Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 12 mars 2024
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Vol. 47 N° 42
Étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d’introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection et d’autres dispositions en matière de sécurité routière
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante minutes)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant
principalement le code de la sécurité routière afin d'introduire des
dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions en
matière de sécurité routière.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Gendron, Châteauguay, est remplacée par la... Poulet, Laporte;
M.... Mme Dufour, Mille-Îles, pardon, par Mme Setlakwe, Mont-Royal-Outremont.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la secrétaire. Je vous rappelle que, lors de l'ajournement de nos travaux,
le jeudi 22 février, nous en étions à l'étape des motions
préliminaires. Avant de débuter l'étude article par article, est-ce qu'il y a d'autres
motions préliminaires?
M. Derraji : Oui, M. le
Président, si vous le permettez.
Le Président (M. Jacques) : Oui.
M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Bien, bonjour.
Le Président (M. Jacques) : Bonjour.
M. Derraji : Bon retour.
Bonjour, chers collègues. Très heureux de vous revoir après deux semaines en
circonscription, où j'ai eu le grand plaisir de rencontrer pas mal d'acteurs en
matière de transport, M. le Président.
Donc, je dépose la motion. Et elle est
déjà envoyée, donc, si vous voulez l'afficher pour les collègues. Donc :
«Conformément à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des
transports et de l'environnement tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le code de la
sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes de
détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, des
consultations particulières; et qu'à cette fin elle entende dès que possible l'Institut
national de santé publique du Québec.» Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je vous invite...
M. Derraji : Vous voulez que
j'enchaîne?
Le Président (M. Jacques) : Oui.
M. Derraji : Oui. Combien j'ai?
Juste pour...
Le Président (M. Jacques) : Vous
avez 30 minutes...
Le Président (M. Jacques) : ...minutes.
M. Derraji : Combien?
Le Président (M. Jacques) : 30 minutes?
M. Derraji : O.K. Bon, bien,
heureux, M. le Président, de parler aujourd'hui de l'INSPQ. Et, comme vous le
savez, ayant moi-même passé quelques années au niveau de l'École de santé
publique de Montréal affiliée à l'Université de Montréal, très heureux de... Et
d'ailleurs je pense que je vais le déposer, on va le déposer. C'est un avis, un
avis scientifique, un avis scientifique sur la réduction de la limite d'alcool
permise dans le sang pour la conduite d'un véhicule automobile. Donc, je vais
le déposer, pour le bénéfice des membres, si on peut l'envoyer... Marc, pour le
bénéfice des collègues.
Mais je vais quand même me permettre, M.
le Président, de prendre quelques minutes parce que c'est un avis, qui date
quand même de février 2010, est extrêmement important. Et je tiens à remercier
les auteurs qui ont travaillé dans ce sens, notamment Étienne Blais, professeur
adjoint, centre interuniversitaire de recherche en réseau d'entreprise, de
logistique et transport, unité Sécurité, prévention des traumatismes, au
niveau... la Direction du développement des individus des communautés à
l'Institut national de santé publique, et Pierre Maurice, médecin spécialiste
en santé communautaire, de l'unité Sécurité et prévention des traumatismes. Un
document, M. le Président, d'à peu près 70 pages. Beaucoup, beaucoup,
beaucoup de références scientifiques, des articles scientifiques. Ça va être
très long le lire. C'est pour cela que je le dépose, mais je vais quand même
prendre le temps... et juste pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, parce
que c'est très important mettre tout le monde dans le contexte.
Nous sommes en train d'étudier le projet
de loi n° 48. Ça veut dire quoi, le projet de loi n° 48? C'est Loi
modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des
dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions en
matière de sécurité routière. Et, en matière de sécurité routière, nous avons,
nous, au Parti libéral, demandé au gouvernement de prendre le temps nécessaire,
en commission parlementaire, d'étudier l'alcool au volant. Malheureusement, il
n'y avait pas... il n'y avait pas mention de l'alcool au volant ni dans le
projet de loi. Nous avons posé des questions d'une manière très directe aux
groupes qui sont venus et la bonne majorité de ces groupes était pour la baisse
du taux d'alcool à 0,05 et l'imposition de mesures administratives.
Maintenant, M. le Président, je vais quand
même avoir... je vais demander votre attention par rapport à cet avis
scientifique. Et, dans cet avis, on... qu'est-ce qu'on mentionne? L'alcool au
volant comme problématique actuelle de sécurité routière. Je veux juste
chronométrer pour ne pas perdre mon temps, M. le Président, et vous aussi.
Donc : «Malgré les progrès réalisés au cours des 40 dernières années,
la conduite d'un véhicule automobile sous l'influence de l'alcool demeure
toujours un problème important et actuel de santé et de sécurité Sécurité
publique.» Et, dans cet avis scientifique, l'INSPQ se bat sur une revue de
littérature très exhaustive, si je peux... réutiliser le terme, et c'est pour
cela, c'est pour cela, on tient, au Parti libéral, de mener ce combat. Parce
qu'on ne peut pas parler de sécurité routière, surtout que la ministre
s'apprête à faire des actions en matière de sécurité routière, mais nous, on
pense que l'oubli... Il y a un oubli par rapport à l'alcool au volant. Et c'est
ça, le point de divergence entre nous et la partie gouvernementale. On ne peut
pas laisser passer un projet de loi sans prendre le temps nécessaire d'adresser
cette problématique de l'alcool au volant.
Je tiens juste à rappeler que que ce soit
la SPVM... le chef de police, Fady Dagher, Mme la ministre connaît très bien,
il insistait sur le 0,05, mais même le point... le zéro, donc le zéro alcool au
volant. Nous avons essayé de proposer son... de l'inviter. Malheureusement, la
partie gouvernementale a refusé. Nous avons aussi proposé d'inviter le coroner.
Le coroner, son rapport était très clair, il invitait le législateur, à savoir
nous, d'agir en matière d'alcool au volant. Aujourd'hui... et j'espère qu'après
deux semaines en circonscription, M. le Président, que les collègues, ils ont
eu le temps de bien réfléchir à la question de l'alcool au volant avec le recul,
et aujourd'hui je me suis dit : Écoutez, probablement, le coroner n'a pas
convaincu, malgré que Mme la ministre le connaît très bien, connaît très bien
l'institution du coroner, que, quand le coroner prend le temps d'écrire un
rapport...
M. Derraji : ...et de nous
dire : Écoutez — dans sa recommandation — je vous
invite à aller voir les bienfaits du 0,05, j'imagine, la moindre des
choses : l'écouter. Mme la ministre nous a répondu : Écoutez, il
était invité, mais il ne pouvait pas. Mais est-ce qu'on peut juste avoir le
débat par rapport au 0,05? La même chose avec... La même chose avec le
directeur de la police de Montréal, qui lui et le corps policier qu'il
représente vont utiliser ce qu'on leur donne en matière de loi, de mettre la
sécurité routière et lui donner un... et donner une vie à ce qu'on leur propose
dans le cadre de ce projet de loi.
Mais aujourd'hui, M. le Président, je vais
changer ma stratégie. Je vais utiliser l'angle de la science, l'angle de la
science, et espérons que le gouvernement va réaliser l'ampleur de rater
l'occasion d'écouter l'Institut national de santé publique, sachant que
l'institut a déjà rédigé un avis scientifique dans ce sens.
Donc, je vais commencer par l'enquête
réalisée en 2008. Là, ça parle de «5,2 % des Canadiens sondés ont admis
avoir conduit leur véhicule au cours des 12 derniers mois même s'ils
croyaient dépasser le taux d'alcoolémie permis par le Code criminel canadien.
Au Québec...» Ça, c'est un fait à noter. Dans le reste du Canada : 5,2 %.
Au Québec, c'est 7,5 %. C'est la Fondation de recherche sur les blessures
de la route. On s'entend, on est loin, nous, du Code criminel, qui est à 0,08.
On parle de mesures administratives, 0,05 à 0,08.
Dans la même étude, «la conduite sous
l'influence de l'alcool demeure encore aujourd'hui la principale cause de décès
routiers». «La conduite sous l'influence de l'alcool demeure encore aujourd'hui
la principale cause de décès routiers.» Je tiens à rappeler aux gens qui nous
écoutent, on parle de code de sécurité routière et on parle de dispositions en
matière de sécurité routière. C'est ça, le projet de loi que nous sommes en
train d'étudier. Et malheureusement on voit que même les propos de la Fondation
de recherche sur les blessures de la route, qui disait que... les gens disaient
qu'ils ont... de 7,5 % le... ils dépassaient le taux d'alcoolémie permis
par le Code criminel. Donc, on est vraiment au-delà de 0,08.
«La conduite sous l'influence de l'alcool
demeure encore aujourd'hui la principale cause de décès routiers. Au Canada,
3 122 personnes ont... sont décédées des suites d'une collision
routière en 2006. De ce nombre, 37,1 % étaient associées à l'alcool, ce
que signifie que 1 161 sont mortes lors de collisions où l'alcool fut
détecté dans le sang de l'un des conducteurs.» Donc, on le voit, l'alcool au
volant comme problématique actuelle de sécurité routière. «Plus précisément,
4,3 % des personnes décédées avaient un taux d'alcoolémie inférieur ou
égal à 49 milligrammes.» Donc, ce qu'on dit, nous, les mesures
administratives de 50 à 80, mais, on le voit, il y a 4,3 % des personnes
décédées... avaient un taux d'alcoolémie à 0,49. O.K.? C'est très important de
le préciser. Et 2,6 % avaient un taux variant entre 50 et 80, encore une
fois, en bas de la limite du Code criminel.
• (10 heures) •
Et pourquoi j'insiste sur ces chiffres?
C'est parce que ce qu'on propose à ajouter dans le projet de loi et saisir
l'occasion qu'on parle de sécurité routière, c'est justement mettre des mesures
administratives à la lumière de ce qui a été fait dans les autres provinces et
aider les gens à avoir ce réflexe qu'il y a des mesures administratives et
empêcher les gens de prendre le volant en cas où ils ont pris de l'alcool.
Je continue dans la même logique, M. le
Président. Et 9,4 % avaient un taux d'alcool se situant entre 80 et 160 et
20 % au-delà de 160, mais là on est dans les... la limite du Code
criminel. Nous, ce qu'on insiste depuis le début, c'est vraiment en bas du Code
criminel, avec des mesures administratives.
«Sans toutefois avoir de mesure précise
par rapport au taux d'alcoolémie, on...
10 h (version non révisée)
M. Derraji : ...qu'environ
20 % des 190 000 conducteurs qui ont subi des blessures sérieuses lors d'une
collision avaient consommé de l'alcool. Là, c'est la Fondation de recherches
sur les blessures de la route, étude de 2009. Et, quand on dit «blessures à
cause de collisions», ça vient confirmer d'autres études... que j'ai utilisée,
qui disait qu'entre 0,05 et 0,08 le risque d'accident de collision mortelle
augmente de 6 pour... 6 fois, six fois le risque de collision mortelle. Ça, c'est
un élément important, M. le Président. Et, comme je vous ai mentionné au début,
on va continuer à rappeler à la partie gouvernementale l'ampleur de ne pas agir
et qu'il y a un risque de... on va moderniser la loi, on va se donner d'un
cadre, mais on risque de manquer une mesure très importante.
Là, maintenant, on va parler des données
de la SAAQ, hein? C'est très important aussi. On va juste partager... Quand
même, ça, ce sont les chiffres que nous avons devant nous. C'est pour cela que
c'est très important de demander à l'Institut national de santé publique de
venir en commission parlementaire et même demander formellement qu'elle
réactualise l'étude qu'ils ont rédigée en 2010. «Selon les données publiées par
la SAAQ, 575 collisions mortelles faisant 627 victimes ont eu lieu en 2007. Des
conducteurs impliqués, 28 % avaient un taux d'alcool supérieur à la
limite... Selon les plus récentes estimations de la SAAQ, l'alcool serait
associé à 18 % des collisions avec blessés graves et 5 % des
collisions avec blessures légères.
«Parmi l'ensemble des moyens pour contrer
le problème de la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool, c'est la
réduction de la limite légale du taux d'alcool permise pour conduire un
véhicule a été utilisée dans de nombreuses juridictions.» Je ne sais pas, M. le
Président, si ça vous rappelle quelque chose, mais c'est exactement l'argument
que j'ai utilisé, que nous avons utilisé, au Parti libéral, pour faire
raisonner le gouvernement.
Je vais vous relire, M. le Président, ce
paragraphe : «Parmi l'ensemble des moyens pour contrer le problème de la
conduite avec facultés affaiblies par l'alcool, la réduction de la limite
légale du taux d'alcoolémie permise pour conduire un véhicule a été utilisée
dans de nombreuses juridictions.» Et là vous gardez le bout qui est très
important : «Contrairement à la plupart des provinces canadiennes où la
limite permise est de 50 mg/100 ml, — c'est le fameux 0,05 — au
Québec, cette limite est de 80 milligrammes...» 0,08, la limite du Code
criminel. «Dans ses efforts pour améliorer le bilan routier,», on est dans le
bilan routier, les mesures qu'on se donne, que ce soit au niveau des corridors
scolaires, zones scolaires, aider les MRC, aider les villes à se doter d'une
politique de sécurité routière, c'est pour améliorer le bilan routier, «la
pertinence que le Québec emboîte le pas et adopte une limite légale plus basse
dans son Code de la sécurité routière se pose.»
M. le Président, je ne sais pas, les
collègues, mais, quand on a l'Institut national de santé publique... Parce que
je pense qu'avant la pandémie peu de gens connaissaient le rôle de l'INSPQ. Mme
la vice-première ministre, elle était très impliquée pendant la pandémie, elle
a utilisé pas mal les études scientifiques de l'INSPQ, les avis de la santé
publique. Je vous ai dit que j'étais chanceux de... avant, avant la pandémie, d'être
sur le point de terminer un projet de doctorat en santé publique, très choyé de
pouvoir passer pas mal d'années à l'ESPUM, l'École de santé publique affiliée à
l'UdeM. Et aujourd'hui j'ai l'honneur de dire, j'ai l'honneur de dire :
Écoutez, prenons le temps de voir les constats de l'INSO. L'INSPQ, il est très
clair. En matière de code de la sécurité routière, il nous dit : «Dans ses
efforts pour améliorer le bilan routier...», en fait, c'est le sujet de ce
projet de loi, c'est que Mme la ministre ne va pas poser aujourd'hui un projet
de loi ou déposer un projet de loi et mobiliser autant de monde si le but n'est
pas améliorer bilan routier, «...la pertinence — la pertinence — que le Québec
emboîte le pas et adopte une limite légale...
M. Derraji : ...plus basse,
dans son code de la sécurité routière se pose, se pose. Donc, cet avis de santé
publique, ça va vous rappeler quelque chose, parce qu'on parle d'un avis de
Santé publique, c'est les mêmes avis que le gouvernement a suivis pendant la
pandémie. Le but du présent avis de Santé publique est donc de formuler des
recommandations sur la pertinence d'abaisser, sur la pertinence d'abaisser la
limite légale du taux d'alcoolémie permis pour conduire un véhicule automobile
au Québec à 0,05. Afin d'y arriver, nous poursuivrons les objectifs spécifiques
suivants, donc c'est ce qu'ils ont fait : documenter la relation entre la
conduite d'un véhicule à différents taux d'alcoolémie et la performance au
volant; documenter la relation entre la conduite d'un véhicule à différents
taux d'alcoolémie, dorénavant, je vais utiliser TA, ça veut dire taux
d'alcoolémie et le risque de collision et de blessures; et documenter l'effet
de l'abaissement du TA permis pour la conduite d'un véhicule automobile sur les
collisions. Donc, l'INSPQ, ils se sont basés sur les synthèses systématiques et
en leur absence, ils ont réalisé leur propre synthèse des connaissances. C'est
très pratique, M. le Président, quand on veut utiliser des données probantes.
Les conclusions présentées dans cet avis,
l'avis que je suis en train de vous lire, sont donc basées sur les données
probantes les plus crédibles. Et je vais commencer, si le temps le permet, M.
le Président... de commencer avec l'élément central, c'est : La
performance des conducteurs est-elle affectée de manière significative à un
taux d'alcoolémie de 50 milligrammes sur 100 ml, donc le fameux 0,05?
Les résultats de la littérature scientifique montrent que la performance des
conducteurs dans leurs différentes tâches de conduite est affectée de manière
significative à partir d'un TA de 50 mg par 100 ml. Je vais la
répéter, M. le Président. Les résultats de la lecture de la littérature scientifique
montrent que la performance des conducteurs dans leurs différentes tâches de
conduite est affectée de manière significative à partir d'un taux d'alcoolémie
de 50 mg par 100 ml, donc le fameux 0,05.
• (10 h 10) •
On ne peut pas... on ne peut pas
aujourd'hui dire que l'Institut de santé publique ne l'a pas dit. Donc, pour
les membres de la commission, c'est très clair. C'est d'ailleurs la principale
conclusion de deux synthèses de connaissances qui ont abordé la question des
effets de la consommation d'alcool sur la performance au volant, en se basant
respectivement sur 177 et 100 études au cours des 50 dernières
années. Donc, M. le Président, qu'est-ce qu'ils ont fait? C'est... pour arriver
à cette conclusion, ils ont analysé une panoplie d'études scientifiques. Et,
lors des expérimentations en laboratoire et en circuit fermé, donc, ils ont
fait des expérimentations en laboratoire et en circuit fermé, la performance du
conducteur aux tâches d'attention divisées, par exemple, identifie des stimuli
de l'environnement routier tout en conduisant, et aux tâches plus simples
telles que demeurer au centre de la voie ou maintenir une distance
intervéhiculaire sécuritaire sans t'affecter. Je tiens juste à rappeler aux
gens qui nous écoutent, on parle d'un projet de loi sur le code de la sécurité
routière et j'ai, dans le résumé que je viens de vous lire, un constat très
clair avec une panoplie d'études scientifiques qui démontrent que rien que dans
un circuit fermé, les facultés sont affectées. De plus, à un taux d'alcoolémie
aussi bas que 50, ça veut dire le... en bas de 0,05, et là, vous allez
comprendre que ça rejoint un peu la sortie du directeur de la police de
Montréal qui disait lui-même que, même pour le zéro alcool, il est pour, la
vigilance du conducteur est moindre en bas de 50 milligrammes...
M. Derraji : ...et il est plus
susceptible d'être somnolent en bas de 0,05. Les conducteurs sont donc moins
aptes à réagir rapidement et à prendre la bonne décision en situation
d'urgence. Finalement, la consommation de faibles doses d'alcool produit un
effet désinhibiteur qui amène le conducteur à adopter des comportements à
risque. Le conducteur... Amènent le conducteur à adopter des comportements à
risque. Sous l'influence de l'alcool, les conducteurs roulent généralement plus
vite et sont moins susceptibles de respecter les limites de vitesse.»
M. le Président, moi je pense que rien que
voir ces constats, on devrait tous être d'accord de dire que le projet de loi a
oublié un élément important. On l'a dit, CAA-Québec, il nous a dit, c'est un
fléau, l'alcool au volant, comme le cellulaire au volant, comme les autres
distractions. Ce sont les causes derrière les accidents. Le coroner le
mentionne, SPVM aussi le mentionne, là maintenant, c'est un autre angle qu'on
n'a pas encore exploré, c'est l'angle des... de la science, c'est l'angle des
études scientifiques. Or, les excès de vitesse et la vitesse inadaptée aux
conditions routières représentent l'une des principales causes de collisions et
de blessures au Québec. C'est une étude de 2003.
Donc, M. le Président, juste
conclure : «La performance des conducteurs est-elle affectée de manière
significative à un taux d'alcoolémie de 50 milligrammes par 100 ml, le
fameux 0.05, la réponse est oui.»
Maintenant, le risque de collision. Bon.
Le projet de loi parle de zone scolaire, corridor scolaire, ça, d'ailleurs, ça,
on va le... on va le développer et l'a... on va l'analyser, quand... rendus à
ces... à ces étapes dans le projet de loi, on parle de risque de collision.
C'est tout ce qu'on fait comme mesures et tout ce que ce projet de loi veut
faire, c'est diminuer le risque de collision. Donc, que ça soit au niveau du
corridor scolaire, que ça soit au niveau des MRC, que ça soit au niveau de...
des endroits où il y a un risque très élevé, maintenant, on va parler du risque
de collision à un taux d'alcoolémie de 0,05. «De la première étude qui s'est
penchée sur la relation entre la conduite sous l'influence de l'alcool et le
risque de collision aux études plus récentes, la conclusion demeure la même, le
risque de collision et de blessures augmente de manière exponentielle en
fonction du taux d'alcoolémie.» Donc, le plus que le taux d'alcoolémie
augmente, le risque de collision augmente, donc les deux sont alignés. Tu
augmentes le taux d'alcoolémie, tu augmentes le risque de collision. Et qui dit
augmenter le risque de collision, ça veut dire risque de blessure et les autres
risques qu'on veut tous éviter, M. le Président. C'est ça qui nous motive
dans... à être dans ce projet de loi.
«La conclusion demeure la même, le risque
de collision et de blessures augmente de manière exponentielle en fonction du
taux d'alcoolémie. Le risque de collision et de blessures est accru de manière
significative à partir de 50 milligrammes.» Donc, le 0,05. Donc, déjà
avant, le risque est exponentiel, le risque augmente avec le taux de
l'alcoolémie.
Mais maintenant, ce qui nous intéresse,
nous, au Parti libéral, ce n'est pas baisser le... agir sur le Code...
criminel, ce n'est pas notre rôle. C'est agir entre le 0,05 et le 0,08.
Maintenant, qu'est-ce que la science dit par rapport au 0,05 et 0,08? C'est
très simple, c'est que le risque de collision et de blessure est accru de
manière significative à 0,05. Pour les collisions mortelles, ce risque est
multiplié par un facteur variant de 2 à 9 fois, selon les études et la
façon dont les catégories de taux d'alcoolémie sont établies. Et d'ailleurs,
cette conclusion, c'est ça qui est très important, n'a d'ailleurs jamais été remise
en question. Pour les personnes qui ont fait de la recherche fondamentale ou
autre, c'est très important que la conclusion de dire que le facteur variant de
2 à 9 fois selon les études est réel, j'ai Chamberlain et Solomon, de
2002, Voice et Tippett en 2006. Et souvenez-vous que l'étude Nice, qui est la
plus récente, disait aussi la même chose, le risque de collision mortelle
augmente...
M. Derraji : ...est multiplié
par six entre 0,05 et 0,08. Et là on parle de collisions et de blessures... on
parle de collisions mortelles.
Maintenant, une autre étude, en 2002,
«Compton estime qu'un taux d'alcoolémie de 40 milligrammes augmente de
38 % le risque de collision comparativement à un conducteur sobre.
D'autres études montrent que le risque est encore plus prononcé pour les
collisions avec blessures graves.» Là, on parle de Zador et collaborateurs,
1991... «établissent qu'un conducteur avec un taux d'alcoolémie variant entre
50 et 90 a neuf fois plus de chances d'être impliqué dans une collision mortelle
qu'un conducteur affichant un taux d'alcoolémie de 10 milligrammes», donc 0,01.
On est vraiment proche du zéro. Et, comme je l'ai mentionné, le risque, il est
toujours là.
Maintenant, «des résultats similaires à
ceux présentés précédemment furent obtenus à l'aide de données de différents
pays. Une étude québécoise réalisée par la SAAQ — donc je précise — une
étude québécoise réalisée par la SAAQ a non seulement permis d'établir le
risque de collision mortelle en fonction du taux d'alcoolémie du conducteur,
mais aussi la probabilité que celle-ci soit impliquée dans une collision
mortelle responsable. Un conducteur ayant un taux d'alcoolémie variant entre 20
et 50 voit son risque d'être impliqué dans une collision mortelle multiplié par
un facteur de 1,7, tandis que son risque de collision mortelle responsable est
accru par un facteur supérieur à trois.» On parle d'un taux d'alcoolémie entre
20... entre 0,02 et 0,05. «Le risque de collision mortelle s'accroît d'une
manière exceptionnelle par la suite.»
Donc là, maintenant, on va aller chercher
le niveau qui nous intéresse, où on demande au gouvernement de mettre
uniquement des mesures administratives. On est très loin du Code criminel. Il
n'y a pas de mesure criminelle. Il n'y a aucun, aucun impact criminel sur les
gens, mais plus un facteur de dissuasion, comme ce fut le cas dans les autres
provinces canadiennes.
«Le risque de collision mortelle s'accroît
de manière exponentielle par la suite. Ainsi, le risque de collision mortelle
s'établit à 4,5, 23,9 et 176,5 pour des taux d'alcoolémie entre 51 et 80...»
Donc, entre 51 et 80, c'est 4,5. «Ces risques sont plus élevés pour les
conducteurs de 20 ans et moins.» C'est Zador, l'étude Zador et ses
collaborateurs en 2000.
Le Président (M. Jacques) : ...
• (10 h 20) •
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Alors, écoutez, je n'ai pas eu le temps de tout vous partager ce que
l'INSPQ a fait, mais vous pouvez facilement aller lire l'étude. C'est une très,
très bonne... C'est un très bon avis, et la conclusion est la suivante :
«La performance lors de la conduite d'un véhicule automobile est négativement
affectée par un taux d'alcoolémie de 50 milligrammes — donc le 0,05 — la
conduite d'un véhicule automobile avec un taux d'alcoolémie de 0,05 multiplie
de manière significative le risque de collision avec blessures graves, voire
mortelles, l'ensemble de la littérature scientifique confirme que l'abaissement
de la limite du taux d'alcoolémie permis pour la conduite d'un véhicule
automobile à 0,05 est une mesure efficace pour prévenir les collisions et
sauver des vies.»
C'est dans ce sens, M. le Président, que
j'invite l'ensemble des collègues à prendre le temps de réfléchir à cette
proposition d'entendre l'INSPQ. Ce qui nous anime tous ici, c'est sauver des
vies et prévenir les collisions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion
préliminaire? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Bien, d'abord, j'aimerais saluer les collègues pour
ce retour à l'étude du projet de loi n° 48. C'est un projet important.
Évidemment, sécurité routière, c'est un enjeu qui touche toute la population.
J'espère que tout le monde a passé un beau deux semaines, qu'on est reposés.
Moi, c'est drôle, quand je discutais avec
des gens de ce que je faisais en ce moment, là, à l'Assemblée nationale, au
Parlement, je leur parlais de sécurité routière, puis ils avaient vu, effectivement,
ils avaient entendu parler, là, du débat sur l'alcool au volant, puis la
plupart des gens se disaient très favorables à l'idée d'abaisser la limite à
0,05, alors qu'elle est à 0,08 en ce moment...
M. Grandmont : …c'est
anecdotique, mais en même temps, ça ne l'est pas tant que ça. Ça vient
confirmer un peu les sondages qu'on a vus passer dans les derniers... dans les
derniers mois, les dernières années, à l'effet que la population est rendue là,
dans des proportions, là, qui sont d'environ 60 %, avant même qu'on ait eu
un débat sur la question de l'alcool au volant. Donc, moi, je pense qu'il y a
quelque chose là de vraiment intéressant.
Et c'est pour ça que j'étais très content
de voir la motion préliminaire qui est proposée par mon collègue de Nelligan, à
l'effet d'entendre l'INSPQ. L'INSPQ, l'Institut national pour la santé publique
au Québec, c'est une institution d'abord qui est reconnue, qui est respectée
par la population. C'est une expertise incroyable que nous avons ici, au
Québec, qui nous permet de travailler sur les enjeux de manière préventive. On
les a vus, évidemment beaucoup... très actifs, là, pendant la pandémie, mais,
de manière générale, cette organisation-là agit depuis des années, des
décennies à essayer d'améliorer, à faire de la prévention sur les enjeux
multiples, là, qui touchent différentes façons d'aborder la prévention de
décès, la prévention d'accidents graves et légers au Québec. Et évidemment,
bien, la sécurité routière fait partie des enjeux qu'ils traitent depuis des
années.
Je vais aller un peu, là, du côté, là,
du... de l'alcool au volant, comme mon collègue l'a fait tout à l'heure, mais
je veux aussi aborder la question de la vitesse et des aménagements, parce
qu'il y a aussi cette expertise-là, à l'INSPQ, la question de comment on
aménage nos villes puis de comment on réduit la vitesse, et de l'importance de
réduire la vitesse de ce qui est pratiqué au Québec pour sauver des vies.
Bon, d'abord sur l'alcool. Bien oui,
effectivement, là, mon collègue référait à des études, là, qui ont été faites
par l'INSPQ. Ça fait longtemps que l'INSPQ se penche sur la question de
l'alcool au volant. Puis on sait évidemment, là, que l'alcool au volant est
un... est un... est un des principaux risques, en fait, en termes de sécurité
routière au Québec. L'INSPQ, d'ailleurs, dit que... ça fait plus de
10 ans, en fait, que l'INSPQ recommande d'abaisser le taux d'alcool
maximal de 0,08 à 0,05. Ça fait 10 ans, m. Le Président, 10 ans que
l'INSPQ refait cette recommandation-là. Et là, on a une ouverture à travers le
projet de loi n° 48, on touche le code de la sécurité routière, on a cette
possibilité-là qui nous est offerte à travers le projet de loi déposé par la
ministre des Transports et de la Mobilité durable. Je pense qu'il faut
absolument saisir cette opportunité-là pour améliorer le bilan routier.
Ce que dit, là, l'INSPQ, notamment...
parce que vous savez comment ils fonctionnent, hein, ils font des revues de
littérature, après ça, sur la base desquelles... puis des revues de
littérature, mais aussi ils vont aller voir un peu ce qui se passe à
l'étranger, s'inspirer des meilleures pratiques et vont faire des
recommandations qui vont aller dans un sens ou dans l'autre pour justement
faire de la prévention comme je le disais tantôt. Entre autres, ce qu'ils
disaient, c'est que le risque qu'un conducteur soit impliqué dans une collision
mortelle est multiplié par 1,7 chez ceux avec un taux d'alcool... d'alcool
entre 0,02 et 0,05. Donc, déjà, on voit que 0,02 augmente les chances d'être
impliqué dans un accident mortel pour un conducteur. Et c'est pour ça
d'ailleurs qu'il y a des juridictions à travers le monde qui ont fait le choix
d'aller vers le 0,00 ou encore 0,02. C'est un... c'est des taux qu'on voit
souvent, parce que, déjà là, il y a un risque qui est presque de l'ordre de
deux fois plus de chances d'être impliqué dans un accident mortel. Puis
évidemment, là, on ne compte pas non plus les accidents graves qu'on veut
évidemment éviter, là, sur nos routes. Ce taux-là est multiplié par quatre chez
ceux qui ont un taux d'alcool entre 0,05 et 0,08. Et c'est ce qu'on demande,
là, en fait, que cette mesure-là, là, d'abaisser de 0,08, tel qu'actuellement,
à 0,05, soit mise en application. Alors qu'évidemment, bien, on le sait, là, c'est
connu depuis longtemps aussi, il est multiplié par 24 chez ceux qui ont un taux
d'alcool entre 0,08 et 1,50. Donc, c'est énorme. Ça, sa source, ça vient donc
d'une étude de l'INSPQ qui a été réalisée en 2017. Donc, c'est des chiffres
assez récents. On peut penser que plusieurs juridictions à travers le monde ont
mis en place des mesures visant à durcir, là, cette... cette notion-là d'alcool
au volant, de le ramener plus bas, donc généralement à 0,05, mais, comme je le
disais tantôt, on voit dans certaines juridictions aussi 0,02... 0,04 en
Saskatchewan, notamment, 0,02 dans certains pays européens, et 0,00 même à
certains endroits.
Faut-il le rappeler, là, au Canada, les
provinces canadiennes sont toutes à 0,05. Elles ont compris qu'elles avaient un
impact, elles pouvaient avoir un impact, sauver des vies, améliorer le bilan
routier en ramenant le taux d'alcool permis dans le sang lorsqu'on est au
volant à 0,05, sauf, comme je le disais tantôt, la Saskatchewan qui est 0,04.
De pouvoir entendre l'INSPQ sur ce discours-là, sur cet enjeu-là, là, de
l'alcool au volant, je pense que ça...
M. Grandmont : ...ça aurait
été pertinent. On a eu un seul mémoire, je pense, qui portait presque
exclusivement sur la question de l'alcool au volant, là, c'est le CAA-Québec
qui avait cet... qui a pris cet angle-là. Il y avait d'autres mesures qui
étaient abordées, là? La FTQ?
Une voix : ...
M. Grandmont : Ah!
l'Association de santé publique, effectivement. Mais donc, avoir eu l'INSPQ, en
plus, qui aurait pu venir ajouter, finalement, tout le bagage de connaissances
qu'ils ont, je pense que ça aurait été très pertinent. Comme je le disais, de
toute façon, tout à l'heure, là, ça fait des années qu'ils abordent cette
question-là, depuis au moins 10 ans, donc... une organisation crédible, une
organisation qui nous aurait permis d'avoir, encore une fois, cette discussion
importante sur un enjeu qui a malheureusement été occulté dans le projet de loi
n° 48. Comme je le disais, on a une opportunité qui n'arrive pas souvent de
pouvoir discuter sécurité routière à travers le travail du législateur. Ça nous
aurait permis d'aborder ça avec des gens qui sont tout à fait crédibles et
reconnus dont l'expertise est forte et ça nous aurait permis aussi de peut être
avoir cette...
En fait, ça nous permettrait. Je parle au
conditionnel, mais, en fait, l'objectif, c'est de pouvoir les rencontrer. On
n'a pas encore commencé l'étude détaillée. Donc, moi, ce que je demande,
effectivement, comme mon collègue de Nelligan, c'est de pouvoir entendre ce
groupe-là, de pouvoir voir si le législateur ne devrait pas être en phase avec
la population. Comme je le disais, les sondages montrent qu'à 61 %, les
gens sont plutôt ou très favorables à l'abaissement de la limite d'alcool permise
dans le sang, ce qui est un non-sens que le législateur lui-même soit en retard
par rapport à la population sur un enjeu qui nous permettrait de sauver des
vies. Donc, moi, je demande effectivement à ce qu'on puisse entendre le
législateur sur... pas le législateur, mais qu'on puisse entendre l'INSPQ sur
la question de l'alcool au volant. C'est un angle qui est important, c'est un
angle mort actuellement, là, dans le projet de loi n° 48. Donc, d'avoir cette
discussion-là serait très pertinent.
Maintenant, l'INSPQ, comme je le disais
tout à l'heure, ce n'est pas juste une expertise sur la question de l'alcool au
volant. C'est un des champs qu'ils ont décidé d'investir, d'investiguer avec
toute leur expertise, mais il y a aussi toute la question de la vitesse au
volant. Parce que, s'il y a un autre enjeu qui est important dans la mortalité,
dans le bilan routier aussi mortel et aussi grave que nous avons au Québec,
bien, c'est la question de la vitesse qui est importante. Bon. On l'aborde un
petit peu à travers, évidemment, là, des mesures qui sont mises en place sur...
autour des écoles, dans les zones scolaires, on l'aborde aussi à travers, là,
la question, là, des radars photo, là, des appareils de contrôle automatisés.
Mais l'INSPQ a cette expertise-là. D'abord, elle aurait pu donner des arguments
sur la question de la vitesse, mais aussi faire le lien avec les aménagements.
Là, j'ai envie de vous parler un peu, M.
le Président, là, de quelques statistiques, là, qui sont tirées, là, justement
d'une étude de l'INSPQ qui date de 2003, juste pour montrer combien ça fait de
temps que cette institution-là que nous avons au Québec traite de la question
de la vitesse et des aménagements au Québec, donc plus de 20 ans. J'aurais pu
choisir des études plus récentes, mais plus déjà de 20 ans que l'INSPQ
travaille sur les enjeux, notamment, de la vitesse.
• (10 h 30) •
Bien, d'abord, une seconde, hein? Ce
qu'ils disent, c'est : Une seconde, c'est le temps minimum qu'il faut au
conducteur vigilant pour réagir à l'obstacle. Je le dis, «vigilant». Donc, déjà
en partant, si on ajoute la composante alcool, on est dans un état de vigilance
qui est moins grand, donc ce facteur-là d'une seconde augmente d'autant. Mais,
pour une personne, donc, qui est sobre, c'est le temps moyen... en fait,
minimum qu'il faut au conducteur pour réagir à un obstacle. Quand on roule à
100 kilomètres-heure, ça veut dire que, considérant la technologie employée,
les freins, etc., puis le temps de réaction, c'est 76 mètres que ça prend pour freiner,
pour s'arrêter. Donc, vous imaginez, là, vous roulez à 100 kilomètres-heure et
puis vous avez un obstacle devant vous, vous freinez immédiatement. Bien, ça va
vous prendre 76 mètres pour arrêter complètement le véhicule.
Autre statistique : zéro. C'est la
probabilité, donc 0 % de chance, de survivre à un impact s'il a été frappé
par un véhicule à 80 kilomètres-heure. Il faut savoir que le risque augmente,
là, de façon exponentielle avec la vitesse. Quand on est à 30 kilomètres-heure,
le champ... les chances de décès sont très proches de zéro, en fait on parlait
de 30 %. Mais, dès qu'on augmente la vitesse, là, 50, 70 kilomètres-heure,
très rapidement, on tombe avec zéro chance. D'ailleurs, à 80 kilomètres-heure,
en fait, on a zéro chance de survie si un piéton est frappé par un véhicule.
Puis ça, ça a été fait, cette étude-là, je le rappelle, en 2003, à une époque
où les véhicules étaient quand même pas mal plus petits qu'aujourd'hui.
Aujourd'hui, les véhicules sont beaucoup plus hauts, donc j'aurais été très...
je serais très curieux de savoir qu'est-ce...
10 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...l'INSPQ dit
aujourd'hui, là, de... des chances de survie. Mais en ayant des véhicules qui
sont plus hauts, d'abord, ils ont une masse plus importante, donc l'énergie
transmise est plus importante, mais aussi les véhicules... les véhicules vont
percuter, chez l'usager vulnérable, les organes vitaux davantage que dans le
passé. Dans le passé, les véhicules étaient plus bas et donc c'était plus au
niveau des jambes qu'on avait des lésions, alors qu'aujourd'hui, bien, je ne
sais pas si vous avez... si vous êtes déjà passé, M. le Président, devant ces
immenses véhicules, ces immenses pickups, qui, en plus, des fois, sont montés
sur des... sont surhaussés avec toutes sortes de mécanismes, là, des
suspensions qui rehaussent la taille du véhicule, mais même pour quelqu'un qui
fait un mètre 80, 82, on a le capot du véhicule à la hauteur des épaules,
voire un peu plus haut. Donc, on peut imaginer que, en ce qui me concerne,
bien, il y a juste la tête qui n'est pas... qui n'est pas percutée. Mais pour
les enfants, pour les personnes plus petites, on se retrouve... ou les
personnes qui sont en situation de handicap, par exemple, dans un fauteuil
roulant, bien c'est l'entièreté des organes vitaux qui sont potentiellement
percutés par le véhicule dont la masse est plus importante.
Ce que dit... ce que dit l'INSPQ par la
suite, c'est que de 30 % à 50 %... c'est le prochain chiffre, la
prochaine statistique, 30 % à 50 %, le rôle de la vitesse dans les
collisions mortelles, selon plusieurs experts dans le monde, ce qui en fait le
facteur aussi important que l'alcool au volant. D'autant plus que le phénomène
est répandu chez l'ensemble des usagers. Donc, 30 % à 50 % des
collisions mortelles à travers le monde seraient... seraient... impliqueraient,
en fait, une vitesse plus grande que... en fait, une vitesse trop grande.
Maintenant, un conducteur sur deux... Ça,
c'est intéressant parce que c'est sur la perception que les gens ont de leur
propre vitesse, la vitesse pratiquée. Puis je parlerai, on référera, là, au 85e percentile
dont on avait discuté avec Pr Cloutier, là, de l'INRS, tout à l'heure. L'INSPQ
nous dit qu'un conducteur sur deux, et en même... et même deux sur trois et
trois sur quatre qui ne respectent pas les limites de vitesse autorisées selon
le type de route au Québec. C'est-à-dire que la plupart des gens ne respectent
pas, en tout cas au moins 50 % des gens, selon cette étude-là, ne
respectent pas les limites de vitesse autorisées partout sur les routes au
Québec. Il y a... il y a comme une loi non écrite, hein, on le sait qu'on peut
rouler sur l'autoroute jusqu'à 118, il n'y a pas trop de chance de se faire
pogner, on peut rouler sur des routes à 70 à jusqu'à 78, 79, il n'y a pas trop
de chance de se faire pogner, puis il y a toujours la marge d'erreur aussi des
radars photo ou encore des ACA. Donc, les gens s'en permettent toujours un peu.
C'est drôle parce que quand j'étais jeune,
c'était toujours... on... il y avait... il y avait... il y avait cette autre
loi qui disait... non écrite, bien entendu, qui disait que quand on traversait
la frontière avec l'Ontario, oh! Là, il fallait ralentir parce que les gens
étaient plus vigilants. Il semble que cette loi-là, non écrite, soit tombée
parce qu'en Ontario ça roule très, très vite aujourd'hui. Mais les gens roulent
vite, consciemment, roulent consciemment trop vite au Québec. En même temps,
95 % des automobilistes considèrent que la vitesse à laquelle ils roulent
est sécuritaire. Donc, il y a cette impression là très grande. Puis encore là,
95 % en 2003, alors que les véhicules étaient moins confortables, étaient
moins spacieux, étaient moins sécuritaires à l'époque même que... pour les
occupants à l'intérieur du véhicule que... qu'ils ne peuvent l'être aujourd'hui.
La perception du risque de se faire
arrêter pour dépassement de vitesse en 2003, là, chez les conducteurs
québécois, elle était faible, et c'est encore le cas aujourd'hui,
malheureusement. La plupart des gens considèrent que le risque de se faire
arrêter est faible. Donc, on espère évidemment que la multiplication des ACA
pourrait augmenter cette disposition-là. C'est ce qu'on souhaite. Mais il reste
quand même qu'avec 250 radars un peu partout sur le territoire, ça couvre
une partie du territoire, c'est à peu près cinq fois plus que ce qu'on a
actuellement, est-ce que ça va être suffisant? Je ne sais pas. Moi, j'aurais
aimé... j'aimerais entendre l'INSPQ pour nous dire quel genre de ratio de
radars par population ou par conducteur ou de radars par kilomètre de route on
a besoin pour être capables d'avoir un effet dissuasif sur la vitesse
pratiquée, sur le risque de se faire prendre, la perception du risque de se
faire prendre par les automobilistes.
Vous vous souviendrez qu'il y a certains
intervenants, là, qui nous ont parlé de différentes mesures ailleurs dans le
monde, où les ratios étaient plus élevés par kilomètre, mais aussi par usager
de la route, par conducteur. Donc, 250, c'est un pas dans la bonne direction,
mais est-ce qu'on est... est-ce qu'on est allés assez loin? Est-ce qu'on s'en
permet assez? Est-ce qu'on utilise suffisamment bien cet outil-là? Bien, selon
les témoignages qu'on a eus en commission lors des audiences, non. Est-ce...
M. Grandmont : ...que l'INSPQ,
pour nous jeter... nous donner un éclairage intéressant là-dessus, moi, je
serais très intéressé à les entendre.
Il faut se rappeler aussi que la vitesse
maximale que peuvent atteindre les véhicules est très élevée. On construit des
véhicules qui vont très, très vite. En 2003, plus de 50 % des véhicules
construits et vendus pouvaient atteindre facilement 200 kilomètres-heure.
À quoi ça sert de faire des véhicules qui vont à 200 kilomètres-heure si
la limite permise sur les autoroutes, qui sont les infrastructures sur
lesquelles on a le droit de rouler le plus vite, est de
100 kilomètres-heure? Bon, peut-être qu'on peut se permettre d'avoir des
véhicules qui montent jusqu'à 115, 120 pour faire des dépassements, par
exemple, des situations d'urgence, mais est-ce qu'on a besoin vraiment d'aller
à 200? Il n'y a aucune raison logique, aucune raison logique. Ça, c'est en
2003. Les véhicules d'aujourd'hui sont encore plus efficaces, les véhicules
sont encore plus performants, sont plus aérodynamiques, pensons, entre autres,
à toute la vague des véhicules hybrides électriques pour lesquels il y a eu
énormément de recherche qui a été faite pour l'aérodynamisme des véhicules,
donc les véhicules peuvent aller encore plus vite aujourd'hui qu'avant. C'est
très certainement le cas. Maintenant, j'aimerais, moi, entendre l'INSPQ pour
qu'on puisse discuter de ça.
Sur la question de l'énergie, moi, je
pense que c'est important de l'aborder. J'espère qu'on aura l'occasion, à
travers l'étude détaillée, aussi, de le faire. Mais j'aimerais entendre les
experts de l'INSPQ nous parler de la question de l'énergie, parce que c'est une
composante importante.
Je vais le lire, le texte, parce que ça
vaut la peine de s'y attarder. «Les lois de la physique montrent que le transfert
d'énergie que subit le corps lors d'une collision est l'unique cause des décès
et des blessures. Avec la vitesse, le risque croît de façon exponentielle.
Exiger du seul conducteur qu'il réfrène la puissance de son véhicule et se
priver des moyens techniques tels que le limiteur de vitesse pour réduire à la
source ces décès évitables équivaudrait à se priver d'un vaccin connu pour
contrer une épidémie. Un fléau qui atteint surtout des adultes et les jeunes de
la société québécoise.»
En gros, ce que ça dit, c'est que... puis
là, c'était à une époque où, je le rappelle, les véhicules n'étaient pas très,
très gros, moins qu'aujourd'hui, mais ce que, dans le fond, l'INSPQ disait déjà
dès 2003, c'est que la vitesse pratiquée était la cause principale des décès
mortels... en fait, était un facteur dont on ne peut pas... un facteur qu'on ne
peut pas négliger dans l'équation. Plus un véhicule, plus un corps se déplace
rapidement lors d'une collision, plus l'énergie qui est transmise au corps qui
reçoit l'impact est importante. Puis, comme je le disais, j'aimerais avoir
l'avis de l'INSPQ pour parler à la fois de la question de la vitesse qui est
importante, mais aussi de la question de la taille des véhicules, de la masse
des véhicules. Puis c'est un enjeu qui n'est pas négligeable parce que les
véhicules ont vraiment grossi. Il y a une espèce de course aux plus gros
véhicules. Vous savez, les gens... Bien, ça tient à plein de choses, là.
D'abord, ça tient à la publicité, ça tient aux marges des profits des détaillants,
parce que plus... parce que les... On s'est rendu compte, à travers les études,
notamment d'Équiterre, que les véhicules, les VUS, notamment, étaient... Dans
le fond, engendraient des... des marges de profit plus importantes pour les
détaillants. Donc, c'est le genre de véhicule qu'on va privilégier. Mais aussi
dans la perception du public, plus le véhicule est gros, plus on se sent en
sécurité. Ce qui est faux, en fait, en passant. Mais plus les véhicules sont
gros, plus les voisins ont envie de faire... d'avoir des véhicules aussi gros
pour être capables d'être au-dessus de la mêlée puis être capables de voir
loin. Bref, on a une espèce de course à l'armement, en fait, si je peux me
permettre l'expression, et les gens veulent toujours de plus en plus des gros
véhicules.
• (10 h 40) •
Puis il faut ajouter à ça qu'avec
l'électrification des transports qui va aller croissante, évidemment, avec le
temps, c'est ce qu'on souhaite, évidemment, M. le Président, bien, les
véhicules électriques sont plus lourds que les véhicules à moteur thermique.
Donc, on a une masse, encore une fois, qui est plus grande et donc un risque
plus grand encore pour les usagers vulnérables.
Donc, moi, j'aimerais vraiment entendre
l'INSPQ pour être capable de parler à la fois de la vitesse sur laquelle il y
avait déjà une expertise en 2003, mais de pouvoir ajouter aussi la taille et la
masse des véhicules à l'équation pour nous éclairer ici, pour éclairer les
législateurs sur les bonnes mesures à prendre pour améliorer le bilan routier.
Toujours de... selon le rapport de
l'INSPQ, là, de 2003, ils disent qu'«il est révélateur que les pays les plus
performants aient tous adopté des objectifs importants à moyen terme, tel
qu'illustré à un tableau, je vais vous donner quelques statistiques après,
notamment la Suède qui a réussi à... à réduire, en fait, le taux de collisions
mortelles de 50 %, l'état de Victoria, en Australie, qui a réussi à
améliorer de 50 % son bilan, le Royaume-Uni aussi. L'objectif... Les
objectifs, c'est une diminution de 50 % des décès en Suède, en France...
M. Grandmont : ...France, en
Australie, tout ça sur une période qui varie, là, généralement de 5 à 10 ans,
mais ça, en passant par des mesures très, très fortes sur la question de la
vitesse.
Toujours dans le même rapport, l'impact de
la vitesse sur les traumatismes au Québec. La Société de l'assurance automobile
du Québec, donc la SAAQ, là, a estimé, sur la base des rapports d'accident
remplis par les policiers, que la vitesse serait la cause principale des
collisions ayant entraîné 22 % des décès, 17 % des blessures graves
et 1 % des blessés légers. Vous voyez, très peu de blessés légers parce
que quand la vitesse est en cause, on tombe rapidement dans des blessures
graves et des décès. Quand on regarde le portrait général des accidents... en
fait, là, du bilan routier au Québec, il y a beaucoup plus de blessés légers,
un peu plus... un peu moins, en fait, pardon, de blessés graves et beaucoup
moins de décès.
Et, quand il est question de vitesse, les
ratios sont complètement inversés. Parce que la vitesse implique une
dangerosité très importante. Donc, on disait, là, c'est ça, donc des
pourcentages qui font peur, en fait. Donc, ce qu'on disait, en fait, c'est que
si la vitesse n'est pas toujours identifiée comme une cause principale, elle
est néanmoins un facteur contributeur de la survenue d'un pourcentage d'autres
collisions et un facteur aggravant de la sévérité des blessures. C'est ce que
je disais, le risque... la vitesse, dans le fond, fait augmenter la gravité des
collisions que nous avons. Donc, si on additionne la proportion estimée de...
pour la vitesse comme cause principale ou deuxième cause, c'est 35 % des
décès, 27 % des blessés graves et 19 % des blessés légers au Québec.,
selon la SAAQ. Et l'impact réel de la vitesse sur le bilan total des victimes
reste encore nettement sous-estimé. Mais des auteurs, bon, il y en a
quelques-uns, estiment que la vitesse est responsable de 30 à 50 % des
collisions mortelles. Donc, c'est, dans le fond, l'argumentaire qui... dont je
parlais tout à l'heure.
Maintenant, moi, le cas de la Suède, je
vais en parler un petit peu parce que, déjà, en 2003, on en parlait, vous
savez, la vision zéro, ça a été mis en œuvre en Suède à partir des années 90,
puis c'est vraiment la meilleure stratégie de sécurité routière. Là, on a un
plan d'action en sécurité routière que nous a proposé Mme la ministre, qui va
couvrir normalement cinq ans. Puis elle nous dit : Bon, c'est inspiré de
la vision zéro. Moi, je veux bien qu'on s'inspire de la vision zéro, je veux
bien qu'on mette en place au Québec... en fait, je poursuis cet objectif-là
depuis plusieurs années, parce que les chiffres sont éloquents, parce que c'est
une façon efficace d'améliorer le bilan routier au Québec. Moi, j'aimerais que
non seulement qu'on s'inspire de la vision zéro, mais qu'on développe la vision
zéro, une vision zéro propre au Québec. Mais la vision zéro, c'est beaucoup
plus large que simplement certains éléments sur lesquels on décide de travailler
en négligeant tout le reste.
Puis bon, je reviens avec l'exemple de
l'alcool au volant. Si on ne traite pas, par exemple, de la question de
l'alcool au volant, mais on n'est pas en train de mettre en place une vision
zéro, de faire... en fait, de mettre en place une stratégie de sécurité
routière vision zéro au Québec, on est en train de prendre certaines
composantes qu'on juge intéressantes, peut-être plus faciles à mettre en œuvre
autour des écoles, surtout là qu'on a restreint complètement la question de la
sécurité autour des écoles à la seule zone scolaire qui sont les quatre rues
autour de l'école. Donc, on est en train de passer à côté de beaucoup de choses
très importantes qui nous permettraient d'améliorer le bilan sécurité routière.
Donc, on est en train de passer à côté.
Maintenant, ce qui se passe en Suède, ce
qu'on dit là-bas, c'est que la vitesse apparaît comme un des piliers de la
stratégie d'action. Parmi les actions qui concernent la vitesse, citons
l'abaissement de vitesse... de limite de vitesse, donc ça, déjà, c'est
important, hein, l'abaissement de la vitesse, c'est-à-dire pas juste prendre
les vitesses actuelles puis les faire respecter, mais aussi baisser la vitesse
dans les endroits où on risque d'avoir des collisions avec des usagers
vulnérables. Donc, la vitesse adaptée au milieu dans lequel les véhicules
circulent. L'objectif, c'est ça, c'est que si on rencontre... si on a un
potentiel de collisions avec des usagers vulnérables, on va abaisser la vitesse
le plus bas possible, parce que s'il y a collision, comme je le disais tantôt,
les chances de survie sont à 0 %, par exemple, à 80 kilomètres-heure. Ce
qui veut dire dans une zone de 70, où les gens roulent à 80, s'il y a une
collision, bien, toutes les chances sont là pour qu'on ait un décès. Donc, s'il
y a une chance de collision potentielle, mais les vitesses doivent être
réduites pour éviter, pour éviter d'avoir un décès.
Donc, l'abaissement de limite de vitesse,
une hiérarchisation simple du réseau routier où les limites de vitesse sont
fixées en fonction des dangers encourus par les usagers, c'est un peu ce que je
disais finalement, là... On a ça d'ailleurs à Québec, hein, à Québec, on a
abaissé les limites de vitesse. On a proposé, en fait, à la ville de Québec...
M. Grandmont : ...une
hiérarchisation, c'est-à-dire que les routes locales sont à
30 kilomètres-heure, les collectrices sont à 40 et les artères sont à 50.
C'est plus facilement lisible pour les automobilistes, c'est plus
compréhensible, donc c'est plus logique plutôt que d'avoir des vitesses qui
changent en fonction... mais on ne sait pas trop quels critères. Donc, une
hiérarchisation qui est compréhensible pour les usagers de la route. Puis, en
même temps, on se rappellera que c'est toujours sur les artères et sur les
collectrices où il y a le plus d'accidents, parce que c'est là qu'on va avoir
du transport en commun, des usagers qui vont traverser la rue et des vitesses à
50 kilomètres-heure, qui des fois sont pratiquées à 60, 58, 59, mais donc
d'où l'intérêt d'avoir la question de la vitesse de base. Donc, Piétons Québec,
notamment, avait parlé de ça, là, mais d'abaisser la vitesse de base pour que,
même sur les zones à 50 kilomètres-heure, quand il y a un risque de
collision, dans le fond, les concepteurs de routes soient obligés de prévoir
des aménagements qui, aux intersections, vont être de 30 kilomètres-heure.
Donc, vous voyez, on essaie de trouver des moyens pour... Mais c'est ça, moi,
j'aurais aimé entendre... j'aimerais entendre, en fait, l'INSPQ là-dessus.
Évidemment, l'INSPQ dit, toujours en parlant de la Suède, là : «Un
aménagement du territoire cohérent avec les limites de vitesse, des adaptateurs
de vitesse intelligents...», donc, des limiteurs de type volontaire sur les
véhicules. Donc, pourquoi pas ne pas... Pourquoi ne pas avoir des limitateurs
de vitesse? Je pense que ça existe de toute façon maintenant, là. Ça, c'était
en 2003, là, mais il y a des choses qui existent, mais ce n'est peut-être pas
assez mis en valeur. Il est possible de mettre une vitesse maximum sur un
véhicule.
Donc, ce sont quelques exemples de mesures
en cours d'expérimentation à grande échelle, etc. Donc, moi, je pense qu'on a
toutes à s'inspirer de ces mesures-là, mais, pour être capable d'avoir
l'ensemble de ce portrait-là, je pense qu'il faudrait avoir l'INSPQ, l'Institut
national de santé publique, sur cet enjeu-là, qui nous permettrait d'avoir le
regard très large. Vous savez, c'est une institution qui a cette capacité-là de
regard large et touche... et touche des enjeux à la fois, là, de... Ils
pourraient toucher à la fois, là, sur la question de l'alcool au volant, sur la
question des limites de vitesse, sur la question des aménagements qui sont à
mettre en œuvre aussi un peu partout au Québec. J'ai... Je n'ai pas parlé
d'autre étude, mais il y a des directions de santé publique, notamment, qui ont
mis... en fait, laquelle l'INSPQ pourrait s'inspirer certainement, là, mais qui
démontrait la force des aménagements à mettre en œuvre qui permettent de
ralentir la vitesse pratiquée. Parce qu'au-delà des panneaux vous... Comme je
le disais tantôt, M. le Président, si la route est conçue pour rouler vite,
bien, les gens vont rouler vite même s'il y a un panneau qui dit 30 ou
50 kilomètres-heure. Si la rue est large, le champ de vision est large,
les gens vont pratiquer une vitesse qui est élevée, donc, avec évidemment des
risques importants.
Donc, moi, c'est pour moi... c'est pour
ça, je pense que l'INSPQ, c'est un organisme à rencontrer. Ça serait... ça
serait bête, en fait, de se priver de cette possibilité-là de leur parler, là,
dans le cadre des audiences. Puis, dans les... avant d'entrer sur l'étude
détaillée, disons, ils ont une expertise que moi, j'aimerais ça entendre puis
peut-être qu'ils pourraient aussi nous mettre sur la piste, là, la question du
financement. Parce qu'on l'a nommé, on l'a nommé tantôt. Si on veut avoir des
aménagements qui vont être sécuritaires pour nos usagers vulnérables que sont
nos cyclistes, nos piétons, nos personnes aînées, les personnes en situation de
handicap, bien, il faut que les villes puissent agir dans leur milieu. Ça, on
est tous d'accord. Les villes ont un rôle évidemment à jouer. C'est une
responsabilité partagée. Des fois, c'est peut-être moins clair, là. On... Il y
a plusieurs municipalités, au Québec, dont la rue principale, c'est une route
régionale ou une route nationale qui appartient au ministère des Transports.
Puis, encore là, tu sais, nous autres, on a des idées sur qui devrait avoir la
responsabilité de gérer les aménagements, mais, dans tous les cas, l'INSPQ
pourrait nous donner un aperçu aussi de ce que ça peut représenter comme
investissement, comme programmation, pour être sûr de réduire, de réduire les
risques sur notre territoire.
• (10 h 50) •
Bref, je vous dis tout de suite d'emblée,
là, je vais voter en faveur de cette motion-là, mais moi, j'insiste, j'aimerais
qu'on puisse entendre, là, d'ici le commencement de l'étude détaillée,
l'Institut national de santé publique du Québec, une organisation à laquelle,
je crois, qui pourrait nous donner un bon éclairage sur l'enjeu.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Et j'invite maintenant Mme la députée de
Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Oui, c'est à mon tour d'intervenir ce matin au nom du chef de
l'opposition officielle pour réitérer notre demande, donc, d'entendre dès que
possible l'Institut national de santé publique du Québec, tel qu'on le demande
via cette motion préliminaire déposée ce matin, avant d'entreprendre l'étude
détaillée sur le projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code
de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux
systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière...
Mme Setlakwe : ...c'est un
projet de loi qui est attendu, qu'on salue, on salue l'initiative du
gouvernement, de la ministre du Transport et de la Mobilité durable. Toutefois,
c'est à mon tour, là, de souligner l'absence de mesure, dans ce projet de loi,
pour sévir contre l'alcool au volant, qui est un enjeu extrêmement important.
Nous allons déposer, sans surprise, un amendement, là, pour faire baisser la
limite d'alcoolémie de 0,08 à 0,05, comme c'est le cas dans toutes les autres
provinces canadiennes. J'allais dire : Sauf la Saskatchewan, mais la
Saskatchewan est allée encore plus loin en abaissant ce seuil à 0,04. C'est à
partir de 0,04, qu'il y a des mesures, des sanctions administratives qui sont
imposées dans cette province-là. Donc, vraiment, le Québec fait cavalier seul
et, franchement, c'est incompréhensible, M. le Président.
Moi, depuis des semaines que j'entends le
plaidoyer de mon collègue député de Nelligan à ce sujet-là, et la résistance du
gouvernement me surprend énormément. La sécurité routière, c'est un sujet d'une
importance capitale. Ça nous interpelle tous, tous les députés, en tout cas, ça
devrait nous interpeller tous. Je crois que c'est le cas, tous les Québécois.
Et moi, personnellement, comme mère de famille, et je pense que c'est la même
chose pour tous les parents ici, dans la salle, quand on se lève, le matin,
notre priorité, la chose la plus importante pour nous, c'est de garder notre
famille en sécurité. Ce qu'on souhaite quand nos enfants quittent, c'est qu'ils
reviennent le soir en sécurité, c'est qu'il ne leur arrive rien. Moi, je suis
la mère de deux jeunes adultes et d'un adolescent. Il y en a deux sur mes trois
qui conduisent. Et je peux vous dire que les jeunes, aujourd'hui, ne conduisent
pas quand ils ont bu, et c'est une excellente chose, et donc ça m'amène à
dire : les tendances ont changé. La population est derrière ce
changement-là, et je ne comprends pas que, comme législateurs, on ne se colle
pas à la volonté de la population. Donc, voilà, d'entrée de jeu, je pensais que
c'était important de le mentionner, à quel point les mentalités ont changé, et
c'est une bonne chose, et il serait grand temps qu'on modifie nos lois en ce
sens.
Il est extrêmement important d'être rigoureux,
M. le Président, dans le cadre du processus d'étude détaillée et... en fait,
des consultations avant d'entamer l'étude détaillée de ce projet de loi là. Je
ne vois pas pourquoi on ne prendrait pas le temps d'entendre tous les experts,
particulièrement... Là, ici, on parle de l'Institut national de santé publique
du Québec, donc d'un expert scientifique en la matière. On sait à quel point il
est important d'écouter la science. Et là, ici, ce que je comprends, c'est
qu'on n'a pas entendu l'INSPQ, alors que l'INSPQ a des choses importantes à
nous dire, et on devrait prendre le temps de les écouter. Tu sais, nous, comme
législateurs, c'est notre premier devoir, là, c'est de prendre les meilleures
décisions pour la population québécoise, décision qu'on doit prendre de façon
éclairée, en ayant toutes les informations pertinentes entre les mains pour
pouvoir prendre les bonnes décisions.
Mon collègue le député de Nelligan a
souvent utilisé, et à juste titre, les arguments de la Santé publique en
militant pour l'instauration de mesures à partir de 0,05. Or, les experts de
l'INSPQ n'ont jamais eu l'opportunité de témoigner leur point de vue sur cet
enjeu important en sécurité routière. Il est temps de le faire. Il est temps de
prendre le temps de les entendre. C'est l'INSPQ qui mentionne que, selon une
étude québécoise, conduire avec une alcoolémie variant entre 51 et 80
milligrammes d'alcool par 100 millilitres de sang augmente d'environ quatre
fois, M. le Président, le risque de collision mortelle. On ne peut pas le dire
assez souvent : Plus le taux d'alcoolémie augmente, plus le risque
d'accident mortel augmente. C'est la science qui le dit, c'est la science qui
le démontre. C'est aussi l'INSPQ qui recommande d'introduire un article au Code
de la sécurité routière afin d'abaisser à 50 milligrammes par 100 millilitres
d'alcoolémie permise pour conduire un véhicule pour tous les conducteurs non
assujettis au permis probatoire, comme c'est le cas dans toutes les autres
provinces canadiennes, je le mentionne encore une fois. C'est important
d'entendre la science derrière cette recommandation, et il ne faudrait pas que
ce soit une occasion ratée avant de débuter l'étude détaillée.
Mon collègue de Nelligan l'avait bien dit
dans ses plaidoyers récents...
Mme Setlakwe : ...le
gouvernement nous demandait, pendant la pandémie, d'écouter la Santé publique.
Eh bien, maintenant, c'est à notre tour de demander au gouvernement d'écouter
la Santé publique sur cet enjeu crucial. J'ai pris connaissance, moi aussi, là,
de l'avis scientifique très détaillé, très exhaustif, qui date d'un certain
nombre d'années, qui est toujours très pertinent, intitulé Réduction de la
limite d'alcool permise dans le sang pour la conduite d'un véhicule automobile,
un avis scientifique, M. le Président, de l'Institut national de santé publique
du Québec. Je pense que ça vaut la peine de revenir sur certains passages pour
démontrer, encore une fois, réitérer l'importance d'entendre ces experts sur la
question en commission parlementaire avant d'entamer l'étude détaillée. On
mentionne, au tout début de l'avis, que, «malgré les progrès réalisés au cours
des dernières décennies, la conduite d'un véhicule automobile sous l'influence
de l'alcool demeure toujours un problème important et actuel de santé et de
sécurité publique. Selon une enquête réalisée en 2008, 5,2 % des Canadiens
sondés ont admis avoir conduit leur véhicule au cours des 12 derniers
mois, même s'ils croyaient dépasser le taux d'alcoolémie ou TA, par le Code
criminel canadien, c'est-à-dire 0,08. Au Québec, cette proportion est de
7,5 %, donc plus élevée que le 5,2 % des Canadiens sondés, selon la
Fondation de recherche sur les blessures de la route en 2008. On le sait, la
conduite sous l'influence de l'alcool demeure encore aujourd'hui la principale
cause de décès routiers. Au Canada, 3122 personnes sont décédées des
suites d'une collision routière en 2006.»
Donc, l'étude nous donne des statistiques,
M. le Président, extrêmement pertinentes, l'étude, elle est étoffée, elle est
détaillée. Les experts se sont posé des questions extrêmement pertinentes. Par
exemple, la performance des conducteurs est-elle affectée de manière
significative à un TA, un taux d'alcoolémie, de 50 milligrammes par
100 ml de sang? La réponse est oui. On s'est posé la question : Quel
est le risque de collision et de blessures à un TA de 50 milligrammes par
100 ml de sang? On est arrivé à des conclusions percutantes. Mon collègue
en a fait mention tout à l'heure. Je vais y revenir.
Et là, ce que je comprends, c'est qu'on se
priverait d'entendre l'INSPQ qui viendrait nous dire en commission, nous
expliquer la teneur de leur... de leur étude, les questions qu'ils se sont
posées, les données probantes, les conclusions auxquelles ils sont arrivés.
Pour un enjeu aussi important, on se priverait de les entendre? C'est
incompréhensible, il faut le faire, M.... M. le Président. Donc, le but de
l'avis scientifique de l'INSPQ était de formuler des recommandations sur la
pertinence d'abaisser la limite légale du TA, taux d'alcoolémie permise, pour
conduire un véhicule automobile au Québec à 0,05. Afin d'y arriver, ils ont
poursuivi les objectifs spécifiques suivants. Premièrement, documenter la
relation entre la conduite d'un véhicule à différents taux d'alcoolémie et la
performance au volant; documenter la relation entre la conduite d'un véhicule à
différents taux d'alcoolémie et le risque de collision et de blessures; et
troisièmement, documenter l'effet de l'abaissement du taux d'alcoolémie permis
pour la conduite d'un véhicule automobile sur les collisions. Afin de réaliser
ces objectifs, ils se sont basés sur les synthèses systématiques et, en leur
absence, ils ont réalisé leur propre synthèse des connaissances. Les
conclusions présentées dans l‘avis scientifique sont donc basées sur les
données probantes les plus crédibles.
• (11 heures) •
J'inviterais tous les membres de la
commission à prendre connaissance de cet avis-là et d'appuyer notre motion à
l'effet d'entendre l'INSPQ dans le cadre des consultations particulières. Donc,
à la question : La performance des conducteurs est-elle affectée de
manière significative à un taux d'alcoolémie de 0,05? Réponse : Les
résultats de la littérature scientifique montrent que la performance des
conducteurs dans leurs différentes tâches de conduite est affectée de manière
significative à partir d'un taux d'alcoolémie de 0,05. C'est d'ailleurs la
principale conclusion de deux synthèses de connaissances qui ont abordé la
question des effets sur la consommation...
11 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...de l'alcool
sur la performance au volant en se basant respectivement sur 177 et 109 études
au cours des dernières... des 50 dernières années. On nous dit aussi que
la coke, la consommation de faibles doses d'alcool produit un effet désinhibiteur
qui amène le conducteur à adopter des comportements à risque. Sous l'influence
de l'alcool, les conducteurs roulent généralement plus vite et sont moins
susceptibles de respecter les limites de vitesse. Or, les excès de vitesse et
la vitesse inadaptée aux conditions routières représentent, on le sait, l'une
des principales causes de collisions et de blessures au Québec.
Il me semble que ces informations-là sont
pertinentes, M. le Président, dans le cadre de notre étude, dans le cadre de
notre réflexion. Et avant que le gouvernement ferme la porte de façon
définitive à l'amendement souhaité, souhaité non seulement par les groupes d'opposition,
souhaité par la population québécoise par un nombre grandissant. Une majorité
importante de Québécois souhaite que nous allions dans ce sens-là et que nous
rejoignions ce qui se fait dans les autres provinces. Il me semble que la
moindre des choses avant de fermer la porte complètement, ce serait d'entendre
les experts. Ce qu'on demande, encore une fois, c'est d'entendre le point de
vue scientifique.
À la question quel est le risque de
collisions et de blessures à un taux d'alcoolémie de 0,05, de la première étude
qui s'est penchée sur la relation entre la conduite sous l'influence de l'alcool
et le risque de collisions aux études plus récentes, la conclusion demeure la
même, M. le Président, selon l'avis scientifique de l'INSPQ. Le risque de
collisions et de blessures augmente de manière exponentielle en fonction du
taux d'alcoolémie. Le risque de collision et de blessures est accru de manière
significative à partir d'un taux d'alcoolémie de 0,05. Pour les collisions
mortelles, ce risque est multiplié par un facteur variant de 2 à 9 fois
selon les études et la façon dont les catégories de taux d'alcoolémie sont
établies. Il est à noter que cette conclusion n'a d'ailleurs jamais été remise
en question. Selon cet avis, il y a des experts qui rapportent qu'on estime qu'un
taux d'alcoolémie de 0,04 augmente de 38 % le risque de collisions
comparativement à un conducteur sobre. D'autres études montrent que le risque
est encore plus prononcé avec les collisions avec blessures graves.
Il me semble que c'est ce qu'on veut
éviter. M. le Président, c'est ce qu'on souhaite pour la population québécoise,
de réduire le risque le plus possible. Cet entêtement, cette... cette idée de
ne pas vouloir... En tout cas, deux choses. Jusqu'à maintenant, on nous dit qu'on
ne souhaite pas aller dans ce sens-là. Soit. Le gouvernement a la majorité.
Mais de dire on ne veut pas aller dans cette direction là, alors que d'autres
provinces le font, et que la population souhaite qu'on aille dans ce sens-là,
et de le faire en fermant la porte à la voix des experts, les experts
scientifiques, c'est un non-sens. Donnons-nous tous les outils, entendons tous
les experts. Ici, on parle d'experts scientifiques. C'est la science qui parle
ici. Ce n'est pas juste, là, des... des souhaits qui sont exposés comme ça de
façon abstraite. Donnons-nous la chance d'entendre les experts avant de fermer
la porte complètement.
Je reviens à l'avis scientifique. Donc, on
parlait des collisions mortelles. On parlait de collisions qui impliquent des
blessures graves. Dans tous les cas, plus le taux d'alcoolémie dans le sang
augmente, plus le risque de telles collisions augmente. Des récentes... Des
résultats similaires à ceux présentés précédemment furent obtenus à l'aide de
données de différents pays. Une étude réalisée par la SAAQ a non seulement
permis d'établir le risque de collisions mortelles en fonction du taux d'alcool...
taux d'alcoolémie du conducteur, mais aussi la probabilité que celui-ci soit
impliqué dans une collision mortelle responsable. Un conducteur ayant un T.A.
variant entre 0,02 et 0,05 voit son risque d'être impliqué dans une collision
mortelle multipliée par un facteur de 1,7, tandis que son risque de collision
mortelle responsable est accru par un facteur supérieur à 3...
Mme Setlakwe : ...le risque de
collision mortelle s'accroît de manière exponentielle par la suite. Ainsi, le
risque de collision mortelle s'établit respectivement à 4,5, 23,9 et 176,5 pour
les taux d'alcoolémie entre 50... 0,05, 0,08 et 0,151. Ces risques sont plus
élevés pour les conducteurs de 20 ans et moins.»
Je trouve ces chiffres et cette étude tellement
convaincants. C'est, encore une fois, le point de vue scientifique. Il y a bien
des gens autour de la table qui se disent probablement des gens de chiffres, ça
leur prend des chiffres pour pouvoir sentir qu'ils prennent une décision
éclairée et basée sur des faits. Bien ici, on a les chiffres à l'appui, M. le
Président.
Je poursuis. «La littérature scientifique
est unanime quant à l'effet de l'abaissement du taux d'alcoolémie légal sur les
collisions routières. Les évaluations les plus rigoureuses méthodologiquement
démontrent que l'abaissement du taux d'alcoolémie permis pour la conduite d'un
véhicule automobile est une mesure efficace pour contrer la problématique de la
conduite sous l'influence de l'alcool et les collisions qui y sont associées.
Les collisions associées font référence aux collisions où l'alcool a été
détecté ou bien à des catégories de collisions où la présence d'alcool est
surreprésentée par rapport aux autres collisions.»
On cite également des évaluations
américaines plus récentes qui «démontrent que l'abaissement a permis de sauver
plusieurs vies». C'est ce qu'on souhaite faire ici, là, faire des amendements
législatifs qui vont contribuer à sauver des vies. Et qu'est-ce qu'on nous dit?
On nous dit : Non, on est... on est pressés, on veut aller de l'avant plus
rapidement, nos consultations sont complétées, sont suffisantes. Bien, il va
falloir qu'on nous explique pourquoi, en fait qu'on nous... qu'on l'explique
aux Québécois, pourquoi le gouvernement juge qu'il n'est pas opportun, qu'il
n'est pas pertinent, qu'il n'est pas nécessaire d'entendre ces groupes. Ici, je
le rappelle, dans le cadre de cette motion préliminaire, on parle de l'Institut
national de santé publique du Québec. Est-ce qu'il y a quelqu'un ici, autour de
la table, qui remet en question la pertinence d'entendre l'INSPQ? C'est ce
qu'on va savoir un peu plus tard ce matin, j'imagine.
Revenons aux évaluations américaines qui
«démontrent que l'abaissement a permis de sauver plusieurs vies». C'est
vraiment l'objectif, encore une fois. «En se basant sur les données de 28
États, une étude rapporte que l'abaissement du taux d'alcoolémie permis à 0,08
permet de sauver annuellement plus de 360 vies. De leur côté, différents
experts qui ont été... qui se sont prononcés en 2005 estiment que l'abaissement
a permis de réduire 14... de 14,8 % les collisions associées à l'alcool. À
l'aide de leurs résultats, ils en... ils en viennent à la conclusion que, si
les 32 États qui n'avaient pas une limite de 0,08... 947 vies auraient été
sauvées. Les effets préventifs s'observent auprès de tous les segments de la
population quoique l'effet soit moins prononcé chez les jeunes et les jeunes...
chez les hommes et les jeunes conducteurs.» Et ainsi de suite, on démontre donc
à quel point on est capable de sauver des vies avec des mesures additionnelles,
M. le Président.
»Les études américaines permettent aussi
d'établir des conditions qui permettent d'accroître l'effet de l'abaissement.
Bien que la mesure en soi permette de réduire les collisions liées à l'alcool,
l'intensité de son effet est en fonction du nombre de barrages routiers
réalisés et de la présence d'une politique de révocation ou suspension de
permis de conduire pour conduite avec facultés affaiblies.»
• (11 h 10) •
Je me permets de réitérer ici qu'on ne
souhaite pas changer le Code criminel, là. Ce qu'on demande, ce n'est pas de
changer le Code criminel. L'acte criminel est déclenché à partir de 0,08. Ce
qu'on dit, c'est qu'on est capables de réduire les risques et de sauver des
vies si la loi prévoit des sanctions administratives à partir de 0,05. Je
pourrais honnêtement continuer dans le détail, dans le fin détail de cet avis
scientifique, mais je pense que je vais sauter aux conclusions et aux
recommandations que mon collègue... il terminait son intervention en les
mentionnant. Je vais prendre le temps de les relire, mais il n'y a rien de plus
pertinent et d'intéressant et de percutant que pourrait... dans mon cas, avoir
eu l'expérience de quelques commissions parlementaires déjà, que d'entendre les
experts venir...
Mme Setlakwe : ...se
prononcer et venir expliquer verbalement leurs... les conclusions de leurs
études. Ça fait toujours une différence, lors de l'étude d'un projet de loi,
quand on a les experts dans la salle devant nous, M. le Président. Donc,
j'espère vraiment qu'on va... on va... on va prendre le temps de les écouter
afin de... afin d'en arriver, disons-le, à bonifier le projet de loi pour le
bénéfice de tous les Québécois.
Je reviens à la conclusion et aux
recommandations, donc, de cet avis scientifique de l'INSPQ : «Considérant
que... il y a cinq conclusions : «Considérant que la performance lors
de la conduite d'un véhicule automobile est négativement affectée à partir d'un
TA 0,05;
«Deuxièmement, considérant que la conduite
d'un véhicule automobile a un TA de 0,05, multiplie de manière significative le
risque de collision avec blessures graves, voire mortelles;
«Troisièmement, considérant que l'ensemble
de la littérature confirme que l'abaissement de la limite du taux... taux
d'alcoolémie permis pour la conduite d'un véhicule automobile à 0,05 est une
mesure efficace pour prévenir les collisions et sauver des vies;
«Quatrièmement, considérant que
l'efficacité de l'abaissement du taux d'alcoolémie s'observe autant auprès de
conducteurs affichant des taux d'alcoolémie très élevés que des taux
d'alcoolémie plus modeste. Et cinquièmement;
«Considérant que les Canadiens et
Québécois sont fortement préoccupés par les problématiques de sécurité routière
liées à la conduite sous l'influence de l'alcool.»
La conclusion : «L'Institut national
de santé publique du Québec recommande que le taux d'alcoolémie permis pour la
conduite d'un véhicule automobile soit abaissé à 50 milligrammes par
100 millilitres.» Je... Donc, voilà pour l'INSPQ.
Je pense que je l'ai dit et redit, il
serait très pertinent qu'on les entende en commission parlementaire. Mon
collègue à ma gauche me souligne à juste titre un passage important de... qui
provient du site web de CAA Québec, n'est-ce pas? Je vous le lis à l'occasion
d'un test, nous avons soumis quatre détenteurs de permis de conduire à une
évaluation en boisson sur le simulateur de conduite CAA Québec. Verdict aucun
des automobilistes n'aurait songé à prendre le volant à des taux de 80 ou de
120 milligrammes par 100 millilitres, c'est-à-dire 0,08 ou 0,12, et
seulement un l'aurait fait à 50 milligrammes, donc, 0,05. Un expert en
éducation routière de CAA Québec, présent sur place, a d'ailleurs observé des
faiblesses notables dans la conduite des quatre participants à partir de 0,05.
Donc voilà, en conclusion, M. le Président, je pense que tout a été dit ce
matin, là, par... soit par moi-même, par mon collègue de Nelligan, mon collègue
de Taschereau, ou deuxième groupe d'opposition. Je demanderais au gouvernement
de sérieusement considérer la motion préliminaire qui a été déposée, de voter
pour. J'invite les collègues à voter pour. C'est une question de sécurité routière.
C'est pour nous aider à sauver des vies, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Donc, il n'y a pas d'autres interventions. Est-ce que la motion
préliminaire du député de Nelligan est acceptée? Et par vote nominal.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M, Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
La Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire
: Mme
Blouin (Bonaventure)?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Ceci dit, la motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions
préliminaires? M. le député de Taschereau. Nous avons déjà la motion ici en
main.
M. Grandmont : Oui, je pense
que oui, hein?
Le Président (M. Jacques) : Et
je crois qu'elle doit être déposée sur Greffier à l'instant. Elle est déjà sur
Greffier. Donc, je vous invite à lire notre motion, M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Parfait. Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, pour le bénéfice des collègues, là, j'attends
qu'elle... Qu'elle apparaisse. Voilà, c'est bien elle...
M. Grandmont : ...parfait.
Merci. Donc, qu'en vertu de l'article 244 du Règlement de l'Assemblée
nationale, de la Commission des transports et de l'environnement, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi no 48, Loi modifiant
principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des
dispositions relatives aux systèmes de détection et autres dispositions en
matière de sécurité routière, tienne des consultations particulières et qu'à
cette fin elle entende l'Office des personnes handicapées du Québec ainsi que
tout autre groupe qu'elle jugera pertinent.
Donc, si je peux me permettre des
explications, M. le Président, dans le plan d'action sur la sécurité routière
que nous a déposé Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable à la
fin de l'été dernier, il est mention effectivement des personnes en situation
de handicap, là, à la mesure b, Aménagements sécuritaires pour les piétons, à
l'action 8 : introduire des normes favorables aux déplacements
sécuritaires des piétons, particulièrement des enfants, des aînés et des
personnes handicapées. Grosso modo, ça tourne à... ça tourne autour, là, de la
révision des deux tomes, le tome 1, qui touche la conception routière, et le
tome 5, qui touche la signalisation routière, bon. D'abord, je veux simplement
souligner que c'est un bon pas, là, qui est fait par la ministre, là, à travers
la révision de ces deux tomes-là. C'est quelque chose qui était évidemment
demandé, là, par les groupes, les différents acteurs et parties prenantes, là,
sur les enjeux de sécurité routière au Québec, et par nous-mêmes aussi, là,
moi-même, là, au niveau des... comme responsable, là, des enjeux de transport
et mobilité durable, là, chez Québec solidaire.
Il faut se rappeler que ces deux tomes-là,
le tome 1, la conception routière, et tome 5, signalisation routière, ce sont
les guides qui, après ça, sont repris par les municipalités, les villes, les
MRC pour mettre en œuvre, pour déployer. En fait, là, c'est le livre de
recettes pour faire des routes. Donc, c'est comme le minimum, c'est un peu
comme le Code du bâtiment, dans l'immobilier, là, dans la construction
résidentielle et commerciale, c'est la même chose pour les routes. Donc, on a
un tome 1, qui touche les conceptions routières, c'est une très bonne chose, en
espérant évidemment que ce travail-là soit vraiment de remonter la barre très,
très haute, parce que ça faisait longtemps que ces guides-là étaient mis en
œuvre et n'avaient pas été modifiés. Conception routière, là, c'est très
technique, mais ça peut vraiment aider à ralentir la vitesse pratiquée. J'en ai
parlé tout à l'heure, là, sur l'enjeu, là, de la vitesse pratiquée et de l'impact
que ça peut avoir, quand on a des collisions avec des usagers particulièrement
vulnérables, d'avoir des routes qui sont bien conçues, qui permettent d'apaiser
la circulation, la vitesse de circulation. Donc, toutes sortes de mesures, là,
à travers ça, à tester et évaluer, des nouveaux aménagements qui pourraient
éventuellement être intégrés dans la norme.
Donc, on salue cette mesure-là pour
essayer d'aller vers toujours une amélioration, là, continue, là, de ces... des
aménagements qui sont proposés aux municipalités. Parce qu'il faut le rappeler,
hein, c'est le minimum requis, après ça, par les différentes municipalités.
Ensuite, intégrer les aménagements dans la norme, puis, finalement, intégrer un
chapitre piéton prévoyant notamment les grands concepts et principes
d'aménagements visant la sécurité des déplacements piétonniers.
Donc, encore une fois, c'est... comme je
le disais et je me plais à le rappeler, là, ce n'est pas un panneau de
circulation qui fait baisser la vitesse pratiquée, ça peut avoir un certain
impact, mais, souvent, ce n'est pas suffisant. On peut mettre une rue bien
conçue avec un panneau à 100 kilomètres heure, mais... avec une rue qui est
conçue pour faire rouler les automobilistes à 30 kilomètres heure, puis la
vitesse ne sera pas de 100, elle va être de 30 kilomètres heure. L'aménagement
a beaucoup plus d'impact que la signalisation. Donc, vraiment, moi, je suis
très content de cet aspect-là.
Puis l'aspect aussi, là, sur la
signalisation routière, les mesures qui seraient mises en œuvre, là, c'est
documenté, la signalisation des autres provinces et pays, destinées à améliorer
la sécurité de l'ensemble des usagers, à porter une attention particulière aux
piétons et aux aînés, c'est une bonne chose, évidemment, là. On veut être
innovants, je me souviens que Mme la ministre parlait de signalisation
innovante, donc des mécanismes nouveaux qui pourraient peut-être nous inspirer,
ici, au Québec. D'ailleurs, j'en avais parlé plus... précédemment, là, mais il
y a, quand on va dans les différents congrès ou activités, là, de
différentes... en fait, qui traitent, là, de sécurité routière, notamment, là,
de transport en général, il y a souvent des exposants, dans les salons des
exposants, qui sont très... justement, qui touchent la question de la
signalisation et qui nous amènent sur des enjeux, sur des mécanismes ou de
l'innovation qui est intéressante.
• (11 h 20) •
Puis, sinon, une autre action qui serait
mise en œuvre, c'est intégrer des nouveaux dispositifs à la norme de signalisation
et proposer des modifications lorsqu'il est démontré que leur usage est
sécuritaire. Puis il y a des villes... je parle de l'étranger, puis... il y a
déjà des villes aussi qui mettent en œuvre des choses à travers des projets
pilotes. Donc, ça, c'est une bonne chose. Cela dit... Ah! puis je voudrais
ajouter aussi que, sur le site...
M. Grandmont : ...de... du
plan de sécurité routière, là, donc il y a un site Web dédié évidemment à
cette... à cette grande annonce-là qui avait été faite par la ministre à la fin
de l'été, on mentionne qu'il y a certains partenaires qui sont consultés à
travers les différentes composantes, notamment à travers cette composante, là,
la révision du tome I et du tome V va se faire évidemment en partenariat avec certains
partenaires, notamment, là, des groupes regroupant les personnes en situation
de handicap, mais est ce que... est ce que c'est suffisant puis est-ce qu'on
doit se priver de nous aussi, comme législateurs, les rencontrer? Parce que
c'est une chose, les avoir sur certains aspects, notamment la révision des
tomes I et V, puis je le rappelle, c'est un travail qui est important et
nécessaire, mais il y a tout le travail, tout le travail qui est fait sur la
révision du Code de la sécurité routière notamment puis des autres évidemment
qui sont touchés par le projet de loi n° 48. Nous, comme législateurs,
comme membres de l'opposition, si on veut être capables de faire bien notre
travail, puis je parle de la même façon aussi, là, pour les collègues, là, qui
sont de la partie gouvernementale, excluant évidemment Mme la ministre, est ce
qu'on peut... est-ce qu'on ne devrait pas se donner aussi la chance de
rencontrer des organisations qui représentent les personnes en situation de
handicap? Bien, moi, je pense que oui, je pense que ce serait une bonne chose
parce que, les personnes en situation de handicap, ce n'est pas des personnes
de seconde classe, de second ordre, ce sont une portion importante et
grandissante de la population aussi avec le vieillissement de la population.
Vous savez, dans le passé, j'ai travaillé avec des... sur des enjeux, là, qui
touchaient la mobilité des personnes handicapées... euh, des personnes aînées,
pardon, sur l'accès, par exemple, à la ville, sur l'accès aux transports en
commun au... à l'auto partage, et ce qu'on se rendait compte, c'est que les
liens entre les personnes aînées et les personnes en situation de handicap
étaient très fréquents, on pouvait souvent faire des liens entre ces deux
parties de la population, puis même, en fait, entre eux, ils sont souvent les
mêmes personnes aussi, donc la population vieillissante, il peut y avoir des
pertes au niveau de la mobilité, des pertes cognitives aussi, évidemment, et
donc on se retrouve, des fois, là, avec le vieillissement de la population, à
arriver vers une... des limitations physiques ou cognitives qui, finalement,
nous rapproche, bien, de la situation de handicap, et je pense qu'il faut être
en mesure de, comme législateurs, d'avoir un projet de loi, le projet de loi n° 48
qui tiennent le plus compte de cette réalité-là qui est devant nous et qui met
à risque une partie de plus en plus grande de la population.
Donc, pour l'instant, on n'a pas eu la
chance de rencontrer des organisations qui représentaient spécifiquement les personnes
en situation de handicap. Cela dit, sur le Greffier, on a... on a reçu un
commentaire, là, dans la zone «commentaires», non pas dans les mémoires, mais
j'invite, là, les collègues à aller voir, il y a eu un mémoire qui a été
partagé, c'est un avis, en fait, là, qui a été partagé par le ROP 03 et
puis par RAPLIQ, là, qui est le regroupement d'activistes pour l'inclusion à
Québec ou au Québec, un avis, donc, sur le projet de loi n° 48 modifiant
principalement le Code de la sécurité routière. Donc, c'est ça, ça a été déposé
par le Regroupement des organismes de personnes handicapées de la
région 03, le Regroupement des personnes handicapées visuelles des
régions 03, 12, donc Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, et le
Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec à la Commission des
transports et de l'environnement, ça a été déposé le 21 février dernier,
donc j'invite les collègues à aller le voir.
Et là-dedans, il y a des données
intéressantes puis des réflexions intéressantes. D'abord, bien, tout à fait
comme... comme nous, en fait, ils constatent que les personnes handicapées ont
été absentes des discussions lors des échanges, même si la ministre a toutefois
souligné une préoccupation pour leur prise en compte dans la mise en oeuvre du
plan de sécurité routière. Moi, je n'aime pas ça, parler au nom des personnes
sans les entendre, en général, j'aime ça les inclure dans la discussion, au
départ. Si on est pour écrire un projet de loi, co-écrire un projet de loi,
puis qu'on se dit qu'on a une préoccupation puis une prise en compte des
besoins des personnes en situation de handicap, bien, dans l'écriture de ce
projet de loi là, j'ai tendance à penser qu'il faut les entendre, il faut avoir
cet échange-là avec eux autres, il faut leur donner l'opportunité de
participer, c'est une co-construction, un projet de loi, mais je trouve... je
trouve dommage, en fait, qu'on se prive de cette... de cette parole-là. Donc,
je... aujourd'hui, je m'en fais le porte-voix, là, mais j'aimerais vraiment qu'on
les rencontre avant de commencer l'étude détaillée.
D'abord, parce que les personnes
handicapées, les personnes en situation de handicap, selon les dernières
statistiques, là, qui sont dans le commentaire, c'est plus de 21 % de la
population, c'est énorme, une personne sur cinq, puis comme je le disais
tantôt, ça va aller croissant à travers le temps, est en situation de
handicap...
M. Grandmont : ...la sécurité
et le sentiment de sécurité d'une grande partie des personnes handicapées sont
affectées par plusieurs comportements et aménagements que le projet de loi vise
à influencer. Cela amène plusieurs personnes à l'autoretrait des espaces de
circulation. Comprendre que, quand on ne sent pas que... quand on sent... en
fait, je le dirais plutôt d'une autre façon, quand on est amené à se déplacer
dans la ville, quand on pense à un déplacement et que de... la perception que
l'environnement dans lequel on voit circuler est hostile ou est dangereux,
bien, on va avoir tendance à rester chez soi ou à utiliser des moyens autres
pour se déplacer, ce qui fait que, bien, d'une part, bien, il peut y avoir
effectivement beaucoup d'isolement qui est renforcé par le sentiment
d'insécurité très grand par rapport à la perception que l'environnement dans
lequel on veut circuler est hostile pour les personnes en situation de
handicap. Et, pour certaines autres, bien, ça va être pour des déplacements qui
seront, donc, obligatoires, nécessaires, là, des rendez-vous médicaux par
exemple, bien, ça va être des déplacements qui vont être faits en transport
adapté, même si les distances à parcourir sont courtes, même si les distances à
parcourir sont courtes. Puis je n'ai pas besoin de rappeler à Mme la ministre
combien le transport adapté, c'est difficile ces temps-ci au Québec, manque de
financement, manque de disponibilité, pénurie de main-d'œuvre. Il y a toute la
question aussi, là, de l'industrie du taxi qui a été réformée sous le même
gouvernement et l'industrie du taxi qui peine à répondre aux besoins des
personnes en situation de handicap aussi. Donc, le transport adapté est très
difficile. Donc, même quand les personnes ont comme l'obligation de se
déplacer, elles vont prendre, même pour des distances courtes, le transport
adapté, bien, ce déplacement-là est difficile parce que les conditions de
déplacement en transport adapté sont compliquées depuis plusieurs années, et,
malheureusement, on s'y attarde trop peu. Mais donc, pour certaines personnes,
environ... de la population, c'est un transport adapté qui sera donc utilisé
pour des courtes distances. Or, comme le savent la ministre et les
municipalités, Transport adapté absorbe difficilement les nouvelles demandes,
comme je le disais tout à l'heure.
Donc, pour la partie restante de personnes
handicapées, près de 19 %, c'est plus d'anxiété lors des déplacements,
c'est un recours accru à son réseau privé, aux réseaux communautaire et public
pour aller à des activités telles que faire son épicerie. Donc, les gens vont
de moins en moins se déplacer de manière autonome sur le territoire, comme
n'importe quel piéton le ferait, on va plutôt utiliser, donc, le transport en
commun adapté, puis, encore là, comme c'est difficile de l'utiliser, bien, les
gens vont être dépendants des services offerts par les services... les groupes
communautaires, vont être dépendants de leur réseau privé, c'est-à-dire leurs
amis, la parenté, etc., pour se déplacer et pour faire des activités telles que
faire l'épicerie ou les rendez-vous médicaux, comme je le disais tantôt.
Toujours dans cet avis-là, je
poursuis : Nous constatons que le développement rapide d'infrastructures
cyclables sur plusieurs territoires se fait parfois au détriment de la mobilité
piétonne. C'est vrai que c'est un enjeu important pour les personnes en
situation de handicap. C'est vrai qu'à travers les différents types
d'aménagements qu'on veut que le Québec développe à travers le temps, bien,
évidemment, c'est plus de mobilité active, donc plus de place pour les piétons,
pour les cyclistes, parce que c'est très économe, dont, un, pour les ménages,
en terme financier, c'est très économe pour la société aussi parce que faire
des aménagements pour les usagers des transports actifs, c'est beaucoup moins
cher que des aménagements pour les transports en commun ou transport automobile.
Mais c'est aussi meilleur pour la santé puis c'est moins de risques en termes
d'accidentologie aussi. Une collision entre deux... même entre deux piétons,
entre deux... entre deux... entre deux cyclistes, pardon, ça reste quand même
moins dommageable qu'un automobiliste et un cycliste par exemple. S'ajoutent
aux vélos les appareils du transport... Mais il faut que ce soit normé. C'est
ça que je voulais dire. En fait, il faut que ce soit encadré, évidemment, parce
qu'on veut le développer, mais, de l'autre côté, il ne faut pas que ça ait un
impact négatif sur les usagers de la route qui sont en situation de handicap
aussi.
• (11 h 30) •
Ce qu'on ajoute ici, en fait, toujours
dans le même avis : S'ajoutent aux vélos les appareils de transport
personnels motorisés et autres véhicules qui sont, selon ce qu'on dit ici,
illégaux qui circulent aussi sur les infrastructures cyclables. C'est
intéressant parce que ça a déjà été nommé, je pense, par Vélo Québec notamment,
là, la question des aides à la mobilité des véhicules, la micromobilité
électrique, qui a tendance à exploser dans les dernières années. On le voit des
fois dans le chaos, à travers le monde, puis... mais, dans tous les cas, ça
augmente, puis c'est... ce n'est peut-être pas très bien balisé. Il y a des
enjeux liés à ça, il y a des vitesses qui sont pratiquées qui sont assez
impressionnante, là, puis il y a des véhicules qui se caractérisent...
11 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...officiellement,
comme des aides à la mobilité ou des vélos, en fait, parce qu'on a des petites
pédales à l'arrière, mais ça ressemble plus à une moto, ça ressemble même à un
minivéhicule. Et des véhicules, vous les avez peut-être déjà vu circuler... Je
vois mon collègue de Masson en face qui a le sourire... qui a un petit sourire.
Donc, j'imagine que lui aussi a vu circuler ces petits véhicules qui
ressemblent à, tu sais, les petites voitures... Smart, les véhicules qui circulent
sur des aménagements cyclables aujourd'hui, c'est comme des véhicules qui
devraient circuler sur la route, mais parce qu'ils sont électriques, ils se
mettent à circuler un peu partout. Mais, pour les personnes en situation de
handicap qu'on veut pouvoir faire circuler, on veut leur donner l'opportunité
évidemment de se déplacer sur des aménagements cyclables avec leur quadriporteur,
leur triporteur, mais, bref, vraiment, des aides à la mobilité, puissent le
faire en toute sécurité aussi. On crée des réseaux sur lesquels on a de la
sécurité, il ne faudrait pas qu'en même temps ces aides à la mobilité là ou ces
véhicules, cette micromobilité viennent donner un sentiment d'insécurité trop
grand. Puis je parle des personnes en situation de handicap, mais c'est vrai
aussi pour papa, maman qui se promènent avec leurs enfants en vélo sur un
aménagement cyclable. Donc, moi, je serais très intéressé de les entendre
spécifiquement là-dessus, parce que ça a un effet très, très grand sur la
perception du risque et l'envie que les gens auront d'utiliser des moyens
alternatifs à l'automobile pour se déplacer. C'est vrai pour les personnes en
situation de handicap puis c'est vrai pour toute la population en général. Mais
ce qui est bon, en général, pour les personnes de moins de huit ans puis plus
de 80, donc il y a des regroupements à travers le monde, les villes 8-80, c'est
généralement bon pour l'ensemble de la population. Ce qui est prôné pour... Si
la ville est conçue pour les personnes de moins de huit ans puis plus de 80,
bien, ça va être bon pour toute la population. Même chose, si on pense, notre
ville, les aménagements, la signalisation, les mesures qui sont mises en œuvre,
si c'est bon pour les personnes en situation de handicap, ça va être bon aussi
dans... point de vue de sécurité, et donc de bilan routier ultimement, pour l'ensemble
de la population.
Ce que cet avis-là, parce que je ne le
caractérise pas de mémoire, parce que lui-même a utilisé le mot «avis»,
recommande, puis j'invite, évidemment, les collègues à le lire, bien, il y a
différents éléments qui sont en lien avec le projet de loi n° 48, d'abord, les
sanctions et des comportements dangereux pour les usagers vulnérables,
notamment les personnes handicapées, un message clair pour tout le monde. Leurs
recommandations, en fait, c'est de sanctionner... en fait, que «la
réglementation et les amendes soient adaptées en conséquence de ce qui précède,
je vais le lire afin que le message fort porté par le projet de loi n° 48 sur
les comportements soit entendu au-delà des automobilistes». Donc, pour eux, il
faut sanctionner... en fait, ils disent que «sanctionner, c'est une nécessité
accompagnée de soutien aux changements de comportement. Les comportements de
personnes en véhicule automobile, tout autant qu'avec d'autres moyens de
déplacement tels que le refus de céder le passage, minent la mobilité piétonne,
dont celle de nombreuses personnes en situation de handicap. La SAAQ et d'autres
acteurs portent d'ailleurs le message d'une responsabilité de chacune et
chacun. Il reste... en concertation avec les organismes concernés, les
personnes handicapées.»
Donc, l'idée, c'est un peu, je prendrai l'image
d'une pyramide inversée, c'est de prioriser dans l'ensemble des mesures qu'on va
mettre en œuvre, puis, ça aussi, c'est directement tiré de la vision zéro, donc
moi, ça me va, ça me rejoint vraiment, c'est de prioriser en termes d'aménagement,
en termes de signalisation, en termes de contraventions, d'amendes qui sont
versées, là. Puis aussi on va l'aborder plus tard, éventuellement, dans l'étude
détaillée, quand on abordera le chapitre... ou, en fait, les articles ou les
amendements qui porteraient sur... qui porteront sur le principe de prudence,
de toujours prioriser, dans notre travail comme législateur, la protection des
piétons et des personnes en situation de handicap et les personnes aînées
également aussi. Bon. Pensez à toutes les personnes qui se déplacent sur le
réseau routier, sur les aménagements cyclables, sur les aménagements de
transports actifs tels que les trottoirs, de toujours avoir en tête de protéger
nos usagers les plus vulnérables. Donc, en haut, là, ce qu'on essaie de
protéger le plus possible, ce sont les usagers les plus vulnérables, parmi les
plus vulnérables, les piétons, les personnes en situation de handicap, les
aînés, les jeunes. Ensuite, on pense vélo.
Donc, encore une fois, c'est un... Puis il
faut toujours aussi que les... à la fois, notre travail, mais aussi il faut
penser que les groupes, par exemple, les cyclistes fassent attention aux
piétons aussi. Donc, il y a comme une espèce d'effet aussi, là, il faut
insuffler, en fait, cette idée que les cyclistes doivent être protecteurs,
doivent être prudents à l'égard des piétons. Ensuite, c'est les automobilistes,
les automobilistes doivent être vigilants, donc prudents envers les piétons
puis envers les cyclistes également. Puis, en dernier lieu, les camions qui,
comme je l'ai déjà dit précédemment, là, dans les différentes allocutions qu'on
a faites, là, dans tout le processus d'adoption du projet de loi n° 48...
M. Grandmont : ...qui
sont... qui sont plus dangereux, en fait, il y a les véhicules lourds. J'ai dit
camion, mais je parle de véhicules lourds, donc les autobus scolaires, les
autobus publics, les camions de livraison, les camions de transport de
marchandises, par exemple, ce sont les véhicules, les... les véhicules pour
déneiger, les camions pour la collecte des ordures, donc dans la gestion des
matières résiduelles. Ces véhicules-là ont des caractéristiques qui font en
sorte que, notamment, là, les angles morts qui sont très grands, leur
dimensionnement aussi, les angles... les rayons de courbure qu'ils ont
lorsqu'ils font des virages qui sont très, très grands. Ces véhicules-là sont
surreprésentés dans les accidents, dans les collisions impliquant des piétons
et des cyclistes aussi. Donc les camions doivent avoir... Les camions, les...
quand je dis camion, évidemment, on se comprend, là, c'est les conducteurs, les
conductrices de camions devraient avoir une responsabilité accrue envers les
automobilistes, les cyclistes et également les piétons, qu'ils soient aînés, en
situation de handicap, jeunes, etc., etc. Donc, cette pyramide inversée là, je
pense que ça doit, dans le travail qu'on va faire ici, être une espèce de ligne
directrice qu'on doit avoir, mais on doit aussi avoir comme principe de
s'assurer que ce qu'on mettra en œuvre à travers le Code de sécurité routière
fasse en sorte que les usagers eux-mêmes soient toujours plus prudents envers
les usagers plus vulnérables qu'eux-mêmes.
Autre élément que j'aimais beaucoup, là,
de l'avis, puis c'est pour ça que je me permets d'en parler, qui nous a été
donné par le... zéro trois puis le RAPIQ, c'est la question des... de la zone
autour des écoles en fait, là, que cet... cet avis-là aussi, là, trouve trop
restrictif. Donc, je vous dis, là, dans le fond, vitesse à
30 kilomètres-heure autour des écoles, ajouter les lieux fréquentés par
les usagers les plus vulnérables. Donc, ce qu'on dit, c'est une vitesse de
30 kilomètres heure est un choix intéressant pour de nombreux endroits
pour permettre une mobilité des piétons en situation de handicap, comme les
personnes utilisant une aide à la mobilité. De plus, nous constatons que les
personnes à vélo ou sur une... une aide à la mobilité, là, donc à
micromobilité, sont plus à l'aise avec des véhicules à une vitesse réelle de
30 kilomètres heure. Elles sont... Elles se sentent plus en sécurité sur
la route et embarquent moins sur le trottoir. Cela nous apparaît aussi un moyen
de limiter les villes à créer des infrastructures nuisant à la mobilité
piétonne pour offrir une mobilité cyclable sécuritaire.
Donc, ce qu'on dit, en fait, c'est qu'à
nos sens ajouter ces lieux, donc des lieux comme par exemple les abords des
établissements de santé et les établissements de commerce fréquentés par les
personnes en situation de handicap, à notre sens, ajouter ces lieux dans les
zones 30 kilomètres heure rendrait cohérente le projet de loi avec les
constats et actions du plan de sécurité routière. Cependant, le consensus pour
le 30 kilomètres-heure est proche des... proche des écoles, pardon, ne
nous semble pas acquis. Les personnes en situation de handicap ayant à peine
évoqué... ayant été à peine évoquées durant les échanges en commission et dans
les mémoires, il nous apparaît difficile d'imposer sans concertation le
30 kilomètres-heure dans un... dans un grand nombre de lieux.
Bien, c'est ça. Moi, j'aimerais ça
entendre l'Office des personnes handicapées du Québec ou tout autre groupe, là,
que la commission pourrait juger pertinente pour... pour identifier les sites
sur lesquels on pourrait avoir un impact de réduction. En fait, on viserait une
réduction de la vitesse pratiquée. Moi, l'objectif, ça serait d'essayer
d'identifier. Puis peut être qu'à la fin on se rendrait compte que, comme le
proposait Piétons Québec, d'avoir une vitesse de base à 30 kilomètres
heure, ou encore en essayant d'avoir une réflexion plus large comme par exemple
la ville de Montréal nous le dit, d'avoir des rayons... des rayons à
l'intérieur desquels, donc on touche un peu plus les corridors scolaires, là,
puis un kilomètre, c'est à peu près ce qu'un enfant, disons, d'âge primaire
peut marcher pour aller à l'école ou aller à vélo à l'école. Donc, est-ce qu'on
couvrirait suffisamment de zones pour être capables d'augmenter le sentiment de
sécurité et la sécurité réelle des personnes en situation de handicap? Puis je
le dis aussi, là, des personnes aînées.
• (11 h 40) •
Rappelez-vous ce que... ce que le
professeur Cloutier, là, de l'INRS nous disait. Si on élargit le secteur, si on
ne se contraint pas à la zone scolaire, qui est essentiellement les quatre rues
autour de l'école, on risque de toucher, particulièrement en milieu urbain, là,
on risque de toucher d'autres types de déplacements, d'autres types de
clientèles, d'autres types de personnes, d'autres lieux de destination, comme
par exemple, bien, les commerces de proximité, les établissements de santé, les
centres communautaires, l'église, le guichet automatique et peut être à travers
ça aussi, bien, les personnes en situation de handicap, les personnes aînées.
Si on se contraint uniquement à la zone scolaire qui, par ailleurs, on a déjà
dit, mais je tiens à le rappeler, où on... où on ne...
M. Grandmont : ...où on ne
touche pas en fait 85 % des accidents sur le chemin de l'école et
95 % des décès sur le chemin de l'école. Donc, si on se tient seulement
dans la zone scolaire, bien, on passe à côté de quelque chose puis on passe
doublement à côté de quelque chose, parce qu'effectivement les personnes en
situation de handicap sont exclues de cette obligation d'avoir du
30 kilomètres-heure. Puis je l'ai dit tantôt puis je le répète encore une
fois, à 30 kilomètres-heure, les chances de survie en cas de collision
sont extrêmement élevées, beaucoup plus élevées qu'à 50, 70,
80 kilomètres-heure, où le taux de survie, là, il est à 0 %. Donc,
moi, j'aime beaucoup cette proposition là qui est faite, là, par les groupes
que j'ai nommés tantôt, de revenir à élargir l'idée ou, en fait, les zones dans
lesquelles le 30 kilomètres heure est obligatoire. Bon, leur
recommandation, eux autres, c'est d'inclure les abords des établissements de la
santé et des services sociaux dans les lieux visés par la limitation de
30 kilomètres-heure. C'est spécifique à leurs.... à leurs besoins qu'ils
expriment à travers ça. Moi, je trouve ça intéressant.
Moi, je serais très intéressé de savoir ce
que l'Office des personnes handicapées du Québec pense de ça. Ils ont quand
même un regard aussi qui est différent, là, ici, c'est des groupes qui sont
plus dans la région de Québec. L'Office a une perspective beaucoup plus large
sur l'ensemble du territoire québécois, parce qu'ils représentent des groupes
et des membres d'un peu partout, mais je serais très, très, très intéressé
d'avoir cette perspective-là. C'est pas mal ce qui est dans... au cœur de leur
mémoire, mais j'ajouterais quelques éléments, avec le temps qu'il me reste, là.
Il y a la question des stationnements pour
les personnes handicapées. Moi, je serais curieux de savoir ce que l'office,
l'OPHQ pense du respect des stationnements pour personnes handicapées. On sait
combien c'est important. En même temps, pas besoin d'aller souvent chez Canac
ou à l'épicerie pour se rendre compte que ces espaces de stationnement là sont
souvent occupés par des personnes qui n'ont pas la vignette. Ils n'ont pas la
vignette, donc ils utilisent un espace qui est pourtant réservé à des personnes
qui, normalement, en ont besoin parce qu'ils ont... ils sont en situation de
handicap. Est-ce que les amendes, est-ce que les contraventions qui sont
données sont suffisantes? Est-ce qu'on devrait peut-être refaire une ronde de
sensibilisation là-dessus? Parce que moi, j'ai l'impression, c'est peut-être...
peut-être une mauvaise perception, mais moi, je leur aurais posé cette
question-là. Si l'Office des personnes handicapées du Québec vient ici, avant
l'étude détaillée, j'aimerais savoir ce qu'ils pensent : Est-ce que les
espaces réservés pour les personnes handicapées sont respectés au Québec? Et
sinon, si le taux de respect n'est pas suffisant, est-ce qu'on ne devrait pas
mettre en place certains mécanismes, notamment, bien, augmenter les amendes ou
encore faire de la sensibilisation pour être capable de faire respecter
cette... cette place-là qui est drôlement importante, là? D'autant plus que...
Est-ce que... je veux leur poser aussi des questions sur le nombre d'espaces de
stationnement. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne, mais j'ai
l'impression que c'est un ratio en fonction du nombre d'espaces de
stationnement qui sont situés devant un commerce. Ça pourrait peut-être être
ça. Si on voit... si on sait que le taux de personnes ou le nombre de
personnes... considérant le vieillissement de la population, donc le nombre de
personnes en situation de handicap est appelé à augmenter dans les prochaines
années, est-ce qu'on ne devrait pas revoir les ratios? Est-ce que le
législateur n'a pas un rôle à jouer là-dessus aussi? Je vous pose la question,
mais moi, c'est des questions que j'aimerais aborder avec l'Office des
personnes handicapées du Québec.
Puis il y a... là, je vous ai parlé, là,
on a parlé... J'ai beaucoup été sur des enjeux qui touchaient, là, les
personnes qui sont habilitées à se déplacer, notamment en fauteuil roulant,
mais j'ai été beaucoup en contact, puis j'en parlerai peut-être davantage, là,
dans ma deuxième intervention, j'ai beaucoup été en contact dans les dernières
années avec les personnes en situation de handicap visuel, notamment le
Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec. Et ça, c'est des enjeux qui
sont particuliers aussi, qui sont différents des personnes qui peuvent se
déplacer en ayant leur vue, mais qui sont avec des aides à la mobilité. Mais
les personnes en situation de handicap visuel, c'est un autre enjeu,
complètement différent. C'est pour ça que, pour moi, d'avoir à tout le moins
une discussion sérieuse avec les gens de l'Office des personnes handicapées,
comme je le disais, qui ont une lecture, disons, macro des enjeux, à la fois
géographiques, mais aussi qui... qui... qui est capable de nous faire avancer
puis nous faire réfléchir sur les différents types de handicaps, je pense que
ça serait intéressant. Je pense que ça nous amènerait quelque chose
d'enrichissant. Parce qu'au-delà du fait de travailler avec ses... avec
l'office puis d'autres groupes sur la révision des tomes, un et cinq, moi, je pense
que, comme législateurs, on devrait avoir cette discussion-là aussi. On doit...
on ne peut pas se priver de ce regard-là. Je vous le dis c'est une personne sur
cinq, et je pense que ça va augmenter dans les prochaines années. Donc,
donnons-nous la chance, avant d'entrer dans l'étude détaillée, d'avoir...
M. Grandmont : ...une bonne
jase avec l'organisme qui représente les personnes en situation de handicap au
Québec.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Est-ce qu'i y a d'autres interventions sur la
motion préliminaire. Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
oui, je vais débuter, à moins que vous ayez une objection. Encore une fois,
j'interviens au nom du chef de l'opposition officielle.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
c'est... Le porte-parole officiel n'interviendra pas comme...
Mme Setlakwe : On peut
changer l'ordre?
Le Président (M. Jacques) : Donc
là vous pouvez intervenir, Mme.
Mme Setlakwe : Merci, merci.
Donc, au nom du chef de l'opposition officielle, j'interviens ce matin en
appui, donc, à cette motion préliminaire déposée par notre collègue du deuxième
groupe d'opposition, députée de Taschereau, où on demande que, dans le cadre
des consultations particulières, on entende l'Office des personnes handicapées
du Québec avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 48. Écoutez, ça fait quelques minutes que... en fait,
une vingtaine de minutes que notre collègue de Taschereau s'exprime sur le
sujet, et je suis convaincu qu'il serait pertinent qu'on entende l'Office des
personnes handicapées du Québec. Je trouve qu'il y a des éléments intéressants
qui ont été mis de l'avant. Et, de façon générale, comme je l'ai dit tout à
l'heure, dans le cadre de l'autre motion préliminaire en lien avec l'alcool au
volant et notre souhait d'entendre l'INSPQ, pourquoi se priver d'entendre des
groupes qui ont des points de vue distincts, qui ont des points de vue différents
à partager avec nous? Ici, on parle de personnes vulnérables, de personnes qui
font... qui sont malheureusement... qui vivent avec un handicap. Pourquoi se
priver de les entendre, d'obtenir leur point de vue et leur son de cloche? Eux,
ils vivent leur quotidien avec des obstacles qu'une bonne partie de la
population ne connaît pas et que dans leurs déplacements ils ont... donc ils
sont confrontés quotidiennement à des obstacles et voient des choses, vivent
des situations, vivent des frustrations que d'autres personnes ne vivent pas.
Et ils amèneraient, je pense, une contribution importante et pertinente à notre
débat, qu'on le rappelle, vise à bonifier le projet de loi n° 48.
Je vais me permettre de faire une brève
incursion dans un chapitre précédent de ma vie où j'étais conseillère
municipale dans ma circonscription, dans la ville de Mont-Royal. Et dans mon
rôle de conseillère municipale, on était souvent interpellés sur des questions
de sécurité. Il m'est arrivé à plusieurs reprises d'avoir des appels, d'avoir
des demandes de rencontres de la part d'aînés, de la part de personnes vivant
avec un handicap. Je me rappelle entre autres une belle rencontre avec une de
mes voisines qui souffre de sclérose en plaques depuis plusieurs années et qui
se déplace à l'aide d'un quadriporteur, donc un genre de fauteuil roulant
motorisé. Elle s'est donc adaptée à sa maladie. Elle se déplace
quotidiennement, mais elle m'a... elle a pris le temps... j'ai pris le temps de
discuter avec elle des obstacles auxquels elle est confrontée quotidiennement.
Que ce soit en été ou en hiver, évidemment, sa vie, elle, est beaucoup plus
compliquée en hiver, mais elle prend la peine de sortir presque quotidiennement
faire ses courses, aller fréquenter les bâtiments municipaux, comme la bibliothèque,
etc., elle a son circuit.
• (11 h 50) •
Mon collègue de Taschereau a raison de
dire qu'il y a des... que ces personnes-là doivent... on doit tout faire, donc,
pour aplanir les obstacles et s'assurer qu'ils puissent avoir une participation
sociale pleine et entière. Donc, ces personnes, donc que ce soit des aînés ou
des personnes qui vivent avec un handicap, qui nous interpellent comme élus,
apportent ce... c'est comme s'ils voient évidemment la vie avec une autre
lunette, et ils sont... pour des choses que nous, on prend pour acquis, des
choses toutes simples. Ces personnes vivent donc des situations frustrantes
dans leurs déplacements, et que ce soit donc sur le trottoir, ils sont très
proches des autobus, ils sont proches des vélos, ils sont proches des
voitures... écoutez, les dangers potentiels et les situations qui les mettent à
risque sont fréquents et se multiplient dans leur quotidien d'une façon que
nous, on ne peut pas s'imaginer tant qu'on ne les entend pas. Et on peut très
bien lire leurs mémoires...
Mme Setlakwe : ...leurs
revendications, leurs recommandations sur papier, j'abonde dans le même sens
que mon collègue de Taschereau, de les entendre en temps réel, en direct nous
exposer leur façon de voir les choses, la... leurs propositions, leurs
recommandations pour bonifier le projet de loi. Je pense que ce serait tout à
fait opportun et utile dans le cadre de notre... de notre rôle dans le cadre de
l'étude du projet de loi n° 48.
J'ai... J'ai parcouru, durant l'exposé de
mon collègue, différents mémoires qui ont été déposés dans le passé et j'ai...
j'ai décelé quelques... quelques recommandations, quelques observations puis je
pense que... passées et qui seraient encore pertinentes aujourd'hui dans le
cadre du projet de loi n° 48. On peut penser au principe de prudence, qui a été
instauré, qui est une mesure-phare pour améliorer la sécurité routière,
particulièrement pour les usagers du réseau routier en situation de
vulnérabilité. Cette orientation, elle est connue, elle existe, mais il y a
certainement lieu de la modifier, de la bonifier, de prévoir des choses qui
n'ont peut-être pas été vues et considérées dans le projet de loi tel que
déposé.
Je pense qu'il serait important de les
entendre et de ne pas les traiter comme des citoyens de deuxième rang, de
second rang, comme mon collègue l'a mentionné à juste titre, dans un esprit
de... comme législateurs, de protéger tous les usagers de la route sans faire
de... sans faire de distinction, sans exclure quelque groupe que ce soit. En
tout cas, au Parti libéral, ça a toujours été une valeur-phare pour nous, là,
ce principe d'inclusion et de ne pas laisser quiconque de côté, quelque groupe
que ce soit, quelque minorité que ce soit de côté dans le cadre de nos... de
nos débats. On veut tous vivre dans une société inclusive où on prend soin de
toute la population.
Donc, que ce soit, donc, le principe de
prudence, que ce soient toutes sortes d'éléments qui pourraient venir bonifier
le projet de loi en termes d'améliorer le partage de la route, que ce soit...
et je l'ai mentionné tout à l'heure, ayant, dans le passé, eu des échanges avec
des gens qui conduisent, qui se déplacent avec des quadriporteurs, il faut
s'assurer qu'on met en place les mesures requises pour assurer des déplacements
sécuritaires avec une aide à la mobilité motorisée. La question des espaces de
stationnement réservés aux personnes handicapées est également un point
important qu'il ne faudrait pas négliger, essayer de voir si on peut être
encore plus... plus pertinents, plus... plus aidants pour les personnes vivant
avec un handicap.
Je me réfère d'ailleurs à la conclusion
d'un mémoire qui a été déposée il y a quelques années dans le cadre d'un autre
projet de loi. Je pense que c'est... c'est utile de rappeler, donc, les
préoccupations de l'Office des personnes handicapées. Elle vise à «favoriser
les déplacements sécuritaires et sans obstacle des personnes handicapées. À
titre d'organisme gouvernemental jouant un rôle déterminant en matière de
conseil, de coordination et de concertation en vue de réduire les obstacles à
la participation sociale des personnes handicapées, l'office compte toujours
suivre et contribuer activement aux travaux visant la mise en œuvre des
recommandations proposées».
Que ce soit dans le cadre de projets de
loi antérieurs ou celui-ci, je pense qu'on doit... Et c'est une bonne idée de
se le rappeler ce matin, que c'est une bonne idée de les... de les entendre,
encore une fois, pour bonifier le projet de loi. C'est... Cet organisme, rappelons-le,
représente des groupes et des membres d'un peu partout au Québec. Je pense
qu'il serait extrêmement utile de prendre le temps de les écouter. Je ne pense
pas qu'il y a le... Il est... Il est important et urgent de mettre de l'avant
ce projet de loi là en sécurité routière, je ne dirai jamais le contraire, mais
je pense que la rigueur doit primer, et on doit prendre le temps de bien faire
les choses et de tourner toutes les pierres, et, en ce sens-là, la motion qui
est déposée a tout son sens.
Outre le principe de prudence, il y a la
question des zones...
Mme Setlakwe : ...qu'on veut
réglementer, c'est-à-dire qu'on veut... pour lesquels on veut prévoir une
vitesse maximale de 30 kilomètres heure. D'ailleurs, j'ai débuté mon étude du projet
de loi et j'ai lu avec intérêt le libellé, les dispositions qui traitent de
cette question-là. Évidemment, comme mère d'enfants, j'ai mentionné que mes
enfants étaient rendus plus grands, aujourd'hui, adolescent et jeunes adultes,
mais ils étaient, il n'y a pas si longtemps, à l'école primaire, et, à ville
Mont-Royal, on a, donc, cette zone de 30 kilomètres heure dans toutes les zones
scolaires, autour des écoles, au centre de la ville, etc., et, pour moi, le
fait d'élargir cette notion à la grandeur du Québec me semble pertinente. En
tout cas, on pourra en débattre de façon détaillée lors de l'étude détaillée,
mais je trouve intéressant le point soulevé par le député de Taschereau, de
s'assurer qu'on n'est pas trop resté restrictif, et possiblement que de s'en
tenir aux zones scolaires n'est pas la bonne chose à faire. Donc, encore une
fois, en ayant le bénéfice des recommandations, des observations de l'Office
des personnes handicapées du Québec, je pense que ça a contribuait à bonifier
le débat, à élargir le débat, à s'assurer qu'on tienne compte de tous les
points de vue, de tous les groupes dans la population, que ce soit des
personnes vivant avec un handicap ou des personnes aînées.
On a des statistiques au Québec, on le
sait tous, là, le nombre de personnes de 65 ans et plus n'a jamais été aussi
important, et, si la tendance se maintient, et tout porte à croire que la
tendance va se maintenir, il va y avoir de plus en plus de personnes aînées, de
65 ans et plus dans nos communautés. C'est une bonne chose, les gens vivent
plus longtemps. On veut que ces gens-là vivent en bonne santé, continuent de
sortir quotidiennement, de se déplacer, mais, encore une fois, moi, quand
j'étais conseillère municipale, le nombre de fois que des personnes aînées en bonne
forme, en bonne santé, des personnes mobiles ou des personnes qui se
déplaçaient avec une canne me disaient : Mme la conseillère, quand vous
mettez des mesures en place, n'oubliez jamais que le temps, par exemple, pour
traverser une intersection... quand vous donnez, je donne un exemple, 20
secondes pour traverser une intersection, 20 secondes pour vous, 20 secondes
pour vos enfants, ce n'est pas la même chose que 20 secondes pour une personne
aînée. Une personne aînée a besoin qu'on tienne compte de sa réalité. Donc, ça,
c'est un exemple parmi tant d'autres, là, le temps qui est alloué pour
traverser une intersection, mais il y a énormément de détails comme ça, de
situations qui touchent différemment les personnes vivant avec un handicap ou
les personnes aînées, d'ailleurs. Donc, cette réflexion-là, elle est
importante, et il me semble donc tout à fait approprié qu'on ajoute l'Office
des personnes handicapées du Québec à nos consultations, afin justement d'avoir
leur son de cloche, d'entendre leurs recommandations, pour nous permettre de
bonifier le projet de loi.
• (12 heures) •
Je vais terminer en notant d'autres
observations qui avaient été mises de l'avant dans le cadre de mémoires...
mémoire précédent déposé par l'organisme en question, qui va nous donner des
pistes de réflexion, donc, additionnelles. J'ai mentionné les espaces de
stationnement, on a mentionné les déplacements sécuritaires avec une aide à la
mobilité motorisée, le partage de la route, les carrefours giratoires aussi,
les différentes intersections, comme je mentionnais tout à l'heure,
l'aménagement d'espaces publics extérieurs sécuritaires et sans obstacle, le
principe de prudence. Ce sont tous des éléments, donc, qu'il faut avoir en tête
lorsqu'on va débuter l'étude détaillée. Et, pour avoir fait quelques
commissions parlementaires, déjà, je peux vous dire que, quand on fait l'étude
détaillée, on se souvient très bien et on discute, presque à chaque article,
des réflexions, des observations qui ont été mises de l'avant par les groupes...
12 h (version non révisée)
Mme Setlakwe : ...quand est-ce
qu'on passe un article sans revenir sur les observations ou les commentaires
qui nous ont été faits pour être sûr que le libellé soit optimal, pour être sûr
que le libellé tienne compte de toutes les situations? Parce qu'on ne légifère
pas pour... on ne légifère pas pour la majorité, pour certains groupes dans la
population, on... nous légiférons pour l'ensemble de la population, et encore
une fois, il est très important de ne... de ne laisser personne de côté et de s'assurer
que, non seulement la société québécoise soit inclusive sur papier, mais qu'elle
soit inclusive et que... et que ce principe-là soit bien ancré dans nos
communautés, dans nos déplacements, et qu'on ne soit jamais confronté à des
situations où des personnes s'empêchent de sortir et de se déplacer en raison
de leur handicap. Et je le dis en sachant que c'est très bien le cas, qu'il y a
des journées, qu'il y a des situations qui font en sorte qu'il y a des
personnes en situation de handicap ou des personnes aînées qui choisissent de
ne pas sortir. Et je pense que c'est notre devoir de faire en sorte qu'on... qu'on
mette... qu'on mette de l'avant toutes les mesures possibles pour leur
simplifier la vie, pour aplanir les obstacles auxquels ils sont confrontés dans
leur quotidien. Donc, en ce sens là, j'appuie la motion préliminaire de mon
collègue de Taschereau. Voilà. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Écoutez, très heureux de prendre la parole pour parler de cette
motion préliminaire de mon collègue député de Taschereau que je tiens à
remercier, parce que, toujours il ramène des sujets... parce que, depuis le
début, nous, au Parti libéral, on mène un combat par rapport à l'alcool au
volant, avec des propositions concrètes, à savoir des gens, des partenaires de
la sécurité routière, à savoir le service... le Service de la police de
Montréal, le coroner, l'Institut de santé publique. Malheureusement, les trois
organismes ont été refusés par... par le gouvernement.
Mais mon collègue ramène un autre aspect,
et je tiens à le remercier. Il y a une petite, petite recherche sur des enjeux
que, malheureusement, on n'a pas eu le temps d'en discuter dans le cadre des
consultations, l'aménagement d'espaces publics extérieurs, sécuritaires et sans
obstacle. De quoi on parle? Les intersections, les carrefours giratoires,
améliorer le partage de la route, déplacements sécuritaires avec une aide à la
mobilité motorisée, espace de stationnement réservé aux personnes handicapées.
Et, vous savez, c'est la même, même, même chose, la même logique qu'on peut
appliquer quand il s'agit de l'alcool au volant ou les personnes handicapées.
On parle beaucoup de déplacement des personnes handicapées, et les dernières
années, ce qu'on a constaté, c'est un accroissement, et ce qui est une chose
très positive d'ailleurs, M. le Président, de la participation des personnes
handicapées dans différentes sphères. Ça, c'est une bonne nouvelle. Donc, l'éducation,
l'emploi, les loisirs, ma collègue vient de le mentionner en tant qu'ancienne
conseillère municipale, c'est parmi les enjeux soulevés en termes d'accessibilité
et de mesures sécuritaires. D'ailleurs, les personnes handicapées se déplacent,
se déplacent davantage, donc il faut donc qu'ils puissent le faire sans
obstacle, et ce, peu importe les moyens de transport utilisés, qu'ils soient
actifs ou collectifs. Mon collègue, tout à l'heure, le député de Taschereau a
parlé beaucoup de transport adapté. Malheureusement, j'aurais aimé qu'on en
parle, mais c'est un sujet soulevé par pas mal de sociétés de transport aussi.
C'est un enjeu. Et donc quand on parle de la possibilité de se déplacer sans
obstacle, ça permet aux personnes handicapées de réaliser beaucoup d'activités
quotidiennes, notamment faire les courses, accomplir leurs rôles sociaux, donc
travailler, étudier. Donc, c'est un élément qui est extrêmement important.
Encore une fois, une simple recherche
permet de nous informer sur... que plus de 15 % de Québécoises et
Québécois de 15 ans et plus vivant en ménage privé ont une incapacité liée
à l'agilité. Donc, on parle de 13,2 % qui ont une incapacité liée à la
mobilité, 7,4 % des adultes québécois ont une incapacité liée à l'audition,
4,6 % une incapacité liée à la vision, 1 % de la population
québécoise de 15 ans et plus...
M. Derraji : ...a une
déficience intellectuelle ou un trouble de spectre de l'autisme. Donc, M. le
Président, c'est quand même un groupe important. Et ce qu'il est important de
souligner, ça, ça a été vraiment grâce au collègue de... le député de
Taschereau que j'ai commencé à regarder ces aspects, les plus grands
utilisateurs de transport collectif sont les personnes avec incapacités de 15 à
34 ans. Donc, on parle de véhicules de transport en commun. Il y a aussi
la difficulté de se rendre aux arrêts ou de les repérer comme étant un obstacle
à l'utilisation des services. Donc, ce sont des enjeux réels.
Maintenant, la sécurité routière, une
composante à la participation sociale des personnes handicapées. Et, encore une
fois, on est dans la même logique d'améliorer le projet de loi sur la sécurité
routière. Et ce qu'on voit, c'est que la participation sociale des personnes
handicapées a progressé au cours des 40 dernières années. Les politiques
ainsi que les programmes spécifiques et généraux s'adressant aux personnes
handicapées ont grandement contribué à ce progrès. Mais ce qu'on constate, M.
le Président, c'est que, si on veut vraiment parler de la sécurité routière,
d'améliorer les infrastructures, les infrastructures routières qui ont une
incidence directe sur la sécurité routière, notamment, notamment pour les
usagers en situation de vulnérabilité sur la voie publique, notamment les
personnes handicapées... Donc, conséquemment, la politique vise à... au niveau
de la sécurité routière, à offrir aux personnes handicapées la possibilité de
se déplacer sans contraintes supplémentaires. Et moi, je pense que, dans le
cadre de cette consultation publique sur la sécurité routière, mais surtout
quand on parle des actions qui en découleront, je pense, c'est très important
de tenir compte de ces orientations avant de parler d'améliorer le projet de
loi sur la sécurité routière. Et l'office, que le collègue nous invite à
inviter en commission parlementaire, l'a déjà fait dans le passé, ils ont déjà
participé à des consultations. Et c'est une participation qui va permettre une
approche inclusive. Et on ne peut pas ne pas le faire aujourd'hui.
Le but aussi de cette approche, c'est
qu'en tant que législateur, et ça, c'est un élément important, que ce soit par
des lois, ou des politiques, ou des programmes, ou des services, ce qu'on doit
s'assurer, c'est offrir des services sans obstacle pour l'ensemble de la
population, incluant, incluant les personnes handicapées. Pourquoi c'est
important? Parce qu'il permet de prendre en compte les besoins de l'ensemble
des personnes dont celles ayant un handicap. Donc, c'est... Encore une fois, M.
le Président, c'est un élément important, important, surtout que nous sommes à
l'étude préliminaire de ce projet de loi. Et les motions préliminaires,
heureusement qu'elles existent, nous donne la possibilité, en tant que parti de
l'opposition, surtout face à un gouvernement majoritaire, de le faire résonner
un peu. On va continuer à le faire dans le cadre de l'alcool au volant. Mais
mon collègue ramène un autre point très important, c'est qu'on ne peut pas,
aujourd'hui, élaborer des mesures à portée générale... à portée générale sans
prendre en considération la participation sociale de certains groupes de la
population. Et on le mentionne souvent, c'est que l'approche inclusive doit
trouver écho dans les actions futures qui permettront de poursuivre le bilan
routier au Québec.
• (12 h 10) •
Et c'est l'élément important. Parce que je
pense que c'est très important avant d'entamer l'étude de... c'est à peu près
400 pages, 400 pages...
M. Derraji : ...ce projet de
loi qui parle de la sécurité routière... M. le Président, a commencé. C'est que
c'est très important de prendre en considération d'autres voies...
Le Président (M. Jacques) : ...
M. Derraji : ...je n'ai pas
entendu, je suis désolé. Je n'ai pas entendu.
Le Président (M. Jacques) : Il
reste une minute.
M. Derraji : Une minute.
Le Président (M. Jacques) : Étant
donné l'article 209 du règlement, Mme la députée de Mont-Royal–Outremont a
pris la parole du chef et vous, vous agissez comme député. Donc, vous avez 10 minutes,
selon l'article 209 du règlement.
M. Derraji : 10 ou
20 minutes?
Le Président (M. Jacques) : 10.
M. Derraji : 10. Pas de
problème. Donc, M. le Président, encore une fois, je tiens à rappeler
l'importance, l'importance... l'importance d'entendre d'autres groupes et de
s'adapter à la réalité des personnes handicapées, surtout qu'il s'agit d'un
élément important à prendre en considération. Et je vais vous formuler une
proposition la prochaine fois, nous rappeler le temps, s'il vous plaît, parce
que je ne... je n'étais pas au courant de cet article. Ça va nous aider
grandement dans nos travaux. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. Est-ce qu'il y a d'autres... Est-ce que la motion
préliminaire est...
M. Grandmont : ...
Le Président (M. Jacques) : Oui,
c'est vous qui... c'est votre motion.
M. Grandmont : ...
Le Président (M. Jacques) : Donc,
c'est une intervention seulement, il n'y a pas de réplique à la suite. Donc, on
fait toute notre intervention dans un bout, on ne peut pas avoir de deuxième
intervention sur une motion préliminaire. Donc, votre temps est écoulé. Donc,
est-ce que la motion préliminaire du député...
M. Grandmont : Par appel nominal,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Jacques) : Pardon?
M. Grandmont : Par appel
nominal.
Le Président (M. Jacques) : ...député
de Taschereau, le vote nominal est demandé. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
La Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
La Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Blouin
(Bonaventure)?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal–Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Et M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
La motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires? M. le
député de Nelligan.
M. Derraji : ...quelques
secondes.
Le Président (M. Jacques) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 16)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et, lors de suspension, nous étions à attendre le dépôt
d'une motion préliminaire du député de Nelligan. M. le député.
M. Derraji : Merci, M. le
Président. Écoutez, conformément à l'article 244 du...
M. Derraji : ...de
l'Assemblée nationale, je fais mention afin que la Commission des transports et
de l'environnement tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de
loi no 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière
afin d'introduire les dispositions relatives aux systèmes de détection et
d'autres dispositions en matière de sécurité routière, des consultations
particulières et qu'à cette fin, elle entende dès que possible l'Association
restaurateurs Québec.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député.
M. Derraji : Oui.
Combien de...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
de votre intervention. 30 minutes.
M. Derraji : Merci, M.
le Président. Donc, écoutez, tout au long du débat sur l'alcool au volant, j'ai
entendu la partie gouvernementale évoquer deux enjeux. Ça va faire mal dans nos
régions, ça va faire mal aux bars, aux restaurants, et il n'y a pas de
transport en commun dans les régions. Bon. Le transport en commun, on va
attendre le budget pour voir s'il y a un transport en commun ou pas, s'il est
financé ou pas. C'est drôle quand même parce que c'est la ministre responsable
de la Mobilité du transport qui est responsable du transport en commun dans les
régions pour l'améliorer. Si c'est ça le problème de l'alcool au volant, c'est
pour cela qu'on a... on ne veut pas baisser à 0,05. Mais je n'ai pas entendu
l'association Restauration du Québec, l'ARQ. D'ailleurs, ils sont... ils sont
très impliqués. Bien, j'aimerais ça. J'aimerais bien les entendre, qu'ils
viennent en commission parlementaire nous expliquer, nous expliquer s'ils
appuient la décision du gouvernement de laisser le taux à 0,08 ou bien s'ils
nous appuient. Est-ce que les gens vont probablement passer plus de temps au
restaurant, boire, s'amuser? Et après, avec l'amélioration de l'offre des
transports en commun en région, ils vont prendre un transport en commun pour
revenir chez eux parce que la situation dans les autres villes, c'est quand
même... Il y a quand même des transports en commun ou il y a d'autres moyens de
transport par application qui existent.
Ça va être très intéressant, M. le
Président, parce que nous sommes en train de revoir le Code de la sécurité
routière, et on veut faire le travail correctement. C'est ça la rigueur de
l'opposition. C'est ça notre rôle. C'est la seule chose qu'on a, M. le
Président. Le gouvernement a la majorité. Peu importe ce qu'on va faire...
Enfin, regardez, jusqu'à maintenant, aucune motion préliminaire. Le
gouvernement n'a pas accepté aucune mention préliminaire. Et juste pour
rappeler, la plupart des motions visaient à améliorer le débat. Quand on
demandait qu'on invite le directeur de la police de Montréal, pourquoi? Parce
qu'on veut l'entendre sur la sécurité routière. C'est lui l'expert. C'est lui
qui nous a dit : Écoutez, je veux même le risque zéro, pas le 0,05. Je
vous ai dit ça il y a deux semaines ou trois. Le coroner. Bon, la CAA, ils
étaient là et ils étaient beaucoup plus clairs, le CAA Québec. La CAA Québec,
eux, ils disaient... Ils parlaient d'un fléau. Donc, il y a autant d'acteurs...
Sans parler des propositions de mon collègue le député de Taschereau par
rapport à l'office qui représente les handicapés. Mais gardons le focus sur
l'alcool au volant.
Moi, j'aimerais bien... J'aimerais bien,
du moment que la ministre utilise l'argument que ça va faire mal à nos régions
et qu'il y a une pression quelque part, bien, moi, j'aimerais bien avoir la SQ
en commission parlementaire nous parler... nous parler... nous parler des
arguments que ça fait mal aux restaurateurs, et que ça fait mal aux régions, et
que les restaurateurs vont perdre un chiffre d'affaires important. Parce que
j'essaie de comprendre, c'est quoi les arguments pour ne pas aborder, dans le
cadre de ce projet de loi, la notion de l'alcool au volant. Et on parle de la
sécurité routière. Donc, quand on parle de la sécurité routière, et nous avons
utilisé pas mal d'arguments scientifiques et d'études scientifiques qui
démontrent que le fait d'agir et de baisser le taux d'alcool à 0,05, et de
mettre en place des mesures administratives, ça agit, ça donne d'excellents
résultats.
• (12 h 20) •
Quand on voit que dans les autres
provinces canadiennes... Quand, dans les autres provinces canadiennes, ça a
changé quand même le bilan routier, bien, j'aimerais bien que l'Association
Restauration Québec, j'aimerais bien les entendre en commission parlementaire.
Ils ont des arguments, j'imagine. J'aimerais bien voir s'ils appuient le
gouvernement, parce que jusqu'à maintenant, comme je l'ai mentionné, on n'a pas
vu...
M. Derraji : ...on n'a pas
vu, on n'a pas vu quelqu'un sortir publiquement, dire que le fait d'agir avec
des mesures administratives, ça permet... ça ne va pas... ça ne va pas
améliorer le bilan routier. Alors, M. le Président, cette motion préliminaire
confirme l'importance... et je vois que ça provoque un débat. Donc, au niveau
de l'ARQ, M. le Président, leur présence est extrêmement importante. Et, encore
une fois, ça vient corroborer un peu nos arguments par rapport à l'alcool au
volant. Donc, M. le Président, j'espère que, cette fois-ci, le gouvernement va
accepter notre proposition d'inviter l'Association Restauration Québec et...
M. Montigny : Question de
règlement.
Le Président (M. Jacques) : Oui,
M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : J'ai entendu
mon collègue de Nelligan mentionner...
M. Derraji : Quel règlement,
s'il vous plaît?
M. Montigny : 35... je crois
que c'est 35.
Le Président (M. Jacques) : Ce
n'est pas nécessaire d'avoir le... Je veux juste écouter...
M. Derraji : ...j'ai tout vu.
Le Président (M. Jacques) : 35.1,
35.1.
M. Derraji : Oui, oui, j'ai
tout vu, M. le Président.
M. Montigny : Je veux juste
dire que j'ai entendu mon collègue, M. le Président, mentionner quelque chose
qui, à ma connaissance à moi, ne semble pas s'être produit, là. Ça fait que
j'aimerais ça juste appeler au règlement pour mentionner que mon collègue de
Nelligan semble avoir répété des paroles et avoir mis des paroles dans la
bouche d'une collègue, qui ne semblent pas être le cas. Ces paroles semblent
être que les régions... ce serait dommageable pour les régions et qu'on aurait
une collègue qui aurait mentionné ça, alors que ça ne semble pas être le cas.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Donc, je vais vous inviter à la prudence dans vos propos, et je...
M. Derraji : Pas de problème.
C'est tout un appel au règlement, pas de problème. Donc, c'est très bien. Donc,
il n'y a pas d'effet pour les régions. Vous venez d'une région, vous étiez
maire d'une région, c'est excellent. Donc, vous êtes en train de me dire que
l'alcool au volant...
M. Montigny : M. le
Président...
M. Derraji : Bien, je veux
juste continuer. M. le Président...
Le Président (M. Jacques) : Bien,
je ne veux pas...
M. Montigny : ...M. le
Président, question de règlement. Article 35. On n'interpelle pas un collègue
directement, on passe par la présidence.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Merci.
M. Montigny : ...
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de René-Lévesque, nous allons rester calmes. Je pense que ça allait
superbien ce matin. Donc, on va garder nos propos. On va faire attention aux
propos, de ne pas blesser les collègues. Donc, je vous invite à reprendre la
parole, M. le député de Nelligan. Continuez votre intervention...
M. Derraji : Merci, merci, M.
le Président. Et je vois que cette motion provoque tellement de débats, bien,
tant mieux, c'est ce qui est voulu, ce qu'on veut, bien, il faut avoir le
courage d'accepter la motion par la suite, il faut avoir le courage de voter
pour la motion. J'espère que les collègues vont avoir le courage, comme ils ont
eu le courage, maintenant, de m'interpeller avec un appel au règlement sur
quelque chose que j'ai dit : Pas de problème, démontrez le contraire,
démontrons le contraire, M. le Président. Si les arguments du gouvernement sont
justes et valables et ils ont des corroborateurs, que ces corroborateurs
sortent publiquement appuyer les dires du gouvernement.
C'est ce qu'on demande depuis le début, et
je suis content qu'on avance, M. le Président. Parce que, regardez, ça fait
quand même quelques motions, mais aucune, aucune, aucune motion n'a poussé le
gouvernement à intervenir. Bien, maintenant, je pense qu'on est dans le vif du
sujet parce qu'on parle des régions, on parle de l'alcool au volant. Et je remercie
le collègue qui connaît très bien les régions. Il était un ancien maire d'une
région que j'aime beaucoup. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de le rencontrer et
même d'aller dans sa région. Donc si ça provoque ce débat, votons pour entendre
l'ARQ. Je pense, on va tous s'entendre que c'est une très bonne chose. Et j'ai
vu de l'excitation tout à l'heure, M. le Président, beaucoup de collègues qui
parlaient : Dis-lui tel argument. Dis-lui tel article. C'est le fun, c'est
excellent, mais j'aimerais bien avoir le même... la même, la même énergie en
votant pour l'ARQ, chers collègues. Je pense qu'on va tous avancer, on va tous
avancer, parce que, vous savez, vous avez des bonnes questions à poser à l'ARQ,
comme les autres groupes.
D'ailleurs, il y avait pas mal de groupes,
pas mal d'éléments importants. Et pourquoi je vous dis que j'aimerais bien
avec, bien sûr, le vote du gouvernement, avoir l'occasion d'entendre l'ARQ,
parce que toutes vos questions sur : On vous a dit... J'ai rapporté, M. le
Président, ce qui circulait dans les médias sur le refus du gouvernement, parce
que les collègues d'en face...
M. Derraji : ...ils ont voté
contre la motion de baisser le taux d'alcool à 0,05. Pourquoi nous sommes là
aujourd'hui? C'est parce que la partie gouvernementale, en face de moi, ils ont
voté contre la motion d'imposer des mesures administratives à 0,05, à 0,08.
Nous sommes dans un projet de loi qui parle de quoi? De la sécurité routière.
Donc, si on veut faire très bien notre travail en tant qu'opposition
officielle, faisons-le très bien, faisons-le très bien. Les arguments que j'ai
entendus... je n'ai pas dit une personne en particulier, mais probablement
plusieurs, en mode off ou mode on, mais ce qu'on a vu dans les médias, c'était
très clair, ça risque de faire mal. Je ne nomme personne, M. le Président, pour
qu'on ne me rappelle pas à notre règlement. C'est ce qui a été rapporté par les
médias.
Donc, du moment que c'est le seul argument
que j'ai vu sur la table, bien, allons-y. Pourquoi on n'invite pas l'ARQ?
Est-ce que l'ARQ... Est-ce que quelqu'un autour de la table est mieux placé que
l'ARQ? Que l'ARQ vienne en commission parlementaire, qu'il nous corrige, qu'il
me corrige que le fait de baisser le taux d'alcool ne va pas améliorer le bilan
routier, que le fait d'imposer des mesures administratives au Québec va limiter
la consommation d'alcool au niveau des bars et restaurants. J'aimerais bien
avoir ce débat. C'est très bien. C'est comme ça qu'on va avancer dans le cadre
de ce projet de loi. Et c'est de là l'importance, M. le Président, d'une
commission parlementaire où on a la possibilité d'étudier un projet de loi,
c'est là, l'importance d'avoir ce débat, c'est ici qu'on doit avoir ce débat.
Donc, moi, je seconde mon collègue.
L'intervention, elle est bonne, je le remercie, aucun problème, je prends ses
paroles amicalement. Mais est-ce qu'il va avoir le courage de voter pour la
motion d'entendre l'ARQ? Parce que, si je suis la logique que ce que j'ai dit
n'est pas vrai et que je l'attribue à quelqu'un, pas de problème, donc, ce que
j'ai dit, aucun membre du gouvernement ne l'a dit, aucun membre du gouvernement
ou de la partie gouvernementale ne seconde ce que j'ai dit, M. le Président.
Donc, c'est très clair. S'ils sont convaincus que ce que je viens de dire, ils
ne l'ont pas dit, bien, j'espère qu'ils vont laisser l'ARQ venir et nous
expliquer c'est quoi, l'impact de baisser le taux d'alcool et imposer des
mesures administratives à partir de 0,05. C'est les meilleures personnes, et,
probablement, on va fermer ce débat une fois pour toutes parce que l'ARQ vont
nous exposer des études d'impact, des études qu'eux, ils ont entre les mains,
que ça va leur faire très mal. Donc, M. le Président, je suis désolé si, pour
le collègue, ça a été...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Ah! merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Et,
compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au mercredi 13 mars,
où elle se réunira en séance de travail. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 30)