(Quatorze
heures deux minutes)
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports
et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n°
102, Loi visant principalement
à renforcer l'application des lois en matière d'environnement et de sécurité
des barrages, à assurer une gestion responsable
des pesticides et à mettre en oeuvre certaines mesures du Plan pour une
économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission.
M. le
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Bussière (Gatineau) est remplacé par Mme Proulx (Côte-du-Sud); M. Lamothe (Ungava) est
remplacé par Mme Boutin (Jean-Talon); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, merci beaucoup. Lors de l'ajournement de nos travaux, en
décembre, le débat portait sur l'article 37 de la loi édictée à
l'article 1 du projet de loi. Est-ce qu'il y a des interventions sur cet
article? Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. D'abord, je vais y aller d'un
petit commentaire puis ensuite d'une
question, si c'est possible, Mme la
Présidente. D'abord, je veux juste
vous dire bonne année à toutes et à tous, chers collègues. Heureuse
d'être... de reprendre nos travaux à titre de législateurs, législatrices.
J'aurais préféré qu'on soit ici pour parler des mesures d'urgence, là, je vais
le dire très ouvertement, puisque, si nos écoles sont presque ouvertes au
Québec, là, c'est la tempête de neige qui en a décidé autrement, je pense qu'on
devrait être ici pour parler d'un débat d'urgence sur les mesures sanitaires.
Cela étant dit, Mme
la Présidente, comme ce n'est pas le cas et comme on va plutôt faire avancer
l'agenda législatif du gouvernement, j'aimerais savoir si le ministre peut
peut-être, juste pour ceux et celles qui suivent les travaux.... peut-être juste nous remettre un peu dans le bain avec
l'article 37. On avait débuté, bien sûr, une discussion sur
l'article 37, mais je pense que de faire juste un petit récap, comme on
dit en mauvais français, je pense que ce serait intéressant si le ministre peut
tout simplement, pour le bien de ceux et de celles qui nous... qui suivent nos
travaux, parce que je pense que les
Québécois, actuellement, sont plus préoccupés par la perte de contrôle qu'on a
de la pandémie que par cet omnibus. Mais, comme on est là pour
travailler l'omnibus, c'est ce que nous allons faire cet après-midi.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, parfait, Mme la députée. M. le
ministre.
M. Charette :
Salutations aux collègues, et mes meilleurs voeux aussi pour la nouvelle année.
On peut se souhaiter plein de belles choses et, oui, un certain retour à la
normale également. Et c'est vrai que ça fait quelques semaines qu'on s'est
laissés.
C'est un article qui
n'est pas tellement long. Ce que je pourrais faire, je pourrais tout simplement
le relire pour se mettre dans le bain, en quelque sorte, là. Donc, avec votre
permission, je pourrais en refaire la lecture.
Donc, l'article 37 :
«Le gouvernement
peut, sur recommandation du ministre fondée sur les motifs prévus au premier
alinéa de l'article 36, pour des activités exercées dans le cadre d'un projet
qu'il a autorisé en vertu d'une loi concernée et pour la période qu'il fixe ou
de façon permanente :
«1°
modifier les normes particulières ou les conditions, restrictions ou
interdictions régissant l'activité concernée;
«2°
imposer toute nouvelle norme particulière ou condition, restriction ou
interdiction pour l'exercice de l'activité;
«3° limiter ou faire
cesser l'activité.
«Une décision prise
en vertu du présent article ne donne lieu à aucune indemnité de la part de
l'État et prévaut sur toute disposition inconciliable d'une loi, d'un règlement
ou d'un décret.»
Et
le commentaire, pardon, que j'avais lu également. Donc, cet article reprend le
contenu des articles 115.10.2 et 115.10.3 de la Loi sur la qualité
de l'environnement et vise à prévoir différentes situations pour lesquelles le gouvernement serait justifié d'intervenir sur une
autorisation déjà délivrée en raison de nouvelles informations portées à
sa connaissance et lorsqu'un préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse est
susceptible de se produire.
Et le deuxième alinéa
précise au surplus qu'une mesure prise par le gouvernement en vertu de cet
article prévaut sur toute autre disposition qui pourrait être considérée comme
inconciliable et qu'elle ne donne pas droit à une indemnité de la part de
l'État.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il... Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Juste pour m'assurer
d'être sur le bon article. En même temps, on est toujours sur l'avis
d'exécution, hein, parce que, vous savez, à l'intérieur des différents articles
à ce moment-ci, je me rappelle que le sous-ministre nous donnait souvent
plusieurs exemples quant aux avis d'exécution. Donc, on est toujours dans les
avis d'exécution à ce moment-ci?
Ça me rassure de voir le ministre quand même
regarder la légiste pour se rassurer aussi, parce que c'est vrai que c'est
loin, nos discussions, là. Il faut aller refouiller dans le tiroir de la
mémoire, là. Mais on est bel et bien dans l'avis d'exécution?
M. Charette : Tout à fait. Et ce que
je veux éviter à tout prix, c'est d'induire les collègues dans l'erreur. Donc,
je valide tout le temps auprès de personnes encore plus qualifiées que moi.
Mme Melançon : Parfait.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il... Je ne crois pas... Oui, madame, je...
Ah! Y a-t-il consentement? Vous souhaitez
intervenir, madame? Oui. Donc, il y a consentement. Donc, je vous invite à vous
présenter, s'il vous plaît.
Mme Grignon (Karine) : Oui, alors
Karine... Je ne sais pas si mon micro fonctionne. Karine Grignon, ministère de
la Justice, avocate au ministère de la Justice.
En fait, non, c'est ça, ce n'est pas tout à fait
en lien avec l'avis d'exécution, là, c'est des pouvoirs un peu plus généraux en lien avec le régime d'autorisation
environnementale. Donc, l'article 36 était plus spécifique à
l'autorisation du ministre, tandis que
l'article 37, c'est l'autorisation du gouvernement, donc la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts, notamment.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, maître. Avez-vous d'autres questions, Mme la
députée? Oui.
• (14 h 10) •
Mme Melançon : Bien, oui, oui,
merci, Mme la Présidente. Donc, c'est pour ça qu'on commençait... Et merci, là,
parce que, justement, on peut replonger plus facilement avec l'information. Le
gouvernement, donc, peut, sur recommandation du ministre fondée sur des motifs
prévus au premier alinéa... D'accord, ça, je comprends.
Donc là, ici, c'est plutôt qu'on le voyait au
36, que c'était plus le ministre, à ce moment-ci, c'est le gouvernement,
mais... et que c'est cette décision-ci, si je crois que c'était là-dessus où on
était dans nos discussions, c'était que
l'article 37 prévalait sur toute autre loi. Est-ce que c'était bien ça,
hein? Parce que j'avais des notes, là, mais...
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, maître.
Mme Grignon (Karine) : Oui. Mais, en
fait, je n'ai pas nécessairement une prévalence, mais, comme c'est la décision
ultime, là, qui autorise un projet, là, notamment si on parle des projets issus
de la procédure d'évaluation d'examen des impacts, bien, c'est le décret qui va
autoriser le projet, là, qui serait modifié ou qui aurait des conditions
supplémentaires, là, qui seraient imposées, là, à ce moment-là, là, en vertu de
l'article 37, là.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va pour le moment.
Mme Melançon : Ça va de mon côté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée, ça va pour le moment, c'est ça?
Mme Melançon : Oui. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors, à mon
tour de vous souhaiter bonne et heureuse année 2022, Mme la Présidente, tout le
monde, les collègues et les membres de l'administration publique qui nous
accompagnent, en souhaitant que 2022 soit plus réjouissante sur le plan de la
santé publique que 2021.
Bon, on a quand même eu, entre Noël et le jour
de l'An, non, un petit peu après le jour de l'An, des éléments d'actualité qui
nous ont rattrapés. Je pense, entre autres, à cet article de La Presse
sur les pires récidivistes au Québec. C'est un article, d'Éric-Pierre
Champagne, publié le 10 janvier et qui faisait ressortir quand même de
façon importante... en fait, ce qui mettait la lumière, cet article, sur le
nouveau pouvoir que le ministre s'arroge avec le projet de loi n° 102, s'il
est adopté, qui permettrait au ministre de refuser une demande d'autorisation
déposée par un promoteur délinquant. L'article du 10 janvier faisait
surtout référence à ça, à ce volet-là.
Je partage le point de vue
du ministre. Et c'est un peu hallucinant, oui, de voir que, dans les moins bons
élèves des 10 dernières années en matière d'environnement, on a des
ministères et organismes, alors que le gouvernement du Québec doit être
exemplaire. Je pense à Hydro-Québec qui avait 24 infractions pour un total
de sanctions imposées de 545 400 $. Je pense à la ville de Québec, à
la ville de Gatineau, le ministère des Transports, pour 60 000 $ au
total. Vous allez me dire : Ce n'est pas beaucoup, 60 000 $,
dans l'ensemble des milliards investis par
le ministère des Transports. Il y a deux manières de voir ça, soit que c'est
inacceptable de toute façon parce que le ministère doit être... et les
autres organismes doivent être exemplaires ou il le prend... Il considère un
peu comme une dépense courante, puis on va payer les amendes, ce qui serait
inacceptable aussi.
Donc, je veux savoir, de la part du ministre, si
les articles que nous sommes en train d'étudier lui offrent cette possibilité.
Est-ce qu'on est là-dedans, autrement dit, là, de pouvoir refuser une autorisation
déposée par un promoteur délinquant? Parce que, là, on voit que le gouvernement
peut, sur recommandation du ministre fondée sur des motifs prévus pour des
activités exercées dans le cadre d'un projet qu'il a autorisé, modifier les
normes, les conditions, les restrictions, les interdictions et imposer toute
nouvelle norme. Donc, est-ce qu'on touche ce qui a été soulevé par, entre
autres, l'article de La Presse du 10 janvier?
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Dans le fond, on en avait parlé un petit peu avant de se laisser. Il y
a des promoteurs tantôt privés, donc des entreprises, tantôt des municipalités,
tantôt des ministères ou organismes. C'est certain que, pour un ministère, ou un
organisme, ou une municipalité, lorsque c'est un service à la population qui
est conditionnel à l'autorisation, c'est certain que, du jour au lendemain, on
ne l'empêchera pas de procéder.
Mais, de façon générale, cet article là, mais
également ceux qu'on a eu l'occasion d'étudier, nous donne des moyens,
justement, pour soit ne pas délivrer de nouveaux certificats d'autorisation,
soit poser encore davantage de questions. Mais j'ai vu l'article auquel se
réfère le collègue et c'est un peu la même réflexion que j'ai eue. Moi, ce qui
me rassure, par contre, c'est qu'au niveau de l'administration publique, au
niveau des municipalités, il y a plusieurs tables de concertation qui ont été
mises de l'avant. On a parlé de quelques règlements, au cours des derniers mois, qui ont tenu les municipalités,
mais bon nombre de partenaires très occupés, ce qui facilite grandement
les choses, c'est justement ces espaces d'échanges qu'on a avec eux pour
s'assurer que l'interprétation de la réglementation est adéquate, s'assurer que
l'on est disponible s'il y a des questions de leur part et s'assurer ultimement
du respect de cette réglementation-là. Donc, il y a toujours plus de travail de
sensibilisation qui est fait. Mais, oui, lorsqu'un organisme ou... je vais
résumer. Lorsqu'un demandeur, peu importe son statut, est en défaut, déjà, à
l'égard de l'environnement, on aura davantage d'outils pour leur dire :
Écoutez, on comprend que vous avez une autre demande sur la table, mais essayez
de voir à améliorer votre passif ou essayez de voir à corriger les situations,
là, qui, dans certains cas, sont toujours problématiques.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Donc, O.K., ça
permet, autrement dit, ces articles-là, d'aller dans le sens de corriger ce qui
a été soulevé par le fameux article dont nous faisions référence, auquel nous
faisions référence. On aura l'occasion, un peu plus tard, de parler des
montants aussi, des montants de pénalités, là, parce que ça, ça joue. Moi, je dois vous dire, là, pour être un député du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont le plus grand employeur, dans ma
circonscription, est Rio Tinto, là, quand on voit, dans cet article du
10 décembre, que, sur 10 ans, Rio Tinto a eu des sanctions imposées
de 495 000 $ pour 19 infractions, c'est de la monnaie de poche,
là, pour Rio Tinto, là. Alors, il faut avoir des amendes, là, qui sont
conséquentes, quand même, par rapport à des enjeux qui sont importants puis à
des organisations qui ont beaucoup, beaucoup de moyens.
Ma question, parce que, là, c'est un pouvoir
qu'on donne, très franchement, je ne me souviens plus si on en avait parlé abondamment lorsqu'on a étudié
l'article 36, mais là on dit : «Le gouvernement peut, sur
recommandation du ministre fondée sur les motifs prévus[...], modifier les
normes particulières[...], imposer toute nouvelle norme[...], limiter ou faire
cesser l'activité.» Est-ce qu'on a quand même déjà réfléchi à des critères? Autrement dit, quelles seront les normes
objectives pour agir dans ce sens-là, là, telles que le prévoient les
articles 36 et 37?
M. Charette : En fait, je vous
dirais, Mme la Présidente, les prochains articles seront aussi éclairants à ce
sujet-là. Je regarde, là, le projet de loi sous les yeux, notamment
l'article 45, on va parler de récidive, donc, oui, on aborde la question à
travers l'article présentement étudié, mais les prochains aussi nous
permettront de voir quelles sont les
conséquences, quels sont les moyens à notre disposition par rapport, notamment,
à un promoteur, là, qui peut avoir un passif... en fait, j'hésite a
utiliser le mot «passif», parce que ça peut avoir une autre signification au
ministère, là, mais avoir un historique qui soit plus problématique.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le... Oui? Donc, Mme la députée de Verdun.
• (14 h 20) •
Mme Melançon : Merci. Bien, je
vais faire du pouce sur le collègue de Jonquière en deux temps, si vous me permettez, Mme la Présidente. Bien,
d'abord, dans l'article de La Presse dont parlait tout à l'heure le
député de Jonquière, quant à l'actualité puis à, malheureusement, là,
les pires récidivistes au Québec, il y a quelqu'un, malheureusement, ce n'était
pas cité à l'intérieur de l'article de La Presse, mais il y a
quelqu'un du bureau, probablement, du ministre qui disait
que, concrètement, le ministre pourrait dorénavant refuser de délivrer, de
modifier ou de renouveler une autorisation si le demandeur a été déclaré
coupable d'une infraction de toute loi dont le ministre est chargé de
l'application ou à l'un de ces règlements. Alors, à la lumière de cette liste
de pires récidivistes, est-ce que le ministre entend retirer ou refuser de
délivrer toute autorisation à la ville de Québec, par exemple?
M. Charette : C'est là où on avait
abordé la question, un petit peu avant les fêtes, lorsqu'il y a un intérêt du
public qui est aussi en cause. Si, par exemple, il y a un dossier, je ne
nommerai pas une ville en particulier, mais, si une ville a, par exemple, un
litige avec le ministère de l'Environnement, mais qu'elle doit procéder à des
travaux de réfection de son aqueduc, bien, on n'empêchera pas la ville,
naturellement, de répondre à un besoin qui est éminemment fondamental pour la
population parce qu'il y a un dossier qui est litigieux. Donc, chaque dossier
doit être pris pour ce qu'il est, doit être évalué pour ce qu'il est, en ayant
en tête l'intérêt du public, là, c'est bien certain.
Mme Melançon : Vous me verrez un peu
surprise de la réponse, tout de même, parce qu'à chaque moment où on va parler
d'une société d'État ou encore d'une municipalité rarement l'intérêt du public
n'est pas mis en cause lorsqu'on parle d'une société d'État. Ça veut dire que
ce qu'on disait, à ce moment-ci, de, probablement, l'attaché de presse du ministre, là, c'est de dire : Bien,
on pourrait, dorénavant, refuser. Ça, c'est une chose. Puis là le ministre
nous explique actuellement qu'il serait... on ne veut pas punir, dans le fond,
les citoyens d'une municipalité parce que la municipalité
pourrait être, malheureusement, un des pires récidivistes en matière
environnementale. Ça, c'est une chose.
Moi, j'aimerais savoir sur quoi on se base pour
savoir, bien, ça, oui ou ça, non. Est-ce que la... Est-ce que c'est simplement
le ministre qui décide, oui ou non, d'agir ou de sévir à ce moment-là?
M. Charette : En fait, ma réponse ne
visait pas une municipalité en particulier, mais le principe d'une organisation
publique comme une municipalité. Mais il faut distinguer, par exemple, un
problème qui est connu, qui est recensé,
d'une nouvelle demande de certificat d'autorisation. Donc, si la nouvelle
demande de certificat d'autorisation, elle
est justifiée, si elle est conforme aux attentes du ministère, bien, c'est un
certificat d'autorisation qui, vraisemblablement, pourra être émis.
Cependant, ça n'empêche pas les suivis et les recours contre la municipalité
pour d'autres dossiers qui seraient à l'étude ou qui seraient problématiques.
J'essaie
de... parce que je ne veux pas laisser l'impression ou donner l'impression, là,
que j'ai une municipalité en tête en particulier, mais je peux, en ayant
des souvenirs, pardon, bien précis, vous mentionner que, dans certains cas...
Et je veux rassurer les collègues, je n'ai pas la COVID, c'est uniquement la
voix qui fait défaut. Un certificat d'autorisation pourrait être demandé, oui,
mais la réponse peut prendre du temps avant d'être donnée, c'est-à-dire, si la
municipalité n'a pas réussi à bien étoffer sa demande, si le dossier n'est pas
bien appuyé, bien, la municipalité n'aura pas de réponse favorable pour son
projet tant que ces conditions-là ne sont pas remplies.
Donc, oui, il peut y avoir un historique, mais
ça ne veut pas dire qu'un nouveau certificat d'autorisation, là, serait donné
systématiquement. Il faut s'assurer... En fait, c'est le cas pour chaque
demande d'autorisation, qu'elle provienne d'une municipalité ou peu importe la
nature du projet, le certificat d'autorisation est octroyé lorsque les
conditions sont bien remplies.
Mme Melançon : Dans le fond, ce que
je comprends, Mme la Présidente, ici, c'est : une municipalité ou encore
une société d'État sera beaucoup moins susceptible de se voir refuser par le
ministre ou par le ministère de l'Environnement... de se voir refuser de
délivrer un certificat quelconque parce qu'on va plaider, la plupart du temps,
bien sûr, le bien commun.
Cependant, c'est plus un article qui se tourne
vers des entreprises fautives, c'est ce que je comprends du ministre avec son
explication, parce que, je le répète ici, là, si c'est une municipalité, à
chaque fois on va vouloir parler du bien commun, puis, à chaque fois, on va
vouloir protéger les citoyens, et on ne va pas nécessairement ramener à l'ordre
certaines municipalités, ou certaines sociétés d'État, ou certains ministères, là.
Tout à l'heure, le député de Jonquière rappelait à juste titre que le ministère
des Transports du Québec était dans les pires récidivistes de l'article de La Presse.
Donc, ce que je comprends, c'est que ça s'adresse principalement aux
entreprises et beaucoup moins aux ministères, au gouvernement lui-même ou à ses
sociétés d'État.
M. Charette : ...forcément, c'est un
article qui vient s'ajouter aux outils qu'on a notre disposition. Je serais
intéressé à la nommer, mais je ne veux pas, je ne veux pas donner l'impression,
là, que c'est un mauvais joueur ou un mauvais élève pour autant. Je me
souviens, au cours des derniers mois, j'ai... il y a eu... c'est-à-dire, il y a
eu une autorisation d'accordée à une municipalité qui attendait et qui était en
demande depuis plusieurs mois, sinon quelques années, pour ce projet-là. Donc,
elle n'a pas eu de passe-droit. C'est une organisation publique. C'est une
municipalité qui n'avait pas d'arrière-pensées, bien au contraire, mais qui a
tardé ou qui a pris du temps à bien justifier les autorisations qui étaient
données.
Donc, les municipalités n'ont pas de passe-droit
à ce niveau-là. Mais on va réellement, là, dans les articles tout à l'heure,
j'évoquais l'article 45, on va voir un petit peu le poids de la récidive,
qu'est ce que ça peut impliquer comme outil supplémentaire. Mais, non, les
municipalités qui, pour réaliser un projet x, ont besoin d'un certificat
d'autorisation doivent se soumettre exactement aux mêmes procédures et
justifier leur projet de la même façon.
Mme Melançon : J'entends le ministre
nous parler, bien sûr, de la boîte à outils. Dans le fond, c'est une boîte à
outils qui est en train de grossir, puis il va pouvoir aller chercher à
l'intérieur de la boîte à outils. Je me rappelle la
journée où le ministre avait déposé le projet de loi n° 102, qui est un
projet de loi... en tout cas, c'est assez lourdaud,
là, on l'a dit, c'est un mammouth, c'est un omnibus dans lequel on parle de
plein de sujets, et je me rappelle que j'avais soulevé le questionnement,
la question, en tout cas. Puis on doit avoir des réponses à ces questions-là, à
se dire : Bien, actuellement, le ministre en a, des outils, puis il y a
des outils qu'il n'utilise pas. Je vais donner l'exemple des porcheries.
Actuellement à Saint-Adelphe, il y a une
mégaporcherie, là, trois lieux sur 150 mètres de distance, donc sur un même
terrain, qui vont voir le jour, où on a 3 999 bêtes dans chacune des
trois structures qui seront érigées, et 3 999, Mme la Présidente, le
chiffre n'est pas banal. C'est qu'à 4000 bêtes dans une même bâtisse on
appelle, de façon obligatoire, un bureau d'audiences publiques pour savoir
qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est ce qu'on peut éviter aussi de voir comme
possible catastrophe. Parce que, là, on parle de 11 997 bêtes sur un
même terrain. Et là je vois la députée de Laviolette-Saint-Maurice qui est là,
là. C'est dans votre région, hein, c'est en Mauricie. Les gens sont très, très,
très inquiets, et avec raison. Et le ministre a, actuellement dans sa boîte à
outils, la possibilité de décréter l'obligation de mettre sur pied un bureau
d'audiences publiques. Il n'utilise pas son outil actuellement, et les citoyens
sont inquiets, tout comme ils l'étaient à Maricourt, pas plus tard qu'en mai
2021, où j'ai posé ici même, au salon bleu, la question au ministre à
savoir : Qu'est ce qu'on attend pour agir? 3 997 bêtes, si on ne
me dit pas que c'est jouer avec les chiffres pour pouvoir éviter un bureau
d'audiences publiques, pour éviter d'avoir une consultation publique, pour éviter,
dans le fond, d'aller devant la population et de répondre aux questions de la
population... Parce qu'une porcherie et le lisier, bien sûr, qu'il y a des
dangers et pour les cours d'eau, et pour la nappe phréatique, et pour
l'environnement, et, bien sûr, pour la qualité de vie.
• (14 h 30) •
Et, actuellement à Saint-Adelphe, c'est la
municipalité qui a tout le poids sur ses épaules. J'ai parlé avec le maire pas
plus tard que la semaine dernière, avec mon recherchiste Karl Filion. Et le
maire, lui aussi, trouve que c'est lourd, mais il se dit : Moi, là... la
municipalité, là... Il a le droit actuellement. C'est à Québec de réagir, et
Québec ne réagit pas. Et la présidente du Conseil du trésor, parce que c'est
dans le comté de Champlain, la députée n'a pas... n'est pas sortie de son
mutisme là-dessus. J'ai même interpellé le ministre régional, qui est le député
de Trois-Rivières et qui est le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, pour savoir qu'est-ce qu'on attend pour réagir. Et ça, le ministre,
actuellement, a ce pouvoir-là entre les mains, de dire : Non, non, là, on
voit bien, là, qu'on joue sur les chiffres.
3 999 bêtes, honnêtement, là, on ne peut pas dire autrement que...
Pour une bête, là, je pense qu'on devrait appeler un bureau d'audiences
publiques, et ça, de façon urgente.
Je veux bien donner des outils supplémentaires
au ministre, mais, quand le ministre a déjà les outils en main puis qu'il ne
les utilise pas, bien, je me pose beaucoup de questions, Mme la Présidente.
Quant à arriver avec des articles comme l'article 37 du projet de loi n° 102, où on veut mieux outiller le ministre et le
gouvernement, moi, je suis bien prête, là, à donner un coffre complet, mais
j'aimerais ça aussi, à un moment donné, avoir l'assurance du ministre qu'on va
agir.
Puis là, bien, on nous dit : Bien oui,
c'est pour des récidivistes, dans le fond, où on veut arriver avec des avis
d'exécution, où on veut... Et c'est le sous-ministre qui nous disait juste
avant les fêtes : C'est difficile, à un moment donné, de ne pas arriver
avec des avis d'exécution puis de pouvoir agir rapidement lorsqu'il arrive un
événement. Et je comprends, je comprends très bien le sous-ministre, et souvent
il nous donne des exemples, c'est très concret. Mais là ce que j'apporte
aujourd'hui, c'est tout à fait concret, puis on n'en a pas, de réponse. Alors,
moi, je suis prête à offrir le meilleur coffre à outils, mais je ne suis
toujours pas rassurée quant à l'utilisation des outils au bon moment. Je
voudrais bien qu'on puisse sortir les outils quand c'est le temps d'agir.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Dans les faits, je comprends la situation, là, qui est... en fait,
je connais très bien la situation dont parle la collègue et j'ai de la
difficulté à la rattacher au projet de loi, sinon à l'article 37 en
particulier. Mais peut être déjà rassurer la collègue, il y a une consultation
qui se fait présentement à travers le MAMH, dans ce dossier-là, pour voir quels
sont les acteurs qui sont en cause. Et, s'il n'y a pas de BAPE, ça ne veut pas
dire qu'il n'y a pas d'autorisations environnementales qui sont nécessaires.
Et, à partir du moment où un projet de cette nature-là est déposé, il y a des
demandes de certificat d'autorisation qui sont nécessaires.
Donc, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de BAPE
comme tel qu'il n'y a pas de rôle qui doit être assumé par différents
ministères, dont celui de l'Environnement. Dans le cas présent, je rassure la
collègue, il y a des certificats d'autorisation qui seront requis. Et, à partir
du moment où il y a un certificat d'autorisation qui sont requis,
naturellement, il faut justifier le projet, il faut démontrer qu'il est
conforme à la réglementation environnementale. Donc, ce sont des procédures qui
se complètent actuellement avec une consultation qui est menée directement par
le ministère des Affaires municipales à ce moment-ci de la procédure.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : Bien, je peux peut-être éclairer le ministre, à savoir
pourquoi je pose la question ici. C'est qu'actuellement le ministre a entre les
mains la possibilité d'appeler un bureau d'audiences publiques, même si on
n'est pas à 4 000 bêtes dans un seul édifice, du côté de
Saint-Adelphe. J'ai parlé avec les dames qui sont actuellement aussi responsables du groupe, qui veulent bien sûr
s'assurer qu'il y a une consultation. Vous savez, M. le ministre... Mme
la Présidente, mais vous voyez que nos discussions vont bien, mais, vous voyez,
Mme la Présidente, il y a eu une consultation le
14 décembre dernier. Je ne sais pas où était le ministre le
14 décembre dernier, mais je pense que, pour plusieurs Québécois qui
avaient encore espoir de pouvoir faire un party à 25, il y a des gens qui
étaient un peu beaucoup dans le temps des fêtes, et les gens de Saint-Adelphe
avaient jusqu'au 5 janvier pour produire, donc, des questions, des
commentaires auprès de la municipalité. Et je ne remets pas ici en cause le
travail qui a été fait par la municipalité. Je le répète, là, je trouve que la
municipalité, qui est une municipalité de moins de 1 000 personnes,
je trouve qu'ils en ont beaucoup sur les épaules actuellement. Mais, à ce
moment-ci, le ministre pourrait demander un bureau d'audiences publiques, c'est
ce que la population de Saint-Adelphe demande.
Et le lien que j'en
fais actuellement avec le projet de loi que nous étudions, Mme la Présidente,
c'est que le ministre nous dit : J'ai besoin d'un meilleur coffre à
outils. Moi, je lui dis : Sur certains dossiers, le ministre a des outils
en main, mais il ne les utilise pas, et c'est le bout que moi, je ne saisis
pas. Le ministre pourrait aujourd'hui dire : Je vais exiger qu'il y ait un
bureau d'audiences publiques. Même pas besoin d'attendre d'aller du côté de ce
qui pourrait donner le ministère pour qu'on puisse aller de l'avant avec le
projet de Saint-Adelphe.
Et je vais aller plus
loin, même, Mme la Présidente, pour Saint-Adelphe, les bêtes, on sait très bien
qui est derrière le projet, là. On est dans de la production de porcs, donc
c'est assez facile de savoir qui est derrière le projet. Et ceux qui vont
utiliser le lisier, bien, c'est des gens qui font plutôt dans la pomme de
terre. Mais, à partir du moment où on va avoir 11 997 bêtes sur un même
terrain, je le répète, où il y a une nappe phréatique, où il y a des cours
d'eau, bien, moi, je pense que le ministre a dans sa boîte à outils la
possibilité d'exiger sur-le-champ un bureau d'audiences publiques. Et c'est ce
que les citoyens de Saint-Adelphe demandent au ministre.
Je sais qu'il y a
d'autres discussions en cours actuellement, notamment avec la MRC. Cependant,
je peux vous dire quelque chose, c'est que, là, je pense que Québec doit
rapidement aussi envoyer un signal, parce que la décision va être prise d'ici
quelques jours à peine. Alors, je crois que, lorsqu'on veut se garnir d'un plus
gros coffre à outils, encore faut-il vérifier les outils qu'on a dans le coffre
et de les mettre en place lorsque c'est... et de les utiliser... et de les
utiliser, dis-je, lorsque nécessaire.
Donc, c'est le lien
que je faisais au ministre tout à l'heure pour éclaircir un peu le tout. Mais
ce n'est pas la première fois qu'on a une problématique comme celui-là et ce
n'est pas la première fois que le ministre refuse d'utiliser l'outil. Je
reprends l'exemple de Maricourt, où il y a deux mégaporcheries qui ont vu le
jour, et, pour les mêmes raisons, avec une question de nombre, à quelques bêtes
près, là. Puis, une portée, vous le savez, là, des porcs, ça ne fait pas un
cochon à la fois. Alors, une portée et on vient de dépasser le chiffre magique,
qui est de 4 000.
Alors, pour moi, je
trouve ça charmant de pouvoir étudier un projet de loi avec le ministre
actuellement et qu'il me dise qu'il a besoin d'outils supplémentaires, mais je
lui demande d'utiliser les outils qu'il a actuellement entre les mains pour
agir dans des dossiers très concrets comme ceux-ci.
• (14 h 40) •
M. Charette :
Parce qu'on s'éloigne réellement, là, de la portée de l'article 37.
Tout simplement rassurer la collègue... Et d'ailleurs, le communiqué de presse
qu'elle a diffusé il y a quelques jours me décevait un petit peu, parce qu'elle
laissait entendre que je n'avais pas, ou que le ministère, ou le gouvernement
n'avait pas confiance au BAPE. Il n'y a jamais eu autant de mandats, au BAPE,
de donnés que sous le présent gouvernement, d'une part. Donc, c'est une
instance dans laquelle on croit. On lui a d'ailleurs donné des moyens
supplémentaires au niveau de ses effectifs pour qu'elle puisse, cette
instance-là, bien s'acquitter de ses mandats. Mais, en même temps, il y a des balises
dans la réglementation. Les promoteurs, les citoyens doivent pouvoir se référer
à ces balises-là. Et moi, je vais le dire très, très ouvertement, je serai
toujours réticent à me prévaloir à tout moment de ce pouvoir exceptionnel là
d'un BAPE qui ne serait pas fondé sur la réglementation. Il faut que les
promoteurs, il faut que les municipalités, il faut que les citoyens puissent se
reconnaître dans cette réglementation-là. Mais, à partir du moment où il y a un
processus qui doit s'enclencher, d'aucune façon on ne l'a retardé et empêché.
Comme je vous dis, il n'y a jamais eu autant de BAPE que sous le présent
gouvernement.
Et je rassure la
collègue, je l'ai mentionné tout à l'heure, ce n'est pas parce qu'il y a un
projet qui ne fait pas l'objet d'un BAPE qu'il ne doit pas respecter la
réglementation environnementale. En fait, c'est deux choses complètement,
complètement différentes. Donc, les certificats d'autorisation qui seront
nécessaires seront nécessaires pour la réalisation du projet. Les conditions
qui devront être respectées, le ministère s'assurera qu'elles sont respectées.
Donc, un BAPE ne signifie pas... ou l'absence de BAPE pour un projet x ne
signifie pas qu'un projet est soustrait à la procédure d'évaluation, bien au
contraire. En fait, on a plusieurs BAPE, oui, mais on a des... en fait, des
milliers de demandes de certificat d'autorisation à travers le ministère de
l'Environnement dont toutes ne nécessitent pas la tenue d'un BAPE. C'est plutôt
la minorité de projets qui passent par la procédure longue, que je vais
appeler, qui a comme étape préalable, avant les autorisations, la tenue d'un
BAPE.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y a-t-il
d'autres interventions, madame... monsieur... Aviez-vous d'autres
interventions, Mme la députée? Oui? Donc, parfait, ce ne sera pas long, M. le
député de...
Mme
Melançon : Ah! désolée, collègue. Juste pour finir, moi, quand
j'entends le ministre me dire qu'il sera réticent à utiliser, justement,
l'outil qu'il lui est permis d'utiliser, bien, je me dis que j'espère qu'on ne
sera pas réticent à utiliser des articles qui seront mis à notre disposition
pour les pires récidivistes. Puis j'entendais tout à l'heure, sur les pires
récidivistes : Oui, mais encore faut-il que le bien public ne soit pas trop
altéré, blablabla. À chaque fois, je sens
ça. Puis, lorsque j'entends le ministre me dire que jamais il n'y a eu autant
de BAPE qu'actuellement, bien, il y a beaucoup de projets aussi, il y a
eu beaucoup de projets, et c'est tant mieux. Mais je regardais l'agenda du BAPE pour les prochaines semaines, et c'est assez
tranquille. Donc, je l'invite à regarder cette possibilité-là,
justement, d'aller avec un bureau d'audiences publiques, parce que, si le
ministre est réticent à utiliser ce pouvoir-là, je peux vous
dire quelque chose, c'est que les citoyens de Saint-Adelphe s'attendent à ce
que le ministre ne soit pas trop réticent, parce qu'eux sont réticents à avoir
une mégaporcherie tout près de leurs terrains, et malgré le fait que ce soit
une municipalité, bien sûr, très agricole. Donc, lorsqu'on parle d'une
municipalité où les agriculteurs vivent très, très bien avec les citoyens, il y
a quelque chose de particulier et de différent de savoir qu'il y a une ferme à
grandeur ou à échelle humaine qui vienne s'installer dans notre cour versus une
mégaporcherie. Je pense que ça, tout le monde fait la distinction. Et là on
parle d'une mégaporcherie, dans un premier temps.
Dans un deuxième
temps, sur mon commentaire pour le Bureau d'audiences publiques, loin de moi
l'idée de prétendre que le Bureau d'audiences publiques, ils n'ont pas beaucoup
de travail sur leur bureau, parce que j'imagine qu'avec le tunnel caquiste on
aura, à un certain moment donné, un bureau d'audiences publiques qui va devoir
se pencher sur cet important dossier ici, dans la région de Québec. Et j'espère
que, là aussi, on donnera les coudées franches au Bureau d'audiences publiques.
Je le sais qu'il est uniquement consultatif, mais ça fait deux ans qu'on nous
dit qu'on doit se baser sur la science pour agir. J'espère que le gouvernement
en prend bonne note.
La Présidente (Mme Grondin) :
M. le député de Jonquière, à moins que M. le ministre... M. le député de
Jonquière.
M.
Gaudreault :
Oui, je voulais informer le ministre qu'on a un
producteur de miel, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
dont le miel est très bon pour les maux de gorge. J'étais un peu le pusher de
Mme Marois dans le temps, qui avait souvent ce problème-là, puis je lui en
avais amené une caisse, ça l'aidait beaucoup. Avoir su, j'aurais pu en produire
pour le ministre, mettre ça avec du gin, faire une ponce. C'est très bon pour
les chats dans la gorge, pas à l'Assemblée, évidemment, mais avant ou après les
travaux parlementaires. Donc, peut-être pour le 1er février, j'arriverai
avec une caisse de miel du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ceci étant dit, dans
le fond, le débat qu'on a sur l'article 37 est intimement relié avec
l'article 36, parce qu'on a fait un petit retour, là, dans nos travaux
d'avant les fêtes, et le critère ou l'élément clé de l'article 36, c'est
«susceptible de causer un préjudice irréparable». Là, on dit, à
l'article 37, qu'il faut que ça soit fondé sur les motifs prévus au
premier alinéa de l'article 36. Ça fait que, là, on retombe tranquillement
dans nos souliers puis dans nos sabots d'avant les fêtes.
Puis, si on a
suspendu 36... Vous me le confirmez, Mme la Présidente, on l'a bien suspendu,
36, c'est ça?
La
Présidente (Mme Grondin) : Oui.
M. Gaudreault :
Donc, on ne peut pas étudier 37 si on n'a pas réglé 36. Si on a suspendu 36, on
devait avoir des bonnes raisons. Et je ne veux pas mettre des mots dans la
bouche de la députée de Verdun, je n'aurais jamais cette prétention, mais je
crois qu'elle nous avait parlé d'un amendement possible ou potentiel. En tout
cas, c'est ce qu'on a retrouvé, nous.
Ça fait que, là,
j'essaie de voir, parce que moi, je veux bien avancer, là, mais... Moi, je n'ai
pas de problème pour qu'on puisse procéder sur 37, mais il faut qu'on ait réglé
36. Puis, si on voulait clarifier «susceptible de causer un préjudice
irréparable», ce qui n'est quand même pas banal comme expression, là... Parce
qu'il est là, le critère clé, là, c'est ce qui est susceptible de causer un préjudice
irréparable. Alors, si on a quelque chose pour avancer, moi, je vais être
heureux de ça. À moins que le ministre nous explique vraiment, dans son esprit,
quels sont les critères qui vont lui
permettre de dire que c'est susceptible de causer un préjudice irréparable et
ainsi d'en faire une recommandation au gouvernement, enclenchant le
processus de 37. Alors, moi, c'est ça, mon élément, là. Et voilà.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, M. le ministre.
M. Charette :
Merci de l'offre pour le miel du Saguenay—Lac-Saint-Jean, que j'accepte
volontiers, en espérant qu'au 1er février la situation soit corrigée, ceci
dit, mais le souvenir que j'ai, et c'est vrai que les semaines ont passé, mais
je pense qu'on a suspendu 36 justement pour étudier 37, parce que les deux sont
intimement liés. Donc, la réponse que l'on souhaitait dans 36, on l'a à 37. Et,
à partir de 38, vous regardez, c'est là où on dit... on prend en considération,
dans le fond, ce qui a été convenu dans les articles 31 à 36. Donc, 36,
37, là, c'est réellement intimement, intimement lié. Et, sauf erreur, on
l'avait suspendu pour aborder le 37. Je n'ai pas d'autre souvenir, là, de
l'objet de la suspension.
M.
Gaudreault : On peut peut-être suspendre...
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, je vais suspendre quelques
minutes. Je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
14 h 49)
(Reprise à 15 heures
)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Nous avons
convenu... En fait, je vais vérifier si nous convenons pour revenir à
l'article 36, qui était suspendu. Donc, il y a consentement pour revenir à
l'article 36?
Donc, nous aurons besoin de le relire, mais, M. le ministre, je pense que je
vous cède la parole pour l'article 36.
M. Charette : Relire le 36. Merci de
penser à ma voix de la sorte. Donc, je retourne au 36. Et je n'en fais pas le
reproche à personne, parce que ce n'est pas le plus long, donc je devrais y
arriver, donc... bien, quand même.
«36. Lorsque le ministre est d'avis qu'une
activité qu'il a autorisée en vertu de l'une des lois concernées est
susceptible de causer un préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse aux
espèces vivantes, à la santé de l'être humain ou à l'environnement en raison
d'informations nouvelles ou complémentaires devenues disponibles après la
délivrance de cette autorisation, ou à la suite d'une réévaluation des
informations existantes sur la base de connaissances scientifiques nouvelles ou
complémentaires, il peut limiter ou faire cesser cette activité ou fixer à son
égard toute norme particulière ou toute condition, restriction ou interdiction
qu'il estime nécessaire pour remédier à la situation, pour la période qu'il
fixe ou de façon permanente.
«Le ministre peut exercer le pouvoir prévu au
premier alinéa au regard d'une activité autorisée par le gouvernement en vertu
d'une loi concernée, le cas échéant. Toutefois, une telle décision est valide
pour une période d'au plus 30 jours.
«Le ministre peut également, pour les mêmes
motifs et dans la même mesure que ce qui est prévu au premier alinéa, limiter
ou faire cesser toute activité ayant fait l'objet d'une déclaration de
conformité ou qui peut être réalisée sans qu'une autorisation préalable soit requise
en application de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il peut aussi
soumettre une telle activité à toute norme particulière ou à toute condition,
restriction ou interdiction qu'il détermine.
«Une décision prise en vertu du présent article
ne donne lieu à aucune indemnité de la part de l'État et prévaut sur toute
disposition inconciliable d'une loi, d'un règlement ou d'un décret.»
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le ministre. Donc, y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Oui, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, après cette courte suspension qui nous a permis
justement d'aller relire et d'aller revoir... On avait eu une longue discussion
sur le pouvoir de limiter ou le devoir de limiter, et nous avions parlé du
préjudice irréparable. Et, lorsqu'on parle de préjudice irréparable lorsqu'il
est question d'environnement, on se disait, devant le sérieux, justement, de
cet article là... on trouvait qu'il était normal, lorsqu'on parle de préjudice
irréparable, de parler de devoir de limitation et non pas de «peut limiter».
Alors, ce que je fais comme proposition à ce
moment-ci, Mme la Présidente, c'est que je vais vous déposer un amendement
auprès de la table, que je pourrai lire à l'ensemble des collègues, et sur
lequel on pourra discuter. J'ignore si vous avez reçu l'amendement au moment où
je vous parle.
La Présidente (Mme Grondin) : Ai-je besoin de... Avez-vous tous reçu
l'amendement? Avez-vous tous eu le temps...
Donc, je vais suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 04)
(Reprise à 15 h 05)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Mme la députée de
Verdun, vous avez déposé un amendement à l'article 36. Je vous invite à en
faire la lecture, s'il vous plaît.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je vais vous faire lecture puis, par la suite, j'expliquerai
l'amendement. Alors :
«36. Lorsque le ministre est d'avis qu'une
activité qu'il a autorisée en vertu de l'une des lois concernées est
susceptible de causer un préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse aux
espèces vivantes, à la santé de l'être humain ou à l'environnement en raison
d'informations nouvelles ou complémentaires devenues disponibles après la délivrance de cette autorisation, ou à la suite
d'une réévaluation des informations existantes sur la base de
connaissances scientifiques nouvelles ou complémentaires, il doit faire cesser
cette activité.
«Il peut par la suite limiter son autorisation
ou fixer à son égard toute norme particulière ou toute condition, restriction
ou interdiction qu'il estime nécessaire pour remédier à la situation pour la
période qu'il fixe ou de façon permanente.»
Alors,
l'idée, dans l'amendement, Mme la Présidente, c'est qu'on a scindé, dans le
fond, le paragraphe en deux.
D'abord, lorsqu'il est question d'un préjudice
irréparable ou atteinte sérieuse aux espèces vivantes — on
avait parlé de biodiversité, là, ça me revient bien, en décembre dernier, donc,
pour les espèces vivantes — pour
la santé de l'être humain ou à
l'environnement en raison de nouvelles informations ou des informations
complémentaires devenues disponibles, ce
qu'on se disait, c'est : Comme le préjudice, il est irréparable, on doit
le faire cesser immédiatement. Et, par la suite, il y a d'autres
prérogatives qui appartiennent au ministre. On les fera, mais on doit cesser
sur-le-champ, puisque c'est dit et c'est nommé, «préjudice irréparable».
Et, lorsqu'on parle
d'«irréparable» quand on parle d'environnement, quand on parle de biodiversité,
lorsqu'on parle des espèces vivantes quand on parle de la santé de l'être
humain, je pense qu'on se doit, comme législateurs, bien
sûr, mais aussi comme gouvernement, de faire cesser immédiatement... Puis, pour
le reste, bien, on verra pour la suite.
C'est exactement
l'esprit dans lequel je présente cet amendement, parce qu'on se doit, très,
très, très rapidement, d'agir. Puis je me rappelle des exemples qu'on nous
avait donnés, là, lorsqu'on était à l'étude de l'article 36. Donc, je
pense qu'il est intéressant et important qu'on puisse aller de l'avant, mais
avec un devoir et non pas avec un pouvoir.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Avec le consentement des collègues, je demanderais au
sous-ministre adjoint et à la juriste de mettre en contexte l'article 36
et pourquoi, malheureusement, l'amendement de la collègue, là, poserait
problème. Je pense, il faut... parce que c'est vrai que les semaines ont passé,
là, peut-être juste revenir un petit peu sur le pourquoi de cet article-là, et
ça nous permettra de mieux comprendre pourquoi, malheureusement, là, le «doit»
et le «peut» ont une portée très différente et le «peut» devient nécessaire. Et
les explications des collègues, là, pourraient être éclairantes, je le pense.
La Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc, j'ai consentement pour qu'il y
ait... Et donc nous commençons par Me Grignon, j'imagine? Allez-y.
• (15 h 10) •
Mme Grignon
(Karine) : Oui. Alors, l'article 36, en fait, c'est vraiment une
combinaison de facteurs, là. Donc, on ne peut pas uniquement le lire en
fonction du préjudice irréparable ou de l'atteinte sérieuse. Donc, c'est une
combinaison avec le fait qu'on a une information nouvelle ou des connaissances
scientifiques qui sont maintenant disponibles ou qui ne l'étaient peut-être pas
à l'époque, là. Donc, c'est cette combinaison-là qui fait en sorte qu'on peut
intervenir.
Et puis ça le distingue
des autres outils, autant 36 qu'à 37, parce que, là, on a déjà une autorisation
qui a été délivrée. Donc, il y a déjà une analyse qui a été faite à un certain
moment donné, et cette analyse-là fait en sorte que le projet était acceptable
sur le plan environnemental, et là on décide de changer d'idée. Donc, c'est ce
caractère un petit peu exceptionnel, là, qui fait en sorte que ce n'est pas
dans n'importe quelle circonstance que le ministre va pouvoir revenir jouer
dans une autorisation qu'il a déjà délivrée pour faire cesser ou pour émettre
des conditions supplémentaires, c'est uniquement dans ce cadre-là qui est fixé
à 36 pour, quand même, garantir une certaine sécurité à ceux qui ont obtenu
valablement leur autorisation aussi, là, sur la base des connaissances de
l'époque, là, qui s'appliquaient à l'égard
de leur projet, puis qui était conforme, là, à ce moment-là. Donc, c'est
vraiment cet ensemble de critères là qui doit s'appliquer.
Puis, peut-être pour
revenir sur la notion de préjudice irréparable, là, c'est vraiment... c'est une
petite coche au-dessus du simple préjudice, donc un préjudice qui ne peut pas
être compensé notamment avec des dommages et intérêts.
Là, on peut penser que c'est ce que ça veut dire, là, comme terme, mais
effectivement ça reste une expression susceptible d'interprétation, là,
mais qui est un petit peu plus contraignante, effectivement, qu'un simple
préjudice.
Peut-être que le
sous-ministre peut donner des exemples?
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, M. le
sous-ministre, je vous invite à vous présenter, s'il vous plaît.
M.
Rousseau (Michel) : Oui, Michel Rousseau,
sous-ministre adjoint.
En
fait, je vais compléter rapidement en disant qu'un tel article, si on y mettait
un automatisme, là, c'est-à-dire un «doit»,
c'est-à-dire, systématiquement, faire des choses, ça m'apparaît être un article
qui n'est vraiment pas approprié pour ça, parce que, comme a dit Me
Grignon, il y a vraiment beaucoup d'éléments qui vont être à considérer. C'est
un droit qui a déjà été donné dans une autorisation.
Donc, pour en arriver
à une telle décision, il y a beaucoup d'éléments à analyser. Et, si on y va
vers un automatisme, c'est clair, clair que ça va être très difficile à gérer
et ça va être contesté dès le premier cas, parce qu'à mon avis on ne peut pas
mettre un automatisme dans quelque chose qui demande une analyse à la fois
scientifique, mais aussi contextuelle, aussi complexe, parce que, dans bien des
cas, pour un même dossier, on pourrait décider qu'on va en ordonnance. On pourrait décider qu'on va en révocation
d'autorisation. On pourrait décider qu'on va au tribunal pour une amende
très élevée avec une demande d'ordre de la cour.
Bref, il y a
plusieurs options, et d'y mettre un automatisme, malheureusement, je pense, pour
un tel cas, là, avec tous les enjeux que ça amène, je ne vois pas comment on
pourrait appliquer ça.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée
de Verdun.
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Bien, le vrai défaut, alors c'est
l'article lui-même, parce que, là,
j'entends : C'est la combinaison... Je comprends très, très bien, Me
Grignon et M. le sous-ministre, ce que vous tentez de souligner ici. Et,
je me rappelle, le bon papier puis le bon crayon ont toujours encore leur
utilité... parce qu'on avait parlé justement
des pesticides dans les milieux humides. C'était l'exemple que M. Rousseau
nous avait donné. Notamment, on a plus de connaissances sur les
pesticides, sur les milieux humides, puis l'amalgame de tout ça peut faire
qu'il peut y avoir un préjudice irréparable.
Mais là on ne dit pas
«un préjudice», on parle de «préjudice irréparable». Ce n'est pas moi qui a
écrit l'article, là, c'est de votre côté. Donc, s'il est irréparable, je ne
comprends pas qu'on laisse une certaine mollesse dans... C'est là où on avait l'inquiétude... Et,
je me rappelle, le député de Jonquière avait aussi questionné à ce
moment-là le ministre sur le préjudice irréparable et une atteinte sérieuse aux
espèces vivantes, et c'est là où on se disait : Le «peut» ou le «doit»...
mais il peut limiter ou faire... il peut cesser cette activité. Si c'est
irréparable puis si on peut juste faire cesser l'activité, je ne sais pas, moi,
je pense que...
J'aimerais savoir
pourquoi on y est allés aussi fort au début. Tu sais, je n'ai pas envie que cet
article-là devienne un show de boucane, là, tu sais, en se disant : Oui,
tu sais, devant un préjudice irréparable, bien, peut être qu'on pourrait sortir
quelque chose de gros pour faire face à cette terrible menace. Non, non, est ce
qu'on peut... La menace est terrible, il y a un préjudice irréparable, il y a
une atteinte sérieuse aux espèces vivantes, on l'applique, on fait cesser.
Puis, pour la suite des choses, comme on l'a écrit à l'intérieur de ce que j'ai
déposé comme amendement, bien : «Il
peut par la suite limiter son autorisation [...] fixer à son égard toute norme
particulière ou toute condition...» Ça viendra par la suite, mais,
sur-le-champ, de faire arrêter l'activité ou... En tout cas, la connaissance...
Parce qu'on a justement la science de notre côté, les connaissances, les
nouveautés, moi, je ne pense pas qu'on doive, devant la gravité de la
situation, accoucher d'une souris. C'est en ce sens là où on faisait la
proposition.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
On apprécie la proposition, mais je pense que les explications des collègues
ont toutes leur pertinence. Et, je réitère,
d'emblée, je ne suis pas juriste, mais je comprends aisément que, lorsqu'il y a
une problématique qui se pose, on
veut regarder quelle est la mesure la plus adéquate pour y répondre, et c'est
là où, tantôt, il y a possibilité de retrait d'autorisation, tantôt, il
peut y avoir une ordonnance, tantôt...
Donc, déjà, à travers
un article de projet de loi, dire : Vous ne regardez pas toutes les
options que vous avez à votre disposition, vous choisissez telle option, c'est
là où ça va nous empêcher de répondre de façon personnalisée à la situation qui
se pose, parce que la solution ne peut pas être la même à toutes les
problématiques. Donc, il faut se garder cette capacité de piger dans notre
bouquet de mesures pour retenir la plus adéquate et sur une base juridique. Et
on le voit, là, peu importe l'étude du projet de loi, le «peut» et le «doit»,
c'est une distinction qui est nécessaire dans les circonstances pour s'assurer
de retenir la bonne action.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : J'ai une question à ce moment-ci, parce que, dans le
commentaire, c'est bien indiqué que «cet article reprend le contenu des
articles 115.10.1 et 115.10.3 de la LQE [qui vise] à prévoir différentes
situations pour lesquelles le ministre serait justifié d'intervenir sur une
autorisation déjà délivrée en raison de nouvelles informations portées à sa
connaissance et lorsqu'un préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse est
susceptible de se produire». Si je me rappelle bien, le sous-ministre nous
avait dit, en décembre dernier, qu'elle n'avait jamais été utilisée. On n'avait
pas utilisé... C'est bien le cas?
M. Charette :
C'est le cas, effectivement.
Mme
Melançon : Donc, si c'est bel et bien le cas, puis, quand on me dit,
bien, qu'on pourrait utiliser un «peut» au
lieu d'un «doit», moi, je pense que, si ça n'a pas été utilisé, c'est parce que
c'est tellement grave, justement, qu'on doit aller un peu plus loin. On ne l'a jamais utilisé. Je pense que
c'est pour une raison qui est claire, et, de sortir les dents sur un
article comme celui-là, je pense que c'est nécessaire plus que jamais. Je
tiendrais quand même mon bout, parce que le préjudice irréparable, tu sais, ce
n'est pas moi qui l'a écrit, là, ça vient directement du gouvernement.
Et je peux juste
rappeler aux ministres, et je le fais vraiment avec un sourire dans la voix,
mais moi, je me rappelle d'Agnès Maltais, qui, en commission parlementaire, sur
le «peut» et sur le «doit», là... je me souviens d'Agnès Maltais, du Parti
québécois, qui nous avait dit : Bien, c'est parce qu'à un moment donné
quand on est le gouvernement, là, ça se peut qu'on puisse se donner tous les
pouvoirs d'agir quand c'est grave, puis c'est pour ça qu'on doit pouvoir et non
pas devoir ou de ne pas devoir plutôt que de pouvoir.
Et je me rappellerai
toujours de cet enseignement-là en me disant : Bien, c'est vrai, à un
moment donné, là, il faut arrêter de tourner autour du pot puis il faut pouvoir
trancher. Je ne suis pas légiste, moi non plus, M. le ministre. Bien sûr qu'à
un moment donné je ne veux pas casser la branche avant même qu'un oiseau s'y
soit posé, mais, quand même, on doit, à un moment donné, dire que... Si le
préjudice est irréparable et si c'est une atteinte sérieuse à l'être humain puis aux espèces vivantes, à un moment
donné, il va falloir dire : Non, non, on veut devoir limiter sur-le-champ
au lieu de pouvoir, qui est beaucoup plus...
Mais, vous savez, je
ne passerai pas jusqu'à six heures sur le «peut» ou sur le «doit», là, je
rassure le ministre de ce pas. Mais moi, je tiens à... Je tenais à déposer
l'amendement, parce que, très honnêtement, je pense que, devant l'importance
puis de la façon dont c'est rédigé, de la façon... Même la face de
l'article 36 nous démontre le sérieux d'une prise en considération où, à
un moment donné, il arrive quelque chose, on cause un préjudice irréparable, il
y a une atteinte sérieuse aux espèces
vivantes, puis tout ça parce qu'on a de la nouvelle information basée sur la
science, par exemple, qui nous
arrive. Bien, on va arrêter de dire, bien, que, peut-être, on va pouvoir...
non, non, on va devoir. Voilà.
• (15 h 20) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre.
M. Charette : Dans une situation
comme celle-ci, je pense qu'il faut se fier à l'expérience, justement, là, de
l'équipe de légistes qui nous accompagne. On me rappelait, à juste titre :
C'est une disposition qui n'a jamais été utilisée, c'est
vrai, mais c'est une disposition qui est relativement jeune encore. Donc, ce
n'est pas quelque chose, là, qui est dans les cartons, comme option, depuis des
années et des années.
Et sinon, sans répéter tout ce qui a été
mentionné, on ne peut pas, sans même connaître le pourquoi, déterminer quelle sera la sanction. Il faut
pouvoir évaluer en fonction d'une situation. Encore une fois, on est à 36.
Donc, on est dans une situation où il y a une autorisation qui a déjà été
donnée. Donc, si on la retire sans pouvoir la justifier et sans pouvoir
déterminer quelle serait la conséquence, bien oui, on s'ouvre et on s'expose à
des contestations qui, potentiellement, vont retarder encore davantage l'action
ou la correction qui doit être apportée.
Mais je comprends le principe. Et disons-nous ou,
sinon, rappelons-nous, le projet de loi n° 102,
qu'est-ce qu'il veut. Ce n'est pas un projet de loi qui vise à atténuer les
mesures environnementales ou qui vise à assouplir la réglementation. Au
contraire, c'est un projet de renforcement qui nous donne des outils, mais, à
chacune des fois, il faudra en retenir le bon outil parmi les possibilités, là,
que nous avons.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée de Verdun, est-ce que vous
souhaitez... Donc, oui?
Mme Melançon : Moi, je veux
simplement rappeler au ministre qu'à ce moment-ci c'est pour ça qu'on a divisé
justement l'article en deux, parce qu'il disait : Il faut justifier... il
faut aller avec les conséquences par la suite. On est d'accord. Nous, ce qu'on
dit surtout, c'est de faire cesser sur-le-champ ce qui est fait, ou ce qui
n'est pas bien fait, ou ce qui n'est plus bien fait à la lecture de ce qu'on a
en sciences. Puis, par la suite, y aller avec la justification et les
conséquences, ça vient dans un deuxième temps. Mais, pour nous, ce qui est
important, c'est de faire cesser sur-le-champ l'activité qui cause un
préjudice, je le rappelle, irréparable et une atteinte sérieuse aux espèces
vivantes.
Quant aux légistes, je veux juste rassurer le
ministre, moi, je fais totalement confiance à Me Grignon ou aux légistes qui
sont aussi autour du ministère. Mais je veux quand même rappeler une chose au
ministre, c'est qu'à un moment donné le pouvoir politique... Donc, c'est dans
la volonté politique aussi, là... J'étais avec le ministre de la Justice, pour
le tribunal spécialisé pour les victimes de violences sexuelles et de violences
conjugales, avant les fêtes, justement, et je me souviens d'une réponse du
ministre de la Justice, qui m'a dit : Ça ne se peut pas, ça ne se peut pas,
les légistes me disent : C'est impossible. On a voté sur un amendement.
J'ai voté contre l'amendement. Et, vous savez quoi, le lendemain, le ministre a
retiré l'amendement qui avait été voté et qui avait été gagné par la banquette
ministérielle, pour dire : Bien, finalement, là, on peut aller un peu plus
loin.
Je veux juste rappeler, bien sûr... Et je le
redis, là, puis Me Grignon voit très bien le sourire dans mon oeil, j'ai
totalement confiance. Mais, à un moment donné, ça prend aussi la volonté
politique d'aller peut-être un peu plus loin, et c'est en ce sens-là où je
déposais l'amendement. Je comprends donc que cet amendement-là sera sans doute
battu par la banquette ministérielle, mais je tenais tout de même à déposer
celui-ci, parce que, devant le sérieux de la chose, devant les préjudices...
Puis, je le
répète, là, c'est quand même... L'article est existant depuis 2017, donc ça
fait cinq ans, et, en cinq ans, n'a pas été utilisé. Je ne pense pas que
ça devienne une habitude non plus. Mais je pense qu'on doit faire cesser au
lieu de pouvoir faire cesser. Je pense qu'on a un devoir à exercer sur-le-champ
lorsque c'est su et connu. Alors, voilà, je vais m'arrêter ici, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Je ne
serai pas long, simplement pour dire que nous, on va appuyer la motion
d'amendement déposée par la députée
de Verdun pour les mêmes motifs que la députée a énoncés, à l'effet que, si
c'est un préjudice qui est irréparable
en matière d'environnement, bien, effectivement, il faut agir immédiatement. Je
pense qu'on est rendus là. Je pense qu'on est rendus là quand on regarde
tout ce qui se passe à l'échelle de l'environnement à bien des égards. Une
espèce en voie de disparition qui disparaît, bien, c'est irréparable puis elle
ne réapparaîtra pas. Alors, moi, je pense qu'il faut faire un tour de vis
supplémentaire. Donc, nous, on va appuyer, effectivement, cet amendement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Donc, il n'y a pas d'autre
intervention. Nous allons donc... Est-ce que l'amendement déposé est adopté?
Une voix : ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Refusé?
Mme Melançon : On peut demander un
vote par appel nominal, s'il vous plaît, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, Mme la députée. Donc, M. le secrétaire, s'il
vous plaît, un vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
Le Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette :
Contre.
Le Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
Le Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M.
Reid : Contre.
Le Secrétaire : Mme Proulx
(Côte-du-Sud)?
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Contre.
Le Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
Le Secrétaire : M. Gaudreault
(Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
Le Secrétaire : Et Mme Grondin
(Argenteuil)?
La Présidente (Mme
Grondin) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Nous
revenons à l'article 36. Y a-t-il d'autres interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, bien, moi, ce
que je remarque par l'article 36, c'est, quand même, qu'il permet, à la
suite d'une réévaluation des informations existantes sur la base de
connaissances scientifiques, nouvelles ou complémentaires, bon, de limiter ou
de faire cesser l'activité, et que ceci ne donne lieu à aucune indemnité.
Aucune indemnité. Ça veut dire qu'il peut y avoir eu une autorisation.
Entre-temps, il y a une évolution des connaissances scientifiques. Le ministre
agit, au fond, rétroactivement pour modifier, voire cesser l'autorisation ou
l'activité, et ça ne donne lieu à aucune indemnité.
Je ne sais pas si je dois répéter la mécanique,
là, mais j'aimerais que le ministre explique ça à son collègue de l'Énergie et
Ressources naturelles, qui doit présenter un projet de loi, prochainement, sur
la fin de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures. Donc, la
mécanique, sans indemnité et avec une action rétroactive, existe en vertu des
articles 115.10... l'article 115.10.3 et également le 115.10.1.
Alors, on va évidemment s'en inspirer pour nos actions législatives futures.
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 36? Donc, est-ce que l'article 36 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, l'article 36 est adopté. Nous poursuivons
avec l'article 37. En fait, M. le ministre, vous l'avez déjà lu. Y a-t-il
des interventions sur l'article 37? M. le député de Jonquière.
• (15 h 30) •
M. Gaudreault : Ça fait que, là, on
a rétropédalé un peu. On a retourné sur 36, qu'on avait suspendu, que,
finalement, on a adopté. Et la différence ici, c'est pour permettre de couvrir
les actions non pas seulement permises, ou autorisées, ou qui relèvent du
pouvoir du ministre, mais c'est un peu la même chose que 36, mais pour les
décisions gouvernementales. C'est ce que je comprends.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre, oui.
M. Charette : Oui. En fait, la
compréhension est exacte.
La Présidente (Mme
Grondin) : La compréhension est exacte.
Donc, y a-t-il... M. le député de Jonquière, ça
va?
M. Gaudreault : Ça va.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 37 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, l'article 37 est être... adopté,
pardon. Nous poursuivons avec l'article 38. M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. «Avant de prendre...» Donc, 38 :
«Avant de prendre une décision en vertu de l'un
des articles 31 à 36, le ministre doit notifier à la personne visée le
préavis prescrit à l'article 5 de la Loi sur la justice administrative et
lui accorder un délai d'au moins 15 jours pour présenter ses observations.
«Également, avant de recommander au gouvernement
de prendre une décision en vertu de ces articles ou de l'article 37, le
ministre doit accorder au demandeur ou au titulaire de l'autorisation un délai
d'au moins 15 jours pour présenter ses observations écrites.
«Malgré les premier et deuxième alinéas, le
gouvernement ou le ministre peut prendre une décision sans notifier au
préalable le préavis prescrit lorsque la décision est prise dans un contexte
d'urgence ou en vue d'éviter qu'un préjudice sérieux ou irréparable soit causé
à l'être humain, aux écosystèmes, aux [...] espèces vivantes, à l'environnement
ou aux biens. Toutefois, la personne à qui est notifiée une telle décision
peut, dans le délai qui est indiqué, présenter ses observations pour en
permettre le réexamen.»
Cet article reprend le contenu de l'article 115.11
de la Loi sur la qualité de l'environnement. Il prévoit l'obligation, pour le
ministre, de transmettre un avis préalable à la personne visée avant de lui
imposer une mesure prévue par les articles 31 à 36.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Là, on va rejouer
encore dans les mêmes mots que tout à l'heure. Puis je pense que je pourrais
donner un peu de temps au ministre parce que je pense que ça va être important
qu'il puisse bien entendre le propos ici, là. Mais, pour moi, quand c'est
irréparable, ça devient urgent. Et là, à ma compréhension, donc, c'est l'article 37, donc celui qui appartient,
donc, au gouvernement, c'était la lecture qu'a demandée le député de
Jonquière au ministre, donc, notre
compréhension était bonne, c'était pour le gouvernement à ce moment-ci. Donc,
si c'est irréparable, pour moi, ça devient urgent. Et, si c'est urgent,
bien, il ne faut pas attendre 15 jours.
Ça revient un peu... On revient un peu à
l'article et à l'amendement que je proposais tout à l'heure : Quand c'est
irréparable, on devrait arrêter sur-le-champ. Et l'irréparable, pour moi, il
est urgent.
Alors, ici, on a fait une deuxième lecture où on
dit qu'«irréparable» et «urgent», ça ne va pas nécessairement ensemble. Je
pense que, comme citoyenne, avant même d'être législatrice, là, mais comme
citoyenne, à partir du moment où une situation devient irréparable et, à un
moment donné, lorsqu'on s'aperçoit que le préjudice est irréparable et qu'on
peut atteindre... il peut y avoir une atteinte sérieuse aux espèces vivantes,
bien, je ne comprends pas pourquoi ça prend, en plus de ça, un délai de
15 jours pour présenter des observations.
J'aimerais bien qu'on puisse m'expliquer la
différence ou, en tout cas, la lecture juridique entre «irréparable» et
«urgent», parce que, pour moi, ça va de pair.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre, allez-y.
M.
Charette : Merci, Mme la
Présidente. 38 est un... En fait, tout ce bloc-là se complète. On peut
difficilement isoler un article sans prendre en considération, là, les autres
articles, là, qui les complètent. Et, en temps normal, s'il y a un retrait ou
s'il y a une décision qui remet en question l'autorisation donnée, il y a un
délai de 15 jours qui est donné à la partie fautive pour donner sa version
des faits et peut-être apporter des éléments nouveaux qui avaient pu ne pas
être à la portée, là, du ministère.
Cependant, ça le dit, c'est là où ça complète
37 : quand la situation, elle est à ce point grave, bien, il ne l'a plus,
ce délai de 15 jours là. Et c'est signifié et transmis, là, sans délai
supplémentaire pour réponse auprès de la partie fautive. Donc, 38 nous donne le
moyen, là. Il y a un recours. De toutes les façons, il y a un recours de
15 jours. Mais, dans certains cas, si la situation est à ce point
importante, c'est ce recours-là de 15 jours, là, qui est enlevé à la
partie fautive, en quelque sorte.
La Présidente (Mme Grondin) :
Mme la députée.
Mme Melançon : Ce que je ne
comprends pas, c'est que, lorsqu'on parle — et je vais reprendre ce qui
est exactement dans les articles, là — de préjudice irréparable,
pour moi, il y a une notion d'urgence à partir du moment où on parle d'un
préjudice irréparable. Pour moi, ça va de pair.
Donc, je ne
comprends pas qu'on parle de préjudice irréparable puis que, plus loin, on dit,
bien : Mais, s'il y a une urgence, là, on n'a plus besoin du
15 jours. À partir du moment où il y a un préjudice irréparable, il y a
une urgence. Moi, je ne vois pas autrement
la lecture qu'on peut en faire ici, là. Je ne comprends pas. Et c'est parce
que, justement, il y a préjudice irréparable qu'on vient se doter de
l'article 36, là, et qu'on vient se doter de l'article 37. Mais, pour
moi, le préjudice irréparable, il y a urgence. Donc, je ne comprends pas en
quoi...
Et donnez-moi
un exemple comme quoi il y a un préjudice irréparable, mais que ce n'est pas
urgent. C'est ce que je demanderais,
dans le fond. Donnez-moi des exemples, s'il vous plaît, d'un préjudice
irréparable où il n'y a pas urgence.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, M. Rousseau, vous pouvez y aller.
M. Rousseau (Michel) : Effectivement, quand
on parle de préjudice grave, irréparable, atteinte sérieuse, c'est souvent,
effectivement, relié à un évènement qui peut se dérouler, qui est urgent, mais
ce n'est pas toujours le cas. Et là, des exemples, il faut faire attention. Mais
supposons qu'il y a un milieu qu'on a autorisé de détruire, et avec des compensations, puis que, finalement, on
se rend compte que l'autorisation, avec la science, les connaissances,
on ne ferait plus la même chose, puis on doit corriger l'autorisation, on
pourrait procéder comme ça avec un avis préalable si, par exemple, ces
travaux-là ne peuvent pas se faire avant le printemps. Ça se peut qu'une
autorisation soit en vigueur, mais que la personne n'a pas l'intention de
l'utiliser demain matin. Mais on sait qu'il l'a entre les mains puis on veut
revenir en arrière. Ça ne veut pas nécessairement dire qu'on ne peut pas
prendre le deux semaines pour lui faire un avis préalable, là.
Donc, le caractère
urgent, c'est quand il y a quelque chose qui va se passer dans les prochains
jours, il y a des travaux qui vont se faire dans les prochains jours et il y a
des autorisations qu'on voudrait revenir en arrière qui ne vont pas
nécessairement être utilisées dans les prochains jours. C'est pour ça qu'il
peut y avoir une différence et c'est pour ça que, dans certains cas, il
pourrait y avoir un préavis. Et ça ne poserait pas de problème, même si c'est
grave, irréparable, et tout ça, parce qu'il n'y a pas de risque que ça soit
fait dans les prochains jours. Ça arrive. Encore là, c'est... on est dans
l'exception d'exception, mais c'est clair que ça peut arriver.
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. Mme la députée de Verdun.
• (15 h 40) •
Mme
Melançon : L'exemple est bon. Puis je revois certains processus au
moment où j'avais moi-même à exercer le travail de ministre. Cependant,
cependant, moi, le 15 jours me fait quand même craindre, parce qu'on le
sait il y en a qui sont pleins de bonnes intentions, mais ce n'est pas tout le
monde qui est avec des bonnes intentions. Puis j'ai bien peur qu'à partir du
moment où on soulève puis... qu'il y ait des travaux qui puissent être faits
durant la nuit. Mais je comprends que, là, on ira avec le motif d'urgence.
Mais je trouve qu'à
partir du moment où on a un principe de précaution, de précaution, à mettre sur
la table je ne comprends pas pourquoi la
notion d'urgence n'est pas, à ce moment-là, déjà là puisqu'on parle
malheureusement de préjudice irréparable, puis on ne peut pas revenir en
arrière, puis on parle de la santé publique, on parle, à ce moment-ci, de biodiversité. Là, on parlait de
milieux humides avec l'exemple qui a été donné par le sous-ministre,
mais, pour moi, lorsque c'est irréparable,
c'est urgent. Et surtout que ça s'adresse uniquement aux décisions gouvernementales,
pas à celles du ministre.
Alors,
comment est-ce qu'on explique que ce ne soit que pour les décisions qui
appartiennent au gouvernement et non pas aux décisions... comme le veut
l'article 37, celles qui s'adressent au ministre?
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le ministre.
M. Charette :
La notion du 15 jours, c'est une notion, là, qui se retrouve dans les
grands principes de la justice administrative. Ce n'est pas un droit que l'on
peut enlever ou qu'on ne peut pas considérer avec le plus grand des sérieux. On
est dans un système de justice où les personnes ont la possibilité de se faire
entendre. Donc, le 15 jours, il n'est pas propre à l'environnement, il
n'est pas propre... Lorsqu'il y a un recours, la personne a droit à sa défense.
Donc, ce n'est pas propre au projet de loi qui est actuellement à l'étude.
Mais, malgré tout ça, même s'il y a ce droit-là qui est reconnu, dans certaines
circonstances exceptionnelles, on s'entend, on peut ne pas accorder ce
15 jours là parce que la situation commande une réponse, là, qui ne
pourrait pas attendre ce délai-là. Mais le 15 jours, il est... C'est un
principe de justice. Une personne qui est mise en cause a droit de faire valoir
ses arguments et apporter peut-être un éclairage qui est nouveau pour mieux
comprendre une situation.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme
Melançon : J'aurais donc une question au ministre à ce
moment-ci : Qui va déterminer que ce principe de justice là tombe parce
qu'il y a urgence?
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, allez. Me Grignon? C'est ça,
oui? Allez-y.
Mme Grignon
(Karine) : Bien, c'est la personne qui décide, là, évidemment, là.
Donc, en vertu de la Loi sur la justice administrative, c'est une obligation
qui est faite aux ministères et organismes, en fait, qui prennent des
décisions. Donc, on reprend uniquement ce qui est déjà écrit dans une autre
loi, là, c'est l'article 5 de la Loi sur la justice administrative.
Donc, pour répondre à
cette obligation là, ici, on a fixé un préavis, l'envoi d'un préavis de
15 jours avec les mêmes possibilités d'agir sans préavis, là, dans des cas
d'urgence, là. Puis c'est la personne qui va prendre la décision qui va évaluer
si on est bel et bien dans une situation d'urgence à ce moment-là.
Mme
Melançon : La question, c'est : Qui est cette personne-là?
Mme Grignon
(Karine) : Bien, ça peut être le ministre qui a à prendre cette
décision-là. Ça peut être le gouvernement, comme on l'a vu à l'article 37,
qui a à prendre la décision, là, selon à qui appartient la décision de
suspendre un permis, d'émettre une autorisation avec des conditions, là, selon
les différents pouvoirs, là, qu'on a vus aux articles 31 à 37, à ce
moment-là.
Mme Melançon : En
tout respect, Mme la Présidente, pour moi, à partir du moment où... Puis
j'entendais le ministre dire : Bien, il y a un principe de justice.
J'adhère à tout ça, là, je n'ai pas de problème avec ça. Mais, à partir du
moment où c'est irréparable, pour moi, l'urgence se fait déjà entendre. Et de
savoir ou de ne pas savoir qui va...
Parce qu'on est prêts à l'enlever, ce
15 jours là, si c'est urgent. Mais, à partir du moment où on a un... C'est
plus qu'un principe de précaution, à ce moment-ci, parce qu'on est à
l'intérieur de préjudices irréparables faits à l'environnement. Et j'entendais
très bien le sous-ministre, tout à l'heure, nous dire : Bien, peut-être
qu'il y a des travaux qui peuvent ne pas s'effectuer en hiver, puis ils savent
qu'ils vont être obligés d'attendre au printemps, on va leur donner le
15 jours, mais les autres, non, puis que ça reste, encore une fois, très
aléatoire, aléatoire, puis au bon vouloir de la personne qui prendra aussi la
décision à la lecture... Puis entendez-moi bien, là, M. le ministre, si c'est
vous qui prenez la décision... Vous savez, il n'y a pas de problème à partir du
moment où on sait qui va prendre la décision, pourquoi va être prise la
décision et... Sauf qu'il y a une urgence, et l'urgence est bien notée, puis
c'est pourquoi on arrive avec l'article 38. Je trouve ça quand même
fastidieux.
Puis ce n'est pas la première fois, là, qu'on a
ce même genre de discussion, là, à savoir : Qui va prendre la décision?
Bien, c'est un peu... Tu sais, c'est ça, ce n'est pas clair. Le processus n'est
pas nécessairement clairement établi. J'accepte, bien sûr, un principe de
justice pour les entreprises ou les gens qui vont devoir faire arrêter ou
stopper des travaux, mais encore faudrait-il que ce soit un peu plus clair. Je
comprends bien la volonté derrière tout ça, là, mais le 15 jours, moi, je
trouve ça plutôt long, surtout lorsqu'on parle, ici, de situations d'urgence,
parce que, si c'est irréparable, pour moi, c'est urgent. Si c'est urgent, bien,
qu'on l'applique sans le 15 jours nécessaires.
La Présidente (Mme
Grondin) : Souhaitez-vous intervenir, M. le ministre?
M. Charette : En fait, encore là,
c'est un domaine qui a, comment dire... Il y a une certaine jurisprudence. Il y a des enjeux légaux à tout ça. Si on ne se
protège pas, on ne fait que se vulnérabiliser par rapport à d'éventuels
recours, puis c'est ce qu'on veut éviter. Et comment l'éviter? C'est de prendre
la bonne approche selon la situation qui se présente
à nous. Moi, la dernière chose que je veux lorsqu'il y a une situation qui doit
être corrigée, c'est que la partie fautive multiplie les recours
judiciaires. Ça ne fait que retarder la mise en place de la solution.
Donc, c'est pour ça que c'est formulé comme ça.
C'est pour ça que 37 était formulé comme ça aussi, pour ne pas se rendre
vulnérable par rapport à des recours qui pourraient nous exposer, qui
n'auraient comme conséquence qu'à ajouter des nouveaux délais, là. Donc, c'est
la raison pour laquelle on se protège de cette façon-là, mais en se donnant
tout de même des moyens nouveaux qui correspondront à la bonne solution pour
une problématique qui pourrait se présenter, là, à l'avenir.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va, Mme la députée de Verdun? Y a-t-il d'autres
interventions? Non? Ça va? Est-ce que l'article 38 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. L'article 39. M. le
ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, 39 :
«Une décision prise en vertu du présent chapitre
doit être notifiée à la personne concernée. Lorsqu'elle concerne une décision
prise par le ministre en vertu des articles 31 à 36, l'avis de
notification doit comprendre une mention quant au droit de cette personne de
contester la décision devant le Tribunal administratif du Québec et du délai
pour exercer ce recours.»
Le commentaire. Cet article précise les
modalités applicables à la notification d'une décision prise en vertu du
chapitre IV. Elle reprend une partie du contenu de l'article 118.14
de la Loi sur la qualité de l'environnement pour les fins d'application de la
nouvelle loi.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Merci. Alors, comme
on a vu au 38, là, on a des délais. Est-ce qu'il y a des délais ici quant à
l'avis notification qui est donnée par le ministre?
La Présidente (Mme
Grondin) : ...Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui. En fait,
c'est quand le préavis de 15 jours est transmis, conformément à
l'article 38. Après ça, il n'y a pas de délai officiel qui s'applique, là.
Donc, la décision peut être tout simplement notifiée à la personne, en autant
que l'autre phrase, là, qui concerne l'obligation de mentionner le recours au
TAQ, soit précisée dans l'avis, dans la décision, dans l'avis qui va notifier
la décision en tant que telle, là. Donc, on envoie la décision à l'administrée
et on lui précise qu'elle peut contester devant le Tribunal administratif du
Québec.
Mme Melançon : Et, à ce moment-là,
la personne, la personne concernée, le délai pour exercer son recours, il est
de combien de temps?
• (15 h 50) •
Mme Grignon
(Karine) : Oui, on va le voir un petit peu plus loin, dans les
dispositions qui concernent le TAQ, là. Pour contester, normalement, c'est un
délai de 30 jours.
Mme Melançon : Bien, vous voyez,
c'est ça, c'est ça le point, dans le fond, Mme la Présidente. C'est que, si on
est toujours dans l'urgence, parce que, dans l'article 31 à 36, là, on est
dans les articles dont on parlait tout à l'heure avec... le préjudice est
irréparable, «lorsque le ministre est d'avis qu'une activité qu'il a autorisée
en vertu de l'une des lois concernées est susceptible de causer un préjudice
irréparable», je le rappelle, et là on nous dit ici qu'il va y avoir des
délais, et, à ce délai-là, pour exercer son retour, on parle d'une trentaine de
jours, la notion d'urgence, à ce moment-là, on comprend qu'on est rendus à plus
qu'un mois et demi. Je trouve ça... Puis là on n'a pas de décision encore du TAQ qui est donnée. Je trouve
ça extrêmement long. Ça revient un peu à mon point de tout à l'heure en parlant d'une urgence : si c'est irréparable,
c'est urgent. Et là, bien, avec les dates, donc le 15 jours plus le
30 jours...
Moi, j'aurais
besoin, dans le fond, d'un engagement du ministre ici, puis on est au salon
bleu, ça tombe presque bien, qu'il n'y aura jamais une activité qui va
causer un préjudice irréparable qui va se poursuivre pendant 45 jours. Il
ne faut pas qu'on permette le 15 jours plus le 30 jours, là. C'est
45 jours. Moi, je veux m'assurer ici que le ministre n'acceptera jamais
qu'une activité irréparable puisse durer dans le temps 45 jours.
M. Charette : ...pertinent, puis ça
permet une mise en contexte qui s'impose aussi. Comment dire? Juste rappeler
que les articles qui nous occupent présentement, ce sont des articles sur une
activité qui a déjà été autorisée, donc pour laquelle on a déjà des
informations. Il ne faudrait pas confondre cette situation-là à, par exemple,
une situation nouvelle qui est en cours, parce que les gens qui nous suivent
pourraient dire : Oui, s'il y a quelque chose d'irréparable, il faut le corriger
maintenant. Ça, j'en suis, nous en sommes tous.
Mais on n'est pas face à, par exemple, un
déversement d'un produit toxique qui survient. Lorsqu'il y a une urgence de
cette nature-là, on le voit à travers Urgence-Environnement, on le voit à travers
même les articles que l'on a adoptés ensemble avant les fêtes, dans certains
cas, le ministère peut lui-même entreprendre des travaux pour ensuite refiler
la facture à la personne ou à l'entreprise qui est responsable. Donc, on n'est
pas du tout, du tout dans ce contexte-là.
Quand j'entends les questionnements très, très
légitimes de la collègue, je me mets juste à la place des gens qui nous
écoutent, là, on n'est pas dans le cas d'une situation que l'on sait
problématique, qu'on sait qui continue de s'aggraver et qu'on attendrait
15 jours, sinon 40 jours avant de la corriger, là. On n'est pas dans
cette réalité-là du tout, du tout. On parle d'une activité qui a été autorisée.
Et pourquoi la donne peut avoir changé? C'est
que la connaissance sur cette activité-là peut avoir évolué. Donc, ce n'est pas
une situation nouvelle qui... J'ai, instinctivement, là, un déversement
pétrolier, ce n'est pas ça, là. Et c'est là où, lorsqu'il y a réellement une
urgence, il n'y en a pas, de délai, là. On s'assure, séance tenante, que la
situation soit corrigée pour limiter les dégâts, quitte à prendre sur nous les
travaux eux-mêmes.
Donc, je trouvais important de distinguer les
situations pour... C'est confondant, là, on ne se le cachera pas. Non seulement
on a abordé les articles il y a plusieurs semaines de ça, mais il ne faut pas
juste lire : Il y a une situation irréparable, il y a 45 jours de
délai avant que l'on puisse intervenir. Non, ce n'est pas ce cas de figure là
qui est visé par l'article qui est étudié présentement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'entends bien ce que
le ministre me donne comme information. Il fait très bien de rappeler le tout.
Je n'ai aucun problème avec ça. Cependant, on ne peut pas, quand même... Parce
que ce ne sont pas mes mots, mais c'est les
mots de son propre projet de loi. Lorsqu'on parle d'«irréparable», ce n'est pas
moi qui veux faire peur aux gens.
Mais on nous avait donné l'exemple, lorsqu'on utilisait l'article 36, justement,
si on avait des nouvelles informations quant à un pesticide qui est
actuellement permis, prenons cet exemple-là, et qu'on apprenait que, du jour au
lendemain — je
vais faire, là... c'est vraiment du n'importe quoi, là, donc ceci n'est pas
vrai, je le répète, ceci n'est pas vrai — mais qu'un nouveau... un
pesticide qui est actuellement autorisé pouvait tuer tous les monarques, tous
les papillons monarques, par exemple, dans nos champs, bien, ça, c'est
irréparable, puis, oui, il faut agir très, très, très rapidement. Puis ça avait
été donné en autorisation par le ministère de l'Environnement, par exemple.
Alors, à partir du moment où on nous... une
nouvelle donnée scientifique, il faut agir avec urgence, avec grande rapidité. Et c'est là où, pour moi, il ne
faut pas qu'on puisse consentir à ce qu'il y ait des délais
supplémentaires. À partir du moment où on le sait, il faut que la situation
soit réglée de façon très rapide. Et c'est là où, pour moi, un 45 jours ne
devient plus acceptable. C'est ça, le point, dans le fond.
M. Charette : ...fictif, mais j'aime
l'exemple en ce sens qu'on parle d'une autorisation qui est déjà donnée, on
parle de nouvelles connaissances qui sont portées à notre attention, mais
justement ça ne se fait pas du jour au lendemain. Je comprends que l'exemple
est fictif, mais prenons l'exemple donné par la collègue. Il n'y a pas une
étude qui, du jour au lendemain, va révéler, sans qu'on s'y attende, d'une
nouvelle réalité. Ces études-là, bien, elles se préparent, elles se construisent,
elles sollicitent des experts, il y a une expertise qui est contre validée.
Donc, ça n'arrive pas du jour au lendemain,
cette nouvelle connaissance-là. Donc, si, demain, on apprenait que telle, telle
pratique entraînait... Bien, en fait, on ne l'apprendrait pas du jour au
lendemain, en ce sens qu'une étude ça se réalise dans la durée. Ça prend du
temps avant qu'elle se complète. Avant qu'elle soit publiée, on a souvent des
échos parce que plusieurs experts y ont pris part. Donc, c'est pour ça...
Je comprends que c'est fictif, mais
l'exemple est un beau cas de figure, malgré tout, en disant :
L'autorisation était donnée, on sent, là, qu'il y a des chercheurs qui
remettent en question cette conclusion-là, à laquelle on pouvait souscrire,
mais ça prend du temps pour qu'ils puissent valider leurs nouvelles
affirmations. Parce que, justement, si c'était du jour au lendemain, s'il n'y
avait pas d'experts mis à profit ou quoi que ce soit, c'est là où, encore une
fois devant les tribunaux, on serait très vulnérables de dire : On vous
impose un changement d'orientation qui est contraire à ce qu'on vous avait dit,
puis on n'arrive pas à le justifier, puis on n'a pas d'argument devant la cour
pour justifier notre décision. Donc, on serait très, très vulnérables.
Donc, dans le fond,
ça arrive rarement, sinon pas du jour au lendemain, lorsque c'est par rapport à
une autorisation qui a été déjà donnée. Oui, ça arrive du jour au lendemain
quand c'est un déversement d'un produit toxique, mais on n'est pas dans ce cas
de figure là présentement.
La
Présidente (Mme Grondin) : Mme la députée de Verdun.
• (16 heures) •
Mme
Melançon : Merci, Mme la Présidente. Merci, merci, dans le fond, pour
l'éclaircissement ici. Je veux simplement
rappeler au ministre que, parfois, il y a des études, il y a des contre-études,
il y a des contre-contre-études, puis, à un moment donné, il arrive un
délai, puis ça aura fait déjà pas mal de temps. Ça fait que je veux juste qu'on
se dise qu'il faut essayer de réduire les délais, surtout lorsqu'on parle de
gestes irréparables qui seraient causés à l'environnement. C'est en ce sens là
où je le donne.
Et mon exemple de
monarque, vous comprenez bien qu'il vous faisait un clin d'oeil en même temps,
Mme la Présidente, vous qui aimez tant les papillons. Je le dis avec un sourire
dans la voix, mais je suis persuadée qu'il y a d'autres possibilités, d'autres
exemples où il y aura des urgences plus notables, par exemple, peut-être les
puits d'hydrocarbures, peut-être qu'on apprendra... parce qu'on ne sait pas
exactement encore combien il y a de puits au Québec. Donc, peut-être, est-ce
que, justement, sur les puits, on devra agir plus rapidement. Et c'est des
autorisations qui avaient été préalablement données. Mais, comme on ne sait pas
ils sont où et il y en a combien, peut-être est-ce qu'il y a des nappes
phréatiques qui, actuellement, sont en danger, on ne le sait pas, et c'est sur
des délais comme ceux-là que je souhaitais simplement entendre le ministre nous
dire : Non, à situation urgente, il y aura urgence, et on va tout faire
pour réduire les délais. Voilà, Mme la Présidente. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Ça va, M. le
ministre? Ça va?
M. Charette :
C'est évident, là, à... s'il y a quelque chose qui nécessite une réaction
urgente ou une correction urgente, on sera là, forcément.
La
Présidente (Mme Grondin) : M. le député de
Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, je trouve ça intéressant la discussion que nous
avons parce que ça nous permet de bien comprendre les nuances de la loi entre,
disons, une situation urgente reliée à une catastrophe, un déversement, à
une... l'émission d'un contaminant de façon accidentelle, etc., et ce qu'on est
en train d'étudier, relié à des changements d'autorisation à cause des avancées
scientifiques ou de préjudices irréparables, mais je veux juste bien comprendre : À partir du moment où le
ministre utilise le pouvoir que lui permet 36 et suivants par rapport à
l'autorisation, pendant l'écoulement du délai qui peut aller, on a dit, jusqu'à
45 jours, c'est ça, il se passe quoi pendant ce temps-là sur le site même où est... où a lieu
l'autorisation, là? Tu sais, c'est... si on apprend qu'il y a une découverte
scientifique qui nous démontre que le prolongement de telle route nuirait de
façon irréparable à la protection de la biodiversité de la rainette
faux-grillon, et là on intervient, le ministre intervient en vertu de 36, bien,
le détenteur de l'autorisation, lui, il peut continuer de dérouler l'asphalte
dans l'habitat de la rainette faux-grillon, là. Alors, il se passe quoi dans
l'intervalle du 45 jours? Est-ce que, tout en respectant les droits de la
personne qui a eu l'autorisation, il y a quand même des actions qui sont
prises?
La
Présidente (Mme Grondin) : ...sous-ministre adjoint,
M. Rousseau, allez-y.
M.
Rousseau (Michel) : Bien, de façon
générale, lorsqu'il y a un avis préalable, c'est parce qu'on aura jugé, comme
j'expliquais tantôt, qu'on peut se permettre d'avoir un 15 jours de
consultation avant de prendre la décision, qu'on sait qu'il n'y a pas de
travaux qui vont se faire. Supposons qu'il n'y a pas d'avis préalable parce
que, justement, il y avait un caractère urgent, bien là la décision du ministre
est prise. Qu'elle soit prise immédiatement sans avis préalable ou avec avis
préalable, à partir du moment où la décision est prise, elle est exécutoire,
donc toute forme de contestation, à moins qu'un tribunal en décide autrement,
là... mais la décision est exécutoire. Donc ils ne peuvent pas faire les
travaux. Et il y aurait... parce que ce n'est pas parce que c'est dans une loi
que les gens le font, le respectent tout le
temps, il y a aussi des pouvoirs d'injonction qui pourraient être demandés à un
juge si jamais il y avait quand même des travaux malgré la décision
prise par le ministre. Donc, tout ça peut s'accumuler. Mais, dès que l'article a été utilisé, soit après l'avis
préalable ou parce qu'il n'y a pas eu d'avis préalable, c'est exécutoire
immédiatement. Donc, toute forme de contestation n'empêche pas que la décision
est prise et qu'elle doit être respectée.
M. Gaudreault :
OK. Donc, il y a une cessation
immédiate, disons, des travaux, et là le détenteur de l'autorisation a
quand même ses délais, là, pour faire valoir ses représentations, là, tel que
prévu aux articles qu'on est en train d'étudier. C'est ça?
M.
Rousseau (Michel) : Oui.
La Présidente (Mme Grondin) :
Y a-t-il d'autres interventions? Ça va, M. le député de Jonquière? Pas d'autre
question?
Donc, est-ce que l'article 39 est adopté?
Donc, l'article 39 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 40.
M. Charette : «40. Toute décision
prise par le ministre en vertu des articles 31 à 36 peut être contestée
par la personne concernée devant le Tribunal administratif du Québec.»
Commentaire. Cet article reprend une partie du
contenu de l'article 118.12 de la Loi sur la qualité de l'environnement
quant à la possibilité de contester devant le TAQ les décisions prises par le
ministre en vertu des articles mentionnés.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il des interventions sur l'article 40?
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Je veux simplement
savoir, puis je ne suis pas la spécialiste du Tribunal administratif du Québec,
là, mais actuellement... Puis là, on se l'est dit, il y a eu... on n'a jamais
utilisé ce genre d'article là depuis qu'il a été inséré dans la LQE, donc depuis
2017. Au tribunal administratif actuellement, est ce qu'il y a beaucoup,
beaucoup d'attente?
Mme Grignon (Karine) : Je n'ai pas
l'information, là, au niveau des délais, là, mais effectivement il y a une
section du tribunal qui est affectée spécifiquement à l'environnement, là,
donc... Mais ça, ces dispositions-là étaient déjà présentes dans la Loi sur la
qualité de l'environnement, là. Donc, ce n'est pas un ajout, là, au pouvoir du Tribunal administratif du Québec, là. Il avait
déjà cette compétence-là en vertu de la Loi sur la qualité
environnementale actuellement.
Mme
Melançon : D'accord. Je vous
pose la question, Mme la Présidente, parce que ça fait plusieurs
commissions parlementaires sur lesquelles je siège, notamment avec la ministre
aux Affaires municipales, je l'ai fait aussi avec la ministre du Tourisme. Et,
à chaque fois, on en remet pas mal du côté du TAQ. Donc, pour moi, c'était
simplement de savoir si on allongeait encore une fois les délais.
J'aimerais, Me Grignon, je ne sais pas si c'est
possible de vous poser la question, peut-être revenir avec l'information auprès
de la commission, juste pour savoir les délais ont l'air de quoi actuellement,
là. Si on était capable d'avoir cette information là, tout simplement, je pense
que ce serait bien, comme législateurs, que... Parce qu'à chaque fois on en
ajoute, hein? Le TAQ est très, très, très populaire, là, quand on arrive avec
des objets plus pointus comme ceux-ci. Et, à chaque fois, je me dis : OK,
on en ajoute, on en ajoute, on en ajoute. Parfois, c'est une bonne chose, là,
mais, parfois, si ce n'est que pour allonger des délais, on n'est pas vraiment
avancés. Alors, voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Pas d'autres interventions, Mme la députée,
sur cet article pour le moment? Est-ce que je peux laisser la parole... Député
de Jonquière, vous n'avez rien, non? Ça va?
Donc, est-ce que l'article 40 est adopté?
Oui. Parfait.
Donc, nous allons amorcer ou plonger avec...
dans un nouveau chapitre, le chapitre 5, qui porte sur les dispositions
pénales. Ce que je vous propose, c'est de prendre une pause. Donc, ça vous
convient avant de prendre un autre deux heures?
Donc, je vais suspendre les travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 25)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Donc, nous
plongeons dans les dispositions pénales. Donc, M. le ministre, je vous invite à
lire l'article 41.
M. Charette : En confirmant, Mme la
Présidente, qu'il y aura aussi un amendement, amendement qui a été déposé, là,
il y a quelques semaines, maintenant. Donc, 41 l'article original :
«Dispositions pénales.
«Commet une infraction et est passible, dans le
cas d'une personne physique, d'une amende de 2 500 $ à
250 000 $ et, dans les autres cas, d'une amende de 7 500 $
à 1 500 000 $ quiconque entrave le travail d'un inspecteur, d'un
enquêteur pénal, de toute personne chargée de l'assister ou de l'accompagner ou
de toute personne autorisée par le ministre en vertu du deuxième alinéa de
l'article 4 ou du premier alinéa de l'article 17, lui nuit, la trompe
par un acte, des réticences, des omissions ou des fausses déclarations, refuse
ou néglige d'obéir à tout ordre qu'une telle personne peut donner en vertu de
la présente loi ou des lois concernées ou refuse ou néglige de lui prêter
assistance.»
Commentaire.
L'article 41 prévoit que l'infraction applicable en cas d'entrave au
travail des personnes énumérées... Cette infraction correspond à la
gravité objective de catégorie C du cadre général diffusé sur Internet.
Et le contenu de cet
article n'est pas nouveau et se retrouve dans plusieurs des lois concernées.
L'abrogation des articles concernés sera proposée plus tard.
Donc, avec votre permission, je pourrais lire
déjà l'amendement.
La Présidente (Mme
Grondin) : Avec plaisir.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, ce serait de remplacer l'article 41 de la Loi sur
certaines mesures permettant d'appliquer les lois en matière d'environnement et
de sécurité des barrages, proposé par l'article 1 du projet de loi, par le
suivant, donc le nouveau 41 serait :
«41. Commet une infraction et est
passible, dans le cas d'une personne physique, d'une amende de
2 500 $ à 250 000 $ et, dans les autres cas, d'une amende
de 7 500 $à 1 500 000 $ quiconque entrave le travail
de l'une des personnes énumérées ci-après,
lui nuit, la trompe par un acte, des réticences, des omissions ou des fausses
déclarations, refuse ou néglige d'obéir à
tout ordre qu'une telle personne peut donner en vertu de la présente loi ou des
lois concernées ou refuse ou néglige de lui prêter assistance :
«1° un inspecteur, un enquêteur pénal ou toute
personne chargée de les assister ou de les accompagner;
«2° toute personne autorisée par le ministre en
vertu du deuxième alinéa de l'article 4 ou désignée par le ministre en
vertu du premier alinéa de l'article 17;
«3° toute personne autorisée par le ministre à
exécuter des travaux en vertu d'une disposition de la présente loi ou des lois
concernées.»
Le commentaire. Cet amendement en est un de
concordance avec les pouvoirs proposés par le nouvel article 18.1. Il vise
à prévoir une infraction pour les personnes qui ne collaborent pas avec les
personnes tenues de réaliser des travaux au nom du ministre.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, on comprend pourquoi, à ce moment-ci, il y a
amendement du ministre, puisqu'on a longuement, d'ailleurs, discuté de ceux ou
de celles qui peuvent être autorisés, là, par le ministre à aller, à être
autorisés, justement, à poser certains gestes. Donc, je comprends d'ailleurs
pourquoi on a scindé, pour pouvoir définir l'inspecteur, l'enquêteur pénal ou
toute autre personne, là. Je pense qu'on a passé suffisamment de temps sur cette
question avant la période des fêtes.
Ma question est plus d'ordre... parce que, comme
le disait, Mme la Présidente, on est dans les dispositions pénales. Et
j'aimerais bien connaître, à ce moment-ci, les montants dont il est question.
Est-ce que c'est des montants qu'on retrouve
déjà? Est-ce qu'il y a une augmentation de ces montants-là? Comment est-ce
qu'on a fixé ces montants-là? Bref, c'est une question plus générale
quant aux amendes possibles.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, Me Grignon, allez-y.
• (16 h 30) •
Mme Grignon (Karine) : Oui, les
montants, en fait, c'est les mêmes montants qui existent actuellement. Ces montants-là sont fixés dans le cadre actuel,
là. Il y a un cadre administratif qui est diffusé sur Internet, qui
prévoit les montants des sanctions administratives pécuniaires mais aussi les
montants des amendes par gravité, là, gravité A, B, C, D. Donc, celui-là
correspond à la gravité C, là, comme c'est indiqué dans le commentaire du
cahier. Donc, voilà. Pas d'augmentation à ce niveau-là, c'est les mêmes niveaux
de gravité.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, maître. Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Juste pour
contre-vérifier, Me Grignon, dans le fond, ce qu'on m'indique, puis là
vous voyez que je n'ai pas d'ordinateur devant moi parce que mon ordinateur me
joue des tours, la Loi sur les pesticides, ce ne serait pas les mêmes montants.
Mme Grignon (Karine) :
...effectivement, de me le mentionner. Je le comparais par rapport à ce qui
existe déjà en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement. Mais effectivement, là, au niveau de la Loi sur
les pesticides, la Loi sur les espèces menacées et vulnérables et de la
Loi sur la sécurité des barrages, là, les montants sont réajustés effectivement
à la hausse.
Mme Melançon : Donc, c'est
important, vous voyez, c'est important qu'on puisse bien se le dire parce que,
moi, ce que j'ai besoin de savoir, comme c'est allé à la hausse pour certains
montants : Qu'est-ce qui nous a amené là? Puis j'imagine que c'est parce
qu'on voulait avoir un tableau similaire pour tous les articles qui seront
existants dans les différentes lois. Est-ce que c'était pour arriver,
justement, avec quelque chose d'uniforme?
Mme Grignon (Karine) : Oui, tout à
fait, c'est l'objectif de la loi, là, d'uniformiser les mesures qui seront prises pour sanctionner les mauvais comportements,
en fait. Donc, effectivement, on veut les mêmes montants de sanction
administrative pécuniaire, peu importe la loi qui sera appliquée. Et même chose
pour les dispositions pénales, on veut que ce
soient les mêmes dispositions pénales qui puissent s'appliquer avec les mêmes
montants, effectivement.
Mme Melançon :
Et donc pour la Loi sur la sécurité des barrages ou pour les pesticides, on
parle d'augmentations importantes ou...
Parce que les montants sont quand même, pour une personne physique, là,
lorsqu'on parle d'entre... de 2 500 $
à 250 000 $, tu sais, on voit qu'il y a quand même une marge
entre les deux, et je veux juste savoir on part d'où pour s'en aller où.
Puis qu'est-ce qui nous a... à part l'uniformisation, justement, des montants
des amendes, qu'est-ce qui nous a amenés à aller à la hausse?
Mme Grignon (Karine) : Bien, en
fait, ces informations-là sont peut-être un petit peu plus techniques, là, ça
va nécessiter un petit délai.
Mme Melançon : Bien sûr. Peut-être
pour enlever de la pression à Me Grignon, je ne sais pas si vous...
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, j'allais...
Mme Melançon : Oui, O.K.
La Présidente (Mme Grondin) : Donc, vous ne souhaitez pas poser d'autre
question, vous attendez la réponse.
Mme Melançon : Bien, c'est parce que
la réponse va probablement être éclairante.
La Présidente (Mme
Grondin) : Influencer vos...
Mme Melançon : Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, Me Grignon, est-ce que vous
souhaitez que je prenne...
Mme Grignon (Karine) : Oui, on
peut-tu suspendre quelques minutes?
Mme Melançon : Bien sûr.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vais suspendre les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 37)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui. Sans
vous en faire une énumération exhaustive, là, on parle quand même... Loi sur les pesticides, la plus élevée allait
jusqu'à 60 000 $, donc, effectivement, il y a une augmentation
considérable. Puis, pour la Loi sur la sécurité des barrages, on parle d'un
montant du plus élevé à 50 000 $.
Mme Melançon : Donc, l'éclairage est
venu, Mme la Présidente. Donc, on est quand même passé d'un plafond de 60 000 $
pour se rendre jusqu'à 1,5 million, là, ce n'est pas un petit pas ou un
petit saut. Comment est-ce qu'on peut expliquer cette gradation-là qui
est fulgurante?
Mme Grignon (Karine) : Bien, c'est
sûr que la Loi sur la qualité de l'environnement a été ajustée en 2009 via le
projet de loi, là, qui a inséré les sanctions administratives pécuniaires et
ajusté le montant des amendes. Et les autres lois n'ont pas été modifiées
depuis ce temps-là. Donc, effectivement, là, les lois... Loi sur les
pesticides, par exemple, date de quelques années, et les montants n'ont pas été
ajustés au fil des ans.
La Présidente (Mme
Grondin) : Est-ce que... Je pense que...
M. Rousseau (Michel) :
...on s'entend que, dans ces amendes-là, c'est l'amende minimale souvent qui va
être donnée, là. L'amende maximale, dans des cas d'entrave, là, il faudrait
vraiment qu'on ait eu plusieurs récidives ou qu'il y ait des facteurs très
aggravants. Donc, souvent, ça va être l'amende minimale, qui est quand même
assez intéressante, puis ça peut aussi être
sanctionné par une sanction administrative dans certains cas. Donc, c'est ça.
C'est pour ça qu'on donne l'amende maximale, ça en prend une, là, mais on
s'entend qu'on n'est pas à l'amende maximale dans les cas qu'on a vus à date
dans les condamnations, là.
Mme Melançon : Ça me va.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça vous va, Mme la députée? Est-ce que vous
souhaitez intervenir, M. le député de Jonquière, à ce moment-ci?
M. Gaudreault :
Oui. Moi, j'ai appris une chose en politique, quand on me donne la parole, je
ne la refuse pas. Je me posais les mêmes
questions que la députée de Verdun. Bien, moi, je pense que c'est important aussi
qu'il y ait quand même un signal, je ne sais pas comment le dire, là,
pas un signal de prix, là, un signal d'amende qui est... un signal de sévérité
qui est envoyé, parce qu'on a vu tout à l'heure, là, quand je suis intervenu,
quand on a ouvert les travaux avec l'article, là, de La Presse
du 10 janvier sur les récidives... Bon, je pense qu'il faut envoyer
vraiment un signal que les amendes sont importantes, qu'on prend ça au sérieux,
que ça peut monter jusqu'à 1,5 million pour le cas d'une personne morale. Pour moi, ça m'apparaît important. Entraver,
quand même, le travail d'un préposé de l'État, ce n'est pas banal, là,
que ce soit l'inspecteur, l'enquêteur pénal, toute personne autorisée par le
ministre, etc.
Alors, non, moi, je suis favorable à cet
article-là. Puis je comprends que l'amendement vient vraiment se mettre à jour... mettre à jour l'article par
rapport à ce qu'on avait adopté précédemment, là. Alors, c'est ça,
l'amendement est un amendement de concordance. Alors, voilà, point.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement proposé par le ministre? Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, l'amendement est adopté. Nous revenons donc à
l'article 41 tel qu'amendé. Y a-t-il d'autres interventions? Est-ce que
l'article 41, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) : Parfait. Donc, l'article 41, tel qu'amendé,
est adopté. L'article 42. M. le ministre.
M. Charette : ...Mme la Présidente,
donc, 42 :
«Commet une infraction et est passible, dans le
cas d'une personne physique, d'une amende de 5 000 $ à 500 000 $ ou, malgré l'article 231
du Code de procédure pénale, d'une peine d'emprisonnement maximale de
18 mois, ou [de] deux [ans] à la fois, et, dans les autres cas, d'une
amende de 15 000 $ à 3 000 000 $ quiconque fait
défaut...»
Le commentaire. L'article 42 prévoit
l'infraction applicable en cas de non-respect d'un avis d'exécution.
Il s'agit d'une nouvelle infraction puisque
l'avis d'exécution est un nouveau pouvoir proposé dans la nouvelle loi. Cette
infraction correspond à la gravité objective de catégorie B du cadre général
diffusé sur Internet.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Je sais qu'on va en parler, bien sûr, à l'article 43, mais,
moi, c'est sur les peines d'emprisonnement, parce que, là, on arrive avec, là
aussi, une sévérité... bien, je dirais, qu'on doit ajuster. Puis je suis d'accord avec le député de Jonquière lorsqu'il dit
qu'on doit marquer le coup, à un moment donné, aussi d'infractions en
environnement et arrêter d'être gêné pour arriver avec et/ou des amendes et/ou
des peines d'emprisonnement. Et là, pour les avis d'exécution, j'entendais bien
le sous-ministre, avant les fêtes, nous dire à quel point ça devenait... bien, c'était un nouvel outil, bien sûr, pour les
inspecteurs, mais, pour le ministère, de pouvoir arriver avec les avis
d'exécution.
Mais, à
l'article suivant, on... puis là, bien, c'est pour ça, je dis : C'est un
peu difficile de vous poser la question parce que, comme c'est un
nouveau pouvoir, on n'a pas eu... on n'a pas d'exemple ou on n'a pas de... on
n'a rien de concret quant aux peines d'emprisonnement, mais j'imagine que ce
sont les juristes qui sont arrivés avec la peine maximum de 18 mois. On
s'est basé sur quoi pour arriver avec un 18 mois de peine d'emprisonnement
possible?
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, M. Rousseau, allez-y.
M. Rousseau (Michel) :
Oui. Bien, dans l'ensemble, là, pour les amendes, les peines d'emprisonnement, les... je ne dirais pas les montants de
100 SAP, parce que, là, on était quand même dans le nouveau, là, lorsque
ça a été fait, en 2011, 2012,
tout ça a été... il y a une bonne étude de benchmarking, en bon français, qui a
été faite, là, pour voir ce qui se faisait ailleurs. Et c'est aussi en
consultant le DPCP qui, eux, nous expliquent aussi dans quelles conditions il
peut y avoir des peines d'emprisonnement, puis je vous dirais que c'est quand
même assez exceptionnel, là. Et c'est toute
cette analyse-là qui fait qu'on est arrivé à mettre ces délais-là, là, c'est
vraiment basé un peu sur des comparatifs.
Puis, peut-être pour finir sur les peines
d'emprisonnement, on se comprend que ça s'applique aux personnes physiques, et les cas où ça pourrait s'appliquer,
il faudrait vraiment... pour le DPCP, lorsqu'on échange avec eux là-dessus,
là, on parle de cas où il y aurait, par exemple, là, vraiment une intention
criminelle, des choses comme ça, ou encore quelqu'un qui refuse de payer ses
amendes. À ce moment-là, ça arrive qu'il y a des peines d'emprisonnement qui
sont liées à la capacité de payer, mais bien sûr que c'est, là aussi... là, on
est dans des cas d'exception. Et le nombre ou la durée est basé vraiment sur
des comparatifs, aussi simple que ça. Et ça n'a pas été utilisé... De
souvenance, moi, j'ai un cas en tête, il y a très, très longtemps, là, mais,
sinon, il n'y a pas de cas récent où on a utilisé les peines d'emprisonnement.
Mme Melançon : Ça va pour moi.
>17827 La Présidente (Mme Grondin) : Ça va pour
vous?
M. Rousseau (Michel) :
...dans une loi, parce qu'en soi ça devient très... donc, même si ce n'est pas
le premier outil que les procureurs vont prendre, ça reste que le fait d'avoir
cette possibilité-là, ça a un effet dissuasif, c'est certain.
Mme Melançon :
Bien, ça va me
permettre un commentaire, à ce moment-ci, parce que, comme on est dans du droit
nouveau, avec du pouvoir nouveau du côté du ministère, et on l'a bien vu, là,
lorsque vous nous avez expliqué, M. Rousseau, à quel point ça devenait
sensible aussi, ces avis d'exécution là, j'imagine que des peines
d'emprisonnement comme ça vont dissuader des gens qui voudraient empêcher les
inspecteurs sur le terrain de faire leur travail. Puis on le sait, là, on ne
sait jamais sur qui les inspecteurs peuvent tomber, mais il y a aussi des
groupes criminalisés à l'intérieur de ça, donc je pense en effet qu'il fallait
être dissuasif. Et je comprends que ce sera des cas d'exception, et c'est bien
ainsi.
Quant aux amendes, j'imagine que c'est un peu la
même réponse, là, le 15 000 $ à 3 millions de dollars pour les
gens qui... pour quiconque fait défaut ou néglige de respecter un avis
d'exécution, j'imagine que les montants ont été aussi à l'intérieur d'un
tableau, là, pour essayer d'évaluer qu'est-ce qui était fait avec les autres
pouvoirs dont dispose le ministère.
M. Rousseau (Michel) :
Oui. Et j'ajouterais, dans la loi, on réfère au cadre d'application de la loi
qui vient expliquer pourquoi, par exemple, une telle infraction va être classée
à tel niveau d'amende. Donc, il y a des catégories, là — je le
résume, ce cadre-là est public, là, puis il est quand même bien détaillé — les
catégories A, B, C, D et E. Et, dans un cas comme celui-là, il a été classé
dans la catégorie... je pense, c'est B, c'est ça. Donc, c'est l'équivalent... B, c'est l'équivalent de faire une
activité sans autorisation, par exemple, c'est là-dedans qu'on va
retrouver. Dans les A, on va retrouver les
atteintes... l'article 20, là, atteinte à l'environnement, des choses
comme ça. Donc, tout dépendant de la gravité, il y a une catégorie.
Puis, dans celui-là, il se retrouve dans la catégorie, là... la catégorie B.
Donc, c'est vraiment basé sur une analyse
comparative pour le «range» d'amendes. Puis ensuite, chaque situation est
classée A, B, C, D, E pour voir quel niveau d'amende doit être approprié. Puis
ça va être de même pour tous les niveaux d'amende qu'on va retrouver, là, tout
le long du projet de loi, là. Et le cadre d'application est très, très, très
explicatif là-dessus, là, si jamais... C'est un document de référence
intéressant.
Mme Melançon : Je me souviens, Mme
la Présidente, qu'il y a des gens qui sont venus nous visiter, lors des
consultations particulières, puis qui nous disaient justement, pour certains,
là, que les amendes étaient trop élevées. Et je vois bien le sous-ministre
hocher de la tête. Mais j'imagine, de toute façon, le cadre général est diffusé
sur Internet, là, comme le disait la note. Et j'imagine aussi que, si on vient
normaliser le tout... Puis c'est pour ça que, tantôt, je parlais
d'uniformisation, là, des amendes, parce qu'à un moment donné ça oscille...
bien, en tout cas, ça bouge beaucoup, et, si on veut pouvoir s'y retrouver,
c'est toujours un peu plus simple.
Mais j'aimerais juste savoir, parce que j'essaie
de me rappeler, c'était l'UPA, notamment, là, qui était venue nous dire que les
montants d'amende étaient trop élevés puis qui demandait d'être considérée
comme des personnes physiques plutôt que des personnes morales. Je pense que
c'est le bon moment où on peut en discuter, bien que ce n'est pas sur l'avis
d'exécution, là, on est plutôt... je veux juste qu'on puisse avoir la
discussion de la disposition pénale, à ce moment-ci. Qu'est-ce qu'on répond aux
gens de l'UPA au moment où on nous dit que les amendes sont trop élevées? M. le
ministre, peut-être.
• (16 h 50) •
M.
Charette :
...le sous-ministre adjoint le mentionnait, c'est
une gradation, donc la première infraction ne sera pas chargée d'un montant maximal. Donc, il y a une
gradation, et cette gradation-là, elle est importante parce que ça
devient un outil de dissuasion. Si la personne, et je ne ramène pas ça au
milieu agricole en particulier, là, de façon générale, si la personne se dit
systématiquement : Moi, l'amende minimale qui est attendue, là, je sais
que c'est celle qui me sera délivrée, je
l'assume, et je le mets dans mes dépenses, puis je le comptabilise comme ça, si
la personne pense comme ça, c'est que l'étendue des amendes n'est pas
suffisamment importante. Donc, c'est important d'avoir, oui, une amende
maximale, mais déjà d'envoyer le signal à la personne qui ne la prendrait pas
au sérieux, bien, la prochaine fois, ce sera plus élevé. Et, s'il y a récidive,
ce sera d'autant plus élevé. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir cette
possibilité-là, cet éventail-là, mais la personne qui, de bonne foi, commet une
infraction, qui l'assume, qui paie l'amende, on peut penser que la leçon sera
assez importante pour qu'elle ne se permette pas de refaire la même erreur par
la suite.
Donc, aux gens qui se disent inquiets des
amendes trop élevées, bien, le message qu'on leur dit : Assumez la
responsabilité qui est la vôtre pour l'infraction commise, ne la recommettez
plus et vous n'aurez pas à payer l'amende qui, autrement, serait plus élevée,
là.
Mme Melançon : J'entends le
ministre, je n'ai pas vraiment de problème avec ce qu'il dit. Moi, c'est plus
de répondre, à ce moment-ci, à l'UPA, parce que c'est l'UPA qui nous l'ont dit,
puis, quand même, c'est le nouveau président, hein, qui est venu nous dire que,
selon lui, les amendes... puis ils demandaient à être reconnus comme personnes
physiques et non pas... Qu'est-ce que le ministre peut répondre directement à
l'UPA là-dessus?
M. Charette : ...personnaliser, mais
aux agriculteurs, je leur dirais la même chose : Si vous faites... si vous
commettez une infraction, il faut l'assumer. Ce sera vraisemblablement, si
c'est la première fois, le montant minimal qui vous sera
facturé. Si vous trouvez la gradation trop élevée, bien, ne reproduisez plus
les mêmes erreurs, et vous aurez eu votre leçon, en quelque sorte, avec le
montant minimal.
Il n'y a personne, comme le sous-ministre
adjoint le mentionnait, il n'y a personne qui, à la première infraction, va
obtenir une amende du montant maximal, là. C'est un pouvoir de dissuasion qui
se veut un pouvoir qui est gradué, en quelque sorte, là. Donc, oui, je
comprends que personne ne veut recevoir une amende de 3 millions de
dollars. Ce qu'on leur dit : Ne refaites pas la même ou les mêmes erreurs
plusieurs fois, puis vous n'aurez pas d'amende de 3 millions de dollars.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 42? Donc, est-ce que l'article 42 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 43.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, 43 :
«Commet une infraction et est passible, dans le
cas d'une personne physique, d'une amende de 10 000 $ à
1 000 000 $ ou, malgré l'article 231 du Code de procédure
pénale, d'une [amende] d'emprisonnement maximale de trois ans, ou [de] deux à
la fois, et, dans les autres cas, d'une amende de 30 000 $ à
6 000 000 $ quiconque fait défaut de se conformer à une
ordonnance d'un juge rendue en vertu de l'article 54.»
L'article 43 prévoit l'infraction
applicable en cas de non-respect d'une ordonnance d'un juge prononcée au moment
d'une déclaration de culpabilité à une infraction. Cette infraction correspond
à la gravité objective la plus élevée, soit la catégorie A du cadre général
diffusé sur Internet.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
Et, dit encore plus simplement, on l'a vu tout à
l'heure, on était en catégorie C, on est passé en catégorie B, et là on est en
catégorie A, donc une gravité plus importante, donc des amendes potentielles
plus conséquentes.
La Présidente (Mme
Grondin) : Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Comme, là, il ne s'agit pas nécessairement de droit nouveau,
j'aimerais simplement savoir : Est-ce qu'il y a déjà eu des peines
d'emprisonnement qui ont été... où la sentence a été donnée avec peine
d'emprisonnement? Est-ce que c'est déjà arrivé?
M. Charette : Non.
Mme Melançon : Non? D'accord. Et,
dans la catégorie A, donc là on voit qu'on est dans le maximum, là, dans la
plus grande et la plus importante. Et, comme les articles sont existants pour
trois lois actuellement, j'imagine que, là,
il va s'adresser à tout le tronc commun dont on parlait avant le temps des
fêtes aussi, donc on va appliquer cet article 43
aux autres lois déjà existantes, mais qui ne sont pas les trois lois qui sont
indiquées ici, dans le commentaire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui, c'est
exact. Effectivement, on va le voir plus loin, là, le pouvoir du juge
d'ordonner certaines choses va être mentionné, là, un petit peu plus loin dans
la loi. Donc, le fait de ne pas respecter ce type d'ordonnance là, là, va être
susceptible de la sanction... de l'amende, en fait, qu'on voit à l'article ici.
Mme Melançon : Et, dans le même
esprit, alors, Me Grignon, j'imagine que, dans les autres lois... Puis là
je pose la question, puis je n'ai vraiment pas... habituellement, on pose les
questions, on a une petite idée, là, mais là je n'ai pas idée du tout de la réponse. Mais, dans les autres lois, est-ce
qu'il y avait des catégories A du cadre général ou c'est une nouveauté,
le fait qu'on entre dans le cadre A... dans la catégorie A du cadre général
pour les lois qui ne sont pas nommées?
Mme Grignon (Karine) : C'est ça,
pour les trois lois, toujours les mêmes, là, les nouvelles, là, Loi sur les
espèces menacées, Loi sur les pesticides, loi sur les barrages, le cadre ne
s'appliquait pas en tant que tel, là. Donc, effectivement, les montants des
amendes des sanctions qui étaient prévus avaient été évalués au moment où la
loi avait été adoptée, selon un système qui est propre à chacune des lois, là,
mais effectivement, là, ici, on vient faire rentrer la catégorisation, là, du
cadre pour ces trois lois-là.
Mme Melançon : O.K. Merci.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y
a-t-il d'autres interventions sur l'article 43? Est-ce que
l'article 43 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, l'article 43 est adopté.
L'article 44.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, 44 :
«Le gouvernement ou le ministre peut, parmi les
dispositions d'un règlement qu'il prend en vertu de la présente loi ou des lois concernées, déterminer celles dont la violation
constitue une infraction et rend le contrevenant passible d'une amende
dont il fixe les montants minimal et maximal. Le gouvernement ou le ministre
peut en outre prévoir qu'une violation rend le contrevenant passible, malgré
l'article 231 du Code de procédure pénale, d'une peine d'emprisonnement ou
de l'amende et de l'emprisonnement à la fois.
«Les peines maximales fixées en application du
premier alinéa peuvent notamment varier selon l'importance des normes ayant
fait l'objet de la contravention, mais ne peuvent excéder :
«1° dans le cas d'une personne physique,
1 000 000 $ ou, malgré l'article 231 du Code de procédure
pénale, une peine d'emprisonnement maximale de trois ans ou des deux à la fois;
et
«2° dans les autres cas,
6 000 000 $.»
Le commentaire. Cet article prévoit que des
infractions peuvent être prévues dans un règlement pourvu que les peines
prévues n'excèdent pas les montants mentionnés à l'article, lesquels correspondent
à des infractions de gravité objective A dans le cadre général diffusé sur
Internet.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions
sur l'article 44? M. le député de Jonquière.
• (17 heures) •
M. Gaudreault : Oui. Alors, merci,
Mme la Présidente. Pourquoi on dit : Le gouvernement ou le ministre? Est-ce
qu'on ne serait pas mieux de trancher pour une instance ou une autre, là,
surtout qu'on parle ici, quand même, de
peine maximale, de violation de règlement? C'est quand même des éléments
importants. Alors, première question : Est-ce qu'on ne serait pas
mieux de dire que «le gouvernement peut»? Et, sinon, bien, qu'on m'explique
quels sont les critères qui déterminent si c'est le gouvernement ou le
ministre.
La Présidente (Mme
Grondin) : Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui, ici, en
fait, on prévoit les deux possibilités, parce que c'est un pouvoir habilitant qui est associé à un autre pouvoir
habilitant. Donc, quand c'est le gouvernement qui peut prendre un
règlement, dans le règlement qu'il peut
prendre, il peut mettre des sanctions, puis il va être habilité en vertu de
l'article 44, ici. Puis, quand c'est le ministre qui est habilité à
prendre un règlement, c'est la même chose, il va être habilité, en vertu de
l'article 44, pour fixer des sanctions par rapport aux normes qu'il va
mettre dans son règlement.
M. Gaudreault : O.K., autrement dit,
au lieu de faire deux articles, un article qui dit : Le gouvernement peut, parmi les dispositions, blabla, puis un
article qui dit : Le ministre peut, parmi les dispositions, blabla, on les
met ensemble, et il faut que ça s'adapte vraiment selon le pouvoir habilitant,
au fond.
Mme Grignon (Karine) : Exactement.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça va? Y a-t-il d'autres
interventions sur l'article 44? Donc, est-ce que l'article 44 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 45.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«45. Les montants des amendes prévues par la
présente loi ou les lois concernées sont portés au double pour une première
récidive et au triple pour toute récidive additionnelle. La peine maximale
d'emprisonnement est portée à cinq ans moins un jour pour toute récidive.
«En outre, lorsque le contrevenant commet une
infraction prévue par une disposition de la présente loi ou des lois concernées
alors qu'une déclaration de culpabilité a été antérieurement prononcée contre
lui en raison d'une infraction à l'une de ces dispositions et que, abstraction
faite des montants prévus en cas de récidive, le montant de l'amende minimale prévu pour la première
infraction était égal ou supérieur à celui prévu pour l'infraction
subséquente, les montants minimal et maximal de l'amende ainsi que, le cas
échéant, la peine d'emprisonnement prévus pour cette dernière infraction
deviennent, si le poursuivant les réclame, ceux prévus en cas de récidive ou,
le cas échéant, de récidive additionnelle.»
Le
commentaire. Cet article prévoit des éléments qu'un juge doit considérer
lorsqu'une infraction est commise de manière récidiviste.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Verdun.
Mme
Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Simplement parce que je trouve que... Bien, c'est le
commentaire, là, qui me titille un peu plus que le contenu de l'article 45
lui-même, mais, quand on marque : «Cet article prévoit des éléments qu'un juge doit considérer», est-ce que
c'est souvent indiqué ainsi? Parce qu'il me semble que ça m'apparaît plus
que normal que le juge doive considérer un article puisqu'il va faire partie de
la loi, là. Est-ce que c'est habituel? Je comprends que c'est le commentaire,
là, et que ce n'est pas l'article lui-même, mais, quand même, c'est juste parce
qu'on est quand même des législateurs, là. Je prenais pour acquis que le juge
était pour prendre en considération ce que l'article dit.
M. Charette : Vous avez tout dit en
disant que c'est le commentaire et non pas l'article lui-même. Bien là, on est
dans une situation de récidive. Donc, oui, le ou la juge doit prendre en
considération l'historique de l'individu ou de la personne morale qui se
retrouve devant lui ou devant elle.
Mme Melançon : Et cette façon de
faire là, si je comprends toujours bien, lorsqu'on parle de lors d'une première récidive, on vient de doubler. On va
tripler dans le cas d'une deuxième récidive. Là, les montants commencent
à être, j'imagine... Puis là j'entends... Tout à l'heure, lorsque le...
Cependant, quand même, lorsque le ministre, tout à l'heure, disait : On ne s'en va pas dans une peine maximale
lorsqu'il s'agit d'une première infraction... cependant, là, lorsqu'on
parle de récidive, attachez vos chéquiers, c'est ça qu'on est en train de dire,
parce qu'on va punir puis on va être plus durs sur le portefeuille.
Mais là je lis ici que le contenu de cet article
n'est pas nouveau. On le retrouve dans plusieurs lois encore une fois. Puis là
ma question va probablement faire sourire le sous-ministre adjoint, mais je
vais quand même la poser. On en a vu, là...
Tout à l'heure, le député de Jonquière nous parlait de l'article du
10 janvier dernier, avec les récidivistes. Moi, je veux juste
savoir... Des récidivistes, là, qui sont à une deuxième puis à une troisième
infraction, on en voit quand même pas mal, là. J'imagine qu'il y en a. Est-ce
que c'est vraiment à coup d'amendes qu'on va venir à bout de ces gens-là? Et, lorsqu'il s'agit de récidive
additionnelle, lorsqu'on parle des peines d'emprisonnement, là, je pense
qu'on est plus sévères, puis j'entends qu'il n'y avait pas eu de peine
d'emprisonnement encore qui avait été donnée. Mais est-ce que le chéquier...
Puis est-ce qu'on a beaucoup de cas de récidive : un, deux, trois?
J'imagine que vous devez avoir un tableau à quelque part, là. Je vous connais
un peu.
M. Rousseau (Michel) :
J'en ai demandé un, oui, mais il n'est pas tout à fait aussi détaillé.
En fait, il y a une chose importante à dire, là,
qui n'est pas écrite là-dedans parce que c'est dans le Code de procédure
pénale, mais la récidive doit avoir lieu dans les deux ans. Donc, ça, ça vient
quand même limiter, et ça, c'est le Code de
procédure pénale, on n'y échappe pas, là, qui dit qu'une loi peut demander une
peine plus forte en cas de récidive
seulement si ça a lieu dans les deux ans, ce qui fait que... On a recensé deux
cas, deux exemples où ça a été utilisé.
Je dirais, la façon dont on fonctionne avec les
récidivistes en général, bien, un, pour passer d'une sanction administrative à
une amende, parfois c'est le fait qu'il y a déjà eu des cas de manquements qui
vont faire qu'on va décider d'aller en enquête plutôt qu'en sanction
administrative. Donc, de facto, la peine va être plus sévère qu'une sanction
administrative. Donc, dès que quelqu'un a commis un geste à l'encontre de
l'environnement qui a été condamné ou un manquement qui a été reconnu, son
dossier, en partant, à chaque fois qu'il va y avoir une nouvelle infraction, bien, il va avoir des chances d'aller
soit en enquête ou soit, si c'est mineur, d'aller en sanction
administrative. Et, dans tous les cas, ça peut être évoqué au juge comme
facteur aggravant, surtout si c'est fait dans le deux ans.
Donc, encore une fois, là, on parle souvent du
coffre à outils, mais c'est un outil de plus qui fait que nos procureurs... Et
les deux cas jugés, bien, ils sont publics. On peut les nommer, là : un
cas qui a été nommé tantôt, là, Rio Tinto, qui est un cas où on a utilisé la
récidive en 2018, et un autre cas à Trois-Rivières, une sablière. Donc,
rappelons ça, il y a le deux ans, quand même. Mais, dès qu'il y a un
manquement, c'est sûr que son dossier, après ça, lorsqu'il est évalué selon la directive, bien, il y a des bonnes chances
d'aller rapidement en SAP ou d'aller rapidement en enquête. Alors, c'est
surtout là que ça se manifeste.
Mme Melançon : Donc, peut être un
récidiviste quelqu'un ou... non, je dirais plutôt l'inverse, pourrait ne pas
être un récidiviste quelqu'un qui récidive dans une durée de plus de deux ans,
malheureusement, là, mais je comprends que c'est... oui.
M. Rousseau (Michel) : ...mais,
au sens commun, la récidive, comme je vous dis, quelqu'un va faire un
manquement mineur, mais ça fait trois fois qu'on lui met des avis de
non-conformité là-dessus dans les six dernières années, bien, c'est très mineur
comme manquement, mais il va avoir une sanction administrative pareil, parce
que son dossier démontre qu'il a déjà eu des manquements.
Donc, cet
élément-là de récidive va être pris en compte. Puis, si c'était de niveau
sanction, bien, on va peut-être l'envoyer en enquête, parce que,
justement, il y a eu... Donc, nécessairement, ça joue contre la personne de
traîner un dossier avec des manquements. Mais, pour cet
article-là, le deux ans, bien, on n'y échappe pas, c'est le Code de procédure
pénale, puis ça, nos légistes ne pourraient pas écrire par-dessus ça d'autres
délais, là, c'est bien sûr.
Mme Melançon : Non, puis ce n'était
pas du tout dans mon intention. Simplement pour savoir, la personne qui
détermine si on y va par SAP ou par enquête, dans le fond, là, pour arriver
vers l'amende, on en avait parlé un peu avant les fêtes, là, mais pouvez-vous
juste rafraîchir ma mémoire, s'il vous plaît?
• (17 h 10) •
M.
Rousseau (Michel) :
Lorsqu'il y a un manquement, ça veut dire qu'il y a eu un rapport d'inspection
et il y a eu nécessairement un avis de non-conformité. Le seul cas qu'il
n'y a pas d'avis de non-conformité, c'est si on a un manquement puis on ne sait pas à qui l'envoyer. Ça arrive. C'est très
rare, mais ça peut arriver qu'on cherche le «qui», comme... en bon
français.
Donc, c'est sur recommandation de l'inspecteur,
chef d'équipe, jusqu'au directeur, que la décision va être prise de faire une sanction administrative ou
d'aller en enquête. Et, pour ça, bien, c'est relativement, là... Si
j'explique simplement, les cas mineurs, c'est des avis de non-conformité, les
cas modérés, c'est des sanctions administratives, puis les cas graves, c'est des enquêtes. Entre tout ça, bien, s'il y a
eu des manquements précédents, ça peut le faire monter d'une coche.
Donc, c'est décidé, ça, au niveau administratif, si on va en enquête ou en
sanction. Par contre, lorsque l'enquête est terminée, pour décider s'ils vont
utiliser l'article 45, si on va évoquer la récidive, bien là c'est le
procureur du DPCP qui, lui, décide du constat qu'il va donner.
Donc, tout ça est dans... Ce que je viens
d'expliquer là est quand même bien expliqué dans le fameux cadre, là, qui est
obligé dans la loi puis qui est rendu public. Donc, il n'y a plus d'élément
de... Il y a beaucoup moins d'éléments subjectifs qu'avant dans le traitement
des manquements. Il y en a toujours. Il y a de l'appréciation, il y a du
jugement, mais le cadre vient vraiment baliser l'approche, là, administrative.
Mme Melançon : Donc, c'est vraiment
un cadre général, dans le fond. Puis, tout à l'heure, on en parlait, là,
justement, on est passés de la catégorie B à A dans certains cas, et c'est ce
qui va déterminer... Mais, tout de même, tout à l'heure, vous me disiez, M. le
sous-ministre, qu'à un moment donné c'est possible que, le SAP, on veuille le
faire passer aux enquêtes, et, à ce moment-là, c'est le rôle d'un directeur, si
je comprends bien, de faire passer ça vers l'enquête, donc vers l'amende et...
Bon, parfait, c'était ma question, à laquelle vous avez répondu. Merci, M. le
sous-ministre.
La Présidente (Mme Grondin) : Ça
va, Mme la députée? Monsieur... non? Donc, est-ce que l'article 45 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 46.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«46. Lorsqu'une infraction à la présente loi ou
aux lois concernées est commise par un administrateur ou un dirigeant d'une
personne morale, d'une société de personnes ou d'une association non
personnalisée, les montants minimal et maximal de l'amende sont le double de
ceux prévus pour la personne physique pour cette infraction.»
Cet article prévoit des éléments qu'un juge doit
considérer lorsqu'une infraction est commise par un administrateur ou un
dirigeant d'une personne morale.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La Présidente (Mme Grondin) : Y
a-t-il des interventions sur l'article 46? Est-ce que l'article 46
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, il est adopté. Nous poursuivons avec l'article 47.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«47. Lorsqu'une infraction à la présente loi ou
aux lois concernées se poursuit durant plus d'un jour, elle constitue une
infraction distincte pour chaque jour durant lequel elle se poursuit.
«Commet notamment des infractions quotidiennes
distinctes quiconque poursuit, jour après jour, l'utilisation d'une installation ou d'une infrastructure ou
l'exercice d'une activité sans détenir une autorisation requise, sans
obtenir une modification d'une autorisation
délivrée ou sans avoir déclaré une activité en vertu de l'une des lois
concernées.»
Commentaire. Cet article prévoit qu'une
infraction qui se déroule en continu pendant plusieurs journées peut constituer
une infraction distincte pour chacune de ces journées. L'article présente
notamment un exemple de cette possibilité pour l'infraction qui concerne la
réalisation d'une activité sans autorisation.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci.
Bien, je reviendrais simplement à l'article 45, là, avec l'explication du
sous-ministre, tout à l'heure, qui disait : Tu sais, à un moment donné, il
peut y avoir... Si on additionne plusieurs SAP, là, à un moment donné, on peut
trouver que la catégorisation va monter. J'imagine que c'est la même chose dans
le cas présent, parce que quelqu'un peut volontairement, je vais le dire comme
ça, là, mais je ne voudrais pas personnaliser moi non plus... mais dire :
Bien, je suis mieux d'y aller jour après jour puis... Tu sais, on va essayer de
passer ça, mais, à un moment donné, on doit
s'apercevoir qu'il y a de l'aveuglement volontaire d'y aller jour après jour.
Est-ce qu'à ce moment-là on pourrait décider justement et/ou d'y aller
par enquête et/ou de monter la catégorie?
M. Rousseau (Michel) : Bien, le jour après jour, dans ce cas-là... Généralement,
là, puis là parlons du DPCP, mais les
procureurs vont... Par exemple, il y
a... quelqu'un opère sans
autorisation, ça se peut qu'ils émettent un constat qui va dire : Entre telle date et telle date, il
agissait sans autorisation. Mais il arrive des cas... Puis, encore une fois, je
vais prendre des exemples récents qui viennent juste de sortir... une
condamnation, là, dans une municipalité, à Cap-Chat, où il y a eu des travaux
qui ont été faits, et ça a duré une dizaine de jours, et le procureur a décidé
de demander des amendes pour chaque journée distincte, parce que la
municipalité savait... à chaque jour, se faisait répéter : Vous devez
arrêter, vous devez arrêtez, vous devez arrêter, et continuait quand même.
Donc, le procureur a jugé qu'en mettant
chaque journée ça serait bien reçu par le juge, ce qui a été le cas, et le juge
a retenu presque toutes les journées qui avaient été demandées par le procureur, en fait, toutes les journées
pour lesquelles il y a un inspecteur qui l'avait constaté.
Donc, c'est vraiment une stratégie, disons, de
constat d'infraction ou d'amende demandée que peut utiliser le procureur, puis
ça tient compte, effectivement, comme vous venez de dire : Est-ce que,
dans le manquement, on pense qu'il y a eu une stratégie puis que ça mérite
d'être toujours à jour? Dans d'autres cas, ils vont regrouper les journées, et
là c'est vraiment le DPCP qui apprécie tout ça. Puis je dirais que ça
fonctionne assez bien, là, pour justement tenir compte de l'esprit dans lequel
le manquement a été fait, là.
Mme Melançon : En ce sens-là, je
vais revenir... Puis on en a parlé un petit peu avant les fêtes, M. le
sous-ministre, mais je me souvenais qu'on savait qu'il y avait,
malheureusement, bien, des enquêtes, là, parfois, avec... puis c'est surtout lorsqu'il y a des enquêtes
policières puis... tu sais, on avait dit : On ne veut pas nécessairement
faire avorter certaines enquêtes sur des dossiers. Puis là on est plus dans la
contamination des terrains ou ces choses-là, mais je voudrais juste y revenir,
parce qu'on avait dit qu'on travaillait plus avec les corps de police pour
avoir une meilleure lecture de ce qui est fait justement en gestion d'enquêtes,
et là on est justement en train de donner des outils supplémentaires.
Est-ce que
vous avez espoir justement qu'il va y avoir une meilleure, je vais dire,
collaboration... puis ce n'est pas parce
qu'il n'y avait pas de collaboration que je le dis, mais une meilleure
collaboration avec, justement, que ce
soient les forces policières ou, en tout cas, avec des enquêteurs, qui peuvent
doubler le travail pour éviter qu'on puisse perdre des cas aussi devant... pour que ça puisse se
retrouver devant le DPCP, pour, après ça, s'en aller vers le juge, là? Est-ce
que vous avez bon espoir qu'avec ce qu'on est en train de faire actuellement on
va faciliter le travail de vos enquêteurs?
M. Rousseau (Michel) :
C'est sûr que oui. C'est sûr que, un, la loi, comme telle, le fait de regrouper
puis de structurer non pas seulement pour les fonctionnaires, mais aussi pour
tous les administrés, ça va être beaucoup plus facile à comprendre et à suivre.
Pour ce qui est du travail, justement, avec
les... Puis là je n'irai pas trop dans le détail, dans des exemples, dans ce
cas-là, mais c'est certain que la dynamique a beaucoup évolué entre nos
enquêteurs et les enquêteurs... que ce soient les policiers ou même les enquêteurs
de... Si on pense au BIG, à Montréal, ou des bureaux comme ça, il y a des liens
assez intéressants qui se sont faits. Avant les fêtes, je parlais avec mon
vis-à-vis, justement, de la sécurité publique là-dessus.
Donc, oui, il y a des ententes, il y a des
stratégies de partage d'information qui sont faites. Et plus notre loi à nous
est forte, plus c'est intéressant, pour les autres corps d'enquête, de venir
travailler avec nous, c'est certain, parce qu'il y a des fois où on peut leur
donner un bon coup de main. Donc, oui, ça s'est resserré quand même pas mal à
ce niveau-là. Puis c'est clair que les amendements qu'on fait là vont
permettre... pas juste pour la Loi sur la qualité
de l'environnement, mais je pense aux pesticides, où on n'avait à peu près pas
d'outils d'amendes intéressants. Là, nos gens vont être très heureux
d'avoir ces moyens-là, c'est sûr.
Mme Melançon : Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, s'il n'y a pas d'autre commentaire sur
l'article 47, est-ce que l'article 47 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. L'article 48, M. le
ministre, s'il vous plaît.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«48. Quiconque aide une personne, par un acte ou
une omission, à commettre une infraction visée par la présente loi ou par les lois concernées ou l'amène, par un
encouragement, un conseil, un consentement, une autorisation ou un
ordre, à commettre une infraction, commet lui-même cette infraction et est
passible de la même peine...»
Le
commentaire. Cet article crée une infraction pour quiconque agit en complicité
avec l'auteur d'une infraction.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des commentaires sur
l'article 48? Est-ce que l'article 48 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. L'article 49.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«49. Dans toute poursuite pénale relative à une
infraction à la présente loi ou aux lois concernées, la preuve qu'elle a été
commise par un agent, un mandataire ou un employé de quiconque suffit à établir
qu'elle a été commise par ce dernier, à
moins que celui-ci n'établisse qu'il a fait preuve de diligence raisonnable en
prenant toutes les précautions nécessaires pour en prévenir la
perpétration.»
Commentaire. Cet article propose une règle en
matière de preuve pour la commission d'une infraction. Elle repose notamment
sur la règle de la responsabilité du commettant prévue par l'article 1463
du Code civil du Québec.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau. Il
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La
Présidente (Mme Grondin) : Y
a-t-il des interventions sur l'article 49? Donc, Mme la députée de
Verdun et, par la suite, M. le député de Jonquière.
Mme Melançon : Il me semble qu'on en
avait parlé, ça, un petit peu avant les fêtes, là. Là, si je comprends bien,
c'est que la preuve... C'est la preuve recueillie que... Lorsqu'on parle que la
preuve... qu'elle a été... Je ne suis pas certaine de bien saisir l'article.
Peut-être, j'ai besoin d'un exemple à ce moment-ci, mais je ne comprends pas
pourquoi la diligence raisonnable... ici, je ne la saisis pas, je suis désolée.
La Présidente (Mme
Grondin) : Me Grignon, allez-y.
Mme Grignon (Karine) : Oui. Bien, en
fait, c'est parce qu'une compagnie, en général, on va donner cet exemple-là, a sa personnalité juridique qui lui
est propre. Donc, il n'est pas nécessaire de prouver que c'est la
compagnie qui a accepté le mauvais comportement. On a juste besoin de prouver
que c'est le dirigeant ou c'est le mandataire qui a commis le manquement, et ça
va suffire à faire condamner la compagnie qui engage le dirigeant en question.
Mme
Melançon : ...la preuve de
qui, mais que c'est le... D'accord, d'accord, d'accord, ce n'était pas...
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Si on revient
au fameux article du 10 janvier avec la liste des pires élèves, ça veut
dire qu'on couvre les mandataires de l'État, là, ou un agent, ou un employé de
l'État par ça?
La Présidente (Mme
Grondin) : Allez-y, Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui, oui,
théoriquement, effectivement. Puis on a d'autres dispositions qui s'appliquent
aussi, qui disent que la loi s'applique aux mandataires de l'État. Là, je vous
ramène à l'article 3, au tout début, là, de la loi.
M.
Gaudreault : Ça veut dire
qu'un employé ou une employée du ministère des Transports, d'Hydro-Québec,
peu importe, là, je pense aux ministères ou aux organisations qui sont touchés
par l'article dont il est question, commet une infraction dans le cadre de son
travail, bien là c'est tout l'État québécois qui, au fond, est réputé être
responsable d'avoir commis le geste, là, donc raison de plus pour laquelle
c'est...
Je veux dire,
c'est inacceptable que des organisations de l'État, dans toutes ses branches,
que ce soit Hydro-Québec, que ce soit
le ministère des Transports — je
m'excuse d'insister — une
municipalité... Le sous-ministre, tout à l'heure, nous parlait de
Cap-Chat. Ce que j'ai compris, c'est que c'est la municipalité, ce n'est pas
une entreprise, dans ce coin-là... Je veux dire, c'est des corps publics, là,
payés par nos taxes et nos impôts.
Alors, imaginez, là, c'est... En tout cas, pour
moi, les premiers qui doivent être exemplaires à cet égard, c'est l'État
québécois qui fait lui-même adopter la loi. Je veux dire... Bon, je n'ai rien
d'autre à dire. C'est un commentaire éditorial.
Mais ce que je veux dire, c'est qu'avec une loi qui vient amener dans un tronc
commun tous ces aspects pénaux et autres, bien, en tout cas, en ce qui
nous concerne, comme parlementaires, ça sera peut-être plus facile de faire les
suivis, notamment à l'étude des crédits ou ailleurs, pour dire : Bien là,
tu sais, l'État est responsable de combien d'infractions, tu sais, à la Loi sur
la qualité de l'environnement ou celle sur la conservation puis la protection
de la nature, peu importe? Alors, c'est quand même important de saisir que ça
concerne l'État québécois aussi, point.
La
Présidente (Mme Grondin) : Donc, y a-t-il d'autres commentaires
sur l'article 49? Donc, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, l'article 49 est adopté. Nous poursuivons avec l'article 50. M.
le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«50. Lorsqu'une personne morale, un agent,
mandataire ou employé de celle-ci ou d'une société de personnes ou d'une association
non personnalisée commet une infraction à la présente loi ou aux lois
concernées, l'administrateur ou le dirigeant de la personne morale, de la
société ou de l'association est présumé avoir commis lui-même cette infraction,
à moins qu'il n'établisse qu'il a fait preuve de diligence raisonnable en
prenant toutes les précautions nécessaires pour en prévenir la perpétration.
«Pour l'application du présent article, dans le
cas d'une société de personnes, tous les associés, à l'exception des commanditaires,
sont présumés être les administrateurs de la société en l'absence de toute
preuve contraire désignant l'un ou plusieurs d'entre eux ou un tiers pour gérer
les affaires de la société.»
Le commentaire. Cet article crée une infraction
distincte pour l'administrateur ou le dirigeant d'une personne morale
lorsqu'une infraction est commise par une personne morale.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions sur l'article 50? Donc,
est-ce que l'article 50 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, il est adopté. Nous poursuivons avec
l'article 51.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente.
«51. Un professionnel au sens du Code des
professions qui produit sciemment un renseignement faux ou trompeur à l'égard
d'un document produit conformément à une disposition de l'une des lois
concernées et pour lequel la signature d'un professionnel est exigée en vertu
d'une telle disposition est présumé avoir produit lui-même un document faux ou
trompeur même si l'obligation de produire le document incombe à une autre
personne.
«Lorsqu'une poursuite pénale visée au premier
alinéa est intentée contre un professionnel, le ministre en informe le syndic de l'ordre professionnel
concerné. Il en est de même pour toute infraction commise par un
professionnel en vertu des lois...»
Commentaire. Le premier alinéa de cet article
prévoit une présomption applicable à un professionnel qui produit sciemment un
renseignement faux ou trompeur. Ainsi, même si l'infraction est imputable
normalement à la personne tenue de produire le document dans lequel le
renseignement faux ou trompeur est contenu, l'infraction pourra aussi être
imputable au professionnel ayant fourni le renseignement faux ou trompeur.
Le deuxième alinéa de cet article prévoit
l'obligation pour le ministre d'informer le syndic de l'ordre professionnel
concerné lorsqu'une poursuite pénale est intentée à l'égard d'un professionnel.
Une telle obligation est déjà prévue au deuxième alinéa de
l'article 115.31 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Son
abrogation sera proposée plus tard.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il... Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Merci. Simplement
pour m'assurer que j'ai le même document. Le deuxième paragraphe qui est lu par
le ministre se terminait par «lois», n'est-ce pas?
M. Charette : En fait, le deuxième
au niveau du commentaire ou de l'article?
Mme Melançon : Non, non, non, de
l'article lui-même.
M. Charette : Dans le dernier
commentaire, oui, effectivement, la dernière phrase, je la lis
intégralement : «Il en est de même pour toute infraction commise par un
professionnel en vertu des lois...»
Mme Melançon : O.K., parce que moi,
je n'ai pas la même chose dans mon cahier. Moi, c'est marqué : «...en
vertu des lois concernées concernant une signature ou une attestation fausse ou
trompeuse.» Je veux juste m'assurer d'avoir le bon ou... En tout cas, bref, j'ai
juste... je n'ai pas la même chose que le ministre... que la lecture. Vous
voyez, on se suit...
M. Charette : Non, on parlerait de
l'article lui-même.
• (17 h 30) •
Mme Melançon : Dans l'article,
directement. Non, mais c'est pour ça que je le soulève, là. Ce n'est pas...
Des voix : ...
Mme Melançon : On peut peut-être
juste prendre quelques minutes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous allons prendre une pause, suspendre les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 31)
(Reprise à 17 h 32)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons nos travaux. M. le ministre, je
vous invite à relire l'article 51, s'il vous plaît.
M. Charette : Oui, tout à fait. Et
je salue l'oeil averti de la collègue. Effectivement, ma version numérique
manquait quelques mots.
Donc, je relis l'article en entier :
«Un professionnel au sens du Code des
professions qui produit sciemment un renseignement faux ou trompeur à l'égard
d'un document produit conformément à une disposition de l'une des lois
concernées et pour lequel la signature d'un professionnel est exigée en vertu
d'une telle disposition est présumé avoir produit lui-même un document faux ou
trompeur même si l'obligation de produire le document incombe à une autre
personne.
«Lorsqu'une poursuite pénale visée au premier
alinéa est intentée contre un professionnel, le ministre en informe le syndic
de l'ordre professionnel concerné. Il en est de même pour toute infraction
commise par un professionnel en vertu des lois concernées concernant une
signature ou une attestation fausse ou trompeuse.»
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Donc, Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Bien, je remercie le
ministre. Puis, vous le voyez, hein, c'est du travail qu'on fait tout le monde
ensemble, puis on le fait avec beaucoup de sérieux. J'aime bien continuer à
être rigoureuse ainsi. Et ça m'amène quand même à une question. Donc là, on
parle du Code des professions et de cette responsabilité-là, je vais le dire
comme ça, là, surtout lorsqu'il y a des renseignements faux ou trompeurs. Si
jamais certains avaient envie de mettre un sceau, on prend un exemple comme
celui-ci, là, mais un sceau sur quelque chose qui est plus ou moins véridique,
bien là on est capables de revenir. Si je comprends bien, ici, c'est qu'on...
l'imputabilité va aller bien sûr au professionnel, mais encore plus, là, on
peut aller un peu plus loin, à la personne qui est tenue de produire le
document. C'est ce que je comprends. Puis là je vois que Me Grignon me fait
signe, oui.
Est-ce que c'est quelque chose qui est
complètement nouveau? Parce qu'habituellement on nous indique, hein, si c'est
du droit nouveau ou si c'est déjà appliqué ainsi. À ce moment-ci, je n'ai pas
de commentaire en ce sens. Est-ce que c'est toujours la façon de faire? Puis
est-ce qu'on avise toujours le syndic de l'ordre qui est pris à défaut?
La Présidente (Mme Grondin) :
Allez-y, Me Grignon.
Mme Grignon (Karine) : Oui. En fait,
je vous dirais, en partie. Donc, ça origine un petit peu du projet de loi n° 102 de 2017, pour lequel un des principes était la
responsabilisation des entreprises et de se fier aussi sur l'information que
ces entreprises-là nous donnent, souvent basée sur des expertises émanant de
professionnels. Donc, un premier pas avait été fait à ce moment-là pour aviser
le syndic. Donc, cette partie-là, là, le deuxième alinéa existait, là, dans la Loi
sur la qualité de l'environnement.
Là, on pousse
un petit peu plus loin parce qu'avec l'entrée en vigueur du REAFIE, le
règlement d'application qui vient tout juste d'entrer en vigueur pour sa
deuxième phase, bien, il y a beaucoup de documents qui émanent, effectivement,
de professionnels. Donc, pour être sûrs que le professionnel se responsabilise
et signe quelque chose qu'il est à l'aise, là, de signer, bien, on introduit
effectivement la présomption, là, que vous voyez au premier alinéa, qui est plus
de droit nouveau, effectivement.
Mme
Melançon : Ah! c'est ça. Donc, plus de droit nouveau.
Parfait. Et, à ce moment-ci, si, par exemple, il y a un professionnel
qui a signé ou qui a autorisé et qu'il l'a produit, là, en fausseté, est-ce
qu'on... Le professionnel, donc, on va pouvoir le poursuivre, mais... Et, si ça
devenait un récidiviste, est-ce qu'on va dans la même logique que ce qu'on appliquait
tout à l'heure à une entreprise ou à une personne qui peut être un récidiviste?
Parce que ça se peut aussi, là, qu'il y en
ait qui ait trouvé que c'était une bonne idée de fournir de faux documents,
puis que, des fois, le mot se passe
dans le milieu, puis dire : Ah! bien, va voir tel professionnel, qui, lui, est
prêt à donner de faux documents. Est-ce qu'il y a quelque chose ou vous
laissez ça complètement au Code des professions, de se gérer et de gérer le
professionnel? Comment ça fonctionne?
Mme Grignon (Karine) : Bien, oui,
ça, d'une part. Effectivement, on ne veut pas s'immiscer dans le droit
disciplinaire, là. Le syndic a un rôle à jouer, effectivement. Mais, étant une
présomption, c'est un petit peu comme l'article qu'on a vu précédemment, là,
sur la complicité, donc on en fait une infraction en soi. Le professionnel qui fait ce genre de... qui a ce genre de comportement là, donc,
il est présumé avoir fait l'infraction originale, qui est d'avoir produit un
document faux ou trompeur, qui, normalement, incombe à la personne qui est
tenue de produire ledit document. Donc, c'est une infraction en soi. Les autres
mécaniques, là, qu'on a étudiées pourraient s'appliquer, effectivement, à ce
type d'infractions là.
Mme Melançon : D'accord.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Bon, moi, je
suis bien content de cette disposition-là et des mesures que nous avons à
l'article 51, mais, vous allez trouver drôle ma question, est-ce qu'on a
besoin de le faire, considérant quand même que le Code des professions existe,
considérant que chaque profession est créée par loi, qui a sa propre régie
interne, que ce soit le Barreau, que ce soit l'Ordre des ingénieurs, que ce
soit le Collège des médecins, que ce... bon, je ne ferai pas la liste, là, les
biologistes, etc. Donc, il y a des ordres professionnels avec leurs propres
procédures internes. Est-ce que ce n'est pas redondant? Quel élément nouveau
qu'on amène dans 51 qui n'est pas déjà couvert par les lois professionnelles et
le Code des professions? Et, auquel cas, est-ce qu'on a besoin de venir amender
le Code des professions ou les lois professionnelles si on amène vraiment
quelque chose de nouveau?
Mme Grignon (Karine) : Bien, en
fait, c'est vraiment l'infraction en tant que telle, donc au niveau du droit
disciplinaire, qui s'applique. Tu sais, ça va être des sanctions qui sont
propres à la profession, là, qui est encadrée, puis qui vont être édictées par
le syndic, là, qui va mener son enquête. Tandis qu'ici c'est vraiment... le
faux renseignement a une conséquence environnementale, parce que c'est sur la
base de ce faux renseignement là que le ministère va peut-être délivrer une
autorisation ou, en tout cas, va autoriser un comportement qui va avoir des
effets négatifs sur l'environnement. Donc, on veut être capables de pénaliser
aussi le professionnel dans ce cadre-là, pas seulement avec le droit
disciplinaire.
M. Gaudreault : Mais la production
de faux, elle n'est pas déjà couverte par le droit professionnel, le droit
disciplinaire? Ce que je veux dire, c'est que, si un professionnel produit un
faux dans le cadre de sa profession, il est couvert par le Code des professions,
puis cette infraction-là ou ce comportement est déjà couvert. Pourquoi il faut
le rajouter dans notre loi?
• (17 h 40) •
Mme Grignon (Karine) : En fait, le
faux renseignement va nécessiter l'utilisation de ressources au ministère, là.
C'est un petit peu l'objectif des sanctions administratives pécuniaires,
notamment, là. Donc, pour venir enquêter, pour venir constater le manquement
puis faire l'inspection, la vérification autour de ce faux renseignement là, ça
a impliqué plusieurs ressources du ministère. Donc, il y a des sommes
d'impliquées là-dedans. Puis la disposition disciplinaire, bien, va peut-être
être juste une suspension de deux mois, par exemple, là. Je ne sais pas, là, je
ne suis pas une experte en droit disciplinaire. Ça fait qu'on veut être
capables aussi de récupérer les sommes qui ont été défrayées par le ministère,
là, pour pallier, en fait, au fait que le renseignement faux a été transmis au
ministère, là, puis il a dû faire une analyse erronée, là, sur la base de ce
renseignement-là.
M. Gaudreault : Mais, à ce
moment-là, est-ce qu'il peut y avoir des conflits de lois? Est-ce que... Si,
admettons, la procédure ou la pénalité n'existe pas ou est moins sévère,
disons, dans le droit disciplinaire que ce qui est prévu ici, est-ce qu'il peut
y avoir un conflit de droit? Est-ce que le professionnel qui serait touché, à
ce moment-là, pourrait dire : Bien, écoutez, moi, mon code de profession
ne va pas aussi loin en termes de pénalité, donc la disposition 51 ne
s'applique pas à mon égard? Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être...
Mme Grignon (Karine) : Bien,
c'est... L'importance du deuxième alinéa est là, effectivement. Donc, on va en
aviser l'ordre professionnel, et on va essayer de s'accorder, et évidemment
peut-être essayer de s'entendre avant aussi le dépôt du constat d'infraction en
tant que tel, là. Donc, les ordres vont être, évidemment, consultés à ce
moment-là.
M.
Gaudreault : O.K. Peut-être juste pour terminer, puis je ne
veux pas faire d'amendement, là, mais peut-être juste dans la rédaction,
là, je trouve ça drôle qu'on dise «en vertu des lois concernées concernant une
signature». Alors, je comprends que ce n'est pas le même sens, là, le mot
«concernées», là. Alors, je trouve ça juste drôle, là. «En vertu des lois
concernées concernant», ça devrait être «les lois concernées à propos d'une
signature ou d'une attestation fausse ou trompeuse», mettons. Ça, c'est le prof
en moi qui parle, là. Mais je trouve ça drôle de dire «des lois concernées
concernant». Alors, on est vraiment concernés par ce projet de loi.
La Présidente (Mme
Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions sur
l'article 51, donc? Donc, est-ce que l'article 51 est adopté?
Des voix : adopté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Poursuivons avec l'article 52. M. le ministre.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Donc, 52, un petit peu plus long au niveau de sa
lecture :
«Dans la
détermination de la peine, le juge tient compte des facteurs aggravants. Sont
notamment de tels facteurs :
«1° la gravité de l'atteinte ou le risque
d'atteinte grave à la santé humaine, à l'environnement, y compris à la
végétation ou à la faune, ou à la sécurité des personnes et des biens;
«2° la nature particulière de l'environnement ou
[le] lieu affecté, notamment s'il s'agit d'un élément unique, rare, important
ou vulnérable;
«3° le fait que le contrevenant a agi
intentionnellement ou a fait preuve de négligence ou d'insouciance;
«4° le caractère prévisible de l'infraction ou
le défaut d'avoir donné suite aux recommandations ou aux avertissements visant
à [le] prévenir;
«5° les coûts supportés par la collectivité pour
réparer le préjudice ou les dommages causés;
«6° la nature dangereuse des substances à
l'origine de l'infraction;
«7° le dommage persistant ou irréparable causé
par l'infraction;
«8° le comportement du contrevenant après avoir
commis l'infraction, notamment le fait d'avoir tenté de la dissimuler ou le
fait d'avoir omis de prendre rapidement des mesures afin d'en empêcher ou d'en
atténuer les conséquences ou afin d'y remédier;
«9° le fait que le contrevenant a, dans le
passé, accompli des actes contraires aux lois fédérales ou provinciales visant la conservation ou la
protection de la santé humaine ou de l'environnement, y compris la
végétation ou la faune;
«10° le
fait que le contrevenant, en commettant l'infraction ou en omettant de prendre
des mesures pour empêcher sa perpétration, selon le cas :
«a) a accru ses revenus;
«b) a réduit ses dépenses;
«c) a bénéficié de tout autre avantage procuré
par la perpétration de l'infraction;
«d) avait l'intention de bénéficier des
avantages mentionnés aux sous-paragraphes a, b ou c;
«11° le fait que le contrevenant a omis de
prendre des mesures raisonnables pour empêcher la perpétration de
l'infraction ou en atténuer les effets malgré sa capacité
financière de le faire, compte tenu notamment de sa taille, de son patrimoine,
de son chiffre d'affaires ou de ses revenus.
«Le juge qui, en présence d'un facteur
aggravant, impose tout de même une amende minimale doit motiver sa décision.»
Et le commentaire. Cet article prévoit les
éléments qu'un juge peut considérer à titre de facteurs aggravants pour
déterminer le montant de l'amende applicable en cas d'infraction.
Le contenu de cet article n'est pas nouveau et
se retrouve dans plusieurs des lois concernées. L'abrogation des articles
concernés sera proposée plus tard.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Donc, merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Verdun.
Mme Melançon : Oui, merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, je pense qu'on fait pas mal le tour, là, à l'intérieur de tout ça, là. Puis je soulignais
plusieurs mots, plusieurs mots-clés ici, là, parce que...
«intentionnellement», «négligence», «si c'est prévisible», «irréparable»,
«dangereux».
Au 9°, on marque : «9° le fait que le — oui,
c'est ça — contrevenant
a, dans le passé, accompli des actes contraires
aux lois fédérales ou provinciales...» On ne marque pas «municipales». Je
comprends qu'il y a des règlements du côté des municipalités qui peuvent
aussi encadrer, à juste titre, certains agissements. Pourquoi est-ce qu'on
laisse de côté les règlements municipaux?
La Présidente (Mme
Grondin) : Me Grignon, allez-y.
Mme Grignon (Karine) : Oui. Les
municipalités, en fait, ont leur propre régime de sanctions avec leur
réglementation. Puis souvent il y a un plafond, en fait, qui s'applique, là,
aux amendes qui vont s'appliquer dans la réglementation municipale, là. Donc,
c'est comme un chantier à part, là. Il faudrait aller faire un meilleur
arrimage, là, pour être capable d'introduire ce genre de choses là, là, parce
qu'avec le plafond ça ne fonctionnerait peut-être même pas déjà avec le montant
minimal, là.
Mme Melançon : D'accord. Alors, je
vais juste tourner ça, là. Un récidiviste sur des règlements municipaux en
environnement, est-ce qu'on est capables quand même de le soulever auprès d'un
juge, bien que ce soit sur un règlement municipal?
C'est parce qu'à la lecture... Puis là on l'a lu
en un trait, là. Et je ne suis pas avocate, donc j'ai besoin de votre
éclairage. Mais parce que... Puis ce n'est pas pour rien, là, je le redis, j'ai
souligné des mots, là. Quand on parle de la
gravité, quand on parle de négligence, quand on parle de prévisibilité, quand
on parle de dangerosité, de dissimulation, et je vois «que le contrevenant a, dans le passé, accompli des actes
contraires aux lois fédérales ou provinciales visant la conservation ou
la protection», moi, je pense qu'un contrevenant qui récidive, par exemple, sur
des règlements municipaux, devrait aussi...
tu sais, un juge devrait aussi... Mais, à partir du moment où on n'a pas nommé
«municipales», c'est comme si on en faisait abstraction.
• (17 h 50) •
La
Présidente (Mme Grondin) : ...
Mme Grignon (Karine) : Bien, ce
n'est pas une liste exhaustive, effectivement, là. Donc, il y a d'autres facteurs aggravants qui peuvent être présentés au
juge. Donc, ceux-là, c'est ceux qu'on en est capables de documenter,
qui, au fil des dossiers, il y a une certaine constance. Donc, on est capables
de les répertorier dans la loi, là. Donc, c'est pour assurer une certaine
prévisibilité aussi aux administrés, là. Mais effectivement on pourrait
présenter d'autres types de facteurs aggravants au juge, là, qui ne sont pas
nécessairement énumérés.
Mme
Melançon : Non, mais... Puis
j'ai vu, là, qu'il y avait le «notamment» tout en haut, là : «Sont
notamment de tels facteurs.» Moi, la seule chose, c'est... C'est parce que,
souvent, on demande aux municipalités, puis c'est pour ça que je le soulève
aussi, on demande souvent aux municipalités, hein, d'essayer de faire leur part
aussi en environnement. Je parlais tout à l'heure de Saint-Adelphe, là, mais ce
n'est pas le seul lieu où il y a des municipalités qui disent : Bien,
nous, on voudrait bien sûr faire plus entendre notre voix. Puis il y en a qui
prennent plus de place que d'autres. Je trouvais que ça aurait été un beau
signal ou un beau clin d'oeil que de montrer aussi que, s'il y en a qui sont en contradiction avec des règlements
municipaux, bien, on va aussi en tenir compte. De le nommer, je trouvais
que ça pouvait être une belle forme de responsabilisation et de démontrer, bien
sûr, qu'ils sont des partenaires et non pas uniquement
des organes de l'État québécois, là, je n'aime pas ça le dire comme ça, mais,
dans la loi, vous qui connaissez mieux que quiconque le vocabulaire,
parfois, qui est attribué dans des projets de loi comme ceux que nous étudions.
Mais je pense qu'il aurait été tout à fait à
propos de faire mention aussi du monde municipal, à ce moment-ci, puis
dire : Bien, si vous êtes des récidivistes, bien, ça peut être aussi sur
des règlements municipaux en matière d'environnement, puis ça aussi, ça va
compter. Je pense qu'il y a des maires qui auraient été bien, bien fiers de
voir ça apparaître dans ce projet de loi là, qui est... où on est en train de
faire du droit nouveau puis où est-ce qu'on doit aussi donner à César ce qui
revient à César. Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Non, ça va? Y a-t-il d'autres
interventions sur cet article? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Bien, moi, je suis
sensible à ce que dit la députée de Verdun, mais je suis d'accord aussi qu'on
pourrait le mentionner. Je ne sais pas s'il faut faire un amendement.
Mais, en même temps, je me demande si les
municipalités ne sont pas couvertes par les lois provinciales. Parce qu'un
règlement municipal ne peut pas être adopté seul ou en contravention d'une loi
provinciale. Je sais que les municipalités n'aiment pas ça, là, mais les
municipalités sont des créatures du gouvernement du Québec, donc il n'y a pas
un règlement municipal qui peut être adopté en infraction d'une loi du Québec,
d'une loi habilitante. Si un conseil municipal adopte un règlement relié à
l'environnement, c'est parce que sa Loi sur les cités et villes, ou autrement,
sur la fiscalité municipale, ou peu importe, lui permet de le faire, et c'est
une loi du Québec.
Alors, je pense que, s'il y avait un
contrevenant qui a enfreint un règlement municipal, le juge pourrait quand même
dire : C'est un facteur aggravant parce que ce règlement municipal est
adopté en vertu d'une loi du Québec. C'est juste qu'on étire l'élastique, puis
c'est un peu plus loin. Mais, bien, déjà là, qu'on le dise, ça va faire allumer
peut-être d'éventuels juges. Puis je le dis en tout respect. Je n'ai pas besoin
de les faire allumer. Mais c'est vrai qu'en même temps, de nommer le règlement
municipal, ça vient mettre le doigt sur le bobo puis ça vient mettre le... Tu
sais, on surligne que ça peut se faire en vertu des règlements municipaux.
Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas
exclusif, ça n'exclut pas, à mon point de vue, les municipalités. La députée de
Verdun a raison de le soulever. Je pense que les juges, éventuellement,
devraient en tenir compte, parce que les règlements sont adoptés en vertu de...
les règlements municipaux sont adoptés en vertu de lois du Québec qui sont
conformes, qui sont dûment adoptées.
Alors là, je
réfléchis tout haut au fur et à mesure que je parle. Est-ce qu'on devrait faire
un amendement là-dessus pour rajouter un élément puis le surligner? En
tout cas. Mon intention, c'est de dire : S'il y avait vraiment eu des
contraventions aux règlements municipaux et que c'est un facteur aggravant, je
ne crois pas que le juge ne peut pas en tenir compte en vertu de ce qu'on est
en train d'adopter. Il va pouvoir en tenir compte parce que les règlements
municipaux sont adoptés en vertu de lois du Québec. Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le ministre.
M. Charette : ...est très pertinent.
Ce que je pourrais proposer aux collègues — il reste, quoi, même pas
cinq minutes à notre séance — ce serait d'ajourner, ce qui nous
laisserait le temps, nous, de regarder cette question-là. Et à l'ouverture,
demain, on pourrait vous revenir avec l'impact d'un ajout ou pas, d'un
amendement ou pas à cet article-là. Mais je vous assure qu'on va prendre le
temps, là, de bien évaluer le tout, là, de notre côté.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Est-ce que ça vous convient si on
ajourne les travaux un peu plus tôt? Parfait.
Donc, merci, M. le ministre. Donc, je vous
remercie pour votre collaboration cet après-midi.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au mardi 18 janvier à 9 h 30.
(Fin de la séance à 17 h 56)