(Quinze
heures vingt et une minutes)
Le
Président (M. Iracà) :
Bonjour à tous. À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission
des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder aux auditions
publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 186, Loi concernant
l'acquisition de voitures additionnelles pour le métro de Montréal.
Alors, Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements, cet après-midi?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Boucher (Ungava)
sera remplacé par M. Morin (Côte-du-Sud); M. Roy
(Bonaventure), par M. Rochon (Richelieu); et M. Martel
(Nicolet-Bécancour), par M. Charette (Deux-Montagnes).
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Évidemment,
je souhaite la bienvenue à tous mes collègues et, bien entendu, aux groupes
qu'on aura en auditions, en consultations aujourd'hui. Je pense que les gens
vont être à l'écoute puis vont avoir des bonnes questions.
Alors,
voici l'ordre du jour. Nous allons débuter par les remarques préliminaires. Par
la suite, nous entendrons les groupes suivants, trois groupes sont
inscrits : Bombardier, Alstom Transport Canada inc. et la Société de
transport de Montréal. Bienvenue aux groupes.
Remarques préliminaires
Je
cède la parole, dans un premier temps, au ministre des Transports, de la
Mobilité durable et de l'Électrification des transports pour ses
remarques préliminaires. Alors, M. le ministre, vous disposez d'environ
six minutes.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Merci, M. le Président. D'abord, je veux saluer
les collègues qui se joignent à nous pour l'exercice parlementaire
d'aujourd'hui, le collègue de Richelieu, merci d'être avec nous, le collègue de
Deux-Montagnes, toujours un plaisir, les
collègues du côté ministériel, collègue de Mégantic, qui est l'adjoint
parlementaire aux Transports, et le
député de Côte-du-Sud, pour qui je sais... que je sais très, très, très
intéressé par la question qui sera débattue aujourd'hui.
C'est
avec évidemment beaucoup de fierté qu'on a déposé le projet de loi n° 186
concernant l'acquisition de voitures additionnelles
pour le métro de Montréal le 15 mai dernier. Vous le savez, notre
gouvernement, par la voix du premier ministre
du Québec, a pris l'engagement de tout faire pour conserver les emplois des
travailleurs de l'usine de La Pocatière et ceux des nombreux sous-traitants dans la même région. Je n'ai aucun
doute, chers collègues, que vous serez d'accord avec notre objectif.
Soutenir l'économie du Bas-Saint-Laurent, c'est notre travail à nous tous.
Mais
ce n'est pas la seule bonne raison d'adopter ce projet de loi. On soutient par
la même occasion le développement du transport en commun dans la
métropole québécoise. Et je m'explique, M. le Président.
Ce
projet de loi va permettre à la Société de transport de Montréal d'offrir au
consortium Bombardier-Alstom de
modifier le contrat en cours afin de permettre l'acquisition de voitures de
métro pour remplacer des voitures qui sont, elles, vieilles de 45 ans. Je vous rappelle, M. le Président, je
rappelle à nous tous qu'en 2010 le gouvernement avait adopté la Loi
concernant l'acquisition de voitures pour le métro de Montréal, et cette
loi-là, elle avait permis à la Société de transport
de Montréal de conclure un contrat de gré à gré avec le consortium
Bombardier-Alstom pour l'acquisition de 468 voitures de métro de
type Azur, en remplacement, à l'époque, des voitures MR-63. Le contrat a été
conclu le 22 octobre 2010. L'assemblage
des voitures de métro a été réalisé à La Pocatière, à l'usine de Bombardier
Transport Canada. Et, alors que ce
contrat est presque terminé, le projet de loi n° 186 permet à la STM
d'améliorer davantage l'expérience client pour ses passagers. Et ce que
ça veut dire pour les usagers, ça veut dire de meilleures voitures avec plus de
capacité, plus fiables, plus confortables, avec une meilleure technologie et
fabriquées au Québec avec l'expertise des travailleurs de Bombardier Transport
de La Pocatière.
Le projet de loi
n° 186 va permettre que ces voitures additionnelles soient fabriquées
selon des spécifications quelque peu
différentes de celles initialement prévues au premier contrat afin de tenir
compte notamment de ce qui se fait de mieux, des technologies et des
innovations qui sont disponibles en 2018.
Les
discussions avec la ville de Montréal, M. le Président, se poursuivent quant au
nombre de voitures ou partage des
coûts, mais on ne peut pas progresser sans le projet de loi. Ses avantages sont
clairs. D'abord et avant tout, on préserve les emplois. On maintient l'expertise à La Pocatière. On assure une
meilleure qualité de trains, au bénéfice des usagers. On améliore la fiabilité du métro de Montréal. On
stimule l'économie et l'innovation québécoises. On contribue à diminuer l'émission de gaz à effet de serre, en accord avec
l'esprit de la politique de mobilité durable qui a été rendue publique
récemment.
D'abord,
M. le Président, ici, on est d'abord et avant tout députés, et aucun d'entre
nous ne va remettre en question l'importance
d'emplois de qualité en région, parce qu'on comprend à quel point, des emplois
de qualité, des emplois bien rémunérés,
c'est difficile à attirer et c'est difficile à conserver en région. Ces
emplois-là, ils sont essentiels pour l'économie locale, pour garder les entreprises de la région de La Pocatière
viables, pour le succès des commerces des environs et pour permettre aux
familles qui ont fait le choix de s'établir dans le Bas-Saint-Laurent de
pouvoir continuer d'y vivre.
Alors, qu'en
transport on voudra toujours améliorer le service, c'est une bonne chose, parce
que nos investissements dans ce
domaine sont aussi des leviers économiques pour tout le Québec. Une des façons
de stimuler l'économie, c'est d'encourager la recherche, d'encourager
l'innovation. La recherche et le développement sont extraordinaires, au Québec,
et ça fait vivre de grandes entreprises mais également plusieurs
sous-traitants, notamment dans cette région.
Enfin,
n'oublions pas l'objectif final. Ce projet de loi va être bénéfique pour les
citoyens de Montréal, qui verront leurs
services de métro amélioré et leur confort accru. C'est donc tout le Québec qui
en sortira gagnant. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition officielle et député de René-Lévesque à
faire ses remarques préliminaires, pour une durée d'environ
3 min 20 s.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, M. le ministre, collègues, le
collègue de Richelieu qui est avec moi, deuxième opposition, mesdames
messieurs.
Assurément, ici, on est rassemblés pour donner
une suite logique à ce qui pourrait arriver du côté de l'usine de
La Pocatière, c'est-à-dire des mises à pied qui auraient effectivement un
impact néfaste dans la région.
On est ici
aussi, M. le Président, puisqu'on est en train de... on va adopter une pièce
législative qui va, à notre avis, corriger
assurément une erreur, une erreur fondamentale qui a été causée dès le départ
par le gouvernement lorsque... le choix d'avoir établi que le REM serait
l'outil idéal pour, je vous dirais, désengorger Montréal. Et le mécanisme utilisé par la Caisse de dépôt aurait pu
effectivement, M. le Président, nous amener à être ailleurs. Et, quand je dis
ça, c'est qu'on aurait pu convenir,
dans les appels d'offres, à avoir du contenu local. Est-ce que les gens de
Bombardier auraient eu le contrat? Je
ne le sais pas, M. le Président. Est-ce que les gens d'Alstom auraient eu le
contrat? M. le Président, on aurait eu une certitude, c'est que ce
contrat-là, pour les équipements mobiles, le 650 millions que ça
représente, assurément il y aurait eu des
retombées concrètes et notables dans les différentes régions du Québec,
notamment du côté de l'usine de
Bombardier à La Pocatière et probablement aussi du côté de l'usine
d'Alstom. Alors, malheureusement, M. le Président, on doit refaire l'exercice de trouver une façon
législative à une problématique qui, comme on l'a dit tout à l'heure, a un
véritable impact pour les travailleurs et travailleuses du comté de
La Pocatière.
On est là
aussi, M. le Président, pour poser des questions, parce qu'au nom des
contribuables du Québec les gens vont
se poser la question, en suivant nos travaux et en voyant la suite. Encore une
fois, on va faire une pièce législative qui, dans certains cas, va avantager une entreprise, c'est-à-dire
Bombardier. Nous avons mis tout près de 1 milliard dans Bombardier
avec la CSeries. On sait ce qui s'est passé par la suite. Airbus en a pris le
contrôle et pourra en devenir propriétaire
dans les sept prochaines années. Et ça, M. le Président, la question que les
gens se posent, c'est... Encore une fois
nous aidons Bombardier. Alors, de quelle façon, lorsqu'on va adopter cette
pièce législative, M. le Président, les gens de Bombardier mais surtout les contribuables du Québec vont en avoir
pour leur argent en matière de garanties d'emploi, en matière
d'investissement et de retombées économiques?
Alors, nous
allons faire notre travail avec diligence, M. le Président, et nous allons nous
faire un plaisir de collaborer pour
l'ensemble de nos travaux pour trouver la meilleure solution pour l'entreprise,
meilleure solution pour les travailleurs et les travailleuses de La Pocatière, mais surtout la meilleure
solution pour les contribuables du Québec. Merci, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député. Nous allons
maintenant... Je vais maintenant passer la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de
Deux-Montagnes, la parole est à vous pour vos remarques préliminaires,
pour une durée de 2 min 30 s.
M. Benoit
Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je serai également très bref, à ce moment-ci, pour que
l'on puisse commencer le plus rapidement possible les échanges.
Vous allez me permettre, dans un premier temps,
de saluer le ministre, les personnes qui l'accompagnent du ministère, mais également les députés
gouvernementaux, députés de l'opposition officielle, les personnes... et
Thomas, qui m'accompagne au niveau de
l'équipe de recherche. Et, enfin, déjà remercier les trois groupes qui se sont
déplacés pour nous exposer leur point de vue cet après-midi.
C'est vrai
qu'on peut voir ce projet de loi de différentes façons. La façon dont on
aimerait le concevoir, de notre côté, c'est comme une prolongation de contrat,
voir comment on peut concilier cette perspective-là avec la réalité du Bas-Saint-Laurent, qui nous est cher également. On
parle d'une expertise qui est à protéger, très certainement. On parle d'une
usine aussi, sur le côté de Bombardier, donc, à La Pocatière, qui a intérêt
à préserver, justement, cette qualité d'emploi mais également
cette expertise.
Donc, ce sera
un plaisir d'entendre dans un premier temps les trois groupes en question et,
très rapidement par la
suite, de débattre du projet de loi, voir si, comme société, on peut concilier les
intérêts de chacun. C'est certain qu'on a entendu parler des préoccupations en
matière de budget. Est-ce que l'on remplace trop rapidement un
matériel qui aurait pu autrement être tout
simplement modernisé? Est-ce qu'ultimement cet achat arrive trop tôt? En fait,
ce sont des questions qui sont légitimes.
Encore une
fois, on aime bien, de notre côté, le voir comme étant une prolongation de
contrat. Et, en bout de ligne, notre
seul intérêt, ce sera de s'assurer que toutes les parties y trouvent leur
compte et que les usagers, justement, du transport en commun, du métro
de Montréal puissent aussi y trouver leur compte. Donc, merci, M. le Président.
Auditions
Le Président
(M. Iracà) : Très bien. Merci beaucoup, M. le député. Je souhaite
donc, dans un premier temps, la bienvenue
aux représentants du premier groupe, Bombardier. Je vous demande de bien
vouloir vous présenter ainsi que les personnes
qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Alors, bienvenue dans
la maison du peuple. Et la
maison est à vous, la parole est à vous.
Bombardier
Transport Canada inc.
M. Brossoit
(Benoit) : M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, et plus particulièrement les députés de Côte-Sud, où se trouve notre usine, et la députée
de Montarville, où est implanté notre siège social nord-américain. Mon nom est Benoit Brossoit, je suis le président de
Bombardier Transport pour la région des Amériques. Et je suis accompagné aujourd'hui de Julie Turgeon,
vice-présidente, Contrats et affaires juridiques, Marc Foisy, vice-président,
Gestion de projet, et Eric Prud'Homme,
directeur des relations publiques et communications. De chez Bombardier Transport nous accompagnent également Yvan Pelletier,
directeur des ressources humaines à l'usine de La Pocatière, Mario Guignard,
président du syndicat des employés de
l'usine, Steeve Deschênes, vice-président du syndicat, ainsi que Christian Beaulieu, de la
Fédération de l'industrie manufacturière-CSN. De la belle région du Bas-Saint-Laurent
se joignent aussi à nous aujourd'hui Yvon
Soucy, préfet de la MRC de Kamouraska, et Sylvain Hudon, maire de La Pocatière.
Je les remercie tous de leur
présence. Merci de permettre à Bombardier Transport de prendre la parole
aujourd'hui dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 186
concernant l'acquisition de voitures additionnelles pour le métro de Montréal.
Ce sont les
employés de Bombardier à notre siège social de Saint-Bruno, dans la région
métropolitaine de Montréal, et à
notre usine de La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, qui ont
fièrement conçu et fabriqué, depuis 2014, les voitures Azur, en collaboration avec l'usine Alstom de
Sorel. Il y a une longue relation d'affaires entre Bombardier et le métro de
Montréal. L'histoire rappellera que
Bombardier Transport a vu le jour avec le premier contrat de voitures MR-73 en
1974.
Bombardier
construit, entretient et opère des trains partout sur la planète. La mission de
Bombardier Transport, c'est d'offrir
des solutions de mobilité innovantes et durables pour déplacer les gens. Grâce
à nos 40 000 employés à travers le monde et plus de 100 000 voitures
fabriquées, nous déplaçons chaque
jour plus d'un demi-milliard de personnes dans près de 60 pays sur cinq continents. Bombardier déplace des
voyageurs dans les terminaux de huit des 10 aéroports parmi les plus
achalandés des États-Unis. Chaque jour, à New York, environ 2 millions de
personnes sont déplacées par Bombardier.
Nous offrons des solutions de mobilité partout dans les Amériques avec plus de
10 000 employés sur 78 sites.
On compte des succès globaux, mais rien n'est
plus important pour nous que les succès locaux chez nous, au Québec, où est née l'ingéniosité de Joseph-Armand
Bombardier. Au Québec, Bombardier a été au coeur du développement d'un écosystème qui fait l'envie de bien des pays.
On retrouve, en effet, ici, pour le transport par rail, les installations et
les compétences en conception, en ingénierie, la production
manufacturière, l'opération et la maintenance.
Selon une
étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, publiée en 2010, le
transport en commun a un impact sur
l'économie québécoise près de trois fois supérieur à celui du transport privé
par automobile, tant en matière d'emploi
que d'argent. Cet écosystème, c'est un choix de société que nous avons fait
collectivement, lucidement, pour consolider
le secteur du transport du rail au Québec alors que l'industrie de l'automobile
battait de l'aile. Donnons-lui toutes les chances de survie. C'est bon
pour nous tous.
Aujourd'hui,
cet écosystème positionne avantageusement
le Québec dans l'industrie mondiale des solutions de mobilité. Il crée des emplois de qualité, procure
des retombées économiques importantes et stimule l'économie des régions.
La commande en cours met aussi à
contribution 400 fournisseurs dans le Bas-Saint-Laurent, en Montérégie, en
Estrie, dans Chaudière-Appalaches, dans le Centre-du-Québec ainsi qu'à
Montréal. Mais, en plus, il soutient pleinement les ambitions et le leadership
du Québec dans la lutte mondiale contre les changements climatiques. Le Québec
s'est résolument engagé dans une nouvelle
ère de transport durable avec, entre autres, le prolongement de la ligne
bleue — et rose éventuellement — le REM, le projet de tramway à Québec et
l'ambition d'un transport urbain sur rail à Longueuil et à Laval.
Il est
important ici de rappeler aux membres de cette commission qu'en 2010, lors des
négociations précédentes avec la STM,
il y avait eu une entente de principe pour le remplacement total de la flotte
avec une option pour des centaines d'autres voitures. C'était donc un besoin de
plus de 1 000 voitures qui avait été identifié à l'origine, dont
seulement 468 ont été commandées jusqu'à maintenant. C'est moins que la
moitié.
Le projet de
loi n° 186 vise à permettre une commande de voitures supplémentaires dans
le cadre de ce même contrat qui avait été accordé de gré à gré à l'époque par
le gouvernement du Québec. Ne pas saisir l'opportunité de continuité
offerte par le présent contrat pourrait entraîner une duplication substantielle
des coûts. On peut penser, par exemple, aux
coûts d'acquisition par appel d'offres. La STM économiserait aussi de façon
importante sur l'ensemble des coûts
non récurrents, les coûts de R et D, les coûts de qualification technique, et
elle n'aura pas besoin de procéder à un programme d'essais additionnel.
Aussi, cela maximisera les synergies pour la formation des employés sur des
plateformes uniques, permettra un inventaire de pièces de rechange et
d'outillages spécialisés communs.
Il
ne faut pas négliger non plus les coûts d'entretien des nouvelles voitures en
comparaison aux anciennes, qui ont
dépassé leur durée de vie utile. On sait qu'après 30 ans les coûts
d'entretien augmentent de façon considérable. Pour maintenir la qualité actuelle, il faut investir
davantage. Or, ces voitures ont déjà 42 ans. De plus, si la STM inclut, avec la nouvelle commande, des options pour la fabrication
d'autres voitures selon ses besoins à venir, cela pourrait maximiser ses
avantages financiers futurs.
Les nouvelles
voitures Azur allient innovation, modernité, fiabilité, sécurité et confort.
Voici quelques exemples qui
rehaussent l'expérience des passagers : la ventilation ajustable selon le
nombre de passagers, la surveillance par caméra en continu, les véhicules
permettent d'accueillir 8 % plus
de passagers et la fluidité augmente de 12 % grâce à des portes
plus larges.
Le contenu
canadien de ce contrat génère des retombées directes significatives dans
l'économie québécoise. Parlant de
contenu local, il faut observer que plusieurs
pays partenaires du Québec adoptent de vigoureuses politiques
industrielles valorisant le développement des écosystèmes locaux. Par
exemple, aux États-Unis, ce plancher a récemment augmenté à 70 %. En
Chine, il atteint 70 % et nécessite même un partenariat commercial avec une
entreprise locale. Au Japon, le
marché est complètement fermé aux entreprises étrangères, alors que leurs
entreprises remportent des contrats ici, à l'étranger.
De plus, le
contenu canadien, avec le contrat Azur, excède les 60 %. Dans le cas de la
partie du contrat exécutée par
Bombardier, la portion locale est de 85 %. Les contrats de gré à gré ne
sont pas exceptionnels et sont même permis par les ententes internationales liant le Québec et ses partenaires
commerciaux. Dans le cas présent, il ne s'agit pas d'un nouveau contrat, mais de l'extension d'un contrat
en cours. Les entreprises chinoises ou européennes qui remportent des
contrats ici n'ont pas de sièges sociaux ou d'usines importantes.
• (15 h 40) •
L'empreinte
de Bombardier Transport, c'est le contraire de tout ça. C'est
1 800 employés au Québec, soit 900 au siège social de Saint-Bruno, 600 à l'usine de La Pocatière et
environ 300 pour le contrat de maintenance et d'opération sur les trains
de banlieue de la région métropolitaine. Et nous déployons à chaque jour les
efforts nécessaires pour maintenir ces
emplois. Par exemple, nous venons de remporter l'appel d'offres pour la modernisation de 17 voitures de train Via Rail. Nous avons mis à contribution l'usine de La Pocatière pour des projets en Ontario. Et
nous tentons également de
décrocher d'autres importants contrats. Nous sommes proactifs.
Malgré tout
ça, il est trop tard pour éviter des licenciements pour 200 à 250 travailleurs de La Pocatière entre août et décembre 2018. Pour La Pocatière,
une ville de 4 000 habitants, ces 250 mises à pied sont
l'équivalent de plus de 120 000 pertes
d'emploi à Montréal. Mais, si une seconde commande de voitures Azur se
concrétise, il nous sera possible de rappeler des travailleurs. Nous
souhaitons donc que ce délai soit le plus court possible.
Assurer la
continuité de la présente commande de voitures au consortium Bombardier-Alstom
permettrait donc de faire le pont le temps qu'un autre contrat majeur
consolide les activités. C'est un pont qui assure à nos travailleurs québécois et leurs familles une certaine
prévisibilité, qui permet de maintenir notre expertise et d'être bien
positionnés pour les investissements
à venir en transport collectif. Pour Bombardier, c'est aussi maintenir des
emplois en ingénierie spécialisée et
en recherche et développement à notre siège social à Saint-Bruno. Nous sommes
enracinés au Québec et nous ne voulons pas perdre nos employés québécois
et leur expertise qui est reconnue partout dans le monde.
Cette
extension de contrat sera négociée pour qu'elle soit avantageuse pour la STM,
pour l'écosystème du rail au Québec
et pour l'économie du Québec. Nous appelons donc les membres de l'Assemblée
nationale à se rallier unanimement en
faveur du projet de loi pour permettre des économies significatives à la STM
et, par conséquent, aux contribuables québécois, pérenniser notre
écosystème et le leadership québécois dans l'industrie du rail, sauvegarder des
emplois et l'expertise québécoise en mobilité en appuyant le projet de loi n° 186.
Le premier
ministre du Québec, de même que les chefs des deux principaux partis
d'opposition, sont venus dire aux
employés de La Pocatière que leur expertise et leur usine étaient importantes
pour le Québec. C'est vrai. Et c'est aussi vrai que c'est l'avenir d'un
écosystème de mobilité durable fort qui est entre vos mains. Merci de votre
écoute.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Brossoit. Vous avez
dépassé le 10 minutes, mais le ministre me fait un clin d'oeil pour
prendre son temps à lui, avec sa grande générosité, donc, mais il reste du
temps quand même pour un bloc d'échange avec
le ministre. Et je cède la parole, pour un temps d'environ 20 minutes, M.
le ministre, avec un bloc d'échange avec le groupe Bombardier.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Merci, M. le Président. Je veux remercier
M. Brossoit, Mme Turgeon, M. Foisy et M. Prud'Homme d'être avec nous aujourd'hui.
Évidemment, vous êtes officiellement les porte-parole de Bombardier ici,
mais, puisque nous avons trois groupes avec
nous aujourd'hui, Bombardier, Alstom et la Société de transport de Montréal,
vous êtes également un peu la voix de la
région de La Pocatière et de l'ensemble de l'écosystème, disons, mais surtout,
également, je me fie sur vous pour nous relayer le point de vue des
travailleurs que vous côtoyez au quotidien.
D'abord, je
vous remercie d'avoir fait référence à la politique de mobilité durable du
gouvernement. Vous avez raison, le
Québec s'est engagé dans une nouvelle ère en transport durable — et là je reprends votre expression — avec les différents projets, les
projets de la ligne bleue et de la ligne rose, éventuellement, le REM, le
projet de tramway à Québec, des projets,
disons, souhaités par les maires à Laval, à Longueuil pour un transport urbain
amélioré. J'ajouterais, bien
humblement, le projet de la ville de Gatineau, un projet de train léger pour
s'aligner avec celui qui se met en place dans la ville d'Ottawa.
Tout ça
m'amène à dire qu'effectivement ce dont on discute aujourd'hui, et je pense que
vous l'avez bien compris, vous l'avez
bien mentionné vous-même, c'est un pont. C'est un contrat qui vous permettrait
d'opérer pendant un certain temps avec les employés que vous avez, mais
évidemment ce n'est pas un contrat pour les 15 prochaines années, là, de
travail. D'après vous, est-ce que l'usine de
La Pocatière... est-ce qu'elle est bien positionnée pour être capable d'obtenir
des contrats de tous les autres
projets, que ce soient des projets québécois, des projets ontariens, des
projets nord-américains, des projets... Est-ce que c'est une usine, pour vous,
pour Bombardier, dans laquelle vous voyez un futur à long terme? Parce que, nous, c'est ça, notre objectif,
aujourd'hui, c'est de faire un peu un pont pour vous permettre... pour
permettre, évidemment, aux travailleurs de La Pocatière de pouvoir
continuer à travailler, pour un maximum de travailleurs de La Pocatière, de pouvoir continuer à travailler,
de maintenir ces bons emplois là en région. Mais on veut s'assurer également
qu'une fois ce contrat-là complété, disons,
que l'usine de La Pocatière va être en bonne position et que l'entreprise
a des plans à long terme pour cette entreprise-là... pour ce site-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le Président, l'usine de La Pocatière, c'est une partie très importante
de notre écosystème chez Bombardier
Transport. Comme je l'ai mentionné dans mon allocution, nous sommes déjà au
travail, et nous l'avons été depuis le début, à identifier d'autres
projets mobilisants pour notre usine. L'expertise, elle est définitivement là,
et on ne veut surtout pas la perdre.
Alors, ça se fait à travers le projet de loi,
mais ça se fait également à travers des activités de développement. Donc, Via Rail est un exemple.
On a tout près de 200 employés, à La Pocatière, qui travaillent sur les
projets de Toronto et on va continuer. Je peux vous mentionner, sans
vous donner de secrets d'entreprise, que le marché de la mobilité durable est en ébullition en Amérique du Nord. Il y a plein d'opportunités, de possibilités. Et c'est notre ferme intention de bien nous positionner de
façon à justement assurer la pérennité de toutes nos usines, entre autres celle
de La Pocatière.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci. Je pense
qu'on a bien entendu, au cours des derniers mois, disons, l'inquiétude de plusieurs
de vos employés, les travailleurs de La Pocatière. Et j'ai été à même de leur
parler, en compagnie du député de Côte-du-Sud, du ministre régional également, il y a quelques semaines, lors de ma visite. Il y avait
effectivement une certaine inquiétude des employés de ce
qui va arriver au cours des prochains mois, ce qui va arriver au cours des prochaines
années.
Je veux vous
parler des fournisseurs, cependant. Moi-même, je n'ai pas été en mesure de leur
parler, à plusieurs d'entre eux, directement, mais je sais que
vous leur parlez sur une base quotidienne, une base hebdomadaire. Souvent,
l'expertise qui a été bâtie dans cette
région-là est un peu unique au Québec. Il n'y a pas de région rurale comme ça, où
l'industrie du transport, l'industrie du transport en commun, l'industrie
des composantes de train, réellement, prend une place majeure dans l'économie
de la région. Vous avez mentionné environ 400 fournisseurs dans la chaîne d'approvisionnement au complet, plusieurs
d'entre eux étant locaux. Vous les connaissez. Sans un projet de loi comme celui-là, sans un prolongement de contrat, sans l'achat de
nouveaux wagons, de nouvelles voitures de métro, pour certains de vos fournisseurs les plus importants dans cette
région-là, de ce que vous en connaissez, qu'est-ce que ça voudrait dire? Bien, en fait, qu'est-ce que ça voudrait
dire à court terme pour eux, mais qu'est-ce que ça voudrait dire à long terme
pour l'expertise qui a été développée dans la région?
Le Président (M. Iracà) :
M. Brossoit.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le Président, nos 400 fournisseurs, au Québec, c'est bien évident, je ne peux pas parler pour chacun d'entre eux, mais je dirais
que la grande majorité se retourne vers les grands donneurs d'ordres,
hein, donc les Bombardier Transport, etc.,
pour assurer la pérennité de leurs propres usines. Alors, je peux vous dire que,
lorsque j'étais dans la région de
Kamouraska, j'ai eu l'opportunité de rencontrer certains d'entre eux. Je vous
avoue qu'ils étaient très vocaux au niveau
de ce que ça voulait dire, s'il n'y avait pas de suite à un contrat Azur, et ce
que ça veut dire pour chacun d'entre eux. Alors, c'est pour ça qu'aujourd'hui
je crois que le projet de loi n° 186, non seulement il est porteur pour Bombardier, il est porteur pour la
STM, mais il est aussi porteur pour tous ces fournisseurs-là, qui voient
une grande partie de leur travail disparaître à partir du mois de décembre
2018.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Je veux savoir
une chose également. Vous avez parlé, évidemment, du site de La
Pocatière, vous avez parlé des
fournisseurs, mais vous avez parlé de l'importance, pour vos équipes
en ingénierie, vos équipes en recherche et développement en
Montérégie... à quel point, pour un projet qui est un prolongement de contrat,
pour un projet qui va ressembler énormément à celui qui était déjà sur la
table... à quel point vous allez faire appel à ces équipes-là. Parce qu'effectivement on a mentionné qu'il peut y avoir des modifications sur certains équipements dans les
voitures, dans les wagons de métro, mais vous avez fait le point, dans votre
présentation, de nous dire jusqu'à quel point c'était important pour
votre équipe d'ingénierie, de recherche et développement. Moi, ce que je me
pose, c'est : Est-ce qu'on leur génère vraiment
du travail, à ces gens-là? Est-ce qu'il
y a vraiment un apport important
de leur part pour des wagons de métro qui, somme toute, vont ressembler
aux derniers wagons de métro?
• (15 h 50) •
Le Président (M. Iracà) :
M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : Merci, M.
le Président. Notre équipe de
Saint-Bruno supporte l'ensemble de nos usines.
Effectivement, ici, au niveau du projet de
loi n° 186, on ne parle pas de «designer» un nouveau produit, mais il y a
un support qui est donné en continu. Je voudrais aussi mentionner le
fait qu'en bout de piste, si on veut maintenir un écosystème, il faut que l'écosystème génère du travail pour les
entreprises, et ça veut dire aussi de pouvoir justifier de garder des
installations ici, au Québec. Et je ne peux pas détacher l'usine du groupe
d'ingénierie. Donc, je dirais ici qu'il y a
définitivement un support technique qui est assuré en continu et qui va
continuer de l'être, mais c'est aussi de positionner le Québec pour s'assurer que je puisse maintenir, moi, comme
président en Amérique, suffisamment de travail local pour pouvoir
justifier d'avoir une présence ici, au Québec.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Moi, j'ai une question un petit peu plus, disons... Bien,
en fait, je pourrais dire que c'est une
question délicate, mais c'est une question qui vaut la peine d'être posée, bien
honnêtement. Suite à la signature du contrat
pour les 468 voitures en 2010, évidemment, vous avez entrepris des
travaux. L'usine a été organisée pour des wagons de métro comme ceux-là. Il y a eu des choses qui ne se sont pas passées
exactement comme vous auriez aimé que ça se passe. Et aujourd'hui vous vous êtes entendus avec la Société de
transport de Montréal pour, appelons ça, une pénalité, là, si on veut, de deux voitures additionnelles.
Donc, en tout, je pense que c'est une vingtaine de wagons additionnels, là.
Qu'est-ce qui s'est passé? Et est-ce qu'on peut s'attendre à... Pour un contrat
qui pourrait être octroyé, un renouvellement de contrat, donc un prolongement de contrat, mais avec des
spécifications un peu différentes, est-ce qu'on peut être assurés que
les livraisons vont être faites à temps, selon les échéanciers éventuels que la
société de transport indiquera?
Le Président
(M. Iracà) : M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : M. le Président, un produit comme le projet... le
produit Azur, c'est un produit de très haute technologie. Et évidemment,
lorsqu'on met un nouveau produit en service, et là on retourne plusieurs
années... Il y a certaines difficultés, certaines problématiques qu'on s'est
assurés de corriger. Et je dois dire qu'on l'a fait en collaboration avec les gens de la STM. Alors, aujourd'hui, on a un produit
mature, un produit qui fonctionne très, très bien. Pour ceux qui ont eu
l'opportunité d'embarquer sur un train Azur à Montréal... Moi, je peux vous
dire que j'ai beaucoup de plaisir à le
faire, parce que les gens ne savent pas que je suis président de l'entreprise,
et d'entendre parler les gens, et de
parler à leurs familles, et d'expliquer qu'ils peuvent se déplacer d'un bout à
l'autre du train, c'est assez extraordinaire.
Mais
aujourd'hui le consortium Bombardier-Alstom a un produit qui est éprouvé, qui
fonctionne très bien, dans le métro
de Montréal. Et on a établi une maturité au niveau de la production qui nous
permet, là, d'atteindre des rythmes qui
sont tout près d'un véhicule par jour. Et ça, on le fait de façon continue.
Donc, je ne vois pas aucun problème au niveau de la livraison de ces
véhicules-là et d'assurer de rencontrer les échéanciers, quels qu'ils soient,
là, tels qu'ils vont être définis par la STM.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Je vous remercie. M. le Président, je sais que
les députés qui m'accompagnent ici,
du côté ministériel, ont quelques questions, entre autres le député de
Côte-du-Sud, qui est très intéressé, je le dis encore une fois, très,
très intéressé par la question.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, M. le député de Côte-du-Sud, pour un temps approximatif de
10 minutes.
M. Morin :
Merci, M. le Président. M. Brossoit, Mme Turgeon, M. Foisy,
M. Prud'Homme. J'aimerais en même temps saluer le maire de La
Pocatière, M. Sylvain Hudon, que je côtoie assez régulièrement, M. le
préfet, Yvon Soucy, et M. Guignard; au niveau des employés, le syndicat,
que j'ai appris à connaître, que j'aime bien.
Le Président
(M. Iracà) : On attendait la suite.
M. Morin :
Non, sérieusement, là, M. Brossoit, je sais que vous avez un amour
particulier pour le Kamouraska, pour La Pocatière. Vous savez aussi très bien
qu'on est un centre, à La Pocatière, de recherche. On a des centres collégiaux de transfert technologique. Et, à notre
dernière rencontre, vous avez été sensibilisé à l'effet que le milieu voulait
être partie prenante et faire partie du
futur de Bombardier à La Pocatière. On a convenu de rencontres parce que les
gens, les fournisseurs, tout le monde ensemble, à La Pocatière, on est
un petit milieu. Kamouraska, aussi, c'est un petit milieu qui touche à Chaudière-Appalaches puis Bas-Saint-Laurent à la
longueur. Mais ces gens-là ont vraiment intérêt à travailler avec vous pour s'assurer du futur. Puis on recherche... Ils
ont déjà fait ça ensemble, mais maintenant ils ont vraiment le sentiment d'être capables de faire
plus. Donc, suite à notre dernière rencontre, est-ce que vous avez songé
à ça? Qu'est-ce que vous vous imaginez que le milieu peut faire pour vous?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : M. le Président, en réponse au député de
Côte-du-Sud, effectivement, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à nos dialogues. Je peux vous mentionner que,
comme président d'entreprise, aujourd'hui, dans un contexte compétitif global qui est extrêmement difficile, on est
forcés de retourner à nos racines, de bien comprendre où sont les forces
dans nos organisations et de s'assurer de les utiliser à leur plein potentiel.
Et ça, ça veut dire nos propres employés de
Bombardier, mais aussi on parlait tantôt des fournisseurs qui gravitent autour
de nous, les centres de recherche et développement, etc.
Alors,
c'est très, très clair que ça fait partie de notre plan d'affaires à long terme.
Lorsque je regarde les cinq prochaines années,
ici, en Amérique, il va s'octroyer tout près de 20 milliards de projets.
Alors, des opportunités d'amener des nouvelles technologies, de les développer et de supporter nos entreprises et nos
institutions locales, il va y en avoir plein, et on va continuer le
dialogue avec vous et l'équipe de Kamouraska et de l'usine de La Pocatière.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. Alors, M. le député.
M. Morin : Oui. Je m'attendais à votre réponse. Je savais que,
suite à notre rencontre, vraiment, vous étiez vraiment sincère avec le
milieu. On a passé une couple d'heures ensemble. Je crois que chacun a exprimé leurs besoins puis
leur sentiment d'appartenance. Pour les gens de La Pocatière, l'ADN est dans
leurs tripes, dans leur coeur, et ce qu'ils veulent, c'est être capables de démontrer leur savoir-faire. Ils le
démontrent maintenant, mais il y a des choses qu'ils sont capables
de faire plus et mieux.
Et
je sais que Mario, maintenant, qui est mon grand chum, est capable de mener ses
troupes, Mario Guignard, qui est président, de mener ses troupes à bon port parce qu'il est en contact direct avec les
employés, puis les employés aiment leur travail. Donc, c'est un atout
majeur. Il y a une bonne harmonie chez eux. Et Sylvain Hudon, le maire de La Pocatière, cherche à entretenir, parce que
M. Guignard fait partie de son équipe à la mairie, donc on a des liens,
donc, faciles à comprendre, qu'il
faut que l'action continue. Je vous en remercie parce que moi, je vais quitter
la politique, mais je vais vous suivre de proche parce que je me suis
fait un ami en vous. Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Oui. Alors, M. le député Mégantic, vous vouliez
prendre la parole également. Il vous reste un temps approximatif de cinq
minutes. La parole est à vous.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Je voudrais moi aussi, à mon tour, saluer mes
collègues, le ministre. Et bienvenue à vous, représentants de Bombardier.
Vous
avez parlé tout à l'heure que le marché ou le potentiel de développement dans
l'industrie représente une vingtaine de milliards. Est-ce que la
commande dont on parle ici va vous aider à faire progresser, si vous voulez,
les standards? Parce qu'actuellement, si
c'est un prolongement de commande, on ne fait pas une réingénierie complète,
mais il va y avoir certainement, je
dirais, des améliorations technologiques, des changements. Et puis là où je
voudrais vous amener, c'est à quelle
vitesse la progression technologique se fait, parce que, là, on a un contrat
qui dure depuis quelques années,
qu'on prolonge, mais comment ça, ça représente une évolution technologique et
comment ça va vous aider à vous préparer pour le futur?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Brossoit.
• (16 heures) •
M. Brossoit (Benoit) :
M. le Président, en réponse à la question du député de Mégantic, ici, pour le
projet de loi n° 186, on parle d'une prolongation de contrat. Donc, on ne
parle pas de changements technologiques, au produit, profonds. Je crois que, lorsque, dans le projet de loi, il y a quelques
mentions de modifications au produit, c'est surtout dans le contexte d'obsolescence. Alors, il y a des
systèmes embarqués sur le véhicule qui risquent d'avoir des composantes qui ne sont plus disponibles dans le marché, alors
ils doivent être remplacés. Il y a un travail d'ingénierie relié à tout ça. Je
crois qu'en 2014 ça a été vraiment là qu'il
a été, le changement technologique. Mais, pour nous, chez Bombardier, ça ne
s'arrête jamais. Et, si ce n'est pas sur ce produit-là, ça va être sur
le prochain produit.
Entre-temps, à La
Pocatière, je le mentionnais, tantôt, on va continuer à développer certaines
techniques pour supporter le projet de Via
Rail. On a créé des nouvelles lignes pour supporter les projets de Toronto, et
tout ça, ça représente des
opportunités, là, au niveau des technologies de fabrication, donc, continuer à,
justement, tirer sur ce savoir-faire qu'on a à La Pocatière.
Le Président (M.
Iracà) : Merci.
M. Bolduc :
La synergie des différentes fournitures, donc, disons, les différents contrats,
que ce soit en Ontario, à Montréal ou
ailleurs dans le monde, vous avez parlé de trains à New York, etc., est-ce que
ces synergies-là vous permettent d'améliorer
la technologie et aussi d'améliorer les pratiques de travail, en fait, dans la
région de La Pocatière, en vous comparant avec les industries
alternatives ou vos compétiteurs, en fait? Parce que les produits... Vous devez
les voir et les rencontrer, parce que les produits doivent être adaptés au même
type de rail, au même type d'environnement. Comment, cette intelligence de
marché là, vous l'intégrez dans vos ateliers de production?
Le Président (M.
Iracà) : Merci.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, au niveau de la technologie, c'est un challenge de tous les jours,
hein? D'ailleurs, c'est un peu l'ADN de Bombardier, c'est d'amener de
l'innovation et c'est un processus itératif à l'intérieur de l'entreprise. Encore une fois, j'ai
expliqué dans mon allocution que nous avons une empreinte mondiale, ce qui veut dire qu'on partage avec nos autres
secteurs mondiaux les meilleures pratiques, et ça va dans les deux sens.
Donc, des usines comme La Pocatière vont
être amenées à partager leur savoir-faire avec les autres usines de Bombardier
Transport, et vice et versa.
C'est clair
que de notre côté, de la façon qu'on utilise ou qu'on fait en sorte de bien
utiliser l'expertise de La Pocatière,
entre autres, c'est qu'aujourd'hui notre directeur général de l'usine de La
Pocatière a aussi des responsabilités, il gère des lignes de production
au Mexique et il nous donne un coup de main aussi à notre usine de Plattsburgh,
aux États-Unis. Donc, on fait en sorte
qu'encore une fois le savoir-faire ici peut être transféré ou transmis en
direct et vice versa.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député, deux minutes.
M. Bolduc :
Deux minutes. O.K. Donc, quel est le cycle d'évolution, le cycle de vie
d'un produit tel que les wagons de
métro ici? Et est-ce qu'on peut dire que ça évolue un peu à la vitesse d'un
avion? C'est le cas de le dire, parce que, comme on a vu, la série C est un nouveau concept qui demande des années
de travail. Comment ça se produit, l'évolution technologique dans les
wagons de métro et dans les lignes internationales?
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, au niveau de la technologie, chez nous, je crois que c'est très,
très similaire que ce qu'on connaît
dans d'autres industries. Il y a des changements importants, hein, on parle
voitures intelligentes, on parle de
trains intelligents, on parle de cybersécurité, aujourd'hui, alors c'est des
enjeux qui sont de vrais enjeux pour
les grandes villes en Amérique du Nord. Et, chez Bombardier Transport, on se
doit d'arriver avec des solutions, donc on va beaucoup au-delà. On
disait, jusqu'à tout récemment : Nous, chez Bombardier Transport, on vend
des trains et des métros. Ce que j'ai dit
dans mon allocution c'est qu'on vend des solutions de mobilité durable. Et ça,
ça veut dire... C'est un train, mais
c'est un train qui est 100 % connecté avec son environnement. Et c'est de
là que provient, là, la majorité des opportunités au niveau du
développement technologique.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Ceci met fin au bloc d'échange
avec la partie gouvernementale. Nous allons
débuter un deuxième bloc d'échange avec l'opposition officielle. Je cède la
parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon
tour, M. Brossoit, de vous saluer ainsi que votre équipe de gestionnaires. Un salut particulier aussi aux
élus de La Pocatière qui sont avec nous et assurément aussi les représentants
des travailleurs.
J'ai des
questions assez succinctes et assez courtes, M. le président, j'aimerais que
vous me donniez les réponses le plus
concrètes possible aux interrogations qu'on a. Là, on s'entend, ce qu'on
entend, dans le fond, c'est que, bon, avec
le non-renouvellement du contrat, il y aura
des mises à pied, incessamment. Dans le cas où est-ce qu'on adopte le projet
de loi en question, combien de jobs on va assurer, et ce, pour combien de
temps?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, la question de combien de jobs on va assurer et pour combien de
temps, c'est quelque chose qu'on va
pouvoir... auquel on va pouvoir répondre au cours des prochaines semaines. On a
eu notre toute première rencontre
avec le représentant du gouvernement et la STM hier, donc il y a
moins de 24 heures, et, comme de raison, les emplois, bien, c'est en fonction de la quantité de véhicules qui sont commandés, de la vitesse de
livraison et de changements technologiques qui pourraient être requis, etc.
Donc, lorsqu'on aura toutes ces informations-là,
on pourra revenir. Et je peux vous dire que nos employés de La Pocatière sont très friands d'avoir cette
réponse-là. Qu'est-ce que ça veut dire et pour combien de temps? Encore une
fois, pour nous, on voit ça comme un pont,
donc, encore une fois, c'est une partie d'une équation totale mais qui va nous
permettre justement... Alors, on pourra répondre à cette question-là
prochainement.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Ouellet : Donc, je comprends
que vous êtes en discussion présentement, donc vous ne connaissez pas les
besoins finaux de la STM, donc il est difficile pour vous de savoir si c'est x,
y nombre de trains, sur x, y nombre de livraisons,
sur x, y nombre de cadence, pour fournir x, y nombre de travailleurs. Mais
est-ce qu'il y a un minimum qu'on pourrait
savoir, là, tu sais, aujourd'hui, là? Parce qu'on va adopter la pièce
législative probablement jeudi, on aimerait peut-être avoir une certitude, là. Est-ce qu'il y aura un minimum garanti
qu'on pourra obtenir? Parce que quand j'entends votre plaidoyer, si vous me
permettez, M. le président, vous parlez de synergie possible, de baisse des
coûts d'entretien, vous avez fait des
calculs en fonction d'un nombre pour affirmer ces chiffres-là. Mais, si on
devait relancer cette ligne du côté de La Pocatière pour garantir du
travail aux travailleurs, ce serait quoi, le minimum, M. le président?
Le Président (M. Iracà) :
M. Brossoit.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, je ne mentionnerai pas de minimum ici, mais je peux vous dire
que, si on commandait 10 trains, je
vous dirais, on a fait beaucoup de travail pour rien, mais je sais que ce n'est
pas le cas au moment où on se parle.
Alors, notre objectif, ça va être de faire en sorte qu'on a le moins possible
de mises à pied permanentes. Donc, dès qu'on aura
compris les besoins, et la quantité de main-d'oeuvre, et à quel moment cette main-d'oeuvre-là va être utile, à ce moment-là on
pourra répondre de façon plus concrète à nos gens, combien de gens
seront mis à pied sur une base seulement temporaire. Donc, ils pourront déjà
prévoir un retour à l'usine, et on pourra continuer à utiliser leur expertise.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député.
M. Ouellet : Peut-être pour m'aider à comprendre votre secteur d'activité, M. le
président, est-ce que vous êtes capable
de me donner des ratios, si on commande 50 trains, c'est l'équivalent de x
nombre d'emplois, si c'est 100 trains, c'est... J'aimerais peut-être faire des comparatifs parce qu'on va
suivre effectivement, de façon très succincte, la négociation ou, du moins, la résultante de votre négociation
avec la STM. Parce qu'aujourd'hui, je vais être honnête avec vous, je m'attendais quand même à une certaine certitude,
et là je ne les ai pas. Alors, pour m'aider à comprendre, là, si on faisait
des ratios sur 50, 100, 200,
400 trains, combien de travailleurs on pourrait... puis sur combien de
temps d'ailleurs aussi?
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le député. M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M. le Président, je vais prendre l'exemple
du contrat actuel, hein, parce qu'on a tout près de 300 employés qui
livrent... qui ont une capacité de livrer un véhicule par jour. Donc, un train,
c'est neuf véhicules, donc on parle
de neuf jours par train. Alors, ça, c'est au rythme actuel avec tout près de
300 personnes. Alors, vous pouvez faire
vos calculs comme vous voulez, là, ce n'est pas une science exacte, en passant,
mais, encore une fois, on va travailler avec les gens de la STM au cours des prochains jours de façon à bien
comprendre leur habilité de recevoir les trains. Ça va déterminer la cadence de production. Et là, selon
la cadence, on a un besoin minimum de main-d'oeuvre et on va pouvoir s'assurer, là, de confirmer. Mais c'est clair
qu'on parle d'un volume d'activité, là, qui va occuper l'organisation pour
au-delà d'une année.
M. Ouellet :
...une année?
M. Brossoit
(Benoit) : Oui.
Le Président (M.
Iracà) : ...
• (16 h 10) •
M. Ouellet : Merci, M. le Président. Une autre question pour vous, M. le président.
M. le ministre a fait référence, justement,
de l'entente de 2010, qui a effectivement amené, dans certains cas, une
compensation de Bombardier versus la
STM pour... je ne veux pas dire des problèmes de fiabilité, mais des problèmes
de livraison qui fait que vous avez une entente. Mais, lorsqu'on revient
aussi à l'entente de 2010, et ça, les travailleurs devraient s'en rappeler
aussi, il y a eu effectivement des discussions, il y a eu effectivement des
litiges portés devant les tribunaux, notamment sur cette fameuse lettre d'entente, sur les engagements que
vous avez pris par rapport au nombre de travailleurs qui devaient être attitrés, nécessairement, à l'usine de La
Pocatière. Là, on n'est plus là, M. le président, là. Je veux dire, demain
matin, on construit les nouveaux métros, on réengage du monde, on ne sous-traitera
pas plus que ce qu'on sous-traite présentement.
Le Président (M. Iracà) :
Merci.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M.
le Président, je crois que l'objectif des parties, présentement, c'est de faire
le moins de changements et d'assurer
une pérennité et une continuité. Donc, l'objectif, c'est de créer le minimum de
délai parce qu'encore une fois, ce
qu'on veut faire, c'est garder des gens au travail et maintenir une expertise.
Alors, je peux vous dire que vous
avez notre engagement, chez Bombardier, pour s'assurer que les changements
soient le minimum, donc qu'on puisse
assurer le plus de continuité possible, étant donné, là, les délais et
l'endroit où on est dans le projet, là, présentement.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député, la parole est à vous.
M. Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. Je ne veux pas jouer au P.D.G., mais je
vais me mettre juste un peu dans votre siège, là, puis ça va peut-être
vous orienter dans votre réponse. Vous avez rapidement compris que la STM
n'avait pas choisi cette solution-là au départ, avait choisi une autre solution
qui était, à son étude et à son avis, moins dispendieuse.
Aujourd'hui, on est dans un projet de loi qui va lier, dans le fond, la STM au
consortium Bombardier-Alstom pour les
prochaines commandes. Vous avez rapidement compris que la STM va essayer, effectivement,
d'avoir ces voitures-là à moindre coût.
Est-ce
que dans ce cas-là, M. le président, ce ne serait pas une pression à la hausse
sur vos coûts d'opération et de vous
amener à sous-traiter de façon plus grande ailleurs que dans les usines pour
baisser vos coûts? Est-ce que ça fait partie des scénarios ou vous me dites : Non, Martin, on va garder le
niveau de sous-traitance tel qu'il est présentement, et même, mieux que ça, M. le député de René-Lévesque, je
vais prendre l'engagement, le niveau de sous-traitance qu'on a aujourd'hui
pour les métros Azur, ce qu'on va construire
de plus, on va avoir le même niveau de sous-traitance? Est-ce que vous seriez
prêt à prendre cet engagement-là?
Le Président (M. Iracà) :
M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M. le Président, je crois qu'au niveau des
coûts des voitures Azur on part d'une base qui est bien connue, hein,
entre les parties. Au niveau des engagements, aujourd'hui, je ne peux pas
prendre d'engagement parce que j'ai des
discussions à avoir avec le client pour m'assurer de bien comprendre ce que le
client s'attend. Mais, encore une fois, je dirais que je pourrais, à la
limite, mentionner que je crois que toutes les parties ont avantage à ce que, justement, il y ait le moins de
changements, qu'on n'introduise pas de risques additionnels au projet, qui pourraient créer des délais, ou quoi que ce
soit, et éviter qu'on puisse atteindre un rythme de production, là, qui
s'assure qu'on garde nos gens au travail. Donc, pour l'instant, je pense
que ça va être la limite de ma réponse.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Brossoit. M. le député.
M. Ouellet : Oui. Merci, M. le Président. Un grand changement, puis, c'est ce que je
vous disais tout à l'heure, ça va
être le contexte de la négociation. Là, on a un projet de loi, la STM est liée
à faire affaire avec le consortium, alors vous avez rapidement compris que son niveau de négociation va être tout à
fait différent, et elle va chercher, effectivement, d'avoir le moindre
coût possible.
Donc,
je comprends qu'est-ce que vous me dites, il faut qu'il y ait le moins de
modifications possible, les gens expérimentés
sont sur les lignes de montage, il faut faire affaire avec les mêmes
fournisseurs, mais le prix, le coût va avoir assurément une incidence
notable pour la décision de la STM pour la suite.
Alors, ma prétention,
et peut-être que je suis erroné, mais ma prétention, c'est qu'il y aura
effectivement une pression pour faire baisser les coûts. Est-ce que, dans ce
cas-là, votre solution va être de garder, effectivement, le consortium tel qu'il est, tel qu'on le connaît,
malgré les petites modifications technologiques qui peuvent être permises,
notamment l'ajout d'applications, je
regardais... des applications de caméra, entre autres, ou de suivi de la
flotte? Est-ce que vous êtes capable,
du moins, d'essayer de donner cette... je ne veux pas dire cette garantie-là,
mais cette certitude que, dans le contexte actuel... Parce que je pense
que c'est ce que les travailleurs et travailleuses veulent entendre.
Le
projet de loi en question peut permettre de faire le pont, mais le pont, ça
sera dans quelles conditions? Est-ce que ça sera dans les mêmes conditions présentement, même s'il y a pression à
la hausse de la STM pour faire baisser les coûts?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M. le Président, nous, on prend une
approche de juste prix. Encore une fois, on a un historique, les deux parties
ont un historique du prix qui a été payé jusqu'à maintenant. On parle, et je
l'ai mentionné dans mon allocution, un des avantages pour la STM, c'est
qu'on a des coûts non récurrents qui ne sont plus là. Il y a une inflation, il y a une valeur du dollar canadien,
etc., qui sont toutes des variables avec lesquelles on va gérer, mais je crois
que c'est des variables avec lesquelles les deux parties, entre le consortium
et STM, vont pouvoir avoir une bonne base de comparaison pour justement s'assurer du juste prix. Et pour assurer le
juste prix, bien effectivement, il faut s'assurer d'avoir le moins de changements possible, et vous avez
l'engagement de Bombardier qu'on va supporter ce concept-là au maximum.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Brossoit. M. le député.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président.
Je vais être honnête avec vous, M. Brossoit, j'aurais aimé avoir certaines garanties, notamment
sur le nombre de travailleurs. Je
comprends que la commande n'est pas finale,
mais au moins un engagement ferme, à
savoir que, dans la pièce législative qu'on va adopter, ça donne un avantage
prépondérant à Alstom et à Bombardier de continuer, cet avantage-là doit se répercuter sur les emplois. Parce que
c'est de ça qu'il est question
aujourd'hui, là. Le député de Côte-du-Sud l'a bien dit, vous êtes un joueur
important, un joueur notable, là, dans la
région. Votre impact est important. C'est pour ça qu'on adopte un projet de
loi, pour permettre ce pont-là aux travailleurs et travailleuses. Je
suis un travailleur de La Pocatière, là... Il me reste, quoi, à peu près
30 secondes?
Le Président (M.
Iracà) : Deux minutes.
M. Ouellet : Deux minutes. J'aimerais ça que vous me sécurisiez, M. le président.
Dites-moi, là, que, demain matin,
avec le contrat qu'il y aura avec la STM, les travailleurs et travailleuses
vont être sur les chantiers, il n'y aura pas plus de sous-traitance, et, dans le fond, ce qui aura été l'engagement
de Bombardier, c'est de faire le maximum à l'usine de La Pocatière et le
minimum à l'extérieur de ces installations.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Brossoit.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M.
le Président, Bombardier Transport
n'a rien à gagner à changer la formule. Alors, je peux vous garantir qu'on va maintenir les mêmes ratios. Et, à moins
qu'il n'y ait eu une demande express du client, on va vouloir tout
simplement faire un «cut and paste», un copier-coller de ce qu'on connaît aujourd'hui
et qui est un processus, là, qui fait en
sorte qu'on est capables de livrer les voitures à temps et selon les
échéanciers. Donc, absolument
aucune intention de changer la formule actuelle.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Brossoit. Il vous reste une minute.
M. Ouellet : Merci. Dans votre
présentation, M. Brossoit, vous nous parliez que le contenu local, dans le
cas des trains Azur, pour votre portion à vous, représente 85 %, c'est ce
que je comprends? Le 15 %, il est donné où?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le Président, le 15 %, il va provenir
d'ailleurs dans le monde, mais plus particulièrement une partie des États-Unis
et du Mexique. Mais c'est une bien petite partie, à 15 %.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. Alors, le mot de la fin, M. le député.
M. Ouellet : Qu'est-ce
que ça représente, ce 15 % là?
Quel genre de pièces? C'est-u des équipements? Juste pour que je
comprenne le 15 %. Il vient des États-Unis ou d'ailleurs, mais quelles
composantes?
Le Président (M. Iracà) :
M. Brossoit.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, peut-être
que je pourrais demander l'aide d'un de mes collègues, là, pour donner
un peu plus de détails.
Le Président (M. Iracà) : En
10 secondes.
M. Brossoit (Benoit) : En
10 secondes.
M. Foisy
(Marc) : Bonjour, M. le Président. Essentiellement, au
niveau du produit, on a des
composants intérieurs qui viennent
d'autres pays et puis on a certains composants électroniques aussi, ce qu'on
appelle des sous-composants. Donc, ça se résume à ça. Pour 15 %, on
ne peut pas mettre de système majeur à l'extérieur.
Le
Président (M. Iracà) : D'accord.
Merci beaucoup, M. Foisy. Ceci met fin au bloc d'échange
avec l'opposition officielle.
Nous allons débuter un troisième bloc d'échange avec le deuxième groupe d'opposition. Et je cède la parole au député de Deux-Montagnes
pour un temps approximatif de neuf minutes. La parole est à vous.
M. Charette : Merci,
M. le Président. Merci à vous pour
votre présence, aux gens qui vous accompagnent, aux élus du secteur de
La Pocatière également. Vous avez mentionné qu'au niveau du client, donc la
STM, il y avait possibilité de faire valoir des modifications. Elles peuvent être techniques. Et, si jamais il y avait pareilles demandes, vous souhaitez naturellement,
on le comprend, que ces modifications-là soient les plus minimes possible.
Est-ce que vous avez déjà des indications, à
ce moment-ci, suite à la livraison notamment des premiers wagons? Est-ce qu'il
y a déjà des éléments qui semblent
poser soit problème ou est-ce qu'il y a des éléments qui déjà nécessitent
peut-être une amélioration en prévision d'une prochaine commande?
Le Président (M. Iracà) : Oui,
M. Brossoit.
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, si je me fie à la rencontre qu'on a eue hier avec la STM, je dirais
que les changements vont être extrêmement mineurs. Par contre, les deux
parties, on sait qu'il y a certains systèmes embarqués où il y a des problèmes
d'obsolescence. En général, c'est de l'électronique, hein, où il va avoir des
petits changements. Mais ce n'est rien pour créer une problématique, là, au
niveau de la livraison du projet et des trams additionnels.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député.
M. Charette :
Donc, rien de majeur. Donc, on peut tout de même parler de prolongation de
contrat, là. Lorsque le projet de loi
nous a été présenté, et à sa lecture, c'est comme ça qu'on le saisissait. Donc,
c'est la façon dont vous le présentez également de votre côté?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, c'est définitivement, pour nous, une continuation du premier contrat,
et c'est notre objectif, et c'est notre demande à la STM également.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
• (16 h 20) •
M. Charette :
On a parlé d'emplois. C'est certain que c'est une préoccupation importante.
Sans doute le projet de loi ne serait
pas arrivé si cette préoccupation-là n'était pas partagée, là, par l'ensemble
des formations politiques. Je comprends que c'est difficile pour vous, à ce
moment-ci, d'évaluer le nombre d'emplois qui pourraient être affectés.
Cependant, quel est votre délai de rappel? À partir du moment où, justement, le
contrat est signé, à partir du moment où il
y a eu mise à pied au fil des dernières semaines, des derniers mois, quel est
le délai de rappel de l'entreprise qui pourrait s'appliquer aux employés
congédiés récemment?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, les délais
de rappel peuvent varier selon un grand nombre de facteurs. Mais, pour moi, ce qui est important aujourd'hui, c'est que, le plus rapidement, qu'on peut avoir, justement, le projet de loi, pouvoir finaliser nos discussions avec la STM, et rassurer les
gens, et pouvoir leur donner un échéancier à ce moment-là. Parce que le vrai
risque pour nous, là, ce n'est pas nécessairement un droit de rappel, c'est que
les gens abandonnent l'industrie et décident qu'il n'y a pas d'avenir dans l'industrie. Alors, le plus rapidement qu'on va être capables de les rassurer là-dessus... Je crois que notre expérience dans le passé a démontré que les gens de
la région de La Pocatière veulent travailler
pour Bombardier, ils sont prêts à travailler pour Bombardier et vont revenir
travailler pour nous si on est capables de leur donner un message
d'espoir.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député.
M. Charette : Je
comprends qu'il
peut y avoir différents facteurs. Vous êtes sans doute quand même
en mesure de nous donner une orientation. On parle de
semaines, de mois? Quel est le scénario le plus probable, là, dans le cas d'un
contrat ou, à tout le moins, d'un projet de loi qui est adopté rapidement à
l'Assemblée nationale?
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M. le Président, pour moi, encore une
fois, ce n'est pas vraiment une question de droit de rappel. Mais ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que, si on n'est
pas capables de ramener les gens à l'intérieur d'une année, le risque se met à augmenter de façon
exponentielle pour ne pas pouvoir les ramener dans notre industrie. Mais on
ne veut pas prendre ce risque-là. Alors,
c'est clair que nous, on espère compter ça en mois, pas en années,
définitivement.
M. Charette :
On saisit le rôle qui le vôtre. On aura l'occasion à travers d'autres échanges,
plus tard en après-midi, d'en apprendre davantage sur le rôle des partenaires
dans ce dossier-là. On parle, effectivement, contrat Bombardier-Alstom. Mais,
peut-être votre point de vue : Quel est rôle d'Alstom dans ce partenariat
ou dans cette prolongation de contrat, tel que prévu dans le projet de loi?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le Président, au niveau du consortium, notre
objectif, c'est d'avoir un copier-coller des
rôles et responsabilités qu'on connaît aujourd'hui. Alors, encore une fois, les
gens d'Alstom pourront vous l'exposer,
mais ils ont la responsabilité aujourd'hui de la propulsion de certains
systèmes embarqués et des systèmes de communication. Et on a l'intention
de faire un copier-coller pour la prolongation de la commande.
M. Charette :
Concernant les appareils ou les wagons que l'on souhaite remplacer, est-ce que
vous avez pu évaluer leur degré de
désuétude à ce moment-ci? Est-ce que vous avez eu l'occasion de confirmer leur
état? Premier volet, parce que le
temps file, malheureusement : Quelle est la récupération qui peut être
faite de ce matériel qui est désuet? Est-ce que, par votre entremise ou par l'entremise d'une autre entreprise, il y
a une seconde vie qui pourrait être donnée à ce matériel roulant qui
date d'un certain nombre d'années, on en est conscients?
Le Président (M.
Iracà) : Merci.
M. Brossoit (Benoit) : Alors, M. le Président, je vais laisser à la STM
de répondre à cette question-là parce qu'ils sont définitivement les
experts. Et je peux vous dire aujourd'hui que, s'ils ont besoin de notre aide
pour faire ces analyses-là, ou quoi que ce
soit, on va être là comme on l'a été dans le passé. Mais c'est vraiment... Je
vais laisser la question à la STM, là, c'est vraiment eux qui sont mieux
placés pour y répondre.
Le Président (M.
Iracà) : Oui, M. le député.
M. Charette :
Ou, formulé autrement : Est-ce que, dans les contrats passés que
Bombardier a obtenus, il y a eu de la
remise en service d'appareils qui avaient été délaissés par d'autres sociétés
de transport? Est-ce que c'est un volet que vous avez... ou une carte
que vous avez au niveau de votre expertise?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le Président, bon, selon moi, ma connaissance de
la situation, ce n'est pas quelque chose qui
s'est passé dans le passé. Par contre, notre rythme de production jusqu'à tout
récemment, au niveau des Azur, est en
ligne avec le rythme à lequel la STM peut retirer les vieux wagons. C'est tout
ce que je sais. Ils pourront sûrement
vous donner des détails additionnels.
Mme Turgeon
(Julie) : La seule... Je peux juste vous aviser qu'il y a eu un
contrat dans... il y a environ une dizaine
d'années, avec New York, où on reprenait certaines voitures, mais c'était
pour les démanteler. Donc, ce n'était pas
pour les remettre en service, mais c'était vraiment reprendre les
voitures, les démanteler, alors faire de la récupération, des choses comme ça. C'est ce qui a été fait. Je
sais que la STM a eu un programme où ils ont refait, réutilisé certaines des
voitures. Mais ils seront en mesure de vous donner plus d'information.
M. Charette :
Juste une dernière question rapide, de mon côté.
Le Président (M.
Iracà) : Oui.
M. Charette :
On parle des trains Azur. Est-ce qu'il y a eu d'autres discussions avec le
gouvernement du Québec par rapport à
d'autres projets? Vous avez évoqué naturellement, bon, le REM, on comprend la
tournure que le projet a pu prendre.
Vous avez évoqué aussi le tramway sur le côté de Québec. Est-ce qu'il y a eu
d'autres discussions pour d'autres projets, éventuellement, qui
pourraient affecter positivement l'usine de La Pocatière?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, j'en ai mentionné un certain nombre, dans mon
allocution, et je peux vous dire que chez
Bombardier, nous, on est prêts et on sait qu'on a l'expertise, les capabilités,
etc. Alors, si M. Labeaume veut nous parler, on va lui parler. Je
suis disponible 7/24, aucun problème.
M. Charette :
Est-ce qu'il y a des discussions, que ce soit avec le maire de Québec ou sinon
avec le gouvernement du Québec, qui sont amorcées à ce moment-ci?
M. Brossoit
(Benoit) : Alors, M. le
Président, dans tous ces projets-là, il y a nos équipes techniques,
habituellement, qui sont les premiers
à se parler, et puis par la suite ça se développe. Et, encore une fois, nous,
on est là pour avoir ces dialogues-là. On les a déjà eus dans certains
cas et on va continuer à les avoir. Et notre objectif, encore une fois, c'est d'assurer la pérennité de la belle entreprise
qu'on a ici, au Québec, et ça, ça fait partie des belles opportunités qu'on a
devant nous.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au bloc
d'échange. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je vais
suspendre quelques instants les travaux pour permettre au prochain groupe,
Alstom, de s'installer. Merci beaucoup de votre contribution.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise à 16 h 30)
Le Président (M. Iracà) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants du groupe
Alstom Transport Canada inc. Je vous demande de bien vouloir vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la
suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Alors, sans plus tarder, la parole est à vous, s'il vous plaît.
Alstom
Canada inc.
M. Abihanna
(Souheil) : Bonjour, M. le Président, M. le ministre, MM. les députés.
Tout d'abord, merci pour cette
invitation afin d'échanger sur le projet de loi n° 186 concernant
l'acquisition de voitures additionnelles pour le métro de Montréal.
Je me
présente : Mon nom est Souheil Abihanna, je suis vice-président aux
grands comptes chez Alstom Transport Canada.
Et aujourd'hui je suis accompagné par Mme Caroline Rioux, directrice,
ressources humaines, Mme Marilena Varano, directrice des communications, M. Bertrand Bouteloup, directeur
Projets et offres chez Alstom Transport Canada.
Alors, je
fais cette présentation au nom de Alstom Transport Canada et qui
couvrira principalement les trois thèmes suivants : un bref historique d'Alstom et sa présence au Québec et
au Canada, la participation et le rôle d'Alstom sur le projet du métro de Montréal dont il est sujet ce
matin... cet après-midi, et je parcours un petit peu... discussion sur le site
de Sorel-Tracy, qui est impliquée sur ce projet-là.
Commençons
tout d'abord par un bref historique d'Alstom et sa présence au Québec et au
Canada. L'histoire d'Alstom au Canada
ne date pas d'hier et remonte à quelques années. En 1963, les voitures du
métro MR-63 de Montréal ont été construites
sur la base du matériel roulant d'Alstom MP-59 du métro parisien. En 1999,
Alstom fait l'acquisition de Télécité, une
compagnie montréalaise spécialisée dans la conception, la fabrication et la mise en marché de systèmes
d'information et de télécommunications en temps réel. En 2008, Alstom est sélectionnée
pour la conception et le développement du centre de contrôle du métro de Montréal
pour le compte de la Société de transport de Montréal. En 2010, le consortium
Bombardier-Alstom reçoit la commande pour fabriquer les voitures du métro de
Montréal.
Durant les sept dernières années, Alstom a
remporté plusieurs contrats à Ottawa et à Toronto : une première commande de 34 trains légers pour la ville
d'Ottawa, suivie d'une deuxième commande de 38 autres trains, ainsi qu'un
contrat de maintenance à long terme; un
contrat à Toronto pour équiper la gare Union Station d'un nouveau système
de signalisation ferroviaire; un
autre contrat auprès de Metrolinx pour fournir un nouveau centre de contrôle à
l'image de celui de la STM, qui a été
mis en opération en 2012. Récemment, Alstom aussi a reçu une commande de 61 trains légers pour la grande région de Toronto.
Et, en 2018, la Caisse de dépôt et
placement du Québec a octroyé au groupe PMM, un consortium mené par
Alstom, le «scope» matériel roulant, systèmes et entretien et maintenance du
Réseau express métropolitain.
En plus de
son rôle dans le secteur des transports, Alstom Canada a, jusqu'en 2015,
participé par l'entremise de sa précédente division de l'énergie à
plusieurs projets d'envergure au Québec et au Canada. Juste à titre d'exemple,
les équipements et le savoir-faire d'Alstom
ont grandement contribué à la mise en place des stations génératrices du projet
hydroélectrique qu'est la Baie-James. Bref,
Alstom Canada fait partie intégrante du portrait québécois et canadien en
matière de transport ferroviaire et
emploie actuellement plus de 430 employés au Canada, dont plus de la
moitié est au Québec.
Passons maintenant au rôle d'Alstom et sa
participation sur le projet du métro de Montréal dont il est sujet aujourd'hui. Aujourd'hui, Alstom est un partenaire majeur sur le projet de
métro de Montréal en consortium conjoint avec Bombardier Transport. Alstom a la responsabilité de fournir les quatre systèmes suivants : la traction, les bogies, les
systèmes d'information et de sécurité
passagers ainsi que le système de contrôle automatique de train. Ces systèmes
représentent 40 % du périmètre global du
contrat octroyé par la STM au consortium Bombardier-Alstom. Alstom joue un rôle
primordial d'expertise dans le consortium en
apportant son savoir-faire sur les systèmes critiques qui sont de son essor
et qui sont requis par les voitures du métro de Montréal.
Tout le long
des phases du développement du projet, une étroite collaboration entre nos équipes et nos collègues de Bombardier Transport était
assurée à travers la mise en place d'un bureau de projet conjoint et d'une
collocation physique. Ceci, évidemment,
a permis aussi d'avoir une proximité avec notre client qui est la STM. Il est à
noter que cette collaboration entre Alstom et Bombardier Transport n'est pas
limitée uniquement au projet de Montréal, elle a déjà existé
dans le passé dans plusieurs autres projets, comme en France ou en Belgique, par
exemple.
Évidemment, le résultat de cette collaboration
est un train validé, fiable et avec un niveau de confort plus que satisfaisant.
Le ressenti par les utilisateurs du métro de Montréal est très favorable.
Le site de
Sorel-Tracy. Le transfert technologique de la fabrication des bogies qui
étaient nécessaires pour le métro de Montréal
a débuté dès 2011 avec l'appui de notre centre d'expertise de bogies au Creusot,
en France, et le développement
d'un panel de fournisseurs locaux. En mai 2012, nous avons lancé les travaux
avec la Société des parcs industriels de Sorel-Tracy,
avec la réception du bâtiment de 55 000 pieds
carrés en novembre 2012. Au début 2013, nous avons débuté les activités industrielles en faisant
l'inauguration du site, en juillet 2013, et en procédant à l'acceptation du
premier bogie dès
l'automne 2013. En 2016, nous avons ramené et rajouté une nouvelle
activité à cette usine, celle de l'assemblage des bogies qui sont nécessaires pour les matériels
roulants d'Ottawa. À ce jour, nous avons produit 800 bogies sur les 900
qui sont requis par le
contrat MPM-10, et ceci, avec le support de plus de 40 fournisseurs de la région. Le site de
Sorel-Tracy est un point d'ancrage industriel pour l'activité d'Alstom
Transport, avec une centaine d'emplois actuellement.
Aujourd'hui, Alstom déploie toutes les mesures
nécessaires afin de maintenir les emplois technologiques et industriels sur notre site de Sorel-Tracy. Nos
usines, chez Alstom, à travers le monde font partie d'un vaste réseau
industriel interne qui permet
l'équilibre des charges de travail quand c'est nécessaire. Le transfert de
certains mandats du projet de Santiago, au Chili, ainsi que d'autres projets
américains vers notre usine de Sorel permet à Alstom de maintenir cette expertise technique. Il est évident qu'une
nouvelle commande pour acquérir des voitures additionnelles pour le métro de
Montréal va dans ce sens et aidera Alstom à sécuriser ces emplois chers à la
région et pour le Québec.
Je vous remercie de votre attention. Nous sommes
disponibles pour toute question.
Le
Président (M. Iracà) :
Excellent. Merci beaucoup. Nous allons procéder à un bloc d'échange avec la
partie gouvernementale. M. le ministre, vous disposez d'un temps
d'environ 22 minutes.
• (16 h 40) •
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Très bien, M. le Président, je vous remercie.
Je vous remercie, M. Abihanna, M. Bouteloup,
Mme Rioux et Mme Varano, d'être avec nous aujourd'hui pour prendre le temps de nous expliquer votre point
de vue par rapport au projet de loi n° 186 qui est devant nous aujourd'hui.
Je veux juste
bien comprendre. Vous avez fait mention de tout ce que vous faites dans le
consortium, de votre responsabilité et de la part du contrat global qui vous revient.
On aura compris certainement que, puisqu'on parle d'un prolongement de contrat, ce
sera probablement la même dynamique entre vous et Bombardier, qui était avec
nous tantôt, pour le prolongement du contrat. Vous avez parlé de ce que vous
faites, donc vous avez parlé des bogies, des tractions,
des systèmes de sécurité pour les
passagers. Je veux juste bien comprendre... Parce que tout ce que vous faites est essentiellement un peu en amont, disons, du travail que
Bombardier fait. Eux nous disent : Bien, nos employés, au cours des prochains mois, déjà, vont avoir terminé
le travail, progressivement. Puisque vous êtes en amont, qu'est-ce que ça veut dire pour vos employés? Peut-être que c'est utile pour tout le
monde autour de la table, là. Est-ce
que les vôtres ont déjà un
peu terminé le travail par rapport au contrat, au nombre de voitures prévu dans la
première partie du contrat?
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, tout à fait, notre travail, par rapport au consortium, est
en amont par rapport à nos collègues
de Bombardier.
Ce que, particulièrement, l'usine de Sorel-Tracy fournit, ce sont spécifiquement les bogies,
donc, qui viennent s'asseoir en
dessous des wagons des voitures. Pour répondre à votre question,
le travail spécifique sur les bogies du métro de Montréal, pour nos
employés à Sorel, va arriver à échéance vers la fin de novembre de cette année.
Tel que je
l'ai mentionné, cette usine, par
contre, ne fabrique pas uniquement
les bogies du métro de Montréal
mais fabrique un autre type de bogie pour
les trains plus légers d'Ottawa et de Toronto. Ce n'est pas le même métier, ce n'est pas le même type de métier, le même type
d'expertise. Dans celui du métro de Montréal, c'est plus complexe, il y a de
la soudure plus, on va dire, technique, et une expertise vraiment
très spécifique, alors que, sur les métros légers ou le matériel roulant
léger, c'est plus de l'assemblage final.
Donc, spécifiquement, pour les employés qui fabriquent et qui fournissent les bogies du
métro de Montréal, c'est vers la fin de novembre que leur
mandat sur ce projet termine.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin (Pontiac) : Très bien. Je
vous remercie pour votre réponse. Je suis un peu curieux par rapport à, justement,
la charge de travail de vos employés, disons. Vous avez fait mention, et je
vous en félicite, des différents contrats que vous avez obtenus au fil
du temps, pour lesquels vous avez parlé du train léger à Ottawa, vous avez
parlé du système à Toronto, de Metrolinx. Est-ce que, justement,
le nombre d'employés que vous avez, dans l'éventualité d'un prolongement de contrat
avec la Société de transport de
Montréal dans le cadre du consortium
Bombardier-Alstom... est-ce que vous
êtes en mesure de fournir, avec tous les contrats additionnels? Est-ce que ça
veut dire de l'embauche additionnelle, pour
vous, ou est-ce que les employés que vous avez en ce moment vous permettent
de remplir toutes ces commandes-là? Qu'est-ce que ça veut dire,
concrètement, pour le nombre d'employés chez vous?
M. Abihanna (Souheil) : La...
Le Président (M. Iracà) : Oui,
allez-y.
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, la procédure de ramener d'autres contrats et d'autres charges de
travail à l'usine de Sorel, c'est un peu de venir remplir ce trou qui va
arriver à partir de novembre pour le métier de soudure spécifiquement, parce que c'est le métier qui est le plus... qui aujourd'hui consomme le plus de nos capacités sur le site.
Et notre capacité de pouvoir chercher des
mandats d'autres projets et chercher, on va dire, des mandats partiels de
certains projets qui nécessitent, par exemple, de la soudure nous donne
une flexibilité un peu plus facile que d'amener la fabrication totale d'un train de A à Z. Et c'est un peu la particularité
de notre montage, de notre site. C'est un site qui ne fabrique pas un train complet mais plutôt
des composantes. Donc, toute composante qu'on peut ramener dans notre projet
pour remplir une baisse de charge, qui va
arriver à partir de fin novembre, dans le cas qui nous intéresse, on va le
faire. Et c'est pour cela qu'on
arrive à le faire, c'est parce qu'on cible un «scope» bien dédié ou bien, on va
dire, des composantes particulières
qui nécessitent des métiers, par
exemple, de soudure qui sont
équivalentes à ces métiers aujourd'hui utilisés sur le bogie du métro de Montréal.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Les soudeurs
sont très difficiles à trouver, un peu partout au Québec,
vous le savez, je ne vous l'apprends pas, hein? Donc, est-ce que vous avez de
la difficulté soit envers la rétention d'emplois, envers l'attraction
d'emplois, ou est-ce que les emplois, à
Alstom, sont des emplois de grande qualité, avec des bonnes conditions de travail, qui font en sorte que, même dans un métier très
convoité, disons, où les soudeurs sont très convoités... Est-ce que vous
êtes en mesure d'avoir cette base de main-d'oeuvre là que vous avez toujours besoin et de retenir et d'attirer les nouveaux
employés?
Le Président (M. Iracà) : Oui, M.
Abihanna.
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, je confirme que c'est très difficile de trouver des soudeurs qualifiés.
Et je tiens à préciser que le bogie du métro
de Montréal est un bogie très avancé technologiquement, nécessite une expertise de soudure très précise. On envoie nos employés de
l'usine de Sorel se former dans notre site à Le Creusot, en France,
sur la technologie de soudure spécifique pour ce bogie, pour qu'ils reviennent.
Nos
conditions sont très bien, tous nos employés nous le disent. Le problème,
c'est, lorsqu'on n'a pas de visibilité à
long terme, la condition de travail ne vaut plus grand-chose. Donc, oui, on a
de la misère à les retenir. On est passés dans une phase, dans la dernière année, où est-ce qu'on a dû travailler
fort pour les retenir, essayer de les impliquer sur des projets d'amélioration continue en interne,
mais, en bout de ligne, c'est un travailleur qui va avoir sa paie, son salaire.
Donc, c'est
un exercice difficile, c'est un petit combat, on va dire, hebdomadaire. On
arrive à le pallier avec des petits mandats qu'on transfère d'autres,
tel que je l'ai mentionné, mais c'est une expertise très, très, très
particulière.
M. Fortin
(Pontiac) : Donc, ce que
vous êtes en train de dire, c'est que... Si je vous comprends bien, ce que vous
êtes en train de dire, c'est que vous ne
pouvez pas vous permettre de perdre ces employés-là parce que
vous dépensez des montants importants
pour les former. Donc, vous voulez que dès décembre, disons, dès que la
commande actuelle est complétée, que
les bogies sont fournis pour les derniers wagons, vous puissiez avoir du
travail pour ces employés-là, parce
que,
s'il y a une période, disons, où ils sont mis à pied ou s'il y a
une période de flottement, ces employés-là pourraient très bien quitter,
et vous allez perdre votre expertise que vous avez formée à l'extérieur du
pays. J'ai bien compris?
M. Abihanna (Souheil) : Je confirme,
c'est vrai.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien.
Vous avez fait mention des différents projets avec lesquels vous avez travaillé
avec Bombardier. Entre autres, le projet de la STM, des dernières années en est un, évidemment.
Question toute simple : Est-ce que
le consortium... est-ce que ça se passe bien, vos relations avec Bombardier,
qui est... Parce que le consortium de Bombardier-Alstom... C'est-à-dire, la compagnie Alstom, lorsqu'elle est appelée à travailler au Québec sur des projets québécois, j'imagine que c'est
plus facile de s'allier à Bombardier, qui est un joueur important
au Québec. Alors, ce que je veux savoir, c'est : Est-ce
que c'est un allié naturel, pour
vous, Bombardier? Est-ce que c'est naturel, pour vous, dans des projets comme ceux-là, de vous tourner vers Bombardier?
Est-ce que cette relation-là fonctionne bien puis c'est quelqu'un avec qui vous voulez continuer à
travailler au-delà, par exemple, du prolongement du contrat des wagons de
métro?
M. Abihanna (Souheil) : Deux
réponses, M. le Président, à votre question. Est-ce que c'est naturel à tout moment? Je ne pourrais pas répondre par
l'affirmative là-dessus. Par contre, je peux vous dire comment, personnellement,
dans les années 1999, j'ai travaillé,
en tant qu'Alstom, avec Bombardier, sur la fourniture de
1 000 voitures de métro parisien sur la ligne 2, 5 et 9. Donc, dans des usines
en France, ce n'est pas la première collaboration. J'ai mentionné le projet...
il y a le projet M7, en Belgique, qu'on a déjà fait. Il y a plusieurs
collaborations.
Lorsque
le montage le permet, lorsque la complémentarité des systèmes, des
sous-systèmes — et c'est
la nature de la business dans
laquelle on est — fait en
sorte qu'on se complémente, on va y aller, on y va. Et, je pense, et évidemment
je réponds pour Alstom, et c'est parce que
je connais la nature de la business, c'est aussi la position de n'importe quel
autre fournisseur comme Bombardier avec qui on
est alliés. Ça peut permettre de faire une recette gagnante pour un client
potentiel, lorsqu'on connaît chacun sa partie et son expertise, de mettre en
place un produit fini qui est d'une grande satisfaction pour la clientèle
finale.
Donc,
il y a tellement de place pour des collaborations conjointes, que ce soit,
évidemment, au Québec, au Canada ou partout ailleurs dans le monde.
C'est une option qui est tout le temps sur la table.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le ministre.
M.
Fortin (Pontiac) : Une question. On a vu, avec... Les gens de
Bombardier, tantôt, nous expliquaient que, dans la livraison des 468 voitures, ça s'est fait, disons, plus
lentement au début et plus rapidement maintenant, au rythme de, disons,
un wagon par jour. Quand on passe d'un rythme à l'autre, j'imagine, ça a une
incidence majeure sur votre entreprise également. Donc, de votre point de vue,
là, et je comprends que vous êtes, évidemment, et vous allez continuer d'être en négociation avec la STM à ce
niveau-là, mais, peu importe le rythme choisi, disons, le rythme sur lequel
on s'entend, vous allez être capables de
livrer, disons, au rythme actuel, là, sans problème, là? On ne vous demande pas
de livrer cinq wagons par jour, là, mais...
M.
Abihanna (Souheil) : Oui. M. le Président, aujourd'hui, on est à un
rythme, je pense, de... combien de bogies par...
M.
Bouteloup (Bertrand) : On sort actuellement huit bogies par semaine,
ce qui est le rythme de production. Et
ce que l'on fait, entre deux partenaires, vous parliez de côté naturel de
consortium, on est à l'écoute l'un de l'autre et on adapte. La seule problématique, on peut faire face
à une problématique de fournisseurs potentiels, d'un côté ou de l'autre,
et on s'adapte. On a toujours réussi à
trouver une synchronisation de nos outils industriels, qui a satisfait pour
l'instant. Donc, je dirais qu'on
saurait bâtir un contrat et une collaboration solides, avec Bombardier, avec un
échéancier commun, oui.
• (16 h 50) •
M.
Fortin (Pontiac) : Très bien. M. le Président. Moi, ça me convient.
J'apprécie beaucoup la perspective qui nous
a été donnée par les gens d'Alstom aujourd'hui. Je ne sais pas si certains de
mes collègues ont des questions, mais pour moi ça va, M. le Président.
Le Président (M.
Iracà) : Est-ce qu'il y a d'autres questions de la partie
gouvernementale? M. le député de Mégantic, la parole est à vous.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Bonjour, madame. Il me fait plaisir de vous entendre
aujourd'hui.
Puisqu'Alstom fait partie d'un conglomérat
international, j'imagine que, par la tradition normale, vos usines peuvent
entrer en compétition entre elles sur
certains contrats, n'est-ce pas? Comment les conditions de travail du Québec
vous permettent de compétitionner
avec des usines dans d'autres continents, soit en Amérique du Sud ou en Europe,
etc.? Et quels sont les paramètres
clés qui font que l'usine de Sorel peut être compétitive au niveau
international sur les contrats que vous développez?
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le député de Mégantic.
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, spécifiquement sur le site de
Sorel-Tracy, aujourd'hui, nous sommes en
train... aujourd'hui, l'usine a atteint une certaine maturité, grâce,
évidemment, à ce contrat, après plusieurs années, au niveau des métiers de soudure et d'assemblage. Il
est clair pour nous qu'on a atteint une certaine maturité. Au début, on
a fait un transfert technologique, comme je l'ai mentionné, de Le Creusot
vers Sorel, c'était un rythme plus lent de fabrication,
mais aujourd'hui la maturité, elle est atteinte. On rentre dans un cycle
d'amélioration continue, de réduction de temps.
Tout
est en fonction de temps de fabrication et de soudure de ces bogies-là. Donc,
on rentre aujourd'hui dans une phase
d'amélioration continue qui nous permet de cerner et de sécuriser tous les
temps et les paramètres autour de l'usine. Ça, c'est à l'interne, à
l'usine.
Après,
il y a le paramètre des fournisseurs. Le deuxième paramètre, c'est les fournisseurs,
où est-ce qu'aujourd'hui, par exemple, pour vous donner un exemple, avec
le Pôle d'excellence québécois en transport terrestre, on travaille en collaboration avec eux pour aider les fournisseurs
aussi à atteindre cette maturité. Et ça, on en a tellement, de discussions,
de les aider, par exemple, je vous donne des
exemples, avec des fournisseurs qui aimeraient avoir une chaîne de production
robotisée et qui permettrait, avec nous,
avec nos échanges, d'aller robotiser leur chaîne de production. Et, évidemment,
des commandes additionnelles pour des trains
qui ont atteint une maturité au niveau de l'industriel permet de rentrer dans
ce cycle-là. On ne peut pas penser de
maturiser un cycle de production alors qu'on est au début ou dans les premières
phases de conception et de recherche et développement spécifiques pour
un produit.
Donc,
aujourd'hui, on a atteint cette maturité-là. Et, comme on le mentionnait, des
trains additionnels peuvent venir
faire un gain sur le retour d'investissement global, je parle d'un point de vue
global, que ce soit interne, industriel, pour notre chaîne de montage ou
les fournisseurs de la région autour de nous. Ils en bénéficieront, ça, c'est
clair.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député.
M.
Bolduc : Est-ce qu'on peut dire que les trains ou les segments de
production que vous avez à maturité sont un peu traités comme des commodités, c'est-à-dire qu'il y a de
l'optimisation, là, mais l'ensemble du système est très rodé, et que les nouveaux systèmes générés, qui,
eux, deviennent en fait des spécialités et qui demandent beaucoup de
plus d'énergie, des coûts plus élevés... Est-ce qu'on peut comparer ce
chapitre-là de cette façon-là?
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, tel que le président,
M. Brossoit, de Bombardier, l'a mentionné, les nouvelles... s'il y a une nouvelle commande pour
les voitures de métro, on n'est pas en train de faire la réingénierie, au
contraire. Il faut absolument bénéficier de cette maturité dont il était
question.
Évidemment,
il y a certaines composantes... Le facteur d'obsolescence est un facteur qui
existe dans tout le métier, surtout lorsqu'on parle de carte
électronique ou composante électronique. C'est le domaine à observer.
Est-ce que
ceci va nécessiter une petite réingénierie? À voir. Mais on parle de... C'est
une réingénierie ou bien un redesign
d'adaptation suite à une obsolescence particulière sur des composantes
électroniques particulières. On n'est pas en train de parler de refaire
l'ingénierie dès le début.
M.
Bolduc : Merci. Vous avez parlé qu'Alstom avait quatre systèmes, donc,
la traction, les bogies, le système d'information
et les contrôles automatiques. Dans le cas, ici, de la commande avec
Bombardier, est-ce que ces quatre systèmes-là interviennent ou s'il n'y
en a seulement qu'une partie?
M.
Abihanna (Souheil) : M. le Président, c'est tout le train au complet
équipé. Donc, ce sont des systèmes vitaux. Même si on ne les voit pas, on ne les perçoit pas, en tant que...
peut-être, les systèmes d'information passagers, on les perçoit dans le train, mais les trois autres, ce sont des
systèmes critiques. On ne peut pas avoir un train sans ces trois
systèmes... ces quatre systèmes-là.
M.
Bolduc : Donc, ils sont
essentiels à chaque wagon, ce n'est pas le train, là. Je veux différencier, finalement, le système moteur du système, finalement,
qui est tiré, etc. Donc, chacun de ces systèmes-là est nécessaire pour chacun des wagons.
M.
Bouteloup (Bertrand) : En effet,
juste pour préciser, sur ces systèmes, hormis le contrôle de train, qui est localisé sur les deux voitures d'extrémité, les
autres systèmes, vous les retrouvez sur l'intégralité des
wagons, sur les neuf; la traction est répartie sur les sept
intermédiaires. Donc, en fait, on utilise l'espace qui est en dessous, qui
n'est pas visible de l'usager, mais on
l'utilise pour mettre les bogies, la traction et le contrôle de train. Le seul
qui est visible, comme l'a précisé
Souheil, c'est la partie en voiture qui est tout système d'information voyageur, les écrans, les choses comme ça.
M.
Bolduc : Vous avez parlé, tout à l'heure, que les systèmes électroniques sont probablement une des composantes les plus
dynamiques dans la structure de ces wagons-là et qu'ils doivent être, disons,
modernisés ou remplacés. Quel est le cycle de vie typique de ces
composantes-là? Parce que, si on parle d'avoir un wagon qui peut durer
40 ans... Vous comprenez bien qu'en
1974 l'électronique n'était pas tout
à fait où on est là et qu'il y a
eu plusieurs générations. Est-ce que vous, dans vos prévisions de développement ou de
construction, vous prévoyez des phases de modification ou de changement dans les composantes électroniques au
prochain cycle de vie, etc.? Comment vous gérez cet aspect-là pour maintenir
une rentabilité du cycle du produit?
M. Bouteloup (Bertrand) : Le système
qui est le plus à même d'être en changement de technologie, c'est le système
que l'on voit, ce système d'écrans, le système d'électronique embarqué, où, là,
tout ce qui est système de sonorisation et
de signalisation, on peut s'améliorer, on peut changer de technologie. Il y a tout ce que l'on connaît au niveau électronique qui évolue, au
niveau mémoire, au niveau capacité.
Par contre,
pour les autres systèmes, c'est des cycles beaucoup plus longs. On a
bénéficié... Pourquoi le train est très
fiable, aujourd'hui, le train que
l'on livre à la STM, c'est parce qu'on s'appuie sur des systèmes très éprouvés.
La traction que l'on a, par exemple,
est un système qu'on utilise sur les tractions des métros à pneus parisiens
depuis 10 ou 15 ans. On en a
partout dans le monde. On utilise cette plateforme pour jouer sur la solidité.
On l'adapte aux besoins du métro de la STM, on joue sur des paramètres.
Le seul qui
est sur la partie évolutive, c'est plus la partie système électronique
embarqué, sur la visualisation, des choses comme ça. Les autres, c'est
des technologies beaucoup plus long terme.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, M. le député. Trois minutes. Vous n'êtes
pas obligé de toutes les prendre, c'est comme vous voulez.
M.
Bolduc : O.K. Bien là, c'est parce que je suis intéressé à bien
comprendre. Est-ce que vous avez des systèmes de redondance ou si c'est
des systèmes uniques qui sont maintenus?
M. Bouteloup (Bertrand) :
Les systèmes étant des systèmes vitaux pour la fiabilité, pour la disponibilité
du train, ils sont de redondance. Et, oui, il y a de la capacité.
Le Président (M.
Iracà) : ...merci.
M. Bolduc :
Je comprends bien que c'est une façon de développer...
Vous
avez parlé d'un autre segment qui m'intéressait, tout à l'heure, c'est la
partie des équipements ou de l'expertise en soudure. Ce que ça nous indique, c'est que vous avez des alliages
très spécifiques pour la fabrication de vos bogies, qui sont, disons, un
peu uniques et dont on ne retrouve pas l'expertise.
Vous
ne pouvez probablement peut-être pas nous donner les détails, mais quelle est
la durée de formation pour arriver à prendre,
par exemple, un de vos employés puis de l'amener à un niveau, appelons-le,
maximal, qui lui permet de faire tous
les éléments clés de ce travail-là? Parce que ce n'est pas toujours évident
d'en arriver à un niveau d'expertise et de la maintenir.
M. Bouteloup
(Bertrand) : Le design, donc, la conception du bogie a été faite en
France avec des standards européens plutôt à l'habitude. Ils ont quand même...
On l'a quand même américanisée ou canadianisée, si je peux me permettre. On
utilise le CWB comme référence, donc le Canadian Welding Bureau. Donc, on
utilise exactement les standards. Néanmoins,
du fait de la spécificité du niveau de qualité que l'on recherche, il faut
entre deux à trois mois pour avoir un
soudeur qualifié, opérationnel sur nos processus. C'est progressif. Ça dépend
aussi de la qualité du soudeur, mais c'est de deux à trois mois, à peu
près.
• (17 heures) •
M.
Bolduc : Le type de matériau que vous utilisez... Parce que, comme
vous le savez... Puis là je vais faire une comparaison un peu, comment je dirais ça... pas vraiment réaliste, parce que, sur les systèmes
de transport ferroviaire, il y a
énormément de vibrations et de propagation de, comment je dirais... pour briser
les structures, et de failles. Comment, le travail, pour ces éléments d'infrastructure
là, dans les métros, dans les systèmes de transport en commun, vous assurez-vous que le cycle de vie, comment je
dirais, sécuritaire n'est pas dépassé? Est-ce qu'il y a un cycle de vie, où
vous dites : Après tant d'années, on les retire du service? Comment
ça fonctionne, ça?
M. Bouteloup
(Bertrand) : Non, en fait, M. le Président, juste pour répondre, même
si la question est un peu technique, sur la... on travaille sur le design et
sur le niveau de qualité, justement, des soudures pour pouvoir aller bien
au-delà du temps d'exploitation d'un
matériel. On va des années au-delà. Et, encore pour vous garantir cette
sécurité-là, dans le cadre du métro
de Montréal, on utilise des châssis et des choses qui sont développées depuis
déjà de nombreuses années dans plein
de métros. Et on a l'avantage que le métro de Montréal est sur pneus. Donc,
l'histoire des vibrations est légèrement plus faible dans le cadre du
métro pneus.
M. Bolduc :
C'est une spécificité du système de Montréal, en fait.
M. Bouteloup
(Bertrand) : Oui, que l'on connaît, oui. Tout à fait.
Le
Président (M. Iracà) : ...désolé, M. le député de Mégantic. Je sais
que vous auriez pu continuer pendant des heures et des heures, mais je dois respecter les temps. Et nous allons
débuter un autre bloc d'échange avec l'opposition officielle. M. le
député de Richelieu, vous avez un gros 13 minutes.
M. Rochon : D'accord. Merci, M. le Président. Je reconnais, M. le Président,
l'intérêt du député de Mégantic pour les
questions, là, finement techniques. J'ai le bonheur de partager, là, les
séances de la Commission de l'administration publique avec lui, et il
nous ébahit à chaque séance davantage.
Alors,
je suis député de Richelieu et je suis Sorelois, hein, j'y suis né, j'y ai
grandi, j'y ai travaillé toute ma vie. J'ai
cette région-là dans la peau, hein, comme tous les députés. Je ne suis pas un
héros, là, tous les députés, là, partagent cette caractéristique d'avoir
la capitale régionale de leur circonscription dans la peau, là.
Et j'étais à
l'inauguration de votre atelier. J'y accompagnais, comme attaché politique, le
député d'alors, Sylvain Simard, tiens, que je
salue au passage. Alors, M. le Président, à cause de ça, parce que j'ai
Sorel-Tracy dans la peau, rien ne m'ulcère davantage, quand j'entends
traiter de ce dossier des voitures Azur du métro de Montréal, de n'entendre
référer qu'aux travailleuses et aux travailleurs de La Pocatière, pas du
tout parce que je ne les aime pas. Écoutez, ma belle-mère est née dans cette
région-là, alors je n'ai pas intérêt, je n'ai pas intérêt...
M. Bolduc :
...tu aimes ta belle-mère.
M. Rochon : Ah! bien oui, bien sûr, je l'adore. Non, mais, sérieusement, quand je
prends le métro de Montréal, là, quand j'embarque dans les voitures Azur, je
pense avec fierté aux travailleuses et aux travailleurs de Sorel-Tracy
qui y ont oeuvré. D'ailleurs, tantôt, on
parlait de soudeurs et, j'ajoute... et soudeuses. Eh bien, celles et ceux de
Sorel sont parmi les meilleurs au
Québec. Et là je me suis retenu pour ne pas dire «les meilleurs au
Québec», justement, pour ne pas me faire d'adversaires ailleurs, là,
mais ce sont d'excellents soudeurs et d'excellentes soudeuses. Et, voilà, ces travailleuses et travailleurs-là de Sorel-Tracy,
je trouve qu'on les oublie trop dans le discours; pas le chef de l'opposition,
parce qu'il est à quelques textos de moi,
mais j'entends peu souvent référer à ces gens-là, à ces travailleurs-là, puis
je me dis qu'ils valent certainement autant, là, que celles et ceux de
La Pocatière. Ça, tout le monde en conviendra.
Alors,
c'est à elles et à eux que j'ai pensé quand est venu à mes oreilles que la STM
pourrait repousser la deuxième phase de
construction des wagons Azur. D'ailleurs, j'en ai immédiatement parlé à mon ami
de Côte-du-Sud, il s'en souviendra
sans doute, pour lui dire : Il faut travailler ensemble pour ces
femmes et ces hommes de Bombardier à La Pocatière
et d'Alstom à Sorel-Tracy, pour qu'il y ait un avenir pour ces installations de
La Pocatière et de Sorel-Tracy. Et il y a, à Sorel-Tracy comme à
La Pocatière, des sous-traitants, des retombées indirectes.
Alors,
madame et messieurs d'Alstom, vous annonciez, en avril, qu'une partie de la
charge de travail de vos autres usines
allait, vous en avez parlé encore tantôt... allait être transférée à
Sorel-Tracy afin de garantir, là, du travail, le maintien de quelque 80 emplois, parce que vous voyez, là, à
ce moment-là se terminer la phase I du contrat des voitures Azur. Vous cultiviez par ailleurs quand même toujours, là,
l'espoir que cette phase II survienne. Alors, si ce projet de loi en signait
en effet le lancement, hein, de la
phase II, combien d'emplois supplémentaires... Le ministre est un peu
allé là-dessus, là, je vais faire du pouce, on doit pouvoir faire du
pouce... Combien d'emplois supplémentaires cela créerait-il pour ce
covoiturage sur rail?
Le Président
(M. Morin) : M. Abihanna.
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, tel que je l'ai mentionné, les activités
additionnelles qu'on fait déplacer d'autres
sites d'Alstom vers notre usine de Sorel-Tracy, le but de cette opération, de
cette manoeuvre, c'est de maintenir cette expertise de soudeur qui est
très rare au Québec, et dans la région, et effectivement dans le monde.
Et
je me permets ici de vous mentionner qu'à un moment donné, il y a deux, trois
ans, nous avons déplacé une équipe interne qui fait la publicité de nos
usines et qui a fait un reportage spécifique sur les soudeurs et le métier de
soudure à l'usine de Sorel-Tracy. Donc, on parle ici vraiment d'une expertise
unique.
Mais,
pour revenir à votre question, M. le député, une commande
additionnelle, comme M. le ministre m'avait posé la question au tout début, que nous, on travaille en amont, il y a
toujours un travail en amont. Donc, une commande additionnelle, premièrement, il faut lancer l'approvisionnement de
toutes les pièces, et ceci... Il y a un cycle réel de vie. Je veux dire, un train ne se fabrique pas du jour
au lendemain. Donc, pendant ce temps, pendant que les autres fournisseurs,
qui, eux aussi, sont en attente, reçoivent
la commande et commencent à se préparer, il y a un temps qui s'écoule, et, ce temps-là, il n'y aura pas de bogies qui seront
fabriqués pour le métro de Montréal. Donc, ce qu'on est en train de faire,
on ramène d'autres charges pour remplir ce
gap, excusez-moi le terme, ou ce trou dans le temps en attendant que
les pièces rentrent et qu'on puisse lancer la chaîne de production et de
montage de notre bogie. Évidemment, si on suit le cycle, la même logique se suit chez notre partenaire de
consortium, qui, lui, reçoit le bogie et puis continue l'assemblage de son
train. Donc, l'opération aujourd'hui qu'Alstom est en train de faire, en
attendant potentiellement l'arrivée de cette commande additionnelle, c'est de
maintenir ces travaux, surtout, très rares dans la région.
M. Rochon : Alors là, je comprends que la charge de travail rapatriée de vos autres
usines, rapatriée à Sorel-Tracy de vos autres usines, n'y demeurera pas
au lancement de la phase II des wagons du métro de Montréal.
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, la charge dont... identifiée, donc,
Santiago de Chili, effectivement, ne demeurera
pas, elle sera terminée. Donc, on finira la charge d'une composante, et ce
n'est pas un bogie au complet qu'on va fabriquer,
ce sont des sous-ensembles du bogie, en métier de soudure. Et, une fois que ce
travail est terminé, effectivement, il sera terminé, donc il n'y aura
pas... je veux dire, le projet de Santiago va être terminé.
Donc,
ce qui est, par contre, l'avantage dans cette opération, c'est qu'on démontre à
l'ensemble du réseau d'Alstom... c'est
que le site, l'usine de Sorel-Tracy a contribué d'une façon compétitive sur un
projet à l'international, parce que, si on transfère Santiago de Chili ici, c'est parce que ce que Sorel-Tracy...
la soudure de Sorel-Tracy est une activité qui est aussi compétitive à
l'interne. Si on la réussit, on vient de démontrer qu'on est capable de
chercher d'autres charges du groupe Alstom,
l'amener à notre usine qui a une expertise. Et, à ce moment-là, on pourra
parler d'une montée en charge et d'augmentation de ressources sur le
site.
Il
y a une suite logique à tout ce phénomène-là, d'où notre coopération avec le
pôle d'excellence québécois en matière
de transport terrestre. C'est pour que tout ce cycle-là soit gagnant à tous les
bouts. Si Santiago de Chili est livré dans les temps et délais, avec les
coûts compétitifs, on vient de démontrer que Sorel-Tracy est capable de faire
de l'exportation, et ça, c'est un peu un point très majeur pour nous.
• (17 h 10) •
M. Rochon : Vous le devez, par ailleurs, c'est mon point de vue, vous me direz si
vous le partagez... vous le devez à la
communauté soreloise, parce ce qu'elle s'est drôlement impliquée pour Alstom,
en fait, pour les travailleuses et les travailleurs d'Alstom.
Naturellement,
vous y référiez, la société des parcs, aujourd'hui société de développement
économique, a construit le bâtiment
où vous avez aujourd'hui vos activités, bâtiment que vous louez, vous avez
signé un bail. Vous sentez-vous, devant les efforts déployés par la
communauté, liés aussi par un genre de contrat moral, outre ce bail signé?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, je confirme que l'engagement que ce soit
la société des parcs ou la communauté en soi
a donné à Alstom, dans le temps où est-ce qu'on faisait de l'énergie et de
l'hydro et par la suite, c'est un
engagement qui nous tient à coeur. D'ailleurs, si on voudrait faire de
l'exportation, c'est parce qu'on y croit, dans cette usine-là. Et aujourd'hui cette usine est,
aujourd'hui, sur la mappe, on va dire, industrielle des sites d'Alstom.
Aujourd'hui, le site de Sorel apparaît comme étant... faisant partie de
la chaîne complète de l'industriel.
Donc,
effectivement, on a un engagement social, moral envers ces employés-là avec qui
ils ont fait des sacrifices et qui nous ont suivis pendant... où est-ce qu'il y
avait des périodes où est-ce que ce n'était pas très clair. Et donc la réponse
est : Effectivement, on a cet engagement-là.
M. Rochon : Alors, votre engagement est enregistré et il sera mis même sur papier
par les services de l'Assemblée nationale.
Le
contenu manufacturé localement, là, à Sorel, là, des bogies fabriqués par
Alstom et puis les autres composantes que
vous avez identifiées, là, mon technique collègue de Mégantic a repris, là,
toute l'énumération tantôt, là, alors, le contenu manufacturé localement à Sorel-Tracy par Alstom,
quel pourcentage représente-t-il? Est-ce que tout est fait à l'atelier d'Alstom à Sorel-Tracy? Je vous pose la question
parce que, je ne vous le cacherai pas, là, je conserve un goût assez amer
de ce contrat de fabrication obtenu par Alstom pour le REM et que vous ferez
finalement faire au Brésil, hein, ni le gouvernement
ni la deuxième opposition n'ayant souscrit à notre réclamation d'une obligation
de contenu manufacturé localement.
Alors, je veux vous entendre concernant, justement, les bogies et les trois
autres éléments, là. Est-ce que tout ça est manufacturé ici, entièrement
ici, au Québec, et plus particulièrement à Sorel-Tracy, à vos ateliers?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, l'usine de Sorel ne fabrique que des
bogies. Donc, c'est une usine spécialisée en fabrication des bogies ou des
sous-ensembles de bogies, comme je l'ai mentionné, par rapport à d'autres
projets.
Vous
savez, faire un transfert technologique d'un site à un autre pour un produit
quelconque coûte énormément d'énergie
et de temps dans la vie d'un projet. Donc, ce n'est pas facile de transformer
chaque usine et qu'elle soit capable de fabriquer toutes les composantes
de n'importe quel produit final.
Donc, pour répondre à
votre question, ce sont... l'usine de Sorel est une usine de fabrication des
bogies. Aujourd'hui, il y a deux variantes
de bogies, le bogie d'un métro de Montréal lourd et les bogies d'Ottawa et de
Toronto qui sont plus légers.
M. Rochon :
De combien de temps, collègue...
Le Président
(M. Morin) : 1 min 52 s, mon cher député de
Richelieu.
M. Rochon :
Combien, dites-vous? Excusez-moi.
Le Président
(M. Morin) : 1 min 52 s, 1 min 49 s,
1 min 48 s...
M. Rochon : Excusez-moi, oui, parfait. Alors, poursuivons dans cette veine. Vous
parliez tout à l'heure de l'incertitude,
là, suscitée par la fin appréhendée de la construction des wagons Azur, de la
possibilité que cette seconde phase ne démarre pas. Je sais que ça a affecté,
là, beaucoup, beaucoup vos employés à Sorel-Tracy, je sais que certains d'entre eux, certaines d'entre elles ont décidé
d'aller voir ailleurs, hein? Où en est-ce sur ce plan-là? Est-ce que vous avez
finalement réussi, en rapatriant des
contrats d'ailleurs dans l'attente créée par la situation... Est-ce que vous
avez réussi à retenir chez nous la grande majorité, là, de vos employés
sorelois?
Le Président
(M. Morin) : Moins d'une minute, M. le vice-président.
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, oui, avec ce qu'on avait annoncé par
rapport et au projet de Santiago et deux autres miniprojets des
États-Unis, nous avons rassuré la population. On a rencontré, même, les
représentants de syndicat, où est-ce qu'on leur avait annoncé ces mesures-là.
Évidemment, on a mentionné qu'aussi, dans le pipeline, il y a ce projet, ce renouvellement de voitures qui viendrait donner
aussi un coussin par rapport à ce... parce que c'est un bogie complet, avec la soudure complète de A à Z. Donc, oui, on pense avoir réussi. Je ne
vous dis pas qu'on n'en échappe pas
une ou deux, ressources, de temps à autre, c'est la vie normale de
l'opération d'une usine de ce type-là, mais je pense qu'aujourd'hui on a pu rassurer nos employés et nos syndicats, en les rencontrant,
sur les mesures qu'on a prises à l'interne pour sécuriser leurs emplois.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le vice-président. Dans le mille. M. le député de Richelieu,
à votre façon, vos échanges ont été très instructifs. M. le député
de Deux-Montagnes, à votre tour.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Mesdames messieurs, merci de votre présence cet après-midi.
Peut-être revenir sur
la situation des employés. Plusieurs, autant le ministre que mon collègue de l'opposition
officielle, ont abordé la question, mais, juste pour être bien certain de
comprendre, actuellement vous avez combien d'employés liés au contrat de la STM
à votre usine à Sorel?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, à peu près 70 de l'usine de Sorel qui
sont reliés à...
M. Charette : Et
est-ce que, tout au long de la
production du contrat qui vous revient, ce nombre a été relativement stable? Est-ce que c'est sensiblement le même nombre, au fil des
dernières années, là, qui s'est consacré à la réalisation des bogies?
M. Abihanna (Souheil) : M. le
Président, aujourd'hui, on a atteint notre rythme de croisière, donc c'est le plus élevé.
Avant ceci, on était plus faible. Lorsqu'on avait des rythmes de livraison de bogies plus
faibles, donc, c'était un peu plus faible. Donc, aujourd'hui, on a atteint... Évidemment,
on s'ajuste, comme on l'avait mentionné, on s'ajuste un petit
peu au planning global du consortium vis-à-vis
du client qui est la STM. Et aujourd'hui on a ce rythme-là avec les
70 employés relatifs au métro de Montréal.
M. Charette : Donc, plus
ou moins 70 à Sorel-Tracy pour la
STM. Et l'usine emploie combien de personnes au total?
M. Abihanna
(Souheil) : Une centaine.
M. Charette : Une centaine. Donc, c'est l'essentiel des
effectifs, là, qui est dédié à ce contrat, et on parle de rythme de croisière.
Si le projet de loi était adopté rapidement, si le contrat était accordé aussi rapidement,
on maintiendrait essentiellement le même volume d'emploi?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, le même niveau d'emploi pour les mêmes
rythmes de cadence, effectivement, on le maintient. Et puis ça va
dépendre aussi d'autres projets, mais la réponse est oui, on maintient le
même... Le but, c'est de sécuriser la centaine d'emplois totale pour
l'usine de Sorel.
M. Charette :
Et quelle est...
Le Président
(M. Morin) : M. le député.
M. Charette : Merci. Quelle est la capacité de développement de cette usine? On parle d'un contrat avec la STM, vous parlez éventuellement d'exporter des produits fabriqués au Québec pour le bénéfice
d'autres contrats ou d'autres usines
partenaires de la compagnie, mais quels sont les rêves les plus fous pour ce
qui est de l'usine de Sorel? Est-ce
que c'est une usine qui a une grande capacité de développement en termes
de nombre d'employés, notamment?
M. Abihanna (Souheil) : M. le
Président, honnêtement, aujourd'hui, je ne peux pas vous dire. Je veux dire, je ne vois pas aujourd'hui la capacité de tripler, de quadrupler la dimension de cette usine, je
serais en train de dire n'importe
quoi ici.
Après,
si la cadence et le rythme nécessitent d'augmenter de 10 %, 15 %, c'est faisable. Aujourd'hui,
une usine, elle est dimensionnée pas
par le nombre d'employés, mais plutôt le rythme de production et de sortie.
Encore une fois, c'est une usine qui
ne fabrique pas de train complet, c'est une usine de composantes. Ça, il
faut... Ce n'est pas vraiment une usine d'assemblage d'un train au
complet.
M. Charette :
Parfait. J'arrivais à cet élément-là particulier. Effectivement, ce sont des
composantes très spécifiques, très
spécialisées qui seront intégrées éventuellement à un train complet. Est-ce que
c'est dans les intentions de la
compagnie de développer davantage de produits éventuellement sur le côté de
Sorel ou vous voulez vous en tenir à cette niche déjà très spécialisée?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, aujourd'hui, le site de Sorel est une
usine spécialisée dans la soudure. On
a souffert beaucoup pour la rendre à ce niveau d'expertise là avec la
formation, avec le niveau de qualité de soudure qui est exigé par le client, qui est à des niveaux vraiment élevés.
Aujourd'hui, notre focus, c'est de rester sur le métier de bogie et de rendre le site de Sorel-Tracy — d'ailleurs, ça l'est déjà — un site, un centre d'excellence en matière
de bogies au sein d'Alstom. Donc, c'est notre focus aujourd'hui,
actuellement.
Le Président
(M. Morin) : Merci. M. le député.
• (17 h 20) •
M. Charette :
Et votre partenaire, Bombardier, disait tout à l'heure espérer que, pour le
renouvellement ou, en fait, la prolongation du contrat, on s'en tienne essentiellement
aux mêmes modalités, mêmes types de pièces, mêmes types de produits livrables à la toute fin. Parmi
les éléments que la STM... D'abord, est-ce que
vous étiez de la rencontre, hier,
entre... Donc, est-ce que vous savez s'il y a également
des attentes de votre côté par
rapport aux améliorations attendues par la STM? Est-ce qu'il y a des éléments qui vous
touchent davantage?
M. Abihanna
(Souheil) : M. le Président, nous, on s'attend à ce qu'il y ait vraiment
un amendement, un prolongement du montage et
du «scope», et du partenariat, et du découpage, et de la solution technique telle qu'elle est aujourd'hui. Je pense, c'est au bénéfice de tout
le monde de reproduire un petit peu une recette qui est éprouvée et pour
laquelle les deux parties du consortium,
aujourd'hui, ont atteint une maturité en rythme de livraison. Donc, pour nous,
il n'y a pas d'attente particulière extraordinaire par rapport à la continuité
de ce contrat, si ça arrive.
M. Charette :
Hier, c'était une rencontre, donc, vous impliquant, impliquant Bombardier,
impliquant la STM. Est-ce que c'est autant partie patronale, partie
représentant les employés qui étaient partie prenante de la rencontre en
question ou c'était davantage au niveau de la stratégie?
M. Abihanna (Souheil) : M. le
Président, hier, nous n'étions pas présents à la rencontre qu'il y a eu entre
Bombardier Transport, la STM puis le représentant du gouvernement.
M. Charette :
D'accord. Parfait.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Charette : Peut-être une
petite indication de...
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste trois minutes, mais c'est un droit, ce n'est pas une obligation, alors...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Charette : Je ne sais pas si c'est une invitation que vous
me lancez par la même occasion, mais peut-être une dernière question.
Donc, actuellement, vos gens sont à l'emploi pour ce contrat-là jusqu'en
novembre, c'est ce que je comprenais tout à l'heure, et, avec une
prolongation de contrat, il y aurait une... on pourrait reprendre déjà au même
rythme, déjà anticiper une production et maintenir non seulement le même nombre
d'employés mais la même fréquence dès les semaines qui suivraient le mois de
novembre.
M. Abihanna (Souheil) : M. le
Président, petite précision, ce n'est pas dès le lendemain du passage de la commande que ces mêmes employés vont travailler
sur les bogies du métro de Montréal, parce
qu'il faut commander les pièces, ainsi
de suite. Ils vont passer sur les
autres mandats intermédiaires en attendant que la chaîne de production du
bogie de métro de Montréal puisse être repartie, et c'est là où est-ce qu'on
reprend les mêmes employés.
Donc, on a
essayé de ramener une charge qui remplit ce gap dans le temps. Et, une fois que
la commande rentre, on revient sur le projet et sur la fabrication des
bogies du métro de Montréal.
M. Charette : Ah! c'est bien
gentil. Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Alors, merci
beaucoup. Alors, ceci met fin au bloc d'échange. Je vous remercie énormément de
votre contribution à cette commission.
Je vais
suspendre les travaux quelques
instants pour permettre à la Société de transport de Montréal de bien prendre place. Je suspends les
travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 24)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants du groupe Société de transport de Montréal. Je vous demande de bien
vouloir vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Sans plus tarder,
messieurs, la parole est à vous.
Société
de transport de Montréal (STM)
M. Schnobb (Philippe) : Merci,
M. le Président. Mon nom est Philippe Schnobb, je suis président du conseil d'administration de la Société de transport de
Montréal. Je suis accompagné de M. Luc Tremblay, directeur général de la
Société de transport de Montréal, et de
M. Étienne Lyrette, qui est directeur de cabinet du président et du
directeur général.
Le
Président (M. Iracà) : Excellent. Alors, bienvenue dans la maison du
peuple. Et je vous cède encore la parole.
M. Schnobb
(Philippe) : Je vous remercie. Alors, merci aux membres de la
commission, M. le ministre. Bonjour. Nous vous remercions de
l'opportunité que vous nous offrez aujourd'hui.
D'abord,
la Société de transport de Montréal accueille favorablement la décision du gouvernement du Québec d'adopter
une loi spéciale pour l'acquisition de nouveaux trains Azur.
Au cours des derniers mois, le gouvernement du
Québec a demandé à la STM d'étudier des scénarios de remplacement des MR-73. Le scénario du remplacement complet n'étant pas
envisageable à court terme. La STM a proposé au gouvernement un scénario alternatif pour remplacer 17 trains. Ce
scénario procure quatre bénéfices, sur lesquels je vais revenir un peu plus en profondeur par la suite,
mais les voici : le premier, une amélioration du service pour les clients;
une optimisation des sommes déjà investies
dans le maintien des MR-73; la protection d'emplois à Montréal; et l'absence
de travaux majeurs aux infrastructures afin d'accueillir les trains.
Alors, dans
un premier temps, le scénario retenu permettra une amélioration significative
du service. Les clients bénéficieront de trains modernes qui offrent
déjà 8 % d'espace supplémentaire pour plus de confort et une meilleure
fiabilité. À terme, 90 % des trains qui circuleront sur la ligne verte
seront des trains Azur.
Ensuite, il faut rappeler que la STM investit
déjà depuis 2014 pour maintenir en service les voitures MR-73 jusqu'en 2036. Au
total, 149 millions sont alloués à ce programme et 40 millions ont
déjà été investis et engagés. En remplaçant 17 de ces trains pour de nouveaux Azur, la STM s'assure donc
d'optimiser les sommes déjà investies dans les MR-73 en conservant plus
de 60 % d'entre eux.
Le scénario à
17 trains permet aussi de protéger des emplois à Montréal. Le remplacement
complet mettait effectivement à risque environ 100 postes permanents chez
les employés d'entretien qui sont affectés aux différents programmes
d'entretien préventif des MR-73 et au prolongement de leur vie utile.
De
plus, les 17 trains correspondent à la capacité résiduelle actuelle de la
STM. Il est donc possible d'accueillir ces
trains sans effectuer de travaux majeurs pour adapter des garages existants et
en construire à nouveau, ce qui aurait entraîné des coûts de plus de 600 millions
et des travaux de cinq à six ans.
Le
scénario retenu constitue donc une solution gagnante, d'autant plus que le gouvernement a confirmé que cet engagement n'aura aucune conséquence sur le financement
des projets en cours ou planifiés dans le cadre du plan d'investissement 2018‑2027
de la STM, des projets qui sont très importants. Je pense notamment à l'ajout
de 300 bus supplémentaires au
parc de la STM ou à la construction de centres de transport pour les
accueillir, au prolongement de la ligne bleue, donc des projets qui vont
entraîner la création de 800 emplois à la STM au cours des prochaines
années.
Je
vous rappelle que la STM ne peut pas négocier de contrats de gré à gré. Par
conséquent, l'entreprise ne peut pas entreprendre de discussions avec le
consortium Bombardier-Alstom sans l'adoption du projet de loi. Une fois les
négociations complétées, la STM sera en mesure de préciser l'échéancier de mise
en service. Je vous remercie.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup. Alors, nous allons procéder à un bloc
d'échange avec la partie gouvernementale. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, M. Schnobb.
Bonjour, M. Tremblay, M. Lyrette. Merci de votre présence parmi nous aujourd'hui et des explications que
vous nous avez fournies à propos du projet de loi qui est devant nous.
Quelques questions.
Évidemment, vous faites référence à 17 trains à plusieurs reprises dans
votre document. Très bien. J'aimerais
savoir, parce qu'on revient souvent, disons, au fait que la STM avait choisi,
en 2014, de faire le maintien de ces
MR-73-là jusqu'en 2036, là où il y aurait un âge vénérable, disons, des MR-73,
quand vous avez étudié ce scénario-là en
2014, est-ce que ce que vous avez étudié, dans le fond, c'était le scénario
tout ou rien, un scénario où on les remplace tous ou on ne les remplace
pas du tout, si je comprends bien?
Donc
là, ce que vous êtes en train de nous dire, c'est qu'il y a un nouveau scénario
où on peut en remplacer une partie,
et ça change un peu la dynamique. Ça change la donne tant au niveau des
économies qu'au niveau de nos besoins en
termes de nouveaux garages, etc. C'est ce que vous en train d'avancer
aujourd'hui, c'est qu'un scénario intermédiaire qui n'avait pas été
étudié pourrait peut-être très bien faire votre affaire, si je comprends bien.
• (17 h 30) •
M. Schnobb
(Philippe) : Bien, le scénario qui a été étudié cherchait à atteindre
différents objectifs; d'abord, la préoccupation
qui avait été soulevée à l'effet qu'il y avait cette hypothèse d'un
remplacement total, qui se butait au fait que la capacité résiduelle
d'entretien de la STM est de 17 trains.
Pour vous faire une
image assez claire, les trains doivent être entretenus dans l'espace
d'entretien aux ateliers Youville, qui sont situés près des boulevards Crémazie
et Saint-Laurent. Cet atelier-là a été modernisé et aménagé au moment de la réception des premiers trains Azur de manière à pouvoir faire l'entretien. Les trains Azur ne s'entretiennent
pas de la même façon que les MR-73 puisqu'il faut les entretenir par les côtés
et non pas par le dessous. Donc, ça a demandé des investissements majeurs aux
ateliers d'entretien. L'atelier d'entretien qui est au bout de la ligne verte,
à Honoré-Beaugrand, n'est pas équipé
pour entretenir des trains Azur, donc il faudrait modifier l'atelier
d'entretien.
Ce
qui est planifié, dans un avenir assez moyen, long terme, c'est de profiter
de l'occasion, lorsqu'on recevra des trains Azur supplémentaires, pour pouvoir les stationner au moment...
Quand on aura une flotte totale, il faudra aménager de nouveaux espaces
de stationnement aussi.
Donc,
tout ce projet-là, global, n'est pas à l'étude actuellement, c'est un projet
qui est loin dans le temps. Et la seule
manière d'accueillir des trains supplémentaires, c'est de planifier l'entretien
de ces trains-là aux ateliers Youville, et ces ateliers ne peuvent accueillir qu'une capacité supplémentaire de
17 trains sans nuire aux activités d'entretien global de la flotte
et du parc de trains Azur et de trains MR-73 de la STM.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Pontiac) : Vous faites état, et on parle souvent, dans ce dossier-là,
des travailleurs, hein, des travailleurs de La Pocatière, des travailleurs de Sorel-Tracy, avec raison, mais
également il y a les besoins des usagers de la STM. Et le député de René-Lévesque en fait mention
occasionnellement, la ligne orange est une ligne qui est très achalandée,
dans le métro de Montréal. Et donc les
trains Azur offrent, tant envers les MR-63 que les MR-73, une capacité
additionnelle d'environ 8 % d'accueil de nouveaux espaces, donc de
nouveaux passagers.
Les trains Azur en ce
moment déployés, en ce moment en utilisation sont surtout sur la ligne orange,
si je ne m'abuse. Surtout ou exclusivement?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, deux trains Azur roulent sur la ligne
verte actuellement et la très grande majorité
des trains de la ligne orange sont des trains Azur. Je crois que, d'ici un
mois, là, il n'y aura que des trains Azur sur la ligne orange.
M. Fortin
(Pontiac) : Donc, les nouveaux trains qui sont livrés... Si, d'ici un
mois, il n'y aura que les trains Azur sur
la ligne orange, les trains qui doivent être livrés d'ici en décembre, eux,
vont s'ajouter à la ligne verte, si je comprends bien, et les 17 trains additionnels auxquels vous faites référence
ici pourraient être ajoutés également sur la ligne verte. C'est ça? O.K. Donc, au terme de l'achat potentiel
de 17 trains additionnels, ces trains-là étant utilisés sur la ligne verte,
vous serez à... Le pourcentage auquel vous faites référence, c'est
90 % des trains de la ligne verte, mais vous êtes capables de faire ça sans modification majeure à vos garages. Donc, je
veux juste bien comprendre. Quand vous avez dit, tantôt... La modification nécessaire au garage Honoré-Beaugrand sur la
ligne verte, évidemment, c'est un investissement majeur à moyen, long terme. Vous êtes quand même capables d'accueillir
tous ces trains-là et d'être à 90 % Azur sur la ligne verte sans
faire ces modifications-là majeures à Honoré-Beaugrand. Je comprends bien?
M. Schnobb
(Philippe) : Oui, alors, M. le Président, c'est exact. L'entretien des
17 trains supplémentaires pourra se faire aux ateliers Youville qui
sont situés à l'autre... sur la ligne orange, donc ne nécessite pas
d'aménagement supplémentaire du côté des ateliers Honoré-Beaugrand.
M. Fortin
(Pontiac) : Donc, vous pouvez prendre ces trains-là qui opèrent sur la
ligne verte et les envoyer au centre d'entretien sur la ligne orange
sans problème?
M. Schnobb
(Philippe) : Ces trains-là peuvent circuler, là, sur les voies puis se
rendre, à un moment ou à un autre, là,
surtout la nuit, aux ateliers d'entretien. Ça, c'est faisable. Mais la capacité
maximale étant de 17 trains, s'il y en a plus, là, on n'est pas en mesure d'assurer l'entretien
régulier, l'entretien préventif et l'entretien curatif des trains à ce
moment-là.
M. Fortin (Pontiac) : Et donc
il n'y aurait... Et là, je comprends bien, à terme, après un achat de
17 trains additionnels, sur la ligne
orange, sur la ligne verte, à 90 % il n'y aurait que des trains Azur. Sur
la ligne bleue, sur la ligne jaune, on serait encore avec des MR-73 déjà
utilisés, disons.
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, pour l'instant, la ligne jaune devrait
nécessiter des aménagements aussi pour
accueillir des trains Azur. Pour des raisons de sécurité, aux extrémités de la
ligne, il faudrait prolonger les espaces nécessaires pour... On appelle ça l'arrière-gare. Et, pour ce qui est de
la ligne bleue, pour l'instant, il n'est prévu que des trains de six voitures à cause de la configuration
de certaines stations. Dans le prolongement, c'est certain que les stations
supplémentaires pourront accueillir des trains de neuf voitures, mais, pour
l'instant, la configuration de la ligne bleue prévoit
des trains de six voitures. Donc, encore là, l'ajout de trains Azur sur la
ligne jaune et la ligne bleue nécessiterait, de plus, des
investissements supplémentaires pour pouvoir permettre à ces trains-là de
rouler.
Mais, vous
avez raison, 90 % d'Azur sur la ligne verte, ça aura un impact
significatif pour la clientèle. La clientèle de la ligne verte est aussi
en croissance, et c'est un bénéfice clair pour la clientèle, qui verra la
grande majorité de ses déplacements faits
dans ces nouveaux trains qui sont des trains qui sont de très bonne qualité,
qui sont très bien faits, qui sont très appréciés de la clientèle.
M. Fortin
(Pontiac) : Vous dites : La ligne verte, c'est une ligne qui est
en croissance. Je n'en ai aucun doute. Pour l'avoir utilisée récemment,
je n'en ai aucun doute.
Maintenant, l'espace supplémentaire disponible
de 8 % serait utile. Est-ce que vous êtes presque à capacité? Est-ce que, dans vos prévisions, la ligne verte, à
certaines heures du jour, pas à toutes les heures mais... pas à tout moment
non plus, elle est presque à capacité? Ou quand le sera-t-elle, selon vous? Si
vous avez ces détails-là...
M. Schnobb
(Philippe) : Bien, M. le Président, je n'ai peut-être pas cette
réponse-là précisément. Elle est, à certains moments de la journée,
assez dense, mais il y a encore de la capacité résiduelle sur la ligne verte.
M. Fortin
(Pontiac) : Je veux parler de la question des modifications possibles
entre les trains Azur, que vous recevez
maintenant, comme on l'entendait tantôt, là, au rythme d'une voiture par jour,
et ce qui pourrait être modifié, disons, dans le prolongement du contrat. Les gens de Bombardier, tantôt,
parlaient de certaines composantes. Mais, pour l'usager, est-ce qu'il y a des choses qui manquent? Ce que
vous entendez de vos usagers, que les nouveaux trains Azur, je suis certain,
sont très appréciés, ils les aiment
beaucoup, ils aiment la modernité, ils aiment la fiabilité additionnelle, mais
est-ce qu'il y a des composantes qui
manquent, de la part de vos usagers, ou qui devraient être modifiées dans ce
prolongement de contrat?
M. Schnobb
(Philippe) : Clairement, la clientèle nous fait part de différentes
observations. Ça peut être très variable par rapport aux clients puisque
chacun a sa perception personnelle. Donc, évidemment, il faut faire la part des
choses quand on veut faire des changements.
Il faudrait... J'ai compris des gens de Bombardier et d'Alstom que les
changements demandés devraient être
très mineurs parce que notre intention est clairement de pouvoir recevoir ces
trains-là, de notre part aussi, le
plus rapidement possible. Alors, quelques modifications qui pourraient
entraîner des délais dans la livraison, on pourrait les mettre de côté, là, parce que la clientèle, comme je vous
le dis, a des demandes bien précises, mais parfois il faut que ces demandes-là soient filtrées pour
qu'elles puissent être, opérationnellement, là, efficaces dans un contexte
dans lequel on est.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. La protection des emplois, chez vous... Parce
qu'évidemment, là, vous avez fait des
embauches en lien avec un plan de réparation et d'entretien à long terme, et
c'est tout à fait normal, tout à fait logique, et ça doit être une préoccupation. Bien sûr, la
dernière chose qu'on veut faire, je pense... Et, même si on parle d'emplois
en région, où parfois c'est peut-être plus
difficile d'attirer et de retenir des bons emplois en région que ça peut l'être
dans un grand centre urbain, la
dernière chose qu'on veut faire, bien évidemment, c'est, pensez aux
travailleurs de La Pocatière ou aux
travailleurs de Sorel-Tracy, mais avoir des impacts négatifs, disons, sur vos
propres travailleurs. Donc, ce que vous avancez, c'est que, selon le scénario privilégié, vous ne prévoyez pas
de mise à pied de vos propres travailleurs. C'est ça?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, il était connu dès le départ que
l'arrivée des trains Azur aurait un impact puisque ces trains-là nécessitent moins d'entretien. Et le maintien de
la vie utile et le prolongement de la vie utile des MR-73 permettait de
maintenir ces postes-là sur une assez longue période, et donc d'avoir un impact
minime de l'arrivée des nouveaux trains
Azur. Il est clair que le remplacement total, je l'ai mentionné dans mon exposé, aurait
eu un impact d'une centaine de
postes. Le remplacement de 17 trains seulement fait l'objet
d'examen pour être certain... mais la direction a le mandat de s'assurer que le nombre d'emplois qui
pourraient être impactés sera minime, sinon totalement réduit, soit
totalement éliminé.
Et je
souligne, et c'est pour ça que je l'ai mentionné, que, par ailleurs, tous les autres projets qui sont sur la table, à la STM...
L'ajout de 300 bus va avoir un impact très positif sur le nombre
d'employés d'entretien de la STM. Donc, globalement, il y aura de la création
d'emplois chez les employés
d'entretien de la STM, dans le bus. Et donc l'impact du métro peut être mitigé
par cette création d'emplois là, qui est certaine, là, du côté des
bus.
• (17
h
40) •
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien.
Dernière question de ma part, et c'est envers la fiabilité du
réseau. Je reviens aux usagers,
là. La fiabilité du réseau, on se retrouve dans une situation
où... Et la fiabilité du réseau du métro de Montréal n'est pas différente
d'ailleurs dans le monde, là. Disons que, quand on se compare avec le métro de
Toronto, je pense qu'on peut
même se comparer de façon positive, au niveau de la fiabilité, à certains
égards. Mais on est rendus à un stade où le réseau de métro a un certain âge. Et il y a des chroniqueurs qui, suite
à la circulation, maintenant, font état de la fiabilité du réseau
pendant les heures de pointe. Donc, c'est un enjeu.
Est-ce que vous avez des chiffres par rapport
à... suite au remplacement des MR-63 par les Azur? Parce qu'évidemment la technologie, elle est plus
récente, est moderne, mais également, je me souviens, quand on avait eu une
discussion au niveau des enjeux qui causent la fiabilité, souvent, ça peut être
des questions avec les portes qui restent coincées
ou des choses comme ça qui peuvent être causées par l'utilisateur. Mais là on
se retrouve dans une situation où les Azur
ont peut-être des portes plus larges. Les gens restent peut-être moins coincés,
parce que c'est peut-être plus facile, rester
coincé dans des portes qui sont plus étroites. Donc, est-ce que vous avez des
statistiques par rapport à la fiabilité des Azur par rapport aux MR-63,
au nombre de pannes qui sont causées, qui sont moins causées par l'arrivée de
ces voitures-là? Et est-ce que ces
statistiques-là, selon vous, pourraient se transporter envers le remplacement
des MR-73 par les Azur également?
M. Schnobb (Philippe) : M. le
Président, si vous permettez, je vais laisser au champion du balisage et des
indicateurs, mon directeur général... répondre à cette question.
M. Tremblay (Luc) : Oui, merci,
M. le Président. M. le Président, pour mesurer la fiabilité d'un train, on ne mentionne pas nécessairement le nombre de
personnes prises ou la clientèle. On fonctionne en termes de kilométrage entre
deux pannes, qu'on appelle. C'est un
indicateur qui est reconnu mondialement. Le train Azur, en tant que tel, et
d'ailleurs c'est prévu au contrat, il
doit devoir faire, avant qu'on soit capables de déterminer qu'il est vraiment
reçu à plein temps ou complètement reçu... il doit être capable de
parcourir 650 000 kilomètres entre deux pannes. Actuellement, nos
voitures MR-73 qui sont en fonction actuellement sont de l'ordre d'environ
400 000 kilomètres entre deux pannes.
Donc, il est
sûr et certain qu'en termes d'arrêts de service reliés au matériel roulant le
train Azur amène une fiabilité qui est supplémentaire. Évidemment, le
train, actuellement, il est dans une courbe d'apprentissage. Il y a une
certaine courbe de jeunesse. On a reçu
42 trains. Au moment où on se parle, ce n'est pas tous les trains qui font
ça encore. On en a quelques-uns qui
s'approchent tranquillement, pas vite. Mais c'est sûr et certain qu'à terme,
lorsque ça, ça va être atteint, il va
y avoir une différence significative pour la clientèle au quotidien, et le
50 % des arrêts de service qui sont liés soit au matériel roulant ou à d'autres événements,
bien, ça va être en diminution de façon drastique. Ça, c'est sûr et certain.
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. En fait, j'ai dit que j'avais une dernière
question, mais j'en ai une autre, dernière question, votre capacité à recevoir des trains. Donc là, évidemment, là,
vous avez reçu des trains à une certaine vitesse pendant quelques années. Là, la vitesse a été accélérée. Donc, vous en
recevez environ un par jour, au niveau des voitures, vous recevez une
voiture par jour, là, si je comprends bien... ou un wagon par jour, là, je ne
suis plus certain...
Une voix : ...
M. Fortin (Pontiac) : Pardon?
Une voix : ...
M. Fortin (Pontiac) : Un train
par mois? Bien, tantôt, les gens de Bombardier...
M. Schnobb (Philippe) : ...une
voiture par jour, et nous, on reçoit un train par mois.
M. Fortin
(Pontiac) : O.K. Mas
ce qu'on nous a dit tantôt, un train égale neuf voitures. Les gens de
Bombardier nous disaient qu'ils
en terminaient un par jour, un jour de semaine, mettons. Deux semaines pour
terminer un train, si je comprends
bien. Donc là, vous dites que vous en recevez un par mois.
M. Tremblay
(Luc) : M. le Président, le contrat prévoit d'avoir un train par mois. Pour être en mesure de respecter le contrat initial,
parce qu'il y a quand même eu deux
ans de retard, on a accepté d'en recevoir deux par mois. On a fait un
ajustement au contrat.
M. Fortin (Pontiac) : Ce que
vous aimeriez, dans le prolongement, c'est de revenir à la clause initiale?
M. Tremblay
(Luc) : Oui, parce
qu'évidemment ce qui est compliqué, c'est que, même si Bombardier ou Alstom
les fabrique, on doit les intercaler dans
notre système et on doit les démanteler. Vous savez, le métro, c'est un
écosystème, c'est compliqué. Et on
fait ça en exploitation. En plus, en ce moment, on a trois voies d'entretien
qui sont dédiées à la mise en place des voitures, donc on ne peut pas
faire l'entretien sur un autre train.
Donc, c'est
ça qui est la complexité. Donc, même si Bombardier-Alstom fabrique rapidement,
nous, à un train par mois, c'est déjà beaucoup. Et on a accepté d'augmenter à
deux trains, donc c'est beaucoup, beaucoup. Donc, ce qu'on aimerait, c'est de revenir à un train par
mois pour être en mesure de faire tous les autres travaux. Il faut comprendre,
dans le métro de Montréal, à toutes les nuits, il y a 80 chantiers qui ont
lieu parce qu'on répare, on rénove la STM au complet. Donc, il y a cette
difficulté-là avec laquelle on doit conjuguer aussi.
M. Fortin (Pontiac) : Très
bien. Je voulais juste, question de transparence, d'être clair avec tout le
monde, comprendre bien ce que vous êtes en mesure de recevoir de la part des
fournisseurs. Ça va pour moi, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Alors, M. le député de
Mégantic, je devine que vous avez des questions.
M. Bolduc :
Merci. Bonjour, messieurs. Vous avez parlé de... On parle du cycle de vie puis
du rodage. Quand vous parlez du
rodage, en fait, de l'optimisation du train qui vous permet d'avoir un coût
d'entretien minimum une fois qu'on a
réglé tous les problèmes techniques puis les petits aléas, là, maintenant, ce
cycle de vie là... Parce que vous avez des
wagons qui peuvent... bien, en fait, vous aviez planifié qu'ils durent une
quarantaine d'années. Est-ce que vous avez fait un calcul d'optimisation qui dit que, je ne sais pas, moi, le train
ou les wagons vous coûtent 10 %
d'entretien par année? En termes de
coûts, il y a un cycle de vie où on atteint un niveau de bris
qui s'accélère dû à l'âge du train. Est-ce que vous avez fait le calcul de l'optimisation du cycle de
vie de vos MR-73? Puis je ne sais pas si vous êtes capables ou vous avez
assez d'expérience avec les Azur pour voir
c'est quoi, la différence entre les deux et où le goulot d'étranglement ou le
«break-even point» est pour ces technologies-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. Schnobb.
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, je vais laisser M. Tremblay répondre, mais au préalable je vous
ferai remarquer qu'avec les MR-63,
dont on se départit maintenant, on avait quand même, d'un point de vue global, une des flottes de trains la plus vieille au monde
parmi...
M. Bolduc : La plus vieille au
monde?
M. Schnobb
(Philippe) : Oui, à cause de
la quantité de trains. On avait les MR-63 et 73, c'était parmi la plus vieille
flotte de trains au monde. Et cette
flotte-là avait quand même un taux d'efficacité assez remarquable
dans la mesure où la moyenne
internationale est de 23 arrêts de service par million de kilomètres
parcourus et que le parc de la STM avait une moyenne d'à peu près 13 arrêts de service par million de kilomètres
parcourus. Donc, l'ajout des trains Azur, évidemment, devrait avoir un impact sur cette statistique-là.
Mais, quant à la question précise que vous
posez, je vais laisser M. Tremblay y répondre.
Le Président (M. Iracà) :
M. Tremblay.
M. Tremblay
(Luc) : M. le Président, c'est effectivement ce qu'on a fait, en 2014, lorsqu'on a décidé de
prolonger la vie des voitures MR-73.
Vous savez, un train, c'est composé de plusieurs sous-systèmes ou des composantes. Donc, on a calculé par une méthode d'optimisation que, si
on investissait 149 millions pour revoir les sept sous-systèmes
du train et qu'on prolongeait de 20 ans, le coût, en termes
d'entretien et d'investissement initial, était moins important que de remplacer la flotte au complet. Donc, c'était la
principale analyse qu'on a faite à l'époque, ce qui nous a amenés, avec toutes les projections pour le futur, de
déterminer que, même si le train MR-73 allait avoir 60 ans en 2036, l'économie représentait 500 millions
pour le trésor québécois.
Donc, c'est
ce qu'on avait fait comme analyse, avec des cycles. Il faut comprendre qu'un
train est entretenu de façon soit
préventive soit curative. Mais aussi on fait des entretiens de mi-vie, où on
passe, justement, à travers l'ensemble des composantes du train. Donc, tout ça est mis
dans un calcul, dans une simulation très complexe, qui nous a amené à
prendre la décision, en 2014, que c'était une bonne chose pour les
contribuables de prolonger la durée de vie utile.
M. Bolduc :
Est-ce que... Depuis combien de temps vous faites de l'entretien prédictif?
M. Tremblay (Luc) : Ah! depuis toujours.
C'est une réalité qu'on fait... À la STM, on fait ça à l'interne.
M. Bolduc : Depuis toujours?
Donc, vous pouvez dire que votre expertise à ce chapitre-là, elle est de niveau
international, et que vous êtes, appelons ça, rodés et optimaux?
M. Tremblay
(Luc) : M. le Président, oui, tout à fait. On a fait ça avec trois générations, les MR-63,
les MR-73 et là on s'apprête à le faire avec l'Azur. Ce qui est un petit
peu difficile, avec l'Azur, c'est... Évidemment, chaque famille a sa particularité. On passe de l'électromécanique à
l'électronique, à la technologie un peu plus avancée, donc il y a toutes sortes de choses à considérer. Donc,
c'est un petit peu plus difficile de voir la prédiction pour Azur, mais on est
en train de travailler avec les données
qu'on a. Évidemment, on a un an et demi de données, c'est plus difficile
d'avoir le côté prédictif, mais on travaille là-dessus pour pouvoir
établir notre modèle aussi.
M. Bolduc : Mais il y a deux choses ici. On parlait tout à
l'heure du nombre de bris par million de kilomètres. L'Azur, vous n'avez pas encore toutes les données
d'optimisation, je peux comprendre ça. Mais, quand on va arriver avec des systèmes de plus en plus stables... Puis ici
vous parlez que la STM va devoir investir 10 milliards de dollars au cours
des 10 prochaines années. Est-ce qu'il ne serait pas préférable que ce
10 milliards de dollars là soit investi pour une infrastructure Azur que de les investir pour une infrastructure M-73,
qui, elle, quand vous allez avoir fini de l'investir, va être à la fin
de son cycle de vie? Voyez-vous ce que je dis, là? Il y a quand même une espèce
de...
• (17 h 50) •
M. Schnobb (Philippe) : Puis,
M. le Président, la décision de 2014 était liée à ça, mais dans le sens
inverse. C'est-à-dire que les
10 milliards d'investissements sont nécessaires dans les infrastructures.
Donc, il faut refaire les tunnels, il
faut travailler dans les stations. Le métro a 52 ans maintenant. Donc, ces
travaux-là sont essentiels. Un train neuf qui ne peut pas rouler parce que l'infrastructure des tunnels est endommagée,
ce n'est pas nécessairement une très bonne décision.
Donc, la
logique derrière tout cela était... et elle est toujours valable, étant donné
qu'on garderait quand même une trentaine
de trains, c'est qu'au moment où on devra faire l'investissement massif pour
remplacer les 30 trains qui resteront, les investissements dans les
ateliers d'entretien, les investissements sur les lignes pour pouvoir les
accueillir, bien, à ce moment-là, on sera
rendus au bout du cycle des 10 milliards. On aura rénové le métro en
profondeur et on sera donc en mesure
d'envisager des investissements majeurs de ce niveau-là à ce moment-là parce
qu'on aura fait l'essentiel, les travaux
d'infrastructure importants, au préalable. Donc, c'était dans cet esprit-là
qu'on avait pris cette décision-là en 2014.
M. Bolduc :
Mais est-ce que ça veut dire que l'infrastructure telle qu'elle a été
construite depuis les années 60 est en train de devenir... je ne dirai pas désuète, là, mais en partie, en
fait, elle n'est plus optimisée pour le volume de trafic que vous avez aujourd'hui en relation avec ce pour
quoi elle a été bâtie, et là on embarque dans une grosse galère, là?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, nos infrastructures ont été construites
dans les années 50 comme plusieurs infrastructures majeures au
Québec, et je crois que vous êtes témoin des efforts qu'on doit faire pour
maintenir ces infrastructures-là en bonne santé. La particularité du métro de
Montréal par rapport à bien d'autres infrastructures publiques, c'est que, tous les jours, des gens parcourent les tunnels du
métro à pied. Donc, la dégradation du matériel, elle est perçue quotidiennement. Alors, on est donc en mesure de voir
dans quel état elle se trouve, et donc de planifier en amont les investissements nécessaires, et c'est
ce qu'on fait. Le 10 milliards d'investissement qui est prévu, il est
planifié depuis un bon bout de temps.
Et des métros, qui sont nos collègues, pas si
loin d'ici, à New York, on se rend compte que et on apprend aujourd'hui que la direction du métro de New York
et la gouvernance du métro de New York n'a pas fait ce calcul-là, préalable, en voulant faire des investissements en
amont et des investissements préventifs. Et le métro de New York se trouve dans une situation assez désavantageuse
pour ses clients puisque des lignes doivent être fermées, des stations doivent
être fermées pour faire des travaux d'urgence parce qu'on n'a pas fait des
travaux préventifs au fur et à mesure.
Donc, les
10 milliards d'investissements nécessaires au cours des 10 prochaines
années visent justement à être de manière préventive pour éviter de se
retrouver dans des situations où on doit fermer des stations, fermer des lignes
parce qu'on n'est pas en mesure de répondre aux exigences de la sécurité. Donc,
le travail des gens de la STM, de la direction,
c'est de planifier en amont, et longuement en amont puisque ces trains et ces
travaux-là sont planifiés jusque dans les années 30 et, dans
certains cas, jusque dans les années 40. C'est assez fascinant d'arriver
dans une industrie où on dit : Bien,
ça, on le fait puis on pourra le refaire en 2052. Mais la planification, elle
est très rigoureuse. Et c'est ce qui
nous permet de dire qu'au cours des 10 prochaines années les
investissements massifs dans nos infrastructures nous permettront, au bout du compte, d'investir dans le
remplacement du matériel roulant de manière efficace à la fois pour la STM
et pour le trésor public.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au bloc
d'échange avec la partie gouvernementale. Nous allons débuter un autre bloc d'échange avec l'opposition
officielle. Je cède la parole au député de René-Lévesque pour ce bloc
d'échange.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour, M. Schnobb, de vous saluer, ainsi que
M. Tremblay et M. Lyrette.
D'entrée de jeu, M. Schnobb,
j'aimerais avoir peut-être une précision. Je vous ai entendu tout à l'heure
nous dire d'entrée de jeu que vous ne
pouvez pas rencontrer ou négocier avec Alstom-Bombardier avant l'adoption du
projet de loi. J'ai cru entendre tout
à l'heure Bombardier dire qu'il y avait eu une rencontre il n'y a pas de ça
très longtemps. Alors, expliquez-moi, là. Il y a eu une rencontre? Il
n'y en a pas eu? Vous avez négocié? Vous avez parlé?
M. Schnobb (Philippe) : Bien, M. le Président, je vais laisser
M. Tremblay répondre parce qu'il a assisté à cette réunion-là hier. Je lui ai posé la même question
ce matin. Il m'a dit qu'il les avait rencontrés. Alors, il va vous expliquer
dans quel contexte cette rencontre-là a été faite, en tout respect du projet de
loi qui est à l'étude.
M. Tremblay (Luc) : Effectivement, M. le Président, il y a eu une
rencontre hier matin où étaient présents les représentants de Bombardier, les représentants du ministère des
Transports et de la STM, avec un mandataire qui avait tout simplement le
but de faire une première rencontre de courtoisie, je dirais, où on n'a pas été
dans aucun détail. Il n'y a eu aucune
négociation. C'était de prendre connaissance des parties qui étaient présentes
et de voir comment ça pouvait s'organiser
en termes de gouvernance pour le futur. Mais il n'y a rien qui a été discuté de
façon... en termes de contrat, ou de
clauses, ou quoi que ce soit. C'était un premier contact, tout simplement, pour
voir quelles allaient être les parties prenantes au dossier si la loi
allait de l'avant, tout simplement.
M. Ouellet : Donc, il n'a jamais été question du nombre de 17 trains, parce que
c'était la question qu'on a posée tout à l'heure à Bombardier.
M. Tremblay
(Luc) : Non. On n'a pas été dans ce détail-là ni aucune autre clause,
nécessairement.
M. Ouellet : O.K. Si vous me permettez, M. le président, on a fait une demande
d'accès à l'information. On a mis la main sur une présentation de la
STM, que vous avez probablement faite puisqu'elle porte votre signature, et M. Carl Desrosiers, directeur général, du 29
octobre 2014. Et puis j'aimerais juste qu'on valide certaines prétentions qui
étaient à l'époque et celles qui le sont maintenant aujourd'hui.
Dans
la présentation en question, lorsque vous faites la présentation pour dire
pourquoi la STM devrait s'en aller vers le prolongement des MR-73,
effectivement, vous parlez de maintenir la fiabilité du service, de répondre à
la croissance des déplacements. Vous générez
des économies. Vous allégez le service de la dette de la STM. D'entrée de
jeu, vous parlez du coût des remplacements,
évalué à 108,2 millions, pour le programme d'entretien majeur en continu. Et, dans la présentation que vous avez faite, M. le président, on est maintenant rendus à 149 millions, dont déjà 40 millions ont déjà été investis. Qu'est-ce qui explique la différence entre ce qui avait été présenté ou
décidé en 2014 et aujourd'hui?
M. Schnobb
(Philippe) : Alors, M. le Président, si vous permettez, je vais
laisser M. Tremblay répondre à cette question-là.
M. Tremblay (Luc) : Oui. Bien, M. le Président, en fait, la
différence, c'est que, comme tous les projets qu'on fait, on a cinq étapes quand on réalise un projet.
En 2014, lorsqu'on a pris la décision, comme tous les projets dans lesquels on
prend une décision, on était à l'étape 1, qui est une étape de
prédéfinition, si on veut, avec une marge d'erreur d'environ 30 %. Après ça, on fait les appels
d'offres. On fait les plans et devis. On fait tout ce qui est nécessaire. Et
les chiffres qu'on vous a donnés aujourd'hui dans nos documents tiennent compte
des vrais contrats qu'on a donnés après l'ouverture des appels d'offres parce que ça fait déjà quand même trois
ans qu'on procède à la rénovation des trains. Donc, c'est un chiffre qui
a été mis à jour en fonction de l'évolution. On est rendus à l'étape 3 du
projet, en tant que tel, par opposition à l'étape 1.
M. Ouellet : Donc, si je comprends bien, les 149 millions, tels que budgétés,
servaient à la conversion de tous les MR-73.
Si on s'en va avec les trains Azur, évidemment, ces sommes-là ne serviront pas à, je vous
dirais, la reconfection ou la
reconfiguration des MR-73. Donc, vous allez réorienter ces sommes-là vers les
coûts d'acquisition des trains Azur, je présume?
M. Schnobb
(Philippe) : C'est-à-dire que le programme de maintien de la vie utile est un programme spécial.
Donc, les sommes résiduelles sont retournées au Trésor. Donc, à ce moment-là,
c'est le phénomène... Cela dit, je l'ai mentionné
dans mon allocution, on maintiendra quand
même 60 % du parc des trains MR-73. Donc, ces sommes-là auront
quand même été maximisées, là, pour ce qui est de la flotte qui demeurera.
M. Ouellet : D'accord. Dans la présentation aussi... Parce que j'ai insisté sur ce
picot-là en répondant à la croissance des déplacements, et là un des
scénarios proposés par la STM, c'est d'acquérir huit trains Azur
supplémentaires, donc 72 voitures, et
ça pourrait aller jusqu'à 15 trains en cas de prolongement. Donc, ça,
c'était tout en sus des contrats actuels
de remplacement de 468 voitures. Et vous apportiez aussi l'hypothèse
d'agrandir les garages pour recevoir les voitures additionnelles. Donc, j'essaie de vous suivre. Dans la
présentation, vous pouvez monter jusqu'à 13 et vous aviez besoin de garages pour recevoir les voitures
additionnelles. Lorsque je vous ai entendu, tout à l'heure, M. le président,
vous nous dites : On va en choisir
finalement 17 de plus, et je n'ai pas besoin de garage. Qu'est-ce qui a changé
entre le scénario volet un, disons-le comme ça, et la décision
volet deux qu'on ait aujourd'hui?
M. Schnobb (Philippe) :
Bien là, on parlait, M. le Président, des centres d'entretien nécessaires et
des garages supplémentaires pour...
en fonction de 2036 et non pas en fonction du scénario actuel, là. Donc,
c'était la nécessité qui existait, à l'époque, et qui existe toujours
aujourd'hui, de... L'ajout de trains supplémentaires devra être associé à la construction de garages pour stationner ces trains
supplémentaires là étant donné qu'actuellement on est à la limite, là, de la
capacité de stationnement de nos trains.
M. Ouellet : À l'acétate suivant, on fait référence aux huit
trains Azur additionnels, au coût de 226,5 millions, et les
infrastructures, positions de garages pour accueillir les huit trains
supplémentaires, un 253 millions. Donc, à l'époque, vous aviez déjà prévu de faire des investissements pour les
garages, et là vous me dites : On n'en a plus de besoin. Alors, ma
question est : Qu'est-ce qui a changé?
M. Schnobb
(Philippe) : Bien, M. le Président, ici on faisait référence
vraisemblablement au centre... au garage
Côte-Vertu, qui est en construction actuellement et qui avait fait l'objet, à
ce moment-là, déjà de certaines hypothèses. Puisque le contrat actuel ajoutait 14 trains supplémentaires au
parc de trains de la STM, il fallait trouver un endroit pour stationner
les trains du contrat actuel, donc d'où l'ajout d'espaces de stationnement, là,
dans le secteur du métro Côte-Vertu, à
l'autre extrémité de la ligne orange. Donc, on fait probablement référence à ce
stationnement-là qui est en cours de construction, là, actuellement.
• (18 heures) •
M. Ouellet : O.K. Donc, si j'ai bien compris, M. le Président, vos besoins se
situent aux alentours de 17 trains, donc 153 voitures, c'est
ce que je comprends, pour combler la différence des 60 % de voitures
existantes, qui vont demeurer,
reconfigurées, MR-73, pour combler le service. À l'époque, puis j'en ai fait
mention, M. le Président, il y avait un coût notable, qui n'était pas assujetti, dans le fond, aux contribuables
québécois, de 500 millions. Donc, le fait d'avoir privilégié la
reconversion des MR-73 soulageait le trésor public de 500 millions
notamment parce qu'on faisait... on mettait ça sur 20 ans, puis il y avait
effectivement une dette à long terme à assumer. Aujourd'hui, là, si on prend la
décision de la STM de prendre
17 trains, ça nous coûte combien de
plus versus la décision qui était
prise? Parce que, ce qu'on
comprend, il y avait un coût évité de 500 millions, c'était
le scénario, on change complètement.
Là, on change en partie. Alors,
qu'est-ce qu'il coûte, qu'est-ce qu'il va coûter de plus, présentement, à la
STM, considérant cette troisième voie, cette troisième option qui est
sur la table?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, étant donné que le projet de loi nous
permettra de négocier avec le consortium, on
sera en mesure, à l'issue de la négociation, de dire combien ces 17 trains supplémentaires là vont coûter. Pour le
moment, la négociation n'ayant pas eu lieu, il serait présomptueux de
dire quel est le montant final de l'achat de 17 trains supplémentaires.
M. Ouellet : Combien... Je présume que c'est public, là. Les premiers trains Azur
qu'on a achetés, combien ils nous ont coûté, ces trains Azur là?
M.
Schnobb (Philippe) : M. le Président, ils ont coûté 2,4 millions de dollars par voiture. Donc, le contrat global
de matériel roulant, là, je vous vois faire le calcul, c'est à peu près
1 milliard... 1,2 milliard, l'acquisition des trains plus un autre milliard, à peu près, pour la modification des
infrastructures qui ont été nécessaires, là, pour accueillir les trains du
contrat initial.
M. Ouellet :
Donc, 2,3 millions par... bien, 2,3 millions par voiture. Vous allez
acheter...
Une voix :
...
M. Ouellet : 2,4, c'est ça. Vous allez en
acheter 153, donc, au prix actuel... au prix de référence que vous aviez :
367,2 millions. Et donc votre prétention, M. le président, c'est... Oui?
M.
Schnobb (Philippe) : Il
faudrait peut-être refaire les calculs, là, mais ce que je... M. le Président, dans la mesure où le
processus de négociation est toujours en cours...
M. Ouellet :
...en bas de ça.
M. Schnobb
(Philippe) : Bien, ce serait notre souhait, bien évidemment, et qu'on
partage, je présume, avec d'autres. Mais
donc ce sera... ça fera l'objet de la négociation. Et les expériences ailleurs
dans l'industrie démontrent que ce type de prolongement
d'un contrat avec un matériel roulant, qui est prolongé et non pas modifié, généralement
est associé à une réduction du coût, par rapport au coût initial, étant donné qu'il
y a des frais qui n'ont pas à être...
des frais de conception, des frais d'ingénierie qui n'ont pas besoin de
revenir.
Donc,
ça fait l'objet, là, de notre réflexion, de notre côté. Il faudra voir quelle
est la stratégie du côté du consortium, mais, de notre point de vue, c'est à prendre en compte, là, l'expérience
qu'on a vue ailleurs au monde, dans l'industrie, par rapport à ce genre de situation.
M. Ouellet :
Vous avez compris, M. le président, qu'on a un projet de loi qui lie, dans le
fond, la STM au consortium. Alors, j'ai hâte de voir, effectivement, votre
véritable pouvoir de négociation. C'est déjà inclus que vous devez faire avec.
J'espère que vous ayez des excellents experts pour négocier.
Mais,
froidement, là, on avait une économie de 500 millions. Au prix actuel, au pire, c'est tout près de 350 millions que ça nous coûterait; au mieux, ce serait plus bas que ça. Êtes-vous
capable d'affirmer qu'effectivement je ne me trompe pas en disant ça?
M. Schnobb
(Philippe) : Il faudra voir
à quel moment la négociation se conclura et quelle sera la conclusion de la
négociation, là, avant de tirer des conclusions du genre. Mais ce sera éminemment
public, de toute façon, parce
que ce contrat-là sera approuvé par le conseil
d'administration. Donc, à ce moment-là, on sera en mesure de tirer les conclusions.
M.
Ouellet : Je vous comprends,
M. le président. Il vous reste encore de la marge de manoeuvre, et de me donner un chiffre aujourd'hui, ce serait un peu de donner votre zone de tolérance devant le
consortium, ce serait assurément de vous
mettre en position de faiblesse. Alors, j'accepte le fait que vous ne donnez
pas de chiffre. Mais vous êtes d'accord
avec moi que tout le monde va être à
l'affût de savoir quel sera le coût final, parce qu'il y a un coût supplémentaire. Et c'est ça, un petit peu, les gens... Puis c'est un
petit peu les questions qu'on avait aujourd'hui, il y a effectivement un coût final supplémentaire à la STM.
Et la
contrepartie, c'est une augmentation de la qualité du service, lorsque
vous nous dites que les trains Azur sont plus efficaces; dans certains cas, on a effectivement le wifi. Donc,
le jeu, j'espère, que vous allez être tentés de faire, c'est que le coût de
l'acquisition va vous amener une augmentation de l'achalandage qui va faire qu'au final, à plus
long terme, ça aura été bénéfique,
dans certains cas, de devancer l'achat des trains Azur pour avoir une qualité de service meilleure, qui fait qu'il
y a plus de gens qui sont à l'intérieur et qui bénéficient du service. Je présume que ça sera ça, votre coût de
négociation, et j'espère qu'il sera effectivement le plus bas possible.
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, vous avez tout à fait raison. Pour le client, l'avantage sera
indéniable, puisque la qualité du service sera améliorée
quotidiennement, deux fois par jour.
Et, au moment où on avait annoncé le maintien de
la vie utile des MR-73, la principale préoccupation des clients, c'était : Oui, mais nous, on va être pris avec des vieux
trains. Alors, maintenant, on leur annonce qu'on aura 90 % de trains Azur sur la ligne verte. Donc, pour les
clients du transport collectif à Montréal, c'est une très bonne nouvelle.
M. Ouellet : On a parlé beaucoup
des travailleurs d'Alstom, beaucoup des travailleurs de La Pocatière; je pense
que c'est important aussi de parler des travailleurs de la STM. Lorsque les trains Azur
sont arrivés, oui, il y avait effectivement une nouvelle façon de
fonctionner, il y avait de la formation à donner. Là, on a plus de trains qu'il
était prévu. Est-ce que vous avez prévu de
donner plus de formation, ou ce sont les travailleurs qui sont déjà formés qui
vont continuer, ou est-ce qu'on va
permettre de qualifier de plus jeunes travailleurs qui n'avaient pas eu la
formation, qu'ils fassent l'entretien
comme étant maintenant des travailleurs qualifiés pour les trains Azur? Bref,
est-ce que la relève a de la place pour grandir?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président,
si vous permettez, je vais demander à M. Tremblay de répondre
à ces questions plus opérationnelles.
M. Tremblay (Luc) : M. le
Président, oui, tout à fait. Et ce n'est pas seulement au niveau du personnel d'entretien, mais c'est aussi nos opérateurs qui
conduisent les trains, parce que conduire un train MR-63, MR-73 et un train Azur, ce n'est pas du tout la même chose.
Donc, effectivement, ça amène des nouvelles connaissances qu'on doit
former, on doit former nos employés. Et plus de trains demande aussi plus de
personnel.
Donc, c'est sûr et certain qu'il y a un impact.
Et on a prévu le coup, là, en conséquence pour être en mesure d'assurer le
service comme on le fait actuellement, là, pratiquement 24 heures par
jour.
Le Président (M. Iracà) :
30 secondes.
M. Ouellet : Très rapidement. Vous aviez programmé le service
en fonction d'un renouvellement du MR-73. Là, on s'en va avec les trains Azur.
Il y en a de besoin quand est-ce? Le plus rapidement possible, je présume. De
quelle façon vous allez vous entendre avec Bombardier-Altsom pour que les
livraisons soient selon l'échéancier que vous vous étiez déjà fait pour
le remplacement des... la reconfiguration des MR-73?
Le Président (M. Iracà) : En
10 secondes.
M. Tremblay
(Luc) : En fait, tout est
relié au fait que... c'est la capacité d'être capables de recevoir les trains
dans nos installations tout en livrant le
service. Donc, la meilleure façon, c'est de le faire le plus rapidement possible,
pour que ça dérange le moins longtemps possible notre exploitation.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, merci beaucoup. Ceci met
fin au bloc d'échange avec l'opposition officielle. Nous allons débuter
le dernier bloc d'échange et non le moindre avec le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : Merci,
M. le Président. Merci, messieurs.
Merci d'être présents et de votre éclairage cet après-midi.
Est-ce que
je me trompe ou, lorsqu'on vous a un
petit peu invités à entrer dans la
danse avec cette arrivée plus rapide qu'anticipée des trains Azur, ce
n'était pas l'enthousiasme, au départ, en ce sens que vous travailliez avec l'échéancier 2037...
2036, c'est-à-dire? Je ne dis pas qu'on vous a forcé la main, mais ce n'était
pas le scénario qui était privilégié.
Et dans quelle mesure, aujourd'hui, vous êtes en mesure de nous dire :
Bien, finalement, c'est un moindre mal, et on peut composer avec cette
nouvelle donne là?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président,
dans une situation semblable, la
direction a fait preuve d'une très grande ouverture d'esprit et s'est mise immédiatement à la recherche de la
solution optimale. Donc, à cet égard-là, la solution de 17 trains, elle
est optimale à la fois pour la STM... elle permet, comme je l'ai mentionné, de
préserver les emplois et elle permet
surtout de bonifier le service pour nos clients. Donc, au bout du compte, c'est
une situation gagnante, c'est une solution que nous
approuvons, que nous accueillons favorablement. Et elle se fera, donc, compte
tenu des paramètres mentionnés, là. Elle sera très bien accueillie par
nos clients.
M. Charette : Et au départ votre inquiétude était au niveau
que peut-être cet argent-là soit imputé à l'enveloppe qui était déjà
prévue. Là, vous avez pu être rassurés à
cet effet, ce n'est pas... ça ne vous privera pas des développements,
là, qui étaient anticipés ou qui étaient souhaités, de votre côté, vous avez eu
tous les éléments pour être rassurés en conséquence?
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, oui, la STM est rassurée.
L'administration montréalaise, également, est rassurée quant à la
capacité de financer les autres projets importants qui sont en cours.
M. Charette :
Vous avez également mentionné dans votre allocution que la clientèle pouvait avoir
certaines doléances ou certains souhaits
pour les prochains trains. Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage? Somme
toute, elle est satisfaite, la clientèle, de ces nouveaux trains, mais
quels étaient les éléments qu'elle aurait souhaité voir apparaître sur de
futurs trains à venir?
• (18 h 10) •
M. Schnobb
(Philippe) : M. le Président, la clientèle est extrêmement satisfaite
des nouveaux trains Azur. Qui que ce
soit qui a l'opportunité de prendre un train Azur demeure impressionné. Et les
clients, même, à un moment donné, applaudissaient le passage du train,
ce qui est plutôt exceptionnel.
Cela
dit, les commentaires sont souvent très pointus, et je vous en cite un
simplement parce que ça a fait l'objet de commentaires dès le départ,
c'est les barres de préhension, qui sont un petit peu plus élevées dans Azur
que dans les autres trains. Et on le remarque aussi, là, quand on veut... il
faut avoir des... il faut être assez grand pour pouvoir... Donc, est-ce que c'est un changement qui pourrait
être envisagé et qui n'aurait pas d'impact sur la capacité de livrer les
nouveaux trains aussi rapidement que
nécessaire? Donc, ce genre de chose là pourra sûrement être abordé au moment
de la négociation. Il n'est pas du
tout de notre intention, là, d'arriver avec des modifications substantielles à
ce train-là parce que, de manière très générale et consensuelle, ce
train-là obtient un taux d'approbation
très élevé de la part de la clientèle.
M.
Charette : Et, dans le cas des barres que vous mentionnez, est-ce que
le désagrément est à ce point important que vous songez, à même les trains déjà
reçus, faire un ajustement ou ce serait uniquement pour les futurs trains à
recevoir?
M.
Schnobb (Philippe) : Le train Azur, on va l'avoir pour au moins
40 ans, peut-être même davantage, si on le maintient en bon état. Donc, ce
train-là fera l'objet, au cours de sa vie, de modifications, et à ce moment-là
on pourra le considérer. Mais, pour le moment, il n'est pas prévu, là,
de faire des modifications.
Et
il y a un aspect aussi d'adaptation de la clientèle à la nouvelle configuration
d'un train. Il y a d'autres endroits dans
le train où on peut se... qu'on peut utiliser pour s'accrocher, là, pour se
ternir, quand on est dans le train. Donc, ça peut faire l'objet de préoccupations, mais il y a des solutions qui
existent déjà pour répondre à la problématique qui est soulevée.
M.
Charette : Et, avec l'arrivée éventuelle des 17 nouveaux trains,
est-ce que ça change l'échéancier de 2036 pour les anciens trains, en fait, les anciennes générations? Est-ce
qu'il y a possibilité de raccourcir cet échéancier-là ou, pour le
résiduel, on maintient la même planification?
M.
Schnobb (Philippe) : M. le Président, pour l'instant, on maintient le
même échéancier qui avait été prévu au départ pour la totalité de la flotte,
2036 demeure le moment où il faudrait procéder au remplacement de ces
trains-là, alors, évidemment avec une réflexion en amont, qui devrait se
faire au cours... au début des années 2030 pour être en mesure de faire toutes les modifications dont j'ai
parlées aux ateliers d'entretien, pour pouvoir recevoir une nouvelle flotte
de trains totale au cours des... à la moitié des années 2030.
M.
Charette : L'information a peut-être été mentionnée plus tôt, mais
elle m'a échappé, si c'est le cas. Avec ces nouveaux trains là, les 17 nouveaux qui sont visés par le présent
projet de loi, combien restera-t-il de trains d'ancienne génération? Vous avez mentionné les lignes qui
vont les accueillir. Au total, ça peut représenter combien de trains qui
resteront pour potentiellement, là, les 18 prochaines années?
M. Schnobb
(Philippe) : Il restera, M. le Président, 30 trains MR‑73. Donc,
60 % de la flotte actuelle demeurera en service jusqu'en 2036.
M.
Charette : Et, avec ces trains-là, vous disiez que ça nécessitait un
type d'entretien différent, vous disiez que c'était par le bas, alors que les nouveaux c'est davantage sur les
côtés. Les installations doivent être adaptées, j'imagine, en conséquence. Donc, l'arrivée — vous l'avez mentionné, mais je veux en être
certain — de ces
nouveaux trains plus rapidement, vous aurez les espaces nécessaires pour
composer avec ces réalités d'entretien là?
M. Schnobb
(Philippe) : Tout à fait, M. le Président. C'est pour ça qu'on arrive
au chiffre le 17, c'est la capacité maximale
qu'on peut envisager pour pouvoir entretenir de façon optimale les nouveaux
trains Azur dans les installations actuelles, sans avoir besoin de faire
des modifications aux ateliers.
M.
Charette : Et quel est l'usage régulier que l'on fait d'un train?
Est-ce que normalement un train reste toujours sur la même ligne, actuellement? Là, là, vous allez devoir les
concentrer, pour ce qui est des anciens, mais normalement est-ce qu'un train a la possibilité ou est-ce
qu'il a l'habitude, au fil du temps, suite aux entretiens, notamment, de passer
d'une ligne à l'autre ou il est généralement dédié sur une ligne spécifique?
M. Schnobb
(Philippe) : Alors, M. le Président, les trains peuvent aller sur une
ligne comme sur l'autre. Même Azur
peut rouler sur la ligne orange et sur la ligne verte. Quand on est
observateur, on voit les numéros des trains et on se rend compte que, sur la verte, ce n'est pas toujours
les mêmes deux trains Azur, donc ils peuvent passer d'une voie à l'autre.
Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, les
trains Azur ne peuvent pas circuler sur la ligne bleue ou sur la ligne jaune, mais les trains MR‑73, qui circulent
à la fois actuellement sur la ligne verte, sur la ligne bleue, la ligne jaune
et encore parfois sur la ligne orange,
peuvent aller sur une ligne comme sur l'autre, là, sans être affectés
spécifiquement à une ligne.
M. Charette : C'est gentil. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, je vous remercie beaucoup de votre
contribution aux travaux de la commission.
L'ordre du jour étant épuisé, je lève la séance.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au 1er juin 2018, à 10 heures, où elle
entreprendra un autre mandat. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 15)