Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 9 mai 2023
-
Vol. 47 N° 10
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 20, Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission des transports et de
l'environnement ouverte.
La commission est réunie pour procéder aux
consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi n° 20,
Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Gendron (Châteauguay) est remplacée par M. Sainte-Croix (Gaspé),
et M. Grandmont (Taschereau), par Mme Zaga Mendez (Verdun).
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Nous débuterons ce matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons
par la suite les organismes suivants, soit le Regroupement des organismes de
bassins versants du Québec, le Réseau Environnement et l'Union des
municipalités du Québec.
J'invite le ministre de l'Environnement,
de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à
commencer avec les premières remarques préliminaires. Vous disposez de six
minutes.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Déjà, vous mentionner que je serai plus bref que ces six
minutes, à ce moment-ci. Essentiellement, un mot pour remercier les collègues
qui prendront part à cet important projet de loi. Je pense que c'est une des
initiatives les plus conséquentes, là, qu'on aura prise, au fil des ans, sur le
thème indispensable de l'eau. Donc, déjà, merci beaucoup à celles et ceux, là,
qui contribueront. Merci aux groupes que nous aurons le plaisir d'entendre.
Leur vision, leur lunette nous sera très utile pour la suite des choses.
Et la suite des choses, on a voulu la
simplifier. C'est plutôt rare qu'on arrive avec un projet de loi dont les
projets de règlement sont déjà publiés. Souvent, c'est un travail qui se fait
par la suite, et je peux comprendre, dans certains cas, le fait de ne pas avoir
ces règlements-là ou ces projets de règlement là, ça suscite plus de questions
que de réponses. Donc, on a voulu anticiper ces questions-là. Ce sont des
éléments qui sont maintenant publics, qui sont à la portée de tous, donc les
acteurs que nous aurons le plaisir d'entendre au cours des prochains jours pourront,
bien naturellement, nous parler du projet de loi n° 20 lui-même, mais, si
certains veulent aborder la question des redevances, notamment, ils pourront le
faire, là, avec des données qui seront maintenant connues.
Et je réitère la volonté du gouvernement,
oui, adopter le projet de loi. Je vais souhaiter que l'on puisse procéder le
plus rapidement possible, mais aussi, je vais souhaiter une édiction rapide de ces
projets de règlement là, pour nous assurer que, dès le 1er janvier 2024,
on puisse, effectivement, les mettre en vigueur.
• (9 h 50) •
Donc, merci aux collègues. Vous allez me permettre
aussi de saluer les gens qui nous accompagnent, du ministère de l'Environnement.
Comme ministre, depuis quelques années, je me sens très, très privilégié de
pouvoir compter sur une équipe aussi dédiée, une équipe qui est aussi dévouée.
Donc, n'hésitez pas, et je lance le message à l'ensemble des collègues :
si, à tout moment, vous avez besoin, là, d'une précision beaucoup plus
technique, ce sont des gens qui sont là à notre disposition, à nous tous, comme
parlementaires, et qui sont intéressés, là, à vous entendre, très, très
certainement.
Donc, aux collègues de l'opposition, aux
collègues du gouvernement, aux groupes que nous entendrons, très, très intéressé
à lancer cette consultation pour que l'on puisse se nourrir de l'expérience de
tout le monde. Donc, merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition
officielle et députée de Notre-Dame-de-Grâce à faire ses remarques
préliminaires, pour une durée de 3 min 36 s. La parole est à
vous.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Avant de partager mes remarques préliminaires, je tiens tout d'abord
à vous saluer, et le secrétariat qui vous...
Mme McGraw : ...et qui nous
assiste dans nos travaux en commission. Je veux évidemment saluer le ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la
Faune et des Parcs et les équipes qui l'accompagnent, qui accompagnent le
ministre. Je salue aussi les députés de la banque ministérielle et enfin la
collègue de Verdun de la deuxième opposition.
Alors, à titre de porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'environnement et la lutte contre les
changements climatiques, parcs et faune, je suis très heureuse de pouvoir
participer à la Commission des transports et de l'environnement, qui entretient
des consultations particulières sur le projet de loi n° 20, loi instituant le Fonds
bleu et modifiant d'autres dispositions. Je tiens à remercier les groupes et
les organismes qui sont présents lors de ces consultations particulières. Je
suis impatiente d'entendre leurs remarques, commentaires et recommandations sur
le projet de loi n° 20 déposé par le ministre le 6 avril dernier.
Le projet de loi n° 20 était attendu
depuis longtemps. D'ailleurs, on pensait qu'il serait déposé lors de la
précédente législature. Malheureusement, cela a eu comme conséquence des
redevances perdues pour l'État québécois durant les dernières années. Nous
étudierons avec soin cette nouvelle pièce législative afin de s'assurer que le
niveau proposé de redevances est adéquat et promet une réelle protection de nos
ressources en eau, notre or bleu au Québec. Rappelons-nous que le territoire
québécois détient 3 % des réserves mondiales d'eau douce et près de
40 % de cette eau se concentre dans le bassin hydrographique du fleuve
Saint-Laurent et véritable moteur de notre développement social et économique.
Son importance est primordiale puisqu'il draine plus de 25 % des réserves
mondiales d'eau douce et des millions de Québécois et de Canadiens en dépendent
pour leur vie quotidienne, tant pour l'eau potable qui est fournie que pour les
emplois qu'ils créent. Pour notre formation politique, la gouvernance du Fonds
bleu fera l'objet d'une attention particulière de notre part. Nonobstant la
pertinence de rehausser les redevances, il faut demeurer conscient que ce défi
supplémentaire s'ajoute sur les épaules de nos entreprises qui auraient besoin
d'appuis de la part du gouvernement pour demeurer compétitives. De plus, je
tiens à saluer l'indexation des redevances et l'évaluation périodique des
mesures réglementaires touchant les redevances.
En terminant, Mme la Présidente, il y
aurait des éléments à surveiller et je suis contente de participer aux
présentes consultations particulières. Comme je l'ai déjà dit, j'ai hâte
d'entendre et d'échanger avec les groupes lors de ces consultations. J'ai
confiance qu'ils pourront nous éclairer, nous, les membres de la commission,
afin de bonifier le projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition
et députée de Verdun à entamer ses remarques préliminaires pour une durée d'une
minute 12 secondes. La parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Je veux commencer aussi par saluer M. le ministre, les collègues de
la banquette ministérielle, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Et ce que je
veux nous dire rapidement, c'est qu'on est content d'être ici, autour de la
table pour bonifier le projet de loi qui est présenté, parce que c'est une
grande attente de la part des groupes. Ça fait longtemps qu'on pousse avec ma
formation politique pour mettre à jour et même aller au-delà en ce qui concerne
les redevances sur l'eau. On est assis sur une mine d'or bleue, on est tous et
toutes conscients et il faut être capable de se donner les moyens pour les
protéger. Puis c'est avec cet esprit-là que nous allons aborder le PL 20, dans
un esprit aussi de collaboration et d'écoute des demandes des différents
groupes qui vont nous présenter leur vision et leur expertise terrain, donc, je
crois qui va être essentielle pour bonifier ce projet de loi là.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait,
merci. Nous allons maintenant débuter les auditions. Je souhaite la bienvenue
aux représentants du Regroupement des organismes des bassins versants du
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé aujourd'hui, après quoi, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer votre exposé, s'il vous plaît.
M. Madison (Mathieu) : Parfait!
Bonjour, merci de nous inviter en premier, cette fois-ci, pour ce projet de loi
n° 20. Je suis accompagné de Karine à la direction générale du ROBVQ et aussi
de Sébastien qui travaille avec nous sur les documents qu'on vous présente
aujourd'hui. Mon nom est Mathieu, je suis président du conseil
d'administration.
M. Madison (Mathieu) : ...du
regroupement et président d'un organisme de bassins versants de la
Rivière-du-Nord à Saint-Jérôme, pour le secteur des Laurentides.
Aujourd'hui, on a choisi de vous présenter
surtout nos commentaires sur tout le volet fonds bleu du projet de loi. Donc,
on va plus tard présenter, peut-être, nos... dans le contexte de consultations
sur le règlement, sur les redevances, on va pouvoir présenter un autre avis sur
ce sujet-là, mais aujourd'hui on est vraiment là pour la question du fonds
bleu. Et le message central, c'est celui de l'arrimage qu'il y a à faire, à
notre avis, entre le fond bleu et la Loi sur l'eau. Donc, la Loi sur l'eau,
comme vous savez, qui est déjà en vigueur depuis bien longtemps et qui encadre
un peu notre compréhension et la valeur qu'on attribue à l'eau au Québec, mais
aussi qui a permis la création des organismes de bassins versants au Québec et
le travail qu'on fait depuis maintenant un peu plus de 20 ans sur le sujet.
Je vous présente les OBV, là, en page 4,
on a une petite carte qui vous présente, entre autres, le territoire des
différents organismes de bassins versants du territoire du Québec. Chaque
couleur représente une zone de gestion intégrée de l'eau. Et le mandat qu'on a
du gouvernement, dans le cadre de la Loi sur l'eau, est de faire la
planification stratégique de l'eau sur l'échelle de chacun de ces territoires.
Vous comprendrez que les territoires sont divisés par bassins versants, avec
l'idée de pouvoir gérer la ressource selon les limites naturelles, que la
ressource se situe sur notre territoire, et notre mandat, en gros, vise à faire
trois choses dans un cycle, donc un cycle de gestion intégrée de l'eau, ça dure
soit... à peu près 10 ans, et il y a trois étapes. La première étape, c'est la
planification stratégique, et c'est là qu'on forme avec les acteurs du milieu
une table de concertation. Donc, un peu comme le milieu municipal fait des
consultations publiques, nous, on fait de la concertation et on bâtit un
portrait, un diagnostic et un plan d'action pour la gestion des ressources en
eau sur ces différents territoires là. Ça, c'est la première partie du cycle
GIRE, et, par la suite, la deuxième section, la deuxième partie dans le cycle
de 10 ans, c'est celui de la mise en oeuvre. Donc, ce qu'on veut faire, pendant
ces trois ou quatre années suivantes là, c'est de mobiliser les acteurs, aller
chercher leur engagement pour mettre en œuvre les actions qui ont été décidées
ensemble, en concertation pour pouvoir protéger la ressource en eau. Et ensuite
on fait le suivi un peu de la mise en œuvre, pendant le troisième volet du
cycle de GIRE, pour voir comment ça s'est passé, qu'est-ce qu'on peut apprendre
de cette expérience-là et comment on fait mieux le prochain cycle de la GIRE.
Ça fait déjà deux fois qu'on passe à
travers ce cycle-là et on commence... en ce moment, on est en train de
finaliser la planification stratégique du Plan directeur de l'eau pour le
troisième cycle. Et donc le résultat de tout ça, c'est qu'on a maintenant des
problématiques prioritaires établies dans chacun des territoires de ces 40
organismes de bassins versants là, qui nous permet de savoir vraiment c'est
quoi les priorités en matière de l'eau sur chacun des territoires, à chacune
des régions. Et ce n'est pas des priorités qu'on a fait de notre côté, par
nous-mêmes, là, avec les professionnels à l'interne, c'est vraiment des
priorités qui sont établies avec les acteurs du milieu, entre autres avec les
gens que vous allez entendre aujourd'hui et dans les futures rencontres que
vous allez avoir au cours des prochains jours pour le projet de loi. Ces
acteurs-là sont en réalité représentés à l'échelle de chacune des régions sur
nos tables de concertation. Et donc, réellement, le Plan directeur de l'eau,
c'est issu d'un consensus des acteurs du milieu. Donc, c'est le troisième
cycle. On recommence un peu ce système-là aujourd'hui et on va arriver avec un
nouveau Plan directeur de l'eau.
• (10 heures) •
Je dis souvent qu'on est un peu le
département de recherche et développement du gouvernement en matière de
gouvernance de l'eau. On a appris beaucoup de choses dans les différents cycles
de GIRE qu'on a eus dans le passé. Les premiers constats qu'on a, c'est qu'il y
a vraiment des solutions importantes qu'on doit mettre en place pour assurer de
ne pas simplifier la complexité de la gestion de l'eau au Québec. Oui, c'est
compliqué, la qualité de l'eau, les inondations, les problématiques, les écosystèmes,
etc., mais c'est encore plus complexe, les acteurs qui sont impliqués. Beaucoup
de gens qui ont des préoccupations différentes, des intérêts différents, des
vulnérabilités différentes. Et ce serait... c'est une erreur qu'on commet quand
on tente de simplifier cette complexité-là, il faut vraiment viser
l'inclusivité et travailler avec tous les gens possible autour de la table pour
que tout le monde soit inclus. Le deuxième constat qu'on fait, c'est qu'il y a
beaucoup de fragmentation qui se fait en gestion de l'eau, beaucoup de travail
en silo, et il faut vraiment défragmenter les choses et intégrer les choses.
Et, finalement, la notion de succès, c'est un sujet qu'on va revenir un couple
de fois dans notre mémoire. On s'est souvent dotés de cibles environnementales
pour déterminer si on atteint réellement un succès en gestion de l'eau. Ce
n'est pas toujours si simple que ça. Il y a des cibles qui sont difficiles à
comprendre pour les acteurs du milieu, il y a des cibles que les gens ont de la
misère à s'approprier, qui sont un peu déconnectées de leur réalité sur le
territoire. Donc, nous, on en propose souvent de redéfinir la notion de succès
autour de l'opportunité d'agir, la résilience, l'adaptation et vraiment un
succès axé sur qu'est-ce qui est vraiment bon pour le milieu, pour les vraies
personnes, sur les vrais territoires.
On trouve ça très, très intéressant, on
salue beaucoup, là, tout le projet de loi, la redevance, mais surtout le fonds
bleu, là, c'est vraiment un pas vers l'avant. Ça fait un certain temps...
10 h (version non révisée)
M. Madison (Mathieu) : ...on
se dit qu'il y a une limite à faire de la planification stratégique, de l'eau
et de la gouvernance, mais il faut... maintenant, il faut faire de la
gouvernance de l'eau dans la mise en œuvre, et là, on se dote d'un outil
incroyable pour pouvoir nous aider à faire ça. Et essentiellement, on voit une
très grande opportunité ici de ramener sur le terrain des orientations
gouvernementales pour la mise en œuvre.
Il y a des limites à ce qu'on peut faire
avec un fonds avec des orientations gouvernementales. Le vrai succès, ça se
mesure quand ça atterrit bien sur le territoire, sur des vrais territoires avec
des vraies problématiques, des vrais enjeux et des vrais humains derrière ça.
Donc, c'est avec ça en tête qu'on, quand vous présente, essentiellement nos
recommandations en lien avec le projet de loi, mais surtout spécifiquement avec
la question du Fonds bleu.
Notre première... notre première
recommandation, en fait, c'est de faire le lien directement. En fait, nos deux
premières, c'est de faire le lien directement entre le Fonds bleu et la loi sur
l'eau. On le fait, mais on ne le fait pas nécessairement autant spécifiquement
qu'on pourrait le faire. Donc, dans la recommandation 1, par exemple, on
mentionne que ça serait bien que quand on décide comment on investit le Fonds
bleu, qu'on fasse un lien directement avec ce qui est dans le Plan directeur de
l'eau ou le PGIR. Donc, il y a aussi... à côté des OBV, il y a aussi les tables
de concertation régionales pour le fleuve où ils font le même travail que nous,
mais à l'échelle du fleuve Saint-Laurent.
Dans ces documents-là de planification
stratégique, il y a déjà des cibles, il y a déjà des priorités établies. On
propose en réalité de s'assurer que le Fond bleu adresse spécifiquement ce qui
a déjà été établi comme consensus dans chacun des territoires de chacune des
régions. C'est essentiellement la recommandation 1 qu'on apporte, c'est de
faire un lien direct, clair et entre... entre le fond bleu et les documents qui
sont issus de la loi sur l'eau
La deuxième recommandation ici est
vraiment axée sur l'évaluation du succès du Fonds bleu. Comme on l'a mentionné
tantôt, la redéfinition du succès est importante, là. Il y a des plans qui ont
été établis dans le passé, qui ont ciblé des cibles qui sont difficiles à
atteindre, qui sont mécomprises, qui sont un peu déconnectées des réalités sur
le terrain. Donc, on propose d'assurer de faire une évaluation qualitative des
résultats du Fonds bleu, pas seulement quantitatif et pas seulement mesurer le
phosphore dans la rivière puis et voir si ça a changé dans le temps, mais aussi
se baser davantage sur la résilience collective, sur l'adaptation, sur l'opportunité
d'agir, sur l'engagement des acteurs comme des cibles qui sont tout aussi tout
aussi intéressantes pour dire qu'on avance, là.
Ensuite, on arrive à la recommandation 3.
Ici, encore une fois, on vous suggère tout simplement de mentionner directement
les organismes de bassin versant, les tables de concertation régionale, puisque
le travail de planification stratégique pour déterminer de quelle manière on
devrait, de manière efficace, investir des ressources sur la question de l'eau
est issue au sein de ce qu'on fait déjà nous depuis deux cycles de GIR et demi.
On mentionne aussi que l'OBV, en général, on se
met à développer un rôle d'orchestration. Ça ne veut pas dire qu'on met en
œuvre tout à fait toutes les actions du Plan directeur de l'eau, loin de là. On
n'a pas qu'on n'a pas le pouvoir ou les ressources pour faire ça dans la
plupart du temps. Mais on a un pouvoir d'orchestrer, de rassembler, et de
mobiliser, et d'aller chercher l'engagement des acteurs autour d'une valeur
ajoutée pour tous. Et nous, on a ce pouvoir-là, en gros, de régionaliser la
gouvernance de l'eau, là. C'est ce qu'on a développé depuis 20 ans avec la
bonne grâce du gouvernement à travers la loi sur l'eau. Donc, on propose, en
réalité, qu'on puisse jouer un rôle central dans la mise en œuvre du Fonds bleu
parce qu'on est effectivement des ressources qui sont encore sous-utilisées, à
mon avis, sur ce genre de points là.
Finalement, au niveau de la mise en œuvre,
j'arrive la recommandation de n° 4. Comme je vous
disais tantôt, le troisième volet de notre mandat, disons, de gouvernance de l'eau,
c'est celui de la mise en œuvre et... c'est-à-dire le suivi de la mise en
œuvre. Donc, on considère que faire le suivi de la mise en œuvre du Fonds bleu,
c'est comme faire le suivi de la mise en œuvre du Plan directeur de l'eau. Ça
fait qu'on pourrait tout à fait jouer ce rôle-là pour le gouvernement, de
faire, à l'échelle des 40 régions, des 40 ZG, des 40 zones de
gestion, le suivi du Fonds bleu en même temps qu'on fait le suivi de la mise en
œuvre du Plan directeur de l'eau. Ça aussi une autre manière pour mieux
utiliser les ressources que vous avez déjà à votre disposition.
Et on sait qu'en même temps, la
recommandation n° 5, il y a un forum d'action sur l'eau
qui c'est qui se fait en parallèle de cette consultation-ci. Il y a vraiment un
travail en amont qui s'est fait en concertation avec les acteurs à l'échelle
nationale. On propose que ce forum-là, quand ce n'est exister dans le futur et
puisse jouer un certain rôle de suivi de la manière que le Fond bleu est
utilisé, l'amélioration continue du Fonds bleu et son fonctionnement.
Donc, c'est grosso modo, ça, les
recommandations, et comme je vous disais tantôt, on va revenir éventuellement
avec un avis sur vraiment la question de la redevance. Là, on voulait vraiment
prendre le temps de travailler sur la question du Fonds bleu directement.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Je vous remercie pour votre exposé. Maintenant, nous allons débuter la période
d'échanges. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : C'est bien gentil,
merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous... j'allais dire à vous trois, la...
il y a une autre personne qui est en retrait que je salue également.
Écoutez, merci, un, d'être d'être là avec
nous ce matin, mais également...
M. Charette : ...pour le
travail que vous faites. Vous l'avez bien mentionné, les organismes que vous
représentez jouent un rôle fondamental dans la mission, là, que l'on s'est
donné, que vous vous êtes donné également, et surtout un rôle sur l'ensemble du
territoire québécois, ce qui est, pour le gouvernement du Québec, une
référence, là. Qui est importante.
Question qui peut sembler très, très
générale. On a déjà confirmé un 500 millions de dollars, ce qui
représente une somme intéressante, très certainement. Mais à l'annonce de ce
montant-là, il y a plein d'organismes, associations, regroupements qui nous ont
fait valoir des projets. Et si on devait tous les retenir, ce
500 millions de dollars là serait écoulé en un temps pratiquement
instantanément. Comment prioriser ultimement ces sommes-là, qui sont appelées à
croître au fil des ans, mais comment prioriser? Est-ce que c'est à travers une
régionalisation? Est-ce que c'est... Je serais curieux. Puis c'est très général
comme question dans un premier temps, mais c'est le dilemme auquel on aura à
faire face assez rapidement, une fois le projet de loi adopté, une fois la
réglementation édictée. Et c'est une question, là, à laquelle on ne pourra pas
échapper.
M. Madison (Mathieu) : Merci
pour la question, elle est très pertinente. Je pense qu'il y a une question
d'échelle aussi à la question de la priorisation. Il y a des priorités
nationales, effectivement, qui vont pouvoir s'appliquer partout au Québec, mais
chacune des régions ont tout de même des priorités et des nuances qui s'opèrent
sur leur territoire. Nous, en fait, ces nuances-là sont déjà établies dans le
travail qui est réalisé au niveau du plan directeur de l'eau. C'est le mandat
que le gouvernement nous a donné, d'établir des priorités qui sont à l'image de
chacune des régions sur lequel on travaille. On vous a mis en annexe du mémoire
le travail qu'on a fait en préambule du Fonds bleu et entre autres avec le
Forum d'action sur l'eau. Et vous allez voir que les partenaires qui sont
proposés pour les différentes initiatives ou les domaines d'intervention, qui
sont ancrés sur les différents territoires, les acteurs de l'eau et
bénéficiaires qui sont déjà mobilisés par les ABV, sont toutes les autres
organisations qui, comme vous dites et comme on dit toujours, viennent discuter
de comment utiliser ce fonds-là, là.
Donc, à l'échelle régionale, des
différentes organisations nationales qui revendiquent pour un morceau de la
tarte, si on veut, sont déjà bien représentées à l'échelle de chacune des
régions. Donc, comment prioriser? C'est déjà un peu fait à l'échelle régionale.
Maintenant, à l'échelle nationale, ça s'établit peut-être au niveau du Forum
d'action sur l'eau en ce moment, mais nous, le travail de priorisation à
l'échelle régionale a un peu déjà été fait. Donc, comment le faire? Il a été
fait.
M. Charette : Et un autre
dilemme qu'on aura à gérer, non pas à trancher, mais à concilier, les plans
directeurs sur l'eau prévue pour 2024, son renouvellement. On a le Forum
d'action sur l'eau qui, lui, d'ici la fin de l'année, dans les prochains mois,
devrait nous être très précieux aussi à travers ce qu'ils nous recommanderont.
Comment concilier les deux? On ne veut pas attendre 2024, mais, en même temps,
on ne veut pas être en contradiction avec ce qui sera fait comme mise à jour du
plan directeur. Comment concilier les deux calendriers?
• (10 h 10) •
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ça se fait bien. Je pense que le timing est très bien. On pourrait
arriver dans un cycle de... où notre plan directeur de l'eau était encore moins
prêt que ce qu'il est déjà, mais le travail de concertation a déjà été réalisé
à l'échelle des 45 organismes de bassins versants et d'où l'issue du
document en annexe, là. Ce travail-là a déjà été priorisé, les problèmes prioritaires
sont déjà établis et les gens sont déjà mobilisés, je dirais même depuis le
cycle de... précédent, là. Les acteurs à l'échelle régionale sont prêts à
passer à l'action. Ils l'étaient dans le plan directeur de l'eau précédent. Là,
on recommence un processus de planification. Il y en a qui sont un peu
désenchantés de ça, même qui sont peut-être des fois démobilisés par ça. Ils
sont prêts à passer à l'action, ils se demandent pourquoi on repriorise encore
des priorités. Donc, je dirais que le travail est là et l'arrimage se ferait
bien. Je pense que le point de départ serait probablement les différentes...
d'intervention qui sont proposées en annexe. Même si le plan directeur n'est
pas encore sur la table analysé et adopté, ça va ressembler beaucoup à ça, parce
que c'est déjà ça qui ressort comme résultat dans la concertation à l'échelle
régionale.
M. Charette : Merci. Pour ne
pas accaparer tout le temps de questions trop court, là, qui nous revient, deux
petites questions plus rapides pour faire suite à certains de vos propos. Vous
souhaitiez une mise à jour, comment ces sommes là seront utilisées, une sorte
de reddition de comptes ou sinon d'évaluation. Le fin détail n'est pas arrêté,
mais on pense peut-être faire un parallèle avec le fond sur le fameux FEC, sur
l'électrification et les changements climatiques, c'est-à-dire une mise à jour
annuelle et certainement une démonstration la plus transparente possible des
résultats obtenus à travers...
M. Charette : ...les
différentes mesures, là, qui seront mises en place. Donc, c'est dans notre
intention. Je pense que pour les différents plans de mise en œuvre au niveau de
la lutte aux changements climatiques, c'est un bel exercice de transparence. On
voit très clairement ce qui a mieux fonctionné, ce qui mérite d'être amélioré
encore davantage. Donc, c'est certainement un élément de référence pour nous.
J'aime l'idée aussi. Vous avez mentionné que ce serait peut-être bien de
maintenir ce forum d'action sur l'eau. Sans prendre un engagement à ce moment-ci,
c'est certainement quelque chose à considérer. La fréquence des rencontres, une
fois le rapport produit, là, dans les prochains mois, serait sans doute appelée
à être revue. Mais c'est certainement dans l'intérêt de tous les acteurs de
l'eau de garder cette mobilisation-là et de continuer à alimenter ce que
deviendra le Fonds bleu et notre réflexion plus générale, là, sur... sur la
gestion de l'eau.
Donc, c'est deux éléments, là, pour
lesquels je voulais vous rassurer. Je parlais de questions. Ce n'est pas... Ce
n'est pas une question, c'est plutôt des affirmations ou à tout le moins des
éléments d'échange, mais si vous voulez y répondre, soyez bien à l'aise. Sinon,
je sais que j'ai des collègues qui regardent le temps défiler et qui aimeraient
bien pouvoir échanger avec vous.
M. Madison (Mathieu) : Peut
être très court. Le Forum d'action sur l'eau est vraiment un outil de
concertation à l'échelle nationale qui est très puissant à mon avis, et qu'on
sous-utilise aussi en ce moment. Ça pourrait être un futur mandat du Forum
d'action sur l'eau de se pencher sur la mise en œuvre du Fonds bleu, mais aussi
se pencher sur la gouvernance de l'eau au sens large. Là, on est dans les fins
détails de la priorisation en ce moment ou sur le fond, mais la question de la
gouvernance au sens large, c'est ce qu'on fait en ce moment avec nos tables de
concertation aujourd'hui. C'est très intéressant ce qui ressort à l'échelle
régionale sur la question de la gouvernance.
M. Charette : Merci
beaucoup.
M. Madison (Mathieu) : Merci
beaucoup.
La Présidente
(Mme Bogemans) : Merci. La parole est maintenant à la députée
d'Argenteuil.
Mme Grondin : Mme la
Présidente, il reste combien de temps? Parce que j'ai tellement de questions.
La Présidente (Mme Bogemans) :
9 min 20 s
Mme Grondin : Neuf
minutes. Donc, M. Madison, Mme Dauphin, bonjour. Merci. Mon collègue
et toujours... Merci d'être en... d'être là en personne. Je sais que pour
certains, vous avez voyagé, j'imagine Saint-Jérôme-Québec.
M. Madison (Mathieu) : Entre
autres.
Mme Grondin : Donc,
merci d'être là en personne. C'est toujours intéressant. J'ai bien compris dans
vos interventions que vous réinsistez ou réitérez le fait que, dans le fond,
vous avez déjà régionalisé tout ce qui touche la gouvernance de l'eau. Vous
avez déjà identifié des priorités qui sont spécifiques à chaque région ou à
chaque zone de gestion de l'eau. Vous dites que vous êtes plutôt votre
expertise que vous avez développée. J'aime bien le fait quand vous dites que
vous êtes un peu la recherche et développement du gouvernement du Québec en
matière d'eau, que vous avez... que votre expertise que vous avez développée au
cours des 20 dernières années est probablement encore sous-estimée.
J'entends bien le fait que les acteurs de
l'eau dans chaque région sont prêts à passer à l'action. Donc, il y a une
mobilisation. D'ailleurs, ce que je trouve intéressant dans votre mémoire,
c'est que vous faites un lien, je ne l'avais pas vu comme ça, mais je trouve ça
vraiment intéressant, entre la transparence des données qui est... qui est un
élément essentiel à la mobilisation. J'aime... j'aime bien le lien que vous
faites. Vous parlez... À quelques reprises, je vous ai entendu parler de revoir
les facteurs de succès. Vous en avez glissé un mot rapidement. Mais
concrètement, ça veut dire quoi? Avez-vous un exemple concret que je pourrais
mieux saisir?
M. Madison (Mathieu) : Dans
le fond, dès le départ, dans nos plans directeurs de l'eau, on avait comme deux
types d'objectifs, ce qu'on... ce que, moi, j'aime appeler la cible, donc le
paramètre environnemental, si on veut, sur la rivière sur laquelle on fait un
suivi à long terme, là, par exemple le phosphore ou les coliformes fécaux dans
la rivière. Ça, c'est des choses sur lesquelles, en tant que gestionnaire de
l'eau ou en tant qu'acteur de l'eau, on n'a pas de contrôle direct dessus.
Donc, quand on décide qu'on se dote d'une cible ou qu'on s'engage, on ne
devrait pas s'engager directement sur ça parce qu'on ne le contrôle pas, ce
facteur-là, ce paramètre-là. On devrait plutôt avoir une cible ou un objectif
qu'on contrôle, donc notre capacité d'agir, et là-dessus s'engager sur ce qu'on
est capable d'agir dessus.
Je vais prendre un exemple que je prends
tout le temps, là, puis pas pour critiquer quoi que ce soit, là, mais je vais
utiliser le plan d'agriculture durable comme comme point de départ. Dans le
plan d'agriculture durable, il y a des objectifs qui sont contrôlables par
l'agriculteur ou par les acteurs du milieu agricole, comme les pourcentages de
terres qui sont...
M. Madison (Mathieu) : ...sur
lequel on utilise les pesticides ou autres. Donc, de s'engager sur une cible de
réduire les terres sur lesquelles on utilise les pesticides, ça, c'est quelque
chose qu'on contrôle directement. Par contre, il y a aussi une cible qui est
d'augmenter les macroinvertébrés dans les rivières. Ça, ce n'est pas quelque
chose qui est très parlant pour un agriculteur, ce n'est pas quelque chose
qu'ils connaissent, ce n'est pas quelque chose qu'il peut s'approprier
facilement, et c'est surtout quelque chose pour laquelle ils se disent :
Je n'ai pas de contrôle dessus. Donc, qu'est-ce qui arrive si on mesure, dans
10 ans, 15 ans, 20 ans, les macroinvertébrés dans toutes les
rivières puis qu'on s'aperçoit qu'ils n'ont pas augmenté. Est-ce qu'on est
capables de déterminer qu'on n'a pas réussi le Plan d'agriculture durable sur
seulement cette base-là? Probablement pas.
Donc, ce qu'on propose ici, entre autres,
dans la recommandation trois, c'est d'avoir, oui, des paramètres qui sont axés
sur l'environnement, les choses qu'on ne contrôle pas directement, mais mesurer
le succès surtout et aussi sur les choses qu'on contrôle directement. Notre
capacité à mobiliser les gens, les actions qui sont prises, les gens qui sont
plus embarqués dans des projets, l'opportunité d'agir, notre adaptation.
Peut-être qu'on est passés à l'étape de protéger la ressource, on est peut-être
rendus à l'étape de s'adapter à développer notre territoire avec la ressource,
la résilience collective. Donc, ça, c'est des choses qu'on devrait inclure
davantage dans notre capacité à mettre en œuvre et faire le suivi, mesurer le
succès sur cette base-là. Mettons... Oui.
Mme Grondin : J'aurais...
Vous me permettez que je vous coupe?
M. Madison (Mathieu) : Bien
oui, bien oui, bien oui.
Mme Grondin : On a vu le
rapport... Prenons l'exemple des milieux humides et hydriques. On a vu le
rapport de la Commissaire au développement durable. Évidemment, quand elle évalue
le succès, elle se base sur des cibles qui sont surtout quantitatives. Est-ce
qu'on est capables, au Québec, où on doit faire de l'innovation sociale, de
baser, ou d'évaluer, ou d'avoir une reddition de comptes sur notre capacité
d'adaptation?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ça, c'est un excellent exemple. Puis les PRMHH vont nous donner des
outils... le plan régional des milieux humides et hydriques à chacune des MRC
vont nous donner des outils sur lesquels on pourrait mesurer le succès du PRMHH
sur autre chose que seulement la cible d'aucune perte nette. On s'est donné la
cible aucune perte nette, mais c'est complexe, cette cible-là, ce n'est pas
tous... tout le temps des choses qu'on contrôle en tant que gouverneur du
territoire ou gestionnaire d'un territoire. Mais il y a des cibles qui vont
être établies dans les plans régionaux qui vont pouvoir mesurer le succès à
l'échelle des différentes régions beaucoup mieux qu'aucune perte nette ou,
disons, en parallèle. La capacité à une municipalité à mettre en place une
réglementation plus stricte sur la question des milieux humides, de favoriser
une utilisation plus durable de son territoire, ça, c'est des cibles qu'on
pourrait se doter dans un PRMHH ou même, par exemple, dans un fond bleu, où là
on pourrait mesurer rapidement la capacité à ces acteurs-là de mettre en place
ces choses-là et dire : Oui, on n'a pas... peut-être pas atteint aucune
perte nette au sens large, mais 80 % de nos municipalités ont cru bon
modifier leur schéma d'aménagement avec leur réglementation municipale pour
mieux s'adapter à la question des milieux hydriques sur leur territoire. Donc,
ça, c'est...
Mme Grondin : Vous avez... Je
vous coupe encore, je suis désolée, parce que vous pourriez parler pendant des
heures, j'imagine. Je trouve ça très intéressant parce qu'à l'annexe I vous
avez fait un travail de mobilisation avec différents organismes de bassin
versant. Je n'ai pas compté le nombre de projets que vous proposez, mais en
fait, dans plusieurs de vos organismes de bassin versant, il y a déjà cet
exercice de priorité à l'échelle du bassin versant. Vous avez identifié les
partenaires, donc vous seriez prêts déjà, comme genre demain matin, à passer à
l'action?
• (10 h 20) •
M. Madison (Mathieu) : Pour
la plupart, effectivement, des propositions qui sont faites en annexe 1, c'est
des initiatives qui sont déjà discutées à l'échelle de chacune des régions
depuis un certain temps et qui ressortent comme des priorités, même, depuis le
Plan directeur de l'eau précédent. Le rôle de l'OBV, c'est d'orchestrer la mise
en œuvre de ça. Ça ne veut pas dire que c'est l'OBV qui prend tout l'argent et
qu'il le fait tout de son bord. On n'a pas les ressources ou les capacités de
faire ça, mais les acteurs qui sont là, qui seraient à la fois partenaires, qui
seraient aussi, mettons, collaborateurs dans la mise en œuvre, mais aussi
bénéficiaires de ces projets-là, eux sont déjà embarqués, ils sont déjà
mobilisés. Et c'est ce qu'on voudrait de plus en plus faire avec le réseau des
OBV dans la gouvernance de l'eau, c'est de passer à l'action. C'est vraiment
là, là.
Mme Grondin : O.K. Dernière
question, je pense, il me reste à peine deux minutes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) : Oui.
Mme Grondin : Donc, une
minute pour moi, une minute pour vous, M. le Président. Vous avez fait un lien
avec le fait que... peut-être qu'il serait intéressant de voir le Forum
d'action sur l'eau sur la question de la reddition de comptes ou du moins sur
la question du suivi. Vous êtes membre du Forum d'action sur l'eau. À votre
avis, manque-t-il des membres ou une expertise dans cette dimension-là de suivi
ou de reddition de comptes au sein...
Mme Grondin : ...du forum
actuellement?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que ce qui est très bien avec le Forum d'action sur l'eau... et c'est des
gens qu'on va entendre aussi en commission, ici, là, vous allez entendre les
gens qui ont déjà participé, en parallèle à cette consultation-ci... qui ont
aussi travaillé au Forum d'action sur l'eau sur les priorités du Fonds bleu. Je
pense qu'on est bien entourés. Je pense qu'il y a beaucoup d'acteurs
intéressants qui sont là. Il y a un travail qui se fait, veux veux pas,
derrière les rideaux par rapport à ça, parce que nous, on se met à jouer un peu
le rôle d'orchestration, avec le ROBVQ, et on va chercher ce qui manque un peu
à l'extérieur de ça. On gère la table de concertation de notre côté, comme on
ferait à l'échelle des OBV.
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
vous reste 30 secondes.
M. Madison (Mathieu) : Puis...
Mais il y aurait certainement du cas par cas à discuter. Je pense que ce qui
est important avec le Forum d'action sur l'eau, c'est s'assurer qu'on a une
valeur ajoutée pour tous et qu'on ne soit pas dans la négociation, mais plutôt
dans, réellement, une collaboration vers un consensus. Donc, je viserais à...
si on veut bonifier les membres de cette table-là, de viser des acteurs qui
sont... qui sont prêts à faire ce travail-là, mais d'assurer aussi un... que ça
soit équilibré, là, sur la table. Et, à mon avis, en ce moment, ça l'est quand
même assez bien, là, tel que ce l'est. Mais ce serait peut-être du cas par cas,
là, à mon avis, là, chacun des gens qui pourraient vouloir être là.
Mme Grondin : C'est fini?
Merci beaucoup. Merci.
M. Madison (Mathieu) : Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de l'opposition officielle.
Mme McGraw : Et, juste pour
clarifier, Mme la Présidente, combien de minutes en tout? Juste pour clarifier.
La Présidente (Mme Bogemans) : Douze
minutes 23 secondes.
Mme McGraw : Ah! super. Merci
beaucoup. Alors donc, merci beaucoup d'être là, et pour le mémoire très
intéressant, la présentation aussi. En conclusion, vous avez dit, à la toute
fin : On va revenir sur la question des redevances, mais je ne sais pas
quand ça va se faire. Donc, je profite de l'occasion, justement, pour parler
de... vous poser des questions là-dessus. Alors, la première question, c'est en
matière de gouvernance. Est-ce que les mesures dans le projet de loi, selon
vous, sont adéquates pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins
prévues?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que c'est un... Je pense que c'est un très bon départ... point de départ,
là, très, très bon même, là. En fait, vous allez entendre... vous allez
entendre beaucoup d'acteurs qui vont venir vous partager comment devraient être
redistribués, en réalité, ces fonds-là. Puis, la question de la priorisation,
je pense qu'on l'a déjà adressée, là, mais je pense que les outils qui sont
dans la loi, la manière que c'est présenté nous donneraient la capacité de bel
et bien replacer l'argent aux endroits où il y a le plus de besoins, là. Donc
là, si je comprends bien la question, on parle de comment on utilise la
ressource, pas comment on va chercher la ressource financière.
Mme McGraw : ...bien, les...
C'est ça. Les mesures, c'est comment, et les sommes aussi, pour que les sommes
soient bien utilisées aux fins prévues. Donc, selon vous, c'est un bon
départ...
M. Madison (Mathieu) : Oui,
exact, tout à fait. Là, on ne s'adresserait peut-être pas sur... Tu sais,
j'imagine que la question n'était pas sur les montants... qui est identifié dans...
Mme McGraw : Bien, écoutez,
vous êtes libre de répondre... Je vous donne...
M. Madison (Mathieu) : Ça
aussi, je dirais que c'est un bon point de départ, pour vrai. Il y avait un
retard, je pense qu'on avait accusé un retard sur la question de la redevance,
et là on vient... on vient vraiment la rééquilibrer, là, si on veut. La
question de l'utilisation... Tu sais, on est vraiment dans une espèce
d'utilisation... utilisateur payeur, là, dans ce processus-là. C'est sûr qu'en
gouvernance de l'eau on amènerait aussi toute la question de pollueur payeur.
On pourrait aussi considérer la question d'utilisation au sens large de la
ressource, pas seulement les grands préleveurs. Ça, c'est toutes des
thématiques qui pourraient faire partie d'une exploration, si on veut, ou d'une
étude éventuelle.
Il y a des modèles ailleurs dans le monde
où chaque personne qui utilise l'eau contribue financièrement à un fonds bleu,
en quelque sorte, d'utilisation de la ressource pour ensuite redistribuer pour assurer
la protection et l'adaptation. Mais je comprends qu'on n'est peut-être pas
rendus là au Québec, pas à cause que le gouvernement, il n'est pas rendu là,
mais parce que même la collectivité n'a peut-être pas saisi l'importance. On a
l'impression qu'il y en a à l'infini, de l'eau, au Québec, mais on commence à
avoir beaucoup dans nos régions... Il y a beaucoup de régions... puis on
pourrait revenir sur certains points qui sont en annexe, là, mais il y a des
questions d'accès à la ressource, il y a des conflits d'accès à la ressource,
il y a du manque d'eau à certains endroits.
Donc, je pense que la culture de l'eau va
peut-être changer, et ça va nous amener, en tant que collectivité, de pouvoir
redéfinir qu'effectivement il y a peut-être lieu de discuter sur la manière
dont on utilise l'eau, et peut-être que là, à ce moment-là, on serait peut-être
plus prêts, en tant que... même en tant que citoyens, de contribuer à un fonds
bleu quand on se fait un bain ou quand on utilise l'eau à la maison, là.
Mme McGraw : Si je comprends
bien, vous prévoyez ou vous parlez un peu d'un projet ou d'un programme,
justement, pour sensibiliser les Québécois, justement, pour accompagner
peut-être ces mesures gouvernementales réglementaires?
M. Madison (Mathieu) : En
fait, ça, ça a déjà lieu. Il y a beaucoup de travail qui s'est fait pour
travailler sur la question d'utilisation durable de la ressource au sein des
citoyens. Les OBV ne sont pas nécessairement... Tu sais, on est beaucoup axés,
nous, notre travail en concertation avec les acteurs...
M. Madison (Mathieu) : ...pas
nécessairement avec les citoyens. C'est de même que le mandat qui nous est
donné par le gouvernement est établi, mais ça ne nous empêche pas, en
parallèle, de continuer à faire une mission de sensibilisation auprès des
citoyens, mais ce n'est pas un volet qu'on utilise... qu'on fait beaucoup plus.
Je dirais qu'il y a d'autres organisations qui en font plus de ce côté-là, mais
je pense que les gens commencent à être sensibilisés, mais je vous dirais que
les acteurs commencent à sentir la pression dans certains cas du manque d'eau
ou la capacité à approvisionner l'eau pour leurs citoyens, mettons, pour une
municipalité. Donc ça, ça commence à... ça va se sentir au niveau de notre
table de concertation plus rapidement, je pense, que ça va se sentir au niveau
des citoyens. Ça fait que nous, on va pouvoir lever ce flag-là en premier, là.
Mme McGraw : Parfait. Merci.
Est-ce que, selon vous, la reddition de comptes proposée est assez robuste?
M. Madison (Mathieu) : Au
niveau de la redevance?
Mme McGraw : Du... la
gouvernance en général du projet de loi.
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que la transparence qui est là et la reddition de comptes prévue pour
faire le suivi de l'utilisation de ça est... propose effectivement une
robustesse intéressante. Je comprends qu'on parle effectivement du Fonds bleu
lui-même, là, si on parle... le projet de loi. Après, sur la question de la
redevance, puis on va statuer probablement là-dessus sous peu, là, avec notre
avis sur le projet de règlement, mais la question de l'estimation peut-être
qu'on pourrait venir discuter, peut-être qu'il serait temps de songer à un
modèle pour pouvoir avoir des données fiables sur l'utilisation plutôt que d'avoir
des estimations, là.
Mme McGraw : Et selon vous,
est-ce qu'il y a des angles morts? Il y a-tu des sujets que vous auriez aimé
voir traités dans le projet de loi?
M. Madison (Mathieu) : Bien,
nous, en fait, on est très contents de voir le Fonds bleu, en réalité, là,
c'est pour ça qu'on est surtout venu aujourd'hui et qu'on a présenté le mémoire
qu'on a... qui est là. Donc, nous, on est très satisfaits de voir qu'on met de
l'avant au Québec les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre quelque
chose qu'on fait déjà depuis deux décennies, là. Puis je ne vous cacherai pas
que les premiers plans directeurs de l'eau avaient beaucoup d'actions et les
acteurs n'avaient pas les moyens de mettre en oeuvre ces actions-là. Et là on
voit d'un très bon angle que les moyens pourraient être à la disposition
maintenant pour passer à l'action, là.
Mme McGraw : Une autre
question générale, on sait que c'était l'enjeu d'avoir les données sur
l'utilisation de l'eau, on sait que ça implique des secrets industriels, est-ce
que la transparence prévue par le projet de loi, selon vous, est adéquate.
M. Madison (Mathieu) : Notre
position là-dessus a été... en fait, on s'est positionné quand il y a eu, entre
autres, un dossier médiatisé sur la question, l'organisme de bassin versant
fait un portrait de la ressource en eau sur son territoire, c'est nécessaire
pour nous d'avoir les données nécessaires pour établir l'état de la situation
et pour faire un diagnostic de la qualité de l'eau, de la quantité d'eau
disponible, et autres. Par contre, il y a une limite à ce que ces données-là
qu'on... dont on parle là, l'utilisation des grands préleveurs, il y a une
limite à ce que ça peut nous servir pour faire notre plan directeur de l'eau.
Donc, on n'a pas besoin nécessairement d'avoir le chiffre exact de chaque
utilisateur dans toute cette transparence-là, nous, ce qui nous importe, c'est
de savoir est-ce qu'il y a... comment on fait pour s'assurer d'avoir une
pérennité d'utilisation de la ressource. Donc, on ne s'est jamais positionné à
dire : On a besoin absolument de chacune des données très précises des
grands préleveurs. Parce que ça... il y a une limite à ce qu'on pourrait faire
avec en tant qu'organisme de bassin versant. Je comprends qu'il y a d'autres
organisations qui aimeraient mieux... qui aimeraient ça l'avoir cette
information-là, mais nous, il y a une limite à ce qu'on peut faire avec, donc
on préfère de loin qu'il y ait un partage de ces données-là à travers les
acteurs à l'échelle régionale, qu'un préleveur, par exemple, s'assoie avec
l'organisme de bassin versant pour dire : J'ai un projet sur mon
territoire pour protéger la ressource, voici une idée des données qui sont à ma
disposition que je suis prêt à partager avec vous dans un cas très concret qu'on
va utiliser pour faire de la bonne gouvernance de l'eau sur le territoire. Mais
sinon des données pour juste des données, pour nous, on ne voit pas autant
l'utilité que si c'était vraiment de l'information qui nous sert spécifiquement
dans un cas de mise en oeuvre, par exemple.
• (10 h 30) •
Mme McGraw : Alors là,
j'aimerais revenir sur les questions de... sur vos recommandations, donc
peut-être commencer avec la recommandation numéro 3, là, vous suggérez
d'incorporer des mots, justement, du langage pour justement qu'il y ait des...
du financement auprès des organismes de bassin versant et autres organismes
aussi. Alors donc, alors vous considérez que le gouvernement ne finance pas
assez les OBV?
M. Madison (Mathieu) : En ce
moment, le financement qui est prévu dans notre mandat a déjà été augmenté
dernièrement, là, ça ne fait pas si longtemps, en fait, dans le cycle de la
GIRE actuel, on est déjà beaucoup plus... on est plus financé qu'on ne l'était
dans le passé. Je pense qu'on est plus dans la question de l'efficacité de
l'utilisation. En ce moment, on a, disons, un financement statutaire pour faire
le plan directeur de l'eau, pour faire la mobilisation, pour faire le suivi du
plan directeur de l'eau. Nous, on s'attarderait davantage à l'efficacité des
livrables qui sont identifiés dans nos conventions de financement pour faire ce
travail-là. Moi, je vois ça complètement séparé de ce qu'on parle ici à la
recommandation 3. Ici, on n'est pas dans financer le travail statutaire
des OBV, on est davantage...
10 h 30 (version non révisée)
M. Madison (Mathieu) : ...financer
les actions identifiées dans le Plan directeur de l'eau. Cela dit, je ne peux
pas m'empêcher de dire que j'aimerais ça, un jour, voir qu'on est plus
efficaces dans les livrables qui sont attendus des hauts OBV et s'assurer d'arrimer
les livrables des OBV dans leur financement statutaire à des réalités réelles
sur le territoire en ce moment, tels que les bureaux de projets sur les
inondations, tels que le Fonds bleu et sa mise en œuvre, tels que les... tels
que le... qui va... qui sort très bientôt, là, qui va faire le lien entre le
PDE et les schémas d'aménagement. Il y a une opportunité ici d'arrimer le
mandat statutaire des OBV à des réalités et des besoins du gouvernement et des
régions actuellement. Puis ça, ça, il y aurait une efficacité à faire là. Mais
c'est vraiment deux choses distinctes par rapport à ce qu'on parle ici, là.
Mme McGraw : Je crois qu'il
nous reste à peu près trois minutes. Donc, une question par rapport à la
recommandation numéro deux. Là, vous avez parlé... puis je veux juste
souligner, si je comprends bien, la commissaire sur le développement durable,
elle met l'emphase sur les mesures quantitatives et qualitatives, les deux,
alors là, vous proposez une... plus une évaluation qualitative. Alors, vous
avez expliqué pourquoi. Donc, deux questions : Pourquoi tous les trois
ans, faire le suivi? Pourquoi trois ans? Et est-ce que vous croyez, donc, que
les mesures d'évaluation présentes ne sont pas suffisantes?
M. Madison (Mathieu) : Non,
je pense que c'est... Je pense que, quand on évalue le succès d'un programme ou
d'un fonds, il y a des cibles qu'on peut évaluer à plus court terme et d'autres
qui méritent d'être évaluées à plus long terme. Je dirais même que pour
certaines cibles qu'on pourrait se doter, qui seraient davantage sur la
question, disons, de la résilience collective, là, on pourrait mesurer ça
vraiment sur une échelle plus de cinq, 10 ans, là. Donc, je pense que c'est
variable selon la cible. Il y a des cibles qu'on ne verra pas changer beaucoup
en trois ans. Et là, on va se questionner sur le succès par rapport à cette
cible-là. Tandis qu'il y en a d'autres qui vont réagir très rapidement. Si on
se dote de cibles davantage axées sur la capacité d'agir des acteurs. Là, dans trois
ans, on va commencer à avoir des choses vraiment intéressantes qui vont
arriver. Mais sur des cibles plus comme le phosphore dans une rivière,
croyez-moi, on ne va pas le mesurer en trois ans, le changement, là. Donc là,
il y a des choses qui vont prendre plus de temps à mesurer, surtout les choses
qu'on contrôle moins. Mais je pense que trois ans, pour des cibles plus
qualitatives, sur l'opportunité d'agir, sur la capacité d'adaptation des
acteurs par rapport à la question des eaux et les priorités associées à l'eau.
Ça, en trois ans, on arrive à bien mesurer la capacité d'adaptation des
acteurs, la capacité de passer à l'action, là, ça fait que trois ans, c'est un
peu à la bonne échelle, là.
Mme McGraw : Alors, juste en
conclusion, est-ce qu'il y a des ajouts? Est-ce qu'il y a des éléments que vous
n'avez pas eu la chance de présenter? Je vous donne... je vous laisse mon... la
dernière minute, d'avoir le dernier mot. Donc, est-ce qu'il y a des éléments à
souligner que vous n'avez pas eu la chance de présenter?
M. Madison (Mathieu) : Je
pense que je passerais même la parole un peu plus à... donner plus de temps à
vos... à nos collègues, mais non, je pense que notre approche a toujours été
très systémique, là, quand on travaille à la question de l'OBV puis la
gouvernance de l'eau. Donc, nous, on approche le fond bleu avec une approche
systémique par rapport à ce qui est... les autres chantiers gouvernementaux et
régionaux, et donc nécessairement nos propositions ou nos recommandations sont
toujours dans ce sens-là, d'assurer l'arrimage, d'assurer l'intégration, là.
Donc, je pense qu'on a bien couvert un peu ces points-là aujourd'hui, là.
Mme McGraw : Excellent. Donc,
merci pour la présentation et la mémoire et je cède le reste de mon temps, Mme
la Présidente, peut-être 30 secondes qui restent.
La Présidente (Mme Bogemans) : Exactement.
Merci beaucoup. Je vais passer la parole à la députée de Verdun, deuxième
groupe d'opposition officielle. Vous disposez de quatre minutes huit secondes.
Mme Zaga Mendez : Parfait,
merci beaucoup, merci beaucoup au regroupement des bassins versants du Québec d'être
là avec nous aujourd'hui. Merci pour le mémoire présenté puis également pour ce
travail de réflexion sur la gouvernance. La... Votre première recommandation a
attiré beaucoup mon attention concernant... Comment mieux le projet de loi peut
venir prendre en considération l'outil qui est essentiel en termes de
gouvernance de l'eau, donc le Plan directeur de l'eau. Donc je voulais vous
entendre un peu plus là-dessus. Puis peut-être y aller sur quelles sont en ce
moment les menaces, les plus grandes menaces pour la gestion des bassins
versants au Québec, et comment le fond bleu vient répondre, palier ou pas à ces
besoins-là?
M. Madison (Mathieu) : Oui,
en fait, effectivement, la recommandation un, c'est d'être très explicite sur
le lien qui existe entre le Fonds bleu et la loi sur l'eau. Je... ce que les
OBV font à travers la loi sur l'eau, c'est le plan directeur de l'eau, c'est l'outil
suprême. C'est un peu comme le schéma d'aménagement quand vous entendrez parler
de la Fédération québécoise des municipalités, là. Donc, nous, on propose, en
fait, la recommandation un, d'être très explicite, de viser directement l'outil
de planification stratégique qui existe à travers la gouvernance régionale et
régionalisée. Et les plus grandes menaces, pour la deuxième portion de la
question, c'est vraiment les trois points que je présentais en...
M. Madison (Mathieu) : ...le
fait de tenter de simplifier la complexité pour passer à travers le problème.
Ça, c'est un grand risque, où il faut être inclusif, il faut rassembler les
gens. Même si a priori il y a des conflits ou des oppositions dans les intérêts
et les vulnérabilités ou les préoccupations des gens, il faut faire l'effort de
le faire, puis c'est ça la gouvernance de l'eau.
La deuxième menace, c'est vraiment la
question de la fragmentation, le fait qu'on travaille en silo des dossiers qui
méritent d'être travaillés de manière intégrée, pas seulement à l'échelle du
gouvernement, là, mais même à l'échelle des régions, là. Il y a du travail et
des efforts qui sont faits par les... par exemple les municipalités ou les acteurs,
où on veut faire la bonne chose, mais on manque un angle mort d'un autre silo
qu'on n'a pas pensé. Et c'est là que l'OBV devient comme la ressource
inutilisée, moins utilisée, qui pourrait venir dire : ...donc ça en même
temps dans ton projet.
Et la troisième menace, c'est la notion de
succès. Si on se dote de cibles qui sont mal comprises, déconnectées des
réalités locales, on perd la capacité à engager et mobiliser les gens autour de
ça. Donc, il faut redéfinir cette notion de succès là puis la définir davantage
sur la question de l'opportunité d'agir, des réalités réelles des gens qui sont
sur le terrain, la capacité d'adaptation, la résilience. Ça, c'est des choses
que les gens sont capables de se sentir concernés et d'embarquer, là.
Mme Dauphin (Karine) : ...une
quatrième aussi, c'est la démobilisation. Ça aussi, c'est une menace. Le fond
bleu vient vraiment répondre à un besoin de passer à l'action, et les acteurs
sont vraiment très mobilisés. En fait, on attend un financement pour lancer les
projets qui sont déjà sur la table.
Donc, je pense que...
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
vous pouvez nous donner un peu d'exemples... ma prochaine question, des projets
ou des actions qui sont dans les différents plans directeurs, et qu'on n'arrive
pas à appliquer par faute de moyens? Et comment le fond bleu peut venir aider
dans ce sens-là?
Mme Dauphin (Karine) : Il y a
beaucoup de projets sur, justement, le poisson, les habitats du poisson, où
c'est très rassembleur parce les menaces proviennent vraiment du bassin
versant. Et donc c'est du financement souvent qui manque pour mobiliser ces
gens, pour qu'ils passent à l'action.
M. Madison (Mathieu) : ...on
vous a mis un peu les thématiques qui reviennent souvent, là. La question de
l'eau potable, maintenant, avec la nécessité de faire l'analyse de
vulnérabilité à l'échelle des municipalités, on constate... Il y a toutes
sortes de sujets super intéressants qui n'étaient pas arrivés avant, mais qui
arrivent maintenant. La question de solidarité amont-aval, tu sais, une ville
en aval qui prend son eau dans la rivière et qui se dit : Coudonc, la
ville en amont, elle a un impact sur l'argent que je vais mettre dans mon
usine. Et là, tout d'un coup, les silos se défont... Tu sais, on arrête de
simplifier la question de l'approvisionnement et on vient travailler à
l'échelle du bassin versant, à une problématique qui, a priori, semblait être
très ponctuelle. Ça aussi, c'est... Vous allez voir qu'il y a beaucoup de
choses dans l'annexe un qui reprennent la question de la protection de l'eau
potable, mais selon une approche intégrée par bassins versants des risques et
des menaces. Et ça, c'est... pour l'instant, on gratte à peine la surface de
ça, parce qu'on n'a pas nécessairement les ressources pour le faire, et le fond
bleu pourrait potentiellement venir nous ouvrir les portes à vraiment faire un
travail d'intégration.
Mme Zaga Mendez : ...
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
ne reste plus de temps malheureusement.
Mme Zaga Mendez : Bon, bien...
Merci
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie de votre contribution aux travaux. On va prendre une petite pause
pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 10 h 39)
(Reprise à 10 h 44)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour,
tout le monde. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Réseau
Environnement. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
présentation, suite à quoi nous allons procéder à une période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer directement votre exposé. Merci.
M. Laneuville (Mathieu) : Merci,
Mme la Présidente. Enchanté, mesdames, messieurs, mon nom est Mathieu
Laneuville, je suis président-directeur général de Réseau Environnement et
aussi ingénieur spécialiste dans le domaine de l'eau.
Alors, c'est tout un privilège pour moi
d'être avec vous ce matin pour faire le pont entre l'expertise technique et
vous décideuses et décideurs des politiques publiques. Je pense que c'est une
belle occasion qu'on a pour pouvoir faire rayonner le savoir des membres de
Réseau Environnement, qui, depuis 60 ans, là, font vraiment mettre de l'avant
les meilleures pratiques environnementales basées sur la science et qui vont
dans une optique d'économie verte. Alors, c'est vraiment, là, ce qu'on souhaite
faire ce matin et on est fiers de rassembler, là, ce réseau qui rassemble
autant les joueurs du côté public, on parle des municipalités, du côté aussi de
la société civile, comme des joueurs que vous avez rencontrés, que vous allez
rencontrer dans les prochaines heures. On rassemble aussi des joueurs du
secteur privé, des gens qui vont avoir à payer ces redevances-là. Ils font
partie de nos consultations dans notre groupe, autant que les entrepreneurs,
les consultants. Et aussi on rassemble aussi les académiciens et académiciennes
des universités et des cégeps. Alors, c'est au nom de toutes ces personnes, là,
qu'on vous adresse la parole aujourd'hui, qu'on va faire nos recommandations.
Avant d'aller dans nos recommandations qui
sont en lien avec le projet de loi n° 20, on aimerait remettre l'enjeu de l'eau
dans un contexte plus général, parce qu'on salue le projet de loi n° 20...
M. Laneuville (Mathieu) : ...on
attendait depuis longtemps, chez Réseau Environnement, qui, pour nous, va
déboulonner deux mythes. Premièrement, l'eau n'est ni gratuite, elle n'est ni
illimitée. Alors, pour nous, ça va être important de revenir là-dessus. Et le
projet de loi n° 20 le fait bien en prélevant des
sous des gens qui prélèvent de l'eau. Alors, ça, c'est un bon signal de prix
dans le terme d'utilisateur-payeur. On sait que ça s'applique sur des lois
qu'on a déjà au Québec, ce principe d'écofiscalité. Et, dans un deuxième temps,
c'est très avantageux parce qu'on va prendre ces sommes-là et on va les
réinjecter dans des projets de recherche, des initiatives qui vont protéger nos
ressources en eau. Alors, une... double action.
Alors, on salue les centaines de millions
de dollars qu'il va y avoir dans ce projet de loi là, mais on veut relativiser
aussi avec les dizaines de milliers de dollars, on parle d'un déficit de
maintien d'actifs de 38 milliards de dollars dans nos infrastructures
d'eau municipales. Alors, aussi bien qu'on va bien travailler dans notre projet
de loi n° 20, puis c'est ce qu'on veut faire
aujourd'hui, il ne faut pas oublier aussi notre déficit de maintien d'actifs
parce que, si beau que le projet de loi n° 20 va
être, si on n'investit pas assez dans des infrastructures d'eau municipales,
malheureusement, on ne sera pas en mesure de bien protéger nos ressources en
eau. Alors, pour nous, c'est important de repasser ce message-là. Et on croit
tellement à ça chez Réseau Environnement qu'on a fait une étude avec les HEC
Montréal pour démontrer qu'investir dans nos infrastructures en eau, c'est
rentable. Pour chaque dollar investi, c'est un retour sur investissement de
1,72 $. Alors, on tient à rappeler que c'est important aussi. En
parallèle, oui, il y a le projet de loi n° 20, mais
de pas oublier, sans tomber dans le sensationnalisme, ne pas oublier aussi ce
déficit de maintien d'actifs là et de profiter aussi de l'occasion qu'on a.
Parce que, plus tard, ça va coûter plus cher. Aujourd'hui, on a des occasions
de faire de la réhabilitation et non du remplacement. Alors, profitons de
l'occasion qu'on a à ce niveau-là.
Si maintenant on se penche sur le projet
de loi n° 20, il y a quatre recommandations
principales qu'on a pour vous. Le premier, c'est sur la fiabilité des données.
Alors, pour nous, c'est important que nos données soient mesurées avec des
compteurs et qu'il n'y ait plus place à l'estimation, comme le ROBVQ vous l'a
mentionné, là, dans le précédent groupe.
Notre deuxième point, ça concerne aussi la
modulation de la redevance en fonction des régions des bassins versants. On le
sait qu'on a des municipalités au Québec qui sont aux prises avec des pénuries
d'eau l'été. À ces endroits-là, on aimerait ça pouvoir hausser la redevance
pour donner un signal encore plus clair que la ressource d'eau est critique à
certains endroits au Québec.
Le troisième point concerne la
transparence. Alors, oui, on est heureux de voir que toutes les industries qui
prélèvent plus que 50 mètres cubes par jour vont avoir à déclarer, mais il
y a beaucoup d'industries qui prélèvent moins que 50 mètres cubes par
jour, et, pour nous, c'est nécessaire pour nos expertes et experts qu'on veut
faire une vision de notre gestion de l'eau, d'avoir l'ensemble des données
disponibles.
Et, finalement, le quatrième point va
concerner le Fonds bleu, la bonne gestion de ce fonds-là, d'ailleurs, qui est
mené en termes de cocréation par la députée d'Argenteuil, Mme Agnès, et
qui mène ça de main de maître.
Alors, premier point. Si on revient au
projet de loi n° 20, c'était sur la fiabilité des
données. Alors, la première chose que nos expertes et nos experts nous disent,
c'est pour bien gérer notre source, il faut mesurer. Alors, si on n'a pas de
mesure, ça va être difficile de bien gérer. Et le projet de loi actuel laisse
encore de la place à de l'estimation. Alors, pour nous, on est en 2023, ça fait
des décennies qu'on a des compteurs d'eau qui existent sur le marché, alors il
faudrait avoir... être en mesure de pouvoir avoir des compteurs d'eau dans l'ensemble
de nos industries pour pouvoir... On demande d'avoir des montants d'argent.
C'est comme quand on va à la station-service, on ne va pas à la caisse en
disant : Voici mon estimation de combien j'ai pris. On a une mesure qui
est vérifiée, qui est calibrée, alors c'est ce qu'on souhaite aussi avec nos
prélèvements d'eau, qu'on ait des compteurs dans l'ensemble de nos industries
pour pouvoir justement bien gérer cette ressource-là.
• (10 h 50) •
D'ailleurs, dans le cadre de la Stratégie
québécoise d'économie d'eau potable du gouvernement Québec, on voit déjà qu'il
y a 60 % des immeubles non résidentiels au Québec qui sont équipés de
compteurs, et ça continue de progresser. Quand on se compare aussi avec
ailleurs au Canada, on voit que l'Ontario est presque à 100 % de comptant
dans le non résidentiel. Le Canada a aussi des taux très élevés, en incluant la
moyenne québécoise qui est plus basse. Alors, vraiment, on voit qu'à ce niveau
là on a une belle occasion de pouvoir justement rattraper ce retard pour bien
mesurer.
Réseau Environnement aussi, je tiens à
vous dire qu'on est la section québécoise de l'American Waterworks Association,
l'AWA, qui est la plus grande association mondiale de l'eau sur la planète avec
plus de 50 000 professionnels de l'eau. Et l'AWA recommande aussi de mesurer
pour bien gérer. Alors, c'est vraiment une recommandation qui vient, oui, de
nos expertes et experts du Québec, mais aussi de l'ensemble des professionnels
de l'eau à travers la planète. Alors, je pense qu'on a une belle occasion de se
rapprocher des meilleures pratiques que nous mentionne la science à ce
niveau-là.
Notre deuxième point maintenant concerne
la modulation du taux de redevances. Alors, cet esprit-là, comme je vous le
mentionnais tantôt, c'est qu'on le sait au Québec, on peut penser en Estrie, en
Montérégie, à chaque été, il y a des municipalités qui sont aux prises avec des
pénuries d'eau. Comment ça, qu'on est en pénurie d'eau? C'est que, des fois, en
eaux souterraines, note nappe, elle peut se renouveler de façon naturelle, à un
certain taux, mais, des fois, on va prélever plus que ce taux naturel là.
Alors, c'est important...
M. Laneuville (Mathieu) : ...qu'on
puisse se dire, à ces certains endroits dans des bassins versants, il y avait
le ROBVQ avant nous qui a une excellente connaissance terrain de ça. Mais il y
a certains endroits au Québec où est ce qu'on sait qu'on manque d'eau, et à ces
endroits-là qu'on pourrait aller avec des redevances plus élevées. D'autant
plus qu'on sait qu'on vient de faire un pas de géant, qu'on salue, le
gouvernement du courage de mettre ce projet de loi là puis de hausser les
redevances. Mais quand on se compare encore avec l'Europe, on voit qu'il a
encore une marge de manœuvre qu'on peut aller chercher quand on se compare aux
meilleures pratiques internationales. Alors, pourquoi ne pas le faire dans nos
municipalités qui sont aux prises... où est-ce qu'on demande à nos citoyens de
faire des avis de restructurations... des avis de restrictions d'utilisation de
l'eau pendant l'été? Alors, à ce niveau-là, on souhaiterait pouvoir moduler.
Chez Réseau Environnement, dans nos
recommandations, on propose trois catégories. La première catégorie qui est
pour l'ensemble des industries. La deuxième catégorie serait celle où est-ce
qu'on sait déjà, avec des outils comme la stratégie d'économie d'eau potable,
qu'on sait qu'il va y avoir des modifications, des enjeux qui s'en viennent,
notamment dans le contexte des changements climatiques. Et la troisième
catégorie, il y a des certains endroits au Québec où on sait qu'il y a déjà des
enjeux qui sont identifiés, qu'il y a des pénuries d'eau. Alors, on pourrait y
aller en adéquation avec l'urbanisme, l'aménagement du territoire et le
développement économique régional. Ça permettra aux entreprises en place de
pouvoir être d'autant plus proactives, avec le principe de
l'utilisateur-payeur, de mettre plus en place des mesures efficaces. Mais aussi
des futures entreprises qui s'installeraient... qui voudraient s'installer dans
des endroits au Québec on pourrait faire un développement économique qui est
intelligent pour se dire que ces industries-là pourraient aller dans des
endroits où est-ce qu'on a de l'eau. Alors c'est notre recommandation à ce
niveau-là.
Le troisième point concerne la
transparence des prélèvements. Alors, l'esprit de nos recommandations se
retrouve dans le projet de loi dans lequel on dit que toute industrie, là, qui
prélève en fait plus que 50 m³ d'eau par jour doit doit le déclarer. Ça,
on salue le gouvernement dans cette optique-là. Ce qu'on souhaite de plus,
Réseau Environnement, pour aller dans les meilleures pratiques, c'est qu'il y a
quand même des industries qui prélèvent moins que 50 m³ d'eau par jour, et
qu'on puisse, sans qu'il n'y ait nécessairement de redevance, parce qu'on sait
qu'il y a un fardeau financier avec ça. On ne veut pas nécessairement mettre ce
fardeau-là. Mais d'avoir la donnée de déclaration, et ça, quand on parle avec
nos expertes et experts des municipalités nous le disent, ils font des plans
directeurs de l'eau. On veut faire une bonne gestion de l'eau pour le présent
et le futur, mais c'est sûr qu'on a besoin de savoir l'ensemble de nos
prélèvements d'eau sur notre territoire pour bien gérer notre eau. Alors, ce
serait une troisième recommandation qu'on aurait.
Et notre quatrième recommandation concerne
le Fonds bleu. Alors, je vous ai beaucoup parlé de quantité d'eau jusqu'à
présent, mais à travers le Fonds bleu aussi, oui, on veut jouer sur la quantité
mais aussi sur la qualité. C'est les deux axes sur lesquels, là, qu'on joue
actuellement.
Sur la qualité, chez
Réseau Environnement, on a fait un document qui s'appelle Assainissement 2.0.
Pourquoi 2.0? C'est qu'il y a 40 ans, au Québec, on a décidé de dire qu'on
mettait fin à des rejets d'eaux usées directement dans nos cours d'eau. On a
installé des installations de traitement des eaux usées pour traiter nos eaux
usées. 40 ans plus tard, ces installations-là sont à mettre à jour, et on
aimerait profiter de cette occasion pour ne pas simplement mettre à jour en
fonction des normes d'il y a 40 ans, mais aussi en fonction des nouvelles
normes avec les contaminants d'intérêt émergeant et avec les nouvelles données,
les nouvelles technologies qui sont disponibles. Alors, c'est ce qu'on souhaite
mettre de l'avant aussi, là, à travers ce Fonds bleu là. Et d'ailleurs, on est
très heureux que le ROBVQ soit présent parce qu'ils ont des très, très bonnes
connaissances sur le terrain qui sont présentes.
Alors, en conclusion, on le sait que les
changements climatiques exacerbent les pressions sur nos ressources en eau. On
l'a vu, il y a quelques... dans les dernières semaines avec les inondations. On
va le voir, dans quelques semaines aussi, avec les pénuries d'eau. On le voit
aussi avec l'accroissement de la population. Il faut protéger notre source, et
le projet de loi n° 20 fait un bon pas dans cette direction-là. On salue
le gouvernement à cette intention-là, et on revient sur nos quatre
recommandations de transparence, de modulation du Fonds bleu et de modulation
de la redevance. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. J'invite M. le ministre à prendre la parole
plus tard.
M. Charette : À vous trois
messieurs, merci d'être avec nous ce matin pour vous..., pour nous partager
votre expertise, mais également pour... pour voir comment on peut bonifier
l'approche qu'on met sur la table avec le début des consultations ce matin.
Merci également pour votre présence au niveau du forum d'action, c'est
effectivement un outil important pour la suite des choses. On a réuni, enfin je
dirais, les acteurs principaux, les incontournables sur la question de l'eau,
et votre contribution au sein de cette instance-là aussi est grandement
appréciée.
Quelques petites questions pour ma part,
et déjà peut être vous référer à certains de vos de vos propos. Mais d'abord
pour vous réitérer un petit peu l'objectif global. Il y a eu des années qui se
sont écoulées sans qu'on revoie par exemple les redevances elles-mêmes. Il y a
eu aussi des années qui se sont écoulées sans qu'on se donne les moyens
d'évaluer la portée de nos lois, la portée de nos règlements, et autant dans le
projet...
M. Charette : ...la loi numéro
20 que dans les projets de règlement qui ont été publiés, on veut mettre fin à
ces très longs cycles là. Un, pour les redevances, on évoque déjà une
indexation de 3 % à chaque année. Et surtout on se dit : À chaque
cinq ans, il faudra revoir un petit peu notre approche. Est-ce que les taux
sont les bons? Est-ce qu'il n'y a pas lieu de les augmenter encore davantage?
Est-ce qu'il n'y a pas lieu de faire certaines choses différemment? Donc,
autant le projet de loi que les projets de règlement prévoient cette... ces
modalités-là. Et je regardais un petit peu à travers vos écrits. Vous parlez
aussi d'une approche d'évaluation qui doit être périodique. Donc, l'indexation
annuelle, est-ce que c'est suffisant? Est-ce qu'une évaluation des modalités
aux cinq ans, c'est suffisant? Donc, j'étais curieux de vous entendre sur la
périodicité, là, que vous évoquiez, là, dans vos écrits.
M. Laneuville (Mathieu) : Oui,
alors... Bien, on salue le fait qu'on a mis une indexation de 3 %, parce
que, oui, comme on l'a vu, des fois, on fait un projet de loi, puis par la
suite ça prend du temps avant qu'on y revienne. Alors, je pense que, là, on a
d'excellents mécanismes en ce moment pour, oui, pouvoir indexer, puis aussi,
avec le cinq ans, de pouvoir revenir aussi sur certains éléments.
Dans nos recommandations, quand on
parlait, par exemple, des compteurs d'eau, pour nous, c'est quelque chose que
c'est facile, à l'article huit, paragraphe six, on peut enlever la méthode
d'estimation, c'est quelque chose qu'on peut faire dès aujourd'hui. Mais on est
conscients que, par exemple, quand on parle de la modulation dans certaines
régions, c'est quelque chose de peut-être plus complexe.
Puis, actuellement, chez Réseau
Environnement, on est tellement contents que le projet de loi n° 20 voie le
jour. On aime mieux l'imperfection au néant. Et allons-y avec le projet de loi
actuel, et pensons... chez réseau, on aime être à l'avant-garde, mais pensons à
notre prochaine révision, peut-être que, justement, cette modulation-là
pourrait voir le jour. Puis je pense que, si on regarde justement cette
table-là, qui peut être à travers le forum ou d'autres tables... mais qu'on
soit prêts, on n'attendra pas dans cinq ans, mais préparons-nous d'avance. Il y
a déjà des bonnes idées qu'on peut faire pour changer le modèle... le projet de
loi actuel, mais aussi peut-être une révision ultérieure.
M. Charette : Je vous
entendais sur les modulations par région. C'est déjà une très, très grande
transformation qu'on initie avec le projet de loi et les projets de règlements.
Donc, oui, ça peut être intéressant de réfléchir aux prochaines étapes. Mais,
bon, vous l'avez vu avec la lecture, là, des documents disponibles, de notre
côté ce n'est pas... ce n'est pas dans l'immédiat. Mais peut-être vous
rassurer. À partir du moment...
Bien, en fait, déjà vous mentionner, les
grands préleveurs d'eau au Québec ne sont pas dans des régions où il y a un
enjeu disponibilité d'eau. Si on regarde, là, au final, là, que ce soient pâtes
et papiers, que ce soient les minières, ces entreprises-là ne sont pas dans des
régions... ça ne veut pas dire : Il ne faut pas les suivre de près, là,
mais il n'y a pas d'enjeu disponibilité d'eau dans les régions où elles se
situent.
Mais sinon, au niveau du ministère de
l'Environnement, à partir du moment où une nouvelle entreprise veut s'établir
et qu'elle demande un certificat d'autorisation, là, pour amorcer ses travaux,
la question de la disponibilité de l'eau fait partie de l'évaluation qui est
faite de notre côté. Donc, si jamais il y avait une entreprise qui voulait...
Et d'ailleurs, sans vous nommer le secteur, pas plus tard que la semaine
dernière, on a eu des rencontres avec un secteur qui voulait se développer dans
une région bien particulière et on a dit : On n'a pas les données
actuellement nous permettant de vous autoriser à faire ça. Donc, c'est une
évaluation qui est déjà faite pour éviter qu'on se retrouve dans un secteur
vulnérable qui le devienne encore davantage avec l'arrivée de nouvelles
entreprises.
• (11 heures) •
Donc, vous dire : C'est intéressant,
mais prenons acte et fait du... que les grands préleveurs ne sont pas dans des
régions vulnérables actuellement et qu'il y a une évaluation, là, qui est faite
pour chaque demande de certificat d'autorisation. Mais je ne nie pas
l'importance et la légitimité, là, d'amorcer une réflexion à ce niveau-là.
Au niveau de la transparence sur les
prélèvements, c'est là aussi une grande avancée qui est faite. Vous parlez, par
contre, de l'assujettissement à la transparence de 50. Ce que vient de proposer
actuellement le projet de loi et sa réglementation : on passe de 75 à 50,
mais, vous, votre souhait serait de, non pas pour les redevances elles-mêmes,
mais pour la transparence, passer de 50 à 10. Est-ce que c'est effectivement le
cas?
M. Laneuville (Mathieu) : Oui,
c'est bien le cas. Puis c'est suite, justement, à nos membres, surtout des
municipalités, qui actuellement, justement, eux autres font leurs plans et ils
regardent c'est quoi, leurs ressources, par exemple en eaux souterraines. Puis
ils se demandent : Comment ça ma nappe, elle diminue? Moi, je sais
qu'est-ce que je consomme. J'ai quelques déclarations, mais il en manque,
malheureusement. Et, dans certaines régions, comme, plus urbaines, en bas de 50
mètres cubes, ça ne fait pas nécessairement une grande différence mais, dans
certaines municipalités, ça fait une grande différence. Alors, d'avoir cette
donnée-là sans qu'il y ait la redevance, pour nous...
11 h (version non révisée)
M. Laneuville (Mathieu) : ...ce
serait une autre avancée qu'on pourrait faire, dans le projet de loi actuel, de
façon assez, là, facile, là, dans le projet de loi.
M. Charette : Vous dites :
un élément qui pourrait être considéré. Je vous dirais, possiblement pas dans
la première étape, parce que c'est déjà un gros changement de passer de 75 à
50, mais, éventuellement, on pourra certainement le considérer. Mais pour
répondre à votre préoccupation des municipalités, c'est aussi ce que je
mentionnais tout à l'heure. À partir du moment où il y a un nouveau joueur qui
s'ajoute dans les certificats d'autorisation, il y a cette évaluation-là des
prélèvements qui est faite, et l'autorisation sera souvent conditionnelle à ce
que ces prélèvements-là ne dépassent pas x quantité d'eau. Mais je comprends
que l'information pourrait être utile.
Ça m'amène, justement, au niveau municipal
et des compteurs d'eau. Moi, bien honnêtement, là, en toute transparence, ce n'est
pas l'intention du gouvernement de dire : on va venir généraliser les
compteurs d'eau au niveau industriel, commercial et, même, résidentiel. Les
municipalités ont cette possibilité-là, donc avec le principe de l'autonomie
municipale, on leur laisse le soin d'intégrer cette pratique-là si elles le
souhaitent. Mais, non, le projet de loi ne le prévoit pas, les projets de
règlements non plus. Mais les municipalités, certaines le font, d'ailleurs,
vous l'avez mentionné, peut-être dans une proportion moindre que ce qui se fait
dans d'autres juridictions, mais la possibilité est là. Mais ce n'était pas l'intention
du gouvernement, à ce moment-ci, d'aller dans cette direction-là.
Il y a toujours, par rapport aux
municipalités... Vous avez raison de nous le rappeler. D'ailleurs, j'avais lu,
ça fait un an ou deux, lorsque vous aviez publié cette étude sur l'état des
infrastructures municipales. Un autre merci pour votre contribution à ce
niveau-là. On le reconnaît, ce sont des sommes colossales. Mais tout à l'heure,
avec le groupe précédent, je mentionnais : on a un dilemme. On a plusieurs
centaines de millions de dollars à notre disposition, mais, déjà, on a plus de
demandes que les fonds qui sont nécessaires. Et, déjà, certaines municipalités
nous disent : Ce serait peut-être une belle idée d'utiliser le Fonds bleu
pour les systèmes de traitement des eaux municipaux. Ce n'est pas l'intention,
puis je ne veux pas les... Bien, en fait, je suis très transparent avec elles,
je leur dis : Ce n'est pas le cas. Parce qu'on parle, effectivement, de
milliards de dollars, alors que le Fonds bleu parle de centaines de millions.
Mais je réitère auprès des municipalités
qu'il y a des milliards de dollars de disponibles, actuellement, pour la mise à
jour des infrastructures d'eau. Certaines peuvent questionner la possibilité d'entrer
ou de se rendre admissibles à ces programmes-là, ce que ma collègue aux
Affaires municipales regarde de son côté. Mais je ne veux déjà pas laisser
entendre que le Fonds bleu servirait à moderniser les systèmes d'aqueduc
municipaux, parce que, bon, le Fonds bleu y passerait en entier, et ce serait
même marginal, comme impact, au final. Donc, je voulais vous rassurer à ce
niveau-là... pas vous rassurer, mais être clair à ce niveau-là.
Puis le Fonds bleu, bien, écoutez, pour
nous, ce sera un outil, un outil avec des priorités qui ont été... pas
«priorités», mais des orientations qui ont déjà été bien, bien établies. Avec
le Forum d'action sur l'eau, avec les plans directeurs qui nous seront proposés
l'année prochaine, on pourra s'assurer, là, de mettre tout ça à profit pour
avoir les meilleurs résultats possible.
Donc, c'était quelques commentaires. Je ne
sais pas si vous souhaitez réagir, parce que j'ai un collègue qui a aussi des
questions pour vous. Mais je voulais revenir, là, sur certains des éléments,
là, que vous avez présentés.
M. Laneuville (Mathieu) : Merci,
M. le ministre, puis, oui, j'aimerais... si c'est possible de commenter.
Premièrement, pour les compteurs d'eau, chez Réseau Environnement, on est tout
à fait aussi pour l'autonomie municipale, à ce niveau-là. Et, je réitère, là,
on ne parle pas du secteur résidentiel à travers ça, là, on parle vraiment du
secteur non résidentiel. Et on sait qu'on a beaucoup d'industries qui ne sont
pas, non plus, sur des réseaux municipaux. Pour nous, ce serait important, là,
qu'il puisse y avoir un compteur, pour qu'on puisse bien mesurer, avec la
démonstration qu'on a faite tantôt.
Et l'autre point, c'est concernant le
Fonds bleu, là. Nous autres, notre idée n'est pas de prendre... Comme vous l'avez
dit, le 500 millions sur cinq ans, ce n'est rien par rapport aux 38 milliards
de déficit, plus les mises aux normes qu'il faudrait faire. Mais dans l'introduction,
c'était de dire : on aura beau de faire la meilleure redistribution de ce
fonds-là, mais si, de l'autre côté, on n'est pas en mesure de pouvoir
effacer... Parce qu'on a 38 milliards. Là, c'est des infrastructures qui
sont en mauvais, très mauvais état. Nos fonctionnaires municipaux font des
miracles avec des infrastructures qui sont désuètes. On a besoin de donner un
coup de barre là. Puis c'est sûr que, si, de ce côté-là, on continue de
déverser des eaux usées parce qu'on n'est pas en mesure de pouvoir bien avoir
des bonnes infrastructures, qu'on a des difficultés à ce niveau-là, bien ça va nous
pénaliser aussi. Ça fait que c'était de mettre en contexte.
Mais on est tout à fait d'avis que le
Fonds bleu est là pour de la recherche, pour pouvoir faire des innovations, et
que c'est deux choses distinctes, là. On ne souhaite pas nécessairement...
M. Charette : Je suis curieux.
Peut-être une dernière petite question, désolé auprès de mon collègue. Vous
parliez du milieu municipal, des infrastructures, là, qui sont en déficit
d'entretien. Je mentionnais qu'il y a des milliards de dollars qui sont
présentement disponibles. Est-ce que, pour vous, c'est un frein de
qualification? Pourquoi ces sommes-là ne sont pas davantage utilisées par les
municipalités? Parce qu'elles ont déjà des possibilités de financement
intéressantes : il y a la part du gouvernement du Québec, qui est déjà
planifiée dans le PQI, il y a le gouvernement fédéral aussi qui rend des sommes
importantes disponibles. Donc, est-ce qu'il y a un problème, à votre sens, au
niveau de la qualification des municipalités à ces programmes-là?
M. Laneuville (Mathieu) : Bien,
on salue le travail du... vos collègues au ministère des Affaires municipales,
là, qui font un excellent travail, là, on parle d'une enveloppe de
750 millions par année, plus celle du fédéral, qui vient doubler la mise.
Alors, on a des sous qui sont là. Mais
qu'est-ce qu'il faut faire, c'est inciter nos municipalités davantage à pouvoir
accroître leurs revenus pour pouvoir justement... C'est les meilleurs acteurs
sur le terrain pour pouvoir faire la différence, c'est de propriété municipale.
Les infrastructures municipales, on parle quand même d'un parc d'actifs de
200 milliards de dollars, c'est l'une de nos plus grandes richesses
collectives au Québec.
Puis qu'est-ce qu'on... Dans nos
recommandations d'assainissement 2.0, on parlait d'un meilleur
accompagnement, un guichet unique. On le voit de plus en plus, là. C'est pour
ça que le fonds d'action sur l'eau... nous autres, est une plateforme
intéressante. Puis, des fois, on parle de sous, de 500 millions, mais nous
autres, le forum aussi est une belle plateforme pour dire des fois : On
est là aussi pour faire... aider à ce que les ministères puissent bien se
parler, qu'on puisse bien régulariser ces programmes-là. Alors, les programmes
en place sont là, mais il va falloir continuer à avancer. On parle notamment
des plans de gestion d'actifs, là, les PGA, de plus en plus, qui vont voir le
jour. Il va falloir miser davantage là-dessus pour régler notre déficit de
maintien d'actifs au Québec. C'est un travail qui est de longue haleine, mais
il faut donner un coup de barre là actuel, parce qu'on le voit, si on ne le
fait pas aujourd'hui, la réhabilitation qu'on peut faire aujourd'hui, demain va
être du remplacement, qui va coûter plus cher.
M. Charette : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
Je passe maintenant la parole au député de Masson. Vous disposez de
3 min 20 s
M. Lemay : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Laneuville, M. Gosseries et M. Verreault, d'être avec
nous aujourd'hui. J'aimerais continuer un peu sur votre point de transparence
des prélèvements, là, parce que, comme M. le ministre le mentionnait, on passe
de 75 mètres cubes par jour à 50 mètres cubes par jour. Vous venez
proposer que tous les commerces et les industries de... non résidentiels, dans
le fond, soient assujettis, ou du moins qu'on ait l'information pour les
10 mètres cubes par jour. Vous avez mentionné qu'en Ontario, c'était déjà
le cas à 100 % pour le non-résidentiel. Est-ce que vous avez fait une analyse
d'impact financière de cette mesure-là puis de... pour au moins qu'on ait
l'information sur les 10 mètres cubes par jour? Est-ce que vous avez fait
cette analyse-là? Ça représenterait quoi comme coût, justement?
M. Laneuville (Mathieu) : Tout
à fait. J'ai fait cette analyse-là en 2011, lorsque j'étais à l'emploi du
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation, dans le cadre de la
Stratégie québécoise d'économie d'eau potable, et on parle d'un rapport de
trois pour un en termes de retour sur l'investissement. Alors, on le voit, que
c'est une mesure rentable de le faire. Actuellement, ce qu'on parle... On salue
le gouvernement de vouloir passer de 75 à 50 mètres cubes, puis là on
parle autant de la déclaration que de la redevance. Alors, ça, c'est un bon
point qui est mis de l'avant. Ce qu'on parle, c'est, comme que je vous le
mentionnais, ce n'est pas nécessairement de dire : On va aller vers des
redevances, mais d'avoir de la déclaration. Puis j'aime bien ce que disait M.
le ministre tantôt, que, quand on parle de nouveaux prélèvements, on le sait,
vous faites un excellent travail à regarder : Est-ce que, dans la
situation actuelle, il y a un enjeu de pénurie d'eau? Mais, quand on parle des
fois avec les municipalités, c'est qu'ils nous disent : Même dans
l'existant, des fois, on n'est pas au courant de qu'est-ce qui était. Ça fait
que ce n'est pas nécessairement juste les nouveaux, c'est dans l'existant.
Si on se rappelle aussi, au Québec, il y a
quelques années, on n'avait même pas les instruments de mesure sur nos
installations de production d'eau potable à savoir ce qu'on produisait. Alors,
on a quand même un retard à faire au Québec en termes de mesure, de compteurs
d'eau pour bien savoir... bien gérer ce qu'on a. Alors, ce qu'on souhaiterait,
ça serait de pouvoir... On a, tu sais, déjà fait un premier pas en allant à
50 mètres cubes, et de faire un deuxième pas pour pouvoir justement rendre
cette donnée-là accessible et qu'on puisse aider nos municipalités à bien gérer
leur eau dans le cadre du... de leur plan directeur de l'eau.
• (11 h 10) •
M. Lemay : O.K. Puis je ne
sais pas si vous pouvez donner plus d'information, ou sinon, peut-être, on
pourrait avoir accès quand même à vos rapports que vous avez faits. Vous avez
mentionné, au niveau du fonds bleu, la quantité versus la qualité puis
l'assainissement... votre rapport d'assainissement 2.0, qui mentionne que
40 ans plus tard on a un coup de barre à donner. M. le ministre le
mentionnait justement, qu'on a d'autres sommes qui proviennent des Affaires
municipales. De mémoire, là, je pense, ça, c'est 2,1 milliards cette année
qui est disponible pour les municipalités. Mais, bref, je sais qu'il reste très
peu de temps. Sinon, je serais intéressé de consulter la documentation que vous
avez produite, là.
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait,
on pourra vous la partager avec plaisir. Puis, quand on parle de justement ces
sommes à investir là, c'est... oui, on nous parle du déficit de
38 milliards de dollars, mais, par-dessus ça, maintenant, on a les...
on entend beaucoup, là, les contaminants émergents, par exemple les PFAS, tout
ça, de plus en plus. Il y a 40 ans, on avait des connaissances qu'on a...
Il y a des connaissances qu'on a aujourd'hui qu'on n'avait pas il y a 40 ans,
Il y a des nouveaux contaminants qui existent, et on a fait l'étude, puis on
démontre justement comment c'est...
M. Laneuville (Mathieu) : ...potable
de le faire, pas juste d'un point de vue économique, mais on inclut aussi tout
l'aspect environnemental et l'aspect aussi sur la santé publique, pour le
bien-être aussi des concitoyens, concitoyennes. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle. Vous
disposez de 12 min 23 s.
Mme McGraw : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, merci beaucoup et merci beaucoup pour le mémoire et la
présentation, c'est vraiment excellent. Et j'aimerais aborder les... les six
recommandations, pardon. On va commencer par la première. Donc, premièrement,
le contexte, vous avez parlé de contexte, on parle... on est dans un contexte
évidemment de changements climatiques, on sait que les communautés, les
municipalités sont vraiment... elles font face à ces enjeux-là, elles manquent
de ressources. Alors, la première question, c'est une question plutôt globale.
Donc, on comprend que le Québec adapte, et c'est pour ça qu'on est content de
voir ce projet de loi procéder, justement, parce qu'on est... on fait... le mot
que j'ai entendu, on fait un peu pitié à travers le Canada et le monde, en
termes de redevances. Donc, c'est un pas important vers l'avant. Mais est-ce
que ça se tient debout? Dans le sens qu'on comprend qu'en Europe c'est beaucoup
plus élevé, mais là vous proposez trois paliers, je trouve ça très intéressant,
mais le désavantage... Est-ce que les ressources, les redevances vont être en
mesure de bien répondre à la situation d'urgence, dont les municipalités et les
infrastructures? Donc, une question générale pour commencer : Est-ce que
le tout se tient debout?
M. Laneuville (Mathieu) : Comme
on l'a mentionné, le projet de loi n° 20 est un excellent pas dans la
bonne direction, mais, pour nous, c'est un jalon, ce n'est pas une fin en soi.
Réseau Environnement, on aime ça, être à l'avant-garde, regarder justement
c'est quoi les meilleures pratiques à l'international. C'est pour ça qu'on
représente plusieurs associations aussi internationales pour le Québec. Et,
quand on se compare, quand même... Puis là on parle d'un prix sur des
redevances, c'est-à-dire que, quand on parle de redevances, on parle d'un coût
pour une ressource. Puis ça, on l'a vu par rapport à l'Europe ou d'autres
endroits, oui, on peut être loin, mais je suis d'accord sur le fait qu'il faut
y aller progressif, tous les petits pas sont bons pour y aller. Puis sur notre
groupe aussi, on avait quand même des industries aussi qui sont là puis qui se
disent : Oui, on est prêts à y aller avec de la prévisibilité, mais je
pense qu'il faut le faire d'une certaine façon, là, où est-ce que c'est
ordonné, avec de la prévisibilité, ce que le projet de loi propose.
En même temps, de l'autre côté, quand on
parle... on parlait tantôt des infrastructures municipales, dans le contexte
général, aussi bien qu'on aura le meilleur projet de loi n° 20, si notre
déficit continue de s'agrandir comme que c'est là, bien, c'est sûr qu'au bout
de la ligne on n'atteindra pas l'objectif. Au bout de la ligne du projet de loi
n° 20, c'est de protéger nos ressources en eau, et, quand on parle de
l'aspect aussi des infrastructures en eau municipales, ce qu'on peut voir
ailleurs aussi, c'est qu'au niveau, là, de ce qu'on demande comme efforts aux
concitoyens, concitoyennes pour contribuer aussi sur les infrastructures d'eau
municipales, c'est-à-dire un service, d'avoir de l'approvisionnement , de la
distribution, de la collecte et du traitement des eaux usées, on voit que ça
aussi, au Québec, on demande quand même un plus petit effort aux concitoyens,
concitoyennes qu'ailleurs.
Peut-être, justement, que le projet de loi
n° 20 va aider à déboulonner ce fameux mythe-là,
parce qu'on pense souvent que l'eau est illimitée, que l'eau est gratuite, mais
je pense que tous ces pas-là qui vont... vont valoriser notre eau. Puis c'est
aussi pour ça que dans le cadre du Forum d'action sur l'eau, on propose
plusieurs actions, notamment de la sensibilisation. On a fait une demande au
ministère, là, de financement parce qu'avec le ROBVQ et le Centre
d'interprétation de l'eau, on aimerait faire une campagne nationale sur autant
la quantité que la qualité, l'enjeu de la pénurie de main-d'œuvre, et tous les
outils et les connaissances sont là pour qu'on puisse développer et aller de
l'avant avec ces actions-là. Parce que, oui, il y a un enjeu aussi que nos
concitoyens et concitoyennes, si on veut qu'ils adhèrent à des projets de loi
comme le projet de loi n° 20, il faut qu'on prenne
conscience que, oui, on a la chance d'avoir 3 % des réserves d'eau douce
mondiale de la planète, mais, en même temps, il faut y faire attention. Parce
qu'actuellement, avec la pollution qu'on fait dans l'estuaire du Saint-Laurent,
on n'aura plus de crabe, on n'aura plus... Tout qu'est-ce qu'on protège, là,
actuellement, là, c'est dangereux quand même puis il faut des projets de loi n° 20, il faut continuer à aller de l'avant. Mais pour
aider aussi nos politiciens et politiciennes à avoir le courage à faire ça, il
faut que nos concitoyens et concitoyennes aient aussi le réflexe d'aimer
valoriser notre ressource en eau.
Mme McGraw : Justement, je
suis d'avis que notre richesse, notre or bleu au Québec, ça devrait mener non à
un sentiment de complaisance, mais d'ambition. Vraiment d'être chef de file
mondial. Alors, c'est mon point de vue.
Pour revenir à la première recommandation
par rapport aux compteurs d'eau, je sais que nous, notre information, on a
souligné qu'on est... qu'on soutient le financement d'installation de compteurs
d'eau dans tous les édifices non résidentiels. Donc, c'est un pas dans la bonne
direction. Et, justement, je sais qu'il faut... par rapport à Ontario, entre
autres, le Canada, le monde, il y a du travail à faire. Donc, est ce que vous
pouvez élaborer sur...
Mme McGraw : ...cette première
recommandation dans votre mémoire?
M. Laneuville (Mathieu) : Oui,
alors.... mais, comme qu'on l'a mentionné, là, toutes les... tous les expertes
et experts, je pense, peu importe les domaines... là, on parle de l'eau, mais
on serait en finance, on serait en n'importe quoi, si on veut bien gérer, il
faut mesurer, c'est la prémisse. Dans beaucoup de choses, quand on fait des
estimations, ça devient... pardon, très difficile à pouvoir progresser dans nos
actions.
Et je pense que, dans les... si on
regarde, là, le règlement modifiant le règlement sur la redevance exigible pour
l'utilisation de l'eau, on a un bel exemple, là, à l'article 8.1, où
est-ce qu'on mentionne que, si, des fois, le... on pourrait prendre d'autres
options comme le volume d'eau journalier maximum que l'autorisation permet ou
la capacité maximale utile de l'installation ou de l'équipement de prélèvement.
Il y a des façons, quand on n'a pas la donnée, de pouvoir inciter des
industries à pouvoir mettre un compteur, parce que, s'ils n'ont n'a pas un
compteur, on prend tout simplement la capacité maximale du tuyau. Ce qu'on peut
voir, comme plusieurs réglementations municipales, des fois, on voit, c'est
justement des mesures qui permettent d'inciter à ce qu'on puisse mesurer. Et je
pense que l'article 8.1 est un exemple qu'on pourrait aussi appliquer pour
l'ensemble des industries, de dire : On ne permet pas l'estimation, et, si
jamais on n'a pas la mesure, bien, il y a des façons qu'on... le gouvernement
va imposer des façons d'estimer qui ne seront... qui, évidemment, vont
surestimer, et, si l'entreprise veut être sérieuse... mais qu'elle mesure la
consommation.
Mme McGraw : Donc, cette
distinction entre, justement, les estimations et les mesures exactes, c'est
quand même une distinction importante.
M. Laneuville (Mathieu) : ...
Mme McGraw : Oui, cruciale
et...
M. Laneuville (Mathieu) : Sinon,
on va se ramasser dans cinq ans, on va vouloir faire des révisions sur des
estimations, c'est... La première chose de base, c'est de bien mesurer pour
dresser un bon portrait, pour aussi s'aligner dans la suite des choses de nos
actions.
Mme McGraw : En termes de la
deuxième recommandation, on parle de régionalisation. Est-ce que vous avez...
Est-ce que vous parlez davantage des secteurs à risque dans le contexte de
changement climatique? Oui, alors commencez peut-être avec ça.
M. Laneuville (Mathieu) : Tout
à fait. Alors, on le sait, comme on l'a mentionné, on est des municipalités,
des endroits où est-ce que la nappe phréatique ou que ce soit des lacs... où il
y a des régénérations naturelles qui se font. Alors, il faut respecter la
nature. Puis il y a des endroits où est-ce que ce cycle-là se fait de façon
plus lente ou qu'on peut avoir une grande population déjà qui est en place puis
on peut avoir des nouveaux développements, tout ça. Alors, à ces endroits-là,
mais il faudrait lancer un signal à nos industries, de dire : On vous
demande... Puis on le sait, là, le principe d'écofiscalité avec les principes
d'élasticité, plus qu'on augmente le prix, évidemment, bien, plus que ça
l'incite à de l'innovation. Puis on peut le voir, quand je regardais des
industries qui sont en Ontario, il y a des industries qu'on a les mêmes au
Québec qui consomment 2 à 10 fois plus d'eau au Québec qu'en Ontario.
Pourquoi? Parce qu'en Ontario, ce n'est pas compliqué, les industries font
l'étude retour sur investissement elles aussi. Si elle paie une ressource ou un
coût plus cher du mètre cube, bien évidemment, le retour sur investissement, au
lieu d'être sur 10, il va être sur deux ans, puis ils vont faire la modification,
ils ne la feront pas nécessairement au Québec.
Alors, c'est pour ça que pour nous, c'est
important qu'on puisse donner un signal à certains endroits critiques. On ne
dit pas de le faire, partout parce qu'évidemment il y a des endroits où est-ce
que la criticité est moindre, mais il y a des endroits que la capacité
limitée... où est-ce qu'on pourrait faire un effort supplémentaire, donner un
signal supplémentaire autant pour les industries en place que pour notre
développement économique à venir, de donner un signal que si Molson veut une
nouvelle industrie, bien, peut-être qu'on regarde proche du fleuve
Saint-Laurent plutôt qu'aller à Sutton, où est-ce qu'on demande à nos citoyens
de restreindre l'eau pendant l'été.
• (16 h 20) •
Mme McGraw : Je trouve cette
approche des trois paliers vraiment géniale, et c'est une innovation au niveau
des politiques publiques. Donc, moi, je trouve ça très intéressant. Est-ce
qu'il y aurait à l'intérieur de ces trois paliers... pour refléter les
priorités identifiées sur le terrain dans chaque région, donc, si je comprends
bien, c'est vraiment l'objectif. Est-ce que vous pouvez peut-être aussi parler
de quelles méthodes privilégiez-vous pour la distribution des sommes issues du
Fonds bleu, pour élaborer là-dessus?
M. Laneuville (Mathieu) : Tout
à fait. Alors, les sommes pour le Fonds bleu pourraient justement nous
permettre de poursuivre la réflexion à ce niveau-là. On pourrait, par exemple,
mandater... Il y a plusieurs groupes, là, sur le forum qui pourraient justement
faire des études de rentabilité, qu'on pourraient pousser aussi. On parle
d'écofiscalité, mais on pourrait pousser des études aussi. Il y avait votre
collègue, tantôt, à l'Assemblée, qui posait des questions, justement, sur
est-ce qu'on a des études sur le retour sur investissement, sur ces choses-là.
Alors, je pense qu'on aurait lieu de pouvoir le démontrer. Mais c'est quand
même des choses qui s'inscrivent non pas seulement sur nos expertes et experts
au Québec... Puis, la ROBVQ peut être un très bon joueur à ce niveau-là sur le
terrain pour bien cibler par bassin versant comment ça marche. Parce que l'eau,
ça n'a pas de frontière autant provinciale que municipale, que fédéral, c'est
une ressource qui appartient à tous les citoyens du monde, les citoyennes du
monde. Mais l'autre chose aussi, c'est que ce principe-là, oui, c'est... on
l'amène d'une nouveauté dans le projet de loi n° 20, mais, dans la
Stratégie québécoise d'économie d'eau potable, on fait la même chose, on
demande à des municipalités où est-ce qu'elles sont aux prises avec des
capacités plus limitées ou avec des endroits où est-ce que c'est plus...
M. Laneuville (Mathieu) : ...d'en
faire plus ou à d'autres endroits, on va dire : On va en faire moins. Puis
ça, c'est le principe où est-ce qu'on veut mettre les énergies au bon endroit,
où est-ce que c'est le plus critique. Et c'est même quelque chose aussi qu'on
va voir... Comme je vous disais tantôt... environnement, on représente aussi
l'American Water Works Association, et, dans le manuel M36 de la loi,
c'est ce qu'on préconise, de dire, justement : Faisons des interventions
plus rigoureuses à certains endroits qui nécessitent plus d'attention.
Mme McGraw : Je sais qu'il me
reste à peu près deux minutes, donc j'aimerais... J'ai quand même beaucoup de
questions, mais j'aimerais vous inviter à... S'il y a des enjeux ou des thèmes
que vous voulez plus élaborés, je vous invite à... je vous cède mon temps.
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait.
Mme McGraw : Sinon, j'ai des
questions plus spécifiques, mais... Est-ce qu'il y a des enjeux ou des éléments
que vous voulez prendre plus de temps pour souligner, sinon je reviens à mes
questions...
M. Laneuville (Mathieu) : Non.
Bien, nous autres, c'est vraiment important, là, de dire... On a une occasion,
là, aujourd'hui... Qu'est-ce qu'on veut dire, c'est on ne veut pas ralentir le
projet de loi n° 20. Pour nous, c'est important que le plus rapidement
possible, on soit en mesure de le faire, et on va collaborer avec le gouvernement
pour le faire le plus rapidement possible. Pour nous, sur la question de la
fiabilité des données, on considère qu'on peut changer facilement quand même le
règlement en place pour pouvoir l'adapter. Alors, pour nous, ça, c'est quelque
chose qu'on souhaiterait voir rapidement à court terme, je pense, qui nous
aiderait toutes et tous à mieux gérer notre ressource en ayant des mesures.
On comprend que, sur la question de la
modulation, on pourrait penser... justement, on parle que... on a prévu de
faire des mises à jour à chaque cinq ans. Je pense, c'est quelque chose qu'on
peut prendre le temps, justement, de bien le réfléchir dès maintenant, pas
attendre dans cinq ans, dès maintenant, pour être prêt dans cinq ans à aller
vers ça.
Sur la question de la transparence des
prélèvements, encore une fois, c'est quelque chose qu'on croit qu'on peut faire
dès maintenant dans le projet de loi actuel, ça ne demande pas trop d'efforts
dans le projet de loi pour qu'on puisse arriver à ces conclusions-là.
Et, sur le fond bleu, bien, on va
continuer de travailler avec Mme Grondin, là, à ce niveau-là, pour
pouvoir... et l'ensemble des parties. Parce que je tiens à le souligner, elle a
fait un excellent travail de rassembler beaucoup de parties, puis c'est drôlement
intéressant, parce qu'on avait des échanges corsés la dernière fois entre les
unions municipales, l'UPA, tout ça. Puis qu'est-ce que j'aime, c'est que
Mme Grondin nous rappelle à l'ordre ici en disant : On n'est pas là
pour penser juste notre association à nous. On est là pour penser à la
ressource en eau au Québec. Puis je pense qu'une table comme ça, c'est bon de
se dire : On n'est pas là pour des intérêts personnels. On est là pour la
collectivité de protéger notre ressource. Puis ça je pense qu'on a un excellent
forum qu'il va falloir renforcer pour mettre... investir bien nos fonds pour la
suite. Et on les connaît les idées de ces fonds-là. Je pense, chez Réseau, on a
des idées, ROBVQ... puis je pense que tout le monde en a des bonnes idées. Puis
c'est vraiment de penser de façon collective pour le meilleur résultat
collectif.
Mme McGraw : Donc, je pense
qu'on est d'accord pour dire : Si on met en place les bonnes mesures, on
suit les recommandations, le Québec a vraiment la possibilité d'être chef de
file et vraiment à la hauteur de notre or bleu, ici, au Québec. On est vraiment
très bien positionné, et le fonds bleu, c'est vraiment un pas dans la bonne
direction. Donc, c'est du positif. Il y a encore du travail à faire, mais c'est
vraiment un grand pas, donc on est d'accord, je pense, là-dessus.
Donc, à moins qu'il y a d'autres choses à
ajouter, je vais céder mon temps, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
n'y a plus de temps. C'est terminé.
Donc, je vais maintenant céder la parole à
la deuxième opposition officielle. Vous disposez de quatre minutes huit.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Je veux remercier toute l'équipe du réseau Environnement pour cette
présentation.
Et, pour les recommandations, j'aimerais
vous entendre un peu plus sur la deuxième, c'est-à-dire la modulation selon les
caractéristiques du bassin versant. Je pense qu'on partage le souhait d'avoir
des analyses économiques, d'avoir des métriques afin d'appliquer cette
notion-là. Ça fait que c'est un peu ma question : Quel type de métriques
ou des outils qu'on pourrait mobiliser pour ajuster les redevances selon la
rareté, mais selon aussi les caractéristiques, les pressions de chacun...
chaque bassin versant?
M. Laneuville (Mathieu) : ...encore
une fois, là, ROBVQ, je pense, qui est un excellent acteur sur le terrain pour
pouvoir nous aider. Dans le cadre de nos consultations avec nos groupes
d'experts, évidemment il y avait... le ROBVQ était présent, mais les
municipalités, les entreprises, etc. Et c'est probablement l'enjeu où est-ce
que ça a demandé le plus de discussion intellectuelle quand même parce que
c'est un enjeu... fiscal, de développement régional. Tu sais, il y a beaucoup
de choses au-delà de l'eau aussi qui est à travers ça, alors il faut bien le
penser. Et l'approche par bassin versant est celle qui nous semble faire le
plus de sens. Comme on disait, l'eau n'a pas de frontière, alors respectons la
ressource eau en premier. ...des partages que nous autres on se fait de façon
arbitraire pour bien gérer nos municipalités, etc.
Alors, les trois catégories qu'on voyait... Et on
les a déjà... on est capable par bassin versant déjà de le savoir.
La première catégorie, c'est il y a peu ou
il n'y a pas d'enjeu lié à l'eau. Par exemple, on peut penser, la Ville de
Montréal est entourée du fleuve Saint-Laurent. On a un bon débit.
Actuellement, la...
M. Laneuville (Mathieu) : ...la
ville de Montréal, ce qui est intéressant avec les économies d'eau qu'on fait,
on est en train de fermer des usines plutôt que de dire... Parce que souvent on
va dire l'avantage, c'est de... on va empêcher, on va reporter des
investissements. Alors, on voit qu'il est des endroits de même que ça va bien.
Il y a d'autres municipalités, il y a
d'autres territoires où est-ce qu'on voit qu'il y a des enjeux à venir dans les
prochaines années, notamment dans un contexte de changements climatiques, on
peut le voir. Et comment qu'on sait ça quand vous parlez de métrique? Mais oui,
on le sait, avec les mesures qu'on a avec, par exemple en eaux souterraines,
tout ça, on commence à avoir des bonnes connaissances là-dessus. Mais c'est
pour ça que je reviens encore à ma première recommandation, de dire on a besoin
de mesurer pas ce... de mesurer, de ne plus estimer, parce, quand on se fait
sur des estimations, malheureusement, ça peut nous jouer des vilains tours. Et
à l'autre chose aussi de pouvoir déclarer même que ce qui est en bas de 50
mètres cubes, pas nécessairement pour aller chercher des dollars là-dessus
parce que ça serait négligeable, je pense, sur un fonds comme qu'on parle, mais
c'est vraiment le principe de vouloir bien s'outiller pour prendre des bonnes
décisions, faire des bons diagnostics.
Un médecin, on ne lui dit pas, il a besoin
de... il a besoin d'instruments pour pouvoir avoir un diagnostic. C'est la même
chose pour les gestionnaires de l'eau, on a besoin d'instruments de mesure,
d'instruments de mesure de base, ça s'appelle un compteur d'eau. C'est simple
et c'est une technologie qui existe depuis plus de 100 ans.
Et la troisième catégorie, c'est dans des
bassins versants où est ce qu'il y a déjà des enjeux identifiés? Je peux penser
notamment à la région du ministre, la rivière des Mille-Îles. On le voit
d'année après en année, on va le voir autant en termes d'inondation qu'en
période de sécheresse, on le sait que ça revient. On a des endroits où est-ce
qu'on sait que c'est critique, et c'est à ces endroits-là mais qu'on se dit
qu'avec une modulation, ça pourrait amener nos entreprises, nos industries à
justement faire les modifications comme qu'on peut voir dans d'autres
juridictions où est-ce qu'on voit que quand il y a cet incitatif-là, les
entreprises vont optimiser leurs processus. Puis on pourrait avoir beaucoup
d'exemples à ce niveau-là, mais je ne veux pas prendre du temps là-dessus et
aussi de dire aux prochaines entreprises : Bien, il y a peut-être des
endroits plus stratégiques pour s'installer. Autant que pour les inondations,
on ne dit plus qu'on veut aller en zone inondable bien on devrait faire la même
chose aussi à l'inverse. Quand on a un manque d'eau, on devrait arrêter
d'accroître les pressions à ce niveau-là.
Mme Zaga Mendez : Et
peut-être, rapidement, quel type de changement vous souhaitez voir dans la loi
pour faire cette modulation? Comme, grosso modo, quels types d'amendements que
vous souhaitez avoir pour...
La Présidente (Mme Bogemans) : 20 secondes.
Mme Zaga Mendez : ...avoir la
modulation?
M. Laneuville (Mathieu) : Parfait.
Alors, qu'est-ce qu'on souhaitait avec la modulation? C'est-à-dire, on aimerait
prendre le temps avec toutes les parties prenantes de le faire pour la
prochaine révision. Par contre, actuellement, c'est le règlement sur la
redevance exigible. On veut arrêter l'estimation puis mettre de la mesure pour
être bien équipés pour quand on va penser à ça dans cinq ans puis on va le
mettre à jour.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux parlementaires. Nous
allons prendre quelques instants pour suspendre la session et accueillir le
prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 35)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour,
tout le monde. Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Union des
municipalités du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
faire votre exposé. Après quoi, nous allons procéder à la période d'échange
entre les parties de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
commencer immédiatement votre exposé.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Martin Damphousse, maire de Varennes et nouvellement président de l'Union des
municipalités du Québec depuis cinq jours.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Charlotte Legault-Bélanger, conseillère aux politiques pour les dossiers
Environnement et changements climatiques à l'UMQ.
M. Damphousse (Martin) : M.
le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune, des Parcs, Mme la Présidente de la commission, Mesdames, Messieurs
les membres de la commission, merci de nous recevoir aujourd'hui. Vous pourrez
compter sur notre appui. Je suis accompagnée aujourd'hui de madame Charlotte
Legault-Bélanger.
D'abord, j'aimerais rappeler que, depuis
maintenant plus de 100 ans, l'UMQ rassemble les gouvernements de proximité...
M. Damphousse (Martin) : ...de
toutes les régions du Québec, afin de mobiliser l'expertise municipale,
accompagner ses membres dans l'exercice de leurs compétences et valoriser la
démocratie municipale.
Nos membres représentent plus de 85 %
de la population du territoire du Québec. L'UMQ tient à saluer la volonté du
gouvernement d'augmenter considérablement les redevances exigibles pour
l'utilisation de l'eau au Québec et de miser sur la transparence des données.
Pour l'union, cette approche devrait améliorer la prévisibilité du financement,
la planification durable du territoire et la protection de la ressource.
Toutefois, l'UMQ souhaite que le législateur profite de cette occasion pour
aller plus loin sur certains aspects du présent projet de loi.
Dans un premier temps, l'UMQ souhaite vous
formuler des propositions concernant l'affectation du Fonds bleu. La loi sur
l'eau positionne l'enjeu de l'approvisionnement des citoyennes et citoyens en
eau potable, en fonction du climat actuel et futur, comme prioritaire pour la
société québécoise. C'est pourquoi il est primordial, pour l'union, que
l'approvisionnement en eau potable en contexte de changements climatiques soit
ajouté à la liste des matières pouvant être financées par le Fonds bleu.
Plusieurs éléments expliquent l'importance de notre proposition. Tout d'abord,
les municipalités n'ont pas de portrait complet de la demande actuelle et
projetée en eau pour les usages anthropiques ainsi que pour la conservation des
écosystèmes. Elles ne possèdent pas non plus de données relatives à la
disponibilité en eaux de surface et en eaux souterraines sur leur territoire en
contexte de changements climatiques. Or, la science est sans équivoque, les
changements climatiques génèrent des phénomènes qui amplifient les risques
d'épisodes de manque d'eau, augmentent la température de l'eau, diminuent la
capacité de régénération des nappes d'eau souterraines et diminuent le facteur
de dilution. Pour l'union, l'acquisition de connaissances sur la qualité et la
disponibilité actuelles et futures de l'eau de surface, et particulièrement de
l'eau souterraine, est primordiale pour que les municipalités puissent utiliser
stratégiquement leurs outils d'aménagement du territoire et ainsi contribuer à
assurer une eau potable de qualité et en quantité suffisante à leur population.
Aussi, la plupart des municipalités du Québec en sont maintenant à préparer des
plans de protection des sources d'approvisionnement en eau potable en fonction
des principales menaces identifiées sur leur territoire en termes de qualité et
de quantité. Il est donc essentiel que le gouvernement du Québec s'engage à
appuyer financièrement les municipalités pour la mise en oeuvre des mesures
telles que l'élaboration d'un plan d'inspection des installations septiques autonomes,
la planification de la gestion des eaux pluviales ou encore la revitalisation
des berges. La performance de ces infrastructures d'eau est essentielle en
contexte de changements climatiques, et cela pour espérer minimiser les dégâts.
• (11 h 40) •
C'est pour toutes ces raisons que l'union
recommande de modifier le projet de loi afin d'ajouter l'approvisionnement en
eau potable en climat actuel et futur à la liste des matières pouvant être
financées par le Fonds bleu. Toujours en se référant à la Loi sur l'eau, le
préambule reconnaît la part fondamentale des milieux associés à la ressource en
eau à ce qui a trait notamment à la qualité et à la quantité de l'eau, la
conservation de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques.
À ce sujet, l'union salue l'inclusion dans
le projet de loi de la conservation des écosystèmes aquatiques comme actions
pouvant être financées par le Fonds bleu. L'UMQ souhaite que cette mesure
inclue aussi la prévention et la lutte contre les espèces exotiques
envahissantes.
En effet, la gestion des espèces exotiques
envahissantes comporte des coûts importants pour les municipalités qui ont un
plan d'eau sur leur territoire, qui sont affectées ou non par les espèces
exotiques envahissantes. Une récente étude de l'UMQ révèle que
7 millions de dollars par année seraient nécessaires pour que ces
municipalités puissent mener une stratégie de prévention de ces espèces, tandis
que les efforts de lutte pourraient représenter des investissements allant
jusqu'à 114 millions de dollars par année. Aussi, l'UMQ souhaite que
la conservation des écosystèmes inclue l'encadrement de la navigation de
plaisance. En effet, la présence d'embarcations sur les plans d'eau contribue à
l'érosion des berges, la pollution des eaux, et cela en plus d'être le
principal vecteur de transmission des espèces exotiques envahissantes. Des
éléments qui participent au vieillissement prématuré des écosystèmes
aquatiques. C'est pourquoi...
M. Damphousse (Martin) : ...l'Union
recommande de modifier le projet de loi afin de préciser que la conservation
des écosystèmes à titre de matière pouvant être financée par le Fonds bleu
inclut notamment la prévention et la lutte contre les espèces exotiques
envahissantes ainsi que l'encadrement de la navigation de plaisance.
En terminant, sur l'affectation du fonds
bleu, il est primordial de reconnaître le rôle incontournable des gouvernements
de proximité dans la gouvernance de l'eau. Pour l'Union, les municipalités
jouent un rôle de premier plan en matière d'aménagement, d'approvisionnement en
eau potable et de protection de l'environnement, ainsi que par leur capacité à
prendre en considération les réalités complexes et uniques de leur territoire.
C'est pourquoi l'UMQ recommande de modifier le projet de loi afin de préciser
que le fonds bleu vise à apporter un soutien financier prioritaire aux
municipalités.
Maintenant, j'aimerais vous parler
brièvement de la possibilité pour le ministre d'intervenir par règlement pour
prohiber ou limiter certains usages de l'eau et encadrer certains contenants et
emballages à usage unique. L'UMQ est d'avis que l'établissement de ces nouveaux
pouvoirs au ministre doit absolument se faire en concomitance avec l'abrogation
de l'article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Cette
mesure aurait pour objectif de ne pas rendre inopérants les règlements
municipaux qui se retrouveraient à traiter du même sujet que celui du
gouvernement, comme à Prévost, Mascouche et Montréal, où il existe des
réglementations visant à encadrer la distribution de contenants à usage unique.
Une nouvelle réglementation provinciale en la matière rendrait caduques ces
avancées innovantes au milieu municipal. Pour l'Union, il est primordial
d'éviter un recul environnemental et d'exposer par le fait même le milieu
municipal à des poursuites judiciaires en vertu de l'article 118.3.3,
comme on l'observe de plus en plus lorsqu'une municipalité réglemente sur un
sujet environnemental. C'est pourquoi l'UMQ recommande de modifier le projet de
loi afin d'abroger l'article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Je vous remercie de votre attention et nous sommes maintenant
disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous deux d'être présents avec nous ce matin.
Félicitations pour vos nouvelles responsabilités. Un beau chapeau avec de beaux
défis, donc félicitations! Peut-être, revenir à une question que j'ai posée au
groupe précédent. On parle de revenus confirmés, là, de
500 millions de dollars pour le nouveau Fonds bleu, donc c'est une
somme qui est très certainement intéressante compte tenu que c'est du nouvel
argent et qu'il n'y a jamais eu autant d'argent, là, dédié pour la préservation
de notre eau. En même temps, lorsque l'on reçoit les différentes demandes de
financement, on se rend compte qu'on ne pourra pas tout financer les demandes
qui nous parviennent, et j'ai bien noté, vous souhaiteriez que le Fonds bleu
finance de façon prioritaire, ce sont vos mots, les municipalités. Les
agriculteurs vont nous dire la même chose. Tous les groupes vont nous
dire : Il faudrait qu'on soit priorisés dans le financement. Donc, la
réponse que je vais vous donner, je vais la donner à tous les groupes :
Vous ne serez pas priorisés. Ne le prenez pas de façon négative. C'est un
travail collectif. D'ailleurs, merci. Vous êtes aussi membre du Forum d'action
sur l'eau ainsi que sa présidente, la députée d'Argenteuil réitère à chaque occasion,
c'est qu'il faut s'enlever un petit peu le réflexe de vouloir protéger nos
intérêts personnels, mais penser de façon collective et de façon globale
comment on peut mieux utiliser cette ressource-là, comment s'assurer de sa
préservation. Donc non, les municipalités ne seront pas les principales
bénéficiaires du Fonds bleu, mais aucun groupe ne sera le principal
bénéficiaire du fonds bleu. Il faut réellement avoir une vision d'ensemble.
Donc, je voulais atténuer les attentes et être très transparent avec vous. Et
c'est sans offense, c'est ce qui est répété à chacun des groupes, mais très
certainement que les municipalités ont un rôle fondamental à jouer sur la
question de la préservation de l'eau. Et je comprends le besoin des
municipalités d'avoir ces informations-là pour gérer un petit peu leur
développement parce que, dans certains cas, c'est problématique...
M. Charette : ...on a des
municipalités, un petit peu partout au Québec et dans certaines régions en
particulier, qui devront revoir leur plan de développement, parce qu'on sait
qu'il y a des enjeux, là, qui s'adresseront à elles assez rapidement, et, dans
certains cas, c'est déjà le cas.
Mais, en termes de partenariats, je vous
entendais parler de la navigation de plaisance. La navigation de plaisance
elle-même, c'est de compétence fédérale. Je ne pourrais pas, à travers un
projet de loi, légiférer là-dessus, mais vous avez tout à fait raison lorsque
vous mentionnez que cette navigation-là peut être l'occasion, par exemple, de
favoriser la propagation d'espèces envahissantes, ce qu'on veut limiter. Donc,
est-ce que des projets particuliers où il y aurait des stations de lavage de
bateaux, les municipalités pourraient être partenaires? Naturellement, il doit
y avoir un financement accordé à ce type d'initiative là. Les OBV, qu'on
entendait un petit peu plus tôt, sont aussi intéressés par ces enjeux-là.
Donc, quel est le type d'initiative que
vous souhaiteriez peut-être même piloter vous-même, en tant que municipalités,
avec l'appui, naturellement financier, d'un éventuel fonds bleu?
M. Damphousse (Martin) : En
fait, votre dernière phrase... Je suis vraiment désolé, je comprends que la
dernière phrase, il y a la question, puis je prenais une note intéressante sur
ce que vous veniez. Désolé, M. le ministre.
M. Charette : Aucun souci. En
fait, je reprenais un petit peu votre préoccupation par rapport aux
embarcations de plaisance qui peuvent être un facteur de propagation des
espèces envahissantes. On sait qu'on a un réseau de lavage à développer, on
sait que c'est une problématique réelle. Est-ce que les municipalités
souhaitent s'investir? Est-ce que c'est le type de projet que les municipalités
aimeraient elles-mêmes piloter, moyennant du financement, c'est bien certain,
ou c'est à travers d'autres partenariats que les municipalités voudraient
s'impliquer, là, dans des projets très particuliers?
M. Damphousse (Martin) :
Merci d'avoir repris la question. Je suis désolé, encore une fois. Dans un
premier temps, je comprends très bien le volet de la navigation du volet
fédéral. C'est parfait, c'est très clair pour moi. Honnêtement, les stations de
lavage... Je suis à Varennes, je longe le fleuve, moi aussi, puis je pense que
ça peut être extrêmement intéressant et pertinent, mais, aujourd'hui, vous
comprendrez qu'après seulement cinq jours c'est difficile pour moi de prendre
position envers mes membres. Mais, honnêtement, je m'engage à ajouter ce
point-là à l'ordre du jour du prochain conseil d'administration et poser la
question parce que je réalise que l'enjeu des lacs, la navigation, l'algue
bleue, bon, on a entendu toutes sortes d'histoires, dans les dernières années,
puis honnêtement il y a une préoccupation qui est très grande. Est-ce que de
devenir partenaires avec le gouvernement pour créer des stations de lavage peut
être une bonne alternative? Honnêtement, je trouve la proposition excellente.
Laissez-moi juste le temps de valider, et on vous revient officiellement avec
une réponse.
• (11 h 50) •
M. Charette : Sans problème.
Et là je déborde un petit peu du contexte du projet de loi, mais j'ai aussi
chapeau Faune, et on nous dit, à travers les différentes associations, que ça
devient souvent un enjeu pour les utilisateurs des plans d'eau d'accéder à tel
ou tel plan d'eau parce qu'une municipalité x va, par exemple, limiter l'accès
ou va le réserver aux résidents du secteur en particulier. Donc, c'est un
enjeu.
Et, oui, on parle du fonds bleu, mais on
parle aussi, dans un contexte plus général, du plan nature où on veut donner aux
Québécois accès à la nature. Et comment concilier ce dilemme-là : en
rappelant que l'eau n'est pas la propriété des riverains, en rappelant que
l'eau, les lacs sont la propriété de tous. Donc, se voir restreindre l'accès à
des plans d'eau parce qu'on n'est pas résident d'un secteur, c'est aussi une
source de déception chez bon nombre d'utilisateurs, là, de nos plans d'eau au
Québec.
M. Damphousse (Martin) :
C'est intéressant, M. le ministre, parce que Varennes a fait partie des villes
qui ont été citées comme ayant appliqué une facturation différente pour les
non-résidents. Puis, honnêtement, moi, je reste très ouvert à de bonnes
formules parce que je comprends que le plan d'eau appartient à tout le monde,
mais l'accès... Quand une ville comme Varennes investit 1 million de
dollars avec l'argent des Varennois pour permettre l'accès, de le rendre
accessible à tout le monde sans que les gens paient plus que les Varennois, il
y a une forme d'iniquité. Ça fait que c'est pour ça qu'on n'interdit pas l'accès,
mais il y a une facturation différente, comme non Varennois. Honnêtement, moi,
je suis très ouvert à entendre éventuellement de nouvelles formulations pour
rendre ça équitable, autant pour les Varennois qui paient puis d'autres... Puis
on le voit, là...
M. Damphousse (Martin) : ...la
rareté des accès, ça s'est restreint avec les années, de plus en plus
difficile, de plus en plus coûteux. Mais c'est quoi la meilleure formule?
Honnêtement, je ne la connais pas. Nous, on a trouvé aujourd'hui un équilibre
entre une facture plus importante, mais en même temps, ça fait en sorte que
Varennes est plus attractif. Si des gens d'ailleurs qui n'ont pas d'accès ont
le goût de vivre à Varennes pour avoir un accès gratuit, bien, ça devient un
outil d'attrait. Mais la formule idéale, honnêtement, je ne la connais pas,
mais je comprends l'enjeu des non-riverains et cette complexité-là, mais soyons
ouverts à de bonnes solutions, là.
M. Charette : On regardera...
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Si je peux me permettre?
M. Charette : Est-ce que...
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Mais si je peux me permettre le...
M. Charette : Ah! d'accord.
J'essayais de voir qui avait pris la parole. Désolé.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Oui... Mais c'est sûr que l'accès, ce n'est pas que les municipalités
veulent limiter nécessairement l'accès au plan d'eau. En fait, l'objectif
premier, c'est de limiter la propagation des espèces exotiques envahissantes et
donc, malheureusement... c'est pour ça qu'on parlait de navigation et qu'on
demande notamment un chantier à l'échelle du Québec sur la navigation avec tous
les partenaires impliqués, dont le fédéral, parce qu'en ce moment, les
municipalités peuvent peuvent réglementer l'accès justement aux plans d'eau,
peuvent obliger de nettoyer la coque des bateaux. Mais c'est les seules façons
qu'elles ont de protéger les plans d'eau au niveau réglementaire. Donc, c'est
sûr que malheureusement, ce n'est pas quelque chose pour lesquels on... quelque
chose qu'on n'encourage, mais, pour le moment, c'est une des seules solutions,
et on sait très bien que ce n'est pas durable. Donc, on veut en discuter avec
l'ensemble des parties prenantes, mettre en place un chantier sur la
gouvernance de la navigation. Et puis, en attendant, on aimerait que le projet
de loi finance des mesures municipales en matière de gouvernance de la
navigation.
Il y a des municipalités comme Saint-Donat
qui ont... qui, avec le DPCP du fédéral, assurent... doivent payer pour des bateaux,
des patrouilles, des bouées pour s'assurer du respect de la réglementation
fédérale. Parfois, quand elles émettent des constats d'infraction, bon, ça se
judiciarise, et puis l'argent qui est récolté s'en va directement au fédéral.
Donc, la contribution des municipalités, elle est volontaire. Alors, c'est un
chantier qu'on doit adresser et que, selon l'UMQ, là, on ne peut pas d'ici là
de la gestion de l'eau.
M. Charette : Alors, vous
avez raison, c'est pour ça que ça se marie bien avec le plan nature qui est en
élaboration. Aussi, il faut s'attaquer aux espèces envahissantes. Le Fonds bleu
a à faire ce mandat-là dans les grandes orientations qui sont déjà connues,
puis on regardera comment faire les arrimages.
Tout à l'heure, je vous ai peut-être déçus
en disant qu'on ne sera pas en particulier les municipalités. Je vais vous
décevoir de nouveau, je m'excuse, le projet de loi 20 ne réglera pas non
plus la question du fameux article de la LQE. C'est un projet de loi, là, qui
est réellement orienté sur le Fonds bleu.
Je comprends que des municipalités qui
veulent mettre de l'avant des initiatives, des initiatives qui peuvent être
intéressantes à bien des égards. Je comprends qu'il y a une crainte que le
ministère de l'Environnement, le gouvernement, vienne dire : Non, non, ce
n'est pas conforme avec notre vision. C'est un échange et c'est des réflexions
qu'on pourrait avoir ensemble éventuellement. Mais ce n'est pas le projet de
loi 20, là, malheureusement, là, qui va... qui va traiter cette question-là
parce qu'on s'éloigne un petit peu trop, là, de l'orientation principale du
projet de loi.
Sinon, peut-être vous revenir sur un
échange qu'on a eu avec Réseau Environnement, le groupe qui vous a précédé au
niveau du déficit d'entretien des infrastructures municipales. C'est un enjeu,
là, que l'on reconnaît. D'ailleurs, il y a plusieurs milliards de dollars, là,
qui sont disponibles à travers le PQI. Là encore, ce n'est pas le Fonds bleu
qui va régler cet enjeu-là, mais on reconnaît que c'est un enjeu qui mérite
toute notre attention.
Et je profiterais de votre présence pour
vous poser la question suivante : Il y a des milliards de disponible, si
on additionne la cote du gouvernement du Québec avec celle du gouvernement
fédéral et la participation des municipalités, ça fait un fonds, au final, là,
qui est drôlement intéressant. Quelles sont les embûches pour les municipalités
pour se qualifier assez à ces programmes-là? Parce que l'argent est là, mais on
voit qu'encore il y a des municipalités qui nous disent ce n'est peut être pas
suffisamment adapté à nos réalités. Quelles seraient les bases sur lesquelles
on pourrait travailler avec le ministère des Affaires municipales pour
faciliter la qualification des municipalités à ces différents programmes-là?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais, M. le ministre, la question est très intéressante parce que je
vais vous donner un des angles de points de vue par rapport à ça. Dans un
premier temps, merci pour la bonne...
M. Damphousse (Martin) : ...je
pense que c'est 2,4 milliards pour le programme PRIMEAU, c'est apprécié,
mais je vous dirais, il y a un nouveau phénomène qui est arrivé dans le monde
municipal depuis au moins une année puis c'est nouveau.
Je suis maire depuis 14 ans, je
l'observe, la rareté de la main-d'œuvre a fait chuter de façon drastique le
nombre de soumissionnaires. Ça, c'est partout, pas juste dans un créneau
spécifique, là, que ça soit pour des modules de jeu ou que ça soit pour des
plans d'infrastructures souterraines. Avant, là, honnêtement, on pouvait
recevoir sept, neuf soumissionnaires, le plus bas soumissionnaire conforme, il
y avait une compétition réelle. Aujourd'hui, M. le ministre, ce n'est pas rare
de n'en recevoir qu'un. Donc, quand il n'y a pas de compétition, des fois, les
coûts explosent. Et malheureusement il y a bien des villes qui tout simplement
reportent les projets ou les abandonnent parce que leurs estimations
financières ont fait en sorte que, quand c'est le double, on a vu du 100 %
d'augmentation, bien, les villes retardent. Donc, malheureusement, et c'est
triste parce qu'on ce n'est pas tout à fait conscient qu'il y a un retard dans
l'amélioration des infrastructures souterraines, que ça soit en eau, que ça
soit en égout, c'est le même principe. Mais là on est pris avec une nouvelle
réalité. On a hâte de revoir autant de soumissionnaires qu'on avait avant, mais
on craint que ça prenne malheureusement bien du temps. Ça fait qu'on est un peu
pris avec cette nouvelle réalité là.
M. Charette : Merci
beaucoup. Je vais laisser la parole à mes collègues pour ne pas être trop
accaparant de mon côté. Mais merci pour votre présence aujourd'hui.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
La Présidente
(Mme Bogemans) : La parole est maintenant à la députée d'Argenteuil.
Il reste 2 min 40 s
Mme Grondin : Je vais
être rapide. Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Très heureuse de vous voir en
personne. Je vais y aller rapidement. J'entends bien l'intérêt, là, pour un
chantier sur la navigation, là. Je l'entends très bien. En fait, vous parlez
dans votre mémoire de cohérence, de cohérence entre les différents programmes,
ou plans d'action, ou du gouvernement. J'ai envie de vous renvoyer la balle.
J'ai envie moi aussi de vous parler de cohérence terrain. On a eu le ROBVQ qui
nous a présenté une trentaine de projets par bassin versant dans lesquels on a,
par exemple, Nicolet, Centre-du-Québec, Estrie, protection de l'eau potable
selon une approche intégrée des risques. Et dans les acteurs, je ne vois pas l'UMQ.
Donc... Puis il y en a plusieurs comme ça, où il y a déjà, dans les bassins
versants, un intérêt ou une priorité qui a été mise soit sur la protection des
eaux potables, soit sur les espèces exotiques envahissantes. Est-ce que vous
embarquez?
M. Damphousse (Martin) : J'aurai
une réponse courte, mais étant donné qu'il ne reste pas beaucoup de temps, je
vais prendre mon miroir puis, d'après moi, Charlotte a plus d'information
là-dessus. Mais la réalité, c'est qu'on collabore très bien déjà avec cet organisme-là,
une belle complicité, mais si vous souhaiteriez qu'on soit davantage actifs,
bien, d'après moi, ça ne sera pas dur à convaincre. Mais je vais laisser
Charlotte préciser.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Effectivement. Puis, bien, j'imagine que dans ces
programmes-là... bien, pas ces programmes-là, mais ces projets-là, les
municipalités concernées sont impliquées également, là. Mais en tant qu'union,
effectivement, je vais... je vais ramener ce sujet avec... avec le 1gro :
ROBVQ, puis on verra à trouver comment l'UMQ peut intégrer.
Mme Grondin : Merci.
Est-ce que... J'imagine qu'il ne reste pas beaucoup de temps.
La Présidente
(Mme Bogemans) : 45 secondes.
Mme Grondin : 45 secondes.
En fait, je ne sais pas si vous vouliez un élément particulier à rajouter en
30 secondes. Je ne me donne pas beaucoup de temps.
• (12 heures) •
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Bien, en fait, pour revenir, M. le ministre, sur le fait
de prioriser certains acteurs plutôt que d'autres, c'est certain que, bien, les
municipalités ont aussi l'avantage de pouvoir fédérer les citoyens également.
Ils sont élus, c'est un gouvernement de proximité, puis comme comme vous aviez
annoncé l'annonce pour le bassin du lac Saint-Charles avec... avec Québec, c'est
un modèle qui, je crois, pourrait être répliqué. Donc, bien sûr, en
collaboration à l'échelle du bassin versant avec tous les acteurs impliqués,
mais je crois quand même et je réitère que les gouvernements de proximité ont
cet avantage-là de connaître autant la réalité terrain et puis de fédérer
également les... tous les acteurs autour, oui, les organismes à but non
lucratif, les organismes de bassin versant, mais également les citoyens.
La Présidente
(Mme Bogemans) : Je vous remercie beaucoup. Maintenant, je vais
céder la parole à la représentante de l'opposition officielle pour
12 min 23 s
Mme McGraw : Merci, Mme
la Présidente. Et j'aimerais enchaîner justement là dessus, mais tout d'abord,
j'aimerais vous féliciter, M. Damphousse, sur votre élection à la
présidence depuis quelques jours, donc, à l'UMQ. Donc, merci...
12 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...avec nous les
collègues ce matin. Et c'est bien apprécié le mémoire et la présentation.
Et je voudrais justement enchaîner
là-dessus parce que je pense avec tout le respect pour le ministre, on comprend
très bien que les municipalités en tant que gouvernement de proximité, ce n'est
pas des intérêts privés, ce sont des intérêts collectifs. C'est l'intérêt
public, et, nous, on reconnaît l'importance, la crédibilité et la proximité des
municipalités.
Alors là-dessus, avec ça comme contexte,
on comprend que vous êtes des experts sur le terrain. Vous êtes au front. Vous
faites face au front sur les changements climatiques, beaucoup d'enjeux
environnementaux, économiques, entre autres. Alors on sait très bien qu'il y a
une volonté de contribuer des municipalités, que les municipalités veulent
contribuer, et c'est une contribution exemplaire. Mais on comprend aussi qu'on
manque les moyens et les informations.
Donc, mes premières questions vont être
là-dessus. Si on peut parler premièrement de moyens, donc. Dans la
recommandation numéro cinq, on parle justement... Pour un peu enchaîner la
discussion avec le ministre, on parle de soutien financier prioritaire aux
municipalités.
Alors, j'aimerais vous inviter à élaborer
sur cette recommandation importante.
M. Damphousse (Martin) : J'aurai
probablement une courte réponse, puis si Charlotte a le goût de bonifier, ça va
me faire plaisir. Vous le savez tous, dans la dernière semaine, on a amplement
parlé d'adaptation aux changements climatiques, puis le réseau d'eau potable en
fait partie.
Donc, il y a des inquiétudes manifestées
par plusieurs municipalités, on le vit, que ça soit dans les eaux de surface,
les eaux souterraines, les réseaux d'aqueduc. Donc, on a une pression
additionnelle. Tout le monde reconnaît, puis, honnêtement, j'ai entendu même le
premier ministre lorsque j'ai été invité par madame Roy... À la Ville de
Varennes, on a été invités, il y a quelques semaines, puis il y a une
reconnaissance unanime : il faut s'adapter aux changements climatiques. Le
climat, avec ses particularités, met une pression énorme.
Puis je rajouterais les chaleurs
extrêmes... Bon, on parle beaucoup d'inondations, mais on vit des chaleurs
extrêmes à l'échelle planétaire. Puis j'ai toujours entendu que l'or bleu du
Québec, notre eau, finalement, on l'a toujours imaginé inépuisable. C'est un
discours qu'on entend depuis très, très, très longtemps. Mais aujourd'hui le
monde municipal veut travailler avec son gouvernement pour s'assurer d'économiser
cette ressource-là, parce que je crains qu'un jour elle ne devienne pas autant
inépuisable qu'on a toujours rêvé à cause des changements climatiques. Ça fait
que dans ce contexte là, bien sûr, qu'on a besoin de sommes additionnelles
parce que ça sera la plus importante dépense, l'adaptation aux changements
climatiques, mais il y a assurément une inquiétude face à l'eau potable. On est
gâtés au Québec. Assurons-nous de rester gâtés pour des générations futures.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Effectivement. Puis la notion de prévention puis de
précaution est particulièrement importante quand on parle d'eau potable. On l'a
vu dans les derniers mois avec la saga des PFAS, donc les contaminants
émergents. Quand ça arrive, les municipalités doivent trouver une nouvelle
source d'eau potable, c'est carrément ça. Donc, on veut absolument éviter ça,
ce sont des mesures qui coûtent énormément cher pour les municipalités. Et
puis, donc, voilà, c'est particulièrement le rôle incontournable des
municipalités. Ça explique principalement du fait qu'elles sont responsables d'assurer
l'approvisionnement en eau potable de surface, mais également souterraine à
leurs citoyens. Et c'est le lien qu'on fait avec la loi sur l'eau.
Donc, les objectifs de la loi sur l'eau,
qui visent à assurer une eau de qualité et de quantité suffisante pour les
générations actuelles mais également futures. Alors... Puis c'est la raison
pour laquelle aussi on propose d'insérer dans le préambule de la LQE la notion
d'adaptation puisque la pression est de plus en plus forte sur la ressource en
eau.
Mme McGraw : Puis on comprend
très bien qu'investir maintenant ça va nous coûter moins cher plus tard. Donc,
ça coûte plus pour réagir que de prévenir.
Donc, on comprend très bien l'aspect
économique de tout ça qui soutient l'environnement et l'écologie. J'aimerais
revenir justement sur les informations. Donc, la question c'était les moyens
que... Les municipalités manquent les moyens et peut-être aussi les
informations pour justement vraiment passer à l'action et vraiment répondre à
ces enjeux.
Donc, est-ce que, selon vous...
Mme McGraw : ...vous avez,
puis c'est de la... surtout, on parle d'espèces exotiques envahissantes, donc
la recommandation numéro 4. Est-ce que vous avez les informations pour bien
faire votre travail en tant que municipalités? Est-ce que... Comment est-ce
qu'on peut regarder, vous accompagner là-dedans, donc?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais que sur le volet des espèces envahissantes, je laisserais
davantage Charlotte répondre, mais il y a un volet sur les données. La petite
histoire que j'ai le goût de vous raconter, puis je vais faire rapidement...
L'eau embouteillée, quand on regarde son évolution, il y a 20 ans, 30 ans,
quand c'est arrivé sur le marché, c'était comme une ressource, encore une fois,
un peu inépuisable, de l'eau de source. C'était fascinant, on a vu le marché
des... je n'ai pas besoin de nommer les noms des entreprises, vous les
connaissez tous, il y a une progression... Honnêtement, jamais je ne pouvais
m'imaginer voir autant de gens sortir de chez Costco, on voit les mêmes, là,
avec autant de paniers de petites bouteilles embouteillés. Ça fait que, là, on
réalise, O.K., ils siphonnent notre ressource, qui est notre or bleu, je l'ai
dit tantôt. Quels sont les volumes réels? Ça fait partie des données que, je
pense, il est essentiel d'avoir et de partager, puis c'est pour ça que je fais
du millage sur l'initiative de la ville de Prévost, qui a mis une nouvelle
réglementation pour l'utilisation des bouteilles à usage unique, de plastique.
Puis on sait à quel point c'est un fléau, là. De mémoire, je pense qu'il y
avait 700 millions par année de petites bouteilles de plastique. Quand on
analyse ce chiffre-là, ça ne fait pas de sens.
Ça fait qu'il est clair qu'il faut
travailler ensemble pour trouver une façon de limiter ça, mais ça, ce sont les
données qui sont essentielles pour le milieu municipal, parce que l'eau, c'est
notre or qui est pris sous nos pieds, puis on doit travailler ensemble pour
s'assurer de contrôler mieux ça.
Pour le volet des espèces envahissantes,
je vais laisser Charlotte vous en parler, face aux données.
Mme McGraw : Peut-être que
j'ajouterais juste... espèces envahissantes, exotiques aussi, par exemple, les
contaminants émergents aussi, au niveau des informations pour pouvoir agir,
réagir.
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
Merci. Bien, pour les espèces exotiques envahissantes, en fait, je pense...
puis l'étude était claire, là, commandée par le caucus des municipalités
locales, ça coûte beaucoup moins cher d'investir en prévention. Il y a des
programmes qui existent déjà pour les stations de lavage, et il faut que ça
continue, il faut qu'il y ait des sommes supplémentaires pour ces initiatives-là,
mais la prévention, c'est également un suivi de l'état des lacs, suivi de la
prolifération des espèces exotiques envahissantes, et puis c'est également des
patrouilles, donc des inspecteurs également pour s'assurer que la
réglementation est respectée.
Donc, pour les espèces exotiques
envahissantes, la prévention, je crois qu'il y aurait davantage d'aide qui
pourrait être offerte de la part du gouvernement. Il ne faut pas oublier la
lutte non plus, donc installation de toiles, l'arrachage, etc. Ça, c'est pour
les espèces exotiques envahissantes. Puis le deuxième...
Mme McGraw : ...etc.
• (12 h 10) •
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui. Bien, honnêtement, pour pour ce dossier-là, là, je
souligne, d'ailleurs, là, la collaboration du ministère de l'Environnement, qui
sont particulièrement proactifs et qui ont un souci de collaborer avec
l'ensemble des acteurs pour... Nous, on n'est pas des scientifiques, là, donc
on s'appuie sur l'expertise du ministère de l'Environnement et puis on se sent,
là, très bien accompagnés à ce niveau-là.
Mme McGraw : Merci. Et donc,
si je comprends bien, il y avait une présentation antérieure où on parlait...
ce n'est pas un manque de technologie, on a le savoir-faire, justement, pour
faire face à ces contaminants, les espèces envahissantes, mais c'est,
effectivement, manque d'information et surtout manque de financement, manque de
moyens.
Donc, j'aimerais revenir sur une question
plutôt générale par rapport au fonds bleu. En matière de gouvernance, est-ce que
les mesures... est-ce que vous trouvez que les mesures sont adéquates pour que
les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
M. Damphousse (Martin) : Wow!
Grande question. En fait, sans être sûr de ma réponse, j'ai presque le goût de
dire que, traditionnellement, dans les programmes gouvernementaux, puis là je
vise tous les ministères, ce qu'on observe, le milieu municipal, c'est une
forme de lourdeur administrative. On souhaite, à peu près partout, trouver une
formule simplifiée, plus facilitante pour qu'on perde le moins de temps. Puis
plus on se retrouve avec des municipalités petites, plus des études qui sont
souvent nécessaires, demandées, occasionnent des...
M. Damphousse (Martin) : ...frais
énormes. Ils n'ont pas d'employés suffisants pour être capables de faire ça,
puis les mandats extérieurs, mais ils n'ont pas ces moyens-là. Ça fait que,
peut-être, qu'une des façons serait de trouver des formules... sans dire,
miracles, mais des formules facilitantes, parce qu'on la voit, là, la
progression de la lourdeur administrative. Puis probablement parce que vous
aussi, vous manquez peut-être d'employés, un peu comme partout, ça fait que ça
amène... ça étire des délais, mais enfin, à la fin, c'est le gouvernement de
proximité qui subit ces délais-là, mais...
Mme McGraw : Je suis
consciente du temps, je regarde Mme la Présidente, il me reste moins que deux
minutes. Je voulais juste vous inviter, avec le temps qui reste : Est-ce
que, selon vous, il y a des angles morts? Il y a-tu des sujets que vous auriez
aimé voir traiter dans le projet de loi? Et sinon, est-ce que vous avez
d'autres choses à ajouter avec le temps qui reste.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Bien, je reviendrais quand même sur
l'article 118.3.3. Je comprends que ce n'était pas dans l'initiative...
bien qu'il n'y aura pas d'amendement à ce sujet là pour le moment. Mais c'est
important de continuer les discussions, puis même avant qu'il y ait un projet
de règlement qui donne suite aux deux nouveaux pouvoirs, là, qu'on s'y attarde.
L'article 118.3.3, pour l'information de tous, en fait, il mentionne qu'un
règlement municipal ne peut pas porter sur le même objet qu'un règlement
provincial en environnement. Et la LQE... Il y a 84 règlements associés à la
Loi sur la qualité de l'environnement. Donc, le champ environnemental est très
bien couvert par le provincial, donc la marge de manœuvre municipale est
limitée, donc ça fait... Par exemple, on parle d'eau, ça fait des situations où
une municipalité ne peut pas augmenter la distance minimale entre une source de
protection... une source de prélèvement d'eau et une activité quelconque. Donc,
une municipalité ne peut pas aller plus loin en environnement que ce que fait
le provincial. Pour nous, c'est contraire à l'autonomie municipale. C'est
contre le principe de subsidiarité de la Loi sur le développement durable.
La Présidente (Mme Bogemans) : En
terminant.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Ça va également à l'encontre du principe de précaution
et donc c'est pour cette raison, là, qu'on suggère de l'abroger. Et puis, pour
votre information, il y a déjà l'article trois de la loi sur les compétences
municipales... je vois mon temps qui file, donc, qui permettra au gouvernement
de garder, là, l'orientation politique en matière d'environnement.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je vais maintenant céder la parole au représentant du deuxième groupe
de l'opposition officielle. Vous disposez de quatre minutes huit.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Merci à l'Union des municipalités de venir nous exposer vos demandes
et vos questions. Ma question portait justement sur l'article abrogé,
l'article 118.3.3 puis peut-être pour faire suite, vous parlez du principe
de subsidiarité. Mais tantôt j'ai une discussion sur la modulation selon les
régions. Est-ce que vous sentez qu'en abrogeant l'article, ça permettrait aussi
de mettre d'autres dispositions régionales et locales afin de préserver l'eau?
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui, effectivement, mais en fait, abroger cet article-là
permettrait aux municipalités de réglementer en fonction des particularités du
territoire, donc, comme elles le font pour tous les autres domaines. C'est
vraiment spécifique à l'environnement que ce mécanisme-là existe. D'ailleurs,
c'est seulement au Québec qu'il existe, et donc il est là depuis 1972, là,
depuis la... depuis l'édiction de la LQE. Alors on soutient que depuis... bien,
il y a plusieurs outils législatifs, là, qui se sont développés, notamment, là,
les reconnaître les municipalités comme gouvernement de proximité, la Loi sur
le développement durable. Donc, ça doit... La réflexion doit être faite, mais
pour nous... Pour répondre à votre question, effectivement, ça permettrait, là,
de protéger davantage les territoires, et notamment la ressource en eau, par
rapport aux spécificités, là, de chaque municipalité.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
ma deuxième question portait sur votre recommandation sept que vous... vous
suggérez d'élargir la déclaration, donc avoir un peu plus de transparence en
termes de prélèvements relativement aux milieux agricoles, piscicoles et
hydroélectriques. Donc, je voulais vous entendre un peu plus là-dessus.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui. En fait, ça, ce n'est pas par rapport au projet de
loi, mais c'est par rapport au projet de règlement sur les déclarations. Ce
n'est pas une nouveauté, ça existait déjà, mais on prend la peine, là, d'en
parler. En fait, c'est... Le règlement sur les déclarations prévoit que tous
les préleveurs de 50 000 litres et plus par jour, même s'ils ne payent pas
de redevance, doivent déclarer leurs données au ministère de l'Environnement et
donc ces données-là à...
Mme Legault-Bélanger (Charlotte) :
...avec le projet de loi, donc, vont devenir transparentes. Il y a trois
exclusions à cette formulation-là, et donc c'est le milieu agricole, piscicole
et hydroélectrique. Et, par mesure d'équité et de cohérence, en fait, et pour
appuyer également, là... pour faciliter, là, les rôles des municipalités en
matière d'aménagement du territoire de façon durable, on suggère, là, de
supprimer cette exclusion-là.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps il me reste?
La Présidente (Mme Bogemans) : Il
vous reste 1 min 30 s.
Mme Zaga Mendez : Donc, je
voulais juste vous inviter... s'il y avait d'autres sujets. On a parlé
rapidement d'adaptation aux changements climatiques, mais est-ce que vous voyez
là des amendements ou des idées qu'on pourrait pousser dans le cadre de cette
étude de projet de loi concernant l'adaptation?
M. Damphousse (Martin) : Honnêtement,
mon plaidoyer sur l'adaptation aux changements climatiques, je le fais depuis
une grosse semaine chargée. Donc, s'il y a une opportunité puis une écoute
d'intégrer des... un volet additionnel pour nous aider... En fait, on souhaite
le faire avec le gouvernement. On ne souhaite pas juste 100 % l'argent
provenant des deux paliers de gouvernement. On a... J'ai visé surtout le
gouvernement québécois, mais honnêtement il y a le fédéral aussi, là. Ils ont
une part de responsabilité. Comme gouvernement de proximité, vous le savez, on
est sur le terrain. On est là tous les jours, on s'en occupe. Mais
l'adaptation, c'est un phénomène nouveau qui est d'une ampleur importante.
Donc, c'est ce coup de main là qui devient nécessaire. Ça fait que, si le Fonds
bleu avait des options additionnelles, on serait très contents.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Puis, bien, de façon plus technique, c'est sûr que de l'inscrire
dans le préambule de la Loi sur la qualité de l'environnement, ça... ce serait
un message fort, et je pense qu'on est rendus là également. Merci.
Mme Zaga Mendez : ...tout le
temps.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Il reste 15 secondes.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie pour votre temps aujourd'hui. Merci.
M. Damphousse (Martin) : C'est
gentil. Merci à vous.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
vous remercie également pour la contribution aux travaux parlementaires.
Nous allons suspendre les travaux
jusqu'après l'avis touchant les travaux des commissions, soit autour de
15 h 15. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 18)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous! La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 20, Loi instituant
le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants, la Fédération québécoise des municipalités, le Centre
québécois du droit de l'environnement, le Conseil de l'industrie forestière du
Québec, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du
Québec et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec.
Je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'union municipale... de la Fédération municipale des municipalités et je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après
quoi, nous procéderons à la période d'échanges avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Demers (Jacques) :Merci beaucoup. Jacques Demers, président de la Fédération
québécoise des municipalités.
M. Châteauvert (Pierre) :Pierre Châteauvert, directeur des politiques de la
fédération.
M. Demers (Jacques) :La Fédération québécoise des municipalités, à titre de
porte-parole des régions, réunit plus de 1 000 municipalités membres,
dont l'ensemble des MRC du Québec. Merci à la commission de nous recevoir
aujourd'hui. Nos propositions sont faites dans une optique de... constructive
qui visent à favoriser une vision cohérente et à long terme de la gestion des
ressources de l'eau dans l'ensemble de nos régions, afin d'assurer la
protection et d'assurer la pérennité des activités qui dépendent et surtout qui
garantissent aussi la disponibilité en qualité pour l'ensemble des Québécoises
et des Québécois. La FQM tient d'abord à saluer le dépôt du projet de loi n° 20
qui donne suite à l'engagement pris par le premier ministre de créer un fonds
pour assurer la conservation et une gestion durable de la ressource de l'eau.
Avec les changements climatiques, les communautés sont désormais confrontées à
des enjeux de nature et d'ampleur parfois inédites, notamment au niveau de la
gestion de l'eau. Qu'on pense aux inondations qui ont récemment frappé
plusieurs de nos communautés, qui ont des impacts importants sur nos
infrastructures, et qu'on doit aussi planifier les fréquences et les intensités
des sécheresses de plus en plus nombreuses de ce côté-là.
Déjà, dans toutes les régions du Québec,
les élus sont engagés dans la lutte contre les changements climatiques et dans
la protection de l'environnement. Leur leadership en matière de protection des
milieux naturels d'aménagement est le plus résilient possible, et la qualité de
l'eau, ça mobilise, ça engage l'ensemble des acteurs du territoire. En ce sens,
la création du Fonds bleu peut constituer un levier financier important pour
soutenir les municipalités et les MRC dans les nouveaux défis.
M. Châteauvert (Pierre) :Merci, M. Demers. Je vais tenter d'y aller
tranquillement et de ne pas lire trop vite comme on me reproche trop souvent.
Comme mentionné, la FQM accueille favorablement la mise en place du fonds dédié
à l'eau. Les nombreux enjeux relatifs aux ressources en eau auxquelles sont
confrontées les municipalités nécessiteront des investissements substantiels au
cours des prochaines années. Toutefois, il nous apparaît nécessaire que soient
apportées au projet de loi certaines modifications, justement afin d'assurer l'atteinte
des objectifs visés par la mise en place du Fonds bleu.
Premièrement, le projet de loi prévoit, à
l'article 4, certaines matières visées pour... par les mesures financées
par le Fonds. Pour la FQM, il est nécessaire que certaines matières
supplémentaires soient nommément prévues à la loi. Il est ici question de la
lutte et de l'adaptation aux changements climatiques, de la mise en oeuvre des
plans régionaux de... des milieux humides et hydriques et de l'intégration des
connaissances dans les planifications territoriales. Trois éléments.
Comme mentionné par M. Demers, les
changements climatiques ont et auront un impact considérable sur les ressources
en eau dans l'ensemble des régions du Québec. Il nous apparaît donc essentiel
que les mesures visant à aménager nos territoires de façon à s'adapter aux
conséquences des changements climatiques et à préserver la qualité et la
disponibilité en eau puissent bénéficier du... de financement... du financement
via le Fonds bleu.
Par... pardon, par ailleurs, la mise en
oeuvre de plans régionaux des milieux humides et hydriques devrait être ajoutée
comme matière visée par le financement du Fonds. L'élaboration par la MRC de
ces plans est une obligation légale découlant de l'adaptation de la Loi sur la
conservation des milieux humides et hydriques. Cet exercice important étant
bientôt complété, des investissements majeurs seront nécessaires pour soutenir
les municipalités dans la mise en oeuvre de leur PRMHH et ainsi assurer la
protection de ces milieux naturels indispensables à la lutte et à l'adaptation
aux changements climatiques, à la protection de l'eau et la...
M. Châteauvert
(Pierre) :...diversité. Actuellement,
aucun fonds n'est dédié à la mise en œuvre des PRMHH, notamment au volet
hydrique des plans et leur intégration dans les outils de planification des MRC
puis des municipalités. Seuls les projets de création de restauration sont
admissibles aux programmes. Rien pour l'acquisition ou la mise en valeur, alors
que les bénéfices de la conservation des milieux humides sur le
réapprovisionnement des nappes phréatiques, sur la qualité de l'eau, sur le
contrôle des inondations ne sont plus à démontrer. Enfin, considérant les
sommes investies et à venir dans l'acquisition de connaissances sur les
ressources en eau, tant souterraines que de surface, il nous apparaît important
que le projet visant l'intégration de ces connaissances sur les ressources en
eau aux planifications territoriales soit considéré par le Fonds bleu.
Deuxièmement, sur la question de la
gouvernance du Fonds bleu, le projet prévoit que le ministre est responsable de
sa gestion. Les MRC ont la responsabilité de l'aménagement du territoire et de
la gestion des cours d'eau, tel que prévu à la Loi sur les compétences
municipales, et à l'élaboration et la mise en œuvre des PRMHH. La FQM est d'avis
qu'une partie des sommes du Fonds bleu devrait être directement attribuée aux
MRC, afin qu'elles bénéficient d'un financement prévisible et récurrent pour la
mise en œuvre... la mise en place de mesures pour assurer la protection, la
restauration, la mise en valeur et la gestion durable de l'eau sur le
territoire. Ces sommes pourraient notamment servir à la mise en œuvre des PRMHH
et être utilisées selon les priorités et problématiques identifiées au plan
d'action. Nous sommes convaincus que ces sommes auraient un impact positif, à
court terme, dans l'ensemble des territoires, répondant ainsi aux objectifs
soutenus par la création d'un fonds dédié à l'eau.
Troisièmement, le projet de loi propose
l'introduction, à la disposition préliminaire de la Loi sur la qualité de
l'environnement, d'une référence à la gestion durable de l'eau ainsi qu'à la
transparence et à l'accès aux renseignements qui concernent les prélèvements
d'eau. La FQM se réjouit — et on l'a souvent demandé — de
la volonté du ministre de favoriser plus de transparence quant à l'utilisation
de l'eau. Les MRC et les municipalités doivent avoir accès à l'ensemble des
données relatives aux volumes d'eau prélevés sur leur territoire, afin
d'assurer une gestion durable de la ressource et une planification cohérente du
territoire, qui tienne compte des effets cumulatifs réels de ces prélèvements,
d'autant que les changements climatiques pourraient entraîner des pénuries
d'eau potable dans certaines régions du Québec dans les prochaines années.
Considérant l'importance des enjeux liés à
la disponibilité et à la qualité de l'eau, et la nécessité, pour les MRC,
d'évaluer les besoins en eau pour soutenir le développement de leur territoire
et la pérennité des activités qui ont cours, l'accès à ces informations est
crucial. Ainsi, nous recommandons de modifier le libellé de l'article 5 du
projet de loi afin qui vise à assurer, plutôt qu'à favoriser un meilleur accès
aux renseignements qui concernent les prélèvements d'eau.
En conclusion, il nous semble opportun de
soulever la question de la cohérence... de la cohésion gouvernementale, c'est
synonyme. Avec le dépôt du projet de loi n° 20, le gouvernement du Québec
démontre l'importance qu'il accorde à la protection de l'eau, notre richesse
collective. La FQM salue la volonté gouvernementale d'agir pour préserver nos
ressources en eau, une priorité identifiée par nos membres, lors de la dernière
campagne électorale, dans notre plateforme électorale. La FTQ souhaite que
cette reconnaissance soit la prémisse à une réflexion plus large au sein de
l'État, tant au niveau de la protection juridique que des enjeux liés à la
préséance des règlements du gouvernement, qui limite la capacité des
municipalités à appliquer des normes adaptées à leur territoire.
Nous aimerions également rappeler au
ministre notre demande concernant l'importance d'accorder aux municipalités une
forme d'immunité, lesquelles auront à appliquer des plans et des normes
découlant d'un mandat du gouvernement, comme la cartographie et la protection
des milieux humides. En effet, les municipalités locales et régionales n'ont
pas à défrayer les coûts juridiques issus des compensations de cette mesure,
qui découlent de ces nouvelles responsabilités.
• (15 h 30) •
Par ailleurs, à l'aube du dépôt des plans
régionaux des milieux humides et hydriques à l'ensemble des MRC du Québec, et
afin que ceux-ci puissent pleinement remplir leur rôle et se déployer à travers
les outils de planification, il nous apparaît essentiel que la protection de
l'eau soit une priorité claire pour l'ensemble des ministères, et non l'apanage
du seul ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
Déjà, en réponse à la mobilisation des élus et aux propositions de la FQM, le
projet d'orientations gouvernementales en aménagement du territoire, les OGAT,
rendu public, lundi dernier, par la ministre des Affaires municipales, propose
des modifications intéressantes au processus de limitation des territoires
incompatibles à l'activité minière, afin de faciliter la protection de l'eau et
des milieux d'intérêt naturels.
Nous attendons avec intérêt les décisions
qui découleront de la consultation actuellement menée par Mme la ministre des
Ressources naturelles et des Forêts sur la modernisation de l'ensemble de la
réglementation du secteur minier et sur la préséance de la Loi sur les mines.
Nous souhaitons qu'elle permette aux municipalités et aux MRC d'assurer la
protection des ressources en eaux souterraines et de surface sur leur
territoire et d'en garantir la disponibilité et la qualité à l'ensemble de
leurs citoyens. Nous vous remercions puis nous sommes maintenant disponibles
pour répondre à vos questions. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Châteauvert et M. Demers. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour
une période de 16 min 30 s.
M. Charette : ...le
Président. À vous deux, messieurs, un gros merci. Merci d'être avec nous cet
après-midi, toujours un plaisir d'échanger avec vous. Merci également... je le
mentionnais aux autres groupes...
15 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...qui vous ont
précédés ce matin. Merci d'être des acteurs très impliqués au niveau du Forum d'action
sur l'eau, une instance, là, qui a réellement pris son erre d'aller, qui donne
de beaux résultats au niveau de la concertation. Merci, également, c'est la
période des remerciements, pour le leadership qui est exercé, on le sent, au
niveau municipal, encore plus depuis depuis quelques années. Donc, pour nous,
voir des partenaires s'ajouter aux groupes intéressés à faire une différence,
là, c'est apprécié.
Ceci dit, j'ai pris quelques notes. J'ai
bien lu la documentation que vous nous avez fait parvenir, également. Peut-être
juste une petite précision à la base : ce n'est pas un projet de loi sur
les garanties d'approvisionnement en eau. Je comprends que c'est une
préoccupation, là, qui est partagée par plusieurs groupes, mais il ne faut pas
y voir la réponse à travers ce projet de loi. C'est réellement un projet de loi
qui crée, oui, un fonds bleu, un fonds bleu qui aura des objectifs à
rencontrer, bien précis, notamment au niveau de la qualité de l'eau, au niveau
de la lutte aux espèces envahissantes.
Et je comprends, j'ai bien noté, là, que
la FQM a des attentes par rapport au financement de la réalisation des plans...
j'ai toujours de la misère, même avec nos propres acronymes, à nous, plans
régionaux sur les milieux humides et hydriques. Un petit défi de prononciation,
cet acronyme-là. Mais, aujourd'hui, je ne suis pas en mesure de vous dire :
Ce sera financé à travers le fonds bleu, tout simplement parce qu'on a demandé
au forum d'actions de mettre en place et d'établir les priorités. Donc, si, à
travers le forum d'actions, ça devient un élément prioritaire, on pourra
regarder comment le réaliser par la suite, mais je ne suis pas en mesure
aujourd'hui de vous dire : On va financer ceci, cela. Et je disais au
groupe qui vous a précédés, vos collègues et nos collègues de l'UMQ : Je
ne peux pas aujourd'hui dire : C'est principalement les municipalités qui
seront récipiendaires des fruits du fonds bleu. C'est réellement un travail,
là, qui se complète actuellement à travers le forum d'actions.
Sinon, pour ce qui est des... ah! j'ai de
la misère avec l'acronyme en question, PRMHH, voilà, j'irai plus lentement, on
a financé la réalisation des études menant à leur élaboration. Je comprends qu'il
y a des attentes pour la mise en place de ce plan-là. Est-ce que le fonds bleu
pourra répondre en partie à ces demandes-là? Comme je le mentionnais, ça reste
à voir. Sinon, au niveau du ministère, on sera intéressé à continuer les
échanges avec la FQM, l'UMQ, également, parce que, oui, on voulait des plans
régionaux, mais on ne veut pas que ça demeure des plans sans qu'ils soient mis
en action. Donc, on pourra travailler ensemble à trouver une façon, là, de bien
les réaliser.
Au niveau de l'approvisionnement en eau,
je le mentionnais tout à l'heure, c'est une inquiétude. Moi, l'inquiétude que j'ai,
c'est la suivante : dans bien des régions, on a déjà des défis d'approvisionnement
en eau, et, malgré tout, il y a des attentes importantes. Tantôt, c'est le
secteur agricole qui veut développer des nouvelles cultures, tantôt c'est des
municipalités qui aimeraient soit un secteur industriel à développer davantage,
soit des nouveaux quartiers littéralement résidentiels, alors qu'on sait qu'il
y a des enjeux de disponibilité d'eau dans ces secteurs-là. Donc, c'est là où
le forum d'actions doit continuer à nous permettre de travailler ensemble et de
voir à renoncer, dans certains cas, à certains projets, compte tenu de cet
enjeu-là. Et je vous sais partenaires à ce niveau-là, mais c'est une discussion
qui doit continuer à se tenir. Je le disais tout à l'heure, je ne me souviens
plus avec quel groupe, encore la semaine dernière, on rencontrait... je ne veux
pas nommer la région, encore moins le type de culture, mais des projets
agricoles qui étaient, pour le moment, à tout le moins, en analyse parce qu'on
évoque des possibilités, là, de difficultés d'approvisionnement en eau. Donc, c'est
des réalités, il y a quelques années à peine, qu'on pouvait à peine imaginer,
mais qui sont maintenant incontournables dans la réflexion. Mais le forum d'actions
va répondre à ces enjeux-là, va permettre aux interlocuteurs de pouvoir s'y
pencher.
Sinon, le fonds bleu lui-même, les PRMHH,
c'est une chose, sinon, la priorisation, c'est un petit peu la question piège
qui est sur toutes les lèvres. 500 millions, ça peut sembler...
M. Charette : ...intéressant,
c'est effectivement une somme conséquente, c'est du nouvel argent. Jamais le
secteur de l'eau n'avait été aussi bien financé par le passé, mais en même
temps c'est très peu par rapport à une multitude de projets qui pourraient nous
être soumis. Vous avez évoqué, oui, les plans régionaux, sinon la priorisation
avec le Forum d'action sur l'eau, comment l'établir et comment s'assurer, là,
que chacun de ces dollars-là puisse avoir le plus grand impact possible?
M. Demers
(Jacques) :Peut-être, différentes choses
dans ce qu'on se dit là. Parce que, oui, vous avez raison, 500 millions,
on peut dire : Oh! vraiment intéressant, bon, mais on peut le dépenser
après-midi si on décide juste de parler des barrages. Puis ça serait légitime
de parler des barrages. Il y a plein de barrages qui appartiennent à des
petites municipalités qui n'auront jamais les moyens de les mettre à niveau. Il
y a des barrages qui sont complètement partis, au Québec, on pourrait nommer
Dixville, on pourrait nommer certaines places, parce que la municipalité a
dit : Bien, faites ce que vous voulez, on n'aura jamais les moyens de
payer. Dans ce cas-là, ça a bien été parce que, même sans barrage, l'impact ne
semble pas avoir été trop important. Mais il y a des endroits qu'on ne peut pas
se permettre que le barrage, à un moment donné, soit désuet puis risque de
céder ou qui crée des impacts importants. Juste de ce côté-là, c'est incroyable
ce qu'on pourrait investir. Puis là on pourrait parler des barrages privés
aussi, d'autres barrages qui sont situés... Est-ce qu'on a vraiment le suivi de
ce côté-là? Puis est-ce qu'on a l'argent pour... On a donné beaucoup de
responsabilités aux municipalités, pas nécessairement en n'ayant d'argent pour
autant de ce côté.
Vous avez raison qu'il va falloir
investir. D'abord, je pense, c'est les connaissances, c'est de savoir justement
les secteurs. Quand on parle : Oui, il y a un secteur qui manque d'eau,
tout à fait légitime de dire : Bien là, il y a des restrictions qui vont
nous obliger à se limiter de ce côté-là, mais il faut les avoir. Puis je pense
que d'investir de ce côté-là, pour être sûr que là où on avance, là où on
installe des personnes aujourd'hui, dans cinq ans, 10 ans ou 20 ans,
on ne dira pas : Aie! as-tu vu qu'est-ce qu'ils ont fait à cet endroit-là,
qui qui a pensé à ça? On est rendus aujourd'hui qu'on peut avoir certaines
données, puis il y a beaucoup de données là-dessus qui devraient être cumulées
pour vraiment qu'on puisse comprendre ce qui se passe dans notre sous-sol en
particulier. Oui.
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, en fait, par rapport aux
PRMHH, oui, moi non plus ça ne fait pas longtemps que... en fait, on a
demandé... Bien, vous savez, il y a toujours l'exercice des demandes
budgétaires. Ça fait au moins trois ans, quatre ans, parce que ça fait
longtemps qu'on discute de toute cette obligation-là puis cette... M. Demers
pourra vous décrire qu'est-ce que ça a permis en termes d'acquisition de
connaissance et de mobilisation des élus et de l'ensemble de l'appareil
municipal pour la protection de l'environnement. Ça, c'est fantastique. Mais
effectivement, la mise en œuvre, il n'y a pas de sous, puis on le demande, ça
fait, je ne sais pas combien, trois ou quatre fois. Puis on comprend, là, que,
bon, les choses s'en viennent, tout ça, mais ce qu'on dit dans notre mémoire,
c'est qu'effectivement... puis je pense que je le dis aussi, c'est moi qui
représente la FQM au niveau du forum... tu sais, de dire que c'est une
priorité. Les milieux humides et hydriques sont essentiels à la qualité de
l'environnement au Québec puis à son amélioration, et il faut qu'il y ait des
investissements majeurs pas seulement ce qu'on a comme compensation
actuellement ou des choses comme ça parce que... puis en plus qu'ils sont
ciblés, mais il faut qu'on... il y a un chantier a lancé par rapport à la mise
en valeur, la protection des milieux humides. Parce que ce qu'on est en train
de faire, la cartographie, là, c'est qu'on va avoir un impact énorme sur le
territoire, puis, pour que ça paraisse, il va falloir des fonds autour de ça.
Puis c'est certain que des... en région, et tout ça, les entités, ils n'ont pas
de... les entités municipales n'ont n'a pas les moyens pour livrer, pour mettre
en œuvre ce qui doit être fait.
• (15 h 40) •
M. Charette : Peut-être deux
éléments par rapport au barrage, notamment, intéressant que vous le
mentionniez, il y a des budgets, je comprends, là, qu'ils ne sont pas
illimités, mais il y a des budgets qui sont disponibles, qui ont été d'ailleurs
reconduits. Mais, pour les barrages privés, il y a quand même un ajout
important qui a été fait à travers l'étude du projet de loi n° 102, pour
une municipalité, d'imposer des travaux et ensuite d'aller récupérer l'argent
investi auprès des propriétaires qui n'ont pas voulu faire les travaux par
eux-mêmes. Parce que, oui, c'est un enjeu qui est réel et, oui, il y a des
barrages qui, dans certains cas, peuvent même être de petites contenances, qui,
dans l'éventualité qu'ils cèdent, pourraient avoir des conséquences
importantes. Donc, ça, c'est un pouvoir, là, qui a été ajouté à travers l'adoption
du projet de loi n° 102, ça fait un petit peu plus d'une année de ça.
Sinon, des budgets aussi pour les municipalités.
Et, pour ce qui est des plans régionaux,
je vais simplifier ça, au lieu de dire l'acronyme, je vais simplement dire
plans régionaux, est-ce que vous avez pu, de votre côté, évaluer quels seraient
les coûts de leurs réalisations? Là, ils sont en grande partie complétés,
réalisés... bien, c'est-à-dire les études sont en grande partie faites, mais,
pour la réalisation, est-ce que c'est une évaluation qui a été faite de votre
côté...
M. Demers
(Jacques) :...On n'a pas ces chiffres-là
pour l'instant, mais ils vont varier tellement d'une MRC à l'autre. Tu sais, il
y a des territoires que l'impact est minime, d'autres il est très, très
important. Quand qu'on parle de terres protégées, il y a des pourcentages à
certains endroits qui va se rapprocher de ce qu'on veut faire en biodiversité,
là. Ça fait que, oui, ça a une grande importance. Mais à votre question, la
réponse courte, c'est... à moins que Pierre me dise qu'il a eu des chiffres
plus précis.
M. Châteauvert
(Pierre) :Habituellement, je pense, c'est
35 plans qui ont été déposés, là. On est à peu près à ce chiffre-là. Donc,
il en reste beaucoup. C'est juin... fin juin la date. Donc là, on va avoir une
idée beaucoup plus précise. Mais on sait déjà que 100 millions, ce qui
était notre demande, ce n'est pas suffisant. Mais ce qu'on avait compris aussi
par rapport à... et avec des discussions qu'on a eues dans le passé avec votre
ministère, c'était que ce montant-là était nécessaire pour partir la roue du
processus, et tout ça, mais que ça va demander des investissements. Mais
probablement que l'été prochain on va savoir grosso modo ce que ça prend
comme... plus de mesures.
M. Charette : ...qui serait
souhaité, ce serait comme d'autres projets d'infrastructure, c'est-à-dire
financement un tiers, un tiers, un tiers, municipalité, fédérale, gouvernement
du Québec, pour mettre l'épaule à la roue.
M. Demers
(Jacques) :Ça dépend tellement. On ne
peut quasiment pas faire du mur-à-mur dans ce dossier-là. Parce que je reviens
à mes petits barrages dans une petite municipalité, quand qu'il y a un grand
territoire, puis on leur demanderait d'investir le tiers... Je pense que, si on
pense à ça d'une façon collective, il faut le penser aussi parce que l'impact
dans cette petite municipalité là, qui est peut être plus haute, est aussi
grande sur celle qui va la recevoir par la suite. Ça fait que de quelle
façon... Je ne serais pas prêt aujourd'hui de dire : Eh! on embarque
là-dedans, puis les gens vont adhérer. On a des cas variés là-dessus, là, que
ce n'est pas pareil.
M. Châteauvert
(Pierre) :...en Abitibi... À Peu près
tout l'Abitibi puis le nord du Lac-Saint-Jean est en milieu humide. On a été
est obligé, d'ailleurs, de modifier toute la notion de cartographie à cause de
cette réalité-là. Mais là, quand que la totalité du... avec, je ne sais pas,
25 000, 27 000 de population sur un territoire de MRC, ou 30 000, en tout cas,
je n'ai pas les chiffres en tête, sur des territoires immenses, comme un pays
européen, c'est certain qu'un tiers, un tiers, un tiers, ça ne pourra pas
fonctionner, là. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas... C'est impensable.
M. Charette : On pourra
regarder les modalités. Mais vous me faites penser, lorsque... Oui,
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est un milieu humide en soit, le Saguenay
Lac-Saint-Jean également. On est venu aussi modifier lors du précédent
mandat... on est venu relativiser le poids d'une région à l'autre en fonction
de leur réalité, ça a été une belle avancée. Mais je comprends qu'au niveau de
la réalisation il y a des attentes, puis on regardera comment les travailler.
Mais encore là ce n'est pas forcément le fonds bleu lui-même qui sera la réponse
à ces collaborations, là, qui pourront être développées.
Je sais qu'on a un temps limité. Je sais
que j'ai des collègues qui souhaiteraient aussi intervenir. Bien, déjà un gros
merci encore une fois, là, pour votre présence.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède la parole maintenant à la députée d'Argenteuil, Mme la
députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Combien de temps, il me reste?
Le Président (M. Jacques) : Il
vous reste trois minutes 18.
Mme Grondin : Trois minutes
18. Vous êtes chanceux, j'avais plusieurs questions. M. Demers,
M. Châteauvert, bonjour.
En fait, une petite question, dans le
fond... parce que M. le ministre a mis... a posé des belles questions sur les
plans régionaux des milieux humides et hydriques. Et effectivement, j'aurais
voulu vous entendre sur des actions concrètes ou toute la mobilisation que ça a
mené dans différentes régions du Québec, mais on pourra en reparler un autre
jour. Parce que, dans le fond, j'aurais bien aimé que vous me parliez de tout
ce qui touche le transfert de connaissances. C'est votre recommandation trois.
Je trouve que, dans le cadre des discussions du Forum d'action sur l'eau, on
n'en a pas beaucoup parlé, puis j'aimerais ça vous entendre sur cette
question-là.
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, c'est à partir de
plusieurs de nos membres... Vous savez, on a été... M. Demers et moi, on a
été rencontré des gens des Jardins de Napierville. C'est le potager du Québec.
C'est la MRC. Il n'y a aucun cours d'eau, mais c'est des utilisateurs d'eau à
outrance. Enfin, à outrance, le mot est excessif, là, mais d'énormes
utilisateurs d'eau pour la culture, et tout ça. Mais effectivement le
comportement par rapport aux nappes phréatiques, c'est une préoccupation
majeure des... Il nous parlait de ça, le niveau... assurer le niveau
d'approvisionnement. Et aussi la connaissance est importante pour des
analyses... la réutilisation de l'eau. Actuellement, là, les règlements, là,
empêchent la possibilité de réutiliser les eaux grises qui viennent des
municipalités, mais aussi de l'eau qui a été... pour nettoyer les légumes, des
choses comme ça, dans ces usines-là, qui sont dans ces coins agricoles là. Mais
c'est ça qu'on a de besoin. Les gens ont besoin de comprendre comment...
qu'est-ce qui se passe avec l'eau sur le territoire...
M. Châteauvert
(Pierre) :...actuellement, c'est des
préoccupations qu'on entend beaucoup dans toute la Montérégie, les endroits où
est-ce qu'il y a de la forte... de la production agricole. Ça va jusque dans le
Bas-Saint-Laurent et tout ça. Les gens demandent à comprendre le mouvement de
l'eau, le cycle de l'eau sur leurs territoires, autant en surface que
souterrain, et ça va... et il y a déjà des investissements importants qui se
font là-dedans parce qu'il y a une préoccupation majeure. Et nous, c'est pour
ça qu'on... dans le... dans la foulée de la mise à jour des schémas
d'aménagement, on pense que l'État devrait accompagner tout le monde pour
comprendre vraiment tout ce qui se passe sur le territoire par rapport à
l'utilisation de l'eau, puis aussi les réserves en eau, puis le renouvellement
des réserves en eau.
Mme Grondin : Les organismes
de bassin versant ont longtemps joué ce rôle-là de concertation, d'éducation,
de sensibilisation, tu sais, d'amener les acteurs de l'eau à se mobiliser puis
à trouver des solutions. Est-ce que c'est une façon de faire? Tu sais,
concrètement, ça voudrait dire quoi d'accompagner en termes de transfert de
connaissances ou de mobilisation? Vous le voyez comment?
M. Demers
(Jacques) :Bien, si on prend cet
exemple-là, ce qu'ils nous ont démontré, eux, c'est qu'ils avaient besoin de
volumes d'eau importants pour nettoyer des légumes. C'est assez incroyable.
Quand tu vas visiter une municipalité, puis ils disent : On pourrait
sauver un pourcentage très important de notre eau, mais on n'a pas le droit à
cause de certaines normes qui existent. Est-ce que ces normes-là sont
essentielles? Ce qu'on veut regarder, si vraiment c'est vrai que l'eau, une
fois qu'on l'a utilisée pour nettoyer des légumes ne pourrait pas en nettoyer
d'autres? Est-ce que de l'eau de ruissellement ou qui vient peut être utilisée,
à ce moment-là, à des fins d'arroser à l'intérieur de leurs champs? Il y a...
C'est un peu d'écouter localement, ils ont beaucoup...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Demers. Ça termine l'échange avec la partie gouvernementale.
Je vais maintenant inviter la députée de
Notre-Dame-de-Grâce pour une période de 12 min 23 s. Mme la...
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, c'est bien apprécié. Merci, messieurs, d'être avec nous cet
après-midi. Le mémoire et la présentation sont bien appréciés.
Alors, je commencerais avec des questions
plus générales sans attendre, on ira dans les questions plus spécifiques par
rapport aux recommandations. On reconnaît premièrement que les municipalités
sont des gouvernements de proximité. Vous êtes des experts sur le terrain. Et
on sait qu'il y a une bonne volonté de vraiment contribuer, et cette volonté,
je devrais dire, de contribuer, est vraiment exemplaire. Et alors, là, si je
comprends bien, c'est vraiment les moyens et aussi les informations qui
manquent souvent. Donc, avec ça comme contexte, je regarde tout de suite la
recommandation n° 4 qui recommande que le projet de
loi prévoie qu'une partie des sommes... qu'une partie des sommes soit
directement attribuée aux MRC pour assurer notamment la prise en œuvre des
PRMHH. Est-ce que... Donc, premièrement, si vous pouvez élaborer là-dessus, si
justement c'est pour le... si je comprends bien, pour un financement prévisible
et récurrent. Est-ce que vous allez, vous envisagez d'autres... à d'autres fins
ou ce serait juste la mise en œuvre par rapport aux milieux humides et
hydriques?
• (15 h 50) •
M. Demers
(Jacques) :En fait, notre demande. C'est
ce qu'on... suite à la discussion, comme celle qu'on avait avec le ministre,
c'est qu'effectivement il s'en vient... À la fin du mois de juin, normalement,
en fait, la très grande majorité des plans régionaux préparés par les MRC vont
être déposés, et avec ça, il va y avoir toute une série de propositions de
travaux d'aménagement, de mise en œuvre pour la mise en valeur et la
valorisation, puis aussi, des fois, de remettre en état des milieux humides. Ça
va demander énormément de sous.
Ça fait plusieurs années qu'on demande des
sous. Ça s'en vient, et tout ça. Et nous, ce qu'on demande, c'est que le Fonds
bleu - c'est une proposition qu'on fait, puis, effectivement, on en a déjà
parlé au forum puis on refait cette demande-là aujourd'hui - c'est un
financement prévisible, ce qu'on a de besoin pour planifier, pour faire... Des
fois des projets, ça peut se réaliser sur plusieurs années, ça... Il va y avoir
une forme de pression populaire aussi parce qu'on le sait, les milieux humides,
là, c'est maintenant devenu un objectif partagé par à peu près tous les
citoyens, là, au niveau de la protection, et tout ça.
Détruire un milieu humide, ce n'est plus
quelque chose d'acceptable. En fait, on le sait, là, de plus en plus, mais,
sauf qu'à ce moment-là, il faut une protection, une mise en valeur, et ça, ça
demande des sous. Donc, c'est ce qu'on demande, une prévisibilité. Il y a un
Fonds bleu qui s'installe, qui se met en place. À chaque fois qu'on l'évoque,
nous, on demande toujours la même chose par rapport à ça, c'est on veut... on
apprécierait beaucoup que tout ce qu'on a comme responsabilités soit soutenu
par le gouvernement à travers le Fonds bleu en ce domaine-là.
Mme McGraw : Merci. En parlant
comme de sommes ce matin, il y a un groupe, le groupe qui est venu nous parler
du...
Mme McGraw : ...les
infrastructures municipales en termes d'eau, la gestion d'eau. Et on a parlé
d'un 38 milliards de dollars. Est-ce que... est-ce que vous pouvez
élaborer là-dessus? Parce que j'essaie de faire un peu le... de regarder
comment ça se tient debout, justement, le Fonds bleu et justement
l'investissement qui va devoir... qu'on va devoir faire dans ces
infrastructures, si on comprend bien que prévenir, c'est mieux que de
remplacer, de réagir. Ça nous coûte moins à long terme. Donc est-ce que vous
fait réagir à cette...
M. Demers
(Jacques) :Évidemment, quand on investit
dans nos infrastructures, il y a des coûts immenses. C'est pour ça que tantôt
on parlait du 500 millions. Mais on dit le 500 millions peut paraître
beaucoup, mais dans le fond, on pourrait rapidement mettre dans des
infrastructures. Ce qu'on a besoin si on veut vraiment protéger l'eau, c'est
d'abord l'information. Ce qu'on a besoin, c'est de bien connaître notre
territoire, être sûr que là où on y rajoute des maisons, là où qu'on y fait de
l'agriculture, bien, ça convient. Puis on s'installe là pour un bon bout.
C'est pour ça que je dis de la première
chose, ce n'est pas tout le temps ce qui coûte le plus cher, mais c'est d'avoir
des plans dans ce qu'on veut avancer quand on veut faire quoi que ce soit pour
être sûr qu'après ça, les étapes, si on veut y arriver, je pense que ça va
prendre absolument ces données-là. Il y a des municipalités qui ont interdit
carrément des territoires dans leurs municipalités, où qu'il n'y a plus de
construction présentement. Ils se sont aperçus qu'ils ont des problèmes d'eau
importants. On ne s'attendait pas à ça.
On pensait, il me semble, depuis toujours,
si tu n'as pas d'eau, creuse un peu plus creux, tu vas en avoir, tu sais. Ça
semblait tellement simple tout ce qui variait. Mais il faudrait aujourd'hui
consulter nos puisatiers, c'est des données qu'on a, pour voir dans les mêmes
régions, à quelle profondeur on est rendu qu'on puise présentement pour aller
chercher la même nappe phréatique. C'est ces données-là qu'il faut utiliser et
des fois dans des bassins beaucoup plus grands que celui de notre MRC. De là
les bassins versants et l'importance de chacun dans l'équation. Mais à votre
question première, ce montant-là paraît gigantesque, mais c'est des faits, il y
aura des investissements importants à faire de plus en plus. Essayons d'abord
d'aller chercher les connaissances pour être sûr qu'on ne fait pas d'erreurs
importantes sur des données qu'on devrait avoir, là.
Mme McGraw : Puis,
justement, on parlait de moyens, mais là, justement, j'allais passer aux
informations puis justement avoir les bonnes informations. Donc, selon vous,
puis je regarde aussi la recommandation numéro 5, justement, on parle
accès aux renseignements qui concernent les prélèvements d'eau, soit en termes
de, par exemple, contaminants émergents, les espèces envahissantes. Selon vous,
selon votre expérience, quelles informations vous faut-il et est-ce qu'elles
sont... est-ce qu'elles vous sont transmises dans un délai raisonnable qui vous
permet de faire votre travail?
M. Demers
(Jacques) :C'est des données qu'on n'a
pas, là, quand on parle entre autres de ce qui existe sous le sol. Notre nappe
phréatique est à quelle profondeur? Elle a baissé de combien dans les 20, 30 ou
40 dernières années? De quelle façon? Il y a certains qui l'ont. Il y en a
qui les ont faites, les études. Mais de façon générale, non, les municipalités
n'ont pas ces données-là qui seraient... qui seraient, à mes yeux, très
importantes. Quand on parle d'espèces envahissantes, bien, ça, il y a plein de
choses, là. Tu sais, souvent nos lacs sont aussi nos réservoirs d'eau potable.
C'est... Il faut les protéger. En même temps, c'est des territoires qui sont
immenses. C'est des territoires qui ne sont pas clôturés, c'est des... Tu sais,
quand on veut vraiment les protéger, trouvons la façon. Oui, on parle
maintenant de laver les bateaux, de faire différentes choses, mais il faut
d'abord sensibiliser les gens parce que ça prend juste un ou deux qui ne
suivent pas la norme puis, on va se dire, tout l'argent investi, on ne peut pas
mettre des personnes partout. Puis laver des bateaux, c'est une belle... une belle
chose à faire. Mais on a tellement de lacs au Québec qu'il n'y a pas personne
qui va penser qu'on va en avoir partout, des installations. Puis souvent, ils
communiquent. Qu'on ait n'importe quelle espèce qui va dans le cours d'eau, si
plus haut il n'y a personne qui s'en occupe, ça va descendre quand même dans
ton lac. La rivière va suivre son cours, la même chose.
Ça fait qu'il y a beaucoup de
sensibilisation aussi. Il faut que les gens comprennent l'impact. J'ai
l'impression que tout le monde au Québec veut sauver la planète, veut être très
environnemental, être proche de ça. Bien, il y a des efforts, puis tout le
monde va devoir faire ces efforts-là qui, des fois, ont l'air très simples pour
certains, mais qui semblent compliqués pour d'autres. C'est de laver ton bateau
avant de partir de chez vous, là. C'est... Ce n'est pas la fin du monde, ça
peut faire toute la différence, mais c'est quand même un exemple.
Mme McGraw : Puis
justement, on a entendu... on a répété ce matin que l'eau, ce n'est pas une
ressource inépuisable, illimitée justement. Puis il y a de la sensibilisation à
faire. Puis mon point de vue, les collègues le savent, c'est cette... ce
3 % que détient le Québec, ça devrait nous mener à être un chef de file
mondial et non complaisant. Et il y a un travail de sensibilisation. Et
justement...
Mme McGraw : ...en termes des
sommes. Est-ce qu'il y a d'autres actions ou des solutions en particulier, par
exemple vis-à-vis les espèces exotiques, que vous aimeriez voir financées, par
exemple la sensibilisation ou c'est l'accès à l'information? Est-ce qu'il y a
des enjeux spécifiques?
M. Demers
(Jacques) :Bien, c'est un tout, hein,
là-dedans. Je pense qu'il faut informer les gens pour qu'ils comprennent aussi
pourquoi qu'on utilise de l'argent municipal pour ces éléments-là, bien, c'est
de la sensibilisation en même temps. Ça va en prendre aussi pour avancer. Au
niveau de l'information, de quelle façon ces espèces envahissantes là, surtout
quand on parle des végétaux... quelle façon qu'on peut les détruire, quelle
façon qu'on peut faire que... s'ils ont déjà pris place, est-ce que c'est
possible de diminuer au moins leur croissance? Il y a...
M. Châteauvert
(Pierre) :...
M. Demers
(Jacques) :Je ne sais pas si tu avais
des...
M. Châteauvert
(Pierre) :...la formation scientifique
là-dedans, là, aussi, l'aide, et tout ça, ça, c'est... l'accompagnement,
l'accompagnement, hein?
M. Demers
(Jacques) :Oui.
Mme McGraw : ...peut-être
revenir là-dessus. Je voulais... en matière de gouvernance, donc, une question
plutôt générale : Est-ce que, dans le projet de loi, les mesures... est-ce
que vous trouvez que les mesures sont adéquates pour que les sommes prévues
soient utilisées aux fins prévues? Est-ce que vous avez des...
M. Châteauvert
(Pierre) :En fait, on... Comme M. le
ministre disait, on comprend que c'est la constitution d'un fonds bleu puis que
tout ça va être discuté, et tout ça, puis ça va venir plus tard. Nous, c'est
des recommandations qu'on donne. On a besoin de prévisibilité. Tantôt, vous
avez parlé de 38 milliards. Il y a un nouveau programme, le PRIMEAU, qui a
été annoncé, et ce qu'on apprécie beaucoup... c'est sur 10 ans. On était
très contents, sur 10 ans. Quand on parle de prévisibilité, c'est ça qu'on
cherche. Donc, à ce moment-là, la discussion qu'on va mener avec le
gouvernement à travers les travaux du forum présidé par Mme la députée
d'Argenteuil, elle va... c'est un moyen, là, pour continuer cette discussion-là
avec le gouvernement. Mais, nous, nos propositions sont là-dedans. Nous, on
veut de la prévisibilité pour notre monde, notre monde pour qui... Nous autres,
les PRMHH, c'est quelque chose de majeur qu'on demande depuis longtemps, et la
connaissance autour de tout ça, et on veut de la... Moi, j'ai... ce n'est pas
le PRMHH, là, c'est «prévisibilité», là, qu'on aimerait avoir là-dedans, dans
les investissements à avoir. Prévisibilité.
Mme McGraw : Parfait. Je
pense qu'il me reste à peu près deux minutes. Donc, peut-être une dernière
question, dépendamment de la réponse. Donc, selon vous, est-ce qu'il y a des...
Parce que, premièrement, on va dire qu'on trouve que c'est un projet...
important, un pas important qui va dans la bonne direction. Mais, selon vous,
est-ce qu'il y a des angles morts? Y a-tu des sujets que vous auriez aimé voir
traités dans le projet de loi et est-ce qu'il y a d'autres choses, avec le
temps qu'il vous reste, de... que vous voulez souligner?
M. Demers
(Jacques) :Souvent, c'est la cohérence de
toutes ces choses-là. Là, on est en train de protéger l'eau. Tantôt, je ne sais
pas si vous avez remarqué, mais quand on disait : Qu'est-ce qu'on est en
train de faire avec les claims, qu'est-ce qu'on est en train de faire avec les
mines, qu'est-ce qu'on est en train de faire avec d'autres choses?, c'est de
voir... Parce que l'idée est très intéressante, ce qu'on est en train de faire
avec le Fonds bleu, mais il faudrait faire attention pour que toutes ces belles
intentions là ne soient pas détournées par un autre ministère, qui est en train
de faire des choses, qui, lui aussi, pense qu'elles sont bonnes. Mais il faut
qu'il y ait une cohérence pour être certain qu'un ne frappe pas l'autre, là, ce
qui nous semble un peu évident présentement à plusieurs endroits, là. On a
quelques exemples, là, mais...
• (16 heures) •
M. Châteauvert
(Pierre) :Bien, c'est comme la démarche,
actuellement, en aménagement, puis le document qu'on a publié en décembre
dernier par rapport à ça, c'est toute la cohésion puis la cohérence du
gouvernement. Effectivement, les ministères ne sont pas toujours sur la même
longueur d'onde. Le cas des mines, des TIAM, les territoires incompatibles
démontre. On a des membres qui se battent pour protéger des territoires qui
approvisionnent de plus de 100 000 personnes, pour assurer
l'approvisionnement, là, les puits sont là, et ils ne peuvent pas le faire.
Parce qu'ils ont été chercher, ils ont fait des études, ils ont investi des
centaines de milliers de dollars pour comprendre, justement, le comportement de
l'eau et que les zones de recharge des puits, c'est... En fait, c'est
l'histoire du mont Rigaud de Vaudreuil-Soulanges, et la MRC a investi
énormément d'argent. La zone de recharge, c'est le parc. Ils veulent protéger
le parc au complet, mais on ne leur permet pas à cause le TIAM de ne fonctionne
pas. Donc, à ce moment-là... Mais actuellement on est en discussion avec le
ministère. On a une belle... une belle écoute. Il y a des nouvelles... Ça a
avancé suite à la pression, mais il faut aller plus loin. La cohésion, la
cohérence.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
messieurs. Ceci termine la période d'échange avec Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun
pour un temps de quatre minutes huit secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci. M.
le Président. Merci, M. Demers et M. Châteauvert, pour votre présentation.
J'allais vous poser une question, justement, sur la recommandation six. Et là,
tout à l'heure, vous disiez qu'il faut qu'on aille plus loin pour protéger la
ressource d'eau puis en termes de cohérence. Ça fait que je vous laisserais
élaborer un peu plus là-dessus, qu'est-ce qu'on peut faire présentement pour
protéger...
16 h (version non révisée)
Mme Zaga Mendez : ...ressource
d'eau dans nos municipalités?
M. Demers (Jacques) :C'est une bonne question, mais c'est pour ça qu'on parle,
entre autres, des TIAM, mais chaque dossier... Il me semble que ça me rappelle
toutes nos affaires municipales il y a 20 ans, on avait toujours une case qui
était l'environnement, qu'on finissait par parler. À cette heure, l'environnement,
on en parle dans chacune des cases, en développement économique, en tout. On l'a
amené ailleurs, mais l'eau, il faut faire la même chose. Il faut maintenant que
l'eau, on se dise : Quand on prend une décision locale, quel impact que ça
a? Mais la même chose pour chacun des ministères quand ils prennent une
décision qui peut avoir un impact sur l'eau. Si, collectivement... parce que ce
que j'entends depuis tantôt, je pense que tout le monde est très conscient de l'importance
que ça a, on n'est plus à se défendre là-dessus. Bien, essayons d'être
cohérents, moi, c'est...
M. Châteauvert (Pierre) :C'est le coeur de la demande du mouvement de la FQM, c'est
des centaines de personnes qui ont participé, notamment, tu sais, à la
rédaction, l'Assemblée des MRC au complet, les préfets. C'est la cohésion, la
cohérence, on ne parle... la question des mines, à laquelle vous faites référence,
là. L'Assemblée des MRC, vous étiez... vous la présidez, il y a eu une
discussion, la totalité des préfets, sur la façon d'apporter... Notre idée est
claire, le schéma d'aménagement, le schéma d'aménagement... et c'est la
façon... En fait, le gouvernement participe à la rédaction du schéma, et tout
ça. Nous, on demande... notre demande historique, c'est de faire la préséance
de la Loi sur les mines, mais on comprend que ça ne peut pas se faire, il y a
un processus pour amener à ça, donc, mais, à quelque part, le schéma, si le
processus des TIAM... et il y a des discussions intéressantes, je tiens à le
dire, actuellement, si le processus des TIAM permettait, à travers le schéma d'aménagement,
d'identifier les territoires qui ne fonctionnent pas... Là, actuellement, ce
qui a été publié cette semaine, lundi, dans les OGAT, les nouvelles
orientations gouvernementales en aménagement, c'est que les distances
séparatrices en milieu de villégiature de protection sont les mêmes que... C'est
déjà un gros gain. Ça, c'était notre demande du mois... de l'automne. La
première lettre, tu sais, on est intervenus... ça fait plusieurs années qu'on
intervient là-dedans, mais de façon très intense, l'automne, les préfets, c'était
une des demandes qui a été faite. Ça, c'est le 1ᵉʳ décembre, je crois, et ça a
été accordé.
L'autre chose, c'est effectivement le
processus d'autorisation des TIAM, qu'il corresponde plus à la réalité du
milieu, du terrain. L'exemple de Vaudreuil est un bon exemple, mais, en même
temps, l'Abitibi, eux autres fonctionnent avec des mines. Eux autres, ils n'ont
pas de problème avec la... Ils ont une pratique, et tout ça. Donc, c'est
vraiment le schéma dans lequel on transcrit ce qui doit être... cette
gestion-là. C'est le lieu où est-ce que la communauté locale, la communauté
régionale d'affinité, de MRC, inscrit la façon de gérer cette question-là. Et
ça se fait non pas juste les élus, ça se fait avec les intervenants, la
population, les entreprises, le gouvernement, et tout ça.
M. Demers (Jacques) :Puis à peu près tous les ministères. C'est pour ça souvent
qu'on parle de biodiversité, on parle de différentes choses. Bien, mettez ça à
l'intérieur du schéma, là, ils sont dans une cohérence et même une obligation d'atteinte
d'objectif que la MRC peut faire à ce moment-là. Parce que, si on n'y trouve
pas un lieu d'atterrissage, on va en parler, mais concrètement on n'y arrive
pas. Tandis que, quand on arrime ça à l'intérieur, quand les six, sept
ministères qui ont à le regarder pour le rendre, puis il y a une autorisation à
la fin du ministère des Affaires municipales, bien, tout le monde l'a vu, puis
les discussions, puis le public, toutes les associations, tout le monde peut
donner son mot à l'intérieur de ça, là, c'est la place.
Mme Zaga Mendez : Je pense, j'ai
peu de temps. Huit secondes. Bien, je vous remercie parce que vous avez
vraiment élaboré sur des questions qui m'intéressent beaucoup. Merci beaucoup.
Des voix : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
messieurs, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Et je suspends les travaux quelques
instants afin que l'on puisse accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 05)
(Reprise à 16 h 11)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour.
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du
Centre québécois du droit de l'environnement, et je vous invite à vous
présenter et vous disposez de 10 minutes pour votre exposé.
M. Voghel (Merlin) : Merci,
M. le Président. Donc, bonjour Mesdames, Messieurs les parlementaires. Mon nom
est Merlin Voghel. J'ai le plaisir de représenter aujourd'hui le Centre
québécois du droit de l'environnement, le CQDE, qui vous remercie de
l'invitation. Notre organisme est un organisme qui est fondé en 1989, qui est
le seul organisme qui dispose d'une expertise juridique indépendante en droit
de l'environnement. Notre action s'articule majoritairement autour de trois
axes d'intervention, notamment la vulgarisation et l'accès à...
M. Voghel (Merlin) : ...information
en droit de l'environnement, les veilles législatives et réglementaires et les
interventions judiciaires. Donc, le CQDE tient sa crédibilité de l'implication,
notamment au sein de son comité juridique, de sommités en droit de
l'environnement, notamment des avocats, des professeurs universitaires, des
docteurs en droit, des politologues.
Donc, aujourd'hui, je vais aborder
successivement les recommandations du Centre québécois du droit de
l'environnement telles qu'exposées dans le mémoire qui a été transmis à la
Commission. À l'exclusion, cependant, des recommandations numéro un et deux,
soit les versements de sanctions administratives et pénales au Fonds bleu et
l'énonciation de la participation citoyenne au préambule de la Loi sur la
qualité de l'environnement, non pas parce qu'ils nous tiennent à cœur, mais par
simple souci de concision. Si j'ai du temps, j'y reviendrai, tout simplement.
Donc, le CQDE est conscient que le mandat de la Commission aujourd'hui porte
strictement sur le projet de loi n° 20. Ceci étant, vous n'êtes pas sans
savoir... Et j'imagine... en fait, j'ai entendu même que vous en avez déjà
parlé ce matin, que ce projet de loi là est difficilement dissociable de deux
projets de règlements qui ont été présentés par le gouvernement en matière de
redevances sur l'eau et de déclaration en matière de prélèvement d'eau. Donc,
certains commentaires, incidents que je vais présenter aujourd'hui vont
nécessairement porter sur ces deux règlements-là. Majoritairement, le Centre
québécoise du droit de l'environnement accueille favorablement le projet de loi
n° 20, qui est une manifestation claire d'un désir d'une plus grande
transparence. Un désir clair aussi de doter le ministre de pouvoirs accrus afin
de protéger l'eau du Québec. Donc, le CQDE souhaite appuyer ces efforts,
nécessairement, en proposant certaines bonifications cependant.
Donc, j'attire immédiatement votre
attention sur la recommandation numéro trois qui apparaît en page sept du
mémoire du Centre québécois du droit de l'environnement, qui s'intéresse à
l'article neuf du projet de loi n° 20 qui vise la modification de
l'article 95.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement. C'est une
modification qui vise à instaurer une évaluation aux cinq ans de la réglementation,
mais uniquement de la réglementation en matière de redevances. L'objet de cette
évaluation cyclique est de façon affirmée d'assurer une utilisation durable de
l'eau. Le règlement sur la déclaration des prélèvements, notamment des volumes
d'eau, donc, n'est pas prévu et/ou en fait ne serait pas assujetti à une telle
évaluation cyclique. Il n'est pas visé. Or, le règlement sur la déclaration,
selon notre compréhension, est le seul règlement qui permet de suivre les
prélèvements effectués en termes de volume, notamment pour les préleveurs non
assujettis à la déclaration obligatoire. C'est aussi le seul règlement qui
prévoit un seuil d'assujettissement d'un préleveur... pardonnez-moi,
d'assujettissement d'un préleveur à une obligation de déclaration et de
redevance. Donc, c'est le seul règlement qui permet d'évaluer si l'encadrement
actuel favorise réellement une utilisation durable de l'eau en termes de
volume, par opposition à un encadrement des redevances qui vise davantage une
dimension financière.
Dans ce contexte-là, et alors qu'on parle
de raréfaction de la ressource d'eau, le Centre québécois du droit de
l'environnement considère qu'une évaluation cyclique du règlement sur la
déclaration s'impose tout autant pour la... le règlement de la déclaration,
pardon, que pour le règlement qui s'intéresse aux redevances. Par exemple,
est-ce qu'il ne serait pas opportun de réviser le seuil d'assujettissement d'un
préleveur en termes de quantité d'eau prélevée de façon cyclique aux cinq ans?
Même chose : Est-ce qu'il ne serait pas, aux cinq ans, possible de revoir?
Est-ce qu'on n'instaure pas une troisième catégorie de déclarants, c'est-à-dire
les préleveurs qui ne doivent pas encore payer de redevance, mais qui tout de
même devraient... devraient déclarer les quantités prélevées? Donc, une zone
mitoyenne entre les deux zones présentement prévues par règlement. Bien
entendu, le Centre québécois du droit de l'environnement reste aussi conscient
de la nécessité d'efficience gouvernementale et donc notre proposition est ici
de confier la révision de ces deux règlements-là, donc sur les redevances et
sur la déclaration, au Bureau des connaissances sur l'eau, qui est déjà prévue
à la loi sur l'eau, donc, la loi affirmant le caractère collectif des
ressources en eau, et que les conclusions de cette révision quinquennale là
apparaissent au rapport du Bureau des connaissances sur l'eau qui est déjà
prévu, encore une fois, à la loi sur l'eau, de façon quinquennale. Donc, de
façon à vraiment assurer une cohérence de ce qui est déjà prévu dans les
différentes lois sur l'eau. Ces mesures, selon nous, viennent renforcer la
transparence qui est souhaitable en matière d'eau et qui fait partie de la
manifestation du désir du législateur lorsqu'on regarde le projet de loi.
Je passe maintenant à la recommandation
numéro quatre du CQDE, donc en page 11 de notre mémoire. C'est un ajout au
projet de loi. Le CQDE constate bien entendu un énoncé d'un désir de
transparence...
M. Voghel (Merlin) : ...ce que
nous recommandons, c'est de renforcer, de conforter cette transparence-là par
un élargissement de sa portée réelle, par la sûreté aussi qu'offre une
incorporation des modalités d'application de la transparence à la loi plutôt
qu'à un règlement. Et je m'explique. En termes tangibles, ce que le projet de
loi n° 20 prévoit en matière de transparence, c'est une modification du
préambule de la Loi sur la qualité de l'environnement. En droit, un préambule
ne revêt qu'une force interprétative, il ne s'agit pas d'une disposition qui est
contraignante. Les modalités d'application de la transparence, en l'occurrence,
sont davantage prévues dans les deux règlements qui sont proposés par le
gouvernement, et que salue le CQDE. Et, bien entendu, ils nous feront valoir
des commentaires précis sur ses règlements lors des consultations sur des
règlements en propre.
Cependant, nonobstant cette question sur
les commentaires qui visent les règlements, le CQDE considère que les modalités
d'application de la transparence devraient se retrouver à la loi elle-même pour
offrir davantage de garanties de pérennité. La modification... en fait, les
deux modifications que suggère le CQDE, la première est une modification de
l'article 7 de la loi sur l'eau de façon à déplacer des termes qu'on y
voit apparaître, qui se lisent ainsi, donc : «...dans les conditions et
les limites définies par la loi». Vous allez le voir à notre mémoire en
page 11 et suivantes. Donc, pourquoi déplacer ces termes? Bien, simplement
pour venir donner toute sa place à la transparence et pour que la transparence
devienne un principe applicable à toutes les informations sur l'eau détenue par
une autorité publique, parce qu'aucune exception ne saurait se justifier pour
le bien commun qu'est l'eau, l'eau qui est si fondamentale.
Subsidiairement, le CQDE recommande la
création d'un registre sur les informations relatives à l'eau à même la Loi sur
la qualité de l'environnement, ce qui aurait pour effet d'assujettir toute
modification ultérieure au processus démocratique que revêt la modification
d'une loi, par opposition à la modification d'un règlement.
Je passe maintenant à la
recommandation 5 du Centre québécois du droit de l'environnement, donc
vous allez trouver à la page 15 et suivantes de notre mémoire. Le CQDE
constate que le projet de loi n° 20 prévoit l'assujettissement du Fonds
bleu à la compétence du... de la vérificatrice générale, bien entendu, le
vérificateur, si on parle de l'institution, en termes financiers, donc la
vérification des états financiers, notamment, du Fonds bleu. Cependant, ce
qu'on constate, c'est que le Fonds bleu échappe à la compétence du Commissaire
au développement durable, madame Lambert, en ce moment. Et, selon CQDE, puisque
nous avons un chien de garde doté d'une expertise solide en environnement, nous
considérons qu'il serait souhaitable de pouvoir bénéficier de son expertise
quant au Fonds bleu, alors que la Commissaire au développement durable exerce
déjà une compétence en matière de constats et de recommandations quant au Fonds
vert. Considérant la similarité entre les deux régimes que sont le Fonds vert
et le Fonds bleu, on considère, bien entendu, que le fait de bénéficier des
lumières de la Commissaire au développement durable serait un gain important
ici, quant au projet de loi n° 20. Ça complète un peu mes représentations,
mais, bien entendu, je demeure disponible pour des questions, Mmes et MM. les
députés.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Maître Voghel. Je cède la parole à M. le ministre pour une période de 16 min 30
s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Autant que je partagerai avec mes collègues, mais merci puis
merci pour vos commentaires. Le Centre québécois du droit à l'environnement a
été une source d'inspiration pour plusieurs aspects autant du projet de loi que
de la réglementation. Donc, merci pour votre présence aujourd'hui et merci
d'avoir mis l'emphase sur cet enjeu-là au cours des dernières années. Très
apprécié.
Vous l'avez noté, à juste titre, les
projets de règlement ont été diffusés à peu près essentiellement au même moment
que le projet de loi. Généralement, on procède par étape : on dépose un
projet de loi; on l'étudie; on l'adopte; et la réglementation qui en découle
survient, là, dans les mois, sinon dans les années qui suivent. Mais on
voulait, cette fois-ci, y aller de façon simultanément, parce qu'on sait fort
bien que la question des redevances, les taux notamment, allait faire l'objet
de discussions. Donc, si on avait juste évoqué, dans le projet de loi, une
hausse des taux et avec une indexation de 3 % par année, les questions
auraient été entièrement sur : Oui, c'est beau une hausse, mais ça veut
dire quoi concrètement? Donc, on a cette information-là.
Et là je prends bonne note, par contre, de
vos commentaires sur les règlements. Je comprends, là, que vous avez...
M. Charette : ...vous avez des
souhaits que la révision aux cinq ans s'applique aux deux projets de règlement
et non pas à un seul des deux. C'est un élément, là, qui est pris en
considération de notre côté. Cependant, vous êtes très, très familiers avec la
démarche, étant donné que c'est une consultation externe au projet de loi,
n'hésitez pas... on le prend en note de notre côté, mais n'hésitez pas aussi à
faire valoir vos commentaires à travers le processus régulier, là, de
consultations prévues pour les projets de règlement en consultation.
Sinon, je prends aussi note que vous
souhaiteriez que ce soit davantage explicite dans la loi, cette volonté de
transparence. C'est vrai que les projets de règlement sont très clairs à ce
niveau-là. C'est vrai que c'est mentionné dans le projet de loi à travers le
préambule. On regardera, là, de notre côté s'il n'y a pas lieu de renforcer
cette obligation-là, parce que c'est réellement l'intention du gouvernement, du
législateur, là, de retenir la plus grande des transparences possible à ce
niveau-là.
Et peut-être une question sur un des
derniers éléments, là, que vous avez mentionnés. Oui, c'est assujetti, le Fonds
bleu à au Vérificateur général. Vous dites, mais pourquoi pas non plus le
Commissaire au développement durable. Dans notre logique à nous, le Commissaire
au développement durable relève du Vérificateur général. Donc, c'est autant les
aspects financiers que les aspects qui pourraient être proprement de nature
qualitative plutôt que quantitative, ou même au niveau de la gestion des sommes
elles-mêmes. Donc, pour nous, ça couvre le Commissaire au développement
durable. Mais si vous n'en êtes pas certain ou si vous voulez nous parler
davantage de cet aspect-là, là, soyez bien à l'aise de le faire.
M. Voghel (Merlin) : Merci de
l'opportunité. Je ne vous cacherai pas, M. le ministre, qu'on s'est posé la
question nous-mêmes. On s'est demandé, effectivement : Est ce que la
compétence de la Vérificatrice générale emporte nécessairement compétence de la
Commissaire au développement durable? Et ce qu'on constate, c'est que, par
rapport au Fonds vert, il y a bel et bien une mention explicite d'assujettir le
fonds à la compétence nommément du Commissaire au développement durable. Vous
allez voir ça en page 15 de notre mémoire. On le voit à
l'article 43.1 de la Loi sur le Vérificateut général. Donc, face à une
nécessité de spécifier pour le Fonds vert la compétence du CDD, là, si vous me
permettez d'abréger, on se disait : Bien, nécessairement, il sera requis
de le faire aussi pour le Fonds bleu, de façon à mettre les choses très
claires, mettre la table très claire et asseoir correctement la compétence, là,
de la Commissaire au développement durable.
M. Charette : C'est vrai pour
le Fonds d'électrification des changements climatiques, cependant, on n'a pas
les deux. Donc, votre souhait, ce serait que ce soit spécifiquement le
Commissaire ou la Commissaire au développement durable et non pas l'entité du
Vérificateur général?
M. Voghel (Merlin) : Non. En
fait, ce serait qu'effectivement ce soit assujetti à la compétence de la
Vérificatrice générale pour ce qui est de l'aspect financier de la chose, mais
au pouvoir de constats et de recommandations du Commissaire au développement
durable pour ce qui est des activités du fonds. Par exemple, est-ce que le
Commissaire au développement durable ne pourrait pas se prononcer sur des
aspects qui débordent le cadre financier? Je donne l'exemple, à savoir :
Est-ce que le Fonds bleu investit dans des programmes qui redonnent aux
ressources où les prélèvements d'eau ont réellement été effectués?
M. Charette : Parfait. C'est
gentil. Je vois le temps qui file. J'ai des collègues aussi qui souhaitaient
intervenir, mais un gros merci, là. Naturellement, la tradition veut qu'après
les auditions on se déplace pour aller serrer la main. Ça ne sera pas possible.
Donc, considérez-vous salué et remercié déjà.
M. Voghel (Merlin) : J'apprécie,
merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, il reste 11 minutes.
Le Président (M. Jacques) : 11 min 7 s.
Mme Grondin : Donc, merci
beaucoup. Me Voghel, bonjour. Très heureuse à chaque fois de voir le Centre
québécois du droit de l'environnement intervenir sur les questions
d'environnement, notamment pour ma part parce que c'est toujours une forme
d'éducation que vous amenez, parce que j'ai plus un volet écologique, donc
d'avoir cette dimension-là du droit est toujours très intéressante à ce
niveau-là.
Vous avez... recommandation 2, vous
nous parlez, en fait...
Mme Grondin : ...reconnaître
explicitement le droit de toute personne de participer aux décisions ayant une
incidence sur les ressources en eau. Je comprends le principe derrière ça. Je
comprends toute cette notion de démocratie, de science citoyenne, de
participation, mais, concrètement, pour avoir vu l'évolution des organismes de
bassins versants, comment vous vous voyez cette participation-là de tout
citoyen à l'exercice?
M. Voghel (Merlin) : C'est
une belle question. Je me la suis posée. Vous savez, en fait, ce principe-là,
je ne l'ai pas sorti... ce n'est pas un lapin que je sors du chapeau, là, il
est déjà reconnu à la Loi sur l'eau, à l'article 7, comme un des principes
directeurs en matière d'eau. Lorsqu'on regarde, en matière de réglementation,
le p.l. 20, tout ce qui est mis sur la table à l'heure actuelle, on peut se
questionner sur la capacité d'un citoyen, notamment, à exprimer son opinion
dans le cadre d'une révision cyclique des règlements sur les redevances ou sur
les déclarations obligatoires. Donc, la possibilité pour un citoyen d'émettre
des commentaires, à l'instar des commentaires que tout citoyen peut émettre sur
un projet de loi via le site de l'Assemblée nationale, est-ce que ça, ce n'est
pas justement une méthode de participation au processus décisionnel? Donc,
est-ce qu'ici résiderait justement la réponse à la question que vous me
soumettez? Je pense qu'il est possible pour un citoyen de participer aux
décisions en matière d'eau en se prononçant sur des évaluations aux cinq ans,
des règlements, en matière d'eau, notamment, ça peut être une belle forme de participation
citoyenne.
Bien entendu, on est conscient qu'il n'est
pas possible pour les citoyens de participer à toute et chacune des petites
décisions à toutes les étapes de celles-ci et à chacune des occasions. Il faut
demeurer réaliste. On ne pourrait pas consulter l'entièreté de la population à
toutes les étapes. Cependant, pour les personnes qui sont suffisamment
mobilisées, il y a des outils qui existent et qui permettent effectivement déjà
une participation. Donc, le fait de reconnaître ce qu'énonce déjà la Loi sur
l'eau à titre de principe dans un préambule qui énonce aussi des principes ne
fait qu'assurer la cohérence entre deux lois. Est-ce que ça répond bien à votre
question?
Mme Grondin : Oui, oui, oui.
Merci beaucoup. Peut-être une autre petite question, parce qu'en fait... et là
vous vous m'excuserez parce que la réflexion n'est pas terminée, je prends au
bond certains commentaires qui ont été amenés ou recommandations qui ont été
amenées par des organisations précédentes, dont cette notion-là de redéfinir
les facteurs de succès. Je ne sais pas si vous avez... Tu sais, dans la gestion
de l'eau, à l'heure actuelle, dans la gestion intégrée de l'eau, on en parlait,
justement, il y a des sommes, mais ce n'est pas la seule chose qui est importante
pour faire de la gestion intégrée en eau. On entend beaucoup cette notion-là de
mobilisation des acteurs, l'importance de passer à l'action. Est-ce que, selon
vous... On entendait, par exemple : On n'a pas juste besoin d'aller
évaluer les taux de phosphore comme un facteur de succès mais de voir cette
mobilisation citoyenne, de voir des municipalités qui adoptent des règlements
précis pourrait être aussi des indicateurs ou des termes de reddition de
compte, de facteurs de succès. Est-ce que c'est quelque chose que vous
considérez qui est un exercice intéressant?
• (16 h 30) •
M. Voghel (Merlin) : Oui,
certainement. C'est sûr que la participation du public, des municipalités, de
toutes les parties prenantes, c'est un indicateur de succès. Si on obtient une
participation importante, on voit que le sujet part... les gens tiennent à cœur
l'eau, c'est sûr que c'est un indicateur de succès. Pour ce qui est des normes,
comme la vérification du phosphore, je ne vous cacherai pas cependant que le
CQDE n'a pas l'expertise pour se prononcer, là, en matière de normes plus
scientifiques. Nous sommes des juristes, nous nous intéressons majoritairement
aux normes de droit. De là à vous dire, bien, est-ce que, vraiment... du
phosphore, par exemple, dans une nappe d'eau, est-ce qu'on y verrait là un
indicateur de succès suffisant, je ne saurais pas vous le dire, là, en toute
honnêteté.
Mme Grondin : Bien, en fait,
c'était un peu ça, ma question, c'était... Je comprends, c'est souvent plus
facile de mettre des indicateurs plus scientifiques, plus quantitatifs, et là
de voir si on réussit ou pas. C'est pour ça que je vous posais la question.
Peut-être des indicateurs plus sociaux? Vous êtes dans un domaine, oui, de la
législation, mais vous touchez davantage aussi à...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Grondin : ...aspect plus
social de cette gestion-là intégrée. Donc, je voulais juste voir si c'était
quelque chose qui vous apparaissait intéressant comme reflet d'un succès, ou
comme indicateur, ou comme... de suivi, ou comme capacité de reddition de
compte.
M. Voghel (Merlin) : Oui,
tout à fait, l'implication des communautés dans les révisions ou dans les
prises de décision via les outils qui seraient proposés par l'État, mais
certainement que c'est un indicateur de succès ou de... qui est intéressant,
là, ça, je ne peux pas le nier, au contraire, je ne pourrais que le saluer.
Mme Grondin : Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Charette : Rebonjour,
rebonjour. En fait, l'occasion se prête bien, vous avez parlé des projets de
règlement concernant la réévaluation aux cinq ans, donc je vous mentionnais que
c'est quelque chose qu'on pourra considérer, mais vous n'avez pas abordé la
question des redevances elles-mêmes. Vous avez peut-être vu certains des
mémoires déjà déposés, il y a des groupes qui étaient assujettis, qui demeurent
assujettis, qui vont nous demander de ne plus être assujettis. Et c'est dans la
nature humaine, il n'y a personne qui aime se faire taxer, mais, en même temps,
je pense que s'ils étaient assujettis, c'est encore très, très légitime de
continuer à les... assujettir, voilà.
Donc, première question, est-ce qu'on doit
maintenir les mêmes groupes qui étaient assujettis, ou on doit en retirer? Et
les redevances elles-mêmes, la progression, on... pour certains groupes, on
nous... on nous propose d'y aller de façon plus atténuée, de façon plus
progressive, je suis curieux, la progression que l'on propose est-ce qu'elle
vous semble adéquate, là, dans les circonstances?
M. Voghel (Merlin) : Merci la
question, M. le ministre. Mon premier réflexe, c'est de vous dire : Je ne
crois pas qu'il soit légitime de retirer un quelconque groupe déjà assujetti à
une redevance à la redevance instaurée ou à l'augmentation d'une redevance, là,
au contraire, si on a déjà jugé par le passé que son assujettissement était
nécessaire, je ne vois pas pourquoi il le serait moins aujourd'hui, alors qu'on
se préoccupe des ressources en eau. Ceci étant, pour ce qui est des redevances,
le CQDE compte se prononcer davantage dans le cadre de la consultation
réglementaire, donc je n'ai pas toutes ces données-là avec moi présentement.
J'en suis désolé. J'aurais aimé ça vous donner un premier goût, là, de ce qu'on
risque d'énoncer dans nos commentaires, mais ceci étant, il faut aussi faire
attention, comme je le disais à la députée d'Argenteuil, généralement, nous ne
nous prononçons pas nécessairement sur les normes d'application parce que ça
échappe à notre expertise et nous ne voudrions pas nous mettre les pieds dans
les plats, là, ou dépasser le cadre de notre expertise, mais assurément, nous
allons nous prononcer, là, sur les redevances et sur les aspects, là, propres
aux déclarations, bien entendu.
M. Charette : Parfait. Je le
comprends. Et peut-être une erreur des dernières années, je remonte, là, à...
aux 10, 12 dernières années, c'est qu'il n'y avait aucun processus d'indexation
de prévu, ce qui fait qu'il y a eu, oui, instauration, il y a quoi, il y a 12
ans maintenant, du principe, puis on est resté au même taux pendant une
douzaine d'années, c'est nécessaire et c'est une bonne chose de prévoir une
indexation, là, systématique année après année?
M. Voghel (Merlin) : Tout à
fait, surtout lorsqu'elle est conjuguée à une révision ou une réévaluation
cyclique de la réglementation. Donc, je pense que les deux outils combinés
permettent d'avoir un regard très évolutif sur le taux souhaitable de
redevances notamment. Je pense que ce sont deux qui sont complémentaires.
M. Charette : Et avez vous eu
l'occasion ce matin, je ne me souviens plus quel groupe faisait référence... je
pense que c'est le réseau, réseau environnement, sur ce qui prévalait en Europe
notamment. Donc, c'est certain que, dans certains cas, on peut même évoquer le
Danemark, la redevance, elle est beaucoup, beaucoup plus élevée, mais le
Danemark va financer, avec les fruits de sa redevance, l'entretien, le
développement des réseaux d'aqueduc, ce qui n'est pas la finalité de la
redevance, là, qui nous occupe cet après-midi, mais avec ce que l'on propose
par rapport à la réalité nord-américaine, on se situerait où si le projet de
loi était adopté et si, ultimement, les projets de règlement étaient édictés,
on devient en position de leader, ou on suit... on suit le groupe, où on se
situerait une fois ces deux... ces deux étapes-là franchies?
M. Voghel (Merlin) : Si je me
rappelle correctement ma lecture du rapport de l'ENAP qui a été préparé sur
une... un comparatif des systèmes de redevance qui existent, avec la
réglementation qui sera adoptée, là, peu importe qu'elle le soit sous forme de
loi ou de règlement, mais on serait en avance sur l'ensemble des provinces
canadiennes sur la majorité des aspects, notamment, là, sur la réévaluation, je
crois que, de mémoire, c'est peu prévu au Canada, bien que ce soit prévu dans
certains... certaines juridictions...
M. Voghel (Merlin) : ...comme
la France et Singapour si ma mémoire est juste. Donc, je crois qu'effectivement
sur ces questions-là, au Canada, on atteint un terme de leader. Par contre,
pour ce qui est des déclarations, ça reste à voir sur les seuils
d'assujettissement à la déclaration obligatoire. Là, si je me fie à ma mémoire
seulement, il me semble qu'il y a des provinces qui prévoient des quantités de
volumes d'eau prélevée beaucoup plus basses avant d'être assujetties à une
déclaration obligatoire.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange. Je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle, la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour une période de 12 min
23 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci beaucoup pour le mémoire et la présentation. D'ailleurs, je
vais suivre un peu le questionnement du ministre parce qu'on a reçu un mémoire
ce matin. Le Réseau Environnement y a parlé, ils ont parlé de trois
paliers justement parce qu'ils ont regardé, si je comprends bien, l'exemple de
l'Europe, qui sont beaucoup, beaucoup plus loin que le Québec. Donc, même si le
Québec, après le projet de loi n° 20, soit peut-être... devient, ici au
Canada, un chef de file, si je comprends bien, au niveau du monde, les
meilleures pratiques sont en Europe, entre autres.
Par contre, si je comprends bien, avec les
trois paliers, on regarde vraiment... donc on ne va pas aussi loin dans les
redevances, mais ce qui est intéressant, la proposition de Réseau
Environnement, c'est vraiment les trois paliers selon la situation au niveau
des risques. Est-ce que vous êtes au courant de ces... Ce que je voulais
savoir, votre réaction. Donc, je vais juste trouver la section qu'on a
proposée, puis, entretemps, je vais demander donc si les trois paliers proposés
par Réseau Environnement. En tout cas, ils regardent le niveau de risque. Donc,
les redevances, c'est en fonction des risques. Je ne sais pas si je vous ne
donne pas assez d'information. On va passer à une autre question et on va
revenir. Une question plus générale.
M. Voghel (Merlin) : Je suis
désolé, je trouvais le sujet très intéressant, mais je n'ai pas toute
l'information, malheureusement, pour vous éclairer sur le sujet.
Mme McGraw : Je comprends.
Oui, oui, je suis... Oui, oui, je vais vous expliquer. Mais, en attendant, une
question plus générale en matière de gouvernance. Donc, c'est une question que
je pose à tous les groupes. J'aimerais savoir votre appui... avoir votre appui.
En matière de gouvernance, est-ce que les mesures qui sont envisagées dans le
projet de loi n° 20 sont adéquates pour que les sommes prévues soient
utilisées aux fins prévues? Sommes prévues soient utilisées aux fins prévues.
M. Voghel (Merlin) : Vous
savez...
Mme McGraw : Nous, on parle
de la gouvernance, oui.
M. Voghel (Merlin) : Oui.
Bien, vous savez, lorsque je regarde les différents garde-fous qui sont
instaurés au projet de loi n° 20, ce que je constate notamment, c'est
qu'on a un assujettissement à la compétence de la Vérificatrice générale comme
chien de garde spécialisé en termes de gestion financière. Je ne vous cacherai
pas que je le vois comme une garantie importante, là, que les sommes prévues
soient utilisées conformément aux visées ou à l'objet du Fonds bleu.
Ceci étant, avec le second garde-fou qu'on
vient proposer aujourd'hui par l'assujettissement à la compétence de la
Commissaire au développement durable, on vient non seulement s'assurer de
l'effectivité financière, mais aussi de l'effectivité en termes de mesures
environnementales avec les deux fonctions de ces commissaire et vérificateur
général là. Donc, je vous dirais que, oui, avec ces deux mesures-là, si effectivement
notre cinquième recommandation était suivie, j'aurais confiance que, oui, les
mesures pour s'assurer de l'efficience du Fonds bleu par rapport à son objet
sont suffisantes au p. l. 20.
Mme McGraw : Merci. Est-ce
que la reddition des comptes... de comptes envisagée est assez robuste selon
vous, dans le projet de loi?
M. Voghel (Merlin) : Révision...
révision de comptes, vous voulez parler par la vérificatrice générale?
Mme McGraw : Entre autres,
oui.
M. Voghel (Merlin) : Je crois
que, oui, on on parle d'états...
Mme McGraw : Oui.
• (16 h 40) •
M. Voghel (Merlin) : Oui.
Mme McGraw : Autre question
parce qu'on a parlé avec d'autres groupes, on a parlé des moyens, mais aussi
des informations qui sont qui sont disponibles, par exemple, vis-à-vis les
municipalités. Vous avez parlé aussi de... Vous avez parlé de participation
publique. On sait que c'était un enjeu d'avoir les données sur l'utilisation de
l'eau et on sait que ça implique, dans certains cas, des secrets industriels.
Est-ce que la transparence prévue au projet de loi est adéquate selon vous...
selon vous?
M. Voghel (Merlin) : Selon le
CQDE, la transparence souhaitable en matière d'eau, c'est une transparence
complète par la modification de l'article 7 de la loi sur l'eau, comme
quoi toute information détenue par une autorité publique qui concerne l'eau
devrait être publique et, plus encore, devrait être publiée sur le site du
ministère et partagée, là, et accessible. Il n'y a pas de motif pour lesquels
le secret industriel devrait s'appliquer en matière d'eau, pas pour une
ressource qui est aussi fondamentale...
M. Voghel (Merlin) : ...fondamental
à la vie que l'eau. Pourquoi le secret industriel? On y prévoit déjà des
exceptions dans la Loi sur la qualité de l'environnement, notamment l'article
118.4. La jurisprudence retient que le secret industriel ne s'applique pas aux
éléments qui sont visés à 118.4 de la Loi sur la qualité de l'environnement. On
parle notamment de contaminants de sols et d'accès à l'information. Donc, si on
prévoit déjà des exceptions, pourquoi ne pas en prévoir pour quelque chose qui
est qualifié de bien commun?
Plus encore, il n'y a pas si longtemps, la
jurisprudence, et encore à l'heure actuelle, retient que l'information sur
l'eau est parfois assujettie au secret... constitue, pardon, un secret
industriel, et, avec le p.l. n° 20, avec les règlements, ce que le gouvernement
fait en ce moment, c'est de travailler à lever ce secret industriel là. Dans ce
cas-ci, pourquoi ne pas aller plus loin et englober l'ensemble des
renseignements? Donc, à notre sens, effectivement, des efforts pourraient être
faits pour augmenter encore la transparence, et je crois comprendre que
l'ensemble des parties travaillent en ce sens-là.
Mme McGraw : Excellent,
merci. Je... En lisant ma revue de presse ce matin, il y avait un article, dans
Le Devoir, qui parlait, justement, du Québec et de l'eau, comment le
Québec fera grimper le prix de son eau, et on cite... je cite : «Le Québec
est un des rares États sur la planète à accorder à l'eau un statut juridique.»
Donc, en principe, c'est une bonne idée, mais, en pratique, ça a peut-être eu
un effet moins positif. J'aimerais avoir votre avis là-dessus, le statut
juridique de l'eau au Québec.
M. Voghel (Merlin) : Êtes-vous
en train de me poser, d'une façon un peu détournée, une question sur la
personnalité juridique de l'eau, sur laquelle je n'oserai pas m'avancer
aujourd'hui? Je vous fais un petit clin d'œil, Mme la députée. En fait, c'est
une question très complexe, sur laquelle je ne veux pas nécessairement
m'avancer, mais, effectivement, c'est sûr que le CQDE salue le statut
particulier de l'eau, sans nécessairement me prononcer sur la forme que devrait
revêtir ce statut-là pour l'instant. Elle semble bénéficier... L'eau bénéficie
d'une protection qui est importante, et il n'est que souhaitable que cela
demeure.
Mme McGraw : Je voulais
juste... Ce n'était pas une question piège du tout.
M. Voghel (Merlin) : Je le
sais bien.
Mme McGraw : Et je regardais
un peu à l'international. À l'ONU, le Law of the Sea, justement, pendant des
décennies, c'était propriété commune. Donc, en principe, c'était une superbonne
idée, mais, en pratique, il y avait beaucoup d'exploitation. Donc, je voulais
juste avoir votre avis, ce n'était pas du tout une question piège. Est-ce
que... Selon vous, en regardant le projet de loi dans son ensemble, est-ce que
vous trouvez... est-ce qu'il y a des angles morts ou est-ce qu'il y a des
sujets que vous auriez aimé voir traités dans le projet de loi?
M. Voghel (Merlin) : Il y a
cette question-là que j'ai déjà abordée, mais qui mérite d'être mise sur la
table à nouveau, le fait de procéder par règlement, pour certains principes,
plutôt que dans la loi. Je me permets d'exprimer cette opinion, là, à l'effet
que c'est possiblement une question de structure de la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui est quand même, maintenant, tentaculaire, dans une
certaine mesure, là, c'est-à-dire qu'on légifère beaucoup par réglementation,
parce qu'elle est ainsi faite. Est-ce que c'est un bon réflexe? Est-ce que ça
méritera, éventuellement, d'être réfléchi? Il ne m'appartient pas de le dire
aujourd'hui.
Ceci étant, ça emporte certaines
implications en termes de garantie démocratique, assurément, et sans reproches
pour un gouvernement ou l'autre. Mais il y a des implications en termes de
révision, de participation démocratique à la révision de nos lois
environnementales, qui méritent, éventuellement, d'être questionnées. C'est
peut-être le seul angle, là, qui mériterait d'être soulevé à nouveau, et je
vous remercie de l'opportunité de le faire.
Mme McGraw : Alors, peut-être
une dernière question : Est-ce que vous avez d'autres... Là, on a regardé
les recommandations, cinq recommandations. Est-ce qu'il y aurait un aspect, un
élément sur lequel vous voulez élaborer, avec le temps qui reste, ou souligner?
M. Voghel (Merlin) : Non, je
vous remercie. Je pense que ça couvrait l'ensemble des sujets que je souhaitais
aborder. Je vous remercie.
Mme McGraw : Merci, Me
Voghel.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Jacques) : 3 min 42 s,
mais ça va être ajusté.
Mme Zaga Mendez : O.K. Merci
beaucoup pour votre présentation, Me Voghel. Et j'aimerais vous entendre un peu
plus sur votre première recommandation, on n'a pas eu le temps d'élaborer. Je
la trouve très, très intéressante. Alors, je vous demanderais d'élaborer un
petit peu plus et peut-être nous donner des exemples d'autres juridictions qui
appliquent ce principe-là d'utiliser les fonds de pénalités pécuniaires pour
des fonds de préservation.
M. Voghel (Merlin) : Certainement.
Merci de l'opportunité, d'ailleurs, d'élaborer sur cette...
M. Voghel (Merlin) : ...cet
aspect-là, que je n'ai pas pu aborder dans ma présentation. Bien, la
proposition, elle est somme toute assez simple. Vous n'êtes pas sans savoir
qu'au Québec, lorsque des sanctions administratives ou des amendes pénales,
minimalement, là, sont perçues, ces fonds-là sont versés au fonds consolidé du
revenu en vertu de l'article, notamment, 318 du Code de procédure pénale. Donc,
pour le CQDE, il serait important que les sanctions administratives et les
amendes pénales perçues en application des deux règlements sur les redevances
et sur les déclarations soient versées au Fonds bleu.
Pourquoi une exception à un principe si
bien établi? Simplement parce que, lorsqu'on observe les omissions ou les actes
qui sont visés par ces sanctions pénales là ou... ces sanctions
administratives, pardon, et ces amendes pénales là aux deux règlements, ce
qu'on constate, c'est que ce sont des actes ou des omissions qui s'intéressent
uniquement, si ce n'est exclusivement, à des... - donnez-moi un petit instant,
je retourne à mes notes - à des rapports qui seraient faussés, en matière de
tenue de registres sur les volumes d'eau prélevés, par exemple, ou aux
prélèvements qui seraient réellement effectués, ou encore sur des omissions de
consigner ou d'évaluer avec adéquation les redevances qui devraient être
payées, ou encore une omission d'être doté d'un équipement de mesure qui est
conforme et fonctionnel. Donc, toutes ces infractions-là ou ces actes et
omissions-là, ce qu'elles ont, c'est un lien direct avec les ressources en eau,
c'est-à-dire une utilisation de l'eau qui est non conforme. Pourquoi? Parce que
mal déclarée.
Donc, c'est dans cet esprit-là que le CQDE
observe l'objet du Fonds bleu. Quel est-il? Lorsqu'on retourne directement aux
dispositions, c'est d'assurer la protection, la restauration, la mise en valeur
et la gestion de l'eau. Or, lorsqu'on est face à un préjudice qu'on peut soupçonner
en raison de la nature de l'acte ou de l'omission qui est posée, n'est-il pas
normal que la somme perçue vienne contribuer à réparer ce préjudice-là pour le
bien commun qui est l'eau? C'est un peu dans cet esprit-là que le CQDE vous
soumet la recommandation n° 1 dans son mémoire.
Ceci étant, vous me posiez la question à
savoir : Est-ce que j'ai des exemples dans d'autres juridictions de façons
de fonctionner de la sorte? Malheureusement, je n'en ai pas à proposer
aujourd'hui. Si vous m'en donnez le mandat, il me fera plaisir de faire la
vérification. Mais je n'ai pas fait la vérification à savoir des comparatifs.
Pourquoi? Parce que ça nous apparaissait naturel et être conforme à l'intention
aussi du projet de loi n° 20, c'est-à-dire créer un fonds qui vise à
protéger l'eau puis assurer sa restauration lorsque c'est nécessaire.
Mme Zaga Mendez : Merci pour
cette réponse assez complète. Donc, ce que je comprends, c'est : c'est une
exception. Alors, je ne sais pas si vous avez... ou on peut discuter ailleurs
sur des exemples de ce type d'exception là dans les lois québécoises.
Et je voulais votre avis sur une
discussion qu'on a eue tantôt avec les municipalités, puis vous nous direz, là,
si vous êtes en mesure de répondre à notre question aujourd'hui, sur
l'abrogation de l'article 118.3.3 dans la Loi de la qualité de
l'environnement, que... Entre autres, on a une discussion sur donner plus de
pouvoirs puis respecter le principe de subsidiarité envers les municipalités.
Je ne sais pas si vous en aviez... avez un avis sur cette question-là.
M. Voghel (Merlin) : Vous me
parlez de... J'ai mal saisi, vous me pardonnerez, ça a coupé un petit peu. Là,
vous m'avez dit 118.3.3, mais de quel texte?
Mme Zaga Mendez : Ah! De la
Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Voghel (Merlin) : Donnez-moi
juste un petit moment, je vais regarder rapidement.
Mme Zaga Mendez : On attend.
• (16 h 50) •
M. Voghel (Merlin) : Mais je
vous avoue que, de mémoire, là, je n'ai pas d'information sur cette question-là
elle-même.
Mme Zaga Mendez : Il n'y a
aucun problème. Ça faisait peut-être un peu le lien avec la question précédente
de ma collègue sur une modulation des redevances selon les caractéristiques
régionales. Est-ce que vous vous êtes penché sur cette question-là, ou de voir
par exemple comment on peut inclure des caractéristiques de certains bassins
versants, sur la question de la rareté, par exemple, ou d'autres facteurs?
Juste vous entendre, votre avis général là-dessus.
M. Voghel (Merlin) : Assurément.
Vous savez, lorsqu'on recommande d'assujettir le fonds à la compétence de la
commission au développement durable, un des aspects qu'on trouve intéressants,
c'est de s'assurer que les fonds ou les mesures déployées en vertu du Fonds
bleu viennent répondre aux besoins des ressources qui sont affectées notamment
par les prélèvements, dans une forme d'équité. Donc, si on vient financer des
programmes de soutien à la préservation de l'eau, est-ce qu'on ne devrait pas
s'assurer qu'il y a une certaine adéquation, pour qu'on vienne aussi
répondre...
M. Voghel (Merlin) : ...aux
besoins des régions qui ont été affectées par les prélèvements en question.
C'est peut-être, justement, une des dimensions qui vient à être intéressante
avec la compétence, l'expertise de la Commissaire au développement. Ensuite de
cela, ça relève davantage, là, de l'application d'une norme, à savoir comment
seront employés les fonds disponibles au Fonds bleu pour répondre aux besoins
des différentes régions.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie pour vos réponses. Je pense qu'il nous reste...
Le Président (M. Jacques) : Une
minute 30.
Mme Zaga Mendez : 1 min 30 s.
Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose d'autre à la...
M. Voghel (Merlin) : Peut-être
un petit élément. Sur votre question, juste avant, sur l'article 318 du
code de procédure pénale, les sanctions administratives, les amendes pénales.
Vous me demandiez : Est-ce qu'on a d'autres exemples? Non. Par contre, je
tenais à porter à votre attention que l'article 318 prévoit explicitement
la possibilité de déroger à cette disposition-là, donc commence en indiquant
"sauf indication contraire", si ma mémoire est juste, là, ce sont les
termes précis de la disposition. Donc, cette possibilité, elle est prévue, elle
existe.
Mme Zaga Mendez : Bien, merci,
ça veut dire qu'il y a une porte ouverte à ça dans la loi. Bien, merci. Je vous
remercie pour votre présentation et vos réponses.
M. Voghel (Merlin) : Merci à
vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci
pour votre contribution aux travaux de la commission. Je suspends les travaux
quelques minutes pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Je
souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil de l'industrie forestière du
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Samray (Jean-François) : Oui,
M. le Président, merci beaucoup. Merci à tous les membres de la commission
d'être présents. Mon nom est Jean-François Samray, je suis le P.D.G. du Conseil
de l'industrie forestière du Québec. Le conseil est le principal porte-parole
industrie et représente les intérêts des entreprises de sciage résineux,
feuillus, de déroulage, de pâtes et papiers, de cartons et panneaux, fabricants
de bois d'ingénierie et les entreprises de biens et services qui les
supportent.
Donc, je suis accompagné aujourd'hui de
Rachel Thibeault, qui est directrice adjointe environnement au CIFQ, de M. Léon
Marineau, qui est vice-président environnement chez Cascades, ainsi que M. Sylvain
Girard, qui est vice-président et directeur général chez Papiers White Birch.
Donc, d'entrée de jeu, le CIFQ tient à
saluer l'initiative du gouvernement de proposer l'instauration du fonds bleu.
L'eau a une grande valeur et doit être utilisée judicieusement et protégée.
Nous comprenons que ce fonds sera alimenté à même la redevance sur l'eau, dont
les montants seront établis par une modification des règlements existants.
D'autres sommes, provenant notamment des crédits alloués par le gouvernement, alimenteront
aussi le fonds bleu, comme l'a annoncé le gouvernement.
Ceci étant, le CIFQ ne peut dissocier le
projet de loi du Règlement sur la redevance exigible pour l'eau et pour
l'utilisation de l'eau publié le 12 avril dernier. C'est pourquoi les commentaires
que nous formulerons aujourd'hui et que nous avons formulés dans notre mémoire
intègrent les effets de la hausse annoncée des redevances dans ce règlement.
Donc, allons-y avec l'industrie forestière
et la consommation d'eau. L'eau est une composante essentielle de la
fabrication des pâtes, papiers et cartons. La quantité d'eau requise pour la
fabrication a considérablement diminué au cours des 40 dernières années,
essentiellement en raison de la recirculation dans les différentes étapes des
procédés de fabrication. Bien que la quantité d'eau utilisée pour produire le
papier, le carton et les pâtes varie d'une usine à l'autre, notamment en
fonction des procédés de fabrication, la tendance générale est résolument à la
baisse. Entre 1981 et 2020, il y a eu une baisse de 67 % de la quantité
totale d'eau utilisée. En 2010, un rapport intitulé Évaluation des rejets
d'eaux usées des usines de pâtes et papiers du Québec en fonction du milieu
récepteur du ministère de l'Environnement mentionnait que «le secteur des pâtes
et papiers a su relever le défi de normes réglementaires de plus en plus
exigeantes et, de façon générale, a poursuivi ses efforts pour atteindre des
niveaux de rejets bien en dessous de ces normes réglementaires. Aujourd'hui, ce
secteur peut être considéré à plusieurs égards comme un pionnier dans
l'adoption de bonnes pratiques environnementales». En matière d'eau consommée,
selon l'analyse d'impact réglementaire déposée en soutien de la modification du
règlement relatif aux redevances, ce sont quelque 335 entreprises qui paient
actuellement des redevances. En 2021, le secteur papetier représentait
32 % des sommes versées.
• (17 heures) •
Selon la projection de 2025 dans le
document, le secteur papetier assumerait 41 % des redevances, soit
44 % du volume déclaré. Ce faisant, le secteur de la fabrication du papier
serait le plus grand contributeur aux redevances des secteurs industriels
visés. Nous tenons à rappeler que les usines de pâtes et papiers du Québec
retournent la quasi-totalité de l'eau aux cours d'eau après traitement. En
effet, c'est plus de 90 % de l'eau prélevée de ces usines qui est
retournée aux cours d'eau après avoir fait l'objet d'un traitement primaire,
secondaire, en respectant les objectifs environnementaux de rejet basés sur les
critères de qualité de l'eau de surface et les normes en vigueur.
C'est pourquoi le CIFQ, dès les débuts de
la réflexion gouvernementale concernant la protection des ressources d'eau,
recommandait et recommande toujours une approche basée sur la consommation
réelle d'eau, eau prélevée moins eau rejetée, plutôt que sur la quantité d'eau
utilisée. Voilà. Donc, la hausse drastique et les...
17 h (version non révisée)
M. Samray (Jean-François) : ...des
effets cumulatifs.
Maintenant, pour le secteur des pâtes et
papiers, c'est une hausse, cette hausse du taux de redevances de 1 400 %
dès 2024, qui est proposée par le projet de règlement déposé par le
gouvernement. Cette augmentation aura un impact de 11,2 millions dès 2024
et l'analyse d'impact réglementaire du projet fait état de 83 millions sur
sept ans. Il s'agit d'une hausse drastique et rapide qui aura un impact
financier important pour les usines papetières et leur compétitivité. C'est
pourquoi nous recommandons une hausse plus progressive afin de notamment donner
le temps nécessaire aux usines de rechercher et de mettre en place des
solutions réalistes sur le plan technico-économique pour améliorer les usages de
l'eau. Et là-dessus, mes collègues se feront un plaisir de vous partager leur
réalité.
De plus, les actions requises pour
diminuer davantage des quantités d'eau utilisées pour la fabrication des pâtes
et papiers requerront des investissements importants. C'est pourquoi nous
recommandons également qu'une partie du montant de redevances soit rendue
disponible pour les entreprises assujetties afin d'appuyer des projets de
réduction des prélèvements.
À cette hausse drastique s'ajoutent
plusieurs initiatives gouvernementales portant sur l'énergie et l'environnement
qui ont entraîné et entraîneront des coûts additionnels aux entreprises du
secteur forestier. Pensons notamment à la hausse des tarifs d'électricité de
6,4 % pour les tarifs G et M et 4,2 % pour le tarif L, la
modification du système de plafonnement et d'échange des droits d'émission pour
la période 2024-2030, le règlement sur l'intégration du contenu à faible
intensité carbone dans l'essence et le diesel. Cela sans compter les coûts d'acquisition
de la matière ligneuse qui a crû à une vitesse dépassant largement l'inflation,
qui a généralement grimpé jusqu'à environ 8 % dans l'ensemble de l'économie,
alors que les coûts reliés à la récolte de bois ont affiché des hausses de plus
de 20 % en 2021-2022. C'est pourquoi nous considérons essentiel de tenir
compte de l'enjeu de l'effet cumulatif des mesures adoptées par le législateur
afin d'éviter d'affecter la compétitivité des entreprises de notre secteur et
fragiliser... fragiliser leur croissance.
Finalement, Ontario et le transfert des
coûts associés à la redevance de l'eau. Rappelons que le système de redevances
de l'eau de l'Ontario, souvent comparé à celui du Québec, ne s'applique pas aux
usines de pâtes et papiers et de produits du bois dans cette province. Le CIFQ
recommande donc au législateur québécois d'avoir une approche similaire à celle
de l'Ontario en cette matière afin de conserver la compétitivité du secteur
forestier.
Rappelons finalement qu'alors que certains
secteurs d'activité auront la possibilité d'augmenter le prix de leurs biens et
services pour transférer aux consommateurs une part de la hausse des
redevances, les coûts reliés à la hausse de 83 millions sur sept ans pour
le secteur des pâtes et papier ne pourront être transférés aux consommateurs,
étant donné la structure industrielle du secteur forestier, dont le prix des
produits demeure toujours le reflet de l'offre et de la demande sur l'échelle
mondiale. Il s'agit selon nous d'un élément non négligeable pour le
législateur, et le législateur devrait tenir compte dans ses décisions à l'égard
du projet de loi n° 20, mais également dans différents règlements qu'il serait
appelé à modifier au cours des prochaines semaines et qui auront certainement
un impact important sur la compétitivité des entreprises du secteur forestier,
des pâtes et papiers. M. le Président, je vous remercie. Et nous sommes là pour
éclairer la commission et répondre aux questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
pour une période d'échanges de 16 min 30 s
M. Charette : Merci
beaucoup, M. le Président. Vous quatre, merci d'être avec nous cet après-midi.
Vous disiez d'entrée de jeu que votre industrie a fait de grands efforts au
cours des dernières années pour diminuer son utilisation de l'eau. C'est
certainement exact, et on vous en remercie. Mais en même temps, vous
conviendrez sans doute qu'on peut faire encore... encore mieux. Et je comprends
fort bien que ce n'est jamais agréable de se faire proposer des augmentations
de tarifs, qu'on soit une entreprise, qu'on soit un individu. Enfin, en même
temps, il faut voir la finalité de ces... de ces nouveaux tarifs.
Vous conviendrez qu'à 2,50 $ le
million de litres, c'est donné. C'est un prix qui ne fait pas de sens. C'est un
prix qui n'a pas été rehaussé, là, depuis plusieurs années. Et 1 million
de litres, on perd souvent la mesure de ce que c'est. C'est énorme. 1 million
de litres, c'est la consommation en eau de 4 000 personnes par jour
notamment. Donc 2,50 $ pour une quantité d'eau aussi importante, c'est
complètement dépassé. Donc, dans votre cas, il y a deux tarifs. Dans votre cas,
vous avez le tarif le plus bas. C'est déjà...
M. Charette : ...et ce sera
toujours le cas avec la hausse qui est proposée, on passe de 2,50 $ à
35 $, essentiellement, et même à 35 $ le million de litres, c'est
quand même une ressource qui ne vous appartient pas, hein? C'est l'esprit même
de la loi. L'eau n'appartient pas à des individus, n'appartient pas à des
entreprises. C'est une ressource qui est collective. Donc, pour une ressource
qui est collective, à 35 $ le million de litres, ça demeure tout à fait
justifiable.
Maintenant, vous dites : Il faudrait
ne pas assujettir les entreprises de pâtes et papiers. Déjà, là, on ne peut
pas, on ne reculera pas, on ne reculera pas là-dessus. Vous êtes déjà
assujettis depuis plusieurs années, donc on ne retire pas de groupes qui
étaient déjà assujettis. Et vous nous demandez de considérer uniquement l'eau
qui est réellement captée et non pas l'eau qui est rejetée. Ça non plus, on ne
peut pas, pour des raisons évidentes, à partir du moment où vous utilisez cette
eau-là, vous l'altérez en partie à travers différents additifs qui peuvent être
ajoutés à l'eau. Donc, l'eau que vous retournez n'est pas dans l'état qu'elle
était initialement, donc il faut considérer également cet élément-là. Donc,
dans les deux cas, j'aime mieux être transparent pour vous... avec vous, on ne
peut pas ne pas vous assujettir, vous l'êtes déjà, et on ne peut pas considérer
uniquement l'eau qui est captée par rapport à tout ce qui a été utilisé au
final. C'est des questions d'équité et il faut que vous preniez conscience que
l'eau que vous utilisez et que vous rejetez n'est pas la même eau qui a été au
départ captée. Donc, c'est des principes, là, pour lesquels on doit convenir,
là, que c'est une simple forme d'équité.
Maintenant, vous parlez de circulation, de
recirculation. Je serais très intéressé à vous entendre davantage là-dessus
parce qu'effectivement vous n'intégrez pas une partie... une grande partie de
l'eau que vous utilisez. Vous l'utilisez à des fins de procédé, oui, mais sans
la... sans l'intégrer dans vos produits pour l'essentiel. Quels sont les efforts
qui ont été faits au cours des dernières années pour augmenter cette
recirculation-là et dans quelles mesures on pourrait en faire davantage
d'efforts à ce niveau?
• (17 h 10) •
M. Samray (Jean-François) : Oui,
bien, écoutez, merci, M. le ministre pour les éclaircissements. On convient, le
CIFQ convient avec vous que l'eau est une ressource publique qui...
c'est-à-dire qui appartient à tous les citoyens, pas plus à un qu'à l'autre, et
nous en convenons. Je pense que derrière ça, à titre de citoyen corporatif, les
membres du CIFQ, principalement les usines de pâtes et papiers et de carton
font leur part. L'eau n'est pas gratuite. Elle entraîne un coût de par leur
utilisation, le pompage, les traitements qui sont faits. Et je pense que le
schéma dans les graphiques à notre mémoire à la page quatre démontre ce qui a
été réalisé... ça, je pense que ce qu'il faut retenir, ce n'est pas le prix,
mais bien le choc tarifaire, 1 400 % d'un coup, c'est quand même nettement
considérable, vous en conviendrez de votre côté avec nous aussi. Donc, je vais
laisser mes collègues amener des éclaircissements. Comment ont-ils réussi à
faire cette baisse de 68 %, 67 %, 68 % au cours des... depuis
1980? Donc Messieurs Marineau ou Girard, si vous pouviez donner des exemples de
cette réalité que vous avez réalisée... ouvrir votre micro.
M. Marineau (Léon) : Premièrement,
dans l'industrie, il y a plusieurs types de production, donc plusieurs types
d'usines, et donc la réalité, en fait, entre chacune des usines est... peut
être très différente. Mais oui, l'industrie a besoin d'une grande quantité
d'eau et selon le type de procédé, on peut plus ou moins fermer les boucles
d'eau. Pour imager, je pense quand même clairement ce que l'on fait chez nous,
par exemple, chez Cascades, on réutilise la même goutte d'eau entre 10 et 20
fois avant, donc, de la rejeter au cours d'eau. Donc, quand... c'est une image
globale. Mais, si on prend la quantité d'eau qui rentre à la machine à papier
versus l'affluent final, c'est qu'on la réutilise 10 à 20 fois. Donc,
déjà, il y a des efforts importants de faits, de réutilisation d'eau. Puis
c'est dans l'intérêt de l'industrie de le faire pour deux raisons,
consommation... réduction d'énergie parce qu'on travaille au niveau de la l'eau
qui est plus chaude que l'eau du cours d'eau, et aussi une meilleure
récupération de la fibre. Donc...
M. Marineau (Léon) : ...des
incitatifs à réduire nos consommations d'eau. Et c'est pour ça que sans
redevances... Ça fait bien des années qu'on travaille à réduire les consommations
d'eau, mais comme tout bon procédé, c'est sûr qu'il y a une limite. Il y a une
limite physique, à un moment donné, à pouvoir réutiliser tout le temps la même
eau, puisque, effectivement, vous l'avez mentionné, on altère l'eau et donc, à
un moment donné, il faut procéder au traitement et sa disposition.
Donc, ça fait longtemps chez nous qu'on
fait des programmes de réduction de consommation d'eau à travers des moyens
technologiques. Dans une usine de pâte à papier, il y a des centaines et des centaines
de mètres de tuyauterie de toutes sortes de types d'eau. Et donc, quand on
parle de réduction de consommation d'eau, ça demande... ce sont des projets qui
sont importants en capital, parce que ce n'est pas de fermer une valve, mais
c'est de rediriger des eaux à d'autres endroits et tout, donc c'est
d'intervenir dans le procédé. Et pour reprendre un commentaire qui a été fait
sur la disponibilité du fonds bleu, bien, si on veut que l'industrie continue à
s'améliorer, je crois que ça va passer par des projets d'investissements. Et si
on peut avoir accès à une partie des fonds qu'on va avoir fourni, bien, ça va
nous aider à faire une certaine transformation. Parce que ce n'est pas... il y
a peu d'eau qui est gaspillée et pour la réutiliser davantage, ça passe par des
projets d'investissements.
M. Charette : Ces
investissements-là seraient effectivement bienvenus. Et déjà je salue toute
l'innovation, là, que l'on retrouve chez Cascades, pour avoir visité déjà vos
installations. Vous êtes certainement un leader en la matière, mais,
malheureusement, tous les joueurs de l'industrie ne sont pas à la même place et
n'ont pas eu les mêmes réflexes au cours des dernières années.
Donc, c'est certainement une industrie qui
peut continuer à s'améliorer à ce niveau-là. Vous parliez d'eau qui est captée,
d'une eau qui est traitée avant d'être jetée. Une fois traitée, vous
conviendrez avec moi qu'il reste encore des contaminants, ce n'est pas une
eau... oui, des contaminants qui sont conformes à la réglementation, j'en
conviens. Mais vous admettrez que l'eau qui est rejetée n'est pas une eau qui
est pure comme elle pouvait l'être au moment, là, de sa captation.
M. Marineau (Léon) : Je vais
laisser Sylvain prendre la parole peut-être.
M. Girard (Sylvain) : Bien,
effectivement... Le micro est ouvert, oui. Effectivement, il reste des sels
dans l'eau, la dureté est différente, la conductivité est différente. On
respecte l'ensemble des normes, fédérales, provinciales, mais ce n'est pas une
eau qui est potable. Comme l'eau quand on la prélève dans la rivière, bien,
elle n'est pas potable non plus. On doit la nettoyer pour être capable d'opérer
et produire du papier avec cette eau-là. Bien, effectivement, après le
traitement secondaire, on a réoxygéné... C'est une eau de qualité, mais ce
n'est pas de l'eau potable, effectivement.
Je reviendrais un petit peu sur les
explications que monsieur Marineau a données tantôt. Effectivement, au
niveau... concernant les efforts, c'est sûr que c'est différent pour chacune
des usines. Quand on regarde la courbe, là, qui est mentionnée dans le dépôt à
la page quatre, on voit une baisse qui est quand même constante et elle est
assez abrupte jusqu'à... ou autour des années 95. C'est l'année où on a
fait les traitements secondaires dans les usines. Ça fait qu'il y a des
décisions stratégiques qui sont prises à ce moment-là. Ça fait qu'il y a des
stratégies qui ont été prises dans différentes usines, puis c'est à peu près là
qu'on a gelé les concepts, puis maintenant on travaille pour s'améliorer. Mais
on vit aussi avec ces grandes orientations là, qui ont été données dans le
temps. Ça fait que, quand on arrive pour modifier pour s'améliorer, c'est là
qu'on tombe dans la tuyauterie, on tombe dans les travaux civils, les caniveaux,
les... pour faire de la recirculation. Ce n'est pas qu'on ne peut pas
s'améliorer, mais ça explique souvent l'écart qu'il peut y avoir entre
différentes usines.
En ce qui nous concerne des efforts, il y
en a eu de fait pour réduire la consommation. On a des groupes de travail qu'on
fait avec les employés. On l'a fait dans nos usines à différentes périodes pour
sauver de l'eau et aussi sauver de l'énergie, parce que c'est intimement lié.
Puis il y a des activités qui étaient faites pour aller chercher les projets ou
les modifications... je vous dirais, avec des coûts qui sont quand même
raisonnables. Ça fait que, ça, ça s'est fait au cours des dernières années.
Pour aller plus loin, maintenant, bien, ce
qu'il faudrait faire, c'est mettre des tours de refroidissement, parce que plus
on va recirculer et plus on va remonter la température de l'effluent, et là on
va devoir installer des échangeurs de chaleur ou installer des tours de
refroidissement. Parce que des échangeurs de chaleur, c'est haut, on reste
toujours dans le même dilemme.
Donc, ça prend des tours de
refroidissement, ça prend d'autres systèmes pour être capable de baisser les
températures pour réduire... et réduire les consommations à l'intérieur de...
Et ça demande des investissements qui sont... je vous dirais, qui sont majeurs.
Je ne dis pas que c'est impossible. Je ne dis pas que ça ne se fait pas, mais
c'est quand même des investissements qui sont majeurs.
M. Samray (Jean-François) : Donc,
sur cette base, M. le ministre, on comprend que le principe de l'utilisateur
payeur est à la base du projet de loi. Mais peut être que...
M. Samray (Jean-François) : ...ce
que les membres du CFIQ vous disent, c'est que, pour réaliser les
investissements à venir, y inclure également le principe du payeur utilisateur
du Fonds bleu pourrait être une bonne idée.
M. Charette : Là-dessus, on
aura l'occasion d'aborder la question au moment de l'étude article par article.
Mais le projet de loi rend possible une aide, mais l'aide, comme on la perçoit,
comme on la conçoit à ce moment-ci, l'aide ne pourra jamais excéder le prix de
la redevance payée. Donc, si jamais une entreprise investit x montant mais que
la redevance payée au fil des années aura été de x, ça ne pourra jamais excéder
le fruit de sa propre redevance. Donc, ça, c'est quelque chose qui est
envisagé, parce que le but du projet de loi, je le réitère, ce n'est pas
d'engranger de l'argent, c'est de préserver la ressource et de favoriser des
changements de comportement. Donc, la possibilité, elle est prévue dans le
projet de loi. Reste à voir les programmes qui pourront être mis en place. Mais
déjà réitérer une chose : ça ne pourra jamais excéder le prix qu'une
entreprise en particulier aura payé à travers sa redevance.
J'ai des collègues qui veulent intervenir.
Le temps est malheureusement limité. Et, vu que vous êtes à distance, déjà je
vous remercie, là, pour votre présence cet après-midi, étant donné que je
n'aurai pas l'occasion d'aller vous serrer la main. Donc, merci d'être avec nous
cet après-midi.
Des voix : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Masson pour une
période de trois minutes 30.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous tous. Alors, j'ai bien lu votre mémoire puis j'ai
bien compris aussi que vous mentionnez subir l'impact cumulatif, là, des
différentes réglementations, là, ne serait-ce que l'augmentation des tarifs
d'Hydro-Québec, là, vous avez mentionné le tarif LG M. Vous avez mentionné
aussi que, malgré que l'inflation soit de 8 %, là, votre industrie a des
impacts plutôt de l'ordre de 20 % et que, tu sais, vous demandez qu'on ne
considère pas de façon isolée les éléments des différentes réglementations, ça,
je l'ai bien compris. Vous avez aussi mentionné que votre principe de... tu
sais, vous faites un prélèvement mais que vous en utilisez une certaine
quantité puis vous en retournez. Donc, ce que j'ai pu comprendre aussi, que
c'était juste 10 % que vous retournez, donc, tu sais... en fait... en
fait, c'est... Allez-y, madame, vous semblez...
M. Samray (Jean-François) : Bien,
en fait, sur 100 % qui est prélevé, 90 % est retourné, et il n'y a
que 10 % qui est consommé. Et cette consommation-là, la majeure partie,
là, je vous dirais, est perdue dans le séchoir, où, là, il y a évaporation de
l'eau. On sèche la feuille de papier qui arrive très... à environ 98 %
humide et qui est donc séchée.
• (17 h 20) •
M. Lemay : O.K. Parfait. Puis
la question, c'est, en fait... puis le ministre vient de l'aborder dans la
question précédente, concernant, là, les redevances qui sont payées versus des
projets pour justement réduire les prélèvements. Est-ce que vous avez déjà fait
une analyse d'impacts financiers sur comment ça peut coûter, par exemple, pour
être en circuit fermé, tu sais, versus le... Est-ce que ça serait excédentaire
au montant de redevance? Est-ce que c'est quelque chose que vous avez déjà
évalué? Je comprends qu'on doit mettre des mesures supplémentaires puis avoir
les évaporateurs, mais... En fait, tu sais, pour essayer d'être le plus
possible en circuit fermé, est-ce qu'on... Malgré le fait que vous avez déjà
fait beaucoup d'efforts, là, on l'a vu dans votre... dans votre mémoire, est-ce
que c'est possible éventuellement d'arriver en circuit fermé ou ça ne sera
jamais... ça ne sera jamais possible à cause la perte que vous avez en
condensation?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais, il faut comprendre à quoi sert l'eau, hein, dans une papetière
ou une cartonnerie. L'eau sert à deux choses : répondre à des besoins
d'échanges thermiques, donc en thermodynamique, puis elle sert de vecteur à
prendre une fibre de bois qui est sur un copeau et aller la déposer sur un lit
de feutre où on va avoir une feuille uniforme. Et ça, il n'y a pas vraiment une
usine qui a la même technologie, qui a la même... qui produit le même... le
même produit. Donc, une usine générique, ça n'existe pas. Il faudrait le faire
usine par usine.
Donc, je vais laisser à Monsieur Marineau
ou Girard à l'effet de dire est-ce que, chez eux, ils l'ont calculé ou est-ce
que c'est quelque chose qui pourrait être calculé.
M. Marineau (Léon) : Oui,
bien, de notre côté, on est déjà en circuits d'eau relativement fermés. Donc,
c'est sûr que, nous, pour aller plus loin, donc, c'est plus difficile. Mais,
pour vous... répondre à votre question concernant l'augmentation des redevances
anticipées, là, selon le facteur de 14 fois, ça représente peut-être 1 %
des investissements qu'on devrait faire. Sans compter que, plus que la valeur
de l'augmentation de la redevance, on aurait des coûts d'opération encore plus
importants. Donc, juste les coûts d'opération seraient plus importants que la
redevance. Puis je ne calcule même...
M. Marineau (Léon) : ...les
coûts d'investissement, qui seraient au moins 100 fois plus importants. Donc,
il n'y a pas de...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine les interventions avec le gouvernement, avec la partie
gouvernementale. Je cède maintenant la parole à l'opposition officielle, à Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour temps de parole de 12 mins 23 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci à vous, messieurs et madame, d'être avec nous aujourd'hui.
Alors, je voudrais rentrer un peu dans le concret. Vous avez parlé des impacts
anticipés du projet de loi n° 20 sur les entreprises, sur votre industrie, sur
leur secteur et sur la compétitivité. Alors, j'inviterais de parler un peu plus
du concret au niveau des membres qui sont peut-être des PME. Est-ce que vous
pouvez nous en discuter et nous en parler, l'impact sur les PME? Ou est-ce que
c'est plutôt juste des grandes entreprises qui sont membres?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, on a des PME qui sont membres chez nous, mais les principaux impactés
sont les usines de pâtes, papier, de carton. Et ça, pour faire une telle usine,
c'est dur d'être une PME, quand il faut lever environ 1 milliard pour
construire une usine, donc. Mais l'additionalité, l'impact de l'ensemble des
réglementations qui s'ajoutent puis de l'ajustement des tarifs, ça, ça touche
autant les grandes que les petites entreprises qui viennent les supporter. Mais
chose certaine, comme MM. Marineau et Girard l'ont mentionné, si, pour
recirculer moins d'eau, il faut installer des échangeurs thermiques pour
utiliser de l'électricité pour refroidir l'eau, ce qu'on gagne d'un côté avec
l'eau, on le perd de l'autre côté avec l'électricité. Et ce qu'on comprend,
c'est que l'électricité n'est pas une ressource qui est indéfinie. Donc, il y a
un projet de loi qui va être déposé, il y a une consultation qui va se faire à
ce sujet, mais ça aussi, ça va avoir un impact. Donc, il y a des choix
stratégiques à faire là-dessus.
Mme McGraw : Merci. Et je
retiens ce que le ministre avait dit, qu'on ne va pas reculer, on ne va pas
aller en arrière et que, justement, on comprend que le Québec, à date, a été,
dans le monde... au Canada, mais dans le monde entier, on est un peu en
arrière. Par contre, on comprend, donc, on pense que le projet de loi, c'est un
pas important vers l'avant, mais on comprend qu'il y a des impacts sur des
secteurs et des industries importantes au Québec.
Alors, je vous inviterais... Lorsqu'on va
regarder, on va passer en étude détaillée, est-ce qu'il y aurait des éléments
particuliers que vous voudriez souligner, par exemple, des outils qui seraient
nécessaires pour faire face à l'application de cette loi éventuelle? Donc,
est-ce que vous avez des précisions, lorsqu'on va rentrer en étude détaillée,
pour qu'on puisse prendre en considération...
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je vous dirais, je pense que peut-être... Oui. Je vous dirais que, tel qu'on
l'a mentionné tout à l'heure à la question du ministre, je pense que le
principe d'utilisateur-payeur est là pour le prélèvement de l'eau, mais, avec
43 % des fonds qui vont venir de l'industrie, d'avoir... d'enchâsser dans
la loi également le principe du payeur-utilisateur du fonds bleu, parce que si
c'est ce secteur qu'on a ciblé pour faire le plus grand pas en avant, malgré le
fait qu'il en a fait déjà 67 %, de pas en avant, si on veut lui demander
de faire le prochain pas, bien, ça va prendre, à quelque part, de la
capitalisation. Là-dessus, je pense que M. Girard voulait ajouter des choses.
M. Girard (Sylvain) : Peut-être
pour rendre ça un peu plus concret... trois usines, l'augmentation de
1 400 %, ça représente 1,2 million par année. Pour l'usine de Québec, ça
représente une augmentation de 855 000$. Ça veut dire que l'année prochaine,
janvier, donc, ce qu'on aurait à payer en 2025 pour l'année 2024 représenterait
925 000 $. C'est quand même majeur. Et puis, avec la majoration de
3 % par année, ça veut dire... comptez, trois ans plus tard, on va être
rendu à 1 million de redevances. Ça fait que c'est ça, l'impact qu'on a.
Disons que ça fait quelques semaines qu'on
sait, et, si ça, ça rentre en force en 2024, disons que ça ne donne pas de
temps pour s'adapter, pas de temps pour s'ajuster, et on a besoin de temps pour
faire des investissements, se préparer pour réduire l'impact de cette taxe-là.
Ça fait qu'une chose : ça prendrait du temps.
Et puis j'entendais aussi le ministre
tantôt parler d'un concept où ceux qui paient plus, bien, pourraient avoir
accès à davantage de fonds. Donc, c'est un peu le principe d'assignation qu'on
a au niveau des GES. Bien, ça pourrait être quelque chose... C'est intéressant,
ça, d'avoir accès à des fonds. Je comprends, pas plus que le montant que tu
peux avoir versé ou une certaine portion, mais ça pourrait aider. Mais ce qu'on
a besoin, d'abord et avant tout, là, c'est du temps et de l'aide pour être
capable de faire les changements parce que...
M. Girard (Sylvain) : ...comme
j'expliquais aussi tantôt, depuis 1997, on vit avec un bagage génétique, avec
des décisions stratégiques qui ont été prises. Puis là pour changer ça, ça va
prendre des investissements majeurs, puis majeurs dans le sens, c'est des tours
de refroidissement, c'est des réseaux de tuyauterie, c'est des canaux, c'est
des... c'est des presses de lavage pour faire des séparations entre les
départements de pâte, les plateaux techniques, mais en... puis les machines à
papier, pour être sûr de ne pas contaminer des eaux, puis récupérer au maximum.
Ça fait qu'en gros, c'est ce que ça représente comme effort.
Mme McGraw : Merci. Je pense
que c'est un portrait très clair. Là, vous avez aussi parlé d'investissement
puis d'innovation, le secteur a beaucoup évolué pendant les 40, les
40 années, depuis 40 ans, je devrais dire, alors qu'est-ce que vous
envisagez dans les prochaines 40 années, est-ce que vous pouvez nous
parler de ce qu'il y a à venir en termes de l'utilisation de l'eau au niveau du
secteur?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, je pense que... que ce soit en matière de réduction de l'eau où le
secteur a réduit sa consommation de 67 %, ou que ce soit en matière de GES
où là également, la réduction a été de 67 %. Donc, s'il y a un secteur
dans l'économie québécoise qui a été performant, qui a démontré, qui a retiré
l'ensemble des «low hanging fruits» qu'on pourrait appeler des mesures qui sont
facilement atteignables, c'est bien le secteur de l'industrie forestière, c'est
bien le secteur des pâtes, papiers et cartons. Et donc ça, je pense que c'est
important de le constater, et qu'on n'a pas attendu qu'il y ait la création
d'un fonds bleu ou d'une bourse du carbone pour agir. Je pense que les actions
qui ont été posées au courant des dernières décennies, elles parlent par
elles-mêmes à l'effet de dire comment est-ce que le secteur a été novateur.
Maintenant, dans les actions à venir, je
pense qu'il va falloir changer certains paradigmes pour être capable de faire
les prochaines réductions. Puis changer des paradigmes, ça signifie changer des
équipements au complet, redessiner des usines, et ça, bien, ça prend un certain
temps parce qu'il y a la loi... il y a différentes lois qui s'appliquent, il y
a des demandes de permis, il y a également... ça prend des plans signés,
scellés. Et tout ce principe-là demande du temps, de là... de là notre demande
à l'effet de dire qu'il devrait y avoir, selon nous, une modulation dans le
temps de cette augmentation plutôt que de créer un choc tarifaire, parce qu'il
faut réaliser que les investissements qui vont être faits pour répondre à la
demande de réduction des volumes d'eau consommée, bien, c'est des
investissements qui ne seront pas mis en recherche et en développement de
nouveaux produits. Il y a un moment donné dans une... dans une compagnie, il y
a une limite à ce qu'il y a pour... de capital pour faire des projets. Et donc
quand on investit dans la conformité ou dans les... dans des nouvelles
exigences qui sont amenées, bien, on le prend à même les fonds en
capitalisation, puis ces fonds-là, ou on fait de la R&D pour assurer la pérennité
puis la compétitivité avec des nouveaux produits, ou on le fait pour
transformer les lignes de production. Puis messieurs, allez-y avec d'autres
exemples.
• (17 h 30) •
M. Girard (Sylvain) : Moi, je
pourrais ajouter que dans notre...
M. Marineau (Léon) : ...une
question sur 40 ans, donc, c'est difficile de se projeter d'ici
40 ans, mais je pense que les efforts qui vont devoir être faits dans les
usines vont dépendre aussi de la capacité du milieu récepteur. Donc, chaque
usine est située sur un bassin versant pour lequel les quantités d'eau ne sont
pas les mêmes. Et quand on est rendu à des fractions de la consommation d'eau,
on va dire traditionnel ou historique, chaque diminution, évidemment, n'est pas
proportionnelle, c'est plus coûteux à faire. Donc, il peut y avoir dans le
futur, dans certaines régions, par exemple, où il y a une carence d'eau, des
efforts additionnels à faire pour réduire davantage, mais ça va se traduire par
des coûts relativement élevés parce que ça va passer par des solutions
technologiques qui sont, bon, moins courantes, mais souvent qui existent puis
qui... à notre niveau offrent des inconvénients au niveau des coûts d'opération
principalement. Donc, dans un endroit semi-désertique, on ne devrait pas faire
le même effort que si on est le long du fleuve Saint-Laurent, ça, c'est
certain, je pense qu'il y a un équilibre à avoir là. Donc, sur le long terme,
il va avoir des solutions qui vont être développées en fonction des bassins
versants.
M. Samray (Jean-François) : Puis
j'ajouterai, en terminant, qu'il y a un autre facteur qu'il faut prendre en
considération, c'est celui de la disponibilité des mégawatts. Donc, si on veut
remplacer du refroidissement par l'eau par du refroidissement électrique, bien,
l'industrie a besoin de savoir la quantité de mégawatts qui vont lui être
rendus disponibles pour faciliter la réduction de la consommation d'eau, ça,
c'est un élément déterminant et fondamental.
Mme McGraw : Merci. Il y a
une proposition, je... ce n'est pas nécessairement notre recommandation, mais
ça m'intéressait d'avoir votre réaction...
17 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...une
proposition qu'on a entendue, seriez-vous ouverts à bonifier vos processus de
traitement avant rejet pour des crédits sur redevances?
Le Président (M. Jacques) : Messieurs.
M. Girard (Sylvain) : Bonifier?
Mme Thibault (Rachel) : Mais...
Mais peut-être juste un point, hein? Il y a déjà aussi l'application du
principe pollueur-payeur. Puis je pense que comme détenteur dans ce qu'on
appelait anciennement les attestations, le secteur des pâtes et papiers est
déjà aussi un contributeur sous ce principe-là. Donc il y a déjà une forme de
paiement qui se fait sur les rejets.
M. Marineau (Léon) : Concernant
la proposition, c'est un peu comme, je pense, le ministre l'a mentionné tantôt
qu'il est probablement favorable à l'idée de payeur-utilisateur. Donc, ça, ça
va dans le même sens. Il y a des efforts de l'industrie qui est faite, qui peuvent
d'une certaine façon être reconnus par le gouvernement. C'est clair que c'est
quelque chose qu'on doit regarder parce que dans la... à travers le monde, il y
a toutes sortes de technologies qui existent. Et effectivement, est-ce que c'est
possible de faire plus qu'actuellement avec les traitements primaires et
secondaires que l'on a? C'est possible, mais souvent à grands frais. Donc, il
faut... il faut voir le programme...le programme de support à ce moment-là.
Mme McGraw : Merci. Je
crois qu'il me reste peut-être une minute. Même pas. Mais je vous laisse le
temps. En conclusion, est-ce qu'il y a des éléments que vous voulez souligner
en conclusion, d'autres éléments?
M. Girard (Sylvain) : Bien,
ce que je voulais vous dire, c'est qu'on va avoir des choix à faire au niveau
des projets en capitaux parce que, si on a des millions à mettre côté de la
réduction d'eau, puis je ne dis pas que c'est... il ne faut pas le faire, mais
quand on arrive pour faire des projets de modernisation ou encore de
diversification de produits, on va avoir des choix à faire. Ceci étant dit,
quand on arrive pour faire un projet de diversification, seulement, puis on
travaille là-dessus, modification d'une machine à papier majeure, bien, il n'y
a rien qui nous empêche, et puis on le ferait, qu'est ce qu'on pourrait faire
pour faire différemment au niveau de la consommation d'eau? Et tu peux intégrer
les deux aussi en même temps...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine l'échange. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Verdun pour plus ou moins cinq minutes.
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le Président. Je veux remercier les représentants du Conseil de l'industrie
forestière d'être avec nous aujourd'hui. On a entendu vos demandes, puis j'aurais
des questions peut-être un peu plus sur les effets sur les coûts d'opération.
En lisant votre mémoire, vous nous parlez des impacts que les redevances ont
sur les coûts d'opération. Je voulais savoir si vous avez fait le calcul de,
présentement, quel est le pourcentage des coûts d'opération qui sont destinés
au paiement des redevances maintenant? Et quel serait le pourcentage après l'adoption
de la loi?
M. Samray (Jean-François) : Bien,
écoutez, je pense, pour répondre à votre question, on doit... On ne peut pas y
répondre sans prendre les autres augmentations qui sont prises, qui sont
également associées à différentes mesures législatives ou des... différentes
décisions gouvernementales. Donc, vous nous posez la question à savoir, bon,
pris individuellement, la redevance sur l'eau, qu'est ce que ça représente?
Mais cette redevance-là puis l'impact ne peut pas faire abstraction de... de l'ensemble,
comme on l'a mentionné, de l'ensemble des autres charges qui ont été
additionnées et qui sont là. Donc, quand on nous... quand on dit «Québec is
open for business», bien, écoutez, à un moment donné, l'industrie a besoin d'une
certitude pour être présente puis pour faire des investissements en
amélioration. Donc, messieurs, si vous voulez ajouter.
M. Girard (Sylvain) : Oui,
je peux faire un calcul rapide. Présentement, la redevance coûte 26 $ la
tonne quand je vends une tonne de papier. On fait 250 000 tonnes. Ça
va monter à 4 $ la tonne. Si on regarde juste la redevance, juste la
redevance.
Mme Zaga Mendez : O.K.
Peut-être juste avec votre exemple parce que c'est vraiment intéressant. Donc,
vous nous dites qu'en ce moment c'est 4 $ la tonne. Puis quel est le
coût...
M. Girard (Sylvain) : Non.
Mme Zaga Mendez : Non.
Pardon. Excusez-moi.
M. Girard (Sylvain) : Non,
pas 4 $. Autour de 0,25 $ la tonne, présentement, tu sais, au travers
tous les autres coûts qu'on peut avoir, là. Mais ça, ça va être rendu une
dépense quand même assez majeure, là. Ça va être vendu autour de 4 $ la
tonne. On prend le montant divisé par le nombre de tonnes qu'on fait.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends. Puis comparé au... Quel est le coût de production?
M. Girard (Sylvain) : Ah!
là, je ne peux pas. On ne peut pas aller là-dedans. C'est confidentiel. C'est
vraiment confidentiel, mais ce n'est pas négligeable. Ce n'est pas négligeable.
Mme Zaga Mendez : O.K.
Bien, merci pour cette partie de réponse. Je trouve ça intéressant pour juste
mieux illustrer les effets, là. Puis aussi de savoir si vous vous êtes penché
un peu... Ce que je comprends, c'est qu'avec la hausse des redevances, on est
dans une situation dans laquelle les coûts d'investissement puis les coûts d'opération
sont supérieurs aux bénéfices, là. Donc, on n'a pas encore atteint de ce qu'on
appelle le coût efficient. Est-ce que, de votre côté, quelles seraient des
redevances...
Mme Zaga Mendez : ...qu'il
peut permettre d'atteindre cette efficience entre l'investissement et le retour
sur investissement.
M. Samray (Jean-François) : Bien,
je pense que je vous dirais, d'une part, le 4 $ que mentionne M. Girard
auquel ça deviendrait, il faut réaliser que c'est 4 $ sur un prix payé par
le client qui est fixé par le client. C'est l'offre et la demande qui fixe.
Donc, tout ce que l'industrie peut faire, c'est contrôler ses coûts. Combien
elle va obtenir pour la tonne fabriquée, elle n'en a aucune espèce d'idée,
c'est le marché, l'offre et la demande, qui vient le fixer. Ça, c'est quelque
chose de fondamental qu'il ne faut pas perdre de vue, là. Donc, peut-être que
M. Marineau veut complémenter sur la question.
M. Marineau (Léon) : Ça va.
Quand on dit l'offre et la demande, là, c'est en dehors d'un marché québécois
ou canadien, évidemment, là, un marché mondial. Donc, c'est pour ça qu'on n'a
pas le contrôle sur le prix vendant des produits. Donc, tout ce qu'on a, c'est
le contrôle des coûts, et on compétitionne effectivement avec tout le monde qui
produit des produits similaires à travers le monde.
De façon concrète, pour nous au Québec,
dans le fond, le principal compétiteur, c'est les Américains puisqu'on est
passablement intégrés en Amérique du Nord. Donc, il faut juste voir que cette
redevance là fait partie la myriade de coûts avec d'autres, et il faut que le
tout demeure compétitif. Et il est évident que 2,50 $ le million de
litres, ce n'est pas ça qui amène la papetière sur le bord de la faillite là, mais
c'est l'ensemble des coûts qu'il faut regarder, et donc que ces coûts-là soient
similaires aux autres endroits, parce qu'encore une fois on ne pourrait pas
vendre au Québec notre produit final plu cher parce qu'on est un modèle, un
modèle au niveau de l'économie de l'eau, malheureusement.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie...
M. Samray (Jean-François) : Et
donc, quand on...
Mme Zaga Mendez : Excusez-moi,
allez-y, on a le temps.
M. Samray (Jean-François) : Et
donc, quand on prend en considération que nos voisins ontariens ont la fibre
nettement moins chère qu'au Québec et qu'en plus ils ont... ils ne sont pas
assujettis à une telle taxe, bien, voilà, c'est ça.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission. Nous allons
suspendre quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
M. Samray (Jean-François) : Merci
beaucoup.
Mme Zaga Mendez : Merci.
M. Marineau (Léon) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Bonjour.
(Suspension de la séance à17 h 39)
(Reprise à 17 h 45)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Et je
souhaite la bienvenue aux représentants du Regroupement national des conseils
régionaux de l'environnement du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
M. Vaillancourt (Martin) : Bonjour,
M. le Président, M. le ministre et les membres de la Commission. Mon nom est
Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils
régionaux en environnement du Québec. Je suis accompagné de madame Andréanne
Blais, directrice générale du Conseil régional de l'environnement du
Centre-du-Québec, qui devra nous quitter à 18 h 15 pour un autre
engagement, et de madame Anne Léger, directrice générale du Conseil régional de
l'environnement des Laurentides. Merci de nous accueillir.
Tout d'abord, je dois dire, là, d'entrée
de jeu que globalement on trouve l'initiative de créer le Fonds Bleu, là, très,
très intéressante. Le Regroupement national des CRE a contribué, au cours de la
dernière année, aux travaux entourant le Forum d'action sur l'eau. Il y a
plusieurs éléments qui ont été...
M. Vaillancourt (Martin) : ...dans
les différents groupes de travail du Forum d'action sur l'eau qui se retrouve
aujourd'hui dans les orientations poursuivies par le Fonds bleu. Donc, en soi,
là, c'est une nouvelle intéressante. Lors des annonces sur la création du Fonds
bleu qu'ils ont eues d'abord en aôut puis qui ont été réitérées lors de la
COP 15, il y a eu plusieurs orientations, de manière générale, là, qui ont
été prises, qui destinaient les sommes du Fonds bleu. Aujourd'hui, on va
aborder, à notre avis à nous, ce qui peut manquer ou les activités qui
pourraient faire l'objet d'un financement du Fonds bleu, qui sont peut être
dans les angles morts, là, des discussions qu'ils ont pu avoir jusqu'à
maintenant. Et on reprendra aussi quelques initiatives, là, qui sont
identifiées par les travaux du Forum d'action sur l'eau, qui ont besoin de ce
financement-là à travers le Fonds bleu.
Avant de passer la parole à mes deux
collègues, je vais rapidement dire un mot sur le regroupement national et les
CRE. Donc, vous le savez sans doute, là, les CRE, conseils régionaux en
environnement, existent depuis maintenant... en fait, le CRE du Lac-Saint-Jean
a été fondé il y a 50 ans cette année. Nous sommes des organisations
issues du milieu. On travaille en collaboration avec les intervenants
régionaux, qu'ils soient municipaux, issus, là, des secteurs agricoles,
forestiers ou de la société civile en général. Notre principal outil, c'est
celui de la concertation. C'est ce qui nous permet de réaliser des projets. On
va vous en présenter quelques-uns d'ailleurs pendant notre intervention et le
regroupement national ainsi que les CRE sont des acteurs qui sont très actifs
sur les enjeux de l'eau. Certains se sont spécialisés sur la santé des lacs,
d'autres ont contribué grandement à la réalisation des plans régionaux de
conservation des milieux humides et des milieux hydriques. D'autres sont
impliqués de d'autres façons, là, on aura l'occasion d'y revenir. Donc, on
trouve fort intéressant, là, que des sommes supplémentaires soient réservées au
bénéfice de la qualité de l'accès à de l'eau pour l'ensemble des Québécois et
des écosystèmes aussi présents, là, sur nos territoires. Je vais donc laisser
la parole à ma collègue, Andréanne Blais.
Mme Blais (Andréanne) : Donc,
bonjour à tous. M. le Président, je prends la parole pour vous partager nos
idées d'activités qui n'ont pas été nécessairement ciblées par le Fonds bleu proposé.
On sait à quel point les milieux humides et hydriques sont essentiels à la
bonne gestion de l'eau sur nos territoires, notamment dans un contexte de
changement climatique, d'adaptation aussi aux changements climatiques. Puis à
ce titre, le regroupement national recommande d'allouer des sommes par le Fonds
bleu à la mise en œuvre des plans régionaux des milieux humides et hydriques
afin d'aider les MRC à atteindre leurs objectifs.
• (17 h 50) •
On a vu, dans les dernières années, à quel
point les PRMHH ont été un exercice structurant où les CRE, dans plusieurs
régions, ont collaboré. Notamment le CRE Centre-du-Québec a été mandataire, là,
pour quatre MRC pour réaliser les PRMHH. Donc, on est en mesure de voir tout le
défi qui s'en vient dans les 10 prochaines années.
Et les plans régionaux des milieux humides
et hydriques incluent beaucoup d'actions relatives aux solutions nature, et ce
n'est pas sans fondement. Les MRC ont compris que, pour régler nos problèmes
d'inondations, nos problèmes d'accès à une qualité d'eau potable, on se doit de
mettre en œuvre des actions de conservation de nos milieux humides et
hydriques. Et à ce titre-là, on souhaiterait voir, au niveau du Fonds bleu, des
fonds qui seraient attribués à la protection des prises d'eau potable et des
zones de recharge, notamment au niveau des eaux souterraines. On peut penser,
entre autres, aussi aux espèces exotiques envahissantes aquatiques. Le CRE
Estrie travaille notamment sur la moule zébrée qui envahit plusieurs prises
d'eau potable dans les lacs en Estrie. Donc, ça pourrait être un autre
investissement, là, structurant.
On pense aussi à toutes les solutions
fondées sur la nature, ces solutions fondées sur la nature où on vient
bénéficier des services écosystémiques rendus par les milieux naturels pour
contrer les inondations, pour contrer l'érosion aussi. Donc, ces solutions
fondées sur la nature pourraient être financées via le Fonds bleu pour aider
l'ensemble des acteurs du territoire à mieux gérer la gestion des érosions, la
gestion aussi et la prévention des inondations.
Et finalement, je parlerais aussi des eaux
pluviales. Donc, le Fonds bleu pourrait amener des fonds pour gérer les
infrastructures municipales, mais on pense beaucoup à des...
Mme Blais (Andréanne) : ...infrastructures
naturelles au niveau de ce fonds, on peut penser notamment au réseau Ville
éponge du CRE Capitale nationale. Donc, je vais céder dès maintenant, là, la
parole à madame Léger.
Mme Léger (Anne) : Alors,
moi, je suis ici particulièrement pour vous parler de lacs, le CRE Laurentides,
on a fait une spécialité depuis 25 ans d'accompagner les acteurs qui
veulent travailler à la protection des lacs. Donc, je ne vous apprendrai rien
en vous disant que c'est une richesse inestimable, autant au point de vue
social, économique, environnemental. On dénombre 5000 lacs habités,
utilisés au sud du 47 ᵉ parallèle au Québec. J'ai appris cette semaine, et
je vous l'apprends, que de ceux-ci, il y a 10% qui subissent un vieillissement
accéléré en raison des activités humaines. Et comment on le sait? On le sait
grâce au Réseau de surveillance volontaire des lacs du ministère de
l'Environnement, qui existe depuis 20 ans et dont 875 associations de
lac sont membres et qui prennent des données. Et ce sont les bénévoles de ces
associations de lacs là qui vont prendre les données et qui nous renseignent,
d'une part sur la qualité de l'eau, mais sur une foule d'indicateurs aussi qui
nous informent de l'état de situation des lacs au Québec.
Donc, comme je vous le mentionnais, le CRE
Laurentides accompagne ces acteurs-là. On pense que c'est très important et on
veut souligner à quel point on est heureux de voir que le Fonds bleu va
attribuer des sommes à cet accompagnement-là aux associations de riverains qui
sont nos yeux et nos bras sur le terrain. Donc, je conclurais en disant,encore
une fois, qu'on est très heureux de participer aussi aux travaux du Forum
d'action sur l'eau depuis plus d'un an. Et on est heureux de voir les
conclusions aussi qui sont tirées de ces travaux-là. Je vous remercie.
Le Président (M. Jacques) : Merci
à vous trois pour votre exposé. Nous allons donc commencer la période
d'échange, en commençant par... avec M. le ministre pour une période de
16 minutes 30 secondes.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président, à vous trois, un plaisir de vous retrouver, bien que ce soit à
travers vos écrans respectifs. Merci. Merci d'être avec nous cet après-midi.
Vous l'avez mentionné d'entrée de jeu, vous faites partie du Forum d'action sur
l'eau. Également merci pour votre contribution à ce niveau-là. J'ai bien noté
les applications que vous souhaiteriez qui soient retenues pour l'utilisation
du fonds bleu. Vous savez, par contre, en tant que participant au forum
d'action, c'est beaucoup le forum d'action qui, au cours des prochains mois,
aura le mandat de dresser en quelque sorte une priorisation des actions à
financer. Donc, ce n'est pas à travers l'étude du projet de loi qu'on pourra
dire : C'est effectivement la réalisation... Par exemple, vous avez nommé
les plans régionaux, vous avez nommé aussi les espèces envahissantes. Donc ce
n'est pas à travers la consultation du projet de loi n° 20 qu'on pourra arrêter
ces objectifs là, mais bien par les travaux du forum d'action, mais merci, là,
déjà de nous identifier, là, certaines des priorités.
Pour ce qui est des espèces exotiques
envahissantes, je vous rassure, bien qu'on ne sait pas quelle forme l'appui
financier va prendre, ça fait déjà partie des orientations qui ont été
identifiées dès le départ. On veut s'attaquer à ce phénomène-là. On veut
s'assurer de la qualité de nos lacs et de nos rivières. Vous avez parlé avec
fierté des Laurentides. Je suis toujours très fier de parler de cette belle
région-là aussi. Et je sais que, dans les Laurentides... mais on pourrait
parler de l'Estrie. On pourrait parler de bon nombre de régions qui composent
avec des problématiques d'espèces envahissantes et où il faudra se donner des
moyens, là, de corriger la situation. Donc, c'est pour les commentaires
généraux.
Des questions, par contre, au niveau des
solutions basées sur la nature, c'est un concept qui nous tient à cœur
également. Le fond bleu sera sans doute un outil parmi d'autres et je dis
"parmi d'autres", parce qu'on aura aussi, et j'espère, là, qu'on
pourra travailler ce dossier-là ensemble, également, à élaborer le plan nature
au cours des prochains mois... Et là aussi, c'est des moyens supplémentaires.
Les deux ensembles, fonds nature... c'est-à-dire plan nature avec le fonds
bleu, on parle essentiellement de 1 milliard de dollars de nouvelles argents
qui seront disponibles, oui, pour l'eau à travers le fonds bleu, mais l'eau
également à travers le plan nature, parce que c'est également propice et en
lien avec la protection de la biodiversité. Donc c'est deux outils qui vont se
développer, là, au cours des...
M. Charette : ...les prochains
mois. Mais solution nature, quelle serait la forme de financement que vous
souhaiteriez voir à travers le Fonds bleu ou quels types de projets en particulier
que vous souhaiteriez voir retenus par le Fonds bleu?
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais débuter la réponse puis je laisserai mes collègues poursuivre. Les... vous
le savez bien, M. le ministre, là, les infrastructures vertes ou les solutions
natures permettent souvent d'agir en amont. Donc, quand on pense à l'eau, on
peut penser à la restauration de certains milieux humides, à la conservation de
certains milieux humides, qui peuvent jouer, là, le rôle de milieux de
rétention, donc de pouvoir contrôler à la fois les crues soudaines ou d'épurer
une partie des eaux avant qu'elles se rendent, là, dans les cours d'eau. Donc,
la mise en place ou la préservation de ces écosystèmes-là dans la trame, là, du
territoire devient une façon intéressante de réduire les coûts d'investissement
d'infrastructure, qui deviennent nécessaires s'il faut traiter avant d'utiliser
l'eau ou avant de la rejeter, bien sûr, là, en l'absence de telles
infrastructures naturelles. Donc, on n'est plus dans une perspective de prévention
si on veut. Et ces projets-là, actuellement, prennent toutes sortes de formes,
mais ils n'ont pas toujours un véhicule, là, dédié, là, pour l'heure, pour leur
financement, tantôt, ils sont... en tout cas, associés à des infrastructures
vertes, tantôt à de la restauration de milieux naturels. Mais là on parle
vraiment, là, de conserver des services écosystémiques propres à l'eau, et
c'est probablement l'angle, là, qui est intéressant à prendre.
M. Charette : Je comprends,
et je vous assure, ce n'était pas une question piège, mais très content de
votre réponse. Parce que, dans les faits, lorsqu'on parle de restauration de
milieux humides, effectivement, il y a un rôle indéniable que l'on doit leur
accorder. Et vous avez sans doute vu, au cours des dernières semaines, on a
modifié les normes d'application pour le fonds sur les redevances sur les
milieux humides qui ont été altérés. C'est plus de 100 millions de
dollars qui sont disponibles actuellement à travers ce fonds-là. Donc, au final,
je vous dirais, le but, ce sera toujours d'utiliser le meilleur moyen pour
financer le meilleur projet potentiel. Donc, il y a le Plan Nature, je
l'évoquais, plusieurs centaines de millions. Il y a également le Fonds bleu,
plusieurs centaines de millions. Il y a ce fonds-là également qui est le fruit
des redevances, là, sur les milieux humides altérés. Donc, c'est difficile, à
travers la présente commission parlementaire, de dire quel sera le moyen pour
financer tel projet. Mais c'est bon de se rappeler qu'il y a quelques moyens,
là, qui sont maintenant à notre disposition pour mettre de l'avant des
solutions comme vous l'évoquez.
• (18 heures) •
Au niveau de la protection des lacs, au
niveau de la protection de nos cours d'eau, de façon générale, on est conscients,
les besoins sont très importants. Je parlais de centaines de millions. C'est
toujours intéressant et réconfortant de voir qu'on a ces moyens-là. En même
temps, les besoins sont énormes. On sait fort bien que 500 millions, oui,
on pourra faire du bon travail avec ça, mais qu'on ne pourra pas tout faire. La
priorisation, selon vous, elle passe par où? Puis je ne veux pas mettre les
groupes en opposition, là, par rapport à ce qu'on a entendu précédemment, mais,
par exemple, on a les municipalités qui nous disent : À travers le Fonds
bleu, il faut assurer l'approvisionnement en eau. Ça veut dire quoi? Ça veut
dire : Il faut pouvoir utiliser ces sommes-là, notamment pour les réseaux
de traitement des eaux. Pour moi, ce n'est pas l'utilisation du Fonds bleu que
je conçois. Il y a d'autres programmes qui sont à leur disposition à ce
niveau-là. Pour moi, le Fonds bleu, c'est réellement au niveau de la qualité de
l'eau à travers nos cours d'eau, à travers nos lacs, et s'assurer qu'ils ne se
détériorent pas. Donc, je serais curieux de voir un petit peu le type de
priorisation que l'on doit faire avec ces sommes-là ultimement.
M. Vaillancourt (Martin) : Je
vais faire attention en utilisant le mot «priorisation», je vais parler de
recherche d'un certain équilibre, puis je m'explique. Je vous rejoins sur les
infrastructures de traitement des eaux, là, il y a d'autres programmes qui sont
bien dotés, là, pour accompagner les municipalités. Par contre, il faudrait
éviter que le Fond bleu ne soit que sur des besoins...
18 h (version non révisée)
M. Vaillancourt (Martin) : ...disons,
des êtres humains. C'est-à-dire, il faut aussi que le Fonds bleu contribue au
besoin des écosystèmes. Si on a une approche trop anthropocentrique de l'utilisation
du Fonds bleu, et qu'on cherche uniquement des éléments de qualité pour l'alimentation
en eau potable, ou d'accès à l'eau pour assurer des quantités, ou de l'accès
aux lacs pour assurer des loisirs, on va passer à côté de tout ce que les
écosystèmes... En fait, les écosystèmes ont ces mêmes besoins-là, et il faut
que les... Je pense que l'usage du Fonds bleu... puisse à la fois travailler
sur des besoins exprimés par les populations et par leurs représentants
municipaux, et par les besoins, là, des écosystèmes, tantôt en matière de
restauration, de préservation, de création, à des endroits, là, où ils auront
été trop impactés.
M. Charette : En fait, je
vous rejoins entièrement.
M. Vaillancourt (Martin) : Est-ce
que vous voulez rajouter quelque chose?
M. Charette : Bien, peut-être
juste vous mentionner, là, qu'on se rejoint. L'accès à la nature, c'est
davantage à travers le Plan Nature que ce sera couvert. Donc, il n'est pas
question de construire des quais, ou quoi que ce soit, là, avec le Fonds bleu.
Ce n'est pas le type d'utilisation que l'on souhaite retenir. C'est davantage
le Plan Nature qui pourra réfléchir, là, à ce type d'utilisation là.
Je ne voulais pas interrompre, encore
moins, une collègue de la région des Laurentides. C'est un petit peu le défi...
Mme Léger (Anne) : Bien, j'aurais
juste... j'aurais fait un tout petit complément, en fait, de pensée. Il y a un
écho. En termes d'atténuation de l'impact des activités humaines, qu'elles
soient agricoles, qu'elles soient forestières, que ce soit la villégiature, que
ce soient les installations sanitaires des résidences isolées, que ce soient
les bandes riveraines, que ce soit... mais de penser en termes de réduire les
impacts aussi, c'est important.
Mme Blais (Andréanne) : Oui.
Puis, pour rajouter à ce que Mme Léger vient de mentionner, j'aimerais partager
un projet qui est au Centre-du-Québec, qui s'appelle Ferme progrès, où que l'UPA,
le CRE, les OBV et les MRC se sont unis pour agir au niveau, justement, des
bandes riveraines, des actions en agroenvironnement qui ne sont pas toujours
financées par le Prime-Vert ou par d'autres programmes, et on va faire une
action concertée ensemble et on fait une mutualisation des services entre les
différentes expertises. Ça fait fait que le projet Ferme progrès, c'est
vraiment un exemple concret de comment le Fonds bleu pourrait être utilisé pour
structurer une action en lien avec la qualité de l'eau, l'amélioration de cette
qualité-là d'eau dans une région qui... Nous, on n'a presque pas de lacs au
Centre-du-Québec, donc on est vraiment dans la gestion de l'eau dans les cours
d'eau.
M. Charette : Malheureusement,
on n'est pas en présentiel, donc je ne peux pas aller vous serrer la main après
votre intervention. Donc, je vous salue déjà et vous remercie pour votre
présence. J'ai d'autres collègues qui souhaitent intervenir. Donc, une belle
fin de journée à vous. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil,
pour 5 min 20 s.
Mme Grondin : Seulement cinq
minutes? Bonjour, M. Vaillancourt, Mme Léger, Mme Blais. Je regardais le
mémoire. Merci, c'est très intéressant, puis c'est toujours intéressant de voir
qu'au tout début, en termes de recherche vous avez été plusieurs CRE à
contribuer. Ça devait être le fun, le remue-méninges sur cette question-là, j'imagine,
parce que je trouve ça intéressant, Montérégie, Chaudière-Appalaches, Laval, l'Abitibi-Témiscamingue,
Laurentides. Donc, c'est tout à votre honneur d'avoir cette couleur-là dans
chaque région, puis ça devait être assez intéressant, là, les réflexions à ce
niveau-là.
Effectivement, vous amenez plusieurs
éléments de ce à quoi pourrait servir cette enveloppe-là, magnifique, du Fonds
bleu. Et je suis tout à fait d'accord avec le ministre que... Moi, je retiens
vos propositions qui sont là, mais j'ai un grand respect pour les membres du
Forum d'action sur l'eau, qui ont ce mandat-là d'établir des priorités et une
façon qu'on pourrait... proposition qu'on pourrait ventiler, à travers le Fonds
bleu, les actions qu'on pourrait faire, donc. Je n'irai pas, donc, sur pourquoi
tel ou tel élément... qui est plus important qu'un autre. Je voulais...
Mme Grondin : ...vous
entendre parce que vous amenez des projets structurants. Vous parlez beaucoup
de prévention, dans le fond, hein, des solutions basées sur la nature, mais
cette approche-là, qui n'est pas réactive mais plutôt en prévention. Au
Centre-du-Québec, vous avez parlé... Vous avez, Mme Blais, travaillé beaucoup
sur les plans régionaux des milieux humides et hydriques. Mme Léger, vous avez
beaucoup travaillé, je pense que ça fait 20 ans, sur tout ce qui touche les
lacs, la santé des lacs, les espèces exotiques envahissantes. Dans les deux
cas, vous parlez de mobilisation. Vous allez même plus loin avec la science
citoyenne. Moi, j'aimerais vous entendre davantage sur est-ce que c'est un
élément qui est fondamental dans le cadre du fonds bleu, de mobiliser le milieu?
M. Vaillancourt (Martin) : Oui,
absolument, puis je vais donner la parole à Anne juste après. Sans chercher à
identifier quelle action doit faire l'objet d'un financement ou pas, je pense
qu'on peut s'entendre sur un principe général que les actions collectives
concertées, là, sont incontournables. C'est-à-dire, la complexité des enjeux
entourant la gestion de l'eau au Québec est très grande, si on n'a pas la
participation de l'ensemble des acteurs sur un territoire, on n'y arrivera pas,
donc. Puis cette mobilisation-là, elle peut également être faite à l'échelle
des citoyens, et on l'a vu, là, il y a des façons de les impliquer qui donnent
des résultats intéressants. Anne, si tu veux compléter.
Mme Léger (Anne) : Oui, bien,
je peux poursuivre en disant que le fait de mobiliser puis d'impliquer les
citoyens, ça a aussi des vertus autres que d'aller chercher de la donnée puis
que de sensibiliser puis d'éduquer les gens. À partir du moment où on commence
à comprendre comment... dans le cas dont je parle, c'est les lacs, comprennent
que c'est un écosystème, que ce n'est pas qu'un plan d'eau pour s'amuser, ou
pour en jouir, ou pour... commencent à changer de comportements. À partir du
moment où ils comprennent, d'ailleurs, c'est le thème du prochain Forum
national sur les lacs, Plonger pour mieux les comprendre, à partir du moment où
on comprend, on commence à modifier nos comportements. Donc, cette
mobilisation, elle est vraiment fondamentale.
On a des dizaines de milliers de lacs, au
Québec. Là, tantôt, je parlais seulement du sud du 47ᵉ parallèle. On ne peut
pas penser qu'on aura un jour les moyens d'installer des scientifiques sur
chacun de ces lacs-là pour les surveiller, donc, c'est le plus beau partenariat
public-privé, si je peux m'exprimer ainsi, là, entre l'État et puis des
citoyens qui agissent de façon bénévole pour faire de la science au niveau de
la surveillance des plans d'eau.
Mme Blais (Andréanne) : Oui.
Puis la mobilisation au Centre-du-Québec a été vraiment gagnante quand le CRE a
aussi ouvert, ouvert aux besoins des intervenants, tu sais. On apporte notre
besoin environnemental, le besoin de comprendre, mais lorsqu'on amène à
comprendre le besoin des intervenants, c'est là que la mobilisation est
gagnante.
Mme Grondin : Il me reste 10
secondes. J'aimerais ça que vous réfléchissiez, parce que je suis tout à fait
d'accord avec vous... mais comment on mesure ça, tu sais, on parle de facteurs
de succès, comment, dans cinq ans, on va dire qu'on a gagné sur la
mobilisation, les changements de comportements.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée, ceci met fin à votre temps d'intervention. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour une période de 12 min 23
s.
• (18 h 10) •
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Donc, je trouve la question intéressante, donc je voudrais laisser
la chance aux collègues de répondre à la question.
Mme Léger (Anne) : Je peux
répondre. Je pourrais répondre. Au niveau du réseau de surveillance volontaire
des lacs, par exemple, on pourrait quantifier le nombre de protocoles de
caractérisation qui ont été appliqués par les associations de riverains, par
exemple, ce serait une mesure qui serait quantifiable. Le nombre de nouvelles
inscriptions au réseau de surveillance volontaire des lacs. Je cherche des
mesures qui sont vraiment quantifiables, là. Je laisse mes collègues compléter,
je vais réfléchir.
Mme Blais (Andréanne) : Oui.
Aussi, on pourrait, comme dans le projet que je vous ai parlé tantôt, de ferme
progrès... par la mobilisation des acteurs que je vous ai mentionnés, cet été,
on va aller planter plus de 15 000 arbres en milieu agricole. On va aller
mobiliser plus d'une trentaine de producteurs agricoles...
Mme Blais (Andréanne) : ...on
va aller faire des interventions directes.
Donc, cette mobilisation-là, c'est dans
l'action qu'elle va vraiment se concrétiser puis qu'elle va se mesurer.
Mme McGraw : Excellent.
Merci. Donc, j'espère que ça répond à la question... début.
Écoutez, vous avez des recommandations...
il y en a 16 en tout. Je trouve ça très intéressant. Il y a beaucoup de
détails. Donc, je veux vraiment vous donner la chance... parce qu'il y a
tellement de matériel de vous donner la chance d'élaborer sur certaines
recommandations.
Et j'aimerais peut-être commencer avec,
justement, numéro six. Puis le ministre a fait référence... Oui, il y a le
fonds bleu, évidemment, le plan nature à venir et le lien entre les deux. Donc,
j'aimerais bien que vous parlez davantage de la priorisation des solutions
fondées sur la nature dans la mise en œuvre des actions financées. Et, en tout
cas... j'ai d'autres questions.
M. Vaillancourt (Martin) : Bien,
rapidement, je vais peut-être me répéter un peu, mais, comme je le mentionnais,
on est souvent dans un mode de prévention, donc en amont pour diminuer l'impact
dans la gestion des eaux pluviales, notamment dans les villes. C'est possible
d'avoir des infrastructures vertes ou des infrastructures naturelles qu'on
conserve, qui permettent, là, d'avoir... de rendre un certain nombre de
services écosystémiques, là, qui favorisent la régulation, la qualité de l'eau
et la... On a tendance... En fait, on est souvent en rattrapage sur ces
solutions-là. On se rend compte après coup qu'on aurait dû garder les
écosystèmes en place ou les... parce qu'ils nous rendaient des services, et les
pressions de développement vont faire en sorte qu'on a fait d'autres choix, donc,
d'avoir une vision plus globale, de se permettre, là, de faire les études puis
d'aller chercher la connaissance avant de faire les projets. Bien, ça, c'est
des éléments que le fonds bleu pourrait mettre de l'avant sur comment on se
déploie avec ça.
Mme McGraw : Bien, ce n'était
pas pour vous faire répéter. D'ailleurs, j'ai bien écouté lorsque le ministre a
posé la question, un peu... On a parlé des infrastructures, de traitement
d'eau. Vous avez parlé d'équilibre, qu'il fallait éviter que le fonds bleu soit
utilisé... ou viser seulement sur les besoins humains, les populations, ça
c'est légitime, mais aussi les besoins écologiques et les services et
écosystèmes. Donc, j'ai bien écouté. C'est important, puis je voulais juste
souligner... Je pense... Je ne sais pas si c'était pour utiliser le fonds bleu
pour des infrastructures municipales. C'est de souligner le fait qu'il y a un
manque de 38 millions de dollars, si on entend bien les collègues
plus tôt aujourd'hui, et comment aller combler ces besoins justement pour
prévenir et non avoir à remplacer plus tard, que ça va être plus cher. Donc, ce
n'est pas nécessairement le fonds bleu, mais d'où va venir ces fonds.
Donc, je voulais juste corriger. En tout
cas, c'est ce que moi j'avais compris par rapport aux recommandations des
municipalités, plus tôt aujourd'hui. Bien, juste pour revenir donc... Donc,
vous avez parlé aussi d'infrastructures naturelles. Donc, j'aimerais avoir
juste plus d'informations et, par la suite, j'ai j'ai des discussions... et
aussi où est-ce que vous verrez intégrées, dans le projet de loi n° 20,
ces solutions nature et les infrastructures naturelles, parce que...
procéder... à l'étude détaillée. Est-ce que vous serez en mesure de proposer où
vous verrez ça au sein du projet de loi?
M. Vaillancourt (Martin) : Ça
peut être une reconnaissance dans le préambule du projet de loi à l'effet
que... de ce type d'activités là, dans un but, là, de... bien sûr de protéger
l'eau, que ça soit à la fois pour les besoins humains ou pour les écosystèmes.
Mais je ne pense pas que ça a besoin de faire l'objet d'un article spécifique.
Mme McGraw : Donc, préambule,
en principe, pas nécessairement dans les... dans ce qui est l'opérationnel, si
je comprends bien. Parfait. Je pense qu'on comprend, donc. On avait de la
misère un peu à entendre.
Je voudrais juste passer à... question de
gouvernance. Puis c'est une question que je pose à tous les groupes, donc
j'aimerais avoir votre réaction. En matière de gouvernance, est-ce que vous
trouvez que les mesures...
Mme McGraw : ...dans le projet
de loi sont adéquate pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins
prévues? Je peux répéter.
M. Vaillancourt (Martin) : Non,
j'ai bien compris la question. Il y a toutes sortes de façon d'utiliser des
sommes à travers des programmes. Nous, au RN, on pense que les objectifs ou les
cibles à atteindre, là, doivent être des cibles nationales, c'est-à-dire,
après, on peut moduler les programmes puis le financement qui est attaché à
ceux-ci en fonction de couvrir des besoins qui sont partout les mêmes au Québec
et des besoins peut-être plus précis dans certaines régions qui auraient, par
exemple, là, beaucoup plus de lacs et d'autres beaucoup moins, là, comme l'île
de Laval par exemple.
Mais la... Après, au niveau de la
gouvernance, encore là, c'est une question d'équilibre de... Que toutes les
sommes soient gérées uniquement par le ministère, par exemple, ou par le
gouvernement, ça n'apportera peut-être pas l'ensemble des solutions recherchées,
mais de régionaliser la totalité des sommes n'est pas garant non plus, là,
d'une action cohérente et uniforme, là, sur le territoire. Donc, un équilibre
dans la manière, là, que les sommes sont distribuées et que la reddition de
comptes ou la gouvernance en lien avec ces sommes-là soit réalisée.
Mme McGraw : Puis
justement...
M. Vaillancourt (Martin) : Je
ne sais pas si ça répond à la question, mais...
Mme McGraw : Oui, je pense
que ça répond très bien, et d'ailleurs la prochaine question : Est-ce que
vous trouvez que la reddition des comptes est assez robuste au sein du projet
de loi? C'est-à-dire que nous, on trouve que c'est un pas dans la bonne
direction, mais on cherche toujours à améliorer. Donc, est-ce que vous avez quelque
chose à ajouter au niveau de la reddition des comptes?
M. Vaillancourt (Martin) : On
n'a pas abordé cet élément-là dans notre mémoire, puis je pense c'est
peut-être... Il y avait effectivement, là, plusieurs régions, là, qui se sont
intéressées aux questions de l'eau puis qui ont participé à la rédaction du
mémoire et, spontanément, on n'est pas allés vers là. Donc, a priori, je vous
dirais qu'il n'y a pas de drapeaux jaunes, là, qui se sont levés, mais on n'a
pas eu de suggestions pour bonifier cet aspect-là pour l'instant.
Mme McGraw : ...vous avez
quand même beaucoup d'autres suggestions et recommandations. Autre question.
Est-ce que vous avez... Même, monsieur Vaillancourt, au tout début, vous avez
parlé d'angle mort. Pour aborder les angles morts, est-ce qu'il y a d'autres
angles morts ou des sujets que vous auriez aimé voir traités dans le projet de
loi qui n'ont pas été soulignés?
• (18 h 20) •
M. Vaillancourt (Martin) : C'est
traité indirectement au niveau de la connaissance, là, pour les certains
contaminants ou contaminants émergents. Il y a... Tu sais, on s'est beaucoup,
beaucoup intéressés au phosphore, là, dans l'eau, au Québec, depuis de
nombreuses années. On commence à peine à s'intéresser aux effets de l'azote
dans l'eau. L'azote, là, qui est principalement de sources agricoles et
municipales, qui, dans les cours d'eau douce, a un effet relativement limité
sur les écosystèmes, mais, lorsque ce même azote-là se rend au Saint-Laurent
puis dans les milieux marins, a des... amène des problématiques, là,
particulières.
Donc, je pense que, dans notre réflexion
collective, au Québec, on est mûrs, là, pour aussi commencer à travailler sur
les enjeux de l'azote. Le Forum d'action sur l'eau l'a relevé, là, dans ses
travaux au cours de la dernière année, et c'est peut-être une occasion, à
travers... avec le Fond bleu, d'insister un peu plus sur cet élément-là pour au
moins se donner une feuille de route sur ce qu'il est possible de faire, puis,
bien sûr, là, en concertation avec tous les acteurs, bien, je pense aux acteurs
du secteur agricole, là, qui ont déjà énormément de pression et répondent à
l'ensemble des règles et des normes environnementales, là, que d'ajouter une de
plus, là, de refaire l'objet d'un accompagnement, il y a... d'y aller, là, avec
un certain rythme, là.
Mme McGraw : Merci. Je crois
qu'il ne reste pas beaucoup de temps, donc je vais... j'aimerais vous
remercier, parce que je n'ai pas fait en amont, mais merci pour la mémoire,
aussi, la présentation, les recommandations. Il me reste peut-être une minute,
alors je vous...
Mme McGraw : ...je vous
invite, si vous avez des choses à inviter... à ajouter, je devrais dire, je
vous invite maintenant à le faire. Sinon, je céderais mon... le reste de mon
temps.
M. Vaillancourt (Martin) : Je
peux peut-être souligner un autre exemple de concertation qui est en train
d'être mise en oeuvre pierres neuves par quatre régions : la Montérégie,
Montréal, Laval et les Laurentides, qui porte sur une vaste concertation sur la
réserve d'eau propre de la ville de Montréal, donc le lac des Deux-Montagnes,
là où sont les principales prises d'eau de Montréal. Donc, là, c'est une
réflexion à quatre régions sur l'ensemble des bassins versants pour améliorer
les pratiques de manière à protéger davantage cette eau-là, et ça, c'est des
dossiers de très longue haleine, là, qui nécessitent énormément de rencontres
et de discussions avec les partenaires, là, de façon à se donner un plan
d'action commun qui vise la protection, là, pour une très grande partie de la
population du Québec. Donc, c'est ça le genre défis aussi auquel le Fonds bleu,
là, pourrait, on pourrait répondre.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. J'ai maintenant la parole à la représentante du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Verdun, pour 4min 1s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci, M. le Président. Je veux remercier M. Vaillancourt, Mme Blais et Mme
Léger pour la présentation.
Puis je voulais aborder avec vous s'il
existerait des... comme des principes qu'on pourrait ajouter dans la loi pour
répondre à vos recommandations parce qu'il y a plusieurs recommandations qui
portent surtout sur l'utilisation du Fonds bleu. Et de ce que je comprends, on
ne va pas aller légiférer sur comment, jusqu'en détail, le Fonds bleu va être
utilisé. Mais est- ce qu'il y a certains principes que vous aimeriez voir dans
la loi pour faire en sorte qu'on a une utilisation qui reflète les besoins du
milieu comme vous les avez détaillés?
M. Vaillancourt (Martin) : Je
débute, puis après je te laisse réfléchir, Anne, puis tu prends la parole.
Je vais revenir sur privilégier les
actions collectives, les actions concertées de façon à avoir le plus grand
impact possible, là, sur les buts recherchés par le Fonds bleu. Les actions qui
se font aussi en partenariat, là, avec les différentes parties prenantes de la
société civile. Je pense que c'est une manière essentielle d'arriver à des
réponses à la complexité, là, des... de l'enjeu, être accompagnés par la
science aussi dans ces... dans ces projets-là.
Anne, as-tu...
Mme Léger (Anne) : Tu m'as
enlevé les mots de la bouche. Moi, j'avais à dire, oui, des actions qui sont
basées sur la science, là, impérativement.
Mme Zaga Mendez : J'ai une
minute, peut-être?
Le Président (M. Jacques) : 1 min
33 s.
Mme Zaga Mendez : Alors... on
a du temps, puis je veux peut- être vous entendre un peu plus de façon
générale, parce que je sais que vous participez au forum de l'eau, on en entend
parler, qui porte, je pense, beaucoup sur l'utilisation du Fonds bleu, puis
peut-être vous pourrez juste nous faire un résumé de comment... comment ça se
passe. Est-ce que ça répond à vos attentes? Est-ce que selon vous, un véhicule
qui permet d'entendre les différentes organisations sur les besoins en termes
de préservation et conservation d'eau?
M. Vaillancourt (Martin) : Rapidement.
En fait, à sa création, le Front d'action sur l'eau était à mon avis, un comité
interministériel fort intéressant, là. Il y avait au moins cinq ministères
autour de la table, en plus de représentants de la société civile. Ça a permis
un grand partage d'informations à la fois entre les intervenants
gouvernementaux et entre les participants, là, issus de la société civile et
les intervenants gouvernementaux. Les comités de travail ont pu approfondir les
sujets. Il y a même des comités de travail, là, qui se sont rencontré à de
nombreuses reprises pour produire, là, un premier bilan des activités, puis une
série de... qui a été déposée en... En sa deuxième version, donc depuis
l'automne dernier, le fonds est un peu différent, mais la... Il y a eu un
élargissement aussi des participants autour de la table pour répondre à des
demandes, là, qui étaient faites, disons... je veux dire, d'observateurs
externes qui voyaient, là, l'intérêt à y être, puis je pense que c'est... que
le gouvernement, là, a répondu adéquatement...
M. Vaillancourt (Martin) : ...à
ces demandes-là. Puis il y a, effectivement, là, une plus grande participation
de certains groupes mobilisés sur les enjeux de l'eau, mais aussi de
scientifiques, là, qui ont pu rejoindre le forum, et ça nous... Et là, on est
dans un format où on... il n'y a pas de comité de travail, là, où la discussion
est plus... est partagée, et qu'on réfléchit, là, sur les manières d'identifier
adéquatement les enjeux, et on va arriver à les prioriser éventuellement, mais
ce n'est jamais facile, là, ce n'est pas... c'est... ces processus de
co-création ou de co-développement des politiques publiques ou des outils
associés aux politiques publiques, le modèle est, à mon avis, intéressant, puis
il pourrait très bien être transposé ailleurs, là, dans d'autres ministères.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Merci à vous deux... vous trois, plutôt, pour votre contribution aux
travaux de la commission. Nous allons suspendre quelques instants pour se
préparer à recevoir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 35)
Le Président (M. Jacques) : La
Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux, et je
souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil de la transformation
alimentaire du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
faire votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer
votre exposé.
Mme Van Campenhout (Annick) : Merci
beaucoup. Bonjour, Mesdames et Messieurs, distingués membres de la commission.
Je m'appelle Annick Van Campenhout et j'occupe la fonction de vice-présidente
Progrès en alimentation et Développement durable au CTAC. Je suis accompagnée
par mes deux collègues, Dimitri Fraeys de Veubeke, qui est vice-président
Innovation et Affaires économiques, ainsi que M. Vincent Lambert, qui est
notre directeur Affaires publiques. À tous, merci de nous permettre de vous
présenter nos commentaires et nos propositions en lien avec le projet de loi n°
20 et les règlements qui en découlent.
Le CTAQ est le principal... regroupement,
pardon, d'entreprises oeuvrant dans le secteur de la transformation
alimentaire. Avec plus de 630 membres, nous regroupons 80 % du volume
annuel d'affaires d'une industrie de 35 milliards. Dans le dossier qui nous
occupe aujourd'hui, nous représentons des entreprises québécoises de grande
taille, mais surtout des PME pour la grande majorité de nos membres, soit
80 %. Nous sommes la voix d'entreprises qui contribuent à nourrir les
citoyens trois fois par jour, 365 jours par année, soit approximativement 8,7 milliards
de repas par année, une industrie considérée comme un service essentiel qui est
animée par le maintien de saines habitudes et d'une vie en santé...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...je
vous demande de prendre note qu'on a déposé un document comprenant des
commentaires préliminaires et nous déposerons un mémoire complet à la date de
fin de la consultation.
Notre intervention d'aujourd'hui portera
essentiellement sur trois propositions, car, fondamentalement, nous voulons
saluer l'institution du Fonds bleu. Nous applaudissons cette vision tant elle
va permettre la gestion par la connaissance de la situation réelle et des
moyens qui sont pris pour nous... pour que nous préservions la qualité et la
quantité de cette ressource indispensable. Là-dessus, nous sommes tous
d'accord. Nous voulons commencer en attirant votre attention sur la ressource
eau comme un bien commun de santé publique.
Dans son manifeste, la nouvelle culture de
l'eau du XXIᵉ siècle, Pedro Arroyo, professeur de l'Université de Saragosse et
membre du comité scientifique de la fondation One Drop, établit trois usages
pour l'eau, l'eau pour la vie, pour la survie, l'eau citoyenne pour les besoins
quotidiens et l'eau économique pour s'enrichir. Les trois sont légitimes, mais
il faut respecter leurs priorités et ajuster le coût de chacune.
En transformation alimentaire, la
sanitation est non seulement une exigence réglementaire, mais c'est un usage
pour la vie. Cela fait partie de l'ADN de notre système alimentaire
sécuritaire. À l'instar de l'importance de cette étape de désinfection dans le
secteur de la santé, la transformation des aliments appelle une vigilance de
tous les instants. En effet, pour cette industrie, il s'agit bien d'une
ressource de santé publique. Nous viendrait-il à l'idée de demander aux
services de santé ou aux hôpitaux de payer une redevance pour l'utilisation de
l'eau pour le nettoyage ou la désinfection des locaux? Je ne pense pas. Eh
bien, il s'agit ici du même degré d'importance, car il y va de l'innocuité des
produits alimentaires. C'est de toute évidence une question de santé publique.
Le CTAC salue la décision du gouvernement
d'exclure la production agricole de l'augmentation des redevances sur l'eau,
dans l'optique où l'agriculture représente le premier maillon de la chaîne
alimentaire et où l'eau joue un rôle crucial. Il est tout à fait raisonnable,
voire conséquent, de conserver la tarification actuelle pour les eaux de
sanitation et de procédure à des fins de sécurité alimentaire.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Je
poursuivrai donc. Vient ensuite notre deuxième proposition. Le CTAC supporte
totalement la proposition d'utiliser les sommes issues de la redevance pour
mettre en place des mesures pour protéger les ressources en eau. Nous craignons
toutefois qu'il soit risqué de miser uniquement sur les revenus d'une mesure
d'écofiscalité, telle que la redevance, pour financer sur la durée des mesures
de protection de l'environnement. En effet, à long terme, la redevance vise à
réduire l'utilisation de l'eau, et donc les montants perçus par l'État
pourraient diminuer avec le temps, si cet objectif était atteint, ce qui est
souhaitable fondamentalement.
Dans ce contexte, nous appuyons la
proposition que le Fonds bleu soit alimenté non seulement par la redevance,
mais également par d'autres sources de financement, notamment les crédits
alloués par le Parlement ainsi que des sommes virées par le ministère des
Finances lors du dernier budget.
• (18 h 40) •
De plus, ce fonds est affecté à plusieurs
mesures, mais ne semble pas considérer la mise en place de programmes qui
permettraient aux entreprises de réduire l'utilisation de l'eau ou de mieux
gérer la ressource. Des aides financières aux entreprises contribuent à
atteindre plus rapidement l'objectif d'utiliser l'eau plus efficacement et à
mieux gérer la ressource. Des programmes existent déjà en efficacité
énergétique pour la réduction de la consommation d'électricité. Ces programmes
généreux obtiennent des résultats significatifs. Le CTAC demande au gouvernement
du Québec d'allouer une portion des redevances versées au Fonds bleu, au
financement des équipements et au support, à l'implantation de pratiques
responsables de gestion de l'eau dans les entreprises sur la réduction, la
réutilisation et le traitement.
Lors du Forum québécois sur l'eau en 2010,
Sylvie Paquereau, membre de la fondation One Drop, disait en substance
ceci : «La reconnaissance de l'eau comme droit humain ne nie pas son
aspect économique. L'eau est un facteur de production pour trop de bien pour
que l'on rejette sa valeur économique. Ainsi, ce n'est pas l'un ou l'autre,
mais c'est bien l'un et l'autre. Il faut cesser de polariser le débat».
L'industrie de la transformation
alimentaire fait face depuis quelques années à des vents contraires, ce qui se
manifeste par une baisse des marges dans le secteur de la fabrication des
produits alimentaires, au cours de l'année 2022, mais également 2021 et
possiblement 2023. À l'heure où le gouvernement actuel souhaite l'autonomie
alimentaire, prône l'achat local, veut soutenir la compétitivité des
entreprises d'ici pour qu'elles demeurent concurrentielles, il faut donner le
temps et les moyens aux entreprises pour qu'elles puissent s'adapter. Le
postulat cité dans l'analyse impact réglementaire est que les entreprises
devront changer leur modèle d'affaires. En cela, je vous le concède...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) :
...elles devront clairement changer plusieurs choses, à commencer par les prix
de vente, qui devront augmenter, accentuant ainsi un peu plus l'inflation
galopante telle qu'elle existe actuellement.
Mme Van Campenhout (Annick) : Notre
troisième proposition, merci, concerne la publication des données. Le CTAQ
souligne la pertinence de disposer de ces données pour les pouvoirs publics,
mais questionne lourdement le bien-fondé de cette mesure qui présente un enjeu
commercial entre les entreprises. À l'instar des déclarations d'impôts ou
d'autres obligations de déclaration légale, il apparaît très peu pertinent de
divulguer publiquement des informations aussi sensibles sans qu'elles n'aient
été agrégées. Et c'est ça qu'on vous propose, le CTAQ avance que l'agrégation
des données est une option viable, raisonnable, et permet au gouvernement
d'être conséquent dans la réalisation de ses objectifs, des objectifs qu'il se
fixe. Le gouvernement a les ressources pour agréger les données et en faire des
outils statistiques beaucoup plus utiles pour la population, sans pour autant
miner la compétitivité des entreprises québécoises et la confiance des
citoyens. Le CTAQ souscrit à la déclaration des données exhaustives aux
pouvoirs publics, mais demande une agrégation de celles-ci pour une divulgation
publique. Nous vous invitons à prendre connaissance de nos commentaires
préliminaires, si ce n'est déjà fait, et nous vous remercions de votre
sollicitude. Nous répondrons à vos questions avec grand plaisir.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons commencer les discussions avec M. le
ministre, pour une période de 16 min 30 s.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous trois d'être avec nous cet après-midi. Désolé,
j'ai manqué, je pense, les 30 premières secondes, mais j'avais eu l'occasion de
lire déjà ce que vous nous aviez fait parvenir.
Peut-être quelques éléments de
commentaires, dans un premier temps. Vous avez mentionné, à juste titre :
Ça ne peut pas être uniquement les fruits de la redevance qui constituent le
fonds bleu pour assurer sa pérennité. Je vous rassure, si vous regardez le
budget qui a été présenté le 21 mars dernier, c'est beaucoup, beaucoup des
crédits budgétaires, et la redevance occupe une portion, oui, qui est
appréciable, mais c'est majoritairement des crédits budgétaires. Donc, je vous
rassure, ce ne sont pas que les fruits de la redevance, là, qui viendront
garnir le fonds bleu.
Vous avez évoqué un programme ou des
programmes d'aide. C'est aussi ce que permet le projet de loi. Dans les faits,
on ne veut pas engranger de l'argent pour engranger de l'argent, on veut
surtout que la consommation d'eau diminue. Et on l'évoquait tout à l'heure avec
l'industrie, c'était pâtes et papiers, notamment, si, éventuellement, un
programme était mis sur pied, ce que permet le projet de loi, il y aura
naturellement des conditions. Un préleveur d'eau ne pourra pas bénéficier
davantage de ce qu'il aura versé sous forme de redevance. Donc, il y aurait une
possibilité de récupérer sa redevance pour justement diminuer de façon
significative son utilisation de l'eau. Ce n'est pas un programme qui est bâti,
mais le projet de loi nous permettra de mettre sur pied un programme de cette
nature-là. Mais j'aime bien relativiser les attentes parce que, dans les
dernières semaines, en échangeant avec les groupes, certains avaient des visées
plus grandes que leur propre contribution. Donc, si une entreprise x contribue
en redevances un montant x, bien, c'est ce montant-là, de façon maximale, qui
pourrait être reconnu, là, pour des investissements majeurs, en autant que la
quantité d'eau prélevée soit de beaucoup diminuée, ce qu'on devra évaluer de
notre côté.
Là, je serais intéressé à vous entendre
sur... Vous avez évoqué un spécialiste de la fondation One Drop par rapport au
type d'usage d'eau, vous évoquez un concept, là, qui n'est pas celui qu'on a
retenu, c'est-à-dire les eaux de santé publique. Dans les faits, on n'a pas
ajouté de nouvelle catégorie. Ce qui était déjà assujetti l'est, ce sont les
taux qui ont changé. On passe de 2,50 à 35, et pour l'autre taux, pour celles
et ceux qui captent et qui intègrent l'eau, une redevance plus élevée. Donc, on
n'a pas fait de distinction, à savoir est-ce que c'est une eau de santé
publique ou autre, et il faut garder la distinction actuelle pour qu'il y ait
une cohérence dans l'évolution des taux. On serait difficilement en mesure de
changer du tout au tout le type d'assujettissement des entreprises. Donc, ce
n'est pas quelque chose, là, qui est considéré à travers le projet de loi ou,
sinon, les projets de règlements, mais je serais quand même...
M. Charette : ...même
intéressé à vous entendre davantage sur ce concept-là. Donc, première question,
je vous pose tout de suite la deuxième parce que je sais que j'ai des collègues
qui voudront intervenir aussi par la suite au niveau de la transparence. C'est
un enjeu. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu des recours devant les
tribunaux au cours des dernières années, qu'il y a eu un engagement d'une plus
grande transparence. Et vous l'avez bien mentionné, l'eau, c'est une ressource,
c'est un bien collectif. Donc, on se doit d'être transparent à ce niveau-là.
Cependant, quand vous parlez de compétition, ou de compétition déloyale, ou de
concurrence déloyale par rapport à d'autres marchés, peut-être juste nous
rappeler que du côté de l'Ontario, il y a cette obligation-là de divulguer.
J'avoue, pour avoir fait l'exercice moi-même, il faut chercher. Il faut
chercher, mais si on cherche sur les sites, sur le site ontarien, on peut, pour
chaque entreprise, avoir exactement la quantité d'eau qui a été prélevée. Donc
il n'y a pas de concurrence déloyale. On va permettre ce même type
d'information, là, du côté québécois, mais je dois vous avouer que c'est un
principe qui est cher au projet de loi et à la réglementation. C'est une
ressource commune, c'est un bien commun. Donc, il faut être transparent sur
l'utilisation, là, qui en est faite. Donc, ce serait les deux questions que j'aurais
pour vous dans un premier temps. Je sais que j'ai des collègues, là, qui
voudront prendre le relais par la suite.
Mme Van Campenhout (Annick) : Sur
la transparence.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Je
vais commencer avec celle sur la transparence. En effet, nous, ce qu'on
propose, c'est... Étant donné que c'est difficile de pouvoir comparer, mettons,
une usine qui utilise de l'eau pour faire du jus ou pour des fruits et légumes,
ce serait au moins d'y aller par des codes... Ça veut dire que ça permettrait
effectivement de pouvoir, aux citoyens, de voir dans une industrie, mettons,
l'industrie de la viande, elle consomme tel montant, dans l'industrie du jus,
elle consomme autant. Et à partir du moment où c'est agrégé, bien, l'entreprise
peut également se comparer et voir où elle se situe par rapport à la moyenne.
Donc ça va être, d'après nous, un bon incitatif pour réduire les utilisations.
Parce que mettre toutes les entreprises, ça ne donne pas une information...
Puisque chaque entreprise peut avoir volume d'eau, consommer de l'eau
dépendamment de ses systèmes. Je vous donne un exemple. Vous pouvez avoir deux
entreprises de viande, une à côté de l'autre. La grosse va consommer moins
d'eau parce qu'elle a fait des infrastructures qui lui permettent de recycler
son eau. Et l'autre, à côté, va être aussi une industrie de la viande, mais
elle n'aura pas nécessairement investi. Donc, elle va consommer plus d'eau.
Donc, c'est difficile de pouvoir comparer. C'est pour ça qu'on pense qu'en y
allant par objectifs, ça va permettre de pouvoir atteindre plus rapidement les
cibles qui sont de réduire l'utilisation de l'eau.
• (18 h 50) •
M. Charette : Juste un petit
commentaire à ce niveau-là. Je comprends. Je comprends le souhait qui est
exprimé, mais je vous confirme que, du côté ontarien, on a cette information-là
de disponible. Donc, on ne pourra pas invoquer une concurrence de marché, là,
qui est déloyale. Mais pourquoi on ne peut pas aller dans cette direction-là?
Il y a des groupes qu'on a pu rencontrer, là, depuis le début de la journée,
qui ont été très clairs, il faut aussi pouvoir faire un lien non seulement avec
une entreprise, mais avec une région en particulier aussi. À partir du moment
où on a des bassins dégradés, à partir du moment où on a une difficulté
d'approvisionnement en eau, que l'entreprise en consomme moins qu'une
entreprise de la même industrie, ailleurs, ça n'a pas... ça n'a pas le même
impact. Une région qui est déjà vulnérable dans sa... dans sa disponibilité en
eau, c'est une région pour laquelle ce type de donnée là doit être... doit être
connu. Donc, on ne peut pas y aller uniquement par regroupement d'industries,
mais faut y aller aussi sur une base régionale pour qu'on puisse faire les
associations et s'assurer qu'il n'y ait pas de difficultés au niveau de
l'approvisionnement en eau.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : C'est...
Quand on parle d'objectifs, c'est exactement ça. Si une région à moins d'eau,
eh bien, effectivement, il faut pouvoir évaluer globalement. Et je pense qu'en
ayant un... en offrant une donnée publique, mais de façon globale, ça permet
d'avoir un meilleur portrait. Parce qu'en fait, à un moment donné, il va
falloir que le Québec fasse une cartographie. Où est-ce qu'on a un manque
d'eau? Où est-ce qu'on a assez d'eau? Et les endroits où on a un manque d'eau,
il va falloir faire une évaluation. C'est quoi la consommation d'eau? Qu'est-ce
qu'on a comme eau disponible? Et comment on fait pour combler cet écart-là?
C'est dans ce sens-là qu'on dit que les données agrégées en fonction des
objectifs, bien, ça nous permet d'atteindre plus rapidement, justement, une
meilleure utilisation de l'eau. Puis un autre élément, si vous dites qu'on veut
faire comme en Ontario, bien, à ce moment-là, pourquoi ne pas mettre la redevance
de base au même niveau que l'Ontario.
M. Charette : Il faut
s'ajuster... Il faut s'ajuster aux meilleures pratiques. Donc, sur les
redevances, c'est l'Ontario qui se collera sur nous éventuellement. Donc, pour
la première question...
M. Charette : ...question au
niveau eau de santé publique.
Mme Van Campenhout (Annick) : On
fait la différence de consommation d'eau. L'eau de sanitation, c'est... On ne
veut pas d'affaires Buitoni au Québec, on s'entend. Puis je ne sais pas si vous
en avez entendu parler, en France, à cause de la sanitation, à cause du manque
de sanitation, on a eu des gros problèmes en France, il y a eu des décès. On ne
veut pas de ça ici, au Québec. L'eau de sanitation, pour nous, n'est pas
tarifable au même titre que l'eau pour les produits agricoles ne l'est pas.
Elle n'est pas tarifable, pourquoi? Parce que c'est un bien de santé publique,
c'est un bien commun, d'accord, mais de santé publique. On ne peut pas éviter
la sanitation. On ne peut pas éviter d'utiliser des eaux de procédés dans nos
usines. Et il est possible, pour nos usines, d'utiliser des compteurs
spécifiques pour les eaux de sanitation et des compteurs spécifiques pour
l'utilisation ou pour les produits à ce moment-là.
M. Charette : J'ai une
collègue qui souhaiterait aussi intervenir. Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. En fait, c'est un petit peu dans la même veine que les questions du
ministre, là. Tantôt vous parliez d'aider, de soutenir les initiatives pour que
les entreprises prennent moins d'eau puis arriver à une bonne innocuité des
aliments. Pouvez-vous nous donner des idées de quelles seraient les structures
à mettre de l'avant par exemple?
Mme Van Campenhout (Annick) : Pour
aider les entreprises?
Mme Bogemans : Oui, c'est ça.
Mme Van Campenhout (Annick) : Certainement.
On a des exemples dans l'industrie. On a fait des projets majeurs avec les plus
grosses industries, les plus grosses usines pour avoir des cycles de l'eau
interne, des cycles... l'eau qui servirait à la sanitation ou qui servirait
aussi au refroidissement des réfrigérateurs, etc. Donc, il existe la
possibilité, moyennant un gros financement, la possibilité de gérer son eau de
façon extrêmement responsable. On a aussi des usines qui traitent leurs eaux et
qui rejettent des eaux beaucoup plus propres qu'éventuellement quand elles
entrent, parce qu'on parlait d'innocuité, les autres procédés ne peuvent pas
être des eaux qu'on puise dans le Saint-Laurent, puis ça doit être des eaux
très propres. Donc, à l'entrée, on traite l'eau, à la sortie, on traite l'eau.
Je vous parle ici pour nos plus grosses usines. 80 % de la transformation
alimentaire, ce sont des PME et elles ne sont pas toutes équipées de ce type
d'équipement. Alors, voilà l'exemple parfait de l'utilisation d'un programme
qui supporterait les entreprises à mettre en place tout un système de
traitement de l'eau à l'interne.
Mme Bogemans : Parfait.
J'avais un autre suivi, justement, sur la qualité de l'eau. Ce matin, on a
rencontré un groupe qui disait que les gens puis les gens d'affaires également
n'étaient pas nécessairement bien outillés pour comprendre la qualité de l'eau
puis pour être capables de comprendre l'ensemble des mesures, par exemple, par
rapport à ce que l'eau contient puis pourquoi ne pas réutiliser certaines... tu
sais, certaines eaux usées vis-à-vis de l'eau propre, particulièrement dans le
milieu alimentaire. Vous, votre constat, à ce niveau-là, serait...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...très
clair, nos entrepreneurs s'y connaissent en nourriture, savent comment nous
offrir un morceau de volaille ou un pain. De là à traiter l'eau dans leur
usine, bien, ce n'est pas leur compétence nécessairement ou pas toujours. Donc,
besoins en équipement et besoins en conseil, certainement, en conseil
stratégique pour améliorer les usines, pour une meilleure gestion de l'eau. Ça,
définitivement, on aurait besoin de programmes comme ça, des programmes plus
forts.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Si
je peux ajouter, quand même, les entreprises sont très conscientes de la
ressource eau. Il y a quand même beaucoup d'entreprises qui sont déjà dans un
processus, exemple, le... et des choses comme ça, donc des plus grandes
entreprises, certaines PME aussi. Donc, elles sont très conscientes de
l'importance de la ressource eau et de l'importance de réduire l'utilisation.
Mais il faut aider les entreprises parce que le tissu industriel au Québec, ce
sont des PME. Donc, elles veulent bien faire l'effort, mais, compte tenu que
les marges sont, au Québec, les plus faibles, en fait, elles sont toujours plus
faibles au Québec qu'en Ontario. Si on veut garder la productivité au Québec,
il faut avoir un effort pour pouvoir aider ces entreprises-là, justement, à
vouloir... comment je dirais, avoir les moyens de leurs ambitions.
Mme Bogemans : ...que, par un
quelconque moyen, on pourrait agglomérer certaines entreprises ensemble pour,
par exemple, l'utilisation de procédés ou des recherches en particulier dans un
milieu?
Mme Van Campenhout (Annick) : Déjà
fait il y a six ou sept ans avec des entreprises, donc, oui...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...définitivement,
c'est tout à fait possible et c'est même une volonté de l'industrie d'aller
vers ça. Mais par où commencer? Parce qu'en environnement, on a les emballages,
on a la gestion des matières résiduelles, on a les GES, on a... Alors, on a
beaucoup de matières à améliorer et donc on a besoin d'aide, définitivement.
Mme Bogemans : Parfait.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Il reste trois minutes. Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Donc, rapidement. Effectivement, je vais prendre la balle au bond.
Vous l'identifiez dans votre mémoire, il y a beaucoup d'autres formes de
tarification en matière environnementale. Vous parlez des redevances ou des
contributions financières au niveau de la collecte sélective, au niveau du
système de consigne, de la redevance sur l'élimination des matières
résiduelles, le marché de carbone. Je pense qu'on est rendus en 2023 où il faut
réaliser que c'est des coûts réels et que, là, bien, il faut tranquillement les
intégrer. Que ça soit au niveau des entreprises ou des citoyens, parce que tout
ça a vraiment des coûts. Et pendant longtemps, on les remettait à moyen, long
terme, on les reléguait, et là ça nous... aux générations futures. Donc là,
c'est cette prise de conscience là qu'il faut évidemment contribuer ou
responsabiliser tous les acteurs de la société.
Moi, j'aimerais ça qu'on revienne sur la
question de la transparence, parce qu'effectivement, on a entendu les...
certaines organisations, dont les municipalités, les MRC, les organismes de
bassin versant que ça fait plus de 25 ans qui font de la gestion intégrée
par bassins versants, qui nous disent qu'ils ont un besoin d'information comme
ça, que ça soit en termes de plan directeur de l'eau, de diagnostic, que ce
soit pour tenter d'avoir une meilleure prise sur la gestion des conflits
d'usages. Donc, des données beaucoup plus spécifiques sur les quantités d'eau.
Donc, je ne comprends pas en quoi on ferait un agrégat de... Cette
information-là ne serait pas utile selon ce que les organisations qui font de
la gestion intégrée nous disent.
Mme Van Campenhout (Annick) : Les
données... les données pour les pouvoirs publics, c'est exactement ce que je
vous disais dans mon discours, les données pour les pouvoirs publics, oui, les
données au gouvernement, oui, les données pour les organisations qui en ont
besoin, oui. Pourquoi les rendre publiques?
Mme Grondin : Bien, en fait,
peut-être vous expliquez, une municipalité qui doit investir, qui doit prendre
un règlement d'emprunt pour modifier toutes sortes de choses concernant l'eau,
bien, c'est moi le payeur de taxes.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Madame...
• (19 heures) •
Mme Grondin : Donc, j'ai
envie d'avoir l'info.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée d'Argenteuil. Ceci met fin au bloc d'échange. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci à vous d'être avec nous aujourd'hui pour le même mémoire.
Mais, si je comprends bien, il va y avoir quelque chose de plus détaillé par la
suite, et pour votre présentation. Alors, si je comprends bien, il y a
plusieurs recommandations préliminaires, puis une, je voudrais juste
m'attarder. Donc, vous proposez une tarification qui distingue des autres…
santé publique aux eaux comme matières premières et vous recommandez un peu...
prolonger un peu l'exemption du secteur agricole, si je comprends bien. Est-ce
que vous... et vous êtes en discussion entre l'eau pour la vie, l'eau
citoyenne, l'eau économique. Vous recommandez aussi... vous demandez au
gouvernement du Québec d'allouer une portion des redevances versées au Fonds
bleu au financement des équipements et du support, soutien à l'implantation des
pratiques responsables de gestion de l'eau dans les... donc, j'aimerais bien
que vous élaborez sur ces deux recommandations et j'ai d'autres questions, mais
on va commencer avec ça. Merci.
Mme Van Campenhout (Annick) : Élaborer
là-dessus... La tarification pour l'eau de sanitation et l'eau de procédés...
19 h (version non révisée)
Mme Van Campenhout (Annick) : ...ce
qu'on demande, c'est qu'il y ait un statu quo. On ne demande pas une exemption,
on demande un statu quo. Ce sont des eaux indispensables. Essentiellement, c'est
notre demande, notre proposition dans le mémoire.
Et là la deuxième m'échappe. La
transparence, c'est ça?
Mme McGraw : ...vous avez
parlé dans votre... Je ne sais pas si... C'est une demande du gouvernement du
Québec d'allouer une portion des redevances du Fonds bleu pour soutenir l'implantation
des pratiques responsables, gestion de l'eau dans les entreprises.
Mme Van Campenhout (Annick) : Oui.
C'est exactement ça. Comme je le mentionnais tout à l'heure, nos entreprises
ont besoin de support, veulent faire des efforts, veulent contribuer à la
gestion responsable de ce bien commun, ne savent par où commencer, ne savent
pas nécessairement comment le faire, donc ont besoin de ressources externes, d'embaucher
des ressources externes, ont besoin d'acheter des équipements potentiellement.
Donc, l'idée, c'était... c'est de vous
proposer de se servir d'une partie du fonds bleu, dans les limites que M. le
ministre nous a dictées, mais pour aider les entreprises à une meilleure
gestion. Puis, quand je dis les entreprises... Comme je vous disais, les
grandes entreprises souvent l'ont déjà fait ou sont en processus de. C'est
vraiment les PME qui ont besoin de cette aide-là. PME, on est...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : 80 %.
Dans la structure industrielle, au Québec, 80 % des entreprises ont moins
de 50 employés. Ça vous donne l'ordre de grandeur.
Mme McGraw : Mais, au sein de
votre organisme, quel pourcentage sont des PME? C'est la même chose?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Ah!
c'est 80 %. C'est la même chose, oui, oui, oui.
Mme McGraw : Parfait. Donc,
la question suivante, c'est qu'on a entendu des groupes aujourd'hui qui
voulaient faire la distinction entre les risques, c'est-à-dire par régions ou
par... pardon, la capacité de la ressource dans chaque bassin versant. Donc, c'est
régional. On peut regarder... Est-ce que ça va bien? Est-ce qu'il y a des
risques de pénurie? Est-ce qu'il y a de la pénurie? ...et gérer la tarification
selon ces trois paliers.
On a aussi parlé aujourd'hui d'utilisateurs...
Là, on parle de la distinction entre la santé publique et... l'eau pour la
santé publique, la sanitation... comme étant une matière première ou
économique, et on parle d'utilisateurs.
Donc, est-ce que vous proposez de faire
une distinction entre les PME et les plus grandes entreprises au niveau des
utilisateurs?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Non.
Nous, ce qu'on propose, c'est uniquement par rapport à la sanitation, donc c'est
vraiment par rapport au droit d'usage. Quelle est la finalité de l'eau qu'on
utilise? Donc, on ne fait pas une distinction entre la grande ou la petite...
on fait vraiment par rapport au droit d'usage.
Mme McGraw : Je comprends.
Donc, vous nous proposez, en tant que vos utilisateurs, grandes entreprises,
PME, c'est la même chose. Selon vous, c'est seulement selon l'usage.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Oui.
C'est le même taux, le même taux, comme actuellement. Le statu quo au même taux
qu'actuellement.
Mme McGraw : Parce qu'on
comprend que les meilleures pratiques sont en Europe, ce n'est pas en Ontario
et ça ne sera pas au Québec. Mais pour mitiger le fait qu'on n'est pas rendus
où ils sont rendus en Europe avec la pénurie, etc., on... C'est... Justement,
il y a ces propositions-là pour justement avoir une approche nuancée au Québec,
si je comprends, selon certaines recommandations.
Donc, je voulais savoir si vous aussi vous
envisagez une approche nuancée selon l'utilisation, mais je comprends que c'est
vraiment selon... pardon, selon les utilisateurs et non l'usage. Donc, je veux
juste bien comprendre. Parfait.
Vous parlez aussi dans votre introduction
de vos membres et de la certification B Corp et justement vous avez aussi parlé
des PME... on a parlé des PME.
J'aimerais... Donc, j'aimerais en
apprendre davantage. Est-ce que vous pouvez nous élaborer un peu sur les
mesures prises par vos membres, en termes, par exemple, d'innovation verte, la
certification B Corp, entre autres?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...c'est
un processus de communauté. C'est un... en fait, je dirais, c'est un grand chemin...
c'est très, très bien identifié. C'est très bien cartographié. Il y a, je
pense, 60 questions. C'est un processus qui dure assez longtemps, ça peut
prendre deux, trois ans. Et, je dirais, au niveau du Québec, on a plusieurs
entreprises... Bon, il y a... bien entendu... Danone, mais aussi des plus
petites, quand je pense à Fourmi bionique, des entreprises de plus petite
taille qui sont plus bios. Donc... Mais c'est vraiment...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...une
espèce de mouvement qui commence au niveau de notre industrie. Donc, c'est une
conscientisation, pas juste sur l'eau, sur tout ce qui est ESG, donc
économie...
Mme Van Campenhout (Annick) : Environnement,
société.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Environnement,
société. Merci... Et donc ça va au-delà du développement durable. Ça veut dire
que c'est vraiment... ce n'est pas seulement économique, ce n'est pas seulement
développement durable, c'est vraiment la gouvernance et toutes les pratiques
qui sont remises en question et qui sont revues de manière justement à
améliorer, je dirais, l'écologie, mais au sens large.
Mme McGraw : Oui, oui, je
connais bien... mais ce que je cherchais, c'était peut-être plus des exemples
ou des...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Je
vous en ai donné quelques-uns. Il y a plusieurs entreprises qui sont en
processus.
Mme McGraw : C'était juste
savoir un peu plus sur les entreprises, un peu... avoir un peu plus de détails,
avoir comme des visuels, mais ce n'est pas grave. Je comprends le concept de...
c'était plutôt pour des exemples. Qu'est-ce qu'ils ont fait pour avoir... des
exemples, mais je vais vous laisser...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Mais
c'est ça, c'est difficile parce qu'il y a un questionnaire de 70 questions, et
chacune choisit dans lesquelles elle veut mettre de l'emphase, en fonction de
leurs objectifs propres. Donc, c'est difficile de répondre. Il y en a, ça va
être l'eau, il y en a, ça va être l'emballage avec l'écoconception, il y en a
d'autres, ça va être... ça peut être, je ne sais pas, peut-être remplacer...
mettre des capteurs solaires sur le toit pour réduire l'électricité. Ça fait
que c'est très, très vaste, ça fait que c'est difficile de vous donner un
exemple précis, il y a plusieurs exemples, en fait.
Mme McGraw : Parfait.
Parfait. C'est toujours bien d'apprendre un peu sur les membres, c'est le but
de la question, mais j'imagine qu'il y a beaucoup d'exemples.
Mme Van Campenhout (Annick) : ...en
tout cas.
Mme McGraw : Pardon?
Mme Van Campenhout (Annick) : C'est
un mouvement qui est bien amorcé, et on le salue, on l'encourage, même.
Mme McGraw : Excellent. Donc,
une question, les collègues le savent bien, c'est une question que je repose à
plusieurs groupes, j'aimerais savoir, au niveau de la gouvernance qui est
envisagée par le projet de loi n° 20, bien, par le fonds bleu, est-ce que,
selon vous, les mesures sont adéquates pour que les sommes prévues soient
utilisées aux fins prévues?
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Au
niveau de la gouvernance, nous, ce qu'on propose, ce serait la mise en place
d'un comité public-privé où il y aurait autant... étant donné que le fonds va
être alimenté autant par le gouvernement... M. le ministre, vous nous avez bien
spécifié qu'il va y avoir 500 millions parce qu'il est dans le budget puis,
après ça, il va y avoir des sommes du privé, donc c'est pour ça qu'on propose
qu'il y ait un comité pour que le fonds bleu soit géré conjointement.
Moi, j'ai l'expérience ou... Si vous
connaissez le partenariat canadien au niveau de l'agriculture, qui a été
annoncé il y a quelque quelques semaines et pour lequel M. Lamontagne fait
partie prenante, ce fonds-là est géré conjointement par le ministre de
l'Agriculture, par Agriculture Canada, par l'UPA et par nous, le CTAQ. Donc, ça
existe. Donc, c'est pour ça que je propose cet outil que nous utilisons, que
nous connaissons, mais bon, on propose à l'Assemblée ici pour que vous puissiez
avoir une espèce de modèle pour avoir un partenariat, comme ça, ça fait une
espèce d'équilibre entre le public et le privé.
Mme McGraw : Alors, peut-être
le temps pour une dernière question, je vous inviterais... Bien, je pense que
vous avez parlé un peu des angles morts, mais est-ce qu'il y a des angles morts
ou d'autres sujets que vous auriez aimé voir traités dans le projet de loi ou
est-ce qu'il y a des éléments, en conclusion, que vous voulez souligner pour la
commission?
• (19 h 10) •
Mme Van Campenhout (Annick) : Je
pense qu'on a pas mal tout énoncé. C'est sûr que, pour nos entreprises, la
transparence ou l'agrégation des données, on va dire ça comme ça, parce que la
transparence, de notre part, des entreprises, elle est là vis-à-vis des
pouvoirs publics, clairement, elle est là et elle est là de façon exhaustive.
Plus vous allez vouloir de données, plus on va vous en donner, ce n'est pas un
problème au niveau des pouvoirs publics. Là où on a de la difficulté, c'est à
cette ouverture à tout le monde, et peut-être... pas peut-être, en Ontario, ils
le font. Ici, au Québec, nous émettons, de la part de nos membres, beaucoup,
beaucoup, beaucoup de réserves. Et je mets beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Mme McGraw : Donc, merci à
vous et merci, M. le Président, c'est tout.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de Verdun pour 5mmin 30
s.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous pour votre présentation et la
discussion. Tantôt, on parlait de vos membres, qui sont surtout des PME, et je
voulais voir, il y a une recommandation dans la page 10... lorsqu'on va allouer
ou voir la possibilité d'allouer le fonds bleu pour soutenir puis accompagner,
je voulais savoir s'il y a une ouverture de votre côté pour ajouter, par exemple,
des critères qui...
Mme Zaga Mendez : ...reflète
la réalité des PME, parce qu'on sait que ce n'est pas la même chose, s'adapter,
quand on est une grande entreprise versus une entreprise, mettons, à 15,
20 employés. Ça fait que je voulais vous entendre un peu sur quel type de
critères pourraient être ajoutés pour mieux accompagner les PME.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...il
est effectivement possible de mettre des critères par rapport, mettons, au
volume d'affaires ou en fonction de... bon, dans ce cas-ci, ça va être des
volumes d'eau. Mais dans les cas de... quand on met en place un programme au
niveau ministériel, c'est très possible, bien entendu, de mettre des critères,
que ce soit la taille de l'entreprise, que ce soit le nombre d'employés, que ce
soit... à quel endroit, comment ils utilisent la ressource d'eau, qu'est ce
qu'elle fait. Donc, oui, c'est très possible de le faire, mais je n'ai pas les
détails, mais je sais que c'est possible de le faire puis, bon, les équipes
ministérielles sont habituées à faire ce genre d'exercice.
Mme Zaga Mendez : Oui. Mais
c'est plus pour voir l'ouverture de votre côté, de vos membres, à ce type de
conditions. Des fois, c'est l'éco... ou des conditions basées sur la taille des
entreprises.
Mme Van Campenhout (Annick) : Tout
à fait. Il y a des modulations qui sont possibles, des ouvertures. Même si ce
sont des compétiteurs, la plupart du temps, il y a une grande ouverture à
l'échange, à la discussion et il y a une régulation parce que les PME ont plus
de difficultés à investir, à innover, que les grandes entreprises.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
j'aurais une question sur la nature des fonds du Fonds bleu. Tantôt, vous
l'avez dit très rapidement lors de votre présentation que, bon, l'objectif,
c'est bien sûr réduire la consommation. Donc, si les fonds sont financés par
une redevance qui est basée sur l'utilisation... puis là vous allez être allé
très vite sur d'autres types de sources de financement qui pourraient venir
bonifier les Fonds bleus. Je ne sais pas si vous voulez élaborer là-dessus.
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : ...il
y a une partie qui vient du privé puis une partie qui vient du public, M. le
ministre l'a mentionné. Puis dans le cas de la redevance, bon, il y a trois niveaux
de redevances, ça fait que c'est comme ça. Puis je comprends que les sommes de
30 millions vont augmenter tranquillement. Ça fait que c'est pour ça
que... C'étaient ça, les différentes sources dont je parlais. C'est parce que,
dans la redevance, il y a différents niveaux de redevances. Donc, c'était juste
ça que nous, on voulait mentionner.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Je
pensais qu'il y avait une critique ou un ajout qui était en lien avec ça. Je
voulais juste voir. Mais je ne sais pas s'il y a d'autres choses que vous
voulez ajouter en lien avec soit l'accompagnement des PME ou d'autres...
M. Fraeys de Veubeke (Dimitri) : Bien,
pour l'accompagnement des PME, si vous nous en offre... Nous, en tant
qu'association, on est habitués à travailler avec les équipes ministérielles
pour travailler conjointement. Ça fait que je l'offre. Si jamais le ministre de
l'Environnement veut qu'on travaille ensemble pour voir quel serait le meilleur
outil, justement pour que les PME puissent réduire l'utilisation de l'eau,
nous, on offre nos services pour travailler en commun, pour voir comment est ce
qu'on peut améliorer. Parce que je pense que le... on travaille beaucoup avec
le MAPAQ, peut être pas suffisamment avec le ministère de l'Environnement, ça
fait que, c'est ça, la main est tendue pour, justement, dans l'avenir, s'il y a
des moyens de mettre en place, peut être, des groupes de travail pour mieux
faire avancer l'industrie, c'est ça que nous, on prend de l'avant.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie. Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Je vous remercie aussi pour votre contribution à nos
travaux. Et compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au
mercredi 10 mai 2023 après les avis touchant les travaux des
commissions où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 19 h 15)