(Onze heures trente-quatre minutes)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il
vous plaît! Bienvenue, chers collègues. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques sur le projet de loi n° 22, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile, le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Charbonneau (Mille-Îles) est remplacée par M. Ciccone
(Marquette); Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par Mme Dorion (Taschereau).
Auditions (suite)
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le
secrétaire. Donc, ce matin, nous entendrons les organismes suivants : la Fondation québécoise
d'éducation en sécurité routière ainsi que l'Association canadienne des
automobilistes.
Je souhaite donc la bienvenue au représentant de
la Fondation québécoise d'éducation en sécurité routière. M. Georges, je vous invite à vous présenter
et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
exposé. Par la suite, nous amorcerons les échanges avec les différents groupes
parlementaires. Donc, je vous cède la parole.
Fondation québécoise d'éducation en sécurité routière
(FQESR)
M. Georges (Yves) : Parfait.
Bon, bien, bonjour à tous les membres de la commission. En passant, merci
beaucoup pour cette invitation. C'est toujours très intéressant de s'adresser à
vous pour parler de sécurité routière.
Comme ça a
été présenté, mon nom, c'est Yves Georges. Je suis directeur général de la
Fondation québécoise d'éducation en sécurité routière. C'est qui? Bien,
on est un OSBL qui a été créé en 2016 par les principaux acteurs de l'industrie des écoles de conduite du Québec afin
de faire rayonner la sécurité routière auprès des jeunes et des
apprentis conducteurs. Donc, au fil des
années, nous avons été impliqués dans plusieurs programmes et promotions non
seulement en sécurité routière, mais aussi dans les alternatives vertes en
transport.
Actuellement, nous pilotons le projet e-roule
avec le gouvernement du Québec, qui supporte la transition de 100 écoles
de conduite vers l'électrification de leurs flottes de véhicules. Nous avons
également plusieurs mandats importants du gouvernement du Canada, comme par
exemple la création de capsules vidéo qui seront intégrées dans les cours de conduite
auto et moto, à travers le pays, sur les dangers de la distraction au volant et
sur les effets de l'alcool et des drogues, et ça, toujours comme clientèle
cible les jeunes et les apprentis conducteurs. Finalement, avec le gouvernement
du Québec, nous allons aussi organiser une grande tournée de motos cet été à
travers le Québec pour démontrer, via notre chaîne YouTube, les bonnes
pratiques pour voyager en toute sécurité à moto. Donc, on a plusieurs projets qui sont soit sur la sécurité routière ou
soit sur l'électrification des transports. Donc, notre expertise est
véritablement en communication et directement liée à la sensibilisation des
jeunes à la sécurité routière.
Donc, dans la proposition du projet de loi
n° 22, il y a plusieurs articles qui ont suscité notre intérêt. Cependant,
j'aimerais mettre un bémol : nous ne sommes pas des lobbyistes et encore
moins des experts dans la loi. Donc, ce sont plutôt des commentaires et des
suggestions personnelles qui proviennent de l'équipe face aux diverses propositions.
Nous n'allons certainement pas créer de controverse, et même on se demandait si
on devait participer à cette consultation, car on est pas mal en accord avec
tout ce qui a été présenté.
En fait, nous, des projets de loi qui resserrent
les contrôles auprès des jeunes ou des nouveaux conducteurs afin d'ajouter ou
de renforcer certaines amendes, on voit ça de façon positive. En fait, ceux-ci
doivent connaître les conséquences de leurs gestes. Et on le sait très bien,
que perdre son permis est une catastrophe pour un jeune et donc un incitatif à prendre les bonnes décisions
derrière le volant. En fait, notre prochaine campagne va justement parler de
prendre les bonnes décisions derrière le
volant, et on va créer un peu un prix pour ceux qui ont pris la plus mauvaise
décision derrière le volant afin de passer le message, justement, des bons
comportements au niveau de la sécurité routière.
Donc, évidemment, l'article qui propose au
titulaire d'un permis de conduire et d'un permis de conduire de classe apprenti
avec quelconque présence d'alcool dans son organisme... et d'avoir une
suspension automatique de 90 jours, on
voit ça comme étant très positif. Cependant, une chose qui manque, nous
croyons, et on l'a vu quand on a fait des «focus groups» avec les jeunes,
c'est qu'on ne parle pas beaucoup du cannabis ou du taux de THC dans le sang. Nous croyons que, quand qu'on fait un... quand on
inclut l'alcool, on devrait automatiquement inclure une tolérance zéro,
pour les apprentis conducteurs, au cannabis de la même façon que l'alcool.
• (11 h 40) •
J'aimerais aussi mettre de l'avant
certaines lacunes face à l'information auprès des jeunes sur cette
consommation de cannabis et la conduite. Non seulement le curriculum des cours
de conduite mentionne très peu cette nouvelle réalité, comparativement à
l'alcool, qui a... qu'on en parle beaucoup, et en fait il y a aussi très peu
d'actions ou de programmes de sensibilisation pris auprès des jeunes pour
expliquer les différents effets du cannabis fumé ou du cannabis ingéré sur les
effets sur la faculté de conduite. En fait, on sait très bien que, du cannabis
ingéré, l'effet est plus long à avoir, et
donc les jeunes ont tendance à dire : Bien, je me sens bien, je vais
prendre mon volant, et, une heure plus
tard, bien, ce n'est vraiment pas le cas. Donc, on recommande d'inclure dans
les textes cette mention du cannabis. On sait très bien que les
processus de contrôle sont un peu moins sophistiqués que pour l'alcool, mais je
crois que c'est important d'avoir cette mention-là et de ne jamais l'oublier,
qu'au Québec, bien, c'est maintenant légal, le cannabis, et donc ça a un effet
sur la conduite.
J'aimerais aussi
ajouter qu'il ne faut pas non seulement investir dans la... qu'il faut ne pas
continuer... il faut continuer d'investir dans la prévention et pas seulement
la répression, spécialement avec les jeunes et les nouveaux conducteurs qui
sont spécialement à risque. Donc, actuellement, il existe des programmes qui
utilisent les revenus provenant des cinémomètres, mais il y a aussi des fonds
disponibles à la Société d'assurance automobile du Québec qui pourraient être
envoyés ou qui pourraient être investis auprès des jeunes pour expliquer les
dangers sur la route. Évidemment, je prêche un peu pour ma paroisse, car c'est
notre spécialité de parler aux jeunes, mais on voit très bien les effets de
cette efficacité des campagnes, surtout des campagnes qui ne sont pas grand
public mais des campagnes qui parlent aux jeunes via les médias sociaux pour
changer ou modifier des comportements chez les conducteurs automobiles et de...
motocyclistes.
La deuxième section,
qui a aussi reçu une belle réponse de notre équipe, est la mise sur pied du
projet de loi qui rend obligatoire l'utilisation d'un dispositif de
consignation électronique pour les conducteurs de véhicule lourd. On trouve que
c'est une excellente idée. Il y a plusieurs entreprises de transport qui le
faisaient déjà, et même plusieurs provinces ou États américains ont déjà mis
sur pied des programmes semblables avec beaucoup de succès. Donc, on est sur la
bonne voie. Cependant, nous aimerions simplement nous assurer que l'industrie
des cours de conduite, l'industrie de formation de ces nouveaux conducteurs de
camion lourd, soit incluse dans l'implantation de ces nouvelles règles et que,
rapidement, on inclue le nouveau format dans le curriculum de formation afin
que la prochaine génération connaisse bien comment ça fonctionne.
Finalement, rien de
mieux que d'inclure également une partie de cette nouvelle réglementation là
dans les examens de la Société d'assurance automobile pour les nouveaux
camionneurs. Ça pourrait être des questions, des simulations ou même avoir une
section pour l'utilisation de cet outil-là afin de s'assurer que tous les
nouveaux conducteurs voient cette importance-là, et prennent vraiment le temps
de comprendre comment que ça fonctionne, et les avantages pour eux.
Une troisième
section, qui nous a... qui est un peu différente, parce que, là, c'est plus une
question, là, qui nous intrigue après la lecture, c'est comment est-ce qu'on
définit une zone scolaire aux fins d'utilisation d'un cinémomètre
photographique ou d'un système photographique de contrôle de circulation aux
feux rouges qui dit qu'il serait abrogé. Dans mon terme à moi, abroger serait
comme canceller, donc on aime... tu sais, on n'est plus... on se demandait pourquoi qu'on avait inclus cette
section-là. En fait, nous, on a déjà travaillé avec plusieurs
municipalités, avec des programmes scolaires où est-ce qu'il y a des
problématiques autour des écoles et surtout autour des autobus scolaires, donc des dépassements, des choses qui
ne sont vraiment pas sécuritaires pour les jeunes, et on essaie toujours
de trouver des solutions. Et une des
solutions, c'était justement d'intégrer un système de caméras ou un système
automatisé qui pourrait prendre des photos
des contrevenants. Et on se demande : Est-ce que cette section-là,
c'est pour faciliter ça ou c'est pour
éviter qu'on puisse faire ça autour des régions... des zones scolaires? Donc,
c'est un petit peu une question.
C'est sûr que, là,
c'est juste en... C'est un projet, mais on se demandait juste que ce n'était
pas pour empêcher, parce qu'en effet, à chaque année, il y a plusieurs
commissions scolaires... ce n'est plus des commissions scolaires, mais il y a
plusieurs... qui nous appellent, qui nous disent : Est-ce qu'on peut faire
quelque chose au niveau des jeunes? Et on en fait. On a des programmes pour
sensibiliser les jeunes du primaire à la sécurité routière autour de l'école, mais il y a aussi les fautifs qui sont
les conducteurs, souvent, malheureusement, les parents, qu'il faut avoir
certains outils pour les aider.
Donc, pour le reste,
il n'y a pas de commentaire en particulier, simplement pour qu'une confirmation
que les propositions vont dans la bonne voie pour continuer d'assurer le bon
succès et surtout la belle courbe qu'on a avec les jeunes pour la sécurité routière. Et donc nous, on voit juste ça
d'une façon très positive, juste la question, là, au niveau des zones scolaires, là : Est-ce que ça rend
plus difficile ou ça aide à insérer certains programmes, là, pour la
sécurité?
Donc,
je vous remercie beaucoup de m'avoir écouté. Et, si vous avez des questions, je
suis ouvert aux questions.
La Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Merci beaucoup, M. Georges, pour votre exposé. Donc, nous
allons amorcer la période d'échange, et
donc, M. le ministre, je vous cède la parole, et vous avez une enveloppe de
16 minutes.
M.
Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. M. Georges, merci d'être là
ce matin. Je vais répondre à deux de vos
questions. Premièrement, l'aspect drogue, j'ai la même... j'avais la même
interrogation que vous quand on a préparé cette loi. C'est que, présentement, le DPCP est à analyser des
dispositifs pancanadiens, si vous le voulez ainsi, là, qui... pour étudier, donc, ces dispositifs qui prennent la
salive. Alors, dès que le DPCP aura autorisé ces dispositifs, ce sera
ajouté, parce que je suis à la même place, là, c'est aussi problématique, pour
moi, quelqu'un qui peut être sous l'effet d'une substance x, là, que de
prendre de l'alcool.
Les règlements pour
cinémomètre, les zones scolaires, c'est deux règlements, présentement, qui
existent. On va uniformiser ces deux règlements. Ça n'empêchera pas non plus
les cinémomètres d'être installés à des endroits spécifiques,
selon la volonté, là, des corps de police, des corps municipaux, mais c'est
surtout pour bien définir, avec les corps
municipaux, une zone comme telle. Donc, ce n'est vraiment rien, là, qui va nous
empêcher, là, d'augmenter la sécurité
de ces personnes vulnérables, là, dans ces secteurs scolaires, qui sont
quelquefois peut-être plus problématiques en termes de respect de
vitesse pour les automobilistes.
J'ai un petit
point... un petit point à vous amener, l'aspect moto. Vous avez plusieurs
membres. Je lisais... presque 50 000 ou 47 000 membres, là,
qui...
M. Georges
(Yves) : On était rendus à 65 000 membres avec Moto Québec.
M.
Bonnardel : Bon, bien, tant mieux, tant mieux. Et, vous le savez, vous
m'avez peut-être déjà entendu, pour moi,
cette catégorie d'usagers a un bilan quand même compliqué et difficile, vous le
savez, je pense, autant que moi.
M. Georges
(Yves) : Oui. Tout à fait.
M.
Bonnardel : Ces gens, ces utilisateurs, et j'en suis un, j'ai ma
classe moto, paient plus cher pour être assurés dû au bilan qui est, dans une
certaine mesure, désastreux. Est-ce que... Comment on peut... Puis là comment
on peut mieux expliquer avec vous, comment vous pouvez être un acteur avec nous
pour mieux expliquer ces enjeux de sécurité,
de coûts additionnels? Parce que, souvent, on m'écrit puis on nous... on nous
écrit puis on nous dit : Pourquoi ça coûte plus cher? Pourquoi
ceci? Pourquoi cela? Puis là tu as beau expliquer le bilan puis la façon de
fonctionner des actuaires de la SAAQ, qui fonctionnent par un rôle triennal, un
bilan sur trois ans, avant de dire : On dicte le coût par la suite...
Est-ce que vous sentez la même chose, du côté de vos membres, que moi qui vois
ça, puis qui entends ça, puis qui se dis : On ne communique peut-être pas
bien ces points?
M. Georges (Yves) : Bien, nous, ce qu'on
voit, en effet, là, nos 60 000 membres, ce sont majoritairement
des nouveaux conducteurs, ils ont moins de
trois ans de moto, là, d'expérience de vie, donc je pense qu'on voit moins
cette frustration parce que, quand tu commences à prendre ton cours, tu le
sais, que ton permis va coûter quand même relativement
cher. Ce n'est pas quelque chose qui arrive comme une surprise. Cependant,
c'est plus au niveau des motos qui
est un peu la frustration, que ceux qu'on voit que certaines motos sont plus à
risque, alors que d'autres sont le moins.
Ce qu'on aimerait
voir aussi, qui... ça ne réglerait pas tout, là, puis je ne réponds peut-être
pas direct à votre question, là, mais il arrive en Europe ou dans certains pays
où est-ce qu'il y a différents niveaux de permis selon la puissance de la moto.
Ça, je pense que ça pourrait faire... Parce que c'est un petit peu ça, le
problème, parce que c'est toujours : Bien, ce n'est pas moi, c'est les
autres. C'est : Moi, je suis sécuritaire. C'est : Ah! bien, j'ai vu
quelqu'un qui avait son permis depuis trois mois puis s'est acheté une
Harley-Davidson, puis c'est lui, le problème, bon. C'est toujours quelqu'un
d'autre. Mais la perception, c'est qu'il y a une minorité qui viennent de
prendre leurs cours, puis certains sont membres chez nous, puis on ne peut pas
contrôler ça, ils n'ont pas l'expérience et s'achètent des motos qui sont
beaucoup trop puissantes et beaucoup trop fortes pour eux. Et c'est là qu'il y
a des problèmes. C'est là qu'il leur manque l'expérience, il leur manque... et
il y a des accidents.
La question du
fait : Est-ce que le prix devient un frein, est-ce ça devient une
frustration?, je ne le sens pas autant
peut-être que vous, là. Nous, ils savent qu'on a un effet, mais pas direct sur
le prix. Je pense qu'ils le comprennent, mais c'est toujours de leur
mettre un processus qui est «fair» pour tout le monde.
Et donc,
actuellement, c'est sûr qu'il y a une minorité qui font des extrêmes, des très,
très, très pas... qui ne sont pas du tout sécuritaires, qui font payer la
majorité. Donc, cette histoire-là... puis ça a été... il y a certains de nos
profs qui nous le disent, là, certains des professeurs qui sont avec nous, des
écoles de conduite, c'est que, s'il y aurait au
moins une petite restriction que la première année ou la... tu ne peux pas y
aller avec une moto, il y aurait peut-être une compréhension plus
facile. En tout cas, c'est une solution, mais ce n'est pas parfait non plus.
• (11 h 50) •
M.
Bonnardel :
Bien, c'est une position que j'ai aussi, une motorisation progressive, si je
peux le dire ainsi.
M. Georges
(Yves) : Exact.
M.
Bonnardel :
Je sais que ça existe en Europe. Puis les gens là-bas, bien, vont commencer,
puis je dis... je donne un chiffre comme ça,
là, avec un 250cc première année, puis après ça on monte à 500, puis on monte à
1000 après une troisième année. Perso, je pense que c'est une façon de
mieux former nos motocyclistes.
Puis là, bien, je
vais vous poser la question pareil : Pensez-vous... Présentement, nos
écoles de conduite forment... Puis là je ne suis pas dans le projet de loi, je
le sais, là, mais j'en profite pendant que vous êtes là, là. Pensez-vous que
nos écoles de conduite pour les motocyclistes forment bien ces motocyclistes à
conduire une moto... à conduire une moto sport, une moto que je vais appeler à
risque? Puis là je le sais, que vous ne pouvez peut-être pas... vous devez
faire attention à la façon que vous allez me le dire, mais il reste que j'ai
passé mon permis de moto voilà très longtemps, oui, déjà, puis je me souviens
très, très bien, ça n'a pas dû changer énormément, quand tu embarques sur un
petit Rebel 250, puis qu'après ça tu t'en vas sur un GSX ou
Kawasaki 1000, 1200, peu importe, c'est deux styles, là, deux styles de
motos complètement différents. Ça fait que c'est certain...
Puis, pour moi, ça
m'interpelle parce que, le bilan, je le vois puis je ne l'aime pas. Puis je
veux l'améliorer. Puis je veux trouver des moyens. Puis je veux sensibiliser.
Puis je veux que vous soyez des partenaires puis qu'on explique aux motocyclistes que... Puis la formation qu'on donne dans ces
écoles, vous allez me dire, elle est peut-être adéquate, mais comment on
peut pousser plus loin cette formation? C'est mon interrogation.
M. Georges
(Yves) : Mais elle est adéquate avec une petite moto. Vous avez tout à
fait raison, dans les cours de conduite, il n'y a personne qui va toucher une
moto de plus de 500 cc et de plus de 150 kilos. Donc, pendant tout son
cours, il est très bon, il fait son examen, puis c'est parfait. Le lendemain,
il va s'acheter, comme vous le dites, un 1 100 qui pèse 800 kilos,
puis il embarque sa conjointe en arrière, puis il dit qu'il est bien bon. Ce
n'est pas... Il n'a pas appris ça du tout. Il n'a pas appris la puissance, il
n'a pas appris le poids et il n'a pas appris non plus à embarquer avec une
personne en arrière. Donc, il y a des enjeux. Puis je pense qu'à moins de
rendre le cours beaucoup plus complexe puis de rajouter certaines catégories de
motos, il deviendrait très dispendieux pour les écoles de conduite d'avoir des
petites, des moyennes puis des grosses.
L'aspect d'avoir un permis qui augmente selon la
puissance ou le poids de la moto permettrait un peu de refroidir certains jeunes ou moins jeunes, là, qui veulent passer à la
case supérieure sans avoir l'expérience nécessaire. Encore là, c'est une
minorité. Il y en a plusieurs qui vont acheter une grosse moto, puis ils sont
très, très sécuritaires, mais, moi aussi, ça me fait peur, puis les moniteurs
aussi, en général, ça leur font peur quand quelqu'un vient d'avoir son permis,
qu'il revient le jour après pour montrer son nouvel achat puis s'est acheté
quelque chose qui est... qu'il n'est pas en contrôle.
M.
Bonnardel : Je termine. Peut-être que mes collègues ont des
questions. Une dernière. Pour votre clientèle, dans l'ajout de classes, le zéro alcool, vous l'avez dit, là, quand
même, que vous trouvez que c'est une bonne position, est-ce que votre
clientèle est au même... est à la même place que vous, là, quand ils ont su
qu'on allait appliquer un zéro alcool pour... exemple, ceux qui s'en vont
chercher un permis de moto, que tu aies 25 ans, ou que tu aies
45 ans, ou que tu aies 65 ans, bien, ça va s'appliquer? Donc,
avez-vous eu des inquiétudes ou des frustrations de ces gens ou tout le monde
le comprend?
M. Georges (Yves) : C'est sûr
qu'il y a... c'est sûr qu'il y a une minorité, je dirais, plus dans les centres
urbains ou des nouveaux immigrants qui prennent un cours d'auto, là. Je parle
auto. Moto, c'est comme assez naturel, là. Bien, en tout cas, je trouve que
prendre de l'alcool en moto, c'est comme un peu suicidaire sur les bords, là.
Ça fait que, celle-là, je ne vois pas une problématique. Mais, en effet, ceux
qui ont... qui prennent leur cours auto plus âgés, donc, tu sais, tu peux avoir
25, tu peux avoir 35, il y a des immigrants qui ont... beaucoup plus âgés qui prennent
un cours d'auto, le 0 %, oui, c'est quelque chose d'un peu plus
restrictif, mais, en même temps, ça s'explique. Donc, moi, j'ai... pas que je
n'ai pas de pitié, là, mais tout à fait d'accord avec ça, là. C'est très
extrême, mais on a une situation qu'on ne peut pas gérer les 1 % des plus
âgés. On veut que les jeunes soient responsables, et puis on embarque tout le
monde dans un apprenti conducteur, puis «that's it», là.
M. Bonnardel :
Merci, M. Georges. Je
laisse la parole à mes collègues.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de
Beauharnois.
M. Reid : Oui, bonjour. Merci
pour votre présentation.
M. Georges (Yves) : Bonjour.
M. Reid : Rapidement, moi...
vous avez parlé tantôt, là, d'approche de prévention versus répression. Puis, bon, on a implanté le privilège de tourner à
droite au Québec il y a quelques années déjà, ce qui existait aux États-Unis
puis une grande partie du reste du Canada. Et je voulais savoir, de par votre
expérience, comment se compare la conduite ou la sécurité des Québécois par
rapport au reste du Canada. Puis le projet de loi... ou les règles qui sont en
vigueur actuellement, est-ce qu'elles se comparent? Est-ce qu'on est meilleurs?
Est-ce qu'on est moins bons sur certains points, ou qu'est-ce qui pourrait être
fait de plus, le cas échéant?
M. Georges (Yves) : Bien, c'est
sûr que le Québec...
M.
Reid : Une question
très générale.
M. Georges (Yves) : Oui, très
générale. Je pense que le Québec est plutôt innovateur dans son approche. Moi,
je parle encore pour les jeunes, là. Déjà, qu'on ait un programme de cours de
conduite obligatoires pour l'automobile est vraiment... Tu sais, il y a
quelques provinces qui le font, mais jamais... ils ne sont pas aussi avancés que nous. Même chose au niveau des cours de moto.
Donc, pour la formation, je pense qu'on est vraiment innovateurs, je
dirais même en Amérique du Nord, là. Parce que je regarde ce qui se passe dans
certains États américains, où est-ce que
c'est le parent qui donne le cours, puis, une semaine plus tard, il va chercher
son permis temporaire, là, ça me fait peur, là. Mais, tu sais, ça vient
du fait aussi qu'on a la Société d'assurance automobile. Donc, on veut... On
est aussi assureurs. On veut s'assurer que le bilan est positif pour le Québec.
Et c'est sûr que, je pense, tous les Québécois
le comprennent, qu'on y va un petit peu plus tranquillement. On parle des
virages à droite. Il y a des choses qui se font ailleurs, mais, au Québec, on
est différents. Tu sais, au New Hampshire, les motocyclistes n'ont pas besoin
de mettre un casque, mais, au Québec, ça serait complètement... tu sais, les
gens du Québec ont l'habitude de la sécurité routière. C'est dans nos fibres.
Ça serait complètement ridicule de dire : Bien, plus besoin de casque en
moto.
Donc,
on n'a pas une culture extrême, mais on a une culture de groupe, une culture
qui dit : La sécurité routière est importante, on est fiers de la Société
d'assurance automobile et on est fiers de notre programme. Et le prix à payer,
bien, c'est qu'on ait certaines restrictions, un peu plus que d'autres
provinces. Et ça, je ne le vois pas comme...
tu sais, à part, peut-être, là, tu sais, quand qu'on va chercher dans leurs
poches directement pour une plaque moto qui va coûter 2 000 $,
2 500 $, ils la trouvent des fois extrême, mais, pour le reste, tu
sais, on a... je n'ai jamais vu, je n'ai jamais entendu des grosses
problématiques.
Même chose pour le
prix des cours de conduite. Je pense qu'on a atteint un niveau qui est accepté.
C'est sûr que, si on se compare, des fois,
en Grande-Bretagne ou en France, où est-ce qu'il faut payer 2 000 $,
2 500 $ pour un cours de conduite, c'est un petit peu... ça serait... il y aurait des
problématiques parce qu'on est dans un modèle nord-américain, mais où
est-ce qu'on est, là, je pense qu'on bien positionnés.
M. Reid :
Parfait. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme Grondin) : Mme la députée de... Saint-Maurice—Laviolette? Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif :
Peu importe, une très grande région, très belle et très grande, d'un bord
ou l'autre, à l'endroit, à l'envers.
Bonjour, bonjour.
Merci d'être là. Merci de nous conforter dans cet important projet de loi, mais
aussi de nous faire voir, là, les petites coquilles qui auraient peut-être été
omises, là. Donc, ça nous aide à faire progresser. Et, en ce sens, je vois que
vous êtes beaucoup, beaucoup impliqué au niveau de l'éducation, au niveau du
transfert de connaissances, au niveau des jeunes aussi, de la jeunesse, et je
me dis : Comment on peut faire et comment vous, vous pouvez faire pour
nous aider davantage dans la mise en oeuvre de ce projet de loi là? Donc, quel
sera notre partenariat pour la suite?
M. Georges
(Yves) : Bien, nous, tu sais, on est une... on fait souvent des
applications pour aller chercher des fonds disponibles, que ce soient des fonds
qui sont au ministère des Transports, ce sont des fonds qui sont disponibles
aussi au gouvernement du Canada. Et on est toujours ouverts. Puis on a une
équipe qui a l'expérience pour diffuser et faire la formation, et c'est...
Notre avantage, c'est surtout la relation, comme j'ai expliqué au début, avec
l'industrie des écoles de conduite du Québec. Donc, on peut parler, on peut
diffuser, on peut intégrer l'industrie des écoles de conduite dans un message.
Et c'est ça qui est notre positionnement un peu différent, là, de tous les autres organismes ou même de la Société
d'assurance automobile du Québec, qui, eux, parlent au grand public.
Nous, on a développé notre expertise pour l'industrie des écoles de conduite et
aussi pour les jeunes, donc que ça soit les médias sociaux... Donc, on ne parle
pas à un jeune de la même façon qu'on parle à quelqu'un d'un peu plus vieux.
Donc,
tout ça fait qu'à date on est très contents, là, du support qu'on a reçu des
deux paliers de gouvernement. Et, s'il
y a d'autres montants qui sont disponibles, bien, nous, on va toujours faire
application. On va proposer des projets innovateurs, des projets différents pour passer le message aux jeunes.
Et c'est ça qu'on fait depuis maintenant presque quatre ans, et on va continuer de le faire. Et c'est simplement, là, de
nous offrir la chance de proposer des projets et d'offrir le
financement, là, pour qu'on mette de l'avant tous les changements ou toutes les
modifications, là, au projet de loi.
• (12 heures) •
Mme Tardif :
Vous avez déposé un plan au Canada, à Transports Canada. Est-ce que, dans
ce plan-là, il y a des éléments qui manqueraient dans le nôtre, ou est-ce qu'on
est proactifs et davantage en avance par rapport au reste des autres provinces?
M. Georges
(Yves) : Bien, c'est un petit peu... c'est difficile de répondre,
parce que c'est sûr qu'ils ont les mêmes
problématiques. Nous, tu sais, c'est avec Transports Canada, là, les programmes
qu'on fait, puis on parle... c'est la même chose, c'est les
distractions, l'alcool et les drogues au volant. Notre programme va être un peu
différent pour le Québec que pour le reste du Canada. Pour le Québec, on a
consulté les écoles de conduite, l'industrie pour savoir qu'est-ce qu'ils
auraient besoin pour augmenter l'efficacité des cours de conduite.
Donc, entre autres,
là, quand on fait des Zoom comme on fait là, là, on a une quarantaine de jeunes
qui regardent le cours. Il faut rendre ça plus interactif. Donc, on va créer
des vidéos pour rendre ça plus interactif et faire passer le message. Les messages vont être un peu différents, O.K., pour
le Québec que pour le reste du Canada, mais c'est plus culturellement
que... est-ce qu'on est mieux ou différents? Les mêmes problématiques. Les
statistiques sont semblables. Et les jeunes,
bien, un jeune de Vancouver ou de Montréal, ils pensent pas mal de la même
façon, tu sais.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
Donc, j'allais dire «en conclusion», M. Georges, mais vous l'avez fait avant
moi.
M. Georges
(Yves) : Parfait.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous
allons poursuivre les échanges avec l'opposition officielle, donc M. le député
de Pontiac.
M. Fortin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Georges.
M. Georges (Yves) : Bonjour.
M. Fortin : Merci
d'être avec nous. Le ministre nous a rassurés un peu et, j'espère, vous a
rassuré un peu, là, d'entrée de jeu, par rapport à la question des zones
scolaires. Mais vous avez mentionné, dans votre allocution initiale,
l'importance d'avoir des tels systèmes aussi sur les autobus. Est-ce que vous
pouvez peut-être élaborer un petit peu là-dessus puis nous dire ce que vous
voyez, les raisons pour lesquelles vous considérez que c'est important? Puis
comment on pourrait améliorer... comment on pourrait améliorer ce qui est fait
présentement?
M. Georges
(Yves) : Bien, nous, c'est sûr qu'à toutes les fois qu'on voit des
ouvertures de projet, un peu des appels à projets, bien, on a plusieurs
compagnies privées qui nous approchent avec des idées. Et il y a même des idées qui étaient justement d'implanter des
caméras sur les autobus scolaires, surtout dans les régions
problématiques. Évidemment, les commissions scolaires... mais là je les appelle
commissions, je ne me rappelle jamais du nouveau mot, là, mais ils connaissent les endroits problématiques.
Tu n'en mets pas sur tous les autobus parce que c'est assez... c'est
très, très, très dispendieux. Et ils avaient déjà fait des tests qui simplement
filmaient la réaction des conducteurs face aux feux des autobus scolaires, et
les statistiques étaient assez flagrantes, là, dans certaines régions où est-ce
qu'il y avait beaucoup, beaucoup de dépassements illégaux. Et eux avaient
suggéré, puis on trouvait l'idée très bonne,
d'installer non seulement des caméras, mais d'avoir aussi la législation de
pouvoir envoyer une contravention ou du
moins un avis à ces conducteurs-là qui ont dépassé, avec une date, une heure et
la photo de leurs plaques. Il y avait des problématiques au niveau de la
légalité. Donc, moi, tu sais, on n'a pas avancé, mais c'est pour ça que, quand
j'ai vu ça, cette section-là, j'ai dit : Est-ce que c'est pour faciliter
ou c'est pour freiner cette opportunité-là?
Donc, c'est ça que
moi, je vous disais que... comme étant une opportunité non seulement dans la
zone scolaire, qui est, ça, je pense, quelque chose à faire, mais les
municipalités ont quand même mis... ils ont mis des dos d'âne, ils ont mis plein
de choses. Mais, en région rurale, s'il y a un autobus sur la 116, bien, il n'y
a pas de façon, vraiment... à moins que le policier le suit, là, mais, tu sais,
ce n'est pas réaliste. Il y a-tu une façon de dire : Bien, woups! conducteurs, attention, certains autobus
ont des caméras? Puis on le sait très bien, là, quand on annonce qu'il y a une
caméra sur l'autoroute, les gens, malheureusement ou heureusement, ralentissent. Si on pourrait dire que,
woups! Il y a peut-être une chance d'avoir
une caméra sur cet autobus-là, ce que ça va leur dire : Wo! Attends
minute, là, je vais y penser deux fois avant de... Donc, c'est un peu...
c'est un peu cette idée-là.
M.
Fortin : O.K. Bien, vous tombez bien, vous dites qu'il y a des
enjeux au niveau de la légalité. C'est ça qu'on fait ici, changer la
législation, alors ça tombe bien, mais je suis d'accord avec vous sur le
principe. Je me souviens d'avoir vu certains de ces chiffres-là, puis
effectivement, là, c'était beaucoup plus prononcé que ce qu'on peut... que ce
qu'on peut penser à première vue. Puis on parle quand même de la sécurité de
nos enfants, là, de façon majoritaire. Donc,
vous allez trouver un allié de notre côté pour faire des modifications comme
celles-là s'il faut le faire.
M. Georges
(Yves) : Parfait.
M.
Fortin : Je vous ai entendu sur des... la nécessité de faire
davantage de campagnes au niveau de la sécurité routière, des campagnes
ciblées, entre autres sur les réseaux sociaux. Est-ce qu'il y a un véhicule qui
est meilleur qu'un autre pour faire ça? Il y a des fondations comme la vôtre,
il y a la Société de l'assurance automobile du Québec, il y en a d'autres.
Qu'est-ce qui réussit à rejoindre le plus les gens? Quels types de campagnes?
Puis quel véhicule réussit à le faire le mieux?
M. Georges
(Yves) : Bien, nous, on vient de terminer, justement, une campagne.
C'est sûr, ce n'est pas sur la sécurité routière, mais c'est sur
l'électrification des transports, donc les alternatives vertes que les jeunes
peuvent utiliser, que ce soient des véhicules électriques, ou des autobus, ou
des trottinettes électriques. Et on a testé plusieurs médias sociaux, entre
autres les Facebook. Tu sais, on est... je ne suis pas jeune, là, moi, je ne
suis pas vieux non plus, mais pas jeune. Et, à l'intérieur de notre équipe, on
a été dans les traditionnels, les Facebook, les Instagram, les... Et on a eu
des résultats corrects, tu sais, on a eu des 100 000 vues, des
150 000, mais, quand on s'est mis à aller sur TikTok, qui est vraiment la
nouvelle mode, là, bien là, on n'a pas eu 150 000, on a eu
800 000 vues. Donc, on s'est rapidement... on a rapidement réagi à
faire une campagne qui est plus adaptée à des petits... des petits vidéos très
courts, habituellement très... pas drôles, mais d'une façon comique, et on a
été capables d'aller chercher beaucoup plus
de vues. En fait, ce n'était pas... ce n'est même pas comparable. Donc, c'est
ça qu'on va faire beaucoup dans la prochaine campagne sécurité routière.
Oui, on a des
capsules pour les écoles de conduite dans le curriculum, mais on va les adapter
aussi pour des médias... j'appelle ça des médias popcorn, là, c'est quelque
chose que tu consommes rapidement, mais le message peut passer quand même. Et ce n'est pas des médias traditionnels où
est-ce que... Tu sais, on peut... Nous, on est une... on a des projets
où on peut se permettre des choses un peu plus osées, si on veut dire, là, tout
en restant «politically correct», mais, tu sais, la Société d'assurance
automobile du Québec ne pourrait pas faire ce genre de campagne là, en tout cas
je ne pense pas, là, de par son mandat aussi puis de par certaines
restrictions.
Donc, oui, en effet,
c'est intéressant de donner... je ne dis pas des montants énormes, mais
certaines parties du budget à des petites entreprises ou des petits OBNL comme
nous, qu'on peut essayer de pousser un peu la limite et de faire passer le
message à ces jeunes-là, parce qu'on ne passe pas le même message à un jeune de
16 ans qu'à une personne âgée de 45, ou 50, ou 60, ou 70. Et on commence à
trouver des bonnes idées et on commence à avoir des bons résultats, là, avec
ces jeunes.
M. Fortin : O.K. Je vous entends bien sur la nécessité de
passer par des fondations, des groupes, des entreprises comme les
vôtres... comme la vôtre, là, mais... Puis, sur la possibilité de passer par
des moyens comme TikTok, ou autres, je suis convaincu de ce que vous avancez,
que vous réussissez à rejoindre plus de monde. D'ailleurs, je suis convaincu que le premier ministre est d'accord
avec vous aussi, puisqu'il a commencé à annoncer des politiques
publiques sur TikTok, lui aussi. Alors, il n'y a pas d'enjeu de notre côté. Je
vais peut-être laisser mon collègue de Marquette pour la suite des choses.
Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : Allez-y, M. le député de Marquette, vous avez un
peu plus que quatre minutes.
M. Ciccone :
Merci beaucoup. Ça va être rapide. Bonjour, M. Georges, merci d'être là.
Premièrement, merci beaucoup d'avoir amené l'aspect cannabis au ministre
aujourd'hui. C'est un enjeu qui me touche particulièrement, étant responsable
des saines habitudes de vie, un ancien sportif. On a étudié le projet de loi
n° 2 avec mon collègue de Pontiac alors qu'on avait amené l'âge légal à
21 ans, on a parlé à plusieurs groupes scientifiques du domaine de la
santé, qui nous expliquaient les dommages que cette drogue-là peut faire.
Alors, merci beaucoup d'avoir sensibilisé le ministre à cet effet pour ne pas
l'oublier, justement, dans ce projet de loi là, et de mettre des mesures... On
met des mesures un peu plus sévères pour...
quand on a changé de classe sur notre permis de conduire, alors je pense qu'on
pourrait également le faire de façon sévère
aussi, parce que, dans le but, c'est dans... le but, c'est de sécuriser les
gens sur la route.
Merci également, vous
avez parlé des motos, puis ça m'interpelle beaucoup, puisque moi aussi, j'ai ma
classe moto, depuis un certain temps déjà, mais il y a un élément qu'on n'a pas
abordé. Parce que moi aussi, je partage les inquiétudes du ministre à ce
niveau-là. Puis il pourrait sûrement en témoigner, là, moi, je suis une
personne qui n'aime pas la vitesse, je considère que je suis très, très
sécuritaire. Mais on a parlé beaucoup de la problématique des... de ceux qui
ont la machine entre les mains, mais, en même temps, par expérience
personnelle, je peux vous dire qu'une fois
sur trois ce n'est pas de ma faute, là. Puis, même, une fois sur 10, ce n'est
pas de ma faute. Ça vient de l'extérieur, que ce soit une manoeuvre d'un
automobiliste...
Je comprends qu'il
faut faire de la sensibilisation, mais je pense qu'il faut cibler ailleurs que
juste le chauffeur de moto. Puis ça peut... puis ça va jusqu'à une personne qui
lance son botch de cigarette, qui rentre dans ton manteau, là. Parce que ça
m'est déjà arrivé, ça. Il y a tellement de choses qui peuvent arriver à moto.
Alors, ne pensez-vous pas que, justement, si on veut cibler la sécurité,
notamment chez les motos... Parce que moi aussi, je fais le saut, là, quand je
reçois mes enregistrements à chaque année. Quand je dois payer mes
enregistrements, quand je dois payer mes
assurances, ça fait terriblement mal. Alors, comment, justement, on peut régler
cette problématique-là, mais l'amener plus large que juste sur les
conducteurs de moto, là?
• (12 h 10) •
M. Georges
(Yves) : Bien, c'est un... Bien, si j'aurais la baguette magique, là,
pour sensibiliser tous les automobilistes, disons qu'on la ferait... on la
ferait facilement, mais le problème, c'est que c'est ça : Est-ce qu'on se
concentre sur les motocyclistes, qui sont beaucoup moins nombreux, ou sur la
population en général qui a un permis de conduire, essayer de parler à
plusieurs millions d'automobilistes pour leur expliquer la problématique des
motos? Tu sais, la SAAQ le fait un peu, mais, oui, j'aimerais... Tu sais, je
n'ai pas de solution. Le problème, c'est... la problématique, c'est qu'on parle
à la population en général, de dire que, trois, quatre fois par année, bien,
trois... tu sais, trois, quatre... pendant
trois, quatre mois, bien, il y a des motos : Attention! Fais attention,
des... C'est difficile de leur parler. Et, si tu n'as jamais conduit de
moto, c'est difficile à... c'est difficile à comprendre comment qu'une moto est
vulnérable. Tu sais, moi, je parle à des gens, là, que... via Moto Québec,
notre association, puis ils ne peuvent pas comprendre,
ils ne peuvent pas voir que juste un trou, du sable ou une manoeuvre que tu
n'as pas prévue, ça ne pardonne pas. Donc, c'est difficile de faire
comprendre ça aux automobilistes, mais, tu sais, il faut continuer de travailler,
là. Moi, j'y crois beaucoup. Oui, il y a la moto qui est plus facile, parce que
les campagnes ont... moins dispendieuses, mais, pour l'auto, il ne faut pas
lâcher, là, il faut continuer d'en parler.
M. Ciccone : Mais exactement, puis on pourrait peut-être se calquer
aussi... parce qu'on a pris des mesures aussi pour les... des nouvelles mesures
de sécurité face aux cyclistes. On l'a fait, ça, on a augmenté la distance,
quand on passe à côté d'un cycliste, 1,5 mètre. Puis je suis persuadé que
le ministre est content parce que c'est un cycliste lui-même, là, alors il est
plus en sécurité à ce niveau-là. Alors, on pourrait également faire ce genre de
mesure là, apporter ou suggérer ce genre de mesure là face aux motocyclettes,
mais, en même temps, ça... on ne déresponsabilise pas les chauffeurs, non plus,
de motocyclette, là. Merci beaucoup...
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait.
Donc, la période d'échange est donc terminée. M. Georges, je vous remercie
grandement de votre contribution à nos travaux.
Donc, je vais
suspendre les travaux quelques minutes afin de permettre au prochain groupe de
participer à notre rencontre, donc.
(Suspension de la séance à
12 h 13)
(Reprise à 12 h 15)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Je souhaite
maintenant la bienvenue à l'Association canadienne des automobilistes. Donc,
mesdames, monsieur, je vous invite à vous présenter. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
faire votre exposé, et par la suite nous amorcerons la période d'échange
avec les groupes parlementaires. Donc, je vous cède la parole, bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Association canadienne
des automobilistes (CAA)
Mme Gagnon (Sophie) : Merci
beaucoup. Alors, merci, Mme la Présidente. Distingués membres de la Commission
des transports et de l'environnement, bonjour à chacun. Je tiens à remercier
les équipes techniques de la commission et de CAA-Québec qui ont rendu
possible, là, grâce à leur bonne efficacité, là, cette diffusion en
visioconférence. Et évidemment nous aurions préféré être avec vous, peut-être
dans une prochaine activité.
C'est évidemment avec grand plaisir que nous
représentons CAA-Québec pour partager nos commentaires et nos recommandations
en lien avec le projet de loi n° 22. Mon nom est Sophie Gagnon, je suis
vice-présidente Affaires publiques et
responsable des dossiers de sécurité routière. Je suis accompagnée de
M. Marco Harrison, il est directeur de la sécurité routière chez
nous, et plus spécifiquement les activités de la Fondation CAA-Québec. Et, à ma gauche je suis accompagnée de Me Isabelle
Godbout, qui est recherchiste analyste, avec nous depuis plusieurs
années.
CAA-Québec, évidemment, vous le savez sans doute,
c'est un organisme à but non lucratif qui a été fondé en 1904 et qui vise à
assurer la tranquillité d'esprit à chacun de nos quelque 1,3 million de
membres au Québec dans les domaines de la
mobilité, du voyage et de l'assurance. Évidemment, la sécurité routière fait
aussi partie de notre ADN, et il nous
importe de contribuer au développement d'une culture valorisant le partage de
la route, les comportements sécuritaires pour tous les usagers au
Québec. Et nous avons ces valeurs bien ancrées dans chacun de nos employés et
collègues.
Pour faciliter le travail des parlementaires,
vous avez reçu notre mémoire. Nous allons traiter spécifiquement de points qui
sont directement en lien avec notre expertise, nos champs d'activité, et donc
plus spécifiquement l'autorisation, pour les conducteurs de dépanneuse,
d'utiliser le feu vert clignotant, les dispositions sur l'alcool au volant
ainsi que les mesures pour... entourant la sécurité routière aux abords des
écoles, donc dans les zones scolaires. Il
m'importe évidemment de préciser que, même si nous ne traitons pas des articles
qui modifient le régime public d'assurance automobile, il est néanmoins
très important à nos yeux. Nous en soutenons d'ailleurs la philosophie et les
grands principes depuis sa création, en 1978. Et, aujourd'hui encore, nous
soumettons qu'il s'agit d'un actif précieux à conserver, à protéger, et sa
saine gestion est garante de la confiance des Québécois et des Québécoises.
Alors, un mot sur l'autorisation, pour les
conducteurs de dépanneuse, d'utiliser le feu vert. Vous imaginez qu'avec 1,3 million de membres au Québec,
répartis dans toutes les régions, nous réalisons chaque année des
centaines de milliers de services d'assistance routière sur nos routes. Il va
de soi que la sécurité de nos patrouilleurs, autant les employés de CAA-Québec
que la sécurité aussi des partenaires affiliés, qui sont partenaires, de
partout au Québec, avec nous pour assurer la
qualité du service, bien, c'est une préoccupation constante et c'est au sommet
de nos priorités.
Nous appliquons évidemment bon nombre de mesures
de sécurité afin de protéger nos gens, en conformité avec les règles de la
CNESST, mais qu'il convient de dire que nos gens restent vulnérables lorsqu'ils
aident des gens en bordure de route et d'autoroute. En février 2020, nous
écrivions d'ailleurs au ministre des Transports de l'époque, M. Bonnardel,
afin de l'inciter à en faire plus pour améliorer la visibilité des dépanneuses
et la sécurité des patrouilleurs. Nous visions à obtenir l'autorisation de
munir les dépanneuses de gyrophares ou de feux clignotants bicolores ambre et
bleus. Cette demande avait été refusée parce qu'au Québec la couleur bleu et
rouge, en fait, sont à l'usage exclusive des véhicules de police. Plusieurs
études démontrent toutefois que la couleur des gyrophares ou des feux
clignotants joue un rôle déterminant dans la visibilité des véhicules de
service pour les autres utilisateurs du réseau routier. Et nous avions
d'ailleurs cité, on l'a refait dans le mémoire, plusieurs études qui démontrent
cette affirmation. Les gyrophares, les feux clignotants jaunes performent mieux
s'ils sont suivis par le bleu. Donc, la combinaison jaune et bleu utilisés
ensemble augmente significativement la vigilance des autres usagers de la
route, entraînant ainsi une diminution de la vitesse, un plus grand respect du
corridor de sécurité, tout en améliorant grandement la visibilité des véhicules
de service qui en sont équipés.
• (12 h 20) •
De plus en plus d'administrations en Amérique du
Nord, dont la Saskatchewan depuis 2017, permettent l'utilisation de gyrophares
ou de feux clignotants jaunes et bleus sur les dépanneuses et autres véhicules
de service afin de protéger la sécurité des travailleurs en bordure de route.
C'est donc, évidemment, avec grande satisfaction et ouverture que nous
accueillons l'autorisation d'utiliser non pas le feu clignotant bleu mais le
feu clignotant vert pour les conducteurs de dépanneuse.
Précisons qu'aucune province canadienne,
actuellement, ne l'autorise. Au Canada, outre les véhicules d'urgence,
l'utilisation du feu clignotant vert semble limitée aux pompiers volontaires.
C'est la même situation aux États-Unis, mais une étude, en Ohio, a révélé que
la couleur verte était très visible à l'oeil nu, si bien que l'État l'utilise
désormais pour ses chasse-neige. Selon cette même étude, l'utilisation du feu
vert clignotant aurait un impact positif sur la visibilité des dépanneuses, et
donc sur la sécurité des patrouilleurs. Des automobilistes se fient à la
couleur et à la configuration des feux d'avertissement pour reconnaître
facilement et rapidement le type de véhicule d'urgence, ainsi que pour estimer
sa direction, sa vitesse et la distance qui les en sépare.
Évidemment, si l'article 40 du projet de
loi n° 22 était adopté tel quel, nous incitons et recommandons au
gouvernement de tenir des mesures d'information afin que les usagers de la
route, justement, prennent connaissance et apprennent les différentes
combinaisons de feux d'avertissement des véhicules d'urgence et de service en
bord de route et leur signification. Il faudra aussi, sans doute, établir des
normes strictes concernant l'intensité maximale pouvant être utilisée, puisque plusieurs personnes peuvent être
sensibles à une lumière trop intense. On a cité quelques documentations à cet effet-là dans notre mémoire.
Cette mise en garde s'impose, même si plusieurs études ont démontré que l'exposition, tant
diurne que nocturne, à la lumière bleue ou à une lumière dérivant du bleu,
comme le vert, améliore les performances cognitives et augmente les
niveaux de vigilance.
Alors, sur ce, je vais passer la parole à mon
collègue Marco pour l'alcool au volant.
M. Harrison (Marco) : Merci, Sophie.
La conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool est encore l'une des principales
causes de décès au Québec. Malgré les gains effectués ces 30 dernières
années, il semble que nous en soyons à un
point où ceux-ci sont de plus en plus difficiles à obtenir quant à la réduction
du nombre de victimes y étant associées.
L'adoption de nouvelles mesures pouvant permettre d'avoir un impact positif sur
le bilan routier, notamment celles ayant donné de bons résultats
ailleurs et ayant un fondement scientifique démontré, prend tout son sens. C'est pour cela que nous sommes en faveur
d'imposer la tolérance zéro au titulaire d'un permis d'apprenti
conducteur, malgré le fait qu'il soit
détenteur d'un permis valide pour une autre classe, lorsqu'il conduira ou aura
la garde et le contrôle d'un véhicule visé par la classe de son permis
d'apprenti. Il en va de même pour les sanctions proposées, car elles sont en harmonie avec celles déjà existantes en semblables
matières pour les conducteurs en période d'accès graduel au permis.
De plus, nous croyons que le manquement aux
conditions d'utilisation de l'antidémarreur éthylométrique, pour les détenteurs
d'un permis assorti d'une condition x, doit avoir des conséquences. Comme
l'obligation d'utiliser cet appareil fait partie, pour nous, intégrante du
processus de réhabilitation et d'acquisition de meilleures habitudes pour le
détenteur du permis assorti de la condition x, la prolongation de la durée
d'utilisation obligatoire de l'appareil prend toute sa signification en cas de
manquement en lien avec celle-ci.
En terminant
au sujet de l'alcool, nous sommes ouverts à l'ajout de mesures, telles les
sanctions administratives pour une alcoolémie qui se situerait entre 50
et 100 milligrammes pour cent d'alcool.
Ce n'est pas d'hier que les comportements à
risque des automobilistes dans les zones scolaires inquiètent. Nous avons pu démontrer, par nos nombreuses
activités d'observation aux abords des écoles primaires de la province,
que trop de manoeuvres dangereuses y surviennent et mettent en danger les
écoliers. Notre activité d'observation tenue le 4 septembre dernier, aux
abords de 10 écoles primaires de sept régions administratives du Québec,
n'est pas en reste. En environ une heure, ce n'est pas moins de
624 comportements à risque ou infractions qui ont été notés par nos
observateurs déployés sur le terrain. De plus, selon l'INSPQ, année après
année, c'est près de deux enfants par jour qui subissent des blessures sur le
chemin de l'école, que ce soit lors d'un déplacement à pied, à vélo ou à
voiture. La grande proportion de ces blessures surviennent aux abords des
écoles...
La
Présidente (Mme Grondin) : M. Harrison, je vous
invite à conclure. Ça va, vous pouvez... Je vous donne encore un peu de
temps, là, mais vous avez dépassé votre temps.
M. Harrison (Marco) : Afin
d'assurer une meilleure sécurité des élèves et d'augmenter le sentiment de
sécurité des parents, nous endossons les critères d'établissement de zones
scolaires prévus dans le règlement.
Mme Gagnon
(Sophie) : Je terminerais cette présentation en voulant
réitérer un peu la surprise de CAA-Québec de ne pas avoir retrouvé dans
le projet de loi n° 22 des mesures de sanctions administratives. Et, à cet
égard, je me permets de rappeler que le Québec demeure encore la seule province
au Canada à ne pas recourir à ce moyen qui a pourtant
fait ses preuves en matière d'efficacité pour réduire les blessures liées à
l'alcool au volant. Et nous croyons qu'il y a eu, depuis quelques années, une évolution des comportements en
matière de prévention et invitons le gouvernement à considérer ou... mesurer ou voir
l'acceptabilité... l'évolution de l'acceptabilité sociale de telles mesures
pour se donner un outil supplémentaire en matière de sécurité routière.
Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, je vous remercie de
votre exposé. Nous amorçons la période d'échange. Donc, M. le ministre,
il vous reste 15 minutes à peu près.
M. Bonnardel : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Gagnon, bonjour à vos collègues qui sont avec
vous ce midi. Je pense qu'on se rejoint quand on souhaite... Vous souhaitez, je
souhaite améliorer le bilan routier des automobilistes, des motocyclistes, et
autres.
Et je vais aller rapidement sur ce que vous
venez de dire, en terminant, là, vous avez parlé de l'alcool, vous êtes
d'accord avec le zéro alcool. Monsieur disait juste, dans son préambule, des
résultats ailleurs. Est-ce que c'est le point
du 0,05 qui est... de l'aspect pécunier qui n'est pas inclus... je dis
«pécunier», là, amende, amende, comme vous l'avez mentionné, qui n'est
pas inclus, qui est un problème pour vous, que vous souhaiteriez qu'on aille
encore plus loin pour ce point?
Mme Gagnon
(Sophie) : On parle des mesures administratives à 0,05, à
partir de mesures de 0,05 milligramme de... par... d'alcool par
100 millilitres de sang.
Mme Godbout (Isabelle) : 50,
50 milligrammes.
Mme Gagnon
(Sophie) : 50 milligrammes... Et, peu importe, ce qu'il est
important de retenir, c'est qu'en mesures
administratives, ce qu'on n'applique pas actuellement au Québec, on a fait des
gains dans d'autres provinces par l'imposition d'amende ou de suspension
temporaire, ne serait-ce que de quelques heures, du droit de conduire lorsque,
de façon éthylométrique, on a mesuré de l'alcool... la présence d'alcool dans
le sang. On n'est pas en train de dire qu'on endosserait
une modification de la limite de 0,08, qui est fixé au Code criminel, mais de
penser à recourir à des mesures administratives qui ont pu donner des résultats
ailleurs. C'est mesuré.
Et, dans notre
mémoire, on réfère à une étude de l'INSPQ... non, l'institut de santé publique,
qui remonte à 2010 et qui démontre que ces mesures-là sont de bonnes mesures
pour faire réfléchir davantage des automobilistes. C'est un puissant signal
qu'on envoie aux automobilistes lorsque, par exemple, ils sont testés sur la
route avec un niveau d'alcool, dans les eaux
qu'on me dit, là, soit entre 50 milligrammes par 100 millilitres et
80. Et c'est un puissant signal pour
faire réfléchir. Et on sait que... puis, Marco, tu pourras peut-être compléter,
là, mais la plupart des accidents ou des collisions qui surviennent
impliquant l'alcool sont par des gens qui ont pris une chance, et qui ne sont
pas des récidivistes et, qui peuvent... et
qui auraient peut-être eu avantage à être sensibilisés encore plus. Est-ce que
tu peux...
M. Harrison
(Marco) : M. le ministre, en trois points de forme, le fait d'avoir
des sanctions administratives entre 50 et 80 milligrammes pour cent, ça va
réduire de beaucoup. Parce que ça a été démontré ailleurs, les premières
infractions en matière de conduite avec les capacités affaiblies criminelles,
donc, les... puis c'est la grande majorité des infractions de ce type-là,
criminelles, qui sont des premières infractions. Puis, en plus, ce que ça fait,
c'est... puis on le démontre, dans ce qu'on vous a donné comme mémoire, c'est
qu'à des taux plus bas au niveau de l'alcool, ça coupe les inhibitions des
gens. Ce n'est peut-être pas un taux qui fait en sorte qu'ils sont incapables
de conduire un véhicule, mais, comme les inhibitions sont coupées, ils vont
moins respecter l'ensemble des règles qui s'appliquent. Et là on va parler de ne pas respecter les limites de vitesse, d'avoir
de la distraction au volant, et ça, quand on regarde les causes de
collisions, au Québec, où il y a des morts et des blessures graves, c'est dans
les premières.
• (12 h 30) •
M.
Bonnardel : Merci. Au-delà de cette position que vous avez pour le
0,05, pour ce qui est d'améliorer le bilan routier, formation, ou autres,
conduite hivernale, est-ce qu'il y a des points sur lesquels vous... Puis là je
saute un peu... je vais aux mêmes
conclusions que le groupe qui était avant vous, avec la Fondation québécoise
d'éducation en sécurité routière, là. Est-ce qu'il y a des aspects sur lesquels
on devrait mieux travailler pour mieux former leurs jeunes automobilistes,
jeunes motocyclistes? Est-ce que vous avez des idées qui vous viennent en tête?
M. Harrison
(Marco) : Bien, déjà, au niveau du Programme d'enseignement en
sécurité routière, le PESR, on fait des pas importants actuellement. On voit
qu'il y a une certaine ouverture à s'en aller vers des modes d'enseignement qui
sont beaucoup plus appropriés à nos jeunes d'aujourd'hui, à des modes plus
numériques, des modes plus flexibles. Et ça, déjà, d'avoir cette ouverture-là,
non seulement pour l'industrie, mais au niveau des écoles de conduite, mais
pour les jeunes eux-mêmes qui sont en apprentissage et en processus d'obtenir
un permis de conduire, pour moi, c'est de la musique à mes oreilles, parce que,
pour eux aussi, c'en est.
M.
Bonnardel : Est-ce que la formation conduite hivernale, c'est un
aspect qui devrait être mieux... ou revu, ou vu, ou amélioré?
M. Harrison
(Marco) : Personnellement, je dirais que former des gens en conduite
hivernale, dans un endroit où on a un climat hivernal une grande partie de
l'année, si on regarde dans les pays scandinaves, ça a fait ses preuves. Ça a amélioré le bilan routier, ça a fait
en sorte que les gens avaient des techniques meilleures pour conduire
dans une situation hivernale.
Mme Gagnon
(Sophie) : Nous faisons des programmes qui sont volontaires. Et on le
constate, hein, on développe des techniques particulières sur terrain, et c'est
sûr que ces habiletés, qui viennent s'ajouter à l'expérience d'un conducteur,
laissent des marques et amènent des comportements beaucoup plus sécuritaires
par la suite, parce qu'ils goûtent aux... les gens qui suivent ces
formations-là voient les effets potentiels, à quel point c'est facile
d'échapper une voiture, par exemple, si on parle de la conduite sur glace, ou
autres.
M. Harrison
(Marco) : Le meilleur exemple que je pourrais vous donner, M. le
ministre, là-dessus, à toutes les fois qu'on arrive à la première chute de
neige, à l'automne, on dirait que les gens ont oublié de conduire en hiver.
Donc, la formation, qu'elle soit offerte aux plus jeunes ou au moins jeunes,
aura toujours sa place pour aider à améliorer, surtout avec les conditions que
nous, on a, au Québec, pratiquement six mois par année.
M.
Bonnardel : Bien reçu. Merci de votre présence. Je vais passer la
parole à mes collègues pour d'autres questions. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Merci,
M. le ministre. Donc, M. le député de Beauharnois.
M. Reid : Merci beaucoup. Bonjour à vous, merci d'être là.
Comme vous l'avez mentionné, bientôt peut-être, vous allez pouvoir être ici physiquement, mais, ceci dit, la technologie
fait son oeuvre actuellement. Donc, merci d'être là.
Moi, je voulais vous
entendre sur le feu clignotant, le feu vert pour les dépanneuses. Vous avez
quand même fait une recension de ce qui se fait ailleurs, aux États-Unis et au
Canada, vous avez parlé de la Saskatchewan, puis où on utilise le jaune et le
bleu et non pas le jaune et le vert. Je voulais... ce qui m'interpelle, en
fait, c'est au niveau de l'harmonisation. On sait que le feu rouge, bien, c'est
pour les pompiers, la police, ainsi de suite. Puis l'implantation du feu vert,
qui est une excellente initiative, soit dit en passant, comment est-ce que vous
le voyez au Québec? Et comment ça pourrait
être... quel travail on va devoir faire pour sensibiliser les conducteurs ici,
mais également d'ailleurs?
Mme Gagnon
(Sophie) : Bien, on l'a mentionné, c'est une bonne... c'est une bonne
question. Je pense que, d'entrée de jeu, lorsqu'on en a parlé, les collègues,
on a conclu que, le fait d'introduire dans la législation une autorisation et non une obligation, on se donne
ainsi les moyens de tester et d'introduire graduellement cette mesure-là
pour en vérifier les bénéfices et l'efficacité.
Et, dans cette optique-là, pour nous, c'est
certain qu'avant de déployer à grande échelle une autorisation comme ça, on va
vouloir faire des tests et on va être avec nos collègues à pied d'oeuvre pour
mesurer la faisabilité et la facilité. Mais
il faudra aussi voir, et c'est ça qu'on recommandait, d'avoir des mesures
d'information et d'éducation. Donc, c'est clair, on ne pourrait pas
introduire cette possibilité-là. Ça fait que, là, c'est une possibilité. Ça
veut dire que c'est clair que, demain matin, ce n'est pas tout le monde qui va
l'introduire dans leur comportement d'activité.
Et vous pouvez compter sur une organisation
comme CAA-Québec, parce que la sécurité est importante pour nous, pour au moins
faire les tests et vérifier, confirmer ce qu'on a vu dans la littérature et, le
cas échéant, faire de la sensibilisation. Mais on ne pourra pas être seuls à le
faire. Et il faudra pouvoir compter sur de l'éducation, parce que je suis persuadée que cette mesure-là va
intéresser pas seulement notre organisation, mais toute autre organisation
qui met la vie de leurs employés sur les routes. Parce qu'il y a une différence
entre... Nos gens, nous, ils sont en prestation de services, un peu à l'image
d'un policier ou d'un intervenant de secours, ils sortent des véhicules, ce
n'est pas comme s'ils sont sur la route avec
un gros camion, là, ils ont à aller sur le terrain, à prendre soin de nos
membres. Nos membres aussi sont sur la route.
Alors, c'est
pour ça que... Puis on le sait, sur les abords de routes, il peut y avoir
toutes sortes de comportements. La
visibilité est extrêmement importante. Donc, visibilité avec des bonnes
combinaisons. Il va y avoir quand même une certaine... comme c'est une
possibilité, il va y avoir une nouvelle couleur qui s'ajoutera possiblement
dans le décor, alors il va falloir faire de l'éducation et de la
sensibilisation.
M. Harrison
(Marco) : ...très intéressant, c'est que l'introduction du
feu vert pour les véhicules de dépannage routier, comme les véhicules de
service, va les distinguer auprès de l'ensemble des automobilistes, de
l'ensemble des véhicules routiers qui ont un clignotant jaune. Puis ça, c'est
très important parce que la caractéristique du véhicule de service, comme
Mme Gagnon vient de vous dire, c'est qu'il y a quelqu'un à l'extérieur du
véhicule qui effectue les manoeuvres, et donc très vulnérable, surtout
lorsqu'on pense qu'il est en bordure d'une route où la limite de vitesse est à
90 kilomètres-heure, ou même sur une autoroute. Donc, ça, c'est vraiment,
je pense, le point principal, c'est de pouvoir faire la distinction entre
l'ensemble des véhicules routiers et un véhicule de service.
Mme Gagnon
(Sophie) : Puis peut-être... On réfléchit à voix haute avec
vous, puis, Marco, Isabelle, n'hésitez pas à me corriger si je divague,
mais, chose certaine, on va introduire, avec cette possibilité-là, une nouvelle
couleur sur la route. Le vert n'est pas
présent. Alors, il sera important de... Puis moi, je vous le dis, on n'a pas
fait un grand sondage auprès de nos collègues du service d'assistance
routière, mais, si on arrive avec une proposition supplémentaire comme ça, sur la sécurité, qui peut être favorable
à la sécurité, comme on pense que ça le sera, on va vouloir l'essayer. Donc, il va vraiment falloir qu'on ait du soutien,
parce que, si c'est une autorisation, c'est... on va le faire, on va
l'essayer.
Et moi, je pense qu'il y a une opportunité pour
voir graduellement... comme on dit en bon français, marcher avant de courir,
voir comment ça s'imbrique, comment ça s'installe, puis, s'il y a lieu,
éventuellement d'en venir avec des bons résultats, d'en venir à une obligation
pour systématiser ce recours-là. Parce qu'imaginez une situation où d'aucuns ne
l'utilisent pas, la lumière verte. Le message passe dans la population. Et là,
bien, il peut y avoir des gens qui se retrouvent sur la route, qui ne pensent
pas que... s'il n'y a pas de lumière verte, ils s'imaginent qu'ils peuvent
passer à côté d'un véhicule, qu'il n'y a pas de gens à l'extérieur, et là le
pire peut arriver. Je ne veux pas prendre les scénarios catastrophes, là, mais
il y a quand même ces éléments-là dont il va falloir tenir compte.
M.
Reid : Merci
beaucoup.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, ça... Ça va?
Donc, M. le député de Portneuf, il reste 3 min 30 s.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Puis en effet... merci pour votre présentation également, mais, en
effet, il va y avoir tout un travail de pédagogie à effectuer de part et
d'autre, finalement, les usagers et les utilisateurs.
Tout à l'heure, vous parliez d'intensité. Est-ce
que vous êtes allés jusqu'à... Parce que je ne le savais pas, c'est vrai que parfois on est aveuglé sur la route
par des lumières qui peuvent flasher un peu trop, mais je ne savais pas qu'il y avait des normes dans ce domaine. Est-ce
que vous avez des références sur lesquelles vous vous êtes déjà penchés?
Mme Gagnon (Sophie) : On les a
cités dans le mémoire. Isabelle?
Mme Godbout (Isabelle) : Bien,
en fait, oui, c'est ça, il y a quelques études, là, qui sont citées dans le
mémoire, vous pourrez peut-être regarder, là, puis il y a un lien cliquable
aussi, là, puis ça, on vous l'a transmis en pièce jointe. Donc, c'est sûr que
ça dit que, pour les lumières LED, surtout c'est la nouvelle technologie, là,
qui est utilisée, les... on dit souvent : On voit les lumières LED. Ça
peut avoir des problématiques au niveau de certaines personnes qui présentent
des pathologies en raison de l'intensité, là.
M. Caron : Et
le vert, en tout cas dans mon esprit, symbolise plus une couleur de courtoisie.
Puis je comprends qu'il peut interpeler de la même manière, mais tout à
l'heure on parlait de pédagogie, etc. À l'origine, vous, votre suggestion, ça n'aurait donc pas été la lumière verte, mais
vous avez adhéré à ce principe parce que vous considérez qu'il vaut mieux ça
que rien d'autre ou...
• (12 h 40) •
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
dans l'état actuel des choses, c'est ça, on pourrait aller jusque-là, mais
j'ajouterais quand même le fait que la lumière verte est un dérivé, est
composée de lumière bleue et jaune, et donc, dans
sa «chromatie», si on peut dire comme ça, elle a une composante bleue qui a un
effet bénéfique pour attirer l'attention, donc... Et il y a des... il y
a quelques études, on les a citées, qui semblent indiquer que le vert a cet
effet positif de la lumière bleue. Donc, c'est pour ça qu'à prime abord on
salue le geste puis l'ouverture à cet égard mais que l'idée de faire des tests aussi et de poursuivre les
recherches pour s'inspirer de ce qui... on ne réinventera pas la roue, là, s'il
y a de la documentation, mais la documentation actuelle semble nous
indiquer que ce serait pertinent et... mais on le verra aussi sur le terrain.
Et c'est la composition de la lumière verte... (panne de son) ...du bleu qui a
l'effet espéré.
M. Caron : Est-ce que vous avez
aussi mesuré sur le terrain l'incidence du coût? Est-ce que certains ont levé
un petit drapeau en disant : Combien ça va coûter, qui va payer?
Mme Gagnon (Sophie) : Bien,
écoutez, très souvent...
La
Présidente (Mme Grondin) : Je vous invite...
Mme Gagnon, il vous reste à peine 30 secondes, donc petite
réponse.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui.
Réponse, c'est quand même... Oui, c'est une question pertinente. On n'a pas pu
faire d'évaluation. Nos premiers réflexes sont de penser que les technologies
sont assez simples à intégrer puis que ça ne représente pas nécessairement des
grands coûts, mais on n'a pas fait d'étude, et on va le faire. Et, évidemment,
on va s'y attarder parce qu'on souhaite le faire, mais il ne faudrait pas que
ça soit prohibitif. Mais nos premiers réflexes sont que ça ne devrait pas être
prohibitif comme coûts. À suivre.
M. Caron : Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci beaucoup. Donc,
nous poursuivons les échanges avec l'opposition officielle. M. le député de
Pontiac.
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme Gagnon,
bonjour, M. Harrison, Me Godbout. Merci d'être avec nous. J'ai une
question en lien direct avec votre mémoire, là, que vous nous avez déposé. Et
là je vais lire, je vais lire une partie de votre mémoire, là : «Le CAA
est également en accord avec les sanctions proposées aux contrevenants à cette
interdiction, soit la suspension sur le champ de la classe qui fait l'objet
d'un apprentissage.» Là, on parle du zéro
alcool pour les gens qui apprennent une nouvelle classe, donc, par exemple, la
classe moto, là, dont on parlait un peu plus tôt. Est-ce que quelqu'un
qui a... qui est en contravention d'une loi en lien avec l'alcool au volant
devrait avoir une sanction uniquement sur le champ de la classe dont il est
objet ou est-ce qu'il devrait y avoir une sanction sur son permis de
classe 5 aussi?
M. Harrison (Marco) : Non,
actuellement, ce qu'on pense, c'est que la sanction devrait être sur la portion
de la classe visée par l'apprenti conducteur. Ce qu'on dit dans le mémoire,
c'est assez simple, c'est que, quand on est en train d'apprendre à conduire un
type de véhicule différent de celui qu'on conduit habituellement, ça demande
toute notre attention, toute notre concentration puis ça demande aussi de,
comment je peux dire... d'avoir les bonnes habitudes puis des saines habitudes
tout de suite en partant. Puis, si on est touché par une mesure qui est
tolérance zéro puis qu'on n'en prend pas acte ou qu'on ne la respecte pas, on
se fait prendre, le fait d'avoir une suspension du permis d'apprenti ou de la
classe du permis d'apprenti, on croit, est suffisant. Puis, si j'allais un peu
plus loin que ça, puis, je vous dirais, si on retire, par exemple, l'ensemble
des classes, on sanctionne ou... d'une façon temporaire, l'ensemble des
classes, la personne va être punie, je pense, plus sévèrement qu'elle devrait
l'être, parce que son permis de conduire, probablement, peut lui permettre
d'aller travailler, etc. Donc, ça serait une sanction peut-être trop importante
par rapport à ce qui a été commis.
Le fait de ne pas pouvoir continuer à apprendre
à conduire un autre type de véhicule, ça peut avoir des conséquences
importantes. La moto, par exemple, c'est un véhicule de loisir. On s'entend que
ce n'est pas nécessairement la classe qui aura peut-être le plus d'impact.
Mais, quelqu'un qui est en train d'apprendre une classe professionnelle, je
vous dirais que, s'il est suspendu puis il ne peut pas continuer à apprendre,
ça peut avoir un impact majeur, là. C'est peut-être une personne qui a besoin
de ça pour accéder à un nouvel emploi ou changer d'emploi. Ça fait que je pense
que de se limiter à la classe qui est apprenti, c'est suffisant.
M. Fortin : O.K. Je vous entends. Je voulais... je voulais, justement,
avoir votre point de vue. Parce que, moi, quelqu'un qui fait fi de son
obligation en lien avec l'alcool au volant, moi, ça... disons que ça lève un
drapeau rouge de façon générale aussi, là. C'est pour ça, je voulais poser la
question, mais je vous entends bien sur votre réponse.
Vous avez mentionné...
vous avez mentionné la sécurité routière autour des écoles et vous avez fait
référence à une étude que vous avez faite l'an dernier, je crois, là, où vous
avez constaté un nombre important d'infractions autour
des écoles. Est-ce que c'est possible que vous envoyiez les résultats de cette
étude-là à la commission? J'aimerais qu'on puisse se pencher là-dessus, si vous
le permettez.
M. Harrison
(Marco) : Ce sera avec grand plaisir. C'est une activité d'observation
qu'on fait autour des écoles. On l'a répété à maintes reprises puis on pourra
vous partager les résultats.
M. Fortin : Dernière chose de ma part, puis vous ne m'aurez peut-être
pas vu venir là-dessus, là, je vous entendais parler des différentes conditions
qui peuvent rendre la conduite difficile. La noirceur, c'en est un, bien
évidemment, la visibilité. Le Sénat américain a voté hier pour éliminer l'heure
d'hiver, donc faire en sorte qu'il y ait des heures de clarté, disons, des
heures où on est à l'extérieur plus souvent, prolongées. Est-ce que, selon
vous, ça pourrait avoir un impact sur notre bilan routier d'annuler l'heure
d'hiver?
M. Harrison
(Marco) : C'est difficile à dire parce que... Vous savez que, quand on
arrive aux deux périodes de l'année où il y a un changement d'heure, c'est
aussi une période où il y a une transition au niveau du climat. Puis ça, je
vous dirais que les transitions... les périodes de transition au niveau du
climat, pour moi, ça va créer beaucoup plus de difficultés ou de dangerosité au
niveau de la conduite que la clarté en tant que tel. Les systèmes... On regarde
les systèmes sur les voitures maintenant pour l'éclairage, là, puis vous aurez
probablement la même réaction que moi, il y a... Des fois, on croise des
véhicules sur la route, là, on pense qu'ils sont sur les feux de route, puis
ils sont sur les feux de croisement,
l'intensité est grande. Et, quand on a des changements au niveau du climat, les
périodes de transition d'automne et
d'hiver, souvent on va se faire prendre parce qu'il fait beau le jour, puis là
ça refroidit rapidement le soir, puis là il y a eu de l'eau, ça a gelé.
Les gens ne se méfient pas, il y a de la glace noire. Je vous dirais que ces
conditions routières là sont plus propices à des collisions que le fait qu'il
fasse clair plus tard dans la journée.
M. Fortin : O.K. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, M.
le député de Marquette, une enveloppe de cinq minutes.
M. Ciccone : Merci beaucoup. Bonjour à vous trois. Merci beaucoup
d'être là. Moi, je veux faire un peu de pouce sur ce que mon collègue de
Pontiac a dit d'entrée de jeu sur les titulaires de permis d'apprenti
conducteur. M. Harrison, vous avez dit que d'amener, justement, la
sanction sur toutes les classes était trop importante — puis
je suis un peu d'accord avec vous, là. Cependant, il faut toujours qu'il y ait
l'aspect dissuasif aussi. On a répliqué exactement les mêmes amendes, même
suspension de 90 jours. Mais, pour que ce soit juste, pour que ce soit
juste, l'aspect dissuasif pour un jeune de 22 ans et moins, 90 jours,
entre 300 $ et 600 $, une personne qui a 40 ans, qui conduit,
qui est responsable... Parce qu'on peut toujours plaider l'immaturité quand
t'es un jeune puis tu fais une erreur, mais la personne qui a 40 ans,
45 ans et qui décide de prendre sa classe moto, par exemple, décide de
prendre le volant avec... il a pris une
bière ou deux, là, il n'est pas au-dessus de la limite du règlement, de la loi,
en ce moment, là, est-ce que 300 $ et 600 $, c'est assez pour
lui, est-ce que c'est juste?
• (12 h 50) •
M. Harrison
(Marco) : Bien, moi, je vous dirais que oui, parce qu'il faut... C'est
harmonisé avec ce qu'on fait avec les
jeunes, tu sais, au niveau des sanctions, là, qui sont en accès graduel au
permis. Pourquoi, parce que la personne est plus vieille ou la personne a plus d'expérience, on mettrait une
sanction plus importante ou des amendes au niveau du temps de suspension de permis? Est-ce qu'on va
vraiment aller... Est-ce que ça va vraiment être dissuasif? Vous comprenez?
Le seul fait de se
faire prendre, le seul fait de se faire prendre, déjà là, je vous dirais que ça
devrait être dissuasif. Puis là on parle de quelqu'un qui se fait prendre une
fois, là. On n'est pas au niveau de tout ce qui est multirécidiviste, là. Parce
que ça, multirécidiviste, là, je ne pense pas que ce soit la même approche
qu'il fallait avoir avec ces gens-là. Mais, quelqu'un, M.,
Mme Tout-le-monde qui va se faire prendre une première fois, pourquoi on
voudrait le sanctionner beaucoup plus sévèrement parce qu'il a 40 ans, il
n'en a... Je ne pense pas que ce soit la bonne
avenue. On n'est pas... on n'est pas dans un monde où c'est une façon de faire,
maintenant, qui est plus dissuasive qu'une autre. Le seul fait de se
faire prendre, qu'il y ait une sanction, qu'il y ait quelque chose de prévu, je
pense que, déjà là, c'est un très bon pas dans la bonne direction.
M. Ciccone : Bien, formidable. C'est pour ça que je vous... Oh! Allez-y.
Mme Gagnon
(Sophie) : Ce que je voulais dire : Est-ce qu'on pourrait... ce
n'est pas... c'est un peu comme les mesures administratives aussi, on en
parlait, là, mais le 0,05, est-ce qu'on pourrait le faire lever, là... des gens
qui sont de bonne foi, qui veulent respecter la loi, qui conduisent... généralement,
ils ne prennent pas de chance, puis ils ne veulent pas en prendre, mais, la
fois où ils ont pris la petite chance, s'ils ont un avertissement, par une
infraction ou... et là je parle... je suis revenue aux sanctions
administratives, c'est un peu le même parallèle qu'on peut faire, là, puis de
dire qu'il y a un puissant message qui est envoyé par le fait même, le seul
fait de se faire arrêter et de se le faire dire. Et c'est probablement encore
plus vrai parce que ça fait des années que tu prends... que tu as ton permis de
conduire, puis là tu es en apprentissage. Je pense que le message va passer, en
tout cas il faut l'espérer, là, mais...
M. Ciccone : Bien, merci beaucoup de votre éclairage, merci beaucoup.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc,
nous avons terminé la période d'échange. Donc, Mme Gagnon,
Mme Godbout, M. Harrison, merci beaucoup de votre contribution à nos
travaux.
Je suspends la
commission... les travaux, en fait, jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 52)
(Reprise à 15 h 03)
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 22, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile, le
Code de la sécurité routière et d'autres dispositions.
Cet après-midi, nous
entendrons les organismes suivants : soit Vélo Québec et Piétons Québec.
Donc, je souhaite la
bienvenue aux représentants de Vélo Québec. Je vous rappelle... je vous invite
à vous présenter, avant tout, et par la suite je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé. Et par la suite nous procéderons à la période d'échange entre les différents
groupes parlementaires. Donc, je vous cède la parole.
Vélo Québec
M. Rheault (Jean-François) : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre
Bonnardel, Mmes, MM. les membres de la commission, représentantes,
représentants de la Société de l'assurance automobile du Québec et du ministère
des Transports, bonjour.
Je m'appelle
Jean-François Rheault, je suis président-directeur général de Vélo Québec.
Aujourd'hui, je suis accompagné de ma collègue Magali Bebronne, qui est
directrice des programmes chez nous mais aussi responsable du dossier de la
sécurité routière.
Vélo
Québec est une organisation à but non lucratif fondée en 1967, dont la mission
est de promouvoir l'utilisation du vélo sous toutes ses formes, que ce
soit loisir, tourisme ou, bien entendu, en transport. Avant toute chose, nous
tenons à vous remercier d'avoir convié Vélo Québec à ces consultations sur le
projet de loi n° 21. Notre présence ici
témoigne du fait que le transport actif fait désormais partie intégrante de
l'écosystème de la mobilité, et nous en sommes très heureux. Il est
souhaitable et attendu que cette réalité soit aussi reflétée dans une
institution comme la SAAQ.
Nous avons, au
Québec, un système d'indemnisation des victimes de la route qui est public et
sans égard à la faute. C'est un choix de société dont nous pouvons être très
fiers. Aujourd'hui, nous allons vous présenter plusieurs recommandations pour
rendre ce système plus équitable et plus inclusif.
Il est souhaitable
que ce système contribue pour s'attaquer à nos grands défis de société en
matière de réduction des GES et d'atteindre les objectifs que le gouvernement
s'est fixés, notamment à travers la Politique de mobilité durable. Nous
présenterons aujourd'hui quelques pistes de réflexion pour en faire un outil
pour encourager les options de transport qui avantagent l'ensemble de la
société.
Je vais céder la parole
à ma collègue Magali, qui va présenter quelques recommandations.
Mme Bebronne
(Magali) : Merci, Jean-François. Alors, pour commencer, nous voulons
saluer la direction prise dans le projet de loi n° 22. M. le ministre,
vous l'avez dit... vous avez dit vouloir réparer les erreurs du passé en
indemnisant plus généreusement les accidentés de la route de plus de
68 ans, notamment. Alors, après avoir offert aux Québécois deux années de
congé de paiement pour leurs permis de conduire, en 2022 et 2023, nous, nous
trouvons tout à fait juste que les victimes à risque de précarité soient ainsi
mieux indemnisées, et nous trouvons ces orientations tout à fait cohérentes
avec la mission de la SAAQ.
Les recommandations
que nous vous présentons aujourd'hui, elles sont dans le même esprit parce
qu'elles viseraient à mieux protéger un autre pan de la population qui est
particulièrement vulnérable sur la route : les piétons et les cyclistes. Pourquoi ces recommandations?
Bien, parce qu'aujourd'hui un piéton ou un cycliste qui subit des
blessures en se déplaçant n'est indemnisé qu'à une condition, c'est qu'un
véhicule moteur soit impliqué dans la collision. Or, en tant qu'organisation
qui est en lien avec la communauté cycliste au quotidien, nous sommes à même de
témoigner que le régime d'indemnisation actuel échoue à protéger plusieurs
cyclistes victimes de collisions parfois graves.
À qui on pense? Bien,
on peut premièrement penser à ceux et celles qui doivent se battre pour faire
reconnaître l'implication d'un véhicule dans leurs collisions, comme le cas de
la cycliste Béatrice Létourneau, qui a été rapporté en octobre dernier par
l'émission La facture.
On peut également
penser aux cyclistes victimes d'emportiérage, dont certains ont encore
aujourd'hui de la difficulté à faire reconnaître que leur accident en est un au
sens de la loi, malgré la jurisprudence qui les rend admissibles. Si le terme «emportiérage» vous est inconnu, c'est
lorsqu'un automobiliste ouvre sa portière sans regarder et heurte un cycliste ou que le cycliste doit éviter
la portière et se fait ensuite percuter par un véhicule qui circule
derrière lui.
On peut penser,
enfin, aux accidentés lors de collisions entre cyclistes ou de collisions entre
un piéton et un cycliste. On soupçonne que ces cas sont rares, mais les médias
nous ont rapporté au moins un incident mortel de chacun de ces types au cours
des deux dernières années.
Chacune et chacun de ces accidentés de la route,
c'est une citoyenne ou un citoyen livré à lui-même, oublié par la SAAQ, dont la mission est pourtant, et je
cite, «de protéger la personne contre les risques liés à l'usage de la
route». Force est de
constater, malheureusement, que cette mission, elle s'applique de façon plutôt
incomplète pour les personnes qui font usage de la route de façon non
motorisée.
Alors, notre première recommandation se veut une
réponse à cette iniquité. Nous proposons, en effet, d'instaurer un système
d'indemnisation universel élargi afin d'inclure l'ensemble des victimes de la
route, sans égard au fait qu'un véhicule moteur est impliqué ou non dans la
collision. En vertu de ce système, un piéton happé par un cycliste serait
compensé pour ses blessures et ses soins tout aussi facilement que s'il avait
été heurté par une auto. Un cycliste qui serait heurté par un autre cycliste
pourrait compter sur la même protection qu'un conducteur ayant perdu le
contrôle de son véhicule. Une cycliste dont le rapport d'accident n'établit pas
hors de tout doute qu'une auto a été impliquée dans sa chute ne serait pas désavantagée
par rapport à un conducteur qui se blesse en déneigeant son auto. Et cet
exemple, il peut vous paraître farfelu, mais il montre bien à quel point le
système peut être généreux pour les personnes qui font usage de leurs autos et
peut se faire restrictif pour les autres.
Alors, les cas que je vous ai cités ici, ils ne
sont peut-être pas fréquents, et les sommes en jeu seront négligeables à
l'échelle de notre société et les sommes capitalisées par la Société de
l'assurance automobile, mais, à l'échelle individuelle, elles permettront à
chaque personne accidentée d'échapper à la précarité et de s'offrir tous les
soins nécessaires à sa guérison. Alors, la voilà, notre première proposition.
Notre seconde proposition vient peut-être en
réponse à une question que vous vous posez à ce stade de notre présentation, à
savoir : Combien ça coûterait d'opter pour un système d'indemnisation
universel? Combien y a-t-il vraiment de collisions qui n'impliquent pas de
véhicule moteur? Et malheureusement c'est quelque chose qui est difficile à
déterminer avec les données que nous avons aujourd'hui. Toutes ces collisions
qui n'impliquent pas de véhicule, eh bien,
elles ne font pas nécessairement l'objet de rapports policiers. Même les
emportiérages, dont je vous parlais tantôt, leur nombre est largement
sous-estimé. Y a-t-il un angle mort à l'amélioration de notre bilan routier
maintenant que les modes actifs deviennent de plus en plus populaires?
• (15 h 10) •
Il y a d'autres questions auxquelles on peine à
répondre aujourd'hui dans le contexte québécois. Par exemple, pourquoi les
usagers vulnérables représentent maintenant plus de 20 % des décès sur la
route, alors que c'était plutôt 15 % une décennie plus tôt? Certains
véhicules sont-ils plus dangereux en particulier pour les usagers vulnérables?
Les recherches à l'étranger nous indiquent que oui. On sait que les camions
légers, les véhicules utilitaires sport sont plus dangereux, plus mortels.
Certaines études ont établi, par exemple, que les camions légers sont deux à
trois fois plus susceptibles de tuer un piéton en cas de collision ou qu'une
hausse de 1 000 livres du poids d'un véhicule diminue de 40 %
les chances de survie dans une collision. Nous présentons dans notre mémoire
comment les angles morts augmentent sur ces véhicules, comment leur poids accru
fait bien plus de dommages en cas de collision, mais aussi comment leur
géométrie surélevée fait en sorte que les piétons sont frappés au niveau des
organes vitaux et de la tête plutôt qu'aux jambes.
Tous ces phénomènes, ils sont largement
documentés mais pas au Québec, et ça, ça nous handicape dans l'élaboration de
stratégies de sécurité routière, parce qu'il nous manque toute une partie du
portrait. Et on le sait bien, ce qu'on ne mesure pas, eh bien, on n'agit pas
dessus non plus.
C'est pourquoi notre deuxième recommandation,
elle porte sur la collecte de données. On doit commencer à collecter les
collisions sans véhicule moteur pour mesurer l'ampleur du phénomène. On doit se
doter de meilleures pratiques pour recueillir ces informations et se donner les
moyens de mesurer correctement tous les déterminants de la sécurité routière.
Alors, ça passera sans doute par de meilleurs outils, comme les rapports de
police électroniques, mais aussi par
davantage de formation et de sensibilisation des corps policiers quant à
l'importance de ces informations. Et
ça passera aussi par un meilleur partage des données non... non nominatives,
pardon, aux gestionnaires des réseaux routiers,
comme les villes. Ces informations seront précieuses, et nous sommes convaincus
qu'elles pourraient informer les
choix que fera la SAAQ, tant dans ses stratégies de sensibilisation que dans la
structure des contributions d'assurance qu'elle collecte auprès des
Québécois.
Dans notre mémoire, nous vous soumettons aussi
l'idée d'appliquer à la gestion du risque certains principes d'écofiscalité. L'écofiscalité, vous le savez,
c'est l'idée d'utiliser des outils économiques, dont la gratuité, les
subventions ou, au contraire, les tarifs,
les taxes, pour encourager les comportements souhaités et décourager les
comportements moins désirables. Quand on sait que chaque kilomètre à
vélo, ça économise 0,25 $ à la société, alors que chaque kilomètre
parcouru en auto, ça lui en coûte 0,15 $, bien, on comprend bien
l'importance d'encourager les modes actifs collectivement. Et, à l'inverse, je
vous parlais tantôt du risque accru que représentent les camions légers et les
VUS pour les autres usagers de la route,
bien, un bon système d'assurance ferait non seulement payer plus cher aux
véhicules porteurs du plus grand risque, il tenterait aussi d'influencer les
comportements pour réduire ce risque à la source. C'est un exemple de décision
qu'on pourrait prendre quand on aura dressé un meilleur portrait des facteurs
de risque.
Parmi les recommandations contenues dans notre
mémoire, vous trouverez également des suggestions pour régler certaines
iniquités qui persistent aussi dans l'indemnisation des dommages matériels. On
est bien conscients que ce domaine ne relève pas de la SAAQ, mais on voulait
quand même le porter à votre attention, parce qu'il en résulte un déséquilibre
dans le rapport de force qui oppose des simples citoyens à des compagnies
d'assurance.
Et puis,
enfin, nous nous sommes permis de vous rappeler plusieurs demandes que nous
avions déjà soumises en 2018 à cette
commission, lors de l'étude du projet de loi n° 165, et qui visent
vraiment à poursuivre la modernisation du Code de la sécurité routière pour
mieux l'adapter à la réalité changeante de l'utilisation du vélo comme mode de
déplacement.
Donc, en
conclusion, ce qu'on vous propose aujourd'hui comme vision, c'est celle d'un
système véritablement public et
pleinement universel, un système fidèle à l'esprit qui lui a donné le jour,
mais réinterprété à la lumière d'une réalité contemporaine où la marche,
le vélo et l'ensemble des modes actifs sont non seulement adoptés par une
partie grandissante de la population, mais aussi
activement encouragés par le gouvernement, un système, enfin, cohérent avec la
volonté affirmée en 2018, avec l'introduction d'un principe de prudence dans le
Code de la sécurité routière, de mieux protéger les usagers les plus
vulnérables. Voilà, en somme, nos propositions. Merci de votre attention.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup, donc, pour votre exposé. Donc, nous
allons débuter la période d'échange. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Bonnardel : Merci, Mme la
Présidente. Bienvenue, très heureux de vous voir ici cet après-midi. Premier point que je voudrais discuter avec vous, c'est
votre proposition 1, élargir l'indemnisation, là, qui est offerte par la
SAAQ, vous dites, afin de couvrir l'ensemble des victimes de la route, même
lorsqu'aucun véhicule moteur n'est impliqué dans la collision.
Vous êtes bien au fait que l'emportiérage, si,
oui, il y a un impact avec un véhicule, la société va indemniser. Vous êtes bien au fait que, si on circule à vélo,
l'auto ne respecte pas le un mètre ou le 1,5 mètre sur une route de
70-90, on perd l'équilibre et on s'en va dans le fossé, ou autres, il y
a une indemnité. Vous êtes bien au fait que la SAAQ paie, hors de tout doute, à
50 plus un... dès qu'il y a un doute, pardon, à 50 plus un, la
société va payer.
Là, vous
voulez élargir plus largement, si je peux le dire ainsi, ces indemnités. Et,
selon vous, c'est l'automobiliste qui devrait payer pour ces personnes,
là, qui subissent un accident. Comment vous voyez ce financement, là, dans
votre approche?
Mme Bebronne (Magali) : ...
M. Bonnardel : On ne vous entend
pas.
Mme Bebronne (Magali) : Désolée.
Écoutez, c'est une excellente question, et, bien entendu, on s'attendait à ce
que vous nous la posiez. D'abord, une des choses qu'il faut établir, nous, ce
qu'on sait, c'est que neuf cyclistes sur 10 sont déjà détenteurs d'un permis de
conduire. Alors, ça, ce que ça nous dit, c'est que ce sont des personnes qui
contribuent déjà au régime d'indemnisation de la SAAQ, mais, chaque fois qu'ils
prennent la décision de laisser leur auto et de prendre plutôt le vélo, bien,
ils constituent un risque moindre pour le reste des usagers de la route, mais
eux, ils encourent personnellement un plus grand risque. Alors, déjà, pour
nous, c'est de dire que la grande majorité des cyclistes sont déjà des contributeurs.
Ensuite, bien, on a un fonds d'indemnisation de
la SAAQ qui est largement capitalisé et qui se trouve dans une situation
financière qui permet de faire des améliorations de ce type. Quand on prend en
compte la mission de la SAAQ, qui est de protéger les usagers contre
l'utilisation de la route, ce n'est pas nécessairement juste l'utilisation
motorisée de la route.
Puis enfin ce qu'on vous disait avec tout le
principe d'écofiscalité, c'est que, collectivement, en tant que société, on
gagne à avoir plus de personnes qui marchent et qui font du vélo, qui laissent
leurs autos dans leurs garages. Alors, de la même façon qu'on est capable
d'offrir certains incitatifs... par exemple, avec l'électrification des flottes
de véhicules, on offre des subventions assez généreuses parce qu'on estime que
ça va dans le bon sens et que,
collectivement, on a à gagner là-dedans, bien, c'est exactement dans cette
lignée-là qu'on vous propose, pour faire ces économies-là que permettent
les modes actifs, collectivement, en termes d'externalités, que ce soit sur la
santé, la réduction de la congestion, des gaz à effet de serre, eh bien, oui,
de faire en sorte que tous ces usagers qui nous aident à aller dans la bonne
direction soient couverts sans contribution supplémentaire.
M. Bonnardel : Donc, pour vous, dès
qu'un cycliste chute et qu'il n'y a pas d'impact avec une voiture, ce cycliste
devrait être indemnisé. Ce que ça veut dire, grosso modo, c'est quand même une
augmentation du droit d'assurance de l'automobiliste. Si on a besoin d'aller
chercher un financement additionnel, et vous avez raison, la capitalisation du
fonds était très bonne, c'est pour ça qu'on a remis une portion de
1 milliard, là, sur deux ans, sur le permis, puis un autre milliard pour,
comme vous le savez... dans ce projet de loi. Mais mon raisonnement... votre
raisonnement, j'imagine, doit être le même que moi, là, à quelque part c'est
les automobilistes qui vont payer un droit d'assurance plus cher.
Puis, pour vous, n'importe qui qui est sur un vélo...
Est-ce que n'importe qui qui est sur une trottinette, n'importe qui qui est sur
un véhicule... un vélo à assistance électrique, vous voyez ça dans son ensemble
comme ça, là, tous ceux qui circulent et qui avancent à une vitesse x,
autres qu'une voiture, devraient être indemnisés?
Mme Bebronne (Magali) : Les
personnes qui font usage du chemin public pour se déplacer, oui, devraient tous
bénéficier de cette espèce de paix d'esprit de dire que, quand ils se
déplacent, s'ils subissent des dommages corporels, eh bien, ils vont être
compensés pour tous ces impacts-là dans leur vie, effectivement. On a
5,5 millions de détenteurs de permis de conduire. La plupart sont parfois
automobilistes, parfois cyclistes, parfois piétons. On est tous piétons, d'ailleurs, à un moment donné. Donc,
on viendrait aussi couvrir un certain nombre de gens qui contribuent
actuellement, mais, parce qu'ils se font blesser dans d'autres circonstances
qu'en opérant leurs véhicules, ils ne sont pas couverts, ça inclut les
automobilistes actuellement.
M. Bonnardel : Donc, un jeune de
14 ans sur un skateboard, qui ne porte pas son casque, qui tombe puis qui
a une blessure au cerveau, vous l'incluez là-dedans.
Mme
Bebronne (Magali) : On est prêts à discuter des limites à poser et puis
de qu'est-ce qu'on considérerait comme un accident au sens de la Loi sur
l'assurance automobile. Tout ça, on est bien conscients de la complexité et
puis de la difficulté à placer le curseur pour que ça reste cohérent. On n'est
pas en train de vous dire, par exemple, qu'il faut indemniser des personnes qui
sont en train de faire du vélo de montagne. Là n'est pas du tout notre propos.
Mais, effectivement, c'est excessivement restrictif aujourd'hui, et on a tout
un pan de notre population qui est un peu laissée pour compte dans cette
couverture et ce filet social qui est offert aux autres usagers.
M. Bonnardel : Est-ce que vous avez
pensé, depuis qu'on a introduit, là, le 1,5 mètre et le un mètre, là,
pour les véhicules routiers... est-ce que vous avez d'autres mesures en tête,
en termes de sécurité immédiate, qu'on pourrait
appliquer dans la loi ou dans une future loi pour être capable d'améliorer le
bilan, qui est quand même stable, dans une certaine mesure? Mais, bon,
j'ai toujours ce rêve d'une vision zéro, là, en termes d'accident, je pense que
vous pensez comme moi là-dessus, là, étant un amateur de vélo quand même, là.
Est-ce que, là, présentement, là, vous avez des choses, en termes de sécurité,
en termes de mesures immédiates qu'on pourrait mettre en place, que vous
souhaiteriez qu'on mette en place?
• (15 h 20) •
Mme Bebronne
(Magali) : Bien, écoutez, dans notre mémoire, vous trouverez
un certain nombre de recommandations qu'on avait faites en 2018 et qui
n'avaient pas été menées à terme ou qui n'avaient pas pu être intégrées dans le
projet de loi n° 165. Donc, on comprend là-dedans,
par exemple, comment définir... Je vais vous donner un exemple de choses, de
phénomènes ou de choix qu'on s'explique mal. Par exemple, on a introduit, en
2018, le principe de vélorues sur lesquelles les vélos sont non pas
prioritaires, mais majoritaires ou favorisés. Eh bien, on est venus dire, par exemple, que, sur une vélorue, cette espèce
de distance dont vous parliez, donc la distance d'un mètre minimal
quand on dépasse un cycliste, eh bien, le conducteur est exempté de la
respecter. Alors, ça, par exemple, c'est quelque chose qu'on s'explique mal,
pourquoi, sur une rue à 30 kilomètres-heure, le conducteur est tenu de
respecter la distance d'un mètre et puis, sur une vélorue à
30 kilomètres-heure, il n'est plus tenu de la respecter. Donc, il y a certaines incohérences comme ça, et vous pourrez
les trouver dans notre mémoire, où il y a des petites corrections qui
peuvent être faites assez rapidement.
Après, je vous dirais, ce qui nous préoccupe
beaucoup en termes de sécurité de la part des cyclistes, c'est bien sûr le fait
qu'un décès sur trois causés chez les cyclistes, eh bien, ça implique un camion
lourd. Alors, de travailler sur la géométrie, la vision directe, les angles
morts des véhicules lourds, nous, ça nous apparaît un élément de sécurité
absolument fondamental. On est très contents qu'il y ait un travail qui
s'entame avec un bureau de... le Bureau de normalisation du Québec pour
travailler sur ces aspects-là.
On est préoccupés également par la taille
croissante des véhicules. On vous l'a dit, c'est quelque chose qui est porteur de moins de sécurité pour les usagers
vulnérables. Alors, ça, ça pourrait faire partie également des
améliorations.
M. Bonnardel : Donc, je reviens
sur un point... Allez-y, monsieur.
M. Rheault (Jean-François) : Oui,
pardon. Je reviendrais seulement sur l'encadrement des vélos à assistance
électrique. Depuis le transfert de la responsabilité du fédéral vers le provincial,
en fait, là, le dossier n'a pas encore
abouti, nous, on voit qu'avec la croissance, là, des vélos électriques ça va
éventuellement amener des problèmes. Donc, on vous invite, là, à... On
sait que le travail est déjà bien entamé, mais on vous invite à avancer
là-dessus.
Puis je reviendrais peut-être juste en arrière,
sur les cyclistes versus les automobilistes. En fait, on a tendance à vouloir
les classifier comme étant des groupes séparés, mais, au Québec, il y a
4,5 millions de cyclistes, on a 5,5 millions de permis de conduire,
c'est souvent les mêmes personnes, en fait. Donc, il ne faut pas... il faut
garder ça en tête, là. On disait que neuf cyclistes sur 10 possèdent un permis
de conduire. Donc, c'est souvent les mêmes personnes, je voulais seulement
ajouter cet élément-là.
M. Bonnardel : Vous voulez
prioriser vélorue, là... Juste une petite question. La plupart du temps, là, il
y a un muret de ciment qui protège la piste cyclable, si on est dans un environnement
urbain, sinon il peut y avoir des bollards. Donc, vous, vous parlez d'un
concept de vélorue où il n'y a absolument rien, là, puis que l'automobiliste,
là, est séparé par une ligne jaune, je vais le dire, peut-être un peu plus
large, là, versus la piste cyclable à côté. C'est ça qui vous interpelle?
Mme Bebronne (Magali) : En
fait, la vélorue, le principe, c'est une rue qui n'a pas d'aménagement physique
séparé mais sur laquelle les vélos sont autorisés exceptionnellement à rouler
deux de front, s'ils le souhaitent, et peuvent utiliser toute la largeur de la
rue. C'est ça, le... c'est un nouveau concept qui a été introduit en 2018 dans
le Code de la sécurité routière. Et donc les automobilistes et les cyclistes se
partagent cet espace-là, mais, par exemple, on est venu retirer cette exigence
de conserver une distance de dépassement.
M. Bonnardel : Bien reçu. Mme
la Présidente, je vais passer la parole à mes collègues.
La
Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc, M. le
député de Portneuf, il reste une enveloppe de sept minutes.
M. Caron : Parfait. Merci, Mme
la Présidente. Bonjour à vous. Merci d'aussi bien représenter nos usagers du
vélo, là, vous êtes importants dans notre société. J'avais... Et puis c'est un
petit peu aussi en lien avec ce que le ministre vous
posait comme question tout à l'heure, concernant la responsabilité en termes
d'assurance. Vous faites une recommandation qui dit que «le conducteur serait
présumé responsable par défaut lors d'une collision avec un piéton ou un
cycliste, et son assurance automobile serait seule à assumer tous les dommages
matériels encourus».
Je suis sûr que ça vous exaspère autant que moi
de voir un automobiliste qui franchit un stop sans s'arrêter. Et vous êtes
autant agacé que moi lorsque vous voyez un cycliste le faire parce que vous
considérez que c'est absolument irresponsable. Est-ce que vous ne pensez pas
que de faire cette recommandation, c'est un petit peu tirer fort sur
l'élastique, c'est-à-dire que, là, finalement, ça devient l'automobiliste qui
devient responsable de tout malgré le fait
qu'on pourrait se retrouver face à des cyclistes qui ont des comportements
irresponsables? Puis entendons-nous bien,
là, je suis bien conscient... et je le vois au quotidien, notamment durant
l'été, les cyclistes se comportent de manière exemplaire. Mais vous
voyez où... C'est pour ça que j'ai de la misère avec cette recommandation, et
j'aimerais que vous puissiez élaborer un petit peu, s'il vous plaît.
Mme Bebronne (Magali) : Bien
sûr, et merci pour cette question parce que ça nous donne l'opportunité de mieux expliquer une des propositions qu'on a moins
mise de l'avant, par manque de temps, dans notre présentation initiale.
Donc, juste pour le bénéfice de tous, il faut
bien comprendre que, cette proposition-là, on la fait uniquement sur la
question des dommages matériels. Parce que qu'est-ce qui se passe aujourd'hui,
c'est qu'on a des rapports de police qui, malheureusement, sont parfois
incomplets, erronés. Et on sait que, dans un cas de collision avec un usager
vulnérable, c'est cet usager vulnérable qui est le plus à risque d'être confus,
d'avoir des traumas crâniens, d'avoir une difficulté à se... se remémorer,
pardon, les événements.
Et ensuite on se retrouve dans une situation où
des cyclistes, même lorsqu'ils ne sont pas responsables d'une collision, ont
beaucoup de difficultés à se faire reconnaître les dommages matériels sur leurs
propres vélos, quand ce n'est pas, et je pousse le bouchon plus loin, qu'ils se
font poursuivre par l'assurance automobile du conducteur pour les dommages
encourus sur le véhicule. C'est un petit peu ajouter l'injure à l'insulte.
Et donc le système qu'on propose pour ça, c'est
inspiré de la responsabilité stricte, «strict liability», et nous ne serions pas les premiers à le faire. Énormément
de pays européens, on le cite dans notre mémoire, d'ailleurs, les Pays-Bas, la France avec la loi Badinter notamment,
mais également des États américains, que ce soit New York ou
11 autres États américains, ont décidé
que, dans le cas d'une collision avec un usager vulnérable, le conducteur est
réputé responsable jusqu'à preuve du
contraire. Pourquoi? Parce qu'on vient reconnaître, d'une part, un déséquilibre
physique dans le choc et puis le fait
qu'il y en a un qui encourt des dommages qui, généralement, vont être beaucoup
plus sérieux que l'autre, mais également le déséquilibre dans le rapport
de pouvoir entre un usager qui est seul à se représenter parce qu'il n'est pas tenu d'avoir une assurance, tant mieux pour lui,
s'il a une assurance habitation, ça va l'aider, mais ce n'est pas
obligatoire, et un automobiliste qui est représenté par une compagnie
d'assurance qui a tous les moyens, qui a un professionnel et qui peut aller
poursuivre un individu qui va avoir beaucoup de mal à se défendre dans cette
situation-là.
Alors, on peut mettre des balises, on peut
établir un certain montant, comme l'a fait l'État de New York, mais c'est
un choix de société de dire : On a des usagers plus vulnérables qui sont
désavantagés tant physiquement que dans leur utilisation du système
politico-judiciaire et donc on vient leur assurer cette tranquillité d'esprit
là. Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. Caron : Oui. Puis j'avais...
Puis excusez de ne pas le savoir, mais tout à l'heure vous avez abordé la
question des données, et ça semblait, en effet, de la manière dont vous l'avez
présenté, très nébuleux, en tout cas, qu'aucune donnée n'était conciliée
quelque part ou, en tout cas, répertoriée. Est-ce que vous pourriez, parce que
je vous avoue que je ne connais pas du tout ce domaine-là, élaborer un petit
peu? Qu'est-ce qui est pris... Quelles sont les données qui sont relevées et
quelles sont les données qui ne sont pas relevées?
Mme Bebronne (Magali) : Alors, je
vous dirais, il y a les données qui peuvent être entrées dans un rapport
d'accident et celles qui ne le sont pas. Donc... et, même pour les données qui
sont dans le rapport d'accident, on est encore très tributaire d'à quel point
les policiers sont consciencieux quand ils renseignent ce rapport-là. Je vous
donne un exemple : le modèle de voiture impliqué dans la collision. Le
champ, il est présent dans le rapport d'accident, mais malheureusement il est
trop souvent laissé vide. Alors, si, en tant que Société d'assurance automobile
du Québec, vous vous posez la question : Est-ce que certains véhicules
sont plus dangereux que d'autres?, il vous manque énormément de données sur ces
collisions-là. Alors là, on a un problème, parce qu'on a un facteur de risque
qu'on sait, et je vous en parlais dans cette présentation, à quel point c'est
documenté que les plus gros véhicules posent un risque supplémentaire, eh bien,
on n'est pas capable de faire cette analyse au niveau québécois parce qu'il
nous manque ces données-là.
Je vous parlais de l'emportiérage également.
Bien, le Service de police de la ville de Montréal a fait en sorte d'avoir un
code spécifique pour pouvoir extraire et vraiment quantifier ce phénomène-là,
mais ils sont les seuls à le faire. Alors, ça veut dire que c'est un phénomène
qui est complètement sous-évalué actuellement.
Alors, c'est ce genre d'exemples là. C'est très
complexe, la question des données, mais tous les spécialistes en sécurité
routière, que je pense, par exemple, à toute l'équipe qui se préoccupe de la
stratégie de sécurité routière Vision Zéro, de la ville de Montréal,
aujourd'hui, ont de la difficulté à tirer des conclusions et prendre les bonnes
décisions parce qu'il leur manque tout un pan de cette information.
M. Caron : Ça veut dire que,
globalement, lorsqu'il y a un incident ou un accident avec un cycliste, c'est
rapporté comme un accident sans plus de détails, c'est ça, sauf par certains
corps de police?
Mme Bebronne
(Magali) : C'est que, souvent, les policiers ne vont même pas remplir
de rapport d'accident, ils vont juger que ce n'est pas nécessaire. On a des cas
de cyclistes qui se sont adressés à nous pour dire : J'ai été victime d'un
emportiérage, et le policier n'a pas voulu remplir de rapport d'accident parce qu'il
m'a dit que... et on sait que c'est erroné, là, comme M. le ministre le disait,
parce que je me suis fait dire que cet accident-là n'en était pas un au sens de
la loi automobile, alors pourquoi remplir un rapport d'accident? Et on se
retrouve avec des victimes qui sont, en plus, démunies quand vient le temps de
faire leurs représentations, de faire ouvrir un dossier à la société. Alors, il y a, d'une part, beaucoup
plus d'incidents et d'occasions où on devrait remplir un rapport
d'accident, puis, là où on les remplit déjà, il faudrait les remplir beaucoup
plus consciencieusement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc...
M. Caron :
Merci. Est-ce que c'est tout le temps qui restait?
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui, c'est tout le temps...
M. Caron :
Merci beaucoup.
Mme Bebronne
(Magali) : Merci à vous.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, nous allons poursuivre les échanges avec
l'opposition officielle. M. le député de Pontiac.
• (15 h 30) •
M. Fortin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. Merci
d'être parmi nous puis de vous livrer à l'exercice de nous offrir votre
perspective aujourd'hui. D'abord, je veux parler de votre proposition, je veux
dire, première, sinon principale par rapport à l'indemnisation des dommages
corporels. On a passé une bonne partie de la commission, jusqu'à maintenant, à
parler des différents régimes d'indemnisation. Et l'exemple que j'ai utilisé
plus tôt en commission, c'est quelqu'un qui se fait frapper par une voiture à
l'extérieur de la... une voiture en fonction, disons, à l'extérieur, ici, là,
sur la rue des Parlementaires, serait, si tout est bien documenté, comme vous
le dites, éligible pour recevoir
l'indemnisation de la SAAQ, qui est une des meilleures indemnisations qu'il y a
au Québec. Quelqu'un qui se promène sur la rue des Parlementaires et qui
est victime d'acte criminel aurait une indemnisation de trois ans. Quelqu'un
qui déneige la rue des Parlementaires et qui se blesse dans l'exercice de ses
fonctions aurait une autre indemnisation, qui, elle, stopperait à 65 ans.
Là, vous nous amenez le cas de quelqu'un qui, par exemple, serait à vélo sur la
rue des Parlementaires, frapperait un nid de poule et n'aurait aucune
indemnisation.
L'argument qui a été fait
au ministre au cours de... et au gouvernement, de façon générale, au cours de
la commission, c'était de dire : Bien, est-ce qu'on peut se pencher sur
l'ensemble des régimes d'indemnisation puis avoir quelque chose qui est
beaucoup plus équilibré que ce qui est le cas en ce moment?
Là, vous donnez une
occasion au ministre, de par un amendement qui permettrait que des gens qui
sont victimes d'un accident à vélo, une
chute à vélo ou une collision qui n'est pas avec un véhicule en fonction...
d'obtenir le même niveau d'indemnisation que quelqu'un qui se ferait frapper
par une voiture qui roule. Ça m'apparaît logique dans l'optique où, justement,
tout le monde demande au gouvernement, si vous avez une indemnisation pour les
gens qui sont accidentés de la route : Élevez le niveau des indemnisations
pour tout le monde, pour qu'on puisse avoir une certaine logique. Vous nous
proposez une manière de faire. Je vous le dis tout de suite, moi, je suis...
comme vous dites, il y a peut-être des modalités à discuter, des façons de
regarder ce qui est possible, mais, de façon générale, ça fait beaucoup de
sens, et vous venez réparer une des choses que le ministre trouve difficile à
faire dans l'ensemble des différents régimes. Il a l'opportunité de le faire
pour un groupe de personnes. Moi, ça m'apparaît logique.
Je veux comprendre,
cependant, quand vous dites : En ce moment, la situation actuelle, c'est
que les cyclistes ont de la difficulté à faire la preuve qu'ils ont, par
exemple, été en collision avec un véhicule en service. Pourquoi c'est difficile
de faire cette preuve-là? Dans quel contexte est-ce que ça peut être difficile?
Et, même la question que vous apportez sur
l'emportiérage, là, que les policiers ne déclarent pas correctement, j'aimerais
comprendre comment ça se produit. Moi, j'ai l'impression que, si je me
promène en vélo et que je me fais frapper par un véhicule, je vais être capable
de le déclarer, je vais le savoir, la personne qui m'a frappé va le savoir, le
témoin va le savoir. Mais c'est quoi, le contexte que vous tentez d'expliquer
ici?
Mme Bebronne
(Magali) : Bien, je peux vous citer le cas de Béatrice Létourneau,
dont le cas a fait l'objet de l'émission La facture. Béatrice
Létourneau est en train de rouler en rase campagne sans aucun témoin. Elle se
fait, selon son propre récit et selon ses propres mémoires, frôler de très près
par un véhicule et est projetée au sol. Grosse chute, dommages considérables,
toute sa dentition est à refaire, des frais très, très importants. On sait
qu'un automobiliste qui est passé quelques minutes après l'accident a croisé un
automobiliste à sens inverse qui semblait avoir une conduite un petit peu
erratique, etc. Mme Létourneau est prise en charge, son... Elle a même le
temps de texter une amie pour dire : J'ai été... j'ai eu un accident à
cause d'une auto. Et puis là elle tombe dans ses traitements, sa mémoire des événements
est affectée, elle a plus de difficultés à se rappeler avec exactitude ce qui
s'est produit. Quand je vous dis, hein, les traumas crâniens, la confusion,
l'état de choc que vivent ces victimes-là, bien, c'est quelque chose. Il faut
vraiment le prendre en compte dans la capacité à établir la preuve sur le fait.
Le rapport de police n'a jamais pris soin de
poser des questions aux témoins qui avaient vu... qui avaient vu un conducteur dans les parages immédiats de la
collision. Et c'est comme si... à certains égards, le pendant du système
sans égard à la faute, c'est que, parfois, on a moins de
détails dans les rapports de police, parce que c'est comme si, ah! bien, tout
le monde va être indemnisé de toute façon, sauf dans ces cas-là. Alors, on a un
rapport de police qui est erroné, qui
mentionne qu'il n'y a eu aucun véhicule d'impliqué, et une victime qui se
démène pour essayer de prouver que, oui,
il y a bien eu un véhicule d'impliqué. Alors, soit on essaie de résoudre tout
ce problème de culture là du système policier, soit on change carrément
de paradigme, mais on dit : Bien, ça ne va plus être le critère pour
accorder une indemnisation, on va simplement
l'accorder à l'ensemble des usagers de la route, qui font usage de la route
pour se déplacer.
M. Fortin : Moi, je vous avoue que l'argument que vous avez utilisé,
parce que... que vous avez utilisé d'entrée de jeu, en disant : Bien, neuf
cyclistes... ou neuf cyclistes sur 10 sont également automobilistes, bien, moi,
ça me rejoint. Puis je regarde les gens autour de la table, là, je sais qu'il y
a beaucoup de gens qui sont cyclistes et automobilistes. Puis honnêtement,
comme quelqu'un qui paie ses frais à la Société d'assurance automobile à toutes
les années, bien, j'aimerais ça savoir que, si quelque chose m'arrive à vélo,
bien, je vais avoir une certaine protection aussi. Donc, à ce niveau-là, là, je
pense que c'est... C'est vrai qu'on se dit toujours : Bien, le fonds
d'indemnisation des victimes de la SAAQ est
payé par les automobilistes, sauf que, dans ce cas-ci, c'est en très, très
grande partie les mêmes gens. Donc, bien honnêtement, là, vous m'avez
déjà convaincu, si on ne l'était pas d'entrée... d'entrée de jeu.
Le seul autre élément que j'aimerais voir avec
vous, là, c'est votre proposition n° 8 : «Revoir la définition des vélos à assistance électrique pour en exclure
les engins représentant le plus grand risque.» J'essaie de comprendre le
problème pour lequel vous présentez une solution.
Mme Bebronne (Magali) : Le problème
qu'on a, c'est qu'il y a des fabricants, aujourd'hui, qui jouent avec la
définition de ce qu'est un vélo électrique. Et, à toutes fins utiles, on a des scooters
électriques, voire des motos électriques qui correspondent, actuellement, aux
normes d'un vélo à assistance électrique. Et ça, ça fait en sorte qu'ils sont
autorisés, notamment, à partager les voies cyclables avec de vrais vélos ou des
vélos traditionnels. Or, ces véhicules-là, ils peuvent aller jusqu'à
32 kilomètres-heure quand ils ne sont pas débridés. Ils ont une masse qui
est beaucoup plus importante et ils permettent, la plupart du temps, aussi de
transporter un second passager. Donc, on vient d'augmenter encore la masse. Et,
vous le savez peut-être, l'énergie cinétique, bien, c'est fonction de la masse
et de la vitesse au carré. Donc, chaque fois qu'on augmente la masse ou la
vitesse, bien, ça va faire encore plus mal en cas de collision.
Alors, nous, ça nous préoccupe beaucoup, nos
gestionnaires de la route verte, on l'entend de partout, les villes et les
gestionnaires de réseaux cyclables ont du mal à faire sortir ces engins-là des
voies cyclables. Et donc on est en train d'augmenter le risque pour les
cyclistes, et c'est ça qui nous préoccupe.
M. Fortin : O.K. Je vous entends bien. Merci. Bien, allez-y.
Excusez-moi, je ne vous avais pas...
M. Rheault (Jean-François) : Je veux
seulement... pardon, je veux seulement ajouter que les employés... les gens du
ministère des Transports ont créé un groupe de travail pour réfléchir à ces
problèmes-là. Le travail avance bien, les choses avancent bien. Il faut juste
mettre le coup d'accélérateur, ou le coup de pédale peut-être, là, pour amener
ça au bout, là. Voilà. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Marquette.
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour à vous deux. Moi
aussi, j'avais... j'étais interpelé avec le
fardeau de preuve, mais vous êtes tellement une bonne vulgarisatrice que tout
est expliqué. C'est tellement clair.
Je vais sauter à mon point suivant puis des
éléments, je pense, qui sont faciles à régler. Il y a des suggestions, vous
parlez notamment du virage à droite au feu rouge, là, pour les cyclistes, là.
J'imagine que c'est un endroit où il y a
énormément de collisions. Et vous seriez en faveur, quoi, que les cyclistes
puissent avoir un temps avant, justement, que la lumière tombe au vert pour les automobilistes? Un peu comme les...
le transport en commun, par exemple, à certains endroits, on leur donne
quelques secondes pour, justement, avancer. Vous croyez que ce serait
préférable de faire ça?
Mme Bebronne (Magali) : Écoutez, il
y a un gain qu'on a déjà fait, lors du projet de loi n° 165, c'est
l'autorisation pour les cyclistes d'utiliser le feu piéton. Alors, ça, ça
permet effectivement de profiter de cette phase «avancer» pour quitter
l'intersection, et donc ne pas se retrouver typiquement dans l'angle mort d'un
véhicule. Alors, ça, c'est déjà un gain qu'on a fait, mais, même quand il n'y a
pas de feu piéton, parce que, malheureusement, toutes les intersections ne sont
pas dotées de feu piéton, ce qu'on souhaiterait, c'est que les cyclistes
puissent faire des virages à droite. C'est quelque chose qui a été généralisé à
Paris, qui est généralisé en Belgique et qui a prouvé ne pas faire de... ne pas constituer de problème de
sécurité. Au contraire, ça permet à ces usagers-là de quitter
l'intersection avant les véhicules plus lourds, et donc d'éviter ces problèmes
où les angles morts causent des collisions.
M. Ciccone : Et il ne reste plus beaucoup de temps, juste nous interpeler sur
«ajuster la contribution d'assurance en fonction de la dangerosité des
véhicules». J'imagine que vous parlez des camions, des poids lourds. Vous
voulez augmenter leur prix en assurance, c'est ce que vous suggérez?
Mme Bebronne (Magali) : Oui, on
parle ici des camions légers en particulier, dont on sait qu'ils sont plus risqués, et qui représentent un plus grand risque,
notamment pour les usagers vulnérables. On sait qu'il existe,
actuellement, un surplus ou une surprime pour les
véhicules à grosse cylindrée. Donc, on a déjà cette forme de logique là à la
SAAQ, mais malheureusement, même un F-150 avec une motorisation 3,5 litres, eh
bien, ce n'est pas applicable à la surprime sur les grosses cylindrées. Alors,
si on se dit qu'on a un pouvoir, avec notre pouvoir de tarification, d'encourager
le choix de certains véhicules, qui non seulement sont peut-être meilleurs pour
l'environnement, mais qui constituent surtout moins de risques pour les autres
usagers de la route, c'est un levier qu'on devrait utiliser, et c'est le sens
de notre proposition.
M. Ciccone : Et, avec le surplus, on fait quoi avec ça?
Mme Bebronne (Magali) : On
permet d'indemniser mieux les victimes.
• (15 h 40) •
M. Ciccone : O.K. Parfait. Merci beaucoup. Merci beaucoup. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci. Donc, nous
poursuivons les échanges avec la deuxième opposition. Donc, Mme la députée de
Taschereau, vous avez 2 min 45 s.
Mme Dorion : Est-ce que je peux
avoir les minutes du PQ, qui n'est pas là?
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, il me faudrait
un consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour que la députée de
Taschereau puisse...
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, il y a
consentement. Mme la députée de Taschereau, vous...
Mme Dorion : Merci, M. le
ministre. J'ai senti votre hésitation. C'est venu du fond du coeur. Il y a
eu...
Des voix : ...
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, vous avez...
Mme la députée.
Mme Dorion : Merci. Je trouve
ça superintéressant. Honnêtement, vous défendez vraiment bien votre point, là,
tu sais, ça ne peut qu'être logique, et je pense que, tôt ou tard, on va
arriver à ça. C'est superintelligent. Si on peut aller encore plus loin, avec
la proposition du député de Pontiac de... par rapport aux autres types
d'indemnisation, ce serait encore mieux,
mais vraiment je pense même que ce serait — je passe un petit commentaire au passage, là — un bon «move» pour
le ministre des Transports de porter une attention à ça. Je le voyais discuter
avec ses conseillers, peut-être qu'il était en train de se demander comment il
allait mettre ça en oeuvre, mais c'est...
Souvent,
c'est... le ministre ou son gouvernement ont pu être vus, là, dans la
population, comme très proautomobile, et je pense que ce serait une
occasion de peut-être inverser cette vision-là, de dire : Bien, on va
faire un spécial sur cette loi-là, qui, oui, est... c'est une forme
d'écofiscalité. Tu sais, je comprends vraiment bien ça, là, c'est de
dire : Bon, un, oui, c'est vrai, neuf sur 10 sont aussi des automobilistes
parmi les cyclistes, mais, même pour le cycliste qui n'a pas de permis de
conduire, bien, en fait, puisqu'il rend un service à la société en n'achetant
pas d'automobile, en se véhiculant d'une
autre manière, pourquoi ne pas lui faire cette passe sur la palette, pour
utiliser une belle expression québécoise?
Et donc, moi, il me reste un peu de temps, il y
a-tu des portions de ce que vous auriez aimé dire, dans votre mémoire, que vous
n'avez pas dites? Pour moi, tout était clair et limpide, mais j'imagine qu'il y
a des affaires que vous avez dû couper au montage dans votre préparation. Donc,
les quelques minutes qui restent, je vous les laisserais pour ajouter des
points.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc,Mme Bebronne,
vous avez quatre minutes.
Mme Bebronne (Magali) : Eh
bien, écoutez, on avait quand même fait un travail d'essayer de vous prioriser
toutes ces notions-là puis, avec les questions, on a réussi à en couvrir pas
mal. Je vous amènerais peut-être, en fait, sur le principe de prudence. Vous
savez, en 2018, on a voulu introduire dans le code de la sécurité un principe
de prudence. Qu'est-ce qui voulait... Il a
été enchâssé dans le préambule du Code
de la sécurité routière. Et c'était
important, pour nous et d'autres organismes qui représentent les piétons, les
personnes handicapées, de reconnaître que, sur la route, on n'est pas tous
égaux et que les plus gros, les plus lourds, les plus dangereux ont une
responsabilité accrue envers les plus vulnérables.
Et
on avait fourni tout un tas d'exemples de principes de prudence, tels qu'ils
existent, et vous pouvez les retrouver dans notre mémoire, d'ailleurs,
qui disent : Bon, bien, on veut vraiment favoriser cette vision-là. C'est
un choix qu'on fait, quand on prend une
automobile, de représenter un risque plus grand envers les autres, et ça doit
venir avec une charge de
responsabilités accrue. Et on avait été un petit peu déçus du troisième alinéa
de ce principe-là parce que ce... il venait
créer une fausse équivalence en disant : Puis, en même temps, il faudrait
que les usagers vulnérables, eux, fassent aussi attention à eux-mêmes — moi,
j'appelle ça l'instinct de survie — et
s'assurent, notamment, d'être visibles de la part des autres usagers. Ce qui, après, en termes de
praticabilité et de capacité à le... Est-ce que, si vous êtes aveugle ou
vous êtes malvoyant, vous avez la
possibilité de vous assurer que vous êtes visible ou que vous êtes vu? Mais pas
nécessairement.
Alors, c'est... ça
peut paraître cosmétique, mais de changer ce principe de prudence là pour qu'il
n'y ait aucune équivoque possible, et qu'on soit bien conscient,
collectivement, que conduire une auto vient avec une responsabilité et que plus
on est petit... Conduire une auto, mais aussi conduire un vélo, hein, ça
s'applique aussi, le cycliste envers le piéton, envers la personne en fauteuil
roulant ou en aide à la mobilité motorisée, on a toujours plus de
responsabilité envers le plus petit. Et beaucoup des propositions qu'on vous
fait, elles sont très cohérentes avec cette
philosophie-là, et c'est, en quelque sorte, une façon d'incarner ce principe-là
dans la réalité de nos déplacements et dans l'indemnisation de nos
victimes. Je ne sais pas si Jean-François avait autre chose à rajouter à ce
sujet-là.
M. Rheault
(Jean-François) : Bien, je terminerai en disant qu'en 1978,
probablement, les députés qui étaient assis à votre place trouvaient peut-être
que ça n'avait pas de sens d'avoir un régime sans égard à la faute, et puis on
est aujourd'hui tous fiers de ce régime québécois. Peut-être qu'en 2022 c'est
le temps de mieux protéger les piétons et les cyclistes, les gens qui font le
choix de se déplacer de façon durable. Je vous remercie pour les excellents
échanges et puis je vous souhaite une bonne journée.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, il vous reste quand même une minute, Mme la
députée de Taschereau.
Mme Dorion :
Bien, est-ce que vous avez d'autres exemples d'absurdités, là, de cas
particuliers pour nous... pour nous faire... pouvoir imaginer un peu plus quels
problèmes ça amène?
Mme Bebronne
(Magali) : Bien, je pourrais vous donner un exemple du double
standard, puis c'est, par exemple, l'obligation... ou l'interdiction de porter
des écouteurs. C'est quelque chose qui a été rajouté dans le Code de la
sécurité routière en 2018, il y avait déjà des éléments, mais on est venu
préciser tout ça. Et, en gros, ce qu'on a dit, c'est qu'un conducteur d'auto a
le droit de porter un écouteur pour des conversations téléphoniques, il a droit
de porter un écouteur même s'il est déjà dans une carrosserie, il est déjà coupé
du reste de son environnement, il a déjà un système de son qui pourrait
complètement l'isoler de ce qui se passe autour de lui. Et, pour le cycliste,
on a affirmé, on a dit : Bien non, zéro écouteur, aucune exception
possible, alors qu'auparavant on avait cette exception pour les conversations
téléphoniques. Donc, si vous êtes un professionnel qui est sur la route, vous
êtes en auto, vous représentez un plus grand risque, vous avez le droit, en
plus, d'avoir une conversation téléphonique grâce à un écouteur. Vous êtes un
professionnel qui se déplace à vélo, bien, on vous dit : Pour votre propre
bien, parce que vous êtes un usager vulnérable et vous devez être conscient de
votre environnement, vous, vous n'avez pas le droit de porter des écouteurs.
Alors, ça...
La Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Je suis désolée, le temps est
terminé. Donc, je vous remercie beaucoup, Mme Bebronne,
M. Rheault, merci pour la contribution que vous nous avez... que vous avez
apportée à nos travaux.
Donc, je suspends les
travaux quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à
15 h 47)
(Reprise à 15 h 50)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, nous
reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de
Piétons Québec. Bonjour, bienvenue à l'Assemblée nationale. Donc, je vais vous
inviter à vous présenter et je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre exposé. Par la suite, nous allons procéder aux échanges avec
les différents groupes parlementaires. Donc, je vous cède la parole.
Piétons Québec
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Merci, Mme la Présidente. M. le ministre François
Bonnardel, Mmes et MM. les membres de la commission, représentantes et
représentants du ministère des Transports et de la Société de l'assurance
automobile du Québec, bonjour.
Je me présente, je
suis Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec. Je suis accompagnée
aujourd'hui de Louis Bernier-Héroux, qui est membre du conseil d'administration
de Piétons Québec et qui sera disponible pour la période des questions.
Donc, Piétons Québec
est un organisme à but non lucratif. Nous revendiquons la sécurité et le
confort pour toutes les personnes qui se déplacent à pied au Québec. Depuis
2015, nous travaillons à transformer les normes sociales, le cadre
réglementaire et les environnements bâtis en faveur des piétons. Nous tenons à
souligner, d'entrée de jeu, notre accord
avec le projet de loi et les principes qui y sont apportés. Nous sommes heureux
de pouvoir contribuer, car nous pensons qu'il pourrait être bonifié pour
améliorer la couverture des usagers du transport actif, surtout prévenir leurs
blessures sur la route.
D'abord, j'aimerais vous entretenir sur la
question des indemnisations au coeur du projet de loi n° 22. Nous croyons
qu'il persiste un angle mort dans le projet de loi et que plusieurs victimes de
la route sont laissées derrière. Pour corriger cette
erreur, la première étape consiste, selon nous, à élargir la définition des
accidents de la route pour y inclure toutes les blessures de la route. En
effet, la SAAQ a, entre autres, pour mission de, et je cite, «protéger la
personne contre les risques liés à l'usage de la route». Or, aujourd'hui, nos
politiques et nos actions dans le domaine de la sécurité routière excluent
plusieurs risques de la route, puisqu'elles sont tributaires d'une définition
qui réduit les accidents de la route à des incidents qui impliquent au moins
une automobile. Nous pensons donc que la définition des accidents de la route
doit être élargie pour inclure tous les blessés de la route.
Considérons cette idée quelques instants.
Fondamentalement, rien ne distingue une collision entre un vélo et un piéton
d'une collision entre une voiture et un piéton. Rien ne distingue la chute d'un
piéton sur une plaque de glace de la sortie de route d'un véhicule causée par
une plaque de glace. Dans chacun de ces cas, un Québécois ou une Québécoise est
victime d'un accident de la route. Pourtant, un seul de ces cas apparaîtra dans
le bilan routier, un seul recevra des indemnisations de la SAAQ et un seul
justifiera peut-être l'utilisation de fonds publics pour améliorer la sécurité
routière. Ainsi, élargir la définition d'accident de la route pour considérer
les collisions entre usagers non motorisés ainsi que les chutes à pied et à
vélo comme un accident permettrait d'intégrer ces blessés de la route dans le
bilan routier et d'obtenir un meilleur portrait des risques réels de la route.
Nous avons besoin de ces données. À l'heure
actuelle, nous sommes aveugles sur tout un pan des risques de la route. C'est
une fois ce portrait obtenu que nous pourrons travailler à réduire les risques
de ces blessures à la source et nous pencher sur les mécanismes qui
permettraient d'indemniser les usagers du transport actif victimes de telles
blessures, parce que ces victimes devront être indemnisées dans un avenir que
nous souhaitons rapproché.
En effet, dans un contexte d'urgence climatique,
nous avons la volonté, au Québec, de changer nos habitudes de déplacement,
comme le témoigne la mise en oeuvre de la Politique de mobilité durable par le
gouvernement du Québec. Malgré le fait que les piétons font ce choix d'un
déplacement sans émission de GES, on a décidé de les priver de la paix
d'esprit, puisqu'ils ne sont pas encore totalement couverts en cas de blessures
de la route. Les citoyens veulent se
déplacer à pied dans leur milieu de vie, et de nombreuses municipalités
souhaitent encourager la marche.
Nous avons vu, dans les dernières années et en
particulier pendant la pandémie, une prolifération des rues piétonnes, des rues
partagées, des vélorues qui font cohabiter plusieurs types d'usagers, et nous
saluons ces initiatives. Maintenant que ces usagers sont bien présents sur les
routes, nous pensons qu'ils méritent une couverture au même titre que les
automobilistes. C'est un projet de société pour lequel la réflexion se doit
d'être amorcée. À plus court terme, certains éléments pourraient être
introduits dès maintenant au projet de loi n° 22 pour améliorer la
couverture des piétons en cas d'accident de la route impliquant un véhicule.
D'abord, comme le rapport de police demeure
aujourd'hui la principale source d'information concernant une collision entre
les usagers de la route, il nous semble primordial d'exiger un rapport de
police à chaque accident de la route impliquant un piéton et une automobile, ce
qui, vous le savez sans doute, n'est pas systématiquement le cas en ce moment.
Il serait aussi opportun de sensibiliser les services de police à l'importance
de les compléter le plus justement possible.
Ensuite, dans le cas d'une implication présumée
d'une automobile dans une collision avec un usager du transport actif, nous
proposons que la présence de l'automobile soit reconnue jusqu'à preuve du
contraire. Cela permettrait d'inverser le fardeau de la preuve, qui est
actuellement imputé à la victime, une charge qui nous semble beaucoup trop
lourde pour des usagers qui sont déjà vulnérables sur la route.
Finalement, nous recommandons de retirer les
exemptions... les exceptions, pardon, qui sont prévues au paragraphe n° 5°
de l'article 10 de la Loi sur l'assurance automobile. Ce paragraphe fait
en sorte qu'une personne victime d'un préjudice causé par une aide à la
mobilité motorisée ou une bicyclette motorisée ne serait pas indemnisée. Or,
ces appareils sont massifs et peuvent créer des blessures importantes aux
piétons. De plus, ils sont parfois autorisés à circuler sur les trottoirs
auprès des piétons. C'est... Les AMM, par exemple, ont obtenu ce droit en 2020
par arrêté ministériel. Comme on a décidé d'exposer les usagers vulnérables à
ces risques, il serait tout à fait logique de couvrir les piétons qui
pourraient être victimes d'une collision avec ceux-ci. Nous pensons aussi que
l'impact du retrait de ces exceptions à la loi ne serait pas important pour la
capacité d'indemnisation de la SAAQ, puisque le nombre de collisions rapportées
est relativement faible, mais cela aurait un très, très, très grand impact pour
les individus victimes d'une telle collision. Ce changement pourrait être
intégré au projet de loi dès la semaine prochaine et permettrait de laisser
moins de victimes derrière.
Ensuite, nous sommes conscients que la sécurité
routière ne se règle pas avec les indemnisations. Nous avons donc tenu à
intégrer quelques autres recommandations à notre mémoire. J'aimerais donc maintenant
vous entretenir brièvement de quelques-unes d'entre elles. Nous pourrons en
parler plus amplement pendant la période de questions, si vous le souhaitez.
D'abord, un peu de contexte sur les enjeux de
sécurité vécus par les piétons. Vous n'êtes pas sans savoir que la part des
piétons, parmi toutes les personnes décédées sur la route, a globalement
augmenté dans les dernières années. Les piétons composent maintenant le
deuxième groupe de victimes décédées le plus important après les occupants
d'une automobile ou d'un camion léger. La hausse de la motorisation des
déplacements a eu un impact sur la sécurité routière des usagers vulnérables,
leur sécurité étant directement associée à l'exposition aux risques que
représentent les véhicules. Les véhicules sont devenus plus sécuritaires pour
leurs occupants, mais nos milieux de vie,
eux, ne sont pas beaucoup plus sécuritaires pour les piétons : absence de
trottoir, vitesse de circulation élevée, absence de feu piéton. Les
piétons sont trop souvent oubliés sur des routes aménagées pour favoriser la
fluidité automobile.
Dans un contexte où
la population du Québec a redécouvert la pratique de la marche avec la pandémie
et où le désir de transformer nos habitudes de déplacement pour lutter contre
les changements climatiques est très fort, nous sommes d'avis qu'il faut agir
pour mieux protéger les piétons sur les routes. À cet égard, le projet de loi
n° 22 propose un nouveau règlement pour définir ce
qu'est une zone scolaire. Nous saluons cet ajout. Toutefois, il nous apparaît
que la sécurité de ces zones ne pourra pas être assurée par les dispositions
qui y sont présentées. Nous proposons donc que la vitesse maximale autorisée
dans une zone scolaire soit de 30 kilomètres-heure, puisqu'une vitesse
maximale de 50 kilomètres-heure, telle que proposée, n'est pas compatible
avec la sécurité des piétons, et on parle ici de piétons particulièrement
vulnérables.
De plus, comme on
sait qu'un panneau de vitesse n'a que très peu d'impact à lui seul, des
aménagements devraient faire en sorte que la vitesse soit respectée dans ces
zones scolaires. Il n'y a, à l'heure actuelle, pas de cadre sur la façon dont
les zones scolaires doivent être aménagées, et le règlement n'en ajoute pas
plus. Ainsi, nous recommandons que le règlement exige du gestionnaire routier
que la zone scolaire et les corridors scolaires soient aménagés de façon
sécuritaire, à l'instar de l'exigence qui est précisée au Code de la sécurité
routière concernant la rue partagée.
Notre
mémoire présente aussi plusieurs autres recommandations visant à créer un cadre
plus sécuritaire pour les déplacements
à pied, à commencer par l'adoption d'une loi sur la sécurité routière basée sur
l'approche Vision Zéro, qui permettrait
de concerter les efforts de tous les acteurs afin de réduire les risques de
blessures graves et de décès à la source.
Pour conclure, nous
déplorons qu'en tant que société nous avons accepté que des piétons meurent et
soient blessés gravement sur les routes. Il
est inacceptable de tolérer que ces victimes fassent partie des règles du jeu.
Chaque décès est non seulement une tragédie, mais également une démonstration
de l'échec de notre société à bien protéger les
piétons. Nous pouvons et nous devons faire mieux en élargissant la définition
de victime de la route pour ne laisser personne derrière, en adoptant
l'approche Vision zéro, en renforçant le principe de prudence, en actualisant
le Code de la sécurité routière pour qu'il soit mieux adapté à la réalité des
piétons, et en sanctionnant des comportements qui mettent en danger des usagers
vulnérables. Nous pouvons arriver à prévenir des drames. Par ce projet de loi,
vous avez le pouvoir de sauver des vies, nous vous invitons à utiliser ce
pouvoir. Merci de votre attention.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc,
merci beaucoup, Mme Cabana-Degani, M. Bernier-Héroux. Donc, merci de votre exposé. Nous débutons la période
d'échange, donc, avec le ministre. M. le ministre, vous avez
16 minutes.
• (16 heures) •
M. Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Merci d'être là, messieurs, dames, cet
après-midi. Vous faites partie... comme Vélo Québec et certains autres, vous
faites partie des clientèles à risque. Et là-dessus on se doit de mieux
travailler, d'être capable d'appliquer et d'amener nos lois à répondre... à
répondre à la sécurité des piétons, et autres. Et je suis content du mémoire
que vous avez préparé. Il est... il amène de très, très bons points.
Puis
une des premières questions que je veux vous poser, c'est... on donne souvent
l'exemple, là, des pays scandinaves. À votre... à la page 10 de votre
mémoire, vous parlez des chutes puis vous donnez l'exemple de la Suède qui
aurait... bien, qui a mis en place une sorte de réflexion sur la sécurité
routière. Est-ce que vous connaissez bien le système? Puis... première
question. Si on met un système en place, puis on était capable de définir le
nombre d'accidents graves ou moins graves, là, des piétons sur leur réseau à
eux... quelle sorte de système d'assurance, ou de fonds d'assurance, ou
d'indemnisation ils ont mis en place? Est-ce que vous êtes au fait de ça?
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : En fait, les chiffres qu'on a amenés, c'est vraiment par
rapport au bilan routier puis à ce qu'ils considèrent dans le bilan routier.
Donc, ce n'est pas nécessairement une proposition par rapport au régime
d'indemnisation. Puis c'est pour ça que ce qu'on a proposé, dans notre mémoire,
comme première recommandation, c'est vraiment de reconnaître l'ensemble des
blessures sur la route au niveau du bilan routier, en premier, ce qui nous permettrait d'avoir les données pour ensuite
analyser qu'est-ce qu'on peut se permettre d'indemniser dans notre
régime d'assurance puis comment on peut payer pour ces indemnisations-là. C'est
comme une deuxième étape, pour nous, là, à ce niveau-là. Je ne sais pas si,
Louis, tu voulais rajouter quelque chose à ce niveau-là.
M. Bernier-Héroux
(Louis) : Oui. Bien, si je peux peut-être approfondir l'aspect de
collecte de données qu'a mise en place la Suède, c'est depuis 2003, ils ont commencé
à travailler de façon progressive avec les centres hospitaliers. Ça fait qu'ils ont commencé avec un petit nombre, ça n'a
pas commencé avec tous les centres hospitaliers à la fois, mais à récolter les données sur tous les...
tous les blessés qui arrivaient à l'hôpital, dont l'accident, les
blessures s'étaient produits sur le réseau routier.
Et
les nombres sont vraiment très, très parlants, puisque les collisions routières
constituent peut-être seulement 40 %,
en Suède, des blessés sur la route en tant que telle. Les blessures les plus
fréquentes, l'accident le plus fréquent, c'est, en fait, des chutes
piétonnes. Et ça, vraiment, ils comparent... ils ont une... puisque les données
viennent des hôpitaux, ils mesurent la gravité des blessures de façon... en
utilisant les mêmes unités de mesure. Ça fait que c'est... ils ont...
lorsqu'ils définissent une blessure grave pour une chute, c'est le même niveau
de sévérité, de gravité que la blessure grave qu'ils ont attribuée à une
collision routière.
M. Bonnardel :
Merci pour ce point. Parlez-moi, là, des exceptions à la page 13 de
votre mémoire. Vous dites : «Toujours dans l'optique d'arriver à une
meilleure couverture pour l'ensemble des usagers et favoriser cette paix
d'esprit dans les déplacements à pied, Piétons Québec recommande de retirer les
exceptions prévues au paragraphe 5° de l'article 10 de la Loi
sur l'assurance automobile.» Donc, l'arrivée, comme on le voit, là, sur les
pistes cyclables, là, de micromobilité, des aides à la mobilité du... motorisée,
parlez-moi un peu de la problématique que vous y voyez, face à cette exception,
là, qui a été entérinée, là.
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Oui, en fait, cette exception-là, elle n'est pas
similaire aux autres exceptions de l'article 10, qui vise des
exceptions qui sont surtout couvertes par d'autres régimes d'assurance. Par exemple, on parle d'un événement spécial, d'un
événement qui est hors du chemin public, un spectacle, une course, un
événement en circuit fermé. Donc, le paragraphe 5°, lui, concerne vraiment
des véhicules qui circulent sur le chemin public,
qui peuvent causer des blessures graves aux piétons. Donc, par exemple, ce sont
des véhicules qui sont motorisés. Les AMM sont définies par règlement,
sont encadrées par l'arrêté ministériel, et leur nombre augmente également dans
nos milieux. Donc, on conçoit que c'est un problème qui va s'aggraver dans les
prochains temps parce qu'il y a de plus en plus d'usagers de ces types de
micromobilité.
Par contre, pour le moment, ce qu'on sait, c'est
que, par exemple, pour les AMM, il n'y a pas beaucoup de victimes, donc, on a un rapport de l'INSPQ, là,
qui a été produit à cet effet-là et qui avait consulté les données du
coroner, et qu'il n'y a aucun piéton qui a
été tué par une AMM au Québec au cours de la période de 1996 à 2009, et
19 personnes circulant avec une AMM sont décédées d'une collision avec un
autre véhicule sur cette même période de 15 ans.
Donc, ce n'est quand même pas beaucoup de
personnes, ce n'est pas beaucoup de victimes. Puis on pense que ça pourrait
donc être mis en... être absorbé, là, par le régime d'assurance. Par contre,
pour ces victimes-là, ce seraient des grands impacts d'être couverts. Puis ces
personnes-là circulent sur la route, elles sont victimes d'un risque de la
route, mais elles ne sont pas couvertes pour le moment. Donc, on pense que ça
serait une façon quand même assez rapide, déjà, d'élargir un petit peu
l'indemnisation pour pouvoir couvrir des piétons qui sont quand même à risque
de collision avec ces véhicules-là.
M. Bonnardel : J'ai une dernière
petite question avant de passer la parole à mes collègues. Vous demandez
d'interdire le virage à droite partout sur le territoire. Est-ce que vous avez
des statistiques sur le nombre d'accidents où le virage à droite est permis?
Est-ce que vous travaillez avec les municipalités pour définir ça, ou c'est la
SAAQ, j'imagine, qui a des statistiques, ou... En avez-vous là-dessus?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Ce
qu'on a, c'est une étude de la Santé publique qui avait été faite par le passé,
là, donc, qui avait évalué qu'entre 2003 et 2015 il y avait
1 108 personnes qui ont été blessées à cause de cette mesure,
incluant 37 blessés graves et sept décès. Donc, c'est l'étude, là, qu'on a
à ce sujet-là.
Par rapport aux gains qui sont faits par cette
mesure-là, donc, on parle de trois à six secondes de gain pour les
automobilistes, c'est vraiment peu de gains pour des grands risques qui sont
engendrés pour les piétons. Donc, on se désole que ça a été adopté comme mesure
puis on aimerait bien la voir retiré.
M. Bonnardel : Merci, Mme la
Présidente. Je vais passer la parole à mes...
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, M. le député de
Beauharnois, enveloppe de neuf minutes.
M.
Reid : Enveloppe? Merci beaucoup à vous deux. Écoutez,
mémoire très, très, très intéressant. Vous avez... à la page 20,
vous parlez... vous en avez parlé dans votre présentation, de la loi sur la
sécurité routière. Moi, j'aimerais vous entendre un peu là-dessus. En quoi ça
pourrait consister? À quoi ça ressemblerait?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui.
En fait, notre proposition, c'est d'adopter une loi sur la sécurité routière un
peu à l'image de la loi sur la sécurité et la santé au travail, donc une loi
qui viserait la réduction à la source des risques. Donc, on travaille vraiment
en prévention grâce à cette loi-là, puis elle permettrait... Basée sur
l'approche Vision Zéro, cette loi permettrait également de concerter tous les
acteurs, là, qui sont impliqués au sein de la sécurité routière, parce que la
sécurité routière, ça concerne, oui, la sensibilisation et la prévention, mais
aussi la conception des aménagements, le renforcement des règlements par les
policiers. Donc, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde impliqué
là-dedans. Donc, d'avoir cette loi parapluie permettrait vraiment de mettre en
pratique, là, les principes de Vision Zéro. Je ne sais pas si, Louis, tu
voulais rajouter quelque chose là-dessus.
M. Bernier-Héroux (Louis) : Non, je
pense, c'était très clair.
M. Reid : Mais, dans la réalité, là,
c'est... Je comprends le principe, mais c'est quoi, là, au «day-to-day», là...
Si j'ai à faire quelque chose comme ça, qu'est-ce que ça apporterait de plus?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, ça pourrait être une loi, là, qui vient modifier plusieurs autres
lois, et qui fait en sorte que nos objectifs de prévention en sécurité routière
sont mis de l'avant dans l'ensemble de ce qu'on fait, et également qui viserait
à exiger certaines choses pour s'assurer que, finalement, la sécurité des gens
est priorisée, là, dans l'ensemble des décisions de tous les acteurs impliqués
en sécurité routière. Je sais que ça peut paraître flou, là, mais, en fait,
c'est sûr qu'on parle de beaucoup de petites dispositions qui pourraient être
mises ensemble et faire une grande différence, là, auprès des personnes qui
circulent sur la route.
M. Reid : Je vous amène
maintenant... Le ministre vous... a abordé le virage à droite au feu rouge
tantôt, précédemment, puis moi, je
voulais... Qu'est-ce qu'on a de différent ici? C'est à peu près permis partout
en Amérique du Nord puis ça se
compare comment? On est-tu plus dangereux que les Canadiens ou les Américains?
Qu'est-ce qui fait que... Est-ce que le taux d'accidents est le même
dans d'autres pays ou dans d'autres provinces? Ça se compare comment?
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Je ne pourrais pas répondre précisément à votre question
ça se compare comment. Ce qu'on sait, c'est qu'ici, depuis qu'on a mis en place
la mesure, il y a eu plus de collisions et il y a eu plusieurs collisions qui
sont directement associées à cette mesure-là. Donc, ce qu'on peut comparer,
c'est ici, avant l'entrée en vigueur de cette mesure-là, et après, puis déjà on
voit que c'est une mesure qui est associée avec davantage de risque pour les
piétons et pas beaucoup de bien pour les automobilistes. Donc, finalement, on
se pose la question de pourquoi on a mis en place cette mesure-là. Est-ce qu'on
veut à ce point améliorer de trois à six secondes la fluidité des
automobiles puis mettre en danger les piétons et les usagers vulnérables?
• (16 h 10) •
M. Reid : C'est un peu comme les
traverses piétonnes, là, à partir du moment qu'on met un pied dans la rue, il
faut surveiller notre pied, dans certaines villes au Québec, mais est-ce qu'il
y aurait lieu de faire davantage de sensibilisation... à la fois les traverses
piétonnes ou tourner à droite?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Il y
aurait assurément lieu de faire plus de sensibilisation, mais, en même temps,
la sensibilisation a ses limites, puis c'est par les aménagements puis d'autres
mesures qu'on peut agir. On a une
recommandation à cet égard dans notre mémoire. On a remarqué qu'en fait ce ne
sont pas toutes les priorités piétonnes qui sont sanctionnées de la même
façon. Donc, par exemple, justement, le passage piéton est largement non respecté au Québec, et cette infraction-là
n'est pas associée avec des points d'inaptitude. Donc, ce qu'on demande,
c'est qu'il y ait des points d'inaptitude, là, pour cette infraction-là. Puis
j'imagine, Louis, que tu voudrais rajouter sur ce point-là.
M. Bernier-Héroux (Louis) : Oui,
bien, surtout sur le passage piéton, il y a une confusion par rapport à cette
règle, et le code pourrait être vraiment clarifié, là, ce que... la situation
qui est concernée par l'article 410, là, qui
vise les passages à piétons à blocs jaunes, ceux qui ne sont pas réglementés
par des arrêts ou des feux de circulation, où c'est quand, justement, le piéton s'engage qu'il prend la priorité,
alors que, dans les autres cas, c'est la signalisation, en fait, qui lui donne la priorité. Et, justement,
dans ce cas-là, dans la situation où il prend la priorité, bien, une
infraction à cette... dans cette
circonstance-là n'est pas sanctionnée de points d'inaptitude. Je pense que
c'est un oubli, un manquement, là, au Code de la sécurité routière,
définitivement, et les gens seraient plus sensibles peut-être à cet article de
loi là s'il y avait des points d'inaptitude qui lui étaient associés.
M. Reid : Parfait. Merci beaucoup
pour ces réponses. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme députée de Laviolette—Saint-Maurice,
il reste trois minutes.
Mme Tardif : Trois minutes? Merci
beaucoup. Bonjour. Ça me fait plaisir de vous remercier. La majorité de mes
questions ont été posées. Par contre, je vais en profiter pour vous remercier,
vous féliciter pour votre travail, parce que vous avez brossé un très beau
tableau puis vous avez amené des points qui sont diversifiés et qui n'étaient
pas inclus, en partie, à tout le moins, là... Juste en parlant de la
bonification puis de l'indemnisation ou de la définition qu'on devrait revoir
pour inclure les piétons, ça semble logique, ça semble... On dirait qu'on se
dit : Bien, ça doit déjà être là. Mais là vous m'apprenez que, dans la définition,
les piétons ne sont pas là, les piétons sont oubliés,
et on est quand même en 2022, et, oui, on marche beaucoup. Et, on le voit, il y
a des régions du Québec, il y a des villes, au Québec, qui sont beaucoup
plus polies pour les piétons, et je pense... excusez ma région, là, mais je
pense à Gatineau, entre autres, où c'est une
ville, et ils sont habitués... Mon conjoint dirait : C'est parce que c'est
des Anglais, ils sont plus polis, là, mais... En tout cas, je ne suis
pas certaine de ça, là, mais apparemment que, dans les provinces anglophones,
c'est une coutume, c'est une culture qu'ils ont déjà, qu'on a un peu moins, et
on est peut-être un peu plus pressés. Bon, on ne fera pas de débat là-dessus,
mais l'enjeu au niveau de sécurité pour les piétons, il est réel.
Et vous dites
aussi, par rapport aux zones scolaires, et, encore là, j'apprends... je croyais
que toutes les zones scolaires étaient
de 30 kilomètres-heure, et là vous nous dites que, malheureusement, ce ne
sont pas toutes les zones, où les autobus scolaires arrêtent devant les
écoles, où la limite est à 30 kilomètres. C'est bien ce que j'ai compris?
Oui? Bon.
Et, le retrait des exemptions aussi, là, vous
nous apportez un nouvel éclairage sur des choses, et le ministre est très
ouvert par rapport à ça. Et, par rapport aux enjeux, là, de sécurité, on en a
bien pris note.
Ainsi, je n'ai pas de question. Merci beaucoup.
Puis là je vais arrêter parce qu'ils rient de moi, les confrères, consoeurs en
avant, parce que je me suis embourbée dans mes choses d'anglais-français.
Voilà, voilà, merci.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, Mme la députée. Donc, nous
poursuivons les échanges avec l'opposition officielle. Donc, M. le
député de Pontiac, la parole est à vous. Vous avez 11 minutes.
M. Fortin : Oui, merci, Mme la Présidente. Bon, je veux dire une chose,
il y a un passage piétonnier ici, en avant de l'Assemblée nationale, j'ai rarement
vu quelqu'un s'arrêter devant le passage piétonnier sur la Grande Allée. Il y a un passage piétonnier devant la
bibliothèque d'Aylmer, à Gatineau, qui semble pas mal plus respecté que
celui ici, à l'Assemblée nationale, pas sûr que c'est parce que les résidents
de Gatineau sont anglophones, mais, bon, ceci étant, votre demande pour que les
passages piétonniers, lorsqu'ils ne sont pas respectés par les automobilistes,
comportent ou qu'il y ait des sanctions supplémentaires pour les gens qui ne
font pas l'arrêt qu'ils devraient faire pour
protéger le piéton me semble légitime, tout à fait légitime, en fait, parce que
des amendes ou même les sanctions au niveau des points de démérite sont
faibles ou inexistantes même.
Donc,
zéro point de démérite quand il faut faire un arrêt à un passage piétonnier,
là, je peux comprendre votre préoccupation. Est-ce que vous avez des données
par rapport à ça? Est-ce que vous savez s'il y a des questions autres que
celles-là qui doivent et peuvent être faites aux passages piétonniers? Est-ce
qu'il y a une question, je ne sais pas, moi, d'éclairage? Est-ce qu'il y a une
question de... Est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on peut faire autour des
passages piétonniers pour les rendre beaucoup plus sécuritaires et respectés, surtout,
par les automobilistes?
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Bien, il y a plusieurs points à votre question.
Effectivement, il y a des aménagements qui peuvent être mis en place pour
favoriser le respect des passages piétons. Par exemple, un passage piéton ne devrait jamais être aménagé alors qu'il
y a plus qu'une voie dans chaque direction, parce que, si la première
auto s'arrête, bien, on ne voit pas la deuxième voiture qui pourrait arriver,
et la deuxième voiture ne voit pas le piéton qui pourrait être engagé. Donc,
ça, déjà, c'est une base.
Au niveau des
aménagements puis des normes de comment devrait être aménagé un passage piéton,
il pourrait y avoir des choses qui sont modifiées. On peut aussi rajouter des
saillies de trottoirs ou un îlot central pour favoriser une traversée
sécuritaire. Donc, il y a des choses, au niveau des aménagements, qui peuvent
être mises en place pour favoriser le respect du passage piéton, puis on a des
très beaux exemples, au Québec, qui ont été faits puis qui favorisent vraiment
leur respect.
Ensuite, c'est sûr
que le fait qu'il y a zéro point d'inaptitude et que les sanctions au niveau
monétaire sont quand même faibles, l'amende est faible, ça fait en sorte que,
parfois, on s'est fait dire par des services de police, dans différentes
régions du Québec, qu'ils ne donnent pas de contravention pour ces sanctions-là
puis que les automobilistes ne sont pas contents quand ils reçoivent ces
contraventions-là. Donc, il y a aussi, il semblerait, une culture autour du
fait que ce n'est pas obligatoire vraiment de s'arrêter à un passage piéton.
Puis on pense qu'en ajoutant des points d'inaptitude, bien, ça lancerait le
message du fait que, bien oui, c'est obligatoire puis c'est une infraction qui
est grave.
Donc, en gros, c'est
ça. Je ne sais pas, Louis, si tu avais quelque chose à rajouter là-dessus.
M. Bernier-Héroux
(Louis) : Bien, oui, effectivement, là, le plus important pour que...
assurer le respect du passage pour piétons, bien, c'est effectivement la
visibilité, hein, entre les usagers. Il faut que l'automobiliste puisse voir le
piéton, que le piéton puisse se rendre visible. Donc, moins la rue est large,
plus le piéton a de chances d'être dans le champ de vision. Plus
l'automobiliste va arriver lentement, plus il y a de chances de ralentir et de
s'arrêter, parce que les passages pour piétons... Un passage pour piétons sans
arrêt sur une route de 50 kilomètres-heure, la personne va arriver trop
lentement pour prendre le temps de... pour réagir, ralentir et le laisser passer.
Ça fait que c'est...
J'inviterais tous les députés à aller voir... Il y a une carte de Suède... en
Suède, où ils évaluent la qualité et la sécurité aux passages pour piétons, où
on voit des points verts, des points jaunes et des points rouges, et ils montrent les... Presque tous les
passages pour piétons sont cartographiés sur cette carte. C'est en
données ouvertes, et on peut voir là où les passages pour piétons répondent à
leurs normes de sécurité et là où ils ne répondent pas à leurs normes de sécurité.
Ils sont très ouverts là-dessus, et leur critère de base, c'est : Est-ce
que la limite de 30 kilomètres-heure est «enforced», quelqu'un me... qui
est forcé, en quelque sorte, est-ce que... et particulièrement par des dos
d'âne allongés, c'est... La façon, pour eux, d'avoir un passage pour piétons
acceptable, c'est d'avoir un passage pour piétons... un dos d'âne allongé à
moins de 15 mètres à un passage pour piétons.
• (16 h 20) •
M.
Fortin : Sur votre première
recommandation, là, entre autres, pour la question des piétons qui sont happés
par des cyclistes... Puis là, on le sait, il y a des cyclistes qui font de la
grande vitesse. Disons, pour des cyclistes sur nos routes... Là, on ne parle
pas de ma petite de cinq ans qui apprend à faire du vélo, puis qui va un peu
tout croche, puis qui me frappe, là. On parle de gens qui ont des blessures
sérieuses parce qu'ils entrent en collision avec des gens qui font du vélo.
Est-ce que vous avez des données là-dessus? Parce qu'honnêtement je vous
écoute, puis ça fait du sens quand vous dites : Quelqu'un qui est frappé
par une automobile peut être dédommagé et quelqu'un qui est frappé par un vélo,
qui a les mêmes blessures, ne l'est pas. Mais est-ce que vous avez des données
là-dessus, juste pour qu'on comprenne l'ordre de grandeur de ce que vous
proposez?
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : C'est exactement ce qu'on vous demande. On a besoin de
données, et c'est pour ça qu'on propose, en premier lieu, d'élargir la
définition des accidents de la route et que la SAAQ travaille avec les
hôpitaux, les données de coroners, pour qu'on ait un portrait plus global des
risques de la route, parce qu'en ce moment on est complètement aveugle sur ce
type d'incident de la route.
M.
Fortin : Je vous entends. Dernière chose,
si j'ai bien compris, là, votre mémoire, la vitesse de base dans les périmètres
urbains, là, vous dites que ça devrait diminuer, parce qu'en ce moment 50 kilomètres,
c'est ce qui est le maximum, disons,
partout, mais il y a des municipalités qui choisissent d'aller plus bas que ça,
30, 40 kilomètres-heure. Mais,
quand vous me dites, là, cette... une municipalité qui choisit d'aller plus bas
est dans l'obligation d'installer des panneaux de signalisation
indiquant la limite de vitesse, bon, moi, sur ma rue résidentielle, là, il y a
un panneau, c'est marqué «40», mais je ne trouve pas que c'est une mauvaise
chose parce que ça force le citoyen à le voir à chaque fois, tandis que, s'il y
a une réglementation provinciale qui est plus basse, bien, la ville ne sera pas
obligée de mettre le panneau. Je trouve quasiment ça positif qu'ils soient
obligés de mettre un panneau. Je ne le sais pas, je veux juste bien comprendre
votre proposition.
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Bien, en fait, c'est sûr que, si on intégrait le fait
que, quand on est dans une zone urbaine, on va à 30 kilomètres-heure, ça
deviendrait la nouvelle normale de vitesse. Donc, c'est vraiment ça que nous,
on demande. En ce moment, s'il n'y a aucun panneau dans une zone urbaine, c'est
50 kilomètres-heure. C'est ça que prévoit l'article 328 du Code de la
sécurité routière. Donc, nous, ce qu'on demande, c'est que ça soit 30 kilomètres-heure
et qu'on intègre, comme société, que, quand on côtoie la rue avec plusieurs
usagers, quand on est en milieu urbain, c'est 30 kilomètres-heure, la
vitesse adéquate pour assurer une cohabitation.
Ensuite, comme vous le dites, le panneau de
circulation, ce n'est pas ça qui fait en sorte qu'on va respecter la vitesse de
circulation. Donc, c'est pour ça qu'on pense que c'est par des aménagements
qu'on peut modérer la circulation, forcer un apaisement de la circulation,
faire en sorte que les gens roulent plus lentement. Et ce que ça permettrait,
c'est que, justement, un quartier qui est apaisé comme ça, où la ville a
investi dans des mesures d'apaisement pour forcer une vitesse plus lente, bien,
ne serait pas obligé d'avoir des panneaux à toutes les rues ou à toute une... à
une certaine distance parce que ce serait intégré chez les citoyens que c'est
ça, la vitesse.
Ça ne voudrait pas dire que ce n'est pas
possible d'aller plus haut, là. Donc, en ce moment, il y a des rues, en milieu
urbain, où c'est 70 kilomètres-heure, mais le panneau est là. Ça pourrait
aussi être plus bas. Des rues partagées sont à 20 kilomètres-heure, mais
c'est juste qu'on abaisserait finalement le standard et ce qu'on considère
comme étant la vitesse normale pour rouler dans un milieu urbain.
M. Fortin : Très bien. Je vous remercie.
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de
Marquette, moins de deux minutes.
M. Ciccone : O.K., on va aller vite. Je vais poser une question. Bonjour
à vous deux. J'ai vu dans une de vos recommandations : «Exiger un rapport
de police à chaque incident... accident de la route impliquant un piéton se
produisant sur la voie publique.» Puis là j'apprends aujourd'hui que, quand il
y a une collision avec un véhicule, par exemple, parfois il n'y a pas de
rapport de police, là, que la police... Peut-être qu'on dit : Bien là, il
n'y a pas eu de blessures, est-ce que vous voulez faire un rapport, mais
qu'est-ce que... Quels sont les enjeux négatifs, justement, à ne pas faire de
rapport de police quand il y a une collision?
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
en fait, c'est ça, ce qu'on constate, là, puis c'est plus des cas de bouche à
oreille qu'on entend parce qu'on est proches de la communauté piétonne, c'est
des cas où la blessure va être légère. Donc, il n'y a pas une grande blessure.
Donc, le policier ne va pas nécessairement prendre le rapport de... ne va pas
nécessairement compléter le rapport, mais, à ce moment-là, ça devient très
difficile s'il y a des complications qui se développent après, parce que ça se
peut... Des fois, on est blessé légèrement sur le coup, avec les hormones du
choc... Je ne suis pas médecin, là, ça fait que je ne sais pas comment ça se
passe, mais, avec le choc, bien, on peut ne pas sentir toutes les conséquences
de la collision, puis ensuite il y a quelque chose qui se développe, puis là ça
devient difficile de faire des démarches parce qu'on n'a pas de rapport de
police qui fait état, là, de la situation puis de la collision.
M. Ciccone : Ça fait que, dans le fond, ce que vous dites, c'est que, nonobstant...
même s'il n'y a pas de blessure, aussitôt qu'il y a une collision, on
devrait absolument, absolument faire un rapport de police parce que ça peut
venir en aide dans le futur. C'est ce que j'entends.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Oui,
c'est ça, parce que ça se peut qu'il y ait une blessure qui se développe par la
suite, exact.
M. Ciccone : Parfait. Merci beaucoup. Merci à vous deux.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci beaucoup. Nous
terminons nos échanges avec la deuxième opposition. Et je comprends
qu'on a toujours un consentement pour permettre que la députée de Taschereau
ait une enveloppe de cinq minutes.
Mme Dorion : Merci,
Mme la Présidente. Dans votre proposition d'élargir la définition d'une victime
d'accident de la route, ça serait quoi, une... ça serait quoi, votre définition
d'une victime piétonne d'accident de la route? Donc, où ça arrêterait, là, tu
sais, pour, tu sais, par exemple, quelqu'un qui s'enfarge, est-ce que c'est
dans le milieu de la rue, mais qui ne se fait pas... qu'il n'y a pas de
collision ou... tu sais, juste pour bien comprendre, là, ça serait quoi, votre
définition idéale.
Mme Cabana-Degani (Sandrine) : Bien,
c'est une excellente question, puis on n'a pas la réponse encore tout à fait à
cette question-là parce qu'en ce moment, là, la Loi sur l'assurance automobile
a une définition vraiment très large de l'accident. Aussitôt qu'on a l'usage
d'une automobile, il y a une indemnisation, alors que, pour les piétons, c'est
sûr que c'est comme plus large. Donc, il y aurait un travail qui serait
nécessaire pour définir la limite qui est
prévue, puis on est prêts à collaborer pour ce travail-là puis à avoir comme...
à réfléchir qu'est-ce qui serait logique. Pour l'instant, nous, on se dit que ça devrait être limité à l'espace
public, donc chaussée, trottoir, voie cyclable, ouvrage d'art, mais ça serait aussi pertinent d'inclure
les stationnements utilisés par le public, donc, par exemple, un
stationnement d'une
épicerie. Puis il y a aussi une définition qui existe d'accident de transport.
Donc, on pourrait aussi se raccrocher, finalement, à cette définition-là
qui existe déjà au niveau de la Santé publique, là.
Mme Dorion : Puis c'est quoi,
cette définition-là d'accident de transport, à peu près, là?
Mme Cabana-Degani
(Sandrine) : Bien, en fait, c'est un... Je ne le sais pas
exactement. Je n'ai pas la définition, là, sous mes yeux, là. Il
faudrait qu'on aille voir puis qu'on vous revienne là-dessus, à moins que Louis
l'ait en tête.
M. Bernier-Héroux (Louis) : Non,
pas précisément celle-là, mais, en Suède, ils utilisent «toute blessure qui
survient sur une infrastructure de transport», tout simplement.
Mme Dorion : O.K. Bien, merci beaucoup.
C'est superéclairant et très intéressant. Je pense qu'on devrait considérer les
piétons. Je pense, comme vous, qu'on devrait considérer les piétons comme
usagers, vrais usagers, tout comme les automobilistes, de la route et les
indemniser aussi. Merci.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, merci, Mme Cabana-Degani,
M. Bernier-Héroux. Merci beaucoup de la contribution que vous nous
apportez.
Mémoires déposés
Avant de conclure, je procède au dépôt des
mémoires des organismes qui n'ont pas été entendus lors des auditions publiques.
Et nous avons terminé. Donc, je vous remercie
tous pour les travaux d'aujourd'hui.
Et, compte tenu de l'heure, la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 30)