Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mercredi 18 octobre 2023
-
Vol. 47 N° 19
Étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi concernant l’expropriation
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h (version non révisée)
(Onze heures quinze minutes)
Le Président (M. Jacques) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 22, Loi concernant l'expropriation.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par M. Lamothe
(Ungava).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le président. Avant de débuter, je dépose les mémoires qui ont été reçus
depuis la fin des consultations particulières.
Nous en sommes maintenant rendus aux
remarques préliminaires pour lesquelles chaque membre dispose de 20 minutes.
J'invite la ministre des...
Le Président (M. Jacques) : ...Transports
et de la Mobilité durable à faire ses remarques préliminaires. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bien, j'ai combien de
temps? Je n'utiliserai pas...
Le Président (M. Jacques) : 20
minutes.
Mme Guilbault :20 minutes. Mon Dieu! Bien, c'est ça, je n'utiliserai pas
mon temps au complet, mais je vais quand même prendre le temps de saluer tout
le monde et de remercier les personnes présentes, vous saluer, M. le Président,
votre équipe, l'équipe de la présidence au complet, les gens de la diffusion,
toujours, des gens importants, sans qui on ne pourrait pas faire nos travaux.
Saluer mes collègues, mes collègues de la banquette gouvernementale, qui
étaient avec moi, pour la plupart, en fait, qui étaient tous avec moi pour les
consultations particulières, pour la plupart, du moins, le député d'Ungava
aussi, qui est avec nous, et qui vont participer avec nous pour cette nouvelle
étape, l'étude détaillée, qui est une autre étape... importante, pardon. Saluer
mes collègues de l'opposition aussi, qui étaient tous présents avec nous aussi
pour les consultations particulières, et saluer les équipes qui nous
accompagnent aussi, les miennes, en particulier, ici, en arrière, mon équipe de
la Direction des affaires juridiques du ministère des Transports et de la Mobilité
durable, qui seront évidemment d'une grande aide. Saluer aussi et remercier,
puis probablement au nom de tout le monde, là, les gens qui sont venus nous
entretenir pendant les consultations particulières, consultations qui ont donné
lieu à certains projets d'amendements, sans doute, ou à certaines discussions
qu'on pourra avoir autour de la table au fil de l'étude des 200 quelques
articles, 244 articles.
Donc, alors c'est ça, je ne veux pas
prendre beaucoup plus de temps. Vous le savez, c'est un projet de loi qui est
très technique. C'est pour ça que je suis bien accompagnée par des ressources
juridiques, parce qu'il y aura peut-être des questions, là, très... justement,
techniques, très pointues, très juridiques. Quand on regarde certains articles,
là, on parle de notions et de choix de termes, de terminologies, et tout ça. Et
il y a d'ailleurs... dans les premiers articles, des fois, on vient préciser
des libellés ou on vient placer un certain nombre de termes qu'on va vouloir
utiliser, et tout ça. Alors donc les équipes seront là pour nous aider, pour
nous aiguiller tout au long de l'étude détaillée. Donc, je les remercie à
l'avance, et, sur ce, je pense que je vous recéderais la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de l'Acadie
pour ces remarques préliminaires.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Permettez-moi, à mon tour, de saluer Mme la ministre, les
collègues de la banquette gouvernementale, les collègues de l'opposition.
Je suis toujours heureux, quand on
commence l'étude d'un projet de loi article par article, de voir qu'on a des
représentants du ministère en question qui nous accompagnent. Ce sont des gens
qui travaillent fort et qui sont toujours de bon conseil quand on a des
questions à poser. Alors, merci, merci d'être là, ainsi que tout le personnel,
bien sûr, de l'Assemblée nationale qui nous aide dans nos travaux.
Mme la ministre, dans ses remarques
préliminaires, disait qu'il y avait un aspect technique dans le cadre de ce
projet de loi de 244 articles, et c'est exact. Il y a des volets qui sont
techniques, mais je dirais qu'il y a plus que ça, il y a aussi des volets qui
touchent les principes mêmes de notre droit civil. Et j'aimerais, pendant les
minutes que j'ai à ma disposition, M. le Président, élaborer un peu plus
là-dessus.
On a eu le privilège d'entendre un très
grand nombre d'associations, de groupes de différents milieux qui sont venus
nous parler du projet de loi, et plusieurs ont fait référence à la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne, parfois pour dire qu'il y
avait un droit qui reconnaissait à une personne la jouissance paisible et la
libre disposition de ses biens, sauf dans la mesure prévue par la loi. D'autres
qui nous disaient : Écoutez, ce n'est pas un droit constitutionnel, le
droit à la propriété. C'est exact que ce n'est pas, comme tel, un droit
constitutionnel qui est bien enchâssé dans la Constitution, mais il n'en demeure
pas moins que la charte québécoise y fait référence.
• (11 h 20) •
Et je veux le souligner, parce que, dans
un contexte québécois, la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne, c'est notre loi la plus importante, qui, évidemment, a préséance sur
d'autres lois. Le texte législatif prend bien sûr la peine de dire «sauf dans
la mesure prévue par la loi», et évidemment il y a présentement en vigueur une
loi sur l'expropriation, qui est une mesure qui pourrait faire en sorte qu'une
personne pourrait perdre le droit à la disposition, à la libre disposition de
son bien. Cependant, j'aimerais aussi faire référence et souligner l'article
952 du Code civil. Le Code civil, au Québec, c'est un cadre législatif qui nous
distingue, qui nous distingue de toutes les autres provinces canadiennes. C'est
la base de notre droit...
M. Morin : ...et je pense
qu'il est important de se rappeler que l'article 952 du Code civil traite
de l'expropriation et souligne que le propriétaire ne peut être contraint de
céder sa propriété, sauf par voie d'expropriation, bien sûr, suivant la loi
pour une cause d'utilité publique. Donc, il est très important que l'autorité
expropriante agisse en vertu de la loi, parce qu'il s'agit, évidemment, d'un
droit qui est très... en fait, qui est très sérieux, donc enlever le bien de
quelqu'un.
Puis ce qui est fondamental aussi, dans la
disposition du Code civil, c'est qu'on dit bien : «moyennant une juste et
préalable indemnité». Et permettez-moi d'insister sur le «juste et préalable
indemnité», parce que c'est un élément fondamental de notre droit qui nous
permet de rechercher un équilibre. On reconnaît... le droit civil québécois
reconnaît qu'un propriétaire peut perdre son bien pour une raison d'utilité
publique, mais la contrepartie, c'est qu'on ne veut pas que l'exproprié
s'appauvrisse. Et donc la juste et préalable indemnité prend tout son sens
puisque l'expropriation est un mode exceptionnel d'acquisition du droit de
propriété. Quand on dit que c'est pour une cause d'utilité publique, et puis on
le verra probablement dans le cadre de l'étude article par article, et je vous
donne quelques exemples, M. le Président, ça peut être, notamment, pour
l'aménagement d'un parc, ça peut être pour le drainage de terres, mettre en place
ou protéger des boisés, terrains humides, mais il n'en demeure pas moins que
l'expropriation implique une compensation. Donc, et je tenais à le rappeler
d'entrée de jeu, oui, il y a des technicalités, oui, il y a une procédure, mais
il est clair que l'expropriation, ça va plus loin que ça. Et donc, à ce
titre-là, M. le Président, ce n'est pas un projet de loi qui est banal, parce
que c'est une disposition... ce sont des dispositions qui vont permettre à
l'État ou aux autorités expropriantes, les municipalités notamment, donc
d'acquérir un terrain. Encore faut-il qu'il y ait une juste et préalable
indemnité.
L'expropriation implique nécessairement
une compensation, parce qu'on sait, parce qu'on l'a vécu, au Québec, on sait
que l'expropriation implique aussi des drames humains. Puis ça, je pense qu'il
faut le souligner. Donc, ce n'est pas uniquement une technicalité. J'ai en tête
les expropriés de Forillon. Ça remonte à quelques années, mais ça a créé un
drame dans la communauté. Et, plus récemment, on se souvient tous des
expropriés de Mirabel. Donc, ce n'est pas vrai que c'est uniquement une analyse
ou une action gouvernementale technique qui fait en sorte que quelqu'un va être
dépossédé de son bien. La seule façon de faire en sorte que, pour l'exproprié,
on va venir amoindrir ou adoucir l'expropriation, c'est de s'assurer que la
personne aura une juste indemnité. Donc, il faut s'assurer de garder cet
équilibre.
Et donc ça m'apparaît totalement
fondamental, parce que l'expropriation... Et on l'a entendu, en commission
parlementaire, M. le Président, quand on a entendu des groupes, on nous a parlé
parfois de promoteurs, de gens qui gardaient les terrains pour avoir plus,
évidemment, d'argent éventuellement. Il y a des grands promoteurs qui peuvent
avoir des superficies importantes de terrains qui vont faire face à
l'expropriation, mais, dans la majorité des cas, on parle de gens comme vous et
moi, donc des gens qui ont un petit commerce, des gens qui ont une maison et
qui vont se faire enlever leurs biens. Parfois, c'est la maison où ils sont
nés, ils ont grandi, ils ont vécu. Des fois, c'est des maisons où plusieurs
générations de la même famille ont habité. Puis on comprend que, pour des
raisons d'utilité publique, à un moment donné, l'autorité expropriante peut
demander à ce que ce bien-là soit modifié, soit exproprié. Mais encore faut-il
s'assurer...
M. Morin : ...qu'il y aura une
juste compensation et une juste indemnité. Et puis moi, quand je lis le projet
de loi, je pense beaucoup à ces petits propriétaires. Je pense aussi aux
locataires parce que ça vise également des locataires, et ça, on y reviendra
quand on fera l'étude article par article. Il n'en demeure pas moins que c'est
excessivement important. Donc, il faut que l'exproprié soit dédommagé. Parce
que, comme je le soulignais, l'expropriation a un impact important sur la vie
des gens.
Je pense aussi aux agriculteurs, et ça,
permettez-moi de référer au mémoire qui a été déposé par l'Union des
producteurs agricoles, je pense aux agriculteurs, et comment, finalement, la
protection du territoire agricole est importante au Québec. On parle souvent
des conditions de travail de nos agriculteurs, ce n'est pas facile. On parle
aussi, évidemment, de l'importance de la souveraineté alimentaire du Québec.
Donc, il faut être capable, il faut être capable de bien saisir l'importance
des expropriations en zone agricole.
C'est d'ailleurs, c'est d'ailleurs un des
aspects importants que soulignait l'UPA dans son mémoire. Entre autres, on nous
rappelait que les producteurs agricoles rassemblent généralement tous leur
milieu de vie sur leurs terres, et je cite le mémoire, «leurs résidences, leurs
entreprises, leurs lieux de travail, leurs gagne-pain, et c'est généralement le
seul qu'ils ont, leur héritage et leurs souvenirs». Et l'UPA rappelait :
«Un producteur agricole qui se fait exproprier de sa terre peut donc tout
perdre, et une terre agricole constitue une ressource limitée et non
renouvelable.» Donc, c'est pour dire que ce n'est pas banal, et on peut comprendre
que, dans certaines circonstances, l'autorité expropriante, va devoir
exproprier des terres agricoles, mais encore faut-il s'assurer que
l'agriculteur sera indemnisé convenablement, ça m'apparaît tout à fait
essentiel.
Le projet de loi repose, quand on parle
d'indemnités, et on aura l'occasion d'y revenir, M. le Président, à plusieurs
reprises, le projet de loi parle particulièrement de la valeur marchande. Et,
en soi, c'est un élément qui est reconnu. Cependant, le projet de loi fixe
aussi des indemnités, d'une façon beaucoup plus stricte, précise, qui laissent
ou qui laisseront moins de marge au tribunal, et ça, on en reviendra et on en
reparlera dans le cadre de l'étude article par article. Mais il n'en demeure
pas moins qu'il faut s'assurer de ne pas enfermer, dans un carcan trop rigide,
les modes d'indemnité pour s'assurer que l'exproprié aura accès à une indemnité
et à une juste indemnité.
Dans le projet de loi, on rappelle
l'UMEPP, donc qui est l'usage le meilleur et le plus profitable, pour fixer la
valeur sur la base d'une évaluation optimale, c'est dans le projet de loi, sauf
que la valeur au propriétaire semble être exclue. Et on aura l'occasion d'en
reparler, M. le Président, mais il ne faudrait pas que cette exclusion fasse en
sorte que certains expropriés ne soient pas indemnisés convenablement. Je le
mentionnais un peu plus tôt, en tout cas, pour moi, ce qui est important comme
porte-parole de l'opposition officielle, c'est de s'assurer qu'il y aura un
équilibre entre l'expropriant et l'exproprié. Et. Quand je lis le projet de loi
tel qu'il est présenté, j'ai des doutes sérieux sur cet équilibre.
• (11 h 30) •
L'autre élément que je tiens à souligner
d'entrée de jeu, M. le Président, et ça, c'est très intéressant, la loi qui va
modifier la loi actuelle sur l'expropriation est présentée par la ministre des
Transports et la Mobilité durable, et le ministère des Transports est un des
grands expropriants au Québec. On aurait pu penser que, compte tenu des enjeux,
ça aurait été le ministère de la Justice ou le ministre de la Justice qui
aurait présenté le projet de loi, mais...
11 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...s'il est
présenté par un ministère qui est en même temps un expropriant, ça soulève
plusieurs questions, et s'il n'y a pas comme tels directement de conflit d'intérêts,
ça soulève au moins certaines... certains doutes quant à une apparence de
conflit d'intérêts entre la volonté du législateur et le ministère qui le
dépose et les buts et les fins recherchés par les différents mécanismes d'indemnité
que l'on retrouve dans le projet de loi.
L'autre élément que je veux soulever, et
ça, on aura l'occasion d'en reparler pendant qu'on va regarder et étudier tous
les articles, je n'ai pas vu, évidemment, je peux me tromper, mais je n'ai pas
vu dans ce projet de loi aucun mécanisme qui traite de la médiation ou de la
médiation obligatoire. Je soulève que ça pourrait être un élément intéressant à
considérer puisque... puisqu'une médiation, avant de se rendre au tribunal,
pourrait faire en sorte que les parties pourraient évidemment être en mesure de
régler leurs différends d'une façon plus efficace, à moindre coût et plus
rapidement. D'autant plus que le gouvernement, dans ses récents projets de loi
et même lois qui ont été adoptées, a inséré ce processus de médiation
obligatoire pour rendre l'accès à la justice plus efficace. Donc, je le soulève
d'emblée, c'est un élément sur lequel nous devrions, à mon avis, nous attarder
dans le cadre de l'étude article par article de ce projet de loi.
Donc, en conclusion, je vous dirais que le
véritable enjeu, M. le Président, va être de trouver un équilibre entre les
droits des expropriants et les droits des expropriés relativement à l'indemnité.
Et c'est un élément sur lequel, moi, je vais veiller dans le cadre de l'étude
article par article de ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, M. le député de l'Acadie. J'invite maintenant M. le député... M. le
député de Taschereau à faire ses remarques préliminaires.
M. Grandmont : Parfait.
Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, salutations à M. le Président, Mme la
ministre, aux collègues du gouvernement, de l'opposition, à tout le personnel
qui est là pour nous accompagner lors de l'écriture ou... oui c'est ça, l'écriture
de ce projet de loi là. Salutations également aux gens qui sont à la technique,
qui nous accompagnent, qui sont essentiels, évidemment, à la bonne tenue de nos
travaux.
Bien heureux de prendre la parole sur cet
important projet de loi. C'est vrai, ça a été mentionné, c'est technique, c'est
aride. En même temps, c'est un projet de loi qui a un potentiel extrêmement
intéressant et fondamental. Fondamental parce qu'il pourrait permettre si,
évidemment, la version finale finale du projet de loi l'autorise, permettrait
de résoudre plusieurs enjeux qui touchent le développement de projets de transports
collectifs, notamment, et la protection de l'environnement.
Sur... D'abord sur le développement de
projets de transport en commun, bien, on pourrait, je pense, ça a été mentionné
à plusieurs reprises, là, ça pourrait permettre d'accélérer la réalisation de
projets de transports collectifs, mais ça permettrait aussi de réduire les
délais qui sont liés à ces... à ces projets-là. Les groupes qu'on a entendus,
ils ont été nombreux à venir plaider en ce sens là, ont été clairs sur
plusieurs aspects que je me permets de rappeler ici et qui feront... qui nous
permettront, là, de bonifier le projet de loi.
Bien d'abord, la plupart des groupes sont
d'accord avec la notion de valeur marchande. Ça va permettre de mieux encadrer
les indemnisations, donc de limiter les... les coûts des projets. Je pense que
l'exemple de la ligne bleue, notamment, a quand même bien marqué les esprits.
Les expropriations pour ce projet de 6 milliards de dollars là sont
évaluées à 800 quelques milliards... millions de dollars, pardon, soit
environ 13 % du coût total du projet, ce qui est évidemment énorme. Le
projet de loi no 22 a également le potentiel de bien articuler, je pense
que ça a été souligné par quelques acteurs, de bien articuler l'aménagement du
territoire et les transports collectifs pour répondre à plusieurs enjeux qui
nous concernent tous, notamment l'étalement urbain. Des cibles de réduction d'étalement
urbain, on en a maintenant à travers la Politique nationale d'architecture et d'aménagement
du territoire et la loi qui l'enchâsse, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
pour ça.
M. Grandmont : ...évidemment,
il faudra donner davantage de pouvoir aux sociétés de transport en commun afin
qu'elles puissent, notamment, comme le demandait Trajectoire Québec, d'avoir la
possibilité d'exproprier pour autre motif que simplement des infrastructures de
transport en commun autour des stations, et aussi autoriser les sociétés de
transport à avoir... à conclure des ententes avec les promoteurs.
De la même manière, comme le demandait la
Société de transport de Montréal, il va falloir pouvoir donner aux sociétés de
transport la possibilité de transformer des expropriations temporaires en
expropriations permanentes. Dans ce dernier cas, ça permettrait non seulement de
bien articuler l'aménagement du territoire et les transports collectifs, mais
ça permettrait également de diminuer les coûts de projets, parce que les
expropriations temporaires doivent être remises en l'état à la suite des
travaux à l'heure actuelle.
À la société... la Société de transport de
Montréal y est allée aussi d'une proposition que je juge très
intéressante : que ne soit plus nécessaire l'obtention d'un décret
gouvernemental pour autoriser une expropriation. La société de transport est assujettie
à une foule de mesures de surveillance, puis il n'est pas nécessaire d'avoir
cette couche supplémentaire de surveillance qui ne fait que ralentir les
projets. Puis d'ailleurs, rappelons que les villes, les centres de services
scolaires n'ont pas à faire cette demande systématique de décret
gouvernemental.
Sur la protection de l'environnement, on
va évidemment parler du fameux concept d'expropriation de fait ou expropriation
déguisée. Les groupes qu'on a entendus ont été particulièrement éloquents à ce
sujet-là. D'abord, rappelons que le principe d'expropriation déguisée vient des
propriétaires qui se sentent lésés par une action menée par une municipalité,
qui, comme le rappelait la Fédération québécoise des municipalités, agissent en
conformité avec leurs règles de fonctionnement et en concordance avec les
orientations gouvernementales via la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
leurs schémas d'aménagement, leurs plans métropolitains d'aménagement et de
développement, etc. Un exemple qui nous a été donné par la Communauté
métropolitaine de Montréal m'a particulièrement frappé. Ils ont actuellement un
règlement de contrôle intérimaire en vigueur qui touche neuf terrains de golf,
dont la valeur totale au rôle est de 58 millions de dollars. Or, la CMM
est sous le coup d'une poursuite qui totalise 408 millions de dollars, ce
qui est énorme, c'est juste démesuré.
Les municipalités du Québec doivent
pouvoir protéger leurs milieux humides, leurs milieux naturels sans craindre
une poursuite d'un propriétaire parce qu'il s'estime lésé. Rappelons-nous que
nous nous sommes engagés à protéger 30 % de notre territoire d'ici 2030,
dans le cadre des accords internationaux que nous avons négociés et que nous
avons signés. Comme le disait la Société pour la nature et les parcs, sans un
p.l. 22 solide qui change les règles du jeu, on n'arrivera jamais à atteindre
cet objectif-là de 30 % de territoire protégé.
Plusieurs groupes nous ont par ailleurs
demandé de mieux définir ce qu'est l'expropriation déguisée. Certains nous ont
carrément demandé de retirer les articles qui y font référence et les traiter
dans d'autres projets de loi. M'est avis qu'on ne peut pas faire l'économie
actuellement de bien définir cette notion-là dans le présent projet de loi et,
au besoin, de modifier le plus rapidement possible d'autres lois qui
mériteraient de l'être, notamment la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Finalement, quelques remarques générales
ont attiré mon attention, et je vais vouloir en discuter éventuellement avec la
ministre. Une première, qu'on a très souvent entendue : Bien, je
demanderais que le délai de six mois prévu entre la sanction de la loi et son
entrée en vigueur soit abrogé. Selon plusieurs intervenants, ce délai n'est pas
nécessaire, même d'un point de vue technique, et il pourrait entraîner des
fâcheuses conséquences, telles que l'accumulation de cas de contestation ainsi
que de nombreux retards dans différents projets en cours ou sur le point de
l'être partout au Québec. Il faut se rappeler que la saison des travaux est
très courte ici, au Québec, et qu'une année de chantier est vite perdue.
• (11 h 40) •
Sur l'usage probable, je suis convaincu
que celui-ci doit être basé sur le zonage initial et non pas le zonage espéré.
Quand j'ai entendu cette proposition-là de la Communauté métropolitaine de
Québec, j'ai pensé au documentaire Terre d'asphalte, que j'invite tout le monde
à voir, évidemment, dans lequel on voit bien que la valeur de terres agricoles
fertiles est effectivement basée sur l'espoir d'un changement de zonage, ce qui
m'apparaît complètement contradictoire avec l'importance de protéger notre
territoire agricole et de choisir la souveraineté alimentaire.
Parlant d'agriculture, je souscris
complètement à la proposition de la Communauté métropolitaine de Montréal de
pouvoir exproprier des terres agricoles si celles-ci ne sont pas exploitées
pendant une durée de trois ans. Ces terres-là doivent être remises en culture
par des agriculteurs et des agricultrices de chez nous.
Toujours concernant l'agriculture, j'ai
été convaincu par les propos tenus par l'UPA, l'Union des producteurs
agricoles, concernant les indemnisations. Les indemnisations prévues dans le
p.l. 22 ne sont pas suffisantes pour ceux et celles qui gagnent péniblement
leur vie à nous nourrir. Les agriculteurs et les agricultrices, même...
M. Grandmont : ...sont à la
tête d'entreprises qui sont parfois très impressionnantes par leur taille,
bien, ces personnes-là ne sont pas riches, et leur donner des indemnisations suffisantes
leur permettait de poursuivre leurs activités dans un marché où les terres sont
extrêmement chères. Et faire cela, ce n'est pas encourager la spéculation.
Comme je l'ai dit plus haut, c'est simplement s'assurer de protéger notre
territoire agricole et de maintenir notre souveraineté alimentaire.
Dernière remarque sur le milieu agricole,
nous devons nous assurer qu'une demande d'expropriation ne puisse pas se faire
sans avoir eu au préalable une autorisation de changement de zonage par la Commission
de protection du territoire agricole du Québec. Comme le mentionnait encore une
fois très bien l'UPA dans son mémoire, cela permettrait d'éviter qu'on procède
à des expropriations, alors qu'il n'existe aucune garantie que le projet public
puisse être réalisé. Il s'agit d'une mesure qui doit être ajoutée dans le
présent projet de loi afin d'être conforme à la politique nationale
d'architecture et d'aménagement du territoire, une politique adoptée très
récemment par la ministre des Affaires municipales.
Enfin, j'ai reçu de manière très positive
une suggestion de Me Burel, qui souhaitait que les frais d'avocat soient
accordés aux expropriés qui en auraient besoin, tout en s'assurant de les
encadrer avec certaines balises afin d'éviter les excès. Cette proposition, qui
m'apparaît juste pour les petits expropriés mais en même temps bien nuancée,
mérite tout à fait notre attention.
Une chose est certaine, c'est qu'on va
aussi, en trame de fond de ce projet de loi, discuter d'enjeux fondamentaux
touchant les droits de propriété et les droits collectifs. Et, d'entrée de jeu,
j'aimerais rappeler quelques éléments qui vont guider mes interventions tout au
cours de l'étude détaillée. D'abord, le droit de propriété n'est pas enchâssé
dans notre charte québécoise et... dans nos chartes québécoises et canadiennes.
Ce qui s'en approche le plus se trouve dans la charte québécoise, comme l'a
mentionné mon collègue tout à l'heure : «Toute personne a droit à la
jouissance paisible et la libre disposition ses biens, sauf dans la mesure
prévue dans la loi.» On comprend donc que le droit de propriété n'est pas un
droit qu'on devrait sacraliser et qu'il ne s'éteint que dans le respect des
lois en vigueur. Et, en ce qui concerne la loi sur les expropriations, nous
sommes justement en train de la modifier. Le droit de propriété n'aura donc
qu'à s'y conformer.
Sur la crainte que certains groupes ont
dit avoir que le projet de loi pourrait avoir pour effet d'effrayer les
promoteurs immobiliers, bien, je les comprends d'avoir certaines craintes.
Actuellement, ils font ce qu'ils veulent, et certains gros promoteurs, avec
l'aide de nombreux avocats, n'attendent que ça d'être expropriés. Avec les
règles actuelles, la spéculation, c'est devenu une business, qui se fait sur le
dos de tous les contribuables québécois. C'est ce système-là qui est digne du
Far West, M. le Président, que certains groupes sont venus défendre pendant les
auditions, un système qui nous appauvrit collectivement, un système qui
ralentit la réalisation de projets dont on a besoin, un système qui nous limite
dans notre capacité à protéger nos milieux humides, nos milieux naturels.
Au contraire, les municipalités que nous
avons questionnées à savoir si le p.l. n° 22 pourrait avoir une incidence
négative sur l'attractivité du Québec auprès des promoteurs immobiliers nous
ont toutes répondu de la même manière : Il n'y a pas de crainte à avoir.
Selon elles, autant les corps expropriants que les expropriés pourront
dorénavant compter sur une plus grande prévisibilité. Je n'ai aucune crainte
que le marché de l'immobilier va demeurer un secteur d'activité très lucratif
malgré le p.l. n° 22 dans les prochaines années. D'ailleurs, comme nous
l'ont dit les représentants de la ville de Mascouche, le p.l. n° 22 peut
aider à lutter contre la crise du logement en permettant de faciliter la
construction de logements sociaux. Pour délivrer des logements sociaux, ça
prend bien entendu des moyens financiers suffisants, mais ça prend également de
la prévisibilité au niveau des coûts et au niveau des délais de construction.
De manière générale, rappelons-nous que
l'objectif que nous devons poursuivre ici est de s'attaquer à la spéculation,
c'est ça, l'enjeu. C'est cet élément-là qui doit être au cœur de notre action
au cours de l'étude détaillée du p.l. n° 22. D'ailleurs, on a beaucoup
entendu les différents intervenants parler de l'importance de rechercher un
équilibre entre les expropriés et les corps expropriants. Et sans surprise
cette formule a été utilisée à la fois par les organisations qui espèrent des
changements qu'on trouve actuellement dans le p.l. et par des groupes qui, sans
le nommer explicitement, étaient davantage à la recherche du statu quo. Je vais
vous dire sans équivoque de quel côté je me situe. La loi doit moderniser le
Québec pour accélérer les projets de transports collectifs et en réduire les
coûts et doit également protéger les municipalités qui font juste leur boulot
de protéger l'environnement en toute concordance avec les orientations
gouvernementales.
En terminant, M. le Président, je me
permets de citer quelques extraits du mémoire du Centre québécois pour le droit
de l'environnement : «L'humanité fait face à un défi existentiel. La
réponse qu'elle opposera à la menace que constitue la perte de la biodiversité
et les changements climatiques dictera non seulement les chances de survie de
notre espèce, mais aussi les conditions de vie de nos générations actuelles et
futures. Le succès de nos efforts pour contrer cette menace existentielle
dépendra de notre capacité, de notre volonté et de notre engagement comme
nation à protéger notre territoire commun...
M. Grandmont : ...les milieux
naturels et les habitats des espèces fauniques... et les habitats des espèces
fauniques et floristiques.
L'expropriation est un outil
incontournable de protection du territoire, de conservation et de lutte contre
les changements climatiques. Donc, on a une chance unique, avec le p.l. 22, M.
le Président, d'agir en ce sens. L'urgence, elle est bien présente. L'urgence,
elle est là. Nous allons travailler en ce sens-là, en toute collaboration avec
la ministre et le gouvernement. Mais, je le rappelle, le p.l. 22 se doit d'être
ambitieux et de moderniser le Québec, considérant les enjeux qui sont les
nôtres aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de Taschereau, et j'invite maintenant Mme la députée de Vaudreuil
à faire ses remarques préliminaires.
Mme Nichols : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de, d'abord, saluer Mme la
ministre et son équipe, qui est nombreuse, disons-le. Alors, salutations.
Salutations aux collègues aussi, aux collègues de la banquette ministérielle,
mais aussi aux collègues de l'opposition et aux équipes ministérielles, au personnel
de l'Assemblée nationale. Donc, salutations.
Je me permets aussi de saluer et de
remercier les groupes qui sont passés en commission parlementaire et qui ont
produit des mémoires. Nous, on n'est pas les experts, hein, on est des élus, on
siège à l'Assemblée nationale, on siège sur différents projets de loi, on est
les législateurs. Bien sûr, là, la ministre, elle a une équipe autour d'elle et
elle a les spécialistes, mais nous, dans l'opposition, on travaille beaucoup
avec les groupes qui viennent faire des présentations, avec les mémoires et
avec leur expertise, les questions qu'on leur pose. Donc, ils nous orientent
beaucoup dans notre cheminement puis ils nous aident beaucoup quand on arrive,
justement, comme ça, dans de l'article par article. Alors, permettez-moi de les
saluer. Puis souvent, je le dis, souvent, on les brusque, on ne leur donne pas
beaucoup de temps pour produire leurs mémoires ou pour venir à l'Assemblée
nationale, mais tout de même, je les remercie énormément de participer à cet exercice
qui est vraiment un exercice super important. Et on le voit ici, le projet de
loi n° 22, c'est un projet de loi qui vient toucher des enjeux sensibles et
importants pour l'ensemble du Québec. Donc, voilà. Un gros merci.
Mes collègues en ont parlé précédemment,
de l'importance du droit de propriété. On le voit, je remarque, qu'on le voit
peut-être tous de façon un peu différente, au niveau de l'importance qu'on lui
accorde. J'ai une formation juridique, puis moi... en fait, moi, le droit de
propriété, c'est quelque chose qu'on a étudié, on l'a étudié au bac en droit,
on l'a étudié au Barreau, ça fait que moi, le droit de propriété, c'est quelque
chose en quoi je crois vraiment beaucoup. Et je suis aussi les différents
jugements, et je me rappelle que la Cour suprême a déjà dit que c'était un
droit quasi constitutionnel... qui est le droit de propriété. Ce n'est quand
même pas rien, alors qu'on est dans une société de droit, donc il faut
reconnaître que c'est un droit qui est fondamental. Donc, le droit de
propriété, pour moi c'est important.
Puis, comme disait mon collègue de
l'Acadie, ça affecte aussi le droit des gens, le droit de la population, ce
n'est pas nécessairement juste des gros promoteurs, ce n'est pas nécessairement
juste des grosses entreprises. Il y a aussi des personnes qui sont affectées
directement par par le droit de propriété, puis je pense... on en a vu, là, des
jugements, des petits... ex-propriétés... des petits expropriés, je veux dire,
qui habitent dans une maison depuis plus de 75 ans ou 50 ans puis qui sont
départis de leurs biens et peut-être pas, justement, à la bonne valeur.
• (11 h 50) •
Donc, je pense que le projet de loi no 22,
il va falloir trouver un équilibre. Je pense que le mot «équilibre», là, c'est
le mot qui représente le plus le défi qu'on a dans le projet de loi no 22,
trouver l'équilibre entre l'expropriant et l'exproprié. Puis, ici, je le dis
d'emblée, avec les modifications qu'on apporte dans le projet de loi no 22, on
donne beaucoup, beaucoup d'importance à l'expropriant. On vient donner beaucoup
de pouvoirs à l'expropriant, et, selon moi, c'est un gros déséquilibre pour
l'exproprié, un gros préjudice. Il y a beaucoup de préjudices pour les
expropriés. Donc, je pense qu'il va falloir trouver une façon de les rétablir.
Je suis sûre qu'il y aura une belle ouverture de la part de la ministre et de
son équipe à cet effet-là.
Ça a été soulevé aussi par les groupes. Ça
a été soulevé par les élus, ça a été soulevé par le Barreau, donc. Puis, dans
le fond, ce qu'on nous dit, c'est qu'on vient ici amender une loi, tu sais, on
vient ici amender une loi générale, une loi-cadre pour des difficultés
particulières qu'on rencontre au cours des années au Québec. La CMM en a parlé,
ils ont neuf cas particuliers, puis là on va venir amender, chambouler une loi
de fond en comble pour certains cas particuliers. Donc, moi, je pense qu'il
faut vraiment faire attention, il...
Mme Nichols : ...il ne
faut se soucier pas juste des modifications de nature procédurale, comme
disaient les collègues, mais aussi des modifications de droits substantifs.
Puis c'est là où c'est plus préoccupant.
Donc, ce projet de loi là, évidemment, ça
ne doit pas être un recul, ça doit être un avancement, ça doit être un
avancement pour le Québec et ça doit être un avancement pour le droit de
propriété. Donc, il y aura... Parfois la ligne peut être mince, mais il y aura
donc des... Il y aura donc des défis, particulièrement quand on sait que la
majorité des expropriations sont... sont fait par le ministère des Transports
du Québec. Donc, la ministre va avoir beaucoup de pouvoir, et c'est elle, puis
je pense, puis je vais donner un chiffre, là, mais je ne suis pas certaine,
mais c'est autour, je pense, c'est plus de 90 % ou 93 % des expropriations
au Québec qui sont faits par le MTQ.
Donc, à la limite, s'il n'y a pas de
conflit d'intérêts, il y a peut-être apparence de conflit d'intérêts parce
qu'on se donne ici des pouvoirs immenses d'expropriation. Moi, ça m'embête un
peu puis ça me rend, je vais le dire comme ça, M. le Président, mais ça me rend
à la limite inconfortable dans certains... dans certains cas, dans certains...
dans certains dossiers. Donc, je pense qu'il va falloir... il va falloir de le
regarder. Puis je me permets même... Bien, c'est un commentaire, un commentaire
peut-être un peu plus personnel parce que j'ai parlé avec différents groupes
qui sont venus à la commission parlementaire puis, bien sûr, les gens voient le
projet de loi qui arrive puis ils se disent bien, tu sais, oui, on vient
produire un mémoire, oui, on vient présenter notre mémoire en commission
parlementaire, mais ça... Peut-être que ça aurait été une bonne idée de faire
une table de travail préalablement au projet de loi no 22, d'asseoir tout
ce monde-là ensemble, surtout dans le cas où le MTQ est... est le responsable
et, en fait, est le maître d'oeuvre de 95 % des expropriations au Québec
93 %, 95 %. Bien, il aurait peut-être fallu asseoir ce monde-là
autour de la table et puis... puis travailler ensemble, justement, pour
produire un projet de loi qui n'aurait pas été aussi déséquilibré.
En fait, moi, je le vois, le déséquilibre
dans le projet de loi no 22 puis je le dis ouvertement que ça m'embête.
Puis je vais essayer de travailler du mieux que je peux en déposant des
amendements et en apportant des arguments à la ministre, justement pour essayer
de rétablir cette... ces injustices, ce déséquilibre qui est pour moi flagrant.
Les collègues en ont parlé aussi, évidemment, encadrer les... les
indemnisations, la représentation par avocat. La représentation par avocat, là,
ce n'est pas banal, là. On va donner le pouvoir de... On va donner la
possibilité de faire des interrogatoires au préalable. Mais le petit exproprié,
peut-être que c'est un couple, une Mme de 75 ans, peut-être nos parents,
là. Ma mère de 77 ans qui pourrait se faire exproprier, qui s'en irait
dans un interrogatoire au préalable sans être représentée, alors que l'autre...
l'autre partie va être représentée, puis il n'y aura pas personne pour intervenir,
pour s'objecter, pour dire, bien, ça va peut-être un peu trop loin ou...
Ça fait que, moi, moi, j'ai vraiment, j'ai
vraiment un problème avec ça et je pense aussi que la médiation au préalable
devrait être une piste ou un mécanisme à envisager, à introduire dans le projet
de loi. Puis je le dis, je me dis même que la partie gouvernementale ne peut
pas être fermée à cette notion de médiation puisqu'on a travaillé le projet de
loi no 8 avec la ministre de la Justice. Et maintenant la médiation, elle
est partout, hein? Il y a de la médiation en droit familial, il y a de la
médiation en droit civil, il y a de la médiation aux petites créances, il y a
de la médiation partout, imposée, obligatoire. Donc je ne vois pas pourquoi,
dans des cas comme ceux qu'on va travailler ici, on ne viendrait pas,
justement, intégrer ce mécanisme là de façon... de façon obligatoire. Surtout
qu'on dit souvent que les expropriations, ça se règle souvent de gré à gré,
hein? Ça se règle la plupart... Tu sais, la plupart, oui, il y a des
contestations, mais à la fin, ça se règle de gré à gré. Bien, peut-être qu'on
pourrait même... La médiation préalable est peut-être justement le bon
mécanisme pour éviter de... éviter de... d'engorger... d'engorger les
tribunaux.
Il y a la partie des délais aussi. Je ne
sais pas si on va réussir à s'entendre sur la partie des délais. Vraiment, là,
on le voit, il y avait une grande divergence, là, au niveau des... au niveau
des délais. Moi, je vous donne mon avis. Moi, je... Selon moi, les délais...
Les délais se font quand même assez rapidement pour devenir propriétaires quand
on exproprie. Puis, moi, j'ai en tête le dossier de l'hôpital de Vaudreuil-Soulanges.
Une fois que... Une fois que le gouvernement avait émis... a émis son décret,
quatre mois plus tard, le CISSSMO était propriétaire. Enfin, on était
propriétaire puis l'hôpital était déjà... était déjà.... La construction
commençait, bien que la contestation des indemnités, des montants est encore en
cour. Donc, selon moi, les délais sont quand même assez rapides, mais, bien
sûr, ça sera... On pourra... on pourra échanger...
Mme Nichols : ...sur cet
aspect.
Donc, voilà, voilà, M. le Président, pour
moi. Bien, j'ai fait un résumé, je ne voulais pas non plus être
super-redondante. Je partage certaines positions des collègues. Pour d'autres,
bien, j'aurai mes amendements et j'aurai, évidemment, là, mes arguments à
présenter à la ministre. Ce que je souhaite, évidemment, M. le Président, puis
je... moi, je... Je ne pense pas avoir travaillé de projet de loi, je ne pense
pas qu'on a travaillé de projets de loi ensemble. J'ai fait beaucoup de projets
de loi avec vous, M. le Président, en municipal. On a, je pense, hein, trois,
au moins trois... Bien, oui, des omnibus, là... On en a fait deux. Bien, des
omnibus en droit municipal où, tu sais, ça va bien, puis les échanges sont
bons, puis il y a une ouverture. On se rappelle, évidemment, qu'on travaille
pour l'ensemble des citoyens, l'ensemble des citoyens du Québec. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
souhaitent faire des remarques préliminaires? Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je suis très heureuse de pouvoir participer à l'étude détaillée du
projet de loi n° 22. Et, pour commencer, je tiens à vous saluer, M. le
Président, et aussi le secrétariat qui vous assiste et qui nous assiste dans
nos travaux en commission. Évidemment, je salue la vice-première ministre, la
ministre des Transports et de la Mobilité durable ainsi que les équipes qui
l'accompagnent, et aussi, bien évidemment, les députés de la banquette
ministérielle, enfin les collègues de la deuxième opposition et la députée de
Vaudreuil. Je veux aussi saluer mon collègue le député de l'Acadie, qui
effectue un travail formidable comme porte-parole de l'opposition officielle en
matière de transports et de mobilité durable.
Ce nouveau projet de loi remplacera
l'ancienne loi, qui date d'une quarantaine d'années. Et c'est... il est
approprié de la revoir et d'y effectuer plusieurs mises à niveau afin qu'elles
reflètent les besoins toujours grandissants des projets d'infrastructures
collectifs au Québec et aussi le besoin de se donner les moyens, les moyens
efficaces pour atteindre nos cibles en matière de biodiversité et de
changements climatiques. Bien préparé, bien étudié, ce projet de loi, je pense,
permettra aux villes et à l'État de faire des économies importantes lors
d'expropriations liées à des projets d'infrastructure ou des achats de terrains
pour les pouvoirs publics. Le Québec est l'une des dernières provinces
canadiennes où l'interprétation de la Loi sur les expropriations aligne les
indemnités aux propriétaires en fonction de leur valeur anticipée de leurs
terrains. Considérant l'explosion de la facture des expropriations dans le
cadre du prolongement de la ligne bleue, par exemple, il y a lieu d'intervenir.
L'étude de cette loi doit assurer que le
nouveau processus d'expropriation soit équitable, soit juste et équitable. Et
nous ne pouvons pas retomber dans des processus difficiles, tel qu'il a lieu
par le passé. Nous nous sommes assurés, pendant l'entièreté des consultations,
que les commentaires de tous et de toutes ont été entendus et qu'ils seront
considérés pendant l'étude détaillée. Ce projet de loi devrait permettre aux
municipalités d'atteindre plus facilement les objectifs du gouvernement en
matière de protection du territoire québécois. Et ce n'est pas surprenant,
parce qu'à titre de porte-parole en environnement, en matière d'environnement
et changement climatique ainsi que faune et parcs, il est important pour moi de
souligner l'importance de la protection de l'environnement, de la faune et la
biodiversité. Donc, le volet environnemental est essentiel à considérer
lorsqu'on fait les débats sur l'expropriation. Et, comme je le disais, la
nouvelle loi devrait permettre aux villes d'atteindre les objectifs établis par
le gouvernement provincial, le gouvernement du Québec en termes de protection
environnementale.
• (12 heures) •
En effet, on se rappelle, il y a à peine
un an, lorsque le ministre de l'Environnement, de la Faune, les Parcs et Lutte
contre les changements climatiques, en marge de la COP15, ici, au Québec, à
Montréal, sur la biodiversité, il a annoncé que le gouvernement du Québec
s'engageait à investir 650 millions de dollars afin d'assurer la
protection de 30 % de notre territoire d'ici 2030. Il avait même indiqué
que le plan Nature 2030 va se décliner sur trois axes, en trois axes. Le
premier, c'est de donner aux Québécois plus d'accès à la nature. Le deuxième
est de protéger nos espèces menacées et vulnérables...
12 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...et le
troisième est d'appuyer le leadership autochtone dans la conservation de la
biodiversité.
Il faut donc se donner les moyens concrets
pour atteindre nos objectifs québécois, tant au sud du Québec que dans le Grand
Nord. Il faut aussi faire le lien avec les changements climatiques. On comprend
très bien que, parmi l'inventaire des solutions pour contrer les changements
climatiques, celles qui sont basées sur la nature sont parmi les plus
efficaces. Il faut donc veiller à la conservation, oui, pour sa valeur
intrinsèque, absolument, de la biodiversité, mais aussi pour contrer, pour
atténuer les changements climatiques.
Des consultations particulières ont été
tenues pendant quelques jours, les 14, 19, 20 et 21 septembre, et je tiens à
remercier encore une fois tous les groupes, les organismes et les experts qui
sont venus présenter, en personne ou en virtuel, leurs remarques, leurs
commentaires et surtout leurs recommandations. Ces consultations nous
permettent de mieux comprendre les impacts du projet de loi et voir comment on
peut l'améliorer et le bonifier.
En tant que porte-parole sur l'environnement
et les changements climatiques, je voudrais souligner l'apport du Centre
québécois du droit de l'environnement et de la SNAP, Société pour la nature et
les parcs Québec, et je les remercie pour leur contribution, parmi d'autres, et
je trouve qu'il y a des pistes intéressantes dans les mémoires, dont, par
exemple, le besoin d'encadrer l'expropriation déguisée.
Mais on ne va pas rentrer dans les détails
maintenant, parce que ce sont des remarques préliminaires, alors, en
conclusion, je suis très contente de pouvoir participer à l'étude détaillée du
projet de loi no 22, vu surtout l'aspect environnemental du sujet étudié, soit
les expropriations. Ma formation politique et moi, nous sommes ici dans un
esprit de collaboration pour bonifier le projet de loi parce que nous voulons
nous assurer que ce sera le meilleur projet de loi possible pour tous les
Québécois et Québécoises. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
souhaitent faire des remarques préliminaires? Donc, avant de débuter l'article
par article, est-ce qu'il y a des motions préliminaires?
Donc, il n'y a pas de motion préliminaire,
je prends en considération l'article 1. Mme la ministre. Oh! un instant. Oui?
M.
Morin :Permettez-moi, donc, avant le début de l'étude
détaillée, de souligner, tel que prévu, à l'article 245 et conformément à notre
jurisprudence, pour cette étude détaillée, je demande à ce que les articles de
ce projet de loi soient étudiés alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe
et à ce que chacun des articles qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans les
lois existantes soient étudiés séparément là où c'est applicable.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Nous prenons en considération votre demande. Maintenant, l'article 1. Mme la
ministre.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Donc, article 1 :
«La présente partie régit les
expropriations de droit qui portent sur un immeuble et qui sont permises par
les lois du Québec et a notamment pour objet :
1° d'établir la procédure d'expropriation
et l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation;
2° de prévoir les règles relatives à la
fixation et au versement de toute indemnité due, selon la loi, en raison d'une
expropriation.»
Alors, on vient simplement placer la loi
ou, en tout cas, énoncer l'objectif de la loi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député.
M.
Morin :Oui. Merci, M. le Président. Alors, effectivement, cet
article traite de la procédure, mais, pour ma part, je pense qu'il y a un
élément qui est manquant. D'ailleurs, on va proposer un amendement à l'article
1 de la loi.
J'en ai parlé dans mes remarques
préliminaires, M. le Président, je pense qu'il est aussi important d'assurer un
équilibre entre les droits des expropriants et de l'exproprié. Puisqu'on est
dans des dispositions générales et qu'on parle de l'ensemble du projet de loi,
rappeler cette mesure, je pense, permettrait de bien cerner ce qu'on veut faire
par une expropriation, donc de s'assurer que des gens, évidemment, ne perdront
pas indûment et qu'ils pourront par ailleurs se replacer ou relocaliser par la
suite, étant entendu qu'on reconnaît que certaines autorités doivent avoir ce
pouvoir d'exproprier.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce que vous voulez déposer votre amendement? Est ce qu'il y a d'autres...
M.
Morin :M. le Président, il a déjà été envoyé.
Le Président (M. Jacques) : ...suspendre
quelques instants.
M.
Morin :Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Avant la suspension, M. le député de l'Acadie venait...
était pour déposer un amendement. Je vous invite à faire la lecture et donner
vos explications. Merci.
M. Morin : parfait. Merci,
merci, M. le Président. Donc, la modification qui est proposée à l'article un,
en fait, du projet de loi est un ajout et qui se lirait comme suit, donc :
l'article un du projet de loi est modifié par l'insertion, à la fin de
l'article, du paragraphe suivant :
«Trois, d'assurer un équilibre entre les
droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié.».
L'article modifié se lirait comme suit,
donc : la présente partie régit les expropriations de droits qui portent
sur un immeuble et qui sont permises par les lois du Québec et a notamment pour
objet :
1, d'établir la procédure d'expropriation
et l'instance en fixation de l'indemnité d'expropriation;
Deux, de prévoir les règles relatives à la
fixation et au versement de toute indemnité due selon la loi en raison d'une
expropriation; et
Trois, d'assurer un équilibre entre les
droits de l'expropriant et ceux de l'exproprié.
Cet amendement est proposé, M. le
Président, et je le disais d'emblée dans mes remarques préliminaires... ce que
je souhaite, avec ce projet de loi, tout en reconnaissant que l'État ou
certaines autorités, notamment sociétés de transport ou municipalités, doivent
avoir ce pouvoir d'exproprier pour leurs fins, mais qu'il faut s'assurer que la
personne, elle, qui est expropriée et qui, au fond, peut toujours contester
l'expropriation, mais dans des limites, dans un cadre qui est quand même très
limité, et dans la majorité des cas, la personne sera expropriée à la fin de
l'exercice, donc de s'assurer qu'elle ne perdra pas. Il ne s'agit pas ici de
parler évidemment d'un enrichissement qui pourrait être indu, mais par la même
occasion, je ne voudrais pas que la personne subisse une perte.
Et puisqu'on parle, au tout début du
projet de loi, des dispositions générales et donc qu'on fixe certains
principes, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le législateur nous
rappelle qu'avec le projet de loi on veut fixer la procédure d'expropriation et
on veut prévoir les règles relatives à la fixation et au versement de toute
indemnité, donc, quand le législateur, dans ces dispositions générales, nous
invite à réfléchir et à la fixation de toute indemnité, moi, je pense qu'il est
important d'ajouter qu'il faut assurer un équilibre entre les droits de
l'expropriant et ceux de l'exproprié pour s'assurer que l'exproprié aura effectivement
une indemnité qui va lui permettre évidemment de se ramasser dans une
situation, si ce n'est pas identique, à tout le moins très semblable à celle
qu'il vivait avant l'expropriation.
Et permettez-moi, permettez-moi, puis j'en
parlais dans mes remarques préliminaires, mais permettez-moi de citer quelques
cas en lien avec l'impact d'une expropriation. Dans son mémoire, l'IEDM, donc
l'Institut économique de Montréal, nous donnait certains exemples de gens qui,
des gens ordinaires, là, qui ont vécu une expropriation. On fait référence, à
la page trois du mémoire, de deux septuagénaires qui vivaient à Mirabel...
M. Morin : ...et on nous
rappelle l'impact de l'expropriation qui peut se produire lorsque les gens sont
expropriés.
Alors, on dit, et je cite : Du jour
au lendemain, leur univers a chamboulé. La municipalité voulait acquérir la
demeure, la démolir et modifier l'alignement d'une route. Et on peut
comprendre, M. le Président, bon, qu'il est important pour des municipalités
d'assurer évidemment la sécurité et la sécurité routière sur leur territoire,
mais on souligne ici, et je cite : «Non seulement le coût émotionnel,
physique et moral était difficile à vivre — pour les gens qui allaient être
expropriés — mais le montant de dédommagement proposé par la ville... était
nettement en deçà du prix permettant à ce couple de se reloger dans une
habitation similaire.» Et vous comprendrez, M. le Président, que ma
préoccupation, elle est là.
Dans un cas comme ça ici, on ne parle pas
d'un grand promoteur ou d'un spéculateur, on parle de gens, de gens comme vous
et moi qui avons, à un moment donné, une maison ou qui sommes locataires et qui
vont se voir expropriés par une autorité expropriant, et donc de s'assurer
qu'ils pourront être replacés dans une situation similaire. Or, dans le cas qui
nous est rapporté dans ce mémoire qui a été déposé, bien, malheureusement, ce
couple de septuagénaires, à Mirabel, se ramassait dans une situation où le prix
qui était donné par la ville ne leur permettait pas de se reloger.
Et on nous dit... on nous rappelle que,
dans chaque cas d'expropriation, il y a aussi des histoires humaines, des
projets brisés ou des vies qui sont chamboulées. Je reconnais d'emblée que la
nécessité d'exproprier doit exister, doit être justifié par les collectivités
locales, mais il ne faut pas oublier les conséquences qui en découle, le coût
émotionnel, la perte de sécurité, la stabilité du sentiment d'appartenance qui
peuvent laisser des cicatrices profondes sur des personnes, sur des couples.
On dit ici : «Heureusement, le couple
de retraités a été en mesure de parvenir à une entente à l'amiable avec la
municipalité.» C'est tant mieux. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle non
seulement je parlais d'un équilibre, mais, en plus, je disais qu'il va falloir
réfléchir également à la médiation. Mais il n'en demeure pas moins que, dans un
premier temps, ces personnes-là se seraient vues expropriées et auraient reçu
un montant inférieur à ce qu'ils devaient recevoir pour pouvoir se relocaliser.
Donc, c'est la raison pour laquelle je
pense que, puisqu'on parle des dispositions générales et qu'on veut brosser un
tableau général de ce qui va arriver avec une expropriation, bien, de rappeler
et de dire... parce que le Parlement sait ce qu'il fait quand il édicte une
loi, et de dire clairement qu'il faut retrouver un équilibre entre les droits
de l'expropriant et ceux de la expropriés. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Sur l'amendement, donc. Bien, de manière générale,
on n'a pas de problème avec la notion d'équilibre. Évidemment, en même temps,
on en a beaucoup parlé pendant les auditions, j'en ai parlé aussi pendant mes
remarques préliminaires, je pense qu'il y a un nouvel équilibre à trouver
aussi. Ce qu'il faut éviter, c'est que la recherche d'un équilibre nous
maintienne dans le statu quo. C'est ça qu'on veut améliorer, c'est ça qu'on
veut moderniser ici, au Québec. J'entends le collègue de l'Acadie parler de de
cas, ça fait deux fois, là, qu'il cite des cas qui se sont passés dans le passé
au Québec Forillon, Mirabel, des cas qui se sont passés dans les
années 60-70, quelque chose comme ça. Il ne faudrait pas que ces cas-là
qui se sont passés il y a fort longtemps, qui sont des cas d'exception
deviennent les exemples qui guident notre travail ici dans l'écriture du projet
de loi n° 22.
• (12 h 20) •
On a posé des questions aux villes, je les
ai posées, moi aussi, les questions aux villes, sur les questions des
locataires, sur les petits propriétaires, puis, évidemment, il faut s'assurer
que les dédommagements, les indemnisations qui sont donnés à ces populations
plus vulnérables là soient à la hauteur de ce qu'elles ont besoin d'avoir pour
pouvoir se relocaliser et pour pouvoir... c'est ça, pour pourvoir continuer à
vivre décemment puis dans les quartiers qu'elles ont choisi de vivre. Mais les
villes nous ont répondu aussi qu'il y avait des mécanismes d'accompagnement qui
existent aussi au sein des municipalités pour les accompagner. Donc, je ne veux
pas... Je veux juste qu'on soit précautionneux avec les exemples qu'on va
utiliser...
M. Grandmont : ...je veux
qu'on s'assure, en même temps, qu'on n'utilise pas indûment des cas d'exception
ou des cas qui se sont passés il y a fort longtemps pour orienter notre
travail. Ce qui m'intéresse aussi, à travers l'écriture du projet de loi n° 22,
c'est que le droit collectif soit bien protégé, parce qu'actuellement, là, il y
a un déséquilibre. On le voit, ça coûte cher réaliser des projets de transport
collectif, c'est long, réaliser des projets de transport collectif. Il y a des
municipalités qui ne sont pas capables de faire leur job, de protéger les
milieux naturels. Est-ce qu'on va mettre tout ça de côté, parce que certaines
personnes...
Puis, encore une fois, ce sont, on en a
entendu des cas, là, puis des... non documentés, là, des coûts...
l'augmentation des coûts de réalisation des projets où les délais sont causés
par des gens qui font de la spéculation de business. Est-ce qu'on va mettre le
droit collectif de côté, parce qu'il s'est passé quelque chose à Forillon, à
Mirabel, voilà plusieurs années, alors que les choses ont bien changé à ce
niveau-là? Moi, je nous inviterais à être très précautionneux. Ça fait que, sur
l'amendement, écoutez, je n'ai pas de problème à ce qu'on le laisse, si c'est
nécessaire, si ça peut... mais il faut absolument s'assurer que ce qui guide
notre travail, c'est soit la recherche d'une amélioration des conditions dans
lesquelles on est capable de réaliser nos projets, puis de la façon dont on
peut protéger nos municipalités qui ne font que leur travail, de suivre les
orientations gouvernementales. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui, merci, M.
le Président. Bien, je veux juste apporter, peut-être, une clarification, là,
le dossier de Mirabel, dont parlait le collègue de l'Acadie, là, c'est
2021-2022. Ça fait que ce n'est quand même pas quelque chose qui remonte à si
loin que ça. Je donne mon avis, puis je comprends, tu sais, je comprends que ça
va être difficile à trouver...
Puis c'est vrai que c'est long, là, faire
des projets pour du transport en commun ou dès qu'il y a un côté expropriation.
Puis, je le réitère, on l'a vécu, nous, avec l'Hôpital Vaudreuil... l'Hôpital
Vaudreuil-Soulanges, que ça peut être, des fois... tu sais, il y a des
possibilités, soit pour les municipalités, soit pour la CPTAQ, soit pour les
citoyens, de mettre les bâtons dans les roues. C'est là, en tout cas, moi,
quand je parle d'équilibre, c'est là que je fais référence où il faut trouver
un équilibre. Puis je pense, honnêtement, que, dans le projet de loi, dans la
forme qu'il est proposé présentement, il y a beaucoup... il y a vraiment un
grand avantage pour l'expropriant plutôt que l'exproprié.
Donc, vous comprendrez que moi, je serais
favorable à ce qu'on ajoute... Puis ce n'est pas préjudiciable ni pour un ni
pour l'autre, parce qu'on les nomme tous les deux, là, dans l'amendement, tant
l'expropriant, que l'exproprié.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Alors, juste, brièvement, le cas
que je mentionnais de ce couple de septuagénaires à Mirabel, ma collègue y a
fait allusion, ça date de 2022, pour... donc c'est très récent. Pour les autres
cas, j'ai bien écouté mon collègue, je dirais que l'avantage que nous avons, au
Québec, avec notre devise qui est Je me souviens, c'est de connaître notre
histoire. Et si, dans l'histoire, on a eu des drames, bien, il faudrait
s'assurer qu'on ne les répète pas dans l'avenir. Je n'ai rien contre
l'avancement, je n'ai rien contre la créativité, mais rappelons aussi ce qui
est arrivé pour assurer de ne pas répéter les mêmes erreurs. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : M. le Président,
je vais juste enchaîner sur les remarques de mon collègue député de l'Acadie.
On aimerait savoir comment la ministre reçoit cette recommandation,
effectivement, comment elle prévoit s'assurer justement, ce nouvel équilibre
entre les trois. On aimerait l'entendre. Et, si elle n'accepte pas notre
amendement, j'aimerais que la ministre nous explique comment le droit de
propriété... mais comment, justement, atteindre cet équilibre. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, écoutez, de prime abord, je pense que personne
ne peut être contre l'esprit qui est derrière le libellé de la phrase derrière
l'amendement, souvent, un équilibre entre sur les droits de l'expropriant et
ceux de l'exproprié. C'est la philosophie qui prévaut toujours dans
l'administration générale de la Loi sur l'expropriation et qui, pour une
certaine part, en ce moment, de toute façon, est fixée par les tribunaux, quand
on parle des indemnités, et tout ça. Alors donc, c'est un souci qui est partagé
à la fois par le législateur, par le gouvernement, par les expropriants qui
sont, du moins, au gouvernement puis, certainement, par l'ensemble des
partenaires qui exproprient, qui sont venus nous rencontrer, la CMM, les
municipalités et compagnies, sociétés de transport, certainement, par les
tribunaux aussi. Donc, c'est sûr que la recherche de l'équilibre, comme je
l'ai déjà dit dans les consultations, est en filigrane de l'ensemble de la
pièce législative qu'on propose. Et je le réitère au micro, c'est un grand
souci chez le gouvernement d'avoir la recherche d'équilibre permanente,
maintenant de venir le camper comme ça dans l'article...
Mme Guilbault :...le camper comme ça dans l'article 1, au-delà du fait que
ce sera de toute façon un souci permanent... Je pense que ça se fait déjà à
travers divers articles, puis on a sorti un certain nombre d'exemples :
l'article, par exemple, 71, qui détermine l'indemnité complémentaire, je pense;
l'article 118, où on prévoit le... — le cahier est gros, comme vous
le savez... Donc, c'est ça. Alors, le tribunal ajoute une indemnité. Le
tribunal ajoute à l'indemnité de l'exproprié une indemnité pour compenser la
perte d'appréciation. Donc, il y a déjà un certain nombre d'articles qui
permettent au tribunal de venir compenser justement, dans le sens d'une manière
juste, les expropriés. Donc, je pense qu'il faut laisser cette latitude-là
aussi. Et on ressortait aussi un extrait du mémoire de l'Ordre des urbanistes,
qui nous disait ici, vous voyez, selon eux : «Cela constitue un pas en
avant important pour rééquilibrer les droits et les obligations des
expropriants et des expropriés.»
Donc, je pense que tous les points de vue
se valent, mais je ne serais pas ouverte à ce qu'on puisse prendre l'amendement
qui est proposé actuellement, tout en étant fortement préoccupée par la
recherche de l'équilibre, comme je l'ai déjà dit à plus d'une reprise.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M.
Morin :Bien, écoutez...
Le Président (M. Jacques) :
M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Brièvement, M. le Président, j'écoute attentivement Mme
la ministre. Si c'est ce qu'on retrouve en filigrane dans le projet de loi,
bien, je me dis pour le législateur : Énonçons-le clairement, et donc
mettons-le directement au départ pour que ce soit bien clair. La référence à
l'article 118 du projet de loi, M. le Président, offre une certaine
compensation. On aura le loisir d'en reparler quand on sera rendus là. Mais il
s'agit d'une indemnité à peine pour compenser une perte, si ça s'opère plus de
six mois.
Donc, écoutez, je pense qu'on parle ici de
principes généraux, et j'écoute très bien Mme la ministre, je sais qu'elle a
sûrement à coeur d'avoir un équilibre. Donc, disons-le clairement et mettons-le
dans les dispositions générales du projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je veux peut-être juste ajouter que... Tu sais, on est à l'article
1, dans les dispositions générales, puis dans les... je relisais les
commentaires, on dit que l'article 1 de... cette partie en présente... c'est la
portée et l'objet, en fait, du projet de loi, et la ministre l'a dit, là, à
nombreuses reprises, même pendant les consultations, qu'en effet elle
recherchait entre autres l'équilibre, mais qu'elle recherchait aussi à réduire,
tu sais, réduire les délais, tu sais, il fallait trouver une façon de faire
plus vite, ce qui a peut-être... tu sais, ce qui a peut-être justement créé
certaines... certaines incompréhensions ou certaines inquiétudes, je vais dire
plutôt certaines inquiétudes de personnes qui ont écouté la commission, puis
ils se sont dit : Bien là, tu sais, si on veut aller vite, peut-être qu'on
va perdre une grosse partie de l'équilibre.
Puis je l'entends, la ministre, elle l'a
réitéré, elle dit que c'est en filigrane dans le présent projet de loi de trouver
cet équilibre-là. Bien, à mon avis, il n'y a pas... si ça fait partie, tu sais,
si ça fait partie de... si c'est la portée puis c'est l'objet visé par le
projet de loi, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'écrire. Puis il n'y
a... tu sais, il n'y a... ça ne cause aucun préjudice, là, au contraire, là, ça
vient dire que l'intention du législateur qui a été exprimée verbalement, bien,
on la met dans la portée générale dudit projet de loi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons mettre aux voix l'amendement à l'article 1.
• (12 h 30) •
M.
Morin :Est-ce que je peux vous demander un vote nominal?
Le Président (M. Jacques) : Le
vote par appel nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Oui. Pour,
contre, abstention. M. Morin, Acadie?
M.
Morin :Pour.
Le Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :Contre.
Le Secrétaire : M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
Le Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre.
Le Secrétaire : M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
Le Secrétaire
: M.
Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Abstention.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Nous sommes... Nous revenons à l'article 1. Est-ce qu'il y a des commentaires
sur l'article 1? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, en fait, j'ai une question à poser, en fait...
bien, deux questions, en fait. La première est plus d'ordre technique ou
procédural. Je n'ai pas entendu la ministre lire le commentaire au complet.
Donc, je me demandais si ça... les règles avaient changé ou si c'est moi qui
avais une mauvaise... pas une mauvaise...
12 h 30 (version non révisée)
M. Grandmont : ...une
mauvaise... pas une mauvaise expérience, mais une nouvelle... qui avait compris
que ça devait se faire de cette façon-là lors des précédentes études de projet
de loi, première des choses. Je ne sais pas si vous voulez répondre maintenant.
Le Président (M. Jacques) : C'est
coutume qu'on le fasse. Par contre, ce n'est pas obligatoire de le faire.
M. Grandmont : D'accord. J'inviterais
la ministre à bien vouloir le faire pour nous aider à bien comprendre le projet
de loi la prochaine fois. Sinon, ma question sur le fond concerne le fait qu'on
est passé, en fait, d'un article, en fait, là, qui parle de «toutes les
expropriations permises par les lois du Québec» à «la présente partie régit les
expropriations de droit». Puis il faut faire une distinction importante entre
les expropriations de droit, les expropriations de fait, les expropriations
déguisées. Donc, je me demande si on n'est pas en train d'élargir, en fait, par
cette proposition d'article là, ce nouveau libellé là... si on n'est pas en
train d'élargir la portée de la loi.
Le CQDE nous disait que ça pourrait
dorénavant concerner ce qu'ils appellent des modalités et des démembrements du
droit de propriété, alors que, maintenant, il faut s'approprier l'essence du
bien ou du droit de propriété pour donner ouverture au recours à une
expropriation de fait. J'aimerais savoir... Parce que vous l'avez lu, le
mémoire du CQDE, vous avez vu cette préoccupation qu'ils avaient relativement à
cet ajout-là, à cette modification. J'aimerais savoir comment vous avez reçu
cette réflexion du CQDE et comment vous avez... vous l'avez traité dans le
fond?
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, bien, j'inviterais peut-être ma collègue juriste pour
les précisions de fond.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour laisser la parole à... Veuillez vous présenter,
votre titre, s'il vous plaît. Consentement.
Mme Massé (Julie) : Bonjour.
Julie Massé, je suis avocate légiste à la Direction des affaires juridiques,
transports et mobilité durable. Je ne suis pas certaine d'avoir bien saisi
votre question. Donc, peut-être juste me répéter exactement pour que je puisse
bien vous répondre.
M. Grandmont : Parfait. Donc,
je vais référer directement à leur mémoire. Le CQDE nous dit que «actuellement
il ne peut y avoir expropriation de fait d'une partie du droit de propriété.
Dans ce dernier cas, il n'intervient alors qu'un démembrement du droit de
propriété, une situation qui ne peut fonder de revendication d'expropriation de
fait en vertu de l'article 952 du Code civil. En termes simples, pour qu'une
propriété puisse plaider être expropriée de fait sur une partie de sa propriété
seulement, il doit perdre l'essence de son droit de propriété sur la parcelle
en cause.»
Mme Massé (Julie) : Oui, on s'est
posé la question suite au commentaire du Centre québécois du droit de l'environnement.
On a été faire nos recherches aussi. Je vous dirais, 952 parle de propriété,
parle de propriétaire. Par contre, la jurisprudence, on n'a pas trouvé de cas
où ça a été... où on est venu se... venir dire que c'est vraiment le
propriétaire avec tous ses droits ou si quelqu'un qui avait un démembrement pouvait
être aussi indemnisé en vertu de 952. On a retravaillé les textes en
conséquence, là, donc, quand qu'on sera rendus dans l'expropriation déguisée,
bien, dans la section 170, 171, on pourra vous présenter les ajustements
qu'on a faits.
Par contre, en matière de procédure d'expropriation,
actuellement, la loi sur l'expropriation couvre autant les propriétaires du
droit de propriété complet que ceux qui ont des démembrements du droit de
propriété. Donc, on va exproprier pour une servitude, ça arrive, là. Donc, ça,
ce n'est pas une nouveauté, c'est déjà comme ça en vertu de l'expropriation de
droit.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député.
M. Grandmont : Merci. Outre
les servitudes, est-ce qu'il y a déjà eu, à votre connaissance, d'autres cas ou
d'autres types de cas où on peut avoir des démembrements, là, pour...
expropriation par démembrement dans le fond?
Mme Massé (Julie) : Oui, il y
a eu des cas, des fois, des servitudes... pas des servitudes mais des
limitations de charges qu'on peut mettre sur un immeuble, ça, on en retrouve.
Il y a différents types de servitudes, là. Peut-être, je ne sais... C'est
souvent en fonction... Des fois, pour faire les travaux, on va chercher aussi
des servitudes pour pouvoir effectuer des travaux pendant une certaine période.
Donc, oui, on en fait. C'est principalement les servitudes dans les
démembrements du droit de propriété, mais ça peut arriver que ça soit un peu
plus large.
M. Grandmont : D'accord.
Donc, vous me dites que vous avez pris connaissance du commentaire, de la
réflexion du CQDE, qu'on va en reparler plus tard dans les articles 170,
171 et que, selon vous, il n'y a pas de crainte à y avoir que, par exemple,
considérant la façon dont c'est écrit actuellement... qu'on ait une augmentation
d'un élargissement, en fait, là, de la notion d'expropriation déguisée ou
expropriation de fait. Donc, on n'aura pas plus de cas, finalement...
M. Grandmont : ...cause la
façon que c'est écrit ici, là.
Mme Guilbault :C'est exact.
M. Grandmont : O.K., parfait.
On s'en reparle à 170, 171.
Le Président (M. Jacques) : ...commentaires
sur l'article 1? S'il n'y a pas de commentaire, nous allons mettre aux voix
l'article 1. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Article
1, adopté. Mme la ministre, article 2.
Mme Guilbault :Oui. Article 2 :
«Au sens de la présente loi et à moins que
le contexte n'indique un sens différent, on entend par :
«activité», lorsque ce mot est utilisé
sans qualificatif, l'ensemble des actions réalisées sur un immeuble, notamment
le fait d'y résider, d'y réaliser la mission d'une institution ou d'y exploiter
une entreprise agricole, commerciale ou industrielle;
«droit», un droit de propriété, un
démembrement de ce droit ou un autre droit réel immobilier;
«immeuble exproprié», l'immeuble ou la
partie d'un immeuble sur lequel porte le droit à exproprier;
«partie dessaisie», le locataire,
l'occupant de bonne foi ou l'exproprié qui est le titulaire d'un droit portant
sur l'immeuble exproprié.»
Et là, je crois que mon collègue avait
demandé que je lise le commentaire. L'article 2 du projet de loi définit quatre
concepts, et ce, dans l'objectif d'alléger le libellé des différentes
dispositions du projet de loi.
Il y a d'abord la définition du mot
«activité», qui vise à inclure dans ce terme, lorsqu'il est utilisé sans
qualificatif, tout aussi bien les activités résidentielles que celles
agricoles, commerciales, industrielles et institutionnelles; il y a ensuite les
définitions des mots «droit» et partie dessaisie», qui permettent d'éviter de
répéter une énumération de droits ou de parties selon le cas; enfin, la
définition de l'expression «immeuble exproprié» permet d'éviter la répétition
d'une expression plus lourde, soit celle d'«immeuble ou partie d'un immeuble
sur lequel porte le droit de propriété, un démembrement de celui-ci ou tout
autre droit réel immobilier à exproprier».
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 2?
M. Morin : Je n'ai pas de
commentaire, mais on a un amendement, cependant.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
J'ai le député de...
Nous allons suspendre quelques instants
pour déposer l'amendement. Parfait. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M. Jacques) : À
la suspension de nos travaux, nous étions à recevoir un amendement de M. le
député de l'Acadie. Je vous invite donc à lire votre amendement.
M. Morin : Merci, merci, M.
le Président. Alors, l'amendement est un ajout à l'article deux. Donc,
l'article deux : l'article deux du projet de loi est modifié par l'ajout,
à la fin de l'article, des définitions suivantes : «Producteur
agricole : producteur au sens de la loi sur les producteurs agricoles.
Zone agricole : Zone agricole décrétée en vertu de la Loi sur la
protection du territoire et des activités agricoles».
L'article modifié se lirait comme
suit : Au sens de la présente loi, et à moins que le contexte n'indique un
sens différent, on entend par activité, lorsque ce mot est utilisé sans
qualificatif, l'ensemble des actions réalisées sur un immeuble, notamment le
fait d'y résider, d'y réaliser la mission d'une institution ou d'y exploiter
une entreprise agricole, commerciale ou industrielle. Droit : un droit de
propriété, un démembrement de ce droit ou un autre droit réel immobilier.
Immeuble exproprié : l'immeuble ou la partie d'un immeuble sur lequel
porte le droit à exproprier. Partie dessaisie : le locataire, l'occupant
de bonne foi ou l'exproprié qui est le titulaire d'un droit portant sur
l'immeuble exproprié. Producteur agricole : producteur au sens de la loi
sur les producteurs agricoles, RLQR, Chapitre p-28. Et zone
agricole : zone agricole décrétée en vertu de la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles, RLRQ, chapitre P-41.1.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
M. Morin : ...le commentaire,
c'est qu'on veut s'assurer que dans les définitions de la loi, dans le
contexte, les producteurs agricoles seront évidemment bien identifiés, protégés
et que, lorsque des procédures éventuellement d'expropriation auront lieu,
qu'on s'assurera effectivement spécifiquement de savoir de quoi on parle et
l'impact sur les producteurs ou la zone agricole.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, merci.
Bien, évidemment, nous, on est en accord avec cette proposition d'amendement
là. C'est clair que ça a été souligné à plusieurs reprises, là, lors des
auditions, il y a plusieurs participants, groupes qui ont mentionné qu'effectivement,
là, le milieu agricole nécessitait une attention particulière. On n'est pas
dans des cas de spéculation, on est en train de... on parlait, j'ai parlé, dans
mes remarques préliminaires, là, de souveraineté alimentaire, de protéger notre
territoire. Ça se retrouve par ailleurs dans des politiques qui ont été
adoptées récemment, notamment la politique d'architecture et d'aménagement du
territoire. La modification de la LAU aussi portait notamment sur la protection
du territoire agricole spécifiquement. C'est un enjeu qui est bien important.
On avait nous aussi, là, des amendements
qui allaient sensiblement dans le même sens, là, donc on se rallierait. Puis on
en aura d'autres, évidemment, qui touchent le milieu agricole. Mais je pense
que c'est bien, effectivement, d'assez rapidement souligner, bien identifier ce
milieu-là parce qu'il y a une attention particulière à y apporter. Il y a un
régime spécial, au niveau des indemnisations notamment, qu'il va falloir
regarder avec attention parce qu'on est en train de toucher à quelque chose de
très sensible au Québec, il faut absolument bien le protéger. Donc, c'est un
amendement avec lequel on est à l'aise.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, en réponse à mes collègues sur l'amendement
qu'on a examiné et dont on a déjà discuté...
Mme Guilbault :...et on comprend très bien le souci qui est derrière ça,
là, c'est-à-dire de marquer l'importance, comme ça a été dit, de protéger les
fonds de terres ou, en tout cas, de protéger les producteurs agricoles, souci
qu'on partage aussi. Donc, on s'est entendus pour prendre le temps de le
regarder, considérant l'heure, et tout ça, pour prendre le temps de le
regarder, puis ensuite échanger des propositions sur la meilleure façon
d'atteindre le même objectif. Mais moi aussi, je suis en faveur qu'on puisse
peut-être déjà... comment dire, s'assurer comme ça d'une protection, de marquer
l'existence de cette spécificité-là et de s'assurer qu'ils sont pris en compte
adéquatement dans la loi.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Donc, on va suspendre l'article... l'amendement? Est-ce qu'on suspend
l'amendement? Parfait. Donc, on suspend l'amendement. Est-ce qu'on revient à
l'article 2 ou on s'en va à l'article 3? On va revenir à
l'article 2. Donc, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 2?
M. Morin : Bien,
l'article 2 dans son ensemble, ce sont différentes définitions. Moi, ce
que je vous suggérais, M. le Président, ce serait peut-être de suspendre
l'article 2 le temps qu'on revienne et puis qu'on en parle collectivement,
et puis peut-être de passer à l'article suivant.
Le Président (M. Jacques) : ...consentement
pour suspendre l'article 2 et se rendre à l'article 3?
Mme Guilbault :...commentaire général aussi en complément. Je pense, je ne
l'ai pas dit tout à l'heure, mais, dans les échanges qu'on a eus, c'est sûr que
l'idée, à l'article 2, c'est de venir, justement, installer certaines
définitions qui nous permettent d'être plus précis puis qui évitent de la
redondance ou qui évitent de la lourdeur dans la loi, donc des concepts qui
sont appelés à être réutilisés plus tard dans la loi. C'est pour ça que je
disais que, bien qu'on partage la noble intention derrière l'amendement qui a
été déposé, ce ne sont... les définitions qui ont été proposées ne seront pas
réutilisées dans la loi. Donc, c'est un petit peu différent de ce que nous, on
se propose de venir définir à l'article 2. C'est pour ça que je dis qu'on
va venir contre-proposer une façon d'atteindre le même objectif qui a été
proposé par l'opposition officielle.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
Donc, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 2?
Consentement. L'article 3, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. L'article 3 : «L'expropriation de droit sur
un immeuble peut inclure l'expropriation de droits sur des meubles lorsque ces
derniers sont des accessoires de celui-ci ou lorsqu'ils sont utilisés dans le
cadre des activités agricoles, commerciales, industrielles ou institutionnelles
de l'exproprié réalisées sur cet immeuble.»
Donc, l'article 3 du projet de loi
prévoit qu'il est possible d'exproprier des droits sur des meubles lors d'une
expropriation d'un droit sur un immeuble. Il serait toutefois nécessaire que
ces meubles soient accessoires à l'immeuble ou qu'ils soient utilisés dans le
cadre des activités agricoles, commerciales, industrielles ou institutionnelles
de l'exproprié réalisées sur l'immeuble exproprié. Cette disposition remplaçait
l'article 38 de la loi sur l'expropriation tout en clarifiant sa portée.
Et l'article 38 énonce que l'expropriation peut porter sur des biens
meubles lorsqu'ils sont des accessoires de l'immeuble à exproprier.
Alors, en fait, c'est ça, peut-être un
petit complément. Donc, on voit que l'article 38 est repris presque tel
quel dans l'article 3 de la nouvelle loi, mais on vient aussi préciser des
usages possibles dans le cadre d'activités agricoles, commerciales,
industrielles ou institutionnelles. Puis j'en discutais, justement, avec mes
collègues ici pour trouver des exemples. Il existe un exemple où à un moment
donné... Parce que les biens et meubles qu'on peut exproprier, c'est-à-dire les
meubles accessoires, on peut penser, mettons, à des garages ou à des choses qui
tombe sous le sens, mais il peut y arriver, pour ce que j'en comprends, que,
des fois, des équipements liés au bâtiment ne soient pas forcément considérés
comme des meubles accessoires mais sont quand même nécessaires pour préserver
ou pouvoir conserver l'usage qui en est fait, que ce soit un usage agricole,
commercial, industriel ou institutionnel. Donc, on voudrait que ça puisse être
pris en compte.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre.
Et, compte tenu de l'heure, nous
suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 07)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi no 22, Loi concernant l'expropriation.
Lors de la suspension de nos travaux, cet
avant-midi, nous étions à l'étude de l'article 3. M. le député de l'Acadie, je
crois que c'était à vous d'intervenir sur l'article 3.
M. Morin : Oui, vous avez
raison, M. le Président, c'était à moi. Alors, donc on continue. Ma question
est pour Mme la ministre.
Des voix : ...
M. Morin : C'est parce que...
Voilà... non, il n'y a pas de souci. J'ai une question pour vous. Voilà, on y
va.
Mme Guilbault :...
M. Morin : Donc, dans la
loi... dans le projet de loi actuel, ça vise l'expropriation de droit sur un
immeuble, qui peut inclure l'expropriation de droits sur des meubles. Et là le
législateur rajoute des catégories, alors que, dans la loi actuelle, l'article
38 dit : «L'expropriation peut porter sur des biens meubles lorsqu'ils
sont accessoires de l'immeuble à exproprier.» Et donc c'était beaucoup plus
général. Si vous prenez la peine d'ajouter des catégories particulières et
seulement certaines catégories, est-ce qu'il y a une raison pour... Est-ce que
ça posait un problème? Est-ce qu'il y a une raison particulière?
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Sur l'article 3, toujours, que j'avais lu, là, in
extremis avant le...
M. Morin : Oui, bien, juste
avant la pause, oui.
Mme Guilbault :Exactement. Ça fait qu'on n'en avait pas encore vraiment
discuté, mais j'avais déjà donné l'exemple... Puis c'est ça, moi, j'en avais
discuté avec mes collègues parce que je me posais la même question, parce qu'en
fait, c'est, tel quel, le même article, mais on vient préciser des usages
potentiels. Donc, quel genre d'exemple de situations où on aurait un bien
meuble accessoire ou qui ne serait pas forcément... pas suffisamment ou pas
forcément accessoire, si bien qu'on devrait invoquer un usage agricole,
commercial, industriel ou institutionnel, tu sais, dans le fond. Et l'exemple
qu'on me donnait, quand on a retracé les cas, c'était une décision de la Régie
intermunicipale de gestion des déchets de la Mauricie, qui avait introduit une
procédure pour exproprier l'immeuble, les équipements et les biens meubles
servant à l'opération et à l'exploitation du site d'enfouissement sanitaire.
Donc, c'est la municipalité qui reprenait les activités puis qui avait besoin
des équipements au sein de ce bâtiment-là pour pouvoir poursuivre l'usage
commercial... oui, commercial, institutionnel, là, en l'occurrence. Donc,
simplement pour simplifier la vie, si jamais ce genre de cas là se
représentait, on vient le préciser.
M. Morin : O.K. Donc, suite à
cette décision-là, cette précision-là, au niveau d'activités commerciales ou
industrielles, était nécessaire? Parce que l'article actuel est large et peut
englober, à mon avis, toutes ces situations-là.
Des voix : ...
M. Morin : En fait, non,
bien, je disais que c'est ça, l'article actuel semble déjà inclure tous ces
scénarios-là, donc c'est ce que j'essaie de comprendre, pourquoi... puis
pourquoi vous référez seulement les activités agricoles, commerciales,
industrielles. Il y aurait peut-être d'autres usages. Et je comprends que, dans
le cas que vous nous mentionnez, sur le site d'exploitation de déchets, il y
avait de l'équipement, par exemple, qui était, bon, des biens meubles et non
pas des immeubles, c'est ça?
• (15 h 10) •
Mme Guilbault :C'est ça. Bien, l'autre exemple qu'on me donne, c'est un
qui, par exemple, qui ne serait pas nécessairement un bien meuble accessoire,
qui ne serait pas, tu sais, adjacent, qui ne ferait pas partie du bâtiment,
comme tel, mais qui pourrait être nécessaire pour préserver un usage soit d'exploitation
d'une flotte ou d'exploitation maritime, aquatique, ou quelque chose comme ça.
M. Morin : C'est bien. Je
vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 3? M. le député de
Taschereau.
M. Grandmont : Oui, bien,
peut-être juste pour bien comprendre, j'avais des questions qui se
rapprochaient un peu des interrogations que mon collègue de l'Acadie avait
aussi, pourquoi avoir réécrit l'article, en fait, en prenant la peine d'énumérer
les différents types d'activités qui sont...
M. Grandmont : ...qui sont
visés. Dans le fond, est-ce que ça ne vient pas créer des exceptions sur
lesquelles la loi ne s'appliquerait pas?
Mme Guilbault :Oui, c'est ça, bien, c'est vraiment par souci de
clarification, parce que, comme dans les exemples que je donnais les biens, les
biens meubles... c'est-u ça, les biens meubles? C'est "biens"? Mais
c'est ça. Des fois, la notion peut ne pas être suffisamment claire puis porter
à interprétation, comme dans les exemples que j'ai donnés, soit la régie des
déchets ou le quai, par exemple. Alors, ça vient en fait codifier la jurisprudence,
si on veut, ou donner des orientations plus claires pour d'éventuelles
nécessités.
M. Grandmont : Donc, la
version... La nouvelle version vous semble plus claire dans la mesure où
elle... En fait, moi, quand je fais une énumération, il me semble que je
deviens plus restrictif, c'est-à-dire que je laisse la place à tout ce qui
n'est pas nommé d'être interprété comme faisant partie... Comme comme n'étant
pas assujetti à la loi. Est-ce que, dans le fond, on ne vient pas de donner de
la place à un non-assujettissement à la loi, dans le fond, à certains éléments
qui ne sont pas nommés dans l'article tel qu'il est formulé actuellement?
Mme Guilbault :Bien, pas tout à fait, parce que, moi, je le vois plutôt à
l'inverse, dans le sens où on reprend exactement la même liberté
d'interprétation ou le même libellé, en fait, de l'ancien article 38,
l'article 38 de la précédente loi. Puis avec l'usage du «ou», c'est qu'on
peut finalement s'attacher à un ou l'autre. On peut s'attacher à l'ancien article
tel quel, qui est repris, mais au besoin, on peut utiliser aussi une des
spécifications proposées. Si on tombe dans un contexte physique, comme par
exemple l'exemple du quai, le quai peut être loin de l'immeuble qui est
exproprié, mais il est quand même nécessaire dans l'usage commercial qu'on veut
en faire.
M. Grandmont : Juste pour
reposer ma question, pour être sûr de bien entendre, là, la réponse, là, puis
qu'on s'entende bien, là. Dans le fond, est-ce que, selon vous... est-ce qu'il
y a des types d'activités ou des types... Des types d'activités, dans le fond,
là, qui ne seraient pas couvertes à travers l'énumération qu'on a actuellement
dans l'article trois?
Des voix : ...
Mme Guilbault :On dit le résidentiel, mais les gens partent avec leurs
meubles puis leurs choses, donc...
Des voix : ...
Mme Guilbault :Dans le sens que c'est la nomenclature des usages
communément utilisés, vous voulez dire?
Une voix : ...
Mme Guilbault :Qui sont tous couverts, sauf résidentiel, parce que
résidentiel ne se prête pas à l'article en question.
M. Grandmont : Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article trois? S'il
n'y a pas d'autre commentaire, nous allons mettre l'article trois aux voix.
Est-ce que l'article est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : L'article
est adopté. Est-ce qu'on va à l'article quatre ou on revient à l'article deux?
Mme Guilbault :Moi, bien, à ce stade-ci, en fait, je proposerais deux
options puis je laisserais mes collègues choisir. Soit on peut enchaîner... on
peut revenir à l'article deux, puis je fais la lecture de ma contre-proposition
à ce qu'on a traité ce matin ou on peut suspendre puis s'en parler entre nous
d'abord.
Le Président (M. Jacques) : On
va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Tel qu'entendu lors de la suspension, nous... est-ce
qu'il y a consentement pour revenir à l'article 2?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, alors j'ai
proposé un amendement l'article 2. Compte tenu du travail et des
pourparlers avec Mme la ministre, je vais retirer mon amendement.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour retirer cet amendement, l'amendement à
l'article 2? Consentement.
M. Morin : Maintenant, je
suis prêt à déposer un nouvel amendement à l'article 2.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
je vous invite à faire la lecture.
M. Morin : Oui. Est-ce que...
Bon, voilà, merci. Alors, article 2, le nouvel amendement : Insérer après
la définition de «droit» de l'article 2 du projet de loi, la définition
suivante :
«"entreprise agricole" :
entreprise qui exerce des activités agricoles au sens de la Loi sur la
protection du territoire et des activités agricoles (chapitre P-41.1), des
activités de production d'un produit agricole au sens de la Loi sur les
producteurs agricoles (chapitre P-28) ou de toute autre activité de même
nature».
Commentaires : Il est proposé
d'ajouter à l'article 2 du projet de loi une définition d'entreprise
agricole afin de s'assurer de clarifier que l'ensemble des activités agricoles
et des activités de production d'un produit agricole soit considéré dans
l'expression d'entreprise agricole.
Et, au tableau comparatif, on voit la différence
entre les deux textes. Le texte proposé et amendé inclut la définition
d'entreprise agricole comme étant une «entreprise qui exerce des activités
agricoles au sens de la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles (chapitre P-41.1), des activités de production d'un produit
agricole au sens de la Loi sur les producteurs agricoles (chapitre P-28)
ou toute autre activité de même nature». Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement à
l'article 2? Pas de commentaire. Est-ce que... Oui, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Peut-être simplement pour dire que j'accueille
favorablement l'amendement, je trouve qu'il est bien fait et qu'il est pertinent.
Alors, je remercie mon collègue.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce que l'amendement à l'article 2... M. le député de
Taschereau?
M. Grandmont : Oui, bien,
simplement pour clarification, là. Il y avait une première proposition qui
avait été faite, là, d'inclure également une définition de zone agricole.
J'aimerais comprendre, là, pourquoi cette notion-là a été retirée, là,
simplement pour compréhension.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme...
Mme Guilbault :En fait, parce que les activités agricoles ne sont pas
toujours forcément dans une zone agricole, donc, en misant sur l'entreprise ou
l'activité agricole, on n'est pas limité à la zone.
M. Grandmont : Parfait. C'est
une réponse très satisfaisante. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Est-ce que l'amendement à l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté...
Le Président (M. Jacques) : ...Revenons
à l'article. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article deux?
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Tel
qu'amendé, exactement. Est-ce que l'article deux, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Mme la ministre, article 4.
Mme Guilbault :Oui. «4. Toute expropriation doit être décidée ou suivant
le cas autorisée préalablement par le gouvernement aux conditions qu'il
détermine. Le premier alinéa ne s'applique pas :
«Un, lorsqu'un ministre publie à la
Gazette officielle du Québec un avis annonçant son intention d'exproprier aux
fins annoncées dans cet avis les immeubles qui y sont visés et qu'il réalise
cette expropriation pour son propre compte ou pour le compte d'autrui en vertu
d'une loi qui lui permet de réaliser cette expropriation sans requérir
l'autorisation du gouvernement;
«2, lorsque l'expropriation est réalisée
par un ministre pour son propre compte ou pour le compte d'autrui en vertu
d'une loi qui lui permet de réaliser cette expropriation avec l'autorisation du
gouvernement;
«Trois, lorsque l'expropriation est
décidée par une municipalité, par une communauté métropolitaine, par une régie
intermunicipale, par un centre des services scolaire ou par une commission scolaire.»
Donc, l'article quatre du projet de loi
reprend en grande partie les premier et quatrième alinéas de l'article 36
de la loi sur l'expropriation. Ainsi, la décision ou l'autorisation préalable
du gouvernement demeurerait requise avant toute expropriation. Ce principe
continuerait toutefois de ne pas s'appliquer pour les municipalités, les
communautés métropolitaines, les régies intermunicipales, les centres de
services scolaires ou les commissions scolaires. De plus, cette décision ne
serait plus requise lorsqu'un ministre publie à la Gazette officielle du Québec
un avis annonçant son intention d'exproprier aux fins annoncées dans cet avis
les immeubles qui y sont visés et qu'il réalise cette expropriation en vertu
d'une loi qui lui permet de réaliser cette expropriation sans requérir
l'autorisation du gouvernement. Elle ne serait pas non plus requise lorsque le
ministre doit obtenir en vertu de la loi qui lui permet de réaliser cette
expropriation une autorisation du gouvernement.
Et là, bien, on a l'article 36 de la
loi actuelle qui dit «toute expropriation doit être décidée ou suivant le cas
autorisée préalablement par le gouvernement aux conditions qu'il détermine.
Nulle autre autorisation n'est requise nonobstant toute loi, il n'est pas non
plus nécessaire de remplir les conditions préalables à l'expropriation qui sont
prévues par d'autres lois. Le présent article ne s'applique pas à une
municipalité, à une communauté métropolitaine, à une régie intermunicipale, à
un centre de service scolaire ou à une commission scolaire.»
Alors, l'article, en fait, l'article
quatre vient reprendre les alinéas un et quatre de l'article 36. Les
alinéas deux et trois vont être traités dans un autre article, cinq,
probablement, si ma mémoire est bonne. Donc, c'est ça. Alors maintenant, si on
publie à la Gazette officielle, on est capable d'exproprier sans avoir besoin
de l'autorisation du gouvernement quand on est un ministre, par exemple, le
ministère des Transports qui exproprie pour un projet.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Nous allons
avoir un amendement, en fait, à proposer. On peut peut-être suspendre pour
avoir le temps de vous l'envoyer?
M. Morin : ...
Le Président (M. Jacques) : Je
n'ai pas vu votre main levée. On le fera après, on le fera après.
Donc, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Avant de suspendre nos travaux, nous étions à regarder
le dépôt d'un amendement du député de Taschereau. Et j'inviterais M. le député
de Taschereau à nous lire son amendement.
M. Grandmont : Oui. Merci, M.
le Président. Bien, j'en avais parlé dans mes remarques particulières. Un des
objectifs qui doit être poursuivi à travers le projet de loi n° 22,
c'est notamment celui de l'accélération des délais, le raccourcissement des
délais en vue de pouvoir livrer, en fait, le plus rapidement les projets de
transport collectif notamment. Je pense que la ministre est très au fait de cet
enjeu-là, est très au fait aussi que... je pense qu'elle est aussi enthousiaste
que moi de voir les projets se réaliser rapidement, un peu partout au Québec. C'est
important de développer ces projets de transport collectif. C'est une demande
qui avait été nommément faite, là, par la Société de transport de Montréal, qui
avait été reprise également par l'organisme Trajectoire Québec, celui de ne pas
avoir à demander finalement un décret pour les expropriations, au même titre
que ce qui se fait actuellement, là, pour... puis c'est bien nommé, là, dans l'article 4,
là, à l'alinéa 3, là, au niveau des municipalités, communauté
métropolitaine, régie intermunicipale, un centre de services scolaires ou une
commission scolaire, ces organismes-là, ces organes-là, n'ont pas à demander un
décret pour une expropriation.
Autre chose que d'autres organismes qu'on
a entendus pendant les audiences étaient venus nous dire aussi, c'est qu'ils
espéraient à quelque part d'avoir sensiblement les mêmes avantages que ce qu'on
avait pu donner dans la loi qui avaient été octroyés, là, pour la réalisation
du Réseau express métropolitain. Donc, il y avait un tout un processus là où,
finalement, on n'avait pas non plus besoin de demander des décrets pour des
expropriations. Les sociétés de transport peuvent se passer, selon leurs dires et
selon mon expérience aussi, là, de ces milieux-là, peuvent se passer d'un
décret dans la mesure où il y a, de toute façon, une foule d'autres mécanismes
de surveillance et de suivis qui existent déjà.
Donc, pour ces raisons-là, on propose d'insérer,
là, au paragraphe 3° du second alinéa de l'article 4 du projet de loi, après
les mots «services scolaires», les mots «une société de transport, une personne
morale de droit public ayant pour mission de régir les transports collectifs»,
donc dans le but d'accélérer les délais de réalisation des projets de transport
collectif, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Bien, merci. Merci au collègue. Merci, M. le Président.
Effectivement, je partage l'objectif qu'on puisse réduire les délais autant que
possible, entre autres dans les projets de transport collectif. Puis il y a d'autres
articles dans le projet de loi, peut-être, pour lesquels on recevra des
amendements ou on aura des discussions. Puis je vais, moi aussi, utiliser cet
argument-là des fois pour justifier certaines décisions ou pour peut-être
trancher sur certaines choses. Mais, en l'occurrence... Puis c'est vrai que la
représentation nous avait été faite. C'est une chose à laquelle on a réfléchi,
qu'on a discutée. Mais dans le cas des expropriations directement par les
sociétés de transport, si on prend par exemple la STM, elles doivent obtenir l'autorisation
à la fois de la Ville et du gouvernement.
Et derrière ça, il y a une question aussi
de... comment je pourrais dire, c'est des projets d'une telle envergure, avec
des montants tellement importants que je pense que ça demeure important quand
même pour le gouvernement, qui est systématiquement le principal bailleur de
fonds dans ces projets-là, de garder une certaine vue d'ensemble puis un
certain contrôle, non pas au sens de vouloir se substituer à la maîtrise d'oeuvre
qu'on a dévolue à la STM via la RTM si on prend la ligne bleue, mais de garder
une certaine vue d'ensemble. Ça fait je pense que c'est important que le
gouvernement reste partenaire ou continue d'avoir un certain rôle à jouer.
Puis, évidemment, le gouvernement donne les autorisations quand c'est
pertinent, quand c'est nécessaire, quand c'est à propos, quand c'est bien fait,
là. Tu sais, il n'y a pas de raison pour laquelle on ajouterait nous-mêmes des
délais en refusant ou en...
Mme Guilbault :...retardant des expropriations dans un projet, mais pour
des questions de garder une certaine vue d'ensemble puis contrôle sur des
projets qui coûtent des milliards, je pense que c'est sain que le gouvernement
continue d'être avisé, consulté, puis de donner son approbation pour des
questions... pour des décisions qui ont une incidence financière très, très
importante.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député.
M. Grandmont : Merci. Je suis
content de voir que la ministre, là, est alignée, là, sur l'objectif
d'accélérer les délais aussi. Il m'apparaît que cette proposition-là en est une
qui permet justement d'accélérer le processus. Vous l'avez dit vous-même, là,
d'abord, la société de transport est obligée de demander quand même une
autorisation, là, une validation, là, auprès de la municipalité. Je comprends
que les sommes investies peuvent être quand même importantes. En même temps, il
reste que c'est aussi vrai pour des projets qui sont faits par différentes
instances qui, pour l'instant, sont exclues, d'une part. Puis d'autre part,
bien, c'est quand même des délais de 30 jours. Je comprends qu'on ne veut pas
augmenter indûment ou refuser des demandes, là, d'expropriation, mais c'est
quand même des délais qui s'ajoutent à chaque fois pour la réalisation des
projets. Et je l'ai dit, et je le répète, et je vais devoir le répéter assez
souvent, la saison des chantiers au Québec, elle est très courte, c'est facile
de perdre une année, et ce genre de petit... ce n'est pas un irritant, là, mais
c'est ce genre de délais là qui vient s'ajouter peu facilement, à terme, nous
faire perdre complètement une année de chantier. Ça peut faire la différence
entre un projet qui est livré à temps puis un projet qui, malheureusement, est
retardé.
Donc, considérant qu'il y a déjà beaucoup
de mécanismes de suivi, que, par ailleurs, la municipalité est obligée d'être
impliquée là-dedans, je pense que la proposition qui nous est apportée par la
Société de transport de Montréal était tout à fait raisonnable et permettait
d'atteindre l'objectif que la ministre poursuit.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme Guilbault :Bien, peut-être, je laisserais la parole à mon collègue
puis je répondrai après.
Le Président (M. Jacques) : Parfait.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Écoutez, je trouve l'amendement fort intéressant parce que,
justement, je m'en allais dans le même sens avec un amendement que je voulais
moi-même déposer. Mon collègue l'a déposé avant moi, c'est parfait.
Maintenant, Mme la ministre nous a
expliqué un peu pourquoi les sociétés de transport n'étaient pas incluses.
Maintenant, moi, j'aurais deux questions. Puis notamment, si j'ai bien compris,
Mme la ministre est en cause à cause de certains coûts de certains projets de
sociétés de transport. Maintenant, je comprends qu'avec le libellé de
l'article, une communauté métropolitaine ou une régie intermunicipale n'a pas à
solliciter un décret du gouvernement. J'imagine qu'ils doivent avoir des
projets avec des coûts assez énormes également. Donc, pourquoi faire une
distinction entre les deux? Et est-ce qu'il est arrivé, dans le passé, qu'une
société de transport ait fait une demande et qu'elle ait été refusée?
Mme Guilbault :Est-ce qu'il est arrivé dans le passé que?
M. Morin : Qu'une société de
transport ait fait une demande et qu'elle ait été refusée?
Mme Guilbault :Bonne question. Il faudrait... Est-ce qu'on a
l'information? Ou est-ce que... On va le vérifier.
Une voix : ...
Mme Guilbault :C'est ça, on va le vérifier.
M. Morin : Parce
qu'évidemment, vous comprendrez la suite de mon intervention, si ce n'est
jamais refusé, je comprends que le gouvernement veut peut-être voir, mais si
vous ne les refusez pas, pourquoi donc insérer un délai additionnel dans la
loi? Mais maintenant, si c'est refusé 50 % du temps, mais quelle raison?
Bien là, on verra, là, mais d'où ma question à Mme la ministre.
• (15 h 50) •
Mme Guilbault :Oui, c'est tout à fait vrai, mais on va le voir. Mais, quel
que soit le projet qui est piloté par une société de transport, si c'est un
projet qui demande de l'expropriation, un projet de transport collectif, donc
d'une certaine envergure, effectivement, une envergure financière, souvent de
la complexité qui vient avec ça, piloté par une société de transport, on me
demande la différence entre une municipalité ou une communauté métropolitaine,
mais, tu sais, ce n'est pas du tout la même chose, là, un projet de transport
collectif, systématiquement, est financé très, très... à très grande part par
le gouvernement du Québec. Donc, c'est normal que le gouvernement du Québec
recherche à maintenir un certain équilibre entre le contrôle des coûts puis une
certaine contribution ou participation toujours au suivi du projet.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Oui, une... la célérité. Et c'est ça, la célérité. Donc,
l'équilibre entre le contrôle des coûts et la célérité qui est souhaitable,
alors qu'une municipalité, ou une communauté métropolitaine, ou un centre de
services scolaire va avoir son projet, va, comme j'ai déjà dit dans d'autres
tribunes, gérer sa fougère, et ce n'est pas systématiquement des projets pour
lesquels le gouvernement du Québec va être le principal partenaire financier.
Autrement dit, quand c'est nous qui payons, essentiellement, la facture, je
pense que c'est normal qu'on se garde une certaine emprise sur le déroulement
du projet.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député.
M. Morin : Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Taschereau...
M. Grandmont : ...bien, je
trouvais... je trouve que la question qu'a posée le député de l'Acadie est très
pertinente. Effectivement, si ce n'est jamais arrivé, pourquoi le maintenir? En
tout cas, on aura peut-être les réponses éventuellement, là, mais c'est une
réponse qui m'apparaît tout à fait pertinente à avoir dans le débat qui nous
préoccupe. Puis c'est vrai que, oui, c'est de l'argent public qui... du
gouvernement du Québec qui est en partie attribué à ces projets-là. Je
comprends l'argument. En même temps, si les délais aussi courts soient-ils,
puis même si on respecte les délais qui sont qui sont qui sont impartis, si ces
délais-là nous provoquent des retards dans la réalisation des projets, bien,
c'est aussi de l'argent... c'est aussi de l'argent public qu'on perd, là, à ce
niveau-là.
Je prends l'exemple du tramway. La
ministre n'est pas sans savoir que chaque année de retard, bien, c'est au moins
100 millions de plus qui est perdu, là. En fait, simplement l'inflation, donc
ça a dû augmenter aussi parce que l'inflation est plus élevée aujourd'hui. Tout
ça pour dire que ça aussi ça a sa valeur. Alors, si ça n'a pas été refusé, je
ne sais pas si vous êtes en train d'obtenir la réponse, là, mais c'est quelque
chose qui m'apparaît quand même intéressant, là, essayer de conjuguer à la fois
l'idée est d'avoir un contrôle, mais si le contrôle n'est pas nécessaire, bien,
pourquoi maintenir une mesure qui peut-être a un potentiel de ralentir le
projet et nous coûter cher aussi ailleurs?
Mme Guilbault :Est-ce qu'on a des exemples? Non?
Une voix : Non.
Mme Guilbault :Bien juste pour... est-ce qu'on pense avoir ça aujourd'hui
ou on se dit qu'on en reparle?
M. Grandmont : On peut
continuer à jaser.
Mme Guilbault :Bien, c'est juste que je ne veux pas leur mettre la
pression puis stresser mes équipes non plus, là.
Une voix : La réponse est
non...
Mme Guilbault :
O.K. On prend le temps de vérifier convenablement. Donc... Bien, c'est ça.
Oui, effectivement, toute réduction des délais est souhaitable. Mais comme je
dis, à la quantité d'argent qu'on met dans ces projets-là, je pense que c'est
normal de vouloir garder un certain suivi, un certain contrôle sur l'avancement
du projet. Puis tout est... comme l'a dit mon collègue ici, tout est un peu
inextricablement lié, là. Les expropriations ont une incidence sur le coût.
Alors, tout ça doit être pris en compte, doit être tenu en compte, puis on doit
s'assurer, nous, d'être au courant des intentions, des actions puis des coûts
de ces actions-là. Ça fait que, ça, je pense que c'est normal, mais je partage
la volonté qu'on aille le plus vite possible. Puis voyez, à l'article suivant,
l'article 5 justement est un article qui va aller dans le sens de
dire : Essayons de réduire des délais à la source en faisant tout ce qu'on
peut pour faire avancer des projets... pour faire avancer des processus
simultanément. On y reviendra. Mais moi, je partage le souci marqué de mon
collègue pour la célérité, tout en étant, à titre de membre du gouvernement,
dépositaire un peu de l'imputabilité financière des projets quand c'est nous
qui les finançons pour la plus grande partie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci. Vous avez parlé, Mme la ministre, du financement
de certains projets de transport collectif. Donc, quand une société de
transport veut aller de l'avant avec un projet important, et qu'ils ont besoin
de financement, qu'ils ont besoin d'un emprunt, est-ce que cet emprunt-là est
déjà approuvé par le gouvernement avant qu'ils puissent agir?
Mme Guilbault :La capacité d'emprunt des sociétés de transport, c'est
probablement via les municipalités, là.
(Consultation)
Mme Guilbault :Les approbations sont obtenues auprès du... des Affaires
municipales, du ministère des Affaires municipales.
M.
Morin :
O.K. Donc, ce n'est pas le gouvernement comme c'est les Affaires
municipales, donc le ministère des Affaires municipales, donc le gouvernement?
Mme Guilbault :Oui.
M.
Morin :Donc, le gouvernement a déjà un moyen pour contrôler les
coûts et être au courant des projets et du financement des projets de transport
collectif. Donc, si le gouvernement est déjà au courant et qu'il doit
approuver, par exemple, un emprunt ou le financement pour... donc le
gouvernement sait qu'il va y avoir un projet, pourquoi le gouvernement veut à
nouveau approuver les l'expropriation? Si le gouvernement est déjà au courant,
on pourrait laisser aller son cours.
Mme Guilbault :Bien, oui, sur les emprunts globaux, il y a une
autorisation. Mais après ça, sur le suivi des projets, sur l'utilisation des fonds,
sur la manière dont chaque facture est acquittée, il n'y a pas de... Tu sais,
le ministère des Affaires municipales après ça ne fait pas les suivis de la
même façon dans nos projets de transport collectif. Il ne joue pas le même rôle
que nous on joue actuellement à chacune des diverses étapes. Puis, entre autres
au PQI, tu sais, on fait cheminer actuellement, puis ça, ça amène des délais.
Mais ça peut être éventuellement d'autres travaux qu'on aura à faire ensemble.
Mais les diverses étapes qui nous permettent de chiffrer, puis de donner les
approbations, puis de suivre les projets, parce que c'est des projets qui
coûtent tellement cher qu'on n'a pas le choix de faire ce suivi-là.
M.
Morin :O.K. En fait, mon point le suivant. Si l'État, le gouvernement
dans son ensemble est déjà au courant de...
M.
Morin :...un projet d'une société de transport qui va engendrer
des coûts importants, dans bien des cas, l'expropriation va être parfois une
conséquence logique de l'avancement du projet. Donc, si le gouvernement est
déjà au courant, pourquoi le gouvernement retient tant à approuver à nouveau
l'expropriation?
Mme Guilbault :Non, mais c'est ça, c'est... Si une société veut emprunter,
c'est, comment je pourrais dire, après ça, on n'est pas garant de la façon dont
elle va l'utiliser, là. Si la société, la société, oui, c'est ça, fait un
emprunt, après ça, nous, il faut qu'on garde une façon d'être tenus au courant
de ce qu'elle fait avec l'argent dans le projet de transport collectif qui nous
concerne comme principal partenaire financier.
M.
Morin :D'accord.
Mme Guilbault :Les sociétés peuvent emprunter, j'imagine, pour d'autres
projets aussi qui ne concernent pas nécessairement mon ministère. Alors, nous,
pour pouvoir se garder un oeil sur les projets qui ne nous concernent, pour
lesquels nous devons budgéter du PQI, nous devons faire des suivis au Conseil
des ministres, je pense que c'est normal qu'on puisse avoir ces... conserver un
minimum d'emprise sur des éléments contextuels, des projets qui font monter la
facture.
M.
Morin :D'accord. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Je ne
sais pas si on a pu avoir réponse, là, à savoir quand est-ce qu'on aurait une
réponse à la première question qui avait été posée, à savoir : Est-ce que
ça a déjà été... c'est déjà arrivé, finalement, qu'un décret gouvernemental ait
été refusé à une société de transport qui devait vouloir exploiter...
exproprier pour un projet de transport collectif spécifique? Est-ce qu'on a eu
la réponse de quand on pourrait avoir la réponse?
Mme Guilbault :Non, mais, dans les vérifications qu'on a faites à date, on
n'a pas trouvé d'exemple où ça a été refusé.
M. Grandmont : O.K.
Mme Guilbault :Mais ça n'empêche pas que tout ce que je viens de dire
précédemment, on va garder un peu la trace de ce qui se fait puis la nécessité
d'obtenir l'approbation. Puis là on le voit, on la donne, l'approbation, quand
on voit que c'est pour des bonnes raisons puis que c'est fait correctement,
puis que l'objectif est le bon. Mais nous, ça nous permet de suivre les
évolutions des étapes du projet, en parallèle des étapes, comme je disais, là,
qui sont déjà prévues au PQI, là, l'étude, la planification, le dossier
d'affaires, etc., le dossier d'opportunité, le dossier d'affaires, et tout ça.
C'est des manières dont le gouvernement peut s'assurer d'être consulté ou, en
tout cas, d'avoir son mot à dire à diverses étapes importantes du projet,
chacune des étapes faisant augmenter la facture et les risques.
M. Grandmont : Il y a quand
même, dans les projets majeurs, disons, qui nécessitent des expropriations qui
sont plus importantes, peut-être, là, disons-le comme ça, il y a des gens du
gouvernement qui sont impliqués dans le projet. Pour l'avoir déjà vécu, en
étant sur le comité directeur du tramway de Québec, il y avait des gens de la
SQI, il y avait des gens du ministère des Transports qui étaient présents, puis
qui participaient à l'ensemble du processus pour justement avoir la bonne
information de première main, puis être capable de faire le relais avec les
gens dont c'est la charge au ministère des Transports, finalement.
Donc, on a comme une espèce de méthode de
validation supplémentaire qui, par ailleurs, pourrait permettre au
gouvernement... qui vient doubler, dédoubler, en fait, l'information qui est
déjà disponible au ministère des Transports, qui ajoute des délais, pour
laquelle on n'a jamais eu de refus de décret gouvernemental. Il y a quelque
chose que je ne comprends pas. Je m'excuse, mais, pour moi, ça ne m'apparaît
pas si clair que ça qu'on a besoin d'avoir ça. Ça me semble une demande, somme
toute, raisonnable de la part de la Société de transport de Montréal,
d'aller... d'avoir un moyen, finalement, très... assez simple, finalement, qui
n'empêche pas d'avoir l'information nécessaire, finalement, de se rendre au
ministère puis aux personnes importantes qui doivent faire le suivi de ces
expropriations-là. J'ai du mal à m'expliquer, là, mais c'est correct.
• (16 heures) •
Mme Guilbault :Mais je peux... voulez-vous... Je ne sais pas si mon
collègue veut que je réponde, mais je vais redire la même chose, là.
M. Grandmont : Non, non,
c'est ça, je connais déjà les réponses, mais je comprends mal la réticence, je
vais l'exprimer comme ça. Je fais juste le mentionner. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement à l'article 4? S'il n'y
a pas de commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement à
l'article 4.
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Par
appel nominal, M. le secrétaire.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Guilbault
(Louis-Hébert)?
Mme Guilbault :
Contre.
Le Secrétaire
: M. Montigny
(René-Lévesque)?
M. Montigny : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
Le Secrétaire
: M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme
Gendron
:
Contre
Le Secrétaire
: M. Lamothe
(Ungava)?
M. Lamothe : Contre.
Le Secrétaire
: M. Morin
(Acadie)?
M.
Morin :
Pour.
Le Secrétaire
: Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour...
16 h (version non révisée)
Le Secrétaire : ...M. Jacques,
Mégantic?
Le Président (M. Jacques) : Abstention.
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : L'amendement
est rejeté. Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article quatre? S'il n'y a
pas de commentaire, nous allons mettre l'article 4 aux voix. Est-ce que l'article
quatre est adopté?
Des voix : adopté.
Le Président (M. Jacques) : L'article 4
est adopté. Mme la ministre, Article cinq.
Mme Guilbault :Merci, M. le Président. «Article cinq. Pour pour exproprier
un droit, il n'est pas nécessaire d'avoir obtenu les autorisations requises
pour la réalisation du projet ni de remplir les conditions préalables à cette
réalisation qui sont prévues par d'autres lois. Le présent article n'a pas pour
effet de supprimer l'obligation pour un expropriant d'obtenir les décisions et
les autorisations requises par les dispositions qui l'habilitent à acquérir un
tel droit.»
L'article cinq du projet de loi reprend
quant à lui les deuxième et troisième alinéas de l'article 36 de la loi
sur l'expropriation en formulant plus clairement qu'il ne serait pas nécessaire
pour exproprier un droit d'avoir obtenu les autorisations requises pour la
réalisation du projet ni de remplir les conditions préalables à cette
réalisation. Il serait toutefois nécessaire d'obtenir les décisions et
autorisations requises par les dispositions qui l'habilitent à acquérir un tel
droit. Loi sur l'expropriation, et là, on a l'article 36, que j'ai lu déjà
au précédent article quatre parce que l'article quatre reprenait les alinéas un
et quatre. Et je disais tout à l'heure que le prochain allait reprendre les
alinéas deux et trois. Donc, c'est ça l'idée.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Puis je veux juste, M. le Président... Peut-être un élément
de contexte. Je l'avais dit tout à l'heure, je disais l'article suivant va
justement aller dans le sens de gagner du temps en pouvant procéder deux...
laisser procéder deux processus... pas... en tout cas, j'ai de la misère à le
dire, mais dont... en faisant en sorte que deux processus parallèles peuvent se
dérouler, en l'occurrence entamer une procédure d'expropriation ou du moins un
avis de réserve, et tout ça, et parallèlement, demander les autorisations pour
un futur projet pour lequel on entame ladite procédure d'expropriation, qui, en
fait, c'est ça, reprend ce qui est déjà prévu dans la loi actuelle.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député d'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Alors, je vais reprendre où Mme la ministre s'est arrêtée, quand Mme
la ministre nous parlait de deux procédures justement qui cheminent en même
temps. J'y vois... Personnellement, j'y vois un enjeu parce qu'il y a des
organismes qui doivent absolument être consultés et dont on doit obtenir l'autorisation
pour que le projet puisse continuer, et j'ai en tête notamment la CPTAQ. Et je
vais avoir un amendement à proposer en ce sens, M. le Président. Parce que,
dans ce cas-là, évidemment, ce qu'on veut éviter, c'est qu'on travaille pour
rien. Et ma compréhension, c'est que la Commission de la protection du
territoire agricole, ses décisions ont force, sont exécutoires et tout
dépendant de la décision, bien, le projet n'irait peut-être pas plus loin.
Donc, on a un processus qui est entamé, il faut obtenir une décision en même
temps et, si jamais le processus avançait et que l'organisme judiciaire ou
quasi judiciaire qui devait rendre la décision faisait en sorte qu'il n'accordait
pas son autorisation, donc ça veut dire qu'on a travaillé ou qu'on a fait des
dépenses ou qu'on a commencé une expropriation pour rien.
Alors, c'est la raison pour laquelle je
pense que, dans une économie pour tout le monde, et là, je peux comprendre que
ça engendre peut-être, peut-être un délai, mais pour l'économie pour tout le
monde, je pense qu'il serait préférable qu'à tout le moins en ce qui a trait à
la CPTAQ, pour la protection du territoire agricole, les deux processus ne
puissent pas fonctionner en même temps, d'où l'amendement que je vais proposer.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 05)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Lors de la suspension, le député de l'Acadie était sur
le point de déposer un amendement.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. Alors, effectivement,
l'amendement a été déposé. Je peux procéder à la lecture de l'amendement.
L'article 5 du projet de loi est
modifié :
1° par l'insertion, dans le premier
alinéa, après les mots «par d'autres lois» des mots «sauf pour l'expropriation
d'un immeuble situé en zone agricole, auquel cas l'autorisation préalable de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec doit être obtenue
lorsque requise»;.
2° par l'insertion, à la fin de l'article,
de l'alinéa suivant :
En cas de non-réalisation d'un projet
ayant mené à l'expropriation d'un immeuble situé en zone agricole,
l'expropriant doit, dans l'année qui suit la date où il est devenu officiel que
le projet ne se réaliserait pas, offrir aux producteurs agricoles expropriés,
le cas échéant, la rétrocession de l'immeuble, et ce, au prix de l'indemnité
d'expropriation qui lui avait été accordée. L'expropriation doit également,
dans la même année, prendre les procédures appropriées pour que l'immeuble soit
réintégré en zone agricole lorsque celui-ci en avait été exclu. Voilà.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Bien, c'est effectivement un
amendement qui reflète des discussions qu'on avait eu avec l'UPA, et tout ça,
puis c'est pour ça qu'on a pris le temps, j'ai pris le temps de l'évaluer. On
avait déjà réfléchi à la chose, mais là je voulais revalider certaines choses
avec les équipes. Puis c'est pour ça aussi tout à l'heure que je disais :
L'objectif... puis que je reprenais les termes de mon collègue de Taschereau,
l'objectif, c'est de gagner du temps. Puis une des choses qu'on a faites au
précédent article, c'est-u à l'article 4 ou 3, c'est d'assouplir ou
d'accélérer le processus d'expropriation pour un expropriant du gouvernement,
pour un ministre, pour nous. Moi, par exemple, si je veux exproprier, je vais avoir
besoin d'une autorisation ministérielle plutôt que d'un décret du Conseil des
ministres. Alors, on veut aller plus rapidement. Et le fait de devoir attendre
une décision de la CPTAQ, qui est une organisation aussi entièrement
indépendante, sur laquelle on n'a aucun absolument aucun contrôle, puis c'est
correct, c'est normal, c'est prévu comme ça, mais à part pour des motifs
d'urgence, là, tu sais, de réelle, réelle urgence, de ce qu'on me dit, on ne
peut pas obtenir de décision accélérée ou de processus accéléré.
Alors là, c'est comme si, d'une part, dans
le projet de loi, on met en place des mécanismes pour gagner du temps sur les
processus, mais, d'autre part, on s'en ajouterait, qui fait qu'on est obligé de
cumuler des délais. Donc, moi-même, si je veux gagner du temps en enlevant mes
décrets gouvernementaux, tout ça, je perds ce gain net là, et même encore plus
en faisant des processus consécutifs plutôt que simultanés. C'est pour ça que
moi, je favorise qu'on continue de pouvoir aller de l'avant avec les deux
processus simultanés, ce qui n'empêche pas la CPTAQ de faire son travail. Et,
dans les faits, ce qu'on me dit aussi, c'est que, souvent, les expropriations
agricoles, par exemple pour des projets de ponceaux ou de routes, ou les
projets que le ministère des Transports, chez nous, on fait, ça se déroule
bien, on obtient les autorisations puis il n'y a pas de problématique parce
que, souvent, c'est des projets que le milieu veut. Alors, dans la majorité des
cas, de toute façon, ça ne pose pas de problème. Donc, pour ces raisons là de
gain de temps, moi, je préférerais qu'on puisse continuer à mener les deux
processus simultanément.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député.
M.
Morin :Oui. Alors, deux choses. Quand vous dites, Mme la
ministre, vous obtenez des autorisations, des autorisations de qui? D'autres
organismes ou de la CPTAQ? Parce que ma compréhension, c'est qu'avec
l'article 5 tel qu'il est proposé, l'expropriant ne pourra pas passer à
côté d'une décision de la CPTAQ. Donc, ce qui va arriver, c'est que le projet
va avancer puis, à un moment donné, la CPTAQ va rendre sa décision. Et puis si
elle est contre le projet, vous allez être obligé de tout remettre en état.
Puis parce que la CPTAQ est un organisme, vous l'avez dit, avec raison,
indépendant...
16 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...vous ne pouvez
pas contrôler ce qu'ils vont décider. Donc, en fait, vous allez... ou bien vous
avez un retard ou vous risquez d'avoir un retard et un dédommagement à faire.
Et c'est la raison pour laquelle je propose, dans le cas, par exemple, des
terres agricoles, d'attendre, on parle uniquement de la Commission de la
protection du territoire agricole, compte tenu de l'importance des terres
agricoles. Et, dans le deuxième cas, d'être capable de rétrocéder l'immeuble
avec une vocation agricole. Parce que ma compréhension de l'article actuel, c'est
que vous ne pourrez pas passer à côté de la CPTAQ de toute façon.
Mme Guilbault :Oui, c'est vrai, c'est ça. En fait, l'article cinq reprend
exactement ce qui était prévu dans les alinéas deux et trois de l'article 36.
Donc, le collègue a raison. En fait, nous, ce qu'on propose c'est le statu quo
pour cet élément-là dans le projet de loi, c'est de garder les choses comme
elles sont déjà. Donc, on ne change rien, on n'introduit rien, on n'allonge pas
de délai, puis on... mais, par contre, au net, on gagne parce qu'à l'article
précédent, on est allé chercher des gains sur nos propres procédures, à l'intérieur...
comme expropriant à l'intérieur du gouvernement. Donc, on a un gain de temps.
Mais là, si après ça on fait une modification à l'article cinq, par rapport à
ce qui existe déjà, pour aller ajouter du temps, les délais, il y a des
décisions de la CPTAQ sur lesquels on a... qui ne dépendent absolument pas de
nous puis qui prennent le temps qu'ils prennent. Mais là au net, mon article
quatre plus mon article cinq, au net, je perds du temps dans mes délais par
rapport à la loi actuelle. Donc, ça, ça va à l'encontre de l'esprit de la loi.
Et c'est pour ça, là. Donc, oui, c'est vrai qu'actuellement on ne peut pas
contourner la CPTAQ. On ne pourra pas plus la contourner dans l'article cinq, c'est
le statu quo.
Et aussi, comme je le disais, puis on a
vérifié, actuellement ça n'arrive pas, là, vraiment de situations où on se
retrouve pris avec un terrain pour lequel la CPTAQ dit non. Puis
hypothétiquement, si ça arrivait, j'ai posé aussi la question, donc on se
retrouverait avec une terre excédentaire qu'il faudrait... bien, soit qu'on
pourrait conserver pour des fins d'un futur autre projet ou, tu sais, comme le
ministère dispose de certaines terres un peu partout, si un jour on a besoin de
faire une emprise, on a besoin de faire ci ou de faire ça ou... Mais, en même
temps, si on se retrouve avec, sans pouvoir faire le projet parce qu'il y a une
décision défavorable de la CPTAQ, ça veut dire que son usage agricole est
maintenu, donc à ce moment-là il pourrait être retourné pour un usage agricole
aussi.
M. Morin : Oui. Sauf que,
dans le cas du deuxième alinéa de l'amendement que je propose, à ce moment-là,
là, c'est sûr, ça deviendrait très clair, l'intention du législateur serait à l'effet
qu'il y aurait une rétrocession de l'immeuble pour être sûr que ça va rester
pour les terrains agricoles.
Maintenant, écoutez, c'est sûr que vous
pouvez faire un gain, mais vous pouvez aussi, dans l'état actuel de l'article
cinq, comme je vous le disais, de vous ramasser dans une situation où vous
allez être obligé de rechanger la vocation, arrêter l'expropriation, parce que,
clairement, pour la CPTAQ, vous ne pourrez pas passer à côté. Vous allez être
obligé d'avoir sa décision avant de compléter le projet. Puis, plus le projet
avance vite, parce que vous voulez un gain d'efficacité, si la Commission vous
dit non, là, vous allez être obligé de tout défaire. Donc, je me dis :
Plutôt que d'avoir un impact sur l'exproprié, bien, attendons la décision de la
CPTAQ. Et puis, après ça, bien, vous êtes sûr que vous allez pouvoir procéder
de l'avant. Et là, il n'y aura aucun souci.
Mme Guilbault :Bien, je comprends ce que me dit mon collègue, il dit :
On doit vivre avec un risque lié à la décision éventuelle de la CPTAQ. Et ce
que je lui dis, c'est que c'est vrai, mais ce risque-là, il est ni plus ni
moins élevé qu'avant. C'est le même risque, mais avec le risque avec lequel on
doit déjà composer qui, heureusement, à date, ne nous a pas posé de problème,
mais qui, effectivement, de manière théorique, pourrait un jour faire en sorte
qu'on se retrouve avec une décision défavorable. Auquel cas, on va procéder, tu
sais, avec l'usage du terrain, soit, comme je dis, on va le conserver, soit on
va le... on va en disposer, conformément à ce qu'on m'explique, il existe une
procédure pour les terres excédentaires au gouvernement, donc, et il va avoir
conserver son usage agricole parce que la CPTAQ a refusé qu'on modifie le
zonage.
Mais, derrière ça, je sens beaucoup... tu
sais, je sens bien le souci, la préoccupation à l'endroit du milieu agricole,
qui est largement partagée par la partie gouvernementale, là, je tiens à le
dire au micro. Puis d'ailleurs, peut-être, je trouve, c'est peut-être le moment
de l'insérer, il y a mon collègue ministre de l'Agriculture qui a déjà commencé
ou s'apprête à commencer... commencé une vaste consultation du milieu agricole
pour la... bien, c'est-tu refonte, la modernisation, je ne veux pas lui mettre
les mots dans la bouche, mais par rapport à la Loi sur la protection des
territoires agricoles...
Mme Guilbault :...Donc, dans le cadre de cette consultation-là... Puis on
leur a beaucoup parlé par rapport aux faits concernant l'étude détaillée ici,
entre autres sur des questions qui peuvent toucher le milieu agricole. Et donc
eux nous assurent que la propriété agricole va faire... va être l'objet d'une
partie de la consultation à part entière en novembre. Donc, c'est sûr que là,
l'expropriation vient toucher la propriété agricole, mais ça demeure très niché
comme élément qui touche la propriété agricole. Donc, cette question-là va être
abordée plus largement dans une consultation faite par le MAPAQ, qui est quand
même, je dirais, l'institution ou l'interlocuteur privilégié pour le milieu
agricole, qui contrôle d'ailleurs la Loi sur la protection des terres
agricoles.
M.
Morin :Alors, effectivement... D'ailleurs, il y avait un
article à cet effet-là à Radio-Canada. M. le Président quant à la consultation
du ministre de l'Agriculture. On nous indique que le gouvernement veut, autour
de trois thèmes, protéger le territoire agricole, protéger les activités agricoles
puis revoir l'accès aux terres pour la relève agricole.
Maintenant, on dit qu'on ne vise pas à
diminuer le territoire agricole mais à l'adapter. Évidemment, vous comprendrez
que moi, ma préoccupation, compte tenu de l'importance de la souveraineté
alimentaire du Québec, c'est de protéger le territoire agricole, d'où
l'amendement que j'ai déposé, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui. Merci, M.
le Président. Merci, M. le Président. Bien, tout à fait d'accord avec
l'amendement, là, qui est proposé par mon collègue de l'Acadie. Ça rejoint, là,
ce que j'avais annoncé, là, dans mes remarques préliminaires. En même temps,
j'entends aussi effectivement l'enjeu d'efficacité. C'est sûr que la CPTAQ a un
rôle à jouer qui est important. C'est un organisme indépendant. C'est clair
aussi qu'on doit respecter son bon jugement puis son expertise dans des
domaines comme celui-là. Chose certaine, pour moi, quand je regarde la proposition
d'amendements, les deux amendements peuvent vivre séparément aussi, là. Tu
sais, si la ministre n'est pas intéressée par le premier alinéa pour des
raisons, disons, de délai puis d'accélération des projets, c'est une position
qui peut peut-être se défendre, mais le deuxième a quand même son intérêt. Tu
sais, si on a des terres excédentaires, à un moment donné, ça devient un peu
contre-productif par rapport à ce qu'on veut maintenir comme terres agricoles
au Québec. On sait combien ces terres-là sont sous pression. Il y en a de moins
en moins. Il y en a peu déjà au départ, parce que c'est à peu près... c'est
juste seulement dans la vallée du Saint-Laurent qu'on est capable de faire de
l'agriculture de qualité. Malheureusement, on a tendance à s'étendre beaucoup...
On a eu tendance à s'étendre beaucoup dans les dernières années en ce qui
concerne le développement résidentiel, alimenté par notre réseau d'autoroutes,
sur des secteurs où les terres sont de très bonne qualité.
Donc, il y a tout à croire que... Tout
porte à croire, en fait, que ce genre de situation là doit arriver quand même
assez souvent dans des milieux où les terres sont de relativement bonne qualité
quand même, donc il faut absolument les protéger. Si un projet ne se réalise
pas, il me semble que ça serait... ça irait dans le sens logique de redonner
ces terres-là. On va avoir d'autres propositions d'amendements, là. Notamment,
vous vous souviendrez, Mme la ministre, là, sur la proposition de la CMM sur
les terres qui ne sont pas exploitées depuis trois ans, de les redonner à des
agriculteurs, à des agricultrices pour qu'ils puissent l'exploiter. On a besoin
de ces terres-là. Puis ça me fait penser à des secteurs comme... Vous vous en
souviendrez certainement, mais le prolongement de l'autoroute Félix-Leclerc à
travers L'Ancienne-Lorette. C'est des terres qui appartiennent toujours au MTQ.
Il y a des terres qui appartiennent aussi dans le coin de Vaudreuil, si ma
mémoire est bonne aussi. Oui, hein? Vous avez fait une sortie publique là-dessus
il n'y a pas si longtemps que ça, des terres qui appartiennent au toujours MTQ
sur lesquelles... Bien, câline... Bon, ce n'est peut-être pas des terres
agricoles, mais ce que je veux dire, c'est que c'est des terres pour lesquelles
on ne peut pas avoir un usage autre que d'être en friche puis d'attendre, tu
sais. Dans le meilleur des cas, on en fait des parcs ou... hein?
• (16 h 40) •
Mme Guilbault :...à L'Ancienne-Lorette.
M. Grandmont : Oui, c'est ça.
Exactement. Bien, tu sais, bon. Qu'est-ce que c'était avant ces terres-là?
C'était peut-être des terres agricoles aussi. Toujours est- il que ces
terres-là, je pense qu'il faut faut les protéger. Puis moi je suis d'avis...
Puis en tout cas je tends la perche à mon collègue de l'Acadie s'il veut
regarder la possibilité de proposer un sous... pas un sous-amendement, mais un
autre amendement qui viendrait juste déposer le deuxième, s'il y a de
l'ouverture du côté de la ministre. Bien, tu sais, ça peut être quelque chose
d'intéressant à envisager, là. Il n'y a rien qui dit que... Le premier, je
comprends les arguments, mais le deuxième, disons que ça peut être intéressant
de s'assurer que ces terres-là, ces terres agricoles là, restent dans le
domaine agricole, dans les cas où les travaux ne se réalisent pas, là. On n'est
pas en train de dire que tous les projets ne se réaliseront pas parce qu'on
veut les conserver. Mais dans les cas où les projets...
M. Grandmont : ...ne se
réalisent pas, bien, que ça ne devienne pas des terres excédentaires puis qu'on
n'en fasse rien, ou peut-être, au mieux, des parcs, mais qu'elles soient
rétrocédées quand il s'agit de zones... de terres en zone agricole. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article... à l'amendement de
l'article 5? M. le député d'Acadie.
M.
Morin :Oui. Bien, écoutez, compte tenu de nos échanges, j'ai
des échanges avec Mme la ministre puis la partie gouvernementale, je comprends
que la première partie de l'amendement reçoit un... en fait, est moins... la
ministre est moins favorable. Cependant, quant à la deuxième partie, je pense
que ça serait important de s'assurer que les terres agricoles resteront dans le
domaine agricole.
Donc, tout dépendant de la décision de la
ministre, moi, je pourrais présenter... de deux choses l'une, au niveau de la
procédure, ou bien on vote sur l'amendement tel qu'il est, évidemment, si on
vote en bloc, il risque d'être rejeté par la partie gouvernementale, je peux
représenter un autre amendement qui va couvrir uniquement la partie deux, ou,
si tout le monde est d'accord, on peut scinder l'amendement puis garder
uniquement la partie deux.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Des voix : ...
Mme Guilbault :...bien, en fait, moi, je suis d'accord avec mes collègues.
Moi aussi, je voyais les deux choses qui peuvent tout à fait vivre
indépendamment. Et je pense que, sur l'élément un, en tout cas pour ma part,
j'aurais terminé ma représentation, dans le sens où, pour moi, c'est
mathématique, là. Si j'additionne mon article 4 avec mon article 5 et
qu'au final je me retrouve avec une perte nette en termes de délais allongés,
je trouve que je vais à l'encontre de l'esprit de mon projet de loi et... et
c'est ça. Puis je pense qu'aussi les autres expropriants, les municipalités, la
CMM, et tout ça... je ne pense pas qu'ils apprécieraient... puis encore là sous
réserve, je ne veux pas mettre des mots dans leur bouche, mais je pense qu'ils
trouveraient ça un peu aussi contre-productif de s'ajouter des délais qui
actuellement n'existent même pas. Donc, c'est... non seulement on n'a pas de
gain de délais, mais on s'en ajoute, alors, bref...
Donc, pour la première partie, c'est ce
que j'aurais à dire. La deuxième, c'est parce que, c'est ça, je réfléchis en
même temps. Moi, je suis assez d'accord. Tu sais, comme je disais tout à
l'heure, prenons un exemple... C'est qu'à date ça ne nous arrive pas. Dans la
réalité, là, quand on exproprie puis on a quelque chose à faire avec ce
terrain-là, la décision nous arrive, puis on est corrects, puis on fait le
projet. Mais ça ne veut pas dire que ça pourrait ne jamais arriver. Donc, un
cas de figure où on aurait le droit d'aller de l'avant tout de suite avec notre
procédure d'expropriation plus rapide, on attend, là, on procède, on a le
terrain, et la CPTAQ est contre, donc ce terrain-là reste agricole. Comment
est-ce qu'on peut trouver une façon de s'assurer que... C'est-à-dire, il reste déjà
agricole par la décision de la CPTAQ, mais je disais tout à l'heure : On
en garde la propriété, il est dans nos terres excédentaires. Qu'est-ce qu'on
veut faire avec? Est-ce qu'on veut le garder? Est-ce qu'on veut éventuellement
peut-être se réessayer? Est-ce qu'on veut, tu sais...
Puis le député de Taschereau fait
référence aux terrains à L'Ancienne-Lorette. Ça fait longtemps qu'on les a, ces
terrains-là, tu sais. Il y a peut-être aussi... Puis j'ai fait un parc, à mon
précédent mandat, avec le député de La Peltrie, mais c'est des installations
temporaires en se disant : Si un jour on en a besoin pour peut-être de la
mobilité... Puis le député de Taschereau aimerait sûrement que je fasse une
bretelle d'autoroute ou quelque chose comme ça avec.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas
vrai. C'est une blague, c'est une blague. Alors, tout ça pour dire que des fois
il y a quand même une pertinence à se garder des terrains. Puis ma collègue de
Vaudreuil aussi nous donnait un exemple chez elle. Donc, il y a une nécessité
des fois aussi d'avoir comme une réserve de terrains pour des futurs projets,
mais, un terrain agricole, je serais ouverte à ce qu'on trouve...
Puis l'autre chose, dans la façon dont
c'est amené en ce moment, c'est que... j'en discutais ici avec mes collègues
juristes, c'est qu'admettons, si on dit : On attend de voir un an si le
projet se réalise puis, si, après un an, on n'a pas réalisé le projet, on le
redonne à l'exproprié, l'exproprié, il y a des chances qu'il soit déjà relogé
ou réinstallé ailleurs. Ça ne veut pas dire que cette personne-là précisément
serait intéressée à rester là. Donc, comment est-ce qu'on...
Puis il peut aussi y avoir... parce que
mon cerveau est frénétique, il y a plein de choses en même temps, il peut aussi
y avoir la situation où, même si on a une décision favorable de la CPTAQ,
finalement, pour d'autres raisons qui n'ont aucun rapport avec le milieu
agricole, on ne fait pas le projet. Donc, on se retrouve avec le terrain qui a
été dézoné mais qu'on n'utilise pas pour les fins qui avaient été prévues.
Donc, est-ce qu'on le retourne au milieu agricole quand même?
Donc, il y a un ensemble de choses qui
vont toutes dans le même sens. Puis moi, je suis ouverte à ce qu'on se trouve
peut-être un moyen d'atteindre cet objectif-là, encore une fois, un peu comme
l'article 2, mais pas nécessairement de la façon dont c'est proposé là.
Mais j'ai une ouverture.
Puis tantôt le collègue de Taschereau
disait : J'aurai aussi des amendements à proposer qui suivent des
suggestions de la CMM sur le trois ans. Je ne sais pas s'il serait ouvert déjà
à nous en parler ou à nous dire de quels articles il s'agit, parce que, si
c'est lié ou c'est connexe à ce dont on discute, peut-être que ça pourrait
faire partie de ma réflexion...
Mme Guilbault :...ou peut être que c'est quelque chose qui pourrait être
réglé par ailleurs dans un autre article, ou j'essaie juste de voir, là, s'il
est à l'aise, sinon, ça peut être à la prochaine séance s'il n'est pas rendu
là, là.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, bien, on
allait... Merci pour la perche tendue. On avait nous pensé l'envoyer plus dans
les articles, là, qui touchent la modification à la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Donc, en tout cas, on pourra voir, là, justement autour de 180
quelques, là, on pourra voir si effectivement c'est à cet endroit-là ou c'est
plutôt là qu'on le ramène, là. On pourra discuter de ça éventuellement.
Moi, j'aimerais quand même souligner
quelque chose de ce que la ministre vient de dire. Elle parle de projets, donc,
qui auraient été refusés... non, dont le dézonage aurait été refusé par la
CPTAQ. Mais, même si... Dans mon esprit à moi, à moins que j'aie mal compris,
là, la proposition du collègue de l'Acadie. Mais il pourrait y avoir
autorisation de la CPTAQ. Il pourrait y avoir expropriation. Un projet ne se
réalise pas, dans mon esprit à moi, le projet devrait retourner à l'agriculteur
pour être exploité si le projet ne se fait juste pas. C'est ça, dans le fond,
l'esprit de l'amendement que moi je comprends. La terre devrait être redonnée.
Si on garde cette terre-là en terre excédentaire, puis qu'on y autorise
l'agriculture, on est quand même dans une logique de location de terres, puis
on ne l'a pas cette pérennité-là qui est donnée à l'agriculteur. Puis vous vous
souviendrez, on en avait parlé quand même beaucoup dans l'audience avec l'UPA,
ne pas être locataire... être locataire d'une terre pour un agriculteur, c'est
avoir des difficultés à se projeter dans l'avenir puis avoir de la difficulté à
faire des investissements. Tu sais si demain matin, là, le gouvernement revient
puis dit : Bien, finalement on va le faire, notre projet ou on l'a modifié
puis on va le faire. L'agriculteur, je veux dire, il a fait tout ce travail-là
pour rien, ça ne fonctionne pas.
Moi, ce que je comprends de cette
proposition-là d'amendement, c'est qu'il y a rétrocession de l'immeuble, et que
dans le fond, là, l'agriculteur, l'agricultrice retrouve sa terre, recommence à
l'exploiter. Puis, si jamais il y a un nouveau projet, bien, on repasse le
processus en entier, là. Mais l'histoire d'avoir des terres excédentaires, pour
moi, c'est un problème au même titre qu'on a des gens qui achètent des terres
puis qui... à des agriculteurs, agricultrices, donc il y a comme une nuance. Je
ne sais pas si on parle exactement le même langage, là.
Mme Guilbault :Oui, bien, je comprends ce qu'il veut dire, mais moi, ce
que je disais aussi, c'est que... parce que là, c'est dans l'année qui suit la
date où il est devenu officiel que le projet ne se réaliserait pas. Donc,
disons que l'exproprié quitte parce qu'on l'a exproprié. Il quitte. Là, après
ça, il y a un délai parce que, là, on pense peut-être faire le projet. On
réfléchit, on a des démarches et tout ça. Et là, il peut y avoir déjà un délai,
là, disons, je ne sais pas, moi 10 mois, un an, 16 mois au bout
duquel on dit : Finalement c'est officiel, on ne le fera pas, le projet.
Et là, après ça, on aurait une autre année durant laquelle il faudrait
rétrocéder la terre à l'exproprié. Ce que je dis, c'est que cette personne-là,
fort probablement, va s'être réinstallée ailleurs, ça fait qu'elle ne va pas
nécessairement vouloir... même au prix de l'indemnité d'expropriation, elle ne
va peut-être pas nécessairement vouloir revenir, la même personne expropriée.
M. Grandmont : Non, mais,
pour moi, là, je veux dire... puis il aurait peut-être fallu avoir cette
discussion-là avec des gens de l'industrie....
Mme Guilbault :
Mais ça pourrait être un autre agriculteur.
M. Grandmont : ...pour leur
poser des questions pour savoir comment ça se passe. Mais dans ma tête, tant
que le projet ne se fait pas, bien, l'exploitation continue à se faire. Tu
sais, là, l'expropriation, l'expropriant... l'exproprié ne quitte pas sa terre
avec son stock, ses tracteurs pour y revenir après.
Une voix : Un bout de sa
terre.
M. Grandmont : Puis ça arrive
souvent que c'est un bout de sa terre aussi, là. C'est un morceau de terre. Tu
sais, je pense à des bretelles d'autoroute qui vont empiéter sur une terre
agricole. Donc, tu sais, l'exploitation peut se continuer ou elle est à
proximité. C'est une partie de son bien, là, qui est expropriée. Donc...
• (16 h 50) •
Mme Guilbault :Juste pour voir dans la séquence, effectivement...
(Consultation)
M. Grandmont : Oui, mais,
c'est ça. En fait, je voulais... j'allais un peu dans le même sens que ce qu'on
suggère de l'autre côté, peut être suspendre la session, puis éventuellement y
revenir parce que je sens quand même une ouverture du côté de la ministre.
Peut-être, juste s'entendre sur la façon dont ça peut être fait, là.
Le Président (M. Jacques) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 51
)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 05)
Le Président (M. Jacques) : Nous
prenons nos travaux. Et maintenant je cède la personne à Mme la ministre.
Mme Guilbault :Merci, M. le Président. Alors, j'ai pris du temps avec mon
équipe pour réfléchir un peu parce que, comme je disais, j'aime l'esprit qui
est derrière... puis l'objectif qui est derrière la deuxième partie de l'amendement
de l'opposition officielle. Et ce que j'aurais proposé, à ce stade-ci, étant
donné l'heure qu'il est, puis je ne veux pas non plus qu'on soit... qu'on reste
suspendu éternellement, puis je voudrais qu'on prenne le temps de trouver le
meilleur libellé ou la meilleure façon d'atteindre l'objectif que je pense
avoir bien compris, puis l'opposition officielle aussi nous a fait référence à
l'article 66 de la Loi sur la protection des terres agricoles qui pourra
aussi peut-être être une inspiration, ça fait que donc on va regarder ça ce
soir. Si mes collègues consentent, je suspendrais l'article 5. On va
regarder tout ça ce soir et, demain, à la reprise, on pourrait, un peu comme on
a fait tout à l'heure, là, pour l'article 2, reproposer ou rediscuter de
ça, mais nous, on aurait amené peut-être une... Parce que je ne pense pas
que... libellé comme ça, il y a des choses qui ne conviennent pas, est-ce que
ça va être exactement... Tu sais, donc on va reprendre tout ça avec les équipes
puis demain on arrivera avec une proposition pour discussion.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'amendement à l'article 5?
M. Morin : Il y a
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Consentement.
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article 5? Il y a
consentement. Donc, Mme la ministre, article 6.
Mme Guilbault :Est-ce que c'était votre amendement ou celui de...
Une voix : ...
Mme Guilbault :L'autre? O.K. Je n'étais pas sûre, je m'étais peut-être
trompée.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Mais c'est la communauté d'esprit ici. O.K. Article 6...
Mme Guilbault :...lorsqu'un immeuble fait l'objet d'une réserve, seul le
gouvernement, l'un de ses ministres, un mandataire de l'État ou celui qui
impose la réserve peuvent exproprier un droit qui porte sur celui-ci. »
L'article six du projet de loi reprend le
principe établi aux articles 77 et 77.1 de la Loi sur l'expropriation
voulant que seul celui qui impose la réserve, le gouvernement, l'un de ses
ministres et un mandataire de l'État peuvent exproprier un droit faisant l'objet
d'une réserve. Alors... bien, c'est ça, en fait, c'est assez simple, on reprend
ce qui était déjà prévu...
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 6?
M. Morin : ...M. le Président,
merci. Est-ce que vous avez, Mme la ministre, un exemple concret de ce que ça
peut signifier en pratique?
Mme Guilbault :Dans quel sens? Bien, c'est sûr que, si on émet un avis de
réserve, dans le fond, c'est celui qui aura émis l'avis de réserve qui va
pouvoir aller de l'avant pour l'expropriation.
M. Morin : O.K. Donc... mais
c'est lorsqu'un immeuble fait l'objet d'une réserve, « seul le gouvernement ou un mandataire de l'État
ou celui qui impose la réserve peut exproprier un droit ». O.K., excellent, donc le mandataire de l'État,
ça peut être une société d'État également?
Mme Guilbault :Ma compréhension, c'est que oui.
M. Morin : Oui. Très bien.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article six... six, exactement.
Pas de commentaire. Est-ce que l'article 6 est adopté? Adopté. Mme la
ministre, l'article sept.
Mme Guilbault :Parfait. Article sept : « Afin de diminuer le coût total de l'expropriation
et de tenir lieu d'indemnités provisionnelles ou définitives, en tout ou en
partie, un expropriant peut acquérir de gré à gré ou par expropriation un
démembrement du droit de propriété au bénéfice de l'immeuble de l'exproprié ou
un droit de propriété sur un immeuble situé à proximité de celui appartenant à
l'expropriation et qui peut servir à rétablir sa situation. La décision ou,
selon le cas, l'autorisation prévue au premier alinéa de l'article quatre n'est
pas requise pour une acquisition par expropriation faite en vertu du premier
alinéa du présent article. »
L'article sept... bien, l'explication, là,
l'article sept du projet de loi réitère le pouvoir prévu à l'article 64 de
la loi actuelle d'acquérir un immeuble de gré à gré ou par expropriation afin
de tenir lieu d'indemnités et diminuer ainsi le coût total de l'expropriation.
Le nouveau libellé apporte toutefois certaines précisions. Tout d'abord, il
clarifie que cette expropriation n'a pas besoin, pour être réalisée, d'avoir
été décidée ou autorisée préalablement par le gouvernement, ce qui est le
reflet de l'article quatre préalablement adapté... adopté. Ensuite, l'immeuble
exproprié peut non seulement être adjacent à l'immeuble appartenant à
l'exproprié, mais il peut également être à proximité de celui-ci afin
d'accroître la souplesse d'application de cette disposition. Enfin, ce pouvoir
d'exproprier permet non seulement d'acquérir le droit de propriété sur
l'immeuble, mais également un démembrement de ce droit au bénéfice de
l'immeuble de l'exproprié, telle une servitude de passage. Et là je comprends
qu'on ajoute « proximité » à « adjacent »
pour qu'on puisse couvrir quelque chose d'un petit peu plus large qui va être
proche, mais pas nécessairement adjacent.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Alors, mon seul
commentaire, M. le Président, Mme la ministre s'en souviendra probablement, il
y a des intervenants, dont, si mon souvenir est bon, la Ville de Mascouche,
dans leurs mémoires, qui étaient inquiets, ils disaient que peut-être que situé
à proximité, c'est un peu flou et ils demandaient une définition de proximité.
Alors, pensez-vous que c'est quelque chose que le gouvernement souhaite faire,
donc être plus précis, ou si vous le laissez de cette façon-là?
• (17 h 10) •
Mme Guilbault :...la définition de la proximité, c'est situation de
quelqu'un, de quelque chose qui se trouve à peu de distance de quelqu'un, de
quelque chose d'autre, d'un lieu. Ça, c'est la définition du dictionnaire. Mais
je pense qu'il y a aussi le souhait de maintenir une certaine latitude, là,
puis il y a toujours le gros bon sens. Mais il y a surtout aussi de dire...
Parce que, tu sais, les situations sont variables, ça fait que de dire :
Pour un rayon ou un périmètre, je pense que ce serait inutilement contraignant.
M. Morin : Très bien. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a d'autres... M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, c'est ça,
bien, on en a parlé, là, déjà, dans les articles précédents. Je me demandais si
on ne pourrait pas avoir... puis j'ai l'impression que ça va revenir quand même
assez souvent aussi, si on ne pourrait pas avoir un petit cours de
démembrement 101, bien comprendre concrètement ce que ça veut dire, qu'on
soit tous sur la même...
M. Grandmont : ...à la même
page.
Le Président (M. Jacques) : Mme
la ministre.
Mme Guilbault :Bien comme l'exemple de la servitude qu'on disait comme ça,
ça pourrait lui donner un droit de passage sur une propriété qui, autrement, ne
serait pas la sienne. Mais le concept de démembrement de propriété, peut être
que si les collègues sont à l'aise, ma collègue juriste pourrait nous donner le
petit cours 101. Effectivement, ça pourrait être bénéfique pour tous ceux
qui ne sont pas juristes ici.
Le Président (M. Jacques) : Consentement?
Mme Massé (Julie) : Bonjour.
Je prenais mes notes, là, je me suis pris quelques définitions. Donc, en fait,
le droit de propriété est composé de différents types, donc il y a l'usufruit,
l'usage, il y a la servitude, il y a l'emphytéose, qui sont reconnus par le
Code civil comme étant des démembrements de droit de propriété et ça constitue
des droits réels. Donc, une personne qui a un droit de propriété peut donner à
un autre immeuble — souvent, c'est au service d'un autre immeuble — un
usufruit ou un usage, ou parfois c'est un droit personnel, mais ceux qu'on
couvre, nous, c'est les droits réels, donc l'usufruit, l'usage, la servitude,
l'emphytéose. Par exemple, quand on donne un droit de passage sur un terrain,
un terrain qui est enclavé, on va donner un droit de passage sur l'autre
terrain pour pouvoir traverser. Ce droit-là est donné au bénéfice d'un terrain
à l'autre.
Dans le cas de l'expropriation, la Loi sur
l'expropriation, déjà, en ce moment, on peut exproprier l'entièreté du droit de
propriété, on peut exproprier quelqu'un qui aurait un droit de passage. On peut
venir chercher son droit de passage pour avoir l'entièreté du droit de propriété
sur le terrain si on en a besoin. Donc, c'est ça. Je ne sais pas si vous voulez
que je vous donne certaines définitions, là, les définitions du Code civil
d'usufruit, l'usage, la servitude, l'emphytéose, là, c'est peut-être... c'est
des concepts, là, je...
M. Grandmont : ...
Mme Massé (Julie) : Donc,
l'emphytéose, c'est le droit qui permet à une personne, pendant un certain
temps, d'utiliser pleinement un immeuble appartenant à autrui et d'en tirer
tous ses avantages, donc c'est à la condition de ne pas en compromettre
l'existence et à charge d'y faire des constructions, ouvrages ou plantations
qui augmentent sa valeur d'une façon durable. Donc, l'emphytéose... on donne à
la personne le droit de se servir de notre terrain puis de le faire...
L'usufruit, lui, c'est le droit d'user et
de jouir, pendant un certain temps, d'un bien, dont un autre à la propriété,
comme en étant le propriétaire nous-mêmes, mais à charge d'en conserver sa
substance.
L'usage, c'est le droit de se servir
temporairement du bien d'une autre personne et d'en percevoir les fruits et les
revenus jusqu'à concurrence des besoins de l'usager, des personnes qui y
résident et des personnes. Donc, on peut utiliser pour nos propres besoins, pas
forcément pour faire du commerce.
Et puis, la servitude, c'est une charge
imposée sur un immeuble, le fonds servant, en faveur d'un autre immeuble, le
fonds dominant, qui appartient à un propriétaire différent. Cette charge oblige
le propriétaire du fonds servant à supporter de la part du fonds dominant
certains actes d'usage ou à s'abstenir lui-même d'exercer certains droits
inhérents à la propriété. Donc, ça peut être un droit de passage, ça peut être
le droit de ne pas mettre des charges supplémentaires sur un terrain, de ne pas
construire sur une certaine partie. Donc, c'est ce genre de droit là. Donc, ça,
c'est les démembrements du droit de la propriété.
M. Grandmont : Parfait. Merci
pour ces explications.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Me Massé. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 7?
S'il n'y a pas d'autre... Ah, oui! Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Bien, en
fait, j'avais une petite question en lien avec le... Bien, je le comprends, je
comprends l'article 7, mais peut-être, vous pourriez m'expliquer, Mme la
ministre, vous ou votre équipe, là. Moi, ce que je comprenais, là, c'est que,
dans le cadre de la loi actuelle, là, l'expropriant peut transférer la
propriété cinq jours après l'avis d'expropriation. Une fois qu'on fait ça comme
ça, moi, j'ai l'impression que ça va rallonger le délai. Le délai va plutôt...
Dans la nouvelle loi, moi, je pense que ça va plutôt rallonger le délai de
beaucoup, là, probablement le quatre mois.
Une voix : ...
Mme Nichols : Oui, avec l'article 7.
(Consultation)
Mme Guilbault :...Bien, en fait, ce que... ça va rester tel quel, comme ça
se fait déjà en ce moment, ça va être la même... Tu sais, autrement dit...
C'est sûr que ça dépend, mais si on commence un processus d'expropriation puis
que là, en cours de route, tôt dans le processus, on s'aperçoit que finalement,
on pourrait le relocaliser à un autre endroit qu'on exproprie aussi, on peut
faire les deux en même temps. Puis, si cette décision-là où cette possibilité-là
arrive plus tard, bien, il y a déjà un délai, mais il n'est pas dû à nos
processus. Il est dû au fait que... j'imagine qu'il y a des discussions ou, tu
sais, c'est peut-être des possibilités qui apparaissent des fois après un
certain temps pour diverses raisons de relocaliser quelqu'un selon les
installations, selon aussi son intérêt, j'imagine, ou... Je m'avance, là,
mais...
(Consultation)
Mme Guilbault :C'est ça, dépendant... Bien, voulez-vous que... Est-ce que
ma collègue... Je voudrais que notre collègue juriste parle au micro,
peut-être, ça serait plus simple. Oui? Il y a consentement. Me Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. En
fait, ça, c'est déjà quelque chose qui est permis dans la Loi sur
l'expropriation de venir exproprier... En ce moment, c'est un terrain adjacent,
là. Le cas que je pourrais vous expliquer, c'est on veut réinstaller... Par
exemple, on exproprie un bout de terrain à un propriétaire, on touche son
stationnement. Par contre, il y a de la place amplement de l'autre côté si on vient
exproprier un bout du terrain du voisin. Donc, ça ne nous empêchera pas
d'acquérir le terrain, mais pour sa remise en état, par contre, on ne sera pas
obligé de déménager la maison en entier parce qu'il n'y a plus de place pour le
stationnement et on va pouvoir, justement, par cette deuxième expropriation-là,
venir chercher les terrains nécessaires pour le remettre en état. Donc c'est
l'objectif qui est poursuivi, et ça ne retarderait pas la première
expropriation dans ces cas-là.
Mme Nichols : Ça fait que,
dans le fond... O.K. Si vous me dites qu'à partir du moment où... Parce que
c'est à partir du moment où il reçoit... Dans le fond, c'est à partir du moment
où il y a le transfert de propriété, ça va rester la même chose. Il n'y aura
pas de délai supplémentaire.
Mme Massé (Julie) : Dans ces
cas-là, il n'y en aurait pas.
Mme Nichols : Ça reste comme
dans la loi actuelle.
Mme Massé (Julie) : Oui. Oui.
En fait, il y a un délai... Le délai de 90 jours, c'est le délai comme
minimal pour pouvoir venir chercher le bien en vertu de la Loi sur
l'expropriation actuelle. C'est un 3 mois de l'inscription sur les
registres fonciers de l'avis d'expropriation. Donc ça, ça peut se faire dans le
premier 15 jours, de mémoire, 15 ou 30 jours. Par contre, là on a
parti le délai de quatre mois à partir de la signification de l'avis
d'expropriation. Donc, la différence n'est pas... le point de départ n'est pas
le même, ce qui fait que... Puis avec le consentement des expropriés, par
exemple, on peut même raccourcir ce délai-là...
Mme Nichols : Transférer plus
rapidement.
Mme Massé (Julie) : Oui.
Mme Nichols : Bien, ça, on va
en arriver plus loin, je pense, à la signification, là...
Mme Massé (Julie) : Oui.
Mme Nichols : O.K.
Article 12, je pense.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 7? Est-ce que
l'article 7 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Mme la ministre, l'article 8.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Je vais avoir un amendement
sur l'article 8 qui est assez...
• (17 h 20) •
M. Morin : ...
Mme Guilbault :Oui?
M. Morin : J'en aurais un
aussi, donc on va voir ce que ça va donner.
Mme Guilbault :Ah bon! Bien, parfait. C'est ça...
Le Président (M. Jacques) : Commencez
par l'article 8, suivi de l'amendement.
Mme Guilbault :Oui. Donc, je lis l'article 8 :
«Avant de procéder à la signification de
l'avis d'expropriation, l'expropriant dépose, au Tribunal administratif du
Québec, un plan de l'immeuble exproprié accompagné, lorsqu'il s'agit d'une
partie d'immeuble, d'une description technique.S'il y a plus d'un droit à
exproprier, il peut plutôt déposer un plan général. Ces plans et, le cas
échéant, la description technique doivent être signés par un
arpenteur‑géomètre.»
Donc... Bien, en fait, je vais lire le
commentaire, après ça, je lirai mon amendement. L'article 8 du projet de
loi reprend l'article 39 de la loi actuelle en prévoyant les documents à
déposer au TAQ avant de pouvoir procéder à la signification d'un avis
d'expropriation.
Il prévoit toutefois que la description de
l'immeuble ou du droit réel immobilier à exproprier accompagnerait le plan de
l'immeuble ou du droit réel immobilier uniquement lorsqu'il s'agit d'une partie
d'un immeuble.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Nous allons maintenant suspendre quelques instants pour recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 32)
Le Président (M. Jacques) : Nous
prenons nos travaux. Et je cède la parole à la ministre, qui vient de déposer
un amendement. Et, si elle pouvait faire la lecture de l'amendement.
Des voix : ...
Mme Guilbault :Oui. Alors, amendement à l'article huit : Remplacer l'article
huit du projet de loi par le suivant :
«Huit. Avant de procéder à la
signification de l'avis d'expropriation, l'expropriant dépose au Tribunal
administratif du Québec :
«Un, lorsque le droit exproprié porte sur
un lot entier situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une rénovation
cadastrale, un extrait du cadastre du Québec montrant l'immeuble exproprié;
«Deux, lorsque le droit exproprié ne porte
pas sur un lot visé au paragraphe un, un plan de l'immeuble exproprié
accompagné, lorsqu'il s'agit d'une partie d'immeuble, d'une description
technique. S'il y a plus d'un droit à exproprier, Il peut plutôt déposer un
plan général. Les plans, à l'exception de l'extrait du cadastre du Québec et le
cas échéant la description technique visée au présent article, doivent être
signés par un arpenteur géomètre.».
Alors, l'amendement porte sur la... Sur l'alinéa
un, en fait, c'est l'alinéa un, c'est-à-dire, de l'amendement, qui est la
nouveauté par rapport à l'article huit d'origine qui prévoit que l'expropriant
qui vise un lot entier situé sur un territoire qui a été rénové... Qui a fait l'objet
d'une rénovation cadastrale, pourrait utiliser le... comment on l'appelle,
sur... l'extrait du... Un extrait du cadastre, c'est ça, finalement, puis aller
le chercher, dans le fond, sur Internet plutôt que de devoir fournir des plans
par un arpenteur géomètre. Et je pense que ça fait... Je pense que ça va un peu
dans l'esprit de ce que nous disait maître Burelle, sous toute réserve, là,
pour faciliter un peu l'intendance autour des procédures.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Oui, alors,
première question. L'article huit du projet de loi, en fait, reprend l'article 39
de la loi actuelle, si mon souvenir est bon. Et, dans le projet de loi, on
parle d'un droit à exproprier, alors que dans l'article 39, on parlait de
s'il y a plus d'un immeuble à exproprier et non pas d'un droit. Pourquoi cette
modification? Pourquoi on vise plutôt un droit qu'un immeuble?
Mme Guilbault :Bien, j'inviterais peut-être ma collègue juriste à
répondre, si le collègue est à l'aise.
M. Morin : Oui, oui.
Le Président (M. Jacques) : Me
Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. La
loi sur l'expropriation actuelle parle d'expropriation d'un bien, donc, mais
par interprétation, on allait chercher tous les démembrements du droit de
propriété, et c'est pour clarifier le langage, pour être inclusif dans tous les
articles puis pour éviter les problèmes d'interprétation.
M.
Morin :Bon, d'accord. Donc, si, par exemple, vous visez une
servitude ou un autre démembrement du droit de propriété, bien sûr, en
utilisant le mot «droit», ça va être inclus, donc c'est l'intention du
législateur, plutôt que de référer uniquement à un immeuble. Bien.
Mme Massé (Julie) : C'est
bien ça.
M.
Morin :Très bien. Alors, ça, je comprends, merci. Maintenant,
je comprends la référence au cadastre. Maintenant, dans ça, en fait, si je
reprends le mémoire qu'a déposé Me Burelle, parce qu'elle avait soulevé cet
élément-là, elle disait, d'après elle, que «lorsque les procédures visent un
lot complet en territoire cadastré et rénové, il n'y a pas de raison d'y
annexer un plan...
M. Morin : ...plan préparé par
un arpenteur géomètre parce que ça vise un territoire qui a été refait par le
nouveau cadastre et rénové. C'est exact. «Ce plan qui n'est pas un certificat
de localisation n'offre alors pas plus d'information qu'un plan cadastral.
D'ailleurs, l'article 5 du projet de loi prévoit l'obligation de joindre
un plan d'arpenteur géomètre dans le seul cas où une partie de l'eau est
offerte en compensation à l'exproprié. Si l'expropriant lui offre un lot complet,
il n'a pas à joindre un plan préparé par un arpenteur géomètre à son offre». On
reconnaît donc implicitement que le plan de l'arpenteur géomètre n'est pas
utile lorsque l'expropriant offre un lot complet situé en territoire cadastré
et rénové. Et donc je comprends qu'avec votre amendement, c'est ce scénario-là
que vous voulez couvrir.
Mme Guilbault :Oui.
M. Morin : D'accord.
Excellent. C'est bien. C'est bon, moi, je n'ai pas d'autres questions. Nous, on
avait un amendement, par exemple. Il est où, notre amendement? Il est là.
Maintenant, dans votre amendement, vous ne faites pas référence aux lots qui
sont situés dans des zones non rénovées ou dans des territoires non cadastrés.
Est-ce qu'il y a une raison?
Mme Massé (Julie) : En fait,
c'est couvert dans l'amendement par... dans le deuxième paragraphe. C'est juste
qu'on a opposé les lots ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale à tous
les autres lots. Donc, les lots qui ne feraient pas partie de la rénovation ou
les lots qui sont hors cadastre vont être couverts par le deuxième cas. Il va
falloir un plan par un arpenteur géomètre.
M. Morin :
O.K. D'accord. Donc, au fond, ce
que vous... Compte tenu de ce que vous avez écrit en 1, 2 va donc
nécessairement prendre en considération, viser tous les autres lots qui sont
dans des zones non rénovées ou dans un territoire non cadastré.
Mme Massé (Julie) : C'est
exact.
M. Morin : O.K. Parfait. Je
vous remercie.
Une voix : ...
M. Morin : O.K. Excellent. C'est
bien. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement à l'article 8?
S'il n'y a pas de commentaire, est-ce que l'amendement à l'article 8 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Est-ce qu'on revient à l'article 8 amendé? Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 8 amendé?
M. Morin : Je n'ai pas de
commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Il
n'y a pas de commentaire. Est-ce que l'article 8 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
Article 9, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui. Merci, M. le Président. Alors, article 9 :
«L'expropriant signifie au titulaire d'un droit portant sur l'immeuble
exproprié un avis d'expropriation contenant notamment :
«1° la désignation de l'immeuble
exproprié;
«2° le droit à acquérir par expropriation;
«3° lorsque ce droit est un démembrement
du droit de propriété;
«a) la nature de ce... démembrement — pardon;
«b) la durée de ce démembrement;
«c) s'il y a lieu, les droits et les
conditions d'exercice de ce démembrement;
«4° un énoncé précis des fins de
l'expropriation;
«5° la date de libération;
«6° le texte d'information établi par le
ministre des Transports...
Il faudrait ajouter «et de la Mobilité
durable», mais là... Et «la ministre». Je ne sais pas, là, si on fait un
amendement pour ça? Ah, non, on ne peut pas.
Une voix : ...
Mme Guilbault :Ah, dans le corpus, il faut le laisser comme ça. Bon. Le
corpus... En tout cas.
• (17 h 40) •
«L'avis d'expropriation doit être
accompagné d'un plan, signé par un arpenteur géomètre, de l'immeuble exproprié.
«L'avis d'expropriation doit être
également accompagné de la déclaration détaillée initiale de l'expropriant, qui
indique minimalement la valeur marchande du droit exproprié, ainsi que du
modèle de réponse établi par le tribunal et publié sur son site Internet.
Au sens de la présente loi, on entend par
«date de délibération» la date à laquelle l'ensemble des parties dessaisies
doivent avoir libéré l'immeuble exproprié.»
Puis là, c'est ça, le commentaire est
quand même long, je ne sais pas si le collègue veut quand même, je le lise aussi.
Oui? Bon. Parfait.
Le Président (M. Jacques) : Peut-être
procéder à l'amendement avant?
M. Grandmont : ...
Le Président (M. Jacques) : L'amendement
a été déposé.
Mme Guilbault :Oui, j'ai un amendement. Oui.
Le Président (M. Jacques) : ...O.K.
C'est beau. Oui, oui, pas de problème.
Mme Guilbault :Oui, parfait. Bon. Donc, l'article 9 du projet de loi
prévoit le commencement de la procédure d'expropriation et de l'instance en
fixation de l'indemnité d'expropriation. Tout comme à l'article 40 de la
loi actuelle, elles commencent par la signification d'un avis d'expropriation
au propriétaire de l'immeuble...
Mme Guilbault :...exproprié ou au titulaire du droit réel immobilier à
exproprier. Cet article précise également le contenu de cet avis. Parmi les
nouveaux éléments qui devraient être contenus à cet avis, il y aurait plus de
détails quant au démembrement du droit de propriété exproprié, lorsque c'est le
cas, ainsi que la mention de la date de libération définie par cet article
comme la date à laquelle l'ensemble des parties doivent avoir libéré l'immeuble
exproprié. Cet article précise également les documents qui doivent accompagner
l'avis d'expropriation, soit un plan de l'immeuble à exproprier signé par un
arpenteur géomètre, le modèle de réponse établi par le Tribunal administratif
du Québec, ainsi que la déclaration détaillée initiale de l'expropriant. Cette
dernière présente le montant de l'indemnité définitive offert par l'expropriation
à exproprier.
Puis là, ensuite, bien, il y a l'article
initial 40, dans la loi actuelle. Je ne pense pas que c'est nécessaire,
mais peut-être un élément d'intérêt, quand il s'agit d'un démembrement du droit
de propriété, là, donc, dont on parle depuis tout à l'heure, puis qui fait
qu'on parle d'expropriation de droit, l'avis d'expropriation indique, par
exemple, qu'il s'agit d'une servitude, que le droit est requis pour une période
de deux ans, que l'exproprié ne devrait pas effectuer de modification au fonds
servant... qui pourrait entraver l'exercice de la servitude de travail.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Mme Guilbault :Là, j'ai mon amendement.
Le Président (M. Jacques) : Exactement.
Vous pouvez procéder avec l'amendement, à l'article 9.
Mme Guilbault :Oui, mon amendement qui est la même chose que ce qu'on a
fait comme amendement à l'article précédent. Donc, article neuf :
Remplacer le deuxième alinéa de l'article neuf du projet de loi par l'alinéa
suivant : « L'avis
d'expropriation doit être accompagné d'un extrait du cadastre du Québec
montrant l'immeuble exproprié lorsque le droit exproprié porte sur un lot
entier situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale
ou, dans les autres cas, d'un plan de l'immeuble exproprié signé par un
arpenteur géomètre. »
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article... l'amendement de l'article
neuf?
M. Morin : Non, il n'y a
pas...
Le Président (M. Jacques) : Donc,
parfait... M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Ah! Voilà, merci. Donc, je comprends que cet
amendement-là, évidemment, est au même effet que l'amendement qu'on vient
d'adopter à l'article huit, donc, pour viser la partie du territoire du Québec
qui a été... qui a fait l'objet d'une rénovation du cadastre et l'autre partie
qui n'est pas encore prévue au cadastre. Donc, à ce moment-là, il n'y a pas de
souci. Je n'ai pas d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : M.
le député de Taschereau.
M. Grandmont : Oui, bien,
donc c'est simplement de la concordance, dans le fond, c'est ça, par rapport à
l'article précédent? C'est ça?
Mme Guilbault :Oui.
M. Grandmont : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce que l'article... l'amendement à l'article neuf est adopté? Adopté.
Maintenant, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article neuf amendé? M. le
député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le
Président. Dans l'article neuf, on parle de l'avis d'expropriation et on dit
qu'il doit être également accompagné de la déclaration détaillée initiale de
l'expropriant qui indique minimalement la valeur marchande du droit exproprié
ainsi que du modèle de réponse établi par le tribunal et publié sur son site
internet. J'aimerais savoir : Avez-vous un exemple concret, ça vise quoi
exactement?
Mme Guilbault :Pour accompagner la déclaration initiale...
M. Morin : Ainsi que du
modèle de réponse établi par le tribunal et publié sur son site.
Mme Guilbault :Ça, c'est la première... puis, dans le fond, l'article sur
l'expropriant... ça va être plus loin... en tout cas, c'est ça, bien, c'est que
c'est la première offre que l'expropriant... parce que maintenant l'expropriant
va faire une offre à l'exproprié, va déterminer l'indemnité. Et c'est pour ça,
je disais, il me semble que c'est un article plus loin, 10 ou 11? C'est ça,
parce qu'on va arriver à 11... à ce fait là. Donc, alors, c'est ça, c'est
l'offre que l'expropriant fait à l'exproprié.
M. Morin : Oui, puis le
modèle de réponse établi par le tribunal, c'est quoi, c'est un formulaire?
Mme Guilbault :...
M. Morin : Parce que je comprends
que l'avis d'expropriation qui va être envoyé par l'expropriant donne
minimalement le montant de la valeur marchande, mais on dit : « Ainsi que du modèle de réponse
établi par le tribunal et publié sur son site ».
C'est un formulaire?
Mme Guilbault :Oui, c'est... on me dit que c'est pour la comparution. Mais
ma collègue juriste pourrait détailler.
Le Président (M. Jacques) : Me
Massé.
Mme Massé (Julie) : Oui. En
fait, la réponse, c'est ce qu'on appelait anciennement la comparution. Donc,
c'est simplement pour que l'exproprié puisse dire : Oui, j'ai reçu la
signification, j'ai...
Mme Massé (Julie) : ...l'avis
d'expropriation et faire acte de présence au Tribunal administratif du Québec.
Donc, c'est à ça que ça sert, la réponse qui est fournie, là. Ce n'est pas une
réponse où il va devoir se commettre sur l'offre de l'expropriant, on n'en est
pas là. Ça, ça va être l'autre réclamation détaillée.
M.
Morin :O.K, d'accord. Donc... Alors... Parce qu'évidemment, quand
on parle d'une comparution... en fait, le mot, c'est connu, là... on dit
simplement «je comparais», puis on ne s'engage à rien d'autre. Quand je l'ai
lu, je n'étais pas certain que c'était uniquement la comparution. J'avais
l'impression que l'exproprié devait déjà commencer à expliquer et à répondre à
l'expropriant. Puis moi, je voudrais juste m'assurer qu'ici on parle bien
uniquement d'une comparution.
Mme Massé (Julie) : Oui, je
vous confirme que c'est vraiment une comparution, c'est... Dans le fond, le mot
a été changé en concordance avec le Code de procédure civile, qui n'utilise
plus le mot «comparution», mais «réponse». Mais, effectivement, ce n'est qu'une
comparution, là, qui est visée par cet article-là.
M.
Morin :Parfait. Puis je comprends que c'est le tribunal,
éventuellement, qui va publier le formulaire de réponse.
Mme Massé (Julie) : Oui.
M.
Morin :Et donc je présume que le tribunal va avoir besoin, un
peu, de temps, après l'adoption et la sanction de la loi, pour mettre en place
des formulaires pour permettre aux expropriés de répondre.
Mme Massé (Julie) : Oui, on a
eu des communications avec le Tribunal administratif du Québec pour s'assurer
qu'ils seraient prêts à la date de sanction. Donc, sans prendre pour acquise
l'adoption du projet de loi, ils ont quand même commencé à réfléchir pour
pouvoir le faire au moment de la sanction.
M.
Morin :Très bien. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 9, amendé? Est-ce que
l'article 9, amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Article
10, Mme la Ministre.
Mme Guilbault :Merci, M. le Président :
«10. Toute déclaration détaillée prévue à
la présente partie indique le montant de l'indemnité définitive offerte par
l'expropriant à la partie dessaisie ou réclamée par cette dernière à
l'expropriant, laquelle indemnité définitive est ventilée en fonction des
postes d'indemnisation applicables à la situation de la partie dessaisie parmi
les suivants :
«1° la valeur marchande du droit
exproprié;
«2° l'indemnité de réaménagement;
«3° l'indemnité de déplacement;
«4° l'indemnité de fermeture d'une
entreprise;
«5° l'indemnité de concordance;
«6° l'indemnité établie en fonction
de l'approche basée sur la théorie de la réinstallation, indiquant
distinctement :
«a) l'indemnité de remplacement des
bâtiments et de leurs aménagements;
«b) la valeur d'un nouveau terrain;
«7° l'indemnité en réparation des
préjudices;
«8° l'indemnité pour perte de valeur
de convenance;
«9° l'indemnité pour les troubles,
les ennuis et les inconvénients.»
L'article 10 du projet de loi précise que
toute déclaration détaillée indique le montant de l'indemnité définitive
offerte par l'expropriant à la partie dessaisie ou réclamée par cette dernière
à l'expropriant. Ce montant devrait être ventilé en fonction des différents
postes d'indemnisation applicables qui sont prévus par le projet de loi.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'il y a des commentaires? M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci, M. le Président. Donc, je comprends que l'article
10 dit «parmi les suivants». Donc, la liste qu'on retrouve à l'article 10 n'est
pas exhaustive?
Mme Guilbault :«Parmi les...» Bien, est-ce qu'il y a d'autres possibilités
que ça? Non, c'est ça. Oui, elle est exhaustive.
• (17 h 50) •
M.
Morin :Parce qu'il me semble que, quand on a reçu le mémoire de
l'Ordre des évaluateurs agréés, ils parlaient de différentes méthodes reconnues
par leur ordre professionnel pour l'exercice de leur art, et donc il y avait,
entre autres... il y a la... ils ont parlé de la valeur au propriétaire, il y
avait d'autres types d'indemnités ou d'évaluations. Donc, est-ce que cet
article-là vient éliminer les autres modes d'évaluation utilisés par les
évaluateurs ou pas?
Mme Guilbault :Bien, en fait, nous, pour avoir reparlé à l'ordre des
évaluateurs, eux sont à l'aise avec le concept de valeur marchande. Donc, je ne
sais pas si ça répond à la question de mon collègue?
M.
Morin :Bien, en fait, ça répond en partie à ma question. Oui,
effectivement, vous avez raison, et d'ailleurs ils en ont parlé que la valeur
marchande est un... D'ailleurs, la valeur marchande est utilisée présentement.
Ça, ce n'est pas une nouveauté dans le projet de loi. Cependant, on nous disait
qu'il y avait d'autres méthodes d'évaluation qu'ils pouvaient utiliser. Donc,
est-ce qu'ils vont pouvoir continuer à utiliser ces autres méthodes ou...
M.
Morin :...le projet de loi, compte tenu de l'énumération, vient
les restreindre dans l'exercice de leur ordre et de leur profession.
Mme Guilbault :C'est ça, mais, en fait... oui, avec le nouvel encadrement,
mais, en fait, la valeur marchande, c'est la notion qui va être utilisée, c'est
un des objectifs du projet de loi, mais il y a différents postes de
réclamations possibles, là, qui sont détaillés ici. Donc, un n'empêche pas l'autre
ou... Je ne sais pas...
M.
Morin :O.K.
Mme Guilbault :...peut-être que c'est moi qui comprends mal la question.
M.
Morin :C'est bien.
Mme Guilbault :Bien, est-ce qu'il y a d'autres postes de réclamation
possibles? Non, de prime abord, nous, on n'en voit pas. À moins que le collègue
nous suggère autre chose.
M.
Morin :Vous n'en voyez pas?
Mme Guilbault :C'est exhaustif, c'est ça.
M.
Morin :Donc, d'où... c'est ça, alors c'était ma question au
départ. Donc, la liste, elle est exhaustive.
Mme Guilbault :Oui.
M.
Morin :O.K. Très bien. Je vous remercie. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'article
10? Est-ce que l'article 10 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
L'article 10 est adopté. Article 11. Mme la ministre.
Mme Guilbault :Oui, et j'aurais un amendement pour l'article 11, M. le
Président. Donc, article 11 :
«Lorsque l'expropriant offre à l'exproprié
afin de diminuer le coût total de l'expropriation et pour tenir lieu
d'indemnités un droit de propriété sur un immeuble qui lui appartient pour y
déplacer une construction ou tout droit sur un immeuble qui lui appartient pour
rétablir sa situation, sa déclaration détaillée doit également :
1° désigner l'immeuble;
2° indiquer le droit qui est offert sur
cet immeuble;
3° indiquer la superficie de l'immeuble et
la valeur marchande de ce droit;
4° lorsque ce droit est un démembrement du
droit de propriété, indiquer :
a) la nature de ce démembrement;
b) la durée de ce démembrement;
c) s'il y a lieu, les droits et les
conditions d'exercice de ce démembrement.
5° être accompagné, lorsque le droit ne
porte que sur une partie d'un immeuble, d'un plan signé par un
arpenteur-géomètre de cette partie.
Le paiement d'une indemnité requis en
vertu de la présente loi à l'exproprié peut alors être effectué lorsque ce
dernier y consent ou que le tribunal l'ordonne par le transfert à l'exproprié
d'un droit portant sur un immeuble appartenant à l'expropriant ou par
l'établissement d'un démembrement du droit de propriété au bénéfice du résidu
ou d'un autre immeuble de l'exproprié. La valeur de ce droit correspond à sa
valeur marchande.
Aux fins du premier alinéa, un droit
appartenant à l'expropriant inclut également tout droit pour lequel il est
bénéficiaire d'une promesse de vente ou d'une promesse d'établir un démembrement
du droit de propriété au bénéfice du résidu ou d'un autre immeuble de
l'exproprié ou pour lequel il a signifié un avis d'expropriation en vertu de
l'article 9.
Dans tous les cas, l'expropriant doit,
préalablement à l'audition d'une demande portant sur le transfert à l'exproprié
d'un droit qui lui appartient, produire au dossier du tribunal et notifier à
l'autre partie une offre de vente ou une offre d'établissement d'un
démembrement du droit de propriété ainsi que l'état certifié des hypothèques et
charges subsistantes à l'égard de l'immeuble exproprié qui doivent être
reportées sur l'immeuble offert.
Au sens de la présente loi, on entend par
«résidu» la partie résiduelle d'un immeuble lorsque le droit à exproprier ne
porte que sur une partie de celui-ci.»
En guise de commentaire contextuel,
l'article 11 du projet de loi prévoit que les informations qui devraient être
contenues dans la déclaration détaillée de l'expropriant lorsqu'il offre à
l'exproprié, pour diminuer le coût total de l'expropriation et tenir lieu
d'indemnités, un droit de propriété sur un immeuble qui lui appartient pour y
déplacer une construction ou tout droit sur un immeuble qui lui appartient pour
rétablir sa situation.
Cet article prévoit également que le
paiement d'une indemnité provisionnelle ou définitive peut être effectué
lorsque l'exproprié y consent ou que le tribunal l'ordonne, par le transfert
approprié d'un tel droit. La valeur de ce droit correspond alors à sa valeur
marchande.
Il établit également les conditions
préalables à l'audition d'une demande portant sur le transfert à l'exproprié
d'un droit qui appartient à l'expropriant et définit ce qui peut être inclus
par l'expression «droit appartenant à l'expropriant».
Enfin, cet article définit le mot «résidu»
comme étant la partie résiduelle d'un immeuble lorsque le droit à exproprier ne
porte que sur une partie de celui-ci.
Alors c'est ça, puis c'est un rapport avec
les articles 60, 60.1, 64 de l'actuelle loi. Et j'aurai... j'ai un amendement,
M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Allez, vous pouvez procéder avec l'amendement, Mme la ministre.
Mme Guilbault :Donc, amendement à l'article 11, remplacer le paragraphe 5
du premier alinéa de l'article 11 du projet de loi par le paragraphe
suivant :
5° être accompagné d'un extrait du
cadastre du Québec montrant l'immeuble lorsque le droit porte sur un lot entier
situé dans un territoire ayant fait l'objet d'une rénovation cadastrale ou,
dans les autres cas, d'un plan de l'immeuble signé par un arpenteur-géomètre.
Encore une fois, la concordance avec les
articles 8 et 9 maintenant amendés.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des...
Le Président (M. Jacques) : ...Mme
la ministre. Est-ce qu'il y a des questions, commentaires sur l'article... sur
l'amendement à l'article 11?
M.
Morin :Je n'ai pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Pas
de question. Est-ce que l'amendement à l'article 11 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Amendement
adopté à l'article 11. Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article 11 amendé?
M.
Morin :Je n'ai pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Pas
de commentaire. Est-ce que l'article 11, amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : Adopté.
L'article 11, amendé est adopté. Article 12. Mme la ministre.
Mme Guilbault :L'article 12, j'aurais un amendement, M. le Président,
aussi, et 13 aussi, et je crois qu'on les a déjà mis dans le système.
Le Président (M. Jacques) : On
a 12.
Mme Guilbault :Ou peut-être... Bien, il est en processus, en tout cas, là.
Mais ça...
Le Président (M. Jacques) : Non,
nous allons suspendre... ... faire l'article, par contre.
M.
Morin :...
Le Président (M. Jacques) : O.K.
On peut faire l'article, par contre, lire l'article.
Mme Guilbault :Ah bien, je peux le lire, oui, puis on suspendra au besoin
ensuite.
Le Président (M. Jacques) : Oui.
Exactement.
Mme Guilbault :Parfait. Donc, article 12 :
«L'exproprié doit, dans les 30 jours qui
suivent la date de l'expropriation, transmettre à l'expropriant les baux ou
toutes autres ententes écrites conclus avec les locataires de l'immeuble
exproprié. En l'absence de telles ententes, il doit lui transmettre, par écrit,
les noms et les adresses des locataires et des occupants de bonne foi de
l'immeuble exproprié ainsi que la nature et la durée de chaque bail ou entente,
la date de sa conclusion, le détail de ce qui y est inclus et le montant du
loyer ou les conditions auxquelles les locataires ou les occupants de bonne foi
occupent l'immeuble exproprié.
«Le locataire dont le bail n'est pas
inscrit sur le registre foncier et l'occupant de bonne foi ont droit à des
dommages-intérêts en réparation du préjudice résultant du défaut de l'exproprié
de dénoncer à l'expropriant leur nom et leur adresse conformément au premier
alinéa.
«Le locataire et l'occupant de bonne foi
dont le bail ou toute autre entente écrite a été conclu après la date de
l'expropriation ou, à défaut de bail ou de toute autre entente écrite, dont la
location ou l'occupation de l'immeuble exproprié débute après la date de
l'expropriation ne peuvent pas réclamer d'indemnité à l'expropriant.
L'exproprié doit dénoncer à ce locataire ou à cet occupant de bonne foi
l'existence des procédures d'expropriation. S'il ne le fait pas, il est le seul
responsable du préjudice résultant de son défaut.
«Au sens de la présente loi, on entend
par :
1° «date de l'expropriation» la date de la
signification de l'avis d'expropriation au titulaire d'un droit portant sur
l'immeuble exproprié, laquelle correspond, s'il y a plus d'un titulaire pour un
même droit qui porte sur un même immeuble, à la date la plus tardive parmi les
dates de signification de l'avis d'expropriation à ceux-ci;
2° «occupant de bonne foi» une personne ou
une société qui satisfait à l'ensemble des conditions suivantes :
a) elle ne détient aucun droit sur
l'immeuble exproprié ou réservé;
b) elle n'est pas locataire de l'immeuble
exproprié ou réservé;
c) elle occupe cet immeuble avec le
consentement exprès ou tacite du titulaire du droit portant sur cet immeuble;
d) elle occupe personnellement et
physiquement cet immeuble par des signes concrets de son utilisation, notamment
en y exerçant des activités ou en y laissant des biens;
e) elle occupe l'immeuble de manière
paisible, continue, publique et non équivoque.»
En guise de commentaire : L'article
12 du projet de loi prévoit l'obligation pour l'exproprié de transmettre à
l'expropriant les documents et renseignements sur les locataires et occupants
de bonne foi de l'immeuble exproprié. Cette obligation se retrouvait auparavant
à l'article 41 de la loi actuelle.
Cet article précise ensuite les
conséquences pour l'exproprié de ne pas dénoncer ces locataires dont le bail
n'est pas inscrit sur le registre foncier et ces occupants de bonne foi :
ceux-ci auraient droit à des dommages-intérêts en réparation du préjudice
résultant de ce défaut. Cette obligation se retrouvait auparavant à l'article
53.10 de la Loi sur l'expropriation.
• (18 heures) •
Cet article prévoit aussi que toute
personne qui commence à louer ou à occuper un immeuble exproprié après la date
de l'expropriation ne pourrait pas réclamer d'indemnités à l'expropriant.
L'exproprié aurait l'obligation de dénoncer à ce locataire ou à cet occupant de
bonne foi l'existence des procédures d'expropriation en cours, et, s'il ne le
fait pas, il serait le seul responsable du préjudice résultant de son défaut.
Enfin, cet article définit deux concepts
afin de les préciser : la définition de l'expression «date d'expropriation»,
qui vise à préciser le moment dont il est question, et la définition de
l'expression «occupant de bonne foi», qui précise les critères auxquels une
telle personne devrait correspondre pour être qualifiée ainsi.
Alors, mon amendement, si...
Le Président (M. Jacques) : On
va suspendre quelques instants.
Mme Guilbault :Ah oui, c'est vrai. Parfait.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
18 h (version non révisée)
(Reprise à 18 h 10)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux, Mme la ministre, avec votre amendement à l'article 12.
Mme Guilbault :Oui, merci, M. le Président. Donc, l'amendement se lit
comme suit :
À l'article 12 du projet de loi :
1° remplacer le deuxième alinéa par le
suivant :
«L'exproprié qui fait défaut de
transmettre les informations visées au premier alinéa relatives à un locataire
dont le bail n'est pas inscrit sur le registre foncier ou à un occupant de
bonne foi est le seul responsable du préjudice résultant de son défaut.»;
2° remplacer, dans le paragraphe 2° du
quatrième alinéa, «ou une société» par «physique ou morale, une société en nom
collectif ou en commandite, une association ou un autre regroupement sans
personnalité juridique».
Et, en commentaire, pour le contexte, il
est proposé de modifier l'article 12 du projet de loi afin de clarifier
que l'exproprié est celui qui est responsable du préjudice résultant de son
défaut de dénoncer à l'expropriant le nom et l'adresse du locataire dont le
bail n'est pas inscrit sur le registre foncier ou de l'occupant de bonne foi.
Il est également proposé de préciser que
sont aussi des occupants de bonne foi les associations et les autres...
Mme Guilbault :...sans personnalité juridique, qui satisfait à l'ensemble
des conditions prévues à la définition. Ça fait suite, entre autres... Maître
Burelle l'avait dit, de venir préciser, parce que dans l'article d'origine,
c'est déjà un peu implicite, de dire qu'il faut... Que les... ceux dont le bail
n'est pas inscrit au registre... n'ont pas de bail au registre foncier peuvent
avoir des dommages et intérêts. Mais là, on veut préciser que c'est l'exproprié
qui va devoir les défrayer et non l'expropriant, bien sûr, parce que
l'exproprié aurait négligé d'informer l'expropriant.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la ministre. M. le député de l'Acadie.
M. Morin : Merci, M. le Président.
Alors, je comprends ce que vous voulez faire, Mme la ministre. En fait, donc
là, vous voulez faire reposer la responsabilité sur l'exproprié. Maintenant,
dans l'article, tel qu'il est proposé, on disait clairement que c'était le
locataire ou l'occupant de bonne foi qui avait droit à des dommages et intérêts
en réparation de son préjudice. Maintenant, là je comprends que c'est
l'exproprié qui va être en... qui va en être responsable. Mais le locataire
puis l'occupant de bonne foi, eux, est-ce qu'ils vont avoir encore accès à des
dommages et intérêts en réparation de leur préjudice qu'ils subissent?
Mme Guilbault :Oui. Bien, en fait, c'est déjà... il faut dire que c'est
déjà comme ça en ce moment, donc on ne vient rien changer, on vient juste le
préciser. Et alors... Puis on me dit que ça n'arrive pas souvent, mais pour les
cas où ça arrive, ça va être plus précis.
M. Morin : D'accord. Mais
l'exproprié, je comprends que c'est lui qui est responsable du préjudice, ça,
c'est clair, donc ça ne peut pas être l'expropriant. Mais implicitement, dans
votre modification, donc, c'est le locataire ou l'occupant qui va poursuivre
l'exproprié pour avoir droit à des dommages et intérêts?
Mme Guilbault :Oui, oui, c'est ça. Puis c'est pour ça aussi qu'on définit
les occupants de bonne foi. Parce que là, des fois, sinon, il pourrait y avoir
toutes sortes d'interprétations très larges d'«occupation».
M. Morin : ça, je le
comprends, ça, je le comprends très bien. Mais j'ai l'impression, à la lecture
du texte qui est proposé, que c'est comme si c'était moins clair, que le
locataire ou l'occupant de bonne foi vont avoir droit à des dommages et
intérêts ou une réparation du préjudice qu'ils subissent. Parce que je
comprends ce que vous voulez faire, là, c'est l'exproprié qui en est
responsable, donc j'imagine que dans le projet de loi tel qu'il est rédigé, le
locataire pourrait poursuivre, ou bien l'expropriant appelle l'exproprié en
garantie, ou encore il se retourne vers l'exproprié. Mais ça donnait un recours
direct au locataire, et là, on ne le voit plus.
Mme Guilbault :...je comprends ce que mon collègue veut dire. C'est vrai
qu'on modifie le deuxième alinéa, mais on ne reprend pas le bout qui dit «ont
droit à des dommages et intérêts en réparation du préjudice».
M. Morin : Exact.
Mme Guilbault :Donc, peut-être que... Ou Simon ou si quelqu'un avait
d'autres interventions pendant qu'on regarde, mais sinon, on peut suspendre
aussi.
Le Président (M. Jacques) : Est-ce
qu'on pourrait suspendre quelques instants?
M. Morin : D'accord.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
(Reprise à 18 h 28)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Avec une entente qu'on a eu lieu lors de la suspension,
est-ce qu'il y a consentement pour retirer l'amendement à l'article 12?
Consentement. Est-ce que, M. le député de l'Acadie, vous avez un amendement
déposé?
M. Morin : Oui, M. le
Président. Alors, à l'article 12, si on peut avoir l'amendement au
tableau. Voilà. Donc, l'amendement vise l'article 12, deuxième alinéa du
projet de loi, qui se lit comme suit : À l'article 12 du projet de
loi :
1° remplacer le deuxième alinéa par le
suivant :
«L'exproprié qui fait défaut de transmettre
les informations visées au premier alinéa relatives à un locataire dont le bail
n'est pas inscrit sur le registre foncier ou à un occupant de bonne foi est le
seul responsable du préjudice résultant de son défaut. Ce locataire ou cet
occupant de bonne foi ont alors droit à des dommages-intérêts résultant de ce
défaut. Ce locataire ou cet occupant de bonne foi...», «ont», ou «a alors le
droit»?, parce que c'est un «ou» qui veut dire un «ou» et non pas un «ou» qui
veut dire un «et», donc ce serait, «...a alors droit à des dommages-intérêts
résultant de ce défaut»; et
2° remplacer... alors donc, il faudra
juste corriger l'amendement : Remplacacer, dans le paragraphe 2° du
quatrième alinéa, «ou une société» par «physique ou morale, une société en nom collectif
ou en commandite, une association ou un autre regroupement sans personnalité
juridique».
• (18 h 30) •
Le Président (M. Jacques) : C'est
une correction de forme, M. le député, donc il n'y a pas de besoin de changer.
M. Morin : Oui, mais... Il
n'y a pas besoin de changer.
Le Président (M. Jacques) : Exactement.
M. Morin : Mais juste pour
que ce soit clair, c'est bien «a alors leur droit» et non pas «ont».
Le Président (M. Jacques) : Nous
allons apporter la correction.
M. Morin : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, cet amendement-là vise, en fait, d'une part, à reconnaître
que, si l'exproprié ne transmet pas les informations visées, il est responsable
du préjudice qu'il vient de causer, mais cet amendement a également pour effet
de s'assurer que le locataire ou l'occupant de bonne foi auront droit à des
dommages et intérêts qui vont résulter du défaut de l'exproprié d'avoir
transmis l'information, M. le Président.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement à l'article 12? Est-ce
que l'amendement à l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Jacques) : On
revient à l'article 12. Adopté. L'amendement à l'article 12 est
adopté.
Et, compte tenu de l'heure, nous ajournons
nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 31)