(Dix heures une minute)
Le Président
(M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires et appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder aux audiences publiques dans le cadre des
consultations particulières réalisées relativement au mandat
d'initiative sur l'utilisation des appareils de téléphonie mobiles au volant.
Alors, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements pour ce mandat?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Martel
(Nicolet-Bécancour) sera remplacé par M. Charette (Deux-Montagnes).
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, Mme la secrétaire.
Auditions
Alors, voici
l'ordre du jour de cet avant-midi. Nous entendrons les groupes suivants :
la Société de l'assurance automobile
du Québec et CAA-Québec. Alors, évidemment, je souhaite la bienvenue à tous,
chers collègues, chers auditeurs, les
gens dans la salle. Nous allons avoir un beau mandat, un beau mandat de
consultations sur un sujet intéressant, qui préoccupe, j'en suis
certain, une grande partie de la population.
Je vous
demande... Je vais demander au premier groupe — alors, vous êtes déjà installés — de vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je
vous rappelle que vous disposez d'une dizaine de minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Alors, sans plus tarder,
la parole est à vous.
Société de l'assurance
automobile du Québec (SAAQ)
M. Leclerc
(Dave) : Merci, M. le Président, MM. les députés. C'est avec plaisir
que la Société de l'assurance automobile
du Québec participe aujourd'hui aux auditions de la commission pour échanger
sur l'utilisation des appareils mobiles
au volant. Je me présente, Dave Leclerc, je suis vice-président aux affaires
publiques et à la stratégie de prévention routière. Je suis accompagné de Mme Lyne Vézina, qui est directrice
de la recherche et du développement en sécurité routière à la SAAQ. Vous pouvez compter sur notre entière collaboration
pour répondre à vos questions et, au besoin, vous revenir rapidement
avec des compléments d'information.
Avant
d'aborder plus spécifiquement l'utilisation d'appareils mobiles au volant, je
me permets de mentionner que la
mission de la société est de protéger la personne contre les risques liés à
l'usage de la route. À cette fin, la société doit notamment veiller à ce
que la législation en matière de sécurité routière soit adéquate et mener des
actions de sensibilisation et de prévention.
Le cellulaire
fait partie désormais de la vie de la majorité des Québécois. Selon le CEFRIO,
en 2016, six adultes sur 10
possédaient un cellulaire, et cette proportion était de huit sur 10 chez les
18-44 ans. Bien que les appareils technologiques facilitent la
réalisation de nombreuses tâches quotidiennes, leur utilisation peut devenir
une source de distraction importante lorsque
l'on conduit. En effet, conduire est une tâche complexe, qui exige toute notre
attention, puisque le cerveau humain
n'est pas conçu pour faire plusieurs tâches à la fois. Par exemple, texter en
conduisant oblige à quitter les yeux
de la route entre quatre et six secondes. À une vitesse de 90 kilomètres-heure,
c'est comme traverser un terrain de football les yeux fermés.
Bien que de
courte durée, l'effet de l'utilisation du cellulaire au volant est comparable à
celui de conduire avec les facultés affaiblies par l'alcool en ce qui
concerne le temps de réaction et le risque de collision. Plusieurs études démontrent en effet que l'utilisation du
cellulaire au volant augmente le risque de collision. On parle en général de
quatre fois plus pour le cellulaire,
mais de 20 fois plus pour le texto. En effet, lorsque le cellulaire est
utilisé au volant, on observe notamment
que le temps de réaction pour freiner augmente, que la réalisation de tâches
comme conduire en ligne droite est plus complexe, les obstacles sont
plus difficiles à éviter et la perception visuelle est réduite.
Bien que nous sommes au fait des risques liés à
l'utilisation du cellulaire au volant, il est difficile d'établir précisément son impact sur le bilan routier
québécois. Effectivement, le nombre exact de décès causés par l'utilisation
du cellulaire au volant n'est pas connu car
les policiers ont besoin de preuves évidentes de son utilisation lors de
l'accident pour se prononcer. Il
existe donc très peu de rapports d'accidents
qui en font mention comme cause principale de l'accident. Toutefois, la distraction au volant sous toutes
ses formes, par exemple fumer, boire, manger ou, à la limite, texter, est
l'une des causes les plus souvent
mentionnées par les policiers dans les rapports d'accidents avec blessés et
décès. La distraction est en cause dans la moitié des accidents avec
dommages corporels et près du tiers dans les accidents mortels.
Quant au
profil des contrevenants, les études démontrent que les conducteurs qui
utilisent un appareil mobile au volant
sont majoritairement des hommes âgés
entre 20 et 44 ans. Dans ce cas comme dans toutes les problématiques de
sécurité routière, une
approche multidimensionnelle impliquant plusieurs intervenants est à
privilégier, laquelle fait appel à des actions qui visent à changer les
comportements, à améliorer les infrastructures routières et la sécurité des
véhicules.
De son côté,
pour contrer le phénomène de l'utilisation du cellulaire au volant et amener
les conducteurs à adopter des comportements toujours plus sécuritaires,
la société mise sur une stratégie d'intervention qui consiste à agir simultanément sur trois volets : tout
d'abord, déployer en continu des actions de prévention et de sensibilisation;
ensuite, en collaboration avec les
agents de la paix, s'assurer que les contrôles soutiennent les messages de
sensibilisation, augmentant ainsi le
niveau de perception du risque d'être intercepté chez les conducteurs; et,
enfin, veiller à ce que la législation soit adéquate.
En sensibilisation,
les actions de la société ont d'abord porté sur le cellulaire au volant et,
depuis 2011, incluent aussi le texto
et la distraction de manière générale. Au cours des cinq dernières années, plus
de 5 millions de dollars ont été investis
pour mener des campagnes de sensibilisation en lien avec le cellulaire, le
texto ou encore la distraction, qui ont été diffusées à la télé, à la radio,
sur le Web et sur les médias sociaux, sans compter les nombreuses actions qui
ont été déployées sur le terrain en collaboration avec nos partenaires.
De plus,
comme il est souvent difficile de résister à la tentation d'utiliser son
appareil mobile, la société a développé, en 2012, l'application Mode conduite. Cette solution simple et gratuite
permet au conducteur de bloquer ses appels ou encore ses messages lorsqu'il est au volant en activant simplement
l'application. Par ailleurs, pour inciter les changements de comportements, il est primordial que des
mesures de contrôle adéquates soient en place afin de dissuader les
contrevenants.
Annuellement,
c'est environ 64 000 constats d'infraction en lien avec l'utilisation d'un
appareil mobile au volant qui sont
remis chaque année par les policiers et les agents de la paix. En analysant les
infractions, on constate que le niveau de
récidive est élevé. Il se situe à 28 % pour une deuxième infraction ou
plus. Pour repérer les conducteurs délinquants, plusieurs stratégies sont donc utilisées. Par exemple, les contrôleurs
routiers de la société, en collaboration avec les policiers, ont récemment mené des interventions à bord d'un
autobus afin d'être placés plus haut pour détecter les infractions liées à
l'utilisation du cellulaire au volant, tant
chez les automobilistes que chez les conducteurs de véhicules lourds. Ces
actions, qui sont souvent reprises
par les médias, contribuent à accroître la perception du risque d'être
intercepté si l'on utilise un appareil mobile lorsqu'on conduit. Enfin,
les actions de sensibilisation et de contrôle doivent être appuyées par une
législation adéquate et facile d'application.
L'interdiction
de faire usage d'un appareil muni de fonctions téléphoniques tenu en main au
volant d'un véhicule est entrée en
vigueur, je vous le rappelle, en 2008 à la suite d'une modification
législative. L'amende est de 80 $ à 100 $ et, depuis 2015, le nombre de points d'inaptitude
au dossier du conducteur en infraction est passé de trois à quatre à la suite d'un changement réglementaire. L'imposition
de quatre points est très sévère, puisque, par exemple, pour un apprenti
ou un nouveau conducteur, cela entraîne
immédiatement la perte de son permis de conduire pour une durée minimale de
trois mois. Il faut aussi rappeler que
l'établissement des sanctions doit faire en sorte que le contrevenant ait la
perception qu'il sera puni et que le
délit soit puni par une peine proportionnelle à ce délit. Il faut également
trouver un juste équilibre afin que
la combinaison du montant de l'amende et du nombre de points d'inaptitude
n'amène pas les policiers à être réticents à l'appliquer.
Consciente de
l'impact du fléau de l'utilisation des appareils mobiles au volant, la société
a entrepris une vaste réflexion. En
effet, en collaboration avec le ministère des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des transports,
la société a tenu, au début de l'année, une consultation publique sur la
sécurité routière dans 11 villes et sur le Web. Il s'agissait ici d'une première. Le bilan est positif. Des
milliers de personnes ont fait des suggestions pour améliorer la
sécurité des usagers de la route, notamment en matière de distraction. Par
exemple, poursuivre la sensibilisation, augmenter
la sévérité des sanctions, en particulier pour les récidivistes, accroître les
contrôles et punir toutes les actions incompatibles avec la conduite,
comme fumer, boire ou manger.
Dans sa
réflexion, la société a considéré l'ensemble des commentaires et suggestions
recueillis en plus d'analyser, comme
elle le fait toujours, les meilleures pratiques existantes dans d'autres
administrations. À la suite de ces
analyses, différentes recommandations
de modifications législatives seront faites par la société au nouveau ministre
des Transports visant spécifiquement la distraction au volant.
Là-dessus, je vous remercie, et nous sommes
disposés à répondre à vos questions.
• (10 h 10) •
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Leclerc. Vous êtes plus que dans les temps. Félicitations! Vous vous êtes pratiqué pour arriver juste correct.
Alors, nous
allons débuter la période d'échange, toujours avec la partie gouvernementale, et je vais
céder la parole au député de Mégantic. La parole est à vous pour un
temps approximatif de 15 minutes.
M. Bolduc : Merci, M.
le Président. Bonjour, monsieur.
Bonjour, madame. Il me fait plaisir de vous recevoir ici aujourd'hui sur un sujet qui est très populaire, je dirais, mais qui est aussi très
controversé, puisqu'il y a beaucoup d'adhérents, il y a beaucoup de clients
qui utilisent les téléphones cellulaires.
Mais avant de
s'attaquer directement au cellulaire au volant, est-ce que vous avez une
idée générale du nombre d'accidents, avec ou sans blessure, mais total, puis
est-ce qu'il y a une croissance sur les routes du Québec?
M. Leclerc
(Dave) : En fait, est-ce
qu'on a une idée générale? On a une idée générale selon les rapports de police.
Comme je le disais tantôt,
dans l'allocution, c'est que, dans le
fond, les policiers doivent avoir une
preuve probante de l'utilisation du
cellulaire pour l'inscrire au rapport de police. Donc, le terme distraction,
lorsqu'on parle d'accident, est très
général. Il implique toutes sortes de distractions. Ça peut être la distraction
en raison d'un animal, ça pourrait être la distraction en bordure de route, ça peut être la distraction à
l'intérieur d'un véhicule. On parlait de boire, manger ou même
fumer. Donc, est-ce qu'on est capable immédiatement de parler de combien il y a
de décès ou encore de blessés sur nos routes, au Québec, en lien avec
l'utilisation du cellulaire? Difficile de l'évaluer.
Toutefois, le terme «distraction» est mentionné
dans les rapports de police à peu près 50 % du temps dans les accidents impliquant des dommages corporels. Pour
ce qui est des décès, on parle à peu
près de 30 %. Mais distraction,
je vous le rappelle, ça englobe l'ensemble
des distractions qui sont connues. Est-ce que c'est en augmentation? Je vous dirais qu'au cours
des dernières années on remarque que c'est relativement stable. Pour ce qui est
des accidents mortels, pour la distraction, on parle environ de 30 %.
M. Bolduc : Maintenant, quand on regarde l'ensemble du portrait, il y a
une autre variable qui, pour moi, là... nous semble assez évidente, c'est la question de la densité de
trafic ou du volume de trafic sur des routes. C'est entendu que, dans des secteurs ruraux, où il y a
peu de trafic, le risque d'accident est complètement différent de
celui de Montréal, mais,
quand les gens sont arrêtés dans le trafic, ils peuvent texter sans être
dérangés ou, au fond, ils ne font pas partie du trafic. Comment on traite ça, ce genre d'affaires là? Est-ce que la société
a des données sur les différents impacts de densité, puis le trafic de Montréal, puis qu'est-ce qu'on
fait quand quelqu'un texte ou parle au téléphone, mais l'auto est
arrêtée?
M. Leclerc
(Dave) : Bien, évidemment,
je ne me substituerai pas aux méthodes d'enquête des policiers, parce
que les policiers font des interventions, particulièrement aux intersections, pour justement
prendre les conducteurs en flagrant délit, je dirais, de texter ou
encore de parler au téléphone cellulaire lorsque les gens sont arrêtés aux
intersections.
Pour ce qui
est du niveau de la densité, selon nos données et statistiques... Et je dois
vous dire qu'on fait des enquêtes terrain
durant particulièrement l'été vraiment, pour aller valider certaines
informations, et là on parle d'observations, et on observe des milliers,
voire des centaines de milliers de comportements chaque été pour voir quel est,
justement, le comportement des usagers.
Ce qu'on
remarque, c'est que, dans les régions de Montréal, Montérégie et Laval, il y a
un niveau de distraction plus élevé qu'ailleurs au Québec. Donc, pour ce qui
est de la densité, vous avez raison là-dessus, effectivement, il y a possiblement plus de moments pour être distrait
lorsqu'on est peut-être dans un trafic plus dense, plus lent, plus ralenti.
On est peut-être aussi... comme conducteur,
peut-être qu'on se dit : Bien, justement parce que ça va moins rapidement,
parce qu'il y a de la densité, parce que je suis arrêté, il y a moins d'impact
sur ma distraction. En fait, est-ce que ma distraction
a moins d'impact sur mon comportement? Peut-être que c'est le cas, tout
simplement, mais effectivement, ça marche aussi... on remarque que la
distraction est plus grande dans les régions plus denses.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Bolduc :
Merci, le Président. Vous parlez, à un moment donné, aussi des camions. Puis
j'ai une remarque à faire ici puis je voudrais vous entendre là-dessus,
parce que, comme vous le savez très bien, les fameux CB, dans les camions de
vrac, sont en utilisation depuis au moins 30 ans et ils ont des réseaux
très efficaces et très fonctionnels. L'arrivée des téléphones cellulaires dans
les voitures n'en est qu'une génération subséquente, si vous voulez.
Est-ce qu'il
y a des données probantes sur, par exemple, la distraction au volant dans les
camions de transport, etc.? Parce que ça fait tellement longtemps, on
doit avoir quelque chose là-dessus.
M. Leclerc (Dave) : Je vais
laisser ma collègue Mme Vézina répondre.
Le Président (M. Iracà) :
Mme Vézina.
Mme Vézina
(Lyne) : Bien,
effectivement, par rapport aux CB, bien, on n'a pas de données précises par
rapport aux CB, mais cependant il y a
une exclusion dans la législation quand on parle d'un appareil... quand on
dit... l'article 439.1 du Code
de la sécurité routière prévoit qu'on ne doit pas tenir en main un appareil
muni d'une fonction téléphonique, il y a une exclusion pour les CB.
Cependant, ça
ne veut pas dire que ce n'est pas distrayant, et c'est un peu pour ça aussi que les efforts de Contrôle routier Québec
prévoient, dans le fond, s'adresser à cette question-là de façon particulière,
et c'est pour ça qu'ils ont fait, en collaboration avec les organisations
policières, des interventions plus ciblées, plus marquées auprès des
conducteurs de poids lourds en regard de la distraction.
M. Bolduc :
Maintenant, quand je regarde sur les amendes incluant les nouvelles amendes, on
peut considérer ici que le Québec, en
fait, parmi toutes les provinces, est à peu près le plus bas en termes
d'amendes financières. Sur les points,
il y a l'Île-du-Prince-Édouard qui a cinq points et le Manitoba, les autres
sont trois ou quatre. Mais pour l'amende elle-même spécifiquement, le
Québec actuellement est le plus bas.
Est-ce que
vous avez des commentaires sur cette situation-là? Est-ce que vous croyez qu'il
devrait y avoir, je dirais, des ajustements?
M. Leclerc
(Dave) : Mais, en fait, ce que je vous dirais là-dessus, c'est que
notre analyse a été faite depuis quelques mois, particulièrement à la suite aussi de la consultation publique
qu'on a menée cet hiver. Il est clair que la population, je pense, est prête à une augmentation des
sanctions, et je vais parler de sanctions plutôt générales parce qu'évidemment
on parle d'amendes financières. On est
effectivement les plus bas au Canada. On voit que les autres provinces ont
commencé à bouger ou ont commencé à faire part de certaines intentions.
Évidemment,
ça fait partie de nos réflexions parce qu'il faut être aussi comparables. On
essaie toujours de se comparer un peu à ce
qui existe dans les autres administrations, et effectivement peut-être que
d'être plus dissuasif, ça serait
favorable. Alors, est-ce qu'on sera en mesure de faire des recommandations en
ce sens? Je pense que oui. Je pense que tout le monde est prêt au Québec
d'avoir des sanctions plus sévères en termes de distraction au volant.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. Leclerc. M. le député de Maskinongé.
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. M. Leclerc, Mme Vézina, bienvenue.
Tout
d'abord, j'aimerais souligner vos nouvelles campagnes publicitaires au niveau
de la distraction, mais surtout du
texto au volant qui, je crois, sont marquantes et portent leurs fruits. À deux
doigts de la mort est une signification très, très lourde dans la tête des gens, et je pense que vous avez bien ciblé,
justement, dans cette campagne publicitaire là, le public que vous tentez de joindre, là, parce que,
même dans vos données et dans votre présentation, vous parlez que c'est
les plus jeunes surtout qui sont les plus victimes de distractions au volant.
En
parlant de distraction au volant, j'aimerais qu'on parle d'équipements dans nos
voitures qui sont de plus en plus
équipées. De plus en plus, on peut même texter de façon vocale avec les
commandes au volant. On peut téléphoner quand on est au volant, changer la station de radio. On sait que
maintenant on a des chargeurs... et puis c'est même ça, c'est le MP3, là, qui fonctionne dans les
voitures, ça fait que ce n'est même plus des chargeurs de disques. On parlait
au début, il y a quelques années, des
accidents causés par les changements de disques. Maintenant, plus besoin, donc
tout est centralisé entre l'appareil
mobile et la voiture. De plus en plus, les constructeurs automobiles trouvent
des façons de faciliter la vie des
conducteurs, mais je crois, à mon avis, qu'il s'agit quand même de distractions
pour le conducteur, et j'aimerais vous entendre parler là-dessus.
• (10 h 20) •
M. Leclerc
(Dave) : Bien, en fait, lorsqu'on parle de distractions générales, et
c'est ce que je mentionnais en début d'ouverture
tantôt, c'est de dire que, oui, la technologie facilite les tâches
quotidiennes, particulièrement aussi dans les voitures. On remarque de plus en plus effectivement que les
constructeurs permettent maintenant de texter de façon vocale à l'intérieur du véhicule. Même moi, mon véhicule
a cette fonctionnalité-là, ce qui peut être très pratique dans certains cas.
Mais
évidemment, comme je le disais également, on a besoin de toute notre
concentration lorsqu'on est au volant. Donc,
c'est une tâche quand même assez complexe, il y a beaucoup d'informations qui
rentrent. Est-ce que la technologie vient
nous aider? Oui, à certains niveaux, mais
il faut avoir un juste dosage. On a l'aide à la conduite, on a, par exemple,
maintenant, les GPS inclus dans les équipements
de voiture. Lorsqu'on dit les GPS, oui, c'est utile à la conduite, mais
il faut peut-être prévoir son trajet avant de quitter. Avant de partir en
voyage, il faut peut-être inscrire notre trajet à l'intérieur pour ne pas avoir
justement à toucher aux appareils.
Alors,
oui, il y a du bon, mais il y a tout cet aspect-là qui
amène une distraction supplémentaire,
et c'est pour ça que la sensibilisation parle aussi de distractions plus générales. On
n'est pas uniquement sur le cellulaire texto, on est... De
façon générale, il faut avoir de l'attention pour conduire et avoir un
comportement sécuritaire sur la route. Alors, effectivement, les équipements dans les automobiles sont intéressants, mais il faut être prudent dans leur utilisation. Il faut être conscient que ça
amène une distraction supplémentaire, et évidemment ça fait partie des messages
de la société.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. Leclerc. Je vais céder maintenant la
parole au député de Sainte-Rose.
M. Habel : Merci
beaucoup, M. le Président. À mon tour de saluer M. Leclerc et Mme Vézina. Merci d'être
ici pour parler d'un sujet très
important qui est l'utilisation du texto au volant. Je pense
que l'une des statistiques que vous avez données, c'est l'exemple de texter en conduisant qui oblige à
quitter la route des yeux pendant quatre ou six secondes, qui est
l'équivalent d'un terrain de football. Je pense que juste cet exemple-là est
très frappant.
Vous
avez parlé de plusieurs distractions au volant : fumer, boire,
manger, texter, il y a aussi l'utilisation des GPS. Est-ce que vous avez été capables
de voir quel était le plus distractif entre les cinq composantes?
M. Leclerc
(Dave) : Bien, évidemment,
il y a toute la notion de qu'est-ce
que ça exige, la tâche qu'on est en train de faire. Vous avez parlé de boire, manger, texter.
On a même vu des gens se brosser les dents ou encore se passer la soie dentaire, là, ça va jusque-là, ou encore tricoter
au volant. Alors, voyez-vous, il y a toutes
sortes de distractions, toutes sortes de tâches.
Évidemment,
l'aspect de texter est beaucoup plus difficile, parce qu'évidemment ça prend une certaine dextérité manuelle, je dirais, et, en plus, il faut être là
de façon mentale. Donc, c'est cognitif. Donc, il faut réfléchir à la discussion
qu'on a. Donc, c'est clair, et je le disais,
c'est 20 fois plus risqué, il y a 20 fois plus de risques de collision
qu'uniquement le cellulaire en main.
Pourquoi? Parce qu'effectivement il y a la manipulation de l'appareil qui est
difficile, mais aussi toute
l'implication intellectuelle qu'il faut avoir dans cette discussion-là. Alors,
ça amène beaucoup plus de risques et un plus grand risque de collision. Alors, effectivement, le texto est,
parmi les distractions, possiblement la distraction la plus importante.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui. Merci, M. le Président. Vous avez parlé aussi de la campagne de
sensibilisation, 5 millions investis, puis mon collègue de Maskinongé a parlé aussi de l'impact, disons,
frappant de cette campagne. Vous avez parlé aussi de 64 000
constats d'infraction. Est-ce que vous êtes capables de voir l'évolution?
Est-ce qu'il y a eu plus de constats d'infraction
suite à cette sensibilisation-là ou il y a eu moins de constats d'infraction
suite aux compagnes de sensibilisation?
Le Président
(M. Iracà) : M. Leclerc.
M. Leclerc
(Dave) : Oui, merci. Je ne peux pas répondre de façon très spécifique.
Tout ce que je vous dis, c'est qu'en
moyenne, c'est à peu près 64 000. Ça peut varier d'une année à l'autre, le
nombre d'infractions, et on les a évidemment
selon les années. C'est sûr que, dans les débuts des années 2000... on était en
2008, il y en avait beaucoup moins.
Après ça, ça a augmenté évidemment parce que, bon, les policiers en ont
constaté davantage. Aussi, avec la présence de plus en plus... le cellulaire, texto, le téléphone intelligent est de
plus en plus disponible pour M. et Mme Tout-le-monde, donc on en voit davantage. On parlait de six
adultes sur 10. Alors, clairement, peut-être que le nombre d'infractions va
augmenter. Présentement, on est dans une moyenne de 64 000.
En lien avec
la sensibilisation, ce qu'il est important de dire, c'est que, lorsqu'on fait
une campagne de sensibilisation, si on veut que la recette
fonctionne bien, il faut que les policiers appuient les messages de
sensibilisation en même temps que le message est en ondes. Donc, si vous
avez vu la campagne récente de la société à la télévision, à la radio, peu importe, si vous l'avez entendue,
il faut que parallèlement à ça il y ait des actions terrain menées par les
policiers, et là le message vient d'être
augmenté. Donc, oui, c'est important, il faut faire attention, il y a un
risque, mais aussi il y a le risque d'être intercepté.
Est-ce qu'il
y a un lien nécessairement de dire : Il y a plus d'infractions lorsqu'il y
a une campagne de sensibilisation? Pas nécessairement, même possiblement
moins parce que les policiers aussi vont faire de la sensibilisation. Ils vont intervenir, mais aussi en matière de
sensibilisation. Donc, ce n'est pas parce qu'ils arrêtent quelqu'un, qu'ils
interceptent un conducteur contrevenant, qu'ils vont nécessairement
appliquer une infraction, particulièrement dans les temps de campagne. Il faut avoir un message aussi cohérent
entre les organisations pour être certain de dire : Je t'informe que c'est
dangereux, il y a un risque, tu es
intercepté. Dans certains cas, il y aura une contravention. Peut-être que, dans
d'autres cas, il y aura uniquement de
la sensibilisation. Évidemment, ça appartient à la discrétion du policier, tout
simplement. Donc, je ne suis pas capable de faire l'adéquation parfaite
entre sensibilisation et contravention.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, M. Leclerc. Je vais céder la parole maintenant au député d'Abitibi-Est. Il vous reste environ 2 min 30 s.
M. Bourgeois : Merci, M.
le Président. M. Leclerc,
Mme Vézina, écoutez, moi, j'ai quelques petits points plus directs parce
que vous me parlez de recommandation
de modification, vous n'en avez pas vraiment
fait état, vous avez parlé plus des
constats, des analyses qui ont été faites. J'aimerais ça que vous nous donniez peut-être
un peu, de ce côté-là, vos recommandations, des pistes, dans
un premier temps.
Dans un deuxième temps, est-ce qu'à votre connaissance il existe des
systèmes, au niveau des véhicules, permettant de bloquer l'utilisation de ce système-là
au niveau du conducteur? Et est-ce qu'il y a
des juridictions qui en font l'application?
M. Leclerc
(Dave) : Merci. Pour les recommandations, vous comprendrez qu'on n'a pas encore eu la chance de rencontrer le nouveau ministre, M. Fortin, et
vous me permettrez de lui parler de nos recommandations plus
spécifiquement parce qu'on souhaite
avoir effectivement un échange sur ça. La seule chose que je peux vous dire par
contre, c'est clair que, pour nous,
je l'ai mentionné tantôt, on m'a questionné sur le niveau des sanctions, pour
nous, il est clair que la sanction n'a pas évolué depuis 2008. On est rendus en
2017. Alors, c'est clair que la sanction devra, à notre sens, évoluer. De quelle façon? Ça reste à déterminer. Je vous ai
parlé tantôt de la récidive, je vous ai parlé de différents éléments, tout
ça fait partie de notre analyse.
Et où est-ce aussi... je dirais, où sont rendus
les Québécois? Et les Québécois nous ont dit, en consultation publique, clairement : On est prêts à des
sanctions plus sévères, il faut intervenir. Alors, ça va faire effectivement
partie de notre analyse et ça fera
partie certainement de nos recommandations auprès du ministre, mais je vais me
limiter là pour l'instant.
Pour ce qui est des brouilleurs d'ondes, si vous
me permettez l'expression, les brouilleurs d'ondes, il faut
bien comprendre qu'ils sont interdits
présentement par Industrie Canada. On ne peut en
fabriquer, on ne peut en importer, on ne peut en vendre. Alors, c'est
interdit de façon fédérale. C'est de juridiction fédérale, et, à notre connaissance,
non, il n'y a pas d'administration qui adopte cette avenue-là.
L'autre enjeu
qu'il y a avec les brouilleurs d'ondes, c'est effectivement de pouvoir limiter ou de circonscrire le brouillage d'ondes aux conducteurs. Est-ce qu'on doit interdire à tous
et chacun d'utiliser son cellulaire texto dans la voiture lorsqu'on conduit?
Pas certain, et la capacité du brouillage d'ondes est plutôt
limitée dans ce sens-là. Par contre,
on sait que certains constructeurs
automobiles réfléchissent à cette situation-là et à ce genre de solution là pour voir de
quelle façon on serait capable de mieux contenir cette envie de texter ou
encore de parler au cellulaire au volant.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, M. Leclerc. Ceci met fin au bloc d'échange avec la partie gouvernementale. Nous allons procéder au
deuxième bloc d'échange avec l'opposition
officielle. Alors, je vais céder la
parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, à mon tour de vous saluer, messieurs mesdames.
D'entrée de
jeu, je voudrais saluer le travail que vous avez fait pour le mandat
d'initiative, mais j'aurais aimé plus de
mordant. Je vais être honnête avec vous, je comprends que vous voulez
attendre l'arrivée du nouveau ministre... bien, l'arrivée...
la rencontre avec le nouveau ministre
des Transports, mais on est présentement en mandat d'initiative sur la problématique des cellulaires au volant, et je ne
pense pas que nos citoyens, citoyennes au Québec pensent qu'il faut que ça devienne un enjeu
politique. Je pense que les gens sont au courant qu'on fait face à un fléau de
danger et que c'était la place ce matin pour discuter.
Donc, j'aurais aimé ça que vous vous mouilliez
un peu plus. Je comprends que vous voulez échanger avec le ministre, mais on est en mandat d'initiative ce
matin, et j'aurais aimé obtenir, de votre part, les recommandations, déjà
des pistes de solution, parce que votre
consultation a commencé au début de l'année. Vous semblez avoir entre les mains
des recommandations. Donc, je suis un peu...
honnête avec vous, je suis un peu déçu. J'aurais aimé ça que ce matin on
puisse avoir le fruit de votre travail,
parce qu'on vous a ce matin, on a les gens de la CAA, on va avoir le bureau du
coroner. On va avoir un paquet de
gens aujourd'hui qui vont venir nous nourrir notre réflexion et
malheureusement, en commençant avec vous, vous vous gardez un moment de
discussion avec le ministre.
Alors, je
suis un peu surpris et même déçu, je vous dirais. J'aurais aimé et j'aimerais
encore, si c'est possible, de vous
entendre sur des recommandations suite à votre consultation, parce que c'est...
Je pense que c'est majeur, là, tout près
de 11 villes, puis vous avez fait ça sur le Web, puis je pense que vous avez
fait ça très, très, très scientifique, là. Ça veut dire qu'on est capable de ressortir des tendances de ce qu'il y a
eu dans votre consultation. Ça fait que j'aimerais vous entendre
là-dessus, s'il vous plaît.
• (10 h 30) •
M. Leclerc
(Dave) : En fait, si vous me le permettez, je dirais simplement que,
oui, la consultation publique nous a
amené certains constats, des constats aussi qu'on avait déjà faits par ailleurs
dans nos analyses en analysant aussi d'autres juridictions. Clairement, et je l'ai mentionné tantôt sans rentrer dans
l'exactitude de nos recommandations, c'est clair qu'il va falloir augmenter les sanctions. Ça, pour nous,
c'est une évidence, et les Québécois sont rendus là. Et, si vous avez regardé, effectivement, la synthèse de la
consultation publique, vous constatez que les gens souhaitent des sanctions
plus sévères. On le retrouve
également dans plusieurs sondages à la suite de nos campagnes pour voir un peu
comment nos campagnes ont été
appréciées et comment les gens les ont reçues, et les gens nous disent
clairement qu'ils souhaitent des sanctions plus sévères.
Maintenant,
les travaux de la commission pourraient nous amener à avoir une autre
réflexion ou à une analyse plus en
profondeur. Vous faites un mandat d'initiative. Donc, pour nous, le travail que la commission
fera après avoir entendu les différents intervenants sera certainement quelque
chose qui viendra alimenter notre réflexion.
Deuxièmement, cet été aussi, on a mené des enquêtes, encore, terrain sur la distraction et on est
allés vérifier certains aspects, entre autres chez les piétons. Est-ce qu'on doit peut-être intervenir chez les
piétons? La question se pose. Il
y a certaines provinces qui ont même
parlé d'intention. Toutefois, chez les piétons, il faut valider quel est leur
comportement présentement sur les routes du Québec. Alors, cet été, nous
avons mené des enquêtes terrain d'observation sur le comportement, oui, des automobilistes en lien avec la distraction, mais également
des piétons. Alors, les résultats de ça ne sont pas encore complétés. La compilation n'est pas encore complétée
parce que c'est des centaines de milliers d'informations qu'on a à compiler et à analyser, et ça, ça va
faire partie effectivement de notre réflexion, en plus des travaux de
la commission.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M.
Ouellet : Merci. Donc, vous
parlez de sévérité des sanctions. Donc, on peut penser qu'on parle d'augmentation des amendes, mais aussi de l'augmentation des points d'inaptitude suite à une infraction,
ou même à multiplier dans le cas de récidive. Je ne vous paraphrase pas,
mais ça peut tendre jusque-là.
M. Leclerc
(Dave) : Lorsqu'on parle de
sanctions, c'est un amalgame de tout ça, effectivement. C'est les
amendes, ça peut être les points, ça
peut être la notion de récidive, c'est un ensemble de tout ça. «Sanctions» est
très large. Alors, pour nous, effectivement, il faut augmenter la
sévérité.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Leclerc. M. le député.
M.
Ouellet : Bien, écoutez,
de ce que je me souviens, vous me corrigerez si j'ai tort, mais je crois que le
ministre veut déposer son projet de loi avant les fêtes.
Alors, assurément, on va espérer que cette rencontre... j'espère qu'elle est
cédulée à votre agenda avec le ministre.
M. Leclerc (Dave) : Oui, je vous le
confirme.
M.
Ouellet : On a l'opportunité
de lire dans les médias son agenda de ministre. Alors, j'espère que vous allez être
inscrit très prochainement, parce qu'effectivement c'est un fléau. Le collègue
de Mégantic faisait mention de la distraction
possible ou augmentée dans le cas du trafic. Mais je vous dirais que, pour moi,
pour rouler sur la 138, il y a
d'autres genres de problèmes
routiers qui peuvent survenir, notamment la présence d'animaux qui peuvent traverser la
route, la somnolence aussi, le longue
distance sans croiser quelqu'un qui fait qu'effectivement on peut être
plus distrait. Ça fait que je pense que, dans votre analyse... Je
présume que, dans votre analyse, il va y avoir aussi cette différence entre la conduite urbaine et la conduite en milieu
plus rural ou, du moins, dans des routes, je dirais, plus secondaires, une
138 ou une 132 à double voie qui, malheureusement, amène des rencontres transversales plus fréquentes comparativement
à une autoroute.
J'aimerais
revenir un peu sur les applications technologiques.
Vous avez parlé dans votre introduction de votre application Mode
conduite. Combien de téléchargements vous avez eus?
M. Leclerc (Dave) : J'y
vais de mémoire parce que, là, mes chiffres sont... je les ai... C'est environ
5 000 à mon souvenir. Il faut
dire, par contre, que l'application Mode conduite, qui a été développée en
2012, elle était uniquement applicable
pour Android, parce qu'à l'époque on avait fait même des démarches auprès de
Apple, mais Apple ne souhaitait pas
que certaines applications interviennent sur des fonctions natives du téléphone
comme le cellulaire ou le texto. Donc, évidemment, l'application s'est
limitée au mode uniquement Android.
Ce
qu'il faut dire aussi, c'est qu'il y a d'autres entreprises, d'autres secteurs
qui ont développé ce genre d'application, je pense, même certaines compagnies d'assurance privées qui ont
développé certaines applications. Évidemment, nous, c'était une solution qu'on voulait proposer. On ne
voulait pas simplement faire uniquement de la sensibilisation et de la prévention. On voulait offrir une opportunité, une
solution au conducteur. On a développé cette application-là, d'autres en ont fait de même. Et on est contents aussi de
constater que maintenant... et là je parle d'Apple uniquement... a, dans sa
dernière mise à jour, proposé ce genre, je ne dirais pas d'application, mais de
fonction téléphonique qui permet de bloquer
les messages et les téléphones entrants tout simplement en envoyant aussi un
message à son interlocuteur pour dire :
Je suis présentement en train de conduire, je te rappelle plus tard ou je texte
plus tard, peu importe. Et ça, pour nous, c'est important parce qu'on le
disait d'entrée de jeu : Les gens ont de la difficulté à s'empêcher de
répondre, hein? L'enjeu, là, c'est vraiment
une question... On devient presque... C'est une dépendance, le téléphone et le
cellulaire. Lorsque ça sonne, lorsque ça vibre, on se sent presque
obligé de répondre de façon immédiate.
Alors,
il faut amener ce genre de solution là pour permettre aux automobilistes
d'avoir des options. Effectivement, il
y a les mains-libres, il y a les différentes technologies dans la voiture. Mais
souvent ce qu'on dit aussi, c'est que, si vous êtes incapables de vous empêcher, prenez le téléphone, fermez-le ou
mettez-le dans le coffre de la voiture tout simplement pour vous empêcher... Mais les applications
mobiles, au moins, donnent cette opportunité-là d'avoir... et d'être conscient
aussi, de dire : Il y a des outils qui
existent. Je ne serai pas impoli avec personne si je ne réponds pas. Je vais
tout simplement mentionner que je suis en conduite automobile et que ce
n'est pas le moment de répondre. Alors, effectivement, les applications sont
intéressantes comme solutions proposées au conducteur.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Leclerc. Il vous reste deux minutes.
M. Ouellet : Effectivement, c'est une des bonnes mises à jour, le dernier
IOS. Le reste, on en reparlera dans un autre
mandat d'initiative. Mais effectivement moi, je l'utilise, et ça envoie des messages directement aux gens qui nous envoient
des textos. Est-ce que vous seriez favorables à ce que ces nouvelles fonctions là,
qui sont sur Apple, mais qui pourraient
être sur Android ou sur Samsung, peu importe, là, deviennent obligatoires de
facto? Lorsqu'on arrive dans une automobile,
c'est appliqué et finalement c'est impossible ou, dans le cas d'urgence... un
peu comme on a du verrouillage de nos
téléphones si on n'a pas le code, mais, si on a un appel d'urgence, on a moyen
de contourner pour une situation x. Est-ce que vous seriez favorables à ça?
Est-ce qu'on pourrait aller jusque-là?
Le Président
(M. Iracà) : M. Leclerc.
M. Leclerc
(Dave) : En fait, la
question est bonne, et, rapidement, comme ça, je vous dirais que je serais hésitant
à l'imposer parce que ça reste qu'on est
dans le domaine du comportemental, et ça a son effet limité, l'application, parce qu'il faut l'activer. C'est un choix personnel,
hein? Chaque conducteur doit choisir de ne pas texter ou de ne pas répondre
au cellulaire. C'est un choix, c'est un
comportement. C'est pour ça, d'ailleurs, que la société travaille beaucoup en
prévention et en sensibilisation.
C'est une action personnelle dans sa voiture. De mettre active l'application,
c'est un geste, il faut être conscient
de le poser. Donc, ça a un effet quand même limité. Combien de personnes qui
sont incapables de s'empêcher? Peut-être
qu'ils vont commencer à l'utiliser au début puis peut-être que, par la suite,
ça va arrêter après deux, trois fois, quelques
trajets, ils vont l'oublier. Alors, ça a quand même un effet limité, je vous
dirais, les applications, parce que ça nécessite un geste.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. Il vous reste une minute.
M. Ouellet : Bien, écoutez, j'ai effectivement vu vos campagnes de sensibilisation.
Elles sont très bonnes, elles sont
très frappantes. On y va sur la conséquence. Vous parliez tout à l'heure que
c'est comportemental. Est-ce qu'à la société
vous avez pensé aussi faire des publicités ou de la sensibilisation sur comment
agir avant d'entrer dans l'auto, où est-ce
qu'on aurait des comportements... je ferme mon cellulaire ou je mets mon
application? Parce que, là, on y va sur la conséquence de texter.
Avez-vous réfléchi sur changer le comportement, mais avant la mise en route?
Le Président
(M. Iracà) : En 30 secondes, M. Leclerc.
M. Leclerc
(Dave) : 30 secondes? C'est une très bonne suggestion. Ça fait
toujours partie de nos stratégies, je dirais, publicitaires pour voir de
quelle façon on doit travailler sur quel angle, sur quel axe pour avoir le plus
d'effet possible, et cette idée-là, elle est
intéressante. On le travaille aussi sur le terrain avec nos partenaires. Donc,
peut-être dans des actions plus
limitées, mais plus directes avec le citoyen, ce genre d'intervention là peut
effectivement être passé comme message par nos équipes.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au
bloc d'échange avec l'opposition officielle. Nous allons procéder à un nouveau bloc d'échange, le dernier mais non le
moindre, avec le deuxième groupe d'opposition, et je vais céder la
parole immédiatement au député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci, M. le Président. M. Leclerc, Mme Vézina, merci d'être avec nous ce matin. Le temps est très,
très limité, donc ce sera de brèves questions, pour ma part.
Vous avez
mentionné qu'il n'y a pas eu de modifications réglementaires ou législatives au Québec depuis
2008. Vous avez mentionné... peut-être réglementaire avec l'augmentation
d'un point de démérite, effectivement, mais essentiellement,
depuis 2008, pas de modification majeure. Vous avez mentionné que le Québec,
par rapport aux autres provinces, est la province qui pénalise, en
quelque sorte, le conducteur fautif de façon moins sévère. Est-ce que les changements au niveau des autres provinces ont été
faits récemment ou ça date d'un certain nombre d'années, pour l'essentiel?
M. Leclerc (Dave) : Bien, je
vous demanderais, Mme Vézina...
Le Président (M. Iracà) : Oui,
Mme Vézina.
Mme Vézina (Lyne) : Bien, on
voit que... Peut-être rappeler... Le Québec a été aussi la deuxième province à introduire une interdiction du cellulaire au
volant après la Nouvelle-Écosse, donc, en 2008. Les autres provinces et
territoires ont suivi par la suite,
et il y en a certaines qui ont effectivement révisé leur législation. On parle
de 2015. On parle aussi qu'il y a des
intentions qui ont été annoncées, là, par certaines administrations récentes,
donc, peut-être qui... C'est un domaine
en évolution, je dirais. La plupart des administrations ont introduit leurs
mesures à peu près en même temps et se voient
en droit ou en... se voient un peu l'obligation de réviser ces restrictions-là
compte tenu de l'évolution du phénomène.
Le Président (M. Iracà) : Oui,
M. le député.
M. Charette :
Merci. Est-ce que diriez que le Québec est en retard par rapport à ses voisines
en termes de soit législation ou encore de modification, de mise à jour
de ces modifications?
Le Président (M. Iracà) : Oui,
M. Leclerc.
• (10 h 40) •
M. Leclerc
(Dave) : En fait, je vous dirais que, clairement, sur les amendes,
bien, il n'y a pas eu de changement depuis
2008. Est-ce qu'on est en retard? Ça reste à voir parce que le taux de... On le
disait tantôt, on n'est pas capables de savoir clairement l'impact du
cellulaire, texto sur le bilan routier. On a une approximation en termes de distraction, et ce taux-là
est assez stable. Alors, en ce sens-là, est-ce qu'on est vraiment
en retard? Difficile à dire. Toutefois, j'aurais tendance à vous dire qu'en amenant peut-être des sanctions plus
sévères, en ajustant la législation, peut-être qu'effectivement
on aura un impact plus marqué et peut-être
qu'on va remarquer une diminution. Évidemment, ça reste à voir, et c'est plein d'éléments qui
doivent jouer en même temps pour avoir un impact sur le bilan routier. Alors,
difficile de dire maintenant si on est en retard parce que, pour le nombre de
points d'inaptitude, on se situe dans la moyenne canadienne, et, je vous
le rappellerai, les points d'inaptitude, c'est très important, entre autres,
pour les nouveaux conducteurs, les apprentis. Certaines
provinces s'attardent effectivement à des sanctions plus sévères aussi chez les
apprentis, comme l'Ontario. On a un système qui cible
particulièrement les apprentis, les nouveaux conducteurs.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Leclerc. M. le député de Deux-Montagnes.
M.
Charette : Merci. Vous avez fait référence à la consultation que vous
avez menée. Sans nous révéler de grands secrets ce matin, est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la
proportion des recommandations... Parce que votre mandat était beaucoup plus
large, on s'entend, que le cellulaire au volant. Quelle est la proportion des
recommandations qui touchent
spécifiquement le cellulaire au volant versus d'autres mesures qui seraient
peut-être proposées, là, qui touchent, de façon plus globale, la
sécurité routière?
M. Leclerc
(Dave) : Je n'ai malheureusement pas la donnée précise. Vous
comprendrez qu'il y avait différentes thématiques
abordées lors de la consultation. Chose certaine, c'est que la distraction a
attiré beaucoup l'attention. Ça, je peux
vous le confirmer, il y a eu beaucoup d'intérêt par rapport à la distraction.
Peut-être aussi un fait intéressant, c'est que, dans les différents sondages que l'on fait, 98 % des adultes
québécois considèrent la distraction au volant comme un problème très ou assez grave. Donc, on parle de
98 % de la population. 89 % estime que les conducteurs québécois
sont très ou souvent distraits. Et autre
particularité de cette donnée, qui est intéressante, qu'on a aussi révélée
peut-être aussi lors de la
consultation, c'est que, lorsque les conducteurs évaluent leur propre
comportement, la perception change, vous comprendrez. En effet,
seulement 9 % d'entre eux s'avouent être distraits à l'occasion. Alors,
vous voyez, il y a vraiment une question de perception, et c'est ce qu'on a
remarqué aussi lors des consultations.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M.
Charette : Merci. Vous avez mentionné que vous n'avez pas encore eu
l'occasion, et on peut comprendre, de rencontrer
le nouveau ministre des Transports. Sa nomination est encore toute récente.
Mais aviez-vous rencontré son prédécesseur, M. Lessard, sur cette
question-là, alors qu'il avait la responsabilité?
M. Leclerc
(Dave) : Bien, ce n'est pas un secret de polichinelle, il y a un
travail qui s'est fait au cours des derniers mois sur la modification du Code de la sécurité routière. Effectivement,
il y a eu des rencontres avec le ministre précédent.
M. Charette :
Et le volet du cellulaire au volant avait été abordé à ce moment-là?
M. Leclerc
(Dave) : Ça fait partie de l'ensemble des questions abordées lors de
la modification du Code de la sécurité routière. Vous comprendrez qu'il
n'y a pas uniquement la distraction. Ça englobe plusieurs choses.
M.
Charette : Et vous, de votre côté, vous avez pu donc faire part au
ministre Lessard de vos préoccupations. Ça fait un certain temps, on s'entend, mais vos recommandations, de
façon générale, elles sont prêtes depuis quand, depuis le printemps
dernier?
M. Leclerc
(Dave) : Difficile à évaluer parce que, comme je vous disais, c'est un
peu toujours en évolution, hein? On a
fait des recommandations, effectivement, au ministre précédent. Ça, je ne peux
pas vous le cacher. Toutefois, c'est toujours en évolution. Comme je vous
disais, il y a eu des enquêtes terrain cet été. Il y a le mandat d'initiative
de la commission, qui est intéressant, voir aussi le rapport de la commission.
Alors, comme je vous disais, c'est un peu en évolution. Est-ce que nos
recommandations sont finales? Non, c'est des recommandations et ça reste
peut-être sujet à discussion. C'est prêt
depuis quand? Je ne suis pas capable de l'évaluer parce qu'évidemment on a fait
notre consultation cet hiver, la fin
de l'analyse, peut-être, durant l'été. On a proposé certaines avenues au
ministre précédent, mais, comme je vous dis, c'est toujours en
évolution.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député.
M.
Charette : N'y voyez pas de question piège, mais je m'interroge de mon
côté parce que cette réforme au niveau de la sécurité routière, on l'attend
depuis longtemps au Québec. En fait, on est à notre quatrième ministre des
Transports au cours de la présente
législature, et tous avaient pris l'engagement de soumettre une proposition de
réforme à ce niveau-là. On est rendus
au quatrième. Les mois, les années ont passé sans que cette réforme-là soit
présentée. Est-ce qu'on peut expliquer,
de façon purement factuelle, tous ces retards-là par rapport à un engagement
qui est pourtant précis, par rapport à un sujet qui est drôlement
important? Les chiffres le démontrent. Pourquoi tant tarder avant de nous
proposer une réforme qui est certainement très attendue?
Le Président (M. Iracà) : En 10
secondes, s'il vous plaît, M. Leclerc.
M. Leclerc (Dave) : Bien, en 10
secondes, je ne commenterai pas, mais, rapidement, juste pour vous dire qu'il y a eu un changement réglementaire
concernant justement les sanctions en 2015, avec les points d'inaptitude qui
sont passés de trois à quatre.
Le Président (M. Iracà) : Alors, je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin
de permettre au groupe de CAA-Québec de s'installer. Merci beaucoup de votre
présence à l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 10 h 45)
(Reprise à 10 h 48)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la
bienvenue aux représentants de CAA-Québec.
Bienvenue à l'Assemblée nationale, la maison du peuple. Alors, je vous demande
de bien vouloir vous présenter, ainsi
que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez
d'une dizaine de minutes pour votre
exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Sans plus tarder, la parole est à vous.
CAA-Québec
Mme Gagnon (Sophie) : Merci, M. le
Président. Distingués membres de la commission, bonjour. Je suis Sophie Gagnon, vice-présidente, Communications et
affaires publiques, chez CAA-Québec. Les gens qui m'accompagnent sont, à ma droite, M. Marco Harrison, directeur de
la Fondation CAA-Québec, qui est active en sécurité routière, et, à ma gauche, Mme Isabelle Godbout,
recherchiste-analyste au sein de notre équipe en communications en affaires
publiques.
Merci de nous
entendre dans le cadre de cet important mandat d'initiative sur l'utilisation
du cellulaire au volant. Depuis
longtemps, CAA-Québec, et, de plus en plus, par l'entremise de sa fondation,
est un acteur très engagé en sécurité routière.
Par nos interventions, nos initiatives, nous apportons une contribution que
l'on estime notable à l'amélioration du bilan routier. Nous en sommes très
fiers. Vous comprendrez donc aisément que votre mandat d'initiative nous
interpelle particulièrement puisque l'utilisation du téléphone cellulaire au
volant est une problématique majeure en sécurité routière. Les statistiques que
je vais vous livrer nous donnent malheureusement raison.
Selon
l'institut américain Virginia Tech Transportation, les conducteurs qui textent
au volant sont 23 fois plus susceptibles d'être impliqués dans une collision ou
une quasi-collision que les conducteurs attentifs. Selon le National Safety Council, un accident de voiture sur quatre,
on parle de 26 %, est causé par l'utilisation du téléphone, y compris
la fonction mains
libres, et, d'après les estimations, les conducteurs qui utilisent leur
téléphone au volant ne voient que 50 % — c'est l'effet de vision tunnélaire — de l'information qui est présente dans leur environnement
visuel de conduite, pourtant si
important. Encore trop de gens aujourd'hui continuent de banaliser les risques
de l'utilisation du téléphone cellulaire au volant. C'est pourquoi nous
souhaitons que les recommandations que fera la présente commission au terme de ses travaux mènent à l'adoption de
nouvelles mesures en la matière. À notre avis, il faut maintenant envoyer
un message clair à la population.
• (10 h 50) •
En résumé,
les recommandations de CAA-Québec à la commission visent essentiellement une
législation avec plus de mordant en
considérant une gradation des sanctions en fonction de la gravité des gestes
posés, des forces de l'ordre mieux
outillées afin qu'elles soient mobilisées davantage pour intervenir, des
mesures d'éducation et de sensibilisation encore plus efficaces — on a fait beaucoup, on peut faire mieux, on
peut continuer — et des
mesures cohérentes destinées à la
population quant aux distractions cognitives au volant, dont celles causées par
l'utilisation du cellulaire, mais aussi, de plus en plus, des systèmes
d'infodivertissement. On aura l'occasion de vous en toucher un mot.
En mars
dernier, lors de la vaste consultation publique sur la sécurité routière au
Québec, qui a été tenue par la Société
de l'assurance automobile du Québec, six de nos recommandations visaient la
problématique du cellulaire au volant. Essentiellement, nous les
maintenons toutes et nous vous les présentons aujourd'hui. Alors, j'y vais en
rafale.
La première.
On recommande d'augmenter le nombre de points d'inaptitude pour les
récidivistes à l'intérieur d'un délai
de deux ans. Selon nous, le nombre de points d'inaptitude en cas de récidive
devra être déterminé en fonction de la gravité
relative de l'infraction ainsi que de l'acceptabilité sociale. Évidemment, il
revient au législateur de déterminer ce que représente la gravité de
l'infraction et de mesurer également l'ampleur de l'acceptabilité sociale.
Mais, à titre d'exemple, on soumet à la
commission qu'aux quatre points déjà prévus au Code de la sécurité routière à
la première offense deux autres
points pourraient s'ajouter pour une deuxième offense survenant, bien sûr, dans
un délai de deux ans, soit pour un
total de... c'est-à-dire, six points à la deuxième offense qui s'ajouteraient
aux quatre premiers, donc un total de 10. Une troisième offense
également à l'intérieur d'un délai de deux ans signifierait donc la suspension
du privilège de conduire puisque six points
s'ajouteraient encore au dossier. On veut vraiment marteler le fait qu'on veut
s'attaquer aux gens qui sont les inconditionnels du cellulaire.
Concrètement,
nous privilégions cette avenue, soit l'augmentation du nombre de points
d'inaptitude, à l'augmentation de
l'amende. Nous croyons que l'effet dans le temps de l'inscription de points
d'inaptitude à un dossier de conduite est plus durable que celui d'une
amende, qui a un impact financier immédiat, il faut le dire, mais plutôt temporaire, puis c'est particulièrement vrai pour
ceux qui ont la capacité de payer. L'usage de l'automobile étant au coeur
de nos activités quotidiennes, s'attaquer au
nombre de points porte donc beaucoup plus à réflexion pour le contrevenant.
Puis il faut dire aussi que l'inscription de
points d'inaptitude à un dossier de conduite va avoir une conséquence directe
financière puisque le renouvellement du
permis de conduire, subsidiairement, là, subséquemment, va être plus coûteux
pour la personne qui est visée. Concrètement, la contribution d'assurance
triplerait pour un individu ayant cumulé de 10
à 14 points d'inaptitude. Alors, il y a un impact financier également et,
n'oublions pas, il y a également un risque de perte du privilège de
conduire, suspension du permis.
Deuxième
recommandation. Nous recommandons d'élargir la présomption prévue au Code de la
sécurité routière, c'est l'article 439.1, afin qu'un conducteur qui
tient en main un appareil qui est semblable à un appareil muni d'une fonction téléphonique alors qu'il se trouve
derrière le volant soit réputé faire l'usage d'un appareil qui est muni d'une
fonction téléphonique. Le but de cette recommandation est de donner une plus
grande portée à cet article quant à son application
et à envoyer un signal clair aux forces policières quant à l'intérêt
d'appliquer l'article. Selon nous, c'est à celui qui prétend ne pas tenir en main un appareil muni d'une fonction
téléphonique qu'il incombe de le démontrer, et, pour ce faire, par
exemple, la production du relevé téléphonique s'avère une bonne pratique.
Certains faits évoqués devant les tribunaux sont
à la base de notre recommandation. On évoque souvent, par exemple : Je manipulais un iPod, j'avais mon
rasoir, un porte-monnaie. On a vu toutes sortes d'images qui ont été présentées.
En d'autres termes, CAA-Québec estime qu'un tel élargissement de présomption
pourrait en décourager certains qui évoquent
notamment la manipulation d'objets, comme je le mentionnais, de toutes sortes
et non d'un téléphone, sans pour autant
brimer, et ça, c'est important, le droit fondamental d'un individu de défendre
sa cause en produisant en preuve son relevé
téléphonique, par exemple. Cette mesure a le potentiel d'encourager les forces
de l'ordre à appliquer davantage l'article 439.1.
Troisième recommandation, ouvrir le dialogue
avec le fédéral pour créer des dispositions spécifiques dans le Code criminel relatives à l'utilisation du
cellulaire au volant lorsqu'il y a morts ou blessés graves. Dans les années 80,
je peux vous le rappeler, vous vous
en rappellerez comme moi, devant l'ampleur de la problématique de l'alcool au
volant, le gouvernement canadien a
ajouté de nouvelles dispositions spécifiques au Code criminel, et le message
qui s'en est suivi était très clair : L'alcool au volant, c'est
criminel. Et, puisque l'utilisation du téléphone cellulaire au volant est un comportement socialement répréhensible, avec des
statistiques maintenant bien établies,
et potentiellement fatal, nous croyons
qu'il est temps pour le gouvernement
canadien de créer des sanctions
spécifiques au Code criminel en fonction de la gravité de l'infraction. Pour nous, à situation
exceptionnelle, il faut une mesure d'exception. En somme, le message qui serait envoyé ne pourrait pas être plus
clair : Le cellulaire au volant, c'est criminel. À notre avis, cette
référence au caractère criminel du
geste ne laisse aucune ambiguïté sur le message, tout comme ce fut le cas et
c'est encore le cas pour l'alcool au volant. Évidemment, la
sensibilisation et l'éducation seraient aussi grandement facilitées.
Et ça m'amène
à la quatrième recommandation, amener l'ensemble des intervenants à travailler de façon concertée afin de parler d'une même voix et de véhiculer un message commun. Tous
les principaux intervenants sont visés, que ce soient les corps
policiers, la SAAQ, CAA-Québec et notre fondation, mais les compagnies de téléphones
cellulaires aussi,
etc. Ils doivent innover dans la prévention et la sensibilisation pour
rejoindre les diverses clientèles à l'aide d'un message commun : L'utilisation du téléphone cellulaire, appareil tenu en main, textos, appareil mains libres,
est inacceptable.
À l'image de
la tournée que fait notre fondation dans plusieurs écoles secondaires à chaque
année, il est nécessaire de parler
concrètement à nos jeunes adultes des dangers que cela représente pour la
conduite automobile. Au cours des dernières
années, nous avons rencontré quelque 20 000 jeunes dans des écoles
secondaires, principalement de quatrième et cinquième secondaire, en leur offrant une expérience virtuelle des
risques, et leurs commentaires sont alors sans équivoque. Oui, on a fait des progrès, mais, collectivement, il faut
faire plus. Il est temps de faire mieux, et, même si nous référons aux
jeunes, évidemment, la problématique touche l'ensemble des conducteurs.
La cinquième
recommandation, et M. Leclerc de la SAAQ l'a abordé, nos commentaires vont dans
le même sens, ça concerne le
brouillage d'ondes. Un mot sur cette mesure qui est proposée par d'autres
autorités. On dit : Il faut faire attention. Il faut être prudent face à
une telle mesure car nous sommes d'avis que des appels d'urgence doivent
pouvoir continuer d'être effectués à
bord d'un véhicule, puis, effectivement, comme l'interdiction du cellulaire ne
s'applique pas aux passagers, ceux-ci doivent pouvoir utiliser leurs appareils
en voiture. Pour le moment, CAA-Québec ne dispose pas de suffisamment
d'information pour se positionner. Mais n'oublions pas qu'une telle solution,
si elle était sérieusement envisagée, ne devrait pas se traduire par une hausse
de frais pour le propriétaire d'un véhicule qui devrait acheter des équipements
supplémentaires, payer pour. Il faut faire attention à la poche du
consommateur. Et, bien sûr, une telle question interpelle le gouvernement
fédéral, les autorités américaines et les fabricants.
Finalement,
notre sixième recommandation — c'est un marathon — réglementer les systèmes
d'infodivertissement. Bien que cette
recommandation-là ne vise pas directement le cellulaire au volant, nous croyons
pertinent de sensibiliser dès maintenant la commission à cette réalité
de plus en plus présente dans les véhicules.
Nous portons
à votre attention une très récente étude de l'université de l'Utah, qui a été
supportée par nos collègues américains
de l'AAA Foundation for Traffic Safety, qui portait sur les systèmes
d'infodivertissement. C'est une étude qui
doit être encore d'une durée... jusqu'en 2019, mais on a déjà évalué plus de 30
systèmes d'infodivertissement, et tous ceux
qui ont été testés jusqu'à présent, on évalue leur potentiel de distraction
cognitive de modérée à très élevée. Il n'y en a pas un qui a été jugé comme étant sans danger, et ils ont fait
énormément de travaux sur la distraction dans les véhicules.
Puisque ces systèmes représentent une source de
distraction importante pour le conducteur d'un véhicule, le gouvernement du
Québec devrait faire pression auprès de Transports Canada afin d'encourager une
réglementation, notamment par rapport à la
taille des écrans, la programmation et l'utilisation de ces appareils.
Minimalement, Transports Canada et ses homologues provinciaux devraient
s'engager à sensibiliser les consommateurs.
En
conclusion, je conclurais en disant qu'en matière d'utilisation des appareils
de téléphonie mobile au volant nous
sommes prêts pour de nouvelles actions concrètes. La mise en place d'une seule
mesure n'arrivera pas à contrer le fléau.
Il faut nécessairement une combinaison de sensibilisation, de législation et de
coercition. Ce sont les trois règles d'or
en matière de sécurité routière. Et, ne l'oublions pas, conduire demeure un
privilège. Conserver ce privilège nécessite l'adoption de comportements
responsables, au risque d'en subir les conséquences.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme Gagnon. J'ai étiré un petit
peu le temps parce que c'était tellement intéressant. Alors, nous allons débuter les blocs d'échange et, comme à
l'habitude, nous allons procéder avec la partie gouvernementale en
premier. M. le député de Mégantic, la parole est à vous.
• (11 heures) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Gagnon, M. Harrison et Mme Godbout. Ça me
fait plaisir de vous recevoir ici.
Tout d'abord, je voudrais vous poser des questions générales,
un peu plus larges. Combien il y a de membres de CAA
au Québec?
Mme Gagnon (Sophie) :
1 million presque 300 000 membres.
M. Bolduc : 1,3 million. Donc, c'est définitivement une population représentative sur
un total de, quoi, 4, 5 millions de chauffeurs?
Mme Gagnon (Sophie) : Presque
5 millions de conducteurs immatriculés.
M. Bolduc : Pardon?
Mme Gagnon (Sophie) : Environ
5 millions de conducteurs immatriculés.
M. Bolduc : Donc, plus de
25 % à peu près.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui. Oui.
Exact.
M. Bolduc : O.K. Puis ces membres-là, est-ce qu'ils sont des
gens qui sont là depuis longtemps? Généralement,
quand vous êtes membre du CAA, c'est pour la vie?, est-ce que c'est
temporaire?, est-ce qu'il y a une rotation?
Mme Gagnon
(Sophie) : Je vous dirais
que la base des nouveaux membres a tendance à être un peu plus jeune que la moyenne provinciale, mais on a tellement
un indice de fidélité élevé, et je tairai des statistiques... Non! Mais,
non, on a tendance à avoir une moyenne d'ancienneté, les gens sont avec
nous pour plusieurs années, et on a énormément d'occasions... peut-être que j'anticipe votre
commentaire, mais on a beaucoup d'occasions de
contribuer à les éduquer de par des
articles dans le magazine CAA-Québec, nos infolettres auxquelles sont abonnées plus de
600 000 personnes. Alors, on n'hésite jamais à faire de la
sensibilisation à nos membres.
M. Bolduc : Merci. Vous nous avez mentionné que votre
fondation est aussi préoccupée par la sécurité routière et les analyses. J'aimerais vous entendre là-dessus
parce que finalement vous jouez un rôle partiellement parallèle à la
Société
d'assurance automobile. Puis est-ce qu'il y a une action concertée, ici, ou si
vous agissez de façon indépendante, etc.?
Mme Gagnon
(Sophie) : Écoutez,
je vous dirais que, de façon régulière, peut-être pas autant qu'on
aimerait, mais on essaie de le faire régulièrement, on est en lien avec les gens de la Société de l'assurance automobile pour parler des problématiques pour s'assurer d'enligner nos actions terrain,
parce qu'on se plaît à dire que CAA-Québec a la capacité d'être déployé
sur le terrain.
Et je
laisserais Marco compléter ma réponse, mais, si ce n'est pour vous dire que
notre fondation, elle a neuf ans d'existence,
et un des premiers travaux qu'elle a menés, un des premiers... oui, un travail important
qu'elle a mené, en 2013, avec l'aide
de la Société de l'assurance
automobile, ça a été une vaste
enquête auprès des conducteurs au Québec. Et,
parmi les conclusions, on avait enquêté auprès de 5 000 détenteurs de
permis de conduire représentatifs de la population et on a pu constater que, bien souvent et malheureusement, les gens se perçoivent beaucoup plus favorablement que dans la vraie vie en général. Le grand constat
qu'on avait tiré avec la fondation, c'est que l'enfer, c'est les autres. Je
pense que, pour ça, ça a été un
moteur de notre action. Et on fait beaucoup et de
plus en plus d'actions terrain, et je
laisserais Marco peut-être compléter.
M. Harrison
(Marco) : Bien, écoutez,
la principale mission de la fondation, c'est faire la promotion de la sécurité
routière dans le but d'améliorer le bilan routier québécois. Deux tranches
d'âge particulièrement ciblées, les jeunes conducteurs
et les aînés. On fait beaucoup, beaucoup, comme Sophie le disait, d'interventions directement sur le terrain, on va
rencontrer les gens, on va les sensibiliser, on va les éduquer à la sécurité
routière et à l'environnement dans lequel ils évoluent au niveau de la
conduite automobile.
M. Bolduc : Maintenant, vous parlez des jeunes et des aînés. En fait,
ils ont deux caractéristiques très différentes, là, il y en a un qui ne voit plus clair, puis l'autre, il ne sait pas
trop. Comment est-ce que vous les groupez ensemble pour faire des
analyses et de la sensibilisation?
M. Harrison
(Marco) : Au niveau des jeunes conducteurs principalement, on fait une tournée dans les écoles
secondaires, on vise les élèves de quatrième et cinquième secondaire, donc des
nouveaux conducteurs ou des futurs conducteurs
qui sont très près de l'obtention du permis de conduire, et on les sensibilise
en leur faisant une présentation qui
dure une période scolaire type, au niveau de l'alcool au volant, les
distractions au volant, la fatigue au volant, et on leur fait faire de l'expérimentation sur notre
simulateur de conduite, principalement au
niveau des distractions et du texto
au volant.
Et ça, ça les
sensibilise énormément parce qu'à la fin de l'expérimentation on est
capable de leur dire : Écoute, la
portion dans laquelle tu as fait des textos au volant, tu as été 50 % du
temps que tu ne regardais pas la route; si je te demandais d'embarquer avec moi en disant que je vais me fermer les yeux
50 % du temps, tu vas-tu embarquer? Et là ils nous disent : Non. Bien, pourquoi
tu le fais quand tu textes au volant? Et là ils disent : Oh! tu as
absolument... vous avez absolument raison. Et ça, je vous dirais, ça
frappe beaucoup l'imaginaire des jeunes. Les interventions sur le terrain directement
avec eux sont très efficaces.
Au niveau des aînés, on le fait d'une façon différente, mais on va aussi les rencontrer.
On leur fait aussi expérimenter le
simulateur de conduite. Mais, les aînés, ce qu'ils nous disent, après avoir
expérimenté, ils nous disent : Je pensais que j'étais un bon conducteur, mais j'avais oublié des
choses, vous m'avez rappelé des bons principes, vous m'avez rappelé des bonnes façons de faire. Et le but ultime avec les aînés, pour nous, c'est de les
maintenir au volant de façon sécuritaire le plus longtemps possible. On le sait, l'automobile est au coeur de nos
activités quotidiennes, et c'est la même chose pour les aînés. Et de perdre leur permis de conduire ou
de devoir accrocher leurs clés, prendre la retraite de la conduite, pour
eux, souvent, ça signifie une perte d'autonomie énorme.
M. Bolduc : Je vous remercie.
Puis c'est très important parce que je mentionne les aînés, je ne veux pas être
négatif, j'avais... j'ai eu, en fin de
semaine en fait, quelqu'un qui avait 102 ans qui avait encore son permis
de conduire, et en fait le point le
plus important qu'elle avait, c'était de ne pas perdre son permis de conduire.
À mon avis, puis je vous demande un peu ce que vous en pensez, une des
choses les plus importantes, c'est que les aînés sont souvent un peu dépassés par l'encadrement de la nouvelle voiture,
le GPS, les téléphones cellulaires et toutes les options parce qu'il y a
toutes sortes de boutons un peu partout.
Puis je pense que c'est bien plus pour eux une source de distraction, puis
c'est un peu embêtant et difficile parfois pour eux de maîtriser
l'ensemble des outils disponibles. Est-ce que vous avez de l'information
là-dessus?
M. Harrison
(Marco) : Souvent, pour les
aînés, on ne se servira pas de la technologie montée à bord, on va la désactiver effectivement parce que pour plusieurs,
c'est distrayant ou il y a un manque de compréhension de la façon de les utiliser de la bonne façon. On est
actuellement en train de supporter une étude qui se fait à la TELUQ, par
rapport à ce phénomène-là, étude dont
on devrait avoir les résultats sous peu. Ça fait déjà quatre ans que cette étude-là
est en cours, et à
ce moment-là on pourra en discuter de façon beaucoup plus large, que ce soit
avec vous ou que ce soit avec le public en général, leur expliquer
qu'est-ce qui se passe avec la technologie montée à bord et les aînés.
M. Bolduc :
On est ici pour discuter du cellulaire au volant, mais vous nous parlez aussi,
un peu plus large, des distractions,
en fait se répandre du café sur nous, manger, se maquiller, il y a toutes
sortes d'activités, et des fois on ne fournit
pas à les imaginer. J'en vois passer régulièrement avec des petits chiens sur
eux. Je ne sais pas si c'est distrayant, mais je penserais que oui, etc., là. Est-ce que vous pouvez discerner
comment l'impact du téléphone au volant représente vs l'ensemble des
autres distractions? Est-ce que vous avez une idée là-dessus?
Mme Gagnon
(Sophie) : J'aimerais vous citer quelques statistiques. Mais je ne
veux pas vous relancer avec votre petit
chien, j'ai déjà vu sur la 20, entre Québec et Montréal, un joueur de trompette
les deux mains sur sa trompette derrière le volant. C'était... je n'ai jamais
battu ça, je n'ai jamais vu d'autres choses, là, mais c'était assez
impressionnant.
Mais,
au-delà de l'anecdote, je vous dirais que, et peut-être, Marco ou Isabelle,
vous pourrez compléter, les statistiques récentes des dernières années de la Société de l'assurance automobile du
Québec sont assez préoccupantes. On est pratiquement nez à nez entre... au niveau des décès qui sont liés à
l'alcool, qu'on a souvent dit être le fléau numéro un. Mais on lie environ
124 décès à la distraction pour
140 décès, maintenant, à l'alcool. Et, dans les blessures graves,
pratiquement deux fois plus désormais de blessés graves... de blessés
graves, exactement, qui sont liés à des comportements impliquant de la
distraction, que l'alcool au volant. On parle de 686 versus 340, des
statistiques assez préoccupantes.
Je
vous dirais qu'il y a des limites à la capacité de la Société de l'assurance
automobile et des corps policiers à compiler
les données précisément liées à la distraction, qu'est-ce que comporte la
distraction. Ces données-là touchent l'ensemble
de la distraction, incluant ma trompette et votre petit chien, mais incluant
surtout, dans une proportion qui est estimée
à plus de 90 %, 95 %... en lien avec l'utilisation du cellulaire au
volant. Donc, en allant vers des mesures beaucoup plus musclées législativement, en incitant... en
outillant davantage les forces policières à appliquer les dispositions du Code
de la sécurité routière, on va toucher directement à un fléau qui représente la
majorité, là, des cas de blessure et de décès.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. Je vais céder la parole maintenant
au député de Maskinongé.
• (11 h 10) •
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, bonjour, bienvenue. Je vais avoir juste une question, et c'est suite à vos propos au niveau de l'analyse des
systèmes d'infodivertissement ou des nouveaux systèmes dans les voitures
de plus en plus équipées.
J'en
ai parlé aux interlocuteurs précédents, à ce niveau-là aussi, ça m'interroge
beaucoup parce que, veux veux pas, la
technologie avance de plus en plus, on est de plus en plus portés vers des
voitures non seulement performantes, mais
avec un équipement qui nous permet, je vous dirais, quasiment d'avoir un cinéma
maison à l'intérieur de la voiture, là. Donc, on texte vocalement, on parle au téléphone en fonction mains
libres, il y a le système de navigation qui nous attend, donc, si on veut un restaurant, station-service,
etc., la voiture nous indique. Et même, en embarquant dans la voiture, elle
nous dit combien de temps pour se rendre au domicile quand on est à
l'extérieur. Donc, c'est beaucoup, beaucoup d'améliorations qui ont été faites,
depuis, je vous dirais, les 10 dernières années, mais majoritairement
depuis les cinq parce que même des voitures
de catégories moins luxueuses ont ces équipements-là de base maintenant. Donc,
ce n'est plus réservé aux voitures de luxe seulement.
Donc,
vous parlez de sensibilisation, de législation ou un petit peu de coercition
par le... doubler les amendes, etc., et aussi les points. Vous ne parlez
pas des amendes, mais vous parlez bien de doubler le nombre de points perdus
lors d'une infraction. Mais, avec toutes ces
fonctions-là au véhicule, c'est difficile pour le législateur, pour nous tous
ici, de pouvoir suivre la
technologie. Et j'imagine que, pour les gens de la Sûreté du Québec, donc les
agents, de voir vraiment, au moment
instantané qu'ils commettent... l'arrestation de la personne, qu'est-ce que la
personne était en train de faire dans le véhicule. Ça doit être de plus
en plus difficile aussi. Donc, quelles sont les avenues que vous proposez?
Mme Gagnon
(Sophie) : Bien, vous soulevez un... Votre commentaire est lié
beaucoup à la fabrication des voitures, à l'évolution de la technologie. C'est sûr qu'on ne peut pas arrêter le
progrès. Je vous dirais que, de ce côté et en marge de ce qu'on a proposé, particulièrement sur la
sensibilisation, sur la législation et sur la coercition, il y a tout l'aspect
aussi des représentations qu'on peut
faire auprès des manufacturiers, auprès des gouvernements, des instances
réglementaires.
C'est
sûr que c'est un peu plus loin de ce qu'on a présenté ce matin, mais l'étude
dont je vous fais référence, c'est clair
qu'elle sert, au niveau des États-Unis, au niveau du fédéral aussi, à
sensibiliser les autorités à mettre en place des moyens de sensibilisation mais aussi de réglementation, par exemple
d'obliger les constructeurs à verrouiller des systèmes lorsque le véhicule est en mouvement. Il y a
beaucoup de manufacturiers qui ont quand même certaines bonnes pratiques
là-dedans, il y en a d'autres que c'est
moins... Mais c'est un travail de longue main qu'il faut faire, et, bien, je pense
que c'est un ensemble de mesures. Et
il faut aussi éduquer les citoyens à bien utiliser ces mécanismes-là. Les GPS,
on a appris à s'en servir. Il faut
travailler... il faut les programmer avant de partir, il faut avoir des... Il y
a des bonnes pratiques. Puis certainement
qu'on va continuer, nous, à véhiculer des bonnes pratiques puis à sensibiliser
les autorités. Nos collègues d'Ottawa sont à pied d'oeuvre là-dessus.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, Mme Gagnon. Il y a le député
de Sainte-Rose qui désire vous poser une question. La parole est à vous.
M. Habel : Oui. Merci, M. le
Président. Rapidement, parce qu'on a parlé beaucoup d'infodivertissement,
j'aimerais que vous me parliez un peu des manufacturiers qui développent de
plus en plus des systèmes de sécurité à l'intérieur des véhicules, qu'on soit distraits
par un texto au volant ou par d'autres distractions. Mais, par exemple, je me
souviens d'une annonce, là, où il y a un
enfant qui court en avant du véhicule puis, automatiquement, il s'arrête.
Est-ce que vous pouvez me parler du développement de ce type de fonction
de sécurité?
Mme Gagnon
(Sophie) : Simplement un commentaire pour dire que, d'un point de vue
de sécurité routière, la plupart de
ces systèmes-là sont très intéressants. Il y a une marche inexorablement
enclenchée vers des véhicules qui seront de plus en plus autonomes. Ces systèmes-là en font partie en fait, à
certains degrés, et on les dit souvent plus sécuritaires; à terme, on
estime que les véhicules autonomes seront même plus sécuritaires que le
conducteur. On n'est pas encore rendus là,
mais c'est clair qu'il y a beaucoup de ces fonctions-là, que ce soient les
caméras de recul, les systèmes d'assistance au freinage, qui ont de bons effets. Mais, en même temps, il faut être
conscient que le conducteur demeure la personne. C'est sûr qu'il y a toujours le risque d'induire des faux sentiments de
sécurité, c'est une préoccupation qu'on a toujours. Il faut que les gens se rappellent que c'est
ultimement eux qui ont la responsabilité du véhicule, et ça risque d'être
encore comme ça longtemps, malgré l'arrivée incessamment des véhicules
autonomes.
M. Harrison (Marco) : Au niveau
des distractions, si je peux me permettre, les technologies passives sont beaucoup moins distractives qu'une technologie
active. Le freinage automatique, c'est une technologie passive et c'est un
système de sécurité. On n'a pas à vouloir
que le freinage s'applique, ça se fait de façon automatique, donc c'est passif.
Quand on intervient par rapport à une
technologie, on la dit active, et celle-là, elle peut être beaucoup plus
distractive.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. Alors, il reste 30 secondes, M. le député d'Abitibi.
M. Bourgeois : Rapidement.
Le Président (M. Iracà) : Un
petit commentaire, parce que...
M. Bourgeois : Merci. Donc,
juste... je veux revenir sur la notion où vous avez parlé d'augmenter les
points d'inaptitude. Vous ne le combinez pas avec une augmentation des amendes.
Pourquoi?
Mme Gagnon
(Sophie) : Bien, écoutez,
notre recommandation principale se situe au niveau
du nombre de points d'inaptitude. La
capacité de payer des... On sait qu'on est taxés, on a des amendes, le
porte-monnaie est souvent mis à contribution. En
même temps, je vous dirais qu'on ne
s'est pas attardés de façon très précise à chiffrer une augmentation. On sait que l'Ontario s'apprête à le faire. Mais, entre les deux, c'est-à-dire entre les points d'inaptitude et l'amende, on a clairement
fait notre choix. On pense que l'impact sur le renouvellement va avoir un
élément financier, mais, là où ça va faire
le plus mal... Et je pense qu'il faut que les mesures législatives
soient toujours équilibrées et incitent à respecter la loi,
mais sans non plus créer un sentiment, chez
l'automobiliste ou la personne qui est visée, là, qu'ils sont traités... on
veut faire la piastre avec leurs
amendes. Donc, nous, on s'est dit : S'il faut mettre des énergies à quelque part, c'est sur les points d'inaptitude.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, Mme Gagnon, ceci met fin au premier bloc d'échange. Nous allons
procéder au deuxième bloc d'échanges avec l'opposition officielle, et je
cède la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer. Je tiens à saluer la vigueur de
vos recommandations. Je pense que vous n'avez pas eu la peur de vous mouiller.
Il y en a six, je vais en prendre quelques-unes, puis on aura l'opportunité
d'échanger.
Je voudrais
faire un peu de pouce sur le dernier débat qu'on vient d'avoir, sur les points
d'inaptitude versus les amendes. On a
vu, lorsque le gouvernement a décidé de doubler les amendes et de doubler...
des amendes, pardon, dans le cas des
chantiers, la vitesse sur les chantiers, on a vu effectivement une modification du comportement. Quand vous nous
dites que, si on fait juste travailler sur les points d'inaptitude... puis
qu'il faudrait respecter la capacité de payer, vous n'êtes pas en train de nous dire qu'il ne faudrait
pas augmenter les amendes parce que, si jamais les gens les ont, ils
ne seront pas capables de les payer?
J'essaie de
comprendre un peu votre raisonnement sur la capacité de payer. On cherche à
condamner un comportement, dans
certains cas à l'amender ou même à le corriger. Une amende salée, moi, à
proprement dit... au volant, je pense
que j'ai plus peur de pogner une amende salée que perdre des points
d'inaptitude. J'aimerais vous entendre là-dessus, sur cette réflexion sur la capacité de payer,
parce que je vais être honnête avec vous, je ne vous suis pas vraiment
beaucoup là-dessus, là.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. Mme Gagnon.
Mme Gagnon
(Sophie) : Oui. Bien, écoutez,
je ne voudrais pas que vous preniez le commentaire sur les amendes comme étant une fin de
non-recevoir. Notre recommandation vise d'abord et avant tout à augmenter les points
d'inaptitude sans négliger l'impact financier, qu'on trouvait déjà
présent en termes d'impacts sur le renouvellement.
Maintenant,
dans sa grande sagesse, le législateur pourra évaluer la pertinence de hausser les
amendes, mais nous, on a la prétention de dire que l'élément qui fera le
plus mal risque d'être vraiment la question des points d'inaptitude. Est-ce qu'il pourrait y avoir un ajustement des
amendes? Parce qu'effectivement on le disait, ça fait depuis 2010 que ça n'a pas... 2008 que
ça n'a pas été augmenté. Puis je vous dirais aussi qu'aux abords des chantiers
la question de doubler l'amende, c'est lié aussi avec
des...
Mme Godbout (Isabelle) : Bien, c'est parce que, sur les chantiers de
construction, c'est souvent... les amendes sont remises par des radars photo, alors qu'on ne peut pas... Il n'y a
pas de points d'inaptitude qui sont reliés aux amendes qui sont... aux infractions, en fait, qui sont
captées par les radars photo. Alors, c'est là, la différence, je pense, et
tandis que l'impact des points
d'inaptitude... Certains qui vont avoir des contraventions, ils vont
dire : Oui, le montant de l'amende, il peut être salé, sur l'instant présent, mais, une fois qu'il est payé,
c'est oublié. Par contre, les points d'inaptitude, le fait qu'il y
a un impact sur le renouvellement du permis de conduire, c'est moins oublié parce que l'impact, il est
assez grand. Si vous étudiez, en
fait, la contribution d'assurance qui est reliée à chaque point
d'inaptitude, dans le fond, vous allez voir que c'est important. Puis
ça, ça dure pendant deux ans aussi, là, dans le dossier du conducteur.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, Mme Godbout. Mme Gagnon.
• (11 h 20) •
Mme Gagnon
(Sophie) : Un petit
complément d'information aussi qui est important. Pour nous, c'est important de
lier l'amende et le nombre de points d'inaptitude. On l'a dit d'entrée de jeu, c'est un exemple qu'on vous a donné, là, hausser le deux points, mais c'est important
de la lier à la gravité relative au geste et à l'acceptabilité sociale. Et, pour nous, on reconnaît au législateur
le devoir de mettre ça dans la balance, de voir, par exemple, entre une
infraction auprès d'un autobus scolaire,
lorsqu'on dépasse sans respecter l'arrêt-stop, par rapport à l'ensemble
des mesures. Alors, on n'est pas une
autorité experte en la matière. C'est sûr qu'il faut qu'il y ait une gradation et il faut s'attarder à
l'acceptabilité sociale, où en est rendue la population.
Moi,
du côté de CAA-Québec, si on avait à miser sur un niveau d'acceptabilité
sociale, je pense qu'on est mûrs pour
faire des mesures plus musclées, la société est prête. Maintenant, restera à
voir quel niveau, puis s'il faut hausser les amendes aussi. C'est simplement que notre position prévoit...
privilégie l'aspect des points sans exclure une hausse des amendes, mais
ce n'est pas notre préférence.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le député.
M. Ouellet : Merci. Oui, puis je comprends aussi, dans votre membership... Tu sais,
vous allez aller de l'avant vers une
meilleure sécurité par la perte... en ayant des points d'inaptitude, pardon, et
la perte de permis. Et je comprends que,
comme organisation, de plaider haut et fort une augmentation des amendes, issu d'un groupe comme le vôtre, ça peut avoir un
impact, tu sais, sur le membership. Je comprends.
Mme Gagnon
(Sophie) : ...je ne vous ne
cacherai pas qu'on y pense, mais, je vous dirais, principalement, on a à coeur d'avoir une position toujours équilibrée pour le
consommateur en général, payeur de taxes, contribuable, consommateur qui a une
capacité finalement de payer. Mais, oui, c'est correct.
M. Ouellet :
Je comprends que vous nous tracez un chemin, puis c'est à nous de choisir la
vitesse et le lieu d'atterrissage.
Mme Gagnon (Sophie) :
Exact.
M. Ouellet : Une autre recommandation intéressante, d'élargir la présomption sur
l'usage des téléphones ou des appareils
similaires à un téléphone. Est-ce que vous avez un contentieux juridique qui
est venu un peu baliser, je vous dirais,
votre recommandation? Parce
que, là, on vient changer le fardeau
de la preuve, je comprends vraiment bien où est-ce
que vous voulez vous en aller. Puis je trouve ça même fortement intéressant parce que, là, c'était-u un téléphone, c'était-u un iPod touch, qu'est que j'avais dans
les mains, c'était-u un portefeuille? Là, ce serait l'inverse. Donc, il y a
des implications juridiques. Est-ce qu'un contentieux s'est penché là-dessus?
Mme Gagnon
(Sophie) : On a Me Godbout qui a regardé la question, qui suit énormément
la jurisprudence, l'évolution des décisions. Marco Harrison, qui est policier à
la retraite de la SQ, puis je le laisserai compléter l'information, a également discuté de la mesure, et on l'a regardé avec
l'avocat-conseil, notre conseiller juridique interne, qui a également discuté
de la mesure. Mais évidemment je ne peux pas vous dire qu'on a signé une
opinion, une opinion juridique ferme là-dessus, mais on est assez
confiants que la mesure est applicable. Marco, peut-être tu peux continuer.
M. Harrison (Marco) : C'est que la façon de voir les choses, c'est
qu'un appareil, un smartphone, un appareil de téléphone intelligent contient des données et des renseignements personnels qui sont protégés par les chartes. Donc, on ne peut pas donner aux policiers le pouvoir de
saisir pour inspection. O.K.? Donc, s'il ne peut pas faire ça, la preuve
qu'il doit amener à la cour est beaucoup plus difficile à établir à cause de
cette barrière-là. Puis cette barrière-là, elle doit demeurer. La charte protège ces renseignements-là, et ça doit
demeurer. Donc, de dire que la personne est réputée avoir un appareil muni d'une fonction téléphonique
en main fait en sorte que cette personne-là, si elle n'était pas en train
d'utiliser un appareil téléphonique, par la
simple production de son relevé de téléphonie cellulaire, peut se défendre à la
cour. C'est seulement dans cette optique-là que cette recommandation-là est
faite, c'est pour donner des outils.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. Harrison. M. le député.
M. Ouellet :
Oui, merci.
Le Président (M. Iracà) : Deux
minutes.
M. Ouellet : Oui. Troisième point que je trouve intéressant, vous voulez, dans le fond, qu'on ouvre des discussions avec le fédéral sur la possibilité d'amener des modifications au criminel, et vous choisissez en disant :
Allons plutôt punir la
conséquence que la cause. Donc, si c'est vraiment suite à un accident
grave ayant mort d'homme, mort de femme, ce serait là qu'on devrait commencer à avoir les discussions pour changer
et non pas le fait d'avoir conduit au volant avec le cellulaire, qu'on rendrait criminel. Donc, vous
y allez vraiment sur la conséquence du geste plutôt
que d'avoir commis le geste qui est un risque à la sécurité des autres.
Mme Gagnon
(Sophie) : Oui, je comprends
la portée de votre commentaire. Évidemment, cette recommandation-là s'articule
et ne peut pas exister sans également l'application du Code
de la sécurité routière, qui prévoit
cette interdiction avec des amendes,
des points d'inaptitude, qu'on espère rehausser, etc., donc sévir plus sérieusement avec le Code de la sécurité routière. Mais on dit : De la même façon que ça a été fait pour l'alcool au volant,
on a sorti... de la conduite avec les
facultés affaiblies ou, enfin, la négligence criminelle, on a sorti des
articles précis qui avaient trait à l'alcool au volant et on les a enchâssés dans le Code criminel, on pourrait... C'est un copier-coller qu'on recommande de faire sur la
base de l'utilisation du cellulaire pour vraiment frapper l'imaginaire,
envoyer un message très clair, très fort, permettre aussi de donner un nouveau souffle aux activités
de sensibilisation et d'éducation et envoyer un message sans équivoque à toute
la population : C'est criminel, le cellulaire au volant. C'est sur cette
base-là. Mais ça prend le législateur fédéral pour modifier le Code criminel.
Le Président (M. Iracà) :
Merci.
M. Ouellet : Si je comprends...
Le Président (M. Iracà) :
40 secondes.
M. Ouellet : Oui. Donc, si je comprends bien, ce n'est
pas... on ne rend pas criminel le fait d'avoir utilisé son cellulaire au volant, on rend criminelle la
conséquence d'avoir utilisé le cellulaire au volant, qu'il y a eu dans certains
cas mort de personnes, c'est ce que je comprends, la négligence. C'est ce que je
comprends.
Mme Gagnon (Sophie) : Oui.
M. Harrison
(Marco) : ...de criminaliser
à ce niveau-là, c'est que les conséquences sont très graves. On
a une perte de vie ou on a des gens
qui vont être blessés de façon très importante. Ça
fait qu'au même titre qu'actuellement c'est poursuivable en utilisant des articles un peu passe-partout du Code
criminel, qui sont la négligence criminelle causant la mort ou des blessures ou la conduite
dangereuse, d'avoir un article spécifique, ça permettrait d'établir aussi toute
la règle en vertu de la preuve qui doit être présentée pour prouver
l'infraction.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au
bloc d'échange avec le groupe de l'opposition officielle. Nous allons procéder au troisième bloc d'échange avec le
deuxième groupe d'opposition. Je cède la parole au député de
Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Mesdames, monsieur, merci d'être avec nous ce matin,
très apprécié. On a eu l'occasion
d'entendre, un petit peu plus tôt, la SAAQ, avec des éclairages tout à fait
pertinents, mais en même temps un
certain devoir de réserve compte tenu de son rôle, et on le comprend bien. Mais
ce qui est intéressant avec votre groupe, non seulement vous apportez des recommandations précises, mais aussi
vous avez un réseau pancanadien, en quelque sorte, avec les différentes, je ne sais pas comment vous les appelez,
succursales ou autres à la grandeur du pays. Mais ça vous permet quand
même d'avoir un regard, là, à la grandeur du pays.
Je vais vous
poser essentiellement les mêmes questions : Est-ce que vous estimez que le
Québec est en retard par rapport aux autres législations,
réglementations qui s'appliquent dans les autres provinces canadiennes?
Mme Gagnon
(Sophie) : Je n'aurais certainement pas tendance à dire qu'on est en
retard, et là je parle d'un point de
vue plus général en matière de sécurité routière. On a ce qu'on appelle un
«task force» canadien qui permet à tous les responsables de chacune des
provinces de se rencontrer quatre fois par année pour échanger, puis je dirais
que, pour beaucoup, les problématiques dont
on discute sont liées à la sécurité routière. Je ne vous cache pas qu'on parle
beaucoup de cannabis ces derniers
temps. Mais je ne crois pas qu'on est... Je pense que le Québec fait bonne
figure, je pense que le Québec a une approche, puis il faut reconnaître
qu'on est différents aussi.
Et, bien, je
vais vous donner l'exemple des... En matière d'alcool, à peu près toutes les
provinces canadiennes ont des mesures
administratives à partir de 0,05. On n'en a pas au Québec. De ce côté-là, pour
l'alcool, on a déjà mentionné que ça
pourrait être intéressant de le faire. Le nouveau ministre a déjà fait son lit
là-dessus en disant qu'il n'irait pas dans cette direction-là. C'est bien correct. En même temps, il y a des
différences, je dirais, à certains égards, mais au total, tout, je pense
qu'on ne fait pas mauvaise figure, bien au contraire. Isabelle, peut-être si tu
veux ajouter.
Mme Godbout (Isabelle) : Non, ça va... C'est sûr que, lorsqu'on compare
peut-être les sanctions, au point de vue amendes, avec les provinces voisines, on voit qu'il y a une certaine
différence de philosophie. Par contre, eux, ils n'ont pas de régime public d'assurance automobile comme
nous on a. Alors, l'impact sur la contribution d'assurance, pour eux,
c'est inexistant, alors que pour nous, c'est présent.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le député.
M. Charette :
Et là aussi vous êtes moins liés que vos prédécesseurs à la question que je
vais vous poser concernant les
délais. Ça fait quelques années maintenant qu'on parle de réforme en matière de
sécurité routière. Les trois ministres précédents
avaient pris des engagements à ce niveau-là sans que ça ne prenne forme.
Qu'est-ce qui, pour vous, peut être un
frein? Comment expliquer des délais aussi importants avant de se commettre à
mettre sur la table une proposition de réforme en matière de sécurité
publique... pas publique, mais bien routière?
• (11 h 30) •
Mme Gagnon
(Sophie) : On a eu plusieurs
occasions, ces dernières années, de faire des recommandations d'aller de
l'avant. Vous avez raison, c'est quand
même des délais qui s'accumulent pour
lesquels on n'a pas vraiment le contrôle. Il faut reconnaître qu'il est normal qu'un nouveau ministre puisse
vouloir s'approprier des dossiers, prendre une décision en fonction de ses valeurs et de sa formation.
Mais je vous dirais que ça serait le bienvenu, la réforme... la refonte du Code
de la sécurité routière est attendue. En même temps, il y a eu des actions
particulières à quelques égards. Mais, sans vouloir apporter une explication ou
une justification, je pense qu'on est dus pour un dépôt de projet de loi. On
l'apprécierait, oui.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Charette : Vos prédécesseurs n'avaient pas eu encore l'occasion
de rencontrer le nouveau ministre en poste. Est-ce que vous avez eu ce
privilège-là? Est-ce que vous avez eu l'occasion d'échanger avec lui par
rapport à vos recommandations, par rapport à vos autres préoccupations en
matière de transport?
Mme Gagnon
(Sophie) : Non, pas encore.
On espère pouvoir le faire éventuellement,
mais pas... C'est tout récent, mais on ne l'a pas rencontré.
M. Charette :
Mais c'est des préoccupations, tout de même, que vous aviez pu partager à son
prédécesseur. Donc, votre positionnement, il n'est pas...
Mme Gagnon (Sophie) :
On a déposé un mémoire qui contenait 50 recommandations à la consultation
de la Société de l'assurance automobile. On
fait confiance en nos institutions aussi. C'est certain qu'on va ou on l'a déjà
fait suivre, notre mémoire... bien,
notre texte, au cabinet du nouveau ministre des Transports. Et je suis
persuadée qu'il aura l'occasion d'en prendre connaissance.
M. Charette :
Je vous remercie.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. Alors, M. le député,
1 min 30 s, rapidement.
M. Charette : Très,
très brièvement, revenir sur une de
vos recommandations, et mon collègue de René-Lévesque
en a parlé, au niveau de la criminalisation
non pas du fait de parler ou d'utiliser le téléphone cellulaire, mais bien de
sa conséquence. Vous avez évoqué une partie de la réponse, mais ce
serait réellement, pour vous, plus parlant que de bénéficier d'articles déjà existants qui font référence à soit la
conduite dangereuse, soit à la négligence criminelle? Donc, pour vous,
ce serait une portée plus grande ou un message plus direct à la population?
M. Harrison (Marco) : Écoutez, on l'a dit précédemment, Mme Gagnon
l'a dit, au début des années 80, on a spécifiquement criminalisé
l'alcool au volant, et ça avait eu des effets bénéfiques. On a juste à regarder
le nombre de décès qui étaient reliés à
l'alcool, à l'époque, comparativement à aujourd'hui. Il y a eu une diminution
marquée. Donc, de criminaliser
l'utilisation du cellulaire dans le cas grave où est-ce qu'il y a la mort ou des
blessures graves, même permanentes, pour
des gens, ça pourrait aussi frapper l'imaginaire. Mais surtout, pour les
groupes aussi qui font de la prévention, de la sensibilisation, on pourrait avoir un message très, très, très clair à
passer à la population et avoir des résultats, on l'espère, aussi bons
qu'en matière d'alcool.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au bloc
d'échange avec le deuxième groupe d'opposition.
Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission
parlementaire. Très gentil d'être venu et d'avoir fait votre exposé.
Alors, je vais
suspendre les travaux jusqu'à 15 h 30, après les affaires courantes.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
11 h 33)
(Reprise à 15 h 47)
Le Président (M. Iracà) : À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Alors, désolé du délai. Une période de questions, on sait à quelle heure ça
commence, mais on ne sait pas souvent à quelle heure ça se termine. Donc,
merci de votre présence. Veuillez, s'il vous plaît, éteindre la sonnerie de vos
téléphones cellulaires.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre de consultations particulières réalisées relativement
au mandat d'initiative sur l'utilisation des appareils téléphones mobiles
au volant. Cet après-midi, nous entendrons
le Bureau du coroner du Québec, le ministère
des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des
transports et nous terminerons avec la Sûreté du Québec.
Je souhaite
donc la bienvenue au premier groupe, représentants du Bureau du coroner. Je
vous demande de bien vouloir vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé.
Par la suite,
nous procéderons comme d'habitude à des périodes d'échange avec la partie
gouvernementale et la première opposition, l'opposition officielle et le
deuxième groupe d'opposition.
Alors, sans plus tarder, messieurs, je vous cède
la parole.
Bureau du coroner
M. Malouin
(Luc) : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, mon nom est Luc Malouin. Je suis coroner en chef adjoint du Québec. Je suis accompagné de M.
Paul-André Perron, du bureau, lequel est le coordonnateur aux analyses
et en recherche et prévention.
Alors, vous
savez, on a une loi au Québec qui s'appelle la Loi sur la recherche des causes
et des circonstances des décès. En
vertu de cette loi, un coroner doit investiguer tout décès accidentel, entre
autres, qui survient au Québec. Parmi
le mandat des coroners, on doit établir les circonstances entourant les décès,
entre autres. Alors, aujourd'hui, à votre demande, on va vous faire un constat de ce que les coroners ont
constaté. On vous a remis un document qui vous donne des chiffres, des statistiques, qui vous dit, si
on le regarde objectivement, qu'on a en moyenne six décès par année depuis
10 ans, et c'est une moyenne, et c'est
un chiffre minimal. Donc, six décès par année où on peut identifier le
cellulaire au volant comme étant une
cause parmi d'autres ou très importante du décès. Naturellement, il faut
relativer ce nombre de décès en
tenant compte que, bon an, mal an, on a environ 350 décès par accidents automobiles sur les routes au Québec.
• (15 h 50) •
Il faut également
tenir compte que ces chiffres-là, ce sont des chiffres minimums, parce qu'on
n'a pas tout le temps l'information lorsqu'on fait une investigation. Le coroner est
dépendant de la qualité du travail du policier qui est sur le terrain, et, si l'information, on ne réussit pas
à l'obtenir, ça ne veut pas dire que le cellulaire n'était pas impliqué, mais
c'est simplement qu'on n'est pas capable
d'identifier cette cause-là parmi d'autres. Alors, ça nous donne donc à peu près 2 %, si on fait une
moyenne, de décès accidentels résultant des cellulaires au volant au Québec.
Naturellement, les coroners ont le droit de faire des recommandations. Au fil des
années, les coroners ont fait des recommandations concernant ce genre de
décès. Les recommandations sont généralement de quatre ordres, je dirais :
informer la population sur les dangers du cellulaire au volant; encourager la
recherche en cette matière, parce que le problème n'est pas juste au Québec, mais est à la grandeur
du Canada et, je dirais même, du monde; sensibiliser la population aux dangers; et certains
coroners ont été aussi loin que de suggérer carrément la saisie du cellulaire
au moment de l'infraction, comme on fait en
matière d'alcool au volant, ou encore d'appliquer neuf points de démérite pour
qu'il y ait une conséquence
importante et majeure lorsqu'une personne est prise en
train de texter, ou de parler, ou a, à tout le moins, son cellulaire au
volant.
Il est important
également, dans tous les chiffres qu'on a, de remarquer la
tranche d'âge visée où on réalise que près
de la moitié et même plus ont en bas de 44 ans. Alors, on dirait que les
jeunes qui sont élevés avec le cellulaire, plus que ma génération, perdent moins l'habitude, parce que c'est eux autres
qu'on retrouve en plus grand nombre comme victimes.
C'est donc ce
que les coroners ont constaté au fil des ans, c'est donc les recommandations qui ont été faites. On peut dire, avec le recul, que la Société
d'assurance automobile du Québec a fait énormément de campagnes de sensibilisation, et ils ont donné suite à ces recommandations-là. De la même façon, en 2015, si je ne m'abuse — c'est
exact — on
a augmenté de trois à quatre points d'inaptitude la conséquence d'être pris
avec un cellulaire au volant. Est-ce que
c'est suffisant? Quand on regarde les chiffres que certains coroners ont
fournis, en 2011, on a 56 598 infractions données par les forces de l'ordre, comparativement à 18 248 en
2008. Bien sûr, mon chiffre n'est pas vraiment
à jour, mais je dois aller avec les
coroners, avec les rapports que j'ai. Autrement
dit, la SAAQ a fait son travail de
prévention, de sensibilisation. Il
vous restera à déterminer si ce travail-là peut être amélioré en fonction d'une
plus grande sévérité. Ça vous résume le travail des coroners en quelques
minutes.
Le Président (M. Iracà) : Alors, merci
beaucoup, M. Malouin, pour votre exposé. Et je vous rappelle, Mmes, MM. les élus qu'il y a
un document qui a été distribué, quand même
assez volumineux, là, de la part du Bureau du coroner, 185 pages, alors
vous avez tous reçu une copie.
Nous allons
débuter le bloc d'échange, mais, juste avant le bloc d'échange, j'aimerais
saluer des étudiants du cégep de Trois-Rivières qui sont avec nous aujourd'hui. Alors, c'est important que vous soyez là. Aujourd'hui,
c'est la problématique du cellulaire au volant, mais en commission parlementaire on a plusieurs beaux sujets, et c'est vous qui allez
prendre notre place plus tard. Donc, merci d'être là.
Ceci dit, nous allons commencer un
bloc d'échange avec la partie gouvernementale, et je cède la parole au député de Maskinongé.
M.
Plante : Bien oui, merci beaucoup, M. le Président. Et effectivement, vous avez bien fait de saluer les étudiants
du cégep de Trois-Rivières, qui est un cégep
dans la plus belle région du Québec, la Mauricie. Alors, je suis très, très
fier de vous voir ici en aussi grand
nombre. Je reconnais quelques visages de ma circonscription ou, du moins, des
parents que je connais un petit peu à travers la foule aujourd'hui.
Alors, je n'aurai
qu'une seule question, parce que je devrai m'absenter pour un autre engagement,
mais ma première question... Vous avez parlé
tantôt des campagnes de sensibilisation de la SAAQ, justement,
au niveau du cellulaire au volant. Ils ont eu des publicités assez marquantes tout au long des
deux dernières années, mais je pense que cet été, je pense, c'est À deux doigts de la mort, là,
qui est peut-être celle qui nous revient le plus rapidement
à la mémoire. Elle a été la plus percutante, et j'aimerais savoir votre opinion, parce que, quand
vous parlez d'informer la population, sensibiliser la population, je crois que la
SAAQ a fait un travail quand même assez important dans ce sens-là et j'aimerais savoir votre
appréciation du travail de la SAAQ et si les
campagnes publicitaires étaient, selon vous, suffisantes, pas assez nombreuses
ou si le message n'était pas assez percutant.
Le Président (M.
Iracà) : M. Malouin.
M. Malouin (Luc) : Bien, écoutez, on a un sondage de la Société de l'assurance automobile du Québec qui dit que
98 % des conducteurs connaissent les dangers du cellulaire au volant,
savent que c'est illégal, mais pourtant, dans ce 98 % là, un bon nombre le fait quand même. Alors, je ne pense
pas qu'on puisse dire que quelqu'un au Québec ne sait pas que c'est dangereux, mais ça,
c'est mon opinion, là.
Mais je prends les
chiffres sortis par les coroners dans leurs rapports, tout le monde le sait, et
les dernières campagnes, là, À deux
doigts de la mort, étaient assez percutantes, donc je pense que la population
est bien au fait de ça. Je voudrais
souligner aussi le travail du ministère
des Transports avec leurs haltes
texto, hein? On va sur l'autoroute et on voit : Cinq kilomètres, halte texto. C'est une autre initiative
pour encourager les gens à ne pas avoir le cellulaire en main.
Donc,
pour répondre à votre question, moi, à date, je pense que ça fait le travail,
mais je ne suis pas un expert en communication. Ce sont eux les experts.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Malouin. M. le député.
M.
Plante : Merci beaucoup pour votre réponse. Je n'irai pas plus loin, mais ça me percute beaucoup
quand vous dites... bon, on n'est pas
des experts, mais il y a quand même... Vous parlez de six décès apparentés au
cellulaire au volant. C'est quand même
six de trop, on va se le dire. Un décès, c'est toujours un décès de trop.
Donc, c'est quand même criant et
surtout quand vous nous dites que 90 % de la population
est informée que c'est dangereux, mais on continue quand même
à l'utiliser. Donc, je pense que c'est des phrases assez choc que vous nous
mentionnez. Alors, je cède maintenant
la parole à mon collègue de Mégantic. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député de Maskinongé. M. le
député de Mégantic,
la parole est à vous.
M.
Bolduc : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, messieurs. Très intéressant de voir les résultats, puis vous nous avez envoyé une pile impressionnante ici de cas, j'imagine... que
je n'ai pas eu le temps de tout regarder. J'en ai regardé quelques-uns. Et vous nous parlez de
2 % des décès accidentels au Québec, puis ça, c'est un minimum. Puis je voudrais que vous élaboriez là-dessus,
parce que j'imagine que les gens ne sont pas très jasants quand vous les
recevez, hein?
M. Malouin (Luc) : Non, effectivement. Je vais laisser M. Perron parler de chiffres.
C'est vraiment l'expert en cette matière.
Le Président (M.
Iracà) : M. Perron.
• (16 heures) •
M. Perron (Paul-André) : Merci. Il est certain que, comme Me Malouin
l'indiquait, ces chiffres-là, c'est ce qu'on a réussi à savoir. Dans certains cas, c'est flagrant, parce qu'on a un
témoin qui nous dit, par
exemple : Je parlais à la
personne décédée, j'ai entendu :
Boum, puis là ça correspond à l'heure de la collision. Il n'y a pas beaucoup
de doutes. Mais dans bien des cas,
une personne peut utiliser un cellulaire sans que ça laisse une trace très,
très évidente, ne serait-ce que parce que
le véhicule est incendié, que la personne a été éjectée, qu'on trouve le
cellulaire à 10 mètres de la voiture. Nous, on a toutes sortes de
scénarios comme ça, là.
Donc,
dans bien des cas, il peut y avoir en particulier des types de manipulation qui
ne sont ni des conversations ni des
textos qui peuvent être associés à la distraction au volant, parce que la
personne utilisait son appareil de téléphonie d'une manière ou d'une
autre. Puis, si on n'a pas de témoin pour nous le dire, ce qui va être souvent
le cas, ça, ça va échapper, là. Ça va demeurer une circonstance qui sera non
résolue. Les policiers font ce qu'ils peuvent, mais parfois il n'y a pas de trace qui peut être détectée par
les moyens normaux d'une enquête policière. Alors, comme l'investigation
du coroner dépend de l'enquête policière,
bien, ça se reflète sur les chiffres qu'on peut avoir. Donc, ces chiffres-là,
on vous les montre, mais on vous les
montre avec une certaine modestie parce
qu'on est conscients que ce n'est peut-être pas le reflet parfait d'une
réalité.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le député.
M. Bolduc : Merci. Vous nous parlez du 2 %, puis je peux
comprendre... Est-ce que, par exemple, vous avez, comme coroner, le pouvoir de, par exemple, valider
si le téléphone cellulaire était en utilisation au moment, ou à peu près,
de l'accident par rapport... ou, par exemple, il y a certains privilèges ou certaines
lois qui empêchent, par exemple, la police ou d'autres gens de vérifier
ou valider ce genre d'information là?
M. Malouin
(Luc) : Effectivement,
lorsqu'on est prévenus du cellulaire au volant, la bonne pratique maintenant
de la part des coroners est de vérifier,
d'aller chercher les informations auprès des fournisseurs, et notre loi nous
permet d'obtenir toutes les
informations auprès du fournisseur pour connaître l'utilisation. Alors, oui,
mais encore faut-il qu'on soit
informés au départ parce qu'on ne veut pas partir à la pêche. Donc, quand on a
une information, effectivement, on va la confirmer avec le fournisseur
de services de téléphonie.
M. Bolduc : Maintenant, vous
nous parlez de 2 %, puis ça, c'est ce qui vous est rapporté, ce qui
représente définitivement un minimum. Mais
est-ce que vous avez, par exemple, des informations complémentaires sur les distractions?
Parce qu'on parle de cellulaire, il pourrait
être en train de souper, ou il pourrait être en train de regarder son GPS, ou
d'avoir qui sait quelle autre
activité. Et, dans les rapports qu'on a reçus, il y a beaucoup d'événements qui
vont... jusqu'à même la conversation
avec un passager, là, qui peut être aussi distrayante. Est-ce que vous, comme
coroner, avez des informations à ce chapitre-là qui pourraient aider la
commission à comprendre un peu ce qui se passe dans ces cas de décès là?
Le Président (M. Iracà) :
M. Perron.
M. Perron
(Paul-André) : D'abord,
c'est une question qui soulève un enjeu important, qui est la variété des
sources de distraction pendant qu'on
conduit. La SAAQ a fait une enquête importante avec des observateurs, qui a
permis, au fil des ans, là,
d'observer que, oui, le cellulaire, c'est important. On dit souvent :
Quand on parle au cellulaire, on a l'esprit ailleurs, il y a une sorte
de dissonance cognitive. Mais ce n'est pas la source de distraction la plus fréquente.
Il y en a beaucoup d'autres, sources de distraction. Parfois, un coroner, dans
son rapport, peut arriver à l'identifier si on a un témoignage, mais là savoir
si une personne lisait un journal, ou se maquillait, ou cherchait une cigarette
dans son sac, s'il n'y a pas d'autre survivant dans l'habitacle, peut-être
qu'on ne le saura jamais, là. C'est difficile à retracer.
Et l'autre
chose qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que, si on est capables de vous
montrer ces chiffres-là avec leurs limites,
c'est parce qu'il y a plusieurs années on était conscients qu'il y avait un
phénomène en émergence qui demandait une surveillance
particulière : le cellulaire. Donc, on l'inscrit, quand on le sait, dans
une banque de données au fur et à mesure. Si
on voulait retracer tous les cas de distraction, il faudrait faire des études
particulières à partir de nos documents, de nos archives pour relever tous les cas où on peut détecter ce genre
de problématique là. Donc, en théorie, c'est faisable. Il faudrait
mettre des équipes de recherche, là, au travail.
M. Bolduc : O.K. Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le député. Oui, M. le député de
Sainte-Rose, vous désirez poser une question.
M. Habel :
Oui, merci, M. le Président. Bien, je vais faire du pouce avec mon collègue qui
a parlé de distraction au volant,
donné des exemples comme fumer, boire, manger, texter. On sait que la moitié
des accidents sont causés à cause d'une
distraction au niveau corporel et aussi le tiers des accidents mortels le sont
à cause de la distraction. C'est ce que la SAAQ nous a dit d'entrée de jeu. Puis moi, je veux savoir... Parce
que vous avez mentionné que 98 % des gens sont conscients de l'illégalité du geste. On a fait de
la sensibilisation, investi 5 millions pour faire de la prévention, mener
des campagnes, comme mon collègue a
parlé, au niveau d'être à deux pouces de la mort. Est-ce que vous pensez qu'on
devrait peut-être aller aussi en
amont, c'est-à-dire les méthodes pour améliorer les technologies pour prévenir
cette situation-là, ou on devrait continuer à faire de la
sensibilisation au niveau de la conséquence?
M. Malouin
(Luc) : Écoutez, il faut
comprendre qu'on n'est pas des experts, au Bureau du coroner. La technologie
évolue à une vitesse grand V. Moi, j'ai connu le téléphone Motorola haut de
même, que peu d'entre vous avez connu,
et aujourd'hui on a un ordinateur entre les mains. Demain, on nous parle de
véhicules autonomes, et demain, là, ce
n'est pas dans 20 ans. Est-ce que la technologie peut améliorer... Peut-être, mais il faudrait vraiment parler avec des
gens spécialistes en cette matière. Chose
certaine, on ne peut pas mettre de brouilleur d'ondes dans les autos. C'est
illégal au Canada. Alors, est-ce qu'on peut avoir des
applications de réponse automatique parce qu'on est dans l'auto? Peut-être.
Ça existe déjà. Mais le problème,
c'est : Est-ce que les gens vont s'en servir? Les gens sont tellement
habitués d'avoir leur cellulaire, de
répondre dans l'instantanéité, que... Est-ce qu'ils vont changer de
comportement dans l'auto? Alors, je ne peux pas aller plus loin que ça
dans ma réponse.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. M. le député de
Sainte-Rose, est-ce que ça va? Alors, M. le député d'Ungava.
M. Boucher : Bonjour, M. le
coroner. Écoutez, vous parliez plus tôt de campagnes de sensibilisation, dont certaines étaient plus percutantes que d'autres, des
images, des fois, qui nous marquent. Mais je regarde les jeunes en arrière,
tu sais, on a souvent
un sentiment d'invulnérabilité, tu sais : Moi, je suis bon au volant, je
suis habile, les accidents, je laisse
ça pour les autres. Qu'est-ce que vous pensez? À votre opinion, est-ce que des
campagnes plus agressives ou des sanctions
plus agressives peuvent dissuader, comme je pense à la saisie du véhicule pour
48 heures, le genre de chose comme
ça, ou des amendes plus élevées, dire : Bien là, regarde, là, si je me
fais prendre, là, c'est 1 000 $ d'amende ou je me fais saisir
mon auto 48 heures? Pensez-vous qu'un a plus d'effet que l'autre?
M. Malouin
(Luc) : Je ne suis pas le spécialiste des études, mais je pense que
tout doit aller ensemble. C'est-à-dire qu'on
doit autant éduquer, faire de la prévention, faire de l'information et qu'il y
ait une conséquence aussi au bout. Je prendrais un parallèle pour ceux qui ont
des enfants. On éduque nos enfants, on les élève, on les informe, on leur donne des limites. Mais, à un moment donné,
il faut qu'ils sachent qu'il y ait une conséquence, et plus la conséquence
est sévère, plus on risque d'avoir le
résultat escompté. Est-ce que c'est
vrai en matière de sécurité routière? M. Perron pourrait parler peut-être des autres
expériences dans d'autres pays, mais force est de constater, aujourd'hui, et on a juste à aller
marcher sur le bord de la rue regarder les autos qui circulent, il y a
un laisser-aller parce qu'on va voir facilement,
en quelques minutes, une dizaine de conducteurs avec le cellulaire au volant.
M. Perron (Paul-André) : Bien, juste en termes de principes généraux, il y a énormément
de recherches qui se font sur toutes
sortes de moyens de prévention dans toutes sortes de domaines, là :
noyade, sécurité incendie, ainsi de
suite. Il y a des choses qu'on sait, c'est que la sensibilisation, ça a une efficacité, et surtout quand c'est accompagné d'autres
moyens. La sensibilisation à elle seule, c'est bien, mais c'est difficile de changer le
comportement humain puis souvent ça prend du temps. Alors, ce qu'on sait
en général sur les stratégies de prévention, c'est que ce sont les stratégies
mixtes, c'est-à-dire qui combinent plusieurs moyens par des angles différents,
qui ont le plus d'impact.
Maintenant, la question
que vous soulevez, elle a été abordée de front par les coroners dans certains
rapports, c'est-à-dire la sévérité des sanctions. La saisie du
cellulaire a été suggérée à deux reprises, certainement, à ma mémoire, puis
l'augmentation des points de démérite aussi, là, jusqu'à neuf points, de
manière explicite, dans un cas très récent, là. On l'a eue en janvier 2017, là, cette recommandation-là de la part de Me
Yvon Garneau, et dont la logique était justement l'idée que, oui... Je
le sais parce que j'en ai parlé en long et en large avec lui puis je pense
qu'il serait à l'aise, là, d'entendre ça
aujourd'hui. C'est explicite dans ses rapports, il se dit : S'il y a tant
d'infractions, c'est peut-être parce que les sanctions ne sont pas assez
sévères pour dissuader les gens de parler. Maintenant, le nombre de points
exact qu'il faut pour que la sanction soit
convaincante, ça, je ne suis pas en mesure de vous dire qu'un nombre de points
est plus... Où est le seuil
dissuasif, ça, je ne le sais pas, là, mais le principe d'augmenter les
sanctions, ça se reflète certainement dans les rapports des coroners.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, je vais céder
maintenant la parole au député d'Abitibi-Est pour un temps restant de
trois minutes.
• (16 h 10) •
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Messieurs, bonjour. Moi, je veux aller un peu plus loin
dans la résultante de l'utilisation
du cellulaire, quel impact qu'il y a sur, je dirais, l'ampleur de l'accident,
et à la fois pour l'utilisateur, qui, malheureusement...
bon, on parle, dans le cas présent, de décès, mais pour les passagers, pour les
autres utilisateurs de la route,
parce que ce n'est pas nécessairement celui ou celle qui utilise le cellulaire
qui décède, ça peut être aussi... Là, je rejoins le collègue de René-Lévesque là-dessus. Nous, dans nos régions,
c'est des voies où on rencontre, donc, pour avoir malheureusement
constaté ce résultat-là où, à un moment donné, c'est les gens qui s'en venaient
en face qui se sont ramassés avec un
véhicule, là, qui soudainement était dans l'autre voie, et malheureusement
c'est eux qui ont subi... Est-ce que,
dans vos rapports, vous avez remarqué... ce phénomène-là était plus amplifié
face à l'utilisation du cellulaire par rapport à d'autres causes, par
exemple chaussée glissante ou des problématiques de conditions routières?
Le Président
(M. Iracà) : M. Malouin.
M. Malouin (Luc) : Écoutez, il faudrait faire le tour des 68 rapports pour répondre à
votre question. Mais mon problème,
c'est que, si celui qui textait n'est pas décédé, je n'ai aucun pouvoir
d'investiguer cette personne-là parce que moi, pour pouvoir agir, je m'occupe des personnes décédées. Normalement,
la personne qui texte et qui cause un accident mortel peut se voir accusée au niveau criminel de négligence criminelle,
ou de conduite dangereuse, ou des choses de même. Moi, j'ai la résultante. Alors, je ne suis pas capable de vous
dire : Oui, dans tel dossier, c'est clairement l'automobile qui
s'en venait qui a occasionné le décès parce que lui était au volant. Moi, je ne
peux pas vous le dire.
M. Perron,
avez-vous connaissance d'un cas en particulier?
M. Perron (Paul-André) : Oui, on a des cas parce que, dans les chiffres
qu'on a là, on voit qu'on a 68 décès, on a 63 collisions — parce qu'on a plus de décès que de
collisions, parfois il y a plus qu'un décès, malheureusement — et, sur
les 63 collisions, dans 55 cas, c'était le conducteur du véhicule
lui-même qui manipulait un cellulaire. Donc, les autres cas, c'est l'autre conducteur. Parfois, les gens
le disent tout simplement. Ça arrive qu'ils vont l'admettre. Et c'est un fait
que, si l'autre conducteur survivant ne le
dit pas puis que ça ne laisse pas de trace à l'enquête, à ce moment-là, ça peut
passer sous silence. Mais, avec ce qu'on
peut voir et confirmer de manière ferme, là, parmi les conducteurs décédés,
ceux qui parlaient eux-mêmes au
volant ou qui utilisaient leur cellulaire sont beaucoup plus nombreux que les
autres, là. Mais c'est un phénomène qui existe aussi.
Puis l'autre pan de votre question est
difficile à répondre de manière précise parce que, vous savez, les sources
de collision... Les risques ne sont pas
cloisonnés, hein? Souvent, ça se multiplie. Je vais vous donner un exemple
simple. C'est qu'on sait
qu'aujourd'hui il y a à peu près 30 %, un peu plus de 30 %, des
conducteurs décédés qui ont une alcoolémie de 80 et plus, donc au-delà du seuil légal. Bien, dans mes
55 conducteurs, j'ai presque 30 % aussi de conducteurs qui avaient
80. Donc, d'une certaine manière, il
y a une certaine logique parce que, si on a de l'alcool, le jugement est
altéré. Peut-être qu'on va prendre
plus de risques, donc on peut utiliser son cellulaire d'une manière qui est
imprudente. Ça va ensemble.
Alors,
c'est très difficile de pondérer tous ces critères-là de manière extrêmement
précise. La SAAQ a des bons chiffres
là-dessus, quand même, des bons aperçus. Mais il est vrai que le cellulaire,
parfois il joue un rôle prépondérant, mais
il n'est pas toujours isolé, là. On a des cas, là. Si vous regardez le dernier
cas où Me Garneau a fait des recommandations, il y avait plusieurs éléments combinés. Il y avait l'état du véhicule,
il y avait de l'alcool, il y avait des stupéfiants, il y avait l'absence
de port de la ceinture. Il y avait bien des choses qui allaient ensemble, là,
la vitesse également.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Perron.
Malheureusement, ça met fin au bloc d'échange avec la partie gouvernementale. On va poursuivre avec
l'opposition officielle, et je cède la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, messieurs.
D'entrée
de jeu, j'aurais une question assez succincte pour vous. On voit dans vos
statistiques effectivement que ce
sont les jeunes de 16 à 24 ans et de 25 à 34 ans qui sont
majoritairement les victimes suite à l'utilisation du cellulaire au volant, mais on voit une différence marquée
entre le sexe féminin et masculin dans vos statistiques. Croyez-vous que
ça serait de bon augure si les législateurs
que nous sommes légiféraient en fonction du sexe et de l'âge des utilisateurs
pour avoir plus de poids, considérant que
cette strate de gens est plus pondérée à l'intérieur même des statistiques?
Est-ce qu'on devrait faire ça,
c'est-à-dire y aller de façon plus sévère chez les jeunes garçons plutôt que
chez les jeunes filles, ou d'avoir
une modulation en fonction des chiffres que vous nous donnez pour les
66 décès dans ces 10 dernières années?
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. le député. M. Malouin.
M. Malouin (Luc) : Oui, mais j'ai le goût de demander à M. Perron, qui connaît quand
même beaucoup ce qui se fait dans les autres juridictions et les études
sur la question, de répondre à cette question.
Le Président
(M. Iracà) : M. Perron.
M. Perron (Paul-André) : D'abord, de manière générale, abstraction faite
du cellulaire, les jeunes conducteurs sont
surreprésentés dans les collisions de toute nature, là, en partant, il y a un facteur de risque significatif, et les hommes
également. Puis les hommes, c'est triste à dire mais c'est vrai, pour tous les
accidents, toutes les formes, ça commence jeune. Donc, le facteur sexe, malheureusement, il joue en défaveur des hommes pour toutes les
formes, là, d'accidents qui sont
mortels, de blessures et ainsi de
suite. Alors, ce chiffre-là qui
concerne spécifiquement le cellulaire au volant, il est, hélas! non surprenant. Ça reflète d'une
manière peut-être un peu exacerbée ce qu'on observe pour l'ensemble
des collisions, là, malheureusement. Peut-être que, par
exemple, ce que ça peut nous
suggérer, c'est que les campagnes de sensibilisation, évidemment, dans leurs limites, si on souhaite qu'elles
aient un impact, il faut tenir compte de l'audience à laquelle elles s'adressent, autrement la
communication a moins d'efficacité. Mais ça, j'imagine que les gens qui font de
la prévention sont déjà au courant, là, des facteurs de risque associés
au sexe et à l'âge, je suis certain. Je ne veux pas répondre à la place de la SAAQ, mais je serais très étonné de voir s'ils
seraient surpris de voir ça, là. Je
pense que, pour eux, c'est du
connu, là.
Le Président
(M. Iracà) : Merci.
M. Ouellet : Dans votre rapport, ce qui me surprend aussi... Parce qu'on dit souvent : Bon, O.K., il y a
eu de la distraction, les gens
étaient avec leur cellulaire. Mais on voit même qu'il y a eu deux décès sur 55
qui est associé à l'usage d'un
appareil à mains libres. Donc, il y a aussi risque de décès. Même si le téléphone
est sur le tableau de bord, on a l'option mains libres sur notre volant, il y a effectivement risque de mort. Vos
statistiques le confirment : deux sur 55. Alors, ça, j'aimerais
vous entendre là-dessus. Comment vous expliquez ça?
M. Malouin
(Luc) : Il y a des études effectivement qui démontrent qu'il y a un
risque très grand de parler au cellulaire
mains libres même quand on est au volant. Alors, la loi, à l'heure actuelle,
parle du cellulaire à la main, mais même
le mains-libres occasionne un risque accru de distraction. Effectivement, il y
a des études à cet effet-là, et on ne peut pas les contredire, et ça...
Effectivement, il y a des gens qui ne sont pas capables de parler au téléphone
tout en conduisant, qui vont
carrément arrêter sur le bord de la route, et ils vont vous le dire : Moi,
je suis trop distrait, je suis trop concentré sur ma conversation pour
être capable de conduire en même temps.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le député.
M. Ouellet : Parce que vous mettez dans vos recommandations la
possibilité de saisir le cellulaire si effectivement il y a négligence de ce côté-là, mais, si la personne
est mains libres, si on poursuit votre logique, il faudrait à ce moment-là
saisir l'automobile puisque c'était
l'automobile avec ses appareils qui était à ce moment-là l'agent disturbant,
disons-le comme ça, distrayant, pardon, pour le conducteur.
M.
Malouin (Luc) : Il faut
faire quand même attention à ceci. La loi maintenant interdit le cellulaire au
volant. Alors, les rapports du coroner s'attachent surtout au cellulaire
au volant. Il n'y a pas d'illégalité à parler au Bluetooth comme il n'y a pas d'illégalité à marquer une
adresse sur notre GPS intégré à notre auto. C'est permis par la loi. Alors,
écoutez, la personne qui rentre une adresse,
c'est également une source de distraction. Alors, si on voulait interdire
toutes les distractions, je pense qu'il faudrait en faire la liste, ne
serait-ce que manger tout en conduisant ou fumer tout en conduisant. Il y a une foule de situations.
Effectivement, parce qu'on parle de cellulaire, le Bluetooth est là, c'est
quand même un danger. Autant que
l'alcool? Bien, pas autant en termes statistiques, mais l'alcool au volant...
Et, on le sait, 30 % des
accidents mortels, c'est l'alcool au volant. Et, dans toute la liste des causes
de distraction au volant, il y a, entre autres, le cellulaire, mais il y
en a énormément d'autres.
Le Président (M. Iracà) :
Merci.
M. Ouellet : Autre question. Vous faites référence... Bon,
depuis l'entrée en vigueur en 2008 de l'interdiction de conduire... Le coroner recommandait d'augmenter
les points d'inaptitude. Il y a eu des modifications. On est passés de trois à quatre, et les statistiques nous
démontrent qu'il n'y a pas eu d'amélioration nécessairement notable. Donc, je
comprends qu'aujourd'hui votre bureau maintiendrait une augmentation des points
d'inaptitude, et est-ce que cette augmentation-là
irait encore une fois jusqu'à neuf points d'inaptitude? Parce que cet
avant-midi les groupes de la SAAQ nous
ont parlé plutôt d'une récidive, donc d'y aller avec une pénalité plus grande
dans le cas d'une récidive. Là, vous y allez plutôt, si je comprends bien, à une première peine vraiment exagérée,
donc neuf points d'inaptitude. Est-ce que ça serait toujours ça?
• (16 h 20) •
M. Malouin
(Luc) : Le
bureau n'a pas de position préétablie. Nous ne sommes pas des spécialistes en
sécurité routière. Le bureau, ici,
vous donne ce que les coroners, eux, sur le terrain, dans leur travail, ont
suggéré. Bien loin de moi la
prétention d'être un spécialiste et un expert en termes de nombre de points
d'inaptitude, bien loin de moi la prétention de dire : Oui, légalement, on peut saisir un cellulaire au volant
ou non. Alors, moi, je vous présente aujourd'hui le constat des coroners, leur position telle qu'elle existe sur le terrain et telle
qu'ils l'ont écrite dans leurs rapports. On n'a pas pris, comme organisation, une position parce que ce n'est pas notre
rôle de le faire, et on n'a pas les moyens parce que, si je défendais devant vous neuf points de démérite, il
faudrait au moins que je m'appuie sur des études sérieuses, concrètes pour
dire : On sait qu'à neuf points on va avoir un bon résultat. Est-ce que
c'est sept points? Est-ce que c'est uniquement pour les récidivistes? C'est les gens qui connaissent ça qui pourront
vous le dire. Le constat qu'on fait, et ça, je vous le redis, c'est qu'à
quatre points d'inaptitude ça ne semble pas, quand on regarde nos chiffres,
avoir un gros impact.
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. le député.
M. Ouellet : Dans votre tableau, «Décès accidentels associés à
l'usage du cellulaire», bon, vous avez parlé tout à l'heure d'une moyenne de six décès par année, mais on
voit, en 2010, il y en a 11, puis on voit, en 2015, il y en a
13. Est-ce que, selon le travail que vous avez fait à votre
bureau de coroner, il y a une tendance qui est sortie? Pourquoi
est-ce qu'en 2010 c'était excessivement élevé puis pourquoi en 2013... Est-ce qu'il y a un corollaire
qui vous est apparu ou si c'est simplement une fatalité qui fait que ces
années-là étaient plus dramatiques que les autres?
M. Malouin
(Luc) : C'est une moyenne.
Alors, pourquoi, cette année-là, il y a eu plus d'accidents? Est-ce que des policiers ont prêté plus attention dans un nombre supérieur de
dossiers ou est-ce que, ces années-là, les policiers ont vraiment
visé tous les accidents, parce qu'on vous dit que c'est un minimum? Tout ça est
possible. M. Perron a bien dit que
c'est avec beaucoup d'humilité qu'on vous présente ces chiffres-là parce qu'on est dépendants du travail terrain policier pour être capables de faire notre travail. Maintenant,
il a pu y avoir aussi, en 2010 ou en 2015, un ou deux accidents avec
deux ou trois personnes qui ont décédé, et ça vient tout modifier la moyenne.
M. Ouellet : Donc, puis ce n'est pas un reproche, là, ce que
vous me dites, c'est que vous n'êtes pas capables de sortir une tendance
sur ces événements-là à long terme. Parce que la question que j'aurais eue pour
vous : Suite aux chiffres qui sont très bas, est-ce que c'est suite à une
campagne agressive de la SAAQ pour la sensibilisation ou une augmentation du nombre de tickets ou de surveillance faite par les policiers? Vous
n'êtes pas capables, avec vos bureaux, de venir donner une explication à
ces tendances-là qui viennent s'inscrire.
M. Malouin (Luc) : Moi, je ne peux
pas. Peut-être que M. Perron pourrait...
Le Président (M. Iracà) :
M. Perron, en une minute.
M. Perron (Paul-André) : C'est
assez complexe. Il y a plusieurs phénomènes qui se superposent.
D'abord,
si on regarde sur le très long terme, il y a plus de conducteurs, il y a plus de véhicules immatriculés, puis, en général, il y a moins de décès sur les routes.
Alors, le bilan routier, globalement, s'est énormément amélioré au Québec.
Ça, c'est sûr, il faut le reconnaître, c'est important.
Du côté du
cellulaire, non, c'est difficile de faire une tendance avec ça parce qu'on n'a
pas si long de données que ça qui sont fiables. Puis, quand on a des chiffres de cet ordre-là, il est normal que
ça oscille pas mal. Vous parliez tantôt du mains-libres, je soupçonne que... pardon, du
Bluetooth et tout ça, là, de ces appareils-là, je soupçonne qu'une partie de la
sous-estimation vient de là. Peut-être que c'est plus difficile de détecter certains cas
où on ne manipule pas un appareil à
la main. Mais il est possible aussi que, donc, la variation, comme disait
Me Malouin, soit dépendante, là, des limites, là, de nos sources de
données.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin au bloc d'échange avec l'opposition officielle. Merci beaucoup, M. le député. Nous allons passer la parole au député de
Deux-Montagnes pour le dernier bloc d'échange. La parole
est à vous.
M. Charette : Merci, M.
le Président. MM. Malouin et
Perron, merci pour votre présence. C'est très apprécié comme éclairage.
Vous
avez mentionné à quelques reprises que votre travail était fait d'études des rapports
des policiers, notamment. Donc, vous étiez un peu dépendants de cette
collecte d'information qui est faite par les policiers. Est-ce que
vous savez, sur le site d'un accident
de la route, si les policiers, de
façon systématique, évaluent cette possibilité-là ou on essaie plutôt,
à travers des calculs, voir un petit peu les lieux d'impact et autres? Mais est-ce que c'est une variable
qui est systématiquement vérifiée dans le travail policier, à savoir :
Est-ce que le conducteur était en possession d'un téléphone, est-ce qu'il textait? Est-ce que
c'est une petite grille qui fait état de cette variable-là systématiquement?
M. Malouin (Luc) : Je ne sais pas s'il y a une grille au niveau des corps policiers pour
faire du travail terrain encore régulièrement.
C'est toujours une question qu'on pose maintenant. C'est un réflexe
qu'on a maintenant comme coroners, moins il y a 10 ans parce qu'il y a 10 ans on n'en parlait pas. Mais, au
fil des années, je peux vous dire que c'est un réflexe qu'on a de poser la question aux policiers : Il y a-tu
un cellulaire d'impliqué là-dedans, au même titre qu'on va demander : Il y a-tu
de la drogue, il y a-tu de l'alcool,
pourquoi cet accident-là? Alors, ça fait partie maintenant du réflexe du
coroner et du policier également.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Charette : Parce
qu'on disait tout à l'heure, et mes collègues ont eu l'occasion de vous questionner avant moi
sur le sujet : Les chiffres sont déjà
très évocateurs, mais ça constitue un minimum. On ne peut pas savoir quel était
ou quel est le portrait exact compte tenu des éléments que vous ne
contrôlez pas. Mais, certainement, une donnée qui est frappante, c'est les
groupes d'âge qui sont en cause. Et le hasard fait bien les choses. Jusqu'à il
y a quelques instants à peine, on avait une
cohorte de jeunes d'âge collégial, et c'est certainement aussi la cohorte
ou, à tout le moins, le groupe d'âge
qui est le plus représenté dans vos rapports. Est-ce que, selon vous... Comment
je pourrais m'exprimer? Je comprends
la nature de votre travail. Vous étudiez des
cas lorsqu'il y a décès. Je comprends que vous faites des recommandations. Ces recommandations-là s'adressent, en quelque sorte, aux vivants
pour éviter que pareille situation ne se reproduise. Est-ce qu'il vous arrive de travailler avec la SAAQ, qui collige des
données elle aussi de son côté, qui va mettre en place des campagnes de publicité? Donc, bref, à travers
les études que vous faites, les rapports que vous faites sur le type de profil ou les circonstances, est-ce qu'il y a ce
type de collaboration là avec la SAAQ? Peut-être nous en dire davantage à ce niveau.
M. Malouin (Luc) : Comme coroner, sur le terrain, je peux vous dire que, lorsqu'arrive des
événements où on veut
faire des recommandations, effectivement, on a des communications au niveau de la SAAQ, le ministère des
Transports et le coroner,
comme avec beaucoup d'autres partenaires. M. Perron pourrait vous parler
encore plus des échanges de bureaux au niveau de l'information.
M. Perron (Paul-André) : On partage nos données avec la SAAQ pour qu'elle
puisse faire son travail de statistique en général, valider ses
propres données. C'est arrivé dans le passé que la SAAQ vienne souvent fouiller
dans nos dossiers pour travailler sur
l'alcool au volant justement, pour voir, là, les caractéristiques des
conducteurs, comment ils étaient affectés,
ainsi de suite. Donc, il y a eu plusieurs, plusieurs collaborations à travers... Ça fait 16 ans que je fais ça, là,
avec la SAAQ. Ce n'est pas, là, chaque semaine, là, mais c'est arrivé à plusieurs
reprises.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Charette : Est-ce que vous avez eu l'occasion de participer
à la consultation menée par la SAAQ au cours de la dernière année? Est-ce que vous étiez partie
prenante de cette consultation-là? C'était une consultation qui ne visait pas uniquement le cellulaire au volant, mais la sécurité
routière en général. Est-ce que c'est un exercice que vous avez
mené de votre côté?
M. Perron (Paul-André) : On ne l'a pas mené comme Bureau du coroner, mais
la SAAQ est au courant de toutes nos recommandations. Toutes celles qui touchent au cellulaire sont envoyées à la SAAQ systématiquement. Donc, ils savent déjà qu'est-ce que le coroner a à dire.
C'est déjà dans le rapport du coroner.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Charette : Comme société, on a certainement cheminé par rapport à la question de l'alcool au volant. Il y a manifestement encore du travail à faire. On
s'entend à ce sujet-là. Mais il y a sans doute une amélioration, là, notable au niveau du cellulaire si on se fie aux moyennes des 12 dernières années.
Cette évolution-là est plus difficile à
ce moment-ci à percevoir, à tout le moins. Si on parle de sécurité
routière en général, est-ce que vous diriez que la question du cellulaire au volant devient, de nos jours,
l'enjeu numéro un? L'alcool, il
faudra toujours faire de la sensibilisation. La drogue, spécialement avec ce qui s'en vient en matière de légalisation
de la marijuana, il y aura certainement aussi beaucoup de travail à
faire, mais est-ce que ça devient un des enjeux principaux en matière de
sécurité routière?
• (16 h 30) •
M. Malouin
(Luc) : Je ne parlerais pas d'enjeu principal, mais c'est un enjeu important.
On a en moyenne sept décès par année sur les
routes. La grande majorité de ces sept décès-là, c'est notre jeunesse, c'est
notre futur. Il faut peut-être trouver une façon de les protéger contre
eux-mêmes, malheureusement. Mais c'est un élément parmi tant d'autres : la vitesse au volant, la fatigue
au volant, l'alcool au volant, à
compter de l'an prochain on va avoir la drogue au volant. Alors, ce sont tous des éléments qu'on doit tenir en compte,
à mon humble avis, et le cellulaire fait partie d'un de ces éléments-là. Autant, quand j'ai commencé à
conduire, on apprenait que la ceinture de sécurité était obligatoire et on
devait la porter, aujourd'hui, c'est rentré
dans les moeurs, et on a un très beau taux de succès. L'alcool au volant
baisse, en termes d'infractions,
notre bilan routier ne cesse de s'améliorer, donc il y a du travail qui a été
fait pour améliorer notre bilan
routier. Il reste quand même beaucoup de choses dans la distraction au volant,
dont le cellulaire au volant, et il va falloir travailler collectivement
pour ça.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. M. le député, il vous reste 15 secondes.
M. Charette : Le temps de vous remercier pour votre présence
très appréciée. C'est encore une fois un éclairage, là, qui est très
pertinent pour nos travaux. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, messieurs, je vous remercie pour
votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de s'installer.
Alors, merci de votre
préparation. À la prochaine.
(Suspension de la séance à
16 h 31)
(Reprise à 16 h 35)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons
reprendre nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du
ministère du Transport, de la Mobilité durable et de l'Électrification des
transports. Je vous demande de bien vouloir
vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite,
nous procéderons, comme à l'habitude, à des périodes d'échange.
Alors,
je sais, M. le sous-ministre adjoint, que vous êtes un habitué des commissions
parlementaires. Même si tout le monde
vous connaît ici, vous allez être obligé de vous nommer ainsi que les gens qui
vous accompagnent. Votre exposé débute à l'instant.
Ministère
des Transports, de la Mobilité durable et
de l'Électrification des transports (MTMDET)
M. Unterberg
(Jérôme) : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à la commission de
pouvoir aujourd'hui permettre au ministère de venir faire sa présentation
concernant ce mandat d'initiative. Le temps est restreint, et je voudrais juste, avant de présenter celle-ci,
introduire... présenter mes collègues : M. Stéphane Martinez, à ma
gauche, qui est directeur des
politiques de sécurité, toujours au ministère; à ma droite, Mélanie Dubé, qui
est conseillère experte en sécurité routière, également au ministère.
Le
plan de la présentation aujourd'hui. Nous allons vous présenter un léger
contexte, on pense que c'est extrêmement
important, ça va mettre en relief des facteurs qui sont sous surveillance puis
des préoccupations aussi, à notre sens,
au plan de l'intérêt public. Ensuite, nous voudrons attirer l'attention de la
commission à l'effet que la problématique qui concerne... ce qui intéresse aujourd'hui la commission concerne
l'ensemble des usagers, donc pas juste les usagers d'automobiles. On va vous parler des véhicules
hors route, d'autres usagers, par exemple les piétons, aussi du réseau routier,
qu'il soit supérieur ou local. Et on ne voudra pas consacrer beaucoup de temps,
là, compte tenu du 10 minutes, pour rapidement
arriver à des questions relatives aux solutions sur les axes d'intervention. On
a identifié trois axes d'intervention et on aimerait consacrer une bonne
partie de notre présentation à celles-ci.
On
vous a déposé, aux membres de la commission, au secrétariat de la commission,
la présentation qu'on vous diffuse
aujourd'hui. Gênez-vous pas, évidemment, durant les questions, s'il y a
certains éléments pour lesquels on aura passé plus rapidement en vue — là,
c'est une estimation de notre part — d'aller plus directement à ce
que nous présentons comme étant des
solutions. Puis on aimerait faire une légère conclusion en bout de piste. Donc,
sans plus tarder, je passerais la parole à mon collègue,
M. Martinez.
Le Président
(M. Iracà) : M. Martinez, la parole est à vous.
M. Martinez
(Stéphane) : Merci. Alors,
les éléments de contexte, écoutez, vous en avez eu toute la journée, hein,
vous avez compris, les chiffres, ils sont partiels, ils ne sont pas toujours
fiables, ils viennent de différentes sources. On ne vous refera pas tout ça. Nous travaillons
avec les mêmes chiffres que les gens que vous avez entendus, ce matin et
cet après-midi, ce sont toujours les mêmes chiffres qui reviennent.
Ce qu'on tire, nous, comme conclusion, et qui
nous intéresse particulièrement, c'est que finalement il y a une dangerosité, quel que soit le type d'appareil
utilisé, et puis il y a une corrélation : avec la fréquence d'utilisation,
on voit augmenter la fréquence des
accidents. Donc, cette corrélation nous interpelle parce que finalement, au
ministère, évidemment, la sécurité au volant, la sécurité routière nous
interpellent. Nous sommes aussi gestionnaires de réseau. Alors, toute notre présentation, elle tient au
fait qu'on est, d'un côté, de la sécurité routière et, de l'autre côté, on est
aussi gestionnaires du réseau.
Si vous allez
à la première carte que je vous propose, vous voyez ce rôle du ministère et des
municipalités. En bleu, les petits
points, ce sont les accidents sur les réseaux. Et là on voit, par exemple, que,
très logiquement, il y a une concentration, hein, des accidents qui sont
liés au téléphone dans les zones urbaines principalement. Mais ce qu'on constate sur la carte, rapidement, c'est que, si
vous partez vers la Gaspésie, ici, vous avez toute une ligne d'accidents liés
à l'utilisation du téléphone. Parce que
finalement, des statistiques qu'on peut faire avec les données partielles qu'on
a, on déduit que 90 % des
accidents proviennent en ligne droite sur une surface plane. C'est-à-dire que
les accidents mortels, dangereux avec
blessés graves, ce ne sont pas forcément les accidents en ville, ce sont quand
les gens qui sont sur une ligne droite, qui s'ennuient et qui ont du
temps... et qu'ils prennent leurs téléphones.
Si vous allez
à l'acétate suivante, vous allez voir, sur le réseau municipal et sur le réseau
du ministère, c'est à peu près
équivalent : 710 accidents, 614. Mais, si vous prenez la dangerosité des
accidents, c'est-à-dire quels sont les accidents qui ont mené à un
décès, 79,3 % de ces accidents sont sur le réseau du ministère. C'est pour
ça qu'on est concernés particulièrement. 62,8 % des accidents avec blessés
graves sont aussi sur notre réseau.
• (16 h 40) •
Donc, vous
comprenez qu'il y a une corrélation entre la distraction et la vitesse dans les
conséquences de l'accident. Et là vous
voyez que notre présentation, elle commence déjà à vous amener vers autre chose
que simplement de la distraction. Le problème du téléphone au volant, ce
n'est pas que la distraction, c'est la distraction par rapport à son
environnement et par rapport à son usager. Alors, c'est une problématique qui concerne
l'ensemble des usagers, pas seulement les gens au volant.
Si vous allez
à la diapositive, page 7, une problématique... Si vous regardez, évidemment, les piétons et les
cyclistes, tout à fait naturellement vous allez voir une concentration Montréal-Québec parce que
c'est là que sont les piétons et les cyclistes. Bon. Si vous prenez plus
particulièrement la ville de Montréal, bien — Mme Plante, qui a été
élue, va être contente de voir qu'on parle
d'une problématique qui lui tient à coeur — je
veux dire, la concentration à Montréal n'est pas
uniforme. Et c'est là où on comprend
que la distraction, elle est répandue à la grandeur de la province. Ça, on vous
l'a dit ce matin.
Mais le problème n'est pas forcément lié uniquement
à la distraction. Il est lié à un ensemble qui fait : distraction, lieu où vous avez la distraction et infrastructure sur laquelle vous êtes. Et c'est ces trois éléments-là qui font le problème de
la distraction au volant. Par exemple, à Montréal, vous avez une concentration dans l'axe
Sainte-Catherine, à peu près, là, avec, dans l'autre sens, l'axe Saint-Laurent.
C'est là où sont les gens principalement à vélo, à pied, alors c'est là où sont les problèmes.
Ce n'est pas seulement les distractions, il y en a partout sur l'île, mais les
accidents ne sont pas répartis partout sur l'île.
C'est une
problématique qui concerne l'ensemble des usagers. On voulait vous glisser
quand même un mot des usagers qui utilisent une aide à mobilité
motorisée, donc les triporteurs, quadriporteurs. On a un projet pilote, depuis trois ans, qui encadre l'utilisation des triporteurs et des quadriporteurs et qui
interdit l'utilisation, pour l'instant, du cellulaire de la même façon que si vous étiez en voiture. Et
pour les personnes handicapées, c'est un problème de stigmatisation parce qu'ils se considèrent comme des piétons et non pas comme des
conducteurs. Si ce sont des conducteurs, il va falloir effectivement peut-être leur mettre les mêmes règles qu'à tous les
autres conducteurs. Mais, si ce sont des piétons qui, au lieu d'être sur leurs jambes, sont sur des
roues, eux, ils disent : Bien, si on est des piétons, pourquoi
quelqu'un qui marche a le droit d'avoir le cellulaire et pourquoi nous, qui sommes handicapés en fauteuil roulant, n'avons pas le
droit d'avoir le cellulaire? Donc,
vous voyez que la distraction au volant, le cellulaire, ça vous amène ailleurs
qu'en dehors de la voiture.
Les véhicules
hors route, par exemple. Il y a quelques années, si on avait dit : En
motoneige, il y a un problème de
cellulaire, tout le monde aurait rigolé. Avec les moufles, les motoneiges, vous
lâchez une main, hop! vous prenez le champ tout de suite. Aujourd'hui,
les véhicules ont évolué, vous avez des véhicules qui vous permettent
d'utiliser le cellulaire parce que ce sont
des quads à quatre places, toute la famille embarque, vous avez un volant comme
dans une voiture, donc vous pouvez
maintenant avoir un cellulaire. Donc, la problématique arrive dans les VHR, il
n'y a pas encore de décès, pas encore d'accidents graves, mais elle
arrive.
Là, où on
voulait vous faire venir par rapport à notre travail à nous, au ministère,
c'est que nous pensons que la solution, elle est sur plusieurs axes. On a vu ce
matin, avec le travail de la SAAQ, il y a l'usager, la sensibilisation, il
faut le faire et il faudra le faire à
l'infini, il y a la technologie, les technologies elles-mêmes apportent aussi
une solution, et il y a les
infrastructures. Alors, je passe rapidement sur le travail de sensibilisation,
vous l'avez vu ce matin par nos collègues de la SAAQ.
Pour la
technologie, vous avez, on en a parlé aussi, j'étais là ce matin, beaucoup
d'innovations, beaucoup de choses qui
permettent à l'usager soit de se contrôler lui-même... C'est sûr que ça reste
un contrôle que vous choisissez de faire. Et là on se trouve toujours à la même limite, la personne qui ne veut
pas se contrôler, bien, il n'y a rien à faire pour le lui imposer. Vous avez la petite image qui est en bas,
je l'aime beaucoup. Quand vous marchez, vous textez, et votre téléphone filme ce que vous devriez voir en face. Ça fait
que finalement, si vous avez quelque chose, en textant, qui apparaît, bien, il
apparaît dans votre téléphone également. Ça
fait que ça, c'est : la technologie corrige la technologie. Ça, c'est
toujours comme
ça, le problème arrive, mais la solution s'en vient pas loin, tout simplement
parce qu'il y a derrière des enjeux commerciaux, on le comprend. Nous,
au ministère, évidemment, on a cette problématique comme les autres et on a
commencé à travailler.
On
a parlé des bandes rugueuses avant nous. Sachez que la bande rugueuse, c'est
une bonne solution pour éviter les sorties de route. Ça coûte de
1 $ à 2 $ du mètre linéaire, donc c'est une solution abordable pour
le Québec. Sur le réseau des autoroutes,
c'est fait. On met maintenant même des bandes rugueuses sur les autoroutes
quand ils partagent la même chaussée.
Donc, quand vous êtes en double sens, là, on met une bande rugueuse médiane
pour éviter les face-à-face. Donc, ce travail-là, il est fait, puis il
reste maintenant un travail qui est fait de plus en plus sur certaines routes nationales afin de réduire les collisions
frontales. La bande rugueuse, au début, c'était pour les gens qui s'endorment.
Maintenant, c'est pour les gens qui textent ou qui téléphonent. Donc, on a
trouvé là un intérêt double.
On
a aussi installé, depuis quelques années, depuis 2015, des haltes texto. Ça a
été évoqué aussi. On a huit haltes au
Québec. Et je peux vous dire, parce que je sais que vous allez me poser la
question, on a eu, depuis qu'on les a installées, 73 065 utilisateurs dans les haltes
texto. Alors, on en a huit, on a 73 000 personnes
qui se sont arrêtées pour envoyer un message,
qui se connectent gratuitement. Donc on sait qu'il y a une réponse. Ce n'est
pas pour rien, ça marche. C'est sûr que
ça fait bizarre de dire aux gens : Arrêtez-vous pour texter, mais ça
marche. C'est toujours 73 000 personnes qui n'ont pas texté en
conduisant.
On
a essayé aussi de faire des aménagements d'aires d'arrêt... mettre sur la route
quand vous avez quelque chose d'urgent à faire. Ça s'en vient. On n'en a
pas encore, mais ça s'en vient, c'est dans nos cartons.
Pour
finir, je voudrais... on nous a envoyé quelques photos, parce que quand même il
y a des choses qui se passent ailleurs.
Notamment, par exemple, pour le piéton, c'était... Il y a 60 piétons,
hein, qui décèdent au Québec par an. Ce n'est pas toujours de la distraction au volant, mais c'en est aussi beaucoup.
Alors, vous avez là des images qui montrent soit des signaux lumineux, par exemple... Vous êtes en train de texter, la
petite bande rouge à droite, là, elle s'allume quand le feu est rouge. Donc, quand le feu pour la
circulation est rouge, que vous n'avez pas le droit de passer, la bande au sol
s'allume aussi en rouge. Donc, quand vous
êtes en train de texter, vous la voyez. Vous avez un panneau sympathique,
en Suède, qui dit : Attention aux gens
qui textent! Donc, ça, ça s'adresse aux automobilistes. Le problème, il est
dans les deux sens, hein, pour le
cellulaire. Ou alors des couloirs, par exemple, en Belgique, on voit, c'est un
couloir dédié aux gens qui textent.
Si jamais vous textez, prenez le couloir, vous allez pouvoir vous rendre à
votre lieu. Vous avez le panneau en
haut, en Hollande, c'est une projection en LED. Quand on pense souvent à la
neige, bien ça, ça se projetterait sur la neige également et ça marche avec le feu de circulation. Vous voyez, en
face, le feu est vert, la projection est verte pour le piéton...
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Martinez. C'est
très intéressant, mais je dois vous arrêter. Ça met fin à la période
pour l'exposé.
M. Martinez (Stéphane) :
Ça fait le tour de ce qu'on avait à dire.
Le
Président (M. Iracà) : Parfait, excellent. Alors, bon timing.
Nous allons procéder à la période d'échange et nous allons commencer
avec la partie gouvernementale. Et je cède la parole au député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs. Bonjour, madame. Il me fait plaisir
de vous recevoir cet après-midi. Puis moi, j'ai plusieurs questions qui
impliquent finalement non seulement le cellulaire, mais les distractions en général. Mais, avant de commencer
ça, j'aimerais savoir si vous avez une distribution saisonnière. On sait
que les hivers, au Québec... pas que ça a un
impact, mais peut-être. Est-ce que vous avez des données, en fait, en rapport
ou en relation avec le ratio, appelons-le
l'asphalte sécuritaire et la période hivernale, qui ajoute une dimension
supplémentaire?
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le député. Je regarde nos
invités, je vais céder la parole à un des trois. Oui, M. Unterberg.
M. Unterberg
(Jérôme) : Merci. Merci, M. le député pour votre question. On a des
banques de données avec lesquelles on
extrait beaucoup d'information. Avec nous aujourd'hui, on n'a pas cette
représentation, mais c'est quelque chose
qu'on peut donc obtenir. Les banques de données ne sont pas parfaites, mais
elles sont immenses puis, évidemment, elles
sont limitées par les facteurs d'entrées. Là, on ne l'a pas avec nous, mais
Mme Dubé, à ma droite, qui travaille sur ces banques de données là,
me signale que c'est des choses qu'on pourrait faire ressortir.
M. Bolduc :
...l'information sera envoyée à la commission.
Le Président
(M. Iracà) : Alors, vous pouvez passer l'information à la
secrétaire de la commission, on va pouvoir
la transmettre aux membres. Simplement un petit rappel, j'en profite pour vous
dire que vous avez tous eu un document du groupe qui est ici, là. Alors,
je continue le bloc d'échange. M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci. Vous nous parlez que 79,3 % des accidents mortels ont lieu sur le
réseau du ministère et 62 % des blessés graves. En comparaison,
j'imagine que le reste est centré, comme vous l'avez mentionné, sur Montréal et
Québec, mais une partie du réseau de ces
villes-là aussi appartient au ministère, n'est-ce pas? Est-ce que c'est inclus,
exclu? Comment ça marche?
Mme Dubé
(Mélanie) : Effectivement, ça inclut les réseaux du ministère, que ce
soit dans les municipalités ou à l'extérieur, là, dans les...
M. Bolduc : ...
Mme Dubé (Mélanie) : Oui,
exactement.
M. Bolduc : O.K. Puis là je
vais faire un petit peu de sémantique, parce qu'il y a des routes numérotées
qui appartiennent au ministère puis il y en
a d'autres qui appartiennent aux municipalités. Vous parlez ici exclusivement
des routes qui sont sous la supervision et l'entretien du ministère.
Mme Dubé (Mélanie) :
Exactement, sous la gestion du ministère.
M. Bolduc :
O.K. Ça, c'est important. Vous nous parlez aussi du fait qu'il y a beaucoup
d'utilisation de téléphone cellulaire
impliquant des usagers vulnérables, puis là on parle de cyclistes et de
piétons. On en voit énormément se déplacer avec des écouteurs. Est-ce que vous avez des données là-dessus? Parce
qu'ils écoutent soit leur téléphone intelligent, ils sont au téléphone, mais ils peuvent aussi écouter
de la musique, etc., et ils n'ont pas conscience du bruit autour d'eux. Est-ce
que vous avez des données là-dessus?
Mme Dubé
(Mélanie) : Non, on n'a pas la donnée, il n'est pas possible d'avoir
la donnée. C'est quand même assez,
comme on l'a dit tout au long de la journée, difficile d'avoir des données
concernant le cellulaire à travers les données concernant la
distraction. La donnée concernant l'écouteur en tant que tel, on ne l'a pas
exploitée, on ne l'a pas.
• (16 h 50) •
M. Bolduc :
Ni au volant des voitures? On en voit avec des écouteurs au volant. Vous n'avez pas ça? Bon. Donc, je vais revenir à vos trois axes parce que
vous avez des données, ici, vraiment intéressantes où vous avez fait toutes sortes
d'innovations. Est-ce que
vous avez des données sur l'effet de ces actions-là que vous avez mis, surtout
au niveau de la sensibilisation, par exemple, comme les arrêts de textos ou les bandes rugueuses, etc.? Parce qu'il n'y en a pas partout, de ces
services-là, mais surtout dans les plus grands réseaux, je dirais. Mais est-ce
qu'on sait quel impact ces activités-là produisent?
Mme Dubé
(Mélanie) : ...au niveau des
bandes rugueuses, l'efficacité estimée, c'est d'environ de 20 % à 30 % de réduction des sorties de route. Donc, c'est quand même une mesure,
là, au niveau des bénéfices-coûts, qui est intéressante, car faire une bande rugueuse, ça ne coûte pas très
cher. Par contre, c'est ça, ça va dépendre, là, de plusieurs facteurs, dont la
nature de la chaussée, la distance de la bande rugueuse par rapport à la ligne
de rive, la largeur de l'accotement, là, il
y a différents facteurs qui peuvent influencer l'efficacité de la bande
rugueuse. Mais c'est quand même reconnu dans la littérature et par
l'expérience que c'est une mesure efficace.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le député.
M. Bolduc :
Merci. On a posé la question à la SAAQ, ce matin, qui n'avait pas de
donnée — je ne
sais pas si vous en avez — sur le fait, puis on le voit ici, que les
centres urbains ont définitivement un taux d'accidents beaucoup plus élevé. Est-ce que vous avez des données en regard
de la densité de trafic vs le nombre d'accidents? Il y a des routes qui
sont très denses. Et est-ce que le taux d'accidents, en comparaison de la
fréquence d'utilisation... est-ce qu'il y a une corrélation entre ces
variables-là?
Le Président (M. Iracà) :
Mme Dubé.
Mme Dubé
(Mélanie) : À l'heure actuelle, le ministère, pour notre... on n'a pas
de donnée sur le débit sur les réseaux
municipaux. Par contre, on a des informations concernant les débits sur nos
réseaux, ce qui serait possible, là... ce
serait possible d'extraire probablement quelque chose. Par contre, le nombre
d'accidents est quand même assez faible, là, concernant le cellulaire au volant. Donc, avec les données couplées
avec les débits, je ne suis pas certaine que ça donnerait une
statistique intéressante.
M. Bolduc :
Vous ne pouvez pas nous dire s'il y a une corrélation effective entre la
densité du trafic et le nombre d'accidents ou du cellulaire au volant,
etc., là?
Mme Dubé
(Mélanie) : Évidemment, en sécurité routière, la notion d'exposition
au risque est quand même assez parlante.
Donc, plus un usager vulnérable est exposé au risque du nombre grandissant
d'automobiles, donc effectivement on
peut croire qu'il va avoir plus de risque d'être impliqué dans un accident. Par
contre, ce qu'on peut dire, bien souvent, quand la densité de circulation est importante, les vitesses sont moins
élevées. Donc, probablement que l'impact va causer moins de dommages, je vais dire. La gravité des
blessures va probablement être moins importante, là, quand la densité de la
circulation est plus importante. Là, je parle en situation, évidemment, là, de
congestion ou de vitesse un peu plus basse.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, Mme Dubé. M. le député.
M. Bolduc :
Vous nous avez parlé qu'il y avait à peu près 60 piétons qui étaient
blessés par année. Est-ce que vous avez les mêmes données pour les
cyclistes sur les routes du Québec?
Mme Dubé
(Mélanie) : Pour les cyclistes, c'est un petit peu moins, là. L'année
dernière, je crois que c'est autour de 12 cyclistes qui sont décédés.
M. Bolduc :
O.K. Est-ce que vous savez si les accidents piétonniers et les accidents des
cyclistes ont aussi un impact créé par le cellulaire au volant?
Une voix : M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Une voix :
...
Le Président (M. Iracà) : Vous
avez des bonnes questions.
Mme Dubé
(Mélanie) : En fait, dans les données qu'on a sur l'ensemble des
statistiques qu'on a, c'est 131 accidents
qui impliquent un piéton ou un cycliste. Et près de la moitié de ces accidents-là
se retrouvent dans la région de Montréal, ce qui est comparable aux
statistiques d'accidents en général, là, sans surprise.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Maintenant, je vais céder
la parole au député de Maskinongé pour poursuivre l'échange.
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, messieurs madame, bienvenue. Sujet
d'importance et surtout sujet
d'actualité, qui va l'être toujours parce qu'avec l'avancement technologique,
avec le développement des nouvelles technologies
on sait qu'on doit adapter nos façons de faire, hein, surtout. Et moi, ma
question va être bien simple, et, vous allez
voir, j'ai de la suite dans les idées parce que presque à chaque groupe
j'essaie de me concentrer sur ce type de question là parce que ça m'intrigue beaucoup, sur le fait,
justement, de l'avancement technologique des voitures, des constructions
automobiles.
On sait qu'il
y a une dizaine d'années tous les équipements, que ce soit GPS, que ce soit
téléphone sans fil dans la voiture,
ou etc., commandes vocales, étaient réservés aux voitures de luxe ou de
certaines catégories plus élevées dans les
voitures. Maintenant, ça vient comme modèle de base dans toutes, toutes, toutes
les voitures, d'entrée de gamme à fin de
gamme, donc ça vient... Et moi, mon questionnement est : On a pensé des
haltes texto, on a pensé à des aménagements, mais comment on fait, au
ministère des Transports... ou quelle est la vision du ministère des Transports
face à l'avancement technologique? Parce qu'on
sait qu'on s'en vient avec des voitures qui vont se conduire tout seul, ou il y
en a qui le font, pratiquement,
présentement. On peut parler des modèles électriques, d'ailleurs, de certaines
voitures qui, avec les données GPS,
se conduisent quasiment seules. Alors, j'aimerais avoir votre façon de penser
ou quelles sont les étapes, au
ministère des Transports, que vous avez ou les prévisions pour justement faire
face à ces avancées technologiques là.
M. Unterberg
(Jérôme) : Merci beaucoup, M. le député. Vous abordez un aspect
extrêmement important parce qu'on
pourrait dire que, jusqu'à ce jour, typiquement, l'action étatique s'est portée
beaucoup sur l'axe un, là, qui était le comportement des usagers.
Évidemment que, sur l'axe trois, on en a parlé un peu plus tôt, les haltes
routières, les infrastructures, on agit déjà et on peut s'attendre à encore
plus.
Mais, là où il y avait un axe sur lequel on
pouvait dire : Nous étions moins présents, on s'en remet peut-être, peut-être beaucoup aux développeurs, aux
constructeurs automobiles. Vous l'avez souligné, non seulement les technologies
sont de plus en plus intéressantes, mais le rôle accru du ministère, dans notre
vision, est important ici parce que ces technologies-là vont de plus en plus, à
notre sens — et
il y a eu un congrès important sur les systèmes de transport intelligents, à Montréal, qui a été tenu la
semaine dernière — en
contact avec des outils technologiques qui font partie du réseau supérieur et également pour les
municipalités, là. On en voit déjà qui existent dans certains services de
protection incendie, au Québec, mais
on pourrait penser aussi aux communications sur les goulots, les accidents,
l'information qui peut aller aux
autorités policières, au service d'ambulance. Donc, il y a toute une panoplie
de nouveaux événements, là, qui nous permettent d'échanger l'information
de manière pertinente. M. Martinez a fait des travaux là-dessus aussi.
M. Martinez
(Stéphane) : Oui.
Évidemment, on se pose la question : On s'en va où avec ça? Et la technologie,
comme je disais tout à l'heure, guérit la technologie. Vous avez, notamment
grâce au téléphone, la possibilité d'être connecté,
donc d'envoyer de l'information — on pense toujours que ça passe dans ce
sens-là — mais
aussi de recevoir de l'information.
Donc, on sait déjà que, d'ici une dizaine, une quinzaine d'années, les
véhicules vont non seulement être connectés
entre eux, sans forcément passer par la personne, mais par son appareil, mais
les véhicules vont pouvoir être connectés
aux infrastructures, c'est-à-dire que véhicule et infrastructure vont se parler
en temps direct pour recevoir de l'information,
par exemple, sur l'état d'une chaussée ou un événement qui serait survenu
incessamment. Donc, vous avez cette
connexion infrastructure-véhicule, elle se fait rapidement au niveau du
véhicule, parce qu'on comprend que c'est un argument de vente, et elle
devra se faire aussi au niveau des gestionnaires de réseau pour que les
infrastructures se modernisent pour pouvoir parler ensuite aux véhicules. Ça,
c'est l'avenir, mais c'est dans 10 ou 20 ans.
Le
Président (M. Iracà) : Merci. M. le député de Sainte-Rose pour un
temps de trois minutes.
M. Habel :
Oui. Merci, M. le Président. Je vais y aller rapidement parce que je sais qu'un
autre de mes collègues veut poser une
question. Vous avez parlé des mesures... on a parlé beaucoup des mesures
législatives, des activités de sensibilisation, des activités de
contrôle comme des points d'inaptitude. Mais vous avez apporté un élément très
important au niveau des mesures de prévention, vous avez notamment parlé des
bandes rugueuses, qui ont amélioré de 20 % à 30 % l'efficacité, vous
avez parlé des haltes texto et des wifi. Vous avez parlé aussi des
infrastructures de transports pour les
piétons, notamment en Belgique, aux Pays-Bas, en Suède, en Allemagne, en
Australie. Est-ce que vous pouvez
nous dire quelle a été... les conséquences, positives ou négatives, de l'implantation
de ces éléments d'infrastructure dans ces pays?
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. le député. M. le sous-ministre.
M. Unterberg
(Jérôme) : Je vais demander à Mme Dubé de...
Le Président
(M. Iracà) : Mme Dubé.
• (17 heures) •
Mme Dubé
(Mélanie) : En fait, ma réponse va être quand même assez brève. Ce que
les études indiquent, c'est que c'est
trop récent pour qu'on puisse évaluer, qu'on puisse bien évaluer, là,
scientifiquement, je vais dire, l'efficacité de ces dispositifs-là parce que c'est quand même assez récent qu'on analyse, là, je veux dire, les accidents impliquant le cellulaire
avec le piéton. Donc, c'est ce que révèlent, là, les études scientifiques à l'heure actuelle. Dans quelques années, là, je crois qu'on en saura davantage puis peut-être même de notre côté, là, on pourra en mettre en place et peut-être même les... bien, peut-être sur le réseau municipal,
là, aider à les évaluer.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. M. le député.
M. Unterberg
(Jérôme) : ...
Le Président
(M. Iracà) : Oui, M. le sous-ministre?
M. Unterberg
(Jérôme) : Oui. Non, ça complète ma réponse.
Le
Président (M. Iracà) :
Ça va? Ça complète. M. le député? M. le
député d'Abitibi-Est ou M. le député d'Ungava? Il vous
reste 1 min 40 s.
M. Boucher : Je vais y aller très rapidement.
Vous savez, bon, pour le cellulaire au volant, les campagnes, bon, de sensibilisation
et d'éducation, mais il y a aussi le fait... si je texte ou si je parle au
cellulaire, quel est mon risque pénal, à
quelle amende je m'expose, quelles sont les sanctions? Puis je sais qu'il y a
quelques années, sur les grands excès de vitesse, il y a eu comme des décisions majeures qui ont été prises
là-dessus. Est-ce que vous avez des statistiques sur, bon, le taux de grands excès de vitesse? Est-ce que ça
a diminué suite à ces sanctions plus fortes là ou ça n'a rien changé, là?
Le Président
(M. Iracà) : En une minute.
M. Unterberg (Jérôme) : Nous pouvons... même réponse qu'un peu plus tôt
j'ai donnée. On n'a pas apporté tout aujourd'hui, mais on est en mesure de
fournir, s'il y avait une demande d'engagement, de fournir cette information-là
à la commission.
Le
Président (M. Iracà) : Merci. Alors, vous allez pouvoir envoyer
ça comme d'habitude à la secrétaire de la commission. Ceci met fin au bloc d'échange avec la partie
gouvernementale, malheureusement, mais heureusement l'échange se
poursuit avec l'opposition officielle, et je cède la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet :
Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, messieurs mesdames.
On
a rencontré ce matin les gens de la SAAQ. Ils avaient plusieurs recommandations
à nous faire... à faire, plutôt, dans
le cas du cellulaire au volant. Ce qu'ils nous ont dit ce matin, c'est qu'ils
attendaient une rencontre avec le ministre pour discuter des recommandations possibles. À l'intérieur de votre
document ou de votre présentation, je ne vois pas de recommandation par rapport aux changements de
comportements qu'on pourrait apporter par rapport à l'utilisation du cellulaire au volant. Est-ce qu'il y a une
raison à ça? Parce que je veux juste bien saisir, là, dans le cas du ministère
des Transports, quand... je vous entends
depuis tantôt puis je vois vos documents, j'ai l'impression que votre champ d'intervention est comment les infrastructures
peuvent être plus sécuritaires pour les conducteurs. Donc, j'ai moins
l'impression que vous intervenez sur
le comportement, donc la prévention, mais plutôt sur la correction ou sur la
protection. Alors, j'aimerais vous entendre à ce sujet-là.
Le Président
(M. Iracà) : M. le sous-ministre.
M. Unterberg
(Jérôme) : Oui. Merci, M. le député, pour votre question.
Le ministre,
évidemment, est responsable du ministère et, dans son portefeuille de
responsabilités, il a également celle portée par la SAAQ. Il y a eu des
rencontres avec M. Lessard, là, qui était ministre tout récemment. On a eu
des nouvelles rencontres aussi avec
M. Fortin sur une modification au Code de sécurité routière. Nous faisons
ces représentations en général en présence de la SAAQ. Le ministre a
déjà été saisi des travaux en cours et les réflexions, là, qui étaient jusqu'en date, là, du remaniement en cours.
Évidemment, il doit s'approprier ce contenu et puis ajuster, le cas échéant,
évidemment, avec ses préférences, ses
priorités, ainsi de suite. Bon, vous connaissez mieux les travaux, là, des
parlementaires que moi. Donc, je vous ferai grâce, là, des autres
exemples, là.
Ce que je
peux vous dire, c'est que nous travaillons avec le ministre sur tous les axes
dont je vous parle. Dans mon secteur,
nous sommes responsables du législatif et du réglementaire. Donc, on a
évidemment, pour le Code de sécurité routière,
préparé les échanges avec le ministre et son cabinet. Dans un autre secteur du
ministère, on est responsables des infrastructures.
Ce n'est pas chez moi que c'est porté. Par exemple, évidemment, tout relève du
ministre et du sous-ministre, là,
mais chez M. Lafaut, là, qui est sous-ministre adjoint, là... les
questions de bandes rugueuses, là, ce n'est pas chez nous qui faisons ça, mais,
lorsqu'on présente la réflexion, on consolide ces pensées-là évidemment pour le
ministre qui est responsable de toute l'action du ministère et celle de
la SAAQ.
Vous savez
qu'il y a eu des consultations. Peut-être que la SAAQ en a parlé ce matin. Il y
a eu des consultations qui se sont terminées, je pense bien, au mois de mars.
Donc, au mois de mars, ces consultations-là ont vaillamment et puissamment
inspiré les réflexions, là, des dernières moutures qui ont été considérées, qui
sont en examen présentement. Évidemment, il appartient évidemment au
ministre de disposer, là, de la présentation.
Le Président (M. Iracà) :
Merci.
M. Ouellet : Ce n'est pas un reproche, c'est juste que... sans
dire que j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps aujourd'hui, c'est qu'on a deux groupes très axés
dans la problématique et... parce qu'il s'en vient peut-être un projet de loi,
parce qu'il y a eu changement de ministre,
j'ai juste eu l'impression
que j'ai peut-être manqué de moments pour échanger. On aura ces moments-là, je suis convaincu, lors
des auditions sur le projet de loi, s'il y en a un, lors des consultations. C'est juste que là il faut que j'aille à des endroits puis je
n'ai pas les réponses voulues.
Cela étant
dit, je vois qu'il y a plusieurs opportunités que vous avez regardées pour améliorer
ce qu'on appelle la protection ou du
moins la correction du comportement. Est-ce qu'au ministère il y a effectivement des réflexions qui se sont déjà amorcées
sur l'installation de nouvelles technologies? Je pense aux lumières qu'on voit
en Hollande ou les lumières sur la chaussée
en Allemagne, en Australie. Bref, est-ce que vous avez déjà
commencé à réfléchir à ça? Et, si oui, si vous êtes d'accord avec moi,
c'est sûr qu'on peut en mettre à un endroit, mais on ne peut pas en mettre dans
tous les endroits du Québec.
Donc, on vient corriger peut-être un endroit qui est accidentogène, mais le
comportement global n'est pas changé ailleurs puisque de toute façon ces
installations-là ne seront pas installées partout au Québec.
M. Unterberg (Jérôme) : En
effet, là, je n'ai pas pris ça, là, comme une attaque, évidemment, là, sur les représentations que vous avez faites. Ce que... un
petit mot là-dessus, peut-être. Évidemment, on a tous remarqué que le ministre
a annoncé, là, qu'il avait l'intention de déposer un projet de loi modifiant le CSR. Puis, si ça peut aider, là, je peux vous dire que ce sont mes instructions, les orientations d'aboutir rapidement dans les échanges que nous avons avec le
cabinet, là, pour ce faire. Donc, je peux concorder avec ce qu'on a tous
remarqué dans les médias, là.
Oui, le ministère
y travaille. Je l'ai mentionné un
petit peu plus tôt, par exemple, sur la conférence internationale, qui
s'est tenue à Montréal, sur les systèmes de transports intelligents, là, nous avions
plusieurs personnes présentes non
seulement pour observer, recueillir, mais également communiquer. On a déjà des
expériences que nous pouvons tirer aussi et partager sur la scène, avec d'autres administrations. Et nous
cherchons actuellement aussi à s'assurer, dans les travaux de mobilité durable, du partage de l'information avec le réseau municipal. Nous avons mis sur pied récemment,
donc, des structures de communication formelles avec le milieu municipal. Ce n'est pas toujours facile de
distinguer... on parlait des VHR, la dernière fois, entre le réseau local et le réseau interrégional, mais la même chose aussi dans les municipalités. Des
fois, s'il n'y avait pas une pancarte du MTQ, même si c'est MTMDET maintenant,
on aurait de la difficulté à distinguer les deux.
Donc, nous
sommes intéressés, dans notre mission, à la sécurité de tous sur la route et
donc nous travaillons avec les
autorités municipales pour faire ces échanges notamment.
Je peux vous dire que, dans nos travaux sur la politique de mobilité durable, qui a été annoncée au dernier
budget, là, en vue, là, d'adopter une nouvelle politique gouvernementale,
pas juste du ministère, mais
gouvernementale, pour mars 2018, nous travaillons avec non seulement les
municipalités, mais également
d'autres partenaires d'importance pour... est-ce Vision 0?, ça, ça appartiendra
aux parlementaires à définir ces choses-là en termes de risque, mais notamment
avec le milieu du camionnage, le ferroviaire, parce que le ferroviaire aussi est, en termes d'accidentogène, là, aussi un
phénomène, là, on l'a vécu trop difficilement aussi, dans les dernières années,
est également une préoccupation en interaction avec le réseau routier.
Même chose aussi avec le milieu, donc, plus environnementaliste.
Il y a des questions aussi... oui, une protection, mais jusqu'à quel point il y
a des préoccupations environnementales sur cette chose-là? Tantôt, vous
l'avez vu, dans les présentations, on l'a mentionné, les bandes rugueuses, certains se plaignent du bruit. Si je
les mets dans des milieux fortement urbanisés, j'ai ma sécurité, mais il y en
a d'autres qui disent : Les nuisances du bruit, c'est une préoccupation à
entretenir aussi.
Donc, dans
nos travaux de politique de mobilité durable, nous avons formellement plus de
25 partenaires et, en plus, nous avons des consultations en
bilatéral que nous entretenons, par exemple, avec l'Union des municipalités du Québec et la Commission des transports qui siège à
cet organisme-là. Il y a des élus, nous les avons rencontrés formellement
dans ce cadre-là. Nous
rencontrons également des gens à caractère plus scientifique pour recueillir
aussi leur expertise dans les réflexions du ministère.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. Il vous reste deux minutes, M. le député.
• (17 h 10) •
M. Ouellet : O.K. Quelque chose qui me... pas qui m'a surpris,
mais que vous avez souligné, effectivement, qui est un fait qui doit être dit
plus souvent, 90 % des accidents arrivent dans des lignes droites. Donc,
on s'entend que, quand les gens ont une sécurité... puis moi, je fais souvent
de la route, sur la route 138, j'ai quelques bouts droits. Effectivement,
quand c'est plus tranquille, disons que
c'est plus facilitant de dire : Est-ce que je peux prendre mon téléphone
pour voir si j'ai des messages?
Cela étant dit,
vous avez parlé tout à l'heure que les bandes rugueuses ont quand même apporté
une certaine... pas un certain
aspect, mais une certaine efficacité, pardon, pour réduire les risques. Est-ce
que le ministère a effectivement, dans
ses cartons, le déploiement de plus de bandes rugueuses ailleurs au Québec?
Parce que moi, je fais les autoroutes comme
à peu près tout le monde ici. On s'en rend qu'il y en a effectivement du côté
droit puis du côté gauche, mais sur plusieurs routes dites principales,
je pense à la 138 ou la 132, c'est peu ou pas présent.
Alors, si
c'est une façon du moins de ramener les voitures dans le droit chemin lorsqu'on
est malheureusement distrait par un appareil mobile, est-ce que
ça fait partie de votre planification? Est-ce
que ce déploiement-là de ces bandes
rugueuses pourrait arriver incessamment dans d'autres routes au Québec?
Le Président (M. Iracà) :
Merci. En une minute. Allez-y.
Mme Dubé
(Mélanie) : Oui, effectivement, le réseau des bandes rugueuses sur les autoroutes est complété, et
puis, sur les routes nationales, il y en a
de plus en plus, parce
qu'on sait que c'est sur les routes
nationales que les accidents mortels,
là, arrivent le plus. Donc, c'est une des solutions pour pallier à ce type
d'accident là, et effectivement, sur la 138, c'est dans les cartons du ministère,
là, d'implanter ce type de bandes rugueuses là.
M. Unterberg
(Jérôme) : Peut-être
pour compléter également, là, donc on a procédé à ces installations de
bandes rugueuses, là, médianes sur
certaines routes nationales, là. Pour inventaire, là, on en a sur la
route 116 entre Joliette et Saint-Esprit, sur la 158 entre Victoriaville
et Plessisville. Et, comme vient de le dire ma collègue, il a été également envisagé
d'en faire l'installation sur la 138, particulièrement entre Petite-Rivière-Saint-François et
Saint-Tite-des-Caps.
Et puis on a une autre statistique aussi, là,
qu'on aimerait partager. Le 25 %, là...
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, malheureusement, le temps est imparti. Alors, vous allez peut-être
pouvoir vous reprendre avec le deuxième groupe d'opposition. Alors, M.
le député de Deux-Montagnes, la parole est à vous pour un bloc d'échange d'environ six
minutes.
M. Charette : C'est gentil. Merci, M. le Président.
Messieurs madame, un plaisir de vous recevoir cet après-midi.
C'était un groupe incontournable compte tenu du sujet qui est discuté.
Vous avez
mentionné que le ministre avait pris l'engagement de déposer sous peu une
législation sur la sécurité routière.
On en est ravis. Cependant, cet engagement-là a été pris il y a
de cela un bon moment par ses prédécesseurs, mais pas son prédécesseur, mais
ses prédécesseurs. Comment expliquer les délais? Je ne veux pas tomber dans la
partisanerie ou dans la politique pure, mais est-ce que c'est parce qu'au fil du temps les ébauches qui avaient
été préparées ont été modifiées au
gré d'ajouts ou au gré de nouveaux éléments ou c'est tout simplement le
contexte qui se prêtait mal, là, pour déposer cette pièce qui est
attendue, là, depuis un petit moment déjà?
M. Unterberg
(Jérôme) : Merci, M. le député, pour votre question. Évidemment, il
appartient aux parlementaires de
disposer de la question du moment opportun, là, pour présenter un tel projet de
loi. Au ministère, nous sommes en mesure de faire l'accompagnement
nécessaire lorsqu'il se doit. Je comprends, là, que nous aurons toutes les
dispositions nécessaires, là, pour permettre
au ministre de déposer incessamment. Quant au passé, j'ai remarqué d'une part,
oui, qu'il n'y avait pas eu de projet
de loi emportant toute une série de modifications, comme celui que je comprends
que le ministre caresse présentement.
Quoi qu'il en soit, nous avons inventorié, dans les dernières années, des modifications
législatives qui ont été apportées dans d'autres projets de loi, mais
qui modifiaient de CSR.
Par exemple,
en juin 2016, dans le projet de loi n° 76, il y a eu des mesures
concernant la circulation des véhicules à basse vitesse; dans le projet de loi n° 100, des mesures
concernant la sécurité des cyclistes sur l'augmentation de sanctions pour les cas d'emportiérage ou l'introduction de...
et pas ou, et l'introduction d'une distance de dépassement. Dans le projet
de loi n° 122 que vous avez traité
récemment ici, comme Parlement, il y avait des dispositions permettant aux
municipalités, qui modifient encore
le CSR, de gagner en autonomie par rapport à la détermination des limites de
vitesse. Vous saviez, c'était
fortement réclamé. Évidemment, il appartiendra aux municipalités d'apprécier,
mais c'était une disposition pour leur permettre, dans certains cas,
plus adéquatement et plus rapidement de procéder.
Un autre élément sur une disposition qui
permettait de renforcer la sécurité, soit une disposition permettant d'adopter un règlement afin de permettre, toujours
dans le même projet de loi, pardon, 122, d'adopter un règlement afin de
permettre et d'encadrer le jeu libre sur les chemins publics dont la gestion
lui incombe. Je ne sais pas si vous vous rappelez,
là, certaines municipalités souhaitaient pouvoir encadrer, avoir des
dispositions. Ce n'était pas possible dans le CSR. Les modifications dans le projet de loi n° 122 l'ont
permis. Dans d'autres cas, je dois vous dire aussi qu'on a agi par le biais de
dispositions déjà existantes au plan réglementaire. Donc, on a permis certaines
choses au plan réglementaire qui influent sur la sécurité nonobstant une
modification législative.
Et
finalement, vous le savez, au niveau des projets pilotes, il y en a une série
que se sont faits, qui nous permettent d'apprécier le caractère des quoi...
on en a parlé tantôt, les AMM, là, les...
Mme Dubé
(Mélanie) : Les aides à la mobilité motorisées.
M. Unterberg
(Jérôme) : Les aides à la mobilité motorisées. Merci, Mme Dubé,
pour le rappel de l'acronyme, c'est toujours intéressant. On va tirer
les fruits de ces expériences-là, des projets pilotes, pour pouvoir les
introduire.
Donc, mes
explications quant aux travaux parlementaires puis la cadence sont limitées,
j'en conviens, mais je voulais au moins rapporter comme inventaire de certaines
dispositions qui avaient pu être introduites et traitées par, évidemment, votre
Parlement.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Charette :
C'est gentil, merci. Et par rapport au projet qui est sur le point d'être
déposé, quelle est la place de
l'enjeu du cellulaire au volant? Sans avoir de grande primeur aujourd'hui,
est-ce que vous pouvez quand même confirmer qu'il y a des dispositions
qui aborderont spécifiquement la question du cellulaire au volant?
M. Unterberg
(Jérôme) : Je ne suis pas en mesure, puisque ça appartient au
ministre, évidemment. Mais ce que je peux vous dire... tenter le plus possible
de répondre à votre question, j'ai entendu, par exemple, des préoccupations sur
les questions législatives, puis on ne s'en
est pas lavé les mains au ministère des Transports. Par exemple, j'ai entendu
certaines questions de vos collègues
aujourd'hui sur le caractère approprié, disons, de l'échelle de sanctions. On
pourrait penser aussi peut-être qu'on pourrait même revoir sur le caractère
récidiviste. Il y a des fois... il n'y a pas de mesure qui touche ça.
Donc,
ce sont toutes des réflexions qui cogitent actuellement, je comprends, dans
l'esprit du ministre. Et, M. le Président
parlait un peu de mon expérience, mes visites ici, plutôt, en commission
parlementaire. Je sais très bien que les parlementaires peuvent également bonifier, à travers les consultations
des intervenants que vous réentendrez, et que vous pourrez, en discussions avec le ministre,
certainement, là, bonifier le travail certainement pas parfait du ministère.
Mais évidemment, le ministre, lui, vous l'apportera, puis vous pourrez
échanger avec lui.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. Une minute, M. le député.
M. Charette :
Très rapidement. C'est gentil. Et, par rapport au cellulaire au volant
spécifiquement, est-ce que vous
sentez que vous avez suffisamment de données à votre disposition? Vous avez
entendu comme nous les gens de la SAAQ,
Bureau du coroner. C'est un domaine qui est suffisamment bien documenté à
l'heure actuelle au Québec pour pouvoir agir et peut-être moderniser
notre législation?
M. Unterberg
(Jérôme) : Je vais vous répondre candidement, parce que je pense que
ça, c'est une réponse que sur des faits. Puis ça va me permettre de
peut-être demander à Mme Dubé, là, de peaufiner une remarque, là.
Le Président
(M. Iracà) : En 30 secondes.
M. Unterberg
(Jérôme) : En 30 secondes. Bien, je vais le faire direct à ce
moment-là. C'est que souvent les autorités policières, je pense que vous l'avez remarqué, ils signalent qu'il y a
eu une distraction. Mais quelle était véritablement la source de la distraction? Ça, ça repose comme
une grande limite pour le ministère quand vient le temps d'apprécier les effets, l'efficacité, ainsi de suite. On va a
donné des statistiques parce qu'on n'a pas peur des chiffres puis on vous a
fourni... puis on vous dit, par contre,
qu'elles émanent, ces statistiques-là, d'une population qui est plus grande,
qui n'est pas toujours précise. Mais
au moins, tout ce qu'on avait puis que là on était sûrs, c'était dans la
déclaration de l'autorité policière,
que ça venait du téléphone, pas une distraction sans dire c'est laquelle, on
vous les a fournies aujourd'hui. Mais on sent bien, là, que ça aurait
été utile d'avoir plus souvent l'information exacte.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Je vous remercie pour
votre contribution aux travaux de cette commission. Merci beaucoup de
votre préparation, présentation. À la prochaine.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre au prochain groupe de s'installer.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 21)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux représentants de la
Sûreté du Québec. Je vous demande de bien vouloir vous présenter
ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Par la suite, comme à
l'habitude, nous procéderons à des périodes d'échange avec la partie
gouvernementale et les oppositions.
Je
rappelle aux élus qu'il y a un document qui a été distribué. Vous avez tous eu
copie. Alors, c'est un mémoire qui
nous a été distribué préalablement, à l'avance. Donc, on a tous une copie.
Bienvenue, bienvenue chez vous, à la maison du peuple. La parole est à
vous.
Sûreté du Québec (SQ)
M. Després
(Patrick) : Merci beaucoup.
Mon nom est Patrick Després, je suis le directeur de la Direction de la sécurité routière et de l'intervention policière.
Je suis accompagné du sergent Francis Bernardin, spécialiste en sécurité
routière à la même direction.
Une voix : ...
M. Després
(Patrick) : Merci. Dans un
premier temps, j'aimerais remercier la commission de nous permettre de
vous adresser la parole aujourd'hui. C'est un moment privilégié pour nous de
transmettre nos préoccupations.
Je vais
passer rapidement les éléments de contexte. Cependant, bien que des collisions
mortelles, au Québec, et avec blessés s'améliorent d'année en année, il
demeure de nombreuses préoccupations, et la distraction au volant en est une
d'importante pour nous. J'entendais mes collègues parler, et la Sûreté est un
acteur important, mais qui est un élément parmi un ensemble d'acteurs en
sécurité routière au Québec. Et la SAAQ, de laquelle... tout l'ensemble des données que vous avez dans notre document sont
principalement tirées des données de la SAAQ, mais il faut mentionner que la SAAQ utilise les informations issues des
policiers pour traiter, pour produire ces données-là. Ça fait que ça va être quelque
chose... On va revenir là-dessus un peu plus tard.
Le MTMDET est également un partenaire fort
important pour nous. La Sûreté du Québec, depuis 2013, a une politique en
sécurité routière qui est basée sur un concept qu'on appelle EPIC. EPIC, c'est
un acronyme pour E, éducation, P pour
prévention, I pour intervention, qui est notre principal rôle, et le C pour la
communication. Naturellement, la
sécurité routière, c'est une réussite au niveau de la province quand on regarde
les statistiques depuis les 40 dernières années. Nous avons passé de 2 200 collisions mortelles, environ, à,
comme on l'a entendu tout à l'heure, à peu près 350 pour l'ensemble de la province. La Sûreté du Québec,
elle, dessert une population d'environ 2,5 millions. Donc, nos
statistiques sont incluses à ceux de la SAAQ.
Naturellement,
nous avons participé aux consultations publiques de la SAAQ qui ont eu lieu
durant le printemps dernier, et la
Sûreté du Québec a déposé un mémoire qui avait neuf thématiques, dont celle de
la distraction au volant qu'on parle
aujourd'hui. De ces neuf thématiques-là, nous avons fait 47 recommandations,
dont aujourd'hui j'ai l'intention de vous en parler de quelques-unes.
Avant d'aller plus loin, il faut dire que le
CSR, le Code de sécurité routière, nous, en tant que policiers, on travaille avec les lois que vous, élus, vous nous
dotez. Et actuellement, le Code de sécurité routière ne défie pas de façon
précise la distraction au volant, mais a
plutôt défini quatre articles différents que nous associons à la distraction au
volant.
La première, c'est l'usage d'un appareil tenu en
main, un téléphone cellulaire, comme on entend depuis tout à l'heure; l'accès à une image, qui est un écran
ou une télévision; et le port de baladeur ou d'écouteurs; et une distraction,
une vue obstruée par un animal ou tout autre
objet. C'est clair qu'au niveau statistique la SAAQ... le policier fournit de
l'information à la SAAQ via le rapport
d'accident, la R1, qu'on appelle communément. Et nous, les policiers québécois,
incluant la Sûreté du Québec, on a établi
que dans 32 % des décès, une des causes principales était la distraction
au volant. Je fais la précision, ici,
de distraction au volant. Le cellulaire est inclus dans cette distraction-là,
mais on utilise la notion beaucoup
plus large. 40 % des blessés graves et 52 % des blessés légers, nous
associons la distraction directement à ces collisions-là en tant que
policiers.
À l'intérieur du mémoire, vous allez voir qu'on
a fait des vérifications au niveau canadien, et les mêmes préoccupations sont présentes avec des
pourcentages un peu moindres, et, en Amérique du Nord, c'est la même chose.
Donc, pour nous, pourquoi on regarde les
causes, c'est pour mieux cibler nos opérations policières. Donc, on utilise le
bilan routier pour déterminer quel type d'opération nous allons faire et
comment nous allons traiter ce bilan-là.
Afin de mieux
comprendre comment intervenir, c'est sûr qu'on a regardé beaucoup d'études qui
nous ont amenés à comprendre pourquoi
la distraction était autant impliquée dans ces collisions-là. Et on voit que la
distraction augmente le temps de
réaction, le temps d'adaptation, les aptitudes à éviter des obstacles et au
niveau de la perception visuelle qui est grandement réduite.
Tout à
l'heure, j'entendais des questions par rapport au niveau du mains-libres. Le
mains-libres, c'est sûr que, lorsqu'on conduit puis qu'on a une conversation au
niveau du mains-libres, c'est une notion qui est associée à la tâche secondaire, c'est-à-dire que, oui, on fait deux
choses en même temps, mais lorsqu'on fait deux choses en même temps, on ne les fait pas de façon parfaite l'une et
l'autre. Autant notre conversation va être nuie par notre conduite que la
conduite va être nuie par la
conversation téléphonique. Et vous remarquerez que lorsque vous allez voir sur
l'autoroute quelqu'un qui ne roule
pas rapidement, qui est à 60 dans une zone de 100, régulièrement, cette
personne-là est en train d'utiliser un cellulaire, soit mains libres ou
un cellulaire en main. Ça, c'est un effet direct à la tâche secondaire.
Lorsqu'on utilise un téléphone cellulaire, les
études que nous avons consultées ont déterminé qu'on avait 38 % plus de chance d'être impliqué dans une
collision par rapport à celui qui n'utilise pas le cellulaire. Et lorsqu'on
parle de texto, bien là, le risque est multiplié à 23 fois on est plus
susceptible d'être impliqué dans une collision. Donc, non seulement la
distraction est un risque important, mais le texto, de façon plus précise,
l'est davantage.
Au niveau opérations policières, l'ensemble des
organisations policières font des opérations nationales concertées, c'est-à-dire que tous les policiers, on travaille des
thématiques simultanément, et actuellement, au Québec, il y en a cinq qui sont
coordonnées par la Sûreté du Québec, principalement avec le Service de police
de la ville de Montréal, l'ADPQ, ce qui se trouve à être l'Association
des directeurs de police du Québec, c'est l'ensemble des autres sûretés
municipales, et les contrôleurs routiers de la SAAQ.
Et lors de
ces opérations-là, on vous donne un exemple, l'ONC, opération nationale
concertée Distraction, qui a eu lieu
au mois de septembre dernier, la Sûreté du Québec, durant ce week-end-là, a
donné près de 495 constats sur les distractions.
On va voir un peu plus loin qu'est-ce que nous entendons par constat de
distraction. Donc, pour nous, un policier
qui est en patrouille peut être à même de voir une multitude d'infractions, et,
si on veut travailler une problématique précise, on doit établir des thématiques pour demander à nos
policiers : En fin de semaine, on regarde la distraction au volant,
voici les infractions qu'on aimerait que vous travailliez en priorité,
naturellement.
Au niveau
statistique, pour la Sûreté du Québec, on a... comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, le CSR nous indique quatre
infractions : le conducteur a accès à un écran, un écran de TV, le
conducteur utilise un cellulaire le conducteur a des écouteurs et le
conducteur a une vue obstruée. Ces quatre infractions-là représentent, bon an,
mal an, entre 13 000 et 15 000
infractions données par les policiers de la Sûreté du Québec. Ça représente à
peine, en moyenne, entre 2,7 % et 2,8 % de l'ensemble des
500 000 constats que nous allons donner dans une année.
Pourquoi est-ce que ce chiffre-là est si peu
important? C'est simplement par la difficulté que nous avons actuellement d'appliquer la loi telle qu'elle est
écrite et avec les jurisprudences qui nous sont édictées par les tribunaux.
Le policier doit être en mesure de démontrer
que l'appareil est tenu en main et muni d'une fonction cellulaire, et on doit
être en mesure, lorsqu'on constate
l'infraction... lorsqu'on allume nos gyrophares, on va intercepter, bien,
après, c'est rare que la personne a
encore le téléphone entre les mains. Donc, on a des difficultés à établir que
l'appareil en question est muni d'un mode de téléphonie.
Dans le cadre du mémoire sur la modification du
CSR, comme je vous disais, on a traité la thématique de la distraction au
volant. On a fait plusieurs recommandations. J'y vais rapidement, je vois le
temps avancer.
Le premier problème, c'est être tenu en main.
C'est un aspect qui nous empêche de travailler efficacement. Donc, nous avons
proposé que cette notion-là soit retirée.
• (17 h 30) •
La deuxième,
c'est qu'actuellement le policier n'a pas de pouvoir d'inspection visuelle à
l'intérieur du véhicule, comme le détecteur de cinémomètre, le fameux détecteur de
radar... nous le permet dans le CSR. Donc, encore là, l'ensemble des policiers et la Sûreté
recommandent que le policier ait le pouvoir d'inspecter l'intérieur du
véhicule.
Une autre obligation
qui est absente, c'est l'obligation du conducteur de nous remettre l'appareil
cellulaire afin que nous puissions
vérifier s'il est bel et bien connecté à un réseau cellulaire et si c'est
réellement un appareil cellulaire, parce qu'il
peut y avoir des iPod, des enregistreurs et toutes sortes d'appareils que quelqu'un
peut tenir en main de façon légale.
Ensuite de
ça, au niveau... Nous n'avons pas
actuellement de pouvoir d'inspection de cet appareil-là. C'est un pouvoir qui
pourrait être fort intéressant, d'autant plus qu'actuellement le Code de la
sécurité routière ne nous permet pas d'appliquer ces articles-là sur
d'autres chemins que le réseau public. On ne peut pas travailler sur des
sentiers ou des terrains de centres d'achats.
L'avant-dernier,
au niveau de l'encadrement des autres formes de distraction, je vous ai parlé
de quatre infractions, mais il y a une multitude d'autres distractions
qui sont actuellement...
Le Président (M. Iracà) : En
25 secondes...
M. Després
(Patrick) : En
25 secondes? Et, la dernière, nous avons fait des recommandations sur le
régime des peines et sanctions administratives. Nous souhaitons obtenir
l'autorisation de suspendre les permis dès les premières infractions, augmenter
les amendes, et assortir tout ça avec des points d'inaptitude plus élevés.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Després. Nous
allons passer présentement à la période d'échange avec la partie
gouvernementale, et je cède la parole au député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci,
M. le Président. Bonjour, messieurs.
Il me fait plaisir de vous recevoir cet après-midi. Et, à chaque rencontre, on apprend un peu d'information complémentaire, donc, j'imagine, ça nous aide beaucoup
à avoir une image plus claire finalement de l'impact du cellulaire au
volant.
Avant de
commencer, j'ai une question ici parce
que vous nous parlez
qu'officiellement la Sûreté du Québec a sur son
territoire... où elle couvre 2,5 millions de citoyens, et l'ensemble des statistiques
que vous nous donnez ici ne représentent que ces 2,5 millions de
citoyens là. Donc, c'est ça?
M. Després
(Patrick) : Au niveau
des constats, effectivement, ce sont des constats donnés par les policiers de
la Sûreté du Québec, mais ça peut être un citoyen qui passe sur
l'autoroute et qui est résident de la ville
de Montréal, par exemple.
M. Bolduc : Je comprends, mais ça veut quand même
dire qu'un citoyen sur cinq reçoit un constat par année. C'est quand
même très significatif.
M. Després (Patrick) : Bien, en
fait, sur la population québécoise, la Sûreté du Québec va émettre environ 500 000 constats.
Mais un résident de Laval qui n'est pas couvert par la Sûreté du Québec peut
aisément avoir un constat sur les réseaux supérieurs, qui est couvert
par la Sûreté.
M. Bolduc :
Mais est-ce que vous avez une idée de l'ensemble des constats si on inclut
l'ensemble des réseaux municipaux, Montréal, Laval, Québec?
M. Després
(Patrick) : Je n'ai pas le
chiffre exact, mais actuellement la Sûreté du Québec représente environ
un tiers des effectifs policiers au Québec.
Si on fait une règle de trois, sans trop se tromper, on peut dire qu'il y a
autant de constats qui vont se donner dans les autres tiers.
M. Bolduc :
On ne se retrouve pas loin du un sur cinq constats par habitant. C'est quand
même très sérieux si on considère
qu'il y a presque 40 % des gens qui ne conduisent pas. Vous comprenez ce
que je dis, là. Ça commence à être une
donnée un peu spectaculaire, en tout cas, quelque chose que je ne m'attendais
pas. Merci pour ça. C'est une bonne information.
Vous nous avez parlé qu'il y avait
2 000 accidents puis qu'aujourd'hui on est à 350. Vous parliez des
décès, je pense?
M. Després (Patrick) : Oui, des
collisions mortelles.
M. Bolduc : 2 200, c'était
quand?
M. Després
(Patrick) : C'est environ...
C'est dans les années 1970. Là, je n'ai pas mes lunettes. La date, ici,
c'est quoi qui est écrit là?
Une voix : 1973.
M. Després
(Patrick) : 1973. Donc,
environ 2 200 collisions mortelles en 1973. Et aujourd'hui, comme vous
l'avez entendu via la SAAQ, nous sommes environ à 350 en moyenne par année.
M. Bolduc : Et est-ce que vous
avez une idée de la croissance? Parce qu'il y a beaucoup plus de voitures aujourd'hui qu'il y en avait en 1973, donc ce
n'est pas rien qu'une réduction d'un facteur de six. Le nombre de voitures
est passé de quoi à quoi?
M. Després
(Patrick) : Effectivement,
lorsqu'on regarde les courbes — j'ai un graphique devant moi — mais effectivement le nombre de véhicules est en croissance inverse. On voit,
par exemple, là, au niveau des véhicules, ici, je regarde — je n'ai pas mes lunettes — comme je vous disais, on est au-delà de
5 millions de titulaires de permis, alors que, dans les
années 70, nous étions en bas de 2 millions.
M. Bolduc :
O.K. Donc, le phénomène de six, puis là il y a deux et demi, ça fait qu'il y a
une réduction par un facteur de 15 du
nombre d'accidents mortels au Québec si on fait ces règles de trois là. Est-ce
que vous pouvez nous donner des grandes règles qui semblent avoir fait
que ça...
M. Després
(Patrick) : Il y a plusieurs
facteurs qui sont venus affecter notre bilan de cette façon-là. Naturellement,
les véhicules sont de plus en plus
sécuritaires, que ça soit les coussins gonflables, le système ABS, les
ceintures de sécurité. Il y a aussi
les élus, le législateur qui est venu rendre l'alcool illégal, le port de la
ceinture obligatoire. Vous avez, au cours des 40 dernières années, émis un Code de la sécurité routière qui
nous permet d'intervenir. Il y a également les routes, le MTQ, les municipalités ont rendu nos routes
beaucoup plus sécuritaires. On entendait les bandes hachurées tout à l'heure.
C'est un des exemples qui fonctionnent
actuellement au Québec. Donc, la police, également, intervient avec des outils
beaucoup plus sophistiqués qu'à l'époque, en 1973. Ce sont ces multifactoriels
qui font qu'aujourd'hui la sécurité routière au Québec est ce qu'elle est,
c'est-à-dire, selon nous, une réussite.
M. Bolduc :
Je vais revenir à votre tableau à la page 8 un peu plus tard. Mais là on
vous a écouté tout à l'heure et vous nous indiquez que vous croyez que
le législateur devrait renforcer le pouvoir des policiers pour leur permettre
d'inspecter les cellulaires, d'avoir, si on veut, des pouvoirs un peu plus
larges pour couvrir le fléau, finalement, de la distraction au volant. Mais, pour moi, il y a une partie qui est
admissible, il y a une partie qui est peut-être moins tangible. Je vous donne l'exemple, par exemple, du GPS,
parler avec le passager, fumer ou d'avoir d'autres activités que le cellulaire,
là, entre autres. Est-ce que vous avez d'autres opinions quant à ces autres
distractions là?
M. Després (Patrick) : Il y en
a plusieurs, des distractions, qu'on voit actuellement, surtout dans les
régions métropolitaines. Vous savez, la congestion est un problème, et les gens
utilisent leur véhicule pour manger. On voit régulièrement
lire le journal, utiliser des tablettes pour lire l'actualité parce qu'on est
arrêté puis on pense qu'il n'y a pas de problème. Mais, au niveau des
collisions matérielles, il y en a une quantité phénoménale qui sont causées par
ces distractions-là.
Au niveau des
collisions mortelles et avec blessés, c'est sûr que c'est multifactoriel. La vitesse
est réellement en cause. Ajoutez à ça
la distraction, et là vous avez des collisions fort importantes. La
distraction, comme je vous le mentionnais,
ça peut être des animaux en liberté dans l'habitacle, associé à la nourriture,
associé au téléphone, la conversation même
mains libres, à toutes sortes de choses qui se passent à l'intérieur. C'est sûr
qu'écrire cet article-là va constituer un défi en soi
puisqu'effectivement il peut y avoir une multitude de situations qui peuvent
être distrayantes. Cependant, les
principales devraient être, selon nous, indiquées de façon claire afin de nous
faciliter notre travail pour émettre un constat.
M. Bolduc :
Maintenant, quand on arrive au tableau que vous avez sur le nombre de constats,
dans les infractions, à la page 8, vous nous dites que, de 2013 à
2017... puis là je comprends que l'année 2017 n'est pas totale, donc on va
passer de 2013 à 2016, où on a quand même eu
une réduction significative du nombre total de constats, qui est de l'ordre
d'une douzaine de pour cent, là, et, en même
temps, on voit un peu le même... On ne voit pas nécessairement le même
phénomène au niveau, par exemple, des écrans. Les cellulaires, ça semble être à
la baisse, les écouteurs, c'est en augmentation,
etc. Pour vous, quel est le principal obstacle pour qu'on s'attaque réellement
à ça? On a parlé d'outils, vous avez
parlé d'autobus, vous avez parlé de législation. Si vous avez à les prioriser,
dans quel ordre vous les mettrez? Et le deuxième point, c'est :
Est-ce qu'il y en a d'autres?
• (17 h 40) •
M. Després
(Patrick) : Le premier
point, là, naturellement, c'est le pouvoir d'inspecter le véhicule. Comme je
mentionnais, lorsqu'on allume les
gyrophares, les gens immédiatement vont ranger le téléphone soit dans
l'accoudoir central ou la boîte à gants.
Deuxièmement,
lorsqu'on dépose un constat, le juge va nous demander de démontrer les éléments
constitutifs de l'infraction, et
actuellement c'est difficile pour nous de le faire, ce qui fait que notre
policier va indiquer ce qu'il a perçu, vu,
mais il n'est pas en mesure de dire, hors de tout doute, dans bien des cas, que
c'est un appareil cellulaire. Donc, avec la jurisprudence, nos policiers ont dû
ajuster leur méthode de travail. Et c'est ce qu'on voit aussi, une baisse d'émission
de constats au niveau du cellulaire parce
que la jurisprudence vient nous modifier nos façons de travailler avec ce que
les juges nous demandent.
Donc,
l'inspection, le fait de vérifier l'appareil, l'obligation de remettre
l'appareil également, un peu comme il s'est déjà fait, ce ne serait pas une nouveauté par le législateur. Mais,
comme le détecteur de radar, nous avons des pouvoirs de fouille au niveau du véhicule. Bien, si le
conducteur avait l'obligation de nous remettre son appareil et que nous avions
la permission de faire une fouille visuelle à l'intérieur du véhicule,
pas la valise, là, mais vraiment l'environnement immédiat du conducteur, on serait à même de pouvoir prouver au juge que
la distraction était causée par un appareil muni d'une fonction
téléphonique.
M. Bolduc :
L'appareil, il disparaît dans la poche de l'individu, souvent, donc ça devient
plus compliqué, là, même s'il quittait le véhicule, comment...
M. Després
(Patrick) : C'est sûr qu'il
y a certaines limites à ce pouvoir-là. Cependant, bien des gens vont se limiter
à le mettre... l'accoudoir, le coffre à gants ou tout simplement sur le banc.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Je vais céder la parole
maintenant au député de Sainte-Rose. La parole est à vous.
M. Habel :
Oui, merci, M. le Président. Je vais faire un peu de pouce sur ce que mon
collègue a parlé et que vous parliez
ensemble, l'aspect de la présomption et aussi l'aspect de «hors de tout doute
raisonnable». La CAA aussi est allée dans
la même lignée que vous. Est-ce qu'il existe d'autres éléments législatifs où
le fardeau de la preuve est inversé comme celui que vous proposez en ce
moment?
M. Bernardin (Francis) : Effectivement,
il y a des...
Le Président (M. Iracà) : Oui,
allez-y.
M. Bernardin
(Francis) : Il y a certains renversements du fardeau de la preuve en
fonction du Code de la sécurité routière. Je pourrais vous fournir une
liste de l'ensemble des infractions, là, mais il y a certains renversements de
fardeau de la sorte, effectivement, au même titre que le Code criminel
prévoit...
M. Després (Patrick) : Ça
existe déjà.
M. Bernardin
(Francis) : Par exemple, la personne qui est assise derrière le volant
est censée avoir, par exemple, la
garde ou le contrôle d'un véhicule. Donc, c'est un peu la même chose, là. Il y
a plusieurs dispositions qui prévoient des renversements de fardeau de
la preuve ou des présomptions simples, plutôt, là, qui peuvent être réfutées.
M. Habel :
Vous avez parlé aussi du critère «appareil tenu en main», par rapport à enlever
l'aspect «tenu en main». Pouvez-vous élaborer sur cette recommandation?
M. Bernardin
(Francis) : Par rapport à ça, il y a une décision qui a été rendue
dans l'affaire Pedneault-Turmel. Malgré
le fait que le texte de loi réfère à un appareil téléphonique tenu en main, la
jurisprudence a interprété de façon large
le critère de «tenu en main». Donc, si la personne, par exemple le conducteur,
a l'appareil cellulaire sur la cuisse et
qu'elle touche à l'écran, ça va être réputé avoir été tenu en main. Donc, ce
côté-là, l'interprétation large des tribunaux, nous a facilité jusqu'à
un certain point l'application de la loi.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député de
Sainte-Rose. Alors, je vais céder la parole au député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Rapidement, deux éléments. Pour aller un petit peu plus
loin sur ce que vous venez de
mentionner, est-ce qu'à ce moment-là il devrait y avoir une réglementation qui
oblige à ce que l'appareil soit disposé dans un objet qui le
maintiendrait en place, donc, pour éviter la manipulation?
M. Bernardin (Francis) : Ça
pourrait tout à fait être une option qui pourrait être envisagée par le
législateur. Par contre, à partir du moment
que... Si on parle d'un dispositif qui permettrait de tenir l'appareil
cellulaire, présentement, malgré le
fait qu'il y a un support prévu à cet effet-là, si l'appareil cellulaire est
tenu dans le support et si le conducteur touche à l'écran, il est réputé avoir tenu l'appareil en main. Donc, il
faut garder à l'esprit cette possibilité-là dans le cadre de votre
proposition, là, mais ça pourrait être envisageable.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le député.
M. Bourgeois :
Oui. Et, à votre connaissance... Vous parliez... Tout à l'heure, vous avez fait
le parallèle avec un appareil qui
vous servait à faire la détection de détecteurs de radars, et, à votre
connaissance, est-ce qu'il existe ce type d'appareil là par rapport au
cellulaire, être capable de déterminer s'il y a utilisation?
M. Després (Patrick) :
Malheureusement, c'est une information que je ne possède pas. D'un point de vue
technologique, si ça existe ou non, je ne peux pas vous dire.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Si vous avez terminé, il y
a le député de Sainte-Rose qui a une autre question. M. le député de
Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui, rapidement. Dans l'une de vos recommandations, vous avez parlé
d'élargissement du champ d'application
parce que, dans le fond, le Code de la sécurité routière se limite aux chemins
publics, et vous parlez aussi des
chemins privés ou des centres commerciaux, où il peut y avoir beaucoup de
distractions dans ces environnements-là. C'est sûr que vous n'avez pas des données tangibles, mais, sur le terrain, là, vous qui... les personnes qui
patrouillent... Est-ce que cette situation-là est très importante dans
les centres commerciaux, par exemple?
M. Després
(Patrick) : En fait, la Sûreté du Québec dessert maintenant plusieurs villes régionales d'importance. Et, dans les centres d'achats, l'usager piétonnier
est plus vulnérable que celui qui est à bord d'une automobile. Ça fait que c'est vraiment cette clientèle-là qu'on vise à l'intérieur des centres d'achats, c'est vraiment la personne à pied, qui, elle, a peu de chances lorsqu'elle est heurtée par un véhicule. Donc, au
niveau de la Sûreté du Québec, la dimension piéton, c'est quelque chose qui nous est apparu durant les
dernières années, qui... À une certaine époque, rarement nous avions des collisions avec piétons sur l'autoroute ou nos
municipalités plus rurales, mais maintenant, avec la venue de nos villes,
c'est quelque chose qui nous préoccupe davantage.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député d'Ungava.
M. Boucher :
Bon, je vais vous poser sensiblement les mêmes questions que je posais pour vos
prédécesseurs. Dans ça, bien, il y a
toujours l'utilisation du cellulaire au volant, le facteur conscientisation à
travers des publicités souvent chocs,
etc., mais, quand vient le temps de poser le geste, là : Je passe-tu un
appel ou pas, je réponds-tu à mon texto, à quel risque que je m'expose, hein,
s'il y a une police qui me voit, combien d'amendes ça va me coûter, combien de
points de démérite? On sait que, bon,
il y a eu, bon, jusqu'à neuf points qui a été suggéré. Vous suggérez peut-être
le pouvoir de saisir le permis de conduire. Verriez-vous, par exemple,
la saisie du véhicule pour une période de, peut-être, deux à cinq jours, quelque chose du genre? Pensez-vous
que c'est quelque chose qui pourrait être possible et puis, de votre avis,
qui pourrait être dissuasif?
Le Président (M. Iracà) : En
30 secondes.
M. Després
(Patrick) : En
30 secondes? Oui, toute mesure supplémentaire va aider à dissuader parce
que l'amende, au Québec, quand on
compare avec d'autres provinces, elle est de beaucoup inférieure. Lorsqu'on saisit
le véhicule ou le permis, c'est clair
que c'est une action immédiate, qui n'est pas reportée dans le temps, donc qui
sensibilise davantage le contrevenant
à la situation et ce qu'il est en train de faire. Donc, nous croyons
effectivement que toute mesure qui va augmenter
le désagrément d'avoir un constat ou être intercepté va aider notre cause et
diminuer l'utilisation de cellulaires et les distractions.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le directeur. Alors,
ceci met fin au bloc d'échange avec la partie gouvernementale. Nous allons débuter un deuxième bloc d'échange avec
l'opposition officielle, et je vais céder la parole immédiatement au
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, à mon tour de vous saluer, messieurs.
D'entrée
de jeu, j'aimerais vous entendre sur le critère de l'appareil tenu en main.
Vous en faites mention dans votre
document et vous voulez des changements, des changements à la disposition parce
que les interprétations qu'on a données
sur la version anglophone est venue donner une couleur à la jurisprudence et
est venue modifier la façon dont vous intervenez. Ça fait que j'aimerais
vous entendre là-dessus. De quelle façon nous pourrions amender la loi qui
permettrait de meilleures interventions ou des succès plus grands quant aux
interceptions que vous faites?
M. Després (Patrick) : Je vais
laisser mon collègue répondre à cette question.
M. Bernardin
(Francis) : Je vous dirais, de ce côté-là, c'est que le critère
d'avoir tenu en main l'appareil pourrait tout simplement être retiré, malgré le fait que l'état actuel du droit
fait que l'interprétation large des tribunaux a fait que ça nous permet de l'interpréter d'une façon quand
même assez large. Par contre, en le retirant purement et simplement du
texte de loi, par rapport à l'effet que l'appareil soit tenu en main, ça
viendrait codifier l'interprétation large et libérale des tribunaux, qui prévoient à l'heure actuelle... Donc, ça serait tout
simplement de... En retirant l'exigence de tenu en main, ça permettrait
de codifier l'état du droit.
M.
Ouellet : Donc, si je
comprends bien, le policier aurait pu constater que le fautif l'avait en main,
mais, lors de son interception, qu'il soit dans l'accoudoir, ça ne serait plus
un motif pour dire : Bien, écoutez, M. le policier, je ne l'ai pas en main. C'est ce que je comprends, là, il n'y
aurait plus d'interprétation, c'est : Je vous ai intercepté, vous l'aviez,
là. Vous ne l'avez plus, mais le propos demeure.
M. Després
(Patrick) : Effectivement,
si vous permettez, si on pose la question à un citoyen puis qu'on parle de
tenu en main, plusieurs croient que, s'il
est sur le support, ils peuvent texter avec, alors que, lorsque... C'est sûr,
lorsqu'on est policier ou on est
avocat, on va comprendre les jurisprudences, l'implication. Mais, lorsqu'on lit
le texte pur et dur, bien, ça peut porter à interprétation et donner la
fausse impression à un citoyen qu'il est en droit de texter alors que l'appareil est sur l'accoudoir ou est sur un
support. Donc, c'est un autre élément qui viendrait faciliter la compréhension
de nos concitoyens.
• (17 h 50) •
M. Ouellet : Les gens de la SAAQ, ce matin, nous ont expliqué
d'élargir la présomption sur l'usage justement des appareils téléphoniques. C'est-à-dire que, si j'ai bien compris, ça
peut être interprété : Bien, écoutez, ce n'était pas un téléphone, c'étaient d'autres choses. C'est, dans
le fond, au policier d'interpréter... pas d'interpréter, pardon, mais de
justifier ce qu'il a vu comme étant
un téléphone en question. Et là la SAAQ nous a dit : Si on versait la
présomption à l'inverse, si votre
constat est que c'est un appareil et que la personne dit que ce n'est pas ça,
ça serait à elle de démontrer qu'elle respectait la loi. C'est ce que
j'ai cru comprendre.
M. Després
(Patrick) : C'est sûr que ça
serait encore plus simple, on vous l'accorde. Mais nos propositions, on est allés différemment, c'est-à-dire qu'on a proposé l'obligation de nous remettre l'appareil. On a proposé
la permission de pouvoir inspecter
l'appareil pour aller chercher les éléments de preuve constitutifs. Les deux
propositions arriveraient au même
objectif, c'est-à-dire autant celui de la SAAQ, que vous m'avez décrit,
que celui de la Sûreté du Québec, mais les
deux propositions auraient pour objectif de diminuer le nombre d'usagers de la
route qui sont distraits par l'utilisation d'un appareil cellulaire ou
tout autre appareil qui serait décrit dans un nouvel article sur la distraction
au volant.
M. Ouellet : Quand vous dites, dans votre mémoire puis tout à l'heure, de saisir l'appareil lors d'une arrestation, c'est de valider, dans le fond, c'est quoi, le
modèle, mais ce n'est pas de le garder, de le mettre sous scellés lors de la
cause.
M. Després (Patrick) : Non, pas
du tout.
M. Ouellet : C'est vraiment de
prendre des constatations sur...
M. Després
(Patrick) : Lorsque vous
regardez un appareil sans le déverrouiller, parce que, c'est sûr, le
policier ne va pas jouer dans les
textos ou quoi que ce soit, le premier icône que vous voyez en haut, vous avez
le service qui est donné par Bell,
Rogers, Vidéotron. Donc, on sait qu'il y a une compagnie qui offre le service.
Et, à la droite, vous avez également, sur tous les modèles, des petites
barres qui disent s'il y a du service ou pas. Donc, le policier qui prend un téléphone puis qui ne voit pas de fournisseur de
service puis qu'il n'y a aucune barre, donc il n'est pas en mesure de dire
que l'appareil est muni d'une fonction
téléphonique qui fonctionne, parce
que maintenant ce sont des petits
ordinateurs, et on peut dicter à l'aide d'un téléphone cellulaire. On
peut faire toutes sortes de choses à l'aide d'un... on peut filmer, photographier, alors que, là, actuellement, l'infraction parle vraiment d'un appareil qui est muni d'une fonction
téléphonique.
Donc, ce
n'est pas si invasif que ça dans le sens : c'est prendre l'appareil dans
les mains et visualiser le fournisseur de
service et si le signal entre. Mais il n'y a aucunement mention dans notre
proposition d'avoir le code pour déverrouiller le téléphone et puis
d'aller vérifier le contenu même de l'appareil.
M. Bernardin (Francis) : De
façon à limiter le caractère intrusif de la vérification.
M. Ouellet : Vous nous avez parlé tout à l'heure d'augmenter les amendes dans
certains cas, dans le fond, doubler les
peines de points d'inaptitude. On nous a parlé, au courant de la journée, de la
possibilité de saisir le cellulaire après l'infraction, donc, et peut-être même saisir le
véhicule. Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce qu'on devrait aller jusque-là,
permettre la saisie du véhicule à peut-être
pas à une première offense, mais peut-être à une récidive, puis on va priver,
dans le fond, le citoyen d'un outil qui est malheureusement mal utilisé?
Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bernardin
(Francis) : Ce qu'il faut
garder à l'esprit, c'est que la saisie du véhicule peut potentiellement brimer
le propriétaire du véhicule, alors que ce
n'est pas nécessairement lui, le contrevenant, donc d'où la distinction,
pourquoi on n'a pas nécessairement
envisagé cette possibilité-là et plutôt d'y aller vers une suspension du permis
de conduire de la personne qui commet
réellement l'infraction, c'est-à-dire la personne qui est derrière le volant et qui
utilise un appareil muni d'une fonction téléphonique.
Par rapport
au fait de saisir l'appareil, le deuxième point que vous mentionnez, c'est sûr
que nous, de notre côté, il y aurait un
caractère de rétention de l'objet qui n'est pas nécessairement souhaitable au
niveau administratif, qui serait d'une lourdeur possiblement excessive.
Donc, ça n'a pas été privilégié de ce côté-là. Donc, c'est pour ça qu'on optait
davantage pour vraiment pénaliser la personne qui commettait l'infraction en
suspendant son permis de conduire.
M. Després
(Patrick) : Parce qu'à ça je
pourrais rajouter que, si vous regardez nos statistiques, on donne environ
entre 13 000 et 15 000 constats pour les cellulaires. Ça
représenterait autant d'appareils à saisir, et à gérer à titre de preuve,
et, ultimement, à fournir, à amener à la
cour, si était le cas. Donc, c'est sûr que, comme mon collègue l'a dit, au
niveau administratif, ce n'est
vraiment pas souhaitable que notre policier passe du temps à gérer une pièce à
conviction au lieu d'intervenir sur la route.
M. Ouellet : Dites-moi, ce n'est pas facile, hein,
intervenir... pas intervenir, mais intercepter des gens qui sont en train de texter. On a vu certaines méthodes qui
ont été utilisées par le passé, des agents dans des autobus lors d'activités
planifiées pour essayer de prendre les
contrevenants. Avez-vous réfléchi à d'autres façons de... Je ne veux pas dire
mieux intercepter, mais la façon la plus
optimale de faire appliquer la loi, parce que ce n'est pas facile
nécessairement... La nuit, le soir,
je pense que c'est probablement plus facile quand les appareils sont
rétroéclairés, on voit que quelqu'un a quelque chose dans les mains, mais, le jour, plus difficile. Alors, avez-vous
réfléchi sur des façons de faire des interventions plus efficientes ou
plus efficaces pour contrer ce fléau?
M. Després
(Patrick) : Effectivement, vous l'avez mentionné, il y a
plusieurs opérations avec des autobus. Par contre, c'est plus complexe, faire ça avec des autobus. On utilise des
véhicules qui sont plus hauts. La Sûreté du Québec s'est munie de
véhicules, de VUS, qui ont une garde au sol plus élevée, qui nous permet
d'avoir une vue plongeante à l'intérieur du véhicule
du citoyen qui est à côté de nous. On va voir également davantage de
motocyclettes de police utilisées pour ce type d'opération là puisque le
policier est plus haut et peut se rapprocher davantage du véhicule.
Donc, c'est
sûr qu'on adapte nos méthodes à cette situation-là, mais actuellement, d'un
point de vue technologique, on n'a pas de solution miracle puisque c'est
le policier qui doit constater l'infraction. Et, en fait, nos stratégies, c'est
d'utiliser des véhicules qui nous permettent
d'avoir un meilleur visuel à l'intérieur du véhicule. Il va y avoir également
l'utilisation de véhicules banalisés qui
nous permettent d'aller sur le côté du... parce qu'une auto-patrouille lettrée
avec des gyrophares, on nous voit
arriver de loin, alors qu'un véhicule banalisé, bien, c'est sûr que ça nous
permet de faire des interventions beaucoup plus rapprochées et de
constater mieux l'infraction.
M. Ouellet : On voit que dans la loi on fait vraiment
référence a un appareil qui est capable de transmettre par les ondes cellulaires. Donc, quand je vous
entends, les fameux iPod, qui sont juste de la musique, pour vous, le fait que
je suis en train de jouer avec, je ne suis
pas en train de texter, ce n'est pas un motif raisonnable de m'arrêter et me
donner une contravention. Est-ce que c'est ça que je comprends
actuellement?
M. Després
(Patrick) : Actuellement,
là, c'est sûr qu'il y a différents... Si l'iPod ressemble à un téléphone, les
chances de vous voir intercepté sont
grandes. Par contre, il existe des petits iPod où tous les policiers savent
pertinemment que ce n'est pas un
téléphone. Donc là, à ce moment-là, c'est moins risqué de se faire intercepter.
Cependant, nous proposons une
infraction plus large au niveau de la distraction parce que l'iPod, lorsque je
défile ma liste de musique, ça constitue
une distraction qui est aussi dangereuse que le texto puisque mon attention est
concentrée sur un appareil qui, lui, constitue une distraction en soi.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. Ceci met fin au bloc d'échange avec l'opposition officielle. Malheureusement, il ne reste plus de temps. Ça
passe toujours trop vite. Nous allons procéder au dernier bloc d'échange avec
le député de Deux-Montagnes. La parole est à vous.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, d'être parmi nous cet après-midi. On a eu
l'occasion d'entendre différents groupes
tout au long de la journée, que ce soit le Bureau du coroner, que ce soit la
SAAQ. Vous avez entendu, tout juste
avant vous, le ministère des Transports. Et tous ces groupes disent utiliser
vos données pour données statistiques,
en quelque sorte. Donc, c'est des informations qui sont précieuses. Tous
disent : Voici l'état des faits. Donc, c'est le minimum, parce que bien des accidents... il y a bien des
incidents qui peuvent arriver sans qu'on ait eu la possibilité de déterminer qu'il y ait eu usage du cellulaire.
Et j'étais curieux de savoir, auprès du ministère des Transports, je vous
pose la même question maintenant, quelle est
la procédure lorsqu'un de vos policiers arrive sur le lieu d'un appel suite
à un accident. Qu'il y ait eu blessé, qu'il y ait eu mort d'individu ou simple
accrochage et qu'il y a un signalement, est-ce que ça
fait partie de la procédure de systématiquement valider ou tenter de valider
s'il n'y a pas eu usage d'un téléphone en cours d'incident?
M. Després
(Patrick) : Assurément, à la
Sûreté du Québec, et j'oserais même dire pour l'ensemble des services de police, le policier sait que la distraction est
une des trois principales causes au Québec de collisions mortelles et avec
blessés graves. Et, lorsque notre policier a
à compléter un rapport d'accident, il y a une section spécifique au niveau des
causes. Donc, j'entendais parler de
check-list tout à l'heure, là, mais il a à compléter ces champs-là et à se
questionner sur la cause de la
collision, et, ainsi, dans la liste des causes, la distraction est là. Notre
policier a également le devoir de tenter d'identifier et voir s'il y a une infraction qui a été commise pour
pouvoir émettre un constat d'infraction à une des parties qui aurait
commis cette infraction-là.
Donc, oui,
actuellement, non seulement nos policiers sont sensibilisés aux principales
causes de collision, mais ont
également... On leur demande, via des politiques de gestion très claires,
d'identifier la cause de la collision et d'émettre un constat s'ils sont en mesure de recueillir les
éléments qui peuvent les amener à prouver qu'il y a la commission d'une
infraction.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M.
Charette : Et, si, par exemple, il y a deux véhicules d'impliqués, et le chauffeur du
premier véhicule dit : Oui, oui,
moi, j'ai vu, l'autre m'a rentré dedans parce qu'il utilisait le téléphone, là, ça devient un petit peu la
parole d'un contre l'autre et c'est
là où, peut-être, vous souhaiteriez avoir davantage d'outils à votre
disposition, c'est-à-dire avoir la possibilité de regarder le téléphone.
• (18 heures) •
M. Després
(Patrick) : C'est quelque
chose qui nous aiderait davantage. Le
citoyen va rédiger une déclaration disant :
J'ai personnellement constaté que la personne avec qui j'ai eu une collision
avait un cellulaire en main. Ça, c'est un des éléments de preuve. Par la
suite, si on constate visuellement qu'il y a un téléphone dans l'auto, ça va
faire un deuxième élément qui va nous amener... Et on va accumuler la preuve
comme ça jusqu'à tant qu'on va en avoir suffisamment pour émettre un constat.
Mais effectivement ce que nous proposons au niveau des recommandations va faciliter grandement notre travail pour pouvoir
émettre davantage de constats parce
que, comme vous l'avez vu dans les
chiffres, c'est moins de 3 % de
l'ensemble de nos constats, alors que ça représente au-delà de 30 % des
causes de collision. Ça fait que, malgré notre bonne volonté, nous
sommes limités par la preuve qu'on doit constituer.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député, 2 min 30 s.
M. Charette : Merci. Vous parliez de renverser la preuve dans
certains cas. Les groupes qui vous ont précédé parlaient carrément de
criminaliser le geste, l'action. Est-ce que c'est quelque chose qui est
considéré de votre côté? Mais, à travers
cette question-là, je veux surtout savoir... Si on renverse la preuve, si on
touche au Code criminel, on change
de juridiction du coup, donc c'est le Code
criminel, donc c'est fédéral, qui s'applique. Quel est aussi votre degré d'interrelation avec les autres corps policiers
provinciaux à travers le Canada? Est-ce que c'est un enjeu qui est discuté?
Est-ce que c'est des représentations qui peuvent être faites?
M. Després
(Patrick) : Je dirais
qu'actuellement, là, on travaille beaucoup la légalisation du cannabis d'un
point de vue pancanadien. On est très
impliqués là-dedans. Au niveau sécurité routière, oui, on va échanger des
bonnes pratiques. Mais une chose est claire, c'est que tout outil qui va
nous aider à mieux intervenir va nous permettre de travailler directement cette cause-là. Et on est à la
recherche constante de nouvelles méthodes, des nouvelles technologies qui nous
permettent de le faire, et on a une vigie
qui se fait au niveau des recherches. À l'intérieur du mémoire, on fait
référence à plusieurs de ces
recherches-là. Au niveau criminel, quelqu'un qui utilise un cellulaire en
mains, a une collision et cause des dommages corporels, va être accusé
de négligence criminelle et conduite dangereuse.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, 1 min 30 s.
M. Charette : Très rapidement,
là. Mais vous n'avez pas de position commune à travers les différents corps
policiers provinciaux pour telle ou telle mesure? Malgré les échanges, là, il
n'y a pas une position qui...
M. Després (Patrick) : Une
position commune sur ce sujet-là? Non. Il y a un comité, qu'on appelle Traffic
Committee, qui est au niveau de l'Association canadienne des chefs de police,
et il y a des travaux qui se font là pour améliorer
la situation individuellement. Mais actuellement, comme je vous disais, nos
efforts concertés sont davantage au
niveau de la conduite avec les capacités affaiblies par l'alcool et la drogue.
Mais la distraction fait partie de discussions, mais, à ce que je sache,
nous n'avons pas de position commune.
M. Charette : Tout à l'heure,
on entendait — très,
très rapidement — souvent :
Il n'y a pas une seule cause. C'est-à-dire, la personne peut avoir le téléphone, elle peut aussi avoir bu, elle
peut avoir... Bref, il y a plusieurs éléments qui vont déterminer l'accident lui-même. J'imagine, pour vous, voir
l'arrivée de la légalisation de la marijuana, c'est une préoccupation supplémentaire.
Ça pourrait être une cause supplémentaire qui viendrait compromettre la
sécurité sur nos routes.
M. Després
(Patrick) : Effectivement, c'est une prétention que nous avons. Nous
croyons fermement que la légalisation va venir augmenter le risque d'utilisation
du cannabis par un usager de la route.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci beaucoup. Alors, M.
le député, ceci met fin au bloc
d'échange. Merci beaucoup de
vous être préparés et d'être venus ici.
Alors, l'ordre du jour étant épuisé, je lève la
séance et ajourne les travaux sine die.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 4)