Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 20 février 2024
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Vol. 47 N° 40
Étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d’introduire des dispositions relatives aux systèmes de détection et d’autres dispositions en matière de sécurité routière
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi
modifiant principalement le Code de la sécurité routière afin d'introduire des
dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres dispositions en
matière de sécurité routière.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par M. Émond
(Richelieu), M. Montigny (René-Lévesque) est remplacé par M. Chassin
(Saint-Jérôme) et Mme Dufour (Mille-Îles) est remplacée par M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le secrétaire. Avant de débuter, je dépose des mémoires qui ont été reçus
depuis la fin des consultations particulières.
Nous en sommes maintenant aux remarques
préliminaires pour lesquelles chaque membre dispose de 20 minutes. J'invite
la ministre à faire ses remarques préliminaires.
Mme Guilbault :Merci, M. le Président. Je ne me rappelais pas qu'on avait
des remarques préliminaires à cette étape-ci aussi, malgré que ça fait
plusieurs fois que je suis en commission. Bien, je vais être brève parce que c'est
sûr que, rendu à l'étape de l'étude détaillée, on a hâte, justement, de passer
à cette étape-là, qui est, finalement, la plus déterminante dans l'avancement
du cheminement parlementaire de notre projet de loi.
Simplement, peut être au micro, prendre le
temps de remercier à nouveau les 17, je crois, là, peut-être plus ou moins un
comme marge d'erreur, groupes qui ont pris la peine de venir nous rencontrer
pendant les consultations particulières ici, à l'Assemblée nationale. Beaucoup
de groupes aussi, qui ont par ailleurs déposé des mémoires, des commentaires, d'autres
qui nous ont fait des commentaires aussi dans la vraie vie, au fil de nos rencontres.
J'étais entre autres hier à Sherbrooke pour une belle annonce en transport
collectif et il y a une conseillère municipale qui est venue nous partager
certaines idées. On sent que c'est un sujet qui fait consensus sur son
importance dans notre société. Donc, qu'on soit un élu, qu'on soit un
partenaire, qu'on soit un groupe intéressé, qu'on soit un citoyen, ça touche
tout le monde, la sécurité routière, raison pour laquelle d'ailleurs on y va
avec ce projet de loi là et avec le plan d'action qu'on a déposé en août
dernier, notre deuxième projet de loi aux transports en à peine un peu plus d'un
an. Alors, la cadence est excellente.
Merci à mes collègues de la banquette
gouvernementale d'être ici. Le député de Richelieu, qui est peut-être un petit
peu moins habitué de notre commission, qui est beaucoup à l'Éducation, il
travaille beaucoup en éducation. Alors, merci à tous mes collègues d'être ici
encore. Salutations aux collègues des oppositions, bien sûr à vous, à la
présidence, et mes équipes. Je termine avec mes équipes, vous voyez qu'ils sont
nombreux, qui nous accompagnent aujourd'hui, des gens de mon ministère bien
sûr, des gens de la SAAQ, des gens possiblement de la Justice aussi, qui sont
avec nous pour s'assurer qu'on va être capables de répondre. Si je prends l'exemple
du projet de loi sur l'expropriation dernier qu'on a fait, qui était très,
très, très niché comme sujet, beaucoup, beaucoup de questions, on avait des
experts de l'expropriation qui nous...
Mme Guilbault :...nous ont abondamment renseignés au fil des questions,
que ce soient les questions qu'on pouvait, nous, avoir, les questions des
oppositions aussi. Alors, ce sera la même chose aujourd'hui pour mes collègues
des oppositions ou tout autre collègue qui pourrait avoir des questions autour
de la table. On aura des équipes pour nous renseigner, pour nous aider à
avancer le plus sereinement et le plus diligemment à travers ce relativement
court projet de loi, par rapport à ce qu'on a déjà fait dans d'autres moments,
mais un projet de loi, encore là, très, très important, et qui va nous aider à
améliorer encore et toujours plus la sécurité sur notre réseau routier, en
particulier pour nos clientèles vulnérables, nos enfants, nos aînés, nos
travailleurs de chantier, nos brigadiers scolaires, nos personnes à mobilité
réduite. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. J'invite donc maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle à faire ses remarques préliminaires.
M. Derraji : Merci, M. le
Président, bonjour. Premièrement, je vais prendre le temps de saluer mes
collègues de la partie gouvernementale, Mme la ministre, mes collègues, mon
collègue député de Marguerite-Bourgeoys, mon collègue du deuxième groupe
d'opposition, avec qui, j'en suis sûr et certain, on va avoir des échanges
intéressants par rapport à ce projet de loi. Je tiens aussi à saluer les
personnes qui accompagnent Mme la ministre. Sûrement, on va avoir besoin d'eux
à une étape de l'étude de ce projet de loi. Merci d'être là, merci de supporter
les longues heures et les longues semaines. Je ne sais pas combien de temps ça
va nous prendre, mais je tiens quand même à prendre le temps de vous remercier
d'être là en commission parlementaire et de répondre à nos questions par
rapport au projet de loi. Je vais aussi... Bien sûr, les membres du secrétariat
aussi, que je tiens à saluer.
• (15 h 30) •
Je vais prendre le temps, M. le Président,
de remercier les gens qui ont pris le temps d'analyser le projet de loi. Je
vais prendre un peu aussi un petit moment de revenir sur les consultations, des
consultations où nous avons eu d'écouter... nous avons eu l'occasion d'écouter
pas mal de groupes, qui nous ont soulevé des enjeux importants. Et s'il y a une
chose où on est tous d'accord, c'est l'importance de travailler pour améliorer
la sécurité routière. Je pense qu'autour de la table cet enjeu est extrêmement
important, on le voit et on l'a vu la dernière année, et il ne faut pas que ce
soit un tragique événement qui nous guide à revoir un plan, à déposer un plan
ou à déposer un projet de loi.
Donc, sur cet enjeu, M. le Président, je
vais prendre quand même le temps de saluer les groupes qui ont pris le temps de
venir en consultation parlementaire. Nous avons eu l'opportunité d'entendre une
variété de groupes venus nous partager les enjeux et leurs propositions. Et
les... si je prends un peu de recul, un pas de recul, M. le Président, en
analysant un peu les différentes propositions des groupes, elles étaient quand
même variées, donc, que ce soit au niveau du corridor scolaire, la zone
scolaire, les villes, les MRC. Il y avait pas mal de réalités où les gens nous
disaient : Faites attention par rapport à tel, à tel enjeu. On veut être
des partenaires, on veut collaborer. Il y a même des groupes qui nous ont
dit : Il faut absolument inclure les villes, même dans l'appel d'offres.
Mais ce qu'on a vu, c'est une mobilisation
autour de la sécurité routière, et ça, c'est extrêmement important, parce que
c'est l'enjeu majeur. Parler... J'en suis sûr et certain que c'est quelque
chose que vous partagez, M. le Président, et vous-même, vous avez un comté en
région. Et les propos de la FQM... je me rappelle de leur passage, pas dans
cette salle, dans l'autre salle... étaient quand même des propos d'une extrême
justesse, parce qu'ils nous ont partagé une réalité, une réalité que c'est eux
qui comprennent les corridors scolaires, les corridors de sécurité. Et ça a été
quelque chose quand même d'intéressant de voir les membres de la FQM parler de
la collaboration avec le gouvernement dans la mise en place.
Ceci étant dit, j'ai noté qu'ils avaient
des inquiétudes par rapport à l'enveloppe budgétaire, parce que, si on va
améliorer la sécurité routière, c'est un beau slogan, c'est excellent, avoir
une stratégie, avoir un plan, mais il faut que l'argent soit disponible, et, on
le voit dans le contexte actuel, je ne sais pas comment le gouvernement fera
pour mettre l'argent nécessaire pour arriver à répondre à la demande...
15 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...villes et des
MRC, en ce qui a trait à améliorer les corridors scolaires ou les corridors de
sécurité. Mais j'en suis sûr et certain qu'on va en revenir pendant l'étude
détaillée. Donc, moi, je pense que, tout au long de la commission, M. le
Président, il y avait pas mal de groupes qui ont souligné, à juste titre, l'importance
de parler de la différence entre un corridor scolaire et une zone scolaire. Ça,
c'est un élément qui est très important. On verra jusqu'à quel point le
gouvernement veut aller dans la définition d'un corridor scolaire ou dans une
zone scolaire. Nous avons eu aussi pas mal de groupes qui parlaient de baisser
la limite de vitesse. Là, maintenant, on va voir aussi la volonté du
gouvernement d'aller vers la limitation de la vitesse.
Et un autre point qui a été marquant lors
de... je dirais, des échanges, et ça a été quand même un point déterminant, M.
le Président, c'est l'intervention de CAA-Québec. Et CAA-Québec est venu en
commission parlementaire nous dire : Écoutez, il y a trois éléments
importants qui causent des accidents mortels. Il y a le cellulaire au volant,
distractions, il y a aussi, bien entendu, l'alcool au volant. Et c'est des
éléments que CAA-Québec, qui est un partenaire crédible sur la place publique
par rapport à l'enjeu de la sécurité routière... mais ce n'est pas uniquement
CAA-Québec qui était là. Donc, il y avait... il y avait d'autres groupes qui
mentionnaient que l'alcool au volant était un élément important. Et je ne peux
pas, M. le Président, ne pas parler de cette... de l'alcool au volant aujourd'hui,
parce que c'est... c'est l'absence de mesures contre l'alcool au volant. Et j'ai
entendu Mme la vice-première ministre et la ministre responsable du Transport
parler de l'alcool au volant, qu'on a les mesures les plus solides si on se
compare avec les autres provinces. Donc, moi, je note qu'il y a une absence de
mesure contre l'alcool au volant dans le projet de loi. Ça a été mentionné par
pas mal de groupes, des groupes, que ce soient des groupes scientifiques, et je
tiens à saluer la présence en commission de l'Association de la santé publique,
qui ont travaillé en... avec, j'ai toujours leur mémoire, 35 références.
Ce n'est pas uniquement de la bibliographie pour ceux et celles qui ont déjà
rédigé des mémoires, et j'en suis sûr et certain, que le député de
Saint-Jérôme, expert dans les mémoires, expert dans les références... je ne
sais pas s'il a eu le temps de lire le mémoire de l'Association de santé
publique, mais ça va faire un grand plaisir de lui partager ce mémoire pour
voir un peu l'importance des références utilisées dans le cadre des
consultations.
Pourquoi je tiens à prendre le temps, M.
le Président, et je sais que je n'ai pas beaucoup de temps? C'est parce que le
débat n'a pas été fait. Le débat, malheureusement, n'a pas été fait et j'ai
entendu d'autres collègues qui nous parlaient et écoutaient. Ce n'est pas dans
une motion du mercredi qu'on va faire le débat sur l'alcool au volant. Moi, j'espère
qu'on va le faire en commission parlementaire. Pourquoi je vous le dis qu'on
doit le faire en commission parlementaire, à part que tout est enregistré? Et j'en
suis sûr et certain que c'est ce qui nous motive tous, c'est améliorer la
sécurité routière et surtout les collisions mortelles. Et on ne peut pas, on ne
peut pas ne pas parler de l'alcool au volant encore une fois, encore une fois,
si on se base sur les groupes que nous avons entendus. Et, moi, le groupe qui m'a
le plus allumé et il m'a mis... en fait, il nous a informés, c'est quand
CAA-Québec nous informe qu'un des éléments majeurs pour les accidents mortels,
c'est l'alcool au volant. Et c'est un fléau. C'est un fléau. C'était, d'une
manière très claire, exprimé que c'était un fléau.
Donc, on a entendu au courant des
dernières semaines pourquoi on devrait mettre des mesures à partir de 0,05,
comme il se fait ailleurs, dans toutes les autres provinces au pays. J'aurais
aimé... écoutez, je ne vais pas le faire, mais j'aurais aimé avoir l'occasion
de rencontrer les anciens premiers ministres et les ministres des autres
provinces canadiennes qui ont eu ce courage politique de mettre en place les
mesures administratives. Mais, écoutez, M. le Président, si des collègues
veulent un peu...
M. Derraji : ...été fait dans
les autres provinces, ça va me faire un grand plaisir de leur partager le
résumé d'une très bonne note de notre équipe de recherche, que je tiens à
remercier, qui font un travail exceptionnel, avec un résumé des mesures
administratives. Ces mesures administratives, elles ont donné d'excellents
résultats. Je pense, notamment, M. le Président, aux arguments scientifiques.
Et, quand je dis arguments scientifiques, c'est parce que, depuis une semaine,
nous avons mis sur la table des arguments aussi scientifiques. Donc, à part
CAA-Québec, à part, même, le chef de la police de Montréal, le SPVM, à part le
coroner... je ne vais pas parler de sondages politiques, mais je vais juste
prendre le temps de dire qu'en termes d'arguments scientifiques, le fait que ce
projet de loi ne prend pas le temps de faire allusion, en aucun cas, à des
mesures pour contrer l'alcool au volant, je pense que c'est un oubli majeur, M.
le Président.
Et tout à l'heure, nous étions tous
interpellés pour voter sur le principe de ce projet de loi et nous avons voté
pour, nous avons voté pour. Il y a des gens qui vont dire : Bien, écoute,
est-ce que vous n'êtes pas en contradiction avec ce que vous venez de dire?
Non, parce qu'on croit beaucoup à la sécurité routière, M. le Président, mais
on en veut... on veut avoir le temps, en commission parlementaire, d'avoir ce
débat sur l'ensemble des éléments, et surtout venant de CAA-Québec, qui était
très clair que c'est un fléau, l'alcool au volant.
• (15 h 40) •
Donc, je vous ai mentionné, M. le
Président, l'Association de santé publique. Malheureusement, l'Institut
national de santé publique n'a pas eu le temps de venir, il n'était pas là.
J'aurais aimé les entendre en commission parlementaire. Les experts, le
coroner, M. le Président, le coroner... le coroner, lui aussi, l'a mentionné,
il a mentionné l'importance d'agir sur l'alcool au volant. Malheureusement, le
coroner n'était pas là. Donc, probablement que l'absence de ces experts autour
de la table nous empêche de faire une bonne lecture des mesures pour améliorer
la sécurité routière. Donc, c'est un débat qui était absent, malheureusement,
absent du projet de loi. Mais on ne peut pas, aujourd'hui, commencer l'étude
détaillée d'un projet de loi si important.
Et je sais que Mme la ministre... je lui
ai dit, lors des consultations, que son plan d'action, il y a pas mal de... il
y a des bons points maintenant. Maintenant, elle nous invite à étudier son
projet de loi, donc j'espère au moins qu'on va avoir le courage de faire le
tour de la question, en ce qui a trait à la sécurité routière, mais, quand je
dis faire le tour de la question de la sécurité routière, je pense que l'oubli
majeur, il est l'alcool au volant. Je sais qu'on va avoir des débats par
rapport à la définition du corridor scolaire versus la zone scolaire. Je sais
qu'on va avoir des débats par rapport à la limite de vitesse, est-ce qu'on va
aller à 30, on va rester à 50? Je sais qu'on va avoir un débat sur les moyens à
mettre en place pour permettre aux villes d'être des partenaires, des
partenaires dans la sécurité routière.
Aujourd'hui, j'ai décidé de prendre le
temps de mettre tous les points sur la table parce que j'espère qu'on va voir
un débat franc. Je sais qu'on a des experts, on a plein de questions sur... et
je tiens à l'annoncer, sur les accidents de route. Moi, j'aimerais bien que le
personnel et les gens du ministère me présentent les chiffres pour savoir quel
est le coût lié aux accidents de route quand on parle de l'alcool au volant,
c'est quoi, l'impact pour l'ensemble des contribuables québécois. Moi, je veux
que les Québécois, aujourd'hui, qu'on leur envoie un message. Ça coûte combien?
Et, quand on dit ça coûte combien... Parce qu'au bout de l'allée il y a
quelqu'un qui paie, qui paie vu qu'il n'y a pas de mesures administratives.
Parce qu'on n'est pas là pour changer le Code criminel, ce n'est pas le rôle de
notre Assemblée, mais notre rôle, c'est faire comme les autres provinces
canadiennes, où on a vu un impact positif. Je vous ai dit que, bon, les
collègues que ça les intéresse, ça en fera un grand plaisir de partager ce qui
a été fait dans les autres provinces. Et encore une fois, pour le bénéfice de
mon collègue que j'aime beaucoup, le député de Saint-Jérôme, que je n'arrête
pas de mentionner à chaque fois, j'ai de bonnes études scientifiques à lui
partager parce que je sais que c'est un homme de science, un homme de rigueur.
J'en ai pas mal.
M. Derraji : ...que je vais
réussir à le convaincre d'ici la fin de la consultation. On a eu un bon débat
dans pas mal de sujets, mais j'espère... je vais lui envoyer toutes les études
scientifiques et j'espère qu'au moins elle va être de... du côté de la science
comme elle l'était... comme elle l'était toujours.
Donc, au niveau... au niveau de ce point,
M. le Président, au niveau des experts, au début de ce que je disais dans ce
mini bloc, je parlais des autres provinces canadiennes. J'aurais aimé que... en
tant que membre de la commission, voir, voir un peu les anciens premiers
ministres et les anciens ministres qui ont... qui ont eu ce courage politique
d'agir en mode prévention. Et je dis : La prévention, en santé publique,
est un élément extrêmement important. On ne peut pas... On ne peut pas ne pas...
On ne peut pas sous-estimer l'effet de la prévention et le fait d'avoir des
mesures dissuasives. Et ça, c'est un élément important qui est complètement
absent de ce projet de loi.
Parlons... J'ai parlé de CAA Québec, j'ai
parlé... j'ai parlé de l'Association de santé publique, je note l'absence de
l'INSPQ et du coroner, mais je veux prendre quelques secondes, M. le Président,
parce qu'outre le couple qui est venu en commission parlementaire parler de
leur fille Jessica, j'ai eu l'occasion de parler avec d'autres parents
endeuillés et je vais prendre quelques secondes pour partager leurs doléances.
Ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise à prendre la parole publiquement,
ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise de parler d'une situation de deuil ou
de décès, et ils ne veulent pas être le «spotlight» d'une discussion publique,
mais ce qu'ils veulent et ce qu'ils m'ont partagé à vous partager, c'est que
c'est très important...
Une voix : ...
M. Derraji : ...ce qu'ils
nous ont demandé à vous partager en commission parlementaire, c'est de prendre
le temps d'évacuer la question de l'alcool au volant. Il n'y a pas... Il n'y a
pas de place pour des députés élus d'avoir un débat franc sur la question de
l'alcool au volant. Et je sais que ce n'est pas un débat facile, je sais que
c'est un débat qui risque de polariser, je sais que même les arguments qui ne
tiennent pas la route, de dire qu'il n'y a pas de transport en région... ou
bien... ou bien d'autres arguments que probablement... que le gouvernement
utilise... mais ce débat n'a jamais eu lieu en commission parlementaire.
Donc, clairement, M. le Président, on va
prendre le temps de le faire, on va prendre le temps parce que je veux aller
jusqu'au bout, avec Mme la ministre et, bien sûr, l'ensemble de ses collègues.
Je veux faire ce débat pour le bénéfice de tous les Québécois. Prenons le temps
de le faire. Vous avez des arguments, partagez-les. Mme la ministre du
Transport disait souvent que, malheureusement, en une minute, à l'Assemblée nationale,
on ne peut pas tout expliquer les tenants et aboutissants du pourquoi du
comment de ne pas mettre en place une telle mesure. Là, on va avoir le temps.
J'espère que tous les collègues de Mme la ministre vont prendre le temps de
dire pourquoi elle n'est pas bonne dans leur région, cette mesure. Donc, si ce
n'est pas bon dans une région, partagez-nous... partagez avec nous les
arguments. Probablement, vous allez finir par me convaincre, et je vais
dire : Probablement, ce n'est pas une bonne mesure.
Donc, moi, je veux vraiment, dans le cadre
de la sécurité routière, qui est l'élément important qui nous motive tous...
qu'on va prendre l'occasion avec nos collègues d'avoir un débat, et j'en suis
sûr et certain, des bonnes têtes autour de la table qui ont de l'expérience. Je
viens d'une région qui s'appelle Montréal, l'Ouest. Probablement, je n'ai pas
l'ensemble des éléments des autres régions où il y a un manque de transport
collectif, où il y a un manque de transport, mais j'aimerais bien, M. le
Président, que les collègues puissent intervenir, parce que vous êtes tous des
élus responsables d'une région ou d'une ville ou MRC, et j'en suis sûr et
certain... Il n'y a pas longtemps, il y a quelques jours, on voyait les effets
de l'alcool au volant dans une ville, probablement c'est Drummondville, corrige
ma mémoire.
Donc, je sais que le projet de loi, ce
n'est pas uniquement l'alcool au volant, M. le Président, qui est l'élément,
malheureusement, que j'ai noté la... où j'ai noté qu'il y a une lacune, et, quand
je dis une lacune, on ne peut pas aujourd'hui changer ou mettre en place un
projet de loi sans prendre le temps nécessaire de parler...
M. Derraji : ...cela, parce
que je ne veux pas que l'élément déclencheur, encore une fois, un jour... Je suis
à 20 minutes?
Le Président (M. Jacques) : ...
M. Derraji : Combien?
Le Président (M. Jacques) : 40 secondes.
M. Derraji : O.K. Désolé,
j'ai cru entendre 30 minutes au début. Désolé. Pas grave. Je n'ai pas
terminé mon... Mais je vais terminer, M. le Président.
Donc, autre l'alcool au volant, les
collisions mortelles avec blessés graves laissent de graves séquelles. J'ai
cité la... L'étude Nice, où on dit que le risque est multiplié par six quand il
s'agit de 0,05 à 0,08. Mais, encore une fois, M. le Président, en conclusion,
bien hâte à commencer l'étude détaillée de ce projet de loi. Bien hâte à voir
l'ensemble des collègues et à ce qu'on se donne le meilleur projet de loi pour
améliorer la sécurité routière. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. J'invite maintenant le porte-parole de la deuxième
opposition, M. le député de Taschereau, à faire ses remarques préliminaires.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, bien, je vous salue, M. le Président. Merci
de... d'officier à nos... à nos échanges. Merci. Je... Salutations à Mme la
ministre, aux collègues qui sont présents aujourd'hui et qui seront avec nous
tout au long de cette... de l'étude de cette étude détaillée, de cet important
projet de loi. Merci à toutes vos équipes aussi qui vous accompagnent. C'est
des personnes, des ressources de grande qualité. Souvent, on a besoin de vous
pour recevoir des informations, être éclairés, puis je le prends... je le dis
avec toute humilité, là, vous nous apportez aussi un éclairage, des fois, qu'on
n'avait pas soupçonné. Donc, merci pour votre présence. Merci aussi à nos
équipes d'être présentes aujourd'hui puis évidemment merci aux gens sont à... qui
rendent tout ça possible à la technique.
• (15 h 50) •
Oui, c'est un important projet de loi.
Comme je l'ai déjà dit par le passé, c'est un sujet qui me... m'intéresse,
m'interpelle depuis plusieurs, plusieurs, plusieurs années. J'en ai parlé lors
de mon allocution sur le vote sur le principe, ma relation plus politique,
disons, avec la notion de sécurité routière remonte à un accident tragique qui
avait marqué la population du Québec, là, le décès de Mathilde Blais. Donc, ça
m'avait donné l'occasion, à travers mes activités professionnelles, de
travailler justement sur des enjeux de sécurité routière avec le gouvernement
de l'époque.
Et on a vu progresser ce dossier-là de
façon intéressante, avec des résultats qui, malheureusement, n'ont peut-être pas
été à la hauteur. Puis c'est un peu... c'est un peu tout le temps ça, en fait,
le problème avec la sécurité routière. C'est qu'il y a... on a des bonnes
intentions au départ. Puis, encore une fois, je rappelle, ça... l'idée de
modifier le plan de sécurité ou d'avoir un plan de sécurité routière, de
renouveler les engagements de l'État par rapport à cet enjeu important là
découle, là, du décès de la petite Mariia Legenkovska, qui était décédée. Et
donc, c'est ça, il y a souvent ces événements-là, ces accidents, ces collisions
qui marquent un peu plus l'imaginaire, et on décide de faire avancer le
dossier. Et malheureusement, bien, on arrive souvent à la fin avec des projets
de loi qui livrent moins que ce qu'on aurait pu ou on aurait dû s'attendre.
Parce qu'il y a... Quand on ouvre un projet de loi où on va modifier, par
exemple, comme c'est le cas présentement, le code de la sécurité routière puis
un paquet d'autres lois qui vont permettre de travailler sur la notion de
sécurité routière, bien, on se limite malheureusement, pour toutes sortes de
raisons, bonnes et moins bonnes, et on ne va pas aussi loin que ce qu'on
devrait aller. Il y a moyen, donc, selon moi, à travers ce projet de loi là, et
donc je ferai écho, là, à ce que mon collègue de Nelligan a dit tout à l'heure,
de mettre de la lumière un peu sur des éléments qui ne font pas partie du
projet de loi actuellement.
Bon, la question de l'alcool au volant en
fait partie, évidemment. Puis je ne vais pas réargumenter sur ce qui a déjà été
dit, mais je partirai plutôt, en fait, là, du plan de... d'action en sécurité
routière que j'étais très content, là, de voir arriver, là, c'était en août
dernier, si ma mémoire est bonne. Mais c'est un plan d'action en sécurité
routière quand même sur cinq ans qui témoigne, selon ce qui est écrit, là, de
l'engagement du ministre des Transports et de la Mobilité durable à l'égard
d'une vision renouvelée, la sécurité routière, inspirer des bonnes pratiques,
27 mesures, six thèmes, à sécuriser par des actions porteuses, novatrices,
rassembleuses, les déplacements des usagers de la route et améliorer la qualité
de milieu de vie des citoyens.
Ça, c'est un vaste, vaste, vaste
programme. Et quand j'ai vu arriver le projet de loi, en fait, je me suis rendu
compte que finalement, on circonscrivait cela à moins de choses que ce qui
semblait être annoncé, finalement, dans le plan d'action. Puis je prendrais
l'exemple, par exemple, des corridors scolaires, qui étaient nommés dans le
plan d'action de la sécurité routière, qui, finalement, ont disparu. Puis ça a
été nommé évidemment par plusieurs groupes. On se retrouve finalement avec une
notion de zone scolaire, alors qu'on a eu de la démonstration très, très claire
de deux choses. La première, c'est que les décès et les accidents, en très,
très grande majorité, se... de...
M. Grandmont : ...de piétons,
de petits piétons qui se rendent vers l'école, là, ont lieu en dehors de la
zone scolaire. La zone scolaire, c'est essentiellement les quatre rues qui
entourent l'école. Bien, 85 % des accidents impliquant... puis on parle
d'accidents légers ou graves, là, ont lieu à l'extérieur de la zone scolaire,
et 95 % des décès suite à une collision avec un automobiliste ont lieu à
l'extérieur de cette zone scolaire là. Donc, est-ce qu'on n'est pas en train de
passer à côté de l'essentiel en essayant de s'attaquer à 5 % des accidents
qui se déroulent vraiment dans la... les accidents mortels qui se déroulent
dans la zone scolaire et 15 % des accidents qui causent des lésions
légères ou graves à l'intérieur de la zone scolaire? Je pense que poser la
question, c'est y répondre. Donc, évidemment, on va revenir sur cet élément-là.
Mais, au-delà de ça... Parce que, bon, on
aura le débat là-dessus, évidemment. Il fait déjà partie, là... on va en
discuter, c'est déjà prévu, ça fait partie du débat, en fait, là, des articles
qui sont déjà mis dans le projet de loi. Mais il y a d'autres éléments aussi
qui ne s'y retrouvent pas. Bon.
Les radars photo, on va en parler,
évidemment. Je pense que les municipalités ont été quand même assez claires sur
leurs intentions par rapport au projet de loi, elles espèrent pouvoir être un
peu mieux prises en compte dans la... dans le choix de la localisation des
emplacements. On verra qu'est-ce que la ministre pourra en dire. Mais ça me
semble tout à fait légitime de... dans le sens de ce qu'on a décidé de signer
avec les municipalités récemment dans l'entente de réciprocité, là, le nouveau
pacte fiscal, bien, de leur donner davantage d'autonomie. Donc, évidemment, si
on veut les mettre dans le coup sur la question de la sécurité routière, il va
falloir aussi leur donner une place prépondérante dans la façon de pouvoir
déployer par eux-mêmes des radars, des radars qui appartiendraient à la fois au
ministère des Transports et de la Mobilité durable, aussi des radars qui
pourraient leur appartenir, et ça, je pense que c'est quelque chose qui, à mon
avis, pourrait être envisagé. Donc, j'ai très hâte de pouvoir, évidemment,
regarder ça avec la ministre.
Tout ce qui a trait aussi aux types
d'infraction... Ça, c'est une chose que j'ai trouvé intéressante quand même du
projet de loi, hein, la notion de garder la définition, puis je pense que c'est
ce qui va occuper beaucoup le temps de Mme la ministre, là, les aspects de
concordance. On change... on appelle... on appellera ça dorénavant des
«appareils de contrôle automatisés». Donc, il y a beaucoup d'articles qui
viendront simplement mettre à jour cette notion-là. Mais, en même temps, ce que
je trouve intéressant là-dedans, c'est qu'on pourra dorénavant faire de la
supervision sur le terrain et décerner des infractions pour d'autres types
d'infraction que seulement la vitesse, et ça, je pense que c'est une nouveauté
qui est appréciable.
J'irais maintenant sur une autre notion
qui, moi, me préoccupe beaucoup, et, particulièrement, j'ai été éveillé à ça,
là, notamment quand on a pris connaissance, là, du décès de la petite Anaïs
Renaud. là, à Saint-Flavien de Lotbinière, c'est toute la question des routes
qui appartiennent au ministère des Transports... plusieurs échanges déjà avec
la ministre des Transports par rapport à cet enjeu-là. Ce n'est pas un enjeu
qui est directement traité par le projet de loi. Actuellement, le régime est
plus à l'effet d'avoir, donc, des routes qui appartiennent... des routes
régionales et nationales qui appartiennent au ministère des Transports et de la
Mobilité durable, mais dont la réalisation d'aménagements qui viendraient
sécuriser les déplacements actifs et sécuritaires sur le territoire de la
municipalité, bien, incombe davantage aux municipalités, qui se voient donner
l'opportunité d'aller chercher des subventions, mais à des montants qui sont
malheureusement souvent insuffisants, mais on a plusieurs exemples, là, qui le
montrent bien, notamment dans le cas, là, effectivement, là, de Saint-Fabien de
Lotbinière. Donc, pour moi, c'est un enjeu qui est important, parce que...
bien, c'est ça, c'est la responsabilité du ministère, c'est sa route, mais il
délègue la responsabilité des aménagements et de leur entretien qui
permettraient d'éviter des collisions qui sont parfois mortelles ou encore qui
résultent en des accidents graves ou légers.
Il y a des choses surprenantes, des fois,
dans les audiences, et d'ailleurs je remercie, là, les 17 groupes qu'on a
entendus. D'ailleurs, je ne les ai pas nommés tantôt, mais merci à ces
organismes-là d'avoir été présents puis à tous les autres aussi qui ont déposé
des mémoires, c'est toujours très apprécié, aux gens qui déposent des
commentaires aussi. Donc, je me fais un devoir de les lire. Il y a des
surprises, des fois, qui nous apparaissent, notamment la notion de protecteur
des usagers de la route. Vous savez, c'est l'organisme Pas une mort de plus, et
ça a été appuyé aussi par Vivre en ville, qui nous a dit : Ça nous
prendrait une espèce de vérificateur, quelqu'un qui s'assure de voir à
l'application de cette... de ces nouvelles dispositions qu'on va mettre en
œuvre, des nouveaux, aussi, types d'aménagements qui seront réalisés sur le
territoire québécois à travers la révision des tomes I et tome V, donc la
géométrie des rues, la... de conception des rues puis aussi la signalisation,
donc un protecteur, donc, qui aurait la charge de s'assurer de la bonne mise en
application des différentes mesures sur le territoire québécois, mais en plus
qui pourrait recevoir des commentaires, des suggestions, les...
M. Grandmont : ...à
l'occasion, peut-être, aussi, de la part des citoyens et des groupes de
citoyens, qui sont sur le terrain et qui vivent, en fait, la sécurité routière,
parfois, en constatant, là, des défaillances importantes ou encore, des fois,
simplement en exprimant un sentiment d'insécurité très, très grand. Donc, c'est
un... moi, c'est une notion que j'ai trouvée très intéressante, qui ne se
retrouve pas dans le projet de loi, mais que je juge pertinente et que,
certainement, je vais aborder avec Mme la ministre.
Bon, l'alcool au volant aussi. Bien,
évidemment, comme j'ai dit tantôt, je n'élaborerai pas beaucoup là-dessus, mais
c'est sûr que c'est un enjeu qui est très important. On sait que c'est une
mesure qui permet d'agir en prévention, de réduire le nombre d'accidents graves
et mortels sur les routes. On sait combien c'est une mesure qui peut être
efficace. On sait qu'on a le pouvoir d'intervenir à ce niveau-là aussi, dans la
mesure où on agit sur des mesures administratives, et non pas sur le Code
criminel, qui, lui, relève, évidemment, du fédéral. Mais c'est clair que, pour
nous, pour ma formation politique, la question de l'alcool au volant demeure
importante, c'est un incontournable. On en a parlé à plusieurs reprises dans
l'histoire législative du Québec. On a eu plusieurs occasions manquées. Ce
n'est pas tous les jours qu'on ouvre le Code de la sécurité routière, qu'on se
donne cette possibilité, ce pouvoir d'agir, spécifiquement, sur l'alcool au
volant.
• (16 heures) •
Et, n'en déplaise à Mme la ministre, là,
qui avait de bons arguments sur la sévérité des mesures qui sont mises en
place, une fois que le 0,08 est constaté ou que la récidive est constatée,
reste, néanmoins, que ce qui se passe entre 0,08 et 0,05 a un effet très
certain. On peut réduire de plusieurs décès sur la route, de plusieurs
accidents graves ou légers sur la route chaque année. La Colombie-Britannique -
hein, je pense que c'est l'exemple qu'on utilisait la dernière fois - a baissé
de 50 % le nombre de décès sur ses routes. On en a 85, décès sur les
routes, à chaque année, M. le Président. Si on pouvait se permettre de réduire
ça à 42, simplement en abaissant la mesure... la limite permise d'alcool, qui
est, actuellement, 0,08 au Québec, à 0,05, avec des mesures, évidemment,
d'accompagnement, de sensibilisation et d'éducation auprès de la population, je
pense que c'est 42 décès... bien, en fait, 42 personnes sauvées, en fait, dont
on pourrait absolument se réjouir. C'est une mesure qui a fait ses preuves, qui
fait ses preuves pas juste au Canada, mais aussi un peu partout dans le monde,
ça fonctionne bien. Donc, c'est clair qu'on accompagnera, là, Mme la ministre
dans les discussions relativement à cette notion-là, et puis, évidemment, là,
on déposera, éventuellement, des amendements pour cheminer à travers cette
importante disposition.
Il y a plusieurs éléments, aussi, qui ne
s'y retrouvent pas, puis c'est peut-être plus de l'innovation, mais je sais
que, là, Mme la ministre est beaucoup intéressée aux questions d'innovation,
elle en a beaucoup parlé à travers la signalisation, signalisation innovante.
J'en suis, je trouve ça intéressant. Moi aussi, des fois, je me promène dans
des différents salons de l'AQTR, et puis je vais voir les exposants, puis il y
a, effectivement, des choses vraiment intéressantes qui se produisent, qui sont
développées ici-même, souvent, au Québec, et que ça vaudrait la peine d'essayer,
à tout le moins, en projets pilotes, puis, peut-être, on va les voir se
déployer. Bien, évidemment, on sait que la signalisation ne fait pas foi de
tout. Évidemment, c'est les aménagements qui sont, d'abord et avant tout, le
meilleur outil pour garantir une vitesse réduite, qui est l'objectif qu'on
poursuit tous, là, c'est-à-dire qu'on veut avoir une vitesse moins grande en
cas de collision.
Mais j'aimerais ça aussi qu'on puisse
avoir de l'innovation, aussi, sur les véhicules eux-mêmes, quelques éléments, là,
qui ont été nommés. Je pense, entre autres, aux protections latérales de
sécurité, là, certains les appellent des jupettes de sécurité, là, mais ces
espèces de barrières qu'on a sur les poids lourds. La ville de Montréal a
légiféré, donc tous les camions qui appartiennent à la ville de Montréal se
permettent d'avoir des des barrières latérales, pour éviter que,
particulièrement aux intersections, là, sur un virage à droite, bien, des
cyclistes ou des piétons ne se retrouvent pas, finalement, pris, et passer par
le camion, et passent sous les roues arrière du camion-remorque, du poids
lourd. Donc, ça, c'est quelque chose qui est intéressant, et sur lequel on
pourrait avoir une prise, à travers le Code de la sécurité routière.
Même chose pour les miroirs antéviseurs.
Je comprends que ça relève aussi du ministère fédéral, le bureau des transports
fédéral, mais il reste, encore une fois, qu'il y a des recommandations du
coroner, qui datent de pas plus tard que novembre 2023, il y a possibilité
de... sur les camions, par exemple, qui appartiennent au ministère, dans un
souci d'exemplarité de l'État, peut-être. Bon, il y a peut-être différents
types de camions ou de flottes de véhicules qu'on pourrait doter de ces
miroirs-là, qui pourraient être intéressants et qui réduisent, très clairement,
la quantité d'angles morts, l'étendue des angles morts et la quantité d'angles
morts sur les véhicules. Puis c'est toujours un enjeu important en sécurité
routière, les véhicules lourds sont toujours surreprésentés.
Puis, bon, il y a toute la question aussi,
là, des caméras, puis, encore une fois, je reviens à la possibilité que Mme...
16 h (version non révisée)
M. Grandmont : ...la
ministre, à travers son projet de loi, là, donne... d'avoir une certaine
flexibilité sur le type... le type d'infractions qui peuvent être constatées
par une ACA... par un ACA, pardon. Bien, moi, je serai très intéressé à ravoir
de l'information, là. Vous pouvez déjà préparer vos équipes, Mme la ministre. J'aimerais
avoir un retour sur le projet pilote qui a été mené avec les caméras qui
étaient embarquées sur les autobus scolaires pour vérifier le non-respect du
panneau lumineux, une fois qu'il est déployé, quand le véhicule est à l'arrêt,
et fait entrer ou fait descendre un jeune.
Il y a plusieurs éléments aussi, là, que
je vais vouloir... qui ne font pas partie du projet de loi, mais que je vais
vouloir aborder. Évidemment, toute la question, là, de l'indemnisation à tous
les usagers de la route. Bon, on nous a appris, là, par Vélo Québec, si ma
mémoire est bonne, que l'ancien ministre des Transports avait travaillé sur...
avait mis sur pied un groupe de travail qui y travaillait, donc, puis c'était...
l'idée était de savoir si les cyclistes et les piétons peuvent être... Comment
on peut s'assurer que les cyclistes et les piétons peuvent être mieux
indemnisés par la SAAQ? Je comprends qu'il peut y avoir une certaine réticence.
Puis je vais être très heureux d'entendre la SAAQ, les personnes qui
représenteront cette organisation-là, venir nous expliquer quels sont les
freins qu'ils voient à l'élargissement du nombre de personnes qui pourraient
être indemnisées. Mais il y a clairement un deux poids deux mesures. Parce que,
si je me promène dans la rue, moi, j'ai un permis de conduire, je paie mes
cotisations à la SAAQ, mais, si je suis piéton, je me fais frapper par un
véhicule que je ne suis pas capable d'identifier. Puis ça se peut que je n'aie
pas d'indemnisation. Il y a clairement un deux poids, deux mesures, une
injustice flagrante. Donc, évidemment, il y a plusieurs éléments là-dessus qu'on
va vouloir questionner, puis évidemment, éventuellement peut-être, là, élargir
le nombre d'usagers de la route qui peuvent recevoir une indemnisation par la
SAAQ.
Oui, ensuite de ça, toute la question,
ah!, du principe de prudence. Ça, ça va être un enjeu quand même assez
important. Le principe de prudence fait partie du... du code de la sécurité
routière depuis 2018. Je faisais partie des groupes qui avaient milité à l'époque
pour que ça soit intégré. Mais il y avait... il y a... Il y a... ce principe de
prudence là a été dénaturé, en fin de compte. Quand il a été inscrit au Code de
la sécurité routière, on est venu dire... Le principe de prudence, à la base, c'est
pour dire : Bien, quand tu conduis un véhicule, bien, tu as une charge,
une responsabilité plus grande à l'égard des plus petits. C'est sûr que, quand
on est piéton, quand on est cycliste, on n'a pas cette protection de métal, de
verre, de caoutchouc autour de nous. Et donc, au volant d'un véhicule, on
devrait avoir une plus grande responsabilité, on devrait être plus prudent. On
doit faire... on est plus gros, on doit faire plus attention aux plus petits. C'est
un principe de base. Et, malheureusement, ça a été un peu dénaturé parce qu'on
est venu aussi dire, dans le même article du projet de loi... du Code de la
sécurité routière, maintenant adopté, que, dans le fond, tout le monde est
responsable de la prudence sur les routes. Mais ce n'est pas ça, l'esprit du
principe de prudence. Donc, moi, j'aimerais qu'on revoie ça, d'une part, mais
il y a aussi quelque chose d'intéressant qui nous a été transmis par l'Association
des contrôleurs routiers du Québec, qui nous disent des fois avoir de la
difficulté à être capable d'intervenir auprès de quelqu'un qui a une conduite
insouciante ou imprudente. Et ça, ça peut poser problème. Puis ce qu'on nous
disait, c'est qu'en Ontario, par exemple, ils ont cette disposition-là.
Autrement, ils sont obligés, actuellement, au Québec, d'y aller sur l'angle
conduite... conduite dangereuse, mais là, ça relève du criminel, puis montrer l'intention
criminelle n'est pas chose aisée. Puis, d'autre part, sinon, leur autre
alternative, c'est de donner un paquet de tickets, pour téléphone, vitesse, non-respect
d'un passage à niveau quand c'est un... quand c'est un camion, un poids lourd
qui circule sur la route. Puis là, à un moment donné, ils se retrouvent devant
le tribunal, puis ils doivent argumenter, puis ils ont l'air d'avoir voulu...
je reprends leur expression, mais de beurrer le... beurrer leur cas, tu sais.
Donc, ça, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas fondamentalement, alors qu'avec
une disposition comme en Ontario, bien, on pourrait avoir plus facilement une
infraction qui serait... qui serait signalée et qui dirait : Bien, cette
personne-là a une conduite qui est inconsciente ou imprudente, ou... et ça
simplifierait beaucoup le travail des contrôleurs routiers par ailleurs.
Évidemment, après ça, bien, on a plusieurs
éléments, là, qui touchent la définition des véhicules à essence, électriques.
C'est clair qu'on va vouloir aller là-dessus, là, à l'intérieur de l'étude détaillée,
s'il y a de la place, toutefois, bien entendu. Mais c'est clair que, même si on
est très content que la mobilité, la micromobilité électrique prenne de l'expansion
maintenant, aujourd'hui au Québec, je pense qu'il faut embrasser ce vent de
changement là, cette possibilité qu'on donne aux gens de se déplacer d'une
manière plus écologique, disons, qu'en utilisant une automobile, là, en termes
d'espace puis en termes de ressources utilisées puis de pétrole consommé, c'est
juste... c'est juste vraiment mieux. Mais en même temps, on se retrouve avec
beaucoup de ces nouveaux types de moyens de transport sur les aménagements...
M. Grandmont : ...puis là, ça
crée des enjeux de cohabitation qui sont extrêmement importants. Et donc on va
vouloir éventuellement toucher à ça.
Puis peut-être une dernière chose. Bien,
je profiterai ma dernière... de mes quelques secondes qui me restent pour, dans
le fond, annoncer que moi je suis très intéressé aussi à discuter avec Mme la
ministre de la possibilité de... de... de... d'imposer à la ministre à tous les
trois ans, par exemple, à dresser un bilan sur le travail qu'elle a fait, sur
les mesures qu'elle met en œuvre aujourd'hui. Il y a la SAAQ qui fait un
travail de bilan routier à chaque année, c'est une chose, elle a son propre
mandat. Mais le législateur aussi, la ministre a son propre... a ses propres
outils, et je pense qu'à intervalles réguliers... C'est pour ça que j'annonce
tout de suite, là, que je vais proposer trois ans, elle revienne devant le public,
puisse dresser son bilan et proposer des mesures pour améliorer ce bilan
routier là. Je pense que ça fait partie la vision zéro. L'évaluation doit se
faire de manière continue, de façon diligente, mais c'est essentiel pour la
sécurité du public et la confiance du public.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission
qui souhaitent faire des remarques préliminaires? Donc, avant de débuter
l'étude article par article, est-ce qu'il y a des motions préliminaires? M. le
député de Nelligan...
M. Derraji : Vous voulez que
je la dépose?
Le Président (M. Jacques) : ...donc
vous allez nous transmettre la motion?
M. Derraji : Oui. Bien, on
peut... Juste une seconde...
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M. Jacques) :
Nous reprenons nos travaux. Et, avant de suspendre le député de l'opposition
officielle, le député de Nelligan avait une motion préliminaire à déposer.
Donc, je vous invite à la lire, M. le député.
M. Derraji : Oui. Oui. Merci,
M. le Président. Et je suis extrêmement heureux de vous présenter cette motion
préliminaire. Je vais vous dire pourquoi après. Conformément à
l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin
que la Commission des transports et de l'environnement tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement
le code de la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives
aux systèmes de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité
routière, des consultations particulières et qu'à cette fin il entende dès que
possible le Bureau du coroner.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Vous avez 30 minutes...
M. Derraji : O.K. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Jacques) : ...maximum.
M. Derraji : Merci. Écoutez,
M. le Président, je vous ai mentionné au début que c'est quelque chose qu'on
doit approfondir. Et vous savez quoi? Je tiens à vous dire que nous avons parlé
avec le coroner, et il était extrêmement heureux qu'on évoque sa convocation en
commission parlementaire. Il nous a même partagé un rapport d'investigation que
j'ai... que j'ai devant moi. Il est public. C'est Me Yvon Garneau, où, M.
le Président, pas besoin de le rappeler, c'est... il a produit un rapport
d'investigation concernant...
M. Derraji : ...le décès de Mme
Stéphanie Houle, où il parle de l'identification de la personne décédée, les
circonstances du décès, et c'est un document très bien fait, l'examen externe,
l'autopsie, analyse toxicologique, une enquête criminelle, les faits, mais je
veux vous lire les recommandations, parce que probablement les recommandations,
ça va être important qu'on... qu'on... qu'on écoute attentivement ce qu'il nous
a dit.
«Afin d'améliorer la sécurité de tous les
usagers de la route sur les enjeux liés à la conduite d'un véhicule avec les
facultés affaiblies par l'alcool ou les drogues et à la vitesse excessive, ça,
on parle d'une recommandation du coroner et on parle de la sécurité routière,
je recommande au ministère de la Sécurité publique du Québec, à la Société de
l'assurance automobile du Québec ainsi qu'à Éduc'alcool de coordonner leurs
efforts afin de mettre en place des activités de sensibilisation visant à
rappeler au public l'importance de signaler aux policiers les conducteurs ayant
ou semblant avoir les facultés affaiblies par l'alcool ou une drogue. Je
recommande, et ça, c'est le bout qui est le plus important, M. le Président, je
recommande au ministère des Transports et de la Mobilité durable et à la
Société de l'assurance automobile du Québec de réaliser dans les plus brefs
délais leurs analyses respectives de la faisabilité d'abaisser le seuil limite
d'alcool dans le sang de 80 milligrammes par 100 ml à 50 milligrammes par 100
ml, qui consiste à amender le code de sécurité routière en conséquence.»
Je ne sais pas comment ça marche, M. le
Président, parce que moi aussi, ça fait longtemps que je n'ai pas siégé, Mme la
ministre l'a mentionné tout à l'heure, mais parfois même si on siège beaucoup,
on oublie. Je ne pense pas, à cette étape-ci, qu'il y a un échange. Je dois
parler pendant 30 minutes ou il y a un échange ou j'ai... on n'a pas le droit
de poser de questions, c'est juste nous? ...pouvez juste nous rappeler.
Le Président (M. Jacques) : En
fait, M. le député, chaque intervenant a le droit de parler pendant 30 minutes,
chacune des personnes responsables de leurs groupes, et dans un ordre continu.
Donc, vous ne pouvez pas... il ne peut pas y avoir d'intervention. Vous faites
30 minutes, après ça, si vous vous arrêtez avant, c'est terminé.
M. Derraji : Si j'arrête,
c'est terminé, je ne peux pas reprendre mon temps?
Le Président (M. Jacques) : Non.
M. Derraji : O.K. Merci. Je
veux juste que ça soit clair. Mais je ne vais pas prendre 30 minutes, M. le
Président, je vais juste mettre au clair le point. Donc, la motion que j'ai
devant... que j'ai... la motion préliminaire... Écoutez, j'ai le goût de vous
mettre... de mettre en ligne les recommandations, mais clairement on a une
demande claire de la part du coroner. Donc, je peux... je ne pense pas
qu'aujourd'hui la demande claire du coroner, qui nous demande... Au fait, il
cible, il recommande au ministère de la Sécurité publique du Québec et de la
Société de l'assurance automobile du Québec et ainsi à Éduc'alcool de
coordonner les efforts. Ça, c'est la coordination des efforts, je pense, c'est
quelque chose qu'on peut aborder tout au long du projet de loi. Mais ce qui est
clairement mentionné... d'ailleurs, moi, je ne sais pas si ça a été fait ou
pas, mais le coroner, il n'y a pas très longtemps, M. le Président, il n'y a
pas très longtemps... juste chercher la date, est-ce qu'on a la date de ce...
Une voix : Début octobre.
M. Derraji : Oui, le 2
octobre 2023, c'est le 2 octobre 2023. Au fait, c'est quelques jours après le
dépôt du plan d'action et même, je pense, si ma mémoire, elle est bonne, juste
avant le dépôt du projet de loi. Je ne me rappelle pas à quel moment le projet
de loi a été déposé, mais c'est dans... c'est au niveau de l'automne. Et moi,
j'en suis sûr, que Mme la ministre connaît très bien le bureau du coroner. La
recommandation au ministère des Transports était très claire, c'est qu'elle
veut une analyse respective de la faisabilité d'abaisser le taux. Donc, c'est
très clair que le coroner déjà a statué que ça nous prend une étude sur la
faisabilité d'abaisser le seuil limite d'alcool dans le sang de 0,08 à 0,05, et
il nous demande d'amender le code de la sécurité routière en conséquence. Donc,
encore une fois, je tiens à le préciser, il ne s'agit pas d'amender le Code
criminel, le seuil demeure à 0,08. Et c'est là l'importance, M. le Président,
d'avoir et d'échanger avec le coroner, parce qu'encore une fois les arguments
que nous avons entendus de la part de la partie...
M. Derraji : ...je dirais...
je ne veux pas dire qu'ils ne tiennent pas la route, mais ils ne sont pas... Je
ne vois pas aucune base ou un organisme qui les appuie.
Donc, moi, quand j'ai... j'ai un décès
accidentel, j'ai une collision routière, j'ai un rapport du coroner, que, dans
sa recommandation, il nous invite... en fait, il invite la ministre du
Transport et de la Mobilité durable, il l'invite, il l'invite à réaliser dans
les plus brefs délais une analyse respective de la faisabilité d'abaisser le
seuil de 0,08 à 0,05... M. le Président, on est dans un projet de loi qui parle
de la sécurité routière. J'ai un rapport qui est très récent. Ce n'est un
rapport de 15 ans, là, c'est un rapport très récent, au mois... l'automne
dernier, où le coroner mentionne très clairement, il veut une étude, une
analyse respective de la faisabilité d'abaisser le seuil. Mais il ne le... il
ne se limite pas à demander uniquement l'analyse respective de la faisabilité
d'abaisser le seuil, mais il demande aussi d'amender le code de la sécurité
routière, amender le code de la sécurité routière.
• (16 h 20) •
Qu'est-ce qu'on fait maintenant, M. le
Président? Nous sommes en train d'étudier un projet de loi qui vise à améliorer
la sécurité routière, Loi modifiant principalement le code de la sécurité
routière. Et j'ai... j'ai un coroner qui ne demande pas uniquement une analyse
respective de la faisabilité, donc il demande une analyse sur la faisabilité
d'abaisser le seuil. Donc, il demande au ministère du Transport. Donc, la
question que je me pose, M. le Président : quand vous avez un coroner qui
vous donne des recommandations pareilles sur la place publique, je ne sais pas
si, au ministère ou Mme la ministre a lancé une analyse de la faisabilité
d'abaisser le seuil. Mais, s'il y a eu une étude qui a été réalisée, j'espère
qu'on va la dévoiler, sinon, on va essayer de voir une demande d'accès à
l'information, si l'étude a été réalisée ou pas. Mais, ce qu'il nous demande
clairement, c'est amender le code de la sécurité routière. Il nous le demande.
C'est très récent. Et ça, c'est le coroner, c'est le bureau du coroner.
D'ailleurs, je tiens à saluer Maître Garneau, avec qui nous avons eu des
échanges. Et je vous le dis, c'est un rapport d'investigation à l'intention des
familles des proches et des organismes pour la protection de la vie humaine.
Quand on dit, M. le Président, on sauve des vies, et c'est ce qu'on veut, c'est
ce qui nous motive.
Ce qu'on voulait, nous, avec cette motion
préliminaire, c'est demander aux membres de cette commission, aux collègues
autour de la table : est-ce que ça vous intéresse d'écouter le coroner? Le
coroner a fait une étude, il a analysé un cas, il a mis sur la table des
recommandations. Et il y avait deux recommandations. La première, c'est
l'analyse de la faisabilité d'abaisser le seuil. Au fait, il nous a interpelés
sur ce que nous avons vécu à l'intérieur du Parlement la dernière semaine, la
motion où les collègues de la CAQ, ils ont voté contre baisser le seuil à 0,05.
J'ai le coroner en parallèle, que, lui, il demande au ministère qui est
responsable de ce projet de loi de faire une analyse pour baisser le seuil,
donc il le demande, de faire l'analyse, mais, encore une fois, je vais le
répéter, il ne demande pas uniquement l'analyse, mais il demande : amendez
le code de la sécurité routière.
Donc, M. le Président, j'aimerais bien...
j'aimerais bien... j'aimerais bien que les collègues se prononcent tous comment
ils voient la recommandation du bureau du coroner. Ça, c'est des... c'est
sur... Le décès est arrivé où?
Une voix : ...
M. Derraji : Oui. Je pense
que c'est un collègue, un collègue caquiste, qui est dans la ville de
Drummondville, oui, oui, vous me confirmez, de M. le député de Saint-Jérôme.
Donc là, j'ai un rapport du coroner qui parle d'un décès dans un comté.
Comment... comment on va répondre à ce que... On parle maintenant d'un code de
sécurité routière dans un projet de loi, et j'ai devant moi une demande, une
recommandation du coroner, et cette recommandation du coroner nous demande deux
choses...
M. Derraji : ...l'étude de
faisabilité, je sais que, malheureusement, je ne peux pas demander aux gens du
ministère s'ils ont commencé une étude de faisabilité, probablement, ça va
arriver un peu plus tard dans l'étude du projet de loi, mais l'étude de
faisabilité, d'abaisser le seul, s'il vous plaît, si vous en avez une, je suis
preneur, je peux arrêter l'échange maintenant. Si c'est dans les options à
faire, bien, j'aimerais bien qu'on... qu'on ait une réponse, si c'est dans les
plans du ministère, allez dans ce sens.
Mais encore une fois, M. le Président, je
vais prendre quelques minutes pour parler d'amender. Et quand je dis amender le
code de la sécurité routière en conséquence, le coroner était très clair, dans
une note en bas de page, il mentionne : «Il s'agit bien du Code de la
sécurité routière québécois». Donc, pour les gens qui essaient de mélanger
tout, on ne parle pas du Code criminel, ça n'a rien à voir avec le Code
criminel. Le Code criminel, le seuil demeure 0,08 milligramme par
100 ml, ça reste à 0,08. On ne parle pas du Code criminel.
Et vous savez, M. le Président, le débat
de la dernière semaine portait justement sur baisser les seuils. Donc, quand on
vous dit que nous on suivait les recommandations des experts, c'est parce
qu'entre autres on s'est basés sur une recommandation du coroner qui nous
demandait sur la place publique, le rapport, il est public, on parle de l'étude
de faisabilité, d'abaisser le seuil, donc il demande, il mandate le ministère à
la faire. Pendant que le ministère lui-même parle de la sécurité routière, je
vous ai mentionné que c'est un oubli majeur dans ce projet de loi, l'alcool au
volant. Pendant qu'on préparait le projet de loi sur l'alcool au volant, et je
comprends Mme la ministre, elle parlait de son plan d'action, mais, vous savez,
s'il y a un oubli, pourquoi on fait des commissions parlementaires? C'est pour
qu'on s'ajuste, qu'on amende, qu'on modernise et qu'on ait le meilleur projet
de loi.
Donc, encore une fois, le coroner nous a demandé
d'amender le Code de la sécurité routière. Donc, on ne peut pas aujourd'hui
passer sous silence cette recommandation, on ne peut pas aujourd'hui faire
abstraction qu'il n'y avait pas de rapport du coroner, on ne peut pas. Ça veut
dire que, nous, en tant qu'élus, ont avons... nous avons oublié un élément
important, surtout que le coroner est impliqué dans les accidents de route. Il
y avait un rapport d'investigation, je vous le dis, moi, je le dépose, M. le
Président, aux membres de la commission, si vous permettez, là. Moi, j'espère
que les collègues vont le lire, parce que ça... je vous le dis, j'aimerais
bien, et j'aimerais bien... il y a six bonnes pages, il y a six, six bonnes
pages.
Je vais interpeller mon collègue de
Saint-Jérôme encore une fois, j'espère qu'il va lire le rapport du coroner,
mais je vous le dis, j'interpelle tous les collègues. Il ne faut pas... je ne
vise personne, mais je vous le dis, je veux qu'on collabore ensemble et qu'on
avance ensemble dans la réflexion. C'est juste j'aime ça, taquiner le député de
Saint-Jérôme, et il le sait très bien, mais ça ne me dérange pas d'interpeller
tous les collègues qui sont en face de moi, je vous invite à lire le document.
Ça a été déposé?
Le Président (M. Jacques) : M.
le député, est-ce que vous voulez déposer un document distribué aux collègues?
M. Derraji : Oui, oui, oui,
aucun problème. Écoute, ils sont tous...
Le Président (M. Jacques) : Donc,
juste aux collègues, de toute façon, c'est un document public, ou sur le
dossier public de la commission.
M. Derraji : Oui, oui, en
toute collégialité. Écoutez, moi, j'aimerais bien... j'ai hâte d'entendre mes
collègues me challenger sur ce rapport. Moi, j'adore... écoute, c'est pour cela
je vous ai posé la question : Est-ce que mes 30... Moi, je n'ai aucun
problème à partager mes 30 minutes avec les collègues. Moi, je veux qu'ils
m'interpellent sur les recommandations du coroner. Et j'aimerais bien que Mme
la ministre m'interpelle, elle connaît très bien le bureau du coroner, elle le
connaît très bien. Là, c'est une recommandation du bureau. Et vous savez quoi?
C'est tombé au même moment du dépôt du projet de loi, c'est au même moment. On
ne peut pas faire abstraction à cette recommandation parce que si le bureau du
coroner nous a juste demandé : Écoutez, faites une étude, une étude de
faisabilité, faisabilité d'abaisser le seuil. C'est ce qu'il nous demande. Non,
non, non, il ne veut pas qu'on se limite en tant que parlementaire parce qu'il
a interpellé Mme la ministre. Il a interpellé le ministère, mais il nous a
demandé formellement nous a demandé formellement d'à part faire l'étude pour
baisser le seuil limite d'alcool
M. Derraji : ...0,05,
d'amender, amender le code de la sécurité routière, s'il vous plaît. Il n'a pas
dit «s'il vous plaît», il a dit «en conséquence». Moi, je rajoute «s'il vous
plaît». Donc, on... amender. M. le député de Saint-Jérôme, la lettre, elle est
déjà envoyée. Donc, lisez-la, s'il vous plaît. On peut s'en parler après.
Donc, c'est pour cela que je trouve, M. le
Président, extrêmement pertinent, dans le débat actuel sur la sécurité
routière, mais aussi pour réaliser la volonté de Mme la ministre qui veut agir
en matière de sécurité routière, d'entendre le coroner, de voir pourquoi,
pourquoi, selon lui, c'était important d'avoir cette recommandation. Je ne
pense pas qu'il a conclu cette recommandation sans se... sans se baser sur des
faits, sans se baser sur des arguments solides.
Donc, encore une fois, M. le Président, je
pense que le fait d'écouter le coroner va rassurer les collègues qui cherchent
des arguments solides pour justifier la baisse du taux d'alcool à 0,05. Et je
sais que nous sommes tous à la recherche de ces arguments. Ce qu'on veut, c'est,
à l'intérieur de ce code que Mme la ministre s'apprête à moderniser, avoir le
meilleur code de sécurité routière. D'ailleurs, démontrer juste notre bonne
volonté, nous avons voté pour le principe. Et je reste convaincu qu'on va se
donner du meilleur...
(Interruption) Excusez mes dégâts. On va
se donner le meilleur... au meilleur code de sécurité routière.
• (16 h 30) •
Alors, M. le Président, je ne sais pas,
les collègues, ils pensent quoi par rapport à ce rapport. J'ai interpelé mon
collègue de Saint-Jérôme et j'aimerais bien aussi entendre mon collègue de
Taschereau, qui, j'en suis sûr et certain, je ne vais pas lui mettre des mots
dans la bouche, mais écoutait le coroner et surtout sa recommandation. Et, je
vous ai dit, tout ça s'est déroulé, malheureusement, malheureusement, s'est
déroulé très récemment. Le rapport a été produit le 2 octobre, le décès,
malheureusement, était le 1er octobre 2021, une femme de 46 ans à
Drummondville, donc à Drummondville, et le rapport a été produit le
2 octobre 2023.
Donc, j'ai devant moi un rapport du
coroner déposé au même moment. Je précise, le rapport du coroner est déposé au
même moment de la réflexion de Mme la ministre sur son projet de loi
n° 48, Loi modifiant principalement le code de la sécurité routière, au
même moment, pour les gens qui nous suivent. Le projet de loi a été déposé
quand? La date, juste pour s'assurer qu'on coordonne nos dates?
Une voix : ...
M. Derraji : Je pense, moi
aussi.
Une voix : ...
M. Derraji : Exactement.
Donc, j'ai un rapport du coroner, M. le Président, daté... daté du
2 octobre 2023, c'est très important, les détails, 2 octobre 2023, le
rapport du coroner par rapport à un accident où l'alcool au volant était une
des causes. Avec beaucoup de discussions...
Une voix : ...
M. Derraji : Le
8 décembre. Merci. Cette recommandation vient avec beaucoup
d'argumentaires. Et j'invite les collègues à lire la page quatre, la page
quatre de six : «Récemment, dans un plan d'action en sécurité routière au
Québec, on réalise que notre province affiche son pire bilan depuis les
15 dernières années. Afin de corriger les statistiques désastreuses, on
verra renaître la Table d'action concertée en sécurité routière. Comme les avis
de cette dernière seront précieux, j'espère qu'elle recommandera un abaissement
du taux d'alcool maximal dans le sang pour la conduite automobile, tel que le
recommande déjà depuis une décennie l'Institut national de santé publique,
l'INSPQ. Le Québec serait la seule province à être anachronique avec une limite
de 80 milligrammes par 100 ml de sang. Pourtant, la preuve est faite
quant à la diminution des accidents mortels depuis l'instauration d'une limite
inférieure à 50 milligrammes ailleurs au Canada et...
16 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...dans le
monde. Ce ne sont pas mes propos, mais j'en suis sûr et certain, il y a des
gens qui vont se reconnaître. Ils vont voir ce que... ce que j'ai mentionné
tout au long de la semaine, sur toutes les tribunes, y compris dans la motion
du mercredi, ce sont les paroles du coroner.
Je vais quand même continuer, M. le
Président. Je fais une recommandation à la fin de ce rapport afin de pallier le
fait que le plan d'action, mis de l'avant par les autorités compétentes, ne
mentionne nullement de projet d'amendement au Code de la sécurité routière à ce
chapitre. Les mesures... de ce type de règlement seront laissées au
législateur, seront laissées au législateur. Donc, j'invite les collègues à
aller lire la page 4.
Alors, M. le Président, il y a d'autres
éléments où il parle des prélèvements sanguins analysés au laboratoire de
science judiciaire. Mais j'invite et j'attire l'attention des collègues à aller
lire la discussion. ...quand on vous dit : Nous, on se base sur des
rapports, on se base sur des éléments et des études scientifiques. On n'invente
pas nos arguments. On ne les ramène pas. On se base sur l'analyse et les
recommandations. Et je pense qu'avec ce que nous avons entendu maintenant, ce
que je vous ai partagé avec cette motion préliminaire, je pense que les membres
de la commission, les membres de la commission vont sortir tous... Je dirais,
ça... ça va être un échange intéressant avec... avec Me Garneau, parce que
Me Garneau le formule d'une manière très éloquente, M. le Président. Je
vous le dis : Je fais une recommandation à la fin de ce chapitre afin de
pallier le fait que le plan d'action... On parle du plan d'action. Il parle du
plan d'action mis de l'avant par les autorités compétentes. Il parle de quel
plan d'action? Il parle du plan d'action déposé... Il ne mentionne nullement,
nullement de projet d'amendement au Code de la sécurité routière.
Donc, on est devant un fait. C'est un
choix politique. C'est un choix politique de la CAQ de ne pas donner suite au
rapport du coroner. C'est un choix politique de ne pas amender. Et il nous
interpelle par la suite : Les mesures... de ce type de règlement seront
laissées au législateur. Ça veut dire, il nous demande de baisser le seuil,
mais aussi d'ajouter les mesures nécessaires par la suite.
Je vais continuer, M. le Président, parce
que je ne vais pas vous parler de... C'est pour cela, je vous ai mentionné que
j'aime ça que les collègues, s'ils peuvent le lire, ça va me faciliter la tâche
par la suite. Mais j'ai pris la peine de lire les recommandations, mais aussi
de mentionner la page 4 du rapport du coroner. On parle de la discussion.
Et j'ai bien hâte, M. le Président, de voir les collègues où ils logent par
rapport à cette proposition d'inviter le bureau du coroner et, bien entendu, monsieur....
Me Yvon Garneau. Moi, je pense que c'est une très bonne chose. On ne peut
pas faire abstraction... on ne peut pas faire abstraction à cette
recommandation. On ne peut pas aujourd'hui, si on veut faire réellement les
choses, si on veut vraiment améliorer le bilan de la sécurité routière... Et je
le dis encore une fois : Soyons du bon côté de la chose. Et rien n'arrive
pour rien. Ce que nous sommes en train de vivre... Probablement, on risque de
sortir gagnant de cette histoire, et je pense que le coroner nous donne une
occasion... nous donne une occasion importante de suivre sa recommandation, de
voir pourquoi il demande l'étude de faisabilité, mais pourquoi il veut amender
le Code de la sécurité routière.
Donc, je termine, M. le Président, et j'espère
qu'on va donner suite à la recommandation du coroner. Et j'espère... je vous le
dis, je formule le vœu de ne pas recevoir un autre rapport du coroner et dire :
On a manqué le bateau. Je ne veux pas que demain il y a un autre rapport du coroner,
où on va avoir les mêmes conclusions. On n'est pas à l'abri, M. le Président,
que demain un autre rapport du coroner... le coroner va nous rappeler qu'au
mois d'...
M. Derraji : ...octobre 2023,
il n'y avait nullement la présence ou une mention de baisser le seuil dans le
plan d'action de Mme la ministre, et qu'on se retrouve dans la même boucle, un
accident où l'alcool était l'enjeu, le même rapport, même chose, la même
discussion et les mêmes recommandations. Donc... Parce qu'on n'est pas à
l'abri... et j'espère qu'on va garder tout cela en tête... on n'est pas à
l'abri d'un autre accident mortel, un accident de la route, une collision où
l'alcool, il est là, et qu'on va voir une enquête du coroner qui va nous
interpeller, en tant que législateur. Ça va être quoi, notre réaction? On a
manqué le bateau, on n'a pas eu le courage politique de la traiter et on n'a
pas eu le courage politique de donner suite à la recommandation du coroner.
Donc, je fais cette mise en garde
pourquoi? Je fais cette mise en garde parce que je ne peux pas, aujourd'hui,
avec l'ensemble des éléments, et les données scientifiques qu'on a sur la
table, et surtout, ce rapport du coroner, faire abstraction de cette
recommandation. La notion du temps est très importante. Le rapport est venu au
bon moment. Malheureusement, le décès est survenu en 2021, le rapport est venu,
en 2023, nous dire : Écoutez, il y a un oubli dans le plan d'action de la
ministre, l'oubli, dans le plan d'action, de ne pas parler de l'alcool au volant,
et, par la suite, il nous demande d'amender le Code de la sécurité routière.
Alors, s'il vous plaît, j'espère, M. le Président, qu'on va donner suite à
cette motion préliminaire. Premièrement, respecter les recommandations et la
recommandation du coroner. Il mentionne aussi des éléments importants dans son
rapport, que j'ai mentionnés tout à l'heure, par rapport à l'étude de l'INSPQ,
par rapport aux statistiques désastreuses et par rapport à la Table d'action
concertée en sécurité routière.
• (16 h 40) •
Alors, M. le Président, j'ai bien hâte...
Et je vois l'intérêt de Mme la ministre. J'espère que je peux le prendre, que
c'est positif, et qu'on va entendre le coroner. Mais je tiens vraiment, je
tiens vraiment, M. le Président, que cette motion préliminaire, qu'on donne
vraiment suite, qu'on donne vraiment suite à la recommandation du coroner, de
Me Garneau, qui nous interpelle directement, en tant que législateur, qui nous
interpelle en tant que législateur. Alors, M. le Président, je vois qu'il y a de
l'intérêt de la part de la partie gouvernementale. J'espère que ça va être
positif. J'espère qu'on va donner suite aux recommandations du coroner, et
j'espère que sa discussion ne sera pas jetée dans la poubelle ou dans une
déchiqueteuse, et j'espère... Ce qu'il nous demande par rapport à l'étude de
faisabilité, et d'amender le Code de la sécurité routière, ça va nous aider à
avancer, pour qu'on se donne tous le meilleur Code de sécurité routière, et on
va tous applaudir le travail de Mme la ministre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. M. le député de Taschereau, vous avez aussi une
période de 30 minutes. Mme la ministre, vous voulez intervenir maintenant?
Mme Guilbault :Bien, c'est parce que ma compréhension, des fois, de la
procédure est peut-être inexacte, mais...
Le Président (M. Jacques) : Bon,
la procédure, c'est-à-dire, vous intervenez une seule fois lors de l'ensemble
du débat de la motion préliminaire et vous avez une période de 30 minutes,
comme les porte-parole de chacune des oppositions. Est-ce que vous souhaitez
intervenir maintenant ou après que les collègues...
Mme Guilbault :Bien, je penserais que oui, parce que peut-être que ça va
éclairer mon collègue de Taschereau, parce que, comme la motion porte sur un
sujet précis, j'ai une réponse précise à ce sujet là.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Merci, Mme la ministre, donc je vous cède la parole.
Mme Guilbault :Bon. Alors, comme la motion porte sur le fait d'entendre le
Bureau du coroner, je tiens simplement à informer les collègues, autour de la
table, que le Bureau du coroner a dûment été convié aux consultations et a
décliné, par lui même, l'invitation le 29 janvier, en disant : «Nous avons
bien reçu votre invitation et vous en remercions. Après analyse, nous n'avons
pas de commentaires à formuler concernant le projet de loi n° 48. Nous
constatons que la Loi sur les coroners et ses règlements d'application, de même
que les opérations du Bureau du coroner, ne sont pas visés par le projet de
loi. Étant donné le rôle du Bureau du coroner, et notre compréhension de la
portée du projet de loi, notre comparution devant les membres de la commission
ne nous semble pas présenter une valeur ajoutée pour les parlementaires.» Donc,
ça conclut mon intervention, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, M....
M. Grandmont : ...M. le Président,
je reçois très positivement, en fait, la motion qui est présentée par mon
collègue de Nelligan, malgré ce qu'en a dit Mme la ministre, là, c'est clair
que dans tous les cas, ça demeure un angle sur lequel il faut absolument
travailler, la question de l'alcool au volant. Puis je pense que c'est vraiment
là-dessus, en fait, que le coroner pourrait apporter son éclairage. Donc, moi,
si, évidemment, il y a de l'ouverture du côté de la partie gouvernementale à
revoir leur position ou en fait à accepter la motion préliminaire et à
retourner voir le bureau du coroner pour les informer de l'intérêt que nous
portons à leur éclairage sur la question de l'alcool au volant, je pense que ça
serait intéressant. Après ça, bon, peut-être que le bureau du coroner fera
rebelote et décidera à nouveau de refuser de participer à la commission, d'être
entendu. Mais moi, je pense qu'ils auraient quelque chose à apporter. Peut-être
qu'à l'intérieur du projet de loi tel qu'il est écrit, le bureau du coroner ne
voyait pas d'angle ou de possibilité d'intervenir. Mais, s'il y a une ouverture
du côté de la partie gouvernementale à traiter de la question de l'alcool au
volant, bien, peut-être que le bureau du coroner serait intéressé, lui, à être
partie prenante et à être entendu éventuellement. Donc, moi je serais très,
très curieux, très intéressé de voir qu'est-ce qu'on peut... comment un retour
vers le bureau du coroner pourrait changer la donne ou changer sa vision d'une
éventuelle participation.
Cela dit, je pense que le bureau du
coroner... bien je pense que la ministre, Mme la ministre, est d'accord avec
nous, puis connaissant ses... ses antécédents professionnels, je pense qu'elle
a une grande estime, là, pour le bureau du coroner. C'est une institution qui
est importante au Québec, c'est une institution qui a pour objectif de répondre
à des questions importantes en cas de décès au Québec et est en mesure de
fournir des recommandations qui doivent être entendues. Après ça, comme
législateurs, on peut décider évidemment de ne pas donner suite aux
recommandations du coroner, mais il reste quand même que ça vaut la peine, à
tout le moins, d'en débattre. Et moi aussi, je m'appuierai, là, sur le jugement
qui a été rendu public le 10 octobre 2023, dans lequel le Bureau du coroner
avait annoncé le dépôt, là, de son rapport d'investigation du coroner Garneau,
portant sur le décès de Mme Stéphanie Houle, qui était survenu, lui, le 1ᵉʳ octobre
2021, à la suite d'une collision routière, alors que Mme Houle était passagère
d'un véhicule qui circulait sur le chemin Hemming à Drummondville. Donc, dans
son rapport, bien, le... dans son rapport, pardon, le coroner Garneau indiquait
notamment que des prélèvements sanguins analysés au Laboratoire de science
judiciaire et de médecine légale de Montréal avaient révélé une alcoolémie de
près de deux fois la limite légale pour le conducteur au moment de la perte de
contrôle du véhicule. Donc, évidemment, on est au-delà du 0,08, mais on
comprend que, malgré tout cela, le coroner fait une recommandation qui touche
le 0,05. J'y viens tout à l'heure.
Son investigation a également démontré que
certaines personnes ont pu être témoins de sa consommation d'alcool avant qu'il
ne prenne le volant du véhicule avec Mme Houle. Là, on touche un point à travers
cette affirmation-là qui est important. Je me souviens, là, quand on a
rencontré les gens de... M. Bittar, Mme Riviera... Rivera, pardon et... pardon,
peut-être que je me mélange, mais, en tout cas, peu importe, mais je sais qu'on
a eu ces discussions-là pendant les audiences. On disait entre autres que,
bien, tu sais, c'est au... Il y a des formations qui sont offertes aux
tenanciers de bars pour faire de la surveillance, pour s'assurer que, bien, à
partir d'un certain moment, la personne qui est au bar, bien, arrête de servir
de l'alcool à des personnes et même agissent... agissent en prenant les clés de
la personne pour éviter qu'elle prenne la route. Tu sais, ce n'est pas... ce
n'est pas le ressort des gens, ce n'est pas dans la définition de tâches des
personnes qui servent de l'alcool dans un bar que de faire de la surveillance
sur la quantité d'alcool que les gens ont dans le sang. Très difficile en un
seul coup d'oeil de juger si la personne est capable de tolérer l'alcool, est
en situation de fatigue, a combiné ça avec d'autres substances, ce n'est pas
évident. Puis c'est une très grande responsabilité qu'on leur donne à ces
personnes-là. Puis, souvenez-vous, les discussions, M. le Président, on nous
disait qu'ailleurs, au Canada, il y a les tenanciers de bars qui se font... qui
sont poursuivis aujourd'hui pour ne pas avoir... pour ne pas avoir... pour ne
pas être intervenus auprès de personnes qui n'auraient pas dû prendre le
volant. Est-ce que c'est une voie dans laquelle on veut s'engager au Québec? À
ma connaissance, il n'y a jamais eu de cas répertoriés de poursuites envers des
tenanciers de bars. Mais moi, je ne souhaiterais pas ça. Moi, ce que j'espère,
c'est que les bonnes personnes aient les bonnes responsabilités, que le
législateur puisse aller sur le 0,05, en disant... bien, d'abord,
responsabilisez-vous comme individus, soyez vigilants. 0,08, c'est... c'est du
domaine du criminel, mais dès 0,05, il pourrait y avoir des sanctions. Et
d'autre part, bien, après ça, bien, les tenanciers de bars à faire leur job qui
est de faire rouler un commerce tout simplement, c'est ça, leur...
M. Grandmont : ...boulot.
Après ça, bon, il y a tout... il y a tout... il y a tout l'environnement, les
personnes qui sont avec la personne. Moi, je pense que ce qu'on doit viser
comme responsabilisation individuelle et collective, c'est de dire que
dorénavant, bon, on prend soin des personnes qu'on désigne comme conducteurs,
conductrices désignés. J'avais déjà évoqué la possibilité, par exemple, dans
des restaurants, que les restaurateurs offrent les boissons et le repas, voire
le repas. J'ai des... Il y a des cas qui m'ont été racontés, qui m'ont été
rapportés, l'exemple, dans le monde, où finalement les restaurateurs, les
tenanciers de bars offraient des gratuités, certaines gratuités à la personne
qui était désignée chauffeur ou chauffeuse désigné, et après ça, bien, on
laisse les gens faire la fête. L'objectif, à travers une mesure où on
abaisserait le taux d'alcoolémie permis au volant de 0,08 à 0,05, n'est pas
d'empêcher les gens de faire la fête, mais de le faire de façon responsable en
s'assurant qu'ils puissent rentrer de façon sécuritaire à la maison. Donc, tout
ça pour dire que c'est à travers cette motion-là... Puis, le fait de pouvoir
entendre le Bureau du coroner, je pense qu'on pourrait avoir une discussion
intéressante sur justement la responsabilité du législateur dans ce cadre-là,
hein, la bonne personne, la bonne responsabilité.
• (16 h 50) •
Donc, je poursuis sur le coronaire. Il
disait qu'à la suite de son analyse complète des causes et des circonstances du
décès et afin d'améliorer la sécurité de tous les... de tous les usagers,
pardon, de la route sur les enjeux liés à la conduite d'un véhicule avec les
facultés affaiblies par l'alcool ou les drogues et à la vitesse excessive, Me
Garneau recommandait deux choses, d'abord, au ministère de la Sécurité publique
du Québec, à la Société de l'assurance automobile du Québec ainsi qu'à
Éduc'alcool de coordonner leurs efforts afin de mettre en place des activités
de sensibilisation visant à rappeler au public l'importance de signaler aux
policiers les conducteurs ayant ou semblant avoir les facultés affaiblies par
l'alcool ou une drogue, évidemment, on veut continuer à le faire, c'est
important, puis je pense qu'entre nous autres aussi, c'est sécuriser, mais,
d'abord et avant tout, de désigner une personne, mais la deuxième chose, qui
est très importante aussi, au ministère des Transports et de la Mobilité
durable et à la Société de l'assurance automobile du Québec, de réaliser dans
les plus brefs délais leur analyse respective de la faisabilité d'abaisser le
seuil limite d'alcool dans le sang de point huit milligrammes par
100 millilitres de sang à, donc, point zéro cinq, qui consiste à amender
le code de sécurité routière en conséquence.
Bon, qu'est-ce qu'on peut dire là-dessus?
D'abord, que ce rapport-là a été rendu public le 10 octobre dernier. Le
projet de loi de la ministre des Transports et de la Mobilité durable a été,
lui, dévoilé, rendu public, déposé le 10 décembre dernier. Donc, il s'est
écoulé deux mois entre le rapport du coroner et le dépôt du projet de loi
n° 48. Comment n'a-t-on... Comment on a pu éviter d'intégrer la notion
d'alcool dans le sang, la limite d'alcool permise dans le sang quand on est au
volant dans le projet de loi? On a eu deux mois, là. Quand le rapport est
sorti, deux mois après, c'était le projet de loi. Comment on peut éviter,
esquiver cet élément-là, alors qu'on touche... puis on a un projet de loi qui
touche la sécurité routière? L'objectif est d'améliorer, à travers ce projet de
loi là, le bilan de sécurité routière au Québec. C'est ça, l'objectif. Donc,
comment on peut éviter, après deux mois, cet élément-là qui, pour moi, est
comme l'éléphant dans la pièce? Il y en a plusieurs, petits éléphants, là. Puis
ça, lui, c'est le plus gros dans tout ce projet de loi là. C'est un sujet qui
est récurrent. On en parle tout le temps. On a eu des projets de loi qui ont
été déposés en 2007, en 2010. Ça revient continuellement. Il y a des... Il y a
eu plusieurs coroners qui se sont prononcés sur la notion de l'alcool au
volant. C'est un enjeu qui revient systématiquement. Comment on peut éviter ce
projet de loi... cet élément-là, ce thème-là de l'alcool au volant à travers le
projet de loi n° 48?
La seule raison qui, à mon sens, pourrait
expliquer le fait que ça ne se trouve pas dans le projet de loi n° 48,
c'est qu'on a des études au gouvernement qui montrent que baisser le taux
d'alcool, le faire baisser de 0,08 à 0,05, bien, ça ne donne pas les résultats
escomptés. Lors de l'interpellation qui avait été... qui avait été initiée, là,
par les collègues de l'opposition officielle, j'avais demandé à la ministre de
déposer les études qui sous-tendaient, qui lui permettaient de prendre la
décision de ne pas abaisser le taux d'alcool à 0,05. C'est la seule raison que
je vois. Il y a des études à quelque part, au ministère des Transports et de la
Mobilité durable ou à la Société de l'assurance automobile, qui lui permet de
ne pas... de choisir de ne pas abaisser le taux d'alcool à points 0,05
comme partout au Canada, sauf en Saskatchewan, je le rappelle toujours, qui est
0,04, comme en Europe, où on est 0,00 à 0,05, donc zéro alcool dans le sang à
0,05, sauf une place, encore une fois, au Royaume-Uni, à 0,08 aussi. Donc,
j'imagine qu'il y a des études.
Donc, je le redemande aujourd'hui à
travers cette discussion-là, qui porte essentiellement sur la motion
préliminaire déposée par le député de Nelligan, bien, que la ministre des Transports
dépose ces études-là, qu'on puisse en prendre connaissance, au moins qu'on
puisse faire le débat. C'est clair qu'on aura des propositions d'amendements
éventuellement. Moi, j'aurais beaucoup aimé qu'on puisse entendre le coroner
sur cette question-là spécifique, c'est... il y a une expertise là...
M. Grandmont : ...dont on
aimerait beaucoup bénéficier. Mais au-delà de cette présence du coroner, qu'on
pourrait entendre éventuellement dans une audience en marge, là, de l'étude
détaillée du projet de loi, bien, qu'on puisse avoir les études qui
sous-tendent la décision de la CAQ de ne pas abaisser le taux d'alcool de 0.08
à 0.05. Il y a quelque chose, là, qui... que j'ai besoin d'avoir.
Puis j'ajouterais aussi que, bon, la
ministre a dit : Oui, mais mon projet de loi répond à un plan d'action
très précis sur la sécurité des usagers piétons autour des écoles
essentiellement puis des radars photo. C'est vrai que des radars photo,
nous-mêmes, on en avait beaucoup parlé dans la dernière année. Je me souviens
de propositions qu'on avait faites, là, d'un radar devant chaque école qui en
faisait la demande. Évidemment, c'est un moyen qui est intéressant puis qui est
transitoire par ailleurs, je le rappelle, là, hein? Ces radars-là,
malheureusement, vont générer des revenus. C'est un peu le principe de base.
Bien que ces revenus-là servent après ça à faire des aménagements. Bon, ça, on
le traite bien quand même dans le projet de loi. Ça, je suis très content. Mais
Mme la ministre avait dit : Je ne peux pas élargir... ou je ne veux pas
élargir à d'autres éléments que les radars et quelques éléments qui touchent
les chantiers, évidemment, puis sur les écoles, parce que mon plan d'action
porte essentiellement là-dessus. Or, dans le projet de loi, on parle de
véhicules hors route et on n'en parlait pas dans le plan d'action sur la
sécurité routière. Comment se fait-il qu'on a un plan d'action qui ne parle pas
de véhicules hors route puis qu'après ça dans le projet de loi, on parle... il
y a des articles qui traitent spécifiquement de la notion des véhicules hors
route? Et on dit de l'autre côté que... qu'on n'intégrera pas la question de
l'alcool au volant et de d'autres mesures, parce que ce projet de loi est un
projet de loi, je reprends les mots, là, de Mme la ministre, là, mais
instrumental, c'est-à-dire calqué, si je peux paraphraser, sur le plan de
sécurité routière, qu'elle a déposé au mois d'août. Donc, il y a comme une
espèce de deux poids, deux mesures. Personne n'avait annoncé qu'il y aurait
quelque chose sur les véhicules hors route, ça s'y trouve. Alors, il y a de la
place pour être capable de discuter d'autres enjeux. Je l'espère à tout le
moins.
Donc, c'est ça. Moi je... j'espère... je
le rappelle d'abord qu'on puisse... que cette motion préliminaire puisse
passer. Je pense, ça serait une bonne chose qu'on puisse entendre le coroner
là-dessus spécifiquement. C'est un enjeu qui revient année après année,
malheureusement, trop souvent. C'est un débat de société qu'on a déjà eu.
D'ailleurs, la table sur la sécurité routière parlait de l'abaissement de la
limite d'alcool au volant, ça revient tout le temps, tout le temps, tout le
temps, dans un contexte où il n'y a jamais eu autant de mesures de
raccompagnement, même si évidemment on devrait améliorer le transport collectif
un peu partout au Québec, pour aider les gens à pouvoir rentrer en toute
sécurité. Mais il reste quand même qu'il n'y a jamais eu autant de mesures de
raccompagnement qui existent. Puis, comme je l'ai dit tantôt, on est capables
d'avoir cette... cette... cette responsabilisation individuelle et collective
quant à la désignation d'un chauffeur désigné.
Tout ça pour dire que je m'attends à deux
choses. D'abord, que cette motion-là puisse passer, puis qu'on puisse entendre
le bureau du coroner lors de ces audiences. Pour moi, c'est quand même un
morceau important qui manque à tout le débat sur la sécurité routière. Mais,
d'autre part, il y a la question des études. S'il y a des bonnes raisons de
croire qu'on est... du côté du gouvernement, qu'on... qu'on... qu'on veut...
qu'on veut éviter d'abaisser ce taux-là, bien qu'on amène les arguments, qu'on
puisse avoir cette discussion-là, là. Je suis persuadé que les collègues aussi,
là, qui sont assis en face de moi, bien, ont aussi cet intérêt-là pour savoir
quelles sont les raisons qui nous poussent à refuser de recevoir le coroner
d'une part, mais en plus de recevoir cette idée d'abaisser le taux, la limite
d'alcool permise au volant à 0.05.
Donc, je m'arrêterai là pour l'instant, M.
le Président, mais tout ça pour dire que j'appuie la motion qui a été déposée
par mon collègue de Nelligan.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Oui. Bonjour
beaucoup... merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, j'interviens au nom, là,
du chef de l'opposition officielle, donc je pense que ça me rajoute...
Le Président (M. Jacques) : ...minutes
pour intervenir...
M. Beauchemin : Excellent.
Le Président (M. Jacques) : ...un
maximum de 30 minutes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup. Alors, bien, écoutez, merci... merci à tous d'être ici, merci à
l'équipe de Mme la ministre pour être présents. Je trouve qu'on a un projet de loi
qui est intéressant mais qui a évidemment quelques lacunes, et elles sont
significatives. Mes collègues en ont parlé déjà, donc c'est important. Mais je
voulais souligner la présence de tous les gens de l'équipe du ministère qui
vont, durant cet... cet... cet exercice, nous aider avec des réponses, on
l'espère, plus précises et, le cas échéant, de l'information additionnelle.
Pour moi, c'est important de rejoindre mon
collègue de Nelligan sur l'ensemble de l'oeuvre du projet 48. Il y a eu
énormément de gens qui sont venus nous parler avec des points de vue qui leur
appartiennent tous et...
M. Beauchemin : ...mais je me
suis toujours posé la question, avant d'être en politique, comment ça se fait
que certains groupes se mettent alentour d'une idée, d'une motion, d'un
objectif dans la vie, de représenter un intérêt particulier dans la société? Et
puis, écoutez, on en a rencontrés ici, dans cet exercice-ci, des gens qui, pour
moi... avant, j'aurais écouté puis je me serais dit : Ah! c'est intéressant,
il y a un point de vue, mais là, maintenant qu'on est rentré dans le détail,
maintenant qu'on est rentré dans le détail, je suis capable de me faire une
tête, maintenant, encore plus instruite sur la valeur ajoutée que ces gens-là
peuvent représenter pour l'ensemble de la société puis je dois avouer que ça
aide beaucoup au débat puis je trouve ça intéressant.
Plusieurs ont amené des points qui ne sont
pas, effectivement, donc, représentés dans le projet de loi. Évidemment, je
pense que ça fait partie du processus, des fois, on ne peut pas tout le temps
tout couvrir, mais, comme mon collègue ici, là, à ma gauche, mentionnait tout à
l'heure, il y a effectivement des éléphants dans la pièce qui n'ont même pas
été adressés.
Donc, ici, si on parle s spécifiquement du
Bureau du coroner, je pense qu'effectivement, donc, la présence du Bureau du
coroner en commission m'apparaît incontournable. Je crois comprendre que Mme la
ministre avait jadis des fonctions reliées, là, au Bureau du coroner, à titre
de porte-parole. J'aurais aimé ça, quand même, comprendre la raison du refus du
Bureau du coroner, parce que, bon, on s'entend, ils ont une certaine expertise,
c'est des gens de science, c'est des gens de chiffres, c'est des gens qui sont
capables de s'exprimer très clairement, de façon aussi brève soit-il, si besoin
était, puis je ne m'explique pas pourquoi ils auraient refusé, si j'ai bien
compris ce que Mme la ministre mentionnait, sauf peut-être que peut-être que
Mme la ministre peut les représenter, mais, ceci étant, ils ont quand même une
certaine expertise.
• (17 heures) •
Et ils ont adressé plusieurs points qu'on
aurait aimé ça être capable de pouvoir discuter avec eux, dont, effectivement,
qu'en octobre dernier, lors du dépôt du rapport d'investigation du décès de
Stéphanie Houle, ils avaient recommandé au ministère des Transports, de la
Mobilité durable, et la Société d'assurance automobile du Québec, de réaliser
dans les plus brefs délais leurs analyses respectives de la faisabilité
d'abaisser le seuil des limites d'alcool dans le sang de 0,08 à 0,05, qui
consiste à amener le Code de la sécurité routière en conséquence. Écoutez, ils
indiquaient la direction qu'on devait tous prendre. Ils parlaient, si on veut,
d'une certaine façon, de l'éléphant dans la pièce.
Et, malheureusement, ça n'a pas eu lieu,
on n'a pas eu cette conversation-là. Et et c'est quand même incroyable, parce
que, bon, il y a plusieurs façons d'aborder le sujet, mais on peut parler aussi
de chiffres, de statistiques que vous avez déjà entendu parler, que je vais
répéter encore, à nouveau, parce que je pense que c'est important de
comprendre. Il y a eu, en Colombie-Britannique, des études qui ont démontré
que, lorsque les applications du 0,05 ont été mises en action, bien, ça a
réduit énormément le nombre d'accidents mortels sur les routes de la
Colombie-Britannique. Écoutez, on parle ici de 0,52%... excusez, 52 % de
réduction, donc la moitié moins de morts dans la province de la
Colombie-Britannique.
Il y a 85 personnes qui meurent, par
année, d'accidents de la route, au Québec. Je n'ai pas la... je ne peux pas me
vanter de savoir si ce chiffre-là a augmenté dans le temps ou a baissé dans le
temps, mais disons qu'on va se baser sur une hypothèse, ici, là, puis je veux
juste l'amener du point de vue qui est totalement... qui est vraiment à
l'extérieur, là, de la sensibilité du dossier, et je veux l'amener à un autre
niveau que... peut-être que je vais être capable de rejoindre le premier
ministre quand il parle qu'il veut améliorer le PIB du Québec. Bien, je vais
vous l'expliquer très clairement : le PIB, produit intérieur brut, que
chaque Québécois génère, en moyenne, selon l'année 2022, était de 46 000 $
par habitant...
17 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...si on parle
de 85 personnes qui meurent, ça veut dire, c'est 85 fois
46 000 $. Ça, c'est 1,8 million de dollars par année sur une...
excusez, c'est 1,8 million, si on dit que la carrière moyenne de quelqu'un
est de 40 ans, c'est 1,8 million de dollars par individu. Si on
multiplie le 1,8 par le 85, qui est le nombre de décès, ça fait 155 millions de
dollars sur une étendue de 40 ans. Bon, allons-y de façon mathématique,
là, imaginons le scénario suivant, où est-ce que ça fait déjà 40 ans qu'il y a
du monde qui meurt sur la route à cause qu'ils ont pris de l'alcool de trop,
bien, à chaque année, on perd 155 millions de dollars. C'est vraiment
une autre façon de le voir, là, j'avoue que c'est très cartésien comme
approche, là, mais ça, c'est ce que ça représente, la perte, O.K.? Ça, c'est
des gens qui meurent, puis ça, c'est l'effet que ça a sur notre économie. Donc,
il n'y a aucune justification monétaire de ne pas abaisser le taux d'alcoolémie.
J'ai entendu la... Mme la ministre, la
semaine passée, nous parler du fait que, bon, le Québec est le champion des
mesures coercitives, une fois que les gens sont arrêtés au-dessus de 0,08. Mais
je pense que l'enjeu, ce n'est pas là. Oui, c'est important d'avoir ces mesures-là,
puis je souhaite qu'effectivement on puisse attraper tous les gens qui sont
malheureusement en train de conduire en état d'ébriété, parce qu'ils sont un
danger pour... pour tous les Québécois. Mais l'enjeu, ce n'est pas ça. L'enjeu,
c'est entre 0,05 à 0,08. Comment se fait-il qu'entre 0,05 et 0,08, il y a
quatre fois, j'ai déjà entendu six fois plus d'accidents mortels? Puis ça, c'est
une étude de groupes qui ont fait vraiment des recherches, là, de façon très
approfondie, qui ont été capables d'aller chercher cette information-là. Donc,
pour moi, ça... ça n'a juste comme aucune raison d'être. Je comprends qu'on dit
qu'à partir de 0,08, on est capables d'être sévères envers les gens qui vont
être attrapés avec ce taux d'alcoolémie. Mais ce n'est pas là, l'enjeu. L'enjeu,
c'est en bas de 0,08, de 0,05 à 0,08, c'est six fois plus d'accidents mortels.
Il y a même des études qui nous ont
démontré qu'à partir de 0,04, 0,03, les gens perdaient un petit peu leurs
habiletés. La semaine dernière ou il y a deux semaines, je m'excuse, je perds
un petit peu la notion du temps, là, Patrice... Patrick Lagacé a écrit un
article dans la presse qui disait que 0,08, c'était conduire un peu chaud.
Écoutez, M. le Président, je... j'ai de la misère à concevoir comment ça se
fait que tout, partout au Canada, on a écouté la science. Comment ça se fait
que tout, partout en Europe, on a écouté la science, je comprends qu'en
Angleterre, c'est peut-être un modèle que le gouvernement veut suivre. Le
gouvernement anglais de l'Angleterre est un gouvernement qui peut-être est
motivant pour le gouvernement actuel ici, au Québec. Mais honnêtement, je ne
pense pas qu'on est des insulaires. On vit dans une communauté, la communauté
grande de l'Amérique du Nord, où est-ce que ce risque là, O.K., est présent, et
c'est dangereux pour tous les gens qui se promènent sur les routes.
Le coroner parlait d'améliorer la sécurité
pour tous les usagers de la route, lié aux enjeux, là, de conduire avec des
facultés affaiblies. Là, je vais faire une parenthèse, là, parce qu'effectivement
c'est donc les autres gens en voiture, les gens dans la voiture de la personne
qui dépasse le taux, les gens qui marchent sur le trottoir, les gens qui sont
en vélo, mais... puis là vous me permettrez de faire un biais ici, là, il y a
aussi les gens qui travaillent pour nous, M. le Président, les gens qui
travaillent pour les...
M. Beauchemin : ...Québécois.
On a rencontré un groupe qui représentait les entrepreneurs en infrastructures
de la route du Québec, et puis ces gens-là ont perdu, depuis 2008, 18 de leurs
collègues de tous les âges. Je vais vous les nommer parce que je pense que
c'était important puis c'était un moment important pour que les gens se rendent
compte que ça... ces gens-là travaillaient pour nous, travaillaient pour
améliorer notre sort. C'est un accident de la route qui les a fauchés. Jimmy
Fournier, 19ans, Sandy Charbonneau, 31 ans, Stéphane Lebel, 43 ans, Stéphane
Lapointe, 35 ans, Steve Meloche, 37 ans, Fred Huot, 32, Michel Leduc, 19,
Jacques Dionne, 64, Ian Beaulieu, 31 ans, Donald Boulerice, 55, Michel Carmel,
60 ans, Stéphane Lebel, 45 ans, Robert Schofield, 50, Daniel Jacques, 54, Linda
Lizotte, 54 ans, Sylvain Beaulieu, 53 ans, Pascal Cauchon, 39, Maxime Béland,
39 ans.
Ça, ces gens-là, puis malheureusement, les
statistiques ne le disent pas, là, elles ne disent pas l'état d'ébriété dans
lequel était le chauffeur, c'est des accidents de la route, mais on peut quand
même conclure qu'il y en avait peut-être un ou deux, là-dedans, que c'est à
cause de... Le coroner mentionne : «Améliorer la sécurité routière pour
tous les usagers.» Puis il devrait avoir dit aussi, peut-être... ça, ça aurait
été le fun, de justement pouvoir avoir la motion préliminaire de mon collègue
de Nelligan acceptée ici, il pourrait nous expliquer, le coroner, pourquoi
qu'il a peut-être un petit peu, ici, oublié les gens qui sont là pour nous
aider à améliorer, là, nos infrastructures routières. Mais ces gens-là, M. le
Président, là, sont morts au travail, sont morts sur les routes du Québec, à
nous aider, nous, à avoir des meilleures infrastructures. Je pense que ça
serait important d'entendre le coroner nous expliquer son point de vue
là-dessus.
• (17 h 10) •
Puis je pense que c'est important. J'ai vu
que, dans le projet de loi, on mettait un certain effort pour essayer
d'améliorer le quotidien des gens qui travaillent dans la signalisation routière.
Puis une des choses que j'ai remarquée lorsque j'ai jasé, après la rencontre du
groupe, là, il y a deux semaines... la semaine dernière... c'est-tu la semaine
dernière?
Une voix : Il y a deux
semaines.
M. Beauchemin : Il y a deux
semaines, excusez, il y a deux semaines. Le plus gros enjeu, c'est le premier
cône à installer, dans les premiers moments où est-ce qu'ils sont en train de
séparer, là, le chemin habituel de M. et Mme Tout-le-monde à un chantier de
construction, c'est là que c'est le plus dangereux. Et je suis content que ça
ait été vu, je suis content que ça ait été remarqué, je suis content que ça ait
été noté puis j'ai vu que la ministre a quand même mis dans son projet de
loi... qui, comme... je veux dire, là, ce n'est pas que du mauvais, il y a du
bon, mais il en manque beaucoup, mais dans le bon, on peut signaler ici des
mesures pour aider nos travailleurs, ici, des gens, là, qui se sont vraiment
littéralement, là, donnés et des gens pour qui la vie va avoir été une... aura
été changée à ces moments-là. Mais il y a même, puis ça, c'est des faits divers
du Journal de Montréal, là, mais des signaleurs qui ont dû se mettre en
porte-à-faux contre des véhicules, des gens qui ont voulu les pousser avec
leurs voitures, des signaleurs qui sont impuissants devant ça. C'est quand même
assez incroyable, le quotidien de ces gens-là. Puis je vous épargne la job
difficile, des fois, l'été, de travailler avec l'odeur du bitume, comme ça, ça
doit être l'enfer. Donc, ça, c'est des gens qui nous aident dans leur quotidien
et, eux, bien, écoutez, le coroner a une opinion là-dessus. Je pense que ça
aurait été intéressant d'avoir le Bureau du coroner nous en faire part, nous
donner leur perspective à ce sujet-là.
On parle évidemment tout le temps des
décès, puis j'ai fait exercice mathématique un peu froid, tantôt, de parler de
ce que ça représentait comme perte pour notre économie. Évidemment, il y a des
pertes humaines, là, c'est des gens qui meurent, c'est des pères, des mères...
M. Beauchemin : ...des
frères, des sœurs, des fils, des filles, des grands-parents, des grands-pères,
des grands-mères, c'est des gens... des grands-pères. C'est des gens, là, que,
lors de leur décès, vont créer une onde de choc dans leur milieu familial, puis
il n'y aura plus, à partir de ce moment-là, le train-train quotidien pour cette
famille-là. À partir de ce moment-là, leur vie a changé.
Mais il y a aussi des blessés graves à
cause justement de l'alcool au volant. Chaque année, ici, on parle de
220 personnes blessées graves. Encore une fois, ici, je ne sais pas si le
chiffre que j'ai, c'est un chiffre qui représente seulement l'année 2023,
mais on peut quand même penser qu'à chaque année, c'est un nombre élevé de
personnes qui sont accidentées gravement par des accidents causés par l'alcool
au volant, puis ça, ces gens-là, c'est des gens qui par la suite, on le
souhaite, vont être capables de s'en remettre, mais ils vont être hypothéqués.
Donc, encore une fois, ici, c'est des gens que leur quotidien va avoir été
changé à jamais.
Dans la vie, on a tous des expériences qui
sont humaines à un moment donné. On a tous des moments qui sont importants dans
notre vie. À un moment donné, on a tous, que ce soit une opération ou un
accident, un moment choc à partir de... un moment... on va se souvenir de ce
moment-là comme : Ah! oui, avant 2023, oui, oui, c'était ça la vie, mais à
partir de 2023, ma vie, maintenant, je la vois différemment, là. Mais ces
gens-là portent des lentilles pour regarder la vie différemment à partir de ces
accidents-là.
Je ne sais pas si vous, M. le Président,
vous avez eu un accident de la route ou si vous avez eu un accident dans la
vie, mais pour les gens qui... qui ont été blessés gravement, il y a le côté
physique de la chose, évidemment, mais le côté émotif, le côté intellectuel, le
côté sensibilité, ça a des séquelles. Ça a des séquelles qui vont... qui vont
durer donc effectivement très, très longtemps.
Alors, on parle de la motion de mon
collègue de Nelligan pour avoir l'opportunité d'entendre le Bureau du coroner.
J'ai... j'ai entendu la ministre qui nous a parlé comme quoi que, bon, le
coroner, le bureau a dit non. Je reviens sur le fait que je trouve extrêmement
surprenant. C'est des gens qui sont au service de l'État, c'est des gens qui
sont au service des Québécois, les Québécois leur demandent leur expertise,
leur demandent de venir parler sur la place publique. Donc, je suis curieux,
j'aurais aimé ça être la mouche sur le mur, comme on dit, dans cette pièce lors
de cette conversation téléphonique là, pour mieux comprendre les raisons du
pourquoi. Mais je dois malheureusement constater que c'est... ce n'est pas le
cas. On n'aura pas malheureusement la présence, mais je vais supporter tout de
même la motion de mon collègue, évidemment de Nelligan. Mais je veux juste
rappeler que la recommandation de baisser de 0,08 à 0,05 du Bureau du coroner,
là, le but ultime, c'était d'améliorer la sécurité de tous les Québécois. Puis
ça...
On parlait tout à l'heure des... des...
des éléphants blancs qui n'ont pas été couverts dans ce projet de loi-là, bien,
c'est certain que, quand on parle de la zone scolaire, c'est important. C'est
important qu'on essaye de faire attention proche de l'école pour s'assurer que
nos petits soient en sécurité, puis ça, bien, écoutez, encore une fois, je vais
donner des crédits, là, à la ministre, c'est quelque chose qui va dans le sens
logique des choses. Mais ce qui est le plus important, c'est quand on regarde
les statistiques. Puis mon collègue l'a mentionné tout à l'heure, il y a un
multiple d'accidents de la route qui sont causés... qui sont... qui arrivent à
l'extérieur de la zone scolaire, qui sont dans le corridor scolaire, pas
10 % de plus ou moins 15 % de plus, ou le double, le double...
M. Beauchemin : ...on parle de
comme quatre fois, cinq fois plus d'accidents dans le corridor scolaire. On a
eu une conversation avec un groupe, que j'avais trouvée fort intéressante
d'ailleurs, puis j'ai demandé... Bon, supposons qu'on faisait l'exercice suivant,
on prenait une école, puis là on dit : Bon, O.K., quelle est la zone
scolaire, qu'est-ce que ça représente comme empreinte, là, sur une carte pour
voir, disons, l'ensemble du Québec, là, qu'est-ce que ça représente? Puis, si
on passe de zone scolaire à corridor scolaire, qu'est-ce que ça l'a comme
impact quand on regarde la «map», là, qu'est-ce que ça veut dire si on avait
comme à mettre en gris, par exemple, cette carte-là du Québec en utilisant des
corridors scolaires? La personne n'a pas pu me répondre pour l'ensemble du
Québec. Et cette personne-là m'a dit que, pour la région de Québec et de
Montréal, c'est comme si du jour au lendemain, si le fait de mettre en gris la
zone du corridor scolaire sur la carte, c'était de le faire, là, en gris, bien,
tout Québec et tout Montréal seraient gris.
Donc, O.K., c'est un enjeu. On s'entend,
on veut quand même une certaine fluidité, une certaine mobilité dans nos
villes, c'est certain, mais il y a-tu un problème à ce qu'on soit plus
protecteurs de l'ensemble de nos enfants? On peut-tu s'adapter? Dans la vie,
c'est ça qui arrive, c'est que le temps change, les choses avancent, les
barrières tombent, il y a des nouvelles barrières qui s'installent, tout ça, ça
arrive, mais on est-tu capables d'au moins penser à comment s'adapter à cette
réalité-là? On peut-tu dire : Bon, d'accord, peut-être que je ne veux pas
que ce soit tout Montréal puis tout Québec qui est en gris maintenant, parce
que ça, ça représente l'étendue des corridors scolaires? O.K., faisons des exceptions
ici. Prenons le temps.
• (17 h 20) •
Je pense qu'on est capables de prendre le
temps pour se dire qu'au minimum on va y aller au cas par cas. Je le comprends,
le réflexe de faire du mur-à-mur. C'est simple, c'est comme... Le propriétaire
d'une entreprise, là, il ne veut pas vendre en masse à 9 milliards de
consommateurs sur la planète puis dire : O.K., je vais faire un produit
spécial pour chacun. Comme, c'est un modèle d'affaires qui ne fonctionne pas.
Mais ça, c'est pour le privé, à penser comme ça. C'est correct, c'est correct
si le privé veut penser de même, vendre en masse puis rejoindre le monde en
masse, puis c'est un choix, c'est correct. Mais au gouvernement, là, on est
capables de penser à l'extérieur de la boîte, comme on dit, on est capables de
penser de façon détaillée, de façon particulière pour chaque région du Québec,
on est capables de prendre le temps de mandater qui que ce soit, que ce soit
les municipalités, qui «by the way» ont été très présentes dans l'Union des
municipalités durant notre étude... et ils peuvent, eux, nous en déterminer,
les chemins les plus importants à garder un petit peu à l'extérieur de ce qu'on
considérerait être un corridor scolaire, mais que ce soit l'approche inverse
qui soit utilisée, c'est-à-dire pensons corridor scolaire en premier puis
faisons des exceptions à l'intérieur de ça versus, non, non, non, on va y aller
petites zones scolaires puis, tranquillement pas vite, on va comme y aller de
façon mur à mur, à faire des corridors scolaires un peu partout. C'est... C'est
l'approche puis c'est la perspective qui est l'inverse.
Puis, c'est ça, l'enjeu, M. le Président.
Moi, pour moi, c'est important de le dire, je pense qu'on a... on a tout le
temps des raisons de conduire pour se rendre d'un point A à un point B, puis
parfois on peut être pressés, puis c'est important de se rendre à telle heure,
on a un rendez-vous, puis... et tout ça. Mais, avec l'expérience de vie, à un
moment donné, on se rend compte d'une chose, c'est que... Bien, écoutez, la vie
a ses aléas, puis des fois ça arrive qu'on peut être en retard, puis ça finit
là. Je pense qu'il faut planifier puis il faut être capable de se dire que, de
temps en temps, il va y avoir du trafic puis, de temps en temps, bien, ça va
être malheureux, mais ça va juste rouler moins vite pour se rendre où est-ce
qu'on veut se rendre. Donc, je pense que c'est important que, quand on se donne
un plan de match, quand on se dit que l'objectif numéro un, c'est la sécurité
des personnes vulnérables sur la route, bien, je pense que l'objectif, c'est de
se dire...
M. Beauchemin : ...on veut se
rendre là, puis on va prendre le temps qu'il faut pour se rendre là. On va
faire ce qu'il faut pour s'assurer que l'objectif soit atteint. On va planifier
toutes les étapes qui sont à faire. On ne prendra pas de demi-mesures parce
qu'on ne veut pas qu'il y ait des blessures inutiles. On va prendre le temps de
bien détailler chacune des étapes. Puis ça, pour moi, c'est comme la base même
de la planification.
Puis je n'ai pas eu la chance de jaser
souvent avec Mme la ministre, je ne la connais pas personnellement, mais je
vois un dénominateur commun dans l'approche qui est faite actuellement dans ce
projet de loi là puis les autres projets auxquels j'ai eu à porter plus de mon
attention en tant que critique en économie, en innovation et en finances. C'est
à dire, l'approche, on l'essaie, on check voir si ça marche puis advienne que
pourra. C'est un peu triste parce que je croyais tout le temps depuis que j'ai
décidé d'aller en politique que l'objectif était de, justement, ne pas couper
les coins ronds. On a eu l'exemple malheureux aujourd'hui, qui a été annoncé
par le collègue de Terrebonne, que le panier bleu, finalement, va disparaître,
mais ça, c'est encore un exemple d'une mauvaise planification. Je souhaite
juste qu'on puisse améliorer ce projet de loi là. Je souhaite juste qu'on
puisse faire en sorte que la sécurité routière, qui est une responsabilité qui
incombe au gouvernement, qu'elle soit présente, cette sécurité routière là, sur
toutes nos routes. Nous, on aurait aimé ça jouer un rôle d'interlocuteur avec
des joeurs qui sont des joueurs qui nous auraient éclairés au niveau
scientifique, avec des données percutantes qui auraient été appropriées
d'entendre. Donc, je pense ici évidemment, là, au bureau, là, du coroner. Je
pense que le bilan routier des dernières années nous oblige à agir. La majorité
des Québécois sont en faveur de s'assurer qu'on ne tourne pas les coins ronds,
qu'on fasse ce qui doit être fait.
Donc, qu'on parle ici de regarder plus en
détail comment faire une meilleure application du corridor versus la zone
scolaire ou qu'on parle ici de passer du 0,08 au 0,05, l'objectif ultime ici,
c'est de s'assurer qu'on puisse sauver des vies, aider le Québec à aller par en
avant, faire en sorte qu'en termes de société, on puisse garder tous nos
citoyens en forme le plus longtemps possible, qu'on puisse croître, qu'on
puisse se rassembler puis qu'on puisse être capable de se dire : Bon,
bien, on a évolué en tant que société. Honnêtement, je trouve ça particulier
qu'on soit la seule province encore avec le 0,08. Je trouve ça un peu même
désolant, mais ça aurait été intéressant donc d'entendre le bureau du coroner
là-dessus. Puis je vais... Évidemment, je supporte mon collègue, là, de
Nelligan sur cette motion préliminaire.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. S'il n'y a pas d'autre intervention, je
vais mettre aux voix la motion de M. le député de Nelligan par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
Le Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
Le Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
Le Secrétaire : Et M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Maintenant... La motion est rejetée. Maintenant, est-ce qu'il y a une motion
préliminaire par M. le député de Taschereau?
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je pense qu'elle va apparaître très prochainement.
On l'a envoyé, là, déjà, là, au Greffier. Je vais juste attendre, là, qu'on
puisse l'avoir, là, au bénéfice de tout le monde.
Le Président (M. Jacques) : ...commencer
à la lire.
M. Grandmont : Ah! je peux
commencer à la lire?
Le Président (M. Jacques) : Oui,
puis on va l'afficher par la suite.
M. Grandmont : Ah! je voulais
mixer les deux ensemble. Bon, donc, bien, merci. Il me fait plaisir de déposer
la motion préliminaire suivante, en vertu de l'article 244... Ce n'est pas
la bonne encore, M. le Président. Est-ce qu'on vous l'a bien envoyée?
Le Président (M. Jacques) : Oui,
oui.
M. Grandmont : Oui? O.K.,
O.K...
M. Grandmont : ...en vertu de
l'article 244... oui, c'est ça, du règlement de l'Assemblée nationale, la
Commission des transports et de l'environnement, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi n° 48, Loi modifiant principalement le Code de
la sécurité routière afin d'introduire des dispositions relatives aux systèmes
de détection et d'autres dispositions en matière de sécurité routière, tienne
des consultations particulières et qu'à cette fin elle entende les groupes
suivants : la FADOQ, le Conseil national des aînés ainsi que tout autre
groupe qu'elle jugera pertinent. Voilà.
Donc, je peux maintenant vous expliquer
pourquoi en fait, je dépose cette motion préliminaire. Bien, d'abord, je ne
peux que noter qu'effectivement, pendant les audiences, on n'a pas... on n'a
pas entendu... On a entendu évidemment plusieurs groupes, là, des groupes qui
représentaient les personnes piétonnes, des groupes qui représentaient, bon,
les automobilistes, le CAA Québec qu'on a eu. On a eu des groupes, par exemple
Vivre en ville, qui est plus au niveau des aménagements. On a... on a eu des
parents du collectif Pas une mort de plus qui est venu, mais bon, ils
représentent à quelque part des... les parents du Québec concernés par la... la
sécurité routière aux abords des écoles. Tous des groupes qui avaient
évidemment toute leur pertinence, mais on n'a... on n'a pas entendu aucun
groupe qui représentait spécifiquement les personnes aînées au Québec, M. le
Président. Et de mon expérience, quand on... quand on n'entend pas des
représentants ou un groupe qui représente une partie de la population, bien, on
passe à côté d'informations très pertinentes, d'informations précises qui
jettent un éclairage très intéressant sur, bien, l'enjeu dans ce cas-ci de la
sécurité routière, mais du point de vue vraiment des personnes aînées. Puis je
prendrai par exemple un exemple tout bête, là, mais on s'était rendu compte, il
y a quelques années de cela, qu'il n'y avait pas d'organisme...
• (17 h 30) •
Une voix : ...
M. Grandmont : Pardon? Est-ce
que... Y a-tu un enjeu...
Une voix : ...
M. Grandmont : Non. O.K.
C'est parfait.
Une voix : ...
M. Grandmont : Ah! bien, oui.
Je suis désolé. Bien, oui, tout à fait. Une petite coquille. Désolé. On pourra
faire une modification au besoin, là, évidemment.
Le Président (M. Jacques) : Je
pense que vous pouvez modifier, là, directement par la présidence, là.
M. Grandmont : Oui, c'est ça.
Le Président (M. Jacques) : On
va modifier pour FADOQ.
M. Grandmont : Vous avez mon
consentement total là-dessus. Donc, c'est ça, il y a quelques années, bien,
c'est ça, on était plusieurs organisations à se... à traiter des enjeux
touchant la sécurité des piétons, des personnes piétonnes au Québec puis on
s'est dit : Bien, il y a... Tout le monde le fait un petit peu, tu sais,
mais personne n'a comme ce mandat-là de le faire. Moi, j'étais dans une
organisation qui travaillait un peu là-dessus. Il y avait d'autres
organisations. Et on avait donc décidé de se concerter pour créer une nouvelle
organisation qui s'appelle aujourd'hui Piétons Québec, pour qu'il y a... il y
a... il y ait... il y ait des gens au Québec qui se lèvent le matin puis dont
c'est la principale préoccupation, c'est de faire avancer les enjeux pour
garantir une plus grande sécurité, une représentation dans l'espace public et
médiatique et politique aussi, évidemment, des personnes piétonnes au Québec.
Et c'est pour ça qu'on avait créé cette organisation-là.
Donc, de la même façon, moi, je me rends
compte que, même si on a reçu plusieurs groupes fort pertinents lors des
audiences du projet de loi n° 48, bien, on n'a pas couvert cette partie-là
des personnes aînées qui sont... qui sont essentielles, évidemment, là. On a...
on a des personnes âgées qui sont de plus en plus actives, de plus en plus en
forme, qui veulent demeurer dans leur milieu de vie, qui veulent pouvoir se
déplacer. La marche, c'est quand même un moyen de transport assez universel, à
la portée de beaucoup de monde, plus que le vélo, même si le vélo électrique,
tranquillement pas vite, démocratise l'utilisation du vélo, mais il reste quand
même que c'est un moyen de transport extrêmement important pour la population
aînée, et qu'on se doit, je pense, de les entendre évidemment.
Bon, peut-être que la ministre, un peu
comme tout à l'heure avec le bureau du coroner, me dira qu'ils ont envoyé des
invitations, et que cette invitation a été... a été refusée. Il faut comprendre
aussi qu'à si brève échéance, des fois, les groupes n'ont pas le temps de se
mobiliser, écrire un mémoire, se préparer. Des fois, c'est une question de
temps aussi. Peut-être que dans le processus, on donne peu de temps aux gens
pour qu'ils aient la capacité de se retourner de bord, là, de se virer sur un
10 cenne, puis d'écrire un mémoire, puis d'être présents à une audience.
C'est un processus qui est un peu intimidant pour... pour les gens, et donc,
bien, il faut comprendre aussi des fois qu'il y a des désistements. Et c'est
pour ça que je reviens avec cette idée-là, parce qu'on pourrait les entendre au
cours de l'étude détaillée, prendre le temps de les rencontrer et qu'on ait des
consultations particulières pour quelques groupes que ce soient, là, mais qu'on
puisse avoir le point de vue des aînés, puis le point de vue des aînés, je vous
dis, il est drôlement important. Comme je vous disais, moi, j'ai travaillé dans
une organisation qui travaillait notamment sur les enjeux de sécurité routière
dans mon ancienne vie, pendant une dizaine d'années, entre 2012 et 2022, et une
des choses qu'on avait l'habitude de faire avec des aînés mais aussi avec des
enfants autour des écoles...
17 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...c'est des
marches de repérage, puis où ça... si vous saviez, M. le Président, comment le
savoir de terrain des personnes aînées n'est pas le même que celui des enfants.
Ils n'ont pas la même grandeur, ils n'ont pas la même perception du risque, ils
n'ont pas la même sensibilité à la sécurité routière, ils ont une compréhension
différente. Et donc, en faisant des marches de repérage, puis j'entends, là,
par là qu'on avait des experts de notre organisation qui se déplaçaient avec
des groupes d'aînés, mais aussi avec... services de police, avec des gens de l'urbanisme
d'une ville et d'autres experts, là, qui sont attachés à la question de la
sécurité routière ou des aménagements, bien, on avait un regard qui était
fascinant, on avait une perception de l'environnement qui nous éclairait, mais
complètement, ce qui nous permettait après ça d'avoir des recommandations très
pertinentes, très ciblées pour les services de la ville, qui après ça allaient
mettre en place différents aménagements qui répondraient aux besoins de tout un
chacun.
Puis je m'accrocherai à cette notion-là :
le tout un chacun, là, il est important. Il existe dans le monde actuellement
des mouvements, les mouvements... entre autres le mouvement, là, Les villes pour
les 8 à 88 ans. L'idée est de créer des villes dans lesquelles autant les
personnes de huit ans et moins que les personnes de 80 ans et plus se sentent
en sécurité. Ce n'est pas les mêmes perceptions, ce n'est pas les mêmes
recommandations, ce n'est pas la même analyse de l'environnement dans lequel
ils évoluent, mais pourtant on se rend compte que, quand on fait les villes
pour les personnes de moins de huit ans et les personnes de plus de 80 ans,
bien, on répond pas mal, quand même, largement aux enjeux de sécurité routière
et d'aménagement routier qui rendent les déplacements actifs et sécuritaires de
l'ensemble de la population. C'est comme deux publics cibles qui sont
extrêmement importants de consulter, à la fois sur le terrain comme d'une
manière théorique, à travers une audience particulière, pour être capable de
jeter, comme je le disais tantôt, un éclairage qui va nous alimenter. Et je
pense qu'en se privant de l'expertise précise, là, de groupes comme la FADOQ ou
le Conseil national des aînés, on s'empêche d'avoir cet éclairage-là, qui
bénéficierait à l'ensemble de la société.
On a beaucoup parlé des abords des écoles,
puis c'est une bonne chose, c'est vrai qu'il faut le traiter. Mais les aînés
ont des préoccupations qui sont différentes, ont une vitesse de déplacement qui
est différente, ont des intérêts puis ont des déplacements aussi qui sont
complètement différents. On ne demande pas à un aîné de faire le déplacement
entre sa maison puis l'école, c'est aux jeunes qu'on demande de faire ça. Puis,
après ça, le déplacement entre la maison puis le parc, là, on commence
peut-être à être dans une zone intermédiaire. Mais les aînés, aussi, vont aller
à la pharmacie, les aînés vont aller après ça au centre communautaire, les
aînés vont aller au parc, évidemment, vont aller peut-être à l'église, vont
aller visiter d'autres personnes, leur réseau social. En ayant leur expertise,
en pouvant se faire alimenter de réflexions pertinentes sur la notion de
sécurité routière d'un point de vue des aînés, bien, on se donnerait la
possibilité d'avoir un projet de loi, je pense, qui est beaucoup plus complet,
beaucoup plus représentatif et beaucoup plus adéquat pour améliorer le bilan de
la sécurité routière pas juste dans le quadrilatère de la zone scolaire, mais
partout dans les villes du Québec. Dans les petites municipalités, dans les
grandes municipalités, dans les villes de taille moyenne, on aurait cette
possibilité-là. Les aînés, il y en a partout, il y en a partout. Chacune a son
regard sur son environnement, chacune a ses perceptions sur l'enjeu de la
sécurité routière, puis, évidemment, bien, avoir un groupe qu'on pourrait
entendre pourrait nous alimenter, pourrait nous aider dans cette réflexion-là
et dans l'écriture du meilleur projet de loi possible. Donc, moi, je considère
que les aînés, c'est probablement un des angles morts, en fait, des audiences
que nous avons eues. On n'a pas pu les entendre, je pense qu'il faudrait se
donner le temps de les revoir.
Quelques statistiques, là, si vous
permettez, là, M. le Président. Bien, d'abord rappeler que, bien, les aînés, c'est
une population qui va grandissante, hein? On s'en va tous et toutes, hein, là,
malheureusement, on vieillit tous, et ce qu'on sait, c'est que d'ici 2031,
bien, le quart de la population québécoise va être âgé de 65 ans et plus, et,
en 2066 - j'aurais quelque chose comme 89 ans, c'est fou - on prévoit que
27 % de la population sera des aînés. Donc, on a un défi démographique
devant nous. On en parle souvent d'un point de vue économique, d'un point de
vue de services publics, évidemment, mais je pense qu'il faut l'aborder aussi
sous l'angle de l'aménagement de nos villes, du maintien à domicile, de la
capacité qu'on donne aux gens de rester actifs et en santé chez eux. Puis la
meilleure façon d'être actif et en santé... Puis je vais paraphraser la
ministre des Sports, là, qui, elle, l'a appliqué vraiment aux enfants en disant :
Nos jeunes ne se déplacent pas assez à pied, à vélo vers l'école. Bien, c'est
la même chose pour les aînés, si on veut maintenir une population en santé,
elle doit pouvoir se déplacer de manière active et sécuritaire...
M. Grandmont : ...à un moment
donné, l'automobile ne peut pas être le choix ou l'outil de déplacement de
toutes les personnes au Québec, d'autant plus qu'avec la perte cognitive puis
les pertes physiques aussi qui viennent malheureusement avec l'âge, bien, on
peut aussi... on doit trouver d'autres moyens de transport pour ces aînés. Et
évidemment, bien, la question des transports actifs en fait partie.
Autres statistiques pour la période...
puis là, j'entre vraiment, là, sur les questions de... sur le bilan de sécurité
routière au niveau des aînés, pour vous dire combien c'est important de les
traiter, parce que non seulement ils sont de plus en plus nombreux, mais ils
sont surreprésentés, M. le Président, dans les bilans de sécurité routière au
Québec. Donc, pour la période 2018-2022, près de la moitié, O.K.,
45 % des piétons décédés au Québec sont des personnes âgées de 65 ans
et plus, soit une proportion qui dépasse largement leur poids... poids
démographique qui était de 21 % en 2021. Donc, on a... les aînés
représentent... les 65 ans et plus, là, représentent 21 % de la
population et ils représentent en fait 45 % des piétons qui sont décédés
au Québec.
• (17 h 40) •
À quoi on l'attribue? Bien, à plusieurs
facteurs, évidemment, là. On l'attribue aux facteurs perte cognitive, perte
physique. Évidemment, réflexes qui sont amoindris avec le temps, certaines...
certaines craintes par rapport à l'environnement, une perte auditive. Je me
souviens de ma grand0mère quand j'étais jeune. Ma grand-mère s'est fait frapper
par une voiture parce qu'elle avait l'habitude de traverser, comme on le fait
tous, hein, on traverse la rue en écoutant s'il y a une voiture qui s'en vient.
Mais dans les faits, bon, elle était dans un petit village, puis elle n'a pas
entendu la voiture cette fois-là, parce que son audition était en train de
descendre. Et là, ça, malheureusement, ça arrive de plus en plus. Mais les chiffres
parlent tellement d'eux-mêmes. Les gens... les aînés sont deux fois plus
présents dans les... dans les décès que ce qu'ils représentent comme part de la
population actuellement.
Si on laisse les choses aller, on risque
de se retrouver avec le même ratio, deux fois plus de personnes, et on ne sera
pas 45 %, on serait à 54 % de la population aînée qui serait
impliquée dans des accidents ayant causé la mort au Québec pour un usager
vulnérable... pour un piéton. Donc, il y a clairement un enjeu. Je pense qu'on
doit agir le plus rapidement possible. Puis, comme je l'ai dit tantôt, sur
l'autre motion préliminaire, bien, on n'ouvre malheureusement pas le code la
sécurité routière souvent. Profitons de l'occasion que nous avons pour
travailler sur cet enjeu-là.
Autre statistique, pour les personnes
âgées, dans les catégories de 65 à 74 ans et de 75 ans ou plus, on
constate une augmentation de blessés graves, donc nécessitant une
hospitalisation, hein, les blessés graves, ce qui les différencie des blessures
légères, c'est qu'on a besoin d'une hospitalisation. Donc, je recommence, là,
parce que j'ai perdu des gens avec ma petite parenthèse, là, mais, pour les
personnes âgées de 65 ans et plus, on constate une augmentation de blessés
graves de 14 % pour les 65 à 74 % et de 47,6 % pour les
75 ans et plus entre 2021 et 2022. C'est une hausse énorme. Évidemment,
c'est juste une année. Si je suis... si on regarde les choses sur une période
un petit peu plus longue, là, pour une période de 2017 à 2022, donc une période
de cinq ans, il y a une hausse de 7,5 % des blessés graves pour les 65-74
et une hausse de 9,2 % pour les 75 ans et plus. C'est important.
Donc, il y a une problématique... à la fois le vieillissement population. On a
une problématique aussi d'augmentation du nombre de personnes qui ont des... de
surreprésentation, pardon, des décès sur les routes, les personnes piétonnes
pour les aînés, mais aussi une augmentation à travers le temps du nombre de
personnes qui sont blessés graves chez les 65 ans et plus et chez les
75 ans et plus. C'est attribuable à plein de facteurs. J'en ai donné
quelques-uns tantôt, pertes cognitives, pertes... détérioration de la condition
physique, évidemment, mais aussi à travers tout ça, bien, une augmentation du
nombre de véhicules, de la vitesse pratiquée. Donc, c'est des enjeux qui sont
importants.
Et je suis persuadé que, si on avait un de
ces groupes-là, la FADOQ, Conseil des aînés, ou peu importe le groupe, mais un
groupe qui est spécialisé, en fait, sur les enjeux touchant les personnes
aînées, je pense qu'on aurait un éclairage sur les bonnes mesures à mettre en
œuvre pour être capable d'amoindrir ce bilan-là. On ne peut pas laisser les
choses se détériorer comme dans les cinq dernières années. Il faut absolument
que les choses s'améliorent. L'objectif du projet de loi n° 48, c'est
d'améliorer le bilan de la sécurité routière au Québec. Si on s'occupe juste de
ce qui se passe autour des écoles puis qu'on oublie un autre volet de la
population, on est en train de passer à côté d'une fenêtre d'opportunité
incroyable qu'il ne faut pas laisser passer.
Je continue sur quelques statistiques.
C'est intéressant parce que, là, je vous ai donné... c'étaient des chiffres
plus absolus, considérant qu'effectivement, bien, la population augmente,
peut-être que c'est normal qu'on ait davantage de personnes qui se retrouvent
en situation... dans...
M. Grandmont : ...dans des
collisions, soit menant à une hospitalisation, soit au décès, mais même quand
on ramène ça à des... quand on pondère, en fait, ces statistiques-là, on se
rend compte qu'il y a une augmentation aussi. Donc, chez les personnes âgées de
65 à 74 ans, le nombre de décès par 100 000 habitants, donc, on pondère, là, a
augmenté de 11,5 %, entre 2022 et 2021, et de 18 %... 18,7 %
entre 2017 et 2022. Donc, même en pondérant, M. le Président, même en ne tenant
pas compte du fait que la proportion de la population aînée, elle augmente, au
Québec, même si on ramène ça à un taux par 100 000 habitants, on se rend compte
que le taux de personnes qui décèdent sur les routes qui sont des personnes
aînées augmente de façon importante.
Même chose chez les personnes âgées de 75
ans, le nombre de personnes... le nombre de décès, pardon, est de 7,3 par
100 000 habitants, en 2022, c'est une croissance de 15,4 %, depuis 2021,
c'est énorme, et de 7,3 % pour la période entre 2017 et 2022. Il faut
savoir aussi, M. le Président, que le taux de décès chez les personnes âgées de
75 ans ou plus s'élevait à 7,9 par 100 000 habitants, en 2018, c'est le taux de
décès par 100 000 habitants le plus élevé, toutes catégories d'âge confondues,
entre 2017 et 2022. Les gens de 75 ans et plus sont surreprésentés dans les
décès sur notre réseau routier, au Québec, sur nos réseaux routiers au Québec,
je devrais dire, M. le Président. Et évidemment toutes les statistiques
pointent dans cette direction-là. C'est la SAAQ qui fournit ces données-là,
donc, l'équipe de Mme la... Mme la ministre, pardon, a accès à ces données-là.
Moi, je pense qu'on est en train de passer
à... quelque chose de très, très, très important. Oui, il y a la question de la
sécurité routière autour des écoles, et elle est fondamentale, mais on est en
train d'oublier un large, large, large volet de la population, qui est les
personnes aînées, qui voient leur bilan routier se détériorer de façon
importante année après année. Et même quand on remonte, là, dans les cinq
dernières années, ce n'est pas un épiphénomène, une erreur statistique, là.
Vraiment, dans les cinq dernières années, ça a augmenté pour toutes les
catégories, à la fois les 65 ans et plus, les 75 ans et plus, pour les décès,
pour les collisions graves. Et on est toujours dans une surreprésentation,
autour de 20, 21 %, pour la proportion des aînés au Québec, en termes de population,
puis un taux qui est complètement du double, en fait, dans la représentation
sur les accidents.
Je compléterai en disant que, bien,
évidemment, là, c'est leurs capacités physiques, sensorielles, cognitives qui
peuvent diminuer, et donc les piétons aînés sont susceptibles de rencontrer
diverses difficultés à se déplacer de façon sécuritaire, parce que les
distances à parcourir peuvent... sont de plus en plus grandes, parce que le
temps de traversée est plus important. Vous savez, au Québec, là, le
gouvernement, le ministre des Transports, en fait, ministère des Transports et
de la Mobilité durable, donne des guides, puis, d'ailleurs, c'est une des
choses, je me plais à le rappeler... c'est une des bonnes choses, en fait,
qu'on on révise le tome I, sur les conceptions routières, et le tome V, sur la
signalisation, en autant que c'est bien fait, évidemment, puis qu'on va
vraiment en profondeur, puis qu'on se donne vraiment des normes ambitieuses qui
vont vraiment changer les choses, mais, là-dedans, on donne aux municipalités
des méthodes de calcul pour fixer le temps de traversée à une intersection.
Donc, à partir du moment où on a un décompte, là, on a la petite main... le
petit bonhomme qui apparaît, là, soit parce qu'on l'a demandé en pesant sur le
bouton ou parce qu'il paraît intégré dans le cycle lui-même, bien, on a un
temps pour traverser la voie de circulation. Et vous savez que les
municipalités ont le choix, en fait, hein, d'appliquer... bien, en fait, ils
appliquent une formule puis ils vont choisir de donner plus ou moins de temps
aux personnes pour traverser l'intersection. Donc, il y a une formule qui
existe pour ça, puis c'est, après ça, aux municipalités, de choisir si elles
vont dans le bas de l'intervalle ou dans le maximum de l'intervalle pour
faciliter la traversée pour les personnes aînées. Bien, à force de faire des
marches de repérage avec les personnes aînées, je me suis rendu compte que,
souvent, parce qu'on veut, dans les municipalités, favoriser la fluidité du
trafic, bien, on va le faire au détriment des temps de traversée pour les
personnes piétonnes. Et qui sont les personnes les plus lentes sur notre réseau
routier, puis je le prends de façon large, là, même pas parmi les piétons, mais
de façon large, bien, c'est les personnes... souvent, c'est les personnes
aînées et les personnes handicapées. Donc, on a... malheureusement, on choisit
la fluidité de la circulation automobile au détriment des personnes, des
personnes aînées.
C'est un exemple pour vous dire que cet
éclairage-là, il est essentiel et il est particulier, il est particulier, et on
serait fou, je pense, de se priver de ce regard que pourraient nous apporter
les groupes qui sont... qui représentent les personnes aînées au Québec. Mme la
ministre, quand elle a déposé son...
M. Grandmont : ...ah!
peut-être une dernière statistique, parce que c'est quand même intéressant,
mais les données pour la période de 2017 à 2022, là, donc toujours de la
Société de l'assurance automobile du Québec, démontrent que 28 % des
collisions mortelles impliquant un piéton surviennent sur le réseau routier qui
est sous la gestion du ministère de Transport et de la Mobilité durable. Plus
que le quart des accidents impliquant un piéton ou une piétonne survient, quand
il s'agit d'un décès, là, d'une collision mortelle donc, survient sur le réseau
qui appartient au ministère des Transports et de la Mobilité durable. C'est
énorme, et ça aussi, ça mériterait une attention particulière.
• (17 h 50) •
C'est pour ça qu'on suggère, à travers
cette motion préliminaire là, d'accueillir un groupe qui ne représente pas des
aînés dans une municipalité en particulier, mais les aînés un peu partout au
Québec, parce que les réalités sont aussi différentes qu'on soit à Québec, à
Montréal, à Sherbrooke, à Gatineau ou qu'on soit à Gaspé, qu'on soit à
Saint-Zéphirin-de-Courval, je le nomme, parce que c'est de là qu'était ma
grand-mère qui s'est fait frapper, malheureusement. Mais tout ça pour dire que
la réalité est très différente, elle est très différente, donc ça nous prend un
organisme qui à la fois va nous apporter son éclairage, mais, en plus, va être
capable d'avoir ce regard très macro, en fait, sur la réalité des personnes
piétonnes au Québec.
Donc, je reviens à ce que j'allais dire
avant que je fasse ma petite... mon retour sera sur le réseau du ministère des
Transports et de la Mobilité durable. Quand Mme la ministre a déposé son plan
de... son plan d'action en sécurité routière 2023-2028, elle a dit qu'elle
s'appuyait sur les principes de la vision zéro. On a eu plusieurs échanges sur
la question de la vision zéro. Je le rappelle, c'est une stratégie de sécurité
routière qui fait ses preuves un peu partout dans le monde quand elle est
appliquée de manière correcte et adéquate. On ne peut pas juste s'en inspirer,
on ne peut pas juste l'utiliser pour peinturer... mettre de la peinture
sécurité routière sur une stratégie qui n'en serait pas.
Mais si on décide de vraiment s'en
inspirer, si on décide de vraiment l'appliquer, en fait, au Québec, bien, ça
s'applique sur des principes, des principes importants que je vais me permettre
de rappeler ici. D'abord, les décès et les blessures graves sont évitables. Un
peu comme dans le milieu... dans les milieux de travail, là, on a un peu le
même principe avec la Loi sur la santé et la sécurité au travail qui est mise
en application, qui est mise en œuvre. Le plan d'action, en fait, de cette
loi-là est déployé par la Commission sur les normes... la CNESST, en fait, là.
Et l'objectif est de toujours essayer de travailler sur les sources, les
sources, les causes d'accident dans le milieu de travail. Puis aussi que c'est
de prendre le principe que tout est inévitable, ces décès-là puis ces
collisions graves là sont évitables. On peut mettre en place un système qui va
permettre d'éviter... Il n'y a pas de fatalité dans les accidents de la route,
dans les collisions, dans les décès, dans les blessures graves, il n'y a pas de
fatalité au Québec. On peut mettre en place des systèmes, on peut mettre en
place des systèmes d'encouragement, de sensibilisation. On peut mettre en place
des lois à travers le Code de sécurité routière notamment, qui vont faire en
sorte que ce qu'on vise, comme législateurs, puis avec toute la... tous les
autres acteurs impliqués sur la question de la sécurité routière, on se donne
un objectif de réduire ça à zéro, parce que ces accidents graves et mortels là
sont tous évitables.
Deuxième principe la vision zéro, c'est
que les humains font des erreurs. L'humain est faillible, M. le Président, on a
fait tous des erreurs. Des fois ça va être une distraction, des fois, ça va
être une erreur de jugement, des fois, ça va être du stress. On pèse un petit
peu trop sur la pédale de gaz, des fois, on est fatigué. Il y a plein de
raisons qui... des fois, c'est les enfants en arrière, des fois, c'est la
radio, des fois, parce qu'on change de poste, des fois, à cause de ce qui se
dit à la radio, on est fâché. Toujours est-il qu'on est faillible comme humain
et il faut prendre acte que jamais personne ne va respecter le Code de la
sécurité routière... en fait, on ne peut pas demander à toute la population, au
grand complet, de respecter le Code de la sécurité routière sur le bout des
doigts. D'abord, toute la population n'est pas au courant de tout le Code de la
sécurité routière. Il y a des gens, au Québec, qui circulent sur les routes,
qui ont probablement suivi leur cours de conduite dans les années 40. Le code a
quand même beaucoup élevé depuis les années 40, mais, en plus, donc le code
change périodiquement et donc on change un peu les règles du jeu et tout le
monde n'est pas au courant. Mais, en plus, bien, comme j'ai dit tantôt, il y a
plein de raisons qui font qu'on ne respectera pas ce code à la lettre.
Évidemment, si tout le monde respectait le code à la lettre, si tout le monde
était à jour, on aurait des comportements irréprochables, il n'y en aurait
peut-être pas de problème, mais, dans les faits, ce n'est pas ça qui se passe.
Donc, on ne peut pas compter uniquement
là-dessus, même avec les services de police qui sont là pour accompagner, même
avec de la sensibilisation, tout ça est très important, là, mais on ne peut pas
compter que sur le fait que les...
M. Grandmont : ...les gens
sont parfaits. Donc, les humains sont... font tous des erreurs. C'est le
deuxième principe de base de la Vision zéro.
Le troisième principe, c'est que la Vision
zéro, c'est... La sécurité routière, c'est une responsabilité qui est partagée.
Évidemment, les usagers ont un rôle important à jouer, les corps de police ont
un rôle à jouer, la SAAQ et tous les acteurs Éduc'alcool ont des... ont un rôle
à jouer évidemment dans l'éducation, la sensibilisation, mais il y a un rôle...
puis évidemment les élus, les législateurs, un rôle à jouer. Évidemment, on est
ici pour jouer notre rôle, justement, d'essayer d'avoir le meilleur Code de la
sécurité routière que le Québec n'a jamais eu. Donc, on espère qu'on pourra
aller le plus loin possible. On veut être les meilleurs législateurs possible.
Donc, j'espère qu'il y aura de l'ouverture à discuter et accepter certains des
amendements qui seront proposés.
Mais, évidemment, les gestionnaires et les
concepteurs de réseaux routiers sont... ils sont aussi aux premières loges
dans... quant à la responsabilité de la sécurité routière au Québec. Les
gestionnaires, bien, c'est de s'assurer que, par exemple de l'entretien des
routes, on n'a pas un déficit d'entretien trop, trop grand au Québec, que les
routes sont en bon état, qu'elles sont sécuritaires, qu'on n'a pas des morceaux
de viaduc qui nous tombent sur la tête. Ça, évidemment, ça fait partie de la
gestion, que les routes soient bien déneigées, qu'elles soient... qu'on étende
le sel, le sable l'hiver évidemment, que les trottoirs soient bien déneigés. Ce
n'est pas juste au niveau du ministère des Transports et de la Mobilité
durable, mais aussi au niveau des municipalités, qui a un rôle très, très grand
à jouer aussi. Elles doivent avoir, évidemment, les moyens de pouvoir faire
leur action, mais c'est un autre dossier. Mais les concepteurs aussi ont un
rôle à jouer. On veut s'assurer que le réseau crée des... en fait, que les
concepteurs de routes créent des environnements qui sont sécuritaires, qui
pardonnent, donc, ces mauvaises... ces erreurs que ces... qu'il y ait les...
que les conducteurs peuvent faire sur la route.
Donc, on espère que, dans le fond, la
conception routière va faire en sorte que, si jamais il y a une erreur, si
jamais il y a une défaillance, bien, que... et qu'il y a collision, bien que
cette collision-là ait le moins de risque possible. Et ça, ça passe beaucoup
par la masse du véhicule, sa taille, mais aussi beaucoup la vitesse pratiquée,
hein? Si... Je le rappelle, là, mais, lorsqu'il y a une collision avec une
voiture, entre un usager vulnérable puis une voiture qui roule à
50 kilomètres-heure, bien, les chances de survie de la personne piétonne
sont de 25 %, alors que... ce qui n'est pas très élevé, donc 75 % de
chance de mourir à 50 kilomètres-heure, là, alors que la proportion
augmente à 90 % si la voiture roule à 30 kilomètres-heure. Donc, il y
a une grande différence entre les deux. Et donc c'est ça, c'est le quatrième,
en fait, principe de la vision zéro, c'est que les limites de vitesse sont
fixées selon la vulnérabilité.
Et moi, j'aurais été curieux d'entendre,
justement, un groupe représentant les aînés au Québec nous parler
d'aménagement, nous parler de vitesse, nous parler de ces enjeux-là qui sont
importants, nous parler de temps de traversée, nous parler des objectifs qui
sont poursuivis par ces groupes aînés là, aussi pour... faire du maintien à
domicile, demeurer dans les quartiers dans lesquels on habite, dans lesquels on
a envie de marcher. J'ai... Je pense que c'est la.... c'est une Pre Cloutier,
de l'INRS, qui avait abordé cette notion-là, puis je veux vraiment l'aborder
avec vous aussi parce que je pense que les aînés auraient peut-être été
d'accord, mais on verra si on les entend, peut-être qu'ils pourront nous dire
eux-mêmes, mais, quand elle a... quand on a parlé, on a abordé l'enjeu, là, des
zones scolaires versus les corridors scolaires, Pre Cloutier disait : Vous
savez, si on élargit... si on maintient ça à zone scolaire, en fait, on ne fait
que toucher les enfants qui... une fois qu'ils sont rendus sur le bord de l'école.
Mais, dans plusieurs municipalités... Puis rappelez-vous la carte qu'on a vue
de l'île de Montréal, hein? La ville de Montréal avait tracé des cercles
autour... à vol d'oiseau, là, autour de chacune des écoles de son territoire,
puis on avait quand même une couverture assez bonne du territoire de l'île de
Montréal, puis ça rejoignait vraiment ce que Pre Cloutier disait. Elle
disait : À partir du moment où on élargit, on sort de la zone scolaire
puis on touche les corridors scolaires, puis on verra comment on peut le
définir après, là, mais on se trouve à appliquer des mesures d'apaisement de
circulation, des mesures de ralentissement de la circulation, des mesures...
bien, différentes mesures qui vont favoriser la sécurité routière plus
largement. Et donc on touche aussi différentes autres clientèles potentielles,
mais aussi d'autres lieux de destination.
Donc, à partir du moment où on élargit, on
sort de la zone scolaire puis qu'on touche un rayon plus large... Puis la
recommandation de la ville de Montréal, c'est un kilomètre. Il y a d'autres
municipalités, là, qui commencent à offrir le transport scolaire à 1.6, on aura
le débat éventuellement. Mais on commence à toucher aussi, bien, là où sont les
aînés, là où ils se rendent aussi. Ils vont aller au parc, ils vont aller au
centre communautaire. Et, en élargissant ça, bien, peut-être qu'on répond à un
besoin aussi, là.
Donc, moi, ce que je souhaite, puis je
vais... je vais conclure là-dessus, c'est qu'on puisse, à travers ce projet de
loi là, entendre les gens de la FADOQ, ou du Conseil national des aînés, ou peu
importe le groupe...
M. Grandmont : ...il sera
disponible, les rencontrer pour qu'ils puissent nous apporter cet éclairage-là.
Moi, j'ai des idées, mais, moi, je serais curieux, comme je vous l'ai dit
tantôt, de les entendre, eux autres, parce qu'ils nous amènent un savoir, une
connaissance que c'est très difficile d'avoir. Je veux dire, je ne suis pas
dans cette situation-là, tu sais, même si j'accompagne, j'ai accompagné des
gens, par le passé, même si j'accompagne mes parents, des fois, je veux dire,
je ne suis pas à leur place, puis la meilleure personne pour nous dire ces
enjeux-là, bien, je pense que ça serait. Donc, merci de m'avoir entendu, puis
j'espère que la ministre sera favorable à cette motion.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Maintenant, je reconnais M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
• (18 heures) •
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Évidemment, le concept, là, d'usager vulnérable, on
pense à nos petits bouts de chou, c'est sûr et certain, mais les personnes
âgées sont évidemment des personnes, des usagés qui sont vulnérables.
Peut-être juste ramener en perspective
pour qu'on comprenne la vague de fond qui est derrière nous en ce moment. C'est
que l'arbre démographique, au Québec, particulièrement, est vraiment inversé.
On a de moins en moins de gens, de plus en plus de vieux, et on va continuer,
pour les 12 prochaines années, à avoir cette vague de fond là. C'est important
de le réaliser parce que ça, ça va faire en sorte que les utilisateurs de notre
route, de nos routes, les usagers vulnérables, vont être de plus en plus
nombreux. Donc, moi, je pense que c'est important, là, d'être patient avec des
personnes aînées, c'est important de les écouter. Moi, j'ai perdu mes
grands-parents à un jeune âge, mes parents ont suivi peu de temps après. Ce que
je veux dire par là, c'est que je n'ai pas eu cette chance-là que plusieurs
d'entre vous avez d'avoir des personnes aînées dans votre entourage. Mais les
personnes aînées que j'ai rencontrées dans mon quotidien par la suite... j'ai
toujours apprécié l'information, leurs perspectives, leurs expériences de vie.
Puis puis, quand j'utilisais le terme «perspectives», bien, je pense que dans
le contexte de sécurité routière, c'est vraiment là où est-ce que l'enjeu est
le plus important.
Donc, d'écouter la FADOQ, d'écouter le
Conseil national des aînés et tout autre groupe, là, qui pourrait être
pertinent, bien, je pense que c'est comme essentiel puis je pense que c'est
essentiel pour bien faire les choses pour l'avenir, pour les aînés qui sont
devant nous, où est-ce que, justement, cette courbe démographique là va peser
encore plus sur cet équilibre fragile là qui est la sécurité routière en
considération des usagers vulnérables. Mais je pense que c'est important d'être
patient puis de prendre le temps d'écouter les groupes qui pourraient venir
nous éclairer encore plus sur ce qu'il en est de leur réalité en tant qu'usagers
vulnérables, en tant qu'aînés.
On a rencontré les gens de Trajectoire
Québec, qui nous ont parlé d'une récente étude de l'INRA à laquelle nous
avons... qu'ils ont collaboré, puis que de nombreux arrêts ne sont ni
sécuritaires ni conviviaux pour embarquer et débarquer ou attendre un autobus.
Ça fait que c'est encore plus vrai pour les usagers vulnérables que sont les
aînés. Un autre point qu'ils ont mentionné, c'est que, d'un simple coup
d'œil... permet de constater que les parcours piétons vers de nombreux arrêts
ne sont pas garantis par... la sécurité des usagers, usagères. Cette réalité
est encore plus présente dans les secteurs où on retrouve une grande proportion
d'aînés. Il y a d'autres groupes qui nous en ont parlé. Et évidemment les
personnes aînées, par la réalité de la nature, là, donc, ne marchent pas à la
même vitesse, prennent plus de temps et, s'ils se blessent, c'est beaucoup plus
long, la guérison est longue, donc, mais c'est tous des gens qui contribuent à
notre société, donc c'est important de les inclure. Et, comme je disais tantôt,
c'est important d'être patient dans ce projet de loi là, prendre le temps de
les écouter, qu'on soit... par des groupes comme la FADOQ, par exemple, qui
pourrait le faire, mais Piétons Québec en a parlé, et Piétons Québec dit :
Faire preuve d'une prudence accrue, les conducteurs d'un véhicule qui... aux
égards, circonstances, adoptent une conduite préventive permettant d'anticiper
des situations à risque, notamment en présence d'enfants et de personnes âgées
et de personnes avec handicap améliorerait la situation...
18 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...je pense qu'il
y a plusieurs personnes qui sont d'accord avec l'idée comme quoi, bien, c'est
important d'être à l'écoute des groupes qui peuvent nous aider à inclure dans
ce projet de loi là des mesures additionnelles qui vont faire en sorte que ce
projet de loi là, bien, les gens vont en parler dans plusieurs années encore,
de façon positive, et que ce ne sera pas juste un oublié, puis qu'on aura dit :
Ah! c'est un projet de loi, c'est une bonne étape, mais il faut faire autre chose.
Tu sais, c'est juste pour encourager peut-être le gouvernement, là, à
considérer cet aspect-là qui va faire en sorte que les gens vont peut-être
considérer de façon plus positive l'histoire qu'aura laissée la CAQ avec ce
projet de loi là.
Vivre en ville, évidemment, parle de
réduire la vitesse en... dans les agglomérations pour, évidemment, les
personnes qui ont de la misère à traverser la rue rapidement, que ce soient les
jeunes... Encore une fois, ils soulignent à doubles traits les personnes âgées
de plus de 65 ans à mobilité réduite. Les personnes âgées ont aussi un accès...
toutes... ne sont pas toutes égales en matière de mobilité. Donc, c'est
important de considérer cet aspect-là quand on pense aux mesures et l'accès à
la mobilité, ce n'est pas quelque chose qui est équitable pour tous. Même les
personnes aînées, dans leur ensemble, ne sont pas tous égaux, évidemment.
Donc, moi, je pense que c'est important, M.
le Président, de s'assurer qu'on prenne le temps d'entendre les gens, les
aînés, qu'on puisse les écouter ici, qu'on puisse avoir le temps d'écouter avec
eux leurs commentaires, de discuter de leurs expériences, de voir justement
jusqu'où ils sont capables de contribuer à la société. Puis je pense qu'on va
être surpris de voir, parce que plusieurs ont effectivement énormément d'expérience
de vie et vont être capables de nous relayer l'information, pour chacune et
chacun d'entre eux, pertinente à leur expérience. Puis, dans le contexte où
est-ce que, bon, pour nous, c'est important de s'assurer que les usagers
vulnérables soient protégés, pour nous, c'est important que les personnes
aînées, que les personnes en situation de handicap et les jeunes enfants soient
bien bel et bien protégés avec ce projet de loi là, bien, je considère que c'est
important qu'on prenne le temps de les écouter puis qu'on va faire en sorte qu'on
va pouvoir améliorer, avec le processus parlementaire dans lequel on est
actuellement, ce projet de loi là, pour faire en sorte qu'on n'ait pas d'oubli.
J'ai vu une scène, il y a une quinzaine d'années,
approximativement, au centre-ville de Montréal, où, dans un coin de rue, un
taxi a fauché une dame d'un certain âge, puis la scène me revient tout le temps
à la tête. La dame n'est pas morte, elle a été capable de... bien, elle s'est
fait transporter en ambulance, mais c'était tout juste à côté du bureau, même
intersection avec qui... Bien, je pense que ceux qui étaient là la semaine...
il y a deux semaines m'ont entendu parler, là, d'une intersection où est-ce qu'il
y avait des cyclistes, là. Ça, c'est une intersection qui est vraiment complexe
parce qu'il y a beaucoup de trafic, presque au centre-ville de Montréal, des
cyclistes sont là. Et cette dame-là, clairement, elle devait avoir une
confusion parce que l'îlot où il y a la séparation entre les cyclistes et les
voitures, ce n'était pas assez grand pour pouvoir avoir cette dame-là qui s'assoit
dessus, là, puis qui prenne le temps de se reposer un peu. Et cette dame-là a
donc été exposée et un camion a fait ce qu'il avait à faire, le camion est
arrivé. Heureusement, le camion n'a pas fini le virage, ainsi, cette dame a été
capable de s'en sortir, mais c'était de voir tous les gens qui se sont portés
au secours de la dame, puis c'était une dame qui habitait dans le coin d'où
est-ce qu'on était. Et donc, pour plusieurs personnes, les personnes âgées sont
importantes dans la société. C'est un exemple où est-ce qu'on a vu la
vulnérabilité d'une personne et on a aussi vu l'effet d'amour que les gens du
quartier ont pu démontrer pour aider la dame à s'en sortir.
Donc, c'est un exemple, il y a sûrement
plein de personnes qui ont plein d'autres exemples à vous donner.
Malheureusement, à chaque année, on entend parler d'accidents terribles à cause
de la...
M. Beauchemin : ...routière
pour les personnes aînées, donc je pense que c'est important ici, encore une
fois, de les respecter puis leur permettre de pouvoir être entendues. Donc,
oui, je supporte cette motion. Je considère que le Conseil national des aînés,
la FADOQ et tout autre groupe qui serait pertinent devraient être écoutés,
histoire de faire en sorte qu'on puisse bien peaufiner ce projet de loi. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député de Nelligan.
M. Derraji : ...au nom du
chef de l'opposition officielle, M. le Président. Donc, très heureux de prendre
la parole encore une fois, et je tiens à saluer le courage... Oui?
Le Président (M. Jacques) : Non,
vous pouvez continuer...
• (18 h 10) •
M. Derraji : O.K. Je veux
saluer le courage de mon collègue député de Taschereau, qui... voilà, il nous
rappelle qu'il y a un autre élément important, un élément important par rapport
à la présence de groupes. Et je vais prendre juste quelques instants pour
rappeler aux collègues qui sont autour de la table... je vois de l'excitation
autour de la table par rapport à la présence des groupes... c'est un élément
important, c'est un élément important, un, deux, trois, quatre, cinq groupes
qui sont venus nous parler de la situation des aînés. Malheureusement, ma
collègue... Et vous le savez, on n'est pas nombreux, on est interpellés dans
d'autres projets de loi, mais je vais vous partager ce que ma collègue porte
parole des aînés, qui fait un travail exceptionnel... d'ailleurs, elle a déposé
un projet de loi pour les aînés invalides... et qui continue à marteler, je
dirais, ce message, et faire reculer le gouvernement sur sa décision d'aller en
appel. Et ce que je vois par rapport aux aînés... Je veux juste vous dire et
vous partager une récente étude de l'Institut national de recherche
scientifique, l'INRS, à laquelle Trajectoires Québec a collaboré et révèle
qu'encore de nombreux arrêts ne sont ni sécuritaires ni conviviaux pour
embarquer et débarquer ou attendre un autobus. Ceci est encore plus vrai pour
les usagers vulnérables que sont les aînés, les personnes avec des limitations
fonctionnelles et les jeunes familles.
Donc, on voit que l'enjeu des aînés
touche... l'enjeu de la sécurité routière, pardon, touche... touche... touche
aussi les aînés. Et à l'image de l'oubli par rapport à l'alcool au volant, je
pense que la motion préliminaire, que notre collègue le député de Taschereau...
nous ramène à prendre le temps d'écouter le Conseil national des aînés, mais
aussi la FADOQ, est importante, et ça vient corroborer un peu les
préoccupations soulevées par d'autres groupes, à savoir Trajectoire Québec, que
je viens de mentionner. Ils disent aussi que... ils parlent d'une carte de la
région métropolitaine de Montréal qui présente les niveaux de sécurité, de
marchabilité de chacun des arrêts. Et ils nous... ils nous invitent à faire
un... qui permet de constater que le parcours piéton vers de nombreux arrêts ne
garantit pas la sécurité des usagers. C'est un élément qui est très important.
Et la... cette réalité est encore plus présente dans les secteurs où... trouve
une plus grande proportion d'aînés et de ménages à faible revenu ou de
minorités visibles. Alors, je ne veux pas parler des déterminants de la Santé
publique. En général, c'est des éléments soulevés pas mal par rapport à nos
aînés.
Piétons Québec... Piétons Québec aussi,
dans leur mémoire, ils nous ont interpellés par rapport aux personnes âgées et
la situation qu'ils... que ces personnes et ces groupes représentent en matière
de risque. Donc, si on veut parler de sécurité routière, moi je pense que c'est
quand même important de le mentionner.
Vivre en ville, qui est un groupe qui est
venu en commission parlementaire. Et je veux vous partager, M. le Président,
des résultats que ce groupe nous a... qu'il nous a envoyés en commission
parlementaire. Plus de la moitié des décès piétons sont des décès de personnes
de plus de 65 ans. Plus de la moitié des décès piétons sont des décès de
personnes de plus de 65 ans. L'insécurité routière compromet autant la
qualité de vie, mais aussi l'autonomie des personnes âgées que celle des
jeunes. Et d'ailleurs... d'ailleurs, le comité d'experts sur la sécurité des
piétons réuni par la SAAQ en 2019 avait d'ailleurs retenu les piétons aînés
comme thème de travail prioritaire. C'est dans les documents de la SAAQ...
M. Derraji : ...ça, ça a été
un élément qui a été soulevé par Vivre en ville, je vous réfère à la page 10 et
18. Donc, ce qu'ils nous ont dit, c'est : Protéger les usagers
vulnérables, mais aussi de donner suite aux travaux du comité d'experts sur la
sécurité routière. J'en suis sûr et certain, autour de la table, il y a des
experts de la sécurité des piétons, du moment qu'on parle d'un rapport de la
SAAQ de 2019, il y avait... ça ne date de très longtemps, et ça parle aussi de
personnes à mobilité réduite qui est aussi un élément important. Un autre
groupe Accès transports viables, ils parlent aussi de la... en fait, c'est la
même logique que le groupe Piétons Québec, ils rappellent, encore une fois,
l'importance, l'importance d'avoir une lecture... analyse différenciée selon
les sexes. Donc, c'est la fameuse ADS et ADS+. D'ailleurs, l'approche est
reconnue par les gouvernements du Québec, ADS, et Canada, ACS+.
Et ils parlent aussi des aînés. Vélo
Québec, Vélo Québec, ils disent que les principes énoncent que, sur la route,
tous les usagers et usagères ne sont pas égaux, ne courent pas les mêmes
risques et ne représentent pas le même degré de dangerosité pour autrui. Et
ceux qui se sentent en haut de la pyramide, ce sont les personnes en situation
de handicap, les jeunes enfants, les aînés. Et donc on voit que la proposition
de mon collègue député de Taschereau va dans le même sens de bonifier l'étude
détaillée, d'avoir d'autres éléments, surtout par des groupes concernés, à
savoir le Conseil national des aînés, mais aussi la FADOQ, qui sont les deux...
ou, bien entendu, mon collègue a ouvert la porte à tout autre groupe que la
partie gouvernementale juge pertinent pour bonifier, pour bonifier l'analyse du
projet de loi.
Alors, madame... M. le Président, désolé,
M. le Président, j'appuie la demande de mon collègue, et j'espère que Mme la
ministre va donner suite à cette excellente demande de mon collègue député de
Taschereau.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion
de M. le député de Taschereau? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, je vais
mettre aux voix la motion du député de Taschereau. Est-ce qu'elle adoptée?
Des voix : Rejeté.
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Un
vote par appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
Le Secrétaire
: Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Bogemans
(Iberville)?
Mme Bogemans : Contre.
Le Secrétaire
: M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
Le Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire
: Et M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires?
M. Derraji : Oui.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
que vous pouvez déposer votre motion préliminaire, M. le député de Nelligan?
M. Derraji : C'est déjà
envoyé.
Le Président (M. Jacques) : Ça
a déjà été envoyé. Donc, si vous voulez lire votre motion, nous allons débuter
votre intervention... suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 18)
(Reprise à 18 h 19)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et, lors de la suspension...
Le Président (M. Jacques) : ...le
député de Nelligan était à déposer une motion préliminaire, ce qu'il fera
certainement maintenant.
M. Derraji : Oui, merci.
Merci, M. le Président. Donc, motion préliminaire conformément à
l'article 244 du Règlement de l'Assemblée nationale. Je fais motion afin :
«Que la Commission des transports et de
l'environnement tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 48, Loi modifiant principalement le Code de la sécurité routière, afin
d'introduire les dispositions relatives aux systèmes de détection et d'autres
dispositions en matière de sécurité routière, des consultations particulières,
et qu'à cette fin elle entende, dès que possible, le Service de police de la
ville de Montréal.»
• (18 h 20) •
Le Président (M. Jacques) : ...
M. Derraji : Oui. Merci, M.
le Président. Combien j'ai?
Le Président (M. Jacques) : 30 minutes.
M. Derraji : Bon, je dois
prendre 30 minutes?
Le Président (M. Jacques) : Maximum.
M. Derraji : Oui, je sais. Merci.
La dernière fois, j'ai complètement oublié. Bon.
Vous allez me dire pourquoi le service de
police de la ville de Montréal? Je vais juste vous inviter, chers collègues, à
suivre avec moi la ligne du temps. C'était très important. Nous étions tous réunis
en commission parlementaire du 6 au 8 février, 6 au 8 février, et
j'ai moi-même pris la peine de poser la question suivante aux groupes :
Qu'est ce qu'ils pensent de l'alcool au volant? Il y a des gens qui nous ont
dit : Écoutez, on ne l'a pas étudié, ce n'est pas dans notre... notre
mission. Il y a des groupes clairement qui ont affiché leurs couleurs et ils
nous ont dit : Écoutez, si on suit la science, nous sommes dus à aller de
l'avant avec des mesures administratives, avec 0,05.
Donc je ne vais pas refaire tout le débat.
Ça va être long, mais je vais vous partager cet échange qui est venu quelques
jours plus tard, quelques jours plus tard après la fin de notre commission
parlementaire. Et je vais citer le directeur du SPVM que Mme la ministre connaît
bien. À la fin de son entrevue, parce qu'il a parlé beaucoup du vol et de la
violence armée dans les rues de Montréal, il a parlé de la diminution de
26 %. Mais à la fin de l'entrevue, le directeur du service de police de la
ville de Montréal précise qu'il est d'accord avec la décision d'abaisser la
limite d'alcoolémie au volant à 0,05.
Quand on vous dit, M. le Président, depuis
le début, que nous avons fait nos devoirs et nous avons des bons arguments,
jusqu'à maintenant ce n'est pas une ou deux ou trois personnes qui appuyaient
la baisse. Moi, je pense à comprendre que le gouvernement... Je vous le dis
ici, moi, je veux juste qu'on me rassure que c'est un choix politique. Un choix
politique, le gouvernement fera ce qu'il veut après.
Mais quand j'ai le chef, le directeur du
Service de police de Montréal, écoutez, je ne sais pas si je peux déposer ce
lien, mais bon, écoute, j'invite les collègues d'aller voir Radio-Can. Voici
comment le SPVM compte prévenir la criminalité dans les prochaines années,
c'est un segment de 13 minutes, et je vais vous lire ce qu'il a dit. À la
fin de l'entrevue, le directeur du service de... du SPVM précise qu'il est
d'accord avec la décision d'abaisser la limite d'alcoolémie au volant à 0,05,
il irait... Là, c'est intéressant parce que c'est la première fois que
j'entends un directeur de police, vous savez pourquoi ils sont interpellés, ses
collègues sont interpellés et donc à la même... au même poids, il fallait une
logique dans les motions que je viens de déposer, le coroner vient après, mais
il y a aussi le service de police. Il a regardé, qu'est ce qu'il a dit, M. Fady
Dagher? Il a dit : Il irait même plus loin que cela. Lui, il ne veut pas
qu'on reste juste à 0,05.
Donc, pour ceux et celles qui disent qu'il
n'y a pas d'appui et qu'on ne comprend pas les réalités, je leur réponds avec
la chose suivante : Si on pouvait mettre...
M. Derraji : ...le 0,00, je
serai pour. Donc, M. le Président, je ne sais pas vous, mais moi, ça m'a
interpellé. Quand le ministre... quand le service de police parle qu'il veut
baisser le taux à 0,05, mais il nous informe que, si on pouvait mettre le 0,00,
il serait pour. Ce n'est pas n'importe qui, c'est le directeur du SPVM. Moi, je
ne sais pas, à la place des gens responsables de la sécurité routière, j'ai le
goût de leur poser la question : Comment vous interprétez... comment vous
interprétez la déclaration de M. Fady Dagher?
Donc, ce qui m'intéresse, M. le Président,
avec l'échange avec le directeur du SPVM, c'est que, s'il y a un doute encore
autour de la table, si jamais, parce que là on le voit, Mme la ministre du
Transport a dit que le coroner ne voyait pas l'intérêt d'être là. Moi, quand
même, je ne pense pas que... je comprends que le contexte de l'étude détaillée
et de... de la commission était un peu sur un autre sujet que l'alcool au
volant. Nous avons tous vu que, la dernière semaine, il y avait pas mal de jeux
sur la table par rapport à l'alcool au volant. L'intérêt, il est revenu,
l'intérêt, il est revenu sur la place publique, les gens en parlent, les gens
en parlent et ils veulent savoir pourquoi, je dirais même les chroniqueurs,
veulent savoir pourquoi le gouvernement ne veut pas baisser le taux à 0,05.
Ceci étant dit, là, le directeur du
service de la police, lui, il ne veut pas parler uniquement de 0,05, il veut
parler du 0,00, ça veut dire : Tu bois, pas d'alcool au volant, c'est
zéro. Ça, ce n'est pas n'importe qui, on parle d'un collaborateur au niveau de
la sécurité routière, et ça... ça rejoint un peu la logique de Mme la ministre.
Quand Mme la ministre dit, sur la place publique, qu'on a les mesures, au
niveau canadien, les meilleures mesures, oui, nos partenaires, c'est les
services de police, mais j'ai le directeur du SPVM qui, lui, le mentionne publiquement,
qu'il veut baisser, abaisser la limite d'alcoolémie à 0,05, mais il est même
prêt à aller à 0,00.
Alors, reculons un peu, il y a une
semaine, sur la place publique, M. le Président, il y avait deux camps, un qui
utilisait des études scientifiques, rapport du coroner, les recommandations de
CAA Québec qui nous a informés que c'était un fléau, l'alcool au volant, des
parents endeuillés, l'INSPQ, l'association de la santé publique, des gens que
c'est leur domaine et leur champ d'expertise, étudier l'alcool au volant. Mais
là, une semaine après, parce qu'on était dans le débat, on était dans
l'actualité pour parler de l'alcool au volant, j'ai cette sortie du Service de
police de la Ville de Montréal, ce n'est quand même pas rien, M. le Président. Ce
n'est pas rien, M. le Président. Quand j'ai le chef du service de police qui
lui ne veut pas parler du 0,05, il veut aller au 0,00.
Donc, moi, je pense, c'est quand même
important pour les membres de la commission, je dirais même les gens qui
travaillent sur la... au niveau de la sécurité routière, d'avoir un échange
avec le Service de police de la Ville de Montréal. Au bout de la ligne, moi,
j'en suis sûr et certain, ce qu'on veut tous, c'est améliorer le bilan de la
sécurité routière, diminuer le risque d'accidents mortels, il faut que ça
baisse. Pas besoin de rappeler l'étude... on parle de 0,05 à 0,08, le reste qui
est multiplié par six, ça, ça a été dit pas mal de fois, je pense que les gens
commencent à apprendre par coeur les arguments qu'on utilise...
M. Derraji : ...je dirais,
j'étais dans une... dans une discussion, dans un café, et j'ai entendu des gens
utiliser cette étude. Donc, ça démontre que les gens écoutent ce qu'on fait au
parlement. Et je les remercie parce qu'au moins ils pensent que le Parti
libéral, qui mène cette bataille contre l'alcool au volant, utilise des études
scientifiques, ils ne se basent sur des ouï-dire ou on pense que... écoutez,
parce que les gens ne veulent pas, qu'on ne doit pas améliorer le bilan de la sécurité
routière.
• (18 h 30) •
Donc, encore une fois, M. le Président,
nous avons devant nous une déclaration pertinente de quelqu'un qui travaille
dans la sécurité. En fait, c'est le responsable de la police. Et son entrevue,
elle était basée sur deux éléments. Le premier élément va... vous le savez, il
y a la violence armée dans les rues de Montréal, où il a parlé d'une diminution
de 26 %. Et il a parlé aussi des armes à feu saisies qui ont permis aux
corps policiers de prévenir des... de prévenir les événements violents. Et dans
la même, la même, la même entrevue, M. le Président, c'était quand même toute
une déclaration. C'est qu'on ne parle plus de 0,05, on parle du 0,00. Donc, on
n'est plus uniquement dans le 0,05, nous sommes rendus maintenant au 0,00, et
ça pour moi est un élément... C'est nouveau, c'est un élément récent. C'est une
déclaration qu'on ne doit pas prendre à la légère. Ce n'est pas banal. Ce n'est
pas banal vu le poste stratégique de M.... Donc, on veut travailler avec nos
services. On veut améliorer le bilan de la sécurité routière. Nous avons mis
sur la table beaucoup d'études scientifiques qui corroborent un peu nos propos,
et dire : Ce qu'on veut, c'est améliorer le bilan de la sécurité routière
que Mme de la... Sécurité routière que Mme la ministre veut améliorer. C'est
notre souhait. C'est ce qu'on veut tous et je pense qu'on partage tous la même
volonté.
Et on va tous se donner le meilleur projet
de loi à la fin, parce qu'on va l'amender, le projet de loi. Bien sûr, ça
dépend de la volonté de Mme la ministre du Transport et son ouverture aux
amendements, mais je tiens à la rassurer que nos amendements vont avoir une
seule ligne, c'est améliorer le projet de loi. Et, pour améliorer le projet de
loi, vu la lacune majeure que nous avons dévoilée et constater de l'absence
d'un fléau, à savoir l'alcool au volant, ce n'est pas mes propos, ce sont les
propos de CAA-Québec. C'est eux qui nous ont dit que c'est un fléau, l'alcool
au volant. On ne peut pas... on ne peut pas se cacher aujourd'hui de dire qu'il
n'y a pas de fléau. Il y a un fléau. Ce qui manque, c'est le courage politique
de ne pas aller de l'avant.
Alors, M. le Président, je ne sais pas
vous, mais moi, je me suis senti interpellé. Je me suis senti interpellé. Je me
suis sentie interpellée parce que j'ai le directeur du SPVM qui, lui, sort le
0.00. En fait, il ne parle plus du 0,05, il parle plus du 0,05. Bien, il était
content de dire : Écoute, moi, là, le débat, je suis d'accord. En fait, il
nous a donné raison parce que sa décision, elle est venue le jour où la CAQ a
voté contre la motion. Quelle contradiction! J'ai la SPVM à Montréal, le
directeur qui appuie la baisse de la limite de l'alcoolémie et au même
moment... En fait, le vote n'a pas eu lieu. Le vote n'a pas eu lieu mercredi.
Le vote a eu lieu jeudi. Mais on savait, on savait, écoutez, je me rappelle de
mon collègue de Saint-Jérôme qui me parlait de la peur. Écoutez, cher collègue,
cher collègue, la peur, qui a parlé de la peur?
Donc, est-ce que le directeur de SPVM
parle aussi de la peur? Mais non. Lui, il est sur le terrain, lui, il fait son
travail par rapport à la sécurité routière. Et c'est là, et c'est là, et c'est
là l'essence même de la différence entre nous et la partie gouvernementale, par
rapport à cette absence d'un élément extrêmement important, à savoir l'alcool
au volant dans ce projet de loi. Vous avez vu, M. le Président, l'immense...
l'émotion que j'ai quand je parle de ce sujet, parce que je veux juste qu'on se
donne les meilleurs outils et pour qu'à la fin, en tant que parlementaires, on
va tous, tous voter pour ce projet de loi. On va dire : Écoutez, grâce à
l'ouverture de Mme la ministre, nous avons eu un bon projet de loi qui va
améliorer le bilan et qui va améliorer la sécurité routière au Québec.
Donc, je reviens aux propos de M.
Daguerre, et c'est très important de mettre...
18 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...le contexte
de sa sortie. C'est vrai que sa sortie n'était pas en lien avec l'alcool au
volant. Ça a été dans le cadre d'une rencontre avec un journaliste, où il
parlait des... des... de la criminalité dans les prochaines années et
comment... comment... comment le SPVM voit tout cela. Ce qui est bien, je vous
le dis, ce qui est très, très bien, c'est qu'il nous a... il nous a présenté...
C'est quand même la première fois que je vois une telle déclaration d'un
responsable que lui, lui est impliqué dans la sécurité routière. S'il y a
quelqu'un qu'on doit écouter ici en Chambre ou en commission parlementaire, c'est
le directeur du SPVM.
Une voix : ...
M. Derraji : Je vais vous le
dire pourquoi. Très bonne question, cher collègue. Je vais vous le dire même si
on n'a pas le droit de s'interpeller. Je dois suivre les recommandations de M.
le Président. Pourquoi? Le moment... Premièrement, le moment, je peux dire le
timing de la sortie. Le directeur du SPVM en plein milieu du débat sur l'alcool
au volant, il sort publiquement pour mentionner quoi? Que lui, il est d'accord
avec la décision d'abaisser la limite d'alcoolémie, voilà, à 0.05. C'est quand
même tout un «statement», si on peut utiliser le mot. C'est quand même toute
une déclaration. Et nous, députés en pleine commission parlementaire, on va...
comme s'il n'y avait rien sur la place publique. On ne peut pas s'empêcher de
ne pas l'écouter et l'entendre, et même, je dirais, aller de l'avant avec sa
recommandation. Parce que si demain il y a un enjeu, et le directeur va sortir
pour dire : Écoutez, l'enjeu, c'est le taux d'alcool à 0.05 et à 0.08
parce je n'ai pas les outils nécessaires pour donner à mes policiers d'imposer
des amendes et des mesures administratives. J'espère que la CAQ va avoir le
courage pour dire : on l'a manqué celle-là. Moi, je vous aide pour ne pas
avoir ce genre de réponse. C'est ça pour répondre au pourquoi, cher collègue.
Donc, je vous le dis parce qu'il ne faut
pas attendre un drame ou un autre accident et par la suite, vous serez
interpellé par le directeur du SPVM pour dire : Écoutez, mais je vous ai
déjà mentionné que moi j'étais pour le 0.00. Il était pour le 0.005, mais il
voulait qu'on aille au 0.00. Donc, donnons au SPVM et autres corps policiers avec
qui... je salue Mme la ministre parce qu'il était très sincère. On a les
mesures les plus performantes, comparativement aux autres provinces
canadiennes. Mais elle répond quoi à Fady Dagher? La CAQ répond quoi à Fady
Dagher aujourd'hui? Il dit qu'il est pour abaisser la limite d'alcoolémie à
0.05. La liste commence à être longue. Santé publique, CAA Québec, INSPQ,
coroner. Là, j'ai le chef de police du SPVM, qui n'achète pas l'idée du
gouvernement de rester à 0.08. Lui, il veut abaisser le seuil. Mais je vous le
dis : Il ne veut pas uniquement abaisser la limite, il veut du 0.00.
Donc, imaginez juste un instant un échange
avec le directeur du SPVM en commission parlementaire. Moi, j'en suis sûr,
écoutez les collègues. Et je veux citer encore une fois... Écoutez, je ne sais
pas qu'est-ce que j'ai, mais je vais citer le député de Saint-Jérôme. Je le
vois en train d'interpeller le directeur de police du SPVM, lui dire :
Écoute, est-ce que ce n'est pas de la peur parler au 0.05? J'ai le goût de voir
cet échange, M. le Président. J'ai le goût de voir qu'on a les meilleures
mesures. Question de Mme la ministre au directeur du SPVM. J'ai le goût de l'entendre
parce que lui, contrairement à nous tous, une fois, on va terminer ce projet de
loi, je sais qu'il y a le projet de l'agence de transport. On verra ça plus
tard, mais, entre temps, pour nous, le travail par rapport à la sécurité
routière, il est presque terminé en tant que législateur. Le travail, il est
terminé en tant que législateur, mais je ne peux pas, devant cette opportunité,
cette fenêtre ouverte par rapport à cet effet, dire non. J'ai une déclaration
importante de Fady Dagher en plein... en pleine semaine de discussion sur
toutes les tribunes, en lien avec l'alcool au volant. On ne peut pas, en tant que
membre de cette Assemblée, de cette commission, faire abstraction...
M. Derraji : ...que ces
déclarations du chef de police de Montréal doivent passer inaperçues. Vous
allez me permettre de boire un verre d'eau, M. le Président.
Et, vous savez, c'est rare, les moments,
au Parlement, que j'ai vécus, où j'ai une ligne, comme par hasard, tellement
bien faite. On dirait que c'est un film bien préparé, alors que ce n'est pas le
cas. Ce n'est pas le cas parce que je dirais qu'il y a un éveil, et un éveil
qui se traduit, aussi, même dans les sondages de la population. Ce que j'ai
entendu, Mme la ministre, qui disait : Le Parti libéral, pourquoi vous
n'avez pas fait cela quand vous étiez au pouvoir? Il a interpellé mon collègue.
Je lui ai mentionné : il y avait même une évolution d'un point de vue
public, la population québécoise. Et pour un gars qui a un peu flirté avec la
santé publique, je dirais, quand même, une bonne dizaine d'années, moi, ça me
tient à coeur, l'acceptabilité sociale. Mais j'ai 62 %. 62 %, M. le
Président, de la population nous appuient. Mais je ne peux pas aujourd'hui...
Et je veux que les gens qui nous écoutent et qui suivent avec intérêt ce débat
sur l'alcool au volant... Parce que laissez-moi vous dire que ma boîte est
inondée de messages. Et d'ailleurs ce n'est pas terminé, M. le Président, ce
débat. Quand on aura des discussions, en temps et lieu, une fois l'amendement
Jessica sera déposé, allés un peu décortiquer pas mal d'éléments, j'en suis sûr
et certain qu'on va savoir d'autres aspects par rapport aux accidents où
l'alcool est impliqué... est en jeu.
• (18 h 40) •
Je reviens maintenant à Fady Dagher.
Pourquoi je vous ai dit que la ligne du temps, c'est extrêmement important?
Pour une raison très simple. Fady Dagher, en termes de sa position, il est
responsable, entre autres, de la sécurité routière. Ses équipes travaillent
pour protéger les citoyens. Et si je fais le lien avec les propos de Mme la
ministre, qu'on a les mesures les plus extrêmes, que ça va bien, qu'on n'a pas
besoin d'autres mesures administratives, je suis juste la logique que j'ai sur
la table, parce que le seul argument qu'on nous a donné, le seul argument de
Mme la ministre, qui était, bien entendu, bien préparé et en discussion avec
ses équipes, qu'on a les mesures les plus extrêmes, que ça va bien, que ça
marche et que ça donne des résultats. Mais si ça marche bien et que tout le
monde, surtout ceux qui travaillent pour la protection, pour veiller à la
sécurité routière, s'ils avaient l'ensemble des éléments pour stopper le
fléau... j'utilise «le fléau» parce que ce sont les propos de CAA-Québec, pour
stopper le fléau... pensez-vous un instant que le chef de police de Montréal
n'a que ça à faire, sortir, en bonne et due forme, et dire : Écoutez, moi,
là... En fait, il donnait raison au Parti libéral, il donnait raison à la
motion que j'ai déposée la semaine dernière : Je suis d'accord avec la
décision d'abaisser la limite d'alcoolémie au volant à 0,05. C'est sa
déclaration, on n'invente rien. Mais je dirais même, lui nous invite même...
Écoutez, si on pouvait mettre le 0,00, je serais pour, indique-t-il.
Donc, c'est pour cela, M. le Président,
moi, je rêve d'un échange. L'ensemble de mes collègues vont avoir l'opportunité
de dire au chef de police : Pourquoi vous avez demandé à ce qu'on baisse
la limite d'alcoolémie? Il va y avoir des arguments du chef de police, il va y
avoir les arguments de Mme la ministre, il va y avoir les arguments de la
partie gouvernementale, première partie, parce que lui, il était pour le 0,05.
Mais, deuxième partie, et ça, je ne l'ai pas vu venir, M. le Président, lui, il
est carrément contre l'alcool au volant, il n'y a pas de 0,05. Lui, il ne veut
pas, c'est zéro. Et d'ailleurs il y a des endroits, il y a des endroits, à l'échelle
internationale, où on parle de ça...
M. Derraji : ...on parle... on
parle de cet enjeu, on parle de point zéro, zéro. Je ne l'ai pas mentionné
parce que, jusqu'à maintenant, la plupart des études, on parle plus du 0,05.
Alors, je vais prendre ce qui me reste, M. le Président, pour conclure. Je
comprends, Mme la ministre, elle a pris la peine, tout à l'heure, de nous dire
que le coroner ne voulait pas être là. Il a été interpellé. Je la remercie pour
sa réponse. Nous, nous avons parlé avec le coroner. Il était content de nous
partager ses recommandations. Maintenant, quand il voit... quand elle a vu la
sortie du chef de police de la ville de Montréal, qui n'était pas invité, lui,
en commission parlementaire, qui n'a pas reçu d'invitation, ça va être quoi, sa
réponse? Surtout que maintenant j'ai le chef de police de la métropole que lui,
publiquement, il est pour le point zéro, zéro cinq. Mais je vous le dis encore
une fois, pas uniquement ça, lui, il va aller même au point zéro, zéro. Je vais
juste me limiter à 0,05.
Donc, je vais reformuler ma question, je
ne sais pas si Mme la ministre va répondre, M. le Président, tout à l'heure
elle a répondu au coroner. Mais, par rapport à la SPVM, est-ce qu'ils ne voient
pas d'un bon oeil avoir un échange sur la sécurité routière et l'alcool au
volant avec le chef de police, M. Fady Dagher? Est-ce que les collègues
n'aimeraient pas avoir un échange? Et je vois l'excitation du député de
Saint-Jérôme, j'en suis sûr et certain que... Il y a tellement de questions sur
la peur et sur la place de l'alcool au volant dans le cadre de la sécurité
routière. J'en suis sûr et certain qu'il va avoir du fun et un réel plaisir, en
tant que membre de cette commission... avoir un excellent échange, avec un
excellent échange. Il est capable, il est capable d'avoir un excellent échange
de fond, en profondeur sur l'alcool au volant avec le chef de police. Et là on
va tous sortir gagnants. On va tous sortir gagnant parce que probablement les
arguments de la ministre vont convaincre le chef de la police de Montréal pour
dire : Écoutez, c'est vrai, on a tous les éléments pour pouvoir... pour
pouvoir continuer notre travail. Et les mesures administratives que le Parti
libéral, l'opposition, mais même mon collègue aussi, que je tiens à remercier,
c'est... je ne suis pas seul, mon collègue, député de Taschereau, aussi parle
de l'alcool au volant et des mesures administratives, bien, probablement, au
bout de la ligne, vous, on va vous dire : Vous avez raison. Le chef de
police, M. Fady Dagher, vous avez réussi à le convaincre. Il a tous les
éléments. Il ne veut plus du point zéro, zéro. Mais malheureusement on ne peut
pas faire ce débat parce qu'on n'a pas eu l'occasion de l'entendre.
Et, vous le savez, encore une fois, la
pertinence de cet ajout, sa déclaration ne date pas de l'année dernière. Je
peux vous l'accorder. Le rapport du coroner, il est venu avant le dépôt de
votre projet de loi. Le projet de loi aurait dû être amendé et suivre les
recommandations du coroner si on veut bien faire les choses. Le projet de loi a
oublié les recommandations du coroner. Sur ce point, je veux qu'on le prend en
considération et que ça soit enregistré et qu'on se tient tous responsables. Si
demain il y a un autre rapport du coroner qui nous recommande la même chose, on
a failli à notre mission en tant que législateurs et en tant qu'élus
responsables, membres d'une commission sur le transport et qui de tous, on veut
améliorer le bilan de la sécurité routière.
Alors, M. le Président, j'espère, j'espère
cette fois-ci qu'on va dire oui à la convocation de M. Fady Dagher. Je pense
que les gens qui nous suivent, parce que c'est un canal qui est
hyperpopulaire... et les gens vont nous suivre, ils vont dire : Quelle,
quelle, quelle bonne idée d'avoir le chef de police de Montréal, M. Fady
Dagher, en commission parlementaire et que l'ensemble des élus puisse lui poser
la question pourquoi vous voulez le point zéro, zéro. Parce que, pour lui, le
0,05, il est acquis, il lui a déjà dit oui, mais il nous donne l'opportunité
même pour le point zéro, zéro. Mais moi, j'aimerais bien juste qu'il vienne
nous expliquer le pourquoi, et le raisonnement, et le cheminement qui l'a mené
à dire publiquement... il est pour le 0,05. Ce n'est pas n'importe qui, M. le
Président, c'est le chef de police de la Ville de Montréal. Sur ce, M. le
Président, j'espère que mes collègues vont accepter et ils vont voter pour
entendre M. Fady Dagher en...
M. Derraji : ...commission
parlementaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Nelligan. Je vous invite quand même, tout le monde, à faire
attention dans les propos qui sont tenus, surtout envers les collègues qui sont
assis ici... avec l'ensemble des 125 députés de l'Assemblée nationale, dont
tout le monde fait partie. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Bien, d'abord, je veux... je veux remercier le
collègue de Nelligan, là, pour cette proposition de motion, là, qui vise à
demander, en fait, à ce qu'on entende dès que possible le service de police de
la ville de Montréal. Ça m'apparaît une bonne idée à plusieurs égards.
• (18 h 50) •
La première des choses, en fait... Je vais
retourner, en fait, au... à mon document ici, là. Tout à l'heure, je vous ai
parlé, M. le Président, là, des principes qui soutiennent la vision zéro. Je me
permets de les rappeler, parce qu'on ne le dira jamais assez souvent, puis je
le dis, il va falloir qu'on appuie toute la réflexion du projet de loi là-dessus :
Les décès et les blessures graves sont évitables, les humains font tous des
erreurs, la sécurité routière est une responsabilité partagée puis les limites
de vitesse sont fixées selon la vulnérabilité. Bon.
Maintenant, cette vision zéro là s'appuie
sur cinq leviers. Il y a un truc pour s'en rappeler, là, c'est cinq E, donc
cinq mots qui commencent par E. Vous allez voir, c'est très simple.
D'abord, il y a les environnements, les...
l'environnement, en fait, là, donc les aménagements dans lesquels on va...
qu'on va construire, des environnements qui vont pardonner, des environnements
qui vont réduire la vitesse de circulation des automobiles, des environnements
qui vont favoriser la visibilité des piétons et des cyclistes, qui va favoriser
aussi, bien évidemment, les cyclistes et les piétons d'être vus par les
automobilistes, des environnements qui vont... qui vont réduire la vitesse de
circulation, évidemment. Mais ça, je pense que c'est un... tu sais, ce n'est
pas à l'intérieur tant que ça du projet de loi n° 48 qu'on va aborder ça,
quoique, mais c'est principalement aussi à travers le... la révision du tome un
sur les conceptions routières, parce que c'est... c'est ce guide-là, c'est ce
guide de conception routière du ministère des Transports et de la Mobilité
durable qui, après ça, est utilisé par les municipalités du Québec qui peuvent
prendre ce guide-là et l'appliquer à la lettre ou encore faire un peu mieux à
partir de ce guide-là, mais c'est comme la base sur laquelle on s'appuie pour
concevoir les routes au Québec. C'est un livre de recettes. C'est un peu comme
le code du bâtiment, M. le Président, dans lequel les gens doivent assurer le
minimum, c'est-à-dire que ce qu'il y a dans le code, c'est le minimum requis,
puis après ça, si on veut faire mieux, tant mieux, là. Mais donc c'est un code
de conception des routes qui a été... qui a été fait il y a longtemps, mais qui
n'a pas été révisé depuis, donc, de nombreuses années. Donc, c'est le premier
E, les environnements, donc les aménagements.
Il y a un deuxième... Il y a un deuxième E
qui est l'engagement citoyen. Bon, ça c'est beaucoup les élus qui prennent
position publiquement pour améliorer la sécurité routière, ça va être tout le
travail de la SAAQ, mais l'engagement citoyen, c'est un volet sur lequel on
travaille peu au Québec. Je me souviens de la ville de Québec, là, qui... je
l'ai mentionné, je pense, dans le principe, mais, au cas où, je vous le
rappelle, là. Donc, dans le... à la ville de Québec, il y avait cette idée-là
de faire une espèce de contrat d'engagement moral des citoyens, des citoyennes,
dans lequel on leur demandait de s'engager à faire attention, à faire preuve de
prudence quand on est sur la route au volant d'un véhicule, peu importe la
taille, peu importe la grosseur ou la masse, et donc être prudent vis-à-vis les
plus petits. Et donc cet engagement citoyen là... Je ne sais pas si les
résultats ont été à la hauteur de ce que la ville de Québec voulait faire,
parce que c'est un enjeu qui est difficile à aller chercher, mais il y a
certainement, en tout cas, quelque chose là à travailler. Je pense que les gens
doivent être fiers de faire attention aux autres, d'avoir un... de ne pas avoir
de point de démérite, de respecter, dans le fond, le code de la sécurité
routière, de ne pas être impliqué dans des accidents, dans des collisions avec
d'autres automobilistes ou avec des usagers vulnérables.
Là, il reste trois E, hein? Environnement,
engagement citoyen, il en reste trois, et c'est trois importants dans le cadre
de... dans la discussion qui tourne autour de la motion de mon collègue à
l'effet d'inviter, là... d'entendre le service de police de la ville de
Montréal, parce que ces trois E là ont un lien, en fait, avec les services de
police.
Le premier, c'est l'éducation. Les
services de police jouent un rôle d'éducation à la sécurité routière. Les
policiers déploient des opérations pour faire connaître les modifications qui
ont été apportées au code de la sécurité routière. Les policiers déploient des
opérations pour rappeler les différentes dispositions du code de sécurité
routière, vont mettre en œuvre un paquet d'éléments, c'est ça, pour faire
connaître, en fait, pour faire de l'éducation auprès des usagers de la route,
qu'ils soient piétons, qu'ils soient cyclistes, qu'ils soient automobilistes,
chauffeurs de camion, peu importe. Les services de police ont une approche qui
n'est pas juste répressive...
M. Grandmont : ...mais aussi
proactive, c'est-à-dire qu'on va au-devant des gens, puis on renseigne. Puis
même, rappelez-vous, vous avez peut-être déjà connu ça, mais les policiers qui
viennent dans les écoles aussi, il y a du travail qui se fait dans les écoles
primaires, dans les écoles secondaires. On ne parle pas uniquement évidemment
de sécurité routière, mais entre autres parce que c'est une partie importante
du travail des services de police, tous paliers confondus, là, police, les
corps de police municipaux comme les corps de police... bien, la sûreté... la
Sûreté du Québec. Donc, il y a ce travail d'éducation là, qui est fait par les
services de police, qui est extrêmement important, présent, de plus en plus, et
je les en félicite, parce que ce rôle-là d'aller au-devant permet de faire de
la prévention, permet évidemment de ne pas avoir à constater une infraction, à
constater un méfait, mais d'agir en amont pour éviter que ces mauvais
comportements là se produisent. Donc, environnement, engagement citoyen,
éducation.
Le quatrième e, bien, c'est l'encadrement,
donc la surveillance et le contrôle. Évidemment, c'est le premier rôle auquel
on pense quand on pense aux services policiers. C'est toute l'application du
code de sécurité routière. Les services de police prennent le code et
l'appliquent pour le faire respecter. Puis c'est vrai pour les services de police,
de tous les paliers de... de tous les paliers. Donc, la Sûreté du Québec, les
corps municipaux, mais aussi les contrôles routiers, les contrôleurs routiers
ont un champ d'expertise qui est assez précis, mais ont à faire respecter les
lois que nous avons, que nous adoptons ici et auront donc à mettre en œuvre la
nouvelle mouture du code de sécurité routière, une fois qu'elle sera... que
cette loi-là sera sanctionnée. Donc, évidemment, les services de police
agissent non seulement sur l'éducation, mais aussi sur l'encadrement qui, en
d'autres termes, revient à toute la partie de surveillance et de contrôle.
Évidemment, on... Donc, c'est un rôle important qui leur est dévolu. Puis
évidemment, ils sont aux premières loges. Je ne sais pas quelle proportion du
temps de leur travail que ça représente, mais c'est clair que c'est un enjeu
sur... un aspect, en fait, de leur travail qui doit les occuper quand même
passablement.
Puis le cinquième e, parce que, là, j'ai
nommé, des environnements, l'engagement citoyen, l'éducation, l'encadrement, il
en reste un seul, c'est l'évaluation, l'évaluation qui se fait à partir des
données qui sont recueillies sur le terrain. Et l'évaluation, c'est de prendre
les données, donc, qui proviennent essentiellement des corps de police, puis
des contrôleurs routiers, là. Il n'y a pas beaucoup de sources de données sur
l'accidentologie au Québec, sur le respect ou non du code de la sécurité
routière qui ne provient pas directement des différents... des différents corps
policiers du Québec et des contrôleurs aussi au Québec. C'est... ce sont ces
travailleurs, ces travailleuses qui vont constater, à travers leurs différents
outils, à travers leurs différentes opérations, à travers leurs interventions
sur le terrain, l'ensemble des données qui, après ça, sont ramenées le plus
souvent, là, à la Société de l'assurance automobile du Québec, mais j'imagine
aussi au ministère des Transports, pour être comptabilisées, pour être mises en
carte, pour être capable de dresser des bilans, faire des rapports, qui nous
permettent, après ça, d'améliorer les systèmes de sécurité... le système de
sécurité routière au Québec. Donc, sans ce travail-là, au niveau de
l'évaluation, donc de la collecte de données, essentiellement, qui vient des
corps policiers et des contrôleurs routiers, on ne serait pas capables de faire
une évaluation qui aurait du bon sens ici, au Québec.
Pourquoi je vous dis tout ça, M. le
Président? Bien, d'abord, pour mettre en lumière le fait que les services de
police et les contrôleurs routiers jouent un rôle essentiel dans l'application
du code de sécurité routière, mais, de manière générale, sur le bilan routier
au Québec, principalement au niveau, là, de l'éducation, de l'encadrement puis
de l'évaluation. Mais aussi parce que je remarque que, dans les audiences que
nous avons tenues, du 6 au 8 février, nous n'avons rencontré aucun corps de
police et... et nous n'avons pas rencontré non plus les contrôles routiers. Ils
jouent pourtant un rôle essentiel dans la mise en œuvre de toute la stratégie
de sécurité routière au Québec. Et nous n'avons pas attendu aucun corps de
police et non plus les contrôleurs routiers.
Moi, il manque clairement quelque chose,
là, dans notre réflexion. La commission a un ombrage, un angle mort important. Il
y a une partie importante de toute la mise en œuvre de l'éducation, de
l'encadrement et de l'évaluation dont nous n'avons pas pu traiter parce que
différents... parce que c'est ces corps policiers, les contrôles routiers n'ont
pas été entendus. Évidemment, les contrôles routiers, je le sais, ont soumis un
mémoire. J'invite tous les parlementaires, tous les membres de la commission à
lire leur... leur mémoire. Fort intéressant, notamment sur la question de
l'article 327, là, le principe de prudence dont j'ai parlé, là, dans mes
remarques préliminaires. Je pense que leur... leur préoccupation par rapport au
principe de prudence et par rapport aussi à ce qui se passe... les bons
exemples qu'on retrouve notamment en Ontario sont...
M. Grandmont : ...éloquents
et mériteraient toute l'attention nécessaire, mais on n'a pas eu cette
chance-là de discuter avec les corps policiers. Évidemment, les corps, ils
appliquent, hein... ils appliquent cette... ce code de sécurité routière là.
Quand on parle... Tantôt, le collègue parlait de l'alcool au volant.
Évidemment, bien, ils peuvent avoir déjà des idées sur comment on peut
améliorer le bilan au Québec. J'étais content d'entendre mon collègue de
Nelligan parler de la prise de position du chef de police de la Ville de
Montréal quant à la... à la limite permise qu'on devrait autorisé quant à
l'alcool, là, dans le sang quand on conduit.
• (19 heures) •
Mais il faut se rappeler aussi que ce sont
eux qui vont mettre en application les différentes mesures qui touchent
notamment les barrages policiers. C'est eux qui font la preuve aussi. C'est eux
qui... tu sais, qui manipulent les fameuses ballounes, là, les éthylomètres.
C'est eux qui les utilisent. C'est eux qui font la preuve, qui après ça sera
utilisé contre les personnes qui sont prises en flagrant délit de conduite en
état d'ébriété et qui après ça, bien, pourront commencer peut-être à être
considérées par le système de justice québécois comme des personnes qui ont
des... des enjeux... qui présentent un danger certain, là, pour la population
québécoise. Mais c'est aussi beaucoup d'autres aspects. C'est aussi tout le
respect des traverses piétonnes. C'est les opérations de sécurité routière
autour des écoles. C'est le respect de la vitesse. C'est un paquet d'enjeux qui
est couvert par le service de police.
Tout à l'heure... Je vais prendre une
gorgée moi aussi. Un peu plus tôt, au cours de cette session, je vous ai dit,
moi, que j'ai commencé à m'intéresser plus particulièrement à la sécurité
routière en 2014, suite au décès de Mathilde Blais à Montréal, alors qu'elle
circulait à vélo. Une des... un des groupes... en fait, un des éléments qui a
été créé par le ministre des Transports à l'époque avait été un groupe de
discussion sur la sécurité routière, auquel j'avais été convié. Il y avait
différents groupes, évidemment, là, les... qu'on a entendus, là. Moi, je
représentais un organisme. Il y avait aussi, là, les Vélos Québec de ce monde
qui étaient là. Il y avait... bon, mais il y avait aussi sur ce groupe de discussion
là, il y avait les services de police. Il y avait... De mémoire, il y avait...
Je pense, le SPVM était présent, la Sûreté du Québec, puis il y avait en plus
un organisme qui représentait les directeurs... les directeurs généraux des
services de police, quelque chose comme ça, en tout cas, bref, les têtes
dirigeantes, en fait, des différents services de police. Et si vous saviez, M.
le Président, les échanges qu'on avait avec eux parce que leur point de vue
était complètement différent des autres groupes qui voyaient à travers... ce
groupe de discussion là l'opportunité d'améliorer le bilan routier. Et quand on
tombe dans la mise en application, là on change complètement de perspective,
complètement.
Donc, moi, si... moi, j'aurais été très,
très... très heureux de pouvoir entendre la Sûreté du Québec, par exemple, de
pouvoir entendre le SPVM, de pouvoir entendre les contrôleurs routiers,
présents dans cette... en audience pour être capable d'avoir leur point de vue,
de les entendre. C'est eux qui opèrent la sécurité routière au Québec. Ils sont
les premiers intervenants sur la... sur nos routes. C'est fascinant de les
entendre parler puis de voir combien des dispositions qu'on voudrait mettre de
l'avant, des fois vont complètement compliquer leur travail, peut-être par
manque de ressources, des fois par... pour différentes raisons, en fait, et
c'est ce qui serait venu enrichir la discussion. Et je pense que, comme
législateurs, on aurait eu encore une fois une perspective qui nous aurait
permis d'écrire le meilleur projet de loi. La pire affaire qui pourrait
arriver, c'est qu'on décide de se voter des choses ici, à travers le code... la
révision... à travers le p.l. 48. Puis finalement, à l'extérieur, bien, ça
commence à... à dire : Bien, on ne pourra pas mettre ça en application. On
aurait été mieux de les avoir en amont pour discuter, pour avoir cet espace de
discussion là avec eux autres.
Donc, je le dis, je le répète : On
passe à côté de quelque chose. Et donc je suis très content qu'on... on se donne
l'opportunité de... d'envisager de pouvoir entendre le SPVM. Au moins, on aura
entendu un corps policier au Québec qui pourrait nous donner son... sa
perspective de... du projet de loi n° 48. Il faut rappeler que les corps
de police aussi, je pense qu'ils comprennent bien leur rôle, comme je l'ai dit
tantôt, dans la mise en application, mais... d'une part... d'autre part aussi
dans la... dans là où on peut aller, en fait. Ils sont très proactifs dans la
vision de ce que la sécurité routière peut et doit être au Québec. Je
rappellerai, là, à ce titre-là que la Sûreté du Québec qui, à ce qu'on m'a dit,
là, s'est désisté, en fait, là, peut-être, encore une fois, par manque de
temps, là, de préparation. Je ne sais pas... je ne connais pas... je ne connais
pas les délais puis je ne connais pas les raisons... qui ont été évoquées, là,
mais la Sûreté du Québec s'est dotée elle-même d'une vision zéro au Québec.
Donc, tout le corps policier qui couvre le territoire du Québec, en dehors des
grandes villes, bien, a elle-même adopté des... des... un énoncé important, a
adopté une vision zéro...
19 h (version non révisée)
M. Grandmont : ...et donc s'inscrit
dans une vision qui est extrêmement intéressante et pertinente. Donc, je pense
qu'on aurait eu beaucoup à apprendre. J'espère pouvoir entendre le SPVM. Je
pense qu'on se donnerait une belle opportunité de pouvoir valider, en fait,
certains éléments qu'on pense s'inscrivent dans le projet de loi. Je vous dis,
des fois, là, on pourrait se faire réaligner les yeux en face des trous, des
fois, puis des fois, bien, ça nous amènerait aussi des idées ou des
encouragements à aller dans une direction, notamment sur la question d'alcool
au volant qu'a évoqué le collègue de Nelligan, peut-être qu'effectivement ils
ont une perspective qui est très intéressante là-dessus. Mais moi, j'étais très
content qu'on m'apprenne que le chef de... du SPVM avait eu cette position-là,
ça m'avait échappé, donc merci de me l'avoir rappelé, mais je pense qu'on
gagnerait. Et donc j'insisterai, là, donc, moi, je vais voter en faveur de
cette motion-là et je vais inciter, évidemment, la partie gouvernementale, à
aller dans le même sens pour être capable de se donner les perspectives les
plus larges possibles pour être capable d'avoir le meilleur projet de loi n° 48.
J'arrêterais là, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, le chef du Service de police de la Ville de
Montréal, Fady Dagher, ce n'est quand même pas n'importe qui. À Longueuil, il a
fait une job extraordinaire : réduction du taux de criminalité sur
territoire de la Rive-Sud de façon significative, énormément d'expériences de
terrain. À Montréal, il y a eu une année 2022 relativement spectaculaire dans...
tout est relatif dans le monde, là, ici, mais la violence armée a baissé de
26 % dans les rues de Montréal en 2022 sous sa gouverne. Encore un homme
de résultats, je pense que c'est important de l'écouter quand il dit... quand
il donne son opinion, puis ici d'emblée il dit : Si on pouvait mettre le
0,00 à la place, je serais pour. Bien, je pense que c'est important d'écouter
le chef du Service de police de la Ville de Montréal.
Donc, pour la motion préliminaire de mon
collègue de Nelligan, c'est certain qu'évidemment je vais supporter. Pour Fady
Dagher, dire que les mesures en place, une fois que tu atteins 0,08, sont
bonnes, puis je pense que le concept est relativement simple, il va dire oui.
On est dans cette situation là où est-ce qu'on a les outils, une fois que
quelqu'un est à 0,08, qu'effectivement les mesures sont... sont sévères, puis
on peut les appliquer, mais ce n'est pas ça, encore une fois, qui compte, ce
qui compte, là, c'est entre le 0,05 puis le 0,08 parce que, du point de vue de
la police de la Communauté urbaine de Montréal... de la Ville de Montréal,
excusez-moi, je me... je me date en disant ça, ce qui est important de se
rendre compte ici, c'est que tout le temps que les policiers de la ville de
Montréal sont sur une scène d'accident, je ne sais pas combien des 85 décès
du Québec, là, sont sur le territoire de la ville de Montréal, là, mais pour
tout le temps que l'ensemble des corps policiers du Québec dans son ensemble
sont sur une scène d'accident pour les 85 décès, ça, c'est du temps que la
police ne passe pas à faire autre chose, comme la protection des citoyens
contre le crime organisé, contre des intrusions illégales dans les maisons des
gens, ça, c'est du temps que la police ne peut pas passer à faire ce que doit, c'est-à-dire
nous protéger.
Donc, le point le plus important dans tout
ça, c'est quand le policier en chef de la ville de Montréal dit : Moi, je
veux qu'on arrête de niaiser, là, puis qu'on aille à 0,00 -nous, on propose d'aller
à 0,05 - il faut l'écouter. Parce que lui, il gère du monde que leur job dans
le quotidien, c'est de nous protéger, puis il n'y a pas assez de ressources
pour le faire. Puis on regarde les résultats qu'il y a en 2022 avec l'effectif
qu'il y a, puis il a été capable de baisser à 26 %, imaginez-vous donc ce
que ça pourrait être sa performance si au lieu de perdre du temps à arrêter le
monde qui sont chauds au volant, bien, le ministre... excusez, le chef de la
police pourrait donc avoir ses effectifs déployés à protéger les citoyens.
Donc, quand le chef de la police de la ville de Montréal parle...
M. Beauchemin : ...que c'est
important que le taux d'alcoolémie au volant passe à 0,05, dans une entrevue
que ce n'était pas ça, le sujet, là. On l'a vue, l'entrevue, dans le journal...
matin, là. Ce n'était pas ça le sujet. Ça a adonné qu'il en a parlé, là, donc
il s'est introduit dans la conversation nationale à ce sujet. Mais quand il en
mentionne, bien, je pense que c'est important d'en parler. Puis je pense que
c'est un effort de société qu'on doit faire pour prendre, parfois, de façon
courageuse, une décision difficile, que, pour Mme la ministre ou pour le
gouvernement de la CAQ, de... d'y aller de l'avant avec ça.
• (19 h 10) •
C'est comme à une certaine époque, où
est-ce que la ceinture n'était pas obligatoire. Je ne sais pas si vous vous
rappelez de cette époque-là, mais quand la ceinture a été rendue obligatoire,
les gens n'ont pas aimé. Ah! ma liberté... Ça va m'empêcher de bouger librement
dans mon auto, je n'aime pas ça, je me sens restreint. Il y a eu des avancées
incroyables au niveau de la technologie. Moi, j'étais jeune, en 1976, là, quand
c'est arrivé, mais je peux juste vous dire que ça a changé le monde, parce que
des accidents en voiture pas de ceinture de sécurité, puis les accidents en
voiture avec ceinture de sécurité, la survie des passagers, elle est
incroyablement supérieure. Donc, je sais qu'on a vu des photos de Mme la
ministre, banquette arrière, dans sa voiture, pas attachée. C'est des risques
personnels. Tout le monde peut prendre...
Le Président (M. Jacques) : On
se... On va dans un autre sujet, là. Je pense qu'il faudrait revenir à...
M. Beauchemin : Bien, je fais
juste dire que chacun peut prendre...
Le Président (M. Jacques) : Je
pense que... On a donné, de un, le nom de la ministre, et non pas l'interpeller
selon son poste. Donc...
M. Beauchemin : Bien, je
voulais juste dire que....
Le Président (M. Jacques) : ...Mme
la ministre des Transports et de la Mobilité durable. On ne peut pas
l'interpeller par son nom de famille, de un. Et, de deux...
M. Beauchemin : ...pas mon
intention d'y aller personnel.
Le Président (M. Jacques) : Parfait,
vous pouvez continuer.
M. Beauchemin : Je m'excuse,
là, je voulais... Quand je dis que Mme la ministre a été... sur le sujet à
propos de la ceinture, sur la banquette arrière, honnêtement, pour moi, c'est
des risques personnels...
Le Président (M. Jacques) : Je
vous demande de ne pas le faire, puis vous le refaites. Donc, j'aimerais qu'on
revienne au sujet, par rapport à... où est-ce que vous en étiez.
M. Beauchemin : O.K. Bien, ce
que j'essayais de dire, M. le Président, c'est que chacun peut prendre des
risques personnels, O.K. C'est la réalité de notre situation. Mais il y a eu
une acceptabilité sociale qui a suivi l'imposition du port obligatoire de la
ceinture. Puis on a voté tous, à l'époque, pour assurer la sécurité de nos
citoyens en leur permettant d'être protégés avec la ceinture. On devrait, donc,
écouter le chef de la police de la ville de Montréal, pour pouvoir permettre
d'avoir son opinion, pour qu'il puisse partager son intelligence avec nous.
Parce que c'est une décision qui semble être difficile, pour le gouvernement,
d'aller de l'avant, à faire en sorte qu'on inclue le 0,05 dans ce projet de loi
là, mais, en ce qui me concerne, en ce qui concerne l'opposition officielle,
c'est quelque chose d'extraordinairement important, parce que c'est aussi
important que le port de la ceinture.
On se doit d'avoir le guts de prendre des
décisions difficiles pour l'avenir des Québécois. 85 personnes décédées, 220
blessés graves, le temps des policiers de la Ville de Montréal et de l'ensemble
des corps policiers du Québec, dans son grand complet, perdu à gérer des scènes
d'accident parce que, justement, les gens se sentent libres d'aller au-dessus
du 0,05, jusqu'à 0,08. Moi, je pense que c'est important, comme, la ceinture,
elle est importante, qu'on passe à l'avant puis qu'on décide de progresser pour
s'assurer, justement, qu'on permette une meilleure utilisation de nos
ressources, qu'on permette de sauver des vies, qu'on permette d'avoir moins de
blessés graves, que nos villes soient mieux protégées, par un corps policier
qui va pouvoir être déployé de façon plus optimale sur le terrain. Pour moi, M.
le Président, là, ça, c'est extrêmement important.
Je pense que, dans tout ça... Quand on
entend un homme de terrain, quelqu'un qui a été, sur le terrain, à faire la job
de policier, une personne qui est crédible...
M. Beauchemin : ...qui
concentre ses actions au quotidien à protéger les citoyens et qui le sait très
bien que, pour lui, c'est un fardeau qui peut être évité simplement en
réduisant de 0,08 à 0,05 le nombre de soirées, d'après-midi, de scènes... de
scènes d'accidents mortels causés par l'alcool au volant qui lui permettrait
d'être beaucoup plus optimal dans son quotidien, et ce, pour le reste du temps.
Quand on entend Fady Dagher, le chef de service de police de Montréal, dire ça,
bien, je pense qu'on devrait l'écouter. Je pense que c'est important que cette
motion préliminaire là soit acceptée. Et je m'excuse, M. le Président, pour
l'imbroglio de tantôt, j'avais... je ne pensais pas que ce n'était pas correct.
Alors, allons-y comme ça.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce que la motion préliminaire du
député de Nelligan est adoptée?
Des voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Par
appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
Le Secrétaire : M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Beauchemin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :Contre.
Le Secrétaire : M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Contre.
Le Secrétaire : M. Grandmont
(Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
Le Secrétaire : Et M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
La motion est rejetée. Je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 16)