(Dix heures)
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation
du député des Îles-de-la-Madeleine à la ministre responsable de la Métropole et
de la région de Montréal sur le sujet suivant : Les projets de transport
en commun dans l'est de Montréal.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme St-Pierre
(Acadie) est remplacée par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger).
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Je comprends qu'il y a une entente afin que
l'opposition officielle intervienne lors de la deuxième, quatrième et sixième
série d'interventions et que le deuxième groupe d'opposition intervienne lors
de la cinquième série d'interventions.
Nous débutons les déclarations d'ouverture. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, la parole est à vous, et vous avez
10 minutes.
Exposé du sujet
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je remercie la ministre d'être présente ici ce matin, de même que
mes collègues des deux autres partis d'opposition, ainsi que tous les
conseillers politiques, et les députés de la Coalition avenir Québec, qui se
prêtent à cet exercice, aujourd'hui, de reddition de comptes sur un projet dont
on a très peu parlé malgré les sommes
colossales qui seront investies dans le Réseau express métropolitain. Nous
allons nous pencher plus particulièrement, là, sur la desserte de l'est de
Montréal, mais je pense qu'il faut quand même voir les problématiques que pose
un projet comme celui-là de façon globale, pour l'ensemble de la ville de
Montréal ou du Grand Montréal, de Montréal et de ses environs.
Puis je disais tout à l'heure, en point de
presse, un peu en boutade, que ce qu'on veut faire, aujourd'hui, comme
discussion, c'est aller au fond des choses, avoir de l'information, sortir de
cette opacité dans laquelle on a opéré depuis déjà trop longtemps, plusieurs
années maintenant, pour éviter que devienne, dans le langage courant au Québec...
une expression qui pourrait être «se faire passer un REM».
Ça voudrait dire qu'on n'aurait pas suffisamment
d'information puis qu'on se lancerait dans un projet sans en connaître ni les
coûts, ni les conséquences, ni précisément de quels services on peut bénéficier
et, en même temps, de savoir si toutes les alternatives ont été correctement
considérées avant d'aller de l'avant avec des grands projets, presque
pharaoniques, pour développer le transport en commun.
Bien entendu, on est pour le transport en
commun. J'y reviendrai, mais le projet auquel on est... on fait face
aujourd'hui, il est, à l'heure actuelle, peu ou pas suffisamment élaboré pour
qu'on puisse en saisir l'ensemble des conséquences
à tout point de vue. Nous avons des questions, donc, sur la gouvernance, sur le
financement, sur l'intégration urbaine de projets comme celui-là... d'un
projet comme celui-là, le tracé, le mode aérien versus un mode sur terre ou
sous terre, la technologie utilisée, la construction des wagons, est-ce qu'elle
sera ici, au Québec, ou ailleurs, toute la question de la participation du
public également à cet exercice-là.
On sait, d'ailleurs, qu'il y a, à cet égard, des
pétitions qui circulent présentement pour s'assurer qu'on puisse faire toute la
lumière sur ce projet en amont de son développement, je parle particulièrement
ici, là, du projet de REM de l'Est, que tous les acteurs puissent collaborer,
parce qu'on sait que la CDPQ Infra, à l'heure actuelle, possède essentiellement
les clés de la ville en ce qui concerne le développement de ces projets, alors
qu'il y a d'autres organisations, d'autres acteurs, comme l'ARTM ou encore même
la ville de Montréal, la Société de transport de Montréal et, bien entendu, la
société civile, qui sont un peu, à l'heure actuelle, tenus à l'écart, du moins,
à ce qu'on en sait. C'est la raison pour laquelle on veut, aujourd'hui, que ce
soit la première étape d'un débat public sur des projets qui sont importants,
qui sont coûteux, et ce qui nous projette dans un avenir à très, très long
terme, et on ne peut pas faire l'économie de ce débat-là.
Alors, on sait également que de nombreux
urbanistes, architectes, universitaires, spécialistes, commentateurs de
l'actualité ont commenté de façon critique les informations qui ont filtré
depuis quelques mois. J'en nommerai quelques-uns : Marc-André Carignan,
chroniqueur; Phyllis Lambert, directrice du Centre canadien d'architecture;
Pierre Corriveau, président de l'Ordre des architectes du Québec; Anne Carrier,
présidente de l'Association des architectes en pratique privée; Isabelle
Giasson, présidente de L'Association des architectes paysagistes du Québec; Sylvain Gariépy, président de l'Ordre des urbanistes du Québec;
Philippe Poullaouec-Gonidec; Sylvain Paquette; Gérard Beaudet, de l'Université
de Montréal; Sophie Gironnay, directrice de la Maison de l'architecture du Québec.
J'en passe, parce qu'ils seraient trop nombreux,
mais tous ces gens-là et les commentateurs que vous connaissez également ont
soumis des questions et une analyse critique du projet. Même la ville de
Montréal est sortie dans les journaux pour déplorer le manque de coopération de
la CDPQ et demander, notamment, que l'option du développement d'une ligne
souterraine soit correctement considérée. Alors, je pense qu'on ne peut pas
faire l'économie de ce débat-là et de
cette discussion, et le faire devant public, et, aujourd'hui, je pense que
c'est un premier pas en ce
sens.
Je parlerai aussi de cette population qui est
touchée et qui, aujourd'hui, n'a pas voix au chapitre. On sait qu'ils ont
besoin d'un transport en commun digne de ce nom, qui puisse répondre à leurs
attentes, à leurs besoins, mais qui puisse
aussi considérer et respecter leur milieu de vie. On sait que les trajets qui
ont été... ou les tracés qui ont été présentés
vont segmenter, séparer en deux des quartiers, créer une cicatrice extrêmement
importante dans le secteur est de
Montréal et, en même temps, priver la population de certains espaces verts, par
exemple. Ça inquiète beaucoup les gens.
On pourrait parler et on va parler aussi de
toute la question financière. Je pense qu'à l'heure actuelle il faut se
demander combien coûteront ces investissements-là au Québec non seulement à
court terme... parce qu'on semble vouloir faire croire aux gens que c'est la
Caisse de dépôt et placement qui va assumer tous les frais, alors qu'évidemment
tel n'est pas le cas. Ce sont évidemment les usagers qui vont défrayer les
coûts de ce nouveau service, de ces nouveaux services, et le gouvernement,
l'État du Québec, bien entendu.
On a vu, au dernier budget, des sommes inscrites
de l'ordre de 18,7 milliards de dollars, et ça, c'est une question que je
voudrais poser à la ministre, de façon très, très précise : D'où vient ce
chiffre de 18,7 milliards de dollars dans le PQI, alors qu'on a toujours
dit que le REM de l'Est était de 10 milliards de dollars et le coût
officiel, actuellement, là, de ce qu'on en sait, pour le REM initial, est de
l'ordre de 6,5 milliards? Comment est-ce qu'on peut faire l'addition de
10 milliards puis de 6,5 milliards et arriver avec une différence de
2,2 milliards de dollars? 2,2 milliards de dollars, ce n'est pas une
petite différence. Il faut justifier ces sommes-là. Il faut faire preuve d'une
plus grande transparence.
J'ai parlé, tout à l'heure, de la gouvernance
et, je vous dirais, quand j'ai utilisé l'expression que la CDPQ avait les clés
de la ville, c'est qu'on a commencé à privatiser des secteurs, des segments,
qu'on pense, par exemple, au tunnel sous le mont Royal. C'est maintenant la
CDPQ qui en est le propriétaire, qui sera propriétaire, évidemment, de toutes
les infrastructures qu'on va développer. Et il y a, dans le projet, à l'heure
actuelle, un contrat renouvelable, et je pense qu'il faut quand même le réitérer,
un contrat de 99 ans, renouvelable une fois. On parle d'un projet ou de projets
de transport collectif sur une période de deux siècles. Est-ce qu'on peut
prendre quelques minutes pour en discuter puis de voir dans quoi on s'embarque
exactement?
Mais, pire encore, si nous, comme gouvernement
du Québec et comme population du Québec, on est liés pour 200 ans, la
CDPQ, elle, ne l'est que pour cinq ans. Elle peut décider de vendre globalement
ou tronçon par tronçon ses infrastructures, selon ce qu'on comprend, à l'heure
actuelle, de la structure ou de l'entente qui est convenue avec le
gouvernement. On sent, en fait, que le gouvernement a abdiqué ses
responsabilités et que tout ce que propose la CDPQ, c'est à prendre ou à
laisser. On a vu, par exemple, dans la proposition d'aller jusqu'à Chambly avec
un REM, que le gouvernement souhaitait développer, bien, la caisse a tout
simplement décidé qu'il n'en était pas question. Donc, ça pose justement une
interrogation importante. Qui décide de l'avenir des transports en commun ici,
au Québec, et dans la région de Montréal plus particulièrement?
Alors, le temps file, et il y aurait encore
beaucoup à dire. Je reviendrai tout à l'heure sur le dossier de la ligne bleue,
qui semble se voir cannibalisée par le projet du REM de l'Est, et même si on en
parle depuis 30 ans. Et je voudrais, en terminant, demander à la ministre
d'appuyer notre demande d'une commission parlementaire qui pourrait entendre,
pendant au moins deux heures, les dirigeants de la CDPQ pour faire la lumière
sur ces projets.
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme
la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal. Mme la
ministre, vous avez 10 minutes.
Réponse de la ministre
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Je vous remercie
beaucoup, Mme la Présidente. Je salue mes collègues de l'Assemblée, ainsi que
les députés de Bourget, Beauharnois et Portneuf, qui sont avec nous
aujourd'hui.
Je veux, d'abord, remercier le député des
Îles-de-la-Madeleine de cette initiative de demander l'interpellation sur le
transport collectif dans l'est de Montréal. D'une île à l'autre, ce sera une
excellente occasion de dresser un état de situation du transport collectif dans
l'est de Montréal et de mettre en valeur tout le potentiel économique et social
de ce secteur de l'île. Je suis absolument ravie de pouvoir répondre à vos
questions. C'est un dossier qui me tient vraiment à coeur, que ce soit à titre
de citoyenne, de députée de Pointe-aux-Trembles, de ministre déléguée aux
Transports, de ministre responsable de la Métropole ou de la grande région de
Montréal.
C'est un secteur qui a... de la ville qui a trop
longtemps été le parent pauvre au chapitre du transport collectif. Encore, de
nos jours, le manque criant en matière de mobilité a un impact quotidien sur la
qualité de vie des nombreux citoyens. Ils
doivent souvent consacrer beaucoup de temps à leurs déplacements, mais, en
plus, cette insuffisance a provoqué un bris du développement de l'est de
Montréal. Il était donc temps de remédier à cette iniquité historique. Au fil
des années, plusieurs promesses ont été faites à la population. Cependant, bien
peu a été réalisé.
Depuis le début de notre
mandat, notre gouvernement est en action pour changer la donne. Toute une série
de projets structurants est en cours de réalisation et en préparation. On parle
aussi de projets qui vont offrir une meilleure déserte des quartiers, non
seulement une mobilité durable et intégrée, qui va contribuer à la qualité de
vie des citoyens et à faciliter l'accès à l'emploi, mais elle va contribuer
aussi à développer le plein potentiel de ce vaste territoire et à accélérer la
croissance économique de toute la métropole et de la région métropolitaine.
Trois grands projets de mobilité vont voir le
jour et seront interconnectés. Il s'agit évidemment du REM de l'Est, du
prolongement de la ligne bleue du métro jusqu'à Anjou et du SRB
Pie-IX jusqu'à la rue Notre-Dame.
Dans son ensemble, le Réseau
express métropolitain est sans contredit le plus important investissement en
transport collectif jamais réalisé depuis les 50 dernières années. Le REM
de l'Est comprend 32 kilomètres de rails qui relieront les secteurs de
Pointe-aux-Trembles et du cégep Marie-Victorin à Rivière-des-Prairies, au
centre-ville de Montréal. Il comprendra 23 stations accessibles aux
personnes à mobilité réduite et sera à la fois interconnecté aux lignes bleue,
verte et orange du métro de Montréal, au SRB Pie-IX et au train de Mascouche,
qu'on appelle aussi le Train de l'Est.
À lui seul, le projet entièrement
électrique devrait permettre d'éviter l'émission de 35 000 tonnes de
gaz à effet de serre par année en incitant, notamment, énormément
d'automobilistes à effectuer un transfert modal. Cet objectif est tout à fait
réaliste puisque le REM de l'Est entraînera un gain de temps pouvant aller
jusqu'à 70 % par rapport à la voiture pendant l'heure de pointe. On
comprend à quel point ce projet facilitant l'accès au centre-ville aura une
incidence favorable pour les usagers de la route et du transport collectif.
Un comité d'experts, au sein duquel on
retrouvera plusieurs experts avisés, va travailler sur la conception des
structures aériennes ainsi que des stations tout le long du parcours. On souhaite
doter la métropole d'un ouvrage moderne et
emblématique, un projet signature, qui sera à la fois respectueux du patrimoine
bâti et de l'environnement. Plusieurs grandes métropoles dans le monde
se sont munies de ce type d'infrastructure qui se fonde habilement dans le
milieu urbain. On peut, notamment, penser à Paris, à Miami, La Haye ou à Dubaï.
Le prolongement de la ligne bleue du métro est
un autre grand projet prioritaire que nous allons réaliser. Imaginez un peu, ce
projet est dans les cartons depuis les années 70, à l'époque des pantalons
éléphants. Nous sommes d'avis que les citoyens de l'est de Montréal ont déjà
trop attendu.
Il y a quelques jours, nous avons annoncé la
création d'un groupe d'action qui a pour objectif d'identifier les mesures qui
permettront d'optimiser ce projet, d'en limiter les coûts et d'arrimer celui-ci
le plus efficacement possible avec le REM de l'Est. Ces experts et têtes
dirigeantes, qui proviennent à la fois de l'ARTM, de la ville de Montréal, de la Société de transport de Montréal,
de la Société québécoise des infrastructures, du ministère des
Transports du Québec et... travaux auxquels
participera CDPQ Infra sous... selon les besoins, devront remettre leurs
recommandations d'ici la fin du mois de juin, en veillant à ce que celles-ci
servent au mieux les intérêts des communautés.
Nous voulons que cet exercice délicat se fasse
rapidement et efficacement, sans pour autant sacrifier la rigueur nécessaire à
sa réussite. Et j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de faire un projet à
rabais mais plutôt de maximiser les investissements de manière à ce que le
prolongement de la ligne bleue se réalise dans des conditions appropriées, et
surtout acceptables, pour les bailleurs de fonds, qui sont, ultimement, les
citoyennes et les citoyens du Québec. J'ai pleinement confiance que les
professionnels aguerris qui sont chargés de cette mission seront en mesure de
livrer la marchandise dans les temps impartis. Je rappelle que ce projet est
aussi inscrit à la loi concernant l'accélération
de certains projets d'infrastructure publics. Donc, c'est véritablement une
priorité pour notre gouvernement.
Un autre projet d'importance, c'est celui du SRB
Pie-IX, qui est une infrastructure de transport collectif structurante et
performante sur des voies dédiées, un projet intégré à la reconstruction et la
requalification du boulevard Pie-IX par la ville, entre Laval et Montréal. Le chantier
va bon train, et, comme prévu, la mise en service se fera en 2022. D'autres...
Un autre tronçon viendra s'ajouter puisque nous avons annoncé, l'année
dernière, le prolongement jusqu'à la rue Notre-Dame pour qu'il soit également
lié au REM de l'Est.
D'autres projets. Je vous parle de la navette
fluviale entre Pointe-aux-Trembles et le centre-ville. Je pense à cette navette
qui permet un accès au centre-ville en 25 minutes et qui vient s'ajouter à
cette panoplie de services que nous allons offrir dorénavant à la population de
l'est de Montréal. L'Autorité régionale de transport métropolitain poursuit ses
travaux d'élaboration, d'ailleurs, dans ce sens pour créer un réseau de
navettes fluviales.
Dans un autre ordre d'idées, la Société de
transport de Montréal progresse à une refonte complète de son réseau d'autobus
pour acquérir des autobus totalement électriques, ce qui va bénéficier évidemment
à l'ensemble des réseaux de transport que nous sommes en train de mettre en
place.
Autre dossier, l'ARTM a adopté, le 15 avril
dernier, le Plan stratégique de développement. C'est une consultation qui a eu lieu auprès de 7 500 personnes. 400 personnes
ont déposé un mémoire. C'est un plan stratégique de développement qui
s'articule autour d'une vision intégrée du développement du transport collectif
et de la mobilité pour les 30 prochaines années, un plan reconnu comme un
projet porteur pour la mobilité de l'est, notamment.
Une autre grande mission de l'ARTM, qui vient
d'adopter un pan de son histoire, c'est la refonte tarifaire de l'ensemble de
la région métropolitaine, qui vise à réduire le nombre de transports. On était
rendus à plus de 700 titres de transport dans la région métropolitaine. On
va passer à une centaine, ce qui va faire que, notamment, l'est de Montréal
fera maintenant partie de l'île de Montréal en termes tarifaires.
Pour sa part, le ministère des Transports
travaille aussi en étroite collaboration avec la ville de Montréal et l'administration
portuaire pour réaliser conjointement des interventions qui vont permettre
d'améliorer l'accessibilité au réseau supérieur, et je pense, évidemment, au
raccordement de l'extrémité... de l'ouest de Souligny vers le port de Montréal,
pour réduire de manière très importante le nombre de camions sur la rue
Notre-Dame, un projet qui est très attendu et qui se travaille en collaboration
avec la ville de Montréal, bien sûr, et qui est attendu par les citoyens.
Il va sans dire que plusieurs
projets en cours dans l'est sont intimement liés à celui de la rue Notre-Dame,
et notre gouvernement est déterminé à agir. On peut compter évidemment sur la
volonté commune de la ville et du gouvernement pour transformer la rue
Notre-Dame en véritable corridor, intégrant des aménagements durables, maillés
au projet d'envergure dont j'ai parlé il y a quelques instants.
Je peux vous
mentionner aussi la Déclaration pour revitaliser l'Est de Montréal, qui a été
signée conjointement par la ville de Montréal, par la mairesse et par le
gouvernement, que j'ai représenté, et qui va permettre d'être un élément très bénéfique pour l'ensemble du Québec
puisque cette déclaration permet de faire avancer des projets
prioritaires.
Il importe de souligner que l'interconnexion des
modes de transport va ouvrir un monde de possibilités...
Argumentation
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la ministre. Je suis désolée de vous
couper. Donc, nous allons maintenant débuter
la période d'échange. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous avez la parole pour un maximum de
cinq minutes.
• (10 h 20) •
M. Arseneau : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, je pense que le projet de développement du Réseau express
métropolitain dans l'est de Montréal, s'il doit ouvrir un monde de possibilités,
il doit l'ouvrir à la population d'abord, et on doit, pour cela, se mettre à
l'écoute de la population. Quand on veut développer un projet de transport en
commun, on doit le faire avec les gens, pour les gens, mais pas leur imposer
une vision qui a été concoctée dans les officines de la Caisse de dépôt et
placement. Et c'est ça qui inquiète beaucoup, à l'heure actuelle, la population
visée par le service qu'on veut leur offrir, mais aussi qu'on veut, en quelque
sorte, leur imposer.
Il faut pouvoir, dans ce projet fort important,
là, qui participe de la transition écologique, du virage vert, d'une meilleure
mobilité, d'une mobilité durable, qui vise aussi, en toute équité, et là je
suis d'accord avec la ministre, enfin, desservir l'est de Montréal comme il le
mérite, c'est cette population qui a été laissée pour compte depuis 40 ans...
donc, de contribuer également au développement économique de la région pour
l'ensemble du Grand Montréal et, pour les gens qui y habitent, de pouvoir aussi...
pouvoir se déplacer de façon plus efficace, plus rapide et, évidemment,
participer eux aussi au développement économique et social du Grand Montréal,
et de ne pas avoir la composante de la participation populaire, c'est quand
même une faille importante au projet. Et moi, j'aimerais qu'on porte attention
à ces demandes de la population, qui souhaite aussi avoir un projet qui soit
positif pour elle, mais qui soit complet et qui évite, par exemple, là, de
miner l'environnement dans lequel ils vivent.
On a parlé... Mme la ministre a parlé, et je
croyais... d'un projet signature. Je croyais entendre, dans certaines des
phrases qui ont été prononcées, les capsules promotionnelles de la CDPQ Infra.
Mais qu'en est-il véritablement lorsqu'il est question de faire un réseau
aérien à quelques mètres du balcon des résidents de la rue Notre-Dame, là,
quand on décide d'emprunter ce corridor-là, en sacrifiant des espaces verts
également, dont le parc Morgan et le parc... j'allais dire, le projet signature,
où les architectes eux-mêmes ne souhaitent pas être associés, en craignant justement
la cicatrice profonde que ça pourra ou ça risque de créer?
Alors, on veut croire à ce projet-là. Le problème,
c'est que les études, les informations concrètes, l'ensemble, aussi, du
portrait financier, tout ça, là, ça n'est pas accessible en toute transparence
à ceux qui s'intéressent au projet. C'est un projet clés en main, mais, les
clés, on ne les possède pas, et puis il y a un coffre-fort, là, qu'on n'arrive
pas à ouvrir pour connaître les tenants et aboutissants de ce projet-là.
Il y a aussi, et, ça, je voudrais revenir là-dessus...
La ministre a insisté sur la réalisation éventuelle de la ligne bleue. Beaucoup
de gens doutent, à l'heure actuelle, que ce projet-là ne soit pas encore une
fois relégué au deuxième rang aux dépens du REM. Le groupe d'action, on attend
un rapport pour le mois de juin. Fort bien, mais, encore une fois, les acteurs
qui sont là vont développer, semble-t-il, un projet qui devra avoir une ampleur
financière réduite. Et là on se demande si, effectivement, il va correspondre
aux objectifs, véritablement, de la communauté et des citoyens ou aux objectifs de la CDPQ Infra, qui a un projet
qui vient, jusqu'à un certain point, dans les platebandes de la ligne
bleue.
Je pense qu'il y a un problème, à l'heure
actuelle, et je ne suis pas le seul à le penser, dans l'approche globale en
matière de développement et de l'intégration des différents modes de transport
en commun, de transport collectif, dans la région de Montréal, et cette absence
de vision là, à l'heure actuelle, risque de nous coûter cher à moyen et long
terme, et on aura l'occasion d'y revenir dans ma prochaine intervention.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la
parole à Mme la ministre pour un maximum de cinq minutes.
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, d'entrée de jeu, oui, j'ai dit : Un monde de possibilités qu'offrent ces nouveaux modes de
transport collectif pour la population de l'est de Montréal. On
désenclave des quartiers. On permet à des populations d'avoir accès à des zones
d'emploi. On permet à des employeurs d'avoir un meilleur bassin d'emplois
aussi. Sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan environnemental,
ces projets sont extrêmement importants, attendus, bien sûr, par la population.
Tous ces projets font partie d'un plan de transport
pour la région métropolitaine, étaient... sont inclus dans le plan stratégique de l'ARTM, l'Autorité régionale de transport
métropolitain, et vont permettre de compléter une offre de service pour la population
de l'est de Montréal, notamment, et pas seulement que pour l'est de Montréal, mais aussi pour la
périphérie de Montréal, parce
que, dorénavant, on aura un réseau structurant de métro sous-terrain, de
surface et aérien, auquel va se greffer tout un ensemble de transport organisé
par l'ARTM et par les différentes sociétés de transport.
C'est donc une vision de
la mobilité métropolitaine que nous sommes en train de mettre en place, parce
que je ne sais pas si vous savez, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, que la
congestion sur l'île de Montréal et le pourtour de l'île de Montréal coûte
4,3 milliards de dollars chaque année. C'est effroyable comme congestion.
Avant la pandémie, et même pendant la pandémie, on a encore de la congestion.
Et ce qui est une réalité, c'est que, dans l'est de Montréal, la population n'a
pas eu droit aux modes de transport structurant, et c'est ce que nous réparons.
Le projet de la ligne bleue va se réaliser. Nous
mettons en place... Nous avons annoncé la création, et le lancement a été
effectué lundi, d'un groupe d'action qui va vraiment s'assurer que, dans le
cadre budgétaire qui a été mis en place, parce que nous avons une contribution
du gouvernement fédéral, de 1,3 milliard, et le gouvernement du Québec a
établi un cadre financier... Donc, nous voulons que le projet se réalise dans
le cadre financier avec les cinq stations du métro, Saint-Michel jusqu'à
Anjou. Alors, ce groupe d'action, constitué des têtes dirigeantes des sociétés,
des organisations qui sont intimement liées à la réalisation de la ligne bleue,
ont, donc, une mission extrêmement importante de nous donner le topo, là, la recommandation
qui sera proposée au Conseil des ministres, évidemment.
Et trois mois... Trois mois, c'est ce qu'il a
fallu pour créer la ligne jaune, je vous le rappelle, lorsque le maire Drapeau
a obtenu l'Expo 67 et qu'il a demandé aux gens de l'époque de rallonger...
de créer une nouvelle ligne pour se rendre à l'île Notre-Dame, et trois mois,
il aura fallu, pour créer la conception de cette ligne jaune, et trois ans pour
la réaliser. Donc, je pense qu'on est capables ici, au Québec, de le faire.
Et, pour ce qui est du REM de l'Est, évidemment
que nous avons entendu toutes les préoccupations. J'ai rencontré les gens que
vous avez nommés. Je les ai tous rencontrés. La Caisse de dépôt, depuis le mois
de février, rencontre... a rencontré une quarantaine d'organisations, et vont
suivre encore des consultations citoyennes pour bien expliquer le projet et répondre aux questions des citoyens.
À partir de mai-juin, en mai-juin, il
y aura ces consultations. Ensuite, viendront aussi les consultations liées au BAPE, le BAPE qui aura lieu, je vous l'annonce, à la fin de
l'année 2021.
Nous annoncerons prochainement la création de ce
comité aviseur constitué de gens, de professionnels de haut niveau, qui vont
avoir la mission, le mandat de travailler à l'intégration urbaine du REM de
l'Est. Comparé au REM un, le REM de l'Ouest, qui longe une autoroute, le REM de
l'Est traverse des quartiers, est en milieu urbain. Évidemment que c'est une
réalité.
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la ministre. Donc, je cède maintenant la
parole au député de Beauharnois. M. le député, vous avez maximum cinq minutes.
M.
Reid : Maximum
cinq minutes? Merci, Mme la Présidente. Chers collègues, bonjour. Heureux
d'être parmi vous en ce vendredi ensoleillé... à l'extérieur, on est très heureux. Mme la
ministre, chers collègues,
bien entendu, c'est un dossier... C'est un beau dossier, l'histoire du
REM. Quand on parle de mobilité, à la fois, ça m'interpelle comme adjoint parlementaire
aux Transports, mais également j'en suis concerné dans ma circonscription.
J'aimerais, moi, aujourd'hui, vous parler, pour ce premier bloc là... parler du
REM à Montréal, ses banlieues limitrophes.
Tout d'abord, comme vous le savez, le Réseau
express métropolitain va prendre la forme d'un métro léger de 26 stations,
on l'a mentionné, 67 kilomètres, qui va relier le centre-ville, l'aéroport
et la région métropolitaine de Montréal. La construction a débuté en 2018 et
devrait se terminer, en principe, en 2024, pour un coût total de 6,5 milliards
de dollars. Pour avoir...
Mon comté est situé dans le sud-ouest du Québec.
J'emprunte régulièrement la route 40, donc, qui est dans l'ouest de l'île
de Montréal, et j'ai vu l'avancement de ces travaux-là, et c'est quand même
assez impressionnant, Mme la Présidente. Puis ce qui m'a frappé la première
fois, j'en avais parlé à Mme la ministre en 2018-2019, c'est... Quand on
regarde le premier tracé du REM, la première phase, en fait, moi, je l'avais
baptisée la ligne rouge, parce qu'elle passait principalement dans des comtés
libéraux, mais ça, c'est dit, on va avancer vers l'est de l'île.
On considère que le REM constitue l'une... la
plus grande infrastructure en transport public du Québec depuis l'achèvement du
métro de Montréal, qui, lui, fut inauguré au milieu des années 60. On va
d'ailleurs rivaliser avec plusieurs grandes villes mondiales, Vancouver, ici,
au Canada, pour la longueur du tracé. On parle de 67 kilomètres, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, en termes de grand réseau automatisé.
De plus, le réseau est intégré, comme le
mentionnait Mme la ministre... est intégré au système existant, connecté au
métro, au train de banlieue, aux autobus, en plus de services de partage de
moyens de locomotion légers, là, comme les bicyclettes. Donc, ça va être
possible de trimballer sa bicyclette, donc, dans les différents trains.
L'objectif de tout ça, c'est d'améliorer la mobilité des citoyens sur l'île de
Montréal puis également, bien entendu, de réduire les GES. Je vous parle de ce
réseau car, par la suite, j'aimerais faire un lien sur la manière dont nous
envisageons de sauver des coûts pour les citoyens du Québec en entier lorsqu'on
procède à des projets d'envergure, même si, au départ, ce sont d'énormes sommes
qui sont investies, vous en conviendrez.
Nous avons aussi présenté récemment le projet du
REM de l'Est, jusqu'à Pointe-aux-Trembles, qui viendra rivaliser ce secteur de
Montréal... revitaliser ce secteur de Montréal jusqu'au cégep Marie-Victorin au
nord. C'est ambitieux : 32 kilomètres, 23 stations,
10 milliards d'investissement. Il y aura assurément des ajustements à
apporter afin que le projet du prolongement de la ligne bleue du métro de
Montréal et celui du REM de l'Est puissent mieux s'arrimer. Et je reprends les paroles de la ministre. L'est de l'île,
c'était le parent pauvre du transport collectif, puis, je pense, les gestes que l'on pose actuellement vont
bien servir les citoyens de l'île de Montréal, et j'en suis très
heureux.
Nous souhaitons que cela puisse se faire avec un
minimum d'impact sur l'échéancier. Soit dit en passant, si on refait
l'historique de la ligne bleue, on voit qu'il est parti sur des bases instables
à cause de la mauvaise gestion de l'ancien gouvernement, ce qui nous a obligés
à revoir les coûts de 3,9 à 4,5 milliards. On souhaite maintenant
travailler à l'intérieur de cette enveloppe budgétaire.
J'aimerais vous glisser un
mot sur le modèle d'affaires du REM car je crois que sa constitution est très
intéressante. La Caisse de dépôt et placement du Québec a décidé de se lancer
dans la construction d'infrastructures de transport collectif avec le REM,
d'accord, mais regardons un peu plus... que prend la forme de cette entente,
d'autant plus qu'il y a des prolongements de REM qui sont à l'étude pour Laval
et Longueuil en plus.
Au PQI, on parle d'un montant de
18,7 milliards qui a été inscrit pour les projets de la CPDQ Infra.
Certaines modifications ont eu lieu au niveau du PQI 2020-2030 et, celui
en cours, 2021-2031. Étant donné que la CDPQ Infra a confirmé son intérêt à
prendre en charge le projet pour relier l'est du nord... l'est et le nord-est
au centre-ville de Montréal et que le gouvernement lui en confiera sa gestion,
ce dernier s'est retiré.
Je vous dirais que... Il me reste très peu de
temps, Mme la Présidente. Je pense que le modèle que l'on a développé, il est à
l'avantage des citoyens. Il est à l'avantage des citoyens du Québec et des
citoyens de Montréal, parce que ce sont des projets, donc, qui vont favoriser
la mobilité sur le territoire de l'île de Montréal, également, éventuellement,
en dehors de l'île de Montréal, et je souhaiterais qu'un jour le REM se rende
dans le comté de Beauharnois. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Merci beaucoup. Je cède
maintenant la parole à la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti :
Bonjour, merci beaucoup. Alors, merci, Mme la ministre. Je salue la ministre,
tous les gens qui l'accompagnent, mes collègues de toutes les formations politiques,
et surtout mon collègue de Marquette, qui m'accompagne aujourd'hui en tant que porte-parole
du transport.
Alors, écoutez,
cinq minutes, ce n'est pas long. Alors, si vous me permettez, je ne
ferai pas des gros préambules. J'irai direct à certaines questions que
je voudrais poser à la ministre. Je vais faire un peu l'inverse de mes collègues
qui ont pris la parole. Je vais parler de la ligne bleue avant de parler du REM
de l'Est parce que la ligne bleue est déjà un projet qui est déjà assez avancé.
Alors, je suis contente d'être ici ce matin pour
parler de la desserte de l'est de Montréal. La ministre a dit, à plusieurs
reprises, que ça prend un mode structurant, un mode de transport structurant.
On est d'accord. Je suis d'accord aussi. Elle a raison quand elle dit que la
ligne bleue, le Train de l'Est. Et, je vous fais remarquer, le SRB... Pour
répondre à la question du député de Portneuf, c'est tous des dossiers — pas Portneuf,
Beauharnois — c'est
tous des dossiers qui ont été faits... annoncés avec des sommes réservées par
le gouvernement précédent.
Alors, quand on dit que l'est de Montréal est
l'enfant pauvre, là-dessus, c'est vrai, mais le Parti libéral a remédié à ça
parce que ces trois grands projets là ont été faits sous notre gouverne. Non
seulement qu'ils sont en cours, je te dirais que le SRB est quasiment fini,
Train de l'Est est fait et la ligne bleue est en chemin, et non seulement que
nous l'avons annoncé, mais on a réservé les sommes pour s'assurer que ces
projets voient la fin.
Alors, ceci dit, la ligne bleue, écoutez, ça a
été... C'est un projet qui, comme je vous dis, avance, mais, depuis l'arrivée
de la CAQ, on dirait qu'il y a eu des moments où est-ce que ce projet de loi a
été mis en... remis en question. À plusieurs
reprises, on voit, que ça soit au moment qu'on a adopté la loi n° 66 qui
concernait les expropriations... On a eu le ministre, à l'époque, qui a
sorti publiquement en disant : Ça prend la loi n° 66, sinon la ligne
bleue ne verrait plus le jour. Par la suite, on a eu le premier ministre qui
est embarqué dans le même discours. Et là, aujourd'hui, on a ce comité qui a
été mis en place par la ministre avec un mandat qui est très précis, de trouver
une façon d'arrimer l'annonce du REM de l'Est avec les structures existantes,
mais j'aimerais ça que la ministre nous confirme que cette mise en place de ce
comité-là ne vient d'aucune manière retarder la ligne bleue. Nous avons un
léger retard, par rapport au projet de loi n° 66, sur les expropriations,
de 18 mois.
Et vous comprenez, Mme la ministre, quand on
parle de la revitalisation de l'est de Montréal, quand on parle de... que vous
dites souvent que l'est de Montréal est l'enfant pauvre, et on doit s'assurer
une meilleure desserte pour l'est de Montréal, là-dessus, je pense qu'on est
tout à fait d'accord, sauf qu'il faut que vous compreniez que la ligne bleue, c'est... Le tracé de la ligne bleue part du
SRB Pie-IX et s'en va jusqu'à Anjou. C'est cinq stations. Ces cinq stations-là
sont sur une artère principale, qui est la
rue Jean-Talon. C'est une artère qui est commerciale, mais aussi
résidentielle. Et, à chaque fois qu'on questionne la ligne bleue, à chaque fois
qu'on met dans l'univers que ça pourrait prendre plus de temps, bien, non
seulement ça crée de l'angoisse pour ces gens-là, mais il y a un effet
collatéral qui fait en sorte qu'on ne peut pas avancer dans toute la
revitalisation de cette artère-là.
Alors, la densification, il y a des beaux
projets qui s'en viennent. Alors, il faut que vous compreniez, là,
qu'aujourd'hui, là, les gens de l'est de Montréal veulent vous entendre
dire : La ligne bleue va se faire. Est-ce que l'échéancier... de nous dire
que l'échéancier de 2026 sera respecté et que, d'aucune manière, l'annonce du
REM de l'est va venir enlever, enlever quelque chose à la ligne bleue? Je pense
qu'on doit aussi prendre en considération qu'il y a une expertise, il y a un
consensus autour de la ligne bleue.
Et là on questionne... Parfait, on questionne le
coût. On parle d'un projet de cinq stations. On nous dit souvent, dans les médias, c'est repris à plusieurs
reprises : C'est un projet de 4,5 milliards. On est rendus à
6 milliards. Mais qu'est-ce qu'on ne dit pas, c'est que le tracé, le
tunnel en soi, c'est 2,5 milliards. Le reste, c'est tout qu'est-ce qui...
c'est les expropriations, c'est tout qu'est-ce qui entoure le développement de
la ligne bleue. Et je trouve ça malheureux que, pour la ligne bleue, on
questionne les coûts, on questionne le projet, on questionne le tracé, quand,
pour d'autres projets, bien, c'est bar ouvert puis il n'y a pas de question
d'argent ou de limite d'argent.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. Merci beaucoup.
• (10 h 40) •
Mme Rotiroti :
Alors...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci. Je suis désolée de vous
couper. Mme la ministre.
Mme Rouleau :
Alors, merci beaucoup, et merci pour votre appui qui semble bien inconditionnel
à la réalisation de cette ligne bleue que nous voulons réaliser. Nous voulons
réaliser le prolongement de la ligne bleue jusqu'à
Anjou, à partir du métro Saint-Michel jusqu'à Anjou. C'est une détermination
claire et précise. C'est pourquoi nous avons inscrit le projet dans le
projet de loi qui a été adopté, la loi n° 66, sur
l'accélération des grands projets d'infrastructure, pour s'assurer de faire
avancer rapidement le projet de la ligne bleue.
La mise en place de
ce groupe d'action est arrivée parce que, justement, il y a eu énormément de
bruit autour de la ligne bleue, des possibles retards, des coûts qui
augmentaient. Alors, le groupe d'action, qui est constitué des parties
prenantes qui sont intimement liées à la réalisation de cette ligne bleue, pas
seulement que la société de transport, pour laquelle j'ai énormément de
respect, et qui a, jusqu'à... qui est toujours responsable de la réalisation de
la ligne bleue, mais qui agissait dans son mandat...
Nous avons adjoint à
cette réflexion, pour s'assurer que la ligne bleue se réalise dans les budgets,
dans le tracé... dans la portée qui a été déterminée, le tracé qui a été
déterminé et dans les échéanciers... Nous avons, donc, constitué ce groupe
d'action pour s'assurer d'avoir la meilleure proposition, pour le bien de la
population, le meilleur projet, qui est interrelié, bien sûr, avec le REM, avec
le REM et avec le SRB Pie-IX. Déjà, des travaux sont en cours, là, en ce
moment.
Alors, il n'est pas
question de retarder, il est question, je vous dirais, de remettre le train sur
les rails, de s'assurer que le projet se réalise correctement et que ce ne soit
pas un projet à rabais, que ce soit la meilleure proposition pour la
population, et, vous en avez convenu avec moi, qui a besoin de ce mode de
transport. Donc, oui, la ligne bleue va se réaliser. C'est notre objectif.
C'est ce que nous voulons, c'est de réaliser la ligne bleue, que ce ne soit
plus un projet qui soit remis à la prochaine décennie. On veut que la ligne
bleue se réalise, et c'est le mandat, c'est la mission qui a été donnée à ce
groupe de travail qui...
Et
je dois vous dire aussi... Je l'ai mentionné tout à l'heure, mais la Caisse de
dépôt, CDPQ Infra, va participer aux travaux lorsque ce sera nécessaire
pour s'assurer de l'arrimage de la ligne bleue avec le REM. Le REM, il a été
annoncé en décembre dernier, était déjà dans le PQI, était déjà inscrit dans ce
qu'on appelle le PIDTC, le Plan d'initiatives du développement du transport
collectif, de l'ARTM, depuis 2018 qu'on en parle, Alors, ce n'est pas nouveau,
mais il faut s'assurer de cet arrimage efficace des différents modes de
transport que l'on met en place pour la population de l'est de Montréal et qui
va profiter non seulement pour l'est de Montréal... Ça va, évidemment, être
très important pour tout... pour le développement économique et social, comme
je l'ai dit, et environnemental, bien sûr, mais ça va profiter aussi pour la
région montréalaise, les gens qui vont avoir dorénavant accès à l'ensemble du
réseau structurant de l'île de Montréal, ce qu'ils n'ont pas à l'heure actuelle.
Alors, c'est un...
Les démarches que nous faisons servent à faire accélérer le projet de la ligne
bleue, sert à... Et tout l'ensemble des démarches, évidemment, vont... sont un
bien pour la... C'est à la population qu'on pense, c'est au développement
structurant qu'on pense, et à ce territoire qui a été, et vous en avez convenu
avec moi, totalement oublié au fil des dernières décennies, qui a été mis de côté,
alors que c'est un territoire qui est maintenant en plein développement, avec
une adhésion de l'ensemble des parties prenantes, et les gens sont heureux de
ce dénouement, enfin. Ce que j'entends, moi, c'est : Enfin...
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la ministre. M. le député
de Beauharnois.
M.
Reid :
...continuer dans mon premier... suite à mon premier bloc tantôt. Bien entendu,
on a parlé de privatisation possible du transport collectif, ce qui a été
soulevé par mon collègue tantôt. Il y a plusieurs critiques, donc, du projet de
REM, qui parlent d'une privatisation, là, du transport collectif, mais on est vraiment
ici devant un partenariat public-public pour réaliser des projets voulus par
les gouvernements. Il faut savoir que la Caisse de dépôt et placement du Québec,
c'est quand même une grande organisation avec un actif de près de 366 milliards.
Donc, je pense qu'ils sont en mesure de bien gérer les sous des Québécois, puis
la CDPQ a une expérience également dans la gestion de projets d'envergure.
Selon ma
compréhension, CDPQ Infra assume l'entièreté de la responsabilité pour toutes
les phases du projet. Alors, on parle de la planification, du financement, réalisation et exploitation. Elle se démarque des partenariats
public-privé que l'on connaît par sa grande implication en phase de conception
et de développement. C'est un modèle unique qui lui permet d'incarner l'une des
seules organisations dans le monde à réunir la capacité financière et
l'expertise technique pour concrétiser des mégaprojets d'infrastructure. On y
voit là une formule équilibrée entre le tout public et le tout privé, surtout au
niveau des incitatifs, des échéanciers et des dépassements de coûts.
Je serais même d'avis
que de telles réalisations vont encourager, et je l'espère, la CDPQ Infra, qui
est indépendante dans sa gestion, faut-il le dire, à aller chercher des
nouveaux marchés en menant des projets à l'étranger. Je pense qu'actuellement
il y a plusieurs grandes villes dans le monde qui sont à la recherche de moyens
de transport et je pense qu'en développant une expertise comme le fait CDPQ
Infra, bien, ça risque de faire rayonner le Québec et de créer une expertise
avec une grande valeur chez nous. Cette structure à... voyons, cette structure
de projet, excusez-moi, permet de faire plus de projets par dollar disponible,
donc a incidence au point de vue du calcul de la dette, en fonction de la
participation du Québec en équité.
Le principal bénéfice est la qualité de vie des
citoyens, bien entendu. Lorsque le gouvernement va de l'avant avec des projets
de cette envergure, il examine le prisme d'un projet structurant en transport
en commun sous tous ses
angles. S'il est possible de confier le projet à une tierce partie qui veut
assumer les risques et que le gouvernement calcule que cela sera à
l'avantage des contribuables, alors, bien entendu, Mme la Présidente, tout le
monde y gagne, tout ça au bénéfice des Québécois, au niveau de la qualité du
service, en plus de la réduction des gaz à effet de serre. Nul doute que nous
avons ici une belle opportunité pour favoriser la mobilité des citoyens.
• (10 h 50) •
Par ailleurs,
l'intérêt pour un partenariat public-public qu'on a avec CDPQ Infra, je pense
qu'il est extrêmement intéressant. Cette forme aboutit à des rendements
supérieurs, dans le meilleur intérêt des déposants de la caisse, donc, une grande partie de la population du
Québec, directement et indirectement au reste des citoyens. Ça amène une
question de philosophie politique sur la manière de financer le développement
des transports en commun. Devrions-nous rehausser la taxe sur le carburant? Je
suis sûr que le PQ et Québec solidaire ont des positions très tranchées sur le
sujet, mais la réponse n'est vraiment pas aussi simple qu'elle en a l'air.
Par exemple, la Saskatchewan a décidé de taxer
les propriétaires de véhicules électriques parce qu'ils ne contribuent pas via
la taxe sur l'essence. Citons un article de Radio-Canada, ça a été fait en date
du 7 avril dernier : «À partir du 1er octobre 2021, les Saskatchewanais
qui possèdent un modèle de voiture électrique seront contraints de payer
150 $ chaque année. La mesure, annoncée mardi, a été prise pour que les
usagers de ces véhicules contribuent à la maintenance du système autoroutier de
la province.»
Pourtant, la plupart des plans traitant de
stratégies pour combattre les changements climatiques, dont celui de la ville
de Regina, là-bas, incluent des provisions qui consistent à encourager la
population à utiliser des méthodes de transport plus respectueuses de l'environnement.
C'est donc une mesure, à première vue, à l'opposé
des incitatifs qu'on voit en Scandinavie, ici même. En fait, on comprend qu'il
s'agit d'un choix idéologique pour tenter d'arriver au même but. Quelques
commentateurs politiques pourraient qualifier cette approche de conservatrice,
orientée entre l'équité entre chaque contribuable. Les administrations gouvernementales
qui font ce type de choix, d'instaurer une nouvelle taxe, font le pari que les
gens vont continuer de plus en plus à acheter des voitures électriques de toute
façon. Ils préfèrent donc augmenter les recettes de l'État pour financer la
réfection des routes pour pouvoir justement disposer de plus d'argent. C'est un
point de vue qui ne fait pas consensus ici, Mme la Présidente. Il n'est pas
fou, mais je vous dis que nous ne sommes pas séduits par cette idée
actuellement. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : ...le député. Nous amorçons donc la troisième série
d'interventions. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Oh! je n'avais pas vu
venir mon tour. Merci, Mme la Présidente. Avec grand plaisir, je vais réitérer
un certain nombre de questionnements auxquels j'aimerais que la ministre
réponde.
En fait, j'ai
parlé, tout à l'heure, du budget, là, le 2,2 milliards de dollars. C'est
une question très, très précise, pragmatique. On peut avoir et on
souhaite avoir des explications. Pourquoi y a-t-il un 2,2 milliards de
différence au PQI sur le projet de REM par rapport aux données que l'on possède
sur la construction des deux premiers projets?
J'aimerais également, puisqu'il est question de
budget, savoir ce qu'il en est de l'entente pour le REM de l'Est concernant le
rendement de 8 % de la Caisse de dépôt et placement. 8 %, là, on va
aller le chercher notamment par un prélèvement de 0,72 $ pour chaque
kilomètre parcouru pour chaque passager chaque jour, ce qui est déjà quatre fois plus que la Canada Line de Vancouver.
Mais là ce qu'on se demande... Et ça, ça sera indexé à l'inflation pour
les deux prochains siècles, mais est-ce qu'on a exactement la même formule de
financement pour le REM de l'Est? C'est une préoccupation, je pense, qui est
légitime, de voir : est-ce qu'on va réviser ces paramètres-là? Je pense
que cette question-là... Si on veut nous faire croire que c'est un projet qui
peut accentuer le nombre de kilomètres pour chaque dollar investi, je pense
qu'il est nécessaire de savoir combien de dollars seront investis.
Maintenant, on a parlé tout à l'heure... La
ministre a mentionné le fait qu'elle avait rencontré de nombreuses
organisations, si j'ai bien compris, en disant qu'elle avait rencontré des
groupes. J'aimerais quand même savoir si les groupes citoyens ont été
rencontrés. Vous savez qu'il y a une coalition qui s'est formée pour un REM
socialement acceptable et qui réclame justement de rencontrer des représentants
du gouvernement, et, à ce que je sache, à moins qu'on m'indique le contraire,
ils n'ont pas eu audience auprès du gouvernement ou de ses ministres jusqu'à
présent.
Et je pense que c'est un groupe qui est représentatif
de la population qui sera desservie, mais, en même temps, touchée par le projet
actuel du REM de l'Est, parce qu'on parlait tout à l'heure... Le député de
Beauharnois parlait de qualité de vie qu'on veut augmenter, améliorer, avec un
projet comme celui-là. Ça comporte un très grand nombre d'éléments, et beaucoup
des préoccupations sont exprimées par ces gens-là, par, donc, des citoyens de
l'est de Montréal, qui ne souhaitent que pouvoir en discuter avec la ministre.
D'autre part,
le projet, tel qu'il a été présenté par la CDPQ, puis on le réitère
aujourd'hui, semble être, en fait, déjà planifié, comme étant à prendre ou à laisser. Et là, moi, ce qui
m'interpelle là-dedans, c'est de voir jusqu'à quel point la CDPQ peut
être influencée par les rencontres qu'elle mène, parce que moi, je regarde
l'ensemble des commentaires qui ont été exprimés, et puis il y a très peu de
gens, là, à part peut-être les membres du groupe parlementaire de la Coalition
avenir Québec et la CDPQ, qui sont d'accord pour acheter le projet tel qu'il
est présenté aujourd'hui.
Donc, il y a un besoin impérieux d'améliorer ce
projet-là, et en particulier certains tronçons aériens qui vont défigurer la
ville, et qui ont été fortement dénoncés par plusieurs, et non seulement par
les résidents, par la population, mais par aussi des gens de la grande
entreprise, par des commentateurs également.
Je voudrais aussi amener la question du comité
aviseur. Ce comité aviseur là, on nous dit qu'il sera formé bientôt. Ça fait
déjà plusieurs semaines qu'on le dit. On souhaite que, maintenant, ça puisse
être fait, mais qu'il puisse être constitué de façon à
pouvoir travailler de façon totalement indépendante et objective. Je pense que
c'est une condition absolument sine qua non. On parle de professionnels de haut
niveau. Seront-ils mis à contribution de façon totalement indépendante et
comment prendront-ils en compte l'opinion populaire, l'opinion citoyenne et son
point de vue? C'est des éléments qui me préoccupent.
Et, encore une fois, je réitère la question
initiale. Est-ce que la ministre est d'accord pour s'engager à faire
comparaître les représentants de la CDPQ Infra en commission parlementaire pour
faire la lumière sur tout le projet?
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme Rouleau : Bien, je vous
remercie beaucoup, M. le député, pour vos questions.
Concernant le 2,2 milliards qu'on retrouve
dans le PQI, ça, c'est une réserve qui a été faite pour des projets de
transport collectif qui sont à l'étude à l'heure actuelle. Alors, on sait qu'il
y a une étude qui a été demandée pour le secteur de Laval, une étude pour le
secteur de la Rive-Sud, notamment. Alors, ce sont des réserves qui ont été
faites dans le PQI pour des projets qui pourraient voir le jour dans la région,
dans la grande région métropolitaine, pour compléter l'ensemble du réseau.
Alors, voilà pour ce 2,2 milliards.
Vous avez des questionnements sur le
financement. La proposition de la Caisse de dépôt, CDPQ Infra, sera déposée
prochainement. Suite à ce dépôt, à cette proposition, il y a évidemment des
discussions qui sont faites par l'ARTM, avec le ministère des Finances, avec le
ministère des Transports, pour évaluer la proposition, faire les négociations
qui doivent être faites, mais, à ce jour, là, je ne peux pas aller plus loin
que cela dans le... au niveau du financement,
sinon que l'évaluation du projet du REM de l'Est est de 10 milliards.
Alors, on sait quelle est l'enveloppe.
Et, pour faire un comparable, là, dans le cas du
REM, du premier REM, le REM de l'Ouest, là, qu'on peut appeler dorénavant, un
projet qui, aujourd'hui, est à 6,5 milliards, qui avait débuté un peu
moins que cela, le gouvernement s'est toujours engagé à
1 280 000 000 $, et c'est toujours un engagement de
1 280 000 000 $ pour ce premier
REM. Sinon, un ajout que nous avons dû faire, parce qu'il y a eu un oubli de la
part de l'ancien gouvernement dans le REM un, ce sont les mesures
d'atténuation qui n'avaient pas été prises en compte. Lorsque nous sommes
arrivés, nous avons pu constater cet oubli, donc, et nous avons corrigé le tir.
Concernant les consultations, vous me parlez de
la Coalition pour un REM socialement acceptable, qui a été rencontrée le 11 mars dernier par CDPQ Infra.
Parmi les... Il y a une quarantaine d'organisations. Ce sont des
chambres de commerce, des comités transport
de chambres de commerce, ou des tables de quartier, ou Corporation du
développement communautaire de la Pointe,
c'est Infologis de l'est de Montréal, l'Association industrielle de l'est de
Montréal, donc toute une panoplie d'organisations qui représentent bien
la société civile, qui ont déjà été rencontrées, là, depuis le début février,
là, jusqu'à aujourd'hui. Suivront aussi, à partir de mai et juin... en fait, en
mai et juin, des consultations citoyennes,
tel que demandé. Et parallèlement à ça, dans toute la démarche du BAPE qui aura
lieu à la fin de l'année, bien, il y
a des consultations qui sont organisées, là, par le BAPE. Donc, il ne manque
pas de consultations auprès de la population et des groupes ciblés, là,
des organisations qui sont... qui ont un rôle à jouer pour l'avancement de ce
projet.
Le comité aviseur, oui, il est indépendant, il
est nommé par le gouvernement et il est indépendant. Ce sont des gens qui ont
une grande science, je dirais, et une vision très claire, là, de l'intégration
d'un tel projet, l'importance de l'intégration d'un tel projet, projet
signature. Et ce n'est pas un label publicitaire, là, c'est nous qui l'avons
dit, c'est le gouvernement, c'est le premier ministre qui l'a dit, ce n'est pas
la Caisse de dépôt qui a dit : On veut un projet signature. Nous avons
dit : Nous voulons un projet signature, un projet qui s'intègre bien dans
la communauté. Parce que, contrairement au premier REM, qui, comme je vous le
disais, longe une autoroute, là, on est en milieu urbain et on traverse le
centre-ville. C'est...
• (11 heures) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la ministre.
Mme Rouleau : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. M. le député de Portneuf.
M. Caron : Bonjour et merci, Mme la
Présidente. Très heureux d'être avec vous ce matin, très heureux d'avoir été
sollicité par notre ministre pour intervenir ce matin. C'est ça, la beauté de
la chose, lorsqu'on est député, c'est de travailler sur les dossiers de notre
circonscription mais de pouvoir aussi intervenir sur des dossiers qui peuvent
parfois être éloignés, mais pas éloignés dans notre coeur.
Bien que mon comté, Portneuf, est situé à plus
de 200 kilomètres de Montréal, je crois qu'il est pertinent d'avoir le
point de vue à la fois d'un citoyen, d'un député, bien entendu, mais aussi de
faire un petit clin d'oeil à qui je suis, un citoyen issu de l'immigration.
D'ailleurs, notre collègue critique du Parti québécois en matière de transport
est le représentant d'une circonscription qui est située à
1 300 kilomètres de Montréal. C'est bien la démonstration,
aujourd'hui, que les distances kilométriques, eh bien, n'empêchent pas la
légitimité de pouvoir questionner nos ministres pour des projets d'ampleur tels
que celui-là.
Donc, je vais faire un petit peu référence à la
fois à mes origines, mais aussi à mon expérience passée. Vous savez, on dit
souvent que Montréal est la plus grande ville francophone d'Amérique. Elle a
été longtemps, d'ailleurs, la deuxième ville dans le palmarès des cités
francophones après, bien entendu, Paris. Mais, depuis la croissance de
certaines grandes municipalités, notamment en Afrique, la région métropolitaine
de Montréal, avec ses 4,2 millions d'habitants, s'est récemment fait supplanter,
en termes numériques, je m'entends bien.
Mais, qu'à cela ne tienne,
sa réputation comme ville d'accueil cosmopolite rivée sur les arts et la
culture n'est plus à refaire. Le Québec attire plein de gens par le tourisme,
qui, séduits, désirent rester ici par la suite. J'en suis d'ailleurs la preuve
vivante. Ces expatriés, Mme la Présidence... Présidente, pardon, sont en grande
majorité jeunes, éduqués, motivés par un
brillant avenir parmi nous. C'est une chance extraordinaire que le Québec a,
d'ailleurs, dans ce domaine. Je crois qu'il est très pertinent de parler de cet
accroissement dans le nombre d'Européens, de Maghrébins, de gens des Antilles,
par exemple, qui désirent s'établir à long terme au Québec.
En Europe ou dans certaines grandes villes ayant
de larges bassins francophones, les résidents sont familiers avec des systèmes structurants de transport en
commun. Je pense, par exemple, aux métros de villes que je connais bien,
comme Bruxelles, Lille, où j'ai étudié
pendant de nombreuses années, à l'université de sociologie, et évidemment à
Paris.
Mon arrivée, d'ailleurs, la première fois,
lorsque j'ai posé ma valise au Québec, j'ai découvert le métro. Et je peux vous
assurer que j'avais été, à l'époque, impressionné par la desserte qui existait
déjà à ce moment-là mais qui mérite qu'on s'y en attarde beaucoup, encore
aujourd'hui, mais par la propreté et la sécurité qui y règne.
Vous voyez, je suis résolument optimiste pour le
Québec, Mme la Présidente. J'entends ce que la ministre déléguée aux Transports,
responsable de la Métropole nous présente comme plan pour l'avenir de notre
capitale économique et je ne peux faire autrement qu'être enchanté par ce
développement en mobilité que nous amorçons.
Les prochaines années seront belles, plus belles
que celles qui ont précédé, j'en suis absolument convaincu. J'écoutais plus
tôt, d'ailleurs, ce qui se dessine spécifiquement pour la région de l'est de
l'île de Montréal, et je fais rapidement un lien entre le prolongement ou
création de lignes de transport collectif et, bien entendu, développement urbain des municipalités limitrophes. Il y a
effectivement une occasion à saisir pour contribuer à l'essor des
territoires dévitalisés. La désignation de
zones retenues se fera par le ministre de l'Économie et de l'Innovation, en
temps et lieu, mais on peut présumer que l'accent sera mis sur des
compagnies favorisant des principes de l'économie circulaire et des
technologies vertes et plutôt que celles axées sur un passé industriel lourd et
révolu.
Je suis allé
consulter la page de la Caisse de dépôt. En termes de bénéfices purs, on évalue
à 60 000 le nombre d'emplois
générés durant la construction du REM de l'Est. C'est quand même très
impressionnant, Mme la Présidente.
En terminant, je voudrais vous dire qu'il y a un
charme qui s'opère présentement au Québec, c'est incontestable. Il est
tranquille, mis en sourdine avec cette pandémie qui perdure, mais il est bien
là comme un printemps tardif qui arrivera bientôt. On voit le soleil poindre
aujourd'hui. Alors, les nouveaux arrivants tombent amoureux du Québec comme
moi, il y a 20 ans, ils s'attendent, en retour, à ce que leur gouvernement
investisse pour égaler leurs ambitions et qu'on donne des outils innovants, des
moyens de transport durables et des milieux de vie axés sur la modernité.
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Merci beaucoup. Donc, nous
amorçons la quatrième série d'interventions avec le député de Marquette.
• (11 h 10) •
M. Ciccone :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de vous dire bonjour. Et,
d'entrée de jeu, j'aimerais remercier le député de Beauharnois de nous avoir
dit clairement, lors de sa première prise de parole, que ce projet du REM de
l'Est favorise les comtés caquistes de l'île de Montréal. Alors, pour cela, je
vous en remercie, M. le député.
Tout le monde s'entend, Mme la Présidente, pour
dire que l'est et le nord de la ville méritent une meilleure desserte de
transport en commun. Malgré que tous semblent d'accord avec le projet, il y a
beaucoup de questions qui persistent. Lorsque même des organismes
environnementaux et de valorisation du transport en commun ont leurs réserves,
bien, ça nous dit quelque chose, il faut y voir. Que ce soit chez la classe
économique, environnementale ou même citoyenne, ce qui fait l'unanimité, Mme la
Présidente, c'est le sentiment que le projet est perfectible.
Le problème, c'est qu'en raison du manque de
transparence et de coordination avec les partenaires, personne n'est en mesure
de dire précisément ce qui pourrait être de ce projet-là. J'ai entendu dire la
ministre, un peu plus tôt, qu'elle s'engageait à répondre à toutes les
questions, qu'il était pour y avoir des consultations citoyennes. Le problème,
c'est qu'il ne faut pas répondre à ces citoyens-là, il faut les écouter, il
faut les écouter et les inclure dans le processus décisionnel.
Le ministre des Transports, le collègue de... la
ministre de la Métropole, responsable de la Métropole, a tenu des consultations
sur les dessertes aériennes régionales, dont mon collègue des Îles-de-la-Madeleine
faisait partie, et le collègue de Mont-Royal—Outremont y était également. Alors, j'invite la ministre également
à inclure les partis d'opposition. Parce que je veux mentionner que, devant elle, elle a une députée,
la députée de Jeanne-Mance—Viger,
qui était là dès le début, dès le début, a fait débloquer le projet de la ligne
bleue, et c'est un peu grâce à elle que le tout a débloqué. Elle n'aime pas ça,
quand je dis ça, mais je vous invite parfois à comprendre que votre meilleur
allié, il est peut-être en face, de l'autre côté du salon bleu, il n'est pas à
gauche ni à droite.
Ceci dit, je veux juste également aller...
montrer une petite carte, ici, que vous connaissez très bien, Mme la ministre. Il
y a Pointe-aux-Trembles, ça, c'est l'est de Montréal, mais il faut comprendre
aussi que l'est de Montréal, ça contient Rivière-des-Prairies. À l'extrémité
ouest, il va y avoir une station. Vous savez que c'est enclavé, c'est enclavé,
puis il faut desservir, il faut desservir Rivière-des-Prairies. Quand ce n'est
pas bien desservi au niveau du transport, ça peut créer une précarité. Et je le
sais, dans mon comté, j'ai un quartier qui est enclavé, ça crée de la pauvreté,
les gens ont de la difficulté à sortir de leur quartier, le transport n'est pas
au rendez-vous, désert alimentaire, alors c'est important de bien desservir,
comme je vous l'ai mentionné.
Il y a une
pétition qui a été lancée par mon collègue, par les résidents de Rivière-des-Prairies, il y a 1 200 signataires, jusqu'à
présent, alors c'est important de les considérer, Mme la ministre. Vous avez
été mairesse, vous avez été mairesse de
Rivière-des-Prairies, également, vous connaissez très bien le sentiment des
résidents de Rivière-des-Prairies. Je sais que mon collègue de LaFontaine, qui
représente Rivière-des-Prairies, se bat contre ce manque de ce service-là. Là,
on parle du prolongement du REM dans l'est, mais il doit y avoir, là,
possibilité de mettre plus qu'une station, surtout aller plus loin que
seulement l'extrémité ouest.
Je vais vous donner mes questions en rafale,
parce qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Qu'allez-vous faire pour vous
assurer qu'ils seront entendus et qu'ils pourront, le cas échéant, faire
changer la proposition initiale de ne pas ajouter d'autres stations du REM à
Rivière-des-Prairies? Comment la ministre peut nous assurer que le tracé du REM
est le meilleur? Comment la ministre va gérer le tronçon sur René-Lévesque? Et
mon collègue a parlé du 2,2 milliards, là, vous nous avez dit que c'était
une provision de 2,2 milliards pour des études, alors est-ce que la
ministre peut nous faire... peut nous décortiquer clairement les montants pour
toutes ces études-là? Parce que des études à 2,2 milliards, là, on
aimerait ça comprendre comment cet argent-là va être dépensé pour ces fameuses
études. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Mme la
ministre.
Mme Rouleau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. J'ai parlé de 2,2 milliards non pas pour ne faire que des
études, là. Il y a des études qui sont en cours, et, si les projets sont
acceptés, il y aura de l'argent en réserve pour ces projets. On parle de
tronçons vers Laval, on parle de projets qui ont été... des études qui ont déjà
été annoncées, là. On en a parlé déjà publiquement, de ces études-là, notamment
sur la rive sud et du côté de la rive nord. Alors, c'est de l'argent qui est en
réserve au PQI pour d'éventuels projets qui pourraient être mis de l'avant,
mais on n'est pas encore rendus là, mais il fallait les mettre en réserve.
Là, d'entrée de jeu, là, vous dites pratiquement
que c'est un projet politique. En fait, c'est une orientation de notre
gouvernement de bien desservir la population, une population qui, comme l'a dit
votre collègue, a été oubliée, au cours des dernières décennies, par les
derniers gouvernements. Donc, on répare cette situation pour la population de l'est de Montréal. De l'est de Montréal, mais,
comme je l'ai dit aussi à quelques reprises, cette structure du
transport collectif, le métro sous-terrain, aérien, de surface qui maintenant
va desservir l'ensemble de l'île de Montréal va servir pour l'ensemble de la
grande région de Montréal aussi, va donner accès aux zones d'emploi, aux
centres de grand savoir, aux centres de santé, pour l'ensemble de la population
et particulièrement pour des populations qui sont tellement, tellement mal
desservies en ce moment. Alors, ça va désenclaver des quartiers. Vous savez ce
que c'est que des quartiers enclavés? Parce que probablement, M. le député,
vous avez votre meilleure alliée devant vous.
Donc, vous parlez de manque de transparence. Je
ne crois pas qu'il y ait manque de transparence dans l'ensemble de ce dossier. C'est un... on parle du REM de l'Est, qui est
travaillé en collaboration avec la ville de Montréal, l'ARTM y
contribue, les sociétés de transport y contribuent aussi. Des discussions,
évidemment, ont eu lieu, de nombreuses discussions ont eu lieu avec CDPQ Infra,
qui avait différentes propositions, différents scénarios pour arriver à ce
scénario qui est le meilleur scénario pour répondre aux besoins de la population.
Vous parlez de Rivière-des-Prairies. Oui, bien
sûr, je connais très bien Rivière-des-Prairies, c'est la raison, M. le député,
pour laquelle le REM de l'Est se rend jusqu'à Rivière-des-Prairies, au collège
Marie-Victorin. Et ce qui est important, à partir de ce moment-là où on a cette
structure très... ce squelette, là, important, cette ossature du transport
collectif, c'est ensuite de faire le rabattement nécessaire, donc, par des
voies réservées.
Je propose que la ville et la STM mettent en
place une voie réservée sur Maurice-Duplessis pour bien... pour amener les gens
au réseau structurant qu'est le REM. C'était une proposition que j'avais faite,
d'ailleurs, lorsque j'étais mairesse, mais
qui malheureusement n'a pas été réalisée. Je crois qu'aujourd'hui c'est quelque
chose qui devrait être repensé. Et
c'est pensé, ça, par les sociétés de transport et, généralement, par l'ARTM,
qui a justement déposé son plan stratégique de développement pour les
30 prochaines années. Donc, ce rabattement, il est extrêmement important.
Sommes-nous à l'écoute? Bien sûr que nous sommes
à l'écoute. Et CDPQ est à l'écoute, le gouvernement est à l'écoute. Je
rencontre énormément de citoyens, de groupes, d'organisations qui ont leur mot
à dire. Et nous écoutons, bien sûr, que nous écoutons. Et d'ailleurs, dans
cette écoute, et bien avant qu'il y ait des gens qui s'expriment très
vocalement sur le REM, nous avons dit : Nous voulons un projet signature,
nous voulons mettre en place un comité d'experts qui va travailler sur
l'intégration architecturale du REM de l'Est, sur l'ensemble de son tracé. Et
c'est ce que nous allons faire, M. le député.
La
Présidente (Mme Grondin) :
Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Bourget. M. le député.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. J'ai déménagé dans Bourget, il y a 20 ans, pour être à côté
d'une station de métro, c'est tout à fait volontaire. Il me reste cinq billets
sur ma carte Opus, je l'utilise régulièrement. J'ai cinq stations de métro dans
mon comté, puis mon bureau est à côté du métro Cadillac. La raison pour
laquelle je dis ça, c'est que pour moi, c'est important, le transport en
commun, je l'utilise régulièrement et j'y crois beaucoup.
Mais le transport en commun, ça fait partie
aussi d'un ensemble de choses. Quand on a eu, en décembre 2018, au sommet
du mât olympique, la Déclaration pour revitaliser l'est de Montréal, on
parlait, à ce moment-là, de plusieurs choses. On parlait à la fois de la ligne
bleue, du REM de l'Est, le SRB Pie-IX, on parlait aussi de décontaminer les
terrains de l'est de Montréal pour que ce projet-là passe à quelque part et, en
plus de ça, on parlait aussi de zone d'innovation. Et il faut tout faire
arriver ça ensemble, que ce soit imbriqué, que ça soit quelque chose de viable.
Le transport en commun,
même déjà en période de pandémie, il y a 1,4 milliard qui a été mis en
aide d'urgence. Il fallait le soutenir, parce que... si on veut qu'il existe
toujours, le transport en commun, après la pandémie, il fallait le soutenir,
c'était quand même important de le faire. Et ça, ça a été mis, déjà, d'avance.
Je voudrais vous rappeler l'histoire, un peu, de
la ligne bleue. On a commencé à creuser pour la ligne bleue vers 1975, environ,
et à ce moment-là on s'est rendu au niveau de l'Est, là, on allait de De
Castelnau à Saint-Michel. Ça fait déjà un petit bout de temps. On a commencé...
c'est en 1986 que c'est devenu opérationnel. Ensuite, la ligne a été prolongée vers l'ouest. La première campagne
électorale où on a parlé de la ligne bleue, c'est en 1989, ça fait
32 ans.
Je suis certain qu'il n'y a pas eu un effort
concerté pour nuire puis étirer ça pendant 32 ans, mais, quand on regarde,
on parle aux gens de la ligne bleue, ils ne peuvent pas faire autrement, les
citoyens, de se dire : Bien, ça ne sert à rien d'en parler, quand est-ce
qu'elle va arriver, ça a été promis par-dessus promis et repromis. Alors, il
est évident qu'il faut que les choses arrivent, parce que les gens vont croire
à ce qu'ils vont voir.
• (11 h 20) •
Alors, c'est... J'aimerais vous citer Michel C.
Auger : «Après des années de négligence, Montréal comblera enfin son retard en matière de transport, où il ne
s'est pratiquement rien fait depuis l'inauguration du métro, il y a
50 ans.
«Il suffit de regarder la carte pour voir
qu'encore une fois les résidents de l'est de Montréal sont totalement laissés
pour compte.
«Des Montréalais qui paient le métro depuis le
jour un, à qui on a promis maintes et maintes fois des investissements dans les
transports en commun et qui ont toujours vu quelqu'un d'autre, un autre projet,
devenir prioritaire et prendre leur place.»
Je suis sûr qu'il n'y a pas eu quelqu'un qui
s'est levé en disant : Comment on peut nuire à l'est de Montréal? Mais,
quand on regarde la carte puis qu'on regarde les différentes lignes de
transport, c'était négligé, c'est de façon complètement évidente. Alors,
qu'aujourd'hui on nous parle d'accélérer le projet, c'est quand même bizarre un
peu. Je trouve ça un peu comique.
La Chambre de commerce de l'est de Montréal nous
a parlé, même, de la mobilité du personnel. C'est de voir que ce n'est pas
juste d'amener du monde au centre-ville puis de les ramener, le soir, on parle
du fait que, dans certaines industries, en
particulier de Montréal-Est et de Pointe-aux-Trembles, on manque de personnel
ou le personnel a de la difficulté à
se rendre. Puis un va avec l'autre, alors donc ça va aller dans les deux sens.
Et la chambre de commerce en parlait
très clairement, en disant : Ça va nous aider à aller vers le
centre-ville. Mais ça va aider dans l'autre sens aussi.
Pour ce qui est d'être à l'écoute des projets,
j'aimerais juste renchérir sur ce que la ministre vient de mentionner. Quand il y a un gros projet, il y a
toujours beaucoup d'intervenants. Je parlais de ce sujet-là hier, au
sujet de la foresterie, il y a toujours beaucoup d'intervenants. Et, quand on
écoute, bien, on entend des choses dissonantes. Mais ce n'est pas parce qu'il
n'y a pas d'écoute. Il y en a, je pense, beaucoup, d'écoute. Je pense que, par
rapport au projet du REM de l'Ouest, le REM de l'Est se qualifie pour avoir
vraiment plus d'écoute. Et, quand on a de l'écoute, c'est sur qu'on ne fera pas
100 % d'heureux, parce qu'on essaie d'écouter et de voir qu'est-ce qui va
être le mieux, mais c'est aussi à l'intérieur d'une enveloppe budgétaire.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. La cinquième série
d'interventions s'amorce avec Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci à tout le monde. Les gens de l'est de Montréal ont été
délaissés depuis très longtemps, ça, il y a un consensus, tout le monde est
d'accord. Des projets, ils en ont entendu parler depuis belle lurette. Ce qui a
manqué, c'est les actions, et c'est ce qui fait qu'on a eu du retard, dans
l'est de Montréal, en matière de transport en commun.
Mais moi, maintenant, dans mon intervention, je
veux parler d'un projet qui m'inquiète particulièrement, et c'est celui du Réseau express métropolitain de
l'est de Montréal, que le gouvernement a annoncé en décembre dernier. Et
je veux être très clair, à Québec solidaire, on est d'accord pour qu'il y ait,
absolument, un projet de transport en commun structurant pour les gens de l'est
de Montréal, mais pas géré par la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Ce qui est important, et les experts nous le
disent, quand on planifie un projet de transport en commun, il faut se
préoccuper d'une seule chose fondamentale, pas de garantir un rendement à la
Caisse de dépôt et placement du Québec à la hauteur de ses exigences, pas de
faire plaisir aux gens des affaires, pas de foncer tête baissée, sans
transparence et sans réellement consulter et écouter ce que les citoyens ont à
dire, il faut avoir une seule obsession, c'est celle de s'assurer que les
projets répondent aux besoins de mobilité des citoyens et des citoyennes. C'est
ça à quoi doit penser le gouvernement quand il planifie des projets de
transport en commun partout au Québec et notamment, aussi, à Montréal, dans
l'est de Montréal. Il faut que les transports en commun soient réfléchis pour
répondre à une vision, celle que c'est un service public qui doit être rendu à
la population.
Et, si on regarde les besoins des gens de l'est
de Montréal, qu'est-ce qu'on voit? La grande majorité des déplacements,
58 %, se passent à l'intérieur du secteur, seulement 13 % se passent
vers le centre-ville. Est-ce que le REM de l'Est répond à ces besoins? Pas du
tout. Ce projet-là, il est pensé en silo, tout seul, non intégré avec tous les autres projets. Pour le tracé, il cannibalise les
réseaux existants, il laisse tomber les plus de 100 000 habitants,
totalement à l'est, Pointe-aux-Trembles,
Mercier-Est, Rivière-des-Prairies. Ces gens-là aussi ont besoin de transport en
commun.
Réduction des gaz à effet de serre :
0,14 % seulement, ce projet de 10 milliards, qu'il va contribuer pour
la cible de 2030. Ce n'est rien, très peu de gens vont laisser leur auto pour
le prendre, ça va être les gens dans les réseaux actuels qui vont le prendre,
notamment sur la ligne verte. Gouvernance : opacité totale, on n'a pas
besoin de faire la preuve, elle est déjà faite, celle de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Intégration urbaine : ça va être une catastrophe, au centre-ville de Montréal, on
va avoir une cicatrice et on va en payer le prix. Il y a même des... il y a des architectes, des experts qui le dénoncent.
Le financement : le REM va coûter extrêmement cher aux Québécois.
La ministre a poussé des hauts cris par rapport aux dépassements de coûts de la
ligne bleue. A-t-elle regardé les dépassements de coûts du REM de l'Ouest? De
5,5 milliards, on est rendus, selon les chiffres que j'ai :
8,9 milliards. Et ce n'est pas terminé, dès l'année prochaine, les
Québécois vont payer 400 millions de dollars par année pour le faire
opérer.
Et qu'est-ce
qui va arriver? Est-ce que la ministre et ce gouvernement-là peuvent nous
dire... est-ce qu'il va y avoir une réduction de services des transports
en commun actuels parce qu'il va falloir qu'on se serre la ceinture pour
pouvoir payer le REM? C'est la même tarte, la même cagnotte, le gouvernement
n'a pas investi massivement en transport en commun, et donc ce que ça va faire,
c'est qu'on va se serrer la ceinture, il va y avoir une réduction de services.
Est-ce que la ministre peut répondre à ça?
Pour les routes, il n'y a qu'un seul payeur,
sans condition. Dépassement de coûts, élargissement d'autoroutes, aucun
problème, le gouvernement paie, on met le chéquier. Quand il s'agit de
transport en commun, où on doit investir, là, on a besoin de mettre des
conditions, il faut que ce soit rentable pour la Caisse de dépôt et placement
du Québec, il faut qu'il y ait des partenaires. Pourquoi est-ce que ce n'est
pas le gouvernement qui met l'argent, et on investit autant sur les routes que
le transport en commun?
Je répète, Québec solidaire, nous sommes pour un
réseau de transport en commun structurant pour les gens de l'est de Montréal,
qui ont été délaissés depuis trop longtemps, mais pas géré par la caisse, il
faut que ce soit vu comme un service public. Pour ce qui est du financement,
les sociétés de transport en arrachent. La STM va avoir des manques à gagner de 100 à 150 millions de dollars, et ce
n'est pas juste à cause de la pandémie, la pandémie a le dos large sur beaucoup de choses, pas juste sur ça,
c'était le cas avant. Qu'est-ce que la ministre va faire? Il y a eu un
chantier sur le financement des transports en commun, en 2019; quand est-ce
qu'on va avoir la couleur de ce rapport?
Donc, moi, je suis convaincue qu'il va y avoir
des réductions de services, dans les réseaux de transport actuels, existants, puisque le REM va
cannibaliser, il va falloir payer cet
argent-là. Comment les municipalités vont-elles faire? Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.
• (11 h 30) •
Mme Rouleau : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je salue la députée de Mercier et la remercie pour ses
nombreuses questions. En partant, vous parlez du manque d'action chronique
qu'il y a eu. Et nous agissons. Alors, nous agissons, nous réalisons des
projets qui sont extrêmement importants et structurants pour l'est de Montréal,
puisque nous parlons principalement de l'est de Montréal.
Vous semblez
avoir une certaine aversion envers la Caisse
de dépôt, le bas de laine des Québécois.
Cependant, je dois vous rappeler que CDPQ Infra a développé une expertise qui
est reconnue internationalement, qui fait que nous sommes en train de devenir,
avec les projets structurants que nous développons avec le partenaire... et
dans un mode financier qui nous permet de ne pas payer à 100 % les projets
extrêmement importants de transport collectif pour la population, à laquelle
nous pensons toutes les deux, j'en suis sûre, mais qui permet d'avoir un modèle
financier qui fait que nous pouvons réaliser plus de projets de transport
collectif.
Est-ce que le REM de l'Est va cannibaliser? Non.
Le REM vient s'ajouter à cette structure du métro, notamment, à cette structure
de transport collectif extrêmement important à laquelle va se rabattre tout un
ensemble de transports, soit par autobus,
soit par SRB, soit par différents modes de transport, et qu'on pourra imaginer,
dans les 30 prochaines années, parce
qu'on développe le transport collectif. Donc, ça fait partie d'une offre de
transport structurant extrêmement
important, extrêmement... on utilise beaucoup «structurant», mais qui permet le
développement économique et social.
Le REM de l'Est, selon les études qui nous ont
été fournies... le REM de l'Est sera constitué de 90 % de nouveaux
usagers, des gens qui, actuellement, prennent leur voiture parce qu'ils n'ont
pas le choix et qu'ils sont bloqués continuellement, sur la rue Notre-Dame ou
sur Sherbrooke, et qui dorénavant pourront prendre un transport tel que le REM
de l'Est et se déplacer en l'espace de 15, 20, 25 minutes pour se rendre,
notamment, au centre-ville, pas seulement au centre-ville, Mme la députée.
Parce que ce qui est pensé, contrairement à ce que vous avez affirmé... ce qui
est pensé, c'est justement de permettre d'avoir des déplacements intra-muros,
si on peut dire ainsi, là, intraterritorial, parce que ça manque. Ça manque
cruellement.
Donc, c'est ce
qu'on met en place, ce mode de transport structurant qui va se rendre jusqu'à
La Pointe-de-l'Île, qui va se rendre jusqu'à Rivière-des-Prairies, qui va traverser des arrondissements et des
quartiers qui sont dans un état, à l'heure actuelle, Mme la députée,
inimaginable, où une population est dans des situations inimaginables, parce
que, justement, il n'y
a pas de transport structurant digne
de ce nom, parce que ses populations ont été laissées pour compte.
Alors, nous rétablissons cette situation avec le
REM de l'Est, qui n'a été dûment pensé pas seulement que par la Caisse
de dépôt, toute seule dans son coin,
ça a été réfléchi avec le gouvernement. Nous avons fait partie des discussions. La ville
de Montréal a fait partie des
discussions. Je vous rappelle que, lors de l'annonce du 15 décembre
dernier, il y avait non
seulement le premier ministre du Québec, non seulement le P.D.G. de la Caisse
de dépôt, mais aussi la mairesse de Montréal, le ministre des Transports en
titre et moi-même, comme ministre déléguée et ministre responsable de la
Métropole. Nous participions à cette grande annonce, très saluée, éminemment
saluée par la population et l'ensemble des organismes.
Alors, Mme la
députée, je crois fermement que c'est un projet extrêmement important pour
l'est de Montréal, qui est dûment
réfléchi. Chaque étape est réfléchie. Chaque étape fait le... est un effort
collectif de toutes les parties prenantes pour
arriver aux meilleures solutions, où on a aussi, justement, une façon... une
nouvelle façon de faire. Ce n'est pas le REM un de l'ancien gouvernement,
c'est le REM de l'Est de notre gouvernement, avec une adhésion comme jamais vue
pour un projet aussi important.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la ministre. Merci beaucoup. M. le député
de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. On n'a pas vraiment le choix d'aller vers du transport en commun.
On a tous voté ici en faveur d'une réduction des gaz à effet de serre de
37,5 %.
(Interruption) Pardon. On sait qu'à l'intérieur
de tous les gaz à effet de serre qu'on produit il y en a à peu près 43 % à
45 %, dépendant où on regarde, là, qui viennent des transports, en
particulier les transports routiers. Alors, on a une dépendance au pétrole, et
il faut aller chercher à quelque part ces gaz à effet de serre là, puis le
transport en commun... C'est beau d'y aller avec des voitures électriques, et
c'est très utile, mais y aller en transport en commun électrique, c'est encore
infiniment mieux. Mais ce qui est bien, c'est de la façon... Il y a des projets
qui ont été partis auparavant, de nos anciens gouvernements, et c'est tout à
fait réel, mais là ce qu'on essaie de faire, c'est d'intégrer ces choses-là à
notre économie en même temps, et on est quand même chanceux de pouvoir le
faire, parce qu'il y a peu d'endroits dans le monde où ils sont capables de
faire ça.
Je pense à un exemple. Dans le cas du... Si je
reviens à quelques chiffres, que c'est... On va prendre les gaz à effet de
serre. On dit que le métro peut sauver jusqu'à 2,7 millions de tonnes de
CO2 par année. Considérant qu'on veut en réduire par
29 millions de tonnes pour 2030, en gros, ce n'est pas loin de 10 %,
alors il est évident qu'il faut viser sur des apports majeurs, et le transport
en commun ne peut être que l'un de ces apports majeurs que nous avons par
rapport à ça.
Il y a d'autres choses qui ont été faites aussi,
c'est qu'on vise, pour 2030, que 55 % du parc d'autobus urbains soit
électrique et 65 % des autobus scolaires en circulation aussi. Ça va faire
tout un changement. Et, pour des gens qui n'ont jamais essayé une voiture
électrique, ça fait tout un changement. J'en ai une, et, je vous dis, au niveau
du bruit, ça fait un... en particulier, ça fait tout un changement. Ça va même jouer
sur la qualité de l'air.
On a maintenu les péages au-delà de
décembre 2020, les autoroutes 25 et 30, que ça reste gratuit pour les
voitures électriques, encore une fois, pour encourager les gens. C'est quand
même un avantage intéressant. Et ce qui est encore plus intéressant, c'est
qu'on peut l'intégrer à l'intérieur de notre économie. On a des mines de
lithium, de graphite. Donc, on peut aller extraire les minéraux. On peut faire
des batteries, en fabriquer. Puis on a même une entreprise, à Anjou, qui est
une usine de démonstration de recyclage de batteries, que j'ai visitée.
Alors, on est capables d'intégrer tout le long...
de créer quelque chose qui se tient et d'avoir du transport en commun. Alors,
tout ce qu'on fait au niveau électrification peut s'intégrer à l'intérieur de
notre économie.
Une autre chose que je trouve intéressante à
mentionner, c'est que, dans le... on l'appelle le PEV, l'ancien plan vert qui
est devenu le PEV, de 2021 à 2026, il y a déjà 6,7 milliards de mis. Bon,
tout le monde peut dire : S'il arrive 22 autres pandémies, il va-tu
être encore là? On peut tous regarder le verre à moitié plein, mais on pourrait
dire que, pour une fois, les sommes nous permettant de baisser les gaz à effet
de serre d'une portion pour se rendre à 37,5 %, et ce n'est pas la
totalité, sont déjà là, sont déjà intégrées, et, malgré les budgets qui ont été
mis à mal des deux dernières années, bien, ils sont toujours là. Alors, il y a
quand même... On peut quand même clairement dire qu'il y a eu un effort majeur
en ce sens-là.
Un autre item sur lequel j'aimerais terminer,
c'est qu'il y a d'autres modifications aussi, dans l'est de Montréal, qui vont
être utiles, c'est l'accès, avec l'administration portuaire... l'accès au port
de Montréal. On parle de la rue Souligny et Notre-Dame. Pour qu'un port soit
efficace, il faut que les camions rentrent. Il faudrait qu'ils sortent aussi.
Alors, on va contribuer à libérer un peu la rue Notre-Dame. Ce n'est pas juste
les camions qui l'embourbent, mais c'est, entre autres, les camions, et ils
vont pouvoir rentrer plus librement au port, mais surtout sortir plus
librement. À quelque part, c'est une rentabilité qu'on a pour le port. C'est
une aide pour les gens qui utilisent la rue Notre-Dame. Et, en même temps, des
camions qui tournent au ralenti dans le port à ne rien faire, ce n'est pas, non
plus, bon pour l'environnement. Alors, c'est un autre exemple d'une chose qui
est en développement.
Il y a des rencontres, actuellement, qui se
tiennent, qui continuent à se tenir, pour avoir une meilleure acceptabilité
sociale, mais ce que j'entends, c'est que ça semble bien se dérouler et qu'à
part de ça est-ce qu'on a le choix? Il faut y aller vers fluidiser le
transport. On n'a pas le choix. Il faut le faire. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Nous terminons les séries
d'interventions avec la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme
Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je comprends que j'ai à peu près deux minutes
pour le dernier bloc. Alors, je vais essayer de résumer ça un peu
rapidement, parce qu'il y a beaucoup de choses qui se sont dites.
Alors, écoutez, je comprends que le REM de
l'Est, l'annonce qui a été faite en décembre, d'aucune manière, et ça, c'est
qu'est-ce que la ministre nous dit aujourd'hui, là, d'aucune manière, va avoir
un impact négatif sur les dossiers de transport déjà existants. Alors, de ça,
je retiens que la ligne bleue, qui est déjà en cours, va continuer. La mise en
place du comité... groupe d'action, qui a été mis en place par la ministre, est
un comité qui est décisionnel et imputable. Alors, j'imagine qu'au moment que
quelque chose ne fonctionnera pas ce sera la faute du comité puis, au moment...
Quand ça fonctionne ou il y a des bonnes nouvelles, bien là ça va être grâce au
gouvernement.
Alors, pour répondre un petit peu aux
commentaires du député de Bourget, on est très contents que la ligne bleue soit
arrivée. Le SRB, le Train de l'Est, c'est tous des grands projets, des
infrastructures en transport en commun qui ont été
annoncées, qui... L'argent a été réservé par un gouvernement... le gouvernement
précédent. Alors, on est très fiers. Malheureusement, je n'ai pas eu de réponse
par rapport à... le budget de la ligne bleue. Alors, qu'est-ce que... On n'est
pas capables de savoir si le gouvernement prend en considération le... je ne
parle pas de l'effet de la pandémie, mais tout l'aspect des hausses de coûts,
pénurie de main-d'oeuvre, que les prix des matériaux ont augmenté.
Alors, j'aimerais ça, peut-être, dans le dernier
bloc de la ministre, si elle pourrait nous confirmer, parce qu'on parle d'un
projet de 4,5 milliards, mais qui est rendu à 6 milliards... si elle
est capable un peu de nous expliquer ces dépassements de coûts là, pourquoi, et
qu'est-ce que... Est-ce qu'il y a une façon qu'il va payer le prix ou où on va couper dans la ligne bleue pour... parce que
la demande du gouvernement, c'est de... on doit rester dans cette enveloppe
de 4,5 milliards. Alors, on n'a pas de réponse à ça. Et c'est dommage, Mme
la Présidente, quand on voit qu'on s'acharne sur la ligne bleue, par rapport à
ce budget-là, qu'on pourrait mettre en péril le projet...
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Je dois
vous couper.
Mme
Rotiroti : Oui, tout
à fait.
Conclusions
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Donc, nous en sommes maintenant aux dernières
interventions. Mme la ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme Chantal Rouleau
Mme
Rouleau : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à l'ensemble des collègues parlementaires qui ont participé à
l'exercice d'aujourd'hui, ainsi qu'aux membres du personnel administratif
et politique qui y ont contribué.
Depuis plusieurs années, et particulièrement au
cours de la dernière décennie, suite à la fermeture de Shell, notamment, des
acteurs, tant communautaires, économiques que politiques, se concertent, se
mobilisent et se manifestent pour obtenir plus de services, plus de soutien et
plus de transport collectif dans l'est de Montréal. Le simple fait de nous être
retrouvés ici aujourd'hui à débattre des enjeux de transport collectif dans
l'est est un signal clair qu'on s'est fait entendre. Cette interpellation d'aujourd'hui,
cet exercice de questionnement, de critique et de prise de position, peu
importent les divergences, s'ajoute aux démonstrations que l'est est maintenant
et enfin l'objet d'une attention toute particulière.
Ce combat pour nous faire entendre, je l'ai mené
depuis plusieurs années avec l'ensemble des acteurs clés. Sans nommer tous ces
joueurs qui ont fait preuve d'une ténacité et détermination exemplaire, je veux
qu'ils sachent, et ils se reconnaîtront, que nous avons réussi tous ensemble à
faire reconnaître toute l'importance de l'est de Montréal non seulement pour la
relance économique de la métropole et du Québec, mais pour faire en sorte que Montréal
se propulse encore plus haut et plus loin dans le palmarès des belles et
innovantes métropoles du monde.
Le combat ne s'arrête pas là. L'est est en
marche, mais il faut que cette marche suive une cadence à la hauteur de nos
ambitions et sans faux pas. Les faux pas et les cadences saccadées ont trop
souvent été la norme lorsqu'il était question de transport collectif pour l'est
et pour l'ensemble de Montréal, et ça ne s'arrête pas là. Si on s'éloigne un
peu de l'est, on peut aussi faire référence au prolongement du métro de Laval,
où un kilomètre de tracé avait été oublié dans les estimations par l'ancien
gouvernement.
En somme, les choses sont en train de changer
pour l'est et pour le transport collectif. Je pense que vous avez pu constater
que cette interpellation... Notre détermination à réussir à livrer nos grands
projets est claire. Notre gouvernement a non seulement la ferme intention de
réaliser les projets en cours, qui sont le SRB Pie-IX et la ligne bleue, mais
aussi celui du REM de l'Est, qui, j'en suis convaincue, deviendra un projet
dont nous serons fiers et exemplaires dans notre savoir-faire, dans notre
efficacité et dans notre audace.
Permettez-moi de souligner la contribution de
mes collègues du gouvernement, ministres et députés, mais tout particulièrement
le ministre... le premier ministre. Non seulement il s'est exprimé haut et fort
sur ses ambitions pour l'est de Montréal en campagne électorale, mais il est
passé à l'action d'une façon exceptionnelle en annonçant que le plus important
investissement de l'histoire du Québec en transport collectif se ferait dans
l'est.
Le REM de l'Est permettra de facto la
revitalisation d'un premier tronçon de Notre-Dame. Nous nous étions engagés à
revitaliser la rue Notre-Dame, promesse tenue. Nous nous étions engagés à
implanter un projet de transport collectif structurant dans l'est, promesse
tenue. Nous nous étions engagés à investir massivement pour la décontamination
de l'est, promesse tenue. Et, je le dis bien humblement, mais non sans grande
fierté, l'arrivée de notre gouvernement au pouvoir a été l'élément qui manquait
cruellement à notre force vive de l'est, mobilisée depuis des années, et qui
n'attendait que la volonté politique pour déployer tout son potentiel.
En tant que résidente de l'est de Montréal, je
partage depuis plusieurs années la réalité des Pointelières, Pointeliers,
Montréalestois, Montréalestoises qui doivent mettre plus d'une heure, chaque
matin et soir, même en période de pointe, pour se rendre au boulot ou à des
activités. Imaginez tout ce que ça représente pour les travailleurs de l'est,
qui mettront maintenant une vingtaine de minutes pour se rendre au centre-ville.
Imaginez l'expérience qu'ils vivront en voyageant au-dessus des voitures et des
feux de circulation, assis confortablement dans un train électrique et autonome. Imaginez la vue imprenable
sur le fleuve Saint-Laurent une fois arrivés sur la rue Notre-Dame, en
entrant au centre-ville.
À terme, c'est
133 000 usagers qui vont vivre cette expérience quotidiennement,
133 000 personnes à qui nous améliorons le quotidien. Imaginez
quelques instants comment le jeune étudiant de Montréal-Nord pourra avoir accès
aux universités en quelques minutes, alors que son quartier est présentement
enclavé. La station Rolland du REM pourra non seulement lui enlever un frein à l'enseignement
supérieur, mais aussi lui permettre de voir la qualité de vie, dans son
quartier, s'améliorer. Je vous rappelle que le secteur nord-est de Montréal-Nord,
où sera située la gare Rolland, est composé de 28 % de jeunes de zéro à
19 ans, comparé à 20 % pour l'ensemble de la ville, le taux de
personnes sans diplôme est trois fois plus élevé que dans l'ensemble de la
ville, et que le taux de chômage avant pandémie était de 16 %,
comparativement à 9 % pour la ville. Ces jeunes, ces familles méritent un
meilleur accès aux institutions d'enseignement, aux établissements de santé et
aux emplois payants. Ils méritent que nous franchissions avec succès les étapes
pour mener à terme le REM de l'Est, et ce, dans les meilleurs délais.
Je ne m'attarderai pas davantage à identifier
les nombreux avantages du REM de l'Est ou de tout autre mode de transport collectif
pour ce secteur de la ville. Mais, si je me suis permis de rappeler
l'importance, pour le travailleur de Pointe-aux-Trembles ou pour l'étudiant de
Montréal-Nord, de ces modes de transport, c'est que je souhaite que chaque élu,
chaque décideur, chaque architecte, chaque ingénieur qui sera appelé à
participer ou à s'exprimer sur le projet du REM garde toujours en tête la
qualité de vie des familles montréalaises.
C'est également dans cette optique que nous
avons accordé une grande importance à la complémentarité des différents modes
de transport collectif dans l'est. Le réseau interconnecté est formé du REM, du
SRB Pie-IX, de la ligne bleue, jusqu'à Anjou, du Train de l'Est et de la
navette fluviale, vient donner la structure et l'ancrage sur lequel développer
et construire l'avenir de notre milieu de vie à notre image, nous, citoyens de
l'est.
Je termine, Mme la Présidente, en vous assurant
que je demeure réaliste et soucieuse des défis qui nous attendent pour livrer
nos très ambitieux projets de transport collectif. J'ai bien entendu les
commentaires et les préoccupations des collègues élus aujourd'hui, et je suis
tout à fait consciente que de nombreux obstacles restent à franchir, mais je
demeure toutefois absolument convaincue et assurément déterminée à faire mieux,
à faire autrement et à collaborer avec nos
experts pour notre réussite. Collectivement, nous sommes capables de faire
mieux, et, Mme la Présidente, soyez assurée que nous y arriverons. Je
vous remercie infiniment.
• (11 h 50) •
La
Présidente (Mme Grondin) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député des Îles-de-la-Madeleine
pour sa dernière intervention. M. le député, vous avez 10 minutes.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup. Merci,
Mme la Présidente, Mme la ministre, collègues députés, également, de
l'opposition, pour cette première étape pour discuter véritablement, là, des
enjeux qui nous interpellent dans le dossier du transport collectif dans le
Grand Montréal, et plus particulièrement dans l'est de Montréal. Il ne faut pas
que ça s'arrête ici. Ce n'est que le début, parce que, comme la ministre l'a si
bien exprimé à la fin de son allocution, on peut faire mieux, on doit faire
mieux, et, pour cela, il va falloir en parler davantage, et avoir beaucoup plus
d'information, et élargir le débat davantage encore.
Et j'invite la ministre... Après avoir mentionné
que la CDPQ avait rencontré la Coalition pour un REM socialement acceptable,
j'invite la ministre à les rencontrer également, parce qu'ils ne veulent pas
que rencontrer la CDPQ, mais bien les élus. Donc, une rencontre ministérielle
serait tout à fait indiquée. C'est la suggestion que je lui fais humblement
aujourd'hui.
Pour ce qui est du comité aviseur sur
l'intégration architecturale du REM de l'Est, il y a des personnes qui,
actuellement, sont recrutées. On nous dit qu'elles seront indépendantes. Ce que
la ministre n'a pas dit, c'est que des individus et des organisations ont été
approchés et ont refusé de s'associer à ce projet-là. C'est dire à quel point
il ne fait pas l'unanimité. Les gens hésitent à s'y associer. Il va falloir
effectivement faire mieux, faire beaucoup mieux.
On a parlé de 90 % de nouveaux usagers sur
la nouvelle ligne vers l'est, le REM de l'Est. Je l'espère, mais nous aimerions
avoir les études, les chiffres, les preuves à cet effet, parce que la
démonstration, à l'heure actuelle, selon nous, n'a pas été faite, de la
génération de cette clientèle-là pour le transport qui sera offert.
Les préoccupations que je veux amener, en
terminant, sont cependant ailleurs. On a parlé... Tout à l'heure, le député de
Beauharnois a parlé d'un modèle de partenariat public-public qui était
innovant. Ce qu'on sait des ententes, actuellement, c'est que, le partenariat,
il est public-public et potentiellement privé, d'où les inquiétudes qui peuvent
être exprimées aujourd'hui. C'est un certain modèle de privatisation de nos
transports collectifs, à l'heure actuelle, qui est en déploiement,
définitivement, sur le plan de la gouvernance, car la CDPQ Infra ne rend pas de
comptes à la population, et ça pourrait même être une privatisation de facto
dans la propriété des infrastructures. On le sait, ça reste à voir.
À l'heure actuelle, ce qu'on sait, c'est que les
exigences, actuellement, du projet répondent aux impératifs économiques de la CDPQ, à son modèle d'affaires,
pas nécessairement, de façon complète, aux besoins et aux attentes de la
population, qu'on prenne pour exemple le projet de circulation aérienne et en
béton, qui va littéralement couper en deux
des quartiers où les gens habitent. C'est leur environnement. C'est leur milieu
de vie auquel on va essentiellement s'attaquer avec un projet comme
celui-là.
C'est aussi un projet qui se fait par un
monopole, disons-le. Et puis, pour ce qui est de l'architecture, la signature,
bien, encore faut-il que cette signature-là, elle soit exemplaire, et, à
l'heure actuelle, plusieurs ont déploré que ce soit plutôt une cicatrice ou une
balafre, et, si c'est ça, la signature... Bien, quand la ministre nous appelle
à imaginer, beaucoup de gens, à l'heure actuelle, imaginent le pire, et c'est
ces préoccupations-là auxquelles on doit répondre pour
que la confiance soit rétablie, et, actuellement, on ne voit pas de garde-fou
aux visées de la CDPQ Infra. Plusieurs ont l'impression que les dés sont pipés,
que le processus est vicié, que la conclusion de tout ce processus, là, elle
est écrite d'avance.
Il y a très peu de respect pour les organismes
qui ont compétence pour développer et coordonner le transport en commun dans la
région de Montréal, notamment l'ARTM. La ministre dit que la ville et l'ARTM
sont parties prenantes aux discussions, mais
ont-ils leur mot à dire? On peut se permettre d'en douter. Il y a très peu de
transparence, aucune reddition de comptes adéquate.
L'acceptabilité
sociale, à l'heure actuelle, est inexistante dans le REM de l'Est. Des ententes
de confidentialité ont été rentrées dans la gorge des élus locaux, et on
a pu apprendre cette information-là par des coupures de presse. Qu'on nomme
l'ex-maire de Westmount, Peter Trent, qui était heureux d'annoncer sa démission
du C.A. de la STM, se disant qu'il pourrait enfin dire à quel point le REM
n'était pas en mode coopération avec la STM, c'est tout dire.
Aucune considération pour les milieux de vie, je
l'ai déjà mentionné, traversés et pour les groupes citoyens. Le député de
Bourget, tout à l'heure, citait Michel C. Auger. Il a choisi son article parce
que le chroniqueur, l'un des plus critiques du projet du REM, il parle de cela
comme d'une drogue dure pour le gouvernement de la CAQ, et je me permettrai à
mon tour de le citer puisqu'on m'a ouvert la porte. Ce projet, dont la facture
devrait être de 8 milliards de dollars, selon les informations qu'il obtient,
et je le cite, «c'est une estimation puisque CDPQ Infra ne se soumet à aucun
exercice régulier de reddition de comptes et que le gouvernement ne lui en
demande aucun, ce qui est incroyable pour un
projet de cette envergure». Et il continue en disant : «La dernière fois
qu'on a vu un chantier de cette envergure se réaliser sans aucune
transparence, ça s'est appelé le Stade olympique. On se souvient du résultat.»
Alors, si je reviens à ma conclusion, la
réalisation des projets de transport en commun pour lancer le Québec vers la
transition écologique, ça doit se faire de la bonne manière, en toute
transparence, avec une saine gouvernance, avec des modes de transport... et
tous les modes de transport qui sont considérés pour répondre aux besoins et aux
attentes de la population. Les projets de transport collectif, notamment dans
le l'est de Montréal, on l'a dit, qui a été négligé pendant des décennies,
c'est important pour amener les gens de tous les âges à leurs loisirs, à leur
école, à leur travail. C'est un geste d'inclusion qu'on doit enfin poser envers
les populations de ces secteurs. C'est un service qu'on doit offrir aux
familles, aux personnes seules, aux travailleurs, et il faut en discuter avec
eux.
Le modèle des REM, choisi par les libéraux et
adopté par la CAQ, c'est, à l'heure actuelle, développer des projets derrière
des portes closes, selon les intérêts premiers de la CDPQ Infra, un projet ou
des projets dans lesquels la profitabilité
économique pour l'organisation est plus importante que toute autre
considération, comme l'intégration urbaine, l'intégration humaine,
l'efficacité pour les populations desservies. C'est un modèle où la CDPQ ignore
encore la totalité des autres acteurs concernés, avec la bénédiction du
gouvernement.
Alors, en terminant, moi, je vais insister sur
le fait que ceci n'est qu'une étape dans un débat public qui doit se faire car
il nous engage pour les 200 prochaines années, les deux prochains siècles.
C'est peu dire. Alors, la CDPQ doit venir s'expliquer devant les élus de
l'Assemblée nationale. Il faut que l'on puisse faire la lumière sur l'ensemble
des différents projets. On nous dit actuellement que le projet sera expliqué,
dans son caractère financier, dans les prochaines semaines, et pourtant on a
tous l'impression que, le projet, il est déjà tout ficelé, il est conclu. Et,
chaque fois qu'une voix discordante se fait entendre dans l'espace public, on
leur dit que c'est impossible et on s'emploie à démolir toutes les préoccupations
et les objections qui sont soulevées dans la population, par les chroniqueurs,
et surtout par les citoyens des régions et des territoires concernés, sans
apporter aucune démonstration, aucune preuve, aucune étude à l'appui. Et je
pense qu'on ne peut pas considérer la CDPQ Intra comme étant un gouvernement
dans le gouvernement. La CDPQ doit s'astreindre à un exercice de reddition
publique, et le plus tôt sera le mieux, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Donc, merci, chers collègues,
pour cet échange qui portait sur les projets de transport en commun dans l'est
de Montréal.
Je lève la séance, et la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi 27 avril, après les
affaires courantes, où elle entreprendra un autre mandat.
(Fin de la séance à 11 h 58)