(Neuf
heures trente-trois minutes)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je vous souhaite un très beau début de journée. Nous allons commencer
cette commission parlementaire. J'espère que vous avez eu un bel été, que
vous êtes bien reposés, et bienvenue à notre
commission parlementaire, qui commence ses travaux sur le projet de loi n° 17.
Donc,
ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports
et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 17,
Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Alors, Mme Grondin (Argenteuil) est remplacée par Mme Hébert
(Saint-François); M. Lemay (Masson) est remplacé par
M. Girard (Lac-Saint-Jean); Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)
est remplacée par M. Provençal (Beauce-Nord); M. Benjamin (Viau) est
remplacé par M. Kelley (Jacques-Cartier) : et Mme Montpetit (Maurice-Richard) est remplacée par M. Derraji (Nelligan).
Mémoire
déposé
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Avant de débuter, je dépose le
mémoire de la Coop de solidarité EVA, qui nous a été transmis la semaine
dernière. Est-ce que j'ai besoin d'un consentement pour le dépôt? Non, O.K.
Étude
détaillée (suite)
Décision de la présidence sur la
recevabilité d'un amendement
Lors
de l'ajournement de nos travaux, en juin dernier, le ministre avait soulevé la
recevabilité d'un amendement à l'article 1
proposé par le député de La Pinière. Donc, je vais présentement lire la
décision concernant la recevabilité de cet amendement.
Je
vais maintenant rendre ma décision sur la recevabilité de l'amendement proposé
par le député de La Pinière. Selon le député de La Pinière, son amendement est recevable puisqu'il confirme l'intention du ministre
de créer une redevance, c'est-à-dire une révision compensatoire, alors que son amendement
vise justement une compensation. De son côté, M. le ministre indique que l'amendement est irrecevable
car, d'une part il contredit le principe du projet de loi, et, d'autre
part, cette nouvelle disposition aurait des incidences financières.
Afin de statuer sur
la recevabilité d'un amendement, la présidence doit tenir compte de l'ensemble
des critères prévus par le Règlement
de l'Assemblée nationale et la jurisprudence. Ces règles de base sont notamment codifiées aux
articles 197 et 244 du règlement, qui
prévoient que les amendements doivent se rapporter à l'objet du projet de loi
et être conformes à son esprit et à
la fin qu'il vise. Au surplus, selon l'article 192 du règlement, seul un
ministre peut présenter un amendement
ayant des incidences financières. De plus, un amendement ne doit pas introduire
un nouveau principe, comme le
souligne le président Claude Trudel dans une décision rendue en 1988,
décision 197/7. Le mot «principe» possède plusieurs synonymes, soit
objet, objectif, sujet, but, fin, finalité et intention du législateur.
Au
chapitre XX, dans la section I du projet de loi, il est question d'une
redevance. L'amendement du député de La Pinière vise à assurer une
compensation juste et équitable des propriétaires de permis de taxi en accord
avec la Loi sur l'expropriation.
Puisque,
dans le projet de loi actuel, il n'est nullement question de compensation ou
d'expropriation, mais bien d'une redevance
qui sera versée au Fonds des réseaux de transport terrestre, l'amendement
proposé par le député de La Pinière introduit un nouveau principe.
En effet, cela ne constitue pas une simple modalité à l'un des principes du
projet de loi.
Par
ailleurs, le fait que le sujet concerné par l'amendement ait été abordé sur la
place publique comme étant une mesure qui servirait à indemniser les
détenteurs de permis actuels n'est pas un facteur que doit considérer la
présidence lorsqu'elle statue sur la
recevabilité d'un amendement. La présidence doit s'en tenir à analyser
l'amendement en fonction du projet de loi à l'étude. En conséquence, je
déclare l'amendement irrecevable.
Enfin,
la question de la recevabilité ayant été déterminée à la lumière du principe du
projet de loi, la présidence n'a pas à se prononcer à l'égard de la
question de l'initiative financière de la couronne.
Je vous remercie de
votre attention.
Alors,
puisque, maintenant, nous devrions continuer... revenir à l'article 1,
mais je vous demanderais peut-être de suspendre quelques instants pour
permettre au député de La Pinière de venir se joindre à nous.
(Suspension de la séance à 9 h 38)
(Reprise à 9 h 40)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Bon, alors, nous allons reprendre
les travaux. Maintenant, je vais faire une mise au point avant de reprendre les travaux officiellement. Je rappelle à
tous les membres de la commission que la commission parlementaire doit commencer à 9 h 30.
Donc, on a attendu quelques minutes, on a laissé un petit délai, mais sachez
que, par respect pour tous les députés, il faut que les commissions
parlementaires commencent à l'heure.
Donc, M. le
ministre, s'il vous plaît, voulez-vous nous rafraîchir la mémoire et lire
l'amendement à l'article 1 que vous avez proposé lors de la
séance précédente?
M. Bonnardel :
Oui. Alors, Mme la Présidente. L'article 1, donc, du projet de loi :
Insérer, dans le deuxième alinéa et après «favoriser», «l'accès des
personnes handicapées au transport par automobile, y compris celui offert avec
une automobile adaptée, de même que».
Donc, le
texte, tel qu'amendé, parce qu'on a
accepté un amendement de la députée de Québec solidaire, se lit comme suit : «La présente loi a pour objet la
surveillance et le contrôle du transport rémunéré de personnes par automobile
afin d'assurer la sécurité des passagers et
la transparence du prix des courses, et ce, dans une perspective de développement
durable et de diminution de l'empreinte carbone ainsi que d'équité entre :
«1° les
différentes manières d'organiser ce transport, qu'il soit ou non offert dans le
cadre d'un système de transport;
«2° les différents moyens employés pour répartir
les demandes de course, par application mobile ou autrement;
«3° les
différents modes selon lesquels ce transport peut être offert, notamment
lorsqu'il s'agit de transport par taxi, de covoiturage ou de transport
collectif.
«De plus,
elle vise à favoriser l'accès des personnes handicapées au transport par
automobile, y compris celui offert avec une automobile adaptée, de même
que l'émergence de moyens technologiques et de modes de mobilité.»
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, M. le ministre. Alors, est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'amendement proposé? Il n'y a pas de
commentaires? Donc, il n'y a aucun commentaire. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Attendez un petit peu.
M. Arseneau : Est-ce qu'on peut
répéter l'amendement, juste pour être...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Pardon? Est-ce que l'amendement a été distribué?
Des voix : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Ah! il avait été distribué à la
dernière... mais vous ne le l'avez pas. O.K. Alors, on va se laisser une petite chance de revenir. Allez
la reporter à M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Voulez-vous qu'on suspende?
Alors, nous allons suspendre quelques instants
pour permettre au député des Îles-de-la-Madeleine de prendre connaissance de
l'amendement.
(Suspension de la séance à 9 h 43)
(Reprise à 9 h 45)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, on va reprendre nos travaux.
Alors, nous allons reprendre nos travaux. On va essayer de faire ça de façon la plus ordonnée possible. M. le
ministre, merci d'avoir permis qu'on puisse permettre au député des
Îles-de-la-Madeleine de prendre connaissance de l'amendement.
Il y a eu un vote avant que vous preniez connaissance
de l'amendement. Est-ce qu'il y a consentement pour redemander s'il y a des commentaires ou si on... Aviez-vous des commentaires? Non? Parfait. Alors donc, l'amendement est adopté. Voilà. On
continue.
M. le ministre, je pense que vous devez passer à la lecture de l'article 1
tel qu'amendé. Ça avait déjà été fait. Donc, on est rendu à l'article 2.
Une voix : Il faut voter l'article 1.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, il faut voter l'article 1. Alors, est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Donc, l'article 2.
M. Bonnardel :
Alors, l'article 2, Mme la Présidente, se lit comme suit :
«La
Société de l'assurance automobile du Québec, la Commission des transports du
Québec et les personnes chargées de
vérifier l'application de la présente loi, dans les fonctions et pouvoirs
qu'elle leur attribue respectivement, surveillent et contrôlent le
transport rémunéré de personnes par automobile.»
Donc,
l'article 2 du projet de loi annonce, de
manière introductive, que la Société
de l'assurance automobile du Québec et la Commission des transports du Québec auront notamment
la charge de surveiller et de contrôler le transport rémunéré de
personnes par automobile, et ce, selon les fonctions et pouvoirs que proposent
de leur confier les dispositions à venir du projet de loi.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Commentaires? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Oui, j'ai un commentaire. De la manière que
c'est écrit, là, cet article-là, on comprend que le rôle des municipalités vient de disparaître au complet. Le ministre
nous dit que le projet de loi, dans son commentaire, il nous dit que,
de manière introductive, puis je le comprends, puis c'est vrai, c'est
introductif... à l'état de fait qui va exister lorsque le projet de loi va être adopté, s'il est adopté.
On ne sait jamais, peut-être qu'il ne sera pas adopté. On ne sait jamais
tout ce qui peut se passer pendant une session parlementaire.
Alors,
le pouvoir actuel, bien, le pouvoir, les responsabilités qui existent
actuellement dans les municipalités, mettons Montréal, ça fait que ça,
tout ça, c'est aboli, là, ça va disparaître, là, il faut que ce soit clair, là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre.
M.
Bonnardel :
M. le député, allez à la page... au chapitre XVIII, bien,
l'article 194, 194, la «délégation a un organisme et compétence de la
Ville de Montréal».
M.
Barrette : Alors, moi, je suis content que votre collègue vous
fasse... vous indique là où il y a cette référence-là, que j'avais lue. Alors, est-ce qu'il n'y a pas là
une contradiction ou... En tout cas, dans les textes de loi, les premiers
articles ont préséance sur les autres. En tout cas, s'ils n'ont pas préséance,
ils viennent indiquer un certain nombre d'intentions gouvernementales. Ce que je ne comprends pas, je pense que le ministre
voit où je veux en venir, là, ce n'est pas une question de... comment
dirais-je? Ce n'est pas une question de vouloir jouer sur les mots, mais ici, à
2, on affirme d'une façon formelle que la
responsabilité ultime revient à la SAAQ, à la Commission des transports du
Québec, et c'est relativement... il n'y aurait pas lieu ici d'avoir un
amendement qui ne prévoit pas simplement des personnes chargées, mais des
organisations en plus?
Moi,
mon enjeu à moi, là, je comprends que 194, ça peut le faire, mais là 194, vous
conviendrez... je comprends, mais c'est
parce que c'est des «peut», c'est des «peut». Alors là, 2 vient exclure de ce
champ-là d'application d'une éventuelle loi l'autorité formelle des municipalités. Elles ne sont pas là. Ça les
exclut, là, c'est terminé. Mais, quand on arrive à 194, c'est «peut».
Donc, techniquement, je pourrais dire : Ça ne pourrait jamais arriver.
M. Bonnardel :
M. le député, on donne, donc, aux articles 194 jusqu'à 198, la
possibilité, donc, de...
M. Barrette :
...
M. Bonnardel :
Bien, c'est dans la loi, ce sera dans la loi, c'est de déléguer aux organismes
énumérés si tu es sous une municipalité, une communauté métropolitaine, une
régie intermunicipale, une société de transport en commun et même l'ARTM.
• (9 h 50) •
M. Barrette :
Oui, mais ce sont des «peut», alors que 2, là, 2, s'il advenait qu'on
l'amendait, on l'amenderait dans le sens
de dire, sans les nommer, mais de dire que ces gens-là... Là, c'est clair que,
de la manière que le projet de loi est construit, il est possible que d'autres organismes, là, ici,
on parle de personnes, on ne parle même pas d'organismes, là, on parle
de personnes, que ça se peut, alors que, moi, en ce qui me concerne, ces
gens-là, c'est un peu décevant de constater qu'ils pourraient être exclus du champ d'application de la loi. C'est le sens
des mots. C'est le sens des mots, là. Quand bien même il y a 194, 195, et ainsi de suite, à la fin, le
gouvernement a l'autorité de dire : Légalement, vous, les organisations
municipales, vous êtes en dehors du stade.
Vous n'avez pas un mot à dire, c'est nous qui décidons. Parce qu'à la fin c'est
ça, là, 2. 2, ça dit : Le
gouvernement, par sa loi... puis ça ne dit même pas si c'est le gouvernement ou
le ministre, là, mais ça dit ça comme ça.
Alors,
moi, je comprends, là, que c'est un article introductif. C'est exactement mon
point. Ça introduit le fait que le gouvernement a le pouvoir d'exclure
les organisations municipales de ce mandat-là de surveillance. Ça ne garantit
pas qu'elles vont jouer un rôle, parce que c'est un «peut» et non un «doit».
M. Bonnardel : Mais, Mme
la Présidente, «les personnes», en
termes juridiques, «les personnes» impliquent les personnes morales, qui peuvent être la ville de Montréal,
peuvent être les agents de la paix, contrôleurs routiers, policiers qui
vont appliquer, donc, la présente loi. C'est ce que ça dit, là. C'est pour ça
qu'on l'indique par «les personnes chargées». Si vous voulez un avis juridique,
là, de la définition de «personne chargée», je peux vous le donner.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, monsieur, vous allez décliner votre nom et votre titre, s'il vous plaît.
M. Lessard
(Martin) : Oui. Bonjour. Martin Lessard, je suis avocat à la Direction
des affaires juridiques du ministère des Transports.
Oui, donc,
bon, on parlait de la définition de «personne chargée de l'application de la
loi». Bien, à l'article 2, bien, évidemment,
les personnes chargées, les municipalités, notamment, sont des personnes morales, là, de droit public, là.
Donc, nécessairement, on avait prévu, là, qu'elles étaient visées par l'article 2.
Et donc, effectivement, pour ce qui
est des dispositions spécifiques, les
délégations de pouvoirs, là, c'est l'article 194 de la loi qui s'applique,
puis le deuxième alinéa de 194 concerne spécifiquement la ville de Montréal, et donc les pouvoirs leur sont
délégués, là, de par la loi, par l'alinéa deux de
l'article 194. Pour les autres cas, bien là, effectivement, ça va être une
délégation qui va être faite par le gouvernement, là, pour les autres
municipalités.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, je prends les paroles du légiste au mot. Alors, il
dit lui-même que c'est «peut». Alors
là, c'est «peut». Alors, ça veut dire que, de fait, là, l'article 2,
formellement, «peut» tient. On prend le même mot, ne pas déléguer de
pouvoirs, mettons, à la ville de Montréal.
M. Lessard
(Martin) : Bien, j'ajouterais juste une chose. Ça reprend, dans le
fond... Ce principe-là, ça reprend, là, ce qu'il y avait dans la loi actuelle de la loi sur le taxi. Donc,
effectivement, la loi actuelle déléguait, là, à la ville de Montréal, de
par la loi, des pouvoirs, mais pas aux autres municipalités. Donc, c'est le
même principe, là, qui est repris là.
M. Barrette :
Moi, Mme la Présidente, là, je comprends très bien, là. Mais, s'il y a une
chose que je ne ferai pas souvent,
mais je vais le faire de temps en temps, je ne vais pas référer jamais à la loi
actuelle comme étant un argument validant la position d'un article,
parce qu'on vient défaire le régime actuel. Dans les faits, là, le projet de
loi, il est fait pour défaire le régime
actuel. Il est fait... Je vois, Mme la Présidente, que le légiste fait non de
la tête. Bien, c'est plate, mais c'est oui
dans les faits, là. Le légiste, il va reprendre la parole, il va dire :
Bien non, là, on ne fait qu'adapter le registre actuel. Moi, ce que je dis et ce que je constate, et je pense
que tous les observateurs, incluant la partie ministérielle, admettent, c'est
que l'industrie actuelle du taxi, elle ne
sera plus la même après, là. On ne peut pas utiliser, à mon avis, l'argument
de : C'était comme ça avant, donc c'est correct après.
Alors, avant,
c'était comme intrinsèque, implicite, il y avait une histoire qui faisait en
sorte que les municipalités et autres
organisations de ce type-là avaient un pouvoir, oui, qui leur était conféré.
Mais là, dans un nouvel environnement, un
nouvel environnement, là, qui est assez lourd de conséquences... Je pense qu'on
en a assez parlé. Ceux qui sont venus nous faire part de leurs doléances
en consultations publiques ne sont pas venus nous dire que c'étaient des
changements mineurs. Je pense qu'ils sont
venus nous dire, au contraire, que c'était plus qu'une transformation majeure,
c'était la disparition d'un univers
au profit d'un autre univers. Et là, à 2, moi, je regarde ça, là, et 2, c'est
introductif, je comprends très bien ce qu'on me dit, mais il n'en reste
pas moins que ce n'est certainement pas affirmatif, ni à 2, ni à 194, ni à 195,
que les municipalités, notamment les grandes villes, notamment
la région de Montréal, vont être impliquées là-dedans. Là, je
sais qu'on va me répondre : Bien, c'est sûr
qu'ils vont l'être. Oui, mais, si c'est sûr qu'ils vont l'être,
qu'on l'écrive dans la loi.
M. Lessard
(Martin) : Je rajoute juste
une chose, là, peut-être vraiment reprendre le deuxième alinéa de l'article 194.
Quand on parle de la ville de Montréal,
la délégation, elle est de plein droit de par la loi, là. Ce n'est pas le
gouvernement qui va décider de déléguer, là.
Dans le fond, on dit : «La ville de Montréal a, pour l'ensemble du
territoire de l'agglomération de Montréal,
compétence pour exercer les pouvoirs qui peuvent être délégués...» Donc, tous
les pouvoirs qui sont prévus au premier alinéa de 194, ils sont délégués
de plein droit, de par la loi, à la ville de Montréal.
M. Barrette : Oui, je suis d'accord avec ça, Mme la Présidente. Ils le sont si le gouvernement ou le ministre, là, j'accepte la nuance que le légiste...
Me Lessard...
M. Lessard (Martin) : C'est ça.
M. Barrette : Je m'excuse, là, parce
qu'on va...
M. Lessard (Martin) : Non, ça
va. On va apprendre à se connaître. On va se connaître.
M. Barrette :
Quand on va arriver à l'article 75, là, ça va être parfait. Alors, Me
Lessard, là, nous dit que le deuxième alinéa
nous dit que c'est de plein... Bien oui, je suis d'accord, c'est ça que ça dit,
mais ça commence par «peut». Il y a une condition avant, là. C'est
«peut». Le deuxième alinéa va s'appliquer si le premier alinéa l'est.
M. Lessard (Martin) : Bien,
non, non, non. Pas du tout, là. Le premier...
M. Barrette : Ah! bien là, là, Mme la Présidente, là, c'est sûr
qu'on traite à l'avance d'un article, là, mais je veux bien faire cette
entorse-là. Je ne la referai pas, mais...
M. Lessard
(Martin) : Dans le fond, l'article,
je peux... c'est que le premier alinéa dit quels pouvoirs peuvent être
délégués à une municipalité.
M. Barrette : Oui, c'est ce que
je dis.
M. Lessard
(Martin) : Donc, par le gouvernement, c'est le premier alinéa. Et le deuxième alinéa dit : Tous
ces pouvoirs-là à la ville de Montréal,
le législateur lui-même les délègue d'emblée à la ville de Montréal.
Donc, c'est tous les pouvoirs qui
sont mentionnés au premier alinéa. Donc, même si le gouvernement n'a délégué aucun de ces pouvoirs-là à une quelconque municipalité, il n'en demeure pas moins que la ville de Montréal, une fois que la loi est en
vigueur, elle a tous les pouvoirs qui sont mentionnés au premier
alinéa de 194, sans que le gouvernement n'ait quelconque chose à faire. Donc, c'est
ça, l'effet de 194. Et, comme je dis, ça reprend l'esprit de l'article, je ne
l'ai pas par coeur, là, mais 13 ou quelque chose...
M. Barrette : On y reviendra,
là. C'est un projet de loi qui est complexe, Mme la Présidente...
M. Lessard (Martin) : Non,
mais, c'est important, là, de bien comprendre.
M. Barrette : Justement, là...
M. Lessard (Martin) : Je comprends.
Vos interrogations sont importantes.
M. Barrette : Oui, oui, merci. J'apprécie le commentaire. Je ne les fais pas comme ça, par hasard, là. Il n'en reste pas moins, là... Et je reprends les propos de Me Lessard.
Me Lessard nous dit : Ne vous inquiétez pas, parce qu'au deuxième alinéa ils les ont tous, les pouvoirs. Mais moi, je
réponds : Oui, mais c'est parce que le deuxième alinéa, il suit le
premier. Le premier doit s'exercer avant que le deuxième s'exerce.
Alors, le
premier, c'est «peut», et je ferais remarquer à Me Lessard que le deuxième
alinéa... Je vais le lire : «La ville de Montréal a, pour l'ensemble du territoire de l'agglomération de
Montréal, compétence pour exercer les pouvoirs qui peuvent être délégués
à un tel organisme. Elle peut aussi les...» C'est tout des «peut».
Alors, le
premier alinéa, c'est un «peut», le deuxième alinéa, c'est un «peut». Pour
arriver au deux, il y a la condition du
«peut» en premier, puis, quand on arrive dans le deuxième, c'est un «peut».
Mais là c'est parce que ça fait pas mal de «peut». Je pourrais aller jusqu'à dire que je n'en peux plus, mais je ne
le ferai pas. Alors là, d'où mon interrogation initiale. C'est
introductif. Moi, je suis bien d'accord que c'est introductif, mais c'est une
introduction faible.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Voulez-vous qu'on suspende quelques
instants? O.K.
Alors, monsieur... maître.
M. Lessard (Martin) : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bon, alors, je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 59)
(Reprise à 10 heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Monsieur... allez-y.
M. Lessard
(Martin) : Oui. Mon cher collègue
Me Paquin me faisait remarquer, là, aussi un autre article
qui est important à prendre en considération, c'est 202 du projet de loi,
qui modifie — donc,
ça, c'est la charte de la ville de Montréal — donc, qui vient modifier l'article 274,
là, de l'annexe C de la charte, là, pour venir dire que la ville, donc,
de Montréal exerce tous les pouvoirs pouvant
être délégués à un organisme en vertu de 194. Donc, elle affirme, là, qu'elle
exerce tous les pouvoirs qui peuvent être
délégués en vertu de 194, là, de la Loi concernant le transport rémunéré de
personnes par automobile et a pleine autorité sur l'organisme visé à
220.1, qui est... C'est le BTM, c'est ça.
M. Barrette : Alors, Mme la
Présidente, je comprends que maître...
M. Lessard (Martin) : Paquin.
M. Barrette : Paquin? Paquet?
M. Lessard (Martin) : Paquin,
Mathieu Paquin, oui.
M. Barrette : Alors, Me Lessard a consulté Me Paquin. Alors, ça
fait deux instances juridiques. Ce n'est pas parce qu'on le conjugue à
un autre temps que ce n'est pas «pouvoir», là. C'est la même affaire.
Alors, la
ville exerce tous les pouvoirs pouvant être délégués à un organisme en vertu de l'article 194. Le «peut» de 2 est suivi par un «peut» de 194, et comme un
«peut» de 195, et se retrouve avec un «pouvant» de 202. On est dans le «peut», là, on n'est pas dans le «doit». Alors,
sur le plan purement technique de l'introduction, là, alors, moi, je vous invite à, tu sais... Je ne vous invite à rien du tout, en
fait. Continuez, c'est très bien comme ça. Mais là on est dans le «peut»,
là. Il n'y a rien qui dit que la ville de
Montréal ni même la ville de Québec, là, pas juste la ville de
Montréal, l'agglomération
métropolitaine de Montréal... Moi, ça me...
Puis je reviens à ce que
je disais, Mme la députée... Mme la Présidente, pardon, la députée aussi, là,
mais... la députée aussi. Alors, Mme la
Présidente, je reviens à ce que je disais. On a une loi sur le taxi. Là, ce
n'est plus une loi sur le taxi, on ne peut pas se référer à ça, là. Là,
c'est une loi, là... ce n'est tellement plus l'univers du taxi dans l'esprit du
gouvernement que c'est l'esprit du transport
rémunéré. Et moi, là, n'importe quoi, là, qui n'aura pas assez de pouvoir
pour observer, réglementer, ramener dans le
droit chemin des organisations du genre de... on ne les nommera pas, mais du
genre de celles qui rentrent au Québec
actuellement et qui font qu'on est rendu là, moi, ça me fatigue. Puis il va y
en avoir d'autres affaires qui vont me fatiguer dans le projet de loi.
Alors là, on
est dans du «peut», puis je n'ai pas de garantie qu'à la fin, ne serait-ce que
pour l'agglomération de Montréal, où
est la moitié du Québec... Puis ça devrait être pour tout. Moi, en ce qui me
concerne, ça devrait être partout, là.
Tout le monde... Les villes devraient avoir leur mot à dire sur leur territoire
à chaque fois; là, c'est des «peut». La seule chose que je voie de spécifique pour Montréal là-dedans, là, c'est
qu'une loi qui devrait être la même pour tout le monde il y a des articles potentiels pour Montréal. Ça,
c'est vrai. Mais ça demeure potentiel. Il n'y a pas de règle qui est
universelle. J'ai de la misère... Bien, universelle. Il n'y a pas de règle qui
s'applique formellement sur tout le territoire.
Alors, je
relis 2 : «La Société de l'assurance automobile du Québec, la Commission
des transports du Québec et les personnes
chargées...» Là, on aurait pu dire : «...et les municipalités ont la
responsabilité de vérifier l'application de la présente loi.» Moi, je pose la question : Pourquoi on
ne met pas ça? Est-ce qu'on va avoir un régime à plusieurs vitesses?
Pourquoi on ne met pas, là, dans 2, les municipalités ipso... de facto, là?
M. Bonnardel : M.
le député, on lisait à l'article 194...
M. Barrette : «Peut».
M. Bonnardel :
...que le gouvernement peut déléguer aux organismes énumérés. La ville de
Montréal a, pour l'ensemble du territoire,
compétence pour exercer les pouvoirs, et elle-même peut aussi déléguer à
l'ARTM, si elle le souhaite, «dans la mesure où elles concluent une
entente à cette fin par laquelle la ville renonce à exercer cette compétence».
Je pense
qu'on est assez clair dans la façon dont on veut le faire. Il n'y a pas de...
On ne travaille pas en catimini, là, pour
imposer quelque chose. On va, dans l'ensemble, sur ce qui existait déjà,
surtout pour Montréal, encore une fois. On l'a mentionné, la compétence de la ville, le BTM, et tout ça, c'est
important pour nous. Alors, je pense, de la façon qu'on l'a écrit et de la possibilité, donc, encore une fois, de déléguer
aux organismes énumérés, je pense qu'on le mentionne bien, tu sais,
c'est... pour nous, c'est de travailler avec les compétences requises pour
chacune des entités, là.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, je vais
reprendre mon argument puis, si ça continue, je vais quand même probablement proposer un amendement,
là. Ici, là, on devance. J'ai accepté, là, qu'on aille... Normalement,
on est à l'article par article, là, on l'avait convenu, là. Je pense
qu'on l'avait convenu. Si on ne l'a pas convenu, il va falloir... bon. Alors
là, là, on sort de notre protocole. Je veux
bien sortir de notre protocole d'étude
détaillée, là, mais, quand on arrive
à 194, là, on n'est pas du tout... on
est dans le Chapitre XVIII. Le Chapitre XVIII, c'est sûr, ça traite
de Montréal. Et là, là, II, là, lui, là, c'est le début du projet de loi. Ça ne peut pas
être plus le début, plus le début de ça, c'est I. Alors, à II, là, qui
introduit tout le reste, c'est tous des «peut». Et alors, revenons à II,
c'est «peut». 194 sert à illustrer mon propos. C'est correct.
Alors, moi,
si je reviens à II, je constate que c'est «peut» et que, donc, potentiellement,
les municipalités, incluant Montréal... puis je ne dis pas
que le ministre... je ne prête pas d'intention à personne, je dis
simplement, là, qu'on est dans le «peut», et, quand on me dit...
Une voix : ...
M. Barrette : Bien oui, oui, oui. Non, je m'excuse. C'est vrai, il n'y a
pas de «peut» dans II, c'est vrai, ce n'est pas un «peut», mais c'est implicite, parce que «dans les fonctions
et pouvoirs qu'elle leur attribue respectivement».
Alors, ça ne veut pas dire qu'il va en avoir. Puis, quand on veut
répondre à cette question-là, oui, là on va à 194, puis c'est tous des «peut».
Le fait de ne
pas avoir nommé les villes, là, la personne chargée, c'est juste des personnes
au sens que je vais qualifier général
du terme, mais, s'il est général, ça veut dire qu'il y en a qui vont être
désignées puis il y en a qui ne le seront pas.
Demain matin, là, il pourrait ne plus y avoir,
légalement, de bureaux de taxi à Montréal, par exemple. Alors, quand on prend l'argumentaire de : La loi
était de même avant la loi du taxi, oui, mais c'est parce que ce n'est plus
une loi de taxi. Il n'y en a plus, de loi de taxi, là, il n'y en a plus. Là, il
y a une nouvelle loi, là. Tout tombe.
M. Bonnardel :
...pourquoi j'obligerais une municipalité si elle ne le souhaite pas? Pourquoi
je les obligerais?
M. Barrette :
Bien, c'est parce que moi, là, je prends souvent l'argument du ministre. Le
ministre nous dit souvent : Écoutez,
là, il faut faire cette loi-là parce que cette loi-là nous amène dans cinq ans,
dans 10 ans. Moi, j'ai même dit au ministre, sur son
argument : On ne verra pas ça là, là. Le ministre me répond : Oui, on
va le voir bientôt. Savez-vous qu'est-ce qu'on va voir bientôt? Puis je prends
les propos du ministre, on va voir des véhicules autonomes.
Si, dans cinq
ans, là, sur cette loi-là, il y a des véhicules autonomes, là, moi, je soumets
au ministre que toutes les municipalités vont avoir certainement un rôle
à jouer dans l'état raisonnablement prévisible de ça. Ça, c'est les mots du ministre. Je prends juste ses mots. Alors,
quand il me pose la question : Pourquoi je mettrais ça là-dedans?, bien,
de la façon aussi futurologique que le ministre a utilisé son argumentaire à
date, moi, là, je suis à Rouyn-Noranda, là. Bien, à Rouyn-Noranda, là, si jamais arrivent, là, des
voitures autonomes, que bien du monde vont craindre, d'autres vont être contentes, bien, j'aimerais ça, moi, avoir un
pouvoir de réglementation ou de surveillance de ça, un ou l'autre ou un et
l'autre.
Alors, moi, de me demander pourquoi, je veux
bien, là, mais je pense que c'est plus à la partie ministérielle de justifier
son affaire.
M. Bonnardel :
Bien, M. le député, vous parlez d'autonomie municipale. Pour moi, c'est
important, mais vous ne vous imaginez
pas, demain matin, si le véhicule autonome était partie prenante de notre
réseau routier, dans cinq ans, qu'on ne
va pas encadrer tout ça par l'entremise du ministère des Transports et de
travailler avec les municipalités? On ne laissera pas pleins pouvoirs à la municipalité. En tout
cas, je vois mal comment on pourrait dire : Vous, là, vous ne pouvez pas
accepter de véhicule autonome sur votre territoire. Si on a travaillé dans un
ensemble québécois, je pense que ça va de soi.
Alors, je le
répète, pourquoi vous souhaitez que, dans cet article, j'oblige, j'oblige les
municipalités? Je ne souhaite pas les
obliger. Elles peuvent participer avec nous. On donne les pleins pouvoirs à
Montréal, comme avant, et, pour le reste, bien, comme je vous l'ai mentionné, à l'article 194, on définit les
personnes chargées. Ce sont des contrôleurs routiers aussi, des agents
de la paix, des policiers, tout ça, plus les personnes morales, les
municipalités.
Mais je ne
vois pas en quoi, demain matin, je devrais obliger les municipalités à être
partie prenante de cette loi quand il
y a déjà des organismes, il y a déjà des... je le mentionne, la SAAQ, la
Commission des transports, le BTM, et autres, qui feront de la
surveillance pour s'assurer des règles qui doivent être respectées.
• (10 h 10) •
M. Barrette : Là, Mme la
Présidente, là, on est dans la contradiction dans les termes. Alors, dans les
dernières minutes, le ministre nous a dit
qu'il n'y a pas de problème parce qu'à 194 on peut leur donner la
responsabilité, et là il ne voit pas pourquoi on aurait à leur donner la
responsabilité à tout le monde. Bien, moi, ce que je dis, ce n'est pas compliqué, qu'on fasse un amendement qui dise
quelque chose du genre : Ipso facto, elles ont toutes la possibilité
d'assumer cette responsabilité-là. Si elles
le désirent, elles le laissent aux autres. Ce n'est pas la même chose que de
pouvoir leur donner la responsabilité. Ça, c'est l'«opting in»,
l'«opting out».
Là,
actuellement, là, c'est un «opting in» au choix du gouvernement, alors que,
normalement, ça devrait être un «opting out», à mon avis, au choix de la
municipalité.
M. Bonnardel :
Je n'ai pas l'intention d'aller plus loin pour cet article ni de l'amender. Je
pense qu'on est assez clair. On
n'oblige personne. On donne encore une fois les pouvoirs à Montréal, comme je
l'avais déjà mentionné, comme on l'avait
mentionné au BTM quand on les a reçus ici. Donc, on délègue un organisme, je
pense qu'on explique bien ce qui peut
être possible aux municipalités, aux communautés métropolitaines, aux régies intermunicipales,
aux sociétés de transport, à l'ARTM.
Je pense que c'est assez clair. Et là-dessus, pour moi, d'obliger les
municipalités à être partie prenante, je ne vois pas en quoi je devrais
aller là pour les obliger à être partie prenante quand il y a déjà, encore une
fois, des entités qui sont responsables... qui seront responsables d'appliquer
la loi.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, comme je l'ai dit, il n‘y a même pas, je pense,
45 secondes, je ne propose pas
de les rendre obligatoires, de les obliger. Ce que je dis simplement, c'est
que, de fait, elles devraient avoir le droit et elles pourraient avoir la possibilité de ne pas exercer ce droit-là. Ce
n'est pas le même chemin législatif, légal. C'est un chemin différent. C'est le principe que je pense
que tout le monde comprend. C'est de l'«opting in» ou de l'«opting out».
Ça, ça veut
dire que c'est sûr que ça enlève au gouvernement la possibilité de décider qui
va l'avoir, la responsabilité, et qui ne l'aura pas. Et ça enlève un certain...
c'est sûr que, du côté gouvernemental, ça peut créer un malaise. Mais il y a
quand même quelque chose, on fait une nouvelle loi pour un nouvel univers pour
le futur. Alors, qui nous dit qu'il n'y aura
pas un tel, et tel, et tel nouveau cas de figure? On transforme une industrie,
là, on ne fait pas juste la transformer, là, c'est un nouvel état de
fait. Alors, moi, je regarde ça, puis il me semble que c'est utile.
Alors, Mme la
Présidente, suite à nos échanges, je pense qu'il y aurait lieu de suspendre
quelques instants nos travaux pour que nous rédigions l'amendement que
je souhaite déposer conséquemment aux conversations qu'on vient d'avoir.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 13)
(Reprise à 10 h 23)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous allons reprendre nos travaux, s'il vous plaît. M. le député de La
Pinière, je vous invite à lire l'amendement que vous proposez à l'article 2.
M. Barrette : Alors, l'amendement
se lit ainsi, Mme la Présidente :
L'article 2 du projet de loi est modifié
par :
1° le
remplacement des mots «les personnes» par les mots «les autorités municipales
ou supramunicipales sont»;
2° et
l'ajout, à la fin, de «Une autorité municipale ou supramunicipales peut
choisir, pour une période déterminée de renoncer à cette
responsabilité.»
Alors, ce que
ça dit, essentiellement, Mme la
Présidente, c'est un renversement de
la procédure qui est dans l'esprit du
projet de loi... non, je m'excuse, qui est dans l'esprit de l'article 2,
qui, lui, parle des responsabilités de ceux et celles... et là je parle des organisations qui ont la responsabilité de
surveillance. Alors, ce que ça dit contrairement à précédemment, ce
n'est pas la société... la SAAQ — je vais juste prendre mon cahier — obligatoirement,
et la Commission des transports obligatoirement,
et peut-être les autres. Alors, ce que ça dit, ça dit : À la case départ,
obligatoirement, la SAAQ, la Commission des transports du Québec, les autorités municipales et supramunicipales.
Et, s'il advenait, pour toutes sortes de raisons, par exemple, une municipalité est trop petite puis
elle n'a pas vraiment de cette activité-là, qu'elle ne veut pas participer à
ça, elle n'y participe pas, c'est son choix, et la responsabilité revient à
l'autre.
Alors, ça couvre tous les cas de figure d'aujourd'hui et du futur. Parce que le futur, là, s'il y a une chose qu'on
ne connaît jamais, c'est le futur et, s'il y a
une chose qu'on connaît encore moins, c'est le futur dans ce nouvel environnement-là.
Moi, je ne vois qu'une série de potentiels problèmes devant nous. Maintenant,
on n'est pas nécessairement d'accord là-dessus, mais l'amendement que je
propose est le résultat direct des conversations qu'on vient d'avoir.
Le ministre
va me dire : Je ne vois pas pourquoi je ferais ça. Bien, moi, je lui dis : Il ne
voit pas pourquoi non plus qu'il
ne le fera pas. Alors, ça, c'est un amendement que je pourrais qualifier de préventif, qui ne
mène à rien d'additionnel comme
fardeau à qui que ce soit mais, qui
vient inclure dans la loi la possibilité ipso facto, pour une autorité
municipale ou supramunicipale, d'assumer, dépendamment de l'évolution
des circonstances, cette responsabilité-là.
Je vais aller
plus loin, Mme la Présidente. Si on considère que Montréal
a besoin... Puis là, quand j'écoute le ministre, c'est sûr que ça va arriver. C'est marqué «peut», là, mais il dit lui-même : Bien, regardez, c'était déjà comme ça, ils vont l'avoir. Bien, si c'était si évident que ça, ça serait écrit dans la loi
que Montréal, dans sa globalité, l'aurait. Mais non,
même ça, ce n'est pas là. Alors, même ça, ce
n'est pas là. C'est ça qui est un
petit peu bizarre dans le
raisonnement. Bien oui, ils vont l'avoir,
mais c'est un «peut», mais, bien oui, ils vont l'avoir, mais pourquoi
ce n'est pas dans la loi? Alors, moi, ce que je dis, c'est que, bien oui, tout le monde va l'avoir qui pense qu'il y
a lieu... il a raison de l'exercer
pour toutes sortes de raisons. Si la municipalité ou l'autorité soit régionale... supramunicipale, pardon, ne la veut
pas, bien, elle ne l'a pas. Mais une chose qui est certaine dans l'article 2, là, il y a deux organisations publiques qui ont obligatoirement cette responsabilité-là, et
c'est la Société de l'assurance automobile
du Québec et la Commission des transports du Québec. Après, c'est
des «peut», ça ne change rien au
raisonnement. Moi, je dis : Tout le monde peut, s'il le souhaite. C'est
sur leur territoire. S'ils ne le veulent pas, ils ne l'ont pas, et, comme dans tous les cas de figure, ça revient aux
deux entités que j'ai mentionnées précédemment. Et, si c'est si évident
que ça que Montréal va l'avoir, bien, Montréal va l'avoir ipso facto.
Alors, ça, ça
couvre tous les cas de figure dans le futur en termes de responsabilité, de
surveillance, puis je ne vois pas
pourquoi le ministre serait inconfortable avec ça. Je ne le vois pas. Je
demande au ministre, là, à ce moment-ci, de nous expliquer pourquoi il
est inconfortable avec ça.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, c'est assez simple. On l'a expliqué tantôt jusqu'à quel
point, dans le terme juridique qui est «les
personnes chargées», que ce terme était inclusif. Alors, le député me demande
de remplacer le mot «personnes» par
«les autorités municipales ou supramunicipales». Les personnes chargées, ça
inclut aussi, je l'ai dit tantôt, les
contrôleurs routiers, les agents de la paix, les policiers. Alors, si j'abolis
ou j'enlève le mot «personnes», bien, ces personnes nommées inclusivement, donc, dans la définition
des avocats, bien, ça ne peut pas fonctionner. Et je le répète encore
une fois, là, les autorités municipales, à
l'article 194, auront le choix. Et l'ARTM, on la définit comment, là, dans
«municipales ou supramunicipales»?
Alors, ça ne
peut pas fonctionner, Mme la Présidente. Puis, je le répète, je pense qu'on l'a
bien écrit dans l'article 194 : «La ville de Montréal a, pour l'ensemble du territoire de
l'agglomération[...], compétence pour exercer les pouvoirs», comme elle le faisait avant par l'entremise du BTM. Elle
peut le déléguer aussi, en tout ou en partie, à l'Autorité régionale de
transport métropolitain. Alors, ça ne peut
pas... on ne peut pas accepter l'amendement, parce qu'encore une fois le terme
ou... d'amener juste les autorités
municipales ou supramunicipales va enlever la définition que je vous ai donnée
tantôt dans l'ensemble des personnes chargées, qui inclut donc les
contrôleurs routiers, agents de la paix, policiers. Voilà.
• (10 h 30) •
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre me dit que j'utilise un mauvais terme. À
l'article 32, là, de la loi sur le
taxi, au un, deux, trois, quatrième alinéa, c'est écrit tel quel : «Le
gouvernement peut par décret déléguer à toute autorité municipale ou supramunicipale qu'il indique
l'exercice des pouvoirs prévus [à certains articles].» C'est des termes de
la loi existante. Alors, sur l'argument, Mme
la Présidente, que le terme n'est pas un bon terme, bien non, c'est parce que
le terme, c'est le terme qu'on a pris de la loi actuelle, bon, déjà là,
en partant.
Alors,
deuxièmement, le ministre nous dit : Oui, mais il y a des personnes, là,
il prend des agents de la... Oui, mais c'est
parce qu'eux autres sont sous l'autorité de son ministère, de la SAAQ, hein?
Ceux qui font, là, la surveillance sur les autoroutes, là, ils sont sous leur autorité à eux autres. Ce n'est pas
un argument. Moi, tout ce que... Je le répète, Mme la Présidente, là, le ministre me répond par la
bande, par la bande, en termes d'argumentaire, à une proposition que je
fais qui est identique à la sienne, avec une
exception. Moi, c'est une question d'«opting out», alors que, lui, ce n'est
même pas un «opting in». Lui,
c'est : Je leur propose, parce que c'est ça, le sens du «peut», puis je
leur propose, puis ils ne sont même pas obligés d'accepter.
Alors, moi,
ce que je dis simplement, c'est la même chose, sauf que, dans la loi, puisque 2
a une force, une valeur introductive,
elle vient annoncer un nouveau régime, parce que c'est un nouveau régime, par
une nouvelle loi qui vient balayer tout
le reste du revers de la main, ça, c'est clair, c'est bien établi, bien, je dis
simplement : O.K., dans ce nouveau régime là, tout le monde aura la
responsabilité, à moins qu'ils décident de ne pas la prendre et de la laisser
au précédent.
Alors, dans
la hiérarchie des responsabilités, il y a, en haut, le ministère. On s'entend,
là, le ministère veut qu'il y ait de la surveillance, c'est ça qui est
essentiellement l'article 1 et 2, surtout le 2. Alors, après le ministère,
là, c'est délégué à la
Société de l'assurance automobile. En même temps, si on avait affaire à un
organigramme, là, ça serait à côté ou en dessous, mais probablement à côté, il y aurait la Commission des
transports du Québec. Et là, après ça, on descendrait d'un étage, et là, l'étage d'en dessous, c'est les
personnes chargées. Là, les personnes chargées, là, ce sont les personnes qui
peuvent être chargées. Le ministre nous a
donné l'exemple de 194, qui est Montréal. C'est exactement ça que ça dit. Et
moi, je le dis, là, dans la
hiérarchie, ministère, SAAQ, CTQ, j'inclus les municipalités et autorités
supramunicipales et je leur donne le loisir de ne pas le prendre.
Alors, ce n'est pas la même dynamique. Encore
une fois, c'est l'«opting in», l'«opting out», et, pardonnez-moi, là, je ne voudrais surtout pas que le député
des Îles-de-la-Madeleine s'en offusque, mais, dans la population
générale, tout le monde sait c'est quoi, ça. Pour des fins de clarté de la
discussion, là, j'utilise quatre mots dans deux locutions anglaises. Alors, c'est ça, la réalité. Alors,
c'est le même esprit que ce que le ministre a déposé, mais avec une
dynamique légèrement différente. Pourquoi? Pour faire face à toutes les
éventuelles situations.
Moi, là, je
regarde ça, là, puis je reprends les propos du ministre juste pour faire,
encore une fois, la même futurologie que
le ministre a faite, hein? Le ministre... non, mais c'est vrai, là. Je vois le
chef de cabinet du ministre sourire. Mais c'est parce que ce n'est pas moi qui ai utilisé à outrance... puis je ne dis
pas ça méchamment, «à outrance», je dis «outrance» en termes de volumétrie. Le ministre a souvent,
souvent, souvent fait référence au véhicule autonome. J'ai même dit, moi,
en introduction à ce projet de loi ci, que
j'ai qualifié du plus injuste que j'ai vu, et pour les raisons... et j'ai
expliqué les raisons pour lesquelles
c'est injuste. Je suis allé aussi loin que de dire, et j'y crois, que
l'industrie du taxi, elle... pas du taxi, je m'excuse, l'industrie d'Uber et de Lyft, c'est quasiment une
industrie à part, ça là, là, eux autres, là, c'est un modèle d'affaires
qui est basé, à long terme, sur des profits
générés par le véhicule autonome, qui n'aura plus de coût de chauffeur. Eux
autres vivent un intermédiaire, et,
dans cet intermédiaire-là, ce sont les chauffeurs et les propriétaires de taxi
qui sont financièrement et personnellement lésés. Ils le sont. Puis ils
le sont d'autant plus que le gouvernement ne les compense par à la hauteur appropriée et, en plus, ne suis même pas la
procédure normale pour établir la compensation, qui est établie
arbitrairement par le ministre et son
équipe. Peut-être par le Conseil du trésor, mais c'est arbitraire, ce n'est pas
le résultat d'une procédure en bonne
et due forme. Il y aura peut-être un procès à cause de ça. Il y aura peut-être
aussi des manifestations entre temps, et on peut le comprendre.
Alors, dans
cet univers-là, là, futurologique, où un jour il y aura des voitures autonomes,
bien, peut-être, moi, là, que la
ville de Sherbrooke va dire : À Sherbrooke, là, c'est le royaume des
côtes. Puis, dans le royaume des côtes, là, ça serait peut-être une
bonne idée qu'on puisse avoir notre mot à dire en termes de surveillance et/ou
de réglementation. Peut-être que ça pourrait être ça. Dans le royaume des
côtes, là, ça glisse, les rues sont croches parfois, et ainsi de suite.
Une ville bien gérée, à Sherbrooke.
Bien, peut-être qu'eux autres... puis je prends eux comme exemple,
là, je ne leur ai pas parlé. Je
pourrais prendre d'autres exemples où les gens pourraient dire : Bien,
regardez, là, chez nous, c'est un cas particulier.
Alors, moi,
je prends un exemple qui s'applique très bien à l'article 2,
et à 194, et n'importe quel autre article,
qui montre qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Alors, ça ne change rien dans
l'esprit hiérarchique des responsabilités de l'article 2
et du projet de loi n° 17. Ça ne change rien. La seule chose que ça
change, c'est qu'on n'a pas besoin, après, de changer la loi ou de venir gosser au gouvernement — je ne sais pas si c'est un anglicisme, mais,
en français, c'est utilisé vraiment beaucoup — pour
avoir une responsabilité que d'autres pourraient ne pas leur donner.
Alors, moi, là, je ne change rien à l'argumentaire
du ministre. Je ne fais que l'approcher, sa problématique, dans un angle
différent, celui de l'«opting out». Et je
n'ai pas entendu, de la part du ministre, un argument contre. Je lui passe la
parole.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce que vous avez un commentaire,
M. le ministre? D'autres commentaires, M. le député?
M. Barrette : Oui, j'en ai...
Est-ce que j'ai compris que le ministre n'avait pas de commentaire?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il a dit au micro qu'il n'avait pas de commentaire.
M.
Barrette : Ah! hier dans une rencontre où j'avais été cordialement
invité avec les propriétaires de taxi, j'avais prédit — c'est
déjà arrivé, il est 10 h 40, là — qu'on allait arriver rapidement à : Je
n'ai plus de commentaire. Bien, ce n'est pas un débat, ça, je n'ai plus
de commentaire.
Je n'ai pas
entendu... Puis là, après ça, Mme la Présidente, ça m'oblige à reprendre mon
argumentaire. Et là je sens la pulsion, du côté ministériel, de me
dire : Ah! vous filibustez. Bien non! C'est parce que moi, j'ai...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de La Pinière, vous ne pouvez pas prêter des intentions.
M. Barrette : Ah! je n'ai pas
prêté d'intention, Mme la Présidente, j'ai parlé de pulsion.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien...
M. Barrette : «Pulsion», ce
n'est pas une intention.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Continuez donc.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je la sens, mais ça ne va pas... la pulsion ne va pas s'exprimer
tout de suite. La pulsion ne va pas s'exprimer tout de suite, Mme la
Présidente. Ça va venir.
Alors, moi, là, je débats
et je débats d'un point qui est simple. Je n'ai pas de contre-argumentaire et
je m'attends à avoir un contre-argumentaire.
Et là on va me reprocher de le refaire. Je n'ai pas le choix. Je veux dire, un
débat, c'est un débat. On échange des
points de vue puis on échange quelque chose qui se... Les débats
parlementaires, Mme la Présidente, vous n'allez pas me reprocher de les
qualifier de contradictoires.
Vous savez,
Mme la Présidente, en 2014, quand nous avons été élus et avons formé le
gouvernement, c'était mon premier
séjour au salon bleu. Et quand on arrive, au début d'un gouvernement, le
lieutenant-gouverneur fait un discours. Je pense que vous vous rappelez de ça. Et une des choses qu'il a dites,
bien, une des premières choses qu'il a dites, il a dit : Notre
parlementarisme, c'est un... le salon bleu est un lieu de débats
contradictoires. Pas contradictoires pour s'obstiner pour s'obstiner, c'est juste que du débat, comme je l'ai toujours
dit, naît soit la vérité, soit un compromis raisonnable. Encore faut-il
qu'on oppose des arguments sur le même sujet.
Alors, moi,
quand je dis au ministre que je suis,
de par mon amendement, exactement, exactement, dans le même esprit que lui, avec un bémol, juste un, qui est
que moi, je suis dans un «opting out», lui, il n'est pas dans un «opting
in», lui, il est : Je décide. Je ne
donne pas l'option à l'organisation de faire partie de ceux qui surveillent. Je
dis dans la loi : Vous pouvez
implicitement, là, parenthèse... si ça vous tente. C'est ça que ça veut dire
«peut». Ça ne veut pas dire qu'ils vont l'avoir automatiquement. Et là on me répond : Oui, mais c'est déjà dans la
loi. Oui, bien oui, mais, je veux dire, qui me dit, là, que ça... Si
c'est déjà dans la loi, gardons la loi telle qu'elle est. Mais on la change, la
loi, on change le régime au complet.
Alors là,
moi, je vais exactement dans le même sens que le ministre. Le ministre, dans un
premier temps, me dit : Ces termes-là,
ce n'est pas des termes qui
fonctionnent dans la loi. Je lui fais la démonstration en citant un exemple de
la loi en vigueur actuellement où ces
mots-là, «municipal» et «supramunicipal», est exercé, identifié, appliqué.
Puis, bien, en passant, Mme la Présidente,
dans la loi actuelle, les termes «autorité»... voyons, «municipale»
et «supramunicipale»
apparaissent 26 fois.
Alors, vous
voyez, là, on est dans un débat. On m'oppose un argument qui, à sa face même,
là, ne tient pas la route. Alors, on
me dit : Le terme n'est pas bon, je fais la démonstration qu'il est déjà
là, il est là 26 fois, et là, après ça, il faudrait arrêter le
débat, parce que, là, je n'ai plus rien à dire. Bien, ce n'est pas un débat,
ça, Mme la Présidente, et ça, je trouve ça malheureux.
Alors, je le
redis, je n'ai pas entendu d'argument pratique selon lequel ou sur la base
duquel ou desquels ce que je propose
vient vraiment poser un problème dans l'application du corpus législatif. Je
n'ai rien entendu de ça et, madame, par collégialité, je vais redonner la parole au ministre pour qu'il puisse
peut-être, après réflexion, nous donner un argument qui traite de mon
argument.
• (10 h 40) •
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, un court commentaire. Je l'ai mentionné tantôt, la
SAAQ, et la Commission des
transports, et le BTM à Montréal continueront de faire le travail de contrôle
de cette loi, encore une fois. Les municipalités auront la possibilité aussi de participer. Si la ville de... Je vais
donner l'exemple de Sherbrooke. Si la ville de Sherbrooke veut créer
demain matin un bureau de taxi de Sherbrooke, bien, ce sera à elle de le
définir ou de le préparer avec nous. Est-ce qu'elle souhaitera investir des
sommes? Ça sera à eux de le faire.
Maintenant,
est-ce qu'on va leur permettre de réglementer pour contrecarrer le projet de
loi? J'abolis les territoires d'agglomération.
Je n'aurai pas deux villes limitrophes où un taxi partirait d'une ville X pour
se rendre à l'autre ville, puis qu'il
y ait un règlement différent, et que ça empêche, donc, d'aller de l'avant avec
le projet de loi comme on souhaite l'adopter. Encore une fois, c'est
pour ça que l'amendement que le député dépose ne sera pas accepté par nous.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, si le ministre le consent, est-ce que je pourrais
poser une question au légiste, à Me Lessard, qui l'accompagne?
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a consentement pour
demander à M. Lessard de prendre la parole?
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, qu'il me la pose, la question, je verrai si...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il n'y a pas de consentement, M. le député.
M. Barrette :
Bien, Mme la Présidente, c'est parce que la question que j'aurais à poser à Me
Lessard, qui, lui, est un légiste,
elle est très simple : Est-ce que l'amendement que je propose pose un
problème législatif, un problème légal? Là, à ce moment-là, ça nous
permettrait de le regarder non pas dans l'angle... je ne sais pas quel angle le
ministre prend vraiment, mais, sur le plan
légal, moi, j'aimerais ça, moi, qu'on m'explique, là, exactement le problème
que ça pose. Le ministre, il ne me le dit pas, donc je ne peux pas
contre-argumenter.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, le député veut plus être restrictif dans ses demandes, dans
ses façons de faire avec les
municipalités. Je l'ai déjà dit, on n'ira pas là. On n'ira pas là, alors je
n'irai pas plus loin dans ce que j'ai déjà dit depuis 20 minutes,
30 minutes, avec les discussions du député.
M. Barrette : Mais, Mme
la Présidente, j'aimerais, à ce moment-là, que le ministre m'explique en quoi je suis plus restrictif. Ce n'est pas mon intention, je vous le
dis tout de suite, là. Je n'ai aucune intention d'être plus
restrictif, aucune. Alors là... Bien,
en tout cas, au sens général du terme, on s'entend, là. Il y a peut-être
des éléments pour lesquels ce sera nécessaire, mais, dans le cadre de l'article 2,
non, je ne suis pas restrictif. Puis je suis surpris de l'argument du ministre,
parce que c'est la première qu'il sort ça,
là. Là, je vois qu'il y a une consultation active, là, avec ses collègues. Il semble que
les arguments jaillissent de la gauche, de la droite et de l'arrière.
M. Bonnardel : M. le
député, qui a déjà été
ministre, le sait très, très bien, hein, que les collègues peuvent
parler, peaufiner, peaufiner une réponse,
regarder si ça va dans l'intérêt du projet
de loi d'accepter ou non un amendement.
Je l'ai déjà mentionné, on n'acceptera pas cet amendement, parce qu'on ne
sera pas, comme il le souhaite... notre terme à nous, notre «personnes
chargées», est plus inclusif.
Alors,
je le répète, je ne vois pas en quoi adopter son amendement, demain matin ou
là, présentement, améliorerait le projet de loi. Ce qu'on a mis là donne la possibilité aux municipalités d'accepter ou non. Alors, on ne les obligera
pas à aller de l'avant si elles ne le
souhaitent pas. Puis, dans les circonstances, je pense qu'on le définit bien
dans les termes que le projet de loi a été écrit.
M. Barrette : Alors, Mme
la Présidente, je vais reprendre exactement
le raisonnement du ministre, qu'il vient de poser là. On ne les obligera pas. Bien, je viens d'expliquer, avec moult
explications — pléonasme,
on se comprend, là — en
quoi ça ne les oblige pas, ça ne les oblige
pas. Non seulement ça ne les oblige pas, je mets même une
phrase qui dit qu'ils peuvent ne pas
prendre la responsabilité. C'est ça qu'il vient de nous dire. Et, Mme la Présidente, je peux vous dire une chose, je ne vois pas... je ne reproche pas au
ministre de consulter pendant qu'on prend la parole. Voyons donc! C'est
tout à fait normal. C'est juste que le
ministre m'a dit, juste avant que je fasse mon commentaire, qu'il ne voulait
pas que je parle à Me Lessard puis que c'était à lui de poser les
questions. Bien, Me Lessard pourrait nous expliquer juridiquement, c'est une
question simple : Est-ce que ça pose un problème d'application de la loi?
Le ministre ne veut pas.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Monsieur...
M. Bonnardel :
...plus restrictif, et notre terme utilisé est plus inclusif. Voilà.
M. Barrette :
Bien, Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député, c'est la prérogative du ministre
de refuser que... quant à ses...
M. Barrette :
Mais, Mme la Présidente, j'imagine que c'est ma prérogative de poser des
questions.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, c'est votre prérogative de poser des
questions.
M. Barrette :
Merci. Alors, je vais continuer à poser la même question. Est-ce que le
ministre peut nous dire qu'est-ce qu'il veut dire par : C'est plus
restrictif?
M. Bonnardel :
Je l'ai expliqué, Mme la Présidente. Ça fait 22 minutes qu'on discute de
ce terme ou de la façon que le député veut amender l'article 2.
M. Barrette :
Mme la Présidente, je n'ai pas entendu une seule explication qui démontrait le
caractère restrictif de ma proposition. Il n'y a pas plus ouvert que la
proposition que je viens de faire.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, le député, peut-être, n'accepte pas la réponse que je lui
donne, ce n'est peut-être pas ça qu'il aime
entendre, mais je lui ai donné des réponses à ce que lui souhaiterait voir
adopter, ce qui n'aura pas lieu.
M. Barrette : Mme la Présidente, j'accepte sa réponse. Vous
savez, moi, je suis magnanime, j'adore les conversations, mais encore faut-il que ce soit sur le sujet et
que ça réponde soit à une interrogation, soit à une critique, et là je n'ai
pas de réponse, Mme la Présidente. Alors, je
suis un peu étonné de la position du ministre, qui n'a pas l'ouverture pour
bonifier son projet de loi. Alors, encore une fois, où est la restriction?
M. Bonnardel :
Je n'ai plus de commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous n'avez pas de commentaire? M. le
député.
M. Barrette :
Pas de commentaire. Alors, si je comprends bien, Mme la Présidente, un
amendement qui, dans les faits, donne
la possibilité à toutes les organisations d'assumer ses responsabilités sur son
territoire, lequel amendement permet à
une telle organisation, municipale ou supramunicipale, de s'en délester,
seconde... un, dès son édiction, ça, c'est restrictif. Alors, à la fin, ça veut dire que c'est le
ministre qui va décider qui a ce pouvoir-là ou non, et une organisation
municipale ou supramunicipale devra frapper
à la porte du ministre d'un gouvernement, alors ce ne sera peut-être pas
nécessairement le leur, et là ça nous
amène dans une autre dynamique pour un avenir qu'on peut qualifier, aujourd'hui
dans cet environnement-là, de totalement incertain. Ça, c'est clair.
C'est totalement incertain.
Alors,
moi, j'ai offert au ministre un amendement qui lui permettait d'offrir à
l'univers le plus important, le plus près du citoyen, là, le
municipal...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il vous reste 30 secondes.
M. Barrette : ...oui,
et le supramunicipal... Je vous remercie, parce que, Mme la Présidente, je vais
l'utiliser jusqu'à la dernière, et vous pourrez me l'indiquer à ce
moment-là, là...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : C'est votre droit.
M. Barrette :
N'est-ce pas? Alors, je l'offrais au ministre, cette possibilité-là, et le
ministre ne la prend pas. Alors, ça
augure bien pour le reste du projet de loi. Mais, Mme la Présidente, ce n'est
pas grave. On fera des propositions tout au long du projet de loi, et
nos propositions seront constructives pour bonifier le projet de loi. Libre au
ministre de choisir d'accepter ou non de bonifier son projet de loi. Je
constate actuellement que, pour l'article 2, il a refusé.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : C'est terminé. Alors, monsieur...
Nous allons passer maintenant au vote. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement? Non? Donc, est-ce que
nous pouvons procéder au vote sur l'amendement? Est-ce que l'amendement
est accepté?
M. Bonnardel :
Rejeté.
M. Barrette :
Sur division, rejeté. On l'accepte, nous autres, là.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : D'accord. L'amendement est rejeté.
On va passer maintenant... on va poursuivre les discussions sur
l'article 2. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 2?
Mme la députée de Mercier.
• (10 h 50) •
Mme Ghazal :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, moi, c'est pour l'article 2.
Bien, premièrement, je suis très,
très contente qu'on ait mis dans le premier article toute la question de la
Politique de la mobilité durable, parce qu'un des arguments qui nous
inquiétait beaucoup aussi, par rapport au projet de loi n° 17,
il y en a beaucoup, mais un des principaux,
ce qu'on a vu ailleurs, c'est la multiplication du nombre de voitures sur les
routes, ce qui va exactement à l'encontre de la Politique de mobilité
durable. Et, à l'article 2, donc, ce que j'aimerais, ça serait d'ajouter, à la
fin de l'article, un amendement qui dirait de... «notamment en établissant un nombre maximal d'automobiles selon
la région administrative».
Là, je sais qu'il y a
eu aussi une abolition des agglomérations qui est arrivée... Oui, pardon?
La
Présidente (Mme St-Pierre) : ...avant de continuer l'explication
de votre amendement, est-ce que vous pouvez nous fournir le texte pour
que nous puissions le distribuer à vos collègues?
Mme Ghazal :
Oui. O.K. Très bien.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, continuez.
Mme Ghazal :
Oui. Donc, dans le projet de loi, le gouvernement, il est...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Excusez-moi, on va suspendre quelques instants
pour permettre la distribution de...
(Suspension de la séance à
10 h 51)
(Reprise à 10 h 52)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Donc, des copies de l'amendement ont
été distribuées. Mme la députée de Mercier, veuillez poursuivre, s'il
vous plaît.
Mme Ghazal :
Très bien. Donc, ce qui est important ici, j'introduis la notion de «région
administrative». Ce ne sont pas des
agglomérations, parce que, là, le projet de loi amène une abolition totale de
toutes les agglomérations, il y en a une seule, c'est le Québec, là. Et puis un des arguments du gouvernement,
c'était justement d'éviter le transport à vide, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui changent d'agglomération,
puis après ça... pour amener quelqu'un, là, un taxi, puis après ça il ne
peut pas prendre un appel sur l'agglomération, il n'a pas le droit, donc il
faut qu'il reviennent à vide. Donc, ça, c'est un des arguments pour réduire notamment les gaz à effet de serre, d'avoir des
véhicules à vide, c'était un des arguments principaux du ministre.
Mais
le problème, c'est qu'en ne limitant pas le nombre de voitures... puis on n'a
pas besoin, je veux dire, d'attendre que
ça arrive. Ça va arriver aussi au Québec, il va y en avoir beaucoup plus,
puisque, comme je dis souvent, toutes sortes de personnes, ça... Parce
qu'on déprofessionnalise le métier de chauffeur de taxi. Toutes sortes de
personnes pourraient faire ça, par exemple, le
dimanche parce qu'ils s'ennuient ou parce que ça donne un salaire d'appoint.
Ça, c'est sûr, c'est un fait que ça
va arriver. Et ailleurs, par exemple, dans le monde, comme à New York, eux
autres, ils ont vécu ça où est-ce qu'ils
ont vu le nombre de taxis... de voitures être multiplié, tellement que la ville
de New York a été obligée de reculer quand ils ont fait une déréglementation comme celle qu'on s'apprête à faire au
Québec, qu'ils ont reculé puis ils ont dit : Bien, il va falloir
qu'on ait comme des permis ou des autorisations pour justement limiter le
nombre de voitures.
Donc,
c'est important de comprendre que ce n'est pas de remettre les agglomérations,
c'est plus comme les... en fait, les
chauffeurs de taxi le demandent, mais c'est plus un compromis qu'on amène ici
en limitant le nombre, parce qu'une des... ce que les gens qui sont venus en
commission nous ont dit, c'est qu'en région, si on ouvre à tout le monde, il y
a des endroits qui sont beaucoup plus isolés dans des rangs, en région, des
personnes aînées qui ont besoin... c'est leur seul moyen de transport parce qu'il n'y a pas d'autobus, il n'y a pas aucun
moyen de transport. Bien, c'est sûr qu'il y a un peu moins d'argent à
faire là. Donc, en ouvrant à tout le monde, il n'y aurait plus, à moins d'avoir
une grandeur d'âme, il n'y aurait plus de
raison pour quelqu'un de dire : Bien, je vais aller dans ces endroits-là,
plus éloignés, faire du Uber, ou faire
un taxi traditionnel, ou peu importe, parce que ça ne sera pas rentable. Alors,
ces endroits-là vont être délaissés. Les services à ces personnes-là vont être délaissés, et les endroits où il y
a beaucoup plus d'argent à faire, beaucoup plus de profits, bien, tout le monde va aller là, surtout
quand on pense à des événements ou, par exemple, à des endroits où il y
a plus de chauffeurs de taxi.
Et, comme l'étude
d'impact de l'abolition... l'étude d'impact qui a été faite par le gouvernement,
qui n'est pas une étude d'impact très
exhaustive, bien, ne nous dit pas c'est quoi, l'impact de l'abolition des
agglomérations, bien, on peut se fier
sur ce qui s'est passé ailleurs puis sur les risques, donc, c'est pour ça que
c'est vraiment un compromis. O.K., vous voulez abolir? Parfait, abolissons des
agglomérations. Mais est-ce qu'on
peut, par exemple, avoir un nombre maximal de voitures pour éviter la
multiplication du nombre de voitures, puis ça irait à l'encontre de la
Politique de la mobilité durable, dont on a
parlé à l'article 1. Le ministre a trouvé que c'était... le gouvernement a
trouvé que c'était assez important de
le maintenir, mais ce n'est pas juste une politique, ce n'est pas juste des
voeux pieux, il faut aussi que ça veuille dire quelque chose. Bien, comment est-ce que, dans le projet de loi, ça peut
vouloir dire quelque chose? C'est là que j'amène la limitation du nombre
de voitures maximal par région administrative pour contrôler ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre.
M. Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Mme la députée souhaiterait qu'on établisse un nombre
maximal d'automobiles selon la région
administrative. Présentement, il y a 732 municipalités au Québec qui ne
sont pas desservies par les taxis,
qui pourraient, mais qui ne le sont pas. Sur les 329 territoires
d'agglomération, devinez qu'il y a seulement 26 % de ces territoires où il y a 100 % du nombre de
permis utilisés. Je répète, sur 329 territoires d'agglomération, il y en a
seulement 85. On est allé chercher le nombre
de permis x qui peuvent être utilisés, 85 %, 26 %. Alors, tous les
autres, donc le reste, 74 %, on
est à soit 50 %, 60 %, 70 %, 72 %, ou pas du tout, ou
moins, ou moins que ça. Alors, vous comprenez que, dans les conditions présentement, les quotas que nous connaissons
aujourd'hui, bien, les chiffres que je vous donne expliquent bien que ça
ne fonctionne pas.
Alors,
dans les circonstances, on est capable encore une fois aujourd'hui d'avoir une
concurrence additionnelle pour répondre
aux besoins puis à la demande de certains dans les différentes municipalités
qui souhaiteraient obtenir un service mais qui ne l'ont pas.
Alors,
je répète, il y a 732 municipalités au Québec qui pourraient obtenir un
service, qui ne l'ont pas, puis, de l'autre côté, sur les 329 agglomérations, on a seulement 26 % qui ont
atteint leur quota complet. Tout le reste, demain matin, il pourrait y avoir d'autres personnes qui
décident : Moi, j'aimerais ça obtenir le permis. C'est pour ça que la
problématique qui a été créée, dans une certaine
mesure, je vais le dire comme ça, depuis les 30, 40, 50 dernières années,
là, ne répond pas à la demande, au souhait que certains voudraient avoir
en termes de de services.
• (11 heures) •
Mme Ghazal :
On s'entend sur le problème, le constat, c'est-à-dire qu'il y a des
municipalités qui n'arrivent pas à avoir de service. Ça, on s'entend
là-dessus, des gens sont venus nous le dire. Mais la solution à ça, ce n'est
certainement pas le projet de loi que vous amenez, ce n'est certainement pas
ça, parce que moi, je vois que ça va empirer la situation. C'est-à-dire qu'on
ouvre la concurrence, mais la concurrence, c'est pour des gens qui veulent
rentrer, ce n'est pas pour... Leur objectif
ce n'est pas d'offrir des services, c'est de faire de l'argent, de faire de
l'argent, donc, en augmentant ça. Les
municipalités ou les endroits dans les municipalités qui sont beaucoup moins
bien desservis, je ne vois pas comment est-ce que qu'ils vont l'être
plus.
On
peut peut-être espérer, puis dire : La loi de l'offre et la demande va
peut-être faire les choses, mais elle ne le fera pas, parce que ça ne sera pas plus profitable d'opérer dans ces
endroits-là qui sont déjà mal desservis. Donc, il va avoir, encore une
fois, des endroits, des...
Parce
que ce qu'on dit, ce n'est pas de réduire le nombre actuel. Ce n'est pas ça que
je dis. Dans la proposition, ce n'est
pas de réduire le nombre actuel. Ça, c'est vrai, vous avez raison, ça créerait
un problème. C'est d'établir un nombre maximal d'automobiles, donc,
dépendamment des régions, en fonction du nombre d'habitants, là, de citoyens
dans les différentes régions et des besoins.
On peut augmenter beaucoup plus, vous mettez un chiffre beaucoup plus élevé,
mais, par exemple, on ne veut pas se
retrouver dans les grandes régions urbaines, comme, par exemple, à Montréal,
où, là, tout le monde va là parce que tout l'argent est là, puis après
ça les autres régions, bien, seront encore moins bien desservies.
Et
donc, même mon amendement, en ce moment, ne règle même pas le problème de
comment est-ce qu'on va régler les
régions moins bien desservies, ne le règle pas, mais, au moins, vient limiter
le fait que tout le monde va se garrocher dans les grandes villes, là où l'argent est à faire, parce que c'est la loi
de l'offre et la demande. C'est sur ça que vous vous basez, mais la loi de l'offre et la demande va faire en
sorte que les gens vont aller là où la demande est, et la demande, elle
n'est pas dans les régions, dans les
municipalités que vous avez nommées, qui sont moins bien desservies. Elle n'est
pas là. La demande est dans les
grandes régions urbaines, où il y a déjà énormément de trafic. Donc, on vient encore ajouter encore
plus de trafic, plus de voitures. Ce n'est pas moi qui le dis, ça s'est
avéré ailleurs.
Ça
aurait été le fun qu'une étude soit faite pour dire, en ouvrant comme ça totalement
un libre marché total, ça serait quoi,
l'impact réel, et est-ce que ça réglerait le problème sur lequel on s'entend,
le problème des municipalités beaucoup moins bien desservies. Il faudrait voir quelles sont les causes qu'elles
sont actuellement moins bien desservies et est-ce que d'ouvrir comme ça, totalement, va venir le régler. Moi, je ne pense pas du tout
que ça va le régler. Au contraire, ça va l'empirer.
Donc, mon point ne vient même pas
régler ce problème-là, il vient limiter le trafic déjà existant. Puis ce qu'on
veut, c'est que les gens dans les milieux
urbains prennent le transport en commun, prennent les voitures, prennent le
futur REM, et non pas prennent le taxi ou... le taxi ou plutôt le
transport... bien, les Uber et Lyft de ce monde, qui, eux autres, sont prêts, là. Ça je vous le dis, là, je ne sais pas
si vous allez tomber en bas de votre chaise, c'est sûr qu'ils vont faire du
dumping, c'est sûr qu'ils vont mettre les
prix à terre, parce que leur objectif, c'est d'être seul sur le marché,
comme ce qu'ils ont fait ailleurs. Donc, il va en avoir de plus en plus.
Puis,
j'aimerais que vous répondiez comment est-ce
que votre projet de loi permet de régler et de mieux desservir, autre que la réponse... donnez-moi une autre réponse que la loi de
l'offre et de la demande qui, par magie, va tout régler puis va desservir les personnes aînées qui sont
les moins bien desservies dans un rang, qui n'ont pas besoin de transport
adapté, mais qui ont besoin quand même
de taxis parce qu'elles ne sont pas
desservies autrement, et il n'y a pas de transport en commun. Comment est-ce que votre projet de loi va
régler ce problème que vous annoncez? Parce que moi, je ne dis pas de réduire, je dis d'établir un nombre maximal
pour venir régler le problème dans les... pour ne pas augmenter le trafic
dans les régions urbaines.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, Mme la députée, je le répète, oui, l'offre et la demande
fera le travail dans les grandes
régions administratives où il y a un bassin. Maintenant, posez la question aux
propriétaires de permis, aux chauffeurs de taxi. Sur 329 agglomérations, il y en a 140 où il y a un permis
ou moins, dont 97 où il y en a 0. Pourquoi ils ne vont pas là? Parce qu'à temps plein ils se disent
nécessairement : Ce n'est peut-être pas assez payant. C'est la seule,
seule, seule raison que je peux
m'imaginer. Quand tu es un entrepreneur, dans une certaine mesure, tu te
dis : Si je reste là à temps plein, la demande n'est peut-être pas
assez forte.
En abolissant les
territoires d'agglomération, en permettant à un chauffeur de faire du temps
partiel et de travailler dans différentes
municipalités qui pourraient être limitrophes, bien, c'est l'option qu'on leur
donne aujourd'hui avec cette loi. Alors, à quelque part, on veut donner
un service sur l'ensemble du territoire. Aujourd'hui, je le répète, là, il y a
42 %, près de la moitié, où il y a seulement un permis ou moins.
Alors,
la problématique, je vous l'expose. Et, avec les changements qu'on apporte, on
sera capable de répondre de ces...
Bon, est-ce que ce sera parfait à 100 % partout? Assurément que non. Il y
aura des ajustements peut-être à faire. Mais, encore une fois, l'offre et la demande... Bien, nécessairement, les gens
pourront s'adapter selon les besoins. Mais, moi, ce que je veux aussi, c'est de répondre à ces
statistiques qui sont désolantes pour une grande partie des... en tout cas, ou
sinon la totalité des 732 municipalités que je vous ai dites tantôt, qui
ne sont même pas desservies.
Mme Ghazal :
Vous savez comme on pourrait discuter longtemps : Moi, je pense que...
intuitivement, je pense que ça va...
la loi de l'offre et de la demande va desservir ces gens. En ce moment, je ne
me rappelle pas le chiffre que vous m'avez
dit, 26 % des municipalités ou, en tout cas, je ne me rappelle pas
exactement, qui ne sont pas desservies. Mais votre projet de loi, est-ce que vous êtes capables de
chiffrer? Est-ce qu'il y a une étude que vous avez quelque part qui a été
faite d'impact, parce que, là, celle qui est
publique, elle ne le dit pas, qui va pouvoir augmenter ce pourcentage très
faible? Est-ce que vous êtes capable
de me donner ce chiffre-là au lieu de dire : Je pense, je crois que ça va
augmenter. Mais ça va augmenter de
combien? Si ce n'est pas 100 %, ça au moins vous le dites, que ça ne sera
pas 100 %, mais ça va être de combien de plus, ces endroits qui
sont mal desservis?
En
ce moment, on est dans le noir, dans le flou total, puis on y va selon ce qu'on
pense, ce que vous, vous pensez. Mais
est-ce qu'il y a une étude d'impact qui nous dit comment est-ce que ce
problème-là, sur lequel on s'entend, va être réglé, de combien pour cent que ça va augmenter? Est-ce qu'on est
capable de le chiffrer? Parce que c'est possible de faire ces études-là
puis d'avoir ces données-là. Est-ce que vous l'avez fait?
M. Bonnardel :
Premièrement, Mme la députée, suite à l'adoption de la loi, les différents
joueurs sur le marché ont la
possibilité, là, un an plus tard, d'aller sur n'importe quel marché du
territoire québécois. Mon défi, c'est de répondre aux besoins et à la demande de certains qui se
disent : Moi, je suis orphelin. On n'en a pas du tout, du tout, du tout.
Est-ce qu'à court terme on sera capable de répondre à 100 %? Je le
souhaite, je le souhaite. Mais, de l'autre côté, vous posez la question en vous
disant : il pourrait y avoir plus, plus, plus d'autos demain matin parce
que les nouveaux joueurs technologiques, les Eva, les Lyft, les Uber, seront
présents.
Je vous pose la
question que j'ai déjà posée aux chauffeurs de taxi quand je les ai
rencontrés : Présentement à Montréal, Uber est présent. Uber est présent à
Québec. Qu'est-ce qui empêche d'avoir 5 000 chauffeurs de taxi de
plus à Montréal? Il n'y en a pas 5 000 de plus. Les chauffeurs de taxi
sont présents sur l'île, ont ce territoire... pas territoire, mais, oui, territoire à eux comme tel, et héler un
taxi, c'est ce qu'on connaît, c'est ce qu'on va continuer d'avoir demain
matin. Présentement à Montréal, il pourrait
très, très bien y avoir 5 000 chauffeurs de plus. Il n'y en a pas
5 000 de plus, parce que l'offre et la demande ne permet pas avoir
5 000 chauffeurs de plus sur le territoire.
Donc, demain matin,
c'est faux de s'imaginer que, parce que la loi sera adoptée, que soudainement
il y aura explosion du nombre de chauffeurs.
L'offre et la demande, les gens vont s'ajuster, là. Ils vont s'ajuster selon
les besoins des journées dans la semaine, des spectacles le soir.
Regardez
Québec. Plus bel exemple, regardez Québec, jusqu'à quel point ça peut être
difficile lors des spectacles. Tout
le monde le dit, ça a été écrit maintes, et maintes, et maintes fois. Les taxis
qui ne pouvaient pas partir pour aller aider leurs collègues au Centre Vidéotron pourront le faire maintenant. Pour
certains, ce n'est peut-être pas correct, mais, à quelque part, on pense à qui quand on fait ça? On pense à
l'usager, on pense au client, au citoyen qui fait une demande et qui est
mal desservi quelquefois.
Mme Ghazal : Je ne
comprends pas. Vous dites que l'offre et la demande... En ce moment, il n'y a
pas une explosion, mais c'est parce
que jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à la veille du dépôt du projet de loi, il y
avait une barrière à l'entrée, qui sont les permis. Donc, c'est clair qu'il y avait une barrière, c'est pour ça
qu'il n'y a pas eu une explosion. Mais, après l'adoption du projet de loi, s'il est adopté tel quel, là,
c'est différent. Ce n'est pas les mêmes conditions. Vous ne pouvez pas
dire : Voici ce qui va arriver dans le futur, basé sur le passé. Le
passé, ce ne sont plus les mêmes conditions. Il y avait des permis, il y avait
une barrière à l'entrée.
Mais
là je voudrais...on est allé comme un peu à un autre sujet. Je voudrais revenir
à mon amendement. Ce qu'on dit c'est,
à la fin, d'ajouter : «notamment en établissant un nombre maximal
d'automobiles selon la région administrative». Et l'objectif de ça, là, je suis en train de parler
des milieux urbains où, en ce moment, il y a déjà beaucoup de trafic
automobile, et tout ça. Puis un des enjeux
les plus fondamentaux aujourd'hui, de notre siècle, puis même votre
gouvernement aussi, c'est toute la question des transports, qui est
émettrice de gaz à effet de serre.
Dans
l'article 1, on a accepté de dire : Il ne faut pas que ce projet de
loi aille à l'encontre de la Politique de la mobilité
durable. Mais, moi, ce que je suis en train de dire, oubliez les endroits
ruraux, là, en ce moment, mon amendement, c'est plus pour limiter ce qui va arriver dans des villes comme New
York. Je ne compare pas Montréal à New York, mais, disons, Montréal, c'est la ville qui se compare le
plus, au Québec, à New York, New York ou d'autres villes où est-ce qu'il
y a eu une multiplication du nombre de
voitures et que ça faisait concurrence au... ça fait concurrence au transport
en commun. C'est exactement le
contraire de ce vers quoi on veut aller. On veut que les gens aillent vers
toutes sortes de transport. Le taxi en
ferait partie ou le transport par automobile, ça, ça en fait partie, mais c'est
un cocktail. C'est pour ça qu'il y a le REM, c'est pour ça qu'on veut
prolonger la ligne bleue, etc. Donc, mon amendement vise à régler ce
problème-là, pas celui des municipalités qui
sont mal desservies, ça c'est autre chose. On va avoir d'autres endroits dans
le projet de loi pour en discuter.
Maintenant,
le... c'est vraiment le problème. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi quand
je vous dis que ce projet de loi,
avec ce projet de loi, il va arriver la même chose que ce qui est arrivé
ailleurs, dans d'autres villes urbaines densément peuplées, où est-ce
que qu'il va y avoir une multiplication du nombre de voitures, beaucoup plus,
et que ça va faire concurrence à d'autres
modes de transport, et que ça ne réglera pas le trafic, et que ça ira à
l'encontre de la Politique de la mobilité
durable? Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, au moins, qu'il va en avoir
beaucoup plus qu'actuellement dans les milieux urbains, vu que, là, il
n'y aura plus de barrière à l'entrée?
Avant,
il y avait une barrière. C'est pour ça qu'il n'y avait pas d'explosion, même si
Uber était présent. En ce moment, il
n'y en aura plus, de barrière. Donc, ce ne sont plus les mêmes conditions. Et,
encore une fois, je suis obligée de me fier à votre intuition, puis à ce que vous croyez, puis la logique, puis ce qui
se passe ailleurs, parce qu'on n'a pas de chiffres et d'étude d'impact qui dit : Voici les
conséquences. Je ne l'ai pas, donc je suis obligée d'aller en me basant sur ce
qui s'est fait ailleurs. Puis je vous pose la question à vous :
Est-ce que vous faites le même constat que moi?
• (11 h 10) •
M. Bonnardel :
Mme la députée, il y a un cas pratique présentement au Québec, c'est celui
d'Uber à Québec ou à Montréal. Uber
est là depuis 2014. C'est la question que j'ai posée maintes et maintes fois
aux chauffeurs. Présentement, si la
demande était si élevée, il pourrait y avoir 6 000,
7 000 chauffeurs additionnels. Eva vient d'arriver sur le marché.
Est-ce qu'il y en a 1 000 de plus? Non.
Puis ça, c'est pratique, présentement, là. Et la SAAQ a démontré une chose. Il
y a un seul endroit au Québec où il y a moins de véhicules immatriculés,
moins de véhicules immatriculés au Québec. C'est où? À Montréal.
Alors,
je le répète, il y a un cas pratique qui existe présentement au Québec, là.
C'est depuis 2014. Et, si la demande était
si élevée, là, si l'explosion ou le phénomène futur, là, parce que, demain, la
loi est adoptée puis que, soudainement, il apparaît
10 000 véhicules de plus... Non.
Mme Ghazal :
Mais on ne dit pas que c'est... Là, je trouve ça dommage, parce que j'aurais
aimé qu'il y ait une étude d'impact,
et non pas selon vous, ce que vous dites : Bien, jusqu'à maintenant, il
n'y en a pas eu d'explosion, donc je crois qu'après le projet de loi il n'y en aura pas. Parce qu'avant, aussi, on
ne savait pas trop. Avec le projet pilote qui a été mis en place par les libéraux, qui a ouvert la porte à un
seul joueur, Uber, puis aujourd'hui vous êtes en train de compléter le
travail qui avait été commencé, bien, avec
ce projet pilote, il y avait toujours une instabilité, on ne savait pas trop
qu'est-ce qui allait arriver. Et
maintenant, il y a moins d'instabilité, on le sait, c'est clair, ça va être le
«free-for-all», tout le monde va pouvoir entrer sur le marché. Donc,
cette condition-là n'existait pas avant.
Donc
là, j'y vais, il faut que je vous croie sur parole. Je vais dire ma question
autrement : Est-ce que vous... Vous pouvez ne pas me dire : Oui, voici l'étude, mais est-ce qu'il y a
eu une étude, au moins oui ou non, est-ce qu'il y a eu une étude d'impact qui dit : Voici, avec les
nouvelles conditions, avec notre projet de loi, voici le nombre de voitures
qu'on estime, selon différents scénarios, de plus de voitures en milieu
urbain? Parce que moi, je ne peux me fier que sur ce que des spécialistes en transport nous disent sur des
réalités qui ont... ce qui se passe ailleurs dans le monde. Je ne peux me
fier que là-dessus. Je ne suis pas au
gouvernement, je ne peux pas commander cette étude. Vous, est-ce que vous
l'avez commandée? Puis, si vous ne
voulez pas la rendre publique, c'est correct, mais est-ce que vous l'avez
commandée? Est-ce que vous êtes capable de prouver ce que vous êtes en
train de me dire maintenant, basé sur une étude d'impact réelle? Parce que
c'est quelque chose qui se fait. C'est une
étude qu'on peut demander selon différents scénarios : Voici combien de
voitures, dans le pire scénario et dans le meilleur scénario, avec les
nouvelles conditions de votre projet de loi. Est-ce qu'elle existe? Est-ce que
vous l'avez fait? Est-ce que vous avez demandé ça?
M. Bonnardel :
Mme la députée, depuis 2014, le projet pilote d'Uber est en place. Donc, les
chiffres de ce projet pilote, on les voit. On les voit. On voit ce qui
est fait. La demande...
Mme Ghazal : Donc, la réponse,
c'est non?
M. Bonnardel :
On voit le nombre de courses, hein, on voit le nombre de courses aussi qui va
en augmentant, autant pour les
technologies que pour les taxis hélés. Je vous ai mentionné le 50 millions
de courses. Je vous le répète, en plus. Si cela avait un impact sur le nombre de véhicules immatriculés, il y
aurait une explosion à Montréal ou il y en aurait quelque 1 000 de plus si cela était le cas. Le seul
endroit au Québec où il y a moins de véhicules immatriculés, c'est Montréal.
Alors, il n'y a pas plus de véhicules à Montréal depuis cinq ans parce qu'Eva
est présent depuis quelques mois ou Uber est présent depuis cinq ans. Il y a
moins de véhicules.
Mme Ghazal :
Donc, vous me dites : Demain, il n'y en aura pas, une explosion,
après-demain, il n'y en aura pas, dans
10 ans, il n'y en aura pas. Vous, vous y croyez dur comme fer. Ma
question, c'est : Est-ce que vous avez fait une étude pour prouver
ce que vous dites? Est-ce que vous en avez... oui ou non? Vous dites que non.
M. Bonnardel :
Bien, il y a un cas pratique, Mme la députée, je vous l'expose.
Mme Ghazal : Vous regardez le
passé.
M. Bonnardel :
Bien, le passé, c'est ce que j'ai devant moi. Demain matin, la loi est adoptée,
il n'y aura pas... il n'y a pas
300 000 citoyens de plus à Montréal qui vont faire : Tiens, la
loi est adoptée, je fais une demande de taxi additionnel. Bien, l'offre est là, la demande est là, les gens
vont s'adapter. Puis, à quelque part, je vous le répète, la SAAQ, les
chiffres ont été démontrés, il y a un seul
endroit au Québec où il y a moins de véhicules immatriculés, c'est Montréal.
Pas par beaucoup.
Mme Ghazal : Immatriculés
normal, vous voulez dire...
M. Bonnardel :
Immatriculés.
Mme Ghazal : ...par exemple, la
jeune génération qui n'a pas de permis, et tout ça.
M. Bonnardel :
Oui. Alors, on voit déjà le changement, là, de comportement des plus jeunes,
peut-être.
Mme Ghazal : Ça fait qu'ils
vont prendre plus d'Uber, puis là il va y avoir des gens qui vont...
M. Bonnardel :
Bien, pourquoi? Pourquoi ils prendraient juste plus Uber?
Mme Ghazal : Uber, je dis Uber,
ou Lyft, ou Eva, ou tous les nouveaux joueurs.
M. Bonnardel : Et
les sociétés de taxi. Pourquoi ils ne prendraient pas les sociétés de taxi?
Mme Ghazal :
Mais, vous, votre chiffre de 50 millions, vous dites actuellement
50 millions, 40 millions, ça, cette proportion-là, selon vous, avec votre projet de loi, ça
ne va pas bouger ou ça va bouger?
M. Bonnardel : Je
souhaite que ça augmente.
Mme Ghazal : En fait, vous
souhaitez. Mais est-ce que vous avez fait... Donc, vous, vous le faites
selon... c'est-à-dire, vous y allez selon ce
que vous avez envie qu'il arrive. Mais il n'y a... ça n'aurait pas été possible
de demander si ces proportions-là
vont changer selon différents scénarios en demandant une étude. Ça, vous n'avez
pas trouvé que c'était pertinent,
quand vous venez bouleverser une industrie totalement, vous n'avez pas trouvé
que c'était pertinent de faire une étude scientifique basée sur des
faits, sur des scénarios. Vous n'avez pas trouvé que c'était pertinent puis
vous, vous souhaitez que cette proportion-là reste et que les chauffeurs de
taxi, bien, puissent s'en sortir gagnants. C'est un souhait.
Mais est-ce
que vous avez des faits puis des données qui pourraient faire en sorte que
votre souhait soit avéré dans le futur
ou vous y allez avec votre boule de cristal puis vous dites : Je le
souhaite et j'espère que ça va marcher? Parce que, vous, peut-être vous êtes un optimiste dans la vie, mais
les chauffeurs de taxi, ceux qui nous écoutent en ce moment, les
travailleurs de cette industrie-là, ce n'est pas ça que j'entends. Ce n'est pas
ça que j'entends. Ils le savent, pour eux, c'est un fait, rassurez-les, pour eux, c'est un fait, quand je
prends le taxi, je les prends très souvent aussi, depuis que je suis élue, je
les prends encore plus souvent, et ils me le
disent : C'est un fait, il n'y en aura pas. On ne peut pas être aussi
nombreux. C'est clair qu'il va y
avoir du monde, il va y avoir du dumping de la part des nouveaux joueurs pour
casser les prix. C'est ce qu'ils font ailleurs.
Nous, notre avenir n'est pas assuré. Oui, vous le souhaitez, mais est-ce que
vous pouvez le prouver, ça, que ça va changer
ces proportions-là? On ne veut pas avoir vos souhaits, on veut avoir des
données. Puis, je ne veux pas je ne veux pas que vous me répétiez les mêmes lignes que tantôt. Est-ce que vous avez
regardé ce qui s'est passé ailleurs, par exemple à New York, qu'eux, ils ont changé, ils ont ouvert
totalement puis que, là, ils sont obligés de reculer en arrière? Qu'est-ce
que vous pensez de ça? On ne peut pas comparer ou est-ce qu'on peut comparer?
M. Bonnardel :
Mme la députée, on protège l'industrie. Héler un taxi comme on le connaît, un
taxi comme on le connaît,
traditionnel, va continuer d'opérer, là. Les taxis traditionnels font
40 millions de courses. Demain matin, là, les citoyens montréalais, québécois, un peu partout,
ceux qui connaissent l'industrie puis qui ont besoin, bien, ce service
sera encore disponible avec de l'allègement
fiscal en premier lieu, réglementaire dans une certaine mesure, mais pour
protéger l'usager avant toute chose. Mais on a cinq ans
devant nous de projet pilote, qui aurait pu nous exposer vos craintes, qui
aurait pu, à savoir que, bon, l'industrie, avec un nombre de quotas x à
Montréal a un nombre de permis x, versus l'arrivée d'un grand joueur, versus
l'arrivée d'un start-up qui s'appelle Eva, on aurait pu avoir un chamboulement
complet de l'offre. Ça n'a pas été le cas.
• (11 h 20) •
Mme Ghazal :
Ce projet de loi, et je ne sais pas c'est quand la dernière fois vous avez
parlé pas avec les représentants, mais avec des chauffeurs de taxi, là, ceux
qui vivent, qui mettent du... c'est-à-dire, qui élèvent leurs familles avec ce
travail-là, le projet de loi a bouleversé leur vie, peut-être pas dans les
régions plus éloignées, mais, à Montréal,
c'est juste une évidence. Ils le voient. Avant, ils travaillaient un nombre
d'heures raisonnable. Ce n'est pas un travail
facile. Aujourd'hui, il faut qu'ils fassent énormément plus d'heures, et ils le
savent. Ils vivent avec cette réalité-là depuis 2014, justement, et même avant, quand ils étaient là dans
l'illégalité, parce qu'eux ils s'en foutent quand c'est dans l'illégalité, un peu comme Airbnb. Toutes ces
compagnies d'économie de partage modernes, jeunes, cool, eux autres, ils
s'en foutent, des projets de loi. Ils s'en foutent, des lois et règlements qui
sont mis par les pays.
Donc,
le... C'est quoi... Moi, j'aimerais ça savoir... Moi, je le vois sur le
terrain. Je parle avec des gens qui le vivent quotidiennement. Eux, ils ont vu un impact d'Uber dans leurs revenus, et
là ils voient que ça va être encore pire. Ils l'ont vécu. Est-ce qu'il y a eu une... Quand on fait un projet
pilote, un, deux, trois, maintenant, c'est parce qu'à la fin il faut qu'il
y ait un résultat. Vous, le résultat, ça a
été le projet de loi n° 17. Mais est-ce qu'on peut voir l'étude qui montre
qu'est-ce que ça a donné, ce projet
de loi là? Je ne veux pas avoir vos paroles. Vous, vous dites : Il n'y a
pas eu d'explosion. Parfait, très bien. Il n'y a pas eu d'explosion de
nombre de voitures. Mais les revenus ont beaucoup... ont été réduits. Mais
j'aimerais avoir une étude d'impact qui dit : Voici le résultat de ces
trois années de projets pilotes.
Moi,
je n'ai rien d'autre que des paroles puis des lignes de communication de votre
part et, de l'autre côté, j'ai les chauffeurs
de taxi qui me disent leur réalité, comment est-ce qu'eux autres sont en train de la vivre. Je n'ai que
des... J'ai cette réalité-là puis,
vous, ce que vous me dites. Puis vous ne rassurez personne. Rassurez-nous, si
le futur va être beaucoup plus rose
pour les chauffeurs de taxi, qu'il n'en tient qu'à eux à se réveiller plus tôt
le matin puis à travailler encore plus fort pour faire encore plus d'argent puis concurrencer le géant Uber. Bien,
rassurez-nous. Mais moi, je n'ai pas de données, j'ai votre parole. Je peux vous dire : Je vous crois sur
parole, mais ce n'est pas ça que vit l'industrie du taxi. Après un projet pilote, il y a une étude qui a été
faite. Voici ce que ça a donné, c'est extraordinaire, il faut ouvrir encore
plus. Est-ce que vous l'avez, cette étude-là? Est-ce que vous pouvez la rendre
publique, vu qu'elle bouleverse la vie de tant de monde?
M. Bonnardel : Mme la
députée, je vous l'ai mentionné, le projet pilote se termine dans quelques semaines, sinon quelques mois. Les chiffres que je vous expose, ce sont les chiffres qui
sont devant moi. Quand on regarde le projet
pilote dans son ensemble depuis les cinq
dernières années, qui a été initialement accepté par le Parti libéral à l'époque, les chiffres que
je vous expose pour le nombre de véhicules immatriculés à Montréal, ce sont des chiffres de la SAAQ. Ce
n'est pas moi qui les ai inventés,
là, c'est les chiffres de la SAAQ. Alors, si, depuis cinq ans, il y avait eu
explosion du nombre de véhicules, on pourrait le voir, on pourrait le
quantifier. Ce n'est pas le cas.
Maintenant,
je l'ai mentionné maintes, et maintes, et maintes fois, on n'a pas préparé un
projet de loi pour anéantir l'industrie.
On ne s'est pas levés un matin, en se disant : Tiens, de quelle façon...
Bien oui, mais vous semblez dire à chaque fois que, demain, l'industrie n'existera plus. C'est faux. Le défi que
je me suis donné, qu'on se donne tous, c'est de rendre la vie meilleure à cette industrie le lendemain pour
réduire les impacts fiscaux, réglementaires dans une certaine mesure,
pour que ça soit plus simple, pour qu'un
chauffeur de taxi puisse partir d'un territoire à l'autre avec un client tout
le temps dans son véhicule, dans son véhicule, réduire l'auto solo. Je
pense que ça, vous êtes d'accord avec ça.
Alors,
à la fin, à la fin, les points qu'on apporte... puis je l'ai mentionné, là, je
ne suis pas fermé à tout. J'ai même accepté
un amendement, là, au premier article, de vous. Mais là vous me demandez, puis
on revient au principe même, vous me
demandez d'établir un nombre maximal d'automobiles selon la région
administrative. Je vous dis, c'est impossible. On ne peut pas faire ça.
On ne peut pas faire ça, il y a déjà trop d'exemples que je vous donne. Juste
en Montérégie, là, il y a 78 municipalités qui ne sont pas du tout
desservies. Voilà.
Mme Ghazal :
Il me reste une minute, je vais revenir sur le nombre maximal. C'est vraiment
pour rester dans l'esprit puis de
respecter l'esprit de la Politique de mobilité durable. C'est pour les milieux
urbains. Je ne parle pas des endroits mal desservis. Mon amendement ne vient pas régler ce problème-là, mais c'est
plus les endroits où il va y en avoir beaucoup plus, dans les milieux
urbains. C'est à ça que... l'amendement va venir régler, c'est ce problème-là.
Vous
vous dites qu'il n'y en aura pas bien plus en milieu urbain et vous demandez
que vous croie sur parole puis votre
bonne foi. Moi, je crois en votre bonne foi, mais je n'ai pas de chiffres pour
dire que ce qui est arrivé ailleurs n'arrivera pas ici, au Québec. Moi,
je n'ai pas ça en ce moment, puis vous n'avez par réussi à me convaincre, parce
que c'est par des paroles que vous me
convainquez, mais je n'ai pas de données. Comme tout gouvernement responsable,
il doit y avoir... il doit baser ses
projets de loi et ce qu'il ne dit pas sur sa bonne foi et ce qu'il croit qu'il
va arriver dans le futur, mais plus basé sur des données puis des chiffres. Et, en ce moment, vous basez ça sur
un seul chiffre, qui est la SAAQ, qui dit qu'il y a moins d'immatriculations, mais ça, c'est de façon
générale. Ça ne me parle pas uniquement de l'industrie, d'une industrie
du transport de personnes. C'est sûr qu'il y en a eu beaucoup plus.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Vous avez terminé votre portion.
Alors, M. le député de La Pinière, vous avez demandé la parole.
M. Barrette :
Alors, merci, Mme la Présidente. Bien amicalement, personnellement, je ne
l'aurais pas présenté, l'amendement,
ici. Le ministre aurait été en droit de dire que, là, on est dans un article de
surveillance, qui amène... qui conditionne le reste du projet de loi, bon, mais
ça nous fait entrer dans ce débat-là, qui est un bon débat, là. Moi, je
souscris au débat, évidemment, de la
collègue, que j'aurais préféré faire à un article qui y traite. Mais on est là,
là. Alors, je vais prendre le relais, parce que la collègue de...
Mercier, hein?
Mme Ghazal : Oui.
M. Barrette :
On était en vacances. Ma collègue de Mercier aborde quand même un point qui est
non seulement pertinent, mais qui soulève des questions auxquelles on
n'a pas de réponses.
Alors, je
vais reprendre un certain nombre de commentaires que le ministre a faits. Le ministre nous dit qu'il veut protéger l'industrie. Il n'y a personne, dans cette industrie-là actuellement, là,
qui se considère protégé. Et, si le ministre veut bien nous en parler,
là, est-ce que... et je ne veux pas qu'il me réponde à ma question, là, tout de
suite, parce qu'il va y en avoir... elle va
être intriquée à une autre question. S'il veut protéger l'industrie, le
ministre, est-ce qu'il peut nous donner un seul exemple d'un seul endroit où l'industrie traditionnelle du taxi
s'est sentie protégée par une libéralisation totale du marché du transport rémunéré de personnes? Juste
une place où les gens ont dit : Nous, qui étions dans l'industrie traditionnelle du taxi, là, on est tellement
contents des transformations parce qu'on est mieux après qu'avant. En fait,
je vais lui poser la question tout de suite,
juste une place. On aimerait bien ça, aller voir ce qui s'est passé dans la
place que je ne connais pas. Je pense
que, dans ceux qui sont ici, là, qui vivent de l'industrie du taxi, je ne pense
pas qu'ils en connaissent une. En tout cas, les gens de l'industrie du
taxi ne sont jamais venus nous voir : Faites attention, Dr Barrette,
dans vos interventions, parce que, vous savez, il y a une place où ça a été
fantastique. Alors... ou même neutre.
Alors, est-ce
qu'il y en a une, là, que le ministre peut nous indiquer? Comme ça, on va aller
le voir, là, puis ça va mener plus loin notre réflexion.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, avez-vous une réponse à formuler à
l'interrogation du député de La Pinière?
M. Bonnardel :
M. le député, on est assurément le premier endroit, le premier endroit qui va
protéger l'industrie du taxi comme on
la connaît, avec les règles que vous connaissez très, très bien. Ce n'est pas
n'importe qui qui pourra faire du taxi
demain matin, qui devra respecter les règles qu'on a écrites là :
l'industrie, formation, antécédents judiciaires, véhicule inspecté, et
tout autre.
Pendant 40,
50 ans, l'industrie a été ce monopole, dans une certaine mesure, qu'on connaît.
La concurrence est apparue. J'ai informé la députée des cinq dernières
années, avec les chiffres que j'ai sous la main. Demain matin, notre
traditionnel taxi, comme on le connaît, bien, ce sera le même taxi, le même
taxi avec des charges moindres, avec une compétition,
dans une certaine mesure, oui, que certains n'aiment pas. Mais je pense à une
personne, encore une fois, puis ça, c'est
la première chose que je vous ai dite quand j'ai déposé cette loi, c'est celui
qui nous écoute, le client, l'usager, qui, à la fin, pourra définir qui il choisit, par l'entremise de son téléphone ou
de héler le taxi qui est là devant lui, sur la rue, parce qu'il souhaite
prendre un taxi rapidement et qu'il n'a pas de temps pour attendre, là, trois,
quatre, cinq, six minutes parce qu'il utilise son téléphone intelligent.
Alors, je le
répète, je l'ai répété maintes, et maintes, et maintes fois avec les chiffres
que je vous expose aujourd'hui. Là,
on est à l'amendement de la députée de Québec solidaire. Je n'irai pas de
l'avant avec la demande d'établir un nombre maximal d'automobiles selon la région administrative, ça va à
l'encontre, ça va à l'encontre de ce que je vous expose depuis tantôt, autant dans votre région administrative
que partout ailleurs au Québec, avec les chiffres que je vous expose du
projet pilote qui existe présentement et du
nombre de véhicules immatriculés à Montréal. Puis je ne peux pas vous en dire
plus.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Barrette :
Alors, M. le Président, j'ai posé une question extrêmement simple, et le
ministre avait le loisir tout aussi
simple de nous identifier... Après sa réflexion, je ne peux pas croire que le
ministre et son équipe n'ont pas fait un survol des régions
administratives du monde occidental où il y avait eu ces transformations-là et
qu'il n'a pas été capable de nous identifier
une seule place où, après qu'on ait libéralisé les règles, tel qu'on le fait au
Québec... où c'est mieux après qu'avant pour l'industrie du taxi. Je pense qu'il faut le noter, le ministre
n'est pas capable d'identifier un seul endroit dans le monde où la
libéralisation à la p.l. n° 17 a amélioré le sort des
artisans de l'industrie traditionnelle du taxi.
Le ministre nous dit que lui, là, il est le
premier au monde à faire quelque chose de ce genre-là. Bien, je lui répondrai, M. le Président, qu'il fait comme les
autres endroits. La libéralisation de cette activité-là amène une
diminution des standards, des normes
d'entrée. Et tous les gens qui sont venus nous voir en commission
parlementaire, tous les gens qui étaient
dans l'environnement des normes, là, ont dit : Vous baissez les normes. Est-ce que le ministre
accepte, au moins, le fait de dire que
son projet de loi diminue les normes, les contraintes à l'entrée
pour cette activité-là de transport rémunéré de personnes?
• (11 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Bonnardel :
Pas du tout.
M. Barrette : Ah bon! Alors, je veux dire, ce n'est pas le
moment, là, dans cette étape-ci, de faire le tour de ça. Je le ferai en temps et lieu. Alors, je pense qu'il est la seule et unique personne au
Québec qui considère qu'actuellement les normes ne sont pas diminuées, ne serait-ce que la
durée de formation, les inspections, le permis, et ainsi de suite. Ce
n'est pas une libéralisation absolue, mais c'est certainement une énorme
libéralisation par la baisse, la réduction des contraintes à l'entrée. Et même
ça, le ministre ne l'admet pas.
Le
ministre nous dit régulièrement, il l'a encore il y a quelques instants, que,
demain matin, ça va aller mieux parce que
c'est le même taxi qu'avant. Oui, mais c'est parce que c'est le même taxi dans
un environnement économique et législatif, réglementaire, différent. Il ne peut pas arriver puis dire : C'est
la même affaire demain qu'avant-hier. Ce n'est pas la réalité. Ce n'est
pas la réalité.
Ce
qui m'amène à reposer la question, et corriger et le ministre et la collègue de
Mercier. Au Parti libéral... La CAQ ne
complète pas le travail du Parti libéral. Ce n'est pas ça que la CAQ fait. À la
CAQ, on fait quelque chose de nouveau. Je m'explique. Ça va m'amener à
la question que je vais poser.
Nous,
ce qu'on a choisi de faire, là, dans un nouvel environnement qui se
transformait, c'était de mettre en place un projet pilote pour faire un état de la situation, pour déterminer
quelles seraient, à la fin, les règles et conditions appropriées pour qu'à la fois les clients et à la fois les
artisans de l'industrie du taxi y trouvent leur compte correctement. Jamais
dans notre approche il n'a été question d'abolir les permis, jamais il n'a été
question, à toutes fins utiles, de mettre à zéro l'industrie traditionnelle
service de taxi. Alors, le projet pilote, il servait à ça. Et ça fait plusieurs
fois que le ministre nous dit : On voit
les chiffres, on voit ci, on voit ça. Parfait. Un projet pilote, ça ne mène pas
à un résultat, ça mène à une analyse
qui, elle, amène une conclusion et une publication des deux. Au moment où on se
parle, il n'y a pas ça puisque le projet pilote se termine le 13, 14,
12 octobre. 12, hein? 14, en tout cas, peu importe, là, dans cette
fourchette-là.
Alors,
le ministre serait-il disposé, comme on fait souvent dans des exercices
analytiques, particulièrement dans le monde académique, de nous dévoiler
ses résultats d'analyse préliminaire, tous les chiffres dont il dispose, tous
sans exception, pour qu'on puisse voir si ce sur quoi se base le ministre est
fondé? Pourquoi le ministre ne le fait-il pas?
Question :
Le ministre est-il prêt à nous faire part, pas simplement de sa conclusion ou
de ses impressions... c'est ce qu'il
fait dans l'étude détaillée constamment, c'est ce qu'il a fait dans les
consultations publiques. Le projet pilote, là, c'est une réflexion. Et là on n'a pas de rapport, on n'a
rien. On n'a pas d'étude, on n'a rien, on n'a absolument rien à propos
de ce sur quoi s'appuie le ministre. Est-ce
qu'il peut faire ça, s'engager, tiens, puis je vais être généreux, à, d'ici à
ce qu'on resiège, la semaine prochaine, le 3 septembre, à ce qu'il
nous fasse parvenir données, analyse et conclusion?
Le Président
(M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Bonnardel :
M. le Président, j'écoute le député. C'est son projet pilote. C'est son
gouvernement qui a mis en place le
projet pilote. Puis je pourrais lui reposer la question que la députée de
Québec solidaire souhaite : Pourquoi, dans son projet pilote, il n'a pas établi lui-même un nombre
maximal d'automobiles selon les régions administratives? Pourquoi il ne
l'a pas fait? Il répond peut-être exactement
ce que je dis comme raisonnement en termes de véhicules, en termes de non-explosion
du nombre de véhicules à Montréal parce
qu'on aurait pu craindre, avec l'arrivée de nouveaux joueurs, qu'il y a un
problème.
Alors,
je le répète encore une fois. Pour
moi, protéger une industrie comme on la connaît, alléger tout ce qui est
la portion fiscale, c'est de remettre le
plus d'argent possible dans la poche du chauffeur de taxi pour que, le
lendemain, le chauffeur, là, qui a
son véhicule puisse continuer d'opérer et de faire plus de sous, bien, c'est le
défi que je me donne, c'est le défi
qu'on doit se donner. Pérenniser l'industrie, là, avec le million de courses
qu'eux font et qui augmentent, soit
dit en passant, bien, tant mieux, tant mieux. Et c'est là qu'on
va changer le comportement aussi des automobilistes,
peut-être, qui délaissent le
véhicule, qui se disent : Voici les options additionnelles que j'aurai à
Montréal avec le REM, avec les Bixi électriques, avec les trottinettes,
avec les taxis. C'est toutes ces options qui vont changer la politique de
mobilité durable.
Alors,
je vous répète la question : Vous avez créé ce projet pilote. Pourquoi
vous ne l'avez pas fait, vous, établir le nombre maximal d'automobiles selon la région administrative? Moi, je
vous donne des... j'expose les chiffres après cinq ans, là, je vous expose ce qui est factuel. Je vous
expose que le nombre de véhicules immatriculés, le seul endroit au Québec
où il y a eu une baisse, c'est à Montréal. Voilà.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : M. le
Président, dans la catégorie répondre
à côté de la question, une étoile dans le cahier du ministre. Bravo! Ce n'est pas ça que j'ai posé comme
question. Il ne peut pas me demander pourquoi je n'ai pas proposé ça,
c'est l'amendement de Québec solidaire. Alors, déjà là, on est dans le champ
gauche pas à peu près, on n'est même pas dans le stade.
Là,
au moment où on se parle, là, la situation, elle est d'une grande simplicité.
Il y a eu un projet pilote sous nous, qui s'est terminé après la dernière élection, qui a été reconduit sous eux,
et, comme tout projet pilote, ça doit amener à un recueil de données, de constat des données, une analyse,
une conclusion. C'est sous eux, ça, ce n'est pas sous nous. Alors
pourquoi... Nous, si on avait repris le
pouvoir, si on avait été au gouvernement, faites-vous-en pas, les conclusions
seraient déjà sorties, puis il n'y
aurait pas de projet de loi n° 17, et ça ne serait pas comme ça, et on
n'aurait pas aboli l'industrie traditionnelle du taxi.
Alors, je repose ma
question, à laquelle je n'ai même pas eu une approche de l'approche d'une
réponse de ma question. Est-ce que le ministre est prêt aujourd'hui, puisqu'il
voudrait même, à quelque part, que l'étude du projet de loi n° 17 soit conclue avant le 14, est-ce qu'il peut, parce qu'il
ne peut pas ne pas l'avoir maintenant, nous faire part de ce qu'il a
constaté, les données, les résultats de l'analyse et les conclusions qui
arrivent, là?
Là,
le projet pilote a été prolongé, là. Ce n'est pas nous qui l'avons prolongé,
c'est eux autres. Il y avait un constat. Et alors là, il le sait, le ministre, non seulement il le sait, il en
parle, mais il en parle sans que nous autres le sachions. Alors là, il y a une irrégularité, là. Alors, je repose ma
question : Est-ce que le ministre, d'ici mardi prochain, s'engage à nous
faire part, de façon au moins sommaire, la plus détaillée possible, des
résultats du projet pilote? Oui ou non?
Le Président
(M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Bonnardel :
M. le Président, le projet pilote n'est pas terminé. Ce n'est pas terminé. On
est à l'article 2, donc à l'amendement de la députée de Québec
solidaire, qui me demande un nombre maximal d'automobiles selon la région administrative. J'ai répondu pourquoi nous n'irons
pas de l'avant, pourquoi nous n'accepterons pas cet amendement. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de La Pinière, j'ai le député des
Îles-de-la-Madeleine qui aimerait intervenir. Avec votre permission, je lui
céderais la parole pour favoriser le débat, s'il vous plaît.
M. Barrette : Je n'ai aucun
problème avec ça, M. le Président. Je garde évidemment mon temps déjà imparti.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, effectivement. Alors, M. le député.
• (11 h 40) •
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. En fait, je voulais m'inscrire pour quand le député de
La Pinière aurait terminé sa partie, sa présentation et son
questionnement, je voulais m'inscrire pour intervenir. Je peux le faire
maintenant si vous voulez favoriser effectivement la diversité des opinions,
quoique, sur cet élément-là, je pense qu'on s'entend.
Donc, c'est
intéressant de voir que l'amendement qui est proposé par ma collègue de Mercier
nous amène directement au coeur même
des enjeux qui sont débattus dans le projet de loi, même si, sur l'amendement
en tant que tel, il me semble que l'article 2 n'est peut-être pas
le meilleur endroit pour le glisser. Je souscris à l'amendement, mais je ne
suis pas certain de l'endroit où on pourrait le glisser.
Mais, par
contre, je suis intéressé à poursuivre la discussion sur le coeur de ce qui a
été amené par mes deux interlocuteurs
précédents, à savoir, sur le fondement même du projet de loi, le ministre
martèle à chaque question, comme réponse, le fait que le nombre de
voitures immatriculées dans la région de Montréal n'a pas augmenté, ce qui peut
être circonstanciel. On peut attribuer
toutes sortes de facteurs en lien avec ce phénomène-là. Mais, si je comprends
bien, là, ce serait le socle du
projet de loi n° 17 pour dire : Maintenant, il faut anéantir
l'industrie — j'utilise
le terme qu'il a utilisé tout à
l'heure — pour
revoir complètement le modèle tout simplement parce qu'il y a un projet pilote
qui est en cours, qui n'est pas encore complété, donc duquel on ne peut
pas véritablement, nous, les législateurs, tirer de conclusions. Et il faudrait
accélérer le pas vers l'adoption d'un
nouveau modèle qui, finalement... et repose strictement sur la libéralisation
et sur l'accès à, finalement, au plus grand nombre au transport et à
l'industrie. Et ça, moi, j'ai beaucoup de difficulté avec ça.
Je pense que,
si le ministre veut être cohérent en disant que le projet pilote n'est pas
complété, donc on ne peut pas en révéler la teneur... mais, à ce
moment-là, pourquoi devancer la conclusion du projet pilote et les analyses qui
devraient normalement en découler avant
d'aller de l'avant avec un projet de loi qui transforme l'industrie du tout au
tout? Moi, je ne peux pas concevoir qu'on met en place une période
d'expérimentation d'un nouveau modèle, et, avant même que cette expérimentation-là ne soit complétée et que des
conclusions peuvent être tirées, qu'on propose un nouveau modèle, et
qu'on propose un nouveau modèle à des
législateurs qui sont censés y adhérer sans savoir ce que le gouvernement sait
déjà mais refuse de révéler.
Alors, moi,
je pose la même question. À part le fait qu'il y a moins de voitures
immatriculées, un peu moins de voitures
immatriculées à Montréal, là, est-ce qu'il y a d'autres éléments sur lesquels
on peut s'appuyer pour dire... pour, en fait, embrasser l'argument, là, du ministre à l'effet qu'entre hier et demain
le projet de loi va transformer de façon positive, pour les gens qui oeuvrent aujourd'hui dans l'industrie
du taxi, les choses? Sur quoi peut-on s'appuyer pour dire que
l'industrie va continuer d'opérer de façon
prospère, alors que, par ailleurs, comme le disait ma collègue de Mercier, les
seules choses sur lesquelles on peut
s'appuyer un peu, c'est les expériences vécues à l'étranger? Et à peu près partout,
à peu près à chaque jour dans les
médias, c'est plutôt les effets négatifs qui sont documentés. Évidemment, c'est
le propre de la presse de révéler les nouvelles qui sont habituellement
peu positives, mais c'est un autre débat.
Essentiellement,
je souscris aussi à ce questionnement, à savoir : Y a-t-il un endroit dans
le monde où ce type de libéralisation
là, la venue d'Uber, a donné quelque chose de positif à l'économie de l'État ou
du pays où on a transformé les choses
de cette façon-là? On peut voir un peu partout des articles qui disent le
contraire. Je n'ai jamais rien vu d'informations qui me permettraient de penser que le ministre a raison, mais on est
ouverts. On est ouverts à l'idée qu'il y ait un argumentaire, qu'il y ait un rapport et les premières analyses
préliminaires qui nous disent effectivement qu'il y a quelque chose
qu'on n'a pas compris, qu'il y a quelque
chose qu'on ne sait pas qui nous permettrait d'adhérer à l'idée que plus il va
y avoir de joueurs et moins il va y
avoir de règles, plus les gens et, en fait, tout le monde, y compris
l'industrie traditionnelle, vont être prospères, alors que les indications sont à l'effet contraire. On nous a fait des
démonstrations, un argumentaire à l'effet qu'à Montréal notamment, on prend cet exemple-là souvent, les
chauffeurs dans l'industrie du taxi traditionnel doivent travailler
beaucoup plus d'heures pour faire beaucoup moins d'argent. Je simplifie. En
quoi est-ce que ça va être différent demain matin?
J'aimerais le
début d'une réponse, là, chiffrée, appuyée, documentée qui me permette de
dire : Bien oui, on est tous pour
la tarte aux pommes, allons-y vivement. Le nombre de courses... D'ailleurs, on
se demande toujours d'où viennent ces chiffres-là.
Est-ce que ça fait partie de l'analyse, là, de l'industrie du taxi? Parce que
c'est eux-mêmes qui posent la question. Les 40 millions de courses qui sont l'industrie du taxi,
50 millions, vous dites que ça va être maintenu puis vous semblez
laisser entendre que ça va même augmenter. Sur quoi reposent cette analyse et
cette affirmation, M. le ministre?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, trois députés, trois
questions à peu près similaires. Je ne peux pas répéter tout ce
que j'ai dit, mais desservir l'ensemble du territoire
québécois avec les multiples agglomérations où il n'y a
personne, personne, personne pour
desservir les citoyens, l'usager... J'entends vos commentaires. Protéger
l'industrie, c'est la première chose à laquelle
je me suis attaqué. Encore une fois, je le répète, on ne s'est pas levés un
matin en se disant : Tiens, de quelle façon on va mettre à mal l'industrie du taxi, là?
Comprenez-moi bien, là. On a quatre ans devant nous où on a pu voir de quelle
façon Eva, Uber pouvaient travailler sur le
marché avec l'industrie du taxi traditionnel comme on la connaît depuis 40,
50 ans.
On est une des seules administrations ou
provinces, je vais le dire ainsi, à mettre en place un régime où tout le monde
aura sa place, tout le monde aura sa place, où on va protéger l'industrie du
taxi comme on la connaît aujourd'hui. Il n'y
aura pas moins de règles, il n'y a
pas moins de règles. On va s'assurer de la sécurité de l'usager, du client,
avant toute chose. Puis ça, je l'ai mentionné maintes et maintes fois,
et ça va continuer comme ça.
Et, je le répète, on est à l'amendement de la députée
de Québec solidaire, qui me demande d'établir un nombre maximal d'automobiles selon la région administrative. Je vous ai donné
des chiffres, premièrement. Ce n'est pas parce que je vous ai dit que la SAAQ, soudainement dans la
dernière année, il y a une baisse du nombre d'immatriculations, que
c'était le socle de la loi, là, on s'entend, là. Ça fait un petit bout de temps
qu'on y travaille puis ce n'est pas... mais c'est une statistique quand même
intéressante qui démontre qu'il y a un changement de comportement pour une
majorité de Montréalais, qui se
disent : Bien, le véhicule, je n'en ai peut-être plus besoin, parce que
j'ai des services de transport, j'ai le taxi, j'ai la trottinette, j'ai
Bixi, et autres.
Alors, je le
mentionne encore une fois, on est à l'article 2, on est à l'amendement de la députée
de Québec solidaire. Je n'irai pas à l'encontre de ce que la loi peut
permettre pour, encore une fois, desservir l'ensemble du territoire.
Et je pense que les chiffres le
démontrent, avec ce qu'on a eu devant nous dans le projet pilote depuis les quatre dernières années, qu'il n'y a pas eu
d'explosion, comme certains pourraient le prétendre.
Alors, je
pense qu'on a trouvé des conditions gagnantes pour tout le monde, je le répète. Est-ce qu'il y
a des choses qui peuvent être
améliorées? Assurément, mais on n'ira pas contre le principe même de cette loi.
• (11 h 50) •
M. Arseneau :
M. le ministre, vous dites que
l'élément de la réduction du nombre de véhicules immatriculés à Montréal
n'est pas le socle du projet de loi
n° 17. Je suis content de vous
l'entendre dire, ça me rassure. Mais vous dites du même souffle que ce que vous avez devant vous,
suite au projet pilote, vous permet d'avancer, et d'aller de l'avant, et
de faire valoir que l'industrie va mieux se
porter demain qu'elle se porte aujourd'hui. Mais ce que vous avez devant vous, nous,
on ne l'a pas devant nous. C'est ça, le
problème. Le déficit de crédibilité du projet
de loi n° 17, c'est qu'il ne
repose pas sur des faits avérés ou
sur des analyses tirées du projet
pilote en question.
C'est ce qu'on vous demande depuis tout
à l'heure, c'est à savoir s'il y a,
dans vos tiroirs, des études qui auraient dû, j'imagine, être faites ou des expériences
tirées de ce qui a été fait ailleurs, dans d'autres marchés où on a
ouvert la porte aux multinationales et qui nous permettraient de penser qu'effectivement
la situation va s'améliorer.
La question
de l'amendement établissant le nombre maximal d'automobiles selon la région
administrative, j'imagine, c'est le
nombre d'automobiles, ce n'est pas pour empêcher la régie de l'assurance ou la
Société de l'assurance automobile de permettre aux gens de s'acheter une
voiture, là. On parle ici des véhicules automobiles qui font du taxi, qui font
du transport rémunéré de personnes, là.
Alors, moi,
j'aimerais savoir, en sous-question, là, si le nombre de voitures qui circulent
à Montréal et qui ont été immatriculées
dans la région de Montréal n'a pas augmenté, est-ce que le nombre de voitures
qui font du transport rémunéré de
personnes a augmenté, lui. Je le suppose. Je suppose que le nombre de personnes
qui s'adonnent au transport rémunéré de personnes, parce que c'est de ça
qu'il s'agit, il a sûrement augmenté.
Si la demande
a augmenté et que le nombre de personnes qui font du transport rémunéré de
personnes a augmenté puis, de la même
façon, les chauffeurs de taxi traditionnels nous disent que leurs revenus
ont baissé, il me semble qu'il y a une hypothèse
qu'on pourrait, à défaut d'avoir le projet pilote puis des conclusions
analytiques et intéressantes, là, puis fouillées... l'intuition qui nous dit qu'il y a une part de
marché qui s'est divisée, des parts qui ont été acquises, prises par des
nouveaux joueurs, ceux qui sont permis à
travers le projet pilote, non? Est-ce que vous reconnaissez ou est-ce que vous
pouvez nous donner des indications à
l'effet que, si le nombre de voitures qui existe à Montréal, qui sont
immatriculées, n'a pas augmenté, le
nombre de voitures et de chauffeurs qui font du taxi, qui font du transport
rémunéré de personnes, lui, a augmenté, donc il y a un plus grand nombre
de personnes qui se partagent une tarte relativement limitée, et que ça, une
fois qu'on va avoir adopté le projet de loi
n° 17, mais ça va augmenter de façon beaucoup plus importante puis qu'on
va avoir des joueurs... Parce que c'est ça qu'on soupçonne. Il va y
avoir des joueurs qui vont avoir les moyens de couper les prix grâce à la tarification dynamique et qui vont pouvoir, par
une offre de service ciblée à des moments où il y a peut-être davantage
de clientèle, et ainsi de suite, éliminer
petit à petit les chauffeurs professionnels, ceux qui gagnent leur vie avec ça,
qui y ont investi toutes leurs économies, leur vie, et dont la famille
dépend de ces revenus-là, qui, eux, vont être essentiellement les victimes de
ce nouveau système, de ce nouveau régime.
M. Bonnardel :
M. le député, vous avez entendu des intervenants qui disaient qu'il y a moins
de taxis, en 2019, par 100 000 habitants
que voilà 40 ans, de moins, à Montréal. Si on veut changer le comportement
des gens pour laisser leur voiture à
la maison, ça prend une offre diversifiée par... le métro existe déjà, mais le
prolongement, le REM, je le répétais, trottinette,
Bixi, électrique ou autre. L'offre des technologies des Eva et Uber de ce monde
et possiblement Lyft un jour, ça, c'est
normal que, demain matin, il y ait peut-être 1 000 véhicules de plus
parce que la demande est là, et c'est notre effort et votre effort de
changer le comportement des automobilistes et de leur dire : Laissez votre
véhicule à la maison, on a des options additionnelles.
Pensez-vous
deux petites secondes qu'avec le projet pilote qui a été entamé et signé par le
Parti libéral, que, si nous avions
vu, exemple, 15 000 véhicules de plus du jour au lendemain, à
l'intérieur de trois ans, on aurait le même portrait et qu'on serait allé de l'avant de la même façon?
Assurément non. Des villes comme Toronto, comme New York, n'ont pas
osé légiférer. Nous, on légifère. On
légifère parce qu'on a des outils dans cette loi pour s'assurer de la pérennité
de l'industrie comme on la connaît
puis de la protéger comme on la connaît, avec ce que vous savez qui est déjà
écrit dans la loi, versus la concurrence. Au bénéfice de qui? Bien, M. et Mme Tout-le-monde.
Puis, je vous le répète, vous le savez, il y a des endroits un peu partout à Montréal, à Québec, où le citoyen
puis le client qui demande un service ne l'a pas. Je vous ai énuméré des
dizaines, des dizaines et des dizaines de municipalités au Québec où il n'y a
pas de service.
Alors,
on parle des grands centres, mais les chiffres qu'on a devant nous ne démontrent
pas une explosion. Et, oui, il y aura
nécessairement plus de véhicules parce qu'on veut changer le comportement des
automobilistes. On veut leur dire : Laissez votre auto à la maison, parce qu'on a d'autres possibilités pour
vous. C'est le défi qu'on a pour le réseau structurant de Québec. C'est le défi qu'on a pour le REM.
C'est le défi de connecter Lévis avec le réseau de Québec. C'est ce défi
où j'ai mentionné maintes et maintes fois la durée, le coût et le confort. Si
on répond à ces trois besoins, l'automobiliste laissera son auto à la maison. Alors, assurément, assurément, il y aura
plus de véhicules pour répondre à la demande du monsieur qui se dit : Tiens, j'ai une option additionnelle :
le taxi, les concurrents X que je peux avoir sur mon téléphone, la mobylette, moto. Peu importe ce que les gens vont
choisir pour réduire les gaz à effet de serre, c'est mon défi puis c'est
votre défi, vous aussi. Voilà.
M. Arseneau :
L'un des défis, pour reprendre ce mot-là, qui est devant nous, c'est d'associer
les gens qui oeuvrent dans
l'industrie. Et moi, je veux bien souscrire à plusieurs de vos propos, mais ça
me rassurerait un peu de savoir que ceux à qui vous promettez un avenir meilleur y croient aussi avec ce que vous
leur proposez. Et là, moi, ce n'est pas le son de cloche qu'on entend. Comment vous expliquez que ce vous proposez pour améliorer les choses
pour les gens de l'industrie soit si mal reçu? Ce n'est pas nous qui
avons utilisé la terminologie d'anéantissement au départ, là. Il y a, dans ce
que vous présentez, il y a une absence de fait pour appuyer votre argumentaire.
Ça fait que moi, comme je dis, on veut bien vous croire, et je pense que les gens
de l'industrie aussi veulent bien vous croire,
mais je reviens sur la question de fond : Est-ce qu'on ne serait pas mieux d'avoir des conclusions, des analyses
tirées du projet pilote avant d'aller de
l'avant avec un nouveau régime? Qu'est-ce qui exige qu'on accélère le pas,
alors qu'on n'a pas les conclusions
au projet pilote qui devait donner de l'information, je suppose que c'est pour
ça qu'on l'avait mis en place, donc expérimenter une nouvelle façon de
faire pour voir ensuite ce qu'il y a de bien, ce qu'il y a de moins bien puis d'apporter des propositions pour l'amélioration du
régime? Qu'est-ce qui vous empêche de nous révéler les informations que vous avez? Qu'est-ce qui nous empêche d'attendre
les conclusions d'un projet pilote avant de mettre en place un régime
qui est complètement nouveau, sur de nouvelles bases, et qui n'a jamais été
expérimenté ailleurs?
On
veut bien être précurseurs, mais, en même temps, on ne veut pas non plus être
ceux qui font, là, dans l'essai-erreur et
en créant des victimes dans le sillage là, d'une expérimentation comme
celle-là, là, qui sont évidemment ceux qui y travaillent aujourd'hui et qui ont toujours suivi les règles
qui étaient établies par le gouvernement, qui les change aujourd'hui
sans crier gare et sans expliquer sur quelles bases il articule sa réflexion.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, j'ai la même question, un peu différente depuis
40 minutes. Alors, je n'irai pas encore
plus loin. Je pense que j'ai exposé bien humblement la situation un peu partout
ailleurs, en Amérique du Nord, ce qui s'en
vient devant nous, projet pilote avec lequel le ministère et l'ancien
gouvernement ont travaillé depuis quatre ans. Je pense qu'on a plein d'éléments, plein d'éléments en main
qui nous démontre que ce que la députée de Québec solidaire me demande
aujourd'hui est impossible à appliquer parce que, parce que présentement,
présentement, comme on connaît l'industrie, comme on la connaît depuis 40,
50 ans, ne répond pas majoritairement aux besoins des Québécois.
Ils
font un très bon travail, l'industrie, là. Quand on a besoin d'un service, on
l'a, c'est parfait. Mais, dans l'ensemble du territoire, et je vous ai mentionné et je vous ai donné des chiffres,
on ne répond pas, on ne répond pas à des besoins ou à une demande que certains souhaiteraient avoir pour
des raisons économiques que je peux comprendre de l'industrie, qui se disent : Avec les règles actuelles, ça ne
vaut pas la peine que j'aille là. Je ferais peut-être pareil. Vous le savez,
vous feriez peut-être pareil. Mais,
avec l'ouverture du marché, là, certains vont se dire : Tiens, c'est peut-être
plus intéressant de le faire de cette
manière, pour une seule chose, encore une fois, réduire l'auto solo. C'est le
défi qu'on s'est donné puis que je me donne.
Encore une fois, je
le répète, on a une loi qui sera importante pour les 25, 30 prochaines
années dans l'industrie. Il faut la
protéger, l'industrie, puis c'est ce qu'on veut faire puis c'est ce qu'on va
faire. Maintenant, je vous le répète encore une fois, on est à l'article de l'amendement, je vous le dis, je n'irai
pas plus loin. Je ne peux pas aller appliquer cette règle, ce nombre
maximum d'automobiles, même si on parle de régions où c'est plus densément
peuplé. Je ne peux pas aller là. Puis les
chiffres que je vous expose, puis je vous le répète une dernière fois, si on
avait vu une explosion du nombre de véhicules,
vous pouvez être certains que le gars à ma gauche aurait dit : Il y a un
problème. On a vraiment un problème, là. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas puis je vous ai exposé pourquoi
ce n'est pas le cas et que, oui, il sera normal demain de voir une augmentation du nombre de véhicules
immatriculés ou dédiés au transport rémunéré. Il faut le fouetter pour
que les gens laissent leur auto à la maison.
C'est ce changement qui sera important. Alors oui, il y en aura plus dans le
futur, puis je le souhaite. Mais, de
l'autre côté, les gens auront des options additionnelles pour le premier et
dernier kilomètre, et sinon le transport qu'eux connaissent
présentement. C'est ce défi qu'il faut se donner.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Pour M. La Pinière... M. La Pinière...
M. le député de La Pinière, il vous reste 9 min 25 s.
• (12 heures) •
M. Barrette :
Très bien. Alors, je reviens à ma question. Je n'ai toujours pas eu de réponse.
Est-ce que le ministre s'engage à
nous... Vous savez, dans le monde scientifique d'où je viens, là, quand on fait
une étude, un projet pilote,
peu importe, là, c'est
tout pareil, il y a toujours, toujours, sans exception, un moment, ça peut être des
résultats intermédiaires, des
résultats préliminaires, des rapports d'étape, toujours, il y a toujours
un moment, dans un projet pilote, une analyse, une étude,
toujours un moment où on doit tirer des conclusions pour
voir si on continue. Le ministre, là, encore
une fois, à la réponse du député des Îles-de-la-Madeleine, encore une fois, il a fait référence à des données qu'il nous dit
qu'il a devant lui.
Alors, je
répète encore : Est-ce que le ministre, oui ou non, s'engage à nous donner
un résultat de son étude... de son projet
pilote préliminaire, je dirais même
définitif parce qu'il l'a, d'ici le 3 décembre prochain? C'est oui ou
c'est non. Est-ce qu'on peut avoir la même base de données de réflexion
que le ministre?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député... M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, je serai bref parce que
j'ai tout dit là-dessus. En temps et lieu, quand le projet pilote
sera terminé, on pourra émettre, donner certains chiffres. Il a fait partie du gouvernement qui a mis en place le projet pilote Uber. Il sait très, très, très bien, par
l'entremise de ses collègues, dont un qui a été ministre des Transports, il
sait très, très bien les chiffres que j'expose ou des possibilités qu'on aurait pu avoir s'il y
avait eu, encore une fois, cette problématique du
nombre de véhicules en explosion due à l'arrivée de certains joueurs. Son gouvernement aurait déjà levé le drapeau en disant : Ça ne peut pas continuer, là. Eux-mêmes ne l'ont pas fait
. Eux-mêmes ne l'ont pas fait en n'établissant pas un nombre maximal
d'automobiles selon la région.
Alors, on
n'ira pas plus de l'avant, parce que ça
va à l'encontre du principe de ce que
je vous ai expliqué, de répondre à un
besoin, à un besoin sur l'ensemble du territoire québécois. Et c'est là-dessus qu'on va se battre,
qu'on se penche au bénéfice du client puis de l'usager.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député.
M. Barrette : Qu'est-ce qu'il y a, dans ma question,
qui n'est pas correct, là? En quoi, sur quelle base, le ministre ne veut pas nous donner ces données-là? Est-ce qu'il y a
quelque chose, dans les données, qui le rendrait inconfortable?
Je ne comprends pas, j'aimerais comprendre. Bien, j'ai posé une question, là.
M. Bonnardel :
Bien, je peux répondre. C'est des données publiques de la SAAQ, exemple, pour
les véhicules immatriculés. N'importe qui
peut aller chercher ces données de la SAAQ. Le nombre de permis qui ne sont pas
utilisés, c'est public, ça aussi. Tout le monde peut aller voir ça, là.
Ce que j'ai exposé, dans l'ensemble, là, tout est public là-dessus.
M. Barrette : Mme la Présidente,
le projet pilote, ce n'est pas simplement ça, là. Le projet pilote visait à
faire un état de la situation et prendre des décisions, analyses, recueil de
données, analyses, conclusions. Pourquoi le ministre refuse-t-il de rendre son document
public?
M. Bonnardel : Le
projet pilote n'est pas terminé, Mme la Présidente.
M. Barrette : Je vais répéter, moi aussi, que c'est certain qu'il y a
des résultats préliminaires. Pourquoi il refuse?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le ministre.
M. Barrette : M. le
Président... Mme la Présidente, pardon, je n'ai pas terminé. Est-ce que le ministre a actuellement
des résultats préliminaires du projet pilote?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, si le député veut
m'exposer ou obtenir des chiffres, qu'il m'écrive quelque chose, qu'il me dise ce qu'il veut
obtenir, je vais essayer de lui donner les réponses si c'est possible de le
faire.
M. Barrette : Mme la
Présidente, je me suis exprimé clairement,
je peux le refaire. Est-ce que le ministre dispose actuellement de conclusions préliminaires, d'analyses préliminaires qu'il devrait... que l'on demande
qu'il nous fasse part?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, la loi d'accès à l'information, le député peut faire une demande par l'entremise de sa recherche. Il veut obtenir quoi, comme
chiffres? Il veut quoi? Alors, je lui expose ce que j'ai sous la main, ce
que j'ai en tête, ce que je me souviens, je
lui expose ça en lui disant : Bien, voici le portrait. Puis ce que j'ai
répondu au député des Îles tantôt,
j'ai répondu la même chose à la députée de Québec solidaire. S'il y a des
chiffres, une réflexion x sur un nombre ou sur quelque chose, qu'il
m'expose la question, sa demande, puis je vais essayer de lui répondre.
M. Barrette :
Ma question était extrêmement claire, ne peut pas être plus claire que ça, puis je la pose parce que le ministre tantôt... J'ai dit
une chose, j'ai dit qu'un des problèmes c'est que sa libéralisation diminuait
les contraintes à l'exercice de l'industrie.
Il m'a dit : C'est faux. Pourtant, dans son point de presse du
20 mars dernier, le ministre lui-même... C'est une transcription faite
par le Parlement, là. Je cite la transcription faite ici : «Le modèle mis
de l'avant suggère également un allègement des contraintes administratives
pour l'industrie.» Le ministre dit une chose et son contraire à la même question, et là il me demande d'aller à la Commission d'accès à l'information pour avoir accès à une donnée qui, en toute bonne foi, le ministre devrait nous rendre disponible.
Je vais le répéter encore : Est-ce
que le ministre, actuellement,
dispose d'analyses et de conclusions préliminaires à propos du projet pilote,
oui ou non?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, je le répète encore une
fois. Si le député a des demandes spécifiques sur des chiffres et sur ce que j'ai exposé, il me fera
plaisir, plaisir, de lui donner, si cela est possible. Maintenant,
qu'il m'expose... Si vous avez des questions
sur le nombre de véhicules, le nombre de chauffeurs, tout ça, exposez-moi votre
demande, il me fera plaisir, si cela
est possible pour moi, de vous les donner. À quelque part, je vous le dis bien
respectueusement, bien humblement,
les chiffres que je vous expose, la plupart sont publics. Pour le reste, bon,
ça peut aller à l'encontre de données spécifiques que la société Uber
possède, que nous avons nécessairement quand on travaille avec Revenu Québec, nécessairement. Puis, si je peux vous exposer
certains points, il me fera plaisir de le faire. Exposez-moi vos demandes,
puis je vous le donnerai, si cela est possible.
M. Barrette :
Alors, si je comprends bien, Mme la Présidente, le «pour le reste», c'est ce
que le ministre ne veut pas qu'on voit, point d'interrogation.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député de La Pinière, je pense
que vous venez de prêter des intentions, alors soyez prudent.
M. Barrette : Je n'ai pas prêté une intention, je fais un
constat. C'est un constat, là. Si je
comprends bien, c'est ça que
le ministre ne veut pas qu'on voie. Ce n'est pas une
intention, ça. Le ministre, il refuse de nous dire s'il y a
une conclusion préliminaire, il me
répond en suggérant ce que je viens de dire, que vous n'appréciez pas, je comprends, mais il n'est reste pas moins
que la question demeure légitime. Oui ou non, le ministre
a-t-il actuellement des conclusions préliminaires de l'étude
sur le projet pilote Uber?
M. Bonnardel : Dernière fois, Mme la Présidente. Je vous ai exposé, aux trois députés de l'opposition,
quand le projet pilote sera terminé,
le 14 octobre prochain, il y aura nécessairement un rapport final sur la situation.
Je vous expose que, si vous avez des
demandes, de me les donner. Il me fera plaisir... si je peux rendre publiques
ces données, je vous les donnerai, je vous les donnerai.
Alors,
je vous le dis, on peut adopter le... premièrement, l'amendement, je vous l'ai
mentionné, on sera contre. On peut
adopter l'article 2. D'ici 18 heures, d'ici 12 h 30, vous
pouvez me donner les questions que vous souhaitez avoir comme réponse.
Si je peux vous les donner, il me fera plaisir. Maintenant, vous pouvez me
poser la question 36 fois
encore, je vous le dis une dernière
fois, là : Oui, exposez-moi vos questions, je regarde avec l'équipe si je
peux vous donner une réponse. Voilà.
Sinon, vous faites une demande d'accès à l'information, puis vous savez très
bien les délais que cela prendra. Alors, je suis de bonne foi, je vous
l'expose, écrivez-moi ce que vous souhaitez obtenir.
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre vient de nous dire qu'il était de bonne foi. Je
veux bien, mais la bonne foi serait aujourd'hui,
alors je vais poser la question : Est-ce que le ministre peut nous rendre
disponible maintenant tout ce qu'il peut nous rendre disponible
maintenant?
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je vais regarder ce que je peux rendre disponible. Si vous
ne voulez pas écrire de question ou
me demander des choses, je vais regarder ce que je peux rendre disponible.
Maintenant, je vous le répète, le projet pilote n'est pas terminé. Après
le 14 octobre, on pourra vous les donner. C'est tout.
• (12 h 10) •
M. Barrette :
Mme la Présidente, il est d'appréciation commune, de ce côté-ci de la table,
que la partie gouvernementale souhaite intrinsèquement, hein, souhaite qu'on
arrive à terminer le projet de loi avant le 14. Ce que le ministre
nous propose, c'est essentiellement... je ne prête pas des intentions, je dis que c'est ça
qui est écrit dans le ciel, c'est ça qu'ils veulent, on va sortir les
conclusions après, après qu'on aura fait l'étude détaillée et après que... ou
avant, à ce moment-là, qu'on ait vu que peut-être qu'il y a eu un problème dans
le raisonnement. Est-ce que j'ai fait une erreur de raisonnement ici, M. le
ministre... Mme la Présidente?
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, je vais le répéter en français encore une fois : Le projet
pilote se terminera le 14 octobre. Je
vais exposer, écrire, donner ce que je peux donner selon les demandes des
députés de l'opposition. Je pourrais être fermé puis dire «niet», mais non, je suis de bonne foi puis, si
vous me demandez des choses qui sont possibles de rendre publiques, je
le ferai. Je ne peux pas être plus clair que ça.
M. Barrette : Mais moi non plus, Mme la Présidente, je ne peux
pas être plus clair dans ma question. Je demande au ministre de rendre, immédiatement ou d'ici le 3 septembre, toutes les données, analyses et
conclusions préliminaires qui sont, selon l'avis du ministre, rendables
publiques. Est-ce qu'il va le faire, oui ou non?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, est-ce que vous avez
compris ce que j'ai dit? Oui? Pensez-vous que je suis clair?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Moi, je ne m'introduis pas dans le débat.
M. Bonnardel : Je ne peux pas être plus clair que ce que j'ai
dit, là. Demandez-moi ce que vous avez en tête, et j'irai au plus loin
possible pour vous donner les informations. Voilà.
M. Barrette : Mme la
Présidente, j'ai été extrêmement clair, là, et on sent ici un silence très malaisé, je le
comprends. Là, c'est bien plate, là, mais ma
question est claire, et n'importe qui qui nous écoute va
être obligé de conclure que le ministre, dans le fond, il prend des moyens parlementaires pour ne pas spontanément nous donner des
données. Je lui ouvre la porte, je lui dis : M. le ministre, vous
avez des données, vous avez des analyses, vous avez des conclusions
préliminaires, je comprends qu'il y a
des choses qui ne sont peut-être pas révélables publiquement. Faites votre tri,
donnez-nous-les d'ici le 3 septembre.
La réponse à la question : Allez-vous le faire, oui ou non?, il y a
un seul choix entre oui, entre non, pas une phrase ni une dissertation.
Je repose la question : Est-ce que le ministre va le faire, oui ou non, Mme
la Présidente?
M. Bonnardel : Tout ce qu'il est possible de donner, Mme la Présidente, je le donnerai selon les demandes des députés de l'opposition.
M. Barrette : Est-ce que le ministre
va donner ce que je demande? La demande, elle est claire. Est-ce qu'il va
répondre d'ici le 3 septembre à ma demande? Quand bien même je l'écris,
là...
M. Bonnardel :
Non, mais je suis assez clair, là, écrivez-moi ce que vous souhaitez.
Écrivez-moi ce que vous souhaitez, on va prendre ça... même pas en délibéré, on
va regarder, on va vous donner ce qu'il est possible de vous donner. Ça va-tu?
M. Barrette : Donc, je
comprends que ma question n'est pas assez précise, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, avez-vous entendu quelque chose? Est-ce que vous entendu une captation d'une réponse? Moi, je
n'ai rien entendu.
M. Bonnardel :
Bien, qu'est-ce que vous voulez que je donne de plus, M. le député?
M. Barrette : Bien, oui ou non.
M. Bonnardel : Bien, je vous ai dit que j'allais vous donner ce
que je pouvais vous donner. C'est quoi? Vous pouvez reposer la question
36 fois autrement, si vous voulez, je vous ai déjà dit que j'allais vous
donner ce que je pouvais vous donner.
M. Barrette : Alors, ce que tout le monde a compris ici,
là, ça s'appelle, je pense, une procédure dilatoire. On reporte, on
reporte, on reporte et on a compris qu'ultimement l'idéal du ministre, on a
tous compris ça, là, c'est de reporter après le 14 octobre. Je trouve ça
dommage dans le débat actuel. Moi aussi, je suis de bonne foi, là.
M. Bonnardel : M.
le député, comment vous pouvez penser que, demain matin, je ne pourrais pas...
M. Barrette : C'est moi qui ai
la parole, Mme la Présidente.
M. Bonnardel :
Bien là, vous me posez une question.
M. Barrette : C'est parce que
c'est moi qui ai la parole.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez fait une petite pause.
M. Barrette : Ah! O.K. À partir de maintenant, je vais prendre
une grande, grande respiration puis tout dire dans un seul souffle.
Bien, qu'il y aille, là.
M. Bonnardel : Pourquoi je ne pourrais pas vous donner les infos
demain si je les ai? Pourquoi, si j'ai les demandes d'ici ce soir et je suis capable de vous donner ça
demain, pourquoi je ne pourrais pas le faire? Vous me connaissez assez, M. le député, hein? Je vous le répète, que je serai de bonne foi. Écrivez-moi vos questions,
et je vous donnerai les réponses, si possible. Voilà.
M. Barrette : Alors, à cette étape-ci, on constate quoi, là? On
constate que le ministre n'a pas été capable de nous indiquer une seule place où l'allègement réglementaire a amélioré l'industrie traditionnelle du taxi. Il y a
un projet pilote, et c'est bien compliqué pour le ministre
de prendre la décision de nous transmettre des données. On soupçonne pourquoi.
Je ne prête pas d'intentions, je ne tire pas de conclusions, on soupçonne pourquoi.
Et aujourd'hui le ministre nous dit : Croyez-moi,
les choses vont aller pour le mieux dans l'industrie du taxi, mais
c'est difficile de le croire. Je le répète, cet amendement-là, là, nous amène
un débat qui, à mon avis, aurait dû être ailleurs dans le projet de loi. On le fait maintenant. Alors, c'est assez évident qu'on va le
refaire.
Maintenant,
Mme la Présidente, le ministre, là, il nous dit un certain nombre de choses...
Je vais lui rappeler un certain
nombre de choses. Les gens de l'industrie du taxi n'ont jamais contesté, jamais
contesté la pertinence de moderniser cette
industrie-là. Jamais. Les gens de l'industrie du taxi n'ont jamais
contesté le fait que revenir à vide, c'est un problème puis que, s'il
y avait des solutions à ça, c'est
parfait. Mais, quand le ministre nous dit : Il n'y a pas eu d'explosion de
permis de taxi, puis
ils ne sont pas tous utilisés, et ainsi
de suite, oui, mais c'est parce que
l'industrie est venue voir le ministre pour lui dire : Bien, laissez-nous, dans l'environnement
actuel, donner des permis supplémentaires avec un certain contrôle territorial
et de volume, puis ça a été non.
Alors, est-ce que le
ministre ne trouve pas qu'en quelque part, là, son argumentaire a certaines
faiblesses?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il reste 30 secondes.
M. Bonnardel :
Pas du tout. Je pense que j'ai exposé de plusieurs façons les problématiques où
il y a plusieurs régions du Québec
qui ne sont pas desservies, Mme la Présidente, où, malheureusement, on a oublié
certains territoires pour des raisons
économiques pour certains propriétaires de permis. Puis ça, je le comprends.
Mais, avec les règles actuelles qu'il y avait et qu'il y a toujours
aujourd'hui, c'était peut-être normal pour certains de se dire que ça ne valait
pas la peine.
Alors,
avec les changements qu'on expose, on pourra, on pourra avoir une certaine
concurrence et permettre à certains propriétaires
de permis, de chauffeurs, de se dire : Bien là, le territoire est plus
ouvert, cela me permettra d'aller ailleurs, où je ne pouvais pas aller avant, et, selon l'offre et
la demande, bien, de définir les besoins de la clientèle. C'est le défi qu'on
doit se donner, de répondre sur l'ensemble
du territoire d'une problématique... est-ce que je devrais dire causée... Le
modèle comme on le connaît depuis 40,
50 ans, c'est celui-ci, là, c'est celui qui existe. Alors, on l'améliore,
on le modifie au bénéfice de qui avant toute chose? Au bénéfice du
client. Je l'ai répété 1 000 fois, mais je le répéterai encore une
fois.
M. Barrette :
Mme la Présidente, en quoi la libéralisation entière de cette industrie-là va
amener plus de services à Kamouraska?
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, s'il n'y a pas de permis ou s'il y a des permis à Kamouraska
présentement et que personne ne veut
utiliser ce permis pour des raisons économiques, encore une fois, et que la
possibilité pour certains joueurs technologiques,
qui utilisent des moyens technologiques, d'y offrir... Quelqu'un décide du jour
au lendemain de faire du temps
partiel, je vais le dire ainsi, parce que le temps plein, je peux peut-être
difficilement aller chercher un revenu, bien oui, Kamouraska fait partie, dans le Bas-Saint-Laurent, des territoires
qui sont non couverts par une agglomération, bien, le matin, il pourrait y avoir un citoyen, qui passe
toutes les règles administratives, sécuritaires, pour se dire : Tiens,
moi, je ferai du taxi hélé sur une
période d'heures x, y, z pendant la semaine, et c'est lui qui va définir ses
besoins selon la demande d'un village
comme Kamouraska. Et il pourrait faire Kamouraska ou un village limitrophe.
C'est le propriétaire ou le citoyen lui-même,
qui souhaiterait avoir un revenu d'appoint, qui pourrait se dire : Bien,
tiens, je ferai du taxi traditionnel pour une période d'heures x. J'aurai peut-être une application additionnelle pour
permettre à certains qui utilisent le téléphone de me trouve plus
facilement. C'est ça, l'avenir.
M. Barrette :
Alors, on est dans le souhait et non dans la démonstration.
• (12 h 20) •
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, le souhait, c'est avec une loi qui va permettre à
certains... Et là je l'ai dit tantôt, là,
il y a 732 municipalités qui ne sont pas desservies. Est-ce que je peux dire à toutes ces personnes
qui habitent dans ces villes et
villages que, le lendemain, il y aura un service? C'est sûr que non. Mais, avec les
outils qu'on donne à ces futurs propriétaires
ou ceux qui souhaiteraient faire du service de taxi ou autre, bien, ils auront
cette possibilité de le faire et de répondre, on le souhaite, dans le futur, sur une période x, de répondre majoritairement à tous ces territoires qui sont
mal desservis ou pas desservis.
M. Barrette :
Sur quelle étude de Kamouraska de ce monde le ministre a-t-il constaté ça?
M. Bonnardel :
Pardon? Excusez-moi, M. le député. On me parlait dans l'oreille, c'est pour ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...reste trois secondes.
M. Barrette :
Bien, je vais le répéter en trois secondes : Sur quelle étude de
Kamouraska de ce monde a-t-il constaté ça pour affirmer que ça va
arriver?
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, votre temps est terminé. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, vous êtes...
M. Barrette :
...répondre...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Voulez-vous répondre?
M. Bonnardel :
Bien oui, Mme la Présidente, je vais répondre. La question pourrait se poser
pour n'importe quelle municipalité
des 732 qui sont mal desservies. Celui ou celle, là, qui se disait demain
matin : Le permis de taxi, il coûte trop cher, la location coûte trop cher, je n'irai pas de l'avant pour des
raisons x, avec les contraintes qu'il avait avant, qu'il n'aura plus
demain, pourquoi qu'il prendrait peut-être... je ne dis même pas un risque.
S'il souhaite faire 10 heures de taxi traditionnel
dans un village x ou d'utiliser un moyen technologique avec des applications x
pour que le citoyen puisse trouver et
obtenir un service qu'il n'a pas aujourd'hui, bien, juste d'améliorer ça puis
d'aller chercher, mettons, une offre dans la moitié des municipalités, ce sera déjà un gain énorme pour le Québec. Et
c'est un choix que les citoyens à la maison pourraient décider de faire pour donner un service qui
n'existe pas du tout présentement dans une grande partie du territoire
québécois.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous avez encore huit minutes.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je voudrais quand même pondérer le
commentaire du ministre que je viens
juste d'entendre, que faire du service de transport rémunéré de personnes, là,
avec une plateforme numérique pourrait permettre de desservir des
régions encore non desservies, et ce serait un gain énorme. C'est ce que j'ai
compris. Peut-être que ça peut avoir un
certain effet dans certaines régions, mais vous semblez oublier que, dans les
endroits qui sont déjà desservis, qui
sont en région et qui arrivent à peine à joindre les deux bouts sur une base
annuelle, qui ont besoin du marché et
peut-être d'un contrat de transport adapté, la venue des joueurs comme Uber et
compagnie risque justement de les
pousser, eux, à la faillite et de tomber sans service autre que du service à
temps partiel, alors qu'aujourd'hui on pouvait bénéficier d'un service de professionnels formés et compétents, proches
des gens et qui sont prêts justement à perdre un certain profit pour offrir un service sur une base régulière, mais en
ayant aussi des contrats, par exemple, en transport adapté. C'est ce qu'ils nous ont expliqué. Alors, il n'y a
pas qu'un gain, là, qui peut être envisagé avec l'argumentaire que vous avancez.
Mais
ce n'est pas là-dessus que je voulais faire mon intervention. C'était pour dire
quand même qu'on progresse. Ce matin, on a appris que, et je voudrais le
clarifier, là, on a appris qu'une fois que le projet pilote serait complété, indépendamment d'où on sera rendus dans l'étude du
projet de loi, que la loi soit adoptée à ce moment-là ou pas, un rapport
sera déposé et sera rendu public, et on
pourra le consulter. C'est bien ce que j'ai compris, j'espère que c'était
effectivement l'intention du ministre, de
dire : À la fin d'un projet pilote, comme dans tout projet pilote, dans
toute expérimentation qui se respecte, on produit un rapport.
J'ose
espérer que dans un rapport d'un projet pilote qui a duré quand même un certain
nombre d'années et qui est opéré par le gouvernement du Québec, dans un
rapport comme celui-là, bien, on tire certaines conclusions, hein? Parce qu'il n'y a pas qu'un rapport pour exposer comment
ça s'est passé. On en retire certains enseignements, certaines leçons, certaines conclusions qui, j'imagine, dans la
forme la plus générique des rapports... on va aussi faire un certain nombre
de recommandations. Alors, si c'est ce type de rapport là auquel on aura
droit une fois que le projet pilote sera complété, à la mi-octobre, je ne peux que réitérer mon étonnement
de voir qu'avant d'arriver à des conclusions puis à des recommandations
qu'on se précipite dans l'adoption d'une loi sur la base de ce projet pilote.
Ce
commentaire-là étant fait, je voudrais quand
même poser certaines questions, puisque le ministre nous met au défi de lui
fournir certaines questions par écrit, puis il va nous donner toute
l'information qui est à sa disposition et qu'on peut diffuser.
Moi,
j'ai quelques questions, puis je ne pense pas que ça nécessite une grande
recherche, là. Mais vous avez parlé de l'objectif du projet pilote, des
projets pilotes, en fait, et qui servaient à... qui, en fait, qui avaient pour
objectif de mieux desservir la clientèle,
parce qu'il y a des moments, là, à la fin d'un spectacle au Centre Vidéotron où
on a de la difficulté à héler un
taxi, selon l'expérience que répète le ministre. Est-ce que vous pouvez nous
dire, d'une part, que le projet pilote, tel qu'il a été déployé à Montréal, puis en parallèle à Québec, puis à
Gatineau, grosso modo, a eu les mêmes effets? Est-ce qu'il peut y avoir des variantes entre
l'expérience vécue à Gatineau, dont on nous dit que ça n'a pas nécessairement
été extrêmement positif, puis ce qui s'est vécu à Québec ou à Montréal? Tu
sais, avez-vous déjà certaines conclusions préliminaires
à savoir si le comportement des consommateurs est le même d'une agglomération à
l'autre, dans les trois qui ont été
ciblées, et qu'on peut se dire, sur ces bases-là, bien, on fait des changements
législatifs qui vont aussi être transposables à l'ensemble du Québec? Je
ne sais pas si ma question est claire, là. L'expérience Montréal, l'expérience
Gatineau, l'expérience Québec, même
résultat, moins d'auto solo dans les derniers cinq ans. Objectif atteint, on
libéralise, c'est ce que ça va
donner, il va y avoir plus de services. Bien, l'auto solo, peut-être que vous
l'attribuez davantage à l'enlèvement, là, des restrictions de zone, là,
mais disons plus l'offre de service.
Je vais reposer ma
question de façon plus précise. Est-ce qu'effectivement la durée d'attente
moyenne pour un taxi quand on sort d'un spectacle à Montréal, à Québec, à
Gatineau est moindre depuis l'instauration du projet pilote? Ma question est
claire. Est-ce que vous avez des données là-dessus, puis est-ce qu'on peut
projeter qu'à partir de maintenant il n'y
aura plus d'attente? Plus de voitures, moins d'attente, peu importe qui offre
le service de taxi. Il me semble que
ce serait intéressant de savoir, là, qu'il y a une lumière au bout du tunnel.
Le jour où on ira voir Céline Dion, on pourra revenir dans les 10 minutes qui suivent avec une abondance de taxis
puis d'Uber qui seront là à nous attendre pour nous ramener à la maison.
M. Bonnardel :
Bien, il faudrait premièrement, M. le député, poser la question à l'industrie
du taxi, parce que c'est l'industrie
du taxi qui dessert le citoyen qui demande un taxi comme tel. Vous le savez, il
y a eu des endroits, puis ça a été médiatisé, où les taxis n'étaient pas
assez en grand nombre pour répondre à la demande suite à un spectacle.
De
l'autre côté, est-ce que l'industrie du taxi peut assurer un service parfait?
Non. Est-ce que les nouvelles technologies peuvent assurer un service
parfait? Non. Il y aurait toujours malheureusement peut-être un délai
d'attente, à moins d'avoir un taxi vide qui passe devant nous, de le héler,
puis qu'il arrête. Ça, tant mieux quand ça arrive. Mais l'expérience client entre trois villes, Gatineau, Québec, Montréal, est
nécessairement différente, là, nécessairement différente. Est-ce que je peux vous exposer des délais
d'attente pour l'industrie du taxi? Je n'ai pas ces chiffres. Il faudrait leur
demander. Est-ce que ça s'en va en
s'améliorant? Je vous le répète, le problème qu'il y a, c'est qu'en termes de
population aujourd'hui versus le nombre de taxis il y en a moins. Puis
ça, c'est pour des raisons économiques que l'industrie s'est rendue là. Et je
les comprends.
Mais,
de l'autre côté, si on veut répondre encore une fois de l'auto solo, réduire le
nombre de véhicules sur nos routes,
bien, il faut nécessairement une offre... pas dire additionnelle, mais
concurrentielle pour être capable de répondre à un besoin d'une certaine
clientèle. Et cela peut être différent à Gatineau qu'à Québec ou à Montréal.
M. Arseneau : Bien,
en fait, là, ce que j'essaie juste de voir, c'est si le mal qu'on observe
aujourd'hui, qui serait le délai
d'attente, le service à la clientèle, ce que vous avez utilisé de façon
anecdotique à quelques reprises dans nos travaux depuis le début, donc
d'avoir une plus grande...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, je dois suspendre ici les
travaux. Alors, je vous souhaite de bien récupérer pendant l'heure du
lunch.
Nous allons reprendre
à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 30)
(Reprise à 14 h 02)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons reprendre nos travaux. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous avez la parole, pour un très court moment encore,
sur l'amendement. Je pense que c'est 1 min 40 s ou quelque...
M. Arseneau :
Oui. Alors, on discutait, avant la pause, des informations qu'on souhaitait
obtenir et que le ministre a peut-être
ou non à sa disposition. Il nous dit de faire des demandes écrites ou on peut
aussi, j'imagine, formuler des demandes verbales. Moi, je voulais savoir ce qu'il sait et qu'on ne sait pas qui
lui permet de dire que le projet de loi n° 17, tel qu'il a été
déposé, va améliorer les choses, sur la base du projet pilote qu'on vient de
vivre.
Donc,
il y a un projet pilote qui est en cours, on n'en a pas les conclusions, mais
on a certainement certaines intuitions sur
ce qui s'est fait dans la région de Gatineau, à Montréal, également dans la
région de Québec. Alors, on nous dit que le projet de loi va permettre de réduire, par exemple, le temps d'attente,
parce que c'est ce qu'on souhaite. On a utilisé des exemples, à mon point de vue, un peu anecdotiques
sur l'idée qu'à certains moments, dans de grands événements, il faut
attendre longuement avant d'avoir le service auquel en droit de s'attendre dans
le transport des personnes rémunéré.
Alors,
si ça fait quatre ans qu'on a un service complémentaire qui est offert par des
gens qui ont une application mobile et
dont les profits, essentiellement, sont transférés en Californie, est-ce que
ça, ça bénéficie effectivement aux consommateurs de Québec, de Montréal ou de Gatineau? Est-ce que ça a bénéficié, dans
les quatre dernières années, là? Est-ce qu'effectivement le service, on a des données comme quoi le temps
d'attente a été réduit? Est-ce qu'on attendait une demi-heure, puis là, maintenant, on est rendu à attendre
15 minutes? Est-ce que ça a eu un effet? Parce que, là, on dit que ça va
avoir un effet puis on a fait un projet pilote qui devrait nous donner
une intuition, une idée des résultats. Alors, si on a une réponse...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : C'est terminé pour vous. Alors,
maintenant, nous, si... Est-ce que nous avons d'autres interventions
concernant l'amendement à l'article 2? Pas d'autre intervention, nous
allons procéder au vote.
Une voix :
Vote nominal.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous voulez à vote nominal?
Une voix :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vote nominal.
La Secrétaire :
Oui. Alors, Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Pour.
La Secrétaire :
M. Bonnardel (Granby)?
M. Bonnardel :
Contre.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Contre.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau :
Contre.
La Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre.
La Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire :
Mme Hébert (Saint-François)?
Mme Hébert :
Contre.
La Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Contre.
La Secrétaire :
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Abstention.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire :
Mme St-Pierre (Acadie)?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Moi, je n'ai pas à voter.
Une voix : Oui, abstention.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
O.K., abstention.
La Secrétaire : C'est rejeté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, est-ce qu'on a un résultat?
La Secrétaire : C'est rejeté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est rejeté. Donc, nous allons maintenant passer...
Motion d'ajournement des travaux
Mme Ghazal : Mme la
présidente, est-ce que je peux faire
un point? J'aimerais proposer un amendement... en fait, pas un amendement, mais plus une motion d'ajournement pour le projet de loi n° 17, parce
que, sur la base des
discussions qu'on a eues, là, on vient de
rejeter un amendement que j'apportais, qui nous dit, selon moi, mon évaluation
que j'ai faite, basée sur ce qui se
passe ailleurs dans le monde, comme quoi dans les endroits urbains, dans les
villes urbaines, si on ne limite pas le nombre de voitures, il va y
avoir une augmentation importante du nombre de voitures...
M. le ministre me dit : Croyez-moi, je suis de bonne foi, non, ça ne va pas
permettre d'augmenter le nombre de voitures, etc., et, après ça, il nous
dit : Regardez les chiffres de la SAAQ, et tout ça. Puis, quand on lui
demande : Bien, donnez-nous les faits, les données qui nous prouvent que
le projet pilote de trois ans, ça fait qu'il y a eu des analyses pendant trois ans, donnez-nous le résultat, il nous
dit : Posez-nous des questions. Moi, je suis en train de travailler, là,
pour poser des questions, mais ce que j'ai
compris à la fin de la discussion avec le député des Îles-de-la-Madeleine, il nous
a dit, ce qu'on comprend, il y a quand même
eu une évolution : On va avoir ces résultats-là à la fin du projet pilote de cette année, qui va être
le 14 octobre. Donc, ce que je comprends, c'est que le ministre
va nous présenter les résultats de ces analyses-là, de trois années, on
va avoir des données probantes, qu'est-ce que ça a donné.
Donc, moi, ce
que je soumets ici aux membres de la commission, ça serait de suspendre ou d'ajourner, plutôt,
l'étude du projet de loi article par article jusqu'à ce qu'on ait cette information-là, parce que ça va être des informations importantes, parce que
ce qu'elles font, c'est qu'elles mettent à terre toute une industrie, et c'est
un bouleversement extrêmement
important. Donc, ça vaut la peine d'attendre
d'avoir ces données-là, ces informations-là, dont le ministre
nous dit : Oui, oui, j'ai les chiffres. Posez-moi des questions,
j'ai tout ça. Mais, vu qu'il va le rendre public, bien, attendons que ça soit
public et discutons-en
tout le monde ensemble. Au moins, on aurait une discussion
éclairée, basée sur des faits, sur des analyses d'un projet pilote qui a
duré extrêmement longtemps.
Donc, on a
des données un petit peu des chauffeurs de taxi, un petit peu du ministre, à gauche et à droite, des ouï-dire, qu'est-ce qui se passe dans le monde, alors que le
ministre nous dit qu'il va avoir des informations qu'il va
avoir à la fin de la période du projet pilote, le 14 octobre. Pourquoi ne pas attendre d'avoir ces données-là,
avant de décider d'adopter un projet de loi qui va bouleverser toute une
industrie?
La Présidente
(Mme St-Pierre) :
Alors, je vais suspendre quelques instants, le temps d'avoir les conseils
juridiques nécessaires. Vous comprenez que
je suis néophyte dans la matière, alors... Donc, on suspend. Vous voulez
prendre la parole, M. le député de Beauce-Nord, c'est ça?
M. Provençal : Bien, j'aurais voulu mentionner qu'à mon avis la
demande est irrecevable, compte tenu que tout ce qui appartient en termes
d'agendas des commissions, c'est toujours négocié par les leaders.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Bon, alors, très bien. Vous allez me laisser aller chercher les
informations par rapport au règlement, puis on va suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 14 h 08)
(Reprise à 14 h 10)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Nous allons reprendre nos travaux. Donc, je vais vous lire le règlement
à l'article 165 pour qu'on puisse ensuite poursuivre nos travaux.
Donc, je vous
lis le règlement. Pour ajourner les travaux d'une commission
plus tôt que l'heure prévue dans l'avis du leader du gouvernement, un
membre doit proposer une motion en vertu de l'article 165 du règlement.
La motion
peut être présentée en tout temps au cours d'une séance par le président ou un
membre, y compris le ministre membre
de la commission pour la durée du mandat. Elle peut être présentée de vive voix
et n'a pas besoin d'être écrite.
Cette motion ne peut être débattue, mais un représentant de chaque groupe
parlementaire peut proposer un discours...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : ... — s'il vous plaît! — de 10 minutes chacun pour un total de
30 minutes dans le cas de trois
groupes parlementaires. Le temps de parole d'un représentant ne peut être
scindé et doit être utilisé en une seule intervention. La motion est
mise aux voix immédiatement à la fin des discours et prend effet
immédiatement.»
Donc, nous aurions 40 minutes de débat.
M. Barrette : Mme la
Présidente, j'ai une question de compréhension. Est-ce que vous avez bien dit
que c'était 10 minutes par groupe parlementaire ou par membre?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, sans être scindé.
M. Barrette : D'accord.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous allons ouvrir le débat. Mme la députée de Mercier,
je vous donne la parole en premier, puisque c'est vous qui proposez la
motion conformément à l'article 165.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Bien, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, comme je le mentionnais
quand, tout à l'heure, on avait la
discussion, le ministre, il disait : Bien, donnez-moi toutes vos
questions, puis je vais y répondre avec beaucoup de générosité, et tout ça. Et moi, tout de suite, de
façon un peu naïve, bien, j'ai dit : Bien, on va faire la liste de toutes
les questions. Puis après ça, en y réfléchissant, j'ai dit : Ça n'a
aucun sens, surtout que le ministre nous a dit que les résultats de cette
analyse-là, il va les avoir, de toute façon. Puis là il a regardé la date,
c'était le 14 octobre. Donc, il va l'avoir. Et c'est extrêmement important que ce ne soit pas juste le
ministre qui ait ces informations-là, mais le public, parce que c'est un
projet de loi qui va toucher tout le monde,
notamment les travailleurs de l'industrie du taxi, qui vont être extrêmement
touchés dans leur travail, dans leur avenir, et tout ça, mais aussi la société
de façon générale.
Donc, si le
ministre veut baser son projet de loi, si on veut être un gouvernement
responsable, un gouvernement qui prend
des décisions éclairées, il faut que le projet de loi se base sur des données
probantes. Et, visiblement, ça n'a pas été le cas, puisque les données d'analyse complète, peut-être que le ministre
avait des données d'analyse partielle, mais les données d'analyse complète, on va les avoir, comme il l'a
dit, à la fin du projet pilote, c'est-à-dire le 14 octobre. C'est ça.
Donc, c'est pour ça que moi, je demande qu'on attende d'avoir ça.
Par exemple,
une des données que le ministre nous dit, il nous envoie toujours des chiffres
un petit peu à gauche et à droite,
par exemple, sur le fait que, dans la région métropolitaine, là, de Montréal,
que, selon les chiffres de la SAAQ, le nombre de véhicules immatriculés a baissé, puis
ça... mais ce qu'on ne sait pas, et il l'a avoué lui-même, il a dit :
C'est vrai, probablement qu'avec
l'arrivée d'Uber depuis 2014 le nombre de voitures qui servent à faire du
transport de personnes, lui, probablement
a augmenté, mais a augmenté de combien? Donc, probablement que, dans le projet
pilote, ça doit être écrit. Donc, on
aimerait ça le savoir, de quelle proportion ça a augmenté puis quelle est
l'évolution, depuis 2014, 2015, 2016, 2017, jusqu'à aujourd'hui, pour
voir quelle est la progression. Ça pourrait nous donner aussi une indication
pour le futur.
Une autre
donnée qu'il utilise énormément, c'est celle de 5 millions de courses. Ça,
c'est des données qu'il a eues aujourd'hui
de l'industrie du taxi qui disent... excusez-moi, 50 millions de courses
par année, qui disent que 40 millions, c'est l'industrie du taxi qui la fait, 10 millions, c'est les
autres. En ce moment, les autres, jusqu'à maintenant, c'est Uber. Et lui, il souhaite de tout son coeur, puis je suis
certaine qu'il le souhaite vraiment dans son coeur, que l'industrie du taxi
va être tellement bonne, puis ils vont
travailler encore plus fort que ce qu'ils ont fait, alors qu'ils ont fait
beaucoup, beaucoup... ils ont essayé beaucoup, beaucoup d'innover depuis
l'arrivée d'Uber, et ça va être encore mieux, ça va être plus que 40 millions, ils vont pouvoir faire plus.
Mais, si eux, ils font plus, quelle est la proportion des nouveaux joueurs? Ça,
on ne le sait pas. Ça, il faut faire des
études d'impact pour savoir comment est-ce que ça va être dans le futur. Mais,
par exemple, ça pourrait... si on
regarde qu'est-ce qui s'est passé avant, par exemple, en 2014, il y avait
combien de courses au total dans l'industrie,
combien étaient celles du taxi, combien étaient celles d'Uber puis l'évolution
de ça. Ça fait que ça, ce seraient des
données extrêmement importantes, puisque ce sont des chiffres que le ministre
utilise beaucoup comme argumentaire pour nous convaincre du bienfait de
son projet de loi.
Il y a toute
la question maintenant aussi de... donc, de l'environnement, toute la Politique
de mobilité durable, à laquelle le
ministre a souscrit, parce qu'il a dit que, oui, on accepte de faire un projet
de loi qui ne va pas à l'encontre de la Politique de mobilité durable. En ayant, par exemple, le nombre de
voitures excédentaires de plus que ce projet-là... de loi là va nous donner, bien, on va pouvoir avoir une
meilleure connaissance du sujet puis s'assurer que ça n'empire pas...
Puis aussi, de ce qui s'est passé un petit peu ailleurs dans le monde, ça nous
dit que ça va à l'encontre de la mobilité durable. Mais peut-être... On ne
demande que ça d'être convaincus puis d'être rassurés.
Donc, c'est
très important, que ce soit dans ce projet de loi là ou dans n'importe quel
autre, que ce soit basé sur des données
scientifiques, sur des données probantes. Et, en ce moment, on les a, puisque
c'est la raison d'être d'un projet de loi, d'un... excusez-moi, d'un projet pilote qui a été mis en place. Pourquoi
est-ce qu'on fait un projet pilote? Bien, c'est pour recueillir des informations, recueillir des
données, puis dire qu'est-ce que ça va donner, puis de prendre des décisions
en fonction... puis de voter des projets de
loi en fonction de ces données-là. Mais, en ce moment, on ne les a pas.
Personne ici ne les a. L'industrie du
taxi non plus ne les a pas. Donc, c'est clair que, si on les avait, bien,
peut-être que le ministre lui-même aussi,
s'il les analysait finement, peut-être que, lui aussi, il y a certains articles
dans son règlement qu'il va vouloir changer.
Comme, par
exemple, il dit : On abolit totalement les agglomérations, mais peut-être
qu'il va dire : O.K., sans les abolir
totalement, peut-être qu'on va faire des agglomérations un peu plus grandes,
comme, par exemple, ce qui a été fait à Québec, qui a été... Il y a eu une fusion des agglomérations. Donc,
c'étaient des agglomérations plus grandes pour éviter que n'importe qui aille uniquement là où il y a de la
demande, parce que c'est ça, l'offre et... La loi de l'offre et de la
demande, moi aussi, j'ai eu des cours aux
HEC, c'est vraiment dépendre de la demande. Mais il y a des endroits... Par
exemple, il parle beaucoup de la
problématique des endroits qui sont mal desservis parce que ça ne vaut pas la
peine, il n'y a pas d'argent à faire là pour l'industrie du taxi
aujourd'hui, sauf, par exemple, quand ils ont des contrats, comme en transport
adapté.
Mais on est
tous d'accord avec le constat, mais la solution, on n'est vraiment pas
d'accord. Nous, on pense que ça va même empirer la situation, puisque
les gens, quand ça va être ouvert partout, bien, les chauffeurs de taxi,
peut-être qu'eux-mêmes vont aller dans d'autres agglomérations où est-ce que...
qui n'existent pas, mais ailleurs où est-ce qu'ils ne pouvaient pas aller parce
qu'ils étaient pris dans leurs agglomérations. Ça fait que les gens qui étaient
mal desservis vont être encore moins bien desservis.
Maintenant,
le projet de loi, je comprends que... excuse-moi, je dis toujours projet de
loi, mais c'est le projet pilote. Le
projet pilote ne nous donnera pas d'information dans les ruralités ou dans les
autres municipalités là où il n'était pas appliqué, c'est-à-dire... mais
au moins il va nous donner des informations importantes pour Québec, Montréal
et aussi Gatineau.
Donc, c'est
vraiment... Même le ministre et le gouvernement... Je ne comprenais pas une des
choses que les chauffeurs de taxi
disaient, c'est : Oui à une modernisation, nous sommes pour. Nous-mêmes,
on a reconnu nos torts. Avec l'arrivée d'Uber
et de ces nouvelles technologies qui attirent beaucoup les plus jeunes,
nous-mêmes, on a décidé de faire les choses autrement, puis d'avoir des applications, puis de se moderniser. Ce ne
sont pas des dinosaures, ils vivent dans le même monde que nous tous puis ils reconnaissent qu'il y avait
des efforts à faire. Et c'est ce qui a été fait, notamment dans la
grande... dans la région de Montréal, et
eux-mêmes ont commencé à vouloir se moderniser puis changer les choses pour
aussi satisfaire la clientèle.
Donc, eux,
ils étaient en train de faire cet effort-là. À la ville de Montréal aussi, avec
le Bureau du taxi, ils sont venus nous le dire : On est en train de
faire l'effort. Donc, on reconnaît qu'il y avait des choses qui étaient
négatives dans le passé, et on en prend
acte, et on est en train de mettre en place des mesures pour les améliorer. Et
là, tout à coup, c'est tout de suite.
Sans aucune période de transition, on a trois ans de projet pilote, on ne sait
pas c'est quoi, les données, et, tout de suite, on arrête tout ça là, on met les permis de... il n'y a plus de permis,
on les met... ils valent... des permis qui valaient jusqu'à 200 000 $, mais ils ne valent plus rien,
c'est zéro du jour au lendemain. Ce que vous aviez, les banques... même, il y a
des banques qui ont saisi. Il y avait des
gens qui avaient des hypothèques, qui étaient en train de payer, ils ont
dit : O.K... je veux dire leur marge de crédit. Ils ont tout saisi
pour dire : Ça va servir à rembourser à cause de ce projet de loi qui n'a aucune... il n'y a aucune forme de transition dans
le projet de loi. Et donc pourquoi il aurait fallu que le gouvernement
dise : Bien, on a quatre ans devant
nous, on vient d'être élu, bien, attendons de voir la fin de ce projet pilote, qui a été renouvelé, même, si ma mémoire est bonne, pour une
troisième année, alors que, normalement, c'est deux ans, avant même la fin
des élections, et de dire : Bien, on va avoir les
données, on va les analyser, on va les rendre publiques, on va discuter avec l'industrie en toute connaissance de cause et,
après, on va faire un projet de loi en fonction des données de cette étude-là?
C'est juste la logique même.
Par exemple, on parle des maternelles
quatre ans où est-ce qu'on reproche
au gouvernement de ne pas avoir d'étude, mais là, en
ce moment, avec le projet de loi du taxi, c'est encore pire ou mieux, on va les avoir, ces données-là.
Donc, pourquoi précipiter les choses à ce point-là? Pourquoi ne pas
attendre de les avoir, de les regarder, de les rendre publiques? Et peut-être
que, là, on va arrêter de parler un langage de sourds puis que même des... on
va pouvoir peut-être être convaincus de
ce que le ministre nous dit au lieu de nous garrocher des chiffres à
gauche et à droite, qui ne nous convainquent pas. Ça serait en fait mieux pour tout le monde, et les gens vont peut-être écouter plus, puis on va arrêter d'être dans
cette confrontation, mais plus dans le dialogue en ayant ces données et
toutes ces informations-là, c'est juste la suite...
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez encore 30 secondes.
Mme Ghazal : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, je vais conclure.
Donc, tout simplement, moi, je regarde les députés de la CAQ qui sont devant moi puis je vois qu'ils hochent de
la tête parce qu'ils voient que c'est
juste la logique même d'attendre
d'avoir des données et, en fonction de ces données-là, de ce que ce projet de
loi là... ce projet pilote là de trois
ans nous a donné, bien, basé là-dessus, d'avoir un projet de loi qui se tient
puis qui va faire beaucoup plus, peut-être pas l'unanimité, mais au moins qui va avoir une entente, puis, au moins,
ça va être un bon compromis sur lequel tout le monde va s'entendre.
Voilà.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Mercier. Quelqu'un d'autre veut prendre la parole? M. le député de La
Pinière. Vous avez 10 minutes.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, d'entrée de jeu, c'est une surprise de revenir avec cette
proposition. Alors, je reconnais le
bien-fondé de la collègue de Mercier et le bien-fondé au sens de la motivation
de son intervention. Bon, évidemment, on ne l'a pas proposé, et je tiens
à souligner que je comprends pas l'intention mais le fondement de la demande de la collègue de Mercier. Bon, évidemment, à la
fin, je ne pense pas que la partie gouvernementale va voter pour, puisqu'il y a un vote à la fin, si
j'ai bien compris, Mme la Présidente. Par contre, d'une part, non
seulement je le comprends, mais, je vous le
dis à l'avance, je vais m'abstenir pour une raison très simple. J'avais fait une
demande qui était spécifique en
fonction du 3 septembre. Alors, en cohérence avec ma position, je vais
garder ma position, même si la mienne
et celle de la députée de Mercier sont de la même eau. Alors, j'explique la
raison de mon abstention à la fin. Par contre, je n'ai pas le choix
d'apporter mon commentaire additionnel, qui est complémentaire à celui de la
députée de Mercier. Et je vais aller un pas plus loin.
On a eu les
consultations publiques, on est en étude détaillée depuis la fin de la dernière
session parlementaire, et, tant pendant
la consultation publique que pendant l'étude détaillée, le ministre a utilisé,
a appuyé sa position sur des données qui proviennent du projet pilote. Je ne pense pas que le ministre, là, est
allé chercher des données qui soient à l'extérieur du Québec. S'il est allé en chercher, bien, on ne
sait pas lesquelles, parce que ça non plus, ça n'a jamais été divulgué ni
exposé en commission parlementaire, non plus
en consultation publique. Mais encore aujourd'hui, ce matin, pendant les trois
heures qui ont occupé nos discussions ici,
en commission parlementaire, à l'étude détaillée, on a encore... le ministre a
encore étayé sa position sur la base de données du projet pilote.
(Interruption)
M. Barrette :
Je vais peut-être laisser un moment à ceux qui nous accompagnent de régler
leurs téléphones, là. C'est comme au cinéma.
Alors, ça
veut dire quoi ça, Mme la Présidente? Ça veut dire que le ministre a accès à
des données à propos desquelles il ou
quelqu'un dans son équipe a fait une analyse et à propos desquelles, de
laquelle analyse ou desquelles analyses, il a tiré une conclusion. C'est ça que ça veut dire. Et c'est à ça qu'on doit
avoir accès, nous aussi. Nous, ce n'est pas simplement : On veut avoir de la donnée pour avoir de la
donnée. Lui-même et son équipe ont accès à de la donnée, les ont analysées
et ont conclu. Et le ministre se sert
unilatéralement et avec un certain obscurantisme, il s'en sert pour défendre
ses positions alors que la... je
dis : un certain obscurantisme, parce que, si c'était à la lumière des
données et des conclusions, il faudrait que nous, on les voie aussi.
Alors, la
demande de la collègue, moi, je l'ai demandée d'une autre façon, alors je vais
être cohérent avec ma propre demande,
mais il n'en reste pas moins que le fond est là. Et là on en a assez. Et je
profite du temps qui m'est imparti. Je n'avais
plus de temps tantôt, mais là, là... Mais je ne vous le reproche pas, Mme la
Présidente, là, mais je vous regarde avec la déception dans le regard et
la joie que j'ai maintenant de pouvoir parler. Et ça me permet de faire un
parallèle.
Laissez-moi
faire un parallèle, Mme la Présidente, là, puis ça va éclairer vraiment les
gens qui nous écoutent. Je le ne le
ferai pas pour ici, parce qu'ici les positions sont déjà prises. Mais peut-être
qu'ils vont changer d'idée en entendant ce que je vais dire. Les gens
savent d'où je viens en termes professionnels. Peut-être qu'ils ne savent pas
que j'ai été dans un hôpital universitaire et que j'ai participé à des
protocoles de recherche. Laissez-moi vous conter une petite histoire.
À un moment
donné, je participais à un protocole de recherche, comme je l'ai fait à
plusieurs reprises dans ma vie. Vous
allez voir à quel point c'est pertinent. Et c'est une méga compagnie
internationale, une multinationale connue que je ne nommerai pas, qui s'était engagée dans un
projet de recherche auquel participait un paquet de centres hospitaliers
en Europe puis en Amérique du Nord. Dans mon
institution, j'étais le participant. Et là, là, on parle, là, on parle d'un
projet de recherche de millions de dollars.
Une grosse affaire. Vraiment une grosse affaire. Pour de vrai. Et, quand on
fait ce genre de protocole là, on
doit montrer qu'on travaille comme du monde, on doit envoyer des documents à la
maison-mère dans le cas présent, qui
était dans une capitale américaine d'un État américain, on ne la nommera pas,
et on devait essentiellement montrer patte blanche. Et tous les
chercheurs devaient faire ça.
À un moment
donné, on est convoqués, Mme la Présidente, tous les chercheurs, toute la
planète, là, à aller dans une réunion
spéciale à la compagnie en question par... on ne le savait pas, pour faire le
point, un point intermédiaire dans le protocole
de recherche. Pour qu'on mette les choses en perspective, ici, là, c'est un
protocole de recherche de deux ans. Alors, on commence là, on finit là,
on recueille des données, réfléchit, analyse, et ainsi de suite.
Alors, quelle
ne fut pas ma surprise, Mme la Présidente, de constater qu'on avait tous été
convoqués, on était dans un amphithéâtre
puis on était par pays. Et les gens nous ont félicités, les Canadiens, comme...
par notre rigueur, on était bons, et ainsi
de suite. Et ça, c'est le fun de l'entendre naturellement parce qu'on est bons
au Canada, là. Je ne parle pas pour moi, je parle de tous les gens dans ces milieux-là. Et on nous annonce... À
la fin de la présentation, Mme la Présidente, on nous annonce qu'ils
arrêtent le projet. Ils mettent des millions de dollars à la poubelle parce que
les données préliminaires montraient qu'il y
avait éthiquement un problème de continuer parce que les chiffres, les
conclusions préliminaires que ça montrait
montraient clairement, statistiquement, que le médicament qui était analysé ne
donnait pas les résultats escomptés. Fin
de la discussion, Mme la Présidente, fin de... pas de discussion, là, terminé.
Bravo! Les Canadiens, vous faites une bonne job. Les Français, les Américains, vous avez tous été bons, mais
malheureusement les données préliminaires montrent qu'on doit arrêter, et on a arrêté. Millions, là,
millions de dollars aux poubelles. Mais ça, c'est... moi, j'ai été élevé
là-dedans, là.
Alors, à chaque
fois que je vois un projet pilote, pour moi, c'est un projet qui analyse des
données qu'on recueille, qu'on
regarde en chemin et pour lesquelles on tire une conclusion. Et on continue ou
on ne continue pas et, dans le cas présent, on décide d'appuyer son
raisonnement dessus ou non. Là, actuellement, le problème qu'on a, là, c'est
qu'on appuie un raisonnement basé sur des
données qu'une seule personne autour de la table a, élue, j'entends, et c'est
le ministre. Je ne suis même pas sûr que ses collègues ont ces
données-là.
Alors, on est
tout seul, là, nous autres, là, là, de notre côté, à ne pas les avoir, et les
seuls à les avoir du côté des élus, son
équipe, évidemment, a les données. Et il tire des conclusions, c'est sûr, c'est
sûr, sûr, sûr, parce que lui-même le dit dans ses propos : Regardez, j'ai tout ça devant moi. J'ai raison.
Il y a eu une personne, à ma connaissance, qui marchait sur les eaux,
là, et qui avait la vérité, là, puis elle n'est plus ici. Puis c'est ça, la
réalité, là.
• (14 h 30) •
Alors, la
demande qui est faite, de suspendre, je la comprends. Elle est dans le même
esprit que moi, j'ai demandé, là,
quand j'ai demandé à ce qu'on me donne ces données-là pour le 3 septembre. Alors, c'est légitime, cette
demande-là. Et le refus éventuel...
je ne prête pas d'intentions au ministre, mais je soupçonne qu'il va dire non à la
demande, j'espère qu'il n'y aura pas
d'appel au règlement là-dessus, mais je soupçonne que la partie
ministérielle va voter contre. Mais le fond, là, il est là, puis il n'y a rien d'exceptionnel dans la situation.
Ce n'est pas parce que c'est un projet
pilote de taxi versus un
projet de recherche de multinationale. Non,
c'est un exercice de collection de données pour les analyser et tirer une
conclusion pour étayer notre décision de la façon la plus transparente
possible. Ici, le bout qui ne marche pas, c'est «de la façon la plus
transparente possible».
Il y a quelque chose de triste là-dedans. Puis j'irais même jusqu'à dire, Mme la Présidente, qu'à quelque part ça pourrait être qualifié de faiblement parlementaire, on va dire ça comme ça, parce qu'on nie le droit aux oppositions,
au pluriel, d'avoir accès à l'information pour débattre d'un projet qui est rendu à l'étude détaillée. Ça ne se peut pas, Mme
la Présidente, même pas des gens qui ont voté pour la CAQ, qui nous écoutent aujourd'hui, qu'ils ne soient pas de notre bord. Ça ne se peut pas. Puis j'irais même jusqu'à dire que ça les met probablement mal à l'aise de voir leur ministre refuser de donner l'accès maintenant à
cette information-là.
Alors, je
termine en étant d'accord, en disant que je suis d'accord avec le fond de la proposition de notre collègue. Notre
formation va s'abstenir pour les raisons que j'ai dites, en accord, en
cohérence avec la position que j'ai prise ce matin, mais ça n'enlève rien au fond de la chose. Et je
suis convaincu que notre collègue des Îles-de-la-Madeleine ira dans le même sens. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. le député de La Pinière. M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
voulez-vous prendre la parole?
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Oui, je le veux,
et, par la même occasion, je suivrai les conseils de mon collègue député de La Pinière, et effectivement j'irai dans le même sens, non pas de
l'abstention, mais de l'argumentaire qui voudrait que l'on dispose de l'ensemble du portrait et de toute l'information nécessaire pour prendre des décisions éclairées face à un
projet de loi qui bouscule des milliers de
personnes au Québec, qui va transformer l'industrie de façon fondamentale. Et,
selon ce qu'on peut percevoir, selon ce que les gens de l'industrie
perçoivent de façon assez dramatique et négative et qu'on fasse ces changements-là, les premiers grands changements
depuis plus d'une quarantaine d'années, répète-t-on, qu'on devrait moderniser
cette industrie et qu'on le fasse
sans avoir l'ensemble de l'information pertinente pour prendre ces décisions
fondamentales, ça me semble presque surréaliste.
Je n'arrive
pas à comprendre comment on peut, comme gouvernement et comme législateurs,
arriver au terme d'un projet pilote et ne pas attendre les conclusions, j'en parlais tout à l'heure, attendre les recommandations et procéder. Alors, moi, je m'imagine dans la peau d'un membre de l'industrie
du taxi et je me dis : Mais de qui se moque-t-on? Pourquoi a-t-on mis en place un projet pilote si on n'attend
pas les résultats de cette expérimentation-là puis que les décisions sont
prises? Évidemment, de là à penser que les décisions étaient prises
à l'avance puis que l'intention était déjà celle de libéraliser le marché, on peut
sauter facilement aux conclusions.
Évidemment,
entre temps, il y a eu un changement de gouvernement, mais je ne vois pas où est la précipitation et je pense qu'il y
aurait des possibilités de faire un pont, une période... d'établir une période
de transition où l'on puisse véritablement faire notre travail, de façon sérieuse, d'analyse de ce qu'a donné le
projet pilote. Et on ne serait pas les premiers à le faire, à prendre le temps d'analyser les tenants et aboutissants
d'un projet de loi et surtout les conclusions d'un projet pilote avant
d'agir.
Il y a des
gens qui ont agi dans la précipitation, des États, en fait, des villes, et on a
vu ce que ça a donné un peu dans la
couverture médiatique étrangère. Bon, à New York, il y a eu des manifestations,
vous le savez, des différents mouvements,
ailleurs, en Europe, également. Ici, il me semble qu'on pourrait retenir une
leçon de ça, et faire peut-être un peu
comme la Colombie-Britannique, et dire : Oui, on n'est pas contre l'idée
de moderniser, d'ouvrir la porte à une certaine concurrence, mais le faire de façon ordonnée et de prendre le temps
d'agir et de prendre les décisions sur la base de données probantes. Et j'ose espérer que les projets pilotes avaient cela comme objectif, d'aller expérimenter un modèle pour
ensuite en tirer certains... enfin, certaines conclusions pour ensuite
introduire un projet de loi qui puisse améliorer les choses pour tout le monde.
Parce qu'à l'heure actuelle le gouvernement est
seul à prêcher pour un changement aussi draconien sans pouvoir démontrer hors de tout doute raisonnable que les
changements qui sont apportés vont effectivement être bénéfiques pour l'industrie, pour les consommateurs, pour les
passagers, pour les régions également et pour le Québec tout entier. Il y
a de multiples questions qui ont été posées
par mes collègues de l'opposition, par moi-même et par les gens de l'industrie,
par l'ensemble des témoins qu'on a entendus.
Et le malaise, il est... à la base, il repose sur le fait que le gouvernement
agit avec précipitation. L'étude
d'impact réglementaire, on l'a dit, c'est le plus petit commun dénominateur des
études faibles et en surface. Elle
n'est... On l'avait dénoncé, d'ailleurs, dès le départ, elle est très peu
documentée. Elle ne repose pas sur des faits avérés sur lesquels on
pourrait justement s'appuyer pour annoncer des changements à la législation.
À ce que je sache, on n'a pas fait non plus
référence aux expériences à l'étranger, donc une espèce de bilan comparatif
d'expériences faites ailleurs. Et on nous rappelait, sur l'heure du midi dans
une conversation privée, que peut-être que
le Québec avait un modèle différent de ce qui va se faire, dans son projet de
loi, ailleurs au Canada ou en Amérique
du Nord, mais qu'en Australie on avait un projet de loi qui ressemblait
étrangement à celui qu'on va... qu'on étudie, et qui avait donné des résultats assez négatifs, et qui avait donné lieu
également à des poursuites devant les tribunaux, et ainsi de suite. Puis
on ne veut pas, on ne veut pas arriver là.
On souscrit à
l'objectif de départ du ministre d'améliorer les choses, sauf que, là,
actuellement, malheureusement, je le
disais tout à l'heure, je crois que le ministre, là où il a un déficit de
crédibilité, c'est qu'il n'appuie pas ses propos avec des données. Et, tant et aussi longtemps qu'on va
continuer dans ce dialogue de sourds là où nous, on veut savoir sur quoi
reposent ces affirmations pour pouvoir y souscrire, bien, on n'avancera pas.
Le
gouvernement... le ministre nous dit : Je veux le bien de l'industrie du
taxi. Mais là, actuellement, le bien de l'industrie du taxi, il se l'approprie. Ce n'est pas la façon de faire.
Je pense que de dire simplement qu'on veut améliorer les choses, qu'on
ne s'est pas levé le matin pour anéantir l'industrie, je pense qu'on veut le
croire, mais les premiers qui devraient y
souscrire, c'est les gens qui sont actuellement dans le milieu et qui demandent de l'information, qui demandent... qu'ils ne
demandent qu'à y croire, qu'au lendemain d'un projet de loi adopté
par l'Assemblée nationale la situation
sera meilleure, la situation
sera améliorée à tous égards avec
l'information dont on dispose. Mais encore faut-il disposer de cette
information-là et, en toute transparence, la partager avec les gens ici qui
font l'étude du projet de loi.
Alors, à la
base, si on tourne les coins ronds, si le processus est bâclé, bien, évidemment
qu'on ne pourra pas arriver à un
résultat optimal pour réformer et moderniser l'industrie de sorte à ce que les
gens qui y oeuvrent continuent d'avoir une
certaine prospérité, pouvoir gagner leur vie honorablement dans des conditions
qui seront celles de l'avenir et aussi livrer
les promesses d'un service plus rapide, d'un service également
vraisemblablement plus efficace, et plus économique, et plus étendu pour
l'ensemble de la clientèle.
Alors, moi,
je ne connais pas de structure, d'organisation qui dit : Je vais faire une
étude puis je prends mes décisions avant
avoir les conclusions de l'étude. Et je ne vois pas non plus, dans d'autres
ministères, une abondance, là, d'exemples où on fait ce genre d'exercice là où on dit : Bien oui, je fais
l'étude, mais, en attendant, je prends la décision, puis l'étude sera
déposée au lendemain de l'adoption d'une loi qui va tout transformer.
• (14 h 40) •
Mais là, s'il
s'avère que l'étude arrive à des conclusions contraires à celles qu'on nous
présente aujourd'hui, bien, qu'est-ce
qu'on fait? On recommence? Évidemment que ce n'est pas l'objectif. Mais on est
presque... on est rendus dans une situation
qui frôle l'absurdité, où on nous
promet d'avoir les informations nécessaires à la prise de décision après avoir
pris cette décision. Et c'est là où je ne
peux que souscrire à la proposition de ma collègue de Mercier, même si je sais
à l'avance que le gouvernement va
s'entêter à vouloir adopter une loi, pour des raisons que j'ignore, parce qu'on
a la responsabilité, en fait, de
prendre les meilleures décisions possible pour le Québec et pour les citoyens
qui profitent du... en fait, qui ont un besoin de transport adapté et qui souscrivent à un certain nombre
d'objectifs qui ont été, disons, déterminés, à savoir qu'on veut réduire l'auto solo. On souscrit à ça, bien
entendu, on veut le moins d'attente possible quand on a besoin d'un
service de transport rémunéré de personnes.
On veut couvrir des secteurs qui, actuellement, sont mal desservis. C'est clair
qu'on veut aussi couvrir les régions et des besoins spécifiques de
certaines clientèles, transport adapté. Mais, à l'heure actuelle, la
proposition qui nous est faite, soit qu'elle ne répond pas à ces objectifs-là,
soit qu'on nous promet que la réglementation complémentaire nous apportera les
réponses. Alors, ce qu'on nous demande, essentiellement...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : 30 secondes.
M. Arseneau :
...c'est une confiance aveugle en les propos du ministre, qui reposent, je
l'espère, sur des données probantes.
Mais, s'il les a, je pense qu'il doit nous les révéler, et, s'il ne les a pas
et si elles ne sont pas complètes, bien, je pense effectivement qu'on doit prendre un temps de pause, un temps
d'arrêt et attendre qu'on ait ces informations-là pour reprendre l'étude
sur la base d'une information avérée. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Donc, est-ce qu'il y a d'autres commentaires? M. le député de
Bourget.
M. Richard Campeau
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. Eh bien, je vais prendre les paroles du député de La
Pinière et je n'aurai pas besoin de
10 minutes, ça va être beaucoup plus court, parce que je ne veux pas avoir
la déception dans mon regard si vous venez à me couper. Alors, je vais
faire ça plus rapidement.
J'aimerais
aussi dire à la députée de Mercier que, quand les gens hochent de la tête, ça
peut vouloir dire juste qu'ils écoutent. Ça ne veut pas nécessairement
dire qu'ils sont d'accord. Mais je trouve quand même une légitimité de votre
intervention, de poser ce genre de question là. À l'inverse, je me dirais que
j'entendais, de la part du député des Îles-de-la-Madeleine,
qu'on se moque d'une situation. Vraiment, je pense que c'est une intention qui
nous est prêtée, qui m'est prêtée, et
je ne sens pas que ça représente la situation puis je vous dirais juste :
Bien, voyons donc! Ce n'est vraiment pas le cas.
C'est
important, dans un projet de loi, de ne pas précipiter les choses, mais il ne
faut pas oublier qu'on ne fait pas juste
ça entre nous, on fait ça pour les usagers et pour l'industrie du taxi. C'est
un projet qui a été démarré en 2014. Oui, à ce moment-là, il y avait l'arrivée d'Uber, mais ce n'est pas juste pour
ça. 2014 à 2019, ça fait déjà cinq ans, il faut bouger. On arrive donc à
la loi n° 17.
On s'est déjà
entretenu, les leaders, entre eux autres, se sont déjà entretenus, ont déjà
convenu du déroulement, des ententes,
des dates, puis on est rendu ici aujourd'hui. Alors, on est rendu à l'étude
article par article. Le fait que l'étude en cours se déroule et va se terminer dans quelques semaines, c'était
connu. Alors, pourquoi, aujourd'hui, va-t-on se demander : Est-ce qu'on devrait faire un pas en arrière et
attendre? Bien sûr qu'on est ici pour améliorer le projet de loi, mais
j'aimerais mentionner qu'on a entendu de
très nombreux groupes, permettant de se faire quand même une idée extrêmement
valable de la situation. Ce n'est pas un
projet de loi sur Uber, malgré ce qu'on entend un peu trop souvent à mon goût,
c'est un projet de loi sur le
transport par automobile pour les usagers en vue d'avoir une meilleure
satisfaction et un meilleur service. On a d'ailleurs entendu qu'il y avait... pour des gens en perte d'autonomie,
qu'on devait améliorer le service, et on a porté beaucoup attention à
ça.
Alors, je
trouverais beaucoup plus utile de suivre l'offre que le ministre a faite. Et
pourquoi vous ne nous poseriez pas
une liste des informations que vous aimeriez avoir? Moi, il me semble que, sur
un coin de table, je serais capable d'en faire une, liste, au moins
approximative, assez rapidement, et on verra ce qu'il sera possible d'offrir à
ce moment-là et on y gagnerait beaucoup de temps.
Alors, j'ai bien l'impression que l'ensemble des
collègues du côté gouvernemental va voter contre cette idée d'attendre pour le
moment, mais voici les points que je voulais apporter. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, M. le député de Bourget. Donc, je vais mettre... faire la mise aux voix immédiatement de cette motion
de la députée de Mercier.
M. Barrette : Par appel
nominal.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Oui. Alors, Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Oui, pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel :
Contre.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Contre.
La Secrétaire : M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La
Secrétaire : M. Girard (Lac-Saint-Jean).
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Contre
La Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Hébert (Saint-François)?
Mme Hébert :
Contre.
La Secrétaire :
M. Reid (Beauharnois)?
M. Reid :
Contre.
La Secrétaire :
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau :
Pour.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Donc, la motion est rejetée.
Étude détaillée (suite)
Alors, nous allons poursuivre nos travaux sur l'article 2.
Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'article 2?
M. Barrette :
Oui, Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il vous reste, M. le député de La Pinière,
1 min 35 s dans vos interventions sur l'article 2.
M. Barrette :
J'espère que, quand je dis Mme la Présidente, ça ne compte pas, là.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Non, vous aviez... Excusez-moi, M. le député de La Pinière, vous aviez terminé. Vous n'aviez plus le droit de parole sur l'article 2.
M. Barrette :
Non?
Une voix :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Bien, voyons!
Une voix :
Il y a 1 min 35 s.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, 1 min 35 s. Vous avez
1 min 35 s. Désolée.
M. Barrette :
Comment ça qu'il y a juste avec moi qu'il y a des problèmes d'horloge?
Alors,
Mme la Présidente, j'aurais un amendement à déposer. Alors,
j'en fais la lecture? On peut le distribuer? On fait une pause, non?
Alors, Mme la Présidente, je lis l'amendement, qui est d'une grande
simplicité :
L'article 2
du projet de loi est modifié par l'ajout, à la suite des mots «de personnes
par», du mot «véhicule», ce qui fait
que la dernière phrase de l'alinéa se lirait : «...contrôlent le transport
rémunéré de personnes par véhicule automobile.»
Pourquoi? Bien, c'est en concordance
avec le Code de sécurité routière, où le mot «automobile» n'est pas
défini, mais que, dans le Code de la
sécurité routière, on parle toujours de «véhicule automobile». Même que «véhicule
automobile» est défini, excluant les autobus, et ainsi de suite. Je vous aide,
je vous aide.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre. Voulez-vous une suspension?
M. Bonnardel :
On peut suspendre.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
14 h 48)
(Reprise à 14 h 49)
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bonnardel : Au lieu d'utiliser toujours le terme «véhicule
automobile», Mme la Présidente, la loi se lit comme suit : Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile. Si on va à l'article 3, on va lire
qu'«il y a transport de personnes par automobile au sens de la présente
loi lorsque le déplacement d'une personne, le passager, s'effectue au
moyen d'un véhicule automobile, autre qu'un autobus ou un minibus, conduit par
une autre personne, le chauffeur.
«Pour
l'application du premier alinéa, "véhicule automobile",
"autobus" et "minibus" s'entendent au sens qui leur
est donné par le Code de la sécurité routière.»
Alors, nous
refuserons l'amendement, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de La Pinière.
• (14 h 50) •
M. Barrette : Je ne veux pas être pointilleux, là, mais je ne
vois pas en quoi ça empêcherait de... je ne vois pas en quoi cet article-là ne serait pas amendé pour être
cohérent avec le Code de la sécurité
routière, puisque le ministre
dit, à 3, que, pour être cohérent
avec le Code de la sécurité routière, il faut le définir. Bien, définissons-le,
nommons-le tel quel aussi à 2 puis
précisons la définition à 3. Il n'y a
absolument rien de bien, bien méchant, là-dedans, c'est de la cohérence.
J'invoque le même argument que le ministre.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, je l'ai mentionné, on
définit «véhicule automobile» à l'article 3. Je le répète. «Il y a transport de personnes par automobile au
sens de la présente loi lorsque le déplacement d'une personne,
le passager, s'effectue au moyen d'un véhicule automobile, autre qu'un
autobus ou un minibus, conduit par une autre personne, le chauffeur.» Le titre
de la loi, Mme la Présidente, c'est «par automobile».
M. Barrette : Et, à
ce moment-là, Mme la Présidente, c'est sûr que ça nous amènerait, à la fin de l'étude détaillée, à changer le titre, tout simplement. Et là le projet de loi serait tout à fait cohérent, en ce sens que le titre, ce serait «un
véhicule automobile», l'article 2
traiterait de la surveillance des véhicules automobiles, et l'article 3
définirait le véhicule automobile. Et
on n'aurait même pas besoin de dire : Il y a transport de personnes
par automobile. On dirait par «véhicule automobile», tout simplement, parce que, là, l'article 3, lui, vient enlever, écarter de la
définition l'autobus, le minibus, et ainsi de suite. La proposition que je fais amène une cohérence linguistique
complète. Sommes-nous dans... On est dans quoi, là, exactement, là? On
n'utiliserait pas de méchant mot, Mme la Présidente.
M. Bonnardel :
...député peut déposer tous les amendements auxquels il a droit. S'il croit vraiment
que son amendement fait avancer nos travaux au bénéfice des
chauffeurs de taxi, des usagers et des clients, je pense qu'il fait
fausse route, là. Encore une fois, je ne répéterai pas une troisième fois ce
que je lui ai dit, la cohérence, là, il n'a qu'à lire l'article 3, ce
qu'on définit par «véhicule automobile». Je n'irai pas plus loin.
M. Barrette : Bien, Mme
la Présidente, si j'étais vexable, je
le suis très peu, je considérerais la réponse du ministre comme vexatoire. Alors, si le ministre
considère que d'apporter des précisions au texte d'une loi ce n'est pas
approprié, bien, je ne sais pas ce que lui-même fait ici, là. Alors, c'est
ça, la réalité, là.
Alors, je vais
répéter ce que je viens de dire puis je vais les dire dans leur enchaînement
approprié. Le titre, en cohérence avec le
corpus législatif actuel, devrait être par «véhicule automobile».
L'article 2 traite de la surveillance du transport rémunéré de personnes par, normalement, véhicule automobile. Et l'article 3 vient définir
qu'un véhicule automobile, là, c'est
écrit nominativement, c'est «autre qu'un autobus ou un minibus, conduit par une
autre personne, le chauffeur». Mis, ça,
bout à bout, là, c'est bien clair que ça fait un texte cohérent. Alors, dans le
titre, il y a «automobile», qu'on est obligé de venir définir à 3. 3 sert à définir qu'une automobile, donc, en
cohérence avec le corpus «véhicule automobile», n'est pas un autobus.
Ça, là, la cohérence, elle est là, là.
Alors, je comprends, là, qu'à quelque part, là,
on est fier de son projet de loi puis on ne veut pas amener des amendements parce que ça donne l'impression que
peut-être qu'on a fait quelque chose de pas correct. Moi, je dis au
ministre, là : Il n'y a rien qui n'est pas correct.
Je propose un amendement qui rend son texte cohérent avec le Code de la
sécurité routière, qui ne définit pas ce
qu'est une automobile, mais qui définit ce qu'est un véhicule automobile. Et là
le ministre, il n'est pas content et
il en rit devant moi, comme ça, parce que je lui propose d'avoir un texte
cohérent avec tout le reste du corpus.
Moi, je suis bien étonné, là, de cette réaction-là, vraiment. Vraiment,
vraiment, vraiment. Ce n'est pas compliqué, là, si le ministre se sent obligé, à l'article 3, de définir ce qu'est un véhicule automobile, c'est
parce qu'à 2 il veut surveiller le transport rémunéré de personnes par
véhicule automobile, parce que son titre est «par véhicule automobile».
C'est quoi,
l'affront, là? Il est où le malaise? C'est quoi? C'est un concours d'amendements? C'est pouvoir arriver
puis dire au Conseil des ministres :
Hé! j'ai réussi à l'empêcher de faire passer un amendement, alors
qu'essentiellement l'amendement qu'on
propose, Mme la Présidente, c'est un amendement de courtoisie linguistique?
C'est juste ça que c'est : le
français. Vous savez, la chose qu'on est censé, supposé défendre, là, au
gouvernement du Québec? Et là le ministre trouve que ce n'est pas
correct. Moi, je n'en reviens pas.
Alors, est-ce
que le ministre, là, peut prendre un petit moment de réflexion? Il peut
suspendre, s'il le veut, et puis revenir sur son commentaire et dire, je
ne sais pas, moi, quelque chose, genre : Oui, c'est vrai, après réflexion,
c'est une bonne idée.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, ce matin, le député disait dans les journaux : «Je vais
argumenter à la virgule près les
fondements de ce projet de loi — les fondements. Je ne ferai pas de
l'obstruction, mais j'ai bien de l'imagination.» Je pense qu'il a l'imagination fertile avec cet amendement aujourd'hui.
Alors, je lui dis bien respectueusement : On ne va pas modifier l'article. On l'explique bien à
l'article 3. Ce n'est pas vrai qu'à chaque article où on parle
d'automobile on va le modifier parce qu'il veut parler de véhicule quand
on le définit et on l'expose à l'article 3. C'est tout.
M. Barrette :
Je ne veux pas, Mme la Présidente, être insultant, là, mais c'est pauvre comme
argument. Alors, si le ministre
considère que le Code de la sécurité routière, ce n'est pas un fondement dans
le corpus législatif, bien, qu'il nous le dise. L'amendement que je propose est en cohérence avec le Code de la
sécurité routière. Et je pense, Mme la Présidente, je soupçonne que le projet de loi n° 17 traite
de quelque chose de routier, hein? Moi, je pense que oui. Moi, je pense que
le transport des personnes, ça se passe sur
les routes. O.K., c'est peut-être des routes municipales des fois, des routes
provinciales, hein, peut-être, mais c'est routier.
Alors, si on
a, dans le Code de la sécurité routière, un mot, qui est le mot que l'on
connaît et qui est défini comme tel, qui
est «véhicule automobile», et qu'on soumet simplement au ministre :
Regardez, le Code de la sécurité routière, qui, apparemment, maintenant, n'est plus un fondement dans la société
québécoise quand vient le temps de la circulation sur nos routes... bien, si on propose d'être cohérent, ça,
c'est quoi, comment qu'il a dit ça, là? Ce n'est pas un fondement, puis
il n'a tout juste pas utilisé d'autre mot.
Moi je n'en reviens pas. Écoutez, là, c'est incroyable, absolument incroyable.
Alors, le ministre veut essentiellement parler pour ne rien dire en
donnant un article qui est imprécis et l'identifier à la prochaine, parfait, il
n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauce-Nord.
M. Provençal :
On donne des intentions au ministre.
M. Barrette : Bien, vous
trouvez ça, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien, M. le député...
M. Barrette : Je n'ai pas
entendu de question de règlement, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est parce que... Soyez un petit peu plus délicat.
M. Barrette :
Bien, moi, je n'ai pas trouvé que le ministre avait été très délicat, là, quand
il a fait son intervention, il y a un
instant, là, parce qu'à sa face même, là, à sa face même, la proposition que je
fais est une proposition de cohérence linguistique dans le texte.
«Véhicule automobile», «véhicule automobile», «véhicule automobile» exclut les
autobus. Il ne veut pas.
Regardez, Mme
la Présidente, j'ai dit effectivement que j'allais argumenter chaque virgule
sur le fondement du problème qui est
détecté dans la virgule, le mot, ou la phrase, ou le principe quand il y en a.
À date, là, les principes, ça n'a pas l'air à servir à grand-chose, mais
ce n'est pas grave. Alors, c'est là où on est.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...encore...
M. Barrette : Ah! ça, c'est
vrai, que ce n'est pas fin, hein?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Non.
M. Barrette : Alors je vais
retirer mes propos, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : O.K.
M. Barrette :
Je vais redevenir fin. Alors, Mme la Présidente, parce que j'ai dit que je ne
ferais pas de filibusting, je n'en ferai pas. Alors, le ministre ne veut
pas, on va passer au vote, un vote nominal. À moins que le ministre change
d'idée à l'instant.
M. Bonnardel : Passons au vote.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement proposé par le député de La Pinière?
Alors, nous allons passer au vote.
La Secrétaire : Oui. Alors,
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
La Secrétaire :
M. Bonnardel (Granby)?
M. Bonnardel :
Contre.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Contre.
La Secrétaire :
M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire :
M. Girard (Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
La Secrétaire :
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata)?
M. Tardif :
Contre.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire :
Mme Hébert (Saint-François)?
Mme Hébert :
Contre.
La Secrétaire : M. Reid
(Beauharnois)?
M. Reid : Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Abstention.
La Secrétaire : Et
Mme St-Pierre (Acadie)?
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Abstention. Alors, l'amendement est
rejeté. Donc, nous revenons à l'article 2. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 2?
• (15 heures) •
M. Barrette :
Il me reste combien de temps?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous aviez... vous avez encore
1 min 10 s.
M. Barrette :
Est-ce qu'à l'article 2 la surveillance inclut la surveillance du
covoiturage tel que décrit par Amigo Express? Je m'excuse, ce n'est pas
un fondement, là.
M. Bonnardel :
Si le député veut me donner quelques secondes, on va aller lui sortir
l'article.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons suspendre quelques secondes.
(Suspension de la séance à
15 h 01)
(Reprise à 15 h 06)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous reprenons nos travaux. Silence, s'il vous plaît! M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bonnardel : Donc, oui, la réponse au député, que ce soit du
Netlift ou que ce soit du Amigo, autant la SAAQ, par l'entreprise de ses contrôleurs, que le BTM, s'il y a lieu sur l'île
de Montréal, auront à contrôler si, oui ou non, c'est
du transport par Netlift ou Amigo versus
s'il contrevenait ou il charge plus cher que ce qui est supposé être prévu par
les règles à l'article 150, si on prend l'exemple...
M. Barrette : Bon, Mme
la Présidente, je vais vous demander
de suspendre, parce que nous allons avoir un amendement à proposer
en regard de ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 07)
(Reprise à 15 h 11)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Nous reprenons nos travaux. Alors, nous allons
reprendre nos travaux. M. le
député de La Pinière.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, suite à la réponse du ministre, qui invoque que ce
sujet-là est traité à 145 jusqu'à 150, on va
attendre à ce moment-là pour faire notre amendement, si nécessaire encore,
après les discussions qu'on aura eues jusque là. Et peut-être que ça ne
sera pas le cas, mais, s'il ya lieu, il y aura peut-être consentement pour
qu'on revienne à 2, si jamais je gagnais mon point, si nécessaire, aux articles
en question que je viens de citer.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Très bien. Donc, est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 2? Nous allons mettre
l'article 2 aux voix. Mme la secrétaire. Est-ce que c'est adopté?
Des voix :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : O.K. Donc, nous allons passer maintenant à
l'article 3. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bonnardel :
Alors, Mme la Présidente : «Il y a transport de personnes par automobile
au sens de la présente loi lorsque le
déplacement d'une personne, le passager, s'effectue au moyen d'un véhicule
automobile, autre qu'un autobus ou un minibus, conduit par une autre personne,
le chauffeur.
«Pour
l'application du premier alinéa, "véhicule automobile",
"autobus" et "minibus" s'entendent au sens qui leur
est donné par le Code de la sécurité routière.»
L'article 3,
donc, du projet de loi définit la notion de transport de personnes par
automobile. Aux fins de son application et dans un souci de cohérence, il
renvoie aux définitions des termes «véhicule automobile», «autobus» et
«minibus» contenus à l'article 4 du Code de la sécurité routière.
Je
vous déposerais immédiatement, Mme la Présidente, un amendement, donc, qui
serait inséré après l'article 3 du projet de loi comme je vous l'ai
lu présentement. Donc, l'article 3.1 se lirait comme suit. Après
l'article 3, donc c'est un amendement.
Des voix :
...
M. Barrette : C'est ça. On ne
peut pas faire ça, là, là.
M. Bonnardel :
Bon, bien, je peux vous l'indiquer immédiatement, si vous voulez attendre plus
tard. Je vous...
M. Barrette :
...on étudie article par article.
M. Bonnardel :
Non, je rajoute l'amendement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Non, ce serait un autre article après
l'article...
Des voix :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : C'est parce que, si le ministre fait un
amendement, il faut qu'on traite de l'amendement d'abord.
Une voix :
C'est parce que l'amendement ne fait pas partie de l'article 3. Il va
venir après.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : O.K. alors on va reprendre. Donc, M. le ministre,
vous avez...
M. Bonnardel :
Je vous le lis, je vous le donne, et ce sera matière à...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : O.K. O.K. parfait. Après.
M. Bonnardel : Au moins, les députés de l'opposition sauront où
on s'en va pour l'ajout de cet article après 3. Ça vous va? Alors,
l'article 3.1 se lit comme suit :
«3.1. Une automobile
est adaptée lorsqu'elle remplit les conditions suivantes :
«1°
sauf disposition contraire prévue par règlement du gouvernement, son
aménagement permet à au moins une personne en fauteuil roulant d'y
prendre place;
«2° elle est
équipée :
«a) d'une
rampe d'accès pour fauteuil roulant ou d'une plate-forme élévatrice;
«b) d'un dispositif de retenue, déterminé par
règlement du gouvernement, servant à immobiliser chaque fauteuil roulant;
«c)
pour chaque fauteuil, de ceintures de sécurité composées d'un baudrier et d'une
ceinture sous-abdominale; et
«3° toute autre
condition prévue par un tel règlement.»
Donc,
cet amendement propose d'introduire dans le projet de loi les conditions
que doit remplir une automobile pour être considérée comme adaptée pour
permettre le transport de personnes en fauteuil roulant motorisé. Les
conditions correspondent substantiellement à celles prévues actuellement au
paragraphe 3° du deuxième alinéa de l'article 22 du Règlement sur les services de transport par taxi,
à l'exception de la règle exigeant que l'aménagement d'une automobile
permette à deux personnes en fauteuil roulant d'y prendre place. Pour
considérer comme adapté un plus grand nombre d'automobiles, l'amendement
propose qu'un aménagement permette plutôt à au moins une personne en fauteuil
roulant d'être passager.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Parfait. Donc, nous allons discuter
de l'article 3, et ensuite on pourra parler de l'amendement. Donc,
est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 3?
M. Barrette :
Oui. Alors, Mme la Présidente, j'en ai, là, parce que, là, je n'ai pas vraiment
écouté pour 3.1 parce que ce n'est
pas un amendement, là, puis le ministre le relira, là, on était un peu hors
d'ordre, là. Alors, je suis content de l'avoir, là, c'est correct, là,
je l'ai.
Maintenant,
sur l'article 3. Alors, est-ce que le ministre, là, parce qu'il nous a un
petit peu perdus, là, je veux prendre quelques
instants pour le relire, là, mais je vais commencer par noter essentiellement
quelque chose d'assez cocasse, parce que,
dans le document que le ministre nous a fourni, c'est drôle, il y a deux pages.
Il y a une page à côté de l'autre, et puis il y a le texte du projet de loi, puis, à côté, c'est marqué le texte de
référence, et le texte de référence, c'est le Code de la sécurité
routière, où on définit le véhicule automobile, et on dit que c'est un véhicule
routier motorisé qui est adapté essentiellement
pour le transport d'une personne ou d'un bien. Quand je disais que, par souci
de cohérence, on aurait pu mettre les
bons mots dans le titre et à 2, bien c'est une belle évidence que le ministre
lui-même nous a fournie gracieusement, et on l'en remercie.
Alors :
«Il y a transport de personnes par automobile au sens de la présente loi
[lorsqu'il y a] déplacement d'une personne,
le passager, s'effectue — le passager étant la personne — au moyen d'un véhicule automobile — que, là, on vient définir, mais qui était déjà défini dans le Code de la sécurité
routière — autre
qu'un autobus ou un minibus, conduit par une autre personne, le
chauffeur.»
Là,
la loi, c'est le transport de personnes. Et je vois que, dans cet article-là,
on exclut sciemment le minibus. Bon, je comprends l'autobus, parce que, dans le sens commun du terme, là, on
sait ce que ça veut dire, puis, de toute façon, au deuxième alinéa, on viendra le définir. Mais, dans
l'objet de la loi, là, le minibus ne semble-t-il pas, puis j'aimerais
que le ministre nous explique son point de
vue là-dessus, là, le minibus n'est-il pas quelque chose qui est utilisé
couramment dans le transport adapté? À moins que ce type de véhicule
automobile là, moi, je vais utiliser, moi, le bon terme... ça me semble être
ça, là.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, le transport adapté n'est pas régi, donc, par cet article.
Un véhicule automobile, c'est un neuf
passagers et moins. Si on tombe dans le neuf passagers et plus, on tombe dans
le minibus. Vous comprendrez que le
minibus n'est pas relié au transport rémunéré de personnes. Oui, il y a des
minibus pour le transport adapté. On en a tous déjà vu, là, dans nos
villes, là. Alors, c'est pour ça qu'on définit quel est un véhicule automobile
versus un autobus ou un minibus.
M. Barrette :
Là, je pense que la réponse du ministre nous amène peut-être un certain degré
de confusion. Si le ministre nous dit
que, oui, on voit des minibus qui font du transport adapté, et que le transport
adapté est à quelque part dans la loi, et que la loi traite du transport
rémunéré de personnes, pourquoi qu'il n'est pas là? Là, j'ai de la misère à le
suivre, là.
• (15 h 20) •
M. Bonnardel :
...définition qu'on fait d'un véhicule automobile, du permis comme tel, du
transport qui est fait, rémunéré par
personne. Quand on va aller à l'autobus ou au minibus, vous comprendrez qu'on
n'a pas les mêmes règles qui sont
dédiées au transport rémunéré de personnes par véhicule automobile. Alors, dans
ces conditions, c'est pour ça que je vous
dis qu'on définit quel est le transport rémunéré dans un véhicule automobile
jusqu'à neuf personnes, ce qui peut être une grosse van, dans une certaine mesure, là. Et, plus que ça, bien là on
tombe dans un autre régime, si je peux le dire ainsi, là, qui n'est pas
celui adapté à la loi qui est écrite aujourd'hui.
M. Barrette :
Mais je reviens et je pense que...
Une voix :
...
M.
Barrette : Bien, comme je constate que le ministre lui-même bénéficie
d'un certain nombre de conseils théoriques et linguistiques de ses collègues, ça veut donc dire que, pour le commun
des mortels, et je m'inclus là-dedans, il y a quelque chose qui n'est pas clair, là. Peut-être que c'est
parce qu'on n'a pas la bonne information, là, je ne dis pas ça, mais il y a
quelque chose de difficile à comprendre, là. Je vais me répéter, là, je vais le
relire, parce qu'on en perd un peu notre latin, là, sinon notre
français. C'est : «[Le] transport de personnes par automobile au sens de
la présente loi — la
présente loi — lorsque le déplacement d'une personne — je rajoute le passager, c'est-à-dire le
passager — s'effectue
au moyen d'un véhicule automobile autre qu'un autobus ou un minibus,
conduit par une autre personne, le chauffeur.»
Alors,
oublions que, là, on met le passager pour dire que c'est une personne, puis le
chauffeur, c'est celui qui conduit la
patente, mais là c'est le véhicule automobile autre qu'un autobus ou un
minibus. Moi, l'autobus, je le comprends, là. À sa face même, on sait que ce ça veut dire. Moins de
neuf personnes, c'est correct, il y a quelque chose dans la loi, là, dans
le Code de la sécurité routière. Et là...
mais le minibus, moi, là, là, je ne le comprends pas, parce que «minibus», là,
au sens commun du terme, c'est un
véhicule que tout le monde sait ce que c'est. Il y a des variantes sur le
terrain, puis là c'est étonnant, là.
M. Bonnardel :
M. le député, ça se lit comme suit, là : «Il y a transport de personnes
par automobile au sens de la présente loi lorsque le déplacement d'une
personne, le passager, s'effectue au moyen d'un véhicule automobile...» Ce véhicule automobile, quand il est adapté à neuf
passagers et moins, on peut faire du transport de personnes rémunéré. Si
c'est un autobus ou un minibus, on ne peut pas. C'est tout.
M. Barrette :
Mais là je pense que, là, on est encore plus mélangé, là. Ce texte-là, il ne
dit pas que le véhicule automobile... La définition, c'est : «autre qu'un
autobus ou un minibus». On dit : «...s'effectue au moyen d'un véhicule automobile, autre qu'un autobus ou un minibus...»
Ça veut dire que ça exclut l'autobus et le minibus pour l'application de
la loi, donc ça exclut le minibus. Pourtant,
les minibus, le ministre l'a dit lui-même il y a quelques instants, on voit ça,
des minibus qui font du transport adapté. Bien oui, mais ça, on l'exclut.
M. Bonnardel :
Le transport adapté, ce n'est pas couvert par la loi sur le taxi, là.
M. Barrette :
C'est-à-dire que c'est le transport... Mais, c'est parce que, M. le ministre,
ce n'est pas la loi sur le taxi, c'est la loi sur le transport rémunéré
de personnes par véhicule automobile. M. le ministre, vous vous êtes pris en
contradiction vous-même. Ce n'est pas une loi sur le taxi, là.
Aïe!
Là, Mme la Présidente, là, le ministre, là, avec ses collègues, ils sont en
train de nous dire que c'est la loi sur le taxi. Branchez-vous! Appelez-la la loi sur le taxi à ce moment-là, là.
Bien oui, on parle... ce n'est pas un projet de loi sur la loi présente.
Je les entends dire, Mme la Présidente... ils chuchotent que c'est la loi sur
le taxi présente. Bien non, c'est une nouvelle loi.
(Consultation)
M. Barrette :
Bien, je pose une question sur le sens. Là, on débat du premier alinéa de
l'article 3. Alors, à l'article 2,
là, j'ai voulu être précis au sens du Code de la sécurité routière, qui lui, il
ne définit pas une automobile, ça définit un véhicule automobile. Et là le Code de la sécurité routière, il
définit chacune des catégories de véhicules automobiles. J'ai voulu être précis. Le ministre m'a critiqué avec
une certaine légèreté pour me dire que je n'étais pas dans les
fondements de la loi.
Bon, là, on va à l'article suivant, et le premier
alinéa dit : Il y a transport, c'est la loi sur le transport rémunéré de personnes.
À l'article 2, on dit : C'est les personnes transportées par une
automobile. Le ministre ne veut pas qu'on dise «véhicule automobile». Puis on arrive à 3,
puis le premier alinéa dit : «Il
y a transport de personnes — c'est
l'objet de la loi — par
automobile au sens de la présente loi lorsque le déplacement d'une personne, le
passager, s'effectue au moyen d'un véhicule automobile, autre qu'un
autobus ou [...] minibus, conduit par une autre personne, le chauffeur.»
Donc, dans ce
qui est écrit là, moi, ce que je lis, c'est : Cette loi-là s'applique seulement
aux véhicules automobiles courants, là, ceux qu'on utilise, nous, mais
jamais à autobus et minibus. Or, il y a du monde rémunéré qui sont
transportés dans les minibus. Alors, moi, je dis qu'il y a comme une
contradiction ou une imprécision. C'est exclusif.
M. Bonnardel :
M. le député, allez voir à la page 8 comment on définit...
M. Barrette : ...à la
page 8.
M. Bonnardel :
Juste à côté, là.
M. Barrette : Ah! 8, O.K., oui,
oui.
M. Bonnardel :
Comment on définit «autobus» et «minibus». Il n'y a pas de transport rémunéré
par personne dans des bus ou des
minibus. C'est du transport adapté, il faut aller voir autre chose. Là, on
parle de transport rémunéré par personne dans un véhicule neuf passagers et moins. Si vous allez voir la
définition de «bus» et de «minibus», vous allez comprendre que, demain matin, un chauffeur de taxi ne peut
pas s'acheter un minibus pour transporter 12 personnes et être régi par
la loi comme on l'a écrite aujourd'hui. C'est autre chose, là.
M. Barrette : Je vais reposer
ma question, Mme la Présidente. Est-ce que l'alinéa un de l'article 3
exclut, pour l'application de la loi, le minibus tel que défini dans le Code de
la sécurité routière?
M. Bonnardel :
Oui.
M. Barrette :
Bon, parfait. Alors, est-ce que le ministre tantôt, quand il nous a dit que,
oui, c'est sûr qu'il y a des... on
voit des transports adaptés en minibus, puis c'est rémunéré. Il dit : Oui,
on voit ça. Donc, la loi ne s'applique pas pour ça, c'est exclu. Bon, ça veut dire... Dans un minibus,
attention, là. Mais le minibus, c'est quelque chose de particulier. Moi,
je dis que ça existe, des sociétés de
transport qui ont des véhicules qui rentrent dans la catégorie de minibus et
qui ne seront pas couverts par cette
loi-là, là. Est-ce que ça veut dire qu'eux autres ils n'auront plus le droit
d'opérer, ou ils ne seront juste pas surveillés, ou ils vont avoir le
droit d'opérer pas surveillés?
M. Bonnardel :
Les minibus, M. le député, sont gérés par le Règlement sur le transport par
autobus à la Loi sur les transports. Toutes les dispositions générales y
sont expliquées par la suite.
M. Barrette :
Est-ce qu'il y a... Aujourd'hui, le ministre, tantôt, a affirmé, peut-être a-t-il
erré involontairement, qu'il avait vu
ça, des minibus qui faisaient du transport adapté où il y a une rémunération.
Est-ce que, là, ça veut dire que ça, là, il retire ce qu'il a dit, là?
M. Bonnardel :
Non, ça existe. Ça existe, là.
M. Barrette : Donc, c'est du
transport rémunéré de personnes.
M. Bonnardel :
Bien non, c'est du transport adapté.
M. Barrette : Puis ça, ce n'est
pas des personnes. Ils sont rémunérés... comme c'est adapté, ce n'est pas des
personnes, même s'ils sont rémunérés.
M. Bonnardel :
...transport rémunéré par personne dans un véhicule conventionnel comme on le
connaît, là. C'est du transport adapté que les gens ont...
M. Barrette : Bien, Mme
la Présidente, c'est exactement
ce dont je parle. Alors là, c'est la portée de l'article 1, là. C'est-u juste les véhicules conventionnels? Là, il
nous dit oui. Bien, en tout cas, il ne dit pas oui, mais ça ressemble à
ça. Bien, si c'est ça, ça exclut les minibus, mais il y en a qui le font.
J'ai de la
misère à comprendre ça, là, c'est un projet
de loi, projet de loi, c'est, on va le relire, tout
le monde ensemble : Loi concernant le transport rémunéré de personnes
par automobile. Bon, on ne veut pas dire «véhicule automobile», «automobile», puis là on vient définir
«automobile». Mais l'objet, c'est le transport rémunéré de personnes.
Alors, un transport adapté, ça transporte des personnes et c'est
rémunéré, et il y en a qui sont en minibus, et là ça exclut le minibus. Là, le ministre
dit : Ils ont une loi, eux autres. Oui, bien non, mais la loi, là, c'est
parce que c'est tout le transport rémunéré de personnes par automobile.
M. Bonnardel : Écoutez,
le transport rémunéré par personne... par automobile, là, les chauffeurs de taxi
ne conduisent pas de minibus, là.
M. Barrette : Alors,
Mme la Présidente, je veux juste corriger le ministre, ce n'est pas le
transport rémunéré par personne,
c'est le transport rémunéré de personnes par automobile. Alors là, c'est un
article, l'article 2 nous amène à
3, et 2, c'est la surveillance. Et là la surveillance, c'est de dire qu'on ne
surveille pas les personnes transportées par des véhicules qui sont les
minibus.
M. Bonnardel :
M. le député, je viens de vous le dire. C'est géré par une autre loi.
M. Barrette :
Bien non! Vous m'avez dit que c'était exclu.
• (15 h 30) •
M. Bonnardel : C'est géré par la loi sur le Règlement sur le
transport par autobus, dispositions générales : «Pour effectuer un transport rémunéré de personnes par
[bus] ou minibus, une personne doit être titulaire d'un permis de
transport par autobus délivré par la
Commission des transports du Québec.» Et là je peux vous défiler toutes les
catégories, si vous le souhaitez.
Alors, le transport rémunéré de personnes par automobile, ce sont eux qui le
font, pas les autobus, pas les minibus.
M. Barrette : Mme la
Présidente... consentement de la part
du ministre, je souhaiterais aller au prochain alinéa pour clarifier la patente et
terminer après par l'ensemble de l'oeuvre, s'il y a consentement.
M. Bonnardel :
...au lieu de demander. Pourquoi vous me demandez le consentement?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Bien, je pense que...
M. Barrette :
...je ne veux surtout pas vexer le ministre parce que...
M. Bonnardel :
Bien, voyons!
M. Barrette :
Pour vrai, moi, je m'occupe de son bonheur parlementaire.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député de La
Pinière, je pense que l'article 3 se discute dans son ensemble. Vous
pouvez aller, je pense, d'un alinéa à l'autre, là.
M. Barrette : Mme la
Présidente, c'est très clair qu'on a convenu qu'on y allait alinéa par alinéa.
Alors, moi, j'ai déjà invoqué à
plusieurs reprises de ne pas aller, dans le passé, à l'alinéa suivant parce
qu'on n'avait pas fini l'alinéa en question. Alors, ce n'est pas
compliqué.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Vous demandez d'aller à l'alinéa
suivant même si on n'a pas fini le premier? O.K.
M.
Barrette : Oui, c'est pour ça que je dis : Pour ne pas indisposer
le ministre, est-ce qu'il serait d'accord à ce que? Puis je comprends
qu'il est d'accord.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce que, M. le ministre, vous êtes d'accord
à ce que? Voilà.
M. Bonnardel :
Quand je parlais d'imagination fertile, Mme la Présidente, là...
M. Barrette :
Bon, c'est-u correct?
M. Bonnardel :
Le député peut faire ce qu'il veut, là.
M. Barrette :
Ah! Mme la Présidente, alors j'aimerais revenir à l'article 2. Il l'a dit,
Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...et voté, M. le ministre... M. le député.
M. Barrette : Bien non! Il a dit que je peux faire ce que je
veux. Alors, Mme la Présidente, on va aller à l'article suivant... à
l'alinéa suivant. «Pour l'application du premier alinéa, "véhicule
automobile", "autobus" et "minibus" s'entendent au
sens qui leur est donné par le Code
de la sécurité routière.» Et là le Code de la sécurité routière, C-24.2, il est
dans notre documentation, à la
page 8, qui est à côté de la 9. Et là on décrit le minibus comme étant «un
véhicule automobile à deux essieux à roues simples, équipé d'au plus cinq rangées de sièges pour le transport de
plus de neuf [personnes] — occupants — à la fois ou équipé de dispositifs d'immobilisation de fauteuils
roulants». Ça, vous me dites que ça, c'est leur loi à eux autres?
M. Bonnardel :
Dans le Code de la sécurité routière.
M. Barrette :
Non, non, non. Ce n'est pas ça que j'ai... La question, ce n'est pas écrit là,
là. Alors là, ça, vous me dites, ça,
que, pour ce type de véhicule là, qui est le minibus auquel moi je m'attends,
là, vous nous dites que c'est couvert par une autre loi?
M. Bonnardel :
Exact.
M. Barrette :
Bon, pouvez-vous nous donner la référence?
M. Bonnardel :
Bien, je viens de vous la donner, M. le député.
M. Barrette :
Pouvez-vous me la redonner, d'abord?
(Consultation)
M. Bonnardel :
Allez-y, M. le député.
M. Barrette :
Bon, vous allez me redonner la référence?
M. Bonnardel :
Donc, c'est le règlement, le chapitre T-12, Règlement sur le transport par
autobus, Loi sur les transports : «Section I. Dispositions générales
relatives aux permis.»
M. Barrette :
Alors donc, au moment où on se parle, les sociétés de transport, là, qui ne
transportent pas plus de neuf
occupants à la fois, mais qui transportent des chaises roulantes, eux autres,
ils sont ou ils ne sont pas dans votre loi?
M. Bonnardel :
Si l'autobus...
M. Barrette :
Non, non. Les véhicules qui sont actuellement utilisés, qu'on voit, là,
régulièrement, qui vont d'une maison à l'autre, d'une résidence pour
personnes âgées à l'autre, et ainsi de suite, qui sont des minibus dans
lesquels il n'y a pas neuf personnes, mais
il y a de la place pour mettre trois chaises roulantes, par exemple. C'est ça
qu'on voit le plus souvent, trois
chaises roulantes. Quatre, c'est bien rare, mettons deux, trois. Eux autres,
là, ils ont deux essieux, ils
ont des roues simples, on les voit régulièrement. Eux autres, ils ne sont pas
là-dedans.
M. Bonnardel : Il y a deux différences, M. le député. Vous avez tous déjà vu,
j'imagine... minivan adaptée, qui est gérée, opérée...
M. Barrette :
Eux autres sont dedans.
M. Bonnardel : Eux autres sont dedans. Ça, vous le savez. Vous
avez, de l'autre côté, les minibus, que vous avez peut-être
déjà vus dans votre municipalité
ou que j'ai, chez nous, Ami-Bus, exemple, où vous avez un autobus avec
un nombre de rangées x, où vous avez des
places aussi pour les fauteuils roulants. Alors, tout ce qui est neuf et plus,
incluant les fauteuils roulants, sont régis par le Règlement sur le transport
par autobus
M. Barrette : Comment je dirais ça? Je comprends, là, que le ministre
va trouver que je suis un peu pointilleux, mais question de compréhension, là.
La plupart de ces véhicules-là n'ont pas cinq rangées, ils ont peut-être
une, deux rangées, puis le reste,
c'est un espace pour mettre des chaises roulantes, des fauteuils roulants.
Alors, eux autres, là, ils vont être dans l'autre loi et ils ne seront
pas dans cette loi-là. C'est ça, là?
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette :
Très bien. Je n'ai pas d'autre commentaire.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous n'avez pas d'autre commentaire sur
l'article 3?
M. Barrette :
Non. Ni sur le deuxième alinéa ni sur le premier.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 3? Est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Donc, l'article 3 est adopté. M. le ministre, vous avez
déposé tout à l'heure un amendement
qui était l'article 3.1. Je pense que vous n'avez pas besoin de relire
votre amendement, parce que vous l'avez lu tout à l'heure.
M. Barrette :
...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Pardon?
M. Barrette :
J'ai dit : On est rendus loin, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Non, mais vous l'avez lu tout à l'heure, vous n'êtes pas obligé de le relire.
Donc, est-ce qu'il y a des discussions sur l'article 3.1? Mme la députée
de Mercier.
Mme Ghazal :
Moi, j'ai une question pour le ministre par rapport à ce qu'il dépose. Je suis
allée regarder le Règlement sur les services
de transport par taxi, juste pour voir si c'est la même chose. J'ai vu... Je
sais que vous avez dit «substantiellement», là, c'est ça, que c'est
substantiellement la même chose que ce qui est prévu au paragraphe 3° du deuxième alinéa de l'article 22 du Règlement
sur les services de transport par taxi. Puis je suis allée juste regarder,
puis je veux juste savoir pourquoi il y a
des différences. Par exemple, vous, vous dites : Au moins une personne,
alors que, dans le règlement, c'est
écrit deux personnes. Et aussi, alinéa... c'est-à-dire, elle est équipée, le
point b : «d'un dispositif de retenue, déterminé par règlement[...], servant à immobiliser chaque fauteuil
roulant.» Dans le règlement, on parle de quatre ancrages au plancher. Pourquoi est-ce que ça a été enlevé?
Pourquoi ça n'a pas été repris tel quel, ce qui était écrit dans le
règlement, dans le projet de loi? C'est peut-être des détails, mais je veux
juste savoir pour quelle raison. Il y a peut-être des raisons.
M. Bonnardel :
Pour permettre à... donner la même définition à celui ou celle qui désirait
posséder une van, la transformer, de transformer sa van juste pour une
place au lieu de deux.
Mme Ghazal : Ça fait que, comme ça, il n'y a pas de problème
de sécurité, par exemple, de ne pas avoir quatre ancrages sur le
plancher.
M. Bonnardel :
En réalité, je permettrais... on va permettre à plus de véhicules ou plus de
propriétaires de transformer leurs
véhicules. Il y a quand même des sommes importantes, là, qui sont investies
pour la transformation. Ils les supportent aussi par des crédits comme
tels, des subventions, là. Donc, au lieu de deux...
Mme Ghazal : ...
M. Bonnardel :
Pardon?
Mme Ghazal : Mais sans que ça
affecte la sécurité.
M. Bonnardel :
Non, non, non, pas du tout.
Mme Ghazal : Par exemple,
peut-être pas le une ou deux personnes, mais les ancrages au plancher.
M. Bonnardel :
C'est la même chose. En réalité, qu'on transforme le véhicule pour deux places
ou une place, ce sont les mêmes
règles comme telles. Celui qui transforme le véhicule aura les mêmes règles de
sécurité à appliquer pour un ou pour
deux. Mais, en réalité, on se dit que, si... rendus là, la plupart des
propriétaires vont peut-être y aller à deux pareil, mais, s'ils
décidaient que, pour des questions financières, c'était juste un fauteuil,
bien, ils iront à un fauteuil.
Mme Ghazal : Bien, moi, le point une ou deux personnes me
dérangeait moins pour la sécurité, c'est plus le point b, «d'un
dispositif de retenue, déterminé par règlement[...], servant à immobiliser
chaque fauteuil roulant». Ça fait que, là,
j'essaie d'imaginer ce dispositif-là de retenue, parce que, dans le règlement,
on parle de quatre... c'était très spécifique dans le règlement auquel vous faites référence, quatre ancrages au
plancher. Si ça a été enlevé, c'est parce que... Est-ce que les autres mécanismes... Est-ce qu'il y a
des mécanismes aussi équivalents, en termes de sécurité, pour
ne pas que ça bouge à l'intérieur? Je ne les connais pas, les autres.
M. Bonnardel : Non, mais il va être défini par règlement,
puis on n'ira pas en bas de ce qui était déjà appliqué pour la
construction, ou la sécurité, ou l'ancrage comme tel du fauteuil. On n'ira pas
en bas de ça, là.
• (15 h 40) •
Mme Ghazal : Bien, moi, j'étais contente de voir qu'on amène un point aussi qui est dans le règlement
pour rassurer, parce qu'on reçoit
beaucoup, beaucoup de questions, là, vous aussi, pour le transport adapté.
D'ailleurs, j'avais hâte que vous soumettiez
des amendements sur la question du transport adapté dans le projet de loi. Je
ne sais pas si c'est possible aussi de tous les soumettre pour le
transport adapté. Moi, je reçois même, à mon bureau, des gens. Sachant que je
m'occupe de la question du transport pour le deuxième groupe d'opposition, ils
me disent : Qu'est-ce qu'il faut faire pour le transport adapté? Qu'est-ce que le ministre veut faire? Moi,
j'ai dit que, dans le discours, le ministre a reconnu que ça a été
quelque chose qui a été oublié dans le projet de loi, mais qu'il allait
apporter des amendements.
C'est sûr que
j'aurais aimé les avoir tous en même temps, moi puis les gens aussi que ça
affecte, pour qu'ils puissent être
rassurés de ça. Là, vous nous les donnez article par article. Moi, je... Si
c'est possible de tous nous les donner, ça serait quelque chose de bien pour le bénéfice des gens que
ça va faire une différence. Mais ici, par exemple, je trouve ça donc bien que vous... de voir le premier... qu'il y ait
le premier article en lien avec le transport adapté qui arrive, mais, si
vous avez pris exactement ce qui est dans le
règlement, vous l'avez mis presque tel quel... Sauf ce détail-là, est-ce que
c'est un oubli ou c'est juste... on
n'y a pas pensé ou c'est parce que, justement, on ne veut pas que ça coûte trop
cher, ça fait que ce n'est pas des
ancrages, c'est d'autres mécanismes? Pourquoi ne pas l'avoir pris tel quel
entièrement et de le mettre tel quel au lieu de dire : Bien, cet aspect-là va être défini par règlement,
puisque vous l'avez... vous avez pris la peine quand même de prendre cet
article du règlement et de le mettre dans le projet de loi?
M. Bonnardel :
Mme la députée, soyez sans crainte, là. Quand on parle un dispositif de
retenue, là, on n'ira pas en bas de
ce qui est déjà proposé par le manufacturier pour ancrer solidement un fauteuil
roulant, là. On n'ira pas de quatre à deux ou de
quatre à trois, là. Ce qui se fait présentement sur le marché, parce qu'il n'y
a pas 36 compagnies, là, qui transforment
ces véhicules-là, on n'ira pas en bas de ça. Donc, il n'y a pas à vous
inquiéter, le règlement qui va être écrit, bien, on va reprendre ce qui était déjà fait puis même, si on peut aller
plus loin avec les fournisseurs pour être capable de s'assurer que les nouvelles normes permettraient
d'avoir des ancrages modifiés ou améliorés, bien, on va aller de
l'avant, là.
Mme Ghazal :
O.K. Ça fait que, dans le fond, ce que vous dites, c'est qu'on pourrait le
mettre. On pourrait ajouter ça, «fixé par 4 ancrages au plancher».
On peut le... C'est la même chose.
M. Bonnardel :
Bien, Mme la députée, c'est même impensable d'imaginer qu'on peut aller en bas
de ça, là. C'est impensable, là.
C'est certain que les quatre ancrages, on ne peut pas passer de trois à deux,
là. Oubliez ça, là, c'est impensable. Alors,
c'est sûr que, si les manufacturiers nous disent... parce qu'on va aller
vérifier qu'il y a quelque chose de mieux qui se fait ailleurs, on ira de l'avant aussi pour ça, là. Mais, soyez sans
crainte, là, il n'y a personne qui nous écoute puis qui s'imagine demain matin qu'il va arriver dans un
véhicule transformé puis il y aurait deux points d'ancrage aux extrémités, là.
Mme Ghazal : Il y a d'autres...
Je ne sais pas, parce que ça serait un autre mécanisme, mais, au moment où le
règlement... je ne sais pas il date de quand, qui existe depuis longtemps,
c'était écrit tel quel. Bien, vous avez fait une transcription, mais ça, ça a
été enlevé. Pourquoi vous ne le remettez pas, tout simplement?
M. Bonnardel :
...c'est pour ça. Ça évolue quand même...
Mme Ghazal :
À moins qu'il y ait une raison pour laquelle on ne l'a pas mis, que je ne
connais pas. C'est ça, je ne connais pas ça.
M. Bonnardel :
Le pourquoi on le met par règlement, c'est que vous comprendrez que, si je
l'écris dans une loi, c'est plus compliqué de modifier la loi s'il y a
amélioration d'un processus d'ancrage qui, dans un an ou dans huit mois, est modifié ou changé par une compagnie. Donc,
beaucoup plus simple pour nous, puis autant pour vous que pour le
transport adapté, de se dire, par
règlement... il y a une amélioration faite par un fournisseur X, de le faire
par règlement que de modifier la loi, là. Aussi simple que ça.
Mme Ghazal : O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 3.1? Donc, nous
allons... Est-ce que l'article 3.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Parfait. Donc, M. le ministre,
l'article 3.1 est adopté. Vous pouvez lire maintenant
l'article 4.
M. Bonnardel :
Donc, Mme la Présidente: «Un système de transport regroupe plusieurs chauffeurs
et plusieurs automobiles sous la responsabilité
d'une personne morale qui accepte d'en être le répondant et qui soit exerce les
fonctions de répartiteur et de teneur du registre sur lequel ces chauffeurs et
ces automobiles sont inscrits, soit voit à ce que ces fonctions soient exercées
par des fournisseurs.»
Commentaire.
L'article 4 proposé nous précise ce qu'est un système de transport au sens
du projet de loi, lequel doit s'entendre
d'un système qui regroupe plusieurs chauffeurs et automobiles sous la
responsabilité d'une personne morale qui en serait le répondant. Un tel répondant aurait la responsabilité d'assurer
la surveillance des chauffeurs et des automobiles inscrits auprès de
lui, et ce, dans le respect des obligations et des responsabilités que
proposent de lui confier les dispositions à venir du projet de loi.
Entre autres,
les dispositions du chapitre III proposent de régir de manière spécifique
ce type de système, notamment par l'établissement d'un régime
d'autorisation administré par la Commission des transports du Québec.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Commentaires?
M. Barrette : Question. Ah! tu
veux-tu y aller? Vas-y, vas-y.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça, j'essaie de le comprendre, là.
Comme, j'ai lu cet article-là puis j'ai essayé de comprendre. C'est-à-dire, si je comprends bien, il y a un
système de transport, il y a des répartiteurs, qui remplacent les
intermédiaires actuels, et il y a des
répondants. Ça, c'est comme trois catégories. Juste peut-être... En fait, si
c'est possible juste de nous l'expliquer dans vos mots, parce que, quand
je le lis comme ça, ce n'est pas évident, puis en lien avec qu'est-ce qui
existe en ce moment.
M. Bonnardel :
Exemple, Eva.
Mme Ghazal : O.K.
M. Bonnardel :
Eva, pour prendre l'exemple d'Eva, pourrait devenir un répondant demain matin.
Société de taxi qui se consoliderait
au complet au Québec, je donne un exemple, pour être un répondant, avec, donc,
le registre des chauffeurs, des
automobiles, qu'on devrait... Et là le répondant devrait répondre à la CTQ, à
la Commission des transports du Québec, pas du besoin, mais de l'offre qu'elle propose et comment elle propose
son offre sur l'ensemble du territoire. Alors, ça, c'est ce que le répondant devra faire. Et le répondant,
bien, en lien avec le ministère des Transports, on pourrait faire un
suivi, si on veut, avec le répondant comme
tel. Alors, voilà, le répondant aura à s'assurer des responsabilités en termes
de formation, antécédents judiciaires, des vérifications à faire, un peu
ce que...
Mme Ghazal : ...ce qui se passe
dans les compagnies de taxi?
M. Bonnardel :
Oui, dans une certaine... Comme je vous le disais, il pourrait y avoir, dans
les sociétés de taxi au Québec, je ne
sais pas, moi, il pourrait y avoir deux grosses compagnies ou trois grosses
compagnies qui deviendraient des répondants,
si elles le souhaitent, si elles le souhaitent. Sinon, de continuer de
fonctionner comme on le connaît, par répartiteurs,
aujourd'hui. Ou sinon, bien, fonctionner un chauffeur de taxi en bonne et due
forme qui, je ne sais pas, moi, est à Granby, il fait son taxi à Granby,
mais qui fonctionne par lui-même, ce qui est peu logique, là, dans une certaine
mesure, là, mais il pourrait. Mais, sinon, il utilise le numéro de téléphone du
répartiteur, là, si on veut, de la ville.
Mme Ghazal :
Mais, dans le fond, les... attends, je suis mêlée. Les intermédiaires
là-dedans, ça, parce qu'on dit que...
Là, vous parlez des répondants. Le répondant, puis il y a aussi les
répartiteurs. Ça, c'est une autre chose. Puis les répartiteurs, ça,
c'est comme les intermédiaires actuels?
M. Bonnardel :
Il a moins de responsabilités, lui, là. Lui, le répartiteur, il, oui, il
répartit. C'est pour ne pas dire dispatche, là.
Mme Ghazal : Les deux peuvent
être le même? Les deux peuvent être le même.
M. Bonnardel :
Oui, mais il n'y a pas les responsabilités d'assurances, il n'y a pas les
responsabilités des antécédents, il
n'y a pas la responsabilité de la formation. Alors, c'est de là que le
répondant, qui, face à la demande à la CTQ, va dire : Bien, écoutez, moi, je veux devenir répondant, je
pense desservir l'ensemble du territoire partout, j'ai x nombre de
chauffeurs, et voici comment je vais opérer,
voici la liste de mes chauffeurs déjà, voici la liste des antécédents de chacun
des chauffeurs, les véhicules, tout
ça... Donc, il y a quand même une responsabilité importante, là, quand on
dit : On devient répondant. Et là on a des charges, là, à respecter
face à la CTQ. Et, si on contrevient à ces charges, bien là c'est la CTQ qui va
réagir.
Mme Ghazal :
Mais, après l'adoption de projet de loi tel quel, là, avec cet article-là,
qu'est-ce qui arrive avec les intermédiaires
de taxi? Eux autres, ils deviennent automatiquement des répartiteurs ou des
répondants? Ceux qui ont plus de responsabilités, selon ce que vous
dites, c'est les répondants. Donc, oui...
M. Bonnardel :
Ils ont le choix, Mme la députée. Ils ont le choix de garder le modèle
d'affaires comme ils le connaissent aujourd'hui
ou, sinon, de devenir un répondant, et là d'avoir déjà leur propre flotte, je
vais le dire ainsi. Mais c'est un peu
déjà ça, là, mais avec les charges qui sont énumérées quand on devient un
répondant en bonne et due forme, là. Par exemple, il pourrait y avoir un répondant juste pour l'île de Montréal,
pour les chauffeurs de l'île de Montréal. Si c'était le cas, si... Mais,
s'il y en a, ce seront les répartiteurs déjà sur le terrain qui pourront
définir la suite.
Mais, encore
une fois, c'est là où on revient au modèle d'affaires de l'avenir. Comment on
voit l'industrie du taxi dans le
futur? Est-ce qu'on voit 25 répartiteurs partout sur le territoire, avec
des numéros de téléphone et des applications différentes? C'est ce que je vous disais dès le début. Demain matin,
l'industrie, comment moi, je la vois puis comment je leur ai dit, c'est
de s'unir pour que le touriste ou le citoyen qui veut obtenir un service rapide
soit capable d'avoir une application qui va répondre partout sur le territoire.
Je ne sais pas si vous me suivez, là. Là tu peux avoir...
Mme Ghazal :
Oui, bien, c'est parce que, là, comment vous parlez, moi, je vois Uber, parce
que les gens, partout à travers le monde, sont habitués. Vous donnez
l'exemple d'Eva, mais Uber, eux autres, ils seraient répondants...
M. Bonnardel :
Répondants.
Mme Ghazal :
...avec leur... parce qu'eux c'est leur application. Puis les intermédiaires
actuels, dans le fond, ils pourraient,
s'ils veulent continuer à faire concurrence Uber. Là, vous, vous dites :
Ils devraient se regrouper puis devenir un répartiteur. Ça, c'est ce que
vous leur proposez.
M. Bonnardel :
Répondant à établissement Québec.
Mme Ghazal :
Puis, juste pour comprendre, les intermédiaires, ils ont le choix de venir
répartiteur ou répondant. Puis, s'ils deviennent juste répartiteurs,
donc ils ont moins de charges, de responsabilités?
M. Bonnardel :
C'est ça.
• (15 h 50) •
Mme Ghazal :
Qui, après ça, va s'assurer que ceux qui conduisent respectent les lois puis
que... leurs antécédents, puis la sécurité?
M. Bonnardel :
Un chauffeur qui deviendrait un indépendant seul, va suivre le processus normal
d'aller à la SAAQ avec son permis, nécessairement, faire l'inspection du
véhicule, aller faire sa vérification d'antécédents judiciaires, sa formation, la formation qui sera uniforme partout,
exemple, 15 heures, si c'est la norme. Mais, si, exemple, je ne sais
pas, mais, à Montréal, un répondant
disait : Moi, je veux aller travailler pour un ancien répartiteur X
qui est devenu répondant, puis moi, je lui propose 10 heures de
plus de formation pour des raisons x, bien là c'est mon propre choix d'aller
passer 10 heures de plus où j'ai déjà passé mon 15 heures de
formation minimale. Je ne sais pas si je vous expose bien la différence entre
les deux.
Mme Ghazal : Oui.
M. Bonnardel :
Donc, le répondant a beaucoup plus de responsabilités, doit répondre, face à la
CTQ, à l'offre qu'il propose partout
sur le territoire, tandis que le répartiteur, bien, lui, il répartit. Et, s'il
y a, sous le répartiteur, je ne sais pas, moi, 100 chauffeurs qui
sont... mais ces chauffeurs sont, entre guillemets, des indépendants. Donc,
eux-mêmes vont s'enregistrer, vont faire
leurs propres vérifications, et ils font le travail, mais sous la
responsabilité d'un répartiteur qui, lui, envoie la commande.
Mme Ghazal :
Mais le répondant, répartiteur, ça peut être la même personne, parce que, là,
c'est comme séparé, Eva peut être les deux, ou c'est son système de
transport qui devient le...
M. Bonnardel :
C'est un ou l'autre. Tu ne peux pas être un répartiteur ou un...
Mme Ghazal :
O.K. Parce que de la façon que c'est formulé, on parle aussi d'un système de
transport. C'est quoi, un système de
transport? C'est tout ce que vous venez de m'expliquer ou c'est une troisième
entité? Parce que j'ai l'impression que le système de transport, c'est
comme un...
M. Bonnardel : Le
système de transport, c'est le répondant.
Mme Ghazal : C'est le
répondant.
M. Bonnardel :
C'est le répondant.
Mme Ghazal : O.K. O.K.
M. Bonnardel : C'est pour ça
qu'on dit : «...regroupe plusieurs chauffeurs et plusieurs automobiles
sous la responsabilité d'une personne
morale — morale — qui [en] accepte [d'être] le répondant et
qui soit exerce les fonctions de répartiteur et de teneur du registre
sur lequel ces chauffeurs et ces automobiles sont inscrits...»
Mme Ghazal : O.K. Merci de
m'avoir démêlé ça, mais je vais revenir avec d'autres questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
J'allais aller dans la même ligne, alors je vais y aller. En plus, je vois que
le ministre a un document qu'on a
peut-être déjà eu, mais je ne m'en souviens pas, un beau document, là, avec des
organigrammes, des couleurs. Ça m'a l'air être clair. Puisqu'il se
réfère à ça tout le temps, est-ce qu'il pourrait le déposer?
M. Bonnardel : Je
pense que c'est un document interne, pour moi, ça, M. le député.
M. Barrette : Ah bon! C'est-u le fun rien qu'un peu d'avoir des documents
internes auxquels se référer pour répondre aux questions, qui doit être un
peu plus clair, mais qui nécessite quand même des consultations auprès des
collègues! Imaginez, nous autres, si on
l'avait, comment ça serait le fun! Alors, est-ce qu'il y a quelque chose de... et je
comprends que le ministre ne veut pas déposer son document pour nous
aider à le suivre.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député, vous savez que le ministre a pu avoir des documents
personnels pour éclairer sa pensée.
M. Barrette : Non, non, je ne critique pas ça, je dis
simplement que je comprends que le ministre, donc, ne souhaite pas qu'on partage le document
éclairant dont il dispose.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mais là vous prêtez des intentions.
M. Barrette : Mais non. Bien, écoutez,
Mme la Présidente...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il ne le souhaite pas, ce sont ses documents.
M. Barrette : ...je ne veux pas prêter d'intentions. Je vais
donc poser la question directement :
Est-ce que le ministre voit une
objection à ce que nous partagions le document potentiellement éclairant qu'il
a devant lui? C'est-u correct, ça, Mme la Présidente?
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, savez-vous quoi? Si ça
peut aider le député, là, si ça peut
aider les députés, ça va me faire plaisir de leur donner une copie, là.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous allons
suspendre. Nous allons faire des photocopies et les distribuer à tous
les députés.
Merci, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 15 h 55)
(Reprise à 16 h 05)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, messieurs, mesdames, nous allons rependre nos travaux. Nous
sommes à l'article 4. M. le député de La Pinière, vous avez la
parole.
M. Barrette : Aïe, Mme
la Présidente, je remercie le ministre
de nous avoir accordé la permission de recevoir le document éclairant qui... dont... qui est vraiment
éclairant. Ça n'empêchera pas le débat de se tenir, là, mais je pense
que ça va faciliter notre compréhension.
Alors, pour
que je comprenne bien, là, toujours dans la foulée de ce qui a été discuté
précédemment, là, l'article 4 traite
essentiellement... peut-être pas essentiellement... exclusivement, pardon, mais essentiellement du chapitre III à la page 59 et suivantes.
(Consultation)
M. Bonnardel : ...M.
le député, vous avez un système
de transport, donc, qui est défini par «répondant», comme je vous
l'ai...
M. Barrette : Mme la
Présidente, j'interromps le collègue.
C'est une question d'information, là. Pour qu'on se comprenne, moi, je ne veux pas débattre aujourd'hui du
chapitre III. Je veux juste avoir la bonne compréhension. 4 nous
amène à III, là, bon.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Avant de continuer, j'ai une clarification à faire. M. le ministre, vous avez dit que le
document... on a dit que le document était déposé, ce qui signifie que le
document devient public. Est-ce que vous préférez le mettre juste pour consultation
ou si vous acceptez que le document soit public?
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est important, là.
M. Bonnardel :
Non, consultation pour les députés, non, pour leur gouverne personnelle, là.
M. Barrette : Aucun problème.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : O.K. Alors, tout
le monde comprend que le document
n'est pas public. Allez-y, continuez. Si jamais vous changez d'idée en
cours de route...
M. Barrette : Bon, alors donc, 4 amène à III. Je ne veux pas
débattre de III, mais on comprend que les obligations, là, qui toutes énumérées au chapitre III, les
responsabilités, là, c'est de ça qu'on parle, entre autres, pas
exclusivement, à 4.
Moi aussi,
j'ai de la misère à suivre, là, puis je vais expliquer pourquoi, puis là c'est
des questions que je vais poser, là.
Le système de transport, là, bien, on comprend que ça...
c'est marqué, ça regroupe des chauffeurs et des automobiles sous la responsabilité d'une personne morale, on
comprend c'est quoi, une personne morale, qui accepte d'en être le
répondant et, parce que là, c'est un «et», là, alors le répondant est
obligatoire. On s'entend?
(Consultation)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 08)
(Reprise à 16 h 11)
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, nous allons reprendre nos travaux. M. le ministre ou M. le député, je ne me souviens plus qui avait la
parole, là.
M. Bonnardel : Oui, bien, la question qui était posée était
à savoir, quand on disait, donc, «sous la responsabilité d'une personne morale qui accepte d'en être le
répondant et qui soit exerce les fonctions de répartiteur et de teneur du
registre sur lequel ces chauffeurs et ces
automobiles sont inscrits»... Il peut donc y avoir, exemple,
un répondant, 3 000 chauffeurs de taxi à Montréal, mais, en dessous de ça, il peut y avoir deux
répartiteurs qui ne sont pas, exemple, je donne... Taxi Montréal en haut, là, il pourrait y avoir un Taxi Hochelaga
puis un Taxi Diamond qui sont les répartiteurs et qui tiennent, eux
aussi, le registre... le teneur du registre.
Donc, ce n'est pas obligé d'être le même, mais ça pourrait aussi être le
répondant qui fait le même travail.
Mais ça, c'est... Dans la loi, on permet donc, je ne sais pas si vous me suivez, à une entité, un répondant,
d'avoir des répartiteurs différents de ceux-ci si elle le souhaite. Si elle le
souhaite.
Mais, à la
fin, ce qui est important, c'est d'avoir le registre, le teneur du registre, et
ce répondant va, comme j'ai dit à Mme
la députée de Québec solidaire, répondre face à la CTQ de tout ce que vous avez
dans votre carré, le premier carré à gauche, où on dit : Système de
transport, répondant, à la CTQ, voici les conditions que vous devez répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député.
M. Barrette :
Mme la Présidente, le ministre est allé beaucoup plus loin que la question que
je posais, là. Alors, on va revenir à
ma question, là. Alors, on va appeler un système de transport un regroupement
de chauffeurs et d'automobiles, parce
que c'est «et», qui est sous la responsabilité d'une personne morale. Donc,
dans un système, il y a une personne morale qui, à la base, est un
répondant. C'est oui, là, cette réponse, là.
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette :
Bon, alors, cette personne morale là, c'est une compagnie, mettons. C'est une
personne morale, donc c'est une
compagnie X. Elle est répondante, la compagnie en question. Ce n'est pas un
individu, c'est la compagnie. Et là, là, ce qui est écrit ici, je veux bien comprendre, c'est et une affaire ou
l'autre affaire. C'est ça qui est écrit, là. Parce qu'il n'y a pas de
«ou», mais il y a «soit», ta, ta, ta, «soit». Donc, c'est un «ou» et ça ne dit
pas les deux.
M. Bonnardel : Et
qui soit exerce les fonctions de répartiteur et de teneur du registre.
M. Barrette : Et.
M. Bonnardel :
Les deux.
M.
Barrette : «...soit voit à ce que [les] fonctions soient exercées par
des fournisseurs.» C'est ça qui est écrit. Alors, la personne morale qui
est de la compagnie X, elle fait une des deux choses.
Une voix : ...
M. Barrette :
Bien, pas si elle veut, elle n'a pas le choix, c'est comme ça que c'est écrit.
Ou la personne qui est répondante...
la compagnie X est répondante. Alors là, là, dans le texte, c'est... La suite
dans l'organigramme décisionnel, là, légal,
il y a un répondant qui est autorisé d'être répondant ou non, parce que c'est
un petit peu plus loin dans le projet de loi. On s'entend? Ce répondant-là doit choisir entre répartir, tenir un
registre, point, essentiellement, ou bien donc de voir à ce que ces
fonctions-là soient exercées par des fournisseurs, donc un sous-traitant.
Est-ce que je me trompe?
M. Bonnardel :
...prendre l'exemple d'Eva. Eva, qui est un...
M. Barrette :
Non, je m'excuse, Mme la ministre... M. le ministre... Mme la Présidente,
M. le ministre, restons dans la
théorie et ne prenons pas un exemple d'Eva, parce que, pour moi, ce n'est pas
un exemple. Eva, là, c'est une microcompagnie pour laquelle j'ai beaucoup
d'estime, mais Eva, actuellement, là, ils sont deux, là.
M. Bonnardel : On
va prendre l'exemple...
M. Barrette : Eva, là... Une
compagnie X, elle est autorisée d'être un répondant. Donc, elle est un système
de transport. La compagnie, là, est
répondante, en dessous d'elle, là, il y a une création de système de transport,
et le répondant, lui, là, là, a
l'obligation, dans ce texte-là, d'être, d'un côté, ou bien être répartiteur, teneur de registre ou bien, de
l'autre côté, voir à ce que ces
fonctions, répartiteur et teneur de registre, soient exercées par un
fournisseur, donc un sous-traitant. Moi, c'est comme ça que c'est écrit,
là, que je lis. Alors, expliquez-moi, là.
M. Bonnardel : M. le
député, si on prend l'exemple d'une société qui prendrait forme, qui s'appelle Taxi
Québec, qui a sous son égide
6 000 chauffeurs. Alors, Taxi Québec a le choix, le choix.
Premièrement, il est répondant, il doit répondre des engagements qui sont à votre gauche sur le
document que je vous ai laissé. Après ça, Taxi Québec exerce des
fonctions de répartiteur, exerce aussi le fait de tenir un registre ou bien, ou
bien, le donne à un fournisseur. C'est tout.
M. Barrette :
O.K. Parfait. Alors, on va le redire parce que... pour des questions de clarté.
Je suis sûr que mes collègues apprécient
l'exercice. Alors, on revient à l'arrière. Il y a la compagnie Unetelle. Cette
compagnie-là va passer un test
administratif pour être autorisée à être répondante. Là, à partir du moment où
on l'autorise à être répondante, on devient un système. Ça va? Alors, le fait d'être répondant ou, c'est-à-dire, la
notion de répondant amène des exigences qui sont au chapitre III.
Est-ce que je comprends bien?
M. Bonnardel :
Oui.
M. Barrette :
Parfait. À ces exigences-là, qui sont au chapitre III, obligatoirement
s'en rajoutent deux groupes additionnels, en
fait un groupe additionnel, que le répondant assume lui-même ou sous-traite.
C'est-u correct, ça? Bon, alors, d'où
le «et» après «répondant». Alors, les fonctions additionnelles ou plus
spécifiques, on va dire spécifiques, par-dessus les obligations intrinsèques à la nature de répondant,
ce sont répartiteur et teneur de registre, ça va?, «ou», mais pas les
deux en même temps, évidemment, puisque,
dans l'autre option, c'est délégué, contracté, «whatever», à un sous-traitant.
C'est bon, ça?
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette :
O.K. Alors donc, on comprend... Ah! O.K. Bon, on comprend. On reviendra plus
loin, parce que je n'ai pas à traiter ça ici, là. Chapitre III, là,
il est assez compliqué lui-même, puis la question de la sélection ou l'autorisation d'un répondant, c'est une entité en
soi dans le projet de loi, mais on comprend bien toute la même affaire,
là? C'est correct, là? Parfait.
Maintenant,
ça veut dire que le répartiteur, dans le projet de loi, est le teneur du
registre sur lequel ces chauffeurs et automobiles
sont inscrits. C'est une fonction qui, si le répondant le choisit, devient sous
sa responsabilité. En fait, je m'exprime mal, là. Puis là je vais être un petit peu précis, là. J'essaie de voir
ici s'il n'y a pas un problème avec le transfert de responsabilité.
Alors,
évidemment, le répondant, là, s'il décide d'être aussi répartiteur et teneur de
registres, bon, évidemment que le répondant,
c'est un système complet qui fait toute sa patente. Et, s'il sous-traite la
portion répartition et tenue de registre, où est-ce que c'est écrit qu'il y a une garantie que le sous-traitant va
avoir les mêmes responsabilités légales que le répondant? Parce qu'ici ce qui est écrit, là, je vais le
redire pour que ça soit clair pour ceux qui nous écoutent et ceux qui nous
accompagnent.
La
loi est changée, et, à la fin, il n'y a plus de permis de taxi tels qu'on les
connaît. Il y a un nouveau régime dans lequel
il y a des répondants. Les répondants, ce sont des personnes morales, qui
pourraient être des anciennes compagnies de taxi, mais ça ne peut pas être un individu tout seul, parce que le
ministre, tantôt, a dit qu'un individu tout seul pouvait faire ça, mais, manifestement, je pense qu'il ne peut pas.
On en parlera dans un instant. Il y a une compagnie qui est créée ou qui
existe, qui va aller voir la CTQ, qui va
demander la dénomination de répondant dans le cadre de la loi n° 17. Cette compagnie-là va devoir répondre à des critères de 1 à
x. Si la compagnie ne répond pas aux critères de 1 à x, elle ne sera pas nommée
répondante. Jusque là, ça va?
Par-dessus
ça, ou en sus de ça, la compagnie
répondante va choisir ou non de faire elle-même la répartition et la tenue d'un registre où on inscrit chauffeurs et
automobiles. Pour ces deux éléments-là, elle peut déléguer ça à quelqu'un
x, un sous-traitant. Mais le sous-traitant ici, dans 4, là, on lui demande simplement
de voir à ce que ces fonctions-là soient exercées,
mais ça ne dit pas qu'ils auront la même responsabilité légale, parce que,
là, là, on parle de la répartition. Ça,
ça a des impacts, légalement, qui ne sont
pas nécessairement grands, je dirais, à moins que j'aie... de la répartition,
c'est de la répartition, là.
Maintenant, la tenue du registre des chauffeurs et des automobiles, ça, ça peut
avoir des conséquences. Et là, dans l'article 4, ça ne dit pas qui
a la responsabilité, et à quelles conditions, et ainsi de suite. Ça ne le dit
pas. Puis là, j'ai l'impression qu'on ne me dise pas que ça le dit plus loin.
Alors,
4, là, il a préséance sur tout. 4, c'est la sous-traitance du service, là, de
tenue de registre et de répartition, mais quel est la... Autrement dit, est-ce que le répondant va pouvoir
dire : Ce n'est pas de ma faute, c'est l'autre compagnie à qui on m'a permis de déléguer ces actions-là? Je vois
que le ministre me dit non, mais j'aimerais bien que ce soit plus clair
que ça, sinon j'aurai à un amendement à proposer.
• (16 h 20) •
M. Bonnardel :
M. le député, allez sur votre document. Regardez tout ce qui est votre gauche,
sous «automobile» et sous
«chauffeur». Chaque chauffeur, chaque automobile devront répondre des règles
qui sont indiquées dans les carrés. Tu ne peux pas aller à l'encontre de ça. Tu ne peux pas aller à l'encontre de
ça. Tu dois répondre de ça pour être capable d'avoir ton nom sur le registre d'un répondant. C'est le
répondant, à la fin, qui est responsable de tout, là. Le répartiteur, par la
suite, qui va avoir des conditions établies par la CTQ, lui, fait le travail.
Il ne peut pas dire : Le chauffeur, je ne le savais pas qu'il avait des
antécédents judiciaires, tu es obligé d'aller faire la vérification auprès du
répondant.
C'est
le répondant lui-même qui a la responsabilité. Il ne peut pas exercer puis
dire : Bien, c'est la faute du répartiteur de taxis en bas, parce que c'est lui qui a accepté. Non, si ton registre
t'informe que tu as un chauffeur avec un véhicule x, toi, comme répondant, à la fin, tes conditions
d'exploitation sont indiquées avec entente avec ministère du Revenu,
contrat d'assurance responsabilité, préjudice matériel, contribution
d'assurance à la SAAQ, préjudice corporel et registre des chauffeurs et des automobilistes... des
automobiles, pardon, inscrits. Alors, c'est le répondant lui-même qui est
responsable de tout ça.
M. Barrette :
O.K. Là, je vais inviter le ministre et ses collègues à ne pas me répondre par
le tableau, qui est un résumé. Moi,
ici, là, puis ce n'est pas... c'est simplement pour une raison bien simple, là,
moi, je veux voir que, dans la loi, il est clair que le sous-traitant, à qui on donne la
job de faire la job que le répondant doit faire, va avoir la même
responsabilité. La réponse, ce n'est pas le
tableau, là, ce n'est jamais le tableau. Le tableau, là, c'est un aide-mémoire
ou un outil, pour nous, de compréhension. Ce n'est pas une loi.
Alors, je
sais que c'est à quelque part ailleurs, puis je ne veux pas débattre le «ailleurs»,
mais je veux au moins qu'on m'indique ailleurs qu'il y a ça.
M. Bonnardel : Alors, M. le
député, à la page 65, article 28... à l'article... l'article 4,
point b, point c, point d ou point e...
Des voix : ...
M. Bonnardel :
Page 65, article 28.
Une voix : ...
M. Bonnardel :
Bien, c'est le paragraphe...
M. Barrette : Alors, est-ce que
le ministre peut répéter, là? Parce que, là, j'étais à la chasse au crayon.
M. Bonnardel :
Oui. Donc, à l'article 28, page 65...
M. Barrette : Oui, je l'ai.
M. Bonnardel :
...4°, tout ce que vous avez en dessous de ça :
«b) [...]cas échéant, nom et coordonnées de tout
répartiteur dont elle retiendra les services;
«c) [...]cas échéant, [...]nom [...] coordonnées
du teneur de registre dont elle retiendra les services;
«d) [...]nombre maximal de chauffeurs qui
pourront être inscrits;
«e) [...]nombre maximal d'automobiles — et
par la suite vous avez :
«f) [...]ressources humaines [...] matérielles
qui seront consacrées à la surveillance des activités du système», blablabla.
Une voix : ...
M. Bonnardel :
C'est ça. Alors, s'il y a un sous-traitant, on doit nécessairement le dire, le
mentionner.
(Consultation)
M. Bonnardel :
...M. le député, l'article
75. Vous avez la section «Surveillance d'un système de transport»,
page 161, article 75, si, le cas échéant, le répondant fait
affaire avec un répartiteur ou un teneur de registre dont il retient les
services, vous avez l'article
qui définit sa responsabilité. Page 161, article 75. Comme je le
mentionnais au début, le répondant sera toujours, toujours
responsable du répartiteur, du teneur
de registre, face aux règles ou à la règle... aux règles qu'elle aura
choisies... pas qu'elle aura choisies, mais qui seront définies par la
Commission des transports du Québec, la CTQ.
M. Barrette :
Je pense que ça éclaire la lanterne de tout le monde. Oui? Bon, maintenant, le
ministre a dit... Ça me satisfait
comme réponse pour le moment. On verra à ces articles-là si c'est suffisant.
Alors, vous m'indiquez les garde-fous que je recherchais. Bon, ils sont
là. Parfait.
Maintenant,
là, quand on regarde ça, là, actuellement, puis on ira plus tard, là, dans le
chapitre III, évidemment, c'est plus loin, le ministre lui-même,
là, lui-même, fait référence essentiellement à des gros systèmes. Là, quelqu'un
pourrait conclure que le projet de loi a été
écrit pour Uber, là, mais on ne conclura pas ça, là. Je ne prêterai pas
d'intentions au ministre. Non, non, j'ai dit «on pourrait». Je l'ai dit
au conditionnel. Je n'ai pas dit que c'était ça.
Maintenant, le ministre a aussi dit, dans ses
commentaires, précédemment, avant les pauses, qu'un chauffeur lui-même pourrait devenir... un chauffeur
lui-même, là, il ne deviendra jamais répondant. Il ne peut pas être
répartiteur, teneur de registre, et ainsi de suite. Là, c'est un
commentaire, que je fais, mais je veux avoir le commentaire du ministre. Ça, essentiellement, c'est comme écrit pour tenir
compte, essentiellement, de grands ensembles plutôt que d'ensembles
moyens et petits. Une chose est certaine,
là, un chauffeur propriétaire, lui... puis là je pose la question très
subjectivement, Mme la Présidente : Le ministre a-t-il l'impression
qu'un chauffeur propriétaire aujourd'hui peut devenir un répondant?
M. Bonnardel :
Bien, ce n'est pas ça, le but, M. le député.
M. Barrette : Ah! c'est
correct. Je veux dire, c'est quoi le but?
M. Bonnardel : Le
but, c'est que le chauffeur, qui, comme il existe au Québec présentement, pour
la grande majorité... ces propriétaires sont
des propriétaires uniques et ils auront, donc, à passer au travers de la SAAQ
avec les règles qu'on a établies pour la formation, antécédents
judiciaires, classe 5, qui sont à la page aussi, là... chapitre II, donc à
la page 21.
Alors, tout ce que je vous ai déjà
mentionné pour vérification mécanique, antécédents judiciaires, bien, c'est
la SAAQ qui, à la fin, va délivrer le permis de chauffeur, avec les droits et
avec photo et numéro.
M. Barrette :
Alors... Parce que le régime actuel, il permet un certain nombre de
configurations, là, qu'on... on s'entend,
là, configurations au sens où un système de répartition peut répartir à des
automobiles qui sont sous l'égide de propriétaires,
au pluriel, d'automobiles. Est-ce que je peux comprendre que le ministre
réalise tout à fait clairement que, comme... De la manière que c'est
décrit là, ça nous amène automatiquement à des grands ensembles. Le
propriétaire actuellement de 20 permis,
là, mettons, lui, quand il arrive là-dedans, il n'arrivera pas là-dedans, là.
Il n'y aura jamais un système de 20 permis, là, parce que, là, ça,
c'est une affaire qui est dessinée pour des grands ensembles, là.
M. Bonnardel :
M. le député, cela ne change rien à la dynamique du modèle d'affaires des taxis
au Québec aujourd'hui, là. Ce n'est pas vrai
qu'il y a 6 200 quelques propriétaires, demain matin, c'est 6 200
quelques propriétaires, dont près de
90 % sont des propriétaires uniques. S'ils souhaitent s'unifier, bien, ils
le font déjà, là, sous l'égide d'un répartiteur à Montréal,
majoritairement à Québec, peut-être ailleurs. C'est à eux de décider le modèle
qu'ils vont choisir. Ils peuvent garder le
même modèle, là, même modèle d'affaires qui existe présentement, sans devenir
un répondant. Ils ne sont pas obligés.
Ils ne sont pas obligés. Le répartiteur, il suit les règles vis-à-vis la CTQ
qui sont demandées. Et, sinon, le modèle d'affaires comme on le connaît, ce n'est pas de rendre ça plus lourd
pour l'industrie du taxi, là. Le chauffeur indépendant reste indépendant et il suit... il va chercher ses... il
suit les règles comme mentionnées, et c'est tout. Il continue le travail
comme il faisait avant.
• (16 h 30) •
M. Barrette :
Le ministre, sur le commentaire dit à
l'oreille par ses collègues, il dit : C'est comme avant. O.K. Bien, moi,
je pense que ce n'est pas comme avant, parce que
là, là, il dit : Bien c'est comme maintenant, il va se mettre sous un répartiteur. Oui, mais là c'est parce que, là,
moi, il me semble que, là, il y a comme... d'abord, il ne sera jamais
répartiteur, le système, actuellement, là. Tous ces gens-là doivent se
retrouver sous un parapluie, on va dire, administratif, qui est celui du
répondant.
M. Bonnardel : Qui va relever de la SAAQ, comme je vous le
mentionnais, là. C'est la SAAQ qui va définir, qui va donner, excusez le terme anglo, le «pocket number»
qu'on connaît, la photo et le numéro d'autorisation de la SAAQ qui vont
lui être donnés. C'est tout.
M. Barrette : Mais, une chose est certaine, un petit ensemble,
il est très peu probable, et je dirais même que ça n'arrivera tout simplement pas, qu'il
puisse devenir un système de transport. Un propriétaire, là, de
20 permis ne sera jamais répondant compte tenu des obligations
qu'on va voir plus loin, là.
M. Bonnardel : Il peut le devenir, un répondant, s'il le
souhaite. Il dit : Moi, bien, je serai répondant. Dans une région
qui est les Laurentides, il y a 50 chauffeurs qui se sont unis sous
l'égide de la société XY. Est-ce qu'il pourrait le faire? Absolument. Est-ce qu'ils sont obligés de le
faire? Non, non, parce que le modèle que vous connaissez dans votre
région, que je connais chez nous, il peut rester le même. Il n'y a rien qui
change, là. Il peut rester le même.
M. Barrette :
Je n'ai pas d'autre commentaire sur 4.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
On est toujours sur l'article 4, n'est-ce pas?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui.
M. Arseneau :
Moi, je me demandais pourquoi, juste à des fins de clarification, on n'avait
pas défini, dans les articles subséquents, la notion de répondant. Parce
qu'en réalité on décrit, à l'article 4, ce qu'est un système, on glisse le
mot «répondant» et ensuite on n'en parle
pas, je ne l'ai pas vu du moins, alors qu'on définit ce qu'est un chauffeur, ce
qu'est une automobile, ce qu'est un
répartiteur, et le terme qui revient le plus souvent dans nos discussions et
dans le tableau, c'est le mot «répondant».
Alors,
moi, je vous propose qu'on définisse ce qu'est un répondant et ses fonctions
pour des fins de clarification pour les
gens qui nous écoutent et pour éviter que, chaque fois qu'on regarde la loi,
qu'on en discute comme ici, là, une demi-heure pour savoir ce que ça veut dire, un répondant, est-ce que c'est la même
chose qu'un système. On associe le système au répondant, mais il me semble que le répondant devrait avoir sa propre
définition dans un projet de loi comme celui-là. C'est ce que je vous
proposerais pour clarifier puis permettre d'avancer un peu.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le ministre.
M. Bonnardel :
Je comprends, M. le député, votre questionnement. C'est pour ça que je vous ai
donné le document qui définit «système de transport», «répondant». Comme
je vous le mentionnais, est-ce qu'il y aura trois répondants, deux, cinq au Québec le lendemain de l'adoption de
cette loi? Ça dépend du modèle d'affaires que certains voudront utiliser
et des demandes de la CTQ face au respect de
devenir un répondant comme tel. Sinon, comme je le mentionnais, le
modèle d'affaires qu'on connaît au Québec présentement pourrait rester le même
pour 95 % de l'industrie.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député.
M. Arseneau :
Oui, mais, en fait, la question n'est pas de savoir combien il va y en avoir et
si les gens choisissent ou non d'être
répondant. Ce que je veux simplement dire, et en toute bonne foi, là, je vous
propose qu'on définisse le terme «répondant»
en évoquant un peu quelles sont les fonctions, ce à quoi on s'attend d'une
personne morale qui accepte d'être le répondant
d'un système. J'ai l'impression que l'article est écrit un peu à l'envers et
entraîne la confusion. C'est simplement ça que j'essaie de dire. On
pourra en faire une proposition, éventuellement, d'amendement, mais il me
semble que cet article-là mène à la
confusion plutôt qu'à une plus grande compréhension de la façon dont il est
rédigé. Il est plus complexe que la réalité qu'il veut décrire, ce qui
me semble un petit peu décevant. Alors, voilà.
Des voix :
...
M. Bonnardel :
...comme je l'ai mentionné au député de La Pinière, le chapitre III, à la page 59, bon,
l'article 26 définit les autorisations
d'un système de transport, qui sont un répondant. À la page 161, vous avez
les obligations d'un répondant. C'est le chapitre V au complet, avec ce
qu'on demande au répondant de respecter, où il sera responsable nécessairement
des dispositions qui lui incombent face aux chauffeurs, face aux automobiles,
qui sont inscrites, des propriétaires qui
doivent respecter les demandes, là, antécédents judiciaires, vérifications de
véhicule. Je ne sais pas si ça vous
aide, là. Donc, 161, chapitre V, «Obligations des répondants», vous en avez
pour quelques pages, puis chapitre III.
M. Arseneau : Bien, je comprends, M. le ministre, mais, dans la même logique, on décrit aussi abondamment ce qu'est une automobile. À la page 43, là, on définit d'abord, à
l'article 8 : «Est une automobile qualifiée celle qui, selon
le cas», blablabla. Et un peu plus loin, section II, «Automobiles»,
article 19, puis là on y va de façon plus détaillée. Là, je vous demande
simplement de faire la même chose pour les répondants.
Je
sais que, plus tard, on va, de façon plus explicite, définir les obligations
des répondants. Je vais terminer là-dessus, mais, à des fins de compréhension de M., Mme Tout-le-monde qui prend
connaissance du projet de loi, il me semble qu'on devrait glisser un article qui complète
l'article 4 et qui vient dire, de la même façon qu'on définit ce qu'est un
chauffeur... On sait tous ce qu'est un
chauffeur. On sait à peu près tous ce qu'est une automobile. Le mot «répondant»,
il est plutôt vague, puis chacun peut
en faire son interprétation. Si, comme législateur, on définissait ce qu'on
entend ici d'entrée de jeu, dans le projet de loi, comme un répondant
puis qu'ensuite on l'explicite plus tard, il me semble que ce serait une
approche qui serait peut-être logique. Voilà.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Mais je suis d'accord aussi que peut-être de l'écrire différemment, de le
définir, c'est-à-dire : «Un répondant s'entend par, etc.»,
peut-être le reformuler... Puis moi, j'ai juste une question plus fondamentale.
Je regarde l'actuelle loi sur les taxis, et
on parle d'intermédiaire. Et là le mot, évidemment, il a disparu totalement,
puis ça a été remplacé par «répondant-répartiteur».
M. Bonnardel :
«Répartiteur».
Mme Ghazal : C'est «répartiteur». O.K.
Puis le répondant, ça, c'est quelque
chose qui n'existait pas avant,
donc. O.K. Est-ce que vous pouvez juste nous expliquer pourquoi? Est-ce que
c'est, de façon... comme dans le fondement. Pourquoi? Est-ce que
c'est pour permettre aux nouveaux joueurs de venir, parce que,
sinon, dans l'actuelle loi, ils n'avaient pas de place, puis c'est... Est-ce que c'est ça, la
raison, fondamentalement? Pourquoi ne pas avoir gardé... avoir ajouté
ça? C'est pour que les nouveaux joueurs comme Eva, parce que vous ne
voulez pas dire Uber, vous préférez dire Eva, on va prendre l'exemple d'Eva, est-ce que c'est pour
permettre aux nouveaux joueurs de rentrer? Puis de nous expliquer comment
est-ce que ça peut les aider, le fait d'enlever «intermédiaire», juste pour
comprendre, simplement.
M.
Bonnardel : Honnêtement, c'est seulement pour permettre à
n'importe quelle entité qui possède un nombre... ça peut être 20, là, ça peut être 100, ça peut être 2 000, ça peut
être 3 000, ça peut être Lyft, ça peut être Eva, ça peut être Uber, ça peut être une société de taxi à Montréal
qui s'unifie elle-même puis qui s'appelle Taxi Montréal, Taxi Québec, ou
ça peut être une entité globale partout au
Québec qui va tenir, hein, comme je l'ai mentionné, un registre, véhicules,
chauffeurs, qui va répondre des demandes spécifiques que la CTQ va lui
demander. Et là ce n'est pas obligatoire, mais, pour nous, c'était important de se dire : Si vous allez
à la... à votre réflexion de devenir un répondant, bien là vous devez répondre
à ça, ça, ça. Si vous n'allez pas de ce
côté, de répondant, puis que vous restez majoritairement des chauffeurs
indépendants, bien là vous avez à répondre directement
à la SAAQ des règles spécifiques qui sont écrites dans la loi, mais qui
existent déjà, mais qui ont été
modifiées dans une certaine mesure pour faciliter, si on veut, la suite des
choses pour une grande majorité de chauffeurs de taxi, qui sont des
propriétaires uniques.
Mme Ghazal :
Puis, dans le fond, vous dites répartiteur, mais, dans le fond, c'est la même
chose qu'intermédiaire.
M. Bonnardel :
C'est ça.
• (16 h 40) •
Mme Ghazal : C'est
quoi les différences entre ce qu'un intermédiaire était dans la loi actuelle
puis «répartiteur» dans le projet de loi? Pourquoi vous n'avez pas gardé
le même terme, vu que les gens... Parce que, là, il y en a qui disent : Bien là on va disparaître, on va
partir. C'est quoi, la transition? On devient automatiquement un répartiteur?
Là, vous avez dit que non, vous avez le
choix entre... d'être... un intermédiaire, aujourd'hui, qui existe peut devenir
un répondant, ou un répartiteur, ou
les deux. Mais pourquoi ne pas l'avoir gardé tel quel? Parce que, c'est ça, les
gens qui sont intermédiaires, peut-être qu'ils se posent la question
puis ils sentent que...
M. Bonnardel :
Dans la loi, le répartiteur... l'intermédiaire, ça se lisait comme suit :
«[Un] "intermédiaire en services de
transport par taxi", toute personne qui fournit, par tout moyen, à des
titulaires d'un permis de propriétaire de taxi ou à des titulaires d'un permis de chauffeur de taxi
des services de publicité, de répartition de demandes de service de
transport par taxi ou d'autres services de même nature.» Le répartiteur va
faire la même chose si...
Mme Ghazal :
Donc, on aurait pu les appeler «intermédiaires»?
M. Bonnardel :
Bien, peut-être. Regardez, là, il y a des services de publicité.
Mme Ghazal :
Parce que ce n'est pas, quand même, les mêmes responsabilités vu qu'il y avait
des permis, puis là il y en a plus.
M. Bonnardel :
Ça va dépendre du modèle que le répartiteur va vouloir avoir avec ses
100 chauffeurs ou ses 150 chauffeurs
qu'il a là, présentement, sous son égide. Ça, ça... Le modèle qu'eux vont
définir... Comme je le disais tantôt, exemple,
juste pour la formation, si le répartiteur décide qu'on offre une formation de
10 heures additionnelles après avoir passé celle de 15 heures, «as you wish», là, je le dirais ainsi,
là. Si le répartiteur, il dit : Bien, nous, on va former nos
chauffeurs 10 heures de plus parce que
c'est Montréal, parce que c'est le Vieux, parce que c'est ci, c'est ça, O.K.,
nous, on ne va pas intervenir. On va intervenir
sur un cadre légal qui va dire : Il faut passer au travers de ça. Par la
suite, bien, ce sera... Le répondant,
bien, c'est la même chose. Le répondant, s'il veut offrir une formation
additionnelle, c'est lui qui va... c'est à eux de définir.
Mme Ghazal :
O.K. Puis, dans l'article, on dit... c'est-à-dire le «soit», là, qu'on parlait
tout à l'heure, puis que ça soit
exercé par des fournisseurs. Des fournisseurs, c'est comme des sous-traitants,
concrètement? Moi, j'aime les exemples, là. Je suis plus terre à terre. Ça fait que, si vous pouvez me donner un
exemple. Qu'est-ce que vous voulez dire? Si vous prenez Uber, Lyft ou Eva, concrètement, un fournisseur,
un sous-traitant, c'est quoi? C'est comme... C'est un peu comme pour
dire les travailleurs autonomes, là, qui vont travailler à leur compte, c'est
ça, qui ne sont pas des salariés?
M. Bonnardel :
Si Montréal s'unifiait sous Taxi Montréal, m'as reprendre ça, l'exemple...
Mme Ghazal :
...vous partez Taxi Montréal.
M. Bonnardel :
Taxi Montréal, 3 000 chauffeurs, exemple, 3 000 chauffeurs
puis deux répartiteurs, Taxi Hochelaga, Taxi Diamond, ils en ont 1 500 chaque. Bien, eux, c'est les
répartiteurs, ils tiennent le registre aussi, et Taxi Montréal pourrait devenir répondant. Taxi Montréal pourrait
dire : Moi, demain matin, j'en ai 3 000, je suis un répondant puis je
vais définir le marché comme je le
souhaite. Alors, si ça vous tente de venir chez nous, bien, vous êtes sous
l'égide de Taxi Montréal. Bien, ça ne
veut pas dire que lui, à côté, ne peut pas être un taxi indépendant,
fonctionner tout seul, ce qui est un petit peu plus difficile, mais là,
de se faire héler un peu partout...
Mme Ghazal :
Mais donc le fournisseur ou le sous-traitant, ça serait les compagnies que vous
venez de nommer. C'est-à-dire, on a
Taxi Montréal, répondant, puis, quand vous dites : Il donnerait la
responsabilité de tenir le registre à des fournisseurs, c'est là que ça serait
les intermédiaires actuels.
M. Bonnardel : Taxi Hochelaga, Taxi Diamond.
Mme Ghazal :
O.K. Mais, par exemple, si je prends les nouveaux joueurs, Uber, et tout ça,
leurs sous-traitants... C'est-à-dire
qu'eux devraient tenir un registre où leurs sous-traitants... c'est eux qui
auraient cette responsabilité, puis leurs sous-traitants, ça serait
leurs travailleurs autonomes, comme ils les appellent, parce que ce n'est pas
des salariés.
M. Bonnardel :
Ça, c'est dans la théorie. Lyft, ou Uber, ou Eva pourrait avoir une autre
personne morale ou un sous-traitant qui travaille pour eux. Ça, c'est en
théorie, là.
Mme Ghazal :
...des individus?
M.
Bonnardel : Bien là, celui qui va tenir le registre pour
Uber, Lyft ou Eva, bien là il faut être quand même bien équipé, j'imagine, pour répondre aux demandes de
la CTQ face à la signature d'un répondant. Et ça vient avec toutes les responsabilités qu'on a énumérées dans la loi, qui
définissent des répondants. Mettons un sous-traitant, exemple, mais
c'est toi le responsable à la fin. C'est un
peu la question du député de La Pinière tantôt. Tu ne peux pas dire : Ah!
non, c'est la faute du répartiteur ou c'est la faute du teneur de
registre. On l'avait oublié, lui. Non, non, c'est défini dans les règles.
Mme Ghazal :
O.K. Ça fait que je réitérerai le fait que, oui, c'est extrêmement difficile à
lire puis à comprendre puis ça crée beaucoup de confusion. Vraiment, il
y a lieu de le réécrire différemment, plus simplement. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
Oui. Mme la Présidente, là, j'en perds mon latin puis je pense qu'il y en a
beaucoup qui perdent leur latin. Le
ministre dit, là, que, demain matin, là, c'est la même affaire pour tout le
monde dans l'industrie. Bien non! Ce n'est pas la même affaire, là. Ce n'est pas la même affaire. Le propriétaire
de permis de taxi qui vit avec ça, là, hein, son permis a une valeur, la location de ses voitures a une
valeur, il la perd parce que ça, là, ça va s'en aller, en quelque part, au
répondant. Il ne l'a plus, ce pouvoir de rémunération là, là, le propriétaire,
là. C'est impossible. C'est impossible. Ça s'en va au répartiteur... pas au
répartiteur, mais au répondant.
Le ministre
a dit, quelques instants, puis j'ai peut-être mal compris puis je vais lui donner la possibilité de se reprendre, là, si j'ai
mal compris, ou de m'expliquer ce que je n'ai pas compris, il a dit : Le
répartiteur, là, il va donner la formation, puis le répondant, libre à lui d'en demander plus. Bien, c'est parce que,
moi, un répartiteur, d'après ce que je
comprends de la loi, il fait
de la répartition, il ne fait pas la formation.
M. Bonnardel : Le répondant va définir lui-même s'il souhaite
former de façon additionnelle ses chauffeurs. Si le répartiteur devient un répondant, ce qui est
possible aussi, ça pourrait arriver sous l'exemple que j'ai donné tantôt,
Taxi Montréal, exemple, lui aussi pourrait définir de former de façon
additionnelle, s'il le souhaite, ses chauffeurs.
M. Barrette : Alors là, on ajoute à la confusion, parce que,
dans la phrase de la loi, ce que je lis, c'est : Le répondant est aussi un répartiteur s'il le choisit. Ce n'est
pas un répartiteur qui devient un répondant. 4, c'est écrit tel quel, là :
Un répondant choisit d'être un répartiteur lui-même ou de sous-traiter à un
répartiteur. Moi, le répartiteur à 5, là, c'est un «dispatcher», il répartit
les appels. Alors, un répartiteur ne donne pas de formation puis il ne devient
pas un répondant. C'est l'inverse.
M. Bonnardel : Oui. M.
le député, il y aura
peut-être deux répondants, un répondant, trois répondants
au Québec. La majorité des chauffeurs de taxi, propriétaires d'un seul
permis, c'est 90 % du lot québécois, à peu près. Pour eux, le lendemain matin, il y en a qui fonctionnent de
façon indépendante à Montréal, seuls, il y en a d'autres qui fonctionnent
sous l'égide d'un répartiteur. Ce sera le
modèle d'affaires qu'eux vont définir le lendemain de l'adoption de la loi.
C'est eux qui vont décider. Est-ce
qu'un tel souhaite s'unifier avec l'autre pour devenir un répondant? Est-ce
qu'il y a un avantage? Ce sera à eux
de le définir. Sinon, pour la grande majorité, il n'y a rien qui change le
lendemain matin, là. Il n'y a rien qui change, là.
M. Barrette :
Alors, il n'en reste pas moins que le ministre, Mme la Présidente, a dit une
chose et son contraire, là. Le
répartiteur ne devient pas répondant, pas automatiquement, pas pantoute. Le
répondant est lui-même un répartiteur ou bien il sous-traite la partie répartition. Puis la répartition, c'est de la
répartition. 271-1111, là, ça, c'est Champlain à Montréal, ton adresse,
tu as un véhicule. Ça, c'est la répartition. Ça ne donne pas de la formation,
sauf celle de répartition.
Maintenant, quand on dit détruire le modèle
actuel, là, bien, c'est ça que ça fait par définition, le ministre nous l'explique clairement. Le modèle actuel, qui a une
valeur sur le permis et le transfert de permis, et ainsi de suite, la
location d'autos, ça tombe parce qu'il n'y a
plus de permis. Ça tombe, il n'y a plus de permis. Alors là, ce n'est pas
compliqué, là, il y a une autorité
morale qui devient le répondant, qui choisit d'être en même temps répartiteur
ou non avec leurs obligations.
Je vais poser
une question simple, Mme la présidente, au ministre. Quand je regarde ça, là,
le répondant, est-ce qu'il ne fait pas essentiellement la job actuelle
de la SAAQ et la CTQ?
M. Bonnardel :
...le député, le répondant a une série de règles à respecter face à la CTQ
pour, à la fin, avoir des conditions
d'exploitation. S'il ne répond pas des engagements ou des mesures définies par
la CTQ, comme indiqué sur le document, à la fin, tu ne peux pas
exploiter.
M. Barrette : Mais ces exigences-là, actuellement, là, elles sont assumées par la SAAQ et la CTQ, non? Oui ou non,
c'est la question que je pose.
M. Bonnardel : Non, mais tout chauffeur, tout chauffeur
propriétaire d'une automobile, doit obligatoirement passer à travers des inspections, des vérifications d'antécédents avant d'aller
donner son nom à un répondant. Ça, c'est indéniable, là. Tu ne peux pas dire : Écoutez,
je veux faire ci, je veux être chauffeur demain matin puis je ne passe pas à
travers des règles. C'est impensable.
C'est impensable parce que, dans les règles que la CTQ va définir, tout
comme la SAAQ, bien, obligatoirement,
vous devez avoir ça, ça, ça pour obtenir votre permis, votre délivrance d'un document
qui atteste le fait que vous devenez un répondant et que vous répondez
aux règles complètes définies par la CTQ.
M. Barrette : On dit la même chose avec un bout de phrase
différent. Aujourd'hui, un chauffeur propriétaire... Le ministre
nous dit que la majorité des propriétaires sont des chauffeurs eux-mêmes. Aujourd'hui,
ils vont montrer patte blanche pour ce qui
est des exigences à la CTQ et/ou à la SAAQ. Là, ils vont faire la même affaire,
mais chez le répondant. Donc, le
répondant devient un intermédiaire qui fait la job de l'autre, mais avec un
pouvoir très important, parce que,
là, c'est là que ça se passe, là.
• (16 h 50) •
M. Bonnardel : On ne peut pas prévoir ce que fera l'industrie du
taxi, M. le député. La majorité de
ces chauffeurs de taxi sont
indépendants, indépendants. Il y en a d'autres qui fonctionnent sous l'égide,
il y en a qui fonctionnent avec la... j'allais dire la double application.
Il y en a qui font du taxi, qui font du Uber aussi et qui faisaient du Eva.
Alors, ça, ce
modèle comme tel, demain matin, il ne changera pas. Les règles que je vous
expose sur le document sont sévères, le chauffeur doit les respecter. Et
il ne veut pas dire que, dans l'industrie du taxi demain matin, que, soudainement, il va apparaître un répondant de
l'industrie du taxi. Ils ne sont pas obligés, là, ils ne sont pas obligés.
Ça peut être encore des répartiteurs qui
auront une liste de chauffeurs, 100, qui vont obligatoirement être passés au
travers, donc, des inspections et des règles demandées par la SAAQ.
M. Barrette : Bien non, Mme la Présidente. L'article 4
dit que le répondant, soit il est lui-même répartiteur, soit il sous-traite. S'il sous-traite, ça ramène un
répondant. Il ne peut pas, le taxi actuel, là, dans l'article 4,
faire affaire juste avec un répartiteur, il ne peut pas.
M. Bonnardel : Un chauffeur de taxi, il peut fonctionner de
façon indépendante. Ça, c'est... ça peut être son modèle. Il peut fonctionner avec un répartiteur. Il est
certain que, pour lui, être sous l'égide d'une entité X parce que l'application mobile lui permet d'avoir plus de courses, c'est
là le grand défi, demain matin, de l'industrie, de se définir sous l'égide
d'un chapeau x pour être disponible sur le téléphone cellulaire ou bien de
fonctionner avec différentes entités comme on les connaît au Québec, un peu
partout, présentement.
Ce que je
persiste à dire, c'est qu'il faut faciliter la tâche du touriste, du Québécois
qui se promène un peu partout et qui
a besoin d'une application, une seule, qui va amener... Que je sois à Saguenay, que je sois à Granby, que je sois à
Québec, si je veux un taxi du Québec, j'ai l'application et je l'ai
immédiatement.
M. Barrette :
On mélange, Mme la Présidente, encore les choses. Alors, je vais poser la
question plus précisément : Un chauffeur qui veut avoir accès à un
service de répartition peut-il ne pas être sous l'égide d'un répondant? À 4, la
réponse, c'est non.
M. Bonnardel :
Bien, il n'y aura peut-être pas de répondant sous l'égide d'une société de taxi
au Québec, puis ça, vous ne pouvez pas le savoir, puis je ne peux pas le
savoir non plus.
M. Barrette :
Mme la Présidente, j'ai posé une question claire. Je vais aider le ministre.
Quelqu'un qui veut juste faire du Uber, Uber, là, ce n'est pas sûr qu'il
y a un système de répartition, il y a une application. Bon, bien, quelqu'un,
lui, qui veut — ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 15 secondes.
M.
Barrette : ...malheureusement — quelqu'un qui, lui, là — puis on y reviendra pareil — lui, veut être dans un système où il
y a de la répartition, telle qu'on la connaît, doit être sous l'égide d'un
répondant.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Je veux juste valider si j'ai bien saisi ce dont il était question dans les
dernières minutes, à savoir que le
chauffeur peut volontairement se placer sous l'égide d'un répondant à travers
un système mais peut aussi demeurer indépendant. Vous dites : C'est
déjà possible de le faire.
Donc, on peut
avoir toutes les autorisations, avoir un permis de chauffeur de taxi, tel qu'il
est décrit là, sans avoir de répartiteur et sans avoir de service de
répartition ni de répondant. C'est bien ça, hein?
M. Bonnardel :
...
M. Arseneau : Donc, c'est possible de le faire. Je comprends
aussi que la différence avec la situation actuelle, c'est qu'il y avait un plafonnement dans le nombre de permis qui étaient
disponibles par zone d'agglomération. Donc, évidemment, tout ça tombe, selon le projet de loi, ce qui fait que M., Mme Tout-le-monde, dans une région donnée,
peut, en suivant les règles auprès de
la SAAQ, s'il répond aux conditions et paie les droits prévus, qui vont être
inférieurs à la situation aujourd'hui,
puis qu'il n'y a pas de... bon, pourrait
avoir... Donc, théoriquement, si c'est en vogue, les gens pourraient décider,
plusieurs... en fait, quantité de personnes
pourraient décider de devenir chauffeurs de taxi indépendants, et ne pas avoir
à répondre ou à être sous l'égide d'un répondant, et ne pas avoir non
plus à faire affaire avec Uber ou les autres.
M. Bonnardel :
Vous avez compris.
M. Arseneau : C'est
ça. Donc, ce qui veut dire... Parce
que je viens tout juste de le réaliser, parce qu'on a souvent parlé du fait que les gens qui oeuvrent dans l'industrie
du taxi aujourd'hui allaient faire face à de nouveaux joueurs
qui seraient vraisemblablement sous l'égide
d'un autre grand système, avec tablettes, et ainsi de suite, mais ce que je
comprends maintenant, c'est qu'ils pourraient aussi faire face à une augmentation du nombre de détenteurs de permis de taxi traditionnels qui pourraient oeuvrer comme indépendants
strictement à leur compte, avec leur numéro de téléphone, et en se
promenant là où il y a présumément des clients et se faire héler pour justement
offrir leurs services. C'est bien ça? C'est possible?
M. Bonnardel :
Exactement, M. le député.
M. Arseneau : D'accord. Donc,
ça augmente le nombre de... théoriquement, si cette hypothèse-là s'avère, il
peut y avoir à la fois des chauffeurs de taxi traditionnels sous un système,
les autres chauffeurs qui dépendent de certaines plateformes qui les
répartissent et des indépendants qui sont aussi dans le décor. Parfait.
Est-ce qu'un indépendant... il n'y a pas de
limite, j'imagine, ou il n'y a pas de contrainte à ce qu'un indépendant soit
aussi, à ses heures, sous l'égide d'un système comme Uber, par exemple. On peut
faire, par exemple, du taxi indépendant sans répartiteur la semaine et faire du
taxi pour Uber, en fait, du transport de personnes pour Uber la fin de semaine.
C'est possible.
M. Bonnardel : M.
le député, assurément, je vous l'ai dit tantôt, il y a 732 municipalités, plusieurs
régions où on n'atteint pas le quota. Il est certain, en tout cas, je le
souhaite, qu'on soit capable de répondre de cette problématique avec ça. Il est
possible, dans une région x, qu'un chauffeur décide de travailler x nombre
d'heures et qu'il y ait un autre qui dit : Moi, je vais faire
10 heures de plus puis je serais peut-être sous l'égide d'un répondant,
Lyft, Uber ou Eva, peut-être. Il peut faire les deux. Il peut faire les deux.
Il peut faire les trois, avoir toutes les applications, s'il le souhaite, mais
il doit répondre des règles de la SAAQ pour s'assurer qu'avant de mettre le
lanternon, bien, il est passé au travers des règles spécifiques qui sont
définies par la SAAQ elle-même. Mais le défi, c'est peut-être une question
encore de... je vous le disais tantôt, d'offre et de la demande.
Si le service est adéquat dans une région x,
bien, c'est un défi de se dire : O.K., je passe, je vais chercher... je
passe au travers des règles puis je vais chercher ce qu'on me demande. Je mets
le lanternon puis je fais du taxi un samedi soir seulement, bien, il faut... ça
prend de la volonté pour se dire : Je fais juste ça quatre heures par
jour... pas par jour, mais par semaine. C'est l'offre et la demande qui va
définir, selon certains endroits, mais le défi, c'est de répondre des territoires
orphelins qui n'ont personne.
M. Arseneau : C'est ça, mais,
dans les territoires, M. le ministre, où on a déjà un service qui arrive à
peine à joindre les deux bouts avec, disons, deux compagnies de taxi qui ont
chacune une voiture, lorsqu'on a un projet de loi comme celui-là qui est
adopté, ils vont nécessairement... bien, enfin, probablement faire face à la
concurrence là où il y a un peu de volume, exemple autour de l'aéroport, autour
du port ou ailleurs les soirées de spectacle, faire concurrence, donc, à
d'autres indépendants qui vont pouvoir avoir leur permis de façon beaucoup plus
libre et ouverte et à Uber ou aux autres plateformes, n'est-ce pas? C'est
possible.
M. Bonnardel : M.
le député, qu'est-ce qui vous dit que ces chauffeurs de taxi, présentement, ne
feront pas du Lyft ou du Uber en même temps? Il y en a qui le font présentement
à Montréal. Qu'est-ce qui vous dit que chez vous, aux Îles, s'il y a quatre
taxis... Rien ne leur empêche, eux, d'être sous l'égide de ce répondant,
d'avoir suivi une formation peut-être additionnelle et de se dire : Bien, en
même temps que je travaille huit heures par jour, bien, j'ai le service de
taxi traditionnel que tout le monde connaît et, de l'autre côté, bien, mon
service téléphonique... par le moyen du téléphone, d'obtenir un Lyft, ou un
Uber, ou autre. Il est très possible.
M. Arseneau : Oui. Non, mais,
moi, la question était vraiment une question pour... une question
d'éclaircissement. Et je sens dans votre réponse que vous y voyez beaucoup de
positif. J'y vois aussi certaines conséquences qui pourraient être toutes
autres, mais on peut chacun avoir nos points de vue là-dessus, mais au moins on
s'entend sur l'idée que tous ces scénarios-là seront possibles. Et je vais
terminer là-dessus, là, puis on pourra y revenir.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 4, à part le député
de La Pinière, bien évidemment? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Juste
une question, M. le ministre. Si un chauffeur qui est complètement indépendant,
il remplit toutes les exigences de la SAAQ... est-ce qu'il est comme reconnu
sur la liste des répondants? Est-ce que, comme... Comment ça marche pour
quelqu'un qui est complètement indépendant de tous les systèmes?
• (17 heures) •
M. Bonnardel : Le
chauffeur de taxi comme on le connaît aujourd'hui, là, le lendemain de la loi,
là, est dûment autorisé. Il n'a rien à faire. Le chauffeur comme on le connaît
à l'article 262, là, il reste un chauffeur de taxi comme on le connaît.
Celui qui décide un matin soudainement d'en faire un travail d'appoint, bien,
devra obligatoirement traverser, passer au travers des règles de la SAAQ, comme
définies, je vous l'ai souvent mentionné, inspection du véhicule, et autres,
et, par la suite, s'enregistrer. Tu peux faire du taxi de façon indépendante
sans numéro de téléphone. Tu te promènes puis tu espères que des clients vont
héler ton taxi à gauche puis à droite. Ça, c'est un défi d'affaires. Il n'y en
a pas beaucoup, mais il y en a.
Sinon, bien, tu dis : Écoutez, là, il y a
huit taxis aux Îles-de-la-Madeleine. Moi, je souhaite donner mon nom. Je
pourrais être disponible de telle heure à telle heure à chaque semaine. Bien,
aux Îles-de-la-Madeleine, tu vas donner ton nom : Je m'appelle Joël
Arseneau puis je veux faire du taxi les jeudis, vendredis, samedis, de telle
heure à telle heure. Bien, numéro de téléphone, voici ton lanternon, utilise
notre... puis on va te répartir des appels si tu es disponible. Et ce
travailleur indépendant pourrait utiliser aussi les plateformes, les
plateformes qui existent, comme je vous l'ai mentionné tantôt.
M. Kelley : O.K. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'autres commentaires sur l'article 4? Alors, est-ce que l'article 4
est adopté? Oups! Pardon. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : ...de voir l'effet
de ça, du fait... Parce que vous dites qu'il y a des chauffeurs aussi, en
répondant au député des Îles-de-la-Madeleine... Un chauffeur indépendant peut
le faire tout en étant aussi sous l'égide d'une compagnie. Pas en même temps, à
deux endroits, quelqu'un qui veut travailler tout le temps.
Mais vous n'avez pas peur, par exemple, justement,
de l'augmentation du nombre de... vu qu'on enlève toutes les barrières, là, à
l'entrée, de la déprofessionnalisation de l'industrie, parce que ce n'est pas
si difficile non plus de venir... ça veut dire... de répondre à toutes les
exigences de la SAAQ en tant que chauffeur indépendant, ce n'est pas facile,
comme vous avez dit, M. Joël Arseneau, ou moi, ou n'importe qui peut le
faire dans ses temps libres, donc d'une déprofessionnalisation aussi de ce
métier-là?
Et comment est-ce qu'on va s'assurer que ces
gens-là vont s'autoréguler? Vous donnez ça beaucoup... Par exemple, si on est
sous un répondant, là, c'est à eux de s'assurer que tout ça est vérifié.
Comment est-ce qu'on s'assure que la sécurité reste respectée? Est-ce qu'il va
y avoir des inspecteurs? C'est juste la police de façon générale? Supposons que
moi, je n'ai pas de lanternon, ni de Uber, ni rien, là, je peux conduire des personnes.
Je ne sais pas, je suis très populaire dans mon voisinage, dans mon quartier.
Je suis dans un endroit où il y a beaucoup de personnes aînées dans mon
immeuble, partout, puis je leur dis... bien, je leur donne... Je m'imprime une
carte d'affaires, puis je la distribue à tout le monde. Puis là je dis :
Si vous en avez besoin, moi, je peux... je peux... je réponds... j'ai les...
toutes les... parce que je n'ai pas besoin de permis à 200 000 $, là,
j'ai toutes les... je réponds à toutes les spécifications de la SAAQ, parce que
c'est tellement facile, puis j'ai une voiture normale avec un permis normal,
c'est ce que ça prend aujourd'hui. Puis, bien, ces gens-là m'appellent, moi,
puis je fais ça les fins de semaine pour que les gens puissent aller faire leur
épicerie.
C'est ce que ça permet. Ça augmente, mais ça
enlève le côté plus professionnel de l'industrie qu'on veut avoir. C'est ce que
Taxi... pas Taxi Montréal, mais le Bureau du taxi à Montréal voulait faire en
mettant l'inscription «bonjour», et tout cas, pour que ça devienne un métier
plus respectable, et l'habillement, et tout ça. C'était là-dedans que
l'industrie du taxi allait avant d'arriver avec ce projet de loi là. Donc, vous
êtes... Vous n'avez pas cette inquiétude?
M. Bonnardel :
Mme la députée, si moi, demain matin, je décidais de faire un travail d'appoint
10 heures par semaine, et que je me dis : Tiens, je vais devenir taxi
indépendant aux Îles-de-la-Madeleine, et que soudainement les
Îles-de-la-Madeleine, avec les huit permis, il devenait un répondant, ça se
peut. Ça se peut qu'aux îles le répartiteur ou la société qui gère les huit
permis devienne un répondant. Puis moi, demain matin, je décide de devenir ce
petit indépendant qui se joint au groupe et qui va suivre une formation
additionnelle parce que je suis aux îles, parce qu'il y a des spécificités de
tourisme ici et là, c'est à moi qui va... qui va choisir. Quel intérêt j'ai à
ne pas suivre ces règles, qui sont importantes, l'inspection du véhicule,
d'antécédents judiciaires, de conduire un véhicule avec une classe 5
minimalement puis d'avoir un véhicule propre?
Moi, je me dis : Ceux qui vont, demain
matin, décider d'aller faire du taxi occasionnel, ils n'ont aucun intérêt à
aller faire du taxi avec un véhicule qui n'est pas... Premièrement, il faut que
le véhicule soit inspecté, qu'il soit vérifié, il faut qu'il soit sécuritaire.
Et tu es obligé de tenir un registre. Tu es obligé, à chaque jour, de
dire : Mon véhicule, là, j'ai passé au travers de l'inspection visuelle,
mon véhicule est adéquat, parce que, si la SAAQ m'arrête : Avez-vous votre
registre, avez-vous vérifié votre véhicule?, non, pas ce matin, vous êtes en
contravention.
Alors, ce chauffeur qui devient un occasionnel
demain matin doit suivre les mêmes règles que le professionnel que vous
définissez, qui est là depuis un certain nombre d'années. Et, de l'autre côté,
bien, le professionnel, lui aussi, il se dit peut-être : Dans le taxi
traditionnel, que je connais depuis des années, où j'ai un appel aux heures, et
soudainement j'ai la possibilité d'avoir une option additionnelle qui est celle
de Lyft, Uber ou Eva, bien, je vous garantis, moi, que ces chauffeurs de taxi,
demain matin, vont faire : Je prends l'application et, si, aux Îles demain
matin, ça se met à sonner, bien, j'aurai peut-être trois courses aux heures au
lieu d'une. C'est la possibilité qu'on donne. En abolissant en plus les
territoires... les dessertes d'agglomération, vous comprendrez que les
chauffeurs, pour eux, c'est beaucoup plus attrayant de se dire : Hé! je
pars d'un territoire x, je reviens avec un client à chaque fois. Bien, sur les
Îles, je ne pense pas qu'il y a de problème là, qu'il y a de problème là.
Mais je vois juste du positif, à savoir que,
demain matin, celui qui va définir un besoin parce qu'il n'y a pas de service,
comme j'ai mentionné tantôt, dans beaucoup, beaucoup de territoires, bien, ce
sera à certains de définir si, oui ou non, ça peut fonctionner.
Mme Ghazal : Bien, j'essaie
comme... parce que, là, ça a l'air, tout est beau. C'est comme s'il n'y avait
aucun risque à fonctionner comme ça. Mais je prends, par exemple, cet
indépendant dans cette région-là, où ils étaient huit, puis là ils se mettent
ensemble puis ils deviennent répondants. Cet indépendant, qui dit :
Tiens... de plus, le neuvième, qui va se joindre à eux, donc avec leur nom et
leur bannière, mais, des fois, il va dire : Tiens... comme je vous dis, il
va s'imprimer une carte professionnelle, chauffeur, je ne sais pas trop, parce
que ça devient comme quelque chose qu'on peut faire personnellement, en plus,
il n'y a pas d'exigence, il n'y a plus plus permis. Donc, il peut avoir le
lanternon, là, de cette compagnie-là, de ce répondant-là, mais pas toujours
faire affaire avec eux, parce que lui, il s'est fait comme une clientèle dans
les régions qui sont très, très mal réparties. Il s'est fait une clientèle qui
peut aussi l'appeler lui, tout simplement. Comme ça, ça ne va pas lui
permettre... sur ses courses, il ne paiera pas un montant pour
le répondant, il va être totalement autonome. La loi aujourd'hui lui permet de
faire ça, puis il n'y a aucune barrière à l'entrée ou elles sont très, très
minimes.
Moi, j'essaie maintenant ici, autour de la
table, de trouver qu'est-ce qui pourrait... quels seraient les risques, mais
vous, vous n'avez aucune crainte pour aucun risque, dont celui que je suis en
train de vous dire, c'est-à-dire qu'il va travailler même avec le lanternon,
mais, quand il va... des fois, il va faire des courses que ça va être par son
réseau personnel qu'il s'est fait ça. Et c'est possible, c'est un risque qui
existe.
M. Bonnardel :
Mme la députée, là, je comprends un peu votre question...
Mme Ghazal : C'est bien, il
va...
M. Bonnardel :
Dites-vous une chose, si on met le lanternon, il y a un taximètre qui
fonctionne. On s'entend que tous les Québécois qui ont déjà pris le taxi savent
très bien que, si on embarque dans le taxi, il y a un taximètre, j'embarque, je
pèse sur le bouton, ça démarre. Il est vrai, il pourrait arriver qu'un certain
X, Y, décide de ne pas mettre le lanternon, puis il a une clientèle un peu plus
maison, et il reçoit un coup de téléphone, puis il fait du taxi sans le
lanternon. C'est possible. Aujourd'hui, il y en a, il pourrait y en avoir
demain. Malheureusement, c'est à la SAAQ ou à certaines personnes de
dire : On a Untel, là, qui fait du taxi non traditionnel ou qui vole le
marché, si on peut dire ainsi, là. Bien là, je ne peux pas empêcher ça, puis on
ne l'empêchera pas demain matin. Puis aujourd'hui, malheureusement, il y en a
peut-être qui le font.
Mme Ghazal : Mais ce risque-là
augmente. Est-ce que vous reconnaissez au moins que ce risque-là augmente en
libéralisant à ce point?
M. Bonnardel :
Non, je ne crois pas que, demain matin, parce qu'il y aurait plus... ou
certaines régions qui vont être mieux desservies parce qu'il n'y a pas de
chauffeur, que, soudainement, tout le monde, un matin, va décider de faire du
taxi illégal.
Mme Ghazal : Peut-être pas tout
le monde, mais il pourrait avoir une augmentation.
M. Bonnardel :
Bien non, mais je comprends votre raisonnement, mais tu hèles le taxi, tu vois
le «pocket number», tu vois le numéro, tu vois le visage, tu rentres dans le
véhicule, tu es capable de faire un lien rapidement. Tu as ton application, ton
téléphone, tu vois immédiatement le numéro de la plaque, la couleur du
véhicule, le nom du chauffeur et son visage. Tu le vois arriver, là. Tu es
capable rapidement de définir : C'est le bon ou ce n'est pas le bon.
Alors, autant pour les applications qu'on connaît aujourd'hui que celles sur
les différentes plateformes du Québec, c'est comme ça que ça fonctionne. Donc,
je pense que les gens qui sont un peu habitués savent très, très bien que,
rapidement, là, celui qui arrive, là, c'est le bon ou ce n'est pas le bon.
• (17 h 10) •
Mme Ghazal : Moi, le risque, je
le vois surtout dans les secteurs les moins bien desservis, où est-ce que les
gens, peut-être, se connaissent un peu mieux puis ils n'ont pas de service. Ce
risque-là, je le vois plus avec cet enlèvement de toute barrière puis cette
déprofessionnalisation de ce métier-là dans la perception des clients, parce
qu'une des choses importantes que vous visez, c'est aussi les clients, de bien
les servir. Je vois ce risque-là. Mais, bon...
M. Bonnardel :
Il y aura toujours, je pense, pour les personnes plus âgées, une forme de
sécurité de voir un taxi arriver avec le lanternon. Il est indéniable,
la majorité des personnes qui sont moins habituées se sentent en sécurité. Ils
voient le taxi arriver, il y a le lanternon, ils disent : O.K. Lui, il est
correct. Mais, demain matin, celui qui va faire du taxi occasionnel, qui a le
lanternon, là, il va avoir suivi les mêmes, mêmes, mêmes règles, là. Il n'aura
pas passé par un «fast track», excusez de le dire ainsi, pour se dire :
Aïe! Moi, je viens d'obtenir mon lanternon, mais je n'ai pas passé
l'antécédent, je n'ai pas fait inspecter mon véhicule, j'ai eu... je me suis
fait... j'ai perdu mon permis voilà trois... Écoutez, ça ne marche pas, là. Le
gars ou la fille va devoir obligatoirement suivre les règles qui sont indiquées
ici, là. C'est indéniable, là. Oui, le chauffeur comme on le connaît
aujourd'hui sera dûment autorisé le lendemain, mais tout nouveau chauffeur
devra obligatoirement passer au travers de ces règles.
Maintenant, j'en conviens que, pour une majorité
de régions où il n'y a pas de service, les gens vont se sentir plus en sécurité
quand ils verront un taxi, puis ça, tant mieux, là, tant mieux. Puis je ne vois
pas pourquoi tout le monde, demain matin, déciderait de faire du travail au
noir parce que la loi permet à quelqu'un aujourd'hui d'aller chercher son
permis dans un laps de temps x avec un véhicule qui est propre, qui est
vérifié, avec les antécédents, et tout ça.
Mme Ghazal : Bien, pour les
vérifications des antécédents, et tout ça, puis s'assurer que ça soit bien
fait, je sais qu'il y a d'autres articles où est-ce qu'on va pouvoir regarder
ça. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, pas d'autres commentaires sur l'article 4? Est-ce que
l'article 4 est adopté?
Une voix : Sur division.
Une voix :
Adopté.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, vous pouvez lire maintenant l'article 5.
M. Bonnardel :
Alors, l'article 5, Mme la Présidente :
«Un répartiteur s'entend de quiconque répartit
des demandes de course entre des chauffeurs par l'entremise soit d'une personne
physique, soit d'un moyen technologique ne nécessitant pas l'intervention d'une
telle personne.
«Lorsqu'un salarié répartit des demandes de
course, l'employeur est réputé être le répartiteur.»
Donc, l'article 5 définit la notion de
répartiteur pour les fins de l'application du projet de loi. La disposition
proposée reprend en partie la définition d'«intermédiaire en services de transport
par taxi» contenue dans l'actuelle Loi concernant les services de transport par
taxi.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, je vais
quand même faire le lien avec les dernières conversations qu'on a eues. Si le
ministre ne réalise pas qu'il détruit l'industrie traditionnelle du taxi en
ayant dit tout ce qu'il a dit à date... Il y a une chose qui est vraie dans ce
qu'a dit le ministre : Pour le chauffeur propriétaire, le lendemain, oui,
c'est pareil dans une certaine mesure où il recevait des appels qui étaient
répartis, il perd quand même la valeur de son permis. Et ça, il ne peut pas
nier ça. Il ne peut pas nier ça. Il peut s'adresser, par sa loi, à la façon de
recevoir une course, ce qu'il fait, c'est ce que ça fait, mais ça éteint la
valeur de son permis. C'est ça qui change.
Maintenant, pour ce qui est de la distribution
des courses, répartiteur. Alors, il est donc clair que la fonction du
répartiteur dans la loi est de répartir des courses, oui ou non?
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette : Il n'a pas
d'autre fonction, notamment de formation?
M. Bonnardel : Si
vous allez lire le document que je vous ai donné, M. le député, le répartiteur,
à la Commission des transports, doit faire une déclaration dont la forme et la
teneur sont prévues par règlement, avoir un établissement au Québec. Voilà.
M. Barrette : Alors, je n'ai
pas... Est-ce que la réponse peut être oui ou c'est non? Le répartiteur ne fait
que répartir des courses, point, ne forme pas. C'est ça?
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette : Alors, le
ministre nous avait dit, dans une question précédente, là, qu'il pouvait donner
la formation, puis l'autre pouvait en donner plus. On s'entend que, là, il y a
eu un petit mélange dans les concepts par le ministre.
M. Bonnardel : Un
répondant peut donner une formation additionnelle.
M. Barrette : Absolument. Mais
le ministre avait dit : Le répartiteur aussi. C'est non. Le répartiteur
répartit, point.
M. Bonnardel :
Non, mais le répartiteur, M. le député, par courtoisie, pourrait, lui aussi,
là. Écoutez, là, il faut bien comprendre que le répondant peut, lui, former de
façon additionnelle ses chauffeurs. Si les répartiteurs... demain matin, là,
les chauffeurs s'entendent pour dire : Nous, on souhaiterait une formation
de huit heures de plus, pourquoi on empêcherait ça? Pourquoi j'empêcherais ça?
C'est le choix.
M. Barrette : ...je n'ai pas
parlé de ça.
M. Bonnardel :
Non, mais vous venez juste de me dire que j'ai dit le contraire de ce que j'ai
dit, là.
M. Barrette : Non. Ce que j'ai
dit, c'est que, dans une question précédente, le ministre avait fait référence
au fait qu'il y avait une formation qui venait du répartiteur. Il n'y en a pas
dans la loi actuelle.
M. Bonnardel :
Non, s'il le souhaite.
M. Barrette : Mais, même s'il
le souhaite, ce n'est pas au répartiteur de donner la formation.
M. Bonnardel :
...pas obligé, non.
M. Barrette : Non, ce n'est pas
une question d'être obligé ou non, c'est que ce n'est pas dans ses pouvoirs.
M. Bonnardel :
Non. Il y aura une formation qui va être définie, qui va être définie par la
loi et qui sera...
M. Barrette :
Et qui est sous la responsabilité du répondant.
M. Bonnardel :
Ou de la SAAQ.
M. Barrette :
Ou de la SAAQ, s'il est indépendant.
M. Bonnardel :
C'est ça.
M. Barrette :
On a bien établi une chose là, qui est un petit peu différente de précédemment,
mais je n'en tiens pas rigueur au ministre.
Maintenant, une question
très simple, puis là je ne veux pas une... j'aimerais ça avoir une réponse sur
la question, là, et non quelque chose à côté, là : Est-ce qu'un
répartiteur, quand on dit : «[Il] répartit [les] demandes de course entre
[les] chauffeurs par l'entremise soit», «soit», là, je comprends que c'est
exclusif. Est-ce que c'est vraiment exclusif dans l'absolu ou ça peut être les
deux? Est-ce qu'à la fois... une entité décrite comme étant répartitrice peut
avoir à la fois une répartition par l'entremise d'une personne physique et, en
même temps, d'une technologie... Bon, je vais préciser pour que ce soit clair,
là : Est-ce qu'il peut y avoir un dispatcher, comme qu'on connaît aujourd'hui
chez un répondant, là, et, en même temps, une application?
M. Bonnardel :
Bien sûr.
M. Barrette :
C'est oui?
M. Bonnardel :
Bien oui.
M. Barrette :
Alors, pourquoi c'est... parce que «soit» et «soit», normalement, l'un exclut
l'autre.
M. Bonnardel :
Soit d'une personne physique, soit d'un moyen technologique ou les deux.
M. Barrette :
Bien, c'est parce que je pense qu'il y a un petit problème de droit, là, de
sémantique, là.
M. Bonnardel :
Donnez-nous deux petites minutes, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: On va suspendre,
s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à
17 h 17)
(Reprise à 17 h 42)
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, nous allons reprendre nos travaux
jusqu'à 18 heures. M. le ministre. Là, c'est M. le député de La Pinière?
M. Bonnardel :
C'est M. le député de La Pinière, oui.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Bon, M. le député de La Pinière.
M. Barrette :
Alors, Mme la Présidente, je suis très heureux d'avoir soulevé un point
fondamental pour l'article actuellement que l'on étudie, l'article 5, et
le fondamental de mon argumentaire est sémantique, dans la même catégorie que
le véhicule, mais ça, on ne reviendra pas là-dessus, je le dis avec humour.
Alors, Mme la
Présidente, je dépose donc un amendement, qui se lit comme suit :
Article 5. À
l'article 5 du projet de loi, dans le premier alinéa, là — c'est
parce que, là, il y a une coquille, là, on va l'enlever manuellement :
1° supprimer, après
«entremise» le mot «soit»;
2° supprimer «, soit»
par «et»;
3° insérer, à la fin,
«ou par l'une ou l'autre de ces façons».
Alors, je pense que
le mieux pour ceux qui nous suivent sera de lire le texte tel que modifié.
L'article 5 va se lire ainsi : «Un répartiteur s'entend de quiconque
répartit des demandes de course entre des chauffeurs par l'entremise d'une
personne physique et d'un moyen technologique ne nécessitant pas l'intervention
d'une telle personne ou par l'une ou l'autre de ces façons.
«Lorsqu'un salarié
répartit des demandes de course, l'employeur est réputé être le répartiteur.»
Alors, Mme la...
La Présidente (Mme St-Pierre) : M. le député, vous avez lu, au deuxième alinéa,
«supprimer» au lieu de «remplacer».
M. Barrette : C'est-u vrai?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, oui. Alors, c'est parce que la...
M. Barrette : Alors, je vais
recommencer.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Non.
M. Barrette : Non?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est correct. Vous pouvez me faire confiance.
M. Barrette : Ah! O.K. Mais
j'aurais aimé recommencer.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ça va. Allons-y.
M. Barrette :
Alors, explications. Alors, Mme la Présidente, avant que nous suspendions,
j'avais soulevé le fait que la
rédaction de l'article faisait en sorte que les deux moyens étaient exclusifs
l'un de l'autre dans la façon de l'avoir rédigé, et manifestement, ici, on a corrigé la situation en permettant les deux
cas de figure, c'est-à-dire soit un des deux ou les deux. Alors, je
pense que c'est assez explicite en soi.
Maintenant,
j'aurais d'autres commentaires à faire, à moins que le ministre ait, lui, des
commentaires à faire à cette étape-ci. Parce que, là, ce n'est pas un
commentaire que je vais avoir à faire, c'est une question.
M. Bonnardel :
...
M. Barrette :
O.K. Alors donc, là, tel qu'amendé, le ministre, je pense, va être d'accord
avec l'amendement, et on comprend
donc qu'un répartiteur peut utiliser les deux moyens technologiques en même
temps. Et, quand on dit «en même temps»,
c'est à tout moment, par exemple, de la journée. Un chauffeur qui est dans
l'organisme — c'est
comme ça qu'on dit, hein? — dans l'organisation, dans le système, un
chauffeur qui est dans le système, lui, peut accéder à des courses maintenant, potentiellement, j'entends, là,
maintenant de trois manières. Est-ce qu'on se comprend bien? Là, je vais
être plus précis dans ma question.
Aujourd'hui...
Non, le jour où cette loi-là est adoptée, un chauffeur qui fait partie d'un
système pourra avoir accès à une
course à tout moment, soit par le hélage, soit par une application, soit par
une répartition, en même temps, le hélage étant réservé au lanternon, on
s'entend, là, ça, c'est correct. Mais c'est parce... Et la raison pour
laquelle, Mme la Présidente, j'insiste
là-dessus, c'est, parce qu'à un moment donné dans nos discussions et dans les
consultations particulières ce n'était pas
concurrent ou, du moins, bien des gens n'avaient pas compris ou avaient même
compris le contraire, soit on était dans une application, soit on était
hélé ou réparti. Là, on comprend, là, que, d'une façon formelle, un chauffeur
qui est dans un système qui offre les deux modalités, donc... parce que tout le
monde ne l'offre pas, va pouvoir accès en même temps aux deux modalités.
M. Bonnardel :
Alors, c'est ça. Si le chauffeur de taxi, exemple, est sous l'égide d'un
répondant, l'exemple qu'on a donné
tantôt de Taxi Montréal, il peut être hélé, réservé exclusivement au taxi, il
peut être appelé, réparti, il peut aussi être appelé par un moyen
technologique, le téléphone.
M. Barrette :
Alors, ça, ça ouvre la porte à un certain nombre de choses, là, ça veut dire
qu'en quelque part, là... Et là on
parle de cas de figure. C'est ça, le problème avec les projets de loi, c'est
parce qu'on essaie de couvrir tous les cas de figure, ce n'est jamais possible. Alors, ça, ça veut dire qu'un
chauffeur qui est à un poste d'attente peut partir de son poste
d'attente sur une demande de course sur son application? O.K. Alors...
Une voix : ...
M. Barrette : Non, c'est
correct. Et ça, ça veut aussi dire ipso facto, là, qu'un répondant, lui, qui a
cette responsabilité-là... Parce que le
répondant, là, à quelque part, là, ce ne sera pas du bénévolat, là. Il ne va
pas faire ça, le répondant, pour le
fun de faire ça, là. Lui, il ne pourrait pas imposer de règles, par exemple,
puis le projet de loi, je ne pense pas
qu'il traite de ça, là, mais il ne serait pas souhaitable qu'un répondant
impose une règle à ses chauffeurs en disant : De telle heure à
telle heure, tu vas juste faire de la répartition, et ainsi de suite, là. Moi,
je pense que je déborde un peu, là.
M. Bonnardel : Le
répondant, s'il a un fournisseur qui fait le boulot de répartiteur, bien, il
faut que ce soit 24 sur 24, là.
M. Barrette : 24 heures sur 24
heures, 24 sur 24, un chauffeur, dans un système, peut, lui, choisir sa course,
potentiellement, j'entends, là, parce qu'il
n'y a pas d'exclusion, là. Si le répartiteur qui est dépendant d'un répondant
offre des courses qui
arrivent de deux manières pour le répartiteur, parce que le répartiteur ne va
pas faire du hélage, lui, il va faire
de la répartition standard par la radio et/ou une application... en fait, et
une application, le chauffeur, lui, va prendre celui qui fait son affaire à
ce moment-là. Mais je fais juste le
dire comme ça, là. Le reste, c'est des cas de figure qui vont être à
l'intérieur du système.
Maintenant,
je vais juste faire une parenthèse, là, puis là le ministre va m'en tenir
rigueur, je le sais, mais je suis obligé de le dire encore une fois, là, quand le ministre dit que ça ne change rien
pour le chauffeur propriétaire, je vais refaire la phrase du ministre, là : 90 % des chauffeurs sont des chauffeurs
propriétaires d'un seul véhicule de permis de taxi, un véhicule, un permis, un chauffeur. Le jour où ils tombent
dans ce système-là pour ce qui est d'avoir accès à des courses, bien, c'est
vrai que ça ne change pas beaucoup de
choses, parce que la répartition est encore là, en plus, il y a une application
qui est concomitante, et non on passe d'un à l'autre, c'est concomitant,
c'est en même temps, et il perd la valeur de son permis.
Alors, quand
le ministre nous dit : Ça ne change rien à ce monde-là, on fait, nous,
article par article, la démonstration que
ça change tout pour ce qui est de la valeur du permis. Mais, pour l'accès à une
course, je veux bien, puis, encore là, on verra plus loin qu'il y a des problèmes pareil en ce qui me concerne,
mais force est de constater que la perte de la valeur du permis est un
méchant changement pour ce monde-là.
Maintenant, ça m'amène à une... Bien là, je vois qu'il y a
une note qui s'écrit. Peut-être que je vais attendre la note, qui va
s'exprimer par la voix du ministre.
• (17 h 50) •
M. Bonnardel :
...s'écrit des choses lui-même.
M. Barrette : C'est une note personnelle
pour ce soir avant de se coucher?
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Barrette : Non, c'est
correct, c'est correct. C'est une note personnelle, là, je comprends. Ho!
Alors là, je vais poser la question qui tue, là.
Et là, M. le ministre, ne le prenez pas mal, je ne vous prête pas d'intentions, Mme la Présidente, je ne prête
d'intentions à personne, mais, demain matin, là, Uber ou Lyft pourraient
être sur notre marché et offrir une répartition radio aussi.
M. Bonnardel : Peut-être.
Ce n'est pas un modèle d'affaires qu'eux utilisent, à ma connaissance, ailleurs
dans le monde.
M. Barrette : Non, non, je ne
fais qu'exprimer une possibilité que la loi n'interdirait pas. Pardon?
M. Bonnardel :
...vous parlez d'une forme de radiorépartition, là?
M. Barrette : Oui, oui, une
forme de répartition non applicative.
M. Bonnardel :
Bien, écoutez...
M. Barrette : Ils peuvent, là,
par loi.
M. Bonnardel : ...s'ils le souhaitent, peut-être.
Mais, encore une fois, ce n'est pas un modèle qu'eux... Je ne vois pas
en quoi le...
M. Barrette : Bon, c'est... Peut-être
que quelqu'un à un moment donné aura une vision impériale du taxi. Téo Taxi, peut-être?
M. Bonnardel :
Bien, Téo Taxi était un répartiteur.
M. Barrette : C'est un commentaire que je fais, là, je... En fait, je ne demande
même pas que le ministre me réponde, ce n'est pas nécessaire. Mais je fais quand même le point, là, en...
ce point-là, là, qui est un point pour moi qui est important, hein, à savoir qu'il y a bien des gens qui
avaient la perception que c'était un et/ou l'autre, là. Là, ce que ça vient
définir d'une façon absolument formelle... que c'est au choix du
répondant — parce
que c'est le répondant qui a la responsabilité ultime, là — c'est au
choix du répondant de décider s'il a les deux ou un des deux. Ça, c'est clair,
là. Ça ne peut pas être plus clair
que ça. Puis je pense que le ministre peut-être aujourd'hui va être d'accord
que, dans ce système-là, la perte de la valeur du permis est un
changement significatif. Est-ce que, M. le ministre, vous pensez ça?
M. Bonnardel :
Bien, écoutez, M. le député, c'est pour ça qu'on a modifié... voilà quelques
semaines déjà, on a parlé de la redevance.
M. Barrette : Donc, le ministre
est d'accord avec moi que la perte de la valeur du permis est quelque chose de
significatif.
M. Bonnardel :
On a décidé de changer, M. le...
M. Barrette :
C'est un méchant changement!
M. Bonnardel :
On a décidé de changer... de moderniser le modèle d'affaires, comme je vous
l'ai maintes et maintes fois
mentionné, en allégeant, dans une certaine mesure, les règles pour permettre la
pérennité de l'industrie, pour s'assurer qu'une grande majorité, sinon la totalité des chauffeurs fassent plus de
sous et qu'ils... Nécessairement que, demain matin, on protège l'industrie comme on la connaît
aujourd'hui. C'est ce que j'ai mentionné maintes et maintes fois et c'est ce
que je continuerai de dire.
M. Barrette :
Et moi, je maintiens à dire qu'on ne protège pas l'industrie telle qu'elle
était par rapport à la valeur réelle,
là, marchande, de 2015, des permis. Ça, on ne protège pas ça, là, parce que la
question va toujours être, à la fin : Quand bien même on débat dans ce projet de loi là d'un nouvel environnement
d'affaires dans lequel, puis là on en reparlera plus loin dans le projet de loi, des gens sont bien ou pas
bien, pour toutes sortes de raisons, puis là il y aura bien des raisons
pour dire qu'ils ne sont pas bien, il n'en
reste pas moins qu'au moment où on se parle, là, dans l'exercice que l'on fait,
il y a une perte substantielle de
valeur, puisqu'il y a abolition des permis, qui n'est actuellement pas
compensée à la hauteur de 2015. Ça, c'est une affirmation qui est... Ce n'est même pas une affirmation, c'est le
constat d'un fait. Est-ce que le ministre est d'accord avec ce constat?
M. Bonnardel :
Là, Mme la Présidente, le député essaie de faire indirectement ce qu'il ne peut
pas faire directement. Ça fait partie un peu de l'amendement qui a été
refusé au début de la journée.
M. Barrette :
...
M. Bonnardel :
Alors, j'ai répondu, là, qu'on aura des discussions sur les redevances un peu
plus loin dans le projet de loi. Voilà.
M. Barrette :
Mais, Mme la Présidente, je vous soumets que je fais directement ce que je
souhaite faire directement, là. Je ne
fais pas indirectement rien du tout, là. Je ne fais que statuer l'évidence.
Quand le ministre dit que ça ne change rien dans l'industrie, ce n'est pas vrai. C'est vrai que ça... Ce n'est pas
le mégachangement pour ce qui est de l'accès à la course, mais c'est le mégachangement pour ce qui est de la
valeur du permis, qui est partie intrinsèque de l'écosystème de
l'industrie du taxi traditionnel. Ça, qu'on
ne vienne pas me dire que ça ne change pas, d'une part. Et, d'autre part, je
pense que c'est un fait qui est admis par le ministre, peut-être...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Beauce-Nord voudrait dire
quelque chose.
M. Provençal :
...M. le député de La Pinière, je pense qu'on s'éloigne beaucoup de
l'amendement qui est sur la table présentement.
M. Barrette :
Quel est le règlement invoqué, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député, un député a 20 minutes pour
s'exprimer et il peut s'exprimer pendant...
M. Provençal :
Mme la Présidente, je suis en parfait accord que le député de La Pinière a
droit à son temps, en autant qu'on est toujours sur l'amendement. C'est
simplement ce que je voulais souligner. Merci.
M. Barrette :
Mais, Mme la Présidente, je remercie
notre collègue d'invoquer ce point-là puisque je suis... Je dois être sur l'amendement, moi aussi, puisque, depuis le début, à chaque amendement,
le ministre fait référence à ce qu'on a qualifié de
faire indirectement ce que je voudrais faire directement.
Alors,
je prends le même chemin que le ministre, c'est-à-dire de profiter de parler de cet impact-là que le
ministre a le droit d'exercer. Je fais la même chose que lui et je fais
simplement souligner que, lorsqu'il dit que ça n'a pas d'impact majeur, demain matin, c'est comme la veille, ce
n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. Demain matin, là, l'accès à la course
va changer. D'aucuns pourraient dire minimalement, d'autres diraient de façon
majeure. Puis ça, on y reviendra, là.
Là,
ici, 5 est un article qui, comme 4, comme 3, comme 2, qui nous amène à
d'autres articles beaucoup plus détaillés. Mais aujourd'hui on peut voir clairement, là, n'importe qui qui
nous suit, là, puis qui comprend ce qui se passe, ce qui n'est pas toujours simple à comprendre, mais je pense qu'aujourd'hui auprès de ceux qui nous suivent on fait oeuvre utile pour les éclairer, bien, je pense qu'ils voient très
clairement aujourd'hui qu'on ne les compense pas, les propriétaires de
taxi, à la hauteur de leur valeur au début
de cette histoire, qui a commencé en 2015 et qui va se terminer potentiellement
dans les prochaines semaines. Puis c'est tout ce que je dis, et ça, je
pense que c'est factuel.
Mme la Présidente, je vois des interrogations dans votre regard ainsi que de Mme la secrétaire. Est-ce que je n'ai plus de temps? C'est-u ça?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, oui, vous avez encore du temps. C'est que je voulais avoir quelques
explications par rapport au...
M. Barrette : Ah! O.K. Bon,
parfait. Alors, je continue. Alors donc...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...distraction pour vous.
M. Barrette : Non, mais c'est
une distraction positive, surtout à l'heure tardive à laquelle nous sommes
rendus. À, théoriquement, trois minutes de
la fin de nos travaux, c'est une distraction que je considère comme étant
bienvenue. Je ne voudrais pas empêcher mes collègues des autres...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous devriez rester sur l'amendement.
M. Barrette : Oui, je le sais,
mais...
Des voix : ...
M. Barrette : Je vais rester sur l'amendement, mais, avant de
continuer, je regardais mes collègues pour voir s'ils voulaient prendre
la parole. Gracieusement, je leur...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...M. le député.
M. Barrette : Bien, justement,
c'est... j'allais vous suggérer.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : ...un point. Ce n'est peut-être
pas là-dessus, parce
que je pense que tout le monde est d'accord avec l'amendement, même le gouvernement, c'était par rapport à... Je sais
qu'on ne peut pas revenir, là, mais je fais... je m'essaie. Pour l'article 4, tout le monde était
d'accord que ce n'était pas très bien écrit et c'était extrêmement difficile de
le comprendre, qu'il nous fallait un
document qu'on laissait confidentiel, et tout le monde était donc d'accord
qu'on l'écrive, mais on l'a comme
voté, puis ça m'a échappé, tel quel. Est-ce qu'il y a une façon, vu que vous
hochiez de la tête... là, je ne sais pas si c'était parce que vous approuviez ce que je disais ou si c'était juste
parce que vous écoutiez, M. le ministre, parce que... Et donc est-ce que
c'est possible...
Une voix : ...
Mme Ghazal :
Oui. Est-ce que... Il est vraiment rendu tard. Donc, est-ce que c'est possible
qu'il soit réécrit en meilleur
français que ça ou... Parce que vous étiez d'accord, puis là on l'a comme voté
parce qu'on l'a compris après beaucoup d'explications puis après avoir
eu cette grille-là. Est-ce que c'est trop tard? Parce que n'importe qui qui va
le lire, on...
Une voix : ...
Mme Ghazal : Non, le 4. Je
sais, je reviens en arrière, là. Est-ce que c'est quelque chose de possible, vu
qu'ici il y avait une erreur, justement, qui
a été proposée pour l'article 5, et tout le monde va voter pour, donc je
me dis que, pour l'article 4,
tout le monde s'entendait que ce n'était pas clair et qu'il fallait le réécrire
ou il est rendu trop tard, il va rester incompréhensible comme ça?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bien, il faudrait un consentement pour revenir, reculer.
Mme Ghazal : On pourrait...
Des voix : ...
M. Bonnardel : ...l'article 4 amène d'autres articles,
un peu plus loin, qui expliquent pourquoi on écrit cet article comme tel. Je pense que, oui, on a pris le temps
d'en discuter, de vous l'expliquer. Bien, je ne vois pas pourquoi on
reviendrait, là, pour le réécrire, là.
Mme Ghazal : ...question de
formulation, surtout. Tout le monde s'entendait que ce n'était pas...
M. Bonnardel :
Oui, mais je suis...
Mme Ghazal : Mais on a comme...
M. Bonnardel :
Vous le savez, là, je suis pragmatique, là. Je n'ai pas l'intention de rester
ferme sur tout. Alors, s'il y a des situations comme il vient d'arriver pour l'amendement,
là, on va travailler pour améliorer, si on peut.
M. Barrette : ...
M. Bonnardel :
Pas de consentement...
M. Barrette :
...
M. Bonnardel : Exactement,
M. le député.
Des voix : ...
Une voix : Bon, bien, on va
suspendre.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Bien, écoutez, il n'est pas encore 18 heures tout à fait, quelques secondes avant... Là, il est 18 heures.
Alors, je suspends jusqu'à demain matin,
9 h 30. Bonne soirée à vous tous et à vous toutes. À demain.
(Fin de la séance à 18 heures)
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