
à propos des impacts tarifaires. En passant, là, ça va être plus élevé que ce
que... qu'est-ce qu'Hydro-Québec dit. Puis je... on pourra vous expliquer
pourquoi. Mais donc, c'est important d'équiper les citoyens, les ménages
québécois de sorte à ce qu'ils puissent faire face à ces hausses de tarifs là,
appréhendées. Parce que décarboner, déjà là, ça va doubler les tarifs, là,
juste aller chercher 100 tWh pour décarboner, 125 tWh pour
décarboner, ça va avoir un impact énorme sur les tarifs, entre autres à cause
du coût marginal d'électricité. Donc, juste... si on faisait juste décarboner
puis qu'on disait : On ne fera pas de développement industriel, on ne
donnera pas d'autre Northvolt puis... puis etc., juste ça, ça aurait un impact
tarifaire quand même. Et c'est important de prioriser l'efficacité énergétique
de sorte à ce que l'impact tarifaire soit amoindri, justement, par la plus
grande efficacité. Qu'on aille finalement au final, avec la même facture d'électricité
pour une consommation moindre... ,ais donc c'est ça, qui n'affecte pas les
ménages. Donc, il faut... il faut permettre aux gens de pouvoir absorber
justement cet... les coûts de cette transition énergétique là.
Mme Dufour : Oui, il y a des
entreprises aussi qui ont de la pression pour se décarboner, et là elles...
elles manquent d'accès à ces blocs énergétiques là. Il y a eu beaucoup le cas,
là, Les Forges de Sorel qui a été mentionné. Est-ce qu'il y en a eu d'autres
que vous avez eu vent?
M. Finet (Jean-Pierre) : Il y
en a d'autres, mais ils ne veulent pas le dire, ils ne veulent pas se...
Mme Dufour : Mais il y en a.
Donc, il y a des emplois qui sont à risque si on... si on ne décarbone pas en
priorité, là.
M. Finet (Jean-Pierre) : Écoutez,
je vais vous donner un exemple qui n'a pas rapport à l'électricité, Papier
Roland, ils s'approvisionnaient de Waste Management, en biogaz et É-Énergir
leur... s'est approprié ce biogaz...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...biogaz-là
pour le transformer en GNR pour l'injecter dans leur réseau. La survie de
l'entreprise est en jeu, là, dans ce cas-là, Papiers Rolland.
Mme Dufour : ...merci aussi
d'aborder la question des véhicules lourds. Je vais... Je vais en parler davantage.
Vous parlez, là, de l'hydrogène. Ce matin, on avait les gens de l'UMQ, de la
FQM. La question, tu sais, de l'électrification des camions lourds, ça ne
semble pas... le marché ne semble pas être là encore. Au niveau, là, de, tu
sais, dans certaines régions, faire le déneigement, par exemple, où là il y a
vraiment des... du transport de... tu sais, de neige, par exemple, qui se fait
puis sur une grande section ou des... il faut une grande autonomie. Puis on le
voit, là, que, dans les camions, ça semble difficile, on voit les difficultés
avec Lion. Mais là vous, vous faites état de l'état... de ce qui se passe aussi
dans le milieu de l'hydrogène et vous dites que le marché, il est fragile, là.
Vous mentionnez Hyzon, Quantron, Nikola Motor, qui sont tous en difficulté
financière ou même ils ont fait faillite.
• (16 h 40) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Et d'ailleurs... puis ça me fait penser un peu, puis je prends la balle au
bond, il n'y a pas juste l'hydrogène puis l'électrification, là, pour le transport.
Il y a d'autres... On parle d'aussi utiliser plus le transport ferroviaire, et
tout ça. Mais je ferais juste vous dire une... par rapport aux municipalités,
il me semble que la ville de Saint-Hyacinthe, qui produisait son... puis qui
produit encore son propre GNR de... utilisait ça dans ses camions de vidange.
Il me semble que j'avais entendu ça à l'époque.
95... Selon mes chiffres, là, 95 % du
GNR en Amérique du Nord est utilisé pour déplacer les... le diesel dans le
transport de marchandises à cause du LCFS aux États-Unis, là, le Low Carbon
Fuel Standard. Nous, ici, on met ça dans les tuyaux pour concurrencer
l'électrification du chauffage. Et Énergir va dire : Bien, tous mes
prochains raccordements, eux, vont être forcés de consommer du GNR. Oui, mais
on pourrait tout électrifier ça de façon intelligente et déplacer la pointe
grâce à de l'accumulation de chaleur sans avoir recours au GNR. Le GNR,
c'est... ce n'est pas un mal nécessaire dans le chauffage, là, c'est tous des
procédés électrifiables.
Mme Dufour : Mais vous le...
vous y voyez un avenir, pour le GNR, dans le transport lourd?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
écoutez, je ne suis pas un spécialiste, là, comme je vous dis, dans le
transport lourd. Nous, on intervient surtout dans les causes d'Hydro puis
d'Énergir. Cependant, je constate, en intervenant dans le dossier du GNR
d'Énergir, que... avec la Californie en plus, avec qui on a une entente avec...
sur le marché du carbone, qu'eux décarbonent leurs transports grâce au GNR. Bon,
je me dis : Est-ce que... puis je n'ai pas étudié la question à fond, mais
il me semble que ça serait une piste intéressante aussi pour décarboner le
camionnage au Québec sans avoir à faire des conversions qui coûtent trois bras,
quatre jambes, là.
Mme Dufour : Et, selon votre
compréhension, le projet de loi, comme il est écrit, rédigé présentement,
est-ce qu'il y a cette ouverture-là d'utiliser le GNR pour décarboner les
véhicules lourds?
M. Finet (Jean-Pierre) : Pas
à ce que j'ai vu, non. Surtout, de toute façon, le GNR, il est rare puis... il
est rare puis il est cher. Et, bon, là, Énergir veut essayer de s'arranger pour
faire diminuer le prix, de socialiser une partie du surcoût, et tout ça. Mais,
tu sais, on... bien, on parle de... de la bonne énergie à la bonne place. Moi,
je pense qu'un PGIRE justement nous aiderait à dire : Bien, écoute, ça, ça
ne va pas, là, ça va là, puis etc., puis mettre justement les les bons blocs
aux... dans les bons trous, là.
Mme Dufour : Bien, on n'est
peut-être pas près de voir des PGIRE compte tenu des délais avec le projet de
loi n° 69.
M. Finet (Jean-Pierre) : Pas
besoin d'un... Pas besoin d'un p.l.... d'un projet de loi n° 69, en passant,
pour adopter le PGIRE, là. Je pense que, à ce que je sache aussi au
gouvernement, le PGIRE est déjà en train d'être travaillé, nonobstant le
p.l.... Le p.l. 69, là, ils n'ont pas besoin de ça pour adopter un PGIRE.
Mme Dufour : Parfait.
Écoutez, j'ai une question, une dernière question, ensuite je vais céder la
parole à ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce. Votre... Votre
recommandation 1.3, de supprimer l'article 168 du projet de loi
n° 81, l'article 31.4.3, qui est... qui est plus... qui est avant,
là, dans le projet de loi, c'est à peu près la même chose, mais là ce que je
comprends, c'est que le 168, c'est jusqu'à l'entrée en vigueur de l'autre
article. Pourquoi c'est nécessaire, selon vous, de supprimer le 168? Qu'est-ce
que ça ajoute, là? C'est la période intérimaire, là, entre les deux? Juste comprendre.
Mme Champigny (Gabrielle) : Oui,
exact. Puis notre recommandation, c'est de, d'abord, adopter un plan...
Mme Dufour : ...
Mme Champigny (Gabrielle) : Oui,
c'est ça. Donc, c'est vraiment en lien avec l'ordre dans lequel les choses
doivent être faites, oui.
Mme Dufour : O.K. Ça fait
qu'avec un PGIRE pas besoin de l'article 168.
Mme Champigny (Gabrielle) : Exact.
Mme Dufour : Je comprends.
Merci.
Mme McGraw : Merci à ma
collègue et Mme la Présidente. Alors, j'aimerais vous entendre plus sur la
section numéro deux de votre mémoire, soit la cohabitation des réglementations
provinciales et municipales en matière...
Mme McGraw : ...en conclusion,
puis j'aimerais vous entendre là-dessus, dans vos recommandations, vous
recommandez de cristalliser de manière cohérente la reconnaissance du rôle de
la réglementation municipale dans la décarbonation, incluant en matière
d'énergie, et de préciser le pouvoir réglementaire du gouvernement à l'égard
des sujets pour lesquels un règlement provincial rendrait inopérant le
règlement d'une municipalité. Donc, on aimerait vous entendre plus sur cet
aspect de votre mémoire.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est-à-dire
que le milieu environnemental est vaste. Nous, c'est surtout sur les aspects
énergétiques qu'on est préoccupés. Et c'est plus... c'est la cohabitation
dans... sur ces deux... sur l'aspect énergétique qui nous préoccupe davantage.
Donc, c'est pour ça qu'on voudrait savoir, bien, c'est quoi, les objets puis
les sujets qui sont identifiés dans le projet de loi.
Mme Champigny (Gabrielle) : Donc,
de ne pas créer des obstacles supplémentaires en matière énergétique, donc si
les municipalités veulent décarboner, par exemple, le chauffage dans les
bâtiments.
Mme McGraw : Bien, justement,
donc, par exemple, justement, vous citez justement la... Montréal,
effectivement, d'avoir adopté des règlements visant la réduction des GES dans
le secteur du chauffage des bâtiments. Est-ce que vous pouvez, encore une
fois... Vous avez dit que vous faites partie de la coalition Sortons du gaz!,
est-ce qu'on peut vous entendre là-dessus pour élaborer, justement? Vous donnez
cet exemple-là dans votre mémoire, donc, pour le public qui écoute, peut-être
en parler davantage.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
parce que, quand on a assisté les municipalités dans cette... dans cet
effort-là de décarbonation, il a fallu beaucoup, justement, tenir compte de la
préséance de la réglementation provinciale. Et c'est pour ça qu'on a travaillé,
entre autres, avec le CQDE, qui était ici avant, justement. Et donc, c'est pour
ça qu'on pense que les municipalités ont l'expérience, ont le souci, ont le
souci de la gestion de la pointe, et tout ça.
Par exemple, dans l'annonce qu'a faite M.
le ministre récemment, on a exclu Gatineau de cette mesure-là à cause, je
présume, beaucoup, entre autres, à cause de l'état du réseau d'Hydro-Québec et
de la difficulté qu'a Hydro-Québec à... aurait Hydro-Québec à prendre toute
cette charge-là. Si elle était, par exemple, juste avec des plaintes
électriques, donc, si on convertissait de façon un peu nono, là...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre avec le porte-parole de la deuxième
opposition pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Merci d'être là.
Je suis à la page neuf de votre mémoire
sur les... quelque chose qu'on a évoqué plus tôt aussi aujourd'hui, les
pouvoirs discrétionnaires, là, que s'octroie en quelque sorte le ministre à
travers ce projet de loi là. On a des craintes, qui, je pense, sont assez
proches des vôtres. Vous proposez de préciser les objectifs de transition
énergétique qui sont visés à l'article 31.4.3. Avez-vous des suggestions
pour la manière de le préciser?
M. Finet (Jean-Pierre) : Est-ce
que c'est la transition énergétique locale ou internationale, finalement?
Est-ce qu'on veut réduire nos GES ou améliorer le climat dans son ensemble?
Parce que, oui, on nous dit tout le temps, bien, que, si on exporte de
l'électricité aux États-Unis par exemple, bien, ça va aider, contribuer à la
transition énergétique, à.. bien, aux... à la lutte aux changements
climatiques. Je veux bien, mais ça ne contribue pas à l'atteinte de nos cibles
de réduction de GES. Et donc je pense qu'on devrait prioriser l'atteinte de nos
cibles tout en améliorant justement la croissance économique.
Mme Champigny (Gabrielle) : Ou
je vais donner un autre exemple. Est-ce qu'on produit davantage d'hydrogène ou
on s'occupe de remplacer le gaz naturel d'origine fossile?
M. Leduc : Ça fait que,
souvent, un argument qu'on a ici, au parlement, d'un point de vue peut-être un
peu plus partisan, c'était d'ailleurs un peu ça qu'on avait comme argument sur
le projet Northvolt, est-ce que ça sert à décarboner le Québec. Bof! Ce n'était
pas clair pour tout le monde.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
c'est ça. S'il s'achète deux, trois... deux, trois autos avec des batteries qui
vont sortir de chez Northvolt, c'est correct. C'est comme si on se mettait tous
à acheter des Hummer électriques demain matin, bien, Ford et... ou bien, ou
l'autre, celui qui fabrique les batteries de Hummer à Bécancour, oui, là ça
contribuerait à notre décarbonisation, là. Mais il reste que c'est... c'est...
L'exemple parfait, c'est la conversion des deux chaudières des forges de Sorel
pour 16 mégawatts. Bien, ça, c'est prioritaire, là, tu sais. Et ça, ça a un
impact direct sur notre réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. Leduc : Et là, il y a une
crainte que je sorte... de votre mémoire, mais il y a une crainte que, dans le
fond, ces décisions-là soient trop discrétionnaires, parce qu'on a retiré ce
pouvoir-là à Hydro-Québec dans le projet de loi n° 2, je pense. Je ne m'en
rappelle plus du...
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
ça, oui, projet de loi n° 2, oui.
M. Leduc : Oui. Et là, c'est
complètement politique, finalement, ces décisions-là. Ce n'est plus... Ce n'est
plus scientifique ou...
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
c'est parce que ça rajoute des énergies renouvelables. Mais de rajouter des
énergies renouvelables, c'est une bonne chose, mais il faut aussi et surtout
réduire les fossiles.
M. Leduc : Ça dépend à quoi
elle sert, cette énergie...
M. Leduc : ...est-ce que, de
manière générale, quand le ministre s'ajoute des pouvoirs discrétionnaires,
vous êtes ouverts, vous êtes craintifs?
M. Finet (Jean-Pierre) : ...que
le ministre Fitzgibbon était encore là, avec le projet de loi n° 22, oui, on
est très craintifs.
M. Leduc : Puis ce qu'on
rajoute dans le projet de loi actuel.
M. Finet (Jean-Pierre) : Encore
là... de PGIR, on est craintifs.
M. Leduc : O.K.
• (16 h 50) •
Mme Champigny (Gabrielle) : Notre
crainte principale, c'est d'avoir des décisions à la pièce qui ne prennent pas
vraiment compte de ce qu'on peut faire d'optimal avec nos ressources naturelles
puis de mettre l'énergie à la bonne place.
M. Leduc : Est-ce qu'une
définition trop large de travaux légers ou travaux rapides versus... oui,
préalable est une conception très large aussi d'objectif de transition...
La Présidente (Mme Blouin) : Le
temps est déjà écoulé. Donc, merci. On va poursuivre avec la députée des
Îles-de-la-Madeleine pour3 min 18 s aussi.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous pour la présentation, pour les réponses très
pertinentes aux questions qui ont été posées jusqu'à présent. Je voulais
revenir sur le 75-25 concernant la décarbonation ou la croissance économique.
Ça, ce sont des objectifs qui sont fixés par Hydro-Québec pour ses propres...
en fait, dans son plan, là. À votre connaissance, est-ce qu'on est là-dessus?
Est-ce que c'est suffisant? Vous avez parlé de 85...
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
premièrement, c'est Hydro-Québec qui a établi ce chiffre-là, mais, quant à moi,
ça aurait dû être le gouvernement du Québec. Ça doit relever d'une politique
énergétique et non pas d'un plan d'action. Là, ce que je dis, c'est un peu...
c'est le chien qui brasse la queue, là, on ne fonctionne pas comme on devrait.
Et Hydro-Québec, donc, parle un peu à travers son chapeau quand il dit...
annonce ça, parce que, justement, il n'a aucun contrôle sur les blocs de cinq
mégawatts et plus. Donc, c'est pour ça que ça me surprend que... Puis même
Michael Sabia, excusez, Michael Sabia en a fait part la première journée des
audiences du pl 69. Il me semble qu'il a dit que ce n'était pas... ce n'était
pas un petit mal ce qui avait été octroyé comme bloc de puissance puis qu'il
devrait y avoir un meilleur équilibre. Moi, tout ce que je demande, c'est qu'on
respecte, à tout le moins, 75-25, si on est pour mettre ça, sinon, c'est du
vent, là, ça ne vaut rien.
M. Arseneau : Pour les
profanes, vous avez parlé beaucoup du PGIR qui devrait être adopté. En quoi
est-ce qu'il baliserait mieux l'action gouvernementale? Jusqu'à quel point il
est prescriptif?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
PGIR, justement, va dire : On va avoir besoin de tant d'électricité.
Premièrement, on va pouvoir réduire les besoins. D'abord et avant tout, c'est
combien, on en a besoin, c'est-tu 150 ou 2000 térawattheures qu'on a besoin, ou
moins de 150? Tu sais, le ministre Fitzgibbon disait : Il y a 50 %,
trop de véhicules sur les routes. On ne voit ça nulle part à date, là, dans les
plans du gouvernement, là. Dans un PGIR, si on pouvait le programmer puis
dire : On va favoriser le transport en commun, on va favoriser différents,
différents moyens, mais ce n'est peut-être pas 150 à 200 térawattheures qu'on a
besoin. Donc, d'abord et avant tout, PGIR va nous dire c'est quoi, la vraie, la
vraie quantité d'énergie qu'on a besoin. Ensuite, comment on va se rendre là,
qu'est-ce qu'on va prioriser? Puis on peut dire : Oui, si on a besoin de
100 térawattheures, par exemple, pour décarboner, bien, ce serait bien, ce
serait bien d'en garder 25 de plus pour faire de l'industrialisation. Je veux
bien, mais là, comme c'est parti là, «sky is the limit», et on ne voit pas la
journée où on va décarboner avec même 200 térawattheures.
M. Arseneau : Mais je vais
faire un lien, peut-être qu'il est... vous me direz s'il est pertinent. Mais on
a également une politique de mobilité durable où les objectifs sont très clairs
et on ne les respecte tout simplement pas. En quoi est-ce qu'un gouvernement
serait tenu de respecter son PGIR? C'est un engagement moral, c'est un
engagement écrit, mais contraignant...
Mme Champigny (Gabrielle) : Je
dirais que c'est une feuille de route qui est commune, pour le gouvernement,
oui. Mais c'est aussi les travaux qui sont devant la Régie de l'énergie, ils
sont orientés par un paquet de règles de droit, mais aussi de politique
énergétique...
M. Arseneau : Est-ce que vous
pensez que ça viendrait baliser un peu le pouvoir discrétionnaire ou ça n'a
rien à voir?
M. Finet (Jean-Pierre) : Complètement,
bien oui.
M. Arseneau : Oui. O.K.
Merci... Je vous remercie beaucoup.
M. Finet (Jean-Pierre) : Merci.
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
merci beaucoup pour votre présence parmi nous aujourd'hui.
Je vais suspendre les travaux, le temps
d'accueillir le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 54)
(Reprise à 16 h 57)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
on va reprendre les travaux. Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants
de Canards Illimités Canada. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi on va procéder avec la période d'échange. Alors,
je vous invite tout de suite à vous présenter et à enchaîner avec votre
présentation.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Mme
la Présidente, M. le ministre, Mmes et Messieurs les membres de la commission,
merci d'avoir invité Canards illimités à commenter et à discuter avec vous, là,
du... de l'actuel projet de loi. Mon nom est Mélanie Deslongchamps, je suis
directrice de l'équipe du Québec de Canards Illimités. Donc, c'est un organisme
canadien, donc je suis juste la petite cheffe du Québec. Il y a mon collègue...
M. Michaud (André) : André
Michaud. Je suis gestionnaire pour l'équipe de restauration et création de
milieux humides pour la province de Québec.
Mme Trépanier (Cloé) : Et
moi, c'est Cloé Trépanier, responsable des relations gouvernementales et des
partenariats avec le milieu.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Donc,
Canards Illimités Canada est un organisme de bienfaisance dont la mission est
de conserver les milieux humides et les habitats qui s'y rattachent au
bénéfice, oui, de la sauvagine nord-américaine, mais aussi on travaille
beaucoup à protéger l'environnement, les milieux humides pour la faune en
général, pour la biodiversité et aussi pour les humains. Donc, on ne travaille
pas seulement au bénéfice de la sauvagine, mais... tout ce qui entoure l'humain
et la faune.
Dans le cadre de la révision législative
actuelle du gouvernement du Québec, là, au niveau du projet de loi, Canards
Illimités souhaite partager son expérience de la conservation des milieux
humides. Nos commentaires vont se limiter aux modifications proposées en lien
avec la conservation des milieux humides et hydriques, puisque c'est notre plus
grande connaissance, on ne veut pas s'attarder à des sujets dont on n'a pas la
plus grande connaissance. Donc, on va s'attarder seulement à ça dans nos... dans
notre mémoire et dans nos discussions, s'il vous plaît.
Donc, une des choses qu'on veut parler
avec vous, donc, puis qu'on veut souligner, c'est, et bien évidemment, le fait
que vous avez travaillé très fort à faire des belles modifications, mais qu'il y
a des choses encore qui pourraient être améliorées, dont... Au niveau du
principe d'évitement, nous, on est bien contents, là, qu'on essaie d'éviter la
destruction, évidemment, là. C'est sûr que c'est une chose que nous, on
recommande fortement, d'arrêter de détruire les milieux humides. La seule
chose, c'est qu'on souhaiterait qu'il y ait d'autres mesures pour assurer
l'évitement. Donc, là, on va vous... dans le fond, vous amener des solutions.
Donc, nous souhaitons souligner l'effort,
comme je viens de dire, de conserver... de renforcer ce critère, mais on
voudrait aussi, à notre avis, que... on pense, à notre avis, que le meilleur
moyen d'éviter la destruction est d'obliger les promoteurs de projets à
s'engager avec les partenaires du milieu dans la réalisation d'un projet...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...projet
de restauration d'un milieu humide de même valeur écologique, et ce, avant
d'obtenir leur autorisation gouvernementale pour la destruction. Présentement,
un des principaux problèmes, c'est que, quand on demande à quelqu'un de mettre
de l'argent dans le fonds de compensation, oui, il y a de l'argent qui s'en va
dans le fonds de compensation, mais il n'y a personne de designée pour faire
des projets. Donc, si on invite le promoteur et si on oblige le promoteur à
trouver des sites, on pense que, dans certaines régions où il n'y a
pratiquement plus d'espace, on pense à Laval, Montréal ou la Montérégie...
Comme il va être plus difficile de trouver des sites pour compenser, bien, en
fait, ça va limiter justement la destruction de milieux, parce que, bien, les
promoteurs ne pourront pas facilement les compenser. Donc, on va éviter des
destructions.
• (17 heures) •
On sait que les milieux humides, là...
désolée, j'ai une hypersensibilité, ça fait que, quand ça bouge, je me fais
distraire. Donc, la difficulté de trouver des sites de restauration limiterait
ainsi la destruction des derniers milieux humides si précieux à la
biodiversité, au contrôle des inondations, à la recherche des nappes
phréatiques, à la filtration des matières polluantes, à la captation du
carbone, etc.
Afin d'accompagner les initiateurs de
projets, il est impératif de créer une banque de projets, aussi, de
restauration. Présentement, j'entendais certaines personnes témoigner en
commission, ce matin, puis on parlait, là, qu'il y avait difficulté de trouver
des sites. Bien, si on avait des banques de projets par MRC qui étaient... qui
étaient créées, les promoteurs pourraient s'y référer et trouver des sites de
restauration. Puis, si, à ce moment-là, il n'y a pas de site disponible parce
que la MRC n'a pas de site similaire, il va falloir que soit le promoteur
trouve... bien, en fait, change son projet ou encore trouve des projets de
compensation avant de détruire le milieu humide.
Ainsi, on pourrait atteindre l'esprit de
la loi qui devait être, à la base, on se rappelle, aucune perte nette. À ce
propos, nous souhaitons souligner que même si nous respectons l'esprit de la
loi de zéro perte nette, on a... il est encore impossible d'atteindre les
objectifs de restauration du cadre mondial que... dont le gouvernement s'est
engagé, puisqu'on est supposé de faire des gains nets. On souhaite restaurer,
pour 2030, 30 %. Donc, plus qu'on détruit, plus qu'on a de la difficulté à
compenser, moins on peut atteindre les objectifs du cadre mondial.
De plus, compenser financièrement pour la
destruction des milieux humides est très certainement une mesure de
prévisibilité pour les promoteurs de projets. On le sait, c'était un des...
Quand le gouvernement s'était engagé en 2017, c'était beaucoup pour faire...
avoir des mesures de prévisibilité, là, pour les promoteurs de projets, mais on
pense que comme... mais comme il n'y a aucune organisation, comme j'ai déjà mentionné,
qui est obligée par la loi de réaliser les projets de compensation, ce n'est
pas une mesure aidant à l'atteinte des objectifs de 30 % de préservation,
de restauration des milieux humides pour 2030.
Enfin... bien, en fait, l'autre sujet
qu'on avait, là, on a passé sur l'évitement. Maintenant, pour... aussi par
rapport à l'assouplissement de l'affectation des sommes de fonds de
compensation. En ce qui concerne le fonds de compensation, on est... les
changements associés au programme permettront d'accroître l'agilité du
gouvernement dans la réalisation des projets de restauration et de création de
milieux humides. On parle du 15 % des fonds qui pourront être attribués à
des projets hors de la MRC ou dans les zones de gestion intégrée. CIC est
favorable à cette mesure, à condition que les sommes soient attribuées dans les
MRC et les zones de gestion intégrée où il y a déficit de milieux humides ou
dans les secteurs où la complexité des projets de restauration est très élevée,
ou encore pour aider les organismes du milieu à mettre en place des projets
pour acquérir l'expertise pour le faire.
J'ai entendu ce matin en commission qu'il
y avait certaines personnes, là, qui disaient que ce n'était pas une bonne
idée, le 15 %. À notre avis, nous, on est favorables, mais il faudrait
qu'il y ait des contraintes associées au 15 %. Nous souhaitons souligner
que plusieurs MRC n'ont pratiquement plus d'espace pour réaliser les projets,
en raison notamment d'autres lois, dont la LPTE ou la Loi sur la protection des
terres... du territoire et des activités agricoles, qui est aussi en commission
parlementaire présentement. Pourtant, avec l'augmentation de la
fréquentation... des inondations et sécheresses, les besoins de restauration
des cours d'eau et les milieux humides sont criants en zone agricole dans
plusieurs régions du Québec. Il est donc primordial de se pencher sur la
question de l'espace pour réaliser des projets de restauration et de création
et modifier la LPTAA afin de favoriser la collaboration des organismes avec les
agriculteurs dans le but de s'adapter aux changements climatiques.
De plus, la création de milieux humides
pour favoriser la biodiversité, le stockage d'eau, la recharge de la nappe
phréatique et la gestion des inondations sur les terres agricoles. CIC
collabore avec les agriculteurs partout au Canada, mais ils existent réellement
des... il existe présentement un réel problème d'arrimage des objectifs de
certaines lois et règlements au Québec afin de mieux répondre aux crises...
bien, en fait...
17 h (version non révisée)
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...bien,
en fait, aux différentes crises, là, celle sur le climat et la biodiversité,
dans laquelle nous sommes plongés. En arrimant ces réglementations, il sera
alors plus facile d'arriver à trouver des sites potentiels et de travailler
avec les parties prenantes régionales et de régler les problématiques de
sédimentation dans les cours d'eau, d'inondation, d'appauvrissement de la nappe
phréatique, etc.
En terminant, nous offrons notre
collaboration pour épauler les équipes du ministère, ce que nous faisons déjà,
et on veille à ce que... on souhaite veiller à ce que la gestion du programme
de compensation soit des plus efficiente, comme recommandé dans le rapport de
la Commissaire au développement durable en avril 2023. Bien que le PRCMHH, le
programme, là, de compensation intègre le processus d'autorisation, la lourdeur
des consultations... interministérielles, l'importance de nombreux documents à
remplir, plus de 500 pages pour une autorisation, et la complexité du
programme ne favorisent pas l'engagement des organismes locaux et régionaux à
proposer des projets de restauration. C'est un autre point qui avait été levé
par... été souligné ce matin par la Fédération québécoise des municipalités.
Effectivement, il est présentement plus
facile pour un promoteur immobilier privé à but lucratif de détruire des
milieux humides que pour un OBNL de restaurer afin de compenser pour les
dommages causés. Il est important de renverser cette tendance le plus
rapidement possible. À titre d'exemple, comme il a été... il y a eu des
questions ce matin là-dessus, avant les modifications réglementaires, ça nous
coûtait environ 5 000 $ de temps pour faire une autorisation
gouvernementale dans l'ancien régime. Aujourd'hui, c'est plus de 25 000 $
en temps pour faire une demande pour... d'autorisation dans le régime actuel
pour faire des projets de restauration.
La Présidente (Mme Blouin) : Il
reste une minute.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Voilà,
c'est terminé.
La Présidente (Mme Blouin) : Parfait,
ça adonne très bien. Merci beaucoup pour votre exposé. Alors, on va tout de
suite débuter la période d'échange avec vous, M. le ministre, pour 15 minutes
30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À vous trois, merci de votre présence. C'est toujours un
plaisir de vous entendre et d'entendre vos commentaires. Milieux humides, c'est
un dossier certainement important. Le fonds qui a été créé il y a quelques
années avait toujours un but bien, bien précis. Et ce qu'on a eu l'occasion de
se dire à plusieurs occasions au cours des dernières années, c'est qu'il est...
il manque d'efficacité. D'aucune façon ce n'est un fonds qui a été créé pour
engendrer des revenus sans avoir à les dépenser. Le ministre des Finances serait
certainement heureux de pouvoir récupérer ces sommes-là, mais ce n'est pas le
but du fonds et ce n'est pas la prétention du ministre des Finances non plus.
Donc, il faut trouver le moyen d'en faire un meilleur usage.
Il y a quelques modifications qui ont été
apportées au cours des dernières années pour favoriser le décaissement, mais
surtout favoriser la réalisation de projets. Et, malgré ces modifications-là,
on n'arrive pas à le rendre pleinement, pleinement efficace, d'où certaines
dispositions du projet de loi n° 81. Je suis content de vous entendre sur le
15 %, notamment. Le but, encore une fois, n'est pas d'engranger les
sommes, mais, lorsqu'il n'y a pas de projet dans une région et que d'autres
régions pourraient en bénéficier, pour nous, ça semble important. Et le
15 %, ça demeure tout de même un petit pourcentage versus ce qui serait
maintenu, là, dans la région elle-même.
Le milieu... certains acteurs du milieu
municipal s'inquiétaient du 15 %. Ils s'inquiétaient aussi du fait que les
villes ne pouvaient pas, dans certains cas, déposer ou, à elles seules, déposer
des projets. Un, je peux les rassurer. Le cadre de fonctionnement est très,
très clair. Ce ne sont pas que les municipalités qui peuvent déposer des
projets. Des organismes comme le vôtre peuvent en déposer, peuvent en réaliser.
Donc, peut-être nous expliquer avec un petit plus de précision, le 15 %,
comment on pourrait le baliser davantage. Vous êtes en partie en accord, mais
avec des balises plus précises. Si vous aviez la possibilité de nous présenter
quel serait le meilleur usage possible du 15 %, ce serait apprécié.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : En
fait, l'objectif, ce ne serait surtout pas de faire fuir vers les endroits où c'est
plus facile. Donc là, c'est vraiment de restreindre que le 15 % soit
utilisé dans les régions où il y a déjà des difficultés. On le sait, là, je les
ai nommés, puis vous en avez nommé souvent dans les médias, Laval, Montréal,
Montérégie. Il y a une difficulté de faire des projets. Donc, pour pouvoir faire
ça, il faut souvent être un consortium, André parleraient plusieurs
organisations ensemble pour mettre toutes nos forces ensemble pour pouvoir
faire des projets. Donc, ça prend beaucoup d'argent pour que plusieurs
personnes puissent travailler ensemble.
Ça fait que nous, on le voyait dans les
régions où il y a un déficit de milieux humides. Pas que cet argent-là soit...
s'en aille facilement dans des régions où il y a de l'espace, où il n'y a pas
tant de problématiques de remblai dans des milieux humides, qu'il reste encore
beaucoup de milieux humides, mais qu'il serait dont facile de faire...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...de
faire des projets pour compenser. Donc, il y a... il y a des régions, là... on
peut penser à la Côte-Nord, ou l'Abitibi, ou le nord du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, où il serait beaucoup plus facile qu'à Montréal ou à
Laval... Donc, nous, l'objectif, c'est de trouver une manière que, si... si ça,
c'est permis, le 15 %, que ce soit dirigé dans certaines régions où c'est
difficile, que ce soit dirigé aussi...
• (17 h 10) •
Parce qu'une des choses qui doit... on
doit souligner, c'est la difficulté de faire des projets, puis ça a été
mentionné à maintes reprises, c'est qu'il manque d'experts donc on doit former
des experts. Ça fait qu'il faut qu'il y ait un transfert d'expertise.
Présentement, il y a aussi ça, la problématique, là, c'est de faire que...
Nous, comme organisation, on ne pourra pas tout faire les projets. On est, oui,
des experts de la restauration, mais on ne pourra pas, là... Il faut qu'il y
ait d'autre monde pour pouvoir faire des projets puis il faut faire de
l'accompagnement, pour arriver à ce qu'il y ait plein de monde dans toutes les
régions, capables de le faire. Donc, c'est des exemples de choses qui peuvent être
faites avec le 15 %.
Mais le monde municipal l'a nommé ce
matin, là, les petites municipalités ne peuvent pas déposer dans le programme,
parce qu'il est trop complexe. Donc, ils ont besoin d'accompagnement. Donc,
tant et aussi longtemps que les gens ne seront pas capables de déposer dans le
programme, c'est là qu'il faut aussi qu'on investisse du temps et de l'argent,
d'avoir plus d'experts pour pouvoir faire des projets.
M. Charette : Effectivement.
Et avant de céder la parole à ma collègue d'Argenteuil, certains des propos, ce
matin, du milieu municipal laissaient entendre qu'en dehors de leur propre
capacité de déposer des projets il n'y a pas possibilité... Mais vous venez de
confirmer qu'il y a d'autres acteurs aussi qui peuvent déposer des projets, et
c'est ce que l'on souhaite encourager, naturellement, avec l'implication, quand
c'est possible, du milieu municipal. C'est un sujet qui intéresse hautement,
hautement, ma collègue d'Argenteuil, donc je serais très malheureux et
malavisé, surtout, de prendre tout le temps, donc je vais lui laisser la
possibilité de compléter avec la partie gouvernementale.
Mme Grondin : Merci beaucoup.
Il reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Blouin) : 10
minutes.
Mme Grondin : 10 minutes? Ça,
c'est vraiment un plaisir, mais j'ai aussi mon collègue ici qui souhaiterait...
Mme Deslongchamps, quel plaisir! M. Michaud, Mme Trépanier, bonjour. Je
voudrais poursuivre sur cette question là, parce qu'effectivement vous savez,
moi, je viens de... dans mon comté, j'ai... j'ai 14 municipalités sur 17 qui
ont moins de 5 000 habitants. Donc, c'est des petites municipalités, mais
qui, ô combien, ont à cœur la protection de leurs milieux naturels, humides et
hydriques. Et, justement, je pense que cette question là de transfert
d'expertise, d'accompagnement...
On a entendu les gens de la FQM qui... qui
s'opposent vivement à ce... cette portion-là de 15 % qui serait renvoyée
dans... à des endroits où il y a un déficit de milieux humides, mais... mais,
en contrepartie, on a aussi... Peut-être, vous disiez, c'est 25 000 $
déjà, en partant, juste pour avoir cette expertise-là de... de déposer ou
proposer un projet. Est-ce que vous avez des solutions ou des recommandations
qui... qui... pour, justement, aider ces petites municipalités là à... à
déposer les projets? Est-ce que c'est des collaborations? Je comprends que
Canards illimités ne peut pas tout faire. Donc, j'aimerais ça vous entendre.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : On
a un projet avec la MRC d'Argenteuil. Donc...
M. Michaud (André) : Bien, je
pense que, c'est ça, ça réside... Nous, on croit que le transfert
d'expertise... on doit la transférer, notre expertise, et on a déjà des
ententes avec certaines MRC, certaines municipalités pour le faire. L'idée de
ça, c'est de former d'autres et de donner les possibilités. Ce qui arrive, des
fois, dans certains cas, c'est qu'on peut arriver puis donner l'expertise à
quelqu'un qui nous sollicite, mais que dans le fonds ou dans la MRC, il n'y a
pas les fonds nécessaires. Est-ce que le 15 % pourrait peut-être bonifier
un projet d'intérêt, donner de l'agilité et d'aller probablement investir à un
endroit où qu'il y a déjà comme Mélanie mentionnait, un consortium? Il y a des
consortiums dans l'immobilier, dans l'industrie, mais il pourrait y avoir des
consortiums dans la conservation puis dans la restauration.
Donc, avec la... la MRC d'Argenteuil,
bien, on collabore étroitement avec eux, et notre expertise, on la met pour la
restauration des milieux humides, et on sert de solution. Puis je pense que ce
qu'on pourrait peut-être ajouter là dessus : on va le commencer, on va le
faire. Puis, pour aujourd'hui, ce qu'on peut dire, c'est qu'on a dans l'intérêt
au cours des prochaines années, d'augmenter ce déploiement-là, puis d'augmenter
nos capacités de transmission d'informations et d'expertise.
Mme Grondin : Merci. Est-ce
que...
Mme Grondin : ...si vous avez
cette ambition, cette belle ambition-là d'augmenter, est-ce que vous considérez
que les propositions qui sont amenées dans le cadre de ce projet de loi là vont
vous aider? Est-ce qu'on va mieux protéger? Là, on parle des milieux humides et
hydriques, notamment, comme des collaborateurs, comme des MRC qui ont eu
l'obligation de faire des plans régionaux de milieux humides et hydriques, qui
ont identifié, puis on l'a vu, le travail est assez exceptionnel partout au
Québec en termes de mouvementé... Là, ils ont identifié des milieux humides
d'intérêt pour toute sorte de bonnes raisons pour protéger des fonctions
écologiques. Qu'est-ce qu'on fait? Comment on fait? À travers ce projet de loi
là, est-ce qu'on va mieux protéger ces milieux humides d'intérêt? Est-ce que
c'est un...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Oui,
oui, pour l'évitement, là, tu sais, le fait que vous dites qu'il va falloir
qu'il argumente plus pour éviter la destruction des milieux humides d'intérêt,
là, c'est noté. Puis justement je pense que la nomenclature puis le changement
de... au niveau réglementaire est dû justement parce que les PRMHH sont
arrivés, puis que maintenant on a des milieux humides d'intérêt dans les MRC.
Donc là, c'est pour ça que la... il y a un ajustement du vocabulaire dans le
projet de loi. La seule chose, comme on a dit, c'est qu'il faut comprendre que
s'il n'y a personne de désigné pour faire les projets, tu sais, il n'y a aucune
obligation de la MRC, là. Quand une MRC engrange des millions et des millions,
elle n'est pas obligée de se prendre en main puis de faire des projets. Le promoteur
qui détruit fait... il met de l'argent, mais il n'est pas obligé de trouver un
projet de compensation. Et là, présentement, il n'y a personne, au sens de la
loi, de nommé pour faire des projets. Ça fait que, ça, c'est une difficulté,
parce que tout le monde dit : Ah, je pourrais bien en faire, mais, tu
sais, est-ce que j'ai de l'intérêt? C'est complexe, ça coûte cher, il n'y a pas
beaucoup d'experts. Il va falloir gérer ces sites-là aussi ensuite, hein, il
faut le comprendre que, si on crée un milieu naturel ou un milieu humide, il va
falloir s'assurer qu'il perdure dans le temps aussi. Ça fait qu'il y a
quelqu'un à quelque part qui doit être obligé ou qui doit être désigné pour
faire ces créations de milieux humides là. Puis c'est... Là, nous, une des choses
qui est vraiment importante de comprendre, c'est que oui, l'évitement, mais
pour faire des projets de restauration, quand on va arriver à cette étape-là,
on a besoin de quelqu'un qui est désigné, on a besoin de sites. Puis la... je
l'ai... on l'a nommé, là, la loi, le projet de loi qui est en train de... à
quelque part autour est en consultation pour le territoire agricole...
Sincèrement, il y a plein de problèmes en territoire agricole partout au
Québec, c'est dans les manchettes régulièrement, parce qu'il y a des
inondations, parce qu'il y a des problèmes de sécheresse, parce qu'il y a des
problèmes de sédimentation dans les cours d'eau, mais on ne peut pas
intervenir, on n'a pas le droit de faire des milieux humides en territoire
agricole. Bien, c'est un problème parce qu'on ne peut pas... Les solutions
basées sur la nature que tout le monde... on doit aller le faire en milieu
agricole pour les aider, mais on ne peut pas, on n'a pas le droit à cause de...
la loi ne le permet pas dans... au niveau de la LPTAA. C'est un enjeu évident.
Puis, eh bien, il y a certaines MRC comme Montréal, là, qui a un déficit, là,
puis qu'on veut... mais 57 % de son territoire est en territoire agricole.
Donc là, il y a... Si ce n'est pas facile de le faire en territoire agricole ni
en territoire urbain où on va faire de la restauration? Donc, c'est toutes ces
questions-là que nous, tu sais... il y a deux... Il y a vraiment des enjeux
autres que ce qui a été mentionné. Oui, c'est bien de vouloir faire des
améliorations, mais on a adressé dans le mémoire d'autres solutions qui, du
fait qu'on travaille à notre quotidien, on pense qu'elles doivent être aussi
des ajouts ou des modifications d'autres choses qu'on doit travailler pour
s'assurer de pouvoir protéger le milieu humide.
Mme Grondin : Combien de
temps il reste, Mme?
La Présidente (Mme Blouin) : 3
min 26 s.
Mme Grondin : 3 minutes?
O.K. Donc, vous avez... justement, c'était ma prochaine question, parce que je
pense que c'est important d'y réfléchir, justement, sur cette question-là
de : On désigne qui, là? C'est qui le porteur de ballon qui va restaurer?
Qui qui va avoir des projets? On n'a pas avant déjà cet... ça, les promoteurs
devaient le faire, puis ça n'a jamais rien donné, puis on est tombé en déficit.
Là, on est... on y revient avec la Loi sur les plans régionaux de milieux
humides. Effectivement, on n'a pas désigné qui. Là, on voit que la
fédération... la FQM dit : Pourquoi que vous ne nous déléguez pas tout ça?
Avez-vous identifié, à part Canards illimités, c'est qui les acteurs, c'est qui
les porteurs de ballon?
Mme Deslongchamps (Mélanie) : En
fait, les porteurs de ballon qui sont capables, il y en a plusieurs. Je ne
pense pas qu'on doit désigner... Tu sais, Canards peut en faire, un organisme
de bassins versants, certains organismes...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...ils
sont capables. Un conseil régional pourrait en faire. Un consultant pourrait
s'arrimer avec un consultant en ingénierie, pourrait s'arrimer avec un
organisme administratif. Il y a plein de gens qui pourraient. Il y avait 400
personnes dernièrement, lorsqu'il y a eu un événement sur la restauration, il y
avait... Au niveau de l'Association des biologistes du Québec, il y en a. Il y
a des gens qui sont capables de faire des projets de restauration. La question,
ce n'est pas... c'est qui qui va être capable? C'est qui qui veut prendre la
responsabilité? Puis c'est là...
• (17 h 20) •
L'affaire, c'est que, oui, l'ancien
régime, c'étaient les promoteurs qui devaient faire la compensation, mais ils
ne compensaient pas en restaurant, ils compensaient en acquisitions de
terrains. Ils achetaient un milieu humide, ils achetaient... donc, ils
achetaient... ils protégeaient un milieu humide. C'est ce qu'ils faisaient
avant. Maintenant, le programme n'est plus d'acheter des milieux humides pour
les protéger. On veut faire un gain net, donc on doit restaurer. Mais les
promoteurs, quand...
Admettons qu'on regarde la Loi sur les
pêches, là. Au fédéral, un promoteur doit signer avec quelqu'un et... que ce
soit une municipalité, ou avec... avec nous, ou avec... avant de faire son
projet de destruction. Ça a été inclus dans son autorisation gouvernementale.
Donc, le promoteur, avant de détruire, il le sait. Il existe des législations
ailleurs où on a des banques de projets, là, vraiment, où des promoteurs vont à
la banque, dans le sens qu'existe-t-il des projets clé en main où on pourrait
faire... Mais c'est qu'il y a beaucoup de choses qui... Tu sais, il faudrait
comme avoir des chantiers pour au moins cinq ou 10 prochaines années pour
dire : Il faut y aller. On ne l'a pas fait, on n'en a... Depuis 2017 qu'il
est en place, il n'y en a pas, il n'existe pas de banque de projets. Les
municipalités... en fait, les MRC ont eu à seulement spécifier, dans leur
PRMHH, des lieux potentiels qu'ils ont... Ils ont utilisé différentes manières
de le faire, mais c'est des lieux potentiels, ça n'a pas été vérifié, ça n'a
pas été... voir est-ce que c'est possible de faire un projet. Est-ce qu'il y a...
Combien ça coûterait? Qui pourrait être partenaire? Combien d'hectares on
pourrait récupérer, etc.? Il n'y a rien, là. Donc, il y a des... il y a un
travail à faire pour arriver à améliorer le programme, et il y a de
l'investissement à faire.
Ça fait que le 15 %, moi, je le vois
qui... Tu sais, je me suis demandé à quel point le gouvernement ne pouvait pas
aller chercher du 15 % pour améliorer l'efficience du programme, pour
qu'il y ait plus d'employés. Est-ce qu'il peut, tu sais, travailler avec des organismes
partenaires pour améliorer cette efficience-là au programme pour avoir...
La Présidente (Mme Blouin) : Ça
complète l'échange avec la banquette gouvernementale. Donc, on enchaîne tout de
suite avec la porte-parole de l'opposition officielle, pour
9 min 54 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. On va continuer sur les
milieux humides. Vous avez mentionné, là, il y a... il y a certains secteurs,
là... vous avez parlé de Laval, Montréal, que c'était plus difficile de faire
des projets. C'est vrai, il y a moins de... de terrains, disons, disponibles,
et les coûts sont très élevés, de ces terrains-là. Mais compte tenu de... tu
sais, des coûts très élevés des terrains, est-ce que... est-ce qu'on devrait
encore détruire des milieux humides dans ces secteurs-là? Parce que là, oui,
c'est bien, le 15 % pourrait aller ailleurs, mais il y a quand même un
85 % qui resterait, et comment on va le dépenser si on n'arrive pas à
racheter des terrains pour compenser?
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Bien,
c'est ça, l'objectif, d'avoir une obligation, trouver des projets avant de
détruire, parce que, dans ces régions-là, ça va empêcher... il n'y aura... il
ne pourra... Tu sais, si on regarde... on donne un cas fictif d'une usine, sur
la Rive-Sud de Montréal, qui veut faire de quoi. C'était... c'était difficile
de compenser, parce qu'il n'y a pas de site en Montérégie. Donc, de trouver des
sites de compensation, c'est difficile à cet endroit-là. Si c'est si difficile,
puis qu'on n'autorise pas avant la destruction, bien, on va... tu sais, il n'y
aura pas d'émission de permis, là. Parce que je veux bien... parler de
moratoire... M. le ministre a essayé, je pense, ou, en tout cas, il en a parlé.
On a... on a des... on a vu dans les
articles de journaux qu'en 2022 il y avait eu des discussions par rapport au
fait de faire un moratoire dans certaines régions. Nous, on a retrouvé ça quand
on faisait nos recherches pour la commission. Mais c'est difficile de faire des
moratoires, là, il va y avoir beaucoup de monde qui vont crier, là. Mais de le
prendre par l'autre côté, puis de dire : Bien, tu veux faire un projet,
bien, il va falloir trouver des sites, ça va venir un peu compenser, justement,
le fait qu'on ne fait pas un moratoire mais il faut avoir des projets avant de
détruire.
M. Michaud (André) : Puis
j'ajouterais peut-être, si... dans le... dans le cadre de la p.l. n° 132,
il y avait beaucoup une demande pour la prévisibilité pour les promoteurs,
savoir où ils s'en vont pour être capables de planifier leurs développements.
Aujourd'hui, ce qu'on dit, c'est... avec la p.l. n° 81, est-ce que c'est
possible d'amener cette prévisibilité-là sur la notion de compensation? Donc,
est-ce que c'est possible à ce moment-ci? Parce que là, il y a eu des sous qui
ont été engrangés. L'idée, ce n'est pas de faire un coffre-fort, mais c'est
bien d'aller réinvestir, réinjecter. Mais nous, on pense que d'amener de la
prévisibilité, en disant : Là, le promoteur...
M. Michaud (André) : ...un
projet qui est de développement, si l'évitement n'est pas possible, puis on
s'en va vers le développement, bien, assurons-nous, socialement parlant, qu'on
a un site qu'on peut accueillir. Et là, dans le cas que vous amenez, de
dire : Bien là, les terrains coûtent cher, il n'y en a pas beaucoup, bien,
ce fardeau-là ne revient pas à on ne sait pas à qui, il faut l'adresser. Puis
je pense que, pour une société comme la nôtre, on doit se donner un outil comme
ça puis donner ce niveau-là de dire : On est sérieux, on veut vraiment que
ça fonctionne. Et, lorsqu'on aura autant les éléments d'un côté et de l'autre,
on pourra aller de l'avant avec le projet.
Mme Dufour : Vous avez fait
référence au projet de loi n° 132 de David Heurtel, à l'époque. Il y avait des
compensations, des prix de compensation qui étaient plus élevés que ce qu'il y
a actuellement. Et ça est-ce que c'est... ça peut nuire aussi à faire des
projets de compensation?
M. Michaud (André) : Bien,
une affaire qui est sûre, c'est qu'il y a eu des... beaucoup de travail qui a
été fait, et la question, elle est fort pertinente. Est-ce que, présentement,
la façon que le calcul est fait... est-ce que, dans certains endroits... est-ce
que l'argent sera suffisant ou suffisante pour compenser? La question est
bonne. Ce n'est pas moi qui est... Je ne suis pas actuaire, je suis biologiste,
mais on pourrait se poser des questions parce que la société a quand même
évolué beaucoup. Les coûts ont évolué beaucoup depuis le p.l. 132, et votre question
est fort pertinente, puis elle se devra d'être adressée, je suis convaincu.
Mme Dufour : Merci.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...juste
par rapport au montant, là, maintenant, on parle de 3 millions par projet.
Mais, tu sais, si on détruit, on ne fait pas des projets nécessairement de la
même valeur tout le temps, là, ce n'est pas ça présentement, là. On n'est pas
dans un «trade», là, de vente, comme un peu de faire... de banque comme on
parle, là. Tu sais, si on implantait un processus avec une banque de projets,
on pourrait parler de valeur égale, mais là on met de l'argent puis... dans un
programme, puis on va aller compenser, mais on n'est pas... on n'est pas
capables de dire : Ah! on a détruit tant, on va restaurer tant. On n'a pas...
Mme Dufour : Oui. Dans le
passé, c'étaient les municipalités, là, qui devaient... Tu sais, il y avait
comme des ententes qui pouvaient être prises avec le promoteur, puis là la
municipalité devait aller acquérir un terrain ou c'était le promoteur qui le
faisait. Des fois, il cédait à même son projet. Là, c'est... vous l'avez dit,
il n'y a pas de personne désignée qui le fait. Les... La FQM nous a parlé ce
matin que les MRC, ils croient qu'ils pourraient être des personnes désignées à
en être responsables, ce sont elles qui ont fait les plans régionaux, milieux
humides et hydriques. Un des enjeux qu'ils ont, c'est qu'actuellement il y en a
encore, des plans, qui n'ont pas été approuvés par le ministère. Donc, ils ont
la... beaucoup de volonté, mais, si les plans ne sont pas approuvés, les
projets... c'est plus difficile de soumettre des projets. Donc, est-ce que vous
croyez que les MRC pourraient être ces personnes responsables là qui
donneraient, évidemment, comme vous avez dit, là, à d'autres organismes les...
le mandat?
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Ce
matin, j'ai entendu, là, les commentaires, puis ce que je me disais, c'est que
ça dépend des MRC, hein? Les poids des MRC sont très différents. Il y a des MRC
qui ont un employé à l'environnement qui couvre tous les sujets. Donc, on... il
faudrait vraiment qu'il y ait un changement, là, tu sais, dans le sens, qu'il
faudrait qu'il y ait un employé désigné avec des compétences, puis tout ça,
puis on le sait, c'est difficile d'avoir les compétences. Ça fait que peut-être
que certaines MRC, municipalités, comme des grosses villes, peuvent avoir des
employés ayant les compétences. Mais, même à ça, nous, on est souvent appelés
en renfort, même dans les plus grosses municipalités, pour accompagner les plus
grosses villes pour faire des projets. Oui, ils pourraient, mais, tu sais,
c'est une question de capacité, là, de... Tu sais, chaque municipalité ou
chaque MRC, en fait, a des capacités différentes. Je ne pense pas que c'est là
présentement qu'on doit aller. À notre humble avis à nous, il y a d'autres
mesures à mettre en place pour arriver à faire que le fonds soit plus
efficient, là.
M. Michaud (André) : Les
balises seront importantes. C'est parce que... Peut-être juste porter à votre
attention. De faire un projet de restauration, c'est un; de s'en occuper pour
l'éternité, c'est long. Et ça prend aussi ça, qu'il faut qu'on aille
adresser : Qu'est-ce que... Que va-t-il se passer le jour J plus deux?
Mme Dufour : Tout à fait. Je
veux juste souligner un élément de votre mémoire, je ne sais pas c'est quelle
page, là, mais vous parlez de... «En termes de cohérence, il est essentiel
d'interdire la destruction des milieux humides dans les bassins versants qui
sont visés par le programme de résilience et d'adaptation face aux
inondations», parce que, d'un côté, vous dites que «le gouvernement injecte de
l'argent pour la création d'infrastructures vertes pour accélérer la résilience
aux changements climatiques, mais, de l'autre, on accentue les problématiques
d'imperméabilisation en autorisant des projets de remblais dans les milieux
humides». Donc, selon vous, il faudrait interdire du... au moins les
remblaiements, mais la loi le prévoit déjà, cette interdiction-là.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Mais,
en fait, dans le sens que, dans certains bassins versants où il y a des
problématiques d'inondation connues...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...où
le programme intervient, là, le PRAFI, il y a encore... Bien, quand on donne
des autorisations gouvernementales pour faire des projets dans un milieu
humide, quand on donne des autorisations, c'est du remblai, c'est de la
destruction. Donc, c'est que... On peut donner des exemples précis. Dans le
secteur de Québec, il y a eu de l'argent pour... avec le PRAFI pour une rivière
qui a des débordements. Mais il y a eu des autorisations dans le même bassin
versant pour faire la destruction de milieux humides. Mais on s'entend qu'il y
a... tu sais, un bassin versant déjà connu pour des inondations, on y injecte
de l'argent pour faire des travaux. Il faudrait minimalement s'assurer que...
de ne pas... de ne pas donner de l'argent d'un côté puis de détruire de
l'autre, là.
• (17 h 30) •
Mme Dufour : Mais ce que je
voulais dire, c'est que c'est déjà dans la loi. Le ministre peut déjà refuser.
Donc...
Mme Deslongchamps (Mélanie) : ...là,
c'est éviter, minimiser, compenser. Mais, si l'évitement n'est pas fait, puis
qu'on va à la compensation, c'est dans cette situation-là, là.
Mme Dufour : Je vais passer la
parole.
Mme McGraw : En parlant
d'évitement, justement, dans votre mémoire, vous soulignez le fait que les
législateurs québécois devraient s'inspirer de législations sur les milieux
humides dans d'autres juridictions où certaines lois s'appliquent. Bon. Est-ce
qu'on... C'est quelles, ces autres juridictions ou ces... ces... qui pourraient
donner l'exemple au Québec?
Mme Trépanier (Cloé) : Oui.
Bien, il y a l'exemple, par exemple, au Nouveau-Brunswick. Donc, au
Nouveau-Brunswick, eux, ils ont identifié leurs milieux humides d'importance.
Et, suite à cela, ils ont fait comme complètement un moratoire sur ces milieux
humides là. Donc, il n'y a aucun motif économique qui va faire en sorte qu'ils
vont pouvoir faire la destruction de ces milieux humides là. Puis, ça, c'est
noté, justement, ils dénoncent par exemple le fait que les... qu'il y avait des
inondations et qu'économiquement c'est plus rentable de sauver ces milieux
humides d'importance là, qui ont été reconnus. Donc, ils ont... ils font de l'évitement
de cette façon-là avec tous les milieux humides d'importance.
Mme McGraw : Et, très vite,
juste pour revenir à l'organisation qui serait désignée par la loi pour
réaliser des projets de compensation, si ce n'est pas les MRC, quels seraient
les critères pour cet organisme idéal pour gérer le tout? Quels seraient les
critères?
Mme Deslongchamps (Mélanie) : En
fait, je vous dirais que, si le promoteur doit trouver, justement, que ce soit
un... promoteur d'un projet qui détruit peut collaborer avec la municipalité,
avec un organisme, mais c'est le promoteur qui a l'obligation de trouver le bon
projet. Ça fait que c'est le... Quand... Pour avoir son autorisation
gouvernementale, il doit avoir un partenariat avec un organisme qui aura une entente.
La Présidente (Mme Blouin) : Ça
complète. Merci beaucoup. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonsoir à vous trois. Merci d'être là.
On parle beaucoup de votre proposition,
là, de trouver des sites de compensation avant l'émission d'un permis. Vous
dites : Ce serait intéressant de créer une banque de projets de
restauration. Qui serait responsable de gérer cette banque-là?
Mme Deslongchamps (Mélanie) :
Chaque MRC pourrait être responsable d'avoir une banque qui peut aller chercher
l'accompagnement nécessaire... des organisations, là. Certaines villes l'ont
déjà fait. Donc, en fait, c'est soit d'aller... Moi, je pense que les MRC sont
les mieux placées, mais ils vont devoir aller chercher de l'accompagnement
d'organismes de bassins versants, de conseils régionaux, de firmes
d'ingénierie, de chercheurs, etc., pour pouvoir faire cette banque-là.
M. Leduc : ...pour une
banque. C'est quand même beaucoup d'argent.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : Bien,
en fait, ça fera partie du projet. Dans le sens que, s'il faut acheter le
terrain visé, bien, il va falloir qu'on... ça soit... fasse partie du coût.
C'est sûr que là, présentement, la plupart des projets, souvent, c'est l'enjeu
principal. C'est essayer de trouver des projets qui appartiennent déjà aux
villes, qui appartiennent déjà au public pour essayer de faire des projets de
compensation. Puis, quand on arrive pour acheter des terrains, bien, c'est là
qui est un enjeu. Parce que présentement, les milieux humides... Avant, là, les
milieux humides ne coûtaient rien, là, puis là, bien, on va peut-être tomber
sur un enjeu où certains milieux humides qui ont... tu sais, qui ont des
potentiels de création vont coûter peut-être un peu plus cher à acheter.
M. Leduc : Toujours sur la
question des compensations, là, le projet de loi donne au ministre une espèce
de pouvoir discrétionnaire pour permettre des travaux préalables. Est-ce que ça
vous inquiète, ce niveau-là, des travaux préalables qui pourraient même un peu
venir détruire des milieux humides, qui n'auraient pas eu le temps d'être
évalués en bonne et due forme?
M. Michaud (André) : À vrai
dire, je ne suis pas sûr de comprendre. Dans notre mémoire, ça, c'est écrit,
cette chose-là? O.K. Dans le projet de loi. Non. À vrai dire...
Une voix : Répétez la...
M. Michaud (André) : Oui,
exact, s'il vous plaît.
M. Leduc : Le ministre
s'octroie le droit, un pouvoir discrétionnaire de pouvoir autoriser des travaux
préalables avant même, là, toute forme d'autorisation environnementale, et
compagnie, pour des objectifs soi-disant, donc, de décarbonation et de
changements... de lutte aux changements climatiques...
17 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...on a évoqué ça
avec différents groupes aujourd'hui. Je comprends que ce n'est pas l'angle que
vous avez exploité dans votre mémoire. Bien, dans le temps qui reste,
peut-être, voulez-vous élaborer sur un aspect qu'on n'a pas eu le temps d'aborder
aujourd'hui, qui était dans votre mémoire?
M. Michaud (André) : Bien
non. Dans les faits, les points sont là. L'idée, on le sait, que la banque de
projets, donc d'avoir des sites potentiels, c'est important. Puis je crois que
l'idée, ce n'est pas juste d'avoir une série de noms, mais c'est d'avoir une
liste avec un potentiel validé, donc un genre d'étude de faisabilité pour être
vraiment sûr que le site numéro 10, bien, on est en territoire où on peut
faire un projet de restauration, que c'est compatible avec les autres usages du
territoire, que ce soit l'usage agricole ou quoi que ce soit, que le terrain,
est-ce que le propriétaire est favorable à l'idée, est-ce que c'est la
municipalité, pour qu'on puisse avoir de la prévisibilité et surtout de l'agilité.
J'aime bien le mot. Parce que, dans les faits, il y aura des projets,
probablement, des nécessités, il y a un fonds qui est là, puis il faut investir
ce fonds-là, donc il y a des besoins, là il faut avoir les sites. Et, ces
sites-là, ça ne doit pas juste être une liste qui est...
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup.
M. Michaud (André) : ...de
rêves, mais on peut, un réel potentiel.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, on va poursuivre avec le député des Îles-de-la-Madeleine pour
3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Mesdames, M..
C'est intéressant, parce que vous avez mis
le regard sur un point particulier, donc on a l'occasion de l'approfondir. Puis
moi, je suis dernier à intervenir. Si on peut résumer votre point de vue, là,
est-ce que vous voudriez qu'on s'inspire du Nouveau-Brunswick et puis que, pour
véritablement respecter l'esprit et la lettre de la loi, il y ait effectivement
zéro perte nette, puis point final? À ce moment-là, est-ce que... est-ce que
vous pensez que c'est... c'est réaliste d'envisager une avenue comme celle-là?
Mme Trépanier (Cloé) : Bien,
je pense que, juste pour préciser, Nouveau-Brunswick, c'est juste sur les
milieux humides d'importance, leur législation qui est faite. Puis je pense qu'il
y a des particularités dans chacune des législations qui est différente. On a
des enjeux, ici, on a un fonds de compensation qui est plein, donc je pense qu'il
y a des... il y aurait des particularités à prendre en compte. Mais je pense qu'il
y a des exemples qu'on peut apprendre du Nouveau-Brunswick. Puis il y a d'autres
législations au travers du Canada qu'on peut apprendre aussi, qui ont des
banques de projets, par exemple, mais qui ont des législations puis des
réalités complètement différentes. Par exemple, en Alberta, ils ont une banque
de projets de compensation, mais est-ce qu'on doit faire un copier-coller? Je
ne pense pas nécessairement, parce que les réalités sont différentes entre le
Québec et l'Alberta au niveau des législations environnementales. C'est sûr.
M. Arseneau : Je vais poser
la question autrement. En fait, c'est que, si on continue de détruire les
milieux humides, qu'ils soient d'importance ou qu'ils soient de moindre importance,
il reste globalement qu'il faut les protéger. Et vous nous dites qu'il faudrait
idéalement avoir des projets déjà déterminés à l'avance avant de détruire les
milieux humides. Mais ce n'est ce pas ce qu'on fait depuis 2017. Puis
visiblement, c'est ce qu'on va continuer de faire au cours des prochaines
années, là. Donc, ce décalage-là, est-ce que vous voyez, dans le projet de loi,
la moindre chance qu'on puisse résorber le déficit entre les centaines de
millions de dollars qu'on est en train de cumuler et puis la petite quantité de
mètres carrés qu'on est en train de... qu'on essaie péniblement de faire? En d'autres
mots, là, est-ce que le projet de loi aujourd'hui nous permet d'espérer un jour
qu'on résorbe cet énorme déficit-là? Pas vraiment.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : En
fait, on peut espérer, au niveau de l'évitement, que ça va déjà faire qu'il va
y avoir moins de projets qui s'en vont à la compensation directe, là. Parce que
là, on vient de changer un peu la démonstration qui est à faire au niveau de l'évitement,
parce que là, présentement, beaucoup de projets s'en vont directement à la
compensation. Mais aussi, comme on a dit, il faudrait comme faire que la
compensation soit plus attachée puis qu'il y ait des gens qui soient obligés de
le faire. Il faut aussi adresser la problématique d'espaces pour faire des
lieux de compensation. On s'entend, nous, c'est notre quotidien. Puis, si on ne
règle pas cette problématique-là d'espace, on n'en fera pas, de projets. Ça
fait que c'est sûr que... Je comprends ce que vous dites d'il ne faut plus en
détruire...
M. Arseneau : Si on n'a ni l'espace,
ni les promoteurs, ni la volonté ou ni l'expertise, on n'y arrivera jamais.
Mme Deslongchamps (Mélanie) : On
va y arriver. Mais on a donné des pistes de solutions. Il faut aller plus loin
puis implanter d'autres mesures de solutions.
M. Arseneau : Est-ce qu'on
peut imaginer une banque de projets suffisamment importants pour continuer à...
au même rythme que les dernières années?
Mme Deslongchamps (Mélanie) : En
fait, non, là, l'objectif, je pense que... du projet de loi est évident, de ne
pas... de diminuer le rythme, là. Je pense que l'évitement est au cœur de la
situation, là. Donc, si on est capable d'éviter plus de projets, on va y
arriver. Mais c'est sûr qu'il faut le comprendre, c'est complexe faire des
projets de restauration.
La Présidente (Mme Blouin) : Ceci
met fin à la période d'échange. Je vous remercie beaucoup pour votre
contribution à nos travaux.
Alors, je suspends les travaux pour une
courte pause.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
(Reprise à 17 h 45)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. Donc, on va poursuivre avec Éco Entreprises
Québec. Alors, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre exposé,
après quoi on va procéder à la période d'échange avec les membres de la
commission. Alors, sans plus tarder, je vais vous inviter à vous présenter et
ensuite à enchaîner avec votre exposé, s'il vous plaît.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Merci beaucoup. Donc, Charles David Mathieu-Poulin, chef
bureau de la présidence, Projets stratégiques et relations gouvernementales,
chez Éco Entreprises Québec.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Bonjour.
Julien Hynes-Gagné. J'agis comme conseiller principal aux affaires juridiques
chez Éco Entreprises Québec.
La Présidente (Mme Blouin) : Vous
pouvez enchaîner, s'il vous plaît, avec votre exposé, merci.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Parfait. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, bonsoir,
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés. Premièrement, on
voulait vous remercier de votre invitation à participer à cette commission.
Donc, on est très heureux d'être ici ce soir pour parler de p.l. 81.
Avant de commencer, peut-être présenter un
petit peu Éco Entreprises Québec. Donc, nous existons depuis 2005. Notre rôle,
c'est de représenter les producteurs qui mettent en marché des contenants,
emballages et imprimés dans leur responsabilité de financer la collecte
sélective au Québec. On est un organisme privé, mais à but non lucratif. En
2022, on a été nommé comme, ce qu'on dit, OGD, donc organisme de gestion
désigné, par le gouvernement pour mettre en œuvre la modernisation de la
collecte sélective au Québec dans une perspective de responsabilité élargie des
producteurs, donc ce qu'on appelle la R-E-P, la REP. Donc, à travers la REP, notre
rôle, c'est de développer, de gérer, de mettre en œuvre un programme qui permet
de moderniser le système de recyclage, de créer une économie plus circulaire au
Québec et de favoriser l'écoconception de nos membres.
Donc, avant de rentrer un petit peu plus
dans le vif du sujet, on voulait vous expliquer un petit peu le concept de la
REP. Donc, vraiment, la REP, c'est de mettre les producteurs d'emballages,
contenants, imprimés au centre de la gestion du système. Donc, Éco Entreprises
Québec représente ces producteurs-là, et c'est nous qui avons le lien direct
avec tous les membres de la chaîne de valeur du recyclage. Donc, c'est nous qui
avons des ententes de partenariat avec les organismes municipaux qui, eux,
s'occupent de la collecte et du transport des matières résiduelles. On a aussi
des contrats avec les centres de tri qui s'occupent de faire le tri de ces
matières-là une fois qu'ils ont été transportés. C'est aussi nous qui sommes
propriétaires de la matière qui est collectée et qui s'occupe de faire la vente
de la matière maintenant un peu partout ici, au Québec, et ailleurs. Et on a
aussi une marque citoyenne, que vous avez peut-être vue dans les campagnes
récentes, qui s'appelle Bac Impact. Donc, on a un rôle d'éducation et de
sensibilisation au niveau de la population.
Tout ça est encadré par le règlement sur
la collecte sélective, qui est un règlement qui est sous la Loi de la qualité
de l'environnement. Donc, vous comprendrez que nous sommes intéressés,
évidemment, avec ce qui se passe avec le p.l. 81. Notre objectif aujourd'hui
est de commenter sur des trucs qui pourraient avoir un impact direct sur nos
opérations en tant qu'OGD de la collecte sélective, mais aussi qui pourraient
avoir un impact sur d'autres membres de la chaîne de valeur du recyclage et
donc d'avoir des impacts indirects sur nous. Donc, on a cinq grandes réflexions
qu'on aimerait partager avec vous aujourd'hui et on espère que ça pourra
contribuer à la réflexion. Donc, je vais laisser mon collègue Julien commencer
avec le premier.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Bonsoir.
Merci de nous recevoir. Notre premier point, c'est celui de... du principe de
conciliabilité entre la réglementation environnementale et municipale. C'est le
principe que propose la nouvelle mouture de l'article 118.3.3 de la Loi
sur la qualité de l'environnement, c'est-à-dire, comme vous le savez bien, de
modifier le principe général de priorité de la réglementation environnementale
sur la réglementation municipale.
Alors, on a réfléchi à l'interne sur
qu'est-ce que pouvait être la contribution d'Éco Entreprises Québec sur ce
point, sachant que la plupart des organisations qui sont appelées à commenter
le p.l. 81 à cette commission ont, d'une façon ou d'une autre, des
représentations à faire cet article et qui sont généralement très tranchées
d'un côté ou de l'autre. Au final, on a choisi de s'éloigner des grands
principes et de la théorie, qui très intéressante, sur l'interaction entre les
règlements municipaux et environnementaux et on va se concentrer sur notre
force comme maître d'œuvre de la collecte sélective, c'est de vous parler des
effets concrets sur le terrain, jusque dans le bac de recyclage.
Alors, parlons-en, des effets. Il y en a
deux principaux. D'abord, EEQ est tenu à un règlement qui est très exhaustif,
de près de 150 articles, qui dicte jusqu'au contenu minimal de chaque contrat
qu'on doit conclure avec tous les...
M. Hynes-Gagné (Julien) : ...la
chaîne de valeur que citait mon collègue. La mission générale, elle est claire,
on doit élaborer, mettre en œuvre, soutenir financièrement un système de
collecte sélective au Québec et d'agir comme maître d'œuvre. Or, si chaque
municipalité a le pouvoir d'adopter la réglementation qui vient affecter les...
paramètres de la desserte, on s'éloigne de cet objectif. On a donné des
exemples dans le mémoire, mais je pense qu'il vaut la peine de les resouligner
ici. On parle des caractéristiques comme les lieux de destination qui
pourraient dicter, dans la réglementation, l'endroit où la matière doit être triée.
• (17 h 50) •
Or, le lieu de collecte doit relever de la
discrétion d'EEQ, en tant qu'opérateur et responsable de l'efficience globale
du système. EEQ possède la fine connaissance des facteurs, terrain, comme la
capacité et les équipements disponibles, la spécialisation de chaque centre de
tri. Et des exemples comme ça, il y en a, autant que ce dont peut porter la
réglementation. Alors, la fréquence de collecte. Une municipalité qui pourrait
dire... tenter d'imposer une fréquence de collecte différente de la nouvelle
norme provinciale établie d'une collecte aux deux semaines pour la collecte en
porte à porte, est au cœur de l'efficience mise de l'avant par EEQ, tant d'un
point de vue financier, que d'un point de vue des... de gaz à effet de serre.
Il y a le mode de collecte, des
municipalités pourraient indiquer que la collecte doit se faire par l'entremise
d'un mode particulier, alors qu'on sait que ça a des répercussions
importantes, notamment, en matière de santé, sécurité des travailleurs. Il y a
les heures de collecte. Les municipalités pourraient interdire le passage des
camions de collecte à des heures précises, ce qui est susceptible d'entraîner
des répercussions sur le prix global de la collecte sélective. Bon. Moins il y
a d'heures de collecte, plus il faut de camions et plus la collecte est
dispendieuse.
Bref, ce qu'il faut retenir, c'est que la
multiplicité des règles locales différentes, bien, c'est l'une des raisons qui
a mené à la REP au Québec et ailleurs dans le monde, pour redonner confiance
aux citoyens et mettre en place les conditions pour favoriser l'efficience
globale du système... le principe de conciliabilité, ça met à mal le premier
objectif de la REP. Et puis le deuxième effet, et celui dont on parle moins,
mais qui est tout aussi pratique, c'est qu'une détermination de conciliabilité,
c'est très complexe à opérer en pratique. Les municipalités devaient décider,
suivant l'adoption du pl 81, de prendre un règlement et que ce règlement devait
moduler un aspect de la collecte sélective, bien, comment on détermine, sur le
terrain, ce qui est conciliable et ce qui est contradictoire.
Dans certains dossiers, on le fait, cette
analyse-là, ça prend des années à se judiciariser devant les tribunaux. Or, EEQ
a des objectifs chiffrés clairs, dès 2027, pour le recyclage, la valorisation
et la valorisation locale. Il est difficile de concevoir qui devra s'engager
dans des pourparlers juridiques, avec des partenaires municipaux, sur
l'application, conciliable ou non, de chaque règlement municipal. En d'autres
termes, non seulement le principe de conciliabilité peut être problématique,
mais son application l'est tout autant dans un contexte où EEQ agit comme
opérateur auprès de la quasi-totalité des municipalités du Québec.
Alors, à la lumière de ceci, notre
première recommandation est de maintenir le statu quo en ce qui concerne
l'article 118.3.3, ou, à défaut, de prévoir une disposition expresse dans les
règlements qui régissent les activités de l'EEQ, selon laquelle ses règlements
priment sur la réglementation municipale. Sur ce, je cède la parole à mon
collègue qui va aborder notre deuxième point, celui de la désignation possible
de plusieurs organismes pour la REP.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Merci, Julien. Donc, notre deuxième commentaire était par
rapport au paragraphe 1° de l'article 53.30.3, qui modifie le texte afin de
mentionner qu'il y avait la possibilité d'avoir plusieurs organismes à but non
lucratif qui soient désignés dans plusieurs OGD. Donc, question autour de ça,
c'est vraiment de mieux comprendre l'objectif derrière. EEQ, en tant qu'OGD au
Québec, parle avec énormément d'autres OGD ailleurs dans le monde, que ce soit
en Europe ou ici, au Canada. Et il est certain que la tendance est plutôt
contraire. Donc, la tendance est d'aller vers un modèle où il y a un OGD
unique. Parce que certains endroits en Europe, notamment, en Allemagne, mais
aussi chez nos voisins en Ontario, ont le concept d'OGD multiple, et ça ajoute
énormément de complexité au système, énormément de coûts au système.
Donc, c'est certain que, nous, on a... On
voulait exposer le risque qu'il est possible d'avoir plusieurs OGD sur la même
REP. Donc, c'est certain que notre recommandation serait de maintenir le statu
quo et de maintenir... d'avoir un seul organisme gestion désignée par REP.
Julien.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Alors,
mon point suivant, je vais accélérer, je vois le temps qui file. Le troisième
point est relatif à des formulations qui sont un peu générales dans le pl 81.
Un exemple frappant de ce phénomène-là, c'est le nouvel article 53.29.1, qui
est proposé à la Loi sur la qualité de l environnement. Et, bon, cet
article-là, je vous le lis, c'est une phrase : «Le gouvernement peut, par
règlement, prescrire toute mesure afin de limiter la génération de matières
résiduelles et afin d'assurer leurs éventuelles récupération et valorisation.»
Il est difficile, pour EEQ, de cerner la
portée de ces modifications-là, qui nous portent à recommander que des
précisions soient apportées à ces articles afin d'en préciser la teneur, pour
mieux circonscrire les mesures qui pourraient être prises par le gouvernement,
évidemment, s'y préparer. Donc, la parole à mon collègue pour...
M. Hynes-Gagné (Julien) : ...point.
M. Mathieu-Poulin (Charles David) :
Oui. Donc, les véhicules lourds à zéro émission, donc, vous comprendrez
qu'étant donné que... se gère via des fournisseurs de services, la collecte et
le transport des matières résiduelles, il y a plusieurs de nos partenaires qui
ont soulevé leurs inquiétudes par rapport à des obligations...
La Présidente (Mme Blouin) : Il
vous reste 30 secondes, donc je vais vous inviter à conclure.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Parfait. Donc, des obligations trop restrictives. Donc, vous
comprendrez, évidemment, que les camions de collecte sont très différents des
camions de transport. Donc, on ne... recommanderait d'étaler peut-être la
transition vers les véhicules lourds zéro émission pour la collecte et le
transport. Et, Julien, je vais faire rapidement les évaluations
environnementales. Donc, c'est seulement pour vous spécifier que le processus
d'évaluation pour des recycleurs, notamment les recycleurs de plastique, est
quand même très complexe. Et sachant qu'on a des obligations de cibles de performance
assez strictes pour le Québec, ça peut limiter le fait d'installer des
infrastructures dans un... à très court terme. Donc, on voulait seulement
s'assurer que vous compreniez que, si la période est trop longue pour
l'obtention d'autorisations, bien, ça peut limiter la possibilité pour nous
d'atteindre certaines de nos cibles de performance. Et on va conclure
là-dessus.
La Présidente (Mme Blouin) : Bien,
je vous remercie infiniment. Donc, on a un peu dépassé le temps, avec l'accord
du ministre, qui vous a laissé un peu du temps de la banquette gouvernementale.
Donc, je vous remercie pour votre exposé, et, tout de suite, je cède la parole
à M. le ministre pour 16 minutes.
M. Charette : C'est bien
gentil. Merci beaucoup. Merci à vous deux. Merci pour le travail que vous
faites. Je vais vous proposer quelques sujets, là, que vous avez abordés, comme
échange, mais je voudrais qu'on se garde aussi un petit peu de temps concernant
les articles qui étaient, notamment, dans les médias, ce matin, par rapport aux
inquiétudes de certains de vos partenaires, de nos partenaires par rapport aux
affaires... c'est-à-dire la réglementation au niveau municipal. C'est une
revendication de plusieurs, plusieurs années. Moi, ça fait six ans que je suis
dans les fonctions, dans les mêmes fonctions, et ça fait six ans que le milieu
municipal insiste pour avoir une précision sur leurs responsabilités au niveau
de la réglementation municipale. Et on me dit qu'ils font ces demandes-là
depuis la création de la LQE, donc c'est un dossier, là, qui est dans l'air
depuis un certain temps.
Je ne sais pas si vous avez pu suivre nos
échanges ce matin. Le milieu municipal n'a pas l'intention de partir tout seul
de son côté, sans concertation, sans s'assurer, là, de l'adhésion de leur
milieu. En même temps, je comprends les craintes que vous évoquez, mais ça
demeure, à moins que vous me disiez le contraire, là, ça demeure des craintes
théoriques. Théoriquement, ils pourraient exiger que la collecte sélective soit
ramassée en vélo, mais je n'ai pas entendu une seule municipalité vouloir le
faire, là. Mais, théoriquement, ça pourrait.
Donc, si vous avez des craintes très, très
particulières suite à des intentions municipales qui ont été évoquées, bien,
n'hésitez pas, d'une part, à nous les rapporter, mais n'hésitez pas à parler
avec les milieux municipaux concernés, parce que je les sens empreints, là, de
cette volonté de bien faire et de reconnaître le palier de gouvernement qu'ils
sont, mais je comprends, là, que ça peut susciter des craintes. Et vous l'avez
mentionné, c'est un dossier qui amène des positionnements très tranchés, soit
qu'on est d'accord, soit qu'on est contre, mais, au final, là, c'est assez bien
balancé. Donc, peut-être vous rassurer à ce niveau-là. Vous aviez des
inquiétudes aussi concernant la possibilité d'avoir plusieurs organismes de
gestion, plusieurs... plusieurs OGD. Ce n'est pas dans l'optique de multiplier
les OGD par REP, au contraire, c'est de dire : Nous aurons éventuellement
d'autres REP, et c'est de préciser quel est l'OGD ou comment assurer, là, que
l'OGD puisse bien s'acquitter de son mandat. Donc, ce n'est pas dans l'optique
d'avoir plusieurs OGD par REP. On travaille, et on ne s'en cache pas, sur
d'autres REP. Donc, c'est pour préciser des éléments, là, qui vont nous guider,
là, pour la suite des choses.
Vous avez terminé très, très rapidement
sur la notion, là, de la VZE sur les véhicules lourds. Ça aussi, on aura
l'occasion d'en parler davantage au niveau de l'étude article par article, et,
demain, je pense qu'on reçoit des groupes, là, qui seront particulièrement
intéressés par cette question-là. Dans les faits, c'est un pouvoir
réglementaire qu'on se donne, c'est un pouvoir habilitant, mais la
réglementation sur les véhicules zéro émission, lourds, elle sera développée
ultérieurement, donc ça fera l'objet de consultations aussi, ça impliquera
naturellement de solliciter l'avis des partenaires. Et on l'avoue ouvertement,
tout ce qui est filière, tout ce qui est en lien avec l'électrification des...
M. Charette : ...on a des
objectifs très ambitieux pour les véhicules passagers, mais probablement qu'au
niveau des véhicules lourds, on va prendre davantage le temps d'évaluer où est
le marché à ce niveau-là, quelle est sa capacité de répondre à telles... à de
telles contraintes. Donc, on se donne le pouvoir d'agir éventuellement, mais ce
n'est pas pour demain, et la journée où on sera prêts à bouger, ça fera
l'objet, là, de consultations spécifiques pour ce qui est de la réglementation
à développer.
• (18 heures) •
Sinon, je suis convaincu que si on
demandait aux Québécois et Québécoises ce qu'est un organisme de gestion
désigné, il n'y a pas beaucoup de monde qui saurait ce que c'est. En même
temps, vous jouez un rôle fondamental. La transformation qui s'opère
actuellement, au niveau de la collecte sélective, elle est majeure. Bien des
gens ne se sont pas rendu compte que, le 1er janvier dernier, c'est une
nouvelle façon de faire, là, qui entrait en vigueur. Donc déjà, je vous remercie
pour tout le travail que vous avez abattu au cours de la dernière année. Parce
que c'est un défi de vous entendre, notamment avec le milieu municipal, et à
peu près tous les milieux ont pu convenir d'une convention avec vous.
Ultimement, ce que ça fait, c'est simplifier la collecte sélective, c'est
l'uniformiser d'une région à l'autre. Ça va permettre des investissements
majeurs au niveau des centres de tri qui, malheureusement, à la grandeur du
Québec, opéraient avec des degrés de qualité très différents d'une région à
l'autre. Donc, c'est une transformation qui est... qui est importante.
En même temps, ce matin, on le voyait
bien, il y a certains de vos partenaires, de nos partenaires qui étaient
inquiets par rapport aux coûts qui leur... qui leur étaient imputés. En même
temps, dans des transformations comme ça, ceux qui sont contents, on les entend
très peu. Mais, au final, je devine que la très, très grande majorité des
parties prenantes se dit satisfaite du cheminement, là, qui s'opère. Mais peut-être
mentionner comment ce type de décision là se prend pour ce qui est des coûts,
peut-être, mentionner ou de nous préciser qui siège à votre conseil
d'administration, comment la décision se prend. Bref, juste faire un petit
résumé de comment ça a été mis en place, comment ces décisions-là sont prises
et ultimement peut-être nous dire comment accompagner les plus petits
producteurs, là, qui se voient imposer des frais, là, qu'ils jugent très
importants, là, dans cette année de transition.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Bien, merci beaucoup. Effectivement, on a travaillé très fort
dans la dernière année, donc ça va nous faire plaisir de vous expliquer un peu
tout ce qui s'est... tout ce qui est fait dans les coulisses. Donc
effectivement, ça a été quand même une très grande transition. Peut-être pour
expliquer un peu la hausse des coûts, c'est certain que la desserte qui nous
est demandée dans le règlement est beaucoup plus importante en 2025 que ce qui
était dans l'ancien régime, qui était le régime de compensation. Donc, on peut
penser que, oui, on fait la collecte résidentielle, mais on fait aussi la
collecte, maintenant, des écoles, des cégeps, de ce qu'on appelle les ICI
assimilables, donc les institutions, commerces et industries qui sont assimilables.
On doit desservir des territoires isolés, territoires éloignés, des communautés
autochtones, dans le règlement, donc vous comprendrez que c'est quand même
énormément qui nous est demandé qui ne l'était pas avant. Donc, ça, c'est une
des causes d'ailleurs de la hausse, et c'est cette obligation-là de desserte
qui est plus importante.
Au niveau de la prise de décision, bien,
c'est certain, comme vous dites, qu'on a un conseil d'administration qui est
formé de nos producteurs, donc on a des règlements généraux qui stipulent que
le conseil d'administration doit être formé, doit être représentatif des
producteurs, donc avoir des grands producteurs, des plus petits producteurs qui
sont là aussi. C'est une réalité très québécoise d'avoir énormément de PME qui
sont des producteurs d'emballages, contenants imprimés. C'est très différent,
dans les autres provinces canadiennes. Ces producteurs-là doivent représenter
autant des gens qui mettent du papier, du carton, du métal, du verre dans le
bac. Donc, si on regarde certains des membres, on peut penser à Métro, qui est
là, à la SAQ, qui est avec nous, on a des plus petits producteurs aussi, qui
sont là, comme Telus, qui n'est pas nécessairement un grand producteur pour
nous, Best Buy aussi, qui l'était. Donc, c'est vraiment à peu près une
douzaine, là, de producteurs qui sont là, sur le conseil d'administration. Et
leur rôle, évidemment, est d'entériner chacune des décisions qui est prise par
l'organisation.
Donc, comment ça a fonctionné? Bien,
effectivement, vous l'avez dit, on a dû faire des ententes de partenariat avec
les organismes municipaux du Québec. Donc, il y a plus de 1100, presque 1200
municipalités au Québec. Ce qu'on a réussi à faire, c'est à les combiner autour
de 150 regroupements. Déjà, on parlait d'optimisation, là, c'était vraiment une
belle preuve d'optimisation de réussir à rapetisser un petit peu le nombre de
personnes qui avaient mainmise sur la collecte et le transport. Donc, on a fait
des contrats...
18 h (version non révisée)
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : ...des ententes de partenaires avec eux. Donc, nous, on doit
rembourser leurs frais de collecte et de transport, sous des appels d'offres
que nous, on a encadrés. Donc, évidemment, on rembourse ce qui est fait par les
municipalités, mais sous un encadrement que nous, on a mis en place.
Où la majorité des coûts est, c'est,
évidemment, les centres de tri. Donc, nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
négocié avec les centres de tri au cours de la dernière année pour signer des
ententes avec eux, des contrats qui vont entre trois et 10 ans, dépendamment de
la modernité du centre de tri. Donc, ceux, évidemment, qui sont plus modernes
et qu'on veut avoir plus longtemps avec nous, on leur a donné des contrats plus
longs. Et chaque centre de tri doit atteindre des niveaux de performance qui
sont quand même très ambitieux. C'est aussi de là que viennent beaucoup de
coûts. Pour certains, par exemple, le nouveau centre de tri de l'est de
Montréal, qu'on est très fiers d'avoir lancé le 2 janvier, étant donné qu'il
est plus moderne, qu'il y a plus de technologie, bien, le coût à la tonne est
plus bas, par exemple, pour atteindre les niveaux de performance, qu'un centre
de tri qui est plus désuet, dans d'autres régions, où le coût à la tonne est
plus élevé. Donc, on a fait un peu ce «mapping»-là... désolé de l'anglicisme,
cette cartographie-là des centres de tri au Québec, on a distribué les volumes,
dépendamment des municipalités qui étaient proches, dépendamment de leur
capacité, dépendamment de leur technologie. Et c'est comme ça que ces contrôles
ont été mis en place et que c'est ce plan-là qui a été approuvé par notre
conseil d'administration, pour résumer à peu près les coûts globaux, donc les
coûts de collecte. D'un côté. Pour les municipalités, les coûts de tri, de l'autre,
et, évidemment, les revenus de vente de la matière qui sont enlevés pour créer
un coût net. Donc, c'est comme ça que le coût total a été calculé pour l'année
2025.
C'est certain que tout ce que j'ai
mentionné plus tôt, qui est l'ajout d'obligations, a fait que ce coût-là est
plus élevé que le coût qui avait été demandé aux producteurs en 2024, qui
compensait les coûts municipaux. On comprend évidemment l'impact que ça peut
avoir, notamment sur les petits joueurs. C'est certain qu'on a eu énormément de
consultations avec les membres, là, dans la dernière année pour les préparer,
mais c'est certain que, quand les gens ont reçu des factures, en décembre, c'est
là où certains ont eu la réaction, de voir leur facture changer, mais c'est
certain qu'on va travailler très fort dans les prochaines semaines. On a,
évidemment, entendu les inquiétudes des producteurs pour trouver des mesures d'atténuation,
nous-mêmes, de notre côté, à l'interne, mais aussi travailler, évidemment, avec
votre gouvernement pour essayer de voir, est-ce qu'il y a une capacité d'étaler
des paiements, par exemple, surtout pour l'ancien régime de compensation, d'obtenir
des compensations financières sur certaines infrastructures, par exemple, qui
sont à mettre en place.
Je pense qu'on a plein d'idées, je pense
qu'on a une belle collaboration avec votre ministère aussi, là-dessus, et avec
votre équipe. Donc, on a hâte de pouvoir essayer de discuter là-dessus puis de
trouver des mesures d'atténuation, mais c'est certain, comme je disais, qu'on
entend leurs inquiétudes aussi et qu'on va essayer de trouver l'équilibre entre
ce qui nous est demandé puis les obligations qu'on doit remplir en les représentant,
mais aussi en comprenant leur réalité, évidemment, là, et maintenir leur
viabilité.
Donc, c'est ce qu'on essaie de jongler. Ce
n'est pas toujours facile, mais je pense qu'on a une belle relation avec eux
puis on va continuer à être très transparents dans notre approche.
M. Charette : Donc, si on
résume vos propos, il y a un travail qui se fait, actuellement, pour les
accompagner et voir comment alléger le fardeau, là, qu'ils peuvent assumer à
court terme, tout en réitérant, là, que c'est une année de transition.
Vous avez mentionné deux choses. Peut-être
juste insister là-dessus, vos administrateurs sont des producteurs, donc ce
sont les producteurs, là, qui ont pu convenir, là, de cette marche à suivre, en
quelque sorte. Donc, ce n'est pas mauvais de le rappeler. Pour ce qui est des
municipalités, le milieu municipal avait accueilli avec beaucoup d'enthousiasme,
je vais le dire comme ça, cette réforme. Oui, il y a eu à négocier tout ce qui
est les contrats de collecte. En même temps, c'est une charge en moins qu'elles
ont, les municipalités, c'est vous qui avez pris le relais sur un rôle qui
revenait, là, autrement, aux municipalités. Peut-être juste nous dire un petit
mot là-dessus.
Et là, je vois que le temps file et je sais que j'ai
des collègues qui veulent intervenir, donc peut-être juste préciser un petit
peu quel est... quel est, bien, le soulagement, quel est le rôle en moins que
les municipalités ont à assumer et comment on peut être plus efficace, là, dans
la gestion de la collecte à travers ce changement de responsabilités.
Et étant donné que vous êtes en virtuel et
que je n'aurai pas l'occasion d'aller vous serrer la main une fois votre
présence complétée, déjà, je vous remercie non seulement pour votre travail
mais également pour votre éclairage par rapport au projet de loi no 81.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Merci. On va se voir, je crois, dans quelques jours, pour l'inauguration
du centre de tri, donc on aura la chance de se serrer la main à ce moment-là.
M. Charette : ...avec grand
plaisir.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Donc, pour votre question sur les municipalités, je vais
laisser, peut-être, mon collègue Julien compléter aussi. C'est certain que
nous, ce qu'on leur demande actuellement et ce qu'on leur a fourni, c'est un
modèle d'appel d'offres pour faire les appels d'offres de collecte et de
transport. Donc, c'est quand même eux...
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : ...qui ont la relation contractuelle avec les collecteurs,
donc eux qui vont évidemment avoir ce lien-là avec les citoyens d'aller
chercher le bac à la maison. Par contre, ils ont perdu toute responsabilité au
niveau des centres de tri, donc d'avoir des contrats avec les centres de tri.
Dans certains cas, c'étaient des régies intermunicipales qui géraient les
centres de tri. Donc, il y avait une certaine... une participation encore plus
importante des municipalités dans le tri. Ils ont aussi perdu tout l'aspect des
listes d'acceptation des matières. Donc, ça, c'est une grande harmonisation qui
est importante au Québec. Vous avez vu notre campagne qui dit :
«Contenants, emballages, imprimés. C'est tout.» Donc, maintenant, on accepte
vraiment une plus grande quantité de matières, mais c'est aussi égal d'une
ville à l'autre. Donc, qu'on soit un producteur, on est capable de savoir que
nos matières sont acceptées partout, mais qu'on soit aussi un citoyen puis
qu'on déménage, par exemple, ou qu'on change de ville, on est capable de savoir
qu'on met la même matière partout. Donc, on enlève aussi aux municipalités tout
l'aspect de promotion, sensibilisation, éducation sur les matières. Donc, il y
a quand même, effectivement, comme vous le dites, beaucoup d'obligations qui
sont enlevées des municipalités.
Julien, je ne sais pas si tu en as
d'autres en tête, rapidement.
• (18 h 10) •
M. Hynes-Gagné (Julien) : Non,
je pense que... je pense que tu fais le tour.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Donc, c'est certain qu'on leur en a enlevé. Comme vous le
dites, il y a eu de la... quand même une belle collaboration avec eux. C'est
certain qu'on enlève des obligations. Donc, pour... dans certains cas, ils sont
très heureux; dans d'autres, je pense qu'il y avait certaines obligations
qu'ils aimaient avoir aussi, mais on a réussi à trouver un beau compromis dans
nos ententes de partenariat.
L'entente le dit, c'est une entente de
partenariat. Donc, on s'attend à avoir un rôle de partenaire avec eux. Et,
jusqu'à maintenant, là, à part quelques exceptions, ça va très, très bien. Puis
on est contents qu'il y ait 99,8 %, je pense, des municipalités du Québec
ou des Québécois qui sont couverts par la REP dès le 1er janvier, là. Donc, on
est très... c'est une de nos fiertés de 2024 d'avoir réussi à couvrir toutes
ces ententes-là dans cette période-là avant la REP.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. En quelques secondes, M. le député de Masson.
M. Lemay : Merci. Donc,
content d'être avec vous. Peut-être un éclaircissement que vous pourrez
transmettre à la commission ultérieurement, là. Dans le fond, à la
section 3.2 de votre mémoire, là, vous parlez, là, de
l'article 53.30.3 puis votre recommandation deux, puis là vous donnez
comme exemple, là, vous dites que ça coûterait 100 millions de plus aux
producteurs en Ontario, vous dites aussi qu'il y a d'autres juridictions que...
notamment en Europe, mais... je n'ai pas vu vos sources dans votre mémoire. Si
vous êtes capables de nous fournir ça, ça serait intéressant.
Sinon, très rapidement, si vous voulez
dire, tu sais, je crois que M. le ministre vous l'a dit d'entrée de jeu dans
son préambule, là, que l'objectif visé par cette modification-là, c'est
vraiment de... ce n'est pas pour vous viser, vous...
La Présidente (Mme Blouin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'on a. Merci beaucoup, M. le député de Masson. On
enchaîne avec l'opposition officielle pour une durée de neuf minutes 54.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Alors, d'emblée, je vous remercie pour votre présentation. Et, pour
votre information, j'ai été responsable des... de la gestion des matières
résiduelles à la ville de Laval, comme élue, pendant huit ans. Alors, je
comprends tous les enjeux auxquels vous faites face, pour avoir implanté le bac
noir, donc celui des déchets, à la ville, c'était tout un défi. Donc, je vous
félicite pour ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
Le ministre a ouvert la porte en posant
des questions et en évoquant un article qu'il y avait dans Radio-Canada ce
matin, où, bon, des producteurs, là, évoquaient, là, des factures plus élevées
qu'espéré ou qu'attendu. Un des éléments qui étaient mentionnés, c'était le
fait qu'on incluait, dans le fond, dans la même facture, des sommes de 2024,
les sommes de 2025 plus une... un 25 % de fonds de réserve. Est-ce que vous
avez le pouvoir légal d'étaler les paiements pour les producteurs?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Julien, je te laisserais répondre là-dessus.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Alors,
sur ce point-là spécifique, le règlement prévoit qu'EEQ doit... est évidemment
responsable d'aller chercher les contributions des producteurs pour financer le
système, mais ne va pas jusqu'à préciser les modalités de paiement dans le
règlement. Cela dit, les... donc, l'administration de ces paiements-là a été
déterminée, et je crois que c'est déjà étalé en quatre versements pour
l'année 2025, donc... Et cet étalement... cet étalement-là suit, je crois,
l'ancienne règle ou l'ancien régime de compensation. Donc, c'est une continuité
des pratiques antérieures sur l'étalement.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Ce que... Ce que j'ajouterais comme précision, je suis
désolé, c'est qu'évidemment, à partir de maintenant, nous, on a des factures
qui commencent à entrer dès maintenant. C'est la différence avec avant,
évidemment. Donc, c'est pour ça que, malheureusement, pour les...
l'année 2025, on doit demander à chaque quart une facture. Où il y a une
ouverture d'étalement, c'est...
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : ...vraiment plus au niveau des factures antérieures, donc
l'ancien système qui était toujours deux ans en retard. Donc, nous, on doit
rembourser les municipalités entre un an et demi et deux ans en retard. Donc
là, malheureusement, ce qui arrive pour les producteurs, c'est qu'en 2025 ils
doivent payer en direct en... présentement, pour 2025, nos coûts actuels, mais
doivent aussi payer en différé, deux ans plus tard, l'ancien système. Et ça, il
y a eu un étalement de ces paiements-là sur deux ans pour l'ancien système. Il
nous restera un an l'année prochaine à payer pour l'ancien système.
Donc, c'est certain que c'est quelque
chose qui pourrait être exploré au niveau réglementaire, d'étaler ce
paiement-là sur plus longtemps. Malheureusement, sur celui-là, nous, on n'a pas
de... on ne peut pas faire rien, là. C'est vraiment écrit dans le règlement
qu'ils doivent être payés à ce moment-là. Mais effectivement, sur le passé, il
y aurait une possibilité d'étalement. Sur le futur, c'est plus difficile,
évidemment, parce qu'on paie des montants dès aujourd'hui.
Mme Dufour : Donc, je
comprends que, financièrement, vous n'avez pas la possibilité de l'étaler, mais
vous auriez un pouvoir légal de le faire, d'étaler. Parce que là, quand je
parlais d'étalement, je ne parlais pas quatre versements dans la même année, là,
vous comprendrez que je parlais sur plusieurs années, comme ça s'est fait
ailleurs, dans d'autres juridictions. Ça fait que je comprends que vous
pourriez le faire, mais vous n'avez pas la capacité financière de le faire pour
2025. Il y a un certain étalement pour les années antérieures, mais c'est
payable la même année, là. C'est-à-dire, l'année où la facture sort, là ce
n'est pas... ce n'est pas la... ce n'est pas étalable dans le temps, ceux-là,
là, tu sais, ça ne pourra pas être payé dans quatre ans, là, quelque chose qui
est de 2024, là.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Le tarif 2025, là, donc le prochain... le dernier tarif, là,
qu'il restera à payer dans l'ancien système va être décalé à 60 % en 2025
et à 40 % en 2026. Donc, il est quand même étalé sur deux ans. Ça, c'était
écrit dans le règlement, là, dans la transition, justement, entre les deux
systèmes. Ça, ça serait quelque chose qu'on pourrait explorer, évidemment, avec
le gouvernement pour voir si ça pourrait être étalé sur plus longtemps.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Je veux juste mentionner que c'est vrai que les villes ont moins de charges,
elles n'ont plus à gérer les contrats, mais elles gèrent toujours les plaintes.
Et ça, j'en entends parler par d'anciens collègues, que les plaintes n'ont pas
diminué, au contraire.
Votre conseil d'administration, parce que
ça a été aussi évoqué par le ministre puis vous en avez parlé, représente des
producteurs. Est-ce qu'il y a des représentants du gouvernement, même comme
observateurs, sur votre conseil d'administration?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Oui. Bien, justement, une petite précision, là, on a aussi
quatre administrateurs qui sont indépendants, qui ne sont pas producteurs.
Donc, je voulais seulement le spécifier. Mais oui, effectivement, dans
certains... pour certaines discussions... donc ça dépend évidemment, là,
desquelles, mais on a un représentant de RECYC-QUÉBEC qui est présent. Lorsque
ça... des discussions qui sont liées au régime de compensation, donc l'ancien régime
notamment, au niveau de la tarification de l'ancien régime, les gens de
RECYC-QUÉBEC sont présents.
Ce qui est à mettre en place à partir de
cette année, pour nous, c'est des comités de suivi. Donc, ce n'est pas un
conseil d'administration, mais c'est des comités qui sont dans le règlement, on
doit avoir des comités de suivi, un avec les municipalités et un autre avec les
membres de la chaîne de valeur. Et, sur ces comités-là, il y aura des
représentants autant des municipalités que du gouvernement provincial,
notamment via RECYC-QUÉBEC.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Je vais vous amener sur votre portion du mémoire qui concerne les véhicules
lourds. Vous avez actuellement des contrats avec des... des entreprises qui
amènent, acheminent la matière aux centres de tri. Vos contrats sont... sont
sur combien d'années? Parce que vous avez parlé des contrats pour les centres
de tri, mais les contrats avec les transporteurs, ça... c'est cinq ans, sept
ans?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Julien, je te laisserais peut-être répondre là-dessus.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Ah!
en fait, les contrats pour la collecte et le transport, la façon dont ça
fonctionne, c'est qu'on a des contrats directement avec les organismes
municipaux. Alors, on n'a pas de contrat directement avec le collecteur
transporteur. Ces contrats-là sont octroyés par les municipalités sous la
houppette de l'entente qu'on a directement avec les municipalités. Donc, ce
sont les municipalités qui octroient ces contrats-là. De façon générale, plus
le contrat est long, plus le coût de la collecte et transport est bas. Donc,
plus le contrat est court, c'est le contraire, ce qui fait en sorte que les
municipalités octroient généralement des contrats qui ont une durée plus longue
pour permettre d'amortir les coûts sur une période plus longue. Donc, voilà.
Mme Dufour : Oui. Bien, en
fait, les municipalités, lorsqu'elles elles vont en appel d'offres pour ça,
c'est sûr que, si une entreprise soumissionne et qu'elle n'a pas encore de
flotte de véhicules, bien, elles souhaitent avoir un contrat de plus longue
durée pour pouvoir justement étaler ces coûts, ces investissements. Et donc ce
sont des contrats sur quand même de nombreuses années. Et là vous parlez que
les... le marché des véhicules, là, de ce type-là... ne sont pas disponibles
sur le marché. Vous...
Mme Dufour : ...vous l'avez
regardé, là? Les alternatives à zéro émission, c'est quelque chose que vous
avez regardé?
• (18 h 20) •
M. Mathieu-Poulin (Charles David) :
Pas nous directement. Donc évidemment, étant donné que nous, on n'a pas de
flotte, mais c'est vraiment un message qui nous a été envoyé, là, par nos
fournisseurs de services des villes, qui ont dit : Bien, étant donné qu'on
a ces contrats-là... quand ils seront au renouveau des contrats ou, justement,
pour rebâtir notre nouvelle flotte, si on doit aller dans des véhicules de
telle manière, soit ils ne sont pas disponibles pour les spécialisations, donc
l'hydraulique et tout ça, ou, bien, les technologies sont très rares
présentement, donc très coûteuses. Donc, c'était comme un avertissement que,
potentiellement, les coûts allaient... allaient être plus élevés, dans les
prochains appels d'offres s'il y avait cette obligation-là, pour eux, de le
faire dans les prochaines années. Donc, c'était vraiment plus un avertissement,
pour nous, de prévision de l'augmentation de ces coûts-là, mais aussi un
avertissement que la technologie, actuellement, spécifiquement au niveau des...
des charges hydrauliques, des charges de côté, aussi chargement arrière,
chargement avant. Donc, il y a la complexité des camions de collecte qui fait
que c'est un petit peu plus difficile, là, surtout dans l'électrification, de
ce que j'ai compris. Mais certaines autres technologies, notamment au niveau du
gaz naturel propre, existent. Donc, c'était la définition autour de véhicules
zéro émission qui était à convenir. Mais, encore une fois, ça, c'est plus un...
un commentaire qu'on fait pour... pour l'avenir, et non nécessairement nous, directement,
là, qui est touché par la flotte.
Mme Dufour : Mais on l'a vu
que c'était... le coût était sensible pour les producteurs parce qu'au bout du
compte c'est eux qui devraient assumer ce... ce coût-là. Est-ce qu'on vous a
exprimé une augmentation de coûts de combien que ça pouvait représenter?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Pas... pas pour l'instant, mais c'est quelque chose qu'on
pourrait vérifier évidemment. Mais, comme on disait, là, vu que les ententes de
partenariat, pour nous, sont couvertes, là. Je pense que, la majorité du temps,
c'est cinq ans. Donc, on sait quand même que, dans cette période-là, il va y
avoir une certaine prévisibilité, mais c'est plus dans l'autre... l'autre appel
d'offres qui... qui est à venir par après. Mais on n'a pas de chiffre exact,
non, malheureusement. Je pense qu'il y a certains de nos collègues du CTEQ et
de tous ceux qui s'en viennent aussi dans la commission, qui... qui sont plus
directement touchés par ces trucs-là, qui seraient probablement plus aptes à
répondre directement à cette question-là.
Mme Dufour : Parfait. Bien,
ils vous... ils vous suivent effectivement, alors je pourrai poser la question.
Mais les... on a vu, dans les dernières années, des contrats de collecte, là,
qui ont augmenté de 50 %... entre 50 % et 100 % dans certaines
municipalités, là, quand ils sont... ils ont dû renouveler, alors... et ça,
c'est sans changer le type de camion. Donc, on peut s'imaginer que la facture
va être salée si on... on oblige, dans le fond, d'avoir des... des véhicules
qui... qui n'existent pas encore sur le marché, là.
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Exactement.
Mme Dufour : Mais je vous
remercie beaucoup pour votre participation.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Alors, on poursuit avec le député de la deuxième
opposition, à nouveau pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Bonjour à vous
deux. Content de vous rencontrer ce soir. Je voudrais aller avec vous sur votre
recommandation numéro 1, sur la question des préséances des règlements. Je
me souviens du débat qu'on a eu, il y a quelques mois, années mêmes, sur la
question du gaz, où il y avait des villes qui voulaient aller plus vite, qui
mettaient des nouvelles normes pour réduire l'utilisation du gaz, et c'est le
ministre qui avait mis un peu la pédale sur le frein, en disant : Non,
non, non, vous allez un peu trop vite, etc.
Mais là vous, vous dites... puis là... ça
fait que là, on avait l'impression que c'étaient des villes qui étaient les
moteurs de changements plus rapides, versus le gouvernement du Québec. Mais là,
vous dites, vous : Il faudrait que le Règlement sur la collecte sélective
ait préséance sur les... sur les municipalités. Est-ce que c'est parce que je
déduis que, sur ce chapitre-là, vous avez une crainte qu'au contraire, là, ce
soit des villes, pas toutes les villes, mais certaines villes, qui mettent la
pédale sur le frein d'une accélération qu'on voudrait aller plus vite sur le
domaine de la collecte sélective?
M. Hynes-Gagné (Julien) : Sur
ce point-là, en fait, le un de mes préoccupations principales, c'est un peu le
propos qu'on tenait, la... vise, et on jongle avec l'équilibre, de tenter
d'instaurer un système national uniformisé, évidemment, qui tient compte des
réalités locales, qu'il y ait quand même une pratique nationale sur la façon
dont on recycle au Québec. Et un des points sur lequel on s'attaque, c'est un
peu la perception du citoyen que ça change selon où est, ça change ce qu'on
peut mettre dans le bac, à quel moment, etc. Donc, la préoccupation qu'on avait
de... de... en permettant aux municipalités de réguler sur ces... sur ces
matières-là, sur les fins détails, qu'on revienne à un système qu'on tente de
réformer, c'est-à-dire où la pratique de collecte, par exemple, va différer
selon où on se trouve au Québec ou ce qu'on peut mettre dans le bac va différer
selon où en est au Québec, puis qui est maintenant, depuis le 1ᵉʳ janvier,
n'est plus le cas. Donc, c'est vraiment ça, la préoccupation de qu'on soumet.
M. Leduc : Donc, ce n'est pas
tant que les villes seraient des acteurs plus rapides ou moins rapides que vous
voulez... vous cherchez l'uniformité sur le territoire pour une forme
d'adhésion.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Oui,
puis qui est différenciée. Oui, mais qui est différenciée parce que, tu sais,
on a parlé de l'entente-cadre avec les municipalités. Chaque territoire a des
particularités. On en tient compte dans le cadre de nos négociations, mais il y
a des pratiques...
M. Hynes-Gagné (Julien) : ...de
nos négociations, mais il y a des pratiques, par exemple, en matière de
santé-sécurité, qu'on veut implanter partout parce que c'est les meilleures
pratiques de l'industrie. Donc, ça, c'est un des exemples pour lesquels on a
tenu... mais il y en a plusieurs, vraiment.
M. Leduc : Parfait. Je vous
remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
merci. On va terminer cet échange-là avec le député des Îles-de-la-Madeleine
pour 3min 18 s.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous deux pour votre présentation, et d'avoir permis
certaines questions sur la nouvelle du jour concernant les entreprises qui ont
mal réagi à l'imposition de nouveaux tarifs, là. Moi, je voudrais juste comprendre,
si vous pouvez m'apporter une petite précision, est-ce qu'effectivement vous
avez, en avril 2024, laissé entendre que l'augmentation de tarifs serait de
42,5 %, et puis, finalement, ça a explosé de façon beaucoup plus
importante, et sans nécessairement avoir communiqué avec les entreprises entre
temps?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : ...tout au long de l'année... Déjà, premièrement, juste pour
rectifier un peu les faits, là, nous, on a fait nos vérifications, puis
l'augmentation est entre 45 et 115 %, dépendamment des producteurs puis
leurs sortes de matières. Donc, il y a eu des chiffres, là, qui ont été
mentionnés, qui allaient dans des 300, 400 %, là. Donc, c'est entre 45 et
115 %.
Donc, c'est certain que nous, on a fait
des estimations, au début de l'année, mais plus on a eu des conversations,
évidemment, avec les centres de tri, avec les ententes de partenariat qui
étaient signées, bien, on a découvert, justement, le sous-financement, par
exemple, des centres de tri, ou comme mentionné votre collègue plus tôt, que
les coûts de collecte et transport avaient explosé dans les dernières années.
Donc, évidemment, plus l'année avançait, plus nous, on avait accès à de
l'information qu'on n'avait pas à ce moment-là.
Donc, tout au long, on a quand même tenu
les producteurs au courant, notamment à l'automne, on a quand même eu des
consultations, là, sur nos tarifications qui s'en venaient, et tout ça, qui ont
été envoyées à tous les membres. Comme je le disais, certaines petites
entreprises n'ont pas nécessairement les ressources, toujours, pour participer
à nos consultations et voir tout ça, donc on travaille à réfléchir à nos
approches avec nos producteurs, mais tout ça a été fait pendant l'année, tout a
été transparent là-dessus. Mais on apprend, évidemment, là, de ce qui s'est
passé dans les dernières semaines et on va continuer à améliorer notre
communication avec ces producteurs-là pour éviter que la situation se répète.
Mais on est quand même dans les... dans les «ranges», désolé de l'anglicisme,
là, qu'on avait mentionnés. On a juste eu de la nouvelle information depuis ce
temps-là.
M. Arseneau : Puis juste pour
bien comprendre, on a comme un dédoublement de frais pendant la période de
transition. Est-ce que vous envisagez qu'au-delà de cette période-là... qu'il y
ait effectivement une chute dans les charges qui sont imposées aux entreprises,
et de quel ordre?
M. Mathieu-Poulin (Charles
David) : Bien, je dirais, «chute» est un terme fort, mais c'est
certain qu'on s'attend à une stabilisation, là, pendant les premières années et
une baisse à venir, probablement pas... qui ne sera pas majeure, mais on
prévoit quand même une baisse parce que, plus on va avancer, plus on sera
capable d'optimiser, plus on va avoir des centres de tri modernisés. Donc, on
prévoit un plateau, là, pour quelques années, puis une faible baisse, là, dans
les années subséquentes. Puis ça aussi, c'est quelque chose qui a été partagé,
là, aux producteurs, dernièrement, là, avec un graphique des prévisions de notre
côté, mais encore une fois, c'est sur ce que nous, on sait et sur les
obligations qu'on sait qui sont à venir dans le règlement de notre côté, dans
les prochaines années.
M. Arseneau : Et pour...Merci
beaucoup pour vos réponses. Je ne sais pas si... j'ai 20 secondes pour poser
une question sur votre mémoire. Concernant la conciliabilité, est-ce que vous
avez des craintes spécifiques, des exemples à nous démontrer qu'on devrait
vraiment, là, faire attention à ça ou c'est une crainte générale?
M. Hynes-Gagné (Julien) : On
en a cité quatre, et des exemples, là, il y en a autant qu'il y a de sujets de
réglementation municipale. Il faut savoir que la collecte était gérée par les
municipalités. Donc, il y a des règlements pour tout ça qui ont été... qui sont
maintenant désuets. Ils peuvent revenir dans la mesure où il y a une
conciliabilité.
M. Arseneau : O.K., j'avais
vu les exemples, mais vous dites que ça pourrait revenir, essentiellement,
parce que ça a déjà été vécu.
M. Hynes-Gagné (Julien) : Bien,
si c'est conciliable, je présume que certaines personnes vont pouvoir
argumenter que ça se concilie, là, c'est ça le... c'est ça, le danger.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, merci beaucoup, messieurs, de votre contribution aux travaux
de la commission.
Alors, on va suspendre environ... quelques
minutes, le temps que le prochain groupe prenne place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 18 h 31)
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants du Conseil patronal de l'environnement du Québec. Alors, bonjour
à vous. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, après quoi suivra une période d'échange avec les membres de la
commission. Alors, je vais vous inviter, tout de suite, à débuter... à vous
présenter et ensuite à enchaîner avec votre exposé.
Mme Lauzon (Hélène) : Bonsoir.
Bonsoir, Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires. Je
suis Hélène Lauzon, la présidente-directrice générale du Conseil patronal de
l'environnement du Québec; et je suis accompagnée de maître Marie-Claude
Bellemare, à ma gauche, qui est associée chez Davies Ward Phillips &
Vineberg; et maître Marie-Pier Goyette Noël aussi, consultante en affaires
publiques pour le CPEQ. Donc, nous commenterons, pendant la période qui nous
est allouée, certaines propositions que le gouvernement propose relativement à
la Loi sur la qualité de l'environnement, la Loi sur les véhicules zéro
émission, la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune ainsi que
la Loi sur les espèces menacées et vulnérables.
Donc, d'entrée de jeu, ce que nous
dirions, c'est que les évaluations sectorielles... évaluations
environnementales sectorielles ou régionales qui sont proposées, pour être
introduites dans la loi, nous accueillons cette proposition avec beaucoup
d'enthousiasme, puisque ce que nous croyons, c'est qu'avec ces évaluations
environnementales, sectorielles ou régionales, ça sera peut-être une façon
d'améliorer l'acceptabilité sociale des projets. Nous sommes d'avis que la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts - si on parle, on est toujours
dans ce dossier, des évaluations environnementales - nous sommes d'avis qu'il
devrait y avoir une procédure allégée pour les projets qui viseraient à mettre
en œuvre l'ambition gouvernementale en transition énergétique, mais également
les différents projets relativement à la lutte contre les changements
climatiques. Que ce soit des projets par des promoteurs privés ou par des
promoteurs publics, une procédure allégée serait bienvenue.
Comme vous le savez, à la suite d'une
procédure, par exemple devant le BAPE, un projet peut être approuvé par le
ministre, puis, par la suite, il y a une autorisation qui doit être délivrée.
Donc, il y a le décret gouvernemental puis ensuite une autorisation
ministérielle. Alors, pour les autorisations ministérielles, ce que l'on souhaiterait,
c'est que le gouvernement se concentre davantage sur les risques importants à
cette étape, bien sûr, puisqu'en amont, au moment des audiences devant le BAPE,
tous les risques auront été pris en compte. Donc, aux autorisations
ministérielles, à l'étape des autorisations ministérielles, on devrait se
concentrer seulement sur les risques plus importants.
Il y a plusieurs délais qui sont prévus
par le projet de loi n° 81, qui sont applicables au promoteur, alors qu'il
y en a très peu, en fait, pas du tout, applicables au gouvernement. Alors, nous
souhaiterions qu'il y ait des délais applicables au gouvernement. Dans les
délais, là, on souhaiterait qu'on distingue mieux les personnes directement
touchées, qu'on transmette rapidement au promoteur les demandes de
renseignements, qu'on se concentre, comme je le disais, sur les risques plus
importants, et puis qu'il y ait une période maximale pour qu'un dossier puisse
être analysé par le gouvernement. Dans les pouvoirs qui nous préoccupent, qui
sont conférés au ministre, on a les pouvoirs conférés sur... pour la
possibilité de mettre fin à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts
ou pour exiger toutes sortes de renseignements, de recherche ou imposer des
conditions supplémentaires dans les autorisations ministérielles, alors que le
décret gouvernemental a déjà imposé des conditions à l'étape d'évaluation
environnementale. Puis, aussi, l'approbation du gouvernement devrait être
accordée, bien sûr, c'est-à-dire l'autorisation ministérielle, si elle est
conforme à la loi ou aux règlements.
Alors, aussi, je vous ai parlé du chapitre
des évaluations environnementales. Je passe au chapitre des matières
résiduelles. Nous accueillons...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Lauzon (Hélène) : ...nous
accueillons favorablement le pouvoir qui est accordé au ministre pour modifier
certains paramètres du règlement sur la récupération et la valorisation de
produits par les entreprises. Bon. Pour ce qui est du régime de compensation,
on semble comprendre, mais ce n'est pas si clair, du projet de loi n° 81 qu'il
y aurait une possibilité de revenir en arrière. On se demande si c'est le cas.
Si c'est le cas, ce n'est peut-être pas opportun de prévoir alors qu'on vient
juste de l'abroger, mais peut-être que notre compréhension n'est pas la bonne.
Nous nous opposons... Là, c'est notre
thème principal. Nous nous opposons à l'article... au remplacement de l'article 118.3.3.
Cet article, ce qu'il permet en ce moment, c'est qu'il donne une préséance aux
règlements provinciaux en matière d'environnement par rapport aux règlements
municipaux en matière d'environnement. En ce moment, une municipalité, elle
peut adopter un règlement en matière d'environnement mais elle doit le faire approuver
par le ministre. Je ne suis pas d'accord avec les fédérations municipales qui
disent que c'est compliqué pour elles. C'est beaucoup plus compliqué pour une
entreprise de devoir se conformer à une série d'exigences à travers 1 000 municipalités
ou autour, on sait qu'on a 1 000 municipalités au Québec. Donc, faire
adopter un règlement par le gouvernement versus avoir à se conformer à
plusieurs règlements municipaux, ce n'est pas du tout comparable. Donc, c'est
un... c'est un mécanisme. C'est un mécanisme qui existe à l'heure actuelle, c'est
un mécanisme qui évite les dédoublements, qui évite la contradiction aussi.
Alors, nos entreprises sont aux prises avec des règlements, en ce moment,
avec... à géométrie variable puis des contradictions. Les parlementaires à l'époque,
en 1972, parce que 118.3.3 était autrefois 124, avaient adopté cette
disposition en se disant : Ça nous prend une uniformité au Québec. Et
aussi les règlements provinciaux sont basés sur la science, qui n'est pas le
cas des règlements municipaux. Alors, on réitère que cet objectif doit être
absolument maintenu, d'avoir une uniformité, et la science, parce que les
règlements municipaux ne sont pas fondés sur la science.
Je voudrais aussi prendre cette occasion
du projet de loi n° 81 pour vous demander de revoir l'article 118.4,
même si ce n'est pas proposé par le projet de loi. L'article 118.4, c'est
ce qui permet entre autres, pour nous, de maintenir la protection des secrets
industriels et commerciaux. Cette disposition, depuis qu'un jugement a été
rendu en 2023, donne accès aux intrants des municipalités...
Une voix : ...
Mme Lauzon (Hélène) : ...des
entreprises — wou, un petit lapsus — aux intrants des entreprises. C'est la
recette secrète. On ne veut pas pouvoir donner accès à cette information-là, on
ne veut pas donner accès à tout ce qui est recherche et développement,
propriété intellectuelle, les coûts. Alors, on voudrait que l'article 118.4
soit revu pour interdire cet... de donner accès à ces informations puis donner
accès seulement à ce qui est des contaminants dans l'environnement. C'est ça, l'objectif
de l'accès à l'information, c'est d'informer les citoyens sur les contaminants
qui se retrouvent dans l'environnement ou la qualité de ces contaminants dans l'air,
l'eau et le sol. Puis aussi ce fameux jugement, ce qu'il est allé dire, c'est
qu'une entreprise, elle doit... en ce moment, en vertu de la loi, une
entreprise doit transmettre à la municipalité sa demande d'autorisation lorsqu'elle
la dépose au ministère. Et là les municipalités ont commencé à se dire que
peut-être qu'elles pouvaient rendre publique cette demande-là, alors que le
promoteur, lui, invoque des secrets industriels et commerciaux dans sa demande.
Donc, on voudrait que... de l'article 23 incliné soit modifié pour que
jamais une municipalité ne puisse rendre publique une demande d'autorisation si
le promoteur a invoqué des secrets industriels et commerciaux.
Je passerais à la loi sur les véhicules
zéro émission. Nous aurions souhaité que les producteurs en... les
constructeurs soient consultés. Nous croyons que les... il peut y avoir
différentes façons de réduire les émissions sans nécessairement aller à l'électrification.
Compte tenu des coûts, on pourrait se fonder sur une analyse de cycle de vie
pour essayer d'évaluer toutes les options possibles. Nous souhaiterions qu'Écocamionnage,
le programme soit rétabli. Puis l'analyse d'impact de ce fameux projet de loi,
on... Ce que l'on pense, c'est qu'on omet de dire qu'il peut y avoir une hausse
des coûts d'électricité, quand on parle... quand on pense aux camions lourds,
des frais technologiques, logistiques et financiers, qui... qui empêche le
déploiement, bien sûr, des véhicules lourds zéro émission. Les pertes
financières pour les entreprises qui ont investi pour moderniser les
équipements, les pertes financières du gouvernement pour la taxe sur les
carburants, la taxe d'accise, tout ça, ça n'a pas été inclus dans l'analyse d'impact,
selon nous.
Et je termine avec les deux dernières lois
que je voulais commenter, Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, Loi sur les espèces menacées et vulnérables, pour dire que, lorsqu'il y
a des...
Mme Lauzon (Hélène) : ...donc
ils sont rendus avec ces... en vertu de ces lois. Nous souhaiterions qu'on
puisse avoir un pouvoir de les contester devant le Tribunal administratif du
Québec.
Puis, pour ce qui est de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, nous souhaiterions que le
ministre puisse prendre en compte les autorisations délivrées par Pêches et
Océans Canada pour éviter qu'il y ait des contradictions dans les mesures de
compensation dans les autorisations des entreprises. Je vous remercie.
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
à vous. Alors, on va tout de suite débuter la période d'échange avec vous, M.
le ministre. On a 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup.
Tout d'abord, Mesdames, à vous trois, merci d'être avec nous en ce début de
soirée. Très intéressant comme propos. Je sais déjà que le temps va me manquer
pour couvrir chacun des points que vous avez mentionnés, peut-être vous
rassurer, sinon... sinon échanger sur certains des points que vous avez
mentionnés. Le fameux pouvoir qui serait reconnu aux municipalités, vous l'avez
mentionné, ça date du début des années 70, quelques décennies. Je me
permets de dire que je n'étais pas né à l'époque où ça a été... où ça a été
évoqué et mis en place à la base. Donc, les années ont passé. Naturellement, le
milieu municipal a développé une expertise dans plusieurs domaines, dont
celui-là. Donc, c'est une revendication, là, qui leur est chère depuis de
nombreuses années. Mais, en même temps, on les recevait ce matin, et à certains
égards ils souhaiteraient qu'on aille encore plus loin, et c'est un sujet qui
suscite ou qui génère des positions très tranchées. On est pour ou on est
contre. Donc, le milieu municipal est content, aimerait avoir encore plus de
latitude. Certains groupes comme le vôtre, et je respecte tout à fait, eux sans
s'en inquiètent. Donc, au final, on est arrivé sans doute à une position
relativement équilibrée. Mais il faut reconnaître ce palier de gouvernement.
Moi, je leur ai fait dire et je leur ai mentionné ce matin, il y a plusieurs
groupes qui sont inquiets de ce pouvoir nouveau qui leur serait donné, et je
n'ai pas senti de volonté de leur part d'aller seuls dans leur coin sans
consulter les parties prenantes qui seraient impactées. Donc, je pense qu'on
arrive avec une position relativement équilibrée par rapport aux souhaits qu'ils
exprimaient au départ versus ce qu'il est... ce qui est ce qui est proposé dans
le projet de loi.
Au niveau des procédures allégées, là
aussi, on arrive avec une position relativement bien équilibrée, parce que, si
vous avez suivi les différents groupes que nous avons reçus jusqu'à maintenant,
certains s'inquiètent et d'autres disent : On en voudrait plus. Donc,
c'est bien balisé. Et pourquoi on limite ça aux projets gouvernementaux où
Hydro-Québec en lien avec le développement des énergies renouvelables ou
l'intérêt public en matière de protection de l'environnement? C'est qu'on veut
se faire la main. Et je comprends que certains groupes aimeraient bénéficier de
cette même possibilité avec des travaux préalables et autres. Donc, on veut
d'abord s'assurer que c'est bien mené avec des acteurs qui ont déjà une
expertise avec les lois et les procédures d'évaluation environnementale. Donc,
là aussi, je pense qu'on arrive avec une position relativement équilibrée.
Quant aux évaluations que... qui... aux
demandes de projets qui pourraient être interrompues par le ministère de
l'Environnement. Comment... comment l'expliquer simplement? Il y a des projets
qui souvent sont soumis trop tôt pour une approbation. Le promoteur,
clairement, n'a pas... n'a pas les réponses ou n'a pas une définition
suffisamment étoffée de son propre projet, ce qui fait que ça nécessite
énormément d'efforts de la part du promoteur, mais ça nécessite énormément
d'efforts aussi de la part du ministère. Donc, lorsqu'on se dit : On se
donne le droit de mettre fin à une évaluation, ce n'est pas pour dire à tout
jamais le projet est abandonné ou impossible à réaliser, c'est dire : Vous
faites vos devoirs, revenez-nous avec un projet qui est plus étoffé et, à ce
moment là, on pourra l'étudier, et ce sera plus... ce sera plus rapide pour
vous et ce sera plus rapide pour nous qui devons évaluer le projet en question.
Et dans certains cas, peut-être que le projet ne serait tout simplement pas
recevable, recevable, mais c'est réellement dans une optique de dire :
Maximisez vos efforts, on va maximiser les nôtres, de sorte que la procédure
soit plus efficace ultimement.
La question des secrets industriels, je
comprends l'exemple que vous donnez. Il faut remettre en contexte le jugement
en question. C'était dans une perspective très particulière pour un projet en
particulier. On ne sent pas, à ce moment-ci, que c'est... que ça fait
jurisprudence...
M. Charette : ...que
c'est... que ça fait jurisprudence pour l'ensemble des projets. Mais le ministère
est à l'affût et très conscient des craintes que ça peut générer. Donc si on
devait constater que c'est être interprété de façon générale, c'est là où on
pourra peut-être réagir. Mais en même temps, le législateur a toujours cette
volonté-là de ne pas surlégiférer pour ne pas alourdir, justement, toutes les
contraintes qui pourraient être imposées aux différentes parties prenantes.
Donc, on est très conscient, à l'affût du phénomène, mais actuellement on ne
sent pas un mouvement de fond, là, qui nous obligerait, dès l'étude du projet
de loi no 81, à ajouter un article qui actuellement n'est pas prévu pour
les visiteurs lourds, on en a parlé avec les groupes précédents, nous, c'est un
pouvoir habilitant que l'on se donne à travers ce projet de loi là, une
réglementation qui devra être développée par la suite, qui va engendrer
automatiquement des consultations.
Mais en même temps, de façon très, très
transparente, quand on regarde le calendrier des priorités, ce n'est pas les...
ce ne sont pas les prochains règlements sur lesquels on veut travailler. Donc,
oui, on aura le droit de travailler ce règlement-là, mais ce n'est pas ce que
l'on va prioriser au cours de la prochaine année parce qu'il y a plein de
questions qui sont très légitimes au niveau des avancées technologiques, au
niveau des contraintes et autres. Donc, peut-être vous rassurer en vous disant
ceci : La journée où on sera prêt à bouger, il y aura une consultation en
bonne et due forme sur les impacts. Et, deux, on n'est pas prêt à bouger rapidement.
On veut consolider l'électrification des transports au niveau, naturellement,
des voitures en particulier. Ça va très bien au Québec à ce niveau-là. Ça va
peut-être même trop bien, compte tenu des impacts budgétaires, là, que ça a
engendrés pour les finances publiques. Mais les véhicules lourds, c'est un
outil qui sera développé dans un avenir dont on ne peut pas préciser
l'échéancier à ce moment-ci. Mais ce ne sera pas la priorité, là, pour la
prochaine année à tout le moins.
Donc, j'ai voulu vous rassurer à travers
ces quelques propos. Vous avez la possibilité de les commenter sans aucun
problème, mais je sais que j'ai d'autres collègues aussi qui veulent intervenir
par la suite. Donc, en espérant vous avoir rassuré, sinon intéressé à échanger
pour tenter d'y parvenir.
Mme Lauzon (Hélène) : Je
dirais deux choses, peut-être, M. le ministre. Je vous remercie. Pour ce qui
est des municipalités, je vais vous donner un exemple concret, pour quoi ça
nous préoccupe. La Communauté métropolitaine de Montréal, en 2022, a décidé
d'adopter un règlement qui allait avoir un impact majeur sur les entreprises,
sans consultation préalable. Jamais, parce que ça ne fait pas partie de leurs
lois. Ils sont... On dirait qu'eux autres, 2024, là, ils ne savent pas encore
qu'il faut consulter la population puis les parties prenantes. Donc, les
parties prenantes, la CMM ne les consulte pas. Et donc on s'était dit, il faut
absolument qu'ils viennent faire adopter le règlement. Et heureusement, vous
avez refusé d'adopter le règlement parce qu'il y avait des choses dans ce
règlement-là qui devaient être faites. Donc, vous avez dû, à ce moment-là,
contraindre la CMM à retourner faire ses devoirs. Et c'est ça. C'est que ce
pouvoir-là est un rempart contre l'arbitraire parfois du monde municipal et de
tout ce qui peut se passer à géométrie variable. Donc ça, c'est la première
chose que je voulais mentionner.
L'autre, c'était par rapport à
l'article 23, in fine, le monde municipal. Et quand vous dites, bien, on
va devoir vérifier si l'article 118.124... 118.4, oui, 118.4, c'est que
même si peut-être que ça ne fera pas jurisprudence, il reste que les
entreprises, quand elles doivent prendre des décisions, quand elles doivent
transmettre de la documentation au ministère, parce qu'elles ont l'obligation
d'envoyer de la documentation au ministère, elles se disent :
Qu'arrivera-t-il avec ce que je vais révéler dans mes documents? C'est là, la
grande crainte. Et c'est pour ça que ça serait une toute petite modification à
intégrer à ce stade-ci, plutôt que d'aller éventuellement à un nouveau projet
de loi. Votre équipe, tout le ministère est conscient, je pense, de cette
difficulté-là, et le monde municipal qui, en ce moment, ne semble pas savoir
qu'il faut protéger ces secrets industriels lorsqu'ils reçoivent la demande
d'autorisation, ce qui fait que la problématique, elle est quand même là pour
les entreprises. Je ne sais pas si Marie-Claude...
Mme Bellemare
(Marie-Claude) : Si on prend l'exemple, là, vous modifiez... vous
proposez de modifier les dispositions liées au registre, liées à la procédure
d'évaluation d'examen des impacts, et à la toute fin de ces modifications-là,
vous prévoyez que seront exclues du registre les dispositions qui sont
essentiellement le secret industriel, essentiellement, une modification
similaire pourra être faite à l'égard de 118.4 et des autres... les autres...
Mme Bellemare (Marie-Claude) : ...dispositions
du registre. Donc, ça ne demande pas énormément, c'est une question de
prévisibilité et de règles claires, tout simplement.
• (18 h 50) •
M. Charette : Bien, je ne
veux pas accaparer tout le temps de parole, mais... deux éléments à ce
sujet-là. Ça peut sembler simple. Je ne dis pas que c'est compliqué, mais
lorsqu'on présente un projet de loi, lorsqu'on convoque des groupes pour y
réagir par la suite, je serai toujours mal à l'aise d'amener une nouvelle
disposition qui n'a pas fait l'objet de la consultation. Je ne sais pas si vous
comprenez ce que je veux dire par là. Si j'amène des nouvelles contraintes par
exemple pour le milieu municipal, qu'on a reçu ce matin, sans qu'ils aient la
possibilité d'apporter leur éclairage sur cet aspect-là, ça peut être
problématique. Mais, pour vous rassurer, on est conscients de ces
inquiétudes-là, on ne dit pas qu'on n'agira jamais. Mais je n'ajouterai pas des
nouvelles dispositions pour lesquelles le milieu municipal n'aura pas eu
l'occasion, là, de se prononcer en commission parlementaire comme on le fait
avec vous ce soir. Le ministère est à l'affût de cette réalité-là, et on
trouvera le moyen de réagir, là, si ça se fait sentir.
Pour ce qui est, encore une fois, des
pouvoirs, là, qui seraient donnés aux municipalités, c'est l'UMQ, ce matin...
Vous parliez de la CMM, qui trouvait qu'il y a encore beaucoup trop de
contraintes imposées à la CMM, et ces contraintes-là, elles sont maintenues. La
CMM a des autorisations sur différents aspects, au niveau de la qualité de
l'air, notamment, qui nécessitent justement ce type d'approbation de la part du
ministère de l'Environnement. L'UMQ nous demandait d'enlever ces
restrictions-là, et on les maintient pour le moment.
Donc, quand je vous dis qu'on arrive avec
une position relativement équilibrée, on ne répond pas à toutes les demandes du
milieu municipal, mais je pense qu'il faut aussi les reconnaître comme palier
de gouvernement, comme partenaires. Ça va peut-être nécessiter des échanges
plus directs avec certains élus municipaux. Mais en même temps ils sont élus,
ils ont la confiance de leur population. Il faut... il faut reconnaître, là, ce
palier-là. Mais on arrive avec une position, là, qui est relativement
équilibrée au niveau municipal également.
Mme Lauzon (Hélène) : Mme la
Présidente, est-ce que vous permettez que ma collègue ajoute un élément?
La Présidente (Mme Blouin) : Oui...
Merci.
Mme Bellemare (Marie-Claude) : Je
vais peut-être illustrer avec un... des exemples pratiques vécus au fil des
années. Je vous entends quand vous dites que ce sont des fonctionnaires élus.
C'est vrai, mais avec ça vient une responsabilité aussi. Donc, comme
gouvernement, quand vous adoptez un règlement, il y a une prépublication
officielle, il y a une période de consultation, il y a des commentaires. Au
niveau municipal, on est loin de là, d'une part. Juste sur le terrain, demain,
je veux partir un projet, je veux accompagner par exemple une entreprise dans
un projet, et... réussir à obtenir la version à jour et officielle des
règlements, on se fait dire de demander de demandes d'accès à l'information, et
Dieu sait qu'en ce moment, pour prendre... en fait, à cet égard-là, qu'en ce
moment les délais ne sont pas respectés en termes de demandes d'accès à
l'information. Donc, essentiellement, on se retrouve... quand on veut essayer
de faire un projet conforme à la réglementation, on ne réussit pas à avoir
accès en temps opportun aux normes. Non seulement ça, mais malheureusement on a
vu au fil du temps des... certains cas où en fait les municipalités refusaient
tout simplement de donner l'information, en se disant : Bien, si on ne
partage pas l'information, il n'y aura pas de projet.
Donc, ça amène... Ça fait que je vous
entends quand vous dites que les gens sont élus puis qu'ils sont redevables à
leurs citoyens, mais à ça aussi vient une certaine obligation de transparence,
de communication et d'avoir ce forum-là, puis, malheureusement, ce défi-là, il
est là puis il est réel sur le terrain, d'où le pourquoi de cette
prévisibilité-là, de cette transparence-là, mais aussi d'avoir les ressources
pour pouvoir les mettre en œuvre, les règlements.
M. Charette : Je vous
entends. Et là, je vois le temps qui file aussi. Peut-être de bons échanges
avec l'UMQ et la FQM seraient profitables autant à votre organisation qu'au
milieu municipal.
Une voix : ...
M. Charette : Bien, je vous
invite à poursuivre les efforts. Moi, je n'ai pas senti de fermeture ce matin.
Je veux juste valider d'un regard... Est-ce que j'ai des collègues qui
souhaitent...
La Présidente (Mme Blouin) : Il
reste 2 min 30 s
Mme Tardif : Bien, allez-y,
M. le ministre...
Une voix : Non, mais vas-y...
Mme Tardif : Si vous avez des
questions, allez-y, M. le ministre, il n'y a pas...
M. Charette : Oui. Bien,
sinon, on peut aussi partager le temps avec les collègues de l'opposition.
Mme Tardif : Ah! Je peux
poser une question. On ne donne pas notre temps, on garde notre temps.
M. Charette : Pas... Je veux
dire, moi, je... C'est un travail...
Mme Tardif : J'ai... Là, j'ai
des... j'ai des questions en banque...
M. Charette : C'est un
travail de collaboration. Si ma collègue a des questions...
Mme Tardif : J'ai des
questions en banque que... Je ne voulais pas vous enlever votre temps.
M. Charette : ...allons-y,
allons-y.
La Présidente (Mme Blouin) : Alors,
on va enchaîner avec la députée de Laviolette-Saint-Maurice.
M. Charette : Bien, on
collabore même avec les oppositions, pour ce qui est des consultations.
Mme Tardif : Oui. Je vous
remercie...
Mme Tardif : ...d'être là.
Est-ce qu'il y a des sujets ou des secteurs d'activité qui nécessiteraient que
ce soit uniquement le gouvernement provincial qui... qui fasse la
réglementation, là, plutôt que le ministère? Parce que je sens qu'il y a peut-être
certains irritants avec le municipal. Donc, je vous ouvre une porte.
Mme Lauzon (Hélène) : Bien,
je vais vous donner l'exemple du projet de loi n° 41 qui a été adopté sur
la performance énergétique et environnementale des bâtiments. Dans ce... Dans
cette loi-là, le gouvernement nous dit : Bon, si jamais il y a une
réglementation municipale dans le domaine, elle sera déclarée invalide. Alors,
nous nous en réjouissons, mais nous souhaiterions que ce soit dans... le cas
pour tous les projets de règlement. Donc, pour répondre à votre question, moi,
je ne sais pas si mes collègues pensent à autre chose, mais je ne vois pas, tu
sais... Bon, le gaz... le gaz naturel, hein, le gouvernement aussi dit :
C'est nous qui allons réglementer. Mais il y a sûrement plusieurs types de
projets, oui.
Mme Bellemare (Marie-Claude) : Tout
ce qui est, évidemment, eau, en termes de prélèvements d'eau, notamment
directement à l'environnement, tout ce qui est air, tout ce qui est gestion des
terrains contaminés, tout ce qui est protection, en fait, des espèces protégées
et autre, l'idée ici, en fait, c'est qu'il y a un aspect de capacité à élaborer
des normes à jour. Il y a l'élément de consultation qui est important, il y a
l'élément de prévisibilité mais il y a aussi l'élément d'uniformité. Donc, si,
comme entreprise, je me retrouve à avoir des activités dans différentes
municipalités à travers le Québec et je me retrouve avec une usine qui a telle
norme au niveau des émissions atmosphériques à tel endroit, puis à tel autre
endroit, j'ai besoin d'un épurateur, puis à tel autre endroit, c'est tel autre
type d'équipement, en termes d'assurer la conformité environnementale, qui est
ultimement ce qu'on veut tous atteindre, assurer la protection, d'avoir une
bonne gestion d'entreprise, ça devient très, très difficile.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. Alors, ça conclut l'échange avec la banquette gouvernementale. On
poursuit avec l'opposition officielle. Donc, vous avez 9 min 54 s.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous trois pour votre présence. Juste avant vous, il y
avait Éco Entreprise Québec et qui nous mentionnait que le marché était
pratiquement inexistant pour les camions lourds pour la collecte, là, des
matières recyclables, pour... en gestion des matières résiduelles. L'analyse
d'impact réglementaire pour le projet de loi n° 81 estime qu'avec une
norme zéro émission sur les véhicules lourds ça pourrait monter à 66 % de
véhicules vendus en 2035. Est-ce que le marché est vraiment là?
Mme Lauzon (Hélène) : Pas
encore, de ce qu'on a compris, bien sûr, de ce que l'on a compris des membres
qui nous ont fait... Mais non, le marché n'est pas là sur le plan
technologique, sur le plan logistique aussi, hein, parce que, quand il s'agit
de prévoir des trajets, on n'en est pas là encore. La hausse des tarifs
d'électricité, il y a... Ce qui se passe en ce moment, malheureusement, de
l'autre côté de la frontière, bien, vient nous faire craindre que les... tout
ce qui est l'électrification puisse éventuellement en subir le contre coup.
Mme Dufour : Et vous
mentionnez, là, les coûts plus élevés dans votre mémoire, pour un véhicule
lourd, vous mentionnez 100 000 $, ce n'est pas rien. Donc, ça... ça...
Une voix : ...
Mme Dufour : Oui, puis...
environ 100 000 $ du véhicule lourd, oui. Par rapport à son équivalent
alimenté aux combustibles fossiles, ça, j'imagine, il y en a que c'est plus, il
y en a que c'est moins, mais c'est quand même considérable. Pour les
entreprises, c'est 100 000 $ dans un véhicule et, de ce que je comprends,
qui, actuellement, n'est pas accessible. Et là vous mentionnez votre crainte
que, dans le fond, le marché se rétrécisse et que, finalement, les
constructeurs se retirent tout simplement du marché québécois. Parce qu'on
ferait bande à part, là. C'est ma compréhension aussi, là, il n'y a pas
d'autres juridictions qui ont mis des normes comme ça en place, là.
Mme Lauzon (Hélène) : Au
Canada, dans d'autres provinces, non. Le gouvernement fédéral a dit qu'il
attendait pour l'instant ou, en tout cas, il allait revoir le tout seulement en
2040, de ce qu'on a pu comprendre. Il y a quelques États américains qui ont
décidé d'aller de l'avant avec l'électrification des véhicules lourds, mais,
oui, on serait plutôt assez... assez seuls de ce côté-ci de la frontière.
Mme Dufour : C'est ça, mais
là il n'y a pas de marché majeur actuellement, là, qui ont mis ça en place, là.
Et, par curiosité, est-ce qu'on a estimé il y en a... il y en a combien qui se
vendent en ce moment, des camions électriques?
Mme Lauzon (Hélène) : Je n'ai
aucune idée.
Mme Dufour : Vous ne le savez
pas.
Mme Lauzon (Hélène) : Non,
malheureusement. Si vous avez besoin de l'information, on pourra vous revenir.
Mme Dufour : ...curieuse
parce que... je serais curieuse parce qu'on estime... Le ministère estime qu'il
y en aurait 2 800 qui seraient... qui seraient en 2030 et c'est... je serais
curieuse de savoir on part de combien. J'imagine qu'actuellement il n'y en a pas
beaucoup. En tout cas, on a vu que ceux qui en faisaient, malheureusement, ont
fermé boutique. Donc, ça, déjà là, on part mal...
Mme Dufour : ...vous
mentionniez en fait qu'il y a vraiment des enjeux au niveau, là, de la
compétitivité pour les entreprises s'il y avait une telle norme. Peut-être vous
enfermer un petit peu davantage?
Mme Lauzon (Hélène) : Oui,
attendez que je retrouve... Oui, mais je veux...
• (19 heures) •
Mme Bellemare (Marie-Claude) : La
réponse, actuellement, c'est sûr que, d'entrée de jeu, si on regarde en termes
des coûts associés, donc qu'ils soient coûts de formation, coût d'acquisition,
coûts d'utilisation pratico... tu sais, pratico-pratique, qu'ils soient même
des coûts d'énergie qui, de mémoire, n'ont pas nécessairement été pris en
compte dans l'analyse réglementaire en termes d'où on sera à cet égard-là. Puis
il y a cette dynamique-là aussi de venir dire essentiellement : Bien, on
n'est on n'est pas nécessairement un marché qui fabrique les véhicules. Donc,
si en plus on vient fixer des règles tellement claires et puis tellement
sévères qu'on s'isole, puis qu'essentiellement l'acquisition de véhicules se
fait hors province pour venir être immatriculés ici au Québec, on va y perdre
aussi, ultimement, en compétitivité.
Mme Dufour : Puis... et vous
amenez un concept intéressant l'analyse du cycle de vie. J'aimerais peut-être
vous en parler davantage, parce qu'il y a un enjeu, c'est qu'à un moment donné,
il faut se poser la question : L'argent qu'on met, ça nous permet de
réduire combien de tonnes puis, si on le mettait ailleurs, est-ce qu'on
réduirait plus? Donc, j'aimerais peut-être vous entendre sur... sur votre...
votre proposition ici.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui.
Mais ce que nos membres nous ont révélé à ce sujet-là, c'est que, plutôt que
d'aller sur l'électrification à ce stade-ci, c'est peut-être un peu trop
prématuré. Il y a sûrement la possibilité de faire des analyses de cycle de vie
et voir quelles seraient les meilleures options pour réduire les émissions de
gaz à effet de serre. Donc, il s'agirait d'aller de l'avant avec la réalisation
d'analyses de cycle de vie pour voir comment faire pour réduire les émissions
des camions lourds en ce moment.
Mme Dufour : Vous parliez de
carburants alternatifs, donc c'est ça, c'est de ça que j'aimerais vous entendre
aussi.
Mme Bellemare (Marie-Claude) : C'est
comme en gaz naturel renouvelable, il y a certaines études qui ont été faites
par le CIRAIG démontrant que justement il y aurait un gain. Puis je pense que
l'idée ici, c'est qu'on comprend l'objectif ultime, mais des fois il faut y
aller par étapes, puis il faut se poser la question de qu'est-ce qui peut être
fait en ce moment pour aller chercher cette réduction de gaz à effet de serre
là à un coût économique pour la société aussi et pour les entreprises, ce qui
fait du sens, et pour aller par en avant. Puis en termes de... Il y a eu, du
point de vue des entreprises aussi, des investissements qui ont été faits en
termes de justement faire cette recherche et développement-là en termes de
nouveaux carburants et autres aussi. Mais, si du jour au lendemain on met tout
ça de côté, bien évidemment on perd l'investissement, mais on ne va pas plus
nécessairement chercher à court terme la réduction de gaz à effet de serre.
Mme Dufour : Oui. Et une
dernière question pour moi, là. Selon votre compréhension, là, le projet de
loi, la façon qu'il est écrit, est-ce qu'il permet les carburants alternatifs
dans la norme zéro émission, là?
Mme Bellemare (Marie-Claude) : On
pense qu'il devrait y avoir davantage de marge de manœuvre à cet égard-là qui
devrait être prévu dans le projet de loi pour, justement, que ce soit via
l'allocation de crédits ou autres, mais que ces mesures-là soient reconnues par
ailleurs.
Mme McGraw : ...présentation
et aussi votre présence ici, avec nous, en commission. Mémoire très étoffé,
avec 75 recommandations, donc on ne va pas avoir le temps de passer à
travers. Mais j'aimerais m'attarder à deux aspects en particulier, marché de
carbone, mais on y reviendra. Régime d'autorisation environnementale. 25
recommandations. Une des recommandations... Je devrais souligner qu'il y a eu
une discussion aujourd'hui avec des groupes, bon, environnementaux, mais aussi
des inquiétudes exprimées par des communautés autochtones face aux procédures
allégées pour la réalisation de projets pour... vers la transition énergétique.
Mais, vous autres, vous demandez que cette procédure allégée soit disponible
pour les initiateurs de projets privés. Il y avait déjà des inquiétudes face
aux projets publics. Je pense que le ministre, je ne vais pas parler pour le
ministre, mais il a été assez clair là-dessus. Donc, on aimerait vous entendre
là-dessus. Parce que la distinction a été faite entre «transition énergétique»,
qui pourrait, oui ou non, nous aider au Québec avec nos... à décarboner le
Québec, pas toujours le cas, et aussi décarboner, c'est, oui, carboneutralité,
mais aussi biodiversité, conservation, qui nous aident à atteindre nos objectifs
aussi, et on a des objectifs en matière de biodiversité. Donc, tout ça pour
dire: Qu'est-ce que vous pouvez nous... On aimerait s'attarder là-dessus pour
cette recommandation-là, de... que ce soient des projets privés aussi.
Mme Lauzon (Hélène) : Il y a...
Il y a beaucoup d'initiateurs de projets, mieux connus dans le grand public
sous le nom de promoteur, beaucoup de promoteurs qui ont des projets de
transition, puis on pense aux éoliennes, par exemple, et...
19 h (version non révisée)
Mme Lauzon (Hélène) : ...et
ça va contribuer largement. On le sait, même les sociétés... la société d'État
veut aller essayer d'amplifier davantage sa production éolienne. Donc une
production éolienne nous permettra d'aller vers une transition énergétique et
en plus réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Donc, pourquoi les promoteurs, les
initiateurs privés ne pourraient pas bénéficier d'une procédure allégée aussi,
puisque ça vise à respecter les objectifs gouvernementaux? On pourrait penser
la même chose des panneaux solaires. Est-ce que... Moi, je pense qu'il y a
vraiment beaucoup d'entreprises qui sont à mettre en place des projets d'énergies
renouvelables. Et donc pourquoi on n'essaierait pas de les aider en permettant
une procédure allégée pour accélérer tous ces projets qui vont nous permettre d'atteindre
nos cibles?
Mme McGraw : Merci.
Marché du carbone. Vite, vite, il ne nous reste pas beaucoup de temps. Vous
demandez... Il y a deux recommandations, ça serait de reconnaître de façon plus
explicite que, justement, avec la modernisation des paramètres du SPEDE, d'être
très clair sur pas juste les GES, de retirer des... les technologies des
projets qui visent à retirer des GES, mais d'être plus précis et des
technologies de captation, de séquestration et d'utilisation malgré les coûts,
les enjeux géologiques. Est-ce qu'on pourrait vous entendre là-dessus?
Mme Lauzon (Hélène) : On
a l'impression que ce n'est peut-être pas ce que le législateur a voulu dire,
là, en écrivant «retrait à l'atmosphère», puisque «retrait à l'atmosphère», ça
semble ne viser que les projets de captation directe du carbone, là, ce qu'on
appelle «direct air capture». Ce n'est probablement pas ça que le législateur a
voulu. Tant mieux si ce n'est pas ça parce que, nous, on trouve que le
vocabulaire qui est utilisé en ce moment ne permet pas les projets de captation
et séquestration.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci beaucoup. On va poursuivre avec M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Quand vous parlez, toujours à votre page 1
de votre sommaire exécutif, que vous aimeriez que les procédures allégées ne
soient élargies pas juste à des projets publics, mais des projets privés, on
avait dit ça tantôt. Bon, on n'est peut-être pas à la même page là-dessus, mais
là où on se rejoindrait peut-être, c'est de voir est-ce qu'on ne serait pas
mieux de quand même un peu mieux baliser ce que le gouvernement entend par
rapport à ce qu'il estime être le motif pour aller plus vite, qui est celui de
participer à la décarbonation? Parce qu'on n'a peut-être pas toujours la même
lecture, tout un chacun, de ce que ça veut dire, ça, participer à la
décarboner. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Lauzon (Hélène) : Bien,
participer à la décarbonation, c'est de mettre en place des mesures, des
projets pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre notre
cible. Hein, notre cible à l'horizon 2030 est de 37,5 %. 37,5 %,
je ne me trompe pas? Et donc c'est tous les projets qui peuvent contribuer à
atteindre cette cible pour le Québec et aussi pour réaliser des projets en
territoire québécois. Nous avons un marché du carbone lié avec celui de la
Californie. Ce qu'il permet de faire, c'est d'acheter des crédits de projets
californiens. Mais ce qui serait encore davantage, ce qui serait préférable, ce
serait que les projets soient réalisés ici. Donc, tous les projets que nos
entreprises pourraient déployer pour décarboner le Québec, bien, ça
contribuerait non seulement à atteindre les objectifs, mais à investir en
territoire québécois.
M. Leduc : Autre
question. Juste après, vous parlez du fait que vous aimeriez que le
gouvernement ait aussi plus de rigueur... l'efficience de processus d'autorisation
gouvernemental, il serait nécessaire de prévoir des délais de rigueur pour le
gouvernement aussi. Qu'est-ce que vous voulez dire?
Mme Lauzon (Hélène) : Dans
le projet de loi, on prévoit plusieurs délais que le promoteur va devoir
respecter, où on nous dit... Bien, par exemple, si le promoteur n'a pas donné
de nouvelles après 365 jours, on va devoir interrompre. Il y a plusieurs
endroits comme ça. Mais le gouvernement, lui, a l'obligation... Bien, oui, il a
l'obligation d'analyser les dossiers, mais ce qu'on souhaiterait, c'est qu'il
se fasse imposer aussi une obligation d'analyser dans un certain délai pour
accélérer les délais? En ce moment, des fois, ça peut être très long. Donc,
pourquoi les promoteurs auraient une obligation de respecter certains délais?
Et pourquoi on ne pourrait pas avoir l'effet miroir du côté gouvernemental? C'est
ce qu'on propose.
M. Leduc : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) :
Merci beaucoup. Alors, on va terminer avec le député des Îles-de-la-Madeleine
pour un peu plus de 3 min 20 s.
M. Arseneau : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci, Mmesdames, pour votre présentation et votre
mémoire, effectivement, très étoffé. Donc, moi, je voudrais me concentrer sur
les mécanismes que vous...
M. Arseneau : ...vous imaginez
qui pourraient nous permettre de déterminer ce que sont des risques plus
importants à analyser par rapport aux risques qui sont moins importants ou qui
ont déjà été mesurés. Parce que, dans mon esprit, si les risques ont déjà été
analysés... les risques moins importants, je dirais, l'analyse a déjà été
faite, mais elle peut quand même figurer au dossier. Je ne vois pas où est-ce
qu'on gagne du temps.
• (19 h 10) •
Mme Bellemare (Marie-Claude) : ...ce
qu'il se passe souvent, c'est que, par rapport à des projets donnés, par
rapport à des technologies données, les mêmes questions reviennent de part et
d'autre, le même questionnement et autres. Donc, l'idée ici, c'est qu'au fil du
temps, quand on... je vais prendre une image, quand telle technologie de
production d'énergie ou que tel dépoussiéreur ou pour... tel équipement de
traitement des eaux a été analysé, et analysé, et analysé, est-ce qu'on a nécessairement
besoin de mettre les mêmes ressources, comme cette technologie-là est connue,
en termes : est-ce qu'il y a des impacts, comment on peut contrôler les
impacts, et autres?
En ce moment, quand on fait des procédures
d'évaluation et d'examen des impacts, il faut couvrir tout. Donc, on ne focusse
pas sur les éléments qui pourraient être plus innovateurs ou qui sont peut-être
moins connus en termes d'impact ou autres, on analyse d'un bord à l'autre du
projet. Donc, c'est là aussi que les ressources deviennent diffuses à cet
égard-là.
M. Arseneau : J'imagine,
là... parce que je n'ai pas réalisé ce genre de travail là, mais, pour moi,
j'avais comme l'impression que, si le risque a déjà été analysé... qu'on ait
une uniformité et à cocher, en quelque sorte. Ce serait dans l'optique de ce
que vous dites, c'est que la réglementation soit... soit la même partout et
pour chaque projet, mais peu importe.
Vous parlez aussi de modulation des
projets, puis je veux soulever ce que moi, je vois comme une... une
contradiction, c'est-à-dire. Vous vous dites d'avis que «la procédure
d'évaluation devrait être modulée selon le risque propre à chaque projet»,
mais, en même temps, vous dites qu'on devrait le faire mur à mur à travers
toutes les municipalités, sur tout le territoire québécois, alors que les
municipalités, dans certains cas, n'ont vraiment pas le même... la même
géographie, les mêmes contraintes, mêmes sources d'approvisionnement en eau,
énergétiques, les mêmes écosystèmes, et tout ça. Et c'est la raison pour
laquelle les municipalités veulent avoir leur mot à dire, parce que le
territoire québécois, et les ressources, et les écosystèmes ne sont pas les
mêmes dans l'ensemble du Québec.
Mme Bellemare (Marie-Claude) : ...pas
la même chose. En fait, on va y aller par étapes. Donc, si je prends le
règlement et s'il y avait vraiment une spécificité dans une municipalité
donnée, ou un type de géographie, ou un type de ressource...
M. Arseneau : Je vous dis ça
parce que je viens des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Bellemare (Marie-Claude) : Je
comprends puis je... C'est un très beau coin de pays. Si je prends cet
exemple-là, la municipalité pourrait faire approuver son règlement par le
ministère de l'Environnement, et ça aurait préséance. Ça fait que ce qu'on dit,
ce n'est pas nécessairement jamais. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut qu'il y ait
cet exercice-là d'approbation, de réflexion en termes d'impact, première chose.
Deuxième chose, sur... dans le cadre d'une
étude d'impact, quand on dit de prendre les éléments qui sont spécifiques, la
procédure, ultimement, reste la même, mais, quand, essentiellement, on vient de
faire le dépôt, par exemple, de l'avis de projet, bien, essentiellement, ce
qu'on dit, c'est que, si, justement, au niveau de la communauté, il y a un
enjeu sur l'eau ou il y a un enjeu sur l'érosion par exemple, bien, l'étude
pourra davantage mettre l'emphase sur ces éléments-là qui sont propres dans ce
contexte-là où le projet s'implante.
Ça fait qu'il faut voir que, quand on
implante un projet, il y a le régime d'autorisation qui donne une certaine
possibilité, puis c'est ça qu'on veut dire en disant : Focussons sur les
risques propres au milieu. Mais il y a aussi des normes, par exemple ce qu'on
peut rejeter à l'environnement, ce qu'on peut rejeter à l'eau, qui se doivent
d'être davantage uniformes.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Blouin) : Merci
beaucoup. C'est ce qui conclut notre période d'échange. Alors, un grand merci à
vous d'avoir été avec nous aujourd'hui.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au mercredi 29 janvier 2025, après les avis touchant
les travaux des commissions, où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 19 h 14)