(Neuf
heures trente-trois minutes)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte.
La
commission est réunie virtuellement afin de procéder aux
auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 88, Loi
modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et
d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
...
Une voix :
Son micro est fermé.
Une voix :
Votre micro, madame.
La
Secrétaire : Désolée.
Donc, je recommence. M. Lamothe
(Ungava) sera remplacé par M. Girard (Lac-Saint-Jean); M. Ciccone (Marquette), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); Mme Melançon (Verdun), par M. Polo
(Laval-des-Rapides); Mme Ghazal
(Mercier), par Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), par M. Gaudreault (Jonquière).
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, ce matin, nous débuterons par les remarques préliminaires puis nous
entendrons par visioconférence les groupes
suivants : la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs et l'Association
des conducteurs de chiens de sang du Québec.
Remarques préliminaires
Alors
donc, j'invite maintenant le ministre
des Forêts, de la Faune et des Parcs
à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de
six minutes. À vous la parole.
M. Pierre Dufour
M.
Dufour : Bien, merci beaucoup, Mme la Présidente, de me permettre de faire des remarques
préliminaires et, encore une fois, je pense que c'est important de le mentionner, de
m'excuser de ne pas avoir le fond d'écran qui devrait être applicable normalement
à ce moment-ci.
Donc, je suis bien
heureux, par contre, de pouvoir maintenant faire les remarques préliminaires et
aussi de remercier tous les gens qui sont
autour de la table, si on pourrait dire, virtuellement, parce que
ce n'est quand même pas à tous les jours qu'on a la chance de
parler d'un projet de loi sur la faune. Donc, merci à vous tous et toutes qui
êtes présents aujourd'hui pour le début des consultations particulières sur le projet
de loi n° 88.
Je tiens à souligner d'entrée
de jeu que ce projet de loi porte spécifiquement sur des enjeux liés à la faune
et non à la gestion des forêts, qui est un autre mandat que nous avons, ainsi
que les parcs, au niveau du ministère de la Forêt,
de la Faune et des Parcs. Donc, je
souhaite donc que nos échanges d'aujourd'hui puissent se concentrer sur ce sujet.
D'ailleurs, ce n'est
pas souvent que nous avons la chance de mettre la faune en avant-plan dans un projet
de loi. Permettez-moi de vous rappeler qu'historiquement cette loi-là a été
mise en application en 1984. La dernière modification s'est faite en 2009.
Donc, on peut voir qu'au niveau de la faune, au niveau d'un projet de loi,
souvent, il y a quand même des délais qui sont assez grands entre les
différentes interventions.
Donc, je pense qu'on
est aujourd'hui dans un moment important pour améliorer tout cet aspect-là, et
j'ose espérer, et j'ose croire qu'on aura des bonnes discussions avec
l'ensemble des intervenants qui vont venir présenter leurs discussions
particulières au niveau de leur organisme et, naturellement, aussi avec les oppositions
pour essayer de faire en sorte qu'on ait un beau projet de loi qui soit,
naturellement, pour le futur des utilisateurs de la forêt, aussi de la faune.
Donc, je pense qu'on a quelque chose dans les mains qui est très, très
intéressant pour discuter et d'en faire un beau projet de loi.
Nous comprenons davantage
aujourd'hui les menaces qui pèsent sur nos espèces animales et surtout les conséquences socioéconomiques et environnementales
de ces menaces qui pourraient se manifester dans les prochaines années. Notre législation se doit donc d'être
modifiée pour mieux répondre aux enjeux fauniques actuels et émergents
en déposant des propositions pour moderniser la loi. Notre gouvernement
s'engage pleinement à protéger notre patrimoine
faunique en se dotant d'outils nouveaux ou plus performants pour agir et ainsi
répondre aux préoccupations des citoyens.
Je
sais que ça fait vraiment des heureux aussi au sein de notre gouvernement. J'ai
des gens, entre autres quelques députés, qui participent, justement, à cette commission,
qui vont être très heureux... qui sont très heureux de voir qu'on a pris une
tangente intéressante dans ce projet de loi là.
En
ce sens, le projet de loi n° 88 a été élaboré selon trois axes. Premièrement,
il viendra améliorer l'encadrement des
activités de conservation et de mise en valeur de la faune. Cela nous donnera
les bons outils pour défendre efficacement notre biodiversité contre
certaines menaces comme les maladies ou les espèces exotiques envahissantes. Ce
faisant, nous arriverons à mieux protéger nos espèces vulnérables et menacées
ainsi que nos différents territoires fauniques.
Ce
projet de loi a notamment pour objectif de nous permettre
d'agir plus rapidement et efficacement lorsqu'une situation est
susceptible de compromettre la santé et la conservation de la faune. Souvent,
je me fais un plaisir de mentionner le bien-être animal... doit être mis à
l'avant-plan. C'est dans ce contexte que nous souhaitons moderniser la loi dès maintenant de façon à assurer
un patrimoine faunique résilient pour les générations d'aujourd'hui et de demain.
Deuxièmement,
un meilleur encadrement des activités fauniques signifie une plus grande
capacité d'agir pour contrer le braconnage. Les actes nuisant à la faune et aux
habitats fauniques sont des actes répréhensibles et doivent être traités
comme tels. La majorité des amendes émises à la suite des infractions liées à
la faune n'ont pas l'effet dissuasif souhaité puisqu'elles n'ont pas été
révisées depuis 1991. Donc, lorsqu'on fait un calcul assez rapide, c'est presque... c'est plus de 30 ans où ces
amendes-là ne sont pas ajustées. De plus, leur montant présente un écart important comparativement à celui qui est
prévu pour des infractions similaires dans d'autres lois du Québec.
• (9 h 40) •
Nous envisageons donc
de revoir certaines amendes à la hausse et même de moduler ou de créer de
nouvelles infractions qui tiendront compte
de l'évolution des méthodes utilisées par les braconniers.
L'application de ces mesures est la responsabilité de nos agents de protection de la faune qui sont
en première ligne. Avec les modifications apportées par le projet de loi n° 88, ils auront de nouveaux pouvoirs pour enquêter
sur ces délits et seront formés en conséquence. Ainsi, tout sera en
place pour dissuader mais également punir adéquatement les actes répréhensibles
envers notre patrimoine faunique.
Troisièmement, les
façons de faire du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs seront
modernisées et simplifiées afin d'être plus
agiles et plus performantes. Nous favoriserons l'allègement réglementaire et administratif pour améliorer l'efficacité de l'organisation. Notre
objectif est bien entendu de toujours mieux servir la population québécoise
et de répondre à ses attentes et à ses besoins. Je suis persuadé que le projet
de loi n° 88...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre... je dois vous
interrompre ici, M. le ministre, parce que vous avez fait vos six
minutes. Alors, je vais maintenant céder la parole au député de
Laval-des-Rapides pour ses remarques préliminaires. Vous avez quatre minutes.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je salue le ministre, tous
les collègues présents et, bien sûr, tous les invités qui vont nous
accompagner, là, au cours des prochains jours, lors de ces consultations.
D'entrée
de jeu, Mme la Présidente, j'aimerais mentionner et saluer ma collègue de
Mille-Îles, qui est ma collègue normalement présente à cette commission
et qui a échangé avec le ministre en préparation pour ces consultations, et la
remercier, lui dire que mon soutien est avec elle et que malheureusement, pour
des raisons de force majeure, M. le ministre
et chers collègues, elle ne pouvait être présente, là, ces jours-ci, mais on
l'accompagne dans la situation qu'elle vit actuellement.
Je
commencerais, Mme la Présidente, par mentionner que, globalement, c'est un
projet de loi qui est important, qui nécessitait d'être ramené à l'avant-scène.
Comme nous le savons tous, c'est un projet de loi qui avait commencé à
être déposé lors de la législature précédente. De nombreux intervenants avaient
fait part de la nécessité de moderniser cette
loi-là, de moderniser les différentes dispositions en lien avec la faune. Et globalement le projet de loi est bon, selon ma lecture. Ceci dit, tout au long des prochaines journées, des
prochaines présentations, nous aurons l'occasion de pouvoir justement identifier de quelle façon
ce projet de loi peut être amélioré, peut être peaufiné, peut être bonifié. Il
y a certainement des éléments qui méritent des questions plus précises.
J'aimerais également
souligner un peu ma déception, Mme la Présidente, compte tenu que c'est un projet
de loi qui touche bien sûr les grands territoires de notre belle province, de
notre belle nation, et, malheureusement, les Premières
Nations ne participent pas aux différentes consultations. Je crois qu'il y a eu
différentes communications qui ont été effectuées, mais malheureusement,
au cours des prochains jours, nous n'aurons pas aucune organisation, aucun représentant des Premières Nations qui
participeront à ces audiences. Et elles sont, en grande partie, les premières
concernées ou directement affectées par ce projet de loi là.
Donc,
je me dois de mentionner, de souligner que nous avons tous une responsabilité
globale, en premier lieu, bien sûr,
l'équipe du leader du gouvernement, mais nous tous, de façon générale, de
s'assurer que nous favorisons une meilleure
participation et une participation active, justement, des premiers concernés du
public, premièrement, si on peut dire, desservi et qui sera affecté par
les débats qui auront lieu dans ce projet de loi là.
Donc, je termine mes
remarques préliminaires ici, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Merci, M. le député. Alors, maintenant, je cède la parole
à la porte-parole du deuxième groupe d'opposition. Et vous avez une minute seulement.
Mme
Émilise Lessard-Therrien
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Donc, considérant le peu de temps que j'ai, j'en
profiterai pour saluer les collègues,
saluer le ministre, évidemment, vous saluer, Mme la Présidente, et saluer
tous les groupes, là, qui vont
défiler devant nous dans les prochains jours. Merci aussi beaucoup,
là, pour tous les mémoires reçus, donc les activités de la faune, là, qui sont extrêmement importantes
pour nous. Provenant d'une région éloignée, forte de chasse et pêche, ça me concerne, là, vraiment
au premier degré. Donc, me voilà bien heureuse d'être sur ce projet de loi avec vous pour les prochaines semaines. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Jonquière. Vous aussi, vous avez une minute.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je
voudrais saluer tout le monde à mon tour,
surtout saluer mon collègue député de Bonaventure, qui ne peut participer à cette commission parlementaire parce qu'il
est sur d'autres commissions
parlementaires. Alors, c'est avec lui que je travaille étroitement sur ce
projet de loi. Il faut savoir que
nous avons, de notre côté, effectué une tournée faunique, il y a quelques
années, qui nous a permis de faire un
constat absolument intéressant et important sur l'accès et l'attractivité
également pour la relève, sur la modernisation des enjeux relatifs à la faune, notamment la débureaucratisation du
ministère de la Faune, augmenter l'accès aux territoires fauniques,
augmenter la productivité faunique.
L'attractivité de la
relève, pour moi, ça m'apparaît absolument important. C'est au coeur.
Développer une surveillance aussi accrue
contre le braconnage, sur lequel nous allons nous opposer continuellement.
Alors, nous, c'est les enjeux qu'on va surveiller, puis on va questionner nos
intervenants là-dessus, puis on va s'assurer que le projet de loi réponde le plus possible à ces enjeux-là. Le
ministre peut être assuré de notre collaboration, mais surtout assuré de
nos amendements.
Auditions
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Merci, M. le député. Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Fédération québécoise
des chasseurs et pêcheurs. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à procéder à votre exposé. Alors, vous avez la parole.
Fédération québécoise des
chasseurs et pêcheurs (FédéCP)
M. Renaud (Marc) : Merci, Mme la Présidente. Je me présente, Marc Renaud, je suis
président de la Fédération québécoise chasseurs et pêcheurs et je suis
accompagné de notre directeur général, M. Alain Cossette. Alors, Mme la
Présidente, M. le ministre, MM. et Mmes les députés, on vous remercie de nous
accepter dans cette convocation-là.
Alors, la Fédération
québécoise des chasseurs et pêcheurs est un organisme sans but lucratif dont la
mission est de représenter et défendre les
intérêts des chasseurs et des pêcheurs du Québec. Afin de poursuivre ces
objectifs, nous pouvons compter sur
l'appui de notre filiale Sécurité nature en regard du développement du
comportement responsable des
chasseurs et pêcheurs et de notre fondation Héritage faune en regard de la
conservation et de la mise en valeur de la faune. C'est donc en vertu de
notre mission de défendre les intérêts des chasseurs et des pêcheurs sportifs
que nous participons à la rencontre d'aujourd'hui sur le projet de loi
n° 88.
Lorsque le
gouvernement annonce des modifications aux règlements et aux lois qui encadrent
la chasse et la pêche, il est de notre rôle de nous assurer que ces
modifications soient pertinentes à la résolution des réels problèmes concernant
la conservation de la faune, sa mise en valeur ou la sécurité des personnes. À
cet égard, nous sommes donc plutôt déçus de
ce projet de loi, qui renforce encore plus l'encadrement légal de la chasse et
de la pêche et prévoit un régime d'amendes extrêmement sévères.
En
voulant cibler les braconniers, on atteint la vaste majorité des utilisateurs
qui sont respectueux des règlements. Selon
notre expérience, une loi aussi sévère aura comme effet de décourager les
citoyens qui seront pris en infraction, en particulier pour les cas de
nature mineure. Nous sommes pourtant ici dans un secteur de loisirs où nous
pourrions nous attendre à un cadre légal beaucoup moins répressif et misant
davantage sur l'éducation.
Il faut mettre ici en
évidence qu'il y a très peu d'accidents de chasse et de pêche et que la faune
exploitée est en bonne santé. Absolument
rien n'indique le besoin d'ajouter des restrictions. Nous comprenons l'utilité
de moderniser certains libellés de la loi, mais cela se fait
présentement au détriment du plaisir de la pratique et de la mise en valeur de ces activités. À notre avis, on tente de munir
le Québec d'une loi faite pour punir sévèrement les braconniers, qui mettent
en danger la pérennité de la faune, mais, ce
faisant, on brime durement la masse des chasseurs et des pêcheurs qui sont,
comme les citoyens en général, des gens raisonnables qui ne veulent pas avoir
affaire avec la justice.
Au cours des
dernières semaines, nous avons eu des rencontres avec le ministère au sujet du
projet de loi et nous avons reçu certaines explications sur son bien-fondé.
Lors de ces échanges, on a bien tenté de nous rassurer en nous indiquant que
les agents de la protection de la faune utiliseraient leur pouvoir
discrétionnaire pour l'application de la loi
et qu'il n'est pas de leur intention de donner inutilement des constats
d'infraction. Pourquoi, alors, reformuler certains libellés qui
n'étaient pas problématiques et les rendre plus restrictifs?
Sans
dire qu'un tel projet de loi ferait disparaître la chasse et la pêche, nous
sommes convaincus que des citoyens paieront inutilement pour son
intransigeance. Plusieurs d'entre eux délaisseront leur activité s'ils ont à
payer 500 $ et plus d'amende plus les frais pour des infractions qu'ils
auront souvent commises par inadvertance.
Voici quelques
commentaires au sujet des amendes. Nous jugeons que les amendes proposées dans
le projet de loi sont, pour la plupart, inutilement excessives et
ne correspondent pas à la gravité des gestes posés, dont plusieurs n'ont même pas d'incidence sur la préservation de
la faune et de ses habitats. Un exemple, le fait qu'un parent capturant quelques poissons avec ses enfants alors qu'il ne
respecte pas, par mégarde, toutes les conditions liées à son droit d'accès
puisse se retrouver avec des amendes totalisant 1 500 $ plus les
frais nous semble nettement abusif.
Le
montant prévu pour ne pas avoir porté son dossard ou avoir porté un dossard non
conforme, pourtant acheté de toute
bonne foi en magasin, est de 500 $
plus les frais. Combien de chasseurs parfaitement au courant qu'ils doivent
porter un dossard ignorent qu'ils ne peuvent
pas porter un sac à dos par-dessus celui-ci ou encore qu'aucun logo ne peut
venir en diminuer la surface orangée?
• (9 h 50) •
Nous
sommes en accord avec l'augmentation des amendes dans le cas de braconnage important
et pour les récidives. Mais même les amendes les moins sévères découragent la
pratique de la chasse et de la pêche chez ceux qui sont pénalisés pour
des infractions techniques et mineures, souvent faites par simple inattention.
D'ailleurs, l'arrivée du «ticketing», il y a
quelques années, qui permet à une personne d'éviter les tribunaux, serait utile
pour établir une meilleure pondération des amendes pour les infractions
purement techniques.
On nous a informés
que les amendes ont été fixées en accord avec les pénalités existantes en vertu
de d'autres lois. Pourtant, une vérification au Code de la sécurité routière
démontre qu'une panoplie d'amendes moins sévères sont utilisées au Québec.
Plusieurs infractions au Code de la sécurité routière valent des amendes de
30 $ à 60 $, de 20 $ à 300 $ ou encore de 300 $ à
600 $, notamment pour celles d'un usage d'un téléphone cellulaire au
volant. Une révision doit être faite afin de déterminer une échelle d'amendes
raisonnables et équitables.
Au
moment de l'étude du projet de loi n° 161, en 2018, le ministère nous
apprenait qu'une quatrième catégorie d'amendes avait été prévue à
l'article 171 de la loi en 1983. Cette catégorie comportait des amendes
moins élevées pour les infractions qui n'ont
pas de réelles conséquences sur la conservation de la faune ou la sécurité des
personnes. Cette catégorie devrait être ramenée et utilisée.
Nous demandons même
depuis longtemps l'instauration d'un système d'avis d'infraction sans amende
qui permettrait aux agents de protection de la faune d'informer et d'éduquer
les gens au sujet de la loi et des règlements tout en leur évitant des
poursuites et des démêlées inutiles avec la justice.
Voici maintenant les
commentaires sur les appareils d'éclairage. La loi actuelle prévoit, à
l'article 30.2, que «nul ne peut utiliser un projecteur la nuit pour
déceler la présence d'un animal dans un endroit fréquenté par le gros gibier».
Cette disposition amenant d'importantes problématiques, nous demandons depuis
plusieurs années de corriger la situation, ce que ne fait pas le projet de loi,
même qu'il la complique.
L'article 22
mentionne : «Nul ne peut utiliser un réflecteur ou un appareil
d'éclairage, de vision nocturne ou d'imagerie thermique la nuit pour déceler la
présence d'un animal dans un endroit fréquenté par le gros gibier.» Dans la
réalité, il y a du gros gibier partout au Québec. Que fait-on alors de tous les
gens qui, la nuit, cherchent leur chien, des insectes ou qui, comme on en fait
la promotion, pratiquent l'observation de la faune? Pourquoi ne remplace-t-on pas simplement le mot «animal» par «gros gibier»
et qu'on n'ajoute pas la notion d'arme, puisque ce dont il est question
ici, c'est le braconnage du gros gibier la nuit?
Maintenant,
concernant l'obligation de présenter une pièce d'identité, l'article 26
indique une nouvelle obligation de porter une pièce d'identité avec
photo en plus de son permis de chasse et pêche. Qu'adviendra-t-il des adultes
qui pratiquent des activités en vertu du permis d'un conjoint ou des jeunes et
des étudiants qui le font en vertu du permis d'un parent? Est-ce que des
préjudices sont portés à la faune ou aux habitats à cause d'une utilisation
douteuse des permis? Non. Nous croyons qu'il est inutile d'ajouter cette
disposition. Il ne faut pas non plus que cet article, qui est lié à
l'obligation de posséder une autorisation, débouche sur le contrôle des
chasseurs en terre privée.
Maintenant,
concernant la conservation de la chair, l'article 31 précise que nul ne
peut négliger la conservation de la chair d'un gros gibier qu'il a tué à
la chasse, à l'exception de la chair d'ours. Nous croyons que les notions de
conservation de la chair concernent un aspect éthique sur lequel on ne peut
légiférer. Plusieurs éléments extérieurs peuvent influencer la conservation de
la venaison : réaction d'un gibier suite à un tir, bête blessée et
retrouvée tardivement, climat, bris d'équipement, etc. Une personne pourrait
donc être accusée d'avoir négligé la conservation de sa venaison, alors que
cela est survenu à cause d'un élément extérieur à la pratique de la chasse. L'éducation
est importante et demeure la voie la plus efficace pour agir sur de tels
éléments.
Maintenant, je vous
amène vers le caractère excessif de l'article 37, qui modifie l'article 71.
En vertu de cet article, une personne qui a récolté un gibier ou pris un
poisson ne pourra le conserver si elle est en contravention de la loi, même si
celle-ci est de nature technique ou mineure. De plus, les amendes sont
augmentées significativement dans ce cas-là.
Donc, pour en revenir
à notre exemple d'une personne qui porte un sac à dos par-dessus son dossard,
si elle récolte des petits gibiers, elle
sera passible de 1 000 $
d'amende plus les frais et plus passible de perdre son certificat de
chasseur pour deux ans. Si elle abat un orignal, ce sera une amende minimum de
2 500 $ plus les frais plus la perte possible de son permis.
Nous
demandons donc de ne pas modifier le libellé de l'actuel article 71, qui
couvre une série limitée d'articles qui ont un lien avec des infractions
menaçant réellement la conservation de la faune. De telles dispositions sont
inacceptables et ne font pas de discernement entre les gens qui commettent des
infractions en toute bonne foi et ceux qui pratiquent sciemment du braconnage.
On ne peut pas comparer
une infraction liée au port du dossard à celle d'un braconnier qui utilise un
piège pour immobiliser un cerf afin de
l'abattre. Il est important de se prémunir contre le braconnage et il est
normal qu'une personne qui contourne indûment la loi... de tuer un
gibier ou prendre un poisson ne puisse légalement le posséder, mais de
nombreuses infractions techniques n'ont aucune incidence sur la faune et ne
méritent pas ces sanctions.
Nos derniers commentaires concerneront la
recherche de gibier blessé. Nous sommes très heureux de voir dans le projet de loi des dispositions qui
permettront la recherche de gibier avec des chiens et détermineront les
conditions sous lesquelles il sera permis d'abattre un animal blessé
avec ou sans chien. L'utilisation de chiens de sang pour retrouver des gibiers blessés attire l'attention
sur l'importance de mieux encadrer la recherche de gibier blessé après tir.
Pour que les
règlements éventuels concordent le plus possible avec les besoins sur le
terrain, nous demandons cependant que le texte de l'article 61 soit
modifié en y ajoutant le mot «et de la nuit» après le mot «journée» et qu'on
ajoute à 61.2 les mots «achever en présence d'un chien» après le terme
«localiser avec l'aide d'un chien».
En conclusion, dans sa forme actuelle, ce projet
de loi n'est pas l'outil qu'on aurait pu souhaiter pour contribuer au dynamisme
de notre secteur. Il s'agit plutôt d'un document ajoutant des restrictions supplémentaires
à celles qui existent déjà, assorties d'un nouveau régime d'amendes
excessives...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre, puisque vous avez terminé votre...
M. Renaud (Marc) : Je vous remercie
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
avez terminé votre portion de 10 minutes. Alors, maintenant, je passe la
parole à M. le ministre, qui a 16 min 30 s. M. le ministre.
M.
Dufour : Oui, merci beaucoup.
Premièrement, merci à la fédération de nous faire part de
leurs commentaires. Comme on mentionne, c'est grâce à ces
commentaires-là qu'on va être en mesure d'améliorer le projet de loi. Donc, sûr
et certain qu'il y a eu un gros travail qui a été fait jusqu'à maintenant par
toute l'équipe du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs; il y a eu
des consultations, il y a eu des rencontres. C'est sûr et certain que,
lorsqu'on dépose un projet de loi, on est bien conscient qu'on n'est pas au... comment dire, il est
possible qu'il y ait des interactions négatives, si on pourrait dire,
qui ne répondent pas à l'ensemble des demandes.
Donc, première chose, j'aimerais quand même...
Ce que je comprends de ce que vient de nous présenter la Fédération des
chasseurs et pêcheurs, c'est vraiment la portion amendes, donc, qui semble être
vraiment un élément, on pourrait dire, qui agresse un peu la fédération sur cet
aspect-là. Parce que, si on regarde, il n'y a pas que sur les amendes que ce projet de loi là touche, il y
a différents éléments que ce projet
de loi là va toucher. Et ce que je
remarque de l'intervention, c'est que
vous vous êtes vraiment attardés sur le côté des amendes, et puis on aura
la chance, tantôt, là, d'en reparler une fois que j'aurai terminé mon
laïus.
L'autre côté, ce que je m'aperçois, par contre,
c'est que vous avez quand même sorti l'élément des chiens de sang, qui est un
élément vraiment nouveau, je pense, dans ce projet de loi là, qui est vraiment
quelque chose de très intéressant pour le bien-être animal, pour bien gérer la situation.
Donc, écoutez, moi, je suis bien, bien content de ce côté-là par rapport à cet élément-là que vous parlez, que le chien de
sang vous satisfait. Naturellement qu'il semble y avoir quelques mots au niveau de certains articles qui
ne font peut-être pas l'affaire, mais, dans l'ensemble, vous avez quand même précisé que l'aspect des chiens
de sang, c'est quelque chose d'important.
• (10 heures) •
Donc, si on revient un petit peu aux amendes,
tantôt, que vous avez mentionnées, il y a quand même une place qui m'a fait un
petit peu réagir, c'est quand vous avez parlé de l'article 26, par exemple.
C'est un peu... si on prend l'adage au niveau de la carte avec photo, bien,
c'est un peu le même principe qu'un 48 heures lorsqu'on octroie... au niveau... lorsqu'on a un phare,
mettons, qui a été brisé sur la route, qu'on roule avec un phare brisé, avec
une lumière en moins, souvent, un policier va donner un 48 heures
pour aller faire réparer son phare, bien c'est un peu la même chose. Dans
l'article 26 quand on prend... de le lire, on permet quand même un
sept jours au chasseur de retourner
montrer qu'il avait bien une carte, qu'il était bien la personne en qui que la...
l'agent de la faune a interpelé, etc. Donc, il y a certains éléments
comme ça que je peux comprendre que vous avez peut-être des objections sur
certains frais, sur certains montants, mais
il y a d'autres éléments que vous avez soulevés qui m'ont un petit peu, quand
même, surpris. Et on aura, naturellement, à en discuter de façon plus
profonde sur certains éléments que vous avez amenés.
Le restant, bien, on n'a pas parlé beaucoup des
refuges fauniques, on n'a pas... Vous n'avez pas non plus touché à d'autres
éléments, gouvernance des zecs, par exemple. Donc, moi, ce que je comprends et
puis... c'est que vous êtes quand même
sensiblement en accord avec plusieurs éléments de ce projet de loi là. Donc, si
j'ai à me référer un peu aux documents du projet de loi en lui-même, qui
a quand même au-delà d'une centaine d'articles, bien, quand que je vois qu'on a vraiment juste... semblerait
être l'élément des amendes, bien, des amendes, c'est des chiffres, hein,
c'est des choses qu'on peut discuter, qu'on peut regarder puis qu'on peut voir
est-ce qu'on a les justes, bons moyens.
L'autre élément qui m'interpelle dans ce que
vous avez présenté, et vous l'avez nommé quand même deux, trois fois,
c'est d'instruire les gens à la pratique de la chasse et de la pêche. Et c'est
un élément, puis je dois vous l'accorder,
c'est peut-être un élément qui a été un petit peu oublié dans ce projet de loi là. Je pense que c'est important de le mentionner. Je crois que
d'avoir des trousses pédagogiques pour bien faire comprendre la notion de la
chasse et de la pêche, particulièrement dans les régions qui ne sont pas des
régions éloignées, donc les régions des grands centres, bien, oui, ça pourrait
être quelque chose de très intéressant à élaborer et à discuter pour faire en
sorte qu'on aurait la chance d'instruire nos jeunes des grandes régions, de
Montréal, de Laval, du centre-ville de Québec, qui ne sont
peut-être pas des chasseurs, qui ne comprennent pas tout à fait qu'est-ce qui
en est toujours de qu'est-ce que c'est que la chasse, qu'est-ce que c'est que
la pêche, et ça pourrait peut-être même, justement, faire en sorte qu'on a une
situation où est-ce que les gens pourraient peut-être trouver plus acceptable,
chez certains, la chasse et même d'avoir une arme pour aller à la chasse. Parce
que, des fois, c'est même aussi cet élément-là qui nous est présenté dans les
gens qui sont contre la chasse, souvent c'est parce qu'il y a une arme qui est
utilisée.
Donc, je pense qu'il y a quelque chose là que
vous avez soulevé qui mérite attention. Est-ce que c'est ce projet de loi là
qui doit faire office? Est-ce que c'est par le biais du milieu scolaire, par le
milieu de l'éducation? Écoutez, moi, je
pense que c'est des éléments très importants et j'aimerais ça vous entendre sur
ce sujet-là, au niveau de l'éducation de nos gens et non simplement sur
l'aspect d'amendes. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus, M. Renaud.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
faudra ouvrir votre micro. Voilà.
M. Renaud (Marc) : Oui. Je peux
prendre la parole?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
allez-y, M. Renaud.
M. Renaud (Marc) : Bien, M. le
ministre, oui, vite fait, on avait seulement 10 minutes, donc on a parlé
peut-être plus des côtés qui nous chatouillaient plus. Dans l'ensemble du
projet aussi, il y a des très bons côtés.
Et, au niveau de l'éducation, bien, comme
fédération, on s'est toujours préoccupés de la fédération. Puis effectivement il doit... de la fédération! De
l'éducation. Et je pense sincèrement qu'on doit, avant de faire des amendes
ou de la réprimande... plutôt de la sensibilisation et de l'éducation. Que ça
soit au niveau scolaire, je trouve que c'est un
bon point de vue, que ça soit par les biais de toute forme de sensibilisation,
d'éducation, par l'intérieur de nos pourvoiries, nos zecs, de nos
réserves, par des choses qu'on fait déjà depuis plusieurs années, éduquer. Et
on voit que le milieu a changé, le milieu faunique. Les utilisateurs ont pris
une tournure différente, et tout ça grâce à l'éducation.
D'ailleurs, c'est pour ça qu'on ramène sur les
amendes. Avant d'avoir des amendes sévères, on dit : Notre grosse
préoccupation, c'est : Où est-ce qu'elle va être, l'éducation? Si les
amendes sont sévères, on perd des joueurs, on n'aura même pas la chance de les
éduquer.
M. Cossette (Alain) : Mme la
Présidente, est-ce que je peux renchérir?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui.
Allez-y, M. Cossette.
M. Cossette (Alain) : Parce que
c'est comme ça qu'ils nous ont dit de...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
oui.
M. Cossette (Alain) : O.K. Au niveau
des amendes, c'est parce qu'où est-ce que ça a été rajouté... avant, c'était : «Nul ne peut abandonner la chair
[...] d'un gros gibier», et là on a rajouté «ou ne peut en négliger la
conservation». Puis c'est de là, l'importance de l'éducation. Si on
prend... Maintenant, on chasse beaucoup plus tôt qu'avant. Il y a un
réchauffement climatique. Puis c'est de là qu'on dit : Pourquoi que vous
rajoutez cette notion? Le but, c'est de donner des tickets à des gens où est-ce
qu'il arrive des problèmes. Il n'y a personne qui veut payer les montants qu'on paie pour avoir des amendes. S'ils perdent
leur venaison, c'est qu'il y a des circonstances. Là, avec ça, on vient
dire que, là, on va pouvoir donner des amendes. Et pourquoi qu'on met juste le
gros gibier, alors, alors qu'il y a le petit
gibier puis il y a la pêche? Ça fait que, pour nous autres, tel que c'était
libellé avant, on ne peut pas l'abandonner. Mais la notion «ou ne peut
négliger la conservation»... Et c'est de là que nous autres, on a fait des
vidéos montrant des orignaux, incitant les
gens à les mettre en quartiers, à enlever la peau tout de suite pour rafraîchir la viande le plus rapidement possible, puis de
la protéger, puis s'en aller le plus tôt possible dans les endroits où est-ce
qu'on va pouvoir faire la boucherie. Et on fait ces vidéos-là, qui sont même
incluses dans les formations maintenant, c'est dernièrement, à cause de ces
changements-là. Mais, en même temps, laissons faire l'éducation le travail.
Souvent, ça arrive avec des novices. Puis, je le répète, les gens ne veulent
pas perdre leur venaison. Puis les gens paient assez cher pour participer à ces activités-là qu'ils ne veulent encore moins
la perdre puis de se faire donner un ticket en plus. Je ne pense pas que
c'est une bonne façon d'opérer. Puis on espère que ça va rester tel que ce
l'était avant. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Renaud, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter? Non? M. le ministre, j'ai vu la main levée de trois de vos collègues
de votre formation. Je vous le signale seulement. Si jamais vous voulez
passer la parole à vos collègues, j'ai trois de vos collègues qui voudraient
prendre la parole.
M. Dufour : Oui. C'est des collègues
aussi très impliqués dans le domaine de la faune, donc je serais très heureux
de les entendre.
La Présidente (Mme St-Pierre) : O.K.
Alors, M. le député Bourget, vous avez levé la main.
M. Campeau : Oui. Bonjour. La question,
M. Renaud, c'est... Je comprends ce que vous dites au sujet des amendes, mais je suis un peu surpris en même temps, parce que comment on va faire pour décourager le braconnage
si on n'augmente pas les amendes? Je veux dire, je
pense que c'est... Et que des amendes qui datent de 30 ans, on n'avait comme pas le choix de les augmenter. Puis, en même
temps, j'aurais comme comparaison à vous dire : Bien, ça ne m'inquiète
pas beaucoup, les amendes sur l'autoroute, moi, ma vitesse que je vais, je n'en
aurai jamais. Ça fait que, tu sais, je
comprends quand même qu'il peut y avoir des cas où c'est limite, où les gens ne
savent pas. Nul n'est censé ignorer la loi, c'est bien beau, mais, des
fois, il peut en manquer des bouts. Mais, en même temps, je compte sur
l'intelligence des agents de la faune, comme on le voit des policiers, qui,
franchement, donnent plus d'avertissements que de tickets. Vous avez l'air
d'être très, très, très inquiets des amendes, puis je ne vois pas comment on
aurait fait autrement, pour dissuader le braconnage, que d'augmenter les
amendes. Mais je suis d'accord avec vous sur l'idée de l'éducation. Alors, j'ai
de la misère à comprendre pourquoi cette inquiétude si forte sur les amendes.
M. Renaud (Marc) : Si vous me
permettez, Mme la Présidente, je peux répondre?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
M. Renaud. M. Renaud, oui.
M. Renaud
(Marc) : On n'est pas contre
les amendes contre le braconnage, loin de là. Il doit y avoir des amendes plus sévères pour les braconniers et les
récidivistes. Aucun problème, loin de là. On le dit, d'ailleurs, dans notre
mémoire, qu'on est en faveur. Par contre, il y a des amendes qui sont
élevées pour des infractions techniques et mineures. On vous a donné le
dossard, mais juste avoir une ligne à pêche dans mon camion à côté d'un lac où
est-ce que c'est interdit de pêcher pourrait être une infraction. Et là, l'infraction,
si j'ai du poisson en plus, on double. Ça fait que c'est tout le côté technique
et mineur, qu'on dit, parce qu'on veut pogner des braconniers.
Puis les agents de protection de la faune, c'est
comme les policiers. On peut être chanceux d'avoir des policiers, des agents de
protection de la faune qui sont compréhensifs, mais il y en a d'autres qui
pourraient arriver, parce que c'est leur devoir, puis agir, puis de donner tout
de suite l'infraction, au-delà de son plaisir, parce qu'il a un compte à rendre
à son patron. Ça fait que de permettre aux agents de protection de la faune
d'utiliser de leur bon jugement peut être laissé à... bien, laissé à sa
discrétion, carrément, puis il peut être un jeu dangereux.
Si on est bien encadrés dans la loi, s'il y a du
braconnage, pas de problème. Mais les techniques mineures... Puis qui ça ne lui
est pas arrivé? Comme vous disiez, sur l'autoroute, qui n'a pas dépassé avec
une vitesse excessive puis qui mériterait une amende? Bien, il y a quand même
l'amende au niveau du Code de la sécurité routière. La plus élevée est à peu
près de 1 900 $, si je me souviens. Là, on parle de 2 500 $
pour une technicalité, du fait que je m'en vais chercher mon orignal. J'ai
chassé, j'ai tué mon orignal, je découpe un premier quartier, je le mets dans
mon dos, je cache mon dossard directement. J'ai mon arme à feu. Mes chums ne
sont pas loin, ils m'aident, mais eux autres sont à la chasse. Je suis en
infraction puis pourtant je n'ai pas voulu être en infraction.
Ça fait que c'est ce côté-là, nous, c'est le
côté technique et mineur. Mais, non, le braconnage, on n'est pas pour ça. On...
M. Cossette (Alain) : Mme la
Présidente?
• (10 h 10) •
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
M. Cossette, allez-y.
M. Cossette (Alain) : Oui. On a
modernisé, voilà plus de 10 ans, l'aspect de donner des tickets pour des
infractions qui sont d'ordre mineur et technique. Et c'est de là que...
Pourquoi que le gouvernement n'utilise pas tous ces types de ticket là avec des
prix moindres? C'est ça qu'on dit, nous autres, dans notre mémoire.
Puis, l'autre chose qu'on demande aussi, c'est
la notion d'avis d'infraction. Ça fait que c'est une notion qui n'est pas là. Donc, l'avis d'infraction, ça serait
quelque chose qui est encadré. Et là vous allez voir s'il y a
des récidivistes, ils les auront, les tickets, à ce moment-là. Nous
autres, qu'est-ce qu'on dit, c'est que : Arrêtons de vouloir essayer de
donner des gros tickets puis trouvons le moyen de le faire. Puis c'est de là
qu'on espère que les parlementaires, vous allez
amener cette notion-là de tout ce qui est «ticketing», qui existe présentement
depuis plus de 10 ans... puisse être relié à des frais moindres. Puis qu'est-ce qu'on dit aussi : Donnez des
avis d'infraction, rendez ça légal dans votre système de loi.
M. Campeau : J'aurais d'autres
questions, mais je vais laisser la parole aux autres.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil, vous avez 1 min 30 s
Mme
Grondin : Mme la Présidente, je vais laisser mes collègues parce que
mon collègue député de Bourget a posé la même question.
La Présidente (Mme St-Pierre) : D'accord.
Alors, Mme la députée de Saint-Maurice. Non, excusez-moi, Lac-Saint-Jean.
Excusez-moi. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Je vais me dépêcher. Moi, c'est concernant
l'article 31, qui m'interpelle beaucoup. Moi, je ne partage pas nécessairement votre opinion, M. Marc, dans
le sens que la conservation du gibier est la responsabilité du chasseur. Je suis un... je pratique le sport de
la chasse depuis mon tout jeune âge. Et, vous savez, il y a bien des facteurs
qui influencent ça, hein? L'inspection de l'arme à feu, la qualité des
cartouches. Le chasseur a la responsabilité aussi de s'assurer de son tir. Et moi, je vois beaucoup de
choses en forêt. Des gens, une fois qu'ils ont fait l'abattage de leur cervidé,
ne s'occupent pas de leur bête. On voit des choses aussi
dans les salles d'abattage, des salles de découpe. Je parle avec des gens aussi dans ma région qui ont des
salles de découpe, qui m'interpellent, tu sais, en disant : Il y en a qui
n'ont pas le respect de leurs bêtes. Moi, je pense que, oui,
effectivement, les températures changent, on a beaucoup plus de chaleur,
réchauffement climatique, mais une bête, normalement, une fois l'abattage fait,
c'est important, là, de la récupérer
rapidement, et on est en mesure de conserver le gibier. Oui, il peut arriver,
des fois, des choses, des événements, mais, normalement, le chasseur doit
s'assurer de la qualité de son tir, doit s'assurer de tout ça. Puis je pense que
c'est important, là, d'avoir des... Cet article-là est important, là. Moi, je...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Votre portion est terminée pour ce qui est de la portion
du gouvernement. Alors, merci beaucoup.
Donc, je passe maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides. Monsieur,
vous avez 11 minutes.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, d'entrée de jeu... Vous
m'entendez bien?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Oui, on vous entend bien. Et là je pense qu'on ne vous
entend plus.
M. Polo :
Un instant.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : On a un petit pépin technique.
Une voix :
Saul, on a perdu ton écran aussi.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, est-ce que, par consentement, vous voulez qu'on
inverse puis qu'on revienne à M. le
député de Laval-des-Rapides? Ou peut-être M. le député de D'Arcy-McGee,
s'il est en ondes, a peut-être... peut peut-être prendre le relais? Ou
est-ce qu'on suspend? Qu'est-ce que je fais, Mme la secrétaire? Aidez-moi.
La Secrétaire :
...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : O.K. Alors, nous allons suspendre un instant pour essayer
de régler ce problème technique.
(Suspension de la séance à
10 h 15)
(Reprise à 10 h 18)
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Donc, nous reprenons nos travaux. M. le
député de Laval-des-Rapides, vous avez la parole.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je tiens à mentionner
que ce qui me surprend un peu, là, des paroles du ministre à ce niveau-ci,
c'est que, parmi le mémoire, là, qui nous a été présenté, c'est clair que les
principales préoccupations tournent, bien sûr, autour des amendes. Et on
voudrait bien parler d'éducation, et j'en
suis, quoiqu'actuellement le système d'éducation est bien occupé avec d'autres priorités, là, actuellement, M. le ministre, mais, avant tout, l'interprétation qui est
effectuée par ce projet de loi là, de la façon qu'il est rédigé, tout d'abord, il y a un sentiment
de déception. Parce que, ce que j'en comprends, c'est que ça fait des années
qu'ils font des représentations pour,
justement, bien s'assurer que le projet de loi était bien... ou, en fait, leurs
préoccupations et leurs doléances étaient bien reçues.
Mais, deuxièmement,
ce que ce projet de loi là formule à même le contenu et les dispositions du
projet de loi, c'est que c'est un message de beaucoup de répression. Bien sûr,
on s'entend que tout ce qui touche le braconnage doit être dénoncé, mais, à ce
stade-ci, ce qui en ressort beaucoup, énormément, bien sûr, c'est les
augmentations d'amendes. C'est là où je suis un peu en porte-à-faux avec
certains des commentaires des collègues qui ont participé ou qui sont intervenus
précédemment, parce qu'on le sait, que ce soit sur l'autoroute ou que ce soit
dans d'autres contextes, bien sûr, les amendes peuvent être appliquées selon,
bien sûr, la discrétion de la personne qui l'applique, mais, par la suite, bien
sûr, on nous demande, un peu comme sur l'autoroute lorsqu'une erreur de vitesse
nous mène à dépasser la vitesse limite, on nous recommande d'aller contester.
Et bien, bien souvent, on le sait, M. le ministre, très peu de gens contestent parce qu'ils ne veulent pas se retrouver à
faire face aux dédales administratifs associés à ça. Donc, je suis bien
d'accord avec les représentants de la fédération que le volet amendes devrait
être revu, nécessairement, afin de,
justement, laisser une plus grande marge de manoeuvre pas seulement aux agents
de la faune, mais, justement, une plus grande marge de manoeuvre aux
gens qui pratiquent, que ce soit la chasse ou la pêche dans le cas présent.
Ce que je trouve
intéressant, c'est de prévoir... Ma question ou mon commentaire est de prévoir
une catégorie d'infractions techniques qui n'acceptent pas le bien-être animal
et qui peuvent être dues à des gestes faits par manque d'attention. L'exemple
du dossard dans le noir est très révélateur. Ces infractions pourraient faire
l'objet d'amendes allant de 50 à 500 $. Et, exemple, par exemple, de
gradation, le port du dossard avec un sac à dos, ça peut être égale à 50 $
ou ne pas porter de dossard, à 500 $. Et donc l'une des erreurs, par
manque d'attention et... ou, dans d'autres cas présents, ça peut être toute
forme de négligence. Pouvez-vous continuer à élaborer sur, justement, le fait
d'y aller avec une grille de gradation, s'il vous plaît?
M. Renaud (Marc) :
Je vais laisser mon directeur général vous répondre, monsieur.
• (10 h 20) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Cossette.
M. Cossette (Alain) : Oui. Merci. La
grille de gradation est très simple. Vous avez présentement, là, le principe
que, quand on a amené le «ticketing»... Puis on avait travaillé ça avec les
gens du gouvernement à l'époque, des agents de protection de la faune. Et la
grille, c'était que les agents pouvaient remettre immédiatement... puis ils le
font, là, présentement, ils remettent un ticket à des individus. Quand ils
remettent ce ticket-là, c'est d'ordre technique ou mineur. Donc, c'est :
Servez-vous de tout ce qui est fait en «ticketing» pour garder ça de façon
mineure, à des prix raisonnables.
Là, c'est complètement déraisonnable, les prix
qui sont là. C'est de là qu'on demandait ça, que ça soit en place. Puis on pensait que la loi, quand elle
viendrait se moderniser, ça aurait été mis en place. Puis on l'a soulevé, là,
ce n'est pas soulevé d'aujourd'hui, là, on l'a soulevé puis on espère que, maintenant,
les parlementaires, quand vous allez jouer votre rôle, c'est d'arriver à amener
ça très simple : «Ticketing» existe, créez cette catégorie-là, et puis
avec des amendes qui sont raisonnables.
On l'a dit tantôt, M. Marc Renaud vous l'a
dit, des amendes pour les braconniers puis des récidivistes notoires, bien, qu'ils
paient. Mais, malgré tout, il faut se souvenir d'une chose aussi, nos amendes
sont tellement élevées que, dernièrement, il y a eu des morts qu'on a vus sur
les chantiers de construction de... et, quand je parle des chantiers de
construction, c'est au niveau des réseaux routiers, souvent, le monde, parce
qu'il roule trop vite, le syndicat demande
d'augmenter ces amendes-là, des routiers, demande d'augmenter ces amendes-là à
1 000 $. Là, vous avez une
infraction qui va chercher ça facilement. Un dossard, c'est 500 $ plus
200 $ environ en frais administratifs. Ça veut dire 700 $. On
est très loin de ce qu'on vous mentionne avec le réseau routier. Puis c'est ça
qu'on essaie de faire comprendre, c'est de là qu'on a mis les amendes reliées
au code de la route.
Puis l'autre aspect qui est important, qui
amène, justement, cette notion d'éducation là, c'est d'avoir des avis
d'infraction. Il y a des changements, souvent, qui s'opèrent au niveau de la
réglementation. Bien, je vais vous donner un exemple bien simple. Il y a
quelqu'un, un couple, qui allait, à chaque année, un voyage de pêche. Quand il
y a eu le changement pour la longueur de taille pour les dorés, ils avaient un
doré dans un vivier, vivant, avec un centimètre de moins que la gamme de
tailles prévue, il est vivant, il a été pris, il a été remis à l'eau, ils ont
eu un ticket. Ils nous ont appelés, nous autres, au bureau, cri du coeur :
On abandonne nos activités.
Nos associations puis nous autres, comme
organisation, on travaille fort pour avoir cette relève-là. Bien, il faut qu'on
ait les outils, qu'ils soient là en conséquence. On parle de moderniser une
loi, c'est ce que le ministre disait d'entrée de jeu, puis on sent qu'il y a
une écoute, ça fait qu'à ce moment-là, si on veut vraiment la moderniser,
donnons la notion d'avis d'infraction puis donnons la notion que, quand il y a
du «ticketing», de mettre des amendes en conséquence. Parce que tout est fait,
là, c'est juste de le libeller aux bons endroits dans ce projet de loi là.
M. Polo : Merci. En lien avec
l'enjeu sur l'éclairage nocturne, on est conscients que c'est un enjeu réel. La
chasse au gros gibier, c'est un contexte où, si on peut dire, c'est une game de
patience. Le chasseur doit rester caché, parce que, justement, il attend le bon
moment, pour que... jusqu'au moment où le gibier se pointe. Et ce n'est pas
rare que le chasseur ne soit en mesure de tirer qu'en fin de journée, donc
quand la nuit tombe, le soleil se couche. Et, si c'est le cas, il est rare que
le gibier, hein, ou la bête en question meure instantanément ou sur le coup,
bien souvent, pour retrouver la bête, il doit être accompagné ou il doit être
aidé afin de pister l'animal après coup.
La recherche nocturne sans source d'éclairage,
c'est une situation très, très, très dangereuse. On comprend, il faut qu'il y
ait un arbitrage entre la lutte au braconnage, on s'entend, mais également la
santé et la sécurité du chasseur. Le mécanisme d'éclairage, ce n'est peut-être
pas la bonne cible. Lequel, selon vous, serait le bon équilibre à trouver, justement, pour lutter adéquatement au
braconnage mais également assurer la santé et la sécurité du chasseur?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Cossette, il y a quelque chose qui obstrue votre caméra. Parce qu'ici
la technique nous dit que votre caméra est active, mais on ne vous voit pas.
Alors, je ne sais pas s'il y a une feuille de papier ou... Mais, de toute
manière, vous pouvez continuer à répondre si on ne peut pas ravoir votre
caméra, parce qu'on vous entend, alors ce qui est plus important encore.
M. Cossette
(Alain) : Oui. Il n'y a
pas de feuille, il n'y a rien. Il
n'y a rien qui a changé, je ne comprends pas.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
O.K. Bon, alors, allez-y, on va rester en mode audio.
M. Renaud (Marc) : Je vais
commencer à répondre. Je vais laisser poursuivre mon directeur général après.
Pour le niveau d'éclairage, notre inquiétude,
c'est que, dans le libellé présentement, toute forme d'éclairage en haut de
6 volts, bien, aujourd'hui, on pense juste aux conducteurs de chiens de
sang, ils ont de grosses lumières accrochées
sur le thorax, qui ont peut-être 6 volts et moins, 6,2, même, je pense,
ça fait que la technologie d'aujourd'hui,
ça peut augmenter. Dans le libellé, il n'est pas parlé... Si on veut vraiment
cibler les braconniers, le braconnier va avoir
des armes à feu avec lui, donc il
faut faire attention, puis là, bien,
avec le projet de loi, avec les chiens de sang aussi, qui vont faire de la recherche avec armes à feu, bon,
ils auront les outils nécessaires puis les chiens. Mais, présentement, tel que c'est libellé... On
parlait d'éducation. Il se fait beaucoup d'éducation aussi la nuit pour les amphibiens, hein, le printemps, on veut
ramasser des vers de terre, on veut... Il y a plein d'alternatives où est-ce que
les gens... Ils vont-tu regarder si la lumière a
6 volts, hein? Elle en a peut-être 8, elle en a peut-être 10. On ne fait
pas une activité qui est illégale. Ça fait qu'au niveau du libellé... C'est
dans le libellé qui est important.
Et puis je vais laisser aller mon directeur
général pour vous expliquer un peu comment le libellé, on le voit. Vas-y, Alain.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il ne vous reste que 1 min 20 s. Alors...
M. Cossette
(Alain) : O.K. Sommairement,
à l'époque, on a eu le «ticketing». On était supposés, dans le prochain
projet de loi, venir régulariser la situation de l'éclairage. L'éclairage,
présentement, c'est uniquement une mesure administrative et qui parle de
6 volts, alors que toute modernisation a fait que tout est en haut de...
l'éclairage a complètement changé. Nous autres, qu'est-ce qu'on dit, c'est
qu'enlevons toutes ces notions-là, puis, si vous voulez vraiment prendre du
monde, bien, changez «animal» pour «gros gibier», parce que... pas dans un
endroit où est-ce qu'il y a
du gros gibier, c'est la province au complet. Et puis, ce qu'on dit, c'est qu'à ce moment-là «avec une arme à feu». C'est qu'on veut attraper les gens qui vont
faire du braconnage, pas ceux qui se promènent en forêt. On parlait de sécurité
tantôt. Marcher dans le bois avec un petit
éclairage, ce n'est pas la même chose qu'avoir un éclairage qui vous permet, justement,
de passer par-dessus plein d'obstacles. Ça fait que c'est... Là, je
n'ai plus de temps, ça fait que je vais vous arrêter ça là, mais c'est ça,
en gros.
M. Polo : Merci beaucoup. Merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Donc, maintenant, je cède
la parole à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Vous disposez de 2 min 45 s.
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. J'aurais beaucoup de questions, mais, bon, en deux minutes, là, je
ne peux pas faire des miracles. Ça fait qu'une des questions que je voudrais
vous poser... Dans votre mémoire, là, à la
page 5, vous dites que «les plus importantes menaces à la faune et à ses
habitats ne proviennent pas de la chasse et de la pêche». Moi,
j'aimerais vous entendre sur... Vous, là, dans vos yeux de spécialiste du bois,
d'amateur de forêt, parce que vous allez à
la chasse, vous allez à la pêche, vous êtes sur le territoire, c'est quoi, le
constat que vous faites des menaces qui sont les plus importantes à la
faune et à ses habitats?
M. Renaud (Marc) : M. le D.G.,
je vous laisse aller.
M. Cossette (Alain) : Oui. Ce n'est
pas compliqué, les plus grandes menaces, c'est toujours l'étalement urbain, c'est la destruction d'habitats qu'on a présentement, l'utilisation de produits chimiques à outrance. Ça fait que ça, c'est des menaces réelles. Au Québec, même avant qu'on ait
une modification à la loi sur le développement de... dans le cadre du développement
durable, là, l'environnement, là, on avait une force au Québec, c'était de
remblayer tous les étangs. On a éduqué, nous autres mêmes les gens à dire
comment c'est important, ces habitats-là, d'avoir la diversité de ces
habitats-là. Quand on a de la chasse aussi, exemple, le dindon sauvage puis les
cerfs de Virginie en Montérégie, ce sont souvent les chasseurs qui ont empêché
de faire tout couper les forêts parce qu'ils voulaient garder leurs terrains de
chasse au lieu de se les faire raser pour épandre du fumier, pour répondre à
des normes. C'est des choses comme ça qu'on voit globalement sur le terrain.
Et puis je profite de l'occasion pour rappeler
qu'au niveau des chiens de sangs ça serait important d'avoir la notion de jour
et nuit. Puis, dans la notion de mise à mort, c'est important pour nous autres
que, quand on arrive par règlement, c'est pour les gens de chiens de sang, mais
aussi pour les chasseurs, pour pouvoir achever une bête qui est souffrante en
dehors des heures légales.
• (10 h 30) •
Mme Lessard-Therrien : O.K.
Vous m'avez amenée ailleurs, là. Tu sais, quand vous parlez des produits
chimiques, là, pour l'habitat, à quoi vous faites référence? Est-ce que c'est
les pesticides qu'on met dans les champs agricoles? Est-ce que c'est le contrôle
de la végétation en dessous des lignes d'Hydro? À quoi vous faites référence
quand vous parlez de produits chimiques?
M. Cossette (Alain) : À toutes
ces façons de faire qu'il faut qu'on modernise. Et puis on a toujours été
impliqués là-dedans. Et puis il faut faire... Ce n'est pas pour rien qu'on a
une diminution de nos oiseaux. S'il n'y a plus
d'insectes, on a un problème là. Puis sans compter... L'autre dynamique qu'on ne
parle jamais, c'est l'avènement des chats domestiques qu'on
laisse à l'extérieur. C'est 200 millions d'oiseaux tués par année au Canada.
Mais je ne veux pas embarquer là-dedans, ça va en dehors du sujet, là.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Oui. Cette portion est terminée. Alors, maintenant, je cède la parole
au député de Jonquière. Vous
disposez, vous aussi, de 2 min 45 s.
M. Gaudreault : Oui. Bonjour.
Merci beaucoup d'être présents. Moi, je vous trouve très sévères à l'égard du
projet de loi n° 88. Vous êtes les premiers concernés, étant les
représentants des chasseurs et de pêcheurs au Québec. Pour moi, il y a deux
piliers absolument incontournables qu'on doit développer au Québec,
c'est-à-dire de garder la démocratisation puis l'accès au territoire. Ça, ça a
été une bataille de longue haleine. Moi, je viens d'une région où il y avait des clubs de chasse, là, on pense au Price, on pense
à Alcan. Donc, il faut démocratiser l'accès à la faune puis il faut s'assurer
d'une relève aussi pour les générations futures.
Moi, j'aimerais vous entendre un petit peu plus
sur l'enjeu de la relève. C'est quoi, votre analyse? Est-ce que votre
membership, par exemple, est vieillissant depuis quelques années? Est-ce qu'il
y a un intérêt de la relève? Et en quoi ce projet de loi vient décourager ou
encourager la relève? Et est-ce que la question des amendes, là, sur laquelle
vous mettez beaucoup d'accent, est vraiment décourageante, je dirais, pour la
relève?
M. Renaud (Marc) : Bien, point
de vue relève, ça a toujours été une de nos préoccupations puis un souci, parce que la relève, on en a besoin dans tous les
secteurs d'activité. Et on est présentement en train de faire un sondage
pour se préparer au prochain plan de gestion du petit gibier et on voit qu'il y
a une augmentation — surtout
avec la pandémie, on est un secteur d'activité qui a été favorisé — de la
relève. Elle est là, la relève, elle s'en vient. Oui, on a une population
vieillissante, comme dans, aussi, beaucoup de secteurs d'activité, puis il y a
eu un temps où est-ce qu'on disait... je pense qu'on ne laissait pas la place à
notre jeune relève, puis là elle est train de la prendre, sa place.
Point de vue des amendes, notre préoccupation
dans les amendes, vous le voyez dans notre mémoire, ça fait toujours référence
à ce que... le découragement des gens. Ça fait que la relève peut être facilement
découragée, la relève qui commence à la chasse. Là, le ministère des Ressources
naturelles est en train de faire une consultation, justement, sur l'appropriation
du territoire public, veut dégager plus de baux de
villégiature. Donc, il va y avoir beaucoup
de nouveaux venus, de relève qui va rentrer en forêt.
Mais, si, en partant, tu fais une faute
technique et tu te fais marteler avec une contravention élevée à perdre ton
permis — parce
qu'il n'y a pas de demi-mesure, hein, là, on veut gérer l'exception en
punissant la majorité des gens — bien, cette relève-là, si déjà avoir
accès aux territoires, c'est dur et, en plus, une fois rendu dans le territoire,
elle fait une erreur technique mineure, elle est susceptible de perdre son permis,
d'avoir une amende salée, bien là on va venir perdre notre relève. On n'aide
pas, là. Sur un côté, on travaille pour la relève, sur l'autre côté, on sent
qu'on va éloigner la relève.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici. Alors, ça a été un plaisir de vous rencontrer lors
de cette rencontre, cette audience. Et je vous remercie d'avoir participé à
notre commission parlementaire.
Je vais suspendre quelques instants pour que
nous puissions accueillir nosinvités. Alors, je vous souhaite une très,
très belle fin de journée. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 35)
(Reprise à 10 h 41)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association des conducteurs de
chiens de sang du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à
procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Association des conducteurs de chiens de sang du Québec
(ACCSQ)
M. L. Roy (Sylvain) : Alors,
bonjour. L'association a déposé une lettre, qui constitue son mémoire, et je
vais prendre... étant donné que ce n'est pas tellement long, je vais prendre le
temps de la lire pour vraiment encadrer notre position. Et ensuite
M. Lemay sera là pour terminer et répondre grandement aux questions. C'est
un conducteur qui a une très longue expérience, c'est un membre fondateur de
l'association.
Donc, dans une lettre du 11 avril qu'on a
adressée à la Direction des commissions parlementaires, on traitait du projet
de loi n° 88, et plus particulièrement de
l'article 32, qui ouvre sur les articles 61.1 et 61.2 de la Loi sur
la conservation et la mise en valeur de la faune.
Alors, la lettre disait : «L'Association
des conducteurs de chiens de sang du Québec, en son som et au nom de plusieurs milliers de chasseurs accompagnés par
nos membres sur le terrain, se [réjouit] du projet de loi n° 88. Il a été réclamé pendant tant d'années. Il viendra, nous
l'espérons, encadrer dans un modèle éprouvé le travail des conducteurs de chiens de sang dans leurs recherches de grands
gibiers blessés à la chasse. Notre regroupement remercie le ministre
pour cet appui inédit à la préservation de notre faune.
«L'Association [...] a pour
mission de promouvoir et [de] rendre accessible l'utilisation des chiens
pour retrouver les grands gibiers blessés.
Elle regroupe dans ce dessein toutes les personnes physiques ou morales
intéressées à développer la recherche des grands gibiers blessés à
l'aide d'un chien. Elle fait la promotion du respect de la faune et agit
concrètement à la mise en valeur de cette ressource.
«Vu ces considérations, elle a le devoir faire
des recommandations auprès des autorités compétentes pour favoriser l'adoption
[d'un] règlement facilitant la recherche des grands gibiers blessés. Voilà
précisément l'objet de la présente.
«L'article 32 du projet de loi [...]
prévoit inclure dans la Loi [...] les articles 61.1 et 61.2 qui traitent d'abord
de l'abattage d'un animal blessé
mortellement à la suite d'une activité de chasse et ensuite de la possibilité pour une personne d'aider à localiser un tel animal avec l'aide
d'un chien.
«Ces
dispositions pourront s'appliquer conformément aux conditions qui seront
déterminées par règlement du ministre.»
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Monsieur, votre document obstrue la caméra. On ne vous
voit pas.
M. L. Roy
(Sylvain) : Oui, je m'excuse. Article 61.1 :
«Le ministre peut,
par règlement, déterminer, en fonction de zones, de territoires, d'endroits, de
périodes de l'année et de la journée et de catégories de personnes les
conditions dans lesquelles une personne est autorisée à abattre un animal
blessé mortellement et hors d'état de fuir à la suite d'une activité de chasse
ou de piégeage ainsi qu'à l'aide de quel type d'arme elle peut le faire.
«61.2.
Une personne peut aider, contre rémunération et aux conditions déterminées par
règlement du ministre, à localiser avec l'aide d'un chien un animal visé
à l'article 61.1.
«Nous
nous interrogeons quant à la portée concrète de ces dispositions et considérons qu'il est nécessaire d'y apporter une précision supplémentaire
et incontournable.
«Comme les articles
de la loi s'interprètent les uns par rapport aux autres et qu'on retrouve le
mot "nuit" à l'article 56 de la loi, suppléant au mot
"journée", il nous apparaît essentiel que la nuit soit également
mentionnée à l'article 61.2, en ajoutant : "à localiser de jour
comme de nuit, à l'aide d'un chien".
«Tel que le texte de
loi est libellé actuellement, la recherche durant la nuit de gibiers
présumément morts serait impossible à
encadrer par voie réglementaire. Or,
il est très fréquent que des gibiers soient tirés dans la dernière heure légale de chasse. Selon les statistiques des
10 dernières années de l'Association[...], 47 % des recherches
assistées d'un chien s'effectuent au crépuscule et/ou à la noirceur.
«Comme les périodes
de chasse au grand gibier sont fixées de la mi-mai jusqu'au 30 juin pour
l'ours et débutent aussi tôt qu'à la fin août pour les cervidés à certains
endroits, la température extérieure fait qu'il est primordial que le gibier
soit récupéré dans un court délai. Afin d'en préserver la venaison, on ne peut
attendre [le lever] du jour. La modification qui sera apportée à l'article 59
de la loi démontre d'ailleurs l'importance que le ministre [...] accorde au
fait de voir à la conservation de la venaison du grand gibier chassé. Dans ces
circonstances, nos membres doivent être
autorisés à effectuer la recherche du grand gibier présumément mort de nuit,
aux conditions déterminées par le ministre.
«L'Association [...]
développe depuis plus de 15 ans une expertise certaine et reconnue dans la
recherche et la sauvegarde du grand gibier blessé. Son analyse attentive du projet
de loi n° 88 suscite chez ses membres de nombreux questionnements quant au
contenu de la réglementation subséquente qui établira les normes de conduite
des conducteurs de chiens de sang.
«Ceux-ci entendent rapidement
proposer à toutes les parties prenantes et aux décideurs un canevas idéal du menu réglementaire
qui permettra que se continue et s'améliore le modèle actuel de l'activité de
la recherche au sang.
«De plus, mentionnons
que le service [du] conducteur de chien de sang répond à un besoin d'une
clientèle vieillissante et une clientèle de plus en plus soucieuse du bien-être
animal. Ces clientèles désirent ainsi s'assurer que l'animal blessé soit
retrouvé et récupéré dans les meilleurs délais. Notons que plus de 80 %
des États américains et que l'Ontario ont
légiféré pour encadrer cette pratique devenue essentielle à une pratique
éthique de la chasse. Notamment, vous trouverez en annexe un tableau
résumé de l'encadrement légal de la recherche avec chien de sang en Ontario et
dans les États américains limitrophes au Québec. Plusieurs pays d'Europe ont
quant à eux encadré cette pratique depuis plusieurs [...] décennies.
«Dans l'optique de la
mise en valeur de la faune, tout gibier blessé mortellement doit pouvoir faire
l'objet d'une recherche à l'aide d'un chien afin d'être récupéré. Cela est
primordial afin de préserver le caractère noble de la chasse et surtout de
traiter avec respect les animaux chassés et blessés.
«Selon les statistiques
colligées par l'association, depuis l'avènement des chiens de sang dans les
activités de recherche [de] gibier blessé au Québec (2008), plus de
10 000 recherches ont été effectuées. Plus de 4 000 gibiers
ont ainsi été récupérés, dont plus de 1 700 gibiers récupérés morts
la nuit. L'Association [...] est fière d'avoir développé et mis en place la recherche de gibiers blessés avec chien de
sang au Québec, conformément à une pratique reconnue
internationalement dans les juridictions soucieuses de la saine gestion de la
faune.
«La loi a été rédigée
à une époque où la conduite avec chiens de sang n'existait pas au Québec. Nous
devons aujourd'hui moderniser cette loi, à
l'image de nos voisins, pour ainsi répondre aux besoins grandissants des
300 000 adeptes de chasse au Québec.
«Depuis plus d'une
décennie et encore aujourd'hui, l'Association[...], par ses actions, forme
annuellement une centaine de conducteurs en
devenir et sensibilise des milliers de chasseurs aux bonnes pratiques en
matière cynégétique.
«La
modification de la loi permettra [...] aux Québécois
un service de qualité sans coût additionnel pour l'État.
«L'Association [...] tient à remercier les artisans de ces
nouvelles dispositions législatives. Elle espère fortement que la demande
formulée [par] la présente sera prise en considération.»
Nous
vous prions d'agréer nos salutations les plus distinguées, la lettre est signée
par M. Denis Fortier, président de l'association.
Si vous permettez, en
bas de la lettre — ...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il vous reste 2 minutes maintenant.
M. L. Roy
(Sylvain) : ...oui — vous trouverez un tableau synthèse d'une
analyse des législations et réglementations des juridictions limitrophes
au Québec, c'est-à-dire l'Ontario et les États américains qui sont tout près de
nous, où vous pourrez voir que, un, une législation a été
adoptée, une réglementation l'a été également, et vous pourrez voir que la
plupart des modalités de la recherche y sont adressées. Je vais maintenant
permettre à M. Lemay de s'exposer brièvement.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
n'avez que 1 min 30 s, M. Lemay. Allez-y.
M. Lemay (Simon) : Oui. Donc, je
n'ai pas grand temps, mais je vais juste compléter l'allocution de Sylvain en
disant qu'on représente l'Association des conducteurs de chiens de sang, mais
on représente surtout le besoin de 300 000 chasseurs et que nous
avons l'appui, là, depuis l'existence de l'ACCSQ, là, de la FédéCP, la
Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, de la Fédération des
pourvoiries, de la SEPAQ, la fédération des zecs. C'est tous des organismes qui
ont besoin du service de chiens de sang. Et le but de la discussion du projet
de loi, c'est de faire avancer et encadrer la législation au Québec.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, je note, pour le bénéfice de nos collègues, que la lettre a été transmise ce matin en tant que mémoire. Elle est
maintenant sur Greffier. Est-ce que je vous ai coupé la parole, M. Lemay?
M. Lemay (Simon) : Non, non, ça va,
je voyais que...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Vous
avez terminé? Parfait.
• (10 h 50) •
M. Lemay (Simon) : Je suis
respectueux du 10 minutes que vous nous avez donné, ça fait que...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous restait quelques secondes. Mais maintenant je vais passer la parole à M.
le ministre. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Dufour : Bien, merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, bien heureux de vous avoir parmi nous. Vous le savez,
depuis que j'ai pris le poste de ministre de la Forêt, de la Faune et des
Parcs, c'est un dossier qui me touche beaucoup. Je pense qu'un des éléments,
moi, qui me préoccupe toujours, au niveau de la faune, c'est davantage le
bien-être animal. Et, vous l'avez mentionné tantôt, je pense que l'histoire des
chiens de sang, c'est vraiment là pour améliorer la situation lorsqu'une bête
est blessée, pour achever ses souffrances et non qu'elle périsse de façon très
dramatique. Donc, je pense que c'est... vous êtes un joueur important.
Comme vous l'avez mentionné, dans des
juridictions, particulièrement européennes, vous avez été reconnus depuis
nombre d'années. On voit les chiens de sang en montagne, on voit au niveau de
la chasse, naturellement, mais pour toutes sortes de bêtes. Donc, je pense que
le fait de pouvoir mettre de façon légale dans un projet de loi la situation
des chiens de sang, bien, pour moi, c'est un ajout très important pour la faune
québécoise.
Naturellement que vous le savez, il y a des
projets pilotes, hein? Ce n'est pas d'hier qu'il existe quand même un certain
travail qui se fait au niveau des chiens de sang. Il y a des projets pilotes
qui existent. Actuellement, c'est sûr et certain que la manière d'achever la
bête, lorsque vous êtes sollicités pour le faire, elle est préoccupante parce
que vous n'avez le droit qu'à une arme blanche. Vous n'avez pas le droit de
transporter la fameuse carabine. Mais il reste, je pense, que, par rapport à
cet enjeu-là, le fait qu'on le met dans un projet de loi, de vraiment cibler, je
pense qu'on arrive à quelque chose de très intéressant.
C'est la même chose, je pense qu'il faut penser
aussi à la formation. Moi, honnêtement, j'ai été quand même surpris à l'époque, lorsqu'on a commencé à
retravailler le projet de loi, parce que, comme le collègue de Laval-des-Rapides l'a mentionné, ce projet
de loi là avait quand même débuté sous l'ancienne législation, avec l'ancien
ministre, M. Blanchette, qui, malheureusement, a eu un petit problème de
santé à un moment donné, et le projet de loi n'a pas pu aboutir. Moi, c'est un
élément que j'ai fait rajouter au projet de loi. Et, comment dire, c'est très
important de bien encadrer aussi la formation de ceux qui vont avoir à agir
comme chiens de sang. Et moi, comme je disais, j'ai été un petit peu surpris de voir qu'on avait au-delà, déjà, de
500... pas loin de 500 pilotes de chiens de sang. Donc, il reste, quand
même, là-dedans, je pense, qu'il y a tout un
élément de formation qui mérite d'être fait et aussi, je pense, une certaine
certification. Donc, il y aura... ce n'est pas parce que le projet de loi est
une fin en soi. Je pense qu'il y aura peut-être d'autres éléments qui seront
importants de travailler.
J'aurais peut-être deux questions : une
question qui nous a été soulevée tantôt par la fédération des chasseurs
pêcheurs et un autre élément qui est plus ou moins... peut-être plus une
présentation, que vous nous donniez un petit peu
le sens, parce que... pour donner, je pense, de l'information à tout le monde
autour de la table ici. Quel type de chien... Naturellement, je ne pense
pas que n'importe quel pitou, là, va faire le travail. Donc, quel type de chien
fait le travail comme... pour conducteur de chien de sang?
Et naturellement la question, elle me vient un
petit peu de tantôt, de l'intervention de la FédéCP sur la question de
l'éclairage, parce que, dans le projet de loi, on parlait, entre autres, de
l'éclairage, et la FédéCP nous soulevait le
point qu'il faut penser aux chiens. Si vous introduisez l'aspect des chiens de
sang, bien, automatiquement, eux autres, ça pourrait peut-être devenir
une problématique de la manière que le libellé est fait au niveau du projet de
loi. Donc, c'est les deux points que j'aimerais vous entendre par rapport à cet
effet-là. Donc, merci.
M. Lemay (Simon) : Bien, quel type
de chien, M. le ministre, l'ACCSQ est un club multiraces qui... Ce n'est pas
autant au niveau de la race du chien qu'il faut établir qu'est-ce qu'un chien
de chasse. Mais moi, je crois que l'ACCSQ a dit : La
reconnaissance de la conduite au sang doit être faite par soit un examen ou une
certification quelconque qui dit que ce conducteur-là a le bagage pour faire de
la conduite au sang.
Qu'est-ce que c'est, la conduite au sang,
l'entraînement de la conduite au sang? C'est le but de la formation que vous
parliez tantôt, que l'ACCSQ donne depuis plusieurs années maintenant. On a,
comme vous le disiez, 500 personnes qui sont venues à cette formation. Et
la reconnaissance de la capacité doit être de celle du conducteur plus que de
celle du chien. Le chien, à partir de quand il a été dressé par le conducteur
et que le conducteur et le chien font équipe pour retrouver le gibier blessé,
c'est comme ça qu'on reconnaît la compétence de cette équipe-là.
Et vous aviez parlé de la certification, bien,
effectivement, l'ACCSQ a travaillé sur un document de certification dans
l'éventualité qu'une loi serait déposée et qui nous permettrait de faire le
travail. Nécessairement, il y aura besoin d'une reconnaissance pour pas que
n'importe quelle personne et n'importe quel chien soit conducteur de chien de
sang.
Bien, après ça, pour votre lumière, que la
FédéCP a parlé tantôt, bien, bien entendu, moi, je... il faut que l'utilisation
de la lumière, dans la loi, soit encadrée pour qu'on puisse utiliser des
lumières quand qu'on va en forêt la nuit. Je
vous rappelle, par exemple, que la question de notre présentation a été de
dire : Dans l'article de loi, de la manière que vous l'avez écrit, on ne voit pas le mot «nuit». Si je vous vois
poser la question que vous voulez... quelle lumière on a besoin, c'est que vous concevez... je comprends
que vous concevez qu'on doit travailler la nuit. Est-ce que la nécessité
d'écrire le mot «nuit» dans l'article vous
paraît aussi préoccupante que nous?
J'ai le goût de vous retourner la question.
Et effectivement ça serait très intéressant ou
très important que les conducteurs sachent à quelles lumières ils ont droit, parce qu'actuellement la manière que
l'ancienne loi est écrite, c'est comme : toute lumière n'est pas permise
où il y a du grand gibier. Bien entendu, c'est une loi qui n'est pas... qui a
été écrite probablement pour empêcher ce qu'on appelait le jack à l'époque, là,
le braconnage sur lumière, mais... Cette loi a été écrite pour éviter ça, mais,
en même temps, a mis... a embêté les 300 000 chasseurs qui reviennent
avec leur arme le soir et leur «front light» dans le front. Ils n'ont comme pas le droit de faire ça. Ça fait qu'il faut
vraiment encadrer la loi là-dessus et savoir, les conducteurs de chiens
de sang, quelles lumières on a droit.
M. Dufour : Mais, si vous me
permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Dufour : Oui. Peut-être
j'aimerais, justement, pour... Et je suis content que vous ameniez le point sur
le type de chien, en fin de compte, sur le conducteur et le chien, parce que,
si on regarde au niveau européen, souvent, le chien qui est le plus utilisé
pour faire ce type de recherche là, c'est les chiens de Hanovre. Donc, j'ose
espérer que, quand même, il y a un gros travail au niveau de l'association sur
la capacité de... la qualité des chiens à faire le travail de chien de sang,
parce qu'on le sait qu'il peut y avoir d'autres types d'animaux, d'autres types
de bêtes, mais celle qui est davantage
utilisée européennement parlant, c'est le chien de Hanovre. Donc, ça, pour moi,
en tout cas, c'est un élément, je pense, qu'il est important de
préciser.
L'autre élément que j'aimerais mentionner, bien,
c'est sûr et certain, en mettant des chiens de sang dans un projet de loi comme
le projet de loi n° 88, c'est aussi pour faire en sorte que le Québec
devienne un leader, démontre un leadership dans cet aspect-là. Et ça, j'ai
énormément confiance en votre association pour être capable de nous amener à un
niveau de... comment dire, que les gens nous regardent, que les autres
provinces nous regardent et soient fières de voir qu'est-ce qu'on fait au
Québec de ce côté-là. Donc, ça, je n'ai aucun doute que vous avez la volonté de
montrer la qualité de chiens de sang qu'on pourrait développer au Québec.
Je vais laisser maintenant mes collègues du...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
j'ai une demande de Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice. Allez-y, vous avez
la parole.
• (11 heures) •
Mme
Tardif : Bonjour. Merci d'être là. Merci pour votre présentation.
M. Dufour a été humble, notre ministre, mais effectivement, là, il
a travaillé très fort. Et c'est un point pour lequel il prend acte. Et il a mis
tous les efforts nécessaires pour ajouter cette nouvelle activité là dans le
cadre de la loi, et on lui en remercie et on le félicite.
Et je
constate, de votre côté, que c'est intéressant de voir qu'il n'y
a pas de problème de relève. Vous semblez avoir quand même beaucoup de demandes à chaque année pour la formation.
Vous nous parlez aussi, là... En regardant le tableau, je voyais que
vous allez nous proposer un canevas idéal pour encadrer, disons, de soir, de
nuit... et là on parle bien, là, là, de la récupération, évidemment, du gros
gibier uniquement.
Je voudrais que vous nous donniez un peu un
avant-goût, là. J'imagine que ce canevas-là va se baser sur qu'est-ce qui
existe déjà dans le Nord-Est américain ou en Ontario. Donc, si vous pouvez nous
donner... nous parler un peu plus davantage, là, de ce que vous voulez nous
proposer.
M. L. Roy
(Sylvain) : Bien, juste
en... Je vais laisser Simon parler, mais je voudrais vous indiquer une chose,
revenir juste rapidement en arrière pour que... M. le ministre disait :
L'association préconise la diversité des chiens. Alors, comme dans la société, c'est ce qui fait la qualité des
ressources. Donc, pour nous, il peut y avoir des bons pisteurs dans
beaucoup de races.
Ceci étant dit, pour le modèle, vous avez un
tableau synthèse qui est rationalisé pour les fins de l'exercice. Mais on a fait un exercice beaucoup plus large que
ça dans beaucoup d'autres juridictions, européennes et américaines, et on ne voulait pas non
plus perdre la commission là-dessus. Et donc le modèle qui va... Il faut
savoir, là, que la réglementation, il
y a beaucoup plus de points que ceux qu'on a adressés, là. Il n'y a pas juste
la nuit. Il n'y a pas juste l'éclairage. Il y a beaucoup de points
techniques qui ne sont pas adressés actuellement dans le projet de loi, qui
vont devoir être adressés par la réglementation, et il y a un travail qui va
être fait là-dessus, consciencieux. Beaucoup de choses qui sont en jeu,
l'accréditation, la formation, qu'est-ce que les conducteurs vont pouvoir
posséder lors d'une recherche avec qui et comment.
Et
tout ça, ça va devoir faire l'objet d'une présentation. Je vais laisser Simon
peut-être y aller un peu plus là-dessus, du point de vue pratique.
M. Lemay (Simon) :
Moi aussi, là, je dois préciser quelque chose. M. Dufour, là, vous avez
dit que le rouge de Hanovre était comme le
chien le plus utilisé en Europe et que c'était le chien de travail. Mais il
faut se rappeler que l'Europe a plus
de deux décennies d'histoire de recherche au sang. L'organisation là-bas, là,
l'équivalent de l'ACCSQ, c'est l'UNUCR, l'union des conducteurs de...
l'Union... l'UNUCR, en tout cas, l'Union nationale... peu importe, l'UNUCR — je ne me rappelle pas exactement de
l'acronyme — et
qu'eux ils sont un club multiraces, et que le chien qui a été le plus utilisé en Europe dans ces deux
décennies-là a été le teckel à poil dur, et que c'est vrai que maintenant
le chien le plus utilisé, c'est les rouges. Mais on parle en tête de liste de
probablement 20 races utilisées. Ça fait que ce serait une erreur de
penser que le chien pour faire de la recherche est le rouge. Il y a vraiment
plusieurs races qui peuvent faire de la très bonne recherche. La race des
rouges est une race qui a été spécialisée à la recherche. C'est un excellent
chien pour la recherche, effectivement, mais loin d'être le seul chien qui peut
faire ce travail-là. Donc, nous, on
représente des membres qui sont multiraces. On a toutes sortes de races dans
notre groupe. Et voilà c'était juste une précision, M. le ministre,
que je voulais ajouter.
L'autre point que
vous me demandez, c'est de discuter par rapport au règlement qu'il serait
possible de faire avancer dans les détails qui sont faits. Moi, j'ai été...
M. le ministre, vous avez dit, là, c'est vrai qu'avant on se référait
beaucoup aux réglementations qui étaient faites sur l'Europe. Notre historique
de la création de l'ACCSQ a été fait intimement avec nos amis français qui sont
venus nous aider à monter notre formation. Notre influence de conduite au
Québec a vraiment... L'importance de la France, là, a vraiment influencé le
type de conduite qu'on fait au Québec. Ces
dernières années, on a pris connaissance de ce qui fait du côté américain. Il y
a United Blood Trackers, qui a été
mené par John Jeanneney, qui est une référence mondiale de la recherche au
sang, et on a trouvé de ce côté-là aussi des similitudes ou des...
L'Europe, écoute, a
une grande expérience, la France a une grande expérience de la conduite au
sang. Les États-Unis ont une similarité avec nous par rapport au gibier qu'ils
récoltent, l'orignal, l'ours et le cerf de Virginie. Tous les États qui nous touchent ont légiféré sur la conduite au sang,
et ça ne fait pas si longtemps qu'on en est conscients, on doit
l'admettre, à l'ACCSQ. On avait tellement le canal français qu'on n'avait pas
tant vu, là, ce qui se faisait du côté américain. Et, du côté américain, ils
ont vraiment bien établi la façon de travailler.
Je
comprends, M. le ministre, que vous parliez tantôt de l'Europe, parce que
ce qu'on vous a amené depuis 2017, là... le projet de loi qui a été...
on faisait beaucoup référence à l'Europe. Et on trouve qu'aux États-Unis il y a des choses qu'ils ont faites qui
ressemblent énormément à notre besoin. Ça fait que les références... Là, vous
me demandiez : Qu'est-ce qu'il y a là-dedans? Bien, chacun des
États, ce n'est pas pareil, mais il y a un fil conducteur qui est quand même là, qui permet au conducteur,
par... après avoir reconnu la qualité de conducteur par un examen, eux, dans leur cas, un examen qui ferait
référence à la formation de United Blood Trackers. Tu dois passer un examen qui
te permet d'être titulaire d'un
permis de conduite au sang. Et, dans cette réglementation-là, bien là, après
avoir réussi l'examen, c'est l'exemple qu'eux autres... qu'on vous cite.
Est-ce que c'est ça,
la méthode qu'on va utiliser? Ça pourrait être ça. Ça pourrait être une autre
méthode, là, l'accréditation ou la certification qu'on parlait, mais ça vient
tout au même. C'est de donner une reconnaissance à des individus qui ont la compétence de le faire, finalement, ce
travail-là, et leur permet, entre autres, de porter une arme, l'arme de la saison de chasse. Disons, si je
prends l'État du Maine ou du Vermont, c'est l'arme de la saison de chasse.
Ça fait que, si c'est une saison à l'arc,
arbalète, bien, c'est l'arme de la saison de chasse. Si c'est la période de
carabine, c'est...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : ...
M. Lemay
(Simon) : Oui?
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici pour donner la parole au député de Laval-des-Rapides. M. le député.
M. Polo :
...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Vous devez ouvrir votre micro, s'il vous plaît.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous m'entendez bien?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Oui, très bien.
M. Polo : Parfait. Merci à nos
représentants ou, enfin, nos exposants. Je commencerais, Mme la Présidente, par un premier commentaire, question. Vous nous
dites dans votre mémoire que, depuis 2008, il y a eu 1 700 gros
gibiers qui ont
été récupérés morts la nuit. Donc, si on fait une règle de pouce, on
obtiendrait environ 150... 142 bêtes sur une base annuelle. Est-ce que vous observez une augmentation
de l'usage de vos services pour les chasseurs dans le temps? Vous venez
de parler de l'Europe, que c'est une pratique qui est beaucoup plus employée,
beaucoup plus... qu'il y a beaucoup plus
d'histoire en Europe. Mais qu'en est-il du Québec et surtout de l'évolution de
la progression au cours des dernières années?
M. Lemay (Simon) : Écoute, on est...
Je réponds à la question. On est rendus aujourd'hui, là... La création de
l'ACCSQ, c'est en 2008, on parle de... ça fait donc 13 ans que l'ACCSQ répertorie
les recherches. Nos membres, on leur demande de compléter des fiches de
recherche à chacune des recherches qui sont faites et de les remettre à
l'ACCSQ, et c'est compilé. À ce jour, nous avons 10 000 recherches de
compilées, hein? Des fois, ce n'est pas tous les membres qui les envoient, mais
on a 10 000 recherches de compilées. En 2008, on parle de
114 recherches qui avaient été compilées. Et puis maintenant on compile,
disons, pour faire un chiffre, là, 1 500 recherches par année. Les
trois dernières années, ça a été à peu près 1 500 recherches par
année qui ont été compilées par l'ACCSQ, avec un taux de récupération des
gibiers de 40 %, avoisinant 40 %, 41 %, 42 %.
M. Polo : ...sur la période de trois
ans. C'est ça?
M. Lemay (Simon) : 1 500 par
année, oui.
M. Polo : 1 500 par année.
M. Lemay
(Simon) : Sur les trois
dernières années, il y a vraiment une progression. Moi, j'ai les chiffres
devant moi, là, que je regarde, là,
114, 289. Et ça a parti de 114 il y a 13 ans, puis maintenant on fait
1 500 recherches par année, oui.
• (11 h 10) •
M. Polo : Une nette progression, là,
à ce niveau-là. On voit, dans le tableau comparatif de l'encadrement des chiens
de sang, qu'il y a une période de recherche préétablie dans l'ensemble des
territoires limitrophes. Je sais que vous avez fait mention des différents
États, que ce soit l'Ontario ou des États du Nord-Est américain, et vous avez
élaboré un peu plus, là, sur le type d'encadrement en termes de période que
vous considérez comme étant adéquate. Pouvez-vous continuer à élaborer sur,
justement, ce type d'encadrement et la période qui pourrait être considérée
comme adéquate par rapport à l'encadrement?
M. Lemay (Simon) : Bien, la période...
C'est sûr qu'il faut qu'on ait le droit de faire la recherche pendant les périodes de chasse, bien entendu. Dans ces
étés-là, ils proposent de faire 24 heures ou 72 heures de plus,
dépendamment des États... de la
période, bien entendu. Si quelqu'un tue, tire un gibier à la dernière minute
légale ou la dernière demi-journée
légale, bien, ça serait intéressant de pouvoir y aller la nuit qui suit et le
lendemain. Ça, je trouvais l'idée très bonne.
Les États ont légiféré des choses comme... Dans
les États, c'est le conducteur qui porte l'arme le jour, c'est le conducteur
qui porte l'arme la nuit. Dans certains États, on demande à ce que ce soit le
chasseur qui porte l'arme pour le jour et le conducteur en dehors des périodes
légales, donc la nuit ou le 24 heures subséquentes à la chasse, parce que
c'est lui qui est le titulaire du droit de chasser en dehors de la période de
la chasse légale. Qu'est-ce qu'on a comme...
Une idée, moi, que j'ai trouvée très intéressante, là, puis qui répond à un
besoin, vraiment, c'est d'avoir une autorisation,
une délégation de... pour un handicap... une incapacité, c'est-à-dire, plutôt
que... en tout cas, une incapacité d'aller en forêt.
Moi, je suis pourvoyeur, là, je ne suis pas
juste conducteur de chien de sang. J'ai une pourvoirie de chasse à l'orignal au
Québec, et ma clientèle est définitivement vieillissante. J'ai des clients de
80 ans. Bien entendu, de dire à un monsieur qui a de la misère à monter
les escaliers à l'auberge de venir : Suis-moi dans le bois pour aller
récupérer ton gibier blessé, bien, ça serait intéressant qu'on ait une façon,
si c'est le chasseur qui doit récolter le gibier, qu'il puisse nous déléguer
l'utilisation de son permis, parce qu'il faut comprendre que dans... la
difficulté qu'on aura dans l'écriture du nouveau règlement, c'est que le règlement
dit qu'un chasseur ne peut pas récolter plus de gibier qu'il n'est autorisé. Ça
fait que, si on récolte le gibier des autres, il faudra, dans la loi penser à
comment qu'on fait pour qu'on puisse mettre le tag de la personne qui a blessé.
Vous voyez, tu sais, là, là, bon. Il y a ces petites choses à faire. Bon, j'imagine que ça, c'est à vos gens qui
écrivent la loi, les règlements, de penser à ça, mais il y a
toute cette problématique-là, là.
Après ça, qu'est-ce que je peux vous dire? C'est
un peu ça, les grandes lignes... et qui répond aux besoins. Toutefois, j'ai vraiment
trouvé, écoutez, je vous le disais, là, que les États-Unis ont vraiment avancé au
niveau de la réglementation et j'ai été un peu surpris de ça, là, moi, que ça
fait si longtemps qui est dans la conduite. Mais ça m'a surtout fait constater
comment le besoin était important. Je vous redis le chiffre, là, il y a
plus de 80 % des États qui ont légiféré
sur la conduite au sang, qui ont encadré comment ça doit être fait. S'il y a
80 %, c'est parce que le besoin, il est là, là, tu sais.
M. Polo : En effet. En effet.
M. Lemay
(Simon) : Et, bien entendu,
c'est grâce probablement à tout le travail qu'avait fait John Jeanneney avec United Blood Tracker,
qui a fait les bonnes démonstrations, et que ça a été accepté par la majorité.
Et
les 20 %, là, qui ne l'ont pas fait, là, c'est souvent des États très,
très, très au sud, là, où qu'on ne parle pas des
mêmes gibiers puis des mêmes besoins. Mais il y en a quand même
84 %, pour être plus précis, qui ont légiféré, là. Je trouvais ça vraiment
intéressant.
M. Polo :
Mme la Présidente, je vais poser une dernière question. Par la suite, je vais
inviter mon collègue de D'Arcy-McGee à poser une question.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Très bien.
M.
Polo : Mais ma question...
ma troisième question est en lien avec la certification. Donc, tout ça
est relativement nouveau, mais... Donc, je donne l'exemple, dans l'Est
des États-Unis, il est nécessaire d'avoir un permis pour faire la pratique de conducteur de chien, alors qu'en Ontario
ils n'ont pas le même type d'encadrement. Selon vous, qu'est-ce qui
devrait mener à une certification? Est-ce qu'un éleveur qui vient faire un
examen... Est-ce que c'est un cours interne de formation avec un examen, etc.? Quel type de procédure ou de démarche
devrait mener à une certification, selon vous?
M. Lemay
(Simon) : C'est une question que j'ai un peu de difficulté à répondre
puisque peut-être que... La consultation avec nos membres est-elle rendue là,
comment faire la certification? Je vous avouerais qu'on avait déjà pensé faire
une certification, et il y a une lourdeur d'association qu'une association
bénévole comme la nôtre est-elle capable supporter? C'est une question. Si on
est capable de la supporter ou si on a de l'aide financière pour la supporter,
je crois que ça serait la bonne façon de faire une formation, parce que la
formation qu'on a actuellement, c'est une
formation beaucoup d'initiation, comment devenir conducteur de chien de sang,
comment entraîner un chien. Une certification, ça serait conducteur
avancé, toutes les technicalités de comment abattre, c'est quoi, les droits,
c'est quoi, les nouveaux règlements.
Toute cette chose-là pourrait... et avec une certification et avec un examen,
puis qu'il faudrait être membre de l'ACCSQ. Ça, c'est une avenue qui
serait probablement la bonne, une bonne façon de faire. Est-ce que l'ACCSQ, association
bénévole, a la force de soutenir ça? Ça, c'est une question. Il faudrait que ça
vienne avec des coûts.
Ou encore on fait
comme les États-Unis et on fait un examen. L'examen, ils demandent 80 % de
note de passage. Le matériel nécessaire à apprendre... à passer l'examen est
sur le Net, et c'est le matériel de l'United Blood Trackers, si on prend cet exemple-là. On pourrait faire un modèle comme ça, qui, peut-être,
serait moins dur à soutenir, un peu comme le cours de dindon, les
certifications qu'on a sur le Net maintenant avec la FédéCP. Moi, je crois que,
dans ça, il y a moyen de faire les
choses pour que les gens soient bien formés, bien au fait de la loi, des
nouveaux règlements, et c'est quoi, le code d'éthique qui
doit être appliqué dans ça.
Et chez nous, à
l'ACCSQ, bien, on répond d'un code d'éthique. L'ACCSQ a un code d'éthique, ça
fait que ça viendrait aussi... à l'intérieur de ce permis-là, probablement,
d'être membre de l'ACCSQ. Et donc, nous autres, il faut que les gens détiennent leur permis, il faut que les gens n'aient
pas d'infraction, qu'ils n'aient pas de plainte, qu'ils n'aient pas
toutes sortes de choses. Ça fait que l'outil est facilement créable, là, pour
être capable de reconnaître la qualité de conducteur de chien de sang.
M. Polo :
M. Lemay, avant de terminer...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il ne reste que 1 min 30 s.
M. Polo :
Oui, avant de terminer, je vous invite vraiment à consulter vos membres. Je
pense que ça aiderait particulièrement, là, les fonctionnaires ou ceux qui vont
rédiger les règlements à bien adapter la certification en fonction de votre
expertise, également. Merci, Mme la Présidente.
M. Lemay
(Simon) : N'ayez crainte que, vu les avancées qu'on fait actuellement,
et si le projet de loi se dépose, l'ACCSQ sera prêt à répondre précisément aux
besoins... puis qu'est-ce qu'on peut faire. Je vous le garantis. Il y a vraiment
un engouement dans notre groupe. On est vraiment contents que ça avance — on
remercie encore le ministre — pour ce projet de loi là et on espère
qu'il sera adopté.
M. Polo :
Merci, M. Lemay.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de D'Arcy-McGee, vous avez 45 secondes, alors c'est soit une
courte question ou un commentaire.
M.
Birnbaum : Bon, voilà,
j'aimerais vous inviter à nous dire clairement, parce qu'il me semble que ça
s'impose... Il y a des règlements
détaillés à venir si cette loi est pour avoir toute son... Comment
proposez-vous être impliqués de façon constructive dans la confection des règlements
très, très nécessaires de tout ce qu'on entend?
M. L. Roy (Sylvain) : Très rapidement, il y avait
déjà une table de concertation avec le bureau du sous-ministre, à laquelle on a été invités de façon privilégiée avec quatre ou
cinq autres groupes, et on entend participer activement à toute table où on sera invités à être partie prenante pour déposer nos
modèles et exposer ce que nos membres veulent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci.
M. L. Roy
(Sylvain) : Simon, peut-être.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, je passe maintenant la parole à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Vous avez 2 min 45 s.
Mme Lessard-Therrien : Merci, Mme la
Présidente. J'aurais une question bien technique, là, pour mieux comprendre, tu
sais, le concret, pour être capable ensuite de souhaiter le réglementer. Quand
un chasseur perd son gibier, bon, fait appel au conducteur de chien de sang,
retrouve le gibier, la question doit se poser : Mettons que le gibier, finalement,
il n'est pas mort, là, ça fait que qu'est-ce... comment se comporte le
conducteur de chien de sang? Mettons qu'on peut l'achever parce qu'on est avant
la tombée de la nuit, est-ce qu'il faut vérifier la condition de l'animal? S'il
peut survivre, est-ce qu'il faut le laisser survivre? Tu sais, comment ça
fonctionne concrètement, là, sur le terrain?
• (11 h 20) •
M. Lemay
(Simon) : Bien, c'est une
bonne question dans le sens que... Je vois un peu le sens de
votre question, là. Tu sais, la problématique qu'on a, là, qui... Pourquoi
c'est marqué «hors d'état de fuir» et «gibier mortellement blessé»? Tu
vas me dire : Comment qu'on fait pour voir que la blessure, elle n'est pas
superficielle ou elle n'est pas... Bien, c'est... en présence d'un chien,
approcher un gibier qui n'est pas blessé mortellement, c'est pratiquement
impossible, à moins d'arriver à un endroit par surprise, qu'il est là et qu'on
n'a pas fait de bruit, parce que le chien est bruyant, notre déplacement est bruyant. Écoute,
moi, je suis guide de chasse, là, amener un chasseur à côté d'un gibier qui
n'est pas blessé, c'est un gros travail difficile.
Donc, en
présence d'un chien qui halète, qui fait du bruit, qui déplace... on n'approche
pas les gibiers pas blessés. Quand qu'on... Mais un gibier blessé,
blessé mortellement, ça a du chien, là. Donc, je ne veux pas faire... Mais une balle de panse, une balle de foie, c'est des
balles qui sont mortelles, mais qui prennent du temps à enlever la vie à
l'animal, et c'est surtout ces cas-là qu'on veut régler.
Ça veut dire que, là, ce qui arrivait, c'est
qu'on n'a pas le droit d'avoir une arme. On approche le gibier : Ah! O.K., il est couché devant moi. Il est couché
devant moi. Bon, là, je n'ai pas le droit, là, je n'ai pas le droit d'avoir mon
chasseur avec une arme, je n'ai pas le droit
d'avoir une arme. Là, je vais me retirer avec le chien, je vais aller au
véhicule porter le chien, ramener le chasseur, et, s'il est vraiment
moribond, moribond, il va avoir resté en place. Mais, bien souvent, là, ça a du chien, ces bêtes-là, là, tu
sais, ça a du «go ahead», là, ça fait qu'il... Là, le brouhaha qui est arrivé,
le dérangement qu'il a eu, à un moment donné, il prend des bonnes
respirations, il se relève puis il se déplace.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
suis obligée de vous interrompre ici. C'était fort intéressant et même
passionnant, mais je dois passer la parole au député de Jonquière. M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. En tout cas, moi, je... il y a un gros
caractère pédagogique, là. Je suis vraiment heureux de vous entendre.
Maintenant,
vous dites que vous êtes... vous vous réjouissez du projet de loi n° 88, vous espérez son adoption. C'est parfait, parce qu'il y a un premier encadrement, là. Puis, quand
je compare avec ce qui se fait autour du Québec, c'est un peu gênant,
là, qu'on ne soit pas avancés plus que ça. Maintenant, est-ce qu'il n'y a pas
une contradiction? Parce que, d'un côté, le but du projet de loi, c'est de
protéger la viande, là, la qualité de la viande ou du gibier avec des amendes
pour que les chasseurs puissent bien protéger la viande, mais, de l'autre côté,
on limite votre rôle en limitant, là, par
exemple, l'intervention la nuit avec les chiens de sang. Est-ce qu'il n'y a pas
une forme de contradiction dans le projet de loi que vous voyez à cet
égard?
M. L. Roy (Sylvain) : Je vais
répondre rapidement, Simon, juste du point de vue technique. L'interprétation
qui va être donnée aux articles, là, c'est celle que nous, on a bien voulu lui
donner, et on espère avoir un article de loi qui
va permettre une réglementation complète. C'est pour ça qu'on demande certaines
modifications. Mais actuellement le texte de loi, il est fait pour que la
réglementation vienne modeler comme il faut qu'est-ce qui va se passer sur le
terrain.
Donc, à ce stade-ci, moi, je ne vois pas de
contradiction, comme vous le pensez. Ça va dépendre de la suite qui va être
donnée par la réglementation. Simon.
M. Lemay
(Simon) : Si contradiction
il y a et si le projet a des réticences, à quelque part, à nous donner des
droits, je crois que c'est parce que c'est une activité qui est quand
même récente. 10 ans, ce n'est pas si vieux que ça. C'est quoi, le travail? Vous me posez des
questions : C'est quoi, le travail? Nécessairement, au départ, il y a une
culture, au Québec, qui interdit la chasse avec des chiens, et ça a été
décidé... Les Européens ont fait complètement l'inverse. Les Européens, ils disent : Appâter un
gibier, là, ça, c'est mauvais, c'est braconner, mais chasser avec des chiens,
c'est noble. Au Québec, on a fait l'inverse. Quand est arrivé
l'avènement des chiens de sang, récupérer des gibiers blessés avec un chien, là on avait cette culture-là, qu'un
chien, c'était braconner, c'était... on n'utilise pas ça, un chien, pour
chasser. Là, on ne parle pas de chasser, on parle d'utiliser un chien
pour faire de la recherche d'un gibier blessé. Et peut-être qu'il y a eu des réticences de la part de la
conservation de la faune, de la part des fonctionnaires, de la part de
certaines gens à dire : Wo! C'est quoi, cette affaire-là? Qu'est-ce
qu'on va faire avec les chiens?
Je crois
qu'en 2015, en 2018, aujourd'hui, en 2021, il y a une évolution,
du moins, je l'espère, où est-ce qu'on dit : Ah! c'est ça, les conducteurs
de chiens de sang. On en a besoin. Bien
entendu, de sortir la loi, tu sais...
Moi, je crois qu'on est rendus ouverts, et j'espère qu'on va...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : ...
M. Lemay (Simon) : Oui, allez-y.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
vais devoir vous interrompre ici. Alors, évidemment, je vous remercie pour votre contribution à ces travaux. Et, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires
courantes.
Alors, merci encore, vraiment, d'avoir été parmi
nous ce matin. Ça a été très, très intéressant, très éclairant.
Donc, nous
allons terminer la visioconférence. Ceci met fin à cette partie de séance. Je
vous invite désormais, mes chers collègues, à raccrocher et à mettre fin
à la visioconférence. Vous recevrez, 45 minutes avant la reprise des travaux, un autre lien pour cet après-midi. Donc,
vous devrez vous rebrancher cet après-midi pour participer à nos travaux.
Alors, voilà. Merci infiniment. Bonne fin de
journée. Au revoir.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
(Reprise à 15 h 24
)
La Présidente (Mme Nichols) : Alors,
votre attention! La Commission des transports et de l'environnement reprend ses
travaux.
La commission
est réunie virtuellement afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 88, Loi modifiant la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune et d'autres dispositions
législatives.
Cet après-midi, nous entendrons la Fédération
québécoise des gestionnaires de zecs, la Société pour la nature et les parcs du
Canada, section Québec, Nature Québec et la Fédération des trappeurs
gestionnaires du Québec.
Alors, voilà, le premier groupe que nous
entendrons est les représentants de la Fédération québécoise des gestionnaires des zecs. Alors, je vous rappelle
que vous disposez, messieurs, de 10 minutes pour votre exposé, et, par la
suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc, évidemment, à ouvrir votre micro, et à
vous présenter, puis à procéder à votre exposé.
Zecs Québec
M. Garon
(François) : Alors, merci,
Mme la Présidente, MM. les députés, membres de la commission, M. le ministre. Mon nom est François Garon. Je suis
directeur général, comme on le disait tantôt, de la Fédération québécoise
des gestionnaires de zecs. Je suis accompagné de mon président, M. Jacques
Smith.
La Fédération québécoise des gestionnaires de
zecs tient en premier lieu à vous remercier, là, pour l'occasion qui lui est
offerte de présenter à cette commission ses commentaires portant sur le projet
de loi n° 88, projet de loi modifiant la Loi sur la conservation et la
mise en valeur de la faune. Zecs Québec souhaite que les commentaires présentés
dans le présent mémoire puissent permettre, en fait, de bonifier le projet de
loi comme tel.
En premier lieu, Zecs Québec tient à citer, là,
le fait qu'on s'en vient, avec le projet de loi, avec une nouvelle gouvernance comme mode de solution. D'entrée de
jeu, la Fédération québécoise des
gestionnaires de zecs est heureuse de
constater que le projet de loi a pour effet non seulement de modifier,
notamment, les mécanismes de gestion de gouvernance des zones
d'exploitation contrôlée, communément appelées zecs, mais également d'accorder
le pouvoir au ministre de confier à Zecs Québec des mandats précis en lien avec
cette nouvelle gouvernance et de pouvoir jouer de façon concrète son rôle de représentante. Rappelons que, bien que la
loi ait fait l'objet de cinq modifications depuis son entrée en vigueur, en 1984, la dernière
remonte à 2019... 2009, dis-je, aucune de ces modifications n'avait pour objet
de revoir le mode de gouvernance comme tel des zecs.
La fédération est heureuse de constater que ce
nouveau projet de loi s'inscrit directement à travers les grands principes
directeurs qui sont le fondement même des zecs, qui sont l'accès au territoire,
la participation citoyenne, la conservation
de la faune ainsi que l'autofinancement des zones d'exploitation contrôlée. Le
pouvoir accordé au ministre d'agir au
niveau des règlements
généraux d'une zec pour demander d'exiger que des règlements
généraux soient modifiés s'ils ne respectent pas les quatre principes
directeurs ci-haut mentionnés permettra, selon nous, sans aucun doute de
remettre les pendules à l'heure en lien avec plusieurs dossiers administratifs,
réglementaires et fauniques en cours.
Rappelons en
effet que les organismes gestionnaires de zecs ont été créés, comme vous
le savez, en 1978, à la suite de la
décision du gouvernement de l'époque de mettre fin aux clubs privés sur le
territoire québécois. Malheureusement, nous constatons qu'en 2021 quelques zones
d'exploitation contrôlée sont revenues presque comme des clubs privés au fil du temps, faute, évidemment, d'une saine gouvernance. Le Québec compte 63 zecs qui sont réparties dans
l'ensemble du territoire québécois. Autant il y a des zecs, autant il y
a des façons de gérer. Puis il y a des règlements qui sont différents d'une zec à l'autre, lesquels ne
respectent pas, selon nous, tous les quatre principes qu'on mentionnait tantôt. Donc,
nul doute qu'en ayant un cadre directeur similaire pour l'ensemble de tous les OGZ,
l'ensemble des zecs, bien, évidemment, ça va permettre d'uniformiser la
gestion du réseau, ce qui n'est pas le cas actuellement, vous pouvez en être
certains.
Il est fortement espéré que les modifications
prévues à l'article 49 du projet de loi modifiant l'article 106.4 de cette loi permettront à Zecs Québec
de pouvoir intervenir concrètement, à la demande du ministre,
dans le processus réglementaire des zecs et d'exercer toute fonction ou
réaliser tout autre mandat utile à l'accomplissement de son rôle de
représentante du ministre auprès des 63 zecs du Québec. Pour l'heure, Zecs
Québec doit seulement compter sur son
rôle-conseil auprès de ces dernières, ce qui, de toute évidence, pose vraiment
problème dans de nombreux dossiers. La gouvernance étant disparate d'une
zec à l'autre, il va sans dire que plusieurs dossiers traitant d'un même sujet
sont malheureusement gérés différemment, avec des résultats bien souvent
différents.
• (15 h 30) •
Zecs Québec attend
donc avec impatience de pouvoir constater, à travers la nouvelle réglementation
à venir, quel sera le véritable rôle qui lui sera attribué par le ministre. Il
a en va, évidemment, de l'avenir comme tel des organismes gestionnaires de
zecs. Le plus bel exemple qu'on peut vous donner, c'est l'exemple des
injonctions qui ont été prises dans le cadre du dossier de la crise autochtone,
l'an passé, où, malheureusement, une zec parmi les 63, a pris des mesures légales pour la question des barricades qui avaient
été levées par les autochtones. Le ministre est au courant
que nous, Zecs Québec, nous n'étions pas d'accord du tout avec cette
intervention, mais on n'avait aucun pouvoir par rapport à ça. Alors, il
est arrivé ce qui est arrivé, l'injonction a quand même été présentée devant le
tribunal. Ça n'a vraiment pas aidé, ça, c'est certain.
Les conflits d'usage
du territoire des zecs, c'est un autre sujet qu'on voudrait discuter avec vous.
C'est dans un ordre d'idées... autre ordre d'idées, là. Zecs Québec aimerait
porter à l'attention du ministre une difficulté en lien avec l'article 109
de la loi eu égard à son application et qui concerne les ententes de commerce
autorisées et signées avec un tiers. Ça, c'était une demande qu'on avait
discutée avec les gens du ministère, mais, malheureusement, ça n'a pas été
retenu. Alors, les stipulations actuelles édictées à cet article précisent que
le ministre peut refuser toute autorisation de commerce notamment lorsqu'une
activité, ou un service, ou un commerce fait déjà partie d'un plan de
développement d'activités récréatives... voyons, récréatives... en tout cas,
vous comprenez ce que je veux dire, là, «récréoactives», PDAR, qu'il a approuvé
en vertu de l'article 106.2.
Zecs Québec souligne
que, compte tenu de sa rédaction, l'application de cet article pose un réel
problème pour plusieurs de ses zecs. Dans la
majorité des cas observés au fil du temps, Zecs Québec considère qu'il y a de plus en plus d'ententes de commerce pour
des fins d'activités récréatives qui sont autorisées par le ministre, et ce,
bien que lesdites ententes soient bel et bien inscrites dans un plan de développement
d'activités récréatives approuvé en vertu de l'article 106. En d'autres
termes, le mot «peut», là, il n'est pas... on ne peut pas dire qu'il est
utilisé très souvent. Cela a pour conséquence de faire bénéficier à un tiers
des revenus qui devraient être normalement versés à la zec. Ajoutons qu'il appartient à un organisme gestionnaire de zec de
gérer une activité récréative inscrite à son PDAR, donc son plan de développement
d'activités récréatives, et non pas à un tiers.
Alors, ça, c'est un
problème majeur de financement. Ça nous apporte évidemment des problèmes parce
que, vous savez, les zecs, c'est des organismes sans but lucratif, ils n'ont
pas beaucoup... énormément d'argent, et le peu d'activités qui peuvent être un
bénéfice pour eux, bien, si on accorde des ententes de commerce avec un tiers
et puis que les revenus s'en vont au tiers en question, bien, évidemment,
l'organisme n'a pas ces revenus-là. Alors, on ne répond pas, évidemment, au critère qu'on parlait tantôt, hein, les
quatre principes directeurs, qui est l'autofinancement. On s'en va à
l'encontre de ça.
Zecs Québec estime
que l'article 109 de la loi devrait être modifié de façon à prévoir
qu'aucune entente de commerce concernant une activité autorisée par le ministre
et faisant partie intégrante d'un PDAR ne soit autorisée au bénéfice d'un tiers autre que la zec. Donc,
nous, ce qu'on prétend, c'est dire : À partir du moment où la zec a
inscrit dans son plan de
développement d'activités récréatives une activité qui est autorisée par le
ministre, bien, à ce moment-là, je
veux dire, ça devrait être la zec qui devrait être le tributaire, finalement,
de la gestion de cette activité-là et évidemment obtenir les revenus qui
viennent avec. Ce n'est pas, comme je vous disais tantôt, ce n'est pas
nécessairement le cas.
À défaut de ça, nous,
ce qu'on préconise, c'est que, si on ne modifie pas le 109, bien, en fait,
nous, ce qu'on prétend, c'est qu'il y aurait peut-être une autre solution.
L'autre solution qui pourrait être envisagée serait de prévoir un ajout à l'article 109 pour
permettre à un organisme gestionnaire de zec de recevoir une forme de redevance
quelconque lorsqu'une entente de commerce est conclue avec un tiers. Zecs
Québec est d'avis qu'il s'agirait, encore là, d'un excellent moyen, là,
pour permettre à un organisme gestion des zecs d'augmenter ses revenus.
Par
ailleurs, Zecs Québec tient à souligner au ministre un conflit entre
l'article 109 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de
la faune et la loi sur les domaines des terres de l'État, qui mérite, selon
nous, une attention particulière.
Là, j'aborde un
dossier qui touche, en fait, deux ministères qui se trouvent à être le...
La
Présidente (Mme Nichols) : M. Garon, il vous reste
45 secondes pour votre exposé. Je vais vous demander... juste faire
attention, la régie me dit que c'est peut-être vos documents qui accrochent sur
le micro, qui font des bruits sonores pour ceux qui vous écoutent.
M. Garon
(François) : D'accord. Merci, madame. Alors, comme nous le savons, la
gestion des baux sur les terres publiques du domaine de l'État relève du MERN,
en vertu de la Loi sur les terres du domaine de l'État. Il faut comprendre ici
qu'un bail émis par le MERN en vertu de cette loi confère légalement à son
titulaire un droit de propriété. Or, toute
autre loi ou tout autre règlement ne peut priver ou restreindre l'exercice de
ce droit accordé. L'exercice de ce
droit privatif a pour conséquence que tout plan de développement d'activités et
autres règlements adoptés en vertu de
la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune ne sauraient s'appliquer
sur une parcelle de territoire déjà sous bail.
Donc,
autrement dit, ce qu'on veut dire, c'est qu'à partir du moment où le ministère de l'Énergie et Ressources
naturelles émet un bail avec un tiers, bien, à ce moment-là, le tiers bénéficie
finalement de ce bail-là. Et puis, même si, par ailleurs,
il y aurait une activité qui serait faite sur le territoire, bien, encore là,
ça ne serait pas la zec qui en bénéficierait, mais ce serait effectivement le
tiers qui bénéficie du bail émis par le MERN.
La Présidente (Mme
Nichols) : C'est très bien. Alors, je vous remercie, je vous remercie
pour votre exposé. Peut-être que vous aurez la chance de continuer dans les
échanges. On va maintenant débuter la période d'échange. Et, M. le ministre, la
parole est à vous. Vous disposez d'un temps de 16 min 30 s.
M. Dufour :
Merci beaucoup. Bien, premièrement, M. Garon, M. Smith, bien content
de vous avoir parmi nous aujourd'hui. Vous le savez, les zecs, pour nous... bien, de mon côté,
c'est quelque chose que je trouve important. D'ailleurs, si on recule juste de voilà quelques
jours, on a été en mesure, au niveau du budget, là, d'octroyer des montants
justement pour moderniser les installations, les mettre aux normes. Donc, on
était bien contents de pouvoir aller sur cet aspect-là, même dans un budget de
pandémie. Donc, on était bien heureux de pouvoir vous donner un coup de pouce.
Et ça, c'était suite, si M. Smith se souvient, à une rencontre que vous
m'aviez convoqué où il y avait les différents gestionnaires de zecs qui nous
avaient exposé justement certaines problématiques au niveau des eaux usées, etc. Donc, ça n'a pas été réglé dans la
même année qu'on a eu cette rencontre-là, mais, écoutez, on a été capables,
là, d'aller chercher certaines sommes cette année dans le budget, donc très
heureux.
D'un autre côté, bien
content que vous le mentionniez aussi, puis je dois quand même vous préciser
que le collègue de Jonquière, M. Gaudreault, l'a précisé tantôt, l'arrivée
des zecs, ça s'est fait sous un gouvernement du Parti québécois en 1978. Et
c'était justement pour mettre en place une démocratisation, je pense, je
reprends le mot que Sylvain a mentionné tantôt, une démocratisation de ces
secteurs-là. Je pense que c'est important de suivre, et puis peut-être qu'au
fil du temps on a laissé aller un peu, justement, le phénomène des zecs en
pensant que tout était beau, que tout fonctionnait très bien. Mais vous-même,
vous l'avez bien dit, il y a différentes gouvernances de zecs qui sont revenues
peut-être un peu à un principe de territoire privé, si on pourrait dire ça
comme ça.
Donc, le projet de
loi, il est là pour ça, pour essayer justement d'essayer d'améliorer cette
gouvernance-là. J'aurai d'ailleurs une ou
deux questions par rapport à ça tantôt, M. Garon, quand j'aurai fini mon
exposé. Puis justement vous allez
avoir, comme disait la présidente, vous allez avoir la chance de nous
entretenir un petit peu plus longtemps, là, sur certains éléments, peut-être, que vous aviez par rapport aux
questions qu'on va vous poser, que ce soit nous-mêmes ou bien encore les
partis d'opposition qui vont pouvoir aussi vous poser quelques questions.
L'objectif, nous,
dans ce dossier-là, dans cette gouvernance-là des zecs, c'est d'arriver à un
projet de loi qui soit modernisé, qui soit aux couleurs du jour. Vous l'avez
bien dit, dernière modification en 2009. Souvent, c'est plate à dire, la faune est un dossier qui n'est pas automatiquement le
plus visible. Donc, on a la chance de
faire quelque chose avec ce projet
de loi là, et c'est ça, l'objectif qu'on a en tête présentement, d'arriver à
améliorer le concept faunique du Québec avec
ce projet de loi là. Donc, on ose espérer qu'on aura une belle résultante, là,
qui va aboutir avec tout le travail de tous les collègues, là, qui sont
autour de la table présentement.
Vous parliez
tantôt... si on va un petit peu plus en profondeur par rapport à vos dires
aussi et puis par rapport à votre document de présentation, vous parliez tantôt
de l'article 109, donc les ententes de commerce. Ça aussi, je vais avoir
une question précise.
Et puis j'aimerais
peut-être vous entendre un petit peu sur un dossier qui nous concerne
présentement, puis je suis certain que le
collègue de Bonaventure, s'il serait là, serait très heureux que je l'aborde
avec vous, c'est le dossier, présentement... ce qui se passe avec la rivière
Bonaventure. On parle justement d'une situation de gouvernance au niveau de la
zec, mais pas simplement de la zec, de... je vais reprendre le mot, tantôt, que
vous preniez, là, le «récréotouristique» aussi, par le biais d'une compagnie qui est sur les eaux, qui a même
établi un propre fonds pour essayer de stimuler quelque chose, là, qui n'est pas tout à fait non plus dans
un mode normalement légal, mais, en tout cas, on va avoir une... je vais
avoir une question là-dessus aussi.
Et,
naturellement, vous l'avez précisé, il y a quand même plusieurs zecs sur le
territoire, il y a plusieurs enjeux qui ne sont pas tous reliés de la même
façon, on l'a vu avec la situation qui nous est arrivée avec l'orignal cette
année, ça a été particulier. Puis d'un autre
côté, je peux comprendre aussi un propriétaire de zec, à un moment donné, de
vouloir aller au front tout seul.
Mais je pense qu'il y a une légitimité de gouvernance entre tous les gens
impliqués. Et, naturellement, Zecs Québec, vous êtes l'organisme, bien, je
pense que c'est de vous donner aussi, à vous, les moyens et les outils d'assumer pleinement votre rôle de Zecs Québec, un
peu comme la Fédération des pourvoyeurs du Québec l'est. Je pense que
c'est un peu dans cette optique-là qu'on voit le projet de loi n° 88.
Donc,
si on y va avec mes quelques questions, parce que je vais vouloir aussi laisser
mes collègues vous poser des
questions, je vois, entre autres, mon collègue Bob Bussière, première chose, au
niveau de la gouvernance, donc, si, comme le prévoit...
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme
Nichols) : M. le ministre.
M. Dufour :
Oui?
La Présidente (Mme
Nichols) : Je vais juste vous demander de faire attention aux titres.
M. Dufour :
Aux noms, O.K., d'accord.
La Présidente (Mme Nichols) : Juste
utiliser, oui, les titres et non pas les noms de vos collègues, nom et prénom.
Merci.
M. Dufour : Merci.
Merci. Donc, si, comme le prévoit le projet de loi, nous accordons à votre
fédération des nouvelles fonctions, comme le
prévoit, naturellement, le projet de loi, est-ce que vous êtes en mesure de
nous mentionner un peu quels seront
les éléments, là, qui seront intéressants pour vous de mettre en place pour
assurer une uniformité au niveau de la gestion des zecs? Ça, c'est ma
première question.
Ma deuxième question, comme je vous ai mentionné
un peu au niveau de l'entente de commerce, bien, le dossier de rivière
Bonaventure, je pense, en est un exemple présentement. Et je voyais aussi...
vous ne l'avez pas abordé, mais je voudrais vous entendre, parce qu'on a eu
quand même cette discussion-là ce matin sur le phénomène des amendes, parce que
je voyais que vous étiez contre aussi, vous disiez un peu que ça pouvait
décourager des gens. À l'inverse, nous, on pense que des amendes qui sont aux
couleurs du jour, là, des années 2021, bien, peuvent aussi avoir un effet
d'empêcher une certaine forme de braconnage qui serait faite.
Donc, c'est mes trois questions que j'aimerais
vous adresser aujourd'hui, le fait qu'on ait la chance de vous avoir, vous et
monsieur... et le président. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) : Alors,
soit M. Garon ou... M. Garon, la parole est à vous.
M. Garon (François) : Bon, écoutez,
dans un premier temps, pour la première question, au niveau de la gouvernance,
M. le ministre, bon, on comprend, là, puis on le voit dans le projet de loi que
ce n'est pas dans la... toute la problématique de la gouvernance, la nouvelle
gouvernance n'est pas prévue dans le projet de loi, mais ça va se faire par une voie réglementaire. Nous, on
s'attend, évidemment, d'abord d'être consultés auprès des fonctionnaires
de votre ministère pour participer justement à la rédaction, là, ou d'être
consultés, du moins, là, quand vous serez rendus là au niveau de la rédaction
de votre règlement. Parce qu'évidemment c'est la base de tout, hein, c'est la
base de tout fonctionnement d'avoir des bons règlements. On sait, bon, qu'il y
a la loi, c'est une chose, mais le règlement, c'est ça qui s'applique à tous
les jours.
Et, nous, ce qu'on veut, dans le fond, c'est
d'avoir un petit peu... comment je pourrais dire ça, c'est d'avoir un peu plus
de pogne, si on peut dire, par rapport aux 63 zecs. Je vais m'expliquer
comme ça, là, pour qu'on se comprenne bien. Vous savez, on l'a vu, justement,
avec la crise autochtone l'automne passé, il s'est passé des choses dans
certaines zecs. Nous, on n'était pas bien, bien fiers, là. Et puis ça, je pense
que votre... vous étiez au courant, votre cabinet, le personnel de votre
cabinet était au courant, j'avais eu des discussions avec eux.
C'est certain qu'actuellement le rôle de Zecs
Québec, qui est votre représentante, en passant, au sens de la loi, c'est un
rôle conseil, actuellement. Et là où ce qu'on veut aller, nous, vers où on veut
aller, c'est qu'on ne veut pas juste avoir un rôle conseil, on veut aussi avoir
un rôle de... on ne veut pas être le boss des 63 zecs, là, on sait que
c'est vous, en vertu de la loi, qui l'est, là, mais il reste qu'on veut avoir
un petit peu plus de force, là, de pouvoir pour arriver, à un moment donné, à pouvoir gérer, là, l'ensemble des
63 zecs de la même façon puis qu'elles-mêmes se gèrent aussi de la
même façon partout. Parce que, vous savez, je l'ai mentionné tantôt dans la
mémoire, il y a 63 zecs, mais il y a probablement 63 règlements
généraux qui ont été rédigés et votés par leurs membres respectifs puis qui
sont différents d'une zec à l'autre. Puis ça, ça n'a pas de bon sens, ça n'a
pas d'allure, ce n'est pas gérable, ce n'est pas gérable. Alors, voilà pour ma
première réponse.
La deuxième réponse, pour la question de la zec
Bonaventure, malheureusement, M. le ministre, je dois vous dire que ce n'est
pas Zecs Québec qui gère les zecs à saumon, c'est la fédération du saumon
atlantique. Je ne sais pas s'ils sont
invités à la présente commission parlementaire. Ils vont sûrement vous en parler,
parce que, oui, effectivement, ils ont des problèmes de PDAR, là, le
plan d'activités récréatives. Et donc je vais plutôt, moi, m'abstenir de parler
en leur nom, je vais les laisser expliquer leur problème. D'abord, je ne suis
pas au courant complètement du problème. J'ai
été consulté parce qu'on m'a posé certaines questions, là, je pense
qu'il y avait des problèmes légaux, et puis, bon, je suis juriste de
formation, ça fait que je les ai éclairés un peu, je les ai dirigés, mais un
point, c'est tout, là. Mais je vous dirais que j'aimerais mieux que ça soit
eux, là, qui puissent répondre à vos questions là-dessus, là, et je suis
convaincu qu'ils vont être capables de répondre.
Sur le troisième point, c'était déjà...
rappelez-moi c'était quoi, votre question, M. le ministre.
M. Dufour : ...
La Présidente (Mme Nichols) : Votre
micro, M. le ministre.
M.
Dufour : Oui. Le troisième
point, c'était sur... c'était... on avait dit la gestion de l'orignal...
attendez, juste un instant, la
gouvernance, les ententes de commerce, gouvernance, zec Bonaventure, et le
troisième point, le troisième point,
je l'avais rajouté à la dernière minute, celui-là, c'était sur les... la chasse
au gros gibier... Ah! c'était sur les amendes, c'était sur les amendes.
M. Garon (François) : Oui. Bon,
écoutez, les amendes, oui, vous avez lu le mémoire, puis je pense que c'est un
petit peu partagé par l'ensemble des fédérations, en passant, je vous dirais,
là, c'est sûr qu'on comprend que les amendes ont peut-être augmenté avec... au
fil du temps, là. On nous a expliqué, lorsqu'on a été consultés par les
représentants de votre ministère, que, bon, on suivait l'inflation, que ça
faisait longtemps que les amendes n'avaient pas augmenté, etc., là.
Évidemment, moi, j'ai envie de mettre un bémol
là-dessus, je vous dirais, parce que ce n'est pas partout pareil, là. On
regarde, par exemple, il y a eu la... puis M. Gaudreault va sûrement être
au courant, là, il y a eu les amendements qui ont été
apportés à la Loi sur les véhicules hors route, qui prévoient également des amendes.
On a, oui, évidemment, le Code de la sécurité routière aussi, là, et puis
disons qu'il y a quand même des amendes qui sont beaucoup plus basses en termes
de quantum, là, en termes d'argent que celles qu'on est en train de prévoir
pour la Loi sur la conservation puis la mise en valeur de la faune.
Écoutez, on part avec 500 $ comme minimum
comme amende. Alors, nous, on pense qu'un jeune, là, qui se promène avec un...
qui a son dossard... exemple, pour donner un exemple, il a un dossard sur le
dos, et puis, pour une raison ou pour une autre, il se met à pleuvoir, il
pleut, là, mettons, là, au maximum. Le jeune se met un imperméable sur le dos,
il passe un agent de conservation de la faune, il va lui donner une infraction.
Il va se ramasser avec une infraction de 500 $ parce qu'il a mis un
imperméable pour ne pas se faire mouiller.
C'est ça, là, c'est qu'il faudrait essayer de
voir pour avoir des amendes, là, techniques, mineures qui feraient en sorte
que, finalement... Tu sais, on veut favoriser la relève, même le ministère,
chez vous, le dit : On veut la relève,
on veut la relève, on veut la relève. Mais là, si on commence à multiplier les
amendes à 500 $ pour des bineries comme ça, parce que moi,
j'appelle ça une binerie, parce qu'il l'a, son dossard, il a respecté la loi,
mais... Donc, à ce moment-là, il se passe quoi? Bien, il se passe que le jeune,
là, il n'aimera pas ça, aller à la chasse, parce qu'il ne paiera pas deux fois
500 $ d'amende. Alors, il va dire : Je vais faire d'autre chose. Ça
fait que nous, on vient de perdre un adepte de la chasse, un futur, peut-être,
propriétaire de chalet dans une zec ou, tu sais, même un utilisateur d'une zec
sans nécessairement avoir un bail avec le ministère de l'Énergie et Ressources,
là. Mais donc, c'est ça, c'est que les amendes font en sorte que ça pourrait
éventuellement décourager la relève.
Puis j'irais même plus loin que ça, c'est que,
si vous regardez l'article 37, qui modifie l'article 71 de votre projet... de la loi actuelle, là,
l'article 37, là, on prévoit, dans cet article-là, que quiconque qui
récolte un gibier le possède illégalement s'il a contrevenu à l'un ou
l'autre des articles de la loi. Ça, ça veut dire, si je reprends mon exemple du
jeune qui a le dossard avec un imperméable,
non seulement il se ramasse avec une amende de 500 $, mais en plus
l'orignal qu'il a tué, bien, il est
comme en possession illégale de cet orignal-là. Ça veut dire que l'amende, elle
passe de 500 $ puis elle s'en va à 2 500 $. Ça n'a pas de
bon sens. Alors, ça, c'est...
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme Nichols) : Il
vous reste 2 min 30 s, puis je pense qu'il y avait d'autres
questions.
M.
Dufour : Parfait. M. Garon, je laisserais peut-être quelques
collègues, là, de mon équipe poser une question.
La
Présidente (Mme Nichols) : Oui. Alors, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice avait levé la main. La parole
est à vous.
Mme Tardif : Merci. Bonjour,
M. Garon. Ça fait plaisir de vous voir. Toujours un plaisir de travailler
avec les zecs, là, dans mon comté. Vous avez un dossier... vous nous avez
présenté un mémoire qui est très complet et, je dirais, aussi très complexe. Vous apportez beaucoup de choses, vous nous
donnez beaucoup de devoirs, puis, en échange, c'est toujours plaisant de
travailler avec vous.
Vous parlez
d'autorisation de commerce sur le
territoire de la zec. Vous parlez de principe d'autofinancement. Vous
parlez aussi de remettre les pendules à l'heure vous-même par rapport à
certains de vos membres. Dites-moi donc, là, quand vous demandez au ministre...
Vous dites que la loi... bon, on sait que la loi aurait le pouvoir de confier
au ministre des mandats... de vous confier des mandats précis. Qu'est-ce que
vous souhaiteriez avoir, dans un premier temps?
Et, au niveau du principe d'autofinancement, là,
je vois que ça, ça vous dérange, là, quand le ministre donne des autorisations
de commerce sur votre territoire et ce n'est pas vous qui les gérez. Est-ce
qu'il y a des commerces actuellement que vous seriez capables, en termes de
nombre d'employés et de capacité aussi, parce que ce n'est pas toutes les zecs qui ont les mêmes capacités, mais
de gérer certaines choses? Donc, qu'est-ce que vous souhaiteriez avoir?
La Présidente (Mme Nichols) : Une
réponse en 45 secondes, s'il vous plaît.
M. Smith (Jacques) : ...je peux-tu
répondre?
M. Garon (François) : Oui, vas-y,
Jacques.
M. Smith (Jacques) : Bonjour.
Jacques Smith, président de la fédération. Bonjour, Mme Tardif.
Mme Tardif : Bonjour.
M. Smith (Jacques) : Ce qu'on
aimerait avoir, c'est le support du ministre pour nous aider à accompagner les
zecs dans ces choses-là parce qu'elles ne sont pas équipées pour faire face à
la musique. C'est très simple, là, si je veux simplifier le processus, c'est
que, chaque fois qu'il y aura une autorisation de commerce d'autorisée sur un territoire de zec, on aimerait qu'il y ait une
entente avec la gestion de la zec en question de façon à ce que ça ne crée pas
de conflit. Ça, c'est de un, qu'il y ait une entente écrite entre les deux et
que, peu importe l'autorisation de commerce... Là, ce qui semble exister
présentement, c'est des services de guide. Il y en a même, une place, qu'on a
donné une autorisation de créer des terrains de camping. Comme François disait
tantôt, si on met un terrain de camping à 300 $ par le compétiteur et que
les nôtres sont à 500 $, ça n'aide pas la zec avec l'autofinancement, donc
c'est en conflit. Par
contre, s'il y avait une entente avec une redevance qui revenait à la zec et
qu'on pourrait accompagner ces zecs-là dans le processus d'autorisation,
ça aiderait beaucoup.
Pour répondre à votre autre...
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. Smith. Je suis désolée de vous interrompre. Je suis la gardienne du
temps, j'ai des fois un rôle un peu désagréable, je dois céder la parole à
l'opposition officielle. Peut-être que vous aurez la chance de continuer votre
intervention. Donc, je cède maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides
pour 11 minutes.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Puis, d'entrée de jeu, je vais poser deux, trois questions puis je
vais inviter mon collègue de D'Arcy-McGee également à compléter.
Donc, en fait, ma première question est en lien
direct avec la dernière question qui a été posée, justement, par rapport au
conflit, bon, duquel on discute, l'article 109, la question de
l'autofinancement, de la participation, si on peut
dire, des tiers sur le territoire des zecs. Et j'ai bien entendu, là, une partie de
la réponse qui était, de la part des zecs, d'inviter le ministre à les
accompagner. Juste élaborer un peu plus, continuer à élaborer sur ce sujet-là.
Puis est-ce que je comprends bien, quand vous
faites mention que, bon, vous désirez être accompagnés pour participer ou
trouver un terrain d'entente, est-ce que je lis bien dans vos mots, là, est-ce
que j'interprète bien que vous souhaiteriez peut-être avoir accès à un système
de redevances de façon à pouvoir justement générer des revenus à même la
participation, si on peut dire, la gestion des tiers sur le territoire des
zecs? Est-ce que c'est vers là que vous
souhaitez aller, une certaine redevance qui vous soit versée en fonction des
activités économiques qui ont lieu sur le territoire des zecs?
M. Smith
(Jacques) : La première
chose qu'on voudrait, c'est qu'il y ait une... s'il y a une... la
simplification du processus
d'approbation des PDAR, les plans d'activités récréatives. Ça, c'est la clé du
succès pour le réseau des zecs, pour chacune des zecs. Si le processus
d'approbation était simplifié, ça serait bon. Là, il y a des activités qui sont
offertes par des organismes externes aux
zecs et qui sont autorisées sans nécessairement savoir si elles sont incluses
dans le PDAR d'une zec en question. Elle n'est peut-être pas en service
présentement, mais elle est peut-être planifiée pour l'année d'après.
L'accompagnement qu'on veut, c'est que le
ministre nous donne une autorité d'accompagner les zecs dans la gestion de ce processus-là et d'accompagner les
zecs de façon à ce qu'il y ait un accord entre les deux parties. Si c'est
une activité qui n'est pas au PDAR et qui ne pourrait pas être dans la
planification stratégique de la zec, ce qu'on voudrait,
c'est qu'il y ait une redevance qui revienne à la zec, parce que c'est quand
même une activité qui va se pratiquer sur le territoire des zecs. Puis,
étant donné que la gestion des zecs est une gestion par laquelle on doit s'autofinancer,
quand on passe notre temps à donner des autorisations de commerce à des
organismes externes, ça diminue la source de revenus des zecs. Je ne sais pas
si c'est assez clair. Ça répond à votre question?
M. Polo : Oui, ça répond, et vous avez
utilisé le mot «redevance», donc... Mais, actuellement, la gestion de ces
conflits-là, supposons que c'est une activité qui est prévue dans le PDAR, la
gestion de ces conflits-là, si on peut dire,
entre un projet à venir au cours des prochaines années versus un tiers qui
souhaite mettre en place, justement, une activité économique du même
genre à plus court terme, comment se gère cette situation-là?
M. Smith
(Jacques) : Tout ce qu'on
demande, là, c'est qu'il y ait une entente entre le gestionnaire de zec et le
gestionnaire externe de façon à ce qu'on puisse contrôler et synchroniser nos
efforts. S'il y a quelque
chose de prévu dans l'année
qui suit, ça va être plus questionnable que si c'est quelque chose qui n'est
pas planifié du tout.
Et puis la mise en garde que j'aimerais vous
faire, là, c'est qu'on a entendu beaucoup... puis on en a vu passer plusieurs
que c'est des services de guide qui offrent un forfait de guide de chasse à
l'ours sur une zec, qui utilisent possiblement des chalets qui sont sur la zec,
et puis c'est pratiquement de la pourvoirie illégale. Puis ce qu'on tente à
faire, c'est d'éviter ça.
M. Polo : Je comprends, je comprends
parfaitement. Écoutez, sur un autre sujet, vous avez évoqué la question de l'autonomie. Vous demandez... Vous
avez... Justement sur la question de l'autonomie, je vous demanderais
peut-être de me présenter un ou deux exemples de quel genre d'autonomie
supplémentaire vous souhaiteriez avoir. Parce que ma compréhension, le peu que
j'ai, là, du sujet, ma compréhension, c'est... d'autonomie qui est vouée ou qui
est déléguée, si on peut dire, à la gestion des zecs. Comment on s'assure
justement de donner correctement l'autonomie demandée tout en évitant des excès
ou peut-être des joueurs qui utilisent incorrectement cette autonomie-là sur...
M. Garon (François) : Je vais
répondre.
M. Smith (Jacques) : Vas-y,
François.
• (16 heures) •
M. Garon (François) : Je vais
répondre par analogie, M. le député, en disant tout simplement : On est
d'abord une fédération, une fédération qui regroupe l'ensemble de ses membres,
qui sont les 63 zecs. Alors, par analogie, on pourrait prendre, par
exemple, là... Le meilleur exemple, je pense, que je pourrais vous donner,
c'est une centrale syndicale, tiens. Alors, c'est une
fédération qui comprend un paquet de syndicats en dessous et qui, bien qu'ils
soient autonomes eux-mêmes comme organisations syndicales, il n'en demeure pas
moins qu'ils... comment je pourrais dire ça... pas qu'ils relèvent directement,
là, mais ils relèvent indirectement de cette fédération-là. Et, quand la
fédération en question prend une orientation x ou y dans un dossier, bien,
l'ensemble des autres fédérations... des autres syndicats en dessous respectent
la ligne directrice.
C'est ce qui se passe... ce n'est pas ça qui se
passe actuellement à Zecs Québec. Nous, on est... on joue, je l'ai dit tantôt,
on joue un rôle conseil, mais ça s'arrête là. Après ça, chaque zec peut faire à
peu près ce qu'ils veulent. Puis on ne peut pas, justement, arriver... Puis on
n'a pas les pouvoirs. De la façon que les protocoles d'entente sont signés, les règlements généraux sont conçus, comme
je disais tantôt, on n'a pas de pogne. Contrairement à la fédération, là, je ne vois pas quel syndicat, là, avec ses
syndicats affiliés en bas, là, où, là, ils ont pas mal plus de pogne puis,
quand qu'ils prennent une orientation dans un dossier, bien : On
tourne à gauche, on tourne à gauche, tout le monde tourne à gauche, puis,
point, c'est dit, point à la ligne... Mais là ce n'est pas le cas. C'est
exactement ça. Je ne sais pas si ça répond à votre question, là, si vous
comprenez plus avec cet exemple-là, là.
M. Smith (Jacques) : Pour renchérir,
ce qu'on essaie de faire depuis plusieurs années, c'est d'uniformiser
l'information faunique et financière.
M.
Polo : Très rapidement, pour
laisser du temps à mon collègue. O.K., parfait, parfait. Bien, merci, ça répond
en partie à mes questions. J'aurais peut-être
de suggestions à ce niveau-là, mais je vais laisser le temps à mon collègue de continuer.
La
Présidente (Mme Nichols) :
C'est très bien. Merci. Donc, je vais céder la parole au député de D'Arcy-McGee. Il vous reste 3 min 40 s
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Et, merci, M. Smith et M. Garon, pour votre présentation.
Écoutez, si je comprends bien, on parle d'un partenaire
assez important en tout ce qui a trait à l'atteinte des objectifs du projet de
loi devant nous, c'est-à-dire la mise en valeur de la faune et le déroulement
comme il faut d'une activité, plus qu'une activité, la chasse et pêche, qui est
assez importante pour les régions, pour le tourisme, pour le bien-être du monde. Et j'entends peut-être que vous n'avez pas
toujours les outils nécessaires pour bien jouer votre rôle. Alors,
là-dessus, j'aurais quelques questions pour poursuivre les questions de mes
collègues.
Quand vous parlez d'une plus grande cohérence
dans la gouvernance, je ne crois pas que vous êtes à la recherche en soi de l'uniformité, il faut que ça sert à quelque chose.
Alors, j'aimerais comprendre avec précision quel genre d'outils vous
avez besoin et vos attentes, en ce qui a trait à ce projet de loi, qui vont vous
aider, nous aider collectivement en tout ce qui a trait à la conservation et à
la mise en valeur de la faune. Voilà une première question.
M. Smith (Jacques) : J'y vais,
François? Tu y vas?
M. Garon (François) : Oui, vas-y,
Jacques. Oui, vas-y, vas-y.
La Présidente (Mme Nichols) : En
deux minutes, M. Smith.
M. Smith (Jacques) :
M. Birnbaum, la première chose, c'est que ça fait plusieurs années qu'on
essaie d'uniformiser l'information faunique et financière. En ayant une information
uniforme à travers le réseau des zecs, ça
devient plus facile de voir à distance la gestion de cette zec-là, où sont les
problèmes. N'ayant aucune pogne, comme disait M. Garon, on ne peut
pas forcer les zecs à s'en aller vers cette gestion uniforme de l'information
faunique et financière. Ça, c'est la chose, je dirais, la plus importante.
L'uniformisation des règlements généraux de
gestion d'une zec, ce qu'on demande, c'est que le ministre nous accompagne — et on va accompagner le ministre,
évidemment — dans la rédaction d'un cadre typique de
règlements généraux qui respectent les principes fondateurs d'une zec.
Parce que moi, je les vois tous, les règlements généraux des 63 zecs, puis je peux vous dire qu'il y
en a plusieurs qui ne sont pas jolis à voir et qui ne sont pas légaux
présentement. Mais on n'a aucune autorité, présentement, pour dire à la
zec : Tu n'es pas correcte. Je ne sais pas si ça répond à votre question.
M. Birnbaum : Merci beaucoup. Non,
ça clarifie, là, l'enjeu.
Très, très
vite. Vous êtes devant, avec respect, le ministre de la Faune ainsi que le
ministre de la Forêt. J'ai l'impression, en lisant votre mémoire, que
l'équilibre, l'arrimage entre cette industrie et une industrie soutenue et
appuyée de la chasse, surtout en ce qui a trait à la chasse à l'orignal,
peut-être on n'a pas nécessairement trouvé le bon équilibre. Est-ce que vous
avez un commentaire ou deux à faire sur la façon d'arrimer ces deux
préoccupations très légitimes, évidemment?
M. Garon
(François) : Oui. En fait, vous faites allusion à mon dernier item de
ma présentation. C'est toute la question de l'harmonisation, en fait, entre les
utilisateurs de la forêt. Actuellement, il y a un mécanisme qui fait en sorte que, lorsqu'une forestière, par exemple,
arrive à un conflit avec un autre utilisateur de la forêt, il y a un mécanisme
qui est prévu au ministère, secteur Forêts,
qui fait en sorte que... on appelle ça un processus de règlement de différends,
qui fait en sorte que... Normalement, ce
processus-là est conçu un peu comme un genre d'arbitrage. La première étape, c'est une proposition qui est faite, et
puis, si les parties ne s'entendent pas, ça s'en va à une deuxième étape qui
se trouve être... qui doit être entendue par les gens du ministère du secteur
Forêts. Sauf que, là, le problème qu'on a, M. le député, est le
suivant : c'est que les...
La Présidente (Mme
Nichols) : En 15 secondes, là, M. Garon. Je dois passer la
parole.
M.
Garon (François) : ...et là
ils demandent à faire des opérations forestières pendant notre période de
chasse, les deux semaines de chasse à l'orignal où on va retirer, justement,
des revenus importants, hein? C'est important, pour nous, les zecs, là, les
deux semaines de chasse à l'orignal. Puis là on se ramasse qu'il va y avoir des
opérations forestières. Bien, il n'y aura pas de chasseurs qui vont aller
chasser à côté d'un tracteur puis à côté d'une scie, etc. Comprenez-vous?
La Présidente (Mme
Nichols) : Je suis encore désolée. Je dois intervenir. Je dois céder
la parole maintenant au deuxième groupe d'opposition. Alors, la parole est à la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour 2 min 45 s
Mme
Lessard-Therrien : Merci, Mme la Présidente. Bien, j'aimerais peut-être
vous laisser poursuivre, là, sur votre lancée sur, justement, les conflits d'harmonisation
du territoire. Ce n'est pas la première fois qu'on entend ça. Tu sais, par
rapport aux opérations forestières, entre autres, est-ce que c'est vraiment
monnaie courante que ça se passe dans les zecs?
Une voix :
Votre micro, M. Garon.
M. Garon
(François) : J'ai un dossier entre les mains qui m'a été transféré il
n'y a pas si longtemps. Et puis je vous dirais que ce dossier-là est semblable,
là, en termes de précédents, par rapport à ce qui se passe à travers la
province, là. Et je ne parle pas, là... Le dossier que j'ai, il est sur la Côte-Nord,
mais il y en a dans la région de la Mauricie,
il y en a dans votre région à vous, en Abitibi-Témiscamingue. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'une forestière...
elles ont 52 semaines pour préparer leurs opérations forestières, et puis
nous, on a deux semaines de chasse, deux semaines pour nos gens qui sont
dans nos zecs. Bon, nous, on dit : Bien, écoutez, pour les deux semaines,
là, de chasse, vous pourriez peut-être nous laisser patience deux minutes. Ça
ne vous empêcherait pas de faire des opérations par la suite, là, puis il n'y
aurait pas tant que ça de manque à gagner pour la forestière parce qu'on n'a
pas fait d'opérations pendant les deux semaines de chasse. Comprenez-vous? On
parlait tantôt d'autofinancement des zecs, bien là on empêche les zecs d'aller
chercher des revenus de chasse parce qu'il y a une opération forestière qui va
se faire via une... Bon, ça, c'est le premier problème.
Le deuxième problème,
là c'est l'avocat, le juriste qui parle, là, c'est que c'est le ministère, le
secteur Forêts, le secteur Forêts, qui entend les règlements de différends. Ça
fait que les fonctionnaires du ministère qui entendent le règlement de différends,
ils sont juges et parties en même temps, bon. Et là, bien, je vous dirais qu'au
niveau de l'image ce n'est pas très, très joli. Ce n'est pas comme si c'était
un tiers complètement en dehors du ministère qui entendrait le différend puis
qui pourrait rendre une décision, ce serait peut-être différent. Mais, quand on
regarde ça aller, là, de long en large — la première étape est
entendue par des fonctionnaires à certains niveaux, la deuxième, la révision,
par la suite dans le processus, là, la deuxième étape est entendue encore là
avec des fonctionnaires du ministère du secteur Forêts — alors,
imaginez-vous, là, qu'on s'attend, là... Tout de suite, quand tu as un
règlement de différends de même, tu regardes
ça aller, tu dis : Bien, coudon, je connais la réponse, je sais comment ça
va aboutir, là, c'est sûr, là, que... bon.
C'est arrivé sur la
Côte-Nord. Actuellement, j'ai un dossier, là, à Labrieville, là, dans la zec
Labrieville, pour ne pas la nommer, avec la compagnie Boisaco, où, là, il y a
un règlement de différends. J'ai jasé avec le chef de cabinet de M. Dufour
dernièrement sur ce dossier-là. Il était supposé me revenir. Probablement qu'il
attend de voir un peu comment ça va finir,
cette affaire-là, ce dossier-là, comment ça va atterrir. Mais moi, je connais
déjà le résultat d'avance, là. Je suis convaincu...
La Présidente (Mme
Nichols) : Bon, alors, je vous remercie. On va garder le suspense.
Nous, on ne connaît pas le résultat. Donc, je vais céder la parole maintenant
au député de Jonquière, qui dispose de 2 min 45 s
M.
Gaudreault : Oui. Merci beaucoup d'être là. Je vais vous lire une
déclaration ministérielle qui a été faite le
22 décembre 1977 ici, à l'Assemblée nationale, par Yves Duhaime, qui était
alors ministre de la Chasse et de la Pêche. Je commence : «Cette
déclaration touche les pêcheurs, les chasseurs, les amateurs de plein air de
tout le Québec. Depuis des décennies, et pour être précis — M. le
président — depuis
1883, des privilèges exclusifs de droits de chasse
et de pêche ont été accordés et maintenus à des groupes d'individus dans notre
société, ou encore à des étrangers, privant le plus grand nombre du libre accès
à tout le territoire du Québec. Ainsi donc — M. le président — pour le 1er avril prochain,
aucun bail de droit exclusif de chasse et de pêche ne sera renouvelé ou
maintenu au Québec.» Ça, là, c'est l'acte fondateur de la création des zecs,
qu'on appelle, dans notre langage courant, le déclubage.
Et là la fédération
des zecs, donc, qui représente les zecs, nous dit, à la page 2 de son
mémoire : «...nous constatons qu'en 2021 quelques zones d'exploitation
contrôlée sont revenues presque comme des clubs privés au fil du temps, faute d'une saine gouvernance.» Ma
question : Est-ce qu'on est en train de revenir comme en 1883, de
briser le deal qui est intervenu en 1977 pour permettre l'accès à
la faune de façon démocratique à tous les Québécois?
Et,
tout à l'heure dans une réponse, vous avez parlé qu'il y avait même, dans
certains cas, et je vous cite, des pourvoiries illégales. Alors, donnez-moi des
exemples et expliquez-moi ça. Moi, ça me renverse.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme
Nichols) : En deux minutes, s'il vous plaît.
M. Smith
(Jacques) : Nous aussi, ça nous renverse. C'est pour ça qu'on a besoin
d'aide et de changements à la loi pour donner un peu plus de pogne à la
fédération pour qu'on puisse guider ces gens-là dans le droit chemin.
Présentement, on peut juste leur recommander : Fais pas ça. Ce qu'on veut,
c'est leur dire : Tu n'as pas le droit de faire ça puis tu as tant de
jours pour t'enligner pour le faire.
Dans le début du
mémoire, si vous avez remarqué, M. Gaudreault, on parle que les
changements vont nous aider à remettre sur
pied la saine gouvernance, mais aussi en favorisant l'accès au territoire, en
respectant les principes fondateurs des zecs. Ça, il ne faut pas
généraliser, là, ce n'est pas à travers toutes les zecs que c'est retourné
comme ça. Il y a quelques réfractaires, c'est ceux-là qu'on devrait remettre
sur le droit chemin. Mais, n'ayant qu'un rôle de conseil, on nous envoie
promener, c'est aussi simple que ça.
M.
Gaudreault : Oui. Mais, si c'est illégal, il faut que quelqu'un
sévisse. Comment ça se fait que le gouvernement a laissé faire ça au fil des ans si c'est illégal?
Je veux dire, moi, quand c'est illégal, ça veut dire : ça ne respecte pas
la loi.
Puis l'autre question...
La
Présidente (Mme Nichols) : On n'aura pas de temps. Je suis vraiment
désolée, le temps est limité, donc pas de temps pour la prochaine
question. Je vous remercie, M. Garon, je vous remercie, M. Smith,
pour la contribution aux travaux de la commission.
Et
je vais suspendre les travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir, par visioconférence, le prochain
groupe. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 12)
(Reprise à 16 h 19)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section
Québec. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis
à procéder à votre exposé. Bienvenue.
Société pour la nature et les
parcs du Canada,
section Québec (SNAP‑Québec)
M. Branchaud (Alain) : Oui. Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, les membres de la commission, merci de nous accueillir pour
participer à ce processus démocratique.
D'entrée de jeu,
j'aimerais mentionner qu'on déplore le manque de temps et les processus qui
font en sorte que ça entache le processus démocratique. On pense que ça
mériterait des adaptations pour faire en sorte qu'on puisse pleinement contribuer à améliorer des projets de loi comme
ceux-là, donc merci de prendre ça en considération.
Mon nom est Alain
Branchaud. Je suis directeur général de la SNAP-Québec. Donc, je suis
accompagné d'Alice de Swarte, qui est
directrice principale. Nous allons présenter un total de
14 recommandations, dont trois recommandations-phares,
une qui porte sur la mise en place d'un programme de gardiens du territoire
pour faciliter la protection de la faune, l'instauration d'un comité sur la
situation des espèces en péril au Québec et également l'adoption
d'importantes mesures de protection de l'habitat, qui visent les espèces
menacées ou vulnérables.
Donc, sans plus
tarder, je vais céder la parole à Mme de Swarte, qui va nous entretenir de
gouvernance.
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Allumez... Ouvrez votre micro, madame.
Mme de Swarte
(Alice) : Oui, c'est bon. Merci, Alain. Bonjour. Bonjour, M. le
ministre, Mme la Présidente, MM.,
Mmes les membres de la commission. Donc, je vais vous partager
quelques-unes de nos recommandations en lien avec la gouvernance, quelques modifications qu'on propose pour permettre
une action plus efficace pour la conservation des espèces fauniques.
Tout d'abord, on
voudrait souligner que, malgré le libellé de la loi, les modifications qui sont
proposées avec le p.l. n° 88, pour nous, perpétuent vraiment une vision où
on donne plus d'emphase à l'exploitation des ressources fauniques qu'à leur
conservation. On pense que ça exprime bien une réalité au sein du ministère
Forêts, Faune et Parcs où, finalement, il y a différents mandats qui rentrent
facilement en contradiction, donc à la fois d'exploitation et de conservation.
On a déjà eu l'occasion de faire cette proposition. On pense qu'on serait plus
efficaces dans la conservation des espèces
fauniques si on confiait ce mandat au ministère de l'Environnement. Donc, on
voit bien, avec cette proposition, de penser à restituer les secteurs
Faune et des parcs nationaux au ministère de l'Environnement.
On voulait aussi attirer votre attention sur une
opportunité manquée en ce moment avec la révision de la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune concernant le rôle des gardiens autochtones du
territoire et les enjeux
de surveillance du territoire en général. Donc, le projet de loi n° 88
vient bonifier, amener certaines améliorations, là, au niveau des agents
de la protection de la faune, cependant le projet de loi oublie de faire le
lien avec les enjeux de surveillance de façon plus globale. Donc, dans le
contexte où le ministère de l'Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques n'a pas les moyens pour effectuer une surveillance efficace des
différents outils qu'il a à sa charge, donc
on pense aux aires protégées et à certaines exigences en vertu de la Loi sur la
qualité de l'environnement, et donc où on a déjà des situations où des
agents de la protection de la faune vont mener des missions de surveillance
associées à des responsabilités du ministère de l'Environnement, donc on trouve
ça dommage de ne pas avoir saisi l'opportunité de cette révision pour faire ce
pont-là et peut-être avoir une vision plus englobante de la surveillance du
territoire.
Et, pour prolonger et finalement offrir une
piste de solution à cet enjeu, on recommande donc la mise en place d'un
programme de gardiens autochtones du territoire. Il y a de très nombreuses
initiatives partout à travers le Québec, donc, de membres de communautés
autochtones qui s'efforcent de retourner sur le territoire à la fois pour
pratiquer les activités traditionnelles, la transmission des savoirs, mais
aussi occuper et mettre le territoire en valeur d'autres façons. Et, en fait, c'est vraiment une opportunité. Quand on
regarde du point de vue des enjeux de surveillance du territoire, on a
des gens qui sont déjà sur le territoire, qui connaissent le territoire,
parfois c'est dans le contexte de territoires éloignés. Et, en fait, de venir
soutenir ces initiatives-là, c'est aussi important de reconnaître les cobénéfices
que ça peut générer pour les communautés.
Donc, c'est vraiment une approche gagnant-gagnant, autant pour la surveillance
que pour le bien-être des communautés. Donc,
on vous encourage très sérieusement à envisager d'inclure un programme
de gardiens de territoire. Et d'ailleurs on souligne que le gouvernement
fédéral a déjà initié un projet pilote en ce sens. Donc, ça permettrait
vraiment, selon nous, de venir bonifier l'approche concernant la surveillance
du territoire et des espèces fauniques.
Puis finalement, rapidement, avant de repasser
la parole à Alain, on voulait souligner l'importance aussi de mieux impliquer
les organisations non gouvernementales spécialisées sur la conservation de la
nature dans les différentes instances prévues par la loi, donc notamment sur le
conseil d'administration de la Fondation de la faune du Québec et au sein des
tables nationales, autant tables nationales que les tables régionales de la
faune. On pense qu'on a une expertise à faire valoir et des solutions à
proposer.
Et, pour finir sur la partie gouvernance, on
voulait aussi rappeler le rôle structurant de la Fondation de la faune du
Québec. On n'est pas favorables au transfert des sommes issues des
compensations à un nouveau fonds au sein du ministère Forêts, Faune, Parcs. On
pense que ces sommes devraient rester à la Fondation de la faune du Québec, qui
est très bien positionnée pour administrer et dépenser ces sommes. Voilà.
Je repasse la parole à Alain Branchaud pour la
suite de notre exposé.
M. Branchaud (Alain) : Oui. Merci,
Alice. Donc, au niveau de la protection des espèces en péril, donc des espèces menacées ou vulnérables, il faut savoir
que la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune est la loi
par laquelle s'applique la Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables au Québec. Donc, on a trois axes de recommandations
à faire.
Dans un premier temps, améliorer le processus de
désignation des espèces menacées ou vulnérables. En ce moment, c'est un
processus qui est opaque et inefficace. Et on invite le gouvernement du Québec
à s'inspirer de ce qui se fait ailleurs,
dans d'autres instances gouvernementales, et de créer littéralement un comité
indépendant et transparent qui permettrait de faire des recommandations
au gouvernement du Québec sur l'inscription à une liste d'espèces menacées ou
vulnérables. Donc, vous trouverez, dans notre mémoire, des recommandations très
spécifiques sur la façon de faire ces modifications-là.
Deuxième axe d'intervention, une meilleure
protection des individus des espèces menacées ou vulnérables. Actuellement, la protection des individus se fait
comme si c'étaient des individus qu'on allait chasser ou pêcher, alors
qu'il faut revoir le texte. Il faut revoir le libellé pour vraiment interdire
de tuer, de nuire, de harceler ou de prendre des
espèces menacées ou vulnérables. Donc, encore une fois, on a des
recommandations très, très précises. Et on vous recommande aussi de définir, dans la loi, la notion de nuire et de
s'inspirer de la loi sur les espèces en danger américaine pour venir, justement, mieux encadrer les
situations où une destruction d'habitat peut avoir des conséquences négatives
sur le comportement et la réalisation du cycle de vie des espèces fauniques.
Donc, ça, c'est une recommandation spécifique dans le cadre de la protection
des individus.
Au niveau de la protection des habitats, en ce
moment... Et il faut rappeler que la Cour suprême du Canada, en décembre
dernier, a refusé d'entendre un promoteur qui contestait les mesures de
protection, là, de l'habitat de la rainette
faux-grillon à La Prairie, et, ce faisant, ça a consolidé, cristallisé la jurisprudence sur la capacité du gouvernement fédéral de venir intervenir
pour protéger les espèces en péril sur terre privée, sur les terres du domaine
de l'État, dont les terres publiques québécoises. Et la principale raison pour
laquelle le gouvernement libéral peut faire ça et que le promoteur a perdu,
c'est que le gouvernement du Québec n'a pas les outils, dans sa Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, pour intervenir de façon
efficace pour protéger les espèces en péril et leurs habitats.
Donc, on apporte, dans notre mémoire, une série
de recommandations très spécifiques sur la façon de venir bonifier la protection des habitats des espèces menacées
ou vulnérables et également de réduire les délais sur la désignation des
habitats. En ce moment, il y a des éléments qui sont surprenants, comme le fait
que c'est le gouvernement du Québec qui est
responsable de définir les caractéristiques écologiques, biologiques de
l'habitat d'une espèce menacée ou vulnérable. À notre avis, ça devrait
être du ressort du ministre, ça devrait être du ressort des spécialistes de son
ministère, effectuer ce mandat-là, et non au gouvernement. Donc, encore une
fois, dans notre mémoire, on y va de recommandations spécifiques à cet
égard-là.
Et aussi vous avez
institué des pouvoirs d'ordonnance dans le projet de loi, c'est une très bonne
idée, mais ce sont les pouvoirs d'ordonnance
en cas de maladies qui pourraient être contagieuses au niveau de la faune ou
d'espèces envahissantes. On vous invite à introduire aussi un pouvoir
d'ordonnance afin de faciliter la protection des habitats dans le cas où il y a une menace de destruction
d'un habitat d'une espèce menacée ou vulnérable, donc venir renforcer
tous les éléments qui permettent d'avoir un outil solide pour ces espèces qui
sont au bord du gouffre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Prompt, précis. Je pense que vous aurez encore beaucoup de choses à dire. Mais
c'est au tour du ministre. Alors, M. le ministre, vous avez
16 min 30 s
• (16 h 30) •
M. Dufour : Oui. Bien, premièrement,
bonjour, M. Branchaud, Mme de Swarte, bien content de vous avoir
avec nous. Je pense que c'est important de
le préciser, il y a des organismes avec lesquels il y a quand même des liens
qui sont intéressants. Et puis l'organisme de
la SNAP, c'est un organisme qui, quand même, fait un bon travail. Honnêtement,
j'ai eu la chance d'aller, justement, à un moment donné à Kuujjuaq avec
M. Branchaud; on a eu des bonnes
discussions. Puis, écoutez, je peux comprendre certains éléments et j'ai hâte
de lire votre document. Je n'ai pas eu la chance encore de prendre effet de
votre document, mais c'est certain qu'il doit y avoir des pistes de solution
qui sont intéressantes. Je pense que, pour les discussions que j'ai eues avec
M. Branchaud par le passé, on a toujours été en mesure d'avoir quand même des bonnes discussions
franches sur différents enjeux, et ça, je l'apprécie toujours, Alain, de
mon côté.
Écoutez, je pense que je n'ai pas le choix de
faire quand même une analogie, un petit peu pour mentionner quand même certaines implications que le
gouvernement a faites, en tant que ministre de la Forêt, de la Faune et des
Parcs. Souvent, c'est plate à dire, si je peux le dire de cette
façon-là, mais ce n'est souvent pas repris médiatiquement, les bons coups au
niveau faunique que le gouvernement fait. On dirait que ça ne percole pas
toujours. On aime mieux, souvent, nous
accuser de n'avoir pas fait des actions qui auraient dû être faites. Mais je
pense qu'il y a des éléments qui sont intéressants que je dois préciser
ici à tous les collègues.
Commençons,
premièrement, par, si je regarde le travail... justement, le montant d'argent
de 2,1 millions qui a été octroyé...
ça a été fait sous l'ancienne législation par le gouvernement du Parti libéral
du Québec, mais le 2,1 millions pour le programme du béluga qui a
été octroyé à des spécialistes de l'Université du Québec en Outaouais. Je pense
que c'est un programme qui mérite d'être fait. Ça démontre toute la situation
de la problématique du bruit au niveau du secteur du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
tout ce secteur-là, au niveau du béluga. Donc, je pense que c'est quelque chose
qui est très intéressant. Il y a aussi, naturellement, dans le Saint-Laurent.
Mais c'est une action qui est positive, selon moi, que le ministère a faite,
que mon ministère a faite.
Si on regarde aussi, vous l'avez un petit peu
glissé, tout l'argent que nous octroyons à la Fondation de la faune du Québec,
je pense que la Fondation de la faune du Québec est un des beaux organismes qui
est supporté par un ministère et qui fait très bien les actions. En tout cas,
je regarde les différentes actions lorsqu'ils me font leur rapport annuel puis je peux juste être fier un peu
du travail qui est fait de cette organisation-là. Et l'argent qu'on y investit
semble vraiment rapporter, vraiment, des bons éléments.
Je dois aussi préciser qu'on vient de rajouter
un 12 millions, cette année, pour pérenniser l'expertise puis poursuivre les actions qui sont mises de l'avant
par le ministère. Ce n'est pas rien. Ça pourrait peut-être être dans un autre
ministère, la Faune, mais, écoutez, je pense qu'on y tient quand même de façon
sérieuse quand on investit un 12 millions dans un budget de
pandémie. Ça démontre qu'on a quand même à coeur le domaine faunique
particulièrement.
Ensuite de ça, on a rajouté quand même un
850 000 $ aussi au niveau des acquisitions de connaissances. C'est
bien beau d'élaborer plein de choses, mais je pense que c'est important.
Est-ce qu'il
faudrait travailler en plus grand partenariat avec certaines organisations, ce
que vous semblez dire? Écoutez, je
pense qu'il y a toujours place à l'amélioration. Par contre, si je regarde, on
a fait une entente, pas plus tard qu'en 2019, 7,26 millions sur
cinq ans avec Canards illimités pour restaurer des terres privées qui ont une
certaine valeur, donc des acquisitions de
terres privées, réalisation de travaux d'aménagement, etc. Donc,
encore là, c'est du bel argent qui a été mis, puis peu de couverture
médiatique pour cette réalisation-là aussi.
Je dois aussi préciser 300 000 $ pour
la Chaire de recherche sur les enjeux sociaux de la conservation, puis
150 000 $ qui supportent les équipes de rétablissement de certaines
espèces.
Donc, pour ma
part, je pense qu'il y a
quand même des actions qui sont faites. Que ce soit par
notre gouvernement ou par les
anciens gouvernements, il y a quand même eu des actions qui ont été faites
envers la faune sous l'égide du ministère de la Forêt, de la Faune et des
Parcs, et je me dois de le préciser. Je pense que c'est important. J'ai la chance
d'avoir d'autres collègues d'autres partis et de vous avoir, donc je pense que
c'est important.
En bout de ligne, moi, les grandes questions que
j'ai, toujours en lien avec le mandat que vous avez, et je comprends très bien
votre mandat, c'est : Comment on est en mesure — c'est
une question que vous pourrez répondre
après, tantôt — d'établir
une économie qui est intéressante et qui est importante pour l'ensemble des
régions? Je pense, entre autres, aux
régions comme chez nous — je vois mon collègue de Jonquière — la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
qui est souvent impactée par certaines situations, particulièrement avec tout
le port de mer potentiel, là, majeur qui peut se développer dans le secteur de
Chicoutimi. Ça fait que, comment qu'on est en mesure de travailler une économie
avec une protection des habitats fauniques de façon à... Est-ce qu'on peut, à
un moment donné, dire : Il y a tel secteur ou il y a tel habitat qu'on
doit laisser pour une volonté économique et quel secteur qui ne l'est pas? Ça,
j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Si je prends le cas, exemple, chez nous, du
caribou, écoutez, j'ai travaillé le dossier, je l'ai regardé à peu près sur
toutes les coutures — je
prends vraiment, là, la situation du caribou de Val-d'Or dans ce cas-ci, dans
ce que je vous parle là — même en parlant avec des
spécialistes, on me dit que le terrain est tellement magané pour différentes raisons, là. Oui, il y a eu de la foresterie, mais
c'est important de préciser que ça fait six ans qu'il n'y a plus de foresterie
dans ce secteur-là. Il y a eu des mines. Il n'y a pas de minières vraiment
actualisées, actuellement, dans ce secteur-là. Par contre, il y a, naturellement, du récréotouristique, il y a des baux
de villégiature, il y a des abris sommaires, il y a des pistes de
skidoo, etc. Comment qu'on fait pour arriver à un juste milieu, une
harmonisation, une agilité là-dedans? Comme
ministre, c'est un peu ce que tu as à penser. Tu veux essayer d'en donner à
tout le monde, mais, à un moment donné, tu dis : C'est où qu'est le
début, puis où est la fin, en fin de compte?
Et le
dernier... peut-être dernier questionnement que je pourrais vous poser, puis après ça je
laisserai la parole aussi à des collègues : La fameuse séquence
éviter, minimiser, compenser qui est au coeur de notre processus
d'autorisation, selon les directives administratives déjà établies, quelles
seraient les bonifications à apporter pour que le projet de loi soit plus
convaincant pour vous dans cette matière? Alors, je vous lance la balle. Et
puis, écoutez, on est là pour vous entendre.
M.
Branchaud (Alain) : Bien, merci beaucoup, M. le ministre. Toujours prêts à collaborer avec tous les membres du gouvernement
et les représentants des élus, alors, au niveau de la SNAP-Québec. Premièrement,
un petit commentaire sur la couverture médiatique des bons coups. Moi,
je vous dirais que, si vous réalisez le tiers des recommandations de la SNAP,
vous allez avoir une super belle couverture médiatique, puis ça va être très
positif.
Donc, au niveau de la question fondamentale de
l'économie, oui, il y a des réponses à ça. Puis je vous dirais que, pendant très, très longtemps, il y a eu un
déséquilibre au niveau de la vision qu'on avait sur l'économie et l'environnement, et ce déséquilibre-là est
vraiment en défaveur, là, de la protection de l'environnement. Il faut
absolument créer de la certitude pour
les investissements et, pour faire ça, il faut sécuriser les habitats, il faut
sécuriser la protection des sites qu'on doit absolument protéger pour
rencontrer nos objectifs de conservation.
Un exemple de ça, au niveau du Plan Nord, le gouvernement
du Québec s'engage à mettre à l'abri des activités industrielles 50 % du
territoire. Ça laisse 50 % du territoire pour faire des activités économiques.
Donc, si on accélère les mesures de
protection puis qu'on clarifie qu'est-ce qu'on va protéger, bien, ça va créer
de la certitude pour les investissements ailleurs, sur l'autre partie du
50 %, qui est gros comme la France. Donc, il faut voir ça.
En ce moment, cette vision-là est un peu
édulcorée de l'équilibre puis du juste milieu. Ça me rappelle une caricature où
on voyait qu'à chaque génération les gens, justement, dans cet esprit-là,
décidaient de protéger... de construire ou de détruire, pour des fins
économiques, seulement 50 % de ce qui restait. Donc, à chaque génération, on détruit 50 % de ce qui reste. Au final, si
on a cette logique-là, il ne restera plus rien, là, dans quelques générations.
Donc, il faut évoluer et moderniser notre vision par rapport à la
protection de l'environnement.
Et, dans certains cas, c'est vrai que le
compromis n'est pas possible. Quand il est question de protéger des espèces en
péril, des espèces menacées ou vulnérables, on n'est plus dans une notion de
compromis, on est dans une mission presque impossible de venir sauver ces
espèces-là et faire en sorte qu'on puisse augmenter les chances de rétablissement et de survie de ces espèces. Donc,
je pense qu'il faut ajuster notre façon
de faire en fonction de la réalité scientifique et de notre compréhension de ces
enjeux-là.
Ce qui
m'amène à votre question sur la politique du éviter, limiter et compenser. C'est une des recommandations qu'on fait dans le cas du projet de loi, c'est de ne pas permettre la compensation pour la destruction
d'habitats fauniques d'une espèce menacée ou vulnérable. On ne doit pas
être dans cette dynamique de vouloir détruire et compenser des habitats des
espèces menacées ou vulnérables. Ce sont des... Par définition, ces espèces-là
sont sur une tangente, une dérive vers
l'extinction. Donc, on n'est pas dans un contexte où le compromis est la bonne politique
pour protéger ces espèces-là. Donc, il faut faire une différence entre
la protection d'une barbote et d'une perchaude et la protection du chevalier
cuivré.
Puis une façon d'illustrer le premier propos sur
l'équilibre, si on avait pris les mesures de protection du chevalier cuivré il
y a 20, 25 ans de façon sérieuse, aujourd'hui, on pourrait regarder les
projets de développement et d'expansion de
ports d'une façon différente parce
qu'on aurait peut-être
une espèce qui serait plus résiliente. Aujourd'hui, on a un joyau de notre biodiversité qui
est au bord du gouffre. Donc, investir dans la protection de l'environnement,
investir dans la protection de la biodiversité, c'est un geste stratégique
intelligent pour développer notre économie.
• (16 h 40) •
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre, est-ce que vous avez d'autres commentaires?
M. Dufour : Pas pour moi. Je
laisserais mes collègues...
La Présidente (Mme St-Pierre) : J'ai
M. le député de Lac-Saint-Jean qui aimerait poser une question.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Mme la Présidente, j'avais mon collègue le député de Bourget qui avait levé sa
main avant moi.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Ah! je n'avais pas vu sa main, je m'excuse. Alors, M. le député de Bourget, je suis désolée, et je vous cède la
parole.
M. Campeau : Pas de problème.
Bonjour à vous deux. J'ai toujours trouvé que la SNAP était un organisme très
proactif, puis vous le savez parce que je vous l'ai déjà dit. Mais vous
regardez vraiment un aspect du projet de loi que les autres intervenants ne
regardent pas ou regardent peu, en tout cas.
Juste un commentaire. Vous
vous demandez si l'aspect de la faune ne devrait pas être lié au ministère de
l'Environnement. Bien, on sépare comme ci ou on sépare comme ça, de toute façon,
ce n'est jamais parfait comme tel. Et je me
dis que, d'une façon ou de l'autre, si on sépare d'une façon, ça ne sera pas
idéal non plus. Une chose que je... C'est la première fois que je travaille
dans un gouvernement, mais ce que j'entends continuellement, c'est
qu'il ne faut pas travailler en silo. D'autres gouvernements l'on entendu,
mais on l'entend énormément, et je pense qu'on a un effort particulier... Alors, moi, j'ai l'impression, que ce soit un ministère,
que ce soit l'autre, à partir du moment où ces gens-là ne travaillent
pas en silo, il semble que ce n'est pas trop grave, il me semble, à partir du
moment où l'idée en arrière ne change pas.
Mais j'aurais une question vraiment très, très,
très précise, c'est : On dit que les agents de la faune peuvent travailler
dans des situations qui sont parfois reliées à la conservation des espèces.
Vous suggérez des gardiens autochtones du
territoire. Peut-être, là, je ne dis pas que ce n'est pas une bonne
idée, mais est-ce que ce n'est pas un peu ce que les APIA, les
aires protégées d'initiative autochtone prévues dans la loi n° 46,
vont apporter? Est-ce que c'est de ça que vous parlez ou est-ce que c'est plus
que ça? J'aimerais juste si vous pouviez préciser, s'il vous plaît.
Mme de Swarte (Alice) : Je peux peut-être
y aller, Alain. Bonjour, M. Campeau. Merci pour votre question. Donc,
concernant le rôle des gardiens autochtones du territoire, dans un premier
temps, c'est sûr, ce serait à des représentants autochtones d'exprimer en... ce
serait eux qui seraient le mieux placés pour exprimer en quoi ça consiste. Mais, comment c'est fait ailleurs,
ce n'est pas nécessairement associé à des projets d'aires protégées
autochtones. C'est sûr que les aires
protégées d'initiative autochtone peuvent être un endroit de prédilection pour
mettre sur pied un programme de gardiens du territoire, mais, ailleurs
dans le monde ou ailleurs au Canada, il y a des programmes de gardiens du
territoire qui vont s'appliquer à des territoires beaucoup plus vastes.
Et d'ailleurs,
en fait, même au Québec en ce
moment, il y a, par exemple, une entente entre la Nation naskapie de Kawawachikamach et le gouvernement
du Québec pour permettre à des assistants de protection de la faune naskapis de se déplacer sur l'entièreté de ce qui
est déterminé comme étant la zone naskapie pour effectuer des activités
de surveillance, donc pas seulement de la faune, mais aussi, donc, par exemple,
surveillance de certaines activités minières, etc.
Mais après
c'est au niveau de la délégation des pouvoirs qui leur sont confiés que, là, le
champ d'intervention va être limité par rapport, par exemple, à l'application
de la LQE ou la surveillance des aires protégées. Donc, c'est quand même une
approche complémentaire. Mais, par contre, vous faites bien de faire le lien, parce
que ça s'inscrit dans une même mouvance, je dirais, qui valorise le leadership
autochtone et la gouvernance autochtone du territoire.
Puis je me permets de rebondir aussi sur la
question de comment est-ce qu'on génère des économies positives pour les
communautés locales, les communautés en région. C'est démontré, au niveau
canadien, que les programmes des gardiens du territoire, pour 1 $ investi,
génèrent 3 $ de retombées positives dans les communautés. Donc, je pense que, quand on pose la question de
comment est-ce qu'on fait pour concilier, finalement, la conservation,
le développement, il ne faut pas seulement comptabiliser en termes d'emplois,
mais c'est aussi toutes les retombées au
niveau du bien-être social, des économies au niveau de la santé, de la vitalité
des communautés, de l'attractivité pour développer des projets touristiques, etc. Donc, c'est une partie de la
réponse, je pense, aussi pour les enjeux économiques.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...interrompre ici. Alors, maintenant, je passe la parole à M. le député de
Laval-des-Rapides pour cette portion de 11 minutes.
M. Polo : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Ah! monsieur... J'ai vu M. le député de
D'Arcy-McGee lever la main. Alors, M. le député de D'Arcy-McGee,
allez-y.
M.
Birnbaum : Merci, cher collègue. Et, merci, Mme la Présidente. Merci,
Mme de Swarte et M. Branchaud. Écoutez, pour plusieurs de
nous, ce n'est pas une première fois. Lors de vos visites assez régulières à
l'Assemblée nationale, on a eu des entretiens très intéressants.
Écoutez, deux
choses. Dans un premier temps, je constate et je prends note de votre plainte,
et c'est malheureusement plusieurs fois répété ces derniers mois, qu'il
y avait une pénurie du temps pour préparer votre intervention. Alors, dûment noté. Il me semble que nous avons tout
l'intérêt de privilégier l'implication des partenaires privilégiés,
experts de toutes sortes, et le fait que ça ne soit pas toujours le cas ne nous
aide aucunement à confectionner les meilleurs projets de loi qu'on peut. Alors,
c'est noté.
Écoutez, je me permets de poser la question
directement. On a tourné autour un petit peu. On a tendance, des fois en
commission parlementaire, et le ministre, avec tout respect, a donné écho à
cette tendance-là, de dire : Bon, voilà les pour, voilà les contre.
J'aimerais vous poser la question : Est-ce que, dans vos propositions, il
y a une complémentarité très possible entre la chasse bien encadrée, la chasse
et pêche, et la conservation et la mise en valeur de la faune et des habitats,
l'environnement où habite cette faune-là?
M. Branchaud (Alain) : Bien, je peux
peut-être m'aventurer, Alice, et tu compléteras ma réponse. Merci pour votre
réponse... votre question, plutôt. Dans nos recommandations, il n'y en a aucune
qui vise à limiter les activités de chasse, de piégeage ou de pêche. Donc, ce
sont... notre vision, à la SNAP-Québec, c'est que l'humain fait partie de ces
écosystèmes-là et même que l'humain peut jouer, avec un prélèvement encadré, un
rôle très important au niveau des équilibres. On a
déstabilisé les écosystèmes et les communautés animales jusqu'à un point où
certains des grands prédateurs sont absents. Donc, c'est sûr qu'il y a un grand
respect, là, pour ces activités-là qui, dans certains cas, sont des activités
traditionnelles de plusieurs familles. Donc, il n'y a aucun point là-dedans...
Donc, notre propos et nos recommandations visent vraiment à rééquilibrer ce que
nous, on perçoit comme vraiment un grand déséquilibre, qui est l'absence de
mesures de conservation franches, réelles pour agir lorsqu'il y a une menace à
des éléments de notre biodiversité qui sont au bord du gouffre.
Aujourd'hui, en 2021, malgré les
375 articles par année qui paraissent sur la destruction des habitats de
la rainette faux-grillon, on continue à observer les destructions. Et le
gouvernement du Québec n'est pas outillé pour intervenir de façon adéquate, de
façon opportune et de façon, donc, claire pour empêcher cette destruction-là.
Donc, il doit s'outiller de nouvelles mesures. Puis le projet de loi n° 88
est une occasion de venir renforcer ces mesures-là et de faire une gradation
dans la façon de gérer la protection des habitats, la protection des individus.
Donc, c'est vraiment dans cet esprit-là qu'on a abordé le projet de loi
n° 88. Je ne sais pas si ça répond à votre question.
• (16 h 50) •
M. Birnbaum : Oui, merci, merci.
Vous parlez beaucoup de la surveillance du territoire, et j'aimerais vous inviter à élaborer. Les Premières Nations ne
seront pas présentes lors de nos audiences parlementaires, malheureusement.
Il y avait le comité conjoint qui aurait aimé comparaître, qui aurait pu porter
voix, peut-être, à plusieurs de leurs préoccupations. Ils n'ont pas été invités.
Écoutez, évidemment, je respecte... vous n'êtes
pas pour parler en leur nom, mais je vous invite de nous parler davantage de la
surveillance du territoire. Quelque part, ça rejoint l'objectif primordial du
projet de loi devant nous. Alors, comment, de façon réelle, réglementer,
décréter une surveillance à la fois qui arrime les deux pôles, si je peux...
activités de chasse et pêche tout à fait légitimes et dans le respect des
traditions et de l'impact économique, et social,
et régional de ces activités-là et à la fois la préservation des espèces et
leur environnement? De façon structurante, qu'est-ce qu'on aurait pu
faire? Et qu'est-ce qu'on peut faire de plus pour assurer une telle
surveillance, et taillée à chaque région?
Mme de Swarte (Alice) : Merci,
M. Birnbaum, pour cette excellente question. Bien, en fait, on a
identifié, dans le mémoire qu'on va déposer en suivant à la commission... en
fait, il y a déjà plusieurs dispositions dans la loi existante qui permettent
déjà d'impliquer les membres des nations autochtones dans la surveillance du
territoire. Et, comme je le disais tout à l'heure, on a déjà des exemples où
c'est le cas au Québec. Nous, ce qu'on pense, c'est qu'il est nécessaire d'aller plus loin. Mais évidemment
on invite le gouvernement à entamer une discussion de nation à nation
avec les représentants autochtones pour opérationnaliser les propositions qu'on
vous soumet.
Donc, quand
on dit d'aller plus loin, c'est, d'une part, peut-être vraiment aller plus loin
dans la reconnaissance du rôle et de la responsabilité que jouent les Premières
Nations et les Inuits en lien avec la gouvernance du territoire et ensuite
vraiment d'aller mieux calibrer, justement, la délégation de pouvoirs ou les
termes des ententes pour s'assurer, notamment, d'assurer une formation continue
et adaptée aux personnes à qui on délègue les responsabilités des agents de la
faune, d'avoir un financement qui est suffisant. Notamment, il y a des enjeux
au niveau du transport en région éloignée, donc ça prend un financement
augmenté par rapport à ça.
Donc, voilà, ce seraient des éléments de réponse
à votre question. Mais effectivement ce serait, en priorité, d'avoir ces
discussions-là avec les membres des nations autochtones. Mais je souligne
vraiment qu'il y a déjà des dispositions dans la loi qui permettent d'aller
dans cet esprit-là. Donc, dans le fond, c'est pour ça qu'on le propose aussi,
ça nous paraît tout à fait réaliste et atteignable. Puis, encore une fois, il y
a d'autres juridictions qui le font tout près de chez nous.
M. Birnbaum : Merci. Mme la
Présidente, je me permettrais une troisième petite question, et je suis sûr que
mon collègue risque de renchérir. Dans un autre domaine, vous avez constaté
votre préoccupation, votre hésitation en ce qui a trait à la création et le
transfert d'un fonds issu, bien, si j'ai bien compris, des amendes. Mais le
transfert de ce fonds de la Fondation de la
faune, vous avez l'air d'être mal à l'aise là-dessus. Pouvez-vous expliquer
pourquoi?
M. Branchaud (Alain) : Oui. Bien
depuis plus de 30 ans, la Fondation de la faune du Québec, comme l'a
souligné le ministre, fait un travail extraordinaire pour supporter des
initiatives fauniques partout au Québec. C'est vraiment une toile de connexion
dans toutes les sphères de la mise en valeur et de la conservation de la faune.
Donc, il y a un risque de se retrouver avec
un nouveau fonds qui va entraîner de la nouvelle bureaucratie, de nouveaux
programmes à développer. Il y a une expertise qui risque de se perdre
avec celle de la Fondation de la faune du Québec.
L'autre élément aussi, c'est qu'on parle
beaucoup, et de plus en plus, dans toutes les lois de protection de
l'environnement, de compensation. Et là on va se retrouver avec un ministère
qui va être un peu juge et partie et possiblement en conflit d'intérêts dans
des décisions à prendre sur : Est-ce que j'autorise la destruction d'un
site et je reçois une importante compensation financière que je vais pouvoir
utiliser dans le fonctionnement de mon ministère ou est-ce que je mets de
l'avant l'évitement, et donc je protège ce milieu-là?
Donc, en ce moment, il y a déjà une entente
administrative qui lie le ministère avec la Fondation de la faune pour tout ce qui est de la gestion des sommes qui
sont générées par la mise en oeuvre de la loi. Et, nous, ce qu'on recommande, c'est de prendre cette entente
administrative là et de l'insérer, finalement, de l'enchâsser ou d'enchâsser
des éléments de cette entente-là dans la loi et de poursuivre sur quelque chose
qui fonctionne bien. Pourquoi briser, si
c'est quelque chose qui fonctionne bien, puis d'essayer de créer une nouvelle
entité qui risque donc d'avoir un coût administratif, un coût
bureaucratique très, très élevé?
M. Birnbaum :
Merci, merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de Laval-des-Rapides, vous n'avez que
50 secondes.
M.
Polo : Je vais les prendre.
Bien, en fait, c'est une question très, très précise par rapport à votre recommandation n° 12. Pourquoi vous proposez une recommandation de
donner des pouvoirs directement au ministre plutôt qu'au ministère? Ma
question est vraiment très, très, très précise à ce niveau-là. Pourquoi aussi
précis qu'identifier le ministre et lui donner des pouvoirs en matière de
protection de la faune?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Quelques secondes.
M. Branchaud (Alain) : En fait,
rapidement, la loi donne le pouvoir d'ordonnance sur plusieurs enjeux, et ce
qu'on dit, c'est : Ce pouvoir d'ordonnance là, on doit l'étendre à des
situations où il y aurait une menace à l'habitat d'une espèce menacée ou
vulnérable.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, voilà. Donc, avant de passer à Mme la députée de Rouyn-Noranda, je
dois vous dire que... je dois vous rappeler que vous devez garder vos caméras
actives. C'est le seul moyen pour moi, la présidente, de m'assurer de votre présence.
Alors, on me demande de vous faire ce message, je vous le fais. Et je passe la
parole à Mme la députée Rouyn-Noranda. Vous disposez de
2 min 45 s, comme d'habitude.
Mme
Lessard-Therrien : Merci.
Merci, Mme la Présidente. J'aimerais... Bien, d'abord, bonjour,
M. Branchaud, Mme de Swarte. Toujours un plaisir de vous
entendre. J'aimerais revenir sur votre recommandation 14 où vous
dites : «Modifier l'article 122.3 de façon à garantir que les refuges
fauniques, comme les autres aires protégées, sont à l'abri des activités industrielles et ne pas laisser la possibilité
d'autoriser d'activité susceptible de nuire à la conservation de la
faune ou de son habitat.» Dans la compréhension que vous avez en ce moment du projet
de loi, est-ce que ça permettrait des activités industrielles à l'intérieur des
refuges fauniques?
Mme de Swarte (Alice) : Je peux y
aller, Alain, si tu veux. Bien, en fait, c'est assez ambivalent, finalement, la proposition qui est faite pour le régime
d'activités des refuges fauniques, parce
que, dans les premiers paragraphes,
on a une formulation qui est très semblable à ce qu'on retrouve, par
exemple, pour les réserves de biodiversité dans la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, donc ce qui est à la
fois positif, mais logique puisque les refuges fauniques sont des aires protégées administrées par le MFFP.
Par contre, dans ce qu'on retrouve à la fin de l'énoncé, là,
on vient tout de suite ouvrir la porte, finalement, à exempter ce qu'on
vient de dire précédemment, exempter les interdictions.
Donc, en
fait, nous, ce qu'on propose, on est allés regarder... On trouve ça normal de
laisser une certaine forme de marge de manoeuvre au ministre dans l'administration
de ces outils-là. Mais, du coup, là, on propose un langage qui se rapproche
plus de celui de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, et qui
balise mieux, selon nous, le régime d'activités, et, notamment, qui ne
permettrait pas d'autoriser d'activités incompatibles avec la poursuite des objectifs
de conservation, d'une part, ni, donc, des activités susceptibles de nuire à la
faune et à son habitat.
Donc, c'est
un petit correctif, mais effectivement, en l'état, tel que c'est rédigé, ça ouvre la
porte à ce qu'on puisse réaliser des activités incompatibles avec la
poursuite des objectifs de conservation.
Mme
Lessard-Therrien : Puis, au niveau de la flexibilité qu'on pourrait garder, qu'est-ce que vous voyez dans
cette flexibilité-là? Quel genre d'activités pourraient être permises dans les
refuges fauniques?
• (17 heures) •
M.
Branchaud (Alain) : Bien,
les refuges fauniques, c'est... dans le sud du Québec, par exemple, c'est souvent des ententes
avec des propriétaires terriens privés, ou des municipalités, ou... Donc, il y a...
pour créer ce refuge faunique là, ça
demande nécessairement une entente au départ. Et le règlement
qui va accompagner la création du refuge faunique peut déterminer de façon commune quelles activités
précises vont être interdites, lesquelles vont être autorisées en fonction
de cibles de conservation très précises. Par exemple, il y a un refuge faunique...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici et passer la parole à M. le député de Jonquière.
Je regrette, mais je dois tenir le temps. Alors, M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup de votre présence, Mme de Swarte, M. Branchaud. Je
comprends évidemment de vos propos que vous, vous souhaitez que l'État
québécois au sens large soit mieux outillé, ainsi que les intervenants sur le
terrain, que ce soient les zecs qu'on a rencontrées tout à l'heure, les
chasseurs, les pêcheurs, soient mieux
outillés pour protéger les habitats fauniques. Je pense que c'est un élément
important là où on est rendus aujourd'hui avec les enjeux climatiques,
les enjeux environnementaux.
Question
bien, bien claire, là : Est-ce que le projet de loi n° 88
répond à ça? Alors, oui ou non, et avec quelques détails.
M. Branchaud (Alain) : Dans sa forme
actuelle, c'est un rendez-vous manqué parce qu'il n'y a pas assez de mesures
coercitives visant la protection des habitats fauniques, en particulier ceux
qui visent les habitats des espèces menacées ou vulnérables. Encore une fois,
même si on modernise le Règlement sur les habitats fauniques, qui est censé... ce qui est censé
arriver, la façon dont est conçu ce règlement-là, c'est une grande passoire
d'exemptions et, au final, ça ne permet pas de rencontrer les objectifs
de conservation.
Il y a dans
le... Bien, un exemple d'une recommandation qu'on fait, il y a
l'article 171.3 qui semble ouvrir la porte, déjà dans la loi, à protéger
les habitats fauniques sur terre privée sans passer par le règlement. Donc, on
a fait des suggestions très précises, dans le cas de cet
article 171.3, pour faire en sorte qu'en cas d'urgence, pour permettre de
protéger, par exemple, l'habitat de la
rainette faux-grillon, on puisse mettre en place une désignation d'urgence d'un
habitat faunique et entamer un processus pour officialiser la création
de cet habitat faunique, mais d'une mesure qui protège l'habitat directement
par la loi.
M. Gaudreault : O.K. Rendez-vous
manqué, c'est quand même une expression très forte, nous l'entendons très bien de votre part. Pour que ce rendez-vous
soit un peu moins manqué, vous voudriez revoir aussi la gouvernance avec un rôle, entre autres, de votre organisation.
Pouvez-vous nous en parler un peu? Vous parlez d'une table faune, là, ou
de votre présence autour de cette table.
M.
Branchaud (Alain) : Bien, la
présence de la SNAP ou de d'autres organisations. Il y a plusieurs
organisations environnementales, au Québec, qui sont sérieuses, basées sur la science, qui travaillent bien avec les communautés. S'assurer
qu'on transforme ce qui a été pendant plusieurs années une vision très
faunique, pêche, chasse, de ces tables-là vers une... pour intégrer davantage de conservation. Ce n'est pas normal
que, sur le conseil d'administration de la Fondation de la faune, il n'y
ait pas de groupes environnementaux, par exemple.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici. Alors, je
vous remercie énormément pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir, par
visioconférence, le prochain groupe. Alors, merci infiniment. Bonne fin
de journée à vous deux. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 04)
(Reprise à 17 h 07)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentantes
de Nature Québec. Et je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission, j'imagine que vous êtes très familières avec
cette procédure. Et je vous invite à vous présenter puis à procéder à
votre exposé. Alors, vous avez la parole.
Nature Québec
Mme Simard
(Alice-Anne) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, Mme la
Présidente, Mmes et MM. les députés,
je vous remercie d'offrir la chance à Nature Québec de commenter le projet de
loi n° 88. Mon nom est Alice-Anne Simard,
je suis la directrice générale de Nature Québec et je suis accompagnée par
Emmanuelle Vallières-Léveillé, qui est la coordonnatrice Biodiversité et
Forêt.
Donc, Nature
Québec, c'est une organisation environnementale nationale qui travaille à la
conservation des milieux naturels et
à l'utilisation durable des ressources depuis 40 ans. Tout d'abord, nous
accueillons favorablement la modernisation de la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune, qui était, selon nous, nécessaire, là, pour
ajuster certains aspects défaillants de la législation existante.
D'emblée, on tient à souligner positivement l'intention du
gouvernement, là, de simplifier et d'améliorer le processus d'établissement des
refuges fauniques et des habitats fauniques et on est aussi favorables à un
accroissement de la capacité du ministère et des agents et agentes de la faune
d'agir dans les situations de crise et de braconnage pour mieux protéger
la faune.
On tient
aussi à féliciter le ministre, là, d'avoir mis la modernisation de cette loi à
son agenda politique. Selon nous, là, ça traduit vraiment sa volonté de
veiller à la conservation de la faune, et, bien, c'est tout à son honneur.
Bien qu'on soit d'accord, là, avec les objectifs
poursuivis par la modernisation de cette loi, on pense que les modifications
apportées devraient être plus ambitieuses afin d'en faire un outil législatif,
là, qui permette réellement au Québec de
mieux protéger les espèces et les habitats fauniques et surtout de favoriser le
rétablissement des espèces fauniques menacées ou vulnérables.
On tient
d'ailleurs à souligner aussi que la valeur de la faune ne doit pas seulement
être mesurée par les retombées associées à son prélèvement. Il y a plusieurs
autres activités de mise en valeur de la faune et de ses habitats qui
offrent des retombées économiques
importantes pour les régions du Québec, notamment l'observation de la faune,
là, qui ne doit pas être sous-estimée comme un moteur de développement
économique.
On regrette aussi que la politique
gouvernementale de la faune n'ait pas été rendue publique avant l'étude du projet de loi n° 88. On sait que cette
politique-là est prête, il faut seulement qu'elle soit rendue publique. Et on
est d'avis, en fait, que la politique aurait dû être présentée avant le
projet de loi pour qu'on s'assure que cet outil législatif, là, soit adéquat
pour permettre au gouvernement de remplir les objectifs qu'il s'est définis,
là, dans sa politique.
• (17 h 10) •
Il faut rappeler aussi que
la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, elle a été
modifiée pour la dernière fois en 2009 et
que les prochaines modifications à la loi pourraient donc ne survenir que dans
plus d'une décennie, et il y a des grands défis qui nous attendent pour
enrayer la crise de la biodiversité dans les prochaines années, et on croit que se doter dès aujourd'hui d'un outil
législatif ambitieux pourrait nous permettre de mettre rapidement un frein,
là, à la disparition des espèces.
Au niveau de nos
recommandations maintenant, on en a formulé huit qui vont, selon nous,
permettre de bonifier le projet de loi pour
qu'il permette d'offrir des gains réels en matière de protection de la faune et
de ses habitats. Donc, tout d'abord,
on reprend la recommandation, là, du... la recommandation 4.7 du rapport
Coulombe et on recommande que la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune institue la nécessité d'établir des ententes d'aménagement intégré
à long terme pour les territoires fauniques structurés, donc les réserves
fauniques, les zecs et les pourvoiries, et ce, avant que des permis
d'intervention soient accordés, dans le but, en fait, de maintenir la qualité
des habitats fauniques et de favoriser la mise en valeur de la faune.
On propose aussi qu'une modification soit faite à
l'article 111 de la loi pour ajouter à la vocation des réserves
fauniques celle de la conservation et de la mise en valeur des habitats
fauniques, donc pas seulement conservation et mise en valeur de la faune, mais
aussi des habitats fauniques.
On recommande qu'un
article de loi soit ajouté à la loi pour assurer la mise en place d'un réel
aménagement intégré des réserves fauniques.
Et cet article-là donnerait la responsabilité au ministre d'établir une politique
d'aménagement intégré des réserves fauniques qui fixerait des objectifs
et des balises au processus de gestion intégrée dans le but de favoriser la
conservation, la mise en valeur et l'utilisation de la faune, de maintenir la
qualité des habitats fauniques et des caractéristiques naturelles nécessaires à
la conservation de la faune et de maintenir aussi la qualité visuelle des
paysages sensibles.
Actuellement, la loi s'applique théoriquement aussi bien en
terres publiques que privées. Par contre, le Règlement sur les habitats
fauniques ne s'applique, lui, que sur les terres du domaine de l'État. Donc, on
sait présentement qu'il y a une modernisation de ce règlement qui est en cours
et on sait aussi que le deuxième volet de la modernisation porte spécifiquement
sur cet enjeu. Alors, on veut demander au gouvernement, là, de ne pas manquer
sa chance d'assurer la protection en terres privées des espèces fauniques,
principalement les espèces fauniques menacées ou vulnérables, et on recommande
donc que la modernisation, qui est en cours, du Règlement sur les habitats
fauniques ait lieu rapidement et se traduise aussi par une meilleure protection
de la faune en terres privées.
De plus, là, il y a des exceptions concernant le
caribou de la Gaspésie dans le Règlement sur les habitats fauniques, et on
voudrait que ces exceptions-là, permises pour certaines activités nuisibles
dans l'habitat du caribou de la Gaspésie, soient retirées de la nouvelle
mouture du règlement.
On est favorables aussi à l'ajout de l'article 122.3
à la loi qui interdit certaines activités dans les refuges fauniques.
Cependant, le gouvernement se garde un pouvoir discrétionnaire d'autoriser par
règlement des activités nuisibles dans les refuges fauniques en plus de
permettre la poursuite et le renouvellement, là, d'activités nuisibles déjà en
cours. Et on recommande donc que le dernier alinéa de l'article 122.3 de
la loi soit supprimé, tout comme l'article 108 du projet de loi. Parce
que, bon, si le gouvernement est d'avis, comme Nature Québec, que les
activités, que ce soit d'aménagement
forestier, les oléoducs, l'exploitation d'hydrocarbures, de substances
minérales, les activités de transport
d'électricité, bref, toutes les activités susceptibles de nuire à la
conservation de la faune et de son habitat, si le ministre est d'accord,
comme nous, que ces activités-là devraient être interdites dans les refuges
fauniques, comme cet article de loi vient le spécifier, bien, on croit qu'il ne
devrait pas se donner le pouvoir d'en autoriser certaines à sa discrétion et
surtout de permettre la poursuite de ces activités-là réalisées préalablement à
l'adoption du projet de loi.
On salue
aussi l'intention du gouvernement, là, d'offrir la possibilité de créer des
programmes de restauration et de création d'habitats fauniques et de
procéder aussi à la mise en place d'un cadre pour l'évaluation des mesures de compensation. On accueille aussi favorablement
l'instauration d'un fonds faune, là, un fonds qui permettrait de financer
les activités liées à la conservation et la mise en valeur de la faune.
Cependant, on considère que la compensation financière doit être une mesure de
dernier recours et que la modification ou la destruction d'un habitat faunique
doit être, à tout prix, évitée. Un requérant
ne devrait pas pouvoir payer pour détruire un habitat faunique sans faire la
preuve qu'il a tout fait en son pouvoir pour éviter cette destruction.
Alors, on recommande que la séquence
d'atténuation, éviter, minimiser, compenser, et on parle de séquence, donc il y
a une priorité à éviter, ensuite minimiser et ensuite compenser, c'est un
principe de base, là, du Règlement sur la compensation pour l'atteinte aux
milieux humides et hydriques, on... cette séquence devrait être ajoutée au projet
de loi. Et on veut aussi que l'obligation pour le requérant de démontrer les
efforts qu'il a réalisés pour éviter d'abord et minimiser ensuite la
modification ou la destruction de l'habitat faunique soit dans la loi aussi
avant même d'avoir la possibilité, là, de payer une compensation financière.
Principalement, aussi, aucune compensation
financière ne peut être autorisée pour les habitats fauniques d'espèces
menacées ou vulnérables. La modification ou la destruction de ces habitats
critiques ne peut en aucun cas être permise et encore moins compensée. Donc,
comme le gouvernement a l'obligation légale de protéger les espèces menacées ou vulnérables, il ne peut pas autoriser
la modification ou la destruction de leurs habitats, même en exigeant une compensation financière. Donc, tous les articles qui mentionnent une
compensation financière pour la
modification ou la destruction d'un habitat faunique doivent être
modifiés pour que ce ne soit pas possible, là, pour les habitats d'espèces
fauniques menacées ou vulnérables.
Et finalement,
bien, la collectivité écologique, on le sait, a une immense importance pour la
capacité d'adaptation et la résilience des écosystèmes, de la biodiversité,
mais aussi des communautés humaines face aux changements climatiques, et
on recommande donc que les corridors jugés critiques pour la connectivité des
milieux naturels soient reconnus comme des habitats
fauniques au même titre que les autres habitats fauniques désignés par le
règlement et qu'ils soient soumis aux mêmes normes relatives aux activités
autorisées.
Alors, voilà, je vous remercie pour votre
attention.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors donc, je vais maintenant céder la parole à M. le ministre. Vous avez
16 min 30 s. M. le ministre.
M.
Dufour : Oui. Bien, bonjour,
Mmes Simard et Vallières. Bien content de vous avoir avec nous aujourd'hui pour discuter de ce projet de
loi là. Je pense que je n'ai pas le choix de faire un petit peu une
chronologie. Je m'excuse pour les collègues qui m'ont déjà entendu quand même
sur... avec d'autres intervenants, mais vous savez que cette loi-là, vous
l'avez mentionné, dernières modifications en 2009, mise en application en 1984.
Permettez-moi de rajouter que c'était M. Guy Chevrette — imaginez-vous,
ça nous ramène un petit peu dans le temps — qui avait mis ça en place,
donc qui avait mis cette loi-là en action. Donc, oui, on est dû pour la
moderniser, la rajeunir, et puis c'est un peu le travail qu'on se fait... qu'on
fait. Est-ce qu'on est en mesure de faire tout, tout, tout ce que vous aimeriez
faire? Je crois qu'il y a certains éléments que non. Il y a d'autres éléments, par
contre, que ça vaut la peine de les regarder et de voir un peu comment on peut
maximiser pour en faire un beau projet de loi. Ça, c'est définitif que c'est
dans la manière qu'on veut travailler le tout.
Je me dois aussi de préciser, je pense,
certaines implications pour montrer les actions que le ministère fait, que,
souvent, je l'ai mentionné tantôt, que, souvent, ces actions-là ne sont pas souvent
reconnues médiatiquement ou très peu, mais
je ne peux passer sous silence — puis
vous en avez parlé un petit peu tantôt au
niveau des terres privées, puis j'aurai d'ailleurs une question — une entente qu'on a faite, en 2019, de
7 260 000 $ sur cinq ans avec Canards illimités pour
l'acquisition justement de terres privées et la réalisation de travaux
d'aménagement sur ces terres-là pour en faire
des milieux qui soient... que ce soit pour les oiseaux, etc., donc faire...
remettre en état ces habitats-là pour qu'ils soient vraiment orientés
vers une protection ou une conservation au niveau animal. Donc, je pense que
c'est des belles actions, des fois, qui se
font, qui sont mises de l'avant, mais qui ne sont comme pas très connues ou, en
tout cas, qui, médiatiquement, ne sont pas très véhiculées. On dirait que, des
fois, ça ne percole pas dans les médias, ces belles nouvelles là
lorsqu'on les fait.
Je dois préciser, naturellement, aussi la
Fondation de la faune du Québec, qui est un organisme qui, au fil du temps, prend de l'expansion de façon incroyable et
agit comme un maître d'oeuvre dans beaucoup de projets. Je me dois de parler ici, exemple, d'Héritage Saint-Bernard,
que vous connaissez certainement en Montérégie. Héritage Saint-Bernard, là,
si ça ne serait pas de la Fondation de la faune du Québec, là, il aurait de la
misère à avoir du financement pour être capable de s'autogérer, malgré que
c'est toujours quand même difficile. Mais c'est un des sites que j'ai eu la
chance de découvrir et de visiter qui est de toute beauté, par contre, qui a
des particularités aussi, il y a un claim minier qui est sur ce site-là, qui
leur cause une problématique pour avoir, comment dire, les mains libres et le
champ libre pour faire les actions qu'ils voudraient en tout temps.
• (17 h 20) •
Donc, il y a
des enjeux comme ça que, des fois, ils sont là. Ça semble facile, de
l'extérieur, de dire : On pourrait faire ci, on pourrait faire ça,
mais on se doit d'y aller aussi avec les enjeux qui sont devant nous lorsqu'on
est pris devant les faits. Et Héritage
Saint-Bernard est directement un exemple vraiment de cohabitation qui n'est pas
toujours évidente puis qui n'est pas simple.
Vous l'avez
dit, au niveau de... il y a certains éléments, tantôt, j'ai eu... j'ai de la
misère à comprendre. Quand vous dites
que la séquence pour atténuer un secteur, qu'il ne faudrait jamais nuire à un
habitat faunique, bien, normalement, c'est ça que prescrit le
gouvernement, c'est ça que prescrivent les lois, c'est que c'est le dernier
recours. Lorsqu'on vient à altérer un
habitat faunique, c'est le dernier, dernier recours, ce n'est pas un recours
qui est fait : Bien, peut-être ça pourrait être ça, c'est vraiment
en dernier recours et selon des situations bien particulières. Donc, je pense
que c'est important de le préciser, parce que, tantôt, de la manière que vous
l'avez amené, en tout cas, je comprenais que vous croyiez que ce n'était pas ça
qui était le cas, là, présentement, là, mais la loi le stipule bien, pourtant,
que c'est en dernier, dernier recours.
Au niveau des
réserves fauniques, je pense que vous avez sorti des bons éléments en accord
avec le projet de loi. Puis
on vient de parler avec un autre organisme, et, oui, je pense que c'est
important d'être aux aguets. Les réserves... les refuges fauniques, je
veux dire, pas les réserves, les refuges fauniques sont des éléments,
normalement, très particuliers et très importants à maintenir dans leur
intégralité, que ce soit au niveau d'une faune ou d'une flore. Donc, je peux
vous dire une chose, que, oui, c'est un élément qui, pour nous, est majeur dans
ce projet de loi là. On veut s'assurer que ces espaces-là soient exempts de
potentiels développements économiques, industriels ou quoi que ce soit. Donc,
c'est un... je pense que c'est des joyaux qu'il faut s'assurer de préserver.
Donc, pour
moi, comme je vous dis, il y a des bons éléments, c'est important. Moi,
j'aurais quelques questions à vous poser, et je pense que c'est
important d'avoir un peu votre réflexion sur cet aspect-là.
Ma première question... J'aurai trois questions.
La première question, c'est le mécanisme que nous avons au ministère, qui est
les fameuses tables GIRT, qui sont un mécanisme qui devrait être la bonne
méthode, parce que c'est les différents groupes d'intérêts qui peuvent être
autour de ces tables-là et de discourir des différents enjeux de cohabitation,
d'harmonisation, etc. J'aimerais ça un peu que vous nous parliez un peu de
votre perception et votre vision au niveau de nos tables GIRT. Ça, je pense que
c'est important.
Ma deuxième question, lorsque vous parliez des
terres privées, j'aimerais que peut-être vous précisiez un petit peu plus votre
pensée lorsque vous dites : L'intervention du gouvernement sur des terres
privées, c'est assez particulier.
Je fais juste penser au dossier de la maladie débilitante des cervidés qu'il y
a eue sur la... Grenville-la Rouge, où est-ce que c'était décret par-dessus
décret pour être capable de faire quelque chose parce que c'étaient des animaux
en problématique, il y en a eu 11, bêtes, mais on n'avait pas le droit
d'intervenir comme si on aurait voulu, etc. Donc, il y a justement des éléments, dans le projet de loi, qui sont tirés
de cette expérience-là, je ne vous le cacherai pas. Donc, j'aimerais ça entendre
un petit peu plus parler sur ce... un peu votre idée derrière la tête, comment
vous pensez qu'un gouvernement pourrait arriver sur des terres privées pour
faire des actions pour protéger des habitats fauniques.
Et finalement vous
exposez certaines modifications. Bien, selon votre perception, ces mécanismes...
les mécanismes que nous avons de protection, ce que j'en comprends, pour les
milieux d'intérêt fauniques, est-ce qu'ils sont
suffisants, pas suffisants, bien, j'aimerais encore vous entendre un petit peu
plus parler en détail sur ces dossiers-là. Pour moi, ça serait le côté que je voudrais entendre, et puis je
laisserai, pour le restant des minutes, peut-être mes collègues,
s'ils ont quelques questions aussi. Merci.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme Simard ou Mme Vallières.
Mme Simard
(Alice-Anne) : Parfait. Oui, je vais... Oups! je vais répondre.
J'entends...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Moi aussi, je vous entends en double.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Ah! voilà.
Mme
Simard (Alice-Anne) :
Parfait. Excellent. Merci. Donc, bien, merci
beaucoup. Tout d'abord, pour revenir sur certains
éléments qui ont été mentionnés par M.
le ministre, bon, il dit : C'est
sûr que ça semble facile de l'extérieur de dire : Bon, on pourrait faire ça, on pourrait faire ça. Bien,
c'est certain qu'en tant que groupe invité à venir commenter un projet
de loi dans le cadre d'une commission parlementaire on vient de l'extérieur,
c'est sûr, puis on vient proposer des bonifications au projet de loi. Tous les
groupes font la même chose, donc on n'a pas la prétention de dire que c'est
facile, nous, de l'extérieur, toutes les choses qu'on pourrait faire, mais on
vient jouer notre rôle de groupe invité en commission parlementaire puis venir
proposer des bonifications.
Sinon, au niveau de
la compensation financière, vous... bien, M. le ministre indique que c'est déjà
bien indiqué dans la loi. Par contre, dans la loi actuelle, celle qu'on étudie
en ce moment, la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune, ce n'est pas bien indiqué. Dans le projet de
loi n° 88, on parle seulement de compensation, et il n'y a pas de
mention sur cette séquence-là : éviter, minimiser et compenser. Peut-être
que dans d'autres lois, c'est le cas, mais,
dans la loi actuelle, ce n'est pas le cas. Donc, tant mieux, ça nous rassure de
voir que c'est clairement l'intention du gouvernement. Alors, ce qu'on
propose, c'est : Bien, c'est parfait, si c'est l'intention, inscrivez-le
dans la loi pour que ce soit bien clair qu'on ait une séquence éviter,
minimiser, compenser.
Sinon, bon, au niveau
des activités interdites dans les refuges fauniques, vous êtes d'accord avec
ça, vous trouvez que c'est des territoires
qui sont... le ministre, excusez-moi, trouve que c'est des territoires qui sont
importants et qu'il faut bien protéger. Par contre, on comprend vraiment
mal pourquoi le ministre, s'il est d'accord pour dire que ce sont des activités
qui sont nuisibles pour la faune, pour les habitats, qu'elles doivent être
interdites, pourquoi le ministre, pourquoi le gouvernement se garde le pouvoir
discrétionnaire d'en permettre certaines dans les refuges fauniques puis
pourquoi il se garde un pouvoir aussi de permettre les activités qui ont cours
présentement dans les refuges fauniques de pouvoir continuer. Donc, je l'ai
mentionné, là, les articles spécifiques, on aimerait comprendre pourquoi se
garder ce pouvoir-là.
Maintenant, au niveau
des tables GIRT, bien, peut-être que M. le ministre ne le sait pas, Nature
Québec, en fait, siège sur trois tables GIRT déjà. Alors, oui, nous sommes
membres de ces tables GIRT là depuis plusieurs années, et c'est un lieu
intéressant de concertation, de collaboration sur plusieurs enjeux forestiers.
Par contre, qu'est-ce qu'on constate, c'est
qu'il y a beaucoup de déception et de grogne de la part des intervenants et
intervenantes fauniques qui siègent sur les tables GIRT, notamment à la
table GIRT Saguenay. On a été témoins, là, d'un refus catégorique du MFFP
d'autoriser une mesure de conservation des habitats fauniques, proposée par les
pourvoiries du Saguenay, uniquement parce que ça aurait amené une très légère
baisse de possibilités forestières de moins de 1 %.
Par
contre, on sait que c'est très variable, là, entre les régions. Puis, par exemple, en Gaspésie, on sait qu'il y a une très bonne réputation. Puis
ce qu'on constate au final, c'est que, souvent, cette différence-là entre les
différentes tables GIRT puis l'importance que les tables GIRT accordent à la
protection des habitats fauniques, ça va dépendre beaucoup des gestionnaires
forestiers individuels qui vont être parfois plus sensibilisés, plus ouverts,
ouvertes, aux autres valeurs de la forêt que
la production de la matière ligneuse. Et encore... C'est ça, ce n'est pas très, très
égal entre ces différents... parfois, entre les différentes tables GIRT, là.
Sinon, au niveau des
tables privées, M. le ministre nous a demandé de préciser notre pensée. Mais,
bon, on le sait très bien,
on se rappelle, récemment, là, du dossier de la rainette faux-grillon, mais, au
final, c'est que, présentement... nous, tout ce qu'on dit, c'est que, présentement,
on sait qu'il y a une modernisation du Règlement sur les habitats fauniques,
on sait que la loi, actuellement, permet qu'il y ait des habitats fauniques qui
soient désignés en terres privées, et le règlement vient spécifier
ensuite que la désignation des habitats fauniques peut se faire seulement sur
les terres du domaine de l'État.
Nous, on voudrait que, bien, ça puisse... il
puisse y avoir des habitats fauniques qui soient désignés aussi sur des terres privées, parce que ce qu'on trouve,
c'est que ça... ne pas le faire, ça ouvre la porte au gouvernement fédéral, qui, on le sait, en vertu
de la Loi sur les espèces en péril, peut émettre un décret d'urgence, là,
visant la protection d'une espèce inscrite à son annexe 1. Et, même
s'il y a une législation provinciale qui existe, donc, justement, dans le
dossier de la rainette faux-grillon, il y avait une menace imminente au
rétablissement de l'espèce, et le premier décret d'urgence applicable en terres
privées a été adopté pour une espèce en péril, là... qui a été adopté pour une
espèce en péril au Canada, ça a été au Québec.
Donc, nous, tout ce
qu'on demande, justement, c'est qu'on puisse avoir des habitats fauniques qui
soient désignés en terres privées. Puis on le sait que, présentement, c'est une
des... un des objectifs de la modernisation du Règlement sur les habitats
fauniques, mais, comme on ne peut pas faire partie... il n'y a pas de
consultations pour la modernisation du Règlement sur les habitats fauniques, on
profite de cette consultation-là, sur le projet de loi n° 88, pour venir,
tu sais, mettre l'emphase sur l'importance de pouvoir avoir une désignation là,
d'habitats fauniques en terres privées. Voilà.
• (17 h 30) •
M. Dufour :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, j'ai une main levée mais je ne peux pas identifier
cette personne. Est-ce que c'est M. le député de Bourget qui avait la main
levée?
M. Dufour :
C'est Agnès Grondin, d'après moi, qui avait la main levée.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : O.K. Parfait. Ça ne me l'indique pas. Je ne comprends
pas, là. Je vais essayer de régler mon problème.
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin :
Merci, Mme la Présidente. Mme Simard, Mme Vallières, bonjour.
J'ai lu avec grand intérêt, évidemment, votre mémoire. Petite question, parce
que le ministre a posé des questions qui m'intéressaient aussi, donc j'ai eu
des bonnes réponses, c'est une petite question sur les corridors écologiques.
Je comprends très
bien l'importance pour que le Québec, en 2021, puisse, en matière de
conservation et de protection de la
biodiversité... de pouvoir mettre en place des corridors écologiques. Vous, à
la page 19, vous proposez la recommandation n° 8, qui
est : «Que des corridors jugés critiques pour la connectivité des milieux
naturels soient reconnus comme des habitats fauniques au même titre que les
autres habitats fauniques désignés par le règlement...» Évidemment, en terres
privées, notamment, on sait que c'est beaucoup les organismes, toutes sortes
d'organismes de conservation ou même MRC ou
d'autres qui ont identifié des corridors critiques. Comment vous voyez
l'identification de ces corridors? Est-ce que c'est à travers la table
GIRT? Est-ce que c'est à travers... Si on veut mettre en place, par exemple, ce
type de corridor écologique jugé critique, comment on procéderait?
Mme Simard (Alice-Anne) :
Oui. Bien, merci pour votre question. Tout d'abord, on... il y a beaucoup de
nos collègues de Conservation de la nature Canada qui travaillent sur le
dossier des corridors écologiques et qui ont quand même plusieurs données, là,
particulièrement, là, dans le sud du Québec, là, où se situent les corridors
les plus critiques. Même chose aussi, bon,
au niveau des chercheurs, chercheuses qui ont pu faire ce genre
d'identifications là, d'autres organismes aussi, qui travaillent... le
Réseau des milieux naturels protégés, des organismes comme Corridor
appalachien, par exemple, il y a plein d'organismes comme ça qui travaillent
spécifiquement sur ces enjeux. Les MRC aussi, souvent, ont de ce genre de
données là... peut avoir identifié...
Donc, sur, bon, la
technique en tant que telle, pour dire comment spécifiquement on identifie les
corridors les plus critiques, il y a
beaucoup de travail qui a déjà été fait. Mais, je vous dirais, l'important,
c'est surtout qu'une fois qu'ils sont identifiés, qu'ils soient
considérés comme des habitats fauniques. C'est ce qui le plus important pour
nous.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Je dois vous interrompre ici. Et nous passons maintenant
au député de Laval-des-Rapides pour 11 minutes. M. le député.
M.
Polo : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à nos invités, et votre présentation, et
vos recommandations.
Je commencerais, en
premier lieu, là... je regarde votre mémoire, là, votre recommandation
n° 1 stipule, notamment, là : «...la nécessité d'établir des
ententes d'aménagement intégré à long terme (25 ans) pour
les territoires fauniques structurés, dont les réserves
fauniques, les zones d'exploitation contrôlées et les pourvoiries», etc. C'est
une proposition intéressante. Avec la difficulté, celle de se projeter
plusieurs années dans l'avenir, donc de réfléchir à l'aménagement du territoire
faunique, là, sur une période de 25 ans, quels acteurs, selon vous, on
doit inclure ou devrait-on inclure pour réussir, justement, ce pari d'avoir
cette vision ou cette... sur du moyen et long terme... ou, en fait, du long
terme? Et, selon vous, combien de temps il faudrait qu'on se donne pour y
arriver pour, justement, être capables de bien mettre sur papier cette vision,
là, sur une période de 25 ans?
Mme
Simard (Alice-Anne) : Oui.
Bien, merci pour votre question. Tout
d'abord, ce sont des recommandations, là, en fait, qui ont été présentées premièrement dans le rapport de
la commission Coulombe, là, donc ça fait quand même plusieurs années.
Et, dans le fond, c'est une approche qui avait été développée, entre autres,
entre le MFFP, les gestionnaires fauniques et les industriels dans les
années 2000 à 2010 dans certaines régions du Québec, notamment en
Mauricie. Et justement ce genre d'ententes là avait un grand avantage, en fait,
d'améliorer la prévisibilité des conditions pour obtenir une acceptabilité
sociale, là, aux opérations forestières.
Et donc, évidemment, si on
parle d'ententes d'aménagement intégré dans les territoires fauniques, que ce
soient réserve faunique, zec, pourvoirie, bien, évidemment, tout ce qui est
gestionnaire faunique devrait être présent, présente pour venir travailler sur
ces ententes. Le ministère aussi devrait, bien sûr, être là, des organismes de
conservation aussi, des parties prenantes de la communauté, par exemple, aussi
devraient être là. Et le but, c'est de s'entendre ensemble pour que, finalement,
on puisse maintenir la qualité des habitats fauniques et que ce ne soit pas seulement,
bon, la production ligneuse, là, qui soit priorisée dans ces territoires
fauniques structurés. Ça fait qu'on priorise surtout aussi la conservation de
la faune et la conservation des habitats.
Donc, par
exemple, les tables GIRT pourraient
être un bon endroit aussi, parce que, justement, il y a beaucoup
de parties prenantes du secteur Faune, des organismes environnementaux, des
industriels aussi qui sont représentés. Donc, déjà, ça pourrait être une bonne
piste de solution, là, pour mettre en place... pour travailler sur ces
ententes-là.
M. Polo : Parfait. Et, dans la suite
de ma question, pour vous donner un exemple très précis, comment vous conciliez
un peu cette proposition-là, des différents acteurs que vous avez mentionnés,
là, avec la situation, selon ce qu'on nous rapporte, la situation en Mauricie actuellement?
Il y a des enjeux, notamment au niveau des discussions, que ce soit avec le ministère
ou que ce soit avec certains industriels. Bien, premièrement, en utilisant mon exemple,
comment vous conciliez cette vision-là, de vous projeter dans l'avenir sur une
période de 25 ans en mettant tous ces acteurs-là
autour de la table versus une situation concrète ou une situation actuelle, là, qui se
vit actuellement en Mauricie?
Mme Simard (Alice-Anne) : Bien, je
ne connais pas particulièrement la situation qui se vit en Mauricie, là. Je dois avouer, là, précisément, je ne sais pas à quoi M. le député fait référence. Peut-être est-ce que
c'est possible de...
M. Polo : Non. Bien, regardez,
c'était plus un lien. Mais je vais poursuivre avec un autre sujet dans ce
cas-là, plutôt que de... Parce que je veux laisser du temps pour mon collègue
de D'Arcy-McGee, qui a une question pour vous également.
En fait, je vais revenir un peu sur le sujet
évoqué par la collègue d'Argenteuil par rapport aux corridors fauniques. Elle a
ciblé ses questions par rapport aux corridors fauniques d'urgence ou
d'exception. Moi, ma question est plutôt axée sur, justement, quand on parle de
différentes espèces, certaines, bien sûr, on parle d'espèces qui sont nomades, et donc, quand on parle d'espèces qui
sont nomades, qui se déplacent, quand on parle de corridors, comment
vous planifiez ou comment vous proposez que, si on parle de corridors sur une
longue période de temps pour des espèces qui sont nomades et qui se déplacent,
comment, justement, s'assurer que ces corridors-là sont adéquats et qu'ils sont capables d'être flexibles et s'adapter
en fonction du temps, justement, compte tenu que les
espèces se déplacent et peuvent couvrir un très large territoire?
Mme Simard (Alice-Anne) : Oui. Donc,
les corridors, en fait, ce n'est pas seulement pour, bon, les espèces nomades,
comme vous dites, là, ou les espèces migratrices, par exemple, ou quelque chose
comme ça. Des corridors, ça permet de créer de la connectivité entre des
milieux naturels pour qu'une espèce, même si elle n'est pas nomade, qu'elle est
sédentaire, disons, puisse quand même se déplacer d'un milieu à l'autre. Si, par
exemple : Ah! bien, dans ce milieu-là, il y a moins de femelles, finalement,
ou il y a moins de nourriture, bon, bien, il va falloir que j'aille voir
ailleurs, tu sais, s'il y aurait un autre endroit où je pourrais m'installer,
qui serait plus approprié pour moi. Ça sert beaucoup à ça, aussi, les
corridors.
Et particulièrement dans le cadre des
changements climatiques, ce que les scientifiques nous disent, en fait, c'est
que les espèces du sud du Québec et du nord, aussi, des États-Unis vont voir
leur aire de répartition se déplacer, en fait, migrer vers le nord de
45 kilomètres à chaque décennie. Donc, ce n'est pas seulement des espèces
qui, présentement, se déplacent beaucoup,
mais c'est des espèces qui vont devoir changer l'endroit où elles habitent,
parce... avec l'augmentation des températures
mondiale. Donc, de permettre d'avoir des espaces comme ça pour que ces espèces
puissent quand même migrer tranquillement pas vite. Parce qu'évidemment ce
n'est pas : Bon, bien, il est... neuf ans, ça fait neuf ans et demi,
parfait, je fais 45 kilomètres puis, dans 10 ans, je vais faire
45 autres kilomètres. Ce n'est pas
comme ça. C'est progressivement, évidemment, que les choses se font comme ça,
donc, pour s'assurer que, progressivement, elles puissent pouvoir avoir
des habitats qui sont toujours appropriés, même avec l'augmentation des
températures.
Donc, voilà, je ne sais pas si ça répond à la
question de M. le député, mais c'est des espaces qui sont essentiels pour
créer des liens entre les milieux naturels pour que les espèces puissent se
déplacer, mais aussi dans le cadre des changements climatiques. En gros, c'est
pas mal ça.
• (17 h 40) •
M. Polo : Je comprends. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Il me reste combien de temps, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
3 min 45 s
M. Birnbaum : Merci beaucoup. Merci
pour votre présentation, Mme Simard, Mme Vallières. J'aimerais, comme
j'ai fait avec un autre intervenant, vous poser la même question, peut-être
naïve, parce que je veux m'assurer que vos interventions sont reçues et
acceptées à leur juste valeur.
Je
prends pour acquis que vous acceptez et vous comprenez qu'il y a un équilibre
qui se fait entre l'exploitation continue
des activités de chasse et de pêche avec la préservation des espèces et des
environnements qu'on discute. Y a-t-il un arrimage de possible? Parce
que, sinon, c'est difficile d'entamer une discussion.
Et j'aurai une question complémentaire.
Mme Simard (Alice-Anne) : Parfait.
Écoutez, évidemment, évidemment, en aucun cas Nature Québec ne considère que la
chasse et la pêche n'a pas sa place. Au contraire, c'est des moteurs de
développement économique importants des
régions, c'est... Il y a plusieurs personnes dans notre équipe, même, qui
chassent et qui pêchent régulièrement, je
dois vous avouer, un moyen très important d'avoir un contact avec la nature, de
sensibiliser les gens à l'importance de protéger la nature. Ça part
souvent par, aussi, ces questions-là.
Par contre, ce que je voulais vous dire, nous,
c'est que, spécifiquement, nos recommandations aujourd'hui, en aucun cas on
veut qu'il y ait des limites aux activités de chasse et pêche. Au contraire, ce
qu'on dit, c'est...
M. Birnbaum : O.K. Bien, merci.
J'aimerais, sans être malpoli, préciser, justement, là-dessus, voilà, parce que
je veux situer vos interventions dans cet endroit responsable. Là-dessus, je
regarde la recommandation n° 5, et je vous invite d'en commenter, là où
vous notez que «si le gouvernement est d'avis, comme nous, que les activités
d'aménagement forestier, les activités d'exploration et d'exploitation
d'hydrocarbures et de substances — etc. — il ne doit pas se donner le pouvoir d'en autoriser certaines à sa
discrétion». Je donne comme exemple — j'aimerais
vous entendre — même
les communautés des Premières
Nations conviendraient qu'il y a,
dans les circonstances très prescrites, la possibilité d'une telle
exploitation. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Simard (Alice-Anne) : Écoutez,
on parle d'activités interdites dans des refuges fauniques. Je ne sais pas si M. le
député le sait mais, présentement au Québec, il y a neuf refuges
fauniques. Ça ne couvre pas des milliers de kilomètres. Alors, tout ce qu'on
dit, c'est que, dans les refuges fauniques, qui sont des endroits... qui sont
des aires protégées, qui sont des endroits
circonscrits très précis dans le territoire, que les activités nuisibles à la faune, les
oléoducs, l'exploitation d'hydrocarbures,
l'exploitation forestière soient interdites en tout temps dans ces territoires-là.
Et ce n'est pas des immenses territoires.
Et il y a plein d'autres endroits, dans le Québec,
pour exploiter ces ressources-là. Mais, dans les neuf refuges
fauniques qu'on a, il faut les conserver pour la faune.
Et, juste pour terminer, je veux juste
revenir... Les commentaires qu'on fait aujourd'hui, là, c'est pour protéger les
habitats des espèces fauniques. Et c'est le meilleur moyen de s'assurer que les
poissons, les orignaux, toutes les espèces qui sont chassées et pêchées
puissent continuer de l'être pendant plusieurs années. C'est de les protéger, de
protéger leurs habitats pour qu'elles puissent continuer à grandir, et à se
reproduire, et à nous permettre de pouvoir chasser et pêcher pendant longtemps.
Donc, toutes ces recommandations qu'on fait, on le fait justement pour qu'on
puisse continuer à faire du prélèvement de la faune pendant longtemps, là.
Mais, par ça... ça passe par des bons habitats fauniques.
M. Birnbaum : Merci. C'est très
apprécié. Mais j'imagine qu'il n'y a que quelques petites secondes.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui.
M. Birnbaum : Et je trouve ça assez
précis et important que vos recommandations sont dans l'optique d'une
conservation qui est dans l'intérêt des chasseurs et des pêcheurs, comme nous
tous. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci. Alors, maintenant, je passe la
parole à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Merci aux intervenants. C'est limpide. C'est vraiment
intéressant comme échange. Vous êtes extrêmement bien préparés, je suis pas mal
épatée.
J'aimerais
revenir, là, sur la question du corridor pour la connectivité. Est-ce qu'en ce
moment le projet de loi répond à ces préoccupations-là, de connectivité des
territoires ou de connectivité des paysages? Puis, sinon, comment est-ce
qu'on pourrait l'améliorer pour que ça réponde à cette préoccupation-là?
Mme Simard (Alice-Anne) : Merci.
Donc, présentement, non. Parce que, nous, ce qu'on demande, c'est que les corridors jugés les plus critiques pour le
déplacement des espèces dans le cadre des changements climatiques soient
reconnus comme habitats fauniques. Donc, présentement, il y a 11 habitats
fauniques, à mon souvenir, 11 types d'habitat faunique. Est-ce que, parmi
vous, quelqu'un a une autre réponse? Non? C'est 11? 12? 13? Bref, il y a 11 types, donc, par exemple, les héronnières,
vasières, colonies d'oiseaux, bon, je ne les ai pas toutes en tête, mais tout
ce qu'on dit, c'est d'ajouter «corridors» comme le douzième type d'habitat
faunique qui serait reconnu et qui serait, de cette façon-là, protégé, et dans
lesquels il y aurait certaines activités comme ça qui ne seraient pas permises
pour s'assurer que les espèces et leurs habitats soient bien protégés.
Mme
Lessard-Therrien : Ça répond
très bien à ma question. Sinon, sur la question des compensations, est-ce
que, dans les habitats qui sont vraiment jugés critiques, là, pour les espèces
vulnérables, est-ce qu'en ce moment, à votre connaissance, c'est permis de
pouvoir détruire, compenser, même dans les habitats qui sont les plus
critiques?
Mme
Simard (Alice-Anne) : Non, évidemment, ce n'est pas permis
présentement. Et justement c'est ce qui nous inquiétait un peu, avec cette
ouverture-là, à la compensation, puis de créer des habitats de remplacement.
Donc, tu sais, on ne pense pas que c'est ça, l'intention du gouvernement,
vraiment pas. Mais justement, je pense que, quand on apporte des notions de
compensation, bien, évidemment, par le fait même, on apporte des notions de
destruction d'habitats pour créer des habitats de remplacement. Cette
compensation-là, elle sert à quelque chose. Donc, c'est pour ça qu'on veut le spécifier, dans le projet de loi, que, pour les
habitats d'espèces menacées ou vulnérables, il n'y a pas de compensation qui est possible, parce qu'il
n'y a pas de destruction qui est possible, il n'y a pas de modification
qui est possible.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, il lui restait 3 secondes. On va passer la
parole à M. le député de Jonquière. M. le député de Jonquière, c'est
à vous.
M.
Gaudreault : Oui. Bonjour. Merci beaucoup d'être ici.
Justement, moi, je
veux revenir également sur la séquence éviter, minimiser, compenser. C'est une
séquence qui est très importante, entre autres, dans la loi sur les milieux
humides et hydriques, mais j'ai l'impression que le gouvernement actuel, puis
on l'a vu, entre autres, dans le projet de loi n° 66 qui est devenu une
loi, c'est comme si c'étaient trois
principes sur le même niveau — éviter,
minimiser, compenser — alors
qu'il faut que ça soit hiérarchisé et que l'objectif, c'est toujours
d'éviter des pertes. Mais, vous venez de le mentionner, je ne vois pas comment
on pourrait compenser puis même minimiser la perte d'une espèce menacée, par
exemple. Je veux dire, ça devient un peu du «greenwashing», là. Si on
dit : Ah! on a juste à payer puis... mais, ce n'est pas grave, on va
gagner notre ciel, on va s'en laver les mains, on va avoir payé. Mais finalement
on n'aura plus de rainettes faux-grillon ou de je ne sais pas quelle espèce. Alors, comment vous voyez ça,
là, pour qu'on s'assure qu'il n'y a pas de... qu'on n'aplatisse pas la courbe, là, comme disait l'autre, là, puis que les
trois principes soient égaux? Il faut vraiment qu'il y ait une hiérarchisation.
Mme Simard
(Alice-Anne) : Exactement. Donc, dans le projet de loi, c'est très
facile, là, d'aller indiquer que c'est une séquence et que le requérant, par
exemple, qui voudrait modifier ou détruire un habitat faunique doit, en premier
lieu, faire la preuve qu'il a tout fait pour éviter cette destruction, cette modification-là,
ensuite qu'il a tout fait pour minimiser les dégâts causés aux habitats
fauniques et qu'en dernier lieu, bien, il a compensé financièrement pour créer
des habitats de remplacement. Donc, oui, c'est possible de l'inclure dans le projet
de loi, très facilement, puisque c'est déjà inclus, par exemple dans la loi...
dans le règlement sur les milieux humides, et que, dans d'autres législations
aussi ailleurs dans le monde, d'autres pays, d'autres nations, cette
séquence-là n'est pas seulement utilisée pour les milieux humides, mais
est utilisée aussi pour la protection des milieux naturels.
Et surtout, tu sais,
il faut comprendre que les habitats de remplacement, là, ce n'est pas pareil,
tu sais. Quand, je ne sais pas, ma voiture brise, je peux m'en acheter une
autre, puis c'est correct. Mais, quand un habitat est détruit, puis qu'on le
perd, souvent on n'est pas capables d'aller trouver un habitat de remplacement
qui est parfaitement correspondant. Des fois, ça peut prendre des années avant
qu'un habitat de remplacement puisse fournir les mêmes services écologiques. Et, des fois, il n'arrivera même jamais à fournir
les mêmes services écologiques. Et là on pourrait avoir des habitats qui
sont critiques pour des espèces menacées ou vulnérables, qui seraient disparus
à tout jamais et qu'on ne pourrait jamais remplacer. Donc, oui, cette
séquence-là est essentielle, et il faut l'inclure dans la loi. Mais surtout jamais, jamais on ne doit pouvoir
compenser pour les milieux... les habitats des espèces menacées ou vulnérables.
• (17 h 50) •
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Je vous interromps ici. Alors, je vous
remercie infiniment pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin que l'on puisse accueillir, par visioconférence,
le prochain groupe. Donc, nous suspendons.
(Suspension de la séance à 17 h 51)
(Reprise à 17 h 57)
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, bonjour. Rebonjour. Je souhaite la bienvenue aux représentants
de la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à procéder à votre exposé. Bienvenue.
Fédération
des trappeurs gestionnaires du Québec (FTGQ)
M. Gagnon
(Claude) : Alors, bonsoir, messieurs, bonsoir, mesdames. Merci
beaucoup de nous rencontrer ce soir pour cet
exposé. Alors, je me présente, mon nom est Claude Gagnon, je suis le président
de la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec par intérim et je
suis un trappeur provenant de la région de l'Estrie. Je suis accompagné ce soir
de notre directeur général, Philippe Tambourgi, qui est directeur général et
biologiste, qui travaille à la FTGQ depuis 2002.
Alors, qu'est-ce que la FTGQ et le piégeage au
Québec? Alors, la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec, on est un organisme sans but lucratif qui
représente l'ensemble des trappeurs québécois. On est constitués de 14 associations régionales de trappeurs réparties sur
l'ensemble de la province et on regroupe près de 3 000 membres.
Notre mission première est de promouvoir le
piégeage en tant qu'activité économique et professionnelle, d'en assurer
la gestion, le développement ainsi que la perpétuation dans le respect de la
faune et de ses habitats. La FTGQ, on fait partie de la Table nationale de la
faune, et ses associations régionales font partie des tables régionales de la
faune de leur région. Donc, ces tables ont
pour mandat de conseiller le ministre ou ses représentants régionaux sur la
conservation et la mise en valeur de la faune.
Depuis 1988, la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune prévoit que, pour pouvoir piéger au Québec, on
doit avoir un certificat du piégeage. Pour l'obtenir, il faut suivre et réussir
une formation qui s'appelle Piégeage et gestion des animaux à fourrure. Nous,
la FTGQ, on est responsables de diffuser cette information. Et,
depuis 2008, on forme en moyenne 1 000 nouveaux trappeurs
annuellement. À ce jour, on dénombre même plus de 38 000 personnes
ayant obtenu ce certificat.
• (18 heures) •
Le piégeage au Québec, c'est quoi? Bien, le
piégeage des animaux à fourrure, ça représente un revenu pour les trappeurs, et il permet de fournir la matière
première à une industrie très importante au Canada, celle de la fourrure. Par
l'utilisation respectueuse de cette ressource renouvelable, plusieurs
entreprises et artisans mettent en valeur cette matière d'une qualité
exceptionnelle. Le piégeage est un levier économique important pour de
nombreuses régions. Outre la vente des
fourrures, le piégeage engendre également des retombées économiques découlant
des dépenses des piégeages pour l'exercice de leurs activités. Au
Québec, ces retombées se chiffraient à plus de 12 millions de dollars
en 2012.
En plus des retombées économiques, les trappeurs
rendent un service important en aidant les organismes publics de gestion de la faune à maintenir l'équilibre nécessaire entre
les populations d'animaux sauvages, leur habitat et la tolérance sociale. En effet, les trappeurs effectuent la gestion
de plusieurs espèces qui peuvent avoir des répercussions économiques
importantes.
Au niveau de la santé publique, les piégeages...
on est intervenus dans des opérations de contrôle du raton laveur en Montérégie
et en Estrie à cause de la rage de 2006 à 2018. Au niveau de la sécurité, les
trappeurs sont intervenus dans des interventions de captures d'ours noirs jugés
dangereux dans les régions des Laurentides et de Lanaudière en 2009.
Alors, les trappeurs font également la gestion
des populations de castors qui, par leurs activités, causent d'importants
dommages au réseau routier et ferroviaire. On le voit présentement dans les
réseaux sociaux, là, tout le monde en parle beaucoup. Les pertes forestières et
agricoles causées par l'inondation de terres sont importantes. Souvent,
plusieurs chemins ne peuvent être utilisés lorsque les castors bloquent ponts
et ponceaux.
Les trappeurs jouent aussi un rôle important
dans le contrôle de diverses espèces prédatrices, je pense au loup, au coyote
et à l'ours, qui affectent diverses industries. Ils interviennent notamment
dans des opérations de contrôle de prédateurs afin de protéger les troupeaux du
caribou de la Gaspésie et du caribou de Charlevoix.
Ce qui est le plus important, c'est qu'en
absence de chasse et de piégeage, les coûts liés au contrôle des populations
d'animaux sauvages, là, ça serait assez énorme au Québec. Alors, c'est ce qu'on
fait par le piégeage. Philippe, je te laisse la parole.
M. Tambourgi (Philippe) : Donc,
bonsoir, M. le ministre, membres de la commission, les députés, et tout
ça. Donc, moi, je vais parler un peu plus de l'aspect du projet de loi, là, en
tant que tel. Donc, on est très heureux de participer à ce projet de loi
n° 88 parce que la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, c'est la loi qui encadre le piégeage au Québec et le commerce des
fourrures. Donc, on a plusieurs attentes face à la mise à jour de la loi. Puis
on espère qu'au final les modifications qui vont être apportées vont permettre
d'augmenter la mise en valeur des activités fauniques et de simplifier leur
encadrement.
Tout d'abord, comme première attente, notre
fédération a de grandes inquiétudes envers la hausse des amendes proposée. Nous
sommes favorables à l'augmentation des peines et des amendes pour des cas de
braconnage importants et pour leur récidive. Cependant, nous sommes
défavorables aux augmentations envisagées, qui nous apparaissent exagérées,
dans le cas de certaines infractions plus techniques. Le montant d'amende minimum
proposé dans le projet de loi est de 500 $, ce qui est beaucoup trop
élevé.
Il est important de considérer que, pour la
plupart des usagers, les activités de chasse, de pêche et de piégeage sont
avant tout un loisir. La réglementation étant très complexe et variable d'un
territoire à l'autre, des citoyens de bonne foi peuvent commettre des
infractions techniques et peuvent se voir décerner des amendes qui mèneront à
l'abandon des activités et nuiront au recrutement d'adeptes par la mauvaise
presse qui en découlera. De plus, dans certains cas, le piégeur qui détient un
bail de piégeage, en plus des amendes liées aux infractions, pourrait voir
l'annulation de son bail et la perte de ses bâtiments et ne serait même pas en
mesure de les transférer.
La FTGQ pense que la complexité de la
réglementation et les amendes potentielles sont très dissuasives dans la
pratique ou la découverte des activités de chasse, pêche et piégeage. En
ajouter nuira au recrutement. Nous espérons que cette commission permettra
d'ajuster des amendes plus techniques ou reliées à des infractions mineures à
un coût raisonnable et qu'on favorisera la mise en place de procédures
éducatives telles que des avis d'infraction.
Comme seconde attente, on demande de préciser
certains articles qui concernent le piégeage puis le commerce des fourrures.
Par exemple, dans notre mémoire, nous demandons de préciser deux définitions de
l'article 1 : la définition de mot «acheter», où l'on demande de
préciser, après le mot «fourrure», «fourrure brute», et la définition du mon
«piéger», où on demande de préciser, dans la définition, «un piège fonctionnel
ou armé» et inclure à cette définition «l'action de tuer un animal capturé dans
un piège».
Par la suite, nous
demandons de préciser, pour l'article 30.2, que l'utilisation d'un système
d'éclairage peut être utilisé par un trappeur dans la recherche d'un gibier
capturé vivant ou mort. Ensuite, nous demandons qu'à la modification de
l'article 61.1 on prévoit la nuit, préciser un moment de la journée, et
ce, afin qu'un trappeur puisse utiliser une arme à feu afin d'abattre un animal
capturé dans un piège même la nuit. Cet article, on demande aussi de préciser
que l'animal abattu puisse être capturé dans un piège à capture vivante sans
être nécessairement blessé.
En période de piégeage, de la fin octobre au
mois de mars, il fait nuit vers 17 heures, et certains trappeurs vont
vérifier leurs lignes de trappe après leur journée de travail. Puisqu'on ne
peut laisser volontairement un animal blessé dans un piège sous peine de se
faire accuser de cruauté envers les animaux, on doit permettre aux trappeurs
qui utilisent des engins à capture vivante d'abattre leurs captures.
D'ailleurs, dans l'article 56 de la loi, on retrouve le mot «nuit» comme
précision.
Nous demandons aussi de préciser les
articles 165, 166, 167, 171 et 172 de la loi afin que l'ours noir piégé demeure considéré comme un animal à fourrure et
non un gros gibier. Puisque la capture d'un ours noir avec un piège
constitue une activité de piégeage, les infractions qui y sont associées
doivent être attribuées en fonction de l'activité de piégeage.
Comme
troisième attente, la FTGQ souhaite l'encadrement de la déprédation. Au niveau de l'article 19, qui modifie l'article 26 de la loi, la FTGQ est très
favorable à cet article et à la mise en place d'un règlement. En 2009, la
modification de l'article 67
permettait au ministre d'encadrer la déprédation. Pour nous, c'est un enjeu
d'actualité en Amérique du Nord depuis plusieurs années. Nous espérons
que cet ajout dans le projet de loi n° 88 permettra au ministère de mettre
en place les travaux menant à
l'établissement d'un encadrement à la déprédation et à la formation requise
pour la pratique de façon commerciale. La FTGQ considère comme
prioritaire d'encadrer cette pratique.
Comme dernière attente, nous souhaitons que des
modifications à l'article 53 de la loi soient apportées afin de favoriser la mise en valeur des captures des
animaux chassés ou piégés. Certains trappeurs ou chasseurs n'apprêtent
pas la fourrure. Ils pourraient donc la donner ou la confier, la tâche, à une
autre personne afin de préparer la fourrure et la mettre en valeur. Une mise à
niveau de cet article serait requise en 2021.
Dans le cadre de notre mémoire, on a fait... on
a soulevé d'autres interrogations et d'autres recommandations qu'on vous invite
à prendre en considération. Puis on vous remercie pour votre écoute.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez la parole pour
16 min 30 s.
M. Dufour : Oui. Mme la
Présidente, je ne sais pas si vous l'avez vu, mais Mme Lessard-Terrien
semble avoir de la misère avec sa ligne
téléphonique. Elle disait qu'il y avait de l'achalandage qui arrivait plus...
qui était plus grand à partir de 18 heures. Donc, sa ligne a été
déconnectée, qu'elle me disait.
O.K. Donc, premièrement, messieurs, bien,
bonjour. Bien content de vous avoir parmi nous. Et puis je dois préciser
quelque chose. J'ai eu la chance, à un moment donné, si on peut dire que c'est
une chance, avec le directeur du Refuge Pageau, qui m'a présenté des photos de
gens qui ne sont pas certifiés, qui font du piégeage, et les catastrophes que ça crée chez l'animal, des pièges
que... quand ils retrouvent des bêtes, là, avec un piège qui est encore pris
dans la mâchoire de l'animal ou, encore là, après la patte, parce que ça a été
mal fait, ça a été mal posé, etc.
Écoutez, moi, de mon côté, là, félicitations
pour tout le travail de certification, de formation que vous faites, parce que
c'est un enjeu incroyable. Et puis c'est assez pathétique quand tu vois ça, un
animal qui se promène dans la nature avec un piège pris après le museau, là. Ce
n'est pas trop chic. Donc, permettez-moi, là-dessus, là, de vous féliciter pour
le travail que vous faites, vous féliciter aussi, parce que c'est un milieu qui
est... On le sait, la fourrure a perdu
beaucoup de son attrait avec les différentes situations à travers le monde,
dont, entre autres, une certaine actrice à un moment donné. Mais je peux
comprendre que vous êtes dans un milieu qui n'est pas toujours simple. Et puis
le fait de faire du piégeage, ce n'est pas... on n'est pas toujours là au
niveau financier, aujourd'hui, comme ça a pu peut-être l'être auparavant. Donc,
c'est vraiment des gens qui sont dédiés à la cause.
Et, vous l'avez dit, c'est un service essentiel
pour avoir un équilibre au niveau de la faune, que ce soit la prédation de loups, comme vous l'avez mentionné,
pour les caribous. Et ça, je pense, c'est important de le préciser, là.
On travaille, entre autres, avec la communauté huronne, là, wendat par rapport
au secteur de Charlevoix, et ça aussi, c'est très utile de leur côté. Donc, je
n'ai pas le choix de vous dire, là, que vous êtes presque un service essentiel,
si on peut appeler ça comme ça, au niveau
faunique, là, parce que, sans vous, là, on aurait des problématiques beaucoup
plus grandes sur certains aspects.
• (18 h 10) •
Moi, de mon côté, j'aimerais que vous m'ameniez
peut-être quelques explications, parce qu'on a déjà eu d'autres groupes, là,
qu'on a rencontrés depuis le début de la journée, sur le fameux terme «avis
d'infraction». Donc, ça, j'aimerais ça que
vous me donniez plus de précisions sur cet aspect-là, comment vous le voyez, le
fameux terme «avis d'infraction» dans votre tête, là, quand on se fait
parler de ça, parce que c'est revenu déjà deux, trois fois à date, là. J'aimerais ça, avoir plus de précisions. Ce n'est
pas une question que j'ai posée aux autres, c'est une question que, tantôt,
je regardais, c'est la troisième fois qu'on
en entend parler. J'ai dit : Ça serait intéressant d'avoir peut-être une
définition de votre part, comment vous voyez ça, le fameux terme «avis
d'infraction», qui semble être une mesure qui serait en dehors d'une action
officielle de ticket, en fin de compte, là, qui serait par une amende, là.
Ensuite, l'autre question que j'aurais à
regarder avec vous, l'encadrement de la déprédation est une demande de votre
organisation depuis plusieurs années. Pouvez-vous nous identifier des pistes de
modalités réglementaires qui seraient
intéressantes à mettre de l'avant pour encadrer la déprédation? Parce qu'on ne
se le cachera pas, le projet de loi, aujourd'hui, c'est une étape, la
journée qu'il sera adopté, ça sera une autre, mais il y aura tout l'aspect réglementaire
qu'il y aura un enjeu intéressant suite à la réalisation
de ce projet de loi là. Donc, ça, pour moi, c'est un élément, je pense,
important comme question que je veux vous poser.
Même chose, une autre question que j'ai :
Dans le processus d'élaboration du règlement découlant de l'article 61.1
de la loi, quelles seraient les meilleures conditions pour la pratique des
activités de piégeage dans le but d'achever un animal pris dans un piège? Vous
en avez parlé un peu tantôt, mais j'aimerais ça, avoir peut-être un petit peu
plus de précisions, un peu. De quelle façon vous le voyez? Vous avez parlé,
oui, de quelqu'un qui est en dehors des heures, mais, au-delà de ça, vous le
voyez comment? Surtout que, dans le projet de loi, comme vous avez pu le lire
puis vous avez pu le voir, on a mis aussi tout l'aspect des chiens de sang,
donc, qui était pour nous un... qui était pour moi, en tout cas, une chose est
sûre, un élément majeur de rajouté à ce projet de loi là. Donc, moi, pour moi,
ça serait mes principales questions que j'aurais à vous lancer pour débuter la
discussion et le débat.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vais vous demander de faire des réponses assez courtes, parce que, M.
le ministre, vous avez quatre collègues de votre formation politique qui
veulent aussi poser des questions, et j'aimerais ça donner la chance à tout le
monde. Alors, j'invite nos invités à prendre la parole, puis ensuite on pourra
voir à qui on va pouvoir partager les questions.
M. Dufour : Merci.
M. Tambourgi (Philippe) : Je vais peut-être
commencer par la première... bien, peut-être pas la première, mais par la
notion d'avis d'infraction. Je pense que c'est surtout des amendes un peu plus
techniques ou communes que le ministère pourrait regarder c'est quoi, les
amendes communes qui sont données, puis, au lieu de donner une amende, surtout
en début de saison, des fois, les gens sont moins vigilants, bien, on leur
donne un avis : Regardez, vous n'êtes pas dans une zone où vous avez le
droit de pêcher avant telle date ou... C'est un exemple. Puis il reçoit un
avis : Le coût, ça serait ça. Ça fait que c'est une façon éducative de
comprendre qu'on n'est pas au bon endroit, on
ne pêche pas à la bonne date ou avec le bon équipement. Ça peut être
la même chose pour le piégeage ou la chasse, là. Puis on reçoit cet
avis-là, puis ça nous montre c'est quoi, le coût de l'amende. Puis, en même
temps, le ministère, bien, ça lui permet d'avoir un dossier : Bien, telle personne,
je l'ai déjà avisée une fois, là. Ça fait que c'est comme un premier
avertissement. C'est de cette façon-là que je le vois.
Sinon, si on va au niveau de l'article 61.1,
comment abattre un animal, là, la nuit, bien, en fait, nous, on ne fait pas de distinction comment abattre un animal
la nuit ou le jour. C'est juste qu'il
y a comme un flou en ce moment dans la loi qui nous dit
qu'après la nuit tu n'as pas le droit d'avoir une arme à feu, tu n'as pas le
droit de l'utiliser. Ça fait que ce n'est pas précisé que, pour un piégeur, tu as
le droit. Puis il y a comme une mauvaise interprétation de certains
piégeurs ou non. Puis nous, on voudrait que ce soit clarifié dans la loi. Parce
qu'un animal qui est pris dans un piège, l'abattre
avec une arme à feu, c'est sécuritaire, là. On est à une distance très courte.
Donc, il n'y a pas de danger de blesser quelqu'un, ou de tirer à côté,
ou de le rater, là. Donc, c'est vraiment simplement de l'abattre sur place,
rapidement, pour éviter qu'il souffre
inutilement ou qu'il passe la nuit dans le piège. Et dire : Je vais venir
l'abattre demain, avant ma journée de travail, là, ça n'a comme pas de
sens, là. Donc, c'est tout simplement pour régulariser ça. Puis votre troisième
question, c'était?
M. Gagnon (Claude) : La troisième
question, je peux m'en charger, Philippe. Écoutez, c'est la déprédation. La déprédation, c'est quelque chose, en tant que
président, qui me tient vraiment à coeur parce que c'est une nouvelle
activité. C'est un... Il y a 10 ans, on n'entendait pas parler de
déprédation. Et, en baissant le trappage, en baissant le nombre de trappeurs,
là, il y a une nouvelle activité qui s'appelle la déprédation. Les animaux, il
faut que ça soit régularisé, mais la déprédation, présentement, il n'y a rien
pour encadrer ça. Et qu'est-ce que nous, on demande, c'est que vous faites des
lois et des règlements aussi sévères que la pêche, la chasse, le trappage, et
que ça soit fait par des professionnels.
On pourrait leur donner un cours. Exactement
comme on forme les trappeurs à trapper, on pourrait former les gens à faire la
déprédation, mais bien encadrés, pour que, si ça a à se faire, ça soit bien
fait. Parce qu'au moment où est-ce qu'on se parle il y en a partout dans la
province de Québec qui se fait présentement. Même, il y a plus de déprédation au
moment où est-ce qu'on se parle que de trappage. Puis il y a tellement de trous
partout dans la loi que les gens se servent
de toutes ces petites choses-là pour faire la déprédation. Alors, ça, là, ça
nous chatouille beaucoup. Puis, nous, ce qu'on veut, c'est que ça soit fait
par des professionnels de façon professionnelle pour que les animaux... finalement,
tout aille bien pour tout le monde, là. Alors, c'est un point majeur,
honnêtement.
M. Dufour : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Oui.
Vraiment content, là, d'avoir la chance de vous entendre. Pour avoir déjà utilisé vos services dans une ancienne vie, entre autres comme maire, parce qu'on sait
que les castors occasionnaient
beaucoup de problèmes sur le réseau municipal, puis aussi comme ancien agriculteur
au niveau de la prédation, je peux vous dire que, dans certains coins, on vit
dans des endroits que c'est assez bucolique, on est proche des forêts, puis on a des problèmes de prédation, même au
niveau des fermes. Puis je pense que vous avez la formation nécessaire,
justement, pour éviter, là, de faire souffrir des animaux. Puis je viens un peu
à ça. Quand vous dites que... Puis je vois ça aussi, qu'il
y a plusieurs personnes qui font elles-mêmes, là, la déprédation, parce qu'en
tant qu'agriculteurs les gens ont le droit
si ça occasionne des dommages à leur bétail. Mais je pense que, d'avoir une
formation... et ce que vous suggérez, là, M. Gagnon, là, de former les
gens, justement, à utiliser les bonnes techniques, là, c'est quelque chose, en tout cas, qui me semble intéressant.
Donc, vous, c'est ce que vous proposez, là. J'aimerais vous entendre davantage
là-dessus.
M. Gagnon (Claude) : Oui. Ce qu'on
propose, finalement, c'est le même cours que pour le trappage, c'est le même
cours que pour la manutention de l'arme à feu. Et nous, à la FTGQ, on est
prêts, on a déjà sorti des manuels. Depuis
2009 qu'on travaille là-dessus parce qu'on sent la soupe chaude. Et là ce qu'on
a besoin, c'est un coup d'épaule de votre part. Puis on sent que vous
êtes capables de nous le donner.
Ce qu'on veut, finalement, c'est que,
12 mois par année, quand il y a une intervention, elle soit bien faite,
dans les règles de l'art, et qu'elle soit structurée. Il n'y a rien de pire que
de faire ça en cachette ou que les gens prennent des mauvaises décisions parce
qu'eux autres, c'est... On l'a vu dans les journaux la semaine passée, là, le maire, il est tanné, M. le maire. Puis là lui, il
dit : Bon, bien, il faut les abattre, tu sais. Ça ne marche pas comme ça,
là. Nous, les professionnels, souvent, dans la déprédation, on trouve des
façons de cohabiter avec eux autres. Puis, à la fin, on va les enlever
s'il faut. Mais c'est là qu'il faut être structurés, puis on a besoin de vous
pour ça.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : C'est tout, M. le député de
Lac-Saint-Jean? Alors, Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, Mme la
Présidente. Il reste combien de temps, s'il vous plaît?
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste 5 min 35 s, et vous avez une collègue
qui veut poser une question aussi.
Mme Grondin : Oui. Donc, j'ai une
seule question, parce que je vois ma collègue qui le souhaite également. Donc, bonjour, messieurs. Très heureuse de vous
entendre. J'avais hâte de lire votre mémoire, parce que, vous savez, moi, je
suis une passionnée de la pêche, mais je vais obtenir ou aller chercher ma certification de trappage bientôt. Je suis donc également une passionnée de
ça. Je tenais, moi, également aussi à saluer tout le travail que vous faites en
matière d'accompagnement, mais surtout d'éducation.
Alors, sur cette question-là, je voudrais
aborder rapidement le volet déprédation. Effectivement, là, il y a 10,
15 ans, on ne voyait pas vraiment cette réalité-là, mais on le voit de
plus en plus. Et je voudrais aborder notamment la question de la gestion des
populations de castors. Je voudrais... Vous avez déjà répondu un peu à mon
collègue, au ministre et aussi à mon
collègue député du Lac-Saint-Jean, mais j'aimerais ça comprendre les principes
qui sont derrière l'encadrement que vous souhaitez. Parce que moi, j'ai
accompagné au cours des années, souvent, des travaux publics des municipalités.
Moi, dans mon comté, c'est des municipalités plutôt rurales, et, justement, le
maire dont vous parlez est dans mon comté.
Et donc, effectivement, la tendance lourde depuis des années est de trapper des
individus, des castors, systématiquement, sans analyser d'autres solutions,
sans regarder si le ponceau est trop étroit, sans vérifier de quelle façon on
peut gérer les colonies de castors, et tout ça. Donc, juste rapidement, dans
l'encadrement qui, moi aussi, je crois, est nécessaire, c'est quoi, les
principes que vous aimeriez qu'on retrouve dans cet encadrement-là?
• (18 h 20) •
M. Gagnon (Claude) : Alors, le
premier principe, c'est l'évaluation. Et puis un cultivateur qui nous téléphone
pour nous dire : J'ai des problèmes de ratons laveurs, alors, moi, je suis
un trappeur professionnel, je me rends là en plein été, et la première question
que je pose c'est : Est-ce qu'il y avait un trappeur l'an passé? As-tu
essayé de régulariser l'inventaire de tes ratons l'an passé dans le milieu? Si
la réponse est non, bien, on va expliquer au monsieur que, pour cette année, on
ne peut rien faire, que ça va aller à l'automne. Par contre, on va essayer de
protéger ses acquis, on va mettre des barrières, des clôtures. On va tout faire
pour ne pas abattre aucun animal.
Alors, on est
des professionnels, on pense comme ça. Mais, si le monsieur appelle le
troisième voisin, que, lui, c'est un Joe Bonenfant, bien, lui, il va arriver,
il va dire : Je te règle ça, moi, inquiète-toi pas, on tire sur les ratons.
Puis là on a encore le problème dans un an, puis on a encore le problème dans
deux ans puis dans trois ans, tandis que, si on réussit à faire
former des gens avec un cours, leur mentionner que leur premier appel, c'est
une évaluation tout le temps, alors là, l'évaluation, bon, on le fait
correctement, et ensuite, à tous les ans, ils sont trappés en saison, tout va
bien. Nous, c'est notre approche qu'on priorise.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Ça
va?
M. Tambourgi (Philippe) : Je ne sais
pas si j'ai le temps de compléter ou...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
allez-y, M. Tambourgi.
M. Tambourgi (Philippe) : Oui. Bien,
en fait, pour votre question pour le castor, oui, il y a l'intervention,
l'évaluation, mais il y a aussi... Dans la formation qu'on veut mettre en
place, nous, c'est des systèmes pour cohabiter avec le castor. Donc, au lieu de
capturer les castors, on met des systèmes en place qui vont contrôler... empêcher le castor de boucher, genre, les
calvettes, tout ça, puis ça nous permet d'attendre pour aller les récolter en
saison. Donc, il y a vraiment
plusieurs techniques qui ont été développées pour éviter, justement, d'aller
avec juste du simple abattage mais vraiment de contrôler l'habitat,
aménager l'habitat pour cohabiter, là.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, vous avez
1 min 30 s.
Mme Tardif : Alors, vitement. Merci.
Ma question est très courte. Je voulais vous entendre nous parler davantage,
là, parce que vous avez moins eu le temps d'aborder ce sujet-là, au sujet de
l'obligation du port d'une pièce d'identité. Je vous laisse aller.
M. Gagnon (Claude) : Philippe, tu
peux répondre.
M. Tambourgi (Philippe) : Oui, je
vais y aller. Bien, au sujet du port d'une pièce d'identité, c'est sûr que nous, on voit qu'une pièce d'identité, c'est juste
une petite contrainte légère. Puis, normalement, tu as toujours ton permis
sur toi, tu as toujours ton portefeuille,
mais ça peut arriver, là, que tu vas dans le bois, tu ne traînes pas ton
portefeuille, tu as juste traîné ton permis dans ton pacsac. Puis, si tu
es intercepté, bien là nous autres, on trouvait que le délai de sept jours, c'était peut-être
insuffisant. Par exemple, on se disait que, pour enregistrer un ours noir, on a
jusqu'à 15 jours après notre
sortie du bois. Donc, toutes les petites contraintes qu'on peut éviter de se
mettre, on essaie d'éviter de les mettre.
Mme Tardif : Est-ce qu'un enfant a
droit de trapper avec le permis de son parent?
M. Tambourgi (Philippe) : En fait,
un enfant qui a suivi sa formation de piégeage — on a le droit de la suivre à partir de 12 ans — peut
trapper avec un permis d'un adulte, pas nécessairement son parent mais avec le
permis d'un adulte. Donc, c'est sûr que l'adulte ne nous prêtera pas son permis
de conduire, là, on s'entend. Mais, tu sais, c'est toutes des petites
contraintes qui font que ça devient compliqué pour pas grand-chose. On comprend
que les agents, ils ont un travail à faire puis ils veulent aussi identifier
les... on va dire leurs clients, là.
Mme
Tardif : Et, selon ce que
vous savez, est-ce qu'il y a beaucoup de trappeurs qui visitent leurs pièges la
nuit?
M. Tambourgi (Philippe) : Bien, oui.
En fait, surtout à l'automne, il y a
beaucoup de trappeurs, là, qui travaillent. Ils font leur
journée de travail 5 à 7, là, puis, après ça, ils... pas 5 à 7, mais, en
tout cas, 8 à 5, après ça ils vont faire leur ligne de trappe pour vérifier
leurs pièges. Donc, tu sais, ce n'est pas tout le monde qui est retraité ou il
y en a qui sont étudiants, puis la ligne de trappe n'est pas tellement loin.
Même moi, je faisais ça, je quittais mon
travail ici, puis j'allais faire ma ligne de collets de nuit avec une petite
lampe de poche, puis...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois vous interrompre ici. Nous allons maintenant passer du côté de l'opposition
officielle. Alors, M. le député de Laval-des-Rapides, vous avez une question...
des questions?
M. Polo : Oui, merci beaucoup. Est-ce
que vous m'entendez bien?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui.
M. Polo : Parfait, excellent. Bien,
écoutez, moi, je veux revenir notamment... Mais, tout d'abord, merci, merci
pour votre présentation et vos recommandations.
Je veux
revenir sur une de vos recommandations qui est en lien avec... qui est à la
page 7, au bas de la page 7, article 22, notamment. Vous
abordez la question du projecteur. Bon, vous... je veux juste lire la
phrase : «Article 22 qui modifie l'article 30.2 de cette loi par
le remplacement de "projecteur" par "réflecteur ou un appareil
d'éclairage, de vision nocturne ou d'imagerie thermique"», etc. Donc, vous
abordez ici, là, la question, bien sûr, de l'éclairage, qui pose un enjeu pour
vous. Ce matin, on avait notamment la fédération de chasse et pêche ou de
chasseurs et pêcheurs qui, justement, ont également abordé le même sujet, notamment
en lien avec le voltage des appareils utilisés : Est-ce que c'est six
volts que ça cause une problématique, bien sûr, auprès de la population en
général? Parce que ce n'est pas tout le monde qui va regarder nécessairement
l'endos de leur appareil, est-ce qu'il est en bas de six volts, est-ce qu'il
est au-dessus de six volts, etc.
Et, dans votre cas à vous, bien, vous venez de
répondre à ma collègue, là, en mentionnant que, bien souvent, certaines des
actions qui sont posées se font à la pénombre ou en soirée, notamment, là, pour
aller voir les endroits où sont placés, justement, là, les appareils en
question. Ma question est, donc, pour vous : La situation est difficile telle quelle, telle qu'interprétée, là, par
l'article en question. Les trappeurs ont souvent besoin de faire le tour des
pièges de nuit ou de soir pour toutes sortes de raisons. Comme les animaux sont
soit blessés, sont soit morts, ou grièvement blessés, ou à l'agonie, le
fait que les trappeurs piégeurs puissent aller faire les prélèvements des
animaux dans leurs pièges représente un élément essentiel au bien-être animal.
Comment, selon vous, pouvons-nous ajuster le tir afin que les trappeurs
piégeurs puissent continuer leurs activités en respectant, bien sûr, les
règles, mais en leur donnant la latitude nécessaire pour bien faire leur
travail ou bien exercer leurs actions?
M. Tambourgi (Philippe) : Bien, en
fait, il faut soit préciser dans l'article de loi que ça ne s'applique pas à un
trappeur qui effectue son travail dans le cadre d'une activité de piégeage...
Donc, il pourrait dire... utiliser un appareil d'éclairage, je n'irai pas
jusqu'à imagerie thermique ou de vision nocturne, là, on n'a pas besoin de ça,
mais, au niveau de l'appareil d'éclairage, je pense, c'est essentiel. Puis,
bon, là, c'est sûr, je parle pour les trappeurs, mais moi, j'ai l'impression
que ça s'applique à plus que des trappeurs, à des chasseurs, à des citoyens, à
des gens qui vont faire de l'observation de la faune la
nuit. Donc, l'appareil d'éclairage, il faut trouver une façon que la loi
n'interdise pas ça sciemment, là. On comprend que les agents ne courront pas
après tout le monde, mais, en même temps, les gens doivent respecter la loi,
donc la loi doit être claire et précise. Donc, tu sais, on a un inconfort
là-dessus. Puis, pour nous autres, le plus simple, ça serait d'exclure les
trappeurs de cet article de loi dans le cadre de leur travail. Mais je
comprends que vous avez un travail plus gros pour trouver une solution pour
l'ensemble des citoyens.
M. Polo : Bien, en effet. Donc,
c'est là où, vous, ce que vous proposez, c'est deux mesures : une mesure
pour la population en général puis une mesure qui soit appliquée pour les
trappeurs piégeurs. C'est bien ça?
M. Tambourgi (Philippe) : C'est ça.
M. Polo : Exactement. Parfait. Mon
autre question est en lien, là, bien sûr, avec la question au niveau, là, des
amendes. Ce matin encore, on nous a questionnés sur ce... on a questionné le
ministre, on nous a questionnés sur cet enjeu-là, comment, justement, s'assurer
que l'application de ces amendes-là ne décourage pas la relève, bien sûr, la
pratique des différentes formes de ces activités-là, mais surtout la relève
également. L'article 37 cause un préjudice. Selon vous, ça peut... Et il y
a un équilibre difficile à atteindre, justement, face à l'encadrement de la
pratique en tant que telle versus l'objectif
que nous partageons tous, qui est celui de combattre le braconnage. Comment
pouvons-nous, justement, selon vous, s'assurer d'encadrer adéquatement
le braconnage, s'assurer que les fautifs sont empêchés, justement, de perpétrer
des activités illégales, et ce, sans pénaliser les piégeurs trappeurs, et qui
en font une pratique adéquate et qui respectent les règles?
• (18 h 30) •
M. Tambourgi (Philippe) : En fait,
je pense que le plus simple, ça serait... puis là je ne suis pas spécialisé
dans la réglementation au niveau des amendes, là, mais on comprend que les
amendes sévères doivent être élevées pour les cas de braconnage sévères. Donc,
il faut vraiment limiter les cas où est-ce que des amendes sévères sont
données. Puis les infractions les plus communes, ou d'inattention, ou
technique, là, il faut vraiment s'assurer que le montant soit minimal ou qu'il
y ait un avis d'infraction plus éducatif, éviter que ça aille encombrer les
cours aussi.
Donc, je pense qu'il y avait une solution qui
était amenée par la fédération des chasseurs qui était... ils appelaient ça le
«ticketing», là, un terme que je n'apprécie pas totalement. Mais il y a
sûrement des solutions. Je sais que, quand on avait rencontré le ministère dans
le cadre des travaux du projet de loi n° 161, il y avait une quatrième
catégorie d'amendes qui était plus basse aussi qui était discutée puis qui
avait été enlevée, je pense, suite à des directives du Conseil du trésor.
Je pense qu'il faut vraiment comprendre que
c'est un loisir, là. Donc, c'est essentiel de garder certains niveaux d'amendes
très bas, alors que d'autres doivent être très élevés. Tu sais, tout le monde
comprend que ça n'a pas, de sens de
permettre du braconnage d'orignaux, puis de l'abattage de deux, trois, quatre
orignaux, puis d'en faire le
commerce. Mais tout le monde aussi comprend qu'un dossard, au niveau de la
sécurité, c'est important, mais ce n'est vraiment pas le même type
d'infraction. Puis recevoir une amende de 500 $ pour un dossard, ça peut
te décourager de poursuivre l'activité, là, surtout pour les jeunes ou pour la
relève, là. En tout cas, moi, si mon garçon recevait un ticket de 500 $,
je ne suis pas sûr qu'il retournerait pratiquer, là. Je l'enverrai faire du ski
alpin, là.
M. Polo : Non, en effet, en effet,
en effet. Mme la Présidente, je pense, mon collègue de D'Arcy-McGee a peut-être
une question ou souhaite poursuivre. Merci beaucoup. Merci, messieurs.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. Tambourgi, M. Gagnon. Dans un premier temps, je
trouve, c'est important de vous féliciter, parce que j'imagine qu'il reste un
manque de compréhension du rôle de ce métier-là, qui s'arrime avec la
conservation, la préservation, la sécurité, et qui peut être tout à fait
complémentaire avec l'exploitation responsable de nos terrains, et qui est
pratiqué, avec votre implication, de façon responsable. Alors, je crois que
c'est très important de faire comprendre et de resensibiliser des gens à ce
métier très légitime. Il faut dire que
j'imagine qu'il y a des gens qui font des amalgames entre ce que vous faites
et, justement, le braconnage sans comprendre qu'on parle de deux mondes
complètement à part. Et, si je vous ai bien suivis, vous avez tout votre rôle à
jouer pour éviter et empêcher le braconnage, alors, à votre honneur. Et je
trouve ça très important qu'on en parle et on se donne la tâche de mieux
comprendre votre rôle et le rôle des gens qui pratiquent votre métier.
Une des choses dont on n'a pas trop parlé, c'est
comment ça se passe sur le terrain en ce qui a trait à l'implantation des
règlements actuels et les règlements qui vont être modifiés avec le projet de
loi. Vous êtes très proches de ce qui se passe dans les endroits dont on
discute. De votre avis, dans un premier temps, est-ce que vous voyez une présence, dans chacune des régions,
assez efficace des agents, des représentants du ministère? Et comment,
spécifiquement, vous réagissez à la proposition dans le projet de loi que
d'autres employés, pas des agents ou agentes, soient, en quelque part... qu'ils
aient le pouvoir de renforcer les mesures et d'imposer des amendes dont on
parle? Comment vous réagissez à la capacité actuelle des gens du ministère et
les changements qui sont proposés en ce qui a trait à l'implantation de la loi?
M. Tambourgi
(Philippe) : C'est sûr qu'au niveau de la Protection de la faune on
préfère voir des agents de protection de la faune qui appliquent la loi que
d'avoir d'autres corps de métier qui sont peut-être moins spécialisés dans l'application de cette loi-là. Ça n'empêche pas de leur
donner un certain pouvoir pour certaines infractions peut-être plus sévères,
là, ou de donner un support à la Protection de la faune s'ils en ont besoin,
mais je pense qu'il faut vraiment... ce qu'on veut voir sur le terrain, c'est
des agents de protection de la faune. Puis ça, si on veut vraiment dissuader le
braconnage, c'est leur présence qui est essentielle, encore beaucoup plus que
les amendes, là. La Protection de la faune,
oui, ils ont rôle de répression, mais ils ont un rôle important d'éducation
aussi. Puis, en leur donnant le
mandat, justement, avec leur jugement, de pouvoir donner des avis d'infraction,
bien, ça augmente l'apport qu'ils vont faire au niveau éducatif pour s'assurer
que les gens comprennent bien la réglementation. Souvent, on lit la
réglementation... Tu sais, connaître la loi, c'est une affaire, mais la
comprendre, c'est complètement distinct, là...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Alors là, nous devions passer à Mme la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
mais je pense qu'elle n'a pas réussi à se rebrancher. Donc, je vais aller à M.
le député de Jonquière. M. le député de Jonquière, vous avez la parole.
M.
Gaudreault : Oui. Est-ce que je récupère le temps de la collègue de Rouyn-Noranda
ou elle va revenir plus tard?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : J'ai besoin d'un consentement. Est-ce qu'il y a consentement
de la part des députés membres de la commission pour accorder le temps de Mme
la députée de Rouyn-Noranda à M. le député de Jonquière? J'ai consentement.
D'accord.
M.
Gaudreault : O.K. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Ah! attendez-moi, il paraît qu'il faut
que je le demande nommément. Donc, M. Campeau (Bourget), vous êtes
d'accord?
M. Campeau :
Oui.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : M. Polo (Laval-des-Rapides)?
• (18 h 40) •
M. Polo :
D'accord.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : M. Gaudreault (Jonquière)?
M.
Gaudreault : Oui.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Ensuite... C'est tout? Ah! d'accord.
Alors donc, nous avons un consentement. Allez-y, M. le député de
Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Ceci étant dit, je trouve inacceptable qu'une
collègue ne puisse pas participer parce qu'elle a une difficulté d'accès à
Internet dans sa région.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Bien, on essaie de la... on va essayer de la rebrancher,
mais...
M.
Gaudreault : Non, non, je sais, mais... C'est ça. Alors, peut-être
qu'elle pourra envoyer ses questions par écrit
par après à nos invités, et ils répondent. En tout cas, enfin, on verra, là,
mais c'est quand même assez... c'est triste.
Moi,
je voudrais vous entendre davantage sur un élément qui est ressorti tout à
l'heure. Bien, d'abord, bonjour, et merci d'être avec nous, là. Et moi aussi,
là, je découvre beaucoup ce domaine, et votre réalité, et votre pratique, je
dirais, professionnelle, entre autres sur la question de la déprédation. Moi,
j'ai des producteurs agricoles, dans ma circonscription, qui ont eu beaucoup de
problèmes, entre autres avec des coyotes qui agissaient sur leurs terres
agricoles. Et là ça a l'air un petit peu plus calmé, là. Mais je comprends tout
à fait, là, où vous pouvez intervenir.
Sur la question
maintenant du piégeage et de la trappe, on a entendu tout à l'heure la
fédération des zecs qui nous a dit : Bien, écoutez, avec le temps, là, on
s'aperçoit qu'il y a des zecs qui sont quasiment redevenues des clubs privés,
là, comme avant. Je sais qu'il y a des trappeurs qui fréquentent les zecs parce
qu'ils vont à la chasse, ils vont à la
pêche, puis là ils en profitent pour aller, par exemple, taper leurs sentiers
pour placer leurs pièges. Est-ce que vous pouvez nous témoigner, ou pas,
d'exemples où il y a des membres de votre organisation ou des trappeurs, des
gens qui font du piégeage qui ont eu des problèmes d'accès aux
territoires? Est-ce que vous avez des témoignages dans ce sens-là? Et, si oui,
est-ce que c'est plus important qu'avant?
M. Tambourgi
(Philippe) : Bien, juste pour bien comprendre, là, au Québec, il y a
comme deux façons de trapper. On peut
trapper sur un terrain de piégeage enregistré, donc il y a à peu près
1 800 terrains au Québec, puis on peut trapper sur le territoire
libre, donc tout ce qui est territoire privé, donc, on demande la permission au
propriétaire puis on va trapper là ou sur les terres de la couronne où est-ce
qu'il n'y a pas de droit consenti. Dans les réserves fauniques, les zecs, c'est exclusivement terrain de piégeage enregistré,
sauf les réserves plus au nord. Puis même, au nord du Lac-Saint-Jean,
là, à partir du, je pense, 50e parallèle, ça tombe une réserve à castors
exclusive aux autochtones. Donc, il y a des terrains de piégeage.
Il n'y a
pas de problème d'accessibilité pour les trappeurs pour accéder au territoire. Nous, quand on commence notre
activité, c'est souvent après la grosse chasse. Donc, on commence vers la fin
octobre. Donc, il n'y a pas de compétition, on a une exclusivité de territoire.
On n'est pas assujettis aux règlements des zecs. Donc, c'est sûr que, si on y
va pour chasser et pêcher, oui, mais, si on y va pour trapper, on n'a pas de
compte à leur rendre, là, tu sais. Même chose pour les réserves, on ne relève
pas d'eux. On relève directement du ministère qui encadre les terrains de
piégeage. Donc, il n'y a pas vraiment de problème d'accessibilité, à ce
niveau-là, pour nous. Puis même que je dirais que
les réserves puis les zecs sont très contentes quand les trappeurs accèdent au
territoire parce qu'ils font, justement, la gestion du castor qui leur
cause beaucoup de dommages aux chemins.
M. Gaudreault : O.K. C'est
bien, c'est une précision très, très, très importante. Vous avez dit dans votre
présentation que vous aviez formé 1 000 nouveaux trappeurs. J'ai bien
entendu ça. Ça, c'est sur quelle fréquence, là?
M. Tambourgi (Philippe) : On
forme en moyenne 1 000 trappeurs par année. Donc, cette année, avec
la pandémie, ce n'est pas le cas, là, on a peut-être 500 personnes qui
sont en attente de suivre leur formation, mais, normalement, bon an, mal an,
depuis 2008, c'est environ entre 900 puis 1 200 trappeurs qu'on
forme, là. Donc, on a dit, à 1 000, c'est un niveau qu'on est capables de
faire. Puis on pense qu'on a de la demande pour augmenter ça. Donc, il y a quand même un attrait des gens
d'aller pratiquer cette activité-là moins de façon commerciale, plus comme
un loisir. Bon, on ne trouvera pas les mêmes trappeurs que dans le temps, là,
où est-ce qu'ils partent trois mois à la trappe. Ils vont faire une activité
beaucoup plus courte, quelques fins de semaine, quelques animaux, aller
chercher pas juste un castor pour sa fourrure, mais pour sa viande, un lynx
pour sa viande. Donc, l'activité est en train de s'orienter différemment étant
donné que le prix des fourrures est très bas.
M. Gaudreault : O.K. Bien,
donc, disons, de 800 à 1 000 trappeurs par année, quand même, c'est
très, très, très important. Est-ce qu'il y a comme une... vous constatez un
abandon de la pratique, par exemple, par ces jeunes trappeurs qui ont... bien,
en tout cas, la relève, on va dire, là, qui ont suivi vos cours, mais que, par
après, ils s'aperçoivent que ça a été difficile soit, justement, d'accéder au
territoire — tout
à l'heure vous sembliez dire que ça, il n'y a pas trop de problèmes, mais... — soit
à cause des amendes? Est-ce que vous sentez une variation, là, dans la
pratique, là, une fois qu'ils ont suivi la formation?
M. Gagnon (Claude) : Est-ce que je
peux... Alors, oui, la relève est très difficile pour plusieurs raisons. La
première raison, c'est le prix de la fourrure. Il n'y a pratiquement plus aucun
revenu à tirer du trappage. Alors, qu'est-ce qu'on fait avec notre relève? On y
va pour la qualité et la venaison. Beaucoup de gens maintenant cherchent à
consommer leur castor, cherchent à consommer leur ours. Et puis ça fait que
c'est des gars, ça, qui vont trapper trois bêtes dans l'année, puis ils sont
contents. Ça fait que ça n'avance pas puis c'est de là que la déprédation est
en train, elle... Les vieux trappeurs comme moi, un ancien trappeur plus
efficace, bien là on se replie vers la déprédation, on est pratiquement
obligés, puis on ne veut pas faire ça. Mais les jeunes, ce qui les décourage,
c'est les... ils ont beaucoup peur des amendes. Le prix des amendes est
extrêmement élevé. C'est complexe. Alors, on veut juste simplifier tout ça pour...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Et
je vais malheureusement être obligée de vous interrompre ici, on n'a plus de
temps. Alors, je vous remercie énormément pour cette participation à notre
commission. Alors, vous avez été excellents.
Et la
commission ajourne ses travaux au mercredi 14 avril 2021, après les
affaires courantes. Merci et bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 44)