Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 31 janvier 2024
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Vol. 47 N° 31
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 41, Loi édictant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte. La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi no 41, Loi édictant la Loi sur la performance environnementale
des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de transition
énergétique. M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Derraji (Nelligan) est remplacé par M. Kelley (Jacques-Cartier)
et M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
Merci. Nous entendrons ce matin les organismes suivants : Bâtiment durable
Québec ainsi que...
La Présidente (Mme Maccarone) :
...BOMA Québec.
Alors, je souhaite la bienvenue ce matin
aux représentants de Bâtiment durable Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après quoi nous
procéderons à la période des échanges avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et ensuite commencer votre exposé.
M. Troxler (Paul-Antoine) : Bonjour,
Mesdames et Messieurs. Paul-Antoine Troxler, directeur, Éducation et recherche
à Bâtiment durable Québec. Alors BDQ remercie la Commission des transports et
de l'environnement de nous avoir permis de faire cette présentation et
d'émettre nos commentaires et nos recommandations. Créé en 2004, nous célébrons
nos 20 ans cette année, BDQ est un regroupement multidisciplinaire
d'acteurs et d'actrices dédiés à une transition écologique juste et résiliente.
Nos plus de 200 membres sont des ingénieurs, des architectes, des
designers, des urbanistes, des gestionnaires immobiliers, des représentants
municipaux, des entrepreneurs, des spécialistes de la finance durable, etc.
Bref, BDQ est un réseau d'une grande profondeur établi sur l'ensemble du territoire
québécois et disposé à transmettre son savoir, qui est issu de l'expérience de
projets concrets et très diversifiés. Alors, c'est pourquoi il me fait grand
plaisir de laisser le reste de notre temps de parole à trois de nos
spécialistes, qui sont donc Hugo Lafrance, Martin Roy et, pour commencer,
Julie-Anne Chayer, présidente de notre... du conseil d'administration de BDQ.
Alors, Mme Chayer.
• (11 h 30) •
Mme Chayer (Julie-Anne) : Merci,
Paul-Antoine. Donc, de par le lien intrinsèque avec notre mission... de plus de
500 membres en termes de transition écologique, nous tenons à souligner
l'importance des efforts continus devant être déployés par le gouvernement du
Québec pour atteindre nos objectifs de lutte aux changements climatiques. Nous
saluons donc ce projet qui s'inscrit dans le... d'un encadrement qui est
affirmé de la performance énergétique qui serait profitable à l'ensemble de la
population québécoise. Nous soutenons donc ce projet de loi.
Nous croyons toutefois que le projet
pourrait bénéficier de clarifications ou bonifications afin qu'il soit plus
ancré dans les connaissances scientifiques actuelles, et nous insistons sur le
«actuel», donc assurer qu'il soit le plus profitable possible pour un Québec
durable, juste et résilient. Notamment, le projet de loi pourrait mieux tenir
en compte de certains aspects : l'ensemble du cycle de vie des ouvrages
incluant le carbone intrinsèque, l'autoproduction d'énergies renouvelables, des
objectifs de carboneutralité, un meilleur arrimage avec les différentes
réglementations déjà en place dans certaines villes ou provinces, un arrimage
non seulement du point de vue technique, mais également du point de vue d'un
échéancier de déploiement. À cet effet, nous souhaitons aussi souligner
l'absence de précisions au sujet des normes applicables ou références aux
meilleures pratiques devant être adoptées. Mes collègues pourront présenter
plus en détail ces normes et certifications en question, et je laisserais donc
la parole à M. Lafrance.
M. Lafrance (Hugo) : Oui.
Donc, nous avons présenté nos recommandations dans le mémoire qui vous a été
acheminé. Je vais en décliner quatre pour commencer... en résumé.
Donc, le premier point qui est d'intégrer
la notion de performance environnementale sur le cycle de vie des bâtiments.
Donc, le projet de loi n° 41 aborde presque uniquement les enjeux liés au
carbone opérationnel dans le jargon, donc les émissions de gaz à effet de serre
liées à la consommation énergétique lors de la phase d'usage d'un bâtiment.
Alors, on recommande en fait d'intégrer une perspective plus large, donc sur le
cycle de vie d'un projet de bâtiment, donc d'intégrer l'aspect du carbone lié à
l'utilisation des matières premières, qu'on appelle matériaux et ressources
dans le jargon. Donc, voilà, de la construction jusqu'au démantèlement pour
éviter le déplacement d'impacts. Donc, quand l'atmosphère se soucie peu de la
source des émissions de gaz à effet de serre, donc un... une des dérives, en
fait, ou des conséquences possibles, c'est qu'il y ait un déplacement
d'émission de gaz à effet de serre du carbone opérationnel vers le carbone
intrinsèque. Donc, on pense qu'il faut intégrer cette perspective-là dans un
tel projet de loi pour en tenir compte. Il y a des normes qui s'appliquent,
entre autres la norme canadienne du bâtiment carbone zéro, qui établit des
seuils minimaux puis des seuils d'innovation en termes de carbone intrinsèque
liés à cet usage de matériaux. Donc, ça serait une proposition possible, donc,
de se référer à de telles meilleures pratiques déjà définies par les experts
québécois et canadiens.
Deuxième point, favoriser l'utilisation de
normes et systèmes de certification existants. Donc, pour nos membres, donc, ne
pas réinventer la roue. Dans les... dernières années, donc, plusieurs compétences
ont été développées dans le marché en se référant à ces outils, les...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lafrance (Hugo) : ...certification
LEED, les normes Bâtiment carbone zéro, donc on a une expertise fiable,
disponible présentement, mais donc, il y a une préoccupation à ce qu'une
nouvelle... un nouveau règlement avec de nouveaux outils, par exemple, créent
une certaine complexité dans l'application même, là, de cette... de ce projet
de loi.
Donc, troisième point, d'assurer cette
cohérence avec les réglementations déjà en vigueur. Donc, vous n'êtes pas,
donc, sans connaître le règlement 21.0.42 de la Ville de Montréal, donc cotation,
divulgation des GES des grands bâtiments, dont plusieurs de nos membres, en
fait, ont commencé à travailler sur des projets régis par cette... par cette
réglementation. Donc, là aussi, préoccupation, là, donc, de cohérence, d'harmonisation
des pratiques sur le marché.
Et je finirai justement par la nécessité d'offrir
un certain support pour le développement plus large de compétences sur toute la
chaîne de valeur, parce que l'application de la loi entraînera, là... donc, il
y a... présentement, on peut identifier des maillons faibles, là, dans la
chaîne de valeur sur le marché, donc on peut penser notamment aux gestionnaires
immobiliers, présentement, qui verraient en fait bousculer significativement
leurs pratiques. Donc, par exemple, donc, il y a une certaine expertise
disponible de nos membres pour supporter cette transition-là, mais ce n'est
pas, donc, sans souligner l'importance, là, de ce développement de compétences
élargies dans le marché. Merci.
Martin? Avec ton micro.
M. Roy (Martin) : Excusez-moi.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci.
M. Roy (Martin) : J'aimerais
parler de l'intégration de l'autoproduction énergétique renouvelable dans les
bâtiments. C'est évident que la décarbonation des bâtiments passe par l'électrification
des chauffages. Le... Hydro-Québec a déjà mentionné qu'ils atteindraient une
limite de production et on aurait besoin de produire de l'énergie
supplémentaire. Selon plusieurs études, on pourrait facilement combler plus de
25 % de cette demande supplémentaire là, qui pourrait venir dans les 10 prochaines
années. Cette production-là est relativement peu chère et on peut très bien la
comparer aux grands projets de production électrique qui devraient être
développés dans les prochaines années. En général, la production d'énergie
renouvelable dans les bâtiments... sur les bâtiments aura un retour sur l'investissement
aujourd'hui de moins de 12 ans, et avec certains incitatifs, là, on
pourrait avoir des retours sur l'investissement assez rapides, ce qui
permettrait aux gens de faire ces installations-là.
Et finalement, la gestion de la demande,
qui est la grosse problématique qu'on vit actuellement, pourrait être réglée
soit en une... soit qu'Hydro-Québec puisse prendre le contrôle de cette
production-là, et aussi par l'implantation de stockage électrique, ce qui
est... commence déjà à être fait un peu partout dans le monde. Je mentionnerais
l'Alberta, qui a à peu près 130 fois plus de production d'énergie
renouvelable sur les bâtiments que le Québec. Donc, on pourrait facilement,
au... et rapidement intégrer cette autoproduction-là.
Je parlais aussi de l'application
graduelle du... de ce... de ce... de ce règlement-là. Il faudrait vraiment
permettre un échéancier clair pour que tous les acteurs du milieu puissent bien
s'y adapter, développer des aides financières aussi pour permettre d'assurer l'atteinte
de la performance environnementale exigée. Le coût pour optimiser et réduire la
consommation énergétique des bâtiments et dont ses gaz à effet de serre peut
être assez important pour divers... différents types de bâtiments. Si on est
capables d'avoir une aide financière qui amène un retour sur l'investissement
que l'industrie est capable de gérer, ça aiderait beaucoup.
Il faudrait aussi s'assurer que notre
production d'énergie renouvelable du Québec puisse se diriger en priorité vers
les bâtiments, si on veut permettre l'application facile de ce règlement-là. On
comprend que l'industrie a besoin d'électricité, mais il faudrait essayer de
voir comment on pourrait améliorer tout ça. La santé et le bien-être des
occupants devraient toujours être au cœur de la transition énergétique de tout
règlement, faire très attention à ne pas créer des conséquences inattendues...
M. Roy (Martin) : ...que ce
soit par une réduction trop rapide de l'énergie dans les bâtiments, ce qui
obligerait peut-être certains propriétaires de bâtiments à réduire
l'alimentation en... donc la ventilation. Et on voit les problèmes que ça a pu
causer avec la pandémie, la dernière pandémie.
Finalement, j'ai touché un point là,
s'assurer que la réglementation est bien étudiée par rapport aux autres
règlements parce qu'on a vu des conséquences inattendues avec l'avènement du
règlement sur l'efficacité énergétique dans le Code de construction du Québec.
Mme Chayer (Julie-Anne) : L'ensemble
des acteurs et actrices de Bâtiment durable Québec est prêt à travailler
étroitement avec le gouvernement du Québec pour assurer le succès d'un tel projet.
Donc, on est prêt à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Bien gentil.
Merci, Mme la Présidente. À vous quatre, Mesdames, Messieurs, merci d'être avec
nous ce matin. Vous avez mentionné d'entrée de jeu vos 20 ans.
Félicitations! Et peut-être nous donner un petit cours abrégé, parce que le
temps file, d'histoire au cours de ces 20 dernières années-là. Comment
vous avez vu l'évolution au niveau québécois par rapport au marché du bâtiment,
en termes d'efficacité énergétique, en termes... autant au niveau de... bien,
bref, voir un petit peu l'évolution, voir est ce qu'elle est assez rapide,
est-ce qu'elle est encourageante? Et si on devait se comparer avec d'autres
législations, on se situe où? Et le temps file. Donc, je ne vous demande pas un
exposé de plusieurs minutes, mais juste une impression rapide, là, sur
l'évolution à laquelle vous avez pu être les témoins, là, au cours des
20 dernières années.
• (11 h 40) •
Mme Chayer (Julie-Anne) : En
fait, je prendrais le relais juste pour mentionner... Parce qu'on a deux lead
fellow qui sont des représentants canadiens. On a au Québec une expertise, je
dirais, presque accrue et fortement concentrée chez nous par rapport au Canada.
Donc, je laisserais la parole à M. Lafrance puis à M. Roy pour ne pas
présenter cet historique-là. Et je pourrai compléter au besoin.
M. Lafrance (Hugo) : Oui.
Bien, je commencerais par dire, déjà, ça fait 16 ans que je suis bénévole
à Bâtiment durable Québec, impliqué dans de nombreux comités. Donc, il y a une
large base de membres mobilisés, donc, depuis deux décennies graduellement
autour d'un outil initial lead, donc en lead de la certification probablement
la plus connue en termes de performance environnementale de bâtiment, qui
signifie leadership, environmental and energy design, donc dans la conception
énergétique et environnementale du bâtiment puis l'opération de cesdits
bâtiments. Donc, il y a une expertise qui a été fondée sur un... je dirais, un
outil du marché volontaire pour soutenir les membres du marché immobilier qui
souhaitaient offrir une valeur ajoutée dans leurs projets immobiliers, que ce
soit nouvelles constructions ou bâtiments existants. Présentement, une des
observations que plusieurs membres font, donc, c'est qu'il y avait un écart qui
se creusait entre ce qui est, disons, volontairement supportable comme innovation
par rapport à la réglementation. La réglementation énergétique dans plusieurs
autres juridictions, je dirais, a avancé plus rapidement qu'au Québec. Donc là,
entre autres, avec le Code national d'énergie du bâtiment en 2015, il y a un
certain rattrapage qui a été fait, mais, entre autres, par exemple, dans la
norme bâtiment carbone zéro, qui est de plus en plus utilisé au Canada et dont
le Québec se fait le champion, un a des champions, mais on utilise encore donc
le Code national de l'énergie pour les bâtiments 2015 au Québec, alors que
la Norme du bâtiment à carbone zéro réfère à la version la plus récente qui est
celle de 2017 au Canada.
Donc, vous voyez, donc, il y a des petits
enjeux normatifs comme ça pour les professionnels et les gestionnaires sur le
marché, d'essayer d'harmoniser ces enjeux-là. Donc, c'est beaucoup ce à quoi
nos membres, ces dernières années, s'affairent. Je pense que le Québec, on est
en bonne position, on reste en excellente posture de par notre hydroélectricité
qu'on vante souvent, mais donc, en résumé, cette dynamique, disons, volontaire,
appuyée sur des meilleures pratiques beaucoup poussées par des vérifications
tierces parties comme des certifications environnementales de bâtiments, donc
nos membres ne peuvent que se réjouir qu'un projet de loi comme le projet de
loi n° 41...
M. Lafrance (Hugo) : ...présentement
pour essayer de combler cet écart pour les bâtiments existants.
M. Roy (Martin) : Je pourrais
continuer en parlant de l'efficacité énergétique. En bonne partie... c'est une
partie importante de ma carrière, je fais partie du Comité permanent sur le
code de l'énergie du Canada depuis 25 ans. Je fais partie du comité aviseur
technique au Conseil canadien du bâtiment durable depuis plus de 23 ans. Donc,
j'ai vu vraiment passer tous ces changements-là, de paradigmes, je pourrais
dire, dans le domaine de la construction, puis ça va parler de mon âge un peu
aussi, mais j'étais présent aussi... je débutais ma carrière au moment où
est-ce qu'on a commencé à parler d'une crise de l'énergie. Et puis là on a
commencé à réduire la... vouloir réduire de beaucoup la consommation
d'énergie... énergétique dans les bâtiments. Ce qui a amené, j'en ai parlé un
peu plus tôt, la réduction de la ventilation dans la majorité de nos bâtiments.
J'ai visité dernièrement des écoles qui ont été construites au début des années
30 et 40, avec des systèmes de ventilation qui ont été enlevés au cours de leur
durée de vie, on ne sait pas trop quand, mais probablement dans les années 80,
90, justement pour réduire la consommation d'énergie.
Les enjeux, les enjeux de société, ont
changé vis-à-vis le bâtiment. L'énergie a causé... la réduction de la
consommation d'énergie a pu causer des problèmes dans les années 80 et 90.
Cependant, ça a amené justement le mouvement du bâtiment durable, qui... là, on
s'est dit : On ne peut pas se soucier que de l'énergie, on doit tenir
compte des occupants à l'intérieur. On doit tenir compte aussi de la pollution
intérieure des bâtiments, plusieurs matériaux, peinture, etc., ont été
développés grâce à la norme LEED, grâce à la certification LEED, pour réduire
la pollution à l'intérieur des bâtiments. La consommation d'eau aussi était une
problématique, peut-être moins au Québec, mais ailleurs dans le monde, et en
bonne partie aux États-Unis, surtout dans les États du sud, et ça a amené,
justement, des méthodes différentes, et on peut retrouver, maintenant, des
produits qui utilisent beaucoup moins d'eau.
Là, maintenant, on est dans une situation
où on focusse sur le carbone. Le carbone est le «buzz word» du jour, comme
l'environnement l'a été dans les années 2000 ou un peu... au début des années
2000. Le danger, quand on focusse trop sur le carbone, c'est qu'on risque
d'oublier les autres aspects importants. Un bâtiment sert à loger des gens. Un
bâtiment sert à... a ses fonctions. Donc, on doit tenir compte des fonctions du
bâtiment et ce à quoi sert le bâtiment. Au Québec, on est dans une situation
tout à fait...
M. Charette : Si vous me
permettez... Je suis désolé, c'est fascinant, lorsqu'il est question de cours
d'histoire, l'histoire c'est long, hein, donc, et c'est le temps à notre
disposition, malheureusement, qui est plus bref, mais, merci, c'est fascinant.
Merci pour cette perspective-là.
Deux, trois petites questions
rapides de mon côté, avec des réponses rapides, si possible, du vôtre, pour que
mes collègues puissent intervenir aussi. Vous avez, d'entrée de jeu, parlé de
mesures volontaires. Je comprends que c'est intéressant au départ, mais là il
faut forcer la note un petit peu, là. Et c'est un petit peu le but du projet de
loi no 41 de dire oui aux mesures volontaires, elles sont les bienvenues, mais
il doit y avoir des standards minimaux qui doivent s'appliquer. Donc, je
devine, là, que vous êtes favorables avec ce qui est proposé, pour l'essentiel,
à tout le moins. En même temps, vous représentez en partie l'industrie du
bâtiment. Vous avez peut-être eu écho, là, des groupes que nous avons
rencontrés hier. Il y a une certaine inquiétude aussi, chez certains
constructeurs, qui trouvent qu'on force peut-être trop la note. Je ne le pense
pas, personnellement, mais certains constructeurs peuvent le penser. Et une de
leurs inquiétudes, c'est de savoir... il y aurait un volet du Code du bâtiment,
qu'on appelle, nous, le Code du bâtiment durable du Québec, qui relèverait du
ministère de l'Environnement pour, justement, les questions d'efficacité
énergétique, alors que le Code du bâtiment actuel est davantage orienté, là,
sur la sécurité, la qualité des travaux, et autres. Pour vous, voir le
ministère de l'Environnement exercer sa prérogative en matière de cotation
énergétique, de transition énergétique, et autres, il n'y a pas d'inquiétude ou
de malaise particulier?
M. Roy (Martin) : Moi, je
pourrais dire que de... avoir à travailler avec les codes... Les codes et
règlements, il y en a énormément, quand on fait un bâtiment. D'avoir le
chapitre... dans le Code de construction...
M. Roy (Martin) : ...simplifie
beaucoup le travail des ingénieurs, des architectes. De vouloir créer un autre
règlement auquel on doit se référer lorsqu'on construit ou qu'on conçoit un
bâtiment, ça peut devenir plus problématique d'après moi pour...
M. Charette : En même
temps... Et je comprends. Et en même temps, si on regarde, la Régie du bâtiment
n'a pas cette expertise-là dans sa loi n'a pas non plus la possibilité de... de
codifier ou, à tout le moins, de réglementer ces aspects-là. Et l'expertise,
elle est au ministère de l'Environnement. Donc, nous, la dernière chose que
l'on souhaite, c'est de compliquer la vie des... des constructeurs ou des
propriétaires de bâtiments, mais en même temps ce travail-là doit se faire.
Donc, la perspective que l'on présente, c'est oui, le Code du bâtiment avec un
volet, là, que l'on appelle le Code du bâtiment durable, avec la possibilité de
déléguer à la Régie du bâtiment l'application de ces deux volets là. Mais moi,
je suis obligé... Si on veut atteindre les objectifs qui sont les nôtres, je
suis obligé de m'assurer que l'expertise du ministère soit mise à profit, là,
sur... sur ces enjeux-là.
• (11 h 50) •
Sinon, dernier petit point rapide, vous
avez mentionné au niveau des surplus hydroélectriques, votre préférence serait
qu'ils se retrouvent ou qu'ils soient dirigés vers le bâtiment. C'est une
question très, très... une réponse très légitime par rapport au milieu que vous
représentez. En même temps, de notre côté, on a des objectifs globaux de
réduction de gaz à effet de serre. Et il faut orienter de cette hydroélectricité
là vers le bâtiment. Mais diriger en priorité vers le bâtiment, c'est nous
éloigner de nos cibles lorsque l'on sait que les principaux secteurs sont liés
au transport notamment. Donc, je serais mal avisé, selon le mandat que j'ai, de
dire, j'enlève du potentiel hydroélectrique pour électrifier nos transports qui
représentent de loin notre principale source d'émission et de diriger ces... ce
potentiel-là vers le bâtiment. Bref, au final, c'est une question d'équilibre,
mais je dois consacrer beaucoup de cette énergie disponible là aux secteurs les
plus émissifs, dont... dont les transports, pour s'assurer de l'atteinte de nos
cibles, là, pour 2030. Peut-être un commentaire rapide à ce niveau là. Ensuite,
c'est ma collègue qui va prendre le relais et je n'aurai pas la possibilité
d'aller vous serrer la main par la suite, étant donné que vous êtes à distance.
J'en profite pour vous remercier sincèrement pour votre présence avec nous
aujourd'hui.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Alors là, je cède la parole au député
d'Argenteuil.
M. Charette : Peut-être
juste la réponse...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Oh! Une réponse. O.K. Il reste
1 min 45 s
M. Charette : Rapide
parce que... Ah oui... Très, très rapidement pour que ma collègue puisse
intervenir. Désolé.
M. Lafrance (Hugo) : Oui.
On comprend très bien l'enjeu. Je le résumerais... En fait, l'électrification
des transports, une partie de notre travail, en fait, c'est de s'assurer que
ces véhicules électriques, lorsqu'ils se raccordent, ils sont raccordés à des
systèmes énergétiques de bâtiments. Donc, votre borne électrique branchée à la
maison, au bureau, dans le fond, elle doit être... Voilà. Hein? Donc, c'est
dans... à travers les systèmes énergétiques des bâtiments, donc de cette
préoccupation en fait de donner plus de latitude aux bâtiments pour
autoproduire, notamment, et de stocker. Et donc, pour nous, dans une vision
holistique, donc les transports et le bâtiment, c'est un peu, c'est en partie
la même chose. Donc, voilà, je limiterai mon commentaire à ceci.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Il reste 50 secondes, Mme la députée
d'Argenteuil.
Mme Grondin : Rapidement.
Donc, je passe les salutations d'usage. Mme Chayer, merci. Mémoire super
intéressant. Je ne suis pas une expertise... Je n'ai pas d'expertise en
transition écologique. Toutefois, il y a un... il y a un... J'ai une
préoccupation, votre recommandation sur la cohérence avec les règlements déjà
en vigueur. Je peux comprendre qu'il ne faut pas bloquer l'initiative ou
l'innovation auprès des municipalités. Par contre, comment on s'assure que le
projet qui est proposé par une municipalité est le plus urgent auquel on doit
répondre en matière de transition énergétique? Ils n'ont pas la vue d'ensemble.
Donc, comment vous proposez d'avoir cette vue-là d'ensemble et de faire les
choix qui sont les mieux?
La Présidente
(Mme Maccarone) : Je suis désolée. C'est une excellente question.
Alors, je présume que vous pourriez continuer par la suite, après la
commission. Je cède la parole à l'opposition officielle, Mme la députée des
Mille-Îles, la parole est à vous pour une période de 10 min 30 s
Mme Dufour : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, merci à tous les présentateurs pour...
pour votre excellent exposé. Merci pour votre mémoire également. J'aimerais
vous entendre... pardon, davantage sur le mesurage net que vous parlez, là,
votre recommandation 4. Vous parlez de mesurage net qui devrait être...
Mme Dufour : ...augmenter de
50 kW à 500 kW et vous parlez, là, de la production locale
d'électricité renouvelable, vous en avez fait mention, là, que sur les toits il
y a une capacité. Je ne sais pas si vous avez fait les estimés de quelle serait
la capacité qu'on pourrait aller chercher avec cette production locale là.
M. Roy (Martin) : La capacité
totale des toits pourrait... Quand j'ai parlé de quelque chose comme
1 000 mégawatts disponibles en... d'ici 10 ans, on parle de
5 % des toits. Donc, c'est très... La capacité est énorme, sur les toits.
Ce qui ralentit l'autoproduction ou la production d'électricité sur des toits,
c'est la règle.... c'est la tarification et le mesurage net qui est seulement
disponible pour les bâtiments qui vont produire moins de 50 kW et au tarif
soit résidentiel au petit... au tarif petit commercial. Mais la production,
elle est... elle pourrait facilement couvrir... on pense qu'elle pourrait
couvrir 100 % des besoins supplémentaires des bâtiments, ça dépend un peu
du déploiement justement de cette technologie-là, mais facilement d'ici une
dizaine d'années 25 % du 4 000 mégawatts, 25 % qui
représenterait à peu près 4 000 mégawatts pourraient être produits.
Mme Dufour : O.K. 25 %
du 4 000 mégawatts. Et là...
M. Roy (Martin) : Bien,
c'est-à-dire 25 % qui représente 4 mégawatts.
Mme Dufour : Je m'excuse, je
n'ai pas compris votre...
Une voix : ...
Mme Dufour : Ah, O.K.
Parfait. Et le... et ce que vous avez... Quand vous parlez de cette
production-là, qu'est-ce que vous aviez en tête? C'est... est-ce qu'on parle
seulement de solaire ou il y a d'autres technologies que vous avez regardées
également?
M. Roy (Martin) : Ce que...
cette analyse-là est faite seulement pour du solaire photovoltaïque, et
j'ajouterais de l'accumulation, donc pour permettre justement une bonne gestion
de la pointe pour éviter qu'on produise tout électrique quand il fait soleil et
pas quand il fait noir.
M. Lafrance (Hugo) : Puis si
je peux me permettre de vous donner un exemple, là, M. Roy et moi-même avons
travaillé sur un projet ensemble, là, où... dans le fond, c'est un bâtiment
commercial à Montréal où il y a 135 kW de puissance de panneaux
photovoltaïques installés. Puis on a même dû limiter cette puissance-là parce
que le programme de mesurage net, donc, limite la capacité, en fait, même
d'Hydro-Québec à créditer de l'énergie qui serait remise sur le réseau. Donc,
déjà, ce bâtiment-là, ponctuellement, produit plus qu'il consomme. Donc, quand
ça se produit, on remet de l'électricité sur le réseau, mais Hydro-Québec ne
peut pas nous créditer cette énergie renouvelable, produite et distribuée, donc
c'est... ça représente, vous l'imaginez bien, un frein au déploiement d'une
telle technologie sur le marché.
Mme Dufour : Et de mémoire,
et peut-être que vous aurez l'information, mais de mémoire, c'était aussi la
situation avec la bibliothèque de Varennes qui arrivait à produire beaucoup,
beaucoup l'été, mais finalement, c'est ça, ne pouvait pas se faire créditer
pour l'hiver, je ne sais pas si vous avez...
M. Roy (Martin) : Effectivement,
j'ai travaillé sur ce projet-là, et puis on a fait les analyses pour démontrer
effectivement que le bâtiment produisait plus qu'il consomme une bonne partie
de l'été, ce qui fait que ,globalement, le bâtiment est pratiquement net zéro
en énergie sur l'année, mais il est obligé d'acheter de l'électricité
d'Hydro-Québec parce qu'Hydro-Québec ne crédite pas l'électricité produite.
Mme Dufour : C'est ça. Puis
ça, ça devient un frein, dans le fond, parce que le retour sur investissement
n'arrive pas, là, à ce moment-là.
M. Roy (Martin) : Oui.
Tantôt, je parlais des retours sur l'investissement de près de 10 ans sur
les bâtiments, pour ça, il faut qu'il y ait du mesurage net, et puis c'était au
coût d'aujourd'hui. Je dirais, les coûts ne cessent de baisser dans ce
domaine-là, et on pourrait facilement arriver avec des bâtiments qui de facto
installeraient des panneaux photovoltaïques juste parce que c'est la bonne
chose à faire.
Mme Dufour : Et les aides
financières que vous avez mentionnées, qui devaient être ajustées, là, ça
devrait représenter quel pourcentage du coût ou du surcoût que ça représente?
M. Roy (Martin) : Rapidement,
là, à 20 % sur surcoût, on a probablement des projets rentables, mais il
faudrait faire des analyses plus profondes. Chaque secteur est différent,
chaque bâtiment, ou chaque type de bâtiment a un profil énergétique différent,
mais avec mesurage net et possiblement quelque chose de l'ordre du 20 %,
on arriverait définitivement, ce qui réduit... ce qui représenterait des coûts
de production beaucoup plus faibles pour Hydro-Québec que les coûts de
production actuels qu'on nous annonce sur les grands projets.
Mme Dufour : Oui, ça,
c'est... ça nous est apparu clair hier avec les échanges qu'on a eus avec
différents...
Mme Dufour : ...groupe, là,
que l'énergie qu'on pourrait économiser, le coût d'aller l'économiser, dans le
fond, avec notre efficacité énergétique, reviendrait moins cher du kilowattheure
que de créer de nouvelles productions, comme de nouveaux barrages, par exemple.
Ça, c'est... pour vous, c'est votre lecture, également?
M. Roy (Martin) : Oui, pour
l'efficacité énergétique, mais, pour la production, qui est autre chose que de
l'efficacité énergétique, l'avantage, c'est que les coûts d'immobilisation sont
assumés par le milieu de la construction ou par les propriétaires de bâtiments,
plutôt que ce soit assumé par Hydro-Québec ou d'autres entreprises qui vendent
de l'électricité.
Mme Dufour : Merci. Peut-être
que j'aimerais vous entendre sur le déploiement graduel selon le type de
bâtiments que vous... c'est votre recommandation 6, vous dites, là, que ça
devrait se faire selon le type de bâtiment, mais vous ne faites pas de
proposition. Est-ce qu'il y a un déploiement qui serait plus logique pour vous
qu'un autre?
M. Lafrance (Hugo) : Commencer
par les grands bâtiments. Un peu... Bien, je ne peux pas m'empêcher de me
référer au projet du règlement... bien, en fait, au règlement de la ville de
Montréal. Commencer par les grands bâtiments. Donc, il y a une main-d'œuvre
disponible qui peut commencer par s'affairer, par un plus petit nombre de
projets. Donc, c'est plus un principe, là, donc, puis, graduellement, donc, en
abaissant l'application à des superficies de plus en plus petites, donc, le
marché à l'occasion, donc, de... voilà, de développer son expertise, ses
compétences, de l'offrir plus largement sur le marché.
• (12 heures) •
M. Roy (Martin) : Et
j'ajouterais les bâtiments qui ont le plus d'impact. Il est possible d'évaluer
quels sont les bâtiments qui ont le plus d'impact ou qui ont le plus besoin de
travail, en termes d'efficacité énergétique. Il ne faut pas oublier, par
contre, là, on a une réglementation, qui est un bâton, essayer d'amener des
carottes, pour permettre justement la mise en place et... mais ceux qui ont le
plus d'impacts, je pense que...
Mme Chayer (Julie-Anne) : Et,
peut-être, j'ajouterais... Oui, allez-y, allez-y.
Mme Dufour : Hier, la
Fédération québécoise des municipalités nous faisait part que, justement, ils
disaient peut-être qu'un grand bâtiment, mais qui est chauffé à l'électricité
versus un petit bâtiment qui est au mazout, peut-être qu'il faudrait
privilégier le petit bâtiment dans un cas comme ça, mais comment on le définit?
Est-ce que... Comment...
M. Roy (Martin) : Moi, je
suis, plus ou moins, d'accord avec cette affirmation-là... parce que, quand je
parlais de conséquences inattendues, c'est justement là le problème, si on
focusse sur le carbone puis on oublie l'efficacité énergétique, on peut se
retrouver avec des bâtiments très peu isolés, parce qu'il n'y a pas beaucoup de
carbone ni dans les matériaux, ni dans l'électricité pour chauffer versus un
bâtiment super bien isolé, mais qui est combustible. Donc, il faut vraiment,
vraiment tenir compte... Une réglementation ne doit pas tenir compte que du
carbone, mais doit tenir compte de l'efficacité énergétique.
Mme Chayer (Julie-Anne) : Mais
peut-être pour ajouter sur cet aspect, le carbone intrinsèque, étant donné
qu'il y a des juridictions qui l'ont déjà adopté, donc, de ne pas oublier
l'aspect du carbone intrinsèque dans le calendrier, donc de le repousser, dans
cinq ans ou 10 ans, ne nous permettrait pas d'atteindre nos objectifs globaux.
Mme Dufour : Je comprends.
Hier, il y a un groupe qui nous parlait, je pense, c'est l'APCHQ qui nous
parlait des maisons résidentielles, mais avant 1960, qui avait estimé un grand,
un grand potentiel dans ces bâtiments-là. Est-ce que vous avez la même lecture?
Est-ce que ça devrait faire partie des bâtiments visés plus en priorité ou
c'est plus loin dans l'échéancier, selon vous, par rapport aux grands
bâtiments?
M. Roy (Martin) : La
problématique qu'on a souvent dans le résidentiel, c'est qu'on fait affaire
avec un marché qui a de la misère à s'organiser pour atteindre des cibles
d'efficacité énergétique. Puis là on le voit avec les programmes
d'Hydro-Québec, tandis que, quand on travaille sur des bâtiments commerciaux de
plus grande dimension, c'est simple parce que les... l'industrie est plus
orientée pour travailler avec... Mais je pense qu'effectivement les maisons
unifamiliales construites avant les années 60... Mais il y a des programmes qui
existent, là, Rénoclimat, des programmes qui sont assez intéressants,
LogisVert, puis Hydro-Québec qui pourrait permettre d'atteindre les
objectifs...
Mme Chayer (Julie-Anne) : Et
d'où probablement notre lien avec le développement des compétences, là, comme
l'organisation, dont parle M. Roy, nécessiterait un développement des
compétences et des choses qui pourraient être réalisées de concert avec
l'APCHQ.
Mme Dufour : Parfait. Je
pense qu'il me reste...
12 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...très peu de
temps, alors je vais simplement vous féliciter pour vos 20 ans d'existence.
Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède maintenant la parole... deuxième opposition. M. le député de
Maurice-Richard, la parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci beaucoup, chers invités, de nous partager votre expertise.
J'ai très peu de temps. Je pense, c'est trois minutes et quelques secondes, ça
fait que je vais essayer de poser deux questions.
La première touche... En fait, ce qui est
devant nous, c'est des choses qui se passent sur le temps long, là. Les choses
vont changer tout de suite, mais évidemment, un bâtiment, quand il est
construit, il l'est pour plus d'un siècle, et puis les rénovations, etc. Vous
parlez du cycle complet qui entoure les bâtiments et pas juste de la
carboneutralité une fois qu'ils sont construits ou avant qu'ils soient démolis.
Je vous... je vous entends, mais je comprends aussi que vous parlez aussi du
fait qu'il faut qu'on ait la carboneutralité dans un avenir prévisible. On a
beaucoup de citoyennes et de citoyens qui n'ont pas l'argent ni la possibilité
de... d'isoler leur maison ou d'améliorer l'efficacité énergétique. Est-ce que
vous pensez qu'on peut se passer d'une grosse corvée accompagnée par l'État
pour les personnes qui sont incapables d'améliorer l'efficacité énergétique de
leur bâtiment pour pouvoir gérer, entre autres, la pointe et éviter que toute l'électricité
qu'on produit aille seulement au secteur du bâtiment?
M. Lafrance (Hugo) : C'est
une bonne question. À mon sens, il n'y a pas... C'est ça, les petits
entrepreneurs qui travaillent sur les projets de maison, c'est ça, ils n'ont pas
nécessairement le support ou l'historique des exigences. C'est sûr que ça doit
être adressé d'une façon systématique, graduelle, donc par principe.... donc
oui, c'est tout un chantier. Les maisons au Québec... C'est ça, je serais tenté
de passer par d'autres programmes, notamment pour, tu sais, la conversion du
mazout, puis identifier les gros émetteurs puis les... favoriser cette
transition-là. La cotation divulgation, c'est plus un... à mon sens, c'est plus
un outil de marché, où on va faire jouer, entre autres, les clients
institutionnels, commerciaux, industriels... un jeu du marché. Les gens vont
vouloir, un, être conformes, deux, avoir une bonne cote, trois, louer des
espaces. Les locataires vont vouloir avoir des bonnes cotes pour leur approche
ESG, ainsi de suite. Alors, il y a une logique de marché très facilement
applicable dans le résidentiel unifamilial. Cette dynamique-là n'existe à peu
près pas, donc, oui, un gros... une grosse contrainte dans l'application à mon
sens pour l'unifamiliale.
La Présidente (Mme Maccarone) : 45 secondes.
M. Bouazzi : Bien, réponse
par oui ou par non. Vous avez parlé des normes zéro émission. Est-ce que,
disons, en 2040 on est capable d'avoir des bâtiments reliés au gaz naturel?
Est-ce que... est-ce d'ici là, il va falloir se débarrasser de tout ce gaz là?
M. Roy (Martin) : Selon moi,
le gaz naturel n'a pas sa place dans le bâtiment.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
vous remercie pour votre contribution à nos travaux. Et nous allons suspendre
pour quelques instants afin qu'on puisse installer le prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 07)
(Reprise à 12 h 08)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue... BOMA Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...pour
votre exposé, après quoi nous... période d'échanges avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Carbone (Linda) : Alors,
Mme la Présidente, membres de la commission, bonjour et merci de nous permettre
de commenter le projet de loi n° 41 portant sur la performance environnementale
des bâtiments. Je suis Linda Carbone, directrice générale de BOMA Québec, BOMA
pour Building Owners' and Managers' Association, l'Association des
propriétaires et administrateurs d'immeubles. Et je suis accompagnée de Mario
Poirier, qui possède une grande expérience en gestion immobilière. Il a géré,
entre autres, de grands immeubles de bureaux du centre-ville de Montréal, dont
la Place Bonaventure, le Palais des Congrès et l'édifice de l'OACI. Il a été
président de BOMA Québec et il est présentement directeur du Défi énergie en
immobilier et conseiller de BOMA en gestion d'énergie.
• (12 h 10) •
BOMA Québec regroupe quelque
350 membres, dont des propriétaires et gestionnaires d'immeubles
commerciaux, de bureaux institutionnels, industriels et multi-usages. Elle est
affiliée à BOMA Canada et à BOMA International, qui est présente dans les plus
grandes villes d'Amérique du Nord et dans 15 autres pays. Depuis 2005,
BOMA offre le programme de certification environnementale BOMA Best, pour Building
Environmental Standards, qui évalue, entre autres, les pratiques
environnementales, la consommation énergétique et les mesures de gestion
durable mises en place dans les immeubles et leur attribue un niveau de
certification qui est valable pour cinq ans. Le Québec compte
412 immeubles certifiés et le Canada, 2 915. En 2018, BOMA Québec a
lancé le défi énergie en immobilier, une compétition conviviale visant à
recueillir les données de consommation énergétique des immeubles participants
et de reconnaître leurs efforts de réduction de consommation d'énergie et
d'émissions de GES. Plusieurs formations visant la gestion de l'énergie, la
décarbonation et la remise en service des immeubles ont été offertes dans le
cadre de ce programme. Alors, je cède maintenant la parole à Mario Poirier pour
la présentation de notre mémoire.
M. Poirier (Mario) : Bonjour,
Mme la Présidente, membres de la commission. Alors, je vais poursuivre en
entrant dans le feu du sujet. Parlons du projet de loi sur la performance
environnementale des bâtiments. D'abord, d'entrée de jeu, Linda a bien
mentionné notre expérience et des acquis qu'on a développés au niveau du
bâtiment, au niveau de l'immobilier. On est d'entrée de jeu favorable au projet
de loi sur la performance environnementale, d'ailleurs non seulement favorable,
mais c'est absolument nécessaire. C'était quelque chose... c'est quelque chose
qui est déjà en place à plusieurs endroits. Il faut comprendre que l'immobilier
n'est pas uniquement au Québec. On a plusieurs membres qui ont des... qui sont
actifs ailleurs au Canada, ailleurs aux États-Unis. Alors, c'est quelque chose
qui est déjà bien enclenché. On est on est fiers de notre positionnement au
Québec avec notre énergie hydroélectrique, mais c'est un domaine dans lequel on
est familier, que l'industrie immobilière et déjà bien consciente des enjeux
qui se passent. Elle s'est donnée d'ailleurs, Linda en a parlé, BOMA Best, mais
en fait on a fait une... on a répertorié 19 certifications
environnementales. Alors, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de
certification environnementale et qu'on parle de souci envers la performance
environnementale des bâtiments. C'est un domaine qu'on s'y intéresse beaucoup à
BOMA parce que l'énergie, c'est un poste budgétaire de gestion d'opérations qui
est de... Près de 25 % des frais d'opération sont dédiés à l'énergie, et,
quand qu'on le regarde comme il faut, on a été beaucoup trop longtemps à ne pas
se soucier... ne pas penser qu'on pouvait avoir le contrôle sur notre énergie,
ce qui n'est vraiment pas le cas. Alors, on est... on est favorable. Premier
point.
Deuxième point. On voit... on voit le
projet de loi sous trois volets. On voit dans un premier volet la notion de
déclaration obligatoire. On voit dans un deuxième volet la notion de cotation
et affichage. Dans un troisième volet, le besoin de normer et de se positionner
clairement sur... où on se dirige.
Si on commence par le premier volet, la
déclaration obligatoire. Linda en a parlé, le milieu de l'immobilier est déjà
bien préparé. Ave les défis émergents en immobilier, on a déjà fait de la
divulgation obligatoire, donc on a une expérience qui s'est développée à cet
effet-là. Et avec la ville de Montréal aussi, qui... le règlement qui est déjà
en place depuis deux ans, trois ans, je ne sais pas trop, dans lequel aussi...
M. Poirier (Mario) : ...des
enjeux ont été clairement identifiés. Je n'irai pas plus loin sur cet
aspect-là, parce que la déclaration obligatoire, je pense que c'est nécessaire.
Il n'y a pas de... de notre côté, on y voit... au contraire, on l'encourage, on
n'y voit aucune objection, sauf sur un point, et ce point-là qui nous... il a
été occulté, dans notre mémoire, malheureusement, parce qu'on a focussé sur le
deuxième volet, qui est la cotation et l'affichage, mais j'aimerais en parler,
ouvrir une parenthèse au niveau de la déclaration obligatoire, sur l'article
4.1.b. Et je n'en dirai pas plus, en disant : C'est un article qui est un
peu épeurant, et on se demande si ce n'est pas le lapin qui est sorti du chapeau.
À travers tous les travaux qu'on a déjà de faits et des discussions qu'on a
eues, c'est la première fois qu'on voit un tel article et une telle
information, là, qui nous est transmise. Alors, concernant la déclaration, je
n'irais pas plus loin.
Si on passe maintenant au deuxième volet
qui nous préoccupe, et là c'est le sujet de notre préoccupation, ici, à la
commission, c'est que la cote de performance environnementale, on parle des
articles 5 à 9, et de l'affichage, article 18... En fait, une... pour nous,
c'est une échelle de valeurs. Et là ça nous préoccupe parce que, quand on parle
d'échelle de valeur, on touche à des cordes excessivement sensibles. On
comprend, on comprend que le gouvernement puisse vouloir influencer le marché.
Ce qu'on dit, c'est que le marché, à l'heure actuelle, il est drôlement bien
couvert avec 19 certifications et, déjà, l'influence du marché vers... les
bonnes pratiques et les bonnes gestions environnementales, gestions
énergétiques sont déjà bien établies. Alors, on se dit : Quel est le
besoin réel et quelle est l'idée en arrière de ça?
On regarde le projet de loi, l'objectif,
je pense qu'il est assez clairement défini, mais les objectifs des différents
volets, eux, sont... la définition et l'objectif qui s'y raccorde, on a de la
misère à le percevoir. Et, quand on regarde le volet de cotation et
d'affichage, et l'affichage est encore pire, on voit des risques et des enjeux
très importants au niveau de sa crédibilité, de son imprécision et de l'aspect
discriminant qu'il peut créer à travers l'industrie et le milieu. Se doter
d'une information qui ne rencontre pas ces obligations-là... pour nous, c'est
des obligations qui devraient et qui doivent être rencontrées si on ne veut pas
créer un chaos à travers les 19 certifications dans lesquelles toute la
crédibilité, qui est déjà fragile, pourrait prendre place. Je vais y revenir un
peu plus loin.
Je vais passer au troisième volet, la
norme, les normes. C'est nécessaire, on est très favorables à ça. Je pense que
normer au niveau de la construction... Je vais ouvrir juste une parenthèse en
disant : Les bâtiments existants, à l'heure actuelle, ne sont pas traités.
La Régie du bâtiment traite le... de l'énergie au niveau des bâtiments neufs,
mais tout le patrimoine bâti, ceux avec qui on traite quotidiennement, il n'y a
aucune législation du bâtiment existant, en termes d'énergie. Mais on le voit
de façon très encourageante, et non seulement on le voit de façon très
encourageante, on sait très bien que c'est cet aspect-là de la loi qui va
conduire à la décarbonation en créant, forcément, et de façon coercitive, des
seuils qui devront être respectés. C'est ce qui se vit ailleurs.
Si on regarde plus en détail, maintenant,
au niveau de la cotation, là où on a nos principales préoccupations, on se
dit : La base d'une cotation, et éventuellement de l'affichage, soit
elle... deux possibilités assez distinctes. Un, on la base sur la collecte des
données, et là, quand on se base sur la collecte des données, le milieu
immobilier est un milieu très complexe, ce n'est pas un frigidaire. Un
frigidaire, c'est assez simple de mettre une cote, c'est assez simple de mettre
un indicateur, mais un bâtiment dans lequel il y a différents locataires, dans
lequel il y a une enveloppe, dans lequel il y a des heures d'opérations
différentes, il y a des secteurs d'activité dans lesquels ils oeuvrent, ce sont
des variables, qui sont difficiles à contrôler. Et on se dit, si on part avec
la base de données, on a de la difficulté à voir une cotation ou un affichage
qui va rencontrer les obligations d'être non discriminante, d'être crédible et
de rencontrer les besoins de l'immobilier, de la survie de l'immobilier, si on
peut dire.
Alors, on voit, dans la cotation, dans le
projet de loi, une approche plutôt européenne. Et, quand on la regarde plus
attentivement, l'approche européenne, elle a ses points de faiblesses, et c'est
une approche qui est bâtie sur, non pas les résultats réels, mais sur les
résultats théoriques d'un bâtiment. Et, en Europe, à l'heure actuelle, bien, on
est à l'étape des passoires...
M. Poirier (Mario) : ...thermiques
et à rentrer dans le domaine du coercitif, mais c'est au niveau théorique. La
contrepartie qui est vécue et qui est connue en Europe, c'est que la cote
actuelle ne rencontre pas les consommations réelles. Dans certains communiqués,
on parle du simple au double. Alors, on parlait de crédibilité, on parlait
d'être non discriminante, voilà un exemple qui n'est pas nécessairement
enviable.
Ce qu'on préconise, nous, de notre côté,
c'est qu'on dit : Il faut adopter... favoriser une approche pragmatique à
la performance environnementale. Et on la retrouve plus du côté nord-américain,
avec les exemples qui sont donnés à Boston, à New York, dans lesquels ils
utilisent des outils qui sont déjà existants, ce qui est préconisé, je crois,
dans le projet de loi, qui est Energy Star, Portfolio Manager, avec des
indicateurs de performance, au lieu d'avoir une cote, qui devient, finalement,
l'équivalent d'une cote, mais c'est un indicateur de performance où on ne crée
pas d'échelle de valeurs qui devient discriminante, mais, plutôt, on s'en sert
pour arriver aux moyens qui sont plus coercitifs, éventuellement, et qui est
nécessaire, probablement... d'arriver si on veut se décarboner pour 2050.
• (12 h 20) •
Nous, ce qu'on dit aussi, c'est qu'à
travers le projet de loi on n'a pas abordé la décarbonation, mais on sait très
bien qu'on se dirige, avec le projet de loi, vers la décarbonation.
La Présidente (Mme Maccarone) : Désolée,
M. Poirier, de vous couper, et Mme Carbone, mais vous avez déjà utilisé plus
qu'une minute du temps du gouvernement, qu'ils ont gentiment cédé à vous. Nous
allons...
M. Charette : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Bien,
d'abord... puis le ministre vous cède la parole pour terminer ou conclure votre
point. Après, nous allons poursuivre la période d'échange.
M. Poirier (Mario) : Bien,
merci, M. le ministre, de m'offrir ce privilège. Alors, je voulais juste
conclure : Nous, on est favorables à la performance environnementale, on
est préoccupés par la cotation et son affichage. Le milieu, il est très bien
servi par l'ensemble des certifications. On recommande une approche
nord-américaine basée sur les indicateurs de performance, et ne pas oublier les
audits, je sais que ça a été dit dans d'autres, les audits, et surtout
l'approche américaine. Il y a des publications. En anglais, on dit Audit and
assessment, une évaluation au niveau de la décarbonation. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Excellent.
Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous deux pour votre présence avec nous ce matin. Merci
pour votre éclairage. Peut-être vous revenir sur deux éléments que vous avez
mentionnés en particulier. Déjà, vous avertir que ma collègue souhaitera aussi
intervenir auprès de vous. Vous avez mentionné une crainte par rapport à
l'article 4.1.b, vous l'avez mentionné rapidement. Peut-être juste nous
expliquer davantage ou avec un petit peu de détails quelle est la nature de
votre crainte à ce sujet-là.
M. Poirier (Mario) : Bien, en
fait, ça ne s'est... moi, je ne l'ai jamais vu, et on ne l'a jamais vu dans
d'autres situations ailleurs, ce point de questionnement là ou de déclaration.
Et là, quand on le regarde, on voit une approche qui semble se rapprocher
des... trois, où on parle... Et là on se dit : C'est rempli de pièges, cet
élément-là. Devoir déclarer les matériaux utilisés lors des constructions,
peut-être qu'en 2040 on sera rendus beaucoup plus loin, plus tard, dans le
domaine, mais de vouloir s'attaquer actuellement à cette condition, on pense
que le piège est majeur.
M. Charette : Mais vous avez
bien dit pour la construction, donc vous êtes conscients que c'est pour les
nouveaux bâtiments, et non pas pour les bâtiments existants?
M. Poirier (Mario) : Ah! le
texte n'en fait pas référence nécessairement, alors...
M. Charette : En fait, c'est
la section pour les nouveaux bâtiments.
M. Poirier (Mario) : Bien,
c'est ce que je voyais, c'est ce que je voyais, moi, dans la déclaration
obligatoire, à l'article 1, «déclarer au ministre».
M. Charette : Exact, pour les
nouveaux bâtiments. Mais, déjà, cette crainte-là, c'est tout à fait légitime de
la partager, mais ça va faire partie de règlements à venir. Donc, je comprends
que... comment dire, lire l'article, comme tel, ça peut susciter des questions,
mais je vous rassure sur la procédure ou le processus, c'est un pouvoir
habilitant qui nous est donné avec l'adoption potentielle du projet de loi,
mais, pour rendre applicable ce pouvoir-là, il y a un règlement ou il y a une
réglementation qui devra être développée, et c'est à ce moment-là qu'il y aura,
naturellement, travail avec les parties prenantes pour développer la
réglementation et, ensuite, une consultation proprement dite sur la
consultation. Donc, il ne faut pas s'inquiéter ou penser, là, que ce sera
inatteignable, comme objectif, il va y avoir une consultation spécifique pour
cette réglementation-là. Mais je vous rassure en vous disant que c'est pour les
nouvelles...
M. Charette : ...c'est une
section, là, qui est dédiée aux nouvelles constructions. Sinon, vous avez aussi
exprimé des craintes au niveau de la cotation. Vous disiez qu'un bâtiment, ce
n'est pas un frigidaire, c'est une très belle, très belle image, et on comprend
que l'usage des bâtiments n'est pas le même dans chacun des cas. Hier, dans les
groupes entendus, certains disaient : On devrait faire la distinction
entre l'énergie utilisée pour le bâtiment lui-même versus l'usage auquel est
dédié le bâtiment. Est-ce que c'est le genre de distinction que vous appréciez
aussi de votre côté? Et l'exemple le plus commun qui a été partagé, c'est celui
des centres de données, par exemple, on peut avoir un bâtiment x qui a une
bonne... un bon rendement énergétique, mais être un très grand consommateur
d'énergie compte tenu de l'utilisation qui est faite dans ce bâtiment-là.
Est-ce que c'est le genre de nuance que
vous exprimez votre côté ou, de façon façon générale, ce sera un défi de coter
les bâtiments, compte tenu des différents types de bâtiment et des différents
usages qui peuvent y avoir lieu?
M. Poirier (Mario) : Bien, je
pense que, d'entrée de jeu, vous résumez bien les enjeux qu'on peut retrouver
dans un système de cotation. C'est sûr que nous, quand on a présenté... on
commente le projet de loi, on s'imagine que la réglementation va apporter
beaucoup d'éclaircissements à ces effets-là. Mais, dans le moment, le projet de
loi donne la permission et l'autorisation de se diriger vers une cotation.
Nous, on se limite, à ce moment-ci, sans connaître la réglementation, on se
limite à dire : Les conditions principales rencontrées, c'est :
Évitons la discrimination, évitons... gardons la crédibilité. Les éléments que
vous avez mentionnés, c'est tout à fait louable. Un bâtiment, puis là on peut
rentrer dans des détails de bâtiment, mais un bâtiment avec un centre
informatique dedans, va avoir une performance énergétique qui ne correspondra
pas à un bâtiment à bureaux conventionnels. Et ça disparaît de plus en
plus, les centres de traitement se gèrent par eux-mêmes actuellement, mais
c'est un des détails à prendre en considération, les heures d'occupation, les
types de locataire. Il y a des locataires, par exemple, qui hébergent des
firmes de comptabilité. On sait que la période d'impôt, la durée d'opération
d'un bâtiment est prolongée. C'est des éléments qui se négocient à l'intérieur
des baux avec les locataires, mais qui reflètent des performances énergétiques
qui pourraient être mal interprétées à travers une cotation et rendre un
bâtiment... et donner... apporter une notion meilleure discrimination. Est-ce
que je réponds à votre question?
M. Charette : Tout à fait.
Merci. C'est ma collègue qui va prendre la relève. Merci beaucoup pour votre
présence aujourd'hui.
M. Poirier (Mario) : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Nous poursuivons avec la députée de Châteauguay. Vous disposez de 7 minutes 20
secondes.
Mme
Gendron
: Merci
beaucoup. Bonjour, Mme, Carbone. Bonjour, M. Poirier. Merci beaucoup pour votre
mémoire aujourd'hui. Merci pour votre présence. En fait, j'étais... j'étais
bien enthousiaste de voir que vous favorisez, entre autres, de diminuer
l'impact environnemental dans les bâtiments de vos membres, et tout ça. Je
souligne aussi l'initiative que vous avez sur énergie en immobilier 2.0, donc
de réduire la consommation d'énergie de GES dans les bâtiments commerciaux. Par
exemple, j'avais une petite question en lien avec ce programme : C'est
quoi, les actions concrètes, les actions prises qui démontrent la mobilisation
du milieu, en exemple, là, dans cette belle initiative d'énergie en immobilier?
Puis je voulais savoir : Est-ce que ces initiatives-là sont quantifiées?
M. Poirier (Mario) : Oui.
Pour répondre à votre question, le Défi énergie en immobilier, premièrement,
c'est un programme volontaire. Et ce qu'on visait, nous, à travers... à travers
le Défi énergie en immobilier, c'est qu'on voulait mobiliser et créer un
mouvement vers la performance énergétique des bâtiments et les émissions de gaz
à effet de serre. Comme on n'a pas de pouvoir législatif, on est une
association, on a, en fait, créé le défi qui est... qui est, dans le fond, un
programme qui cherche à influencer. Et c'est pour ça qu'on l'a mentionné
d'entrée de jeu, une cotation, la base... ou les besoins d'une cotation visent
aussi à influencer. Ça peut servir de seuil, on peut s'en servir pour établir
des seuils, mais ça vise aussi à influencer le marché...
M. Poirier (Mario) : ...on
dit, nous, c'est qu'à travers le défi, c'est une occasion que l'industrie s'est
donnée pour influencer le marché, qui démontre l'importance pour l'ensemble de
l'immobilier de se mobiliser et d'agir dans les bonnes directions. Est-ce qu'il
y a des chiffres qui sont parus? C'est sûr qu'on n'a pas les ressources et les
moyens qu'un gouvernement peut avoir, on est une association. On l'a voulu sans
frais pour susciter l'adhésion et permettre à l'ensemble de l'immobilier d'y
adhérer. On a simplifié au maximum les critères qui permettent d'évaluer
d'année en année la performance et l'évolution de la performance. Et ce qu'on
dénote depuis les quatre dernières années, c'est une amélioration de la performance
généralisée. Je dis... Je précise les quatre dernières années parce qu'il ne
faut pas oublier qu'on a passé à travers une pandémie et on est ressortis d'une
pandémie. Alors, je vous... je serais... on ne serait pas honnêtes de parler de
la dernière année, puisque, la dernière année, il y a eu un retour du
balancier, un retour plus à la normalité face à la pandémie. Mais ce qui est
sûr, c'est que le mouvement se crée à l'intérieur du défi et vise la
performance et l'amélioration de la performance année après année.
• (12 h 30) •
Mme Gendron : Donc, je
comprends que c'est quand même quantifié. Je vous cite un peu plus tôt, je
comprends que vous ne voulez pas ébranler la crédibilité des certifications,
comme vous avez mentionné un peu plus tôt, mais n'y a-t-il pas justement, dans
des... dans ces certifications-là, des cotes, des objectifs définis puis des
indices environnementaux quantifiables?
M. Poirier (Mario) : Il y en
a. Tous les... Toutes les certifications en ont. Et ils sont tous... Il y a une
forme de cotation. On prend LEED par exemple, LEED va avoir... on va partir de
platine, or, argent, et tout ça. Il y a déjà un affichage LEED, mais c'est un
affichage volontaire aussi. Et ce qu'il faut retenir de ça, c'est que les plus
performants sont toujours fiers de s'afficher comme étant les plus performants.
Est-ce que ça vient influencer le marché de... d'avoir une affiche LEED? Je
vous dirais que l'affichage sur le building n'a pas une grande incidence.
L'incidence va être au niveau de sa performance, et ça, c'est bien connu dans
le milieu immobilier. Quand on regarde le milieu immobilier et qu'il y a une
transaction locative ou une transaction de vente, à l'intérieur d'une vente
immobilière, à l'intérieur des «due diligence», il y a... il y a une occasion
pour permettre justement d'aller chercher les valeurs et qui pourrait inciter
ou du moins toucher la valeur d'un bien immobilier. Et, dans le cas d'une
location, les courtiers, toutes les informations sont rendues publiques au
courtage parce que les locataires l'exigent. Donc, le milieu, il est déjà
enclenché dans cette direction-là, et c'est pour ça qu'on dit : Pourquoi
se donner une mesure complémentaire?, à moins qu'elle devienne non
discriminante, crédible et adéquate.
Mme Gendron : Dans le même
ordre d'idée, de quelle façon on pourrait accélérer ça, de quelle façon on
pourrait encourager davantage les propriétaires commerciaux à s'engager dans la
transition? Est-ce que... Tu sais, c'est quoi, les principaux freins qui
bloquent ces gens-là? Comment on peut rendre ça plus rapide?
M. Poirier (Mario) : Bien, je
pense que le problème, il est très complexe, puis ce n'est pas la première fois
qu'on se fait... et c'est des réflexions qu'on se pose quotidiennement, nous, à
se dire : Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer? Je pense qu'il faut
découper le... la question, à ce moment-là, ou la réponse en plusieurs
segments. La première des choses, c'est qu'il y a des gens qui sont très
bien... sont très bien engagés. Les leaders sont déjà engagés dans de
l'amélioration et de l'efficacité énergétique dans la décarbonation. On a des
bâtiments, dans le défi, qui nous ont présenté des projets avec une complète
décarbonation. Ils avaient fait l'ensemble des mesures. À ce moment-là, on
parle de thermopompage, on parle d'accumulateurs, on parle de
«recommissioning», on parle de l'ensemble des moyens qui sont mis à disposition
de l'immobilier et ayant obtenu une annotation, là, de «net zero» ou
pratiquement «net zero».
Donc, les leaders, ils ont déjà... sont
déjà bien engagés dans la démarche. Là où... le plus de difficultés, c'est au
niveau des bâtiments un peu plus petits, premièrement, dans lesquels les
ressources ne sont pas là, et dans les bâtiments qui ont... qui ont des
moindres ressources financières. Je pense que le financement... N'oublions pas,
si on vise la décarbonation, éventuellement, tôt ou tard, et c'est ce que le
milieu immobilier reconnaît, on va arriver vers ce qu'on appelle les «deep
retrofits» ou les rénovations majeures, et là on parle de financement majeur.
Quand on parle d'un bâtiment qui doit revoir l'ensemble de ses composantes pour
arriver à éliminer une bouilloire au gaz et se... prendre d'autres directions,
les coûts sont faramineux. Alors, la réponse, qu'est-ce qu'il faut faire? Je
pense qu'il faut se donner un ensemble de possibilités pour venir supporter là
où les propriétaires sont rendus dans leurs démarches. N'oublions...
12 h 30 (version non révisée)
M. Poirier (Mario) :
…pas qu'au Québec, nous, dans le défi, le
dernier résultat qu'on a obtenu, 50 % de nos bâtiments étaient tous
électriques. Sur un... La base d'informations n'était pas grande. On l'avoue,
on ne couvre pas l'ensemble des bâtiments de la province de Québec, mais des
bâtiments qui étaient couverts par le programme, 50 %, ce qui était une
grande surprise pour nous. Donc, il faut... il faut avoir des actions qui
soient ciblées, qui soient mieux structurées que nous... que des actions... qui
soient globalisantes et dans lesquels les résultats sont difficilement
escamotables.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Merci, M. Poirier. Nous allons poursuivre les échanges avec la
deuxième opposition. M. le député de Maurice-Richard, la parole est à vous pour
une période de 3 min 45 s
M. Bouazzi : Merci, Mme
la Présidente. Merci beaucoup, chers invités, d'être ici parmi nous. Peut-être
une... une première question. Vous avez parlé que le... le... la métrique qui
est proposée ne vous va pas, qu'elle pourrait être discriminante, qu'il y avait
d'autres... d'autres choses à faire, que vous avez l'habitude de... déjà, d'introduire
des manières d'évaluer l'efficacité énergétique autrement. Deux questions. Vous
avez dit : Bien, à un moment, il va falloir introduire de la coercition.
Est-ce que vous avez une idée d'à quoi ça pourrait ressembler? Et la deuxième,
c'est l'aspect public de ces critères-là qui font en sorte qu'on sache que, les
documents, est-ce que c'est obligatoire. Comment? Comment vous voyez, ces...
ces différentes métriques qui permettent aux locataires, entre autres, de
savoir quelle est la situation, ou peut-être même à Hydro-Québec?
M. Poirier (Mario) : Bien,
je vous dirais que c'est... Parce que votre question, là, elle a plusieurs
sous-points, là. Premièrement, je vous dirais qu'on favorise, nous, l'approche
nord-américaine. Il faut regarder, je pense, qu'est-ce qu'il se passe à New
York, qu'est-ce qu'il se passe à Boston. Je ne dis pas que ce sont des modèles
qu'il faut copier. Loin de moi cette approche-là, mais je pense qu'il faut y
porter une attention. Si on regarde le modèle de New York et de Boston, par
exemple... Oui.
M. Bouazzi : Excusez-moi,
je vais juste vous couper. Est-ce que... est-ce que les bâtiments
nord-américains consomment plus l'énergie que les bâtiments européens? Est-ce
que...
M. Poirier (Mario) : Je
pense... Oui, je pense que des réalités sont très différentes, et les réalités
géographiques. Je regardais, par exemple, tout ce qui est performance
énergétique et des enjeux géographiques qu'on peut avoir. En Californie, le
gros enjeu de la décarbonation, contrairement à ce qu'on peut penser, c'est
les... les... tout ce qui est le...
M. Bouazzi : La
climatisation?
M. Poirier (Mario) : Non.
Même pas. Au niveau de la décarbonation, ce sont les résidentiels puisqu'étant
donné les problèmes d'électrification qu'ils ont en Californie, les cuisinières
électriques... pas les cuisinières électriques, mais les cuisinières des
résidences sont alimentées au gaz. Et quand il s'agit de décarboner, c'est un
enjeu majeur pour la... pour la Californie de traiter le milieu résidentiel,
pas au niveau de leur climatisation parce que c'est électrique, mais quand il s'agit
de... d'éléments de cuisson, ce qui est le problème aussi, ici au Québec, dans
la restauration. Au moment où on va décarboner la restauration, l'enjeu va être
majeur. Alors, tu sais, dépendant des régions, il y a des réalités qui peuvent
varier.
Pour en revenir à votre question, ce qu'on
vit... ce qui est... ce qui est vécu aux États-Unis à l'heure actuelle, on n'utilise
pas une cote A, B, C qui peut être discriminante à l'occasion. Ils utilisent un
indicateur simple, là, kilogramme équivalent émis au pied carré. Et si le seuil
n'est pas rencontré, et ce, dès 2025, il y a des pénalités qui sont établies.
Ils ont fait quelque chose de très progressif, de très raisonnable. Je pense
que les premiers seuils, 2025. Et ils ont... En fait, le plus important, c'est
qu'il y a un côté prédictif dans ce qu'ils publient. C'est à dire que le
propriétaire immobilier, il est en mesure de savoir qu'est-ce qui va être... qu'est-ce
qu'il y aura comme obligation en 2025, 2030, 2035, 2040 et jusqu'à 2050 pour
une complète décarbonation. Ça, c'est un élément qui est important dans l'immobilier,
parce que chaque... chaque... chaque immeuble n'a pas les mêmes réalités et
ne... et n'abordera pas la décarbonation de la même façon.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Neuf secondes, huit secondes...
M. Bouazzi : Bien, j'entends
que le gaz fossile est un problème partout. Évidemment, je retiens ça. Merci
beaucoup.
M. Poirier (Mario) : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) :
Merci. Nous continuons nos échanges avec l'opposition officielle. Mme la
députée de Mille-Îles, vous disposez de 11 min 15 s
Mme Dufour : Excellent.
Merci, Mme la Présidente. Alors, merci à vous. Mme Carbone et M.... Mon
Dieu! Je ne l'ai pas devant moi.
M. Poirier (Mario) : Poirier.
Poirier.
Mme Dufour : Poirier.
Voilà! Excusez-moi, je suis terrible pour les noms. Donc, merci pour votre
exposé. Puis j'ai trouvé ça fort intéressant, votre mémoire également. Et j'aimerais
peut-être vous entendre davantage sur les informations qui sont...
Mme Dufour : ...complexe
à collecter, là. Vous en parlez, là, à la page 6. Puis on a parlé tout à
l'heure, là, de la déclaration obligatoire, là, que... que vous aviez une...
une inquiétude là-dessus. Puis, bon, le ministre a précisé, là, que ça
concernait seulement les nouveaux bâtiments. Moi, personnellement, je ne le
vois pas de même dans le projet de loi, il faudra peut être le préciser, mais
ceci dit, j'aimerais quand même vous entendre sur ce que ça pourrait
représenter pour des nouveaux bâtiments commerciaux qui seraient... qui
seraient construits par vos membres, d'avoir à recueillir, par exemple, bon,
les matériaux de construction réalisés lorsqu'ils ont été... lors de la
construction, mais surtout la... la quantité, et le type d'énergie consommée,
et le moment où cette énergie est consommée. Compte tenu que vous travaillez
surtout avec des locataires commerciaux, comment voyez-vous vos membres être en
mesure de fournir cette information-là? Parce que vous en parlez, là, puis c'est
quand même complexe, avec des locataires, de collecter les données?
• (12 h 40) •
M. Poirier (Mario) : Bien,
écoutez, vous faites appel, à ce moment-là, à l'expérience qu'on a connue à
travers le défi, et... Et est ce qu'on a connu à travers le défi en termes de
déclaration, ça a été le principal enjeu du programme. Et on a persisté à
l'intérieur du défi en créant aussi une occasion, en 2018, de dire : Il
faut se parler, tous ensemble, pour trouver une solution pour un transfert
automatisé des données énergétiques à un outil de compilation qui, dans le
moment, est Energy Star Portfolio Manager. Parce que, quand on... Quand on
regarde des propriétaires immobiliers, et là, il y a des coches qu'on... J'ai
dit que chaque bâtiment était unique. Essayons d'imaginer, par exemple, un
immeuble à logis multirésidentiel qui a un compteur principal pour le bâtiment,
qui couvre les espaces communs, qui peut couvrir une piscine sur le toit, qui
peut couvrir certains éléments centraux, espaces communs. Et imaginons après les
60 locataires qui ont des compteurs individuels. Alors établir un bilan de
ça, nous, on n'y est pas arrivés à travers le défi. Sur une base volontaire,
sur une base manuelle, on n'y est pas arrivés. C'est... C'est... Premièrement,
on n'avait pas le législatif derrière nous. On ne pouvait pas... Les
participants... On ne pouvait pas obliger les locataires à transmettre leurs
informations. Donc ça, c'est un côté... Premièrement, c'est un obstacle,
c'était un enjeu. Et la deuxième, c'est comment on peut suivre sur une base
régulière, comment un propriétaire peut suivre et s'assurer que l'ensemble des
60 compteurs, plus le compteur principal est pris en compte. Et si on ne
tient pas compte de l'ensemble des consommations de l'immeuble, bien, on ne peut
pas avoir un indicateur qui soit représentatif. C'est un des exemples.
Et là je vous parlais du multirésidentiel.
Dans le... le commerce au détail, c'est la même situation. Dans plusieurs
centres commerciaux, ce n'est pas tout un compteur simple qu'on peut avoir, il
y a... Souvent la pratique en immobilier va être... la tendance va être à
transmettre la responsabilité énergétique au locataire. Donc, le locataire,
pour avoir une image de l'immeuble, devra transmettre les informations. Donc,
on a œuvré, nous, en 2018, à dire : Aïe! il faut qu'on se parle,
Hydro-Québec, Énergir, pour avoir un transfert automatisé des données. On y
est. On est... On est fiers de... d'avoir amorcé cette première discussion là,
même s'il y avait eu des discussions, mais nous, on les a ramenés autour de la
table. Pour avoir... Pour pousser la démarche, ça a pris le règlement de la
ville de Montréal pour vraiment créer cet «incentive» là et aller vers la... le
transfert automatisé des données.
C'est qu'on est à l'amorce à l'heure
actuelle. On participe à des discussions, des forums de discussion à cet
effet-là. On est loin de la coupe aux lèvres et de la Coupe Stanley, aussi loin
que les Canadiens peuvent l'être dans le sens où, si on parle des
municipalités, par exemple, bien, il y a des municipalités qui ne sont pas
régies directement par Hydro-Québec. Alors, le transfert automatisé des données
va devoir passer... va devoir combler ce vide-là. On pense à Sherbrooke, par
exemple, entre autres, Westmount, qui ont leur propre système. Et ça, c'est des
enjeux qui sont à définir éventuellement. Et le projet de loi, il est génial
dans le sens où, si on regroupe et si on se donne une vision commune, je pense
qu'on peut y arriver. Mais c'est un travail qui est énorme. Et si on n'a pas ce
niveau de précision là, bien, on perd, encore là, les notions de crédibilité
d'une cote et on perd les notions de discrimination. Alors, voilà l'importance
qu'on peut y accorder.
Mme Dufour : Merci. Je
vais revenir sur la crédibilité, mais avant ça, j'aimerais vous entendre sur...
Vous parlez de l'Ontario, que ça a pris cinq ans...
M. Poirier (Mario) : Oui.
Mme Dufour : ...pour
obtenir des données complexes du parc immobilier seulement pour les bâtiments
de...
Mme Dufour : ...plus de 50 000
pieds carrés. Ici, au Québec, avec la législation, on vise tous les bâtiments.
M. Poirier (Mario) : Oui.
Mme Dufour : Est-ce que...
M. Poirier (Mario) : Bien, je
peux...
Mme Dufour : Est-ce que
c'est...
M. Poirier (Mario) : Bien, je
peux vous en parler un peu. Je n'ai pas l'ensemble des détails. C'est le
règlement 506, je crois, de l'Ontario qui est... qui traite le sujet. Il a
été mis en branle en 2017 avec, je crois, comme première année de
référence 2017. Il visait les plus grands immeubles. Ce qui est fait aussi
comme image au niveau de Montréal de l'année suivante, et en fait, le règlement
de la ville de Montréal était un peu une situation similaire à ce qui se vivait
en Ontario. Donc, c'était par tranche la dernière tranche, c'est-à-dire la
tranche des petits bâtiments, ils ont repoussé la date de trois ans, et ils
sont partis de 2020 à 2023. Pourquoi? C'est simple, c'est des enjeux qui sont
créés vers les plus petits bâtiments. La capacité des plus petits bâtiments à se
soumettre à un assujettissement de lois, de règlements semblables, c'est un
effort colossal, et là, c'est les petits bâtiments qui les ont vécus. Je n'ai
pas été puiser l'information au niveau des immeubles multirésidentiels, mais à
Montréal, c'est ce qui se vit à l'heure actuelle, les difficultés qui sont
rencontrées, c'est dans le multirésidentiel, c'est 60 compteurs et plus, c'est
ingérable.
Mme Dufour : Et l'information
qui est ce qui est... qui est collectée en Ontario, est-ce que ça ressemble à
ce qu'on tente de collecter ici avec le projet de loi?
M. Poirier (Mario) : Bien, ce
qu'on a vu, nous, au niveau de l'Ontario, c'est qu'il se limite à des
indicateurs qui sont collectés tout simplement et qui sont publiés,
c'est-à-dire qu'on ne va pas dans un système de cotation. Je ne sais pas s'ils
en ont l'intention, mais ils ne vont pas au système de cotation, et il y a une
déclaration au même niveau que le projet de loi. Il y a une déclaration, et les
gens doivent transmettre les indicateurs, les informations du bâtiment à
travers Energy Star.
Mme Dufour : Donc quand même
plus simple, un peu ce que la collecte qui est demandée en Ontario versus ce
qui est demandé actuellement avec le projet de loi qu'on a là, et ça leur aura
pris quand même beaucoup de temps. C'est ça?
M. Poirier (Mario) : Cinq
ans.
Mme Dufour : O.K. cinq ans
plus, c'est ça, extension pour les petits bâtiments. Très intéressant.
Mme Dufour : J'aimerais peut-être
vous... vous entendre sur votre... À la page 7 de votre mémoire, vous
parlez du fait que vous auriez besoin de soutien pour faire un audit. Et là, ce
qu'on ce qu'on voit actuellement, dans le projet de loi, c'est plutôt que
l'audit serait aux frais des... des propriétaires. Est-ce que vous avez estimé
combien ça pourrait représenter pour vos membres d'avoir à produire ces
audits-là?
M. Poirier (Mario) : C'est
majeur, et là où... c'est majeur, et là où le bât blesse le plus, c'est que
chacune des certifications, qu'on pense à LEED ou qu'on pense à BOMA BEST, ou
qu'on pense à... puis là, je ne rentrerai pas dans tous les détails de chacune
des certifications, je ne les connais pas. Mais si on regarde LEED et BOMA
BEST, ils ont une obligation d'avoir des audits à des fréquences de trois à
cinq ans, de mémoire. Alors, c'est déjà existant, les audits dans les... dans
les certifications. Ce que... ce que le secteur immobilier ont le plus besoin,
ce n'est pas uniquement de l'audit, mais c'est d'aller un peu plus loin, et il
y a un document qui a été publié, américain, dans lequel ils transfèrent, et
c'est un guide que je trouve absolument hyper intéressant, dans lequel ils
appellent un audit «an assessment», c'est-à-dire qu'il faut non seulement faire
le point sur la situation actuelle d'un bâtiment, mais il faut aussi regarder
dans quelle mesure les étapes à franchir pour arriver à une décarbonation, s'il
y a possibilité. On a entendu Hydro-Québec hier dire que le chauffage, ils ne
sont pas intéressés à l'avoir dans un court laps de temps. C'est tout à fait
normal parce qu'on s'adresse à la pointe électrique en systèmes de chauffage.
Mais se doter d'un outil qui soit un audit et évaluation, «audit and
assessment», je pense que c'est un passage obligé éventuellement. Les
propriétaires immobiliers, dans le moment, y contribuent, certains le font. Les
sommes sont assez faramineuses de ce que ça peut représenter. Je pense qu'il y
a différents... On peut être très créatifs, plus créatifs, et cibler des
éléments qui pourraient être plus importants. Mais je pense que c'est un
passage obligé, et que le gouvernement devrait s'y investir.
Mme Dufour : Et est-ce que
vous croyez à ce moment-là qu'il devrait y avoir un programme de soutien
financier spécifiquement pour la création des outils?
M. Poirier (Mario) : Clairement,
clairement, clairement.
Mme Dufour : Et de quelle
ampleur? En termes de pourcentage qu'est ce que ça peut représenter comme coût?
M. Poirier (Mario) : Mes
collègues de l'immobilier diraient...
M. Poirier (Mario) : ...on veut
l'ensemble, on veut qu'elle soit... sur l'ensemble. Moi, ce que je dis, dans
tout ça, c'est qu'il ne faut pas oublier une chose, une évaluation en
décarbonation pour les immeubles ne servira pas uniquement aux propriétaires,
elle va servir l'ensemble de la société, dans le sens qu'à l'heure actuelle, la
difficulté qu'on voit dans les messages d'Hydro-Québec, sa capacité de
branchement... on voit des bâtiments qui n'ont pas la possibilité d'être tous
électrifiés, on voit des bâtiments neufs qui ne peuvent pas être branchés, dans
le centre-ville de Montréal. Je me dis, à quelque part, c'est un débat de
société. C'est un débat que les propriétaires immobiliers qui ont pris des
directions vers le gaz dans les années 80... N'oublions pas que, dans les années
80, les bâtiments, il y avait une tendance vers l'électrification, les
bâtiments se sont virés en faveur de vouloir gérer aussi les besoins
d'Hydro-Québec...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Désolée de vous couper, M. Poirier. Merci, Mme Carbone, M. Poirier, pour votre
contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 h 30... 15 heures, excusez-moi. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 03)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
bonjour à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi no 41, Loi édictant la Loi sur la performance
environnementale des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de
transition énergétique.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants : la coalition Sortons le gaz, la Commissaire au
développement durable, Éco Habitation et l'Ordre des ingénieurs du Québec.
Alors, nous débutons tout de suite nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux
représentants de Coalition Sortons le gaz. Alors, bienvenue à Mme Marie-Noëlle
Foschini, coordonnatrice, Mme Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature
Québec, Mme Patricia Clermont, coordonnatrice de l'Association québécoise des
médecins pour l'environnement, et M. Patrick Bonin...
15 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Maccarone) : ...responsable
de la campagne Climat Énergie pour Greenpeace. Alors. Comme vous savez, vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé, après, la suite, nous allons
procéder aux périodes d'échange avec les membres de la commission. Ça fait que,
bienvenue chez vous, si vous pourriez vous présenter et débuter votre
présentation.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Bien,
merci beaucoup. Bonjour, Mme la Présidente, M. le ministre, messieurs, mesdames
les députés, merci de nous accueillir dans votre commission dans le cadre de
ces consultations particulières, là, sur le projet de loi no 41. Je vais lire
ma présentation, comme ça on va s'assurer de rentrer dans le 10 minutes, puis
de ne pas empiéter sur votre précieux temps. Donc, je me présente, Marie-Noëlle
Foschini, je suis la coordinatrice de la Coalition Sortons le gaz. Je suis
accompagnée de quelques collègues membres de la coalition, donc Alice-Anne
Simard, directrice générale de Nature Québec, Patricia Clermont, coordonnatrice
de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement, et Patrick
Bonin, responsable de la campagne Climat Énergie pour Greenpeace.
Donc, la Coalition Sortons le gaz est
relativement nouvelle dans le paysage québécois et réunit près d'une vingtaine
d'organisations environnementales, syndicales et citoyennes qui se sont donné
pour but de promouvoir la sobriété et l'efficacité énergétique tout en
accélérant la décarbonation des bâtiments au Québec. En premier lieu, nous
tenons à dire que le p.l. no 41 est un projet de loi attendu par les membres de
la Coalition Sortons le gaz, qui l'applaudissent dans son principe et y
reconnaissent un potentiel réel pour accélérer la décarbonation des bâtiments
et améliorer leur efficacité énergétique. Mais nous croyons que le niveau d'ambition
doit être plus élevé pour être à la hauteur des solutions nécessaires pour
régler la crise climatique.
Nous accueillons aussi favorablement l'annonce
qu'a faite le ministre hier concernant sa volonté d'encadrer directement le gaz
dans les nouveaux bâtiments, quoique nous avons plusieurs inquiétudes et
recommandations aussi. Notre mémoire était déjà rédigé au moment de cette
annonce, mais les recommandations formulées à propos du projet de loi no 41
sont aussi à prendre en considération pour le futur règlement gaz.
Avant de présenter nos recommandations,
voici certains éléments de contexte incontournables pour comprendre notre
approche de la décarbonation des bâtiments. Au Québec, le gaz naturel est
présent dans un peu plus de 200 000 immeubles et occasionne à lui seul, juste
pour les bâtiments, des émissions de cinq mégatonnes de GES, soit 7 % des
rejets totaux du Québec, ou l'équivalent de ce qu'émettent 1,6 million de
voitures par année. Le Québec s'est engagé à réduire ses émissions de GES de
37,5 % à l'horizon 2030 et à atteindre la carboneutralité au plus tard en
2050. Des cibles que nous ne sommes pas en voie d'atteindre, alors qu'il
faudrait plutôt accélérer la cadence. L'Agence internationale de l'énergie
estime que les nations développées comme le Québec doivent réduire de 80 %
leurs émissions d'ici 2035 et atteindre la carboneutralité d'ici 2045. L'agence
précise également que, pour réussir à limiter le réchauffement climatique sous
le seuil du 1,5 degré Celsius, il faut interdire les nouvelles chaudières à
combustibles fossiles, gaz y compris, dans les bâtiments, à l'échelle mondiale,
et ce, dès 2025. La sortie du gaz des bâtiments est aussi un enjeu de santé
publique, notamment en raison des cuisinières au gaz, qui présentent des
risques pour la santé respiratoire des enfants et des personnes vulnérables.
Par exemple, certaines études ont démontré qu'un enfant vivant avec une
cuisinière au gaz court un risque d'asthme qui serait comparable à celui d'un
enfant vivant avec la fumée de cigarette à la maison.
Pour ces raisons, les municipalités sont
de plus en plus nombreuses à agir pour accélérer la transition énergétique dans
le secteur des bâtiments. Aux États-Unis, plusieurs dizaines de villes et États
ont déjà interdit le raccordement des nouveaux bâtiments au réseau gazier. Au
Québec aussi, de nombreuses municipalités ont rejoint le mouvement de
décarbonation des bâtiments. On peut penser à Prévost, qui est devenue la première
à réglementer, mais aussi à la ville de Montréal, à Candiac,
Mont-Saint-Hilaire, Laval, et aux nombreuses autres qui ont adopté une
résolution pour s'engager à le faire. Ensemble, ces municipalités regroupent
32 % de la population du Québec. En s'appuyant sur ces éléments de
contexte, la coalition propose dans son mémoire 10 recommandations d'améliorations
au projet de loi no 41. En voici quelques-unes.
La première recommandation de la coalition
concerne la portée du système de cotation énergétique. Lors de la présentation
du projet de loi, le ministre a annoncé son intention de limiter la portée du
système de cotation aux grands bâtiments multilogements commerciaux et
institutionnels. Les bâtiments ciblés représentent seulement 10 % des
bâtiments commerciaux et institutionnels et 0,002 % des bâtiments
résidentiels. La portée serait donc extrêmement restreinte. Dans l'analyse d'impact
réglementaire, il est pourtant clairement indiqué que ce projet de loi est
nécessaire pour permettre au Québec d'atteindre ses cibles de réduction de gaz
à effet de serre 2030 pour le secteur des bâtiments. La coalition doute qu'avec
cette portée limitée, les cibles pourront bien être atteintes à temps. De plus,
selon les hypothèses retenues par l'analyse d'impact réglementaire, là, ce
serait 4 % de réduction de gaz à effet de serre, là, qui pourraient être
atteints avec ce projet.
Donc, au-delà des GES, le Québec fait
aussi face à un grand défi en ce qui concerne la disponibilité de l'énergie
renouvelable pour mettre en œuvre la transition énergétique...
Mme Foschini (Marie-Noëlle) :
...pour la coalition, l'instauration d'un système de cotation énergétique
est une mesure qui peut mener à des gains considérables et, conséquemment, qui
devra être pleinement assumée et appliquée à tous les bâtiments existants, sans
exception.
La troisième recommandation concerne le
caractère volontaire de la norme de performance des bâtiments. Le communiqué de
presse qui présente le p.l. no 41 mentionne que la norme de performance
environnementale serait mise en œuvre selon une approche volontaire, du moins
initialement. Nous sommes d'avis qu'en matière de transition énergétique, le
temps des normes volontaires est révolu. Selon la coalition, une norme
obligatoire et contraignante est essentielle pour garantir que les nouvelles
constructions répondent aux standards les plus élevés en matière d'efficacité
énergétique et de performance environnementale, et ce, le plus rapidement
possible. Le parc existant est déjà un défi considérable. Il faut que les
nouvelles constructions fassent partie de la solution, pas du problème.
• (15 h 10) •
La quatrième recommandation concerne le
risque que l'éventuelle norme de performance environnementale vienne prescrire
l'usage de la biénergie dans les bâtiments. Ce risque nous préoccupe également
concernant le futur règlement qui pourrait encadrer le gaz dans les bâtiments.
Selon le projet de loi, la norme de performance pourrait venir préciser, et là
je cite, là, «la quantité et le type d'énergie consommée ou produite, ainsi que
le moment où cette énergie est consommée ou produite». Cette formulation
inquiète les membres de la coalition qui y voient la possibilité pour le
ministre de prescrire l'utilisation de la biénergie avec ou sans gaz naturel
renouvelable dans les bâtiments où s'appliquera la norme. La coalition suggère
que la norme se concentre sur l'objectif recherché, par exemple l'obligation de
gérer la pointe sans recourir aux énergies fossiles, mais qu'elle ne devrait
pas spécifier le choix d'une technologie plus qu'une autre pour y parvenir. Il
y a des façons alternatives à la biénergie pour libérer de la puissance pendant
les périodes de pointe, notamment les accumulateurs de chaleur, les
thermopompes efficaces, la domotique, la géothermie, les réseaux de chaleur,
les batteries bidirectionnelles, les microréseaux, etc.
En outre, il est illusoire de croire que
le gaz naturel renouvelable pourra un jour remplacer le gaz naturel dans tous
ses usages actuels. Le GNR est très limité et nécessite une approche sélective,
comme le stipule d'ailleurs le gouvernement dans la stratégie québécois sur
l'hydrogène vert et les biocarburants. Enfin, bien qu'il soit renouvelable, il
demeure du méthane, et son utilisation engendre les mêmes impacts sur la santé
que le gaz fossile lors de sa combustion.
La cinquième recommandation concerne le
risque pour les municipalités d'un éventuel règlement sur la performance
environnementale des bâtiments et est absolument fondamentale pour la
coalition. Pour ses membres, il est clair que, pour encadrer directement
l'usage du gaz comme source d'énergie dans les bâtiments, le gouvernement
pourrait simplement réformer la Loi sur la qualité de l'environnement, la LQE,
comme il l'a fait pour le règlement sur les appareils de chauffage au mazout.
C'est probablement la voie qui va être choisie, là, justement pour le cadre qui
a été annoncé hier. Or, les articles 29 et 30 du p.l. no 41 font
craindre aux membres de la coalition que l'adoption d'un règlement provincial
pour édicter une norme de performance environnementale des bâtiments ait pour
effet de rendre inopérants les règlements adoptés par les municipalités afin
d'encadrer les GES dans les bâtiments. Considérant l'article 118.3.3 de la
LQE, cette crainte demeure entière dans l'éventualité où le gouvernement
décidait d'encadrer le gaz par cette loi. Les membres de la coalition sont
d'avis que le ministre doit renoncer à contraindre l'action climatique des
municipalités pour permettre à celles qui le souhaitent d'adopter des règlements
plus ambitieux que la norme nationale établie lorsqu'il s'agit de protéger
l'environnement et la santé, de lutter contre les changements climatiques. Il
serait plutôt ironique que la petite municipalité de Prévost, après qu'elle ait
réussi à négocier une entente avec Energir qui la menaçait de poursuites, se
voie obligée de reculer sur sa transition énergétique à cause d'un règlement
provincial adopté au nom de la lutte contre les changements climatiques.
La septième recommandation concerne le
projet de règlement que le ministre pourrait soumettre pour encadrer le gaz. À
ce propos, la coalition invite le ministre à faire preuve d'ambition en matière
de décarbonation des bâtiments. Les membres de la coalition étaient très
heureux d'entendre le ministre déclarer à la presse, alors qu'il était à la
COP 28, qu'on ne pourra jamais atteindre nos cibles si on ne se retire pas
des énergies fossiles. Bien évidemment, nous entendons par cette affirmation
qu'il s'agit autant de la production que de la consommation d'énergies
fossiles, qui sont les deux faces d'une même médaille. Concrètement, la
coalition recommande au ministre de proposer un cadre réglementaire national
qui interdit le raccordement et l'installation d'un appareil de chauffage au
gaz naturel dans les nouvelles constructions et qui interdit le renouvellement
des équipements dans les bâtiments existants, au fur et à mesure qu'ils
arrivent en fin de vie, en s'inspirant de ce qui a été fait pour le mazout.
En terminant, concernant la partie du
projet de loi sur les différentes dispositions en matière de transition
énergétique, nous soutenons la volonté de confier plus de pouvoirs au ministre
de l'Environnement. C'est d'ailleurs notre 10ᵉ et dernière recommandation. Nous
croyons de plus qu'il y a ici une opportunité de venir préciser que le gaz
naturel ne devrait se qualifier pour aucun programme de transition, considérant
que le ministre lui-même a admis que le gaz n'était pas une énergie de
transition. Nous recommandons aussi au ministre...
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : ...d'aller
jusqu'au bout de sa vision de gouvernance de la transition énergétique en
amendant le projet de loi de manière à ce que ce ne soit plus le ministère de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie qui ait la responsabilité d'établir
les cibles, objectifs et orientations de la transition énergétique, mais bien
le ministère de l'Environnement, qui possède toute l'expertise pour agir.
Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, Mme Foschini. Nous allons poursuivre la période des échanges. La
parole est à vous, M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous d'être présents cet après-midi. C'est apprécié.
Quelques idées que l'on pourra débattre, et déjà le temps va nous manquer, c'est
certain. J'ai une collègue aussi qui va vouloir partager le temps du
gouvernement. Peut-être juste en dire plus sur votre position sur le GNR. Vous
n'y voyez aucune vertu, en aucune circonstance?
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Non,
il y a... il y a une place. Le GNR a sa place dans la décarbonation du Québec.
C'est juste qu'on considère que le GNR... bien, en fait, pas on considère, là,
le GNR qui est en quantité limitée. C'est un fait. On n'a pas du GNR en
quantité suffisante pour remplacer tous les usages, il faut donc faire un usage
sélectif, la bonne énergie à la bonne place. Présentement, il y a des procédés,
il y a certains, il y a certains usages du gaz naturel pour lequel il n'y a pas
d'alternative. C'est le cas dans plusieurs... pour plusieurs procédés
industriels. Donc, le GNR disponible devrait être réservé pour les usages non
électrifiables ou plus difficiles à électrifier, principalement dans
l'industrie, alors qu'on devrait concentrer d'autres sources... d'autres
sources d'énergie dans les bâtiments, notamment là où on n'a pas besoin du gaz
naturel renouvelable.
M. Charette : Position par
rapport... vous avez évoqué le biénergie. Est-ce que, un petit peu comme le gaz
naturel renouvelable, vous y voyez des mérites dans certaines circonstances?
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Pour
la Coalition, la biénergie peut être un outil à utiliser pour accélérer dès
maintenant... en fait, pour réduire dès maintenant la consommation de gaz
naturel dans les bâtiments qui sont déjà équipés de chaudières au gaz. Par
exemple, quelqu'un a un domicile, qui a... qui a remplacé sa chaudière au gaz,
elle a seulement cinq, six ans, elle va vivre pour encore 20 ans, plutôt que
d'attendre de consommer 100 % de gaz pendant 20 ans, nous, on suggère,
bien oui, pour ceux-là, mettons la biénergie. Comme ça, jusqu'à la fin de vie
de l'équipement, ils vont pouvoir réduire de 70 %. Et quand l'appareil va
mourir de sa belle mort, bien, on va pouvoir remplacer par un accumulateur
thermique, ce qui va faire en sorte qu'il n'y aura pas de transfert, là, de
charge au niveau du réseau d'Hydro-Québec. Donc, c'est vraiment dans cette
perspective-là. Mais, malheureusement, présentement, la biénergie, comment elle
est mise de l'avant, c'est qu'on cible les clients qui ont des appareils en fin
de vie. Donc, on repart pour un autre tour de manège complet, donc un autre
20-25 ans, avec des équipements qui, eux, pourront être remplacés.
M. Charette : Et l'argument
de la gestion de pointe à travers la biénergie, c'est quelque chose que vous
n'achetez pas ou vous n'adhérez pas assez à ces... à ces arguments-là? Il y a
le projet Energir, Hydro-Québec, là, qui a été annoncé il y a un petit peu plus
d'une année. Hier, on rappelait les résultats, le nombre de projets qui ont été
financés, le nombre de tonnes de GES qui ont pu être économisées. Ce n'est
pas... ce n'est pas un programme, là, qui vous semble intéressant?
M. Bonin (Patrick) : Peut
être pour revenir, pour être très clair, là, on n'est pas contre la biénergie.
Par contre, on pense qu'elle doit être utilisée là où il y a déjà des
installations de gaz parce qu'actuellement ils brûlent 100 % du temps du
gaz alors qu'on pourrait couper rapidement à justement 30 % du temps, et
on pense même que ça pourrait aller beaucoup plus loin. On parle
d'infrastructures existantes. Ajout de biénergie, pour nous, ça n'a pas lieu
d'être au Québec. Il y a des moyens de gérer la pointe avec des méthodes
100 % électriques, et de gérer cette demande-là. On parle évidemment de
nouveaux bâtiments, donc de thermopompes, d'accumulateurs de chaleur thermique,
par exemple, de géothermie également pour des plus gros bâtiments. Mais si on
parle du résidentiel, ces deux moyens conjugués, là, pour lesquels il y a
22 000 $ de subvention de la part d'Hydro-Québec, thermopompe,
accumulateur de chaleur, ça te déplace la charge des pointes, donc ça permet de
ne pas affecter la pointe, et ça, il faut absolument aller vers ça.
M. Charette : ...certain,
vous avez mentionné, on pourrait gérer 100 % de la pointe uniquement à
travers l'hydroélectricité. C'est ce que vous pensez?
M. Bonin (Patrick) : 100 %
de la pointe actuelle?
M. Charette : Oui, c'est...
Bien, c'est une question que je vous pose, là.
M. Bonin (Patrick) : Mais le
Québec gère la pointe actuellement, là. On parle de.
M. Charette : Mais 100 %
à travers l'hydroélectricité. C'est ce votre... c'est votre prétention?
M. Bonin (Patrick) : Bien, la
production au Québec n'est pas à 100 % d'hydroélectricité, déjà il y a des
ajouts. Donc, si vous parlez d'électricité au Québec du jour au lendemain,
écoutez, on le fait actuellement. Hydro-Québec gère la pointe. Évidemment, il y
a du gaz. Il n'y a personne qui dit de sortir tout le gaz du jour au lendemain.
On sait que c'est une transition. On dit ne plus ajouter de gaz, ce qui est
très gérable, très très, très gérable. Ne plus ajouter de gaz, c'est gérable
définitivement avec l'électricité.
M. Charette : La pointe
actuelle pourrait être entièrement gérée en sortant...
M. Charette : ...le gaz des
bâtiments comme il est utilisé présentement.
M. Bonin (Patrick) : Personne
ici ne dit que, du jour au lendemain, on retirait tout le gaz partout. Il n'y a
personne qui dit ça, absolument personne.
M. Charette : En fait, c'est
une question que je vous posais parce que vous avez mentionné précédemment que
la pointe peut se gérer avec des énergies autres que le gaz. Je voulais juste
préciser ce point-là. Actuellement, hier, ça a été discuté, il y a,
essentiellement, selon les sources, entre 10 000 et 12 000 mégawatts, dans le
bâtiment, qui est alimenté par le gaz, que ce soit gaz naturel, que ce soit gaz
naturel renouvelable. C'est l'équivalent de plusieurs Romaines. Donc, on veut
se sortir du gaz, à terme, mais, en même temps, on n'a pas la possibilité, du
jour au lendemain, et même dans un avenir prévisible, de se priver de ce
potentiel-là de 10 000 mégawatts, on n'a pas l'énergie pour le substituer.
Donc, c'est là où le calendrier de sortie est fondamental.
• (15 h 20) •
Vous disiez, tout à l'heure, la cotation,
ce serait dommage de commencer uniquement par le grand bâtiment. C'est
l'approche qui est retenue. Vous disiez trouver dommage que l'on commence par
des mesures volontaires. Dans un premier temps, c'est aussi l'approche qui est
retenue, avant que ça devienne contraignant, tout simplement pour éviter
d'avoir à reculer par la suite. Hier, on a eu l'occasion, avec le professeur
Pineau, notamment, de discuter de l'expérience française qui a voulu aller trop
vite, trop loin, et qui, aujourd'hui, multiplie les reculs parce qu'ils ne sont
pas en mesure de respecter le calendrier qu'ils se sont donné. Donc, on vise
les mesures contraignantes, on vise d'étendre à plusieurs types de bâtiments,
mais il faut y aller dans l'ordre. Il y a une réglementation élaborée, il y a
des gens à former, il y a énormément de vérifications qui doivent se faire, et
tout ça doit se faire dans un cadre ou dans un échéancier qui est réaliste.
Moi, le premier... comme ministre de l'Environnement, je serais le premier à
souhaiter que le 10 000 mégawatts au niveau du gaz, on puisse le remplacer du
jour au lendemain, mais cette alternative-là n'existe pas, et je ne peux pas
ajouter une contrainte si je n'ai pas les outils pour s'assurer de son respect
par la suite. Donc, on s'en va vers ça, mais avec, naturellement, un calendrier
qui doit être réalisable.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : J'ai
plusieurs éléments à vos différentes interventions, bien, je vais essayer de
faire, mais, par rapport au calendrier, là, je vais y aller par celui-là, tu
sais, c'est correct d'y aller étape par étape, mais il faut une feuille de
route claire. Il faut que les prochaines étapes soient déjà énoncées et que le
règlement qui va être adopté prévoie déjà que la cotation va être mise en œuvre
dans les institutions, les commerces, dans les grands bâtiments, mais aussi au
niveau résidentiel. Puis j'ai écouté l'échange avec M. Pineau, hier, puis M.
Pineau était d'accord qu'il fallait aller dans tous les bâtiments, il disait
juste : Il faut attendre, avant que ce soit contraignant, par exemple,
qu'un logement ne puisse plus être mis en location parce qu'il a une cote. Mais
ce n'est pas ça, donc, c'est d'y aller, de couvrir l'ensemble des bâtiments et
de prévoir dès maintenant, par une feuille de route complète, comment est-ce
qu'on va se rendre dans chacune des étapes, puis que... les acteurs. Ça fait
qu'un après l'autre, oui, mais d'une façon ordonnée, clairement établie, puis
que la réglementation qui va être adoptée permette de le faire pour tout le
monde d'entrée de jeu. Ça fait que ça, c'est pour la question d'y aller étape
par étape. Après ça, au niveau...
M. Bonin (Patrick) : ...compléter
sur cette question-là, à la base, dans le plan directeur de Transition
énergétique Québec, qui a été aboli par le gouvernement, prévoyait la cotation
pour justement le résidentiel, également. Le ministre Julien, en 2021, lors de
sa conférence de presse et de son intervention avec la ville de Montréal, qui
est allé de l'avant avec la cotation, eh bien, il parlait également de
résidentiel à l'époque. Donc, lorsqu'on dit de cotation, éventuelle, donc, ça,
c'est une chose, par la suite, d'obligation de performance, ça peut venir dans
le temps, mais il faut commencer, il faut mettre des programmes aussi de
rénovation en place. Donc, ce n'est pas vrai qu'il faut se limiter aux grands
bâtiments ou ne pas toucher au résidentiel, qui, selon nous, est essentiel.
M. Charette : ...information
qui vous a échappée, mais on a récupéré le cadre, il n'a pas été aboli, et,
même dans le projet de loi, on est au niveau du résidentiel aussi, mais on
débute par le grand résidentiel. Donc, dans un premier temps, ce seront les 25
logements et plus, mais c'est du résidentiel, également, et, par la suite, on
touchera à des immeubles résidentiels de plus petit acabit, encore une fois,
pour être certain de bien implanter la réglementation volontaire au départ,
contraignante par la suite, mais ces échéanciers-là seront précisés à travers
la réglementation. C'est un projet de loi qui est habilitant, qui devra faire
naître plusieurs projets de règlements dans les prochains mois, la prochaine
année et les prochaines années. Cette réglementation-là précisera les
échéanciers, justement...
M. Charette : ...au niveau des
municipalités. Juste pour être bien certain que l'annonce d'hier a été bien
bien saisie. Elle est en phase avec ce que l'UMQ et la FQM nous demandent,
c'est-à-dire éviter que chaque ville puisse y aller de sa propre initiative,
sans prendre la mesure de l'impact que ça peut avoir sur la sécurité
énergétique. Moi, encore une fois, comme ministre de l'Environnement, je
souhaite de l'ambition, mais, si chaque ville, de son propre chef, y va de sa
propre réglementation, sans prendre la mesure du total de ces impacts-là, c'est
là où la sécurité énergétique est compromise.
Donc, c'est un petit peu ce que l'on va
faire avec la réglementation à venir, venir baliser ce que les villes pourront
faire et ne pas faire, mais tout ça va se faire conjointement avec les villes,
avec, naturellement, Hydro-Québec, mais aussi les distributeurs d'énergie.
Donc, on ne veut pas freiner l'ambition, mais on veut s'assurer que ce soit un
cadre qui soit en mesure d'être assumé par nos différents fournisseurs d'énergie.
Mais ça a été bien accueilli, FQM, UMQ l'ont salué hier, Hydro-Québec se
sentait réconforté par ça aussi. Et, autrement, on risque des problématiques de
poursuites, dans certains cas, mais ce qui vient m'inquiéter encore plus, d'un
point de vue gouvernemental, c'est d'ajouter des mesures qui ne tiennent pas en
compte la disponibilité énergétique. Donc, je veux juste vous mettre en
contexte de l'annonce hier, pour ne pas qu'elle soit interprétée, là, de
différentes façons.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : ...écoutez,
les rencontres, les personnes de l'UMQ qui sont passées, là, hier, ça fait que
j'ai bien suivi.
Mme Simard (Alice-Anne) : Bien,
juste rapidement, l'UMQ, quand même, il faut... a fait un communiqué de presse,
hier, puis déplorait quand même un petit peu la perception que ce règlement-là
allait peut-être venir contraindre l'indépendance municipale. Donc, j'invite
d'aller consulter ce communiqué de presse là. Donc, tu sais, dans les faits, ce
n'est pas ça... ils ne saluent pas, là, parfaitement, ce projet de règlement
là.
Puis, tu sais, il ne faut pas oublier,
quand même, qu'il ne faut pas avoir un projet de règlement ici, au Québec, qui
vient justement... venir peut-être un peu attaquer l'indépendance des
municipalités en matière d'action climatique, alors qu'on laisse, par exemple,
la ville de New York adopter ce même genre de réglementation là, et avec,
finalement notre électricité, finalement, qu'on va exporter à New York, tu
sais. Il faut quand même s'assurer qu'ici, tant le gouvernement,
qu'Hydro-Québec, qu'Énergir ne donnent pas la perception qu'ils viennent
vraiment freiner l'ambition climatique des municipalités.
M. Charette : C'est de
s'assurer de la sécurité énergétique. Je vous pose la question : D'après
vous, dans les 10 prochaines années, en mégawatts, quels seront les besoins, en
matière d'énergie, pour les nouveaux branchements résidentiels? Est-ce que
c'est une information que vous avez?
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : J'aimerais
répondre aux questions précédentes.
M. Charette : Bien, peut-être
juste pour compléter l'intervention de Mme Simard, est-ce que vous êtes en
mesure de me dire, sur 10 ans, les nouveaux branchements, ça représente combien
en mégawatts?
Mme Simard (Alice-Anne) : Du
bout des lèvres, comme ça, non, là, j'espère que c'est des choses que votre
ministère a... en votre possession.
M. Charette : Et ce n'est pas
une question piège, mais c'est une question à laquelle les élus municipaux ne
peuvent pas répondre non plus, puis c'est l'échange qu'on avait hier, ce n'est
pas un reproche, mais on ne peut pas adopter une mesure sans savoir quel est
son impact sur la disponibilité énergétique. Ce n'est pas de vouloir ralentir
l'ambition, c'est que tout ceci doit se faire de façon concertée. C'est là où
l'UMQ, la FQM, les distributeurs d'énergie, dont Hydro-Québec, travailleront
avec le gouvernement au cours des prochaines semaines, des prochains mois, à
établir un règlement.
On veut baliser l'utilisation du gaz.
Ultimement, on veut diminuer son recours. C'est l'intention du gouvernement,
mais ça doit se faire de façon concertée, pour être bien certain que ça ne
vient pas compromettre les autres initiatives en matière, que ce soit
d'électrification des transports... Puis ça, c'est une question qu'Hydro-Québec
a répondue hier, et moi, je trouve ça fascinant, dans les nouvelles productions
d'énergie verte au cours des 10 prochaines années.... Je vous pose la question,
le pourcentage, puis, si vous avez écouté les échanges hier, vous avez peut-être
la réponse, mais, sur la nouvelle production d'énergie verte, quel est le
pourcentage qui va être utilisé à la décarbonation de l'environnement
québécois?
M. Bonin (Patrick) : M. le
ministre, on connaît très bien le...
M. Charette : Mais c'est formidable.
Mais c'est formidable.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Mais
j'aimerais répondre aux questions précédentes parce que...
M. Charette : Oui, juste un
instant. En fait, si vous me permettez, je vais juste compléter ce point-là.
C'est énorme, ça veut dire 75 % servent à la décarbonation. Et il faut
miser sur là où les réductions sont les plus significatives. Le bâtiment, c'est
une source d'émissions qui est conséquente, qui est importante, et c'est
d'ailleurs la raison pour laquelle on dépose un projet de loi comme celui
d'aujourd'hui. Mais, dans notre bilan total d'émissions, les transports
occupent, vous...
M. Charette : ...une part
encore plus prépondérante. Moi, je veux que mon 45 %, au niveau des
transports, puisse diminuer de façon encore plus conséquente, si on veut
atteindre nos cibles de 2030, justement, donc pour ça, j'ai de besoin de ce
potentiel énergétique. Vous l'avez dit vous-même, c'est utiliser la bonne
énergie au bon moment. Donc, dans certains cas, le gaz naturel renouvelable est
une option, dans certains cas, la biénergie est une option, et dans certains
cas, c'est dire : on va prioriser les initiatives au niveau de
l'électrification des transports pour être bien certains d'atteindre nos
cibles. Mais au final, volontaire, ensuite, contraignant...
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le ministre...
M. Charette : ...grands
bâtiments, au départ, et par la suite, le plus petit bâtiment.
La Présidente (Mme Maccarone) : M.
le ministre, il reste une minute. On va céder ça aux gens qui sont ici.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : ...pour
répondre à vos questions, mais là, on est juste ici pour vous écouter.
M. Charette : Pas du tout.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Je
trouve qu'on n'a pas beaucoup de temps pour répondre à vos questions. Ça serait
bien qu'on puisse un peu s'exprimer.
M. Bonin (Patrick) : Donc, M.
le ministre...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...minute...
il reste une minute, c'est à vous, Mme Foschini, si vous souhaitez répondre.
M. Bonin (Patrick) : Bien,
moi, je vais compléter. Lorsqu'on entend M. le ministre, là, il faut comprendre
qu'il y a une responsabilité gouvernementale d'avoir un plan d'action pour
atteindre une cible de 2030 qui n'a rien à voir avec les exigences de la
science. La cible du Québec est non seulement insuffisante, mais votre plan
permet à peine d'atteindre 60 %. C'est quand même vos chiffres. Et je me
pose la question : On est rendu où aujourd'hui? J'aimerais le savoir. Si
on ne réduit pas...
M. Charette : ...
M. Bonin (Patrick) : ...si on
ne...
M. Charette : ...je veux
faire un appel au règlement à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Tout
à fait.
M. Charette : Donc, vous
allez me permettre de répondre à cette question-là.
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
faut...
M. Charette : Vous connaissez
très bien la démarche gouvernementale qui, à chaque année, ajoute des
pourcentages. Et d'ailleurs, cette gouvernance-là a été saluée, là, par une
étude indépendante un petit peu avant la fin de l'année. On était à 42 %
au départ, 51 %, par la suite, 60 %. On va présenter un autre plan de
mise en œuvre dans les prochaines semaines qui va venir augmenter. Donc, je
serais très...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
merci, M. le ministre. Nous allons poursuivre les échanges avec l'opposition
officielle. Mme la députée de Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci. Merci à
vous d'être ici ce matin. Je connais M. Bonin, aux autres, enchantée de vous
rencontrer. Je vais vous céder mon temps de parole pour pouvoir continuer dans
la veine que vous vous étiez lancée, et je vous promets de ne pas vous arrêter.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : C'est
gentil.
Mme Dufour : Merci.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : C'est
gentil de nous laisser nous exprimer aussi. Donc, il y a eu plusieurs questions
qui ont été posées, c'est sûr que c'est difficile d'énoncer nos arguments,
hein, quand qu'on n'a pas de temps de parole. Mais premièrement, par rapport...
par rapport à la gestion de la pointe, la gestion de la pointe actuelle, il y a
les accumulateurs thermiques, mais il y a plusieurs autres aussi, on a
mentionné, là, il n'y a pas un outil unique qui peut être utilisé pour tous les
bâtiments. Mais oui, on pense qu'avec les différents outils qui sont
présentement disponibles, incluant la domotique, l'accumulation thermique, les
réseaux de chaleur, géothermie et compagnie, on serait capables, progressivement,
au fur et à mesure, de faire la conversion... de faire la conversion...
(Interruption)
Mme Foschini (Marie-Noëlle) :
Est-ce que c'est... est-ce que c'est régulier, ce type de situation? Non? Je ne
sais pas. Merci.
Donc, voilà pour l'accumulation thermique
puis la gestion de la pointe. Ça fait que, bref, oui, il y a des solutions. Il
y a des solutions qu'on peut mettre... qu'on peut mettre de l'avant.
Après ça, bien, mon autre réponse
concernait M. le ministre, mais comme il n'est plus là, je ne sais pas si mes
collègues veulent enchaîner ou si on veut tout simplement vous laisser poser
vos questions.
M. Bonin (Patrick) : Peut-être
compléter?
Une voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Oui,
tout à fait. Nous n'avons pas le droit, ici, en commission, de soulever
l'absence de personnes autour de la table. Alors, s'il vous plaît, poursuivre
avec votre réponse.
M. Jacques : ...de baisser
les... le ton par rapport au ministre ou à la partie gouvernementale. Je pense
que les gens sont ici pour... ils ont le droit de s'exprimer, mais sans... sans
faire de reproche, reproche aux gens qui sont assis autour de la table.
La Présidente (Mme Maccarone) : Là,
on est en train d'amputer le temps des oppositions. Allez-y, continuez, Mme la
députée.
Mme Dufour : Oui. Bien, merci
pour vos explications. Je voudrais peut-être vous entendre sur... bien, ce
n'est pas quelque chose que vous avez évoqué, le propane. Est-ce que c'est
considéré comme du gaz naturel dans votre... tu sais, ou c'est géré
différemment, on doit le voir différemment?
M. Bonin (Patrick) : ...n'est
pas géré à travers le réseau de distribution d'Énergir, donc c'est un autre
réseau complémentaire qui ne sert pas pour les mêmes usages, essentiellement,
souvent.
Mme Dufour : Mais votre
vision du propane, est-ce qu'elle est la même que pour le gaz naturel?
M. Bonin (Patrick) : Ça reste
un hydrocarbure dont il faut se départir le plus rapidement possible avec un
plan qui serait idéalement en ligne avec la science.
Et, si on revient au niveau des bâtiments,
ce qui est la problématique actuelle de ce règlement-là, si on n'atteint pas
les objectifs au niveau de la réduction des bâtiments en termes de gaz à effet
de serre, c'est extrêmement problématique quand on regarde l'ensemble des
secteurs au niveau du Québec. Les bâtiments, c'est là où c'est le plus facile
de réduire le plus rapidement, là où on a déjà les technologies qui sont
accessibles, qui sont économiquement viables, économiquement compétitives avec
les...
15 h 30 (version non révisée)
M. Bonin (Patrick) : ...les
hydrocarbures, et actuellement, ce qu'on a comme proposition sur la table
actuellement, c'est une réduction de l'ordre de 200 000 tonnes
environ, selon l'analyse réglementaire de... l'analyse d'impact du règlement.
Donc, il est certain que, si on ne va pas chercher le maximum de réductions
dans les bâtiments, le Québec va s'éloigner encore plus de sa cible. Et ce à
quoi on réfère dans notre rapport et dans le mémoire, c'est très clairement les
exigences de l'Agence internationale de l'énergie, qui dit : Pour une
nation développée comme le Québec, c'est une réduction de 80 % qu'il faut
en 2035. 80 % en 2035, il ne faut plus rajouter de nouveaux chauffages au
gaz, par exemple, ne même pas en remplacer à partir de 2025. Donc, quand on
entend dire que c'est impossible de gérer la pointe, c'est possible de gérer la
pointe au Québec, il faut... C'est la job d'Hydro-Québec de faire une
planification adéquate, c'est la job du gouvernement d'avoir une politique
énergétique qui prévoie une décroissance rapide de la consommation d'hydrocarbures,
et ça, ce n'est pas du jour au lendemain. Encore une fois, c'est d'arrêter l'hémorragie,
d'arrêter de rajouter des infrastructures, d'arrêter d'en remplacer et de
tabler sur ce qui existe déjà comme solutions. Et ce n'est complètement pas
anodin d'entendre Énergir, Hydro-Québec et même le gouvernement dire : On
ne peut pas faire ça du jour au lendemain. Il n'y a personne, encore une fois,
qui dit ça. Donc, je pense que ça nous prend un vrai plan, puis c'est tout.
Mme Dufour : Je voudrais
peut-être souligner dans votre mémoire, vous parlez de l'État de New York qui a
adopté une loi interdisant les appareils à base d'énergie fossile dans les
nouveaux bâtiments, donc ce que vous prônez, puis vous le dites bien, là, que c'est...
ça a été possible grâce aux contrats d'importation, dans le fond, la vente que
le gouvernement a faite à l'État de New York d'électricité provenant d'Hydro-Québec.
Donc, je pense que vous mettez le doigt sur le bobo. On n'aurait peut-être pas
de... les mêmes... tu sais, on ne serait peut-être pas face au même discours
aujourd'hui, si cette... ce contrat-là n'avait pas été signé. Donc, je vous
remercie de le souligner dans votre mémoire.
Je vais peut-être venir sur... je vais
vous parler du méthane... en fait, le GNR, c'est l'équivalent du méthane, là,
ce que... ce que vous mentionnez. Moi, je me suis beaucoup intéressée au
méthane. À une autre époque, j'étais à la ville de Laval et j'avais le dossier
de la biométhanisation. Donc, et là, ce que je voyais dans votre mémoire, c'est
que ça semblait... pour vous, ce gaz naturel là n'était pas souhaitable, en
tout cas, je comprends qu'il y a des enjeux de santé, là. Puis ça, par... dans
votre mémoire, merci d'en faire part, là, que les cuisinières au gaz peuvent
générer un enjeu de santé, je pense qu'on ne le sait pas assez, puis ça, je
vous remercie de le mentionner.
Mais par contre, au niveau de la
biométhanisation, est-ce que vous voyez qu'il y a comme un potentiel qui pourrait
peut-être servir, par exemple, pour les agriculteurs? Tu sais, le fumier, par
exemple, qui est déployé, qui pourrait servir de... à créer du biogaz, qui
pourrait servir à alimenter peut-être une industrie qui, justement, est
difficilement, tu sais, alimentable, là, à l'électricité?
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : ...du
coffre à outils de la décarbonation, c'est vrai. Sauf que techniquement, la
biométhanisation demeure une technique j'avais envie de dire de fin de
parcours, de gestion de résidus, de gestion de déchets. Donc, les déchets qu'on
génère est selon un ordre, hein? On a une politique de gestion des matières
résiduelles aussi, on a une stratégie, hein? Il faut d'abord réduire, réduire à
la source, remplacer, réutiliser... je m'excuse, réutiliser, recycler,
valoriser. Puis la biométhanisation fait partie de la valorisation énergétique,
et c'est la dernière, dernière option. Donc, on doit composter avant de faire
la valorisation énergétique. Donc, il y a toute une hiérarchie. Mais, si on met
en place la hiérarchie qui fait partie de la politique de gestion de matières
résiduelles du Québec, bien oui, c'est parfait, d'utiliser le reste, surtout si
on peut en faire un usage local en circuit court. Donc, d'avoir, par exemple,
des agriculteurs ensemble puis qui vont eux-mêmes utiliser l'énergie produite
pour réchauffer leurs serres, et tout ça, ça, c'est parfait, mais il faut juste
s'assurer qu'on l'utilise selon les différentes stratégies officielles, pas
juste la produire pour la produire.
Mme Dufour : Oui. Non,
effectivement. Mais, tu sais, comme le fumier, on le sait, là, ça, c'est un
grand générateur de biogaz, là, de méthane, ça un grand potentiel, les usines d'eaux
usées aussi en génèrent beaucoup, il y a les dépotoirs, qui, le gaz, au moins,
s'il n'est pas brûlé, qui est réutilisé, je pense, il y a quand même un
avantage, puis ça, ça peut faire partie. Mais, par exemple, pour le fumier,
est-ce que selon vous c'est mieux de composter ou de biométhaniser?...
Mme Foschini (Marie-Noëlle) :
...je ne suis pas... je ne suis pas une experte à ce niveau-là, mais ce que
je sais, c'est qu'au niveau du potentiel, au niveau des quantités, il y a une
étude qui avait été faite par WSP qui étudiait le potentiel technicoéconomique,
hein, déjà, technicoéconomique, là, ce n'est pas le vrai potentiel réel à la
fin, là, ça reste quand même un niveau, mais qui montrait clairement qu'au
Québec le potentiel était, puis là je vous dis de mémoire, là, à 70, 75 %
au niveau des résidus forestiers. Donc, le vrai potentiel, même en prenant le
technicoéconomique, du fumier puis du déchet reste, somme toute, très limité au
Québec.
• (15 h 40) •
M. Bonin (Patrick) : En
fait, c'est près de 80 % de la biomasse forestière, vous avez environ,
j'ai les chiffres ici, 13 %, on parle de biomasse végétale, agricole, et
la balance, plus ou moins, c'est 13 %... 7 %, pardon... des lieux
d'enfouissement technique. Donc, ça reste très limité. Donc, il y a peu de GNR
possible. Il y a un objectif de 10 %, à peine, pour 2030, ce n'est pas
pour rien. Ce 10 % là ne devrait pas être mis dans le tuyau et brûler dans
des résidences ou dans des bâtiments, là où il y a des alternatives. Après ça,
il y a le coût aussi. Aujourd'hui, au moment où on se parle, le GNR coûte huit
fois plus cher que le gaz naturel. Ce n'est pas vrai de penser que c'est
intéressant d'un point de vue économique, même pour des résidences, là. Les
alternatives, thermopompe, accumulateur de chaleur, sont même moins chères que
l'utilisation du gaz, même en biénergie au Québec. Donc, ce qu'il faut se
rendre compte, c'est aussi que ce coût-là, le 80 % de la biomasse, là, qui
vient de la forêt, de biomasse forestière, là, il y a des impacts également à
la récolter, les impacts qui viennent avoir... les impacts sur la biodiversité,
sur les capacités de récolte, sur les sols, sur les émissions de gaz à effet de
serre, sur la captation du carbone et le prix est extrêmement élevé, il est
beaucoup plus élevé même que ce qu'on a là. Donc, c'est complètement une lubie,
là, il y a aucun plan qui a été présenté, crédible, par Énergir, qui
démontrerait qu'il serait capable d'alimenter à 100 %, comme il prétend,
son tuyau avec du GNR d'ici 2040, là, ils vont avoir de la difficulté à faire à
10 % pour 2030. Donc, le mettre à la bonne place, ne pas penser, dans une
fuite vers l'avant, qu'il va avoir du GNR qui va apparaître comme ça alors
qu'actuellement il est imaginaire, il n'est pas capable d'être produit en
termes de coût, en termes d'impact sur le terrain, aussi, la production, quand
vous avez des Shell de ce monde, Nature Energy qui vont débarquer, là, avec des
méga-usines. On n'a pas vu encore d'évaluation environnementale sur ces
projets-là, des impacts, également, locaux. Donc, c'est encore une fuite vers
l'avant et c'est une utilisation d'énergie très clairement, là, pour garder ses
tuyaux actifs, pour préserver la valeur de ses actifs, alors qu'il faut
utiliser le GNR à la bonne place dans les industries. Le 21 % de gaz au
Québec, là, qu'on ne peut pas électrifier, c'est là qu'il faut aller mettre le
GNR.
Mme Dufour : Oui, tout à
fait. Je vais peut-être poser une question concernant votre première
recommandation. Spécifiquement, là, vous mentionnez, là, que la portée du
système de cotation énergétique ne devrait pas se limiter aux grands bâtiments.
Selon vous, est-ce que ça devrait se... s'appliquer à tous les bâtiments ou il
y a une catégorie de bâtiments que...
Mme Foschini
(Marie-Noëlle) : On mentionnait qu'il y a un grand, grand potentiel
qui sont seulement dans les résidences régulières, là. Donc, de commencer à
mettre en place le système de cotation, donc de divulgation, M. Pineau,
hier, mentionnait que ça peut être à la vente des propriétés. Donc, commencer à
bâtir cette information-là pour pouvoir éventuellement passer à l'étape deux,
oui. Donc, la première étape devrait s'appliquer selon... selon un plan de
match, selon une feuille de route, mais à l'ensemble des bâtiments.
Mme Dufour : Oui, je
pense qu'il me reste une minute... une minute et demie quand même. Excellent!
Bien, à ce moment-là, pour les petits bâtiments, parce que là il y a la...
système de cotation énergétique qui aurait de l'intérêt pour... Puis ça, on l'a
vu, là, il y a quand même un potentiel assez élevé d'aller chercher en
efficacité énergétique, particulièrement dans les bâtiments avant 1960, qu'on
nous disait. Est-ce que... Mais est-ce que vous voyez qu'il peut y avoir comme
un enjeu au niveau, peut-être, de l'acceptabilité sociale, vous pensez qu'on en
est rendu là? Vous représentez plusieurs organismes, là, donc...
M. Bonin (Patrick) : C'est
certain que quand on parle du résidentiel, il y a actuellement par exemple des
bâtiments, que ce sont des passoires, là, littéralement, qu'on appelle, donc,
très mal isolés. Souvent, c'est des gens plus démunis qui se retrouvent dans
ces situations-là. Donc, il faut planifier en termes de rénovations de
prioriser ces bâtiments-là. Mais quand on parle, par exemple, d'habitations à
loyer modique ou de nouvelles infrastructures, il est certain qu'on peut mettre
des normes beaucoup plus exigeantes qui font en sorte que le confort est
amélioré, que la résilience est plus grande pour ces locataires-là, que les
coûts en termes d'énergie et d'alimentation sont largement souvent intéressants
pour faire en sorte justement de compenser ce surcoût lors de la production.
Donc, il faut y aller en étape, oui, il faut surtout mettre les programmes
adéquats pour les gens les plus vulnérables...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci.
M. Bonin (Patrick) : ...les
gens les plus démunis, pour faire en sorte que...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci, M. Bonin.
M. Bonin (Patrick) : ...si
les bâtiments existent, ils ne soient pas pris avec...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Nous allons poursuivre avec...
La Présidente (Mme Maccarone) : ...avec
les prochains, avec le... avec la deuxième opposition, monsieur le député de
Maurice Richard. Vous disposez de 4 min 8 s.
M. Bouazzi : Merci. Merci
beaucoup d'être ici. On est très heureux d'avoir un groupe dont la seule raison
d'existence est de participer à sauver la planète, étant donné qu'on est rentré
dans un moment crucial pour l'humanité dans le fameux anthropocène. Je veux
juste être sûr que les gens ici présents ont compris tout ce que vous dites, ça
fait que je vais dire des choses, et vous allez me dire est-ce que c'est vrai
ou pas. Donc actuellement, les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments,
c'est 7 % des émissions au Québec.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Du
gaz naturel dans les bâtiments.
M. Bouazzi : Du gaz, du gaz
naturel dans les bâtiments. On ne pourra jamais avoir la carboneutralité avec
du gaz fossile au Québec.
M. Bonin (Patrick) : Oui.
M. Bouazzi : Il n'y a pas une
date que vous avez vue à date du gouvernement qui dit qu'il n'y aura plus de
gaz naturel au Québec.
M. Bonin (Patrick) : Pas
d'objectif, non.
M. Bouazzi : Pas d'objectif.
Actuellement, quand on met une nouvelle installation au gaz naturel, sa durée
de vie est pour 20-25 ans. Et quand on met des nouveaux tuyaux d'Energir
qui n'existaient pas avant, la durée de vie aussi, pas la durée de vie, mais en
fait l'amortissement, c'est encore pire, oscille entre 25 et 35 ans
suivant ce qu'on met à l'intérieur.
M. Bonin (Patrick) :
...
M. Bouazzi : Donc, si je
calcule de 2023 à plus 25 ou plus 35 carrément, on dépasse les 2050. Donc, le
plan ne peut pas vraiment s'arrêter avant 2050. Vous ne dites pas non plus
qu'il faut se débarrasser du gaz naturel du jour au lendemain.
M. Bonin (Patrick) : Non.
M. Bouazzi : Ce que vous
dites, c'est quand il y a du gaz naturel quelque part, c'est le moment d'y
mettre de la biénergie, le temps que ça disparaisse de sa belle mort, mais
n'augmentant pas le problème s'il vous plaît, en mettant des nouvelles
installations là où il n'y avait pas de gaz naturel. Vous ne dites pas non plus
que vous êtes contre le GNR. Vous dites que partout où est ce qu'on ne peut pas
se passer du gaz naturel, il faudrait utiliser le GNR, mais pas ailleurs.
Une voix : Exact.
M. Bouazzi : Bon, jusqu'à là,
on est bon, continuons. Donc à date, j'espère que tout le monde nous écoute
ici. Je parle beaucoup et je sais que vous avez été coupé à plusieurs reprises,
mais je me permets de clarifier un peu tout ce que j'ai entendu, que j'ai
écouté avec beaucoup d'attention.
Pour la classification des bâtiments, dans
la première mouture, si on parle des bâtiments à logements, le projet de loi
tel qu'il est présenté touche à 0,02 % des bâtiments à logements.
Mme Foschini (Marie-Noëlle) : Résidentiels.
M. Bouazzi : Donc, est-ce que
vous considérez que quand on ne touche pas à 99,98 % des bâtiments dans le
classement pour savoir à quel point c'est des passoires énergétiques, est-ce
que vous considérez que c'est un manque d'ambition du gouvernement?
Une voix : Définitivement
Mme Simard (Alice-Anne) : En
fait, je dirais surtout moi, c'est une occasion manquée. On le mentionne, on
l'a mentionné à plusieurs reprises aujourd'hui, on a on a des enjeux de
gestion, de la pointe des inquiétudes, eh bien justement pourquoi avoir tout
ces... tous ces bâtiments-là qui sont des passoires qui viennent nuire aux
problèmes de la gestion de la pointe. Évidemment, on ne veut pas rajouter un
fardeau sur les citoyens et citoyennes, mais il y a des possibilités d'avoir
des subventions gouvernementales, de l'aide, bref, une meilleure planification
pour s'assurer que ce sont tous les bâtiments qui viennent contribuer à cet...
ce projet de loi là qui au final est un bon début, on s'entend, là. On parle d'efficacité
énergétique, on parle de, bon, ça va chercher l'équivalent de la Romaine en
termes de ce qu'on sauve en termes d'énergie, c'est excellent. Donc ce qu'on
dit, c'est justement à aller plus loin que ça et en étant contraignant, mais en
venant soutenir aussi, là.
M. Bouazzi : Pour la pointe,
vous n'avez pas dit qu'on va se débarrasser du gaz naturel tout de suite, mais
vous avez dit partout il y a de nouvelles choses, il y a des solutions
existantes, des accumulateurs de chaleur, les thermopompes efficaces, y compris
quand il fait très froid, mieux isoler les maisons, etc. Tout ça, ça contribue
à améliorer la pointe et ça suffirait à régler le problème.
Mme Simard (Alice-Anne) : Ça
y contribuerait grandement, du moins ça c'est certain.
M. Bouazzi : Je pense qu'en
fait votre pensée est très, très claire et puis je pense qu'elle participerait
à sauver la planète plus que garder le gaz et ne pas avoir de plan pour s'en
débarrasser. Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Et
sur ce, merci, madame Foschini, madame Simard, madame Clermont et Monsieur
Bonin. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux ici à la
commission. Je suspends les travaux quelques instants afin que, nous, on puisse
accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 48
)
(Reprise à 15 h 52)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue aux représentants...
Commissaire au développement durable. Bienvenue chez vous. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé et après quoi nous
procéderons à la période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
Des voix : ...
La Présidente (Mme Maccarone) : Collègues,
s'il vous plaît! Merci. Allez-y.
Mme Lambert (Janique) : Oui.
Mme la Présidente, M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs, mesdames, messieurs les
membres de cette commission, c'est avec intérêt que je participe aux
consultations particulières et auditions publiques concernant le projet de loi
n° 41. Je suis accompagnée de Mme Moïsette Fortin, directrice
principale d'audit, Mme Marie-Pier Germain, directrice d'audit, ainsi que
M. François Dubreuil, secrétaire général. Les commentaires que j'exprime
aujourd'hui concernant... concernent les dispositions du projet de loi en lien
avec la transition énergétique. Ils sont principalement motivés par les
différents travaux que nous avons réalisés, dont les rapports suivants, publiés
en juin 2022 : le premier, intitulé Du fonds vert...
Mme Lambert (Janique) : ...au
Fonds d'électrification et de changements climatiques, différences et enjeux
dans lequel j'ai constaté des problèmes liés à la gestion du Fonds
d'Électrification et des changements climatiques, le FECC.
Le deuxième, intitulé Politique
énergétique 2030, gouvernance et mise en œuvre, dans lequel j'ai mis en
lumière des lacunes qui risquent de compromettre l'atteinte des objectifs et
des cibles concernant la transition énergétique du Québec. Afin d'être le chef
de file nord-américain dans les domaines de l'énergie renouvelable et de
l'efficacité énergétique, le gouvernement du Québec a rendu publique en 2016 sa
politique de transition énergétique, la Politique énergétique 2030.
Celle-ci constituait l'une des assises sur lesquelles le gouvernement
s'appuyait pour atteindre sa cible de réduction des émissions de GES pour 2030.
Depuis la publication de cette politique,
des changements ont été apportés à la gouvernance de la transition, de
l'innovation et de l'efficacité énergétique. D'abord, il y a eu la création de
Transition énergétique Québec en 2017 et la publication de son plan directeur
en 2018. Il s'en est suivi l'abolition de Transition énergétique Québec en
2020, dont les responsabilités ont été transférées au ministère de l'Énergie et
des Ressources naturelles, le MERN. Puis le MERN a mis fin à la politique
énergétique en juin 2022, soit suite au dépôt de mon rapport portant sur cette
politique. Enfin, il y a eu deux décrets en octobre 2022. Le ministère de
l'Environnement s'est alors vu confier les responsabilités en matière de
transition, d'innovation et d'efficacité énergétique. Seule la responsabilité de
déterminer les orientations, les objectifs et les cibles à atteindre en la
matière a été confiée au ministère de ‘Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie, le MEIE.
L'actuel projet de loi propose d'autres
changements qui modifient à nouveau la gouvernance de la transition énergétique
et qui ont un effet sur les responsabilités du ministère de l'Environnement,
soit l'intégration du soutien à la transition énergétique dans sa gouvernance
intégrée de la lutte contre les changements climatiques, l'intégration du plan
directeur dans le Plan pour une économie verte 2030 et, finalement, la
fusion du Fonds de transition, d'innovation et d'efficacité énergétique avec le
FECC, pour lequel j'ai la responsabilité de faire part annuellement de mes
constatations et de mes recommandations à l'Assemblée nationale.
En prenant connaissance de ces multiples
changements, j'ai certes... j'ai certaines interrogations, notamment les
suivantes. Qu'adviendra-t-il des cinq cibles de la politique énergétique qui
avaient été transférées au plan directeur en juin 2022? Qui sera le réel
responsable de la transition énergétique alors que, d'une part, le MEIE doit
établir les orientations, les objectifs et les cibles à atteindre et que,
d'autre part, le ministère de l'Environnement doit assurer la gouvernance
intégrée? Dans le rapport portant sur le FECC, j'avais constaté que le
ministère de l'Environnement n'exerçait pas une gouvernance intégrée efficace
de la lutte contre les changements climatiques pour permettre la cohérence et
la coordination des actions à l'échelle gouvernementale. Le projet de loi vient
ajouter le soutien à la transition énergétique dans la gouvernance intégrée de
la lutte contre le changement climatique.
Compte tenu des lacunes observées dans mon
rapport, cet ajout me préoccupe. De plus, je m'interroge non seulement sur la
signification de l'expression soutien à la transition énergétique, mais
également sur la manière dont le ministère de l'Environnement sera en mesure
d'intégrer pleinement cet enjeu dans la gouvernance intégrée étant donné que
l'innovation et l'efficacité énergétique ne semblent pas y être prévues.
D'autant plus que, depuis octobre 2022, le MEIE a la responsabilité d'établir
les orientations, les objectifs et les cibles à atteindre en matière de transition,
d'innovation et d'efficacité énergétique.
Par ailleurs, dans mon rapport sur la
politique énergétique, j'avais constaté que la mise en place de plusieurs
mesures du plan directeur ne se déroulait pas comme elle aurait dû, et cela
engendrait du retard dans l'atteinte des résultats prévus. Par exemple, malgré
la prolongation du plan directeur jusqu'en 2026, nous avions mentionné qu'il y
avait un risque que la cible initialement projetée pour 2023 concernant la
réduction des émissions de GES ne soit même pas atteinte en 2026. J'avais
également constaté que le MERN ne dressait pas un portrait complet de la
progression des résultats des mesures déployées et qu'il n'évaluait pas les
progrès réalisés en vue de l'atteinte des cibles de la politique à l'horizon 2030.
En ce qui concerne la gestion du FECC,
anciennement le Fonds vert, nos... nos audits nous ont permis de relever
d'importantes lacunes. Dès 2014, nous avions soulevé la nécessité de mettre en
place une gestion rigoureuse axée sur les résultats pour assurer l'atteinte des
objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques. La loi
précise même qu'une gestion axée sur les meilleurs résultats doit être
privilégiée...
Mme Lambert (Janique) : ...pour
la gestion du FECC afin d'assurer le respect des objectifs du Plan pour une
économie verte 2030.
Pourtant, en 2022, dans le rapport d'audit
portant sur le FECC, j'avais constaté que des lacunes significatives
persistaient, puisque le ministère de l'Environnement n'était pas en mesure de
suivre la performance des actions financées par le FECC. À la suite de la
fusion des deux fonds, les mesures provenant du plan directeur et visant le
soutien à la transition énergétique seront désormais financées par le FECC. Je
m'interroge donc quant à la performance de ces mesures, mais également quant à
l'efficacité du suivi de la performance qui sera mis en place pour ces mêmes
mesures.
• (16 heures) •
Enfin, la transparence et une information
de qualité sont essentielles à la réflexion des parlementaires. Cependant, dans
mon rapport sur la politique énergétique, j'avais constaté que le MERN ne
fournissait pas une information adéquate sur les enjeux de la transition
énergétique, et ce, afin de prendre une prise de décision éclairée. Cette
situation est préoccupante, étant donné qu'au fil du temps plusieurs lacunes
ont également été soulevées à l'égard de l'information publiée concernant le
FECC, ce qui rendait ardue l'appréciation des résultats et de la performance
globale du fonds.
En somme, à la lumière des travaux que
nous avons réalisés, le projet de loi apportera à nouveau des changements non
seulement dans la gouvernance des enjeux liés à la transition énergétique, mais
également dans la lutte contre les changements climatiques. Ces changements ne
sont pas sans risques. D'abord, les multiples changements apportés à la
gouvernance de la transition, de l'innovation et de l'efficacité énergétiques
dans les dernières années risquent assurément de générer de la confusion auprès
des parlementaires. En lien avec le projet de loi, il est important de préciser
si l'innovation et l'efficacité énergétiques feront partie de la gouvernance
intégrée sous la responsabilité du ministère de l'Environnement. Il est
également essentiel de clarifier qui sera l'ultime responsable de l'atteinte
des objectifs et des cibles en matière de transition, d'innovation et
d'efficacité énergétiques, le MEIE ou le ministère de l'Environnement. De plus,
il est primordial de s'attarder à la gestion du FECC en raison des lacunes que
nous avons constatées au cours des 10 dernières années, d'autant plus que ce
fonds prendra de l'ampleur à la suite de la fusion prévue par le présent projet
de loi. Je me questionne finalement à savoir si les parlementaires seront
suffisamment informés des enjeux liés à la transition énergétique, étant donné
que ceux-ci seront désormais intégrés dans les enjeux associés à la lutte
contre les changements climatiques.
Voilà l'essentiel des commentaires dont je
voulais vous faire part aujourd'hui. Je vous remercie de nous avoir accueillies
et je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période des
échanges. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous d'être avec nous cet après-midi, c'est toujours
apprécié de vous entendre. Et ce qui est intéressant, c'est que vous abordez
davantage le volet transition énergétique, alors que les groupes précédents,
depuis le début de la consultation, ont d'abord abordé la question de la
cotation énergétique ou de l'efficacité énergétique des bâtiments. Donc, ça
fait plaisir d'aborder un autre angle du projet de loi qui est tout aussi
important.
Vous soulevez des questionnements par
rapport à la gouvernance, et je les comprends tout à fait. J'ai pu lire vos
différents rapports depuis quelques années, et c'est beaucoup des questions de
gouvernance qu'on a travaillé à régler. Je dois vous avouer, au niveau de la
lutte aux changements climatiques, j'étais bien content du rapport qui a été
publié en décembre dernier, qui est venu évaluer en quelque sorte la
gouvernance de notre action par rapport à ce qui se fait dans différents pays,
et le Québec, sans dire qu'il est parfait, sans dire qu'il ne doit plus
s'améliorer, il est en très, très bonne position, parce qu'il y a eu beaucoup
d'efforts sur la question de la gouvernance, s'assurer que le travail est bien
fait, surtout qu'il y a une reddition de comptes qui est efficace et facile
d'accès pour le public. Et, de façon générale, si on fait un petit historique,
il y a eu le projet de loi n° 44, à la précédente législature, qui est venu confirmer
le rôle et le mandat du ministre et du ministère de l'Environnement au niveau
de la lutte aux changements climatiques, C'est un rôle de coordination qui a
été confirmé, rôle qui est parfaitement assumé depuis.
Mais, à la... au lendemain de la dernière
élection, il y a eu un réaménagement au niveau des ministères, et vous l'avez
en partie résumé. On avait le MERN, on avait aussi le MFFP qui pouvaient avoir
des mandats en lien avec avec l'environnement. Donc, il y a certains de ces
pouvoirs-là qui ont été rapatriés au niveau du ministère de l'Environnement,
dont celui de la transition énergétique. Donc, dans les faits, la
responsabilité venait au ministère. D'ailleurs, l'équipe de fonctionnaires au
niveau de la transition énergétique a été officiellement transférée et intégrée
au niveau du ministère de l'Environnement, mais au niveau législatif ces
changements-là n'avaient pas été apportés. C'est la raison pour laquelle le
projet de loi...
16 h (version non révisée)
M. Charette : ...il est d'abord
et avant tout un projet de loi sur l'efficacité énergétique des bâtiments, mais
il nous permet aussi d'avoir... il nous permet de procéder et d'officialiser,
là, au niveau législatif la responsabilité de la transition énergétique.
Naturellement, ce n'est pas toujours un découpage qui est tranché au couteau.
Transition énergétique, lutte au changement climatique, oui, au ministère de l'Environnement,
mais on a le ministère de l'Économie qui est aussi responsable énergie. Donc,
il y a plusieurs... il y a plusieurs espaces de collaboration entre les deux,
mais il n'y a pas de confusion. Lorsqu'il est question de production d'énergie,
lorsqu'il est question d'utilisation d'énergie, c'est le ministère de l'Énergie,
naturellement, qui en est le titulaire. Lorsqu'il est question de cette
transition, lorsqu'il est question d'accompagner les entreprises pour se
décarboner, c'est à travers le ministère de l'Environnement, mais de façon
totalement concertée. Donc, c'est des questions de gouvernance qui peuvent
sembler arides, oui, ça prend du temps de procéder à cette transformation-là,
mais convaincu qu'à terme, on aura des responsabilités beaucoup plus établies
et un mandat beaucoup plus important au ministère de l'Environnement.
Donc, je voulais surtout revenir sur le
petit parcours historique que vous avez fait. Libre à vous de le commenter.
Sinon, les questions elles-mêmes vont venir de la part de mon collègue. Mais
libre à vous de commenter, si vous voulez, le parcours de gouvernance, qui est
en train de s'intégrer à travers notamment le projet de loi ici. Mais sinon,
mon collègue aura volontiers des questions pour vous.
Mme Lambert (Janique) : ...un
petit commentaire. Lorsque je parlais d'une certaine confusion, nous, comme observateurs,
en analysant l'information qui est transmise par le projet de loi puis nous qui
sommes toujours... on a toujours les mains dans ce dossier, on suit
passionnément ce dossier puis avec le mandat que j'ai à l'égard du FECC. Bon, c'est
certain qu'on est impliqués. Puis, lorsque nous avons vu le décret, on a vu que
toute l'entièreté des articles de la loi du MERN qui était en lien avec la
transition énergétique, oui, ils étaient transférés au ministère de l'Environnement,
à l'exception de l'article 17.1.2, qui est que le ministre établit tous
les cinq ans les orientations objectifs généraux, les cibles à atteindre à l'égard
de la transition, de l'innovation et de l'efficacité énergétique. Dans ce...
cet actuel... le projet de loi qu'on parle aujourd'hui, bien, ce volet-là, cet
article-là est encore... Tous les articles 17.1 du MERN sont abrogés, à l'exception
de cet article-là, qui reste, selon le décret de 2022, au MEIE. Ça fait que là,
ce que je vous parle... un peu de confusion, tant mieux si vous dites qu'il n'y
en a pas de confusion. Mais nous, au regard, lorsque nous analysons les
documents puis l'évolution de la situation du dossier de transition
énergétique, on... puis ayant fait également le mandat sur la politique
énergétique, bien, c'est cette confusion-là qui... Dans le fond, je suis très
contente si vous dites qu'il n'y en aura pas de confusion, mais nous, aujourd'hui,
il semble rester une confusion à cet égard-là.
M. Charette : En fait, on a
le Plan pour une économie verte qui relève du ministère de l'Environnement,
mais qui est le plan gouvernemental dans son ensemble. Donc, certaines actions
du PEV, même s'il émane du ministère de l'Environnement, certaines actions sont
au Transport, certaines actions sont à l'Économie, dont l'aspect que vous
évoquiez. Mais le financement de ces mesures-là relève pour l'essentiel encore
du ministère de l'Environnement à travers le FECC, et la reddition de comptes,
donc, se fait à travers la reddition de comptes du FECC. Mais quand je dis qu'il
est coordonnateur, il n'est pas opérateur de chacune de ces mesures. Bien, vous
connaissez bien le FECC, comme vous pouviez bien connaître le Fonds vert par le
passé, donc c'est beaucoup des transferts de sommes pour permettre à d'autres
ministères de mener des actions précises. Mais la reddition de comptes se fait
à travers celle que l'on fait année après année. Vous avez vu en décembre, non,
pas 2023 mais 2022, on a publié le tableau de bord de chacune des mesures qui
devient un indicateur. Donc, le suivi se fait quand même en conformité avec...
avec le PEV, même si l'action, elle est par exemple au ministère de l'Économie.
C'est une procédure qui se veut très, très transparente. On est à une année d'utilisation,
là, pour ce qui est du tableau de bord, et ça va plutôt bien. On voit qu'il y a
des indicateurs qui performent très bien, d'autres qui méritent des
ajustements, ce que l'on fait. Mais il y a une transparence qui est... qui est
nouvelle, qui ne prévalait pas par le passé, qui va aider à suivre l'action. Et
quand que ça va moins bien, on est les premiers à le reconnaître pour se donner
les outils, là, pour apporter les changements...
M. Charette : ...voilà, sinon
je pense que mon collègue peut prendre la relève. Merci beaucoup déjà pour
votre présence.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède la parole au député de Masson. Vous disposez de neuf minutes.
M. Lemay : Merci. Donc, bien,
Mme Lambert, M. Dubreuil, mesdames Fortin et Germain, bienvenue à cette
commission parlementaire. Vous savez, c'est toujours un plaisir de pouvoir
assister, là, aux rapports que vous déposez, là, de façon annuelle, plusieurs
fois par année, avec la Vérificatrice générale aussi. Lorsqu'on a ce moment
privilégié avant le dépôt officiel dans... un petit briefing technique, si on
veut, donc... mais j'apprécie qu'on puisse se parler aujourd'hui.
Et, plus précisément, avec la fusion du
fait, justement, avec le Fonds de transition, innovation, efficacité
énergétiques, bien entendu, puisque vous couvrez déjà le fait et que vous
faites des audits sur, bon, sur le fonds, bien entendu, avec cette fusion-là,
on peut s'attendre à ce que vous, au Commissaire au développement durable, vous
ayez... Est-ce que vous allez devoir avoir des effectifs supplémentaires ou une
charge de travail supplémentaire, puisque vous aurez vraisemblablement, tu
sais, une plus grande responsabilité de surveillance? Est-ce que vous pouvez
nous en parler un petit peu plus?
• (16 h 10) •
Mme Lambert (Janique) : ...c'est
une bonne nouvelle quand même d'avoir... Je me dis : Bon, vu la fusion de
ces deux fonds, un fonds qui n'était pas audité auparavant, maintenant va
devenir par la force des choses, vu que le fait, autant au niveau de l'audit
financier, il est audité, et également par mon équipe, dans le fond, on dépose
annuellement. Je dois émettre, au moins, une fois par année, mes commentaires à
l'égard de ce fonds-là. En termes de disponibilité, je vous dirais que, pour
l'instant, ça fait partie de notre mandat qu'on a dans la loi. Ce sont des
fonds supplémentaires qui sont... qui seront dévolus dans ce fonds-là. Mais on
ne s'est pas positionné puis je ne vois pas de problème à l'égard des capacités
pour faire le mandat à l'égard du fait, même s'il s'agrandit en termes de
montant.
M. Lemay : Très bien. Et puis
dites-moi, tu sais, parce que, présentement, quand on regarde la Loi sur le
bâtiment, ça ne permettait pas d'inclure des critères, là, puis des objectifs
environnementaux. Puis ce qu'on vient faire aujourd'hui, c'est de permettre
justement au ministère de l'Environnement, de la Lutte aux changements
climatiques, de la Faune et des Parcs, de pouvoir justement aborder ces
critères-là dans la Loi sur les bâtiments, justement, en venant soustraire, je
pense, c'est la section 1.1 du Code de construction du Québec, pour venir
mettre le Code québécois du bâtiment durable et d'ajouter d'autres
sous-sections. Est-ce que vous croyez que c'est important, justement, qu'on
puisse inclure ces sections-là sur le bâtiment durable? Et, si oui, est-ce que
vous voyez des points particuliers qu'il devrait y avoir au Code québécois du
bâtiment durable?
Mme Lambert (Janique) : C'est
difficile pour moi de me prononcer sur un sujet que je n'ai pas fait d'audit.
En somme, toute la performance environnementale, c'est quelque chose qui est
nouveau, puis c'est un dossier qu'on va suivre, puis qu'on va certainement
porter une attention particulière dans le futur. Mais, pour moi, aujourd'hui,
c'est venu me positionner sur un sujet qu'on ne s'est pas positionné par le
passé, que ce soit ou un prédécesseur, on n'a eu aucun positionnement à cet
égard-là par le passé. Ça fait que c'est un peu difficile pour moi, là, de
répondre à votre question.
M. Lemay : O.K. le dernier
audit que vous avez fait en 2022, justement, sur le fait que vous aviez fait
certains constats, bon, de notre compréhension, c'est que les points que vous
avez soulevés ont été adressés et corrigés par le ministère. Est-ce que vous
voyez justement d'autres points d'amélioration, à ce stade-ci, qui pourraient
être apportés?
Mme Lambert (Janique) : Peut
être un peu plus de clarification, de quels points vous parlez précisément?
M. Lemay : Alors,
permettez-moi d'aller rechercher ici juste une petite information. Donc, en 2022,
vous mentionnez justement... vous dénonciez qu'on n'était pas en mesure de
suivre la performance de nos programmes, notamment, parce que la quasi-totalité
de ces actions n'avait pas d'indicateur ni de cible adéquate. Nous, on
considère justement, que, tu sais, à 98,9 % des actions en cours qui sont
financées par le... disposent de cibles adéquates. Est-ce que vous avez vu une
amélioration? Puis est-ce que vous croyez qu'il reste d'autres points qui
pourraient être améliorés, justement, qui feraient en sorte que, dans la fusion
des deux fonds, on serait déjà sur la bonne voie puis qu'on ne serait pas en
mode rattrapage auprès du Commissaire au développement durable?
Mme Lambert (Janique) : Bien,
mon équipe travaille présentement sur un suivi détaillé. Vous savez,
historiquement, que ce soit le commissaire ou le Vérificateur général, il nous
arrive de faire... de prendre la décision de faire des audits détaillés... des
suivis détaillés, excusez-moi, sur un rapport que nous avons déjà publié. Mais
en raison des multiples changements qu'il y a eu en termes de gouvernance, là,
autant au niveau de la transition énergétique, et tout, j'ai demandé à mes
équipes, pour une première fois, de faire un suivi détaillé de trois rapports
ensemble...
Mme Lambert (Janique) : ...donc
la politique énergétique... le mandat de... FECC, dont vous faites allusion,
qui a été déposé en juin 2022 ainsi que celui de novembre 2020. Puis dans mon
prochain rapport au printemps, vous allez avoir les résultats, là, de notre
suivi détaillé de ces trois rapports. Ça fait que pour l'instant, je ne peux
pas vous... me prononcer ici tant que le rapport n'est pas déposé au printemps.
M. Lemay : Donc, si
j'interprète les propos que vous venez d'annoncer, c'est que les suivis sont en
cours, et, dans le prochain rapport, qui sera déposé au printemps, on devrait
avoir les informations.
Mme Lambert (Janique) : Effectivement.
M. Lemay : Très bien. Merci.
Et puis je comprends que vous ne pouvez pas nous en parler davantage, là, parce
que ce n'est pas quelque chose que vous avez déjà analysé, mais... Je ne sais
pas, si je vous pose une question... Vous allez me dire si vous pouvez répondre
ou pas, là. Je comprends qu'il y a certains points que vous ne pouvez pas vous
avancer, mais, tu sais, si on avait à traiter de gouvernance avec la Loi sur la
performance environnementale des bâtiments, est-ce que vous auriez des
commentaires ou des recommandations à faire pour s'assurer que notre structure
de gouvernance soit forte et transversale?
Mme Lambert (Janique) : On en
a fait plusieurs rapports qui touchent la gouvernance intégrée... à plusieurs
reprises concernant. Je reviens avec la gouvernance intégrée. Dans plusieurs
rapports, même celui... Érosion et submersion côtière, que j'ai déposé dans le
dernier tome, bien, je vous dirais de profiter finalement des... des lacunes
que nous avons identifiées, des recommandations que nous avons effectuées
justement pour voir à ce que cette nouvelle... cette gouvernance-là à l'égard
du projet de loi qu'au niveau de la performance environnementale des
bâtiments... Bien, je vous dirais de regarder, dans le fond, tout ce que nous
avons pu observer pour faire en sorte de vous assurer que ça ne se répète pas
finalement.
M. Lemay : Donc, on va aller
regarder ce que vous avez fait pour l'érosion côtière justement qui était tout
à fait récemment, puis on s'en inspirera, bien entendu.
Mme Lambert (Janique) : Puis
le FECC puis la politique énergétique aussi, dans ces rapports-là, on revient
quand même assez régulièrement sur la gouvernance intégrée.
M. Lemay : O.K. Bien,
écoutez, moi, ce fut bref et succinct. Vous avez été claire, très claire dans
vos propos. Moi je n'ai pas d'autre question pour le moment. Si c'est le cas,
je serais prêt à...
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
reste deux minutes.
M. Lemay : On serait prêts à
passer à la prochaine... au prochain groupe.
La Présidente (Mme Maccarone) : Parfait.
M. Lemay : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci beaucoup de votre intervention.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
je cède la parole à l'opposition officielle. Mme la députée de Mille-Îles, la
parole est à vous.
Mme Dufour : Et le temps?
La Présidente (Mme Maccarone) : Il
est 12... 12 minutes, 23 secondes.
Mme Dufour : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Merci à vous quatre, et particulièrement Mme Lambert, merci
pour votre... votre présence. J'avais lu votre mémoire, notamment sur les
milieux humides il y a quelques mois, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'intérêt. Je suis toute nouvellement porte-parole sur les dossiers
environnementaux, donc je n'ai pas encore eu la chance de prendre connaissance
de l'ensemble des documents que vous avez produits dans le passé. Mais... mais
tout ce qui est la gouvernance, c'est quelque chose qui est important parce que
quand on se donne des cibles pour les atteindre, il faut savoir comment y
arriver, mettre en place des actions.
Et donc j'aimerais peut-être vous entendre
parce que c'est vos... votre inquiétude principale, là, que vous évoquez dans
votre... bien, dans ce que vous venez de nous dire. Qu'est-ce qui pourrait être
fait pour améliorer la gouvernance, selon vous? Parce que là... là, il y a eu
des changements de... Tu sais, dans le fond, les fonds qui ont été... qui ont
changé de gouvernance, et là on rechangerait encore les choses, et ça vous
inquiète. Mais il y avait des lacunes dans la façon que c'était fait avant
aussi. Donc, qu'est-ce qui pourrait être fait pour s'assurer que, si ces
fonds-là sont intégrés, bien, qu'on ne vive pas les mêmes problématiques que
dans le passé?
Mme Lambert (Janique) : Bien
là, je vous dirais que les recommandations autant par moi que ma... que par
mon... mes... mon ou mes prédécesseurs... Parce que... quand même quelques
commissaires qui ont fait des recommandations à cet égard là, que ce soit le
Fonds vert ou le FECC, je vous dirais d'aller... Dans le fond, on a déjà fait
nos... nos... nos recommandations, mais aujourd'hui, l'objectif... Comme je
vous disais, la portion au niveau de la Loi sur la performance environnementale
du bâtiment, on ne pouvait pas vraiment faire de commentaires à cet égard là.
Ça fait que nous, ce qu'on a regardé, c'est à quel endroit on peut aider les
parlementaires à poser peut-être des bonnes questions dans la suite, là, des...
de la consultation en lien avec le p.l. 41. Puis, dans le fond,
l'information qu'on voulait vous donner, c'est de pouvoir poser les bonnes
questions. Ça fait que... ce qu'on voyait, c'est de voir qui... Même si ça
semble clair, bien, nous, on avait quand même encore un certain nuage à l'effet
de la clarté sur l'imputabilité de l'atteinte... Qui sera imputable de
l'atteinte des cibles... les objectifs à l'égard de la transition énergétique
entre les deux ministères de s'assurer que la gestion du FECC continue à...
Mme Lambert (Janique) : ...dans
le bon sens, parce que c'est un fonds, là, qui prend de l'ampleur, qui, avec le
temps, va continuer à prendre de l'ampleur. Ça fait que c'est nécessaire de
mettre en application les recommandations que nous avons formulées au cours des
années. C'est important, c'est beaucoup d'argent. S'assurer, dans le fond, de
mettre l'argent où il y a la plus grande amélioration en termes de changements
climatiques. Puis, avec toutes les... avec tous les changements, je me
dis : Il faut que les parlementaires soient informés des suites de la
transition énergétique. Oui, je comprends bien, ça fait partie maintenant de la
lutte contre les changements climatiques, mais la reddition de comptes à
l'égard de la transition énergétique, est-ce qu'elle va être aussi claire?
Est-ce qu'elle va être aussi limpide, pour les parlementaires, pour s'assurer
que ce dossier-là, on sait d'où il part, mais où il va, puis qu'est-ce qui
arrive entre les deux? Parce qu'on voit que, dans le fond, la façon de... que
c'est établi avec les plans de mise en œuvre du Plan pour une économie verte,
c'est un plan qui évolue d'année en année. Bon, qui... qui vise à atteindre une
certaine réduction de GES, mais qui peut avoir des changements, ça fait que ça
peut être difficile pour un parlementaire de bien comprendre où on s'en va avec
la transition énergétique. Ça fait que ma plus... notre plus-value, ce qu'on
considère que c'est un élément... je ne sais pas, qui sera abordé ou qui a été
abordé ou qui sera abordé par les autres groupes, qui se... que vous allez...
qui seront entendus par vous, mais c'est un complément d'information qu'on
trouvait important, parce que souvent les changements peuvent ne pas être si
apparents. On peut des fois ne pas comprendre l'impact de tous les changements
de gouvernance qu'il peut y avoir d'année en... de fois en fois, mais c'est
important de suivre, essayer de comprendre tous ces changements de gouvernance.
• (16 h 20) •
Mme Dufour : Oui, je
comprends. Dans mon ancienne vie, j'étais élue municipal et j'avais les
dossiers environnementaux, puis on avait des subventions, comme... à la ville
qu'on donnait aux citoyens. Puis, à un moment donné, on s'est mis à... à les
regarder à quel point elles étaient efficaces au niveau, tu sais, le coût
versus les... les tonnes économisées, tonnes de GES, j'entends... j'entends là.
Est-ce que c'est quelque chose qui est évalué présentement au gouvernement de
dire : Les mesures, elles coûtent combien à... tu sais, par rapport à une
unité de mesure, là, qu'on s'est donnée? Est-ce que c'est quelque chose qui
existe présentement?
Mme Lambert (Janique) : On
a... Peut-être... Je ne sais si tu voudrais embarquer au niveau... C'est dans
le rapport que nous avons déposé en juin dernier. Je ne sais pas si tu avais un
petit complément d'information à donner à cet égard-là, là, mais...
Mme Fortin (Moïsette) : Bien,
c'est juste que... C'est sûr que dans le PEV, ils font un suivi, mais... On a
parlé de tableau de bord, mais est-ce que... On est en train de faire des
travaux présentement, donc on va s'assurer que tout ça est suivi, mais... En
tout cas, moi, c'est ce que je dirais, là. On va suivre ce dossier-là puis on va
probablement revenir là-dessus au printemps.
Mme Dufour : Bien, en fait,
c'est... Mon questionnement, c'est plutôt que de dire : Bon, O.K., on
s'est donné des cibles de... de GES, de baisse de GES, par exemple, mais
actuellement, on voit tout ce projet de loi là, puis il semble y avoir aussi un
autre objectif qui est de compenser peut-être de l'électricité qu'on a peut
être moins qu'avant. Et donc je ne sais pas quels objectifs on tend à aller...
tu sais, quels objectifs on valide quand vous faites votre rapport, puis le
coût qui est associé, par exemple pour chaque tonne de GES économisé versus...
que, dans le fond, ça va peut-être libérer de l'espace énergétique pour
accueillir une nouvelle industrie ou faire autre chose. Bref, est-ce que ça, on
le regarde de cet angle-là, quand vous regardez les objectifs du gouvernement?
Parce qu'on semble... Les objectifs semblent avoir changé dans la dernière
année au niveau du gouvernement.
Mme Lambert (Janique) : Vous
dites les objectifs en termes de réduction...
Mme Dufour : Oui.
Mme Lambert (Janique) : Oui.
Mme Dufour : C'est que la...
les objectifs d'efficacité énergétique ou de transition énergétique avaient
pour but de viser la décarbonation. C'est ce qu'on parle... c'est ce qu'on parle
dans les plans. Mais de plus en plus, on réalise qu'en fait ça semble être pour
générer peut-être de la capacité énergétique pour accueillir d'autres projets,
donc pas nécessairement qu'ils vont nous permettre d'atteindre notre objectif
au bout du compte de réduction de GES.
Mme Lambert (Janique) : ...dans
le fond, lorsque nous avons fait le mandat sur la politique énergétique, je
pense, c'est plus en lien avec ce que vous mentionnez, il y avait des cibles,
dans le fond, bien précises dans la politique, puis nous, ce qu'on a regardé,
c'est : Est-ce que le ministère gère la politique pour faire en sorte
d'atteindre les cibles? Est-ce qu'il les mesure? Est-ce qu'il les suit? Est-ce
qu'il en rencontre? Est-ce qu'il ajuste ses actions? Ça fait que c'est là-dessus
qu'on s'était positionnés. Ça fait que j'ai un peu de difficulté à répondre à
votre question aujourd'hui parce que ce n'est pas l'angle vraiment qu'on a...
qu'on a audité, là. Je ne sais pas si tu...
Mme Fortin (Moïsette) : ...on
avait quand même constaté que les cibles, là, ils n'évoluaient pas comme prévu
pour atteindre les cibles de 2030. Dans le fond, on a fait quand même certains
travaux puis on avait certaines lacunes à cet égard là, mais dans le rapport de
politique énergétique 2030.
Mme Lambert (Janique) : Oui,
c'est le plan... le plan d'action.
Mme Fortin (Moïsette) : C'est
ça, on a quand même suivi si les cibles... Si les cibles qu'ils avaient fixées
allaient être atteintes, puis on constatait des retards avec les mesures qui ne
se déroulaient pas comme prévu. Dans le fond, c'est ça qu'on avait...
Mme Dufour : Puis
Hydro-Québec ne fait pas partie, là, de votre secteur que vous regardez, là,
malgré qu'une grande partie des actions vont avoir un impact sur l'atteinte des
objectifs ici.
Mme Lambert (Janique) : Bien,
au Québec, c'est une entité qui est auditée par le Vérificateur général dans sa
globalité. Puis c'est une organisation que je pourrais aller faire des audits,
mais, jusqu'à ce jour, on... le commissaire, nous ne sommes pas allés faire des
interventions chez Hydro-Québec.
Mme Dufour : Parfait. Je veux
peut-être vous entendre sur le fait que, dans le règlement... en fait, le
projet de loi, beaucoup, beaucoup des éléments sont en fait faits par
règlement. Donc, dans le fond, on ne sait pas trop ce que ça va avoir l'air au
bout du compte. Et ça, je voudrais vous entendre là dessus, est-ce que...
qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que c'est une façon de faire que vous
croyez, qui est... qui est adéquate, ou on devrait avoir un petit peu plus de
précision? Je voudrais juste vous entendre, je suis nouvellement parlementaire
depuis 2022, donc je voudrais avoir votre expérience peut-être là-dessus.
Mme Lambert (Janique) : Ce
que je constate, c'est que, dans la fond... c'est que ça fait quand même...
c'est quand même régulier, ce n'est pas... ce n'est pas commun, mettons, à un
seul projet de loi. Il peut arriver que, dans le fond, plusieurs éléments...
dans le fond, la mise en œuvre de certains éléments ou précisions d'une loi se
font via le règlement. Puis c'est certain que ce n'est pas la même tribune
qu'ici, là, pour adopter un règlement, c'est ce que je pourrais vous dire.
Mme Dufour : Effectivement,
donc, il n'y a pas de... les mêmes genres de consultation, c'est un peu moins
public qu'un projet de loi. Peut-être une dernière question, c'est par
rapport... il y a des groupes qui ont soulevé le fait que le code de
construction qui est, actuellement, de la Régie des bâtiments du Québec, et là,
dans le projet de loi, on prévoit faire un code du bâtiment durable. Il y a des
groupes qui ont soulevé que... et, pour faire cette cohérence-là, entre
guillemets, on retire la transition énergétique... on retirerait la transition
énergétique, pardon, du code de construction. Jusque là, ça va bien, mais il y
a des groupes qui ont dit : Bien, il pourrait manquer de cohérence entre
les deux. Puis là on parlait de l'atteinte des objectifs, c'est qu'ils
disaient, dans le fond : Dans le code de construction, il y a d'autres
éléments, par exemple la ventilation, qui est ailleurs dans le code, qui
pourraient venir contrecarrer dans le fond des éléments qui sont dans le code
du bâtiment durable. Est-ce que ça, c'est quelque chose qu'à un moment donné
vous allez regarder, si la cohérence entre ces deux... entre, tu sais, par
exemple, Codes du bâtiment durable et l'autre, s'il y a comme... si on peut
atteindre les objectifs du projet de loi en ayant deux instances comme ça.
Mme Lambert (Janique) : C'est
sûr que, de par mes fonctions, c'est des dossiers, là, qu'on suit, puis on a
tout un processus, là, d'identification des mandats que nous devons réaliser,
là. Mais c'est certain que... c'est certain que c'est un dossier où on suit,
dans le fond, toutes les consultations, là, on les suit, on va... ça fait que,
possiblement. Mais je ne pourrais pas vous dire, là, cet après-midi que... mais
c'est un dossier qu'on suit, qu'on aura en vigie.
Mme Dufour : Mais est-ce que
c'est un risque? Est-ce que vous voyez, vous, la possibilité d'un risque que...
quand il y a deux instances qui vont, dans le fond, faire des normes sur les
mêmes éléments, que ça peut créer cette incohérence-là que des groupes
craignent?
Mme Lambert (Janique) : Dans
mon expérience, je me dis : Il faudra mettre en place des mécanismes de
coordination. C'est certain que ça, c'est... pour essayer de pallier, s'il y a
un risque, là, c'est certaines façons de pallier à un potentiel risque.
Mme Dufour : Bien, je vous
remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup. Nous allons poursuivre avec la deuxième opposition. M. le député de
Maurice-Richard, vous disposez de quatre minutes, huit secondes.
M. Bouazzi : Merci beaucoup
d'être ici. C'était absolument passionnant de vous écouter. Moi, dans une autre
vie, j'étais cadre dans une institution et j'ai eu à beaucoup... avoir affaire,
effectivement, à des audits, toujours... pas toujours très agréables. J'ai
entendu les gens dire beaucoup de bien de vos audits, mais toujours très
instructifs pour nous améliorer, évidemment. J'ai vécu quelque chose qui vient
rejoindre ce que vous dites, hein, de ce que je comprends, ce que vous dites,
c'est que le fait que les responsabilités soient partagées, la question de reddition
de comptes, où est-ce qu'elles tombent, etc., peut créer de la confusion dans
la gouvernance qui entoure cette transition-là. J'ai eu un échange avec le
ministre de l'Économie pendant la période de crédits...
M. Bouazzi : ...l'année dernière
où je parlais principalement des objectifs de baisse de GES, à quoi il m'a
répondu que je me trompais de commission, que j'aurais dû échanger avec le
ministre ici présent et que je parlais du Plan d'économie verte, malgré le fait
que dans «économie verte», il y a «économie», on s'entend. Donc, je peux
comprendre aussi que les scientifiques, ils ne comprennent pas exactement, par
rapport à la transparence, quels sont les objectifs qui ont été atteints en
fonction du nombre de dollars qu'on met, là. Est-ce que, vraiment, on a diminué
ou pas les quantités de GES des voitures, etc.? Vous avez dit que ça nous aide
à bien poser les questions, hein, votre travail. Sur la question de la
transparence, par exemple, quelles questions vous pensez qu'on devrait se poser
pour améliorer la transparence autour de ce fonds?
Mme Lambert (Janique) : Bien,
déjà, s'assurer de poser les questions pour avoir de l'information... s'assurer
d'avoir l'information en lien avec la transition énergétique. Oui, c'est
essentiel d'avoir une bonne transparence à l'égard de la lutte dans sa
globalité, la lutte contre les changements climatiques. Mais le volet
transition énergétique, par le passé, la façon que ça avait été réfléchi,
c'était, bon... c'était le ministère des Ressources naturelles, après ça il y a
eu la création de TEQ, pour avoir une gouvernance intégrée de la transition
énergétique, bon, il y a eu une évolution pour transférer le principal volet au
ministère de l'Environnement, une portion au MEIE. Mais le questionnement, c'est...
ce que nous, on suppose, puis la préoccupation qu'on a, c'est : Comment
qu'on va savoir pour... Est-ce qu'on a les bonnes mesures? Est-ce qu'on réussit
sur le plan de transition énergétique? Ça fait que je me dis : C'est les
questions que vous... C'est des questions, à cet égard-là, pour vous assurer,
dans le fond, qu'est-ce qui doit être mis en place pour qu'il y ait un suivi de
ce grand dossier qu'est la transition énergétique à l'intérieur de la volonté
de le mettre globalement dans la lutte contre les changements climatiques.
• (16 h 30) •
M. Bouazzi : O.K. Et donc
c'est là où vous parlez de coordination, entre autres, entre les deux
ministères. Et puis là, dans le cas, étant donné que les objectifs sont faits
par le ministère, est-ce que vous voyez une gouvernance, en fait, où le
ministre ici présent et puis son ministère auraient une gouvernance à faire sur
le travail du ministre Fitzgibbon? Est-ce que c'est comme ça que ça serait,
dans la relation?
Mme Lambert (Janique) : C'est
une question qui se pose. Tu sais, je... dans le fond, on ne le sait pas.
Est-ce que par la suite il y a certaines consultations en énergie? Est-ce qu'il
va y avoir une suite, dans le fond, au niveau des projets de loi au niveau de
la transition, à l'égard de cet article de loi qui demeure sous le MEIE? Je
n'ai aucune idée. Mais la question se pose, à savoir qui... dans le fond,
s'assurer, dans le fond, que ça... qu'il y ait un ministère qui ait les coudées
franches à l'égard de la gestion de ce grand dossier.
M. Bouazzi : Qui gouverne
qui?
Mme Lambert (Janique) : L'imputabilité.
C'est de voir, si ça ne fonctionne pas, c'est qui qui est imputable. Puis, si
ça ne fonctionne pas, bien, si c'est un autre ministère qui doit établir les
objectifs, les cibles à atteindre puis un autre ministère, dans le fond, qui...
au niveau du soutien de la transition énergétique - parce que c'est le terme
utilisé dans la loi - bien, on se pose la question : Dans le fond, qui va
être le réel imputable, si ça fonctionne... si ça fonctionne moins bien?
M. Bouazzi : Ça me paraît
très clair, et je n'ai plus de temps. Merci beaucoup...
La Présidente (Mme Maccarone) : Ah!
Vous avez 40 secondes, si vous...
M. Bouazzi : Ah! j'ai 40
secondes. Quel plaisir! Bien, je vais peut-être continuer sur cette lignée-là.
Vous avez parlé de tableau de bord et de transparence, on a parlé de
gouvernance, là. Par rapport à la transparence, quelles données il nous
manquerait, si on a envie de faire un meilleur travail de législateurs?
Mme Lambert (Janique) : Bien,
qu'il y ait un moyen de... réfléchi de reddition de comptes, dans le fond, de
suivi.
M. Bouazzi : Un genre de
tableau de bord? Bien...
Mme Lambert (Janique) : Parce
que, près... avant, là, avant qu'il y ait abolition des articles de loi qui
étaient.... qui avaient été transférés au ministère de l'Environnement, il y
avait un mécanisme prévu de reddition de comptes. Ça fait que, là, avec la...
tous ces articles sont abrogés. Comment... Est-ce qu'ils vont se faire à même
la reddition de comptes sur la lutte contre les changements climatiques, donc
le PFPMO? Sûrement. Mais c'est s'assurer, dans le fond, que...
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci
beaucoup, Mme Lambert. Mme Fortin, Mme Germain et Me Dubreuil, pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 33)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants d'Écohabitation.
Bienvenue. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire
votre exposé. Après, nous procéderons avec la période des échanges avec les
membres de la commission. Alors, je vous inviterais de vous présenter et de
débuter votre exposé.
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Alors,
nous, c'est déjà fait, pour moi et Benjamin. Je pense qu'il restait Denis pour
son introduction.
M. Boyer (Denis) : Oui. Moi,
c'est Denis Boyer d'Écohabitation. Donc, je suis ingénieur et... spécialisé en
efficacité énergétique des bâtiments...
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : ...bien
oui, je vais débuter de mon bord. Si vous ne connaissez pas notre organisme à
but non lucratif, on est là pour assister les constructeurs, promoteurs et
consommateurs dans leurs choix de tout ce qui est... choix d'habitation et de
bâtiment durable. On fait des études sur des cotes énergétiques. On accompagne
beaucoup les logements sociaux vers leurs objectifs de réduction de gaz à effet
de serre et on fait énormément d'études techniques pour accompagner les
promoteurs de grands, petits, moyens bâtiments pour des conformités
énergétiques, pour des... Souvent, des programmes fédéraux qui ont des cibles
énergétiques à atteindre dans le but de l'obtention d'un financement. Tout ça
pour dire que les bâtiments et les défis de décarbonation des bâtiments, on
connaît ça. On a toute une équipe d'ingénieurs qui travaillent au quotidien
dans des solutions de décarbonation.
• (16 h 40) •
Maintenant, on a fait plusieurs études de
ce qu'on appelle le CapEx, OpEx. Ça veut dire «capital expenditures, operation
expenditures», en anglais, où on compare les coûts d'intervention sur des
bâtiments soit existants ou neufs versus les économies dans les coûts
d'opération. Comme vous le savez, l'effet boomerang de l'efficacité énergétique
donne des choix intéressants aux opérateurs, tant sociaux que privés, de
bâtiments. Et, dans ces études-là, on a trouvé plusieurs informations
intéressantes pour des politiques.
Dans une première étude, qu'on a faite
pour plusieurs clients, une étude semblable pour plusieurs clients... on
travaille souvent pour Hydro-Québec ou des petites et des grandes
municipalités, la question de la biénergie est souvent soulevée. Donc, on a
fait des études CapEx, OpEX dans le but de démontrer le coût d'opération par
rapport à des solutions sans biénergie ou avec biénergie, toutes des solutions
intelligentes, comme on dit, sans impact sur la pointe, parce qu'on est
toujours très sensible aux défis d'Hydro-Québec, comme nous tous. Et on a
découvert que la biénergie était plus chère pour tous les petits bâtiments que
des solutions avec accumulation thermique, par exemple. Donc, des solutions
100 % électrifiées avec gestion de pointe étaient, en fait, moins chères à
opérer pour le propriétaire que la biénergie. Et ça, c'est au prix actuel du
gaz naturel. Si on multipliait le prix du gaz naturel par huit dans le but
d'inclure du gaz naturel renouvelable, du GNR, la biénergie n'est absolument
pas rentable, tant pour des programmes de conversion que pour des programmes
d'alimentation en biénergie, des constructions neuves dans des nouveaux
quartiers.
Donc, quand on voit que c'est à plus
faible empreinte carbone d'y aller avec du stockage thermique, par exemple, que
de la biénergie, on a bien peur du prolongement de ligne de gaz naturel dans le
but d'alimenter des nouveaux quartiers ou dans le but de maintenir le réseau de
distribution de gaz...
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : ...même
dans le cas que c'est du gaz naturel renouvelable. Mon collègue Denis...
Souvent, on a... on nous a posé la question dans notre clientèle : Est-ce
que c'est socialement et environnementalement acceptable d'utiliser du gaz
naturel renouvelable dans un projet de construction neuve? Normalement... bien,
tout le temps, notre réponse, c'est : Non, on ne peut pas vous recommander
l'utilisation de GNR parce qu'il y a des besoins massifs en énergie non
électrifiable, dans l'industriel notamment, et, dans des projets résidentiels,
qui sont notre spécialité, on ne voit aucun cas où l'alimentation d'une
construction neuve en GNR est justifiable.
Il y avait... On voulait saluer le p.l. 41
pour tout ce qui est, c'est ça, normer les grands bâtiments pour... dans le but
d'avoir plus d'efficacité énergétique et la... l'élimination du gaz naturel
source fossile. J'ai déjà dit notre point de vue sur le GNR.
Maintenant, on est d'accord avec le...
l'UMQ, qui se positionne pour que les villes maintiennent leur autonomie dans
leurs projets de réglementation. Pour Écohabitation, on aime quand que le
gouvernement impose un... des planchers bas de décarbonation. On n'est pas tout
à fait du même avis que l'UMQ puisqu'on trouve que des codes, des normes à
l'échelle internationale, en efficacité énergétique, ça prend un leadership
gouvernemental, mais les municipalités qui souhaitent aller... être plus
ambitieuses que le gouvernement en décarbonation devraient avoir le choix de le
faire. Si on veut, par exemple, dire qu'il n'y aura plus d'extension ou plus de
branchement de gaz naturel sur aucun bâtiment, c'est plus ambitieux que le p.l.
41, quand on inclut tout ce qui est question de GNR. Donc, on en est... on est
de l'avis que c'est au p.l. 41 de fixer des... le seuil bas et que les
municipalités qui souhaitent aller plus loin aient toute la liberté de le
faire. Ça ne prend pas une solution une grandeur pour tous. Il devrait y avoir
la... de façon innée dans la loi, la possibilité... municipalité d'aller bien
au-delà des cibles minimales. C'est la notion de cible minimale qui a toujours
été le rôle des codes en décarbonation ou en efficacité énergétique.
Je vais peut-être laisser mon collègue
vous parler de tout ce qui est cotation, qu'on salue d'ailleurs. Les grands
bâtiments avec le... les déclarations de performance, c'est vraiment une
tendance mondiale. Mais, Benjamin, tu voulais reprendre?
M. Zizi (Benjamin) : Oui,
c'est beau. Donc, oui, exact, c'est quelque chose qu'on soutient depuis des
années. On salue vraiment le... l'initiative pour tout ce qui est cotation
énergétique pour simplement sensibiliser et puis être capable de comparer des
bâtiments. Donc, la seule chose sur laquelle on aurait voulu réagir à propos du
projet de loi, c'est d'être le plus inclusif possible au niveau du type de...
M. Zizi (Benjamin) : ...donc
de ne pas se limiter seulement aux grands bâtiments. Il y a de nombreux
bâtiments qui ont besoin d'avoir un système de cotation, comme ce qu'on peut
voir dans d'autres pays, notamment en Europe, où ils sont assez avancés
là-dessus, où il y a même des... nécessité d'avoir certaines cotations à la
revente ou à l'achat des bâtiments.
Donc, pour rester pragmatiques, on sait qu'un
des outils principaux qui va être utilisé, c'est l'outil développé par Energy
Star, le Energy Star Portfolio Manager, qui est très facile à utiliser, très
pratique, qui amène aussi des possibilités avec l'eau, par exemple, pour faire
des cotations sur l'eau, donc pour aller plus loin, éventuellement. Et puis cet
outil-là a certaines restrictions pour les bâtiments admissibles. Donc, on sait
qu'il y a une certaine latitude au niveau de l'admissibilité des projets au
niveau de la cotation, et on recommanderait de les calquer sur l'outil, plutôt
que de se limiter à seulement les bâtiments les plus grands.
Donc, nous, par exemple, dans le
résidentiel, on apprécierait être capables d'avoir de la cotation pour des
duplex, triplex, si possible. On n'est pas obligé de se limiter à des 20
unités, là, c'est vraiment un système qui aiderait tout le monde. Mais, sinon,
c'est un premier pas vers un système de cotation et puis c'est quelque chose
qu'on soutient énormément. Donc, c'était le... oui, le seul point, donc,
d'essayer d'être le plus inclusif possible au niveau des bâtiments accessibles.
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Maccarone) : Bon.
Parfait, nous allons débuter de la période des échanges. Nous avons pris un peu
de temps sur le temps du gouvernement pour vous laisser le temps de terminer
votre exposé. Je cède la parole à M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Messieurs, merci d'être avec nous cet après-midi. Vous avez parlé,
à juste titre, de la présence hier autant de l'UMQ et de la FQM. On a eu
l'occasion d'échanger sur la fameuse préséance, et on a voulu les rassurer, et
on a convenu de ceci : la préséance de la réglementation va s'appliquer au
niveau de la sécurité énergétique, mais, sur les autres volets, on trouvera le
moyen, à travers l'étude article par article, de les mettre en confiance, parce
qu'on ne veut pas empêcher, on ne veut pas brimer l'ambition. Mais, au niveau
de la sécurité énergétique, c'est fondamental qu'il y ait une coordination
entre les différents fournisseurs d'énergie, le gouvernement du Québec et,
naturellement, les municipalités.
Selon vous, parmi les municipalités qui
ont déjà mis en place la réglementation concernant le gaz naturel, est-ce que,
dans les mesures qu'elles ont mises de l'avant, elles ont pensé à des mesures
de gestion de pointe?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Oui,
absolument, c'est... Qu'on parle de Prévost ou de Montréal, la pointe est le
grand... le grand... la grande inquiétude de tous. On comprend absolument les
besoins de sécurité énergétique et la... un peu ce qu'on pourrait traiter de
crise au niveau des pointes énergétiques hivernales, on... Mais ce qu'on vous
présentait, c'étaient des conclusions de plusieurs études qu'on a faites
nous-mêmes qui démontrent que, pour plein de typologies de propriétaires de
bâtiments, qu'ils peuvent avoir des mesures de gestion pointe intégrées aux
bâtiments sans que ça soit alimenté par du gaz sous aucune forme. Donc, avec
une combinaison d'efficacité énergétique, premièrement, il y a plusieurs
technologies de récupération de chaleur, des eaux de drainage, par exemple, il
y a plusieurs technologies de stockage thermique, avec des briques réfractaires
qui permettent une accumulation pour la fermeture de certains systèmes de
chauffage, en pointe. Donc, les solutions technologiques sans gaz sont là et
sont rentables aujourd'hui.
M. Charette : ...ma question.
Des solutions, il en existe...
M. Charette : ...oui, très
certainement, peut-être pas pour répondre à tous les besoins. Ce que je vous
demandais... et vous avez cité Prévost et Montréal. Est-ce que prévoit Prévost
et Montréal en voulant interdire ou réglementer le gaz, ils ont aussi imposé
l'obligation de mesures de mitigation pour... pour gérer la pointe? Est-ce que
c'était dans la réglementation de Prévost, par exemple, ou de Montréal?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Pour
avoir fait plusieurs études pour la ville de Montréal, on le sait que c'était
la priorité pour la ville de ne pas, non plus pour les grands bâtiments, refiler
une des grandes factures en puissance. On le sait que pour des opérateurs de
grands bâtiments, souvent, ils paient beaucoup plus cher en puissance quand
qu'ils n'ont pas de gestion de pointe qu'en électricité sur une base annuelle,
ça fait que ce n'est pas seulement une... un défi pour Hydro-Québec. C'est que
pour des... des grands consommateurs comme des grands bâtiments, la facture de
puissance est quand même refilée aux clients d'Hydro-Québec. Donc, oui, c'était
des études qu'on a effectuées pour Montréal. Donc, oui, pour Montréal avec
certitude, c'était une priorité avant l'adoption de quoi que ce soit de
règlement. Et on sait que les autres municipalités, c'est la première question
qui est toujours soulevée quand qu'il est question de gaz naturel ou de GNR,
c'est la puissance. Qu'est-ce qu'on va faire avec ça, Hydro, son... et c'est un
problème sociétal, pas juste un problème d'un fournisseur énergétique.
M. Charette : Effectivement,
un problème majeur, et, sans concertation, une ville seule ne peut pas prendre
la mesure de l'impact de ce qu'elle voudrait implanter en termes de contraintes
par rapport à la puissance. Et je vous posais la question, mais, dans les
faits, j'avais la réponse. La réglementation qui était proposée n'impliquait
pas d'obligation de mesures de mitigation. C'était peut-être une préoccupation,
c'était peut-être un souci, mais il n'y avait pas d'obligation comme
l'obligation d'interdire le branchement au niveau du gaz. Et c'est là où ça
peut être problématique, c'est là où la concertation est nécessaire et c'est là
où est intervenu un consensus avec les unions municipales et les fournisseurs
d'énergie pour que l'on puisse arriver à mettre en place une réglementation qui
va assurer cette prise en compte-là. Parce que, je le disais, je l'ai répété,
je ne veux pas freiner l'ambition. Mais si l'ambition vient compromettre la
sécurité énergétique, on ne s'est pas aidé. Et une municipalité ne peut pas
savoir... elle n'a pas l'expertise, et ce n'est pas un reproche. Une
municipalité, dans la plupart des cas, ne peut pas savoir l'impact en termes de
mégawatts de tel ou tel règlement qu'elle souhaiterait mettre en place.
Donc, c'est là où Hydro-Québec doit être
mise dans le coup, c'est là où le gouvernement du Québec doit l'être également
pour... pour les questions, là, de disponibilité énergétique. Et c'est ce qu'on
va proposer au cours des prochaines semaines, des prochains mois, un règlement
qui sera à la fois le plancher, mais également la référence obligatoire, là,
pour ne pas qu'il y ait des mesures qui viennent compromettre cette sécurité
énergétique là. Et les municipalités, le monde municipal, là, se rallie à
cette... à cette vision-là, et, oui, ça va nous permettre des avancées
importantes par rapport au recours au gaz naturel.
Maintenant, concernant le gaz naturel, je
vous ai entendu, vous dites : Ça ne peut pas être une option. J'allais
vous demander : Comment vous accueillez la décision récente, là, c'est
avant-hier, de la Régie de l'énergie qui dit que dorénavant tout nouveau
branchement devra se faire exclusivement par gaz naturel renouvelable? Pour
nous, c'est une avancée qui va nous aider aussi au niveau du dossier de la
biénergie, et, dans le grand bâtiment, vous en parliez de votre côté. Pour
vous, la biénergie dans le grand bâtiment, est-ce que c'est une solution qui
peut... qui peut se mériter?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Dans
certains cas, mais ce qu'il... ce qu'il faut regarder sérieusement, avec
tout...
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : ...l'engouement
pour le GNR, c'est sa simple disponibilité. Connaissant les... la demande
grande dans des industries non électrifiables, les... il faut avoir une
priorisation d'utilisation non électrifiable. L'industrie serait en tout
premier, les grands bâtiments résidentiels seraient loin d'être prioritaires et
le petit bâtiment résidentiel, ce n'est simplement pas une option
financièrement intéressante pour personne, dans le fond. Le GNR est
présentement très dispendieux, huit fois plus que la molécule fossile, et les
prix risquent de baisser. Mais les sources de GNR à faible carbone, comme les
déchets organiques des municipalités, est-ce que c'est... ça va aider à baisser
les prix? On ne pense pas, sachant que c'est seulement 2 % du réseau
actuel d'Énergir. Et, avec une cible de 10 %, si on... C'est comme...
C'est des rations, il y en a très peu. C'est de très haute qualité, d'un grand
intérêt. Au niveau environnemental, le GNR, il faut que ça soit utilisé
parcimonieusement là où on n'en a pas le choix. Ce qu'on vous dit, c'est que, dans
le bâtiment résidentiel, on a toujours le choix. Il est non essentiel, le GNR.
Et plus le bâtiment est petit, moins il est essentiel, plus il est complètement
sans intérêt. Mais, pour des très grands bâtiments, il y a des ventilateurs de
corridor, par exemple, des fois, oui, il y a certaines exceptions où le GNR
est... devient essentiel à court terme. Mais c'est absolument... On croit que
le gouvernement devrait catégoriser les besoins essentiels de GNR, avoir une
feuille de route vers un Québec sans carbone. C'est de savoir où nos petites
portions de GNR disponible doivent être utilisées, parce qu'elles sont non
remplaçables. Et, pour notre secteur, le résidentiel, on peut vous dire avec
certitude qu'on trouve toujours les moyens d'éviter la biénergie ou le GNR.
• (17 heures) •
M. Charette : C'est vrai
qu'il faut distinguer le petit résidentiel, là, des plus grands bâtiments. Et
le GNR, malgré ses mérites... Parce que vous dites : Un Québec totalement
sans énergie fossile, c'est naturellement l'aspiration à laquelle on souhaite
tous parvenir. En même temps, le GNR, c'est une valorisation de la matière
organique. Donc, si on ne la valorise pas, on a aussi des émissions de GES qui
peuvent être... qui peuvent être problématiques. Donc, c'est une bonne
utilisation et c'est le principe que l'on souhaite retenir.
Et on avait notre collègue de la
Côte-Nord, qui n'est pas ici aujourd'hui, hier qui disait... mais, même là, au
niveau du GNR, les réseaux de distribution d'Énergir, par exemple, ne se rendent
pas dans son secteur. Donc, la matière organique, si on veut la valoriser, ça
doit prendre différentes formes et pas uniquement le réseau traditionnel de gaz
naturel à travers Énergir, et même le gaz naturel renouvelable.
Ceci dit, j'ai une collègue qui souhaite
intervenir, je ne veux pas accaparer tout le temps de parole. Je vous remercie.
Je n'aurai pas l'occasion d'aller vous saluer, étant donné que vous êtes en
virtuel, après notre échange, mais déjà je vous remercie. Puis on va avoir
l'occasion de se recroiser dans un autre contexte, certainement. Merci
beaucoup.
Une voix : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède la parole à la députée d'Argenteuil. Vous disposez de 1 min 57 s.
Mme Grondin : Merci, Mme la Présidente.
Messieurs, bonjour. Donc, je vais aller rapidement. J'avais plusieurs
questions, peut-être très techniques celles-ci. Est-ce que vous aurez
l'occasion de transmettre...
17 h (version non révisée)
Mme Grondin : ...mémoire.
Parce que, moi, je ne l'ai pas vu. Donc, est-ce que vous aurez le temps de
transmettre la mémoire?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : On
fait partie de plusieurs regroupements. Le... est en préparation d'un mémoire
qui sera déposé et présenté demain, je crois, et on est membre. On a voulu
contribuer à ce mémoire-là plutôt que d'en émettre de façon individuelle. On
voulait apporter nos points strictement dans notre expertise, qui est
bâtiment...
Mme Grondin : M.... parce qu'il
me reste à peine 30 secondes, là, une minute, puis je suis désolée de vous
couper, M. Cosgroves. Je vous connais depuis très longtemps, là, Écohabitation,
vous avez été longtemps dans les Laurentides, je sais que vous avez accompagné
plusieurs municipalités, citoyens.
J'ai deux questions rapides. La première,
c'est toute la partie formation, accompagnement. On a plusieurs organisations
qui nous ont dit l'importance, une fois qu'on aura établi les cibles, les
feuilles de route et tout ce qu'il faut là, en termes de cotation, l'importance
d'accompagner, de développer les compétences locales. Avez-vous quelque chose à
dire sur ça?
La Présidente (Mme Maccarone) : En
10 secondes, s'il vous plaît.
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Oui,
désolé, je ne parle pas vite, on me l'a toujours reproché. Oui, la formation,
on dirait des formations courtes, version vidéo...
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
suis désolée, M. Cosgroves, il va falloir qu'on poursuit avec le prochain
groupe. Alors, je cède la parole à l'opposition officielle. Mme la députée de
Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci. Bien, je
peux peut-être vous laisser terminer votre pensée, M..
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Oui,
quand la la Régie du bâtiment avait changé le code de construction pour le
petit résidentiel, en 2012, il y avait eu des capsules Web, des vidéos
éducatifs qui étaient très bien faits. On pense que, pour des ingénieurs, par
exemple, qui vont devoir calculer la puissance, qu'ils devraient avoir des
formations techniques mises en ligne qui... un peu instructives, pour aider les
firmes qui doivent préparer les calculs de puissance, probablement en
collaboration avec Hydro-Québec, mais des formations en salle, ça n'a pas d'intérêt.
Cinq minutes en ligne devraient être un accompagnement de chaque changement
réglementaire de la sorte, en version officielle du gouvernement, parce qu'il y
a trop de confusion qui règne dans les firmes de conseils, par exemple, quand
les règlements changent comme ça.
Mme Dufour : Parfait. Bien,
merci beaucoup. D'ailleurs, bien là, je vais vous remercier officiellement pour
votre présentation. Donc, c'était une des questions que je voulais vous poser
par rapport à la formation. Vous avez mentionné, là, que vous avez toute une
équipe d'ingénieurs qui sont spécialisés dans l'efficacité énergétique. Et je
me demandais si... lorsque vous regardez le projet de loi, là, est-ce que vous
croyez qu'on a suffisamment de main-d'œuvre, actuellement, pour pouvoir faire l'ensemble,
là? Parce que, dans le projet de loi, on parle que ça devrait être par des
ingénieurs, ou équivalent, là, mais, bref, les audits, et tout ça, qui seraient
demandés, est-ce que vous pensez qu'on a la main-d'oeuvre pour ça,
actuellement, compte tenu de la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Denis?
Oui. Je pense que c'est vraiment tous les projets qui auraient besoin de
calculs de puissance. Ils ont des ingénieurs mécaniques qui travaillent déjà
pour eux, c'est... et, honnêtement, on a vu les... On a commenté, d'ailleurs, à
la Régie du bâtiment, des nuances techniques, là, même des erreurs qui étaient
dans les articles originaux, mais ce n'est vraiment pas un énorme travail, ça
serait simplement des minutes, voire des demi-heures additionnelles dans un
dossier qui peut durer des mois pour un ingénieur. Donc, on ne voit pas un
grand défi à ce niveau-là.
M. Zizi (Benjamin) : Bien, si
je peux me permettre, Emmanuel, excuse-moi, on le voit sur beaucoup de
programmes de financement, il manque... il y a tout un réseau de... Là, on
parle d'ingénierie...
M. Zizi (Benjamin) : ...mais
de calcul énergétique qui sort un peu des champs de conception habituels. Et
ça, il y a tout un réseau et un organe de vérification aussi qui doit être
remonté puisque c'est un peu le far west sur certains types de calcul. Il y a
beaucoup d'incertitudes, donc beaucoup de façons de faire. Donc, c'est un
marché qui est en train de se monter. Donc, ça, il y a besoin de mettre des
formations et aussi des vérifications de protocole pour accompagner les
concepteurs, mais accompagner aussi les gens qui font les calculs en énergie
pour qu'on ait tous la même base protocolaire à laquelle se référer. Ce n'est
vraiment pas un marché évident, et on le voit avec beaucoup de problèmes de
financement où on peut voir les mêmes calculs sur les mêmes bâtiments, qui donnent
des résultats complètement différents. Donc, ça, il y a un gros besoin, quand
même, formation et encadrement, je dirais. Donc, ça, ça implique des budgets,
par exemple.
• (17 h 10) •
Mme Dufour : Oui, exact, et
ça, c'est...
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : ...incluant
un audit par échantillonnage de calcul, même quand c'est des ingénieurs. Et il
y a... L'erreur humaine et souvent présente, et on trouve que, oui, il y a
tellement de disparités entre des calculs énergétiques et sur la puissance, que
ça serait une bonne idée d'avoir des mécanismes de vérification, comme dit
Benjamin, des audits sur... un sur 100 études, par exemple, pour identifier si
jamais il y a des erreurs et qui puissent être corrigées. Parce que de juste
émettre une norme sans aucun risque de vérification, ça mène à des... oui, tout
ce que Benjamin a expliqué.
Mme Dufour : Oui, c'était une
préoccupation que des groupes ont mentionnée, le risque que ce ne soit pas...
que ce ne soit pas adéquat. Ils parlaient de triangulation, mais il y a
d'autres groupes qui ont mentionné qu'ils n'avaient peur que ces audits-là
soient quand même coûteux. Et là on parlait, par exemple, de groupes qui
représentaient des propriétaires d'immeubles commerciaux de grande ampleur, par
exemple.
Il y a un élément... On demande... Dans le
projet de loi, on parle d'avoir beaucoup d'informations, notamment, la
quantité, le type d'énergie consommée et le moment où cette énergie est
consommée. Et ces propriétaires de regroupements commerciaux, du multilogement,
mais aussi, des fois, des, je ne veux pas le dire en anglais, mais des centres
commerciaux, par exemple, avec beaucoup de locataires, ils disaient, des fois,
qu'il y avait une difficulté... Eux, c'était... Il y avait déjà une déclaration
volontaire qui se faisait et ils avaient de la difficulté à obtenir l'ensemble
des informations, ils voyaient ça quand même, cet élément-là, assez difficile.
Vous, votre expérience, lorsqu'il y a plusieurs locataires avec des compteurs
multiples, est-ce que vous voyez que c'est possible d'aller chercher le
portrait global de la consommation d'un bâtiment?
M. Zizi (Benjamin) : Je peux
essayer une réponse. C'est possible, mais effectivement, surtout, nous, dans le
résidentiel, on le voit beaucoup, le facteur d'utilisation, l'aspect
utilisateur est est très important puisque, tout simplement, changer un
thermostat va avoir une grosse incidence sur les consommations de chauffage.
Donc, c'est difficile, mais c'est possible. C'est à ça justement que servent
les outils de surveillance énergétique, ça permet d'augmenter le facteur...
bien, la connaissance des bâtiments, donc de trouver certaines choses qui
clochent. Donc c'est possible. Mais effectivement faire une prévision sensible
et efficace d'une consommation future, y compris la puissance, est aujourd'hui
difficile à cause de la variabilité puisqu'on part d'hypothèses, on part
d'hypothèses sur des facteurs d'utilisation aussi, sur la météo tout
simplement. Donc...
M. Boyer (Denis) : Sur les
comportements aussi.
M. Zizi (Benjamin) : Les
comportements. Donc, c'est quelque chose d'assez difficile à avoir de façon
précise, donc, d'où la nécessité que ce soit bien encadré dès le départ, puis
ensuite d'être capable de mesurer ça pour pouvoir ajuster certains... certains
comportements et puis engager peut-être des rénovations du parc existant qui
est la majeure partie des bâtiments actuels...
Mme Dufour : ...Oui. Bien,
c'est ça. Tout à l'heure, vous parliez des audits, vous parliez de... les
groupes ont des ingénieurs, vous sembliez avoir l'hypothèse que ce seraient que
des grands bâtiments. Mais, en fait, on dit que ça va... pourrait être établi
par règlement, les cas, les conditions, donc, qui pourraient, tu sais, dans le
fond, être appliqués. Donc, il n'y a pas la certitude que ce ne sera que des
grands bâtiments, là, ça pourrait être des petits bâtiments. Puis il y a des
groupes qui nous parlaient que... dont l'APCHQ, qui nous disaient que le plus
grand gisement, entre guillemets, là, d'efficacité à aller chercher, c'est dans
les petits bâtiments résidentiels d'avant 1960. Et donc, là, on est dans une
autre dynamique, j'imagine. Est-ce que vous en avez des clients ou est-ce que
vous accompagnez des gens qui sont... qui ont cette... ce type de bâtiment là?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Oui,
c'est notre pain et notre beurre, c'est le petit bâtiment. Et on a... on a
proposé des idées. Parce que, c'est en préparation d'aujourd'hui, quand on vous
suggère d'inclure les petits bâtiments dans un projet de loi, on trouve que ça
serait une opportunité manquée de ne pas toucher jusqu'au... à la... jusqu'à la
maison, l'unifamiliale, dans un système de cotation, comme ils ont fait en
Europe depuis plusieurs décennies. Même à la location d'un immeuble, on doit
montrer la la fiche énergétique en toute transparence parce que l'énergie et le
carbone qui les suit et... puis... est un grand coût sociétal et pour le futur
locataire ou acheteur. Donc, il y a des outils de comparaison. Hydro-Québec,
par exemple, le ministère de la... Maintenant, le... en tout cas, on ne suit
plus trop le nom de... mais, en gros, il y a beaucoup de données sur des
bâtiments et il y aurait des moyens de générer des cotations avec des données
que... à la disposition d'Hydro-Québec, pour les petits bâtiments de toutes
tailles. En déclarant ses factures annuelles sur une plateforme numérique, par
exemple, on peut générer des cotes énergétiques par rapport à ta catégorie pour
des bâtiments semblables. Et ça, même les courtiers immobiliers n'auraient pas
de misère à remplir une petite fiche en ligne. Et ça, pour...
Mme Dufour : Je vais...
Merci. Je vais juste vous arrêter parce qu'il ne me reste presque plus de temps
puis je voudrais vous poser une question. Les logements sociaux, vous avez dit
que vous les accompagnez, est-ce que c'est... vous parlez de nouveaux bâtiments
de logements sociaux ou d'anciens de ceux qui doivent être rénovés? Parce que,
là aussi, le parc est assez vieux, là.
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Les
deux.
Mme Dufour : Alors, on va se
reparler. Merci beaucoup.
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Nous allons poursuivre avec la deuxième opposition. M. le député de
Maurice-Richard, vous disposez de cinq minutes sept secondes.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci, chers invités, de nous partager votre connaissance.
Je vais revenir un peu sur ce que vous avez dit sur la question de la gestion
du pic hivernal et des villes. Ce que je comprends de ce que vous dites, c'est
que le fait que la... le... on ait des... un projet de loi qui donne au
ministre le droit de... sur... comment...
Une voix : Outrepasser.
M. Bouazzi : ...«outrepasser»,
pardon, j'avais le mot «override» dans la tête, outrepasser les décisions des
villes, qui avaient l'intention ou qui ont déjà mis des règlements sur la
question du gaz. Le groupe avant vous nous a parlé que ces villas représentent
30 % de la population du Québec si on fait la somme des habitants. Vous,
vous seriez d'accord, évidemment, j'imagine, qu'il y ait une planification
nationale pour la gestion, justement, de ce pic hivernal, mais dans l'objectif
d'améliorer les politiques de sortie de gaz fossile et non pas pour l'inverse.
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Oui,
exactement, c'est une politique énergétique concertée vers un Québec zéro
carbone. Ce n'est rien de moins. M. le ministre...
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : ...cela
dit, c'est l'objectif ultime. Et ce qu'il faut savoir, c'est... quand on
contribue au maintien d'un réseau gazier, qui est à 98 % d'origine
fossile, avec un potentiel de devenir 90 %, c'est quand même 9 sur
10 % des... bien, 9 sur 10 molécules, dans le réseau, qui sont
d'origine fossile, généralement issues de gaz de schiste, pas juste du gaz
purement... produits d'hydrofracturation. En gros, qu'on replie sur un
dinosaure, en 2024, on... Oui?
• (17 h 20) •
M. Bouazzi : Je vous entends,
on peut faire clairement mieux en matière de lutte aux changements climatiques
que de s'attacher, comme ça, au gaz fossile. Effectivement, la quantité de GNR,
vous l'avez dit, d'autres spécialistes l'ont dit aussi, elle est limitée, elle
peut atteindre 10 peut-être, dans un environnement très lointain, 20, mais ça
ne règle pas l'autre 90 % qui y resterait et, aujourd'hui, qui est à
98 % fossile dans les tubes en question. Vous avez dit qu'il y avait des
solutions autres pour pouvoir accumuler de la chaleur et déplacer les
consommations pendant la pointe, qui en plus coûterait moins cher. Vous n'êtes
pas le premier à nous dire ça, y compris des solutions, de ce qu'on comprend,
qui ont été pensées et développées par Hydro-Québec et qui sont subventionnées
par Hydro-Québec. Donc, peut-être ma question, ça serait : Comment
expliquer qu'on puisse, d'un côté, vouloir atteindre les baisses de gaz à effet
de serre, au Québec, et, de l'autre côté, s'attacher, comme ça, à la biénergie
dans les nouveaux bâtiments? Est-ce que... Est-ce que c'est conciliable?
M. Cosgrove (Emmanuel B.) : Non.
Non, c'est... c'est... c'est non justifiable. Et en plus, quand on a... quand
il y a des réglementations, l'innovation va être stimulée et même l'innovation
québécoise, dans bien des cas, avec des nouveaux systèmes de récupération de
chaleur, des eaux usées, de grands bâtiments qui... avec des thermopompes, qui
repompent l'eau chaude en haut pendant que la personne est en train de prendre
une douche. Je veux dire, quand on a l'obligation de réduire les gaz à effet de
serre, on y arrive. Les ingénieurs sont... ça leur fait plaisir, d'innover et
d'apporter... penser à de nouvelles solutions. Mais, quand on se replie sur une
béquille d'énergie fossile, on fait un pas en avant, un pas en arrière, on
n'avance pas du tout.
M. Bouazzi : Je vous entends.
Mais, merci beaucoup, mon temps est écoulé. Je comprends que, si l'objectif
n'est pas la baisse de gaz à effet de serre en gardant le gaz fossile, il doit
bien y en avoir un autre, mais ce n'est pas celui-là et ce n'est pas celui que
M. le ministre nous a donné à date. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
merci, Messieurs, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Nous allons suspendre quelques instants
afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
Une voix : Merci à vous.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 27)
La Présidente (Mme Maccarone) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants de
l'Ordre des ingénieurs du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Après quoi, nous procéderons à la période
des échanges avec les membres de la commission. Alors, je vous invite de vous
présenter et puis commencer votre exposé.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, M. le ministre, membres de la commission. Moi, je
suis Sophie Larivière-Mantha, ingénieure et présidente de l'Ordre des
ingénieurs depuis juin 2022. Je suis accompagnée aujourd'hui de Frédéric
Prétot, ingénieur et directeur de la surveillance et de l'inspection professionnelle
et de Me François-Xavier Robert, avocat à l'ordre. Nous vous remercions pour
cette invitation à partager nos impressions et nos recommandations aux membres
de la commission.
L'Ordre des ingénieurs du Québec a pour
principale mission d'assurer la protection du public en encadrant la pratique
de près de 72 000 ingénieurs et personnes candidates à la profession.
En misant sur la prévention et l'accompagnement, l'ordre vise à ce que les
ingénieurs répondent aux plus hauts standards de compétence. Les considérations
environnementales sont au cœur de l'exercice de l'ingénierie, comme en
témoignent le Code de déontologie des ingénieurs et la Loi sur les ingénieurs
qui lie la protection de l'environnement et l'efficacité économique à
l'exercice de la profession d'ingénieur. La crise climatique et les changements
qu'elle occasionnera sont parmi les principaux défis de société auxquels nous
ferons face dans les prochaines années. Le secteur du bâtiment est déjà
responsable d'une partie significative des gaz à effet de serre produits au
Québec. Par conséquent, il est important de préparer nos bâtiments aux défis
qui résulteront de ces changements. C'est pourquoi l'Ordre des ingénieurs du
Québec accueille favorablement la volonté exprimée par le législateur d'agir en
matière de performance environnementale des bâtiments...
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : ...nous croyons toutefois que des bonifications pourraient
être apportées au texte proposé. C'est ce que nous venons vous présenter
aujourd'hui.
J'aimerais d'abord aborder la notion de
performance environnementale. Dans le projet de loi, elle semble définie de
façon très large. Cependant, les exemples donnés laissent penser que la portée
réelle du projet de loi est, dans les faits, plus limitée. La notion de
performance environnementale présentée et les exemples fournis pour l'illustrer
concernent presque exclusivement la question de la performance énergétique. À
notre avis, il est important de s'assurer que la notion de performance
environnementale inclut d'autres éléments. Notamment, cette notion devrait
intégrer la prise en compte du cycle de vie complet d'un bâtiment, de sa
conception à son démantèlement, en passant par sa construction, son entretien
et ses modifications. De plus, la performance environnementale d'un bâtiment
est fortement dépendante des matériaux utilisés dans sa construction et des
mesures mises en place pour assurer l'adaptation de ce bâtiment aux défis
environnementaux futurs. Il faudra adapter nos édifices aux changements
climatiques en améliorant la gestion des eaux pluviales et la résistance aux
vagues de chaleur, pour ne nommer que deux exemples. Bref, nous croyons que la
définition de la performance environnementale pourrait être améliorée.
• (17 h 30) •
Ensuite, le projet de loi prévoit que la
vérification de la performance environnementale et l'attribution des cotes de
performance se fassent par des tiers. La crédibilité du système mis en place
par le législateur dépendra donc des compétences et de l'intégrité des
personnes qui feront ces vérifications et attributions cote de performance.
Comme ce processus peut entraîner des conséquences financières considérables,
ne serait-ce qu'en raison de travaux correctifs à apporter à un ouvrage, il est
primordial que les personnes appelées à accomplir ces tâches aient une fine
connaissance de la science du bâtiment ainsi qu'une maîtrise des normes
d'efficacité énergétique. Les ingénieurs devraient faire partie des
professionnels désignés pour accomplir ce rôle. C'est d'ailleurs une de nos recommandations.
En plus de leurs connaissances, leur appartenance à un ordre professionnel
garantit une imputabilité professionnelle en vérifiant leurs compétences et
leur intégrité. Ils ont, au surplus, l'obligation de détenir une assurance
responsabilité professionnelle, ce qui protège le client en cas de faute.
Parlons maintenant des normes d'efficacité
énergétique prévues au Code de construction. Le projet de loi propose de
retirer à la Régie du bâtiment du Québec la responsabilité d'établir ces normes
et d'en faire plutôt un règlement du gouvernement. Comme d'autres intervenants
l'ont souligné, nous craignons qu'une dispersion des normes de construction
applicables au Québec, à travers différents outils réglementaires, ouvre la
porte à des incohérences et à des problèmes d'application inégale.
Actuellement, la Régie du bâtiment peut autoriser l'application de mesures
différentes de celles prévues au Code de construction. Par exemple, un
ingénieur peut proposer des solutions plus innovantes qui ne sont pas prévues
aux normes de construction. Cela ne sera plus possible si la régie se voit
retirer la responsabilité des normes énergétiques. En effet, la formulation
actuelle du projet de loi ne prévoit aucune possibilité d'exception.
De plus, les constructeurs doivent
garantir la conformité de leurs constructions aux codes de construction et aux
normes municipales. Or, le projet de loi ne prévoit pas de garanties similaires
pour des normes qu'il retire de la responsabilité de la régie. Par conséquent,
des concepteurs ou des constructeurs pourraient estimer qu'ils ne sont pas
responsables de contraventions aux normes de construction édictées par le
gouvernement. Nous sommes d'avis que la cohérence et la clarté des normes en
vigueur contribuent largement à assurer la protection du public, notamment en
favorisant une compréhension partagée des normes.
Ce qui m'amène à parler du champ
d'application des normes de construction concernées par le projet de loi. Les
règles actuelles d'efficacité énergétique s'appliquent à la majorité des
bâtiments. La Loi sur le bâtiment et ses règlements d'application, dont le code
de construction, reposent sur le principe d'application générale, nuancé par
des exceptions spécifiquement définies. Le projet de loi prévoit plutôt que l'application
des normes de construction sera spécifique à certains types de bâtiments qui
devront être déterminés par règlement du gouvernement. Il existe donc une
possibilité réelle qu'à la suite de l'adoption du projet de loi et de ses
différents règlements, les normes d'efficacité énergétique s'appliquent à moins
de bâtiments qu'à l'heure actuelle. En effet, plus l'énumération est spécifique
et particularisée, plus le risque d'omission est grand. C'est pourquoi nous
proposons de revoir la formulation des articles pertinents du projet de loi
afin qu'ils prévoient une application générale des normes avec une possibilité
d'exception.
Maintenant, pour assurer le respect et
l'efficacité de ces normes, il sera important de mettre en place un système de
vérification de la conformité des travaux. Nous recommandons que les
propriétaires aient une obligation de fournir une attestation de conformité des
travaux de construction aux plans et devis signés par un professionnel
compétent. Ainsi, il sera possible d'assurer que les propriétaires de bâtiments
respectent leurs obligations prévues à la loi...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Larivière-Mantha (Sophie) :
...passons maintenant au rôle des municipalités. Au Québec, l'ordre constate
que les municipalités ont souvent joué un rôle de leadership en matière de
performance environnementale des bâtiments. Les exemples notables... des
exemples notables sont les nombreux règlements municipaux qui interdisent ou
limitent le chauffage au bois. Le projet de loi prévoit que les règlements
adoptés sous son égide ont pour effet de rendre inopérant un règlement
municipal sur le même sujet, sauf si le ministre rend une décision contraire.
Je sais qu'il y a actuellement des discussions sur ce sujet depuis hier, et le
gouvernement souhaite, en réalité, assurer la sécurité énergétique du Québec. C'est
effectivement une discussion qui doit avoir lieu, et on comprend l'objectif du
gouvernement qui est évidemment très légitime.
Cela étant dit, nous sommes d'avis que les
municipalités devraient continuer d'avoir autant de latitude que possible pour
édicter des réglementations en matière de performance environnementale des
bâtiments sur leur territoire. Ces réglementations municipales ne pourraient
pas être moins sévères que ce qui est prévu par les normes provinciales, mais
rien ne devrait empêcher les municipalités d'adopter des normes plus sévères. C'est
d'ailleurs le cas en matière de construction, où il est possible, pour les
municipalités, d'édicter des normes plus sévères que les normes québécoises. Avant
de conclure, nous avons une préoccupation quant au fait que le projet de loi
contienne peu de normes et que celles-ci devront être précisées dans des
règlements d'application à venir. L'efficacité de ce projet de loi repose donc
sur l'adoption de ses règlements d'application et des normes qu'ils
contiendront. Ainsi, nous sommes d'avis que la loi devrait être plus explicite
en prévoyant un certain nombre de jalons pour une entrée en vigueur graduelle
des dispositions prévues à la loi. Les grands bâtiments devraient être visés en
premier, mais nous estimons que les petits bâtiments devront, à terme,
également, être visés par l'obligation d'atteindre les objectifs de performance
environnementale.
En conclusion, nous aimerions rappeler l'importance
de la lutte aux changements climatiques et de l'adaptation de nos bâtiments et
infrastructures aux conséquences de ces changements. Ce projet de loi va dans
cette direction. Nous espérons que nos observations et nos propositions
permettront aux parlementaires de bonifier leurs réflexions sur cet enjeu
capital pour les générations présentes et futures. Nous restons à votre
disposition pour fournir toute l'information que vous jugeriez utile dans le
cadre de vos travaux. Merci de votre attention, et on est maintenant prêt à
répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci,
Mme Larivière-Mantha. On débute maintenant notre période d'échange, et je cède
la parole à M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame messieurs, merci d'être avec nous cet après-midi. On finit
la journée avec vous, et c'est de très, très belle façon. Peut-être, prendre le
temps, là, d'aborder quelques-uns des points que vous avez mentionnés. Vous
sembliez être inquiète de la portée environnementale du projet de loi, à savoir :
Est-ce qu'on va vouloir baliser sur trop peu d'éléments? C'est un petit peu la
crainte que je décodais. Je vous dirais que c'est tout le contraire, et c'est
la raison pour laquelle on va créer ce code du bâtiment durable. Et, en fait,
votre crainte permet de justifier la création de ce code-là.
Actuellement, la Régie du bâtiment, dans
sa loi constitutive, n'a pas la possibilité d'encadrer ces éléments-là. Elle n'a
pas la possibilité de le faire, et nous, on ne veut pas perdre cette
opportunité. C'est la raison pour laquelle on l'intègre dans notre projet de
loi. D'ailleurs, l'expertise en matière de transition énergétique, l'expertise
en matière de suivis environnementaux, elle n'est pas la Régie du bâtiment,
elle est au ministère du... de l'Environnement. Donc, c'est la raison pour
laquelle on rapatrie cette compétence-là. Mais c'est vrai, vous n'êtes pas les
seuls à nous l'avoir mentionné, est-ce que ça va créer la confusion, le fait qu'il
y ait le code du bâtiment auquel on se réfère actuellement et le code du
bâtiment durable du Québec? Dans les faits, si vous regardez le projet de loi,
c'est aussi mentionné qu'on pourra déléguer l'application du code du bâtiment
durable et, bien honnêtement, c'est la Régie du bâtiment qui a toutes les
chances de l'obtenir. Donc, c'est la même instance qui va s'assurer de l'entièreté
de la réglementation à respecter.
Vous disiez craindre pour une portée trop
limitée, je vous dirais, c'est tout le contraire que l'on souhaite faire. On
peut, à travers les pouvoirs habilitants que nous donnerait ce projet de loi,
par exemple, carrément souhaiter une norme régionale en matière de climat
futur. Vous parliez d'adaptation aux changements climatiques. C'est une
possibilité, justement. Donc, c'est un projet de loi, le degré de détail est
variable selon le sujet qui est abordé, mais c'est un projet de loi de pouvoir
habilitant. Moi, je ne peux pas faire cette réglementation-là si je n'ai pas le
pouvoir de la faire. Donc, on y va par étapes. On se donne le pouvoir de faire
ces règlements et, par la suite, c'est une série de règlements qui seront
développés en concertation avec les...
M. Charette : ...différents
partenaires. Vous disiez aussi craindre que ça finisse par s'appliquer à moins
de bâtiments qu'actuellement. C'est aussi tout le contraire qui est visé, il
n'y aura pas d'échappatoire. Il y a la possibilité d'y aller de façon
volontaire dans un premier temps pour laisser la réglementation se mettre en
place, mais la réglementation sera très claire par la suite sur les obligations
de chacun. Et on ne gagnerait rien si, au final, on visait moins de bâtiments
qu'on en a maintenant, là. C'est réellement tout le contraire. Mais oui, on
veut commencer par les grands bâtiments dans un premier temps pour ensuite
aller progressivement vers d'autres types de bâtiments qui se retrouvent en
beaucoup plus grand nombre.
• (17 h 40) •
Vous avez parlé de la fameuse préséance de
la réglementation, c'est un sujet aussi qui est capital, qui est... qui est
même fondamental, et c'est là où on a pu rassurer autant l'UMQ que la FQM.
Notre intention n'est pas de limiter l'ambition d'aucune façon. Notre intention
n'est pas de... d'empêcher les municipalités d'aller plus loin que la
réglementation québécoise en environnement sur d'autres sujets que la sécurité
énergétique. Mais cette notion-là ne peut pas être prise en compte par les
villes individuellement. Elles n'ont pas l'expertise — et je le dis à
chacune des fois, en tout respect, ce n'est pas un reproche — elles
n'ont pas l'expertise pour déterminer l'impact de leurs mesures sur la demande
énergétique que ça... que ça pourrait générer. Donc, il y aura
vraisemblablement, au niveau de l'étude article par article, une précision pour
cet élément-là, pour dire qu'il est réellement question de la protection, de la
préservation de la sécurité énergétique. Et pour le reste, si les villes
veulent être encore plus ambitieuses en matière d'environnement, ce n'est pas
le gouvernement, et encore moins le ministre de l'Environnement qui va... qui
va s'en offusquer. Mais la question de la sécurité énergétique et elle est
réellement au cœur d'une dynamique bien plus large que la simple décarbonation
de nos villes et de nos bâtiments. Il faut s'assurer de la disponibilité de
l'énergie, spécialement en période de pointe, et c'est la raison pour laquelle
et les unions municipales, en fait et l'UMQ et la FQM, sont d'accord de
collaborer à cet exercice. L'oeil, c'est à la demande aussi, je peux les
comprendre, Hydro-Québec, qui veut faire partie également de la concertation.
Donc, moi, c'est essentiellement des petits
points de précision que je voulais apporter. Vous êtes naturellement bien libre
de les commenter. Si vous n'aviez pas de commentaires particuliers, j'ai un
collègue à ma droite qui se meurt d'envie de poursuivre l'échange et de vous
poser quelques questions. Donc, c'est libre à vous, on passe aux questions,
vous y allez de quelques commentaires, mais dans tous les cas, je vous remercie
pour votre présence aujourd'hui.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je vais peut-être me permettre de répondre à certains
des points, peut-être d'abord le premier, là, sur... sur les municipalités. On
a effectivement écouté, là, vos discussions et les précisions que vous avez
apportées nous convenaient également, là. C'est pour ça qu'on a pris la peine
de mentionner que la majorité de la réglementation pouvait rester avec les
villes, mais qu'au niveau de la sécurité énergétique, on comprenait, là, votre
point tout à fait. Et et on était d'accord, là, avec votre précision
d'aujourd'hui, mais également celle... celle de la dernière journée.
Quand on parle de performance
environnementale, en fait, nous, on souhaite que ce soit une performance
environnementale qui soit sur le cycle de vie complet du bâtiment, et la
majorité des exemples qui étaient donnés étaient davantage des exemples de
performance énergétique. Alors, on voulait s'assurer, là, qu'il y aurait une
vision qui était vraiment en lien avec le cycle complet du bâtiment, là,
incluant, à la limite, là, sa déconstruction à la fin, là. Ça fait vraiment que
ça soit considéré ou complet. C'était plus une remarque, là, qu'un désaccord
avec... avec le projet de loi en tant que tel.
Je vais peut être juste demander à Me
Robert, là, si vous vouliez apporter une précision, là, juridique, là, peut-être
à certains éléments, là, qui ont été mentionnés, ou si tout est beau, on va
passer à la question?
M. Robert (François-Xavier) : Bon,
je vais peut-être compléter, bon, je pense effectivement, peut être sur la
question du Code du bâtiment, on pourra sûrement revenir, on va sûrement y
revenir, là, mais juste vous préciser que vous avez raison pour les petits
bâtiments, c'est dans le Code national du bâtiment qu'on trouve la section sur
l'efficacité énergétique. La prochaine version du code devrait d'ailleurs être
beaucoup plus exigeante à cet effet-là.
Par contre, dans les grands bâtiments,
c'est dans un code séparé qui est la partie... Qui est le Code canadien de
l'énergie, qui est la partie 1.1 du Code de construction actuellement.
Vous savez, comme on le dit dans le mémoire, que la Régie du bâtiment,
d'ailleurs, a présenté un projet de règlement deux jours avant Noël pour mettre
à jour la référence à l'édition la plus récente du Code canadien de l'énergie.
Donc, on... si ça passe, mais on va...
M. Robert (François-Xavier) : ...une
référence qui est plus juste. Tu sais, justement, comme vous avez dit dans le
projet de loi, en fait, la Régie du bâtiment, quant à nous, avec le texte du
projet de loi, demeure entièrement compétente pour adopter ces mêmes normes là.
Ça fait que ce qu'on va se ramasser, en fait, c'est deux normes concurrentes au
niveau de l'efficacité énergétique, c'est-à-dire un règlement du gouvernement
et un règlement... et un règlement de la... et le code de construction, c'est ce
que... c'est ce qu'on parle, là, de possibilité de confusion, là.
L'habilitation générale de la régie d'adapter des normes de construction
demeure suffisamment large, quant à nous, pour qu'elle puisse adopter une
question... des questions d'efficacité énergétique sur les bâtiments.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Merci,
Me Robert.
M. Charette : ...argumenter
très, très longtemps sur le sujet, étant donné que le temps file, mais on n'a
pas la même interprétation que vous à ce sujet-là, et on pourra le démontrer au
moment de l'étude article par article, mais je pense qu'on pourra vous rassurer
assez aisément sur cette question-là.
Concernant la durée de vie du bâtiment,
là, j'empiète sur le temps de mon collègue, je m'en excuse, je dois vous avouer,
on n'a peut-être pas considéré jusqu'à la démolition. Rien ne nous empêche de
le... de le faire dans les travaux à venir. Mais oui, sur la durée de vie,
juste vous donner un exemple. Actuellement, c'est un petit peu invraisemblable
de dire : On va permettre la construction d'un immeuble à plusieurs
appartements sans qu'il y ait d'obligation d'installer, par exemple, de bornes
de recharge, sans qu'il y ait l'obligation d'installer aussi, qui sait, un
support à vélo pour la mobilité durable. Donc, le cycle de vie est considéré
aussi à travers ça. On sait que, dans les prochaines années, le pourcentage de
véhicules électriques va augmenter de façon exponentielle. C'est déjà le cas,
particulièrement au Québec. Donc, c'est inconcevable, dans un cycle de vie d'un
bâtiment de 50 ans, par exemple, de dire : Il n'y a pas d'obligation
d'installer ou de prévoir, dès la construction, la présence de bornes de
recharge. Donc, c'est des éléments, là... Pour ça, il faut avoir les pouvoirs,
donc on se les donne à travers le projet de loi, et ensuite ça va devenir
partie prenante de la... de la réglementation. Donc, mes excuses à mon
collègue, mes remerciements à vous et une belle fin de journée.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Je cède la parole au député de Masson pour une période de six minutes 30.
M. Lemay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Mme Larivière-Mantha, très heureux de vous retrouver
aujourd'hui en commission parlementaire ainsi que vos collègues. Peut-être...
Le ministre a parlé beaucoup du Code québécois du bâtiment durable, je vais
vous emmener sur un autre point. Vous avez mentionné, à votre recommandation
numéro quatre, justement, que vous aimeriez voir, aux articles 6 et 11 de
la Loi sur la performance environnementale des bâtiments, la mention que ça
soit un ingénieur qui soit habilité à habiliter une cote de performance
environnementale à un bâtiment.
Moi, j'aimerais peut-être vous rassurer
que, justement, dans l'analyse d'impact réglementaire qui accompagne le projet
de loi, là, c'est bien mentionné, là, à la page 11, là, au...
section 4.2, que ça... que «les propriétaires devront faire affaire avec
un ingénieur certifié afin de produire un rapport de vérification des données».
Donc, tu sais, je comprends que vous aimeriez que ça soit inscrit à la loi, là,
lorsqu'on lit l'article... que vous mentionnez, vous avez mentionné
l'article 6 et 11. À l'article 11, on vient mentionner «une personne
reconnue en vertu du règlement». Donc, j'espère que ça peut vous rassurer, là,
qu'effectivement c'est déjà considéré que ce soient des ingénieurs.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Effectivement
d'accord avec l'analyse réglementaire que les ingénieurs ont la capacité et les
connaissances pour remplir ce mandat-là, tout à fait.
M. Lemay : Très bien. Dans le
même ordre d'idée, vous avez, à votre recommandation sept... puis peut-être que
j'aimerais vous entendre un peu plus à ce sujet, vous mentionnez d'«imposer
l'obligation de fournir une attestation par un professionnel compétent portant sur
la conformité des travaux de construction». Vous avez notamment aussi fait ce
même type de commentaire en septembre 2023, là, justement, dans le... dans la
foulée de problématiques de construction au faubourg Boisbriand, là, vous aviez
mentionné que vous... «afin d'avoir des parcs immobiliers durables, plus
efficients, à juste prix, bien, ça requiert impérativement une amélioration
significative du contrôle de la qualité, dans le but évident de renforcer la
protection du public». Et vous invitez «les instances gouvernementales à
accélérer les travaux pour la mise en place d'une surveillance obligatoire des
travaux du Québec».
Est-ce que je peux comprendre, par votre
recommandation numéro sept, que vous voulez aller dans cette direction-là sur
la surveillance obligatoire des travaux? Est-ce que je peux faire ce lien-là?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Exact.
Nous, en fait, à l'Ordre des ingénieurs, on croit que la surveillance
obligatoire des travaux est nécessaire pour la protection du public. C'est important,
pour la qualité de la construction, qu'il y ait une surveillance qui soit faite
et une conformité, à la fois aux plans et devis, mais également au code et aux
normes. Et...
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : ...qu'on pense. Et... Ah! Excusez-moi.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Je ne pense que c'est vous. On vous voit, on
vous entend. Vous pouvez continuer.
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : O.K. Parfait. Désolé, il y a eu un petit... un petit
décalage. Donc, voilà. Ça fait que, nous, on pense que la qualité de la
construction passe par la surveillance obligatoire des travaux. Et dans le
cadre des demandes qu'on fait pour la surveillance obligatoire, on pense que si
justement il y avait un élément d'attestation en lien avec les recommandations
du projet de loi, ça renforcerait davantage encore le système de certification,
là, et... et du bilan énergétique. Je ne dépasse pas.
Une voix : Merci.
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : Donc, oui, vous pouvez définitivement faire le lien entre
les deux aussi.
M. Lemay : Très bien
pour cette précision. C'est apprécié. J'aimerais vous amener à votre
recommandation 3. Vous parlez, là, que vous voulez qu'on... Bien, en fait,
moi, j'associe la recommandation 3 que vous faites, là, que je vais la
citer : «Prévoir l'entrée en vigueur graduelle d'incitatifs et de
contraintes visant à assurer l'amélioration de la performance environnementale
des bâtiments existants». Quand je vais à votre mémoire, à la page 9, vous
donnez des exemples avec la France qui a fait un choix différent, qui prévoit
en vigueur... l'entrée en... l'entrée en vigueur progressive des contraintes.
Puis là-dedans vous citez deux exemples que la France fait. Moi, je lis ça et
je me dis que ça ressemble étrangement à un bonus-malus. Est-ce que vous voulez
me donner plus d'information? Est-ce que c'est ça que, vous, vous préconisez ou
que vous suggérez?
• (17 h 50) •
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : En fait, nous, ce qu'on préconise, c'est qu'il y ait à la
fois des incitatifs, mais aussi des... des contraintes dans ce qui va être
appliqué. On a donné l'exemple de la France, mais on aurait pu donner des
exemples d'un petit peu partout dans le monde. Il y a d'autres systèmes qui
sont actuellement en train d'être mis en place. Et nous, ce qu'on pense, c'est
qu'il faut analyser les autres systèmes qui sont faits ailleurs, prendre le
meilleur de tous ces systèmes-là et l'adapter à la réalité de la société
québécoise. Donc, on a donné les deux exemples de la France. On est bien
conscients, là, que... que le ministère de l'Environnement a fait beaucoup de
recherches et il connaît très bien ce système-là, mais on pense qu'il y a quand
même des avantages à peut être pouvoir aller tirer, pas seulement de ce
système-là, mais des autres également. C'est pour ça qu'on n'a pas fait une
recommandation qui... qui est ciblée sur les recommandations de la France, mais
plus à titre général, là, de regarder ce qui se fait ailleurs et de s'assurer
qu'on a et des incitatifs, et des contraintes, là, et des obligations en lien
avec... avec le projet de loi, pour être sûr que son application soit... soit
mise en place et entérinée.
M. Lemay : Vous avez
fait une étude dernièrement sur... Si on veut la... la... tu sais, là, où...
quel... dans quel secteur d'activité on peut avoir un, si on veut, un déficit
en termes d'ingénieurs sur le terrain. Est-ce que vous croyez que les mesures
qu'on met de l'avant aujourd'hui avec le projet de loi no 41 pour avoir
l'efficacité énergétique des bâtiments pourraient accentuer une pénurie de
main-d'œuvre? Est-ce que vous voyez un effet ou vous croyez simplement que...
est ce que vous croyez qu'on va être, là, on va être capables de répondre aux
besoins qui sont... qui seront vraisemblement émis avec... si toutefois le projet
de loi est adopté?
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : J'ai le choix entre la réponse courte ou la réponse longue.
Je vais faire quand même un préambule. On a fait une étude sur la pénurie de
main-d'œuvre en ingénierie. On est conscients que ça va prendre à peu près
52000professionnels en ingénierie d'ici 10 ans pour répondre à la fois aux
besoins de la société, mais également au remplacement, là, des ingénieurs qui
sortiraient du... du marché du travail. Donc, on a fait une étude régionale par
type de génie également. On voit qu'il y a certains types de génie sur lesquels
il y a davantage de pression. Dans cette étude-là, on prend comme base les...
les grandes tendances de société, donc, notamment la transition énergétique, la
filière batterie. C'est des tendances qu'on a déjà considérées. Donc, les
augmentations, il y en a une portion qui a déjà été intégrée dans l'étude.
Quand on regarde l'analyse d'impact...
La Présidente
(Mme Maccarone) : Merci. Désolée de vous couper.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) :
Pas de problèmes.
La Présidente
(Mme Maccarone) : Je cède maintenant la parole à la députée de
Mille-Îles pour une période de 12 min 23 s
Mme Dufour : Merci, Mme
la Présidente. Écoutez, je vous remercie pour votre exposé. Si... Je peux vous
laisser un peu de temps pour terminer votre pensée, là, si vous le souhaitez.
Mme Larivière-Mantha
(Sophie) : Merci. C'est vraiment gentil. En fait, dans l'analyse
réglementaire, ce qu'on voit, c'est que l'impact au niveau des firmes de
génie-conseil qui a été évalué semble être relativement petit par rapport au
marché global de la construction. Quand on considère qu'il y a à peu près entre
100 et 500 emplois qui vont être créés à la fois en construction et en
génie-conseil, on pense que c'est... c'est... Dépendamment des... des éléments
qui ont été pris en compte dans l'analyse réglementaire, on pense que l'impact
devra être petite. Il ne faut pas oublier qu'on a 72 000 membres et
candidats à la profession d'ingénieur. On a 59 000 ingénieurs au Québec.
Donc, ça prend quand même des volumes assez importants, là, pour... pour
impacter globalement le génie. Si vous voulez les chiffres plus précis en
mécanique du bâtiment ou en électricité du bâtiment, mon collègue
M. Prétot pourra vous les donner, mais je vous laisse le...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : ...de
poursuivre avec une autre question sur cela.
Mme Dufour : Mais je voulais
justement vous interroger là-dessus, votre... Parce qu'on l'a vu, il y a des
grands projets partout au Québec qui sont annoncés, des projets industriels. Il
y a aussi Hydro-Québec qui a fait de grandes annonces, des grands plans. Il y a
toutes les municipalités aussi qui font des... c'est ça, qui ont une feuille de
route quand même, qui veulent développer des... Il y a la crise du logement. Il
manque beaucoup, beaucoup de logements en ce moment. Et là ce serait, dans le
fond, un ajout, là, d'ingénieurs. Puis il y a quand même des ingénieurs,
j'imagine, qui vont partir à la retraite, là, éventuellement. Donc, la question
de la main-d'oeuvre, là, pour pour être capable de prendre tout ça, l'ajout,
là, qu'on verrait avec le projet de loi, bien, c'est ça. Moi, je l'ai
soulevé... j'ai posé la question à d'autres groupes, vous, vous l'avez évalué
puis, selon vous, là, il n'y aurait pas d'enjeu.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, globalement, on est relativement à l'équilibre quand on fait les
projections en main-d'oeuvre sur les 10 prochaines années. Ceci dit, il y a
certains domaines sur lesquels il y a davantage de pression, il y en a
trois : les ingénieurs en informatique, les ingénieurs en aérospatial et
les ingénieurs électriques. Donc, évidemment, quand on parle de transition
énergétique, quand on parle de filière batterie, ça a de l'impact sur les ingénieurs
électriques. C'est un domaine sur lequel va falloir accentuer les choses qui
sont actuellement mises en place.
On sait qu'il y a plusieurs mesures du
gouvernement qui nous permettent de prévoir cet équilibre-là, notamment, les
bourses perspectives. Les étudiants en ingénierie ont 2 500 $ par session.
Il y a également du financement qui a été donné pour avoir davantage de
professeurs dans les universités en génie et en informatique. Donc, on voit que
ces tendances-là font qu'on devrait être relativement à l'équilibre dans les
prochaines années.
Ceci dit, il y a un déficit qui est quand même
prévu au niveau des ingénieurs électriques.
Donc, oui, c'est quelque chose sur lequel
il va falloir travailler dans les prochaines années, évidemment. On considérait
déjà l'impact de la transition énergétique, mais on est en train de travailler
avec, notamment, Hydro-Québec et les autres grandes annonces qui ont été faites
pour voir si les hypothèses qu'on avait faites étaient suffisantes pour couvrir
les différents besoins qui sont sortis dans les dernières semaines et mois dans
le domaine.
Mme Dufour : Merci. Dans
votre mémoire, là, à la page 10, vous faites référence qu'en France il y a eu
des lacunes relatives à l'encadrement des personnes qui réalisaient les
diagnostics de performance environnementale, et là vous dites : Ça devrait
être des ingénieurs qui devraient le faire ici. Est-ce que... En France, ce
n'était pas des ingénieurs, donc, qui faisaient ça?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, le système professionnel est un peu différent en France. Il n'y a pas
d'ordre des ingénieurs en France. Donc, il y a certaines portions des titres
qui sont réservées, mais le système professionnel n'est pas le même. Donc,
l'encadrement ici est différent, et on pense que, dans ce contexte-là, avec
l'encadrement qu'on a au Québec, avec les ordres professionnels, on a
différents mécanismes. Ils ont l'obligation également de formation continue.
C'est toutes des choses qu'on peut utiliser pour les encadrer.
Et, quand on regarde, on a fait un sondage
auprès de nos membres pour leur demander comment ils intégraient, là,
l'efficacité énergétique, et on voit que 40 % des membres qui ont répondu
au sondage l'intègrent déjà dans leur pratique. Donc, la compétence et la
connaissance, elle est là. Et, quand on leur a demandé quels étaient les
freins, on était davantage sur le manque de financement et parfois le manque
d'intérêt, là, de la part des donneurs d'ouvrage, que ce soit privé ou public.
Il y a une différence, ceci dit, entre les deux, mais on pourra... on pourrait
vous donner davantage de détails, là, si c'était requis. Me Robert voudrait
intervenir sur la question.
M. Robert (François-Xavier) : ...en
France, les gens qui faisaient le diagnostic énergétique qu'on appelait des
diagnostiqueurs, c'est des gens qui ont une certification, donc ils ont suivi
une formation, puis on leur donne un certificat. Par contre, il n'y a pas
vraiment personne qui les inspecte, contrairement à ce que fait l'Ordre des
ingénieurs. Il n'y a pas personne non plus qui a des recours ou des sanctions,
s'ils font un diagnostic de complaisance, contrairement à l'Ordre des
ingénieurs. Ils n'ont pas d'obligation de formation continue non plus. Ils
n'avaient pas les mêmes obligations en matière d'assurance responsabilité. Le
système professionnel, ui au Québec, couvre tout ça, ce qui n'est pas le cas en
France, à part pour quelques professions très précises, là, les avocats, les
architectes, notamment. Mais, en matière d'ingénieur, c'est un titre réservé,
il n'y a pas d'ordre, il n'y a pas... il n'y a pas de mécanisme. Il n'y a même
pas de code de déontologie d'ailleurs.
Mme Dufour : Merci. Je
voudrais peut-être vous entendre sur, bon, la RBQ, vous mentionnez que ce
devrait être le seul, selon vous, c'est le seul organisme qui détient
l'expertise requise pour établir les normes. Le ministre ne semble pas partager
votre opinion. Il disait que, bon, il y avait... en tout cas, qu'il fallait le
modifier, disons... La loi venait modifier les normes énergétiques...
Mme Dufour : ...mais, bon, je
pense que... je pense que plusieurs groupes ont soulevé le même enjeu que vous,
là. Et là, vous soulevez le fait qu'il y a des enjeux au niveau qu'un ingénieur
pourrait... peut actuellement proposer des solutions innovantes pour déroger,
entre guillemets, à... au code de construction, et je voudrais peut-être vous
entendre. Est-ce que... est-ce qu'il y a des gens compétents à la RBQ, selon
vous, pour mettre en place des normes énergétiques plus performantes? Et c'est
quoi leur... à quel point, là, les ingénieurs peuvent déroger de ça pour
atteindre des objectifs supérieurs?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, effectivement, il y a un mécanisme qui est prévu au code de construction.
Peu importe le domaine, pas simplement en efficacité énergétique, là, mais dans
tous les domaines, des professionnels ou des clients peuvent venir proposer des
solutions qui sont au-delà des normes régies par le code. Ils ont évidemment à
faire la démonstration que... qu'ils sont plus performants que le code. Mais il
y a des possibilités d'innovation à ce titre-là, ce qui n'est pas le cas, là,
dans le projet de loi qui est prévu actuellement.
• (18 heures) •
Pour répondre, peut-être, à la question,
là, de la RBQ, en fait, il y a un consensus dans l'industrie actuellement. On
le sait, le ministère de l'Environnement a énormément de connaissances et de
compétences en termes d'efficacité énergétique, et on pense qu'il pourrait
travailler main dans la main avec la RBQ pour faire un code unique.
Les avantages d'avoir un code unique,
c'est notamment la protection du public. On pense que, s'il y a une
compréhension, il y a une notion qui est commune dans un code, ça va être plus
facile de l'appliquer également. Et il y a effectivement des possibilités de
complexité supplémentaires ou encore des risques de contradictions, s'il y
avait deux codes à ce niveau-là. Donc, voilà, on...
Mme Dufour : Bien oui. Bien,
effectivement, il y a des groupes qui ont soulevé le fait qu'il y a d'autres
portions du code qui ne traitent pas nécessairement de l'efficacité
énergétique, mais qui peuvent avoir un impact directement sur l'efficacité. On
parlait, l'exemple qui était donné, la ventilation. Je ne sais pas s'il y a d'autres
exemples qui... que... tu sais, sûrement, là, qu'il y en a d'autres dans le
code, là, mais selon vous, dans le fond, c'est la RBQ qui devrait être
responsable du code, et, mais avec l'input, en bon français, du ministère de
l'Environnement?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Exact.
Oui, tout à fait. Peut-être que, M. Prétot, voulez-vous donner un autre exemple
ou celui-là est suffisant? Parfait. Excellent!
Mme Dufour : Merci.
M. Robert (François-Xavier) : J'aurais
peut-être fourni une petite précision.
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Allez-y,
Me Robert.
M. Robert (François-Xavier) : Excusez-moi.
En fait, je veux juste vous expliquer, là, la Régie du bâtiment ne décide pas
les normes de construction seule comme ça. Dans le fond, ce qu'ils prennent,
c'est les codes nationaux qui sont établis par le Conseil canadien de la
recherche ou Conseil recherche canadien, qui recueille, dans le fond,
l'information provenant d'un paquet d'experts au Canada, soit... les
fabricants, ce sont les ingénieurs, les architectes, les constructeurs
eux-mêmes aussi. Donc, c'est un travail collectif, établir un code canadien.
Puis ces codes-là, après ça, sont... Il y a la version canadienne qui sort. Ils
n'ont pas de poids normatif en soi, c'est la régie qui leur donne un poids
normatif en les... en les incorporant dans un règlement. Et ce que la régie
fait, c'est l'analyse de ce code-là, et elle va rajouter des... quelques
modifications, qu'on appelle les modifications Québec, les autres provinces font
la même chose, ou on adapte spécifiquement au contexte. Par exemple, c'est sûr
qu'en Colombie-Britannique, les règles sismiques sont beaucoup plus sévères que
ce qu'il y a dans le code national du bâtiment, parce qu'ils ont... parce
qu'ils ont la géographie pour ça. Nous, il y a des règles aussi particulières
par région, notamment, par exemple au niveau des... du poids de la neige, puis
ces choses-là. Donc, c'est un gros travail, faire un code de construction,
c'est un énorme travail. Je vous dirais que c'est pour ça que les provinces, en
général, vont se baser sur... en fait, se basent toutes sur le code fédéral et
vont ensuite faire quelques modifications. Et la tendance, c'est qu'il y ait de
moins en moins de modifications justement pour que ça soit plus facile pour
tout le monde... les constructeurs.
Une voix : ...
Mme Dufour : Effectivement.
Merci. Je crois qu'il me reste deux minutes? Oui, c'est ça. Je vais peut-être,
bien, vous amener à parler... vous avez bien étoffé, là, le... la distinction
entre performance énergétique et performance environnementale. Et là aussi vous
êtes arrivés à... vous avez parlé de quelque chose que personne d'autre n'a
parlé, le fait que dans l'équation des GES, on doit... on ne peut pas exclure
la perte de milieux humides pour laisser place au cadre bâti. Moi, j'ai déjà
été à Laval, à la Ville de Laval, où on avait une bourse du carbone, entre
guillemets, qui venait calculer tout... Dans le fond, tout terrain développé,
là, génère du carbone juste du fait qu'on le retire. Mais vous, vous avez parlé
vraiment des milieux humides...
18 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...alors, et des
gestes qui sont reliés au transport des usagers. Donc ça, ça, est-ce qu'il y a
d'autres juridictions qui le... qui comptabilisent ça dans la performance d'un
bâtiment? Est-ce qu'à votre connaissance?
La Présidente (Mme Maccarone) : Me
Robert.
M. Robert (François-Xavier) : ...le
truc, ça serait mieux avec un micro ouvert. Pardon.
À notre... c'est ça. On n'a pas fait une
étude exhaustive parce que souvent, ce qu'on a sur ces règles-là, à part la
France qui a vraiment un système national, ce sont des systèmes qui sont
soit.... qui sont plus de caractère local ou régional. Donc, c'est difficile à
dire. Ça fait qu'on n'a pas... Nous on ne l'a pas vu mais on considérait. Mais
c'est sûr qu'on n'a pas eu le temps de faire une étude non plus exhaustive, par
exemple, de... notamment ce qui s'est fait aux États-Unis, là, sur ces
questions-là, qui est d'habitude à l'échelle plus locale ou municipale dans ce
cas-là. Par contre, ça devrait. Quant à nous, c'est important parce qu'effectivement
vous prenez... à supposer que c'est possible, prendre un bâtiment LEED platine
sur un milieu humide, pas sûr qu'on gagne grand-chose en termes de GES. C'est
juste les... je pense, les considérer, si c'est pertinent, à quel point doivent
être considérés. Ça, c'est une autre chose. Mais un bâtiment, c'est toujours
dans un milieu. Il faut tenir compte de cette réalité-là aussi.
Mme Dufour : Merci.
La Présidente (Mme Maccarone) : Merci.
Nous poursuivons avec le député de Maurice-Richard. La parole est à vous.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup d'être ici. Bien heureux en tant qu'ingénieur, on m'a
rappelé que je ne payais plus mes cotisations depuis vraiment longtemps. Mais
très heureux de vous lire et de vous écouter.
Peut-être une première question. Vous
parliez... En gros, il y a une de vos recommandations qui parlait de la
possibilité, donc, des municipalités, d'aller plus loin dans leur
réglementation et de ne pas les empêcher. Le ministre a parlé qu'il n'empêcherait
pas des municipalités d'être plus ambitieuses en matière de climat. Est-ce que
vous pensez que sortir et éviter aux nouveaux bâtiments d'être raccordés à du
gaz qui, aujourd'hui, est à 98 % fossile, serait une manière plus
ambitieuse, par exemple pour les villes, de participer à la lutte contre la
crise climatique?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, ce qui compte, ce qui est important, c'est de rester créatif et innovant.
On le sait, le défi énergétique qui est un défi qui est très grand au Québec.
On est tout à fait conscient qu'il va y avoir des zones de transition et on
pense que c'est important d'agir rapidement, mais d'agir effectivement, là, de
façon très, très, très sécuritaire. On le sait que c'est un enjeu, donc on a
cette position de notre côté.
M. Bouazzi : On a écouté
juste avant vous un ingénieur nous dire que pour gérer la pointe hivernale et
déplacer les grosses puissances électriques, l'utilisation des puissances
électriques dans les bâtiments, il y avait d'autres solutions que des
ingénieurs avaient effectivement pensées. Et il y a des manières innovantes et
d'autres qui le sont moins, parce que je vous avouerais qu'il y a toutes sortes
de systèmes de chauffage performants, mieux que les calorifères que nous avons
plus évidemment des accumulateurs de chaleur qui commencent quand même à ne
plus être une innovation qui... comme ça, qui sont dans le marché depuis
quelque temps. Est-ce que pour vous c'est des solutions innovantes, par
exemple, qui peuvent remplacer du... des tubes avec du gaz fossile à 98 %?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : En
fait, je vous dirais qu'il ne faut pas limiter la capacité des ingénieurs à
être innovants. J'ai eu la chance de croiser un projet très intéressant de chauffage
de bâtiment avec la cloacothermie. Et si on donne la possibilité à des gens de
trouver des solutions innovantes, il y en aura tout le temps. J'ai toujours dit :
Un problème, un ingénieur, une solution. On a énormément d'ingénieurs qui sont
des entrepreneurs qui contribuent à améliorer, que ce soit dans l'industrie 4.0,
5.0. Ces gens-là trouvent des solutions tous les jours et je pense que c'est
important qu'on leur permette également, là, d'avoir la chance de trouver ces
solutions-là avec des orientations qui vont nous permettre de faire la
transition vers les différents types d'énergie vers lesquelles la société
québécoise souhaite aller.
M.
Bouazzi : C'est très bien. Je note que vous n'avez quand même pas cité
le gaz fossile comme une solution innovante. On a entendu ce matin les
représentants — j'ai oublié honnêtement le groupe — mais
nous parler des normes américaines plutôt qu'européennes. Comme quoi ça serait
discriminatoire d'utiliser l'approche à la française avec les cotations, que c'est
trop simple, etc. Est-ce que vous seriez de l'avise que la manière de coter en
Europe, et en France particulièrement, ouvrirait trop de problèmes par rapport
aux solutions qu'elles apportent?
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : Je
pense qu'on pourra se pencher davantage sur cette...
Mme Larivière-Mantha (Sophie) : …cette
question-là quand on sera à écrire les règlements. Malheureusement, il n'y
avait pas suffisamment d'informations à ce stade-ci pour qu'on puisse se
prononcer, là, sur cette question-là directement. Donc, ça va nous faire
plaisir, là, d'accompagner si jamais notre expertise est requise pour faire ces
évaluations-là. Mais pour le moment... pour le moment, je n'ai pas de réponse à
votre question. Mais j'ai écouté effectivement ce matin les interventions.
M. Bouazzi : Oui, j'étais
effectivement curieux. Je ne connais pas les normes nord-américaines, je dois
avouer, ayant un peu quand même étudié les françaises, qui créent des
problèmes, hein, mais peut-être pas les mêmes qu'on voit.
La Présidente (Mme Maccarone) :
...
M. Bouazzi : C'est fini, bon.
Merci énormément. Oui, peut-être...
La Présidente (Mme Maccarone) : Je
suis désolée. Je voudrais vous céder la parole, mais je dois vous remercier,
Mme Larivière-Mantha, Me Robert et M. Prétot, pour votre
contribution à nos travaux. Et compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au jeudi le 1ᵉʳ février 2024, après les avis touchant les travaux
des commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci. Bonsoir, tout le monde.
(Suspension de la séance à 18 h 10)