(Quatorze heures une minute)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vous souhaite la bienvenue à cette commission, une commission
qui est fort intéressante et qui suscite énormément
d'intérêt. Nous avons reçu 36 mémoires. J'espère que vous avez passé
un très bel été. Nous allons travailler très fort. Ça commence bien parce que
c'est un sujet d'intérêt, qui intéresse beaucoup, beaucoup de monde.
Donc, ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir, bien sûr, éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie aujourd'hui afin de
procéder aux auditions publiques dans le cadre des consultations particulières concernant le mandat
d'initiative portant sur les enjeux
de recyclage et de valorisation locale du verre. Alors, Mme la
présidente... Mme la secrétaire, plutôt, y a-t-il des remplacements pour ce
mandat?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Barrette
(La Pinière) sera remplacé par M. Kelley (Jacques-Cartier); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), par M. Gaudreault (Jonquière).
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous
entendrons RECYC-QUÉBEC, la Société
des alcools du Québec, Éco Entreprises Québec, l'Association des détaillants en alimentation du Québec et l'Association des
marchands dépanneurs et épiciers du Québec.
Remarques préliminaires
Pour les remarques préliminaires, nous allons débuter avec le groupe parlementaire formant le gouvernement. Je cède donc la parole à la députée
d'Argenteuil, qui est également vice-présidente de cette commission. Vous
disposez, Mme la députée... C'est ça? C'est bien ça?
Une voix : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui,
j'allais vous parler de vous, ne vous inquiétez pas.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Ah! donc, j'avais Mme Grondin. Voulez-vous prendre la parole en premier?
Alors, vous avez... Tous les deux, vous avez six minutes pour vos remarques
préliminaires. Donc, M. le député de Bourget, vous avez la parole.
M. Richard Campeau
M.
Campeau : Merci, Mme la Présidente. Bien, bonjour à tout le monde. Merci. On a vraiment
beaucoup de gens qui
ont montré de l'intérêt envers cette commission-là. C'est la première journée
d'une commission au mois d'août. Oui, ça débute tôt, mais ça nous
rappelle aussi que l'environnement, bien, il faut y penser tout le temps, en
été, au camping, tout le temps.
J'aimerais
remercier la députée de Mercier pour avoir amené ce mandat d'initiative. Je
sais que ça paraît toujours bien devant une caméra de remercier les
partis d'opposition, mais je suis sûr que la députée de Mercier le sait que
c'est très sincère.
Sans cette
commission, bien sûr que le ministère travaille, et donc le ministère de
l'Environnement et de la Lutte aux les changements climatiques a
continué à faire évoluer la pensée : Qu'est-ce qu'on devrait faire avec
les matières résiduelles? Ce n'est pas
quelque chose qui reste stagnant, et nous allons donc regarder la situation et
la façon de gérer les matières
résiduelles au Québec de façon générale. Par contre, cette commission-là va
nous permettre d'avoir de façon très claire
de très nombreux points de vue et, ce que j'apprécie particulièrement, rendre
visible cette situation-là aux yeux de tous.
On a reçu une grande quantité de mémoires. C'est
très bien. Tous les intervenants veulent toujours faire des présentations, bien sûr. Malheureusement, il y a
un impératif de temps, parce que, comme gouvernement, il faut écouter,
il faut bouger aussi. Alors, désolé pour les
groupes qui ne font pas de présentation formelle, mais, au minimum, vous
pouvez être assurés que les mémoires vont être lus, parce qu'il y a un sommaire
qui est transféré à tous les membres de la commission de toute façon.
Quand on a vu
des bateaux de déchets qui ont été détournés vers des pays en voie de
développement, venant des pays
occidentaux, moi, j'ai trouvé ça gênant et inacceptable. Ça veut dire que la
consommation, ça amène une responsabilité, une responsabilité qui va
jusqu'au bout, qui ne doit pas arrêter à moitié.
En
terminant, je voudrais utiliser le mot «pragmatisme». C'est un mot que j'aime
bien, et je pense qu'il qualifie notre gouvernement
ou la façon dont nous voulons que notre gouvernement soit, un gouvernement
pragmatique et terre-à-terre, qui
donc vise à trouver des solutions à des problèmes réels, avec des solutions
réelles pour le court terme et pour la suite des choses. Il ne faut
jamais oublier que, dans le cas du marché du verre, il y a un marché, donc des
variations de prix, d'intervenants, de lieux de livraison, de matières à
recycler.
Donc, ça
bouge, et c'est dans ce contexte-là qu'il faut regarder les choses. On n'a pas
des solutions uniques à 100 % des problèmes, mais on a quand même
une situation bien réelle, problématique, à régler. Cette commission servira de
carburant pour alimenter nos réflexions vers
des solutions concrètes, et l'avantage de ce carburant-là, c'est qu'il ne
provoquera pas de gaz à effet de serre. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci, M. le député de Bourget. Maintenant, je cède la parole
à Mme la députée d'Argenteuil.
Vous avez un petit peu plus que trois minutes.
Mme Agnès Grondin
Mme
Grondin : Parfait. Merci, collègues. Merci, Mme la Présidente. À mon tour de remercier mes collègues
députés qui sont ici aujourd'hui et pour le reste de la semaine malgré la
saison estivale. Merci.
Le dossier
des matières résiduelles et plus particulièrement celui du verre est un enjeu... est un dossier
important, complexe, certes, et la contribution des membres aux travaux et à la réflexion s'avère très intéressante, et pertinente, et, à mon
avis, essentielle. Je souhaite également
saluer l'ensemble des intervenants — ça
me touche toujours — qui
ont pris le temps de rédiger un
mémoire et qui seront présents cette semaine pour nous faire part de leur
réalité. Je souhaite également, Mme
la Présidente, remercier à mon tour
ma collègue députée de Mercier pour son initiative demandant aux membres de la commission de se pencher sur les enjeux du
verre. Je souhaite remercier les membres de la commission d'avoir
accepté ce mandat, cette ouverture et cette volonté de trouver des solutions.
Les délais,
certes, sont serrés. Effectivement, le ministre de l'Environnement souhaite
présenter un plan d'action sur les
matières résiduelles dès le début de l'automne. Nous avons donc peu de temps
pour déposer un mémoire qui sera... avec des recommandations, dès la première semaine de la session
parlementaire. Merci à ceux qui nous ont présenté ou qui nous ont
transmis un mémoire et qui ne pourront être des nôtres au cours de la semaine.
Soyez assurés que nous en tiendrons compte dans notre analyse.
Le dossier du
verre est éminemment complexe, et je souhaite ardemment qu'au cours de la
semaine... que l'on mette en lumière
les différents enjeux qui s'y rattachent. La question n'est pas si simple, la
question n'est pas noire ou blanche. Ma
contribution personnelle, cette semaine, sera guidée selon les principes
directeurs suivants : éviter le mur-à-mur, mettre en valeur la contribution des régions et
avoir — le
principe qui est, à mes yeux, le plus important — une vision intégrée de la gestion des matières résiduelles, donc du papier
et du plastique, également. Merci, Mme la Présidente. Bons travaux à
tous.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci, Mme la députée d'Argenteuil et
vice-présidente de la commission. Alors, je passe maintenant la parole
au député de Jacques-Cartier qui est le porte-parole de l'opposition
officielle.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. Je veux aussi... souhaite saluer l'ensemble de mes
collègues et remercier l'ensemble des
31 groupes qui viendront présenter leurs points de vue sur le dossier de
recyclage du verre cette semaine.
Pour moi,
cette semaine... moi, je vais penser à des citoyens du Québec, parce qu'on
parle d'un enjeu qui touche notre vie
quotidienne, le recyclage des différents matériaux de notre société. Alors,
pour moi, je veux vraiment qu'on discute des différentes options qui existent, mais aussi de l'option... et j'espère
qu'on va choisir ou discuter des options que c'est le plus simple pour les citoyens d'utiliser, avoir un vrai
impact sur comment notre système peut être plus efficace. Puis aussi je
vais considérer aussi le fait que c'est
important, on est tous d'accord, il faut réduire nos GES, comme une société,
alors que les décisions ou les
recommandations qui sont prises après cette discussion cette semaine... alors,
prendre ça en considération, qu'il n'y ait aucune augmentation des GES
sur notre société.
Mais
honnêtement je crois qu'ensemble... c'est vraiment un enjeu, je trouve, qui est
transpartisan. On est tous ici avec
l'intention de trouver une façon de mieux recycler le verre, puis des autres
produits aussi, hein, parce que c'est sûr que le marché a changé, on a vu une évolution dans le marché. Oui, on était
gênés de voir les autres pays dire non à nos déchets puis, quand même, on était un petit peu choqués
par le fait que, oui, c'est vrai qu'on... Canada, l'Amérique du Nord a
envoyé des produits à l'extérieur, à des pays en développement.
Alors, c'est
une question pour nous maintenant de régler ça et pas juste... On a une expression, en anglais, «out of sight, out of mind» mais
présentement, «it's in mind». Alors,
il faut vraiment réfléchir sur tous les différents aspects
de ce dossier-là.
Alors, c'est
tout pour moi. Je vais participer à ça avec une tête ouverte. Je suis ici pour
discuter avec tous les différents groupes, poser des différentes
questions avec l'objet de mieux recycler notre verre puis aussi, comme je le
dis, juste de poser des questions sur notre système en général. Alors, c'est
tout pour moi, Mme la Présidente, et merci beaucoup.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Maintenant, je passe la parole à la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition en matière d'environnement et députée de
Mercier à faire ses remarques préliminaires. Vous avez une minute.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour, je veux remercier très, très sincèrement
les membres de cette commission qui
ont accepté à l'unanimité la tenue de ce mandat d'initiative que j'ai demandé
sur la crise du verre. Donc, non
seulement vous reconnaissez qu'il y a une crise, mais vous reconnaissez aussi
que le statu quo n'est plus une option aujourd'hui au Québec. Les
citoyens nous demandent de trouver des solutions. Je veux que la commission
garde en tête que l'objectif, c'est de détourner le verre des sites
d'enfouissement, tout le verre des sites d'enfouissement.
Et
aussi il y a beaucoup d'informations qui ont été dites. Donc, je souhaite que
cette commission nous permette d'avoir une
vision commune et qu'on trouve, donc, des solutions, parce qu'en 2019 c'est
inacceptable. L'image du Québec est ternie par cette crise du recyclage.
Donc, merci beaucoup, tout le monde, et bons travaux.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci, Mme la députée de Mercier. Maintenant,
j'invite le porte-parole du troisième groupe
d'opposition en matière d'environnement et de lutte contre les changements
climatiques et le député de Jonquière. Vous avez la parole pour une
minute.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui, merci, Mme la Présidente. Je veux saluer tout le monde.
D'emblée, je veux
dire que j'aurais apprécié la présence du ministre ici parce qu'on a un travail
extrêmement important à faire. Et je
souhaite également que notre travail serve réellement. Et je vais écouter avec
attention les questions et les
interventions des députés du gouvernement parce qu'on sait déjà qu'à l'occasion
de leur conseil national ou conseil général sur l'environnement au printemps dernier, la Coalition avenir Québec
avait pris position contre la consigne sur le verre, mais pour les bouteilles d'eau. Donc, il ne faudrait
pas que l'idée du gouvernement soit déjà faite à l'avance, avant qu'on ait
fait les recommandations et le travail ici. Donc, moi, c'est très important, ce
travail-là, en tout respect aussi pour les personnes qui sont présentes, et qui
prennent la peine de déposer des mémoires, et que je salue. Donc, première
chose, c'est ça.
Deuxième
chose, évidemment, mes grandes préoccupations, c'est la récupération au
maximum, et diminution des GES, et,
troisièmement, s'assurer du développement, du déploiement d'une économie verte
d'innovation, d'emplois chez nous dans le secteur du verre. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci, M. le député de Jonquière.
Auditions
Donc,
maintenant, nous allons passer au début de ces témoignages, de ces témoins qui
sont devant nous. Je vous souhaite la
bienvenue. Je souhaite la bienvenue à tous ceux et celles qui se joignent dans
l'assistance. Il y a des gens qui sont
ici par simple curiosité, vous êtes là parce que vous vous intéressez à ce
dossier. Sachez que c'est votre maison ici et vous êtes également
bienvenus.
Donc,
nous allons commencer par le groupe RECYC-QUÉBEC. Vous avez 10 minutes
pour faire votre exposé. Je vous
invite, Mme la présidente-directrice générale, à présenter les personnes qui
vous accompagnent et ensuite de nous faire part de votre réflexion par
rapport à cette question.
RECYC-QUÉBEC
Mme Gagné
(Sonia) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Messieurs et mesdames de
la commission, bonjour. Je suis donc
Sonia Gagné, présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC, et je vous
présente Sophie Langlois-Blouin, vice-présidente
Performance aux opérations, et Stéphane Devernal qui, lui, est vice-président
Gestion financière. Donc, mes collègues
m'accompagnent pour pouvoir répondre de manière plus précise à des points de
clarification que vous pourriez avoir.
Je
vous remercie de recevoir RECYC-QUÉBEC aujourd'hui et je suis honorée d'ouvrir
cette commission. Je prends l'opportunité,
au nom de mes collègues, de contribuer aux travaux entourant le recyclage et la
valorisation du verre au Québec. Cette
période sera utilisée, en introduction, pour faire, dans un premier temps, un
état de situation actuel de la situation du verre au Québec, mais aussi,
dans un deuxième temps, nous vous présenterons nos recommandations.
Avant d'aller plus
loin, quelques mots sur la société d'État qu'est RECYC-QUÉBEC, créée en 1990 et
dont la mission est d'amener le Québec à réduire, réutiliser, recycler,
valoriser les matières résiduelles dans une perspective d'économie circulaire
et de lutte aux changements climatiques. Nos divers champs d'intervention visent
à soutenir et mobiliser les acteurs de la chaîne de valeur des matières
résiduelles, de réaliser, financer et promouvoir des travaux de recherche et de
développement, de faire évoluer les comportements des Québécois en matière de
gestion de matières résiduelles et en les sensibilisant à poser le bon geste.
Nous accompagnons également les organismes municipaux dans l'optimisation de la gestion de leurs matières
résiduelles, notamment en analysant et en approuvant leurs plans de
gestion de matières résiduelles. Nous coordonnons l'effort gouvernemental en économie circulaire, et nous administrons le système
de consigne publique, et nous contribuons également à l'administration du système
de collecte sélective.
En
lien avec ce dernier point, nous avons donc cette responsabilité de gérer l'un des deux systèmes de récupération du verre qu'est la consigne publique. Cependant, je vous rappelle
qu'il existe un système de consigne privée sur les contenants de verre à remplissage multiple de bière qui, lui,
est géré par les brasseurs. Nous contribuons également à la
performance de la collecte sélective avec
l'ensemble des parties prenantes : les citoyens, les entreprises,
l'organisme agréé qu'ils représentent, les centres de
tri, les recycleurs, les conditionneurs et, bien entendu, le gouvernement du
Québec.
C'est
donc par ces trois systèmes, la consigne publique, la consigne privée et la
collecte sélective, que le verre post-consommation est récupéré, actuellement,
au Québec. Globalement, la complémentarité des systèmes nous permet d'atteindre des taux de récupération qui sont intéressants pour le verre, si nous partons du principe que peu importe le
mode de récupération... Beaucoup
de données, cependant, ont circulé au cours des derniers mois, et nous
comprenons l'importance d'avoir un
portrait actuel et clair. Nous sommes donc les mieux placés pour vous donner un
portrait fiable, actuel, afin de prendre
des décisions éclairées, mais nous vous rappelons cependant
que les données que nous recueillons depuis 1992 sont fournies sur une base volontaire et que nous
devons travailler avec diligence à nous assurer qu'elles sont fiables et
pertinentes.
Ceci étant dit, voici les données sur lesquelles je voudrais aujourd'hui attirer votre attention. Le citoyen, au Québec, récupère 78 % des contenants de verre à la maison, ce qui veut dire
que deux contenants sur 10, aujourd'hui, par les citoyens, est mis à la poubelle. Ensuite, au
niveau du centre de tri, dépendamment
des équipements qui sont présents dans un centre de tri, une portion de verre peut se retrouver soit
dans les rejets qui seront envoyés à l'élimination, soit le verre peut être
utilisé comme matériel de recouvrement ou à
un autre usage dans un centre d'enfouissement, ou enfin le... le verre, pardon,
peut être trié et acheminé à des conditionneurs, qui vont le trier à leur tour
par couleur et enlever les contaminants.
Au centre de
tri... le centre de tri envoie donc 37 % du verre qu'ils reçoivent au
recyclage. La donnée qui figurera maintenant au prochain bilan de gestion de matières résiduelles 2018 est celui de l'acheminement aux fins de recyclage, qui représente la performance conjointe entre celle du
citoyen et du centre de tri. Il
s'agit donc, pour le verre, d'une donnée qui représente 28 % en 2018, comparativement à celle que vous avez
entendue dans les médias au courant de la dernière année, qui était de 14 % en 2015. Donc, 72 %
est mis dans les déchets par le citoyen ou destiné à l'élimination par les
centres de tri. Ces chiffres confirment pour nous la nécessité de
travailler à améliorer le recyclage du verre au Québec.
• (14 h 20) •
Des mesures
ont été prises depuis pour faire augmenter le taux et permettez-moi d'en nommer
quelques-unes. Depuis les dernières années, nous avons investi
25 millions dans les centres de tri et chez les recycleurs au Québec, et
près de 2 millions ont été
spécifiquement dédiés à des projets concernant le verre. Outre ces
investissements, RECYC-QUÉBEC a travaillé
de concert avec un ensemble de parties prenantes pour encourager la création de
nouveaux débouchés à valeur ajoutée pour le verre de la collecte
sélective.
Des débouchés
intéressants sont actuellement en phase de développement et de
commercialisation, comme, par exemple,
celui du verre micronisé en ajout cimentaire ou celui du verre cellulaire.
Donc, stimuler les débouchés est une partie
de la solution, mais il faut également travailler sur les systèmes en place. A
priori, la collecte sélective est un système simple pour le citoyen, mais les défis opérationnels sont importants. Le
verre se brise dans le camion de collecte. Cela rend plus difficile son tri une fois au centre de tri,
et, en se brisant, le verre devient aussi contaminé par les autres matières,
les petits morceaux de papier, de plastique, ce qui diminue sa valeur au marché. Les
morceaux de verre brisés sont aussi plus difficiles à traiter et ont moins de débouchés intéressants à forte valeur ajoutée. Ils sont donc souvent utilisés comme
abrasif.
L'initiative des points de dépôt volontaire est une avenue intéressante à évaluer
pour améliorer le tri à la source et réduire
la contamination. Plusieurs municipalités mettent actuellement des projets pilotes dans ce sens. Par contre, l'implication
de l'évaluation des coûts pour ces municipalités, tant pour elles
que pour les entreprises qui financent aujourd'hui, au Québec, le système de collecte sélective, doit être faite. Nous
avons d'ailleurs mené récemment une étude à ce sujet pour
accompagner les municipalités dans leurs prises de décision.
Maintenant,
si on parle de la consigne, son principal avantage est que la matière livrée
chez les conditionneurs est déjà triée,
sans mélange de couleurs et pratiquement, donc, exempte de contaminants. Elle
possède une valeur intéressante pour les
marchés. Cependant, aujourd'hui, selon la portée actuelle de la consigne, le
volume généré de verre est insuffisant pour combler les besoins des
acheteurs québécois en matière de verre recyclé. Il y a une autre limite
importante à la consigne actuelle, qui,
je vous le rappelle, a été mise en place en 1984, et qui vise le contenu
plutôt que le contenant. Cette situation crée une confusion importante
chez les citoyens et peut éventuellement nuire au taux de récupération des
contenants.
En somme, le
statu quo n'est pas une solution. Les systèmes de consignation publics et de collecte sélective
doivent fonctionner en complémentarité afin
d'atteindre les objectifs souhaités, et nous espérons que nous éviterons le
piège de les mettre en opposition. RECYC-QUÉBEC recommande donc quatre
recommandations.
Recommandation un : moderniser globalement les deux systèmes afin de répondre aux enjeux récurrents et
d'optimiser la performance. Cette modernisation devrait inclure des objectifs
de récupération et de recyclage cohérents, notamment pour préciser un seuil minimum de recyclage au
Québec. Un mécanisme d'échange entre les deux systèmes, incluant un flux financier optimisé et des
campagnes de sensibilisation citoyenne intégrées. Une traçabilité complète de
la matière qui transige par ces systèmes, de
la mise en marché au recyclage, afin de permettre une reddition de comptes efficace. Une plus grande implication et une plus grande
imputabilité de l'industrie quant aux matières qu'elle met en marché
et quant à la performance des systèmes de
récupération et de recyclage en place. Et enfin, la révision des éléments clés
de la consigne, à titre d'exemple,
le montant de la consigne, la prime de manutention, le nombre de points de
retour, l'optimisation des réseaux de logistique et de transport ainsi
que la portée du système, selon le contenant et non selon le contenu.
La deuxième recommandation vise à développer et diversifier les débouchés pour le verre, surtout locaux,
et ce, peu importe le mode de récupération retenu. Il est essentiel
de s'assurer que les spécifications du verre trié répondent aux besoins
actuels et futurs de ceux qui vont les recycler et conditionner.
Recommandation trois : réduire l'utilisation
du verre comme matériel de recouvrement journalier dans les lieux d'enfouissement. Cette pratique, de même que le
coût actuel de l'enfouissement, impacte directement les modèles
d'affaires du développement de la filière du verre au Québec.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme
Gagné, vous avez fait vos 10 minutes. Est-ce que vous acceptez, du
côté du gouvernement, qu'elle continue pour sa quatrième recommandation?
Une
voix : ...je crois.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui? C'est ça.
Mme Gagné
(Sonia) : Merci. Recommandation quatre : soutenir activement les conditionneurs et recycleurs
de verre afin de les aider à atteindre les
plus hauts standards de qualité attendue par les recycleurs et permettre la possibilité que le verre soit refondu.
Je vous remercie, Mme la Présidente, messieurs
dames de la commission, et on est prêts à répondre à vos questions.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Donc, maintenant, je passe la parole au groupe parlementaire
du gouvernement. Vous avez 16 min 30 s.
M. Campeau : O.K. Si je peux me permettre de commencer, premièrement, je voudrais juste ramener ce qui a été mentionné tantôt par le député de Jonquière. Ce qui avait été mentionné par... au niveau du Conseil général de la Coalition avenir Québec, c'était d'augmenter de façon significative le pourcentage
de récupération du verre. C'est vrai qu'il y avait un amendement sur la consigne qui n'avait pas passé,
mais l'idée, c'était de garder les options ouvertes, à ce moment-là. Ce
n'était pas contre la consigne ou pour la consigne, c'était plutôt dans cet
ordre d'idées là que c'était intervenu.
Mme Gagné, je reviens sur la recommandation deux. Vous avez d'abord parlé de complémentarité au début, et
ça, ça, ça ressort dans toute votre
présentation. Dans votre recommandation deux, vous parlez de diversifier les débouchés
locaux. Pouvez-vous expliciter un petit peu plus là-dessus?
Mme
Gagné (Sonia) : Actuellement,
les principaux conditionneurs et recycleurs de verre font du... avec soit des
contenants de verre, de la poudre à béton,
du matériel de filtration, du sable. Mais il y a matière à pouvoir faire
en sorte, au Québec, avec du soutien, d'améliorer le fait que ce
verre-là soit recyclé et valorisé au Québec. Je pense au verre vert, par exemple, qui actuellement
est envoyé à l'extérieur du Québec pour être valorisé.
M. Campeau :
Dans le but de créer une industrie locale qui permettrait de faire une boucle, dans
le fond.
Mme
Gagné (Sonia) : L'objectif,
ça fait partie même du mandat de RECYC-QUÉBEC, on parle de favoriser une économie
circulaire. Donc, nos déchets deviennent donc une matière secondaire à
valoriser, et cette richesse-là, donc, effectivement, crée une industrie, une vitalité au niveau
de cette filière-là. On peut aussi parler de vitalité au niveau
de certaines régions qui peuvent
avoir des responsabilités particulières par rapport à certains
produits. On peut penser à la recherche et au développement qui se fait ici,
au Québec, le but étant que la valeur ajoutée à nos
produits soit faite ici. On peut les exporter, mais une fois que le produit est transformé et non pas, comme vous
l'avez dit tout à l'heure, d'exporter le déchet lui-même.
M. Campeau :
D'accord. Dernière question, pour ne pas prendre... pour ne pas mobiliser tout
le temps. Vous avez parlé de données sur une base volontaire. Je comprends.
Est-ce que vous sous-entendez qu'elles devraient être obligatoires?
Mme Gagné
(Sonia) : Oui. Je crois que la déclaration... une déclaration de quelques
données simples, claires... Année après année, il y a des déclarations qui se
font par les municipalités dans le cadre du régime de compensation, mais, outre
ça, pour être capable de prendre des décisions éclairées et de faire une reddition
de comptes plus régulière... Vous l'avez remarqué, on a un bilan 2015, suivi
d'un bilan 2018, qu'il nous faut un an à réaliser parce que c'est fait par
téléphone. Et, Dieu merci, il y a un bon vouloir de l'industrie de collaborer,
mais il reste que, si on a une reddition de comptes un peu plus performante, on
peut être plus agile et prendre des décisions plus éclairées.
M. Campeau :
D'accord. Je passe la parole à un autre membre.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin :
Il me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Il vous reste 13 minutes...
12 min 30 s, à peu près.
Mme Grondin :
Parfait. Merci. Bonjour, Mme Gagné. Bonjour.
Plusieurs questions,
en fait, la première est concernant... Vous avez parlé beaucoup de
l'implication ou la contribution au niveau des citoyens par le biais de la
collecte sélective, par exemple. Est-ce que vous avez des chiffres concernant
toute la question du verre pour tout ce qui est les institutions, commerces et industries?
Mme Gagné
(Sonia) : Aujourd'hui, très peu. La déclaration se fait par les municipalités
dans le cadre du régime de collecte sélective. Il y a quelques quantités, qui
sont assez marginales, qui sont déclarées par les municipalités qui offrent le
service à des ICI, des institutions, commerces et industries qui sont
considérés assimilables à des résidences, donc qui sont plus petits. Il n'y a
pas de données récentes sur la génération du verre en ICI.
Mme Grondin : Et où croyez-vous que, par exemple, dans les restaurants ou ailleurs, vont justement les résidus
de verre ou les déchets de verre?
Mme
Gagné (Sonia) : Aujourd'hui,
n'ayant pas de traçabilité sur ces quantités-là, je ne peux pas vous
répondre.
Mme
Grondin : Donc, on n'en a
aucune idée. Ça peut modifier complètement le portrait que l'on a actuellement.
Mme Gagné
(Sonia) : Il y a une quantité pour laquelle nous n'avons pas de
données récentes, oui.
Mme
Grondin : Parfait. Que
fait-on avec le verre? Il y a des projets
pilotes actuellement de dépôt volontaire très intéressants. Que fait-on avec le verre
qui est récupéré?
Mme
Gagné (Sonia) : Il est, et
là vous me corrigerez si je me trompe, il est directement envoyé aux
conditionneurs, donc chez un ou deux conditionneurs qui ont des contrats.
Sophie, peut-être que tu peux compléter.
• (14 h 30) •
Mme Langlois-Blouin (Sophie) : Exact.
Donc, effectivement, le verre est envoyé chez un conditionneur qui a le
travail de le trier par couleurs et de l'envoyer à un recycleur par la suite.
Mme
Grondin : Et, de façon générale, est-ce qu'on en fait, donc, dans le
fond, du recyclage complètement à 100 %? Donc, il est trié par
couleurs et il est transmis par la suite? C'est comme ça...
Mme
Langlois-Blouin (Sophie) : Exact, exact.
Mme
Grondin : O.K. Autre question : Si vous aviez, au niveau de la
consigne, à nous recommander, sur quel type de contenants... Comment on approche? La consigne porterait sur quoi? La
bouteille de vin de la SAQ? Le pot de cornichons? Sur quoi il faudrait
mettre l'emphase? Sur l'ensemble des contenants de verre?
Mme
Gagné (Sonia) : Aujourd'hui, par rapport aux meilleures pratiques
qu'on a observées, la consigne sur les contenants de boisson, tout
contenant... on parle de contenants de boisson, c'est un modèle, effectivement,
qui mérite d'être observé.
Tout
à l'heure, je parlais de l'opposition entre contenant et contenu. Aujourd'hui,
la consigne porte sur les contenants de
bière et de boisson gazeuse, peu importe dans quel type de contenant ils sont
mis en marché. On a dit la consigne date de 1984, et il y avait peut-être trois sortes de bières et trois
couleurs de liqueur. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, quand vous regardez les tablettes dans votre supermarché.
Donc, il y a une multiplication des produits à boire et des contenants,
donc, qui s'y rattachent.
Mme
Grondin : Je reviens à mon pot de cornichons. Comme personne qui mange
des cornichons, je mets mon pot de
cornichons dans mon bac bleu. Si la consigne porte sur les boissons, donc, mon
pot de cornichons va revenir dans le bac bleu. Si on retire, par le
biais de la consigne, le verre dédié à la boisson, il va rester du verre dans
le bac bleu.
À votre avis, quel
sera l'impact de la collecte sélective, tant au niveau municipal que citoyen,
si une partie du verre est retirée et une autre non?
Mme
Gagné (Sonia) : Aujourd'hui, on a dit modernisation des deux systèmes.
Il reste que la modernisation des centres
de tri, aujourd'hui, permet d'optimiser le tri. Et le verre qui reste dans les
bacs... et qui ne sont pas des contenants de boissons sont de l'ordre de 30 % à 35 % de ce que représente
la totalité du verre dans le bac, donc la quantité est relativement faible. On a parlé de pas de solution mur à mur,
des solutions qui sont progressives. On pourrait, dans ce cas-là, dire :
Le contenant de cornichons reste au bac.
Mme
Grondin : Et est-ce que... Si j'ai bien compris, hein, le dossier est
assez complexe, mais, au niveau de la collecte sélective, cet intrant-là, pour les municipalités, leur permet, en
termes de redevances, si je comprends bien... Pouvez-vous nous expliquer
quel est l'impact, surtout financier, que pourrait avoir cette approche-là?
Mme Gagné (Sonia) : Une municipalité déclare ses coûts de collecte,
transport, tri et conditionnement, annuellement, et ces coûts-là sont compensés par les metteurs en marché d'emballage,
de journaux, d'imprimés. Et donc ce qu'ils nous déclarent, c'est les
coûts de collecte, transport, tri et conditionnement de la matière sur leur
territoire.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Alors, il vous reste encore 6 min 30 s.
Mme la députée de...
Mme Tardif :
Laviolette—Saint-Maurice.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Merci. Merci de me rafraîchir la mémoire.
Mme
Tardif : Il n'y a aucun souci. Il semble que, on l'entend quand même
régulièrement, pour ne pas dire abondamment,
que la collecte sélective telle qu'elle est actuellement, elle est dépassée.
Vous nous l'avez dit, vous aussi. Comment voyez-vous la modernisation de
cette collecte sélective là?
Mme
Gagné (Sonia) : Comme je l'ai dit plus tôt dans l'allocution, d'abord,
ce qui nous semble important, c'est un
regard posé sur la collecte sélective, en termes de responsabilité de
l'industrie, du produit qu'il met en marché jusqu'à la fin de sa vie utile. Alors, de travailler de
concert avec l'industrie, ça nous permet de pouvoir parler du produit qui
est mis en marché, de sa conception. Donc, d'utiliser, par exemple, un produit qui, à sa conception, est recyclable, qui contient, par
exemple, dans sa conception, un pourcentage de contenu recyclé, c'est une autre alternative
et voie à explorer, par
exemple.
Au niveau
de l'optimisation de la collecte sélective, on a parlé plus tôt de
la traçabilité de la matière, de savoir d'où elle vient, où elle s'en va, pour prendre de meilleures décisions et,
enfin, pouvoir prendre des décisions qui permettent que la fragilité du système,
quant à la variation des prix de matières, soit mieux sous contrôle.
Mme
Tardif : Et comment vous
voyez la complémentarité entre les deux systèmes, parce que
vous avez amené ça aussi comme piste de solution, donc, entre la
collecte sélective et la consigne?
Mme Gagné (Sonia) : Il y a plusieurs
points de complémentarité qui peuvent avoir lieu, notamment en termes
d'échanges de flux financier. Donc, aujourd'hui, c'est soit collecte sélective
ou consigne, alors qu'il peut y avoir des passerelles qui sont établies selon
des modalités à convenir.
L'autre point est au niveau citoyen. Les
campagnes de sensibilisation actuellement portent soit sur la collecte
sélective, soit sur les contenants consignés, alors qu'il peut y avoir une
synergie, au niveau des efforts citoyens, des deux systèmes.
Mme
Tardif : Est-ce que... là, peut-être que j'étends un peu votre rôle et
votre mandat, mais est-ce que vous voyez une similitude entre les citoyens qui font leur recyclage ou leurs
consignes en ville et dans les campagnes? Est-ce que vous voyez qu'il y aurait des problématiques, si on se
dit qu'on va appliquer telle mesure? Est-ce que ce serait applicable,
mur à mur, à travers la province?
Mme Gagné (Sonia) : Une mesure mur à
mur, comme on l'a dit d'entrée de jeu... on essaie autant que possible d'avoir
des solutions qui permettent d'être adaptées en fonction des différentes
régions. Les données actuelles ne me permettent
pas de dire qu'il y a un comportement citoyen en région versus en ville. Les
dessertes, bien sûr, sont différentes. Mais, dans un contexte de
modernisation, il est absolument, absolument nécessaire de parler des réalités
régionales. Oui, vous avez raison.
Mme Tardif : Avez-vous des données
par rapport au dépôt volontaire? Le projet qui se fait dans la MRC de
Val-Saint-François, comment ça va? Est-ce que c'est concluant?
Mme Gagné
(Sonia) : Aujourd'hui, ce qui nous a intéressés particulièrement,
l'angle qu'on a évalué, les taux de récupération
sont très bons. Il y avait deux points en termes, encore une fois, de
traçabilité, c'est-à-dire d'où vient la matière qui est au point de dépôt, est-ce qu'elle est de la région, est-ce
qu'elle est... probablement que les représentants qui sont impliqués
dans le projet sauront vous en parler.
L'autre
point, c'est les impacts sur les coûts de la collecte sélective. On peut
déclarer les coûts de ce point de dépôt comme un coût de collecte sélective municipale. Donc, sur un point de
vue environnemental, les résultats sont là. Sur un point de vue
financier, c'est une collecte qui est un petit peu plus onéreuse que celle par
bac bleu.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Beauharnois, il vous reste 2 min 30 s.
M.
Reid : À la
recommandation deux, vous expliquez : développer et diversifier les
débouchés pour le verre. Recommandation trois :
réduire l'utilisation du verre comme matériel de recouvrement journalier dans
les lieux d'enfouissement.
Est-ce que vous avez des exemples de débouchés
qui ont été mis sur pied au cours des dernières années? Et qu'est-ce qui peut
être... dans le futur, qu'est-ce qui peut être fait à ce niveau-là?
• (14 h 40) •
Mme Gagné
(Sonia) : Au niveau de la recherche et développement, ce qu'on peut
constater... en fait, excusez-moi, je le retrouve dans... je vais
prendre la fiche sur laquelle on le mentionne.
Ce qu'on peut
dire d'entrée de jeu... oui, exactement, ça va, merci. Pour le débouché, ce
qu'on a vu est l'utilisation du verre
micronisé, par exemple, pour l'ajout dans le béton ou alors, de la même
manière, pour les enrobés bitumineux. Donc, des recherches sont faites
pour le mettre dans les produits d'asphalte. Le verre micronisé, on en a parlé
tout à l'heure, il y a eu un projet de dalles écologiques, qu'on a supporté, en
2016.
Également, le
fait... les points de dépôt dont on a parlé, mais... fait en sorte que la
recyclabilité du verre est devenue un
petit peu plus importante et que les débouchés liés à ce verre-là étaient de
meilleure valeur. Donc, aujourd'hui, sur les débouchés actuels, au Québec,
c'est ce qu'on peut observer, donc l'ajout cimentaire, enrobé bitumineux,
abrasifs, notamment.
M. Reid : Il n'y
a rien d'autre qui s'est fait depuis. C'est ce qu'on regarde actuellement, là.
Mme Gagné (Sonia) : C'est ce
qu'on a actuellement en place, oui.
M. Reid : Est-ce
qu'on a des exemples d'ailleurs, ce qui se fait actuellement, qui pourraient
nous aider à avancer davantage là-dessus?
Mme Gagné
(Sonia) : C'est quelque chose qu'on pourrait éventuellement vous
soumettre, là. Je n'ai pas ça sous les yeux.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci. Merci beaucoup. Maintenant,
nous allons aller du côté de l'opposition officielle. Vous avez
11 minutes.
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente et merci, Mme Gagné, pour votre présentation.
Première question : si demain le gouvernement décide d'élargir la
consigne, est-ce que c'est en lien avec votre mandat présentement?
Mme Gagné
(Sonia) : Aujourd'hui, RECYC-QUÉBEC a le mandat de gérer la consigne
publique. Donc, demain, si la
consigne était élargie et qu'il s'agit d'un mandat de modernisation, le format
de la gestion n'est pas encore déterminé. Mais clairement, nous serions
impliqués dans la détermination de ce modèle-là en termes de rôle-conseil.
M. Kelley :
Parfait. Merci. Une autre question : si, demain, le gouvernement arrive puis
il demande à vous autres... si on
décide d'aller à l'avant avec un élargissement de la consigne, est-ce que ça va
réduire nos gaz à effet de serre ici, au Québec, ou augmenter, ou c'est nul, là? Votre réponse... Est-ce que vous
avez des études là-dessus ou est-ce que c'est une question que vous
allez réfléchir, sur la question des GES, si on ajoute cette consigne-là?
Mme Gagné (Sonia) : Lorsque,
dans le cadre de la modernisation de la consigne, des travaux ont été confiés à
Deloitte pour travailler sur l'optimisation des transports et de la logistique,
c'est un point qui a été étudié en ce sens qu'aujourd'hui,
tous les points où on peut acheter bière et boisson gazeuse sont des points qui
sont desservis pour la collecte. Donc, c'est des milliers de points où
on va déposer nos contenants.
Il y a une
question qui se pose quand on constate que 80 % des contenants sont
ramenés dans 20 % des points de collecte.
Il y a une optimisation à faire là, donc, qui pourrait éventuellement aussi se
traduire en gaz à effet de serre. Donc, il y a des points de collecte plus achalandés que les autres. C'est la
raison pour laquelle une de nos recommandations est de regarder la
consigne sur un point de vue de la logistique et du transport.
Est-ce qu'il
y a des points où les contenants sont ramassés en plus grand nombre? Et comment
on peut optimiser les routes? Parce qu'actuellement, effectivement,
plusieurs camions peuvent passer pour récupérer des contenants.
M. Kelley :
Parfait. Merci beaucoup. Pendant votre présentation, vous avez parlé de la
contamination des autres résidus par
le verre. J'ai une question : Est-ce que c'est aussi un impact sur les
produits papier? Est-ce que vous pouvez juste expliquer un petit peu sur
cet élément-là, la contamination des autres produits dans le bac bleu?
Mme Gagné
(Sonia) : Au niveau du verre, ce qu'on a observé, c'est surtout les
petites particules. Je vous donne un exemple,
là. Vous croyez faire le bon geste en traitant vos papiers confidentiels, vous
les déchiquetez, vous mettez ça dans un sac, vous mettez ça à la
récupération. Jusque-là, tout va bien.
Quand le sac
se brise, les petits morceaux de papier entrent en contact avec les autres
particules, et c'est là que se forme
la contamination au froid, à la neige, à l'eau. Dans le centre de tri, ça
devient une pâte qui fait en sorte que le morceau de verre va être très
difficile à trier et à valoriser. Pour les petites particules de plastique,
c'est la même chose.
Donc, c'est
là qu'on voit le plus grand intérêt à une collecte séparée ou, enfin, à ce
qu'il y ait une technologie de pointe pour faire en sorte que cette
contamination-là ne se fasse pas. Dans l'autre sens, la contamination est très
faible.
M. Kelley :
Parfait. Merci. Et est-ce que RECYC-QUÉBEC a participé à des projets pilotes
pour examiner la question de réduire
la contamination des produits? Est-ce que vous avez des chiffres, des exemples
de succès qui existent présentement
et des résultats en général? Est-ce que vous pouvez expliquer un petit peu, si
vous avez des chiffres exacts là-dessus?
Mme Gagné
(Sonia) : Le plus récent projet qu'on a observé, c'est celui des
points de dépôt au Val-Saint-François, et l'angle qu'on a observé est
plutôt celui de l'impact financier sur le modèle de collecte sélective pour les
régions qui implantent les points de dépôt.
M. Kelley :
Parfait. Juste encore, sur la consigne privée
qui fonctionne super bien parce que, bien, présentement, il y a
une entente entre les brasseurs du Québec et les entreprises qui reçoivent les bouteilles,
mais aussi parce que les bouteilles de verre consignées présentement sont très standardisées et donc
réutilisées, est-ce qu'on peut s'attendre à une efficacité aussi
élevée dans le cadre des bouteilles de vin?
Mme Gagné
(Sonia) : Le marché de la...
À ma connaissance, le marché de la réutilisation des bouteilles de vin
est relativement faible au Québec.
On est un... On importe beaucoup les
bouteilles de vin, et elles sont très peu reremplies. Donc, l'usage
multiple des bouteilles de vin est une pratique qui est marginale.
M. Kelley :
Parfait. Je me souviens, quand j'étais plus jeune, le bac bleu chez la maison
Kelley, c'était toujours divisé entre le papier, plastique et le verre.
Maintenant, c'est juste dans un gros bac bleu, alors tout est dedans.
Mais, selon
vous, est-ce qu'il y a aussi un élément, une campagne de publicité qui doit
être faite encore? Je sais que l'information
circule, mais est-ce que c'est toujours pertinent et partie de notre approche
de rappeler, les gens, des meilleures pratiques?
Et
je comprends maintenant que les centres de tri sont capables de faire la
division des différents produits eux-mêmes, mais, quand même, est-ce que ça, c'est un élément que le gouvernement
doit réfléchir sur, que c'est de vraiment informer les gens comment de faire leur recyclage? Je sais
que c'est «basic», mais c'est toujours quelque chose qui est très
important si on veut vraiment augmenter le taux de recyclage du verre juste en
général.
Mme Gagné
(Sonia) : Vous avez raison, et, dans ce sens-là, oui, les campagnes de
sensibilisation citoyennes, ça doit
être en continu. Parce que, oui, le choix a été fait sur la quantité de la
matière récupérée, mais comment le mettre dans son bac, comment séparer la matière, comment faire une boule avec un
papier d'aluminium, comment enlever les journaux d'un sac de plastique, ça fait une différence très importante. Et ce qui
va ou pas dans le bac aujourd'hui, ça, c'est encore des questions qui se
posent.
On a célébré
le 100 000e téléchargement de l'application Ça va où?, l'application de
RECYC-QUÉBEC qui accompagne le citoyen dans son geste de tri, mais on
peut encore faire mieux.
M. Kelley : Parfait. Je
pense... la parole à mon collègue de Viau.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député.
M.
Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre
présentation. Donc, c'est un dossier important dans la mesure que moi, comme député de la circonscription de Viau, dans
le territoire de ma circonscription, j'ai un centre, le centre de tri.
J'ai entendu
parler de cette vision presque qui s'oppose, corrigez-moi, entre la
modernisation des centres de tri et la
consigne. Et est-ce que vous avez fait une... Est-ce qu'il y a une évaluation
qui existe, à l'heure actuelle, à RECYC-QUÉBEC sur les enjeux autour de
la modernisation, les coûts, quels sont les défis autour de la modernisation
des centres de tri?
Mme Gagné
(Sonia) : Aujourd'hui, il y a déjà,
dans le budget du gouvernement du
Québec, des sommes qui sont allouées à la modernisation des centres de tri. On
a annoncé, en mars dernier... le gouvernement
du Québec a annoncé des sommes
qui sont dédiées à ça.
Si on prend
un pas de recul et que votre question concerne le verre, le verre représente
13 % du bac bleu au moment où on
se parle. Donc, l'équilibre entre les sommes à investir pour des technologies
propres au verre versus la modernisation d'un centre de tri dans ses opérations courantes, c'est clair qu'ils doivent
être accompagnés pour la totalité de leurs opérations.
Aujourd'hui, on observe que des technologies issues des recherches au niveau
de l'intelligence artificielle
permettent d'avoir un tri extrêmement
précis, et là il y a des opportunités pour le Québec de mettre de l'avant des
technologies qui sont développées ici et qui amènent une très grande
valeur ajoutée dans les centres de tri.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...encore quelques secondes.
M. Benjamin : Quelques secondes.
Donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Non,
vous avez deux... 1 min 30 s environ.
M.
Benjamin : Merci. Donc, vous avez abordé cette notion, notamment, au
niveau que... lorsque vous abordiez la question
de la promotion, donc autour de la consigne et du recyclage, qu'il est
important de rejoindre de... il y a un effort. J'aimerais peut-être vous entendre un peu plus là-dessus. Quels sont les
efforts qu'on pourrait faire rapidement pour faciliter une meilleure conciliation
et renforcer, justement, le recyclage du verre au Québec?
• (14 h 50) •
Mme Gagné
(Sonia) : Donc, mettre ensemble les efforts de campagne au lieu
d'avoir des campagnes séparées sur quoi
faire avec un contenant de bière, ou de boisson gazeuse, ou d'emballage à la
maison, bien, il s'agit de la gestion de la matière résiduelle à la maison. Donc, peu importe le système, le citoyen
doit être accompagné dans les gestes qu'il a à poser, peu importe si le système soit de consigne ou de
collecte sélective. Le but, c'est qu'on puisse accompagner le citoyen
dans le geste qu'il pose.
Donc, unir
les efforts, c'est à la fois les efforts financiers, mais de campagne, pour
être plus percutant et puis pour accompagner le citoyen dans le geste
qu'il pose.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, merci beaucoup. Merci pour cette
intervention. Nous allons maintenant passer au deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Mercier, vous avez 2 min 45 s.
Mme
Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Je
suis contente d'avoir notre société d'État ici, devant nous, pour
répondre à ces questions importantes.
Écoutez, il y
a des constats, je vais les dire rapidement, que vous avez déjà faits, qui nous
amènent dans cette situation d'échec,
ça, vous le reconnaissez, par rapport au recyclage du verre, que ça soit le
manque de traçabilité de la matière, manque de reddition de comptes des partenaires. Vous dites que vous avez de la
difficulté à avoir des données. C'est fait sur une base volontaire.
On voit aussi qu'il y
a eu un échec avec l'entente avec les brasseurs, qui fait qu'aujourd'hui,
l'aluminium, les contenants en aluminium
prennent la place des contenants à remplissage multiple, qui sont beaucoup
mieux pour l'environnement.
Il y a aussi une confusion dans les informations, vous l'avez reconnu. Vous
venez de corriger un chiffre qui circulait,
qui était de 14 %. Vous dites qu'aujourd'hui, on est à 37 % de taux
de matières acheminées pour fins de recyclage. Il y a eu un autre chiffre qui a circulé, qui était de 50 % de
recyclage, par Éco Entreprises Québec, et ça, je ne vous ai jamais entendu le corriger, alors que plusieurs
intervenants, dans leurs mémoires, reprennent le chiffre très bon de 50 %,
alors que ce n'est pas la réalité.
On
a l'impression que RECYC-QUÉBEC n'a pas répondu à sa responsabilité, au mandat
que RECYC-QUÉBEC a. Est-ce que vous,
vous faites... vous reconnaissez ça que vous avez peut-être... En fait, je vais
vous poser la question : Est-ce que
vous trouvez que vous avez eu assez de leadership dans la question du
recyclage? Est-ce que vous avez fait preuve de leadership ou vous avez
plutôt sous-traité toute cette question aux entreprises privées et à leurs
représentants?
Mme
Gagné (Sonia) : Bien, quand on parle de leadership par rapport à la
récupération au Québec, il est clair que, tant au niveau des programmes qui ont été mis en place, des sommes qui
ont été allouées, de faire en sorte... par exemple, puis là je vais corriger un chiffre, le 14 % de
2015 est devenu 28 %. C'est la performance combinée des citoyens et des
centres de tri. Le 37 %, c'est autre chose encore.
Mme Ghazal :
C'est seulement les centres de tri.
Mme Gagné
(Sonia) : Exactement. Donc, une fois qu'on parle de la même chose...
Mme
Ghazal : ...constat d'échec d'avoir 28 %. Moi, ce que je veux
savoir, est-ce que... En fait, ma question, c'est : Est-ce qu'il vous manque des outils? Comme vous
disiez que les données étaient volontaires, est-ce qu'il faudrait qu'on
les rende obligatoires? Le manque de
traçabilité de la matière, comment est-ce que, vous, vous voyez qu'elle devrait
être faite? Est-ce qu'il y a des
choses, des outils légaux qui pourraient vous être donnés, des changements aux
pouvoirs de RECYC-QUÉBEC qui font
qu'aujourd'hui on est devant ce constat d'échec, pour ne pas que dans
10 ans, on fasse une autre commission avec ce constat d'échec une
autre fois.
Mme
Gagné (Sonia) : Je comprends et je ne pense pas que ce soit dans les
pouvoirs de RECYC-QUÉBEC qu'on doit
porter notre attention aujourd'hui, que dans les deux systèmes réglementaires
qui sont autour de la collecte sélective et de la consigne.
Mme
Ghazal : Mais est-ce que, oui ou non, vous reconnaissez que vous avez
une responsabilité dans l'échec qu'on vit aujourd'hui?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : ...terminé. Alors, maintenant, je passe la parole au
député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci, Mme la Présidente. Je voulais savoir ce qui s'est passé chez RECYC-QUÉBEC, parce qu'à l'automne 2016, il y avait eu un document, Modernisation de la
consigne, fait par RECYC-QUÉBEC, qui avait été soumis au gouvernement à l'époque, qui proposait,
entre autres, de hausser de 0,05 $ à 0,10 $ la consigne, qui
proposait aussi que tous les
contenants de 900 millilitres ou moins soient consignés. Puis j'ai
vérifié, là, pour les pots de cornichons, j'en ai un devant moi, là, il
fait 720 millilitres. Donc, il aurait été admissible à cette réforme
proposée par Modernisation de la consigne en 2016.
On
sait qu'il y a eu beaucoup de critiques. Le gouvernement libéral, à l'époque,
avait renoncé à aller de l'avant avec ces propositions-là. Je vous sens
plus frileux aujourd'hui. On ne sait pas clairement où vous logez sur la
consigne, il n'y a pas de proposition claire d'augmenter les montants. Alors,
qu'est-ce qui s'est passé entre 2016 puis aujourd'hui?
Mme Gagné
(Sonia) : La consigne et la collecte sélective sont deux systèmes qui
reposent sur des appareils réglementaires.
Donc, nous, à partir du moment où on opère le système actuel, il est basé sur
le règlement actuel. Donc...
M. Gaudreault : Mais, entre le document Modernisons la
consigne,qui était une analyse ou des recommandations faites par RECYC-QUÉBEC, et votre mémoire d'aujourd'hui, je sens RECYC-QUÉBEC, pas vous personnellement, mais l'institution RECYC-QUÉBEC un peu
plus hésitante à faire des propositions plus claires, plus tranchées, par
exemple, sur l'augmentation
des montants, là, des sommes, des montants de la consigne de 0,05 $ à
0,10 $, par exemple.
Mme Gagné
(Sonia) : Non, effectivement, on ne s'est pas aventurés sur des montants en particulier. Ce qu'on a dit dans le mémoire,
c'est qu'il fallait revoir le montant, revoir la portée de la consigne sur le
contenant et non pas sur le contenu. Je pense que ce sont quand même des
positions assez claires.
Là
où, nous, on souhaite ne pas tomber, c'est dans la mise en opposition
des systèmes, qui fait en sorte que, quand deux systèmes s'affrontent, ça n'avance pas. Donc, si on doit choisir collecte sélective ou consigne,
c'est là que nous, on ne veut pas
aller. S'il y a de la frilosité, c'est à dire un ou l'autre, alors que
RECYC-QUÉBEC, sa position, c'est un et l'autre.
M. Gaudreault :
Mais, en 2016, vous disiez que tous les contenants de 900 millilitres ou
moins pouvaient être consignés, incluant les
pots de cornichons, et là aujourd'hui, tantôt, vous avez dit non, si j'ai bien
compris, là, à la question de la collègue d'Argenteuil.
Mme Gagné
(Sonia) : Dans une démarche progressive, si je ne m'abuse, on parle
aujourd'hui dans des... la collecte aujourd'hui...
la consigne aujourd'hui porte sur les contenants de boissons. Donc, la
modernisation de la consigne, pour nous, en fait, porte sur les
contenants de boissons.
M. Gaudreault : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. Alors, merci beaucoup pour cette intervention.
Nous allons suspendre deux minutes afin
d'accueillir la Société des alcools du Québec. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 14 h 57)
(Reprise à 14 h 59)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous allons maintenant accueillir la Société des alcools du Québec. Mme Catherine Dagenais,
présidente en chef et chef de direction, dis-je, bienvenue à cette commission.
Je vous invite à nous présenter la personne qui vous accompagne, et vous avez
10 minutes pour votre exposé.
Société des alcools du Québec (SAQ)
Mme Dagenais
(Catherine) : Merci, Mme la Présidente. Mmes et MM. les députés
membres de la commission, bonjour.
Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter la personne qui m'accompagne, Mme Cédéanne Simard,
directrice de la responsabilité sociétale à la SAQ.
• (15 heures) •
Alors, on est heureuses d'être ici aujourd'hui pour participer à la discussion sur le recyclage et la valorisation locale du verre. C'est un sujet qui
nous tient à coeur, et nous sommes reconnaissantes de pouvoir faire entendre
notre voix.
Comme vous le
savez, la SAQ est intimement liée au sujet, hein? Nous sommes régulièrement
interpelés par le sujet de la
consigne, et les Québécois s'attendent à ce que la SAQ assume un leadership
fort dans le dossier du verre. Si de nombreux
Québécois réclament, depuis quelques années, la mise en place d'une consigne
sur les contenants de la SAQ, c'est
qu'ils sont outrés par le fait que, bien qu'ils aient intégré le geste de
déposer leurs contenants dans le bac, ceux-ci finissent par se retrouver largement dans les sites d'enfouissement.
Sachez que la SAQ partage cette préoccupation des Québécois de
réduire... en fait, d'éliminer l'enfouissement du verre, et c'est là toute la
problématique qu'il faut solutionner ensemble.
Rappelons que
87 % des contenants de la SAQ sont présentement récupérés, ce qui en fait
la matière la plus récupérée du
fameux bac. L'enjeu n'est donc pas la récupération du verre, largement passée
dans les moeurs des Québécois, mais bien ce qu'on fait avec ensuite. Il est urgent que l'on mette en place des
mesures qui permettront vraiment d'améliorer le taux de recyclage de l'ensemble du verre
postconsommation au Québec. Et, si l'atteinte de cet objectif passe par un
changement de type de collecte et donc par
la mise en place d'une consigne sur le verre, la SAQ appuiera l'initiative.
Depuis plus de 30 ans, nous nous
préoccupons du verre que nous mettons en marché. D'ailleurs, dès 1988, nous
avons appuyé l'implantation de la
collecte sélective que nous finançons depuis ses débuts en 1991. C'est près de
150 millions de dollars que nous avons investis jusqu'à maintenant.
Au cours des
années, la SAQ a également multiplié ses investissements en recherche et
développement pour trouver des débouchés concrets au verre récupéré. Ces
recherches ont entre autres permis la reconnaissance, par l'Association canadienne de normalisation, de l'utilisation de
la poudre de verre comme remplacement cimentaire dans la fabrication du béton. Ces actions de la SAQ démontrent à quel
point nous partageons la volonté des Québécois de réduire la quantité de
verre enfoui. Comme entreprise citoyenne et, encore plus, comme société d'État,
nous souhaitons participer activement à trouver une solution durable et globale
aux défis que représente le recyclage du verre.
Un portrait
rapide, là, du verre de la SAQ, c'est 200 millions de bouteilles mises en
circulation par nos succursales et
les détaillants d'alimentation chaque année. Ce sont des bouteilles qui
proviennent de 81 pays et de plus de 3 000 fournisseurs partout dans le monde. Il nous est donc impossible
de les retourner aux producteurs pour des remplissages multiples. Nos bouteilles représentent 50 % du verre déposé
dans le bac de la collecte sélective et environ 9 % de l'ensemble des
matières récupérées. C'est important de
savoir que seulement 20 % des bouteilles de la SAQ sont constituées de
verre clair ou ambré, qui peut être
utilisé par la seule usine de refonte au Québec, alors que 80 % de notre
verre est coloré vert, d'où l'importance d'identifier des débouchés
locaux au Québec.
On est donc
conscients que notre commerce a un impact sur l'environnement. Pour
l'amoindrir, nous croyons que la
solution retenue doit aller au-delà de la méthode de collecte et d'offrir une
solution pour améliorer le taux de recyclage du verre afin d'éviter son enfouissement. Pour y arriver, la SAQ propose
quelques pistes de solution. Tout d'abord, la solution retenue pour s'assurer de donner une seconde vie
au verre récupéré devra prendre en charge la totalité du verre, donc
100 % du verre, sans égard de son
contenu ou de sa couleur. Advenant le choix de la consigne, il faudra prévoir
un plan soutenu pour modifier le
comportement des Québécois, puisqu'ils ont tout de même intégré le geste de
déposer les contenants de verre dans le bac, permettant un taux de
récupération de 87 % de nos contenants.
Par
ailleurs, l'accessibilité, l'espace, le nombre et les coûts d'implantation et d'opération des
points de collecte sont des facteurs
déterminants pour assurer le succès de ce mode de récupération. À ce titre, le
réseau de la SAQ ne serait pas optimal
pour accueillir les points de collecte. Nos succursales, dont la superficie est
de plus en plus limitée, n'auraient pas l'espace... n'ont pas l'espace... pardon, requis
pour reprendre 100 % de notre inventaire qui, rappelons-le, représente
environ, là, 200 millions de bouteilles par année. Reprendre des
bouteilles vides sur place nous obligerait donc à agrandir ou à déménager la majorité de nos succursales,
et nos succursales, vous le savez, ce
ne sont pas nos bâtisses, ce sont des... on loue l'espace et on a des
baux de 10 à 15 ans.
Donc,
un autre point à considérer, avec l'ajout de ce nouveau mode de récupération,
la collecte sélective devra prévoir un
plan de financement, évidemment, pour combler le manque à gagner laissé par le
retrait des bouteilles de la SAQ qui étaient
dans le bac. La contribution de la SAQ pour le verre dans le bac de la collecte
sélective au Québec représente 12 % du financement global de la
collecte.
Alors,
en effet, enlever les bouteilles de la SAQ du bac ne changerait ni le parcours
ni la fréquence de la collecte sélective et n'en réduirait probablement
pas les coûts. De plus, si l'on voulait faire une évaluation juste des impacts environnementaux occasionnés par la cohabitation
de deux systèmes de récupération, il faudrait évaluer les émissions de gaz à effet de serre générées par les déplacements
des Québécois et des camions assurant le transport des matières
consignées qui s'ajouteraient à ceux de la collecte sélective.
Peu
importe le mode de collecte adopté, nous réitérons qu'il est inacceptable que
le verre récupéré se retrouve à l'enfouissement.
Nous proposons que soient mis en place des critères de gouvernance pour les
centres de tri du Québec, afin d'assurer
le recyclage des matières. En fait, il nous semble inacceptable que le système
économique actuel permette et rende l'enfouissement
du verre plus profitable pour les centres de tri que son envoi au centre de
conditionnement, et ça, la population n'est pas au courant de ça. Une
piste de solution pourrait être de subventionner plutôt l'envoi de la matière
aux filières de recyclage.
Évidemment,
la meilleure façon d'éviter l'enfouissement du verre, c'est de développer des
débouchés pour le verre postconsommation.
La refonte pour en faire de nouvelles bouteilles n'est pas la seule option,
d'autant plus que les débouchés locaux
existent déjà pour le verre récupéré. Il pourrait toutefois être développé
davantage si l'État devenait lui-même une vitrine technologique pour les débouchés du verre en imposant
l'utilisation du verre postconsommation dans la construction des infrastructures publiques. L'implication du
gouvernement contribuerait ainsi à stimuler l'économie circulaire locale
et à faire progresser la valeur du verre postconsommation.
En
conclusion, vous pouvez le constater, il existe de nombreuses pistes de
solution au défi que représente le recyclage du verre au Québec. Il s'agit d'un enjeu complexe qui devra prendre en
compte chacune des étapes du cycle de vie du verre. En matière de collecte, il faut garder en tête que
la solution retenue devra absolument permettre de réduire
l'enfouissement, voire même de l'éliminer, et
d'obtenir un meilleur taux de recyclage local pour l'ensemble du verre
postconsommation, ce qui est l'objectif ultime recherché par toute la
population québécoise.
Je
souhaite que la commission retienne que la SAQ travaillera en étroite
collaboration, comme par le passé, avec l'industrie et le gouvernement du Québec afin de trouver une solution
plus performante, tant sur le plan environnemental qu'économique pour
atteindre le meilleur taux de recyclage du verre possible. La réflexion
collective que permet cette commission est un premier pas dans la bonne
direction. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci. Mme Dagenais. Alors, maintenant,
je passe la parole aux membres du gouvernement. M. le député de Bourget,
vous avez 16 min 30 s.
• (15 h 10) •
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour à tous. Mme Dagenais, première question, la
SAQ avait commandé une étude sur
l'implantation d'un système de consigne en 2015. Est-ce que c'est une étude
publique? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu? Est-ce que
ça a évolué, la pensée, depuis ce temps-là?
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui, l'étude de LIDD, je n'ai pas les détails de...
Excusez-moi un instant.
M. Campeau : O.K. Bien, je peux peut-être procéder à une autre
question pendant ce temps-là. Si je comprends bien,
on veut alléger les bouteilles de verre pour
les bouteilles qui coûtent moins de 16 $.
Je comprends l'idée, ça va être moins pesant,
on va en avoir moins à recycler, point. C'est simple, là. C'est excellent, très
bonne idée. Pourquoi 16 $? D'où vient ce 16 $ là? Pourquoi ce
n'est pas un chiffre rond comme 15 $, ou 20 $, ou, tu sais...
Mme Dagenais
(Catherine) : La question est très bonne. En fait, c'est que le prix
moyen vendu des bouteilles de vin à
la SAQ est autour de 16 $, les prix... les produits réguliers que vous
retrouvez dans les tablettes de la SAQ. Et donc on a voulu commencer en quelque part, parce qu'on visait la majorité des
produits, mais c'est un début seulement. Et on vise rapidement à augmenter, en fait, le taux... le verre allégé pour
toutes les bouteilles en bas de 20 $, qui représenteraient autour
de 80 % de ce que nous mettons en... de ce que nous vendons.
M. Campeau :
O.K. Est-ce que vous avez des données par rapport à l'étude de 2015?
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui. Bien oui, c'est ça. Alors, un instant.
En fait, c'est que l'étude de LIDD, quand on avait
fait ça en 2015, c'était de voir, si on avait... on mettait en place des centres de dépôt indépendants pour accueillir,
pour aller chercher, justement, des... voyons, pour aller porter, pour
que le client, le consommateur aille porter
ses bouteilles, on voulait voir si c'était viable de le faire. Et, en fait, ce
qui a été la conclusion de l'étude,
c'est qu'il y avait une... En fait c'était très coûteux pour, en fait, le gouvernement, la SAQ, de mettre en place ces dépôts-là, là. Ça coûtait 250 millions sur cinq ans avec des frais d'exploitation de 30 millions annuellement. C'est ce qui
avait été étudié. Donc, c'est ce qui avait... Ça n'avait pas été retenu à
l'époque, mais c'était complètement indépendant à la SAQ, parce que, dans nos
succursales, on n'avait pas l'espace pour vendre ces produits-là.
M. Campeau : Ce que vous avez mentionné tantôt, l'étroitesse
des lieux... Une idée comme ça que je lance, et je ne sais même pas... On verra la réaction. Vous
mentionnez que les bouteilles viennent essentiellement de l'extérieur du Québec en forte majorité.
On le sait. Donc, on n'a pas beaucoup de contrôle sur le type de bouteille qui va nous
arriver et la couleur du verre. Est-ce qu'il n'y aurait pas là une belle opportunité de favoriser les vins québécois
et les spiritueux québécois et, à
ce moment-là, d'aller mieux contrôler
le verre, aller s'entendre avec les fournisseurs localement? Avez-vous
pensé à cette avenue-là?
Mme Dagenais
(Catherine) : En fait, déjà, la
SAQ, vous le savez, on reconnaît puis on supporte l'industrie des vins québécois.
On vend tous les produits québécois, ou presque, qui sont mis en marché. En fait, je
pense que c'est 95 % de
ce qui est produit au Québec est vendu dans
les SAQ en matière de vin. Et c'est sûr que, si vous référez à l'embouteillage
à... voyons, au recyclage des bouteilles... voyons, ce n'est pas ça que je veux
dire.
Les
bouteilles à usages multiples, pardon, si c'est à ça que vous référez, ce n'est
pas une option qui existe dans le marché
nord-américain actuellement. C'est même très peu en Europe. Ce n'est pas une option
qui existe pour le moment. Je ne dis
pas que je suis fermée à l'idée, mais ça n'existe pas. Mais, par contre, je
sais qu'il y a des embouteilleurs et des producteurs québécois qui
favorisent l'achat de produits de verre québécois, là, qui sont faits ici, au
Québec, mais c'est encore... Il y a une
opportunité, mais vous savez aussi que le prix du verre, on ne se le cachera
pas, est moins cher à l'extérieur du Québec, mais il y a effectivement
des opportunités là-dessus.
M. Campeau :
Dernière chose, une comparaison avec l'Ontario, avec ce qu'on appelle les «beer
stores» là-bas, le fait que la bière
soit vendue par la LCBO. Est-ce que vous voyez une avenue là-dedans ou ce n'est
pas une idée regardée? Avez-vous une opinion sur ce sujet-là?
Mme Dagenais
(Catherine) : Je ne suis pas certaine de comprendre votre question.
M. Campeau :
Bien, en Ontario, le «beer store», c'est souvent là qu'on vend la bière, Et
alors, à ce moment-là, là, ces gens-là récupèrent les bouteilles
localement.
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui. En fait, les «beer stores», ce n'est pas le LCBO,
hein, vous le savez. Ce sont les compagnies de bière, là, qui
détiennent...
M. Campeau :
...une opinion sur ce sujet-là?
Mme Dagenais
(Catherine) : Je ne suis pas si certaine de comprendre votre question.
M.
Campeau : Bien, en Ontario,
le «beer store», c'est souvent là qu'on vend la bière, et alors, à ce moment-là, ces gens-là récupèrent les
bouteilles localement.
Mme Dagenais (Catherine) : Oui. En fait, les «beer stores», ce n'est pas le
LCBO, hein, vous le savez. Ce sont les compagnies
de bière, là, qui détiennent les «beer
stores», et on n'a pas ce modèle-là
ici, au Québec. Donc, c'est difficile de comparer. Il n'y
a pas de «beer store» ici, au Québec.
M.
Campeau : O.K.
Donc, vous n'avez pas comparé le modèle qui existait là-bas ou... Bon, ça n'a
pas été retenu.
Mme Dagenais (Catherine) : Non. Bien, en fait, c'est l'étude LIDD de tout à l'heure, l'étude LIDD... quand on a fait
l'étude en 2015, où on a regardé la possibilité d'ouvrir 522 dépôts à travers le Québec,
bien, c'était justement en lien avec qu'est-ce qui est offert, si
je peux comparer, là, avec qu'est-ce qui est offert en Ontario.
M. Campeau :
O.K., je comprends que c'est redondant comme question. Merci.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : M. le député de Rivière-du-Loup.
M.
Tardif : Merci, Mme la Présidente. Rivière-du-Loup—Témiscouata.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : C'est ça, je manquais un mot, là.
M. Tardif : Écoutez, merci pour le dépôt de votre mémoire. Moi, ma question va être
relativement simple, là, du moins
pour la question, là. On fait de la recherche. Moi, la valeur ajoutée... on
parle de souvent de ciment, là, je suis comme enterré dans le ciment à en entendre parler, et vous avez investi, je
sais que vous avez des pistes, vous avez d'autres alternatives.
Est-ce
qu'on pourrait en entendre parler un petit peu, les directions qu'on pourrait
donner puis qui nous aideraient? Je
comprends le manque de places, je comprends toute la question d'éducation, des
coûts. Disons que je vais sauter cette étape-là
puis je veux arriver... quelle est la valeur ajoutée que je peux donner? Quelle
est la solution ou qu'est-ce qui fait que je peux être gagnant avec ce
paquet de belles bouteilles là à récupérer?
Mme Dagenais (Catherine) : Oui.
Alors, bien, oui, ça me fait plaisir de répondre à la question. La SAQ travaille avec la chaire de l'Université de
Sherbrooke depuis 2005 pour justement trouver des débouchés locaux au verre, et un des débouchés qui est très prometteur, c'est celui du
remplacement cimentaire. En fait, la poudre de verre est un remplacement... est un équivalent, un substitut au
ciment pour faire le béton. Et, en fait... donc, on pourrait... jusqu'à
30 % du ciment pourrait être remplacé par la poudre de verre.
Alors, c'est
une opportunité qui existe, qui est faisable, qu'en fait... qu'on a même fait
dans nos magasins avec les planchers
de béton, les trottoirs de la ville de Montréal, notamment. Ça, c'est un
débouché qui est concret, qui est local, qui... on parle de développement d'économie circulaire. Ça répond
exactement à ça. C'est un des plus gros débouchés, en fait. Si on
utilisait toute la poudre de verre pour faire le béton, je pense qu'on n'aurait
pas assez de verre au Québec.
M.
Tardif : Alors, si je
comprends bien, pour ne pas interpréter vos paroles, on a le débouché, mais on
n'a pas assez de verre pour répondre
au besoin. On a la matière... il nous manque de matière première pour
répondre... parce que, là, on en
fait, du ciment, puis on dit qu'on pourrait même en manquer, de bouteilles, là.
C'est un beau problème, là, de manquer de première matière, surtout
quand on sait qu'on remplit les dépotoirs à côté, là.
Mme Dagenais (Catherine) : Oui. En
fait, le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de demandes. C'est ça, le problème. Alors, même si ça a été certifié par la
CSA, il faut qu'il y ait une demande pour la poudre de verre en tant que
substitut au ciment. C'est là où le bât blesse.
M. Tardif :
O.K. Et je comprends que...
Mme Dagenais (Catherine) : C'est là
où on a besoin...
M. Tardif :
...ce n'est pas dans votre dossier de créer cette demande-là.
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, j'aimerais... c'est-à-dire que l'offre,
elle est là, et, en fait, il faudrait peut-être un petit coup de pouce
de la part des donneurs d'ordres à ce niveau-là.
M. Tardif :
Merci. Intéressant.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée d'Argenteuil.
Mme
Grondin : Bonjour. Merci pour votre contribution. J'ai quelques
questions. En fait, la première serait plus... Vous mentionnez que vous
faites la promotion de contenants alternatifs. Très curieuse, ce qui veut
dire...
• (15 h 20) •
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, en fait, des contenants alternatifs...
vous savez, il y a du vin maintenant vendu dans l'aluminium. Les contenants alternatifs, si vous achetez le vin
dans les Tetra Pak, notamment, ce sont des contenants alternatifs.
C'est encore,
je dirais, marginal. L'offre est là. La demande de la clientèle est... Tu sais,
il faut changer les habitudes de... les comportements d'achat du client.
Mais de plus en plus, quand on va dans les salons d'achats de vin, l'offre est
définitivement là. Et on augmente, à chaque année, notre offre en fonction de
la demande du client.
Mme Grondin : Ces contenants-là vont
finir au bac bleu.
Mme Dagenais (Catherine) : Oui.
Mme
Grondin : O.K. L'autre question, c'est : Le coût actuel, là,
d'une bouteille, est-ce qu'il inclut le montant pour couvrir vos frais
quant à la collecte de...
Mme
Dagenais (Catherine) : Effectivement, dans le prix de la bouteille...
le montant de la collecte sélective est inclus dans le prix, et c'est... je ne me rappelle plus combien de... Je
voulais vérifier, mais j'ai oublié. C'est 0,08 $ la bouteille.
Mme Grondin : Parfait. Mme la
Présidente, il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Il
vous reste 5 min 30 s.
Mme Grondin : Est-ce que tu avais
une question?
Mme Tardif : Oui.
Mme Grondin : O.K., je vais...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif :
Merci. On parle d'effets d'émissions de gaz à effet de serre, et c'est aussi un
point qu'on doit considérer, vous
comprendrez. Vous l'avez mentionné. Et on ne doit pas compenser ou trouver une
solution en ajoutant une problématique. Donc, il faut voir, là, à ce niveau-là. Et vous dites que
vous êtes d'avis que la stratégie devrait proposer une solution pour
compenser les déplacements et les GES. Avez-vous cette solution-là à nous
proposer?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, j'aimerais ça dire oui, mais, en fait,
c'est que ça prend une solution globale, c'est-à-dire que, si on déplace la moitié du bac pour le faire
transporter d'une autre façon, la question que je pose ici à la commission, c'est : Comment allons-nous réduire
vraiment les gaz à effet de serre, alors qu'on sait que le camion de
collecte va passer, de toute façon, à domicile à toutes les semaines?
Peut-être
une piste... parce qu'on est beaucoup sur la collecte versus la consigne, mais,
si on changeait... Je parlais à mes
collègues, quand on a commencé la... Moi, comme consommatrice, quand on a
commencé la collecte, il y a 30 ans, on séparait nos matières. Et pourquoi est-ce qu'on ne sépare plus ces
matières-là dans le bac, bien, il faudrait se poser la question, et
peut-être que c'est une solution.
Mme
Tardif : Aviez-vous eu une demande pour appuyer un projet de
recherche — parce
que vous faites, comme vous l'avez dit, plusieurs projets de
recherche — de
EEQ, là, EEQ, Verre l'innovation?
Mme Dagenais
(Catherine) : On a participé...
Mme Tardif :
Vous participez, donc.
Mme Dagenais
(Catherine) : On a collaboré, en fait, à l'étude.
Mme Tardif :
Il y avait une demande, je pense, de 50 millions qui avait été faite.
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, en fait, c'est à travers les montants de
la collecte sélective qu'on paie déjà. Donc, on n'a pas déboursé des
dollars additionnels pour ça.
Mme Tardif :
Ça représente combien environ?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, en fait, à chaque année, la SAQ...
évidemment, les volumes augmentent, là, mais la dernière année, on a payé... on a remis 18 millions pour
assurer la collecte sélective, alors, de... tout comme tous les partenaires, là, qui vendent, en fait, des biens
qui sont dans le bac de collecte sélective. Alors, c'est à partir de ces
montants-là qu'EEQ a géré son budget, mais je ne suis pas au courant de
leur gestion de budget.
Mme
Tardif : Et quand vous nous dites que les institutions, les bâtisses
des SAQ, partout à travers la province, ce que j'entends, là, ne peuvent pas, ne sont pas équipées, là, pour
avoir... Il n'y a pas d'entrepôt pour récupérer. Est-ce qu'à tous les
endroits l'étude a été faite? Est-ce que c'est certain? Est-ce qu'on se dit, en
partant, qu'on ne regarde pas cette possibilité-là qu'il y en ait un certain
pourcentage qu'ils puissent récupérer?
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien, en fait, c'est que, dans les dernières
années, vous savez, la SAQ a revu tout son modèle d'affaires pour améliorer sa performance, ce qui était une
attente du gouvernement, mais de la population en général, hein? Il y a des attentes de performance, et, en
fait, dans les derniers cinq ans, on a réduit notre pied carré et on le
réduit année après année pour s'assurer
qu'on a, en fait, la marchandise qu'on offre dans nos magasins et la
marchandise qui va être vendue dans la semaine, et on réapprovisionne
nos succursales à toutes les semaines.
Donc,
c'est dans ce contexte-là que je dis : Il n'y a pas d'espace pour... La
SAQ, même, pour vendre ses produits, n'entrepose pas plus que, tu sais,
une semaine ou deux d'inventaire dans ses magasins, en général.
Mme
Tardif : Alors, à ce moment-là, pensez-vous que ça serait un frein,
justement, aux citoyens? Parce que moi, en région, les gens me disent qu'ils ne feront pas plus de kilométrage
ou ils ne feront pas deux endroits, un pour aller acheter et un pour
aller porter leurs bouteilles.
Mme
Dagenais (Catherine) : C'est une grosse gestion de changements qu'il y
a à faire avec la population. J'étais en
Suède dernièrement, en vacances, puis je me suis permis de rencontrer la
présidente du modèle suédois, là-bas, d'alcool, et là-bas, en fait, c'est... le citoyen est responsabilisé et apporte
ses trucs, mais tous ses trucs, toutes ses matières résiduelles, les
apporte à des dépôts. Mais c'est... de penser que 400 succursales, ça
serait suffisant pour le citoyen... On est tous citoyens ici, autour de la table, on n'a tous pas de temps.
Et là-bas ils ont 5 000 points
de dépôt, et la population de la Suède n'est pas supérieure à celle du
Québec, puis c'est un pays qui n'est pas aussi gros que celui du Québec. Donc,
ça demanderait beaucoup, beaucoup de dépôts, ça, c'est certain.
Mme Tardif :
Et beaucoup d'éducation aussi.
Mme Dagenais
(Catherine) : Beaucoup d'éducation. Mais, quand on a la volonté...
Mme Tardif :
Merci. Mais c'est ce qu'on veut. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, est-ce que... Il restait juste 30 secondes de votre côté.
M. Campeau :
Bien, peut-être une...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous pouvez le prendre.
M. Campeau :
Question très rapide ou un commentaire. Le fait que vous nous parliez que vous
voulez mettre de la poudre de verre dans le ciment, c'est une chose
connue, je suis d'accord. Je suis surpris de voir à quel point la SAQ a été
loin là-dedans. Est-ce que c'est de l'argent de la SAQ qui a été investi pour
faire ce genre de recherche là, ou c'est parallèlement avec un ministère, ou...
Je suis surpris.
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en fait, c'est que la SAQ, par... Depuis 2005, on
a travaillé. Les gens disent : Qu'est-ce
que la SAQ fait pour trouver des débouchés au verre? Alors, oui, on avait un
budget alloué par année, qui n'était pas
un très gros budget, avec une chaire universitaire, où il y avait d'autres
parties prenantes pour être en mesure d'identifier, justement, des
débouchés. Mais ce n'est pas la SAQ qui a fait la recherche, bien entendu.
M. Campeau : Je comprends.
Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Alors, maintenant,
au tour de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci beaucoup. Merci beaucoup pour votre présentation. Juste une question pour
vous : C'est quoi, les avantages pour la SAQ de participer à la
consigne?
Mme Dagenais
(Catherine) : En fait, c'est une très bonne question. Quels sont les
avantages? En fait, je suis ici aujourd'hui
pour dire : Comme entité, comme société d'État, la SAQ a un devoir de
s'assurer que le verre qu'elle met en circulation
soit recyclé. Et notre préoccupation, ma préoccupation, c'est qu'actuellement
il y a beaucoup de verre qui est enfoui, et l'enfouissement du verre, ce
n'est pas ce qu'on souhaite.
Alors, il n'y
a pas d'intérêt particulier d'avoir un mode de récupération plus que l'autre.
L'intérêt est vraiment d'avoir un
impact sur l'environnement qui est souhaitable, donc de ne pas enfouir la
matière... J'ai perdu le fil, je voulais dire autre chose. En fait, dans
le fond, ça va être... La meilleure solution va être dans notre intérêt.
M. Kelley :
Parfait. Puis, sur l'autre côté, c'est quoi, les défis majeurs pour la SAQ
d'ajouter un système de consigne plus
grand? Alors, est-ce qu'il y a des défis dans des régions? Parce qu'on sait,
dans... le collègue a expliqué ça un petit peu, mais, dans la Gaspésie, par exemple, il n'y a pas beaucoup des SAQ
partout. Montréal, c'est complètement différent, il est vraiment... dans les différentes régions du
Québec, ce n'est pas... c'est différent. Mais, bref, c'est juste... C'est quoi,
les défis aussi pour la SAQ, si le gouvernement décidait d'aller à l'avant avec
un tel système?
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en fait, je pense que les défis pour la SAQ et
pour la société en général seraient d'avoir
des endroits, des... donc, des endroits de dépôt qui soient à proximité de la
population pour que ça fonctionne. Si on regarde d'autres modèles européens, tantôt je parlais de la Suède... Le
succès du modèle suédois, c'est la proximité de ces dépôts aux citoyens.
Maintenant,
les défis qu'on aura à voir tout le monde ensemble, c'est... Il y a deux défis.
Il y a le défi environnemental, hein,
comment générer le moins possible de gaz à effet de serre puis comment ne pas
enfouir les matières qui peuvent être recyclées. Puis le deuxième défi,
c'est un défi financier. Comment pouvons-nous, en fait, le faire de la façon la
plus économique, mais environnementale aussi possible? C'est ça, nos défis.
• (15 h 30) •
M. Kelley :
C'est intéressant que mon collègue a parlé du «beer store», parce que j'ai
étudié à Queen's, à Kingston, puis je
me souviens, la première fois que j'ai visité un dépanneur, j'étais tellement
déçu que je n'étais pas capable d'acheter un «six-pack» là, là. C'était un gros changement pour un jeune
Québécois, là, mais honnêtement, quand on a décidé d'aller au «beer store», le système, c'était...
honnêtement, c'était une expérience, parce qu'un «beer store», il y a un menu
comme un McDo, faire une commande pour les
bières, puis ça sort en arrière après. Il n'y a aucune bière qui a été en vue
des clientèles. Je sais que c'est
différent à chaque «beer store» partout en Ontario, mais des gens qui
retournent leurs bouteilles de bière, le système était comme créé pour
ça.
Alors, je
sais que la SAQ a fait des révisions de plan stratégique, et ils ont sorti
des... maintenant, ils ont leurs propres magasins partout au Québec. Mais, juste le point, c'est que le «beer
store», c'est... ils ont vraiment créé des magasins qui sont prêts pour
avoir tous... des matériels recyclables sur des bouteilles de bière, bouteilles
de vin.
Alors, juste
une question : Si le gouvernement décide qu'on va aller à l'avant avec une
consigne plus logée, est-ce que la
SAQ est prête de faire les espaces en arrière de leurs propres magasins partout
au Québec pour avoir toutes les bouteilles de vin, pour attendre pour un camion ou n'importe quoi pour ramasser ça?
Est-ce que c'est quelque chose qui va être très difficile pour la SAQ ou
c'est, honnêtement, juste une question logistique et facile à faire?
Mme
Dagenais (Catherine) : En fait, la SAQ a 404 succursales, et
c'est impossible pour la SAQ d'avoir de... En fait, avec l'espace que nous avons actuellement dans nos succursales, il
n'y a pas d'espace pour accueillir les 200 millions de bouteilles que nous mettons en circulation. Nos magasins
sont bâtis sur un principe de «just in time». Donc, on commande, on
vend, on recommande, on reçoit, on revend. Il n'y a pas d'entrepôt dans nos
magasins assez grand pour supporter, justement, ce modèle-là. En fait, si demain matin
le gouvernement me demandait de le faire dans le contexte actuel de nos
succursales, dans un contexte aussi respectable de santé et sécurité au
travail, on ne pourrait pas. On n'a pas l'espace, vraiment pas.
M. Kelley : Mais alors, c'est
un défi, mais quand même, ce n'est pas impossible de...
Mme Dagenais (Catherine) : C'est
impossible.
M. Kelley : ...envisager
comme un bac bleu à une telle... Il y a un grand bac bleu à chaque SAQ, quelque
chose comme ça. Non, mais je comprends que c'est un défi.
Puis une autre
question : les coûts d'implémenter ça que ça va coûter à la SAQ en termes des emplois d'ajouter du staff et tout ça, est-ce que vous avez
évalué les coûts pour la SAQ d'implémenter la consigne élargie?
Mme
Dagenais (Catherine) : En
fait, le plus gros coût relié à l'agrandissement de nos succursales est lié à nos coûts de loyer. En fait, les coûts de loyer sont
la... je pense, c'est la deuxième dépense importante de la SAQ, et, bien,
vous le savez, nos succursales sont dans des endroits commerciaux où le coût de
loyer est très élevé. Alors, le montant de l'étude, je crois que ça montait à
35 millions, là, par année de plus, mais là j'y vais de mémoire. L'étude
Delisle était de 50 millions par année.
M. Kelley : Juste une autre question, parce que,
quand j'étais dans mon comté puis j'ai parlé avec mes citoyens que je vais participer à cette commission-là, les gens
ont dit : Bien, pourquoi la SAQ ne parle pas avec la France, puis on
va juste faire un échange des bouteilles
comme ça? C'est bien simple, Greg, juste proposer ça. J'ai dit : Je pense
que c'est plus compliqué que ça.
Mais, quand même, est-ce
qu'il y a une demande des pays comme
la France, l'Espagne pour retourner les bouteilles de vin ou est-ce
que ce n'est vraiment
pas quelque chose de possible et quand même pas la responsabilité de la SAQ?
Mme
Dagenais (Catherine) : En
fait, il y a deux choses à penser là-dessus.
La SAQ importe de 81 pays dans le monde.
C'est vrai que 30 % de ce qu'on
importe provient de la France, mais d'autres pays... tu sais, il y en a
d'autres pays aussi. Mais la
bouteille à usages multiples n'est pas un modèle, dans le monde du vin, qui est
retenu partout dans le monde de façon, je dirais, à grande échelle. On
peut trouver des endroits qui le font, mais c'est encore très marginal.
Alors, il y a
cet aspect-là qu'il n'y a pas vraiment de possibilité, puis l'autre
possibilité, en fait, que moi, je voudrais creuser, si on est préoccupé par l'environnement, c'est quels seraient
les coûts, parce que vous savez que le verre, c'est lourd. Et quels seraient donc les coûts d'un point de vue
gaz à effet de serre? Ça serait quoi, l'augmentation des... Ce serait
quoi, les effets de gaz à effet de serre de ramener des bouteilles vides
là-bas?
M. Kelley : Et, sur les GES,
est-ce que la SAQ a comme des cibles pour atteindre?
Mme Dagenais (Catherine) : Oui, on a
des cibles. Je vous les donne dans une minute.
M. Kelley :
Parfait, parfait. Non, c'est juste parce que je sais que, sur votre site Web,
c'est l'heure des... un petit peu, l'efficacité
énergétique, implémentation des murs solaires, des trucs comme ça. Mais je pose
juste la question parce que c'est important, comme une société, de
toujours être prudents avec nos GES. Est-ce qu'on va ajouter à ça? Est-ce
que...
Mme
Dagenais (Catherine) : Alors, notre cible, je ne me rappelais pas par
coeur, là, mais d'ici 2020, c'était
de réduire de 2,5 % les kilogrammes
équivalents de CO2 par litre de produit alcoolique vendu, puis, en
fait, on a déjà dépassé cette cible-là. Alors, c'est quelque chose qu'on suit, qu'on mesure, et qui est dans notre plan stratégique actuel, et qu'on va continuer d'ailleurs à mesurer.
M. Kelley : Parfait. Alors, c'est vraiment... sur cette question-là, ça va être un défi, certainement, si des camions sont la responsabilité de la SAQ, si c'est la
SAQ qui doit créer ce système de ramasser toutes les bouteilles, ça...
Mme
Dagenais (Catherine) : Il
faut le regarder, je pense, d'un point
de vue global. Si, globalement, les gaz à effet de serre diminuent, tout le
monde gagne. C'est ce que je dirais à ça.
M. Kelley : Je vais céder la
parole à mon collègue...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui.
M. le député de Viau, il reste 1 min 45 s.
M.
Benjamin : Merci, Mme la Présidente. Alors, merci pour votre présentation, madame. Une seule question,
donc, vous avez mentionné que la SAQ fait venir, importe des vins venant d'au
moins 83 pays, je crois.
Mme Dagenais (Catherine) :
80 pays.
M. Benjamin : 80 pays. Maintenant, j'aimerais savoir
quelles sont les orientations de la SAQ, puisque cet enjeu-là... Bien sûr,
beaucoup d'acteurs vont nous parler de ce qui se fait en
aval, mais en amont... et ce que je veux dire par amont, c'est l'achat avec les
fournisseurs. Quelles sont les orientations de la SAQ auprès de vos fournisseurs? Est-ce qu'il y a des incitatifs? Est-ce qu'il y a...
pour avoir du verre allégé?
Mme
Dagenais (Catherine) :
Alors, effectivement, il y a des incitatifs. Quand on va en appel d'offres
pour introduire de nouveaux produits,
on accorde des points sur le sujet du verre allégé. Donc, le fournisseur, le
producteur qui soumet un produit avec
verre allégé avait des points supplémentaires, mais là, comme je le disais tout à l'heure, les produits en bas de 16 $,
ce n'est même plus une question de points, c'est une attente. Si la bouteille en
deçà de 16 $, pardon, n'est pas en verre allégé, nous ne la vendrons pas. Et là c'est 16 $ cette année,
mais, dans les prochaines années, qui viennent rapidement, ça va être
20 $. Alors, ça serait ça, le... ce n'est même pas un incitatif, c'est une
attente.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, maintenant, nous allons au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Donc, j'ai 2 min 45 s pour vous
parler.
Je
veux saluer votre ouverture à la consigne. Je voulais parler... Vous avez fait beaucoup
référence à l'étude LIDD de 2015.
Est-ce que c'est possible de la déposer à la commission, aux membres de la commission? Premièrement, est-ce que
c'est public? Ou tout simplement la déposer pour le bénéfice des membres, parce
que vous y avez beaucoup fait référence.
Mme Dagenais
(Catherine) : Je vais vérifier, je vais...
Mme Ghazal :
Oui, oui, oui. Bien, c'est ça, parce que ça serait important. L'autre chose, justement,
dans cette étude-là... Puis vous, ce que
vous dites, c'est que ça coûte extrêmement cher, en fait, il n'y a pas d'espace pour... de
mettre ça à la SAQ, c'est pour ça qu'il faut
avoir des endroits séparés. Mais, dans le mémoire qui a été déposé par le
syndicat de la SAQ, il était
mentionné qu'au moins 150 succursales SAQ Sélection... où il y a suffisamment d'espace. Qu'est-ce que vous répondez à ça? Est-ce que vous
faites le même constat?
Mme
Dagenais (Catherine) : Non,
je ne fais pas le même constat qu'eux. Nos magasins réduisent année après
année, et, comme je le disais tout à l'heure, on a vraiment... dans le plan de
la SAQ, c'est de réduire les baux.
Mme
Ghazal : Oui, je comprends,
là, juste à temps... Mais donc d'où vient leur chiffre de 150 succursales,
leur évaluation? Est-ce que vous en avez déjà parlé avec eux?
Mme Dagenais
(Catherine) : Non. Non.
Mme
Ghazal : Ça fait que... Très bien.
Bien, vous allez pouvoir suivre l'échange qu'on va avoir avec eux quand
ils vont présenter.
Les
investissements en recherche, on parle d'ajout cimentaire, en communication, représentation, des études
comme celle-là, combien... c'est quoi, le
montant global que ça vous a coûté en recherche de débouchés, en communication,
en représentation auprès des différents
ministres de l'Environnement quand il était question, il y a trois ans, de la
consigne, et où vous avez travaillé, en fait, pour faire éviter la
consigne? Tout ça, ça a coûté combien à la SAQ?
Mme Dagenais
(Catherine) : Bien, en fait, les recherches qu'on a effectuées avec la
chaire de l'Université de Sherbrooke, de
mémoire, c'est une entente de... En fait, depuis 2004, pardon, on a versé
1,7 million à la chaire de Sherbrooke dans les...
Mme
Ghazal : Mais ça n'inclut
pas, par exemple, les représentations,
ça n'inclut pas le coût de l'étude LIDD ou peut-être d'autres études que quand on... quand on regarde ça, en fait,
c'est pour éviter la consigne. Tous ces efforts-là pour éviter la consigne qui peut-être... même si, là,
il y a une ouverture, vous considérez qu'elle va vous coûter cher. Puis,
si c'est possible d'avoir ce montant-là, global, puis aussi par bouteille, pour
savoir combien ça a coûté aussi aux citoyens.
• (15 h 40) •
Mme Dagenais
(Catherine) : Oui, on pourra vous la soumettre, là. Je ne m'attendais
pas à cette question-là maintenant. Mais
c'est certain que la SAQ, quand on a
travaillé avec... moi, ça fait 19 ans que je suis à la SAQ. Je ne
ne suis pas toujours occupée du dossier du
verre, mais ce que je peux vous dire, c'est que, quand on a fait affaire avec
une firme externe, c'était justement
pour avoir une évaluation de combien ça coûterait, parce que,
si c'est la SAQ qui fait l'exercice, certains pourraient dire que c'est
biaisé. Donc...
Mme
Ghazal : Puis ça fait que
c'est juste d'avoir peut-être le montant global. Puis, sauf votre respect, vous
avez dit que, par exemple, le débouché de
mettre le verre recyclé en tant qu'ajout cimentaire, ce n'est pas de l'économie
circulaire.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois passer la parole à votre collègue. Je vais laisser 20 secondes de plus.
Alors, M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci. Merci beaucoup. On dirait que les travailleurs
de la SAQ qui sont dans les succursales,
dans les entrepôts, sont plus prêts à traiter les bouteilles consignées que la
direction. Si je relis... j'ai fait comme ma collègue de Mercier, là, je
suis allé relire le mémoire des syndicats. Alors, ça m'étonne.
Mme
Dagenais (Catherine) : Bien,
en fait, la SAQ n'est pas contre la consigne. La SAQ va favoriser le mode
de récupération qui va assurer le meilleur taux de recyclage de
la matière à la fin de la journée. C'est plus ça, l'orientation de la SAQ. Et, en matière
d'espace, on n'a pas l'espace pour gérer, manipuler l'équivalent de ce que nous
vendons. En fait, on est un commerce de détail, on n'est pas structurés
pour entreposer des bouteilles vides dans notre entrepôt.
M. Gaudreault :
Mais le camion de la SAQ, quand il arrive à la succursale d'Arvida, là, que je
fréquente le plus souvent, quand il a
vidé ses boîtes, là, sa palette de bouteilles de vin, il repart vide. Alors,
pourquoi... puis là on en sauverait, des
GES, là, parce que le camion, il repart de la succursale d'Arvida puis il s'en
va à une autre succursale, alors il pourrait, en partant, remettre une palette de bouteilles vides puis ramener ça à
l'entrepôt de la SAQ qui, elle, est beaucoup plus grande, puis là il y
aura une gestion à faire, là.
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui, il y a toute une manipulation puis... Il
faudrait le regarder, là. Je ne dis pas qu'on ne peut pas le faire, mais
il y a toute une logistique à ce que vous venez d'expliquer, parce que le camion
à Arvida, premièrement, ce n'est pas un
camion de la SAQ, c'est un camion externe à la SAQ. Dans la région du
Saguenay-Lac, c'est comme ça et... donc, il passe une fois par semaine
peut-être.
Donc, s'il passe une fois, qu'est-ce qui arrive
avec les autres journées? Comment est-ce que je gère mon excès d'inventaire de bouteilles vides, si je n'ai pas
l'espace pour le gérer? Est-ce que je dis à la clientèle : Bien, venez
juste le lundi parce que mon camion
vient le mardi? C'est ce genre de... Il y a une logistique, c'est à... il faut
vraiment le comprendre.
M. Gaudreault : Mais ce n'est pas
impossible, là.
Mme Dagenais (Catherine) : Il faut
le comprendre.
M.
Gaudreault : Je veux dire, ça peut se regarder, parce qu'un camion qui
repart vide, ça veut dire qu'il y a de l'espace sûrement pour mettre des
palettes de bouteilles vides aussi.
Mme Dagenais (Catherine) : C'est
certain qu'il y a de l'espace.
M.
Gaudreault : O.K. En tout cas, pour moi, il m'apparaît... je ne veux
pas faire de mauvais jeux de mots avec la SAQ, là, mais qu'il y a
sûrement un débouché, là, à regarder pour...
Mme
Dagenais (Catherine) : Oui. Mais quel débouché trouvez-vous après? Une
fois qu'il est rendu chez nous, qu'est-ce que vous faites le verre...
M. Gaudreault : Ah! mais là,
normalement, c'est moi qui pose les questions.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Nous devons conclure sur votre question,
Mme Dagenais. Merci beaucoup pour cette intervention.
Alors, maintenant, nous allons suspendre deux minutes,
le temps d'accueillir Éco Entreprises Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 46)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux.
Nous accueillons maintenant Éco Entreprises
Québec. Mme Maryse Vermette, présidente-directrice générale, bienvenue à cette commission. Je vous invite à
nous présenter les personnes qui vous accompagnent. Ensuite, vous aurez
10 minutes pour faire votre exposé. Merci.
Éco Entreprises Québec (EEQ)
Mme
Vermette (Maryse) : Mme la Présidente, Mmes, MM. les députés, merci
beaucoup de donner
l'opportunité à Éco Entreprises
Québec de présenter les résultats de ses travaux sur le recyclage du verre
ainsi que notre point de vue. Alors, je
suis accompagnée, à ma droite, de mon collègue M. Pierre Benabidès, qui
est conseiller principal au niveau du développement
des marchés, des matières recyclables, et de Me Joëlle Chiasson, conseillère
principale, Affaires juridiques et relations gouvernementales.
Alors, vous
savez, Éco Entreprises Québec, qui nous sommes, bien, nous sommes l'organisme qui représente toutes les entreprises au Québec qui mettent en marché
des produits emballés et des imprimés et qui, depuis 2005, agréé par la
société d'État RECYC-QUÉBEC, a le mandat de
faire de la perception auprès de toutes ces entreprises qui ont la
responsabilité de financer nos
programmes de recyclage qui sont offerts par les municipalités aux différents
citoyens du Québec. On parle d'à peu près de 150 millions de
dollars par année, les coûts du système de collecte sélective.
Depuis notre
création, mais aussi au cours des dernières années, on a travaillé beaucoup à
optimiser le système, à travailler à
son optimisation parce que, vous savez, le système de collecte sélective, c'est
un système qui est en constante évolution et qui a besoin, autant en amont, en
aval, que d'être optimisé, écoconception des emballages, une meilleure
collecte des matières, tri et son conditionnement ainsi que, naturellement, le
développement des marchés.
Alors, vous
savez, en tant que financier du système, bien, on souhaite l'améliorer. Les
entreprises, on parle de plus de
3 400 entreprises, là, que nous représentons en vertu de la loi, bien,
pour nous, c'est important de faire en sorte que ce système-là fonctionne et soit efficace et
performant. Alors, vous savez, pour le verre, on a vécu plusieurs crises dans
le passé, et un constat demeure, c'est que
le verre, c'est un peu une matière qui est mal-aimée dans le bac de
récupération. C'est pour ça qu'à un
moment donné on s'est dit : Il faut trouver une solution, il faut
travailler à la recherche de solutions. On l'a fait dans le cadre du plan Verre l'innovation, mais c'est
clair qu'on veut le faire pour l'ensemble des matières que les citoyens
mettent dans leur bac de récupération. Alors, finalement, c'est de trouver des
solutions pour recycler 100 % du verre de la collecte sélective.
Alors, pour
ce plan Verre l'innovation, qu'est-ce qu'on a fait? C'est qu'on a mis en place
des projets pilotes dans cinq centres de tri pour trouver... justement,
pour faire la démonstration de technologies de tri dans les centres de tri,
donc de tri et de traitement du verre dans
cinq centres de tri et aussi de travailler
au niveau du développement des marchés. Et c'est clair que, dans le cadre du bilan qu'on a déposé en février
dernier, on a appris beaucoup sur la chaîne de valeur du recyclage, sur les pratiques opérationnelles et
d'affaires des centres de tri, ce qui nous a permis d'adresser
18 recommandations. Et c'est
clair que... bien, il y a des investissements qui sont requis dans notre
système de recyclage au Québec, dans notre système de collecte
sélective, autant dans les centres de tri, mais aussi chez les conditionneurs
et les recycleurs.
• (15 h 50) •
À titre
d'information, c'est important de mentionner qu'il y a le centre de tri qui
fait un tri de la matière, il y a le conditionneur
qui va nettoyer et conditionner la matière et il y a le recycleur, lui, qui va
lui donner une deuxième vie à la matière. Alors, c'est important de
comprendre la chaîne de valeur.
Alors, nos
recommandations adressent certains enjeux. Alors, dans le passé puis encore
aujourd'hui, il faut l'admettre que
nous n'avons pas les conditions gagnantes pour avoir une industrie du recyclage
du verre performante. Pourquoi?
Bien, c'est parce que nos centres de tri,
ils n'ont pas eu les moyens pour produire un verre de qualité et aussi tout le
volet de la diversification des marchés du verre, parce qu'il faut créer
de la valeur au verre. C'est fondamental.
Donc, on a
adressé, comme je vous l'ai dit, 18 recommandations, mais en voici les
principales. Alors, notre première recommandation,
c'est qu'il faut investir dans nos centres de tri au Québec pour faire du verre
de bonne qualité. Peu de centres de
tri sont équipés pour bien traiter le verre. Il n'y a pas d'incitatif financier
actuellement à le faire, surtout dans une période de crise. Vous savez, l'industrie du recyclage vit, à l'échelle
mondiale, une période particulière. Le verre est donc plein de
contaminants à sa sortie du centre de tri parce qu'il n'est pas traité.
Alors,
toutefois, il est faux de prétendre, comme plusieurs allèguent, que le verre
contamine le papier et le carton. D'après
une étude en cours, dont nous sommes partenaires, il y a une quantité infime de
verre dans les ballots de papier et de
carton. Donc, ce n'est pas une raison... là, je veux dire, le verre lui-même
n'est pas bien traité, mais ne va pas contaminer les autres matières en grande quantité. Le problème de la contamination
du verre ne provient pas de la collecte sélective, mais bien de l'absence d'équipements adaptés aux
réalités des centres de tri. Nos projets pilotes ont permis d'obtenir des
taux de pureté allant de 70 %, dans le
passé... et on sait qu'on peut atteindre 95 %, 97 % et même 99 %
pour certains centres de tri.
Alors, notre
deuxième recommandation, c'est d'atteindre 100 % du recyclage du verre.
C'est une priorité, hein? Comme l'a
mentionné notre collègue de la SAQ, il faut vraiment s'attaquer au
développement des marchés et à la diversification des marchés. Pour éviter d'autres crises, il faut
donner de la valeur à notre verre et, pour ça, il faut travailler les marchés
selon les régions et selon aussi les besoins des recycleurs. Dans le passé, on
a mis tous nos oeufs dans le même panier. On avait très peu de compétiteurs dans ce secteur d'activité, et ce qui
s'est passé, bien, quand il y a une crise, il y a une fermeture des marchés, et là on se retrouve... on
n'a pas d'acheteur, et ça met l'industrie très à risque. Alors, il y a un
seul marché qui existait, justement, au
début... dans les années 2000, soit la laine minérale, dont les usines
sont situées principalement aux États-Unis, et ce marché a fermé
temporairement, ce qui a résulté la crise de 2013.
Aujourd'hui,
la bonne nouvelle, c'est qu'il existe beaucoup de potentiel au Québec. Ça, il
faut regarder les bons côtés, il faut travailler. Il y a eu beaucoup
d'innovation, il y a beaucoup de recherche au niveau du développement des applications du verre. Et il y a une bonne
nouvelle aussi aujourd'hui, c'est que, pour la fabrication de contenants, les
tests réalisés ont démontré qu'il n'y a
aucune raison qui empêcherait le verre de la collecte sélective d'entrer dans
la fabrication de bouteilles une fois
trié en centre de tri, mais aussi traité par un conditionneur équipé pour
répondre aux spécifications de la
refonte. Vous savez, les marchés dont je parlais, bon, oui, l'ajout cimentaire,
la poudre de verre comme additif, il y a toujours les abrasifs, la
filtration de piscine, le verre cellulaire, et aussi naturellement, bon, le
marché existant depuis longtemps, la laine minérale.
Troisième
recommandation, bien, c'est clair, pour nous qu'il y a beaucoup de centres de
tri actuellement qui, bon, n'investissent
pas pour trier le verre et ont une solution facile qui est l'utilisation du
verre comme matériel de recouvrement dans
les lieux d'enfouissement. Pour nous, il faut aller vers une interdiction progressive
de l'utilisation du verre en recouvrement journalier au fur et à mesure
que les nouveaux débouchés vont se développer parce que c'est l'oeuf ou la
poule.
Actuellement,
il y a vraiment... il y a peu d'incitatifs, et il faut donner, comme je le disais,
de la valeur au verre. Le verre qui a été utilisé comme matériel de
recouvrement, bien, il est directement en compétition avec les conditionneurs québécois. Les lieux d'enfouissement technique
acceptent du verre contaminé à bas coût alors les conditionneurs ont
besoin de verre de qualité. Donc, l'ennemi
numéro un du développement des marchés, c'est l'utilisation du verre en
recouvrement journalier. Alors, pour nous, c'est un des constats qu'on a faits
dans le cadre de notre bilan.
Et
comme je le disais, bien, il y a une entente de principe qui a été annoncée
aujourd'hui entre le principal...
bien, le fabricant, hein, de contenants de
verre Owens-Illinois et un conditionneur, le Groupe Bellemare, de
Trois-Rivières, qui explique qu'il
sera possible de fabriquer des bouteilles de verre de la collecte sélective.
Des échanges de nature technique sur la qualité
du verre requis pour la refonte, le type d'équipements optimaux à installer
pour le conditionnement et le tri par
couleurs de même que les conditions d'approvisionnement ont été retenus par le
groupe de travail que nous avons mis en place, le tout à la satisfaction
des parties.
Groupe
Bellemare dispose maintenant d'un plan d'affaires complet et prêt à réaliser
les investissements requis pour acheter les nouveaux équipements dès
qu'il obtiendra des garanties en approvisionnement. Une dernière condition doit
cependant être remplie par le gouvernement
du Québec, il s'agit de mettre fin à une situation temporaire qui dure
depuis 2014.
Notre
dernière recommandation... Vous savez, les entreprises membres d'EEQ font
partie de la solution, hein? Ça fait
des années qu'on en parle à nos partenaires. On a vraiment établi différents
partenariats avec le monde municipal, avec les centres de tri, les conditionneurs, les recycleurs. Toutefois, il y a un
constat qui nous devient de plus en plus... à notre face, c'est que
l'élargissement de leur rôle doit être mis de l'avant dans toute forme de
réforme...
La Présidente (Mme
St-Pierre) : En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Vermette (Maryse) : ...de la modernisation à la mise en place d'un
nouveau modèle de collective sélective.
Alors,
pour nous, si on veut que les entreprises soient imputables et responsables des
matières qu'elles mettent en marché,
elles doivent avoir davantage de responsabilités et elles vont pouvoir
investir, justement. Oui, actuellement, elles compensent un système, mais elles pourront et elles auront l'obligation,
l'imputabilité d'investir davantage et de prendre les décisions appropriées
pour que cette chaîne du recyclage soit une réussite. Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci. Je pense que vous avez beaucoup de
choses à dire. Alors, nous allons passer du côté du gouvernement. Vous
avez 16 min 30 s. M. le député de Bourget.
M.
Campeau : Merci, Mme la Présidente. Merci, Mme Vermette. Question
probablement bien exagérée : Le verre, c'est à peu près 13 % du bac, dépendant où on regarde, là, l'ordre
de grandeur, et on parle d'investissements de 50 millions, encore une fois, comme ordre de grandeur. Est-ce
que ça veut dire que, pour les 87 autres pour cent, vous voyez aussi
qu'il y aura encore beaucoup d'investissements à faire ou si ces investissements-là
vont contribuer à aider aussi la pureté des autres matières?
Mme Vermette (Maryse) : Alors, merci de cette question. Effectivement, on
a 23 centres de tri au Québec et on a un réseau de centres de tri qui a été mis en place au siècle dernier.
Quand le système de collecte sélective a été mis en place au Québec dans
les années... fin des années 80, 90, beaucoup d'installations de tri sont les
mêmes que ces années.
Vous
savez, toute industrie nécessite des investissements sur une base continue. Et
nous, le constat qu'on fait, avec toutes les démarches, les rencontres
que l'on a, les visites, les échanges avec les centres de tri, bien, les
centres de tri, effectivement, ont besoin
d'investissement pour bien gérer ce... comme on dit, nous, avoir des centres de
tri du XXIe siècle. On est
rendus là, et les entreprises qui mettent en marché les matières veulent ce
tournant-là et savent très bien que nous devons investir, qu'on doit
investir dans la technologie.
Il
existe énormément de technologies de disponibles, et nos centres de tri ont
besoin, entre guillemets, d'amour. Donc, c'est une réalité, et, oui, ces investissements-là... Vous savez, pour
nous, 50 millions, on parlait d'une vingtaine de millions pour les
centres de tri puis l'autre moitié pour développer les marchés. Bien, dans une
industrie, là, pour nos matières secondaires,
pour redonner vie à ces 800 quelques mille tonnes de matière, bien, je
pense que la société, on est rendus là, et il faut investir pour
l'avenir.
M.
Campeau : Ceci contribuerait, comme vous l'avez dit, à améliorer la
pureté. Comment définissez-vous la pureté? C'est l'absence de
contaminant? Est-ce que c'est la couleur dont on tient compte là-dedans? Les
deux? Comment vous pourriez définir ça, s'il vous plaît?
• (16 heures) •
Mme Vermette
(Maryse) : Vous savez, il y a très, très peu de centres de tri dans le
monde qui font du tri par couleurs.
Pourquoi? Parce que ce sont des équipements qui sont très sophistiqués, et
qu'ils ont besoin d'un volume important, et c'est... Quand j'expliquais tantôt les... au niveau de la chaîne de
valeur, le conditionneur est vraiment l'endroit où on conditionne, c'est-à-dire qu'on fait un tri
souvent optique, là, des matières. Donc, on sépare les couleurs et on enlève
ce qu'on appelle les infusibles. Les
infusibles, ce sont, entre autres... parce que le citoyen met dans le bac de
récupération des matières qui ne sont
pas nécessairement visées par le bac.
Donc, il faut nettoyer et enlever, bon, bien, la vaisselle, le grès, la
pierre, et c'est le conditionneur qui peut, avec ses équipements, le faire.
Le
centre de tri vient enlever les bouchons, les crayons... Il y a énormément
de matière dans nos centres de tri, là, et ça, il va y avoir du travail à faire beaucoup au niveau de la
sensibilisation des citoyens. Mais le centre de tri vient enlever ces
petites matières, mais il y a un travail qui doit être fait aussi au niveau du
conditionnement.
M.
Campeau : ...mais dans un centre
de tri, si vous améliorez la façon de traiter, ça veut dire qu'il y aura des
nouvelles technologies. On parle donc de formation.
Est-ce que
la main-d'oeuvre qui est là actuellement, est-ce que
la main-d'oeuvre est adéquate? Est-ce qu'elle est suffisamment
formée? Est-ce qu'il y a un problème de pénurie de personnel? Est-ce que vous
voyez des niveaux de salaire? Quel est votre constat autour de tout ce
qui touche main-d'oeuvre, salaire, formation, s'il vous plaît?
Mme Vermette
(Maryse) : Bien, dans le cadre de nos travaux, on a fait
effectivement... dans le cadre de nos recommandations, on a adressé tout le
segment qui touche la gestion des opérations au niveau de la maintenance des équipements, au niveau de
la santé et sécurité, au niveau... Bien, vous savez, au niveau de l'emploi,
c'est un défi dans toutes les
entreprises. C'est pour ça que, pour nous, les emplois doivent être améliorés
en centre de tri. Les conditions doivent être améliorées et les emplois,
les gens doivent devenir des contrôleurs de qualité et non pas des trieurs
parce qu'il existe maintenant des
équipements pour faire le tri et les emplois, de bons emplois, bien rémunérés,
pour le contrôle de la qualité. Alors, c'est ce qu'on a vu aussi dans
plusieurs centres de tri, entre autres, en Europe.
M.
Campeau : O.K. Ce qui veut dire que la main-d'oeuvre actuelle devra
soit être formée, soit on devra avoir des personnes différentes pour un
centre de tri du XXIe siècle comme vous l'avez décrit.
Mme Vermette (Maryse) : Bien, comme dans toute industrie, il y a une
évolution au niveau de la main-d'oeuvre, et c'est sûr qu'au niveau de
l'industrie du recyclage, c'est le cas également.
M. Campeau :
Merci beaucoup.
Mme Vermette
(Maryse) : Merci à vous.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : M. le député de Beauharnois.
M.
Reid : ...de votre mémoire, vous affirmez, c'est souligné
ainsi : EEQ est défavorable à l'élargissement du système de
consigne qui viendrait fragiliser encore davantage le système de collecte
sélective au lieu de contribuer à l'optimiser. Est-ce que vous pouvez m'expliquer cette affirmation-là? Parce qu'on
sait que, par exemple, les bouteilles de bière, c'est une consigne. Donc, il y a un taux assez exceptionnel
qui revient donc pour les utilisateurs. Mais comment ça peut fragiliser
le système de collecte sélective?
Mme Vermette (Maryse) : Vous savez, pour la consigne des bouteilles de
bière, bien, c'est de la consigne pour des contenants à remplissages
multiples, et on a toujours été favorable parce qu'il y a un réemploi au niveau
du contenant.
Concernant
tout ce qui touche le fait de fragiliser le système, bien, vous savez, à
l'échelle du Québec actuellement, on
parle de 800 quelque mille tonnes de matière qui transitent par nos centres de
tri. C'est sûr qu'on souhaite que le taux de récupération augmente également. Mais ce qui arrive, c'est qu'il y a une
capacité pour pouvoir investir dans ces équipements technologiques plus sophistiqués. Il nous faut une
masse critique. Il nous faut une quantité suffisante de matière pour
faire en sorte que ces équipements-là puissent être optimisés.
Et
c'est dans ce contexte-là qu'on dit qu'à chaque fois qu'on vient enlever de la
matière au système, bien, c'est qu'on vient
enlever de la matière au système de collecte sélective qui, si on veut dans une
perspective globale d'investissement pour des équipements qui sont de
haut niveau, qui sont technologiques, bien, on a besoin de volume pour
rentabiliser ces équipements-là.
M.
Campeau : En lien avec ça, j'ai l'exemple chez moi où on avait un bac
bleu qui était séparé. Maintenant, on met tout ça dans le même bac, ça s'en va dans le camion. Puis au cours des
dernières années, en fait, les gens se sont dit : Ah! ça va tout à
la même place, ça s'en va au site d'enfouissement, puis il n'y a plus de tri
qui est fait. En termes de confiance auprès du citoyen, de M. Mme Tout-le-monde
qui nous écoute actuellement, qu'est-ce qu'on leur dit là-dessus?
Mme Vermette (Maryse) : Bien, écoutez, nous, pour être un observateur,
hein, parce que vous savez que le rôle d'Éco
Entreprises Québec, actuellement, c'est de signer des chèques pour compenser les municipalités, mais ce qu'on
a observé, c'est que, écoutez, là, la très grande majorité de la matière est réellement
recyclée. Ce qui est acheminé dans les
centres de tri, on parle de toutes matières confondues... On sait qu'il y a
l'enjeu du recyclage du verre et que vous êtes au courant, là, des taux
de recyclage.
Donc,
le citoyen... Vous savez, on est passé à la collecte
pêle-mêle. C'est un choix de société qui a été fait il y a à peu près une douzaine d'années. Mais, chez Éco Entreprise
Québec, on est très ouvert aussi à peut-être repenser le mode de collecte. Vous savez, on a des camions à chargement arrière pour des
matières recyclables qui ressemblent beaucoup
à des camions de déchets. C'est sûr que, pour le citoyen, ça peut être
confondant.
Donc,
nous, au niveau du mode de collecte, on est d'avis qu'effectivement il faudrait peut-être arriver à se remettre en question comme société
puis à revoir les modes de collecte. D'ailleurs, ces modes de collecte là ont
existé il y a une quinzaine, vingtaine
d'années. Donc, nous, on n'est pas fermés à faire des projets pilotes puis à regarder... Même pour le verre, je pense qu'il y a eu des
projets intéressants pour le verre, et ça serait une possibilité.
M. Reid :
...était séparé à une certaine époque.
Mme Vermette (Maryse) : Oui. Bien, il était mélangé avec d'autres
contenants, les fibres d'un côté et les contenants de l'autre.
M. Reid : O.K. Merci. Pour
moi, ça va.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci. Merci
beaucoup. C'est très intéressant,
votre compte rendu. Par
contre, vous me permettrez de faire un
petit peu l'avocat du diable parce que
vous nous dites qu'en... Votre argument, je crois, si j'ai bien compris,
là, tient sur le fait qu'avec des investissements supplémentaires, on pourrait arriver à la modernisation des centres de
tri et qu'il serait possible
d'obtenir un verre de qualité et de diversifier les débouchés. C'est bien ça?
Par le fait même, vous nous présentez, là, différents débouchés de
recyclage, donc, comme la laine minérale, la poudre, etc., là.
Mais,
en me faisant l'avocat du diable, je vous dirais que certaines personnes nous
disent que ces débouchés-là sont de
valeur inférieure au recyclage comme tel. Qu'est-ce que vous me répondez
par rapport à ça? Et j'aurais une sous-question. En quoi l'élargissement de la consigne à d'autres
contenants... Qu'est-ce qui vous dérange dans ça? Qu'est-ce qui fait que ça vous nuirait ou
ça nuirait, là, au système de collecte?
Mme Vermette
(Maryse) : Pour la première question, c'est sûr que... Vous savez, les
débouchés des matières recyclables, hein, les marchés des matières recyclables,
dans une vision... Oui, on peut faire des contenants avec des contenants, là. Ça, c'est sûr que c'est un marché
qui est important. Par contre, pour s'assurer que, dans l'avenir, on
donne une deuxième vie à nos matières, il
faut aussi s'attarder à d'autres types de... Nous, on les appelle les
écomatériaux. La preuve, dans le
domaine des plastiques, on fait des tuyaux de drainage avec des contenants de
lessive. On fait du papier de toilette avec du papier. Alors, si on a
une perspective trop... J'ai le terme...
Une voix :
Linéaire.
Mme Vermette
(Maryse) : ...linéaire ou trop restreinte. C'est que, pour l'avenir,
comme on veut à tout prix développer les
marchés pour nos ressources secondaires, il faut regarder différents marchés.
Puis je le disais aussi tantôt, il ne faut pas se limiter à un seul
marché, parce que, si jamais ce marché-là tombe, après ça, on est en situation
fragilisée.
Concernant
l'optimisation du système, c'est sûr qu'à l'échelle du Québec on reste... Bon,
on est quand même une société, là, de
huit point quelques millions de population avec une génération x. Pour avoir
des installations de haut niveau, bien,
il nous faut, comme je le disais tantôt, il nous faut du volume pour les
rentabiliser. Alors, oui, il y a un aspect financier de rentabilité. Et vous savez, il nous faut des
gens aussi pour financer ce système-là. Donc, les entreprises qui mettent
en marché les contenants, emballages et
imprimés, si on enlève une part importante de ces financiers-là, bien, il se
retrouve moins de gens aussi pour financer
le système. Donc, c'est sûr que, oui, il y a des considérations économiques,
mais il y a des considérations aussi de masse critique pour pouvoir
développer des marchés intéressants.
• (16 h 10) •
Mme Tardif :
Puis là me diriez-vous qu'actuellement vous
êtes sur un seuil de masse critique? Ou, si vous en avez moins,
jusqu'où, là, le seuil est, là, si on veut trouver un compromis?
Mme Vermette (Maryse) : Actuellement, on sait que dans la... on a à peu près
120 000 tonnes de verre au Québec, et ça, c'est avec un taux de récupération d'autour de 78 %, là. Ma collègue de RECYC-QUÉBEC en a
parlé tantôt. Donc, c'est clair qu'il
faut viser une augmentation aussi du taux de récupération, et ce
120 000 tonnes là fait en sorte que, bien, il peut répondre aux conditionneurs en place puis aux
entreprises aussi qui veulent investir pour développer les marchés, ils veulent avoir de la matière. Dans une vision à
moyen terme, ces entreprises doivent avoir accès à la matière. Et
d'ailleurs, dans l'annonce d'aujourd'hui
d'Owens-Illinois et de Bellemarre, ils veulent avoir aussi la garantie d'avoir
de la matière pour pouvoir mettre en place ce partenariat.
Mme
Tardif : Quelle est la quantité, en termes de tonnage, que ça prend
pour qu'une entreprise de recyclage... vous parlez, là, des conditionneurs
et tout. Quelle est la quantité que ça prend pour que ce soit viable?
Mme Vermette
(Maryse) : Ça dépend des marchés.
Mme Tardif :
Ça fait que ça pourrait être petit et adapté aux...
Mme Vermette
(Maryse) : C'est sûr qu'il y a certains conditionneurs qui doivent
investir beaucoup dans l'équipement. Donc,
eux aussi, pour ces investissements-là, ils doivent avoir une masse critique
importante. Je ne sais pas si, Pierre, toi, tu as... C'est différent
d'un débouché à l'autre.
M.
Benabidès (Pierre) : C'est
ça, ça va être différent d'un débouché à l'autre parce que vous allez avoir des
processus et des équipements qui vont être complètement différents. Quand vous
parlez de produire du verre qui doit être trié par couleurs, vous devez avoir plusieurs
trieurs optiques qui doivent être installés en cascade, puis on parle de quand
même plusieurs milliers... quasiment 1 million de dollars presque par
trieur optique et équipement complémentaire.
À
l'inverse, vous avez des marchés qui vont nécessiter plus de chauffer le verre,
le rendre à l'état de poudre et former ce
verre cellulaire que vous voyez ici. C'est des équipements qui sont plus petits
et qui produisent, en tout cas, dans les exemples européens, autour de
10 000 tonnes de verre. Donc, ce n'est pas le même niveau de
traitement en termes de quantité qui est requis.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Alors, il reste une quarantaine de
secondes. Mme la députée d'Argenteuil, vous m'avez dit que... vous avez
levé la main. Allez-y rapidement et concluez rapidement.
Mme Grondin : En fait,
petite question peut-être rapide. Si on y va avec la consigne, là, on dévie le
verre du bac de recyclage, est-ce qu'il est possible d'ajouter des
nouvelles matières dans le bac?
Mme Vermette
(Maryse) : De verre?
Mme Grondin :
Des nouvelles matières.
Mme Vermette
(Maryse) : Ah! des nouvelles matières. Bien, vous savez, les centres
de tri, c'est un procédé manufacturier,
hein? C'est comme... dans toute forme d'industrie, il y a une matière première
qu'on traite et on a des intrants et
des extrants. Donc, c'est sûr que si, dans un système... c'est déjà complexe,
les centres de tri, parce que les matières intrants, ce sont des matières post-consommation. Donc,
c'est des matières qui peuvent... on le sait, qui sont altérées, hein, bon,
O.K., dans le sens que ce n'est pas une matière vierge.
Alors,
si on pense à ajouter d'autres matières, bien, il faut toujours avoir en tête
que le système opérationnel, hein, les équipements soient en mesure
d'accueillir et de gérer ces matières-là. Donc, si vous me dites : Bien,
on va rajouter les grille-pain, hein, parce que...
La
Présidente (Mme St-Pierre) : ...devoir terminer votre réponse parce
que je dois passer à l'opposition officielle.
Mme Vermette (Maryse) : Oui, parfait. Donc, dans le fond, ma réponse,
c'est dire que c'est un système manufacturier, puis on ne peut pas décider comme ça d'ajouter plein de matières parce
que les équipements sont faits pour des contenants, emballages et
imprimés.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Merci. Alors, voilà. Donc, maintenant
c'est au tour de l'opposition officielle. Vous avez 11 minutes.
M.
Kelley : Merci, Mme la Présidente. Dans plusieurs des mémoires,
on parle d'investir dans les centres de tri. Mais c'est quoi, le
chiffre? Les entreprises ont besoin de combien d'argent du gouvernement du
Québec?
Mme Vermette (Maryse) : Bien, écoutez, nous, on a fait l'analyse en
fonction de notre réseau actuel, hein? Et on a différents types de centres de tri, on a des petites capacités, des
moins de 5 000 tonnes, on a des moyennes capacités, puis on a de grandes quantités... plus grandes quantités
au niveau des centres de tri. Et chaque centre de tri nécessite des
équipements qui sont différents. Et on est
d'avis aussi qu'il faut envisager des lieux satellites, hein, avoir un effet...
si on investit davantage pour avoir de l'équipement plus sophistiqué, on
peut penser de regrouper des centres de tri dans une région.
Donc,
c'est un petit peu le travail qu'on avait fait dans le cadre de notre bilan. On avait parlé de centres de tri satellites et de centres de tri en région éloignée, qu'il
devait y avoir un minimum d'équipements pour produire un verre qui
pouvait être traité localement. Donc, on parlait d'à peu près 20 millions
pour doter le Québec, là, d'équipements de tri pour le verre.
M.
Kelley : Merci beaucoup. Et quand même, si le gouvernement
décide d'ajouter une consigne plus élargie, est-ce que ça va réduire le chiffre... dans le sens que
j'imagine quand même, si les centres de tri ont besoin d'investissements
pour améliorer le système de recyclage en général, est-ce que ça, c'est quelque
chose que vous avez évalué, pas vraiment ou pas encore?
Mme Vermette
(Maryse) : Bien, c'est sûr que nous, on évalue en fonction du gisement
actuel. Comme je l'expliquais, il faut une
masse critique pour investir dans des équipements plus sophistiqués. Alors,
c'est sûr que, si on enlève une
quantité importante de verre, bien, il va falloir, de toute façon, investir
dans les équipements. Il faut des équipements pour le verre, sinon on va se retrouver toujours avec le
verre qui est contaminé, comme il l'est dans certains centres de tri
actuellement. Il faut donner de la valeur au verre, donc il faut le trier et le
traiter en centre de tri.
M.
Kelley : Sur les équipements, est-ce qu'il y a présentement des
barrières? Est-ce que les centres de tri doivent acheter la majorité de ces équipements à l'extérieur du Québec ou quand
même du Canada? Est-ce que c'est quelque chose qu'il faut acheter en
Europe, ou Chine, ou n'importe quoi?
Mme Vermette (Maryse) : Bien, effectivement, il y a de la technologie
européenne, il y a de la technologie... on a travaillé, nous, avec la firme Machinex. On a eu des enseignements
aussi, des projets pilotes, parce que, vous savez, ce sont des projets pilotes, là. C'est pour ça qu'on a
fait des tests et on a tiré beaucoup d'enseignement sur le type de
technologie et... On sait actuellement qu'il y a des équipementiers, de
nouveaux équipementiers qui seraient intéressés à offrir des équipements pour le tri et le traitement divers,
donc des équipementiers québécois. Alors, ça, c'est bien aussi de créer
une compétition pour que nos centres de tri puissent avoir accès à différentes
offres au niveau des équipementiers.
M.
Kelley : Alors, il y a bien des opportunités pour les
entreprises québécoises, si le gouvernement décide d'aller de l'avant
avec des investissements majeurs dans les centres de tri ici, au Québec. C'est
bien ça?
Mme Vermette
(Maryse) : Bien, les informations qu'on a de certains équipementiers
sont à l'effet que oui.
M. Kelley :
Parfait. Puis vous avez mentionné le projet pilote, que j'ai lu avec grand
intérêt, que le plan Verre l'innovation, il
y a une partie qui parle de réduction des GES. Est-ce que vous pouvez juste
expliquer un petit peu comment vous avez fait ça? C'est où, exactement,
la réduction des GES dans tout ce processus?
Mme
Vermette (Maryse) : Bien, on
a fait une analyse avec une firme externe spécialisée dans le domaine des
GES, mais encore, Pierre, si tu peux peut-être donner...
M.
Benabidès (Pierre) : On a fait ça avec le Groupe AGECO. On a modalisé,
en fait, divers scénarios parce qu'un des
importants gains au niveau des GES, c'est le recyclage. Donc, dépendamment du
débouché de la fin de vie des différents... du verre, en fait,
finalement, on a modalisé différents scénarios et on arrive à environ une
économie de 20 000 tonnes d'équivalents CO2 avec un
recyclage, justement, de 120 000 tonnes de verre qui est
effectivement recyclé.
M. Kelley :
Dans tout ce processus, c'est juste avec un meilleur tri du verre? J'essaie
juste de comprendre, quand on parle
de la réduction des GES, c'est où, exactement, dans tout le processus? Est-ce
que c'est le fait qu'on garde juste un camion qui va récupérer tous les
éléments dans le bac bleu? Est-ce que c'est vraiment avec les technologies?
• (16 h 20) •
M.
Benabidès (Pierre) : Bien, les technologies vont aider à un meilleur
tri des matières, qui vont aider à amener les matières à des filières de recyclage. Donc, oui, les technologies vont
permettre justement l'amélioration et le gain au niveau des GES, surtout
que la collecte sélective, on l'a toujours un peu décrite comme le transport en
commun des matières recyclables. C'est
vraiment... Le principal bénéfice, c'est ça, c'est de mettre toutes les
matières ensemble, dans des endroits qui sont spécialisés pour séparer
ces matières et l'envoyer ultimement à des filières de recyclage.
M. Kelley : Je vais céder la
parole à...
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Viau.
M.
Benjamin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je vous ai entendu, madame, parler effectivement des emplois qui doivent être améliorés aux centres de tri. J'ai le goût de
vous soumettre, je ne sais pas... c'est un article qui est paru il y a
quelques jours, puisque, si on doit comprendre cet enjeu-là, il faut le
comprendre dans sa globalité, lorsqu'on parle des emplois qui doivent être améliorés. C'est paru, l'article,
dans le journal La Presse, Centre de tri de Montréal : danger, air contaminé,et ça adonne que c'est un centre de tri
qui est dans ma circonscription, où on parle d'une problématique exposant quelque 125 travailleurs à de graves problèmes
respiratoires.
Maintenant,
à partir de cet élément-là, donc, évidemment...
Donc, une enquête, d'ailleurs, a même été demandée, donc, par moi à la Direction de la santé publique
sur des enjeux relatifs à la qualité de l'air aux abords. Quand on parle
des compétences des centres de tri, actuellement, pour prendre ce dossier-là,
qui serait un dossier additionnel, maintenant, j'aimerais savoir, est-ce qu'il
y a une analyse complète qui a été faite au niveau des capacités des centres de
tri, des compétences des centres de tri à y
arriver? Et donc, quand on parle de l'utilisation... du recyclage du verre,
pardon... Et aussi on parle beaucoup de moyens financiers, mais
qu'est-ce qui est en place comme mesures visant à favoriser, justement,
l'amélioration des conditions de vie des travailleurs dans les centres de tri?
Mme Vermette
(Maryse) : Vous savez, nos
centres de tri au Québec ne sont pas encadrés par des normes, hein?
Les centres de tri opèrent, bon, doivent
respecter la réglementation en
vigueur au niveau de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Me Chiasson pourrait
renchérir à cet effet, mais il n'y a
pas de normes établies de gestion de nos centres de tri. Il y a certains
types d'industrie qui sont très normés,
hein, on le sait, entre autres dans différents secteurs industriels. Par
contre, au niveau des centres de tri,
c'est une industrie qui est relativement jeune et peu mature en termes de
développement des meilleures pratiques.
Alors, c'est
clair qu'il faut aller vers un encadrement de nos centres de tri. Et, entre
autres, ce qui touche tout le volet santé
et sécurité des employés, bien, c'est un élément important aussi qu'il faut
adresser. Et il y a des normes qui existent actuellement en Europe pour les centres de tri. Je ne vois pas pourquoi
on ne les appliquerait pas au Québec. Mais, comme je disais, on a un réseau de centres de tri qui date
de plusieurs années, et là on est rendu à le rénover et à se doter d'une
infrastructure du XXIe siècle.
M. Benjamin :
Donc, ce que j'entends, est-ce que c'est ce que vous souhaiteriez, qu'on aille
jusqu'à un encadrement législatif des centres de tri?
Mme Vermette
(Maryse) : Bien, il faut
développer un cadre normatif. Je ne sais pas, Me Chiasson, si vous
voulez...
Mme Chiasson
(Joëlle R.) : Bien, oui, on
irait jusque-là. En fait, dans le cadre de nos recommandations du plan
Verre l'innovation, on a retenu beaucoup
d'enseignements, notamment en ce
qui a trait à la santé et sécurité au
travail, aux besoins de formation
aussi, aux besoins d'encadrement. Et, étant
donné que c'est une jeune industrie
qui, des fois, a de la difficulté à s'autoréguler, on est favorable à un
encadrement normatif, législatif des centres de tri, oui.
Par contre,
on doit vous le dire, ça va requérir une gestion de changement assez
drastique. Par contre, aussi, je tiens à dire que, sur les 23 centres de tri au Québec,
ils ne sont pas tous égaux. Donc, il
y a des centres de tri qui mettent
beaucoup d'emphase sur la santé et sécurité de leurs employés, alors que
d'autres pas nécessairement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Ça va de ce côté-ci? Donc, Mme la députée de Mercier,
vous avez la parole pour deux petites minutes 45 secondes.
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je n'ai pas beaucoup
de temps. J'ai quelques questions. J'aimerais que vous répondiez par oui ou
par non pour m'aider.
Donc, dans le
rapport du projet Verre l'innovation, vous mentionnez un taux de pureté de 97 %. C'est exact? Est-ce que vous confirmez que ce taux inclut les
infusibles, c'est-à-dire de la céramique, de la porcelaine, qui, donc, rendent
ce verre impropre à la refonte et donc réduit ce taux de pureté?
Mme
Vermette (Maryse) : C'est mentionné dans le rapport, effectivement, que les infusibles sont dans le 97 %, et il faut un
conditionneur pour enlever les matières.
Mme
Ghazal : Donc, ce projet-là
n'amène pas un taux de pureté de 97 %, vous le confirmez. Est-ce que vous
êtes...
Mme
Vermette (Maryse) : C'est
parce que c'est très difficile de pouvoir faire l'évaluation de la
caractérisation en centre de tri. C'est pour ça qu'on a fait des tests avec les
conditionneurs.
Mme
Ghazal : Je comprends, mais c'est moins que ça. Est-ce que vous êtes
d'accord avec le chiffre, le taux de performance
des centres de tri de 37 % pour 2018, que RECYC-QUÉBEC nous a mentionné
tout à l'heure? Est-ce que vous êtes
d'accord avec ce pourcentage-là ou est-ce que vous maintenez votre 50 %
qui a été utilisé par plusieurs intervenants dans leurs mémoires?
Mme
Vermette (Maryse) : On l'a
toujours dit, ce sont des estimations. Il n'y a pas d'obligation au Québec
de déclarer cette information-là. C'est sur une base volontaire, alors...
Mme Ghazal : Donc, le 37 %,
vous le remettez en question.
Mme
Vermette (Maryse) :
...collige l'information, mais nous, on ne peut pas confirmer ou infirmer. Alors,
il faut aller vers une obligation, au Québec, de déclaration.
Mme
Ghazal : Parfait. Et le 50 % que vous avez mentionné dans un
mémoire et qui a été repris par... en fait, dans un communiqué de presse, qui a été repris, est-ce que
lui, vous le confirmez ou, encore une fois, vous dites la même chose,
c'est difficile de le savoir?
Mme Vermette (Maryse) : À ce
moment-là, on avait eu des confirmations qu'à cette date-là on était à
50 %.
Mme Ghazal : Et aujourd'hui, la
réponse, c'est un gros point d'interrogation.
Mme
Vermette (Maryse) : Bien, ce
qu'on comprend, c'est que, là, les données changent parce que le système
de collecte d'information est...
Mme Ghazal : Donc, on est à
l'aveugle par rapport à ce chiffre-là, puis vous ne confirmez pas celui de
RECYC-QUÉBEC.
Vous avez
payé, pour les cinq centres de tri participant au projet Verre l'innovation,
28 $ la tonne. Est-ce que, selon vous,
si vous ne l'aviez pas fait, est-ce que ce verre-là qui est sorti, 23 000,
c'est la moitié de ce qui a été recyclé au Québec, en fait, récupéré, acheminé vers fins de
recyclage... est-ce que vous confirmez qu'il n'aurait pas trouvé preneur, ce
verre-là, si vous n'aviez pas payé 28 $ la tonne en augmentant
artificiellement la demande?
Mme Vermette (Maryse) : Bien, ce
n'est pas en augmentant artificiellement la demande. Comme je vous dis, il y a un sous-financement au niveau de la gestion
des matières dans les centres de tri, et, pour faire de
l'expérimentation, on a demandé beaucoup d'efforts de la part des centres de
tri participants, et c'est pourquoi...
Mme Ghazal : C'est pour ça que vous
avez subventionné, si on veut, ça.
Mme
Vermette (Maryse) : Et je
vous dis que, si jamais on fait un plan sur certains plastiques, il va falloir
le faire aussi, parce qu'il faut...
Vous savez, nous, on compense des coûts deux ans plus tard. C'est difficile
pour un centre de tri de participer à un projet pilote.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : C'est terminé pour cette partie. M. le
député de Jonquière, vous avez la parole.
M. Gaudreault : Oui. Merci beaucoup.
Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Ce
qui m'étonne, dans votre position, c'est à quel point vous êtes vraiment
défavorable à l'élargissement du système de consigne. Vous dites même, dans votre mémoire, une fausse bonne idée.
Alors, j'imagine que vous croyez au principe des 3RVE, récupération,
réemploi, recyclage, valorisation. Est-ce qu'il n'y a pas de la place pour
deux? Est-ce qu'il n'y a pas... On a vu tantôt la SAQ qui a fait un pas en avant important, il
faut qu'ils en fassent d'autres, on a eu l'occasion d'échanger avec eux.
Mais pourquoi cette
opposition si ferme entre consigne et collecte sélective? Est-ce qu'on ne
pourrait pas, à ce stade-ci, là... Moi, j'ai
l'impression, quand j'étais jeune, le gros débat, là, existentiel, au Québec,
qu'on n'était pas capable de régler,
c'était la couleur de la margarine. Là, j'ai l'impression qu'on vit la même
chose avec la consigne ou pas. Moi, je veux dire, les jeunes d'aujourd'hui, ils vont nous dire, dans
20 ans : Ah mon Dieu! le débat sur la consigne, comme je le dis
sur la couleur de la margarine.
Est-ce
qu'on ne pourrait pas être capables de trouver une piste d'atterrissage? Et je
vous lance tout de suite mon autre point,
parce que vous plaidez énormément sur comment diversifier les marchés du
recyclage, sur les innovations. J'en suis, je suis le premier à appuyer
ça, go, bravo! Mais, en même temps, on a été peut-être paresseux, parce que la
Chine achetait beaucoup nos matières, là. On a vu ce qui est arrivé avec la
crise, là, il y a un an et demi, deux ans, la Chine qui ferme...
Mme Vermette
(Maryse) : On est encore dedans.
M.
Gaudreault : Pardon?
Mme Vermette
(Maryse) : On est encore dedans.
M.
Gaudreault : Puis on est encore dedans, tout à fait. Bien là, on a été
un peu paresseux, on n'a pas développé nos marchés, on n'a pas développé
nos produits chez nous. Alors, on n'est pas capables de faire les deux en même
temps, au Québec?
• (16 h 30) •
Mme Vermette (Maryse) : Bien, nous, on avait dit, il y a déjà près de
cinq ans, qu'il fallait travailler à développer des marchés, là. Donc,
ça fait longtemps qu'on fait part de ce besoin-là.
Au
niveau du système de consigne, vous savez, on a participé à des groupes de
travail de façon très ouverte avec RECYC-QUÉBEC,
et ce qui se passe, c'est que nous, on a foi dans le système de collecte
sélective et on sait que les citoyens participent,
on a des taux de récupération qui sont quand même similaires au taux de
consigne. Parce que, vous savez, on a beaucoup
de contenants consignés qui se retrouvent dans nos centres de tri. Et ça, ce
n'est peut-être pas dit assez souvent, mais les taux de consigne sont calculés
avec la matière que les citoyens mettent dans leur bac de récupération avec les
matières consignées.
Alors,
quand on commence à comparer les rendements des deux systèmes, on s'aperçoit
que les taux se ressemblent beaucoup.
C'est pour ça qu'on ne voit pas l'avantage d'aller déshabiller un système pour
augmenter dans une optique où il va falloir développer tout un réseau au
Québec de points de dépôt...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois malheureusement vous couper la parole.
Mme Vermette
(Maryse) : C'est beau.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, merci beaucoup. Merci d'avoir été avec
nous aujourd'hui.
Donc, nous allons
faire une courte pause et accueillir l'Association des détaillants en
alimentation du Québec.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 36)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît! Je m'excuse pour ce léger
retard. Il y avait un embouteillage. Donc, merci d'être avec nous.
Nous allons
poursuivre nos travaux avec les représentants de l'Association des détaillants
en alimentation du Québec. M.
Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur
général, bienvenue. Je vous invite à
nous faire votre présentation, et dites-nous le nom de la personne qui
vous accompagne également.
Association
des détaillants en alimentation du Québec (ADA)
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Donc, Pierre-Alexandre Blouin. Je suis accompagné de Stéphane Lacasse,
directeur des affaires publiques pour notre organisation. Merci beaucoup d'emblée, Mme la
Présidente, messieurs, mesdames, de nous entendre aujourd'hui.
Nous
ne sommes pas des gérants d'estrade sur l'enjeu de la gestion du verre. Nous
sommes un des maillons importants de
la récupération des contenants sous consigne au Québec. On va pouvoir vous en
parler abondamment. On va pouvoir, on l'espère,
vous permettre de mieux comprendre le système, si vous n'avez pas encore eu la
chance de visiter des magasins ou des établissements de manutention des
contenants.
Évidemment,
on parle beaucoup de consigne, mais il y a beaucoup plus que la consigne dans
des contenants de verre. On va
également aborder d'autres éléments. Pensons à d'autres types de contenants dont
je n'ai pas entendu parler dans les questions
précédentes, lors des autres présentations ou très peu, mais il y a beaucoup
d'autres contenants qui sont en verre. Il y a différentes tendances dans
notre secteur, puis on pourra toutes les aborder.
Nos
détaillants sont des détaillants d'alimentation, prioritairement, qui sont très
normés, j'entendais la période de questions
tout à l'heure, beaucoup de réglementation, d'inspections, notamment au niveau
de la salubrité et de l'innocuité de nos
commerces. Donc, il y a aussi des enjeux liés avec la gestion de contenants
postconsommation dans nos établissements.
Donc, je vais
céder la parole à mon collègue pour vous parler des différents aspects dont on
voulait éclaircir les enjeux liés au verre. Merci.
M. Lacasse
(Stéphane) : Merci beaucoup. Donc, je vais commencer à vous parler des
contenants à remplissages multiples.
Vous le savez, vous visitez probablement des... vous faites chacun votre
épicerie une fois par semaine. Vous savez que la bonne vieille bouteille
brune... donc, ça, c'est un contenant qui est réutilisé environ 10 fois.
Donc, on en retrouve beaucoup dans nos
magasins, et on a une entente privée entre, justement, l'Association des
brasseurs et les détaillants sur le principe de consigne.
Donc, c'est
un principe de livraison. Donc, le brasseur vient livrer la bière, et nos
détaillants, bien sûr, par la suite, le remettent au brasseur, et le
consommateur... parce qu'on n'a pas beaucoup entendu parler, dans les
interventions, du consommateur, la personne
qui vient en magasin, le citoyen, en fait. Donc, le citoyen paie une consigne
de 0,10 $ et, lorsqu'il ramène ses bouteilles brunes, on lui donne
également le 0,10 $ de consigne.
Donc, on a
beaucoup d'enjeux, parce que vous savez qu'une bouteille est souvent, bon,
contaminée, que ce soient des cigarettes,
que ce soit de la lime, que ce soient plein de contenants qu'on retrouve. Donc,
il y a toute une manutention qui est faite dans nos magasins. Par
exemple, là, vous arrivez à la courtoisie, vous remettez vos bouteilles, vous
recevez la consigne. Il y a tout un
processus qui se fait. Donc, ils doivent l'amener en entrepôt, c'est récupéré
deux à trois fois par semaine. Donc,
il y a toute une manutention, et ça crée plusieurs problèmes, donc des
problèmes de salubrité, des problèmes de bris, des choses comme ça que
nos employés doivent travailler au quotidien.
Et puis il y
a l'enjeu aussi des microbrasseries. Les microbrasseries, il y a plusieurs
types de formats. Donc, c'est encore
là une fois une question d'entreposage. On doit entreposer, on doit classer, on
doit trier selon les types de formats, et il y a certaines
microbrasseries qui récupèrent, mais il y en a d'autres qui ne récupèrent pas.
Donc, souvent, on a cet enjeu-là également, et il y a plusieurs formats.
Mais de plus
en plus, vous le voyez dans notre mémoire, les gens vont de plus en plus vers
la canette. Donc, les microbrasseries,
on parle d'une hausse à peu près de 20 %. Donc, on a tous ces enjeux-là
d'entreposage et de main-d'oeuvre, parce
qu'il faut toujours expliquer à nos employés comment ça fonctionne, les
changements... Donc, on a beaucoup de changements d'employés, donc on
doit refaire de l'enseignement à ce niveau-là.
• (16 h 40) •
RECYC-QUÉBEC a parlé aussi des contenants à
remplissage unique. On n'a pas mentionné beaucoup de pourcentages. En fait, pour la bière, pour le verre clair et le verre
vert, on parle d'à peu près 72 % de récupération, pour les boissons gazeuses, on parle de 25 % et, pour
les gros formats, on parle de 51 % qui sont consignés. Le reste va...
passe par la collecte sélective.
Donc, aussi,
on voulait parler un peu de la consigne élargie. Tantôt, la SAQ a parlé d'un
200 millions de mises en marché
de bouteilles et la SAQ a mentionné qu'ils ne voulaient pas récupérer en
magasin ces 200 millions là. Imaginez-vous que, présentement, ces 200 millions là de bouteilles arrivaient
dans mon magasin, incapacité de récupérer cet ensemble de bouteilles là, manque d'espace, nos entrepôts ne
sont pas faits pour ça. Aussi, au niveau de la gestion, les types de
formats, juste en France, au niveau des
appellations d'origine contrôlée, il y a plusieurs types de formats. Juste,
vous regardez chacune des régions
françaises, ils ont des types de formats différents. Donc, est-ce qu'il
faudrait classer par format? La manipulation, la lourdeur, les bris,
donc c'est toutes des choses qu'effectivement on aurait l'incapacité de gérer
dans nos magasins.
Je ne sais
pas si vous avez déjà tous visité des entrepôts dans vos épiceries, sinon on
vous invite à le faire. Nous, on serait
prêts à vous accompagner, d'aller en magasin, d'aller voir un peu, c'est quoi,
la réalité des détaillants sur le terrain. Je pense que vous allez tous et toutes faire l'épicerie, donc je pense que
ce serait une bonne manière de comprendre notre réalité, comprendre nos enjeux qu'on a, et puis je pense
qu'on pourrait... Pierre-Alexandre peut conclure aussi, parce qu'on
préfère discuter avec vous des questions que de faire une grande présentation.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : C'est
sûr qu'il faut... Je prendrais peut-être une petite minute
additionnelle pour vous parler des autres types de contenants, parce
qu'on a beaucoup parlé du vin tout à l'heure, parce qu'on avait des
intervenants qui étaient particulièrement visés, mais on a toute... une foule
d'autres produits qui se retrouvent dans nos magasins,
qu'on pense aux pots de confiture, à d'autres types de contenants. Il y a
aussi des nouveaux produits qu'on retrouve. Il y a aussi des contenants
qui sont ramenés par nos clients au niveau de contenants réutilisables. C'est
des nouvelles tendances dont on pourra parler avec vous si ça vous intéresse.
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Merci
beaucoup. Donc, on va aller du côté du gouvernement. M. le député de Bourget.
M.
Campeau : Merci, Mme la Présidente. Je constate que vous venez répondre à des
questions, mais vous n'arrivez pas
avec des solutions toutes faites d'avance, là, et c'est correct comme ça. Quand
vous parlez de santé, sécurité, ou on parle, entre autres, de moucherons,
de potentiel problème de vermine, à quel point c'est sérieux? Êtes-vous
capable de décrire un peu plus ce qui arrive de façon typique?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, on est en période estivale, M. le
député, on se retrouve avec des
contenants qui ne sont pas nécessairement
ramenés instantanément chez nous, on va les entreposer là où le peut à votre
domicile. Certains vont les mettre dans des conditions optimales, d'autres non. Il y en a
qui vont récupérer des contenants dans des festivals, à différents
endroits. Donc, nous, on n'a aucun contrôle sur les intrants.
Au niveau
des contenants à remplissages multiples, on a le droit de refuser les
contenants légalement, mais, au
niveau des contenants à remplissage unique,
si on vend des contenants, on a l'obligation de les récupérer, peu importe comment ils
sont. Évidemment, dans la vraie vie, ça veut dire que, parfois, on les refuse,
ça veut dire que, parfois, il y a des consommateurs qui font des plaintes, qui
sont très fâchés.
Mais, écoutez, d'un point
de vue de salubrité, d'innocuité, c'est la moindre des choses que de s'assurer
qu'on maintient une innocuité adéquate en
magasin. Il y a des enjeux... évidemment, si les produits
restent plus longtemps dans nos arrière-boutiques, ça devient plus
problématique. Si les produits sont partis plus rapidement... Vous comprendrez
que, sur le territoire, on n'est pas tous
égaux comme détaillants. Si vous êtes dans la vallée de la Matapédia
ou en région plus éloignée, vous
allez avoir moins de récurrence de visite que si vous êtes sur un grand axe
routier d'un grand centre urbain. Donc, on va se retrouver avec des contenants qui vont... je n'aime pas le terme, là,
mais ça va maturer à l'intérieur du contenant, puis
on risque d'avoir plus de propagation.
M.
Campeau : Tantôt, il y a
d'autres intervenants qui nous ont parlé des dépôts volontaires en Suède, que
j'ai déjà eu l'occasion
de voir. Si on regarde dans une épicerie au Québec, il y a
normalement un stationnement à côté. Vous allez peut-être me dire que, des
fois, le stationnement est trop petit, là, mais il semble que ce serait un bon
endroit pour penser à cette idée-là de dépôt volontaire. Est-ce que vous
avez regardé cette avenue-là?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Je vous répondrais par deux volets. D'abord, il existe déjà des dépôts
volontaires. Là, on ne parle pas de consigne, on parle de déposer des
contenants dans plusieurs commerces, notamment dans les Cantons-de-l'Est, ou à
proximité d'édifices municipaux. Il y a plusieurs municipalités qui ont décidé
d'aller dans cette direction-là. On ne
s'oppose pas à ça, pas du tout. Quand vient le temps, par contre, de
l'implanter de façon plus élargie dans les
stationnements ou d'autres endroits avoisinants nos commerces, souvent, nos
détaillants ne sont même pas propriétaires des terrains. Ils peuvent être locataires, ils n'ont pas nécessairement
accès à ces espaces-là pour pouvoir les utiliser en dehors de leurs
employés ou de leurs clients comme stationnement.
Il
y a beaucoup de contraintes qu'on pourrait regarder, mais, je vous dirais, à
l'échelle nationale, ça ne serait pas, pour nous, une solution très, très intéressante. Puis, si vous voulez notre
opinion, écoutez, on est prêts à faire notre travail, on est prêts à faire notre part, mais ce qu'on veut vous
dire aujourd'hui, c'est qu'on n'est pas aptes à en faire davantage dans
le système de consigne. Je pense que c'est
ça qu'il est important de comprendre. Il y a des irritants majeurs, et puis on
ne peut pas devenir la courroie de transmission de davantage de contenants.
M. Campeau :
Si je reviens à mon idée de dépôt volontaire, là, je n'y tiens pas mordicus,
j'explore tout simplement. C'est
juste que c'est une bonne façon d'attirer quelqu'un au dépôt volontaire, qui
devient ensuite un client du magasin juste à côté. C'est comme un
incitatif à attirer un client en même temps.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Possiblement en fonction des contraintes qui
seront pour chacun des emplacements, mais,
comme je vous dis, ça ne crée pas un système, un dépôt volontaire.
Actuellement, on a à peu près 8 000 détaillants qui reprennent des contenants sous consigne. Tout à
l'heure, on parlait d'autres régions du Canada. On parlait des «beer
stores», par exemple, qui sont des
établissements privés qui ont été conçus pour ça. Ça peut être intéressant,
mais, en même temps, il ne faut pas
oublier qu'en Ontario on n'a pas de consigne sur la canette d'aluminium. Donc,
on en a sur le verre, on n'en a pas sur l'aluminium.
Donc,
c'est difficile de comparer d'autres juridictions, puis je pense que c'est un
des éléments pour lequel on a l'air de se répéter, mais on vous
inviterait à venir visiter des magasins. Ça serait intéressant de le faire.
M. Campeau :
Je vais le faire. Dernière question, on parle d'une prime d'encouragement à la
récupération de la bouteille, c'est
relié à l'Association des brasseurs, comme mentionné déjà, qui est passée, de
2008 à 2012, de 0,10 $ à 0,24 $ par caisse de 24 bouteilles. Ça me semble une longue phrase pour
dire pas grand-chose, pas grand-chose qui est relié à ça. Il y a peu
d'argent là-dedans. Est-ce que c'est ça que ça veut dire? Ce n'est pas
suffisant ou...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Écoutez, ce n'est pas tant une question d'argent
que c'est une question de relations d'affaires.
On fait un travail, on n'a jamais eu la prétention que ça couvrait nos coûts
d'opération, parce qu'il faut comprendre que, quand on parle de contenants de verre, on parle de tri manuel de
contenants, donc beaucoup d'employés, beaucoup d'espace.
Évidemment, ça ne
couvre pas les coûts, mais on n'est pas en croisade pour faire une augmentation
de la prime de manutention. C'est une relation d'affaires qu'on avait, depuis
de nombreuses années avant cette entente-là, avec l'Association des brasseurs, qui heureusement bénéficie à tous les
détaillants qui font leur part. Mais on n'est pas en croisade
actuellement là-dessus.
M. Campeau :
D'accord. Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif :
Merci, Mme la Présidente. Merci. Bienvenue. Oui, je connais bien les épiceries
et je connais un «backstore» d'épicerie
également, en bon français. Alors, écoutez, je suis quand même sensible, je
reçois et je comprends bien ce que vous dites.
Cependant,
j'aimerais quand même redévelopper puis... un peu ce que mon collègue abordait
sur l'angle : il n'y aurait pas une
opportunité d'affaires à être un centre de dépôt? Qu'il soit à l'extérieur ou à
l'intérieur, là, je comprends qu'on
est dans la microgestion, là, mais, pour vous autres, vous ne voyez pas une
opportunité que des gens, en allant porter différents contenus, en
profitent pour aller également à votre place d'affaires?
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, en fait, nous sommes des...
M. Tardif :
Je le sais qu'on n'a pas...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Oui, oui, je comprends, mais nous sommes des
centres de dépôt aujourd'hui. Ce qu'on
vous dit, c'est qu'il n'y a pas, selon nous, d'opportunité à augmenter ce
volume-là parce que ça ne serait pas une opération qui serait rentable.
M. Tardif : O.K. Alors, vous proposez, vous seriez d'avis, comme je vois dans mes
notes, vous seriez d'avis qu'on est mieux de se diriger vers les centres
de tri avec une technologie plus développée.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, je vous parlais tout à l'heure de
8 000 centres, actuellement, d'établissements d'alimentation qui reprennent des contenants. Vous
avez... nous, on a écrit 26, dans notre mémoire, parce qu'on pensait que
c'était 26, il y en a 23. On l'a entendu
tout à l'heure de la part d'Éco Entreprises. Donc, si vous privilégiez des
investissements dans 8 000 points de vente ou encore dans
23 centres de tri, je pense que la mathématique va être assez évidente.
M. Tardif :
Un dernier petit clin d'oeil. Parlez-moi donc des microbrasseries, ça
m'intéresse quand même le fait des bouteilles.
• (16 h 50) •
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, en fait, on a emboîté le pas des
microbrasseries, on est sauté dans un marché fort intéressant puis fort
apprécié par les consommateurs, sauf que force est de constater que plusieurs
ont voulu plus privilégier l'originalité du
contenant que le contenu. Puis ce que ça a créé, c'est des gros maux de tête
dans nos magasins, parce que
certaines microbrasseries, comme mon collègue le disait, font un très bon
travail de nous accompagner dans
la récupération des contenants, puis il y en a d'autres, bien, ils collectent
un frais de consigne puis ils ne viennent pas les chercher chez nous.
Il y a certaines pistes
d'amélioration qui sont sur la table. Deux ententes privées signées par les
microbrasseurs. D'autres issues, comme, par
exemple, l'implantation de boîtes de récupération qui peuvent se couper en deux, mais on ne les a pas encore vues dans les points de vente, ces
belles innovations là. On veut continuer à outiller les microbrasseries
qui veulent réutiliser leurs contenants,
parce que, comme je vous disais, c'est un contenant réutilisable, puis on veut
les aider à pouvoir continuer à se
commercialiser. Mais il va falloir qu'il y ait une épuration au niveau de
l'originalité des nouveaux contenants, parce qu'on ne pourra pas suivre.
M.
Tardif : Merci.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Mme la députée d'Argenteuil.
Mme
Grondin : Merci. Bonjour. Je voudrais poursuivre sur l'idée de mon
collègue. Compte tenu... J'ai bien compris que, dans le fond, vous êtes
déjà un point de dépôt. Les défis que vous rencontrez, c'est en termes de
pluralité, là, des contenants, donc ce n'est
pas toujours facile. Il y a également... Vous soulignez la non-collecte des
contenants vides, donc deux enjeux
importants. Vous nous dites que ça serait non rentable d'augmenter le volume.
C'est ce que je comprends bien.
Toutefois,
il y a plusieurs municipalités au Québec qui souhaitent porter le projet pilote
de dépôt volontaire. Est-ce que, s'il
y avait des points de dépôt près de vos membres... est-ce que vous
considéreriez que ça pourrait alléger le fardeau ou amoindrir les défis
que vous rencontrez?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : C'est très difficile de vous répondre,
parce qu'on n'a pas un modèle à analyser, on n'a pas quelque chose de précis. On parle de quels contenants? On parle
de quelle proximité? Quelle est l'implantation? Qui fait la récupération de tout ça? Est-ce que nos
obligations demeurent ou pas? Est-ce qu'on se retrouve peut-être avec
encore moins de services parce qu'on va
mieux desservir ces points de dépôt là pour la récupération? Il y a beaucoup...
Ça crée beaucoup d'incertitude au
niveau des détaillants parce qu'ils ne savent quel va être le modèle qui est
proposé. Puis des modèles, on s'en
est fait proposer une foule de modèles, puis je vous dirais qu'ils n'ont jamais
su répondre à nos questions adéquatement.
Puis
ce n'est pas faute d'être ouverts à la discussion, là. On parlait tout à
l'heure de comité de travail de RECYC-QUÉBEC.
On y a collaboré également abondamment, puis force est de constater que ce
n'est pas si facile d'envisager des modèles
alternatifs, tant d'un point de vue logistique, d'un point de vue économique,
d'un point de vue environnemental. On peut
regarder d'autres juridictions puis les trouver très alléchantes, avec des
modèles très intéressants, mais quand vient le temps de faire
l'implantation, il y a beaucoup de défis.
Mme
Grondin : Vous soulignez dans votre mémoire que la diminution du verre
au profit de l'aluminium... vous avez identifié un 20 %, en fait.
Est-ce que c'est un pourcentage qui va en augmentant assez rapidement?
M. Lacasse (Stéphane) :
Bien, à chaque année, en fait, ça augmente. J'ai fait le tour de plusieurs
magasins dans la région de Québec la
semaine dernière, puis sur les tablettes, surtout en microbrasseries, il y a
une augmentation de volume, beaucoup.
Même, si je prends deux microbrasseries, que ce soit La Voie Maltée ou
l'Archibald, ils n'ont pas de bouteilles, ils ont directement passé à la canette. Brasseurs du Monde également, ils
ont de plus en plus de canettes. Une question d'espace, une question de
récupération, une question de coûts aussi.
Donc, nous, on voit une augmentation, là, je vous
dirais, dans les deux, trois dernières années, assez fulgurante, là, oui.
Mme Grondin :
Donc, au sein de nos microbrasseurs québécois, là.
M. Lacasse
(Stéphane) : Oui, tout à fait, oui, puis...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Les grands et les petits.
Mme
Grondin : Dernière question. Vous mentionnez l'importance, là, de
réfléchir, de regarder, d'établir le portrait, de mieux saisir tout ce
qui est hors foyer. Pouvez-vous...
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : En fait, le consommateur, en regardant les
données, lorsqu'il est à son domicile, il pose des gestes qui sont adéquats. Il sait quoi faire avec les
contenants. On prenait certains exemples, tout à l'heure, on parlait de la fameuse bouteille à 0,20 $, de
bière, qui est un peu plus grosse que la bouteille standard de l'industrie, qui
est beaucoup moins récupérée, mais on peut aussi croiser le fait qu'elle est
consommée hors du foyer.
Donc,
que les personnes... que le produit soit consigné ou non, lorsqu'il consomme
hors foyer, il y a moins de chances de
poser le bon geste environnemental parce qu'il n'y a pas de matériel en bordure
de rue, il n'y a pas d'outil pour l'aider à poser le bon geste rapidement. Autrement dit, quand on consomme un
produit, un breuvage, on veut une alternative rapide. On ne prend pas le produit, le mettre dans son
veston ou dans sa sacoche pour le conserver pendant quatre coins de rue.
Si on croise une poubelle, bien, ça se peut
qu'il aille là. S'il y avait un bac avec matières recyclables, bien, il y a des
bonnes chances qu'il serait mis dedans.
Puis
c'est une des choses qu'on invite la commission à étudier. C'est des éléments
qui reviennent périodiquement. La
commission sur le transport, en 2008, dans son rapport, en parlait également du
hors foyer. Je pense que c'est un des endroits
où il faut vraiment mettre l'accent. Puis de le faire uniquement pour les
breuvages, je pense que ça serait une erreur parce qu'il y a des fibres qui
se retrouvent dans les lieux publics, il
y a de l'aluminium, il y a
différents types de matières, puis il faut toutes les récupérer, pas uniquement
les contenants.
Mme Grondin :
Merci.
La
Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce que vous avez d'autres questions? Parce que
vous avez encore 3 min 20 s. Ça va de votre...
Mme Tardif : En nous donnant des informations additionnelles
comme vous le faites, là, c'est très intéressant
parce que ça m'amène à me poser des questions moi-même.
Puis,
si on s'en va vers une récupération, recyclage, peu importe, là, du verre et
qu'à moyen horizon cette quantité de verre
là pour lequel on va instaurer et mettre sur pied de nouvelles entreprises
diminue, on ne s'aide pas. Là, vous me dites qu'il y a de plus en plus de
canettes d'aluminium qui sont sur le marché. Est-ce qu'on entrevoit ça
aussi? Parce que tantôt on en parlait un peu avec RECYC-QUÉBEC qu'il y a des contenants différents, même pour le vin, il y a
des... ça ressemble à des contenants
de jus maintenant, puis c'est du vin qu'il y a dans ça, dans un
carton ciré. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, écoutez,
nous, on répond aux tendances en respectant la réglementation. Donc, quand des contenants sont autorisés à la
commercialisation puis que le client en veut, bien, on lui fait de la place
sur les tablettes. Puis ce qu'on constate,
c'est que les manufacturiers actuellement cherchent à délaisser un peu
le verre, justement, parce que le verre a mauvaise presse puis parce qu'ils ont aussi envie de s'assurer d'avoir potentiellement des
débouchés, puis parce que c'est un contenant qui... on parle beaucoup
d'aluminium, là, c'est un contenant qui est très avantageux au point de vue
logistique, très léger. On peut en mettre plus dans une caisse métrique. Donc,
les entreprises y voient des avantages, puis nous, bien, on ne fait que
suivre la tendance à ce niveau-là.
Mme Tardif :
Est-ce que... Je pousse, là. Est-ce que vous pensez que les distributeurs, les
commerçants, les dépanneurs et tout pourraient, en région, avoir plus
d'aluminium que de verre, puis en ville, peu importe, parce que le procédé de
récupération puis de recyclage est plus facile et... au niveau des GES, au
niveau de...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : J'aurais de la difficulté à vous dire s'il y a
une différence rural-urbain.
Mme Tardif :
Mais est-ce qu'on pourrait envisager ça? Je vous dis, là... je lance des idées,
là.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Mais je
vous dirais que ça ne me surprendrait pas que, d'ici quelques années, on
voie certains détaillants qui ne vendent que de la bière en canette, par
exemple.
Mme Tardif : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, merci. Donc, maintenant, on passe du
côté de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. Si demain, le gouvernement décide d'aller à l'avant avec la décision
d'élargir la consigne, vous faites quoi exactement?
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : C'est
une très bonne question. Je vous dirais, on va se retourner vers nos
membres, parce qu'ils ne sont pas très chauds, si vous avez bien compris,
au niveau d'en reprendre davantage.
Puis on a été... on a eu l'avantage
d'être, justement, une espèce de soupape au niveau de la gestion des
contenants, à faire beaucoup de travail sans nécessairement être compensés de façon correcte. Je ne vous dis pas que
demain matin la terre arrête de tourner, parce que la consigne est implantée, mais c'est sûr qu'il y a
des aménagements extrêmement importants qui devraient être faits dans
nos commerces. Puis ce n'est pas vrai qu'avec une prime de manutention à 0,02 $,
on est capables de faire ça.
Puis, au-delà
de la prime, du frais, les grandes questions qu'on se pose, c'est au niveau de
toute la structure logistique qui est
en arrière. Qu'est-ce qui va nous garantir que les contenants vont sortir à une
régularité suffisante pour qu'ils ne restent pas dans nos magasins,
qu'on...
Actuellement,
on a des récupérateurs nombreux. On a, dans la boisson gazeuse, généralement, à
peu près trois récupérateurs
différents par magasin. Dans la bière, on peut avoir trois, quatre, cinq, six,
10 récupérateurs différents de contenants.
Ça fait qu'aujourd'hui qui vient récupérer le vin dans nos magasins? On n'a
aucune idée. On ne sait pas quelle quantité,
on ne sait pas où le client va les porter. Vous comprendrez que, d'un point de vue
de commerçant, c'est difficile de faire des projections qui nous
permettent de vous dire qu'on va être capables de le faire.
M. Kelley :
Alors, juste en lien avec ça, c'est intéressant, parce que vous avez mentionné
les coûts. Pour la prime, est-ce
qu'il y a un chiffre en tête, si le gouvernement, comme j'ai dit, décide :
O.K., on va faire ça? Est-ce que vous avez un chiffre? Ça va prendre combien d'argent pour apaiser un petit peu vos
clients? Ou est-ce que c'est une discussion que vous n'avez pas encore
eue avec les membres?
• (17 heures) •
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Je vous ramènerais juste à 1984, uniquement.
1984, on avait 0,02 $ pour la consigne publique. En dollar constant, on est au-dessus de 0,04 $
aujourd'hui, juste pour être égal avec ce qu'on avait à l'époque, puis
on ramassait beaucoup moins de contenants.
Donc, je vous
dirais, il faudrait faire une étude pour qu'on puisse venir dire... s'assurer
que les détaillants ne font pas ce
travail-là à perte, mais évidemment, chaque fois qu'on rajoute des sous en
frais de manutention, c'est tout le système dans son ensemble qui coûte beaucoup plus cher, parce qu'il faut... Le
système de consigne se finance par les contenants non rapportés des consommateurs. Ça, on l'oublie
aussi. Don,c c'est une bonne chose, d'un point de vue de système, que la
consigne soit à 70 % de retour, parce
que c'est le 30 % de contenants non récupérés par le consommateur qui
finance le système.
Donc, si on
se ramassait avec un taux trop performant, bien, il faudrait rajouter des gens
qui paient pour le système, puis je vous dirais qu'ils ne sont pas très
chauds à l'idée.
M. Kelley :
Et j'imagine, quand même, il y a toute une question aussi d'embaucher des gens
pour faire ce type de job, là, parce
que quand même, il y a des gens qui font juste ça, si je comprends bien. À
l'épicerie, il fait juste ça, ramasser des bouteilles de bière ou quand
même des canettes, retourner ça en arrière puis il revient, et ça, c'est leur
job. Alors, c'est un impact majeur.
Ça, ça dit
qu'il faut trouver des gens... un travail, parce que ce n'est pas simple
présentement au Québec partout, on a un
manque de main-d'oeuvre, là. Mais c'est sûr que c'est quelque chose que ça va
mettre beaucoup de pression sur vous autres et, quand même, sur les
personnes qui travaillent là, présentement.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Oui, vous avez touché un point très sensible.
Actuellement, dans beaucoup de régions,
les détaillants ont des problèmes majeurs de main-d'oeuvre, puis je vous dirais
que ce n'est pas non plus considéré comme
étant un privilège que d'avoir à aller trier les contenants dans
l'arrière-boutique. Je dirai que c'est plutôt le contraire, parce que premièrement, il faut être compétent,
parce qu'avec toute la multitude de contenants qu'on a à trier, on ne
peut pas envoyer n'importe quel employé. Ça
nous prend quelqu'un qui est un peu expérimenté, sinon on se ramasse avec un
fouillis puis il faut y repasser.
Donc, oui, il
y a quelque chose de problématique, puis quand on parlait, tout à l'heure, de
centre de dépôt, moi, je serais très
perplexe d'avoir à embaucher des gens uniquement pour faire du tri de
contenants. Dans le marché de l'emploi aujourd'hui, au Québec, ça serait
tout un défi.
M. Kelley : Mais quand même,
c'est possible. Vous êtes prêt à faire ça, si c'est la décision du
gouvernement.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : On va s'asseoir avec le gouvernement puis on va
voir comment ça va être faisable.
M. Kelley : Est-ce que vous
n'avez jamais discuté avec vos membres de prendre des... de regarder vos
options légales? Si le gouvernement ou... Je
pose juste la question. À quel point est-ce que vous êtes prêts à faire la
bataille contre la consigne?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) : On
vous reparlera dans l'éventualité où ce sera nécessaire.
M.
Kelley : O.K., parfait. Je pose juste la question.
Je
reviens un petit peu avec juste encore... Le manque d'espace, je sais
que c'est un point qui revient puis aussi, après, le prochain groupe a le même argument. Est-ce que
c'est vrai que c'est partout qu'il
n'y a aucun, aucun espace dans
vos magasins ou est-ce que ça dépend un petit peu?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, la tendance que décrivait tout
à l'heure la SAQ à réévaluer nos
espaces de travail, d'entreposage, le
«just-in-time», ce sont des tendances générales d'industrie, parce que
les coûts d'opération, ils n'arrêtent pas d'augmenter, et, malgré ce
qu'on peut penser, le prix des aliments n'augmente pas tant que ça.
Puis
l'autre élément, c'est que nous, notre rôle principal, c'est de vendre des
aliments, donc d'en acheter, de les entreposer
et de les vendre au client. De venir entreposer des contenants vides, ce n'est
pas tout à fait notre modèle d'affaires puis ce n'est pas comme ça qu'on a fait, justement,
nos analyses commerciales. Donc, est-ce qu'on nous demanderait de devenir vraiment des centres de dépôt élargis? On aurait des
grosses questions à se poser sur notre capacité, comme je le disais tout
à l'heure.
M.
Kelley : Est-ce que
vous avez une idée de combien de centres d'achats que vous partagez avec la SAQ
comme... Combien des SAQ sont juste à côté d'une épicerie? Est-ce que ça, c'est
quelque chose qui est chiffré ou pas, à votre connaissance?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Je n'ai pas l'information pour vous. Par contre, je rajouterais un
autre élément. Il y a 400 SAQ et il y a 400 détaillants
dits agences SAQ en régions plus éloignées, qui font le travail pour la société d'État là où elle ne peut pas exploiter des points de vente. Ces commerces-là,
souvent, ce sont des commerces alimentaires. Donc, on a déjà fait une ponction d'espace, on y a installé une
agence, puis elle fonctionne selon certains critères, mais là non plus, il
n'y aurait pas plus de place.
Puis
je vous dirais, on a toute une variété de types de détaillants. Évidemment,
il y a peut-être un 5 %
qui a de la place, comme je vous
disais tout à l'heure, peut-être parce qu'il est sur des bons axes routiers
puis qu'il est récupéré de façon plus efficace,
mais quel pourcentage d'une arrière-boutique on peut allouer à des contenants
vides? Il faudrait faire des études pour le démontrer.
M.
Kelley : Est-ce que vous avez une idée de combien de fois le
camion passe par un magasin pour ramasser des bouteilles de bière?
Est-ce que c'est deux fois par jour? Trois fois? Ou est-ce qu'on parle des fois
par semaine?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : Ça va varier beaucoup selon les volumes,
mais je vous dirais, vous avez... prenons les grands joueurs, Molson,
Labatt, Sleeman, qui vont passer au moins une fois semaine. Puis ensuite vous
avez des microbrasseries, dépendamment des
volumes... Donc, on peut se retrouver avec jusqu'à cinq visites, six visites
par semaine.
M.
Kelley : Alors, c'est beaucoup. Alors, ce système-là marche pas
mal bien, mais quand même, ça prend beaucoup d'organisation de la part
des brasseurs de faire tout ça.
Juste
une autre question. Je reviens sur des loyers que ça va coûter plus cher pour
vos membres. Je sais que c'est mentionné
juste des espaces physiques, mais est-ce que vous pouvez bien expliquer ce
point-là pour nous? Ou est-ce que c'est vraiment simplement juste ça?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : Bien, écoutez, il y a l'espace physique
lié à l'entreposage, il y a l'espace de réception parce qu'il faut prévoir un espace qui est
suffisant et adéquat à la quantité de contenants également. Actuellement,
vous avez aussi des espaces liés aux
machines récupératrices, les bonnes... communément, gobeuses. Si on combine
tout ça puis qu'on ajoute davantage
de contenants, il faut peut-être une courtoisie élargie, donc peut-être plus
d'espace, plus d'entreposage, peut-être
reconfigurer carrément le magasin pour s'assurer, justement, qu'on ne passe pas
à travers le magasin avec des chariots pleins de bouteilles plusieurs
fois par jour. C'est important comme modifications.
Évidemment,
si vous construisez un magasin neuf en 2020, ça peut peut-être être fait, mais
si vous avez un magasin qui est en opération depuis 1980, essayez, pour
le fun, de faire tout ça. Ce n'est pas évident.
M.
Lacasse (Stéphane) : La prochaine fois que vous allez faire votre
épicerie, regardez l'espace en entrée du magasin puis imaginez le volume qui rentre puis la capacité d'entreposage à
l'entrée du magasin pour les contenants. Ça va vous donner un bon
indicatif.
M. Kelley :
Je suis bien prêt à faire une visite. Alors, merci pour l'invitation.
Puis
dernière question, encore, je reviens, si le gouvernement décide d'aller à
l'avant avec la consigne, est-ce que c'est possible que ça va prendre une période de transition pour vous autres en
termes... est-ce qu'on parle... Est-ce que c'est... Je pense, tout le
monde pense qu'on est capable de faire ça comme ça, mais ce n'est pas vrai et
c'est bien complexe.
Alors, c'est quelque
chose que vous avez pensé, demander une période de transition?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : Fort évidemment, mais, comme je vous
disais tout à l'heure, je n'ai pas de scénario devant moi, donc je ne
peux pas vous le commenter de façon précise.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Viau, est-ce que vous avez un commentaire? Alors, maintenant, nous
allons passer au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, en fait, c'est ça, bien, vous avez exposé les effets
négatifs, là, d'avoir la consigne.
Puis on parle beaucoup des coûts que ça engendre pour les détaillants, mais on
parle peu des revenus.
Dans
le mémoire de l'Association des brasseurs du Québec, ils ont parlé que ça
apporte quand même, la consigne, pour
les détaillants, un avantage financier, notamment la prime de manutention de
30 millions de dollars rien que pour l'année 2018. Il y a aussi... évidemment, quand les gens
viennent pour apporter leurs contenants, ils achètent de la bière, donc
les détaillants vendent pour
2 milliards de dollars par année de bière. Et aussi il y a une étude qui a
démontré que, quand les gens viennent
rapporter leurs contenants, la majorité, plus de 90 %, en profitent pour
faire des achats, toute leur épicerie, plus de 100 $.
Donc,
est-ce que vous avez estimé... le coût, ça, vous l'estimez puis les nuisances,
mais les revenus que la consigne vous rapporte?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : Je pense qu'il faut mettre en... quand
même, il faut évaluer correctement le montant. Ça a l'air énorme,
30 millions de dollars. Mettez-le par 8 000 magasins, divisé par le
nombre d'heures travaillées, par l'espace utilisé, je ne pense pas que c'est un
montant qui est déraisonnable, tout d'abord.
Deuxièmement,
le coût d'opportunité ou l'avantage d'avoir un retour de contenants, il y en a
évidemment un puis on ne le remet pas en question.
Mme
Ghazal : ...en termes monétaires ou est-ce que vous aurez l'intention
de le mettre en place si, par exemple, la consigne arrive... de
l'évaluer, les revenus?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) : Bien, écoutez, on pourra traverser le pont
lorsqu'on y sera, mais, par contre, je vous dirais... l'étude dont vous me parlez, c'est intéressant qu'on cite des
études, mais je ne pense pas que c'est une étude qui est publique.
Est-ce qu'elle est disponible pour les...
Mme Ghazal :
Ça, c'est l'Association des brasseurs du Québec qui ont amené ça. Ils ont fait
un sondage pour connaître le comportement de leurs consommateurs.
Là,
c'est ça, vous dites que vous allez, par exemple, discuter. On va en jaser. Là,
je vous amène une solution. On jase. Qu'est-ce
que vous pensez, par exemple, de l'idée de faire une mise aux enchères de
permis de collecte de la consigne? Si, par
exemple, la consigne est élargie et que les détaillants qui trouvent que c'est
pénible et qui trouvent qu'ils n'ont pas d'espace, qu'ils laissent tomber la consigne, il n'y en a
pas, mais ceux qui en ont, bien, ils puissent en bénéficier puis qu'ils aient
un permis pour la collecter.
Parce
que RECYC-QUÉBEC nous a dit que 80 % des contenants sont ramassés par
20 % des détaillants. Donc, il y
en a beaucoup... si peu, ce n'est peut-être pas avantageux. Qu'est-ce que vous
pensez d'une... comme ça ils n'auront plus les bénéfices mais non plus les nuisances de la consigne, puis ceux qui la
veulent, bien, ils vont garder les avantages. Qu'est-ce que vous en
pensez?
• (17 h 10) •
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, il y a deux grandes questions reliées à une
proposition comme celle-là. D'abord, la
première, c'est qu'il y a un grand principe actuellement dans le système,
c'est qui vend reprend. Donc, vous vendez des contenants consignés, vous
devez en récupérer.
Mme Ghazal :
Un système qui peut être revu, là, vu qu'on est en train de regarder, là, oui.
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
Ah! un système qui peut être revu, mais c'est un principe de base du système
actuel. Ensuite de ça, si on se met à faire
des appels d'offres sur qui va récupérer, qui ne va pas récupérer, bien, ce que
vous me dites aussi, c'est que vous privilégiez ceux qui ont les moyens
de se le payer puis de faire les aménagements nécessaires.
Donc,
vous aurez probablement une surreprésentation dans certains endroits ou
dans certains types de magasins par rapport à d'autres types de
magasins. Puis là la grande question, c'est : Est-ce que ça va répondre
aux attentes des consommateurs en termes de proximité, d'efficience, pour
pouvoir s'y rendre facilement à proximité?
La Présidente (Mme
St-Pierre) : Je dois vous couper la parole. Alors, M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci.
Merci beaucoup. Moi, ce que je constate, c'est que depuis
quelques dizaines d'années, disons,
votre industrie a beaucoup changé, s'est beaucoup adaptée, on a... très
grande surface dans laquelle on peut trouver un peu de tout, de la nourriture mais, oups, des vêtements, oups, des
articles de sport, il y a toutes sortes de succursales, même... beaucoup
de suremballage, là. Si on veut faire un débat sur l'environnement et comment
on peut atteindre des objectifs environnementaux, je pense qu'on pourrait
questionner même le suremballage.
Mais
ce que je comprends de ce que vous dites, c'est qu'en matière de consigne,
c'est comme, là, on tire un trait. Est-ce
que j'interprète bien votre pensée, si je dis que, dans le fond, consigne ou...
Oui, admettons que le gouvernement
va de l'avant avec l'élargissement de la
consigne, c'est juste que vous n'avez pas le goût de vous en occuper, ça peut
être d'autre chose. Vous n'êtes pas contre la consigne en soi, mais
c'est juste que, dans nos espaces, dans nos entrepôts, avec notre main-d'oeuvre,
c'est non. Est-ce que je comprends bien ça?
M.
Blouin (Pierre-Alexandre) :
On n'est pas contre un système pour lequel on collabore depuis le tout début
puis même avant l'introduction d'un système public. Par contre, comme on vous
l'explique, c'est la capacité d'en prendre davantage. Puis...
M.
Gaudreault : Bien, c'est
pour ça... ce que je veux dire, c'est l'élargissement de la consigne. Qu'est-ce
que vous pensez, par exemple, de la position de la SAQ, tout
à l'heure, qui a dit : Bien,
oui, nous, finalement on est prêt à collaborer à l'ouverture de la consigne, mais... Est-ce que vous seriez prêts à
dire aussi la même chose, mais, mettons, pas chez nous, pas dans nos
épiceries, pas chez nos membres?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) : Bien,
je vous dirais, je ne pense pas que c'est la meilleure des solutions pour récupérer les contenants qui sont visés pour la
raison qu'on expliquait tout à
l'heure. On parle principalement...
les principales problématiques des
contenants non récupérés, parce que, là, on parle bien de deux modèles de
récupération, que ce soit la collecte sélective ou la consigne, c'est
des modèles de récupération et non des modèles de recyclage. Bien, dans les
deux cas, on ne voit pas l'avantage d'aller introduire une consigne
additionnelle, les taux sont à peu près égaux.
Quand on
regarde certains contenants dont on vous parlait tout à l'heure, on a des contenants
qui sont à 50 % de taux de retour, qui sont sous consigne à 0,20 $.
Ça fait que, là, vous allez me dire que c'est nécessairement ça qui fait que
le contenant revient, c'est beaucoup plus
lié à la facilité d'usage. Un client qui achète un «six-pack» de bière en
bouteilles brunes, il a une caisse,
il est capable de l'empiler, il est capable de l'amener facilement. Le
consommateur qui achète une bouteille un petit peu plus grosse en
contenant unique, le taux de retour est inférieur.
Je vous
dirais que c'est vraiment une question de facilité pour le consommateur qui
fait que généralement il y a un retour des contenants beaucoup plus
qu'en termes de... Puis tout ce qu'il va consommer, dans le fond, en étant, par
exemple, dans un parc, en étant dans un aréna,
s'il n'a pas les facilités à proximité, que le contenant soit consigné ou
pas, il risque de ne pas le rapporter.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, on doit s'arrêter ici. Merci beaucoup pour votre collaboration à cette
commission.
Nous allons prendre une courte pause pour
accueillir l'Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 14)
(Reprise à 17 h 16)
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. S'il vous plaît, veuillez
prendre place.
Nous allons accueillir l'Association des
marchands dépanneurs et épiciers du Québec. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Donc, M. Servais, directeur
général, vous avez la parole pour
10 minutes. S'il vous plaît, présentez-nous la personne qui vous
accompagne.
Association des marchands dépanneurs et
épiciers du Québec (AMDEQ)
M. Servais
(Yves) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je remercie aussi les gens de... les députés membres
de la commission parlementaire des transports et de l'environnement pour
nous accueillir, nous permettre de nous exprimer. Encore une fois, je me
présente, Yves Servais, directeur général pour l'AMDEQ, et je suis accompagné
de M. Odina Desrochers, qui est responsable ou consultant aux affaires gouvernementales
et relations publiques pour l'association. Peut-être il y en
a qui connaissent M. Desrochers,
c'est un ancien député à la Chambre
des communes, même s'il n'aime
pas que je dise ça.
Donc, c'est
sûr que notre position ressemble étrangement à l'association précédente,
l'ADA, avec qui, bien entendu, à
l'occasion, on partage de l'information, mais, quand
même, on apprécie d'avoir le temps de
venir vous présenter notre position là-dessus. Ça va être quand même
assez bref, puis on pourra discuter par la suite.
Donc, un
petit mot, vitement, sur l'association, sur l'AMDEQ. On représente, nous, à peu près 1 200 propriétaires de dépanneurs indépendants et des petites
épiceries de village. Donc, il n'y a aucune grande chaîne d'alimentation comme Sobeys, Metro ou Provigo membre chez nous, et non
plus les chaînes corporatives comme Couche-Tard ne sont pas membres de l'association. Donc, on existe depuis 35 ans, puis
étrangement, moi, lorsque j'ai commencé pour l'association à titre
de représentant, il y a à peu
près ça, 35 ans, on se
retrouvait en 1984, lors de l'introduction, justement, de la consigne publique sur les contenants
consignés.
M.
Desrochers (Odina) :
J'aimerais ajouter que, parmi les 1 200 membres, il y en a
40 % maintenant que ce
sont des Asiatiques qui travaillent dans les
régions, parce que vous savez que la relève n'a pas été facile, mais nos
Asiatiques font un bon travail, ils s'intègrent, apprennent le français,
alors c'est un plus pour nous autres également.
M. Servais
(Yves) : Donc, d'entrée de
jeu, j'aimerais tout simplement exprimer vitement la position de
l'association, bien entendu, sur la
récupération ou sur la consigne, parce que je ne vous parlerai pas de
valorisation ou de recyclage, parce que c'est à un autre niveau, malgré
qu'on a de l'intérêt aussi à ce niveau-là.
Donc, depuis 1984,
les épiceries et dépanneurs participent à la collecte des contenants consignés.
C'est près de 2 milliards de contenants
consignés qui transitent dans nos commerces, et je pourrais vous dire que la
tendance est à la hausse. Tout à
l'heure, l'ADA nous l'a expliqué un petit peu, les microbrasseries actuellement
se lancent plus dans la canette que dans le verre, donc... puis les ventes de
microbrasseries explosent également. Donc, les contenants d'aluminium
sont à la hausse chez nous. Il y a une
multiplication aussi d'autres produits, comme les alcomalts, les alcomalts qui
prennent de plus en plus de place dans nos commerces. Ça fait qu'il y a
une plus grande variété de produits qui rentrent chez nous.
M. Desrochers (Odina) : On pourrait ajouter aussi que 1 milliard de
contenants de plastique pourraient s'ajouter à cette liste-là. Alors,
comme vous pouvez voir, on va être occupés pas mal au cours des prochains mois.
• (17 h 20) •
M. Servais (Yves) : Ça fait qu'en réalité, oui, on parle de la consigne du verre, mais
comme M. Desrochers disait... puis
la CAQ, d'ailleurs, dans un conseil général ce printemps, avait pris comme
résolution, puis comme les autres gouvernements aussi avant eux, comme
les libéraux qui ont été au pouvoir...
Il
y a une problématique avec les contenants de plastique ou les contenants d'eau
à remplissage unique. Donc, nous, lorsqu'on
voit ça... on récupère 2 milliards de contenants actuellement, il y a
1 milliard de contenants d'eau qui vont peut-être se rajouter à ça, puis là on parle de peut-être
250 millions de bouteilles de verre, de vin. Donc, c'est énorme, puis on en parlait tout à l'heure, bien,
de l'espace, on n'en a plus dans nos petits entrepôts, chez nous.
Ça
fait que c'est énormément de contenants qu'on va devoir gérer, récupérer, avec
peu d'espace puis beaucoup de
manutention, si les contenants de verre et les contenants d'eau sont consignés
éventuellement.
L'autre
point, c'est qu'actuellement la collecte sélective, nous, on considère que ça
fait bien la job. Selon certaines statistiques,
près de 90 % des bouteilles de vin sont récupérées par la collecte
sélective. Donc, c'est énorme. Ça fait que la collecte sélective fait bien la job. Si on regarde les contenants
consignés à remplissage unique, que ce soit la canette ou les bouteilles de plastique, quand on parle de taux de
récupération d'à peu près 70 % et 75 %, donc c'est moins de... le
pourcentage est moins élevé pour des
contenants consignés de ce genre-là que les bouteilles de vin qui ne sont pas
consignées mais qui sont récupérées par la collecte sélective.
M. Desrochers (Odina) : Nous autres aussi, on est pris avec le petit
problème que nos collègues ont dit auparavant, la question de l'hygiène et de la salubrité. Vous devriez voir des fois
comment que les bouteilles ou des autres contenants arrivent au dépanneur. Alors, c'est plate, et je
pense qu'il faudrait un jour que le gouvernement
québécois se penche sur une campagne de sensibilisation pour inviter les
consommateurs à changer leurs comportements, et tout le monde serait
gagnant. Ça irait beaucoup plus vite, et ce serait plus agréable pour les
employés de nos détaillants.
M. Servais (Yves) : O.K. L'autre point, je voudrais revenir aussi sur les
bouteilles de vin et sur la SAQ. Antérieurement, la SAQ a toujours été
contre une consigne sur les bouteilles de vin. Aujourd'hui, on a su qu'il y
avait peut-être une ouverture. Est-ce qu'ils seront prêts à les récupérer ou bien ils vont donner ça à
d'autres types d'entreprises pour les récupérer? On ne le sait pas.
Mais
nous, il faut dire aussi qu'on vit un phénomène, mettons, au niveau des
contenants consignés actuels. Il y a beaucoup
d'entreprises qui en vendent, des contenants consignés. La pharmacie vend des
contenants consignés, et, selon la loi...
ou d'après la loi, ils sont obligés de les récupérer. Mais allez porter des contenants
consignés à votre pharmacie, vous allez voir, il n'y en a pas une qui va
les ramasser, qui va les récupérer. Ils vont dire : Allez à votre
dépanneur.
Si
un jour la SAQ... vous consignez les bouteilles de vin, est-ce que la SAQ va
les... vous incluez la SAQ pour les récupérer
ou vous donnez ça à d'autres entreprises? Mais, si vous les consignez, moi, je
peux vous dire que le consommateur, oui,
il y en a qui vont aller peut-être les reporter à la SAQ, mais il y en a
plusieurs qui vont venir les porter chez nous. Donc là, on se ramasse encore avec une plus grande
quantité, peut-être plus de contenants que l'on vend, de bouteilles de
vin que l'on vend, que l'on va récupérer dans nos commerces. Donc, ça aussi,
c'est une crainte pour nous, s'il y a une consigne sur les bouteilles de vin.
Ça
fait que vitement, là, ça fait un petit peu le tour dans notre position, mais
on aimerait quand même... là, finalement, à titre de conclusion, on
aimerait vous dire qu'on n'est pas favorables à l'imposition d'une consigne sur
le verre. On n'est pas intéressés à être parmi les établissements ciblés à
récupérer les contenants de verre, s'ils sont consignés.
On
préfère que le gouvernement continue à privilégier la collecte sélective comme
mode de collecte des contenants de
verre et qu'il appuie les centres de tri, et les entreprises, et les
organisations qui sont impliquées dans la valorisation du verre. Je pense qu'il y a du progrès qui a été
réalisé au cours des dernières années, et, avec l'entente, justement, qui est
survenue aujourd'hui entre Éco Entreprises
et certains fournisseurs, je pense qu'on peut encore... la collecte sélective
et la revalorisation du verre peuvent quand même faire d'autres pas
intéressants au cours des prochains mois ou des prochaines années.
Et,
bien entendu, si on n'a pas le choix et que vous consignez les bouteilles de
vin, bien, c'est sûr que ça passe, à ce moment-là... puis peut-être, avoir la collaboration des détaillants, ça
passe par une augmentation de la prime au détaillant. Encore une fois,
on en a parlé tout à l'heure, l'ADA en a parlé tout à l'heure, le 0,02 $
de la prime avait été mis en vigueur en 1984, lorsque les salaires minimums
étaient peut-être de 4 $ à 5 $. On est rendus en 2019, avec des
salaires minimums de 12,50 $, puis il y
a plusieurs d'entre vous qui militez pour un salaire minimum à 15 $. Donc,
comment on fait pour réaliser
l'opération de gestion, de manutention et d'entreposage des contenants, c'est
une problématique pour nous.
M. Desrochers (Odina) : Et le ministre Charette s'est engagé à régler le
problème de la consigne, et il est conscient, puis on espère qu'il va tenir parole, que ça date de 1984. 1984 à 2019,
je pense que c'est une période assez longue pour bouger et agir.
M. Servais (Yves) : Et même, M. Charette avait d'ailleurs exprimé la possibilité d'augmenter la prime au détaillant, ce qu'on avait apprécié lorsqu'on a vu ça dans les médias. Donc, ça clôt
un peu notre présentation, on est disponibles pour répondre à vos questions.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Merci beaucoup. Vous faites un beau duo. Alors, je vais passer
la parole du côté gouvernemental. M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Vous me permettrez de poser des questions à votre beau duo.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Campeau : J'avoue que, quand
vous dites que des bouteilles achetées à la SAQ pourraient se retrouver
chez vous, je pense que vous avez raison, ça
pourrait nettement arriver. C'est plus facile de dire : Je vais
à l'épicerie et j'amène tout ça en même temps. Donc, je ne vous dis pas que c'est une orientation ou quoi, mais je
suis sympathique à l'idée que ça pourrait causer un débalancement.
Qu'est-ce que vous dites au fait que l'Association
des brasseurs trouve ça assez rentable, la consigne?
M. Servais
(Yves) : Bien, regardez,
nous, on regarde l'augmentation de nos frais d'opération, on parle de
salaires, mais on parle de tous les
autres... les différents permis que l'on doit payer. Depuis 30 ans, ça a
considérablement augmenté. Les assurances, le téléphone, peu importe,
tous les postes de dépenses d'un petit commerçant ont considérablement augmenté. Oui, il y a un certain montant, un
certain revenu qu'on en retire, mais pas suffisamment pour rentabiliser
l'ensemble de l'opération de gestion et d'entreposage.
Peut-être qu'il y a quelqu'un qui va me poser la
question... chez nous, dernièrement, j'avais un conseil d'administration, là, il y a à peu près quatre semaines. Un de mes
membres me disait : Tu sais, Yves, mon entrepôt, là, il n'est pas tellement grand, mais j'ai peut-être 30 à
40 sacs de contenants vides dans mon entrepôt, puis quand la compagnie
de bière vient me livrer, je n'ai même pas de place pour les mettre. Ça fait
que ça, c'est une réalité que l'on vit actuellement, compte tenu de la
multiplication des contenants consignés.
M.
Desrochers (Odina) : On vit déjà un
problème avec les microbrasseries, hein, parce que les gens ramènent
toutes leurs bouteilles de microbrasseries, puis
ce n'est pas nécessairement conforme aux normes actuelles. Alors, le
réflexe des gens, quand... Ça va être
la même chose. Quand ils arrivent avec leur microbrasserie, pas de problème, on
va aller chez le dépanneur. Là, vous
pensez, quand il va y avoir des bouteilles de vin, là... pas de problème, on va
chez le dépanneur. C'est encore nous autres
qui va encaisser puis c'est des comportements qu'il faut que les gens changent,
parce que, sinon, on va avoir beaucoup de difficulté à répondre aux
attentes du gouvernement.
M.
Campeau : Quand vous parlez
de dépanneur, on peut voir les petits dépanneurs du coin puis on peut voir
les dépanneurs associés à la livraison
d'essence en même temps, par
exemple, et il y a
différentes possibilités. Souvent, pour attirer les gens, ils ont
offert des produits de plus en plus diversifiés pour que justement les gens
n'arrêtent pas juste pour une chose.
Qu'est-ce que
vous verriez d'un dépôt volontaire... que vous seriez le site d'un dépôt
volontaire? Il me semble que vous avez l'espace. Ce n'est pas toujours
vrai, certains, quand même pas mal, ont l'espace, surtout le long des routes. Évidemment, ce n'est pas là qu'on va avoir le plus de dépôt
de bouteilles. Vous avez quand même pas mal d'endroits comme ça qui pourraient
devenir des dépôts volontaires et attirer des clients à venir faire un tour,
là.
Est-ce que vous y voyez un avantage, comme un développement
de marché de votre part?
M. Servais
(Yves) : À brûle-pourpoint,
je vous dirais que l'idée n'est pas mauvaise, mais ce serait quand même une minorité de dépanneurs qui seraient prêts à le faire, des dépanneurs qui
ont un grand terrain de stationnement et qui ont de l'espace, en masse d'espace pour rentrer un
container. Mais il faudrait aussi voir les coûts d'opération de ça, là. Qui
qui va payer pour le container qui va être là? Parce qu'il y a des coûts, là,
reliés à ça, tu sais.
Par contre,
je ne sais pas si vous voyez un dépôt, ou bien si c'était juste une consigne,
ou bien vous voyez juste comme un
dépôt, comme... certaines municipalités en Montérégie ou en Estrie, actuellement, mettent un grand container sur le terrain municipal ou sur le terrain de l'hôtel de ville,
et les gens, volontairement, viennent porter les dépôts, ce qu'on ne
décourage pas. Même, c'est une très belle initiative,
ça facilite la gestion du verre. Peut-être que certains gros dépanneurs pourraient
être intéressés à être à l'avant-garde puis
à avoir un dépôt, mais il ne faudrait pas qu'il y ait des frais, à ce moment-là, reliés à ça.
En ville, ça
serait très difficile, parce que vous avez des petits dépanneurs. Le seul
stationnement qu'ils ont, c'est le côté du trottoir en avant du
dépanneur, c'est tout, là, donc... Mais c'est une idée que je reçois, peut-être
que ce serait à regarder un autre tantôt, là.
M.
Desrochers (Odina) : Je
rajouterais là-dessus que le plan de consigne élargie devrait être fait aussi
en fonction du territoire
actuel de chacune des régions du Québec. Les gens qui vivent loin des grands centres, là,
ils n'ont pas les facilités qu'on
vient d'énumérer. Alors, j'espère que le gouvernement, quand il prendra
une décision, il ne fera pas comme on dit, tu sais, une décision globale puis ajustez-vous. J'espère qu'ils vont avoir
un regard sur le territoire actuel du Québec et des
différentes régions qui ont chacune une identité différente.
M. Campeau : Bien, c'est un commentaire que j'aime bien,
et, dans le fond, le but d'une telle commission,
c'est d'écouter ce genre de commentaire là. Parce qu'il est évident que ce qui
se passe en Gaspésie par rapport à ce qui se passe à Montréal, la facilité
d'aller chercher des bouteilles vides là-bas n'est pas la même chose.
• (17 h 30) •
M. Servais
(Yves) : Je vous dis, si
c'est un exercice volontaire de la population,
des gens qui sont concernés par l'environnement
puis qui veulent vraiment que le recyclage puis la valorisation du verre se
fasse bien... Tu sais, il y a combien de
grands centres d'achat au Québec? Il y en a plusieurs. Tu sais, actuellement,
vous avez des dépôts de linge dans... sur le terrain de certains centres
d'achat. Qu'est-ce qui empêcherait un centre d'achat d'avoir aussi un conteneur
pour les bouteilles de vin puis qu'elles soient déposées volontairement par le
consommateur? C'est une idée. Je pense que c'est intéressant aussi comme idée,
là, comme d'autres municipalités l'ont fait dernièrement, là.
M. Campeau : O.K. Bien, merci
beaucoup. Je vais laisser la parole à d'autres membres.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que Mme la députée d'Argenteuil...
Mme Grondin :
Bonjour. Vos membres gèrent les deux consignes, hein, la consigne publique, la
consigne privée. Dans les entrepôts, vous avez mentionné que, souvent,
la question au niveau, notamment, des microbrasseries qui ne viennent pas
rechercher leurs bouteilles, donc, ça provoque un manque d'espace.
Est-ce qu'il y
a aussi un effet économique en quelque part à ce point de vue là? Dans le fond,
est-ce que le consommateur qui vient
chez vous, c'est celui qui a acheté la bouteille de bière et qui vient la
reporter ou... Êtes-vous capable de nous décrire un peu mieux le
comportement?
M. Servais
(Yves) : Pas nécessairement,
parce que... tu sais, le monde des microbrasseries, c'est nouveau, hein?
Les gens... Puis, tu sais, ce n'est pas
comme la Molson Coors ou la Budweiser, là. Tout le monde en prend puis,
regarde, il n'y a pas de problème.
Mais souvent, dans le monde de la microbrasserie, le consommateur aime essayer.
Ils vont en acheter une, une
bouteille de 750 millilitres ou un pack de 500 millilitres, mais ils
ne reviendront peut-être pas, parce qu'ils ne l'ont peut-être pas aimée, tu sais. Puis c'est là qu'on
reste pris avec des contenants de verre que le microbrasseur ne vient
pas récupérer. Puis c'est tellement... Des
fois, pour certaines microbrasseries, c'est tellement peu, mais quand le
consommateur vient nous les rapporter, bien,
ça demeure longtemps, puis on ne sait même pas qui... bien, qui qui vient nous
les récupérer.
J'étais à
côté de M. Léger-Bourgouin tout à l'heure, puis il m'expliquait qu'il
avait des problèmes, lui aussi, là, parce qu'il se ramassait dans son parc d'inventaire qu'il collecte, la bière
industrielle, comme on dit, bien, il avait plein de contenants de bières
de microbrasseries aussi qu'il récupérait, mais ce n'était pas sa job de le
faire. Mais ça existe, tu sais, donc...
Mme Grondin : Donc, vous avez
un problème à la fois de salubrité, à la fois d'espace au niveau de la consigne
actuelle, existante, qu'elle soit privée ou publique.
M. Servais (Yves) : Oui.
Mme Grondin :
Ce que j'entends de la part des intervenants précédents... est-ce que, vous
aussi, vous voyez que, de plus en
plus, il y a une modification au niveau des comportements des consommateurs? De
plus en plus, il va y avoir plus d'aluminium que de verre?
M. Desrochers
(Odina) : Bien, c'est ce que
je disais, ça va prendre définitivement une campagne d'information et de sensibilisation pour changer les comportements
des gens. Puis ça, ça ne se fait pas en deux mois puis en six mois,
hein? On sait, quand on est habitué de faire
des choses, c'est difficile à changer, mais il va falloir définitivement, avec
tout le débat qui se fait
actuellement sur l'environnement, il va falloir que les gens apprennent à
changer puis il va falloir que les gens acceptent les changements.
Alors, c'est tout un défi qui s'en vient, mais on est là pour le relever.
M. Servais
(Yves) : Les canettes, vous
avez absolument raison... Moi-même le premier, c'est très rare que
j'achète de la bière, que ce soit la bière
industrielle ou la bière de microbrasserie, que j'achète la bière en bouteille,
mais beaucoup plus en canette. C'est plus facile de manipuler, de
transporter qu'une caisse de 24 en bouteilles, là.
Mme Grondin : Dernière
question. En fait... Je l'ai perdue, là. Je suis désolée.
Ah oui!
Vous... En fait, vos membres, ils sont vraiment des acteurs importants au niveau de la collecte, hein, ou de la
récupération du verre. Vous l'avez mentionné d'entrée de jeu, vous ne
parlez pas de ce qui se passe après en
termes de recyclage ou de valorisation, mais vous êtes intéressés par
cette question-là.
On sait très bien que le recyclage du verre
ambré, donc, ou du verre clair est très facile. On peut le refondre facilement. Si on mettait une consigne... parce
que c'est ce qu'on parle depuis le début, sur des bouteilles de la SAQ,
80 % de ces bouteilles-là a une couleur
différente du brun et du clair. On fait quoi une fois qu'on a ramassé toutes
ces bouteilles-là de la SAQ? Est-ce que vous avez une idée de ce qu'on
fait avec ça?
M. Servais
(Yves) : Je ne suis pas
vraiment... pas un spécialiste dans le recyclage et la valorisation. On est là,
nous, pour les récupérer puis, après ça, on les achemine... les compagnies qui
viennent les chercher chez nous les acheminent à des recycleurs. Ça fait que je ne pourrais pas vraiment vous le dire,
mais dernièrement, dans les médias, il y avait une série d'articles,
justement, sur la valorisation, sur des nouveaux débouchés pour le verre. Donc,
je trouve ça intéressant.
Aujourd'hui, bien, on a annoncé... Éco
Entreprises annonçait une entente avec certains partenaires qui seraient intéressés maintenant à prendre du verre,
récupérer, des centres de tri, parce que le taux de pureté est supérieur à ce
que c'était avant, puis ça ne serait pas...
le verre serait... oui, il serait probablement utilisé pour le sablage, pour
les autoroutes, pour le déglaçage, peu importe, mais il pourrait être aussi refondu pour refaire
des bouteilles de verre à partir du verre récupéré dans les centres de
tri, parce que la technologie puis les... il y a eu de l'investissement aussi
qui a été fait à ce niveau-là.
Ça fait que
moi, je pense qu'il faut laisser la chance à l'industrie, aux centres de tri
puis à des entreprises qui ont des initiatives
de ce côté-là. Puis moi, je ne veux pas déshabiller... on dit déshabiller
Jacques pour mieux habiller Jean, là. Je pense que le système de tri actuellement fonctionne bien puis va s'en
aller en s'améliorant. Puis je pense qu'il faut laisser le temps aux centres de tri de s'adapter. Puis je
pense qu'avec ce qui se passe ces dernières années puis ces derniers mois,
je pense qu'on est sur la bonne voie. Ça
fait que c'est pour ça qu'on ne veut pas dédoubler puis avoir une consigne sur
le vin, sur les bouteilles de vin.
Mme Grondin : Au niveau de vos
matières résiduelles, est-ce qu'il y a un pourcentage important de bris des
bouteilles?
M. Servais (Yves) : Ah! il y en
a tout le temps, ça fait que ça, ça... mais ça fait partie...
Mme Grondin : Avez-vous une
idée?
M. Servais (Yves) : Non, non.
Non, pas comme tel.
Mme Grondin : Ça dépend d'un
dépanneur à l'autre ou de..
M. Servais
(Yves) : Oui, puis il y a des
bris, effectivement, du verre cassé. Puis c'est là qu'on parlait tantôt
des risques, hein, pour des employés de se blesser. Effectivement, ça, c'en est
un.
On parlait des problèmes d'hygiène et salubrité.
Vous savez que nos entreprises doivent payer des fois des firmes... bien, même, il y en a que c'est des
contrats annuels, paient des firmes d'extermination pour faire traiter
leur magasin contre les fourmis, les
bibittes et toutes sortes de choses, là, tu sais. On a des dépanneurs... tout à
l'heure, M. le député parlait de...
On offre des produits et des services très diversifiés maintenant parce qu'on
veut garder notre monde puis on veut donner le plus de services. Mais on fait du prêt-à-manger dans nos commerces,
puis c'est de plus en plus important... puis dans les dépanneurs. Ça fait que, là, si tu as des petites
bibittes, des fourmis qui se promènent partout dans le prêt-à-manger,
c'est une problématique.
Ça fait que,
oui, on est prêts à faire notre part pour l'environnement, on est prêts à gérer
des contenants consignés, mais, à un moment donné, il y a des limites
qu'on ne peut pas dépasser, si ce n'est que... juste la capacité d'entreposage
des contenants.
Mme Grondin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...encore, de votre côté, 2 min 30 s. Est-ce qu'il y a
quelqu'un... M. le député de Beauharnois.
M. Reid :
Oui, rapidement. Merci. Bien, tout à l'heure, M. Desrochers, je pense,
vous avez mentionné... vous avez parlé
de changer les comportements des citoyens, des consommateurs. On parle ici de
recyclage et valorisation du verre, mais vous avez parlé également de l'aluminium. Qu'est-ce que... si vous aviez
le choix à faire, là, dans vos commerces, qu'est-ce qui est le plus
simple : les bouteilles ou l'aluminium?
M. Servais (Yves) :
L'aluminium, effectivement.
M. Reid : C'est
plus simple.
M. Servais (Yves) : Oui.
M. Reid : Et,
quand on parle de sensibilisation, qu'est-ce qu'on pourrait faire là-dessus?
Vous avez parlé de campagne. C'est un changement de comportements qu'on peut
implanter, qu'on peut...
• (17 h 40) •
M. Servais
(Yves) : Bien, regardez,
l'ADA... On parlait tantôt d'un taux de récupération dans l'aluminium,
mettons, de 70 % à 75 %, là,
si on se fie aux chiffres de RECYC-QUÉBEC. La problématique, tu sais, c'est la
consommation hors domicile, tu sais,
autant pour les... Tantôt, dans un autre tantôt, on va peut-être se croiser
dans une commission parlementaire qui
va traiter des bouteilles d'eau, hein? Bien, dans les deux cas, là, c'est
des... lors de consommations à domicile, c'est ça qui se ramasse dans les centres de tri ou dans la
nature, à ce moment-là. Ça fait que oui, c'est de la sensibilisation, puis je
pense que... Bien là, si je m'en vais du
côté des bouteilles de plastique, je pense que la population s'attend à quelque
chose, parce qu'on voit tous les
reportages sur les océans, etc. Ça fait qu'il y a une problématique, puis je
pense que le consommateur est prêt à adopter puis à faire des
changements.
Regardez, il
y a une gourde d'eau ici, là. Je trouve ça bien. Mais pourquoi acheter, à ce
moment-là... Là, je parle du plastique.
Mais, tu sais, pourquoi acheter des 500 ou des 600 millilitres? Pourquoi
ne pas acheter une bouteille de quatre litres, puis la mettre dans son frigidaire, puis remplir sa gourde, à ce
moment-là? Ça fait que, là, tu viens diminuer la consommation de
bouteilles d'eau de 500 ou 600 millilitres. Ça fait que ça, c'est de la
sensibilisation, à ce moment-là.
M.
Reid : ...sensibilisation. Merci, ça répond à ma question. Merci
beaucoup.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup. Donc, nous passons du côté de l'opposition officielle. Vous avez
10 minutes.
M. Kelley :
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
St-Pierre) : 11 minutes, pardon.
M.
Kelley : Bon. Merci
pour votre présentation. Vous êtes un excellent duo, je suis bien d'accord
avec la présidente.
Puis juste une
question sur la question de la prime. Vous avez eu des échanges avec le ministre,
et c'est plus «at large» ici que je pose la
question. Votre association demande une prime de quoi exactement?
C'est quoi, le chiffre que vous cherchez?
M. Servais (Yves) : ...une idée précise, je vous dirais, l'ADA vous a quand même
bien répondu tout à l'heure. On parle
d'une prime de 0,02 $ qui avait
été mise en place en 1984. Si vous actualisez le 0,02 $ sur x nombre
d'années, bien, on arrive à
0,04 $ ou 0,05 $ approximativement. Donc, c'est sûr que nous... parce
que, là, on parle aussi, tu sais, on parle de tous les contenants consignés. Parce que le
0,05 $, aujourd'hui, là, ça ne vaut plus grand-chose, vous le savez, hein?
On a perdu... la Banque du Canada a
retiré la cent du marché puis même la Banque du Canada, des fois, on les entend
parler, ils pensent peut-être retirer le 0,05 $ du marché.
Donc,
0,05 $, ce serait comme un minimum, tu sais, pour pouvoir... puis ça
dépend aussi de la consigne. La consigne sous les contenants de base
comme l'aluminium puis la bouteille de plastique est de 0,05 $. Est-ce que
vous allez l'augmenter à 0,10 $? Est-ce
que le gouvernement va l'augmenter à 0,15 $? Ça fait qu'à ce moment-là
est-ce que la prime au détaillant peut varier selon la valeur de la
prime?
D'ailleurs,
je me souviens, il y a quelques années, on avait... la consigne était de
0,05 $, mais lorsque les compagnies de bière puis l'alcomalt sont arrivés... puis là ils vont faire des
canettes de 700 millilitres, la consigne a monté à 0,20 $.
Nous autres, on a dit : Aïe! si la
consigne augmente à 0,20 $, bien, on va être capable d'augmenter la prime
puis de passer à 0,05 $. Mais non, ça a été 0,02 $ sur
l'ensemble des contenants, peu importe la grosseur du contenant.
Consigner
des bouteilles de vin, vous allez mettre quoi, 0,15 $, 0,20 $,
0,25 $? Bien, c'est sûr que, si on est pris, puis le gouvernement passe une loi, puis il faut
ramasser les bouteilles de vin, mais j'espère que vous allez être plus
généreux que le 0,02 $ qui existe actuellement.
M. Desrochers (Odina) : Quand on parle d'une solution globale, ce n'est
pas compliqué, là, il va falloir tout mettre ce qui est recyclable, qu'est-ce qu'on peut mettre avec la consigne.
Parce que, là, actuellement, comme mon collègue disait, ça dépend de la grosseur, ça dépend du poids.
Alors, imaginez-vous, là, moi, je pense que le gouvernement devrait tout
mettre ça ensemble, dire : Là, écoutez,
là, on va uniformiser ça, les gens vont plus se comprendre. Les détaillants,
tout le monde va savoir quand il va
rentrer, telle place, c'est ça, parce qu'actuellement, et je reviens encore
avec ma campagne d'information, mais
ça fait partie aussi également d'un projet pour amener les gens... parce que,
là, les gens, ils se sentent un peu... ils trouvent ça compliqué, là, tu sais. Mais là, si on
uniformise les primes et puis qu'on dit que les contenants, c'est ça, bien là,
je pense qu'on va faciliter la vie à la fois aux détaillants et à la
fois aux consommateurs.
M.
Kelley : Merci. Une prochaine question... Vous avez environ
1 100 membres de votre association... C'est sûr que chaque dépanneur est différent. Je pense que le
Couche-Tard, sur le coin, pas loin de la maison de mes parents, il y a
beaucoup d'espace. Je me souviens, depuis
plusieurs années, ils ont eu une place pour les bouteilles de bière. Mais
j'habite à Verdun, puis c'est là
qu'on trouve le dépanneur
traditionnel québécois... on pense de ça, il n'y a pas beaucoup
d'espace, c'est tellement petit.
J'imagine que c'est un gros défi, quand
même, juste le système
avec des bouteilles de bière, pour vos membres, parce que chaque
dépanneur est différent, n'est-ce pas?
M. Servais (Yves) : C'est sûr. Mais, comme je disais tantôt, la diversification,
dans un dépanneur, c'est important, puis
il y a tellement de compétition sur le marché actuellement. Il faut qu'un détaillant, un dépanneur, même une épicerie, mais
nous, on est plus dépanneur, là, il faut qu'il se démarque de différentes
manières. Puis actuellement, la bière de microbrasserie,
c'est un beau créneau à développer, parce
que le consommateur est prêt à
essayer d'autres choses que... en tout
cas, je ne veux pas... la Molson
Coors ou la Labatt, mais le consommateur est prêt à essayer d'autres choses
aussi. Puis, comme je disais tantôt, au niveau des alcomalts, là, il y a
une effervescence actuellement, donc il faut se démarquer de ce côté-là.
Tantôt,
on a parlé des mets préparés, des mets surgelés. Ça aussi, c'est un autre beau
créneau pour un dépanneur pour garder son monde chez lui puis augmenter
ses ventes de différentes manières, en développant différents créneaux.
M.
Kelley : Puis est-ce que vous faites présentement... concernant
des différents produits dans un dépanneur, est-ce que vous avez des plans d'action, des stratégies
pour ajouter plus de bouteilles de vin, par hasard? Est-ce que c'est
quelque chose qui est intéressant pour vos membres?
M. Servais
(Yves) : Des bouteilles de vin?
M. Kelley : Oui.
M. Servais
(Yves) : C'est très intéressant. Quand vous me donnerez l'opportunité
de venir parler de la commercialisation des
boissons alcooliques, je vous dirais que... Pourquoi on ne vendrait pas les
meilleurs vins dans nos commerces?
Pourquoi on ne vendrait pas des spiritueux dans nos commerces? J'attends juste
ça, moi, du gouvernement.
Je regarde,
encore une fois, l'effervescence des spiritueux québécois, je suis frustré de
voir tout ce qui se vend à la SAQ au
niveau des spiritueux, puis moi, mes membres ne sont pas capables d'en vendre.
Tu regardes ce qui se passe aux États-Unis,
j'avais fait une recherche, là, tu as peut-être, je ne sais pas, moi, pas loin
d'une vingtaine d'États où les spiritueux sont vendus en dépanneur. Pourquoi on ne le ferait pas ici, sans avoir
toute la gamme des spiritueux, mais en avoir une certaine partie?
D'avoir de meilleurs vins, pourquoi... oui, c'est sûr qu'on vend des vins
embouteillés ici, qui arrivent ici en bateau-citerne, puis c'est embouteillé au
Québec, puis c'est la réglementation. Pourquoi on ne pourrait pas changer la
réglementation puis nous permettre de vendre du vin embouteillé à l'étranger?
On est
capable de le faire parce qu'on a des membres qui sont spécialisés en bières de
microbrasseries puis qui sont des
employés qui sont formés dans les bières de microbrasseries puis qui sont
capables de conseiller leurs consommateurs sur les différents types de bière. Ça fait qu'on serait capable aussi de
faire la même chose avec le vin, mais, pour l'instant, bien, la
réglementation nous empêche de le faire. Mais c'est un très beau créneau aussi
à développer. On pourrait devenir... Un dépanneur pourrait devenir un genre de
caviste, si vous voulez, comme il se passe en France.
M. Kelley :
Non, et c'est sûr qu'il y a plusieurs exemples partout au Québec où des
dépanneurs ont décidé d'essayer d'avoir une expertise dans les
différents produits. Les différentes microbrasseries ici, au Québec, c'est
important, c'est un fleuron du Québec.
Juste une
prochaine question. Dans votre mémoire, il y a un paragraphe qui parle d'un
sondage. Alors, est-ce que vous avez le sondage avec vous?
M. Servais
(Yves) : Je ne l'ai pas ici,
mais je pourrais vous le mettre... Je pense que c'est Éco Entreprises ou...
Non, c'est peut-être...
M. Kelley : C'était en 2015‑2016,
par CROP...
M. Servais
(Yves) : Oui, je pourrais...
J'ai peut-être ça en quelque part, mais vitement, là... Mais ce qu'on dit
dans ce sondage-là, c'est que le
consommateur, tout ce qui est de plus facile, c'est la proximité. Ça fait
qu'aller porter, mettons, une bouteille
de vin à la SAQ quand il vient, à toutes les semaines, acheter sa caisse de
bière chez nous, parce qu'on a une diversité dans la bière que la SAQ n'a pas, bien, c'est sûr que s'il a deux, trois
bouteilles de vin qui traînent dans son garde-robe, bien, il va venir les porter à nos commerces avec sa
caisse de bière vide, tu sais. Ça fait que c'est la facilité pour les
détaillants.
Encore une
fois, pour les consommateurs, moi, je vous dis que quand je prends du vin...
mettons, je passe deux bouteilles de
vin la fin de semaine, bien, je rouvre la porte de la maison, puis mon bac bleu
est là, puis je les mets là. Tu sais, ça fait que ça ne reste pas... ça
ne traîne pas dans la maison comme les canettes ou des bouteilles de plastique
ou... qui traînent peut-être pendant deux, trois semaines avant que j'aille les
porter au supermarché, au dépanneur.
• (17 h 50) •
M. Kelley : Mais est-ce que
ce n'est pas un avantage, une consigne, dans le sens que des gens vont aller au
dépanneur à la place d'aller à l'épicerie ou
quand même à la SAQ, comme : O.K., je vais aller déposer ma bouteille de
vin, bouteille de bière, mais, en même temps, je vais acheter quelque chose
d'autre?
M. Servais (Yves) : Il y a
quelque chose de vrai dans ce que vous dites. Il y a quelque chose de vrai
dans... il faut toujours...
M. Kelley :
Non, je comprends que ça ne change rien que c'est un défi, mais, en même temps,
on peut regarder ça comme un avantage
pour vos membres aussi, parce que c'est comme... oui, je vais aller acheter
maintenant du lait, je vais aller acheter des fruits, une bonne bière
québécoise, je ne sais pas.
M. Desrochers (Odina) : Tout le
secteur des dépanneurs, l'alimentation est en pleine mutation, là. Il faut être
conscient de ça aussi, là. C'est un virage majeur qu'on est en train de vivre,
là.
M. Servais (Yves) : Je
comprends ce que vous dites, mais à 0,02 $, ce n'est pas rentable.
M. Kelley :
Je comprends, mais peut-être, ça, c'est... je sais que mes collègues du
gouvernement posent la question sur
une place pour déposer des bouteilles de vin ou des autres produits. Peut-être
que c'est intéressant parce que quand même, particulièrement dans les régions... honnêtement, ce n'est pas différent
à Montréal, les dépanneurs sont vraiment partout. Alors, s'il y a une place où les gens
disent : Ah oui! je peux déposer une bouteille de vin là, je vais aller
là. Alors, ça demeure toujours une option intéressante, mais... O.K.,
bien, merci pour votre présentation. Je pense que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Non, merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, maintenant, nous passons à Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation.
Juste une
petite question. Dans votre mémoire, vous parlez justement de la prime de
manutention. Vous dites qu'il faudrait
l'augmenter de 0,02 $ à 0,04 $ et là tout à l'heure, en parlant, vous
avez dit : Il faudrait que ça soit 0,05 $ minimum pour que ce
soit rentable. Donc, ça serait quoi, le bon chiffre qui va faire en sorte que
vous allez finalement être ouverts à l'élargissement de la consigne?
M. Servais (Yves) : ...arrondi,
parce que j'ai vu un tableau dernièrement, puis c'était 0,044 $ à peu
près, donc j'avais arrondi.
Mme Ghazal :
Si on l'augmente à ça, est-ce que vous serez prêts à dire, comme la SAQ qui
avant n'était totalement pas ouverte à la consigne, que, là, vous serez
ouverts à la consigne?
M. Desrochers (Odina) : Mais, de
toute façon, ça n'a pas bougé...
Mme Ghazal : Vu que vous voulez
avoir des contenants de vin chez vous... les ventes.
M.
Desrochers (Odina) : Oui, ce
n'est pas juste ça. Mais, regarde, ça n'a pas bougé depuis 1984, ça fait que
c'est sûr qu'on va être contents, si elle passe à 0,05 $, là.
M. Servais (Yves) : Mais c'est juste
de les récupérer.
Mme Ghazal : Donc, vous serez
d'accord pour l'élargissement.
M.
Desrochers (Odina) : Il
faudrait voir parce que, regardez, la prime, c'est une chose, mais qui va venir
les... tout à l'heure, l'ADA l'a dit : Qui qui va venir nous
débarrasser des bouteilles de vin chez nous, là?
Mme
Ghazal : Exact. Je veux juste... J'ai comme très peu de temps. Il y a
une expression que j'ai beaucoup aimée, que vous avez dite dans votre mémoire : Le bac fait la job. Mais
aujourd'hui, en fait, de plus en plus, on a la démonstration que... Moi, j'aimerais ça qu'il fasse la job, mais
il ne la fait pas, la job, actuellement. Vous avez parlé aussi... vous avez
cité le 97 % de taux de pureté. Ce
n'est pas vrai, parce qu'en fait ça contient d'autres matières qui sont
impropres à la refonte et au
recyclage, mais ça, ce n'est pas votre domaine. Donc, en ce moment, il ne fait
pas la job, mais ça ne veut pas dire qu'on va mettre le bac de recyclage
aux poubelles. Il n'y a personne ici qui veut... ou le recycler. Ce n'est pas
en parallèle, c'est deux systèmes complémentaires.
Vu que
c'est... On jase. Je vous propose quelque chose. Vous avez dit que c'est une
bonne chose que les gens amènent leurs
contenants dans des dépôts volontaires. Si c'est vers ça qu'on va au Québec,
puis que la SAQ accepte, et est ouverte, et en ramasse, est-ce que... ça
vous cause tellement de nuisances, la consigne, est-ce que vous seriez prêts à
dire : Bien, finalement, on pourrait
vous en débarrasser de ça, puis vous ne l'aurez plus chez vous du tout? Est-ce
que vous accepteriez ça? Puis la consigne est tellement peu que, dans le
fond, ce n'est pas une grosse perte.
M. Servais (Yves) : De l'ensemble de
la consigne?
Mme Ghazal : Oui. Parce que vous
dites...
M. Servais
(Yves) : Tous les contenants
consignés, ça serait une révolution, je vous dirais, là, parce que depuis
1984 qu'on vit ça, donc... Comme j'ai dit aussi, on est prêts à faire de la
job. On est prêts à faire notre job.
Mme Ghazal : O.K. Vous y tenez quand
même un peu, là.
M. Servais (Yves) : Oui.
Mme Ghazal : Vous voyez l'avantage.
M.
Desrochers (Odina) : C'est
toujours une question de changement de comportement, là. Le dépôt
volontaire, il y a combien de personnes qui vont adhérer à ça?
Mme
Ghazal : Bien, en fait, vous parlez de sondage... Je ne sais pas, on
n'a pas vu votre sondage, peut-être vous pouvez nous le dire. Les sondages actuellement le disent, plus de
91 % des gens veulent, sont prêts à faire l'effort de rapporter leurs contenants, par exemple, à la SAQ, parce
qu'ils savent que ça va donner un résultat au lieu de le mettre dans le
bac. C'est un geste facile, mais ils savent que ça ne donne pas de résultat. La
majorité sont enfouis, et ça, les gens, ça les frustre beaucoup en 2019.
Donc, ils
sont prêts, surtout que vous dites que vous êtes ouverts puis vous avez envie.
Vous avez beaucoup de vision pour vos
dépanneurs, pour vendre, par exemple, des spiritueux ou des bouteilles de vin.
Bien, c'est sûr que, si, par exemple, le
gouvernement du Québec — ce n'est pas ça, le sujet — est ouvert à ça, ça veut dire que vous allez
devoir aussi ramasser les contenants. Attention à ce que vous souhaitez,
là.
M.
Servais (Yves) : Bien,
premièrement, je voulais juste vous dire que des bouteilles de vin, on en vend
déjà, là. Je vous dirais qu'une bouteille de vin sur quatre est achetée
dans les épiceries et dépanneurs.
Mme Ghazal : O.K. Je ne connaissais
pas...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Je
dois passer à votre collègue le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Merci. Merci beaucoup.
Bienvenue. Comment ça se passe ailleurs? Vous avez des contacts, j'imagine, avec les autres associations de
dépanneurs et d'épiciers, par exemple, dans les autres provinces du Canada
où il y a de la consigne. Comment ça...
M. Servais
(Yves) : Bien, nous autres,
il y a comme deux associations au Québec. Vous avez l'ADA, qui était ici
avant nous, puis il y a nous aussi, là, qui... Mais nous, contrairement à
l'ADA, on ne regroupe pas de grandes chaînes d'alimentation, genre Sobeys...
M. Gaudreault : O.K., mais ailleurs
au Canada, je veux dire, comment ça se passe dans les dépanneurs?
M. Servais
(Yves) : O.K.
Bien, le système de consigne est différent en Ontario,
là. Tu sais, il n'y a aucune... tout passe
par les centres de dépôt, là, ce qui... C'est ça, je ne sais pas
combien de centres de dépôt qu'ils ont dans la province, mais... au Nouveau-Brunswick aussi, mais
au Nouveau-Brunswick, apparemment... Tu sais, je jase des fois avec
les gens de Tomra, là, Tomra, c'est
la compagnie qui installe... une des compagnies qui installe des gobeuses. Au Nouveau-Brunswick, oui, il y a des centres de dépôt, mais c'est très, très
ordinaire comme centres de dépôt. En Ontario, je ne sais pas, je sais que ça
fonctionne, mais je ne pourrais pas vous dire, là, du côté... Je sais qu'ils
sont bien contents, en Ontario, de pouvoir vendre de la bière, maintenant, là,
mais je vous dirais...
M.
Gaudreault : Je vais vous
poser la même question que j'ai posée tout à l'heure à vos collègues
précédents. Dans le fond, c'est vraiment une question, pour vous, de
manutention, de gestion, de salubrité. C'est plus ça. Donc, si le gouvernement va de l'avant avec un élargissement de la consigne et avec des dépôts
volontaires, avec une collaboration
de la SAQ, vous n'avez pas d'opposition de principe.
M. Servais
(Yves) : Là, ça dépend si
vous me dites que vous voulez enlever les produits consignés des
dépanneurs, là... vous me dites, là.
M.
Gaudreault : Là, on revient
à la question que ma collègue posait tout
à l'heure, là. Oui, on n'est pas là,
là. C'est vraiment l'élargissement de la consigne qui vous...
M. Servais
(Yves) : Oui, parce qu'on en
fait déjà beaucoup, là, actuellement, là. Ça fait qu'il ne faudrait pas trop en
rajouter, surtout, comme je vous disais, actuellement, au niveau de la bière, il y a une tendance vers la
canette, des alcomalts. Ça se
multiplie sur le marché aussi. Ça fait que, déjà là, juste avec les
contenants consignés actuels, c'est déjà beaucoup. Puis je
ne suis pas favorable à ça, mais j'imagine que, dans quelques
mois, bien, il va peut-être y avoir une consigne sur des bouteilles
d'eau à remplissage unique individuelles.
M.
Gaudreault : Maintenant,
il y a plusieurs de vos membres qui se sont adaptés aux formats
différents des microbrasseries. Ça
s'est quand même bien passé, de façon générale. Alors, pourquoi
ils ne s'adapteraient pas à d'autres types de formats encore?
M. Servais (Yves) : Bien, je ne vous
dirais pas qu'au niveau des microbrasseries ils se sont adaptés, parce qu'il y
a vraiment encore beaucoup de détaillants qui se plaignent, là, justement, de
la...
M. Gaudreault : La diversité, oui.
M. Servais
(Yves) : ...les contenants
divers sur le marché. D'ailleurs, au prochain congrès, bien, je vais probablement
avoir la présidente de l'Association des microbrasseries... de venir nous faire un genre de topo sur la situation
actuelle, là, des problématiques que représente la gestion des
différentes bouteilles des microbrasseurs, là.
La
Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je dois ajourner nos travaux à
ce moment-ci. Merci beaucoup pour votre venue à cette importante commission parlementaire. On
vous souhaite une très belle fin de journée.
J'ajourne les travaux à demain matin,
9 h 30. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 17 h 58)