Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 23 octobre 2024
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Vol. 47 N° 64
Étude détaillée du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt et une minutes)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur
Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives aux
transports collectifs.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Il n'y a
aucun remplacement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre, juste avant qu'on débute nos échanges et que je
rappelle aux collègues où nous étions hier, vous avez partagé un document en ce
qui concerne la notion de complexité en contexte de gestion de projet. Je
souhaite seulement vérifier avec vous que vous souhaitez que ce soit déposé ou
distribué.
Mme Guilbault :Bien, c'est parce que j'avais... en tout cas. On était
supposé attendre que je le contextualise au micro, mais, s'il vous a été remis,
oui, on peut le partager.
La Présidente (Mme Maccarone) : Ça
fait que distribué uniquement aux membres ou déposé pour que ça soit publié?
Mme Guilbault :Bien, si je fais juste le distribuer, ils vont me demander
pourquoi je ne le dépose pas, ça fait que déposons-le.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Alors, ce sera déposé. Merci beaucoup.
Mme Guilbault :Quelle clairvoyance parlementaire!
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous en étions à l'étude d'un
sous-amendement présenté par le député de Masson à un amendement dans le cadre
de l'étude de l'article 4 de la loi édictée. M. le député de Taschereau, vous
disposez de 4 min 30 s pour terminer vos remarques. Allez-y.
M. Grandmont : Parfait. Bien,
merci beaucoup. D'abord, j'aimerais saluer tout le monde qui est présent ici
aujourd'hui encore pour poursuivre l'étude détaillée de ce projet de loi. Je
remercie le député de Masson pour sa proposition. Encore une fois, j'espère que
c'est un signe qu'on s'en va vers une décentralisation, finalement, de cette
agence que la ministre veut créer.
Je voulais dire... Hier, je disais, quand
je parlais, là, quand j'ai terminé... Quand on a terminé la séance hier, on était
sur pourquoi avoir fait le 62 avant, pourquoi c'était important pour nous, pour
l'opposition, mais aussi pour les groupes qui ont à travailler souvent sur les
deux enjeux, sur les deux projets de loi, parce que, disons, un des gros
donneurs d'ouvrage au Québec, évidemment, c'est le ministre des Transports.
Donc, tous les groupes liés au transport, évidemment, est intéressé à la fois
par le 62 et le 61, les municipalités, les sociétés de transport, évidemment,
aussi est intéressé par les deux projets de loi, puis ils ont participé,
généralement, aux deux projets de loi, aux audiences des deux projets de loi.
La ministre, elle-même, a lié fortement les deux projets de loi dans...
plusieurs de ses remarques qu'elle a faites.
Donc, évidemment, ça tombait sous le sens,
qu'on fasse le 62 avant le 61, un peu comme quelqu'un qui veut faire un gâteau
aux carottes, ça prend des carottes avant pour être capable de faire le gâteau
après, ça nous semblait assez logique. Donc, c'est pour ça, en fait, qu'on a
insisté pour que les deux projets de loi se fassent de manière séparée et
donc... et dans l'ordre suivant : 62 avant le 61. Maintenant, j'aimerais...
Hier, Mme la ministre a quand même ouvert quelque chose d'intéressant sur la
bretelle d'autoroute 440 à Laval, j'aimerais la questionner là-dessus. Comment
on a pu arriver à livrer ça dans les délais puis à un coût inférieur?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Bien, Mme la Présidente, ça arrive quand même, là,
régulièrement, qu'on fasse les projets dans les temps et/ou dans les coûts,
puis, des fois, même les deux, alors c'est arrivé hier. J'ai des équipes très
compétentes, moi, au ministère des Transports et de la Mobilité durable, ça
fait que... Je ne savais pas que QS était impatient d'avoir plus d'autoroutes,
mais, si c'est le cas, c'est... je suis heureuse pour lui qu'il soit heureux qu'on
ait livré cette bretelle d'autoroute là dans les temps prévus.
M. Grandmont : Hum-hum.
Est-ce que cette bretelle d'autoroute a été bâtie dans un mode collaboratif?
Mme Guilbault :Bien là, écoutez, je n'ai pas le fin détail puis je n'ai
pas de gens sur mes équipes de projet ici, là. Alors, si le député veut plus d'information
sur un chantier routier, on pourra lui revenir soit plus tard ou peut-être plus
en parallèle de la commission puisque ça n'a évidemment rien à voir avec le
projet de loi. Mais, juste pour revenir aussi...
M. Grandmont : Bien oui, oui.
Oui, ça a rapport avec le projet de loi, je m'excuse, parce qu'on parle du 62,
61. C'est ensemble, c'est deux projets de loi qui sont intrinsèquement liés,
là, c'est assez clair.
Mme Guilbault :Bien, exactement, moi, je vais revenir là-dessus, parce qu'hier
ça a été ajourné, puis le député est en train d'expliquer que ce n'est pas
possible pour tout le monde, ou à peu près, sauf moi, de faire deux projets de
loi en même temps, selon ses dires, puis là il en reparle ce matin. Ça fait que
je veux juste expliquer, Mme la Présidente, là. Il y a plusieurs des groupes
qui sont venus sur nos consultations qui n'étaient même pas allés sur le projet
de loi n° 62. Donc, premièrement, là, ces groupes-là ne sont même pas forcément
allés sur les deux projets de loi. Donc, je pense que ça les rend tout à
fait... puis probablement qu'il y a eu des gens sur le projet de loi n° 62 qui
ne sont pas venus...
Mme Guilbault :...alors je pense que les gens, comme n'importe qui qui va
en consultation, sont capables d'aller en consultation sur un projet de loi, seulement
un des deux. Pour ceux qui auraient fait les deux, je pense qu'il y a moyen,
dans la vie, de s'arranger pour qu'ils ne soient pas dans la même case horaire
en même temps, le même jour. Tu sais, on n'est pas... on est tous intelligents
ici, alors il y a moyen de moyenner, comme on dit en bon français. Donc,
d'essayer de partager ou même de transférer la responsabilité de l'étalement
des travaux parlementaires sur les groupes, à moins qu'ils me donnent des noms
précis de gens qui lui ont dit : Nous, on ne veut pas que les deux projets
de loi se fassent en même temps, de noms en dehors du Parti libéral puis de
Québec solidaire évidemment, je trouve ça un petit peu glissant de mettre ça
sur le dos des groupes ou de la société civile qui ne serait pas prêts ou qui
ne serait pas disposée, ou qui n'aurait pas le temps, ou qui n'aurait pas
l'envie de faire deux projets de loi en même temps. D'autant plus, comme je
l'ai dit, que ce n'est même pas forcément les mêmes gens qui vont sur les deux
commissions. Donc les seules... les deux seules personnes, moi, que je connais
que ça dérangeait de faire deux choses en même temps, c'est le député de
Taschereau et son parti, et le député de Nelligan et son parti. Je veux juste
mettre ça au clair, Mme la Présidente, parce que le collègue de Nelligan, hier,
a essayé de diluer sa responsabilité là-dedans en mettant la collègue de
Saint-Laurent enceinte là-dedans, tout, tout des choses connexes, sans rapport
direct avec le fait qu'en enlevant les chefs et en enlevant la députée de
Saint-Laurent qui, à juste titre, avait d'autres chats à fouetter que venir
ici, il restait 15 députés libéraux compétents et 11 députés
solidaires compétents pour faire deux commissions, deux, Mme la Présidente. Ils
auraient pu se rendre disponibles. S'il juge que leurs... tous leurs...
l'ensemble de leurs collègues ne sont pas assez compétents pour venir ici, ça,
c'est leurs affaires. Sauf que la CAQ était prête à mener ces deux projets de
loi là. On aurait pu faire les consultations sur le 61 en même temps que les
consultations sur le 62. Et pour les quelques groupes qui, oui, peut être, j'en
conviens, des groupes auraient pu vouloir aller sur les deux projets de loi, on
aurait arrangé les horaires. On a des gens très compétents dans nos bureaux de
leaders, ils auraient arrangé les horaires pour que ça se fasse. Donc, je ne
crois pas que ce soit un argument qui tienne. La seule raison pour laquelle je
n'ai pas pu avancer mon projet de loi plus vite, c'est à cause du Parti libéral
qui a demandé de faire un après l'autre et de Québec solidaire qui a demandé de
faire après l'autre. C'est... c'est l'évidence, Mme la Présidente.
M. Grandmont : Parfait. Le
projet des bretelles sur l'autoroute 440, là, ça a commencé en 2023. J'ai
un communiqué de presse commencé... d'ailleurs émis par votre cabinet, là. Ça a
commencé en 2023. Le projet de loi n° 62 a été bâti, il a été essayé sur
13 projets d'écoles secondaires qui ont été bâties en mode collaboratif.
Donc, forcément, l'autoroute n'a pas été livrée, n'a pas été conçue en mode...
n'a pas été réalisée en mode collaboratif, mais on a réussi quand même à
arriver en delà... en dessous des budgets prévus, puis des échéanciers prévus
aussi. Comment ça s'explique si on est obligés de faire en mode collaboratif...
d'en faire un projet de loi dans le 62 qui va être utile pour le projet de loi
n° 61 avec Mobilité Infra Québec? On fait la démonstration avec cette
autoroute-là, dont vous étiez très fière. Vous nous en avez parlé hier qu'on
n'a pas besoin d'avoir le projet de loi n° 62 pour être capable de faire
des projets en deçà des budgets prévus.
Mme Guilbault :Mais, premièrement, dans le projet de loi n° 61, il
est question de transport collectif et de...
M. Grandmont : Et routier.
Mme Guilbault :...projets de transport complexes. Non, il est question de
projets de transport complexes.
M. Grandmont : Oui, c'est ça.
• (11 h 30) •
Mme Guilbault :Mais oui, c'est ça. Alors, je ne vois pas ce que la
bretelle d'autoroute vient faire là-dedans parce qu'en dehors de... en dehors
de Québec solidaire qui fait une fixation sur le troisième lien, et en fait les
autres aussi de l'opposition, il y a... il n'a jamais été question, dans les
propos de la banquette gouvernementale ni à aucun endroit dans le projet de
loi, de mettre un projet routier spécifiquement dans l'agence. Alors, quand il
vient me parler d'une bretelle, j'ai même déjà dit souvent le ministère est
déjà compétent pour faire du routier, faire des viaducs, faire des bretelles,
faire des routes, faire de l'asphaltage. Donc, Mme la Présidente, c'est
l'opposition essaie de créer une espèce d'obsession autour du troisième lien
dans l'agence qui n'existe que dans leur tête. Donc, il peut me parler de plein
de projets de routes qui ont été bien réussis par mon ministère, puis à chaque
fois, je vais lui répondre la même chose : Effectivement, mon ministère
est compétent pour faire du routier. Donc, est-ce qu'on peut se concentrer sur
le transport collectif complexe qui est la raison pour laquelle on crée
Mobilité Infra Québec? Est-ce que quelqu'un pense ici que je viendrais
m'enfermer des heures ici pour faire une agence pour faire du routier? J'ai
beaucoup d'autres choses à faire. Vous voyez, moi je suis capable de faire
presque deux choses en même temps. Mais ça, je n'en reviens pas, Mme la
Présidente. Est-ce qu'ils réalisent la quantité de choses différentes que j'ai
à faire, moi, simultanément en même temps? Puis je suis capable de toutes les
faire tout en...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...saisit ça à la journée longue comme eux. Donc, de penser
que les gens ne sont pas capables de faire deux choses en même temps, à part
ces deux partis là, moi, je n'ai jamais entendu une excuse comme ça, Mme la
Présidente, on ne peut pas faire deux projets de loi en même temps. Je n'en
reviens pas encore.
M. Grandmont : C'est vrai, j'ai
de la difficulté à faire deux choses en même temps. J'essaie de rester
concentré, j'ai de la misère à être sur mon cellulaire, je ne peux pas fouiller
dans mon sac en pensant vous écouter en même temps. J'ai de la difficulté, moi,
personnellement, à faire ça.
Ce projet-là, là, de la bretelle d'autoroute,
là, dorénavant, va se faire en mode collaboratif. C'est comme ça qu'on va
fonctionner au MTQ dorénavant?
Mme Guilbault :Bien, on va avoir la possibilité de le faire. On va prendre
le bon mode pour chacun des projets. En ce moment, on en fait par exemple en
conception de construction, puis bon, de... C'est juste une question souvent du
taux de conception avant d'aller sur le marché. Mais tout va être possible, au
moins, ça fait qu'ils vont avoir la marge de manœuvre de prendre le meilleur
mode pour le meilleur projet... selon le projet.
M. Grandmont : Parfait. Et
donc, dans l'article quatre, quand on dit que Mobilité Infra Québec va pouvoir
s'occuper de projets complexes de transport, pour vous, ça exclut les projets
routiers?
Mme Guilbault :Non. Ça donne toute la marge de manœuvre pour faire n'importe
quel projet de transport complexe, comme je l'ai déjà expliqué souvent, et pour
la pérennité de cette loi-là, avec laquelle plusieurs gouvernements vont vivre
après nous. Et ils seront libres de changer s'ils le veulent, mais pour l'instant,
moi, je privilégie toujours la marge de manœuvre. Ce que je dis, c'est que la
raison de base pour laquelle on a créé ça, c'est pour faire du transport
collectif d'envergure, notamment un projet dans la l'est de Montréal, dont j'aurais
imaginé que tout le monde serait impatient de le voir se réaliser. Mais ce n'est
peut-être pas le cas finalement.
M. Grandmont : Donc, il n'est
pas tout à fait juste de dire que Mobilité Infra Québec, ici, le travail qu'on
fait, c'est uniquement pour réaliser du transport collectif?
Mme Guilbault :C'est pour pouvoir se donner les moyens de réaliser du
transport collectif d'envergure sans dépendre de la CDPQ Infra
systématiquement.
M. Grandmont : Et donc on
pourra éventuellement faire du transport routier?
Mme Guilbault :Ce n'est pas impossible. C'est des projets de transport
complexes. Mais, mon objectif puis pour moi, ce qui est le plus important à
court terme, c'est de trouver quelqu'un pour faire un projet dans l'est de
Montréal puis sur la couronne nord puis éventuellement, j'en suis certaine, sur
la Rive-Sud de Montréal. Je pensais que c'était assez clair, mais je peux... en
fait, je pense que je vais le répéter encore souvent d'ici Noël.
M. Grandmont : Non, non, mais
on pourra... on pourra appuyer ça aussi, l'amendement, éventuellement, pour
venir préciser que le transport collectif, c'est là-dessus qu'on va travailler.
Je vais m'arrêter là pour l'instant. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Est-ce qu'il y a... il y a d'autres interventions? Je vois qu'il n'y en a pas d'autre
intervention, alors nous allons passer à la mise aux voix de le sous-amendement
du député de Masson. Est-ce que le...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Un
vote par appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Lemay, Masson?
M. Lemay : Pour.
La Secrétaire : Mme
Guilbault, Louis-Hébert?
Mme Guilbault :Pour.
La Secrétaire : Mme Tardif,
Laviolette-Saint-Maurice?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire : M. Bernard,
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Bernard : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis,
Joliette?
M. St-Louis : Pour.
La Secrétaire : M. Derraji,
Nelligan?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : M. Grandmont,
Taschereau?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme
Maccarone, Westmount-Saint-Louis?
La Présidente (Mme Maccarone) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est adopté. Et nous revenons à notre amendement
amendé. Et je crois que, M. le député de Taschereau, vous avez un autre
sous-amendement à nous partager.
M. Grandmont : Exactement.
Donc, je crois qu'il vous a... il vous...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...au
Greffier. Ça fait que nous allons le projeter.
M. Grandmont : Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Vous
pourriez faire la lecture si vous voulez.
M. Grandmont : Oui. Je vais
juste aller le chercher. Vous pouvez suspendre deux minutes, là, je vais...
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
ne pense pas que c'est nécessaire.
M. Grandmont :
Ah! O.K.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
qu'on peut le projeter? Voilà.
Alors, nous allons suspendre juste une
petite...
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 37)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
M. le député de Taschereau, pour la lecture de votre sous-amendement à
l'article 4, s'il vous plaît.
M. Grandmont : Oui. Alors, ça
va comme suit, et j'irai de quelques explications par la suite. On propose de
modifier, donc, l'amendement à l'article 4 de la loi édictée, après les
mots «ou le cumul», les mots «et l'interdépendance», pardon. Donc, l'article
à... l'amendement à l'article 4 de la loi édictée, tel que sous-amendé, se
lirait comme suit : «Aux fins de la présente loi, un projet complet de transport
est un projet dont les composantes où le cumul et l'interdépendance de
celles-ci, notamment la portée, l'échéancier, l'intégration de nouvelles
technologies, les parties prenantes concernées, la localisation, la stratégie
de financement, les risques associés ou la nécessité de recourir à une
expertise de pointe présentent un degré d'intensité... élevé d'intensité ou de
variabilité.»
Si je peux me permettre, Mme la
Présidente, quelques explications. D'abord, on était très content de voir
qu'effectivement on ajoutait, là, une définition de ce qu'est un projet
complexe. On ne saurait trop le dire, c'est au cœur de plusieurs des réflexions
qu'on a eues lors des audiences particulières. Plusieurs groupes qu'on a
entendus nous en ont parlé. Ils trouvaient ça très intéressant et très
important de venir définir ce qu'était un projet complexe, parce que c'est ce
qui va faire la différence entre un projet qui sera, donc, qui pourrait être
confié à Mobilité Infra Québec ou ne pas l'être.
Évidemment, ça, c'est un... Donc, c'est
assez fondamental, là, dès le choix. Dans le fond, dès le début, on va venir
utiliser cette assise-là, cette définition-là, avec comme... comme grille
d'analyse, pour venir déterminer comment travaillera ou sur quoi travaillera
Mobilité Infra Québec. Évidemment, on pourrait aussi, là, après ça, essayer de
voir... Je sais que mon collègue, le député collègue des Îles-de-la-Madeleine
parlait de comment on évalue les différentes composantes de la définition,
est-ce que... C'est quoi, le degré de variabilité?
Je pense que c'est un petit peu difficile,
ici, dans un projet de loi, de vraiment statuer là-dessus, parce que c'est
aussi un processus qui risque d'évoluer. La notion de complexité pourrait
évoluer dans le temps au fur et à mesure qu'on bâtirait une expertise, par
exemple, ici, au Québec. Mais il y a une chose qui manquait, en tout cas, et
puis c'est basé sur une étude que je vous partageais. Je pense qu'on pourrait
la... On va la partager, là. Je vais juste, ici, la retrouver. Ah! Elle est ici.
C'est une étude qui s'appelle Gestion des projets complexes par Annie
Chouinard, de Sherpannie, de décembre 2018. On va vous la partager pour que
vous puissiez en avoir... pour que vous puissiez en avoir connaissance.
• (11 h 40) •
Je ne sais pas si, Mme la ministre, vous
êtes familière avec le concept de — ce n'est pas une question piège,
là — mais avec le concept de boucle de rétroaction positive. C'est un
concept qu'on utilise beaucoup, notamment dans les changements climatiques,
pour montrer combien les composantes d'un système peuvent s'inter... peuvent
interagir entre elles et créer des réactions plus importantes que ce qui avait
été prévu au départ. Donc la question de l'interdépendance des composantes d'un
projet, qui sera... qui sera considérée comme complexe, peut avoir évidemment
des effets qu'on ne soupçonnerait pas au début. Donc, c'est pour ça qu'on
propose d'ajouter, tout simplement, là, la notion d'interdépendance entre les
différentes composantes d'un projet complexe. Parce que oui, le cumul, c'est
évidemment... c'est quelque chose qui est important. Évidemment, plus il y a
d'éléments complexes, plus... dans un projet, plus le projet en lui-même est
complexe, mais l'interdépendance crée des systèmes dans les systèmes. Et donc,
à partir de là, ce qui est compliqué...
M. Grandmont : ...à évaluer.
Mais ce qui peut être important d'avoir comme réflexion chez Mobilité Infra
Québec puis au gouvernement qui va donner des contrats à Mobilité Infra Québec,
c'est d'essayer de mesurer comment ces systèmes-là vont interagir entre eux
autres... entre eux-mêmes, pour peut-être, des fois, augmenter la complexité.
Donc, on pourrait évaluer, par exemple, qu'un projet n'est pas considéré comme
complexe. Mais si on fait une analyse plus approfondie en ayant en tête la
question de l'interdépendance, bien, je veux dire, on pourrait se rendre compte
que finalement ce projet-là pourrait se qualifier pour Mobilité Infra Québec.
Bref, c'est une... c'est un critère supplémentaire qu'on va ajouter, parce que la
notion de complexité est quelque chose de complexe. Effectivement, c'est
complexe, la complexité, puis... donc c'est un peu ça.
Donc, ce que je vous propose, c'est
peut-être on peut en discuter, mais comme je vous... comme je vous propose la
lecture de l'étude Sherpannie en même temps que je vous dépose mon amendement,
mais peut-être le... En tout cas, à vous de voir, là, mais je vous offre même
de déposer mon amendement qui est à prendre connaissance de l'étude puis, après
ça, on pourrait y revenir. Je vous laisse ça de votre côté, évidemment s'il y a
de l'intérêt, évidemment, à discuter de cette possibilité d'ajouter quelque
chose qui me semble appuyé par la science, là, notamment, là, par l'étude qu'on
a... qu'on a réussi à dénicher sur la question de la complexité des projets.
Alors, voilà pour les explications, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Est-ce que mon collègue de Nelligan veut intervenir?
M. Derraji : Ah! je ne suis
pas ministre. J'ai bien hâte à vous écouter. C'est son amendement.
Mme Guilbault :Je ne voudrais pas le priver de ce précieux temps de
parole.
M. Derraji : Ah! je vais
l'avoir. Ne vous inquiétez pas.
Mme Guilbault :Non, non, non.
M. Derraji : Je suis prêt à
vous entendre.
Mme Guilbault :Bien, écoutez, Mme la Présidente, moi, je suis très
ouverte. Pour moi, ça ne... ça ne... ne limite en rien, ça n'altère pas la
portée juridique ou tu sais ce que je veux dire. Non pas que ça ne change rien,
mais en même temps ça tombe sous le sens, puis ça contribue, c'est ça,
c'est... Alors, moi, je suis tout à fait favorable à l'amendement.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
d'autres interventions?
M. Grandmont : Écoutez, moi,
je... comme je vous l'ai dit, on l'a préparé comme on pensait être le plus...
on l'a placé à l'endroit le plus... mais de la façon qu'il est placé dans le
fond vous êtes d'accord avec la façon dont il est formulé aussi. Ça fait que si
c'est correct pour vous, moi, je... je vais peut-être continuer plus longtemps
sur la proposition d'amendement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Juste une
remarque, je ne suis pas un expert dans la rédaction, mais je... on se parle,
on jase par rapport à ça. Si on peut juste vérifier est-ce qu'«un projet
complexe de transport est un projet dont les composantes, l'interdépendance ou
le cumul de celles-ci». On dirait que le mot «cumul» vient... Il y a
l'interdépendance, mais le cumul, est-ce que le cumul doit venir avant ou
après? Je... si vous me dites que les gens qui travaillent avec les lois
trouvent que c'est bon, je n'ai aucun problème, mais j'ai l'impression, c'est
une impression, que l'interdépendance doit venir avant et/ou le cumul. Je
comprends ce que vous avez expliqué, chère collègue, par rapport à
l'interdépendance, mais l'interdépendance vient avant le cumul. Mais
probablement qu'on...
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Bien, la
question est pertinente, là, puis effectivement, là, c'est pour ça que je veux
juste m'assurer que les juristes aussi sont à l'aise avec la façon dont je l'ai
formulé. Et pour moi, la façon dont on voulait le placer en fait, c'est qu'il
n'y a pas d'interdépendance, il n'y a pas de cumul de différentes composantes
complexes. Donc ça prend un cumul au moins deux composantes dans un projet
complexe pour commencer à parler d'interdépendance. S'il y a juste une
composante qui n'est pas d'interdépendance. Mais écoutez, en même temps, c'est
une proposition.
Mme Guilbault :Il n'y a pas de cumul non plus s'il y en a juste une.
M. Grandmont : Non,
exactement c'est ça. Donc, le cumul est nécessaire à l'interdépendance, c'est
pour ça qu'on est placé après.
Mme Guilbault :Mais vice versa.
M. Grandmont : Mais il ne
peut pas avoir...
Mme Guilbault :L'interdépendance est nécessaire au cumul aussi.
M. Derraji : Exact.
M. Grandmont : Bien, en fait
non, mais je pense que non, mais je pense que non.
Mme Guilbault :En fait, dans ma tête, on peut le laisser de même ou le
changer, mais...
M. Grandmont : Mais
respectuellement je pense qu'il doit venir après. Mais encore une fois, comme
je vous dis, on peut vérifier avec vos juristes, là.
Mme Guilbault :Mais moi, je le laisserais comme ça, là, mais, tu sais,
comme la collègue a amené ça.
M. Derraji : Non, non, non. Mais
vraiment, je suis à l'aise avec.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...Excusez-moi!
Tout le monde qui parle en même temps, ça va être impossible pour la rédaction
de toute la suite. Ça fait que, Mme la ministre, allez-y. Puis, si vous voulez
la parole, juste faites-moi signe.
Mme Guilbault :Non. Bien, en fait, je vais la redonner peut-être au député
de Nelligan. Moi, je comprends ce qu'il veut dire. De prime abord, je dirais
que les deux sont possibles, les deux ordres, mais rédigés comme ça. Puis on a
revérifié puis on est à l'aise juridiquement, alors je le laisserais comme ça,
mais...
M. Derraji : Non, non,
c'est... Aucun... Aucun enjeu. Non, non, mais il n'y a aucun enjeu, si les
légistes disent que c'est d'accord. J'ai... J'ai... J'ai bien entendu ce que
vous avez dit, chère collègue, je n'ai pas de problème. La question se pose,
mais on était très rassurés par rapport à la réponse. C'est bon.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix, un vote par appel...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...nominal
sur le sous-amendement de l'article 4. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire
: Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Pour.
La Secrétaire
: M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Pour.
La Secrétaire
: Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Pour.
La Secrétaire
: M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Pour.
La Secrétaire
: M. St-Louis
(Joliette)?
M. St-Louis : Pour.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
La Présidente (Mme Maccarone) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est adopté, et nous revenons à l'amendement amendé de
l'article 4. Est-ce que nous avons des interventions? Oui, M. le député.
M. Derraji : ...une courte
suspension pour déposer un amendement, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
M. Derraji : Sous-amendement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Nous
allons suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
(Reprise à 11 h 57)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes de retour. Et juste avant que je vous cède la parole, M. le député
de Nelligan, pour la lecture de votre sous-amendement, je demande le
consentement pour que le député des Îles-de-la-Madeleine remplace le député de
Camille-Laurin.
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. M. le député, allez-y.
M. Derraji : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc : L'amendement proposé à l'article 4, introduit
par l'article 1 du projet de loi, est modifié par l'ajout, après «un
projet complexe de transport», du mot «collectif».
Donc, Mme la Présidente, donc, pourquoi je
ramène cet amendement... ce sous-amendement? Pour être beaucoup plus précis,
c'est à la lumière même de ce que Mme la ministre vient de dire par rapport à
l'expertise. Et quand on parle de projet complexe, de ce que j'ai compris
depuis le début, projet complexe d'infrastructures de transport collectif, je
me suis référé aux mémoires déposés au Conseil des ministres. Le mémoire, il
est public, Mme la Présidente. Donc, pour les gens qui veulent le voir, ça a
été déposé le 30 avril 2024. Et ce mémoire parle de loi édictant la Loi
sur Mobilité Infra Québec modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif. Donc, déjà dans le titre du projet de loi... Bien, on le
retrouve tout au long de l'analyse six fois. Donc, quand on... quand on regarde
le mémoire déposé au Conseil des ministres, on parle...
L'alternative 1 : viser les projets complexes d'infrastructures de
transport collectif seulement. La page 17, on parle... Évaluation intégrée
des incidences, on parle de projets complexes d'infrastructure de transport
collectif. Bien, quand on regarde l'article que nous avons devant nous,
malheureusement, le mot «collectif» ne figure pas. Et pour nous, c'est très
important, surtout si on veut que la mission de Mobilité Infra Québec soit liée
à des... à un projet complexe de transport collectif. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien là, on tombe dans le débat d'exclure, ou, en tout
cas, de limiter la mission de Mobilité Infra Québec à des projets de transport
collectif seulement. Et là, bon, le député de Nelligan est arrivé avant, mais
possiblement que Québec solidaire avait une proposition similaire. Enfin...
Donc, je vais répondre là-dessus une
première fois puis, de toute façon, je l'ai déjà dit souvent : Je
souhaite que le projet de loi ménage et protège une marge de manœuvre pour le
futur, pour cette agence-là, pas seulement pour notre gouvernement actuel, mais
pour les gouvernements qui vont suivre et je... j'ai toujours la même
philosophie dans tous mes projets de loi, là. J'ai déjà évoqué... On avait eu
une discussion similaire dans le temps, au dernier projet de loi sur la
sécurité routière, où on voulait nous enfermer dans des libellés précis, de
choix de technologie précis, avec même des marques précises, de bus patrouille,
avec des gens avec qui les... mes collègues d'en face parlaient puis qui
voulaient faire mettre ça dans le projet de loi, des choses qui étaient
beaucoup trop limitatives pour un document qui est de niveau légal. On parle
d'une loi qui va guider une foule d'actions dans le futur pour des années et
des années à venir et pour plusieurs autres gouvernements après nous.
• (12 heures) •
Donc, le... la latitude est beaucoup plus
souhaitable que la prescription ou la proscription. C'est du moins ma
philosophie. Alors, je vais transposer cette même philosophie dans l'actuel
projet de loi et affirmer hors de tout doute qu'on va maintenir la mission
telle qu'elle est, c'est-à-dire faire des projets de transport complexes.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
M. Derraji : Bien, écoutez,
Mme la Présidente, la ministre a le droit de...
12 h (version non révisée)
M. Derraji : ...de penser que
c'est limitatif, moi, je ne partage pas ce point de vue, au contraire. Parce
que, depuis le début, ce qu'on a essayé de vendre à tout le monde, ce qu'il a
vu depuis son expérience, il y a quelque... je ne sais pas, ça fait deux ans qu'il
est ministre du Transport, qu'on n'arrive pas à livrer des projets de transport
collectif. Donc, et il donnait... elle-même, il donnait l'exemple que, s'il n'y
avait pas la Caisse de dépôt Infra, on ne va rien avoir, avec raison. Parce que,
le Parti libéral, au bout de quatre ans, il y a un projet initié et financé et
la pelletée de terre a commencé. Donc, et là, on voit, c'est pour de vrai, on
voit le REM circuler. Et figurez-vous, Mme la Présidente, même dans mon comté,
ouest de l'île de Montréal, «you know», le West Island de Montréal, on voit
maintenant le REM, que la ministre aime beaucoup. D'ailleurs, je l'invite à
venir voir le REM dans mon comté. C'est très beau. Il passe à côté de l'autoroute 40.
C'est vraiment beau. Bien hâte à le voir inauguré. Mais vous avez raison, Mme
la ministre, de dire : Écoute, voilà, c'est la Caisse de dépôt Infra qui l'a
livré pour les Montréalais.
Et je suis aussi... je vais être aussi
tout heureux de voir le même projet aller vite à Québec pour le tramway de
Québec, que les gens veulent. Si elle a besoin de nous pour aider, je lui ai
dit et je vais le répéter : S'il y a des choses à aller chercher du
fédéral, on va embarquer ensemble, je suis proche à Ottawa que Mme la ministre,
de chez moi à Ottawa, c'est plus rapide, je pense, c'est 1 h 20 ou 1 h 30.
Ça va me faire un grand plaisir d'aller faire front commun pour aller chercher
le plus d'argent pour les gens de la Capitale-Nationale. Vous m'avez vu hier
parler de la Capitale-Nationale pas mal, Mme la Présidente.
Donc, pourquoi j'insiste sur un projet
complexe de transport collectif? Moi, je suis juste Mme la ministre dans son
raisonnement. Je m'inspire de ce qu'elle nous a partagé. Depuis le début, il y
a... il n'y a même pas quelques secondes, il ne parlait qu'au ministère. D'ailleurs,
en réponse à mon collègue le député de Taschereau, parce qu'il était curieux de
savoir est-ce que c'est un contrat collaboratif, comment ça se fait que... c'est
très bien que le ministère a respecté et le délai et le budget au niveau de la
bretelle, et il lui a dit : Écoute, j'ai pleine confiance dans mon
ministère. Et d'ailleurs, les ingénieurs l'ont mentionné, ils étaient capables
de livrer le projet. Mais, le problème... Et il disait depuis le début, Mme la
ministre, c'est en lien avec le transport collectif. Même le PSE, le plan
structurant de l'Est, il y a pas mal de... je dirais, de ce que j'ai vu, c'est
du transport collectif.
Donc, pour moi, Mme la Présidente, le
définir et le mettre dans le projet de loi, ce n'est pas limiter l'action,
parce qu'on ne peut pas rêver qu'on va donner à Mobilité Infra Québec tous les
projets. On va tomber dans une autre contradiction, c'est que les gens du
ministère, ils vont faire quoi? Et d'ailleurs, les ingénieurs l'ont dit, je ne
sais pas, Mme la ministre, s'il se rappelle, mais les ingénieurs, ils nous ont
dit clairement : Il faut être beaucoup... ça, les ingénieurs de l'État, du
ministère, qui l'ont très bien dit, qu'on doit rester sur le transport
collectif et que le ministère s'occupe déjà des routes, des autoroutes.
Donc, sérieux, je ne comprends pas
pourquoi aujourd'hui on va aller créer une nouvelle agence. Et d'ailleurs, dans
tous les exemples que Mme la ministre utilise, tous, tous, sans exception, il
donne l'exemple de la Caisse de dépôt Infra, CDPQ Infra, qu'elle livre
maintenant le REM à Montréal, il a été mandaté par la ministre pour faire le
tramway à Québec. Donc, si son but, c'est ne pas être dépendant de CDPQ Infra,
mais CDPQ Infra ne ferait que du collectif, transport collectif, donc, je ne
sais pas, Mme la Présidente, pourquoi, au-delà des arguments que Mme la
ministre vient de le partager, pourquoi il veut que l'agence fasse autre chose
que le transport collectif.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Mais j'ai répondu, tout à l'heure, Mme la Présidente.
J'ai même dit : Je vais répondre une première fois en me doutant que ça va
revenir souvent. Ça fait que là, je vais répondre une deuxième fois. Mais je
veux tout de suite dire au collègue que là, s'il me pose quatre fois la même
question sur le même amendement, je ne vais pas répondre quatre fois, là. Je
pense qu'on a tous convenu hier qu'on souhaite une certaine cadence ici.
Donc, je le répète, il n'y a aucune bonne
raison de limiter la portée de la mission de Mobilité Infra Québec en l'enfermant
dans du transport collectif à tout prix. Il n'y a aucune bonne raison de faire
ça. Aucune, aucune, aucune, à part, comme je l'ai nommée tout à l'heure, l'obsession
anti troisième lien...
Mme Guilbault :...dans la tête de mes collègues des trois partis
d'opposition. Mais ça, ça demeure quelque chose de très virtuel et d'imaginaire.
Donc, dans la vraie vie de la réalité juridique de la pièce législative qui est
sous nos yeux, il faut avoir des considérations qui dépassent les rêves ou les
fixations des uns et des autres, là. Il faut penser à la pérennité puis à la
portée à long terme de ce projet de loi là.
Or, la raison pour laquelle il dépose cet
amendement-là... il me corrigera si ce n'est pas ça, mais j'ai l'impression que
c'est qu'il souhaite que cette agence-là fasse du transport collectif. Or, le
libellé actuel de la loi prévoit déjà qu'elle peut en faire. Donc, pourquoi
l'empêcher de faire autre chose? Puis j'ai dit et redit, et redit, et redit
que, pour moi, l'objectif... le tout premier objectif de créer Mobilité Infra
Québec, je l'ai même dit tout à l'heure, quand on parlait de
l'autoroute 40... je ne créerais pas une agence puis un projet de loi,
passer des heures là-dessus pour venir faire des projets routiers. Je l'ai dit,
j'ai beaucoup de choses à faire, moi, dans la vie. J'aurais bien d'autres
choses à faire qu'être ici. Je fais ça pour qu'on puisse faire du transport
collectif d'envergure et qu'on ait éventuellement un porteur de projet pour un
projet dans l'est de Montréal, la couronne nord, qu'on s'est engagés à faire.
Alors, il n'y a absolument au-cune, puis
vous voyez comment j'insiste sur les syllabes, là, il y a au-cune plus-value et
il n'y a au-cune logique à vouloir limiter et proscrire quoi que ce soit de la
mission de Mobilité Infra Québec à ce stade-ci, sinon, comme je le disais,
nourrir une fixation anti-troisième lien, mais qui n'est que virtuelle, Mme la
Présidente, qui n'a aucune assise ou aucune matérialisation dans la réalité du
projet de loi. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Oui, M. le député.
M. Derraji : ...je vais
régler quelques points, Mme la Présidente, parce que Mme la ministre n'arrête
pas de dire... et je sais qu'elle est multitâche, donc elle peut faire beaucoup
de choses en parallèle. On est tous occupés, Mme la Présidente, et on a tous
beaucoup de choses à faire, là. Donc, je pense que Mme la ministre le comprend
très bien. D'ailleurs, rien que les groupes qui ne sont pas du tout satisfaits
de ce qu'il se passe avec le ministère des Transports, je peux vous dire que
l'agenda, il est pas mal, pas mal rempli. D'ailleurs, ils veulent tous venir au
parlement. Je vais avoir l'occasion de vous les présenter. Donc, par rapport à
ça, là, nous aussi, on a des choses à faire, Mme la ministre.
Et, par rapport à l'amendement, en fait,
je reviens à tout ce que vous avez dit, là, vous voulez regrouper à l'intérieur
du MIQ des équipes ultraspécialisées, et vous avez vous-même dit que...
ultraspécialisées en transport collectif. Donc, techniquement, la plupart des
projets complexes de transport vont être du collectif, Mme la ministre, parce
que vous-même...
Mme Guilbault :...
M. Derraji : Bien, c'est
excellent. Donc, si on veut lancer des projets complexes de transport, vous
devez vous-même... même pas... ne pas attendre que je le fasse et que je le
propose. C'est du transport collectif. C'est là où on a un problème.
Par rapport au troisième lien, je pense,
pour le bien de la commission... à moins, si vous voulez, déposez un autre
projet de loi, troisième lien, ça va me faire un grand plaisir en discuter,
parce qu'à chaque fois vous ramenez la fixation sur le troisième lien. On n'est
pas les seuls. La Caisse de dépôt, Mme la ministre, l'a dit clairement. Vous
avez mandaté la caisse. Vous avez eu le rapport de la caisse. Qu'est-ce que la
Caisse de dépôt disait sur le troisième lien? Parce que moi, je ne le ramène
pas, Mme la Présidente. C'est Mme la ministre à chaque fois qui le ramène, le
troisième lien. Mais, si elle souhaite avoir une bonne discussion avec moi et
les collègues des autres partis, formations politiques sur le troisième lien,
ça va me faire plaisir, passer un temps de qualité avec elle sur le troisième
lien. Je suis prêt.
• (12 h 10) •
D'ailleurs, je tiens juste à lui rappeler,
qui a inventé les ponts par million, PPM? Ce n'est pas moi, là. Qui a annulé le
troisième lien? Ce n'est pas moi. Qui a déclaré : Lâchez-moi avec les GES?
Ce n'est pas moi. Qui a mis son siège de député en jeu s'il n'y a pas de
troisième lien? C'est son collègue.
Donc, Mme la Présidente, je pense que la
commission doit parler du MIQ, Mobilité Infra Québec. À chaque fois, Mme la
ministre essaie de nous dire : Écoutez, fixation anti-troisième lien. Ça,
là, je pense que, cet argument, on doit le mettre de côté si elle veut avancer,
parce que moi aussi, je veux avancer et j'ai plein de trucs à faire dans la vie
aussi, répondre, justement, à des groupes qui nous contactent. Mais, Mme la
Présidente, tu sais, aujourd'hui, là, parler du troisième lien, parler de la
sécurité économique, parler des ponts par million, parler de l'étude de
1 000 pages que la ministre a lue pour enterrer le troisième lien,
revenir après le troisième lien, je pense que ce débat est dépassé. Et
d'ailleurs elle... Mme la ministre elle-même le disait. Problème de crédibilité
de la CAQ...
M. Derraji : ...rapport au
troisième lien, il est là. Elle l'a avoué. Donc, le troisième lien, c'est un
projet de transport collectif. Il passerait par l'agence. Donc, si c'est un
projet de transport collectif, il passerait par l'agence, le troisième lien.
L'appel à l'international a été lancé, Mme la Présidente. Mais vous savez quoi?
Je ne vais pas embarquer dans le jeu du troisième lien parce que, même moi, ça
ne m'intéresse pas. À moins que la ministre dépose un projet de loi, ça va me
faire... Ça va faire...
Une voix : ...
M. Derraji : Bien, écoutez,
vous le savez, Mme la ministre, vous avez fait deux conférences de presse.
Sérieux, je vous ai dit que je vous donne le titre de la super ministre. Vous
avez... Vous êtes venue, avec vos cartables, enterrer le troisième lien. Et là
vous venez me dire que, vous, vous avez une fixation sur le troisième lien.
Bien, voyons donc! Mme la Présidente, je pense que, par rapport au troisième
lien, j'ai hâte de voir la suite. Puis là, Mme la ministre le disait
clairement, là, il y a un problème de crédibilité. Je vous ai dit, volte-face,
re-re-volte-face. Mais ça, on va le mettre de côté. Je vais venir... revenir
sur «projet complexe de transport collectif».
J'ai lu le mémoire que Mme la ministre a
déposé au Conseil des ministres. C'est clairement... «Les mesures proposées par
ce mémoire permettent l'instauration d'une vision nationale des projets
complexes en transport et favorisent le développement et la conservation d'une
expertise de pointe en matière de réalisation et de gestion - écoutez la suite
- de projets complexes d'infrastructures de transport collectif. Ça, là, ce
n'est pas le député de Nelligan qui a inventé ça, chers collègues. Ça, c'est le
mémoire que vous avez déposé au Conseil des ministres. Je n'invente rien. C'est
écrit noir sur blanc dans le mémoire déposé au Conseil des ministres que les
projets complexes d'infrastructures de transport collectif...
Alors, Mme la Présidente, oui, il y a
d'autres projets complexes. C'est mentionné dans le même document, je tiens à
le mentionner, mais si le but... Depuis le début, la ministre compare l'offre
de CDPQ Infra qui est bonne, qui arrive à livrer des projets, mais on n'arrive
pas à voir d'autres projets ailleurs. Et c'est pour cela que l'argument
essentiel qu'on avait sur la table depuis le départ, c'est que le gouvernement
de la CAQ voulait lancer une agence. Et cette agence est spécialisée en
transport collectif, mais parce qu'on voulait centraliser l'expertise. C'est
ça, le but du départ.
Donc, est-ce que Mme la ministre pense...
Et peut-être que c'est ça, le plan. L'appel est lancé à l'international.
L'agence, vu la majorité gouvernementale, peu importe ce qu'on va faire, il
sera, le projet de loi, adopté. Est-ce que le troisième lien va faire partie
des projets que l'agence doit gérer? Est-ce que c'est ça son souhait, Mme la
Présidente? Juste, qu'on soit clair. Comme ça, on va comprendre l'argument
pourquoi elle refuse d'ajouter le collectif après le transport.
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Bien, j'ai répondu deux fois, là, et j'ai déjà dit que
toutes les variations sur le même thème, c'est-à-dire toutes les questions qui
vont revenir à la même question, je ne répondrai pas à chaque fois, mais je ne
m'explique pas la volonté absolue des députés de vouloir exclure... Qu'est-ce
qui les dérange dans la perspective où, un jour, il y aurait peut-être un
projet routier dans l'agence? Qu'est-ce qui les dérange tellement? Les routes,
ça existe. Les routes, ça existe. Et donc, tu sais... Mais les routes sont
faites au ministère. L'agence est créée pour faire du transport collectif
d'envergure... complexe, pardon. Mais si, un jour, il y avait un projet routier
qui était confié, ça ne dérange que les deux personnes en face.
Il n'y en a aucun, problème, avec cette
perspective-là en ce qui nous concerne. Mais encore une fois, comme bien des
choses, à commencer par la rentabilisation des fonds publics qui paient nos
salaires, la position de la CAQ est différente de la position du Parti libéral.
On verra, mais en tout cas j'ai l'impression que ça va se ressembler, les deux
autres aussi. Mais pour nous, on va protéger la marge de manœuvre de cette
agence-là avec le premier objectif de faire du transport collectif complexe. Et
pour nous, le premier projet qui presse, c'est dans l'est de Montréal et la
couronne nord.
M. Derraji : On avance, Mme
la Présidente. On avance, et je vais laisser les Québécois juger. Premièrement,
on ne veut pas de deux ministères des Transports, clairement. Là, j'aimerais
bien qu'elle réponde aux Québécois. Est-ce qu'on a un problème de routes au
Québec? Il y a le ministère du Transport, que je tiens à saluer parce qu'ils
font un travail exceptionnel. Vous venez même de dire que la bretelle qui vient
d'être réalisée a été faite dans...
M. Derraji : ...dans un temps
record avec un respect du budget. Aujourd'hui, les compétences que le ministère
des Transports a sont capables de s'occuper de nos routes. Et vous voulez
parler, Mme la Présidente... Qui a dit qu'il voulait couper
5 000 postes dans la fonction publique? C'est le premier ministre du
Québec. Je ne savais pas que la CAQ... C'est loin de son ADN. Donc là, si le
but est de juste... de créer des agences pour créer des agences... et on voit
ce que ça donne dans la santé. Et 6 ans plus tard, ce qu'on voit, Mme la
Présidente, c'est qu'on voit plus de fonctionnaires que jamais. Je laisserais
les gens juger, parce que c'est ça le fond du débat. Est-ce qu'on veut la même
chose, une autre structure qui fait la même chose que le ministère du
Transport? Et c'est là le point de divergence. Et la ministre a raison de
dire : Moi... Et je pense que mes collègues aussi ils vont... ils vont
prendre la parole plus tard. Bien, ce que je ne réalise pas encore... Est-ce
qu'on a un problème de faire des routes au Québec? C'est ça le vrai débat.
Pourquoi on veut circonscrire les projets complexes de transport... collectif?
Là, on parle de l'argent des contribuables. Est-ce que vraiment les contribuables
québécois aujourd'hui veulent voir une agence dupliquer la même chose que le
ministère des Transports? Est-ce que les Québécois aujourd'hui veulent payer
pour une agence qu'on va payer à 450 000 ou 400 000 le salaire d'un
autre «top gun» avec des vice-présidents pour faire des routes? C'est ça la
question que la ministre doit répondre aux Québécoises et aux Québécois
aujourd'hui. Donc, le ministère des Transports va continuer de faire des
routes. Je n'ai pas vu un changement dans la mission du ministère des
Transports, Mme la Présidente. L'agence, si c'est ça la volonté du ministère,
de la ministre, il doit avoir une fixation sur le transport collectif.
Bien, la question qui reste : Est-ce
que vraiment, Mme la ministre est consciente qu'il y aura un dédoublement de
travaux? Si on va donner des projets d'autoroutes et de routes à l'agence,
est-ce qu'on n'est pas en train de cannibaliser le rôle du ministère des
Transports? Qu'il me répond juste sur cette question.
Je vais aller plus loin. Il ne veut pas
mettre le collectif. Il veut laisser pour tous les projets. C'est quoi la
garantie aujourd'hui qu'on ne va pas avoir une cannibalisation entre la mission
de l'agence et le ministère des Transports, qu'eux, ils font déjà des routes?
Est-ce qu'on n'est pas encore de dédoubler les structures? Le sous-ministre va
gérer un projet avec l'agence ou avec son propre ministère. Ah! là, rendu à un
projet d'autoroute... Non, non, on va le donner au MIQ. Sur quels critères on
va donner à l'agence un projet d'autoroute, mais on va donner un autre projet
d'autoroute au ministère des Transports. Qu'ils nous... Qu'ils clarifient, Mme
la Présidente, ce qu'ils voulaient faire. Je suis bien ouvert. Aucun problème.
Quel projet d'autoroute elle compte donner à l'agence?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :J'ai dit et redit que notre intention, c'est de donner des
mandats de transport collectif. Et j'ai ajouté que je ne comprends pas
l'obsession antiroutier de mon collègue. Bien, notre intention a toujours été
de confier à l'agence des projets de transport collectif complexes, notamment
un projet dans l'est de Montréal et dans la couronne nord.
• (12 h 20) •
M. Derraji : Mme la
Présidente, parce que je ne voulais pas intervenir pour dire qu'elle me fait
dire des choses. Bien, je veux juste le clarifier avec vous, Mme la Présidente.
Je n'ai pas une obsession anti-route. Je vais clarifier, là. Les gens nous
écoutent, ils nous suivent. Je n'ai pas une obsession. L'obsession probablement
existe dans l'imaginaire de Mme la ministre. Je n'ai pas d'obsession. Je pose
des questions très simples. Elle veut donner des projets d'autoroute à
l'agence. J'ai déjà un ministère qui fait ce genre de projets. Je laisserai les
Québécois juger. J'ai déjà un ministère qui fait des autoroutes et des routes,
mais on crée une agence avec des fonctionnaires, avec des «top guns» avec une
structure qui va nous coûter de l'argent. D'ailleurs, on a posé des questions.
On ne sait pas c'est quoi le salaire de la nouvelle ou du nouveau P.D.G. On
sait que ça va nous coûter 12 millions de dollars pour les prochaines
années. Bien, je n'ai pas entendu un argument. Quelle autoroute? Quelle route
Mme la ministre espère donner à l'agence? Et pourquoi? On a déjà un ministère
qui fait ça. Est-ce qu'on va créer une agence pour leur donner quelque chose
qu'on fait déjà au ministère? Juste qu'elle nous clarifie ça. Je veux juste
savoir : Pourquoi on va créer une agence pour lui donner quelque chose qui
se fait déjà? On fait...
M. Derraji : ...déjà des
routes, Mme la Présidente. Et, en date d'aujourd'hui, je n'ai pas entendu Mme
la ministre dire publiquement : On a un problème de compétence au sein du
ministère en matière de routes. Ce que j'ai entendu Mme la ministre dire sur
toutes les tribunes : On a un problème de compétence en matière de
transport collectif. Chose qui a été... je dirais, écoutez, la Société de
transport de Gatineau, ils l'ont dit : On n'a pas besoin de votre agence,
on a les compétences au niveau local. J'ai posé la question : Combien ça
coûte l'ensemble des bureaux de projets? J'attends toujours la réponse, mais la
question demeure.
Les Québécois qui nous écoutent, ils
voient le contexte actuel. Mme la ministre parle beaucoup de l'argent, notre
temps est précieux, il est très précieux parce que, déjà, on a un trou de
11 milliards de dollars. Ce n'est pas moi qui l'ai créé, c'est votre
propre gouvernement. On n'a pas de plan pour le retour à l'équilibre
budgétaire. On veut créer une agence. Très bien. Essaye de nous convaincre. Ça
m'intéresse voter pour ce projet de loi. Mais ne me dites pas que vous voulez
créer une agence et vous ne voulez pas circonscrire la mission de l'agence dans
du transport collectif, mais vous voulez lui donner la possibilité de faire des
routes et des autoroutes que le ministère fait lui-même. Ça ne tient pas la
route, Mme la Présidente. Ça ne tient vraiment pas la route. Donc, quand nous,
on dit que l'argument de la ministre tient la route, quand elle dit que :
Je n'ai pas de l'expertise en matière de transport collectif, on l'achète.
C'est pour cela qu'on a toujours fait des projets avec la Caisse de dépôt.
Mais, dire que : Je veux aussi donner à mon agence le fait de faire des
routes, je pense qu'on s'éloigne de l'objectif lui-même et on tombe dans une
cannibalisation entre la mission du ministère du Transport et l'agence.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. Derraji : Et on dédouble
les structures. C'est ça qui est grave. Ce qui est grave, avec l'agence, c'est
qu'on dédouble les structures. Ce qui est grave, avec l'agence, c'est qu'on
dédouble les structures, le fait de faire aussi des routes et non pas se
concentrer sur du transport collectif. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault :...
La Présidente (Mme Maccarone) : Non.
Parfait. M. le député de Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Avant
que vous preniez la parole, M. le député, je veux juste aviser tout le monde
que votre document est maintenant déposé sur le Greffier pour les membres.
Merci. Allez-y.
M. Grandmont : Ah! super,
excellent. Donc, ça fait référence au sous-amendement qu'on avait proposé
tantôt, là, à l'interdépendance.
La Présidente (Mme Maccarone) : La
gestion des projets complexes, synthèse, document sur Internet.
M. Grandmont : Parfait.
Excellent. Oui, donc effectivement, bien, écoutez, je suis heureux de pouvoir
prendre la parole sur le... le sous-amendement déposé par mon collègue, le
député de Nelligan. Je ne sais pas si Mme la ministre se souvient qu'en octobre
2024, elle disait : L'expertise en transport collectif manque au gouvernement.
«Bon pour faire des routes, moins pour concevoir des projets en transport
collectif, c'est le constat que fait la ministre au sujet de son ministère.»
En... Ça, c'était quand, ça? En mai de 2024 aussi. Selon elle, «les projets se
font de manière trop lente et trop coûteuse, et le MTQ n'a pas l'expertise pour
s'en occuper, comme en fait foi le recours à CDPQ Infra pour réaliser des
projets comme le REM dans la région de Montréal.» Donc, on a clairement un
problème au niveau du transport collectif. On a raison, Mme la ministre?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Bien là, j'ai déjà dit que je répondais pour le bénéfice de
tout le monde, ça fait que je ne vais pas rerépondre trois fois au député de
Taschereau pour un total de six fois la même réponse, là. Mais j'ai dit et
redit qu'on a un manque d'expertise en transport collectif au gouvernement, que
c'est la raison pour laquelle il fallait qu'un jour un gouvernement puis un
ministre des Transports prennent le leadership et le contrôle du développement
du transport collectif sur le territoire du Québec. Le PQ a échoué à son
époque. Le Parti libéral a choisi de contourner le problème en créant une
filiale à la Caisse de dépôt. Et là, on est rendu avec la CAQ, donc la CAQ
prend ce leadership, prend cette responsabilité. On crée Mobilité Infra Québec
pour se doter d'une expertise au niveau national, au niveau gouvernemental sur
le territoire de la nation du Québec pour contrôler le développement du transport
collectif, pas seulement à la pièce, à la faveur d'un bureau de projet par ci
par là, puis de l'éparpillement des ressources, mais dans une petite équipe
spécialisée, experte du transport collectif qui va être capable d'avoir une
vision, puis une planification, puis une réalisation nationale, et c'est
exactement l'objectif de Mobilité Infra Québec. Donc, effectivement...
Mme Guilbault :...à plus d'une reprise, publiquement et en privé, et
partout, tout le temps, j'ai identifié le problème du manque d'expertise au
sein du gouvernement en transport collectif complexe, et aujourd'hui je propose
la solution à ce problème-là en créant une équipe qui va être capable de faire
du transport collectif complexe. Donc, encore une fois, je m'explique mal l'opposition
des oppositions à cette mission-là qui va nous permettre enfin de faire du
transport collectif d'envergure au sein du gouvernement.
M. Grandmont : Vous avez dit
aussi, donc qu'on a... Vous avez répété à plusieurs reprises qu'on a l'expertise
au sein du MTQ pour faire des projets de transport routier. C'est vrai? Vous le
pensez toujours aujourd'hui?
Mme Guilbault :Oui.
M. Grandmont : Donc, les
projets complexes de transport routier peuvent être faits par le MTMD.
Mme Guilbault :Bien, non seulement peuvent être faits, mais sont faits.
C'est le ministère des Transports qui fait les projets routiers au Québec sur
notre réseau. Évidemment, il y a des projets routiers sur les réseaux
municipaux, mais c'est nous.
M. Grandmont : O.K. Donc, les
projets complexes. Puis votre volonté, vous, quand vous dites : La
mission, on n'a pas besoin de la changer, là, de Mobilité Infra Québec, on ne
veut pas fermer, on ne veut pas restreindre en ajoutant le mot «collectif»
parce qu'on veut garder cette possibilité-là pour d'éventuels gouvernements qui
pourraient être intéressés à travailler sur du routier réalisé par Mobilité
Infra Québec, et vous dites que, vous, ce n'est pas votre intention.
Mme Guilbault :En fait, je vais le libeller autrement. L'objectif de tout
le monde, ici, en tout cas, c'est supposé être ça, c'est qu'on puisse faire du
transport collectif d'envergure avec une meilleure capacité de réalisation au
sein de l'État. C'est ça, l'objectif. En tout cas, moi, c'est le mien. Qu'est
ce qui, selon les partis d'opposition, dans le libellé de la mission telle
qu'elle est explicitée à l'article 4, qu'est-ce qui empêche Mobilité Infra
Québec de faire du transport collectif qui est précisément l'objectif? Moi, mon
objectif, c'est que Mobilité Infra Québec fasse du transport collectif.
L'objectif est atteint avec cette mission-là. Alors, tout le reste de ce
débat-là, pour moi, est un faux problème, c'est pour ça que je ne vais pas
répondre éternellement à la même question.
M. Grandmont : Donc, votre
priorité puis la mienne aussi, je dois le dire, c'est d'augmenter la cadence
pour la réalisation de transport collectif au Québec, là. On voit bien le
résultat après six ans, là, de CAQ, là, il n'y a pas eu grand-chose qui a été
fait. Mais donc, vous, votre intention, c'est que d'ici 2026 aucun projet de
transport routier complexe ne soit réalisé par Mobilité Infra Québec.
Mme Guilbault :Mon intention, c'est que d'ici 2026, on puisse confier à Mobilité
Infra Québec, au minimum, un projet dans l'Est de Montréal de transport
collectif, dans l'Est de Montréal et sur la couronne nord. Mais pour ça, il
faut commencer par adopter le projet de loi. Ensuite de ça, il faut mettre en
place l'équipe, puis ensuite de ça, on pourra lui confier un mandat. Et le
temps passe vite comme en témoignent les travaux enthousiastes sur cette
commission.
M. Grandmont : Donc, je
comprends, par votre réponse, que vous n'excluait pas d'utiliser vous-même
Mobilité Infra Québec pour réaliser des projets de transport routier complexes.
Mme Guilbault :J'ai dit que mon objectif, c'est de leur confier des
projets de transport collectif complexes, et que par ailleurs, je pense que,
comme législateurs, on doit protéger la marge de manœuvre dans les lois et non
succomber à la tentation de, comment je pourrais dire, de subordonner les
intérêts supérieurs des lois à des fixations personnelles.
• (12 h 30) •
M. Grandmont : Je ne pense
pas que c'est une fixation personnelle. Mais... mais... mais vous ne répondez
pas à ma question. Est-ce que vous excluez que, d'ici 2026, Mobilité Infra
Québec travaille sur un projet de transport routier complexe?
Mme Guilbault :Vu le rythme auquel vont les choses, je pense qu'on va
avoir juste assez de temps pour confier le mandat dans l'Est, puis sur la
couronne nord. Puis si on a le temps de faire autre chose, tant mieux. Mais
moi, si je réussis à faire ça, je vais déjà être heureuse.
M. Grandmont : ...référence à
la... à la rapidité des travaux ici dans cette salle, je peux vous rassurer,
ça m'étonnerait qu'on se rende jusqu'en 2026. C'est la première des choses.
L'autre chose, je rappelle qu'on fait toujours un travail d'opposition, de
surveiller l'action gouvernementale et s'assurer d'avoir le meilleur projet de
loi, comme je l'ai fait tantôt, en proposant un amendement que vous avez par
ailleurs accepté. Mon objectif, c'est d'améliorer le projet de loi. C'est juste
ça. Puis je veux dire, de mon point de vue, puis peut-être que vous partagez
pas les... votre... la même opinion que moi là-dessus, on ne peut pas régler
des problèmes de congestion en ajoutant des voies de circulation automobile. La
demande induite, puis je vous ai déjà transmis plusieurs documents là-dessus en
début du mandat.
Mme Guilbault :C'est des fixations personnelles, ça, qui n'ont pas rapport
avec le projet de loi.
M. Grandmont : Ce n'est pas
une fixation personnelle.
Mme Guilbault :...
12 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...ce n'est pas
une fixation.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...personnel.
Excusez-moi, collègues. Je veux juste nous ressaisir un peu. J'ai toléré
beaucoup d'échanges hier où on a, des deux bords, dit des propos ...panne de
son... moins respectueux que nous devons avoir ici en commission. On va ne pas,
s'il vous plaît, parler de personnel. On ne va pas personnaliser les choses. On
a, c'est sûr, deux côtés de la table, deux opinions, puis c'est... c'est sain,
ça. C'est la démocratie. Alors, un débat constructif, s'il vous plaît. Merci.
Allez-y.
M. Grandmont : ...vos propos,
Mme la Présidente. On est là aussi pour représenter, des fois, une voix aussi,
dans la population, qui existe et que Mme la ministre doit, bien entendu,
entendre. Alors, je répète ce que je disais sur la demande induite. J'avais
transmis à la ministre des Transports et de la Mobilité durable un ensemble de
documents qui parlaient de demande induite, qui lui expliquaient... en fait,
qui expliquaient... pas «lui expliquaient», mais qui expliquaient que, quand on
ajoute des voies de circulation, on pellette le problème en avant, on augmente
la congestion dans les 6 à 10 ans qui suivent l'élargissement d'une
infrastructure ou l'ajout d'une nouvelle infrastructure. Ça s'est démontré
partout, partout, partout. Ici, au Québec aussi, c'est comme ça que ça se
passe.
Donc, d'un point de vue scientifique puis
d'un point de vue empirique, on arrive à démontrer que ça fonctionne, cette
théorie-là. C'est... C'est concret. Donc, c'est pour ça qu'on propose des
alternatives à un troisième lien autoroutier, c'est pour ça qu'on s'inquiète de
voir une agence potentiellement réaliser des projets d'infrastructures
routières, mais pas que pour ça, parce qu'il y a déjà cette possibilité-là de
le faire. Et on ne manque visiblement pas d'expertise au sein du ministère des
Transports et de la Mobilité durable.
Alors, je reviens sur le point, avant qu'on...
qu'on... qu'on prenne une petite pause, là, je reviens sur le point que j'essayais
de comprendre, là, dans la logique de Mme la ministre. Est-ce que, d'ici 2026,
vous vous engagez à ce que Mobilité Infra Québec ne réalise pas de projets de
transport routier complexes?
Mme Guilbault :Bien, Mme la Présidente, là, en tout respect, on vient de
passer cinq minutes à écouter le député de Taschereau faire un plaidoyer contre
les routes en disant que ce n'est pas une bonne idée, les routes, ça ne
désengorge pas, ce n'est pas la solution aux problèmes, etc., on ne veut pas de
troisième lien. Donc, il vient de lui-même trahir la propre... la fixation à
laquelle je faisais référence tout à l'heure, là. En quoi la littérature sur
pour ou contre plus de routes a un rapport avec créer une agence en transport
collectif? Mais c'est exactement ce que je disais tout à l'heure, là. Mon
soupçon était que cette fixation-là, sur le fait de ne pas créer plus de routes
au Québec, est transposée de manière... de manière illogique, inexplicable dans
les débats sur un projet de loi qui vise à faire du transport collectif. Ça
fait qu'il devrait se réjouir qu'on crée Mobilité Infra Québec.
Tu sais, qui, certainement pas lui, aurait
pensé que la CAQ, lui qui me surnomme des fois, affectueusement j'en suis
certaine, la ministre de la Voirie? Et je prends de mon temps pour venir créer
une agence pour faire du transport collectif, pensez-vous que je ne pourrais
pas faire d'autres choses, hein? On le dit depuis tout à l'heure, on a tous d'autres
choses à faire, mais je le fais en sachant que je vais être ici des semaines de
temps, parce qu'au minimum ils peuvent me garder jusqu'à Noël ici, là, bien,
jusqu'au 9 décembre, mais je le fais quand même. Tu sais, on n'est pas
obligés de faire ce qu'on fait, là. On n'est pas obligés de faire des
changements. Moi, je ne suis pas obligée. Je pourrais, là, moi, avoir les pieds
sur le pouf puis attendre quatre ans comme d'autres ministres ont fait avant,
moi puis, tu sais, mon chèque rentre pareil. Je suis à mon troisième projet de
loi en deux ans. Je veux que les choses changent. Je fais des choses qui sont
compliquées, mais ça prend quelqu'un pour les faire, à un moment donné.
Puis je suis étonnée que Québec solidaire,
d'entre tous, ne soit pas le premier à dire que c'est une bonne chose, qu'enfin
un gouvernement prenne les rênes du transport collectif puis fasse une équipe
qui va être capable d'en faire au lieu qu'on... qu'on... qu'on... tu sais, qu'on...
qu'on dépense systématiquement d'autres organisations, des filiales de la
Caisse de dépôt, la Caisse de dépôt, que des considérations de rentabilité. Pas
exactement dans l'idéologie de Québec solidaire, ça, faire fructifier l'argent.
Ça fait que, tu sais, vous voyez, Mme la
Présidente, là, que je le prenne sous n'importe quel angle, je suis surprise de
la posture, d'une part, et, d'autre part, et là, c'est vrai que je vais
terminer là-dessus, parce que là, ça tourne en rond, je vais laisser le libellé
de la mission tel quel, «protéger la marge de manœuvre du futur». Ce n'est pas
aujourd'hui, le 22 octobre 2024, qu'on va prendre des engagements sur les
mois à venir, les années à venir. Puis il disait tout à l'heure : Elle
dit... tu sais, parce que j'ai dit : Je serais heureuse si j'ai le temps
de confier au moins un premier mandat d'ici la... d'ici 2026, il dit : Ça
fait référence à la cadence des travaux. Oui...
Mme Guilbault :...oui, mais pas juste à ça. Je l'ai expliqué. Une fois
qu'il va être adopté le projet de loi, il va falloir qu'on la mette en place.
Il faut qu'on nomme les gens. Il faut qu'on organise ça. Tu sais, ce n'est
pas... Ce n'est pas... Le jour où on va sanctionner ça chez le gouverneur
général, ça ne sera pas le lendemain matin en fonction dans les bureaux, là.
Alors, tu sais, il y a un... puis on
prépare tout ce qu'on peut d'avance. Bien, ce que je veux dire, Mme la
Présidente... Puis là il va y avoir Noël, puis, bon, à un moment donné, il y a
la vie. Donc, le temps que ça s'organise... Moi, je voudrais que ça soit en
fonction en 2025, ce qui me laisserait le temps raisonnablement de confier au
moins un premier mandat avant 2026. Ça fait que moi, c'est ça mon plan. Je le
dis en toute transparence, là. C'est exactement ça mon plan. Il reste deux ans,
puis, pour moi, le plan, il est très clair, puis la mission va rester telle
quelle.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le député.
M. Grandmont : Oui. Bien, en
tout cas, je m'étonne qu'on me prête des intentions anti-Caisse de dépôt et
placement du Québec, mais, bon, je vais laisser la ministre élaborer sur ses
suppositions. Peut-être que si on se méfie... Peut-être que si on se méfie de
l'approche de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, c'est
peut-être parce que les résultats n'ont pas été très, très présents dans les
six ans où la CAQ a été au pouvoir. Je veux dire, le projet du troisième lien,
évidemment, nous, on propose des alternatives à ce projet-là, parce qu'on pense
que ce n'est pas le bon projet pour la grande région de la Capitale-Nationale,
Chaudière-Appalaches. Bien, le gouvernement lui-même est allé de l'avant, a
reculé, l'a enterré pour de bon, est finalement revenu. Je veux dire, on n'a
juste pas avancé. Même chose pour le projet de tramway. Là, on dirait qu'on
avance, mais, je veux dire, on a eu combien de bâtons dans les roues de ce beau
projet là, dont on a besoin ici à Québec? Ça fait six ans. Je veux dire, le
projet était prévu pour être livré en 2026 au départ. On est rendu en 2024.
Dans le meilleur des cas, ça va être en 2030, 2031 la livraison finale. Je ne
sais pas, là, mais la démonstration d'efficacité puis de vouloir changer les
choses, elle n'a juste pas été présente à ce jour du côté de la CAQ.
Je pose la question quand même parce que
je note quand même que Mme la ministre n'a pas répondu à ma question. Elle
s'est engagée à ne pas réaliser des projets de transport routier complexes avec
l'aide de Mobilité Infra Québec, alors que, par ailleurs, elle dit
partout : On a l'expertise au sein du ministère des Transports et de la
Mobilité durable. Le 7 août 2024, Mme la ministre promettait une mise à
jour à l'automne sur le troisième lien. On l'a eu cette mise à jour là il n'y a
pas longtemps. Mme la ministre disait... Bien, la ministre des Transports a
réaffirmé la décision du gouvernement de continuer à examiner le projet,
soulignant qu'il y a plusieurs étapes, et que les chantiers majeurs seront
complexes. Le projet de troisième lien, Mme la ministre, le caractérise
elle-même comme un projet routier, parce qu'il appert que ce sera routier, là,
complexe. Pour moi, si on regarde la définition sur laquelle on est en train de
travailler en ce moment, actuellement, là, il est très clair qu'on peut dire,
qu'on peut affirmer que le troisième lien se qualifie pour être réalisé par
Mobilité Infra Québec, ça me paraît très clair. On regarde la définition, une
définition qu'on a bonifiée tantôt avec la notion d'interdépendance. C'est un
projet où il y a plusieurs... Je vais retourner sur le... Parce que c'est très
intéressant, là, le... de revenir là-dessus. Oui. Un projet complexe de
transport est un projet dont les composantes ou cumul de celles-ci ou
l'interdépendance de celles-ci, notamment la portée, l'échéancier,
l'intégration des nouvelles technologies, les parties prenantes concernées, la
localisation, la stratégie de financement, les risques associés - puis il y en
aura des risques avec un troisième lien - où la nécessité de requérir à... de
recourir à une expertise de pointe présentent un degré élevé d'intensité ou de
variabilité. Il me semble que le troisième lien se qualifie d'emblée, d'autant
plus que la ministre elle-même disait donc en août 2024 que ce projet-là, c'est
un chantier majeur complexe.
• (12 h 40) •
Qu'est-ce qui nous garantit que la
ministre ne va pas utiliser la nouvelle agence pour faire le troisième lien? Un
projet qui lui est très cher. Un projet qu'elle veut absolument réaliser,
semble-t-il, quoiqu'on n'est pas trop sûr. En 2023, elle l'avait abandonnée.
Bien, qu'est-ce qui nous dit que cette agence-là ne va pas venir, dans le fond,
cannibaliser les ressources pour réaliser des projets de transport collectif?
Si la volonté est réelle de prendre le contrôle, la destinée des transports
collectifs au Québec, sortons du modèle dans lequel on est depuis des années.
Parce que, depuis des années, la vraie réalité, là, l'aspect concret des
choses, là, c'est que des projets routiers, on en fait tout le temps. Depuis
six ans, on n'a rien livré du côté de la CAQ. Au PQI, on a 70 % des
investissements qui sont mis en transport routier et 30 % seulement au
niveau du transport collectif. Si l'agence peut faire les deux, si l'agence
peut faire les deux, on ne fera jamais de transport collectif. La réalité, là,
c'est que la CAQ n'a jamais livré du transport collectif. Et, si l'agence peut
faire comme le MTMD fait actuellement, on ne fera jamais de transport
collectif, d'où...
M. Grandmont : ...d'où
l'intérêt du sous-amendement apporté par mon collègue, député Nelligan. Est-ce
que vous pensez encore, Mme la ministre, que le projet de troisième lien, c'est
un projet majeur, complexe, comme vous l'avez dit en août dernier?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Est-ce que... Bien, n'importe quel projet de structure,
bien, pas n'importe quel, mais, tu sais, plusieurs projets de structure... On
ne sait même pas... Forcément, il va être complexe parce que c'est un lien
interrives. On ne sait pas encore la forme qu'il va prendre, on ne sait pas où,
et tout ça, sauf que... Je veux dire, c'est sûr, là. Le projet de l'île... le
pont de l'île d'Orléans, en ce moment, c'est un projet complexe. Le projet du
tunnel, c'est un projet complexe. Le terme «projet complexe», disons... puis en
plus... bon, je n'embarquerai pas là-dedans. Mais, oui, forcément, il va être
complexe. Le terme «complexe», là, ce n'est pas... ce n'est pas un nouveau
terme qui est automatiquement associé à Mobilité Infra Québec, puis là on va
commencer à être pour ou contre tel projet : Il est-tu assez complexe,
elle va-tu l'envoyer là? Il faut... Ce n'est pas une logique de fixation, cette
agence-là. C'est une logique de se donner une nouvelle expertise au Québec...
bien, au Québec, elle existe déjà, mais au gouvernement du Québec, et... et
c'est ça. Alors... Puis, vous voyez, Mme la Présidente, là, ce que j'avais dit
au tout début, là, avant même que mes collègues parlent, j'avais dit que tout
ça va tourner autour d'une fixation sur le troisième lien, et l'avenir me donne
raison, c'est exactement ce qui se produit. Et là j'avais dit : Moi, je ne
vais pas répondre huit fois aux mêmes affaires, je vais les laisser peut-être
parler entre eux de... qui sont contre le troisième lien puis qu'il ne faut
absolument pas faire de troisième lien. Puis, en passant, là, je veux dire, on
parle ici de l'agence, mais le troisième lien, il va se faire de toute façon.
Ça fait que, si leur objectif, c'est qu'il n'y ait pas de troisième lien, ça
n'a aucun rapport avec le projet de loi. Donc, je vais laisser ces
discussions-là avoir lieu entre les trois partis d'opposition qui sont contre
le troisième lien. Moi, je me préoccupe du transport collectif, je me préoccupe
de créer Mobilité Infra Québec et je vais laisser sa mission telle quel à
l'article 4.
M. Grandmont : Peut-être que,
si on questionne autant la ministre puis si ça la rend aussi inconfortable,
c'est que... peut-être parce qu'on met le doigt sur quelque chose aussi, en
quelque part, hein? On est quand même trois partis d'opposition, plus tous les
groupes qu'on a entendus aussi, qui nous ont dit que la mission devrait être
entièrement dédiée au transport collectif. Peut-être qu'il y a quelque chose
qui dérange et qui est assez évident puis que la ministre soit refuse de voir,
soit elle décide que, dans le fond, éventuellement, bien, le troisième lien ou
tout autre projet de transport routier, parce que ce n'est pas seulement du
troisième lien dont je parle, et tout autre projet de transport routier
complexe pourra être réalisé par Mobilité Infra Québec. Tout à l'heure, je lui
ai posé la question à au moins trois reprises. Elle ne s'est pas engagée à ne
pas réaliser de projets de transport routier complexe avec Mobilité Infra
Québec d'ici la fin de son mandat en 2026. Ce sera tout pour l'instant. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres... Oui, M. le député des Îles de la Madeleine.
M. Arseneau : Oui, mais, en
fait, la proposition de sous-amendement, c'est bien un sous-amendement, de la
part de mon collègue de Nelligan est intéressante et elle amène
effectivement... elle nous amène au cœur du sujet de la pertinence de mettre
sur pied une toute nouvelle agence en matière de transport. Et j'ai retenu de
la ministre, outre le fait qu'elle dit qu'elle a bien d'autres choses à faire,
comme si nous, effectivement, on avait décidé de déposer un projet de loi, en
fait, c'est son projet de loi... Et je pense qu'il faut avoir suffisamment de
considération et de respect pour les institutions parlementaires pour pouvoir
passer tout le temps pour discuter d'où on s'en va avec un projet comme
celui-là dont on ne sait pas, actuellement, là, quand on parle de l'agence,
combien de personnes seront recrutées, sont requises pour pouvoir la faire
fonctionner. On ne sait pas non plus combien ça coûtera. On nous a donné un
chiffre qu'on a évité de ventiler. Puis là on nous dit que le mandat de
l'agence, bien, il va porter essentiellement sur le transport collectif, mais
sans exclure la possibilité qu'on fasse également des projets routiers. Alors,
c'est un peu comme si on avait cette espèce de fourre-tout qui pourra faire
tout et n'importe quoi et son contraire, alors qu'on a déjà un ministère des
Transports qui... dont la compétence a déjà été reconnue en matière de
construction d'ouvrage routier ou autoroutier. Et c'est là où je me dois
d'intervenir sur la question de la plus-value. C'est ce qui a été évoqué par la
ministre. La question qu'elle nous pose : Quelle est la plus-value
d'ajouter le mot «collectif» pour préciser la mission de l'agence...
M. Arseneau : ...Bien, moi, je
pense qu'il y a effectivement une valeur ajoutée. La valeur ajoutée, j'y ai
fait référence hier, c'est de préciser l'intention du législateur. Et
actuellement l'intention exprimée verbalement, c'est de faire du transport
collectif. Il faut traduire cette expression de la volonté de la ministre et de
ce gouvernement dans les textes qui sont devant nous et les interpréter à leur
face même comme étant la volonté du gouvernement de développer une expertise en
matière de transport collectif. Mais on ne peut pas à la fois faire ça et dire
qu'on fera peut-être d'autres choses. À ce moment-là, je pense qu'on dilue la
proposition.
Donc, la plus-value, la valeur ajoutée,
c'est une valeur de clarté, une valeur de clarté qui est fondamentale pour,
comme d'autres de mes collègues l'ont dit avant moi, pour éviter le
dédoublement. On a déjà un ministère. De mémoire, il y a plus de
10 000 employés qui travaillent au ministère des Transports. On va
créer une agence pour rassembler une expertise qui n'existe pas au ministère
des Transports, de l'aveu de la ministre, mais on n'exclut pas de faire des
travaux pour lesquels on a déjà reconnu que les employés du ministère des
Transports, actuellement, sont compétents.
Alors, pour moi, s'il y a un risque
important qu'il faut éliminer pour éviter le gaspillage des ressources et les
dédoublements, c'est bien d'ouvrir la porte à ce qu'on aille créer une
structure qui va faire ce que le ministère des Transports fait déjà. Et je
pense que si la ministre souvent ramène la question de la saine gestion des
fonds publics sous l'angle, à mon point de vue assez limité, là, du temps que
l'on passe à débattre d'un projet de loi, je pense qu'il est fondamentalement
beaucoup plus important d'aborder cette question-là d'usage des fonds publics
sous l'angle des dédoublements que l'on doit à tout prix éviter et savoir
précisément quel est le rôle des uns et des autres dans la machine
administrative québécoise, tant au ministère des Transports qu'à l'éventuelle
agence Mobilité Infra Québec.
Le dédoublement est ce qui coûte
probablement le plus cher en ressources, en finances, en budgets et encore en
temps dans l'ensemble des projets, des projets collectifs qui n'en finissent
plus de ne pas aboutir. Prenez l'exemple de ce qui se passe autour de la... du
Grand Montréal et des projets pour lesquels on a de multiples joueurs qui,
selon leurs responsabilités respectives et les chevauchements qui sont souvent
mis de l'avant, n'arrivent pas à leurs fins et à produire des résultats, et
tant sur le plan de la mise en opération, en fait, de développement de projets,
leur réalisation et leur mise en opération.
Alors, si on ne retient pas ça comme une
leçon dans le travail qu'on fait actuellement comme parlementaire, je pense
qu'on passe à côté d'une valeur ajoutée extrêmement importante. C'est de mieux
définir le rôle de l'agence et de ceux qui y seront embauchés pour travailler
sur un certain nombre de projets, des projets pour lesquels, je le répète, on nous
dit que l'État n'a pas les compétences, mais c'est spécifiquement sur le
transport collectif qu'il faut travailler. Et c'est possible, il n'est pas
impossible qu'un jour un gouvernement, éventuellement, décide que l'agence fait
du bon travail en matière de planification, de vision, d'élaboration de projets
de transport collectif et que ce modèle-là, il devient intéressant également de
l'élargir au transport routier, ou autoroutier.
• (12 h 50) •
La question pourra se poser. Et si elle se
pose, elle devra faire l'objet d'un débat démocratique. Elle devra faire
l'objet d'un retour ici devant les parlementaires, qui sont les représentants
du... des contribuables du Québec et des citoyens, pour s'assurer que ce
geste-là, s'il doit être posé, c'est-à-dire de transformer ce qui va rester du
ministère des Transports en agence, bien, qu'on le fasse de...
M. Arseneau : ...façon
ordonnée par un projet de loi qui permettra, justement, de transformer le
ministère des Transports en agence des transports avec, essentiellement, deux
grands rôles : celui de développer le... la mobilité durable... sous le
chapeau de la mobilité durable, donc, le transport collectif et le transport
routier.
C'est d'ailleurs à peu près la proposition
qui avait été déposée par mon collègue député de Jonquière, alors qu'il était
ministre sous le gouvernement de Mme Marois en 2013, lorsqu'il proposait de
créer une agence, c'était essentiellement de transformer le ministère des
Transports de l'époque en agence des transports qui soit éloignée des
considérations politiques et qui soit à l'abri de toute manœuvre de collusion
ou de corruption, qu'on puisse éloigner, justement, ces spectres-là qu'on avait
vécus de façon traumatique, au Québec, avec toutes les révélations de la
commission Charbonneau, et qu'on puisse véritablement développer une vision en
matière de mobilité qui inclut à la fois le transport routier et le transport
collectif.
Alors, si c'est ce que la ministre veut
faire, après que son parti politique ait saboté les efforts des... du
gouvernement de l'époque pour mettre en place cette agence-là... Alors, c'est
une précision qui est quand même importante à noter au procès-verbal. Quand la
ministre répète, à chaque fois qu'elle a une occasion de dire, que le PQ a
échoué dans sa proposition de mettre en place une agence, la CAQ a fait échouer
le projet du PQ à cette époque-là et aujourd'hui, révélation, trouve que c'est
une excellente idée, une excellente idée au point de la mettre en place par
étapes, avec d'abord le transport collectif, mais sans fermer la porte
aujourd'hui à l'étendre au transport routier. Et c'est là que le bât blesse,
parce que l'intention du législateur n'est pas claire et va entraîner
nécessairement des dédoublements, une cannibalisation, comme le disait mon
collègue député de Taschereau, des ressources ou, pire encore, une confusion.
Et qui dit confusion, dédoublements dit également gaspillage de fonds publics.
Alors, c'est la totale. Il est absolument impératif de préciser les rôles des
uns et des autres lorsqu'il est question de développer des projets de mobilité.
Et, en fait, je sais que la ministre nous
dit : Bien, je ne répondrai pas inlassablement aux mêmes questions, mais
je pense qu'elle l'a déjà mentionné, qu'on avait besoin d'une expertise qu'on
n'a pas actuellement en... pour l'État du Québec en matière de transport
collectif, de projets complexes de transport collectif. Alors, moi, ma
question, c'est vraiment important, à ce moment-ci, de le clarifier :
Est-ce que la ministre estime qu'en mettant sur... sur pied une agence qui est
principalement, à court ou moyen terme, dévouée, dédiée au développement du
transport collectif... est-ce que les ressources que l'on va aller recruter
pour développer du transport collectif... mais est-ce qu'ils ont la même
expertise que les ressources qui sont au ministère, qui développent des projets
routiers? Est-ce qu'il s'agit de la même expertise pour le développement de
transports complexes en transport collectif que l'expertise nécessaire pour les
projets complexes en matière de transport routier? Est-ce qu'il s'agit de la
même expertise?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Bien, là-dessus, manifestement, non, là, parce
qu'actuellement on en fait déjà, des projets routiers complexes. Donc, on a
déjà cette expertise-là. Les modes... Les nouveaux modes collaboratifs vont
nous permettre de faire les choses différemment, avec, on l'espère, des projets
livrés plus rapidement, moins chers, mais, du routier, on en fait déjà. Ça fait
1 000 fois que je répète ça. Ce qui nous manque, c'est le transport
collectif. Donc, c'est une nouvelle expertise qui actuellement n'existe pas
dans le ministère et dont on va se doter dans Mobilité Infra Québec pour faire
des projets de transport collectif complexes, qu'actuellement on n'est pas en
mesure de faire.
Puis je veux revenir aussi parce que
l'intervention du député a été... a couvert plusieurs éléments. Puis là, au
tout début, il disait : La ministre nous dit, là : On a d'autres choses
à faire, et tout ça, mais je lui rappelle que c'est elle qui prend le temps
puis qui prend la peine de venir déposer le projet de loi, ça fait que, tu
sais, il faut prendre le temps de le faire. Bien, effectivement. Puis je le
remercie de le souligner parce que, tout à l'heure... en tout cas, tout à...
Mme Guilbault :...je l'ai dit à mes collègues. Alors... Et vous voyez, lui
arrive puis il vient dire la même chose que moi. J'aurais pu ne pas déposer ce
projet de loi là pour économiser du temps puis pouvoir faire autre chose, mais
je prends le temps de faire, je fais le choix de le faire. J'aurais pu faire
comme les libéraux, ne pas le faire. J'aurais pu faire comme le PQ, ne pas le
faire. Mais moi, je le fais, et je prends le temps, et je mets l'énergie. Donc,
c'est bien, s'il y a une... Tu sais, à un moment donné, les actions, en
anglais, mais les actions parlent plus fort que les mots. Alors, moi, je n'ai
pas juste dit des mots, là, tu sais, mais mes collègues, souvent, ils parlent,
ils parlent, ils veulent «transport collectif», «transport collectif». Mais
qu'est-ce qu'ils ont fait? Pas grand-chose. La caisse a fait le REM, mais sinon
le gouvernement est au même point qu'il était dans le temps des libéraux, puis
dans le temps du PQ. Pas plus capable de faire des projets de transport
collectif.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Bien, le Parti libéral, on a la filiale de la Caisse de
dépôt...
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
sur ces paroles, je suis désolée de vous...
Mme Guilbault :...mais on n'est pas autonome. Mais, nous, on le fait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
suis désolée. Je suis désolée de vous interrompre, mais compte tenu de l'heure,
nous devons suspendre les travaux. Il y a un caucus qui nous suit. Et on
reprend à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 07)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
la Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet
de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant
certaines dispositions relatives au transport collectif.
Lors de la suspension de nos travaux, cet
avant-midi, nous étions à l'étude de le sous-amendement de l'article quatre de M.
le député de Nelligan. Il reste du temps pour les oppositions. Et c'était M. le
député des Îles-de-la-Madeleine qui avait la parole.
M. Arseneau : Combien de
temps reste-t-il, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Maccarone) : Vous
disposez de neuf minutes.
M. Arseneau : D'accord. Merci
beaucoup. Alors, effectivement, on discutait tout à l'heure du sous-amendement
du député de Nelligan, d'ajouter le mot «collectif» pour préciser le rôle de l'agence
et sa mission de façon à éviter, disions-nous, les dédoublements, les
chevauchements, le gaspillage de ressources, la cannibalisation des ressources
par l'agence auprès du ministère des Transports. Donc, la valeur ajoutée d'une
proposition comme celle-là servant essentiellement à clarifier l'objectif du
projet de loi, un projet de loi qui pourrait, à ce moment-là, être beaucoup
plus clair dans l'esprit des parlementaires mais également du public, qui veut
savoir où s'en va le gouvernement avec une proposition comme celle-là, alors qu'un
ministère des Transports existe déjà et a, selon évidemment tous les
commentaires qu'on a entendus depuis le début de la discussion, les compétences
pour gérer des projets de transport routier et autoroutier. Alors, bien qu'on
puisse apprécier la sollicitude de la ministre envers les gouvernements qui
suivront et leur donner toute la marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir
élargir le rôle de l'agence, disons que, de façon démocratique, il nous semble
plus à propos de clarifier et de préciser l'objectif du législateur maintenant
pour les fins qui sont celles qui sont identifiées par la ministre et tous ceux
qui travaillent au projet de loi. Et éventuellement, dans un autre contexte, à
un autre moment, si on décide de faire une agence qui recouperait à la fois la
responsabilité de développer des projets collectifs et... des projets de
transport collectif et des projets routiers, à ce moment-là, bien, ce serait un
geste majeur, le gouvernement devrait rapatrier l'ensemble des ressources vers
l'agence. Et ce n'est pas impossible qu'un gouvernement décide de le faire. C'était
d'ailleurs l'intention que nous avions manifestée en 2013 et à nouveau en 2021
et une intention contre laquelle la CAQ avait manifesté son opposition.
• (15 h 10) •
Alors, évidemment, on apprécie aussi le
fait qu'on puisse évoluer et ouvrir, je dirais, son esprit à de nouvelles
façons de faire, mais à un moment donné aussi, il ne faut pas avoir des projets
devant nous qui entraînent une confusion des rôles parce que ce ne sera pas
intéressant ou productif ou efficient. Et je pense que c'est le contraire de ce
qu'on recherche.
Alors, pour ces raisons, superposer des
structures à ce qui existe déjà sans clarifier leur rôle de façon la plus... la
plus précise possible, bien, c'est vraisemblablement s'ouvrir à toutes sortes d'interprétations
et de confusion. Et c'est la raison pour laquelle je pense qu'il est opportun,
à ce stade-ci, de retenir la proposition qui a... qui été faite par le député
de Nelligan, et c'est la raison pour laquelle aussi je vais... je vais l'appuyer,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Bien, c'est
ça, on est toujours sur l'ajout du mot «collectif». Il me reste combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
M. Grandmont : 9 min 50 s.
Parfait. Oui, toujours sur cet ajout, là, d'un point...
M. Grandmont : ...du mot
«collectif», finalement, à l'amendement qui était proposé, là, d'ajouter une...
une définition du mot «complexes», donc d'une définition des «projets
complexes». Donc, on ajouterait à «transport collectif».
Bien, écoutez, je suis toujours un petit
peu... Quand même, j'y ai réfléchi, là, depuis qu'on a... on a eu ces
échanges-là avec Mme la ministre, là, dans la session précédente puis je
n'arrive pas à comprendre... je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette
fermeture apparente de la ministre à dédier l'agence Mobilité Infra Québec au
transport collectif. Je ne comprends pas son refus. Tu sais, elle nous renvoie
beaucoup la balle en disant : Je ne comprends pas les oppositions de
vouloir contraindre. Bien, moi, je... quand je lis la revue de... pas la revue,
mais la revue de presse de la ministre et de son intention très, très ferme de
vouloir améliorer l'offre de transport collectif au Québec, parce que c'est ce
qu'elle laisse transparaître à travers ses entrevues, là, j'ai de la misère à
comprendre qu'elle ne voie pas en fait le risque associé au fait de laisser ça
ouvert. Comme je le disais tantôt, depuis des années, malgré les... les propres
orientations du gouvernement, on investit toujours davantage dans le transport
routier que dans le transport collectif.
On peut regarder les chiffres, là, du Plan
québécois des infrastructures du Québec et on est toujours à 70 %
d'investissements dans le routier versus 30 % dans le transport collectif.
Ça n'a pas changé depuis plusieurs années. Ça tourne tout le temps autour de
ça. En Ontario, c'est complètement l'inverse, là, c'est 30 % dans le
routier puis 70 % dans le transport collectif. Puis, dans le Plan pour une
économie verte qui est le document qui oriente... en fait, qui est une création
finalement du gouvernement actuel, il y a une volonté d'aller vers du 50/50.
Donc, de l'aveu même du gouvernement, dans ce document-là, là, le Plan pour une
économie verte, on reconnaissait qu'on doit faire davantage d'efforts pour
inciter davantage de personnes à utiliser le transport collectif et que ça
passait notamment par une augmentation des investissements dans les
infrastructures de transport collectif.
Donc, je reprendrais les mots de mon
collègue des Îles-de-la-Madeleine qui disait tantôt : «Un projet de loi
doit refléter les intentions du gouvernement ou du... ou de la porteuse du
projet de loi. Clairement, ses intentions, puis c'est ce qu'elle répète, ses
intentions sont de réaliser des projets de transport collectif. Elle l'a
dit : Mes deux projets... les deux premiers projets sur lesquels je veux
travailler, c'est un projet structurant de l'Est et la couronne nord avec
Mobilité Infra Québec. Bien d'accord, mais... Puis elle dit aussi : Bien,
il faut laisser la latitude nécessaire au prochain gouvernement de pouvoir
faire peut-être éventuellement des projets transport routier complexes. En même
temps, elle dit d'autre chose qui est assez contraire à cette affirmation-là,
elle dit qu'il y a déjà l'expertise, au sein du ministère des Transports et de
la Mobilité durable, pour réaliser des projets complexes de transport, d'une
part. Puis d'autre part, elle refuse en même temps aussi de dire... de
s'engager à ce qu'il n'y ait pas de projet de transport routier complexe
réalisé par Mobilité Infra Québec d'ici la fin du présent mandat de ce
gouvernement-là en 2026. Donc, c'est vraiment dur de s'y retrouver. Donc, elle
dit une chose et elle dit son contraire. Une chose est certaine, elle se ferme
à l'idée d'aller clairement définir le mandat de Mobilité Infra Québec au
transport collectif. Donc, je lui repose encore la question, mais peut-être
d'une façon différente : C'est quoi la plus-value en fait de garder le
mandat de Mobilité Infra Québec le plus large possible, disons, d'ici 2026?
Parce qu'il n'y a rien qui empêche un prochain gouvernement de modifier Mobilité
Infra Québec s'il voulait, par exemple, l'amender, la loi qui crée Mobilité
Infra Québec, pour lui donner le pouvoir de faire du transport routier
complexe. Donc si, son intention, c'est réellement ça, quelle est la valeur
ajoutée pour ce projet de loi là, d'ici 2026, de donner le mandat à la Mobilité
Infra Québec, de réaliser des projets de transport routier complexes?
La Présidente (Mme Maccarone) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Mais c'est les mêmes questions que ce matin. Alors là, moi,
j'ai répondu plus d'une fois à chacun des trois députés d'opposition, donc je
maintiens mes réponses.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Grandmont : ...mais je
vais vous poser une question sur laquelle vous n'avez pas répondu. Est-ce que
vous vous engagez, d'ici 2026, à ce que Mobilité Infra Québec ne réalise aucun
projet, ne soit mandaté pour aucun projet de transport routier complexe?
Mme Guilbault :J'ai répondu très exactement à cette question-là, Mme la
Présidente. J'invite le collègue à aller revisionner, ce matin, sa propre
question qui est telle quelle, et la réponse...
Mme Guilbault :...que j'ai donnée.
M. Grandmont : Alors, je vais
vous demander d'y répondre par oui ou par non. Est-ce que vous vous engagez à
ce que d'ici 2026, donc la fin du mandat de ce gouvernement, aucun projet
complexe routier ne soit donné à Mobilité Infra Québec, oui ou non?
Mme Guilbault :J'ai répondu. Et là, Mme la Présidente, puis je le dis, là,
puis je l'annonce, ça va être la même chose à chaque article, amendement,
sous-amendement, à chaque fois qu'ils vont produire une nouvelle façon de faire
20 autres minutes, je vais répondre patiemment à chacun des trois, mais, s'ils
me reposent les mêmes questions, je vais les référer à ma précédente réponse,
parce que sinon ça n'aura jamais de fin.
Je pense qu'on a fait le tour, hier, de la
volonté supposément partagée d'adopter une cadence. Donc, quand on dépose un
amendement et que chacun, pendant 20... chacun de vos 20 minutes, vous me posez
les trois les mêmes questions, non seulement je pourrais dire aux deux autres
de se référer à la réponse que j'ai donnée au premier, mais néanmoins, malgré
tout, patiemment, je réponds à chacun des trois. Ça fait que, tu sais, là, moi,
j'ai été très claire, et la mission va rester telle quelle.
M. Grandmont : Mais, avec
respect, Mme la ministre, je vous ai posé la question, je vous ai demandé d'y
répondre par oui ou par non : Est-ce que, Mobilité Infra Québec, vous vous
engagez à ne pas lui donner des contrats, des mandats qui seraient des projets
de transport routier complexes? Je n'ai jamais eu de réponse oui ou non. C'est
ça, la réalité.
Mme Guilbault :Ma réponse, c'est que la mission va rester telle quelle,
puis ça va être la même réponse tant et aussi longtemps qu'on va être sur cet
amendement-là.
M. Grandmont : Mais ce n'est
pas une... ce n'est pas la réponse à ma question.
Mme Guilbault :C'est mon droit, de répondre.
M. Grandmont : Oui, oui.
Mme Guilbault :Vous posez les questions que vous voulez, je donne les
réponses que je veux.
M. Grandmont : Mais
surprenez-vous pas...
Mme Guilbault :J'ai passé une demi-heure... je ne sais pas à quelle heure
on a déposé cet amendement-là, mais, depuis qu'il a été déposé, au moins une
demi-heure au total, là, si vous faites chacun 20 minutes, 30, 40 minutes, à
répondre à la même question. À chaque intervention que j'ai faite depuis à peu
près 12 h 30, ça a été la même intervention, la même réponse à la
même question. Là, il est rendu 15 h 18. Ça, ça fait au moins, là,
38... 35 minutes qu'on parle de la même affaire. Là-dessus, j'ai répondu au
moins cinq fois et je considère que c'est plus que légitime et que ça remplit
la fonction que j'ai de répondre aux questions puis que j'accepte de répondre
plusieurs, plusieurs fois depuis le début de l'étude détaillée.
M. Grandmont : Encore une
fois, avec respect, si Mme la ministre est tannée d'avoir les mêmes questions,
c'est peut-être parce qu'elle ne donne pas des réponses, elle ne donne pas de
réponse. Là, là-dessus, là, moi, j'ai demandé de répondre par oui ou par non,
Mme la Présidente. On est tourné autour, puis Mme la ministre est très bonne
pour faire ça. Elle n'a pas répondu à la question. Je lui ai demandé... Puis
mon collègue a été très éloquent en disant qu'un projet de loi doit refléter
l'intention. Si c'est ça, l'intention, là, on aimerait comprendre pourquoi elle
veut absolument garder une porte ouverte. Puis ma question... la sous-question
à ça est très simple : Est-ce qu'elle s'engage, elle, comme ministre, à ne
pas donner des... de mandat de projets de transport routier complexes à
Mobilité Infra Québec? À ça, on n'a jamais eu la réponse. Je lui ai posé
plusieurs fois, je suis d'accord, mais, à un moment donné, si les questions se
répètent, c'est aussi parce que les réponses ne sont pas là.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député de Masson.
M. Lemay : Mme la Présidente,
je rappellerais au député de Taschereau que l'article 81 de nos... de
notre règlement prévoit que... il dit, pour des réponses insatisfaisantes,
qu'aucun rappel au règlement... On ne peut pas insister non plus, on ne peut
pas juger de la qualité de la réponse de la ministre. Donc, la ministre a
répondu. Et moi, je crois que l'article 81 s'applique ainsi pour cette
situation précise.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
M. le... Oui, M. le député de Nelligan, une minute 20.
M. Derraji : Oui, mais vous
savez, Mme la Présidente, je pense que... je vois qu'il y a un blocage, mais un
blocage avec... En fait, c'est un choc de visions. Je vais le dire comme ça.
Et, si Mme la ministre ne l'aime pas, bien, malheureusement, c'est ça, le
travail parlementaire, comme elle a le droit de prendre son cellulaire et...
multitâche, elle a le droit, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...
M. Derraji : Oui, pas de
problème. Oui, oui, je vais revenir à... au sujet. Et le choc de visions, il
est très clair, c'est qu'on refuse aujourd'hui de définir la nature des projets
de transport. C'est ça, là. Le collègue pose la question, et il a raison.
L'amendement que j'ai déposé, c'est parce que, depuis le début, pour vendre aux
Québécois une nouvelle structure, les Québécois qui nous regardent aujourd'hui,
la ministre veut créer une nouvelle structure, ça s'appelle Mobilité Infra
Québec. Il y a déjà un ministère qui s'occupe des routes et des autoroutes, et
ils le font très bien, à condition qu'on leur donne les moyens et qu'on
n'arrête pas les chantiers, comme c'est le cas maintenant. Ça, c'est un autre
sujet. Mais elle veut créer une agence, on ne sait pas combien ça va coûter
exactement ni le salaire du prochain P.D.G. C'est la réalité. Donc, on va...
M. Derraji : ...continuer à
parler. La ministre va avoir le droit... si elle veut, si elle souhaite,
contribuer au débat. Bien, c'est la seule chose qu'on a malheureusement dans notre
Parlement, c'est de déposer des amendements, d'avoir une discussion avec le ou
la ministre. Dans ce cas, je comprends que la ministre ne va pas répondre et va
nous répondre une seule fois. Bien, Mme la Présidente, la question
demeure : Est-ce que le mot «collectif» doit être ajouté au projet
complexe de transport dans ce cas? C'est là où on en est, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. Quand on
arrive avec un projet de loi, normalement, c'est pour régler un enjeu, pour
essayer de solutionner un problème. Et le problème, il est identifié comme
étant le transport collectif. Et là, moi, j'ai beaucoup de difficulté à
comprendre pourquoi on va mettre une structure qui peut être extrêmement
extensible, parce qu'on n'a pas défini les contours de ce que serait l'agence
en tant que telle, nombre d'employés, le budget, la structure et ainsi de
suite, et que là qu'on dit que, bien, on va ouvrir toutes les portes dans sa
mission pour qu'elle puisse empiéter sur les responsabilités du ministère des
Transports, qui fait déjà très bien son travail.
Alors, je pense que c'est une question qui
est absolument essentielle et tout à fait responsable de la part des
porte-parole de chacune des oppositions de vouloir connaître, mieux comprendre,
savoir quel est l'enjeu auquel la ministre veut répondre, quel est le problème
auquel elle veut apporter une solution en élargissant le mandat au-delà des
compétences qu'on souhaite aller chercher en matière de développement de
transport collectif et d'empiéter, ce faisant, sur une responsabilité qui est
déjà assumée de façon compétente et régulière par les gens de son ministère.
Alors, c'est une question fondamentale,
parce qu'on nous répond par ailleurs qu'il faut optimiser les ressources à
l'intérieur de l'appareil de l'État du Québec. On nous répond qu'il faut
dégraisser, là, la fonction publique. On nous répond qu'il faut être efficient.
On nous répond que le déficit historique qu'on a créé, bien, on veut le
résorber. Bon, on a reporté les échéances, mais on veut quand même le résorber.
Il y a des nouvelles qui nous viennent quotidiennement sur le resserrement des
dépenses du gouvernement, même dans ses missions les plus importantes, les plus
cruciales, en matière de santé, notamment, en matière d'éducation, en matière
de services à la petite enfance. Là, maintenant, il est question de transport,
et c'est comme si toutes ces notions-là étaient évacuées. On nous dit qu'on
passe beaucoup de temps puis que ça coûte de l'argent de travailler sur un
projet de loi. On veut faire sauver de l'argent au gouvernement et aux
contribuables du Québec en s'assurant que la mission soit précisément orientée
sur le problème qu'on veut régler à travers ces discussions-ci.
La ministre, au contraire, dit : On
va l'élargir de sorte qu'on puisse tout faire ce que le ministère fait déjà.
Bien, ça, c'est un dédoublement, c'est un chevauchement qui est absolument
inacceptable. Si on ne précise pas les rôles, on crée de la confusion. On veut
créer une expertise puis dire... donner à ces gens qui auront ou à cette
agence-là qui aura une expertise pointue, on va leur donner potentiellement des
mandats pour lesquels ils n'ont pas d'expertise. Ou bien encore on va rapatrier
l'expertise d'ailleurs, c'est-à-dire du ministère, et on va dégarnir les
ressources du ministère pour engraisser une agence. Il y a quelque chose, là,
qu'on n'arrive pas à comprendre. À moins... À moins qu'on ait déjà en tête ce
que plusieurs ont évoqué avant moi, c'est-à-dire l'idée qu'on réalise un
projet, un grand projet complexe d'infrastructure routière ou autoroutière et
puis qu'on ne souhaite pas aujourd'hui en parler ouvertement, auquel cas, bien,
je pense qu'on a un sérieux problème à l'heure actuelle en matière de
transparence. Parce qu'il faut savoir pour clarifier les raisons pour
lesquelles on est prêt à investir du temps, des efforts, de l'énergie et
surtout des ressources humaines et financières dans une agence, savoir à quoi
elle va servir. Bien, on ne peut pas dire qu'elle pourra servir à tout et
n'importe quoi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. M. le député de Taschereau, deux minutes.
M. Grandmont : Oui. D'accord.
Merci. Bien, d'abord, j'aimerais revenir sur la... sur l'intervention du député
de Masson. J'aimerais juste savoir : Est-ce que j'ai fait un appel au
règlement? Non. Ah! je ne peux pas... je ne peux pas interpelé le député de Masson.
D'accord. En tout cas, je vais le... je vais y aller par l'affirmative dans ce
cas-là. Je n'ai pas fait d'appel au règlement. L'article 81, c'est
exactement ça qu'il dit : Aucun appel au règlement ne peut être fondé
sur... l'opinion que la réponse à une question posée à un ministre est
insatisfaisante...
M. Grandmont : ...insatisfaisante.»
C'est la chose que je n'ai pas faite, donc l'article 81 ne pouvait pas
être invoqué. Je peux me plaindre que la réponse est insatisfaisante.
Évidemment, ça, je peux le faire et je vais encore le faire, évidemment, parce
que, visiblement, la ministre n'est pas prête à répondre. Par contre,
l'article 82, dit :
«Le ministre auquel une question est posée
peut refuser d'y répondre, notamment :
«s'il juge contraire à l'intérêt public de
fournir les renseignements demandés; ou
«si les renseignements ne peuvent être
colligés qu'à la suite d'un travail considérable et que leur utilité ne
justifie pas.»
Ce n'est aucun... Ce n'est aucunement le
cas dans les questions que nous posons actuellement à Mme la ministre. Elle
refuse obstinément, je dirais, de répondre à une question fort simple. Est-ce
que, oui ou non, d'ici 2026, elle va ou pas autoriser Mobilité Infra Québec à
travailler sur un projet de transport routier complexe? On n'a jamais eu cette
réponse-là.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
je comprends votre déception, M. le député, mais ça reste que c'est à la
ministre de répondre de la façon qu'elle souhaite.
M. Grandmont : Absolument.
La Présidente (Mme Maccarone) : On
ne peut pas l'obliger. Vous, vous pouvez revenir à la charge comme vous voulez.
M. Grandmont : Exactement,
vous avez raison, et c'est pour ça que je l'ai fait.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres... Oui, M. le député de Masson.
M. Lemay : Sur le commentaire
de la députée de Taschereau, simplement rappeler aussi qu'à
l'article 82... qu'il est précisé que le refus de répondre ne peut pas
être discuté. Ça, il n'a pas fait la lecture de cette petite phrase. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement de... excusez-moi, le
sous-amendement de l'article 4? Vous n'avez... vous ne disposez plus de
temps, désolé, M. le député. Je vois qu'il n'y a plus de... je vois qu'il n'y a
plus d'intervention. Alors, nous allons passer à la mise aux voix par appel
nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Oui. Pour,
contre, abstention. M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson).
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Contre.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)
M. St-Louis : Contre.
La Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
La Présidente (Mme Maccarone) : Abstention.
Alors, le sous-amendement est rejeté. Et
nous avons déjà un autre sous-amendement. Non, on n'a pas un autre
sous-amendement? D'abord, nous revenons à l'amendement en question. Alors,
est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le... sur l'amendement? M. le
député de Nelligan, vous disposez de 50 secondes.
M. Derraji : ...un autre
amendement, je demande une suspension... sous-amendement.
La Présidente (Mme Maccarone) : Nous
allons suspendre. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes de retour, et nous sommes maintenant sur l'amendement de l'article 4
tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions? M. le député de Taschereau,
souhaitez... Non? Alors, s'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à
la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 4 tel qu'amendé est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Maccarone) : Adopté.
Merci beaucoup. C'est adopté. Alors, nous procédons à l'article 4 tel qu'amendé.
Y a-t-il des interventions? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui.
Effectivement. Bien, écoutez, on en a plusieurs... Je pense que c'est en train
de partir, là, on a plusieurs organisations, là, qui avaient proposé des modifications
à l'article 4 pour venir clarifier cet article-là, qui est évidemment très
important, qui touche la mission, les fonctions et pouvoirs généraux, là, de
Mobilité Infra Québec. Donc, on aura un amendement à proposer.
La Présidente (Mme Maccarone) : Ça
fait que, vous aussi, vous avez un amendement à proposer.
M. Grandmont : Oui.
La Présidente (Mme Maccarone) : Est-ce
que l'amendement est déjà prêt et envoyé?
M. Grandmont : Il est sur le
point de partir.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous allons suspendre, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 18)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous sommes de retour. M. le député de Taschereau, pour la lecture de votre
amendement.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ma proposition d'amendement, à l'article
quatre, va comme suit : Ajouter, au premier alinéa de l'article quatre de
la loi édictée, introduit par l'article un du projet de loi, après les mots «de
transport», les mots «excluant les projets opérationnels en lien avec les
activités des sociétés de transport telles que l'agrandissement ou la
construction de garages, le maintien des actifs ou le développement ou
l'amélioration de systèmes de transport intelligents au cœur des opérations des
sociétés telles que des systèmes de gestion de parcs ou la billettique.»
Donc, l'article se lirait comme
suit : «Mobilité Infra Québec a pour mission principale d'effectuer, dans
une perspective de mobilité durable, lorsqu'un gouvernement... lorsque le
gouvernement lui en confie la responsabilité, l'analyse, l'opportunité, la
planification ou la réalisation de projets complexes de transport, excluant les
projets opérationnels en lien avec les activités de transport... des sociétés
de transport tel que les... que l'agrandissement ou la construction de garages,
le maintien des actifs ou le développement ou l'amélioration de systèmes de
transport intelligents au cœur des opérations des sociétés telles que des
systèmes de gestion de parcs ou la billettique.»
Voilà. J'y vais avec quelques
explications, Mme la Présidente. En fait, c'est une proposition qui nous venait
de l'ATUQ, l'Association des transporteurs urbains du Québec, qui représente,
bien, les 11 sociétés de transport, là, donc...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...pas
capable d'entendre. Je suis désolée. Merci. Allez-y.
M. Grandmont : Donc, cette
demande... cette proposition, là, d'amendement provenait, là, de l'ATUQ, qui
est l'Association du transport urbain du Québec, qui représente l'ensemble des
sociétés de transport au Québec ainsi qu'EXO. Et donc, la proposition, en fait,
elle venait du fait que, bien, elle se disait, quant à partir d'une page
blanche, parce qu'on est en train de créer une nouvelle agence, aussi bien
l'enligner correctement sur les bonnes bases, dans la bonne track, comme on dit
en bulgare. Donc, afin de ne pas laisser planer de doute dans la Loi sur la
mobilité... sur Mobilité Infra Québec, sur les possibilités que cette nouvelle
entité puisse éventuellement prendre en charge de tels types de projets
opérationnels puis que ça entraîne un risque de duplication ou de conflit de
compétence, il y a déjà des sociétés de transport qui effectuent un travail
sur... qui, en fait, déploient déjà des opérations qui ne sont pas... ou dont
la volonté... Puis, encore une fois, je reviens aux intentions de Mme la
ministre, là, qui parlait de projets de transport, en fait, là. Puis, si on
parle... si on prend juste le volet transport collectif, là, parce que c'est
une demande qui touche effectivement le transport collectif, il y avait... il y
avait l'idée de projets structurants de transport collectif sur la voie
publique, ou en tout cas ce qui s'apparente à la voie publique, donc ça peut
être souterrain, mais ça peut être aussi sur des viaducs, des pilotis, un peu
comme on a avec le REM. Et donc il y a un paquet de projets, il y a un paquet
d'opérations ou de projets d'infrastructure qui ne se... qui ne relèveraient
pas, selon les intentions de la ministre à tout le moins, de... qui ne
pourraient pas être donnés à Mobilité Infra Québec. Et ce que l'ATUQ proposait,
c'est de venir juste clarifier que certains projets qui relèvent, en tout cas
selon les intentions encore une fois, des sociétés de transport, bien, qu'on
vienne statuer que ça n'en fait pas partie.
• (16 h 20) •
Ce qu'elle disait, en fait, aussi, c'est
que... l'ATUQ, ce qu'elle disait, c'est que si l'objectif de la création de
Mobilité Infra Québec était de concentrer l'expertise sur un mandat assez
précis, là, encore une fois, je parle juste de transport collectif, là, mais
donc de développer des projets de transport collectif complexes, l'ATUQ
soulignait qu'on voyait mal comment l'octroi d'un mandat aussi large en termes
de projets à réaliser pourrait être compatible avec...
M. Grandmont : ...avec cette
volonté de développer et de concentrer une expertise spécifique. Donc c'est
simplement pour clarifier et venir dire qu'effectivement le mandat de Mobilité
Infra Québec, quand il s'agira de transport collectif complexe, sera déployé,
bien, ce sera uniquement pour le volet plus matériel roulant lorsqu'il se
déploie, qu'il transporte des passagers et non pas les garages puis l'aspect
billettique, qui sont aussi des projets d'infrastructure, mais que les sociétés
de transport veulent pouvoir garder dans leur cour, finalement. C'est tout ce
que nous avons à dire pour les explications.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, j'ai lu. J'ai lu la proposition du collègue. Je
comprends un peu ce qu'il nous dit, mais vous voyez, ça, pour moi, c'est un
exemple d'une modification, d'un libellé dans un texte de loi qui serait
inadéquatement, à mon sens, restrictif, précis et, j'ajouterais, en quelque
sorte, aléatoire. Non pas que ce n'est pas intelligent, ce qui est écrit là,
puis je comprends que c'est un extrait du mémoire de l'ATUQ, puis tu sais,
c'est en tout respect, mais tu sais, tel que l'agrandissement de fonctions de
garage, maintien d'actifs. Là, tu sais, maintien d'actifs, déjà, c'est comme
une espèce de métacatégorie. Là, après ça, on va dans les garages. Avant ça,
justement, les garages, c'est un exemple précis. Développement ou amélioration
du système intelligent au cœur des opérations des sociétés. Bon, qu'est-ce que
ça veut dire? Tel que système de gestion ou billettique. Donc, ce n'est même
pas exhaustif, c'est très, très, très aléatoire, cette liste-là d'exemples. Et
comme disait ma collègue, ici, elle me dit : Ça va mal vieillir.
C'est une autre façon de dire ce que j'ai
souvent dit, là. Puis je vais ramener l'exemple du projet de loi de la sécurité
routière. On parlait tout le temps de bus-patrouille. Ils disaient : Il
faut que bus- patrouille puisse être utilisé sur les autobus, si un jour on
veut l'utiliser. Ce n'est pas dans une loi qu'on va venir mettre
bus-patrouille, tu sais. Dans la loi, on va se donner une marge de manoeuvre.
C'est toujours l'idée de la marge de manœuvre, puis de laisser aussi, à un
moment donné, au pouvoir exécutif la capacité de gouverner avec ces lois. C'est
ça aussi, le principe, là. Il y a le législatif ici, mais après ça il faut que
l'exécutif puisse fonctionner avec ces lois-là à long terme. Parce que, tu
sais, quand on lui dit : On pourra toujours venir modifier la loi si on
change d'idée. Bien, justement, ce n'est pas l'idée, là, le Parlement venir à
tout bout de champ en commission à chaque fois que tu veux prendre une décision,
ce n'est pas fonctionnel, tu sais.
Alors... Alors donc, moi, je vais garder,
puis je l'ai dit, là, tantôt, je l'ai dit et redit, je vais garder la mission
telle quelle, avec la latitude qu'elle procure à l'exécutif. Mais en même
temps, je vous dis ça, mais... mais j'ai le sentiment, sans pour autant en être
sûre, que ça se pourrait, qu'il y ait peut-être, finalement, une petite
modification sensible au premier alinéa de la mission. Mais... Mais bref...
Mais c'est ça.
Et les garages, en passant, là, je ne sais
pas si le collègue est au courant de combien ça coûte, puis le fait que le
gouvernement les paie à au moins 85 %. Juste une parenthèse comme ça, en
n'ayant pas de contrôle sur les coûts, je vais juste dire ça comme ça. Puis je
ne suis pas en train de dire que Mobilité Infra Québec va faire des garages,
là. Comme j'ai dit, il va avoir d'autres chats à fouetter à court terme, mais
il faut bien comprendre que les garages nous coûtent des centaines de millions
de dollars. On ne gère pas ces projets-là directement, mais par contre on les
paie. C'est dit.
M. Grandmont : Est-ce que,
Mme la ministre, vous parlez... Je reviendrai sur le fond tantôt, mais sur les
garages, là, vous parlez des garages pour... en lien avec l'électrification des
transports?
Mme Guilbault :Pas seulement l'électrification. Il y a des garages qui, de
toute façon, on doit refaire. Alors... Mais oui, tu sais, tant qu'à les
refaire, souvent ils vont les faire hybrides ou, en tout cas, avec des
aménagements qui peuvent accueillir des autobus électriques. Mais même quand on
prend la liste des projets de garage, il y en a là-dedans que, de toute façon,
on était obligés de refaire. Alors là, il y a toute cette question-là des
garages qui coûtent une fortune.
M. Grandmont : Sur la
proportion des garages qui sont... sur lesquels le gouvernement investit en ce
moment, là, il y en a combien que c'est pour le projet d'électrification puis
que d'autres, c'est : De toute façon, on les remplaçait?
Mme Guilbault :Bien, je n'ai pas la donnée actuellement. Puis des... Tu
sais, comment je pourrais dire, l'électrification... Puis je vois où il veut
aller, là. Puis, moi, j'ai déjà dit que l'électrification, on est parlables
là-dessus, là, parce que tu sais... Mais l'électrification, le fait d'avoir...
On a signé le contrat des 2 229 autobus maximum avec le contrat.
Donc... Mais c'est des remplacements d'autobus. Ce n'est pas une flotte
supplémentaire qu'on a imposée aux sociétés de transport. Donc, leur flotte, la
gestion de la flotte, globalement, demeure... Ils demeurent avec le même volume
de flotte. Ça passe mal, comment je m'exprime en ce moment, mais autrement dit
ils ont une flotte avec x véhicules...
Mme Guilbault :...on ne leur impose pas, par exemple, 30 nouveaux
autobus électriques de plus juste pour dire qu'ils ont des autobus électriques.
Tu sais, c'est par remplacement. Et donc, globalement, il aurait eu les mêmes
besoins d'espace pour une flotte d'un même volume, c'est juste que là, il y a les
aménagements électriques à prévoir de plus.
M. Grandmont : Bien, c'est
ça, le principe, effectivement, là. C'est des nouveaux... Souvent, c'est des
nouveaux garages parce que les anciens garages... En tout cas, ça revient... ça
revient probablement moins cher de faire des nouveaux garages entièrement
électriques que d'essayer de modifier des garages... des garages conventionnels
puis les transformer dans des garages électriques, là. Mais, bon, c'est ma
perception à moi, là. Je ne sais pas si je suis dans l'erreur par rapport à ça.
Mais c'est clair que... bien, de toute façon, je pense que vous l'avez déjà
dit, vous êtes parlable là-dessus, puis tant mieux, parce que, comme on le
disait tantôt, c'est simplement du remplacement d'autobus, là. Ce n'est pas des
nouveaux autobus qu'on ajoute, donc ce n'est pas des nouveaux services, donc
des nouveaux usagers non plus, là. Mais bon, je pense qu'on s'entend bien
là-dessus.
Maintenant, sur le fond, cette
proposition-là, en fait, peut-être qu'elle est... elle peut être... elle peut
être révisée, là. La façon dont c'est libellé, effectivement, on a repris
essentiellement ce qui était proposé directement par l'ATUQ, l'Association des
transports urbains du Québec. Ce qui m'apparaît important, là-dedans, c'est devenir
un peu clarifier le mandat. Parce qu'entre autres vous vous souviendrez de,
c'était Jacques Roy, le professeur de... Jacques Roy, professeur de HEC
Montréal, là, qui disait notamment qu'un des enjeux... en fait, je ne sais plus
si c'était lui ou si c'était un autre... un autre expert qu'on a reçu mais en
tout cas, peu importe, un des... une des personnes qu'on a reçues nous a dit
qu'un des risques à avoir une mission très large chez Mobilité Infra Québec,
c'est d'avoir du chevauchement de mission. Des chevauchements de missions, ça
va entraîner potentiellement des tiraillements politiques entre, bien,
différentes parties prenantes impliquées dans la réalisation de projets. Et, en
même temps, ce qu'on sait puis ce qu'on a pu observer, puis ça je peux m'assurer
que c'était Jacques Roy qui l'avait dit, c'est que ce tiraillement politique là
peut causer des retards. Et des retards causent des augmentations de coûts,
puis on ne livre pas des projets, puis on n'arrive pas à offrir, dans le fond,
davantage de services pour les usagers du transport, des usagers, en fait, qui
veulent ou qui sont déjà utilisateurs.
Donc, le point, c'est comment on s'assure
d'avoir une mission qui, en quelque part, a une certaine flexibilité, parce que
je comprends que ça peut, tout ça, évoluer dans le temps, puis il faut se
garder une certaine marge de manœuvre... mais en même temps, pour une mission
qui est assez resserrée pour éviter que ça empiète sur les compétences des
autres acteurs qui sont déjà présents sur le terrain. D'autant plus qu'il y a
plusieurs moyens qui sont à la disposition de Mobilité Infra Québec, on y
viendra plus tard dans le projet de loi, à l'effet qu'elle peut imposer, elle
peut passer un peu par-dessus les compétences des municipalités et compétences
des sociétés de transport. Évidemment, on aura des aménagements ou des
propositions d'aménagement pour essayer de clarifier encore une fois, là, les
rôles de chacun. Mais comment on fait pour trouver cette espèce de
flexibilité-là sans empiéter trop puis avoir des risques de tiraillements
politiques? C'est un peu ça, là, la question de base, là, de cette
proposition-là.
Mme Guilbault :Oui. Bien, je ramène, en fait, au premier alinéa de la
mission, là : «l'analyse d'opportunité, la planification ou la réalisation
de projets complexes de transport.» Nous, avec MIQ, on n'a absolument aucun
intérêt ou volonté de s'occuper de la billetterie ou du système de carte à puce
ou, tu sais... Même, on le voit, «excluant les projets opérationnels en lien
avec les activités des sociétés de transport.» On est dans les opérations, on
est dans des systèmes de gestion, d'organisation des services ou, en tout
cas... C'est parce que c'est à la fois précis et très vaste, là, quand on lit
ça, là. Ça couvre à peu près tout, là. C'est... Tu sais, c'est...
• (16 h 30) •
Alors, le but, c'est de faire des projets
de transport collectif complexes qu'actuellement on n'a pas la capacité de
faire. Ce n'est pas de se substituer ou de rafler, là, graduellement ou
insidieusement, les activités ou les opérations ou la gestion des sociétés de
transport. Elles le font déjà. Puis souvent, tu sais, on donnait l'exemple de
l'ARTM. Des fois, on nous disait : Il y a déjà l'ARTM à Montréal, puis
tout ça, puis je disais : L'ARTM a des... a des fonctions de coordination,
de tarification que nous, on ne veut pas. Et c'est la même chose pour
l'exploitation. L'exploitation n'est pas dans la mission de Mobilité Infra
Québec parce que ce n'est pas dans notre intérêt non plus. Nous, on veut bâtir
des projets, livrer les projets, redonner l'exploitation à ceux qui en font
déjà puis qui sont bons là-dedans, puis c'est ça. Ça fait que, tu sais, il n'y
a pas de... il n'y a aucune volonté d'empiéter sur les compétences des OPTC,
qui ont déjà leurs propres lois, déjà leurs propres règles de fonctionnement.
Nous, on vient s'ajouter à tout ça avec...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...une vision puis des... C'est ça, une vision puis une
espèce de leadership national...
M. Grandmont : Je suis bien
content d'entendre...
Mme Guilbault :...en collaboration.
M. Grandmont : Je suis bien content...
content d'entendre la ministre dire que ceux qui font l'opération le font bien.
Ils sont bons là-dedans. On attend avec impatience les audits de performance.
Très hâte de voir. J'espère que d'ailleurs comme vous m'aviez mentionné lors
des crédits, que les sociétés de transport auront l'occasion avant que ce soit
rendu public, là, que le rapport soit rendu public par vous ou votre ministère,
que les sociétés de transport auront pu avoir accès à l'audit de performance
pour être capable d'expliquer ou de... d'expliquer certains postes de dépenses,
par exemple, avec la firme qui aura été embauchée pour être capable d'expliquer
justement, là, pourquoi tel chiffre, pourquoi à tel poste budgétaire.
Normalement, là, dans les bonnes pratiques, on a toujours ce moment-là pour
être capable de discuter avec la firme comptable qui est engagée pour être
capable d'expliquer certains choix ou certaines... certaines lignes qui
apparaissent dans les états financiers. C'est ce que vous m'aviez dit, là, qu'ils...
lors des crédits, qu'ils auraient cette opportunité-là. Pour l'instant, je
pense qu'ils n'ont pas eu... Le son de cloche que j'ai eu de leur part, c'est
que ce n'est pas encore le cas, ils n'ont pas eu accès et que ce n'est pas
prévu en... encore pour l'instant, là, le moment où ils pourraient parler avec
la firme comptable.
Mme Guilbault :Mais je rassure mon collègue, de toute façon, le rapport en
question est basé sur un échange de données puis d'informations avec les
sociétés de transport. Donc, il y a déjà eu beaucoup d'échanges. Mais bien sûr
que le rapport va leur être partagé.
M. Grandmont : Ce n'est pas
juste un partage dans un sens, là, c'est vraiment une discussion.
Mme Guilbault :On va faire les choses comme il se doit, dans le respect de
ce que j'ai dit aux crédits.
M. Grandmont : Parfait. Mais
donc, pour revenir à ça, il n'y avait pas juste La Tuque, là, qui nous en avait
parlé, de l'importance de bien séparer les différentes missions. La STM, souvenez-vous,
avait dit, là, que le maintien d'actif, ils étaient bons là-dedans. Puis
notamment on parlait beaucoup du métro avec le président de la STM quand il est
venu parler ici en audience, puis il disait : C'est complexe, le maintien
du maintien du métro, son état est... Mais il commence à ne plus être plus très
jeune non plus, déjà en partant, puis quand on a déjà l'expertise pour être
capable de le faire. Puis entre vous et moi, c'est sûr que ça se qualifie comme
un projet potentiellement complexe de transport collectif. Donc, en même temps,
il y a une volonté très grande du côté de la STM de pouvoir maintenir cette...
ces opérations-là à l'interne de la STM. Donc, qu'est-ce qu'on dit à la STM :
Si jamais vous refusez cet amendement-là, qu'on pourrait simplifier par
ailleurs, là, moi, ça ne me dérange pas, là, je suis ouvert à réécrire les
amendements qu'on dépose, mais qu'est ce qu'on dit à la STM qui veut s'assurer
que, dans le temps, pas juste sous votre gouverne, mais que dans le temps
Mobilité Infra Québec ne s'occupera pas finalement du maintien du... en état du
métro?
Mme Guilbault :Mais le choix des projets puis la réalisation des projets
va se faire en collaboration avec la STM, là. J'ai déjà dit ici, par exemple,
probablement entre autres quand ils étaient là, la ligne bleue, ils sont déjà
en train de la faire. Bon, ça fait que ce n'est pas dans mon idée de reprendre
ça à Mobilité Infra Québec, à moins qu'ils le souhaitent ou à moins qu'il y ait
un problème, tu sais. Donc, on va voir, là, pour le métro. Pour l'instant, tu
sais ce que je veux dire effectivement, là, c'est complexe l'entretien du
métro. Donc, le plan d'investissement, le plan de maintien, alors tout ça, c'est
du... c'est sur du long, long, long terme, là.
M. Grandmont : Tu sais, la
personne qui vous succédera, là, pourrait dire : Bon, à la STM, là, vous
êtes une gang de pas bon, ça ne marche pas, le métro, là, on va le faire, on s'en
occupe. Puis même... même si, tu sais... Puis on va le voir plus loin dans les
différents articles, là, même si la STM était rentrée en appel d'offres pour
aller chercher une expertise. Tu sais, on peut aller loin, là, dans la
réalisation d'un projet, puis Mobilité Infra Québec peut intervenir, puis dire :
Non, non, on récupère ça, nous, c'est nous qui nous en occupons. La STM, ce n'est
pas ça qu'elle veut. Ils ont l'expertise à l'interne. Comment qu'on fait pour
garantir que, dans le long terme, là, Mobilité Infra Québec va rester dans son
champ de compétence tel que vous voulez le définir?
Mme Guilbault :Encore une fois, c'est de prévoir la latitude dans la
mission et, quel que soit le projet complexe de transport collectif que
Mobilité Québec va réaliser, forcément, il va être sur le territoire d'une
ville tôt ou tard et d'une société de transport. Donc, si on dit : Il faut
que les... il faut que chaque... il faut que chaque société de transport
continue de s'occuper de tout ce qui est sur son territoire, ça ne sert à rien
de faire Mobilité Infra Québec. Or, ce n'est pas réaliste. Et le dénominateur
commun de tout ça, que ce soit l'entretien du métro, que ce soit de n'importe
quel projet dans n'importe quelle municipalité, c'est que c'est le gouvernement
du Québec qui paye la très, très grande majorité de tout ça. Et dans le cas du
maintien d'actif, puis là, j'invite, puis je lui dis, là, très amicalement...
Mme Guilbault :...amicalement, là, précisément le maintien d'actif, je
l'invite à parler avec ses amis de la STM, là, les chiffres sur le maintien
d'actif, là. Les investissements fédéraux dans le maintien des actifs, c'est
famélique. Tu sais, ils mettent de l'argent un peu sur la ligne bleue, ils
mettent de l'argent quand il y a un projet pour aller, tu sais, couper un
ruban, là, mais l'entretien du métro, parce qu'il y avait un texte, là, les
rubans, là, l'entretien du métro, ils ne mettent pas d'argent, très, très peu,
très, très peu. Donc, avant de penser qu'on va être capable... Tu sais, je veux
dire, on est tout seul à payer, le gouvernement du Québec. Je pense, le
collègue réalise, là. On a un déficit en ce moment. Il faut payer la santé,
l'éducation, il faut payer plein de choses, qu'on paie seul aussi, mais parce
que ça, c'est notre vraie fougère. Là, quand on n'a pas d'aide pour des
investissements aussi conséquents, c'est problématique. C'est une parenthèse,
puisqu'on parle du maintien d'actif, parce que je... Si jamais il a le goût
d'en jaser avec la STM, là, ils pourraient leur montrer... lui montrer leurs
chiffres, peut-être que... tu sais, ça va être un complément à ce que je viens
de luis dire.
Et donc... et donc c'est ça. Alors,
pourquoi je disais ça, donc? Oui, c'est ça. Mais c'est ça, c'est...
Globalement, n'importe quel projet que va faire MIQ va être tôt ou tard sur le
territoire d'une société de transport. Mais le principe, c'est, oui, de prendre
un certain leadership. Leadership, veut veut pas, ça nécessite d'avoir une
vision puis d'avoir une portée nationale. Parce que, sinon, on continue à avoir
des bureaux de projets à gauche à droite, une fois de temps en temps un projet
à la STM, puis chacun va faire ses affaires, ça va nous coûter une fortune,
puis on n'aura pas l'effet synergique et d'économie d'échelle d'avoir des
ressources concentrées, capables de voir plus large puis de travailler sur plus
d'une chose en même temps.
Puis, oui, c'est vrai en plus, si... bien,
ça, je pense que je l'ai déjà dit, là, pour le fameux projet de l'est, là,
imaginez-vous quand tu tombes sur le territoire de deux sociétés de transport,
de deux ou trois municipalités, la CMM par-dessus ça, qui est sa propre
structure en soi, l'ARTM qui est sa propre structure, en plus d'Exo puis de la
STM. C'est toutes sortes d'élus, de maires, d'arrondissement, de toutes sortes
de monde là-dedans et de toutes sortes de groupes. Bon, de gros enjeux
d'acceptabilité qui vont venir. Alors, faites juste... Puis c'est vrai, ce que
je dis, là. Puis le REM de l'Est, c'est comme ça que ça a avorté, des groupes
revendicateurs, beaucoup d'élus autour de ça, des enjeux de communication, puis
tout ça, et ça a fait avorter un projet. Donc, quand on parlait du risque,
tantôt, là, mais du risque... bien, c'est ça, du risque, là, dans mes éléments
de définition de complexité, là, tu sais, partie prenante puis risque, moi, là,
ça, ce que je suis en train de décrire, là, c'est très, très, très déterminant
dans le succès d'un projet, tout... juste cet aspect-là. On n'est même pas sur
l'infrastructure, là, puis les rails, puis tout ça, on est juste sur la
planification, la collaboration, la prise en compte de plusieurs parties
prenantes, avec des intérêts qui ne sont pas toujours convergents, qui veulent
chacun avoir leur mot à dire, leur part du crédit, mais qui ne veulent pas trop
payer non plus.
Ça fait que c'est tout concilier ça, là.
Juste ça, c'est très, très, très complexe. Tu n'as pas le choix d'avoir quelque
chose de supra, tu sais. La caisse, c'est ça, on a utilisé la caisse pour le
REM, REM de l'est, tu vois, ça n'a pas marché. Mais, dès que tu tombes, là,
dans des juridictions croisées, ou additionnées, ou juxtaposées, ça devient
très, très compliqué. Alors, Mobilité Infra Québec, c'est un autre... Puis
c'est vrai, c'est un angle des fois qu'on aborde moins, juste d'avoir quelqu'un
de neutre qui va être capable de prendre tout ce monde-là ensemble puis, tu
sais, d'un peu chapeauter ça. Moi, je pense que ça va nous aider aussi au
succès des projets, surtout... Puis, comme j'ai déjà parlé, la toile de
mobilité durable, là, qu'on veut se construire éventuellement, graduellement,
là, bien, à chaque fois que tu fais ça, tu ajoutes, tu sais, des nouveaux
territoires, puis, à un moment donné, woups, tu changes de juridiction, tu
changes de société de transport, tu changes d'élu, tu changes de groupe, tu
changes de citoyen, tu sais. Alors, c'est... juste ça, là, c'est une grosse,
grosse, grosse gestion, et ça, MIQ va pouvoir le faire.
• (16 h 40) •
Des voix : ...
Mme Guilbault :Non, bien, on... il me signalait... C'est ça, pour le REM,
là, justement, ça a pris une loi. Le REM a eu sa propre loi, comme le tramway à
l'époque, la loi sur le Réseau de transport structurant...
Une voix : ...
Mme Guilbault :...de la capitale. C'est ça, ça a pris... C'est
90 articles? 90 articles, une loi pour pouvoir faire le REM, tu sais, parce
que... pour des aménagements, il n'y a pas juste des affaires d'acceptabilité
puis de gestion de parties prenantes là-dedans. Mais, tu sais, c'est que...
C'est très complexe.
M. Grandmont : ...c'est
complexe. Puis...
Mme Guilbault :Ce n'est pas pour rien qu'on fait ça.
M. Grandmont : C'est vrai que
c'était... c'est complexe. Puis d'ailleurs les pouvoirs qui étaient là-dedans,
les municipalités et les sociétés de transport ont demandé aussi, parce que le
REM avait des pouvoirs qui s'apparentaient un petit peu à ce qui est octroyé...
à ce que le gouvernement s'octroie à travers le projet de loi n° 62 aussi.
D'ailleurs, on...
M. Grandmont : ...on va en
parler plus tard, évidemment, là, mais... Non, ce n'est pas là-dessus que vous
avez ouvert une porte. Vous avez ouvert une porte sur la question de la
valorisation immobilière. Ça, on pourra s'en reparler éventuellement, là, ça a
quand même été souvent soulevé par les groupes. Pour ce qui est du projet de
loi n° 62, le donner aux municipalités et/ou aux sociétés de transport
pour éviter de créer deux classes de marché, dans le fond, là, pour les
entrepreneurs, ça, je ne pense pas vous avoir entendu bien gros là-dessus. On
pourra y revenir, mais votre collègue aux infrastructures avait dit que c'était
ici que ça allait se passer. 62, lui, il ne voulait pas toucher à ça. Ça fait
que, en tout cas, on pourra s'en reparler, à moins que ce soit dans un omnibus.
Je pense que pendant le briefing...
Mme Guilbault :Aux affaires municipales, c'est ça.
M. Grandmont : Oui, c'est ça,
affaires municipales. Bien, en tout cas, il va quand même falloir se reparler
pour s'assurer... Parce qu'à tout le temps pelleter à l'autre, à un moment
donné, on finit par ne plus le faire. En tout cas, bref, on va quand même... on
va quand même avoir des... là-dessus. Oui, vous avez parlé du fédéral. J'ai
trouvé ça intéressant. J'aime ça le fédéral.
Mme Guilbault :Je n'en avais pas encore parlé aujourd'hui, je pense.
M. Grandmont : Bien non,
c'est ça. Il faut toujours, comme...
Mme Guilbault :J'attends une...
M. Grandmont : ...sonner la
cloche du fédéral...
Mme Guilbault :J'attends une question à la période de questions.
M. Grandmont : ...à tous les
jours, au moins une fois par jour.
Mme Guilbault :J'attends une question pour mon nouveau tableau puis je
n'en ai pas.
M. Grandmont : Bien, c'est
ça, justement, que je voulais vous proposer, Mme la ministre. Je voulais... Je
voulais vous proposer...
Mme Guilbault :Il faut que ce soit le bon sujet pour mon bon tableau.
M. Grandmont : Je voulais
vous proposer de faire un deux en un. Je voulais vous proposer de faire un deux
en un. Vous avez votre tableau, là, fétiche, là, celui que je vous avais trouvé
ici, justement, à votre place, puis que je vous avais ramené. C'est moi qui
l'avais...
Mme Guilbault :Bien, ce n'est pas le même...
M. Grandmont : Non, mais...
Mme Guilbault :...mais ils sont beaux eux autres aussi.
M. Grandmont : Non, mais
celui, là, que vous avez... Bien, vous avez changé les couleurs. On est passé
de gris à bleu. Bien, le tableau que vous sortez le plus souvent. Vous savez
lequel je parle.
Mme Guilbault :Bien, je ne l'ai pas lui, là.
M. Grandmont : Non, je sais,
je sais que vous ne l'avez pas, mais vous savez... auquel je réfère.
Mme Guilbault :Oui.
M. Grandmont : Je peux vous
le montrer. Je l'ai dans mes photos. Je l'ouvre plusieurs fois par jour.
Mme Guilbault :Non, non. Bien, c'est ça, tout le monde l'a, je pense. Le
député de Nelligan l'avait hier sur un papier.
M. Grandmont : Oui, c'est ça.
Bien, c'est parce que...
Mme Guilbault :Tout le monde le sait par cœur, je pense maintenant.
M. Grandmont : Bien, encore
une fois...
Mme Guilbault :Tout le monde sait que la CAQ a investi...
M. Grandmont : ...encore une
fois...
Mme Guilbault :...plus que n'importe qui.
M. Grandmont : Je vais quand
même le montrer au bénéfice des gens, parce qu'on est entre nous autres, mais
les gens...
Mme Guilbault :Vous voyez...
M. Grandmont : C'est
celui-là.
Mme Guilbault :Regarde comment il est fier de la CAQ.
M. Grandmont : Bien, c'est la
vieille version que j'ai. Vous voyez, il n'est pas un bleu, il est en gris, la
partie des gouvernements.
Mme Guilbault :Ah oui! O.K., c'est vrai. J'avais mis le bleu à la CAQ, au
gouvernement.
M. Grandmont : Exact. Bien,
c'est parce qu'il y a du rouge aussi dans la partie gouvernement, si on fait
des associations de couleurs, là. Parce que le gouvernement... la partie
gouvernement...
Mme Guilbault :Beaucoup sur deux années, là...
M. Grandmont : Bien, la
partie gouvernement... Tu sais, dans votre légende, là, il y a un «s», ça fait
que c'est les gouvernements. C'est ce qu'on comprend.
Mme Guilbault :Ah! je ne l'ai pas celui-là.
M. Grandmont : Ce que je
vous... Ce que j'allais vous suggérer, c'est que vous auriez pu mettre... vous
auriez pu mettre dans votre tableau vraiment les parts détaillées pour qu'on
comprenne mieux la part du fédéral notamment puis des municipalités évidemment
aussi, là.
Mme Guilbault :Non, mais les deux colonnes plus hautes, c'est parce que la
part du fédéral a été plus haute. C'est les années de la pandémie.
M. Grandmont : Oui.
Mme Guilbault :Puis ça, on l'a toujours dit, là. Ils ont mis de l'argent.
Ils ont un 800 quelques millions sur deux ans, puis, dès que ça a été fini, ça
n'a pas été long. Ah fini! Arrangez-vous.
M. Grandmont : Oui. Bien,
c'est ça. C'est qu'on passe de 51 % dans les années 2020 et 2021...
Mme Guilbault :Bien, on est quand même à 48.
M. Grandmont : Bien, c'est
les années pandémiques, puis, après ça, on revient à 43, 48.
Mme Guilbault :C'est ça. Bien là... en 2023, on était à 48 %. Puis,
avant nous, les libéraux, 30, 33, 36.
M. Grandmont : Ah non! C'est
plus... Il y a eu un 30, là, mais il y a eu du 36, 39 en 2018. En 2018,
c'était-tu vous ou c'était eux? C'était eux autres qui avaient budgété,
j'imagine. Oui, parce que l'élection est à l'automne.
Mme Guilbault :Bien, c'est nous qui avions budgété, mais nous, on est
arrivé à l'automne.
M. Grandmont : Non, c'était
eux autres. 2018, c'est eux autres qui l'ont budgété puis ils étaient à 39.
Après ça, ça a baissé à 35 en 2019 pour votre premier PQI.
Mme Guilbault :Bien, après ça, les sommes sont décaissées jusqu'au
31 mars, là, puis nos programmes...
M. Grandmont : Puis après ça,
ça a été la pandémie deux ans, puis là on est tombé à 51 %, puis après ça
43, 48. Puis là on comprend qu'on avait du résiduel pandémique, dans le fond,
qui a peut-être fait en sorte que ça a augmenté aussi. Puis il faut ajouter
là-dedans probablement des sommes qui sont dédiées à l'électrification aussi,
j'imagine.
Mme Guilbault :Bien, dans quel sens?
M. Grandmont : Bien, dans le
sens où le projet...
Mme Guilbault :Bien, c'est les programmes qui sont au transport collectif.
M. Grandmont : Oui, c'est ça,
mais il y a un programme d'électrification qui est au transport... qui est
dédié au transport collectif. J'imagine qu'il n'est pas comptabilisé juste à
l'environnement. Il doit apparaître au PQI pour les transports collectifs, les
garages, puis tout ça, là.
Mme Guilbault :Bien oui, mais c'est que, de façon générale, on a augmenté,
nous, la CAQ, les montants des programmes comme le PAUTC, qui est... qui est
redevenu le PADTC. PAUTC, c'est ça. Bien là, on a enlevé... C'est ça. Bien...
le fédéral, ça, par exemple, mais, tu sais, ils ne mettent pas beaucoup...
M. Grandmont : Ça, c'est
pour...
Mme Guilbault :...
M. Grandmont : Ça, c'était...
Mme Guilbault :
Le...
M. Grandmont : Le... ça,
c'était pour le financement des opérations. Non.
Mme Guilbault :Ça, c'est le programme d'aide gouvernementale au
développement du transport collectif.
M. Grandmont : Au
développement, donc c'est infrastructure. C'est ça.
Mme Guilbault :C'est tous les mêmes noms qui se ressemblent, là, mais
c'est plein de programmes, puis nous, on a augmenté les montants dans ces
programmes-là.
M. Grandmont : C'est ça.
Bien, il y avait quand même... en 2022-2023, il y avait un résiduel parce que
l'achalandage n'est pas revenu à ses niveaux pré pandémique. Donc, les sociétés
de transport ont demandé une aide pour compenser le manque à gagner par le
manque d'achalandage.
Mme Guilbault :Non, mais nous, là, on a mis énormément d'argent, là.
M. Grandmont : Oui, oui, oui.
Mme Guilbault :Tu sais, quand je suis arrivée, moi, c'est en 2022. On a
donné 400 millions. Ma première année au transport, là, un... Tu sais,
quand je suis arrivée au transport, là, on était en train de sortir de la... on
était sortis de la pandémie. Bien là, les sociétés de transport avaient gardé
l'habitude de dire : On a besoin d'argent d'extra. Bien, pendant la
pandémie, ça s'expliquait...
Mme Guilbault :...parce qu'il n'y avait plus de monde dans les autobus, on
était confinés chez nous. Mais là maintenant l'achalandage, il revient, mais
c'est comme s'il faudrait continuer de payer les déficits, alors que le trou
tarifaire n'existe plus. Oui, il existe encore pour certaines, mais il y en a
qui ont retrouvé leur achalandage. Il y en a même qui ont un achalandage plus
grand qu'avant la pandémie. Mais là il faudrait quand même assumer les déficits
des... Puis là on tombe dans un autre débat, là, mais, en tout cas, tu sais, on
en a souvent parlé, de ça : Est-ce que le gouvernement du Québec devrait
systématiquement éponger des déficits d'opération sur des sociétés de transport
qu'il ne contrôle pas, alors que le principe de l'aide pandémique était de
combler un trou tarifaire tout à fait compréhensible parce qu'il n'y avait plus
personne dans le transport, parce qu'ils étaient confinés chez eux? Là, ils
sont retournés dans le transport, ils paient à nouveau leurs cartes d'usager,
mais il faudrait quand même compenser un tarif qui est pourtant récupéré. Ça
fait que, là, le problème, il est ailleurs. Ce n'est plus une question de perte
tarifaire... encore là, oui, encore un peu pour certains qui sont peut-être à
85 %. Bon. Mais ce n'est pas ça, là, les montants qu'on nous demande, là.
Quand on nous demande 560 millions à l'ARTM, juste cette année, imaginez-vous,
imaginez-vous.
Alors, bref, 400 millions la première
année. Puis là j'ai... Puis là je suis arrivée en octobre. Ça fait que là j'ai
découvert ce psychodrame-là de fin d'année, là : Nous autres, nos budgets
arrivent, il faut absolument régler ça. Bon. On a donné 400 millions. Mais j'ai
dit : Là, l'année prochaine, ça va être la même chose. On a donné 265
millions l'année passée. Là, cette année, ils ont eu leur montant de bonne
heure, c'est juste que là je suis en train de clore mon... ma négo pour mon
deal global, parce qu'eux veulent de la prévisibilité, puis je les comprends,
puis nous autres aussi, ça nous arrange. Ça fait que là on est en train de
finaliser pour avoir notre cadre financier sur cinq ans et... et c'est ça.
Alors, encore une fois, on est au
rendez-vous. Et le principe même... Tu sais, non seulement nous, on a augmenté l'argent
dans les programmes réguliers, mais, en plus, là à chaque année, parce qu'il y
a eu une pandémie au début puis parce que, depuis la pandémie, ils sont restés
accrochés à cette idée-là d'aide systématique annuelle en surplus, on a
continué, nous, la CAQ, de donner un montant annuel supplémentaire, en plus des
programmes réguliers qui étaient déjà bonifiés. Alors, mathématiquement
parlant, ça n'a pas le choix de faire plus d'argent qu'avant... qu'avant la
CAQ. Vous comprenez? Les programmes ont été augmentés, et, en plus, on ajoute
systématiquement des centaines de millions à chaque année d'aide comme ça,
ponctuelle, pour boucler le budget. Donc, mathématiquement, ça ne peut pas
faire autrement qu'être plus élevé qu'avant. Ça ne peut pas être autrement.
M. Grandmont : Donc, je
comprends que, pour vous, là, il y a une séparation très nette à mettre sur la
question, là, des déficits puis des opérations entre la responsabilité des
villes puis des... du gouvernement.
Mme Guilbault :Dans quel sens?
M. Grandmont : Bien, c'est ce
que vous expliquez un peu, là, j'essaie juste de résumer un peu, là, mais vous
dites : À un moment donné, notre capacité de payer n'est pas infinie, et
il faut mettre... il faut mettre... il faut mettre une ligne à quelque part, on
la trace, puis il faut qu'elle soit claire.
Mme Guilbault :Bien, on la trace... C'est-à-dire qu'à nulle part il est
écrit que le gouvernement doit assumer des déficits. Si on applique la
politique de financement de l'ARTM de manière stricte, là, on ne devrait pas
payer autant qu'on paie, mais on le fait quand même. Alors, je ne sais pas s'il
y avait une insinuation d'intransigeance dans la ligne claire que le député
nous dit, mais, s'il y a un gouvernement qui a été conciliant, ouvert et
généreux, c'est bien le nôtre.
• (16 h 50) •
Maintenant, c'est vrai que la capacité de
payer n'est pas infinie. Puis le même citoyen qui paie des taxes à la ville de
Montréal, il en paie aussi au gouvernement du Québec, puis il en paie aussi au
gouvernement fédéral. Alors... Alors, tu sais, il faut trouver une solution à
ça, là, donc... Puis l'argent n'apparaît pas par magie. Puis là, effectivement,
on aura le... Tu sais, on... en tout cas, on va laisser les choses se dérouler.
Mais moi, j'aurais des choses à proposer pour le développement immobilier.
Voilà un bel exemple de nouvelle source de revenus potentiels, mais ça ne
réglera pas des déficits de 560 millions, tu sais.
En tout cas... Mais tout ça... Je ne veux
pas m'autofilibuster en parlant trop longtemps de d'autre chose, là. Puis, de
toute façon, on va avoir, là, cet automne, les audits, puis des choses, puis
plein d'autres belles occasions de parler de financement de transport
collectif. D'ailleurs, c'est le colloque de l'ATUQ cette semaine. Je ne sais
pas si mon collègue y va. Et alors c'est ça. Sans doute qu'ils vont parler de
ça.
Tu sais, c'est un même défi qu'on partage,
là, ça fait qu'il faut le relever ensemble. Ça ne peut pas être juste,
justement : Je te pitche ce problème-là, tu me le repitches. Ça ne peut
pas... Ça peut... Tu sais, ce n'est pas... ce n'est pas viable à long terme.
M. Grandmont : Non. Puis mon
objectif aujourd'hui, ce n'était pas de faire un débat sur la question de... du
financement des opérations puis des déficits structuraux qu'il y a dans le
transport collectif, mais je trouvais ça intéressant quand même de vous
entendre là-dessus, parce que vous... dans votre esprit, on dirait qu'il semble
qu'il faut qu'il y ait une limite à un moment donné qui est tracée, alors que,
si on revient au projet de loi, bien, on décide d'offrir une vision très large
de ce que potentiellement Mobilité Infra Québec peut faire, alors que les
sociétés de transport demandent, elles, de leur côté, que ce soit très clair.
Par exemple, le maintien d'actif, on ne veut pas...
M. Grandmont : ...que Mobilité
Infra Québec traite ou puisse réaliser des projets de maintien d'actif, puis
ça, ça ne semble pas recevoir votre bénédiction. Donc, il y a comme quelque
chose là-dedans que je trouve un peu paradoxal. Si les sociétés de transport
disent : Nous, on veut garder cette partie-là, cette chasse gardée, cette
partie-là de la réalisation de l'ensemble des opérations qui mènent à la
réalisation d'un bon service de transport collectif, bien, c'est ce que
demande... c'est exactement la même chose que pour vous, du côté des
opérations, c'est qu'on trace la ligne, qu'elle soit très claire, pour éviter
les ambiguïtés, éviter les tiraillements politiques aussi par la suite. Je pense
que, dans votre volonté, là... vous l'avez bien expliqué, dans votre volonté,
au niveau du financement, de ne pas se pitcher le problème et puis que ça...
puis trouver des solutions. Mais il y a aussi en quelque part tracer la ligne
de la responsabilité. Puis c'est un peu... Puis, comme je vous dis, je suis
ouvert à revoir le libellé, là, ça ne me dérange vraiment pas, mais et la STM
et l'ATUQ ont mentionné, de leur côté, qu'ils seraient intéressés à ce qu'on
trace cette ligne-là puis que certains des éléments ne puissent pas
éventuellement être couverts par Mobilité Infra Québec. Elles veulent le
garder. C'est juste ça.
Mme Guilbault :Oui. Bien, c'est parce que je trouve sa comparaison... Là,
je cherche, j'ai ma politique de financement ici, mais en tout cas, je ne
prendrai pas trop de temps, là, que je traîne toujours avec moi, entre autres
documents.
M. Grandmont : C'est
qu'est-ce que vous traînez toujours avec vous?
Mme Guilbault :Ça, c'est la politique de financement de l'ARTM, bien,
qu'il faut réviser, d'ailleurs, qu'on est en train de réviser.
M. Grandmont : Ah! je pensais
que c'était... je pensais que c'était la politique de Mobilité durable du
Québec que vous trainiez toujours avec vous.
Mme Guilbault :Bien, j'ai mon plan d'action en sécurité routière, j'ai mon
plan... j'ai une dizaine de documents que je traîne toujours avec moi. Puis
c'est ce que j'ai besoin pour vivre ma vie.
M. Grandmont : C'est parce
que j'ai hâte qu'on... qu'on aille toujours avec nous, c'est notre plan
d'action en mobilité durable. Ça se révise, là.
Mme Guilbault :Bien, j'ai plein de choses importantes sur lesquelles je
travaille. Bien, je suis allée au forum de mobilité... Ah non, c'était au vélo.
Mais je suis allée au Forum de mobilité durable aussi avec mon collègue
dernièrement.
Bref, je ne suis pas sûre que la
comparaison tienne, là. Parce que la ligne très claire dont il parle, que je te
tracerais dans les affaires de déficit, justement, elle n'est pas si claire que
ça. C'est ça que je lui explique depuis tantôt. Elle est devenue très poreuse
depuis la pandémie. Et, si on s'en tenait à dire : Il existe des
programmes de soutien, le PADTC, le PAUTC, le PAGDTC, la SOFIL, appliquez sur
les programmes, vous allez avoir votre part, puis ça va être ça, comme ça a
toujours été... comme ça a toujours été, ça, ce serait une ligne très claire.
Puis, après ça, arrangez-vous avec vos déficits, augmentez vos tarifs, coupez
vos services, arrangez-vous.
Or, ce que la CAQ a fait, c'est plutôt
l'inverse, dire : Regardez, nous, on ne peut pas prendre tous les déficits
systématiquement au complet, là, chacun a sa responsabilité là-dedans, mais
néanmoins, plutôt que de dire : Arrangez-vous avec vos troubles, on va en
prendre une partie de vos déficits, une partie importante, importante. L'année
passée, c'était 70 %, à peu près. Ça équivalait à peu près à 70 % du
déficit cumulé. On couvrait tout le conjoncturel, là, ce qui est la perte
tarifaire, qui est de moins en moins grand, parce que la perte tarifaire est de
moins en moins grande, parce que les gens sont retournés vivre leur vie. Et ça
fait qu'on tombe dans le conjoncturel, là. Le conjoncturel, c'est des déficits
d'exploitation, d'opérations et qui sont... dont les dépenses sont
principalement de la masse salariale, donc liées à des salaires qui sont plus
élevés dans les villes qu'au gouvernement et qui sont le fruit aussi de
renouvellement de conventions collectives sur lesquelles, évidemment, on n'est
pas impliqués dans les négociations. On n'a aucun contrôle. Autrement dit,
nous, au gouvernement, on paie nos gens moins cher qu'à la ville, puis en plus,
il faut financer les hausses salariales de la ville, si on résume, entre
autres.
Donc, peu importe l'angle sous lequel on
prend ça, ça n'a aucun sens de penser que le gouvernement peut assumer
systématiquement des déficits d'opération de sociétés qu'il ne contrôle pas.
Malgré tout, on a été plus qu'au rendez-vous. Donc, plutôt de dire la ligne
claire ou la ligne dure que mon collègue dit : Arrangez-vous avec vos
déficits, on a donné énormément d'argent, énormément d'argent. C'est pour ça
que le tableau qu'il aime tant, la colonne de la CAQ est si grande. C'est parce
qu'on a donné beaucoup d'argent. Puis là, en plus, on va ajouter de la
prévisibilité avec un cadre financier à long terme. Ça fait que ça va être
encore mieux. On n'aura même plus besoin, à chaque année, de se taper ça...
Parce qu'il peut en parler à ses amis élus, là, à Montréal, là, ou à Québec,
c'est... tu sais, tout le monde, là, a hâte d'avoir de la prévisibilité. Alors,
j'ai bien hâte que ça se conclue.
M. Grandmont : Avez-vous des
amis élus à Montréal, vous?
Mme Guilbault :Bien oui.
M. Grandmont : O.K., O.K.
Mme Guilbault :Moi, j'ai des amis partout.
M. Grandmont : Parfait.
Excellet. Non, c'est parce que vous en parlez comme si, moi, j'avais des amis
élus à Montréal. Puis on essaie de faire des associations...
Mme Guilbault :Bien, je tiens pour acquis que les élus de Montréal et de
Québec sont vos amis. Mais, encore là, c'est peut-être présomptueux.
M. Grandmont : Ah! le plus
possible, le plus possible.
Tantôt, vous avez dit que ce serait bon
d'avoir un acteur neutre. Je ne sais pas si vous vous souvenez, là. Vous avez
dit : MIQ, Mobilité Infra Québec va être un acteur neutre dans la
réalisation des projets de transport collectif et routier, évidemment, aussi,
là...
M. Grandmont : ...mais en
quoi Mobilité Infra Québec sera neutre plus que les acteurs qu'on a?
Mme Guilbault :Mais en quoi ils ne seraient pas neutres?
M. Grandmont : Non, mais plus
que... En fait, je vais compléter, mais plus que les acteurs qu'on a
actuellement.
Mais c'est qui les acteurs qu'on a actuellement?
On n'en a pas. C'est justement ça l'idée.
M. Grandmont : Mais non, mais
non, vous en avez...
Mme Guilbault :C'est la Caisse de dépôt.
M. Grandmont : Non, vous en
avez nommé plusieurs, là. Vous avez dit : Les sociétés de transport,
l'ARTM. Vous avez nommé ce que je pourrais résumer par certains lobbies, là,
des groupes. Puis après ça il y a les villes, évidemment, aussi. Là, vous
dites : MIQ... Mobilité Infra Québec va arriver puis va être un acteur
neutre dans le débat, puis ça, ça va faire du bien.
Mme Guilbault :Oui.
M. Grandmont : En quoi MIQ
est neutre?
Mme Guilbault :Mais c'est parce que c'est un acteur supra, ce n'est pas
son territoire à lui. Lui, là, il va avoir un rôle de coordination, puis
d'arbitrage, puis d'harmonie, de... Tu sais, ce n'est pas son territoire à lui.
Quand tu es par exemple la STM, tu n'es pas neutre dans la mesure où tu arrives
dans ce projet-là. Oui, tu veux le bien, puis tu veux que le projet fonctionne,
mais tu veux surtout t'assurer que, sur ton territoire, tu as ce que tu veux
puis que... Tu sais ce que je veux dire, mettons que, globalement, le
gouvernement dit : On a un budget de tant puis on prévoit tant de
stations. Mais là tu veux t'assurer que, selon toi, ce que tu évalues des
besoins de ta population sur ton bassin, dans... sur ton territoire, tu as tant
de stations. L'autre veut des stations aussi, il veut que ça se rendre à telle
place. Par exemple, je ne sais pas moi, tu es à Terrebonne, tu es à Repentigny,
tu es à Mascouche, moi, je voudrais que ça rentre chez nous. Non, moi je
voudrais que ça vienne chez nous. Alors, tout ça, là, il n'y a aucun des
acteurs individuellement concernés qui peut et qui doit jouer le rôle du
conciliateur ou du coordinateur... du coordonnateur global, puis ce n'est pas
son rôle, puis c'est normal, ce serait un conflit de loyauté. Lui, il faut
qu'il... il faut qu'il s'arrange pour... Il faut qu'il défende les intérêts de
ses citoyens puis qu'il s'occupe de son... C'est vraiment un enjeu de fougère,
cette affaire-là, là, sans vouloir utiliser à outrance cette expression-là,
mais on est en plein là-dedans. Tu as plein de gens qui ont chacun leur
fougère, qui ont été élus pour gérer une certaine fougère ou qui ont été nommés
pour gérer une certaine fougère à la tête d'une société de transport, puis là,
bien, tu leur demanderais tout à coup de travailler avec plein de monde qui ont
des fougères différentes, d'essayer de faire marcher un projet que, de toute
façon, ce n'est même pas ce monde-là qui paie, c'est le gouvernement au-dessus,
mais le gouvernement n'a aucun contrôle là-dessus. On tombe encore dans le même
principe de dire : C'est plein de monde ensemble, avec des intérêts pas
toujours convergents, avec... avec des fois même des intérêts divergents,
avec... avec, pas nécessairement les... tu sais comment je pourrais dire, pas
les bonnes compétences. Mais tu sais, c'est-tu à quelqu'un de Montréal d'aller
décider. Dans un projet, comment ça va se passer sur la couronne de Montréal?
Non, à juste titre, EXO, puis... Tu sais, tout ça n'est pas viable. Juste en
parler, je m'imagine ce que ça donnerait ce genre de situation là. Puis, comme
j'ai dit, on l'a connu dans le REM de l'Est, et pourtant on l'avait l'acteur
neutre. La Caisse de dépôt, ce n'est pas des élus ces gens-là, là. Tu sais, ils
n'ont pas de tiraillements politiques, justement ils sont nommés, ils ont leur
salaire, eux autres, ils veulent juste qu'un projet marche puis qu'il soit
rentable, puis malgré tout, ils ont été empêtrés dans tous ces
tiraillements-là. Alors, imaginez, si tu n'avais même pas eu la caisse, tu
avais juste eu un de ceux-là qui essaie de gérer les autres. Impossible.
Ça fait que... ça fait que si on veut des
vrais projets complexes puis, encore une fois, de transport collectif complexes
qui encore une fois est la mission de MIQ, il faut avoir cette entité-là,
neutre, parce que... je n'aime pas l'expression «au dessus», parce que ce n'est
pas dans un sens de supériorité, c'est dans un sens de supra, c'est dans le
sens de pas personnellement concerné par les intérêts particuliers d'un
territoire ou d'un autre, ou d'un élu ou d'un autre. Tu sais, c'est une
compétence territoriale élargie, donc il n'y a pas d'enjeu de territorialité
justement pour elle. L'enjeu, c'est qu'il faut que ça marche sur ce
territoire-là. J'ai déterminé que le besoin, il est là, je planifie un projet
sur ce territoire-là, indépendamment de changer de MRC ou changer de ville, ou
de changer de maire ou de mairesse, là, tu sais. Alors donc, c'est ça, c'est...
Plus j'en parle, plus je trouve ça emballant.
• (17 heures) •
Une voix : ...
Mme Guilbault :Mais ça, je l'ai dit tantôt, c'est ça. Puis ils ne font pas
l'exploitation, donc éventuellement tout ça va être... Mais tu sais... Donc...
donc, cette fougère-là de l'exploitation, vous voyez, ils ne se mêlent pas de
ça, là, chacun va reprendre ses affaires. Mais, c'est ça.
M. Grandmont : Mais MIQ, là,
prend des mandats que le gouvernement lui donne?
Mme Guilbault :...
M. Grandmont : Est-ce que
vous pensez que le gouvernement est neutre?
Mme Guilbault :Bien, il est neutre, oui, dans le sens où le gouvernement,
il veut un projet. Il identifie par exemple un besoin, il dit : moi, je
veux un projet depuis... Aïe! ça fait combien de fois que je le dis? L'Est de
Montréal, la couronne nord, ça prend un projet là-bas. Je ne m'en cache pas,
là, je l'ai... je ne sais pas combien de fois j'ai dit ça. Ça fait qu'après ça,
MIQ part, puis là en plus il y a du travail qui a déjà été fait. Tu sais, on a
ramassé ce que la Caisse avait fait à l'époque. Après ça, c'est allé dans le
comité ARTM, STM, ville de Montréal, ministère. Après ça, on a redemandé à
l'ARTM de repasser quand ils ont sorti le projet à 36 milliards, puis que
tout le monde a trouvé que c'était fou...
17 h (version non révisée)
Mme Guilbault :...puis ils ont refait un autre projet, là. Le dernier
tramway, c'est 18 milliards, je pense, 31 kilomètres ou 33 kilomètres?
En tout cas. Bon. Mais ça fait qu'ils vont partir de quelque chose qui a déjà
été fait, puis il y a quand même du travail qui a avancé, mais... Mais c'est
ça, tu sais, mais... Je ne me rappelle plus c'était quoi, la question, mais tu
sais, MIQ n'a pas de...
Une voix : ...le
gouvernement.
Mme Guilbault :Bien, c'est ça. Bien, oui, le gouvernement est neutre.
Parce que c'est... Nous, là, on n'a pas de considération territoriale, nous,
quand on traverse la rivière, là, pour aller de l'autre côté ou pour aller à
Repentigny, pour nous, tu sais, on n'est plus avec le même élu, on change de
maire ou de mairesse, on change de... Mais, nous, on veut juste que les
citoyens puissent se déplacer globalement sur un territoire donné parce qu'on
sait qu'ils ont besoin de se déplacer au, tu sais, au sein de ce territoire-là,
indépendamment des considérations territoriales, ou électorales, ou, tu sais,
nous, on veut que sur ce bassin-là, ce que ce bassin de gens là, sur ce
territoire-là, puisse se déplacer de cette façon-là.
M. Grandmont : Je suis d'accord
avec vous sur le rôle, disons, macro.
Mme Guilbault :Macro. C'est ça.
M. Grandmont : O.K. C'est l'expression
que j'utiliserais, là, mais c'est sur le fait que c'est neutre que j'ai plus de
difficulté. On peut prendre deux exemples tout près d'ici, le tramway et le
troisième lien, je veux dire, il y a quelque chose d'électoraliste puis de
politique dans l'air, je veux dire. C'en est deux bons exemples. Donc, est-ce
que le gouvernement est neutre?
Mme Guilbault :Mais selon le... Je ne comprends pas. Le député devrait
être content qu'on fasse un tramway. Il trouve ça électoraliste?
M. Grandmont : Mais je pose
la question.
Mme Guilbault :Il me donne l'exemple du tramway de Québec puis du
troisième lien. C'est deux projets nécessaires à Québec et fortement désirés
par les gens de Québec.
M. Grandmont : Mais est-ce
que c'est une décision neutre que de dire ça?
Mme Guilbault :Est-ce que c'est...
M. Grandmont : Est-ce que c'est
une décision neutre que de vouloir réaliser ces deux projets là?
Mme Guilbault :Bien, il y a une décision du gouvernement. Quand j'ai dit
que le gouvernement et MIQ sont neutres dans le sens où ils n'ont pas de...
Bien oui, effectivement, ils ont une mission de service public qui n'est pas
celle de la Caisse de dépôt... de la CDPQ Infra, ce que j'ai souvent expliqué.
Ça fait qu'on ne peut pas éternellement dépendre d'eux autres parce qu'eux
autres, ils ont d'autres considérations, ce qui fait que c'est compréhensible,
mais on est... Étant donné qu'on est macro, on n'a pas besoin... Et puis le
tramway, là... Bien, disons, le Plan CITÉ au complet, c'est un bon exemple, là.
Nous, on voit régionalement le mandat qu'on avait donné à la caisse, ici, dans
la CMQ. Tu sais, la ville de Québec s'occupe de la ville de Québec. Elle ne va
pas aller s'occuper de comment on va connecter ça à Lévis, puis comment on va
aménager les autobus à Lévis. Mais nous, oui, ça va être pris en compte dans le
projet, tout ça. C'est le même exemple que dans le Montréal métropolitain, puis
c'est le même... Là, après ça, tu sais, je parle des fois qu'il va y avoir
éventuellement une volonté, peut-être à Sherbrooke, d'avoir aussi... En
Outaouais, là, c'est moins... C'est moins métropolitain, là-bas, mais, tu sais,
encore là, Gatineau, si tu as, un jour, un projet qui partirait de Gatineau
puis qui va à Ottawa, ce n'est peut-être pas métropolitain au sens québécois,
mais c'est deux territoires, tu sais, c'est... C'est des choses compliquées,
là.
M. Grandmont : Ce que je veux
vous dire, c'est que, pour moi, la neutralité est toute relative, parce qu'en
quelque part, c'est tout le temps le gouvernement qui va décider, qui va donner
des mandats à Mobilité Infra Québec et qu'ultimement ils vont payer aussi.
Donc, en quelque part, il y a une certaine forme de neutralité sur l'échelle à
laquelle elle travaille, parce qu'on est au-dessus de certaines... de
certains... certains tiraillements qu'il peut y avoir, dû à son rôle macro, bien,
ça reste quand même un acteur qui va... qui ne sera pas entièrement neutre non
plus, parce qu'il y a du décisionnel là-dedans, parce qu'il y a des
orientations gouvernementales qui sont très claires. C'est le gouvernement qui
mandate Mobilité Infra Québec. Donc ça, c'est très clair pour moi, hein? Je ne
sais pas si ça l'est pour Mme la ministre aussi, là.
Mme Guilbault :Oui, mais, tu sais, le gouvernement, il est élu pour
gouverner aussi, là. Qu'un gouvernement prenne des décisions, je pense que personne
ne va se surprendre de ça, encore moins s'en insurger. En tout cas, j'espère.
Sinon, quant à ça, on ne nommera plus d'élus puis les sous-ministres vont gérer
le gouvernement, là, tu sais. Donc... Mais une fois que la décision est prise,
MIQ est neutre dans le sens où non seulement il a les compétences pour le
faire, mais il a le... C'est ça, il a le... la vision puis le pouvoir
extraterritorial, là, tu sais. Comment on a dit ça tantôt?
Une voix : ...
Mme Guilbault :Compétences territoriales élargies.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Bon. Ils ont débordé. Ils ont débordé les compétences des
sociétés de transport qui sont limitées à des considérations... à des
compétences territoriales parce qu'ils sont sur des territoires donnés puis...
Non pas parce qu'ils ne sont pas compétents. Parce que depuis l'exemple que j'ai...
le premier exemple que j'ai donné du REM de l'Est, qui tombe dans au moins deux
sociétés de transport. Plein d'élus, plein de monde, plein de parties prenantes,
plein de groupes, plein de ci, plein de ça, des citoyens à juste titre qu'on
veut...
Mme Guilbault :...venir s'exprimer là-dessus. Ça devient très, très, très
rapidement fastidieux, ces choses-là. Et ce n'est même pas... c'est ça, ce
n'est même pas possible. Ça ne devrait même pas être normal, par exemple, de
dire : La ville de Montréal, on lui demande de développer un projet dans
l'est de son île puis de s'arranger pour que ça aille se ramifier, puis
arrange-toi avec Exo, puis trouve une façon que ça marche dans le Nord.
Imaginez-vous comment c'est sûr que ça ne marcherait pas. Ça nous prend ça.
Puis ce n'est pas pour...
Puis là on tombe un peu quasiment dans la
remise en question du bien-fondé de MIQ. En tout cas, j'espère que je me trompe.
Parce que, si mon collègue de Taschereau ne pense toujours pas que c'est
nécessaire d'avoir une agence pour faire du transport collectif puis avoir des
projets qui dépassent des lignes d'autobus ou des petits projets sur un
territoire donné, parce que c'est toujours trop compliqué quand on sort de ça,
je ne sais pas ce que ça va lui prendre, là. Si c'est rendu que la CAQ doit
convaincre Québec solidaire qu'il faut faire plus de transport collectif
d'envergure au Québec, je pense, ça va nous prendre du vin québécois, avant
longtemps, de la carte du Parlementaire. Parce que, tantôt, on faisait cette
proposition-là. Pour le bien du vin québécois.
M. Grandmont : D'accord.
Bien, écoutez, je vous rassure, non, non, je veux dire, nous, ce qu'on veut,
c'est des outils pour être capables de développer plus de transport collectif,
mais encore faut-il que ces outils-là soient les plus efficaces possibles.
Puis, pour l'instant, comme je l'ai dit déjà, il y a des améliorations notables
à apporter, en tout cas, on pense, au projet de loi n° 61.
Quand je disais tantôt, le mandat de
Mobilité Infra Québec est trop large, c'est là où on risque d'avoir des
recoupements puis du tiraillement. Parce que les décisions sont prises par le
gouvernement, le mandat est confié par le gouvernement, il va donc s'ingérer
sur un territoire potentiellement, il va peut-être déployer des projets sur
lesquels il y aura de l'opposition. Puis son mandat aussi est très large.
Alors, c'est pour ça, moi, je... Je ne
sais pas combien de temps il me reste. Il me reste deux minutes. Tantôt, vous
avez répondu à mes... à une de mes questions en parlant de... c'est sûr qu'il y
aura toujours des projets, on va toujours être sur le territoire d'une ville
quand on va vouloir déployer un projet de transport collectif ou un projet de
transport routier complexe. Évidemment, le territoire est à peu près couvert
par des villes partout, à peu près, en tout cas, là où on a des besoins de
transport. Et c'est pour ça qu'il faut absolument que le mandat de Mobilité
Infra Québec soit clarifié parce que les villes veulent avoir le respect de
leurs compétences. Et, tu sais... En fait, est-ce que vous êtes capables de me
dire que Mobilité Infra Québec ne s'occupera jamais de maintien d'actifs?
Mme Guilbault :Mais non, mais les termes comme «toujours» et «jamais» ne
peuvent pas être utilisés dans le cadre d'une étude détaillée, surtout pas,
surtout...
M. Grandmont : Je ne pense
pas que c'est un propos non parlementaire.
Mme Guilbault :Non, pas dans ce sens-là, mais dans le sens que surtout de
la bouche, en tout cas, d'une ministre qui plaide continuellement la marge de
manœuvre. Donc, moi, je ne serai pas ici éternellement. Moi, ce que je dis,
c'est qu'à court terme ou en tout cas dans les deux ans qui me restent,
j'aimerais qu'on donne un mandat pour l'est de Montréal. Mais, un jour, ce ne
sera plus moi, le ministre. Ce sera peut-être le député de Taschereau, un jour.
Ça fait que, tu sais, alors, je ne sais pas, moi, ce qui va arriver dans
50 ans. Ce que je dis, c'est qu'on a besoin de ça. Qui que soit le
ministre des Transports du Québec, on a besoin de Mobilité Infra Québec. Ça
fait que ça prenne un jour un ministre des Transports qui le fasse, et moi, je
propose de le faire avec une mission qui soit large, suffisamment large pour
donner une marge de manœuvre, mais qui, surtout, permet à court terme de faire
du transport collectif complexe. Parce que, tel qu'abondamment illustré dans
notre conversation précédente, ça devient rapidement compliqué quand tu veux
faire un projet de transport collectif, au Québec, autre que des autobus.
• (17 h 10) •
M. Grandmont : Mais donc vous
ne vous engagez pas à rassurer la STM ou l'ATUQ sur des champs de compétence
pour lesquels ils veulent garder la mainmise?
Mme Guilbault :Bien, je l'ai dit tout à l'heure, notre intention n'est
aucunement de se substituer aux opérations des sociétés de transport. Mais là,
il me parle du maintien des actifs. L'entretien du métro, ça va se faire sur
des décennies, est-ce que... Je veux dire, je ne sais pas, moi, si, dans
40 ans, peut-être que le gouvernement va faire du maintien d'actifs, tu
sais.
C'est des questions... Des fois, on nous
pose des questions en essayant d'obtenir une réponse pour dire : La
ministre a dit ça. Mais ça... En tout cas, je le dis en tout respect, là, pour
moi, ça n'a pas de pertinence, ce genre de questions là. Parce que c'est des...
c'est des choses un peu comme... c'est tellement du long terme, ces
affaires-là. Tu tombes quasiment, tu sais, dans des notions mathématiques.
C'est quasiment... Ce n'est même pas une durée finie, là, tu sais. C'est comme,
un jour, dans la vie. Ça me fait penser à l'UMPP avant qu'on réforme
l'expropriation, tu sais. Tu calculais ça un peu, genre, un jour, il pourrait
peut-être se passer ça avec mon...
Mme Guilbault :...immeuble, ça fait que là, dans ce cas-là, puis, si j'ai
telle, telle, telle circonstance, tout ça imaginaire, là, ça vaudrait tant que,
ça fait que je me base là-dessus. C'est des choses qui, pour moi... Puis ce
n'est pas pour rien qu'on l'a encadré, d'ailleurs, dans la réforme
d'expropriation. On ne peut pas présumer de décennies à venir. Ce qu'on peut
faire, par contre, et ce que moi, je me propose de faire, c'est de donner la
marge de manœuvre d'une manière intelligente, je ne pense pas qu'on peut dire
que ce n'est pas intelligent, le libellé de la mission actuellement, là, puis
ensuite de ça, moi, mon objectif, c'est de faire du transport collectif
d'envergure et... complexe, puis on a besoin d'un projet dans l'est. C'est
tout. Puis on va le faire dans le respect des compétences puis des capacités
des sociétés de transport qui sont déjà là.
M. Grandmont : Bien, écoutez,
moi, j'aimais mieux l'approche du...
Mme Guilbault :Qui sont toutes en faveur, en passant, du... de MIQ.
M. Grandmont : Avec des
conditionnels, évidemment. J'aimais mieux l'approche du député de Masson, qui
avait, grâce à son amendement, amené une notion de collaboration avec les municipalités.
Les municipalités vous demandent de venir un peu mieux cadrer.
Vous savez, la ministre dit qu'elle trouve
incohérent... manque de pertinence la discussion... en fait, de la façon dont
je l'apporte. Je trouve ça un petit peu... un petit peu insultant, mais, bon,
je passerai. Mais, moi, ce que je pourrais dire, c'est que je ne vois pas la
cohérence entre les intentions affichées de la ministre et le résultat, ce qui
est écrit dans le projet de loi. Puis on l'a d'un côté sur la notion de transport
collectif versus transport routier, elle insiste toujours pour dire «transport
collectif complexe». Or, ce que la loi dit, c'est qu'elle pourra faire du
collectif et du routier ou toute autre chose, là, qu'on n'a pas encore
imaginée, puis la même chose aussi pour le travail avec, par exemple, le
maintien des actifs. La ministre dit : Ce n'est pas mon intention que
Mobilité Infra Québec fasse du maintien d'actif. En même temps, elle refuse mon
amendement, qui viendrait statuer et tracer la ligne. À un moment donné, je ne
sais pas, il y a cet aspect-là, là, de cohérence que je trouve non fonctionnel,
en quelque part. C'est comme si on fait de la com, puis après ça, il y a le
projet de loi, puis c'est deux choses qui ne se parlent pas.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Il vous reste 20 secondes.
M. Grandmont : Je pense que
j'ai conclu.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
Merci. Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement de... du député de
Taschereau? Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oui. J'essaie,
moi aussi, de comprendre la résistance de la ministre à circonscrire le rôle de
l'agence, parce que je l'ai entendue dire tout à l'heure : On ne va pas
s'occuper de la billetterie, ou de la billettique, ou de la gestion de parcs.
Bien, à ce moment-là, quel est l'enjeu, quel est le problème à l'exclure
d'emblée?
Je conçois qu'on peut donner une marge de
manœuvre à l'exécutif, mais le pendant de ça, c'est d'essayer de préciser à
quoi sert l'agence et à quoi sert le projet de loi que l'on est en train
d'élaborer. Et j'ai entendu la ministre dire : Tu sais, pour moi, ça n'a
pas de pertinence, mais je pense qu'il faut élargir la réflexion au-delà de ce
que la ministre peut penser qui est pertinent ou pas. On a entendu, dans les
consultations particulières, qu'il fallait que, l'agence, son rôle soit
circonscrit, soit distinct de ce qui existe déjà, éviter les chevauchements,
éviter les empiétements. Et c'est exactement ce à quoi doit servir la précision
que vient apporter mon collègue député de Taschereau.
Est-ce que... Si on n'exclut pas un
certain nombre d'éléments qui sont nommés, évidemment, la question qui peut se
poser, c'est qu'on n'exclut pas le fait d'embarquer là-dedans éventuellement.
C'est... C'est essentiellement la question qui est posée. Et, si oui, dans quel
but?
Je comprends qu'il y a un élément de
financement. Il y a comme cette espèce d'approche qui dit que, bon, le
gouvernement du Québec contribue à la réalisation d'un certain nombre de
projets, dans l'agrandissement ou la construction de garages, l'électrification
notamment. Ça va de soi que le gouvernement du Québec va contribuer puis ce
n'est pas exceptionnel...
M. Arseneau : ...dans le cadre
du gouvernement... l'exercice du pouvoir par le gouvernement actuel.
Ça a toujours été le cas, que le
gouvernement a des programmes de financement à travers ses missions de soutenir
différents partenaires, il y a des programmes aussi de financement dans les
infrastructures municipales, par exemple, mais les rôles sont assez bien
circonscrits entre le ministère des Affaires municipales et les municipalités
elles-mêmes. Et le ministère des Affaires municipales n'a pas aucune velléité,
malgré le fait qu'il peut soutenir des projets d'infrastructure, à hauteur de
50 %, 75 %, 80 %, 90 % parfois, dans l'assainissement des
eaux... aucune velléité de faire le job pour les municipalités ou prendre la
place des municipalités ou les mettre en tutelle, alors pourquoi est-ce que ce
serait différent en matière de transport collectif? Si la ministre et le
gouvernement se reconnaît une responsabilité, j'ose espérer que c'est le cas,
responsabilité en matière de mise en place de systèmes de mobilité efficients,
efficaces et qui répondent aux besoins des citoyens et qui soient le plus...
évidemment qu'on... qu'ils soient le plus rentable possible, socialement,
environnementalement et économiquement, pourquoi est-ce qu'on devrait
nécessairement ouvrir la porte à ce qu'il y ait une certaine ingérence, je
dirais, dans les responsabilités qui appartiennent d'emblée, qui sont reconnues
par le gouvernement comme étant des compétences dévolues aux sociétés de
transport ou aux municipalités?
C'est... C'est... Moi, ce que j'ai retenu
des consultations particulières, c'était de dire : Chacun doit assumer ses
responsabilités, et c'est ce que l'on souhaite faire, et que le mégabureau de
projets, qui est... qui porte le nom de Mobilité Infra Québec, bien, qu'il
fasse ce qu'on n'est pas capables de faire et ce qui ne rentre pas dans nos
responsabilités, mais pour ce qui est de celles qu'on assume avec compétence,
même si le gouvernement du Québec peut être appelé à contribuer sur le plan
financier, bien, qu'on nous le laisse faire parce qu'on le fait déjà très bien.
Et pourquoi ouvrir cette porte-là, à ce
que le gouvernement le fasse à la place... ou l'agence gouvernementale le fasse
à la place des sociétés de transport? Bien, la question demeure entière, et
puis je ne pense pas qu'on y réponde de façon frontale. Si on n'exclut pas,
dans la proposition qui est faite, ces projets-là, ma question à la ministre,
c'est : Est-ce que vous n'excluez pas le fait que l'agence le fasse?
La Présidente (Mme Maccarone) :
Mme la ministre.
M. Arseneau : Est-ce que vous
pouvez envisager que l'agence prenne la responsabilité des sociétés de
transport en matière d'agrandissement de garages? Est-ce que c'est ce que vous
voulez vous réserver, à vous, aux gouvernements qui viendront, la possibilité
de faire les garages pour les sociétés de transport? Parce que le gouvernement
du Québec en assume une partie du financement, partie importante. Est-ce que
c'est ça que ça veut dire?
• (17 h 20) •
Non, mais je pense que c'est important de
dire ça. Vous n'êtes pas obligés. Le gouvernement du Québec n'est pas obligé de
financer tout ce qu'on lui demande de financer. À preuve, il refuse la majorité
des projets d'infrastructure, par exemple dans le milieu hospitalier, où on
refuse d'inscrire, même si on s'y est engagés, des projets au PQI pour des
rénovations d'hôpitaux comme à Maria ou comme au Centre-du-Québec ou comme en
Abitibi. Alors là, c'est comme si vous aviez les pieds et les mains liés parce
que les sociétés de transport ont besoin d'agrandir un garage, puis on n'a pas
le choix de dire oui, ça fait qu'on va se garder la possibilité de prendre le
contrôle du projet. Est-ce que... Est-ce que c'est ça que ça veut dire?
Mme Guilbault :Bien, un... Bien oui, un garage peut être complexe pour un
ou pas pour l'autre, là. Mais même la... parce qu'on se rappelle que c'est des
projets complexes, donc il faut voir aussi quel genre de garage. Évidemment
qu'un garage dans une certaine ville ne sera peut-être pas comme un garage dans
une autre ville. Mais il me dit : Vous n'êtes pas obligés de les faire,
les garages. Bien, je l'invite... je ne sais pas s'il rencontre les sociétés de
transport de temps en temps, mais je l'invite à aller leur dire ça, aux
sociétés de transport : Vous n'êtes pas obligés de faire les garages, le
gouvernement ne devrait pas être obligé de faire vos garages, puis il reviendra
me dire la réponse qu'il a reçue. Tu sais, c'est sûr que c'est facile à dire en
principe, sauf que c'est comme de dire : J'ai juste à ne pas les payer,
les déficits des sociétés de transport. On voit ce que ça donne.
Puis le même député qui vient de dire ça,
si jamais je disais : Bien, le PQ me suggère de ne plus payer les garages,
si ça ne me tente pas, si je manque d'argent, après...
Mme Guilbault :...il serait le premier à se lever pour dire : Ça n'a
pas de bon sens qu'elle ne paie plus les garages. Mais vous voyez, ça, c'est le
genre d'univers dans lequel on évolue. Mais passons là-dessus. Donc, oui, les
garages coûtent une fortune, une fortune. Alors... Puis là, que ce soit sur les
garages, le maintien du métro et le reste, n'importe quel exemple de projet
d'infrastructure qui pourrait potentiellement être complexe qu'on va me
présenter en disant : Est-ce qu'elle s'engage à faire ça un jour? Est-ce
qu'elle va le faire avant 2027? Toute cette ligne de questions là, je vais
répondre la même chose. Moi, à court terme, en deux ans, considérant le temps
que les choses prennent, je ne prévois pas, en ce moment à la fois la création
de MIQ, à la mise en place de MIQ, je ne prévois pas lui confier un garage. En
ce moment, là, ce n'est pas dans mon intention. Mais qu'est-ce qui peut arriver
dans la vie? C'est pour ça qu'il faut prévoir des marges de manœuvre. Tu sais,
le Parti québécois a déjà été au gouvernement. Eux, ils devraient comprendre
ça, là, les marges de manœuvre. Tu sais, on ne sait pas ce qui peut arriver. Il
faut se donner les pouvoirs généraux d'agir. Il faut donner des pouvoirs
généraux aux ministres. Souvent, on va mettre dans des lois, des pouvoirs, des
directives, des pouvoirs. Tu sais, c'est général pour que les ministres, les
ministères, les gouvernements puissent agir quand c'est le temps sans être
toujours en train d'aller modifier une loi pour un oui ou pour un non. C'est ça
le concept, projets de transport complexes. Mais le but, non, ce n'est pas de
faire un deuxième ministère des Transports déguisé en agence, puis non, ce
n'est pas de devenir une société de transport déguisée en agence. Ça ne
m'intéresse pas de faire de la billettique. Pensez-vous que j'ai envie de gérer
des billets d'autobus? Tu sais, puis on me met ça dans un amendement. Alors,
faut revenir à la base, là. On crée une nouvelle équipe pour faire ce qu'on
n'est pas actuellement capable de faire. Mais moi, n'étant pas... puis c'est drôle,
sur chaque projet de loi, je finis par sortir ce mot-là, la preuve qu'on
m'amène toujours dans les mêmes angles, je ne suis pas devineresse, le féminin
de devin. Je ne suis pas devineresse et je ne sais pas ce qui va arriver. Moi,
j'en ai encore pour deux ans peut-être, peut-être moins. J'espère que deux ans.
Et donc après ça, tu sais, je ne le sais pas ce qui va arriver. Ça fait que, tu
sais, je ne me considère pas moi, tu sais, le début et la fin de tout ce qui se
passe avec cette loi-là, là. Moi, je ne suis que le début, et les gens après
moi vont s'administrer avec cette loi-là. Et si, dans cinq ans, dans
10 ans, dans 22 ans, il y a des nouveaux besoins qui sont apparus,
les choses ont évolué, bien, le ministre de l'époque, puis le gouvernement qui aura
été élu pour gouverner, il va prendre ses décisions puis, s'il veut modifier la
loi, il le fera. Mais pour l'instant, moi, je pense que c'est sain de faire ça
comme ça.
M. Arseneau : Je voudrais
juste revenir, Mme la Présidente... Mme la Présidente, je voudrais revenir sur
la question des... du financement des infrastructures. Ce que j'ai dit, là,
puis je pense qu'on peut en convenir, le financement par le gouvernement du
Québec de projets d'infrastructures, il répond à un certain nombre de critères
que se donne le gouvernement, et le gouvernement n'est jamais contraint
d'accepter une demande de financement de quelque organisme que ce soit. Il juge
de la pertinence et il l'inscrit ces projets-là. C'est ce que j'ai dit tout à
l'heure. Je n'ai pas dit d'aucune façon, ce que la ministre essaie de me faire
dire, c'est qu'on ne refuse aucun projet. Ce n'est pas ça du tout ce que j'ai
dit, c'est exactement l'inverse. En fait, ce que j'ai dit, c'est que ce n'est
pas parce que le gouvernement du Québec finance la mise en œuvre de certains
projets, des projets d'infrastructure, notamment à travers différents
ministères, qu'il doit prendre le contrôle de tous les chantiers. Il doit
respecter... Exactement. Donc, la ministre me fait signe que ça va de soi
alors.
Mme Guilbault :Projets complexes seulement.
M. Arseneau : Mais l'argument
qui semble servir à la ministre pour dire on n'exclura rien, elle l'a fait
valoir tout à l'heure, c'est parce que, dans certains cas, elle a nommé les garages,
on peut aller jusqu'à 80 % du financement, mais on peut aller à 80 %
de financement pour un garage, et laisser la société de transport qui est
compétente pour le construire, le faire avec évidemment un certain nombre de
critères d'imputabilité, de reddition de comptes. Et c'est comme ça
habituellement que le gouvernement gère ses affaires tout en laissant les
sociétés de transport gérer les siennes, en collaboration avec un financement
qui peut être collaboratif, différents paliers de gouvernement. Et je ne vois
pas où est le problème à exclure, du projet de loi actuel, les compétences
qu'on reconnaît déjà à des sociétés de transport...
M. Arseneau : ...transport.
Et l'élément que je voulais amener, c'est sur la partie divinatoire. Personne ne
peut prévoir ce qui va se passer dans l'avenir à moyen et long terme, mais il y
a quand même une certaine prévisibilité. Je pense que le gouvernement essaie de
se donner dans différents projets de loi, différents secteurs, et c'est
également la même chose pour les sociétés de transport. Et là, ce qu'on vient
créer, c'est une espèce d'incertitude à savoir si dans l'avenir, sans pouvoir
deviner l'avenir : Est-ce qu'on aura la capacité de réaliser les projets
pour lesquels on a des compétences? Puis on a des projets parce qu'il y a une
agence qui pourrait potentiellement venir faire le travail à notre place. Bien,
ça, ça veut dire quoi pour nos équipes, ça veut dire quoi pour notre
planification de travaux, et ainsi de suite, s'il y a l'agence qui n'a pas ce
rôle-là mais pourrait se l'octroyer ou se le voir octroyer par le gouvernement.
Donc, il y a, à travers le refus d'exclure
des compétences qui sont déjà dévolues aux sociétés de transport, un facteur
d'incertitude qui me semble inutile pour avancer et faire des projets de
transport collectif, comme ce à quoi doit servir l'agence de façon prioritaire.
Non?
Mme Guilbault :J'ai-tu le temps de répondre? Oui. Bien là, premièrement,
là, les garages, là, ça commençait encore par les garages, puis il me dit :
Là, il nous parle des garages. Moi, je parle des garages uniquement parce que
c'est dans le texte de l'amendement du député de Taschereau, là. Je n'ai pas...
Parce que je l'ai dit tantôt : Moi, en ce moment, dans ma tête, je n'ai
pas dans l'idée de confier un garage à MIQ, là, là, aujourd'hui, là.
Maintenant, qu'est-ce qui va arriver dans... qu'est-ce qui va arriver même dans
les deux prochaines années? Moi, je ne le sais pas. Imaginons, je ne sais pas,
moi, là. Si on veut tomber là-dedans, dans le divinatoire... J'aime ça parce
que ça me fait penser au grimoire, désormais célèbre, feu le grimoire. Tu sais,
imaginons, je ne sais pas moi, un désastre ou je ne sais pas. Imaginons qu'une
société de transport elle-même dise : Je suis tannée de m'occuper de ça,
justement, ça coûte cher. Je suis tannée de revenir demander de l'argent. C'est
long, puis, tu sais, c'est compliqué pour rien. De toute façon, c'est déjà le
gouvernement qui paie. Ça fait qu'au lieu de m'obstiner avec le gouvernement
pour aller chercher de l'argent à chaque fois que j'ai des dépassements de
coûts, je vais y laisser s'en occuper. Tu sais, on peut le voir à l'inverse
aussi, peut-être qu'un jour des sociétés de transport vont voir des
opportunités. Quand MIQ, là... Tu sais, parce que là c'est tout nouveau puis
c'est très conceptuel, mais quand ça va arriver dans la vraie vie, puis qu'ils
vont travailler avec MIQ, puis la collaboration... Tu sais, il me dit... puis
là je fais le lien avec le facteur d'incertitude, puis tout ça. MIQ, là, c'est
un acteur qui va avoir besoin de travailler en collaboration avec les gens. Il
ne pourra pas tout seul dans son bureau dire : Toi, Untel, j'arrive là. Je
fais ça telle date, ça fait que tu peux venir à la réunion, si tu veux, mais
c'est déjà décidé, puis on s'en sacre pas mal de ce que tu en penses. Puis toi,
l'autre, on s'en va là puis... Ça ne pourra jamais fonctionner. Tout à l'heure,
je ne sais pas si le collègue a entendu, là, mais on a longuement parlé de
juste l'aspect gestion des parties prenantes, acceptabilité. Quand tu arrives
avec un projet qui est sur deux territoires, deux municipalités, deux maires,
des maires... tu sais, mettons, Montréal, des maires d'arrondissement, deux
sociétés de transport, des groupes à travers ça, des citoyens qui ont... à
juste titre veulent se faire entendre. Juste ça, là, c'est une grosse, grosse,
grosse quantité de travail. Tu n'es même pas dans la construction de
l'infrastructure, là. C'est juste la gestion de tout ça dans le cadre de la
planification.
• (17 h 30) •
Alors, pourquoi je disais ça donc? Bien,
c'est ça le facteur... Alors, il a besoin de développer des bonnes relations,
des relations fructueuses avec l'ensemble de ces partenaires-là. Puis, tu sais,
on... spontanément, on pense à certains territoires plus que d'autres au
Québec, là, tu sais. Je veux dire, je ne veux pas... Non, je ne prendrai pas
l'exemple des Îles-de-la-Madeleine, mais, tu sais, on ne fera pas un REM aux
Îles-de-la-Madeleine à court terme. Je pense que le député n'a pas non plus ça
dans son esprit, tu sais. Alors, c'est les centres urbains densifiés, tu
sais... Bien, il ne faut jamais dire jamais encore là. Je ne suis pas
devineresse. Bien, pour l'instant, en tout cas, ce n'est pas dans mes projets
d'ici deux ans. Je lui confirme ça. Tu sais, on pense à certains territoires
spontanément, là, où il va y avoir...
M. Arseneau : ...qu'on
l'inclut dans les exclusions.
Mme Guilbault :Les Îles... Bien non. Bien, regardez, on n'est mieux pas.
On ne sait jamais. Tout à coup que quelqu'un arrive après moi puis il veut
faire un REM aérien aux Îles-de-la-Madeleine avec la vue sur le fleuve. Bien,
tu sais, c'est ça, alors... puis dans ces territoires-là auxquels on pense
spontanément pour du transport collectif complexe, bien, c'est ça, il y a
beaucoup d'élus, il y a beaucoup de groupes, il y a beaucoup de parties
prenantes.
Donc, forcément que MIQ, les équipes vont
développer des relations de travail avec, à un moment donné, les mêmes gens qui
reviennent ou les mêmes instances, tu sais, là, un élu peut changer à la tête
d'une ville, bien, la municipalité. Alors, il n'est pas... puis souvent ça
revenait, tu sais. Nous, on veut s'assurer qu'on...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Guilbault :...on travaille en collaboration. C'est sûr que oui, parce
que MIQ a besoin d'être supra... ou macro, MIQ a besoin d'être macro, puis c'est
parce qu'on a fait un long exposé tout à l'heure sur tout ça, là, tu sais, a
besoin d'être l'acteur neutre, macro, qui va avoir une compétence territoriale
élargie, qui ne sera pas attaché à son territoire à lui, à ses électeurs à lui,
à son budget à lui ou, tu sais, à ses enjeux à lui, à sa propre fougère
seulement puis qu'on lui demanderait...
Une voix : ...
Mme Guilbault :...puis qu'on lui demanderait après ça de peut-être
envisager que ça se ramifie dans, tu sais, par exemple, l'est de Montréal puis
dire : On va aller sur la couronne nord. Là, c'est-tu à Montréal à s'occuper
de Repentigny, puis tout ça? Bien non. Mais là tu tombes rapidement dans de la
complexité. Tu as besoin d'une entité comme MIQ qui va être... qui va être
macro puis qui va être le coordonnateur de... puis l'arbitre de toutes... de
toutes ces... de toutes ces relations-là, tu sais, puis cette coordination-là
qu'il y a à faire pour que le projet fonctionne, puis la gestion des parties
prenantes, puis tout ça.
Donc, pour toutes ces raisons-là, il est
impensable que MIQ cultive des relations autoritaires ou péremptoires avec ces
partenaires-là puis il arrive à un moment donné puis il dit : Aïe!
Tassez-vous, la STM, je m'occupe de votre métro. Dans la vraie vie, là, dans le
test de la vraie vie, les choses ne peuvent pas fonctionner comme ça parce que,
sinon, c'est un échec. Après ça, à un moment donné, il faut que quelqu'un
décide aussi, puis surtout il y a quelqu'un qui paie.
Ça fait que c'est pour ça que je dis qu'il
faut laisser les coudées franches parce qu'à l'usage on va voir. Puis l'usage
va prendre plus que deux ans, là. Moi, je suis là encore juste deux ans, ça
fait que ça va être après moi, puis on pourra tous l'observer, je ne sais pas
où on va être, tous et chacun, dans 10 ans, mais on va observer ça vivre puis
prendre forme. Puis il ne faut pas exclure, là, qu'il y ait des opportunités
qui puissent être saisies, des... des façons de travailler ensemble qui vont se
développer puis que les sociétés de transport elles-mêmes pourraient un jour
vouloir en faire peut-être plus qu'ils pensaient avec MIQ, vouloir prendre...
utiliser l'expertise de MIQ puis peut-être éventuellement se débarrasser de
certains... Je dis ça, là, je ne suis pas en train de dire que ça va arriver.
Je dis que c'est un exemple de choses qui pourraient arriver dans le temps,
dans l'infinité du temps, puis qu'on n'est pas en mesure aujourd'hui de
prescrire ou de proscrire quoi que ce soit dans la loi, parce que je trouve que
ce serait inutilement limitatif, tu sais. C'est tout ça, la philosophie qui est
sous-jacente au... à la mission.
M. Arseneau : ...là où il y a
un enjeu, même si la ministre se défend bien d'être devineresse, elle
présuppose que MIQ va nécessairement, pendant toute sa vie utile, être en mode
collaboratif avec toutes les parties prenantes, dans tous les projets, sur tous
les enjeux, ce qui, si on regarde le passé récent et plus... et plus reculé, n'a
pas toujours été le cas dans les organisations... dans les sociétés d'État,
dans les... même dans le rôle du ministère des Transports. Et c'est
vraisemblablement précisément la raison pour laquelle le projet de loi prévoit,
par exemple, qu'à défaut d'une entente avec... entre les parties et avec le
gouvernement et avec l'agence, on peut imposer un certain nombre de décisions.
C'est donc dire que le pouvoir d'imposition de la décision par le gouvernement
ou par l'agence, le cas échéant, il est... il est déjà prévu. On s'attend à ce
que tout ça se fasse en mode collaboratif, mais il y a là-dedans, en tout
respect, un espoir qui relève peut-être un petit peu aussi, peut-être... parce
que ces projets-là, souvent, sont des projets complexes, sont aussi complexes
parce qu'il y a une notion financière, une notion de faisabilité technique,
technologique et opérationnelle, il y a une question d'acceptabilité sociale
aussi, qui fait qu'on peut avoir des litiges. Et c'est la raison pour laquelle,
à mon point de vue, selon ma compréhension, les sociétés de transport et les
municipalités également ont dit : Tentons de préciser les rôles et
responsabilités de chacun pour éviter les litiges, pour éviter les empiétements
puis les coups de force, éventuellement. Donc, si on sait quelles sont nos
responsabilités et qu'elles sont respectées par le gouvernement à travers la
création de son agence, on a davantage de chances d'éviter les conflits et l'imposition
de décisions qui seraient vraisemblablement négatives...
M. Arseneau : ...pour la suite
de l'évolution des projets. Alors, moi, je veux bien qu'on imagine que
l'agence, dans ses opérations, soit extrêmement ouverte et collaborative, elle
a un pouvoir décisionnel, en bout de ligne, qui va pouvoir être exercé et qui
sera vraisemblablement exercé à un moment donné, dans l'avenir, dans les
opérations, dans la réalisation des projets qui viendront. Alors, pour éviter
ces conflits-là, pour éviter qu'à chaque fois on ait à imposer une décision
puis qu'on... pour qu'on puisse maintenir de bonnes relations avec les
partenaires, pourquoi ne pas clarifier au mieux les responsabilités et
reconnaître les responsabilités dévolues à la société... aux sociétés de
transport? Parce que, je suppose... en fait, je soupçonne que l'agence en aura
déjà plein les bras, c'est un peu ce que la ministre nous dit aussi, avec les projets
qu'on imagine qu'elle... qu'on lui confiera au cours des prochaines... des
prochains mois ou des prochaines années, on a nommé l'est de Montréal, par
exemple. Alors, pourquoi ne pas simplement rassurer les sociétés de transport
en disant : Écoutez, à l'heure actuelle, on n'entrevoit pas d'aller dans
vos compétences?
Par contre, je trouve ça intéressant
d'ouvrir la possibilité à ce qu'une multiplicité d'instances, comme des agences
de transport, des sociétés de transport ou encore des villes, souhaite
l'intervention de mobilité... l'agence Mobilités Infra Québec pour coordonner,
pour rassembler un petit peu, là, les différents partis, et qu'elle agisse
justement de façon plus globale, de façon plus intégrée. Ça, ça peut être
intéressant. Et je trouve que là, il y a une idée qui est porteuse dans la
mesure où la demande provient des instances locales qui disent : Bien,
avec ce niveau de complexité ou avec les différentes conditions à réunir pour
que tout ça se fasse au-delà du territoire que chacun représente ou sur lequel
chacun a la responsabilité d'opérer, bien là, on va se tourner vers un bureau
de projet ou une agence qui, elle, peut prendre ça. Mais la différence est dans
le respect des compétences. Si on... Si les sociétés de transport ou les municipalités
veulent déléguer leurs compétences dans un contexte donné, ça, on peut le
prévoir dans le projet de loi, mais l'inverse, de bafouer les compétences selon
le gré de l'agence, ça, c'est un peu moins porteur.
Alors, moi, la question qui... que j'ai
pour la ministre, à ce stade-ci, c'est : Est-ce que... en n'excluant pas
de ne pas s'ingérer dans les compétences des sociétés de transport, est-ce
qu'on n'est pas en train de dire que les compétences de ces sociétés-là, bien,
on ne les laisse pas... on ne... on ne leur donne pas la garantie de les
respecter? Est-ce que... Est-ce qu'on s'engage à respecter les compétences, en
fait, des sociétés de transport en mettant sur pied une agence comme celle-là?
On le ferait, si on excluait ces activités-là, mais si on ne le fait pas, ça
veut dire qu'on n'exclut pas le fait de bafouer leurs compétences. C'est...
C'est ce qu'on dit essentiellement, dans un avenir imprévisible. Parce ...panne
de son... avec leur assentiment. On va le faire parce qu'on décide de le faire
par décret.
• (17 h 40) •
Mme Guilbault :Bien, premièrement, les sociétés de transport puis les
municipalités qui sont venues puis les unions municipales étaient toutes
favorables à MIQ, reconnaissaient toutes qu'il y avait un besoin que MIQ venait
combler en transport collectif.
Une voix : ...
Mme Guilbault :C'est ça. Après ça, il y avait une série de commentaires,
mais sur le fond, là, tu sais. Bien, c'est parce qu'il a dit : Elle va
imposer par décret sans leur... sans leur appui. Bien, en tout cas, peut-être,
j'ai mal compris, mais je voulais juste placer que ces gens-là appuient MIQ.
Maintenant, comme je l'ai dit plusieurs
fois cet après-midi, l'objectif n'est pas de se substituer aux sociétés de
transport. Je l'ai dit tantôt, même. Même, je pense, je l'ai dit au député des
Îles-de-la-Madeleine, je ne veux pas rafler, graduellement ou insidieusement,
les compétences ou les opérations des sociétés de transport. Mais c'est...
c'est sain...
Mme Guilbault :...d'avoir des libellés de missions fondatrices qui sont...
qui aménagent une marge de manœuvre à l'exécutif qui va devoir se gouverner
puis vivre sa vie au quotidien avec ces lois-là qu'on... qu'on fait ici?
M. Arseneau : Mais c'est là
où on a... on a... on a un petit différend. Si on ne veut pas justement rafler
les compétences, les responsabilités des sociétés de transport et des villes,
si on dit que ce n'est pas l'objectif, mais pourquoi ne pas le nommer, nous?
Pourquoi ne pas le dire? Pourquoi ne pas l'inscrire pour les rassurer, puis
justement stabiliser, là, leur rôle, puis leurs compétences, puis leurs
équipes, et tout ça en disant : Nous, ce qu'on va faire, c'est autre chose
de complémentaire à ce que vous faîtes déjà, puis on va le faire justement de
façon plus experte encore, parce qu'on va se concentrer là-dessus, plutôt
ouvrir la porte à ce qu'éventuellement, bien, on aille un peu rafler, comme
vous l'avez mentionné, ou s'inscrire ou s'ingérer dans ce que vous faites déjà?
Écoutez, si on ne veut pas le faire pourquoi on ne le dit pas?
Mme Guilbault :Mais les prescriptions... Mais les prescriptions peuvent
des fois être adéquates dans les lois. Mais les proscriptions, souvent, quant à
moi, sont inutilement limitatives-trices, limitatives. Et je donnais l'exemple
tout à l'heure, puis je trouve que c'est un bon exemple, en tout cas, ça me
semble, là. Dans plusieurs lois, il y a un pouvoir de directives, ou il y a des
pouvoirs au ministre, là. Tu sais, tu as différents libellés, là, mais le ministre
a le pouvoir d'ordonner telle chose ou de demander telle chose, tu sais, dans
des cas qui ne sont justement pas prévus explicitement parce que c'est... c'est
des... ou un pouvoir de directives. Quand j'étais ministre de la Sécurité
publique, le ministre, de la Sécurité publique avait un pouvoir de directives,
puis ça m'est arrivé de l'utiliser dans des situations où j'ai eu besoin... je
pense que c'était dans les fusillades ou je ne sais... je ne sais plus, là, ce
n'est peut-être pas ça. Mais ça m'est arrivé, moi, de l'utiliser, le pouvoir de
directive générale de la ministre pour une situation. Mais, si c'est moi qui
avais... si on avait fait la loi ici, ensemble, mettons, deux ans avant, je
n'aurais pas pu savoir que j'en ai besoin dans deux ans, parce que telle
situation est survenue, mais j'ai utilisé le pouvoir général de directive du
ministre. Pour moi, c'est similaire à ça. C'est des pouvoirs généraux qu'on
donne à des ministres. Là, ici, on les donne, parce que ça se veut justement
une agence qui, oui, relève du ministre, mais qui est indépendante.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Non, mais c'est ça, en adéquation avec des besoins, mais en
adaptation à des situations qui peuvent survenir puis qu'on ne peut pas
anticiper nécessairement longtemps d'avance. Parce que tout va vite, on le
sait, plein de choses se passent, puis, des fois, on a besoin d'agir ou de
réagir ou de prendre des décisions, des fois, on a besoin de faire des choses
qu'on n'aurait pas pensé devoir faire, des fois, des choses qu'on pensait
devoir faire, finalement, on ne les fait pas, puis ainsi va la vie. Alors, pour
moi, c'est un peu l'équivalent des pouvoirs généraux qu'on donne à des
ministres, dans plus d'une loi, là, et sûrement que j'en ai une dans ma loi sur
le transport, quelque chose comme ça?
Une voix : ...
Mme Guilbault :C'est ça. J'ai des pouvoirs exécutifs généraux, pouvoirs
spéciaux. Donc, tu sais, puis c'est fait comme ça. Puis ces choses-là existent.
Puis ce n'est pas pour en abuser, bien sûr. Parce qu'un ministre de la Sécurité
publique qui invoquerait son pouvoir de directive à tout bout de champ, à un
moment donné, ses corps policiers puis ses partenaires diraient : Là, tu
sais, tu sais-tu où tu t'en vas, là? À un moment donné, tu sais. Mais c'est
fait pour être adaptatif. Puis, pour moi, c'est la même chose.
M. Arseneau : Mais, si je
vous suis bien, la ministre a déjà ce pouvoir de composer avec des situations
qui pourraient être exceptionnelles et imprévisibles au moment où on en parle.
Ce qui fait que, même si on incluait cet amendement-là, que... avec son pouvoir
de directive, dans une situation particulière, le ministre pourrait y déroger.
Est-ce que c'est ça que je dois comprendre?
Mme Guilbault :Bien non. C'est ça. Ça ne fonctionne pas comme ça. Puis, de
toute façon, ce n'est pas... ce n'est pas le genre de pouvoir qu'on utilise
pour confier un mandat à une agence de transport collectif, là. C'est... La
raison pour laquelle on donne ces pouvoirs-là au ministre... La comparaison,
c'est que la raison pour laquelle on donne ces pouvoirs-là, c'est... c'est pour
pouvoir permettre au ministre une marge de manœuvre puisl une capacité d'agir
ou de réagir dans des circonstances qui n'étaient pas nécessairement prévues.
Donc, je transpose exactement ce même objectif là, d'avoir une marge de
manœuvre, de pouvoir agir ou réagir dans des circonstances pas prévues, puis de
pouvoir... de pouvoir, c'est ça, s'adapter à des situations, à des
circonstances qui n'étaient peut-être pas prévues. Et... Quoi?
Une voix : ...
Mme Guilbault :Dans le respect des compétences, oui. Mais je veux dire, on
ne sait pas ce qui va arriver en termes de projets d'infrastructure dans les
prochaines décennies. On sait, on a notre PQI en ce moment, là, 2024-2034, et
on sait que moi... on sait que nous, on voudrait avoir un projet dans l'est de
Montréal qui va...
Mme Guilbault :...sur la couronne nord. J'ai déjà parlé de la Rive-Sud de
Montréal qui va avoir besoin aussi. Tu sais, on tourne toujours autour des
mêmes affaires, là, mais, tu sais... Donc, c'est ça la raison pour laquelle on
crée Mobilité Infra Québec. Ce n'est pas pour aller gérer la billetterie qui
est déjà gérée par l'ARTM, ce n'est pas pour ça. Pensez-vous que je viendrais en
commission pendant des heures pour aller gérer des... Tu sais, je veux dire...
Puis là ça fait déjà quand même 2 heures qu'on parle de ça, là. Alors,
j'envisage qu'on commence... De toute façon, on achève, mais, tu sais, je
considère qu'à 18 heures, on va avoir fait le tour de ça, là. Puis là, tu
sais... Bien, je pense que peut-être mon collègue de Nelligan va avoir un autre
amendement, mais beaucoup moins substantiel, là. Ça fait que je ne sais pas...
Puis peut-être d'autres auront d'autres amendements, mais j'aurai toujours la
même réponse là-dessus sur la marge de manœuvre et la collaboration avec les
municipalités.
M. Arseneau : Bien, Mme la
Présidente, la ministre a dit d'entrée de jeu, je pense, tout à l'heure, là, à
mon collègue de Taschereau que son amendement était... C'est un
sous-amendement, ça, ou c'est un amendement? C'est un sous-amendement? Un
amendement. On s'y perd parfois. Donc, que l'amendement est à la fois trop
vague et trop précis, ou, en tout cas...
Mme Guilbault :Aléatoire.
M. Arseneau : «Aléatoire»,
c'est le mot que vous avez utilisé. Bien... Donc, l'idée, moi, que je retiens,
c'est peut-être que vous... on ne souhaite pas identifier des projets
opérationnels tels que l'agrandissement ou la construction d'un garage puis le
maintien des actifs. On a des éléments, une nomenclature qui pourrait être
incomplète ou qui pourrait être restrictive éventuellement dans des situations
pour lesquelles la ministre veut se garder une certaine marge de manœuvre.
Bien, à ce moment-là, est-ce qu'il y a une ouverture du côté de la ministre
pour indiquer que la réalisation de projets complexes de transport doit se
faire, puis on l'a suggéré tout à l'heure, là, on lui a soufflé à l'oreille,
dans le respect des compétences des sociétés de transport et des municipalités?
Mme Guilbault :Bien, qu'est-ce qu'on entend par là? Parce qu'on va
toucher... Tu sais, par exemple, si un jour on décide de faire un projet, puis
fort probablement que ça va arriver, qui touche le territoire de la ville de
Montréal, puis la ville de Montréal va être d'accord qu'on le fasse, là. Ils
aimeraient ça, eux autres, la, qu'enfin on «déclutch», si vous me passez
l'expression, sur le projet de l'est de Montréal. Bien, on a besoin d'un
porteur. Ils le réalisent ça. C'est pour ça que Mme Plante, qui est venue
en commission, en Teams, nous l'a dit : C'est une bonne chose. Donc là, on
aurait un projet dans la l'est de Montréal. Alors, à ce moment-là, on serait en
contravention des compétences de la STM théoriquement. Bien, tu sais, c'est ça
que je vous dis, Mme la Présidente : Quand on met quelque chose dans une
loi, il faut vivre avec dans toutes les circonstances. C'est beaucoup mieux de
faire l'inverse, de mettre ça général puis de s'adapter à chacune des
circonstances. Et en l'occurrence les projets vont être confiés par décret, et,
dans les décrets... puis c'est là que je dis que c'est... c'est impensable
qu'on impose... qu'on n'ait pas des décrets avec des projets qui sont
préalablement souhaités. Tu sais, souvent, je l'ai dit aux gens en
consultation. J'ai dit : Nous, on n'a... tu sais, on n'a pas assez
d'argent pour dire qu'on va vous imposer un projet chez vous, là. Quand on va
faire un projet, c'est parce que les partenaires, les municipalités, les citoyens,
les parties prenantes vont le vouloir, ça va être attaché dans le décret. Tu
sais, quand on va passer un décret au conseil des ministres, là... puis ça,
c'est nécessaire pour que MIQ fasse un projet. Donc, quand MIQ va faire un
projet, forcément, le décret va avoir passé au conseil des ministres. Et, quand
le décret va passer au conseil des ministres, forcément les partenaires
concernés vont avoir été convenablement, tu sais, consultés puis la
collaboration va être enchâssée dans le décret puis le partage aussi du
financement. Puis tout ça, là, ça va être dans le décret. Ça fait que le jour
où MIQ fait un projet, forcément, ça a déjà été tout attaché avec les parties
prenantes. Ça fait qu'il n'y a pas d'invasion ou de risque d'invasion ou... ce
n'est pas ça l'objectif de MIQ. Ce n'est pas ça l'objectif de MIQ. C'est de
combler un vide.
• (17 h 50) •
M. Arseneau : Moi, je pense
que cette vision-là a un aspect peut-être un peu, encore une fois, là,
optimiste, je vais dire ça comme ça, et il faut... et c'est ce qu'on a essayé
de faire, je dirais, baliser le rôle et la capacité de l'agence d'agir. Parce
qu'il y a déjà plusieurs partenaires, parties prenantes dans l'écosystème et...
qui se sentent et qui pourraient éventuellement se sentir bousculés. Et
lorsqu'on dit qu'on n'ira jamais faire un projet...
M. Arseneau : ...sur un
territoire sans attacher tous les partis... toutes les parties prenantes. Là,
c'est... c'est... c'est intéressant parce qu'on vient dire que, pour le
troisième lien, si Lévis était d'accord et que Québec s'y opposait, on ne le
ferait pas. C'est ce que je comprends.
La Présidente (Mme Maccarone) : ...est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement à l'article, tel qu'amendé?
Le 20 secondes? Non. Alors, voilà. Ça fait que, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui.
Bon, bien, allez-y.
M. Grandmont : C'est ça. Ce
que j'entends de la ministre, c'est que les intentions vont dans une direction.
Il y a un refus clair de l'inscrire dans son projet de loi. Quelque part, la
ministre dit : Après moi, le déluge, ce qui se passera après moi, ce n'est
pas grave, je n'en porterai pas le fardeau. «That's it.»
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, je vois qu'il n'y a pas d'autre intervention, alors nous allons passer à
la mise aux voix.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le député.
M. Derraji : Oui. Désolé. J'ai
eu l'occasion de suivre un peu les échanges via télévision, Mme la Présidente.
Une voix : ...
M. Derraji : Oui, bien,
voilà. La seule chose... Et c'est une excellente remarque de mon collègue. Je
vous le dis, moi, j'adore travailler avec les ingénieurs. Je vais vous dire ce
qu'il vient de dire. Il vient de dire que je faisais beaucoup de choses en
parallèle. C'est vrai. Chers collègues, la seule chose que... je ne peux pas
faire tout ici, donc j'étais en mode virtuel. Je vous suivais.
Et je suis avec grand intérêt les
interventions de mes deux collègues par rapport à l'amendement de mon collègue.
Moi, je pense que l'enjeu qui reste sur la table, c'est que... et ça revient à
ce qu'on disait tout à l'heure au niveau des projets entre le ministère du
Transport et la future agence. Et j'ai entendu Mme la ministre, tout à l'heure,
parler de la construction des garages. Mais, quand on rencontre l'ensemble des
sociétés de transport, Mme la Présidente, quand on leur parle au niveau des
opérations, l'agrandissement des garages, le maintien des actifs ou le
développement ou l'amélioration du système de transport intelligent, qui sont
au cœur, au cœur des opérations des sociétés de transport... Moi, je pense que
ça... Le collègue, pourquoi il ramenait cet enjeu, c'est... au-delà de le
ramener dans la définition de ce qu'il voulait faire au niveau des projets
complexes, mais je pense que ça mérite une clarification. Parce que les
sociétés de transport qui étaient là... Et je... ce qui me vient à l'esprit, c'est
la Société de transport de l'Outaouais. Société de transport de l'Outaouais,
eux, ils ont, avec leur bureau de projets... avec leur bureau de projets, ils
étaient capables... ils étaient capables, Mme la Présidente, d'aller de l'avant
avec un projet de tramway. Et, quand je regarde la mission principale,
«d'effectuer, dans une perspective de mobilité durable, lorsque le gouvernement
lui en confie la responsabilité, l'analyse d'opportunité, la planification ou
la réalisation de projets complexes de transport», c'est là où ce que... ce que
je lis entre les lignes, c'est exactement ce que la Société de transport de
l'Outaouais nous disait. Et je comprends, à un certain moment, la ministre
disait que, si une société de transport a déjà entamé quelque chose, ils
peuvent la continuer. Mais en précisant... en précisant ces informations, je
pense que ça va donner des arguments autres concernant la mission principale de
Mobilité Infra Québec. Je vous le dis, je sais que c'est dans une perspective
de mobilité durable et l'analyse d'opportunité, la planification ou la
réalisation de projets complexes de transport. Nous avons défini la complexité
des projets complexes tout à l'heure. Ça a pris quand même beaucoup de temps.
J'aurais aimé voir «projet complexe de transport collectif». Ce n'est pas le
cas. Mais, Mme la Présidente, le fait d'exclure ce genre d'opération, ça va
encore une fois aider à circonscrire d'une manière très claire... très, très
claire la mission principale de Mobilité Infra Québec.
Donc, moi, je vois d'un bon œil le fait de
dire que tout ce qui touche les projets opérationnels avec les activités des
sociétés transport, ils le font déjà. Et moi, j'ai eu l'occasion, Mme la
Présidente, depuis que j'ai eu l'immense plaisir d'être porte-parole en transport
et mobilité durable pour bientôt neuf mois depuis janvier, de faire le tour de
l'ensemble des sociétés de transport. La plupart, ils ont déjà des projets
opérationnels. La plupart, ils ont des projets de construction de garage.
Prenons juste le cas, l'exemple de la ville de...
M. Derraji : ...Québec. Tout
ce qui touche le développement ou l'amélioration de systèmes de transport
intelligents. Ils ont ça, Mme la Présidente. Je dirais même qu'il ne faut pas
qu'on tombe dans une surenchère des études, une surenchère de personnes qui
font presque la même chose. La société de transport, qui était plus directe
dans ce sens, ça a été la Société de transport de l'Outaouais. Eux, ils étaient
très clairs. Ils l'ont dit d'une manière assez directe. C'est ce qu'ils
voulaient. Ils voulaient continuer à faire ce qu'ils faisaient déjà. Et, eux,
le problème qui guettait un peu... et qui les empêchait de continuer, c'est le
financement. C'est le financement. Ce n'est pas le développement des projets.
Ce n'est pas le fait de ne pas avoir des idées par rapport à la construction de
garage en lien avec l'électrification du transport.
Donc, encore une fois, je pense que cet
amendement clarifie, encore une fois, la mission principale de la... de
Mobilité Infra Québec, qui, je tiens à le rappeler... que le gouvernement lui
donne la responsabilité d'analyser, de faire des analyses d'opportunité, de
planifier... la réalisation de projets complexes. Bien, l'exclusion de ces
projets, ça va juste nous... Je sais, c'est clair dans la tête de Mme la
ministre, ce qu'elle veut faire par Mobilité Infra Québec. Bien, si demain on a
quelqu'un qui aime ça faire du micro... je ne dirai pas microgestion. Oui,
c'est de la microgestion. ...va aller chercher dans chaque société de
transport : Là, je veux faire l'agrandissement du garage. Quelqu'un... On
ne sait pas, on ne peut pas prétendre... M. le ministre libéral, péquiste ou
solidaire, ça peut arriver, mais ce n'est pas exclu. Bien, au moins, au moins
dire aujourd'hui : Bien, écoutez, probablement mon collègue solidaire
demain ministre des Transports, il va s'intéresser à la construction des
garages. Bien, lui, au moins, il est clair. Il dit qu'il veut... il n'est pas
intéressé par la construction des garages.
Bien, encore une fois, moi, je pense que
ce libellé, Mme la Présidente de ce... de cet amendement, sous-amendement
plutôt de mon collègue, vient clarifier davantage la mission principale qu'on
veut tous donner à Mobilité Infra Québec. Donc, encore une fois, je pense que
c'est un sous-amendement intéressant qui va donner... bien, pas donner,
clarifier la mission principale de Mobilité Infra Québec. C'est très important.
Et les sociétés de transport, ils exercent déjà leurs fonctions. Rien qu'à Montréal,
Mme la Présidente, figurez-vous, on a la Société de transport de Montréal, on a
la Société de transport de Laval, on a la Société de transport de Longueuil et
on a l'ARTM. Est-ce qu'aujourd'hui, autour de la table, on veut que Mobilité
Infra Québec commence à faire autre chose que les trois sociétés Transport font
au niveau de la CMM, rajoute l'ARTM.
Donc, c'est là où c'est très important
avoir ce genre de débat. C'est enregistré. Je pense que... J'espère que demain
on ne sera pas obligés de refaire le débat, que Mobilité Infra Québec n'est pas
faite pour gérer l'agrandissement ou la construction de garages ou bien...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le député.
M. Derraji : Ah, O.K.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Compte tenu de l'heure, nous allons ajourner nos travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 heures)