Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 7 février 2023
-
Vol. 47 N° 5
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028.
Mme la Présidente, est-ce qu'il y a des...
La secrétaire, excusez-moi. Est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par Mme Zaga Mendez
(Verdun) et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin), par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la secrétaire. Ce matin, nous entendrons les organismes suivants : l'Association
québécoise des médecins pour l'environnement et le Centre québécois de
développement durable.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement et
je vous rappelle que vous disposez de dix minutes pour votre présentation,
après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les membres des
commissions. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer votre
exposé.
Oui, un instant. Excusez-moi. Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
• (9 h 50) •
Mme McGraw : Désolée. J'avais
souligné à la secrétaire que j'avais un point d'information, donc désolée. Je
ne vais pas prendre trop de temps. J'avais un point d'information parce qu'on
avait regardé les règles, la section sur les rapports, on avait l'intention...
on voulait souligner au début qu'on se réservait le droit de demander une
session de travail. Par contre, quand j'ai relu les règles, j'ai compris qu'on
peut seulement faire cette demande-là à la fin, au terme de l'étude du rapport.
Je voulais juste souligner la question. Est-ce que c'est bien le cas? Sinon, on
porterait cette motion-là tout de suite.
Le Président (M. Jacques) : Mais
je pense qu'on a...
Une voix : ...
Le Président (M. Jacques) : Donc,
ça peut être au terme du mandat, mais avec souplesse. Donc, on peut entendre la
demande avant. Par contre, il y a déjà une séance de travail qui a été
demandée, et je pense qu'elle était dans le but de la planifier, là, dans les
prochains jours.
Mme McGraw : Parfait. Donc,
je voudrais donc, s'il y a de la souplesse... Parce que moi, j'avais compris,
selon les règles, que c'était seulement à terme. Si ce n'est pas le cas, j'aimerais...
Mme McGraw : ...et cette
motion-là, de façon formelle, à la commission.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
on va la concilier au procès-verbal de la commission...
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Jacques) : ...et
les deux demandes seront prises en compte, celle de ce matin et celle qu'il y a
eu précédemment. Donc, on verra, par la suite, de quelle façon on va procéder.
Mme McGraw : Donc, est-ce que
je lis, parce que... de façon... pour la porter de façon officielle. O.K. C'est
parfait. Merci...
Le Président (M. Jacques) : Ce
n'est pas nécessaire. Merci.
Mme McGraw : ...merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jacques) : Donc,
je recommence. Donc, j'invite les médecins... L'Association québécoise des
médecins pour l'environnement. Donc, je vous demande de vous présenter et de faire
votre exposé de dix minutes. Merci.
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Merci. Bonjour à tous. Bonjour, M. le Président, messieurs, mesdames les
députés, et membres de la commission. Au nom de l'Association québécoise des
médecins pour l'environnement, l'AQME, je vous remercie vraiment beaucoup de
l'invitation de participer à cette présente commission. Bien que le préavis
était un petit peu court, je me présente brièvement, Claudel Pétrin-Desrosiers.
Je suis médecin de famille. J'oeuvre en première ligne au CLSC
d'Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Je suis responsable de santé planétaire
pour le Département de médecine familiale et médecine d'urgence de la Faculté
de médecine de l'Université de Montréal. Et j'ai complété, il y a quelque
temps, une maîtrise en environnement dans laquelle je me suis attardée, entre
autres, sur les bienfaits sanitaires de l'exposition à la nature. Puis
d'ailleurs j'étais bien contente de voir la thématique mentionnée dans le
document de consultation.
Je suis, devant vous, aujourd'hui, à titre
de présidente de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement,
une organisation qui regroupe quelques centaines de médecins à travers la
province et dont la mission est d'améliorer la santé humaine en améliorant
celle de la planète. Je suis accompagnée aujourd'hui, là, de madame Patricia
Clermont, qui est coordonnatrice de nos activités... Je suis devant vous
aujourd'hui... virtuellement, littéralement entre deux patients, c'est parce
que je considère que les défis environnementaux, soit la crise climatique, le
déclin de la biodiversité, la pollution, particulièrement la pollution
atmosphérique, sont parmi les plus grands défis de santé du XXIᵉ siècle.
Si on veut réduire les inégalités de
santé, améliorer, de façon générale, la santé dans une population donnée comme
au Québec, on doit le faire par une action environnementale ambitieuse,
planifiée et respectueuse des écosystèmes et de leurs limites. Mon rôle, comme
médecin de famille, est certes important, mais je suis convaincue que, parmi
les plus grands gains qu'il y a à faire en santé dans la province sont liés
intimement à celle de l'action environnementale. À l'AQME, on cadre un peu
notre vision et nos actions dans les principes de santé planétaire. Ça se
définit comme étant la santé humaine et celle des écosystèmes desquelles elle
dépend. La santé planétaire nous oblige à intégrer les considérations
environnementales et climatiques lorsqu'on parle de santé humaine. Et je vous
invite donc aujourd'hui à voir le travail que vous faites comme en étant un de
santé, et c'est en ce sens que je vais vous faire ces quelques remarques.
D'abord, je veux souligner à quel point la
démarche est importante bien qu'elle n'est pas une finalité en soi, parce que
la notion même de développement durable est ancrée dans l'idée qu'une économie
extractiviste, c'est compatible avec les limites planétaires, ce qui a été
démontré comme étant erroné par la science au fil des dernières années. Cette
même science là nous dit que, plutôt que des changements profonds dans le
fonctionnement de nos sociétés sont requis, et ce, de manière plutôt urgente,
et le gouvernement du Québec doit mener par l'exemple. Si on veut atteindre nos
objectifs communs dans les prochaines années, si on veut que cette nouvelle
stratégie soit un plus grand succès que la dernière, et elle le doit, il est
essentiel qu'elle soit accompagnée d'un travail vers une certaine forme de
sobriété, autant dans notre consommation d'énergie, que nos biens de
consommation. Et cela a été d'ailleurs souligné, là, dans l'Appel de Montréal,
que le gouvernement du Québec a lui-même signé et appuyé lors de la COP15 en
décembre dernier.
J'aimerais aussi vous référer, là, aux
travaux du G15 plus, qui propose différents indicateurs de bien-être pour
mesurer le progrès social plutôt que de la simple lentille du PIB. Au sujet du
document de consultation en tant que tel, je peux souligner positivement,
évidemment, l'orientation deux qui lie explicitement la nature et la santé,
mais je pense toutefois que cette orientation-là peut être bonifiée. Les
bienfaits de la protection de la nature pour la santé sont multiples et bien
documentés par la science depuis plusieurs années. Puis d'ailleurs on a lancé,
il y a moins d'un an, le programme Prescri-Nature, qui est une initiative qui
vise à outiller les professionnels de la santé et le grand public aux bienfaits
pour la santé physique et psychologique de l'exposition régulière à la nature.
Mais, pour cela, il faut que la nature soit accessible à proximité de nos
milieux de vie, et qu'on travaille collectivement à réduire les différentes
barrières pour son accès, qu'elle soit financière, géographique ou culturelle.
On sait également que la protection de la
biodiversité a des bénéfices sanitaires, entre autres, dans la diminution du
risque d'émergence des maladies infectieuses et de futures pandémies. On sait
aussi que la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'adaptation
aux changements climatiques, quelquefois négligées, là, sont essentielles et
sauvent des vies. L'adoption d'une approche de santé planétaire permettrait de
réunir, là, autour d'une table commune, des acteurs et des... qui sont
complémentaires, qui partagent des regards croisés, ce qui limite parfois...
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) : ...des
angles morts qui sont possibles. À notre avis, il serait intéressant de quand
même mieux cadrer cet élément-là, là, dès la présentation de l'orientation
deux, parce que les gains pour la nature sont des gains santé puis cela peut se
mesurer de façon très, très, très concrète, là, en réduction de maladies, en
amélioration de la qualité de vie et du bien-être et en décès évités.
Évidemment, ça représente des gains financiers non négligeables pour notre
réseau de la santé et des services sociaux, qui est déjà saturé, avec, par
exemple, une potentielle diminution de la pression et de la demande sur ce
réseau.
Juste pour vous donner quelques exemples,
là, en termes de qualité de l'air, on sait qu'annuellement la pollution
atmosphérique engendre des coûts de l'ordre de 30 milliards de
dollars par année sur le réseau de la santé au Québec. C'est des estimations de
Santé Canada. Et l'Institut national de santé publique du Québec nous révélait,
là, en 2018 que chaque vague de chaleur nous coûtait environ
55 millions de dollars au système de santé. C'est des coûts
importants qui peuvent être réduits, voire évités.
Sur l'objectif 2.3, plus
spécifiquement, là, qui touche les bienfaits de la nature pour les citoyens, je
pense qu'il serait crucial de non seulement parler d'accès aux milieux
existants, mais d'augmenter la présence d'espaces verts et d'espaces bleus, des
espaces hydriques, là, dans nos milieux de vie. L'Organisation mondiale de la
santé recommande que chaque citoyen ait accès à un espace vert à peu près à
300 mètres de son lieu de domicile. Il y a une règle en aménagement
urbain, là, qui est de plus en plus populaire, mais qui a été démontrée comme
efficace, là, dans les études pour inspirer un objectif gouvernemental, là, soit
le 3-30-300. Cette règle propose que chaque personne puisse voir trois arbres à
partir de son domicile, que le taux de canopée urbaine soit environ 30 %
et que l'accès à un espace vert soit à moins de 300 mètres du domicile.
Récemment, un rapport de Statistique Canada a démontré que le taux des
verdissements dans les grandes villes canadiennes, dont certaines au Québec,
avait diminué dans les dernières années, et qu'il était bien en deçà du
30 % proposé.
Alors, bien que plusieurs municipalités,
là, soutiennent de façon assez active des efforts de verdissement, on ne peut
pas augmenter le taux actuel si on continue en parallèle de détruire des forêts
matures ou d'autres espaces verts comme on l'a fait, entre autres, là, pour
construire certaines maisons des aînés ou comme on le propose actuellement avec
des projets d'élargissement du réseau routier ou des réseaux portuaires. Pas
plus tard que la semaine passée, une étude publiée dans la prestigieuse revue
médicale The Lancet, que vous connaissez peut-être, nous révélait qu'atteindre
30 % de canopée urbaine, là, permettrait d'éviter jusqu'à 30 % des
décès, 30 % des décès liés aux îlots de chaleur urbains. Je travaille
personnellement dans un milieu socioéconomiquement défavorisé, avec un taux de
verdissement plutôt faible et qui subit d'immenses pressions de développement
économique actuellement. Pour moi, c'est une réalité très, très, très concrète
qui touche la vie de mes patients.
Finalement, j'aimerais aborder, là, un
autre élément qui est plutôt absent de la stratégie, mais qui me paraît
essentiel, soit le rôle et la responsabilité du réseau de la santé et des
services sociaux dans cette stratégie de développement durable. Il y a un
meilleur arrimage qui doit se faire entre cette nouvelle stratégie et les orientations
en santé, et je pense qu'on doit certainement aller plus loin, là, qu'un simple
cadre d'approvisionnement responsable, qui est l'objectif, là, mentionné en
5.4. D'ailleurs, le développement durable était absent du plan santé, là,
présenté en 50 points, là, récemment par le présent gouvernement, ce qui
est un peu un non-sens, là, à nos yeux. Notre système de santé est responsable,
là, approximativement d'environ 5 % de nos émissions de gaz à effet de
serre. Il est estimé que, si l'ensemble des systèmes de santé à travers le
monde était un pays, il serait le cinquième plus grand pollueur. Et au-delà des
émissions de GES, bien, fonctionnement même du réseau, là, de la santé et des
services sociaux peut avoir des impacts négatifs sur les écosystèmes, qu'on
parle de déchets, de perturbateurs endocriniens, de pollution de l'eau, de
l'air, des sols, et donc, par conséquent, a des conséquences sur la santé
humaine, physique et psychologique. On aimerait beaucoup être capable de
soigner sans polluer puis ainsi agir en cohérence avec notre serment
d'Hippocrate que nous sommes tenus de respecter, qui est de d'abord ne pas
nuire.
• (10 heures) •
Un rapport de l'Institut climatique du
Canada, qui a été rendu public en 2021, nous disait qu'en l'absence de mesures
gouvernementales cibles, les changements climatiques creuseraient les
inégalités et feraient grimper considérablement les coûts des soins de santé au
pays. Le même rapport soulignait que les gouvernements pourraient sauver des
vies en réduisant les coûts sur les systèmes de santé s'il investissait dès
maintenant dans des mesures de résilience. Je pense qu'il y a là vraiment une
belle opportunité pour le Québec, qui pourrait d'ailleurs s'illustrer sur la
scène internationale et montrer l'exemple à d'autres régions à travers le
monde, un peu à l'instar de ce que le NHS, The National Health Service, le
réseau de la santé... un réseau de la santé en Angleterre, là, qui s'est doté
d'un objectif de carboneutralité d'ici 2040.
On vous tend une main collaboratrice si
jamais vous aimeriez approfondir cet élément-là. On pourrait également, là,
vous partager quelques... plus concrètes durant la période d'échange. Je vais
terminer mon mot avec ceci. Le défi devant nous, il est énorme, vous le savez,
mais il en est surtout un de cohérence et d'imputabilité. On peut mettre sur
papier les plus belles stratégies du monde, mais si ça ne reste que des mots ou
si on soutient des projets qui vont finalement en sens inverse, on ne pourra
pas célébrer des réels gains puis l'adhésion des citoyens québécois va être
beaucoup plus difficile. L'article 3 de mon code de déontologie me
rappelle constamment mon devoir de protéger la...
10 h (version non révisée)
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) : ...santé
individuelle et collective des patients que je suis appelée à avoir. Vous
trouverez chez les médecins et les professionnels de la santé des puissants
alliés quand il est question de santé durable et de santé planétaire. Je vous
invite donc à les intégrer plus naturellement lorsqu'il est question de
développement durable, de lutte aux changements climatiques et de protection de
la nature. Merci. Puis j'ai bien hâte d'échanger avec vous dans quelques
instants.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre présentation. Et je cède maintenant la parole à M. le
ministre pour une période de seize minutes 30.
M. Charette : Bonjour,
mesdames. Merci de vous joindre à nous ce matin malgré la distance qui nous
sépare. Et déjà c'est un temps de parole qui va être partagé avec les collègues
pour une raison fort simple, l'intérêt y est, et surtout, on a entendu
différents groupes au cours des derniers jours avec des profils bien
différents, mais vous êtes les premières à nous parler de cette association
directe et nécessaire avec la santé. Donc, merci d'être avec nous. Réseau de la
santé, stratégies de développement durable et municipalités où, à tout le
moins, il a été question d'assujettir les municipalités à la Loi sur le
développement durable. Je serais curieux de vous entendre davantage sur un
éventuel assujettissement du réseau de la santé. On parle des ministères. On
parle des organismes naturellement, mais quelle serait... Si ce n'est pas un
assujettissement en bonne et due forme, quelle serait la façon d'inclure
davantage le réseau de la santé qui, effectivement, pour des raisons bien, bien
légitimes et nécessaires, est aussi contributeur autant GES que matières
résiduelles, que... Bref, comment en faire de meilleurs partenaires?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Vous tombez dans un de mes dadas avec cette question-là. Il y a tellement
qui peut être fait. On sait que le réseau de la santé, là, depuis mars 2009,
est tenu d'avoir des comités de développement durable. Par contre, ce qu'on
entend sur le terrain, puis on a des médecins à travers les régions du Québec,
là, qui... puis on a eu la chance dans les dernières années d'échanger
activement sur cette question-là, ce qu'on se rend compte, c'est que ces
comités développement durable sont un peu implantés à géométrie variable à
travers la province. Dans certains cas, c'est des équipes complètes qui se
réunissent à tous les deux mois, qui ont des objectifs, qui sont épaulés de
groupes externes. Je tiens à souligner, entre autres, là, la contribution de l'organisation
Synergie Santé environnement qui, en ce moment, épaule énormément de réseaux
sur leurs demandes, là. Ça fait que les réseaux... par exemple, le CIUSSS de l'Est
a demandé à Synergie Santé Environnement de les épauler dans leur stratégie de
développement durable. Mais ce qu'on se rend compte, c'est assez inégal à
travers la province, parce que la seule obligation ministérielle qui existe en
ce moment, c'est d'avoir des comités de développement durable. Mais ce n'est
pas vraiment défini qu'est-ce que ces comités doivent faire, à qui ils sont
redevables, quelles sont les dates de tombée, quels sont les objectifs précis.
Et ce qu'on est en train d'apprendre de l'exemple du réseau de la santé d'Angleterre,
qui, bon, a une gouvernance un peu différente de notre système, mais duquel on
peut s'inspirer, c'est qu'ils ont établi des objectifs communs pour l'ensemble
du réseau puis en l'espace de quelques mois, c'est assez récent, là, mais ils
ont maintenant une équipe de 150 personnes qui travaillent à temps plein.
Ça vous donne une idée de l'ampleur de la tâche qui est devant nous. Mais c'est
le premier réseau à travers le monde... et le seul, d'ailleurs, qui a un
objectif de carbo neutralité. Et ce qui est intéressant, c'est vu qu'ils savent
qu'ils sont les seuls, bien, ils sont... ils se sont engagés à rendre leur
démarche accessible pour inspirer puis ils ont même mis sur fonds, là... un
fonds en place, là, à l'échelle internationale pour soutenir financièrement des
juridictions qui voudraient prendre des démarches.
Donc, qu'est-ce qu'on peut faire au
Québec, plus spécifiquement? Il y a à peu près deux ans, on avait soumis... en
fait, ça a été déposé à l'Assemblée nationale, là, en janvier 2022, une
pétition pour demander une démarche similaire au gouvernement du Québec pour qu'on
se penche... on se pose sur cette question-là, là, dans le réseau de la santé.
Mais certainement il y a un arrimage plus grand qui doit être fait. Je pense
que ce qui serait intéressant, c'est de mettre sur papier quels pourraient être
les objectifs partagés et que ces objectifs-là découlent dans les différents
CIUSSS, CISSS et réseau de la santé, comme on voit en Terres-Cries et au
Nunavik qui ont une juridiction un peu différente là. Mais je pense que ça
serait intéressant... en fait, primordial qu'on ait des objectifs communs qui
finalement découlent.
En ce moment, ce qu'on voit, c'est des
gens qui veulent faire des choses, qui sont bien intentionnés, mais qui n'ont
pas les ressources nécessaires, que ce soit au niveau financement, au niveau
ressources humaines, et qu'on est en train de tout faire un peu de notre côté,
sans nécessairement qu'il y ait d'expertises partagées, puis finalement on se
retrouve à créer plusieurs fois la même chose. Qu'on construit des nouveaux
hôpitaux, des établissements publics qui vont servir dans le réseau de la santé
et des services sociaux, bien, évidemment, il faudrait que ça monte l'exemplarité.
Puis on a vu quelques exemples, malheureusement,
récemment, de maison des aînés qui est un projet sociétal certes intéressant,
mais où on a détruit des forêts matures. Puis je pense, entre autres, à une
maison, si ma mémoire est bonne, elle est à Rivière-du-Loup, où on a finalement
construit un îlot de chaleur en ayant un espace de stationnement énorme et on
a...
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) : ...restreint
l'espace à des espaces... l'accès à des espaces verts. Donc, quand on parlait
de cohérence, c'est un petit peu ça aussi, quand on veut montrer l'exemple,
qu'on a une stratégie, bien, c'est important que ça découle dans l'ensemble de
ce qu'on fait dans le réseau, puis il y a certainement place à l'amélioration.
Il y a des choses très, très, très
concrètes qui peuvent être faites. L'Association, il y a à peu près un mois, à
rencontrer l'INESSS, justement, pour parler d'exemplarité en termes de
prescription de médicaments, plus particulièrement, là, des inhalateurs qu'on
utilise pour les maladies pulmonaires chroniques et de type asthmatique. C'est
assez précis comme sujet, là, mais juste les inhalateurs sont responsables d'à
peu près seulement... bien, en fait, 5 % de l'ensemble des gaz à effet de
serre émis par le réseau.
Ça fait qu'en termes de ce qu'on rembourse
comme médicaments, de pratique médicale, il y a de l'espace d'innover, mais je
reviens à l'idée principale qui serait très intéressante, que le ministère de
l'Environnement, le ministère de la Santé s'assoient ensemble, établissent des
objectifs pour l'ensemble du réseau, puis finalement que ça d'écoule, et qu'on
dote les structures qu'on a dans les comités de développement durable
d'objectifs communs partagés, puis qu'on développe une expertise. Puis il y a
certainement matière à rayonner à l'échelle internationale là-dessus.
M. Charette : Je ne sais pas
si vous avez lu, ça fait quelques semaines, je pense que c'est à l'hôpital
Sacré-Coeur à Montréal, je ne suis même pas certain, un employé qui, depuis des
années, avait pris sur lui de développer, justement, des pratiques de
récupération, revalorisation, et autres. Ça confirme un petit peu ce que vous
dites, il y a des belles initiatives, mais c'est beaucoup de leadership local,
donc c'est selon le leadership local que certains ou certaines veulent bien
exercer à ce niveau-là.
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Oui, exact. Bien, en fait, j'ai des exemples énormes au CHUM. Le CHUM, en
fait, le centre hospitalier de l'Université de Montréal, là, s'est doté d'un
objectif de carboneutralité dans une décision du conseil d'administration, et
c'est venu de l'initiative de Dr Stéphan Williams, là, qui est
anesthésiologiste au CHUM.
À Laval, le CISSS de Laval a mené la
première empreinte carbone, le réseau de la santé au Québec, d'un système de...
bien, en fait, bon, subrégional, là, qui incluait les SCOP 1, 2 et 3, mais
ils ont déboursé eux-mêmes des fonds pour le faire là. Puis là ils sont en
train d'essayer de transporter leurs méthodes apprises aux autres... à d'autres
CIUSSS qui voudraient le faire.
On a des médecins, à Laval, qui ont créé
ce qu'on appelle un éco-CMDP. Le CMDP, c'est le Conseil des médecins,
pharmaciens et dentistes. Et, avec l'éco-CMDP, c'est notamment ça qui a fait en
sorte qu'il y a eu une empreinte environnementale qui a été faite. Par contre,
j'ai des collègues dans Lanaudière qui essaient d'avoir une structure
similaire, ils se font dire non, ça bloque, il n'y a pas l'espace. Ça fait
que... Et ils ont des barrières très, très, très concrètes. On leur dit :
Non, ce n'est pas notre mandat, ce n'est pas notre notre initiative.
À Saint-Jérôme, il y a un conseiller en
hygiène et salubrité qui a fait venir une machine qui s'appelle l'Ecosteryl,
qui est une innovation en Amérique du Nord, qui permet de récupérer de nombreux
déchets médicaux puis en faire de l'économie circulaire, mais, encore une fois,
c'est venu d'une initiative très personnelle. Et, par l'appui de médecins,
d'infirmières et d'autres professionnels de la santé, on réussit à jongler à
travers les dédales administratifs, mais, quand on leur demande de nous
raconter comment ils ont réussi, l'espèce d'inertie inhérente au système de la
santé, mais les différentes procédures administratives où ce n'est pas très
clair, c'est quoi, les objectifs, font en sorte que c'est rarement priorisé.
• (10 h 10) •
Et, finalement, je vais faire un petit
détour, je reviens à l'exemple du NHS. Ce qui est intéressant en Angleterre,
c'est qu'ils ont sondé leurs professionnels de la santé. Ils ont sondé leurs
employés, puis ils ont dit : Est-ce que c'est important pour vous que le
réseau de la santé soit une figure de proue en environnement? Il y a quelques
années, le taux d'appui était à 92 %. Ils ont refait le sondage à chaque
année et ils l'ont fait en pleine pandémie, parce que c'est pendant la pandémie
qu'ils ont annoncé leurs objectifs de carboneutralité, ils étaient certains que
le taux allait diminuer parce qu'évidemment les gens, en plein dans la
pandémie, priorité qui peut être mise ailleurs. De façon surprenante,
l'adhésion avait augmenté au-delà de 94 %, 95 %. Et ce que les gens
rapportent, c'est qu'ils sont fiers de faire partie d'un réseau de la santé qui
contribue positivement à améliorer la santé des gens par sa structure, son
système et qui finalement offre une certaine forme de leadership pour minimiser
l'impact des perturbations environnementales. Et ça crée un sentiment
d'attachement, ça crée un sentiment d'adhésion, puis ça leur... ça les conforte
avec leur employeur.
Puis, si on va voir la NHS, vous allez
voir, les unes sont de près les mêmes qu'au Québec, là, ses taux d'attente à
l'urgence n'en finissent plus puis difficultés d'accès à un médecin de famille.
Ça fait qu'ils ont des réalités très similaires aux nôtres en termes de défis
rencontrés, mais ça ne les a pas empêchés d'aller de l'avant puis de générer un
intérêt puis une énergie, là, positive. Puis les gens sont fiers de participer
à cette démarche-là. Je suis convaincue qu'on retrouverait quelque chose de
similaire, là, au Québec.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci.
Dre Pétrin-Desrosiers, c'est de la musique à mes oreilles, je suis
contente que vous parliez des notions comme de santé planétaire...
Mme Grondin : ...que vous
poussiez plus loin sur une des solutions, qui serait peut-être de mettre en
place ou de donner des objectifs beaucoup plus clairs au niveau des comités de
développement durable pour qu'il y ait un travail similaire qui se fasse dans
chaque région. Je comprends, dans ma tête, c'est... Je ne dis pas que c'est
plus facile, mais c'est plus concret d'atteindre des objectifs de
carboneutralité pour le réseau de la santé, d'atteindre des objectifs de
réduction ou de gaspillage des matières résiduelles.
J'aimerais ça que vous me parliez d'accès
à la nature. Je comprends, vous avez donné l'exemple d'exemplarité, là, lors
des nouvelles constructions, d'essayer de faire des constructions qui ne
détruisent pas des forêts matures ou des forêts d'intérieur, ça, je le
comprends. Peut-être plus dans les pratiques médicales ou dans toute cette
notion-là de déficit nature, qu'est-ce qu'il est possible de faire?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Énormément. Je veux dire, la littérature sur les bienfaits de l'exposition
à la nature est assez impressionnante. Ça a été mon sujet de mémoire de
maîtrise, ça fait que je peux en parler très, très, très longtemps. De façon
générale, là, on sait que passer environ deux à trois heures par semaine dans
des espaces verts améliore la santé physique et psychologique, améliore le
bien-être. Ça a été démontré sur des études, là, de 20 000 patients. On sait
qu'après un contact d'à peu près 30 minutes... 15... bien, 20 à
30 minutes, là, dans un espace naturel, la fréquence cardiaque diminue, la
pression artérielle diminue, et le cortisol salivaire, qui est l'hormone du
stress, diminue aussi de façon significative.
Une étude australienne, là, nous a révélé
récemment que, si tout le monde passait environ 30 minutes par semaine
dans un espace naturel, on serait capable de réduire la prévalence de maladies
comme l'hypertension et la dépression de l'ordre à 7 % et 9 %. Je ne
connais pas grand-chose qui fait ça, là, honnêtement. Ça représente des
économies potentielles énormes pour le réseau de la santé. Seulement
l'hypertension artérielle, là, c'est à peu près un adulte sur deux en haut de
50 ans au Canada qui a un diagnostic d'hypertension artérielle.
L'accès à la nature dans les milieux de
proximité, dans les villes particulièrement, où c'est là qu'on remarque le plus
grand déficit nature, et particulièrement dans les quartiers économiques
sociaux... socioéconomiquement défavorisés, là, j'aurais le goût de dire... On
peut prendre l'exemple, à Montréal, de l'est de Montréal, du nord de l'île, de
Pointe-Saint-Charles, puis on peut même, à Québec, penser à des villes comme
Limoilou, c'est souvent des quartiers où on a accumulé des facteurs de risques
environnementaux dans les dernières années, que ça soit au niveau de la
pollution de l'air ou même l'espace, là... l'accès à des espaces verts de
qualité.
Qu'est-ce qu'on peut faire? Bien, on sait
que la meilleure réponse à ça, ce n'est pas seulement de dire aux gens d'aller
dehors, c'est que ces espaces-là soient accessibles. Quand on se rend compte
que, dans nos milieux de vie, on a des parcs urbains intéressants, des
trottoirs protégés, des accès facilitants aux espaces verts puis qu'on a des
endroits qui sont juste, par exemple, déneigés en hiver, où on a des poubelles
et des bancs réparés, bien, les gens vont investir ces espaces-là
naturellement. Puis on le voit pendant la pandémie, quand on ait été pris chez
nous pendant quelque temps, le réflexe de tout le monde, ça a été d'aller jouer
dehors. Et la Sépaq a connu un achalandage historique de ses espaces verts. Par
contre, ce n'est pas tout le monde qui a accès à une voiture pour sortir. Je
prends l'exemple de Montréal, là, mais pour sortir de l'île puis d'aller jouer
au parc national du Mont-Tremblant ou même à Saint-Bruno, qui sont, tu sais,
des espaces assez proches. Donc, il y a quelque chose à faire au niveau de
l'éducation relative à l'environnement dès le plus jeune âge, qu'on peut
intégrer dans des garderies plein air ou d'éducation relative à l'environnement
ou même d'éducation extérieure pour faciliter le contact avec la nature, puis
montrer que c'est possible de jouer dehors, peu importe la température. Puis
éventuellement, bien, il faudrait avoir des espaces verts de qualité, là,
accessibles, qui sont soit gratuits parce que la barrière financière en est
une, mais simplement la démocratisation des espaces, là, arrêter de percevoir,
que, pour aller jouer dehors, il faut des bottes de randonnée, des bâtons de
marche, puis le sac de dernière édition de randonnée, parce qu'on sait qu'il ne
faut pas nécessairement partir très loin, là, pour avoir ces bienfaits-là,
associés à l'exposition à la nature.
Mme Grondin : Merci.
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Merci à vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Merci. Merci,
docteure, d'être parmi nous. Moi aussi, c'est de la musique à mes oreilles.
Puis d'autant plus que ça soit de la musique à mes oreilles que j'ai personnellement
contribué à développer des projets d'accès à la nature, particulièrement pour
les jeunes, entre autres avec l'Association des camps du Québec. Puis, de vous
entendre parler de ça, ça me réjouit. En même temps, j'aimerais quand même vous
entendre sur ces compétences vertes là, que les médecins ont à développer, des
formations sur le développement durable...
M. Rivest : ...même peut-être
un terme, aussi qui, tranquillement, prend de la place, là, dans le Québec et
dans les éléments de recherche, qui est la santé durable. Donc, de voir
peut-être, avec vous, quelle est l'ouverture, actuellement, de la part du
Collège des médecins, de vos équipes pour ces formations-là sur le
développement durable, sur l'accès à la nature? Parce qu'on s'entend qu'il y a,
effectivement, des possibilités et des capacités énormes de réduire les coûts
du système de la santé par ces éléments-là, qui sont chiffrés. Bien, j'aimerais
ça peut-être vous entendre, de voir où en êtes-vous, avec la collectivité de
l'ensemble des médecins, sur ces sujets.
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
On a fait beaucoup de progrès dans les dernières années. Moi, ça fait une
dizaine d'années que je suis impliquée dans ces questions-là, puis, quand j'ai
commencé, on me disait : Qu'est-ce que tu fais, à parler d'environnement?
Tu es censée... Va étudier la médecine puis... Et vice versa. Mais là on a des
facultés de médecine qui ont des objectifs d'enseignement en changements
climatiques et en santé planétaire.
Moi, j'ai été mandatée, il y a un an, par
le Département de médecine familiale et médecine d'urgence de la Faculté de
médecine de l'Université de Montréal, de revoir, entre autres, la formation
qu'on offre à nos étudiants en médecine, et l'enseignement en santé planétaire
va être partie intégrante du nouveau cursus qui va être présenté dès les
prochains mois. Et ça, c'est partagé, là, je le sais, j'ai des collègues, à
l'Université Laval, qui travaillent très fort là-dessus, à l'Université de
Sherbrooke puis même à l'Université McGill. D'ailleurs, l'Association des
facultés de médecine du Canada a maintenant des objectifs en santé planétaire,
et l'AFMC, l'Association des facultés de médecine du Canada, là. C'est l'organe
qui régit un petit peu les critères, entre autres, d'accréditation, puis, si
les universités ne s'alignent pas avec leurs objectifs, elles peuvent perdre
leur titre, là, de faculté de médecine. Ça fait que c'est quand même des
avancées importantes. Ça fait maintenant aussi partie des évaluations, là,
quand les étudiants en médecine finissent leur doctorat. Dans l'examen final,
il y a maintenant des questions sur la santé planétaire, les changements
climatiques. Ça, c'est tous des gains qu'on a fait dans les dernières années.
Je vous dirais que je donne à peu près
trois, quatre conférences par mois à des médecins et des infirmières, des
physiothérapeutes, différents acteurs dans le réseau, soit sur les questions de
changements climatiques, de santé planétaire ou même d'accès à la nature. Il y
a énormément d'appétit, parce qu'on se rend compte que, oui, on a un déficit
d'enseignement puis on est en train de le rattraper.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Dre Pétrin-Desrosiers, on a terminé la période d'échange avec le gouvernement.
Je cède maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition officielle, la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je dispose de combien de minutes, s'il vous plaît?
Le Président (M. Jacques) : Vous
disposez de 9 min 54 s.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Alors, merci, Dre Pétrin-Desrosiers, et aussi votre collègue, d'être avec nous
ce matin. On comprend très bien que vous êtes... vous participez à deux
consultations en même temps, donc merci d'avoir pris le temps de participer
virtuellement avec nous ce matin. C'est sûr que vous êtes... Les médecins sont
les personnes les plus compétentes pour parler de la santé en lien avec
l'environnement, et un environnement sain. D'ailleurs, je veux juste... je
tiens à souligner que, la semaine passée, nous avions porté un projet de loi,
justement, sur l'environnement... un environnement... le droit à un
environnement sain comme un droit fondamental, alors on vous suit.
Alors, question... plusieurs questions.
C'est sûr qu'on parle beaucoup du lien entre la santé mentale et physique et
l'accès à un environnement sain, aux espaces verts. On comprend très bien
que... COVID... le confinement a fait en sorte que ça a creusé encore les
inégalités et on comprend très bien que ce n'est pas tout le monde qui a accès
aux espaces verts et bleus. Donc, dans ce contexte-là, quels seraient... Et
vous avez parlé d'un 300 mètres, je crois, un accès de 300 mètres. Est-ce que
vous pouvez élaborer sur ces enjeux-là?
• (16 h 20) •
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Oui, avec plaisir. Je veux dire, juste en termes de santé psychologique,
là, ce qu'on sait sur l'accès à la nature, c'est qu'au-delà de la réduction du
stress c'est associé avec une réduction des sentiments, des émotions négatives,
que ce soient du spectre des émotions, de dépression, d'anxiété. On sait que
c'est associé avec une restauration cognitive. Certaines études nous démontrent
que ça pourrait aider à prévenir le déclin cognitif et tout ce qui est maladie
du spectre de la démence ou des troubles neurocognitifs. Il y a certains
pédiatres, aux États-Unis, qui prescrivent des doses de nature, plutôt que des
doses de Ritalin pour le TDAH. Il y a certaines très bonnes études, là, qui
démontrent qu'une marche de 20 minutes en forêt équivaut à une dose de médicaments,
au niveau des performances scolaires. Puis on sait aussi que les employés ou
les étudiants qui voient des arbres ou des espaces verts, là, de leurs fenêtres
d'école ou de leur bureau, généralement, enregistrent des meilleures
performances.
Petite anecdote, il y a une étude... une
de mes études préférées, il y a quelques années, démontrait que les patients...
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
...en fait, c'est un chirurgien qui se questionnait pourquoi certains
patients sortaient plus vite de l'hôpital que d'autres après une chirurgie. Et
il réalisait que les gens, les patients qui voyaient des arbres de leur fenêtre
plutôt que ceux qui voyaient un mur gris, prenaient moins de médicaments pour
la douleur en postopératoire et ils sortaient plus rapidement de façon
significative, là, on parle d'à peu près une journée plus tôt. Et la seule, le
seul facteur différentiel, c'était l'accès, en fait, la vision à un espace
vert.
Et donc c'est très concret, ce que l'OMS
nous recommande, l'Organisation mondiale de la santé. C'est idéalement un
espace à 300 mètres, ce qui semble être une distance qui ne met pas des
limites, là, sur la durée de déplacement, qui ne semble pas constituer une
barrière géographique. Au-delà de ça, bien, il pourrait y avoir un effet de
désintérêt ou de démotivation, parce que ça nous semble plus loin. Ce n'est pas
tout le monde pour qui la mobilité active est si facile. Il peut y avoir
différentes situations qui nous mettent des limites. Mais c'est ce que
l'Organisation mondiale de la santé nous recommande. Et en termes de canopée
optimale, on sait que les villes au Québec sont généralement, là, 20, 25 %
de canopée, ce qui semble se démarquer dans la littérature et ce qui semble
contribuer à réduire les décès et améliorer la santé des populations sur
différents facteurs, là, maladies cardiovasculaires, maladies métaboliques,
maladies respiratoires. C'est quand on est de l'ordre de 20 à 30... De 30 à
40 %, là, pardon, de canopée. D'ailleurs, il y a à peu près trois ans, on
avait soumis, là, un projet, la politique du 1 % et qui avait été reprise
par certains partis politiques, entre autres, là, mais qui encourageait le
gouvernement à dépenser à peu près 1 % de ses dépenses en infrastructures,
qui équivalait à peu près à 170 millions de dollars par année pour
soutenir les efforts de verdissement. Et, ça, à nos yeux, ça allait permettre,
là, de contribuer de façon significative à la réduction de plusieurs maladies,
autant chez les enfants, les adultes que les personnes âgées de 65 ans et
plus.
Mme McGraw : Excellent.
Merci. Alors, vraiment, il y a des économies significatives sur plusieurs
niveaux, à plusieurs niveaux, je devrais dire, et vraiment, ça, ça rejoint les
trois piliers du développement durable parce qu'il y a le côté social aussi. Et
avec une population qui vieillit aussi, c'est très important, très intéressant
d'écouter ces propos.
Une autre question qui est liée vraiment
au plein air et la santé. On veut que les... Donc, on veut que les Québécois
sortent dehors plus, mais souvent aussi, c'est une question d'accès, mais aussi
c'est une question de pollution. On a vu récemment le rapport qui est sorti
publiquement à Limoilou et l'impact sur la santé publique. Alors, est-ce que,
est-ce que vous pensez qu'une stratégie de développement durable, en principe
et en pratique, pourrait justement prévenir et résoudre ces cas, ces enjeux?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
on parlait de cohérence tantôt puis je pense que c'est vraiment le cœur de
la question. Malheureusement, dans les derniers, bien, dans les derniers mois,
là, on a autorisé une augmentation des normes de nickel qui touchent
particulièrement le secteur de Limoilou. On a d'ailleurs, à plusieurs reprises,
là, contacté le gouvernement et la santé publique à cette question-là. Je
n'élaborerai pas sur les problèmes liés à l'augmentation de cette norme-là,
mais une erreur qui a été faite, dans quel type de nickel on considérait, et on
a basé nos normes sur le nickel qu'on retrouve en Europe, alors qu'on n'a pas
le même type de nickel ici. Et qui dit différents types de nickel dit
différents types de normes. Et donc, si on parle de développement durable puis
de vouloir améliorer la santé des gens en améliorant l'environnement puis en
essayant d'avoir un meilleur équilibre entre ce que la planète nous offre et ce
qu'on veut pour nos milieux de vie, nos communautés, bien, ça doit
inéluctablement être lié avec une politique de saine gestion de l'air et
d'amélioration de la qualité de l'air à travers le Québec.
Je parlais des coûts tantôt, c'est les
coûts de Statistique Canada et c'est probablement une sous-estimation. Mais on
a 4000 décès prématurés par année au Québec liés à la pollution de l'air,
une facture pour le réseau de la santé de 30 milliards. Nos normes de qualité
de l'air au Québec ne sont pas celles de l'OMS, celles de l'OMS ont été
révisées il y a à peine à peu près un an et demi, sont beaucoup plus strictes,
bien, en fait, sont plus strictes que les nôtres. Il pourrait être intéressant,
dans une optique de développement durable, de revoir ces normes-là et de
dire : on veut offrir le meilleur pour nos citoyens et ça passe par le
respect de ce qui est dit dans la littérature scientifique, et les normes de
l'OMS pourraient pour être appliquées chez nous. Encore une fois, le bémol,
c'est la cohérence et le suivi assidu de ces normes-là. On peut avoir des
normes, mais si on s'en rend compte seulement cinq ans plus tard qu'elles ne
sont pas respectées, bien, la population a déjà été exposée. Donc, tout... Je
vais arrêter là-dessus. Mais vous comprenez, je pense, l'idée générale derrière
tout ça.
Mme McGraw : Merci, Docteure.
Je pense qu'il nous reste à peine une minute, donc ma dernière question sera
très courte. Donc, vous parlez de cohérence ou de manque de cohérence. Vous
avez aussi parlé, donc, sur ce thème-là...
Mme McGraw : ...vous avez
parlé d'un manque de cohérence entre notre signature, au Québec, à la COP15 et
cette stratégie gouvernementale sur le développement durable. Est-ce que vous
pouvez élaborer là-dessus?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Bien, l'appel de la COP15 était assez ambitieux, entre autres, relevait,
là, le problème de nos systèmes économiques qui sont basés sur l'idée qu'on
peut croître à tout prix tout en exploitant les ressources naturelles à un
rythme qui est non soutenable. Je pense que, si on est prêt à signer des appels
comme ça, bien, ça doit être associé avec des stratégies de réduction de la
consommation et d'une certaine forme de sobriété, qui peut être très porteuse
de qualité de vie et de bien-être. Donc, ce n'est pas des choses qui sont
incompatibles, mais je pense que ça devrait alimenter les réflexions.
Mme McGraw : Merci. Est-ce
que vous avez d'autres choses à ajouter? Je pense que j'ai 30 secondes, je
ne sais pas, 40 secondes. Alors, c'est à vous de... si vous avez...
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Bien, oui, je vais en profiter pour peut-être juste aborder la question du
Collège des médecins du Québec, là, qui a été posée. Le Collège des médecins du
Québec, je ne peux pas parler en leur nom, mais ils ont des objectifs de
responsabilité sociale et de développement durable et d'environnement et ils
sont en train activement, là, de revoir un peu l'interprétation du code de
déontologie en lumière de ces pressions-là. Et d'ailleurs, hier, ils étaient
présents, là, à une coalition sur la santé planétaire qui a été initiée au
niveau fédéral avec le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, donc ils sont
présents pour ces discussions-là. Puis je pense qu'on va voir un rôle majoré,
là, dans les prochains mois, prochaines années.
Mme McGraw : Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup, M. le Président. Je remercie l'association des médecins québécoise
pour l'environnement pour ce rapport puis la présentation. Il y a deux choses
qui ont attiré mon attention. Tantôt, on parlait de cohérence. Il y a une
phrase assez marquante à la fin dans la conclusion qui nous dit qu'on peut
avoir... bien, on peut faire aujourd'hui la plus belle stratégie au monde en
termes de développement durable, mais, si on soutient des projets qui font
finalement reculer dans la triple crise climatique, de biodiversité, de
pollution, on ne peut pas célébrer de réels gains.
Alors, juste pour faire un suivi à ce que vous
disiez à ma collègue tantôt. Si demain matin on vous donnerait l'opportunité,
là, de changer... Là, vous parlez des projets qui font reculer dans cette
crise. De quels projets est-ce qu'on parle puis quels projets qu'on pourrait,
dans le court terme, changer pour respecter l'esprit de la stratégie?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
On s'est positionnés assez fermement là-dessus il y a quelques semaines,
quelques mois, mais je dois mentionner le projet du troisième lien routier. Là,
évidemment, c'est un projet qui va contribuer à l'étalement urbain, qui risque
d'atteindre les milieux naturels. Donc, évidemment, pour l'association, ce
n'est pas compatible, là, avec le défi actuel. Il y a une question qui va se
poser aussi de plus en plus, c'est toute la question du gaz dans nos
infrastructures publiques. Troisième élément qu'on peut considérer, c'est
que... Je sais qu'il y a un attrait, là, pour le lithium avec la transition
vers les véhicules énergétiques... électriques, mais il va falloir qu'on fasse
attention pour ne pas se retrouver avec des centaines de sites d'exploration ou
même d'exploitation de résidus miniers ou de produits miniers au nom de la
transition économique et au nom de la transition environnementale, sans
considérer que ces lieux-là sont souvent dans des milieux naturels riches de
biodiversité. Donc, ces quelques exemples.
Je peux nommer aussi le projet Ray-Mont
Logistique, je travaille juste à côté, les citoyens m'en parlent constamment...
mais, en fait, je dis «les citoyens», mais c'est mes patients. Ça cause un
niveau d'anxiété assez important. Puis d'ailleurs, pas plus tard qu'hier,
j'avais un de mes patients qui me rapportait que c'était une des raisons principales
qui nourrissait, là, son anxiété par rapport aux mesures environnementales.
C'est différents exemples. Tu sais, je
pense qu'on peut investir beaucoup plus en transport en commun, beaucoup plus
que seulement miser sur le transport électrique. Parce que, même si demain...
si on change toutes les autos pour les véhicules électriques, on va peut-être
réduire la pollution, mais il y a plusieurs autres problèmes de santé et de
développement durable qui ne seront pas abordés et qui vont être négligés. Donc,
quand on parle de cohérence, je pense que c'est de s'assurer que tous ces
éléments-là tiennent dans un puzzle bien construit et non qu'on ait des pièces
un petit peu partout dans la maison.
• (10 h 30) •
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
le deuxième élément que je pense qui attire notre attention, c'est toute la
question d'accès à la nature. Vous avez parlé tantôt... on a parlé du programme
Prescri-Nature. Et qu'est-ce que, selon vous, on peut inscrire dans cette
stratégie pour améliorer, dans le court terme, l'accès à la nature?
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
Bien, il y a différentes façons... Je pense qu'il y a des campagnes de
sensibilisation à grande échelle, là, sur les bienfaits de l'exposition à la
nature. Après, il faut voir dans les milieux de communautés, au milieu...
surtout le niveau municipal. Mais qu'est-ce qu'on peut faire pour...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Pétrin-Desrosiers (Claudel) :
...Amélioré en un espace très, très, très subrégional, submunicipal, l'accès
à des espaces verts de qualité. Tu sais, moi, j'ai des citoyens et des patients
qui me disent, je leur parle d'exposition à la nature, puis ils me disent :
Oui, mais tu as-tu vu le parc, de quoi qu'il ressemble, ce n'est pas
sécuritaire, il n'y a même pas un banc sur lequel je peux m'asseoir. Ça fait
que les infrastructures, qui sont assez la base pour que les gens se sentent
les bienvenus dans ces espaces verts là... On a des sociétés nationales, je
pense entre autres à la Sépaq, mais qui a quand même des frais pour y avoir
accès, il y a d'autres sociétés qui favorisent l'accès à la nature. Donc, je
pense qu'au-delà de la Sépaq, on pourrait réunir autour de la table, là,
différents acteurs puis entendre les échos du milieu. Évidemment, pour moi, ça
devrait inclure, là, les milieux scolaires et les garderies pour s'assurer que
dès la petite enfance, on a des expériences positives avec le plein air, puis
que ça s'intègre dans notre mode de vie et que ça ne soit pas juste quelque
chose qu'on apprend tout le tard, ce qu'on tend à voir, là, entre autres, chez
différentes communautés culturelles qui vivent et qui s'établissent au Québec,
où l'accès à la nature n'est pas nécessairement vu de la même façon, si je peux
le dire ainsi.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
madame, docteure Pétrin-Desrosiers, merci, madame Clermont, pour votre
contribution aux travaux.
Et je suis suspends les travaux quelques
instants pour accueillir notre prochain groupe.
(Suspension de la séance à 10 h 32)
(Reprise à 10 h 36)
Le Président (M. Jacques) :
Bonjour. Je souhaite la bienvenue à Monsieur Nicolas Gagnon, du Centre
québécois de développement durable. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour faire votre présentation, après quoi nous procéderons à la
période d'échanges avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter puis à commencer votre présentation.
M. Gagnon (Nicolas) : Bonjour.
Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, donc, merci
pour l'invitation d'aujourd'hui. Nicolas Gagnon, je suis directeur général du
Centre québécois de développement durable, que je vous présente brièvement.
Organisme à but non lucratif autonome qui,
depuis 32 ans, accompagne les organisations, soutient les organisations
pour opérationnaliser le développement durable dans les pratiques
organisationnelles. On a eu l'occasion d'accompagner 700 organisations. On
travaille avec un réseau de 100 partenaires. On est une équipe de
18 praticiens. Et on a eu l'occasion de soutenir le gouvernement du Québec
dans les travaux d'élaboration de la Loi sur le développement durable, dans
l'élaboration de plusieurs plans d'action, mises en œuvre de plans d'action
gouvernemental de développement durable et on déploie présentement quatre
projets structurants au Québec, dont le Fonds Écoleader, et également d'autres
projets en collaboration avec 11 ministères et organismes d'État.
Donc, la présentation que je vous fais
aujourd'hui... Bien, en fait, d'entrée de jeu, bien, je félicite le
gouvernement du Québec de poursuivre la démarche de développement durable qui a
amorcé en 2004. On est d'avis que c'est un engagement qui est indispensable
pour faire en sorte qu'on avance vers un véritable projet de société avec cette
stratégie. On a concentré nos recommandations sur six objectifs des
20 objectifs de la stratégie, et la mémoire est structurée en fonction de
ça. Donc, 19 recommandations formulées pour accroître l'efficacité,
l'efficience, la cohérence et la portée de la stratégie gouvernementale.
D'abord, en ce qui concerne le soutien
vers la transition vers les modèles d'affaires plus durables, ce que nous
recommandons, c'est de faire en sorte d'avoir une cible ambitieuse de 30 %
des entreprises de plus de cinq employés engagées dans une démarche formelle de
développement durable. Nous sommes présentement à 14 % des entreprises au
Québec, et, avec les leviers qui sont à la disposition du gouvernement, il y a
une possibilité d'accroître la part des entreprises, notamment avec le soutien
financier durable et l'approvisionnement responsable.
Une autre recommandation qu'on a, c'est
d'adopter une cible... la part des nouvelles entreprises en démarrage au Québec
qui intègre des considérations de durabilité dans leur modèle ou leur plan
d'affaires. Vous le savez, il y a une opportunité, pour les entreprises qui
sont démarrage, avec le soutien qu'elles ont au niveau de l'accompagnement ou
du financement, de participer à cette transition-là en amont, ce qui simplifie
beaucoup ces changements de comportement, si on veut, au sein du tissu
économique au Québec.
Un autre levier qui est à disposition du
gouvernement, c'est tout l'écosystème entrepreneurial de soutien, c'est-à-dire
les organismes de développement économique qui sont des intervenants de
première ligne pour soutenir les entreprises au niveau de leur démarrage, au
niveau de l'accompagnement. Mais, en fait, il y a un renforcement des capacités
à développer au niveau de ces organisations-là. Et c'est pourquoi on recommande
de mettre en place un projet structurant qui va permettre d'informer, de
former, d'outiller et de soutenir les organismes de développement économique
régional et local pour mieux soutenir les entreprises dans l'élaboration d'une
stratégie d'affaires plus durable. En fait, il y a différentes initiatives,
dont les PME Durable 02, au Québec, Impact, en Atlantique, qu'on déploie, qui
pourraient inspirer le gouvernement dans ce sens-là.
• (10 h 40) •
Une autre recommandation, c'est d'adopter
des cibles spécifiques associées aux proportions d'entreprises qui mettent en
œuvre des pratiques... différentes pratiques d'affaires écoresponsables qui
sont jugées prioritaires, dans la mesure où, vous savez, l'Institut de la
statistique du Québec fait un suivi de la proportion des entreprises qui
adoptent des pratiques d'affaires écoresponsables. Mais il y a une opportunité
de cibler certaines pratiques que vous jugez... que le gouvernement juge
prioritaires, que ce soit les pratiques liées à la gestion des gaz à effet de
serre, l'approvisionnement responsable, l'investissement responsable, pour
faire un suivi plus serré et une modalité... de moduler en conséquence les
leviers pour faire en sorte qu'on accélère par rapport à certaines pratiques.
Une autre recommandation qu'on a est en
lien avec le Fonds Écoleader qui est un projet structurant à disposition du
gouvernement du Québec pour accélérer la transition. C'est un projet qui
comprend trois volets dont on a la chance d'avoir la responsabilité de deux
volets qui est l'accompagnement, l'animation du réseau d'agents du Fonds
Écoleader...
M. Gagnon (Nicolas) : ...Qui,
soit dit en passant, un réseau de 24 agents qui a réussi en quatre ans
d'organiser 450 séances d'information, de rejoindre de 50 000 entreprises
et qui travaille avec un réseau de 275 organismes dans les régions du
Québec. Et ce réseau-là, à notre avis, est pertinent et doit poursuivre son
action.
Un autre volet, c'est tout le répertoire
des ressources. On s'occupe, nous, d'un répertoire de 500 experts en
pratiques d'affaires écoresponsables. Plus de 160 programmes qu'on fait
étroitement avec, qu'on gère étroitement avec le ministère de l'Économie, un
inventaire de 100 outils en gestion du développement durable dans les
organisations. Donc, en bout de ligne, en plus du renouvellement du
financement, on souhaite que... On recommande de bonifier le financement pour
le déploiement d'une phase deux du Fonds Écoleader pour la période de
2024-2029, en lien avec ces trois volets du Fonds Écoleader. Et, en fait, étant
donné que le réseau de fonds Écoleader a réussi à rejoindre 20 % des
entreprises au Québec, on recommande de se doter d'une cible de 30 % des
entreprises au Québec, informer sur les opportunités d'affaires associées aux
pratiques d'affaires écoresponsables, notamment les ressources financières et
les ressources techniques qui sont à leur disposition.
Au niveau de l'économie circulaire, vous
le savez, là, on a un faible taux de 3,5 % au niveau de l'indice de
circularité des ressources au Québec, donc ça montre l'ampleur des chantiers à
mettre en œuvre. Et dans ce sens-là, on recommande au gouvernement du Québec de
renouveler le financement de Recyc-Québec pour la réalisation de projets de
symbiose industrielle et autres stratégies de circularité qui se sont avérées
efficaces au Québec dans les différentes régions.
Également, en ce qui concerne les
organismes municipaux, évidemment, on est d'accord avec l'importance de mettre
à contribution davantage les organismes municipaux pour le développement
durable de nos territoires. Ce qu'on aurait souhaité, c'est peut-être des
mesures un petit peu plus serrées au niveau du contrôle pour faire en sorte que
ces organisations-là contribuent davantage. Dans le passé, on a souvent
recommandé, par décret, d'assujettir les organismes municipaux à la Loi sur le
développement durable. Mais à défaut d'aller là, on recommande d'adopter une
cible ambitieuse liée à la part des organismes municipaux qui se dotent d'une
démarche globale de développement durable.
En 2006, on avait appuyé un projet, on
avait réalisé un projet pilote. On avait trois organismes municipaux au Québec
qui avaient une stratégie. En 2012, on était à 19 % des organismes
municipaux au Québec, 2020, 30 %. Je pense qu'il y a de la place à faire
des progrès dans ce sens-là, à défaut de les assujettir, et étant donné tous
les impacts positifs que ça peut avoir dans une communauté, une collectivité.
Au niveau de renforcer le développement
durable au niveau des centres des décisions du gouvernement, on le sait, là, au
niveau des projets majeurs, le gouvernement du Québec s'est doté de cadres et
d'outils d'analyse pour faire en sorte que le développement durable soit au
cœur des décisions. Mais ce qu'on se rend compte, c'est que ce n'est pas
systématiquement le cas, que, souvent, le développement durable ou l'analyse de
durabilité arrive trop tard dans la prise de décision et ne permet pas toujours
d'apporter des mesures correctives ou de choisir les meilleurs projets. Dans ce
sens-là, on recommande de renforcer cette prise en compte là pour faire en
sorte que la grille de durabilité ou la prise en compte de ces enjeux-là suive
le cheminement jusqu'aux plus hautes instances. Et dans ce sens-là, on
recommande d'améliorer l'importance accordée à la prise en compte des enjeux de
développement durable dans la prise de décision pour autoriser ou non les
grands projets par le ministère du Conseil exécutif et le Conseil du trésor.
Au niveau de tout le volet
d'investissement, de soutien financier durable, on formule plusieurs
recommandations dans la mesure où, on le sait, là, il y a des opportunités
vraiment intéressantes de faire en sorte d'accélérer la transition par le
soutien des organismes de développement économique. Et, bon, il y a plus de
100 organismes de développement économique régional et locaux au Québec,
plusieurs centaines de millions qui sont octroyés chaque année pour le
démarrage de croissance des entreprises et, dans ce sens-là, on va déployer un
important chantier au Québec qui s'appelle Financement durable pour une
économie verte et responsable au Québec. Ce projet-là va être lancé dans les
prochaines semaines et il va mettre de l'avant différentes initiatives,
l'accompagnement d'un groupe d'organismes de développement économique, des
grilles, de la formation, des webinaires, pour mobiliser les organismes. Et
dans ce sens-là, dans cette ligne-là, on recommande de, bien, reconnaître le
projet Financement durable pour une économie verte et responsable comme un
chantier structurant dans le cadre de la prochaine stratégie pour renforcer
l'action du gouvernement au niveau du soutien financier durable. On recommande
également de se doter d'une cible du nombre d'organismes de développement
économique qui intègrent des critères de durabilité et une cible liée à la
valeur des montants octroyés à chaque année. Également, on recommande
d'effectuer un suivi annuel de l'avancement de ces pratiques au niveau des
organismes de développement économique. On va déjà faire un inventaire dans la
prochaine année, un état de situation, mais de poursuivre annuellement pour
vraiment mettre davantage à contribution ces organisations-là et, de manière
plus ciblée, adopter une directive pour assurer que les fonds d'investissement
destinés à soutenir...
M. Gagnon (Nicolas) : ...Le
démarrage de nouvelles entreprises prenne en compte des critères de durabilité
dans l'évaluation des modèles et des plans d'affaires.
Je vais très vite. D'autres cibles
visent... D'autres recommandations visent notamment les marchés publics pour
faire en sorte que, bien, vous l'avez constaté sans doute, là, 50 % des
organismes et ministères ont des politiques d'approvisionnement responsables,
mais on est à seulement 5,8 % des proportions d'acquisitions responsables.
Dans ce sens-là, on propose de donner un petit peu plus de mordant, là, de la
cible de 15 % qui est associée à la priorité à l'achat québécois. L'État
donne l'exemple avec... En s'inspirant de ce que fait notamment la Société de
transport de Montréal avec... En recommandant de se doter de cibles en
pourcentage du nombre de contrats en cours d'année, ainsi que la valeur des
montants pour chacune des organisations avec des critères de développement
durable, des pratiques d'approvisionnement responsable.
Je continue avec le volet lié à...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant, rapidement, là, parce que vous avez dépassé votre temps. Mais M. le
ministre vous laisse la chance de continuer, là.
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
je vous remercie. Très brièvement, au niveau du soutien des réseaux
parapublics, évidemment, on recommande au gouvernement d'adopter des cibles de
performance plus ambitieuses... Ambitieuses, en fait, pour accroître la
contribution de ces réseaux-là à la démarche gouvernementale et même d'aller
plus loin avec... d'assujettir ces organisations-là avec... À la Loi sur le
développement durable. En fait, je pense que c'est important qu'ils soient à
contribution par rapport... Qu'ils contribuent aux cibles, aux objectifs
stratégiques qui ont été identifiés pour ces réseaux-là. Puis c'est clairement
un pas dans la bonne direction, mais je pense que c'est important d'avoir des attentes
précises par rapport à leur contribution et de la part des organismes, des
ministères qui... Le ministère qui les soutient... là où les ministères qui les
soutiennent...
Donc, en terminant...
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Gagnon. On a dépassé beaucoup. Donc, je vais laisser la parole à M. le
ministre.
M. Charette : Merci,
Monsieur Gagnon. Merci à vous d'être avec nous ce matin, mais également un
merci tout spécial à votre organisation qui est impliquée depuis de nombreuses années.
Un petit mot, et le temps sera partagé avec mes collègues, compte tenu que le
temps file rapidement.
Vous l'avez abordé d'entrée de jeu,
l'implication des plus petites entreprises à une stratégie de développement
durable ou un engagement ou à tout le moins des mesures prises au sein de ces
plus petites entreprises Là, vous le disiez, hein, 14.2 % sont engagées
lorsqu'on parle de plus petites entreprises, de cinq employés et plus. Mais on
constate que ce pourcentage-là augmente quand même de façon significative dans
les mêmes proportions que le nombre d'employés augmente. Les chiffres sont
plutôt encourageants. Bien, c'est-à-dire, encourageants, on en voudrait
toujours plus, mais on en est à plus de 40 % lorsqu'on parle d'entreprises
de 250 employés et plus. On peut le deviner, puis cette question-là avait
été abordée avec d'autres interlocuteurs, là, dans les derniers jours, mais on
peut deviner que plus de ressources dégagent des ressources pour justement
développer des stratégies de cette nature-là. Mais pour les plus petites, quel
est l'incitatif, quelle est l'approche qui devrait être retenue, là, pour
augmenter et atteindre l'objectif souhaité, là, qui est évoqué, de 30 %?
• (10 h 50) •
M. Gagnon (Nicolas) : Oui.
Bien, en fait, je pense que ce qui est fait présentement par votre gouvernement
au niveau du fonds Écoleader pour soutenir les petites entreprises dans
l'amorce d'une démarche développement durable, ça fait partie de la solution.
Et ces entreprises-là ont un intérêt. Même souvent, les entreprises de 3 à
5 employés, là, vont avoir un intérêt d'aller dans cette direction-là.
Souvent, c'est que les moyens sont limités. Mais un accompagnement pour
soutenir, pour amorcer une démarche stratégique de développement durable, c'est
un levier. Et, en fait, j'en ai parlé à quelques reprises tout à l'heure, mais
tout le volet de soutenir en amont ces petites entreprises-là, qui démarrent,
en faisant en sorte que les conseillers qui les accompagnent soient bien
outillés pour bien les conseiller et fassent en sorte que ça soit en amont dans
leur plan d'affaires, ça changerait la donne. Donc, c'est deux pistes, je
pense, qui sont importantes à considérer, surtout une troisième quand il y a
des considérations ou des contraintes qui sont associées au financement, une
enveloppe financière qui est bonifiée, par exemple, parce qu'une entreprise
intègre des intrants biologiques ou certaines bonnes pratiques d'affaires plus
écoresponsables. Donc, je pense que les leviers sont là et les cibles qui
sont... les recommandations qui sont faites dans ce sens-là permettraient
d'amener une contribution plus importante des petites entreprises, des TPE en
particulier.
M. Charette : C'est bien
gentil. J'ai mon collègue de Masson qui va prendre la relève. Un petit clin
d'œil amical, n'oubliez pas d'arroser votre plante, elle semble avoir la mine
basse un petit peu...
Le Président (M. Jacques) : ...merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Masson.
M. Lemay : Sur cet excellent
conseil du ministre, je vais poursuivre. Le ministre parlait de votre
recommandation 1 dans sa question. Je vais y aller avec la
recommandation 2. Justement, lorsque vous mentionnez que vous voulez qu'on
adopte une cible sur l'apport des nouvelles entreprises en démarrage qui
intègrent des enjeux de développement durable dans leur modèle de plan
d'affaires... tu sais, vous avez parlé du 30 % des entreprises de plus de
cinq employés et plus dans votre recommandation 1, mais, dans votre recommandation 2,
est-ce que ça serait sans égard au nombre d'employés? Et quelle serait la cible
que vous proposeriez?
M. Gagnon (Nicolas) : En
fait, c'est une bonne question. En fait, il y a une différence entre mettre de
l'avant une démarche globale de développement durable, d'avoir un engagement
des dirigeants. Bon, il y a différentes considérations qui ont été bien
définies pour une démarche structurée de développement durable dans une
organisation. Puis une entreprise peut débuter, peu importe, elle est à quel
stade de son développement. Souvent, les entreprises commençaient après
quelques années. Une petite TPE, c'est... ça va être dans le plan d'affaires,
certaines considérations, pour faire en sorte qu'en amont certains intrants,
certains choix de développement ou certains choix de localisation vont être
pris en compte en amont. Donc, par rapport à ça, les considérations, les
critères de durabilité vont varier... ils peuvent varier énormément d'une
organisation et à une autre.
Mais je pense que... déjà, d'avoir une
cible, de faire en sorte que, par exemple, 20 % des nouvelles entreprises
au Québec intègre des considérations de développement durable dans leur plan
d'affaires, je pense que ce serait déjà une bonne chose parce que les
organismes de développement économique n'ont pas d'orientation dans ce sens-là.
C'est en... Il y a une prise de conscience parce que, de plus en plus, ces...
entreprises là, un écosystème avec lequel on travaille beaucoup, voient
l'évolution du marché et se rendent compte que ça devient un enjeu pour le
positionnement des entreprises. Mais c'est deux choses, là, je dirais,
complètement différentes. C'est trois... C'est deux stratégies différentes pour
accroître la participation des entreprises à la transition.
M. Lemay : O.K. Donc, je
retiens, là, que vous auriez peut-être un préjugé favorable pour 20 % des
nouvelles entreprises. C'est ce que je retiens. Puis vous avez mentionné dans
votre réponse aussi les conseillers en développement économique, là, qui sont
en lien avec le ministère de l'Économie, de l'Innovation qui sont dans... bien,
en tout cas, pour nous dans la MRC Les Moulins, c'est à même la MRC Les Moulins
puis ils accompagnent les entreprises. Vous dites qu'ils devraient avoir une
stratégie, vraiment, qui leur est ajoutée en plus d'inclure le développement
durable. Vous dites que, de base ou d'office, ça ne fait pas partie de leurs
orientations. C'est ce que vous affirmiez ce matin?
M. Gagnon (Nicolas) : Je
l'affirme haut et fort, mais, en fait, c'est en train de changer dans la mesure
où il y a certaines organisations de développement économique qui se sont
rendues très loin, et ça fait partie de leurs pratiques. Dans quelques
semaines, on donne une formation à PME Montréal, par exemple, à l'ensemble des
conseillers aux entreprises. Il y a des organisations qui savent que c'est...
il faut aller dans cette direction-là, leur modèle d'affaires intègre ça,
d'autres, ils ne sont pas du tout rendus là. Donc, ils n'ont pas de directives,
présentement, d'aller vers des pratiques de financement plus durable ou
d'intégrer ça dans leur accompagnement. Je vous dirais que c'est les signaux du
marché qui les informe qu'ils doivent faire des pas dans cette direction-là.
M. Lemay : O.K. monsieur
Gagnon, j'aimerais vous amener un peu plus loin dans votre mémoire, là, avec la
stratégie 3.4 qu'on a : d'investir de façon durable au profit des
Québécois. Vous en avez parlé... Bien, c'est l'objectif 5.3 de la
Stratégie gouvernementale du développement durable, mais c'est le point 3.4
dans votre mémoire. Puis, à votre recommandation 10, là, vous mentionnez
justement «reconnaître dans la SGDD... le projet de "Financement durable,
pour une économie verte et responsable au Québec", comme un chantier
structurant».
J'aimerais juste savoir. Dans le fond, tu
sais, vous dites qu'il faudrait qu'on reconnaisse le projet de financement
durable, mais, dans la stratégie, ça fait partie du chantier 3, qui est
justement d'avoir la feuille de route pour développer le nouvel écosystème de
la finance durable. Donc, dans le fond, ce que je comprends, c'est que votre
recommandation 10, c'est que vous dites : On est en appui avec le
chantier 3 de la stratégie gouvernementale. C'est un peu le résumé...
M. Gagnon (Nicolas) : Non, la
petite nuance en fait, c'est que la finance durable va toucher davantage, là,
les institutions financières, les banques, les grandes institutions financières
qui gèrent des fonds, peut-être, à très haut niveau, versus le financement
durable ou le soutien financier durable qui touche davantage le financement
octroyé par, principalement, les organismes, là, de développement économique
auprès TPE, des PME. Donc, on est dans un autre niveau. Les organismes de
développement économique vont appeler ça de l'investissement, leur politique
d'investissement. Donc, c'est à ce niveau-là que nous, on va... on commence à
intervenir avec le chantier qu'on veut qu'on souligne. Et donc c'est deux
chantiers qui sont différents. Je ne sais pas si ça clarifie, mon...
M. Lemay : ...oui. Non, merci,
parce que j'étais sous l'impression qu'on parlait du même chantier, mais vous
venez de mentionner que c'est un tout autre ordre d'idées, donc j'apprécie cet
élément de réponse.
Écoutez, ce que je comprends, c'est que,
selon votre interprétation, c'est qu'il y a du travail à faire sur le
développement économique régional puis c'est ce que vous proposez, dans le
fond, qu'il y ait une implication davantage du côté régional, pour, justement,
qu'on ne soit pas à géométrie variable, mais qu'il y ait comme une uniformité.
C'est ce que je pourrais résumer de votre élément de réponse.
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
en fait, ce qu'on ce qu'on propose avec... En fait, il y a deux recommandations
principales avec les organismes de développement économique. D'une part,
d'accélérer toutes les pratiques de financement durable, soutien financier
durable, et ça, on a un chantier qui va être en appui du gouvernement dans ce
sens-là. Et, d'un autre côté, il y a les services d'accompagnement, les services
d'accompagnement étant les conseils et l'aide technique que ces
organisations-là donnent aux entreprises, qui devraient être améliorés.
M. Lemay : Merci.
M. Gagnon (Nicolas) : Ça me
fait plaisir.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Oui, bonjour.
Moi, je voulais savoir, en fait : Pour les très petites entreprises, là,
de moins de cinq employés, si vous aviez une source d'énergie à prioriser, mettons,
pour l'économie ou la conservation, ce serait sur quelle source d'énergie vous
miseriez, tout d'abord?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une très bonne question. J'aurais tendance à vous dire que les TPE, au Québec,
sont branchées sur le réseau d'Hydro-Québec, donc d'aller vers l'énergie
hydroélectrique. Par contre, pour les entreprises qui sont en site isolé, comme
les pourvoiries, bien là, en fait, il y a différentes... La principale
solution, c'est l'énergie solaire, avec les panneaux solaires. Certaines vont
aller vers des petites turbines, là, qui sont... mais il y a des petits enjeux
autour de ça. Mais, principalement, l'énergie solaire, je vous dirais.
Mme Bogemans : O.K. Donc,
est-ce qu'avec le Fonds Écoleader vous pourriez, par exemple, accompagner les
entreprises pour dire : On délaisse tranquillement le gaz naturel ou le
fossile pour aller plus vers l'hydroélectricité?
M. Gagnon (Nicolas) : O.K.
Bien, quand... En fait, peut-être nuancer, là. L'hydroélectricité, évidemment,
c'est quelque chose qu'on encourage. Parfois, il y a des contraintes de
production industrielle qui font en sorte que ce n'est pas nécessairement la
meilleure énergie. Mais, je tiens à le souligner, dans le cadre du Fonds
Écoleader, il y a des études qui peuvent être financées qui permettent de faire
un audit énergétique pour trouver différentes alternatives, par un spécialiste
en efficacité énergétique, et, souvent, de faire des gains significatifs au
niveau de l'efficacité énergétique dans l'entreprise. Donc, il y a des gains,
je pense, en termes d'efficacité énergétique, énormes à faire.
Et pour les sites isolés, là, je pense
qu'il y a souvent des études qui peuvent être faites également pour trouver la
bonne technologie, les bons types de panneaux solaires ou de miniturbines, là,
pour combler les besoins énergétiques. Mais je vous dirais qu'au niveau... on
est plus en mode efficacité énergétique, avec la question de l'énergie, avec
les entreprises au Québec, en général.
Mme Bogemans : Super. Puis au
niveau... Tu sais, tantôt, vous parliez de signaux du marché, là, pour
positionner les petites entreprises qui s'engagent dans des démarches de
développement durable, pour que ce soit, dans le fond, transférable, puis que
ça ait une certaine valeur au niveau des consommateurs, de leurs consommateurs.
Est-ce que vous trouvez que ce transfert-là va bien en ce moment? Est-ce que ça
se traduit bien, est-ce que les consommateurs le comprennent bien, puis qu'on
est capables d'avoir une plus-value?
• (11 heures) •
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une très bonne question, en fait. Bien, d'une part, les signaux du marché, pour
les entreprises... En fait, ça devient de plus en plus clair, là, que les
grands acheteurs, publics comme privés, les bailleurs de fonds, les consommateurs
et, même, la main-d'oeuvre, maintenant, ont des attentes sur des pratiques
d'affaires plus responsables. Ça, c'est une chose. Après ça, c'est sûr qu'on
voit des entreprises qui... Les consommateurs, si on se fie au baromètre de la
consommation responsable, sont de plus en plus nombreux à être prêts à payer
plus cher pour des produits plus écoresponsables, auprès d'entreprises qui ont
des pratiques plus durables. Ça, c'est un constat qu'on observe à l'échelle
internationale. Après ça, évidemment, il va y avoir la barrière du prix, qui va
toujours être un blocage, là, parce qu'en bout de ligne c'est un choix dans la
prise de décision, et, dans un contexte où on vit de l'inflation présentement,
c'est une contrainte importante.
Mais je pense que les entreprises sont
conscientes qu'il y a une opportunité d'affaires et qu'il y a des enjeux,
aussi, environnementaux qui dictent de changer les façons de faire. Après ça,
je ne vous cacherai pas qu'avec ce qui se passe présentement c'est un frein,
là, le positionnement par rapport à certains produits biologiques, par exemple.
Mais il y a une opportunité là. Mais après ça, une analyse de marché plus
détaillée au niveau des consommateurs, là, je ne m'avancerais pas trop
là-dessus aujourd'hui.
Mme Bogemans : O.K. Parfait,
merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée d'Argenteuil, pour
2 min 20 s.
Mme Grondin : Donc, M.
Gagnon, bonjour...
11 h (version non révisée)
Mme Grondin : ...Peu de temps
pour répondre à ma question. Je reviens sur la proposition ou la recommandation
que vous faites en termes d'intégration, d'un certain point, des principes de
développement durable, mais en amont, au niveau du développement régional, et
donc de porter une attention particulière aux conseillers, là, qui accompagnent
au niveau, par exemple, des MRC, comme dans mon comté, service de développement
économique. Ma question : est-ce que selon vous, on doit avoir une vision
similaire de soit de critère ou de formation partout au Québec ou chaque région
ou chaque MRC pourrait se doter, tout dépendant de leur dynamique économique
spécifique, de différents critères, donc, un travail entre le service d'aménagement
du territoire, le service de développement économique, ou on devrait avoir une
base partout pareille?
M. Gagnon (Nicolas) : Je
pense qu'il devrait y avoir une adaptation, en fait, des critères. Parce que la
réalité sectorielle ou territoriale des territoires varie tellement que
certains... pour certains, c'est une priorité territoriale, là, au niveau de la
MRC, par exemple, l'agriculture biologique et toute la filière de transformation
alimentaire dans ce sens-là. Donc, ils peuvent aller beaucoup plus loin avec
certains critères par rapport à ça versus certains territoires où, oui, c'est
intéressant d'aller dans cette direction-là, mais ce n'est pas une priorité
territoriale. Donc. Oui, je laisserais, je pense qu'il y a une marge de
manœuvre aux... il faut que ces organismes de développement économique là aient
une marge de manœuvre, parce qu'on n'est pas assez rendus loin, là. C'est... On
est au stade de les informer, les soutenir, de les outiller. Mais je crois que
ça serait bien qu'il y ait des directives plus claires sur le fait qu'ils
doivent avancer par rapport à ça, après ça, d'uniformiser les pratiques à l'échelle
du Québec. Je pense qu'on n'est pas... Puis je ne suis pas sûr que ça soit une
bonne idée.
Mme Grondin : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Donc, je cède maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition
officielle. Madame la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et bonjour, Monsieur Gagnon. Merci d'être avec nous ce matin. J'aime
beaucoup la structure avec les 19 recommandations et comment c'est
structuré selon les objectifs, six des 20. Alors, dans votre mémoire, vous
dites ou le mémoire dit qu'il faut placer le développement durable au centre
des décisions du gouvernement. Alors, je pense qu'il vous manquait un peu de
temps parce que c'est les dernières recommandations, je pense, 9 à 19. Est-ce
que vous pouvez élaborer là-dessus? On a entendu parler beaucoup de groupes qui
ont parlé justement de... «Plusieurs» groupes, je devrais dire, de Secrétariat
sur le développement durable ou un Secrétariat sur l'économie verte. Alors,
selon vous, comment structurer au niveau de la gouvernance pour faire en sorte
que le développement durable vraiment soit au centre des décisions du
gouvernement?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une bonne question. Je tiens à dire que, notre organisation, on a toujours été
en mode collaboration et non-dénonciation. Mais je vais identifier peut-être
quelques pistes dans ce sens-là. C'est qu'il y a déjà des outils, je pense, qui
sont très bien faits au niveau... Par exemple, la grille d'évaluation de la
durabilité, là, qui a été conçue par le ministère de l'Environnement. Mais ce
qu'on constate, c'est que pour certains projets d'infrastructures, certains
projets peut-être de bâtiments, de zones d'innovation, ces grilles-là ou ces
guides-là arrivent un petit peu tard dans le processus d'évaluation. Et on a le
sentiment parfois que les choses sont un peu cannées avant de... lorsque la
décision est prise. Donc, de faire en sorte que cette analyse-là suive le
cheminement lors de la prise de décision, permette de dire est-ce que ce
projet-là correspond aux orientations, par exemple, la stratégie
gouvernementale de développement durable et les autres stratégiques sont
complémentaires, de faire en sorte de se servir de cet outil-là pour proposer
des mesures correctives qui, en lien avec des pratiques de financement responsable
également, vont être associées à une bonification de l'enveloppe financière ou
avec des modalités financières qui sont plus intéressantes, mais ou en tout cas
de faire en sorte que dans le processus, on... Des mesures correctives
importantes et, en bout de ligne, que cette analyse-là suive le processus jusqu'aux
plus hautes instances. Parce qu'on a un sentiment, ou du moins ce qu'on entend
parfois, que l'analyse n'a pas été faite, elle a été faite, mais, en bout de
ligne, à quel point elle vient orienter la décision des hauts fonctionnaires ou
des ministres, en bout de ligne? C'est quelque chose qui est en partie en
place, mais qui manque peut-être un peu de rigueur et de mesures de contrôle
pour donner autant de poids que...
M. Gagnon
(Nicolas) :
...en dollars peuvent avoir, par exemple, presque.
Mme
McGraw :
Merci beaucoup. Recommandation n° 9, on dit:
«Améliorer l'importance accordée à la prise en compte des enjeux de
développement durable dans la prise de décision: autoriser ou non les grands
projets par le ministère du Conseil exécutif ou le Secrétariat du Conseil du
Trésor.» Je comprends très bien, vous travaillez de très près avec le
gouvernement, puis on dit qu'il y a plusieurs projets qui sont réalisés avec
l'appui des ministères et/ou des organismes de l'État, je comprends très bien
le contexte, et on parle aussi de collaboration et non-dénonciation. Par
contre, est ce que je peux vous demander, selon vous, en termes de grands
projets, présentement, est-ce qu'il y a... est-ce que vous pouvez nommer trois
qui, selon vous, ne sont pas en lien avec le développement durable auxquels il
faudrait penser à mettre un frein?
M. Gagnon
(Nicolas) :
Bien, écoutez, je ne vais pas aller là,
malheureusement, mais je suis certain que vous pouvez en identifier facilement,
sur la base des... de sans doute peut-être certains accès à l'information, pour
voir à quel point la grille d'évaluation a été faite en bout de ligne. Mais,
honnêtement, je n'irais pas là, je suis désolé.
Mme
McGraw :
Merci. Vous avez parlé, je pense que c'est... n° 7,
«renouveler le financement de RECYC-QUÉBEC pour réalisation», etc. On a
entendu... Je pense que c'était... Bon, j'oublie le groupe. Mais on a parlé de
RECYC... pas RECYC, mais «RÉDUC-QUÉBEC», c'est en rapport avec l'économie
circulaire. Est-ce que vous avez des recommandations ou des observations par
rapport à l'économie circulaire, et peut-être envisager pas juste un
RECYC-QUÉBEC, mais une «RÉDUC», «RÉDUCTION-QUÉBEC»?
M. Gagnon
(Nicolas) :
C'est une bonne question. Bien, écoutez, je ne suis
pas allé là dans mon analyse. Moi, ce que... je suis plus en mode, comment je
pourrais dire, donc, opérationnel au niveau des... opérationnaliser des
solutions, et, dans ce sens-là, je crois que certains projets portés par
RECYC-QUÉBEC vont dans ce sens-là. Toute la notion... On n'est plus au stade de
consommer puis de mettre au bac de recyclage, je pense qu'on a vu les limites
par rapport à ça, et, évidemment, il y a des mesures structurantes à mettre en
place. Je pense que les projets de symbiose régionaux qui favorisent la
collaboration qui réduit le gaspillage, l'optimisation des ressources font
partie de la solution. Il y a sans doute des opportunités avec la consigne,
entre autres, il y a des... Donc, à mon avis, il faut aller vers une plus
grande circularité, et je pense que ça doit être au centre des décisions, ça,
c'est certain. Après ça, de changer le nom de RECYC-QUÉBEC, je vais laisser le
processus avec Mme Gagné, de son côté.
Mme
McGraw :
Parfait. Vous avez aussi parlé de la recommandation
de... le projet d'Écoleader.
M. Gagnon
(Nicolas) :
Oui.
Mme
McGraw :
Est-ce que vous pouvez... Ah! on a entendu des
collègues, justement, je pense que c'est jeudi passé, en parler pour assurer la
pérennité et renouveler le financement. Est-ce que vous avez des ajouts, choses
à ajouter?
M. Gagnon
(Nicolas) :
Oui. Oui. Bien, en fait, c'est que, comme je
disais, le fonds Écoleader, c'est trois volets: c'est un réseau d'agents, c'est
un... c'est des ressources qui ont été mises en place, des répertoires et c'est
une enveloppe financière. Et moi, je pense que c'est important, là, l'enveloppe
financière a démontré en fait, par l'engouement que ça a eu, là... Et c'est
très bien géré par le FAQDD. Donc, à ce niveau-là, on peut juste souhaiter que
l'enveloppe soit bonifiée. Ça, c'est une chose.
• (11 h 10) •
Le réseau
d'agents. C'est qu'on a mis en place des conseillers aux entreprises, en
quelque sorte, des conseillers en pratiques d'affaires écoresponsables et
technologies propres. C'était une première au Québec d'avoir un réseau comme
ça, de 25... 24 agents qui se déploient dans chacune des régions du Québec, qui
travaillent avec les organismes de développement économique, qui travaillent
avec 275 partenaires économiques, qui sollicitent, qui appellent, qui font des
appels à froid pour rejoindre les entreprises, qui participent à des
événements, qui organisent des événements. Donc, ce réseau-là est très
précieux, et mon organisation a la chance de les former, les coacher, les
outiller pour faire en sorte qu'ils atteignent leurs cibles par rapport à
l'orientation des entreprises, et à la mobilisation des organismes de
développement économique, et en bout de ligne à faire en sorte que les
entreprises passent à l'action.
Et l'autre
volet qui est extrêmement important, c'est que souvent on nous dit qu'un des
freins du passage à l'action, c'est que les ressources sont un peu éparpillées.
Et là, on a bien regroupé ça sur la plateforme du fonds Écoleader, dans la
mesure où on avait déjà été mandatés avant le fonds Écoleader par le ministère
de l'Économie pour créer ce répertoire-là des experts au Québec, et on est
rendu avec un répertoire de près de 500 experts. Tous les experts qui offrent
des services d'accompagnement sont regroupés, et ça, c'est une richesse... Je pense, on est chanceux d'avoir ça...
M. Gagnon (Nicolas) : ...comme
ça, l'ensemble des programmes de financement provinciaux, fédéraux et régionaux
qui touchent de près ou de loin les pratiques d'affaires écoresponsables ou
l'implantation de technologies propres sont en place. Et tous les outils au
Québec... là, malheureusement, ils ne sont pas affichés sur la plateforme, là,
mais ça été répertorié et les agents ont accès à ça. Ça fait qu'on se retrouve
avec un fonds Écoleader avec un réseau d'agents, des ressources qui sont là
pour bien orienter les entreprises et une aide financière qui est avantageuse
et qui amène cette transition-là, notamment l'implication des TPE dans cette
transition vers l'économie verte et responsable qu'on souhaite.
Mme McGraw : Merci. Je crois
que je n'ai pas beaucoup de temps, alors...
Le Président (M. Jacques) : Il
vous reste encore 3 min 30 s.
Mme McGraw : Encore 3 min 30
s. Donc, j'ai été un peu pointu dans mes questions, donc je laisserais... Je
vous cède le reste de mon temps. Est-ce que vous avez des choses à ajouter, des
éléments dans votre présentation ou vous voulez partager ou ajouter à la
commission?
M. Gagnon (Nicolas) : Oui,
bien, en fait, peut-être au niveau des des approvisionnements responsables.
C'est un des enjeux, là, de soutenir la transition des entreprises des modèles
d'affaires axés sur le développement durable. Mais, quand on regarde qu'est-ce
qui est ciblé, au niveau des marchés publics, on vise davantage... on est plus
sur une approche produits, des produits qui sont... dans une perspective d'économie
circulaire, visent à réduire... une réduction à la source, le réemploi, ce qui
est évidemment très pertinent. Mais il ne faut pas oublier l'approche
fournisseur. C'est-à-dire qu'avec le budget que l'État a pour ses
approvisionnements, pour les marchés publics, il y a une opportunité d'envoyer
un signal aux entreprises qui veulent faire affaire avec l'État, comme le fait
Hydro-Québec, de dire... bien, de poser des questions par rapport aux pratiques
de développement durable des entreprises. Est-ce que l'entreprise a un
engagement en développement durable? Est-ce qu'elle fait une reddition de
comptes? Est-ce qu'elle a adopté des pratiques liées à la gestion de l'énergie,
la gestion des matières résiduelles, les initiatives dans une perspective d'économie
circulaire, des bonnes pratiques de gestion des ressources humaines,
l'implication de la communauté, les bonnes pratiques de la responsabilité
sociale et de développement durable qui sont souhaités? Mais, si le marché
public va seulement sur une approche produits, on passe en partie à côté de ça,
pas complètement, parce que les entreprises qui offrent des produits plus
écoresponsables vont être rejoints. Mais je pense qu'il faut aussi avoir des
critères liés aux pratiques d'affaires des fournisseurs de manière générale.
Et, dans ce sens-là, il y a une belle opportunité là.
Et je ne vous cacherai pas que, quand on
lit l'objectif, pour avoir déjà accompagné des sociétés d'État dans des
démarches d'approvisionnement responsable, je ne comprends pas l'objectif. Un
objectif de 15 % à atteindre les organisations publiques en matière
d'acquisition responsable, ça ne dit pas grand chose. Donc, je pense que ça
manque un petit peu de précision, de rigueur. Puis d'y aller avec des objectifs
très précis, comme le présente la Société de transport de Montréal dans son
rapport de développement durable depuis sept ans, la valeur... la cible... une
cible puis un pourcentage des contrats octroyés avec des critères de
développement durable et une cible de pourcentage de la valeur et du nombre de
contrats. Donc, ces deux considérations là, et là on avance de manière
structurée. Donc, il y a un levier absolument extraordinaire. Et je peux vous
dire que ça a déjà arrivé que des organisations nous appelle, que ce soit au
niveau du Fonds Écoleader ou au niveau du CQDD directement, parce qu'ils ont eu
un signal comme ça d'un grand donneur d'ordre, comme Hydro-Québec ou autre,
leur demandant... leur posant des questions sur leurs pratiques. Et c'est un
levier de transition qui devrait être mis davantage à contribution.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
madame la députée. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, la députée de Verdun, pour 4 min 7 s.
Mme Zaga Mendez : Merci, Monsieur
le Président. Merci, Monsieur Gagnon, pour votre présentation puis pour cet
échange. Vous avez parlé brièvement de l'importance d'avoir des outils
d'analyse qui vont placer la grille développement durable plutôt dans.... que
ce soit des examens. J'aimerais vous entendre un peu plus là-dessus, sur les
types d'outils d'analyse puis leur importance.
M. Gagnon (Nicolas) : En
fait, faire une petite analyse, ce n'est pas très complexe, puis il y en a
déjà, je pense, qui sont... Il y en a un très bon, en fait, qui a été développé
par le ministère de l'Environnement. Le problème, c'est que, si on regarde, par
exemple, le formulaire pour le dépôt d'un projet d'une zone d'innovation, par
exemple, on ne sent pas nécessairement le poids lié aux considérations liées au
développement durable en amont. Donc, moi, je pense que ce n'est pas tant la
qualité de l'outil, mais c'est plutôt son poids dans le processus en amont et à
la fin. Donc, l'enjeu est là, et non la qualité de l'outil, parce que je pense
que les gens du ministère de l'Environnement ont les compétences de faire
l'outil parfait pour ça, c'est juste le poids politique ou le poids décisionnel
de cet outil-là.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
je voulais vous entendre aussi par rapport à votre recommandation... si vous me
permettez deux secondes, la recommandation...
Mme Zaga Mendez : ...Qui
recommande que le gouvernement du Québec adopte des cibles de performance
ambitieuses pour accroître la contribution du réseau parapublic. Est-ce que
vous avez des exemples de types de cibles ambitieuses qui pourraient être
adoptées?
M. Gagnon (Nicolas) : Oui.
Bien, en fait, c'est une situation un peu cocasse parce que, d'un côté, on
demande aux PME qui se battent pour survivre de... On les encourage à mettre de
l'avant certaines pratiques d'affaires écoresponsables. Mais on ne demande pas
ça aux Centres des services scolaires, on ne demande pas ça aux écoles qui ont
un rôle d'éducation auprès des jeunes. Donc, dans ce sens-là, d'abord, que les centres
de services scolaires soient assujettis à la Loi sur le développement durable,
déjà, il y aurait un gain énorme là. Mais autrement, de faire en sorte que
chacun se dote d'une stratégie de développement durable avec certaines
considérations qui peuvent toucher autant la formation des jeunes en
intégration de ces considérations-là dans le cursus scolaire, soit... Il y a eu
des gains énormes qui ont été faits au Québec, soit dit en passant. Mais par
rapport à des cibles, par rapport à une démarche de développement durable, mais
des pratiques d'acquisitions responsables, des pratiques d'investissement
responsable, en fait, un peu la même chose qui est ciblée pour les entreprises,
mais au niveau d'organismes qui sont financés par l'État. Donc, ça, pour moi,
c'est un peu une aberration, que ces organisations-là ne soient pas plus
avancées et encouragées. On est plus dans un mode où on contraint plutôt parce
qu'on les encourage, on les appuie dans ce sens-là, mais souvent, bien, il y a
d'autres priorités qui prennent le dessus.
Mme Zaga Mendez : Donc,
ce que j'entends, c'est un peu comme appliquer le principe de conditionnalité,
autant dans nos entreprises que partout où est-ce que le gouvernement
intervient?
M. Gagnon (Nicolas) : Tout
à fait, tout à fait. Et c'est des acteurs extrêmement importants. Et ça revient
en fait, ça, à chaque commission parlementaire, l'importance d'étendre la Loi
sur le développement durable à l'ensemble des réseaux, réseau de santé et
services sociaux, réseau de l'éducation et celui des organismes municipaux. Ça
fait que, ça, on n'invente rien par rapport à ça. Mais à défaut de, par décret,
d'étendre la loi, bien, au moins, d'avoir des cibles beaucoup plus ambitieuses
par rapport à ça et de faire en sorte que le ministère fasse un suivi dans ce
sens-là, il y aurait sans doute des leviers associés à la performance qui
pourraient être intégrés dans l'évaluation des directeurs généraux, par
exemple, des centres de services scolaires. Ce serait un levier, entre autres.
Mme Zaga Mendez : Puis
rapidement, peut-être pour faire le lien avec ce type de levier là, j'aimerais
ça vous entendre sur votre recommandation 19 qui encourage d'adopter des
dispositions légales nécessaires afin de concrétiser une implication plus rigoureuse
du réseau parapublic. Est-ce que pouvez approfondir un peu plus sur cette
recommandation-là?
M. Gagnon (Nicolas) : Oui.
Bien, en fait...
Le Président (M. Jacques) : Vous
avez trois secondes, monsieur Gagnon.
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
dans le même sens de ce que je te disais, ce que je disais, étendre par décret
la loi sur... auprès de ces organisations-là.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. Gagnon, pour votre présentation et votre contribution à nos travaux.
Donc, je dépose les mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été
entendus lors de la Commission.
Et la commission à jour de ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 11 h 19)