Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 24 octobre 2024
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Vol. 47 N° 65
Étude détaillée du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif
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14 h (version non révisée)
(Quatorze heures douze minutes)
Le Président (M. St-Louis) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi
sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin) est remplacé par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous
étions à l'étude d'un amendement présenté par le député de Taschereau à l'article 4
de la loi édictée. M. le député de Nelligan, vous avez une autre intervention à
faire ou donner suite à votre intervention d'hier. Vous... Vous disposez de 7 min 25 s.
M. Derraji : ...
Le Président (M. St-Louis) : 7 min 25 s.
M. Derraji : Merci, M. le Président.
Juste remettre l'amendement. Comme ça, ça va me rafraîchir la mémoire, du
moment qu'on commence en après-midi un jeudi, après une très bonne semaine. Je
pense, on peut descendre en bas. Bien, je pense que vous...
M. Derraji : ...avez dit le
député des Îles-de-la-Madeleine ou le député de Taschereau qui a déposé...
Le Président (M. St-Louis) : ...
M. Derraji : C'est ça.
Le Président (M. St-Louis) : C'est
l'amendement du député de Taschereau, mais c'est bien le député de Nelligan
qui...
M. Derraji : Oui, oui.
Le Président (M. St-Louis) : Excusez-moi.
M. Derraji : Non, non, non,
mais j'ai cru comprendre que c'est l'amendement du député des
Îles-de-la-Madeleine. Bien, probablement, juste moi qui a mal entendu. Bien,
c'est bon. Donc, on est bien sur l'amendement de mon collègue député de
Taschereau d'hier.
Le Président (M. St-Louis) : Oui.
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Merci. Donc, vous m'avez dit quoi, 17 minutes?
Le Président (M. St-Louis) : ...
M. Derraji : O.K. Merci. Bon,
on va avoir un grand plaisir, écoute. Et je sais que Mme la ministre aime...
aime écouter ce que je dis en commission parlementaire, elle qui est
multitâche.
Donc, bonjour, chers collègues, très
heureux de vous revoir en ce début d'après-midi. Et j'espère que vous avez avec
vous vos cafés. Vous êtes prêts à recommencer l'étude détaillée d'un important
projet de loi qui va créer une autre agence gouvernementale, cette fois-ci, l'agence
Mobilité Infra Québec. Et je vois que le député de Masson, comme à son
habitude, très prêt, avec la liste des articles aux appels au règlement. Il est
prêt. Il est prêt, M. le Président.
Bien, maintenant, permettez-moi de
revenir...
Une voix : ...
M. Derraji : L'article 4.
O.K., M. le député. Je pense que M. le Président va nous arrêter. Donc, il faut
l'aider. Donc, M. le Président, écoutez, hier, j'ai commencé à parler... j'ai
commencé à parler de l'ajout de l'amendement de mon collègue le député de
Taschereau, et ce qu'on s'est dit, c'est que l'article 4 parle de la
mission principale de Mobilité Infra Québec. Mobilité Infra Québec, qui a pour
mission principale d'effectuer, dans une perspective de mobilité durable,
lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse
d'opportunité, la planification ou la réalisation de projets complexes de
transport. On ne va pas refaire le débat sur la mission principale parce qu'on
l'a dit hier et, malheureusement, on n'a pas pu convaincre le gouvernement par
rapport à la définition des projets complexes de transport collectif, mais le
collègue de Taschereau a ramené un point. Et ce point, il est quand même
important, et c'est en relation avec les consultations que nous avons eues. Et
les consultations que nous avons eues parlaient beaucoup, beaucoup, beaucoup...
parlaient beaucoup... parlaient beaucoup de... du rôle des sociétés de
transport et l'importance. Et vous avez vu, M. le Président, la dernière année,
les enjeux que nous avons eus avec les sociétés de transport qui nous disaient
que, que ça soit en maintien d'actif, que ça soit au niveau de
l'électrification du transport, ils ont énormément d'enjeux. Et ce qu'on ne
voulait pas, ce qu'on ne voulait pas, c'est que Mobilité Infra Québec puisse
faire des projets qui rentrent dans le champ de compétence des sociétés de
transport. Et c'est pour cela que l'ajout de cet amendement... C'est un
sous-amendement encore une fois. L'ajout de cet... de ce sous-amendement... les
projets opérationnels en lien... C'est un sous-amendement. C'est un sous...
C'est un amendement. C'est un amendement. Voilà. Le député de Masson, je vous
ai dit, M. le Président, il nous suit très bien. Donc, c'est un amendement, et
avec raison, je lui donne... il a raison de dire que c'est un amendement. C'est
très bien. Donc, à l'ajout de cet amendement, ça vient un peu confirmer que
Mobilité Infra Québec n'a pas... n'a pas intérêt et ce n'est pas dans sa
mission principale, aller jouer dans les projets opérationnels en lien, en
lien, en lien avec les activités des sociétés de transport.
Donc, c'est ça que je... que je lis entre
les lignes dans le cadre de cet amendement, M. le Président, ni dans
l'agrandissement ou la construction de garages. Et ça, on le sait, la plupart des
sociétés de transport que j'ai eu l'occasion de visiter, que ce soit à
Montréal, à Laval, Longueuil, même en Outaouais... J'ai eu aussi une rencontre
avec les gens de Québec. Ils ont leur projet de développement. Ils ont leur
projet d'agrandissement, de construction de garage. Ils ont leur plan de
planification. Ils ont aussi des enjeux avec le maintien d'actif.
Permettez-moi d'ouvrir une parenthèse. On
l'a vu avec la Société de transport de Montréal, les enjeux qu'ils ont eus avec
la ligne bleue, où ils étaient obligés de fermer trois... trois stations. Ils
ont réouvert deux. Une, il est fermé encore. Et on a vu le déficit au maintien
d'actif qui se chiffre à plusieurs millions de dollars. Je pense que pour
le.... pour arriver à le mettre à jour, on parle d'un demi-milliard,
500 millions de dollars, et ils ne mettent même pas 250 millions
de dollars...
M. Derraji : ...donc ça, c'est
par rapport au maintien d'actif, développement ou l'amélioration de systèmes de
transport intelligents au coeur des opérations des sociétés.
Encore une fois, le collègue ramène cet
aspect parce qu'on ne peut pas aller... le rôle de la... de Mobilité Infra
Québec ne peut pas être d'aller jouer un peu ou aller être l'opérateur en ce
qui concerne les systèmes de transport intelligents ou bien les systèmes de
gestion de parc, donc... Et c'est là où ça devient... ça devient mêlant pour
les gens. Est-ce que demain Mobilité Infra Québec, M. le Président, au niveau
de sa mission, va être obligé d'aller faire des projets opérationnels avec les
sociétés de transport?
On le voit, Mme la ministre n'arrête pas
de le rappeler, elle ne voulait pas exclure d'autres projets de transport de la
mission de Mobilité Infra Québec. Ça laisse un peu le... Ça laisse un peu le...
Ça laisse un peu l'opportunité à Mobilité Infra Québec de faire autre chose que
les... le transport collectif, mais on sait aussi que le Plan structurant de
l'Est, c'est quelque chose que Mobilité Infra Québec risque d'avoir comme tâche
à effectuer. Mais, quand je vois le PSE et là où il est rendu, avec l'ensemble
des travaux de l'ARTM, je me demande c'est quoi, le rôle de Mobilité Infra
Québec dans ce sens.
Et c'est là... Et c'est là, M. le
Président, que je... on voulait vraiment clarifier... on voulait vraiment
clarifier le tout, et c'est pour cela que je pense que l'amendement, tel que
proposé par mon collègue, vient clarifier et délimiter le rôle de Mobilité
Infra Québec. Et, on s'entend, on ne partage pas la définition de projet
complexe de transport, parce qu'on voulait que ça soit «projet complexe de
transport collectif». On s'est battus pour ça, mais malheureusement le
gouvernement a battu un peu notre amendement. Et on revient à la définition de
base que le gouvernement propose, avec une mission principale d'«effectuer,
dans une perspective de mobilité durable, l'analyse d'opportunité, la
planification et la réalisation de projets complexes de transport». Mais ça, ça
reste très, très vague comme mission.
• (14 h 20) •
Et c'est là où nous, on se demande :
Si on veut et la réalité veut que le gouvernement crée une agence pour faire
des choses qu'on ne fait pas présentement, on a un enjeu de compétence par
rapport à la mobilité durable ou par rapport au transport collectif, il faut
que ça soit clair et énuméré. Le problème, M. le Président : Sur la place
publique, quand tu dis que tu as un enjeu pas avec les routes ou les
autoroutes, mais tu as un enjeu avec le transport collectif, mais tu as
beaucoup de sociétés de transport... Et c'est là où la question se pose :
Demain, sur n'importe quel territoire, Mobilité Infra Québec aimerait
développer un projet de mobilité, mais, si la société de transport, sur un
territoire bien déterminé, est impliquée déjà, est-ce qu'on n'est pas en train
de dédoubler les rôles? Ou bien est-ce que le gouvernement va tout faire et,
par la suite, il va travailler avec la société de transport? On ne le sait pas.
Et c'est pour cela que ce que c'est important, au tout début... au tout début,
de valider... de valider, M. le Président, la mission, d'être plus clair au
niveau de la mission principale de Mobilité Infra Québec.
Et, quand on parle des projets
opérationnels en lien avec les activités des sociétés de transport, j'ai
beaucoup utilisé le passage de... en commission parlementaire de la Société de
transport de l'Outaouais, qui, eux, disaient clairement qu'ils n'avaient pas
besoin de Mobilité Infra Québec. Je l'utilise souvent parce que, pour moi,
c'est l'exemple parfait. Donc, ils étaient capables de travailler eux-mêmes
avec leur bureau de projet. Ils ont recruté ce qu'ils voulaient recruter. Les
projets avancent, mais ils ont un enjeu. L'enjeu, qui est l'enjeu de partout, y
compris dans la francisation aujourd'hui, c'est qu'on a un gouvernement en face
qui n'a plus d'argent, il n'y a plus d'argent. ...que le député de Masson ne
partage pas mon point de vue, mais il y a des fermetures dans les classes de
francisation un peu partout. Donc, quand je vois qu'il y a des enjeux au niveau
de la construction des garages pour l'électrification... transport ou
l'agrandissement des garages, quand je vois le plan ambitieux pour
l'électrification du transport, où on parle de plusieurs milliards, 10 ou 13,
et que le gouvernement n'a pas planifié plus que 3 ou 4 milliards de
dollars, donc, il y a des questions qui se posent, M. le Président, et on le
voit, d'où l'importance...
M. Derraji : ...de bien,
bien, bien cerner la mission principale de Mobilité Infra Québec. Parce qu'on
ne veut pas que ça soit une mission très large, et, au bout de la ligne, on
arrive à ce qu'on a un dédoublement, un dédoublement avec le ministère du
Transport. Et ça, on l'a expliqué hier. Les projets complexes de transport
devraient être transport collectif au niveau de Mobilité Infra Québec. On ne
peut pas... On ne peut pas commencer à penser que Mobilité Infra Québec doit
tout faire. Il y a déjà un ministère, sinon on dédouble les choses, un.
Deux, si on... dans des territoires de
sociétés de transport, on ne peut pas continuer à faire ou bien espérer faire
la même chose que les sociétés de transport parce qu'ils le font déjà. Et c'est
pour cela, moi, je suis pour l'amendement tel que proposé par mon collègue,
qu'il faut exclure les projets opérationnels en lien avec les activités des
sociétés de transport. Moi, je pense, c'est du bon sens. Comme disait
quelqu'un, c'est du gros bon sens. Ce n'est pas une marque déposée, mais c'est
du gros bon sens qu'il n'y a pas un mélange au niveau de... des missions. Je
vous ai dit que la ministre, elle est multitâche. Je vous ai dit. C'était juste
un test, mais je vous l'accorde, Mme la ministre. Vous m'impressionnez. Vous
m'impressionnez, Mme la ministre. Je vous le dis : Vous m'impressionnez.
Donc, M. le Président, encore une fois,
c'est le gros bon sens qui doit nous guider dans nos travaux parlementaires. Et
dans cet amendement, moi, je pense que le grand bon sens va l'emporter, parce
que je ne pense pas qu'on peut tout donner à Mobilité Infra Québec et que la
mission principale doit être vraiment s'occuper des projets du transport
collectif. Bien, attention, attention, attention parce qu'il y a déjà des
sociétés de transport qui font déjà un travail exceptionnel, qu'ils ont des
équipes projets. D'ailleurs, j'attends, M. le Président... Et je vais
terminer... Oui, je termine. J'attends le coût des... l'ensemble des bureaux de
projets que j'ai demandé il y a quelques jours, ça va nous aider, hein, à
avancer très bien dans le cadre de ce projet de loi. Alors, M. le Président,
merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Ceci conclut le temps alloué pour le débat sur l'amendement
déposé par le député de Taschereau. Nous allons donc procéder à la mise aux
voix, par vote nominal, s'il vous plaît, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. St-Louis (Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, l'amendement tel que déposé est rejeté, ce qui nous amène à
l'article 4. Donc, le temps restant pour les débats était... En fait, est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Derraji : ...
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
M. le député.
M. Derraji : ...M. le
Président, hier, nous avons eu un échange extraordinaire avec Mme la ministre
et ses équipes. Et je vais juste mettre le tout dans le contexte, et on peut
suspendre par la suite, ça va... ça touche la qualité. Donc, M. le Président,
une courte suspension pour qu'on dépose un amendement. Je ne sais pas s'il est
prêt, et on va aller vite par rapport à cet amendement.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Nous allons suspendre nos travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 26)
(Reprise à 14 h 29)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission reprend ses travaux. Lorsque nous avons quitté, il y a eu...
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, Mme la ministre, s'il vous plaît! Lorsque nous avons quitté avant la
suspension, il y a eu dépôt d'un amendement déposé par le député de Nelligan.
M. le député, je vous demanderais de lire votre amendement, s'il vous plaît.
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Donc, l'article 1, article 4 de la Loi sur Mobilité
Infra Québec : Insérer, dans le premier alinéa de l'article 4, tel
que... tel qu'amendé, de la Loi sur Mobilité Infra Québec proposé par
l'article 1 du projet de loi et après «perspective», «de qualité et»...
de... «perspective», «de qualité et».
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Alors, y a-t-il des interventions?
• (14 h 30) •
M. Derraji : Oui. Ça va être
très court, M. le Président, parce qu'on a eu quand même un échange hier par
rapport à ça, mais, juste pour mettre les gens dans le contexte, on est dans
l'article 4, qui définit la mission, fonctions et pouvoirs généraux de
Mobilité Infra Québec. Et, après discussion avec les collègues de la partie
gouvernementale, la ministre et le... les gens... ceux... les personnes qui
l'accompagnent, ce qu'on voulait c'est que la qualité puisse être aussi
mentionnée dans la mission. Donc, tout ce qu'on fait, que ce soient les projets
d'infrastructures, que ça soit la gestion des projets complexes de transport,
c'est... c'est dans une perspective de qualité. Et c'est pour cela que
l'article, une fois accepté et amendé, va être lu de la manière suivante :
«Mobilité Infra Québec a pour mission principale d'effectuer, dans une
perspective de qualité et de mobilité durable...» Donc, c'est ça qui va guider
la mission de Mobilité Infra. Et, pour nous, ce qu'on disait, M. le Président,
hier, c'est un texte fondateur. On ne peut pas, dans un texte fondateur qui
fait l'énoncé d'une mission d'une nouvelle agence, ne pas parler de la qualité.
Donc, voilà.
Donc, M. le Président, je tiens juste à
remercier l'équipe de Mme la ministre, parce que nous, au début, on avait
l'objectif de le mettre ailleurs, dans un autre endroit, mais, après discussion
sur le fond de l'ajout, ils ont accepté l'ajout, et je tiens à les remercier,
M. le Président. Donc, voilà. C'est ce que je vous propose.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, je trouve ça intéressant comme ajout, là, mais
j'essaie juste de voir un peu, là, qu'est-ce que seraient les avantages ou la
plus-value, là, d'ajouter un tel terme. Évidemment, j'imagine qu'au ministère
des Transports ou dans Mobilité Infra Québec Mme la ministre envoie toujours le
message à l'effet qu'elle veut des projets de qualité, là. Je ne sais pas dans
quelle mesure c'est nécessaire de l'indiquer en surplus. Donc, j'aimerais juste
comprendre le raisonnement du côté de la partie gouvernementale pour accepter
le... l'amendement proposé par mon collègue député de Nelligan.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, tout à fait. Bien, écoutez, je suis d'accord avec le
député de Taschereau. C'est qu'on a eu une discussion en aparté, en dehors du
micro de la commission là-dessus, et plusieurs fois je lui ai... je lui ai
exactement dit ce que le député de Taschereau soulève en ce moment, là. Est-ce
que ça ajoute quelque chose? Pour moi, c'est tellement immanent, à n'importe quelle
loi d'ailleurs, là, que ce soient des lois de services publics,
d'infrastructures, de n'importe quoi, la qualité devrait être inhérente à tout
ce qui se fait au gouvernement, mais, après plusieurs échanges où le député de
Nelligan y tenait...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...en même temps, pour moi, ça n'ajoute rien parce que ça
va de soi. Bien, lui, il semblait y tenir, alors, tu sais, comme je suis une
personne de compromis, très ouverte et surtout très collégiale, bien, j'ai
accepté qu'on puisse trouver une façon de l'insérer d'une manière où tout le
monde serait heureux. Alors, c'est pour ça que... j'imagine que c'est pour ça
qu'il a bâti cet amendement-là et qu'il nous le propose aujourd'hui.
M. Grandmont : ...encore une
fois, là, ce n'est pas pour juger de la qualité, là, du... de l'amendement de
mon collègue... de notre collègue, mais est-ce que ce n'est pas à travers
plutôt le mode d'approvisionnement qu'on va trouver les moyens d'avoir la
qualité recherchée? Parce que, tu sais, on a souvent discuté au Québec... C'est
une espèce de discussion, là, incessante, là, en fait, la loi du plus bas
soumissionnaire, ce que ça amène comme enjeu en termes de qualité de ce qui est
produit, en termes de route, peu importe, là, tu sais, tout ce qu'on produit au
Québec, en fait, là, et ce mode d'approvisionnement là est justement modifié
dans le p.l. 62. D'ailleurs, est-ce que ça a été sanctifié... sanctifié,
sanctionné? Sanctifié, je n'avais jamais... je n'avais jamais fait le mélange,
mais c'est très drôle. Bien, est-ce que ça a été sanctionné le p. l. 62? Pas
encore, hein, je pense.
Mme Guilbault :Oui, il y a trois semaines.
M. Grandmont : Elle a été
sanctionnée. Ah, O.K., O.K.. Parfait. Bien, donc, c'est là-dedans qu'on voit...
c'est dans le mode d'approvisionnement qu'on va vous juger, ou, en fait, donner
des critères qui touchent la qualité. Donc, est-ce que ce n'est pas plutôt là
qu'on aurait dû avoir cet échange-là? Je ne sais pas. Je me pose la question.
Peut être que...
Mme Guilbault :Oui. Bien, selon ce que je comprends, là, je n'étais pas
dans le fin détail de la commission du 62, mais le député de Nelligan, qui y
était, semblait dire qu'ils ont inséré le terme «qualité» dans le projet de loi
62 puis ils voulaient justement, symétriquement, le faire dans le 61.
Moi, je jugeais... puis ce que je lui soulevais, toujours hors micro, là. Je
sais que c'est un peu bizarre peut-être de... mais, en tout cas. Donc, c'est
ça, ce que je lui soulevais, c'est que la qualité... Puis la qualité aussi, la
notion de qualité varie d'un projet à l'autre dans le sens où, pour moi, la
qualité c'est de faire évidemment un projet de qualité à chaque fois, dans le
sens, il y a un projet qui va être durable, qui va respecter des standards, etc.,
mais c'est tellement variable d'un projet à l'autre. Qu'est-ce que la qualité
pour un versus l'autre? On parlait hier d'acceptabilité sociale. Pour certains
projets, l'acceptabilité sociale va être une grosse partie. Pour d'autres
projets, il va y avoir peut-être des défis plus techniques, plus d'ingénierie...
par exemple, je ne sais pas moi, un rail qui passerait dans un endroit
particulier, où, tu sais... Alors, comme on va fonctionner par décret, chaque
projet va être confié à Mobilité Infra Québec par décret, il va y avoir
là-dedans un certain nombre de conditions, puis les paramètres du projet vont
être définis, puis évidemment qu'on va s'attendre à ce qu'ils soient respectés
puis que le projet soit de... C'est ça. C'est que, pour moi, c'est tellement
immanent - le terme «immanent», je pense, est le bon - que... mais, en même
temps, ça n'enlève rien non plus de le mettre là. Puis, tu sais, de mettre le
mot «qualité» quelque part dans le projet de loi, moi, je ne suis pas contre
parce que, comme je vous dis, pour moi, ça va tellement de soi. C'est un peu
comme... Je vous donnais l'exemple hier. C'est un peu comme si on disait que
Mobilité Infra Québec va respecter toutes les... tous les autres lois et
règlements par ailleurs au Québec. Tu sais, pour moi, ce n'est pas nécessaire
de l'écrire là, mais c'est sûr que oui, tu sais. Alors, pour moi c'est un peu
similaire. Bien, s'ils l'ont fait dans le 62, je n'ai rien contre le fait de le
mettre dans le 61.
M. Grandmont : ...effectivement,
là, sur des propositions d'amendements qui allaient dans le sens de respecter
toutes les lois du Québec, là. Ce n'était pas spécifiquement là-dessus, mais,
effectivement, là, je suis d'accord avec vous.
Là, par contre, vous avez dit quelque
chose d'intéressant. C'est que la notion de qualité, ça peut avoir des
géométries variables puis ce n'est pas perçu de la même façon par toutes les
parties prenantes d'un projet, par exemple, ou même de la population qui va
recevoir éventuellement ce projet-là. Donc, si on l'insère là, là, donc,
Mobilité infra a pour mission principale d'effectuer dans une perspective...
Puis là c'est là qu'on insère «dans une perspective de qualité» et de mobilité
durable, lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité,
etc. Donc, la qualité, là, elle est redevable à qui, plus à Mobilité Infra
Québec ou au gouvernement qui confie à Mobilité Infra Québec?
Mme Guilbault :Bien, aux deux, parce que le gouvernement va devoir tenir
compte de la qualité de l'ouvrage qui va être éventuellement livré aux citoyens
dans la confection du décret qui va passer au Conseil des ministres. Puis,
ensuite de ça, le P.D.G., les équipes de Mobilité Infra Québec... Puis le P.D.G.
aussi, lui, on va avoir des attentes envers lui, là, tu sais, quand on va l'embaucher.
Il y a une description d'emploi. Il y a des choses nécessaires, tu sais. Bon.
Alors.... Et, lui, son rendement puis sa performance vont être évalués aussi
sur sa... notamment sa capacité à livrer des projets conformes à ce qui lui a
été demandé et qui sont de qualité. Bien, quand je dis que la qualité est
relative, c'est... Tu ne peux pas dire, par exemple, aujourd'hui, pour nous, la
qualité... Parce que pour moi, c'est important, quand on met un mot dans une
loi, on est capable de le définir puis de comprendre exactement ce que ça veut
dire, d'en évaluer la portée juridique, l'utilisation éventuelle ou l'interprétation
éventuelle des tribunaux puis ce à quoi ça expose le gouvernement qui va s'administrer
avec cette loi-là.
Donc, tu sais, c'est pour ça, je dis :
On ne met pas des mots pour mettre des mots, mais la qualité, pour moi, je l'ai
dit est immanente. Puis ce que je veux dire, c'est qu'on ne pourrait pas dire,
par exemple, d'emblée, pour qu'un ouvrage soit de qualité...
Mme Guilbault :...il faudrait systématiquement, tu sais, je ne sais pas...
Évidemment, il y a des choses de base, tu sais, qu'ils respectent les parties
prenantes, que tatata tatata, un peu ce qu'on disait, là, dans... mais on ne
peut pas aller trop loin dans des indicateurs de qualité trop concrets, parce
que, d'un projet à l'autre, selon le territoire où on se trouve, selon le type
de projet, il va y avoir des choses qui vont varier, qui ne sont pas
transposables nécessairement dans chaque projet, mais des idées générales de
base, de respect de l'environnement, etc., c'est sûr que, bon, ça peut rentrer
dans une notion de qualité qui est uniforme, disons, une définition de qualité
qui serait uniforme, mettons.
M. Grandmont : Donc, on
pourrait parler de qualité, par exemple, sur le choix des matériaux qui sont
utilisés pour que ça soit durable dans le temps, par exemple nos routes, bon,
qui ne durent apparemment pas si longtemps que ça comparativement à d'autres
endroits dans le monde. Souvent, c'est... on compare souvent avec des endroits
dans le monde où il fait chaud puis il n'y a pas d'hiver, là. C'est souvent ça
aussi. Mais, bon, donc, la qualité des matériaux qui sont utilisés, les
qualités architecturales, par exemple, d'un pont ou d'un... Bien, c'est le pont
qui me vient en tête parce qu'on... je pense entre autres au pont de l'île
d'Orléans, là, où on a un pont à haubans qui est quand même, disons, une
signature architecturale intéressante aussi, là, de ce point de vue là. La
qualité au niveau de l'acceptabilité sociale, ça, je la vois peut-être un petit
peu moins. Il y a la qualité au niveau de la mobilité durable. Ça, j'aimerais
peut-être vous entendre par rapport à ça, parce que c'est le terme qui suit, en
fait, là, on l'insère spécifiquement juste avant «mobilité durable». Ça fait
que, dans le fond, c'est quoi, la qualité en mobilité durable, pour vous? Juste
pour voir si tout ça finalement a... a finalement du sens, là, avec le sens que
veut donner notre collègue de Nelligan, là.
Mme Guilbault :Bien, c'est-à-dire que... Bien, juste pour revenir, parce
qu'il dit : Je vois... Je vois moins la qualité avec l'acceptabilité
sociale. Pour moi... puis, encore là, la notion est difficile à définir parce
que pas nécessairement uniforme, mais, pour moi, un ouvrage qui va avoir été
livré, et réalisé, et implanté d'une manière où ça va être le plus... le mieux
accueilli possible et le plus, je cherche un mot, là, tu sais, hospitalier
possible par rapport aux citoyens, par rapport au développement, par rapport
aux gens qui habitent autour ou aux industries qui se développent autour, etc.,
pour moi, ça fait partie de la qualité, mais, encore là, c'est à très haut
niveau.
Puis là, bien, tu sais, dans le fond, avec
l'amendement qui est là, la manière dont la phrase va se lire, c'est :
«Mobilité Infra Québec a pour mission principale d'effectuer, dans une
perspective de qualité et de mobilité durable», donc c'est les deux choses.
C'est comme deux compléments du nom distincts.
• (14 h 40) •
M. Grandmont : Ils sont
complémentaires, mais, en même temps, ils peuvent, à la limite, se recouper,
évidemment, là. Tu sais, quand on parle de projets de qualité en mobilité
durable, qu'est-ce qu'on voudrait aller chercher comme type de... Encore une
fois, je sais qu'on ne voudra pas trop le quantifier non plus puis le cerner,
là, selon ce que vous avez dit tantôt, mais qu'est-ce qui fait qu'un projet de
mobilité durable va être de qualité?
Mme Guilbault :Non, mais c'est parce que la phrase... Je ne sais pas si
on... On ne pourra pas l'afficher. La phrase, c'est : «dans une
perspective de qualité et de mobilité durable». Donc, c'est dans une
perspective de qualité, une chose, dont on vient de parler, et aussi dans une
perspective de mobilité durable. Qualité et mobilité durable...
M. Grandmont : ...sont
mutuellement exclusifs.
Mme Guilbault :Bien, ce n'est pas qu'ils sont mutuellement exclusifs, mais
il faut comprendre la manière dont la phrase est construite. C'est deux
compléments du nom distincts qui se rapportent au nom «perspective».
M. Grandmont : O.K.
Mme Guilbault :Donc, tu sais, autrement dit, mettons, on n'ajouterait pas
qualité, là, la phrase, ce serait : «dans une perspective de mobilité
durable». Ça, ce sens-là est préservé même si on ajoute un autre complément du
nom, parce que les deux compléments du nom sont séparés... sont séparés par une
conjonction de coordination.
M. Grandmont : Bien, je ne
sais pas si, mon... notre collègue de Nelligan, c'est la...
Mme Guilbault :Je ne veux pas tomber dans... Je vois quelqu'un qui rit
là-bas.
M. Grandmont : On revient
dans les cours... On revient dans les cours de la petite école.
Mme Guilbault :Non, non, mais c'est parce que c'est très... c'est parce
que c'est différent que... de si on avait dit : «dans une perspective de
qualité de mobilité durable», là, si on avait mis une préposition, tu sais.
En tout cas, peut-être, je... peut-être,
ce n'est pas clair, mes... sans doute que ce n'est pas nécessairement clair,
mes explications, malgré un choix de termes très précis. Mais, tu sais, l'idée,
c'est que c'est une perspective de... la perspective de mobilité durable,
encore là, ça va de soi aussi parce qu'on est dans une agence qui va faire du
transport collectif d'envergure. Donc, on est en pleine mobilité durable. Ça
fait que même ça, on pourrait dire, à la limite : Ça va de soi, mais on
l'a mis quand même. C'est pour ça que, moi, tu sais, ça ne me dérange pas aussi
d'ajouter «qualité», qui va de soi aussi pour moi.
M. Grandmont : ...abordez le
sujet, est-ce que vous pouvez me définir ce que c'est pour vous la mobilité
durable?
Mme Guilbault :Bien là, la mobilité durable, on a une définition dans
le... notre politique de mobilité durable, première page, page de droite.
M. Grandmont : Absolument.
Parfait. Puis ça dit quoi?
Mme Guilbault :Bien non, mais c'est de s'assurer de la capacité de pouvoir
déplacer des personnes, un point A à un point B, là, je n'ai pas la définition
par cœur, là, on peut le... on peut la regarder dans le dictionnaire.
M. Grandmont : Bien, je vais
vous poser la question autrement. Est-ce qu'une autoroute, ça peut être la
mobilité durable...
Mme Guilbault :...Bien, moi, je pense que oui. Dans un contexte où tu as
besoin de relier des régions par la manière la plus efficace possible pour
s'assurer que les marchandises puis les personnes peuvent se déplacer, oui.
M. Grandmont : Selon la...
Mme Guilbault :Absolument.
M. Grandmont : Ça, vous avez
raison, parce que, selon la définition du ministère des Transports et de la
Mobilité durable, une autoroute, ça sert à faire des déplacements entre...
Mme Guilbault :Bien, oui...
M. Grandmont : ...deux
régions.
Mme Guilbault :...il faut que les gens puissent se déplacer.
M. Grandmont : ...entre deux
régions. Donc, il y a l'idée d'interurbain, là, de distance.
Mme Guilbault :Ah! je l'ai ici, tiens.
M. Grandmont : Oui, je sais.
Je sais. Votre vaillant sous-ministre est...
Mme Guilbault :Bien, j'étais pas pire quand même, tu sais.
M. Grandmont : Votre vaillant
sous-ministre était à l'oeuvre.
Mme Guilbault :Non, non, mais je connais bien mes... mes choses aussi, tu
sais.
M. Grandmont : Non, non, mais
je...
Mme Guilbault :Il ne faut pas sous-estimer...
M. Grandmont : Non, non puis
je ne remets pas ça en question. Je ne remets pas ça en question, mais, tu
sais, la définition d'une autoroute, là, vous l'avez dite, là. C'est un peu ça
puis c'est vrai. C'est ça sur le site du ministère des Transports et de la
Mobilité durable. Une autoroute, c'est une infrastructure routière où on peut
rouler à une vitesse conséquente qui permet de relier deux régions ensemble.
Une autoroute qui sert à des déplacements pendulaires, là, pour aller à l'école
ou pour aller travailler le matin, là, on n'est plus dans le déplacement
interurbain. Est-ce que... Une autoroute qui sert à faire des déplacements
pendulaires, donc pour aller travailler et pour aller à l'école, est-ce que
c'est du développement... est-ce que c'est de la mobilité durable?
Mme Guilbault :Bien, moi, une... une route qui permet aux gens de se
déplacer d'un point... d'un point A à un point B dans la mesure où c'est
nécessaire sur un vaste territoire, oui.
M. Grandmont : Oui, d'accord
avec vous sur la notion de vaste territoire. Bien, quand on fait des courtes distances,
si quelqu'un emprunte une autoroute pour faire un déplacement de cinq
kilomètres, est-ce que c'est un déplacement qu'on pourrait qualifier de
mobilité durable? C'est ça, ma question.
Mme Guilbault :Bien, comme j'ai déjà répondu... Puis là je commence à
trouver qu'on s'éloigne beaucoup du sujet, là...
M. Grandmont : Bien, c'est
vous qui...
Mme Guilbault :...ça fait que je ne veux pas qu'on tombe dans des appels
au règlement, mais, tu sais, en même temps, j'aimerais ça qu'on avance aussi,
là. Ça fait que je ne sais pas pourquoi on a cette discussion-là d'ailleurs en
ce moment, là. Tout ça pour ajouter, pour accommoder le député de Nelligan,
puis mettre le mot «qualité». Ça fait que, tu sais, moi, là, les routes, je
trouve que c'est important dans un territoire de 1,6 million de kilomètres
carrés. On a fait un débat sur le troisième lien hier. Tu sais, des fois on
blague un peu, là, mais là, aujourd'hui, je pense qu'on pourrait peut-être
avancer puis refaire un débat de route ailleurs qu'ici, là, parce que tu sais,
je veux dire, il restera toujours que la CAQ... la CAQ considère que les routes
sont importantes. Québec solidaire n'aime pas les routes. Ça, on ne changera
pas ça cet après-midi, là. Bien là, on est sur le transport collectif, ça fait
qu'on devrait peut-être se concentrer là-dessus. Puis je trouve ça ironique que
Québec solidaire détourne le propos du transport collectif vers celui des
routes, tu sais. On est en plein dans le transport collectif cet après-midi,
là.
M. Grandmont : Mme la
ministre semble oublier les propos qu'elle tient elle-même, ça prend des routes
pour faire rouler des vélos puis des autobus.
Mme Guilbault :...
M. Grandmont : Est-ce qu'on
est contre les routes?
Mme Guilbault :Non.
M. Grandmont : On n'est pas
contre les routes.
Mme Guilbault :Vous, vous posez les questions. Moi, je réponds depuis
tantôt que les routes, pour moi, c'est de la mobilité durable parce que les
gens ont besoin de se déplacer. Que ça soit en auto, en autobus, à pied ou en
vélo, ça prend une route pour circuler. On ne peut pas vivre dans les champs,
tu sais.
M. Grandmont : Est-ce que je
n'ai jamais dit que j'étais contre les routes?
Mme Guilbault :Peut-être pas... Bien, je ne sais pas. Je ne suis pas en
permanence avec mon collègue de Taschereau. Je ne sais pas tout ce qu'il dit
partout, en tout temps, 24 heures sur 24, mais, si je prends la collection de
ses propos publics depuis deux ans, j'ai tendance à croire que oui, il est
contre les routes.
M. Grandmont : M. le
Président...
Mme Guilbault :Sauf, la candidate de Québec solidaire dans Rimouski...
M. Grandmont : M. le
Président, Mme la ministre...
Mme Guilbault :...qui, elle, est pour le prolongement de la 20.
M. Grandmont : ...me prête
des intentions. Je n'ai jamais dit que j'étais contre les routes.
Mme Guilbault :J'ai dit... J'ai tendance à dire... Il me demande mon
opinion, à savoir si je pense qu'il est contre les routes. Après ça, je
réponds...
M. Grandmont : Non, j'ai
demandé si elle avait des preuves que j'étais contre les routes, et elle me
prête donc des intentions.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, je vous entends. Je pense qu'on peut avoir un débat constructif.
M. Grandmont : Tout à fait
d'accord.
Le Président (M. St-Louis) : Je
nous souhaite un après-midi, où est-ce qu'on peut le faire dans le respect des
lieux, des... de nos rôles respectifs. Donc, je pense qu'on avait très bien
commencé. Donc, je vous rappelle à la prudence, s'il vous plaît, de part et
d'autre. Donc, je vous invite à continuer le débat. Merci.
M. Grandmont : Merci, M. le
Président. Je viens de recevoir mon mocaccino, ça va sûrement aller mieux.
C'est délicieux. Du café puis une enveloppe de chocolat, c'est très bon.
Mme Guilbault :C'est cute. Bien, mon sous-ministre, avant, prenait des
chocolats chauds. Bien là, on dirait qu'il n'en prend plus.
M. Grandmont : Donc... Non,
mais je trouve ça important qu'on ait cette discussion-là parce que... Puis je
ne veux pas... Mon plan... Pas mon plan, mais mon intention n'était pas de
détourner la... mon intention n'était pas de détourner la conversation, mais de
m'assurer que... Autant, je trouve intéressante l'idée de qualité amenée par
mon collègue député de Nelligan, autant je veux juste m'assurer qu'il est placé
au bon endroit puis qu'il est cohérent avec ce qu'on veut faire avec ce projet
de loi là.
Donc, moi... pour moi, la notion de
qualité, je l'ai dit tantôt, d'emblée, là, cela réfère beaucoup à notre mode
d'approvisionnement. Il me semble qu'on l'a déjà placé dans le projet de loi
n° 62. Bien, en fait, ça m'a été confirmé tantôt, donc ça a été placé. Et
moi, je voulais m'assurer, en fait, que la notion de mobilité durable aussi,
bien, était... était comme incluse, incluse, oui, dans la... dans la notion de
qualité aussi. Puis évidemment on a déjà... C'est parce qu'on a déjà travaillé
sur une proposition d'amendement plus tôt, aussi déposé par mon collègue de
Nelligan, qui touchait la notion de transport collectif. Et ça,
malheureusement, ça a été refusé par Mme la ministre.
Donc, moi, je veux juste m'assurer qu'on
s'en va dans la bonne direction, m'assurer...
M. Grandmont : ...qualité,
oui, certes, mais que c'est associé aussi à la notion de mobilité durable, et
c'est pour ça que je voulais savoir pourquoi Mme la ministre... en fait, je
voulais savoir... je voulais connaître sa définition de la mobilité durable,
parce que, visiblement, on a quelques difficultés à se rejoindre, en fait, sur
ce principe-là, quelques difficultés à se rejoindre. Parce que, pour moi, oui,
on a besoin de routes, on en a besoin pour faire circuler les automobilistes,
les cyclistes, les personnes qui utilisent le transport collectif. On en a
besoin, d'autoroutes, pour faire des déplacements sur des longues distances
entre des régions. C'est vrai qu'il est grand, notre Québec. En même temps, il
y a eu à travers le temps un genre de travestissement de l'utilisation des
autoroutes, selon moi.
Normalement, une autoroute, ça sert à
faire des grands déplacements interurbains, entre des régions qui sont
éloignées les unes des autres. Entre Québec et Montréal, on ne recommencera pas
à circuler sur la 132 ou la 138 en pensant que c'est efficace. La 20 puis la
40, je pense qu'ils ont vraiment d'affaire à exister. Par contre, quand je vois
qu'une majorité de déplacements à Lévis s'effectuent à travers la 20, alors
qu'on devrait développer le transport collectif à Lévis, il y a quelque chose
qui ne fonctionne pas. Puis ça tient aussi... puis peut-être que Mme la
ministre ne le sait pas, mais ça tient aussi au mode de financement de ces
infrastructures-là.
Traditionnellement... évidemment, il y
aura peut-être un rebrassage de ça, éventuel, dans la nouvelle entente de cinq
ans avec les sociétés de transport, mais, depuis 1991, les... puis ça, c'était
la réforme Ryan, donc un ancien ministre libéral, au début des années 90, donc,
a revu le partage des responsabilités transport collectif versus routier.
Transport collectif est allé du côté des municipalités. Donc, les municipalités
demandaient l'aide du gouvernement du Québec et du fédéral aussi pour payer des
nouvelles infrastructures de matériel roulant, des autobus, des quais, des
garages par exemple, donc toutes les infrastructures pour opérer un système
d'autobus, puis après ça, l'opération et l'entretien du réseau d'autobus, bien,
c'est la responsabilité des villes à travers les différentes sources de revenus
qu'ils peuvent aller chercher, notamment les usagers. À Québec, par exemple,
c'est 33 % du coût des opérations qui est payé par les usagers. À
Montréal, ça monte un peu plus haut, 45 %, 50 %, de mémoire, parce
qu'on a des infrastructures comme le métro qui permettent de faire circuler
beaucoup plus de monde. Donc, la captation de billettique est plus importante.
• (14 h 50) •
Du côté des autoroutes, ça, ça a
toujours... bien, depuis 1991 en fait, c'est entièrement de la responsabilité
du gouvernement du Québec. Donc, c'est le gouvernement du Québec qui paie pour
les infrastructures, qui paie pour l'élargissement, ou pour une nouvelle route,
ou pour une bretelle d'autoroute, et l'entretien, évidemment, et le maintien de
ces actifs-là est aussi à charge du gouvernement du Québec, ce qui fait que,
dans certaines villes, comme par exemple à Lévis, c'est un exemple que j'aime
bien prendre... bien, on a des villes comme Lévis qui décident de garder
volontairement le niveau de service d'autobus assez bas pour ne pas faire payer
les déplacements par les citoyens de la ville de Lévis seulement, alors que,
quand on a besoin de moyens, d'infrastructures pour se... faire se déplacer les
gens, bien, on va cogner à la porte du gouvernement puis on dit : Élargissez-moi
l'autoroute 20, faites-moi une nouvelle bretelle d'autoroute ici,
faites-moi-z-en une autre ici. Dans ce cadre-là, bien, les gens prennent leurs
voitures pour se déplacer, mais c'est entièrement le gouvernement du Québec,
c'est l'entièreté des citoyens du Québec qui se trouvent à payer pour les
déplacements des gens de Lévis. Et ce n'est pas surprenant qu'à Lévis, avec un
service d'autobus aussi faible, on se retrouve aussi avec une situation où on
veut absolument, par exemple, avoir un nouveau troisième lien. Il y a un
appétit pour ce type d'infrastructure là parce que ce n'est qu'autour de ce
mode de transport là ou à peu près qu'autour de ce mode de transport là qu'on
s'est développé, qu'on a développé l'offre de mobilité sur un territoire.
Ailleurs, à Québec, par exemple, bien, on
essaie de faire autrement. Il y a beaucoup d'autoroutes, mais il y a une
volonté d'essayer d'améliorer le transport collectif. À Montréal, évidemment,
on est dans une dynamique complètement différente puis on ne pourrait pas avoir
autant d'automobiles qu'il y a de citoyens et des citoyennes à Montréal, sur
l'île, on avait besoin de transport collectif, et heureusement il y a des gens
qui ont eu l'audace de penser à développer des réseaux de transport collectif
structurants, comme le métro, qui sont d'une qualité très grande, bien qu'il
faille les entretenir, évidemment.
Mais donc c'est pour ça que j'insiste
beaucoup sur la notion de mobilité durable et aussi sur le rôle de la ministre
dans ce contexte-là, c'est la ministre des Transports et de la Mobilité
durable. Sachant où est-ce qu'on est aujourd'hui, avec les transports qui
représentent 43 % de nos émissions de gaz à effet de serre, on devrait
certainement travailler à essayer d'envoyer davantage de personnes vers les
transports collectifs et actifs plutôt que de juste compter sur
l'électrification des transports, qui, par ailleurs, risque d'être assez
difficile, M. le Président.
Donc, tout ça pour dire que c'est pour ça
que je voulais parler puis je voulais élaborer un petit peu sur la notion de
qualité et faire le lien avec la mobilité durable. J'aurai certainement une
proposition un peu plus tard, là, sur cette notion-là, j'y reviendrai. Mais,
écoutez, si, pour moi, j'avais des réserves puis je ne suis pas encore tout à
fait convaincu...
M. Grandmont : ...de la
notion de qualité à insérer à cet endroit-là. Évidemment, je ne m'opposerai
pas, là, à l'amendement proposé par mon collègue de Nelligan. Je vais
probablement m'abstenir. Bien, en tout cas, je vais... je ne me battrai pas
contre ça, évidemment, puisque ça semble faire... obtenir l'approbation de Mme
la ministre. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement tel que
déposé par le député de Nelligan? Donc, comme il n'y a... il n'y aura pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement
tel que déposé. Vote nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour contre
abstention. M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Pour.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Pour.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Pour.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Pour.
La Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Abstention.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Oui,
abstention.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
l'amendement tel que déposé est accepté. Nous allons donc revenir au débat de
l'article 4 amendé.
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Adopté,
pardon. Excusez-moi. Merci. Je n'ai pas de problème à reprendre le terme précis
et exact. Merci, M. le député. Donc, l'article tel que... l'amendement tel que
déposé est adopté.
Alors, nous revenons au débat sur
l'article 4 amendé. Y a-t-il des interventions? M. le député de
Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Oui. Merci. On
va avoir un amendement à proposer sur l'article 4. Il va s'en aller
bientôt.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons suspendre nos travaux quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 55)
(Reprise à 15 h 03)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission reprend ses travaux. Lorsque...
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Merci. Mesdames, oui...
15 h (version non révisée)
Le Président (M. St-Louis) : ...merci.
Alors, lorsque nous avons suspendu les travaux, M. le député de Taschereau a
déposé un amendement. M. le député, je vous demanderais de lire l'amendement
déposé, s'il vous plaît.
M. Grandmont : Oui, M. le
Président. Oui, voilà. Donc, on vient modifier l'article 4, là :
Ajouter, au premier alinéa de l'article 4 de la loi édictée par l'article 1
du projet de loi, après les mots «de transport», les mots «en priorisant des
projets qui contribuent à la réduction de la dépendance au voiturage en solo».
L'article 4 de la loi édictée tel qu'amendé
se lirait comme suit : «Mobilité Infra Québec a pour mission principale d'effectuer,
dans une perspective de mobilité... dans une perspective de qualité et de mobilité
durable, lorsque le gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité,
la planification, la réalisation de projets complexes de transport en
priorisant des projets qui contribuent à la réduction de la dépendance au
voiturage en solo.» Voilà, M. le Président.
Quelques explications. D'abord, au début,
j'aurais... j'aurais voulu écrire «auto solo», puis on m'a corrigé. Selon l'Office
québécois de langue française, «voiturage en solo» est à privilégier. Donc, je
suis persuadé que cette remarque saura satisfaire Mme la ministre, qui a un
amour très grand pour notre belle langue. Donc, c'est pour ça qu'on a ces
mots-là qui sont utilisés.
Maintenant, je veux... je veux d'abord
essayer de placer très clairement la différence entre la proposition que mon
collègue... et qu'on a abondamment discutée, là, mon collègue de Nelligan, qui
avait fait ajouter la notion de transport collectif à l'amendement, là, où on
parlait de la définition de projet complexe. C'est quelque chose aussi qu'on avait
regardé, qu'on avait envisagé, évidemment, nous aussi, parce que plusieurs
groupes nous en avaient parlé, évidemment, et il nous semblait tout à fait
opportun, là, de... d'essayer de circonscrire la mission de Mobilité Infra
Québec sur la notion de transport collectif. Puisque c'était l'intention de la
ministre, on s'est dit : On va l'écrire dans la loi puis on va s'assurer
que c'est effectivement ça que l'agence va réaliser comme type de projets. La
discussion, finalement, n'a pas permis d'aller jusqu'à l'adoption de l'amendement
qui était proposé par... le très bon amendement qui était proposé par mon
collègue... notre collègue de Nelligan. Il y a une différence claire pour moi
entre, donc, ce qui avait été proposé et ce qui a été discuté et rejeté et ce
qui est proposé aujourd'hui.
En substance, d'abord, l'objectif est
toujours de réduire l'utilisation solo de l'automobile. Je pense que c'est dans
les objectifs, même, de la politique de mobilité durable, donc on... à laquelle
on va s'accrocher, évidemment. Et vous savez, la... l'auto solo a plusieurs
autres alternatives, comme par exemple, bien évidemment, le transport
collectif, le transport actif, mais également, donc, l'automobile avec des... l'automobile
en... l'autopartage, pardon, le covoiturage également aussi. Donc, c'est une...
c'est un objectif que je pense louable dans la perspective où on veut
développer des projets qui seront de qualité et qui seront en lien avec la
mobilité durable. L'objectif de la mobilité durable, c'est de réduire... de
faire un transfert modal vers les modes alternatifs au voiturage en solo. Donc,
ça nous permettrait de nous assurer que, peu importe le type d'infrastructure
qui est créé par Mobilité Infra Québec, à la demande du gouvernement, bien, ça
se fera toujours dans une perspective où on essaie de donner aux gens des
alternatives à l'auto en solo, donc au voiturage en solo. Donc, c'est le sens
de ma proposition aujourd'hui, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé par le...
député de Taschereau, pardon? Aucune intervention. Donc...
M. Grandmont : ...un peu, M.
le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
M. le député.
M. Grandmont : Vous savez, un
des objectifs qui devraient être prioritaires pour Mme la ministre des
Transports et de la Mobilité durable, c'est de s'assurer que les... il y ait un
transfert modal qui s'effectue au Québec. Il y a énormément de déplacement qui
se fait en automobile en solo, donc une personne par automobile. Je ne sais pas
si vous le savez, M. le Président, mais on a en moyenne 1,2 personne par
automobile quand les gens se déplacent, en moyenne, selon les enquêtes
origine-destination, là. Évidemment, il y a d'autres études qui s'en viennent
prochainement, des enquêtes OD qui s'en viennent très prochainement et qui
seront rendues publiques éventuellement. Donc, on sait que la CDPQ Infra s'en
est servie pour être capable de faire son analyse sur le rapport qu'ils ont
rendu public le 12 juin dernier, là, dans lequel, entre autres, là, on parlait
abondamment du troisième lien et du fait que, finalement, on n'avait pas besoin
d'un troisième lien entre Québec et Lévis, parce que ça n'aurait pas d'effet,
en fait, sur la congestion. Essentiellement, la CDPQ disait ça. Donc, l'idée
étant que...
M. Grandmont : ...si on
veut trouver des moyens de régler la congestion, mais le meilleur moyen de le
faire, c'est encore une fois d'offrir des alternatives à l'automobile, en fait,
à l'auto solo, au voiturage en solo. 1,2 personne par véhicule, ça veut dire
qu'on est à presque, disons, trois places de libres par véhicule qui se
déplacent tous les jours, ce n'est pas une utilisation adéquate de nos
infrastructures actuelles. Si on veut être efficace dans l'utilisation des
ressources, puis Mme la ministre fait souvent référence... ou, en tout cas, je
ne sais pas si elle va encore faire référence à ça aujourd'hui, mais, dans le
passé, a beaucoup fait référence à l'utilisation juste, adéquate et efficace
des ressources gouvernementales. Moi, je lui renverrais la balle en lui disant
qu'il faut aussi utiliser de façon adéquate les ressources qu'on met à la
disposition des gens pour se déplacer et les ressources que les gens utilisent
eux-mêmes pour se déplacer. Quand on a une automobile où il y a un peu plus de
trois places de libres dans chaque voiture, on n'est pas en train de faire une
utilisation rationnelle de l'espace.
Vous savez, il y a... je pense, on a reçu,
en fait, là, la professeure Catherine Morency de Polytechnique, puis elle est
toujours super intéressante à écouter, puis elle me disait il y a quelques
années qu'elle est habituée de faire des modèles sur la fluidité automobile,
puis des modèles de déplacements sur des territoires donnés, puis elle me
disait que, récemment, en fait, dans les dernières années, elle a dû changer
ses modèles, adapter ses modèles à la taille des véhicules qui ne fait
qu'augmenter dans le temps. Avant, on pouvait rentrer à peu près... je ne veux
pas dire n'importe quoi, là, mais sur un kilomètre de route, on pouvait faire
rentrer peut-être à peu près 200 voitures sur une route sur un kilomètre
de route, alors qu'aujourd'hui on fait rentrer à peu près 450,
425 voitures... euh, 200, 175, 150 voitures sur le même kilomètre de
route, parce que la taille des véhicules n'a fait que croître dans les
dernières années. Et pourtant le nombre de personnes par véhicule continue de
descendre. Donc, non seulement on a de moins en moins de personnes dans chaque
voiture qui se déplacent pour se déplacer vers le travail ou pour se déplacer
vers l'école le matin puis en revenir le soir, mais, en plus, les véhicules
augmentent en taille. Alors, ce que ça a pour effet, c'est que les
scientifiques, comme les experts, comme Mme Morency... Pr Morency, pardon,
doivent adapter leur modèle de simulation des déplacements sur les territoires.
C'est hallucinant. C'est vraiment particulier. Donc, ces routes-là, après ça,
sur lesquels circulent ces véhicules-là, évidemment, bien, elles utilisent un
espace toujours de plus en plus grand. Et donc les routes sont appelées à...
dans le fond, comme on a de plus en plus d'automobilistes, comme on a de
moins... des véhicules de plus en plus gros, bien, il y a un appel très clair
pour que le gouvernement construise toujours de plus en plus, de plus en plus,
de plus en plus de routes. Et malheureusement ça ne nous amène pas dans la
bonne direction.
• (15 h 10) •
Donc, dans cette perspective-là, nous on
voulait déposer un amendement qui nous permettrait de prioriser, là, vraiment,
la réduction de la dépendance au voiturage solo. C'est probablement la
meilleure chose à faire. Ce qui n'empêche pas aussi qu'on peut faire des
projets qui vont avoir des composantes routières, parce qu'on peut, évidemment,
là, essayer d'imaginer des projets sur lesquels, éventuellement, Mobilité Infra
Québec pourrait travailler. Il y aura, selon toute vraisemblance, selon la
ministre, là, du travail qui sera fait sur le projet structurant de l'Est sur
l'île de Montréal ou encore sur la Couronne Nord de Montréal. On n'a pas pu
s'entendre pour savoir si effectivement il y aurait ou pas, là, des projets
routiers qui seraient réalisés par Mobilité Infra Québec sous sa gouverne d'ici
2026, mais, chose certaine, cette proposition-là permettrait... en fait,
n'empêcherait pas la réalisation de projets. Parce qu'un projet complexe, là,
ça peut être aussi un projet qui fait intervenir plusieurs types de, comment je
dirais ça, de modes de transport différents dans un même projet. Je ne sais pas
si Mme la ministre est familière avec la notion d'intermodalité?
Mme Guilbault :Oui.
M. Grandmont : Parfait.
Puis de multimodalité aussi?
Mme Guilbault :Bien oui.
M. Grandmont : O.K.
Parfait. La différence entre les deux, c'est clair pour vous, j'imagine?
Mme Guilbault :Bien, inter, c'est de pouvoir transférer d'un à l'autre.
Puis multi, c'est d'en avoir plusieurs différents.
M. Grandmont : Exactement.
Donc, intermodalité, c'est plusieurs modes de déplacement dans un même...
plusieurs modes de transport dans un même déplacement. Puis multimodalité, ça
va être plusieurs modes de transport à disposition qu'on utilise selon le type
de déplacements qu'on a à faire dans la journée ou dans la semaine. Donc, dans
un projet complexe, on pourrait avoir un assemblage intermodal de plusieurs
modes de transport ou multimodal de plusieurs modes de transport, aussi, encore
une fois, pour répondre à la réalité de chaque personne. Vous savez, c'est...
je l'ai déjà dit, je pense, même pendant cette commission-là, il n'y a aucun
mode de transport individuel... il n'y a aucun mode de transport durable qui,
pris individuellement, peut concurrencer l'automobile, parce que c'est un mode de
transport très flexible, très pratique...
M. Grandmont : ...même si, à
la fin, ça reste quand même très cher, il reste quand même que c'est très
pratique et flexible. Et, pour être capable de concurrencer l'automobile, il
faut mettre en relation plusieurs types de modes de transport. Et donc, dans un
projet qu'on pourrait imaginer, une espèce de pôle intermodal ou multimodal qui
pourrait être créé éventuellement par Mobilité Infra Québec, qui comprendrait,
évidemment, de la place pour des déplacements en automobile par exemple, même
solo, mais qui permettrait à des gens, dans un stationnement incitatif par
exemple, de venir se connecter sur une gare dans laquelle on aurait du
transport collectif et actif qui s'y rejoindrait, bien, on atteindrait
l'objectif finalement, l'objectif de la ministre, à travers sa politique de
mobilité durable, qui est d'offrir du choix aux gens. Parce qu'actuellement
c'est ça, le problème, là. Actuellement, au Québec, ce qu'il manque, c'est des
choix. Puis évidemment on n'arrivera pas à faire des choix pour tout le monde,
partout, sur tout le territoire.
Je ne me souviens plus c'est quoi, les
objectifs, Mme la ministre, aidez-moi, là, sur... Dans la politique de mobilité
durable, on vise à avoir trois ou quatre modes de déplacement différents pour
chaque citoyen du Québec ou pour un 80 % de la population du Québec?
Peut-être M. le ministre peut nous rappeler, là, parce que c'est quand même une
donnée importante, là, qui sera peut-être amenée à évoluer, évidemment, si on
révise, là, la politique, là, dans un avenir rapproché, là, mais c'est un
objectif quand même assez ambitieux puis en même temps assez réaliste parce
qu'on ne pourra pas couvrir tout le Québec, là, à très, très, très court terme,
là, d'ici 2030, là, c'était l'objectif. La politique s'étendait jusqu'en 2030.
Je sais que M. le ministre en train de chercher, là. Je lui en suis très gré.
Des voix : ...
M. Grandmont : Ah! j'ai dit
«ministre». M. le sous-ministre, désolé.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Ça s'appelait le ministère de l'Électrification des
transports dans ce temps-là. Ils n'ont pas électrifié grand-chose, pourtant. À
part le REM de la caisse, il n'y a pas grand-chose d'électrique là-dedans. En
tout cas...
M. Grandmont : C'est ça,
c'est l'ancien nom du ministère, hein, c'est ça?
Mme Guilbault :Bien, dans le temps du dernier gouvernement libéral. C'est
eux qui ont fait la politique de mobilité durable.
Donc, la cible, c'est 70 % de la
population québécoise a accès à au moins quatre services de mobilité durable.
M. Grandmont : Mais, juste
pour savoir, quand on disait mobilité durable, est-ce qu'on comprenait aussi
l'automobile ou si ça comprenait le covoiturage? Comment c'était détaillé, en
fait? Parce que j'avais dans l'idée que c'était quatre en plus de l'automobile
en solo.
Mme Guilbault :C'est vague, là, ça... tu sais. La manière que... Bien,
c'est que, tu sais, on...
Des voix : ...
Mme Guilbault :En tout cas, on va chercher.
M. Grandmont : Oui. Mais, en
tout cas, on comprend que c'étaient quatre modes de transport durables.
70 % de la population qui a accès...
Mme Guilbault :Quatre modes de mobilité durable.
M. Grandmont : Oui, c'est ça
qui était dit, je pense, c'est ça qu'on a dit, là, quatre modes durables de
transport, 70 % de la population, puis tout ça, c'était d'ici 2030, dans
le fond. Mais donc l'objectif était de prioriser, dans le fond, une réduction de
la dépendance au voiturage en solo. Donc, c'est pour ça, en fait, qu'on propose
cette... cet amendement-là sur... oui, c'est un amendement, sur
l'article 4, c'est juste de venir l'accrocher à la politique de mobilité
durable.
Alors, à moins que Mme la ministre me dise
qu'il y a du travail qui se fait sur la politique de mobilité durable
actuellement puis je ne suis pas au courant, là, en fait, là, je... on ne suit
pas que ça les travaux de révision, notamment du plan d'action, là, je pense
que c'est... ça a cours en ce moment, là, mais, à moins qu'on change vraiment
les objectifs, mon... moi, mon objectif à moi... les objectifs de la politique,
moi, mon objectif à moi, c'était d'accrocher le travail de Mobilité Infra
Québec à... aux objectifs de la Mobilité Infra... aux objectifs de la politique
de mobilité durable. Excusez-moi, j'ai de la misère... Mon objectif, avec mon
amendement, était d'accrocher, de faire un lien entre le projet de loi qui crée
Mobilité Infra Québec et les objectifs de la politique de mobilité
durable 2030. Donc, voilà, c'est ça, mes explications.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement déposé par le député de Taschereau? M. le député de Nelligan, la
parole est à vous.
M. Derraji : À moins si la
ministre veut aller...
Mme Guilbault :Bien, c'est en réponse au député de Taschereau, là. La
cible, donc, le transport... par rapport aux possibilités de...
Mme Guilbault :
...par rapport aux possibilités de services de mobilité durable, le transport
collectif, l'auto et le vélo partage... donc l'auto partage, le vélo partage,
la marche, le taxi, les services de traversiers.
M. Grandmont : Donc, c'est
ça. Donc, c'est que...
Mme Guilbault :Bien, déjà de base, la marche et le vélo, c'est bon
partout.
M. Grandmont : Non, mais
encore faut-il que les gens ne l'utilisent pas dans une perspective récréative.
C'est peut-être ça la nuance, là. Il faut que ça soit pour des déplacements.
Mme Guilbault :Ah! s'il n'y a pas... oui.
M. Grandmont : C'est ça.
Mme Guilbault :En tout cas.
M. Grandmont : Quoiqu'il y en
a qui font un tour de machine aussi, c'est du récréatif. Hein, on en a fait
pendant la pandémie des tours de machine pareil.
Mme Guilbault :Ou certaines personnes avec des bébés naissants, des fois
ça peut dépanner aussi.
M. Grandmont : Ça dépanne. Il
y a la sécheuse ou la... la fois des tours de voiture, je suis bien d'accord
avec vous. Mais donc c'est ça en fait. Donc, est-ce que... est-ce qu'à vous,
Mme la ministre, ça semble logique qu'on vienne trouver une façon, finalement,
de faire un lien entre Mobilité Infra Québec qui est supposé de servir, en
fait, la mobilité durable, en quelque part, si c'est votre intention et l'autre
côté, l'accrocher avec la politique. À moins que vous me disiez, comme je le
disais tantôt, que les objectifs de la politique sont appelés à être changés.
Mme Guilbault :Bien ça, pour moi, c'est comme hier, le débat sur ajouter
«collectif» ou toutes ces choses-là. Tu sais, dans la mesure où on crée
Mobilité Infra Québec pour faire plus de transport collectif, c'est implicite
qu'on va réduire le voiturage. Donc... alors, pour moi, c'est superflu
d'ajouter ça.
M. Grandmont : Bien,
permettez-moi de ramener en fait certaines paroles que vous avez eues quand
vous disiez, là, que Mobilité Infra Québec pourrait faire, ce n'est pas votre
intention, mais que Mobilité Infra Québec pourrait faire des projets de
transport routier complexe, pas vous, mais ça pourrait être utilisé pour ça. On
a eu une bonne discussion, là, sur la notion de est-ce qu'on ajoute ou pas
«transport collectif». Pour moi, ce n'est pas clair qu'on est sur du transport
collectif nécessairement. Alors que, là, ce que je viens de dire en fait, c'est
simplement dire : Bien, au moins, tu sais, même quand il y a de la
création de projets de transport collectif... routier complexes, mais tout ça
s'articule quand même dans une perspective de réduction du voiturage solo,
parce que ça se peut. Moi, je suis très conscient que ça se peut, là. Je veux
dire, on a besoin de routes pour faire rouler, oui, nos autobus, les... les
vélos, etc., et puis pour marcher ultimement, mais aussi pour faire du
covoiturage, pour utiliser les taxis, pour avoir accès par exemple, dans une
logique d'intermodalité, avoir accès aux traversiers. Il y a comme plusieurs
choses là-dedans qui sont beaucoup plus larges que le débat qu'on a eu sur le
«collectif» strictement, là. J'essaie d'élargir un petit peu pour se donner
quand même à la fois la flexibilité dont vous parlez, puis vous dites : Je
ne veux pas fermer, je veux garder de la latitude parce qu'éventuellement un
gouvernement pourrait, voudrait utiliser ça pour faire du routier. Mais en même
temps aussi, moi j'essaie d'accrocher à quelque chose qui normalement est un
document quand même assez important sur lequel la ministre des Transports, la
Mobilité durable et les personnes qui vous succéderont devraient normalement
s'attacher, c'est-à-dire, la Politique de mobilité durable, là, ça n'exclut pas
le routier, là.
• (15 h 20) •
Mme Guilbault :Oui. Mais j'ai la même réponse que tantôt. Là, tout ça va être
possible en laissant le libellé tel quel. Donc, je... Puis là, on a tellement
parlé de ça hier, là, là, je ne vais pas recommencer à plaider ça jusqu'à
quatre heures et demie, là. Là, pour moi, j'ai répondu deux fois, puis ma
réponse ne changera pas.
M. Grandmont : Moi, je
trouvais très intéressante la proposition qui était faite. En fait, pour faire
cette proposition-là, je me suis inspiré d'un professeur qu'on a reçu. J'ai
trouvé très intéressant, puis j'imagine que vous l'avez trouvé intéressant
aussi, là, Pierre-André Hudon. C'était l'Université Laval, il me semble? Et il
disait... En fait, lui suggérait que l'article 4 devait inclure des
principes de développement durable plus explicites comme la réduction des gaz à
effet de serre, la contribution au développement économique et les services aux
collectivités défavorisées afin de mieux prioriser les projets. Il soulevait
également la question de savoir si les projets routiers pourraient être inclus
dans le mandat de Mobilité Infra Québec. Ça, cette question-là a été déjà
éclaircie par vous, là. C'est clair que Mobilité Infra Québec pourra faire des
projets routiers, même si ce n'est pas votre intention à court terme. Mais le
Pr Hudon disait : Il faudrait quand même que cette entité-là, là, cette
agence aille au moins dans le sens du développement durable, puis il faut... il
faut... il faut aller plus loin que simplement la petite référence à la
mobilité durable. Il faut venir un peu circonscrire davantage.
Mme Guilbault :Oui, bien, je pourrais ajouter, je ne l'ai pas dit tantôt,
la Politique de mobilité durable, elle existe déjà puis elle vit en soi. Donc,
le gouvernement est déjà assujetti à sa propre Politique de mobilité durable.
Donc, les soucis qu'évoque le... le... ou les objectifs qu'évoque le député de
Taschereau sont déjà par ailleurs atteints ou, tu sais, en voie d'être
atteints, conformément aux mesures qui sont dans...
Mme Guilbault :...le plan de mobilité durable... le plan d'action de la
Politique de mobilité durable dont il dit lui-même qu'elle pourrait être
appelée à changer, mais en même temps c'est une Politique de mobilité durable,
donc oui, il faut refaire le plan d'action parce qu'il vient à terme. Mais on
va rester avec la même PMD qui est jusqu'en 2030. Et tout ça existe déjà, là,
donc on n'a pas besoin de mettre ça dans une loi parce que d'autant plus que
cette loi-là, de toute façon, vise à créer une organisation qui va faire du
transport collectif d'envergure qu'on n'était pas capables de faire jusqu'à
maintenant. Donc, la vocation même du projet de loi va amener plus de mobilité
durable, donc vraisemblablement moins de gens qui vont prendre la voiture et
qui vont utiliser ces nouveaux projets-là qu'on va enfin être capables de
réaliser. Donc, tout ça, pour moi, est superflu.
M. Grandmont : Mais, Mme la
ministre, vous savez comme moi qu'une politique... Moi, je veux l'attacher avec
la politique parce que je trouve ça important. Mais c'est surtout aussi
qu'après ça, si c'est inscrit dans la loi, bien, e gouvernement a le devoir de
s'y conformer. Une politique, c'est une orientation générale qu'on peut se
donner, puis après ça, bien, on peut décider. En tout cas, il me semble que
moi, si j'étais au gouvernement puis je faisais une politique, j'essaierai de
m'y astreindre.
Mais je veux dire, entre vous et moi, le
troisième lien, par exemple, moi, je ne considère pas que c'est de la mobilité
durable, et pourtant votre gouvernement pense qu'on doit faire un troisième
lien autoroutier entre Québec et Lévis, malgré une Politique de mobilité
durable. Donc moi, je pense que si on veut s'assurer que Mobilité Infra Québec
soit raccord avec la politique et que le gouvernement soit astreint finalement
à faire réellement de la mobilité durable, bien, il faut l'écrire dans la loi,
à moins que vous ne me disiez que, le troisième, c'est de la mobilité durable.
Mme Guilbault :Bien, le troisième lien, s'il y a des autobus qui passent
dessus, c'est un moyen de plus à la disposition de citoyens qui peut-être
actuellement ne prennent pas l'autobus.
M. Grandmont : Mais il n'y a
aucune personne qui fait des déplacements en autobus dans cet axe-là, là. Je
veux dire, il n'y aura aucun autobus entre...
Mme Guilbault :Dans quel axe?
M. Grandmont : Dans... Bien,
pour l'instant, vous l'avez identifié corridor à l'est.
Mme Guilbault :Mais de toute façon, dans la mesure où des autobus passent
dessus, oui, c'est un moyen de plus à la disposition. Je le ramène à ce qu'il
m'a lui-même demandé tantôt, là, la cible d'avoir quatre moyens durables...
d'avoir accès à quatre moyens durables. Ça fait que c'est un moyen durable,
l'autobus qui pourrait passer. Puis là, tu sais, je ne le sais pas, on est loin
là, la conception n'est pas faite et tout ça. Mais tu sais maintenant... Tu
sais, comment t'appelles ça, les pistes multifonctionnelles, des choses comme
ça, avec toutes les mobilités innovantes en plus qu'on pourrait ajouter
éventuellement peut- être à ces nouveaux moyens là, là. Ça fait que tu sais ce
que je veux dire... Puis là, je n'arrête pas de dire que je répondrai plus puis
je réponds encore.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Mais là, c'est vrai, c'est la dernière fois, tout ça pour
moi est superflu. La PMD existe en soi. L'agence va faire des transports
collectifs, donc va atteindre exactement ce que le député de Taschereau ajoute
en caractères gras. Alors, pour moi, c'est superflu d'ajouter ça.
M. Grandmont : Mais moi, je
trouve que ça serait vraiment une bonne idée de l'ajouter parce que, pour
l'instant, avec le projet de troisième lien, la CAQ est en train de ne pas
respecter sa propre Politique de mobilité durable. Je comprends que ce n'est
pas vous qui l'avez écrite, c'est le gouvernement précédent. D'ailleurs, je les
en remercie, en 2018, c'est un beau legs qu'ils ont fait. Heureusement, elle a
été reprise après ça par le gouvernement de la CAQ. C'est une bonne idée, mais
encore faut-il la mettre en application. Si on se pavane en disant on a une
Politique de mobilité durable, mais qu'à côté on n'arrête pas de parler du
troisième lien, qui n'est pas un projet de mobilité durable, il y a peut être
l'option du centre-ville à centre-ville. Ça a été proposé par la CDPQ infra,
juste du transport collectif entre les deux centres-ville avec une perspective
de consolidation des deux... des deux centres-ville, de la densité à Lévis puis
à Québec parce qu'effectivement, là, il y a un potentiel. On le voit, il y a
deux traversiers actuellement, là, qui circule entre les deux centres-ville,
puis c'est quand même relativement utilisé aussi par les cyclistes, les
piétons, les automobilistes. Mais autrement, je veux dire : Comment qu'on
fait pour s'assurer que finalement la CAQ est raccord avec sa politique de
mobilité durable? Comment qu'on fait pour s'assurer qu'il ne propose pas des
projets qui vont à l'encontre même de la mobilité durable? Le troisième lien,
ce n'est pas de la mobilité durable, là.
Mme Guilbault :Je n'ajouterai rien.
M. Grandmont : En tout cas,
Mme la ministre semblait dire que c'est de la mobilité durable tantôt. Il
passerait un autobus, en un an, sur le troisième, puis elle appellerait ça de
la mobilité durable, j'ai l'impression.
Je rappellerai peut-être en terminant, que
c'est la ministre elle-même qui a fait ajouter «Mobilité durable» au nom de son
ministère, hein? Au début, ça s'appelait le ministère des Transports, sous le
règne de son collègue qui est aujourd'hui ministre responsable de la Sécurité
publique. Elle, elle a fait ajouter «Mobilité durable» au nom de son ministère,
puis je me souviens qu'elle a dit quelque chose. Je paraphrase, là. Elle avait
dit quelque chose du genre : Ce n'est pas du — je vais le dire
en anglais parce que je n'ai pas de meilleur mot — mais ce n'est pas
du «greenwashing», là, ce n'est pas de l'écoblanchiment. Ça va être vrai, ça va
être vrai de vrai, on va faire la mobilité...
M. Grandmont : ...mobilité
durable avec moi. Bang! troisième lien, puis après ça le projet a été enterré.
On se disait : Câline, elle l'applique, c'est vrai, plus de troisième
lien, on a compris, on revient sur la Politique de mobilité durable. Puis après
ça, une petite élection qui vire mal dans... une partielle dans une partielle
dans Jean-Talon, puis on revient dans le troisième lien.
M. Lemay :
...
M. Grandmont :
Pardon?
M. Lemay : L'article 211,
c'est quoi le lien avec l'amendement qu'on étudie présentement?
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député...
M. Grandmont : Il est très
clair, il est très clair.
M. Lemay : Il n'y a pas de
lien, et j'évoque la pertinence.
Le Président (M. St-Louis) : Faites-vous
un rappel au règlement, M. le député?
M. Lemay : Mais oui,
l'article 211 de notre règlement, la pertinence.
Le Président (M. St-Louis) : Je
réitère mes souhaits de plus tôt au début de la séance, là. Je pense qu'on peut
le faire dans le respect de nos fonctions et des lieux, et des procédures.
Alors, je vous invite à la prudence de part et d'autre. M. le député.
M. Grandmont : Parfait,
excellent. Puis un rappel frivole au règlement aussi. Ça aussi il y a des
règlements pour ça.
Bref, ce que je disais, c'est que... puis
je pense qu'il y a un très grand lien en fait entre ma proposition puis le
dossier du troisième lien, puis je peux comprendre l'inconfort actuellement de
la CAQ quand on parle de ce projet-là. Tout de un, ils ne sont plus très, très
crédibles, puis moi, je leur offre la possibilité, avec mon amendement, de
retrouver un peu de cette crédibilité-là.
Une voix : ...
M. Grandmont : Oui, mais la
Mme la ministre elle-même a fait ajouter «Mobilité durable» au nom de son
ministère, puis depuis, elle pousse et elle pousse, et elle pousse, elle le
rappelle tout le temps qu'elle est le seul parti... que la CAQ est le seul
parti qui veut faire un troisième lien. Elle parle d'escouade, on une belle
discussion ce matin là-dessus, au salon Rouge. Elle, elle veut que ce projet-là
soit fait de façon irréversible. Moi, je lui offre des possibilités avec mon
amendement qui est tout simple, qui fait juste nous ramener à ce que son
ministère devrait faire : travailler à réduire la dépendance au voiturage
en solo au Québec. On est en plein dans le sujet.
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, M. le député
• (15 h 30) •
M. Grandmont : Je conclurai
en appelant tous mes collègues, en faisant appel à leur sens du devoir face au
grand défi qui est devant nous, les changements climatiques, la réduction de
nos émissions de gaz à effet de serre. 43 %, mesdames et messieurs des
émissions de gaz à effet de serre sont produits par l'automobile, et une des
façons de s'y attaquer, c'est effectivement de réduire la dépendance à... au
voiturage en solo, parce que, s'il y a seulement 1,2 personne par
automobile, il y a du grand travail à faire. Je pense que mon amendement permet
de sortir de cette dépendance-là, après ça, à voir si le ministère porte bien
son nom.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. M. le député de Nelligan, vous souhaitiez intervenir tout à
l'heure, est-ce que c'est toujours le cas? Mme la ministre, allez-y.
Mme Guilbault :M. le Président, je...
Le Président (M. St-Louis) : Non,
pas du tout.
Mme Guilbault :...je l'avais signifié. C'est parce que je veux répondre au
député de Taschereau, parce que, là, il m'ouvre une belle porte, là. C'est vrai
que ça s'appelle le ministère des Transports et de la Mobilité durable, mais la
mobilité durable, bien qu'il soit manifestement quelqu'un de très préoccupé,
là, par le transport en commun et ces choses-là, puis qui, ironiquement, il n'a
pas l'air de vouloir avancer dans le projet de loi. Mais là, je lui prête des
intentions que je ne lui prêterai certainement pas. Et... mais le problème avec
Québec solidaire, c'est leur conception de la mobilité durable, quand on a des
discussions ici au Parlement, commence et finit avec leur fixation et leur
obsession antitroisième lien. Donc, ça les empêche de prendre conscience de
l'ampleur de tout ce que la CAQ aura fait en vraie mobilité durable.
Puis, tu sais, il était là mon dernier
speech... à ma dernière allocution que j'ai faite au forum de... de...
D'ailleurs, c'était l'automne passé, ça. Il y en a-tu un forum de la PMD cette
année? Je suis-tu allée?
Une voix : ...
Mme Guilbault :Ah! ce n'est plus... oui, c'est vrai... en tout cas... bon,
bref... Mais l'année passée, j'ai parlé à... je pense, une demi-heure, là, ou
30, 35 minutes au Forum de la Politique de mobilité durable à l'automne.
Une voix : ...
Mme Guilbault :C'est ça, c'était en octobre dernier, mais c'est pour ça
que... Là, on est en octobre, ça fait que je me demande pourquoi je ne suis pas
retournée là. Mais, en tout cas, on verra, là, mais donc... Et là, j'ai parlé
longtemps de plein de choses, puis j'ai dit : Tu sais, mettons, là qu'on
oublie que Québec solidaire, là, est juste obsédé par le troisième lien, là.
Mettons qu'on se met dans le vrai monde, puis les trois dimensions, là, tu
sais, la réalité de 360 degrés, la mobilité durable, on en a donné un
exemple tantôt, c'est d'avoir accès à différents modes, puis ce n'est pas juste
les personnes, c'est aussi le transport des marchandises, puis ce n'est pas
juste d'offrir des variantes à l'auto solo, c'est aussi d'offrir des variantes
aux marchandises.
Or, je regarde la CAQ depuis 2018, qu'est
ce qu'on a fait? Transport collectif. Là, vous voyez, depuis deux jours, ils me
demandent... ils me disent qu'ils vont me reparler du tableau. Toute la journée
hier, je les ai traînés avec moi, ils ne m'en ont jamais parlé. Là, j'en aurais
besoin puis j'ai décidé de ne pas les amener parce que je les traîne pour rien,
puis là j'en ai besoin.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Mais si... Finalement, ce n'était pas le même tableau,
j'aurais eu besoin de l'autre, mais en tout cas... Mon tableau du transport
collectif, sans doute que mes collègues l'ont...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...déjà à l'écran, comme hier, là, mes investissements en
transport collectif, parce que le député de Taschereau est fier que la CAQ.
Mettre plus d'argent que les libéraux, puis les libéraux, quand même, traînent
mon tableau pour peut-être se rappeler qu'ils auraient dû en mettre plus à leur
époque. Non, c'est ça, c'est l'autre tableau que le député de Nelligan avait
là, sur une feuille pliée. C'est les investissements en transport collectif, tu
sais.
Alors, plus que jamais, il y a de l'argent
en transport collectif de la CAQ. J'ai mon tableau habituel qui inclut à la
fois le CAPEX et l'OPEX. Donc, tu sais, c'est l'ensemble de l'oeuvre, tout ce
qu'on met dans le... exactement, mon... mon collègue de Taschereau nous le
montre. Ça fait que, là, on voit très, très clairement, même si c'est l'ancienne
version en gris, là. Bon, c'est ça.
Puis J'ai mon autre tableau aussi, PQ,
PLQ, CAQ, mais ça, je ne l'ai pas non plus, mais de toute façon j'aurai le
temps de le ramener, je pense. À moins qu'on finisse l'étude détaillée cet
après-midi, je vais avoir le temps.
Alors donc, plus d'argent que jamais en
transport collectif depuis que la CAQ est là, puis ça, c'est la première chose
pour le tableau qui est le mix... le mélange des opérations et des
immobilisations. Mais si on prend juste même le PQI donc, et juste les
immobilisations, PQI libéral, 7,2 milliards, PQI de la CA, 13,8 milliards,
presque le double. Bon. Alors, juste sur le transport collectif, là, la CAQ se
démarque nettement des deux autres partis qui ont déjà gouverné.
Après ça, c'est quoi d'autre, la mobilité
durable? C'est des alternatives aussi avec le maritime. Tu sais, à un moment
donné, là, il n'y a pas juste le troisième lien dans la vie, là. Le maritime,
mais on dirait que ça ne l'intéresse pas. Ça fait deux ans qu'il est mon
porte-parole, il ne m'a jamais posé une question sur le maritime. Mais en tout
cas, il ne faut jamais dire jamais. Bon, tu sais. Alors le maritime, il y avait
la Journée maritime cette semaine, je n'ai pas l'impression d'avoir croisé les
collègues d'en face. C'était ici à l'Assemblée nationale, mais peut être qu'ils
étaient là, mais pas en même temps que moi. C'est ça? Tout à fait.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Mais, quand moi, j'étais là, ils n'étaient pas là, mais ils
étaient peut-être là avant moi ou après moi.
M. Grandmont : M. le
Président, on ne peut pas souligner l'absence d'une personne... d'un collègue.
M. Derraji : ...j'étais là
quand vous avez pris la parole.
Mme Guilbault :Non, non mais je ne parle pas d'une présence au Parlement,
je parle d'une activité.
M. Grandmont : C'est la même
chose, c'est le principe, là, franchement.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Tu sais, on a fini la commission en même temps.
M. Grandmont : Mais non, s'il
vous plaît!
M. Derraji : J'étais là quand
vous avez parlé. J'ai été là quand vous avez parlé, j'ai des photos, ma
collègue...
Mme Guilbault :Mais c'est ça que je dis, peut-être qu'il était là. Bref,
on était tous là, donc si on était tous là, ils ont entendu que j'ai dit... j'ai
fait un prébilan de notre stratégie Avantage Saint-Laurent parce qu'en 2020, on
a déposé Avantage Saint-Laurent, notre stratégie maritime, notre plan d'action
maritime, Avantage Saint-Laurent, avec une enveloppe de 927 millions. C'est
beaucoup d'argent, ça. C'est presque 1 milliard de dollars pour le
maritime parce qu'on y croit, parce que mes députés, mes collègues savent très
bien en face que le maritime génère moins de GES pour un transport de
marchandises que du camionnage sur les routes en plus d'user moins les routes.
Alors, presque 1 milliard d'investissement, puis je disais cette semaine, on
avait prévu l'enveloppe de 926. Et j'ai dit : Finalement, il y avait
tellement de beaux projets puis on y croit tellement que juste pour la part du
gouvernement, je ne parle même pas de la part privée parce qu'on avait des
projets en cofinancement avec le privé, juste pour la part du gouvernement, un
1,2 milliard, donc plus que prévu, 1,2 milliard dans le maritime. Ça fait que,
grâce à ça, on est capables d'avoir plus de maritime, donc moins de GES plus de
mobilité durable.
Le ferroviaire, M. le Président, le
ferroviaire, ça non plus il ne m'en parle jamais. Je comprends pourquoi, parce
qu'on investit beaucoup plus que les gouvernements précédents. Tu sais, McInnis
que le PQ a financé à l'époque, qui pollue énormément dans l'Est-du-Québec,
bon, il faut toujours bien que les matériaux se rendent. Et nous, on a investi,
dans ma première année comme ministre des Transports et de la Mobilité durable,
ma première année, j'ai bouclé le financement de nos deux chemins de fer. Le
gouvernement possède deux chemins de fer Québec Central dans
Chaudière-Appalaches, puis chemin de fer de la Gaspésie et évidemment en
Gaspésie, en fait, qui part de Matane, ça fait que donc Bas-Saint-Laurent—Gaspésie.
Et qu'est ce que j'ai fait dans ma première année? 870 millions pour le chemin
de fer de la Gaspésie, tu sais, Caplan, jusqu'à... pour qu'ils... pour qu'ils
puissent se rendre jusqu'à Gaspé, d'ailleurs Port-Daniel, je dois achever,
Port-Daniel‑Gascons doit achever. C'est supposé être livrable dans les
prochains mois. Puis on va se rendre jusqu'à Gaspé. Alors ça, il y a quelqu'un
qui aurait pu faire ça avant nous, mais nous, on l'a fait, 870 millions.
Probablement que les libéraux trouvaient que ça coûtait trop cher, p puis ce n'est
pas un coin qui les intéresse particulièrement, ça fait qu'ils ne l'ont pas
fait. Chaudière-Appalaches, Québec Central, c'est dans Chaudière-Appalaches. Qu'est-ce
que j'ai fait? 440 millions pour réhabiliter le chemin de fer pour les
marchandises entre Vallée-Jonction puis Thetford Mines, 440 millions. Donc, si
on fait une addition rapide, M. le Président, 870 millions plus... plus 440
millions, ça fait 1,3... à peu près 1,0... Non. Ça fait quoi? 1,0... C'est
ça, ce sera à peu près 1,310 ou 1,320. Donc, 1,310, 0ui, c'est ça. Alors donc,
1,310 milliard de dollars...
Mme Guilbault :...milliard de dollars en ferroviaire,
1,2 milliard de dollars en maritime, 13,8 milliards de
dollars en transport collectif au PQI, et 48 %, l'année dernière, de
financement de transport collectif CAPEX, OPEX comparé à 30 %, 35 % dans
le temps des Libéraux.
Alors, M. le Président, tout ce que je
viens de dire là est enregistré, là. Là, on a le topo complet, là, de tout ce
qu'on met, puis là je ne parle même pas des Véloce III et compagnie, ce qu'on
met en piste cyclable. Je... Mon plan d'action sécurité routière, il le connaît
bien, là. Nos projets de loi avec les mobilités innovantes, tu sais, tout ce
qu'on fait aussi là pour développer le reste.
Alors juste avec ce que je viens de dire,
M. le Président, là, il n'y a aucune manière mathématique et factuelle dont un
des trois partis en avant pourrait démontrer que la CAQ n'a pas hautement,
hautement, copieusement, abondamment, généreusement financé la mobilité durable
depuis 2018. Et c'est ça.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement
déposé par le député de Taschereau? Donc, nous allons...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Oui,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous.
M. Arseneau : Oui, M. le
Président. Non, non, je pensais que mon collègue de Nelligan allait intervenir
pour appuyer cette proposition-là, qui est vraiment extrêmement intéressante
parce que, contrairement à ce qu'on discutait hier qui visait à exclure les
projets qui n'étaient pas des projets collectifs, aujourd'hui, ce qu'on veut,
c'est que la ministre traduise ses paroles dans l'écrit de la loi pour
véritablement donner une direction importante vers la mobilité durable qui se
traduit par un éloignement de la dépendance au voiturage en solo. Donc c'est
tout simplement une demande d'être extrêmement cohérent et le faire de façon
législative au vu et au su de tout le monde, puisqu'effectivement on est devant
les caméras, pour que l'intention du législateur soit claire, soit formelle. On
pourrait même, et il y aura d'autres amendements qui pourront être amenés pour
préciser encore, comme on l'a entendu justement de la bouche de nos
intervenants lors des consultations particulières, pour être certain que les
gestes qui soient posés par ce gouvernement et les gouvernements suivants
aillent véritablement dans une perspective de mobilité durable. Le minimum
qu'on peut faire, c'est dire à quoi, prioritairement, les ressources de l'État
vont être consenties, à quoi servira l'agence qu'on veut mettre sur pied
l'agence Mobilité Infra Québec. Et là, on ne dit même pas que ce ne seront que
des projets de mobilité durable incarnés dans des projets de transport
collectif. On... on dit de prioriser des projets complexes qui vont permettre
de réduire cette dépendance au voiturage ou à l'auto solo qui est un peu le
crédo, là, de... de tous les gouvernements depuis déjà 2000... 2017
certainement, parce que je veux insister sur le fait qu'on n'a rien inventé,
là, durant les trois, quatre dernières années en matière de transport... de
mobilité durable.
• (15 h 40) •
Ce concept-là existait déjà depuis un
bout, mais là, on a la chance de faire en sorte qu'il soit collé ou
interconnecté avec cette nouvelle agence qui est toute nouvellement ou qui sera
toute nouvellement créée et qui pourra justement aller chercher cette
expertise-là pour s'assurer qu'on travaille dans le bon sens sans éliminer tous
les... la possibilité de transport routier, mais minimalement que ça s'inscrive
dans une perspective de mobilité durable destinée à réduire non seulement la
dépendance à l'auto solo, mais à réduire aussi ce qu'on peut imaginer comme
étant la construction de nouvelles autoroutes qui, à terme, avec le phénomène
évidemment de la... de l'accroissement, là, de la... de la fréquentation de ces
autoroutes-là — c'est quoi déjà, le concept? J'oublie la terminologie — la
demande induite, mais que l'on se retrouve à la même situation où tout le monde
va dans les mêmes bouchons de circulation et que cette mobilité durable là,
bien, finalement, qu'on ne l'atteigne pas parce que la dépendance à l'auto solo
va... va se poursuivre.
J'ai bien aimé le concept qui a été amené,
pour fin de discussion, par mon collègue député de Taschereau qui entrevoit
que, dans le développement de projets complexes, on puisse avoir justement
plusieurs modes...
M. Arseneau : ...de transport
qui nous permettent justement de voir un gain d'efficacité tant en termes de
rapidité de développement, mais également en termes financiers, et c'est... et
en termes environnementaux. Évidemment, là, c'est... tout ça va de pair. Et les
villes, les nations qui réussissent le mieux justement, à conjuguer ces
différents éléments-là, donc qui sont évidemment consignés dans la Politique de
mobilité durable et dans ses objectifs inscrits pour 2030, puis il faudra bien
la renouveler un jour, ce n'est pas juste de dire : Tu sais, sur le plan
quantitatif, 70 % de la population, quatre modes de transport, mais que ça
s'articule dans le quotidien de chacune de nos villes, dans chacun de nos
quartiers pour qu'on puisse voir différentes façons de se déplacer, pour que la
ville soit active et vivante et vibrante, mais avec des modes de transport qui
soient à la fois sains sur... donc qui incluent le transport actif, évidemment
qu'on puisse se déplacer à pied, qu'on puisse le faire à vélo également, qu'on
puisse le faire avec les moyens de transports collectifs, et ultimement, dans
le dernier recours, mais qu'on se tourne vers l'auto, idéalement vers le
covoiturage, et que tout ça fasse en sorte que chacun des utilisateurs de
chacun des modes de transport y trouve son compte et que la priorisation soit
faite sur le développement de projets intégrés, complexes mais intégrés, qui
s'éloignent de la stricte mise en place d'infrastructures ou de projets qui
encouragent encore une fois l'utilisation de la voiture seule, ça me semble
être le minimum. Ça me semble être le strict minimum de prioriser ce qui est
inscrit déjà dans une politique gouvernementale qui est évidemment la référence
pour le développement aujourd'hui d'une... d'une agence qui veut inscrire dans
sa... dans sa mission dans une perspective de mobilité durable, mais encore je
pense qu'il est responsable et il est tout à fait logique, également rationnel
et de bon aloi d'apporter certaines précisions qui n'excluent rien mais qui
signifient l'orientation que nous voulons donner à cette agence. Et cette
orientation-là, lorsqu'elle évoque la perspective de mobilité durable, je pense
qu'il est tout à fait loisible pour les parlementaires ici présents, et je
pense que c'est extrêmement positif pour la société civile, pour les citoyens
pour lesquels on travaille et que nous représentons, de préciser que... et on
va prioriser, là, cette fois-ci, là, on ne passera pas par quatre chemins puis
on ne fera pas semblant, puis ce n'est pas vrai, là, qu'on va ouvrir toutes les
perspectives, les perspectives de mobilité durable, puis certains vont
interpréter effectivement la construction d'un pont, d'une autoroute comme
étant une infrastructure de mobilité durable parce qu'un autobus va le
traverser une fois de temps en temps. Non, non, non, la priorisation, là, c'est
véritablement des projets qui contribuent à la réduction de la dépendance au
voiturage en solo. On pourrait le qualifier de plusieurs façons aussi. On
aurait pu parler de la réduction des gaz à effet de serre. On aurait pu aller
chercher plusieurs éléments de la définition, comme on l'a... on en a parlé
tout à l'heure, là, de... de toutes les... de tous les principes liés au
développement durable.
Bon, ce n'est pas nécessaire à ce
stade-ci, je pense, de réintroduire l'ensemble des éléments, mais certains
quand même de nos collaborateurs, des gens qu'on a entendus, le souhaitaient,
on pourrait y faire référence. Mais là, on dit : On n'ira pas là. Je pense
que le geste, la contribution ici, de mon collègue de Taschereau, est
intéressant dans la mesure où il dit : Bon, allons-y de façon simple, mais
de façon précise, ouverte aussi, non contraignante. C'est véritablement un
apport ou un ajout, un amendement essentiellement qui nous permet justement de
clarifier, puis je le répète à plusieurs reprises, puis je pense que c'est
important de le faire, de préciser quelles sont nos intentions, quelles sont
nos intentions pour une agence qui dans... dans les années à venir, à un moment
donné, pourra vivre des périodes où on...
M. Arseneau : ...des périodes
de... d'évolution, on pourra lui donner des mandats, et il faudra revenir à la
base. Mais quel était l'objectif de... de l'agence? Quelle était elle
l'intention du législateur? Et comment est-ce qu'on entrevoyait à l'époque,
lors des débats tenus à l'Assemblée nationale... Parce que vous savez, M. le
Président, ça arrive souvent lorsqu'on vient interpréter les lois quelques
années plus tard, ou même aujourd'hui lorsqu'on réinterprète des lois puis on
se dit : Mais pourquoi est-ce que ça ne fonctionne pas tout à fait de la
façon dont on pense que ça devrait fonctionner? Mais on se pose la question sur
l'intention du législateur puis on retourne, là, comme des archéologues,
fouiller dans les débats, dans le Journal des débats de l'Assemblée nationale,
et on veut comprendre quelle était la philosophie derrière le libellé qui a
finalement été retenu.
Pas plus tard que la semaine dernière, il
y a un citoyen qui m'a contacté pour me dire : Écoutez, il y a un projet
de loi dans le domaine de la santé — mais quand même, c'est pour
illustrer l'importance de clarifier notre point de vue — nous
dit : Écoutez, moi, je ne peux pas concevoir qu'actuellement je subis les
contrecoups d'une décision que vous avez prise et je veux savoir pourquoi votre
parti politique s'est inscrit de façon favorable à un amendement qui,
aujourd'hui, me pose un certain nombre d'enjeux et de contraintes. Et on a
heureusement, grâce aux débats, pu aller retrouver quelle qu'elle avait été la
teneur du débat. Bien évidemment, on peut être en désaccord puis finalement, en
bout de ligne, la majorité parlementaire va certainement trancher. Mais notre
objectif ici, ou en tout cas notre contribution ici, c'est de faire en sorte
d'éviter que ces interprétations-là soient floues ou en tout cas dissonantes
dans... dans l'avenir... dans un avenir plus ou moins rapproché.
Alors, la proposition qui est faite ici
d'amendement me semble être porteuse parce qu'elle a dit véritablement ce
que... et le consigne dans le projet de loi, ce que moi, je comprends des
propos de la ministre. Alors, je ne vois pas pourquoi on se retient de
l'inscrire en toutes lettres, M. le Président. Merci.
• (15 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. S'il n'y a pas d'autre... d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de... Vote nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention, M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire
: Mme
Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Abstention.
La Secrétaire : M. Arsenault
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
L'amendement, tel que présenté, est rejeté. Ce qui nous amène au retour à
l'article 4.
M. Derraji : ...
Le Président (M. St-Louis) :
Oui, M. le député?
M. Derraji : Je voudrais
avoir un amendement, M. le Président, si vous pouvez nous donner quelques
secondes.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons suspendre quelques instants.
M. Derraji : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 51
)
(Reprise à 16 h 01
)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission va reprendre ses travaux. Lors de la suspension, M. le député de
Nelligan, vous avez déposé un amendement. Je vous invite à le lire et en faire
l'explication si vous le souhaitez.
M. Derraji : O.K. Et si on
peut l'afficher, c'est mieux, ça va nous aider.
Une voix : Oui.
M. Derraji : Ah! O.K. Bon,
voilà. Est-ce qu'on le voit? Oui. Bon.
L'article 1... L'article 4,
introduit par l'article 1 du projet de loi, est modifié par l'ajout, à la
fin du premier alinéa, de la phrase suivante : «Mobilité Infra Québec
peut, de sa propre initiative, étudier, analyser et proposer un projet complexe
de transport au gouvernement.»
Je l'explique, bon. Moi, je pense dans
l'esprit de la création de Mobilité Infra Québec, et je comprends la mission
principale que le gouvernement — ça, on ne le négociait pas parce
qu'on l'a compris — le gouvernement peut confier la responsabilité,
l'analyse d'opportunité, la planification ou la réalisation de projets
complexes de transport à Mobilité Infra. Dans l'esprit que mme la ministre
disait qu'ils voulaient regrouper les experts en mobilité durable, c'est des
experts qu'on doit leur donner aussi l'esprit d'initiative. Ils ne vont pas
juste attendre qu'on leur donne un projet à étudier ou à évaluer, ou à
proposer, on...
16 h (version non révisée)
M. Derraji : ...on veut que
ces gens qu'on va ramener à l'intérieur, et les motiver à venir travailler à
l'intérieur de cette agence, qu'ils puissent eux-mêmes initier, étudier,
analyser et, par la suite, proposer au gouvernement. Mais ça, ça revient... en
fait, ça ne revient pas au même que si eux, ils initient, ils étudient, ils
analysent des projets complexes, c'est au gouvernement, au bout de la ligne qui
va dire oui ou non. Donc, si on veut ramener dans un esprit de top gun des gens
compétents, des gens qui ont de l'expertise, je pense, c'est cette façon de
dire que dans la mission, le PDG avec ses équipes peuvent initier certains
projets, ça leur donnerait... au-delà de la reconnaissance, c'est qu'ils
peuvent prendre le sens... avoir le sens de l'initiative. Voilà.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Monsieur le député. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé par le
député de Nelligan? Monsieur le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup. Mais, écoutez, je pense que ça fait écho à ce que quelques personnes
avaient identifiécomme étant un des éléments qui manquaient dans le projet de
loi qui créait Mobilité Infra Québec. On veut... la ministre veut regrouper,
là, une cinquantaine jusqu'à peut-être 400 personnes, là, selon les informations
qu'on a eues, on n'a jamais eu de confirmation, mais certaine quantité de
personnes qui deviendraient des experts sur la mobilité, sur la mobilité... je
vais m'arrêter là, sur les projets de transports complexes, donc des transports
routiers, puis des transports collectifs complexes. C'est sûr que, si on a...
si on a une agence en fait... En fait, je vois... je vois plusieurs avantages à
ça. D'une part, on regroupe des gens qui vont avoir une expertise, qui vont
être en relation avec plusieurs personnes sur le terrain, qui vont être à
l'affût et qui vont regarder un peu ce qui se passe à l'international aussi,
qui vont gagner en expérience puis en connaissance, puis en compétences au fur
et à mesure qu'ils vont réaliser des projets aussi. Donc, ils vont être à même
de... d'avoir des... des... des réflexes en fait qui vont se développer, une
expertise qui va se développer qui pourrait et qui devrait, je pense, être mise
à contribution de la meilleure façon qui soit.
Si on attend toujours... si Mobilité Infra
Québec attend toujours qu'il y ait des mandats qui lui sont confiés par le
gouvernement ou des mandat à réaliser, bien, ça va être une agence qui,
potentiellement, va toujours être en attente de projets à réaliser. Puis il y a
là-dedans, je pense, puis je veux dire, sans rien enlever à mes collègues, mais
on n'est pas des experts comme ces gens-là qui vont être à Mobilité Québec
pourront le devenir, donc, puis on est toujours teintés un peu notre côté un
peu politique aussi, là. Je veux dire, on a une analyse un peu politique de
qu'est... comment les choses doivent se déployer, quel genre de projets doivent
être réalisés au Québec. Donc, d'avoir cette espèce de possibilité qu'on donne
à Mobilité Infra Québec, d'aller donner... d'aller donner... d'aller
recommander des projets au gouvernement, mais je pense que ça permet finalement
d'alimenter la réflexion du gouvernement aussi. Je pense que le gouvernement se
priverait d'une connaissance terrain puis une connaissance de pointe aussi dans
la réalisation des projets si on refusait d'aller dans cette direction-là, là.
Puis ce n'est pas de donner les pouvoirs à
Mobilité Infra Québec non plus de réaliser des projets, là. Je comprends bien
que le Québec peut, de sa propre initiative, étudier, analyser et proposer un
projet complexe de transport au gouvernement. On n'est pas dans la réalisation
non plus, donc ça ne va pas plus loin que ça. C'est juste que, dans la
structure Mobilité Infra Québec, il va y avoir une place pour réfléchir à
qu'est-ce qui devrait être fait, en tout cas proposé au gouvernement, mais
qu'est ce qu'il pourrait venir comme prochain projet à réaliser en fonction des
opportunités, en fonction des besoins, en fonction de plein de paramètres
qu'ils vont apprendre à utiliser puis à utiliser au mieux en fait. Puis je
pense que c'est une... ça serait une sage décision d'aller dans le sens de
cette proposition-là parce qu'en fait d'ailleurs ça avait été demandé, là, par
quelques groupes, là. Je ne les ai pas en tête, là. Mais... mais ça viendrait
alimenter donc la réflexion du gouvernement sur l'ensemble des projets qui
peuvent et qui doivent être réalisés. Moi, je trouve ça quand même très, très,
très intéressant. D'ailleurs, ça me donne à réfléchir, je vais peut être... En
tout cas, je vais revenir. Ce sera tout pour l'instant.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Monsieur le député. Y a-t-il d'autres interventions? C'est le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Excellente
proposition de la part de mon collègue de Nelligan. Je pense qu'on s'approche
de quelque chose d'intéressant, là. Lorsqu'on veut développer une véritable
expertise au Québec, mais je pense qu'il faut donner de la latitude aux
experts...
M. Arseneau : ...à cette
équipe-là, à cette expertise-là rassemblée au sein d'un... d'une agence pour
pouvoir effectivement, de sa propre initiative d'experts indépendants,
objectifs qui regardent la situation telle qu'elle est, de développer donc une
analyse... une analyse qui soit propre à ce groupe-là, donc étudier les
solutions. Je pense qu'on pourrait même évidemment aller plus loin en parlant
d'une vision, et proposer des projets de transport, de projets complexes au
gouvernement. Il me semble que, là, ça devient quelque chose de véritablement
utile en quoi on peut, je dirais, faire... apporter ou accorder toute notre
confiance parce qu'elle devient libre de toute influence, de toute ingérence et
peut véritablement étudier des situations problématiques de mobilité sans
aucune espèce de comptes à recevoir... à rendre sur le plan d'intérêts
particuliers. Et je pense que c'est là, là, tout... tout le mérite qu'une
proposition comme celle-là peut avoir parce qu'en fait c'est ce que les... les
agences gouvernementales devraient avoir au premier chef comme cadre de
définition de mission, c'est-à-dire qu'on nomme ces gestionnaires-là, ces
experts-là pour qu'ils puissent, à l'abri de toute influence, apporter leurs
points de vue, leurs réflexions, leurs analyses, leurs solutions. Et après ça,
évidemment, on nous dira, et j'entends déjà la ministre nous dire : Oui,
mais le gouvernement paye au bout de la ligne pour que ces travaux-là soient
faits, pour que l'équipe puisse avoir les moyens de ses ambitions et
éventuellement pour que ces projets-là aillent de l'avant. Mais ça, ça va de
soi, le gouvernement demeure le maître d'œuvre de l'exécutif et il doit
évidemment, à un moment donné, donner son aval à la mise en œuvre d'un projet.
Donc, il doit nécessairement contribuer financièrement à ce qu'un projet qui
est soutenu ou développé par une instance comme celle-ci aille de l'avant. On
n'enlève absolument, mais absolument aucun pouvoir décisionnel au gouvernement.
Au contraire, on lui offre une panoplie de solutions nouvelles, originales,
innovantes, vraisemblablement inspirées des meilleures pratiques à travers la
planète, qui peuvent être soumises... qui peuvent lui être soumises par une
agence qui a eu cette capacité-là, mais aussi ce pouvoir-là, et je dirais même
davantage, cette responsabilité d'aller beaucoup plus loin qu'un gouvernement
ou qu'une équipe ministérielle peut avoir parce que ce sont les experts dans le
domaine. Donc, l'idée de s'ouvrir à de nouvelles idées, à de nouvelles
influences, à des solutions auxquelles on ne penserait pas si on n'est pas un expert
dans le domaine, mais c'est exactement ce qu'un amendement comme celui-là
permet.
• (16 h 10) •
Et je pense que, dans la même foulée, on
peut raccrocher les propos d'un ancien critique en matière de transport, qui
est aujourd'hui ministre de la Cybersécurité et du Numérique, qui voyait la
mise en place d'une agence comme une espèce d'outil de favoritisme pour un
gouvernement donné. Là, on voit qu'avec cet élément-là toute la notion
justement qui peut soit associer les travaux d'une agence à des intentions
davantage politiques que de service, dans le sens noble du terme, peuvent être
évacuées parce que justement, elle développe de sa propre initiative, de façon
indépendante et autonome, une analyse, une étude, un projet qu'elle propose...
M. Arseneau : ...alors cet
élément-là lui permet justement d'avoir les coudées franches, et ça, c'est
précieux. C'est précieux pour une agence, et évidemment pour ceux qui y
travaillent, parce que, là, on se sent libre de toute contrainte, puis ça ne
veut pas dire qu'on ne peut pas accepter des mandats en parallèle du
gouvernement. Dans tous les cas, c'est ce que le gouvernement a l'intention de
faire. Mais minimalement, on peut avoir cette espèce de pouvoir. Je pense que
c'est comme ça qu'on l'a nommé d'ailleurs dans les consultations particulières,
ce pouvoir d'initiative. Alors, je pense que ça, même dans la recherche du
personnel expert appelé à contribuer, à donner une expertise à cette agence-là,
ça devient un facteur attractif extrêmement intéressant parce qu'on leur
dit : Non seulement vous serez à la solde du gouvernement, vous devrez
exécuter ces... ces décrets et mettre en œuvre les solutions qu'on vous
proposera, mais vous aurez cette latitude pour pouvoir pondre vous-même vos
projets, pour les... les élaborer, les étudier, les analyser et les proposer,
sachant qu'évidemment ces projets-là peuvent aussi être rejetés par un
gouvernement quel qu'il soit, pour toutes sortes de raisons, des raisons de
faisabilité technique, des raisons d'arbitrage qu'on doit faire entre
différents projets sur le territoire, des raisons financières bien évidemment,
puis à la limite, des raisons politiques qui appartiennent à un gouvernement.
Mais au moins, si tout ça, c'est fait dans la plus grande transparence à ce moment-là,
bien, l'agence rend des comptes au gouvernement et moi, je souhaiterais que, si
cet amendement-là est adopté, qu'elle se fasse non seulement de façon
indépendante et autonome, mais qu'elle se fasse de façon transparente. Ce n'est
pas indiqué, là, qu'on... ces recommandations-là, cette proposition que
l'agence pourrait faire au ministère des Transports ou au gouvernement, que ce
soit fait dans la plus grande transparence. À ce moment-là, les citoyens
pourraient être confiants que cette agence-là travaille pour eux dans la mesure
où les mécanismes sont mis en place pour que son travail fasse l'objet d'une
imputabilité, d'une reddition de comptes, que ce soit fait à visage découvert.
Et de la même façon, le gouvernement qui en prend acte, en prend en compte les
recommandations, les propositions, dispose de ce de ces suggestions-là et le
fait de façon publique et de façon transparente. Et à ce moment-là, mais je
pense qu'on a un élément qui est extrêmement, extrêmement porteur pour pouvoir
dire que cette... cette agence-là travaille véritablement dans l'intérêt
collectif, dans l'intérêt supérieur de l'État du Québec et des Québécois
payeurs de taxes contribuables qui ne savent pas, à l'heure actuelle, combien
coûtera cette nouvelle structure, mais au moins s'ils peuvent savoir qu'elle
sera à la fois indépendante, autonome, avec un pouvoir d'initiative pour
permettre de trouver les meilleures solutions sur le plan technique, sur le
plan financier, on le convient aussi sur le plan environnemental, sur le plan de
la mobilité, de la fluidité des transports. Alors, tout ça devient, tout d'un
coup, là, beaucoup plus porteur, beaucoup plus structurant, beaucoup plus
intéressant. M. le Président, c'est ce que j'avais à dire sur la proposition de
mon collègue député de Nelligan.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Est0ce qu'il y aura d'autres interventions? M. le député de
Nelligan.
M. Derraji : Bien, j'aimerais
bien savoir l'ouverture de Mme la ministre et moi, ça ne me dérange pas de parler
en toute collégialité sur ce que je viens de proposer. Moi, je pense que ça va
remplir aussi l'objectif de Mme la ministre de motiver les gens qu'on va
recruter le ou la nouvelle P.D.G. et ses équipes, de leur donner un esprit
d'initiative. Donc, moi, je veux savoir le degré d'ouverture de Mme la ministre
par rapport à cet amendement. Si elle voit qu'il n'est pas bien libellé, il
n'est pas à la bonne place, je suis très, très, très ouvert, comme ce qu'on a
fait hier, là, à en parler et à trouver une solution. Mais je veux discuter sur
le fond, l'idée de l'initiative de ces gens qu'on veut ramener et ces experts à
Mobilité Infra Québec.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Mais le... la façon dont les choses ont été conçues,
dans le projet de loi, pour, en fait, la façon dont le fonctionnement de
Mobilité Infra Québec a été conçu, c'est précisément pour rejoindre l'objectif
d'une partie... de ce que décrivait le député des Îles-de-la-Madeleine dans une
partie de sa dernière intervention, à savoir que le gouvernement...
Mme Guilbault :...gouvernement doit garder un certain contrôle des
priorités, des investissements, etc. Donc, c'est la raison pour laquelle c'est
le gouvernement qui va confier des décrets... des projets, c'est-à-dire via
décrets à Mobilité Infra Québec, dans lesquels les investissements vont être...
vont être prévus, la gestion des investissements, les partenariats financiers,
etc. Je... Dans une précédente intervention, je parlais aussi de la recherche
d'une diversité de partenaires aussi élevée que possible, l'argent étant rare,
puis il y a des manières maintenant aussi, puis on parlera plus tard de
développement immobilier, mais donc il y a des manières de financer les
projets. Tout ça pour dire que c'est important qu'étant donné justement les
sommes importantes qui sont en jeu puis aussi la nécessité de... de s'assurer
de prioriser les projets en fonction des besoins, en fonction des... justement
des priorités des gouvernements. Je le disais hier ou avant-hier, les
gouvernements sont quand même élus pour gouverner donc. Mais c'est sûr que ça
n'empêche pas... Donc, je ne retiendrai pas la proposition de l'amendement,
mais ça n'empêche pas qu'évidemment le futur ou la future P.D.G. de Mobilité
Québec pourra avoir... bien, aura certainement des discussions avec le
ministre, puis avec l'entourage, puis, tu sais, il peut y avoir des discussions
informelles sur certaines idées ou certaines impressions sur diverses choses.
Mais quand on parle d'analyser, d'étudier, on devient un peu à la limite de la
planification. La planification, c'est déjà prévu dans l'article 4, et ce
sont des mandats en bonne et due forme, puis rapidement, on tombe dans des
notions, là : étudier, analyser, planifier qui... qui encourent des coûts.
Donc, tu sais, à partir du moment où on expose le gouvernement à des coûts ou
qu'on s'expose à des coûts, à de l'argent, à des montants d'argent nécessaires,
je pense que c'est important que ce soit le gouvernement qui donne le mandat,
puis qu'on s'assure que ces sommes-là soient disponibles et qu'on souhaite
investir ces sommes-là dans ce mandat-là précis, et non pas engager des sommes
dans divers projets ou diverses idées au quotidien qui... qui n'auraient pas
été avalisés par le gouvernement parce qu'ultimement c'est le gouvernement et
donc les fonds publics qui sont engagés. Donc, je pense que c'est important que
ce soit contrôlé par le gouvernement.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y.
• (16 h 20) •
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Bien, je ne partage pas la conclusion de Mme la ministre,
premièrement, pour plusieurs aspects. L'article 4 et l'article 5 de
la loi ne leur permettent pas cette ouverture. Ils ne peuvent pas... les
experts qu'on va recruter, s'ils vont juste attendre un appel du ministre du
Transport pour faire tel ou tel projet, à mon avis, ça va même... ça va même à
l'encontre de l'esprit de l'innovation d'une agence.
Écoutez, Mme la Présidente, j'ai... j'ai
eu, dans une ancienne vie à explorer le cheminement des innovations dans le
secteur médical et laissez-moi vous dire, là, c'est naviguer dans un vrai
labyrinthe. C'est une agence, on ne peut pas... Une agence de transport qui
sait, dans le texte fondateur de la loi, on ne leur donne pas la possibilité
d'innover et de prendre des initiatives, le P.D.G. va se conformer et va suivre
la loi, la loi qui crée son poste, et c'est contraire même à l'idée d'avoir une
certaine autonomie à l'intérieur de l'agence. On n'est pas en train de dire
qu'ils doivent se lancer à droite et à gauche dans des projets qui vont pousser
le gouvernement à payer le prix. Non. On le dit dans l'amendement, l'amendement
est très bien rédigé «un projet complexe de transport au gouvernement, il
propose», mais ils peuvent prendre l'initiative. Si on ne leur donne pas ce
pouvoir d'initiative, bien, c'est des fonctionnaires du ministère du Transport
qu'on a déplacé à l'agence. Si on veut que cette agence puisse jouer son rôle
réellement dans la mobilité durable et dans les projets complexes, ils peuvent
initier d'eux-mêmes des projets. Je ne dis pas aller dépenser de l'argent parce
qu'au bout de l'année c'est le gouvernement qui donne l'autorisation. Mais là
on parle d'étudier, d'analyser, de proposer. Sinon, si on n'a pas de projet,
ils vont quoi, se tourner les pouces? Non. Et c'est là où moi, je compare les
gens qui travaillent au ministère des Transports versus une agence
indépendante. On veut que cette agence en recrute les meilleurs, regroupe les
experts. Mais si tu ramènes les meilleurs autour de la table, tu recrutes les
experts, tu ne vas pas juste leur dire : Attendez que je vous donne une
commande...
M. Derraji : ...un expert ne
va pas travailler dans un environnement pareil. Un expert veut avoir une
certaine autonomie, une certaine autonomie professionnelle. Pourquoi? Il est
expert dans la matière. Moi, entouré d'experts, je vais les écouter.
Proposez-moi. Ramenez-moi, ramenez-moi vos projets, ramenez-moi vos idées.
Mais, au bout de la ligne... Et c'est très clair. Regardez, qu'est-ce que j'ai
fait à la fin. C'est quoi, notre proposition? «Au gouvernement». Parce que nous
sommes tous conscients de l'enjeu du financement. Je peux avoir 10 bonnes
idées, mais chacune coûte 10, ou 20, ou 50 milliards. On n'a pas les
moyens pour se permettre tous ces projets. Par contre, c'est... Un jour, M. le
Président, ça va donner le goût à ces experts, s'ils veulent venir travailler à
l'agence. Moi, là, je vais aller travailler à l'agence parce qu'on me donne
cette liberté d'innover, de créer, de proposer, d'analyser. Et par la suite, le
gouvernement, on disposera. C'est le gouvernement, au bout de la ligne, qui va
dire : Le ou la ministre du Transport, merci pour votre idée, j'aime, mais
on n'a pas les moyens et... Moi, en fait, Mme... M. le Président, je ne
comprends pas pourquoi la ministre ne montre pas une certaine ouverture. La
ministre, elle-même, dit que... souhaite une expertise spécialisée. En fait, au
bout de la ligne, elle n'a pas utilisé la logique «top gun». Mais je peux faire
juste le parallèle avec le ministre de la Santé. Tu ramènes des personnes
expertes. Moi, je ne connais aucun expert que je vais ramener et je vais lui
donner... je vais lui mettre des menottes. En fait, c'est des menottes en or.
C'est qu'il travaille dans une agence, mais il n'a pas toute la liberté de
faire ou de prendre une initiative. On le ramène, on le paie cher, on le sort
de l'appareil gouvernemental et on lui dit : Tu vas suivre ce qu'on va te
demander de faire. Mais il est où, l'esprit d'initiative? L'autonomie,
cheminement de l'innovation. Juste sur ça, je peux faire des heures et des
heures, M. le Président. Peu importe le cheminement de l'innovation, il n'y a
aucun expert que tu vas ramener ou tu vas lui mettre des menottes. En attendant
que la commande vienne du gouvernement, il va se poser la question :
Suis-je au ministère des Transports ou suis-je dans une agence indépendante où
je dois prévaloir mon expertise? C'est là, le débat, M. le Président. Donc,
moi, je vous le dis, j'espère que... Si Mme la ministre veut prendre plus de
temps, nous pourrons jaser, je n'ai aucun problème. Tel que décrit... écrit, si
l'agence n'a pas de mandat, moi, je pense que les professionnels vont se
tourner les pouces. Et on va perdre cette expertise. Ils vont quitter. Ces gens
veulent innover, j'en suis sûr et certain. C'est ça, leur volonté. S'ils
acceptent de venir à l'agence, c'est parce qu'ils ont vu que, wow, dans la
mission, oui, le gouvernement peut me donner des projets, mais moi, je peux
initier avec mes équipes, que ce soit le P.D.G.... Et aussi, même, c'est un
élément de motivation. Le P.D.G., demain, quand il va recruter ses
vice-présidents, il va leur parler et va leur donner... Écoutez, vous pouvez
initier et non pas juste attendre.
Écoutez, le gouvernement décide d'aller de
l'avant avec le PSE, plan structurant de l'est, ou avec un tramway quelque
part, ou avec un troisième lien, ou avec un autre projet. Je ne pense pas, M.
le Président, qu'on change quoi que ce soit avec ce qu'on a présentement. En
fait, ce qu'on a présentement, on a le ministre, on a la ministre, on a des
ministres, on a des directions et ça descend. Politique gouvernementale, ça
descend par la suite pour l'exécution au niveau des ministères. Ça a donné ce
qu'on a aujourd'hui devant nous : beaucoup de projets sclérosés qui
n'avancent pas. Mais c'est le contraire de l'essence même de ce qu'on veut et
ce que Mme la ministre veut réaliser. Donc, moi, je ne sais pas, je ne sais pas
si ça a évolué depuis la dernière intervention, mais je sais que Mme la
ministre peut faire beaucoup de choses en parallèle, j'en suis sûr et certain,
elle m'a écouté. Mais moi, je vois mal comment on peut être contre développer
l'esprit d'initiative, Mme la ministre. Vous êtes une femme très ouverte et
vous voulez que les gens puissent travailler d'eux-mêmes. Ça, c'est bon, qu'ils
vous ramènent des choses sur la table et que vous puissiez choisir. Ça ne veut
pas dire que ça engage des sommes. Le P.D.G. avec ses équipes, il va les
motiver. Prenez des initiatives.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé?
M. le député, la parole est à vous, député de Taschereau.
M. Grandmont : Merci. Moi, je
trouve que les arguments de mon collègue sont très, très bons, puis ça nous a
donné à réfléchir, ce qui fait qu'on va proposer un sous-amendement sur cet
amendement-là. Donc, on peut l'envoyer. Il est-tu parti?
Une voix : ...
M. Grandmont : On va
l'envoyer là. Donc, on peut suspendre quelques instants pour envoyer notre
sous-amendement.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons suspendre le temps de recevoir le sous-amendement de l'amendement.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise à 16 h 29
)
Le Président (M. St-Louis) : Collègues!
Collègues! Alors, compte tenu de l'heure, je vous remercie pour votre
collaboration, la commission ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 30
)