Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 13 mars 2024
-
Vol. 47 N° 43
Étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d’introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection et d’autres dispositions en matière de sécurité routière
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11 h (version non révisée)
(Onze heures neuf minutes)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant
principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des
dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions en
matière de sécurité routière
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dufour (Mille-Îles) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont).
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Je vous rappelle que, lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous
en étions à l'étude d'une motion présentée par la députée de Nelligan. M. le
député, il vous reste 18 min 5 s, et je vous cède la parole.
M. Derraji : Oui, merci, Mme
la Présidente. Écoutez, très, très heureux de recommencer ce débat extrêmement
important par rapport à la sécurité routière. Et hier nous étions dans un
débat, au-delà de dire que c'est un débat qui était philosophique par rapport
au choix des mots, mais était un débat quand même très intéressant avec nos
collègues de la partie gouvernementale, et que j'apprécie beaucoup parce que...
Mon collègue hier m'a dit : Écoute, il ne faut pas... il ne faut pas
penser qu'on a pensé comme ça, par rapport au sujet de l'alcool au volant et au
niveau de l'impact au niveau des régions. Mais vous savez... Et je pense que le
fait de déposer cette motion va nous démontrer réellement, réellement si les
collègues de la partie gouvernementale, au niveau d'entendre l'ARQ, qui est
quand même présente... et représente beaucoup de restaurateurs, beaucoup de
bars dans les régions, ils sont interpellés par les enjeux de l'alcool au
volant... Mais je pense qu'on va avoir une occasion en or de les entendre en
commission parlementaire. On ne les a pas interpellés dans le cadre de la
commission parlementaire. Probablement j'aurais dû insister avant de dire oui à
la motion, parce que, normalement, ça passe par notre bureau, comme vous le
savez, Mme la Présidente, le choix des groupes, probablement j'aurais dû
insister davantage, mais vous savez quoi? Ce n'est jamais trop tard. On peut
toujours faire les choses correctement. Et je suis convaincu et rassuré que les
collègues de la partie gouvernementale, pour une motion très importante, comme
celle que j'ai devant moi aujourd'hui concernant l'écoute qu'on doit avoir et l'échange
qu'on doit avoir avec l'Association Restauration Québec... est très importante,
très importante pour plus des régions... plusieurs, plusieurs raisons.
Ce que nous avons entendu sur la place
publique, en fait, le seul argument qui reste, le seul argument qui reste sur
la table, c'est que ça risque de nuire, ça risque, une hypothèse, ça risque de
nuire aux restaurants et aux bars. Bien, pourquoi on ne crève pas cet abcès, Mme
la Présidente? Pourquoi on ne parle pas avec l'ARQ, on échange avec eux? C'est
les meilleurs représentants qui représentent les bars, qui représentent les
restaurateurs. J'aurais aimé que les gens du ministère nous partagent des
fichiers et des notes, mais, vous savez, Mme la Présidente, on n'est pas au
gouvernement, donc on peut juste demander, s'ils le souhaitent, s'ils ont eu
des échanges avec l'ARC concernant l'alcool au volant. Parce que c'est le seul
argument qui reste encore sur la table, à part l'argument que le transport en
région est un peu déficitaire...
M. Derraji : ...déficitaire,
qu'il manque un transport en région. Mais ça, ça, on va avoir l'occasion
d'échanger avec Mme la ministre du Transport, qui va nous éclairer par rapport
à ces investissements en matière de transport dans les régions, qu'est-ce que
son ministère a fait pour améliorer l'offre. Parce que, vous savez, une chose
très importante, si on améliore lors des transports en commun dans les régions,
hein, et qu'on s'entend avec l'ARQ, qu'eux représentent les restaurateurs et
les bars, on a réglé le problème de l'alcool au volant. On va avoir moins de
problèmes, moins d'enjeux de collisions mortelles, et c'est ce qu'on souhaite.
D'ailleurs, je vais applaudir le Code de
la sécurité routière, Mme la Présidente, je vais me lever au salon bleu, je
vais voter pour, et Mme la vice-première ministre, la ministre du Transport va
dire : Écoutez, j'ai rallié toutes les oppositions. Je ne sais pas, mon
collègue de Québec solidaire, qu'est-ce qu'il va faire, mais je pense que, si,
si on se donne un cadre où on va régler ce qui reste sur la table et ne pas
parler au nom de ces groupes... je pense qu'on... je pense qu'on va avoir... on
va voir un succès. Et c'est ça, notre... Et c'est pour cela que nous sommes
élus, Mme la Présidente, c'est pour cela qu'on joue notre rôle en tant que
législateur. Le rôle de législateur, il est très, très important, et j'en suis
sûr et certain, que mes collègues qui prennent... qui font la route ou qui
prennent le... dans... d'autres moyens de transport, j'espère que nos
collègues, on va les... qui sont coincés dans le Nord vont revenir très
rapidement, et... c'est les enjeux de transport, Mme la Présidente. C'est une
semaine du budget où nos trois collègues avec... avec... avec le climat et avec
les moyens de transport... On a trois collègues qui sont dans une région à
cause, encore une fois... probablement pas uniquement les conditions
climatiques, mais aussi la disponibilité du transport, mais ça, c'est un autre
sujet.
Je vais revenir à l'ARQ, Mme la
Présidente. Moi, je pense qu'aujourd'hui les membres de cette commission
sont... sont prêts, si j'ose dire. C'est le premier groupe... Et là, écoutez,
vous avez le droit de poser toutes les questions à l'ARQ. Probablement, l'ARQ
va avoir des arguments solides et nous dire : Écoutez, M. le député,
imposez des mesures administratives entre 0,05 et 0,08, ça va baisser mon
chiffre d'affaires. Et c'est correct, ils ont le droit de le dire, mais ils
peuvent le dire en commission parlementaire, ramener des arguments. Nos
collègues aussi, de la partie gouvernementale, ils peuvent applaudir la
décision de l'ARQ qui leur dit : Écoutez, ça n'a aucun bon sens que... ce
que le collègue de Nelligan est en train de faire parce qu'imposer des mesures
administratives, ça va nuire à notre chiffre d'affaires, ça risque de mettre en
péril des bars dans les régions, etc. Mais c'est ça, le rôle d'une commission
parlementaire, Mme la Présidente. Et vous le savez, vous aussi, vous avez un
rôle de favoriser ce débat, parce que c'est ce que vous faites présentement,
comme ce fut le cas avec notre collègue président qui a joué le même rôle hier,
c'est favoriser le débat à l'intérieur des commissions parlementaires. Et
comment on va favoriser le débat à l'intérieur des commissions parlementaires
si on n'entend pas des groupes?
Et vous savez quoi? Pour ce combat par
rapport à de l'alcool au volant, vous allez me dire... on est rendus, je ne
sais pas quoi, à la troisième ou la quatrième motion? Pourquoi je le fais, Mme
la Présidente? Je le fais parce que j'y crois. Je le fais parce que le bilan
routier et les accidents mortels... Les faits sont là. Nous avons essayé des
arguments scientifiques avec le gouvernement. Malheureusement, ça ne donne
presque rien. On a parlé de l'INSPQ, on a parlé de l'association de santé
publique. Mais, vous savez, quand CAA-Québec, qui est un partenaire du
ministère, qui est un partenaire crédible, quand CAA-Québec déclare
publiquement que c'est un fléau, l'alcool au volant, vous, en tant que législateur,
tous les collègues, vous avez un partenaire qui vous dit que c'est un fléau,
l'alcool au volant, c'est comme les autres distractions, comme le cellulaire au
volant... Et vous êtes en train de revoir le Code de la sécurité routière. Nous
sommes en train de revoir le Code de la sécurité routière. Et vous avez un
partenaire. C'est... c'est des experts dans le domaine qui vous disent :
Écoutez, le projet de loi manque de cible, vous ne traitez pas de l'alcool au
volant. On n'en a pas eu l'occasion, un... D'ailleurs, il n'y a rien dans le
projet de loi qui parle de l'alcool au volant, aucune mention. Mais moi, je
veux aller plus loin, et je compte vraiment sur mes collègues. Hier, j'ai
vraiment aimé les interpellations parce que les interpellations des collègues,
elles étaient justes, ils m'ont dit que... Ce que tu as dit, ce n'est pas vrai.
Ce n'est pas grave, ça fait partie du débat, je l'accepte, et, si ce n'est
pas...
M. Derraji : ...où j'ai
interprété des déclarations. Bien, on a l'occasion de voir l'heure juste avec
l'ARQ. On a l'occasion, Mme la Présidente, d'avoir l'heure juste avec l'ARQ.
Pourquoi? Les deux arguments qui restaient pour le gouvernement sur la table,
c'est le transport en région, parce qu'il y a une disparité entre les régions.
Et, quand les gens, on va imposer des mesures administratives, ils seront
obligés d'utiliser un autre moyen de transport. Et il y a l'autre argument, il
y a l'autre argument que ça risque d'affecter les restaurants et les bars.
C'est ce qui reste sur la table. S'il y a d'autres arguments, prière, chers
collègues, prenez le temps, demandez à Mme la Présidente le droit d'intervenir
et dites-moi quels arguments restent encore sur la table.
Par rapport aux transports dans les
régions, Mme la Présidente, il n'y a pas de moyen, à moins de convoquer la
ministre avec motion préliminaire, mais on ne peut pas le faire, parce que
c'est la ministre qui doit nous répondre : Pourquoi il n'y a pas de
transport en commun dans les régions? Parce que, si on avait un transport en
commun dans les régions, le problème, il est réglé. Imposer les mesures
administratives, ça va donner les mêmes résultats que... comme dans les autres
provinces canadiennes, et ça a démontré que ça marche. Et l'autre argument
qu'il reste sur la table, c'est l'ARQ. Et c'est ça, c'est ça, ma démarche, Mme
la Présidente. Ce que je veux, ce que j'essaie autour de la table, j'ai des
collègues très intelligents, ils sont là pour les bonnes raisons, ils veulent
améliorer les choses. Mais qu'on se donne tous, qu'on se donne tous ce droit
d'améliorer très bien les choses, qu'on améliore le Code de la sécurité
routière.
• (11 h 20) •
Donc, il y avait deux éléments qui restent
pour dire : Écoute, on a fait le tour de la question, mais on n'a pas
entendu l'ARQ. Pourquoi, un, on ne les a pas invités? Et je vous dis, je prends
une partie de cette erreur... en partie, cette erreur, parce que j'aurais dû
insister du moment que, dans le projet de loi, il n'y a aucune mention, une
mention de l'alcool au volant comme risque pour des accidents mortels et de
collision mortelle, surtout qu'on parle de la sécurité routière. Mais du moment
qu'on ne les a pas entendus, donc on ne peut pas dire aujourd'hui que l'ARQ,
ils ont parlé publiquement par rapport à l'alcool au volant et ils ont clarifié
la position, l'impact d'une telle mesure. Parce que je pense que si on veut
aller de l'avant et convaincre Mme la ministre, mais aussi les collègues de la
partie gouvernementale, qu'imposer les mesures administratives risque, risque
de nuire, de nuire à un groupe, le minimum, le minimum à faire, le minimum, Mme
la Présidente, c'est les entendre en commission parlementaire.
Et là je vais vous ramener aux autres
provinces. Et pour les autres provinces, à part le Yukon, la plupart des autres
provinces, ils ont imposé des mesures administratives. J'imagine, Mme la
Présidente, vous avez eu l'occasion d'aller manger à Toronto, Vancouver. Je
n'ai pas entendu une baisse du chiffre d'affaires pour ces restaurateurs. Je
n'ai pas vu, je n'ai pas vu, je dirais, des manifestations de bar ou de
représentants de bar et de restaurant, que le fait d'imposer des mesures
administratives a empêché ces restaurateurs de continuer à vendre de l'alcool,
à faire leur chiffre d'affaires et toujours continuer d'opérer. Donc, continuer
à utiliser l'argument que ça va nuire à quelqu'un, je le nomme, à savoir les
bars et les restaurants, ça ne tient pas la route, Mme la Présidente.
Donc, pour ce qui me reste dans le temps,
parce que je présume, le 50 % que le gouvernement va accepter, va
dire : Quelle bonne idée! On va inviter ce groupe pour les écouter. Parce
que oui, c'est vrai, l'argument qu'on a, je dirais, il n'y a personne qui a
appuyé le vote du gouvernement contre l'alcool au volant, mais probablement on va
avoir l'occasion d'entendre la'ARQ, ils vont poser les questions, et je vais
réaliser, Mme la Présidente, que j'étais dans le champ. Ça arrive. C'est pour
cela qu'on pose des questions. C'est pour cela qu'on joue notre rôle, en tant
qu'opposition officielle, avec beaucoup de rigueur. Ça, vous le savez, Mme la
Présidente. Donc, au niveau de l'ARQ et au niveau même de la partie
gouvernementale, ce qui est très important à savoir...
M. Derraji : ...parce que,
dans les autres provinces canadiennes, la mesure a été implantée. Et vous savez
quoi? Ça a donné des résultats. Je sais que le temps, il est précieux dans
cette commission, mais si j'ai le temps de trouver... j'ai fait un comparatif,
Mme la Présidente, entre les mesures administratives, entre... entre les
provinces canadiennes, et j'invite les collègues que... je sais, il y a, autour
de la table, pas mal de chercheurs, faites affaire avec la bibliothèque de
l'Assemblée nationale. Un beau document, ça s'appelle le Portrait pancanadien
des sanctions pour conduite avec les facultés affaiblies. Quand je vous dis,
Mme la Présidente, que je fais très bien mes devoirs, je ne parle pas dans le
vide, avec des arguments et avec un comparatif. Mais vous savez quoi? Je vais
faciliter la tâche des collègues. Je le dépose, ce document, hein? Je suis
généreux, je vous le dis, Mme la Présidente. On va déposer, cher... s'il vous
plaît, ce document. Et les sanctions pour la conduite avec un taux d'alcool
inférieur à 80... Et vous savez pourquoi ces provinces, ils sont allés avec des
mesures administratives? C'est pour une raison très simple. À l'époque, le
gouvernement fédéral voulait aller à 0,05, code criminel. Je ne suis pas là en
train de parler du Code criminel. Code criminel, c'est le fédéral, c'est 0,08.
Je parle des mesures administratives. Ce que nous, on contrôle dans notre champ
de compétence, ça va aider Mme la ministre responsable du Transport à améliorer
le bilan routier.
L'Alberta, taux d'alcool supérieur à 0,05,
première infraction, suspension immédiate du permis pour trois jours, saisie
pour trois jours et amende de 300 $. C'est de l'Alberta. Je pense que les
gens boivent quand même en Alberta. Je ne vais pas commencer à juger les
provinces, Mme la Présidente, mais je pense que... oui. O.K. deuxième
infraction, suspension immédiate du permis pour 15 jours. Troisième...
troisième infraction. Suspension immédiate de 30 jours. Est-ce que les
gens de l'Alberta n'ont pas les mêmes problèmes que le Québec? Est-ce qu'il n'y
a pas de régions en Alberta? Est-ce qu'il n'y a pas de bar au restaurant?
Colombie-Britannique, même chose, taux
d'alcool supérieur à 50 mg, le 0,05. Première infraction, interdiction de
conduire immédiate pour trois jours. Saisie de véhicule pour trois jours.
Amende de 100 $. Même chose, deuxième infraction, troisième. C'est des
mesures administratives. Colombie-Britannique. Elles ont la même chose. C'est
des régions et aussi ils ont des bars et des restaurants. Manitoba. Taux
d'alcool supérieur à 0,05, première infraction, suspension immédiate du permis
pour trois jours, saisie de véhicule pour trois jours. L'amende est de
400 $. Eux, ils ont ajouté à 100 $. Ça, c'est le Manitoba, O.K.?
Nouveau-Brunswick, Mme la Présidente.
C'est des voisins. 0,05, suspension du permis de conduire. Eux, ce n'est pas
trois jours, c'est sept jours, hein, c'est sept jours au Nouveau-Brunswick,
saisie de véhicule... désolé, suspension de permis de conduire, suspension du
permis de conduire pour sept jours, pas trois jours. Véhicule saisi pour trois
jours. Même chose deuxième infraction et troisième infraction.
Nouvelle-Écosse. Même chose, première
infraction, il n'y a pas d'amende. Suspension du permis de conduire pour sept
jours. Deuxième pour 15 jours. La troisième, c'est 30 jours. Ça,
c'est la Nouvelle-Écosse, Mme la Présidente. L'Ontario, ah! l'Ontario, que le
premier ministre aime bien. Ah, voilà! Suspension du permis de conduire pour
trois jours. L'amende, 250 $. Deuxième infraction, suspension du permis de
conduire pour sept jours, amende de 350 $ et inscription à un programme de
sensibilisation. Moi, Mme la Présidente, je l'offre à Mme la ministre. On peut
lancer un programme de sensibilisation. Le but, c'est améliorer le bilan de la
sécurité routière et baisser le nombre de collisions mortelles. C'est ça qui
nous anime, Mme la Présidente.
Malheureusement, au Québec, c'est non
applicable. Tout ce que je viens de dire en termes de mesures administratives,
c'est non applicable. Il n'y a pas de mesures administratives. Et, Mme la
Présidente, donc, je vois que, malheureusement, je vais terminer parce qu'il ne
me reste plus de temps. J'aurais aimé continuer parce que c'est un sujet qui me
passionne. On ne fait rien par rapport à l'alcool au volant et il n'y a aucune
mesure administrative. Et on va continuer, Mme la Présidente, malheureusement,
à avoir les mêmes effets. On est les seuls au Canada, on est les seuls au
Canada à ne pas imposer des mesures administratives. Donc, Mme la Présidente,
je formule le vœu que mes collègues, avec les échanges que nous avons eus hier,
vont accepter d'entendre l'association Restauration Québec, que je respecte...
M. Derraji : ...de venir nous
exposer les points positifs et les points négatifs de l'implantation d'une
telle mesure. Je suis ouvert à les écouter et j'espère que cette fois ci, le
gouvernement et les collègues caquistes vont voter pour cette motion
préliminaire. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres interventions sur la motion préliminaire? M.
députée de Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, je suis très content de la proposition de
mon collègue de Nelligan d'entendre, de proposer qu'on entende, en fait,
l'Association Restauration Québec. Il y a... il y a des chances, je veux dire,
j'ai beaucoup de points communs avec cette association-là, là, je suis un
membre assez assidu de probablement beaucoup d'organisations ou d'entreprises
qu'il représente. Mais sur la question de l'alcool au volant, ça se peut qu'on
ne se rejoigne pas, ça se peut. J'ai... tu sais, j'ai regardé... je parlerai
d'un autre groupe tout à l'heure, là, l'Union des tenanciers de bars du Québec,
là, qui... qui s'oppose vertement à cette mesure-là. Je parlerai également, là,
de... d'autres organisations, bref, qui sont... qui sont opposées. Puis, en
même temps, moi, je trouve intéressant qu'on décide... en fait, qu'il y ait une
suggestion qu'on entende les groupes qui sont plutôt en faveur aussi du maintien
du statu quo du 0,08 au Québec, pour comprendre leurs raisons, pour comprendre
ce qui les... ce qui... ce qui... comprendre leur argumentaire. Puis c'est
aussi une perche tendue quand même assez jolie, finalement, à la partie
gouvernementale, une perche tendue à l'effet de tenir le débat pour vrai, parce
que là, ce qu'on comprend, c'est qu'il y a eu une décision qui a été... qui
aurait été prise en caucus, ça... ça a percolé à travers les médias, mais on
n'a jamais eu cette discussion-là entre les oppositions et la partie
gouvernementale sur la question de l'alcool au volant, précisément. On l'aura
éventuellement, bon, il y aura une étude détaillée, puis on aura cette
discussion-là, éventuellement, j'espère en tout cas.
• (11 h 30) •
Mais... mais dans... avant même d'amorcer
l'étude détaillée, d'avoir cette opportunité-là, d'entendre les restaurateurs,
mais je pense que c'est une belle perche qui est tendue, parce qu'effectivement
ça se peut qu'ils disent la même chose que la partie gouvernementale, ça se peut
qu'ils aillent dans le même sens. Donc, s'ils refusent, bien là, je me pose
sérieusement des questions. Je me pose sérieusement des questions sur les
motivations de la CAQ à refuser d'engager le débat sur une mesure qui, comme
l'a bien démontré mon collègue, est déjà mise en application à travers le
Canada, une mesure qui, comme je l'ai déjà argumenté dans les différentes
étapes du projet de loi, a fait ses preuves, a permis de réduire le nombre de
blessés graves, le nombre de décès sur les routes, parfois même jusqu'à la
moitié, puis on a 85, tu sais, bon an mal an, 85 décès sur nos routes. Si
on réduisait de moitié grâce à cette mesure-là puis d'autres mesures qui
viennent la soutenir, évidemment, parce que ça vient avec la sensibilisation,
avec des campagnes, évidemment, avec des campagnes de répression notamment,
donc on met en action nos corps policiers pour faire bien comprendre cette
mesure-là, bien, l'ensemble de ces mesures-là qui viennent soutenir une
nouvelle orientation qui dit qu'à 0,05, dorénavant, c'est des mesures... c'est
des mesures administratives qui s'appliquent, comme... comme le rappelait
tantôt mon collègue, on n'est pas dans le... dans le pénal, le criminel, ça
relève du fédéral, mais simplement des mesures qui sont à l'intérieur de notre
champ de compétence, bien, viennent... permettraient de réduire cette...
cette... d'améliorer notre bilan routier. Moi, je pense que c'est une... c'est
une belle perche qui est tendue, d'y aller vers des groupes qui, peut-être,
diraient la même chose que la partie gouvernementale. Donc, moi, je... c'est
clair que je vais... je vais appuyer cette motion-là tout à l'heure,
évidemment.
Je serais curieux aussi d'entendre puis de
challenger aussi les restaurateurs. Moi, je serais intéressé à les entendre
pour les challenger parce que oui, ils ont certaines craintes, on a pu le lire,
là, à travers les... la revue de presse que j'ai pu faire préalablement au...
au début des travaux sur le projet de loi n° 48, mais je comprends bien
leur réticence par rapport à une mesure où on en viendrait abaisser le taux
d'alcool permis dans le sang pour la conduite automobile. Je les comprends, je
les entends, mais, en même, temps, moi, j'ai des arguments à leur opposer puis
je serais curieux de voir quelle est leur réponse. Peut être qu'ils pourraient
aussi nous faire cheminer dans les oppositions sur cet... sur cet... sur cet
enjeu, sur les... sur leur perception du risque qu'ils vivent. On le sait, là,
puis ce n'est pas le... ce n'est pas le... ce n'est pas le premier débat dans
lequel, moi, je m'inscris sur la question de... sur la question de... de la
précarité, finalement, de l'industrie, du commerce au Québec, bon, les enjeux
de transport en commun, d'aménagement cyclable aussi, on touche souvent à ça.
Il y a des commerçants qui s'opposent, qui n'aiment pas ça voir arriver des
bouleversements dans leur environnement immédiat, craignent pour leurs
finances, puis je les comprends, je les comprends. C'est... quand un commerçant
arrive à trouver une recette, là, où finalement il a plus de revenus que de
dépenses, bon, mais on essaie de ne pas trop toucher à ça parce qu'on ne veut
pas déstabiliser la colonne des plus et des moins parce qu'on veut...
11 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...que ça
continue parce que ça va bien. En même temps, pour moi, c'est un débat qui est
beaucoup plus large que simplement l'enjeu du commerce de détail. C'est un
enjeu de santé publique important, c'est un enjeu... c'est un enjeu sociétal
beaucoup plus large.
Donc, moi, j'aurais eu des arguments à
leur faire valoir, puis notamment, entre autres, qui découlent de différentes
conversations que j'ai eues, notamment avec l'ancien président de la Table de
sécurité routière, M. De Koninck, que j'ai eu la chance de rencontrer, là, en
amont, finalement, du projet de loi n° 48, puis qui me disait... Puis, il
faut... je le rappelle, en fait, là, la table de sécurité routière était
favorable à un abaissement à 0,05, là. Mais donc, M. De Koninck, qui est aussi
derrière Opération Nez rouge, là, je me souviens que la... Mme la ministre
avait parlé de Nez rouge comme... comme d'une mesure, en fait, très importante,
qui est déployée un peu partout au Québec pour justement faire du raccompagnement
pendant une période assez précise, là, le temps des fêtes, mais quand même. Et M.
De Koninck me disait, entre autres, que l'offre de raccompagnement au Québec n'a
jamais été aussi importante, n'a jamais été aussi grande. Oui, c'est vrai que
le transport collectif au Québec, ce n'est pas... ce n'est pas à point. Puis,
bon, ça, c'est un autre débat, mais c'est un débat qui est important. D'ailleurs,
j'ai proposé une motion, hein, qui allait dans ce sens-là, récemment,
malheureusement, ça a été battu. Mais l'offre de raccompagnement n'a jamais été
aussi importante.
Moi, je me promène dans différentes
régions, évidemment, du Québec, puis, bien, il m'arrive d'aller rencontrer des
militants, des fois, dans des... dans des établissements, un débit de boisson.
Il m'arrive de le faire aussi, là, à titre personnel. Puis souvent, bien, on
voit ces affichettes-là un peu partout, hein, dans le bar, dans différents
endroits dans le bar, avec des numéros de téléphone. Et c'est possible d'avoir
un service de... de raccompagnement. Donc, même au-delà du déficit d'offre de
transport collectif en région, parce que c'est vrai que ça ne va pas très bien
de ce côté-là, bien, il y a quand même, spécifiquement pour la question du
raccompagnement, il y a déjà des mesures qui sont mises en œuvre. Il y a donc,
pendant le temps des fêtes, avec Opération Nez rouge, qui se déploie un peu
partout au Québec, mais même en dehors des périodes, ça existe. Puis il y a
peut-être des choses aussi que l'industrie du commerce de détail, donc les
tenanciers de bar, les restaurateurs, ne mettent pas en place peut-être parce
que... parce qu'on considère qu'à 0,08, bien, on est capables de consommer une
ou deux consommations, voire trois, dépendamment de la vitesse à laquelle on
les prend, dépendamment de sa masse corporelle, de sa tolérance à l'alcool, et
donc on ne met pas en place des mesures qui, pourtant à l'étranger, ont mis un
certain temps à se mettre en place, mais qui ont donné des résultats. Puis c'est
un peu ce que M. De Koninck me disait aussi. Dans certains bars à l'étranger,
je ne me souviens plus des pays, là, éventuellement, on pourra peut-être
trouver les informations, quand on sera rendus, là, dans l'étude détaillée,
mais on va permettre... il y a des restaurateurs, par exemple, qui vont offrir
le repas puis les boissons sans alcool aux personnes qui sont désignées comme
conductrices pour la soirée. Donc, ça, c'est intéressant. C'est-à-dire qu'on ne
vient pas se priver de revenus, on a des gens qui viennent, il y a une personne
qui conduit, toutes les autres sont comme autorisées, finalement, à faire la
fête. Donc, je ne sais pas, tu sais, dans la balance, pour le restaurateur, d'avoir,
tu sais, huit personnes qui font la fête, puis deux qui sont... qui sont sobres
et qui se font payer le repas puis les boissons non alcoolisées, si, dans le
fond, ils ne finissent pas par faire leur argent, quelque part.
Des mesures comme ça, il en existe un peu
partout. Puis je pense qu'on devrait pouvoir s'inspirer de ce qui se fait de mieux
à l'étranger, puis inspirer justement nos restaurateurs, nos tenanciers de bars
pour les aider à passer au travers de cette nouvelle mesure qu'on aimerait bien
mettre en place, qu'on aimerait bien voir mise en place au Québec. Donc, des
mesures, ça existe.
Donc, moi, j'aurais été intéressé... bien,
en fait, je serais intéressé à entendre les restaurateurs, l'association
Restauration Québec pour voir qu'est-ce qu'ils pensent de mesures comme
celles-là, est-ce qu'ils ont déjà fait eux-mêmes des études sur ce qui se passe
à l'étranger, comment c'est déployé, pour comprendre leur frein. Parce que, si
on décide d'aller de l'avant, bien, il va falloir aussi mettre de l'avant des
mesures pour les accompagner. Je pense que ce serait la bonne chose à faire. Parce
que, je le rappelle, hein, l'alcool au volant, c'est une mesure qui est
importante, en fait, dans le bilan routier, ça pèse lourd, malheureusement.
D'ailleurs, ça fait plus de 10 ans
que l'INSPQ recommande d'abaisser le taux d'alcool maximal de 0,08 à 0,05 au
Québec. Puis, bon, on a proposé qu'on puisse entendre ce groupe-là,
malheureusement, la partie gouvernementale a refusé. La SAAQ considère que c'est
une mesure porteuse. C'est quand même un organe qui est dépendant du ministère
des Transports, là. On commence à être proches, en fait, là, de... d'une
décision où on pourrait... on pourrait aller dans le sens où on pourrait,
finalement, aborder cet enjeu-là, là, hein? La SAAQ, la société de l'assurance
automobile, est attachée, finalement, au...
M. Grandmont : ...puis
cet organisme-là, cette institution-là qui a, entre autres, dans son mandat
le... le mandat, finalement, de faire de la sécurité routière, de faire la
promotion des comportements adéquats sur la route, d'enseigner aux citoyens et
citoyennes qui sont en... qui utilisent le réseau routier au Québec, qu'ils
soient marcheurs, cyclistes, automobilistes, bien, les bonnes mesures puis de
faire la mise à jour aussi, au fur et à mesure que le Code de la sécurité
routière est amélioré avec le temps. Bien, la SAAQ aussi trouve que c'est une
mesure qui est porteuse, qui permettrait d'améliorer le bilan routier au
Québec. C'est quand même fou de voir qu'il y a une certaine réticence du côté
de la partie gouvernementale, puis de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable, alors que même la SAAQ trouve que c'est une idée qui est
porteuse et qu'on devrait l'étudier puis qu'on devrait entendre les différents
acteurs là-dessus puis qu'on pourrait en discuter de façon sérieuse et qui permettrait
d'améliorer le bilan routier.
Vous savez, ça ne faisait pas la première
fois qu'on aborde ça, hein, la question de l'alcool au volant. En 2007, en 2010
on avait déjà abordé ça. Pour différentes raisons, ça a été abandonné, mais en
2010, le projet de loi no 71 avait été étudié. On s'était quand même
rendus assez loin puis, pour différentes raisons, bien, ça a été mis sur la
glace. Puis c'est une mesure qui est importante parce que pas moins de
23,5 % des conducteurs qui sont décédés sur les routes au Québec en 2022
avaient un taux d'alcoolémie supérieur à 0,08 selon le plus récent bilan de la
SAAQ. Comme je le disais tantôt, l'alcool cause 85 morts et
220 blessés graves par année au Québec. Ça représente un décès sur quatre
sur les routes au Québec.
• (11 h 40) •
Des analyses sanguines nous démontrent
qu'à 0,05, c'est là que débute le changement de jugement dans l'esprit humain
lors de la conduite, selon le coroner Yves... Yvon Garneau. Donc, quand on
commence à boire de l'alcool, finalement, dans un bar ou chez des amis, puis
qu'on arrive à 0,05, c'est là que le jugement commence à devenir moins bon. Et
je reviens sur ce que ma collègue, hier... hier, je pense, abordait, là, sur
les tests de... de conduite des simulateurs. Vous avez abordé ça, je pense,
hein, les simulateurs de conduite en état d'ébriété. C'était vraiment
intéressant parce que je trouvais ça parlant. Quand on est à 0,05 dans un bar
ou chez des amis... En fait, non, je vais le faire à l'inverse. Quand on est
dans un simulateur, la plupart des gens considèrent que ça serait inadéquat de
conduire. C'est-à-dire qu'en étant sobre, mais en voyant ce que ça provoque le
0,05 dans un simulateur, on se rend assez rapidement compte que ça n'a pas de
bon sens, conduire dans ces conditions-là. Quand on est réellement à 0,05
affecté par l'alcool et que le jugement est affecté, on n'a pas la même
perception du danger et on va se permettre de prendre le volant, même à 0,05.
Patrice... Patrice... Patrick Légaré.
C'est ça? Lagacé! Lagacé, pardon. Patrick Lagacé, dans le... dans La Presse,
avait fait une chronique, là, en marge de toutes les discussions qu'on a, là,
sur le... le débat, le 0,08... 0,05. Et il y avait dit, dans le fond, accepter
que les gens continuent à conduire à 0,05, entre 0,05 et 0,08, c'était, dans le
fond, accepter que des gens conduisent un peu chaud. C'est un peu ça que
l'exemple de ma collègue amenait, dans le fond. C'est que la perception déjà du
risque puis la perception de l'environnement, les capacités qu'on a, les
réflexes qu'on a entre 0,05 et 0,08 sont affectés déjà. Et donc accepter de
maintenir le statu quo à 0,08, c'est accepter que les gens conduisent un peu
chaud.
Or, on sait que conduire un peu chaud, ça
amène aussi à des accidents. On est capables de les chiffrer, là, on est
capables d'avoir les chiffres là-dessus, là. C'est donc dire qu'accepter de, tu
sais, de refuser de baisser à 0,05, c'est aussi accepter qu'il y a des morts
sur les routes qui soient acceptables, qui sont tolérables. Au nom de quoi?
Moi, c'est là que je commence à trouver ça intéressant. C'est au nom de quoi on
accepte? Moi, je trouve ça inacceptable. Pour moi, la vision zéro, une bonne
stratégie de sécurité routière, un peu comme la CNESST viendrait dire :
Bien, il n'y a aucune mort sur les routes qui est acceptable. On va tout faire
pour réduire les morts. Il n'y a aucune mort qui est... qui est inévitable. On
peut mettre en place des systèmes, ou des lois, ou des règlements, ou de la
répression, ou de la sensibilisation qui va nous tendre, qui va nous faire...
qui va nous amener toujours vers zéro mort et zéro blessé grave, comme dans les
milieux de travail. La CNESST, son objectif, c'est ça, zéro décès en milieu de
travail, zéro blessé grave en milieu de travail. Ils n'y arrivent pas encore.
Ce n'est pas parfait, mais l'objectif est là. L'objectif est là puis on tente
toujours de s'améliorer.
On en a une chance de s'améliorer sur le
bilan routier, on en a une chance, actuellement, là. Celui de la réforme du
Code de la sécurité routière. Puis à l'intérieur de ce code-là, il y a la
question de l'alcool...
M. Grandmont : ...puis c'est
comme un peu l'éléphant dans la pièce. Si on n'aborde pas la question de
l'alcool au volant, on passe à côté de quelque chose qui est important, sur
lequel on a déjà un historique de travail, là. 2007, 2010, on avait déjà abordé
cette question-là puis, pour différentes raisons, on n'y est pas allé. Bien là,
aujourd'hui, là, en 2024, on a la chance de rouvrir ce débat-là.
Moi, je vais appuyer cette proposition-là
parce que j'ai envie d'entendre les groupes qui sont favorables à baisser à
0,05. On en a entendu quelques-uns, là, on a entendu CAA Québec notamment, qui
est venu là-dessus, les mères contre... MADD, là, donc les mères contre la
conduite en état d'ébriété, je ne suis pas sûr je dis le nom comme il faut,
mais, bon, vous vous souvenez sans doute de ce... de ces deux personnes qui
sont venues nous voir, ça a fait les médias un petit peu aussi, et d'autres qui
sont venus dire : Bien oui, on devrait baisser. Mais, dans ce débat-là, il
manque aussi l'autre partie, l'autre côté de la médaille, les restaurateurs.
Moi, je pense qu'on devrait les entendre, peut-être pour ajuster notre position
aussi sur les mesures qu'on pourrait mettre en œuvre. Comme le disait tantôt
mon collègue, les règles ne sont pas les mêmes un peu partout dans les
provinces canadiennes. Il y a des endroits où c'est trois jours de suspension.
Au Nouveau-Brunswick, c'est sept jours de suspension assez rapidement. Donc,
les règles ne sont pas les mêmes. Donc, quelles règles nous, on voudrait mettre
en œuvre ici, au Québec, puis, après ça, quelles mesures on va proposer aux
restaurateurs, aux tenanciers de bars pour les accompagner, pour leur permettre
finalement de continuer à avoir cette vitalité, ce dynamisme économique là,
qu'on souhaite tous et toutes, là, évidemment, là, puis ça, autant dans les
grandes villes que dans toutes les plus petites villes et municipalités du
Québec, mais comment on fait pour les accompagner si on décide d'aller vers le
0,05.
Chose certaine aussi, bien, au-delà du
fait que d'aller vers le 0,05 nous permettrait d'améliorer le bilan routier, on
n'a jamais été aussi près de pouvoir obtenir ça, d'avoir l'assentiment de la
population. Hein, les derniers sondages sont éloquents puis ils se tiennent
dans le temps, là. Les sondages sont autour de 50 %, 60 %, mais les
plus récents, là, montrent que ça a continué de monter, là, 61 % des gens
qui étaient plutôt ou très favorables à cette question... au fait de baisser de
0,08 à 0,05 contre 37 % qui sont très ou plutôt défavorables. Il y a
seulement 2 % de la population qui est indécise. C'est rare qu'on a des
sondages où les gens... les indécis représentent juste 2 %. Donc, le
61 % de personnes, là, qui est favorable à cette mesure-là, là, je pense
qu'il est solide, d'autant plus qu'il est corrélé avec ce qu'on a eu dans
d'anciens sondages.
Donc, moi, je pense qu'on... la population
québécoise n'a jamais été aussi prêt... prête, finalement, à faire le pas. Puis
ça, c'est indépendant de là où sont les gens. À Montréal, c'est à 66 %.
Dans la grande région de Québec, c'est à 50 %. Bon, une petite exception,
le mystère Québec. Mais sinon, après ça, ailleurs au Québec, c'est 57 %.
Donc, ce qui veut dire qu'en dehors de Québec et de Montréal, on est à
57 %. Donc, ce n'est pas une question de transport collectif, pas
transport collectif, là, la question de l'alcool au volant, là. Le
raccompagnement, il est présent. Les gens sont favorables, les gens commencent
à être conscients que ça n'a juste pas de bon sens. Puis, en plus, c'est un
cadeau qu'on se fait, parce que nos jeunes sont de plus en plus sensibles à ça,
boivent de moins en moins. Puis, encore, c'est drôle parce que c'est
malheureux, il y a des... il y a des jeunes qui s'en vont de moins en moins
vers l'alcool, puis, de l'autre côté, bien, moi, j'ai dans ma famille des
jeunes qui sont morts de consommation aussi d'alcool, parce que ce n'était pas
contrôlé, parce qu'on est trop tolérants là-dessus au Québec. Donc, évidemment,
moi, je veux le faire pour l'ensemble du Québec, mais je veux le faire aussi
pour des gens que... malheureusement que je connais.
Puis c'est drôle parce que les sondages
montrent aussi des choses intéressantes. D'abord, une majorité de répondants
trouvait, donc, dès 2015, que les sanctions n'étaient pas assez sévères, mais
chez les personnes âgées de 55 ans et plus, on était à 77 % de gens qui
trouvaient qu'on devrait baisser à 0,05. Les femmes pensaient en majorité, en
2015, que c'était 73 %... 73 % d'entre elles pensaient qu'on devrait
baisser, que les mesures n'étaient pas assez sévères. Ce n'était pas une
question non plus de clivage linguistique. Les personnes dont la langue
maternelle est le français : 71 %, puis les autres, c'est à peu près
la même chose. Puis ce n'était pas une question non plus, là, d'études.
71 % dont le plus haut diplôme était le secondaire étaient en faveur.
71 % des gens dont le plus haut diplôme était le secondaire étaient en
faveur de cette mesure-là, de durcir, dans le fond, les mesures par rapport à
l'alcool au volant.
C'est vrai qu'on est en retard. Puis
d'ailleurs je pense que... je ne souviens plus... les mots qui étaient employés
par le directeur ou le président, là, de la fondation CAA Québec, là, mais ils
n'étaient pas tendres. Il disait, dans le fond, qu'on était dans le champ, on
était vraiment en retard par rapport à ce qui se passe dans le reste du Canada
puis aussi ailleurs, là, dans d'autres pays. En Australie, en
Nouvelle-Zélande...
M. Grandmont : ...en France,
en Belgique, Belgique, c'est quand même un pays de bière, là, on s'entend, la
France est un pays de vin, donc l'alcool, c'est quand même... culturellement,
c'est assez fort, l'Espagne, le Portugal aussi, puis également en Suisse, la
limite est 0,05. Puis, du transport en commun, il n'y en a pas partout non
plus, mais ils arrivent à se débrouiller avec le 0,05. Il y a d'autres pays qui
sont encore plus sévères : le Japon, le pays du saké, c'est à 0,03, la
Norvège, la Russie, la Suède sont à 0,02, en Australie, je l'ai dit tantôt,
c'est à 0,05. Les collisions causant la mort ont chuté de 18 %
immédiatement après la modification du Code de la sécurité routière en
Australie, dans ce pays-là. En Europe, les limites permises vont de 0,00 à 0,05,
exception faite du Royaume-Uni, qui est toujours à 0,08.
Je ne suis pas sûr que dans ces pays-là,
l'industrie de la restauration puis les tenanciers de bar vont si mal que ça.
Je veux dire, on a tous et toutes voyagé, probablement qu'on est tous et toutes
allés en Europe, l'offre de restaurants, elle est diversifiée, les bars, les
vignobles, ça existe, c'est très présent culturellement, c'est dynamique, il y
a une belle offre, et pourtant on est à 0,05. Puis ça tient, ça tient la route.
Mais comme je l'ai dit tantôt, de ma conversation avec l'ancien président de la
Table de sécurité routière, ils ont mis en place non seulement ça, mais en
parallèle, des mesures pour que ça fonctionne, pour que ça tienne, que ça
tienne pour le bilan routier, mais que ça tienne aussi pour l'industrie, la
restauration puis les tenanciers de bar.
• (11 h 50) •
Au Canada, dans une analyse réalisée en
2019, le gouvernement de Colombie-Britannique a affirmé que sa politique, donc
le passage du 0,08 au 0,05, a permis de sauver 522 vies depuis son
adoption et de réduire le nombre de morts liées à l'alcool de 50 %. D'où
mon calcul tantôt, là. Le 85, si on arrivait à le réduire de moitié, c'est un
beau bilan qu'on se donne. C'est une belle amélioration. Tu sais, le bilan
routier au Québec, là, ce n'est pas... C'est vrai que ce n'est pas le pire au
monde, quand on se compare aux États-Unis surtout, là, notre bilan routier est
quand même assez bon. Mais je pense qu'on a tous et toutes... on a tous et
toutes la volonté de continuer à l'améliorer. Si on est ici aujourd'hui, si on
a un projet de loi, le projet de loi n° 48, c'est parce qu'on veut
continuer d'améliorer notre bilan routier. Mais les mesures à mettre en œuvre
aujourd'hui pour continuer d'améliorer notre bilan routier vont être plus dures
que celles qu'on a faites quand... dans le passé. Si vous pensez que c'était
difficile de faire des campagnes pour que tout le monde s'attache au volant,
faire des campagnes pour qu'on arrête de conduire avec une bière entre les
jambes, ce qui s'en vient, c'est encore plus difficile. Ça va demander encore
plus de courage parce que ces... ces gains-là vont demander plus d'efforts.
Mais moi, je pense qu'on peut y arriver. Puis j'étais vraiment heureux de voir
que la ministre disait vouloir mettre en place une stratégie de sécurité
routière qui s'inspirerait de la vision zéro parce que c'est le genre de
mesures qu'on doit faire. Si on vise vraiment zéro, il faut viser haut, il faut
viser haut. Puis là, tout ce que nous montre, finalement, ce qui se passe au
Canada ou encore un peu partout dans le monde, c'est que, si on veut viser
haut, il faut viser le 0,05, il faut aller vers les meilleures mesures. C'est
ça que les meilleurs pays actuellement mettent en place.
Je l'ai dit tantôt, moi, le... l'Association
de restauration du Québec, ça se peut qu'on ne soit pas d'accord. Mais, comme
je le disais, moi, je veux les entendre parce que je veux comprendre leurs
arguments puis je veux les challenger, moi, avec mes arguments aussi, dans les
quatre minutes 8 s que j'ai, quand je leur parle, mais je veux qu'on ait
cette conversation-là collectivement, ensemble. J'avais une citation dans ma
fiche, là, qui venait de l'union des tenanciers de bar du Québec, j'imagine,
qui ont des... des positions qui sont assez similaires, mais bon, ils
s'opposent toujours à l'imposition de sanctions dès 0,05. Ils disaient qu'en
fait les accidents graves sont surtout causés par des personnes avec un taux
d'alcool de 0,08 et plus. Ils ont en partie raison, ils ont en partie raison. Par
contre, le 0,08, on agit déjà là-dessus. Je vous dis, si on veut continuer à
améliorer le bilan routier, moi, je pense qu'il faut qu'on agisse sur la
tranche entre le 0,05 puis le 0,08. Toutes les études pointent en direction
d'une perte de faculté et de jugement à partir de 0,05. Donc, moi, je serais
intéressé d'avoir cette conversation-là avec les gens de la restauration.
L'Union des tenanciers de bar disait dans
son mémoire déposé en 2010, parce qu'en 2010, ils avaient été invités, ils
avaient participé à la commission, aux audiences, ce que, pour l'instant, on
s'est refusé de faire, là, ici, là. Donc, l'UTMB estimait que l'imposition des
sanctions administratives à 0,05 aurait un impact dommageable pour les
tenanciers de bar du Québec, ce qui provoquerait une multitude de pertes
d'emplois et que l'État choisissait la mauvaise cible. Encore une fois, moi, je
m'inscris en faux par rapport à ça, parce qu'il me semble que toutes les revues
de littérature, la santé publique, tout ce qu'on arrive à trouver comme
information nous montrent que, dans les endroits, dans les législations où on a
mis en place le 0,05, avec des sanctions, soit criminelles, dans d'autres pays,
mais au Canada, à 0,05, avec des sanctions...
M. Grandmont : ...sanctions
administratives, on arrivait, malgré tout, à améliorer le bilan routier, et par
ailleurs on n'était pas en train de mettre à mal toute l'industrie des
tenanciers de bar et de la restauration. Donc, moi, j'ai envie d'avoir cette
conversation-là avec l'Association Restauration Québec, moi, j'ai envie qu'on
ait cette jase-là ensemble. Parce que, oui, effectivement, hein, on se le
rappelle, en... On propose la même chose, en fait, que la table de sécurité
routière recommandait en 2010, des mesures administratives entre 0,05 et 0,08.
Le 0,08, là, ça reste du fédéral, c'est des mesures pénales, on est dans le
criminel. Dans le champ de compétence du Québec, ce qu'on a le pouvoir de
faire, c'est ramener ça à 0,05 pour des sanctions administratives, mais même
ça, on l'a vu au Canada, là, c'est toujours le même modèle, chacune des
provinces canadiennes a baissé à 0,05 et 0,04 avec des mesures administratives,
en laissant toujours la possibilité au fédéral d'intervenir sur la question
criminelle au 0,08, mais malgré ça, malgré le fait que c'est juste des
sanctions administratives, on a toujours, toujours, toujours un effet positif
sur le bilan routier. Pourquoi on se priverait de cette conversation-là?
Pourquoi on se privait de cet outil-là ici aussi, au Québec? De quoi on a peur
ici, au Québec? Je ne le comprends pas, Mme la Présidente.
Si Mme la ministre refuse puis si la
partie gouvernementale refuse d'entendre cette association-là, l'Association
Restaurateur Québec, qui risque de dire la même chose que la CAQ, bien, c'est
peut-être que la ministre a en main déjà des études que nous n'avons pas.
Peut-être que la CAQ a des études qui prouveraient hors de tout doute que le
0,05 n'est pas adapté au Québec. Moi, je serais très intéressé, dans ce cas-là.
Je l'ai déjà demandé, mais j'en profite pour le redemander, parce que ça
m'apparaît essentiel qu'on ait en main toute l'information nécessaire puis
qu'elle fasse comme mon collègue de Nelligan tantôt, qui a déposé une étude
qu'il a fait faire par de la bibliothèque, d'ailleurs, je les remercie, on
utilise souvent leurs services aussi, ils sont très efficaces, mais qu'elle le
fasse, qu'elle dépose des études qui lui permettent d'affirmer que le 0,08, tel
qu'actuellement... que le statu quo est suffisant et qu'il permettra d'atteindre
les objectifs qu'on se fixe tous et toutes ici, soit d'améliorer le bilan
routier au Québec.
Donc, moi, je veux voir ces études-là, je
veux voir la base sur laquelle, rationnellement, on prend la décision de ne pas
avoir ce débat-là, si toutefois on refuse d'écouter, évidemment, l'Association
Restauration Québec. Si on se permet d'entendre des groupes en audience avant
de commencer l'étude détaillée, bien là, on aura cette jase-là ensemble,
peut-être qu'on pourra argumenter, peut-être qu'on aura encore ces échanges-là
qui nous permettront d'avoir un peu... un peu de recul, tu sais, l'information
nécessaire pour être capable de comprendre la décision qui avait filtré à
travers les médias.
Moi, je considère qu'il y a vraiment un
risque entre 0,05 et 0,08. Je reviens encore, là, sur... D'ailleurs, on pourra
peut-être organiser ça à l'Assemblée nationale, un simulateur de la SAAQ, en
bas ici. Ça pourrait être pas mal. Il faudrait leur demander si c'est possible.
Je ne sais pas si c'est une grosse machine. Je ne l'ai jamais faite de mon
côté. Bien, peut-être que ce serait intéressant. On pourrait regarder ça, hein?
C'est une bonne idée, hein? Donc, il y a un risque, effectivement, de 0,05 et
0,08. Moi, je refuse de dire qu'il y a des morts qui sont acceptables sur le
bilan routier. On doit toujours viser l'abaissement le plus bas, le plus... le
plus près possible du zéro. Peut-être qu'on ne l'atteindra jamais ou peut-être
qu'on l'atteindra dans 30 ans avec les voitures automatisées, etc., mais
moi, je refuse d'accepter qu'on ne fasse pas tout ce qui est en notre pouvoir
pour atteindre zéro accident grave, et zéro blessé, et zéro mort sur les
routes. Puis on a un outil, là, qui est à notre portée de main. On en parle
abondamment. Puis je pense que la partie gouvernementale comprend qu'on insiste
beaucoup, là, chez les oppositions, sur ce dossier-là parce que c'est un
dossier sur lequel on pourrait tous s'entendre puis on aurait la population de
notre côté. C'est rare que ça se produise, ça, c'est rare. C'est vrai. On
pourrait avoir tout le monde, on pourrait faire un grand pas dans la sécurité
routière. Il ne faudrait juste pas qu'on ait ce blocage-là du côté du
gouvernement.
Moi, j'espère qu'on entendra le groupe
Association Restauration Québec, qu'on puisse aller plus loin puis qu'on puisse
comprendre leurs arguments. Mon souhait, là, ce serait ça, donc, que la partie
gouvernementale, qui nous écoute avec beaucoup d'intérêt... vanter, finalement,
là, l'idée d'avoir une audience avec l'Association Restauration Québec. Oh! je
vois des signes d'assentiment.
Une voix : ...
M. Grandmont : Ah O.K.! J'ai
cru comprendre... je voyais une tête... un hochement de tête, ça m'aurait...
j'étais content, ça me rassurait. D'accord. Bien, en tout cas, bien, on laissera.
De toute façon, il y a encore une autre période pour pouvoir argumenter, mais,
vraiment, je souhaite que la partie gouvernementale acquiesce à cette
demande-là, qu'on entende l'association des restaurateurs du Québec, Mme la
Présidente. Ça me semble une avenue importante puis une perche tendue qui est
tout à fait... tout à fait correcte, adéquate. On n'est pas...
M. Grandmont : ...à la
confrontation. On a quelqu'un... un groupe qui va peut-être dire la même chose
que la partie gouvernementale, mais au moins qu'on engage la conversation de
façon franche et sérieuse, c'est trop important pour qu'on s'en passe.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, M. le député. Pour votre information, la note information partagée
par le député de Nelligan est maintenant disponible dans les documents
distribués dans le Greffier. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de
Mont-Royal–Outremont, la parole est à vous.
Mme Setlakwe : Merci. Je
précise d'entrée de jeu que j'interviens ce matin au nom du chef de
l'opposition officielle, afin de moi aussi, là, faire part de... bien, de mes
arguments et venir renchérir ce que mes collègues ont dit quand mon collègue de
Nelligan et que mon collègue de Taschereau, en soutien à cette motion qui
demande finalement qu'on élargisse les consultations particulières et qu'on
entende dès que possible l'association Restauration Québec avant d'entamer
l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le
code de la sécurité routière, afin d'introduire des dispositions relatives aux
systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière.
• (12 heures) •
Depuis le début de cette discussion, et
qui dure depuis des semaines... puis, en fait, ce n'est pas la première fois,
là, dans l'histoire de l'Assemblée nationale que ce débat-là est mis de l'avant
sur les effets de l'alcool au volant au niveau des accidents de la route. Mais
depuis les dernières semaines, depuis que le débat est revenu dans l'espace public,
moi, tout de suite, j'ai adhéré à la proposition de mon collègue de proposer
qu'il y ait des sanctions administratives à partir de 0,05. Mais, étant une
personne nuancée et ouverte à l'opinion des autres et aux points de vue
différents, je me suis dit : Il y a quelque chose qui doit me manquer.
Est-ce que... Est-ce qu'il y a des... il y a donc des effets négatifs sur
certains groupes, dans la société civile? Il y a quelque chose qui me manque,
parce qu'il me semble que c'est une évidence. Et on me dit que, de tout temps,
les tenanciers de bars et les restaurants émettent des craintes que, si on va
dans cette direction-là et qu'on impose des sanctions administratives à partir
de 0,05, il va y avoir un effet économique négatif sur leur chiffre d'affaires.
Ça va changer énormément les habitudes de consommation des clients dans les
restaurants et les bars, et donc c'est pour ça que ça bloque.
Bon. C'est un argument qui vaut la peine
d'être étudié, Mme la Présidente, et je me suis dit : Bien, sûrement que le
débat a été... a été fait, On a vidé le sujet, il y a des études, il y a des
données probantes qui viennent justifier cette réticence du gouvernement. Eh
bien, là, après avoir étudié la question, nous aussi, à l'aile parlementaire,
on a fait des recherches. Je vais y revenir, mais j'apprends que non,
finalement, c'est des craintes qui sont émises, mais il n'y a pas eu... il n'y
a pas d'étude, à moins que... comme mon collègue de Taschereau l'a mentionné, à
moins que le gouvernement, la partie gouvernementale, la ministre aient en main
des études qui démontrent effectivement des effets négatifs très, très clairs.
Mais, si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui nous... qu'est-ce qui nous empêche?
Qu'est-ce qui nous presse, là, dans ce débat-là? Pourquoi il y a une si grande
urgence qu'on ne... qu'on n'élargisse pas les consultations pour entendre
l'Association Restauration Québec.
Il me semble qu'on devrait être rigoureux
dans le débat, Mme la Présidente. On parle d'une mesure qui peut sauver des
vies. J'ai de la difficulté à trouver, là, un sujet plus capital, un sujet plus
important. Il me semble que ça vaut la peine qu'on tourne toutes les pierres,
qu'on fasse preuve de grande rigueur. Et là, ici, je me mets dans la... dans la
peau du gouvernement et je me dis : Mais eux, ils sont contre cette
mesure-là. Et on propose de faire venir un groupe qui va mettre de l'avant des
arguments en soutien à leur position. Alors, j'ai bien hâte de voir tout à
l'heure, quand on va... on va passer au vote. Je me dis : Peut-être que
nos interventions auront eu un effet et qu'ils accepteront d'entendre
l'association Restauration Québec, qui... qui, on le pense bien, aura des
arguments à mettre de l'avant contre l'idée de faire cette modification au
projet de loi pour amener des sanctions administratives dès... dès un taux
d'alcoolémie dans le sang... 0,05.
Hier, on tentait de... on est... on a
amené le point de vue scientifique. On appelait le point de vue scientifique.
On souhaitait que l'INSPQ soit entendu. Et on a essuyé un refus. Le
gouvernement n'a pas souhaité élargir les consultations pour entendre
l'INSPQ...
12 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...et pourtant
l'argument scientifique est assez... est assez percutant, sachant que l'INSPQ,
selon des études, met de l'avant le fait que l'alcoolémie qui varie entre 51 et
80 milligrammes d'alcool, par 100 millilitres de sang, augmente d'environ
quatre fois le risque de collision mortelle. Ça augmente de quatre fois le
risque de collision mortelle, c'est la science qui parle, et on n'a pas voulu
élargir les consultations pour entendre l'INSPQ à cet effet-là. Bon, aujourd'hui,
on ne reviendra pas sur ce débat-là, aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est :
Bien, voyons le point de vue d'autres acteurs, voyons le point de vue des
restaurants et des bars, et on pense que le gouvernement devrait le faire étant
donné l'importance du sujet.
Je le rappelle, je l'ai dit hier, c'est un
sujet qui est important pour tous les Québécois et moi, particulièrement, comme
mère de famille, puis je sais qu'il y a plusieurs mères de famille autour de la
table. La chose qu'on... qui est derrière notre tête, en tout temps, dès qu'on
se lève le matin jusqu'au moment où on se couche le soir, c'est le bien-être de
nos enfants. On espère de tout cœur qu'il n'arrive jamais rien à nos enfants.
Et là on a un double chapeau, le chapeau de maman et le chapeau qui est le
privilège de législateur. On peut faire une différence dans la société, on peut
amener des mesures pour... Il n'y aura jamais de risque zéro, malheureusement,
ça, on l'apprend assez vite, comme maman, comme parent, qu'il y a des choses
qui vont arriver. Mais là, ici, on a comme rôle... dans notre rôle de
législateur, la possibilité de mettre de l'avant des mesures qui vont réduire
le risque, qui vont augmenter les chances qu'il n'y en ait pas d'accident puis
que nos jeunes reviennent en sécurité à la maison le soir. Et puis... Donc, je
pense que ça vaut la peine qu'on se pose toutes les questions et que le débat,
le sujet soit évacué, je pense que ça en vaut vraiment la peine.
Là, maintenant, les restaurants viennent
nous dire qu'il y aurait un impact sur eux. Pourtant, dans toutes les autres
provinces, cette mesure a été mise en place. Je me dis : Pourquoi le
Québec fait cavalier seul ici? Il doit bien avoir quelque chose qui nous
distingue. Là, vous allez dire : Non, non, elle n'est pas en train d'ouvrir
le sujet de qu'est-ce qui distingue le Québec. N'ayez crainte, là, je sais qu'il
y a plein de choses qui distinguent le Québec, puis ce n'est pas ce matin qu'on
va faire ce débat-là. Mais il semblerait, puis ça a été mentionné dans les
documents, ça a été mentionné au niveau de l'impact dans les autres provinces,
les Québécois se comportent différemment. Les Québécois sont portés à souligner
des fêtes à célébrer, à prendre un verre. On est des bons vivants. On prend...
On aime aller fêter dans les restaurants. Moi, je suis personnellement une
personne qui fréquente beaucoup les restaurants. Je ne fréquente plus les bars,
mais je fréquente les restaurants. J'aime prendre un bon verre de vin. Et je
suis une personne aussi qui voyage dans les autres provinces du Canada. J'arrive
d'ailleurs de la Colombie-Britannique. Puis je me dis : Je n'ai pas
vraiment vu un comportement extrêmement différent là-bas. J'étais à Vancouver,
j'étais à Whistler.
Moi, je pense qu'on est... on se comporte
sensiblement de la même façon. Je me dis : Est-ce que vraiment, dans les
autres provinces qui ont mis de l'avant cette mesure, d'imposer des sanctions
administratives à partir de 0,05, bien, eux, ils vivent complètement
différemment de nous, donc l'impact, dans ces autres provinces là, n'est pas
pertinent chez nous. Respectueusement, là, ça ne tient pas la route, là. Je
pense qu'on peut très bien dire que, si ça s'est fait ailleurs et qu'il y a eu
des bénéfices, qu'il y a eu, donc, moins de collisions, moins de morts, ça vaut
la peine qu'on fasse la même chose chez nous. Je ne vois toujours pas pourquoi
le Québec serait différent des autres provinces canadiennes. Pourquoi est-ce qu'on
se comporterait différemment sachant que nos jeunes ne boivent pas quand ils
sortent?
J'en ai trois à la maison. J'en ai deux
qui conduisent, j'en ai un qui va conduire bientôt, et je peux vous dire qu'ils
sont extrêmement responsables. Ils ne boivent pas. D'ailleurs, ils ne peuvent
pas boire, au tout début, là, quand ils ont leur permis de conduire, c'est
tolérance zéro, mais ils sont... Les comportements ont changé, et c'est une
très bonne chose. Mais il y a encore, on le sait très bien, des accidents de la
route qui sont causés par l'alcool. Mais quand... Le point que j'essaie de
faire, c'est, on n'est pas en phase avec... non seulement on n'est pas en phase
avec la population, généralement, mon collègue l'a mentionné, il y avait... il
y a une majorité de Québécois, maintenant, qui souhaitent ce changement...
Mme Setlakwe : ...différences
entre Montréal, Québec et les régions. Soit. Mais il y a tout de même une
majorité de Québécois de... dans l'ensemble des Québécois qui souhaitent qu'on
aille de l'avant, et qu'on s'harmonise avec les autres provinces, et qu'on
impose des sanctions administratives à partir de 0,05, et pas seulement 0,08.
D'autant plus que, parmi la population, nos jeunes, donc la relève, l'avenir du
Québec, ils sont à l'aise avec cette mesure et ils se comportent déjà d'une
bonne façon. Alors, qu'est ce qu'on attend pour être en phase avec les autres
provinces et pour être en phase avec ce qui est souhaitable comme société et...
et ce qui est souhaitable comme comportement qu'on souhaite instaurer, imposer
sachant que nos jeunes se comportent déjà bien mais qu'il y a tant de personnes
qui ont encore la mauvaise habitude de prendre un verre de trop et de conduire
leur véhicule.
Donc, voilà, je pense que le point général
a été fait, qu'il faut absolument faire preuve de rigueur dans le cadre de ce
débat qui est vraiment extrêmement important. Avant de dire : Non, non,
ici, au Québec, on est différent, ici, au Québec, on dépose un projet de loi
pour amener une meilleure sécurité routière, mais non, on ferme la porte à
imposer des mesures pour resserrer la vis au niveau de l'alcool au volant.
• (12 h 10) •
Revenons à l'Association Restauration
Québec. Il est tout à fait légitime qu'on se pose la question, qu'on se demande
quel est l'impact potentiel sur eux, sachant qu'on sort d'une pandémie qui a
fait extrêmement mal aux restaurants, aux bars, évidemment, on a... on a tous
dans nos circonscriptions perdu des commerces, il y a des commerces qui ont dû
fermer, il y a plusieurs restaurants qui n'ont pas... qui ne sont pas passés à
travers malgré toute l'aide gouvernementale, donc c'est tout à fait normal
qu'on... qu'on se pose la question, mais, encore une fois, et mon collègue l'a
bien illustré, et mon collègue de Nelligan aussi, à ma droite et à ma gauche,
ici, on parle de sauver des vies, donc qu'est-ce qui... qu'est-ce qui est si
important, qu'est-ce qui doit faire en sorte... et qu'est-ce qui fait en sorte,
qui explique que le gouvernement ne souhaite pas mettre des mesures en place
qui pourraient sauver des vies? Qu'est-ce qui est si important? Qu'est-ce qu'on
doit... on doit... Qu'est-ce qui est si fort dans la balance? On l'a tout... en
tout cas, de ce côté-ci de la table, on ne le voit pas, et la population ne le
voit pas non plus. Si on les avait devant nous, les représentants de
l'Association Restauration Québec, peut-être auraient-ils un discours qui nous
ferait changer d'idée, qui nous ferait nuancer nos propos davantage. J'en
doute, mais je suis tout à fait du même avis que mes collègues, prenons le
temps, écoutons-les, ils ont probablement des points extrêmement importants à
faire valoir. Et d'ailleurs, ça servirait la cause du gouvernement parce que
jusqu'à maintenant, ils ont dit publiquement qu'ils allaient... que la porte
était fermée, qu'ils n'iraient pas dans le sens d'imposer des sanctions
administratives à partir de 0,05, comme ça se fait dans toutes les autres
provinces. Et d'ailleurs, rappelons-le, en Saskatchewan, ils sont allés plus
loin, c'est 0,04.
L'association des restaurateurs du Québec,
on le sait, a souvent exprimé des craintes dans le passé quant à l'ajout de
mesures contre l'alcool au volant à partir de 0,05, ils mettent de l'avant le
fait qu'il y aura d'importantes conséquences économiques sur eux. On sait
qu'ils tirent une bonne partie de leurs revenus, bon, de la nourriture, mais
aussi de la vente d'alcool. C'est tout à fait normal, c'est tout à fait
souhaitable qu'on ait une... qu'on ait une industrie florissante, une industrie
prospère. On le souhaite, tous. C'est dans le bien... c'est dans le meilleur
intérêt de tous les Québécois.
Les restaurateurs craignent de voir une
perte de profit sur la vente d'alcool, alors, comme j'ai dit tout à l'heure,
que les dernières années pandémiques n'ont pas été faciles. Mais est-ce que ça
a été démontré avec des... des études, des données? Est-ce que les données
existent? Nous, on ne les a pas vues, ces données-là, donc on aimerait que
l'Association Restauration Québec vienne nous parler directement en commission
parlementaire de l'impact sur eux. Ce n'est pas compliqué, dans le fond, ce
qu'on demande.
Sachant qu'on pense souvent aux
restaurateurs dans le débat de l'alcool au volant, leur présence en commission
est plus que pertinente, Mme la Présidente. On aura l'occasion de leur poser
des questions sur la réalité dans leur industrie.
Il me semble que les choses ont évolué
aussi. Quand on donne l'argument, donc, de... des régions, moi, ça me... ça me
titille...
Mme Setlakwe : ...et
aussi parce que je me dis : Bien moi, j'ai grandi en région. Je connais
très bien le... la dynamique en région où l'offre en transports collectifs
n'est pas la même. Mais je me dis : Mais est-ce que vraiment on est en
train de faire, genre, deux catégories de Québécois, là? Les gens en région,
pour eux, c'est que ce débat-là est... Ils sont moins sensibles au débat? Ils
sont... ils sont moins sensibles à une mesure qui, potentiellement, pourrait
réduire le nombre d'accidents, pourrait réduire le nombre de morts à chaque
année? Bien moi, je... je m'inscris en faux. Je suis certaine que les gens en
région ne pensent pas différemment. En tout cas, dans la grande majorité des
cas, les gens en région sont très bien capables de s'organiser pour avoir un
conducteur désigné, pour trouver une façon de ne pas boire, de ne pas excéder
le 0,05 quand ils sortent manger au restaurant ou quand ils sortent entre amis,
entre jeunes dans un bar. Et je pense que le débat sur... Je pense que de faire
venir l'Association Restauration Québec, ça ne pourrait que... qu'être
bénéfique, là, pour qu'on cesse de dire des choses qui ne sont pas appuyées ni
par la science et ni par donc le... les commerces qui sont directement visés
par la... la mesure proposée.
Parlons des autres provinces. Je me
dis : Bien, peut-être qu'on ne veut pas ouvrir le débat ici au Québec
parce que le débat a déjà été ouvert et fermé dans les autres provinces. Parce
qu'on... On se rappelle que le Québec fait cavalier seul. Et c'est seulement au
Québec où on n'a pas instauré des mesures administratives à partir de 0,05, le
taux d'alcool de 0,05 dans le sang. Mais peut-être que, dans les autres
provinces, on peut se fier à ce qui... à ce qui a été l'impact suite à la mise
en place de ces mesures-là. Alors, nous, ce qu'on a fait à l'aile
parlementaire, je remercie notre équipe de la recherche extrêmement rigoureuse
qui a fait des études, qui a fait une analyse comparative, qui a demandé à la
bibliothèque. On remercie aussi les services de la bibliothèque pour leurs bons
services. Ils sont allés voir, bien... bien, qu'est-ce qui s'est fait dans les
autres provinces et quel a été l'impact.
On a... On a la chance... On est les
derniers à se réveiller et à souhaiter mettre en place cette mesure-là. Bien,
allons voir. On peut... On peut se comparer. On a... On a le recul de voir,
bien, qu'est-ce qui est arrivé ailleurs. Si c'était la catastrophe ailleurs,
bien, peut-être qu'on ne voudrait pas aller dans cette direction-là. Mais il
semblerait qu'il n'y a pas eu de... d'impact. En tout cas, ça n'a pas été
établi de façon claire qu'il y a eu un impact négatif notable dans les autres provinces
au niveau de... de l'effet négatif sur les ventes d'alcool des restaurants et
des bars.
Allons-y, voir ce qui s'est passé dans
les... dans les autres provinces. D'ailleurs, on... Il faut aussi se rappeler,
là, que ce qu'on demande, c'est de mettre en place des sanctions aux
conductrices et conducteurs qui ont un taux d'alcool égal ou supérieur à
50 milligrammes par 100 millilitres de sang, donc un taux de 0,05
d'alcool dans le sang, tel que souhaité par de nombreux groupes, comme CAA-Québec,
comme l'Association pour la santé publique du Québec, comme les Mères contre
l'alcool au volant, MADD Canada. On a entendu ces groupes-là. Ces groupes-là
sont venus. On connaît la position. On a parlé des sondages. On sait que la
mesure, elle est mise en place dans les autres provinces. On a entendu tous ces
gens-là.
Et là ce qu'on demande aujourd'hui, c'est
entendons un autre point de vue. Entendons le point de vue des restaurants et
des bars. Parce qu'on sait que d'autres groupes de la société civile s'inquiètent
cependant d'un éventuel abaissement du taux d'alcool permis dans le sang pour
conduire. C'est notamment le cas de l'Association des restaurateurs du Québec,
dont on parle ce matin, qui craint une perte de profits sur la vente d'alcool.
Cette association-là, je l'ai mentionné plus tôt, exprimait des craintes
similaires dans des mémoires déposés en 2007, en 2010 dans le cadre de l'étude
d'autres projets de loi. Pourquoi est-ce qu'on... on ne voudrait pas les faire
revenir en 2024 pour nous mettre à jour? Pour nous éclairer, pour nous dire
pourquoi ils ne souhaitent pas qu'on aille dans cette direction-là, pourquoi on
est si différents au Québec, pourquoi les consommateurs québécois sont si
différents et pourquoi donc l'impact serait si mauvais sur nos restaurants et
nos bars.
Comme je disais tout à l'heure, si le
débat a été fait dans les autres provinces, bien, voyons voir. Est-ce que,
vraiment, avec ce qui s'est fait dans les autres provinces, on peut dire ça ne
vaut même pas la peine d'ouvrir le débat ici? Non, on est toujours dans le
flou. Nous, on s'est intéressé à la...
Mme Setlakwe : ...question. On
est allé voir ce qui s'est fait dans les autres provinces, et les effets
concrets, sur les restaurants et les bars, d'une réduction de la limite
d'alcool permis dans le sang pour conduire sont très peu étudiés dans les
autres provinces. Il y a eu des avis qui ont été émis de part et d'autre, je
pourrais vous dire, mais il n'y a pas eu une analyse approfondie. Donc, moi, je
me dis : Allons-y, faisons-le, au Québec. «Les recherches effectuées n'ont
pas permis de trouver d'études ou de données probantes sur les effets négatifs
d'une réduction du taux d'alcool permis dans le sang pour conduire sur les
ventes d'alcool ou sur les revenus des restaurants et des bars ailleurs au
Canada.»
Les recherches... Je parlais de la
bibliothèque tout à l'heure. On a eu le service de la bibliothèque pour aller
voir ce qui s'est fait dans neuf provinces canadiennes. Ils n'ont pas trouvé
des études ou des sources de données chiffrant l'effet sur les ventes d'alcool
ou les revenus des restaurants et des bars à la suite de l'imposition des
sanctions administratives dans leur province respective. Dans neuf provinces,
il n'y a pas de données chiffrant l'effet sur les ventes d'alcool. On a recensé
quelques réactions de la part d'associations ou de restaurateurs à la suite de
l'entrée en vigueur de ce type de mesures.
• (12 h 20) •
On nous dit... Allons voir du côté de la
Nouvelle-Écosse. On nous dit qu'en 2017 le président de l'association des
restaurants de Nouvelle-Écosse rapporte que ses membres ont subi des
conséquences à la suite de l'imposition en 2010. Aïe! ça fait 14 ans qu'en
Nouvelle-Écosse ils ont mis de l'avant les sanctions administratives contre les
conducteurs ayant un taux d'alcool de 0,05 ou plus dans le sang. Il y aurait eu
un impact, il y aurait eu des conséquences, mais ce n'est rien de dramatique,
ce n'est rien de chiffré. On ne peut pas dire que, dans les autres provinces,
c'est la catastrophe. Ils disent : «His members felt the pinch in 2010 — they
felt a pinch — when the province's tougher laws were brought in.» Il
y a des... bon, je vais revenir au français, là... il y a des affaires qui ont
été perdues, c'est donc... il y a eu un impact, mais tout ça n'a pas été
chiffré convenablement. Je pense que...
On peut aussi se tourner du côté de
Colombie-Britannique. En 2010, l'industrie de la restauration de la
Colombie-Britannique a exprimé des craintes quant au renforcement des sanctions
administratives imposées aux conducteurs ayant un taux d'alcool dans le sang
égal ou supérieur à 0,05. À l'époque, le président de BC Restaurant and Food
Services Association déclarait que 30 % des ventes proviennent de
l'alcool, et que ce pourcentage diminuerait si les mesures proposées étaient
adoptées, mais il n'y a pas de source, là, qui a été fournie à l'appui de ces
données-là. Et, je vous rappelle, ça fait 14 ans que la Colombie-Britannique a
mis de l'avant des mesures que nous, on souhaite mettre de l'avant ici, au Québec,
pour effectuer ce que j'attrape, moi... ce que j'appellerais un... phasage, un
rattrapage par rapport aux autres provinces.
En 2017, Restaurants Canada a réagi à la
volonté exprimée par le fédéral lorsqu'il avait été envisagé de, possiblement,
modifier le Code criminel pour faire passer de 0,08 à 0,05 le taux maximal
d'alcool dans le sang permis pour conduire. Dans sa réaction, Restaurants
Canada avait rapporté, bon, qu'ils s'étaient fiés à ce qui s'était passé en
Colombie-Britannique puis ils avaient avancé que, possiblement, il y aurait une
baisse des ventes d'alcool de plus de 20 %, mais l'association ne cite,
toutefois, aucune source corroborant cette donnée.
Je vous rappelle, mon collègue de Nelligan
l'a fait, ce qu'on demande, nous, ce n'est pas de modifier le Code criminel
pour changer le 0,08. Ça vaut la peine de le dire et de le redire, l'acte
criminel, il est déclenché à partir de 0,08. Ce qu'on souhaite faire pour
réduire le nombre d'accidents, pour réduire le nombre de morts sur les routes,
pour changer le comportement des gens qui ont un mauvais comportement, des
récidivistes, c'est d'imposer des sanctions administratives à partir de 0,05.
Mais je reviens à mon point encore, qu'en 2017, quand on avait envisagé changer
le Code criminel il y avait eu des chiffres qui avaient été balancés, qui
avaient été mis de l'avant, en termes de baisses de revenus, mais ce n'était
pas des chiffres qui étaient appuyés par des sources, par des données
probantes.
En 2011, l'Assemblée législative de
l'Alberta a adopté The Traffic Safety Amendment Act, qui impose de nouvelles
sanctions contre les conducteurs ayant un taux d'alcool supérieur à 0,05. Donc,
en Alberta, c'était en 2011, ça fait 13 ans...
Mme Setlakwe : ...plusieurs
acteurs de l'industrie de la restauration avaient réagi. Ils avaient exprimé
leur inquiétude concernant une réduction de leurs ventes. Il y avait eu
quelques articles de presse qui avaient fait état des effets sur les ventes des
restaurants. En octobre 2012, l'Association canadienne des restaurateurs,
maintenant Restaurants Canada, rapportait un effet... ah! un effet limité sur
les ventes de ses membres. Les membres albertains n'auraient pas connu de
déclin manifeste des ventes d'alcool. D'autres acteurs de l'industrie rapportaient
cependant des effets plus importants sur leurs membres.
Je m'arrête ici, là, pour refaire le
point. Je pense qu'on n'est pas... on ne s'appuie pas sur du solide ici, là. Je
pense que... Cinq minutes, Mme la Présidente? Je pense qu'on est... on est dans
le flou. Les données, les effets ne sont pas clairs, à moins que le
gouvernement ait entre les mains des études récentes, dans le fond, qui
viendraient supporter leur position, bien, qu'ils nous le disent, mais, à
défaut d'avoir ces études-là, je réitère qu'il serait extrêmement pertinent de
faire venir l'Association Restauration Québec pour nous éclairer dans le cadre
de nos débats.
Je continue. Statistique Canada dispose de
données sur les ventes d'alcool dans le sous-secteur des services de restauration
et des débits de boissons. Ces données sont collectées à partir de l'enquête
annuelle sur les industries de services. Au Québec, en 2021, les ventes de
boissons alcoolisées pour consommation immédiate sur place représentant...
représentaient 8,7 % des ventes du sous-secteur de la restauration et des
débits de boissons. Bon, l'année 2021, par contre, n'est pas très
représentative en raison de la pandémie de COVID-19. En 2019, cette proportion
était plutôt de 14 %.
Mais c'est des chiffres intéressants. Je
pense, ça vaudrait la peine, Mme la Présidente, qu'on obtienne une mise à jour
afin de s'assurer qu'on s'en va dans la bonne direction. Encore une fois, nous,
ce qu'on souhaite, c'est de mettre en... c'est de mettre de l'avant des mesures
de sécurité qui ont fait leurs preuves ailleurs au Canada. On souhaite vivre
dans une société plus... où les gens ont un comportement plus prudent. On ne
veut pas exagérer, on ne veut pas changer le Code criminel, on veut simplement
qu'il y ait des sanctions administratives qui soient imposées à partir de 0,05.
On veut être en phase avec le souhait de la population, on veut être en phase
avec le comportement de nos jeunes, la nouvelle mentalité de nos jeunes, qui
est tout à fait... qui est tout à fait louable et souhaitable dans notre
société, mais on ne veut pas mettre de l'avant des mesures qui n'ont pas été
pleinement réfléchies.
Alors, on offre au gouvernement... C'est
une main tendue, comme mon collègue de Taschereau le mentionnait tout à
l'heure. On dit au gouvernement : Faisons venir un groupe qui aura
peut-être des données à mettre de l'avant qui vont nuancer notre position, qui
va venir peut-être nous faire changer d'idée. J'en doute, mais il vaudrait
quand même la peine de faire l'effort. On pourra dire collectivement après
l'exercice : Bien, on a écouté tout le monde, on a pris la peine, on a
pris le temps d'entendre différents acteurs. N'est-ce pas ça, notre rôle, comme
législateurs, d'entendre tous les différents points de vue et de se dire, à la
fin de notre journée : Je n'ai pas tourné les coins ronds, j'ai été
rigoureux, rigoureuse dans mon travail, dans ma démarche, j'ai tenu compte de
différents points de vue? Je vous le rappelle, ici, le sujet du débat, c'est la
vie de nos enfants, c'est la vie de nos voisins, c'est la vie de nos
concitoyens. Il me semble qu'on ferait honneur au Québec, aux Québécois que
d'aller au fond des choses, d'aller au fond des choses dans différentes
directions, à entendre différents points de vue.
Alors, j'invite mes collègues de la
banquette gouvernementale à revoir leur position, à revoir leur stratégie, leur
démarche et de permettre qu'on entende l'Association Restauration Québec dans
le cadre de nos débats, entendons-les en consultations afin d'avoir un meilleur
éclairage et afin d'avoir en main toutes les informations et toutes les nuances
lorsqu'on aura... lorsqu'on entamera l'étude détaillée...
Mme Setlakwe : ...du projet de
loi n° 48. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que la motion....
M. le député...
M. Derraji : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Un
vote par appel nominal est appelé. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
La Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
La Présidente (Mme Maccarone) : Abstention.
Y a-t-il... Alors, la motion est rejetée. Y a-t-il d'autres motions
préliminaires? M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Est-ce que
vous pouvez me donner quelques secondes pour l'envoyer?
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
nous allons suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
12 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 12 h 34)
La Présidente (Mme Maccarone) : ...je
cède la parole à M. le député de Nelligan, pour la lecture de votre motion
préliminaire.
M. Derraji : ...mais ce n'est
pas grave. Bon.
Conformément à l'article 244 du règlement de
l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des transports et de l'environnement,
dans le cadre de l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant
principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions
relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de
sécurité routière, demande à la ministre des Transports et de la Mobilité
durable de transmettre à la commission les avis juridiques, les notes
ministérielles, les études ou tout autre document pertinent produit par le
ministère des Transports et de la Mobilité durable concernant la possibilité d'instaurer
des sanctions administratives en lien avec conduite avec les facultés
affaiblies par l'alcool.
«Que les documents soient transmis à la
commission afin d'apporter un éclairage supplémentaire à celle-ci dans l'exécution
de son mandat, et ce, dans un délai maximum de 10 jours.»
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Alors, je suis prête à entendre les interventions.
M. Derraji : Bien, en fait,
cette motion... Et j'entendais, tout à l'heure, le collègue député de
Taschereau parler des notes, parler des avis, et il a complètement raison. Nous
avons, jusqu'à maintenant, été confrontés à un refus total de la part du
gouvernement concernant les demandes à entendre des groupes. Nous avons essayé,
depuis le début, Mme la Présidente, d'avoir une certaine logique et cohérence
dans nos demandes. Donc, nous avons demandé l'institut de santé publique, le
coroner. Nous avons aussi essayé de demander l'ARQ, l'Association des
restaurateurs du Québec. Mon collègue aussi, député de Taschereau, a ramené
deux autres demandes qui touchent notre population vulnérable. Donc, ce que
nous avons essayé depuis le début, c'est de dire : Écoutez, prenons le
temps, du moment que la ministre... dans le projet de loi, il y a un oubli par
rapport à l'alcool au volant.
Donc, ce qu'on a vu jusqu'à maintenant, ce
refus total à entendre des groupes, par rapport à un oubli majeur dans le
projet de loi, qui touche l'alcool au volant, nous pousse à aller plus loin par
rapport à ce sujet. Et la seule chose qu'on a en tant qu'élus et législateur, c'est
demander à Mme la ministre de nous déposer, de nous donner, en commission, un
éclairage. Sur quoi elle se base? Parce qu'on ne peut pas juste aujourd'hui...
parce que la majorité gouvernementale refuse d'inviter des groupes, qu'on doit,
nous, accepter. On est dans une démocratie, Mme la Présidente. Et, c'est vrai,
le gouvernement est très majoritaire, et, peu importe la motion qu'on va
présenter, ils peuvent voter contre. Mais, maintenant, elle nous invite, la
ministre, à étudier un projet de loi de 400 pages sur la sécurité routière...
Des voix : ...
M. Derraji : Pas grave, ils
peuvent continuer, aucun problème.
La Présidente (Mme Maccarone) : Continuez,
M. le député.
M. Derraji : Merci. Donc, Mme
la Présidente, je pense que la demande, elle est justifiée. Le refus de la
ministre et de ses collègues d'entendre d'autres groupes est probablement
justifié par des avis. Est-ce que la question des sanctions administratives a
été étudiée? Bien, j'espère que le grand public... Le grand public doit le
savoir, mais nous aussi, ça va nous éclairer, ça va nous éclairer, et ça va
nous donner, probablement, des réponses qu'on essaie de chercher depuis le
début. Et c'est le débat.
Vous savez, Mme la Présidente, c'est que
nous sommes en train d'étudier le Code de la sécurité routière, et la ministre
veut introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres
dispositions en matière de sécurité routière. On est dans le vif du sujet.
Donc, j'imagine qu'à l'intérieur de son ministère il y a des gens qui ont
travaillé sur ces mesures, parce que la ministre ne peut pas juste sortir
publiquement et demander à son groupe parlementaire de voter contre les
sanctions administratives. Donc, s'ils ont voté sur les sanctions
administratives...
M. Derraji : ...avons
essayé...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...ça
fait cinq fois depuis que je vous demande de garder le silence pendant qu'on a
des interventions. Continuez, M. le député.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Donc, nous avons essayé la voie de la science en se basant sur des
instituts crédibles, que je tiens à rappeler que Mme la ministre du Transport
et la vice-première ministre et ancienne ministre de la Sécurité publique s'est
basée, lors de ses points de presse, d'utiliser les avis de santé publique, les
avis de l'Institut de santé publique. Ça faisait partie du paysage public, et
le gouvernement se basait sur les avis de santé publique.
Donc, ce qu'on demande, ce qu'on demande
aujourd'hui, c'est très clair. La ministre et le gouvernement refusent parce
qu'ils ont voté contre la motion. Mais, de ce que j'entends, il y a un refus
total de même avoir un débat par rapport à cette question de l'alcool au
volant. Et on ne le fait pas parce qu'on veut juste faire le débat. C'est parce
qu'on parle du code de la sécurité routière. Nous, on pense qu'il y a un oubli,
un oubli majeur. Est-ce un manque de courage, peut-être, est-ce qu'on peut
l'interpréter autrement, peut-être, mais je ne vais pas qualifier pourquoi il y
a ce manque.
• (12 h 40) •
Alors, Mme la Présidente, je pense que
cette motion s'inscrit dans une logique que nous avons essayé de ramener pour
faire réaliser à la partie gouvernementale que nous sommes en train de faire
fausse route en tant que législateurs. Et pourquoi on doit faire... raisonner
encore une fois le gouvernement sur cette route qui est fausse, c'est qu'on ne
peut pas oublier l'alcool au volant. On ne peut pas oublier, vu tout ce que
nous avons entendu, pendant même la commission parlementaire, c'est... à
Québec, était très clair. L'Association de la santé publique, ils étaient très
clairs. Donc, abstraction faite à tous les arguments que nous avons essayé de
mettre sur la table. On est trois, je remercie ma collègue, je remercie le
collègue député de Taschereau. Nous avons essayé, depuis le début. Nous avons
mené un combat en commission parlementaire. Nous avons mené un combat au Salon
bleu avec la motion. On s'est dit : Écoutez, on a toujours l'habitude,
dans un projet de loi, d'arriver à s'entendre entre collègues, c'est comme ça
qu'on bonifie notre projet de loi. Et, sérieux, je ne m'attendais pas à ce que,
dans le cas où on étudiait un projet de loi sur la sécurité routière, que je
vais être obligé de ramener trop d'arguments. Écoutez, c'est le projet de loi
de la... Mme la ministre, au bout de la ligne, on va s'entendre pour
l'améliorer. C'est comme ça que ça marche dans la plupart des commissions, donc
on sent une ouverture, et c'est pour cela qu'aujourd'hui je ramène cette
solution.
La ministre, avant de dire non, ce n'est
pas parce qu'elle voulait dire non, elle s'est basée sur quoi, sur la science?
Non, j'en suis sûr et certain. Je n'ai pas besoin de demander des avis
scientifiques, parce que la plupart des avis scientifiques, ils sont pour, hein?
Sont pour le 0,05. Et je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me convaincre que la
santé publique est pour le 0,05 ni l'Institut de santé publique. Donc, Mme la
ministre, elle ne s'est pas basée sur la science pour dire : Non, le 0,05,
ce n'est pas une recommandation de la science.
Nous avons essayé d'aller décortiquer un
peu plus la question des restaurants, des bars. Nous avons proposé au
gouvernement : Écoutez, ramenons le groupe qui parle au nom de ces
personnes en commission parlementaire. Vous avez remarqué, Mme la Présidente,
ça aussi, ça a été refusé. Donc, en tant que personnes responsables, et quand
on veut prendre une décision, surtout qu'on parle d'un problème majeur, un
fléau... Ce n'est pas les mots du député de Nelligan, le «fléau» a été prononcé
par CAA-Québec, qui disait clairement : C'est un fléau, l'alcool au
volant. Nous, ce qu'on demande aujourd'hui, au Parti libéral, c'est que Mme la
ministre s'est basée sur quoi pour ce refus? Est-ce qu'il y avait des avis
juridiques? Est-ce qu'il y avait des notes ministérielles? Est-ce qu'elle avait
entre ses mains des études ou autres documents pertinents produits par le
ministère des Transports et de la Mobilité durable? Parce que, sinon, je ne
vais pas commencer à interpréter la décision. Sinon, sur quoi la décision s'est
basée, sur quoi la ministre et son ministère se sont basés pour dire :
Écoutez, on ne va pas inscrire le fléau de l'alcool au volant dans le projet de
loi, on ne va pas vous accorder...
M. Derraji : ...l'opportunité
d'en avoir ou d'en discuter de ce fléau dans le cadre du projet de loi. Donc,
la demande, elle est très claire, Mme la Présidente. Et, écoutez, on essaie
encore une fois pour voir... Est-ce qu'on va être déçus? On va être
probablement agréablement surpris de l'acceptabilité de cette motion
préliminaire de la part de la ministre. Je sais que c'est une femme rigoureuse.
Je sais que le ministère, il y a des gens qui travaillent fort, et j'en suis
sûr et certain que les notes existent. Je ne connais aucun ministère où il n'y
a pas de notes. Donc, clairement, il y a une note qui a circulé, une note
rédigée à l'intérieur du ministère. Le public a le droit de savoir de quoi
s'agit-il. Probablement, ils vont nous éclairer. Probablement, cette note va
mettre fin au débat. Donc, s'il y a une note, cette note ne doit pas rester au
ministère. Je sais que les crédits s'en viennent aussi, mais je ne veux pas
attendre les crédits pour avoir un débat sur l'alcool au volant.
Et je tiens à vous dire, Mme la
Présidente, pendant que je vous parle, nous avons reçu des emails de d'autres
groupes qui nous demandent de mener un autre combat. On parle beaucoup de
primes, on parle beaucoup d'accidents de la route. Il y a des primes. Il y a
des motocyclistes qui paient parce qu'il y a des primes. Ils se ramassent à
payer. Il y a toujours un processus en cours au niveau de la SAAQ pour prévoir
la nature des primes, mais il y a des groupes à l'instant même où je vous
parle, Mme la Présidente... Donc, Mme la Présidente, je pense que cette mention
règle l'enjeu et risque de débloquer le tout, risque de nous éclairer par
rapport aux intentions du gouvernement. Et comme je l'ai mentionné, les notes
ministérielles existent.
Vous savez, la motion du mercredi... vous
êtes présidente d'une commission, vous savez comment ça marche, la procédure
parlementaire. La motion du mercredi, tout le monde était au courant. Les gens
savaient sur quoi ils vont voter le lendemain. D'ailleurs, le vote était le
lendemain. Donc, j'imagine et j'ose espérer qu'il y a eu un débat. D'ailleurs,
ça a été même rapporté. Je ne sais pas, la collègue peut me corriger, mais ça a
été rapporté dans les médias qu'il y avait un débat à l'intérieur du caucus.
Mais j'ose espérer que le débat, il n'était pas uniquement à l'intérieur du caucus
caquiste. Ils peuvent, ils ont le droit, comme nous, on a des débats à
l'intérieur de notre caucus par rapport à ça, et je remercie mes collègues qui
m'appuient dans ce combat. Donc, il y avait un débat à l'intérieur du caucus.
Mais moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas le débat à l'intérieur du caucus
caquiste... Parce que, je le sais, je sais c'est quoi, la conclusion, c'est un
vote qui a été contre la motion. Mais ce qui m'intéresse, ce qui intéresse
l'opinion publique, au ministère, il y a des fonctionnaires, c'est des
spécialistes. C'est des spécialistes qui, eux, ils ont probablement fait le
tour de la question. Parce que ça ne date pas d'aujourd'hui, hein? Je vous ai
mentionné aussi l'évolution de l'opinion publique. On parlait d'une acceptabilité
sociale. Nous sommes rendus à à peu près 62 % d'acceptabilité. Dernier
sondage de la courbe de l'information, hein, la courbe de
l'information,62 %. Mais j'en suis sûr et certain, à l'intérieur du
ministère, il y a des gens qui ont pris le temps de rédiger des notes pour
analyser des études où ils ont fait une revue de la littérature, ou
probablement, il y a même des gens à l'intérieur du ministère qui ont des
contacts avec les autres ministres du Transport des autres provinces. Et
probablement il y a eu des débats sur les mesures administratives. Mais ça, Mme
la Présidente, le public doit le savoir. Et nous, en tant que membres de la
commission, si on veut parler sur une bonne base... Probablement, les
informations que Mme la ministre a, moi, je ne l'ai pas. Moi, je suis juste
porte-parole de l'opposition. Mme la ministre a accès à l'ensemble des
documents et des notes.
Donc, Mme la Présidente, malgré le bruit
qui nous perturbe un peu, je vais continuer à parler des notes ministérielles
parce que c'est très important. Je parle du bruit de la construction, pas de
bruit des collègues. Je parle des bruits de la construction.
Donc, au niveau des notes ministérielles,
je pense que la plupart des ministres, Mme la Présidente, ont ces notes
ministérielles. Et je pense que tellement le débat était sur la place publique
et qu'il y avait beaucoup de personnes qui parlaient de l'alcool au volant, il
y avait des victimes il y avait beaucoup d'associations... Je vous ai dit, même
le directeur de la police...
M. Derraji : ...de Montréal a
été interpellé, que lui voulait même parler de zéro. D'ailleurs, je l'ai
mentionné, le directeur de la SPVM, il dit : Écoute... il va être même
heureux à zéro. Lui, il n'était pas sur le 0,05, il a été interpellé en... dans...
publiquement. Qu'est-ce que vous en pensez de ce débat? Et vous... vous le
savez, Mme la Présidente, en termes de sécurité publique, quand le service de
police, chef, pas n'importe qui, à la Ville de Montréal, sort publiquement et
appuie le 0,05, et sans que personne ne lui demande : Écoutez, même moi,
je suis à l'aise à vivre avec le risque zéro. Donc, j'imagine, j'imagine qu'à
l'intérieur du ministère, les gens suivent ce débat, s'informe, se documente,
cherche des documents, cherche des données probantes, cherchent de
l'information. Je ne peux pas croire et j'ose espérer qu'il y a une note qui
touche les facultés affaiblies. J'ose espérer qu'il y a une note.
Après, s'il y a une décision politique, ça
regarde la partie gouvernementale. Mais moi, je fais confiance à l'appareil
gouvernemental, à l'appareil... à nos fonctionnaires. Je respecte nos
fonctionnaires, le travail qu'ils font, la rigueur avec laquelle ils analysent
les dossiers. Bien, je vous formule la demande, Mme la Présidente. Je formule la
demande parce que c'est une demande juste, une demande où le public, mais aussi
nous, parce qu'on... nous sommes à la veille de commencer une bonne réforme. Je
vous le dis, j'ai bien hâte qu'au bout de la ligne, on va se donner le meilleur
code de la sécurité routière, mais je ne peux pas commencer l'étude de la
réforme du code de la sécurité routière sans... sans, encore une fois, prendre
le temps de bien faire les choses. Oui, de bien faire... de bien faire les
choses. Et, quand je dis : Bien faire les choses, c'est demander d'une
manière officielle via les membres de notre commission, et j'en suis sûr et
certain, ça commence à être beaucoup.
• (12 h 50) •
(Interruption)
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
vous prie de continuer. Il nous reste très peu de temps si ça continue à... si
ça continue à accentuer, je vais peut-être suspendre quelques instants.
M. Derraji : Mais juste... je
tiens juste... Merci, Mme la Présidente, mais juste vous dire, je tiens à vous
dire que c'est extrêmement difficile de continuer à avoir la concentration avec
le bruit pareil, je vais essayer de continuer, mais c'est extrêmement gênant et
difficile. Donc, je vais revenir aux avis juridiques. Je vais juste résumer le
taux et pourquoi c'est très important pour nous, demander ces études. Peu
importe la décision ministérielle, Mme la Présidente, peu importe le ministère,
nous avons l'habitude de voir des avis juridiques. C'est comme dans le cas des
projets de loi, il y a toujours une analyse d'impact réglementaire et
économique. D'ailleurs, je me suis donné le réflexe, à chaque fois, quand il y
a un dépôt de projet de loi, avant de le lire... Et d'ailleurs, dans ce projet
de loi, il y a une étude d'impact. Il faut absolument la lire, l'impact
réglementaire, mais aussi impact économique. Pourquoi? Parce que ça nous donne
l'heure juste par rapport au projet de loi. Ça nous donne de l'information
pertinente par rapport au projet de loi, mais ça nous éclaire, ça nous éclaire
par rapport au projet de loi.
Dans le cas que nous avons devant nous,
c'est un débat qui continue depuis plusieurs semaines. Le gouvernement,
probablement, il a raison d'avoir... c'est de prendre...
(Interruption)
J'ai dit... je n'ai pas de chance
aujourd'hui. Oui. Il... moi, je pense, les facteurs externes me poussent à ne
pas continuer la demande de note ministérielle. C'est bon, c'est arrêté. Alors,
Mme... Mme la Présidente, j'ai failli vous dire : Mme la ministre. Mme la
Présidente, Mme la Présidente, la demande des avis juridiques et les notes
ministérielles, je pense que c'est la meilleure demande et la meilleure réponse
pour continuer nos travaux en commission parlementaire. Ces notes vont éclairer
les membres de cette commission, vont nous donner l'heure juste par rapport...
qu'est-ce qui a été fait à l'intérieur du ministère? Donc, est-ce qu'à
l'intérieur du ministère, il y avait un débat, il y avait de l'information et
il y avait des avis, il y avait des notes ministérielles, il y avait des
documents pertinents, il y avait une analyse de la documentation de la revue
scientifique, il y avait, comme nous, ce qu'on a fait... je vous ai montré
d'ailleurs, je l'ai déposé, je...
M. Derraji : ...ne le garde
plus pour moi. Nous, avant d'arriver à ce point... à cette... à mener cette
bataille, Mme la Présidente, nous avons fait nos devoirs et nous avons demandé
une revue exhaustive des... de la revue de la littérature. D'ailleurs, les gens
de la Santé publique, ils ont corroboré un peu ce qu'on disait. On s'est basé
aussi sur l'avis scientifique de l'Institut national de santé publique. On
s'est basé aussi sur ce que... On s'est basé, on s'est basé aussi sur l'avis
de...
(Interruption)
M. Derraji : Non.
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
excusez-moi, mais compte tenu de l'heure puis les bruits que nous avons, je
vais suspendre les travaux, sine die. On va ajourner. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 54)