(Onze
heures quarante-cinq minutes)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires et appareils électroniques.
Alors,
ça me fait plaisir de reprendre cette commission. Je suis content de vous revoir, je suis certain
que c'est réciproque. C'est réciproque, M. le ministre?
M. Heurtel :
Ce l'est, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Ah! merci beaucoup. Alors, écoutez, je vais simplement dire un mot parce qu'on a débuté la
session cette semaine un mercredi au lieu d'un mardi. C'est quand même
exceptionnel, mais tout le monde va comprendre,
à cause des inondations, là, qu'il est arrivé des choses où les députés
devaient être dans leur comté, autant de la partie gouvernementale que de l'opposition et de la deuxième opposition. Je les remercie de leur collaboration dans ce dossier-là. Je pense
qu'en lien avec ce dossier-là il faut mettre la partisanerie de côté, alors ce que nous allons faire aussi en
commission pour les auditions.
La
commission est réunie afin de procéder à des auditions publiques dans le cadre
des consultations particulières sur le projet de loi n° 132, Loi
concernant la conservation des milieux humides et hydriques.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Non, M. le Président, il n'y a aucun remplacement.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Donc, voici l'ordre du jour de
cet avant-midi. Nous allons débuter par les remarques préliminaires. Par
la suite, nous entendrons le groupe Canards illimités Canada.
Remarques préliminaires
Je cède immédiatement
la parole au ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques
pour ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de six minutes.
La parole est à vous.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, ça ne fait pas si longtemps
que ça que nous avons été réunis. Évidemment,
depuis l'étude des crédits, la semaine dernière, nous avons fait face aux
terribles inondations qui touchent plusieurs
de nos concitoyennes et concitoyens. Je veux juste informer ceux et celles qui
nous écoutent que le travail se poursuit
sur le terrain. Mais, comme vous l'avez dit, M. le Président, nos travaux se
poursuivent. Et on peut faire plusieurs choses en même temps, et le gouvernement est au travail pour s'assurer
que toute l'assistance requise aux victimes des inondations... que nos concitoyens et concitoyennes reçoivent toute
l'assistance dont ils ont besoin jusqu'à la fin de cette situation.
Alors,
pour le projet de loi n° 132, là aussi il y a eu quand même beaucoup qui a
été dit dans les dernières semaines. Le
dépôt de ce projet de loi là s'est fait quand même récemment, et donc je vais
brièvement rappeler les grands principes. Je suis très heureux qu'on puisse passer à l'étape des consultations
particulières. Je sais que c'est un projet de loi qui est très attendu depuis longtemps et donc je tiens à
remercier d'avance tous les groupes qui vont venir devant cette commission,
également tous les groupes qui vont déposer
des mémoires. Soyez sûrs que nous allons les analyser tous. Et nous voyons cet
exercice avec beaucoup d'optimisme parce que, tout comme le projet de loi
n° 102, qui a revu le régime d'autorisation environnementale au Québec, il y a beaucoup de suggestions qui sont
venues suite aux consultations particulières, qui ont enrichi le projet
de loi.
Alors,
les grands principes de 132 : zéro perte nette; innovation majeure; une
reconnaissance très importante à ce niveau-là; une définition claire de
ce qu'est un milieu humide; l'approche d'autorisation environnementale modulée selon le risque, qui a été adoptée dans le projet
de loi n° 102, s'applique également ici; une formule plus claire aussi au niveau de la compensation. Alors, on va mettre de
côté ce régime très imparfait qui avait été lui-même mis de côté par la Cour supérieure, ce régime qui, souvent, tombait
vers l'arbitraire, qui était appliqué difficilement, de compensation par
voie de terrains et de plans de conservation
laissés aux promoteurs. On se retrouvait avec des trois pour un, des huit pour
un, et pas toujours de garantie de véritable conservation ou de
renouvellement des milieux humides.
• (11 h 50) •
Alors, avec
une formule financière claire, un, les promoteurs vont savoir à quoi
s'attendre. Deuxièmement, on va s'en remettre aussi à l'expertise de
groupes comme notre premier groupe, Canards illimités, des groupes comme les organismes de bassins
versants, comme les municipalités, comme les MRC pour travailler davantage sur
la base de plans de conservation de
milieux humides et également pour
s'assurer que les sommes vont là où elles font le maximum en termes de conservation, et de développement, et de renouvellement, et même de création de nouveaux milieux humides.
Alors, ce projet de loi là, ça fait depuis, bon, 2010‑2011 qu'il est attendu,
même certains diront avant cela. Mais je crois qu'avec ceci on a fait un travail important. On a fait des
préconsultations avec une quarantaine de groupes l'automne dernier, on a poursuivi le travail, et je crois
que, là, on atteint un véritable équilibre entre les grands principes de développement durable, c'est-à-dire protection de l'environnement, oui, acceptabilité sociale, mais également
développement économique.
Ce qu'il est
très important de souligner — puis je crois que c'est une innovation importante
qu'on a amenée dans le projet de loi n° 102 — outre
les évaluations environnementales fondées sur le risque, bien, c'est également
la reconnaissance de l'importance de la lutte contre les changements climatiques non seulement dans l'évaluation environnementale, mais également au
niveau des milieux humides. Et il
faut bien reconnaître le service très important que les milieux humides rendent au Québec, à travers la planète, en matière de lutte contre les changements climatiques, ce sont littéralement des machines à bouffer le carbone. Et perdre un milieu humide,
c'est perdre justement un acteur important dans la lutte contre les changements
climatiques.
Alors, ça,
c'est très important — merci, M. le Président — de s'assurer justement qu'on reconnaisse cet
apport important et qu'on arrive non
seulement à arriver à un niveau où il n'y a aucune perte nette au Québec, et
c'est le principe directeur de ce
projet de loi là, mais également qu'on puisse arriver à une situation où on
intègre pleinement un travail avec
tous les partenaires pour s'assurer qu'il y ait non seulement une conversation,
mais un développement de nos milieux humides au Québec. Merci.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. J'invite le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 3 min 30 s. La parole
est à vous.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, à mon tour de saluer les collègues qui sont ici, saluer le ministre,
les gens qui l'accompagnent, saluer également les gens qui travaillent avec moi
ici.
Et moi aussi,
je voudrais dire un mot pour commencer sur les inondations qui affectent de
nombreuses régions du Québec,
quasiment la... en tout cas, la totalité, quasiment, du territoire
québécois, mais particulièrement dans le sud. Et je ne veux pas dire que ça tombe bien, parce que ça tombe très mal,
des inondations, mais on arrive au moment où on débute nos travaux sur le projet
de loi n° 132, sur la
conservation des milieux humides et hydriques. Alors, je suis d'avis que, le malheur qui s'abat sur plusieurs
régions du Québec présentement, on doit en tirer des leçons et on doit s'en
inspirer dans les travaux qu'on entame aujourd'hui.
Donc, c'est
le message que je voulais lancer, en plus d'un message, évidemment,
de solidarité et de compassion pour
les gens qui sont particulièrement affectés par les inondations présentement. Mais effectivement, quand on parle de conservation de milieux humides et hydriques, avec, entre autres, tout l'aménagement du territoire près des cours d'eau, considérant la
récurrence de ce type d'événement en lien avec les changements climatiques, je
pense qu'on aura des questions très,
très sérieuses à poser, évidemment, à nos invités qui sont ici, mais à ceux qui vont suivre également
puis lors de l'étude détaillée qui va suivre éventuellement.
Donc, il va
falloir poser des questions claires sur les définitions qui sont amenées par
le projet de loi n° 132. Le ministre parle de définitions
claires. On va voir si c'est réel, si les définitions sont suffisamment
claires. Également parler du rôle des municipalités dans l'aménagement du territoire. On va également questionner sur ce principe de zéro perte. Je pense
que c'est un principe, effectivement, extrêmement intéressant, mais il va falloir le calibrer, le mesurer comme
il faut, surtout en lien avec les lieux de restauration, quand il y a besoin
d'avoir des lieux de restauration à la suite d'interventions sur le territoire,
alors quels lieux on anticipe ou on préfère.
J'en ai
glissé un mot, l'arrimage nécessaire avec d'autres lois. La Loi sur la protection du
territoire agricole, la loi sur
l'aménagement durable du territoire et de l'urbanisme, la Loi sur les mines, la
Loi sur les hydrocarbures, c'est des lois qui touchent — la
loi sur l'eau — forcément
les milieux humides et hydriques.
Un mot aussi sur les intentions réglementaires.
Le ministre ne pourra pas nous dire que, là, il y a la grève des juristes de
l'État. Alors, pour plusieurs groupes, ça va être important d'avoir les
intentions réglementaires, et nous souhaitons
que, pour nous aussi et éventuellement pour l'étude détaillée, que nous ayons
les intentions réglementaires.
Et je termine
en vous disant, M. le Président : Enfin! Parce qu'on sait que cette loi a
été reportée à plusieurs reprises avec des lois temporaires et
transitoires, alors, enfin, on étudie la loi générale.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député de Jonquière. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition à faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 2 min 30 s. M. le
député de Masson, la parole est à vous.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de saluer tous les
membres de la commission ici présents. Et,
en fait, je voulais aussi saluer ma recherchiste, Fanny Cantin, qui est
toujours fidèle au poste. Et juste vous mentionner que nous avons un stagiaire à la recherche cet
été, M. Thomas Pilon-Robitaille, qui est avec nous aujourd'hui. Donc, on
lui souhaite la bienvenue.
Et,
vous savez, c'est un projet de loi très attendu. Le ministre l'a mentionné, il
y a déjà eu plusieurs lois transitoires, ça
a été rapporté. On a déjà entendu plusieurs groupes dans le passé, notamment
aussi sur le p.l. n° 32, qu'on va aujourd'hui pouvoir entendre sur une vraie loi, le
p.l. n° 132, la loi qui était vraiment attendue. Donc, bref, on
aurait voulu que cette loi-là soit
déjà adoptée. Bref, on est aujourd'hui dans le calendrier en train de
l'étudier. Donc, on est quand même
privilégiés de le faire. On va se fier sur toutes les interventions qui vont
être faites auprès des groupes pour voir comment on peut bonifier ce projet de loi tant attendu pour qu'il, au
final, réponde aux besoins et aux réalités des Québécois et des
Québécoises.
Et,
en fait, il faut le mentionner, là, qu'un des principes fondamentaux du projet
de loi, c'est d'avoir zéro perte nette
des milieux humides, là. Donc, on est tous d'accord avec ce principe-là, mais
maintenant c'est de voir un peu s'il y a des subtilités, là, comment qu'on pourrait bonifier le projet de loi. On
est aussi d'accord qu'on doit positionner le Québec comme étant le défenseur des milieux humides puis
de devenir en ça une référence. Donc, si c'est possible via ce projet de
loi de le faire, bien, ça sera tant mieux, M. le Président.
Bien,
on veut remercier d'avance tous les groupes qui vont venir se présenter parce
que leur apport est très important dans l'élaboration de ce projet de
loi. Et, comme je l'ai mentionné, le député de Jonquière l'a mentionné aussi,
mais, effectivement, ce sera important de
pouvoir obtenir les intentions réglementaires du ministre le plus rapidement
possible parce que ça nous permet de
nous éclairer, ça nous permet de prendre en considération tous les éléments
qu'il y a dans le projet de loi et
puis de voir un peu qu'est-ce qui s'en vient dans le futur. Même si ce n'est
pas les règlements, là — on veut juste avoir les
intentions réglementaires — ça nous permet vraiment de pouvoir étudier de façon efficace en
ayant tous les outils en main, M. le Président. Merci.
Auditions
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député de Masson. Je
souhaite la bienvenue aux représentants de Canards illimités Canada. Je vous demande de bien vouloir vous
présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à des périodes
d'échange avec les membres de la commission. Alors, sans plus tarder, la
parole est à vous.
Canards illimités Canada
(CIC)
M.
Filion (Bernard) : Merci beaucoup, M. le ministre, de l'invitation, M. Gaudreault, M. Lemay, ainsi
que tous les membres de la commission.
Ça nous fait plaisir d'être ici aujourd'hui. Donc, je suis accompagné de Guillaume Daigle.
M. Daigle (Guillaume) : Oui, je suis chef au niveau des politiques
publiques puis du programme d'éducation chez Canards illimités.
• (12 heures) •
M.
Filion (Bernard) : Ça fait
qu'on a intitulé notre mémoire Agir maintenant pour un meilleur
équilibre. Mais, dans le fond, si on peut résumer la loi, le projet de loi qui nous est présenté, je le résumerais en disant : Mieux vaut
prévenir que d'essayer de prévoir.
Donc, c'est une loi qui, si elle est adoptée sans trop de modifications, va faire passer
le Québec de dernier de classe à premier de classe en termes
d'outil législatif. On a une définition qui est inclusive et qui devrait,
on l'espère, mettre fin à bien des discussions aussi bien avec les
professionnels que les juristes.
Le
principe central de cette loi, aucune perte nette, c'est un élément qui est
essentiel. Toute loi sur les milieux humides,
si on n'a pas ce concept-là, ce principe-là, c'est beaucoup
moins efficace. On passe d'une approche de perte nette à la possibilité de gain net. On peut dorénavant entrevoir une
amélioration de la qualité de notre environnement. Ce projet de loi va
engendrer un changement de paradigme au sein de l'ensemble des intervenants,
qu'ils soient gouvernementaux, professionnels ou propriétaires terriens, une
leçon de prévisibilité puis de simplification, donc une percée majeure
en conservation, le principe d'aucune perte nette.
On
a trop longtemps mésestimé l'importance des milieux humides et on a défié la nature. Construction
en zones inondables ou sur milieux humides. Dans les 50 dernières
années, on a modifié drastiquement l'ensemble du réseau hydrographique de la vallée du Saint-Laurent, avec des conséquences
économiques, environnementales et sociales. Donc, trois critères, normalement, qui sont le
développement durable, bien là, c'est du développement non durable. Inondation
de propriétés, diminution d'habitats,
vulnérabilité de nos équipements, on le voit, autoroutes, ponts, fossés, cours
d'eau, puis une augmentation des
coûts de gestion qui ont des conséquences cumulatives qui, à long terme, nous
coûtent cher collectivement. Qui dit conséquences cumulatives... Si on
restaure les milieux humides, on peut penser à des gains, maintenant, cumulatifs. Donc, les milieux humides,
c'est un actif, c'est une propriété. C'est à nous de démontrer que c'est
un actif et comment qu'un propriétaire peut l'apprécier.
La
restauration des milieux humides, ça va servir beaucoup de fins, d'où
l'importance d'une approche intégrée et adaptée aux besoins de l'ensemble des interventions. Donc, c'est une
formidable occasion d'améliorer la qualité de notre environnement et de gestion des coûts liés aux
risques et aux conséquences accumulées. Parce que n'oublions pas qu'on a
perdu beaucoup de milieux humides au Québec,
on parle de 70 % des milieux humides qui sont disparus dans la vallée
du Saint-Laurent depuis 400 ans. Donc,
qui est affecté dans ces conséquences-là? Bien, le milieu municipal, la gestion
des débits, les îlots de chaleur, les
loisirs, le milieu agricole. Donc, on a un enjeu important de gestion de
l'érosion, et des sédiments, de la quantité, de la qualité de l'eau. On
a occasionnellement des sécheresses techniques au Québec et des surplus d'eau assez incroyables. Aussi,
l'amélioration au niveau de la diversité biologique, la flore, la faune. La
grande gagnante de cette loi, c'est
l'eau pour une meilleure gestion puis l'amélioration de la qualité et de la quantité
pour nos cours d'eau et nos lacs.
Il y a encore du travail à faire dans
le projet de loi, une intégration à compléter. L'intégration de cette démarche avec le monde municipal via la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, c'est majeur, puis on vous en félicite, M. le
ministre. Sans cet outil-là
d'intégration au niveau des schémas d'aménagement, au niveau du monde
municipal, c'est un autre pilier qui pourrait manquer, autant comme le principe
d'aucune perte nette. L'approche métropolitaine, c'est-à-dire des
regroupements, c'est une excellente idée pour donner de la flexibilité quand on
va arriver à l'application du principe d'aucune perte nette.
On
aurait quand même souhaité une plus grande intégration avec d'autres ministères
et organismes, le ministère de l'Agriculture, le ministère des Forêts,
le ministère des Transports, des intervenants majeurs sur le territoire, la Commission de protection du territoire agricole.
Il va falloir faire des pas importants pour expliquer l'avantage, dans le
monde agricole, d'avoir des milieux humides,
le rôle que ça peut contribuer dans la gestion des enjeux agricoles à plein de
niveaux, au niveau des sédiments, mais au
niveau aussi des fertilisants qui sont relargués dans les cours d'eau. Donc, il
faut que la conservation puis la restauration des milieux humides et
hydriques, ce soit vu comme une solution à des problèmes, et non une contrainte
supplémentaire, ce qui est malheureusement le cas trop souvent.
Les
plans régionaux, ils se doivent d'intégrer aucune perte nette, essentiel. Donc,
le principe d'aucune perte nette, l'intégration
au schéma d'aménagement, des plans régionaux qui intègrent ce principe-là.
Donc, leur confection devra faire
intervenir beaucoup de personnes avec des compétences comme les organismes de
bassins versants, les clubs-conseils en agroenvironnement, la forêt
privée et les aménagistes des MRC.
On doit tenir compte
des pertes passées. La disponibilité de sites à restaurer devra faire partie du
langage commun. Donc, un prérequis au succès
de la mise en oeuvre du principe d'aucune perte nette, toutes les MRC, les
communautés métropolitaines devront développer des banques de sites à
restaurer.
La
restauration des milieux humides et hydriques, c'est faisable, on le fait
depuis 40 ans, mais il va falloir adapter l'intervention des variantes aux utilisateurs puis aux contraintes
inhérentes. Ce n'est pas les mêmes interventions qu'on va proposer, restauration des milieux humides d'un
marais qui a été drainé, ou une restauration de plaine inondable ou en
zone agricole active.
Le
fonds de protection puis de restauration, on considère qu'il doit être
centralisé afin d'accélérer son développement, son efficacité et son application uniforme d'une région à l'autre. La
finalité soutenue par le fonds suite à des compensations devra être la restauration. Cependant, pour mettre
en place cette loi, on considère qu'il doit y avoir une mise de fonds pour la mise en oeuvre. On suggère 2 millions par
année pendant cinq ans, un 10 millions, de façon à ajouter des ressources
humaines qui serviront à supporter la confection des plans régionaux, l'établissement de guides, l'accompagnement des directions
régionales dans la mise en oeuvre, continuer et supporter l'acquisition de connaissances de base, la cartographie détaillée des milieux humides, la précision
des cartes de récurrence, la gestion du registre des compensations.
On
suggère un site Internet interactif pour permettre aux propriétaires qui pourraient être intéressés
d'avoir des sites sur leurs
propriétés à restaurer de le faire savoir, communiquer avec le territoire pour
avoir un volet de sensibilisation et
d'éducation sur l'importance des milieux humides pour l'ensemble des
intervenants. Une fois que les gens vont comprendre pourquoi que c'est important de conserver les milieux
humides, comment ça permet de réduire le coût de gestion d'un territoire, on va déjà faire des gains majeurs. Quand tu ne
comprends pas pourquoi que c'est important d'avoir une ceinture de
sécurité dans une auto, tu ne la portes pas. Mais, quand tu as compris le
principe, tu dis : Woupelaïe!
La
mise en oeuvre, restauration, c'est de l'infrastructure verte, donc un
10 millions, 2 millions par année, pour le mettre en place. Comme on a des pertes
cumulatives majeures, on suggère une mise de départ pour de la restauration,
10 millions. Puis le fonds de
compensation, bien, on le souhaite le plus petit possible. Parce que le fonds
de compensation, s'il augmente, ça
veut dire que la séquence d'atténuation éviter-diminuer-compenser ne fonctionne
pas. Donc, de se fier sur le fonds de compensation pour restaurer les pertes
historiques, ça ne fonctionnera pas. Ça fait qu'il faut absolument qu'il y ait une mise de départ pour soutenir un
programme de restauration. On suggère le développement d'unités de travail
différentes, nouvelles, qu'on appelle unités
de paysage. Puis, encore une fois, l'approche par communauté métropolitaine,
avec la possibilité de regroupement des MRC hors communauté, c'est prometteur,
mais c'est nécessaire aussi.
En
terminant, M. le ministre, vous avez mis notre patience à l'épreuve. C'est la
cinquième fois qu'on est ici en commission parlementaire pour discuter
de reports ou de situations légales. Il faut maintenant passer en mode action. Puis un petit principe de base qu'il ne faut pas
oublier : il n'y a pas plus niveau que de l'eau. Donc, quand ça inonde, ce
n'est pas parce qu'on est à un mètre ou deux
kilomètres de la rivière qui va faire que l'eau ne se rendra pas. Donc, il n'y
a pas plus niveau que de l'eau, puis on dit que c'est un formidable défi
collectif à relever.
Ça fait que ça fait
le tour de ma présentation. Combien qu'il nous reste de temps?
Le
Président (M. Iracà) : Vous tombez pratiquement pile, il vous
reste 40 secondes. Alors, un mot de la fin. Après ça, il va y avoir
des échanges.
M. Filion
(Bernard) : ...un mot, vas-y.
M. Daigle (Guillaume) : Bien, regardez, on a souligné des défis de mise
en oeuvre, mais on tient à resouligner que,
globalement, on appuie le projet de loi. Puis on tient aussi à souligner qu'on
croit que son adoption, tel qu'il est, doit se faire dans les meilleurs
délais.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Je vous remercie pour
votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange en
débutant par la partie gouvernementale. Alors, je vais céder la parole à M. le
ministre.
M. Heurtel : Merci,
M. le Président. Merci beaucoup, messieurs, ainsi qu'à toute votre
organisation, un, pour votre travail infatigable sur le terrain depuis
des décennies. Si on est ici puis si on en est à discuter enfin — oui,
disons-le, enfin — d'un projet de loi réel sur la protection
des milieux humides, c'est grâce, en partie, à votre travail ainsi qu'au
travail d'autres organismes qui partagent la
même vision que la vôtre. Alors, quand même, merci d'emblée pour votre
travail et le travail à venir parce qu'on va avoir besoin de vous même avec
132.
Ma
première question. Moi, ça fait, donc, quatre jours que je parcours le Québec.
Je suis allé, bon, évidemment, à
Montréal, Laval, Laurentides, Mauricie notamment. Le premier ministre également
a fait le tour du Québec. Plusieurs ministres régionaux, députés sont
sur le terrain. Je vois notamment mon collègue de Maskinongé, qui a été avec
ses concitoyens et concitoyennes en Mauricie
depuis le début de cette catastrophe.
Vous avez fait référence aux inondations, le lien entre les inondations,
les zones inondables, les milieux humides.
Je
vois que vous nous avez même apporté des photos à l'appui. J'aimerais vous
entendre sur l'importance et le lien
qu'il y a entre les milieux humides... Parce que,
bon, là, évidemment, le mot «milieux humides et hydriques», bon,
on pense à «eau», puis «eau», on fait un
lien automatique avec «inondations», mais je veux juste que, de votre point de vue, de l'expertise que vous avez... Parce qu'on parle beaucoup aussi des changements climatiques qui
contribuent... On n'a pas une preuve scientifique, là, 100 % devant
nous, mais je crois qu'on soupçonne sérieusement que les changements
climatiques y sont pour quelque chose. Puis le lien entre tout ça, cette
situation-là, puis quand vous parlez... Moi, je suis très intéressé quand vous parlez de coûts de gestion du territoire
parce que, là, on en voit, des coûts s'accumuler et s'accumuler. Il y a un coût
humain, d'abord et avant tout, énorme. Il y a également un coût financier
important. Alors, devant ça, je vous donnerais ça comme point de départ
pour amorcer nos discussions.
• (12 h 10) •
M.
Filion (Bernard) : Je vais faire un début, puis Guillaume va présenter
notre petite information qu'on a apportée. Je pense que les gens ne réalisent pas ou ne comprennent pas qu'est-ce
que ça veut dire, une récurrence centenaire. C'est une chance sur 100 qu'un phénomène se produise,
mais il peut se produire trois ans d'affilée. Donc, de s'établir en plaine
inondable, avec une chance sur 100 d'avoir
la mauvaise année, on est toujours surpris de penser que ça se maintient, ça,
cette activité-là, si on considère qu'on a
une chance sur 14 millions de gagner à Loto-Québec puis que les gens
continuent à acheter plein de billets
en pensant qu'ils vont gagner, mais ils ne réalisent pas qu'en s'installant ou
en étant en plaine inondable il y a
un risque beaucoup plus grand que de gagner à la loterie. Tu gagnes, il y a des
pertes. Donc, première réalité.
Deuxième
réalité, les récurrences. Nous, il faut refaire nos devoirs, il faut augmenter
nos niveaux de récurrence parce que
les débits sont plus grands, les fréquences sont plus élevées. Et j'entendais
que l'Outaouais est passé la centenaire, là, donc ça va s'accumuler dans la séquence de chiffres, qui va faire que, la récurrence centenaire, le territoire
va s'élargir en termes de risques. Donc, ça, c'est une réalité.
Et
les milieux humides, bon, c'est bien campé dans le projet de loi, ils ont un rôle, un rôle de gestion de l'eau, à partir de l'amont vers l'aval. Donc, plus tu
retiens de l'eau dans ton paysage, bien, moins elle va arriver vite dans la
plaine inondable. Mais c'est sûr que, quand les phénomènes s'alignent
avec un hiver, beaucoup de neige, des précipitations importantes et une fonte qui
s'accélère, bien, on ramasse la situation actuelle. Donc, ces situations... Puis on a fait
un lien aussi, puis là c'est ça que
Guillaume va présenter, la
localisation et l'existence des milieux humides, ce qu'il en reste puis
ce qu'on observe comme phénomènes.
M. Daigle (Guillaume) : Bien, en fait, je vais évoquer le titre alternatif
qu'on aurait pu avoir à notre intervention d'aujourd'hui : Vaut
mieux prévenir que prévoir. Puis, en fait, prévenir, ça veut dire éviter,
autant que possible, d'impacter des
milieux humides. On a un projet de
loi qui met en oeuvre le principe
d'aucune perte nette selon une séquence, mais on rappelle que cette séquence-là doit être strictement hiérarchique,
puis, dans la mesure du possible, il faut absolument éviter... Puis,
d'ailleurs, je souligne au passage qu'on est content d'avoir vu dans le projet de loi qu'un promoteur de projet doit
faire la démonstration, finalement, qu'il n'y a pas d'autre place sur le territoire
où il peut faire son projet. Donc, ça, c'est très positif.
Maintenant,
si on veut éviter le plus possible... ça prend une planification adéquate sur les milieux humides. Puis on est contents aussi de voir que les milieux humides trouvent une
meilleure considération dans la planification municipale. Puis là je vous amène, en fait, à la présentation qu'on voit à l'écran,
on est à Gatineau. Puis là vous voyez, là, le plan d'eau, c'est la rivière des Outaouais. Puis ça, c'est le
plan d'eau qui est en été. Ça, c'est ce qu'on voyait aux nouvelles, il y a quelques
jours, avec les inondations qu'on connaît. O.K.? Dans ce même article, on pouvait voir les routes qui étaient
bloquées, donc les routes qui sont bloquées
au complet, qui sont en rouge, puis les routes dont la circulation est permise
seulement localement. Puis, quand on a pris
cette carte-là, on a copié, en fait, sur la cartographie détaillée qu'on
produit en collaboration, justement, avec le MDDELCC et qui, justement,
va être requise et indispensable à ce travail-là de planification des municipalités. Donc, vous voyez, ça, cette
cartographie-là, c'est telle qu'on la voit sur notre site Web. Elle est actuellement disponible à l'ensemble de
la population. Puis, quand vous regardez dans les cercles rouges, ce qu'on
voit, c'est les routes qui ont été mises, en fait, strictement en coupant des
milieux humides.
Donc, je n'ai pas
besoin d'en dire plus, cette carte-là parle d'elle-même. D'avoir une meilleure
connaissance sur nos plaines inondables, de compléter la connaissance
qu'on a débuté à produire sur la cartographie détaillée des milieux humides, pour nous c'est essentiel comme information de base pour la mise en
oeuvre, la mise en application de la loi.
M.
Filion (Bernard) : Puis, en termes de coûts, bien, on est en récurrence. Donc, on est en termes de fréquence. Donc, il n'y a
rien qui dit que l'an prochain, ou dans 10 ans, ou dans 100 ans...
Mais ce n'est pas parce qu'elle a eu lieu cette année qu'elle n'aura pas lieu prochainement. Ça fait que c'est ça quand on parle de coûts récurrents
et l'impact de défier la nature.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. Filion. M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. J'aimerais maintenant discuter de la
planification. Dans le projet de loi, on prévoit une planification régionale des milieux humides et hydriques,
puis vous en avez parlé dans votre présentation, dans votre mémoire également. Puis la structure qu'on préconise, c'est
une structure à l'échelle des MRC, des municipalités, des gouvernements de proximité, qui ont vraiment
la vision d'ensemble tant au niveau de la question des milieux humides, des bassins versants dans lesquels ils se
retrouvent, mais également l'ensemble de la vision, le schéma d'aménagement.
Toute la planification de l'aménagement
relève de ces gouvernements de proximité là, et toutes les autres questions
relatives au transport, etc. Et ce
qu'on envisage, c'est que dans cette planification-là, bien, vont contribuer
les TCR, les tables de concertation régionales, les organismes de
bassins versants, des groupes comme Canards illimités, évidemment.
J'aimerais ça
vous entendre sur cette proposition-là de travail, là, dans le projet de loi,
cette méthodologie qui est avancée que la planification se fasse, soit
menée, soit dirigée par les gouvernements municipaux.
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. Filion (Bernard) : On va prendre
l'exemple...
Le Président (M. Iracà) : Allez-y.
M. Filion (Bernard) : ...de la
cartographie détaillée.
M. Heurtel : Excusez.
M. Filion (Bernard) : On va prendre
l'exemple de la cartographie détaillée pour répondre.
M. Heurtel : Oui. Oui, oui.
M. Filion
(Bernard) : Il y a 10 ans, quand j'ai proposé qu'on avait besoin
d'une cartographie détaillée, il y a du monde qui dit : Ce n'est pas faisable, on n'a pas la technologie.
Et on s'est rendu compte que, oui, c'était faisable, on a développé la technologie. On a centralisé la
démarche, donc c'est nous qui la pilotons avec le ministère de l'Environnement.
Et on s'est associés avec les organismes de bassins versants et le monde
municipal, donc, par territoires, on a fait la Communauté métropolitaine de Montréal, la Communauté métropolitaine de
Québec. Donc, on a utilisé leur expertise, leurs connaissances sur le territoire, et nous, on a amené la nôtre en
termes de cartographie, et ça a permis d'amener une approche qui était standard, qui était reconnue,
et sans surcharger les instances en place, qui en ont pas mal aussi à faire en
planification. Donc, autrement dit, on s'est
inscrits en experts avec eux puis on a fait la carto avec eux. Parce que, quand
on a fait de la validation de terrain, les gens des municipalités ou des MRC
étaient avec notre équipe technique pour confirmer ce qu'ils voyaient sur le
terrain.
Donc,
maintenant, si je transpose à votre question, c'est à peu près le même
phénomène, l'absence d'expertise en
restauration de milieux humides, elle est très... ou l'expertise est très
concentrée parce qu'on est à peu près... pas beaucoup de monde qui faisons ça. Il y a des groupes sur
les tourbières, puis il y a nous. Il y a des gens qui en font à petite échelle,
mais nous, on est pancanadiens, nous, on est
Québec. Et cette expertise-là, bien, si on veut avoir un minimum de résultats
rapidement, on pense qu'il faut peut-être
apprendre de l'approche efficace qu'on a eue avec la cartographie détaillée. Et
c'est pour ça qu'on propose, dans le fond,
d'avoir une mise de départ pour créer un groupe d'experts qui, eux, vont
travailler avec... qui vont amener l'expertise dans les MRC, en
communauté métropolitaine ou en groupes de MRC.
Mais de
penser que, si on dit aux MRC : Faites-vous un plan de restauration...
quand ils n'en ont jamais fait, bien, on
peut se ramasser, des fois, avec n'importe quoi. Ça fait que, donc, l'enjeu, il
est là. Oui, il faut pouvoir le faire. Il faut travailler avec tout le monde, les OBV, ceux qui ont la connaissance sur
le territoire, puis avec ceux qui ont de l'expertise sur la restau. On
va travailler ensemble.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Filion. M. le ministre.
• (12 h 20) •
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. On est d'accord, on ne veut pas
recréer avec les MRC ce qu'on avait avant avec les promoteurs parce que c'était encore pire, on laissait aux
promoteurs le soin de préparer des plans de conservation. Je n'ai rien contre les promoteurs, mais... Des
fois, j'en ai. Des fois, je n'en ai pas, mais... Je n'ai rien contre les
promoteurs sur ce principe-là, mais ce n'est pas leur «core business»,
si vous me prêtez l'expression, de préparer des plans de conservation de
milieux humides.
Alors, on ne
va pas recréer cette situation-là en
disant aux MRC ou aux municipalités, qui n'ont peut-être pas cette expertise-là... Peut-être, ils l'ont, peut-être
un petit peu, peut-être... Mais ce qu'on cherche avec 132, c'est véritablement de dire : Bon, le maître d'oeuvre, si vous me passez l'expression,
serait la MRC, ou la municipalité, ou la communauté
métropolitaine, mais avec, évidemment, l'obligation de s'adjoindre les expertises, notamment,
de Canards illimités, des OBV, des
TCR, bref d'avoir l'expertise. Moi, je veux juste cette expertise-là,
comprenant le point très important... Vous dites que les municipalités ne peuvent pas faire ça toutes seules. Ça, on
est d'accord. Mais moi, je veux juste... êtes-vous confortables avec cette approche-là, c'est-à-dire les MRC et municipalités qui mènent, en quelque sorte, qui ont le
crayon, mais que ce crayon-là doit tenir compte des expertises sur le
terrain des groupes tels les vôtres?
Le Président
(M. Iracà) : M. Filion.
M. Filion
(Bernard) : C'est ce qu'on
mentionnait dans la présentation. Ultimement, il faut que les MRC ou les
groupes de MRC, les parties de bassins
versants ou les ensembles de bassins versants développent leur banque de sites
à restaurer. Parce que, sur le principe
d'aucune perte nette, si tu as une zone industrielle que tu veux
agrandir puis qui touche à des milieux humides, puis que, collectivement, en
termes d'expertise, on dit : Oui, on peut le perdre, il faut avoir un espace pour le restaurer. Sinon, ça ne marchera
pas. Donc, il faut que la MRC prenne acte et intègre dans sa planification
la notion de sites à restaurer et de
conservation des milieux humides d'intérêt. Sinon, ça ne fonctionnera pas,
c'est eux qui pilotent sur le territoire, et aussi la Commission de
protection du territoire agricole.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le ministre.
M. Heurtel :
Sur la question du financement, il y a là une question qui se pose. Puis, dans
132, on suggère une avenue, je crois
que vous en suggérez une légèrement différente au niveau de la centralisation
des fonds. Au niveau du financement,
je prends bonne note des enveloppes, là, dédiées pour démarrer le fonds. C'est
une suggestion intéressante, on va
regarder ça. Mais moi, ma question, c'est plus sur la question de est-ce que
c'est le ministère de l'Environnement, au
central, qui devrait contrôler tout, est-ce qu'il ne devrait pas y avoir
justement, pour qu'on s'assure qu'on ait les meilleurs résultats... Puis ça, c'est la philosophie
derrière, là, la question du fonds puis de s'assurer que l'argent aille vers
les gouvernements de proximité. C'est
que je trouve qu'il y a une distance parfois, là, entre le central, le
ministère et le concret sur le
terrain.
Alors, moi,
je me dis, si on a une bonne planification, une bonne cartographie, un bon
registre, là, des milieux humides
disponibles, est-ce que l'argent ne devrait pas être dépensé encore avec la
contribution en amont — c'est le cas de le
dire — des
organismes comme Canards illimités, TCR, OBV, mais que, si c'est bien encadré...
Puis le ministère prévoit, là, faire
des guides, là, sur comment le plan doit se faire, comment la contribution
d'organismes comme Canards illimités,
des organismes de bassins versants, on doit en tenir compte, puis comment ça
doit être intégré dans la planification. Mais, une fois le plan fait, puis, bon, les projets développés, puis
qu'on passe à l'action, j'aimerais vous entendre sur la question, bon, bien, est-ce que ça ne devrait pas
être au niveau municipal que l'argent soit contrôlé plutôt que le central.
Le Président (M. Iracà) :
M. Filion.
M. Filion
(Bernard) : Ce qu'on voit au fédéral, ce qu'on voit à la province, à
beaucoup d'endroits, c'est qu'il y a un fonds. Le Fonds pour dommages à
l'environnement, mettons, le fédéral, ils ont des pertes, puis ils font appel
de propositions, puis on présente des projets, et on réalise sur le terrain. Le
pire scénario qui pourrait arriver, c'est une municipalité
qui n'a pratiquement plus de milieux humides, qui est en déficit de milieux
humides. Donc, elle n'en perdra pas.
Donc, il n'y aura pas de compensation. Donc, elle n'aura pas accès à des fonds.
Ça fait que le risque de cibler trop localement
les pertes et les fonds... Le secteur de la Yamaska, là, il n'y a pas beaucoup
de perte de milieux humides à avoir, c'est
fini. Ça fait que comment qu'on va amener des fonds là? Ça fait que c'est pour
ça qu'on se dit : Il faut le centraliser pour établir des priorités. Le lac Saint-Pierre, entre autres, le grand
bassin du lac Saint-Pierre, côté nord, côté sud, il y a un enjeu
provincial sur ce plan d'eau là.
Donc, il faut
s'assurer que les fonds disponibles... Parce qu'il ne faut pas... Si on limite
trop l'entité géographique, ça va finir
comme les problématiques qu'il y a eu dans d'autres programmes fédéraux où
est-ce que c'était tellement local que tu défaisais un habitat en termes de
compensation pour faire d'autres choses. Ça fait qu'il faut que les fonds
soient mobiles, il faut qu'ils soient priorisés. Et je pense
que ça va devenir très complexe de gérer
1 132 fonds, ça va être très complexe. Donc, la MRC... Déjà là, une centaine, c'est un petit peu plus gérable, mais on pense que de le centraliser... C'est pour ça
qu'on dit que ça prend une équipe d'experts qui va établir les priorités, qui
va établir aussi les critères.
On a des
critères d'investissement. Ce n'est pas sans limites qu'on investit sur un
site de 10 hectares, on a des coûts
à l'hectare. C'est quoi, le rendement qu'on va obtenir? Parce qu'on peut se ruiner, là, sur un site. On peut mettre 10 millions sur quelques hectares, décontamination, structures de
contrôle, se ramasser avec un problème de gestion à long terme parce
que... C'est «cute», «designer» des
structures, des ponts, puis tout le reste. Ils adorent ça, il y a
des professions qui adorent faire ça, mais on en défait beaucoup,
nous autres, ce temps-ci, de ces choses-là. Puis là on a des digues présentement au lac Saint-Pierre, là, qui sont percées, là, elles n'ont pas passé la
crue. Ça fait qu'on se questionne sur la pertinence d'avoir des infrastructures
lourdes.
Mais la
tendance dans la restauration... le risque, c'est de faire toutes sortes de choses très attrayantes, des sondes. Qui va gérer ça après? La compensation, un site de restauration associé
à la compensation, ça prend un minimum de suivi. Nous, on dit : En bas de 10 ans, là, ce n'est pas assez. Donc,
c'est pour ça que de l'éclater en partant, je ne pense pas que c'est une bonne idée. Ce n'est pas ça qu'on dit.
Le prochain cinq ans, qui est le temps que vous donnez dans le projet de loi pour que les MRC, les communautés
métropolitaines établissent leur
schéma d'aménagement, leur plan régional qui place les milieux humides
d'intérêt, qui identifie des sites à restaurer, donc une
banque d'aucune perte nette... Puis, dans cinq ans, on réévaluera, on va
dire : On est rendus là.
Puis, comme
je disais tout à l'heure, ce qu'on souhaite, c'est que le fonds de
compensation soit petit. Donc, s'il est trop petit, tu fais quoi avec 10 000 $?
Là, tu t'éclates partout, puis tu n'as pas d'impact sur des besoins majeurs
comme au lac Saint-Pierre ou d'autres
endroits comme la... qui ont des besoins de restauration. Parce que, si on dit
qu'on a 70 % à 90 % de
pertes de milieux humides dans la vallée du Saint-Laurent, eh bien, pensez-vous
qu'on va restaurer ça à coups de 10 000 $
1 132 fois? Non. Ça fait que c'est pour ça qu'il faut vraiment
trouver au départ pour éviter que ça parte dans toutes les directions. Puis le suivi de ça,
c'est-u efficace? C'est quoi, je reviens, le coût d'investissement? Puis pas de
créer un autre système parallèle qui va faire que ce ne sera pas
durable.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. Filion. Je vais céder la parole
maintenant au député d'Abitibi-Est pour une période approximative de
quatre minutes.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Je salue les collègues. Je vais y
aller rapidement parce que... Moi, ce que vous dites m'interpelle beaucoup, toute la question de comment faire
l'intervention. Vous savez, en Abitibi-Témiscamingue, les milieux humides, vous êtes un acteur important
qui agissez sur le territoire. Cependant, il y a une réalité de la dimension
du territoire qui m'inquiète un peu quand
j'écoute votre argumentaire. Parce que ce que je crains, c'est qu'à voir
l'ampleur de ce qui se présente
devant nous, c'est que des régions soient laissées pour compte parce qu'elles
ont des réalités qui sont différentes.
Moi, j'ai des
localités qui me disent : Bien, écoute, nous, les compensations de milieux
humides, on est dans des milieux
humides partout. Comment je fais pour compenser quand... Si je me déplace, j'ai
une réalité qui est comme ça. On veut
les protéger, mais, en même temps, on veut aussi être capables d'assurer un
certain développement. J'ai des acteurs économiques qui sont soit au niveau du secteur forestier, au niveau du
secteur minier, qui ont aussi une préoccupation, des prérogatives, cependant, qui, dans l'impact qu'ils
ont sur la réalisation de projets, sont très différents de ce qu'on retrouve
dans la vallée du Saint-Laurent.
Et la lecture
que nous, on en fait — puis là je veux vous entendre un peu plus là-dessus — on pense que les gens du territoire, donc les MRC et les acteurs
concernés, les groupes, les OBV du territoire, sont plus à même de discuter de
ces enjeux-là pour bien adapter le type
d'intervention à être fait et travailler avec des collaborations avec des
acteurs qui sont au niveau provincial
ou national. Moi, j'aimerais voir votre vision par rapport à ça parce que, là,
j'ai une petite crainte, là, à vous entendre.
• (12 h 30) •
M. Filion
(Bernard) : On va vous rassurer, j'ai travaillé en Abitibi, j'ai resté
à Rouyn-Noranda. Donc, je connais votre
territoire. À l'époque, il y avait 20 000 étangs de castors.
Aujourd'hui, il y en a 50 000. Donc, oui, vous avez un territoire qui est très humide, on en convient, et
pratiquement tout le développement qui peut se faire est assez près des milieux humides. Donc, la question assez
fondamentale : Est-ce qu'on va détruire un étang de castors pour créer un
site de restauration? Je pense que ça
n'a pas de bon sens. Donc, il va falloir qu'il y ait une adaptation régionale.
On le détecte un peu dans le projet de loi, là, quand on voit le taux de
compensation qui oscille. Communauté métropolitaine de Montréal, Québec, le
taux est beaucoup plus élevé qu'au centre puis ailleurs. Donc, ça, c'est une
réalité.
Deuxième
réalité que, moi, j'entends depuis plusieurs années, c'est que souvent les
milieux humides étaient vus comme
empêchant un développement quelconque, que ce soit minier... Donc là, une
réflexion qui peut être faite, c'est de dire : S'il y a une destruction de milieux humides dans votre
région, qui en a beaucoup, c'est qu'il y a du développement économique qui se fait. Donc, la région n'est pas
perdante. Mais, s'il y a une compensation... Parce qu'il faut bien être
conscient que la tendance n'est pas à la sécheresse ou n'est pas...
réchauffement climatique. Je lisais ce matin dans le journal qu'en 2065 ils vous prédisent de la vigne chez vous. En passant,
là, c'était avec les données d'Ouranos. Donc, il va y avoir une pression sur votre territoire. On le voit en
Saskatchewan, la Saskatchewan a des territoires semblables aux vôtres, des
milliers de petits étangs. On a toujours pensé que c'était intouchable. On n'a
pas amené les exemples, mais, si vous
les voulez, on peut vous les amener, là. Ils prennent des carrés complets, ils
les drainent complètement, puis là ça génère
toute une problématique de débit. À Calgary, il y a quelques années,
6 milliards de dommages associés — il n'y a pas de Saint-Laurent par là,
là — à
un changement dans le territoire.
Donc, votre
région, un, vous êtes chanceux, il y a encore beaucoup de milieux humides, il y
a beaucoup de tous les bons critères. Maintenant, comment on la gère à
long terme pour ne pas créer ce qu'on a vu ailleurs, dans d'autres provinces ou dans la vallée du Saint-Laurent, où
est-ce qu'on a éliminé les milieux humides? Donc, ce qui vous préoccupe, je le comprends, on travaille déjà avec vos gens,
là, pour des sites qu'on sait qu'il y a des besoins. Puis la planification
se doit d'être faite avec les acteurs
régionaux, mais il faut ouvrir un peu la géographie. Et peut-être que, dans
votre territoire, qui a beaucoup,
beaucoup de milieux humides, la compensation pourra servir peut-être pour aider
un autre territoire qui, lui, est en
déficit de milieux humides. Mais c'est que vous allez avoir du développement
économique, donc ce n'est pas double perte, là. Ça fait que ça, il y a
un enjeu de vouloir conserver les fonds.
Le
Président (M. Plante) : Merci beaucoup, M. Filion. C'est
tout le temps qu'on avait pour le bloc du gouvernement, on passe maintenant au bloc de l'opposition officielle
pour une période de 14 minutes. Donc, M. le député de Jonquière,
pour vos questions.
M. Gaudreault :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je veux saluer les gens de Canards
illimités, pour qui on a beaucoup,
beaucoup de respect, parce qu'on est conscients et on apprécie le travail que
vous faites sur le terrain. Je pense que c'est important de le rappeler.
Donc, M. Filion, M. Daigle, merci d'être ici.
Je vais aller
directement dans le vif du sujet, considérant le peu de temps qui m'est alloué.
Je veux, tout de suite, vous entendre
comme il faut — c'est
peut-être une occasion pour vous de retaper sur le clou, là — sur
la question de la définition. Vous
dites dans votre mémoire, à la page 4, fin du deuxième paragraphe,
là : «Notons qu'ici le terme
"ou" est tout à fait
approprié» dans la définition, là, par rapport à l'article 24, où vous nous
dites finalement que «milieu humide est
également caractérisé par des sols hydromorphes ou une végétation dominée par
des espèces hydrophytes». Alors, je voudrais vous entendre précisément
là-dessus parce que vous faites référence à une notion inclusive. Alors, voilà.
M. Daigle
(Guillaume) : Oui. Bien,
merci de poser la question. Effectivement, la définition qui est proposée dans
le projet de loi nous convient. Puis on a
insisté sur le «ou», justement, puis sur l'aspect inclusif de ça parce qu'il
n'est pas rare en fait qu'on... ayant
fait du terrain moi-même, là, il n'est pas rare qu'on tombe sur des milieux qui
sont perturbés, par exemple, où la
végétation aurait été perturbée et, carrément, n'est plus présente
nécessairement. Mais on a quand même, d'un
point de vue scientifique, tous les critères, pour dire, là, que c'est un
milieu humide parce qu'on a une présence d'eau pendant une période suffisamment longue, puis ça influence la nature du
sol. On le voit en voyant le critère sol. Donc, ce n'est pas parce qu'on ne retrouve pas cette
végétation-là, qui est adaptée spécifiquement à des conditions humides, que le
site même n'est pas un milieu humide.
Donc, le
projet de loi permet quand même d'inclure dans la définition de ce qu'est un
milieu humide ces milieux-là qui
auraient été perturbés, mais qui se
caractérisent par un sol hydromorphe qui prouve hors de tout doute, finalement,
qu'on a une présence d'eau, finalement,
qui... Si l'eau est là assez longtemps pour que le sol se modifie et ait des caractéristiques typiquement associées aux sols
humides, bien, c'est que c'est un milieu humide. Donc, c'est pour ça qu'on
est contents que cette définition-là soit inclusive.
M. Gaudreault : M. Filion.
M. Filion
(Bernard) : Puis ce que je
m'amuse à dire souvent, c'est : Au printemps, une pelouse inondée avec de l'eau puis des bernaches dessus, ce n'est pas
un milieu humide, ça reste une pelouse inondée avec des bernaches par-dessus. Ça fait qu'il ne faut pas, à un moment donné, étirer les définitions à n'en plus finir, là. Puis la définition qui
nous est présentée, elle va... ou une
caractéristique directe ou bien indirecte qui est les sols. Donc, c'est pour ça
qu'à un moment donné il ne
faut pas... Parce qu'on a eu des cas de bernaches sur pelouse.
M. Gaudreault : C'est bien. Merci. Merci beaucoup. Maintenant,
je veux vous entendre un peu plus sur l'implication des différents acteurs. Peut-être
que vous n'avez pas eu l'occasion de lire le mémoire du ROBVQ, le Regroupement des organismes de bassins versants. En tout cas, je veux juste voir comment vous vous positionnez par rapport à leur suggestion — vous pourrez aller le lire, c'est à leur
page 7 de leur mémoire — où, pour eux, une consultation, ce n'est pas suffisant, ils parlent d'une
concertation. Ils vont même plus loin, là, en disant qu'ils veulent obtenir le
mandat de coordonner ce processus de
concertation régionale. C'est une autre question, mais il y a une différence
quand même entre «consultation» et
«concertation». Le ROBVQ parle des ministères, des autorités municipales, des
communautés autochtones, des
organismes de bassins versants, évidemment, tables de concertation régionales,
conseils régionaux de l'environnement, etc. Donc, vous vous situez
comment par rapport à ça?
M. Filion
(Bernard) : J'ai discuté avec eux sur ce point précis et je comprends leurs craintes. C'est qu'avec le
processus qui est présenté de compensation
monétaire pour une perte, bien, ils veulent s'assurer que les pertes qui vont
être autorisées, ça va
tenir la route par rapport à l'existence... par rapport du bassin versant
parce qu'il y a des... Il faut
faire attention. Souvent, on a tendance à
vouloir protéger ou garder un milieu humide qui a une certaine caractéristique
qui est rare, des espèces en danger, mais il
y a des milieux humides, là, qui n'ont rien, là. Ils ont juste la caractéristique d'avoir de la
quenouille, de l'eau, d'être un bel habitat, mais il n'y a pas d'espèce en
danger.
Il y en a
beaucoup, puis ça, ça joue un rôle. On a des exemples, là, où est-ce qu'on sait qu'il y a des têtes de bassin que, si on enlevait un immense milieu humide, une
immense tourbière qui existe déjà, ça aurait un impact complet dans tout le bassin versant. Donc, la préoccupation de juste une consultation versus une concertation, c'est à ce niveau-là, c'est qu'ils émettent un avis — et ça nous
interpelle aussi — qu'on
dise : Non, il faut garder cet habitat-là, mais que, fondamentalement, ça demeure un avis, puis qu'il disparaît, et que ça a un
impact global dans le bassin versant. Donc, on partage leur préoccupation. Il faut vraiment que ça ne soit pas
juste : Oui, on les a consultés. On s'est déjà fait faire la passe de se
faire consulter puis, après ça, lire
le rapport qui dit : Coudon, on vous a consultés, mais le résultat est
totalement différent de ce qu'on a recommandé.
M. Gaudreault : O.K. Mais je veux juste être sûr de bien vous
comprendre, vous la tirez où, la ligne, là, entre une consultation puis une concertation? Comment on peut formaliser
ça pour ne pas que ça soit... Parce
que vous le dites vous-mêmes à votre page 8, là, vous ne voulez
pas que ça soit une simple formalité, là, donc, nous, on a besoin d'exemples
ou de cas concrets, là.
M. Filion
(Bernard) : On dit qu'il
faut qu'il y ait une mise de départ pour le fonds de
restauration avec des ressources spécialisées.
Et probablement que, dans l'aspect réglementaire, il va falloir
aussi normer ça parce qu'on a des
exemples à l'extérieur du Québec, les
Conservation Authorities en Ontario, qui sont des acteurs différents sur le
territoire avec plus d'autorité en
termes de recommandations. Ça fait que c'est une différence importante que
juste une consultation. Ça fait qu'on pense que le modèle de
fonctionnement actuel doit être revu et amélioré parce que ce projet de loi là,
oui, il adresse les milieux humides, la
perte puis les compensations, mais nous, on dit : Il faut aller beaucoup
plus loin dans la vallée du Saint-Laurent. Pour nous, là, c'est un point
de départ, ce qui est ici sur la table, on arrête de perdre un outil majeur dans l'environnement qui est les milieux
humides. Et, à partir de ça, comment
on peut rebâtir nos paysages? Et on ne le fera pas avec la structure
actuelle.
M. Gaudreault : Donc, je comprends — parenthèse
en même temps, là — que vous
souhaitez qu'on ait rapidement les intentions réglementaires du
gouvernement.
M. Filion (Bernard) : On peut-u éviter ce qui s'est passé en 2006, où est-ce qu'avec des bonnes intentions on
s'est ramassés dans toutes sortes de directions? Ça fait que, oui, ça prend du
réglementaire.
• (12 h 40) •
M. Gaudreault :
Oui. O.K. Je veux vous entendre également parce que vous avez fait référence
souvent tout à l'heure, en répondant au ministre, à 1 132 municipalités, là. Je comprends que
vous étirez l'élastique, mais, à l'article 15.3 du projet de loi, on dit que «lors de
l'élaboration d'un plan régional des milieux humides [...] la communauté
métropolitaine ou la municipalité
doit au moins consulter les organismes de bassin versant». Bon, «au moins
consulter», il va falloir préciser
cette notion-là. Mais, encore une fois, un peu pour faire du pouce avec ce que
je disais tantôt, vous la tirez où, la ligne, là, entre les
1 132 municipalités dont vous parlez? Par exemple, est-ce que c'est
le territoire de MRC, etc.?
M. Filion
(Bernard) : C'est sûr que l'entité MRC qui fait le schéma
d'aménagement a la capacité d'intégrer la cartographie détaillée des
milieux humides, ce qui'ils font, et d'intégrer aussi un plan régional, qui est
un plan de conservation, mais qui a changé
de nom, ce qui va permettre d'identifier les sites d'intérêt majeur à
conserver, les sites à restaurer. Donc, c'est une belle entité.
La
ville de Calgary ont fait une erreur, eux autres. Ils ont fait le même
principe, à peu près, que ça, mais ils ont dit : Toute compensation devra être à l'intérieur des limites de la
ville. Rapidement, ils se sont ramassés dans les périmètres d'urbanisation puis ils se sont ramassés... ils
ont dit : Ah! bien là, ce qu'on a fait il y a cinq ans en compensation,
c'est dans nos jambes aujourd'hui.
Donc, il y a un piège à être trop sectoriel, trop géographique parce qu'il y a
des besoins sur le territoire qui ne sont pas nécessairement au niveau
d'une MRC uniquement, et c'est... C'est sûr que le principe, le principe de base en compensation, normalement tu
compenses le plus proche possible du site, tu compenses dans ton bassin
versant. Tu utilises l'unité géographique qu'est le territoire, qu'est le
bassin versant, l'écoulement de l'eau, le réseau hydrographique pour compenser. Mais, à un moment donné, comme je disais
tout à l'heure, il y a des secteurs comme la Yamaska, entre autres, où des pertes, là, il n'y en aura pas beaucoup
parce que c'est un secteur, le bas Yamaska, qui a été très drainé. Mais on sait qu'il doit y avoir
de la restauration dans ce territoire-là, comment on fait circuler les fonds?
Si on les fait trop sectoriels, bien, les
municipalités d'Abitibi qui ont beaucoup, beaucoup, beaucoup de milieux
humides, qui vont en perdre, vont
dire : Bien, nous, on va empocher beaucoup parce qu'on va avoir beaucoup
de pertes. Parce que, dès qu'on veut
se déplacer, on tombe dans les milieux humides. Mais, en contrepartie, la
Yamaska, qui en a besoin, n'en aura pas.
M. Gaudreault : C'est pour ça que vous dites à la page 13 de
votre mémoire : «Autrement dit, la restauration d'un milieu humide de type similaire au milieu
affecté et tout juste à côté n'est pas nécessairement ce qui est le plus
logique et le plus cohérent d'un point de vue environnemental.» Je
comprends bien?
M. Filion
(Bernard) : Effectivement.
M. Gaudreault :
Mais, à la base, le territoire du bassin versant doit être, d'une certaine
manière, la règle de base. Et il y a
évidemment plusieurs MRC qui peuvent chevaucher le même territoire de bassin
versant, donc, à ce moment-là, le territoire de bassin versant devient
un peu le dénominateur commun d'une certaine manière.
M. Filion
(Bernard) : Oui. Puis c'est là que l'enjeu... Quand on commence à
sectoriser puis que c'est la MRC ex
cathedra, là on devient coincé sur des régions administratives. Dans notre
mémoire, on parle d'unités de paysage parce
qu'on sait très bien que le bassin versant de la Yamaska est très différent
près du lac Saint-Pierre et au sud, dans la zone forestière. La même chose du côté du bassin versant de la Mauricie.
Donc, l'unité de paysage — vous irez voir, on le définit
dans notre mémoire — c'est
beaucoup plus une entité où est-ce que les gens se reconnaissent et
reconnaissent la problématique qu'ils
vivent. Donc, dans le Bas-Yamaska, ils vivent une problématique différente que
dans le Haut-Yamaska, dans la zone forestière.
Ça
fait que c'est pour ça qu'on dit qu'il va falloir... Il faut repenser la façon
d'intervenir sur le territoire parce qu'on ne l'a pas, la bonne recette,
présentement. Puis, dans notre rapport, on dit : On a un impact sur le
développement. Les trois éléments du
développement durable sont négatifs à cause des pertes de milieux humides.
Donc, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, là.
M. Gaudreault :
Oui, vous auriez pu donner aussi la rivière Saguenay comme exemple, là, du côté
d'Alma puis du côté de Tadoussac où, dans le Bas-Saguenay, le fjord puis
l'aspect rivière, c'est complètement différent, puis c'est deux milieux
complètement différents.
Mais
le temps file, je veux vous amener... Parce que vous avez fait référence à la
forêt, alors j'essaie de faire un bond
là-dessus. C'est quoi, l'intégration que vous envisagez qui serait l'idéal
entre, par exemple, l'industrie forestière, le ministère de la Forêt, le ministère de l'Agriculture également, parce
qu'on sait qu'en forêt puis en agriculture c'est les plus gros impacts sur les milieux humides, le
ministère des Transports également, souvent, qui passe une route sur le milieu
humide? Alors, comment vous voyez cette
meilleure intégration? Ou est-ce que ce qui est prévu dans le projet de loi
vous suffit? Ou comment on pourrait
intégrer davantage ces... Je nomme ces trois secteurs, là, transports, forêt,
agriculture, mais comment vous voyez ça?
M. Filion
(Bernard) : Guillaume.
M. Daigle
(Guillaume) : Bien, on en a
parlé, là, dans notre mémoire, c'est clair, selon nous, que ça prend une
intégration interministérielle, en fait, là,
de l'esprit de la loi, là. Donc, pour nous, il ne faut pas que ça ne soit que
l'adage du plan
de conservation élaboré par les instances municipales en collaboration avec les
autres intervenants. Je pense qu'il faut
que l'esprit de la loi soit intégré
dans les pratiques des ministères pour toutes leurs activités, y incluant le
MAPAQ, incluant le secteur forêt, incluant le transport. Donc, on
endosse ça, effectivement.
M. Gaudreault :
M. Filion.
M. Filion
(Bernard) : Mais, dans la
démarche qui est proposée de travailler à bâtir les plans régionaux, si le plan
régional n'inclut pas l'élargissement de
l'autoroute, donc interpelle le ministère
des Transports, n'inclut pas des activités
industrielles ou de développement, bien, le plan régional, il n'est pas bon. Puis
ça, c'est pour ça que c'est... Tout est relatif en termes d'échelle. On comprend le ministère des Transports, que sa
route, bien, il veut qu'elle soit sécuritaire. Mais là, ce qu'on lui dit : Faites-la pas trop sur le
bord de l'eau parce que ça érode, hein? Ça fait que c'est pour ça aussi... Donc,
c'est pour ça que... L'enjeu, c'est comment travailler ensemble collectivement
pour que la décision qui soit prise soit meilleure que si on l'avait prise tout
seul.
Ça
fait que ça, c'est un autre enjeu parce qu'il y a tellement de tirage à gauche
puis à droite, la route plus large, la
route moins large, la route à gauche, sur la montagne, pas la montagne. Ça fait
qu'à un moment donné tu finis que la résultante
est une solution qui n'est pas durable. Ça fait que ce qu'on dit, dans les
milieux humides, là, puis dans les plans régionaux, il faut adresser l'ensemble des intervenants sur un
territoire donné, donc qui interpelle les OBV, et tout le reste, mais qui interpelle les autres ministères. Et,
dans le projet de loi, ce qui est proposé en forêt privée, les bonnes pratiques,
on pense que ça va atteindre un résultat. Il
faut s'assurer que les pratiques retenues et suivies soient réelles et
efficaces, d'où la nécessité d'avoir
une équipe de mise en oeuvre. Si on n'a pas d'équipe de mise en oeuvre qui
assure un minimum d'uniformité
provinciale, on va se ramasser avec une interprétation à gauche puis à droite.
Puis ce qui va se faire sur le nord va être différent du sud, et on l'a
vécu dans les dernières années avec les promoteurs constamment.
M. Gaudreault :
Mais, pour arriver à cette mise en oeuvre sur le territoire dont vous parlez,
une mise en oeuvre intégrée, est-ce
que vous voyez des modifications qu'on doit apporter au projet de loi ou c'est
davantage au niveau réglementaire?
Le Président
(M. Plante) : En 40 secondes, M. Filion.
M. Filion
(Bernard) : C'est sûr qu'il y a du monde qui vont nous suivre, là, ils
nous entendent ce matin, ils pourront le
proposer. Mais, effectivement, si, dans le projet de loi, on peut déjà camper
une obligation de résultat dans un schéma d'aménagement qui intègre le
«aucune perte nette», on va avoir progressé.
M. Gaudreault :
Merci.
Le
Président (M. Plante) : Merci beaucoup. Donc, nous sommes
maintenant rendus au bloc du deuxième groupe d'opposition. Donc, M. le
député de Masson.
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Donc, bonjour, M. Filion, M. Daigle. Content
de vous voir aujourd'hui. Je vais revenir sur quelques éléments que vous
avez eus dans des discussions préalables, là. Premièrement, bien, avec la discussion qu'on avait avec le député de
Jonquière, là, je comprends qu'on veut avoir des plans de restauration qui sont
faits par les MRC. Vous avez mentionné aussi
la nécessité de le regarder un petit peu plus vaste puis de tenir en compte
de nos organismes de bassin versant.
Présentement, dans le projet de loi, là, on ne demande pas ça aux organismes de
bassin versant, on le demande plus au
niveau des MRC. Et puis vous avez ajouté une nouvelle notion que c'est la
première fois que j'entendais parler
au niveau, là, de la notion de paysage, là, de tenir compte des paysages. Donc,
pour les plans de restauration, là, est-ce qu'on ne devrait pas donner
le mandat plutôt aux OBV plutôt qu'aux MRC?
M. Filion
(Bernard) : Bien, je pense que la question n'est même pas à ce
niveau-là. Ce qu'on dit, là, l'enjeu, là, c'est d'avoir des espaces de restauration. Et ça, c'est dans les MRC
qu'on va les trouver, dans les schémas d'aménagement. Puis, comme les schémas d'aménagement sont là pour
prévoir le développement sur le territoire de tout acabit, là, bien, ils vont identifier des pertes. L'enjeu, c'est que
les pertes qui vont être identifiées, que ça soit reconnu comme n'étant
pas irrémédiable, là, comme pertes en termes d'impact majeur, là, comme on
mentionnait tout à l'heure.
Donc,
c'est pour ça qu'il n'y a pas... Notre feeling, là, notre interprétation
actuelle, là, il semble ne pas y avoir d'entité qui va être capable de
tout régler les problèmes, il faut travailler collectivement. On regarde
l'échelle de la MRC, on vous dit qu'il y a
des risques d'être à l'étroit, donc il faut regrouper. On regarde l'échelle du
bassin versant, on dit : Il y a
de la disparité à travers un bassin versant, les gens ne partagent pas la même
problématique. Donc, c'est pour ça
que, dans notre mémoire, on arrive avec la notion de paysage, qui va découper
des parties de territoire où est-ce que la problématique est semblable,
donc des solutions semblables aussi à mettre en place. Mais le nerf, le nerf,
l'enjeu de ce projet de loi là, c'est avec
les schémas d'aménagement puis identifier des sites de restauration
pragmatiques, efficaces, durables.
M. Daigle
(Guillaume) : Un élément de réponse.
M. Filion
(Bernard) : Oui, vas-y.
• (12 h 50) •
M. Lemay : Oui. Allez-y,
M. Daigle.
M. Daigle (Guillaume) : En fait, on est contents, on est très heureux, en
fait, que ça soit confié au monde municipal. La démarche du plan
régional, là, c'est une démarche qui n'identifie pas seulement
des sites de restauration, hein, qui identifie
les milieux humides, qui identifie les milieux humides qui présentent un intérêt
de conservation, et là on suit la boucle
en parlant des milieux qu'on peut potentiellement restaurer et des milieux
qu'on pourrait potentiellement créer. Pour nous, l'instance municipale
est importante parce que — puis
c'est correct que ça soit eux autres qui portent le crayon — c'est
eux qui ont le pouvoir réglementaire pour que, justement, si on identifie des
sites à conserver, bien, que ça percole jusqu'au règlement municipal.
C'est vrai qu'on a soulevé une préoccupation dans notre mémoire, il y a un nécessaire besoin de coordination, notamment avec
les OBV. Les milieux humides, c'est trop près des fonctions hydrologiques des bassins versants pour qu'on
ignore ça, et c'est pour ça qu'on a dit : Il faut que ça se fasse avec
sérieux, il ne faut pas que ça ne
soit qu'une simple formalité. Donc, c'est un complément que je voulais
apporter, mais, quand même, dans la
démarche, on est quand même heureux que ça soit ceux qui ont le pouvoir de la
réglementation municipale qui soient aussi chargés de cette
planification-là.
M. Lemay :
Parfait, merci. Au niveau des récurrences centenaires, là, que vous mentionniez
tout à l'heure, là, est-ce que vous
pensez qu'on pourrait saisir cette opportunité pour soit l'inclure dans la loi
ou ne serait-ce que par règlement pour ce qui a trait à la révision des
récurrences?
M. Filion
(Bernard) : Les trois députés ont commencé leur allocution en ayant de
l'empathie par rapport à ce qui se
passait sur le territoire. Donc, c'est un enjeu majeur. Et les plaines
inondables, il y avait des articles encore hier qui citaient les
problématiques passées associées aux plaines inondables, il faut adresser cette
problématique-là, il faut qu'il y ait des
décisions qui soient prises. Elles ne seront pas faciles de la prendre. En
Ontario, il y a 2 % des infrastructures qui sont affectées en plaine inondable. Les Conservation Authorities,
depuis des années, n'autorisent pas de construction en plaine inondable. Donc,
il y a des récurrences, 0-20 ans. Ça fait qu'automatiquement il y a un
enjeu qui doit être là puis qui doit
être adressé, puis, oui, saisissons l'opportunité pour adresser cette
problématique-là puis de dire : Bien, voilà, une fois pour toutes, qu'est-ce qui peut se faire
et qu'est-ce qui doit arrêter de se faire. Il y a des gens qui sont en place,
il y a les fameuses clauses grand-père. Il y
en a peut-être qui veulent quitter aussi. Peut-être que d'avoir un programme
volontaire, de dire : On vous offre
l'opportunité de vous relocaliser, s'ils sont intéressés... Peut-être qu'il y
en a qui sont tannés, trois fois de
l'eau dans le sous-sol, là, ça fait que... O.K. Il y a un enjeu, puis
souvent...Mais on comprend ceux qui
veulent vivre sur le bord de l'eau. Mais il y a un coût à payer. Puis, comme je
vous disais, là, ils ont plus de chances, ceux qui sont dans le 0-20 ans, 100 ans, d'avoir de l'eau dans
le sous-sol, une chance sur 100, que de gagner à la loterie, une chance
sur 14 millions.
M. Lemay :
C'est clair. Là, vous parlez, là, qu'on pourrait se saisir de cette
opportunité-là, mais il y a-tu d'autres choses que vous voudriez voir, là? Il y a des défis qu'on a à mettre en
vigueur la loi, puis on va avoir plusieurs règlements qui vont venir, là, mais qu'est-ce que vous
aimeriez? Qu'est-ce que vous souhaiteriez avoir dans les règlements? Il y a-tu
une petite liste d'épicerie?
M. Filion
(Bernard) : Bon, bien, on en parle dans le mémoire, mais on pense
qu'il faut éduquer, sensibiliser les gens
à pourquoi c'est important de conserver les milieux humides. Quand les gens
vont comprendre le rôle des milieux humides,
qu'ils vont comprendre qu'un paysage qui est plus structuré amène une économie
au niveau de leurs taxes, ça va devenir
un réflexe naturel, et là l'enjeu, là, ça va s'emballer. Là, je pense qu'on a
une courbe à monter présentement, là, autant
au niveau des plaines inondables que pourquoi conserver des milieux humides. La
première fois qu'on a fait une conférence
de presse sur les milieux humides, c'est M. Jean-Paul L'Allier qui était
avec nous, et son commentaire, ça a été :
Moi, quand j'étais jeune, aménager un milieu humide, c'était le drainer.
Aujourd'hui, je constate que de conserver les milieux humides, c'est bon
pour ma municipalité puis ma ville. Commentaire de Jean-Paul L'Allier en
conférence de presse.
Ça
fait que ça donne une idée qu'il y a un cheminement à faire faire. Et ça, dans
le projet de loi, il faut qu'il soit accompagné d'un support en termes
médiatiques, mais en termes de connaissances et au niveau académique aussi. Il faut former des professionnels qui vont nous
amener cette nouvelle connaissance là, qui vont l'importer et qui vont nous
proposer des solutions durables. En milieu
agricole, entre autres, là, on n'est pas ici pour dire qu'il faut refaire des
grands marais, mais il faut
structurer le milieu agricole pour que ça soit bon pour eux et que ça soit bon
pour notre environnement, nos paysages.
M. Lemay :
Bien, justement, vous parlez de la formation académique, puis, effectivement,
vous en parlez à la page 7 de
votre mémoire, et puis j'aimerais savoir, est-ce que vous avez déjà eu des
discussions, là, préalables avec des établissements d'enseignement quant
à l'éventualité d'intégrer dans un corpus universitaire ou d'enseignement des
programmes visant à former, là, des futurs praticiens en environnement?
M. Filion
(Bernard) : On n'a pas eu de discussion à ce niveau-là, mais nous, on
a un petit programme qui s'appelle le
Centre d'excellence des milieux humides, qui fonctionne très bien, qui met en
lien une commission scolaire, qui met en
lien un centre d'interprétation comme Cap-Tourmente, là — on travaille sur la Côte-de-Beaupré — et une source... et on intègre la notion de conservation des
milieux humides au niveau du secondaire II. Donc, au lieu de faire une
sortie sur le terrain puis regarder
comme c'est beau, c'est pendant l'année, le professeur enseigne les notions
d'importance des milieux humides, mais ils vont sur le terrain soit
faire de l'échantillonnage d'eau ou de l'observation.
Et on est à ce
niveau-là présentement, mais ce qu'on dit : Avec le projet de loi,
saisissons la balle au bond, et il faut
l'intégrer au niveau technique et professionnel, la connaissance des milieux
humides, parce que le Québec n'est pas une
province à milieux humides, là. On n'est pas l'Ouest, on n'est pas les États
américains où est-ce qu'il y a des universités
qui, systématiquement, produisent des spécialistes sur la sauvagine. En
passant, c'est la première fois que je dis
le mot «canard» ce matin, là, mais pourquoi on est aussi passionnés sur les
milieux humides, parce que c'est l'habitat de la sauvagine, puis la mission de Canards illimités, c'est le maintien
des populations de canards. Puis on n'a pas beaucoup de formation présentement...
de jeunes qui étudient la conservation des milieux humides au Québec.
M. Lemay :
Bien. Rapidement, vous avez aussi parlé dans l'intervention précédente, là, de
l'importance du milieu agricole. Puis il y a
une certaine dualité, là, entre le milieu agricole puis la protection des
milieux humides, puis on est tous
d'accord, là, que les deux sont conciliables, là, mais est-ce que vous pouvez
nous dire si, selon vous, il manquerait quelque chose dans le projet de
loi pour, justement, permettre cette dualité?
M. Filion
(Bernard) : Présentement, c'est un voeu pieux. Effectivement, c'est
quoi, là? Il faudrait le réfléchir, et
c'est pour ça qu'on parle d'unités de paysage. C'est-à-dire qu'on va prendre
une section de paysage, qui est une production
agricole active, et développer des approches et des technologies de maintien de
cours d'eau, de maintien de rivières
de façon à ce que tout le monde gagne. Parce que le producteur, il n'a aucun
avantage à voir son sol se promener présentement
dans le Saint-Laurent puis dans l'Outaouais, là, il n'a aucun avantage
économique, là, puis de voir l'érosion. Donc, si on peut s'organiser à développer une approche de cours d'eau
globale qui va permettre d'améliorer notre qualité de l'eau, notre quantité d'eau, nos habitats, nos
espèces en danger, on vient de faire un gain majeur. Et je me sers du projet
de loi comme tremplin parce que le projet de
loi, là, il règle un morceau, là, puis on arrête les pertes. Maintenant, il
faut aller ailleurs.
Le Président
(M. Plante) : Merci beaucoup, M. Filion et M. Daigle.
Merci pour ces moments avec nous.
Alors, je suspends
nos travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
12 h 58)
(Reprise à 15 h 6)
Le
Président (M. Iracà) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Veuillez, s'il vous plaît, éteindre la sonnerie de vos téléphones cellulaires et appareils
électroniques.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques
dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 132, Loi concernant la conservation
des milieux humides et hydriques.
Cet
après-midi, nous entendrons les groupes suivants — j'en profite pour vous souhaiter la
bienvenue — alors :
le Regroupement des organismes de bassins
versants du Québec, l'Association des professionnels de la construction et de
l'habitation du Québec et le regroupement des conseils régionaux de
l'environnement du Québec.
Alors,
je souhaite la bienvenue aux représentants du premier groupe, le Regroupement
des organismes de bassins versants du
Québec. Je vous demande de bien vouloir vous présenter, ainsi que les personnes
qui vous accompagnent. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite,
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. La parole est à vous.
Regroupement des organismes de bassins
versants du Québec (ROBVQ)
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
commissaires, nous vous remercions tout d'abord de l'invitation à participer à
cette commission. Le Regroupement des organismes de bassins versants, le ROBVQ,
est aujourd'hui représenté par M. Jean-Paul Raîche, premier vice-président,
et par moi-même, Marie-Claude Leclerc, directrice générale.
Le ROBVQ se réjouit
du dépôt du projet de loi concernant la conservation des milieux humides et
hydriques, puisqu'il marque un pas important
vers la conservation des ressources hydriques. Il reste cependant
encore à faire. Nous vous présentons les éléments que nous considérons
primordiaux.
Donc,
notre premier sujet : Aucune perte de milieux humides et hydriques
d'intérêt. Tout d'abord, en ce
qui concerne l'identification et la
désignation des milieux d'intérêt, pour le ROBVQ, la protection des milieux
humides et hydriques d'intérêt
implique d'identifier collectivement ces milieux d'intérêt à l'aide de critères
prédéterminés. Le projet de loi prévoit qu'avant
de désigner un milieu en vertu de l'article 13 le ministre
consulte moult acteurs. Bien que nous sommes heureux de constater qu'une consultation multisectorielle
est prévue au projet de loi, nous sommes d'avis que le rôle des acteurs
identifiés doit dépasser la simple consultation. Ils devraient tous être impliqués dans l'identification des milieux
humides d'intérêt à l'échelle des
zones de gestion intégrée de l'eau par bassin versant, tel que prévu à la loi,
et ce processus devrait considérer
les fonctions hydrologiques et écologiques des milieux. De plus, le ROBVQ est
d'avis que les OBV du Québec seraient des partenaires tout indiqués pour
coordonner ces processus de concertation, et les ressources nécessaires
à ce mandat devraient être internalisées dans le processus d'application
de la loi.
Par ailleurs, le ROBVQ est d'avis que certaines catégories de milieux devraient
s'ajouter aux catégories prévues à la
loi pour obtenir une désignation de milieu humide d'intérêt. C'est pourquoi
nous recommandons d'ajouter à l'article 15 du projet de loi deux catégories, donc les milieux qui se situent
dans l'espace de liberté d'un cours d'eau et les milieux qui contribuent
à prévenir des enjeux de sécurité publique.
En ce qui concerne la production de connaissances, afin d'identifier les milieux humides et hydriques
d'intérêt, il importe de disposer des connaissances à jour sur ces
milieux. Plusieurs régions du Québec disposent déjà d'une cartographie détaillée des milieux humides.
Toutefois, ce n'est pas le cas pour toutes les régions. C'est pourquoi le ROBVQ
recommande que soit prévu en complément à la
loi un programme d'acquisition de connaissances afin de compléter une cartographie détaillée des milieux humides et
hydriques qui comprenne une validation terrain et pour caractériser les milieux
humides et hydriques pour leurs fonctions.
• (15 h 10) •
Les
organismes de bassin versant doivent en outre être des partenaires actifs dans
ces processus afin d'assurer les
travaux de validation terrain de la cartographie, réaliser la caractérisation
fine des milieux subissant des pressions et documenter les fonctions
hydrologiques et écologiques de ces milieux.
Notre deuxième sujet : Aucune perte
nette de milieux humides et hydriques. Le ROBVQ se réjouit que le gouvernement introduise la notion d'aucune perte
nette de milieux humides dans la législation et qu'il propose d'appliquer
la séquence d'atténuation
éviter-minimiser-compenser. Afin d'appliquer ces principes, la réalisation de
plans régionaux de milieux humides et
hydriques est proposée. Ainsi, nous nous réjouissons de constater que le projet
de loi prévoit mettre en oeuvre un ou des programmes visant la
restauration ou la création de nouveaux milieux humides.
Le ROBVQ est
d'avis que plusieurs propositions du projet de loi pourront être bénéfiques à
la conservation des milieux
ciblés — que vous
retrouverez dans notre mémoire. Ce qui suit nous semble cependant primordial,
c'est le respect de la séquence
d'atténuation. Une des conditions du succès pour que le système de compensation
proposé soit fonctionnel concerne l'examen du respect de la séquence
d'atténuation au moment de l'émission de l'autorisation.
Le ROBVQ
recommande que l'examen du respect de la séquence éviter-minimiser-compenser
prenne compte de l'avis de plusieurs
organismes reconnus pour leur expertise dans le domaine afin d'obtenir les
ressources et les informations suffisantes efficacement et objectivement
pour les dossiers de compensation et de restauration.
Dans un
contexte de changement global, l'examen du respect de la séquence d'atténuation
devrait tenir compte des notions de
capacité de support du milieu et de vulnérabilité. Aucun CA ne devrait être
accordé s'il a pour effet d'augmenter la
vulnérabilité des collectivités, et une attention particulière devrait être
accordée aux aires d'alimentation des prises d'eau potable et aux zones
situées en amont des zones inondables.
Notre dernier thème, la gestion intégrée de
l'eau par bassin versant. Le projet de loi à l'étude marque un pas en avant en matière de conservation des milieux
humides et un énorme pas en arrière en ce qui concerne la gestion intégrée
de l'eau. Cette thématique est donc celle pour laquelle nous formulons nos plus
importantes recommandations.
Les plans des
milieux humides et hydriques, donc notre premier sujet. Le projet de loi
introduit un nouveau mandat pour les
communautés métropolitaines et les MRC, soit «élaborer et mettre en oeuvre un
plan régional des milieux humides et hydriques, à l'échelle de son territoire».
On parle donc d'un territoire qui est politique, qui est administratif.
C'est un territoire qui est fictif pour l'eau. Bien que le ROBVQ se réjouisse
que le gouvernement du Québec inscrive nommément
les organismes de bassin versant dans le projet de loi, cet ajout ne permet
pas, à lui seul, de faire en sorte que les travaux de conservation des
milieux humides se fassent dans une optique de gestion intégrée de l'eau.
La loi
affirmant le caractère collectif des ressources en eau stipule que la gestion
des ressources en eau et des milieux associés
doit être réalisée de manière intégrée et concertée dans les unités
hydrographiques désignées. Elle reconnaît le bassin versant comme unité
hydrographique adaptée à la prise de décision en matière d'eau. Il est donc
surprenant de constater que cet article de
la loi n'est pas appliqué plus loin dans le même projet de loi lorsqu'il est
question du développement des plans
régionaux des milieux humides et hydriques. Il est donc primordial pour nous de
remédier à cette erreur dans le projet de loi. L'eau, ça se gère par bassin
versant.
Le ROBVQ
reconnaît les compétences des communautés métropolitaines et MRC en matière
d'aménagement du territoire et de
gestion des cours d'eau. Ce n'est pas le sujet, ces instances ne peuvent pas
être les gardiennes d'une gestion intégrée
à l'échelle du bassin versant en raison de leurs limites géographiques, qui ne
respectent pas les limites naturelles d'écoulement
des eaux. À cet effet, le seul mécanisme proposé par le projet de loi prévoit
que la communauté métropolitaine ou
la municipalité doit au moins consulter les organismes de bassin versant. Le
ROBVQ juge cette proposition réductrice et insuffisante afin d'assurer
une réelle gestion intégrée de l'eau par bassin versant.
Afin
d'assurer une mise en oeuvre efficace de la loi, le ROBVQ recommande que soit
prévue une coordination des actions à
l'échelle des bassins versants des 40 zones de gestion intégrée de l'eau
et que soient structurés des comités de
concertation dédiés à la conservation des milieux humides et hydriques pour
chacune de ces zones. Mettre davantage à contribution les OBV pourrait
réduire les coûts de développement et de rodage du système mais aussi en
assurer son fonctionnement à long terme. C'est pourquoi le ROBVQ est d'avis
qu'un mandat spécifique pour l'animation et la coordination de ces comités
devrait leur être dévolu dans les mécanismes de mise en oeuvre de la loi.
Mon deuxième
sujet, qui concerne toujours la GIEBV, donc l'arrimage entre les planifications
des OBV et des MRC. Le ROBVQ est
d'avis que le processus actuel de révision de la loi sur l'eau serait une
occasion d'enfin préciser les
mécanismes d'arrimage entre les travaux de réalisation des plans directeurs de
l'eau et des schémas d'aménagement des
MRC. Pour le moment, la loi précise que les PDE doivent être pris en
considération. Dans le projet de loi à l'étude, la proposition ne permet pas de répondre aux
recommandations du Commissaire au développement durable, qui disait dans
son rapport en 2013 que le MDDELCC devait
assurer la coordination des interventions gouvernementales et définir des
orientations qui expliquent comment doit être prise en considération la gestion
intégrée de l'eau dans la révision et la mise
à jour des schémas d'aménagement. Le ROBVQ recommande que le projet de loi actuel précise la façon, donc le comment prendre en considération les plans des ministères,
des organismes du gouvernement, des communautés métropolitaines,
des municipalités, des communautés autochtones, etc., et qu'il propose un mécanisme
de suivi et d'évaluation de
cette prise en considération.
En conclusion, le ROBVQ tient à
réitérer ses félicitations et son appui au gouvernement pour l'adoption
et la mise en oeuvre
de plusieurs des propositions du projet
de loi visant à appliquer les
principes d'aucune perte nette désignée et d'aucune perte nette de milieux
humides et hydriques. Cependant, une préoccupation majeure ne peut être passée
sous silence. Bien que ce projet de
loi renforce l'affirmation que la ressource en eau doit être gérée de façon
intégrée et par bassin versant et
qu'elle inscrive nommément les organismes de bassin versant à titre d'entités
responsables de la mise en oeuvre de
cette gestion, les mécanismes de gouvernance proposés pour la conservation des
milieux humides et hydriques semblent ignorer complètement ces mêmes
principes.
Le Président
(M. Iracà) : Il vous reste une minute, Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Pour que cette loi puisse atteindre son plein
potentiel et assurer une gestion durable des milieux humides et hydriques au Québec, des rectifications à cet
effet s'imposent. Un mandat devra être confié aux organismes de bassin versant en complément à celui
donné aux MRC et aux communautés métropolitaines pour s'assurer que la protection, la compensation et la
restauration des milieux se fassent à l'échelle des bassins versants et en
concertation avec tous les acteurs du territoire, et ce, dans un
processus de dialogue avec la société civile.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme Leclerc. Ceci met
fin à votre exposé de 10 minutes, mais vous allez avoir des beaux échanges, j'en suis certain, avec les membres de
la commission. Alors, nous allons procéder à un premier bloc d'échange
avec la partie gouvernementale, et je cède de ce pas la parole à M. le
ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour. Merci pour votre présentation ainsi que votre
mémoire. J'aimerais qu'on discute de
votre proposition, là, de mettre les organismes de bassin versant, là, en
charge de la planification des milieux
humides et hydriques. Parce que vous avez très bien expliqué comment ça
fonctionne du côté de la planification des
milieux humides et hydriques, moi, ce que j'essaie de comprendre, c'est comment
ça fonctionne, le système que vous proposez
à l'égard de la responsabilité de l'aménagement du territoire, qui revient aux
MRC et aux municipalités, parce que je doute que vous suggérez que ça
soit les OBV qui soient en charge de l'aménagement du territoire au Québec.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Vous avez bien raison.
M. Heurtel :
Alors, moi, ce que j'essaie de comprendre, c'est... Puis là je vous demanderais
vraiment, là, parce que vous... Je
sais que les OBV travaillent sur une base régulière et constante avec les
municipalités et les MRC, notamment dans
le cadre de l'élaboration des plans directeurs de l'eau. Puis, suite à ce qui
est proposé dans le projet de loi n° 132 et ce qui a été adopté dans le projet de loi n° 102, le rôle des OBV
est non seulement solidifié, reconnu, mais accru. J'essaie de
comprendre, avec la mécanique que vous proposez, là, dans les opérations, le
quotidien, là, ce que vous proposez, qu'est-ce
que ça veut dire par rapport à la compétence clairement établie et pas remise
en question des décisions finales en matière
d'aménagement du territoire qui reviennent aux municipalités et aux MRC et,
dans certains cas, évidemment, aux communautés métropolitaines.
Le Président
(M. Iracà) : Oui, allez-y.
M. Raîche
(Jean-Paul) : C'est une très bonne question. D'ailleurs, on ne veut
pas être en charge de la planification du
territoire, ça, c'est sûr, vous avez raison. Puis ce n'est pas ce qu'on demande
non plus, on demande qu'on ait le mandat de créer des comités de concertation pour établir justement un certain
nombre d'éléments, dont, entre autres, les milieux humides d'intérêt,
les endroits où on pourra faire de la conservation, etc., et donc on veut être
capables de réunir les différents acteurs
sur un territoire. Parce qu'on ne dit pas qu'il y a un seul comité qu'on
mettrait en place sur une zone de
bassin versant, ce n'est pas ce qui est demandé, on dit : L'organisme de
bassin versant pourrait mettre en place différents comités selon les
situations, selon les besoins, qu'on ait ce mandat-là.
Je
vais vous donner un exemple par rapport à mon organisme de bassin versant, le
COGESAF. Nous, on a créé des comités
locaux de bassin versant parce que vous comprendrez que les gens qui sont sur
un bassin versant qui se jette dans
la Saint-François, ils s'intéressent à leur bassin versant, mais ce n'est pas
ceux qui sont en amont nécessairement qui sont concernés. Par
conséquent, nous, on a créé des comités locaux de bassin versant où on réunit
les acteurs, les différents acteurs, pour
discuter ensemble, pour décider ce qu'on va faire au niveau des actions à
réaliser, puis même c'est eux qui participent à l'élaboration du plan
directeur de l'eau.
Donc,
c'est dans la même logique, on veut avoir cette possibilité de réunir les
acteurs pour qu'ensemble on puisse établir
justement ce qu'on doit retenir dans l'ensemble des éléments concernant la gestion des milieux hydriques et des
milieux humides de ce territoire-là.
Ça fait que c'est dans, strictement, un mandat de concertation qu'on veut cette
possibilité de le mettre en place.
• (15 h 20) •
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Excusez-moi, madame, vouliez-vous ajouter quelque chose? Vous semblez...
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Bien, si vous le permettez...
M. Heurtel : Ce n'est pas à
moi, ce n'est pas moi qui le permets.
Le
Président (M. Iracà) : Allez-y, je vous le permets.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Donc, si on
y va très concrètement, ça veut dire, avec ces comités-là, c'est possible
de faire de la cartographie. Donc, ça veut
dire que, chaque municipalité, c'est un outil d'aide à la décision. Chaque municipalité et chaque MRC est en mesure de pouvoir voir sur son territoire
qu'est-ce qui l'impacte, qu'est-ce
qui se passe en amont puis qu'est-ce
qui se passe en aval. C'est prendre en considération les activités et les
acteurs qui sont déjà présents sur le territoire, les actions, donc, les
activités qui occupent le bassin versant...
Une voix :
...
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : ... — c'est ça — et prendre compte aussi des perceptions.
Parce qu'il y a des connaissances qui
font partie des perceptions qui sont nécessaires d'aller chercher, et on est capables
de pouvoir mettre ça tout ensemble
afin d'allumer le portrait. Et, ensuite de ça, ça revient aux MRC à prendre les
décisions en fonction de la cartographie, en fonction des éléments
factuels qu'ils ont vus dans le cadre du comité de concertation.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, Mme Leclerc. M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Alors, je poursuis, là. Encore une fois, là, j'essaie
de bien comprendre comment on verrait votre
proposition... sur le terrain. Je comprends que votre objectif, c'est de
s'assurer qu'il n'y ait pas un
travail en silo qui soit fait, c'est-à-dire qu'une MRC ou une municipalité...
Puis ça, c'est un objectif qu'on partage, là, je veux juste être clair. Vous ne voulez pas qu'une municipalité ou une
MRC qui parle peut-être pour un aspect ou une partie d'un bassin versant
plus large prenne une décision qui peut la satisfaire, elle, mais a des impacts
qui n'ont pas véritablement de cohérence avec une vision intégrée du bassin
versant. Est-ce que je résume bien?
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Oui, tout à fait.
M. Heurtel :
Bon. Alors, dans la mécanique du projet de loi actuel, il y a quand même...
Puis je crois que c'est la première
fois, là, de manière législative, où on écrit carrément : Les organismes
de bassin versant doivent être consultés, et même chose pour les tables de concertation régionales. Donc,
l'expertise... Puis même j'en parlais tout à l'heure, des organismes comme Canards illimités également vont
être mis à contribution. Je me dis, dans ce contexte-là, dans ce qui est proposé, n'y a-t-il pas justement un travail
qui est fait pour s'assurer que vous soyez à la table et que, justement, vous
dites : Un instant, il faut regarder
l'ensemble puis il faut tenir compte de telle composante de l'ensemble du
bassin versant avant d'aller de l'avant avec le plan?
Et
je reviens à ma question, si on suit votre mécanique... Donc, deux questions.
Donc, ce qu'il y a dans le projet de loi actuel versus ce que vous proposez,
encore une fois, je comprends l'objectif puis je crois qu'on veut l'atteindre,
là, je crois qu'on n'est pas opposés sur
l'objectif. Là, je crains, au niveau de la mécanique, que là... Où est la ligne
entre la décision ultime de
l'aménagement du territoire qui doit revenir aux MRC? Et je n'ai pas entendu
une réponse à ça, là.
Le Président
(M. Iracà) : Merci.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Si je peux...
Le Président
(M. Iracà) : Allez-y.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Si je peux me permettre, lorsque l'OBV crée un
organisme sur un territoire particulier... Je vous parlais tout à l'heure de... nous, on le fait avec des comités
locaux de bassin, je prends cet exemple-là, mais d'autres organismes de bassin font la même chose, ils
mettent en place une structure, justement, pour réunir l'ensemble des gens,
et ça, ça permet aux différents acteurs du
territoire d'échanger. On s'entend, ça fonctionne. La seule chose, c'est que ça
se fait sur une base volontaire, si je peux prendre cette expression-là.
Et, lorsqu'on dit : On rajoute «doit» par rapport à l'ancienne loi, «doit prendre en considération»,
le «doit» n'était pas là avant. Sauf que, si on fait un bilan sur cette prise
en considération, comment ça a été fait,
cette prise... est-ce qu'elle se fait, la prise en considération par les
ministères et par les MRC ou par les
municipalités? Pas nécessairement. C'est écrit dans la loi, je suis d'accord,
mais on ne le sait pas de quelle manière, et est-ce que c'est vraiment
pris en considération.
Alors,
nous, en ayant le mandat bien explicite de créer ces fameuses tables de
concertation pour les besoins qu'on mentionne,
on est convaincus, à ce moment-là, que les gens vont s'asseoir à la table,
c'est un mandat. Et donc on peut demander
aux gens non seulement d'y être, il y a un mandat qui est précis à ce
niveau-là. Alors, avec le mandat, nous allons
pouvoir réunir les gens, discuter et échanger pour remplir les différents
mandats que nous mentionnons par rapport à ces fameux comités de
concertation pour que ça ne soit pas strictement sur une base «prendre en
considération».
Et
actuellement, si on regarde l'ensemble des OBV du Québec, je vous dirais que,
dans certains cas, ça fonctionne bien,
il y a des arrimages, mais ce n'est pas généralisé. Ça
dépend de la volonté de certains maires, de certains préfets, et, selon leur volonté, ils viennent ou ils ne
viennent pas, ils embarquent ou ils n'embarquent pas dans cette consultation-là. Alors, le fait d'avoir un
mandat clair, de créer ces tables-là, nous sommes convaincus que, déjà là, ça
sera un pas en avant. Ça ne garantit pas complètement, mais c'est un pas
en avant.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. Raîche. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Oui, si
vous permettez. Vous avez raison, il
y a un pas en avant qui est fait
quand on parle de consulter les
organismes de bassin versant, mais, dans notre perspective à nous, il y a
une grande différence entre la consultation et la concertation. On peut être consultés, on peut regarder le plan
directeur de l'eau, on est capables de
pouvoir échanger, mais ça ne veut pas dire que le processus fait en sorte que
tous les autres acteurs sont également
consultés puis qu'on en arrive ensemble à déterminer qu'est-ce qui devrait être
protégé ou non. Et avoir le mandat de concertation,
c'est s'assurer qu'on le fait ensemble pour atteindre nos objectifs globaux, et
c'est pour ça qu'on parle d'un mandat de concertation et pas uniquement
de consultation.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Heurtel : Et qui décide au
final?
Mme Leclerc (Marie-Claude) : La
MRC.
M. Raîche (Jean-Paul) : La MRC.
M. Heurtel : O.K. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Iracà) : Est-ce qu'il y a une autre intervention? M.
le député de Maskinongé,
il vous reste une période de 14 minutes.
M. Plante : Merci
beaucoup, M. le Président. Je ne serai pas le seul à intervenir parce que je sais que mon
collègue a une question aussi par la suite. Donc, juste vous aviser parce
que ça pourrait arriver que j'oublie le temps.
Le
Président (M. Iracà) :
C'est beau, je vais m'occuper du temps et de l'ordre. Allez-y, M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Merci
beaucoup. Donc, bonjour et bienvenue,
Mme Leclerc, M. Raîche. C'est toujours un plaisir de vous rencontrer. Écoutez, j'ai bien apprécié votre
échange avec le ministre. Puis, moi aussi, ça me questionnait un petit peu, et je dois vous avouer que j'étais convaincu de
votre entière satisfaction, dans le dépôt de votre mémoire, sur la formule
que vous deviez être consultés, puisque
vous êtes déjà — et
pour vous côtoyer à plusieurs
reprises — vous êtes déjà, et dans plusieurs cas, la référence dans chacune des MRC, là. Donc,
les OBV, habituellement, deviennent la référence, et maintenant
je crois qu'ils sont, d'un fait, directement... les MRC vont vous consulter, les municipalités vous consultent. Donc, en le
mettant nommément dans la loi, moi, je me suis dit : Bien, tout va se
régler, et ils vont être heureux. Et là l'échange avec le ministre me questionne encore, là, je dois vous avouer, ça
me questionne encore. Vous pourrez peut-être
ajouter...
Et j'avais
une question au niveau de la recommandation n° 8, j'aimerais que vous m'expliquiez un petit peu votre recommandation au niveau de la compensation. Vous me
parlez... Et, si je comprends bien — et là j'ai relu pour être sûr — ça porte à confusion, là. On pourrait penser que
vous voulez qu'on revienne à l'ancien régime, donc, de compensation de terrain, de territoire, etc. Quand on va plus
loin, on comprend bien que ce n'est
pas ça, mais ce n'est pas nécessairement
clair, clair à mon esprit vraiment, là, le sens de la recommandation n° 8.
Donc, ce serait un petit peu ma question.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. Raîche.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Oui. Dans la recommandation n° 8, on dit... C'est parce que notre inquiétude,
c'est que le principe d'évitement ne soit pas vraiment concrétisé, c'est-à-dire
qu'on intervienne quand même dans les milieux humides
plutôt que d'éviter. Et, dans ce
sens-là, on dit : Il doit y
avoir une manière de présenter ça pour empêcher le plus possible qu'on intervienne dans les milieux humides. C'est
pour ça qu'on parle d'un ratio de 1-3, ou des choses comme ça, c'est ça. Je suis d'accord
que ce n'est peut-être pas la meilleure solution qu'on présente, mais
c'est toujours dans l'esprit... Peut-être qu'il y a
d'autres intervenants qui auront de meilleures solutions. Nous, on veut éviter
qu'on intervienne dans un milieu
humide et que l'évitement ne soit pas vraiment bien encadré. C'est dans ce sens-là qu'on présente cette résolution.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Oui, merci. En
proposant ceci, est-ce que vous avez fait des simulations financières?
M. Raîche (Jean-Paul) : Non.
M. Plante : O.K. On n'a pas ça.
Bon, ça, c'était mon autre question.
Je vais revenir aussi à la recommandation,
l'autre page ici, c'est la recommandation n° 11. Bon, vous y allez directement avec ce que vous voulez qui soit changé dans l'application de la loi en disant, bon, les critères des projets restaurés. Votre
changement, c'était «afin de maintenir les superficies [en fonction des] milieux humides dans tous les bassins versants et de faire des gains dans les bassins les plus
dégradés». Bon, si je comprends bien, ça, ça
va avec votre recommandation puis, un petit peu, le début de votre mémoire. Et tantôt on a eu
Canards illimités qui parlaient aussi de la différence de... Parce qu'un bassin versant à un autre il y a
une différence entre le nord puis le sud, etc., là, si je ne me trompe pas, ils avaient donné l'exemple de la
rivière Yamaska tantôt. Je regarde, mettons, chez nous, les trois bassins
versants qui
entourent ma circonscription, c'est totalement différent, là, etc. Donc, si je comprends bien, quand vous parlez de faire
des gains dans les plus dégradés, donc vous
mettriez nécessairement un accent pas nécessairement à la même place au
long du bassin versant.
• (15 h 30) •
M. Raîche
(Jean-Paul) : Effectivement.
M.
Plante : Si je comprends bien, après, avec le devoir des MRC de vous
consulter — et vous
faites affaire souvent avec plusieurs
MRC différentes au niveau du bassin versant ou villes, MRC — donc, à ce moment-là, vos recommandations...
Et c'est pour ça, là, que vos... Tantôt, je
ne comprenais pas... j'ai encore bien, bien de la difficulté à comprendre les
tables parce que, dans ma tête, les
OBV sont déjà des tables. Votre rôle, c'est un rôle de concertation, d'action
auprès du milieu. C'est ce que vous
avez fait pour les plans directeurs de l'eau, vous l'avez fait très, très bien.
Donc, votre rôle est carrément un rôle de concertation.
Quand,
au niveau du gouvernement, on vous dit, nommément dans une loi... on demande à
un organisme municipal, qui sont les
MRC, de vous consulter, donc c'est écrit dans la loi, moi, je me suis
dit : Bien, ce rôle de concertation là, bien, ils l'ont déjà fait parce que vous avez déjà les
acteurs. Là, vous avez semblé dire tantôt, M. Raîche : Bien, ça dépend de
la volonté des élus municipaux. Là, ça me questionne un petit peu parce
que ça va être nommément dans la loi. Donc, j'aimerais
que vous reveniez en lien avec ce comité-là, mais surtout en lien avec les
diverses recommandations de gain versus
le bassin versant, versus les MRC que vous allez faire, là, qui va être
totalement différent du nord au sud puis qui va être totalement différent, si je comprends bien, d'une MRC à l'autre,
donc, en recréant un communiqué, vous allez en comité... excusez-moi, en recréant un comité, vous auriez, dans le
fond, trois, ou quatre, ou cinq comités, tout dépendant du nombre de
MRC, là. C'est confus, ma question, mais je suis confus comme ça dans...
Le Président (M.
Iracà) : On anticipe une réponse quand même. Alors, M. Raîche.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Non, non, ce n'est pas confus, ce n'est pas
confus. La seule seule chose, c'est que ce n'est pas par MRC. Si vous prenez un bassin versant, il y a, sur ce
bassin versant là, différentes municipalités, différentes MRC, parfois juste une MRC, ça peut arriver, ce
qui est assez rare, dépendant du bassin versant. Et ce bassin versant là,
qui regroupe différentes municipalités, il
faut être conscient que la municipalité qui est en aval, elle peut bien prendre
des décisions par rapport, justement, aux milieux humides, elle peut. Si elle
est complètement en aval, elle est moins impactée,
elle est au bout de la ligne, mais elle va être impactée, cependant, par toutes
les municipalités qui sont en amont. Et,
si une municipalité en amont, qui est complètement en amont, prend une décision
par rapport à la protection des milieux humides, elle est bien située, elle est complètement en amont, mais, en
plus de ça, c'est que cette même municipalité là, elle peut être dans deux, trois bassins versants.
Il faut être conscient, là, qu'une MRC peut être sur plusieurs bassins
versants.
Donc,
le comité qui serait mis en place, par exemple, par l'organisme de bassin
tiendrait compte de la réalité du bassin
versant des municipalités concernées et des acteurs concernés par ce bassin
versant. C'est comme ça qu'il faut le voir,
et il serait possible que, dans certains cas, il n'y ait pas véritablement
un... Un coup qu'on a établi le portrait, là, au niveau des milieux
humides et des milieux hydriques, il serait possible peut-être que ça ne soit
pas un milieu qui soit vraiment pris en
considération d'une manière aussi importante qu'un autre bassin où il y a des
inondations, par exemple, où il y a
des particularités sur le bassin versant. Mais il faut être conscient qu'une
même municipalité n'est pas toujours sur un seul bassin versant. Ça, il
faut prendre ça en considération.
Puis
une municipalité qui est en aval, elle dépend de toutes les municipalités qui
sont en amont. C'est ça, la logique du
bassin versant. C'est pour ça que, nous, vous voyez, dans notre mémoire, on
insiste sur cette logique de bassin versant. M. Heurtel, d'ailleurs, le mentionne souvent depuis qu'il y a des
rencontres au niveau des inondations, il faut gérer par bassin versant, on n'a pas le choix. Mais comment
le faire avec des acteurs qui ont des pouvoirs de planification, de gestion
du territoire, qui sont les municipalités et
les MRC, sans qu'il n'y ait pas une espèce d'obligation de travailler avec les
autres acteurs du territoire? Dans le fond, c'est ça, notre logique.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Raîche. M. le député de Maskinongé, il vous reste
six minutes.
M.
Plante : O.K. Ça va être une dernière question. Après ça, mon collègue
de Dubuc va prendre le restant du temps.
Le Président (M.
Iracà) : Parfait.
M. Plante :
Ma dernière question est au niveau de la définition qui est faite dans le
projet de loi des milieux humides.
J'aimerais avoir votre opinion, votre avis, votre accord ou votre désaccord,
mais... Nommément, dans le mémoire, bon,
ce n'est pas mentionné, mais j'aimerais savoir... Vous me dites que oui, mais
j'aimerais que vous nous le rappeliez pour le bien de cette commission,
Mme Leclerc. Merci, M. le Président.
Mme
Leclerc (Marie-Claude) : Le ROBVQ est satisfait avec la définition des
milieux humides. Donc, elle est claire,
elle permet de pouvoir voir où ça commence, où ça arrête, là, en clair, là.
Donc, on est satisfaits de la définition des milieux humides qui a été
donnée dans la loi.
M. Plante :
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, Mme Leclerc. Alors, M. le député de
Dubuc, la parole est à vous pour un temps restant de cinq minutes.
M.
Simard : Merci beaucoup, M. le Président. Ça va être une question, quand même, à développement, là, parce
que je vous entends... D'abord, je vous
souhaite la bienvenue, bien sûr, ma chère Mme Leclerc et M. Raîche.
C'est un plaisir de vous recevoir
ici, chez vous, bien sûr. Vous disiez tout à l'heure à M. le ministre que vous
n'étiez pas intéressés, bien sûr, à
être en charge de l'aménagement du territoire sur les territoires du Québec
parce que ce sont, bien sûr, les MRC. Tout
au long de votre mémoire, vous mettez un peu en... pas nécessairement en doute,
mais vous posez des questions, quand
même, de fond sur les mécanismes de gouvernance et, bien sûr, la réglementation
par rapport aux différentes MRC, villes, MRC, etc.
Bon, ma
question à ce moment-ci pour être court puis vous entendre là-dessus :
Est-ce que vous aimeriez que les organismes
de bassins versants deviennent pour les milieux humides ce que la CPTAQ est
pour les territoires agricoles? Une question à développement un peu.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, merci, M. le député de Dubuc. M. Raiche.
M. Raîche
(Jean-Paul) : C'est une très bonne question. Mais non, on ne veut pas
devenir la CPTAQ, qui a quand même
des pouvoirs un peu plus importants. On ne demande pas ces pouvoirs-là, on veut
juste le pouvoir de créer des tables de
concertation pour que les acteurs se réunissent, échangent et que ce mandat-là
soit assez clair pour que ça se réalise. Mais ensuite nous sommes convaincus que les municipalités et les MRC
sont capables de prendre en considération ce que l'on va dire à ce moment-là
sur ces tables, puis elles vont pouvoir planifier leur territoire en
considérant, effectivement, les effets
que peuvent avoir leurs décisions sur les municipalités et les MRC qui sont en
aval. On en est convaincus parce qu'on
travaille actuellement comme ça à certains endroits, puis, quand ça fonctionne,
ça fonctionne bien, et il y a une prise en considération. Donc, nous, on ne veut pas de pouvoirs, on veut juste
le pouvoir de mettre en place la concertation. C'est juste ça qu'on
demande dans notre mémoire, dans le fond.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci beaucoup. Un temps restant de moins de deux minutes, M. le député de
Dubuc.
M. Simard : M. le Président,
moi, j'ai fini ma question.
Le
Président (M. Iracà) : Oui. Alors, est-ce qu'il y a un autre
collègue? Il vous reste deux minutes, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Oui, j'entends bien votre préoccupation par rapport aux
bassins versants parce que la
réalité, comme vous le dites si bien, bon, ça couvre parfois plus qu'une MRC et
même, à certaines occasions, une
seule municipalité d'une autre MRC. La coordination, actuellement, vous le
faites déjà, ce travail-là, avec ces acteurs-là. Vous fonctionnez comment? Parce que, là, vous dites : Il faudrait
intégrer ça de façon plus efficace pour s'assurer que les interventions vont correspondre à la réalité
de ce que c'est que gérer ces situations-là. Avez-vous développé déjà des
modèles comment travailler avec eux? Est-ce que c'est standardisé ou est-ce que
c'est à refaire à chaque fois?
M. Raîche
(Jean-Paul) : Ce n'est pas standardisé, ça dépend des organismes de
bassins. Mais, à l'intérieur de la zone, on crée des comités pour réunir
l'ensemble des acteurs, ça se fait. Nous, on le fait sur la Saint-François. Le
seul problème, c'est que, dans certains cas,
ça fonctionne bien parce qu'ils acceptent; dans d'autres cas, ça ne fonctionne
pas parce qu'ils n'acceptent pas ou
bien ils vont accepter 10, 12 ans plus tard parce que ça va dépendre du préfet,
des maires, mairesses de ce
territoire-là qui ont cette préoccupation de la gestion de l'eau, de
l'environnement. Ils peuvent l'avoir parce
qu'il y a des inondations. Donc, c'est sûr, quand il y a des inondations, c'est
donc important. C'est dans ce contexte-là, mais ce n'est pas généralisé.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Ceci met fin au bloc
d'échange avec la partie gouvernementale. Nous allons procéder à un
autre bloc pour une période d'environ 13 minutes avec le député de
Jonquière de l'opposition officielle. La parole est à vous.
• (15 h 40) •
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, bonjour au Regroupement des organismes de
bassins versants du Québec. C'est
toujours un plaisir de vous rencontrer. Et sachez que j'ai beaucoup de
reconnaissance pour le travail que vous
faites à travers le Québec, c'est absolument majeur. Surtout dans le contexte
actuel, je pense qu'on s'en aperçoit encore
plus, là, la gestion par bassin versant, si on s'en était aperçu bien plus tôt,
on aurait pu éviter, je pense, bien des situations que l'histoire
récente nous rappelle, malheureusement.
Maintenant,
avant d'aller... Parce que moi aussi, je vais vouloir aller sur la gouvernance
puis sur la question de la gestion, mais j'aimerais ça avoir votre point de vue. Je ne sais pas si vous avez regardé cet aspect-là à l'article 8
du projet de loi, qui insère l'article 15.2
du projet de loi. Je vais vous donner le temps d'aller retrouver vos choses,
là, on dit au deuxième alinéa, paragraphe 3...
Là, c'est vraiment le langage des
législateurs, on parle d'un plan d'action, que le «plan régional comprend au moins les éléments suivants»,
puis là, au troisième point, «un plan d'action qui présente une liste d'interventions à réaliser pour certains milieux
identifiés [à] l'échéancier envisagé pour leur réalisation, lequel tient compte
des droits accordés par l'État en vertu de la Loi sur les mines et de la Loi
sur les hydrocarbures».
Comment
vous interprétez, de votre côté, cette disposition? Est-ce que c'est un pas de
plus, via le projet de loi n° 132 sur
les milieux humides, pour, d'une certaine manière, mettre un couvercle, là,
définitif venant autoriser les permis de gaz ou d'hydrocarbures?
Le Président (M.
Iracà) : Alors, merci, M. le député de Jonquière.
M.
Raîche (Jean-Paul) : On n'a pas réfléchi à cette question-là, notre
priorité était sur la gouvernance par bassin versant. Mais c'est une bonne question, effectivement. Je ne sais pas
quelle est l'intention du législateur ici, mais c'est évident que c'est
en concordance avec d'autres lois.
Quelles
conséquences ça pourrait avoir sur un bassin versant? Ça pourrait,
effectivement, en avoir dans les bassins versants où il y a une
possibilité d'hydrocarbures, donc de prélèvement d'hydrocarbures, c'est sûr, ça
pourrait. Mais, encore là, comme je vous
dis, on n'a pas pris la peine de regarder les effets réels parce que c'est très
centré sur un contexte particulier
d'un bassin versant. Par exemple, si c'était la vallée du Saint-Laurent avec
les gaz de schiste, c'est évident que ça
pourrait peut-être avoir des impacts. Mais, quand on sait que, quand on fait un
prélèvement de gaz de schiste, on ne couvre
pas un immense territoire en surface, là, d'accord, alors les conséquences ne
seraient pas nécessairement aussi grandes par rapport...
Mais,
dans notre mémoire qu'on a déjà déposé, on a dit : Pas dans un milieu
humide, pas dans certains... Donc, on avait exclu certains territoires,
s'il y avait exploitation des gaz de schiste en particulier.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, mais ce n'est sûrement pas anodin si ça apparaît,
là, quand même, dans la loi. Alors, moi, je comprends — et puis
avec les ressources aussi qui sont malheureusement limitées, là, ça, j'en suis
conscient — que
vous étiez davantage sur la gouvernance ou
sur d'autres enjeux. C'est tout à fait correct, mais on commence à peine nos
travaux, là, sur le projet de loi n° 132. Donc, moi, je vous invite...
Puis, je pense, ce serait au bénéfice de la commission si vous avez une réflexion additionnelle à nous
soumettre éventuellement, particulièrement sur cet aspect-là. Je pense que ce serait enrichissant pour l'ensemble des
parlementaires, là, qui siègent. Parce que, comme vous le savez, le législateur
ne parle pas pour ne rien dire. Donc, s'il y
a ce volet-là dans le projet de loi, nous, en tout cas, quand on va arriver à
l'article par article, là, ce sera certainement éclairant d'avoir votre
point de vue là-dessus.
Je
veux revenir sur la gouvernance. Vous avez échangé quand même passablement avec
les députés du gouvernement, incluant
le ministre. Je comprends votre préoccupation quant au chevauchement de
territoires. Puis ça n'arrive pas juste dans la question de la gestion
de l'eau, là, dans plein de domaines il y a des chevauchements de territoires. On pourrait faire un gros, gros
ménage là-dedans au Québec, mais c'est un autre enjeu. Est-ce qu'il n'y aurait
pas une question de temps, quand même, qui
rentre en ligne de compte? Parce que, sur un territoire de bassin versant, si
on prend cette grille d'analyse là — puis je la partage, là, la grille d'analyse
du bassin versant — puis là
ça touche deux, trois MRC, une
dizaine de municipalités, sinon plus même, une trentaine de municipalités, là
il faut tenir compte de la direction
régionale du ministère de l'Environnement, etc., est-ce qu'il n'y a pas un
enjeu de temps qui pourrait se poser? Alors,
il faut, à un moment donné, tirer une ligne à quelque part puis dire :
Bon, bien, là, voilà. Alors, c'est pour ça que je veux être sûr de bien comprendre ce que vous
voulez dire entre consultation puis concertation, là, mais en ayant en tête
l'enjeu du temps.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le député de Jonquière. M. Raîche.
M.
Raîche (Jean-Paul) : D'abord, il y a deux types de consultation, dans
le projet de loi. Il y a une consultation des PDE puis une consultation des organismes de bassins versants.
Consultation des plans directeurs de l'eau, on ne le sait pas, s'ils sont faits, comme je l'ai dit tout
à l'heure, de quelle manière, etc., tout ça. Consultation des OBV, c'est encore
discutable, dépendant, évidemment, du secteur, comme je vous disais tout à
l'heure. Ça, c'est vraiment important.
C'est sûr qu'il y a
un problème de temps qui viendrait en fonction d'un problème de ressources. Je
veux être honnête, là, on ne se le cachera
pas, demander que l'organisme de bassins versants soit mandaté pour créer des
tables de concertation semblables, pour réaliser cette tâche-là, pour
faire cela, ce n'est pas avec les ressources actuelles qu'on pourrait le faire.
Donc, il y a effectivement une question de temps, et ça, c'est important dans
le sens suivant. Puis là, encore là, je vais
prendre un exemple de l'organisme de bassins versants de la
Saint-François — je
m'excuse de le prendre comme exemple,
je le connais bien — sur la
Saint-François, on a créé 24 comités locaux de bassins versants. Il y en
a, des bassins versants, sur la
Saint-François. Il y a des gens qui pensent qu'il y en a un, bassin, bien
d'accord, mais tous ces bassins qui se
jettent dans la Saint-François... Et actuellement, si vous regardez un plan
directeur de l'eau de la Saint-François,
vous allez voir qu'il y a sept comités de bassins qui sont dans le PDE qu'on
consulte, avec qui on travaille. On
ne peut pas le faire avec les autres, on n'a pas les ressources. Ils nous le
demandent, mais on n'a pas les ressources.
Ça
fait que c'est évident qu'il faut être conscient que mettre en place ces tables
de concertation là va exiger des ressources
pour l'OBV. Il faut vraiment mettre ça en parallèle. Si on accepte de mettre ce
mandat-là, il faut être conscient que
ça prend des ressources. Puis les ressources pourraient faire que ça demande du
temps, comme vous dites. Ça, c'est sûr. C'est le cas actuellement pour certains organismes de bassins versants
qui ne travaillent pas sur l'ensemble de leurs bassins versants, ils choisissent la priorité en fonction
des données de qualité de l'eau. C'est ce qu'on fait, nous. Les données de
qualité de l'eau sont plus problématiques,
là. À ce moment-là, on travaille sur ces territoires-là avec les acteurs
concernés.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Raîche. Mme Leclerc.
Mme
Leclerc (Marie-Claude) : Peut-être ajouter, entre la consultation...
Parce que, là, il est prévu qu'ils consultent
les OBV, mais ils consultent aussi de nombreux acteurs. Entre les consulter un
à un, de façon non intégrée, à la
pièce ou les consulter tous ensemble, entre vous et moi, là, qu'est-ce qui est
le plus court, là, c'est la concertation. Donc, on va peut-être faire plusieurs rencontres, mais on va le faire de façon
intégrée, concertée, puis, après ça, tout le monde va s'entendre sur la même chose. Et ça veut dire
aussi qu'il y a plusieurs dossiers qui vont pouvoir être réglés d'une même
table de concertation. Donc, je pense que la
concertation peut être effectivement beaucoup plus efficace qu'une consultation
un à un en termes de temps.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, Mme Leclerc. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Comment vous voulez que le projet de loi fasse en
sorte de prendre davantage en considération les plans directeurs de
l'eau? Plus précisément, là, vous semblez dire à la page 19, là...
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : ...
M.
Gaudreault : Pardon, allez-y.
Mme
Leclerc (Marie-Claude) : Les mécanismes d'arrimage. Parce qu'on
dit : On prend en considération, là. Ils disent «doivent prendre en
considération». Donc, on dit : Le «doit», par rapport au «prendre en
considération», la différence n'est pas
grande. C'est la mécanique, comment prendre en considération, sur laquelle on
devrait se pencher, en fait, on
devrait en profiter. Et cette mécanique-là, évidemment, on y a pensé. Puis ça
fait quand même 15 ans qu'on travaille
avec des plans directeurs de l'eau et avec des schémas d'aménagement, et il y a
plusieurs solutions qui peuvent venir
en tête, là, que ce soit par rapport à la formulation d'un simple rapport pour
dire : Je m'étais engagé à, voici ce que j'ai fait, les raisons pour lesquelles je les ai faits, les raisons pour
lesquelles je ne les ai pas faits, où j'en suis en cours de réalisation, jusqu'à la base de données qui permet
de pouvoir avoir l'information... le contenu des schémas d'aménagement, le contenu des plans directeurs de l'eau, le
contenu des plans de gestion intégrée des ressources des TCR lorsqu'ils vont
être disponibles puis, ensuite de ça, d'avoir l'information en ligne sur
qu'est-ce que je devais réaliser, qu'est-ce que j'ai réalisé, et on est
capables de pouvoir voir en temps réel où on en est.
Donc, il existe,
entre les deux options, là, une quantité incroyable de mécanismes qu'on peut
mettre en place justement pour réussir à atteindre cet objectif.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Il me reste combien de temps, à peu près, M. le
Président?
Le Président (M.
Iracà) : Alors, il vous reste quatre minutes.
M.
Gaudreault : Quatre minutes. O.K. Vous semblez dire que, bon, quand il
y a restauration, ça doit se faire dans le même bassin versant, mais, bon, pas nécessairement... Parce qu'on en
a parlé également avec Canards illimités avant vous, là, puis je veux être sûr qu'on marche en terrain solide — c'est le cas de le dire, là — sur cette question-là. En tout cas, le plus
solide possible. Jusqu'où on doit aller, là, sur la restauration dans les
bassins versants, là, affectés, disons, par la situation?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Raîche.
• (15 h 50) •
M.
Raîche (Jean-Paul) : Au départ, on dit qu'autant que possible, dans le
même bassin versant, surtout s'il est dégradé,
dans ce contexte-là. Mais parfois ça ne sera pas possible pour la bonne et
simple raison qu'on ne peut pas créer nécessairement
des milieux humides partout. Il faut être conscient que... Il faut éviter,
évidemment, de les détruire. Mais ensuite,
pour recréer, pour remodeler un bassin versant, ce n'est pas toujours dans le
même bassin versant, on dit : En priorité.
Puis,
effectivement, une municipalité qui est sur bassin versant va sûrement être
intéressée à ce que ça soit sur son
territoire qu'on réalise cette compensation-là, c'est à peu près certain. Si
c'est possible, oui. Si ce n'est pas possible, non. Autant que possible, dans un bassin dégradé qui peut être dans la
zone qui est la zone de l'organisme de bassin versant, ça peut arriver.
On le sait, on les connaît en général, on sait où on peut intervenir.
Écoutez,
moi, en tant que président du COGESAF, je peux vous dire exactement
à quel endroit on pourrait recréer des
milieux humides pour le rôle qu'ils vont jouer pour lutter contre les
inondations sur ce bassin versant là, on a cette information-là. Mais, si nous,
on l'a, ce n'est pas la municipalité qui est inondée qui l'a. On lui donne l'information, on travaille avec elle. Et on se rend compte que, quand on réussit à avoir
la municipalité ou la MRC concernée, mais surtout la municipalité concernée par les inondations, ils prennent conscience
que les problèmes viennent d'ailleurs puis qu'ils sont intéressés à travailler
avec les autres municipalités, et c'est l'organisme de bassin qui crée cette
dynamique-là. Sérieusement, c'est
l'organisme de bassin versant qui crée cette dynamique-là. Puis même, dans le
cas d'inondations, il nous est arrivé de convaincre une municipalité qui est amont qui est inondée d'investir sur le territoire
qui n'est pas son territoire, qui n'est même pas dans sa MRC, qui est ailleurs
parce qu'ils se rendent compte que c'est là qu'il faut
investir pour empêcher les
inondations sur son territoire, imaginez-vous. Mais c'est qui qui a permis cette
dynamique-là? C'est l'OBV. C'est l'OBV.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. Raîche.
M.
Gaudreault : Bien, j'aurais
encore beaucoup, beaucoup de questions. Bon, vous dites à la page 11, là,
de votre mémoire que — deuxième
paragraphe — vous
vous inquiétez à l'effet que les modalités exigées pour la compensation ne soient pas suffisamment dissuasives. Et là
vous arrivez avec la recommandation 6 de préciser comment... Bon, qu'est-ce que
ça devrait être pour être plus dissuasif?
Le Président (M.
Iracà) : Vous avez 30 secondes pour répondre, M. Raîche ou Mme
Leclerc.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Là,
nous, on a parlé de ratios. On pense que c'est la meilleure méthode. Ça fait
que je ne pourrais pas rajouter sur
d'autres méthodes, on pense que les ratios seraient plus dissuasifs comme tels.
Vous entrez dans un milieu humide qui
a telle superficie, bien, c'est bien de valeur, on devra compenser selon la norme 1:3.
Et on dit à ce moment-là : On va y penser avant parce que c'est quand
même dispendieux de compenser sur un territoire.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Ceci met fin au bloc avec l'opposition
officielle. Nous allons débuter
un autre bloc avec le deuxième groupe d'opposition. M. le député de Masson, la
parole est à vous.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. M. Raîche, Mme Leclerc, bienvenue à l'Assemblée nationale encore
une fois. Et, bon, vous savez qu'il y
a déjà quelques questions qui ont été répondues, mais j'aimerais savoir... Parce que
vous avez mentionné à votre recommandation 2 que soit réalisée une mise
à jour périodique des listes des milieux humides et hydriques d'intérêt, et, dans
le fond, est-ce que
vous verriez qu'on devrait enchâsser cette recommandation soit dans la
loi ou dans un règlement?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Raîche.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Nous
indiquons ça dans le sens suivant, c'est que, si on détruit des milieux
humides, si on compense ailleurs, bien, il faut qu'on ait cette liste-là
puis que ce soit mis à jour. C'était dans ce contexte-là qu'on mentionnait ça. Donc, la mise à jour périodique de
la liste des milieux humides et hydriques d'intérêt, bien, c'est justement,
c'est qu'il y a des milieux humides en
particulier aussi qui pourraient n'être pas considérés comme des milieux
humides d'intérêt à un moment donné, puis on se rend compte que peut-être qu'ils devraient l'être dans un contexte
d'inondation. En particulier, avec les changements climatiques, ça pourrait
arriver. Donc, cette mise à jour là permettrait, justement, peut-être
d'intégrer dans les milieux humides d'intérêt certains milieux qui ne l'ont pas
été. Au départ, la mise à jour, c'est surtout pour cet aspect-là. Mais elle ne
devra pas être faite strictement pour les milieux humides d'intérêt,
elle devra être faite généralement pour les milieux humides en
général parce qu'aussi longtemps que la cartographie n'a
pas été réalisée...
Si
on prend, par exemple... actuellement, les municipalités et les MRC, ils ont
une cartographie de milieux humides. Mais,
lorsqu'on travaille avec Canards illimités pour faire cette cartographie-là sur
un territoire, on constate qu'il y en avait qui n'étaient pas considérés comme milieux humides qui en sont. Ça,
c'est sûr. Et donc cette mise à jour de la cartographie est importante
aussi. Donc, c'est plus global que juste les milieux humides d'intérêt, même si
on mentionne ça ici.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup, M. Raîche. M. le député de Masson.
M.
Lemay : En parlant de la cartographie puis de la classification des
milieux humides, on sait que c'est un outil indispensable dans l'élaboration de la loi sur les milieux humides. Vous
jugez à combien ou vous estimez à combien le pourcentage qui est réalisé
à date de la cartographie?
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. Raîche.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Si on parle de la cartographie faite par Canards
illimités, je n'ai pas la carte devant moi, là, mais ça couvre surtout la
vallée du Saint-Laurent. Puis aussi, au Lac-Saint-Jean, ils ont travaillé avec
Abrinord, donc, pour la rivière du
Nord. Donc, il y a certains endroits, mais ça ne couvre pas l'ensemble du Québec,
même méridional, là, alors ce
qui fait que...
Par exemple,
dans l'Estrie, là où je suis, moi, on travaille actuellement avec les MRC pour
les convaincre, justement, de
cartographier leurs milieux humides avec Canards illimités. Et je ne vous
surprendrai pas, certains ont dit : Oui, on est prêts à payer. D'autres, ils ont dit : Mais
là, si on sait où sont les milieux humides, on va devoir s'en préoccuper. Donc,
on préfère ne pas le savoir. C'est sérieux, ça. Ce n'est pas généralisé, j'ai
dit : Il y a ce genre de réflexion aussi.
L'obligation... Cette loi-là ouvre quand même la porte à la
nécessité de cartographier les milieux humides. Ça, pour nous, c'est positif, là, c'est vraiment
positif, c'est qu'à ce moment-là... J'ai reçu dernièrement, à cause du projet de loi... j'ai reçu aussi des appels
pour dire : Bien là on devrait peut-être penser à cartographier les
milieux humides de notre territoire. Alors, le projet de loi aura des impacts à
ce niveau-là, je suis convaincu.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député de Masson.
M.
Lemay : O.K.
Parfait. Bien, en fait, au niveau de la cartographie, là, dans le fond, ce que je comprends, c'est qu'il
devrait peut-être y avoir une notion d'obligation d'avoir la
cartographie de son territoire dans la loi sur les milieux humides.
M.
Raîche (Jean-Paul) : Il
pourrait y avoir une obligation. Nous, ce qu'on demande, c'est un programme,
on veut qu'il y ait
un programme. Et, s'il
y a un programme avec financement, je
pense que ce serait possiblement suffisant sans que ce soit une obligation dans la loi, mais à condition cependant...
C'est pour ça qu'on dit qu'il devrait être accompagné d'un programme
d'acquisition de connaissances.
M. Lemay : Parfait.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Masson, quatre minutes.
M.
Lemay : Bien sûr.
Vous mentionnez dans votre recommandation 3 que vous voulez ajouter des catégories
de milieux humides. Ça, ça se trouve à être
à l'article 15 du projet
de loi. Bon, à ce moment-là, on dit : L'article 13 de cette
loi est modifié par le remplacement du premier... blablabla. Puis, ici, vous venez
ajouter la catégorie 3 et 4 pour les milieux qui se situent dans les espaces de liberté d'un cours d'eau et
les milieux qui contribuent à prévenir des enjeux de sécurité publique. Concrètement, là, si on avait déjà eu
ces catégories-là d'incluses, est-ce que ça aurait fait une
différence? Admettons qu'on avait
adopté la loi sur les milieux humides, là, il y a plusieurs
années, est-ce qu'aujourd'hui, dans les situations que nous vivons présentement au Québec... est-ce que l'ajout de ces catégories-là
aurait pu avoir un impact?
M. Raîche
(Jean-Paul) : Oui,
véritablement un impact, c'est sérieux. Puis ma collègue dit un gros, puis, effectivement, dépendant des endroits. Parce
que, vous savez, quand on parle
d'espaces de liberté... C'est pour ça qu'on a mis la note du guide
technique qui existe en Europe, là, qui vient de sortir en décembre, Délimiter
l'espace de bon fonctionnement d'un cours d'eau, il y
a... Ce guide-là, je vous recommande
de le lire en passant, on ne l'a pas mis là pour rien, c'est justement
comment délimiter cet espace-là. Et, si on avait protégé les milieux humides
dans cet espace-là, évidemment, ça aurait eu un impact sur, d'abord,
la construction, c'est évident, à bien des endroits. Parce qu'on décide de
protéger, comme milieux humides d'intérêt, ces milieux humides dans l'espace,
donc on n'y va pas, on ne les compense pas, on ne construit pas là, puis
ça va avoir un impact. Ça aurait eu, évidemment.
Puis, en
passant, il y a un petit vidéo qui existe — on pourra vous l'envoyer — un petit vidéo qui a été fait en Europe
sur cet aspect-là, par rapport aux
inondations, le fait de gérer justement un cours d'eau. Petit vidéo que nous
avons diffusé sur Twitter, on espère
le diffuser davantage. Je vous recommande... D'ailleurs, je vois M. Heurtel, je
pense que vous l'avez regardé. Et ce
genre de vidéo là, c'est très, très sensibilisateur. Et donc, si on avait les
moyens, nous, de les produire... Il s'en
produit ailleurs, mais, si on avait les moyens, nous, de les produire, au
ROBVQ, alors ce serait extraordinaire pour sensibiliser.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Masson.
M. Lemay : Oui, parfait. Est-ce que,
Mme Leclerc, vous voulez rajouter quelque chose là-dessus?
Mme Leclerc (Marie-Claude) : Ça va.
Merci.
M.
Lemay : Parfait, excellent.
On va passer à la recommandation 9 de
votre mémoire. Vous recommandez, au niveau de l'internalisation des coûts, là, que les
tarifs soient établis pour, bon, la perturbation, la destruction d'un milieu
humide, puis là vous donnez une liste de
qu'est-ce qu'on devrait avoir pour l'internalisation complète des coûts.
J'aimerais savoir, dans le fond, en lien avec cette question, là, on fait quoi, là, avec les... Tu
sais, mettons, on a un OBV, là, qui a
justement un surplus de milieux humides versus un autre OBV qui est en déficit de
milieux humides, tu sais, est-ce qu'on peut
transférer? Parce que vous avez parlé
tantôt de priorité, vous l'avez à votre recommandation 10 aussi. Mais, tu sais,
selon une grille d'analyse, si on couvre
l'ensemble du territoire québécois, est-ce que vous êtes en faveur aussi de
dire : Selon des priorités
québécoises, là, vraiment, là, même si ce n'est pas à proximité ou peu importe,
dans ce cas-ci, dans le cas d'un OBV en surplus, on est prêts à prendre
l'argent puis l'envoyer directement dans des priorités nationales?
• (16 heures) •
M. Raîche
(Jean-Paul) : Je pense que
ça devrait être possible, effectivement, parce
que c'est important
de pouvoir... C'est pour ça qu'on
parle des milieux dégradés, là, les bassins versants dégradés, je pense
qu'il est important... C'est sûr qu'en ayant une vision québécoise de l'ensemble par
rapport aux compensations, étant donné qu'on va préciser les endroits, les OBV vont préciser les endroits où on peut compenser, bien, en
regardant ça dans l'ensemble, on saura où aller, effectivement, parce qu'on aura l'information
qui vient des OBV par rapport à cela. Alors, ça sera possible.
Parce que
ce qu'on ne sait pas dans la loi actuellement... et peut-être qu'on pourrait me répondre, mais on ne sait
pas, dans la tête du législateur, c'est quoi, un milieu humide d'intérêt. Ce n'est pas écrit, là, là-dedans.
C'est quoi, un milieu humide
d'intérêt, c'est les trois, quatre, cinq grands milieux humides qu'on doit
protéger? On ne le sait pas. Ça fait
que vous voyez le contexte.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, M. Raîche. Merci, Mme Leclerc. Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de l'autre groupe de se présenter, alors l'Association des
professionnels de la construction et de l'habitation du Québec. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 1)
(Reprise
à 16 h 3)
Le Président (M.
Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue aux
représentants du groupe de l'Association des
professionnels de la construction et de l'habitation du Québec. Je vous demande
de bien vouloir vous présenter, ainsi que les personnes qui vous
accompagnent.
Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite,
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Alors, messieurs, madame, la parole est à vous.
Association des professionnels
de la construction
et de l'habitation du Québec (APCHQ)
M. Boutin (Stephen) : Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre, membres de la
commission, je me présente, Stephen
Boutin. J'oeuvre en tant que promoteur et entrepreneur en construction et je
suis également membre du conseil d'administration
de l'APCHQ, région de Québec. À mes côtés, à ma droite, Mme Jessica Tremblay,
de chez Crochetière Pétrin, M. François Vincent également, directeur des
relations gouvernementales et affaires publiques de l'APCHQ.
Nous
présenterons le point de vue de l'APCHQ sur le projet de loi n° 132, Loi
concernant la conservation des milieux
humides et hydriques. Nous tenons d'ailleurs à vous remercier de l'opportunité
que vous nous offrez de soumettre notre analyse et nos recommandations.
Pour
revenir à l'APCHQ, elle a été créée en 1961. Elle regroupe aujourd'hui
17 000 entreprises membres qui créent de nombreux emplois aux quatre coins du Québec dans le secteur de la
construction et de la rénovation résidentielle. Avant d'aller dans le vif du sujet, nous tenons à
partager nos pensées et offrir notre support aux nombreuses personnes affectées
par les inondations, c'est un sujet
d'actualité. Il faudra du courage et de la résilience pour surmonter une telle
épreuve, nous sommes de plein coeur avec eux.
Alors, aujourd'hui,
nous nous retrouvons avec un projet de loi qui a comme objectif de conserver
les milieux humides et hydriques, qui jouent
un rôle important pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et pour
aider l'adaptation aux changements
climatiques. On pourrait déduire que les constructeurs de maisons neuves sont
réfractaires au présent projet, car
il crée une barrière possible à la construction résidentielle. Mais je tiens à
vous préciser que l'APCHQ accueille
positivement le projet de loi n° 132 et invite les parlementaires à l'adopter en intégrant, bien sûr,
nos recommandations que nous proposons.
Ayant personnellement
suivi le dossier depuis le début, participé à plusieurs rencontres techniques
avec vos équipes du ministère
et étant à ma cinquième présence en commission
parlementaire où l'APCHQ parle de
l'importance d'adopter un cadre
législatif sur la protection des milieux humides et hydriques, je peux aujourd'hui exclamer ma joie au sens littéraire : Alléluia, nous y
sommes rendus!
Alors, comme je viens
de dire, l'implication de l'APCHQ ne date pas d'hier. En 2005, nous avions
publié un mémoire pour demander un cadre légal visant à mieux protéger les
milieux humides et hydriques pour assurer de la prévisibilité pour les entreprises de notre industrie. Nous nous étions également
commis sur le concept d'aucune perte nette
de milieux humides et hydriques, concept que nous avons réaffirmé dans les
autres projets de loi qui ont été déposés sur le sujet.
M. le Président, le législateur trouve donc aujourd'hui en l'APCHQ un allié pour faire atterrir ce projet de loi, surtout si on y ajoute des
ajustements. C'est le cas pour le régime de compensation transitoire parce que,
tel quel, les entrepreneurs pourraient, en
appliquant... dire des mots d'église, mais dans tout un autre registre que
celui que j'ai utilisé précédemment pour exprimer ma joie.
Je cède maintenant la
parole à M. Vincent, qui va traiter des améliorations qu'on vous propose.
M. Vincent
(François) : Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Iracà) : Oui, allez-y.
M. Vincent (François) : Nous pouvons illustrer les réserves que nous
avons sur le régime actuel par trois mots : flou, lourdeur, disparate. Flou, il y a un flou qui résidait
dans les définitions des milieux humides et hydriques. Heureusement, le projet
de loi vient préciser la définition
de ces milieux. Toutefois, on se questionne sur le fait que la définition
semble avoir une portée quand même
assez large. Elle pourrait assujettir des parties de terrains qui ne sont pas,
selon nous, des milieux humides et
hydriques et créer le problème qu'on tente de régler. Plus précisément, je vous
réfère au deuxième alinéa de l'article
46.0.1 qui se lit comme suit : «Un milieu humide est également caractérisé
par des sols hydromorphes ou — et
je souligne l'utilisation du mot "ou" — une végétation dominée par des espèces
hydrophytes.» Comme rédigé, on
pourrait assujettir quelques quenouilles sans importance environnementale.
L'entrepreneur aurait donc à verser une compensation financière très
élevée au ministère pour ce qui ne représente pas un milieu humide et hydrique.
Nous demandons donc des modifications au projet de loi pour éviter de telles situations.
Lourdeur,
elle est ressentie par les entrepreneurs dans le modèle de compensation.
L'entrepreneur doit caractériser puis,
ensuite, trouver un terrain pour compenser la perte du milieu humide. Ce qu'on
comprend, c'est que cette procédure sera
du passé. Elle sera remplacée par un régime de compensation où l'entrepreneur n'aura qu'à sortir son chéquier. Nous
sommes heureux de constater cet allègement
réglementaire. Mais, comme on le verra plus loin, on est quand même inquiets
du coût du régime de compensation transitoire.
Disparate.
Disparate peut être l'application du régime selon les directions régionales et
selon les cadres réglementaires municipaux.
Nous sommes satisfaits de la précision apportée au régime par les articles
46.0.2 à 46.0.11, mais, ici encore, nous craignons que certaines formulations puissent
élargir de façon importante ce qu'on demande aux entrepreneurs pour
évaluer les impacts environnementaux qu'ont leurs projets sur des milieux, tout
dépendamment de la portée du mot «milieu»,
justement. Par exemple, au sens très large, on pourrait demander d'évaluer
l'impact sur les papillons puis créer un
effet papillon sur les projets résidentiels. Pour éviter cette situation, bien,
on propose que le ministère réalise un guide d'application pour ses professionnels, guide qui pourrait être rendu
public, et ainsi l'application serait uniforme dans la machine, puis
l'entrepreneur saurait exactement ce qu'on attend de lui.
Dans le même
ordre d'idées, nous saluons le législateur d'avoir intégré des articles pour
coordonner les actions de
priorisation des milieux par les municipalités. Nous l'invitons à ajouter une
précision pour assurer que des régimes de
compensation ne se chevaucheront pas. Il ne serait pas normal, selon nous,
qu'un entrepreneur, pour un même milieu humide, ait à compenser le
régime provincial et la municipalité.
• (16 h 10) •
Comme nous
avons mentionné en introduction, l'APCHQ est impliquée dans le dossier depuis
le début. Nous voudrions qu'en
conclusion de la réforme actuelle nous... Nous trouverions ça triste de ne plus
être aussi impliqués. Nous aimerions poursuivre justement cette implication
à deux niveaux.
D'abord,
certains articles du projet de loi prévoient la consultation de certains
groupes préalablement à l'élaboration des
plans régionaux puis à la désignation des milieux humides et hydriques. On
aimerait être ajoutés dans les groupes qui seront consultés.
Ensuite, nous sommes d'avis qu'un comité de
gestion devrait être créé au sein du Fonds de protection de l'environnement et du domaine hydrique de l'État — on avait d'ailleurs fait la recommandation
pour le projet de loi n° 102 — et inclure
des représentants du secteur de la construction résidentielle. Ce comité
pourrait émettre des constatations et des recommandations sur les orientations du fonds. Considérant que 65 %
des autorisations environnementales pour les milieux humides touchent notre industrie et que le coût du
régime de compensation est, somme toute, très élevé, la création du
comité de gestion est, selon nous, un incontournable.
Parlons-en, du modèle de compensation de
transition. Il exigera une contribution de 20 $ le mètre carré qui
s'additionnera au coût d'aménagement dont le total sera appliqué à un
coefficient multiplicateur de 1, 1,5 ou 2, tout dépendamment de la zone qui définit l'effet de rareté. Pour évaluer
l'impact économique, nous avons pris un exemple d'un projet dans la zone 3, soit une zone qui n'est pas touchée par
l'effet multiplicateur, qu'on a joint à l'annexe 1 de notre mémoire. On voit que, pour un projet dont
50 % de la surface est destinée au résidentiel, 50 % à usage de
bureaux, 200 unités résidentielles
sur une surface de milieu humide composée d'environ 6 300 m², ça ferait un coût
additionnel de 80 483 $ pour
le projet, soit une augmentation de 402 $ par logement. Si on passe à la
zone 2, ça augmenterait à 530 $, à la zone 1, à 717 $. Cette évaluation, je tiens à le
dire, est très prudente, car le prix des terrains est nettement
plus élevé à Montréal, Laval
et Québec, puis ça, dans le coût, bien, ça fait juste
augmenter le total avant d'être assujetti à l'effet multiplicateur.
Le Président (M. Iracà) : Une
minute, M. Vincent.
M. Vincent (François) :
Parfait. Avec un taux de propriétaires de 61 % au Québec comparativement à
une moyenne de 69 % au Canada,
on ne pense pas que ça soit un mode de compensation qui va aider à renverser notre
retard. Puis le prix de l'habitation,
c'est le premier critère de l'acheteur. Alors, on se dit que peut-être
que la modulation va pouvoir diminuer
les pertes de milieux humides, mais augmenter le nombre de voitures qu'il va y
avoir sur les routes parce que les
personnes vont aller plus loin pour acheter
leurs demeures, parce que celles qui vont se retrouver en zone centrale où il y
a l'effet multiplicateur vont être
difficilement accessibles, parce que le prix va augmenter. Selon nous, ces
éléments méritent d'ouvrir une
réflexion sur la réelle nécessité de moduler le coût du régime, puis nous
demandons des analyses d'impact économique un petit peu plus
approfondies à cet égard.
Nous vous
remercions de l'écoute que vous avez eue et nous serons heureux d'échanger sur
ces différents éléments et sur d'autres que nous avons inscrits dans le
mémoire que nous avons déposé.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup pour votre exposé et votre
efficacité. Vous êtes directement dans les temps. Bravo! Beau travail d'équipe. Alors, nous allons débuter un
nouveau bloc d'échange avec le ministre. La parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Madame, messieurs, merci beaucoup pour votre
présentation ainsi que votre mémoire.
C'est quand même intéressant de voir que, sur les principes, aujourd'hui on a
Canards illimités et l'APCHQ du même côté, quand même quelque chose
d'intéressant à souligner.
J'aimerais
votre réaction sur quelque chose qui a été proposé par le groupe vous
précédant. Je ne sais pas si vous avez
eu la chance d'entendre leur présentation. Alors, le Regroupement des
organismes de bassin versant, qui proposait être en charge ou avoir le mandat de mener l'exercice de concertation en
vue de la planification des milieux humides et hydriques par bassin versant, j'aimerais avoir votre réaction par
rapport à cette proposition-là, par rapport à ce que vous proposez de
votre côté.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre.
M. Vincent
(François) : Bien, on peut
vous laisser évaluer cette recommandation-là, mais on a confiance à nos élus aussi à être impliqués dans le processus.
Puis, si on veut que les municipalités soient intégrées aussi, ça serait bien
qu'elles se concertent pour, justement, faire
des plans régionaux, un élément intéressant de votre projet de loi aussi parce
que vous permettez,
justement, de sortir de la délimitation de la MRC pour, vraiment, s'ajuster à
la notion de bassin versant. Donc, nous, on aurait plus tendance à y
aller avec les personnes en autorité publique puis d'intégrer des personnes à
consulter, notamment les organismes de bassin versant, les tables, et ne pas
oublier les APCHQ régionales.
M. Heurtel :
En tout cas, si vous avez le temps et le goût d'approfondir cette question-là...
Je comprends votre réponse, mais, si
vous voulez ajouter, vous pourrez envoyer vos commentaires à la commission.
Mais ce serait intéressant d'avoir, tu sais, différents points de vue sur la mécanique. J'ai vos commentaires par
rapport à la mécanique de planification du projet de loi, mais là les organismes de bassin versant
proposent une autre façon de procéder. Alors, c'est intéressant d'avoir votre éclairage sur ça également.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. Oui, M. Boutin.
M. Boutin (Stephen) : Si on peut rajouter, je pense que l'important, c'est dans votre question... Elle est intéressante, il
faut travailler l'aspect coordination puis l'aspect des intrants au niveau
du contenu. Je pense que l'important, c'est de prendre les meilleurs joueurs qui permettent d'avoir la meilleure
intégration. Donc, les gens qui sont déjà sur le territoire
en autorité, c'est une chose, et les gens qui vont amener le contenu comme les
organismes de bassin versant, qui sont extrêmement importants, vont être capables de collaborer. Maintenant,
de dire qu'est-ce qu'on va offrir, je dirais, de la coordination à un organisme, je pense qu'on est
mieux de prendre les meilleurs joueurs dans les meilleurs domaines. Je
pense que c'est un peu la réaction.
M. Heurtel :
Merci.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci. Alors, j'ai le député de Maskinongé qui désire prendre la parole. Il
vous reste environ un gros 17 minutes quand même.
M. Plante :
Bien, merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Iracà) : La parole est à vous.
M.
Plante : Très agréable.
Messieurs, madame, bonjour et, bien, bon après-midi. Merci d'être parmi nous.
J'aurai deux questions
principalement. La première question, c'est suite à votre recommandation n° 20 dans
votre mémoire qui stipule et qui
demande un comité de gestion, de protection de l'environnement et du domaine
hydrique de l'État, bon, etc. Donc,
vous proposez la création d'un comité de gestion, un peu comme la création du
comité de gestion qu'on a fait avec le
Fonds vert. Par contre, dans le domaine des milieux humides, il y a une grosse
différence. Au niveau du Fonds vert, on sait que l'argent est réparti dans différents
ministères, Transports, Ressources naturelles, etc., et qui, eux-mêmes, gèrent
des programmes et essaient d'atteindre les objectifs menés par la suite.
Dans
ce cas-ci, on parle totalement d'une situation différente qui est :
l'argent revient au ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques mais est réinvesti dans des programmes autogérés par le ministère. Donc, on s'entend,
c'est une entrée qui redevient une sortie du ministère par des programmes
directement, donc une seule et unique gestion qui est au ministère du Développement
durable.
Alors,
j'aimerais savoir si, dans ce cas-ci, voyant la différence entre la gestion du
Fonds vert et la gestion de l'argent au
niveau des milieux humides, vous voyez encore la nécessité de création d'un
comité de gestion? Si oui, pourquoi? Et quelles sont vos appréhensions à
ce qu'il n'y aurait pas, exemple, de comité de gestion?
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le député de Maskinongé.
M. Vincent (François) : Oui, on voit toujours la nécessité d'un comité de
gestion. Ça pourrait, à la limite, être un comité consultatif, mais on pense qu'on devrait être impliqués, et les
organismes spécialisés dans la gestion de ce fonds-là, dans les orientations, puis pouvoir donner leur
point de vue. Les compensations vont être quand même assez importantes, puis 65 % d'entre elles, si on regarde le
même pourcentage de demandes de certificats d'autorisation pour les milieux
humides, vont toucher notre industrie.
On a fait un calcul
très conservateur sur le 20 $ le mètre carré de ce qu'aurait coûté la
compensation des 6 888 hectares qui ont
été compensés depuis novembre 2006, qui était une donnée dans la liste
d'impacts réglementaires, puis on a
vu que ça aurait coûté 1,3 milliard, puis notre industrie aurait payé
au-dessus de 800 millions de dollars. Donc, on pense que c'est important, justement, avec ces sommes importantes là,
qu'on puisse avoir une certaine perspective sur la gestion de ces
sommes-là.
Puis
je tiens aussi à noter que, dans les recommandations du Centre de la science et
de la biodiversité du Québec, qui
avait fait une analyse et des recommandations suite à une demande du ministère
de l'Environnement lorsque, bon, il y
avait la réflexion sur les milieux humides et hydriques lors du Fonds vert, il
y avait eu une recommandation de créer justement un comité consultatif.
Donc, ça pourrait s'intégrer dans cet élément-là.
Puis peut-être un
dernier point, la stratégie énergétique du Québec a intégré un comité aviseur
pour suivre justement l'application de sa
politique, puis l'APCHQ copréside le comité aviseur sur, justement, la
politique sur plus le niveau
résidentiel. Donc, il y a des précédents qui ont été faits, puis, avec les
sommes qu'on va investir, que nos membres vont investir là-dedans, je
pense que ça va de soi. Je ne sais pas si...
• (16 h 20) •
Le Président (M.
Iracà) : M. Boutin.
M. Boutin
(Stephen) : Écoutez,
je pense que ce que mon collègue, M. Vincent, mentionne est tout à propos. Il faut
se rappeler que, les argents qui vont être investis, l'important,
c'est de trouver la meilleure façon pour qu'on puisse optimiser l'ensemble des investissements qui seront faits. Et c'est en équipe qu'on va
être capables d'arriver à ça, et je pense
qu'on est capables de donner notre contribution pour, justement,
améliorer... donc qu'on fasse plus avec les dollars qu'on aura. Donc, tout le monde va s'en trouver
gagnant par rapport à ça. C'est une des facettes en tant que telles et, bien entendu,
s'assurer qu'on aura une perspective, justement, sur comment est-ce qu'on est capables
d'améliorer, je dirais, les pratiques
de nos membres. Parce que vous comprendrez que vous allez développer une
expertise qui va être intéressante à, je
dirais, léguer à nos membres pour qu'ils puissent faire de même de leur côté
sans obliger de recréer des milieux
humides à l'extérieur, mais directement dans leurs projets. C'est comme
ça qu'on le voit.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Maskinongé.
M.
Plante : Oui, question
sous-jacente. Alors, je vois bien que vous réitérez la nécessité d'un comité de
gestion. Alors, j'ai bien compris
que, s'il y avait comité, vous aimeriez être partie prenante du
comité, mais, outre vous, quels sont les autres partenaires ou autres
personnes, regroupements qui devraient être sur ce comité-là selon vous?
Le Président (M. Iracà) : Merci.
M. Vincent (François) : Des
spécialistes de la question, des partenaires qui ont élaboré le programme puis probablement aussi, peut-être, des partenaires
municipaux. Mais disons que notre recommandation est plus ciblée sur :
Nous, on va payer la majorité des sommes de
ce fonds-là, donc on aimerait pouvoir y contribuer positivement. Puis, d'une
certaine façon, aussi ça crée un effet d'endossement
lorsque tu as un groupe qui contribue ou qui a à gérer ou être sur un comité de gestion. Donc, nous, on a aussi le
principe de «no taxation without representation». Excusez-moi l'anglicisme,
mais ici on voit comme une belle opportunité
de poursuivre notre travail de collaboration et de réussite justement dans
la mise en application de la présente réforme législative.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Question sous-jacente,
là. Vous avez parlé des spécialistes puis des gens qui contribuent ou qui pourraient être appelés par la suite. Vous ne
craignez pas, si on y va, mettons, pour cette formule-là, si on adhérait à
votre... de formule de composition de comité en mettant des spécialistes
et des gens qui interviennent... vous ne craignez pas l'apparence d'un conflit d'intérêts? Parce que ces gens-là pourraient
vouloir bénéficier des fonds pour créer des projets ou certains...
Le Président (M. Iracà) : Oui.
M. Vincent
(François) : On laisse au
législateur puis au ministre la décision de la composition du meilleur fonds
possible, là. Mais une des choses qu'on
sait, c'est que, si vous voulez créer le meilleur comité possible, bien, ça
prendrait des représentants de l'APCHQ.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Maskinongé.
M. Plante : ...
Le Président (M. Iracà) : Oui.
M. Plante : Merci beaucoup, c'est
mon collègue de Dubuc qui va poursuivre.
Le Président (M. Iracà) : Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Simard : Merci, M. le Président.
Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste quand même 11 minutes.
M.
Simard : 11 minutes. J'ai deux questions, mais je vais demander
des réponses courtes pour laisser de la place aussi à mon collègue
d'Ungava, qui aurait quelques questions.
Messieurs, en
ce qui a trait aux méthodes de compensation financière transitoire, vous dites
dans votre mémoire : Bien sûr,
ces méthodes... qui doit prendre en compte plusieurs éléments, dont la valeur
des terrains qui seront perdus, des milieux
humides et hydriques. Pouvez-vous m'expliquer plus en détail pourquoi vous
jugez que les facteurs ne devraient pas
inclure un effet multiplicateur afin de prendre en compte les valeurs beaucoup
plus élevées des terrains situés dans les
zones urbaines les plus importantes au Québec? Je pense que c'est une question
qui est importante, là, pour les gens qui nous écoutent, bien sûr.
M.
Vincent (François) : Oui,
oui. On a vraiment une crainte quant à l'impact sur l'abordabilité des
résidences. Dans les zones ciblées où
l'effet multiplicateur est plus important, là, sur la carte, là, on voit
Montréal, Québec. La grande région de
Montréal, bon, bien, ça s'étend à peu près jusqu'à Saint-Jérôme, il y a un
effet multiplicateur de... par deux. Mais
le coût du terrain à Montréal est déjà plus élevé que si je le fais à
Saint-Jérôme. Donc, moi, admettons, mon prix de terrain est 50 $, bien, je
l'additionne au 20 $, je le multiplie, fois deux, puis après ça je le mets
par rapport au nombre de mètres
carrés que j'ai pour aller justement donner ma compensation. Mais je vais avoir
des projets domiciliaires qui vont se faire dans l'autre zone avec un coût de
terrain qui va être plus bas, puis, ensuite de ça, bien, ça va s'impacter...
ça ne se dit pas, là, créer un impact direct sur, bon, le prix de l'unité, une
fois qu'elle va être rendue en vente.
Donc, le
consommateur... Puis ça, on a un beau tableau à la page 18, là, d'un
sondage auprès de 5 000 répondants à un taux de... marge d'erreur
de 1,3 %, 63 % d'entre eux disent : C'est le prix, mon premier
critère. Ça fait que, là, il va dire :
Est-ce que je vais être prêt à payer ma maison plus cher? Non. Bien là il va y
avoir plus d'autos sur les routes. Puis là on fait plein de politiques pour stimuler la construction en TOD, stimuler la
densification urbaine, puis, en même
temps, on applique des politiques
qui sont justes, là, et bien, c'est-à-dire la protection des milieux humides.
Mais nous autres, on dit : Eh!
attention, là, parce que l'impact qu'il peut avoir, il peut être assez important.
Puis l'analyse qu'on a faite de l'impact sur un projet type est très
conservatrice, donc on se dit : Bon, comment on fait pour, justement,
pour permettre d'avoir un modèle
transitoire applicable? Parce que c'est important de pouvoir appliquer
le régime assez rapidement sans, justement, avoir un impact si dévastateur sur le marché
résidentiel. Bien, peut-être qu'en enlevant l'effet multiplicateur on va
permettre cet élément-là.
Puis je
reviens sur un autre élément de notre mémoire, là, l'utilisation du mot «et/ou» pourrait faire en sorte que certains de nos entrepreneurs aient à payer des
compensations, dans le fond, des parties qui ne seront pas des milieux humides, mais qui vont être définies une fois que
la réglementation va être adoptée. Ça fait que là, on dit : D'ici là,
bien, peut-être que, si on enlève juste l'effet multiplicateur,
bien, ça va éviter de créer une compétition déloyale ou avoir un impact vraiment désavantageux pour des développeurs qui vont se
retrouver dans les zones qui sont à effet multiplicateur.
M. Boutin
(Stephen) : Juste peut-être
pour rajouter, on a fait un petit exercice pour regarder qu'est-ce que ça va avoir
d'ampleur l'impact sur le prix d'une maison ou d'une unité d'habitation. On
prend dans un pôle structurant de développement, c'est-à-dire un pôle qui est
visé à être densifié dans un centre-ville. On a pris un projet réaliste, là, c'est-à-dire sur la Rive-Sud de Québec
où, finalement, on a un projet, par exemple, de
2 000 unités d'habitation. Sur ce terrain-là, on retrouve 25 % de milieux humidex. Et, si on fait
l'analyse de comment ça coûte aujourd'hui, compenser ça avec le régime actuel, ça coûte 830 000 $, compenser. Et, si
on prend la mesure transitoire et on l'applique à la lettre, on est à
6,8 millions. 6,8 millions, on est 6 millions au-dessus du prix
actuel.
Donc, si on
le rapporte sur le nombre d'unités... On parlait à 830 000 $, c'est
400 $ par unité d'habitation. Puis, si je prends le 6,8 millions, c'est 3 400 $ par unité
d'habitation. Et toujours pour le même site, mais c'est juste avec des politiques différentes. Donc, les milieux ne sont
pas plus inintéressants. Ils sont intéressants, mais vous comprendrez que
l'effet de la politique, l'effet
multiplicateur de la zone et le prix plus important des terrains dans les zones
urbaines, on additionne ça ensemble,
ça donne ce résultat-là. C'est juste pour mieux matérialiser, là, comment
est-ce que l'effet va se traduire sur le prix de l'habitation.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député de Dubuc. Est-ce que vous aviez terminé?
M. Simard : Bien, je vais laisser
répondre madame...
Le Président (M. Iracà) : Ah!
excusez-moi. Oui, allez-y, madame.
Mme Tremblay (Jessica) : Merci. Si
vous voulez un exemple concret, vous n'avez qu'à prendre les frais de croissance qu'il y a eu à Gatineau pendant
une certaine période de temps, vous allez voir, les mises en chantier, pendant
cette période-là, ont été en décroissance au
profit des municipalités qui étaient périphériques, où, là, on a vu les augmentations juste à cause des frais de croissance, qui représentaient à peu près
ça, une augmentation de 3 000 $ par porte. Donc,
concrètement, on les a...
Le Président (M. Iracà) : Merci, Mme
Tremblay. M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Mais une petite...
ne croyez-vous pas que l'esprit de la loi, justement, c'est de protéger
les milieux humides? Et puis un milieu humide, dans une ville comme Québec
et Montréal, a beaucoup plus de valeur que dans un milieu où il peut y avoir plus d'espace à protéger
ou encore de l'espace non occupé. Et j'aimerais vous entendre là-dessus
parce que la logique... et, bien sûr, l'esprit de la loi est vraiment protégé
lorsqu'on fait cette recommandation-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci.
Alors, M. Boutin.
• (16 h 30) •
M. Boutin
(Stephen) : Oui. Je pense
que la réflexion est bonne. Ça paraît peut-être incohérent, mais on va ramener la cohérence à l'intérieur de ça. On a discuté beaucoup
avec les gens du ministère pour regarder comment est-ce qu'on fait
pour, je dirais, conserver nos joyaux environnementaux. Nos bijoux
environnementaux, il faut être capable de les conserver.
Actuellement, si on regarde dans nos grands centres urbains,
les bijoux environnementaux, il n'y en a pas à la tonne. On se retrouve
plus en dehors des périmètres d'urbanisation, et c'est là qu'il faut, au moins,
régler ceux-là.
Et
les milieux en milieu urbain, il faut regarder à savoir, maintenant,
est-ce qu'on est mieux de conserver un paquet de petits milieux épars ou on va se concentrer à garder des joyaux. Et
ça, je vous dirais, il y a plusieurs écoles de pensée à l'intérieur de ça, mais nous, on pense que le fait... La loi, actuellement, je pense que vous avez fait un bon pas de sortir... Actuellement, la réglementation nous empêche de compenser en dehors du périmètre
urbain, et là le fait d'ouvrir... Vous savez
qu'un milieu humide ça n'a pas de limite administrative, à savoir où il se retrouve, est-ce qu'il est dans une
zone agricole, une zone forestière,
dans une zone urbaine. Un beau milieu, ça reste un beau milieu, indépendamment
où il se trouve. Donc, le fait
d'étendre le territoire, je pense que ça, ça donne déjà une belle latitude pour
cibler les bons milieux à conserver.
Et on avait
des rencontres, pas plus tard que la semaine dernière, avec les gens chez vous
où on disait : Il faut qu'on puisse trouver une méthode justement
et, je dirais, d'avoir une cohérence entre... On conserve, mais, en même temps,
il y a des choses qu'on sait d'entrée de jeu
que ça ne sert pas à grand-chose de le faire. Donc, si on le sait maintenant,
faisons-le. Est-ce que c'est plus limpide ou ce n'est pas facile, cette
partie-là? Comment est-ce que vous...
Le Président (M. Iracà) : M. le
député de Dubuc.
M. Simard : Je vais laisser la
parole... Je ne sais pas s'il reste encore du temps.
Le
Président (M. Iracà) : Bon, alors, oui, effectivement, il reste trois
minutes. M. le député d'Ungava, la parole est à vous.
M. Boucher : Alors, je vais
continuer un peu dans la même veine, là, que mon collègue de Dubuc. À votre recommandation 13, vous parlez de retirer, bon, le
paragraphe 2° de l'article 46.0.2 inséré par l'article 24 du projet de loi n° 132, de faire la démonstration que...
en fait, qu'un promoteur n'aurait plus à faire la démonstration qu'il n'a pas
le choix de faire son projet ailleurs
que là. Bon, un peu comme mon collègue disait, le principe de la loi, avant
même de penser à compenser, puis etc., s'il y a moyen d'éviter, je pense que
c'est encore mieux, ça coûte moins cher, pas besoin de compenser. Le
principe, bon, de la loi, c'est justement l'évitement.
À titre de
législateur, là, à titre de gouvernement, si le promoteur n'a plus cette
obligation-là, comment peut-on s'assurer,
là, que quelqu'un, tu sais, ne fera pas un développement en plein milieu d'un
milieu humide en disant : Regarde, 3 000 $ par porte, je
m'en fous, moi, mon monde va payer? Au prix qu'ils se vendent, les condos, ce
ne sera pas un problème, là. Quelle autre mesure qu'on pourrait rajouter dans
ça, là?
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
Vincent... Ah! ou M. Boutin.
M. Boutin
(Stephen) : Écoutez, c'est
une bonne question. La question à savoir si quelqu'un peut faire un projet
à l'extérieur du milieu humide aujourd'hui,
vous comprendrez qu'aujourd'hui les promoteurs, les constructeurs fonctionnent
avec les terrains qu'ils possèdent. Alors,
si on demande à un constructeur est-ce que c'est possible de faire le projet à
un autre endroit et qu'il possède
seulement un terrain, vous comprendrez que la réponse n'est pas facile à
dire : Je n'ai pas d'autre
endroit. Ce point-là va bien fonctionner avec un demandeur qui va posséder
plusieurs propriétés ou un demandeur municipal
ou gouvernemental qui va avoir un ensemble de propriétés où il pourra se poser
cette question-là. Mais vous comprendrez
que, pour un propriétaire qui possède un terrain, et c'est son projet d'une
vie, puis on lui dit : On peut-u le faire ailleurs?, ça, c'est la première réponse qu'il faut qu'on ait, c'est-à-dire
c'est difficile de dire qu'on peut aller ailleurs.
Cependant, il
y a des méthodes où on peut être capable d'éviter de maximiser la valeur des
milieux qui sont là. Et c'est là,
tantôt, que je reprenais le point à savoir, si c'est des milieux d'intérêt, les
gens vont travailler à les conserver. Si c'est des milieux qui sont moins d'intérêt, je pense qu'on est mieux de
concentrer nos efforts dans nos joyaux environnementaux,
où on va les bonifier pour, justement, les conserver davantage et les agrandir.
Alors, c'est un peu de cette façon-là qu'on vous propose d'analyser la
question du : Est-ce qu'on peut le faire ailleurs ou pas?
Le Président (M. Iracà) : M.
Vincent, 30 secondes.
M. Vincent
(François) : Oui, 30
secondes. La MRC, c'est très large, là. Peut-être que c'est possible, mettons,
de donner l'exemple de la MRC de
L'Assomption, de le créer à Deux-Montagnes, Domaine-des-Deux-Lacs, mais c'est
à 53 kilomètres de Montréal, puis les gens,
ils veulent aller à Repentigny. Ça fait que oui, peut-être qu'il va pouvoir le
faire dans la MRC, mais ça ne répond pas aux réalités économiques de son
projet.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Vincent. Nous allons
procéder à un autre bloc d'échange avec l'opposition officielle. M. le député
de Jonquière, la parole est à vous.
M.
Gaudreault : Oui. Alors, bonjour, M. Boutin, M. Vincent, Mme Tremblay.
Il me fait plaisir de vous recevoir à l'Assemblée nationale. Première
question. Je serais curieux de vous entendre davantage sur la définition que
vous proposez, là, de «milieux humides».
Dans votre mémoire, vous faites un tableau, là, Définition comparative des
milieux humides. Entre votre définition et le projet de loi n° 132,
alors c'est quand même substantiellement différent. Alors, j'aimerais ça que
vous puissiez nous la résumer dans vos mots, si on veut, pour le bienfait de la
commission.
Le Président (M. Iracà) : Oui?
M.
Vincent (François) :
Substantiellement différent? Moi, je trouvais qu'il y avait beaucoup de
similitudes quand j'ai analysé ça. Je me suis dit : Oh my God! Il y
a quand même beaucoup d'éléments qui se retrouvent... Peut-être deux éléments sur lesquels on pourrait aller chercher des améliorations par rapport à ce qu'on proposait. C'est peut-être
de préciser certains terrains qui ne le sont
pas. Ce qu'on a compris avec les rencontres puis avec nos discussions avec le
ministère, c'est que ça va être plus fait dans la réglementation. On comprend
ça, mais nous, on considère... Puis nos études spécialisées là-dessus
disaient notamment que des terrains agricoles non exploités pendant 11 ans
n'étaient pas des milieux humides. Donc,
nous autres, on leur recommandait que ce soit inclus dans la recommandation. On parlait des fossés. Les fossés, ils sont exclus de la définition.
Donc, ça, c'est quelque chose d'intéressant.
Maintenant,
on avait la question du «et/ou». Nous, le «et/ou», on le mentionnait
dans notre définition, puis on n'était
pas les seuls non plus, là. En faisant des études, justement...
Le Centre de la science et de la biodiversité du Québec, dans sa définition proposée, ce que j'ai remarqué, il y avait
un «et» aussi. Ce qu'on s'est fait répondre, c'est : Oui, mais, pendant la transition, on ne veut pas perdre des
milieux. Je comprends, mais, de notre côté, on ne veut pas nécessairement
non plus compenser à un régime de compensation superimportant et onéreux à des
milieux qui ne le sont pas.
Donc, on a
proposé quelques ajustements, notamment, bien, de mettre le
«et» au lieu du «ou» puis, si le législateur ne
veut pas, de mettre un article transitoire qui va inclure le «et» pour assurer
qu'il n'y ait pas des milieux qui ne sont pas humides qui le sont considérés. Puis, une fois que le régime, la réglementation rentrait, bien, l'article en transition deviendrait caduc, puis l'article actuel, il rentrerait en vigueur. Je
ne sais pas si je suis clair dans mon explication, mais... Somme toute, on trouve que c'est une bonne définition, mais que des précisions sont de mise pour, justement,
assurer que des entrepreneurs n'aient pas à compenser des milieux
humides qui ne le sont pas.
M.
Gaudreault : Pouvez-vous nous donner des exemples, justement, de
situations qui pourraient arriver, là, tirées de votre expérience, qui pourraient faire en sorte que des... qu'il y
ait de la compensation pour des milieux humides qui n'en sont pas
vraiment, là, donc une illustration de l'application de ce «et» au lieu du
«ou»?
M. Boutin (Stephen) : Juste
peut-être reprendre l'exemple qu'on disait tantôt, on se souvient, un projet de
2 000 unités d'habitation, il y avait
25 % de milieux humides caractérisés avec la définition actuelle, qui
inclut, par le fait même, le «et»
aujourd'hui. Si on prenait le «ou», ce 25 % là deviendrait 3 %. Vous
comprendrez que ça a un effet direct, cause
à effet. Puis, avec la mesure transitoire qui est là, vous comprendrez que, si
je passe de 25 % à 3 %, puis on fait l'effet multiplicateur avec la mesure transitoire, bien, on était à
6,8 millions, tantôt, bien, on va descendre à 1,1, million, 1,2 million, tout simplement. Donc, vous
comprendrez que c'est ça, l'effet direct. Donc, soit qu'on travaille sur la
mesure transitoire au niveau des
dollars ou on travaille sur la quantité des milieux. On peut choisir d'un côté
comme de l'autre, mais l'objectif, c'est d'arriver à quelque chose qui
est réaliste par rapport à ça. C'est ça, le...
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : J'aimerais vous entendre un peu plus sur le rôle des
municipalités dans le régime qui est proposé par le projet de loi
n° 132. Les groupes qui sont venus avant vous nous en ont parlé. Bon, il y
a du chevauchement de territoire. Vous, vous
travaillez beaucoup avec les municipalités, entre autres, pour les permis.
Alors, comment vous voyez ça par
rapport à ce qui est proposé, entre autres, par le ROBVQ, même par Canards
illimités, par exemple, ce matin, là, qui nous ont éclairés là-dessus?
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup.
M. Vincent (François) : On aime la
flexibilité qui est donnée au projet de loi de, justement, faire des plans régionaux qui vont sortir des MRC, justement,
pour... Nous autres, ce qu'on a compris, c'est pour respecter la logique
reliée aux bassins versants. On avait émis
dans notre mémoire en 2005, puis subséquemment, que c'était important pour
nous que, justement, la caractérisation, les
plans et la protection régionale soient inclus dans les schémas d'aménagement
pour assurer la prévisibilité. Moi,
admettons, je suis un entrepreneur immobilier. Bien, c'est sûr que je vais
regarder le schéma, je vais regarder
ce qui est priorisé comme milieu puis qu'est-ce qui est protégé. Donc, en
passant par le fait d'inciter les
municipalités à, justement, entamer une réflexion quant à la priorisation, à la
cartographie puis de faire un plan d'action, là, c'est ce qu'on comprend, ça n'a pas de valeur légale. Mais, ensuite de
ça, ils vont être assujettis à l'autre réglementation puis ils vont avoir, justement, caractérisé les
milieux, fait un plan d'action. Bien, c'est sûr qu'ils vont prendre certains
éléments, qu'ils vont les protéger puis qu'ils vont les intégrer dans leur
schéma. Donc, c'était quelque chose qui était important
pour nous, puis on voit que ça va être possible de le faire par la proposition
qui est faite dans le projet de loi, puis en permettant d'avoir une
flexibilité pour sortir, justement, des MRC puis d'aller dans la logique d'où
part l'eau.
Maintenant,
c'est important, on pense, d'ajouter une précision pour éviter des
dédoublements. Il y en a, des modèles de
compensation pour des milieux humides et hydriques dans les municipalités
actuellement. Je pense qu'il y a Gatineau puis Lévis. Maintenant, on va mettre un régime en place, il faut
absolument éviter qu'il y ait une double compensation pour un même milieu. Donc, on vous invite à avoir
cette réflexion-là durant l'étude détaillée. Puis il y avait quelque chose qui
avait été fait dans ce sens-là, dans le projet de loi n° 102, là, pour
assurer que la réglementation provinciale en environnement avait une
préséance sur celle municipale. On ne veut pas enlever ici la possibilité à la
municipalité d'agir pour protéger son
milieu, mais on veut s'assurer qu'il y ait une logique dans le processus puis
qu'on n'ait pas à payer deux fois.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup...
M. Boutin (Stephen) : Peut-être
une...
M. Gaudreault : Oui, allez-y.
M. Boutin
(Stephen) : Peut-être
une petite précision pour la question que vous posiez. Je pense que les MRC
sont bien positionnées pour être le
coordonnateur. Comme on disait tantôt, d'avoir quelqu'un qui coordonne ces plans-là, avec les intrants qui vont venir de tous les collaborateurs,
partenaires qui vont venir autour, je pense que cette échelle-là est intéressante.
Ça peut arriver qu'il y ait, je dirais, deux MRC qui soient mises à
contribution, mais je pense que l'élément MRC est intéressant. En tout cas,
c'est une bonne piste selon nous par rapport à ça.
Mme Tremblay (Jessica) : Pour
compléter...
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Mme Tremblay (Jessica) : ...je pense
que c'est important de rappeler que l'autorité suprême doit rester le gouvernement québécois en pareilles matières et qu'il serait important
que les réglementations municipales
soient soumises au ministre pour
approbation avant parce qu'on se retrouve dans certaines municipalités où les
remblais ou les excavations en
milieux humides sont prohibés, malgré que le ministère serait enclin à donner
un certificat à 22 sous certaines conditions. Donc, je pense que la
réglementation municipale doit être revue à ce niveau-là.
Le Président (M. Iracà) : Merci, Mme
Tremblay. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Donc, globalement, avec le régime qui est proposé sur le
plan régional, là, pour élaborer le plan régional, vous êtes assez d'accord, là. Parce qu'on a eu des
représentations, quand même, pour dire : Bien, ça prend plus de la concertation, plus — comment je pourrais dire? — de mise en commun, pas juste de la
consultation, mais davantage de concertation. Vous, le système qui est
prévu ici, là, vous convient?
M. Vincent
(François) : Bien, si je me
rappelle, là, il y a un article dans le projet de loi qui assure que, pour
monter les plans régionaux, il y a
une concertation qui soit faite, puis il y a deux organismes qui sont nommés,
nommément. Oui, c'est intéressant,
mais on aimerait ça, justement, être intégrés dans le processus. Puis ce qu'on
dit aussi, c'est qu'on le demande, ce régime-là, depuis longtemps. Donc,
ça va être fait dans une manière constructive et productive.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Jonquière, quatre minutes.
M.
Gaudreault : Oui. Je ne suis pas convaincu de votre analyse sur les
risques d'étalement urbain, concernant... Bon, attendez que je me retrouve, page 17, l'impact négatif sur la
propriété, là, à la suite des compensations, que ça pourrait avoir un effet, là, qui accentuerait l'étalement
urbain. Je comprends que Mme Tremblay a parlé du régime pour Gatineau, là, de redevances de développement, oui, c'est ça,
de... qu'on avait étudié lors du projet de loi n° 83, je m'en souviens
très bien.
En tout cas, est-ce qu'il y a d'autres exemples
internationaux, par exemple, sur lesquels vous vous basez, aux États-Unis, ou ailleurs au Canada, ou en Europe,
je ne sais pas, là, qui pourraient nous éclairer davantage là-dessus? Parce
que j'ai l'impression que c'est comme un effet, en tout cas, qui ne m'apparaît
certainement pas immédiat, là.
M. Vincent
(François) : On peut
répondre, justement, à votre doute en regardant chez nous. On parle beaucoup
de l'effet du beigne à Montréal. Il y a eu
de la perte de population à Montréal de... entre 15 000 et 25 000
personnes de 2008‑2009 à 2013‑2014.
Les gens, ils partent de Montréal. Ensuite de ça, si je vous invite à la page
19 de notre mémoire, le tableau est quand même assez frappant. Puis ça,
c'est un élément qu'on avait mis... Ça, c'est un autre dossier, là. Quand il y avait eu les PMAD, il y avait eu
justement une orientation de TOD puis de densification. Puis nous, ce qu'on
disait, dans le fond, c'était : Bien,
on va créer de la rareté. En créant de la rareté, on va pousser l'augmentation
du coût de terrain au départ, puis ça va avoir un effet d'augmenter le
prix du domicile. Bon.
Puis, en plus
de ça, bien, tu as la réglementation qui rentre là-dedans. On a fait une étude sur l'abordabilité d'un économiste, M. Bélanger, qui démontrait qu'il y
avait au-dessus de 50 %, 59 %, je pense, d'augmentation du coût
de la demeure à Montréal qui était expliquée
par réglementation, coût du terrain, etc. Là, on voit clairement, là, que Laval
aussi vit ces mêmes éléments là, puis
son solde migratoire diminue en même temps que le solde migratoire de
Laurentides—Lanaudière
augmente.
M. Gaudreault : ... si vous me
permettez, ça, ce que vous me décrivez là, c'est la situation actuelle?
M. Vincent (François) : Oui, mais ajoutez ça, là, avec un effet de fois
deux pour Montréal, puis, pour Lanaudière—Laurentides, d'un effet nul, bien,
votre coût de construction va augmenter encore d'une façon plus importante à Montréal. Puis le coût de terrain que
tu vas acheter à Lanaudière ou Laurentides, il est pas mal plus bas que si on l'achète dans la zone 1, plus qu'on se
rapproche du grand centre, que ce soit Montréal ou Québec, dans la carte, les
places où il va y
avoir un effet multiplicateur. Donc, nous, on ne pense pas nécessairement qu'on
a à regarder outre-mer, puis on émet, justement, des réserves puis des
impacts qu'il peut y avoir là-dessus. Puis on l'a vu aussi à Gatineau. À Sherbrooke aussi, on avait calculé, ils allaient
dans le même sens, puis on avait fait une démonstration qu'il y aurait une
diminution des mises en chantier. Selon nous, on a assez de données pour
démontrer qu'il y a un impact.
Puis on est
bons joueurs, tu sais, on ne dit pas : Bien là, regardez, nous autres, on
dit que c'est ça, donc on veut absolument
enlever le régime de compensation au complet. Non, non, on dit : Enlevez,
pour le régime transitoire, l'effet multiplicateur,
puis faites des études économiques plus poussées. Donc, peut-être que, là, ils
pourraient regarder d'inclure des
pays d'outre-mer, mais on donne la possibilité au ministère. Mais on dit :
Il faut étudier plus la question. Parce que nous autres, on lève le
drapeau rouge, là, puis on dit : Attention, là!
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Ceci met fin au bloc d'échange
avec l'opposition officielle. Nous allons procéder au prochain bloc avec
le deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole au député de Masson.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer. Vous
savez, il y a déjà plusieurs sujets qui ont été traités. On va peut-être encore
traiter des mêmes sujets, mais on va essayer de poser des angles différents,
là, parce qu'on a quand même, somme toute, les mêmes préoccupations ici
en tant que parlementaires.
Donc,
premièrement, j'aimerais juste savoir, vous, concrètement, pour un promoteur,
là, comment vous voyez ça, l'instauration
de la loi sur les milieux humides dans la planification d'un projet. Parce que
vous sembliez mentionner, dans votre
mémoire, une partie, d'avoir des délais plus longs, mais est-ce que vous croyez
que, quand on va élaborer un projet, il va y avoir des délais qui vont
s'ajouter dans la phase de planification?
M. Boutin
(Stephen) : Écoutez, ce que
nos membres vivent aujourd'hui par rapport à la situation qui est envisagée,
je pense qu'on va améliorer la partie des
délais parce qu'on va être davantage prévisibles. Je pense que ça, c'est un
avantage notable qui va avoir un effet direct.
Maintenant,
le fait de préciser dans les réglementations davantage, je dirais, d'éléments
qui sont un petit peu plus flous
aujourd'hui va faire en sorte qu'on va améliorer davantage, encore là, les
délais. Donc, je pense que nos gens voient ça d'un bon oeil. Encore une fois, s'assurer... Comme on disait
tantôt... on répondait à la question, à savoir : Est-ce qu'un promoteur ou un constructeur pourra faire un
projet ailleurs lorsqu'il possède un terrain? Les réponses, on les... on vous
l'a précisé tantôt, mais je pense que les
gens voient ça d'un bon oeil, je pense que les gens accueillent ça vraiment
d'un bon oeil.
M.
Lemay : Parfait. Au niveau de votre définition que vous avez faite
versus la définition qu'il y a dans le projet de loi, moi, il y avait quelque chose qui m'intéressait, c'était de
savoir pourquoi vous arriviez, quand on parle de terrains agricoles... Vous parlez : «Les terrains
agricoles non exploités depuis moins de 11 ans ne sont pas un milieu humide.»
Est-ce que vous pouvez me donner un
petit peu plus de précisions sur comment vous êtes arrivés à instaurer ceci
dans votre définition?
Mme Tremblay (Jessica) : Nous avons
travaillé avec des professionnels dans le domaine qui s'occupent de caractériser les milieux, et les conclusions sont
à l'effet qu'un terrain agricole qui n'est pas exploité depuis moins de 11 ans
ne rencontre pas les critères pour être qualifié comme milieu humide. Donc, on
ne retrouve pas la diversité qu'il faut y
retrouver pour être un milieu humide, et donc on proposait de l'exclure de manière
immédiate pour éviter les dédales administratifs et la lourdeur
administrative qui s'attachent à ça.
M.
Lemay : Ça, les experts que vous avez consultés, là, est-ce que c'est
des études qui sont disponibles sur votre site Web, ça?
Mme Tremblay (Jessica) : Bien, on
pourra vous fournir l'information, nécessairement, oui.
M. Lemay : Si vous fournissez
l'information, vous allez l'envoyer...
Le
Président (M. Iracà) : Alors, oui, effectivement, si vous avez de
l'information ou de la documentation, simplement la faire parvenir à la
secrétaire de la commission, nous allons distribuer aux personnes.
Mme Tremblay (Jessica) : Parfait.
• (16 h 50) •
M.
Lemay : Bien, merci. Dans le fond, votre recommandation 8 que vous
avez faite dans votre mémoire, là, c'est déjà prévu comme ça dans le projet de loi, dans le fond. Vous, vous
venez faire un énoncé comme quoi qu'effectivement il ne faut pas que les fossés soient considérés
comme des milieux humides, c'est bien ce que je dois comprendre, là, vous
trouviez important de préciser que ça devait faire partie des exclusions. C'est
ça?
M. Vincent
(François) : Oui, on voulait
renforcer le fait que c'est un élément très important dans le projet de
loi. On en recommande fortement l'adoption.
M. Lemay : Parfait.
Le Président (M. Iracà) : Merci. M.
le député de Masson.
M. Lemay : Bien, en fait,
c'est correct. Écoutez, moi, j'aimerais aller à la recommandation 14. Dans
le fond, vous nous mentionnez... en
fait, vous dites, vous demandez : «Pour assurer une meilleure application
des autorisations à notre industrie
et aux projets multiphases, que la limite de temps accordée à l'article 46.0.8
soit portée de deux à cinq ans.» Ce que
je comprends un peu en faisant la lecture, là, c'est que, si vous êtes dans des
projets multiphases, vous allez manquer de temps à l'intérieur du deux ans. Vous êtes arrivés avec un délai de
cinq ans, est-ce que vous pouvez, encore une fois, préciser sur quelle base vous arrivez à mentionner
que c'est vraiment cinq ans, que ce serait mieux qu'on mette ça dans la
loi que le deux ans qui est déjà proposé?
Le Président (M.
Iracà) : M. Boutin.
M. Boutin (Stephen) : Oui. Alors, on a discuté, d'ailleurs, ces points avec les gens du
ministère, puis on a eu des éclaircissements,
puis je pense que la recommandation est toujours pertinente. L'idée à l'arrière
de ça, c'est que dans les projets
multiphases, donc un projet qui va se passer sur plusieurs années...
l'objectif, c'est de s'assurer que les gens, dès le départ des projets, vont demander l'ensemble, je
dirais, de l'autorisation pour toutes les phases. Et c'est possible que, dans
les premières phases, les gens n'aient pas besoin de faire de compensation
environnementale. Ça fait que, donc, vous comprendrez
que l'autorisation est émise pour les premières étapes, mais on n'en a pas de
besoin. Donc, il y a quelques années
qui se passent, en moyenne à peu près une couple d'années. Donc, on a
dit : Si, en moyenne, les gens vont avoir à peu près deux phases qu'ils vont avoir besoin de compenser, donc, on
arrivait aux cinq ans, puis je pense que les gens trouvaient ça quand même raisonnable de penser ça.
Donc, c'est dans un esprit où, finalement, les gens font une demande globale, donc une demande pour plusieurs phases.
Et, si on n'a pas besoin de compensation dans les premières étapes,
bien, on comprend que l'autorisation sera toujours valide dans les étapes
subséquentes, d'où le cinq ans.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup. M. le député de Masson, trois minutes.
M.
Lemay : Parce qu'on fait juste penser... dans ma municipalité, un
projet résidentiel qui a eu lieu, qui est déjà terminé, qui a atteint sa maturité, là, tu sais, juste à regarder
l'évolution du projet, ça a pris sept ans avant que tout le domaine résidentiel se fasse dans ce projet-là. Mais, en
réalité, je crois que l'esprit de la loi, qu'est-ce qui est proposé, c'est de
dire : On va faire une
compensation dans les deux ans, même si on n'ira pas toucher dès le début des
phases à un projet. Tu sais, je
voulais juste savoir, là... En fait, ce que vous sembliez dire, c'était un peu
pour pouvoir planifier les travaux, mais je crois que le deux ans, c'est plus dans l'esprit de dire : Bien,
éventuellement, il y aura perte de milieux humides à la maturité du
projet, on peut-u tout de suite compenser le plus rapidement possible?
M. Boutin (Stephen) : ...précision. On comprenait que c'est plus la validité de l'autorisation,
et non pas le délai pour compenser.
Parce que les gens n'ont pas d'enjeu à compenser dès maintenant, c'est plutôt
de s'assurer de la validité de l'autorisation. Donc, c'est plus dans ce
volet-là qu'on traitait cette partie-là.
Le Président (M.
Iracà) : M. le député de Masson.
M.
Lemay : ...faire attention à ça. Si on va à la recommandation
n° 17, vous dites : On veut indemniser les gens... «d'un
terrain privé [...] suivant une décision de la conservation d'un milieu humide
ou hydrique qui aurait un impact négatif sur
la valeur de leur propriété». Moi, de la manière que je vois ça, là, dans le
fond — puis là
vous l'expliquez dans votre texte,
là — c'est,
si quelqu'un décide d'avoir une belle vue, puis, dans le fond, ça n'a aucun impact
réel sur lui, bien, c'est correct.
Mais quelqu'un qui décide éventuellement de faire des nouvelles constructions
ou utiliser le terrain, là il ne peut pas l'utiliser puis, dans le fond,
il est propriétaire d'un terrain qui est non utilisable, là, tu sais. Là, ce
que vous mentionnez, dans le fond, c'est un
peu un principe d'expropriation, c'est de dire : Dès qu'on a déclaré que
le terrain est un milieu humide, le
propriétaire ne devrait plus avoir à payer ses taxes et devrait peut-être avoir
même une compensation. C'est ça que vous mentionnez un peu, là, c'est ce
que je comprends?
Mme
Tremblay (Jessica) : Effectivement, puisque vous arrivez à priver un
propriétaire de son droit de propriété et d'en jouir. Donc, il ne pourra
plus rien faire avec son terrain. On peut prendre le parallèle avec les milieux
naturels d'exception, comme on a vu, par
exemple, au Mont-Rigaud, où ils ont mis un contrôle intérimaire, un règlement
de contrôle intérimaire, le temps
qu'ils négocient avec les propriétaires. Ces personnes-là ne pourront plus rien
faire avec leur terrain. Donc,
nécessairement, on croit qu'un mécanisme doit être mis en place pour soit de
l'expropriation, l'achat de gré à gré. S'il
y a échec, on amène ça vers le TAQ
pour faire le mécanisme d'expropriation. Mais simplement mettre une bulle de
verre sur un terrain et ne donner aucune
compensation au propriétaire, qui ne pourra plus en jouir et qui ne pourra pas
le vendre non plus dans un but de le développer enlève toute valeur à
cette propriété-là.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme Tremblay.
Malheureusement, ceci met fin au bloc d'échange. Je sais, M. le député de Masson, que vous aviez plein de questions,
mais, bon, je suis le maître du temps. Alors, merci beaucoup pour votre
contribution à cette commission.
Je vais suspendre les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 56)
(Reprise à 16 h 59)
Le
Président (M. Iracà) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite la
bienvenue aux représentants du
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec. Je
vous demande de bien vouloir vous
présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Alors, je vous souhaite la bienvenue chez
vous, à l'Assemblée nationale. Et la parole est à vous.
Regroupement national des conseils régionaux de
l'environnement du Québec (RNCREQ)
M. Brochu
(Gilles) : M. le Président, M. le
ministre et MM. les députés, on vous
remercie de nous accueillir à cette commission.
Moi, je suis Gilles Brochu, président du Conseil régional de l'environnement du
Centre-du-Québec. Je suis accompagné du directeur général du Regroupement
national des conseils régionaux en environnement, M. Vincent Moreau,
ainsi que d'Andréanne Blais, qui est chargée de projet en milieu naturel et en
biodiversité.
• (17 heures) •
Je serai bref
dans la présentation, parce que vous connaissez un peu, en fin de compte, les
CRE puis le regroupement national. Juste vous rappeler que c'est un réseau unique
d'acteurs influents dans le domaine de l'environnement au Québec
depuis 1991. Sa mission est de contribuer au
développement et à la promotion d'une vision nationale du développement durable au Québec, de représenter
l'ensemble des 16 CRE et d'émettre des opinions publiques en leur nom.
Par leur
action, les conseils régionaux en environnement contribuent à harmoniser
qualité de l'environnement, équité
sociale et développement économique. Ce qui n'est pas toujours évident, et ça
demande souvent de la consultation et
de la concertation. Au fil des années, le réseau des CRE a développé une
expertise qui lui a permis de contribuer aux initiatives locales et
d'accompagner les décideurs régionaux dans leurs démarches vers un
développement durable.
En terminant, nous tenons à féliciter le
ministère, qui s'est inspiré d'autres pays en matière de protection des milieux
humides et qui a eu la sagesse de les intégrer dans un cadre légal innovant et
structuré. Bravo! Et merci.
Je laisse
maintenant la parole à Vincent, qui va faire un tour d'horizon, en fin de
compte, de nos recommandations.
Le Président (M. Iracà) : M. Moreau.
M. Moreau
(Vincent) : Merci. Merci, M.
le Président. Donc, M. le ministre, députés, rappelons que l'article 22
de la LQE, traitant des milieux humides et
hydriques, a été adopté en 1988 puis il n'a pas été modifié de manière globale
depuis. Bien qu'il y ait eu l'adoption de la Loi concernant des mesures de
compensation pour la réalisation de projets affectant
un milieu humide ou hydrique en mars 2012, cette loi ne contenait pas,
justement, les ajustements souhaités par plusieurs groupes environnementaux
à l'époque. C'est ainsi tout à l'honneur de M. Heurtel d'avoir réussi à
mener ce chantier, considérant les multiples enjeux de développement durable
auxquels il se rapporte.
Nous sommes
notamment très heureux de voir le gouvernement du Québec partager l'objectif de
zéro perte nette de milieux humides
et hydriques, d'intégrer un facteur de rareté de milieux humides et hydriques
et d'apporter des modifications principalement
à certaines lois, dont la Loi sur la qualité de l'environnement, la Loi affirmant
le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur
protection ainsi que la Loi sur la conservation du patrimoine naturel.
Cela dit, il reste du travail à réaliser, car il
existe encore une grande incertitude relativement au contenu des règlements éventuels du projet de loi et les
moyens de mise en oeuvre et de consultation, qui sont encore inconnus. Bien
que le contenu actuel du projet de loi soit adéquat en vue de permettre de
conserver les milieux humides et hydriques à
l'intérieur d'un cadre légal simplifié, clair et cohérent, à notre avis, nous
voulons néanmoins soulever quelques éléments visant à soutenir la
concrétisation des règlements à venir et surtout la mise en oeuvre.
Concernant
les modifications à la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en
eau, on est très satisfaits de voir
que les communautés métropolitaines et les MRC devront établir un plan régional
des milieux humides et hydriques au
plus tard cinq ans après la date d'entrée en vigueur du présent projet de loi.
Ces plans, à notre avis, permettront de tenir compte de la diversité des contextes régionaux et de l'adapter à la
conservation des milieux humides et hydriques. Toutefois, l'échéance globale proposée nous amène à craindre
que les plans régionaux ne puissent assurer pleinement la protection de certains milieux humides d'intérêt à court
terme. On croit que le tout devrait se réaliser en deux phases. Donc, dans un premier temps, l'identification des milieux
humides et hydriques à protéger, et ce, dès la première année suivant
l'adoption du projet de loi
n° 132, on considère que le gouvernement du Québec dispose amplement de
connaissances sur les méthodes de
priorisation des milieux humides et hydriques pour soutenir les communautés
métropolitaines et les MRC dans cet exercice.
Par la suite, dans la deuxième phase pourra venir la réalisation des autres
étapes du plan régional, tel que défini dans le futur guide que le
ministère va développer.
On s'en vient à la première recommandation, qui
est que les communautés métropolitaines et MRC priorisent l'identification des milieux humides et hydriques
à protéger dès la première année suivant l'adoption du présent projet de loi, et ce, en tenant compte d'un
objectif — je dis
bien, d'un objectif — de milieux
humides et hydriques à protéger. On
recommande également qu'aucune autorisation, que ce soit d'activités à risque
modéré ou élevé, ne soit émise tant que
les milieux humides et hydriques à protéger ne sont pas identifiés et intégrés
à un outil de planification du territoire. Ici, on pourrait penser, par
exemple, à un règlement de contrôle intérimaire.
Notre deuxième recommandation, c'est qu'un
arrimage avec la loi sur la protection du territoire agricole soit réalisé afin d'assurer la mise en oeuvre des plans
régionaux et éviter aux acteurs municipaux de travailler à la pièce avec
la CPTAQ pour
l'intégration des milieux humides et hydriques à conserver. On considère
également qu'il serait souhaitable que
le ministère se concerte avec le ministère des Ressources naturelles afin de
réduire l'impact de la prise en compte des droits accordés par l'État en vertu de la Loi sur les mines et de la Loi sur les hydrocarbures ou des demandes
présentées pour obtenir de tels
droits dans les plans d'action des plans régionaux, notamment
pour les milieux hydriques et humides à protéger.
En ce qui concerne la Loi sur la qualité de l'environnement, comme on l'avait déjà
mentionné dans nos mémoires précédents
sur le projet de loi n° 102, le regroupement ne s'oppose pas à l'idée de moduler le régime
d'autorisation en fonction du niveau de risque, que ça soit risque
élevé, modéré, faible ou négligeable. Toutefois, cela nécessitera des
précisions quant à l'évaluation des activités classées dans les différents
niveaux de risque.
Bien
qu'innovant et unique, on l'admet, le principe de compensation financière
proposé par le ministère comme mesure
transitoire devra, d'après nous, être bonifié lors de la mise en place du cadre
réglementaire découlant du projet de loi.
De plus, on croit qu'il devrait prendre en considération des valeurs plus
élevées de compensation sur trois considérants : un, la juste valeur marchande des terrains, qui
peut augmenter rapidement; également, il y a les contraintes de lotissement, qui peuvent représenter des coûts d'acquisition
considérables; ainsi que les services écologiques rendus par les milieux humides et hydriques, qui peuvent être relativement
différents d'un milieu à un autre. Ce qui en vient à notre recommandation de voir intégrer une bonification
à la hausse des compensations financières après la fin des mesures
transitoires.
Pour sa mise
en oeuvre, le regroupement national tient à rappeler l'importance qu'il accorde au
développement des futurs cadres
réglementaires et aux programmes de mise en oeuvre. Le projet de loi donne les
orientations et les pouvoirs nécessaires
au ministère pour atteindre son objectif d'aucune perte nette des milieux humides et hydriques mais fournit peu
d'information quant au contenu des cadres réglementaires et aux programmes
visant la protection, la restauration et la création de milieux humides
et hydriques.
Le regroupement est d'avis que le ministère détient l'expertise et les connaissances pour
mettre en oeuvre l'objectif zéro perte nette, mais que l'application présentera
des défis auxquels le ministère ne peut répondre seul. On est d'avis que
les solutions résideront dans le savoir et l'expertise terrain que possèdent
une grande variété d'organismes québécois, dont le Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement du Québec.
Une telle
mise en oeuvre demande aussi la surveillance des actes illégaux de destruction
ou de perturbation. On tient à
souligner notre inquiétude à l'égard du manque de ressources financières à
l'accomplissement de la mise en oeuvre du projet de loi, tant en ce qui
concerne le ministère que les organismes provinciaux.
On demande donc au gouvernement du Québec de
donner au ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques les ressources financières nécessaires à
l'accomplissement de sa mission et de ses responsabilités.
On souhaite
aussi que le gouvernement offre des programmes financiers tels que le retour du
programme Partenaires de la nature afin de soutenir la protection des milieux
humides et l'acquisition de connaissances.
On souhaite
voir augmenter les efforts de surveillance relatifs à la perte illégale de milieux humides et les mesures coercitives également — telles
que la remise à l'état des milieux
humides — reliées à une perte ou une dégradation.
J'aimerais
terminer en mentionnant toute l'importance que le réseau accorde à la
conservation des milieux humides,
de par leur fonction écologique, pour les
nombreux services écologiques qu'ils rendent à la collectivité, dont la
préservation de nos ressources
en eau, la protection de la biodiversité, la contribution à l'adaptation
aux changements climatiques. On n'a qu'à
penser aux inondations actuelles pour avoir une image. Par exemple,
les milieux humides et hydriques font office de zones tampons
lors des crues, qui risquent d'être de plus en plus fréquentes, malheureusement.
Le Président (M. Iracà) : 20
secondes, M. Moreau.
M. Moreau
(Vincent) : C'est pourquoi, M. le Président, nous invitons M. le ministre et les membres
de la commission à considérer l'ensemble de nos recommandations. Dans la suite des choses, notre réseau offre entièrement notre collaboration par
l'expertise acquise au cours des 20 dernières années, autant en ce qui a
trait à la planification territoriale et la conservation des milieux naturels.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, Mme Blais, M. Brochu, M. Moreau. Ne bougez pas. On est à l'Assemblée nationale, et, malheureusement, il y a des votes de temps à autre, et nous
sommes appelés immédiatement pour aller voter. Mais la bonne nouvelle,
c'est qu'on va revenir.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 17 h 30)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre les travaux. Je vous remercie de votre exposé. Et, puisque
nous avons quitté pour aller voter au salon bleu, je vais demander le consentement pour terminer cette commission à 18 h 10. Est-ce que
ça vous convient? J'ai le consentement? J'ai des signes de tête, parfait. Alors, nous
allons terminer à 18 h 10.
Je vais
commencer par un premier bloc d'échange avec la partie gouvernementale. M. le ministre, la parole
est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame messieurs. Merci pour votre
présentation ainsi que votre mémoire.
On a discuté, cet après-midi, beaucoup de la planification des milieux humides
et hydriques avec vous, d'autres groupes.
Le Regroupement des organismes de bassins versants nous parlait d'une de leurs
recommandations à l'effet qu'ils voudraient
se voir confier le mandat d'organiser une espèce de concertation dans le cadre
de la planification des milieux humides et hydriques.
J'aimerais
avoir votre réaction parce que je sais que, un, les CRE sont très actifs sur le
terrain, de un, tout comme les OBV,
que les CRE travaillent beaucoup l'enjeu des milieux humides et hydriques
également. On reconnaît déjà votre rôle
dans le projet de loi. Je voudrais voir comment vous, vous voyez ça et comment
vous voyez votre rôle. Je sais que vous
en avez parlé un peu, mais peut-être approfondir comment vous voyez votre rôle
dans la planification et comment vous voyez l'interaction de votre rôle
avec les municipalités, les MRC et les communautés métropolitaines.
Et ma
deuxième question — puis on
pourra y revenir après, là, mais je veux juste vous la mettre en tête — c'est : Avec ce qui est proposé dans le projet de loi, trouvez-vous que c'est le
bon niveau, c'est-à-dire de remettre ça ultimement, là, l'exercice de planification, au niveau des
gouvernements de proximité? Donc, êtes-vous à l'aise avec municipalités, MRC et communautés métropolitaines ou, même là, est-ce
qu'il y a des recommandations que vous aimeriez faire là-dessus?
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. Alors, M. Moreau ou M. Brochu, Mme Blais?
M. Brochu
(Gilles) : ...je peux
peut-être vous répondre là-dessus. C'est qu'en ce qui concerne les MRC, eux,
ils ont le pouvoir légal pour mettre
en oeuvre un plan d'action. Dans l'état actuel des choses, ni les conseils
régionaux en environnement ni les OBV
n'ont le pouvoir légal d'appliquer des plans d'action. En conséquence, on trouve
que le niveau de la MRC, c'est un
niveau qui est neutre, qui est représentatif. Et à ce moment-là les CRE, eux
autres, ont le même territoire administratif,
de toute façon, que les MRC, ça vient faciliter les choses. Mais, d'un autre
côté, sur nos conseils
d'administration, partout pour les CRE, les OBV siègent également. Donc, on a
un phénomène d'osmose, si je puis dire, entre ces deux grandes entités là. Et, à ce moment-là, que la MRC pilote
ça et qu'elle décide qui fera bien la consultation ou la concertation
sur son territoire, elle a le pouvoir de désigner ceux qu'elle veut bien.
Et, comme on
disait aussi tantôt, dans d'autres représentations, les régions sont
différentes en termes de biodiversité, mais
elles sont différentes au niveau administratif aussi. Donc, il y a des endroits
que c'est les OBV qui sont superspécialisés là-dedans et il y a d'autres endroits que ça peut arriver que ça peut
être un CRE. Parce qu'avant que les OBV soient créés c'est des CRE qui s'occupaient notamment de l'eau,
donc ils avaient déjà développé une expertise. Mais, avec l'arrivée des OBV, bien, cette responsabilité-là a été plus
transférée au niveau des OBV. Mais les CRE conservent encore certaines
compétences.
Et, en ce qui
concerne la consultation puis la planification du territoire, effectivement, on
est très associés avec les MRC, très
souvent, dans leurs schémas d'aménagement, qui nous consultent, justement, pour
mettre en oeuvre certaines choses au niveau environnemental. Et, dans le
mot «environnemental», le mot «eau», bien sûr, en fait partie.
Donc, pour
répondre à votre question, M. le Président et M. le ministre, c'est vraiment la
MRC qui nous semble peut-être
l'organisme le plus neutre. Et également ce sont des élus, ce sont eux
également qui ont les pouvoirs légaux, et financiers même, pour mettre
en oeuvre le plan régional.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. Brochu. M. le ministre.
M. Heurtel : Je ne sais pas, M.
le Président, s'il y a des ajouts, des compléments. Ça va?
Le Président (M. Iracà) :
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Ça va? M. le ministre.
M. Heurtel : M. le député de Maskinongé
pourrait prendre la suite, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) :
Parfait. M. le député de Maskinongé, 14 minutes.
M. Plante : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, messieurs. Madame, bonjour. J'aurai une seule question,
et je dois vous avouer que c'est suite à
votre recommandation n° 1, et surtout quand vous dites qu'aucune
autorisation ne devra être émise ou
donnée sans l'atteinte des objectifs. Les objectifs identifiés au niveau
de la protection des milieux humides, là, on comprend bien.
Je veux juste qu'on soit tous bien conscients de
l'impact sur le développement des MRC, des villes, sur le développement économique qu'une mesure comme celle-là, celle que vous
proposez, pourrait avoir, et surtout l'espèce de vent de panique que ça pourrait créer au niveau des organismes, des entreprises
ou des gens qui veulent développer projets,
ou etc., une mesure comme celle-là. J'aimerais ça vous entendre un petit peu
plus sur cette recommandation-là.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Alors, Mme Blais.
Mme Blais
(Andréanne) : Oui, effectivement, on est conscients des impacts que ça pourrait avoir au niveau
du développement économique. Par contre, il faut se rappeler que les
niveaux de risque, tels qu'ils sont énoncés dans la Loi sur la qualité de l'environnement, ne sont pas
encore définis. Présentement, il y a trois ou quatre niveaux, là. Donc, le ministère
a quand même, dans la mise
en oeuvre, dans le cadre
réglementaire qui va suivre, un exercice au niveau de la
détermination des niveaux modéré, faible, élevé, etc.
Donc,
nous, on considère que, tant que ce cadre réglementaire là de définition des niveaux de risque n'est pas mis
en place, les MRC peuvent parallèlement,
dans la première année, identifier les milieux naturels à protéger sur leur
territoire. On possède l'ensemble des
outils. Le RN participe notamment, dans le cadre du Plan d'action
Saint-Laurent, à l'identification des
milieux naturels à protéger dans les basses terres du Saint-Laurent, et on a
les connaissances au niveau provincial pour le faire très rapidement. Donc, ce n'est pas une inquiétude pour nous
que, l'identification des milieux à protéger parallèlement à la mise en oeuvre à suivre dans les cadres
réglementaires, l'exercice que le ministère doit faire, qu'il n'y ait
aucune autorisation, là, d'émise à ce niveau-là.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, Mme Blais. M. le député de Maskinongé.
M. Plante : M. le député de Dubuc.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député de Dubuc désire prendre la parole.
M. Simard : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, je veux saluer M. Brochu, M. Moreau et
Mme Blais. Bienvenue chez vous.
À l'intérieur
de votre mémoire, vous parlez que, bon, malgré l'adhésion du Québec à
l'objectif de 17 %
d'Aichi, vous — en tout cas, on va dire, «déplorez», c'est
un mot, bon, peut-être très péjoratif, là — déplorez que le Québec ne s'est pas
fixé d'objectif.
D'abord, avec
votre expérience, parce que vous parlez également de votre expérience à
l'intérieur de votre mémoire, j'aimerais
savoir quel objectif vous pourriez proposer et, bien sûr, par la suite, de
quelle façon cet objectif-là devrait être établi. J'aimerais vous
entendre là-dessus.
Mme Blais (Andréanne) : Oui. À
la même image que votre mesure de compensation où vous appliquez un facteur de rareté, je crois qu'il y a quand même
un facteur qu'il faut qu'il soit pris en compte au niveau régional, hein?
Chaque région est très différente, donc
c'est sûr qu'un objectif devrait être variable d'une région à l'autre. Par
contre, dans le guide à venir sur la
rédaction des plans régionaux, il y a quand même une orientation que le
ministre pourrait prendre au niveau
de l'établissement d'un objectif. Le Québec reconnaît notamment, dans les
principes d'Aichi, le fameux 17 % de conservation des milieux
naturels. Et il y a aussi Environnement Canada, dans certains guides, notamment
dans le guide Quand l'habitat est-il
suffisant?, qui disent entre 6 % et 10 % de milieux humides par
bassin versant. Donc, il y a des
objectifs qui existent, qui sont connus, appuyés scientifiquement, sur lesquels
le ministère pourrait se baser pour orienter la réalisation des plans
régionaux selon des facteurs de rareté au niveau du contexte régional.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci,
M. le Président. Dans votre recommandation 2, vous parlez qu'un arrimage avec la Loi sur la protection
du territoire agricole devrait être réalisé afin d'assurer la mise en oeuvre
des plans régionaux. J'aimerais que vous expliquiez pour les gens qui nous
écoutent, là, c'est quoi que vous entendez par cette recommandation.
Le Président (M. Iracà) :
Mme Blais. Selon les regards que j'ai vus, c'est Mme Blais.
Mme Blais (Andréanne) : J'ai
rédigé le mémoire.
Une voix : ...les questions
techniques...
Le Président (M. Iracà) : Ah!
technique, c'est Mme Blais. Parfait. Mme Blais, la parole est à vous.
• (17 h 40) •
Mme Blais (Andréanne) : C'est
sûr qu'en zone agricole, en zone verte, la Loi sur la protection du territoire agricole a quand même un grand pouvoir.
Quand on veut soustraire des territoires de la zone agricole à d'autres usages, on se doit d'appliquer au niveau
de la CPTAQ, la Commission de protection du territoire agricole, et les MRC
doivent le faire à la pièce. Dans les
décisions qui ont été prises au cours des dernières années, ce n'est pas évident de soustraire, au niveau de la
conservation, les milieux naturels du territoire agricole, notamment des
milieux humides qu'il y a quand même
un potentiel agricole quand on remblaie, qu'on peut drainer. Donc, il y a quand
même un usage agricole qui peut être fait dans ces milieux-là.
Donc, nous,
on entrevoit la nécessité que le gouvernement arrime un travail avec la loi
pour ne pas exiger aux MRC de faire à
la pièce la soustraction de ces milieux qu'ils vont viser à protéger, restaurer
ou créer au niveau de la Loi sur la protection du territoire agricole.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. À votre recommandation 6, vous parlez d'intégrer
une bonification à la hausse des compensations financières après la fin
des mesures transitoires. On a rencontré tout à l'heure l'APCHQ, qui, elle, nécessairement, n'était pas tout à fait d'accord
avec une recommandation semblable, là. J'aimerais vous entendre là-dessus
et également les argumentaires qui
sous-tendent votre proposition. Je ne sais pas si c'est technique, mais en tout
cas...
Le Président
(M. Iracà) : Moi non plus, je ne le sais pas. Alors, c'est
technique. Mme Blais.
Mme Blais (Andréanne) :
Effectivement, quand on compare la... on a fait quelques exercices de
simulation financière, et les simulations
qu'on a faites ne nous permettent pas nécessairement... Quand on veut recréer
ou restaurer un milieu humide, il
faut nécessairement soit acheter des servitudes sur le droit d'usage d'une
propriété, soit aller acquérir un
territoire. Dans un contexte de restauration ou de création de milieux humides,
on va surtout viser à aller en zone verte, en milieu agricole. C'est que le besoin est souvent là au niveau de la
réduction des débits, l'atténuation des sécheresses. Le morcellement des terres agricoles est très
difficile, donc les gens vont être appelés à acheter ou faire des servitudes
sur des grands lots qui ne représentent pas
nécessairement la valeur du milieu humide à laquelle il y a eu une compensation.
Donc, on va peut-être se trouver en perte de
moyens financiers pour mettre en application l'acquisition ou la mise en place
de moyens.
Les moyens
sont là, il y a des moyens pour faire de la restauration et de la création, je
n'en doute pas, mais c'est surtout le
soutien financier. Il y a peut-être un soutien qui va venir de la communauté
plus de Québec ou de Montréal, où,
là, la valeur des terres est plus élevée, donc il va peut-être y avoir un gain
financier à aller chercher à ce niveau-là. Mais, en même temps, si on veut le réinvestir dans la même région ou
dans les mêmes bassins versants, il y a certains bassins où la valeur foncière des terres n'est pas assez grande pour que
la compensation financière soit justifiable pour mettre en place les
moyens qui vont s'ensuivre.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, Mme Blais. Six minutes, M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Les inquiétudes au niveau de l'APCHQ... tout à l'heure,
nous expliquaient qu'eux autres, ils
étaient contre le multiplicateur qui était utilisé, justement, pour demander
une compensation par rapport à la valeur de certains terrains, mettons,
dans des grandes agglomérations comme Montréal ou encore Laval, etc.
Mais
j'aimerais connaître véritablement votre opinion là-dessus, est-ce qu'ils ont
raison ou encore... J'imagine que je connais la réponse un petit peu,
mais j'aimerais vous entendre là-dessus parce que je pense que la position est
importante là-dessus, là.
Mme Blais
(Andréanne) : Donc, oui, je
vais répondre, c'est technique. Dans le guide qui a été rédigé, notamment,
par votre ministère sur l'analyse d'impact réglementaire du projet de loi, vous
avez soumis plusieurs exemples dans différents pays et différentes régions sur
des valeurs comparatives au niveau de la compensation, et ça varie souvent entre 20 $ et 40 $ du mètre carré. C'est
sûr qu'avec le facteur de rareté vous emmenez un ajustement au niveau régional.
Par contre, comme je vous ai mentionné, tant
au niveau des impacts de lotissement, au niveau des valeurs des services
écologiques, dépendamment des régions, on
croit que, suite à la période de transition, cette valeur-là devrait être
bonifiée un peu à la hausse.
C'est sûr que
présentement le calcul que vous faites, c'est surtout en fonction de la valeur
foncière. Il y a peut-être des
questionnements à avoir, à ajuster en fonction de la valeur marchande, mais,
même là, il y a un danger de considérer la valeur marchande pour
plusieurs raisons. Mais nous, on croit que c'est vraiment au niveau du
20 $ du mètre carré qu'il devrait y avoir un ajustement à la hausse.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. À votre recommandation 9, vous parlez d'augmenter
les efforts de surveillance relatifs à la perte illégale de milieux
humides et les mesures coercitives, telles que la mise en état du milieu
humide, reliées à une perte ou une dégradation
d'un milieu humide. J'aimerais d'abord connaître, bien sûr, à quel endroit se
situent les efforts d'augmenter la
surveillance. Est-ce que c'est au
niveau des MRC? Est-ce que
c'est au niveau des villes? Est-ce
que c'est au niveau du ministère lui-même? J'aimerais vous entendre
là-dessus. Je ne sais pas qui veut répondre, là.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Alors, M. Moreau.
M. Moreau
(Vincent) : Oui. En fait,
votre question est très pertinente parce que,
quand vous parlez de ressources au
niveau de la surveillance, on croit
que c'est le gouvernement qui devrait... les directions régionales
devraient avoir les ressources financières, quand on parlait des
ressources financières suffisantes pour pouvoir encadrer, justement, la
surveillance, et empêcher, justement, ou surveiller les pertes illégales et
d'amener des mesures coercitives.
Amener des
mesures coercitives, on parle de quand on donne une amende. On voit un
propriétaire qui est en défaut, on
donne une amende. Mais, en même
temps, on devrait lui exiger, selon
nous, la remise à l'état du milieu hydrique et humide. Donc, à ce moment-là, on croit que ce serait beaucoup
plus dissuasif, justement, aux actes illégaux, justement, qui détruisent les milieux
humides et hydriques.
Le Président (M. Iracà) :
Merci. M. le député de Dubuc, trois minutes.
M. Simard : Merci,
M. le Président. Maintenant,
M. Moreau, vous dites que c'est au
niveau du ministère. Mais, étant
donné que c'est la MRC qui doit intégrer ça à l'intérieur, nécessairement, de
sa planification, le ministère ne se mêlera pas de ses affaires, là. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus, pourquoi
ce n'est pas la MRC ou encore la ville-MRC qui doit nécessairement
s'assurer de ce suivi.
M. Moreau (Vincent) : Quand on parle de respect de la loi par rapport à l'application de la loi, à ce moment-là on se reporte
souvent à la direction régionale, qui va envoyer des inspecteurs sur le
terrain, que ça va être de sa responsabilité à, justement, s'assurer que la loi soit respectée.
Maintenant, tu voulais-tu compléter avec un autre point?
Mme Blais
(Andréanne) : Bien oui.
Le Président
(M. Iracà) : ...technique.
Mme Blais (Andréanne) : Oui, effectivement. Donc, il
y a la loi — le
ministère a sa loi, je crois que c'est 89, si je ne me trompe pas de chiffre — qui,
justement, encadre tout ce qui est les mesures de
destruction ou travaux illégaux, comparativement
à... Il y a un cadre restrictif par rapport à ça. Mais il faut comprendre qu'au cours des dernières années Mmes Pellerin et Poulin — le
rapport que le ministère avait commandé — ont démontré que les perturbations et les pertes
de milieux humides représentaient entre 40 % pour le
milieu agricole et 26 % pour le milieu forestier et qu'il n'y avait
pas nécessairement de CA attribué à ces deux grandes catégories.
Je
peux comprendre aussi qu'avec le niveau de risque faible, avec la déclaration
de conformité qui va s'ensuivre avec
la Loi sur la qualité de l'environnement, il va peut-être y avoir un
réajustement, mais il va, tout le temps, rester des gens qui ne tiennent pas nécessairement compte de
la loi ou qui ne sont juste pas sensibilisés ou informés. Donc, on croit
que les mesures de surveillance, parallèlement à des mesures de sensibilisation
et d'information, seraient nécessaires.
M. Simard :
D'accord.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Il me reste combien de temps?
Le Président
(M. Iracà) : Une minute.
M. Simard :
Une minute. Alors, on va essayer d'en trouver une petite courte, M. le
Président. Selon vous, parmi l'ensemble
des propositions ou encore du projet de loi, quels seraient les éléments à
mettre en place dans les plus brefs délais? Parce que vous avez fait des
recommandations
Le Président
(M. Iracà) : Oui.
M. Brochu (Gilles) : Effectivement, on s'est dit : C'est bien
beau, des recommandations, mais, s'il faut prioriser des priorités, on
pense qu'effectivement nos recommandations 1, 2 et 3 demeurent les
prioritaires parce qu'il faut absolument
statuer là-dessus avant de procéder aux autres, qui sont plus précises, plus
détaillées. Mais il faut avoir des assises,
là, qui nous permettent de bloquer la perte des milieux humides actuellement.
Parce que c'est vrai que ça va créer peut-être,
là, des problèmes vis-à-vis certains propriétaires au niveau du développement
économique, on comprend ça. Mais, quand on regarde les coûts engendrés
lorsqu'on ne respecte pas les milieux humides, c'est beaucoup plus haut, beaucoup plus élevé que les coûts que ça va
peut-être générer à l'intérieur d'un an. Donc, il y a urgence en la demeure.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Brochu. Ceci met fin à la
période d'échange avec la partie gouvernementale.
Nous allons débuter un autre bloc avec l'opposition officielle. M. le député de
Jonquière, la parole est à vous.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour, M. Moreau, M. Brochu, Mme Blais.
Il me fait plaisir de vous entendre et de vous questionner. Merci aussi
pour votre mémoire.
Première
question, j'aimerais vous entendre sur la disposition qui est introduite par
l'article 8 du projet de loi, l'article 15.2,
alinéa 3°, concernant un plan d'action qui doit tenir compte des droits
accordés par l'État en vertu de la Loi sur
les mines ou la Loi sur les hydrocarbures, savoir si vous avez eu une analyse
de cette disposition-là quant à la relation entre les permis d'exploration et
d'exploitation gazière et d'hydrocarbures.
Le Président
(M. Iracà) : Oui. Alors, monsieur... oui, allez-y.
• (17 h 50) •
M. Moreau (Vincent) : Alors, je remercie M. Gaudreault de nous
poser la question. Justement, on croit
que c'est très important de faire l'arrimage avec la Loi sur les mines,
avec le projet de loi n° 132
et la Loi sur les hydrocarbures parce
que, si on considère que la partie du territoire des basses terres est claimée
déjà pour faire, justement, soit de l'exploration
ou de l'exploitation et que le projet de loi n° 132, s'il ne s'applique
pas à ces parties-là qui sont claimées, à ce moment-là on enlève tout le pouvoir légal ou le poids, justement,
de la 132 sur la protection des milieux humides et hydriques. D'un point de
vue plus technique, Mme Blais va pouvoir vous répondre, mais il faut
absolument qu'on ait un arrimage entre
les deux lois pour éviter, justement, que la Loi sur les mines et les
hydrocarbures ait préséance sur le p.l. n° 132.
M. Gaudreault :
Bien, peut-être juste, avant de laisser la parole à Mme Blais, justement,
c'était là que je voulais vous
amener, savoir si vous aviez une crainte quant à la préséance des droits sur
l'exploration et l'exploitation minière et des hydrocarbures,
Mme Blais.
Mme Blais (Andréanne) : Oui. Que ce point-là soit marqué dans la loi ou
pas, la Loi sur les mines existe quand
même,
elle aura préséance d'une certaine façon. On pourrait demander à un juriste,
mais je crois que le fait qu'elle soit marquée peut empêcher la mise en
action, justement, des plans régionaux.
Par contre, il y a quand
même peut-être une avenue qu'il faudrait considérer. Les orientations minières
qui viennent d'être déposées au niveau
des MRC sont quand même une avenue où on pourrait amener un addenda au
même titre que les aires protégées.
Quand on fait une aire protégée, on peut la soustraire du territoire
minier via la Loi sur la conservation
du patrimoine naturel. Donc, à ce même titre là, les milieux humides qu'on
identifie à protéger, ça ne se retrouve pas à être des aires protégées, mais quand même des milieux d'importance pour la conservation. Donc,
l'orientation minière pourrait prendre en compte une certaine
soustraction, là, de ces milieux-là.
M. Gaudreault :
Donc, quand vous dites de tenir compte des orientations minières, c'est un peu
à ça que vous pensez quand vous
parlez d'arrimage. Est-ce qu'il y a d'autres éléments? Est-ce que je comprends
bien, un? Et, deux, est-ce qu'il y a d'autres éléments qui pourraient
nous alimenter sur l'arrimage dont vous faites mention?
Le Président
(M. Iracà) : Oui, M. Brochu.
M. Brochu (Gilles) : Bien, on ne pense pas à d'autres éléments, en
tout cas, honnêtement. On disait : Si déjà on peut identifier certains milieux naturels
prioritaires qui seraient intégrés dans la Loi des mines, ce serait merveilleux
parce que ça passe par là. Donc, d'autres outils, c'est ceux qu'on
pourrait peut-être moduler. Là, on parlerait de zones... les milieux humides les plus prioritaires, dont on
possède déjà des informations. Ce serait au moins, dans un premier temps,
ceux-là rapidement. Puis les autres, on verra.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. Brochu. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Et, en ce qui concerne le monde agricole,
les arrimages aussi avec la loi sur la protection des terres agricoles,
là, parce que vous en parlez à la page 4, pouvez-vous nous en parler davantage?
Le Président
(M. Iracà) : M. Moreau? Mme Blais, technique.
Mme Blais (Andréanne) : La Loi sur la protection du territoire agricole a été beaucoup étudiée par différents avocats depuis les dernières années. C'est sûr qu'au niveau même du mandat de la loi, de la mission de la loi, il y a quand même une réflexion à avoir. On n'est pas juristes puis
on n'a pas le budget pour engager des juristes pour analyser tout ça.
Par contre, nous, c'est ce qu'on vous invite à faire, une réflexion sur
l'impact de la Loi sur la protection du territoire et aussi au niveau de la reconnaissance de qu'est-ce qui est un
milieu agricole ou qui ne l'est pas. Au
niveau des milieux humides
et hydriques, l'article 16, notamment,
de la Loi sur la protection du territoire agricole nous permettrait de retirer, suite à une modification de la loi, là,
ces éléments-là au niveau de la reconnaissance. Est-ce que, dans un territoire
humide, il pourrait y avoir activité
agricole ou pas, puis là... C'est que c'est tellement complexe, hein,
cette loi-là, que... Mais je vous
lance des idées. Mais il faudrait peser le pour et le contre, là. Mais nous,
c'est ce qu'on vous invite, vraiment avoir une discussion ouverte, là, avec le
MAPAQ, là, au niveau de la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Gaudreault : Oui. Puis je pense que c'est demain, même, qu'on
va rencontrer également L'Union
des producteurs agricoles, là, donc on pourra sûrement les entendre
avantageusement là-dessus.
Je
veux vous entendre également sur le principe d'évitement en lien avec les
cannebergières. Vous faites quand même un bout là-dessus. Je vois que le
député de Masson est très, très content, je sais que c'est un grand amateur de
canneberges. Alors, j'aimerais ça vous entendre là-dessus également, là, sur...
En fait, votre recommandation 5, vous recommandez
au ministre «d'appliquer rigoureusement à toute demande d'autorisation,
notamment les cannebergières, le principe d'évitement».
Alors, expliquez-nous
un peu ce que vous entendez par ça.
Des voix :
...
Mme Blais (Andréanne) : Oui. Donc, l'Association des producteurs de
canneberges du Québec a fait un travail exceptionnel au cours des dernières années au niveau de la
reconnaissance de l'apport... tant au niveau de la biodiversité qu'au niveau
hydrique, au niveau de la production des canneberges. Par contre, il y a un
certain milieu humide qui est très intègre,
qui existe encore sur notre territoire, qu'on ne souhaite pas nécessairement
voir morcelé par l'arrivée de champs de
canneberges. Donc, on voudrait que, dans le principe «éviter et minimiser» du
gouvernement, il y ait vraiment une réflexion sur ces grands milieux là
qui sont encore intègres, qui possèdent une grande biodiversité et qui ne
seront peut-être pas identifiés dans des plans régionaux.
Donc,
on soulève le point que le ministère devrait vraiment appliquer rigoureusement
le principe d'évitement, et aussi au
niveau du fait que ça a été prouvé aussi au cours des dernières années que les
cannebergières peuvent s'établir pas
nécessairement dans les milieux humides, mais dans d'autres territoires,
notamment des terres plus sableuses. C'est sûr que ce n'est pas évident,
hein, pour un producteur de vendre sa terre puis d'aller en acheter une autre.
Ça, on est conscients. On connaît l'ensemble
des pour et des contre de demander l'évitement au niveau des cannebergières
puis de ce qui... ça pourrait
encourir, mais on croit que, pour les milieux qui sont les plus intègres, il
devrait vraiment y avoir une reconnaissance, là, d'évitement au niveau
des entreprises de canneberges.
M.
Gaudreault : O.K. Donc, quand vous dites : Le principe
d'évitement, particulièrement par rapport aux canneberges... Puis je vois que vous êtes du Centre-du-Québec,
là, du Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec, donc vous êtes particulièrement interpelés par la
production de canneberges. Donc, vous suggérez l'évitement, l'application
rigoureuse du principe de l'évitement à
cause de l'envergure des productions, à cause de l'impact? Et là vous l'avez un
peu mentionné, mais il y a quand même un équilibre à trouver par rapport
à l'impact économique même de l'industrie, là.
Mme Blais
(Andréanne) : Oui. Si je
peux me permettre, on met beaucoup d'emphase sur l'évitement parce que dans le projet de loi, au niveau des mesures de
compensation, on mentionne que les tourbières, cannebergières et bleuetières
sont exclues des compensations financières.
Donc, à la suite d'une perte de milieux humides... Parce que, quand un champ
s'installe, c'est quand même la perte du
milieu humide. Même s'il y a une certaine fonction de biodiversité hydrique qui
est conservée, il y a quand même une perte, et on demande non pas une
mesure de compensation, mais une remise en état
à la fin d'une vie utile d'une cannebergière. Mais c'est sûr que la fin utile
d'une vie d'une cannebergière n'est pas comme une tourbière, où, après 30, 50 ans, la remise en état est
quand même connue scientifiquement. Mais la mise en culture d'un champ de canneberges peut durer
plusieurs, plusieurs années, donc on avait quand même une crainte au niveau
d'une perte nette des milieux humides suite
à l'installation d'une cannebergière dans un milieu humide et en attente d'une
remise en état éventuelle.
Donc, sachant
qu'on ne peut pas non plus bloquer le développement de la canneberge, hein, qui
est quand même florissant au Québec puis qui emmène plusieurs emplois, on
voulait quand même mettre l'emphase sur l'évitement, et non pas sur l'enlèvement total de cet article-là
dans le cadre de la loi. Donc, c'est pour ça qu'on misait beaucoup sur
l'évitement au niveau des cannebergières.
M. Gaudreault :
O.K. Maintenant, je voulais savoir, bon, vous avez l'air satisfait, là, de la
question du délai de cinq ans pour faire le plan régional, mais, en même
temps, vous dites que, c'est ça, c'est trop court pour... vous êtes contents qu'il y en ait un, mais vous dites que...
Bon, vous dites, par exemple, à la page 4 : «...nous sommes très
satisfaits de voir que les
communautés métropolitaines et les MRC devront établir un plan régional [...]
au plus tard cinq ans après la date d'entrée en vigueur [de la] loi.»
Mais vous dites que l'échéance globale de cinq ans, c'est comme trop court. Autrement dit, vous êtes contents du délai, mais
vous avez peur que ça fasse en sorte que ça soit un peu bâclé comme plan
régional? Expliquez-moi votre... Puis là vous parlez de deux phases, alors
allez-y plus à fond là-dessus.
Une voix : ...
• (18 heures) •
Mme Blais (Andréanne) : Bien,
oui, je peux y aller. Donc, ce qu'on mentionne, c'est vraiment que les plans régionaux ne puissent assurer pleinement la
protection des milieux humides et hydriques à court terme. Donc, on croit
que le délai de cinq ans, au contraire, est
trop long pour protéger les milieux qui sont d'importance. C'est sûr qu'au
niveau de la restauration, création il y a un travail à faire. Au Québec, il y
a Monique Poulin, Richard Fournier, dans des universités, qui possèdent déjà des connaissances pour identifier les
zones à restaurer ou à créer. Mais, au niveau des milieux à protéger, on a déjà l'expertise, il y a déjà des
analyses qui ont été faites. Donc, on croit qu'à court terme c'est faisable.
M. Gaudreault :
C'est là qu'on embarque dans vos deux phases. Donc, à très court terme,
considérant les connaissances qu'on a
déjà, on identifie les milieux humides et hydriques à protéger. Et ensuite on
peut se donner une deuxième phase
pour établir un plan régional un peu plus à moyen et long terme. En tout cas,
je ne sais pas trop comment le dire, là, mais allez-y.
Mme Blais
(Andréanne) : ...donc un
plan plus intégré qui vise l'objectif, notamment, du zéro perte nette, et il y
a déjà plusieurs municipalités et MRC
qui sont en action présentement au Québec, qui ont déjà identifié ces
milieux-là à protéger. Donc, ce n'est pas nouveau, là, on a déjà une
vaste gamme d'instances municipales.
Le
Président (M. Plante) : Merci beaucoup, Mme Blais. Donc, le
temps est maintenant terminé pour l'opposition officielle. Je cède
maintenant la parole, pour le deuxième groupe d'opposition, au député de Masson.
M. Lemay : Mais allez-y, vous
pouvez terminer votre élément de réponse, il n'y a pas de problème.
Mme Blais
(Andréanne) : Merci
beaucoup. Donc, tout ce que je disais, c'est qu'au niveau québécois, notamment
dans les basses terres, parce que les basses
terres, c'est là qu'on connaît les pertes les plus criantes, donc, il y a
plusieurs municipalités, MRC et
communautés métropolitaines qui ont pris la balle au bond puis qui, depuis les
cinq, 10 dernières années, ont déjà créé des plans de conservation.
M. Lemay :
Très bien. Donc, assurément que plusieurs questions ont déjà été couvertes par
mes collègues, là. Donc, on va aller peut-être à... Ça pourrait sembler
familier pour vous, là, mais, bref, on y va. Alors, vous avez parlé à la page 4 de votre mémoire... Dans vos
recommandations, dans le fond, vous dites que vous pensez qu'il serait
souhaitable que les plans régionaux
soient soumis à un processus de consultation publique. On le sait, avec la
révision de la LQE, on a quand même
amené d'autres types de consultation, là. On a des consultations particulières,
ciblées, on a le BAPE. Est-ce que
vous avez pensé un peu à quel type de consultation vous voudriez voir? Et puis
aussi vous parlez d'avoir une vaste liste d'experts. Selon vous, ça
serait quels experts?
M. Moreau
(Vincent) : Je vais...
Le Président
(M. Iracà) : Oui, allez-y
M. Moreau (Vincent) : Donc, il faut se rappeler que l'ensemble des
conseils régionaux de l'environnement sont reconnus par le gouvernement et ont la tâche, justement, le rôle de
concertation au niveau de la région, qui regroupe plusieurs organismes
autant au niveau économique, social et environnemental, et c'est dans nos
tâches, justement, d'apporter l'expertise du milieu lors des consultations.
Je
profite de la question, justement, pour mentionner que, lorsqu'on suggère dans
la loi de consulter au niveau des OBV
et des TCR après élaboration d'un plan régional, nous, ce qu'on croit, c'est
qu'on devrait élargir cette liste-là. Donc,
les CRE devraient en faire partie également, car ils représentent le milieu et
l'expertise, surtout qu'ils ont une expertise pas seulement dans ce domaine-là, mais aussi au niveau de l'aménagement
du territoire, de l'adaptation aux changements climatiques. Donc, c'est des sujets transversaux qui peuvent être
intégrés et qui peuvent être considérés lors de la consultation des
plans régionaux.
Maintenant, pour la
liste des experts, à ce moment-là, je pourrais laisser Andréanne peut-être...
Le Président
(M. Iracà) : Mme Blais. Merci, M. Moreau.
M. Moreau
(Vincent) : Merci, M. le Président.
Mme Blais
(Andréanne) : Oui. Donc, quand on parlait de vaste liste d'experts, ce
n'est pas nécessairement d'impliquer
l'ensemble de ces experts-là dans le processus de création des plans régionaux
au niveau d'une consultation publique
vraiment large, mais c'est de laisser au niveau de la municipalité son
autonomie municipale de travailler avec les experts qu'elle désire. Au Québec, on a plusieurs experts des
universités, on a le groupe Ouranos, des institutions, des OBV, Canards
illimités, les CRE, qui possèdent une expertise auquel les MRC peuvent appeler.
Par
contre, on voulait que, dans l'article 8 du projet de loi, au niveau de
l'article 15.3, dans la loi sur les compétences en eau, que soient quand même intégrés les
conseils régionaux de l'environnement, parce qu'en fonction des régions autant
les OBV, les TCR que les CRE ont développé
une expertise au niveau des milieux humides, et on croit que les CRE devraient
être intégrés à ce niveau-là au même titre qu'ils sont déjà intégrés dans votre
projet de loi au niveau de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel.
Donc, on demandait juste un équilibre au niveau des deux lois.
M. Lemay :
Parfait. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. M. le député de Masson.
M. Lemay :
Merci pour cette précision. On y va avec votre recommandation n° 4, là.
Vous dites que, dans le fond, le
ministère va s'attarder à identifier les milieux humides à protéger au niveau
provincial puis qu'il n'y a aucun objectif de protection qui a été identifié. Puis là, dans votre recommandation, vous
dites, là, que, dans le fond, le ministère devrait établir un objectif à protéger, là. Selon vous,
là, selon votre expertise, ce serait quel pourcentage qui pourrait être
intéressant?
Mme Blais (Andréanne) : Oui. Comme j'ai mentionné tantôt, tout va se
faire dans la mise en oeuvre, mais on suggère
au ministère de tenir compte des objectifs qui existent déjà, tant au niveau fédéral avec Environnement
Canada, qui suggère des objectifs
entre 6 % et 10 % par
bassin versant ou sous-bassin versant, ou des objectifs plus ambitieux, là,
qui peuvent varier entre 17 % et
40 % dépendamment des sources scientifiques. Mais je crois que, dans votre
mise en oeuvre, il y a vraiment une réflexion qui pourra être faite à
cet effet.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, Mme Blais. M. Moreau.
M. Moreau
(Vincent) : J'ajouterais également que les cibles desquelles on parle,
c'est qu'il y a aussi une considération
régionale. Donc, d'une région à une autre, la cible peut être différente. Donc,
on a un milieu, une région, comme je
parle, au niveau, par exemple, de la Montérégie,
qui est très déficitaire au niveau des milieux humides et hydriques, et on pourrait avoir une cible beaucoup plus
importante dans cette région-là ou dans d'autres régions également qui ont
subi le même sort.
Le Président
(M. Iracà) : Merci. M. le député de Masson.
M. Lemay :
Ça m'amène aux règlements, les intentions réglementaires. J'imagine que vous
avez sûrement une liste de souhaits
ou d'items que vous voudriez voir se retrouver dans les règlements. Est-ce que
vous avez quelque chose à l'esprit dans les règlements que vous voudriez
voir associés à cette loi?
Le Président
(M. Iracà) : Merci. Mme Blais.
Une voix :
...
Mme Blais (Andréanne) : Ah!
c'est précis.
Une voix :
...
Le Président (M. Iracà) : Bien,
pas de chicane, là, le...
M. Moreau (Vincent) : On dit
tous la même chose.
Le Président (M. Iracà) : O.K.
Alors, allez-y.
Mme Blais
(Andréanne) : Donc, c'est
certain qu'on a certains souhaits au niveau de ce qui s'en vient. Le premier,
c'est notamment qu'on invite le ministère à
travailler avec le regroupement national, qui possède quand même plusieurs
expertises à ce niveau-là. Puis, pour parler
en leur nom, on a quand même beaucoup de souhaits au niveau de l'adaptation
aux changements climatiques. Avec les
inondations qu'on connaît présentement, les milieux humides ne sont pas la
cause nécessairement en entier mais
font sûrement partie de la solution. Il y a aussi l'ensemble de la connectivité
au niveau de l'adaptation aux
changements climatiques. Donc, il y a une connectivité qui est à prendre en
compte dans l'ensemble des bassins versants. Monique Poulin, de
l'Université Laval, travaille notamment sur un modèle de complémentarité à ce niveau-là. Votre équipe même au sein du ministère
de l'Environnement travaille très fort au niveau de tout ce qu'on devrait
prendre en compte au niveau de la protection, restauration, création
dans le cadre du Plan d'action Saint-Laurent.
Donc, c'est
sûr que, nous, ce qu'on souhaite le plus de ce qui va s'en venir, c'est
vraiment de statuer sur les milieux à protéger, d'arrimer avec les prochaines
lois, notamment la loi sur la conservation au niveau agricole et la Loi sur
les mines, hydrocarbures et aussi de travailler en partenariat, là, avec les
conseils régionaux.
M. Lemay : Très bien. M. le
Président...
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. Alors, il vous reste une minute.
M. Lemay :
Une minute. Rapidement, là, dans votre dernière recommandation, la neuvième,
là, vous mentionnez qu'il faut
augmenter les efforts de surveillance sur la perte illégale. Bon, je sais que
vous en avez déjà parlé. Mais, sur le terrain,
là, vous devez sûrement avoir constaté que, justement, il y avait un manque de
surveillance pour les ressources, là. Est-ce que vous avez des exemples
à préciser?
Le Président (M. Iracà) : En 30 secondes,
Mme Blais.
Mme Blais
(Andréanne) : Oui, je
dirais, c'est un manque de surveillance. Je ne mettrais pas la faute sur
personne, peut-être plus mentionner
de l'information pour travailler beaucoup sur le terrain de porte à porte avec
les propriétaires privés. C'est vraiment un manque d'information auprès
d'eux, là, qu'on connaît.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin aux
échanges. Merci beaucoup de votre contribution.
Je vais lever la séance et ajourner les travaux
au 11 mai 2017, après les affaires courantes.
(Fin de la séance à 18 h 9)