Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 16 avril 2024
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Vol. 47 N° 51
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, volet Transition énergétique
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, volet Faune et Parcs
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10 h (version non révisée)
(Dix heures trente minutes)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de l'environnement
entreprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Transition énergétique des crédits budgétaires du
portefeuille Environnement et Lutte contre les changements climatiques, Faune
et Parcs pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe d'une heure a été
allouée à l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Derraji (Nelligan) est remplacé par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Grandmont (Taschereau), par Mme Zaga Mendez
(Verdun); et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin),
pardon, par M. Paradis (Jean-Talon).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la secrétaire. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par
blocs, incluant les questions et les réponses.
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Je vous rappelle que la longueur des réponses doit être généralement
proportionnelle à la longueur des questions. M. le député de Jacques-Cartier,
la parole est à vous pour 14 minutes 30 secondes.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, chers collègues. Bonjour, M. le ministre et votre
équipe. Je vais juste commencer avec un grand merci à vos... votre équipe, et
les fonctionnaires, et tout le monde autour de vous au sein de votre cabinet.
Je sais que l'exercice des crédits, c'est beaucoup, beaucoup de travail, c'est
beaucoup, beaucoup de préparation. Alors, moi, je trouve que c'est toujours un
exercice qui est très fondamental pour notre démocratie. Alors, juste un merci
pour commencer notre...
10 h 30 (version non révisée)
M. Kelley : ...discussion. Et
maintenant, je vais se lancer dans les questions. Après que j'ai regardé des
documents, puis j'ai réfléchi un petit peu, M. le ministre, j'ai eu une
question qui a sorti dans ma tête, qui est peut-être un petit peu simple, mais
est-ce que vous avez une idée c'est quoi, le coût exact pour la transition
énergétique pour le Québec, pour bien s'assurer qu'on fait ça comme il faut?
M. Charette : Bien, tout d'abord,
je salue les remerciements du collègue à l'égard des gens du ministère. C'est
vrai que c'est un exercice qui est fastidieux, combien nécessaire pour notre
démocratie, mais ça représente beaucoup, beaucoup de travail au sein des
différentes équipes du ministère. Donc, j'apprécie les remerciements, que je transmets
aussi à l'équipe. On peut s'estimer chanceux, peu importe la couleur du
gouvernement, de pouvoir compter, là, au ministère de l'Environnement, d'une
équipe aussi dédiée.
Sinon, au niveau de la transition
énergétique comme telle, la question, elle est très, très large, je ne sais pas
ce que le collègue entend. Naturellement, au niveau du PEV, PMO, on a plusieurs
programmes qui visent spécifiquement la transition énergétique, mais, en même
temps, il y a des mesures de transition énergétique qui se vivent dans d'autres
ministères aussi, notamment au côté, là, de mon collègue à l'Énergie. Donc, je
ne sais pas ce que... si le collègue veut préciser sa question. Est-ce que c'est
les investissements, dans le PMO, en transition énergétique ou de façon générale,
à travers l'ensemble des activités gouvernementales?
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Oui, je vais être un petit plus précis. C'est juste... C'est en lien,
un petit peu, avec le plan d'action d'Hydro-Québec qui a été déposé, puis eux autres
ont un chiffre d'environ 5 milliards de dollars des investissements qu'il
faut faire dans l'efficacité énergétique. Mais il y a un côté, dans le
document, qui précise que le gouvernement du Québec doit faire sa part aussi,
que tous les investissements ne peuvent pas être faits juste par Hydro-Québec.
Alors, moi, je pense... C'est quoi, le coût pour s'assurer que tous les
bâtiments du gouvernement sont plus efficaces, nos écoles, nos hôpitaux et,
quand même, d'aller un petit peu plus loin, des arénas? On a entendu la FMQ
pendant le dernier projet de loi, où on a discuté ensemble, avec eux autres,
que c'est un coût très élevé, pour eux autres, de faire les rénovations
nécessaires. Puis j'inclus les citoyens. Hydro-Québec a une cible qui est très
ambitieuse pour l'efficacité énergétique.
Alors, je vais aller... c'est sur le côté
efficacité énergétique, mais aussi pour la transition énergétique. Les deux
sont très, très liés. Alors, je veux savoir si vous avez, au sein de votre
ministère, une idée c'est quoi le coût, exactement, pour tout ça, et est-ce que
le Fonds vert peut couvrir toutes ces dépenses.
M. Charette : Alors, la
question est pertinente. Je suis content que le collègue fasse allusion aux
propres engagements d'Hydro-Québec. Comme je le mentionnais précédemment, il y
a le PEV, PMO, il y a le ministère de l'Économie, il y a Hydro-Québec, bref, il
y a plusieurs parties prenantes. Si on regarde uniquement la dernière mouture
du PMO, on était à 7,7 milliards de dollars au niveau de la
transition énergétique, et ça, c'est... On se souvient, le PEV nous amène jusqu'en
2030, donc pour ce qui est de la carboneutralité en 2050, c'est étape par
étape. Vous allez voir, dans les prochaines semaines, on va déposer la
quatrième mouture du plan de mise en œuvre, donc il y aura des ajustements de
faits. Donc, je ne peux pas vous mentionner à ce moment-ci, d'ici 2050, quels
sont les engagements financiers qui seront nécessaires, mais, actuellement, de
budgété, on était à 7,7 milliards de dollars, là, dans la
dernière mouture du plan de mise en œuvre.
M. Kelley : Merci. Alors, je
comprends, ça, c'est qu'est-ce qui est prévu, mais encore... on ne sait pas
encore, non plus, combien ça va coûter de tout faire ça. Et je sais qu'il y a
des programmes qui existent au sein de votre ministère aussi, le budget, le
Fonds vert, je peux penser, le Climatréno, des projets comme ça, mais encore,
je pense que ça va prendre un chiffre exact de combien ça va coûter, l'État,
pour être plus efficaces, pour s'assurer que la transition énergétique, c'est
un succès.
Mais je vais changer, M. le ministre, de
sujet, parce que le temps file déjà, alors je n'ai pas beaucoup de temps dans
le premier bloc des questions. C'est sur le programme Roulez vert. Vous avez
décidé d'arriver avec des changements significatifs à ce programme. On voit
présentement qu'il y a un ralentissement dans la production des autos
électriques. On voit des grosses productions, des autos comme Tesla, Ford puis
les autres, quand même, en Chine, ils commencent à produire moins des batteries
et quand même moins des autos électriques. Alors, est-ce que le moment est
propice, vraiment...
M. Kelley : ...réduire des
«incentives» pour les citoyens d'acheter des automobiles électriques, et je
sais que tous des gens qui sont très «enthusiastic» pour acheter un char
électrique, des gens qui veulent un, on a pas mal frappé le mur avec eux
autres. Tout le monde qui veut un char électrique qui peut payer pour un en a
acheté un, mais le prochain bloc, c'est les citoyens qui veulent acheter un,
mais ils sont en train présentement de faire un choix entre un char électrique
puis un char du gaz, puis l'option du gaz est peut être plus intéressante sans
certains «incentives» du gouvernement.
Alors, est-ce que vous pouvez expliquer...
nous pourquoi vous avez pris cette décision?
M. Charette : C'est une très,
très bonne question. Moi, ça fait cinq ans, essentiellement, que je suis dans
les mêmes fonctions et ça fait cinq ans que je mentionne et répète que ce n'est
pas un programme, là, qui est permanent.
Il y a quelques principes, par contre,
qu'il faut réitérer. L'annonce qui a été faite à travers le dernier budget ne
vise pas à économiser. Donc, ce n'est pas pour sauver des sous. Au contraire,
tout cet argent-là qui ne sera pas investi dans les prochaines années au niveau
des subventions le sera au niveau d'autres programmes en efficacité énergétique
ou, sinon, au niveau protection... en fait, diminution de nos GES, là. Donc, ce
n'est pas une mesure d'économie budgétaire, là, au contraire.
Autre élément à préciser, c'est sur trois
ans que cette transformation-là se fera. Donc, ce n'est pas du jour au
lendemain. On répète : pour l'année en cours on est à 7 000 $,
ensuite on passera à 4000 $, et ultimement 2000 $, et enfin à zéro. Et, même à
4000 $... À 7 000 $, on fait figure d'exception en Amérique du Nord. On
est de loin ceux qui finançons davantage l'achat, là, des véhicules
électriques. Même à 4 000 $, on sera parmi les plus généreux en Amérique du
Nord, et, dans l'intervalle, lorsqu'on sera à 2 000 $, où seront les
autres États qui actuellement financent ce type d'achat? C'est tout simplement
une variable qui est inconnue. Donc, c'est sur trois ans, avec des milliards
qui sont potentiellement en cause. Si éventuellement on avait maintenu ce
rythme-là de subventions... On le sait, il y a un certain nombre de véhicules
par année qui se vend, quelques centaines de milliers de véhicules qui se
vendent année après année. Si on devait donner 30 % à 40 %... pour 30 à
40 % de ces véhicules-là, 7 000 $ sur le long terme, c'est des
milliards, là, qui étaient en cause.
Donc, on préfère investir ces argents-là
sur des programmes avec des résultats encore plus probants. Mais je ferai noter
au collègue qu'au niveau de l'appui à la recharge, les engagements demeurent
entiers. On a annoncé quelque 500 millions l'automne dernier, c'est
maintenu. Les subventions pour les particuliers qui veulent installer une borne
de recharge à la maison, et même pour les entreprises, c'est entièrement
maintenu. Donc, c'est réellement le volet achat.
Et pourquoi on est arrivés à cette
décision-là? On regarde... On se souvient, au départ, le but était de couvrir
50 % de l'écart entre un véhicule électrique et son équivalent thermique,
et cet écart-là, dans certains cas, et dans plusieurs cas de modèles en
particulier, il s'est rétréci de façon naturelle. Et, si on regarde bon nombre
d'entreprises, là, qui évaluent le secteur, Bloomberg, entre autres, dans leurs
évaluations, ils arrivent à la conclusion, là, qu'en 2028-2029,
vraisemblablement, le modèle thermique sera au même prix que son équivalent
électrique. Donc, il n'y a pas lieu de financer l'achat d'un modèle au prix
comparable. Donc, ce sont toutes les variables qui ont fait en sorte qu'on est
arrivés avec cette décision-là.
• (10 h 40) •
Et au Québec, on a un réseau de recharges
qui est très développé, ce qui est un incitatif, et moi, je regarde les
chiffres du dernier trimestre de 2023, où on était à 23 % des ventes de
véhicules électriques. Je devine que nos chiffres en 2024 seront tout aussi
bons, sinon meilleurs. Donc, la tendance au Québec ne semble pas s'essouffler,
contrairement à d'autres États ou juridictions. Et ce qu'il faut noter aussi,
c'est que ces investissements-là au niveau de la recharge vont donner des
fruits, et ce sera encore plus visible pour les consommateurs. Donc, je n'ai
pas de crainte, honnêtement.
Puis l'argument ultime — et je
ne veux pas abuser, là, au niveau de mon temps de parole, c'est pour ça que je
regarde le président en même temps — c'est notre réglementation sur
les véhicules zéro émission. Il y a les subventions, mais il y a les
obligations des constructeurs de vendre un pourcentage déterminé qui va en
croissance au cours des prochaines années. Donc, s'ils n'arrivent pas à
atteindre ces cibles-là, ils auront des crédits importants à payer...
M. Charette : ...et ultimement
ça les invite et les incite à diminuer leurs prix. Donc, au final, le marché
québécois va devenir un marché encore très, très attrayant pour les prochaines
années...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Charette : ...pour les
véhicules électriques. Voilà, c'est l'indication que j'attendais.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Dans un autre
bloc des études de crédits, votre collègue le ministre de l'Énergie et de l'Économie
a dit que c'est possible que le gouvernement peut revoir le site des voitures
électriques si les autres technologies permettent le Québec de réduire le gaz à
effet de serre. Est-ce que vous êtes d'accord avec votre collègue, que c'est
possible que la cible pour les VUS... pour les voitures électriques peut
changer dans l'avenir?
M. Charette : Bien, on peut
certainement renforcer encore davantage notre réglementation au Québec. On est
parmi les premiers États dans le monde à avoir adopté une loi en bonne et due
forme sur la fin de la vente de véhicules thermiques, 2035. Ça, c'est une loi
qu'on a collectivement adoptée ensemble, et on peut s'en féliciter. Et, après
que nous, on l'ait fait, je me souviens que la Californie a adopté une loi semblable,
je me souviens que l'Union européenne a adopté une loi semblable aussi au
niveau 2035. Ce qui peut évoluer, c'est la réglementation. On l'a
renforcée depuis... depuis l'adoption de la loi des véhicules zéro émission.
D'ailleurs, je salue le Parti libéral. C'est le Parti libéral qui avait fait
adopter cette loi-là à l'époque. Mais on l'a sensiblement renforcée l'automne
dernier, notamment on a renforcé... on a ajouté des tours de roue importants.
Donc, ce qui est susceptible d'arriver, selon moi, c'est un renforcement de
cette réglementation-là d'ici 2035 si on voit que les... les... les
pourcentages n'augmentent pas suffisamment rapidement. Autrement, c'est
fondamental, l'électrification des transports, si on veut atteindre nos cibles,
compte tenu de la proportion de nos émissions, là, qui sont attribuables à ce
secteur-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Alors, c'est possible que des choses changent dans l'avenir ou...
quand même, je comprends que vous parlez des autres types de technologies, mais
on suit ça de près. Je trouve... je vais juste terminer avec ça. C'est vrai
avec... nous avons un réseau qui est bien organisé présentement pour recharger
votre auto, c'est meilleur que dans les autres juridictions, mais je trouve
aussi que l'installation d'une borne chez vous demeure très, très importante.
Et, quand même, je sais qu'il y a des dépenses qui va continuer d'aller dans ce
sens-là pour encourager les gens de l'acheter, une... un véhicule électrique,
mais on place... Juste d'investir dans un réseau partout entre... sur les
autoroutes... Je pense qu'il faut continuer de trouver des façons d'être très
généreux avec les subventions pour les bornes à la maison. Parce que ça, c'est
aussi une grosse partie de la bataille, c'est de s'assurer que les gens
puissent charger leur véhicule, mais pas juste ça. On sait qu'Hydro-Québec a
des plans de peut-être quand même utiliser l'énergie dans nos batteries pour aider
à gérer la pointe. Alors, M. le ministre, dans une minute, si vous avez des
réflexions là, sur ce point-là.
Le Président (M. Jacques) : En
40 secondes.
M. Charette : Le collègue a,
encore une fois, tout à fait le bon... la bonne lunette. On avait des articles
encore ces derniers jours sur ce que pourront assumer comme... comme rôle les
voitures au niveau d'électrification de nos maisons elles-mêmes. C'est une
technologie qui s'est beaucoup développée. Actuellement, c'est la maison, à travers
son système électrique, qui recharge la batterie de la voiture. Mais, à terme,
ça devient de plus en plus fréquent chez les constructeurs automobiles, la
batterie de la voiture va pouvoir aider à alimenter l'électrification de la
maison. Donc, ce sont des technologies qui évoluent rapidement et pour le
mieux.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme au premier bloc d'intervention de l'opposition
officielle. Je cède maintenant la parole au deuxième groupe d'opposition et à
Mme la porte-parole, Mme la députée de Verdun, pour une période de neuf minutes
40 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Je tiens à saluer M. le ministre et toute l'équipe présents à la
part du ministère. Lorsqu'on parle de transition énergétique, on parle bien sûr
de la filière batterie. Mes questions vont surtout porter là-dessus. Vous avez
dit dernièrement au sujet de Northvolt que vous avez des objectifs à atteindre
d'ici 2030 pour la décarbonation de l'économie et que ce projet-là, donc Northvolt,
va nous aider à atteindre, donc... à atteindre les objectifs. Donc, ma question
est simple : Est-ce que vous avez fait une évaluation de combien de gaz à
effet... à effet de serre, pardon, Northvolt va produire au Québec?
M. Charette : ...je l'ai
mentionné...
M. Charette : ...je l'ai
mentionné à quelques reprises, on connaît les intentions de l'entreprise en
termes de production de batteries. On sait que ça devrait alimenter, là,
quelques centaines de milliers de batteries, année après année. On sait que ce
sont des batteries qui sont dédiées pour le continent nord-américain. On sait
que le Québec est l'endroit où il se vend, toutes proportions gardées, parmi le
plus de voitures électriques. Donc, je ne peux pas dire quel est le nombre de
voitures électriques spécifiquement qui seront alimentées par des batteries
Northvolt, mais on sait qu'il y a un pourcentage intéressant qui seront au
Québec. Donc, je ne suis pas en mesure de dire à la tonne près qu'est-ce que ça
représente comme... comme réduction de gaz à effet de serre, mais ça va
bénéficier aux efforts de décarbonation du Québec.Ça, il n'y a aucun doute. Et
ce qu'il faut rappeler...
Mme Zaga Mendez : Si je
comprends, M. le ministre, avec ce que vous venez de dire, il n'y a pas de
calcul sur la réduction. Ma question est posée sur la production. Je répète ma
question. Est-ce que vous avez une évaluation de combien de GES vont être
produits par l'usine de Northvolt?
M. Charette : On sait
quelles sont les intentions de l'entreprise. Je pense avoir quelques chiffres
sous la main. Ce que ça peut représenter c'est quelque 400... Nous, au
Québec... Bien, voilà, c'est 500 000 véhicules électriques qui
devraient être alimentés par des batteries Northvolt au cours... par année, là,
au cours des prochaines années. Au Québec, il se vend quatre cent quelque mille
voitures par année. On peut penser que ce pourcentage-là en électrique va
augmenter d'année en année. Donc, c'est...
Mme Zaga Mendez : Ma
question portait sur la production, et vous nous donnez des informations sur
les véhicules. Il n'y a rien encore qui nous garantit, comme vous le dites, que
ces véhicules-là vont être achetés et vont rouler sur les routes du Québec. Et
ce que je comprends en fait avec votre réponse, c'est qu'il n'y a pas de calcul
de combien de gaz à effet de serre qui vont être émis lors de la production de
ces batteries. Est-ce que je me trompe?
M. Charette : Ce que
l'on sait, c'est que l'entreprise sera alimentée à travers l'hydroélectricité.
Ce que l'on sait, c'est que les batteries produites à travers Northvolt vont
être les moins émissives en termes de GES à travers le monde. Ultimement, là,
ce qu'on en prévoit, et encore une fois la production n'a pas débuté, c'est que
c'est probablement 90 % et moins d'émissions, une batterie produite par
Northvolt, versus une batterie semblable qui serait produite sur le côté de la
Chine, par exemple, donc parmi les moins émissives. Et au total, les quelque
500 000 voitures qui seront alimentées par des batteries Northvolt,
on estime que c'est 1,2 mégatonne de réduction de GES par année, là, que
ça va générer.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci.
On va continuer. On sait très bien que les règles concernant l'assujettissement
au BAPE ont changé pour les usines de batteries. Il y a eu un changement en ce
qui concerne les... les 30 gigawatts de l'heure. Il y a eu même des
recommandations à l'intérieur du ministère de l'Environnement qui disaient très
clairement de ne pas retenir la modification proposée par la compagnie
suédoise. Le seuil doit demeurer à 30 gigawatts-heures. C'est ce qu'on lit
dans un rapport qui a été dévoilé par Radio-Canada. Pourquoi alors, M. le
ministre, on ne retrouve plus ce seuil-là pour la production des batteries?
M. Charette : Je vais
peut-être juste corriger une affirmation de la collègue. On n'a pas changé la
réglementation pour la filière batteries. Ce qu'on répète depuis le début,
c'est qu'il n'y avait pas de réglementation pour la filière batteries, et on en
a développé une. La distinction, elle est très, très importante. Donc, on ne
l'a pas fait pour une entreprise en particulier, on l'a fait pour une filière
qui est importante pour le Québec, et ça, on n'en démord pas, autant d'un point
de vue économique que d'un point de vue environnemental. Donc, c'est une
réglementation qui a été développée au cours de la dernière année.
• (10 h 50) •
Ce que j'ai eu l'occasion de mentionner
aussi à plusieurs reprises, c'est qu'elle a fait l'objet de consultations,
cette... ce développement de réglementation. Ce qui me surprend, et ça, ça
appartient à chaque formation politique, mais c'est que les oppositions n'ont
pas jugé bon de participer à cette consultation-là alors qu'elles avaient la
possibilité de le faire. Je n'ai, et le ministère n'a reçu aucun mémoire, que
ce soit de la deuxième opposition, de l'opposition officielle ou de la
troisième, alors que la consultation, elle était... elle était publique. Donc,
on a maintenant un cadre réglementaire pour la filière batterie. Et ça nous
permet de développer...
Mme Zaga Mendez : ...M.
le ministre...
Le Président (M. Jacques) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : M. le
ministre, il y a quand même... il y a eu une création d'un cadre réglementaire,
mais il y a quand même eu certains changements. Puis je me souviens en fait
d'une discussion que nous avons eue ici l'année passée en crédits. Je vous ai
posé une question...
Mme Zaga Mendez : ...à ce
moment-là, quels étaient les changements. Vous avez dit : On est en train
de faire des changements réglementaires pour accommoder la filière batterie.
Vous avez même... Je vous avais même posé une question concernant la
production... pardon, la fabrication des voitures, l'usine de production des
voitures. À ce moment-là, vous n'avez pas eu une réponse claire. Puis, à ce
moment... à ce moment-là même... je m'en souviens, le seuil de 30 gigawatts
était encore une possibilité de... À l'époque, là, l'idée de soumettre à un
examen du BAPE une usine d'assemblage d'une capacité de 30 gigawattheures, il
était encore là. Est-ce qu'on va avoir d'autres surprises comme Northvolt?
Parce qu'il y a eu aussi des changements en ce qui concerne la construction des
voitures. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce règlement-là?
M. Charette : Bien, je ne
parle pas de surprise dans mon cas, lorsque la consultation est publique. Cette
consultation-là d'ailleurs... et ce n'est pas un reproche aux parties
prenantes, là, mais elle a généré très peu d'intérêt. Il y a quatre groupes qui
ont jugé bon déposer un mémoire dans le cadre de la consultation en question.
Et, au final, quelle est la responsabilité du gouvernement? Eh bien, c'est de
trancher. Donc, le gouvernement a pu trancher en fonction des analyses qu'il a
pu faire, en fonction de ses souhaits de développer cette filière batterie.
Mais il n'y a pas eu de surprise, il n'y a pas eu de cachette. Il n'y a pas eu
non plus d'intention autre que de développer cette filière-là. Et je comprends
qu'au cours des dernières semaines on s'est beaucoup penché sur le tas... le
cas de Northvolt, mais ces règlements seront applicables à d'autres entreprises
qui souhaiteront venir s'établir au Québec et qu'on accueillera avec plaisir.
On parle peu de POSCO, on parle peu de GM, on parle peu de Ford, mais ce sont
des entreprises qui vont aussi nous aider à développer cette filière-là pour
décarboner notre économie.
Mme Zaga Mendez : Donc, si je
comprends, vous dites que ce règlement-là va s'appliquer aux autres
entreprises. Si on applique le règlement tel quel, ma question est simple, pour
les futures usines de production de voitures, est-ce qu'elles vont être
soustraites au BAPE, oui ou non?
M. Charette : Bien, ça
dépend. Ce n'est pas... Je ne peux pas répondre à cette question-là. Il y a des
déclencheurs. Je ne peux pas répondre de façon générique. S'il y a un projet
qui rencontre un déclencheur, il y aura un BAPE. Et d'ailleurs même Northvolt,
pour ce qui est du volet recyclage de batteries, a rencontré le déclencheur qui
fait en sorte qu'il y aura un BAPE pour ce volet-là. Donc, je ne peux pas dire
aujourd'hui, sans avoir les détails d'un projet théorique, s'il sera assujetti
ou pas. Ça dépend si le projet rencontre un déclencheur qui fait en sorte qu'il
y aura BAPE. Et ce que j'ai répété aussi à plusieurs occasions au cours des
derniers mois : ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de BAPE qu'il n'y a pas
d'évaluation environnementale. D'ailleurs, actuellement, l'heure où on se
parle, pour Northvolt, il y a un seul... une seule autorisation qui a été
donnée, alors que plusieurs autres seront nécessaires, là, si l'entreprise veut
entrer en opération.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Il me reste
une minute. Est-ce que vous croyez que le BAPE est encore un bon outil pour
assurer l'acceptabilité sociale ou est-ce que c'est un obstacle pour vous, M.
le ministre?
M. Charette : Ce n'est pas un
obstacle, c'est un bel outil. D'ailleurs, on a souligné son anniversaire, là,
il y a quelques... quelques semaines tout juste. Donc, c'est une instance qui
est nécessaire. Cependant, c'est une instance qui doit intervenir avec une
certaine prévisibilité. Ça ne peut pas être de façon aléatoire. Il faut que les
déclencheurs soient rencontrés pour qu'il y ait un BAPE, sinon il n'y a aucun
investissement au Québec qui se... qui se ferait si les promoteurs ne savent
jamais quels sont les délais qui les attendent, ne sachant pas si un BAPE va
intervenir ou pas. Il faut qu'il y ait cette prévisibilité-là. Mais le BAPE est
définitivement une instance importante dans notre... dans notre système
d'évaluation environnementale.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met un terme à la prise de parole de la deuxième opposition. Je
cède maintenant la parole au troisième groupe d'opposition, à M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Bonjour, M. le
ministre. Merci pour votre présence, de même que celle de toute votre équipe.
C'est un important exercice de transparence qui est réalisé aujourd'hui.
Parlant de transparence, Hydro-Québec a
déposé son plan énergétique à l'horizon 2035. On attend toujours celui du
gouvernement. On a parlé de Roulez vert, on a parlé de Northvolt, on parle de
décarbonation, de nouvelles industries. Moi, j'aimerais savoir quel est le plan
du gouvernement en matière de transition énergétique, pas l'entendre, mais que
vous me disiez quel document contient la position du gouvernement actuellement
sur la transition énergétique.
M. Charette : Je suis surpris
de la question. On a présenté...
M. Charette : ...il y a
quelques années, le Plan pour une économie verte qui a sa mise à jour année
après année. Le printemps dernier, on a présenté la troisième mouture de ce
plan de mise en œuvre à hauteur de 9 milliards de dollars. Dans
quelques semaines, on va présenter une quatrième mouture qui sera à la hauteur
de 9,3 milliards. Donc, c'est connu, c'est une feuille de route qui est
très bien... très bien définie, qui est mise à jour année après année et qui
permet... et c'est la grande force de la démarche que l'on a initiée en 2020,
qui nous permet de s'ajuster année après année. Donc, lorsqu'on a une mesure,
qu'elle soit en transition énergétique au niveau de la diminution...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Charette : ...des
émissions de gaz à effet de serre, qui sur performe, on l'ajuste à la hausse
l'année suivante. Et au contraire, si on a une mesure qui ne donne pas les
résultats nécessaires...
M. Paradis : Très bien.
M. Charette : ...on apporte
les corrections qui s'imposent.
M. Paradis : Ce plan-là... ce
plan-là, M. le ministre, est une feuille de route, j'en conviens, elle existe. Est-ce
que vous pouvez me dire où se trouvent les objectifs précis en matière de
décarbonation, de réduction de gaz à effet de serre? Pour les nouvelles
industries, où sont là-dedans les besoins qui ont été identifiés de faire venir
des nouvelles industries comme le ministre Fitzgibbon le fait? Où sont les
chiffres précis? Où sont les objectifs précis du gouvernement en matière de
décarbonation dans cette feuille de route? Êtes-vous capable de me les dire?
Êtes-vous capable de les chiffrer? Par exemple, Roulez vert, est-ce que vous
avez fait une étude d'impact environnemental? Je comprends que vous avez fait
une étude fiscale. Est-ce qu'il y a... est-ce qu'il y a une étude d'impact
environnemental de ce qu'elle va... de ce que ça va donner? Même chose pour les
questions de ma collègue sur Northvolt, est-ce que les chiffres précis qui
permettent au gouvernement d'agir dans ces domaines-là sont dans le plan?
M. Charette : Oui, et non
seulement ils sont établis, mais on a même mis en ligne un tableau de bord qui
permet, en temps réel, de suivre l'efficacité de chacune de ces mesures-là. Il
y a toutes ces... Tous ces aspects de gouvernance ont été soulignés dans une
étude indépendante qui a été réalisée, qui fait du Québec l'État dans le monde
avec un des meilleurs plans en matière de lutte aux changements climatiques.
Donc, ça me ferait plaisir de transférer le lien à la commission. Mais non
seulement c'est public, mais c'est mis à jour régulièrement. Donc, pour chaque
initiative, on a sa portée, on a son état de performance et un état des lieux,
là, qui est... qui est complet et qui est... qui est... qui est franchement...
qui est franchement accessible et qui est d'un grand intérêt, là, pour toute
personne qui s'intéresse à ces questions-là.
M. Paradis : Alors, M. le
ministre, comment se fait-il que dans tous les secteurs, au Québec, on va voir
les gens de l'industrie, ils demandent quelle est la politique énergétique,
puis ils se demandent où on s'en va? On va voir dans la société civile, c'est
la même chose. Tout le monde réclame actuellement une grande consultation sur
l'avenir énergétique du Québec. Le gouvernement est le seul à dire non. Et là,
vous allez référer encore aux consultations, vous dire... vous allez
dire : Les oppositions n'ont pas déposé de mémoire. Est-ce que vous prenez
une responsabilité pour ça, à titre de ministre? Quand il y a une consultation,
puis vous dites qu'il n'y a pas assez de monde qui sont venus y participer,
vous n'avez pas une responsabilité là-dedans, vous, de faire en sorte que les
gens soient mobilisés et appelés à y participer? Puis là, les gens vous en
réclament une, là, consultation publique sur l'avenir énergétique pour prendre
les décisions ensemble entre Québécois. Pourquoi dire non à ça?
M. Charette : Je comprends
qu'on a changé de... de sujet, content que mes réponses aient pu satisfaire
le... le collègue. Mais il y a plusieurs... il y a plusieurs éléments, là, qui
permettent à la population et aux groupes de... de se positionner. On a eu un
projet de loi. D'ailleurs, le Parti québécois n'a pas jugé bon y participer,
pas plus aux consultations, pas plus qu'au niveau de l'étude article par
article au niveau de l'efficacité énergétique des... des bâtiments. Donc, une
consultation en bonne et due forme. Plusieurs groupes y ont pris part. Mon
collègue à l'Énergie va, dans les prochaines semaines, déposer un projet de loi
sur l'énergie. Il y aura aussi une consultation en bonne et due forme, donc la
population, les groupes ont la possibilité de se positionner sur ces questions
énergétiques. Et là où je suis entièrement d'accord avec le collègue, c'est un
enjeu fondamental, et les espaces de consultation sont là. On n'arrivera pas à
atteindre nos cibles en matière de réduction de gaz à effet de serre sans revoir
complètement notre production d'énergie renouvelable et notre utilisation des
énergies renouvelables. Et pour plusieurs des étapes à venir, là, il y a des
espaces de consultation en bonne et due forme qui sont prévus.
• (11 heures) •
M. Paradis : Très bien. Donc,
votre réponse actuellement...
Le Président (M. Jacques) : Bien,
juste vous rappeler de vous adresser à la présidence pour tout le monde, là.
J'ai toléré un peu le député de Jacques-Cartier, plus tôt, là. Mais si vous
voulez vous adresser à la présidence, s'il vous plaît.
M. Paradis : Mais vous avez
raison, M. le Président. Donc, la réponse du ministre, la réponse du
gouvernement à cette demande constante de la société civile, des experts, des
gens de l'industrie, à ce qu'on s'assoie ensemble pour faire une politique
énergétique du gouvernement, pas d'Hydro-Québec, parce qu'Hydro-Québec a la
sienne, mais du gouvernement...
11 h (version non révisée)
M. Paradis : ...à votre
réponse ou la réponse du ministre, M. le Président, c'est non. C'est ça qu'il
faut comprendre?
M. Charette : Non. Et d'ailleurs
je suis surpris que vous demandiez des espaces de consultation. Le Parti
québécois n'a pas participé aux derniers espaces de consultation lors de la
consultation sur le projet de loi n° 44.
M. Paradis : M. le Président,
je pense que le ministre devrait savoir que de souligner l'absence de députés à
certains travaux parlementaires n'est pas autorisé. Je pense que ce n'est pas
très chic de la part du ministre, puis il le sait très bien en plus, qu'on est
quatre députés et qu'on doit couvrir l'ensemble des travaux.
Le Président (M. Jacques) : Oui,
merci. M. le député, c'est d'invoquer l'absence d'une personne dans un lieu
précis lorsqu'on est en commission, entre autres. Donc, je vais inviter le
ministre à poursuivre ou à poser une nouvelle question.
M. Charette : Effectivement,
le Parti québécois n'a pas participé à cette consultation-là.
M. Paradis : Très bien.
Toujours parlant de consultations et d'études, est-ce que le ministre peut nous
dire si le ministère actuellement étudie la question de la réouverture de la
centrale nucléaire de Gentilly-2?
M. Charette : Ça, on est
très, très clair aussi. Il n'y a pas... Il n'y a pas, dans un avenir
prévisible, d'intentions à ce niveau-là. Ce que l'avenir, le futur nous
imposera, ça reste à voir. L'avenir, c'est long comme disent certains. Moi, je
participe depuis plusieurs années à des rencontres internationales sur la
décarbonisation. En Europe, on planche beaucoup et on mise beaucoup sur le
potentiel nucléaire. Au Québec, ce n'est pas le cas. En Ontario et dans d'autres
provinces canadiennes, on évalue sérieusement cette question-là. Mais, au
Québec, il n'y a pas de projet en ce sens-là à ce moment-ci.
M. Paradis : Donc, très bien,
la réponse, c'est non. En ce qui concerne les petits réacteurs nucléaires
modulaires?
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
de façon générale, le nucléaire ne fait pas partie... et je réfère de nouveau
au Plan pour une économie verte, il n'y a aucune mesure qui planche sur le
potentiel nucléaire à ce moment-ci.
M. Paradis : Est-ce que le
ministre peut nous dire s'il a des données quant au transport de déchets
nucléaires, par le Québec, soit routier soit maritime?
M. Charette : Est-ce qu'on...
Est-ce que le collègue fait mention du site de Chalk River qui, actuellement...
M. Paradis : Par exemple.
M. Charette : ...en
évaluation? Il y a eu plusieurs rencontres, notamment du ministère de l'Environnement.
J'ai participé à un certain nombre de ces rencontres-là. Le Québec a eu l'occasion
de faire état de ses inquiétudes par rapport au site qui est en
développement... ou au projet, plutôt, parce que le site est déjà existant, par
rapport au projet. On n'a pas pris position officiellement. Ce que l'on demande
au gouvernement fédéral, par contre, c'est de mieux consulter, que ce soit les
communautés autochtones qui sont dans le secteur de la rivière des Outaouais,
on demande au gouvernement de mieux consulter les municipalités de ce
secteur-là aussi, qui se montrent inquiètes. Mais actuellement il n'y a pas...
il n'y a pas de prise de position formelle à l'égard du...
M. Paradis : Au-delà de la
prise de position, est-ce que le ministre sait actuellement quelles sont les
données, s'il y a du transport de déchets nucléaires, au Québec, soit routier
soit maritime?
M. Charette : Très, très peu.
Ce qu'il faut savoir, le projet...
M. Paradis : Donc, il y en a?
M. Charette : Bien c'est-à-dire,
c'est... Ce qu'il faut savoir, je vais commencer par ça, avec le projet Chalk
River, c'est essentiellement protéger des déchets nucléaires qui sont déjà sur
le site.
M. Paradis : Est-ce qu'il y a
du transport de déchets nucléaires qui passe par le Québec routier ou maritime
actuellement?
M. Charette : Si le collègue
a des questions plus précises, je vais transmettre les informations et la
consultation. Bien honnêtement, brûle pourpoint, comme ça, je ne serais pas en
mesure de donner le...
Le Président (M. Jacques) : Donc,
M. le ministre, vous... vous aller...
M. Charette : Donc, on
pourra... on pourra répondre à la question.
Le Président (M. Jacques) : ...transmettre
les documents à la commission?
M. Charette : Sans problème.
Le Président (M. Jacques) : Consentement.
M. Charette : Avec les
informations à la disposition.
M. Paradis : Merci, M. le
ministre. Il nous reste quelques... quelques secondes. Est-ce que le projet de
nouvelles lignes à très haute tension va faire l'objet d'un bureau d'audiences
publiques sur l'environnement?
M. Charette : Au niveau...
Ça, c'est très bien délimité. On le disait avec la collègue précédemment, il y
a des déclencheurs qui sont connus pour un BAPE, et, dans le cas des lignes à
haute haute transmission, c'est un déclencheur qui permet justement la tenue d'un
BAPE. Mais c'est déjà le cas actuellement.
M. Paradis : Donc, la
réponse, c'est oui?
M. Charette : Oui, puis il n'y
a pas... il n'y a pas de changement à ce niveau-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met fin au bloc d'échange avec la troisième opposition. Donc, M.
le député de Jacques-Cartier pour 14 minutes 15 secondes pour votre
dernier bloc.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Une question pour le ministre dans le même sens, pour un
déclenchement d'un BAPE : Est-ce que TES Canada, le projet va déclencher
un BAPE ou est-ce qu'on ne sait pas encore?
M. Charette : Pour le projet
TES?
M. Kelley : Oui.
M. Charette : Encore une
fois, les déclencheurs sont très connus pour ce qui est de... d'un BAPE. Dans
le cas de TES, à ma connaissance, il n'y a pas encore de projet officiellement
déposé. Donc, tant que le projet n'est pas déposé, je ne suis pas en mesure de
dire si les déclencheurs sont rencontrés. Éventuellement...
M. Charette : ...on va
recevoir un avis de projet, on va recevoir le détail sur le projet lui-même et,
si les déclencheurs sont rencontrés, il y aura un BAPE, tout simplement.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. M. le Président, je pense, c'est toujours important de poser une
question qui est plus de ce fait que des crédits, des subventions qui ont été
accordées. Puis j'ai une question pour le ministre, c'est très spécifique. Dans
le Fonds vert, si on regarde dans le programme Chauffez vert, il y a juste un
projet qui... j'ai trouvé, c'était fascinant, le montant qui était accordé, si
on regarde les autres subventions qui étaient des... données. C'était une
subvention à Energir pour 6,8 millions $. Je veux juste savoir, M. le ministre,
c'était quoi, le projet, et pourquoi un montant aussi élevé était accordé à eux
autres.
M. Charette : La question est
très spécifique. Je proposerais au collègue, comme je l'ai fait avec la
troisième opposition, on pourra vous revenir, là, pour ne pas perdre de votre
temps de... on vous reviendra avec le détail, mais...
M. Kelley : C'est parfait,
merci beaucoup, mais je pense que c'est important. J'ai regardé, comme je dis,
il y a des autres projets, c'est ceux qui sont subventionnés à un niveau élevé
comme ça, mais pas beaucoup, mais j'ai pensé, le projet Energir, ils ont... des
subventions dans le Fonds vert. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose,
mais je pense qu'on mérite juste à voir c'était quoi, le projet qui a été subventionné.
Parce que, M. le ministre, en même temps,
quand je regarde dans le document, et M. le Président, vous savez, l'énergie
solaire, je parle de ça tout le temps puis je reviens parce qu'il n'y a pas le
mot «solaire» dans le Fonds vert. Je ne dis pas qu'aucun projet ne peut être
subventionné, parce que, des fois, on a juste un numéro de l'entreprise, mais
je demeure toujours sur le point que de subventionner des panneaux solaires
puis aussi les systèmes de stockage pour les citoyens et pour les entreprises,
c'est une façon d'aider dans une transition énergétique plus efficace. Alors,
M. le ministre, qu'est-ce que vous pensez de cette idée-là?
Et, quand même, je vais aller un petit peu
plus loin, parce que, dans la société québécoise de l'infrastructure, j'ai
regardé s'il y a des projets qui sont subventionnés pour les projets des
panneaux solaires, et, malheureusement, aucune somme n'est prévue pour les
prochaines années. Moi, je veux changer ça. Je pense qu'on peut changer ça,
mais je veux juste entendre le ministre là-dessus. Et peut-être vous avez, M.
le ministre, également, reçu la réponse à ma question concernant la subvention
pour Energir.
M. Charette : Je n'ai pas
encore le détail... Ah! peut-être, ça rentre à l'instant. Donc, une somme de
6 827 000, ça correspond... en fait, c'est le total des aides financières
octroyées aux propriétaires de résidences privées et qui ont été accompagnés
par Energir. Donc, ce n'est pas un projet, mais c'est la totalité des sommes
versées aux différents propriétaires qui ont bénéficié, là, de ces mesures de
bioénergie là. Est-ce que ça répond à la question du collègue?
M. Kelley : Juste rapidement,
qu'est-ce que... et qu'est-ce qu'un propriétaire de maison peut réclamer dans
le Fonds vert pour mettre en place du gaz?
• (11 h 10) •
M. Charette : J'ai... Si le
collègue veut que je prenne quelques instants, là, pour les maisons
individuelles, pour l'équipement, pour l'installation d'équipements, ça peut
aller à hauteur de 3 200 $. Pour un duplex, on peut parler d'un montant,
là, qui va jusqu'à 3800$, pour un triplex, 4000$, pour les immeubles
résidentiels à logements multiples, ça peut être 1 600 $, plus 200 $,
le nombre de logements admissibles. Donc, c'est déjà bien ventilé et déjà bien
balisé, là, comme mesures d'appui financier.
M. Kelley : Parfait. Si on
est capable de le faire pour le gaz naturel, j'espère qu'on peut le faire aussi
pour des panneaux solaires puis des systèmes de stockage, M. le Président.
Alors, je reviens à la question : Est-ce que ça, c'est quelque chose qu'on
peut envisager avec le Fonds vert? Je sais, il y a plein des différents aspects
qui sont financés, mais il y a déjà un élément dans le plan d'Hydro-Québec, qui
veut avoir des panneaux solaires sur les toits des maisons. On peut aussi
penser à des municipalités qui ont dit... elles trouvent que ça, c'est une idée
très intéressante. Je cite toujours l'exemple de la ville de Saint-Laurent,
Lac-Mégantic, M. le Président, mais le jumelage avec le stockage est très
important aussi. C'est beaucoup d'énergie qu'on peut stocker pour les moments
de crise ou, quand même, pour gérer la pointe.
Et le Fonds vert, peut-être, c'est déjà
possible de soumettre des dépenses, mais, quand même, d'avoir un programme un
petit peu plus structuré, est-ce que le ministre croit que c'est quelque chose
que le gouvernement peut mettre en place pour utiliser ce fonds qui vient des
plus grandes...
M. Kelley : ...les sommes
vient des plus grands pollueurs au Québec, pour financer une transition
énergétique où les citoyens peut s'embarquer directement?
M. Charette : Peut-être juste
une petite précision dans un premier temps. Le collègue disait : Si on
peut le faire pour le gaz naturel, on pourrait le faire pour le solaire. Les
montants que je mentionnais, ce n'est pas pour le gaz naturel, c'est pour des
installations de biénergie qui utilisent notamment le gaz naturel, mais
principalement l'hydroélectricité, là. Donc, ce n'est pas pour le gaz naturel.
Mais le collègue a raison d'insister, je
sais que c'est un sujet qui lui tient à cœur, sur l'aspect des énergies
solaires. Il y a eu un premier appel à projets d'Hydro-Québec pour le solaire,
et c'est définitivement quelque chose qui va se développer au cours des
prochaines années. Comme on en discutait avec le collègue de la troisième
opposition, l'avantage de notre démarche, c'est qu'elle est mise à jour année
après année. Donc, dans les prochains plans de mise en œuvre, il y aura
possiblement des programmes qui viseront à appuyer directement les mesures pour
les panneaux solaires. Donc, ce n'était pas les projets, là, qui ont été
priorisés, là, au cours des trois premières éditions, là, de ces mises en
œuvre, mais, pour les subséquentes, ce sera... ce sera à voir. Mais c'est
l'avantage qu'on a, d'ajuster notre programmation, là, année après année. Mais,
déjà, Hydro-Québec mise davantage sur le solaire, ce qui est relativement
nouveau. Il y a quelques années, c'est l'éolien qui émergeait. Le solaire aura
assurément une place plus importante à occuper et à jouer, là, au cours des
prochaines années.
M. Kelley : Parfait, M. le
ministre. Parce que, présentement, on sait, avec les tarifs... l'emboursement
pour le solaire, qu'est-ce que vous vendez à le réseau quand vous avez un
surplus, ça va prendre environ 20 ans d'avoir un emboursement sur votre
investissement. Ça, c'est pourquoi un investissement directement... une
subvention directement à l'achat des équipements est plus intéressante, selon
moi, dans notre marché.
Mais, sur la question des tarifs, M. le
ministre, vous parlez souvent d'une transition juste. C'est sûr que le prix de
l'électricité, ça va être partie des calculs d'avoir une transition juste.
Comment vous voyez ça? Est-ce que vous êtes partie des discussions avec
Hydro-Québec présentement sur la question des tarifs? Est-ce que votre
ministère a des évaluations sur... et des modèles peut-être sur des tarifs qui
sont nécessaires pour payer pour la transition énergétique envisagée par
Hydro-Québec?
M. Charette : Naturellement,
le gouvernement est un tout en soi, mais chaque ministère a ses compétences et
son expertise. L'évaluation des tarifs ne se fait pas à travers le ministère de
l'Environnement. Je ne pourrais pas élaborer longuement, là, sur cette
question-là.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Mais, pour vous, garder le 3 % pour le côté résidentiel demeure toujours
une bonne politique, à votre avis?
M. Charette : Ça, c'est un
engagement général du gouvernement pour protéger le portefeuille des
particuliers, et ça, ça a été réitéré de façon formelle, et c'est même protégé
par le biais d'une loi, là, qui a été adoptée en bonne et due forme.
M. Kelley : Merci. Je vais
terminer, M. le Président. Je reviens sur l'efficacité énergétique encore,
d'avoir un plan qui est un petit peu détaillé. Et je pense toujours à les
citoyens. Puis je reviens toujours à l'exemple de changer les fenêtres, une
maison dans votre coin, M. le Président. Pour une famille de la classe moyenne,
ça peut coûter entre 10 000 $ à 20 000 $, ça dépend sur le
nombre de fenêtres, mais c'est un processus qui est cher, de changer des
vieilles fenêtres, c'est investissement majeur, mais, en même temps, c'est des
familles, il y a des choix à faire entre la rénovation de la cuisine, changer
les fenêtres, changer la porte, acheter une thermopompe. On peut regarder tous
des différents éléments pour se rendre une maison plus efficace. Ça va coûter
les citoyens beaucoup, puis on ne peut pas laisser le fardeau sur juste leurs
épaules.
Alors, encore, M. le ministre, est-ce que
vous avez des intentions de peut-être dédier en partie le Fonds vert pour aider
les citoyens? Et je sais que ça existe déjà avec le programme en place, mais on
s'entend que des gens ont déjà dit : On apprécie d'avoir un chèque de
600 $ ou quoi que ce soit, mais ça ne change pas nécessairement ma
décision de faire une rénovation. C'est un ajout, mais ça va peut-être prendre
plus pour inviter les gens à faire les rénovations nécessaires, et on peut
appliquer la même logique pour les bâtiments, les condos, etc.
M. Charette : ...il y a un
potentiel intéressant, mais les appuis financiers peuvent aller bien au-delà
des 600 $ évoqués, là, et ça peut être tant pour le propriétaire que pour
le locataire...
M. Charette : ...on a eu
l'occasion, à travers le projet de loi no 41, de discuter de ces
questions-là, un projet de loi qui a été adopté, qui va nous aider à faire une
différence importante au niveau de l'efficacité environnementale des bâtiments,
autant pour l'existant qui devra, dans le cas, là, de certains types de
bâtiments, se conformer à une réglementation, là, qui sera beaucoup plus
stricte et éventuellement aussi de donner les outils pour le nouveau bâtiment
aussi, s'assurer que les futures résidences soient construites avec les plus
hauts standards énergétiques. Et on l'a mentionné à plusieurs reprises,
l'énergie la moins chère est celle qu'on n'utilise pas. Et actuellement, il y a
beaucoup, beaucoup de perte énergétique qui se vit jour après jour, compte tenu
de la vétusté, là, de bon nombre de nos bâtiments, notamment des bâtiments
gouvernementaux qui sont... qui sont visés, là, avec l'adoption du projet de
loi no 41.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. Kelley : Exactement.
Puis on se voit souvent, M. le Président, au milieu de l'hiver, en janvier,
quand on sort du Palement, puis c'est déjà la nuit et puis on va voir les
bâtiments autour de nous, puis toutes les lumières sont allumées dans les
établissements. On dit il faudrait peut-être prendre juste l'initiative d'être
plus efficaces eux-mêmes. Et encore, je reviens aussi, présentement, pour le
gouvernement du Québec, de mettre des panneaux solaires, des systèmes de
stockage à côté. Ce n'est nulle part, il n'y a pas des plans pour le faire.
C'est une chose aussi. Oui, être plus efficace, mais si on est capable de
produire plus d'électricité sur les toits des bâtiments du gouvernement, c'est
une solution à notre crise énergétique, notre défi énergétique. Je pense que
c'est presque tout le temps, M. le ministre... M. le Président, mais je vais
laisser le ministre le terminer.
M. Charette : Beau
potentiel à ce niveau-là. On veut le développer, on veut l'exploiter. Il
fallait d'abord et avant tout adopter un projet de loi. Avec le concours des
différentes formations politiques, on a pu l'adopter, bien que ce ne fut pas
unanime, malheureusement. Mais c'est quand même un beau, un beau projet de loi
qui a été salué, là, par la plupart des intervenants qui sont venus devant nous
en consultation. Donc, il faut maintenant laisser la place à la réglementation
qui est en développement. Et ce sera un outil de plus à... de plus dans notre
sac à outils pour nous permettre, là, d'atteindre nos cibles au cours des
prochaines années.
M. Kelley : Parfait.
Puis les règlements, c'est une chose, M. le Président, mais l'important c'est
d'avoir aussi un plan et à bien attacher les coûts pour ce plan-là parce que c'est
une chose de dire, bien, il faut les actions du gouvernement, il faut avoir les
panneaux solaires puis un système de stockage, ou quand même il faut changer
des fenêtres dans toutes les écoles. Je lance des exemples, mais il y a un coût
associé avec tout ça, puis ce n'est pas juste Hydro-Québec qui paie pour tout
ça. Ça va prendre des investissements majeurs du côté du gouvernement. Et
encore, je reviens à le fait qu'on a un Fonds vert qui est là, et j'espère
qu'on va dédier ça à notre plan pour la transition énergétique, pour s'assurer
que les «incentives» sont là pour les citoyens, mais aussi quand même pour la
société civile en général. Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Jacques-Cartier. Et je cède maintenant la parole à la partie
gouvernementale pour une durée de 9 min 20 s, M. le député de
Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Bonjour à tous. M. le ministre, je vais poursuivre sur la question
de l'opposition officielle sur l'efficacité énergétique. Dernièrement, tout
récemment, on a fait l'adoption du projet de loi no 41, justement, sur
l'efficacité énergétique des bâtiments. Puis on vient mentionner qu'on va faire
un système de cotation pour déterminer l'efficacité énergétique de nos
bâtiments. Et je me demandais, M. le ministre, parce que, dans le projet de loi
no 41, on vient fusionner notre plan pour une économie verte 2030
avec le plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétique, on
les fusionne ensemble.
Donc, j'aurais deux questions. La première
question, c'est, bon, bien entendu, quelles sont les suites qui vont mener au
règlement, justement, pour tout ce qui concerne la cotation puis la déclaration
de cotation énergétique des bâtiments? Mais aussi, si je fais le lien avec les
crédits dans le cahier des crédits et dépenses des portefeuilles, là, le volume
III sur le programme 1 de protection de l'environnement et la faune, là, à
l'élément 9, à la page 11-5, on a Bureau de la transition climatique
et énergétique, et je vois que les crédits 2023-2024 étaient de l'ordre de
86 millions, et les crédits 2024-2025 sont de l'ordre de
2 millions. J'aimerais savoir, est-ce que je fais le lien avec la fusion
des deux plans, le PEV 2030 avec le plan directeur... l'efficacité
énergétique? Est-ce que c'est le lien que je peux faire? Ça, ça sera ma
deuxième question. Donc, première question...
M. Lemay : ...la suite du
projet loi 41, puis est-ce que, quand je regarde les crédits, je peux
faire le lien que c'est la fusion des deux plans?
M. Charette : Je vais
commencer par la deuxième question, mais merci, dans le cas... pour pour ces
deux questions là.
Un petit retour en arrière. Au lendemain
de la dernière élection, il y a eu naturellement la formation d'un nouveau
conseil des ministres avec des responsabilités qui ont été distribuées et
une... un grand effort de cohérence qui a visé le ministère de l'Environnement.
Un, on a récupéré Faune et Parcs pour nous permettre, là, d'avoir une vision
plus intégrée sur ces aspects-là, mais on s'est vu aussi attribuer la
responsabilité de la transition énergétique, encore une fois pour un souci
de... d'intégration, de cohérence, pour nous permettre d'agir avec plus
d'efficacité.
Et oui, il y a eu fusion. Les fonctionnaires,
les équipes qui étaient anciennement du côté du ministère, qui avaient la
responsabilité, soit l'ancien ministère qui avait les Ressources naturelles et
l'Énergie, ces équipes-là ont été transférées au ministère de l'Environnement.
L'intégration, elle est entièrement complétée à l'heure où on se parle. Et oui,
ça a engendré, là, des ajustements au niveau des budgets.
Et ce ne sont pas que les équipes qui ont
été récupérées, ce sont les programmes aussi. Ce qui est intéressant, on peut
actuellement discuter de Rouler vert parce que c'est maintenant sous l'égide du
ministère de l'Environnement. Sous l'ancienne législature, c'était sous le
ministère des... qui avait la responsabilité de l'Énergie. Donc, pour le
ministère de l'Environnement, qui établit des cibles, avoir les outils qui nous
permettent d'atteindre ces cibles-là, c'est un plus indéniable. Donc, oui, il y
a eu intégration, et ça a une incidence sur l'affectation des crédits.
Sinon, pour ce qui est du... de la
première question qui a été posée, le projet de loi qui a été adopté, on l'a
mentionné, on a des étapes qui sont claires, tant au niveau de l'élaboration de
la réglementation que sur les types de... d'édifices qui seront visés dans un
premier temps. Puis il y a un petit tableau, là, qu'on a maintes fois utilisé
pendant la commission parlementaire. On va commencer par les grands bâtiments.
Il y a un certain nombre de bâtiments qui sont concernés par cette modification
réglementaire. On va aller en décroissant par la suite. Et on a un calendrier
aussi qui est... qui est... qui a été dévoilé au niveau des intentions
réglementaires, là. Donc, en 2025, c'est la déclaration de conformité, là, qui
va... qui va viser l'institutionnel et les très grands bâtiments, 2026, les
grands bâtiments, 2027, les bâtiments que l'on qualifie de moyens. Il y aura
ensuite la réglementation pour le volet Cotation, 2026, encore une fois,
institutionnel et grands bâtiments, 2027, grands bâtiments, 2028, moyens
bâtiments. Et ensuite la notion de norme de performance environnementale, là
aussi, il y a un calendrier, là, qui nous amène de 2028 à 2031, passant de
l'institutionnel dans un premier temps jusqu'aux bâtiments de taille moyenne.
Donc, c'est un calendrier qui est bien établi et qui va nous permettre ultimement,
là, d'économiser en termes d'énergie. On a évalué, là, en termes de Romaine, ce
que ça peut représenter, c'est majeur. Donc, pour le Québec, c'est un potentiel
énergétique qui va être récupéré, qui nous permettra d'utiliser ces sources
d'énergie là, ou cette quantité d'énergie là à d'autres fins, là, pour
décarboner notre économie.
M. Lemay : Merci, M. le
ministre. Moi, j'avais une question en transition énergétique aussi. J'ai une
entreprise qui avait fait affaire avec le programme Techno climat. Puis j'ai
regardé, j'ai consulté les questions du cahier de l'opposition officielle,
puis, à la question particulière numéro 150, il posait la question sur le
programme Techno climat. Puis la réponse que vous avez fournie, c'est que, dans
la dernière année, vous avez eu 11 interventions pour un total de
41 millions de dollars. Est-ce qu'on peut dire que le programme
Techno climat, c'est comme une version 2.0, est-ce qu'on voit une nette
amélioration? Parce que, tu sais, par le passé, on avait des délais qui
étaient, somme toute, bien, assez... mettons, des délais qui faisaient en sorte
que les entrepreneurs pouvaient passer à côté de certaines opportunités. Ça
fait que... Est-ce qu'on a des... Est-ce qu'on peut dire que le programme
Techno climat est revampé et va de mieux en mieux?
M. Charette : Ça fait partie
des nombreux outils qu'on a à notre disposition, programme qui est certainement
mieux connu, qui a... qui a connu des...
M. Charette : ...des
modifications aussi pour répondre davantage aux besoins qui nous ont été
exprimés. C'est une belle initiative, ce n'est pas la seule, mais c'est une
initiative qui nous permet clairement, là, d'avancer. Et on le mentionnait avec
les collègues de l'opposition, la beauté de la... de la façon de procéder qu'on
a pu retenir comme gouvernement, c'est celle de la mise à jour, année après
année. Donc, les programmes qui fonctionnent bien, on les... on les supporte
encore davantage. On peut améliorer aussi leurs modalités. Ceux qui
sous-performent, soit qu'on les améliore, soit qu'on les laisse de côté pour
obtenir de meilleurs résultats avec d'autres initiatives. Mais c'est un des
programmes qui a pu s'ajuster, là, au fil des... des années.
M. Lemay : Très bien, merci,
M. le ministre. Et puisqu'on parle de transition énergétique, on a des plans...
En fait, on a des cibles pour convertir nos autobus urbains en autobus
électrifiés ainsi que nos autobus scolaires. Pour l'urbain, c'est 55 % du
parc d'autobus et pour les autobus scolaires, c'est 65 % du parc d'autobus
d'ici 2030. Il y a des sommes qui sont quand même considérables pour ces
deux... pour ces deux volets-là. Bien entendu, ça vient du Fonds
d'électrification, changements climatiques. Après ça, il y a comme par exemple
le programme d'autobus scolaire est sous le MTMD, là, le Programme
d'électrification en transport scolaire, bien entendu. On a reconduit pour une
année ce programme-là. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus en détail
sur les bienfaits de... de l'investissement pour justement atteindre nos
cibles, puis l'état d'avancement?
M. Charette : C'est un des
bienfaits qu'on peut mesurer à différents niveaux. Au niveau de nos émissions
de gaz à effet de serre, naturellement, on ne le répétera jamais assez, le
secteur des transports est de loin notre principale source d'émissions. Oui,
c'est le véhicule léger, mais c'est également tout ce qui est camionnage, tout
ce qui est transport en commun parce que le transport en commun a ses mérites,
mais il est aussi une source importante d'émissions de gaz à effet de serre.
Donc, ces initiatives-là, autant pour le véhicule de transport collectif que
pour le véhicule scolaire ont... ont leur pertinence. Et on voit déjà là une
conversion, là, qui est intéressante chez bon nombre de transporteurs. Il y a
une obligation, oui, mais le gouvernement a, depuis les cinq dernières années,
retenu le principe pas uniquement du... du bâton. Il y a toujours une carotte
qui accompagne une mesure contraignante. Donc, il y a des obligations en termes
de pourcentage de conversion de flotte, mais il y a des appuis financiers qui
sont importants aussi pour accompagner autant les sociétés de transport en
commun que les transporteurs scolaires. Donc ça, c'est un mérite proprement
environnemental. Mais même au niveau économie, il y a des entreprises
québécoises qui ont pu se développer grâce à ces appuis-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Ceci met un terme au... à l'échange concernant la
transition énergétique. Donc, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 11 h 45 ou l'étude du Volet Faune et Parcs des
crédits budgétaires du portefeuille de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, Faune et Parcs.
(Suspension de la séance à 11 h 30
)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 45)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission
des transports et de l'environnement ouverte.
Donc, la commission reprend ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Faune et Parcs des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement et Lutte contre les
changements climatiques, Faune et Parcs pour l'exercice financier 2024-2025.
Une enveloppe de 45 minutes a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Grandmont, Taschereau est remplacé par Mme Zaga Mendez,
Verdun et M. St-Pierre Plamondon, Camille-Laurin par M. Arseneau,
Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons donc procéder à une discussion d'ordre général, incluant des questions
et des réponses. Je suis maintenant prêt à reconnaître une première
intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échanges. Je vous
rappelle que la longueur des réponses doit être généralement proportionnelle à
la longueur des questions. Mme la députée de Mille-Îles, la parole est à vous
pour sept minutes... pour 21 minutes, 30 secondes.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. L'an dernier, nous attendions la stratégie caribou de la part du
ministre et aujourd'hui, il a toutes les données en main, notamment les
possibilités forestières à jour, le rapport de la Commission indépendante sur
le caribou forestier montagnard, les données d'inventaire des hardes, les
études d'impact des changements climatiques. Bref, j'aimerais savoir maintenant :
À quel moment on peut s'attendre à voir cette stratégie caribou dévoilée?
M. Charette : Bien, merci à
la collègue pour la question très, très pertinente. C'est un dossier éminemment
complexe à la base. À la base, c'est complexe parce qu'on a plusieurs
collectivités au Québec qui vivent de foresterie...
M. Charette : ...et ce
dossier-là a été complexifié l'été dernier par des feux de forêt sans
précédent. Et ce n'est pas un secret, à la veille des feux de forêt, nous
étions prêts à la déposer, on avait une date, on avait un scénario, et
finalement sont survenus ces feux de forêt avec une ampleur tristement
catastrophique. Donc, on a eu à refaire tout ces travail-là, que... ce
travail-là, que ce soit le forestier en chef, que ce soit ma collègue aux
ressources naturelles, que ce soit le ministère de l'Environnement. Donc, on
est à la veille, je vous dirais, de présenter ce... cette pièce importante sur
le caribou. Cependant, je n'ai pas de date précise à communiquer, mais on se
rapproche d'une présentation, là. Et je pense qu'on pourra ensuite en parler
plus... plus ouvertement.
Mme Dufour : Merci. On va
essayer de faire des réponses un peu plus courtes, M. le ministre. Juste
savoir : Est-ce que ça va être dévoilé avant que... avant le délai qui a
été imposé par le ministère fédéral de l'Environnement?
M. Charette : Bien, on ne
fonctionne pas en fonction des délais fédéraux. On a la pleine responsabilité
du dossier. Donc, je sais que le gouvernement fédéral souhaiterait que la
présentation se fasse avant le 1er mai. On la fera lorsqu'on sera prêt à
la faire. Donc, on ne travaille pas, là, en fonction d'un calendrier du
gouvernement fédéral à ce niveau-là.
Mme Dufour : J'aimerais juste
souligner que l'incertitude nuit au développement économique dans certaines
régions et qu'actuellement Québec est la seule province qu'il n'a pas d'entente
avec le fédéral. Est-ce que vous jugez que l'accès aux fonds fédéraux
qu'actuellement on n'a pas accès par le fait qu'on n'a pas d'entente nuit ou,
du moins, est-ce qu'on pourrait s'en servir, de ces fonds-là? Je pense qu'on a
sûrement des projets.
M. Charette : Ça fait partie
des éléments qui sont... qui sont naturellement considérés. Le fédéral nous
demande d'intervenir, donc il a conséquemment, à mon sens, le devoir de
financer une partie de la démarche. Donc, ça fait partie des discussions que
nous avons. Et la relation avec mon collège, Steven Guilbeault, elle est
excellente. On a des communications régulières sur le sujet. Il comprend la
complexité du dossier. Et la collègue mentionnait qu'on est dans les dernières
provinces à ne pas avoir de stratégie. Il faut savoir qu'on en faisait déjà
beaucoup plus que la plupart des provinces. Donc, même s'il n'y a pas d'entente
formelle à ce moment-ci, ce qui était déjà en place dans bien des cas va plus
loin que ce qui a été convenu entre d'autres provinces et le gouvernement fédéral.
Et ce n'est pas parce que la stratégie n'a pas été présentée en bonne et due
forme qu'il n'y a pas d'actions qui sont mises en place. On est déjà, là...
Mme Dufour : Merci, M. le
ministre, mais...
M. Charette : ...en action
sur cette question-là.
Mme Dufour : Merci. Merci.
Le Président (M. Jacques) : ...vous
adresser à la présidence. Mais, M.... essayez... Essayons de rester concis,
réponses... questions et réponses, pour respecter le temps.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président, mais j'imagine que les fonds fédéraux seraient... seraient utiles.
Maintenant j'ai une question concernant un contrat qui a été donné de
traduction justement, traduction des différents documents de la stratégie pour
les caribous. C'est un contrat de presque 13 000 $. Donc, je voulais
savoir : Est-ce qu'il s'agit de la traduction de la stratégie précédente
ou de la nouvelle version qu'on attend incessamment?
M. Charette : Ce que je peux
vous mentionner, je pourrai vous revenir avec plus de détails, là, sur le
montant précis, il y a des éléments de traduction qui sont faits pour faciliter
nos communications et nos relations avec les communautés autochtones. Et ça, ça
se fait de façon... de façon continue. Mais, pour ce qui est du montant
spécifique, on pourra transmettre l'information au secrétariat, puis là je n'ai
pas le détail sous la main en ce moment. Mais il y a constamment des documents,
là, qui sont traduits pour favoriser justement les bonnes relations avec nos
partenaires.
• (11 h 50) •
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
vous vous engagez à transmettre les documents à la commission?
M. Charette : Oui. Pour le
13 000 $, là, oui, on pourra préciser, là, sans problème.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme la députée.
Mme Dufour : Oui, merci.
J'aimerais maintenant parler d'agents de la faune. J'aimerais savoir... On
voit, là, dans les réponses que nous avons reçues, là, qui a actuellement 336 ou,
du moins, le chiffre... le dernier chiffre qu'on nous a transmis,
336 agents de la faune. J'aimerais savoir, selon vous, combien il en
manque.
M. Charette : Combien il en
manque? Moi, je...
Mme Dufour : Combien...
Combien on vise à en avoir éventuellement?
M. Charette : Bon, on est en
progression constante à ce niveau-là. Et, de façon très, très transparente, je
pense même en avoir parlé lors des crédits l'année dernière, on a eu un retard
ces dernières années, compte tenu notamment de la pandémie. C'est une
formation, malheureusement, qui ne pouvait pas se donner à distance. Mais on
est en train de combler ce retard-là, et on en a plus que ces dernières années,
et on espère en former 32...
M. Charette : ...nouveaux
agents par année, là. C'est... C'est l'objectif que l'on s'est donné à ce
moment-ci.
Mme Dufour : 32 par année.
Mais, M. le... Je dois corriger M. le ministre, là. On n'est pas en progression
constante. C'est tout à fait l'inverse, là. On est en progression décroissante.
Je rappelle...
M. Charette : Depuis...
depuis la pandémie, non, on a augmenté.
Mme Dufour : Je vais... Je
vais rappeler les chiffres que... qui nous ont été transmis : 378, c'est
le nombre qu'on avait en 2018, 337 en 2022, 336 en 2023. Ce n'est pas
croissant, c'est décroissant.
M. Charette : Ce que je
mentionnais, c'est au niveau de la formation. La formation, on est en
croissance constante. Et même si on regarde au niveau de la dernière convention
collective, il y a un engagement, là, d'augmenter de 15 %. Et les
cohortes, j'insiste, l'information est plus exacte, elles sont en croissance,
là, depuis ces dernières... ces dernières années.
Mme Dufour : Mais est-ce que
ce sera suffisant, compte tenu des départs à la retraite qui viennent au même
moment? Je rappellerai que dans la dernière année, il y a eu 17 départs au
total, on en a formé 24. Mais, compte tenu qu'il y en a eu d'autres, départs
aussi, davantage en... l'année précédente, on est en décroissance, de un,
certes, mais est-ce que la prochaine cohorte sera capable de combler les
prochains départs?
M. Charette : Oui. Bien,
enfin, en fonction de la dernière convention, je le mentionnais, là, on a cet
objectif de 15 % de croissance, les cohortes, à 32 par année, donc, oui,
ce sera suffisant pour combler l'écart avec les départs à la retraite.
Mme Dufour : Donc, vous avez
des estimés de départ qui s'en viennent dans les prochaines années?
M. Charette : Le Conseil du
trésor a ces informations-là, effectivement.
Mme Dufour : O.K. Et
l'augmentation de 15 %, c'est pour les cohortes de formation ou c'est pour
le nombre total d'agents?
M. Charette : Je vais... Je
vais laisser la possibilité... C'est sur le nombre d'agents. C'est la
confirmation, là, qui m'est donnée à l'instant. Donc, c'est sur le nombre
d'agents et non pas sur l'augmentation au niveau de la formation. Pour ce qui
est de la formation, là, on est réellement, là, à 32 par année.
Mme Dufour : Avec une
augmentation de 15 %, on arriverait à peine au nombre d'agents qu'il y
avait en 2018. Mais l'enjeu, c'est qu'on augmente le nombre d'aires protégées,
et ce qui est très positif, mais ce qui fait... ce qui fait en sorte que, bien,
on va avoir beaucoup plus de territoires à couvrir par agent en augmentant le
nombre d'aires protégées. Alors, on ne semble pas avoir suffisamment d'agents
pour couvrir les territoires, même en augmentant de 15 %.
M. Charette : Et c'est une
question qui est importante. Ça permet de clarifier le rôle des agents. Les
agents n'ont pas un rôle spécifique dans les aires protégées. Leur mission
s'applique sur la grandeur du territoire québécois. Donc, que ce soit une aire
protégée ou un territoire qui soit organisé ou pas, le rôle des agents de la
faune demeure... de protection de la faune demeure le même. Donc, je ne fais
pas de lien entre le pourcentage de territoires protégés et le nombre d'agents.
Leur rôle s'applique autant sur un territoire protégé que sur un territoire non
protégé.
Mme Dufour : Pourtant, on
constate une baisse des signalements de braconnage de 30 %, des baisses de
constats d'infraction de 30 %. Les gens qui sont sur le terrain nous
indiquent que, bien, comme ils ne voient jamais d'agents dans certains
secteurs, bien, il n'y a pas d'incitatifs à dénoncer le braconnage, et donc il
y a moins effectivement de signalements et moins d'infractions. Donc, je
comprends, là, qu'on dit que ce n'est pas le rôle de... d'assurer les aires
protégées, mais c'est quand même le rôle d'assurer la protection de la faune.
Et, quand le territoire est si grand à couvrir... qui, finalement, ne sont pas
visibles, bien, ce n'est pas un problème pour la protection de la faune?
M. Charette : La collègue a
raison de mentionner que le territoire québécois, il est immense. On ne peut
pas avoir un agent derrière chaque arbre, c'est bien certain. Et c'est pour ça
qu'on s'appuie sur un réseau de partenaires, autant sur les territoires d'aires
protégées que sur l'ensemble du territoire québécois. Et on encourage les
témoins d'actes répréhensibles à les signaler. Il y a la possibilité, là, de
communiquer avec le ministère aisément, si des gens sont témoins, là, d'une
infraction. Mais non, on ne peut pas avoir un agent, là, derrière chaque arbre.
C'est une image, là, que j'emploie, mais le territoire québécois est
effectivement excessivement vaste.
Mais, quand je parlais de partenaires, on
a des assistants de la faune, on a des partenariats tantôt avec certaines
communautés autochtones, on a des partenaires... des partenariats, là, de
différentes... de différentes natures...
M. Charette : ...pour avoir
la meilleure idée possible sur l'ensemble du territoire.
Mme Dufour : Et comment vous
expliquez qu'il n'y ait pas d'agent à Senneterre? Les gens de là-bas
considèrent que c'est un problème, qu'ils ont besoin d'avoir un agent, et il
n'y en a aucun présentement.
M. Charette : Bien, je ne
parlerai pas de régions spécifiques qui ont chacune leur... leur réalité. Mais
les agents de protection ont ceci de particulier, c'est qu'ils sont... qu'ils
sont mobiles par région. On a des bureaux, mais ce ne sont pas des personnes,
là, qui sont confinées à leur bureau. Au contraire, ce sont des personnes qui
sont très présentes sur... sur le terrain. Donc, les déplacements se font au
gré des enquêtes qui se font, au gré des suivis qui se font, au gré des appels
qui sont logés aussi. Donc, ce sont des agents, là, qui sont mobiles sur l'ensemble
du territoire québécois.
Mme Dufour : Bien, en fait,
comment... On dit : Ce sont des gens qui sont très présents sur le
terrain, mais comment peuvent-ils être présents sur le terrain quand ils ont
autant de territoire à couvrir? Et là je vais vous donner des chiffres, M. le
ministre, là. En 2018, un agent couvrait 414 kilomètres carrés.
Aujourd'hui, un agent de la faune couvre 760 kilomètres carrés. C'est
beaucoup plus. C'est presque le double. Pourquoi, c'est plus... Le nombre... Il
y a eu moins... Il y a moins d'agents qu'à l'époque, mais il y a plus de
territoire à couvrir. C'est énorme. Est-ce que c'est... Est-ce que c'est
raisonnable de penser qu'un agent de la faune puisse vraiment couvrir
760 kilomètres carrés et être présent quand il reçoit un appel qu'il doit
faire 500 kilomètres pour se rendre? Est-ce qu'il va se rendre?
M. Charette : Ce sont des
questions légitimes. Je vous parlais au départ du nombre d'agents qui a été
affecté par la pandémie. Étant donné que pendant un certain temps, on n'a pas
été en mesure de former de nouveaux agents. Ça, c'est un élément de réponse.
Mais le plus important, je vous dirais, c'est les outils, qui sont maintenant à
la disposition des agents, qui se sont beaucoup améliorés. Ce sont beaucoup... qui
ont été bonifiés. Et ce n'est pas nécessaire à chacune des fois d'avoir un
agent physiquement sur place pour arriver au même résultat. Et ce que je
mentionnais aussi, il y a de nombreux partenariats qu'il ne faut pas négliger,
que ce soit avec les assistants de la faune, que ce soit avec... avec des
partenariats autochtones aussi. Donc, il ne faut pas... Ce serait... Ce serait
sans doute... En fait, c'est une erreur de diviser le nombre d'agents par le
nombre de kilomètres carrés du territoire québécois, là, ça ne donne pas une
idée suffisamment juste de la réalité, là, de leur travail.
Mme Dufour : Bien, reste que,
M. le ministre, ils ont de moins en moins... ils sont de moins en moins sur le
terrain. D'ailleurs, l'Association des chasseurs, pêcheurs, trappeurs et
archers de la Petite-Nation disait : Au Québec, on perd des agents de la
faune, et, un jour, c'est la faune qu'on va perdre. Parce qu'on l'a vu, il y a
eu une baisse... des signalements de braconnage et de... de constats d'infraction
de près de 30 %. Donc, combien... combien de pourcentage de moins on va
descendre avant de redresser la barre?
• (12 heures) •
M. Charette : ...si des gens
sont témoins d'actes illicites, que ce soit de braconnage ou autres, ils sont
invités à communiquer avec le ministère, et il y aura une réponse à chacune des
fois. Mais dans les faits, il y a aussi beaucoup de pédagogie qui s'est faite.
Donc, il ne faut pas parler ou penser qu'il y a baisse de signalements ou
d'accusation à cet effet-là uniquement parce qu'il y a moins d'agents. C'est
aussi que la population est davantage sensibilisée. Moi, je rencontre
régulièrement les chasseurs et les pêcheurs. Ils sont les premiers à vouloir
bien faire. Ils sont les premiers à vouloir contribuer à la protection de la
faune parce que leur passe-temps, sinon leur gagne-pain dépendent de cette
santé-là de la faune, donc les mentalités ont... ont évolué. Moi, pour parler
avec des chasseurs plus âgés qui me disent : À une certaine époque, on
faisait ceci ou cela. Et aujourd'hui ils sont les premiers à dire que ce sont
des pratiques qu'ils n'acceptent plus eux-mêmes dans leur propre... dans leur
propre quotidien, donc les mentalités ont changé aussi.
Mme Dufour : Bien, par
contre, les clubs de chasse ne partagent pas... votre opinion. Il y en a qui
disent justement : Bon, les agents de protection de la faune sont trop peu
nombreux pour répondre adéquatement à tous les appels. Ils disent : Si tu
appelles SOS braconnage, les agents n'ont pas le temps de venir prendre les
contrevenants sur le fait, ils sont trop loin ou indisponibles. Et, quand on
dit ils sont trop loin, si on continue avec le ratio actuel mais qu'on augmente
le nombre d'aires protégées, on va... on va arriver avec un ratio de 1 300 kilomètres
carrés par agent, 1 300...
12 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...mètres carrés
par agent. C'est... c'est ingérable. C'est impensable, penser que quelqu'un
peut être sur le terrain et couvrir plus d'un... plus de 1000 kilomètres
carrés, là.
M. Charette : Je peux... Je
peux confirmer que chaque information sur le braconnage qui est transmise au
ministère fait l'objet de suivi. Je peux confirmer que la dernière convention a
pu rassurer les agents, qu'il y a eu d'ailleurs entente à ce sujet-là. On se
souvient, ça a été de longues négociations. Donc, toutes les parties prenantes
aujourd'hui se disent on travaille ensemble pour protéger la faune. Et je ne
sais pas si la collègue a les mêmes contacts aussi fréquents que moi avec les
associations de chasseurs et pêcheurs, mais ce sont des alliés aussi dans le
domaine. Je ne dis pas que chaque pêcheur ou chaque chasseur est un agent de
liaison, mais je les sais de plus en plus sensibles et intéressés à justement
contribuer à la protection de notre... de notre faune. Et ce sont autant de z'yeux
sur le territoire, là, qui nous aident à assurer la mission du ministère.
Mme Dufour : Je n'ai
aucunement dit que les chasseurs n'étaient pas des... des alliés. D'ailleurs,
ce sont eux qui dénoncent la situation du manque d'agents de la faune et l'enjeu
que ça génère. Et les agents de la faune soulignent qu'ils passent 50 % à
faire du travail de bureau. Est-ce que ça, avec la dernière convention signée l'an
dernier, est-ce qu'on a mis plus de temps sur le terrain et moins de temps à
faire de la paperasse?
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
à partir du moment qu'il y a une enquête qui est réalisée, il y a des suivis
qui doivent se faire d'un point de vue administratif. Mais il y a un équilibre
qui est... qui est préservé et qui leur permet, là, de bien réaliser leur
travail.
Mme Dufour : Merci. J'aimerais
vous entendre maintenant sur le chevalier cuivré, un poisson, là, qui n'existe
qu'au Québec puis qui est en voie de disparition. J'aimerais savoir s'il y a eu
des actions qui ont été réalisées pour sa protection?
M. Charette : Comme pour
toutes les espèces, là, qui ont qui ont un statut particulier, il y a des...une
attention particulière, là, qui est accordée. À partir du moment où il y a un
projet qui devait... qui est susceptible d'affecter que ce soit leur habitat ou
encore l'espèce elle-même, il y a des mesures de précaution, là, qui sont
prises. Donc, c'est le cas pour le chevalier cuivré, comme c'est le cas, là,
pour les autres espèces, là, qui se retrouvent dans une situation comparable.
Mme Dufour : Puis est-ce que
vous avez reçu un plan de compensation du fédéral par rapport au... l'impact du
port de Contrecoeur?
M. Charette : Le fédéral et
le gouvernement du Québec se sont entendus, là, sur la nécessité de réaliser ce
projet-là. C'est un projet qui est important, mais qui va faire l'objet, là, de
mesures de mitigation justement, que ce soit pour le chevalier ou pour... pour
d'autres éléments, là, de protection de la faune ou de la flore. Mais c'est...
c'est à partir du moment où le projet déposé, à partir du moment où il y a des
étapes qui sont convenues, c'est là où les mesures de mitigation, là, peuvent
être imposées aux promoteurs.
Mme Dufour : Donc, je comprends
qu'il n'y a pas eu de plan reçu de compensation du fédéral par rapport à ce
projet-là.
M. Charette : Financièrement,
actuellement, le projet n'a pas été...
Mme Dufour : Non, non, non,
le plan.
M. Charette : J'ai peut-être
mal saisi la question. S'il y a une compensation financière du gouvernement?
Mme Dufour : Non, s'il y a eu
un plan déposé, le plan pour compenser le projet.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
le projet n'est pas encore... le principe est retenu, mais le projet n'est pas
encore en développement, n'est pas encore... les chantiers ne sont pas en
cours, mais, dans l'intervalle, il y a beaucoup d'efforts, là, qui sont faits
au niveau de la reproduction de l'espèce.
J'ai eu l'occasion, d'ailleurs, là, au cours
de la dernière année, d'aller sur le côté du Biodôme. Le Biodôme, il y a l'aspect
connu du grand public, qui est accessible au niveau du grand public, mais il y
a aussi beaucoup de recherche qui se fait, dans les coulisses du Biodôme,
notamment, là, sur... pour le chevalier cuivré, pour s'assurer de sa
reproduction.
Mme Dufour : ...vous n'avez
pas reçu le plan. On va juste passer à un autre sujet parce qu'il reste
vraiment deux minutes. Les espèces exotiques envahissantes. J'aimerais savoir, de
un, est-ce que... est-ce que les recherches ont avancé pour l'agrile du frêne?
Parce qu'elle est maintenant rendue aux portes de la Gaspésie et... Est-ce que
dans... est-ce qu'il y a eu du nouveau? Est-ce que le gouvernement continue de
faire de la recherche pour l'agrile?
M. Charette : Il y a un suivi
qui se fait. La collègue a tout à fait raison. Avec les changements
climatiques, on sera de plus en plus témoin de phénomènes de cette nature-là,
ou sinon, de ces espèces qui vont prendre de l'expansion sur le territoire. Au
niveau du plan nature qui sera déposé, éventuellement, il y a... il y a des
mesures, là, qui vont aider à faire face à...
Mme Dufour : Je demandais
juste s'il y avait encore de la recherche sur l'agrile du frêne.
M. Charette : Oui, tout à
fait...
M. Charette : ...se fait en
continu.
Mme Dufour : Merci. Et
dernière petite question : les plantes exotiques envahissantes sont
vraiment un enjeu et vraiment un risque pour notre biodiversité, mais il y en a
qui sont encore vendues en pépinière, au Québec, par exemple, l'érable de
Norvège, je le trouve aisément dans plusieurs pépinières, la renouée du Japon.
Pourtant, on le dit, là, c'est destructeur. Est-ce qu'on va éventuellement agir
pour arrêter de... tu sais, le coût de corriger la situation est beaucoup plus
grand que prévenir, et on pourrait commencer par les enlever de nos tablettes.
M. Charette : Je me souviens,
il y a quelques mois, il y a eu quelques articles intéressants là-dessus. Le
ministère est à regarder, justement, sa capacité d'intervention à ce niveau-là,
mais j'ai été aussi surpris, au moment de la publication de ces articles, de
voir qu'on vendait des espèces qui pouvaient représenter des menaces.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. C'est ce qui met fin au bloc avec l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole à la porte-parole du deuxième groupe d'opposition, Mme la
députée de Verdun, pour 7min 10 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. J'aimerais revenir sur l'échange, tout à l'heure, concernant la
protection du caribou, vous avez dit, M. le ministre, que la raison principale
qui a poussé à écarter le dépôt de la stratégie Caribou, l'année passée, tel
que promise et annoncée, c'était les feux de forêt. Cependant, les récents
incendies de forêt ont touché surtout ce qu'on appelle les jeunes forêts, et
pas l'essentiel du territoire qui était envisagé dans les plans, dans les
consultations, que ce soit la Gaspésie, que ce soit le territoire du... pour la
protection du caribou. Et là on rentre dans une nouvelle saison de feux de
forêt, qui commence de plus en plus tôt, donc j'aimerais ça entendre le
ministre. Jusqu'à quand qu'on va repousser cette stratégie-là? Parce que, dans
pas long, on va se retrouver sans forêt. Est-ce qu'il peut s'engager à déposer
la stratégie avant la prochaine saison des feux?
M. Charette : En fait, on ne
se retrouvera pas sans forêt, parce qu'elle est immense, mais, oui, les feux de
forêt, année après année, sont susceptibles de prendre de l'ampleur. Et c'est
un phénomène qui est inquiétant. Mais c'est vrai, drôle de hasard, si on peut
parler de hasard, mais la saison des feux de forêt, l'année dernière, a très,
très peu touché les territoires qui étaient visés par la stratégie Caribou.
Cependant, ils ont visé les territoires de rabattement pour l'industrie
forestière, donc c'est l'industrie forestière qui a perdu du potentiel qui leur
était destiné.
Et je reviens à ce que je mentionnais tout
à l'heure, la foresterie, au Québec, c'est fondamental, d'un point de vue
économique, bien sûr, une question d'occupation du territoire, également, et
même d'un point de vue environnemental. On veut de plus en plus construire avec
du bois pour, justement, ne plus avoir à utiliser autant le béton ou le ciment.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends, mais, M. le ministre...
M. Charette : Donc, on a
besoin du bois, donc on doit... tout ça doit pencher dans la balance.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends, la capacité forestière, avec les changements climatiques, avec les
changements au niveau du marché, va être constamment... il y a des facteurs de
risque à ce niveau-là. Maintenant, revenons au caribou, parce que ce n'est pas
de... c'est de ça qu'on parle. L'année passée, à pareille date, le 25 avril,
vous étiez extrêmement engagé, je vous cite : «Nous, l'engagement est très
ferme pour le mois de juin.» Et vous êtes même allé jusqu'à parler de certains
territoires qui sont importants pour les Premières Nations, vous avez
dit : «Il y aura des aires protégées de confirmées dans les prochaines
semaines. C'est un incontournable d'intervenir dans le...». Est-ce que le...
demeure un territoire que vous comptez protéger pour protéger le caribou, oui
ou non?
M. Charette : Ce que je
mentionnais l'année dernière, avec les informations qu'on avait à l'époque, je
le répéterais aujourd'hui, sans aucun problème. Cependant, il y a eu, par la
suite, des incendies d'une ampleur inégalée qui ne pouvaient pas faire
autrement qu'affecter la stratégie qui était sur le point d'être déposée. Je le
disais à la collègue de l'opposition officielle, on avait une date, on avait un
lieu, on avait tout, on était à quelques jours d'en faire la présentation.
Donc, ça a affecté la suite des choses.
• (12 h 10) •
Donc, moi, je suis confiant, je le
mentionnais aussi à la collègue de l'opposition officielle, de pouvoir
présenter, avec ma collègue aux Ressources naturelles et de la Forêt, dans les
prochaines semaines, cette autre étape. Parce qu'il y a déjà des choses qui se
font. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de stratégie globale qui a été
présentée qu'il n'y a pas d'initiatives, il y a beaucoup d'initiatives qui ont
été développées pour la protection du caribou.
Mme Zaga Mendez : Je demeure
quand même inquiète, M. le Président, parce que vous dites qu'il y a des choses
qui se font, puis, dans les crédits qui ont été... qui nous ont été transmis,
on voit que le financement de mesures budgétaires sur le déploiement des
nouvelles mesures de gestion de l'habitat et des populations de caribou
forestier s'élève à zéro dollar. Quelles sont les actions qui sont faites
depuis avril passé?
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, même dans les médias, on a vu, là, au cours des...
M. Charette : ...dernières
semaines, que ce soit du côté de la Gaspésie, que ce soit dans différentes
régions, il y a des mesures qui sont en place. Et lorsqu'on parle de mise en
enclos, lorsqu'on parle de mesures pour favoriser la gestation, c'est... c'est
toutes des mesures, là, concrètes pour préserver l'espèce. Sauf qu'on a des
réalités très, très disparates d'une région à l'autre. Dans certains cas, là,
c'est réellement une survie qui est assurée, je dirais, de façon artificielle,
en ce sens que ce n'est plus la nature qui est... qui est en mesure d'assurer
cette survie-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. Charette : Ils sont en
enclos.
Mme Zaga Mendez : J'aimerais
continuer. Vous parlez de stratégie régionale, des caractéristiques qui sont
uniques. En Gaspésie, il y a des consensus régionaux. En Gaspésie, les acteurs
sont prêts. La Haute Gaspésie même réclame d'accélérer pour la... l'industrie
récréotouristique. Est-ce possible de déposer une stratégie partielle pour la
Gaspésie?
M. Charette : Dans les
prochaines semaines, vous aurez réponses à toutes ces questions-là. C'est vrai
que la réalité de la Gaspésie est très, très différente de celle de la
Côte-Nord, ou du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ou de Charlevoix, ou de l'Abitibi.
Donc, on sera en mesure, là, de présenter une démarche différenciée.
Et, au niveau de la Gaspésie, vous le
dites, c'est pour protéger une industrie qui leur est chère, à juste titre, au
niveau du tourisme, notamment, mais c'est de mettre en valeur aussi le
potentiel faunique. Et ce sera... ce sera considéré, là, dans ce qui sera
présenté.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Zaga Mendez : Oui. Juste
une dernière question. Je pense que c'est le temps que je vais avoir. Un de nos
premiers échanges, M. le ministre, a porté sur la rivière Magpie, porté sur la
promesse de protéger la rivière Magpie, qui était reconnue internationalement.
On passe une alliance, l'Alliance Muteshekau-shipu des Innus de la Côte-Nord.
Il y avait une ouverture de votre part, mais tout de suite après, on a vu des
intérêts de la part d'Hydro-Québec pour cette rivière. J'aimerais avoir un
engagement ferme de votre part : Est-ce qu'il va y avoir une aire protégée
dans... autour de la rivière Magpie, oui ou non?
M. Charette : Dans les...
Bien, en fait, années après année, j'oserais dire mois après mois, on ajoute
des mesures de protection. On a augmenté, là, comme aucun gouvernement par le
passé, le pourcentage et le nombre de kilomètres carrés d'aires protégées.
Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire quels seront les prochains projets. On en
a adopté encore dans les dernières, dernières semaines.
Pour ce qui est de la rivière Magpie, de
façon particulière, ce qu'Hydro-Québec a pu dire, ce que mon collègue à
l'énergie et ce que moi, j'ai pu aussi réitérer au cours des dernières années,
c'est qu'il n'y a pas de projet hydroélectrique en préparation sur cette
rivière-là. Donc, il n'y a pas... il n'y a pas de menace à la rivière, qui
constitue un joyau. Mais je ne suis pas en mesure de dire aujourd'hui à la
collègue, ce sera dans le prochain bloc ou pas d'aires protégées. Mais il n'y a
pas de projet qui menace cette rivière-là.
Mme Zaga Mendez : Parce qu'à
la COP15 on était... on sentait, là, que l'aire protégée s'en venait. Mais
c'est tant mieux, s'il n'y a pas de projet d'Hydro-Québec. J'entends
l'engagement. Ce projet-là, il est dans votre bureau depuis une dizaine
d'années au moins, cette aire protégée est attendue par tout le monde, on vous
demande d'accélérer.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met fin au bloc avec la deuxième opposition. Je cède maintenant
la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président, merci, et merci à tous de prendre part à cet exercice de reddition
de comptes.
M. le ministre, bonjour. Ça fait
47 ans que les clubs privés ont été transformés en zecs. Je présume, puis
j'aimerais ça vous entendre par oui ou par non, que vous êtes d'accord que
c'est un succès sur toute la ligne, d'un point de vue de la protection de la
faune?
M. Charette : Oui, c'est une
belle initiative, effectivement, qui est... qui est bien supportée par les
milieux.
M. Arseneau : Alors, est-ce
que... est-ce que vous connaissez le Club Appalaches, le dernier club privé du
Québec? C'est dans la circonscription de Rivière-du-Loup, là. La MRC des
Basques demande le rachat des droits du club. Est-ce que vous pensez que c'est
une bonne idée, la proposition de la MRC, comme nous, on le pense, au Parti
québécois?
M. Charette : Je pense que
votre collègue de Matane m'en a parlé, il y a quelques jours, tout juste.
M. Arseneau : Et vous pensez
que c'est une bonne idée?
M. Charette : En fait, il
devait me faire parvenir de l'information à ce... à ce niveau-là. Nous, on
supporte les zecs. En même temps, il y a des clubs privés sur le territoire du
Québec. C'est de voir, dans certains cas, il y a des rachats possibles. Moi, je
me souviens que sur le côté de l'île d'Anticosti, il y a quelques années, on a
procédé à un rachat pour l'intégrer au domaine public par la suite. Mais il
faut voir le coût-bénéfice. Il y a plusieurs clubs privés, est-ce qu'on doit
investir des dizaines de millions à les racheter plutôt qu'investir cet
argent-là dans le développement de mesures qui pourraient être plus efficaces?
Il faut évaluer au cas par cas. Mais je n'ai pas de détails.
M. Arseneau : Mais est-ce que
vous vous engagez à examiner le coût de rachat, puisque c'est...
M. Arseneau : ...
M. Charette : Des éléments
qui sont effectivement mis dans la balance. Donc, à partir du moment où il y a
de l'intérêt... Il faut d'abord et avant tout qu'il y ait un intérêt pour
vendre pour les propriétaires. Et si les propriétaires envoient un signal
qu'ils sont intéressés à vendre, c'est là où on peut regarder si le prix
demandé est intéressant par rapport aux bénéfices que ça génère.
M. Arseneau : Mais ce que je
comprends, c'est que si les propriétaires ne sont pas intéressés à vendre, vous
trouvez ça juste et bien correct d'avoir, sur des terres publiques qui
appartiennent au domaine de l'État, une parcelle de 150 kilomètres carrés
qui appartient à un club privé?
M. Charette : On est dans une
société de droit. Je comprends qu'on ne fait plus, en 2024, ce qui pouvait se
faire il y a plusieurs années, sinon plusieurs décennies. Donc, à partir du
moment où il y a un contrat en bonne et due forme qui a été signé à une
certaine époque, avec des modalités qui étaient en respect avec la loi... Je
peux convenir qu'on ne ferait sans doute plus ça en 2024, mais on est dans un
État de droit, là. Je ne peux pas non plus effacer le passé, là, sans
considération.
M. Arseneau : Mais le
gouvernement a quand même la capacité d'intervenir de façon à pouvoir acquérir
ces terres-là avec compensation. Il y a des mécanismes qui le permettent.
M. Charette : Et j'ai des
éléments d'information qui me parviennent. Il y a eu deux démarches devant les
tribunaux — bien, en fait, ça confirme ce que je mentionnais — et
les tribunaux ont tranché que la possession des droits était légale. Donc, ça a
été fait avec des dispositions qui, aujourd'hui, ne seraient certainement plus
préconisées. Mais, en même temps, si les tribunaux confirment la légitimité de
ces conventions-là, on peut autrement y arriver que par une négociation. Il y a
un prix qui serait convenu par les deux parties. Mais encore une fois, si le
prix demandé est à ce point élevé et que le ministère devait décider que cet
argent-là serait mieux investi sur un territoire possiblement encore plus
vaste, on va aller avec l'intérêt commun, là, c'est bien certain.
M. Arseneau : Et l'intérêt
commun du point de vue de la MRC, même du point de vue de certaines Premières
Nations, ce serait que le gouvernement du Québec aille de l'avant de façon à
pouvoir non seulement faire une offre, mais vraisemblablement, si l'intérêt
n'est pas là, du côté du club privé, exproprier.
M. Charette : Bien, la MRC,
si elle... si c'est sa priorité, la MRC pourrait l'acheter, mais je devine que
c'est un prix qui est extrêmement, extrêmement élevé. La MRC va se retrouver
dans la même position que le gouvernement, c'est-à-dire il y a un prix qui
pourrait être fixé. La MRC va se dire : Avec cet argent-là, est-ce que
c'est le meilleur investissement que l'on puisse faire ou il n'y a pas d'autre
investissement qui pourrait rapporter des bénéfices plus grands. Mais il y a eu
des tentatives, je le confirme, il y a eu des tentatives devant les tribunaux,
et les tribunaux ont donné raison au club en question, et ils ont des droits
reconnus, là, sur le territoire en question.
M. Arseneau : On comprend que
le... à votre avis, le gouvernement ne se porterait pas en soutien à la MRC qui
voudrait entreprendre une démarche...
M. Charette : Ce n'est pas ce
que je dis. Il faudrait avoir un prix et, à partir du moment où il y a un prix
qui a été évoqué, voir si ce montant-là est le meilleur investissement et si
c'est le montant qui rapporte le plus de bénéfices. Mais des besoins en matière
de protection du territoire, il y en a beaucoup. Donc, si le prix est trop
élevé, je suis convaincu qu'avec le même argent, je peux faire encore mieux sur
une plus grande étendue encore.
• (12 h 20) •
M. Arseneau : Le temps file
et je vais aborder à mon tour le dossier du caribou. Vous êtes officiellement
titulaire du dossier de la faune depuis octobre 2022. Puis quand on regarde le
dossier du caribou, là, en avril 2021, vous deviez présenter un plan, une
stratégie pour la même année, la fin de l'année 2021. J'ai l'article ici.
Ensuite, on a dit, un petit peu plus tard, là, en novembre 2021 : Bien, ça
va être en 2023. Puis ensuite, on a dit, en décembre 2022 : Ça va être en
juin 2023. Puis près ça, on a dit, en décembre 2023 : Ça va être en
janvier 2024. Puis plus récemment, 30 janvier 2024, bien, on a dit que ce
serait en février. Puis ensuite, en mars, bien, on a dit qu'il n'y avait pas
d'échéance. Ça fait six reports de suite. C'est pour quand?
M. Charette : Je pense, j'ai
répondu à la question. C'est un dossier immensément complexe, convaincu que mon
collègue du Parti québécois en est pleinement conscient. Complexe parce que ça
met non pas en opposition, mais en interrelation des domaines qui peuvent être
conflictuels, la protection de la faune très certainement, mais également la
protection d'une économie qui fait vivre littéralement nos...
M. Charette : ...régions. Ne
pas considérer les impacts d'une mesure sur l'autre partie prenante, ce serait
irresponsable. Et ce que je mentionnais, c'est que nous étions prêts à
présenter cette stratégie-là à la fin du printemps dernier, et est survenu la
pire saison de feux de forêt que le Québec n'ait jamais connue, ça a eu un
impact direct sur les territoires qui étaient considérés, et ne pas en prendre
acte aurait été irresponsable. Donc...
M. Arseneau : Mais on l'a dit
tout à l'heure, il y avait des zones qui n'étaient pas touchées par... ah!
c'est fini.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met fin à la période d'échange avec le troisième groupe
d'opposition. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. M. le ministre, bonjour. Peut-être avant de commencer à vous poser
une question, je... j'ai consulté les différentes réponses aux questions des
oppositions et je tenais encore une fois à saluer l'ensemble du travail de vos
équipes, parce que c'est titanesque comme... comme travail. Et donc, merci, je
trouvais ça important de saluer vos équipes.
Je ne sais pas si vous vous rappelez, M.
le ministre, en 2019, nous étions à nos premières études de crédits, vous comme
ministre de l'Environnement et moi comme députée, et je souhaitais vous faire
part... je souhaitais vous faire part de ma grande préoccupation envers la
biodiversité, notamment l'effritement de la biodiversité au Québec, mais dans
le monde. Je vous disais que c'était un enjeu crucial, tout aussi important que
les changements climatiques. Pourquoi? Parce que, dans le fond, au niveau de la
biodiversité, la nature nous offre des services écologiques qui contribuent
grandement au maintien du bien-être humain. Et je vous rappelais qu'il y avait
des services écologiques comme l'habitat, la régulation du climat, la purification
de l'eau, de l'air, l'atténuation des inondations, des sécheresses, et je vous
invitais, à ce moment -là, à est-ce que vous étiez prêts à travailler avec moi
au cours des années qui suivent pour intégrer et surtout pour mettre en valeur
toutes les initiatives. Parce qu'il y a une grande volonté, au Québec, de
protéger notre nature et donc de mettre en valeur les initiatives qui étaient
émergentes à l'époque, accompagner les acteurs... les acteurs qui souhaitaient
contribuer à nos cibles de protection de la biodiversité. Et évidemment, vous
avez accepté, et depuis cinq ans, je pense qu'il y a beaucoup de choses que
vous avez mises en place qui... qui mettent en valeur ou qui bonifient nos
outils. Vous portez aussi une attention particulière dans le sud du Québec.
Vous avez annoncé en... lors de la COP15, vous et le premier ministre, un plan
nature, vous en avez parlé tantôt, qui viendra... qui sera annoncé bientôt.
Mais depuis la pandémie, M. le ministre,
on a constaté en fait, et c'est ce que je trouve vraiment intéressant, on a
constaté qu'un des services écologiques qui passait souvent sous le radar,
c'est le service écologique qui parle d'équilibre psychologique. Et donc quand
on parle d'apaisement, quand on parle de développement psychosocial, quand on
parle de relations sociales, la nature nous offre énormément de bien-être à ce
niveau-là. Et nous, on l'a nommé, depuis ce moment- là, l'accès à la nature,
hein? J'aimerais ça que vous me parliez un peu de quelles sont les futures
étapes qui vont venir. Parce que je rappelle que le premier ministre avait, en
2019, lors de son discours d'ouverture, a dit : «Les Québécois auront
accès à la nature et vont profiter de la beauté de notre territoire à travers
de nombreux projets.» Moi, j'ai envie, avant que vous me parliez qu'elles sont
les étapes qui vont suivre, notamment au niveau des parcs nationaux, que ça
soit de la création de parcs nationaux ou l'agrandissement de parcs existants,
j'ai envie de vous inspirer de rappeler rapidement...
Mme Grondin : ...une citation
de Serge Bouchard : «Il semble qu'une société qui se respecte et qui se
construit construit aussi son discours sur les trésors qu'elle possède.» Donc,
je vous laisse la parole.
M. Charette : C'est sage. Il
me reste encore quelques livres de Serge Bouchard d'ailleurs à lire, personnage
très, très inspirant. Bien, la collègue... bien, peut-être, je le disais à
notre collègue de l'opposition officielle, merci de souligner le travail des
gens du ministère. C'est un travail colossal, celui de l'exercice des crédits,
mais, au quotidien, c'est un travail aussi colossal, là, qui se réalise par les
équipes.
Et c'est vrai qu'au niveau de la
protection de la biodiversité il y a une prise de conscience plus importante
pour laquelle je suis moi-même un témoin. Les premières COP auxquelles
j'assistais, il y a quelques années maintenant, oui, la lutte aux changements
climatiques était au cœur de ces grandes rencontres internationales, on parlait
beaucoup, à juste titre, de la diminution des gaz à effet de serre, mais c'est
relativement récent qu'on fait un lien tout aussi important entre ce défi-là et
le défi de la protection de la biodiversité. Et c'est vrai que les solutions à
la lutte aux changements climatiques passent dans bien des cas par la
protection de la biodiversité. Donc, il y a une prise de conscience
internationale. Il y a une prise de conscience au Québec également.
Au cours des cinq dernières années, en
termes d'aires protégées, ce sont des dizaines de milliers de kilomètres carrés
qui ont été ajoutés, nous permettant de rencontrer nos objectifs de 2020. Et
lorsqu'on a pris le pouvoir en 2018, ça faisait des années où qu'il y avait de
la stagnation à ce niveau-là et on était très, très loin de la cible. Et, à
force d'efforts, on y est parvenu et on a pris des... des engagements tout
aussi formels pour les cibles de 2030 et surtout avec des argents en
conséquence. Ce sont plusieurs centaines de millions... millions de dollars. Si
on additionne Fonds Bleu, Plan Nature, on dépasse le milliard de dollars, là,
qui ont été... qui ont été confirmés dans les derniers budgets.
Et l'accès à la nature est la conséquence
de ça. On ne peut pas vouloir protéger la nature si on n'est pas conscient de
sa beauté, si on n'est pas conscients de ses bienfaits, et c'est la raison pour
laquelle il y a des engagements bien, bien précis qui ont été pris, soit des
agrandissements, celui du parc du Mont-Orford, moi, ça fait 15 ans que je
suis à l'Assemblée nationale, ça fait 15 ans que j'ai entendu les
gouvernements précédents en parler sans procéder. Nous, le BAPE est terminé. On
est sur le point de passer à l'étape suivante. Avec mon collègue ici présent,
on s'est beaucoup parlé...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup.
M. Charette : ...des dunes de
Tadoussac aussi, avec un BAPE qui a été confirmé. Bref, on avance.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Ceci met un terme au bloc d'échange avec le parti
gouvernemental. Donc, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux
au mercredi 17 avril à 11 h 30, où elle entreprendra
l'étude du volet Environnement et Lutte contre les changements climatiques, des
crédits budgétaires du portefeuille Environnement et Lutte contre les changements
climatiques, Faune et Parcs.
(Fin de la séance à 12 h 30)