(Dix heures trois minutes)
La Présidente (Mme Nichols) :
Alors, bonjour. Votre attention, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission des transports et de l'environnement ouverte. J'en profite pour saluer
tous les collègues présents de chaque côté
de la Chambre. Bienvenue. J'en profite aussi pour saluer ceux qui nous
écoutent, et il y a beaucoup de gens dans nos bureaux de comté
respectifs qui nous écoutent. Donc, je salue mon équipe au bureau de comté.
Et je vous fais la lecture du mandat. Donc, la commission
est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Robert-Baldwin au ministre
de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques sur le
sujet suivant : L'absence de leadership du gouvernement caquiste dans la
lutte aux changements climatiques et la nécessité de miser sur une économie
verte pour la vitalité des régions du Québec.
Alors, voilà. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Bussière (Gatineau) est remplacé par Mme Boutin
(Jean-Talon); M. Caron (Portneuf) est remplacé par M. Lemay (Masson);
M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Leitão (Robert-Baldwin); Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)
est remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
La Présidente (Mme Nichols) : Très
bien, merci, M. le secrétaire. Alors, je comprends aussi qu'il y a une entente
afin que le deuxième groupe d'opposition intervienne lors de la troisième série
d'interventions et que le troisième groupe d'opposition intervienne lors de la
cinquième série d'interventions.
Étant donné qu'on a commencé un petit peu...
avec un délai de quelques minutes, je vous rappelle que le débat ne peut, à
moins d'un consentement, dépasser midi. Comme la séance a débuté vers
10 h 04, est-ce qu'il y a un consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit vers 12 h 04? Merci. Merci pour le consentement.
Alors, nous allons tout de suite débuter les déclarations
d'ouverture. M. le député de Robert-Baldwin, porte-parole de l'opposition
officielle en matière de lutte contre les changements climatiques, vous avez la
parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, chers collègues, bonjour, M. le ministre,
toute votre équipe, M. le député de Jonquière, le staff qui nous accompagne.
Donc, voilà, nous allons passer deux heures ensemble
pour discuter d'environnement, ce qui est très, très approprié, parce qu'on est
à la veille de la grande rencontre de Glasgow, de la COP26, où le Québec, bien
sûr, sera présent, et où le Québec a toujours
été présent, et où le Québec jouit d'une bonne réputation. Et donc on va
continuer, et c'est tant mieux, et c'est tant mieux que cela se poursuive.
Maintenant, pour ce qui est de l'enjeu qui nous
préoccupe, le sujet de cette interpellation, je vais essayer de couvrir
quelques éléments, trois ou quatre éléments, en commençant par, peut-être,
d'une façon un peu plus générale... de
mentionner, dans cette Assemblée, que je suis, bien sûr, très, très préoccupé
par l'urgence climatique. Depuis le
temps qu'on en parle, et on en parle depuis longtemps, et, déjà, le
gouvernement précédent... Déjà, en 2015, on avait pris une place intéressante
à la COP24 à Paris, mais nous sommes maintenant en 2021, et les choses ont
progressé, mais malheureusement pas dans la bonne direction.
Donc, juste quelques points de façon générale.
Je pense qu'il n'y a pas de doute maintenant... Il n'y avait pas de doute il y
a déjà quelques années, mais il n'y a pas... il n'y a aucun doute maintenant
que c'est l'activité humaine qui a un impact profond sur le climat, et impact
qui, à mon avis, est déjà, d'une certaine façon, irréversible. Donc, oui, on parle d'urgence climatique. Moi, je
parlerais aussi de dérèglement climatique qui est déjà là. Donc, il y a, à
mon avis, urgence d'agir pour ne serait-ce
que limiter l'impact du dérèglement qui est déjà là et puis de prévenir ou
d'essayer que cela ne se détériore davantage.
Alors, nous savons quoi faire. Quand je dis
«nous», c'est le nous collectif, l'humanité. Nous savons quoi faire. Nous avons
les moyens de le faire. Le chemin est connu, la technologie, les moyens. On
sait très bien ce qu'il faut faire. Nous savons que ça peut se faire. Donc, je
ne partage pas les points de vue de ceux qui sont très anxieux, parce que, donc,
on sait quoi faire, et on sait comment le faire, et on sait que ça donne des
résultats. Cependant, nous ne faisons pas grand-chose. Encore une fois, le
«nous» collectif, là, le «nous» planétaire, nous ne faisons pas... jusqu'à
maintenant, nous n'avons pas fait exactement là, là, ce qu'il fallait faire.
Récemment, il y a eu
plusieurs rapports de toutes sortes d'organismes, à commencer par le GIEC, mais
il y a toutes sortes d'autres qui renforcent cet avis qu'on est vraiment rendus
à un moment où il faut bouger, là. Il faut... Donc, il y a urgence d'agir. Le
rapport que je... sur lequel je me base beaucoup, et que j'ai bien analysé, et
que je trouve qui est extrêmement intéressant, c'est le rapport de l'Agence
internationale de l'énergie, qui est un organisme multilatéral, qui est un
organisme qui représente les pays producteurs, les pays consommateurs
d'énergie, d'industries d'hydrocarbures, et autres, et qui n'est pas reconnu
comme étant une espèce d'environnement d'écolos radicaux. Ce n'est pas ça du tout. Et c'est l'IEA, donc, l'Agence
internationale de l'énergie, qui nous dit que, si on continue sur la même voie, nous, encore une fois, le «nous» collectif, là, si on continue sur la
même voie, si les pays qui se sont engagés à atteindre certaines cibles
se limitent à ce qui a été annoncé publiquement, on n'y arrivera pas, on n'arrivera pas à contenir l'augmentation de la
température à 1,5 °C, et donc le dérèglement climatique va
s'intensifier.
Alors, l'Agence internationale de l'énergie
propose toute une série d'actions qui devraient être prises pour qu'on essaie
d'éviter ce scénario très, très négatif. Ce n'est pas alarmiste, à mon avis,
mais c'est juste, et donc il faut prendre conscience de ça. Alors, qu'est-ce
qu'on doit faire, donc, pour parcourir ce chemin? Chaque pays aura ses...
Chaque État aura ses programmes, ses priorités.
• (10 h 10) •
Évidemment, nous, au Québec, nous avons notre
chemin à parcourir, un chemin qui a déjà été tracé depuis un certain temps, et qu'on
continue maintenant. Nous avons, évidemment, un avantage incroyable que
d'autres États n'ont pas, c'est le fait que notre électricité est... pour la
plupart, un très grand pourcentage, elle est propre, elle est verte. C'est de l'hydroélectricité.
Un des plus grands obstacles, un des plus grands enjeux auxquels la planète
doit faire face, c'est, justement,
la production d'électricité propre, électricité verte, se débarrasser du
charbon, se débarrasser du gaz naturel, etc.
Et donc nous, au Québec, nous avons... nous
sommes déjà là. Nous sommes déjà avec l'hydroélectricité. Et c'est là où je
pense que le plan du gouvernement fait défaut, parce qu'on dirait... et on
pourra poursuivre après nos conversations, mais on dirait que le plan du gouvernement
se limite à ça, se limite à produire de l'hydroélectricité et à la vendre à nos
voisins américains. Je pense qu'on doit aller beaucoup plus loin que ça, oui,
pour l'électrification, l'électrification des transports, toutes sortes
d'électrifications, mais il va falloir aussi qu'on fasse d'autres choses. Il va
falloir aussi qu'on agisse sur l'agriculture. Il va falloir aussi qu'on agisse
sur le bâtiment, les immeubles.
Il va falloir surtout qu'on agisse de façon plus
efficace, plus prononcée, sur l'industrie lourde. L'industrie lourde, au
Québec, ce n'est pas quelque chose de... En termes de pourcentage de PIB, ce
n'est pas énorme, mais, en termes d'intensité de carbone, oui, les émissions de
GES en provenance de l'industrie lourde sont très fortes. Jusqu'à maintenant,
la stratégie adoptée par les gouvernements qui se sont succédé et qui sont là
maintenant, cette stratégie, basée en grande partie sur la bourse du carbone,
ne semble pas avoir vraiment convaincu l'industrie lourde à passer à une autre
étape. Donc, il va falloir peut-être penser à d'autres moyens pour procéder à
ce virage énergétique.
Donc, en conclusion, Mme la Présidente, parce
que je vois que mes premières 10 minutes achèvent presque, on est sur la
bonne voie, au Québec, mais, à mon avis, cette voie est très limitée parce
qu'elle se limite à la production d'hydroélectricité. Eh oui, c'est un atout
énorme, mais il faut aller, à mon avis, beaucoup plus loin que juste
l'hydroélectricité. Et on avait vu, dans le discours inaugural du premier
ministre il y a deux semaines, que, quand il parlait d'environnement, il
mentionnait juste le... C'est ça, on vend ça à New York et on va aider New York,
et c'est parfait. On va aider New York,
mais il faut qu'on aille beaucoup plus loin que ça pour qu'on puisse
véritablement contribuer à l'effort mondial pour la réduction d'émissions de
gaz à effet de serre. Voilà, Mme la Présidente, merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, je cède maintenant la parole au ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour une
période de 10 minutes. Et je fais juste une petite parenthèse, je
m'excuse, M. le ministre, peut-être juste fermer vos appareils, là, fermer le
son sur vos iPad, vos téléphones, pour ne pas déranger, là, les personnes, là,
qui font leur interpellation. Merci. M. le ministre, la parole est à vous pour
10 minutes.
Réponse du ministre
M. Benoit Charette
M. Charette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Je suis en train de suivre votre conseil et m'assurer que tous
les appareils sont fermés. Bien, déjà, vous saluer, merci de présider nos
travaux ce matin. Je tiens aussi à saluer, là, les gens qui vous accompagnent
au niveau de la table. Là, vous voyez que je suis aussi très bien entouré de
collègues que j'apprécie grandement. Donc, ils auront à intervenir au cours des
deux prochaines heures. Peut-être mentionner que le cabinet est aussi
représenté, le ministère de l'Environnement l'est également, donc, tous des
gens, là, qui contribuent à ce que l'on
puisse avancer jour après jour. Et, naturellement, je reconnais et salue les
collègues de l'opposition aussi, les gens qui les accompagnent, là.
C'est toujours un plaisir d'échanger sur la question environnementale.
Et je ne passerai pas... Je veux rassurer le collègue,
là, je ne passerai pas mon intervention uniquement sur le bilan libéral, mais
je dois vous avouer que j'ai été déçu du thème retenu, parler de manque de leadership.
Je connais la gentillesse du député de Robert-Baldwin et je pense qu'à vouloir
être trop partisan, par moments, on affecte sa propre crédibilité. Donc, le
thème de l'interpellation était peut-être inadéquat.
Donc, ceci dit, très
heureux de parler d'environnement. C'est vrai que ça ne se produit pas suffisamment
souvent. Je pense que c'est un des thèmes que l'on pourrait aborder avec les oppositions
de façon constructive. Je ne dis pas qu'on sera toujours d'accord, mais, uniquement aller vers la critique, ça
laisse entendre un certain vide au
niveau des idées par moments.
Et peut-être rappeler
certains faits. On a une cible qui est très ambitieuse pour 2030. On doit être
à moins 37,5 % de nos émissions par rapport à 1990. Et je dis ambitieux, mais on fait tous les efforts nécessaires
pour y parvenir. J'aurais aimé, par contre, que cette même rigueur-là se
soit installée il y a quelques années, donc, avant la dernière élection, parce
qu'autrement, là, on serait à moins 20 %. Si les gouvernements précédents
avaient fait leur travail, avaient abordé la question avec autant de sérieux,
on serait à moins 20 %, à l'heure où on se parle, et on est uniquement à
moins 6 %, en fait, un petit peu moins de moins 7 %.
Donc, ça veut dire
qu'en l'espace d'une décennie il faudra faire des gains, là, de l'ordre de
30 % par rapport à l'année de référence, 1990. C'est immense. Donc, c'est
la raison pour laquelle, lorsque certains groupes, encore là, ces derniers jours, nous demandent d'être
carboneutres pour 2030, c'est difficile d'aborder la question environnementale avec ces groupes-là
avec un minimum de rigueur. Lorsqu'on demande, et ça a été réitéré il y a quelques
heures à peine par certains groupes, qu'on soit à moins 65 % pour 2030, ce
n'est pas non plus sérieux.
Donc, il faut y aller
avec une approche qui soit bien établie, et c'est là où on a innové en novembre
dernier. On a été dans les premiers gouvernements au monde, je n'ai aucune
gêne, au contraire, à le dire, dans les premiers, donc, au monde à y aller d'une approche très, très, très planifiée.
L'erreur des dernières années, des dernières décennies... On a de
nombreux gouvernements, puis pas juste au Québec, là, à la grandeur de la
planète, qui ont identifié des cibles qui, par certains... dans certains cas,
étaient drôlement ambitieuses. Sur papier, lorsqu'on évoquait des chiffres de
réduction, on pouvait se réjouir, mais l'expérience a démontré que, malheureusement,
plusieurs États, ou plusieurs chefs d'État, ou politiciens, politiciennes qui
avaient pris ces engagements-là s'étaient limités à la première étape, elle est
importante, celle de l'identification d'une cible. Mais, si elle n'est pas
accompagnée des deux étapes subséquentes, qui, elles, ont été réalisées par
l'actuel gouvernement du Québec, on n'a aucune chance d'y parvenir.
Et quelles sont ces
deux étapes-là? C'est-à-dire, oui, il faut identifier une cible, mais il faut
identifier des mesures nous permettant de réduire nos émissions, de sorte que
l'on puisse atteindre notre cible. Et ça, déjà, là, il y a déjà moins de
gouvernements qui sont passés à cette deuxième étape-là, certains se limitant
uniquement à identifier une cible. Donc, deux étapes qui ont été réalisées à
travers la présentation du Plan pour une économie verte, mais la plus
importante, c'est la troisième, et c'est celle qui manque un peu partout à
travers le monde, malheureusement, c'est-à-dire les budgets. C'est bien beau,
avoir des cibles, c'est bien beau, avoir identifié des mesures permettant de
les réaliser, mais, si on n'a pas les budgets pour les réaliser, la démarche
est malheureusement caduque.
Et c'est cette
troisième étape qui a été réalisée enfin par le gouvernement du Québec, sous le
leadership, notamment, du premier ministre. Et on sait très clairement quel
sera notre plan de match pour nous amener à 2030, avec un plan de mise en oeuvre
qui, lui aussi... nouvelle approche, qui sera révisé année après année, qui
sera mis à jour année après année, parce que le problème, au Québec, ces
dernières années, donc avant l'élection, c'était d'avoir, oui, un fonds vert
qui était mal administré. On se souvient des nombreuses critiques, notamment de
la Vérificatrice générale, des propos très, très durs à l'égard de la gestion
du Fonds vert. Donc, plus ou moins de suivi. On avait, oui, des mesures, on
avait des programmes, mais qu'ils atteignent ou pas leurs cibles ou leurs
objectifs, on ne s'en formalisait malheureusement pas.
• (10 h 20) •
Donc, c'est la grande
différence. Dorénavant, année après année, on a un plan de mise en oeuvre qui
sera mis à jour, ce qui fait que, si une mesure s'avère moins performante
qu'anticipé, bien, on ne la laissera pas faire ses cinq ans. On va s'assurer
soit de modifier la mesure soit de la bonifier ou soit carrément de la
remplacer par une autre, parce que, là, je suis d'accord avec le collègue de
Robert-Baldwin, il faut arriver à ces résultats. La science est très, très,
très claire, ce n'est plus un luxe, ce n'est plus une possibilité. Il faut
arriver à ces résultats.
Donc, on a réellement
la formule la plus propice pour nous permettre d'arriver à cette cible-là. Et,
naturellement, à travers le PEV, le plan de mise en oeuvre, il y a beaucoup de
mesures qui ont déjà été présentées. On a présenté des règlements importants, que
ce soit sur le mazout, que ce soit sur les autobus scolaires. On a largement
parlé de la fin de la vente des véhicules à essence. Mais vous constaterez
aussi, au cours des prochaines semaines, des prochains mois, que de nouveaux programmes
seront présentés pour opérationnaliser le PEV et le plan de mise en oeuvre qui
ont été présentés en novembre dernier.
Donc, c'est le début
d'une décennie emballante, parce que, là aussi, je suis d'accord avec le collègue
de Robert-Baldwin, je ne suis pas non plus de ceux qui pensent qu'on est à la
fin de la vie sur terre. Je suis de ceux qui sont convaincus qu'il faut
corriger la situation pour permettre la continuité de cette présence humaine et
cette vie sur terre, mais il faut y voir une occasion, un défi, et non pas une
occasion, là, de se... malheureusement, là, de se rouler en boule, là, dans le
fond d'une pièce.
Donc, c'est un défi
qui est colossal, mais qui est emballant, qui peut très certainement être
concilié avec un développement économique important, parce que tous les experts
en matière énergétique, notamment les spécialistes sur les changements
climatiques aussi, le disent, au cours des prochaines années, ce sont des
milliards de milliards... Donc, on ne parle pas de quelques dollars, là. On
parle de milliards de milliards de dollars qui seront investis à travers la
planète pour, justement, parvenir à diminuer nos émissions, parvenir à cette
carboneutralité pour 2050, un autre engagement du gouvernement du Québec.
Donc,
ces milliards de milliards de dollars là, ce que ça représente, c'est autant de possibilités de
développement économique. On est en train de développer une filière tout à fait
innovante au niveau des véhicules électriques avec les autobus, notamment. On a
vu, il y a quelques jours à peine, le développement d'une première ambulance
avec un châssis entièrement conçu pour être électrifié. On a vu bien d'autres
mesures, dont celle de la filière batterie, qui se développe de semaine en
semaine au Québec et qui suscite énormément d'intérêt à travers le monde.
Donc, ce sont toutes des
mesures qui, environnementalement parlant, sont nécessaires, mais qui offrent
une occasion de développement économique absolument formidable pour le Québec.
En fait, pour être gagnant dans cette stratégie-là, il faut être dans les
premiers à la retenir, et c'est le cas du Québec. Donc, les premiers États dans
le monde qui sauteront à pieds joints dans
cette transition seront aussi ceux qui, oui, naturellement,
environnementalement parlant, vont en bénéficier, mais également ceux qui, d'un
point de vue économique, seront les grands gagnants. Et c'est dans cette
perspective que nous travaillons, Mme la Présidente.
Argumentation
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange avec des interventions de cinq minutes en alternance. M. le député de
Robert-Baldwin, vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
M. Leitão : Cinq minutes? Très
bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, on va continuer dans la même
voie, mais, avant de continuer, je vais vous raconter une petite histoire que
je trouve très révélatrice. C'est mon opinion. Vous en jugerez, si c'est une
bonne histoire ou pas.
Au début du mois d'octobre, j'ai été, dans une
école secondaire dans mon comté, parler à un groupe de jeunes du secondaire V.
C'était le Jour de la Terre, donc, c'était au début d'octobre, évidemment, sur
le thème de l'environnement. Alors, c'étaient des jeunes très, très allumés,
des jeunes très... On a eu une très bonne discussion avec ces jeunes de 15, 16 ans et, bon, des suggestions pratiques
de... une bonne discussion. À un moment donné, il y a un jeune homme,
très articulé, d'ailleurs, qui m'a regardé bien dans les yeux, là, et il m'a
dit : Mais est-ce que nous avons encore un avenir? Est-ce que vous, et,
quand il disait «vous», il nous disait «nous», dans notre génération des
baby-boomers et les politiciens, est-ce que vous allez nous laisser une planète
où on pourra avoir un avenir? Il était sérieux, le jeune homme, et, d'une
certaine façon, il a tout à fait raison.
Alors, comme on a dit, M. le ministre l'a aussi
mentionné, il y a urgence d'agir. C'est cette urgence d'agir que... cette
absence d'urgence d'agir que je remarque dans l'attitude du premier ministre.
Le ministre de l'Environnement, lui, je n'en doute pas qu'il partage ce
sentiment-là aussi, mais, au plus haut niveau de l'État... Et nous savons tous
qu'un gouvernement, évidemment, il avance plus rapidement dans une direction ou
dans une autre si, au sommet de la hiérarchie, donc, si le grand patron, si le
premier ministre envoie des signaux clairs que c'est là où on va aller, et c'est
ce genre de signal clair, de la part du patron, de la part du premier ministre,
que je ne vois pas.
Comme j'ai dit avant, le premier ministre parle
encore et toujours de vendre l'électricité aux États-Unis. Bon, tant mieux, je
n'ai rien contre ça, mais il faut aller plus loin que ça. Pour répondre aux
inquiétudes de ce jeune homme de Pierrefonds, moi, je lui ai dit que, écoutez,
nous avons la technologie, nous avons les moyens, nous savons quoi faire, mais
il nous faut la volonté, la volonté politique. Je n'étais pas du tout en train
de me défiler de ça. Moi, j'étais là avant aussi, là, mais, encore là, nous,
collectivement, savons quoi faire. Il faut le faire. Il faut mettre en
oeuvre... Et, comme le ministre a mentionné, les sommes requises sont colossales
pour procéder à ce transfert, à cette transition énergétique. Il n'y a aucun
État sur la planète qui peut avoir les moyens de faire ça tout seul.
Donc, on doit... C'est un effort collectif,
colossal et collectif. Il faut trouver les moyens d'inclure tous les aspects de
la société civile, le secteur privé, le secteur à but non lucratif. Il faut que
tout le monde participe à cet enjeu-là. Donc, l'État a un rôle crucial à jouer.
L'État doit mettre en oeuvre, doit mettre en place la réglementation nécessaire
ainsi que les incitatifs adéquats pour pouvoir mobiliser l'activité économique
privée, publique, parapublique, pour qu'on puisse arriver à cette
étape-là.
Encore une fois, nous avons une longueur
d'avance parce que nous avons déjà beaucoup d'électricité propre, mais il faut
passer maintenant à la prochaine étape. Comme j'ai dit tantôt, l'énergie,
l'industrie lourde... mais, surtout, on ne fait pas assez attention à ça au Québec,
l'efficacité énergétique dans les bâtiments surtout, que ce soit le bâtiment
résidentiel, industriel, commercial, institutionnel. L'État lui-même occupe des
espaces, est propriétaire d'immeubles, et
souvent, encore, aujourd'hui, les sources de chauffage, les sources d'énergie,
dans ces immeubles-là, c'est encore au mazout, ou encore au gaz naturel,
ou que sais-je?
Donc, il faut... L'État a un devoir
d'exemplarité. Oui, ça va coûter cher, mais ça coûterait encore plus cher de ne
pas aller dans cette direction, et l'État a le devoir d'exemplarité. Et, moi, au-delà
de l'hydroélectricité, il y a l'efficacité énergétique, il y a les bâtiments,
les bâtiments publics. Allons-y. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci, M.
le député. Je cède la parole au ministre
pour une période de cinq minutes.
• (10 h 30) •
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Peut-être commencer par commenter l'expérience qu'a vécue le collègue
avec des jeunes étudiants, une expérience que je vis régulièrement. Je me fais
un devoir, là, de rencontrer encore cette semaine des jeunes d'une école de Lanaudière.
Donc, je me fais un devoir de rencontrer le plus de jeunes possible, et c'est
vrai que, chez la jeune génération, il y a une inquiétude qui est sincère.
Moi, personnellement, je ne me qualifie pas
d'écoanxieux, parce que je vois la hauteur du défi, oui, mais je vois également
la hauteur des possibilités qui s'offrent à nous. En disant ça, pour moi, je ne
blâme pas ceux qui se considèrent anxieux parce que je suis pleinement
conscient que c'est une inquiétude, là, qui est grandissante chez plusieurs de
nos concitoyens, concitoyennes. Je pense, par contre, qu'on a l'obligation de
parler de cet espoir-là, de parler de ces opportunités-là pour, justement,
donner un message qui va encourager celles et ceux qui peuvent s'inquiéter, à
juste titre, encore une fois, de l'état de la situation.
Sinon, peut-être prendre
la balle au bond... Le collègue disait que le gouvernement avait uniquement
comme stratégie l'hydroélectricité, c'est faux. C'est certain que c'est au
coeur de notre plateforme du plan de mise en oeuvre parce que c'est un outil
formidable qu'on a à notre disposition. La quasi-totalité des États dans le
monde sont jaloux ou aimeraient, à tout le moins, bénéficier de ces
infrastructures, parce qu'on parle d'États qui sont aujourd'hui alimentés au
charbon, d'États qui peuvent être alimentés au gaz naturel, essentiellement.
Donc, on a cette longueur d'avance. Il faut la
mettre de l'avant, mais dire qu'on s'intéresse uniquement à l'hydroélectricité,
c'est faux. On a une stratégie au niveau des énergies renouvelables, que ce
soit à travers l'éolien, que ce soit,
graduellement, de plus en plus, à travers le solaire, mais vous allez nous
entendre parler davantage, au cours des prochains mois, au cours des
prochaines années, d'hydrogène. Plusieurs spécialistes, encore une fois, au
niveau énergétique, y voient un potentiel formidable pour les prochaines décennies.
Et, là aussi, à cause de notre hydroélectricité,
on a un avantage incomparable. On peut obtenir de l'hydrogène de différentes
façons, mais l'hydrogène sur lequel on misera de plus en plus au Québec, c'est
un hydrogène qui est vert, qui est fait à partir de cette hydroélectricité, qui
peut être emmagasiné, qui peut être exporté, donc, qui pourra bénéficier aussi
aux partenaires, là, du Québec. Donc, un potentiel intéressant au niveau des
émissions, là, de gaz à effet de serre.
Et, naturellement, au niveau des énergies
renouvelables, certains n'y croyaient pas, alors que le potentiel y est, au
niveau du gaz naturel renouvelable. Donc, c'est la raison pour laquelle on a
changé aussi notre réglementation pour qu'année après année on ait toujours un pourcentage
plus élevé de gaz naturel renouvelable dans le gaz naturel qui est utilisé au
Québec. Et comment on l'obtient, c'est à travers, notamment, la gestion de nos
matières résiduelles organiques, c'est à travers la biomasse. Bref, il y a un
très beau potentiel.
Donc, réduire l'action du gouvernement à
l'hydroélectricité, c'est un petit peu réducteur. Et, enfin, le collègue disait
qu'on n'avait pas d'appuis en haut lieu. Moi, je regarde les budgets que nous
avons, depuis l'élection, en environnement versus les budgets que l'ancien ministre
des Finances accordait à l'environnement. On parle de réductions pour plusieurs
des années où le collègue était ministre des Finances. Or, au gouvernement
actuel, je regarde les chiffres, et on n'est même pas proches de ce que les
anciens gouvernements faisaient, 2018... 2019‑2020, une augmentation, c'est le premier budget, plus timide, un petit peu moins de 5 %, mais, les
années subséquentes, plus de 30 %, du jamais vu au ministère de
l'Environnement, et, si on parle de 2021‑2022, avec et crédits et programmes,
une augmentation de 48,7 %.
Donc, dire qu'on n'a pas l'appui du premier
ministre, c'est malheureusement très, très peu crédible. C'est le premier
ministre qui est derrière l'influence sur un budget, c'est le ministre des
Finances, comme l'était, à l'époque, le collègue de Robert-Baldwin. Donc, le
leadership qui est pleinement assumé, il l'est par le gouvernement dans son intégralité, et avec le support nécessaire du
premier ministre. Autrement, on ne parlerait pas d'augmentation
budgétaire de 48 %. On parlerait plutôt
de réduction budgétaire, comme c'était le cas avec, malheureusement, l'ancien
ministre des Finances.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, pour la prochaine période de cinq minutes, je
cède la parole au député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Un peu comme ce que le ministre de l'Environnement disait, moi, le thème d'aujourd'hui me surprend et me dérange.
J'ai beaucoup apprécié la présentation du député de Robert-Baldwin, le
sérieux de la présentation. Et on a souvent échangé, lui et moi, et c'est
quelqu'un que j'apprécie, puis il le sait, mais je vais... Je suis tout à fait
en accord avec ce que... Moi aussi, j'ai rencontré pas mal de gens qui
s'inquiètent de leur avenir, je les comprends, et ça nous force à dire :
Oui, il faut minimiser, contrôler la hausse des températures pour que notre
environnement soit le plus intéressant possible.
J'aimerais juste vous faire part de la rubrique
Environnement du site du Parti libéral. On voit le nom de Philippe Couillard et
de Jean Charest à de nombreuses reprises. Celui de l'actuelle cheffe du Parti
libéral n'est pas là. On fait référence au cadre financier 2018‑2019, la
conférence de Paris sur les changements climatiques. On parle du Protocole de
Kyoto un petit peu avant l'an 2000, les barrages de la Baie-James. La
personne attachée au dossier est la députée de Maurice-Richard.
Ce n'est pas l'actuelle personne en charge du dossier. Et c'est marqué :
N'oubliez pas de revenir consulter ce dossier, nous le mettons à jour
régulièrement.
Donc, je suis content que le député de
Robert-Baldwin soit en charge parce que je suis convaincu qu'on va nous apporter
plus de neuf en environnement. Il y a eu beaucoup de sagas qui sont arrivées
dans les années passées, puis il ne faut pas vivre au passé, mais ça explique
pourquoi nous sommes rendus où nous sommes actuellement. On a parlé... Si je
remonte à quand même plusieurs années, la saga Rabaska, un port méthanier à
Lévis, dézonage de terres agricoles fertiles, le Parti libéral avait appuyé ce
projet-là, malgré une opposition très forte et à Lévis et à Beaumont. On a eu
la saga du mont Orford, et là il y a une loi spéciale pour mettre en vente une
partie du parc national, et ça a pris quatre ans de pressions pour qu'on
renonce à ça. Il y a eu la saga des gaz de schiste, et le Parti libéral voulait
aller de l'avant. Il y avait une pétition de 128 000 noms.
128 000 noms, c'est très, très, très rare. On a eu l'exploitation
pétrolière en Gaspésie, Anticosti. Il y a eu un problème à la fois financier et
environnemental. Alors, il y en a beaucoup, de ce genre de choses qui sont
arrivées.
On a parlé du Fonds
vert. Avant, on disait que c'était un bar ouvert. Est-ce que c'est exagéré
comme expression? Peut-être. Parfois, quand on... Il y a eu peut-être un peu
d'enflure verbale, mais il y avait quand même un problème réel dans le Fonds
vert. Actuellement, il y a un meilleur contrôle sur le Fonds vert. Les projets
qui sont identifiés là-dedans seront vraiment les projets avec des échéances,
avec des coûts et avec une réduction des gaz à effet de serre bien indiquée.
Alors, on est juste au début de cette interpellation, mais, si la marche est si
haute pour rejoindre 37,5 %, c'est un peu parce
qu'au cours des années passées on n'a pas toujours fait les bons choix au Québec,
et là il va falloir mettre les bouchées doubles et faire les bons choix.
Je vais juste vous
poser la question : Si, au Québec, on n'avait pas d'hydroélectricité, on
serait comme beaucoup d'autres provinces canadiennes, comme beaucoup d'États
américains, on serait où? On serait très loin. On a une... Notre marche serait
épouvantable. Alors, oui, nous sommes chanceux d'avoir l'hydroélectricité.
C'étaient des bonnes décisions qui ont été prises il y a plusieurs années,
profitons-en. Et je pense que, quand on dit qu'on vend l'électricité à New
York, au niveau environnemental global, sur la planète, c'est extraordinaire,
l'impact qu'on a, d'une réduction, on dit, de 1 million de voitures. C'est
un ordre de grandeur, bien sûr. C'est énorme. On devrait se réjouir de ça, tout
simplement.
Mais, par contre, je
suis complètement d'accord qu'il ne faut pas arrêter là, et le ministre de
l'Environnement l'a déjà mentionné clairement, des points qui sont déjà en
action, et qu'il y en a beaucoup d'autres qui s'en viennent, qui vont avoir un
effet sur les gaz à effet de serre. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin pour cinq minutes.
• (10 h 40) •
M. Leitão :
...Mme la Présidente. Bon, beaucoup de choses qu'on a entendues dans les deux
dernières interventions. Je ne vais pas refaire l'histoire, parce qu'on a seulement
cinq minutes et on a beaucoup d'autres choses à dire, mais, quand même, juste
rappeler qu'il n'y a pas eu, il n'y a pas, il n'y aura pas d'exploitation de
gaz de schiste au Québec. Donc, ça, c'est une chose.
Pour ce qui est de
nos engagements en termes d'environnement, probablement que les collègues n'ont
pas fait attention, mais nous avons rendu publique une nouvelle vision
économique où la politique économique, en fin de compte, c'est une politique
climatique. Les deux vont ensemble. Et ça me surprend encore aujourd'hui, en
2021, d'entendre le premier ministre dire, comme il l'a dit récemment, que,
oui, oui, très bien, la lutte aux changements climatiques, j'en veux bien, mais
il ne faut pas que ça vienne aux dépens de l'emploi. Bon, ça, c'est un peu...
ça fait un peu années 70, là, mais le discours est mort il y a longtemps.
Donc, il faut passer à autre chose.
Chanceux d'avoir
l'hydroélectricité, oui, mais ce n'est pas une question de chance. C'était une
politique publique très affirmée, très claire, qui avait été mise en place par
le gouvernement de l'époque, par M. Robert Bourassa, contre vents et
marées, parce qu'à ce moment-là on insistait beaucoup sur le nucléaire aussi,
par exemple, et, vraiment, c'était grâce à
la détermination de ce gouvernement-là qu'on est où on est maintenant. Donc, on
n'est pas chanceux d'avoir
l'hydroélectricité. C'était la politique publique éclairée, et c'est un peu ce
qu'on demande maintenant aussi,
d'avoir des politiques publiques éclairées. Les transports, l'électrification
des transports, l'hydrogène vert, tout ça est très bien, là. On ne va
pas discuter longuement là-dessus. Je pense que nos sommes bien d'accord
là-dessus, mais, encore une fois, il faut aller au-delà des transports.
Comme j'ai dit au
début, on a l'agriculture, on a l'industrie lourde, on a le bâtiment, on a
l'efficacité énergétique en général. Tout ça, ce sont des domaines où on doit
avoir une politique publique claire et ambitieuse sur ces enjeux-là, et c'est
ce que, jusqu'à maintenant, je ne vois pas de la part de ce gouvernement. On
nous dit que, bon, il y aura une mise à jour du PEV, du Plan pour une économie
verte, et qu'on va annoncer d'autres choses bientôt. Très bien, bon, mais il y
a un sentiment d'urgence que je ne détecte pas dans ce gouvernement, surtout
que... quand ça vient d'en haut. On a vu encore ce matin... Encore ce matin,
dans les nouvelles, dans les médias, on a le premier ministre qui nous dit...
qui dit publiquement que les écolos sont des pleurnichards parce qu'ils ne leur
a pas parlé. Bien, ce genre de commentaire, je ne pense pas que ce soit
nécessairement utile.
M. Charette :
Naturellement, le collègue sait fort bien qu'on ne peut pas prêter
d'intentions, et l'affirmation est totalement fausse.
La Présidente
(Mme Nichols) : Oui, merci...
M. Charette :
Le premier ministre n'a jamais dit ça, que les groupes environnementaux... des
pleurnicheurs.
La
Présidente (Mme Nichols) : Très bien, merci. Je vais... C'était quand même
une citation, là, c'était... mais... C'était
la citation d'un titre, là, mais je vais rappeler, là, aux parties de juste
faire attention au vocabulaire utilisé. Merci.
M. Leitão :
Très bien. Merci, Mme la Présidente. Donc, c'est ce qui circule dans les
médias, mais, regardez, on va passer à autre chose, les cibles, 37,5 % de
réduction de gaz à effet de serre d'ici 2030. Cette cible-là avait été
établie en 2016, je pense, ou 2015. C'est vrai qu'on est loin de ça. D'entre
2015 et 2020 on ne s'est pas approchés de cette cible-là pour toutes sortes de
raisons. On pourrait en discuter longuement de pourquoi cela a été le cas, mais
nous voilà maintenant rendus en 2021, et 2030, c'est dans neuf ans.
Le ministre nous a
mentionné que ses programmes ou sa stratégie seront mis à jour annuellement
pour nous indiquer le chemin qu'il nous reste à faire. Alors, ce que je lui
suggère, c'est que, dans ce cas-là, je pense, ça serait une excellente idée si
le gouvernement adoptait ce qui lui a déjà été suggéré par le député de Jonquière,
mais aussi par son propre comité consultatif, un budget carbone où, justement,
annuellement, on pourrait savoir exactement le chemin qu'on a parcouru et le
chemin qu'il nous reste à parcourir.
Donc, l'idée d'un budget carbone, qui circule
depuis un certain temps, et, encore une fois, ceux qui sont ici, dans cette
salle, le député de Jonquière l'a bien déjà mentionné plus d'une fois, je
trouve que c'est une excellente idée, mais je pense que
ça nous aiderait. Ça nous aiderait, collectivement, à atteindre nos objectifs
si on avait une telle approche. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, je cède la parole à M. le ministre pour cinq minutes en rappelant
aux collègues de faire attention aux mots utilisés. Merci, M. le ministre.
M. Charette : Je fais toujours
attention aux mots utilisés, mais merci pour le rappel. Bien, en fait, le but,
c'est de ne pas répéter toujours les mêmes choses, mais l'approche, la rigueur
qu'on s'attend du gouvernement actuel et qui est celle du gouvernement actuel,
j'aurais aimé qu'elle soit celle des gouvernements passés. J'aimerais que le Parti
libéral, éventuellement, fasse des propositions concrètes au niveau de la
cible, notamment, parce que j'entends certaines des affirmations, là, provenant
de sa formation politique, comme quoi la cible de 2030 n'est pas suffisamment
ambitieuse, et j'aimerais que l'opposition officielle puisse clarifier sa
position à ce sujet-là.
C'est une chose de dire : Bon, le gouvernement
manque de leadership, nous, on ferait plus, on ferait mieux. Un, l'approche
chiffrée dont je parlais tout à l'heure, ils ne s'en sont jamais prévalus.
Mais, si, aujourd'hui, l'opposition officielle dit que le gouvernement manque
de leadership, que sa cible de 2030 n'est pas suffisamment ambitieuse, j'aimerais savoir quelle serait la
cible de l'opposition officielle qui, à ses yeux, serait suffisamment ambitieuse.
Et, surtout,
une fois cette affirmation-là faite, je vais m'attendre à ce que la même
démarche tout aussi rigoureuse soit
faite et qu'elle soit leur démonstration. C'est-à-dire, une cible, c'est
une chose. Déjà, ajouter des mesures précises, c'est rendre l'exercice un petit peu plus complexe, et les chiffrer, et les budgéter, c'est encore plus complexe.
Donc, le jour où le gouvernement... non pas le gouvernement, mais où l'opposition
officielle assumera son affirmation
comme quoi il y a un manque de leadership, notamment par rapport à la
cible de 2030, s'ils n'accompagnent pas cette affirmation-là des deux autres
conditions, malheureusement, ce sera tout simplement un manque de rigueur et de
crédibilité.
Pour le reste, j'insiste, les budgets records
qui sont consentis actuellement à l'environnement ne l'auraient jamais été s'il
n'y avait pas un appui et une motivation renouvelés et renforcés année après
année par l'ensemble des membres du gouvernement, et son chef en premier lieu, c'est-à-dire
le premier ministre. Donc, plus qu'honoré d'occuper cette fonction, parce que,
oui, on vit à une époque où elle représente une importance encore plus grande,
mais je suis surtout très honoré et soulagé d'avoir l'appui des collègues. Je
pourrais me sentir très seul autour de la table si j'étais le seul interpelé et
intéressé par ces enjeux-là, mais, au contraire, c'est un appui, là, qui est
généralisé. Et, si on regarde... On parle de
lutte aux changements climatiques, oui, mais il y a plusieurs mesures qui
interviennent à ce niveau-là, que ce soit au niveau de la protection du
territoire, où on a fait des pas de géant, que ce soit...
Tout à l'heure, je parlais de la gestion des
matières résiduelles. Mine de rien, et plusieurs personnes n'en sont pas
conscientes, mais la gestion de nos matières résiduelles, c'est une de nos
principales sources d'émissions de gaz à effet de serre, et un exemple qu'il ne
faut pas retenir. En 2010, le gouvernement libéral de l'époque avait, main sur
le coeur, dit : À partir de 2020, on n'enfouira plus — et
c'est un exemple parmi tant d'autres — on n'enfouira plus de
matières organiques, qui est une source très, très importante d'émissions de
gaz à effet de serre. J'arrive en poste en 2019, pour ma part, comme ministre
de l'Environnement. Je vois l'engagement qui avait été pris en 2010, et, entre
2010 et 2019, il n'y a strictement rien qui a été fait à cet égard-là, alors
que la fin de l'enfouissement devait survenir dans l'année qui allait suivre.
Donc, j'aime bien les discours. Il faut en
faire. Mais j'aime surtout quand ces discours-là se traduisent en actions. Et
je parlais des aires protégées, un bilan totalement, totalement négatif du côté
des libéraux, alors que la biodiversité est
une façon de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Je parlais de la
gestion des matières résiduelles, avec beaucoup d'engagements pris, mais
aucune politique de la part des gouvernements précédents. Donc, c'est ce
cycle-là, Mme la Présidente, qu'il faut casser, et c'est ce cycle-là qu'on a
cassé avec la dernière élection, avec des programmes qui sont toujours bien
pensés, mais surtout budgétés pour qu'ils puissent arriver à leurs résultats.
• (10 h 50) •
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci. Je cède la parole au député de
Bourget pour la prochaine intervention.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais revenir sur l'aspect d'écoanxiété dont on parle
souvent. On dirait que c'est effrayant quand quelqu'un dit : Je ne suis
pas écoanxieux ou je le suis, tout ça. C'est juste un mot, bon. Les gens ont le
droit de dire qu'ils sont écoanxieux, puis je respecte ça, mais je pense qu'on
a tort, au niveau médiatique, des fois, d'exploiter le mot ad nauseam, comme on
dit en japonais. Je pense qu'il faut plutôt essayer de générer de l'action et
de l'espoir, et c'est là qu'il est important, des fois, de choisir les mots
qu'on prend.
Bien, des actions, là, bien, je vous donne des
exemples, là. On parlait de la minière Osisko. Jusqu'à... de 2006 à 2015, il y
a 150 avis de non-conformité, pas de conséquences. Je pense que, là, il
faut être, dans ces cas-là, plus clair et plus directif. Une norme, c'est une
norme. Une limite, c'est une limite. Il faut être souple. On ne peut pas
appliquer ça aveuglément, mais il faut quand même être plus directif que ce
qu'on a là.
On sait que, dans les années 2014‑2016, au ministère
de la Faune, Forêts, le MFFP, il y a 200 postes qui ont été abolis. Là, on
parle de biologistes, botanistes, divers techniciens, agents de recherche et
agents de protection de la faune. C'est un peu comme dans un bureau
d'ingénierie, quand on décide de dire : Là, on devrait-tu garder ces
gens-là? On laisse aller, on vient de perdre une expertise qui est assez
difficile à retrouver. Il faut la rebâtir, mais rebâtir, ça a l'air de rien. On
dit : Le MFFP, pourquoi on en parle ce matin? C'est là qu'on parle de
biodiversité et d'agents de protection de la faune. Ça fait partie de
l'environnement aussi.
Une autre chose, on
dirait que ça passe sous silence, mais il y a eu le projet de loi n° 65,
qui a été présenté, sur la consigne et le recyclage de façon générale, et
là-dedans on voit que, bien, il y a huit provinces sur 10 qui ont une, j'appellerais ça, consigne digne de ce nom. Bien,
comment ça se fait qu'on n'en a pas, nous? Comment ça se fait qu'on n'en avait
pas jusqu'à 2018? Ce n'est pas la faute du monde entier, ça, là, là. On a juste
deux provinces au Canada qui n'en avaient pas, Manitoba puis le Québec.
Là, il y a eu un
projet de loi, puis on se dirige vers ça. Juste les conséquences de ce qu'on a
lu dans le passé, là, qu'on traîne encore... Le fait que le verre était mélangé
au papier et au carton faisait en sorte que le papier et le carton sont
contaminés avec le verre, se ramassaient en Chine à des prix dérisoires. La
Chine ne veut plus l'avoir. On se ramasse en Inde à des prix dérisoires. Mais,
quand ils vont être propres, plus propres, parce que ce ne sera jamais parfait,
bien, on a des compagnies, comme Kruger et Cascades, qui ne sont pas...
vraiment pas loin et qui vont être prêtes à les vendre.
Alors, ce sont des
exemples de choses qu'on a mises de l'avant et qui sont là. Quand je parlais de
clarté, pour mettre des choses claires et mettre des limites, GNL Québec, on a longtemps
décrié ce projet-là sous toutes sortes de façons, mais je me souviens d'avoir
eu une manifestation à mon bureau, et j'ai été jaser longtemps avec les gens,
puis, à la fin, bien, ils sont partis, ils n'ont pas manifesté, puis je leur
avait expliqué : Bien, on a mis des critères, on attend que les critères
soient rencontrés ou pas rencontrés, laissons faire le processus. Et on l'a vu,
c'était quoi, le processus. On a dit, entre autres, un des critères. Il faut
qu'au niveau des gaz à effet de serre, au niveau mondial, que ça baisse et que ça soit clair et démontrable sur
une longue période. Ça ne l'a pas
été. La limite était là. C'est quand
même plus efficace que ce qu'on avait auparavant, qu'on appelait un test
climat. Un test climat, c'était plus qualitatif, tandis que, là, il y avait une
limite claire. Alors, c'est quand même des choses beaucoup plus claires.
Une petite histoire
que j'aimerais vous raconter... Un de mes emplois que j'ai eus, c'est d'être
gestionnaire dans une usine de pâtes et papiers, et j'étais, entre autres, en
charge de l'environnement, et je me suis dépêché à ne pas être le seul en
charge de l'environnement. Je voulais que les gens opèrent de façon environnementale.
Je ne voulais pas être le responsable de l'environnement, qui va dire oui ou
non sur un projet. Je voulais que les gens pensent environnement. Et, quand on
regarde tous les budgets qui sont dans les autres ministères, c'est là qu'on
voit que l'argent n'est pas au ministère de l'Environnement, il est au ministère...
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci, M. le député. Je cède maintenant, pour la
série... Pour la troisième série d'interventions, je cède la parole au député
de Jean-Lesage.
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je trouve ça spécial, d'entendre ce qu'il se
passe aujourd'hui, d'être ici, à l'Assemblée nationale, entendre le
Parti libéral du Québec venir critiquer le leadership du gouvernement caquiste
sur les engagements pour l'environnement, pas tant que je trouve que les
engagements du gouvernement sont suffisants, mais parce que c'est paradoxal.
Tous les partis d'opposition, à part Québec solidaire, ici, ont du pétrole sur
les mains.
Le Parti québécois a
financé la fracturation d'un joyau écologique à Anticosti, a mis sur pied à
grands frais publics la cimenterie McInnis, qui, aujourd'hui, est l'industrie
la plus polluante au Québec. Le Parti libéral a prévu par loi la fracturation
hydraulique, l'expropriation des gens par des compagnies pétrolières. En 15 ans,
ils n'ont pas atteint la moitié des cibles de réduction de GES qu'ils s'étaient
données. Puis les grands coups en avant qu'ils ont fait, ça a été à cause d'une
crise économique en 2008.
Et là ils viennent
ici pour critiquer un gouvernement qui, lui-même, dit : On a des cibles
ambitieuses. Mais, dans le fond, les cibles
que s'était données le Québec pour 2030, 37,5 %, bien là ils ont fourni un
plan, l'année passée, qui vise à en atteindre juste 42 % de ce
37 % là, qui, lui, n'est même pas assez ambitieux, parce que le temps
s'écoule et que la situation s'aggrave. Je n'en reviens pas. Je veux dire,
c'est quand même assez hallucinant.
Puis l'autre affaire
qui me fait complètement sursauter, c'est le fait que l'interpellation, là,
aujourd'hui, elle est supposée parler, chers collègues, de l'absence de
leadership du gouvernement caquiste dans la lutte aux changements climatiques
et la nécessité de miser sur une économie verte pour la vitalité des régions du
Québec, et je trouve qu'on ne parle pas
beaucoup des régions. À Québec solidaire, évidemment, on a une vision pour
faire contribuer les régions du Québec à la lutte aux changements
climatiques.
Vous savez qu'il y a
un sondage SOM, et je sais que le gouvernement aime beaucoup les sondages, il
en fait faire pas mal, réalisé en avril 2021, dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue... révélait que plus de huit résidents sur 10
souhaitent que la protection de l'environnement prime sur le développement
économique, et qu'est-ce qu'on fait? On continue de traiter les régions comme
des régions ressources, des endroits où on va pour, essentiellement, couper des
arbres et extraire du minerai, mais il y a d'autres choses à faire, et il faut
qu'on en parle. Il faut avoir une vision où ce n'est pas juste les centres
urbains, avec le transport collectif, qui contribuent à la réduction des GES,
mais c'est l'ensemble du Québec.
Parmi les choses
qu'on peut faire pour aider à faire ça, bien, il y a le fait, d'abord, de
demander puis de permettre aux régions puis
aux localités de planifier la transition eux-mêmes, d'être parties prenantes de
l'élaboration des plans de transition régionaux, qu'on n'ait pas juste des
plans nationaux, puis qu'ils soient vraiment... qu'ils aient... que le
gouvernement soit en soutien à ce qu'ils font, pas en train de leur dire
qu'est-ce qu'ils vont faire, puis voyez ce qu'on a décidé qu'on allait faire
pour vous, mais qu'il leur demande : Qu'est-ce que vous, vous voulez
faire?
Puis, parmi ces
solutions-là, ce qu'on entend, puis ça, ce qu'il faudrait appuyer, c'est la
réduction des chaînes, revoir les chaînes d'approvisionnement pour avoir des
circuits courts. Ce n'est pas normal qu'une tomate voyage autant. Les tomates
voyagent, poussent en Abitibi, s'en vont dans un entrepôt à Montréal, retournent
à Val-d'Or, pour aller sur... dans les tablettes d'une épicerie. Imaginez les
GES perdus.
Une autre façon de
faire une pierre deux coups, réduire les GES puis aussi, disons, rendre le fait
de vivre en région plus attractif, c'est d'avoir des services publics de
proximité. Quand tu es obligé de faire des heures de route pour aller à un rendez-vous médical ou même pour
accoucher, c'est non seulement terrible d'un point de vue humain, du point de vue de la santé puis la détresse que ça
engendre, mais, en plus, ça crée des GES. Avoir des services de
proximité, réduire les chaînes d'approvisionnement pour les marchandises, mais
aussi pour l'obtention de services publics...
J'aimerais aussi
parler au gouvernement du concept de FabRégion, qui est de plus en plus en
vogue et qui vise à rendre indépendantes les régions de tous les produits
manufacturiers. Alors, une FabRégion, ça veut dire quoi? C'est une région qui
regarde qu'est-ce qu'on importe régionalement et qu'on pourrait créer ici,
qu'on pourrait produire ici pour éviter les GES puis, en même temps, bien,
nourrir et diversifier l'économie locale pour qu'on ne soit pas toujours dépendants seulement d'une ou de deux industries,
comme ça arrive trop souvent. Et ça contribuerait, justement, à
l'épanouissement puis à l'attractivité des régions, mais à l'occupation du
territoire au Québec.
C'est quelque chose
d'assez grave quand j'entends le ministre de l'Environnement minimiser son
inquiétude par rapport aux changements climatiques. Quand le premier ministre faisait
des points de presse sur la COVID, il disait : Je suis inquiet, et,
paradoxalement, c'était un peu rassurant de voir qu'il prenait acte de la
gravité. J'aimerais avoir un ministre de l'Environnement qui nous dit qu'il est
inquiet pour l'avenir et qu'il va agir véritablement. Merci, Mme la Présidente.
• (11 heures) •
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci, M. le député. La parole est au ministre
pour cinq minutes.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Peut-être, prendre la balle au bond, là, sur
quelques-uns des éléments mentionnés par le collègue. En novembre dernier,
lorsqu'on a présenté le plan de mise en oeuvre et le plan qui est la
politique-cadre, en quelque sorte, le Plan pour une économie verte, de façon
très, très transparente, on a nous-mêmes admis qu'on avait identifié 42 %
du travail à réaliser sur la prochaine décennie. Et déjà, bien, certains
s'inquiétaient, parce que, sans explication, je comprends que certaines
personnes peuvent s'inquiéter, mais déjà je me suis empressé de parler d'une
excellente nouvelle, compte tenu qu'on avait enfin un plan de match, une
feuille de route claire à suivre et qui nous dictait, en quelque sorte, les
approches à retenir pour la prochaine décennie.
Ce que je mentionnais
à l'époque, c'est que ce 42 % va très rapidement progresser, on va parler
de 45 %, éventuellement, 50 %, 55 %, 70 %, 80 %,
90 %, 100 % en 2030. Et, à moins d'une année du dévoilement... en
fait, le dévoilement date de moins d'une année, on est presque à une journée
près ou à quelques jours près du dévoilement qui a eu lieu l'année dernière, on
était à 42 %, on est à 48, ou à peu près, pour cent aujourd'hui. Donc, en
une année, à travers la réglementation qui a été adaptée, à travers différentes
mesures qui ont été initiées par d'autres acteurs, aussi, on arrive au
48 % qui me permet aujourd'hui d'être encore plus optimiste que je ne
l'étais l'année dernière.
Donc, si, à neuf ans
de l'échéancier, on est à, plus ou moins, 50 % du travail identifié et
surtout budgété — il
ne faut jamais oublier cet élément-là — oui, on peut se dire qu'on
aura, en 2030, atteint notre cible pour la réduction de nos émissions de gaz à
effet de serre. Et ce sera la première fois, au Québec, qu'on y parvient, et
sans doute, malheureusement, parce que, oui, c'est malheureux, mais on sera
encore, sans doute, en 2030, un des rares États dans le monde à avoir atteint
notre cible.
Maintenant, le
collègue dit que la cible n'est pas suffisamment élevée. C'est là où Québec
solidaire a un défi de crédibilité à relever. Je vois, ces dernières semaines,
Québec solidaire se rapprocher de groupes qui misent sur une carboneutralité
pour 2030, donc carboneutralité en neuf ans. Donc, lorsque Québec solidaire
porte voix à ces revendications-là, en termes de crédibilité, malheureusement,
on tombe à zéro. On a entendu parler, à Québec solidaire, d'une cible à
65 %, aussi, au fil des ans, on les a entendu parler d'une cible à
45 %. Bref, ils semblent dire oui à
tous les groupes qu'ils rencontrent. Mais la véritable cible de Québec
solidaire, à ce moment-ci, personnellement, je ne la connais pas. Si elle devait être plus élevée que 37,5 %,
c'est leur droit. Ils devront être crédibles dans leur démarche. À
travers la même explication que j'ai faite au collègue de Robert-Baldwin, si,
un jour, Québec solidaire arrive avec une cible plus élevée que 37,5 %,
ils devront nous dire quelles seront les mesures, chiffrer ces mesures-là et
chiffrer quel sera le budget nécessaire pour réaliser ces mesures-là. Juste
dire 45 %, 65 % ou 100 %, ça ne fait strictement aucune
différence parce que, malheureusement, c'est l'approche qui a été retenue par
trop de gouvernements à travers le monde, se
limiter à identifier une cible mais sans identifier comment y parvenir. Donc,
je serai très, très intéressé, dans les prochains mois, prochaine année,
qui sait, de voir quelle sera la cible officielle de Québec solidaire et
surtout comment la budgéter.
Moi, je peux vous
dire que, pour atteindre le 37,5 %, on a déjà 7 milliards, ou à peu
près, là, 6,7 milliards dans le PEV
pour les cinq premières années de la démarche, qui sont confirmés, le premier
ministre le répète souvent, avec plus de 50 milliards — donc,
6,7, plus plus de 50 milliards — de dollars au niveau des
transports collectifs, des engagements financiers, là, qui n'ont pas
d'équivalent pas le passé. Donc, on est à plus ou moins 60 milliards de
dollars pour 37,5 % de réductions. Donc, j'ai hâte de voir le montage
financier d'une cible que Québec solidaire pourrait nous présenter éventuellement.
Et, si cet exercice-là n'est pas fait, malheureusement, je le mentionne et je
suis obligé de le répéter, c'est un exercice qui n'aura aucune crédibilité.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci. Alors, je cède la parole au
député prêt à interagir, le député de Masson.
M. Lemay :
Merci, Mme la Présidente. Donc, c'est à mon tour de prendre la parole ici, dans
cette interpellation du vendredi, sur un sujet qui me passionne, Mme la
Présidente. Et, vous savez, l'environnement, ce n'est pas juste la réduction
des gaz à effet de serre, mais c'est aussi la santé de nos forêts, la qualité
de notre eau, la qualité de notre sol. Puis, ça, le député de Jean-Lesage, il
doit être content de le savoir, parce que ça a un impact directement dans
toutes les régions du Québec. Alors, ceci étant dit, ce n'est pas juste les
rejets atmosphériques, comme que je l'ai mentionné, mais, avec une vision plus
large, on peut faire attention à notre consommation.
Et pourquoi que je parle
de ça? C'est parce qu'il faut qu'on évite à tout prix le gaspillage. Il faut
qu'on évite aussi de faire l'enfouissement. Donc, si on peut faire un réel...
avoir un réel impact sur nos matières résiduelles, c'est le but visé.
D'ailleurs, c'est ce que RECYC-QUÉBEC préconise, le zéro déchet. Donc, on veut
avoir la fin... on veut avoir nos mains concentrées sur le résidu ultime.
Alors, comment on peut y arriver? Bien, c'est
simple, on a juste à mettre en place le principe des 3RV, donc, vous le savez,
c'est la réduction à la source, ensuite on parle de réemploi pour arriver au
recyclage ainsi que la valorisation et, à la fin, l'élimination. Donc, on l'a
mentionné, c'est ça qui est visé, tout le monde est d'accord, même le député de
Jean-Lesage est d'accord avec ça.
Vous savez, on a agi, justement, sur les impacts
réels avec notre environnement, d'ailleurs, en matière de gestion résiduelle,
parce que le ministre de l'Environnement a déposé un projet de règlement, le
13 octobre dernier, qui vise, justement... c'est le Règlement sur la
récupération et la valorisation de produits par les entreprises, qui vise
notamment la responsabilité élargie des producteurs. Donc, c'est une bonne
nouvelle. Il est en prépublication, donc, si vous voulez aller le consulter,
c'est sur la Gazette officielle.
Alors, puisqu'on fait... bien, moi, je vais vous
parler aussi d'une autre initiative qu'on a faite, Mme la Présidente, ici même,
dans cette commission-là. On a participé au mandat d'initiative sur le
recyclage du verre, donc c'est une bonne nouvelle. Ce mandat d'initiative là a
fait en sorte qu'on avait plusieurs raisons pour se pencher... on voulait,
justement, éliminer l'enfouissement systématique du verre comme matière de
recouvrement journalière, c'était un des principes qui nous... visait, et, à la
conclusion du mandat, on avait une série de recommandations qu'on a faites pour
favoriser, notamment, l'économie circulaire en matière de recyclage du verre.
Mais, pour y arriver, on a parlé, le député de Bourget l'a mentionné tout à
l'heure... un système de consigne élargie. D'ailleurs, il y a un projet pilote
dans plusieurs régions du Québec. Je dis «plusieurs»... quelques endroits, mais
j'ai la chance d'en avoir un dans ma
circonscription, à Terrebonne. Donc, ceux qui veulent y aller, je vous invite à
l'utiliser, c'est déjà en fonction. À la suite du projet pilote
il y aura l'implantation des points de collecte partout sur le territoire du
Québec.
On l'a mentionné avec le projet de règlement sur
la responsabilité élargie des producteurs, on veut aussi avoir... soutenir
toutes les initiatives sur l'écoconception. Et on a aussi suggéré de faire la
réduction d'emballage, le réemploi, l'interdiction de l'enfouissement du verre,
l'encouragement de développement de débouchés locaux du verre. Bref, il y a
plusieurs recommandations qui sont issues de ce mandat d'initiative.
Ce qu'on a fait aussi, c'est que... et on a
sorti un plan d'action, dans le fond, suite à la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, et, avec ce
plan d'action là, on l'a accompagné de mesures financières de 140 millions.
Donc, M. le ministre de l'Environnement le mentionnait tout à l'heure, c'est
beau d'avoir des cibles, mais il faut aussi avoir les moyens d'y parvenir.
Donc, c'est ce que nous avons fait, Mme la Présidente.
Avec ce plan d'action là, on peut soutenir des
projets... plusieurs projets, là. On a des projets, en février 2020, qui sont
sortis, là, pour accompagner, justement, les centres de tri, on parle de ça,
là, 30,5 millions, dans leur transition.
On a aussi 42 autres projets qui visent l'amélioration de la performance
du Québec en matière de débouchés sur le recyclage des matières
résiduelles. Et on a aussi d'autres programmes avec RECYC-QUÉBEC, des aides financières,
là, de 14 millions, pour divers programmes. Bref, je pourrais vous faire
cette liste-là, mais on va arrêter, je ne vous donnerai pas le détail du
140 millions au complet.
Mais ce qu'on a fait aussi, c'est qu'on a une
stratégie de valorisation de la matière organique. Et, dans cette stratégie-là,
elle est sortie en juillet 2020, c'est un budget total, là, on parle...
c'est des grands chiffres, là, mais c'est 1,2 milliard qui vont être
consacrés, d'ici 2030, là, pour la mise en oeuvre de la stratégie attendue.
Puis ça, c'est attendu autant du monde municipal que les entreprises privées.
Parce que c'est des cibles ambitieuses, quand même, quand on parle de matière
organique. Donc là, il y a plusieurs initiatives qui en découlent, là. Bien là,
je vais manquer de temps pour toutes les mentionner, Mme la Présidente.
Mais, à part de ça, il y avait d'autres mesures
qui ont été mises dans le marché du... cadre de notre plan sur les matières résiduelles. On parle de
9,6 millions pour des projets pour détourner, annuellement,
48 000 tonnes de matière organique,
optimisation du réseau d'écocentres québécois, 14 320 000 $,
8,8 millions pour stimuler des projets d'économie circulaire, dont
la réduction à la source, le réemploi, le recyclage et l'écoconception. Merci,
Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci. Pour cette quatrième série
d'interventions, je cède la parole au député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Donc, on poursuit. Je dois vous dire que le député de Jean-Lesage
avait raison sur une chose, une chose, une chose, et c'était que, jusqu'à son
intervention, on n'avait pas beaucoup parlé de... on n'avait pas parlé, point,
de région. Mais, il avait raison, et ça fait partie aussi de l'interpellation,
on voulait parler de ça. Évidemment, dans notre plan de match, ça aurait été
maintenant qu'on arriverait à parler de région. Et donc, parlons de région.
Plusieurs choses. Mais, principalement, nous
reconnaissons tous, le Québec a une géographie particulière. Nous sommes
8,5 millions, à peu près, sur une très grande surface, une très grande
géographie. Donc, nous avons quelques points, quelques centres urbains très
importants et où se concentre la plupart de notre population, et, pour le reste
de la géographie du Québec, nous avons relativement peu de population sur un
vaste territoire. Ça pose des questions, ça pose des enjeux particuliers quant
au développement économique régional.
Ça a toujours été une préoccupation de tous les
gouvernements qui se sont succédé. Et cet enjeu-là du développement économique
régional, de l'occupation du territoire est encore plus pertinent, cet
enjeu-là, quand on parle, en même temps, de crise climatique et de la nécessaire
transition énergétique. Cela va avoir, il ne faut pas se le cacher...
que la transition énergétique qui est en train de se faire un peu partout sur
la planète et aussi au Québec, cette transition énergétique là va avoir des répercussions
très concrètes et très importantes sur certaines économies régionales telles
que nous les connaissons présentement.
Donc, il va falloir que, dans le plan de
transition énergétique, dans le Plan pour une économie verte... C'est pour ça
que nous avons toujours mentionné, et je reviens encore à l'histoire, que le
leadership doit venir d'en haut, doit venir du premier ministre et, après, se
décliner. Il doit y avoir quelqu'un en haut de la pyramide qui coordonne tout ça. Il faut coordonner, il faut s'assurer que
tout ça est très bien coordonné. Parce que, sinon, ce qu'on vit
présentement, notamment en Europe, on peut voir ça comme étant un avant-goût de
ce qui pourrait nous arriver ici, si on ne planifie pas bien nos affaires.
C'est-à-dire, il y a une véritable crise énergétique, surtout en Europe, où on
voit que les prix augmentent rapidement et on voit que ce sont les régions,
dans certains pays de l'Europe, qui sont le plus frappées par cette crise
énergétique, parce que ça n'a pas été bien planifié, leur affaire.
Donc, nous, il faut qu'on planifie ça comme il
faut, il faut qu'on commence d'ores et déjà à penser comment est-ce qu'on peut
accompagner les régions dans la transition, la nécessaire transition vers une
économie beaucoup plus sobre en carbone.
Donc, il faut que l'État mette en oeuvre toutes sortes de programmes,
d'incitatifs, de réglementation pour aider les régions. Et il faut aussi
que l'État apprenne à mieux incorporer, à mieux écouter les régions
elles-mêmes. Ce n'est pas toujours à Québec ou à Montréal qu'on trouve toutes
les solutions et que tout est... c'est là que la science infuse se situe, là
seulement. Donc, il faut qu'on écoute ce que les régions nous proposent qu'on
fasse en tant que gouvernement.
Et c'est pour ça qu'on a besoin d'un véritable
superministère, enfin, un organisme quelconque, pour s'assurer que cette
coordination se fasse. Parce qu'encore une fois, on a l'avant-goût... C'est
rare qu'on puisse avoir ça, dans l'histoire,
de pouvoir observer ce qu'il se passe en temps réel dans un certain endroit et
voir que ça va arriver chez nous, si on
ne se prépare pas. Et, jusqu'à maintenant, je ne vois aucune préparation pour
faire face à cette transition énergétique qui aura un impact très
important sur la vie des personnes dans les régions du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède la parole à M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Parfois, on ne voit pas parce qu'on ne veut pas voir. Parce que les
signaux sont quand même assez clairs dans le cas présent. Donc, si le collègue
ne veut pas les voir, c'est libre à lui. Mais, dans les faits, je l'invite à
lire le Plan pour une économie verte, je l'invite à lire le plan de mise en
oeuvre. Il est non seulement question des régions, à travers tout ce qui est
énergie renouvelable, parce que c'est beaucoup là qu'elles pourront être
produites, mais il est aussi question de transition juste. Parce que le
collègue a parfaitement raison, et je sais
que c'est un thème qui est cher, là, au collègue de Jonquière également, il y a
de grands bouleversements qui vont se vivre à l'échelle planétaire, en
matière d'emploi, en matière de développement, aussi, des régions.
Et, déjà, vous allez me permettre une petite
parenthèse. Sans minimiser, là, l'importance de s'y attarder, la transition
énergétique au Québec sera beaucoup plus facile à gérer et beaucoup plus douce
que dans d'autres pays ou d'autres territoires qui reposent largement, au
niveau économique, par exemple... des énergies fossiles. On n'a pas ce défi-là
parce qu'on n'a pas beaucoup de travailleurs qui y travaillent. Je ne dis pas
qu'il ne faut pas s'occuper de celles et ceux qui y travaillent, mais ce n'est
pas comme sur certains territoires ou dans certains pays, où une large... ou
des dizaines ou des centaines de milliers de personnes travaillent dans cette
industrie-là. Dans certains cas... et c'est la situation qui prévaut en Europe,
dans certains pays, aujourd'hui. On entend parler de l'Australie, notamment,
qui est plus ou moins réticente à s'engager fermement, parce qu'elle a
beaucoup, beaucoup de travailleurs, dans son cas à elle, dans l'industrie du
charbon. Nous, bien, on n'en a pas du tout. Donc, je ne dis pas qu'il n'y a pas
de défi, mais on n'est pas dans une situation, là, qui est celle d'autres États
et pays à travers le monde. Mais, ceci dit, il faut s'occuper de transition
juste, ça fait partie du Plan pour une économie verte.
Et, d'ailleurs, il y a quelques semaines ou
quelques... même quelques jours, je pense que ça fait moins de
deux semaines, avec mon collègue au Travail, on a pu annoncer une première
démarche au niveau de la formation. Donc, on s'inscrit déjà dans cette
démarche-là de transition juste. Je ne veux pas que les collègues pensent qu'on
s'arrête là, mais c'est un premier pas qui a été initié, là, il y a quelques
jours à peine. Et ce qui est fascinant, dans ce domaine de la transition juste,
c'est qu'on a et le patronat et les syndicats qui ont développé une vision
relativement homogène. Donc, souvent, ce sont deux groupes qui ont des
visions bien opposées, dans bien des dossiers, sur bien des sujets, mais, dans
ce cas-ci, on peut travailler autour d'une même table et avec le patronat et
avec les syndicats. Je les ai, d'ailleurs, rencontrés à ce sujet-là, pas plus
tard que la semaine dernière, on s'est promis une autre rencontre, dans les
prochaines semaines, pour, justement, tracer la voie sur les étapes à venir.
Donc, oui, une première qui a eu lieu, mais on se rencontre pour voir à
travailler quelles seront les prochaines. Mais ça, c'est aidant, puis ça fait
partie de la particularité du Québec auquel on est tous attachés, c'est de
voir... sur certains enjeux qui peuvent être sensibles, on arrive à fédérer des
gens qui, sur d'autres, sont en opposition complète.
Donc, première démarche annoncée il y a quelques
jours à peine, une autre rencontre pour donner suite à tout ça, dès les
prochaines semaines. Et, je le répète, le plan pour une mise... c'est-à-dire le
Plan pour une économie verte et le plan de mise en oeuvre vont se développer
graduellement, de façon très organisée, au cours des prochaines années, pour
atteindre les objectifs de 2030. Mais c'est un volet qui est couvert, c'est un
volet pour lequel on accorde aussi beaucoup d'importance.
Les régions, maintenant, et c'est là où il faut
les aborder et il faut travailler avec les régions de façon particulière, hein,
parce qu'il y a des visions qui peuvent s'opposer, sur l'exploitation de nos
ressources naturelles, par exemple. On l'a vu dans le cas de la foresterie,
mais également le dossier de GNL a été aussi, en région, vu comme
étant un sujet sensible, parce qu'il y avait des opposants, mais il y avait
aussi des partisans très affichés. Donc, c'est une vision qui est celle du
gouvernement, c'est-à-dire de travailler avec les régions pour s'assurer qu'on
arrive aux meilleurs résultats possibles.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède la parole à la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. C'est vraiment un privilège pour moi d'être ici aujourd'hui pour discuter des changements climatiques et le
leadership qui est nécessaire, justement, pour adresser cet enjeu-là. Il n'y
a pas beaucoup de monde qui le savent, mais moi, il y a 10 ans presque
exactement, je travaillais pour un think tank en développement durable,
principalement dans la filière des changements climatiques, puis j'ai eu
l'opportunité de contribuer à trois rapports, dont un qui était un plan pour
une transition vers une économie verte, un plan pour l'adaptation aux
changements climatiques puis aussi un rapport sur le coût des impacts en
changements climatiques. J'étais très préoccupée par cette question-là. Pendant
10 ans, je l'ai été. J'étais surtout préoccupée par l'inaction des gouvernements. Parce que l'objectif de ce think
tank là, qui était la table ronde nationale sur l'économie et
l'environnement, était d'influencer les
gouvernements puis les pousser à agir et surtout à se saisir de cette
opportunité-là de commencer une transition énergique, pas seulement d'un
point de vue environnemental, mais d'un point de vue économique. Puis j'aurai
l'occasion d'en parler dans mon deuxième bloc.
J'aimerais revenir un petit peu dans le passé,
parce que j'ai l'occasion de le faire, puis c'est plus fort que moi. M. le
ministre l'a mentionné tout à l'heure, tu sais, le leadership, ça passe par des
actions concrètes, par un plan qui est crédible, pragmatique, mais par des
budgets. Donc, j'aimerais revenir sur cette question-là parce qu'on l'a à peine effleurée, puis moi, bien, j'aime les
chiffres puis je pense que mon collègue de Robert-Baldwin le sait également, on a l'occasion de travailler sur la Commission de l'administration
publique, et puis c'est quelque chose que j'aime regarder.
En 2020, dans le budget 2020, tu sais, on a
accordé un budget qui est historique, quand même. C'est sûr que l'enjeu est
immense, immense. C'est sûr qu'on va capitaliser sur notre avantage comparatif
d'hydroélectricité. On a quand même mis 6,7 milliards de dollars sur
cinq ans pour les changements climatiques, toute la transition qui va être nécessaire, et, de ce 6,7 milliards là,
il y a 3,6 milliards qui est destiné à l'électrification des
transports — peut-être
que je me trompe-là, mais... — à l'électrification des transports, qui,
justement, sont responsables de 43 % des émissions. Ça, c'est du jamais
vu.
Puis, en termes de comparaison, je suis
retournée dans le passé, parce que le collègue de Robert-Baldwin était quand
même le ministre des Finances, dans ce temps-là, donc il faut le mentionner, le
ministre l'a un petit peu mentionné, là, il y a eu une diminution de 5 %
du budget du ministère de l'Environnement sur 10 ans. En 2016, c'était une
diminution de 3 %. Puis ça, c'est traduit... Parce que, tu sais, c'est sûr
que, si on ne met pas le budget, pas les actions concrètes, qu'est-ce qu'il se
passe avec les émissions? Au même moment, en 2014 et 2017, il y a eu une
augmentation des émissions de gaz à effet de serre au Québec. Donc, c'est quand
même important.
Puis là je suis allée creuser encore un petit
peu plus, puis là je ne veux pas m'étaler dans les chiffres, là, mais ils avaient
quand même, tu sais, un bon tableau des revenus liés au Fonds vert, qui était
sur 2013 et 2020, des revenus, à peu près 4,4 milliards de dollars, puis,
bon, c'était sur 10 ans. Nous on est... notre 6,7, il est sur
cinq ans; eux, c'était sur 10 ans. Puis de ce... des sommes qui
allaient être affectées sur 10 ans, bon, j'ai vu un, tu sais... pour 2018,
là, un programme qui était bonification de Roulez vert, un programme qui
touchait les transports, pour un montant de 92 millions sur 10 ans.
J'étais quand même surprise, là, parce que c'est un montant qui est vraiment,
vraiment très petit, comparativement aux 3,6 milliards de dollars qu'on va
accorder, puis ça, c'est en dehors du 55 milliards de dollars, dans les
prochaines années, pour tous les projets de transport collectif, qu'on va
faire. Puis ça c'est, encore là, du jamais vu.
Là, il ne me reste pas beaucoup de temps, puis,
encore là, c'est plus fort que moi, il y a un autre projet que je veux parler,
parce que, moi, ce projet-là, c'est venu me chercher dans mon coeur, puis il y
avait seulement deux partis qui étaient contre ça, puis c'était la Coalition
avenir Québec et Québec solidaire, puis c'était la cimenterie McInnis, que le
gouvernement... c'était sous le gouvernement Marois, qui avait financé ça, mais
supporté par le Parti libéral, plus de 400 millions pour créer
400 jobs. Là, on parle d'un million par tête, par employé. Puis c'est
probablement l'un des projets les plus polluants dans l'histoire du Québec pour
créer des emplois, c'est... Ciment McInnis, on le sait, ils s'étaient engagés,
bon, à utiliser de la biomasse forestière, améliorer leurs procédures, mais, tu
sais, il n'y a rien qui a été fait. Au contraire, Ciment McInnis est devenu...
bien, en 2023, ce sera le plus grand pollueur du Québec. Mais les émissions ont
augmenté, et c'est devenu l'un des plus grands pollueurs du Québec. Donc, ça,
je voulais le mentionner, parce que non seulement c'est devenu un des plus
grands pollueurs du Québec, mais le gouvernement du Québec a perdu ses fonds.
Donc, on parle d'une perte de plus de 400 millions. C'est quand même une
honte.
Puis je voulais qu'on en parle parce que je veux
passer le message que plus jamais, au Québec, maintenant, dans l'avenir, il ne faut investir dans des projets
comme ça qui non seulement n'ont pas leur raison d'être, économiquement
parlant, mais qui n'ont pas leur raison d'être environnementalement parlant.
Puis là je parle au nom des citoyens de mon comté de Jean-Talon, qui seraient
contents de m'entendre dire ça, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens au
Québec qui voudraient qu'on aille vers une transition énergétique, là,
responsable, puis qu'on évite ce genre de projet là. Alors, c'était mon premier
bloc. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Pour cette cinquième série d'interventions, je cède la parole au député
de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Je veux saluer, évidemment, tout le monde qui
est ici, incluant les équipes qui accompagnent le ministre. C'est la
dernière rencontre qu'on a avec le ministre de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques avant la COP26, on ne peut quand même pas ne
pas en parler. C'est la rencontre internationale sur les changements
climatiques la plus importante depuis l'Accord de Paris, de 2015, et on n'a
rien entendu du premier ministre sur ses intentions quant à la COP26, lors du
discours inaugural qui visait, au fond, à faire quoi, à mettre le compteur à
zéro pour lancer une nouvelle vision, soi-disant, de ce gouvernement. On ne
sait toujours pas quelle offre aura à faire le gouvernement.
Moi, je ne
veux pas que le Québec arrive les mains vides à la COP26, qui a trois grands
objectifs, cette fois-ci, Mme la
Présidente : augmenter les efforts de chacun des 200 quelques pays, là,
qui participent à la COP26, augmenter les efforts de réduction de gaz à effet de serre; augmenter les efforts en
matière d'adaptation aux changements climatiques; et d'augmenter la
contribution des pays industrialisés, des pays du Nord, envers les pays du Sud,
essentiellement, qui sont plus... qui n'ont
pas les mêmes moyens que les pays du Nord et qui sont les plus touchés, les
plus vulnérables aux changements climatiques, mais qui n'ont pas les
moyens que nous avons, au Nord, et qui n'ont pas non plus la même
responsabilité tant qu'aux émissions de GES historiques et actuelles, donc
augmenter la contribution des pays du Nord aux pays du Sud.
Je sais que le gouvernement va dire : Ah!
on a annoncé qu'on va mettre fin aux hydrocarbures; ah! on a annoncé qu'on va
soutenir l'électrification des transports; ah! on a annoncé un pôle en
hydrogène; ah! on a annoncé la vente d'hydroélectricité à New York, à l'État de
New York, puis au Massachusetts. Probablement qu'il va dire aussi : Ah! on va faire un troisième lien le
plus vert possible. Ça, je n'ai pas si la députée de Jean-Talon
en a parlé également à ses
concitoyens, là, parce que je ne suis pas sûr que c'est un projet qui est tout à fait vert. Mais tout ça, là, c'est des choses qui sont déjà connues. Il y a
un peu de «rebranding» à travers ça, hein? Quand on parle de la
recherche puis l'innovation sur l'hydrogène, on le savait déjà.
L'électrification des transports, le plan le plus ambitieux en électrification
des transports, c'était le gouvernement du Parti québécois. L'exportation
d'énergie aux États-Unis, on le savait aussi.
Au Parti québécois, on a fait, dans les derniers
mois, notre travail. On est les seuls à avoir fait un travail des plus
rigoureux, les plus sérieux. Et j'aimerais avoir une réponse du ministre, à
savoir s'il va le mettre, nos... chacune de nos propositions, dans sa besace à
la COP26 la semaine prochaine.
Budget carbone : comité scientifique
consultatif est d'accord avec ça; aujourd'hui, éditorial de La Presse
qui dit que c'est une bonne idée pour faire le suivi de l'atteinte de nos
cibles.
1 % du PQI en verdissement de nos
infrastructures : le gouvernement est prêt à mettre 10 milliards dans
un tunnel; moi, je demande 1 % de 138 milliards sur 10 ans, il
me semble, ce n'est pas si pire, en verdissement de nos infrastructures.
S'assurer que nos compétences du Québec soient respectées :
c'est absurde que le ministre fédéral, Steven Guilbeault, le nouveau ministre,
nous dise que, malgré que ce gouvernement a dit non à GNL Québec, le fédéral
continue d'évaluer ce projet. Donc, avoir toutes nos compétences en matière
d'environnement au Québec.
Transition juste : j'ai fait adopter une
motion unanime, ici, j'ai déposé un projet de loi, hier, qui a été plus que
salué, qui a été appuyé par le plus grand syndicat du Québec en termes de
membres, la FTQ, 600 000 membres. Je pense que ce gouvernement
sous-estime les impacts de la transition que ça représente pour les
travailleurs et travailleuses que moi, je fréquente quotidiennement dans ma
circonscription. Oui, on n'est pas une économie basée sur le pétrole, mais la
transition aura des impacts sur les milieux de travail partout à travers le
Québec.
Dernière proposition, puis, je veux dire, ce
n'est pas des pleurnicheries, là, c'est une proposition hyperconcrète, c'est
d'avoir le siège social de la nouvelle institution internationale en finances
durables à Montréal. Alors, ça, il me semble que c'est un autre élément
important qui peut entrer dans ce que... dans la dot que le Québec peut offrir, à l'échelle internationale, à la
COP26, qui est la semaine prochaine. Je n'ai pas entendu le premier
ministre là-dessus. J'aimerais entendre le ministre là-dessus puis j'aimerais surtout
sentir une ambition que le Québec arrive à l'échelle internationale à Glasgow
comme étant le plus grand leader dans la lutte contre les changements
climatiques.
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. La parole est au ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Je salue à chacune des fois... parce que ça fait changement, là,
des propos de l'opposition officielle et de
la deuxième opposition. Avec le Parti
québécois, on a toujours
des propositions concrètes. On n'est pas tout le temps d'accord, mais,
au moins, on a des sujets concrets, ce qui n'est pas le cas des deux autres
oppositions.
Peut-être essayer de rassurer le collègue.
Discours inaugural, le premier ministre a quand même réservé une bonne partie
de son discours à la transition énergétique, au défi climatique. Mais, si le collègue
s'attendait à ce que le discours inaugural
ou d'ouverture reprenne tout ce que le premier
ministre va dire à Glasgow, bien, il
ne resterait plus grand-chose à dire
au premier ministre à Glasgow. Donc, je rassure le collègue,
on ne s'y rend pas les mains vides. Il
y a de beaux engagements qui seront pris...
qui vont réitérer toute l'importance que le gouvernement accorde à ces enjeux-là.
Je sais qu'au niveau objectifs cette COP a
établi ses priorités. On ne parle pas assez d'adaptation aux changements
climatiques, c'est vrai. C'est la raison pour laquelle, dans le PMO, dans le
PEV, on en a fait une section. C'est la raison pour laquelle des sommes assez
importantes sont dédiées dorénavant à ces enjeux-là. C'est la raison pour
laquelle notre collègue à tous, la ministre responsable de l'aménagement du
territoire du MAMH, va aussi présenter une politique sur l'enjeu de
l'aménagement, qui est au coeur de cette nécessité de s'adapter aux changements
climatiques. Contribution pour les pays du Sud, on aura, je pense, des éléments
à confirmer. Bref, sur les objectifs de la COP, le Québec va faire bonne figure
très, très certainement.
Budget carbone, on a eu
l'occasion d'en discuter, ça ne fait pas partie du plan de mise en oeuvre, ce
n'est pas la stratégie que l'on préconise à ce moment-ci. Dans l'avenir, les
prochains gouvernements pourront toujours se raviser, mais, dans la stratégie
actuelle, ça ne fait pas partie de nos intentions pour une raison assez simple,
c'est que 80 % de nos émissions sont déjà couvertes par le marché du
carbone, qui impose, justement, un plafonnement, qui impose des réductions qui
sont bien ciblées. Donc, le budget carbone se retrouve en grande partie dans
notre propre marché du carbone.
Au niveau du verdissement, je suis en accord
avec le collègue, c'est un élément qui est très important. Je l'invite à
regarder le PEV à ce sujet-là. On a 110 millions qui est prévu au PEV pour
des mesures de verdissement. La réglementation, les programmes qui vont en
découler, par contre, ne sont pas encore annoncés. On y travaille pour les
prochains mois, mais déjà les argents y sont. Donc, le collègue parle de
1 %, moi, je dis 110 millions, on arrive sans doute dans des eaux,
là, relativement semblables.
Je vais vite
parce que c'est à l'image de l'intervention du collègue, c'est des propositions
concrètes. Transition juste, je l'ai
mentionné au collègue de Robert-Baldwin, on y travaille, c'est bien certain. Je
comprends toute l'importance de cet enjeu pour le collègue de Jonquière,
pour sa région mais pour bien d'autres régions du Québec aussi.
Le seul élément sur lequel on n'a aucun, aucun
contrôle dans les points soulevés par le collègue, c'est le fameux siège social
de cette instance que l'on souhaite tous voir s'établir à Montréal. Il faut
savoir que le gouvernement du Québec est très actif dans ce dossier-là. Il y a
plusieurs engagements financiers qui ont été confirmés. On appelle ça un
bouquet de bienvenue, en quelque sorte. Donc, le gouvernement du Québec qui y a
contribué, le ministère des Relations internationales, le premier ministre
lui-même a fait plusieurs interventions en haut
lieu à ce niveau-là. On le souhaite. On le souhaite, mais, malheureusement, la
décision ne nous revient pas. C'est une instance internationale, là, qui aura à se décider dans les prochains
jours, les prochaines semaines à ce niveau-là. Il y a plusieurs grandes
villes à travers le monde qui sont candidates. La concurrence, elle est féroce,
mais on n'a retenu aucun moyen à ce niveau-là. On le souhaite vivement parce
que ce serait une belle carte de visite pour Montréal, pour le Québec en
entier, mais malheureusement... C'est sans doute, de tous les points mentionnés
par le collègue, le seul sur lequel on mise fort, mais la décision ne nous
revient pas.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le ministre. Je cède
maintenant la parole à la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Mme la Présidente,
la discussion devient de plus en plus intéressante. Puis ce que j'aime, c'est
que, bon, de plus en plus, on veut... d'autres partis que le nôtre veulent
faire des propositions concrètes, là. J'apprécie beaucoup ça. Je pense qu'on ne
peut plus être divisés sur cette question-là, c'est complètement ridicule, là, il en va de la survie de l'humanité, là. À la
limite, il faudrait avoir des discussions, puis j'espère que COP26 va
être... je ne veux pas être cynique, là, mais qu'on va être capable,
collectivement, d'arriver à s'arrimer ensemble puis, justement, là, de foncer
vers une transition énergétique commune mondiale. Mais, bref, je suis un peu
idéaliste, je dois l'avouer.
Pendant ce temps-là, au Québec, je trouve qu'on
est quand même bien parti. Le ministre l'a souvent dit, tu sais, ça prend du
leadership, un budget, des actions concrètes. Puis le Plan pour une économie
verte qui a été lancé, pour ma part, c'est le premier plan qui est vraiment
crédible qui a été déposé au Québec. Puis là, bon, je ne suis pas une experte
en la matière, mais j'ai une certaine expertise, et j'étais très contente de
voir, bon... Il y avait un volet atténuation des changements climatiques qui
était important, là. Tous les États doivent faire ça, réduire les GES. Nous, on peut. On a la chance de pouvoir
capitaliser sur notre force, là, l'hydroélectricité puis de l'énergie verte à
plus de 99 %. Donc... Je remercie, d'ailleurs, nos prédécesseurs, il y a
plusieurs décennies, qui ont eu cette vision-là, de bâtir des barrages. Ça nous
aide beaucoup aujourd'hui.
Il y a tout le volet de la construction de
l'économie de demain, donc capitaliser sur les nouvelles technologies, vouloir investir dans des filières
vertes, devenir la batterie verte de l'Amérique du Nord. Parce que, tu
sais, on parle... Ici, c'est le ministre de l'Environnement, mais il y a
plusieurs ministères qui sont impliqués, le ministre des Affaires municipales
qui est impliqué, il y a le ministère de l'Économie. C'est rendu très, très,
très important pour le ministre de l'Économie, là, justement, d'investir. Il a
fait plusieurs missions commerciales, justement, pour qu'on puisse développer
cette filière sur les batteries, soutenir les industries qui construisent des
automobiles électriques.
D'ailleurs, dans un... Dans mon comté, j'ai
rencontré un entrepreneur. Eux, ils font des lasers industriels, mais ils ont
des clients que je ne peux nommer, mais qui sont dans le monde entier,
justement, dans les véhicules électriques, qui se spécialisent. Ils veulent
s'inscrire dans la filière batterie du Québec. Ils sont les leaders canadiens.
C'est vraiment palpitant, ce qui est en train de
se faire, parce que, oui, l'urgence climatique, mais il faut également se
positionner mondialement pour saisir l'opportunité économique parce que... Tu
sais, moi, je... je faisais partie d'un groupe qui préconisait ça il y a
10 ans, là, mais, maintenant, c'est... On n'est pas en rattrapage, là,
mais on ne peut pas manquer le bateau. C'est urgent de le faire.
Je suis contente d'entendre le ministre, qui
parle de l'adaptation aux changements climatiques. Je me souviens moi-même
d'avoir milité un peu en ce sens-là, parce qu'aucun plan de changement
climatique ne serait crédible sans un volet sur les adaptations parce que... Je
ne veux faire peur à personne, là, mais, même si, demain matin, il n'y avait
plus d'émissions de gaz à effet de serre sur la terre, pendant à peu près 20 à
30 ans, les effets sont irréversibles et exponentiels. Après ça, ça va
diminuer. Donc, nous, il faut se préparer à ça.
Puis j'ai bien aimé,
justement, là, quand le collègue, là, de Jonquière parle d'investir sur le
verdissement. Tu sais, il faut qu'il y ait
plus de poumons verts. C'est, d'ailleurs, une demande, là, que je fais à titre
de députée de Jean-Talon, là, qu'il y ait des poumons... encore plus de
poumons verts dans les villes, parce que, bon, on aime bien l'accès à la nature, c'est important, mais je pense qu'il faut vraiment,
là, penser au futur, à nos enfants, parce que les impacts sur les changements
climatiques, c'est les impacts sur la santé, des impacts environnementaux sur
notre alimentation. C'est immense. Puis je pense qu'on va dans la bonne
direction. Probablement qu'on va en faire encore plus dans les prochaines
années. On va définitivement, là, dans la bonne direction à ce niveau-là.
Puis j'aimerais
revenir un petit peu sur le volet exportation d'électricité, parce que, des
fois, on est... je sens que... j'entends des critiques par rapport à ça, alors
que c'est... Les changements climatiques, là, on n'est pas tout seul au Québec,
isolé, là. On fait partie de la terre entière. L'air circule autour de nous.
Donc, si on peut aider d'autres États, par exemple des États américains qui ont
encore beaucoup d'électricité au charbon, si on peut les aider à réduire leurs
GES, mon Dieu! c'est exceptionnel. Premièrement, c'est de l'argent dans nos
coffres de l'État. On parle de milliards de dollars. Cet argent-là va être
utilisé pour financer, justement, des... le système de santé, notre système
d'éducation. Mais, deuxièmement, on réduit les tonnes de GES. On parle de plus
de 1 million de voitures qu'on va réduire juste avec le deal avec New
York. C'est exceptionnel.
Donc, moi, je pense
que ce n'est pas... on n'a pas à être gênés de vouloir devenir la batterie
verte du Québec. Tous les partis, tous les citoyens devraient être fiers de ça.
Puis, plus on va avoir d'offres en électricité durable, plus on va pouvoir,
justement, capitaliser sur cette force-là. Donc... Puis, en plus, on va
diminuer notre dépendance au pétrole parce qu'il va y avoir de plus en plus
d'électrification des transports, puis c'est toutes des bonnes nouvelles. Puis
je pense qu'il faut accélérer et mettre la pédale sur une voiture électrique,
là, à fond pour aller à gauche, puis je pense
que... En tout cas, le ministre de l'Environnement a beaucoup de travail devant
lui. Ne lâchez pas. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci. Alors, je cède maintenant la parole au
député de Robert-Baldwin. Vous avez deux minutes.
M. Leitão :
Deux minutes, Mme la Présidente. Ça veut dire qu'il va falloir parler très,
très, très vite, mais on reviendra après
pour la conclusion. Mais donc, dans les deux minutes, Mme la Présidente,
j'aimerais juste mentionner que je
suis entièrement d'accord avec les propositions que le collègue de Jonquière a
faites, les propositions très concrètes que le collègue de Jonquière a
faites au ministre de l'Environnement. Je les soutiens toutes et je pense
qu'elles sont toutes très intéressantes et relativement faciles à mettre en
oeuvre.
J'ajouterai une
autre... une proposition aussi très concrète, et qui, d'ailleurs, ne vient pas
seulement de moi, on en avait beaucoup parlé, de ça, en commission
parlementaire, mais même le comité consultatif du ministre le recommande, et je
le cite, il recommande «l'adoption rapide d'un... la cible de carboneutralité
juridiquement fondée, au sens de la Loi sur la qualité de l'environnement»,
c'est-à-dire d'inscrire dans la loi l'objectif d'atteindre la carboneutralité
en 2050, que cela devienne un engagement formel du gouvernement dans la loi.
On en avait discuté
lors du projet de loi. Le gouvernement ne l'a pas retenu, mais il l'a retenu
comme objectif, mais pas de le mettre dans la loi. Je pense que ça serait
maintenant... Un an, un an et demi a passé. Je pense que j'invite le ministre à
réfléchir sur cet enjeu-là. Je pense que ça nous aiderait à tous,
collectivement, d'avoir cet objectif-là inscrit dans la loi pour qu'on s'assure
de pouvoir atteindre un objectif aussi important que ça.
Donc, pour cette
fois-ci, Mme la Présidente, j'arrête, et puis on reviendra à la conclusion.
Merci.
La Présidente
(Mme Nichols) : Parfait. Merci, M. le député de Robert-Baldwin.
Conclusions
Donc, nous arrivons
au dernier bloc, le bloc des conclusions. Alors, M. le ministre, je vous cède
la parole pour votre dernière intervention de 10 minutes.
M. Benoit Charette
M. Charette :
C'est bien gentil. Je vais en profiter pour répondre au collègue. Je vais même
y aller d'une petite confidence. On est entre nous, on est entre amis. J'ai
déposé le projet de loi n° 102 il y a quelques jours à peine, qui est un
omnibus en environnement, c'est plutôt rare qu'on fait un omnibus législatif en
environnement, mais qui touche à, franchement, plusieurs, plusieurs éléments.
Et j'ai demandé, je posais la question : Est-ce qu'on peut, justement,
parmi un des éléments abordés, confirmer la cible de carboneutralité pour 2050?
Et l'équipe, à juste titre, m'a fait le rappel de la Loi sur la qualité de
l'environnement : on ne peut pas modifier une cible sans qu'il y ait une
consultation préalable spécifique. Autrement, honnêtement, dès le 102, on
aurait pu l'inscrire dans la loi parce que c'est définitivement un engagement
auquel on tient, là, de façon bien sentie.
Ceci dit, j'ai reçu,
là, comme le collègue, l'avis préliminaire, là, du comité consultatif, je sais
qu'il en est question. C'est aussi dans notre intention de procéder le plus
rapidement possible. Il faut savoir quand, par contre. Est-ce que c'est avant
la fin du mandat? Je ne l'exclus pas, mais ça devient une question de
calendrier. Le projet de loi n° 102 est quand même assez costaud. On parle
de plus de 150 articles, donc il faudra, naturellement, tenir les
consultations. Ça, heureusement, on va les tenir avant la fin de la présente
session. Ensuite, il y a l'étude article par article. Et on sait qu'on partage
notre commission parlementaire avec les Transports, donc je ne dis pas oui, je
ne dis pas non avant la fin de la présente législature, mais assurément très,
très rapidement et beaucoup plus rapidement que nous l'impose le projet de loi
n° 44, qu'on a adopté. On ne fera pas ça en 2025, là, on ne fera pas ça...
Ce sera bien avant. Mais le calendrier, à ce moment-ci, je ne pourrais pas le
préciser à ce sujet-là.
Mais sachez, et notons,
là, que, si on avait eu la possibilité de le faire à travers le 102, j'aurais
été le premier à déposer, moi-même, l'amendement, en quelque sorte, mais la Loi
sur la qualité de l'environnement, là, nous oblige à une commission en bonne et
due forme pour que l'on puisse aborder la question des cibles.
Sinon, de façon non pas générale, mais assez
succincte, je vous dirais, on parle de leadership du gouvernement du Québec en
matière d'environnement. Quelques petits rappels, là, des mesures qu'on a pu
mettre de l'avant. Naturellement, on parle
beaucoup d'électrification des transports. Les chiffres, la trajectoire sont extrêmement encourageants. Donc, oui, on sera, et on y croit,
à 1,5 million de véhicules électriques en 2030, donc une progression
assez significative si l'on considère qu'on est à un petit peu plus de
120 000 de ces véhicules sur nos routes aujourd'hui.
Grande nouveauté en Amérique du Nord, on devient
littéralement des leaders en la matière, et c'est dans le projet de loi n° 102, 2035 pour ce qui est de la fin de la vente des
véhicules électriques. Parce que, là aussi, malheureusement, à travers le
monde, il y a plusieurs engagements qui ont été pris, mais très peu d'États ont
pu inscrire dans leur législation une date en bonne et due forme pour la fin de
la vente des véhicules à essence neufs.
On a, je l'ai évoqué, je pense, rapidement tout
à l'heure, on a adopté un règlement pour éliminer l'utilisation du mazout au
Québec. Ça demeure une source extrêmement polluante. Donc, on est venu baliser
sa fin, en quelque sorte, ce qui est une belle innovation. On a lancé un
programme d'aide pour les autobus scolaires pour qu'ils soient électriques, et
ça, c'est une belle illustration où la réglementation fait toute la différence.
Au cours des dernières années, il y avait, oui,
des programmes pour aider à l'achat d'autobus électriques, mais très, très peu
de transporteurs ou de centres de services scolaires s'en prévalaient, parce
que, lorsqu'on n'est pas obligés, souvent, on se conforte dans nos vieilles
habitudes, ce qui fait qu'on avait un programme, oui, mais aucun incitatif, là,
réel pour changer la donne. Or, nous, depuis le printemps dernier, on a été
très clairs, réglementation modifiée, tous les autobus scolaires au Québec devront
être électriques.
Et on le voit, et, je pense, c'est ce matin
encore, dans la revue de presse, ou hier, on voyait... je pense, ce matin, je
crois, bref, je perds la notion du temps, mais, bref, hier ou aujourd'hui,
Girardin, les ventes de ces autobus scolaires électriques ont explosé. Lion,
naturellement, c'est sa spécialité. Les ventes d'autobus scolaires vont
exploser au cours des prochains mois, des prochaines années.
Donc, on voit que l'incitatif financier qui
prévalait pendant quelques années, qu'on maintient, ceci dit, qu'on renforce
aussi, dans une certaine mesure, ne suffisait pas, il fallait interdire la
vente de ces autobus-là lorsqu'ils étaient à combustion. Donc, c'est une
avancée colossale et qui a fait franchement beaucoup jaser.
Je n'insisterai pas, on l'a mentionné à quelques
reprises, quelques dizaines de milliards de dollars au niveau du transport
collectif. Donc, non seulement le transport collectif aide à réduire les GES,
mais les projets sur lesquels on mise, ce sont aussi des projets électriques.
Donc, on sera gagnants sur toute la ligne. On va limiter l'usage du véhicule
solo, d'une part, mais, en transportant plus de monde, on aura un impact
limité, compte tenu que ces moyens de transport là seront
électriques.
On a abordé un petit peu la biodiversité et la
protection du territoire comme source de protection, naturellement, de notre environnement, mais qui limite grandement nos émissions de gaz à effet de serre, et, là aussi, on a fait un pas de géant.
Pendant des années, malheureusement, on stagnait autour de plus ou moins
10 % de territoires protégés terrestres et en eau douce, et, l'année
dernière, le bond est spectaculaire, on est passé de 10 % à 17 %.
Pour le considérer spectaculaire, Mme la
Présidente, il faut prendre la mesure du territoire québécois, qui est immense.
1 % de territoire protégé, là, c'est essentiellement 17 000 kilomètres
carrés. Donc, en quelques années, donc depuis l'arrivée du gouvernement actuel
en place, on est passé de 10 % à 17 % — c'est plus de 110 000 kilomètres carrés de territoire
protégé — et
ça aussi, ça va nous aider à limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
On pourrait parler des mesures qui ont été
prises au niveau de l'essence et le diesel. On va obliger, à travers la réglementation,
parce que, souvent, la réglementation, je le disais, c'est le seul moyen de vraiment
changer des comportements, donc on va
obliger une intensité toujours plus faible au niveau carbone à l'intérieur de ces carburants.
On a déposé un projet de règlement, qu'on est à
bonifier, qu'on est à peaufiner, sur le reboisement, qui était attendu depuis longtemps.
La matière organique, ma collègue de Jean-Talon en a parlé, en fait, mes collègues
ont tous, je pense, parlé de ces enjeux-là.
Les déchets,
c'est bête, hein, pour plusieurs, l'équation ne se fait pas, mais les déchets,
c'est une grande source d'émissions de gaz à effet de serre. Il y a...
Toutes les mesures qu'on est en train de mettre en place, avec des échéanciers,
encore une fois, bien précis, nous aideront grandement à diminuer nos
émissions.
• (11 h 50) •
Ce sont quelques-unes des mesures qui ont été
mises en place qui confirment le leadership du gouvernement du Québec, mais je
pourrais vous parler aussi du rôle du Québec à l'international. On a une COP
qui s'en vient dans quelques jours, et moi, je suis surpris, pour ne pas dire
étourdi, parce que les journées sont bien remplies, du nombre de sollicitations
qu'on reçoit de plusieurs ministres de l'Environnement d'États, certains
nord-américains, d'autres d'ailleurs sur la planète, qui demandent expressément
à nous rencontrer pour voir comment on arrive à ces résultats-là, voir comment ils peuvent s'inspirer, voir
comment on peut collaborer. Donc, c'est une COP qui, je suis convaincu,
encore une fois, permettra au Québec, là, de démontrer son leadership en
matière environnementale.
Et ce qu'il faut comprendre, oui, et je le
comprends, au niveau des règles internationales, les diminutions de GES se
calculent sur un territoire établi. C'est normal, on ne veut pas qu'il y ait un
double calcul, on ne veut pas que deux territoires calculent la même
diminution. Mais il ne faut pas sous-estimer le rôle que joue actuellement le
Québec auprès de ses voisins.
J'étais à New York
pour la Climate Week, il y a quelques semaines à peine, lorsqu'on a annoncé
cette entente entre Québec et... c'est-à-dire entre Hydro-Québec et l'État de New
York. C'est fabuleux, 4,2 mégatonnes de réductions
potentielles. C'est l'équivalent de centaines de milliers de véhicules en moins
sur nos routes. Oui, on ne pourra pas comptabiliser ces réductions-là dans le
bilan québécois, mais on aura contribué, à l'échelle planétaire, à diminuer nos
émissions de gaz à effet de serre. Et ça, c'est sans compter les autres projets
qui sont en discussion avec les États voisins. Bref, un leadership qui est
pleinement assumé.
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci, M. le ministre. Alors, je cède maintenant
la parole au député de Robert-Baldwin pour sa dernière intervention de
10 minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de clore cette
discussion. Écoutez, nous avons couvert un très grand terrain. On le fait dans
le cadre de la préparation à la COP26 qui s'en vient. Et, M. le ministre, si je
peux vous aider, et je suis sûr que le collègue de Jonquière aussi se ferait un
grand plaisir, si on peut vous aider, une fois rendu à Glasgow, quand vous
allez parler à vos homologues des autres États, les autres ministres, etc., si
on peut vous aider à expliquer le Québec, ça me fera un très grand plaisir de
participer à ces discussions-là aussi.
Maintenant,
l'objectif ou... pas l'objectif, mais, disons, le thème de cette
interpellation, c'était de questionner, de poser la question sur le
leadership du gouvernement, et, ça, j'aimerais bien qu'on le comprenne, dans
quel sens on le dit, là. Vous me connaissez,
je ne suis pas nécessairement la personne la plus partisane au monde, mais le
défi devant nous est énorme, défi environnemental, défi climatique. Tous
les États s'organisent pour essayer de faire face à ce défi-là.
Dans notre structure
gouvernementale — et,
écoutez, «been there, done that» — il y a plusieurs ministères, plusieurs
ministères qui ont un rôle très important à jouer dans ce cheminement-là dans
lequel nous sommes tous embarqués maintenant : le ministère de l'Économie,
Ressources naturelles, Transports, ministère des Finances — et on
n'en a pas beaucoup parlé, on n'a pas du tout parlé d'écofiscalité, j'aimerais
bien, peut-être si on a le temps à Glasgow, M. le ministre, on prendra un café
et on parlera d'écofiscalité — ministère du Travail aussi et bien sûr le
ministère de l'Environnement.
Alors, dans un tel
contexte, étant donné la nécessité, l'urgence d'agir — il y
a une urgence d'agir de façon logique, de façon planifiée et de façon
efficace — nous
jugeons que l'élan et la direction doivent venir d'en haut, doivent venir du premier ministre, du bureau du
premier ministre. Et on devrait même nommer, à mon avis, on devrait nommer un ministre responsable de tout cela et un
ministre... Est-ce que c'est le ministre de l'Environnement? Peut-être, là, ça, c'est à vous à décider, mais une personne
au cabinet qui coordonne toute cette activité-là et qui parle
directement au ministre de l'Économie, au
ministre des Ressources naturelles pour nous assurer qu'on va tous dans la même
direction.
L'économie du Québec
est une économie qui est complexe — et je dis ça dans le sens
positif du terme — c'est
une économie sophistiquée. Il y a beaucoup de composantes à cette économie-là,
une économie très ouverte, donc il y a beaucoup d'échanges. Et il y a un choc
énergétique qui s'en vient et qui est déjà là où nous avons tous les atouts,
tous les moyens de pouvoir non seulement passer à travers, mais de bénéficier
d'un tel choc pour nous propulser ailleurs. Et c'est pour cela, pour que ce
passage-là soit vraiment un succès, soit couronné de succès, c'est pour ça
qu'il nous faut le leadership direct du premier ministre.
L'autre chose qui a
déjà été dite ici aussi, et avec raison, c'est que, pendant la pandémie, le
premier ministre avait un rôle très clair de leadership, de chef d'orchestre.
C'est ce genre de rôle que j'aimerais voir pour la transition énergétique, pour
le climat. Donc, ça, c'est la première des choses, et je pense que c'est
important.
L'autre...
Évidemment, on a parlé de l'objectif de la neutro...
neutrocarbonité, voyons, le... vous savez ce que je veux dire...
Une voix :
...
M. Leitão :
Net-Zero, bon, en 2050 — carboneutralité,
c'est ça — et
on avait, bon, parlé de la possibilité de l'inscrire dans la loi, etc. Très
bien, on va voir. Mais ce qui est important, et c'est pour ça que nous, on
recommandait de l'inscrire, ce qui est important, c'est ce que le comité
consultatif mentionne lui aussi, que, donc, cette cible qu'on pourrait inscrire
dans la loi, cette cible aussi serait accompagnée d'une stratégie ambitieuse et
crédible, constituant la feuille de route à long terme pour l'atteinte de
l'objectif. Parce que 2050, c'est dans 29 ans. 29 ans, ça a l'air très, très loin, mais on ne peut pas attendre.
Ce n'est pas à la 28e année qu'on va y aller, il faut y aller tout
de suite, d'ores et déjà, à partir de maintenant, à partir d'hier, pour nous
assurer qu'on va arriver, en 2050, à avoir atteint la carboneutralité. Donc,
pour ça, il faut une feuille de route, comme le comité le dit, ambitieuse et
crédible. Et, pour cela, il nous faut un chef d'orchestre qui occupe les
premières loges, qui soit aux premières loges de la hiérarchie gouvernementale
pour qu'il puisse s'assurer que tous les différents ministres, ministères
suivent dans la même marche, parce que ce n'est pas toujours le cas. Encore une
fois, «been there, done that». Ce n'est pas toujours évident que tout le monde
va suivre si le patron ne le dit pas : C'est comme ça qu'on va y aller.
Et le patron,
laissez-moi vous le dire, parce qu'on a aussi fait un peu... refait un peu
l'histoire, là, mais il ne faudrait pas oublier, il ne faudrait pas oublier
qu'en 2015, à l'automne 2015, la COP24 à Paris, le Québec avait été...
avait occupé une place spéciale. On avait été... des éloges incroyables de la
part de M. Al Gore et d'autres participants à cette conférence-là. On avait
vraiment... Le Québec en général, tout entier, là, on était à la bonne place,
et ça avait été souligné par les autres groupes, les autres partis, les autres
États qui participaient à la COP24. Moi, j'aimerais bien qu'on sorte de Glasgow
avec le même résultat. Moi, je serais le premier à applaudir, si c'est ça, ce
qu'on fait, si c'est dans cette direction qu'on va.
Je me rappelle aussi,
malheureusement, que, quand on est revenus au Québec, beaucoup de
commentateurs, beaucoup de... incluant quelques collègues de la CAQ à ce moment-là,
qui, bon, disaient qu'ah bon! M. Couillard était le nouveau Géant Vert, ha, ha, ha! Bon. Mais le fait est qu'on
avait fait une très bonne impression à ce moment-là à Paris, et je pense
qu'on doit continuer de bâtir sur ce succès-là.
• (12 heures) •
Une dernière chose, et je vais finir avec ça,
les budgets. On parle beaucoup des budgets, du budget du ministère de l'Environnement, la forte
augmentation du budget de l'Environnement, c'est tant mieux, mais
n'oublions pas qu'une bonne partie, sinon la plus grande majorité de cette
augmentation du budget vient du Fonds vert. Parce qu'avec la loi n° 44, je
pense que c'était ça, le numéro, quand on a aboli le conseil de gestion, on a
renvoyé le Fonds vert au ministère de l'Environnement. Bon, là, maintenant,
c'est là qu'on voit que les budgets ont augmenté. Tant mieux. Tant mieux que
les fonds soient substantiels et que le Fonds vert, maintenant, puisse jouer ce
rôle-là. Mais je vous dis aussi que le conseil de gestion avait fait un très
bon travail pour nous assurer que le Fonds vert changeait. On est d'accord
qu'il fallait le changer, il a été changé, mais là on revient, on revient à la
case départ.
Et, pour en finir, on a dit aussi que... Je n'ai
pas beaucoup parlé de transport. Je pense qu'on n'a pas besoin. Il y a plein de
choses qui se font déjà. Et voilà. Très bien. Mais j'ai parlé de l'industrie
lourde, que c'est là qu'on doit agir pour réduire les émissions de gaz à effet
de serre. Oui, ils sont assujettis au SPEDE, à la bourse du carbone, mais on se
rend compte que ça ne donne pas de résultat ou ça ne donne pas le résultat
souhaité, ça ne va pas assez vite, notamment avec Ciment McInnis, oui, Ciment
McInnis, justement. Mais vous êtes là depuis trois ans. Et, si on voit
qu'au fur et à mesure que la production de Ciment McInnis augmente, et donc
l'émission de gaz à effet de serre augmente aussi, bien, c'est le temps d'agir.
Et, si le SPEDE ne donne pas le résultat souhaité, bon, passons à autre chose.
Parce qu'en effet l'industrie lourde, c'est une composante importante de nos
émissions totales de gaz à effet de serre. Alors, mieux vaut nous assurer que
cela fonctionne.
Et, comme je vous ai dit, là, moi, j'étais là
pendant quatre ans, vous êtes là depuis trois ans. Et McInnis et les
autres grandes unités industrielles, disons qu'il y a encore du chemin à faire.
Et, si on ne fait pas... si on ne parcourt pas ce chemin-là, on n'arrivera pas
à atteindre nos cibles de gaz à effet de serre, de réduction de gaz à effet de
serre. Avec toute l'électrification qu'on peut penser à faire, n'oublions pas
l'industrie lourde. Voilà. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Merci, M. le député. Alors, permettez-moi d'abord de remercier
l'ensemble des collègues, là, pour les échanges et votre discipline,
évidemment. Merci au personnel de la table. Merci au personnel de l'Assemblée
nationale.
Et, la présente séance étant terminée et ayant
accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die. Merci à tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 03)