(Dix heures deux minutes)
La
Présidente (Mme Nichols) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques, soit téléphones et iPad, etc.
Alors, la
commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de la députée de
Mercier au ministre de l'Environnement
et de la Lutte contre les changements climatiques sur le sujet suivant, soit la
capacité réelle du Québec à lutter
contre les changements climatiques à l'intérieur de l'État canadien.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) sera remplacé par
M. Gaudreault (Jonquière).
La
Présidente (Mme Nichols) : Très bien. Merci. Est-ce qu'il y a
consentement afin de permettre à M. Zanetti, député de Jean-Lesage,
de participer à la séance? Consentement? Très bien. Merci de votre
consentement.
Alors, je
comprends qu'il y a entente afin que l'opposition officielle intervienne lors
de la deuxième, la quatrième et la
sixième série d'intervention et que le troisième groupe d'opposition
intervienne lors de la cinquième série d'intervention.
Ça va me
prendre un consentement pour poursuivre au-delà de l'heure prévue. Alors, je
vous rappelle que le débat ne peut, à moins d'un consentement, dépasser midi.
Alors, comme la séance débute à 10 h 2, y a-t-il consentement
pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit 12 h 2?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Nichols) :
Consentement. Alors, merci.
Alors, voilà,
nous débutons par les déclarations d'ouverture. Mme la députée de Mercier et
porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'environnement,
vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé
du sujet
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Parfait. Merci beaucoup. J'ai envie de faire mon interpellation, ma première
interpellation à vie, debout. Comme le dit notre collègue de... pas
Chicoutimi, de Jonquière, de Jonquière : On fait les choses différemment.
Alors, la question de la protection de
l'environnement n'est pas nouvelle, contrairement à ce qu'on a tendance à penser. On pense que c'est une question moderne
qui n'avait pas été discutée dans le passé, alors que ce n'est pas le cas.
C'est une question qui a été abordée dans le passé, mais beaucoup plus par le
biais de la nature, de l'écologie ou de la géographie,
moins comme on l'entend aujourd'hui. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est
l'ampleur que cette question a prise dans la sphère publique, surtout
depuis les années 70. Et en fait je ne vais pas, ici, faire l'histoire des
mouvements écologistes au Québec ou dans le
monde, mais je peux affirmer que, comme sur plusieurs questions sociales et
d'intérêt public, bien, les partis politiques ont malheureusement du
retard par rapport à la société civile, par rapport aux citoyens. Disons qu'ils ne sont pas à l'avant-garde, et la question
de la lutte aux changements climatiques et de l'environnement n'en fait
pas exception.
Mais, petit à
petit, donc, le sujet s'est imposé comme une question fondamentale. On n'a
aujourd'hui qu'à consulter les
journaux, hein, puis on voit, c'est tous les jours, tous les jours, en pleine
page, on parle de la question environnementale et principalement de la crise
climatique. En tout cas, c'est beaucoup plus le cas aujourd'hui que quand j'ai
fait ma maîtrise en environnement au début des années 2000. Vous savez,
aujourd'hui, donc, il faut vivre sur la planète Mars pour ne pas considérer l'ampleur du défi environnemental et
celui du climat. Et je pense sincèrement que le gouvernement actuel ne saisit
pas l'ampleur de la situation, je vais expliquer pourquoi.
Je vais
commencer par vous parler des... parce
que le sujet, c'est aussi la question
nationale, lors des deux derniers référendums
sur la souveraineté du Québec, l'environnement était absent pour des raisons historiques — on
ne peut pas reprocher ça aux gens de
cette époque-là — mais aujourd'hui c'est une question
incontournable. Elle est fondamentale pour la question nationale du Québec, et je pense que le ministre de
l'Environnement et aussi le premier ministre sont sensibles, peuvent être sensibles à cette question, ayant
déjà eux-mêmes milité activement, à une autre époque, pour la souveraineté
du Québec.
Le Québec n'a
jamais possédé la pleine et entière capacité de s'épanouir a plusieurs niveaux,
que ça soit en matière de langue, de
culture, des droits des autochtones, et j'en passe. Et la question de la lutte
aux changements climatiques n'en fait pas exception, on n'a pas les
pleins pouvoirs. En fait, la solution pour changer cet état de fait, bien,
c'est de faire l'indépendance
du Québec. C'est simple, la lutte aux changements climatiques ne peut pas se
faire à l'intérieur du Canada parce
que c'est un État pétrolier qui nationalise, contre notre gré, au coût de plus
de 4 milliards de dollars, un pipeline. Si le Canada a choisi de demeurer un État pétrolier,
bien, c'est bien fait pour lui, mais rien ne nous oblige à le suivre dans cette
volonté. Le Québec, le pays du Québec pourrait être celui de l'écologie, de la
protection de l'environnement et de notre territoire, de ce territoire qu'on
emprunte à nos enfants.
Au Québec, on
est très fiers de notre hydroélectricité. Quand René Lévesque a nationalisé
Hydro-Québec, c'était un projet de
société qui nous redonnait une fierté nationale. Pour la première fois, on
sentait qu'on était maîtres chez nous. Pour la première fois de notre
histoire, on n'était plus une colonie-comptoir, on redevenait un peuple de
bâtisseurs, d'innovateurs et de
visionnaires. C'était une époque extraordinaire, que nous avons envie de
retrouver. Récemment, j'ai écouté — sur YouTube, vous pouvez voir ça — René Lévesque qui expliquait pourquoi
nationaliser Hydro-Québec était important pour le peuple du Québec, et
on en sort, peu importe notre allégeance politique, avec la chair de poule.
Donc, le
premier ministre nous dit qu'il a envie qu'on retrouve, au Québec, cette fierté
nationale. Je veux bien, mais ce
n'est certainement pas en faisant, en refaisant ce qu'on faisait dans le passé
qu'on va le faire. Au XXIe siècle, j'invite le premier ministre et les Québécois à résister à ce complexe qui nous
assaille, qu'on appelle le complexe du castor, pour amorcer notre transition écologique et rappeler
que cette fierté-là, on l'a bâtie sans l'aide du gouvernement fédéral, et c'est
normal, les priorités du gouvernement
fédéral ont toujours été ailleurs : elles ont été dans l'Ouest, dans les
sables bitumineux, dans les
hydrocarbures. On n'est pas obligés de nous soumettre, de soumettre nos
priorités nationales à celles de cet État. Qu'on le veuille ou pas, le transfert interprovincial est de compétence
fédérale, on l'a vu lors des mobilisations contre le port méthanier à Cacouna et Énergie Est. On les a
menées, ces batailles, au Québec. On l'a fait déjà, le débat de société. On
n'en veut pas, de cette énergie sale de l'Ouest, mais, on le sait, ils vont
nous revenir, ils nous reviennent comme ils le font toujours, ils nous
reviennent constamment, et il va falloir, encore aujourd'hui, continuer à mener
ces combats.
Les
difficultés d'agir du Québec en matière de lutte aux changements climatiques
découlent d'un manque de volonté politique des gouvernements successifs,
ça, c'est vrai, mais elles découlent aussi de la présence paternaliste du
Canada. Il faut se redonner les pleins pouvoirs sur notre énergie, sur notre
territoire. Et, en termes de partage des compétences environnementales, le Québec se retrouve très souvent les mains liées.
Je pense que le ministre aussi peut le reconnaître, il l'a vécu récemment avec Énergie Saguenay.
L'Agence canadienne d'évaluation environnementale a décidé d'exclure l'étude
de l'impact du transport maritime du gaz
naturel qui va être exporté. Imaginez, il va y avoir des gros navires
méthaniers qui vont traverser le parc marin Saguenay—Saint-Laurent,
où vit le béluga, qui est enregistré dans le registre des espèces menacées, sur la liste des espèces menacées au
Québec. Le gouvernement du Québec a décidé de considérer cet impact-là dans l'étude du BAPE — et je salue cette décision-là,
d'ailleurs — mais le
biologiste Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs, rappelle que les mesures
légales qui protègent une espèce comme le béluga, bien, elles relèvent du droit fédéral. Il dit, et je le
cite : «Le gouvernement du Québec peut bien inclure les impacts cumulatifs
d'un projet sur le béluga dans son analyse et proposer des "mesures
d'atténuation", [mais] au bout du compte, ce sont les interdictions
prévues aux lois fédérales, notamment la Loi sur les espèces en péril, qui
seront contraignantes pour le promoteur.»
• (10 h 10) •
Un autre argument qui milite en faveur de l'indépendance
du Québec dans le combat qu'on mène contre les changements climatiques et les
gaz à effet de serre, c'est d'être capables de négocier nous-mêmes
et de signer les traités internationaux. En ce moment, c'est le Canada
qui participe aux instances internationales en notre nom. On se souvient du Protocole de Kyoto, le retrait du Canada a
été dévastateur, et on n'avait pas un seul mot à dire. Et on peut bien, comme
je l'ai fait récemment et avec d'autres
collègues, se pavaner à la COP24... bien, c'est la... à toutes les COP qu'on
veut, aller là parler comme on l'a
fait, mais malheureusement ce n'est pas nous qui sommes à la table de négociation, c'est le Canada, c'est lui qui mène le bal.
Là, maintenant,
j'ai envie de dire un dernier mot sur notre fleuve, le fleuve Saint-Laurent. Est-ce qu'on peut imaginer aujourd'hui le Québec sans son fleuve? Même le premier ministre a utilisé le nom de ce fleuve pour le titre de son livre. Mais j'ai une nouvelle pour lui, parce que
le fleuve est de compétence fédérale, ça
veut dire que le Canada a
main basse sur nos pêches, sur nos
transports maritimes et sur nos aires protégées, tous des domaines qui militent
en faveur de la lutte aux changements
climatiques, qui... pour nous aider dans cette matière. Il y a
aussi en matière d'écofiscalité, ce
n'est pas mieux, le Canada est l'un des pires. On l'a vu récemment, il a
mis sa taxe carbone trop peu, trop tard.
Le constat
est clair et effrayant : la capacité réelle du Québec à lutter contre les
changements climatiques est entravée par son appartenance au Canada. Au
Québec, pour réaliser cette transition écologique de notre économie, une
transition nécessaire, bien, on a besoin de
tous nos pouvoirs. Ça, j'en suis convaincue, à Québec solidaire, on en est
convaincus, et j'ai très hâte d'entendre mes collègues se prononcer sur
la question. Merci.
La Présidente
(Mme Nichols) : Alors, merci, Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques pour une période de 10 minutes.
Réponse
du ministre
M. Benoit
Charette
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Vous allez me permettre quelques salutations d'usage
également. D'abord, vous remercier de
présider et d'officier à nos travaux, la collègue qui vous accompagne,
également, a mes remerciements et mes salutations. Et sinon quelques
mots pour les collègues. En fait, c'est une belle occasion parce que, de
mémoire, il n'y a pas eu beaucoup
d'interpellations qui portaient sur l'environnement. C'est souvent des thèmes
davantage à saveur économique et culturelle. Tous
les thèmes sont importants, on en convient, mais qu'on ait la possibilité
d'échanger un deux heures supplémentaire sur
les questions d'environnement me fait particulièrement plaisir. Donc, merci à
Québec solidaire d'avoir soulevé la
question, merci à la collègue de l'opposition officielle également pour sa
présence, au collègue du Parti québécois
également. Vous me permettrez un petit mot bien, bien spécial pour mes
collègues de la Coalition avenir Québec qui sont membres aussi de la commission sur l'environnement. Donc, mes
collègues de Bourget, de Portneuf et d'Argenteuil, un merci tout
particulier d'être à nos côtés cet après-midi.
Et ce que
j'ai eu l'occasion de mentionner lors des crédits provisoires également,
c'est : comme cabinet, nous avons aussi le grand privilège de
pouvoir compter sur une équipe de professionnels, au ministère de
l'Environnement, d'une qualité tout
simplement exceptionnelle. C'est un des premiers constats que j'ai faits dans
la foulée de ma nomination. Donc, aujourd'hui,
j'ai le privilège d'être accompagné du sous-ministre adjoint, M. Éric
Théroux. Derrière moi, j'ai deux professionnelles également du
ministère, Mme France Bélisle et Mme Lucie Bouchard. Donc, trois
personnes qui illustrent très bien la compétence,
là, que l'on retrouve au niveau du ministère et qui nous permettent de faire
des avancées notables en matière d'environnement.
La thématique
d'aujourd'hui... en toute franchise, lorsque j'ai lu le thème, j'ai souri, je
me suis questionné un petit peu à
savoir comment les oppositions allaient l'utiliser. Est-ce que c'est réellement
dans une perspective d'indépendance? Le
ton semble avoir été donné par ma collègue de Québec solidaire. Et, peu importe
l'orientation qu'on lui avait donnée, je pense qu'on peut tous être
fiers de la spécificité québécoise en matière d'environnement.
Au niveau de
la Coalition avenir Québec, bien honnêtement et en toute franchise — et ça a été dit, hein, il n'y aura pas de surprise ou de grande révélation faite ce
matin — on ne
milite pas pour la souveraineté. On ne pense pas que ce soit un projet
qui nous permette d'avoir... et ne serait-ce qu'en matière d'environnement, qui
nous permettrait d'avoir réellement
davantage de pouvoirs, en ce sens que, déjà, le Québec — oui, on aura certainement l'occasion de le
répéter ce matin — on
s'est donné des cibles. Dans certains cas, on est un petit peu plus loin de
l'atteinte de ces cibles, donc le travail
n'est pas entièrement fait, mais déjà le Québec peut s'estimer extrêmement
privilégié de la position de leader non pas uniquement canadien, non pas uniquement nord-américain, mais
littéralement la position de leader mondial qu'on s'est donné au fil des
années en matière d'environnement.
C'est vrai
que le Québec n'a pas pu signer en son nom seul la totalité des ententes
internationales, mais il est lié à plusieurs
d'entre elles et il en a signé, de son propre gré, de son propre chef
également, plusieurs, ce qui fait qu'au niveau nord-américain on peut s'estimer parmi les deux principaux leaders, si
on inclut l'État de la Californie. Donc, le Québec, sur l'ensemble, sur le
territoire nord-américain, a fait des avancées notables, on le voit à travers
nos émissions, notamment, de gaz à effet de serre. Avec la Californie,
on se distingue de belle façon, mais il y a plusieurs autres mesures qui nous distinguent et qui nous permettent d'être cités en
exemple par des États fédérés dans certains cas, mais des États indépendants
également. Si on regarde du côté de
l'Europe, l'Europe s'est donné un système de plafonnement des émissions, en
quelque sorte. La quasi-totalité des
pays de l'Europe fonctionnent avec un tel système. Au Canada, le Québec s'est,
avec la Californie, donc du côté
américain, lié aussi pour un système semblable, ce qui fait qu'on fait office
de leader. Et le reste du Canada, par
exemple, a décidé... les provinces ou l'État fédéral ont décidé d'opter pour
d'autres méthodes, que ce soit à travers le gouvernement fédéral, un système de taxation, sinon les provinces
elles-mêmes avaient la possibilité de retenir le système qui lui convenait davantage. Bref, l'État fédéré
actuel n'est pas un frein pour le Québec pour assumer ce rôle de leadership là,
et ça, il faut le noter.
Ça ne veut pas dire tout le travail est fait,
par contre, ça, on en convient tous. On s'est liés à des objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
Malheureusement, à ce jour, on a encore une très grande pente à remonter pour
rencontrer les objectifs auxquels on
est liés pour l'année 2020. On a déjà en tête l'objectif que l'on doit atteindre
pour l'année 2030. C'est bien certain qu'au niveau de la Coalition avenir
Québec, étant donné que le gouvernement vient tout juste d'être élu il y a six mois tout juste, l'objectif de 2020 on
n'y a pas renoncé, ce n'est pas ce que je dis, mais pour nous, notre véritable
bilan, notre véritable bulletin sera
réellement l'échéancier de 2030. Et c'est là où on arrive aussi, avec mes
collègues, à un bon moment, en ce
sens que le plan d'action qui est vigueur tire à sa fin, on doit donc en
construire, en développer un nouveau. Et
déjà je rassure les oppositions, c'est un travail qu'on fera aussi en
collégialité, ils auront l'occasion d'exprimer leurs points de vue dans le processus d'élaboration qu'on va se
donner au cours des prochains mois. Mais c'est réellement s'adapter, à
l'étape où on est, pour voir comment atteindre ces objectifs pour 2030.
Mais déjà le dernier bulletin... — le
dernier bulletin! — le
dernier budget publié la semaine dernière est un bel indicateur. Et je comprends le rôle des oppositions, je le respecte, je
le dis souvent, j'ai été dans l'opposition une dizaine d'années aussi, mais le budget de la semaine
dernière est tout de même notable et représente une augmentation significative
en matière de moyens pour atteindre, dans
certains cas, nos objectifs environnementaux. Mais sinon, tout simplement... et
ce n'est pas moins important, je le dis souvent, de s'occuper de la qualité de
l'eau, ce n'est pas moins important de travailler pour le respect de notre
biodiversité. Non, ce n'est pas des mesures qui, directement, vont avoir un
impact sur la baisse de nos émissions
de gaz à effet de serre, mais qui contribuent, réellement, à nous donner un
environnement qui soit de qualité.
• (10 h 20) •
Et
on aura peut-être l'occasion, dans les prochains blocs, d'aborder la
ventilation du budget lui-même, mais je vais quand même prendre quelques instants pour le résumer — je vois que le temps file — mais, pour les prochaines années, on parle de sommes colossales. Juste pour les deux
prochaines années, on parle d'investissements de 1 milliard de dollars
pour lutter contre les changements
climatiques. À ça, il faut ajouter d'autres sommes importantes, un
100 millions notamment, pour
améliorer notre système de gestion des matières résiduelles. Je sais que la
députée... je comprends tout à fait son intérêt parce que ça me passionne également. Au niveau de la gestion du verre,
du plastique, du papier, donc, on a dévolu des sommes importantes pour
améliorer nos façons de faire, mais également trouver de nouveaux débouchés
pour ces produits qui autrement se
retrouvent dans nos centres d'enfouissement. Ce qu'on doit, en 2019, proscrire
ou, à tout le moins, décourager comme réflexe de société
et, naturellement, tout dépendant de quel oeil on regarde l'environnement, mais
pour nous, c'est des mesures
environnementales. Lorsqu'on prévoit investir près 400 millions sur
quelques années en mesures de décontamination,
non seulement on va redonner à des collectivités des terrains qui,
actuellement, ne sont pas utilisés, mais on va surtout éviter, dans des métropoles comme celle de Montréal, par
exemple, l'étalement urbain. Et sur tous, tous, tous ces niveaux-là, on est des
acteurs actifs sur la scène internationale. Et d'ailleurs — et c'est pour ça que je suis particulièrement
heureux de la présence de M. Théroux à
mes côtés — au
ministère de l'Environnement, on a une expertise à partager sur la scène internationale au niveau du système de
plafonnement. On fait souvent office d'initiateur ou, à tout le moins, on est
cette petite bougie d'allumage qui permet à
d'autres États, à d'autres pays, d'envisager un système comme celui qu'on a retenu. Donc, ça, c'est peu connu, mais au
ministère de l'Environnement, on a cette expertise-là à l'international, et ça
nous permet de jouer dans la cour des grands, malgré le fait que le
Québec ne soit pas un pays. Et je serai tout à fait intéressé d'échanger sur le volet international de la
question au cours des prochains instants, mais, si les collègues souhaitent aussi
revenir davantage aux mesures budgétaires ou insister davantage sur les moyens
dont on s'est donné, je serai aussi très volontaire. Donc, merci beaucoup, Mme
la Présidente.
Argumentation
La
Présidente (Mme Nichols) : Très bien. Merci, M.
le ministre. Nous allons maintenant
procéder, en alternance, aux interventions de cinq minutes selon la séquence
suivante : d'abord, un député de l'opposition, ensuite, le ministre, puis
un député formant le gouvernement, et ainsi
de suite. Alors, pour débuter ces interventions en alternance, je cède la
parole à M. le député de Jean-Lesage. Vous avez la parole pour cinq
minutes.
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Merci, M. le ministre. Merci à tous les collègues
députés d'être là aujourd'hui pour
parler d'une question qui est importante. En ce moment, il y a une crise
climatique. Et qui va sauver la planète? Ce sont les peuples, les peuples de la terre, pas les multinationales de
l'énergie, clairement. Et pour que les peuples de la terre sauvent la
planète, il va leur falloir des démocraties. Il va leur falloir des mécanismes
démocratiques radicalement plus importants que ceux dont on dispose aujourd'hui
pour être capables d'aller dans la bonne direction. Et donc, avec cette prémisse, on ne peut pas réfléchir à la question :
Est-il possible de lutter contre les changements climatiques à l'intérieur
d'un pétro-État comme le Canada?, on ne peut
pas répondre à cette question-là sans se poser des questions et revenir sur
l'histoire même de la fondation du Canada. J'ai cinq minutes, ne vous inquiétez
pas, je vais quand même couper court.
Le
régime canadien, il a été fondé par qui? Essentiellement, une élite de la
petite bourgeoisie au service de la classe dominante de l'époque, c'est-à-dire
l'Empire britannique en manque de ressources naturelles et les compagnies
privées à son service. Le Canada n'a pas été fondé par les autochtones,
il n'a clairement pas été fondé par les Canadiens français, il n'a pas été fondé par les femmes. Les
autochtones ont été clairement exclus du processus menant à ladite Confédération,
les Canadiens français y ont participé. Ceux qui y ont participé, c'était
l'élite que l'empire a réussi à soumettre et débaucher,
une fois pendus et exilés les leaders patriotes, une gang d'hommes en moyens
possédant au moins une propriété de
500 £ pour être capables d'être élus, résignés à collaborer avec l'empire
qui a conquis et humilié leur propre peuple. C'est par eux qu'a été fondé le Canada. Un adage grec
souvent cité disait : Le commencement est plus que la moitié du tout.
Alors, là-dedans, il y a déjà les problèmes qu'on vit aujourd'hui, le
commencement de ces problèmes-là.
Le
Canada a été fondé pour qui? Et là je ne parle pas des Canadiens, c'est
vraiment une charge contre le système politique
dans lequel on est. Il a été fondé pour qui? Il a été fondé pour des compagnies
d'extraction dont la mission était d'approvisionner l'Empire britannique
et l'élite possédante de Montréal de l'époque. Le Canada a été fondé aux dépens
de qui? Aux dépens des autochtones, des
Canadiens français, de nos ancêtres, le peuple qu'on a toujours éloigné du vrai
pouvoir. Les peuples ne sont pas souverains
au Canada. C'est vrai pour les Québécois, c'est vrai pour les autochtones et c'est vrai même pour les Canadiens, quant à nous.
La Constitution, elle ne commence pas par «We the people», elle commence
en disant : On reconnaît la suprématie
de Dieu, puis la souveraine, c'est la reine Elizabeth II, que je salue
respectueusement comme être humain. Les peuples ne sont pas souverains, au
Canada. On le voit lorsque vient le temps d'essayer de protéger notre territoire ou d'imposer des règles aux
multinationales qui viennent faire leurs profits chez nous. On le voit
lorsqu'on constate que les lobbys
pèsent plus lourd que notre santé dans le milieu de l'agriculture et qu'on se fait donner le cancer par du monde qui veulent juste voir augmenter la valeur de leurs
actions. Aujourd'hui encore, le
régime canadien continue d'agir
contre les intérêts des peuples, spécialement en environnement. Il signe les
traités internationaux à notre place. Il achète le pipeline Trans
Mountain pour 4,5 milliards avec l'argent de nos poches. Il finance son
pétrole au lieu de notre hydroélectricité.
L'environnement, c'est une compétence qu'on partage avec un État voyou
environnemental. Quand on veut s'opposer aux pipelines, je le dis dans
leurs mots, c'est lui qui a le dernier mot.
La seule façon de
changer ça, c'est de rapatrier tous nos pouvoirs à Québec et de les remettre
entre les mains de ses peuples. Je parle de «ses peuples» parce qu'au Québec il
n'y a pas juste le peuple québécois, il y a les peuples autochtones aussi. Il faut arrêter de laisser les autres décider pour
nous. Comme vous le savez, on a un plan de transition, à Québec solidaire. Il ne peut pas être pleinement
mis en place, toutefois, sans qu'on fasse un État avec ses pleins pouvoirs
démocratiques, un État où le peuple est au
pouvoir, où il y a des mécanismes pour protéger le territoire qui relèvent des
municipalités, qui relèvent de tout le monde.
Le gouvernement du
Québec se targue, là, d'être l'endroit le plus avancé en Amérique du Nord pour
le taux d'émission de GES par habitant, mais le portrait est moins beau quand
on prend l'ensemble du Canada, qui est en fait l'un des pires États au monde en ce qui a trait à la lutte contre les
réchauffements climatiques. Il ne faut pas se leurrer, oui, le Québec performe bien, mais seulement grâce à
l'hydroélectricité. Il ne faut pas s'asseoir sur nos lauriers et se donner le crédit de ce qu'ont fait les gens avant nous. Il
faut utiliser ce tremplin pour pousser plus loin, pour devenir un leader et investir
dans d'autres sphères. Les scientifiques sont clairs là-dessus, il faut qu'on
prenne acte de la crise climatique.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Vous savez, je
suis la gardienne du temps aujourd'hui. Alors, je vous remercie de votre intervention. Je vais maintenant céder la
parole à M. le ministre pour une période de cinq minutes.
M. Charette : C'est bien
gentil. Toujours un plaisir, là, de participer au débat. On remonte un petit
peu dans le temps avec les propos de mon
collègue, on parle notamment de la fondation du Canada. On ne peut pas nier le
rôle de la France et de l'Angleterre
dans notre histoire. Et la beauté de la chose, c'est que, ces derniers jours,
ces dernières semaines, j'ai eu
l'occasion de m'entretenir avec les consuls au Québec et de l'Angleterre et de
la France, deux rencontres distinctes. Donc,
Québec, qui n'est pas un pays, reçoit des demandes de rencontre avec des
interlocuteurs internationaux parce que l'on reconnaît notre expertise. Et, lors de ces deux rencontres, encore
une fois, bien distinctes, on a réitéré nos nombreux points communs, et les représentants de la France et
ceux de l'Angleterre nous ont dit comment la collaboration avec la
Québec leur était précieuse, voire même nécessaire.
Tout à
l'heure, je vous parlais d'expertise internationale. L'Angleterre, on le sait,
a pris la courageuse initiative et décision,
il y a quelques années, de se départir de son industrie du charbon, notamment.
L'Angleterre s'est donné quelques années pour y parvenir, s'en est remise de
façon importante à l'éolien, notamment. Et Hydro-Québec, notre société d'État,
est partenaire sur différents projets sur le côté de l'Angleterre, et la
consule que j'ai eu le plaisir de rencontrer me disait à quel point c'est important de fructifier ce type de collaboration. Et
avec la consule de France, il y a quelques jours aussi, c'est essentiellement les mêmes propos. Sans
révéler, naturellement, le contenu privé de ces échanges, je vous les résume.
Et, dans tous les cas, le Québec est un
partenaire précieux. Et là je vous parle de la France et de l'Angleterre, mais
je pourrais aussi vous parler de la Californie, comme je l'ai fait un
petit peu plus tôt en début de séance.
• (10 h 30) •
Et je passais
en revue, avec le sous-ministre Théroux, il y a quelques instants, la quantité
d'ententes internationales qui ont
été signées par le Québec et qui font du Québec un leader mondial, et on en a
dans tous, tous, tous les domaines. Au niveau
de la tarification du carbone, je vous le disais, l'essentiel de l'Europe fait
partie d'un marché de plafonnement des émissions, mais le Québec, en son
nom, est signataire et partenaire que ce soit du marché du carbone, qui est
Québec-Californie, naturellement, mais également au niveau de l'International
Carbon Action Partnership, la Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone, Partnership of Market
Readiness et une entente qui a été signée directement avec le secrétaire des
Nations unies, c'est-à-dire l'instrument de collaboration pour une action
climatique ambitieuse, une entente de coopération directement avec le
Mexique.
Au niveau de l'électrification des transports,
vous le devinerez, compte tenu de notre large avantage en matière d'hydroélectricité, le nombre d'ententes est encore
plus important, que ce soit à travers l'alliance véhicules zéro émission,
l'Arctic Circle, le Conseil de l'Arctique, donc, en français. Le plan d'action
sur les changements climatiques et stratégie gouvernementale — ça, c'est des domaines d'expertise propres
au Québec — la
Politique énergétique, la Politique de mobilité durable, c'est des éléments que nous sommes en mesure d'exporter et pour
lesquels il y a une demande à l'international. Avec des États fédérés, régions aussi, il y a bon
nombre d'ententes. Au niveau d'ententes internationales comme telles, des
mesures de coopération climatiques
internationales, naturellement, au niveau de l'Organisation internationale de la Francophonie,
vous le savez, on agit comme membre à part entière.
Donc, ce sont toutes des tribunes qui, malgré le
statut politique du Québec, nous permettent d'exercer notre leadership, et en aucun moyen l'atteinte ou l'absence
d'atteinte de nos objectifs environnementaux ne pourront être attribuées
par excuse au gouvernement fédéral. Si on n'atteint pas nos objectifs, c'est
parce qu'on ne se sera pas donné les moyens d'y
parvenir, tout simplement. Et j'espère qu'on aura l'occasion, là, d'y aller
dans le plus concret à travers les blocs à venir, mais assumons notre leadership et assumons le fait
qu'on peut accompagner la planète à devenir un environnement encore plus
propre et qu'on a une belle expertise à exporter à ce niveau-là. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à un député ministériel, du côté
ministériel, soit la parole au député de Bourget.
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente, et bon matin. Le libellé de l'interpellation, qui
nous dit «la capacité réelle du
Québec à lutter contre les changements climatiques à l'intérieur de l'État
canadien», ça donne à penser que ce n'est pas possible de le faire à l'intérieur du Canada. Pourtant, le rapport
fédéral-provincial est plutôt collaborateur, et ça veut dire que les différents paliers gouvernementaux se doivent
de travailler dans l'optique de la coopération, et mon collègue député
et ministre vient de citer un tas d'exemples à ce sujet-là.
Pour parler
plus du sort des provinces en matière environnementale, j'aimerais vous parler
du projet de loi C‑69, et je cite,
qui «prévoit un processus d'évaluation des effets environnementaux, sanitaires,
sociaux et économiques des projets désignés
en vue de la prévention de certains effets négatifs et de favoriser la
durabilité». Ce projet-là incite les provinces à respecter les processus
d'évaluation, mais les provinces restent maîtres chez elles pour faire avancer
ces projets-là.
«Après
des années de controverses — je cite encore une fois — sur les processus des évaluations
environnementales[...], Ottawa a
annoncé [...] la création de l'Agence canadienne d'évaluation des impacts,
ACEI. Une fois que le projet [...] C-69 [est] adopté, [...]cette nouvelle
structure [...] sera chargée de réaliser [...] les examens fédéraux des grands
projets, comme les pipelines, les mines», etc., mais le Québec reste
maître des projets provinciaux, et que le fédéral veuille bloquer ces projets, c'est parce qu'il verrait que
certaines normes ne sont pas respectées. Alors, ce projet-là vient encadrer les
normes, mais, comme nous sommes, je
pense, par rapport aux évaluations environnementales, exemplaires, je ne vois
pas comment ça va venir nous déranger.
Les
responsabilités des gouvernements régionaux en matière d'exploitation des
ressources naturelles sont inscrites dans les amendements de 1982 à la Loi
constitutionnelle de 1867, et on y reconnaît le droit constitutionnel des
provinces et territoires
à gérer leurs ressources naturelles non renouvelables, ressources forestières,
énergie électrique. Ça comprend aussi le
droit de percevoir des redevances et des impôts miniers. Si on va à l'article
92A, la législature de chaque province a compétence afin de légiférer dans les domaines comme la prospection des
ressources naturelles et l'exploitation, conservation et gestion des ressources
non renouvelables et forestières.
Ceci étant dit, la gestion des ressources
naturelles demeure un dossier de
compétence provinciale. Et nous avons la compétence, au Québec,
pour travailler au niveau des ressources
naturelles comme les travaux
forestiers, miniers et les puits
d'hydrocarbures, il y a des exemples à ce sujet-là. Notre gouvernement vient d'annoncer un montant de 80 millions de dollars pour les cinq prochaines années dans le
milieu forestier pour lutter contre les changements climatiques. On y parle, pour les travaux sylvicoles, d'un montant
supplémentaire de 75 millions de
dollars sur cinq ans, prévu à même le
Fonds vert, qui s'ajoute au 1,2 milliard déjà prévu au niveau environnemental
dans le cadre financier du gouvernement. L'ensemble
des travaux sylvicoles va accroître la productivité des forêts québécoises et permettre de réduire à long terme
les GES par l'encadrement, l'isolement du carbone à l'intérieur.
Donc, la
maximisation de la contribution du milieu forestier aide à lutter contre les
changements climatiques, et, pour cela, il y a un montant de 5 millions
qui est prévu sur trois ans en lien avec le Fonds vert qui est, encore une
fois, un outil pour réduire les GES
dans ce secteur. Ceci sera fait en particulier avec FPInnovations, qui est une
entreprise que je connais bien, qui
se spécialise dans la réalisation de solutions scientifiques innovantes, en
particulier, évidemment, dans le
milieu forestier, et qui est bien connue même au niveau international. Ce qui
veut dire, dans ce cas-ci, que le ministère des Forêts, de la Faune et
des Parcs va travailler de façon conjointe avec le ministère de
l'Environnement.
On a aussi
l'exemple des travaux miniers. L'adoption de pratiques respectant les plus
hauts standards va favoriser la croissance de cette industrie. À cet
égard, le budget prévoit que les frais relatifs à l'acquisition ou au maintien
d'une certification en développement durable
pourront être déduits à titre d'allocation dans le régime d'impôt minier de
manière à favoriser l'application des
meilleures pratiques environnementales. Cette mise en oeuvre de cette mesure,
ça représente un soutien financier de 2 millions de dollars au
cours des cinq prochaines années.
Ce sont des
exemples de choses qui sont contrôlées par le Québec à l'intérieur du Canada.
Alors, on voit bien que nous avons un très bon contrôle sur la situation.
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Alors, je cède
maintenant la parole à la députée du comté de Maurice-Richard.
Mme Montpetit :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Salutations à tous. Je vais débuter... je
vais aller au coeur de la discussion
tout de suite, comme j'ai assez peu de temps. Je commencerais à peut-être juste
faire un petit commentaire. Le ministre mentionnait qu'il n'y avait pas
eu beaucoup d'interpellations, dans les dernières années, en environnement, et j'en profite pour mentionner que c'est un
privilège des oppositions, évidemment, de demander ces interpellations, et
j'en tire donc deux conclusions : que,
lorsqu'on a été au gouvernement, on posait des actions très satisfaisantes en environnement parce que l'opposition, de toute
évidence, ne semblait pas intéressée... ou pertinent de faire des
interpellations, ou le sujet en les
intéressait pas, et j'ajoute à ça, de toute façon, effectivement, qu'on compte
sur les doigts, puis là je dis d'une seule main, c'est peut-être d'une
demi-main, les questions qui ont été posées par la CAQ, lorsqu'ils étaient à
l'opposition, de questions qui ont été posées au sujet de l'environnement.
Par rapport au sujet qui nous occupe
aujourd'hui, moi, évidemment, je ne m'inscris pas dans le thème qui est que le
fait d'être dans la fédération canadienne nous empêche d'atteindre nos cibles,
de poser nos actions au niveau de l'environnement. Je pense qu'on a pris des
engagements importants au niveau de l'international. On a toute la capacité, comme nation, de les atteindre, dans la mesure où
on a la volonté de le faire. Puis j'aimerais ça revenir... Justement, le ministre
abordait la question des engagements au
niveau de la réduction de nos émissions de GES, et j'espère que, dans sa
réplique, dans son intervention, il
aura l'occasion d'y répondre, mais, dans les engagements qu'on a pris à
l'international, on avait pris comme
engagement, en 2012, la réduction des GES de 6 % versus 1990. Ça, on a dépassé cet engagement-là, on l'a réduit de 8 %. En 2020, notre engagement, je
le répète pour les gens qui nous écoutent, qui doivent être nombreux ce matin,
c'est d'atteindre moins 20 % par rapport à 1990.
• (10 h 40) •
C'est quand
même assez dommage de voir que le gouvernement de la CAQ, jour 1, qui
arrive, dit : Moi, je lance la serviette, on n'atteindra pas ça, je
ne mets pas les efforts pour le faire, et qui ramène ça sur nos épaules alors
qu'on est dans une bonne direction. Et là il
aura beau citer les chiffres de 2016, moi, je veux juste rappeler qu'on a
Steven Guilbeault, je pense, qui est
quelqu'un d'assez réputé au niveau de son expertise, qui a bien dit :
Attention! Un moment, il faut évaluer comme
il faut les chiffres de 2016, qui
n'incluent pas toute la question du marché
du carbone. Et, malgré ce que veut bien répéter le ministre, il a
rappelé à plusieurs reprises qu'il est encore possible d'atteindre les
objectifs de 2020.
Donc, c'est
quand même un peu malheureux de voir qu'il n'y a même pas un essai, il n'y a
même pas un effort. Puis il y a le rapport du GIEC, qui est sorti à l'automne
dernier, qui nous dit : Redoublons d'effort, on a des nouvelles données,
il faut continuer de travailler en ce sens.
Moi, je pense que, de notre côté, on a posé des gestes assez significatifs dans
les dernières années en termes de diminution de GES. La mise en place du
marché du carbone, entre autres, c'est un gouvernement libéral qui l'a faite,
la loi sur la protection des milieux humides et hydriques. La loi sur les véhicules
zéro émission, je vous en informe, on va
apprendre, dans les prochains jours, que cette loi-là, elle est tellement
efficace que les concessionnaires, ils ont même dépassé les cibles qu'on
s'était fixées, donc une très bonne nouvelle. Le rabais à l'achat d'un véhicule électrique, bravo de l'avoir
reconduit. J'en profite quand même pour mentionner ça, on voit qu'on est les
leaders en Amérique du Nord à ce niveau-là,
en termes de nombre de véhicules électriques. Je pense que ce sont toutes des
choses qui font une grande différence. On a profité de faire la mise en place
du réseau de bornes électriques aussi pour ces véhicules-là, et le Québec, on le sait, on est
un leader au niveau de l'Amérique du Nord dans plein de domaines à ce
niveau-là.
Et j'en reviens au fait qu'on a toute la
latitude de prendre des décisions qui nous concernent, au Québec, pour continuer de répondre aux engagements qu'on a pris
à l'international, donc ces engagements-là de diminution de nos GES. Et
j'entends le ministre dire, depuis plusieurs semaines déjà, puis il le répétait
tout à l'heure, que ça ne fait plus partie de ses objectifs, qu'il regarde vers 2030, puis ce n'est pas... On peut
regarder vers 2030, moi, je n'ai pas de problème avec ça, puis il faut même regarder vers 2050, ce sont
toutes des cibles qui existent, mais ce n'est pas une raison pour ne pas
regarder puis continuer de travailler pour 2020.
Et le dernier
budget qui a été déposé jeudi dernier, j'entendais encore le ministre y faire
référence, rappelons-nous qu'il a quand même été noté d'un C moins
en environnement par des organisations. Il y a beaucoup de critiques assez virulentes qui ont été faites sur l'absence
d'argent neuf, l'absence de mesures structurantes, l'absence de vision et de
gestes très concrets dans cette lutte aux changements climatiques. Donc,
je serais bien intéressée de l'entendre sur pourquoi il n'y a même pas une volonté d'essayer de continuer de travailler sur
ces objectifs-là de 2020, puis dire : Nous, c'est une priorité,
c'est une priorité à l'international, c'est une priorité pour le Québec, et on
va tout faire pour les atteindre.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, Mme la députée. Je cède la
parole maintenant à M. le ministre, toujours un bloc de cinq minutes.
M. Charette :
Effectivement, vous allez me permettre, dans un premier temps, de saluer mon
collègue de Bourget et, naturellement, la collègue de l'opposition
officielle pour leurs interventions.
Je vais y
aller, dans un premier temps, avec le sujet de C-69. La question, elle est
pertinente. Naturellement, je suis le
dernier arrivé au Conseil des ministres, c'est relativement récent dans mon
cas, moins de trois mois, mais déjà j'ai eu l'occasion de rencontrer la
ministre McKenna à trois reprises, dont une fois à ses bureaux d'Ottawa, et à
chacune des fois la question, elle est
abordée. Et le rôle qu'on s'est donné dans l'étude de ce dossier, là, bien,
bien fédéral, qui est au niveau du
Sénat actuellement, n'est pas de retarder son adoption, n'est pas non plus de
prendre position en faveur ou en défaveur
du projet de loi, mais bien de s'assurer que l'expertise québécoise, elle est
reconnue pour éviter les dédoublements.
Et d'ailleurs
un des premiers mandats que m'a confiés le premier ministre au moment de ma
nomination était de, justement, veiller aux délais d'évaluation des
différents projets. Naturellement, il y a une portion qui revient clairement au
gouvernement du Québec en fonction de nos procédures d'évaluation qu'on s'est
données, mais, dans certains cas, il arrive
qu'il y ait des projets qui doivent être évalués par le gouvernement fédéral et
par le gouvernement du Québec. Et c'est là où on souhaiterait, avec le
gouvernement fédéral, arriver à une certaine entente où l'expertise québécoise
serait reconnue parce que, dans les faits, et sans être chauvin, nous avons
sans doute, au Québec, la procédure d'évaluation environnementale la plus
complète, donc le fédéral n'a aucune crainte à nous reconnaître au niveau de
notre expertise à ce niveau-là. Et il est
d'ailleurs possible, au cours des prochains jours, que j'aie à témoigner lors
d'un comité du Sénat sur la position du Québec. Donc, je remercie le
collègue, là, pour sa question.
Pour ce qui est de l'intervention de la collègue
de l'opposition officielle, elle ne nous a jamais entendus parce que nous ne l'avons pas fait, jeter la serviette.
Ce que nous disons, c'est que nous arrivons à la fin d'un cycle pour lequel le Parti libéral a
été essentiellement au pouvoir sans interruption, Parti libéral qui a signé des
ententes sans forcément se donner le moyen
de les atteindre, ces objectifs-là. Donc, dans les faits, on n'a pas renoncé à
l'atteinte de l'objectif pour 2020,
mais clairement c'est une marche très, très haute à monter parce que,
malheureusement, le gouvernement
libéral des dernières années
s'était davantage contenté de signer des ententes, et je pourrais en faire une
recension. Il y a plusieurs ententes, au niveau
de la gestion des déchets, qui ont été signées ou des principes qui avaient été
adoptés. Moi, ça me fait sourire un petit peu parce qu'au niveau de la
disposition des déchets de matières organiques, en 2010, le gouvernement du
Québec s'était engagé à son bannissement pour 2020 — 2020 est souvent une
année de référence dans le milieu de la protection
de l'environnement — et,
encore une fois, toutes ces années au pouvoir avec aucun moyen, aucune
politique pour parvenir à l'objectif.
On est à quelques mois de 2020, on arrive au pouvoir, de notre côté, et on part
avec strictement rien, donc on part à
zéro, mais avec la volonté ferme, par contre, d'arriver rapidement à des
résultats, c'est pour ça qu'on mise beaucoup sur la gestion des matières
résiduelles.
La collègue de l'opposition officielle a fait
référence, à juste titre, à la loi zéro émission, loi qui a d'ailleurs été étudiée, adoptée avec la participation de
l'ensemble des partis représentés à l'Assemblée nationale, dont la Coalition
avenir Québec. Donc, nous avons travaillé à la bonifier, cette loi-là,
nous avons travaillé à l'adopter, cette loi-là, elle a eu notre soutien. Et pas
plus tard que cette semaine il y a une rencontre au ministère avec les gens et
de l'industrie et du regroupement qui veillent au respect de la loi.
Malheureusement, je n'ai pas pu prendre part à la rencontre elle-même, mais j'ai eu quelques minutes, à la toute fin,
pour aller saluer les intervenants, et ce sont des gens qui saluent, de façon
tout à fait directe, les mesures dans le budget qui ont été adoptées
pour la subvention aux véhicules électriques, par exemple, parce qu'avec le gouvernement libéral les
intentions pour les années qui allaient venir n'étaient pas encore confirmées.
On avait craint, par exemple, que les véhicules usagés ne soient pas
admissibles. Donc, non seulement on a reconfirmé les budgets, mais on a étendu
la période d'admissibilité.
Donc, oui, il
y a une loi sous les libéraux, mais les moyens sont venus avec un gouvernement
de la Coalition avenir Québec. Et les interlocuteurs dans le dossier nous ont
salués et ont salué l'appui que nous avons donné à une mesure qui est
effectivement importante pour la suite des choses.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le ministre. Alors, je cède
maintenant la parole au député de Portneuf.
M. Caron :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour, je voulais adresser des salutations à
l'ensemble des députés présents ce matin et aux équipes de soutien.
Je voudrais commencer cette intervention en
réaffirmant haut et fort que la question environnementale est bel et bien un enjeu qui préoccupe au plus haut point
notre gouvernement. Notre conviction est pleine, notre volonté est ferme,
et, comme le rappelait le ministre cette
semaine à l'occasion d'une période de questions, bien de ses prédécesseurs
peuvent être envieux des moyens qui
sont dédiés par notre gouvernement à l'environnement. En effet, la simple
lecture du budget indique clairement des investissements de près de
1,3 milliard de dollars qui seront consentis en six ans au dossier de l'environnement, 465 millions de dollars
investis pour encourager le transport durable ou encore 320 millions de
dollars accordés à la décontamination de terrains stratégiques pour les
entreprises innovantes.
L'approche
bonifiée décrite par notre ministre des Finances, Eric Girard, lors de son
discours de la semaine dernière a
beaucoup attiré mon attention. Ce que nous dit cette approche, c'est qu'il est
nécessaire d'assurer notre développement économique et de favoriser l'innovation technologique, sans jamais
écarter de notre esprit la préoccupation environnementale. Je suis moi-même issu du milieu des affaires, et
cette volonté de notre gouvernement de concilier notre développement économique avec des gestes concrets pour protéger
l'environnement me rejoint absolument. C'est aussi rassurant, d'ailleurs,
à l'égard de l'héritage que nous transmettrons aux générations futures.
• (10 h 50) •
En prenant en
compte la réalité du Québec, l'approche bonifiée permettra de lutter plus
efficacement encore contre les
changements climatiques. C'est bien simple — et je reprends ici les termes du ministre,
encore une fois — nous
voulons répondre à l'urgence
climatique en s'assurant que les Québécois ne soient pas pénalisés. Évidemment,
il y a plusieurs façons d'être
écoresponsable. On peut commencer par faire des efforts à titre individuel et
communautaire, mais, tôt ou tard, c'est au niveau industriel qu'il faudra agir. C'est ainsi que notre gouvernement souhaite appuyer les entreprises québécoises dans le développement et la mise en place
de technologies vertes. Nous voulons aussi les aider à faire la transition vers
des pratiques organisationnelles responsables.
Mme la Présidente, le budget 2019‑2020
comprend de nombreuses mesures en ce sens, par exemple avec des mesures d'accompagnement pour les grandes entreprises
industrielles et un appui à certaines recherches universitaires. Notre gouvernement prévoit également des investissements dans les programmes Technoclimat, ÉcoPerformance
et de biomasse résiduelle.
Le programme
Technoclimat est un soutien financier aux promoteurs dont le produit
technologique est prometteur pour la
protection de l'environnement. On parle ici d'efficacité énergétique, de
production d'énergie renouvelable ou de bioénergie et de réduction des
émissions de GES. C'est donc vraiment une bonne chose que le gouvernement ait
décidé d'investir 30 millions de dollars sur deux ans pour soutenir la
création d'encore plus de projets innovants.
Quant au
programme ÉcoPerformance, il vise davantage l'implantation de mesures d'efficacité énergétique des entreprises. Parce
qu'on veut toujours
plus de ce genre de projets, c'est près de 28 millions de dollars sur
deux ans que le gouvernement réserve à ce programme.
Il y a
aussi les fonds qui seront alloués au programme de Biomasse forestière
résiduelle, qui concerne les activités de
valorisation de la biomasse forestière à des fins énergétiques, un autre 30 millions de dollars rien que pour ce programme. Dans Portneuf, la circonscription que je représente, l'industrie forestière est
forte, et les histoires à succès existent. Je veux parler, par
exemple, des projets de chauffer à la
biomasse à Saint-Gilbert ou à Saint-Ubalde. Je veux même affirmer que, dans Portneuf, nous détenons une expertise et que nous
souhaitons partager pour voir plus de projets de ce genre naître et exister. Nous souhaitons que ces projets soient
contagieux et contribuent à inciter d'autres municipalités, d'autres organisations à emboîter ce pas.
En tout, ce sont donc près de 410 millions
de dollars qui seront consentis sur cinq ans à l'accompagnement des entreprises
dans la transition énergétique. J'ai été très heureux de constater, à la
lecture du plan budgétaire, que nous allions
nous attaquer à la lourdeur de la gouvernance actuelle liée au Fonds vert. Nous
allons voir rapidement à réallouer des fonds et à mettre rapidement en oeuvre des initiatives ayant des impacts
directs sur les émissions de GES. Oui, le Québec s'est doté de cibles
ambitieuses de réduction de GES, et il fera en sorte de les atteindre par
toutes sortes de moyens. Je suis très
fier de faire partie d'un gouvernement qui va enfin faire ce qu'il faut pour prendre
soin de l'environnement sans nuire à notre économie. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Lesage pour cinq minutes.
M. Zanetti : Oui, merci
beaucoup. J'entends ce que le ministre
dit et ce que les députés du
gouvernement disent aussi. Je comprends ce qui se passe. Évidemment, vous vous
faites interpeler, vous avez une responsabilité et vous dites : Ce n'est pas si pire que ça être une province
canadienne, on n'est pas si pires que ça dans le monde, regardez toutes les affaires
qu'on fait, regardez tous les possibles devant nous, c'est incroyable. Mais, tu
sais, tout ça, là, ça découle d'une résignation.
On s'est collectivement résignés. On s'est résignés à ne pas avoir tous les
pouvoirs qui nous reviennent. On s'est résignés à envoyer 50 milliards, à
peu près, à Ottawa chaque année pour qu'il nous dise comment l'investir au lieu
de prendre ces décisions-là nous-mêmes. On
s'est résignés à laisser le Canada, en fonction de ses intérêts de pétro-État,
faire des traités internationaux à notre place sur l'environnement.
Pourquoi on
s'est résignés? Je pense qu'on s'est résignés parce qu'on pense que ça ne se
peut pas être libres. C'est ça, le
parcours du premier ministre actuel et de beaucoup de gens qui sont à la
Coalition avenir Québec. Tout le monde le sait bien, qu'il n'y a pas grand-chose dans la vie qui se fait mieux
avec une main dans le dos puis les souliers attachés. Quand on est
libre, on peut faire plus, toujours. La différence, c'est qu'à un moment donné
il y a du monde au Québec qui savaient ça puis qui se sont dit : Crime, ce n'est plus possible,
je pense que ça n'arrivera jamais, puis là est arrivé le plan B. Puis ce que j'entends aujourd'hui du côté du
gouvernement, c'est le plan B, la minimisation des pertes : Regardez, ce
n'est pas si pire; regardez, il y a quand même moyen de faire quelque
chose; regardez, on fait quand même le 1/10 de ce qu'on pourrait faire. Je dis
«le 1/10», c'est une figure, je n'ai pas compté, je l'avoue, là. C'est
difficile à quantifier, tout ce qu'on pourrait faire ça, mais c'est clair que c'est là. Et je nous invite
collectivement à ne pas se résigner, à ne pas nous résigner, à ne pas
accepter ce qui est injuste.
Il n'y a
aucune raison pour lesquelles les peuples du Québec ne devraient pas, par
eux-mêmes, prendre les décisions pour
leur avenir. À moins qu'on se dise : Ah! mais, tu sais, les Québécois, les
autochtones, les peuples du Québec ont tendance à prendre des mauvaises
décisions pour eux-mêmes, ça fait que, tu sais, pour ces raisons-là, on va
laisser le Canada choisir à notre place. Ce
serait ultraraciste de dire ça, ce serait ultracolonial. Mais c'est la seule
affaire que je verrais et que je
dirais : Je ne serais pas d'accord avec vous, mais je comprends que c'est
logique, votre affaire, là, vous pensez qu'on n'est pas capables, vous pensez qu'on est moins que
rien, vous pensez qu'on est poches, vous pensez qu'on est inférieurs. Je comprends que vous trouviez justifié qu'on vous
lègue une partie importante de nos décisions. Mais, dans la mesure où on n'accepte
pas cette prémisse raciste là des autres envers nous-mêmes ou, des fois, de
nous-mêmes envers nous-mêmes, il n'y a aucun avantage à laisser les autres
décider, aucun avantage.
Si je pouvais
aujourd'hui m'adresser à nos amis canadiens de l'Alberta,
et particulièrement à Jason Kenney, par exemple, qui est le chef du Parti conservateur uni de l'Alberta, qui va peut-être
se faire élire bientôt, si je pouvais
m'adresser à eux, je le ferais en
anglais pour qu'ils comprennent, évidemment, et je leur dirais quelque chose
comme ceci : Mr. Kenney, not so long ago, you promised a
referendum on equalization payments in Canada if there's no major progress on market opening pipelines. Québec does not need equalization payments. For us, it's
just a partial compensation for the cost we assume by being a part of Canada. So, I suggest you do that. If you think that Canada is not a good
deal, we agree with you. So, you can go on with your referendum, force Ottawa
to open the Constitution, and we will be happy to leave and make our own choices for the future,
our future and the future of our planet. Je leur dirais quelque chose comme ça. Mais, bon, ils sont loin,
espérons que ça se rende.
Et, en
attendant, s'ils répondent quelque chose à cette affaire-là, s'ils l'entendent,
bien, j'aimerais que la posture du Québec,
ce ne soit pas une posture de résignation. J'aimerais que ce soit une posture
fière, une posture de représentants du peuple
qui ont confiance en eux, qui ont confiance en leurs peuples, qui savent de
quoi les Québécoises et les Québécois sont capables. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
• (11 heures) •
M. Charette : Merci à mes deux
collègues, d'abord celui de Portneuf et au représentant de Québec solidaire, député de Mercier. À ce dernier, je dis de ne pas
être insulté, mais la majeure partie de ma réponse va d'abord concerner la
question de mon collègue. Non pas que je ne
reconnais pas le droit de parole de mon collègue député de Québec solidaire,
mais je pense qu'on a eu l'occasion déjà
d'illustrer de très belle façon qu'à l'international le statut actuel du Québec
n'est pas un frein, bien, bien au contraire.
Mais à mon
collègue de Portneuf, que je remercie, il a relevé des points importants,
effectivement. On a beaucoup parlé de
l'approche bonifiée dans le cadre du budget, et c'est fondamental au coeur de
notre action. Je le mentionnais tout à l'heure, on est à la fin d'un cycle, on
est liés par le PACC, le plan d'action sur les changements climatiques 2013‑2020.
On arrive à la fin de ce plan d'action. Donc, notre approche bonifiée,
qu'est-ce qu'on veut dire par là, c'est justement... le plan que nous allons mettre de l'avant va, oui,
capitaliser sur les avancées que nous avons faites parce qu'effectivement, je
donne raison à mes collègues de
l'opposition officielle, leur action n'a pas été que mauvaise au fil des ans,
donc il y a des éléments positifs qui
ont été mis de l'avant. On veut, naturellement, capitaliser sur ces
éléments-là, mais en apporter davantage aussi.
Et là où je
trouve l'intervention de mon collègue particulièrement intéressante, c'est
qu'il a fait le lien de belle façon entre l'économie et l'environnement.
Certains aiment penser qu'il y a une contradiction; dans les faits, il n'y en a
pas, les deux peuvent aller de pair,
et l'économie peut grandement, grandement bénéficier d'une approche environnementale moderne.
Et d'ailleurs, pour fins d'anecdote, mardi
matin, avec mon collègue, d'ailleurs, de Jonquière, j'étais au salon Americana
sur le côté de Montréal, et c'est un forum formidable où des centaines d'entreprises
avec une conscience environnementale très,
très poussée, très sentie, donc, se
réunissent et mettent de l'avant des technologies qui, dans bien des cas, sont déjà disponibles, peuvent déjà
profiter à l'économie québécoise. Mais également notre bilan environnemental... Donc, la technologie, dans bien des cas, elle est disponible; ce sont des entreprises
qui, dans d'autres cas, ont besoin d'un petit coup de pouce pour faire
valoir leur mérite. Mais de voir autant de gens d'affaires réunis... et c'est
un forum sur trois jours, là, donc ce n'est
pas une petite discussion de quelques minutes, donc de voir autant de gens d'affaires
réunis donne raison à mon collègue de
Portneuf, comme quoi il n'y a pas de... ce n'est
pas irréconciliable de vouloir assurer le développement économique du Québec,
ce qui est un peu la marque de commerce de la Coalition avenir Québec, et se
soucier de l'environnement,
bien au contraire.
Donc, le plan d'action que nous retiendrons jusqu'en 2030 fera large part à l'industrie. D'ailleurs,
le budget qui a été déposé la semaine dernière est déjà
très généreux, on parle de centaines de millions de dollars pour favoriser la
transition énergétique, et le plan d'action à venir va encore miser davantage à
ce niveau-là. Et la notion de transition énergétique,
elle est fondamentale dans notre parcours. Je sais bien que certains
aimeraient des gestes radicaux, mais souvent ceux qui prônent cette voie-là ne sont pas conscients que ces gestes-là
pourraient mettre à mal des dizaines de milliers d'emplois au Québec. Donc, il ne faut pas, du jour au lendemain,
renoncer à toutes nos façons de faire, mais bien accompagner l'industrie vers une transition
énergétique qui soit, elle, bénéfique
pour notre environnement, mais pour l'environnement de la planète.
Mais tout ça prend du temps, prend des
moyens, et c'est ce qu'on est en train de définir, actuellement, avec cette approche bonifiée qui est en préparation. Et je le dis en
tout respect pour mes collègues de l'opposition, ils seront, à un moment ou à un autre, amenés à
témoigner et à présenter leur vision, leurs suggestions. Donc, ce n'est
pas un travail que l'on compte faire
en vase clos, c'est bien certain. Donc, c'est quelque chose, là, qui est
attendu pour les prochains mois, mais déjà le budget déposé jeudi dernier laisse
entrevoir de très belles possibilités.
L'industrie a
salué ce budget-là, les budgets qui leur sont consentis en matière de protection de l'environnement.
Et il
y a un mot commun, il y a
un mot d'ordre qui est donné, hein, autant les gens représentant le milieu du travail, le patronat, le monde syndical veulent travailler
ensemble, donc l'approche bonifiée sera une belle occasion d'y parvenir. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin :
Merci, Mme la Présidente. Ayant consacré une grande partie de ma vie
professionnelle à travailler dans le
domaine de l'environnement, notamment en région, je crois être plutôt bien
placée, là, pour parler de ce sujet avec mes collègues de l'opposition aujourd'hui. À la lecture du libellé de
l'interpellation de la députée de Mercier, je me demandais, plus tôt
cette semaine, comment j'allais m'y prendre pour lui répondre en cinq minutes.
J'ai donc choisi de cibler mon intervention
pour mettre en lumière les contributions des acteurs locaux et régionaux qui
innovent et qui, notamment, gèrent le
quotidien en matière d'environnement. Disons-le d'emblée, le Québec est très
bien placé, à mon avis, pour lutter contre les changements climatiques
au sein du Canada. Depuis des décennies, là, nous nous démarquons en
développant, en appliquant et même en
popularisant diverses technologies vertes, on n'a qu'à penser à Hydro-Québec,
mais je souhaiterais mettre en lumière une autre industrie aujourd'hui,
soit celle de la gestion des matières résiduelles.
Nous nous
devons de reconnaître qu'il existe bel et bien une crise dans le secteur de la
gestion des matières résiduelles. Au
début, c'était l'enjeu lié, évidemment, au recyclage du papier et du carton,
son triage et l'absence des marchés pour le produit qui en résultait. Depuis,
certains parlent de la crise du verre, d'autres ajoutent le recyclage des
matières de plastique, notamment les bouteilles à usage unique. Ces crises ont
toutes une chose en commun :
l'incurie du gouvernement précédent. Là
aussi, mon collègue a hérité d'une situation problématique pour laquelle il a
su convaincre son collègue le ministre des Finances de nous doter des moyens de nos ambitions, comme je le disais
hier. Ainsi, au cours des cinq prochaines années, le gouvernement réserve
100 millions additionnels à la gestion des matières résiduelles. Le but
est de rapprocher le Québec d'une économie zéro déchet, il y avait
urgence d'agir. Ces sommes serviront également à régler des problématiques
spécifiques, à moderniser les centres de tri, à développer des innovations
technologiques et créer des débouchés.
Je
souhaiterais, dans ce sens, vous donner un exemple d'une entreprise près de
chez moi, le centre de tri Tricentris, qui
effectue, depuis 2013, la micronisation du verre pour lui donner une deuxième
vie. Le verre provenant des bacs de recyclage de plus de 2 millions de Québécois dans 228 municipalités du
Québec est réduit en poudre et peut se vendre à très bon prix comme
ajout cimentaire pour faire nos trottoirs et nos bordures de route. La qualité
du verre n'est plus un obstacle, les débouchés
sont très lucratifs et les emplois, très payants en région. Vous savez,
l'utilisation de la poudre du verre dans la préparation du ciment permet
d'améliorer non seulement la qualité du béton, mais de réduire de 20 % des
émissions de gaz à effet de serre. Je
vous rappelle que la production de béton est très énergivore et très émettrice
de gaz à effet de serre. En effet, c'est quand même 6 % des
émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Ce que je
souhaiterais... Oups! Ça va vite, hein, la vie? En fait, l'autre élément, je
trouve que c'est... chez Tricentris, on a poussé encore plus loin cette
innovation-là. Aujourd'hui, il y a à peine quelques semaines, Tricentris
annonçait humblement une entente de 100 millions avec une entreprise pour
transformer 30 millions de cette poudre de verre là, en 20 ans, en silice précipitée — là, on retourne au tableau périodique — cette silice est utilisée dans les pneus,
les peintures et les revêtements. Pour rassurer le député de
Jean-Lesage, on parle ici de créativité, de liberté, car Tricentris, je vous l'assure,
est loin d'être résigné. Il doit gérer le quotidien et il invente et innove.
L'histoire ne s'arrête pas là, elle fait boule de neige dans mon comté. En effet, Tricentris devient, dans le seul parc
industriel de mon comté, qui est dynamique, un des plus grands leaders. On a créé un espace industriel où on fait de la
symbiose, donc on attire différentes entreprises et PME pour utiliser la
matière première de Tricentris, et pour la recycler, et y donner une seconde
vie.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, Mme la ministre. Alors, je cède
la... Mme la ministre! Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Maurice-Richard.
• (11 h 10) •
Mme Montpetit :
Merci encore, Mme la Présidente. Donc, je vais revenir sur... J'abordais tout à
l'heure les engagements à
l'international qu'on a pris, pour lesquels on a, à mon avis, toute la
capacité, comme nation, de travailler, mais aussi de collaborer avec le
fédéral.
Donc, je veux
aborder la question des aires protégées. On a des engagements assez importants
qui ont été pris. Je regardais... D'ailleurs, il y avait un article fort
intéressant là-dessus ce matin. J'ai eu, tout comme le ministre d'ailleurs, le
plaisir de rencontrer le directeur général, la semaine dernière, de la Société
pour la nature et les parcs du Canada, M. Branchaud,
qui me rappelait, en fait, que, bon, évidemment, c'est un dossier qui est
toujours très complexe, la question des
aires protégées, mais qu'il était quand même assez satisfait de pouvoir me dire
que, quant aux aires protégées maritimes... je pense qu'il faut quand même faire la nuance entre les deux par
rapport à ce que le ministre rapportait dans les journaux ce matin. Alors, au niveau des aires protégées
maritimes, avec l'accord que notre gouvernement a signé en 2017 avec le
gouvernement fédéral, on est en bonne voie, en fait, d'atteindre les objectifs
qu'on s'est fixés et qu'on a annoncés sur la place publique, en fait, à
l'international.
Et
au niveau des aires protégées terrestres, c'est davantage à ce niveau-là qu'il reste du travail à faire. Il y beaucoup de
travail qui a été fait, il y a un bon bout de chemin pour aller dans cette
bonne direction et il y a quand même beaucoup d'inquiétudes, à l'heure
actuelle, sur le terrain, et des gens, justement, de la SNAP, et des gens qui
sont concernés par ce dossier-là, à
savoir s'il y a une réelle volonté du gouvernement de continuer le travail qui a été entamé, parce
qu'à l'heure actuelle il y a énormément de projets qui sont sur la table, donc
tout le travail, je vais dire, de débroussaillage, de préparation a été fait au cours des dernières années. Ces
dossiers-là, dans le fond, ces projets-là sont sur la table, et il ne semble
pas y avoir... Et là je comprends que
le ministre, ce matin, répétait une fois de plus, dans ce... bien, répétait
dans ce dossier-là, une fois de plus, dans des dossiers environnementaux, qu'il
avait une volonté d'aller de l'avant, mais, comme on l'a vu à différentes reprises dans les dernières semaines,
mois, mais aussi pendant la campagne électorale, il y a beaucoup
de paroles, assez peu d'actions qui se mettent en place, malheureusement,
dans ce dossier-là.
On
l'a vu tout dernièrement, entre autres, il y avait un engagement par la CAQ,
qui avait été pris durant la campagne, de
rendre permanent le programme de RénoVert. On aura bien vu ce qui s'est passé :
à la première occasion au budget, le programme RénoVert est passé à la trappe.
Et j'en profite pour reparler de... maintenant que j'ai l'occasion aussi d'avoir
le ministre, qui est avec nous, pour
réitérer... Et je comprends qu'ils ont souligné, oui, le milieu de la
construction va bien, mais ce n'est
pas un programme qui sert seulement à la relance de la construction, il y a
vraiment... tu sais, vous avez vraiment... vous avez tenu compte
seulement de l'aspect «réno» dans le nom du programme puis vous avez oublié
toute la partie «vert», qui a un impact sur
les îlots de chaleur, entre autres, spectaculaires au niveau des canicules,
entre autres, qu'on a vu dans les
dernières années à Montréal. Ça permet d'inciter les gens à mettre des toits
blancs, notamment, augmenter l'albédo des villes et toute la question
écoénergétique. C'est un programme qui avait connu énormément de succès, c'est
près de 172 000 Québécois qui en
ont bénéficié et ça fait vraiment une différence au niveau de l'écoénergie des
habitations. Et c'est une drôle de décision pour un gouvernement qui dit
mettre l'environnement au coeur de ses priorités.
Donc,
ça conjugué au fait que... et je le resouligne, les engagements de 2020 en
termes de diminution de GES, vous dites
que n'avez pas lancé la serviette, mais je suis désolée, moi, je n'ai entendu à
aucune reprise... puis, si vous voulez le dire ici, avec nous, que vous allez mettre tous les efforts nécessaires
pour atteindre ces cibles-là, moi, je suis bien intéressée à l'entendre, parce qu'on peut vous ressortir des
tonnes de verbatims et des tonnes d'interventions, qui ont été faites sur la
place publique, de vous et de la part de
votre premier ministre, qui dit : Nous, notre objectif, c'est 2030 à
partir d'aujourd'hui parce que 2020, on l'oublie, ça n'arrivera pas.
Donc,
pour ce qui est des aires protégées, j'espère qu'on va avoir l'occasion de vous
en entendre parler. Il y a beaucoup de
travail qui a été fait, et je pense qu'on peut continuer à travailler dans
cette voie-là pour le territoire du Québec. Et la question n'est pas de vous mettre dans l'eau
chaude avec ça, je pense que... j'étais contente de lire l'article ce matin, je
suis contente de voir que c'est une préoccupation pour vous et j'espère très
sincèrement que, pour le bénéfice de tous les Québécois, on continuera
de protéger ces aires-là. Merci.
La Présidente
(Mme Nichols) : Alors, merci, Mme la députée. Je cède la parole à
M. le ministre.
M. Charette : À mes deux collègues, d'abord, d'Argenteuil, la
porte-parole de l'opposition officielle, merci. Des questions et des
thèmes fascinants et importants, là, sur lesquels développer.
Pour
ce qui est de la gestion des matières résiduelles, notamment, c'est réellement
un des éléments que j'ai voulu favoriser,
prioriser dans la foulée de ma nomination. On le sait, au cours des dernières
années, il y a eu plusieurs reportages, malheureusement, qui ont
illustré les lacunes actuelles dans notre système de gestion de toutes les
sortes de matières résiduelles. On a parlé,
il y a quelques années, de crise du papier, là on parle, plus récemment et
depuis quelque temps, de crise du verre. On aura certainement aussi, si le gouvernement n'agit pas, à s'interroger sur une éventuelle crise du plastique.
Bref, il y a urgence, en la matière, d'agir.
Et les 100 millions de dollars, je reprends... puis, encore une fois, je souris,
mais je comprends le rôle de
l'opposition, et c'est un rôle, là, qui est indispensable dans notre démocratie,
mais dire que ce sont uniquement des
argents recyclés, c'est faire une très, très mauvaise lecture du budget parce
que, dans les faits, notamment au
niveau de la gestion des matières résiduelles, ce sont 100 millions de dollars de nouveaux crédits. Donc, ce n'est pas une somme qui est réallouée, mais réellement de
nouveaux crédits pour nous permettre de régler, souhaitons-le, une fois pour toutes, cette crise du verre.
Je
sais qu'il y a plusieurs écoles de pensée à ce niveau-là. On parle, dans
certains cas, de la consigne, d'autres ont privilégié d'autres approches. À ce moment-ci, on n'a pas arrêté l'approche, les moyens viennent de nous être
confirmés. Chose certaine, lorsque
nous annoncerons notre politique dans les prochains mois, on s'assurera d'une
gestion complète du dossier. On est
très bons, au Québec, pour récupérer, je le répète souvent. Malheureusement, au niveau du recyclage, on en perd. Lorsqu'il
est temps de véritablement revaloriser, on en perd encore davantage.
Donc, l'approche que nous souhaitons retenir
ne visera pas un aspect uniquement, mais bel et bien le cycle complet de la matière
pour viser l'enfouissement zéro, ce
qui doit être notre objectif ultime. Et ma collègue d'Argenteuil a très bien fait d'insister sur ce partenariat-là de 100 millions de dollars avec Tricentris
pour les prochaines années. C'est encore une illustration comme quoi le milieu
des affaires peut y voir son intérêt, peut
faire partie de la solution. C'est clairement le cas lorsqu'on parle, là, de centres de tri dans les
Basses-Laurentides et dans Lanaudière.
Au
niveau des aires protégées, là... j'essaie d'accélérer parce que le temps file,
malheureusement, mais un thème qui
est fondamental, il y a une autre entente internationale ou une autre
convention à laquelle le Québec a adhéré avec des objectifs bien précis : 17 % au niveau
des aires terrestres, 10 % au niveau des aires marines. Malheureusement,
le Parti libéral, puis je n'insisterai
pas là-dessus, mais nous impose, encore une fois, une marche très, très haute à
monter parce qu'actuellement au
niveau terrestre... Et l'échéancier est aussi 2020, hein? Quand je vous disais
«2020 est une date importante», là,
par rapport à plusieurs conventions internationales, c'est une autre
démonstration. On est actuellement à plus ou moins 10,6 % au niveau du
terrestre, à plus ou moins 3 % pour ce qui est du marin, donc très loin
des engagements pris par le gouvernement
précédent. Mais, malgré tout, on reconnaît ces cibles-là, on reconnaît ces
objectifs-là, on veut se donner les moyens d'y parvenir.
Et c'est un petit peu ce
que je mentionnais tout à l'heure, quand on parle de biodiversité, quand on
parle de décontamination, lorsqu'on parle de
qualité de l'eau, pour certains, ce ne sont pas des investissements en
environnement, mais, pour nous, les millions et les centaines de
millions, devrais-je dire, que nous mettons dans ces éléments-là font
définitivement partie des mesures environnementales.
Ma collègue
parle, avec raison, du programme RénoVert. On a jugé bon, cette année, de ne
pas le renouveler. On ne s'est pas
engagés à ne jamais le renouveler, par contre. Mais pourquoi cette année? C'est
que l'industrie de la construction va
bien, elle n'avait pas besoin de cet incitatif supplémentaire. Et il faut
savoir qu'en matière de rénovation-construction, il y a neuf programmes
qui existent au niveau environnemental, donc il y a des alternatives.
Et on me
rappelait, à juste titre, pour ce qui est des îlots de chaleur eux-mêmes, bien,
il y a un 10,4 millions de dollars qui ont été confirmés... en fait, 10 millions qui ont été
confirmés, dans le budget de la semaine dernière, spécifiquement pour combattre les îlots de chaleur. Et c'est peut-être
un conseil que je peux partager à mes collègues de l'opposition : il y a
le budget des opérations au
ministère, mais il faut aussi regarder tous les budgets consentis aux moyens,
et ces moyens-là sont colossaux, mais
souvent ils se retrouvent dans les budgets des autres ministères, mais ça ne
fait pas de ces mesures des mesures moins environnementales pour autant.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors je cède la parole au député de Bourget.
• (11 h 20) •
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. Notre collègue de Jean-Lesage parlait de fierté, puis
à juste titre. La fierté, c'est une chose importante. Mais moi, j'ai
beaucoup de fierté quand je regarde la façon dont le gouvernement a abordé l'aspect mobilité. Et je vais finir peut-être par
me faire relier au mot «pragmatisme» ou «pragmatique», je le répète un peu
souvent, mais la mobilité puis
l'environnement, c'est relié. Il y a des gens pour qui, dans un milieu rural et
dans un milieu urbain, la mobilité ne
se vit pas de la même façon. Alors, à cause de nos réalités géographiques et
logistiques, il faut regarder l'aspect
transport durable d'une façon... c'est des solutions multiples et diversifiées.
Alors, il faut toujours penser mobilité et environnement en regardant les deux
ensemble. Ce n'est pas la même réalité, quelqu'un qui demeure en région, qui,
faute de demande, faute de densité de
population, n'a pas, parfois, accès au transport en commun, et ce n'est pas
toujours relié à leur réalité logistique non plus, s'ils ont des enfants,
par exemple.
Alors, le
programme Roulez vert est maintenu, comme vous le savez. On parle, là-dedans,
d'acquisition ou location à long
terme de véhicules électriques. Je sais que le député de Saguenay connaît
bien ça, et moi aussi, d'ailleurs, on a chacun une voiture électrique 100 %.
Le programme Roulez vert touche aussi les véhicules hybrides rechargeables,
véhicules à hydrogène et même les
motocyclettes électriques. Alors, ça permet d'obtenir un rabais. On a
d'ailleurs élargi le programme aux
véhicules électriques d'occasion. C'est un essai qui a été fait qui semble
porter fruit et qui a donné à penser que d'inclure les véhicules
électriques d'occasion était pour aider, justement, à entraîner plus de gens
dans la population à se diriger vers les
véhicules électriques. Il y a aussi l'aspect des bornes au travail. Beaucoup de
citoyens sont bloqués parce que... est-ce qu'ils ont assez d'électricité dans leur batterie pour se rendre
aller-retour? S'ils avaient une borne au travail, ça devrait les aider.
Alors, quand on regarde ça, on parle d'un financement de 430 millions,
c'est pour l'acquisition de ce qui devrait donner 66 000 véhicules
électriques, 27 500 bornes de recharge à domicile et 1 200
bornes de recharge au travail.
Là aussi, les
gouvernements précédents ont fait des bons coups, on parlait du REM. Alors, on
a continué le REM, et cet ambitieux projet du REM va venir pallier à des
réelles contraintes de mobilité. On sait que la congestion routière à Montréal
est majeure, je le vis assez régulièrement, mais le réseau de transport
collectif moderne va venir solutionner une bonne partie de ces problèmes
routiers là et contribuer à la réduction de GES. Et en plus de ça ce n'est pas
juste environnemental, ça va revitaliser l'économie des régions périphériques
grâce à l'efficacité puis à la fiabilité de ce moyen de transport. On parle de 34 000 emplois, soit directs ou
indirects, qui seront créés durant la phase de construction, et on parle
en même temps d'une diminution des GES de 680 000 tonnes de GES sur 25
ans.
Dans le Plan québécois des infrastructures 2019‑2029,
on parle de l'implantation d'un système de transport collectif structurant dans l'est de Montréal. Il y a plusieurs
avenues : le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, c'est-à-dire à l'est de Saint-Michel, en direction
de l'arrondissement d'Anjou. C'est un projet, d'ailleurs, j'aimerais vous le rappeler,
annoncé depuis cinq mandats. On parle aussi du projet, en réalisation, du SRB
sur l'axe Pie-IX, qui va venir améliorer le
lien nord-sud dans l'est de Montréal. Il y a, bien sûr, le projet-phare du
transport collectif dans l'est de Montréal... Évidemment, j'insiste pour l'est de Montréal, parce qu'on a vu l'est de
Montréal comme une région qui avait été réellement
délaissée au cours des dernières décennies et on a voulu se concentrer plus
dans ce coin-là. Et évidemment, comme mon
comté est là, bien, pour moi, c'est plus clair, c'est plus utile quand je
regarde la réalité de tous les jours. Et ce transport collectif dont on parle, c'est probablement un
tramway, même s'il n'y a pas encore de certitude — on va laisser le projet évoluer — qui irait entre la Pointe-de-l'Île et le
centre-ville, le long de la rue Notre-Dame, qui, évidemment, demandera
réflexion.
On parle quand
même d'investissements majeurs quand on regarde toutes ces avenues, et je pense
qu'on a toutes les raisons d'être fiers de cette façon de regarder la mobilité
au niveau du gouvernement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault :
La nécessité de lutter contre la crise climatique est devenue l'argument le
plus puissant et le plus contemporain pour faire l'indépendance du Québec — je suis déçu de voir que le ministre ne
reconnaît pas ça, lui qui a fait son
entrée en politique, grâce à ses convictions souverainistes, avec le Parti
québécois en 2008 — parce
que, Mme la Présidente, le Canada
limite la capacité du Québec de prendre ces propres décisions sur son
territoire. Il est là, l'enjeu, il est sur la question de notre capacité comme nation à prendre des
décisions sur notre territoire. Quelques exemples qui ont déjà été
nommés : le projet d'Énergie Est, la question du
transport du pétrole sur le fleuve ou par train, par exemple, l'achat, au coût
de 4 milliards, sans le consentement du Québec, sans en avoir même
parlé en campagne électorale, par Justin Trudeau du pipeline Trans Mountain, ce qui équivaut à peu près à 1 milliard
d'argent des Québécois, le projet de GNL Québec et de gazoduc qui a 750 kilomètres de long, mais qu'il y
en a juste une miniportion — 60 kilomètres, à peu près — qui va être en territoire ontarien, et à cause de ça, ça en fait un projet
interprovincial qui va tomber sous compétence de l'Office national de
l'énergie et de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale.
Donc, le
Canada empêche le Québec de prendre les décisions qui le concernent à son
premier chef sur son territoire. Et,
plus que ça, ses lois en matière d'environnement, surtout depuis Stephen
Harper, sont plus laxistes que les lois québécoises. Par exemple, la loi C-38 a réduit le champ
d'application de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, elle ne
s'applique qu'à certains projets désignés,
ce qui en exclut 90 %, elle impose des délais serrés, trop courts, elle
restreint le droit du public de participer aux processus, elle donne un
grand pouvoir discrétionnaire pour exempter les projets, elle confie à l'Office national de l'énergie les
projets d'infrastructures et énergétiques. La loi C-38 de Harper a fait en
sorte que la Loi sur les pêches ne protège plus tous les poissons de
leur habitat. C'est ça, la réalité du Canada actuel.
Pourtant,
l'environnement puis la lutte contre les changements climatiques pourraient
être une cause forte qui peut unir les Québécois derrière un but commun, celui
de décider sur notre territoire en fonction de nos intérêts. Vous savez,
l'indépendance du Québec ne ferait pas en
sorte qu'on pourrait ne plus avoir de gouvernements laxistes en matière de lutte
contre les changements climatiques comme
celui de la CAQ. Ce n'est pas ça, l'enjeu. C'est au moins de se donner la
capacité de décider sur notre
territoire. Ça fait que moi, au lieu de parler des Pères de la Confédération,
là, je propose un plan d'action trois
points. D'abord, il faut qu'on s'unisse sur cette question-là du contrôle de ce
qu'on peut prendre comme décisions sur notre
territoire, contrairement à l'ultimatum lancé par Québec solidaire, qui vise à
diviser, à polariser, à amener la confrontation, alors que, dans la
lutte contre la crise climatique, il faut amener l'adhésion, donc s'unir.
Deuxièmement,
aller au bout, au moins comme province, de nos compétences actuelles. En cette
matière, j'ai déposé le projet de loi
sur le respect des obligations climatiques du Québec. Le premier geste à faire,
ça serait au moins que le gouvernement
accepte d'entendre des groupes en commission parlementaire sur cet
enjeu-là — ça, ça
serait le deuxième point — et dire : Bien, on va aller au bout de
ce qu'on peut faire comme État québécois, comme Assemblée nationale. Donc,
il ne faut jamais baisser les bras, il faut montrer que c'est nous qui sommes
au rendez-vous sur ces enjeux-là.
Troisième
élément, il faut envisager sérieusement l'adoption d'un nouveau projet de loi n° 390. Pour ceux qui ne s'en souviennent plus, c'est celui que
j'avais déposé en décembre 2014 pour modifier, pour affirmer la primauté de la compétence du Québec en matière d'environnement.
Alors, moi, je suis prêt à le redéposer. On pourrait le faire ensemble pour
dire au gouvernement fédéral qu'en matière d'environnement il faut clarifier
les différentes interprétations de la Constitution canadienne, parce que les
Pères de la Confédération, c'est vrai, n'avaient pas prévu les changements climatiques, mais on a des compétences claires, en
matière de ressources naturelles, qui sont confiées aux provinces. Donc,
en cette matière, si on va au bout de
l'interprétation des ressources naturelles, il ne revient qu'au Québec de
prendre les décisions qui le touchent
en matière d'environnement. Alors, si le ministre nous dit «je suis d'accord
avec ça», mardi on serait prêts à redéposer le projet de loi n° 390 que j'avais déposé sur cet enjeu-là en décembre
2014. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
• (11 h 30) •
M. Charette :
Oui, effectivement. Merci, Mme la Présidente. Allons-y comme ceci, dans un
premier temps. Écoutez, encore des
beaux sujets qui ont été évoqués. Mon collègue... là, c'est toujours le
problème, on se nomme par nos prénoms, mais pas ici, donc je dois
mentionner «collègue de Bourget». Effectivement, deux thèmes particulièrement
importants, véhicules zéro émission, le
transport collectif. Je le mentionnais tout à l'heure, il y a eu une belle
rencontre au ministère avec les gens
autant de l'industrie que ceux qui veillent à l'application de cette loi-là.
Mon regret, cette semaine, était de ne pas pouvoir assister à la rencontre, mais j'ai eu au moins le plaisir de les
saluer, puis, en quelques minutes, ils ont pu réitérer à quel point ils ont été enchantés par le budget,
sur cette mesure-là en particulier. Et il y a un beau papier, qui a sans doute
été lu des collègues aussi, écrit, justement, par un ancien ministre de
l'Environnement du Québec, Daniel
Breton, anciennement ministre, donc,
du Parti québécois, et comment il a résumé cette mesure-là, c'est que
ça allait au-delà de ses attentes, en quelque sorte, parce qu'effectivement on a accordé beaucoup de place à la voiture électrique ces dernières
années, mais le précédent gouvernement n'avait pas indiqué ses intentions pour les
années qui allaient suivre, ce qui fait que l'industrie était passablement inquiète. Je me répète un peu,
mais par rapport aux véhicules usagés,
notamment sur la durée de l'engagement,
non seulement nous, on a maintenu les montants, mais on a prolongé la durée, on
rend toujours disponibles les
véhicules électriques. Donc, c'est réellement un incitatif qui va permettre à
la roue de réellement se mettre en branle de façon durable. On s'entend que ce ne sont pas des mesures qui seront
pérennes. On ne pourra pas les généraliser pour les prochaines décennies, ces mesures-là, en ce sens
qu'éventuellement la voiture électrique deviendra la norme, mais, dans
l'intervalle, il faut donner ce petit coup de pouce.
Mon collègue,
à juste titre, a parlé aussi des bornes de recharge parce que, bon, la
subvention aux véhicules, c'est une chose, mais, s'il n'y a pas suffisamment de
bornes de recharge sur le réseau, on arrive rapidement à un point de rupture ou
à un mur, là, qui est infranchissable. Donc, c'est une mesure qui a été saluée.
J'aimerais, à l'occasion, que les collègues de l'opposition soulignent ces belles mesures qui ont été réitérées dans
le budget avec des sommes colossales, encore une fois, on parle de plus
de 400 millions.
Pour
ce qui est du transport collectif, je joue un petit peu sur deux chapeaux. Il
n'y a pas si longtemps, au niveau de l'opposition,
j'avais le plaisir d'avoir le dossier des transports, et c'est moi, avec
plusieurs partenaires, qui ai eu à développer notre plan de décongestion sur la grande région de Montréal, notamment.
Et, à ma grande surprise et pour mon plus grand bonheur, plusieurs de
ces mesures-là — souvent,
ça prend des années et des années, des années avant d'être inscrit au PQI — plusieurs des mesures qu'on a présentées, en
juin dernier, en transport collectif sont déjà incluses dans le PQI, donc
dans les documents budgétaires. Je fais référence, notamment, uniquement à ce
que l'on propose pour la Rive-Sud de Montréal :
prolongement de la ligne jaune, un tramway sur Taschereau. La Rive-Sud, à juste
titre, se sentait délaissée depuis plusieurs
années, et là, enfin, ils ont le sentiment d'avoir eu un écho favorable de la
part du gouvernement, mais surtout des investissements majeurs en
matière de transport collectif.
À
mon collègue de Jonquière, je salue sa proposition et son esprit de
collaboration depuis les tout débuts, d'ailleurs, et c'est une des raisons pour lesquelles j'apprécie
particulièrement échanger avec lui. Trois objectifs, unir, c'est notre souhait,
mais on s'entend que, pour s'unir, il faut
qu'il y ait une volonté partagée, je la sens dans ses propos. De la part de
l'opposition officielle, lorsqu'elle
nous demande de faire en six mois ce qu'eux n'ont pas fait en 15 ans, la
volonté d'union, elle est plus difficile
à percevoir. Du côté de Québec solidaire, humblement, je pense qu'ils n'ont pas
retenu la bonne approche, cette semaine,
en parlant d'obstruction systématique, barrage au niveau parlementaire, et
autres. Mais c'est une annonce pour dans
18 mois, donc ils ont sans doute la possibilité de se raviser d'ici là, mais
pour collaborer, il faut avoir une volonté, dans un premier temps.
Je
parlais de l'Angleterre tout à l'heure. Moi, ce qui me fascine en Angleterre,
autant les partis de gauche, de centre, ce que l'on pourrait appeler la droite ont une vision unanime et commune
en matière d'environnement. Si on pouvait arriver au même résultat, ce serait fantastique, mais en
même temps il faut surmonter les deux petits obstacles que je viens de nommer.
Et,
quant au projet de loi n° 390, j'ai aussi eu à saluer son dépôt. Je vous
disais, je n'ai pas le sentiment qu'on manque d'outils...
La Présidente
(Mme Nichols) : Merci, M. le ministre.
M. Charette :
...mais, si éventuellement on sent qu'on va au bout de nos moyens, ce sera une
alternative, mais actuellement ce n'est pas un frein. Merci.
La
Présidente (Mme Nichols) : Je m'excuse. Je suis désolée de vous couper la parole, je dois maintenant
céder la parole à votre collègue le député de Portneuf.
M. Caron :
Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, saviez-vous que le Québec produit
pratiquement deux fois moins de GES par
habitant que la moyenne canadienne? On parle de 9,6 tonnes de CO2 pour le Québec et de 19,4 tonnes
de CO2 pour la moyenne canadienne, c'est quand même
toute une différence. Mais nous ne voulons pas nous arrêter là, puisque notre volonté est de les
réduire encore de 37,5 % d'ici
2030. Notre volonté est très claire, nous voulons faire mieux et nous
allons faire mieux.
On peut être fiers de
ce bilan enviable. Évidemment, ça ne veut pas dire qu'il nous reste à nous
asseoir sur nos lauriers et à ne plus rien faire. On va continuer à agir pour
améliorer notre bilan environnemental et pour diminuer les impacts de notre présence sur cette planète. Oui,
notre gouvernement mettra tout en oeuvre pour transmettre aux générations
futures une planète où il fait bon vivre.
Je
vous ai parlé, un peu plus tôt, des efforts que le gouvernement veut consentir
pour accompagner les entreprises dans
leur transition énergétique, mais il y a de nombreuses autres initiatives au
budget responsable que nous avons présenté la semaine dernière. On y parle aussi d'améliorer la gestion des
matières résiduelles. D'ailleurs, à ce propos, j'ai rencontré, la semaine
dernière, le président de la régie des matières résiduelles de Portneuf, qui
est venu m'exposer un projet ambitieux d'optimisation de la gestion des matières résiduelles. Nous sommes ouverts
à étudier la manière dont nous pouvons accompagner
ces initiatives qui auront et qui ont un impact majeur sur notre quotidien, un
impact majeur sur notre société.
J'écoutais, tout à
l'heure, ma collègue d'Argenteuil évoquer de beaux projets en lien avec le
recyclage du verre dans sa circonscription.
Oui, les enjeux en matière de gestion de matières résiduelles sont grands, mais
la valorisation, j'en suis convaincu,
va ouvrir la porte à de grands projets. Parmi les initiatives, on y parle aussi
de tarifer et de plafonner la pollution pour inciter les gens à réduire
leurs émissions de GES. La sylviculture est aussi concernée, en accordant
80 millions de dollars au secteur forestier, notamment pour assurer la
plantation d'arbres.
L'une
des choses dont on parle aussi longuement dans ce budget est d'encourager le
transport durable. Ainsi, non seulement le programme Roulez vert est-il
reconduit, mais il est même élargi pour s'appliquer à encore plus de véhicules.
On estime que le programme, avec des
investissements de 434 millions de dollars, devrait encourager
l'acquisition d'environ 66 000
véhicules électriques. Par ailleurs, l'enveloppe sectorielle associée au
transport collectif pour le programme québécois des infrastructures 2019‑2020
s'établit à 9 milliards de dollars. Et, oui, nous aurons finalement un
troisième lien dans la région de Québec,
mais il ne faut surtout pas oublier que notre gouvernement s'est engagé à ce
que ce nouveau lien entre Québec et
Lévis permette une interconnexion entre le réseau de transport collectif de la
Rive-Sud et le nouveau projet de Réseau
structurant de la ville de Québec, un autre pas significatif et concret vers
l'offre d'un transport durable, accessible et pratique pour le plus
grand nombre de citoyens possible.
Une
des raisons qui expliquent nos faibles émissions de GES, c'est le fait que
notre principale source d'énergie passe par l'hydroélectricité. Cette technologie pour laquelle nous détenons une
expertise reconnue internationalement peut réellement faire une différence pour ce qui est de relever les défis qui
nous attendent en matière d'environnement. En fait, puisque l'hydroélectricité profite d'une ressource
renouvelable et constante, c'est-à-dire l'eau, bien sûr on peut la considérer
comme l'énergie verte la plus efficace. L'un
de nos atouts est de pouvoir exporter cette énergie en la vendant notamment à
la Nouvelle-Angleterre et à l'État de New York. Ainsi, non seulement on peut
améliorer notre bilan environnemental en
utilisant, pour nos propres besoins, une énergie écologique, mais on peut aussi
assurer le roulement de notre économie par
l'exportation de cette énergie propre. Le gouvernement du Québec compte
d'ailleurs multiplier les occasions d'en exporter encore davantage, et c'est une excellente façon de
concilier protection de l'environnement et développement économique.
Mme
la Présidente, l'innovation est une véritable force au Québec, on peut en être
très fiers. L'industrie de l'environnement et des technologies écoresponsables
ne font pas exception à cette règle, tout comme la compétence et la créativité des spécialistes qui oeuvrent
dans ce domaine. Dans un communiqué de presse émis le 21 mars par le cabinet
de notre ministre des Finances, Eric Girard,
ce dernier déclarait : «Le Québec doit continuer à jouer son rôle de chef
de file en matière d'environnement et de développement durable. Plus que
jamais, développement économique et environnement doivent aller de
pair.»
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Je suis désolée de vous interrompre, je suis vraiment la
gardienne du temps, et c'est des temps très restreints. Alors, je vais céder la
parole à la députée de Maurice-Richard pour 3 min
30 s.
• (11 h 40) •
Mme Montpetit : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Bien, je reprendrai les dernières paroles du député
de Portneuf, qui dit que le Québec doit continuer de jouer son rôle de chef de file.
Bien, je suis pleinement d'accord avec lui, très, très d'accord, même, avec lui, mais au-delà des paroles,
encore faut-il démontrer qu'on souhaite vraiment le faire.
Puis on parle beaucoup de rayonnement du Québec aujourd'hui,
de la place du Québec dans ce dossier-là, puis j'aimerais ça revenir sur une proposition qu'on a faite plus tôt, qu'on avait faite en
décembre et que j'ai ramenée cette semaine, qui est de déposer la
candidature du Québec au niveau de la COP26. Puis j'aimerais ça profiter de l'occasion,
comme le ministre n'est pas... on ne
l'a pas entendu, absolument pas, nulle part, commenter là-dessus, outre le
fait qu'ils n'ont même pas consenti à recevoir cette motion-là, à en
discuter. Et je trouve ça, bien, non seulement malheureux... Vous savez, en 2005, la COP était à Montréal.
Je pense que c'est une extraordinaire occasion de démontrer le... de réaffirmer, en
fait, le leadership du Québec en termes de lutte aux changements
climatiques, en termes d'environnement, et ça me mystifie, vraiment,
très sincèrement, de voir qu'il
n'y a même pas un intérêt
d'y réfléchir, de déposer la candidature. Il y a des retombées économiques
extraordinaires pour une ville qui reçoit des milliers de personnes
pendant près de deux semaines. C'est une vitrine à l'international qui
est... il n'y en a pas beaucoup, là, des vitrines de cette ampleur-là, c'est un
sommet énorme. Puis en plus de ça on est
dans un contexte, en plus de ça, où toute la planète — on
le voit bien avec la jeunesse qui est
dans les rues — parle
de cette question-là, de la lutte aux changements climatiques. Donc, je le répète, ça me mystifie vraiment,
ça me questionne beaucoup de voir qu'il
n'y a même pas une volonté de
débuter un processus, de lever la main sur la scène internationale puis de dire : Pour nous, au Québec,
c'est tellement important, la lutte aux changements climatiques, le
dossier environnemental est tellement important qu'on souhaiterait déposer notre candidature pour
avoir cette discussion-là.
On a une expertise, au Québec, en plus de ça,
qui est formidable, que ce soit en génie chimique, que ce soit en technologies vertes. Je pense que c'est une occasion de mettre ces gens-là à
l'avant-scène, de leur permettre de rencontrer des gens de partout à travers le monde, des scientifiques, des entreprises.
Pour le milieu des affaires, c'est une plus-value également.
Donc, je pense que ça vient toucher plein, plein d'angles qui sont très
positifs. Mais, si ce n'est qu'au-delà des paroles qui ont été mises de l'avant
par le ministre, qui répète... de plus en plus, on entend que le Québec
doit être un leader en matière de lutte en changements climatiques,
c'est un peu curieux qu'à chaque fois qu'on vous fait une proposition, à chaque fois qu'on présente quelque chose, qu'on tend la main, pour reprendre votre expression, et qu'on vous
suggère une proposition, il n'y a même pas un début de discussion et de
réflexion qui se fait à ce sujet-là. Je vous remercie, Mme la Présidente.
Conclusions
La
Présidente (Mme Nichols) : Très bien. Alors, nous en arrivons maintenant
au bloc des conclusions. Alors, je cède la parole à M. le ministre pour
une période de 10 minutes. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Donc, le temps file, Mme la Présidente, tout plein de propos intéressants ce matin. Encore une fois, un merci tout
particulier pour chacun et chacune d'entre vous qui était présent. Et, étant
donné que c'est ma dernière intervention, vous allez me permettre de répondre à
la collègue de l'opposition officielle dans un premier temps.
Effectivement, il y a eu cette proposition de motion déposée, je pense, c'est jeudi ou
mercredi — mercredi,
sans doute, de cette semaine — et,
encore une fois, je le dis, je vais le répéter souvent, je respecte le rôle de l'opposition, mais ce n'est pas le genre
de décision qui se prend sur le coin d'une table à 7 h 15 le matin en
voulant peut-être piéger — un jeu
bien, bien, bien correct au niveau
politique — ou
essayer de coincer le gouvernement. Ce type de réflexion là se conduit de longue haleine, ça doit impliquer des consultations avec, également, nos partenaires. Mais surtout ce que la députée
n'a pas pris en compte, c'est que c'est un rôle qui revient au gouvernement canadien de déposer sa candidature. Et ce qu'elle n'a pas pris non plus
en compte, c'est qu'il y a d'autres candidatures
qui se sont déjà manifesté, dans le cas, par exemple, de Londres, et c'est le
cas de la ville de Londres. Donc, l'Angleterre, j'en parlais tout à l'heure,
nous sommes déjà partenaires à plusieurs niveaux au niveau de notre lutte
conjointe pour enrayer les problèmes de gaz à effet de serre, notamment.
Donc, est-ce qu'à 7 h 15 un
mercredi matin on veut se compromettre dans un rôle qui n'est pas le nôtre et,
de surcroît, offenser un pays qui est
un pays partenaire au Québec? Et c'est le genre de calcul politique,
malheureusement, que l'opposition officielle n'a pas jugé bon faire au moment du dépôt de sa motion, et c'est la
raison pour laquelle, on ne s'en cache pas, on l'a refusée d'emblée.
Sinon, vous dire qu'il y a plein de propos fort
intéressants qui ont été échangés, des pistes de solution concrètes qui ont été
mises de l'avant par les collègues, notamment gouvernementaux, en vertu du
budget qui a été présenté la semaine dernière. Je reçois
très positivement l'offre de collaboration du député
de Jonquière, donc de son parti.
À Québec solidaire,
je suggère très amicalement de revoir un peu son approche pour qu'il y ait
réellement cette collaboration-là,
mais effectivement une menace de
boycott de nos travaux ou de blocage de nos travaux n'est certainement pas la
bonne voie à retenir.
Et,
dans tous les cas, j'aimerais, comme gouvernement mais comme Parlement, donc
nous tous, qu'on ait aussi une vision
de transition énergétique. Le mot «transition» laisse entendre qu'on ne peut
pas passer de la lettre A à la lettre Z instantanément. Il y a des mesures
transitoires qui doivent être mises de l'avant, des mesures qui, peut-être,
dans quelques années, ne seront plus
nécessaires, mais qui aujourd'hui sont nécessaires pour amorcer cette grande
période de changement qui nous attend.
Et, à la notion de
«transition énergétique», j'aimerais ajouter le mot «juste». J'en ai fait part
tout à l'heure rapidement, c'est qu'actuellement on a beaucoup d'entreprises,
de travailleurs, des dizaines de milliers de travailleurs, en fait, qui travaillent, avouons-le, dans des
milieux qui constituent de plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. Mais
il faut avoir une pensée pour ces gens-là,
on ne peut pas leur dire du jour au lendemain : Le travail que vous
faites, on n'en veut plus, du jour au
lendemain, on vous condamne au chômage. Et c'est la raison pour laquelle, comme
mes collègues l'ont réitéré, on met
beaucoup l'emphase sur l'accompagnement industriel, faire en sorte que nos
industries qui représentent de plus
grands émetteurs de gaz à effet de serre puissent améliorer leurs techniques.
Dans bien des cas, la technologie, elle est à parfaire, dans certains cas, elle existe, dans certains cas, elle doit
être testée, et ce sont des options que l'on veut rendre possibles à
travers notre offre bonifiée que l'on prépare pour les prochains mois.
Mais,
encore une fois, ce n'est pas impossible de collaborer, mais il faut réellement
se placer dans cet état d'esprit là, et
je trouve dommage, souvent, qu'on s'attarde autant à dresser un portrait aussi
négatif de ce que le gouvernement du Québec propose de faire. Un, c'est oublier tous les commentaires très positifs
qui ont émané de bon nombre de groupes environnementaux au cours des
derniers jours. Tout à l'heure, rapidement, je vous parlais, naturellement, là,
de la mesure zéro émission, qui a été saluée
par plusieurs groupes, mais j'ai d'autres commentaires en tête, que ce soit
Équiterre, que ce soit Vivre en ville. Je le mentionnais en Chambre cette
semaine, Vivre en ville, concernant la décontamination des sols, a écrit :
«C'est sans doute la plus belle pépite d'or de ce budget.» Équiterre a salué
d'autres mesures également.
Donc,
je respecte le rôle de l'opposition, encore une fois, mais, si on veut arriver
à travailler ensemble... Et donnons... Je
sais que mon collègue, peut-être, de... aidez-moi un petit peu... de
Jean-Lesage voit ça peut-être d'un oeil plus difficile, mais suivons l'exemple de l'Angleterre, à ce
niveau-là à tout le moins : tous partis politiques confondus, peu importe
le spectre politique qu'ils
représentent, ont une vision commune. Si nous y arrivons, au Québec, on sera
certainement gagnants comme société.
Mais il ne faut pas tout le temps voir du mauvais dans ce qui est fait, bien au
contraire, lorsque c'est salué par
des intervenants de premier ordre en matière environnementale. Donc, c'est
l'invitation que je nous lance, on ne sera que meilleurs au niveau de notre lutte en matière de gaz à effet de
serre. On ne sera que meilleurs, et on est déjà très bons.
Tout
à l'heure, on parlait des véhicules électriques, plus de 50 % des
véhicules électriques vendus au Canada sont vendus au Québec. Avec l'incitatif qu'on met de l'avant, on risque
d'accentuer encore davantage notre position de leader. Mais il faut mettre de l'avant ces belles
initiatives pour que l'on puisse réellement travailler conjointement et en
collaboration.
• (11 h 50) •
Tout à l'heure, le
temps m'a manqué, malheureusement, pour répondre au collègue de Jonquière, donc
je vais y revenir. Je sais que le projet de
loi n° 390 lui est cher, je sais que des groupes
proposent une avenue de cet ordre-là. On ne l'a jamais rejeté d'emblée,
puis même, personnellement — on
a eu l'occasion de s'en parler — je salue l'initiative. Cependant, actuellement, on n'a pas le sentiment
de manquer de moyens, mais éventuellement, dans l'approche que l'on développera, peut-être que ce sera un
outil supplémentaire que l'on va ajouter à notre arc, tout simplement.
J'essaie
de revoir, là, les quelques thèmes qu'on a abordés peut-être
plus rapidement. Je sais qu'on a abordé la question du
fédéral, et c'est peut-être au coeur aussi de notre intervention ce matin. Je
ne répéterai pas sur de longues minutes le fait qu'on a déjà tous les moyens pour être des leaders, ce que
nous sommes, mais il y a des inquiétudes légitimes, mon collègue de Bourget en a fait mention, à travers un projet de loi
qui est actuellement à l'étude au niveau fédéral, le projet de loi C-69. Et, encore une fois, dans un esprit
de parfaite collaboration, on a offert notre disponibilité autant aux gens du
Sénat, que les députés de la Chambre des communes, que la ministre responsable
du dossier de l'environnement, Mme McKenna, que j'ai rencontrée à trois reprises. Donc, on veut jouer un rôle
constructif, mais, oui, on a des attentes précises à cet égard-là, Mme la Présidente. On veut que le gouvernement
fédéral reconnaisse notre expertise pour éviter les situations de dédoublement
dont parlait notamment mon collègue de Jonquière.
Mais,
à ce sujet-là, je peux peut-être le rassurer au niveau du gazoduc GNL. Nous,
dès le départ, et d'ailleurs la loi québécoise
le commande, il y aura un BAPE. Donc, même si le gouvernement fédéral y porte
une attention avec son statut de
quelques kilomètres au niveau ontarien, le BAPE, donc le gouvernement du
Québec, l'instance qu'il s'est donnée, va réellement porter attention au
projet, de sorte qu'on ait au final un projet qui soit, s'il est accepté,
bonifié. Et ça, c'est peut-être mes derniers
mots, il reste à peine une minute. Le BAPE, plusieurs le voient de différentes
façons. De mon côté, du côté du gouvernement, le BAPE est, pour nous, souvent
une très, très belle occasion de dialogue entre une communauté qui peut
être inquiète de certains projets qui sont soumis à l'étude pour son territoire
et des entreprises ou même des municipalités,
hein? Quand on dit «promoteur», ce n'est pas forcément un entrepreneur ou un
promoteur privé. Donc, il y a des
questionnements, il y a des inquiétudes qui sont légitimes, et le BAPE demeure
une excellente instance. D'ailleurs, on a tous, de façon unanime, salué son
40e anniversaire il y a quelques jours à peine. Mais ça demeure une
excellente instance de concertation
dans un milieu, et la très grande majorité du temps, un projet, lorsqu'il est
soumis au BAPE, à la toute fin de la procédure, il est bonifié. Et pourquoi il
est bonifié? Parce que cet espace de dialogue était rendu possible. Donc, merci,
Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Nichols) : Merci, M. le ministre. Alors, je
constate qu'il y a un jeu de chaise musicale à ma gauche, mais je vais
tout de même céder votre droit de parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Bien, merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Puis je veux aussi remercier
tout le monde qui sont intervenus à la première interpellation à laquelle
j'assiste et la première à laquelle j'ai contribué. Puis je vois que tout le monde a pris vraiment au sérieux cette
question-là. Puis, en écoutant les interventions, il y a un proverbe qui m'est
venu à l'idée, c'est : «Quand on se
regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console.» Et, quand on
parle, par exemple, d'être un leader
mondial, si on se compare aux pires, c'est-à-dire à des États pétroliers, le
Canada, les États-Unis, c'est sûr
qu'on peut se péter les bretelles puis trouver qu'on est bien bons en matière
d'émissions de gaz à effet de serre, mais,
si on se compare... On dit beaucoup... J'ai beaucoup entendu ce mot-là, le
«leader», un leader mondial. À travers le monde, on est dans la moyenne.
C'est-à-dire qu'au Québec, par habitant, on émet 9,6 tonnes par année, et
à travers les pays de l'OCDE, la moyenne, c'est 9,6. Donc, c'est sûr que,
parlant de fierté, la fierté, ce n'est pas d'être moyen. Donc, on n'est
pas leader, l'idée de dire qu'on est des leaders dans le monde n'est pas vraie.
Puis aussi on
parlait de gestes radicaux. Je suis contente d'entendre le ministre, quand il a
parlé de la transition... c'est-à-dire qu'il faut faire des changements, il
faut donner un coup de barre, mais c'est une transition, et, une transition, on
ne peut pas la faire en quelques minutes, ça
prend du temps, et donc il faut commencer le plus tôt possible parce qu'on a beaucoup,
beaucoup procrastiné en matière d'environnement.
Et
l'ultimatum, ce n'est pas Québec solidaire qui le donne, ce n'est pas le pire,
disons, parce que l'ultimatum, c'est l'ultimatum
du climat, ce sont les scientifiques du GIEC, donc les scientifiques à l'ONU, du
groupe... de différents pays, des
scientifiques à travers le monde qui nous disent que... qui sonnent l'alarme,
et j'ai l'impression que ce n'est pas entendu.
J'ai l'intime conviction, quand je regarde
leur budget, quand je regarde nos décideurs... Pourtant, ces scientifiques-là
ont fait l'effort de traduire des rapports scientifiques ardus et
difficiles à lire en documents qui soient faciles et vulgarisés pour les décideurs du monde entier. Il y a
certains pays où est-ce que le message a été entendu, mais au Québec... au
Canada, ça, c'est clair que non parce qu'ils ont d'autres
intérêts, c'est un État pétrolier, on l'a déjà dit, mais
au Québec, il n'a pas été entendu, ce message-là, il
n'est pas entendu. Donc, l'ultimatum, ils nous ont dit : Si on veut
atteindre nos objectifs d'ici 2030, d'ici
2050 pour éviter le réchauffement
climatique catastrophique de... on ne parle même plus de 1,5 °C... c'est
1,5 °C, mais 2 °C, c'est encore
pire. Aujourd'hui, c'est 2 °C que le gouvernement nous parle pour 2100. Bien,
cette alarme, cet ultimatum, c'est
les scientifiques qui nous le disent, ce n'est pas Québec solidaire, et ils
nous ont dit qu'il faut poser des gestes radicaux, importants dès 2020.
Donc, ultimatum 2020, c'est le climat qui nous le lance.
Par rapport à
l'esprit de collaboration, et tout ça, je voudrais revenir aussi sur le sujet
de l'interpellation parce qu'une des
choses qu'on dit, c'est qu'on ne peut pas... La question, c'est : Est-ce
qu'on est capables, est-ce qu'on a la capacité, au Québec, d'atteindre nos objectifs en matière de
réduction de gaz à effet serre si on est dans l'État canadien? Comprenez-moi
bien, ce qui est important de savoir, c'est
que, oui, on est capables de faire certains gestes au Québec, mais on ne peut
pas tout faire pour être les leaders
mondiaux dont on prétend être ou si on veut le devenir. Et, dans un esprit de
collaboration, moi, j'ai déjà
rencontré le ministre de l'Environnement, sa prédécesseure aussi, la ministre
de l'Environnement avant lui, et aussi
Manon... la cheffe du deuxième groupe d'opposition avait aussi remis le plan de
transition économique et écologique qu'on
a proposé, sur lequel on a travaillé. Et, en fait, j'ai très, très envie, j'en
avais parlé, j'ai envie qu'on s'assoie, on a le temps... 1er octobre 2020, on a le temps de se voir au moins une
fois ou quelques fois pour en discuter, mais vraiment de façon plus précise, et j'ai envie de nommer de
quelques éléments qui sont là-dedans, qu'on peut faire même à l'intérieur de la
fédération canadienne.
Donc, pour
commencer, par exemple, ça veut dire qu'il y a nous, mais ça aussi, c'est le
résultat de travail qui a été fait aussi à travers la société civile, les
scientifiques, les groupes. Donc, si je veux en nommer quelques-uns, je vais commencer par le transport. On en a parlé, le
transport, et c'est reconnu dans le budget du gouvernement, c'est 43 % des
émissions de gaz à effet de serre. Donc,
c'est extrêmement important, il faut agir là-dedans si on veut obtenir des
résultats. Pour le transport des personnes, c'est évidemment le transport en
commun. On a du retard, au Québec, j'en ai parlé lors de l'interpellation par rapport au budget hier sur
le transport, on a du retard. On a qu'à voyager un peu pour voir qu'on a du retard en matière de transport au Québec, du
transport des personnes. Là, on parle du REM, mais ça fait depuis combien
de temps qu'on a entendu parler de projets
structurants en matière de transport collectif? Mais ce qui est important
aussi, quand on parle de transport collectif, notre vision est radicalement
différente de celle du gouvernement parce que le REM, c'est un projet d'investissement. Ce qui est
important là-dedans, ce n'est pas d'offrir un service à la population, c'est
que ce soit un projet rentable, qu'on
ait un retour sur notre investissement. Et ça, ça veut dire que les tarifs
pourraient peut-être un jour
augmenter si on n'atteint pas les objectifs d'investissement. Donc, il y a
toute la question de la tarification sociale qui intéresse énormément de groupes. Et, à Québec solidaire, dans ce
plan de transition, et on en a parlé beaucoup, c'est de réduire de moitié le coût du transport en
commun parce qu'on le voit comme un service en plus de permettre de réduire
les émissions de gaz à effet de serre.
On a parlé aussi de... Donc, il y a d'autres
projets, projets importants à Montréal. La ligne rose, le gouvernement nous dit non. Il y a aussi le Réseau structurant à
Québec, qui aussi... qui doit être fait. On parle beaucoup de Roulez vert,
le programme Roulez vert. C'est bien beau, oui, d'avoir des nouvelles voitures...
Vous aimez qu'on vous donne des félicitations,
bien, je le fais, bravo, sauf que le problème, c'est que c'est 90 % du
budget des dépenses, des crédits en matière de transport durable qui ont été donnés à cette solution-là. Il n'y a
pas de solution unique, il y en a plusieurs. Et là c'est une solution unique de tout mettre sur la voiture
électrique parce que ça serait catastrophique de se donner comme objectif de remplacer
toutes les voitures du Québec, dont le chiffre augmente, le nombre augmente
plus vite que la population... donc, de les remplacer toutes par des voitures électriques. La voiture
électrique est une solution parmi d'autres. Donc, ça va être important
aussi d'aller vers le transport en commun, les gens le demandent, même en
région.
• (12 heures) •
Il y a aussi
le transport des marchandises. Dans le plan de transition, ce qu'on propose,
c'est la mise en place d'une autoroute
électrique. On parlait d'innovation, l'innovation, c'est quelque chose d'important,
c'est des emplois, aussi, verts et dans des secteurs de l'avenir. Donc,
ces nouvelles technologies permettent de brancher les poids lourds sur une
grille électrique pendant qu'ils sont sur
les autoroutes, et ça réduit considérablement les émissions de gaz à effet de
serre. Il faut investir là-dedans.
Il propose aussi une nouvelle politique
industrielle qui recentre notre économie sur nos priorités. On parle des
voitures électriques, comment ça roule, bien, il y a toute la question du
lithium, des batteries, donc c'est une ressource d'avenir. Évidemment, il faut le faire en étant sûrs d'avoir
l'acceptabilité sociale. Donc, ça nous permet de produire des batteries pour stocker l'énergie électrique pour
les voitures, mais aussi pour les camions, les trains et éventuellement les
maisons, parce que l'innovation va très, très vite dans ce secteur-là.
On a aussi besoin... On parlait de la gestion
des matières résiduelles, je veux revenir là-dessus. Dans le plan de transition, on parle d'avoir une loi-cadre sur
l'économie circulaire, il y aurait une politique zéro déchet. Et aussi, ce qui
est important, on a beaucoup misé sur
la quantité, donc récupérer, la quantité de matières qu'on récupère, mais très
peu sur la qualité, et la consigne
permet d'avoir ça. Vous dites qu'il y a plusieurs points de vue. Moi, j'ai
lancé, j'ai fait mon initiative... c'est-à-dire
un mandat d'initiative sur la crise du verre, simplement de se poser la
question : Il y a une crise, on le reconnaît, le gouvernement le
reconnaît, mais comment est-ce qu'on peut faire pour régler ce problème-là?
Peut-être un signal. Il n'y en avait pas
dans le budget, même pas de signal, aucun investissement, même pas de projet
pilote. Moi, j'ai lancé un mandat d'initiative que j'aimerais beaucoup que les
membres de la commission puissent l'appeler, que le ministre l'appelle, et qu'elle ait lieu. Et surtout de faire attention
aux lobbys, aux lobbys qui sont très, très présents. Je me rappelle le
gouvernement précédent, le ministre
de l'Environnement était personnellement, même, convaincu de mettre en place
une consigne du verre pour augmenter
la qualité puis régler le problème de la crise du verre, mais malheureusement
il l'a dit publiquement en commission parlementaire : J'ai été
barré par les lobbyistes. Donc, je souhaiterais de tout mon coeur que le
ministre de l'Environnement ne cède pas, lui aussi, à ces lobbyistes-là — Éco
Entreprises Québec, entre autres, pour ne pas les nommer — et qu'il
puisse donner une chance ne serait-ce que d'entendre, d'écouter les groupes
écologistes, notamment OVV, qui, eux aussi, veulent mettre ces dépôts
volontaires pour le verre.
Pour revenir à notre sujet, donc, il y a plein,
plein de mesures, et c'est dans un esprit de collaboration, mais malheureusement notre présence au Canada réduit
les efforts qu'on a en matière de réduction de gaz à effet de serre. Et,
si on veut devenir un leader mondial, il
faut qu'on redevienne maîtres chez nous, il faut qu'on retrouve cette fierté et
qu'on devienne des nouveaux
bâtisseurs, les bâtisseurs du XXIe siècle, et ça, ça se fait en mettant en
place une véritable transition écologique de notre économie. Donc, pour
réussir à relever le défi du siècle, le Québec doit devenir un pays. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Alors, merci, Mme la députée.
Alors, je lève la séance, et la commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 3)